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(Dix heures huit minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au non du gouvernement.
M. LEVESQUE: M. le Président, avec le consentement de la Chambre,
puis-je vous référer à l'appendice où il y a un
projet de loi au nom de M. Tetley?
Projet de loi no 283 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement, pour
l'honorable ministre des Institutions financières, propose la
première lecture de la Loi concernant certains placements des compagnies
d'assurance.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet permet aux assureurs-vie
de placer leurs fonds dans des actions entièrement
libérées d'une autre corporation constituée en vue de
faire des opérations complémentaires, des opérations
d'assurance.
Ce pouvoir s'exerce sous réserve de l'approbation
préalable du surintendant des assurances et des règlements
gouvernementaux adoptés à cette fin.
Il s'agit, en l'occurrence, M. le Président, d'une disposition
qui avait été prévue dans les amendements ou dans une
nouvelle loi des assurances. Il semble que cette disposition est assez urgente
pour permettre à nos compagnies d'assurance québécoises
d'obtenir, entre autres, des pouvoirs qui sont déjà
accordés à des compagnies à charte
fédérale.
M. CARDINAL: M. le Président, il n'est pas d'usage de poser une
question en ce moment, mais, avec votre permission, est-ce que je pourrais
poser une question sur l'explication donnée?
LE PRESIDENT: Avec le consentement de la Chambre, je n'ai aucune
objection.
M. CARDINAL: Voici la question très précise. Est-ce qu'il
s'agit de certains cas particuliers ou si l'on veut, à l'occasion de cas
particuliers, régler une question générale?
M. LEVESQUE: Evidemment, il y a des compagnies d'assurance qui ont
certains projets assez immédiats et qui sont en concurrence avec
d'autres compagnies à charte fédérale qui ont
déjà des pouvoirs. Nous croyons que nos compagnies à
charte provinciale devraient avoir également ces pouvoirs pour assurer
une concurrence juste et légitime.
M. CARDINAL: Je remercie le leader et je pense que nous nous sommes
compris.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles. Dépôt de
documents.
Dépôt de documents
Prévisions des revenus et
dépenses
M. GARNEAU: M. le Président, j'aimerais déposer, à
la table du secrétaire de l'Assemblée, deux copies des
prévisions de revenus et dépenses pour l'année 72/73,
c'est-à-dire pour les dix premiers mois, et une évaluation pour
les deux mois à venir. J'en ai également une copie pour les chefs
des autres formations.
LE PRESIDENT: Questions orales.
Plan quinquennal d'investissements
universitaires
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'il me soit permis de
déposer l'arrêté en conseil 4827 concernant l'approbation
du plan quinquennal d'investissements universitaires.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
Questions orales des députés
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Société Bombardier
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désire poser
une question au ministre de l'Industrie et du Commerce concernant la
société Bombardier. Est-ce que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a eu des entretiens avec cette société et est-ce qu'il
pourrait nous faire rapport de la situation financière de cette
société qui semble entraîner des mises à pied?
Peut-être que le ministre du Travail pourrait nous en parler.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il y a eu,
périodiquement, des entretiens avec les dirigeants de la compagnie
Bombardier. D'ailleurs, la Société de développement
industriel apportait une aide considérable récemment lorsque la
société Bombardier s'est portée acquéreur de la
firme Héroux. L'occasion fut propice d'échanger des points de vue
sur l'évolution de l'ensemble de la société.
Tel que l'a expliqué M. Michel Cloutier, un des
vice-présidents de la compagnie, cette mise à pied de 175
personnes et la décision de vendre l'entrepôt du boulevard
Décarie doivent s'inscrire comme une mesure temporaire prise pour
pallier une situation difficile causée, en particulier, par deux
facteurs: le mauvais climat de cet hiver, lequel n'a pas été
propice aux ventes de la motoneige, et un surplus de production non
écoulée. Ce n'est pas le propre uniquement de la compagnie
Bombardier mais également d'autres producteurs de motoneiges. Compte
tenu des variations importantes dans l'évaluation du yen, la compagnie
espère, avec un climat plus favorable, plus rigoureux l'hiver prochain,
qu'elle a traversé simplement une situation difficile. A long terme il
ne faudrait pas exagérer l'importance de cette mise à pied.
Je pense qu'au contraire, il faut non pas féliciter la compagnie,
mais voir dans ce geste une conscience, de sa part, de la
nécessité d'assurer constamment la rentabilité de
l'entreprise pour pouvoir, surtout pour tous les ouvriers de Valcourt et les
autres gens occupés dans l'entreprise, être toujours avec une
entreprise qui est capable de poser des gestes pour rectifier une situation qui
pourrait, si on n'y apportait pas de correctifs, devenir plus pénible et
plus difficile qu'elle ne l'est actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Sans compter sur la rigueur du climat pour améliorer
l'état de la société Bombardier, le ministre de
l'Industrie et du Commerce pourrait-il nous dire, étant donné le
problème de concurrence qui se greffe au facteur qu'il a
évoqué tout à l'heure, s'il a eu des entretiens avec le
gouvernement central afin d'empêcher le dumping des produits japonais de
même nature sur le marché canadien, ce qui est un des facteurs qui
a mis en cause la rentabilité de la société
Bombardier?
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le Président, qu'il est inexact de
parler de dumping de produits japonais. Je peux en discuter de nouveau avec la
compagnie Bombardier, mais d'après les discussions que nous avons eues,
ce ne fut jamais un facteur tellement important sur le marché canadien.
Compte tenu du fait que Bombardier exporte à plus de 70 p.c. sur le
marché américain, c'est là qu'on devrait surtout retrouver
les considérations de dumping des produits japonais. Je peux soulever de
nouveau la question avec les dirigeants de la compagnie Bombardier et si le
problème est tel que le laisse entendre la question du
député de Chicoutimi, il me fera plaisir d'intervenir
auprès du gouvernement fédéral qui, d'ailleurs, s'est
toujours intéressé à l'essor de cette entreprise et qui
nous a assuré, dans le passé, de toute sa collaboration.
Il faut se rappeler que l'ensemble des produits de la motoneige,
incluant les pièces de rechange, se retrouve à l'intérieur
du pacte de l'automobile. C'est cela, d'ailleurs, qui a permis l'essor de la
compagnie canadienne pour un marché d'exportation aux Etats-Unis
à plus de 70 p.c.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une dernière question additionnelle, M.
le Président.
LE PRESIDENT: Une dernière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une question très importante que
cette question d'ordre industriel et commercial.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre pourrait-il nous assurer que d'ici
quelques jours, quand il pourra le faire, bien entendu, il pourra nous faire
rapport des entretiens qu'il aura eus avec la société Bombardier
et avec le gouvernement central, particulièrement dans cette optique des
échanges avec les Etats-Unis et avec le marché japonais, puisque
ce sont là des facteurs qui mettent en cause la rentabilité
actuelle de Bombardier?
M. SAINT-PIERRE: Avec plaisir, M. le Président.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Capitale nationale
M. ROY (Beauce): J'aurais une question à poser à
l'honorable premier ministre. Nous avons appris, en fin de semaine, que le
Québec avait consenti ou s'apprêtait à consentir à
un échange de territoires avec le gouvernement fédéral
pour la commission de la capitale nationale.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si les
négociations sont terminées ou, du moins, faire le point sur les
négociations à ce stade-ci?
M. PARENT: M. le Président, un accord de principe est intervenu
entre le gouvernement fédéral et celui du Québec, dont on
n'a pas encore convenu des modalités. Les deux gouvernements se sont
entendus, l'un par arrêté en conseil et l'autre par ordre en
conseil, pour se transférer l'administration et la gestion de
territoires pour la continuation, d'une part, du parc de la Gatineau et,
d'autre part, pour la
cession de terrains à l'intérieur du territoire
urbanisé de la ville de Hull.
M. ROY (Beauce): M. le Président, puis-je demander au ministre
s'il est exact que Québec consentirait à céder 12,500
acres contre, comparativement, 225 acres que nous céderait le
gouvernement fédéral?
M. PARENT: M. le Président, je ne croyais pas que le
député de Beauce tomberait dans le panneau comme il vient de le
faire. J'ai dit qu'il s'agissait d'un terrain boisé pour
l'agrandissement du parc de la Gatineau; il ne s'agit donc pas d'un terrain
situé en territoire urbanisé. Ce que le gouvernement
fédéral doit céder au gouvernement du Québec, c'est
du territoire dans une zone urbanisée. Il s'agit donc d'un terrain
boisé qui est utilisé actuellement pour le parc de la Gatineau,
sans que le gouvernement y ait juridiction, mais le territoire que nous
recouvrons est situé dans la ville de Hull, dans une zone
urbanisée et il devra servir aux fins propres du gouvernement
provincial.
Si on veut s'en tenir à l'écart de 12,500 acres contre 255
acres, je crois qu'en apparence ça semble un cheval, un lapin, comme l'a
dit le journal Montréal-Matin. Mais si on considère la
localisation des endroits, je pense qu'il y a des équivalences.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre a l'impression qu'il contrevient, en acceptant cette entente de
principe, aux recommandations de la commission Dorion sur
l'intégrité du territoire? Si oui, quelles sont les raisons qui
ont amené le gouvernement à passer outre à ces
recommandations?
M. PARENT: Des recommandations mentionnées dans une
correspondance antérieure par l'un des membres importants de votre
organisation.
M. LAURIN: M. le Président, j'ai demandé si le
gouvernement pensait passer outre, par cette entente de principe, aux
recommandations de la commission Dorion; je n'ai pas parlé de lettres du
représentant du Parti québécois.
M. PARENT: C'est ce que recommande un membre important de votre
exécutif.
M. LAURIN : M. le Président, j'aimerais avoir une réponse
à la question que j'ai posée. Est-ce que la commission Dorion
recommandait le rapatriement au Québec des portions de territoire
déjà cédées ou si elle recommandait la vente ou la
cession de terrains additionnels à la Commission de la capitale
fédérale?
M. PARENT: Je vous dis, M. le Président, qu'il n'est pas question
de cession.
Il est question de transfert de juridiction et de gestion et la position
du gouvernement du Québec est la même que celle que votre membre
éminent du conseil a recommandée en ne suivant pas les
prescriptions du rapport Dorion.
M. LAURIN: M. le Président... LE PRESIDENT: Une
dernière.
M. LAURIN: ... il ne s'agit pas ici du Parti québécois, il
s'agit d'un rapport gouvernemental qui a été rédigé
après de longues études, qui est très long, fortement
étoffé. Je demandais simplement au ministre si les
recommandations ont été étudiées, sio on en a tenu
compte; et si on n'en a pas tenu compte, quelles sont les raisons que l'on peut
donner au public pour n'en avoir pas tenu compte?
M. PARENT: M. le Président, je me base sur un rapport de cet
éminent membre du Parti québécois qui recommandait au
gouvernement antérieur...
M. LAURIN: Je pose des questions sur la responsabilité
gouvernementale de ce gouvernement et non pas du Parti
québécois.
M. PARENT: ... de ne pas suivre les recommandations du rapport
Dorion.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre pourrait nous répondre au lieu
de patiner autour du sujet?
M. PARENT: Je pense que c'est plutôt les gens de votre parti qui
patinent autour du sujet puisque déjà, en 1968, le gouvernement
n'avait pas accepté les recommandations du rapport Dorion, tel que
l'avait recommandé votre éminent membre du parti.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle
à poser à l'honorable ministre. Est-ce que le ministre
accepterait de déposer devant la Chambre copie de l'entente intervenue
entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec
à ce sujet?
M. PARENT: M. le Président, je dois souligner qu'il n'y avait pas
d'entente intervenue mais un accord de principe; nous sommes à
négocier les modalités du transfert de juridiction. Dès
que nous aurons complété et que nous signerons l'entente, je
n'aurai aucune objection à déposer copie de cette entente.
M. ROY (Beauce): Quand le ministre prévoit-il que cette entente
pourra être signée?
M. PARENT: Dès que nous aurons terminé les
pourparlers.
LE PRESIDENT: Question principale, l'honorable député de
Maisonneuve.
Points de démérite
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Transports. Comme tout le monde le sait, depuis le 1er mars, un nouveau
système de démérite relativement à diverses
infractions au code de la route est en vigueur; depuis quelque temps cependant,
il semble y avoir une certaine réaction de la part de chauffeurs
professionnels, c'est-à-dire que les chauffeurs professionnels seraient
plus quand je parle de chauffeurs professionnels, je veux dire les
chauffeurs de taxi, camionneurs, etc., qui gagnent leur vie en conduisant un
véhicule exposés à commettre des infractions parce
que plus souvent sur la route.
A titre d'exemple, trois feux rouges brûlés dans une
période de moins de deux ans, pour un chauffeur professionnel,
équivaudraient à la perte de son permis. Le ministère des
Transports envisage-t-il de faire une réglementation particulière
qui tiendrait compte de ce système de démérite par rapport
au chauffeur professionnel, camionneur, chauffeur de taxi, etc.?
M. PINARD: Ainsi que le problème est posé, il est
difficile pour moi de répondre de façon globale ce matin, parce
que la réglementation du bill 23, en matière de système de
démérite, découle d'un principe qui a été
adopté par l'Assemblée nationale. Il me paraît donc
difficile ce matin de dire de quelle façon je pourrais donner un
traitement préférentiel ou privilégié à une
classe de conducteurs par rapport à d'autres classes de chauffeurs ou de
conducteurs.
Cependant, je veux bien prendre note des remarques du
député, à l'effet qu'il soit possible que certaines
classes de chauffeurs ou conducteurs soient plus pénalisées que
d'autres, du fait qu'ils sont plus longtemps sur la route, du fait qu'ils
gagnent exclusivement leur vie avec le véhicule qu'ils conduisent. J'ai
lu ce matin, en m'en venant au bureau, un article d'un éminent
journaliste de la tribune de la presse, sur le même sujet mais dans un
autre ordre de problème. Alors ce sont des problèmes que j'ai
justement mis à l'étude ce matin de nouveau, par l'équipe
de travail du ministère des transports, pour voir s'il n'y aurait pas
moyen de trouver des accommodements pour résoudre les problèmes
soulevés par le député et certains journalistes.
Cependant, il me parait difficile, dès le départ de la
mise en application du système de points de démérite, de
faire tout de suite des régimes d'exception. Est-ce qu'il ne vaudrait
pas mieux essayer de mettre en marche le système tel que proposé
et tel que mis en vigueur? Ainsi nous pourrons faire, au fur et à mesure
que l'expérience nous aura démontré qu'il y a des
carences, certains accommodements ou certai- nes corrections. J'imagine que,
dans les autres provinces ou dans les Etats américains où parail
système a été mis en vigueur, cela n'a pas
été parfait du jour au lendemain. Il a fallu commencer par
quelque chose de valable, comme c'est le cas, je le pense, au Québec. Il
y a eu en cours de route des accommodements ou des améliorations au
système, si des carences se sont révélées trop
excessives au plan des effets, des conséquences, pour certaines
catégories de chauffeurs ou de conducteurs.
M. BURNS: Une question additionnelle, M. le Président. Eu
égard à ce problème et également au problème
des radars qui a été soulevé à plusieurs reprises
depuis la mise en vigueur de ce règlement, est-ce que le ministre
envisage de faire siéger la commission parlementaire des transports pour
discuter de ce règlement qui n'a pas été à ma
connaissance, sauf erreur, soumis aux membres de l'Assemblée
nationale?
M. PINARD: Je pense qu'en 1970 et probablement en 1971 le
ministre de la Justice n'est pas ici ce matin pour le confirmer il y a
eu des plaintes de portées par plusieurs citoyens du Québec
à l'endroit de certaines municipalités qui abusaient vraiment de
l'usage du radar dans leurs limites territoriales.
C'était une sorte de guet-apens pour les automobilistes du
territoire municipal ou venant de l'étranger et que cela pouvait servir
aussi à gonfler les coffres du trésor municipal. Le ministre de
la Justice, ses fonctionnaires et la Sûreté du Québec ont
agi suivant les circonstances. Il s'agirait peut-être de reprendre et de
faire respecter de façon plus draconienne ces directives données
par le ministère de la Justice de façon que les
municipalités n'aient pas la tentation de rétablir ce
système qui a été vraiment la cause d'abus non seulement
disgracieux mais dommageables pour plusieurs citoyens du Québec. Des
causes ont été rejetées par les tribunaux tout simplement
parce que la preuve avait été faite clairement que c'était
un guet-apens pur et simple contre certains citoyens.
M. BURNS: Et la commission?
M. PINARD: J'aimerais m'entretenir d'abord avec le ministre de la
Justice à ce sujet avant de décider si vraiment il y a
nécessité de convoquer de nouveau la commission parlementaire des
transports pour étudier cette partie du règlement.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest, question
additionnelle.
M. AUDET: M. le Président, à la suite d'une question qui
lui a été posée lors d'une émission
télévisée, est-ce que le ministre a pensé à
la possibilité d'introduire dans cette réglementation un
système à caractère positif qui permet-
trait le rachat ou le mérite de points à l'occasion
d'actes de civisme, de courtoisie au volant ou du respect de la loi?
M. PINARD: C'est une suggestion qui n'est pas nouvelle. Il s'agit de
savoir si c'est un système de mérite ou de
démérite. Le chauffeur qui respecte la loi a déjà
sa récompense car il est fort probable qu'il y aura une diminution du
taux de sa prime d'assurance à la fin de l'année tandis que le
chauffeur qui ne respecte pas les règlements de la circulation sera puni
de la façon déjà expliquée, de la façon dont
le règlement sera mis en vigueur.
Je pense qu'il est difficile d'avoir des avantages des deux
côtés à la fois. Commençons avec le système
qui me paraît le plus nécessaire pour mettre à la raison
ceux que j'ai appelés les assassins de la route et nous aurons fait
beaucoup au Québec pour faire cesser ces hécatombes non seulement
durant la belle saison d'été, mais durant tous les mois de
l'année, indépendamment des conditions rigoureuses que nous
connaissons au Québec. Il y en a qui veulent aller aussi vite sur la
route transcanadienne en période de tempête, en période de
pluie et de verglas que durant les beaux mois d'été, alors que la
chaussée est sèche. C'est une question de bon ou de mauvais
jugement. Le gouvernement a l'intention de récompenser de la
façon qu'il le peut ceux qui se servent de leur bon jugement et de punir
ceux qui, malgré tous les avertissements, ne veulent pas
obtempérer aux ordres du législateur, ne veulent pas respecter le
règlement.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
Revenus provenant des richesses naturelles
M. CARDINAL: M. le Président, ma question s'adresserait au
ministre des Richesses naturelles. Le Premier ministre peut prendre avis de ma
question, ou y répondre. Au lieu de jouer au jeu des questions
additionnelles, je pose les deux questions d'un seul coup.
Le gouvernement québécois a-t-il l'intention de prendre en
considération l'étude de M. Eric Kierans sur la politique
provinciale, particulièrement manitobaine, en matière de
richesses naturelles, qui concerne certainement la politique provinciale
québécoise vis-à-vis de celle du gouvernement central?
Deuxièmement, le gouvernement québécois se rend-il
compte que, selon ce rapport, 15 p.c. seulement des profits
réalisés par l'industrie minière, au Canada, entre 1966 et
1969, furent rendus aux gouvernements provinciaux intéressés? Une
telle répartition de la richesse et des revenus en provenance des
ressources naturelles ne donne-t-elle pas lieu à de graves
interrogations sur la valeur des politiques provinciales et
fédérales, en matière de richesses naturelles?
M. BOURASSA: M. le Président, je pense bien qu'on pourra discuter
de cette question très importante lors de l'étude des
crédits. Ce que j'ai retenu du rapport de M. Kierans c'est
l'étatisation des compagnies de mines. Je n'ai pas lu le rapport.
Evidemment, il y a à voir comment cela pourrait être
financé. Il y a à voir comment on peut attirer du capital dans ce
secteur. On se souvient des critiques considérables qui ont
été faites sur l'Iron Ore, lesquelles par la suite ont
été retirées.
Je prends l'exemple de M. René Lévesque qui avait
critiqué violemment M. Duplessis dans les années 1950. Il a dit
aussi, il y a quelques mois, que M. Duplessis avait eu raison. Sur papier, il
est toujours facile de faire des recommandations, mais, en pratique, si on veut
créer des emplois, si on veut obtenir du capital de risque, il faut
tenir compte de ces problèmes.
M. CARDINAL: Une question très brève, M. le
Président. Le premier ministre a-t-il, en particulier, lu dans le
journal Le Devoir l'interrogation qui était posée dans le dernier
paragraphe du journal de la semaine dernière, à ce sujet?
M. BOURASSA: Je ne me souviens pas.
M. CARDINAL: Je suggère au premier ministre de le lire parce
qu'il était personnellement impliqué comme chef du
gouvernement.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Autobus scolaires
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Transports. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a été
porté à sa connaissance un rapport en provenance du comité
de surveillance des autobus scolaires? A quelle date? Est-il au courant aussi
des dangereuses défectuosités de ces autobus, tel que le cas est
soulevé par ce comité de surveillance?
M. PINARD: Ce comité a été formé en 1968, je
crois, si ma mémoire est fidèle. Il a été
présidé par M. Louis Lachapelle qui, à l'époque,
était le directeur du transport scolaire au ministère de
l'Education et qui est maintenant passé au ministère des
Transports, avec les mêmes responsabilités.
Ce comité continue à siéger, mais les principales
recommandations faites par M. Louis Lachapelle, à l'époque, ont
été mises en pratique depuis 1970 surtout. En 1971, je crois
qu'il y a eu de très nombreuses poursuites contre les
propriétaires d'autobus qui ne respectaient pas les règlements du
transport scolaire quant à la sécurité des
véhicules, quant aux conditions de salubrité, de
sécurité imposées aux chauffeurs des autobus, quant
à la compétence.
Je pense avoir donné à ce sujet, il y a quelques mois, des
statistiques très éloquentes. Il y a eu mise au rancart de
centaines d'autobus scolaires. Plusieurs centaines d'autobus ont dû
être soumis à des examens techniques par des mécaniciens
qualifiés. Ils ont dû être remis en état de bonne
circulation. Mais je pense que c'est un problème très global. Non
seulement le problème peut exister dans le territoire de la ville de
Montréal ou de la communauté urbaine, mais il existe aussi en
d'autres endroits de la province. Notre équipe d'inspecteurs doit
être partout à la fois, en ce moment, pour être capable de
déceler les difficultés qui nous sont faites par les
propriétaires de compagnies d'autobus scolaires récalcitrants qui
veulent esquiver leurs responsabilités.
Je donne l'assurance à cette Chambre que nous agissons avec
célérité. Il faut quand même également agir
avec une certaine humanité pour ne pas mettre en faillite certaines
compagnies d'autobus scolaires qui, déjà, se plaignent d'avoir
des conditions économiques difficiles à rencontrer.
L'échantillonnage des questions qui ont été posées
ce matin à l'Assemblée nationale indique bien que les
députés, qui veulent être des représentants du
peuple, demandent à la fois au gouvernement d'être
sévère dans l'application des lois et des règlements et
d'être un peu mou ou même de fermer les yeux sur certaines
infractions ou manquements graves, à la loi ou aux
règlements.
Alors, on ne peut pas avoir les deux mesures de justice en même
temps. Il faut faire un choix. Espérons que le choix que le gouvernement
fait, en général, sera dans l'intérêt du public.
M. SAMSON: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
ministre peut nous dire s'il a été mis au courant du dernier
rapport de ce comité de surveillance des autobus scolaires en ce qui
concerne le transport des enfants handicapés à
Montréal-Nord? Est-ce que le ministre peut nous dire également
s'il a reçu une demande de rencontre de ce comité? Est-ce qu'il
est disposé à rencontrer les membres de ce comité,
concernant le problème qui vient d'être soulevé?
M. PINARD: M. le Président, le ministre est toujours
désireux d'en connaître davantage sur les situations qui lui sont
exposées à l'Assemblée nationale ou par des organismes qui
se disent spécialisés dans tel ou tel domaine. Alors, je sais que
j'ai une demande d'entrevue de la part de M. Edmonston de l'APA. Mais M.
Edmonston se dédouble. Il prend les responsabilités accrues
presque tous les jours. Je vais quand même l'écouter, comme je
suis prêt à entendre tous ceux qui ont quelque chose
d'intéressant, de positif et de constructif à nous dire pour
améliorer les conditions de sécurité aussi bien dans le
domaine du transport scolaire que dans les autres domaines de transport.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Transport public pour personnes
âgées
M. LAURIN: Ma question s'adresse toujours au ministre des Transports.
Est-ce que le ministre a l'intention d'accorder une entrevue au Comité
métropolitain pour la réduction du prix du transport public pour
citoyens âgés? Il la lui demande par tous les moyens, de toutes
les façons depuis maintenant près d'un an.
M. PINARD: Est-ce que le député fait allusion aux
tractations qui ont eu lieu entre le maire Drapeau et certains groupes de
citoyens?
M. LAURIN: Non. Je fais allusion à une résolution qui a
été prise au conseil des ministres le 12 janvier 1972. Le conseil
des ministres confia alors au ministre des Transports la mission
d'étudier le problème de la réduction des tarifs de
transport en commun pour les personnes âgées à
Montréal.
Cette étude n'a été suivie d'aucun rapport,
d'aucune rencontre, d'aucune entrevue, ce qui fait que le comité n'a
reçu encore aucune réponse à ses demandes?
M. PINARD: M. le Président, je m'inscris en faux contre les
déclarations du député qui dit, devant l'Assemblée
nationale, qu'il n'y a eu aucune étude faite par le ministère des
Transports, qu'il n'y a eu aucune rencontre avec les personnes
intéressées, ni avec les autorités municipales
intéressées. Je m'inscris en faux contre cette déclaration
du député qui est bien mal informé. Le fait que le
gouvernement n'ait pas annoncé de politique définie dans ce
domaine n'indique pas qu'il ne s'est pas fait de travail.
M. LAURIN: Le ministre peut-il nous expliquer, alors, pourquoi il refuse
systématiquement de rencontrer le comité depuis un an?
M. PINARD: Aucune demande ne m'a été transmise
personnellement pour rencontrer les membres de ce comité.
M. LAURIN: Je m'inscris en faux à mon tour, M. le
Président.
M. PINARD: Un instant, un instant.
M. LAURIN: Je pourrais lui présenter vingt photocopies de
demandes qui lui ont été faites.
M. CHARRON: Des télégrammes! LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: La demande a été transmise originalement au
ministre des Affaires sociales, qui en a fait une étude. A la suite de
la
discussion de ce problème au conseil des ministres, il a
été décidé que c'était le ministère
des Transports qui devait faire l'étude de ce problème. J'ai
rencontré le maire Drapeau à trois ou quatre reprises à ce
sujet et nous avons essayé de mettre en marche un système qui
pourrait peut-être donner sensiblement les résultats
demandés par ces groupements de citoyens. Mais il y avait un
problème financier considérable qu'il fallait résoudre. Je
ne pense pas qu'en ce moment nous en soyons rendus au point de mettre en marche
un système qui peut donner satisfaction et aux uns, et aux autres, si
nous ne sommes pas capables de régler ce problème de façon
conjointe au plan financier.
M. CHARRON: Une question additionnelle, M. le Président.
M. AUDET: M. le Président, sur un point de règlement.
LE PRESIDENT: Une question de règlement.
M. AUDET: Croyez-vous, M. le Président, que c'est une question
additionnelle à la question du député de Rouyn-Noranda? Je
ne crois pas qu'elle se rattache du tout au sujet de la question du
député de Rouyn-Noranda.
LE PRESIDENT: Non, c'est une question principale. Ce n'est pas une
question additionnelle.
M. AUDET: La question du député de Bourget était
une question additionnelle.
DES VOIX: Non, non!
LE PRESIDENT: Une question additionnelle.
M. CHARRON: Une question additionnelle, M. le Président. Le
ministre des Transports a été mandaté, depuis quatorze
mois, comme le disait le député de Bourget. Peut-il assurer la
Chambre, si vraiment un travail s'est fait depuis le début de son
mandat, qu'il a rencontré au moins les deux parties en cause, soit, en
plus du maire Drapeau, de l'administration municipale, de la Communauté
urbaine de Montréal, etc., l'autre partie, c'est-à-dire les
citoyens âgés qui se sont regroupés sur cette
matière?
Deuxièmement, si cela s'est fait, peut-on attendre une
décision prochaine en cette matière?
M. PINARD: M. le Président, je l'ai dit tantôt, je suis
bien prêt à reprendre la discussion avec les autorités de
la ville de Montréal ou de la Communauté urbaine de la ville de
Montréal, mais je ne suis pas capable de régler les chicanes qui
peuvent exister entre le maire Drapeau, le président de la
Communauté urbai- ne de Montréal et certains maires d'autres
municipalités. Je suis prêt à rencontrer toutes les parties
intéressées à la solution de ce problème. Je ne me
souviens pas avoir eu de demandes spécifiques de rencontres de la part
du groupement dont parle le député. Je suis prêt à
vérifier mes dossiers pour voir si vraiment cette demande m'a
été faite ou si elle n'a pas été faite à une
autre personne du gouvernement.
M. CHARRON: Nous allons vous fournir l'information. Mais puis-je
rappeler au ministre que le mandat confié par le Conseil exécutif
de s'occuper du problème faisait qu'au moins il devait, de
lui-même, s'efforcer de rencontrer les groupes intéressés
et non pas attendre d'être convoqué, même si nous sommes
capables de lui prouver qu'il a été convoqué une vingtaine
de fois depuis le début? Nous donnerons copie des
télégrammes adressés au député de
Saint-Louis, au premier ministre, au ministre des Affaires sociales, à
vous, n'importe quand.
LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. CHARRON: Ne faites pas semblant que vous ne l'avez pas su!
LE PRESIDENT: A l'ordre! Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai déposé, il y a
quelques instants, un arrêté ministériel et j'aimerais
donner quelques détails additionnels. Je le faisais au nom du ministre
de l'Education. Conformément...
LE PRESIDENT: Est-ce que vous voulez faire une déclaration?
M. LEVESQUE: Non, non, M. le Président. C'est pour l'intelligence
du document, vous êtes d'accord?
LE PRESIDENT: Mais sans commentaires des partis. D'accord.
M. LEVESQUE: Conformément à l'article 4 de la loi...
M. BURNS: En autant que cela n'en suscitera pas.
M. LEVESQUE: Non, non, cela n'en suscitera pas. C'est simplement une
déclaration. Conformément à l'article 4 de la Loi des
investissements universitaires, j'ai déposé en cette Chambre le
plan quinquennal 1972-1977 des subventions d'investissement aux
universités qui a été approuvé par
arrêté ministériel le 27 décembre 1972. En vertu de
l'article 2 de la Loi des investissements universitaires 1968, chapitre V, le
ministre de l'Education est autorisé à préparer chaque
année avec tout établissement universitaire du Québec,
après avoir demandé les
avis requis, particulièrement ceux du Conseil des
universités, tout plan d'investissement universitaire pour les cinq
années suivantes divisé en tranches annuelles. Ce plan
quinquennal indique en détail l'objet et le montant des investissements
pour la première année et contient les cas des investissements
prévus pour les années subséquentes.
Nous prévoyons pour la première année de ce plan,
soit en 72/73, des déboursés de l'ordre de $38,712,000 dont le
détail est fourni dans le document déposé. Il faut bien
distinguer ce plan quinquennal 1972-1977 du plan quinquennal 1971-1976 qui a
été déposé ici même le 16 novembre 1972. Je
souligne en outre que le ministre de l'Education aura l'occasion dans un avenir
rapproché de déposer le prochain plan quinquennal, soit celui de
1973-1978 dont une demande d'avis a été acheminée
dernièrement au Conseil des universités.
M. le Président, article no 14.
Projet de loi no 269 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 269, Loi sur la chiropraxie.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, le lieutenant-gouverneur en
conseil a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à l'Assemblée.
Conformément aux discussions que nous avons eues hier dans le
cadre des travaux de la commission spéciale sur les corporations
professionnelles, je serai très bref dans ma présentation de ce
projet de loi. Nous avons ici, pour la troisième fois devant cette
Assemblée nationale, un projet de loi qui vise à donner une
reconnaissance légale aux chiropraticiens au Québec. Il est
évident si ce n'était que par le nombre des projets de loi
qui ont été présentés, mais cet aspect me parait
secondaire bien qu'ayant une certaine importance qu'à la suite
des travaux de la commission parlementaire et aussi, si on se rappelle, les
travaux de la commission d'enquête sur la chiropraxie,
présidée par le juge Lacroix de la cour Supérieure du
Québec, qu'il y a là une situation qui doit de toute
évidence être corrigée. Des personnes agissent en se disant
chiropraticiens, posent des actes qui, dans bien des cas, peuvent être
interprétés comme étant des actes médicaux, ce qui
a donné lieu à de nombreuses poursuites dans le passé.
D'autre part, bien des citoyens s'adressent à ces gens en toute
confiance pour trouver soulagement à certains de leurs problèmes.
Contrairement aux autres professions, ceux qui s'adressent aux chiropraticiens
n'ont pas la certitude qu'ils s'adressent à quelqu'un dont la
compétence a été sanctionnée ou
vérifiée d'une façon quelconque.
C'est la raison pour laquelle il est absolument nécessaire de
procéder à la reconnaissance légale de cette profession;
c'est une question de fait qui se pose, pas une question au plan scientifique.
Je ne crois pas que nous ferions avancer le débat, que nous
contribuerions à assurer une meilleure protection à la population
si nous discutions sur le plan purement scientifique, essayant de
déterminer si la chiropraxie est une science ou non, pas plus que si
nous engagions le même débat en ce qui a trait à la
médecine. Il me parait clair que la médecine a un contenu
scientifique énormément plus développé, mais il
n'en demeure pas moins que la médecine comporte une part que l'on
appelle l'art de la médecine. C'est ce qui fait d'ailleurs que l'on
poursuit dans ce secteur des recherches pour faire avancer la connaissance,
personne n'ayant la prétention d'avoir atteint la limite des
connaissances dans ce secteur. C'est pourquoi je ne veux pas situer en aucune
façon la discussion sur ce plan.
Compte tenu de cet état de fait, ce qui apparaît important
pour assurer la protection de la population aux yeux du gouvernement, c'est de
procéder ou de franchir une première étape, celle de la
reconnaissance légale de la chiropraxie pour assurer une meilleure
protection de la population, quitte, au fur et à mesure que la formation
des chiropraticiens se fera dans des cadres où il est plus facile de
juger de la valeur de l'enseignement des connaissances acquises, des programmes
et d'évaluer les étudiants; au fur et à mesure,
également, que l'identification des chiropraticiens, qui peuvent tout en
assurant la protection du public exercer leur profession, aura
été effectuée, comme pour les autres professions, à
réévaluer la question et à déterminer à ce
moment si le champ d'exercice devra ou devrait être modifié. Si
l'on fait l'historique de la plupart des lois des corporations professionnelles
dans le domaine de la santé, on constate qu'au cours des années
il y a eu de nombreux amendements tendant toujours à ajuster ces lois
à l'évolution des connaissances, à l'évolution des
modes de pratique, à l'évolution, en définitive, de la
réalité.
La définition du champ d'exercice qui est contenue dans le projet
de loi 269 nous paraît être celle qui permet le meilleur
départ possible quant à la profession de chiropraticien dans un
cadre de reconnaissance légale. Si on se réfère au projet
de loi 286, qui avait été déposé en 1969, on verra
que la définition qui est proposée est un peu plus large que
celle qui était proposée dans ce projet de loi,
c'est-à-dire qu'à ce moment on parlait de la correction de la
colonne vertébrale et des os du bassin alors que maintenant la
définition du champ de pratique est élargie pour couvrir
également les autres articulations du corps humain.
Egalement, pour ceux qui satisferont aux normes prescrites par l'Office
des professions,
un permis de radiologie à des fins diagnostiques pourra
être émis aux membres de la Corporation des chiropraticiens. Sur
ce plan, également, il n'y a pas de distinction qui sera faite par
rapport à d'autres personnes.
On pourra pratiquer la radiologie, mais pour autant que les normes
édictées par l'Office des professions soient appliquées et
que ceux qui voudront pratiquer en faisant usage de la radiologie à des
fins diagnostiques soient en mesure de démontrer qu'ils ont la
compétence nécessaire. Alors, il semble qu'il y a là un
mécanisme qui permet d'apporter une solution au problème de
l'utilisation de la radiologie dans ce secteur, tout en protégeant
adéquatement la population.
Enfin, M. le Président, la constitution du bureau provisoire
appelle quelques commentaires. Nous proposons dans le projet de loi un bureau
formé de neuf administrateurs dont quatre seront choisis parmi les
personnes exerçant présentement la chiropraxie et l'office
désignera parmi eux un président. Les cinq autres personnes ne
seront pas des chiropraticiens.
Cela ne veut pas dire pour autant que ce seront des médecins. Je
pense que là ce serait une exagération et ce serait
interpréter un texte d'une façon qui n'est pas exacte. Je pense
bien que tous les membres de la commission se rappelleront que les divers
groupes qui ont comparu devant la commission parlementaire à tour de
rôle ont prétendu être, chacun leur tour, le groupe qui
regroupait les chiropraticiens vraiment compétents, aptes à
exercer la chiropraxie. D'après des questions qui ont été
posées, des vérifications que nous avons pu effectuer, je ne
crois pas, quant à moi, qu'il me soit possible de dire qu'un groupe
représente d'une façon plus authentique qu'un autre purement et
uniquement des chiropraticiens qui sont aptes à exercer cette
profession.
C'est la raison pour laquelle nous proposons cette formule qui
permettra, je crois, en toute objectivité d'établir les normes
pour que l'identification des personnes aptes à pratiquer la chiropraxie
puisse être faite. Une fois cette opération franchie, le projet de
loi prévoit la constitution éventuelle d'un bureau de cette
corporation analogue à celui des autres corporations
professionnelles.
Je crois que nous avons devant nous un projet de loi qui va permettre de
régulariser une situation qui aurait dû être corrigée
depuis longtemps à mon avis au Québec, pour la meilleure
protection du public. La seule chose que l'on puisse dire qui explique ces
retards, c'est à la fois le gel en quelque sorte qui s'est
avéré nécessaire, d'une part, dans le domaine des
modifications aux lois des corporations professionnelles, comme on l'a
souligné à quelques reprises, depuis le début de
l'étude de ces projets. D'autre part, c'est la complexité de ce
problème qui avait nécessité la formation d'une commission
d'enquête. Par un hasard assez malheureux, elle a produit son rapport au
même moment où ce gel de la législation dans le domaine des
corporations professionnelles était décrété.
Il n'en demeure pas moins que deux projets de loi ont été
déposés et qu'ils ne se sont pas rendus jusqu'à la
dernière étape. C'est pourquoi je disais que c'est un
problème dont la solution, à mon sens, a déjà trop
tardé.
Alors, je crois que nous pourrons franchir une étape
significative. Je suis conscient qu'elle ne satisfera pas tout le monde, mais
il me parait nécessaire que nous franchissions cette étape en
nous souvenant de la nécessité de la protection du public et en
nous souvenant que les lois ne sont pas adoptées de façon
immuable quant à l'avenir. Il est toujours possible, au fur et à
mesure que les faits, que les données disponibles le permettent, de
faire évoluer les lois selon les exigences de la situation.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, voulant me conformer au
désir exprimé par les membres de la commission parlementaire
hier, commission qui étudiait le projet de loi 250, je serai très
bref en deuxième lecture, sur les quatre projets de loi dont nous allons
étudier le principe et que nous allons déférer à
cette commission plénière qui a commencé ses travaux.
Le projet de loi que nous étudions en ce moment est
peut-être celui qui a fait couler le plus d'encre depuis plusieurs
années et qui a suscité le plus de débats sur la place
publique. C'est certainement celui qui nous a apporté, comme membres de
cette commission, le plus de communications avec les différentes
corporations professionnelles. Je ne veux pas, au cours de ces quelques
brèves remarques, entrer dans le détail du projet de loi.
D'ailleurs, notre règlement nous le défend. Je ne voudrais
m'arrêter qu'aux points qu'il me paraît important de signaler
à cette Chambre.
L'historique, le ministre l'a fait il y a un instant; une commission
d'enquête, présidée par le juge Lacroix, a remis un
volumineux rapport au gouvernement en 1965 après des études
très fouillées du problème et des voyages pour voir ce qui
existait en fait de législation dans d'autres pays. A la suite du
dépôt de ce rapport, le ministre de la Santé du temps,
l'honorable Eric Kierans, avait déposé un projet de loi qui n'a
pas été étudié par l'Assemblée
législative à ce moment, à cause de la prorogation des
Chambres. Quand je suis arrivé au ministère, en 1966, j'ai eu
l'occasion de me pencher sur ce dossier, mais, comme le ministre l'a dit
tantôt, il y avait aussi le gel de la reconnaissance des nouvelles
corporations professionnelles et de toute la législation concernant les
corporations
professionnelles, étant donné que nous avions
confié cette étude à la commission Castonguay.
En 1969, malgré le gel de cette législation, me rendant
compte qu'il y avait là une situation qui devait être
corrigée le plus tôt possible en ce qui concernait plus
particulièrement ce groupe de professionnels, j'ai proposé
à l'Assemblée nationale une loi sur la chiropaxie. La même
situation s'est reproduite à cause de la prorogation de la Chambre au
début de l'année 1970, et nous n'avons pu étudier cette
loi. C'est maintenant la troisième loi. Du côté de
l'Opposition, nous avions cru un moment que le dicton "jamais deux sans trois"
s'appliquerait et qu'une troisième fois nous nous retrouverions avec un
projet de loi qui ne serait venu qu'en première lecture devant
l'Assemblée nationale. Mais non, effectivement, nous
l'étudions.
Il s'agit d'un projet de loi très controversé. Il nous
faut tracer une ligne, dans le principal article du projet de loi, en ce qui
concerne la définition du champ d'exercice. C'est peut-être le
projet de loi le plus difficile, où il nous faut tracer la ligne au bon
endroit. J'ai bien aimé la remarque du ministre des Affaires sociales
tantôt; c'est une remarque que j'ai faite moi-même à
plusieurs reprises aux chiropraticiens. Je pense que c'est la seule
façon logique d'aborder le problème. A ce moment-ci, une chose
est urgente, importante et sur laquelle il semble que tous les partis et le
public sont d'accord, c'est de reconnaître les chiropraticiens, de leur
donner Une reconnaissance juridique pour qu'ils pratiquent dans la
légalité. Comme conséquence de cette reconnaissance
juridique la corporation professionnelle, avec les outils que lui fournissent
le code des professions et sa loi spécifique, pourra poser des
exigences, pourra exercer un contrôle sur ses membres et sur les actes
qu'ils posent.
Actuellement, ce n'est pas le cas. Aujourd'hui, nous allons accepter le
principe de reconnaître, par la deuxième lecture, l'existence de
quatre nouvelles corporations professionnelles. C'est un départ. C'est
un début. Il faut commencer par là. Que l'on discute aujourd'hui
de la valeur de l'acte professionnel qu'ils posent, que l'on discute du champ
d'exercice, de la limite qui leur est imposée. Est-ce qu'ils iront
jusqu'à telle limite? Est-ce qu'ils dépassent effectivement cette
limite? Est-ce qu'il y a véritablement, dans l'exercice de cette
profession, un art, une science?
Nous n'entreprendrons pas la discussion. Nous l'avons vu en commission
parlementaire. Il y a eu de nombreux témoignages. Depuis ce temps, nous
recevons beaucoup de communications. Là-dessus, je ne sais pas si, un
jour, on finira par faire le consensus à l'effet de savoir si c'est
véritablement un art, une science, si c'est une partie de la
médecine ou si c'est parallèle à la médecine. Ce
n'est pas notre intention, ce matin, et cela ne devrait pas être l'objet
de notre débat, d'aller au fond de cette question.
Comme premier geste, nous allons reconnaî- tre l'existence
légale de cette corporation. En commission parlementaire, nous aurons
l'occasion de discuter en détail de la définition que nous allons
accepter dans le cas de ces professionnels.
Les chiropraticiens devraient accepter ce premier geste de
l'Assemblée nationale, la reconnaissance légale. On voudrait, en
ce moment, que l'Assemblée nationale, dans le projet de loi en
deuxième lecture qui est devant nous, mette dans la définition
tel ou tel mot ou reconnaisse tel ou tel champ d'exercice. Il est difficile,
dans un débat de quelques minutes, de donner une opinion sur ce sujet
fort controversé. Mais il est important que la profession de la
chiropraxie commence quelque part. C'est l'observation du ministre tout
à l'heure. C'est l'observation que j'ai faite à plusieurs
reprises en cette Chambre et dont j'ai fait part aux chiropraticiens à
plusieurs reprises. Il faut commencer quelque part.
Si le ministre des Affaires sociales accepte les mécanismes que
nous avons proposés, qu'il y ait une commission permanente de
l'Assemblée nationale. Ce sera la décision de l'Assemblée
nationale et le leader parlementaire a été saisi de cette demande
officiellement. Entre autres, hier, M. le Président, vous étiez
témoin que le ministre des Affaires sociales a fait part au leader du
gouvernement de cette demande de la commission parlementaire, demande que j'ai
exprimée à plusieurs reprises. S'il y a cette
responsabilité déléguée à l'Office des
professions et au conseil interprofessionnel d'étudier le champ
d'exercice des professions, je pense que les chiropraticiens peuvent être
rassurés. Ce problème qui les préoccupe, avec raison, de
la définition de leur champ d'exercice, de pouvoir continuer à
exercer leur profession de la même façon qu'ils
l'exerçaient jusqu'à maintenant ou d'une façon qui leur
semble rétrécie par la définition de la loi qui nous est
proposée, ce sont des questions qui seront discutées par la
suite.
Il y a un problème prioritaire pour des corporations nouvelles
qui vont être reconnues par législation et qui pratiquaient dans
l'illégalité jusqu'à maintenant. C'est de faire le
recensement des membres qu'ils ont dans leur profession, des membres dont
quelques-uns pratiquaient sans aucun contrôle de la part de leurs
organismes professionnels, des membres qui sont entrés dans cette
profession et qui se sont intitulés des chiropraticiens à un
moment donné. Ils n'ont pas la formation que le Collège des
chiropraticiens et l'Association des chiropraticiens exigent. Ils n'avaient
aucun contrôle pour refuser ou pour empêcher que ces membres
pratiquent la profession sous l'étiquette ou sous l'appellation de
chiropraticien.
C'est une priorité qu'on les reconnaisse, qu'ils voient à
faire le recensement des effectifs qu'ils ont, d'écarter les effectifs
qui sont indésirables et qui font que, devant l'opinion publique
actuellement, les chiropraticiens ou la
profession, dans l'ensemble, ne reçoivent peut-être pas de
la part du grand public qui n'a pas étudié à fond cette
question, mais de ceux qui sont un peu plus près de ces questions, un
jugement défavorable.
C'est cela, l'ordre des priorités.
Je ne voudrais parler que d'un autre sujet. C'est la question que la
ministre a touchée tantôt. Il s'agit de la mise en tutelle de
cette corporation professionnelle et d'autres corporations professionnelles
dont nous allons reconnaître le principe.
Si nous acceptons ce principe pour les chiropraticiens, tenant compte
des raisons que le ministre a données tantôt pour inscrire ces
dispositions dans le projet de loi, si nous reconnaissons ce principe pour une
corporation, il faudrait le reconnaître pour d'autres corporations. Le
rapport de la commission Castonguay a été fort explicite
là-dessus. C'est qu'aucune corporation professionnelle que l'on
reconnaît ne devrait être en tutelle par rapport à une
autre.
Le ministre dit qu'il n'est pas certain que, parmi les cinq membres de
l'extérieur, il y aura des médecins, qu'il y aura d'autres
professionnels qui, on le sait par le débat public, sont opposés
à l'art ou à la profession de la chiropraxie. Je pense qu'on ne
doit pas espérer c'est ce que le ministre a semblé dire
tantôt, c'est un genre d'espoir qu'il y a qu'au bureau de la
corporation il y aura, parmi les cinq membres de l'extérieur, des gens
qui seront systématiquement opposés aux quatre membres de la
profession de la chiropraxie. Il ne faut pas se mettre dans cette situation que
la corporation professionnelle ne sera pas capable d'assumer ses
responsabilités. Ou on reconnaît, ou on ne reconnaît pas la
chiropraxie ou les nouvelles corporations professionnelles. Si on ne les
reconnaît pas, qu'on le dise franchement et qu'on ne mette pas dans le
projet de loi des dispositions qui semblent les reconnaître ou ne pas les
reconnaître. C'est une forme d'incertitude. Mais si on les
reconnaît qu'on leur donne les moyens d'assumer leurs
responsabilités.
J'ai entendu le ministre des Affaires sociales dire déjà,
il l'a dit en commission parlementaire, que si les corporations
professionnelles n'assument pas leurs responsabilités, eh bien, il y a
des mécanismes de prévus. Il y a l'Office des professions qui est
là, et c'est par ses pouvoirs s'il n'y en a pas assez, on lui en
donnera d'autres que cet office pourra faire prendre conscience aux
corporations professionnelles du fait qu'elles ont des obligations à
assumer et qu'elles devront les assumer.
Que ce soit une corporation que l'on va créer et qui n'a jamais
eu de reconnaissance légale, ou que ce soit une corporation
professionnelle qui existe déjà depuis nombre d'années, je
suis contre le principe qui veut qu'une corporation professionnelle soit en
tutelle à son bureau de direction ou qu'elle soit incapable d'assumer
ses responsabilités.
M. le Président, ce sont, très brièvement, quelques
remarques sur la chiropraxie. Le débat n'est pas fini. Le débat
ne sera jamais fini entre la chiropraxie et les autres professions de la
santé, comme il ne sera peut-être pas fini de sitôt entre
d'autres professions qu'on a étudiées et qui ne sont pas tout
à fait sur la même longueur d'onde.
Je pense que le rôle du législateur est que, si on accepte
la reconnaissance de la profession, on lui donne les outils pour que cette
corporation professionnelle assume ses responsabilités et
acquière, si ce n'est pas immédiatement, que ce soit le plus
tôt possible, avec les mécanismes qu'on lui fournit, le
véritable statut de corporation professionnelle.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, je désire, avant de formuler
quelques brèves remarques au nom de mon parti, féliciter le
ministre qui, semble-t-il, a brisé une très mauvaise tradition
qui existait en cette Chambre, soit de laisser mourir les projets de loi sur la
chiropraxie en même temps que certaines sessions.
Nous avons souvent étudié des lois-cadres, des lois clefs.
Il semblait que, d'après ce que j'ai entendu ce matin, le projet de loi
sur la chiropraxie était un projet de loi de fermeture de session,
c'est-à-dire qu'on s'en servait pour fermer la session.
Le ministre, en ayant accepté de revenir discuter ces lois en
deuxième lecture avant de procéder à l'étude en
commission parlementaire de l'ensemble des lois des professions, a, pour une
fois au moins, brisé une très mauvaise tradition. J'espère
qu'en brisant cette mauvaise tradition il a, en même temps, à
l'idée d'établir des lois qui non seulement seront raisonnables,
mais également qui permettront à ces différentes
professions d'être reconnues avec, évidemment, les pouvoirs
nécessaires.
M. le Président, la position de notre parti est connue depuis
longtemps. En effet, depuis longtemps, nous avons réclamé que les
chiropraticiens soient reconnus officiellement par une loi. Bien entendu, nous
avons toujours cru que cette reconnaissance impliquait, en même temps,
les responsabilités qui sont inhérentes à cette
profession.
Aujourd'hui, notre intention n'est pas de discuter de la valeur
scientifique de la profession, mais, conformément aux habitudes de notre
parti, nous tenterons de faire valoir nos arguments sur une base pratique,
c'est-à-dire en demeurant les deux pieds sur terre. Quant à nous,
une profession ou un professionnel existe ou doit exister en fonction des
services à donner à la population. Or, si la population, dans le
cas de la chiropraxie, depuis longtemps déjà, reconnaît les
chiropraticiens dans les faits,
je pense que c'est là une attitude qui devrait nous faire
réfléchir.
En effet, qui sont ceux qui se sont opposés depuis longtemps
à la reconnaissance officielle de la chiropraxie? Ce ne sont
sûrement pas les citoyens qui fréquentent assidûment les
bureaux des chiropraticiens. Ce sont M. le Président, je n'ai pas
l'habitude de faire des détours les concurrents qui croient qu'en
reconnaissant la chiropraxie ils perdraient un tant soit peu de leur
clientèle ou de leurs revenus.
Autrement dit, M. le Président appelons les choses par
leur nom c'est le corps médical qui, depuis longtemps, fait des
pressions pour empêcher que les chiropraticiens ne soient reconnus. C'est
connu de tout le monde, sauf qu'en certains milieux on semble vouloir faire des
détours, chose que je ne suis pas habitué à faire et que
nous n'avons pas l'intention de faire non plus.
M. le Président, nous avons retracé, en puisant dans les
différents mémoires qui ont été
présentés à la commission parlementaire, une attitude que
nous retrouvons depuis longtemps chez certaines corporations qui se sont
inscrites en faux contre la reconnaissance officielle de la chiropraxie. A un
moment donné, on dit ceci: La chiropraxie est une mystique. On a
également parlé de la crédulité psychologique
naturelle de toute personne en mal de soins médicaux. On a dit que
c'était dû au simple besoin de faire quelque chose pour tenter de
soulager ses maux, au besoin d'avoir un motif physique de se plaindre, au
besoin de communication par un contact direct. M. le Président, on est
en train, par ce genre de mémoires qui ont été
présentés, par ce genre d'attitude qui est reflétée
dans certaines corporations, de faire passer les citoyens
québécois pour des plaignards, des peureux ou différentes
choses comme cela.
Nous considérons, quant à nous, que ce sont des
affirmations gratuites et grossières. Les gens qui utilisent les soins
des chiropraticiens ont quand même un jugement. On doit reconnaître
que notre population qui utilise ces soins le fait en connaissance de cause et
en considérant les bienfaits des soins qui lui sont donnés.
Et ça va plus loin que ça. Quoique certaines corporations
s'inscrivent toujours en faux contre les chiropraticiens, nous devons
reconnaître, et je suis bien placé pour vous en parler, que parmi
les médecins beaucoup prescrivent à leurs patients des soins
chiropratiques. J'ai été un de ceux-là et je vous assure
que le médecin qui m'a prescrit, à l'occasion, des soins
chiropratiques l'a fait parce qu'il considérait que lui-même en
tant que médecin ne pouvait pas donner le genre de traitement dont
j'avais besoin. Autrement dit, si officiellement la médecine refuse
d'admettre que la chiropraxie a droit de cité, dans les faits plusieurs
médecins l'admettent, plusieurs médecins collaborent même
avec des bureaux de chiropraticiens. Nous voyons dans les faits que les
patients sont mieux soignés parce qu'ils peuvent se faire soigner au
complet, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas restreints à une partie
seulement des soins dont ils ont besoin.
Du côté des chiropraticiens, quand ils reçoivent ce
genre d'accusation ou sont témoins de ce genre d'affirmation que je vous
ai mentionnée tantôt à l'effet que la chiropraxie n'est pas
une science, etc. etc., ils répondent avec des statistiques
drôlement intéressantes. Voici un résultat obtenu par une
clinique de Montréal. Sur 19 maladies soignées par les
chiropraticiens, nous voyons que dans la plupart des cas il y a eu
résultat non seulement intéressant, mais que les maladies
concernées ont été traitées avec succès.
Dans les quelques minutes à notre disposition, conformément
à l'entente prise par les leaders parlementaires hier
étant donné que le bill des chiropraticiens ne devait pas revenir
en deuxième lecture avant que tous les autres bills sur les professions
soient entre la deuxième et la troisième lecture je n'ai
pas le temps d'énumérer toutes ces maladies qui ont
été traitées avec succès. Mais, pour le
bénéfice du journal des Débats, je dirai qu'un tableau
explicite a paru dans le journal La Presse du 31 janvier 1973 à
l'occasion d'une étude intitulée "La chiropratique, une
panacée à tous les maux".
Nous avons reçu, comme probablement tous les autres partis en
cette Chambre, beaucoup de lettres, soit en provenance des chiropraticiens qui
demandent d'être reconnus avec tous les pouvoirs, soit en provenance de
la population qui, elle, nous demande de faire tout ce qui est en notre pouvoir
pour que la profession des chiropraticiens soit reconnue et ce
raisonnablement.
Encore une fois le temps ne nous permet pas de citer les nombreuses
lettres reçues. Probablement qu'en commission parlementaire il sera
donné à notre représentant de citer plusieurs
mémoires, de reprendre les propos qui sont inclus dans plusieurs
mémoires.
M. le Président, la province de Québec est en ce domaine
en arrière des autres provinces. Malheureusement, nous devons constater,
une fois de plus, qu'en ce domaine comme dans d'autres nous tirons de
l'arrière, nous attendons. Je trouve néfaste que la chiropraxie,
qui se pratique au Québec depuis très longtemps, n'ait pas
été encore reconnue, qu'on ait attendu aussi longtemps avant de
se décider à présenter un projet de loi.
On voit dans ce projet de loi que, contrairement aux autres professions,
on les reconnaîtra pour la forme seulement. Autrement dit, si on laisse
adopter ce projet de loi tel qu'il est imprimé, sans amendements, nous
aurons des chiropraticiens officiellement reconnus avec moins de pouvoirs que
lorsqu'ils n'étaient pas reconnus; ils pouvaient donner des soins plus
complets à la population n'ayant aucune reconnaissance et en pratiquant
en vertu du système de la tolérance. Il semble qu'au
Québec, pendant plusieurs années, ç'ait été
la grande mode
de laisser pratiquer soit les chiropraticiens ou d'autres professionnels
sous le régime de la tolérance. On peut se poser plusieurs
questions, M. le Président, on peut se demander si c'est plus
intéressant pour certaines professions ou pour certains administrateurs
gouvernementaux de laisser les individus pratiquer en vertu d'un régime
de tolérance; on peut se demander quels sont les intérêts
qui ont fait que depuis trop longtemps on a obligé ces gens à
pratiquer en vertu d'un régime de tolérance alors qu'on aurait pu
faire comme les autres provinces, comme 1'Alberta et d'autres, comme les
Etats-Unis, et les reconnaître au même titre.
Aux Etats-Unis, on va plus loin que ça. Au mois d'octobre
dernier, une commission sénatoriale s'est déclarée en
faveur que la chiropraxie soit incluse dans les services de Medicare. Cela va
encore plus loin que nous, nous sommes seulement au stade de la reconnaissance,
une petite reconnaissance superficielle, alors qu'ailleurs on parle
déjà d'inclure les soins de la chiropraxie dans le Medicare,
c'est-à-dire dans ce qui est là-bas l'équivalent de notre
régime d'assurance-maladie.
Nous demandons que cette profession soit reconnue avec tous les
pouvoirs, autrement dit, si c'est bon pour les autres professions de
s'administrer elles-mêmes avec des représentants de la profession,
ça doit être également bon pour les chiropraticiens.
Pourquoi faire exception dans leur cas? Pourquoi exiger qu'ils soient en
minorité au bureau de l'Ordre des chiropraticiens? M. le
Président, le ministre a cru bon de nous mentionner tantôt que les
cinq personnes choisies en dehors des chiropraticiens comme
représentants du bureau de l'Ordre des chiropraticiens ne seront pas
nécessairement des médecins. Le ministre nous l'a dit
tantôt. Bien entendu, ce n'est pas que nous soyons contents de tout ce
que vous faites, M. le ministre, mais le fait que vous nous assuriez que ce ne
seront pas nécessairement des médecins, c'est déjà
un pas de fait. Mais quand un bébé commence à marcher, on
ne s'arrête pas là, on veut qu'il marche comme du monde; autrement
dit, si vous avez fait un pas, nous voulons que vous en fassiez d'autres et
nous ne voulons pas que cela s'éternise. Garantissez-nous donc d'autres
choses que cela, garantissez-nous donc que non seulement ça ne sera pas
nécessairement des médecins mais garantissez-nous que ce ne
seront pas des médecins, que ce seront des chiropraticiens comme dans
les autres corporations. Ils y ont droit.
M. le Président, c'est invraisemblable. Si le ministre nous dit
que ce ne sera pas nécessairement cela, ça veut dire aussi que
ça peut être cela; donc, si ça peut être cela,
ça équivaut à demander à des concurrents
d'être les administrateurs de l'Ordre des chiropraticiens. C'est ' une
chose impensable, je me demande comment le ministre et ses fonctionnaires en
sont arrivés à une telle suggestion.
Je suis persuadé, connaissant l'objectivité du ministre,
qu'il revisera cette position. S'il ne le fait pas, je vais me poser des
questions sur son objectivité et je me permettrai d'en douter par la
suite. Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes prêts à
attendre que le ministre en commission parlementaire propose des amendements
valables.
Jusqu'à ce qu'il nous les propose, on va lui donner le
bénéfice du doute, on va continuer à espérer. Mais,
si on ne nous les propose pas, nous serons malheureusement obligés de
dire que le ministre n'est pas objectif, parce que c'est inacceptable que le
bureau de l'Ordre des chiropraticiens soit administré par d'autres que
des chiropraticiens.
On parle de les reconnaître, c'est bien beau les reconnaître
mais si on les reconnaît avec des restrictions, ça équivaut
à quoi? Une reconnaissance qui ne vaut rien, M. le Président, il
n'en ont pas besoin. Ce n'est pas ça qu'ils veulent. Ils attendent
depuis longtemps pour avoir une reconnaissance officielle raisonnable,
acceptable. Alors qu'on leur permette en même temps qu'ils puissent
exercer leur profession avec tous les moyens complémentaires,
c'est-à-dire radiologie, méthodes modernes qui sont
utilisées présentement par les chiropraticiens.
Je vois que dans certains autres groupements politiques on voudrait
même aller jusqu'à leur offrir la chirurgie. Cela ne serait
peut-être pas si bête, parce que, quand on connaît la
façon de certains médecins d'exercer la chirurgie
présentement, on se demande si un barbier ne pourrait pas en faire
autant. En ce qui concerne la chiropraxie, je pense que nous devons, en tant
que représentants du peuple, leur permettre d'être reconnus avec
tous les pouvoirs, avec au moins ce qu'ils ont actuellement comme
méthodes.
Ces méthodes sont utilisées depuis longtemps. Il n'y a
rien de nouveau à ça. Quand on veut reconnaître une
profession, il faut au moins la reconnaître avec les services qu'elle
offre, les services qu'elle donne depuis longtemps. La population, que nous
représentons, qui nous demande d'intervenir en sa faveur, cette
population a droit d'exiger, non seulement demander, ces services de ses
représentants, et ces représentants se retrouvent dans quatre
formations politiques. Au même titre que nous, ils ont aussi des
responsabilités, ils ont aussi des comptes à rendre à la
population. Nous savons que toutes les formations politiques, que tous les
députés de cette Chambre ont eu un jour ou l'autre des
représentations, des demandes de la population, pour que soient reconnus
raisonnablement les chiropraticiens au Québec.
C'est ce que nous demandons, c'est que nous avons l'intention d'exiger.
Puisque le temps qui est à notre disposition est déjà
écoulé, je ne pourrai pas aller dans tous les détails.
Mais, sous réserve d'aller dans tous les détails à la
commission parlementaire, nous demandons immédiatement au ministre de se
préparer à nous offrir
des amendements raisonnables en commission parlementaire, ce qui nous
permettrait de voter favorablement cette loi en troisième lecture.
En ce qui concerne la deuxième lecture, puisque nous parlons du
principe de la reconnaissance, nous voterons évidemment en faveur du
projet de loi. Mais nous réservons notre décision quant à
la troisième lecture, décision qui sera conditionnée par
l'attitude du ministre à la commission parlementaire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, depuis que la phiropraxie existe, un
débat constant et parfois violent s'est engagé, au nom de la
science, entre les praticiens de la chiropraxie et le corps médical. Ce
débat a porté tour à tour et simultanément sur les
fondements mêmes de ce que les chiropraticiens appellent la science
chiropratique sur l'extension des limites de cette science, c'est-à-dire
sur la nature des actes que les chiropraticiens peuvent poser.
Il a porté également sur les moyens que les
chiropraticiens revendiquent pour exercer, de la façon qui leur semble
adéquate, leur profession, c'est-à-dire, en particulier, sur
l'utilisation des rayons X et sur l'utilisation des analyses de laboratoire.
Enfin, il a porté sur la nature de la thérapeutique qu'il
convient d'appliquer aux affections qui sont diagnostiquées. Par
exemple, faut-il limiter ces moyens thérapeutiques à la
manipulation par les mains ou faut-il ajouter à ce moyen de base
d'autres moyens thérapeutiques, comme certains médicaments,
certains suppléments alimentaires?
Ce débat, qui est engagé depuis longtemps, n'est pas
près de finir. Les arguments s'échangent d'un bord à
l'autre, la discussion apporte parfois de nouveaux éléments et il
semble bien que l'observateur désintéressé ne soit pas
à la veille de pouvoir en tirer des conclusions qui fassent
l'unanimité. Cela n'empêche pas les citoyens de consulter les
chiropraticiens en nombre assez grand, surtout dans certaines régions.
Cela n'empêche pas les citoyens de se dire, assez souvent, satisfaits des
soins qu'ils reçoivent et les chiropraticiens de revendiquer, pour leur
part, des succès éclatants. Il est possible que ces succès
soient réels; il resterait à une évaluation, à une
analyse scientifique d'en vérifier l'authenticité. Pour ma part,
je ne doute pas que ces succès soient réels. A quoi, maintenant,
faut-il les attribuer? Ce pourrait être là l'objet d'une autre
enquête scientifique. En attendant ces résultats, je serais
porté, pour ma part, à attribuer une partie de ces succès
aux techniques spécifiques qu'utilisent les chiropraticiens et, en
particulier, à la manipulation vertébrale. D'autre part, je
serais porté à en attribuer une très grande partie
à l'approche qu'utilisent beaucoup de chiropraticiens contrairement
à l'approche qu'utilisent certains médecins.
Je veux dire par là que, selon les observations que j'ai pu
faire, les chiropraticiens passent beaucoup plus de temps avec leur malade. Ils
prennent davantage le temps de l'écouter, de faire le tour de ses
difficultés aussi bien émotionnelles et psychologiques que
physiques. Il est bien possible que ce contact humain prolongé puisse
influer sur le cours de la maladie par le biais de facteurs psychiques,
émotionnels ou psychosomatiques, comme le disent certaines écoles
scientifiques modernes. Par ce biais psychosomatique, le patient se sent
rassuré, compris. Il est capable de ventiler certains conflits ou
certains stress qui contribuent, pour une part importante, à
l'étiologie de ses troubles. D'ailleurs, nous constatons maintenant, par
l'expérience des omnipraticiens qui consentent à utiliser cette
approche ou par les résultats qui nous proviennent des études ou
des thérapeutiques effectuées par ces nouveaux
spécialistes que sont les psychosomaticiens, que le malade a besoin
d'être évalué aussi bien que traité selon une
approche globale qui tienne compte non seulement de l'état de son
anatomie et de sa physiologie, mais aussi, et a fortiori, de toute sa
personnalité.
De toute façon, ce débat scientifique, ce débat qui
s'est engagé au nom de la science se poursuivra, même si le nombre
de clients, de patients qui se rendent au cabinet des chiropraticiens est
appelé à se maintenir.
C'est la raison pour laquelle je suis d'accord avec le ministre
lorsqu'il dit que nous ne sommes pas ici pour apporter de l'eau au moulin de
cette controverse. Nous sommes ici pour nous demander si le fait que tant de
citoyens vont consulter les chiropraticiens exige du législateur qu'il
régularise ces activités ou ces pratiques.
Pour ma part, M. le Président, je vous le dis simplement, je suis
convaincu qu'il y a de plus grands avantages à régulariser la
situation des chiropraticiens qu'à laisser pourrir une situation qui
devient intolérable pour toutes les parties concernées aussi bien
que pour la population
En effet, nous constatons qu'actuellement, et même depuis
plusieurs années, il s'est effectué une véritable
balkanisation de la profession chiropratique. Nous avons, en effet, affaire
à des praticiens ou à des sociétés qui ne
pratiquent pas le même genre de chiropratique et qui,
deuxièmement, sont loin d'être outillés de la même
façon pour la pratiquer. D'un certain côté, on voit des
chiropraticiens qui se limitent à la manipulation de la colonne
vertébrale alors que nous en voyons d'autres qui prétendent
traiter toutes les maladies du fait que les organes sont tous reliés par
les nerfs à la colonne vertébrale.
De même que nous voyons certains chiropraticiens qui se limitent
à l'emploi de certains moyens qui sont du ressort de la chiropraxie
telle qu'elle a été définie il y a plusieurs
années, nous voyons d'autres chiropraticiens utiliser une gamme de plus
en plus étendue de moyens diagnostiques pour lesquels il n'est pas
sûr qu'ils aient reçu toute la formation nécessaire pour
les comprendre et pour les utiliser. De la même façon, nous voyons
des chiropraticiens qui se sont presque formés eux-mêmes ou qui
n'ont reçu qu'une formation très limitée, que ce soit dans
des provinces voisines ou chez nos voisins d'outre 45e, alors que nous voyons
d'autres chiropraticiens qui prétendent avoir reçu une formation
prolongée de plusieurs années dans des collèges
très bien organisés, où le curriculum s'est
amélioré considérablement au cours des années.
Comment le public peut-il connaître la nature des soins qu'il
reçoit, lorsqu'il n'a aucun moyen de savoir à quel praticien il a
affaire, lorsqu'il n'a aucun moyen de savoir la formation que ce praticien a
reçue et lorsqu'il n'a aucun moyen de connaître les
prétentions légitimes ou non de ceux aux mains desquels il se
confie?
Il me parait dangereux de laisser se perpétuer une pareille
balkanisation, une variété aussi grande au niveau de la formation
et au niveau des activités de ceux qui se réclament de cette
science. Je pense qu'il revient au législateur, premièrement, de
faire cesser cette confusion, cette ambiguïté qui confine parfois
à l'anarchie; deuxièmement, d'établir d'une façon
très claire, pour la gouverne de tous les intéressés et
particulièrement des citoyens, la nature des exigences, la nature des
contrôles que la société est en droit d'instituer sur tous
ceux qui se réclament de l'exercice d'une profession.
De cette façon, on reconnaîtra comme on doit le
reconnaître un fait. Nous savons que les faits ont la tête dure. On
a beau les nier, on a beau les refuser, ils nous reviennent constamment
puisqu'ils traduisent la réalité, une dure réalité
à laquelle il faut s'habituer comme à la douce
réalité.
C'est la raison pour laquelle un projet de loi qui se veut l'agent de
modernisation, un agent de régulation, un agent d'uniformisation, ne
peut qu'être souhaitable à l'heure actuelle.
On pourrait discuter longuement du principe et des recommandations
principales des institutions qu'établira le projet de loi. Je ne veux
toucher pour le moment que l'aspect de la formation. Je pense que ce projet de
loi sera surtout valable parce qu'on peut conclure qu'après son adoption
tous les praticiens actuels de la chiropraxie ou devront s'identifier, et ceux
qui ne répondent pas aux normes de la profession devront se recycler, ou
seront mis en dehors de la profession, ou ces normes seront
améliorées de façon que les chiropraticiens puissent
recevoir en pleine lumière la formation qui est absolument essentielle
pour un exercice sécuritaire pour la population, un exercice de leur
art. C'est le bénéfice principal que je vois à ce projet
de loi. J'espère que les mécanismes prévus par le projet
de loi, dont nous aurons l'occasion de discuter en commission parlementaire,
pourront être aménagés de telle sorte qu'on se dirige
rapidement vers cette régularisation, uniformisation et surtout
amélioration des programmes d'études pour tous les tenants de la
profession chiropratique.
Maintenant, que faut-il penser de la constitution du bureau provisoire?
On a rappelé à cet effet, la recommandation de la commission
Castonguay-Nepveu selon laquelle aucune profession ne devrait être mise
en tutelle par une autre. Je comprends que le ministre ait pu avoir quelques
hésitations en ce domaine particulier, précisément
à cause de la virulence du débat qui s'est engagé au nom
de la science. Il reste cependant que le principe qu'a invoqué la
commission me semble devoir être retenu parce qu'il s'impose à
nous par sa logique. Je pense que si ce principe a été
accepté pour tous les autres projets de loi, c'est-à-dire pour
toutes les autres corporations, on ne devrait pas faire exception pour
celle-ci, puisque la logique est la première des sciences et la
première des disciplines philosophiques. On se mord toujours les doigts
d'y renoncer ou de la contourner, quelle que soit la valeur des raisons
circonstancielles que l'on puisse invoquer. S'il existe des facteurs
circonstanciels qui puissent faire hésiter le législateur, je
pense qu'on devrait en tenir compte et qu'on devrait plutôt tenter
d'aménager la situation par l'utilisation d'autres moyens plus
pragmatique de nature administrative. Par exemple, on pourrait utiliser les
pouvoirs que le projet de loi 250 donne à l'Office des professions en
les aménageant d'une façon spéciale pour atteindre les
objectifs que poursuit le législateur tout en tenant compte des
circonstances qui peuvent amener le législateur ou la
collectivité à vouloir exercer un contrôle plus strict,
aussi bien en ce qui a trait à l'identification des praticiens
qu'à l'évaluation de leur formation ou à
l'établissement de normes de formation éventuelles.
Ce n'est pas le moment, pour nous, de nous engager dans la nature des
amendements que l'on pourrait suggérer à cet effet, mais nous
profiterons sûrement des délibérations de la commission
parlementaire pour engager, avec le ministre et les autres partis de
l'Opposition, un dialogue qui se voudra à la fois constructif et serein
et qui sera axé non pas encore une fois uniquement sur le
débat scientifique qui a actuellement cours, mais sur la reconnaissance
des faits et sur la protection du public.
Enfin, M. le Président, nous voudrions également
recommander au ministre, dans ce projet de loi comme dans tous les autres,
qu'on respecte suffisamment la langue française pour en faire la langue
d'usage pour tous ceux qui, dans ce pays où la langue française
est majoritaire, où la langue française doit devenir la langue
commune, peuvent traiter d'une façon adéquate, en tenant compte
de toutes les conditions d'exercice, les divers patients qui se
présenteront à eux, quelle que soit leur option
linguistique.
Sur ce, M. le Président, nous avons le plaisir de dire au
ministre que nous voterons pour l'adoption de ce projet de loi en
deuxième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La réplique de l'honorable
ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, je comprends l'enthousiasme de
certains des membres de la Chambre, compte tenu de la vigueur de mes
interventions. M. le Président, je n'ai pas l'intention d'utiliser ce
droit de réplique. Je demanderais qu'on passe à l'adoption de la
motion.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, nous demandons le vote
enregistré.
M. ROY (Beauce): Nous demandons le vote enregistré, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de cette motion de
deuxième lecture du projet de loi no 269 veuillent bien se lever, s'il
vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Hardy, Castonguay, Pinard, Simard
(Richelieu), Quenneville, Drummond, Lacroix, Bienvenue, Saint-Pierre,
Théberge, Perreault, Brown, Blank, Kennedy, Saindon, Picard, Pearson,
Leduc, Fraser, Assad, Bacon, Berthiaume, Carpentier, Cornellier, Faucher,
Harvey (Chauveau), Lamontagne, Marchand, Ostiguy, Pelletier, Pilote, Paul,
Tremblay (Chicoutimi), Vincent, Cloutier (Montmagny), Lavoie (Wolfe), Samson,
Roy (Beauce), Latulippe, Drolet, Guay, Laurin, Burns, Charron, Tremblay
(Sainte-Marie).
LE SECRETAIRE: Pour: 46 Contre: 0
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission parlementaire
spéciale des corporations professionnelles.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 17.
Projet de loi no 266 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi 266, Loi sur la denturologie.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, le lieutenant-gouverneur en
conseil a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande l'étude
à cette Assemblée.
En entreprenant l'étude de ce projet de loi sur la denturologie,
nous abordons en quelque sorte l'étude d'un problème qui, sous
bien des aspects, est analogue à celui de la chiropraxie. Nous avons
là une situation qui, au cours des années, pour diverses raisons,
s'est modifiée de telle sorte que le technicien dentaire qui devait
travailler dans un cadre précis à l'origine, compte tenu du fait
que ce cadre ne s'est pas adapté suffisamment à
l'évolution, a eu tendance à se modifier graduellement en ce qui
a été convenu d'être désigné par le terme de
denturologiste.
Or, pour les chiropraticiens et les denturologistes, les données
du problème sont un peu les mêmes; il nous faut assurer la
protection de la population, compte tenu du fait que les gens vont
requérir les services des denturologistes, qu'il ne leur est pas
possible d'identifier ceux qui ont une compétence adéquate ou
suffisante pour offrir leurs services à la population, et ceux qui n'ont
pas cette compétence; qu'il est nécessaire également
d'établir des normes de telle sorte que la formation de ces
professionnels soit telle que la population soit protégée.
Dans les très grandes lignes, nous avons les mêmes
données du problème. Nous avons également les mêmes
difficultés en ce sens qu'il est à peu près impossible de
sanctionner une situation qui s'est développée de façon
anarchique, si l'on peut dire, par une loi et tout simplement sanctionner une
situation de fait sans se poser quelques questions. Tout comme pour les autres
corporations professionnelles, il est nécessaire de se poser les
mêmes questions, à savoir quel est le degré de formation
requis, quel devrait être le champ d'exercice réservé
à l'intérieur duquel ces professionnels peuvent exercer leur
profession, et quels sont les mécanismes nécessaires sur le plan
de la constitution d'une corporation pour assurer que les dispositions requises
pour la protection du public soient bien appliquées.
Ce projet de loi est sensiblement différent de la première
version qui avait été déposée en
cette Chambre concernant le champ de pratique de la denturologie. En
effet, la nouvelle version prévoit que les actes ayant pour objet
d'essayer, de poser, d'adapter, de remplacer ou de vendre des prothèses
dentaires amovibles qui remplacent la dentition naturelle doivent se faire en
exécution d'une ordonnance d'un dentiste. On nous a fait état,
lors des séances de la commission parlementaire, des dangers que peuvent
présenter des actes qui seraient posés de bonne foi mais sans
identification appropriée de l'état de santé de la bouche
d'un patient ou encore de certaines autres caractéristiques dont on doit
tenir compte si l'on veut prévenir des problèmes qui pourraient
se développer à la suite de l'adaptation ou de la pose d'une
prothèse qui n'est pas appropriée.
Par contre, le projet de loi maintient que la réparation ou le
remplacement d'une prothèse dentaire amovible pourra se faire sans une
nouvelle ordonnance, lorsque la réparation ou le remplacement d'une
telle prothèse n'exige pas que des empreintes ou des articulés
soient pris. Il nous semble qu'il y a là, tout comme pour le projet de
loi précédent, un champ de pratique qui permet aux
denturologistes d'exercer leur profession, tout en assurant la protection de la
population à ce moment-ci.
Le projet de loi également, toujours dans le même but de la
protection du public et toujours dans la recherche de cet équilibre qui
est difficile à atteindre, interdit à un denturologiste de poser
un acte qui aurait pour objet de diagnostiquer ou de traiter une
déficience des dents, de la bouche ou des maxillaires chez l'être
humain. Je crois qu'il a été établi, et les
denturologistes l'ont d'ailleurs dit très clairement, que leur
profession ne touche pas aux aspects de ce qu'on peut appeler la
médecine dentaire ou l'art dentaire, soit le diagnostic ou le traitement
des déficiences des dents ou de la bouche.
Nous retrouvons dans ce projet de loi toutes les dispositions quant
à la constitution de la corporation, les organismes ou organes que cette
corporation doit comporter, tel le comité de discipline, le
comité de l'inspection professionnelle, etc. Quant au bureau provisoire
qui sera formé, nous trouvons des dispositions, même s'il s'agit
d'une nouvelle corporation, qui sont sensiblement différentes de celles
qui apparaissent dans le projet de loi sur la chiropraxie. Les groupes en place
ne présentent pas tout à fait les mêmes
caractéristiques, il est possible de transiger avec une association qui
groupe les techniciens dentaires et, à partir de cette base, de
constituer un bureau. C'est un premier bureau provisoire, avant de passer
à la formule définitive, étant donné qu'il n'y a
pas de denturologistes présentement qui exercent légalement.
Donc, il faut passer par un bureau provisoire. Une fois cette première
étape franchie de la constitution de la corporation, de l'identification
de ceux à qui un permis doit être octroyé, de
l'établissement des autres mécanismes, le projet de loi
prévoit la transformation subséquente de ce bureau en un bureau
conforme aux dispositions du code des professions.
Deux possibilités se présenteront, je crois qu'il est
nécessaire de le mentionner. Pour les personnes qui voudront pratiquer
comme techniciens dentaires, le bureau pourra accorder un permis aux membres de
l'Association des techniciens dentaires, ceux qui sont membres de l'association
lors de l'entrée en vigueur de la loi, si ces personnes en font la
demande avant le 1er janvier 1974 et qu'elles subissent avec succès les
examens qui seront prévus par les règlements du bureau.
Alors, c'est la première voie pour ceux qui veulent se diriger
vers la denturologie. D'autres membres de l'association veulent continuer de
pratiquer comme techniciens dentaires et ne désirent pas devenir
denturologistes, parce que cette possibilité existe. Un certain nombre
de techniciens dentaires qui travaillent dans des cadres donnés,
présentement, vont fort probablement vouloir demeurer techniciens
dentaires et ne pas modifier leur statut. Pour eux, comme nous l'avons
déjà souligné, le code des professions maintient cette
association ou la transforme en corporation professionnelle au sens du code des
professions, corporation professionnelle à titre
réservé.
Ces personnes, même s'il y a formation de la corporation des
denturologistes, pourront continuer de pratiquer comme techniciens dentaires
dans un cadre bien établi. Alors, lorsque l'on examine aussi bien le
projet de loi de la denturologie que cette possibilité ou cette
disposition du code des professions en ce qui a trait aux techniciens
dentaires, il nous semble qu'il y a place pour que la situation soit
normalisée.
En d'autres termes, pour pratiquer dans ce secteur, il ne soit pas
nécessaire de le faire dans l'illégalité. En terminant,
tout comme je l'ai fait pour le projet de loi de la chiropraxie, je dois
rappeler que, dans ce secteur aussi, pour la protection du public et aussi en
ce qui a trait au statut des membres de cette future corporation, ce qui
importe le plus, c'est de franchir une première étape, soit celle
de la reconnaissance juridique.
Lorsque l'identification des personnes qui veulent demeurer techniciens
dentaires aura été faite, lorsque les permis auront
été octroyés à ceux qui seront jugés aptes
à recevoir un tel permis comme denturologistes, lorsque les normes
auront été bien établies quant à la formation,
etc., il sera toujours possible, compte tenu de l'expérience pratique,
des leçons qu'apportera cette expérience, des données qui
s'en dégageront, de réévaluer la situation et, au besoin,
d'apporter certaines modifications au champ de pratique dans l'avenir. En
définitive, il faudra suivre à l'égard de ce groupement un
peu le même processus ou le même cheminement qui a
été suivi dans le cas de toutes les
autres corporations ou de tous les groupements professionnels qui
oeuvrent présentement dans le domaine de la santé et qui ont une
reconnaissance juridique.
C'est un projet de loi qui, je crois, tout en assurant la meilleure
protection de la population, nous fera franchir une étape
extrêmement positive à l'endroit des personnes qui,
présentement, agissent comme denturologistes, mais qui sont
obligées ou forcées de le faire dans
l'illégalité.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je serai très
bref en deuxième lecture pour deux raisons: d'abord, pour me conformer
à l'entente qui a été prise et, deuxièmement, parce
que, j'ai eu l'occasion antérieurement, en cette Chambre, plus
précisément la semaine dernière au cours de l'étude
du projet de loi no 254, la Loi des dentistes, de parler de la denturologie.
Tout en étant respectueux du règlement, je vous ai dit, à
ce moment-là, comment je pouvais rattacher mes remarques au projet de
loi 254.
Ceci dit, après avoir écouté les remarques du
ministre des Affaires sociales, il me paraît clair que la pierre
d'achoppement de ce projet de loi est la définition du champ d'exercice
qui a été passablement rétréci dans la
deuxième version du projet de loi par rapport à la
première version. Le ministre, à la suite des
représentations qui ont été faites à la commission
parlementaire et des mémoires qui ont été
déposés, pour nous expliquer les implications d'une trop grande
permission, d'une trop large ouverture du champ d'exercice accordé aux
denturologistes, a dit que cela pourrait empêcher ou compromettre la
protection du public dans plusieurs circonstances.
C'est une discussion que nous poursuivrons en détail à la
commission parlementaire pour savoir si la définition contenue dans la
première version du projet de loi était acceptable ou s'il nous
fallait absolument revenir à la définition contenue dans la
deuxième version. De toute façon, tenant compte des
différents points de vue exprimés jusqu'à la semaine
dernière, j'avais dit, en deuxième lecture, qu'il me
paraîtrait possible d'étudier le compromis suivant: celui qui
voudrait se faire poser une prothèse amovible en remplacement de sa
dentition naturelle cela suppose que c'est la première fois
pourrait aller chez le dentiste, obtenir un certificat médical
à l'effet qu'il n'y a rien, aucune anomalie, aucune contre-indication,
et que le denturologiste peut prendre des empreintes, les articuler et poser la
prothèse amovible.
Je pense que c'est une suggestion que nous pourrons discuter en
commission parlementaire à savoir si ce moyen terme ne permettrait pas
à la fois de protéger le public et de faciliter
l'accessibilité de la population aux soins des professionnels qui
oeuvrent dans ce secteur.
Il faut bien comprendre que les dentistes et j'en ai fait la
démonstration, je crois, en deuxième lecture avec les
régimes étatiques qui sont commencés,
l'élargissement du champ de l'assurance-maladie, la prévention
toujours plus poussée dans ce domaine, on sait quel est le
rôle important que peut accomplir le dentiste pour autant qu'il a la
collaboration de la population seront des professionnels
véritablement pris par la clientèle, par les nombreuses personnes
qui vont avoir recours à leurs services. Actuellement, il faut aller
chez le dentiste sur rendez-vous. Il faut avoir une date, une heure de
rendez-vous et, dans certains cas, pour des cabinets de dentistes qui sont fort
achalandés, cela peut prendre un certain temps. S'il y avait
élargissement des programmes d'assurance-maladie et si le public
était de plus en plus conscient de l'importance de la prévention
et de la visite chez son professionnel de soins dentaires, je pense que les
cabinets privés de dentistes seraient davantage surchargés de
clientèle.
Il faut que tous les professionnels qui oeuvrent dans ce champ se
répartissent la tâche, mais suivant leur formation, suivant la
compétence qu'ils ont acquise. Il n'est pas question, pour le
denturologiste, d'aller donner des services pour lesquels il n'est pas
préparé et pour lesquels il n'a pas la compétence. Si on
accepte cette suggestion que nous ferons en commission parlementaire, il faudra
faire appel autant à la conscience professionnelle du dentiste qui devra
donner le certificat. Si le patient désire n'avoir que ce certificat
médical disant qu'il n'y a pas de contre-indication, que tout est normal
dans sa bouche et qu'il peut se faire installer une prothèse amovible,
il faudra qu'on lui donne ce certificat et non pas un certificat plus ou moins
clair qui inciterait ce patient à se sentir forcé de recevoir les
soins du dentiste quand il désire aller chez un denturologiste, parce
que c'est plus facile d'accès, parce qu'il peut avoir son entrevue tout
de suite et pour toutes sortes d'autres considérations.
C'est un point dans la définition du champ d'exercice. C'est
véritablement la pierre d'achoppement de la loi que nous étudions
en ce moment. C'est là que nous voyons l'importance des
mécanismes. Le ministre disait, il y a un instant, comme il l'a dit pour
les chiropraticiens tantôt, qu'il faut commencer quelque part. Il est
évident que cette législation qui donne la reconnaissance
juridique à un groupe important de personnes dispensant des services
à la population depuis plusieurs années et dans
l'illégalité, est un premier pas. Il est peut-être un peu
plus facile que dans d'autres domaines dont on vient de discuter, comme celui
de la chiropraxie et de la médecine, c'est de faire la discussion chez
les denturologistes et les dentistes, mais il reste que cela pourra se discuter
encore longtemps. Les mieux placés pour en
discuter sont véritablement les professionnels eux-mêmes
qui devraient s'asseoir autour de la même table et discuter de ce
problème comme des professionnels. Je pense qu'ils sont conscients de
l'importance des services qu'ils rendent à la population et de
l'importance, pour la population, de recevoir ces services dans les meilleures
conditions possible et avec le plus de protection possible. Ce sont les
professionnels, par le truchement du mécanisme que nous avons
proposé, soit la responsabilité élargie de l'Office des
professions, qui vont faciliter ces discussions, ces dialogues. Je pense que
nous allons véritablement déboucher sur des solutions positives
et l'Assemblée nationale, par sa commission permanente, l'an prochain,
pourra prendre connaissance des progrès qui auront été
accomplis.
On dira que nous avons facilité, par les mécanismes que
nous avons inscrits dans le projet de loi, la solution de ces problèmes.
En définitive, nous aurons accompli notre véritable rôle de
législateurs.
C'est le principal problème, la pierre d'achoppement parce que
on voit la situation telle qu'elle est présentement, c'est
inacceptable les denturologistes sont aux prises avec
l'illégalité de leur pratique. A certains moments, on dirait que
plusieurs causes sont dirigées contre les denturologistes. Il y a des
déclarations qui sont faites. Le Collège des dentistes, dans
l'état actuel du projet de loi, a raison d'invoquer la loi et dire qu'il
y en a d'autres qui posent des actes dans l'illégalité comme,
à un moment donné, les médecins avaient le droit de dire
que d'autres posaient des actes médicaux dans
l'illégalité. Il fallait prendre la situation telle qu'elle
était.
Là, le législateur veut reconnaître ces personnes
qui pratiquent, qui rendent ces services, leur donner la
légalité. Alors, à partir de ce moment, il n'y aura pas de
poursuite, sauf si un professionnel enfreint la définition du champ
d'exercice de sa profession.
M. le Président, on espère que les situations que l'on
voit actuellement et les déclarations publiques que l'on entend se
termineront. J'ai donné dans d'autres dossiers certains titres de
journaux qui montraient que la situation n'était pas rose. Les
échanges étaient assez violents entre certains groupes de
professionnels. La situation en est rendue là entre les dentistes et les
denturologistes. Si on se base sur les déclarations qu'on a lues dans
les journaux, à la suite du dépôt de la première
version du projet de loi ainsi que de la deuxième version du projet de
loi, les échanges qu'on a eus à la commission parlementaire, les
remarques qui ont été faites, la situation est difficile. Cela
n'est pas bon pour le public.
C'est cette tâche à laquelle nous allons nous attaquer en
commission plénière dès que l'Assemblée nationale
aura disposé du principe. Pour notre part, nous sommes disposés
à accepter le principe de ce projet de loi comme nous l'avons fait pour
les chiropraticiens, tan- tôt, et à permettre, après cela,
qu'on discute véritablement des problèmes qui confrontent les
denturologistes et les autres professions connexes.
Alors, nous appuierons, en deuxième lecture, ce projet de
loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, aussi brièvement que possible,
j'aimerais intervenir sur ce projet de loi 266, projet de loi sur la
denturologie, et c'est avec joie que je le fais. Lors de la discussion du
projet de loi concernant les dentistes, on a plus qu'effleuré ce projet
de loi, je devrais dire ce geste qui, désormais, sera posé par
les denturologistes. Il faut bien le dire, c'est un champ de pratique qui sera
partagé entre plus d'un groupe de professionnels.
Parce que ce débat de deuxième lecture a été
voulu bref, il ne faudrait pour autant écarter l'importance du geste que
posent ce matin les législateurs à l'Assemblée nationale
en légalisant cette profession qu'on appelle la denturologie.
Plusieurs groupes de professionnels se partagent ce champ
d'activité. Il y a d'abord les dentistes, les denturologistes, les
techniciens dentaires ou les hygiénistes dentaires. Il y a aussi un
groupe qui est probablement beaucoup moins connu, on les appelle les
dentiphysionomistes.
Si on regarde les demandes ou la volonté des denturologistes,
tout tourne autour du champ d'exercice, là où le
législateur devra faire un partage. Les denturologistes, bien sûr,
on s'en est rendu compte lors de la commission parlementaire, sont nés
d'un besoin réel puisqu'il faut quand même admettre que les
denturologistes distribuent, actuellement, un fort pourcentage des
prothèses dentaires amovibles. On nous a dit à cette commission
parlementaire, d'autres n'ont pas pu les démentir, que les
denturologistes distribuaient tout près de 80 p.c. des prothèses
dentaires amovibles.
Il y a une différence assez marquée entre la
première version du projet de loi et sa réimpression. Même
si l'ensemble des denturologistes et nous-mêmes apprécions
grandement que cette profession soit désormais reconnue par une loi,
nous sommes en même temps surpris de constater la différence qui
existe entre la première et la deuxième version de ce projet de
loi visant à reconnaître officiellement ces professionnels.
M. le Président, je me pose la question suivante : Quel est le
but de l'ordonnance exigée dans la définition du champ de
pratique des denturologistes? Je pense que le but est, premièrement, de
bien protéger le public. L'ordonnance, justement, joue ce rôle qui
nous permettra de nous assurer que le client n'a pas d'affection buccale et que
sa bouche est prête à recevoir une prothèse amovible.
Donc, si on regarde plus attentivement les
dernières demandes de ce groupe de professionnels, qui ne demande
qu'à être légalisé, je pense qu'il y a un moyen
terme ou une formule de compromis qui se présente assez bien et qu'on ne
peut ignorer. Ils ont demandé, au lieu de l'ordonnance, un certificat
d'un dentiste ou d'un médecin attestant que la bouche est en état
de recevoir une prothèse amovible. Je pense que, si on regarde sous ce
nouvel angle la protection du public, il n'y a pas trop de danger de se
tromper, puisque le but de l'ordonnance est de faire en sorte que ces
professionnels ne vendent pas de prothèses amovibles à des
personnes dont la bouche ne serait pas disposée à en
recevoir.
Si on accepte cette formule de compromis, je pense que le danger qui a
été soulevé par d'autres professionnels est en grande
partie, sinon totalement, écarté.
Je me pose également cette question : Quelle différence y
a-t-il entre une profession qui pratique actuellement illégalement et
qui donne un service qui est grandement requis par la population, une fois
cette profession légalisée? Il faut s'entendre. Il faut bien dire
qu'avant que les lois existent tout était légal. On a rendu cette
pratique illégale par une loi. Il s'agit maintenant d'adopter une autre
loi pour la reconnaître. Je me dis que, si les denturologistes n'ont
d'aucune façon le droit de faire la prise d'empreintes et
d'articulés, on peut revenir aux propos qui ont été tenus
lors de la discussion de la Loi des dentistes. S'il y a actuellement
pénurie de dentistes pour donner tous les services que requiert la
population, je me demande si nous avons le droit, comme législateurs,
d'imposer un surcroît de travail à ces professionnels de la
santé, qui font tout leur possible, actuellement, pour donner les
meilleurs services et les donner, autant que possible, en quantité
suffisante.
Je me dis que, si un client est déjà dans l'obligation
d'attendre un certain nombre de jours ou même de semaines avant d'obtenir
une rencontre avec son dentiste, on n'a pas le droit d'obliger ces
professionnels à travailler jour et nuit. Au dire même d'un de ces
professionnels, cela prendrait 3,000 dentistes actuellement pour suffire
à la demande.
Qu'adviendrait-il si les dentistes, qui sont déjà
débordés de travail, étaient dans l'obligation de faire
cette partie du travail qu'est la prise d'empreintes et d'articulés? Je
me dis qu'on arriverait à cette déduction on le voit
facilement que d'autres personnes se verraient confier ce travail de
prise d'empreintes et d'articulés. Je me demande si ces personnes
à qui serait confié ce travail auraient plus de compétence
que n'en ont actuellement les denturologistes.
Etant donné que cette loi reconnaît de prime abord, un
état de fait, c'est-à-dire que les denturologistes donnent un
service, je pense qu'il faut compléter, en disant que la population est
en droit de choisir le genre de services qu'elle désire. Si cette
population se dit bien servie présentement par les denturologistes, je
ne vois pas pourquoi on ferait abstraction de cette liberté de choix
d'un client.
Cette loi, même si elle donne la possibilité à ces
professionnels désormais reconnus de faire la prise d'empreintes et
d'articulés, n'oblige pas pour autant celui qui a besoin d'une
prothèse à se restreindre à rencontrer un denturologiste
au lieu d'un dentiste. Il faut quand même donner, assez souvent, le
bénéfice du doute à quelqu'un qui désire un service
ou, dans ce cas-ci, une prothèse amovible. Les denturologistes peuvent
aussi décider et mesurer si réellement la personne qui
désire ce service a des affections anormales.
Egalement, les denturologistes ont l'habitude de référer
des cas qui présentent une pathologie possible aux dentistes. A partir
de là, je me dis que, si cette loi reconnaît un état de
fait, il faudrait quand même être assez réaliste. En effet,
si un tel service est dispensé actuellement et que ça semble bien
aller, je me demande pourquoi, par une loi, on leur enlèverait cette
partie du travail qui ne semble pas la plus importante en ce qui concerne la
dispensation des prothèses amovibles.
Il y a plusieurs aspects que l'on pourrait analyser. Il y a
également le problème des coûts dont on pourrait parler en
discutant du principe de ce projet de loi. Mais je sais que nous devons
restreindre au possible nos observations parce que nous l'avons accepté
comme tel. Cependant, à l'étude en commission parlementaire, il
sera très important de bien mesurer la portée de ce projet de loi
et de faire en sorte que désormais, si on adopte cette loi telle qu'elle
est actuellement, il n'y ait pas des personnes qui soient privées de ce
service. Je crois que cela va nécessiter une attention toute
particulière. Il faudra, à toutes fins pratiques, trouver celui
qui sera responsable dans le cas où une prothèse amovible n'est
pas fabriquée ou ajustée de façon adéquate.
Je crois qu'avec ce projet de loi, tel que présenté, ce
problème peut se poser. La personne qui se plaindra d'une mauvaise
prothèse, vers qui ira-t-elle? Ou elle retournera chez le dentiste ou
elle retournera chez le denturologiste. Le dentiste dira: C'est peut-être
le denturologiste qui a fait une mauvaise fabrication et le denturologiste
pourra dire: C'est peut-être le dentiste qui a mal fait sa prise
d'empreintes.
Pour éviter de se retrouver dans d'éternels dilemnes de ce
genre je sais que le temps passe cette formule de compromis que
proposent les denturologistes me semble bien acceptable. Il s'agira en
commission parlementaire d'analyser et de discuter sur ce sujet afin que ces
professionnels continuent de dispenser un service que requiert la population.
Nous serons en mesure également, en commission parlementaire, de
démontrer qu'un nombre imposant de personnes demandent que ce service
soit continué, mais dans la légalité.
Il y a également la liberté de choix pour celui qui
demande un service. Il ne faudra pas l'oublier dans ces lois. Je me
réserve également le droit, en troisième lecture, de
reprendre ces propos et d'essayer de démontrer au ministre qu'il y a
possibilité d'améliorer ce projet de loi pour répondre
à la volonté de la population du Québec.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, les fondements scientifiques de la
denturologie et le caractère scientifique des techniques denturologiques
ne sont contestés par personne, même pas par les dentistes.
Pourtant, tous les denturologistes pratiquent actuellement dans
l'illégalité. Presque les trois quarts des prothèses
dentaires que portent actuellement les Québécois ont
été fabriquées par des denturologistes et, pourtant, tous
les denturologistes pratiquent actuellement dans l'illégalité. Il
y a là une anomalie qui a duré trop longtemps et qui
méritait d'être corrigée. Il faut, en effet, se rendre
à l'évidence des faits et consacrer par un texte de loi une
activité dont le caractère scientifique et utile, encore une
fois, n'est contesté par personne.
Il était donc urgent de remédier à cette anarchie,
à cet illogisme, à cette incohérence, et c'est la raison
première pour laquelle nous appuierons le présent projet de loi.
Il reste cependant le problème difficile de la délimitation du
champ d'exercice. Le législateur, qui avait été
libéral dans la première version du projet de loi à
l'endroit des denturologistes, a changé maintenant son fusil
d'épaule à la suite des représentations qui lui ont
été faites en commission parlementaire par les dentistes. Le
ministre a fait état de ces revendications, de ces
représentations pour expliquer son changement d'attitude.
Je me demande cependant, M. le Président, si l'attitude
gouvernementale est à ce point justifiée. Il est vrai
qu'hypothétiquement la pose ou l'ajustement d'une prothèse par un
denturologiste sans que celui-ci puisse garantir son activité au
préalable par une ordonnance d'un dentiste peut exister, mais on peut
quand même se poser ici des questions. Est-ce que le Collège des
dentistes a fait la preuve de ces dangers? Est-ce qu'il nous a donné le
résultat d'enquêtes scientifiques qui ont pu être faites sur
des citoyens qui se sont rendus spontanément chez les denturologistes
pour la pose ou l'ajustement de leur prothèse dentaire? Est-ce que, si
ces analyses scientifiques ont été faites, les résultats
sont à ce point concluants? Est-ce qu'on a identifié une
situation catastrophique? Est-ce que véritablement les services rendus
jusqu'ici par les denturologistes ont à ce point desservi la population
qu'il faille maintenant leur enlever le privilège d'une activité
qu'ils ont exercée comme ils l'ont fait?
Pour ma part, M. le Président, j'estime que cette preuve n'a pas
été faite, même si j'admets qu'en théorie,
hypothétiquement, les dangers signalés par les dentistes peuvent
exister. Je me demande également, à la suite des
représentations qui ont été faites, s'il n'y aurait pas un
autre moyen que celui d'une ordonnance délivrée par un dentiste
de parer à ces dangers que pour le moment, encore une fois, je
considère comme hypothétiques. Est-ce qu'on ne pourrait pas se
fier à une formation des denturologistes qui pourrait encore
s'améliorer ou est-ce qu'on ne pourrait pas penser à un autre
mécanisme tel, par exemple, celui que suggèrent les
denturologistes eux-mêmes, c'est-à-dire l'émission d'un
certificat de bonne santé bucale émis par un médecin ou
par un chirurgien dentiste avant que le denturologiste procède à
la pose d'une première prothèse?
Il importe ici de signaler, M. le Président, qu'étant
donné les progrès de l'art dentaire et de la denturologie, et
surtout de l'art dentaire, il est bien possible que dans l'avenir la pose des
prothèses connaisse un ralentissement puisque l'accent est maintenant
mis sur l'hygiène dentaire, sur la conservation des dents et que les
techniques mises au point par l'art dentaire permettront, bien sûr, de
sauver davantage les dents et d'éliminer beaucoup plus que par le
passé les ablations, les exérèses totales de la dentition.
Dans ces conditions, je me demande si, avec l'établissement de certaines
conditions d'une part, et, d'autre part, l'amélioration de la formation
des denturologistes, il ne serait pas possible de pallier ces risques, de les
éviter même complètement sans que l'on retire aux
denturologistes l'exercice d'une profession pour laquelle ils semblent quand
même formés.
Il y a aussi un autre argument qui milite en faveur de cette
hypothèse, c'est l'accessibilité. On l'a souligné à
quelques reprises, plusieurs régions ne sont pas encore dotées
comme il le faudrait, comme il se devrait, d'effectifs suffisants en art
dentaire. Nous savons également que les rendez-vous sont très
difficiles à obtenir et que parfois il faut attendre plusieurs mois
avant d'avoir son tour.
Dans ces conditions, il me semble que ce serait peut-être une
souffrance inutile à imposer à ceux qui ont le malheur de se
faire enlever leurs dents que de les soumettre à cette longue
période d'attente, avec tout l'inconfort et toutes les souffrances que
cela comporte.
Il y a enfin la question du coût, M. le Président. Il est
certain que lorsqu'une prothèse est posée ou ajustée par
un denturologiste, le coût que le consommateur doit défrayer est
beaucoup moins élevé que s'il doit aller en même temps voir
le dentiste et aussi le denturologiste. On pourrait éviter aux citoyens
le paiement de deux actes professionnels et ceci pourrait s'avérer
d'ailleurs très important dans le cas de certaines catégories de
citoyens. Je pense ici particulièrement aux assistés sociaux,
à ceux qui reçoivent à peine le salaire minimum ou qui
reçoivent des salaires déjà trop bas pour
subvenir d'une façon adéquate aux besoins de leur
famille.
Je sais que cet argument financier pourra être amenuisé
peut-être au cours des années qui suivront, mais je pense quand
même qu'il persistera toujours d'une certaine façon et qu'il
importe d'en faire état. Encore une fois, il me semble que si, avec
cette nouvelle loi, on peut en arriver, comme le ministre le souhaite et comme
cela est probable, à une amélioration progressive de la formation
donnée aux denturologistes, et il me semble aussi que si la profession
de la denturologie se dote d'un code d'éthique, d'un code de
déontologie adéquat, des abus ou les risques qu'a
soulignés ou qu'a fait valoir la Corporation professionnelle des
chirurgiens-dentistes peuvent être considérablement
amenuisés et que l'obstacle qu'ils considèrent peut même
disparaître â toutes fins pratiques.
En ce qui concerne les autres articles du projet de loi, ils posent
beaucoup moins de problèmes que dans le cas de la chiropraxie et nous
appuyons les mécanismes qui sont prévus dans le présent
projet de loi. Il reste encore une fois que, dans ce projet de loi comme dans
les autres, il faudra s'assurer que ces professionnels qui sont en contact
constant avec le public, c'est-à-dire avec une population dont la
majorité est francophone, il faudra, dis-je s'assurer que ces
denturologistes puissent avoir une connaissance d'usage de la langue
française dans les plus courts délais.
C'est donc avec plaisir, M. le Président, que nous appuierons
l'adoption en deuxième lecture de ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de deuxième
lecture est adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Je fais la même motion pour que ce projet de loi
soit déféré à la commission parlementaire
chargée de l'étude du code des professions.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BIENVENUE: Article 15.
Projet de loi no 271 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires sociales propose
la deuxième lecture du projet de loi no 271, Loi sur la podiatrie.
Le ministre des Affaires sociales.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
cette Assemblée.
UNE VOIX: L'a-t-il trouvé bon?
M. CASTONGUAY: M. le Président, avec l'étude de ce projet
de loi que nous abordons, encore une fois nous sommes devant un problème
qui présente la plupart des caractéristiques des deux
problèmes que nous avons abordés avec l'étude du projet de
loi sur la chiropraxie et celui sur la denturologie. Avec l'évolution
dans les modes de distribution des soins, le volume de services qui doivent
être rendus, la spécialisation qu'ont prise les médecins
dans certains secteurs, des personnes se retrouvent avec des affections locales
des pieds qui peuvent les faire souffrir, qui peuvent être fort
ennuyeuses et qui n'intéressent pas, en quelque sorte, les
médecins, qui ont d'autres préoccupations, qui doivent
réserver leur temps à la dispensation de services beaucoup plus
importants qui font appel, d'une façon générale, beaucoup
plus à la compétence qu'ils ont acquise.
C'est la raison pour laquelle, dans les faits, la podiatrie est
née et que des gens se sont intéressés de plus en plus
à traiter ces affections des pieds qui ne constituent pas des maladies
du système ou des maladies organiques. Avec le temps, ces gens ont
acquis une compétence de plus en plus adéquate face aux
problèmes qu'ils traitent de telle sorte que nous retrouvons, aussi bien
dans certains hôpitaux du Québec que dans certains hôpitaux
d'autres provinces et aussi en cabinet privé, des personnes qui exercent
la podiatrie. Toutefois, si l'on regarde de façon très stricte ce
que constitue l'exercice de cette profession, on ne peut conclure autrement
qu'il s'agit, en définitive, d'une certaine forme de pratique
médicale. C'est la raison pour laquelle il devient nécessaire de
procéder à la reconnaissance juridique de cette profession afin
qu'elle puisse être pratiquée à la fois dans la
légalité et aussi, tout comme pour les denturologistes, les
chiropraticiens, qu'il soit possible d'établir des normes quant aux
qualifications requises pour que les personnes qui pratiquent cette profession
le fassent dans le respect de la protection de la population qui fait appel
à leurs services.
Le projet de loi vise donc à corriger cette situation et
comporte, de façon générale, les mêmes
mécanismes que ceux que nous retrouvons dans les projets de loi formant
les autres corporations professionnelles ou encore maintenant les corporations
professionnelles existantes. Certaines particularités du projet de
loi
doivent être mentionnées telle la possibilité pour
le podiatre de procéder à un examen et de faire l'utilisation de
la radiologie à des fins diagnostiques s'il détient un permis
émis conformément aux dispositions du code des professions. De la
même manière, les podiatres nous ont fait état que dans
l'exercice de leur profession il peut être nécessaire d'utiliser
certains médicaments.
Je pense bien, sur ce plan, que si nous voulons leur permettre de
pratiquer de façon adéquate leur profession, il est
nécessaire de reconnaître ce fait, mais en même temps, il
est important que cette autorisation d'utiliser des médicaments qui est
proposée dans le projet de loi soit entourée ou assortie des
mécanismes nécessaires pour protéger la population.
On a discuté de la question reliée à la pharmacie,
à la distribution des médicaments, et je pense bien qu'il n'est
pas nécessaire d'insister sur le fait qu'on doit exercer des
contrôles très stricts sur la distribution d'un très grand
nombre de médicaments.
C'est pour cette raison que le projet de loi propose que les
médicaments qui pourront être utilisés par les podiatres
soient uniquement ceux compris dans une liste à être
dressée par l'Office des professions, après consultation du
Conseil de pharmacologie, de l'Ordre des podiatres, de l'Ordre des
médecins et de l'Ordre des pharmaciens.
Nous croyons qu'avec ces consultations et avec tous les autres
mécanismes qui entourent l'option de règlement par l'Office des
professions, il sera possible à la fois de permettre aux podiatres
d'utiliser les médicaments requis dans l'exercice de leur profession
tout en assurant la protection de la population.
Egalement, les podiatres veulent, et avec raison, être reconnus et
pratiquer comme professionnels. C'est la raison pour laquelle, étant
donné que nous en sommes à une première étape et
qu'il nous faut établir très clairement ce que devra être
l'exercice de cette profession, il nous semble nécessaire de faire en
sorte que l'exercice de cette profession ne se dédouble pas ou ne
s'accompagne pas de l'exercice d'activités commerciales. C'est pourquoi
le projet de loi comporte une disposition qui interdit à un podiatre de
vendre des chaussures orthopédiques ou des prothèses, ou encore
d'avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise de
fabrication de telles chaussures ou de telles prothèses, ou encore une
entreprise qui vend de telles prothèses. Il nous semble qu'il y a
là une disposition qui nous paraît nécessaire.
Enfin, le projet de loi, étant donné qu'il s'agit d'une
nouvelle corporation, qu'il nous faut partir d'une situation de fait où
il est difficile d'identifier ceux qui seront acceptés
éventuellement ou qui auront l'autorisation ou recevront un permis pour
exercer la podiatrie, propose que le bureau provisoire soit composé de
neuf personnes, dont sept seront choisies à même le groupement
qui, d'après le témoignage présenté devant la
commission, est celui qui présente le plus de garanties de
compétence, de qualifications.
C'est la raison pour laquelle, dans ce cas, nous avons une disposition
qui nous semble appropriée et qui nous semble adaptée à la
situation. Je ne crois pas que, dans la constitution des bureaux de ces
nouvelles corporations, il soit possible d'adopter une règle
générale que l'on puisse retrouver dans chacun des quatre projets
proposant la création de nouvelles corporations.
Avec ce projet de loi, tout comme pour les deux
précédents, je crois que nous allons franchir une étape
qui assurera à l'avenir une meilleure protection à la population
du Québec lorsqu'elle fait appel aux services des podiatres. Nous allons
permettre à cette profession de se développer d'une façon
beaucoup plus logique et normale, c'est-à-dire dans un cadre
légal, bien identifié. Nous allons permettre aussi que les normes
requises au plan de la qualification et de la formation des podiatres soient
bien définies et acceptées. Dans l'avenir, s'il apparaît
nécessaire, après avoir bien identifié qui sont ceux qui
peuvent exercer cette profession, après avoir mieux établi les
mécanismes de formation, si les besoins l'exigent, il sera toujours
possible, comme pour les autres corporations professionnelles, de revenir en
cette Chambre pour apporter les modifications qui pourraient être
jugées à propos.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, jamais vous n'auriez cru que je puisse
être un spécialiste en podiatrie, et comme j'aurai des remarques
qui pourraient déborder les cinq minutes qui restent, je me permets de
demander la suspension du débat jusqu'à trois heures cet
après-midi.
M. BIENVENUE: Jusqu'à quinze heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
Reprise de la séance à 15 h 9
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
Le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, vous comprendrez facilement que je
serais beaucoup plus à l'aise, si j'étais président de la
fédération des spécialistes du Québec, pour vous
entretenir d'une loi aussi importante que la Loi de la podiatrie.
Il existe actuellement trois groupements différents, dans le
domaine de la podiatrie, qui semblent avoir de cette profession un concept
allant de la pédicurie à la chirurgie du pied et qui ont une
formation aussi différente les uns des autres.
Nous avons tout d'abord l'Association des podiatres du Québec
Inc., groupement incorporé depuis le 18 avril 1951. Cette association
regroupe les personnes, au Québec, graduées d'un collège
de médecine podiatrique et nous comptons, dans cette association, 23
membres. De ce nombre, 17 ont obtenu un diplôme de docteur en
médecine podiatrique d'une université ou d'un collège
américains. Les six autres ont été acceptés
à l'intérieur de l'association formée en 1951 en vertu de
la clause grand-père.
Si la très grande majorité des membres de l'association
sont diplômés des collèges américains de podiatrie,
c'est qu'il n'existe aucune faculté de podiatrie ou école
spécialisée de podiatrie au Québec ou au Canada. Je note
avec intérêt que l'Association des podiatres du Québec a
commencé des démarches auprès du ministre de l'Education
et des universités pour que la discipline podiatrique puisse être
enseignée au Québec.
M. le Président, pourrais-je reprendre mon fauteuil et inviter un
autre député à parler? J'ai l'impression que d'autres
veulent me voler la vedette. Vous pouvez être sûr que ce n'est pas
par plaisir que je me lève, cet après-midi, pour parler d'une
corporation professionnelle avec laquelle je suis tout à fait
étranger.
En mettant de l'ordre dans l'anarchie qui règne actuellement dans
le monde de la podiatrie, au Québec, le projet de loi no 271 devrait
faciliter et accélérer des démarches qui ont
été faites dans ce sens.
Les docteurs en médecine podiatrique ont suivi des cours de
niveau universitaire dans l'une des institutions américaines reconnues
à cet égard par le ministère fédéral de la
Santé des Etats-Unis. Les cours sont donnés sur une
période de quatre ans et les qualifications académiques
exigées des candidats à l'admission dans les institutions de
médecine podiatrique sont les mêmes que pour les collèges
ou les facultés de médecine générale.
Les deux premières années du cours sont consacrées
à une étude de la médecine comme pour tous les candidats
à un titre de docteur en médecine. Les deux années
subséquentes sont consacrées à l'étude
particulière des problèmes du pied, à leur diagnostic et
à leur traitement. Les docteurs en médecine podiatrique ont suivi
des cours dans les sciences de base, qui sont la biostatique,
l'épidémiologie, l'anatomie, la physiologie, la microbiologie et
la pathologie.
Ils connaissent les sciences cliniques, le diagnostic, la
thérapie et tout ce qui peut s'enseigner sur les maladies du pied et la
manière de les soigner. Ils ont fait un séjour d'internat dans un
hôpital et, dans l'ensemble des Etats-Unis, nul ne peut prendre le titre
de podiatre sans être diplômé d'une institution enseignant
la médecine podiatrique.
La situation est la même dans toutes les provinces du Canada, sauf
aux Maritimes. Il y a ici plus de 300 podiatres exerçant leur profession
dans des provinces à l'ouest du Québec qui reconnaissent, elles,
les standards minima des associations médicales canadiennes et
américaines.
Nous avons une autre association qui s'occupe des problèmes de
maladie de pied ou de traitement de pied et c'est la Société de
podiatrie du Québec qui, elle, fut fondée en 1953 et
enregistrée en 1964.
Le propre mémoire de cette société qui fut
présenté à la commission parlementaire du code des
professions nous démontre qu'ils seraient aujourd'hui de trente à
quarante membres. Cette société fut formée à la
suggestion de M. Paul Andres, alors chargé du cours de pédicurie
au Centre d'études esthétiques. Au tout début, le
siège social était à la Clinique de podiatrie de Paul
Andres Inc.
Tous les ans, la majorité des gens formés au Centre de
formation des pédicures Inc. se joignent à cette
société. Quant à leur formation, deux ou trois d'entre eux
ont une formation européenne d'une ou de deux années. Les deux
tiers d'entre eux sont des pédicures scientifiques formés par le
Centre de formation des pédicures Inc., existant aujourd'hui en vertu
d'un permis accordé par le gouvernement du Québec par la voie du
ministère de l'Education, Service général de
l'enseignement privé.
De plus, cet établissement de formation des pédicures a
obtenu une charte provinciale et les autres membres de cette
société sont des autodidactes. Cette société de
podiatrie du Québec est à toutes fins pratiques de même
aspiration et de même formation que les praticiens en podiatrie du
Québec. C'est ce qui m'amène à vous parler de cette
troisième association qui est le dernier-né des groupements des
trois mais de loin l'association qui compte le plus de membres. A la fin de
décembre 1971, suivant le mémoire présenté à
la commission parlementaire des professions, on comptait dans cette association
environ 138 membres. De ce nombre, une trentaine sont de langue anglaise,
venant d'Angleterre ou du continent européen. Quant aux autres, ils sont
d'expression française et environ cinq ou six
sont diplômés de pays francophones tels que la France, la
Belgique ou la Suisse. Environ 80...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
J'espère que vous n'êtes pas sourd et j'imagine que, comme
moi, vous êtes dérangé par différents caucus qui se
tiennent de ce côté-là de la Chambre. Je vous serais bien
obligé de prier les membres de les tenir en dehors de cette enceinte. Ce
sont vos collègues, du reste, vous les connaissez.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): J'espère que les
députés, des deux côtés de la Chambre, feront
attention à l'orateur. C'est difficile d'entendre le
député de Maskinongé quand il y a d'autres
députés qui discutent en Chambre.
M. BURNS: Surtout s'ils veulent justifier leur augmentation de
salaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement, pour vous faire observer que, quand vous parlez des deux
côtés de la Chambre, vous parlez de gens appartenant au même
parti que le vôtre.
M. PAUL: M. le Président, je ne suis pas surpris d'entendre
autant de bruit de la part de ceux qui siègent à votre droite
parce que, pour beaucoup d'entre eux, le seul moyen de se mettre en
évidence c'est encore par les pieds. Je disais donc, M. le
Président, que l'organisation professionnelle, que l'on appelle les
praticiens en podiatrie du Québec, poursuit actuellement un recyclage
sérieux de ses membres et de nombreuses journées d'étude
ou symposiums sont organisés régulièrement. Ces symposiums
sont fréquentés régulièrement par la grande
majorité des membres.
Il y a de ce nombre, 110 praticiens ou membres de l'Association des
praticiens en podiatrie du Québec, environ vingt autodidactes, mais
ayant souvent plusieurs années d'expérience à leur actif.
A ces cours de recyclage des praticiens en podiatrie du Québec, on
invite des conférenciers, soit des techniciens en pharmacologie, des
professeurs de biologie, de physiologie et surtout des podiatres
diplômés.
L'initiative de permettre aux Québécois l'accès
à la profession de podiatre revient donc, à toutes fins
pratiques, à Paul Andrès et ceci, après de nombreuses
demandes et sollicitations de la part des élèves. Grâce au
dynamisme de ce dernier, nous avons aujourd'hui un centre de formation de
pédicures scientifiques. Les cours à cette institution se donnent
depuis maintenant neuf ans et, d'année en année, la
qualité de ces cours s'améliore, de même qu'on prolonge la
période d'enseignement ou la durée de ces cours.
Depuis deux ans, il existe une deuxième année dite de
perfectionnement. Les élèves se recrutent tantôt chez les
infirmières, les prothésistes, les ajusteurs de souliers, les
manucures, les religieuses hospitalières surtout qui, tous, dans leur
occupation, notaient le besoin urgent de créer ou d'augmenter les
spécialistes destinés à soulager les souffrances du pied.
Quant au fonctionnement du Centre de formation pédicure Inc., je vous
signalerai que l'école dispense des cours de quatre heures par semaine
pendant dix mois ou pendant une période de 42 semaines.
Les élèves, tous des adultes ayant le plus souvent de
très larges notions de biologie, de physiologie, d'anatomie et souvent
ayant déjà touché le pied auparavant, s'astreignent
à de longues études à domicile. L'école insiste
beaucoup sur la pratique et c'est ce qui rend possible le fait que les
élèves peuvent disposer d'une clinique pendant la
soirée.
Dans son mémoire, qui n'a pu être présenté
officiellement devant la commission parlementaire à cause d'une erreur
de procédure, l'Association des podiatres du Québec affirme, au
sujet de ces deux regroupements, que ces deux associations groupent au mieux
des pédicures et non des podiatres. Le pédicure est au pied ce
que le manucure est à la main. Il est aussi alarmant de penser qu'un
pédicure puisse porter le titre de podiatre qu'un infirmier le titre de
médecin.
Vous voyez, M. le Président, dans quelle sphère ces
spécialistes de la podiatrie évoluent. Tous se jugent plus
compétents que les autres, mais tous n'ont pas reçu cette
formation médicale dont quelques-uns peuvent se réclamer à
bon droit être des spécialistes en podiatrie. Si je vous ai
donné tous ces détails, M. le Président, c'est pour
démontrer à l'Assemblée nationale que c'est une
corporation qui a besoin d'être disciplinée, c'est un secteur de
la santé qui a besoin de voir ses forces regroupées et d'avoir
ses règles de discipline, d'orientation professionnelle.
En faisant une étude assez complète de tout ce
problème de la podiatrie, je me suis longuement interrogé quant
aux raisons qui ont poussé le ministre des Affaires sociales à
retirer certains projets de loi. On connaît la compétence de ceux
qui pratiquent certaines autres disciplines médicales ou
paramédicales. Ils auraient également mérité la
reconnaissance professionnelle que nous voulons accorder aux podiatres. Lors de
l'étude de la loi no 250, nous aurons l'occasion de revenir sur le
sujet.
Il y a des points litigieux que les membres de cette future corporation
professionnelle devront nécessairement régler. En ce qui concerne
les podiatres et les praticiens en podiatrie, le point principal à
régler est celui de la composition du bureau de l'ordre, telle que
décrite à l'article 20 de la loi no 271. Cet article
prévoit que sept des neuf administrateurs du bureau, nommés pas
l'Office des professions, seront choisis parmi les membres de l'Association des
podiatres du Québec.
Ce matin, pour justifier ce choix ou expliquer cette
préférence à l'endroit des membres de l'Association des
podiatres du Québec, plutôt que des praticiens en podiatrie, le
ministre a fait référence, et à bon droit d'ailleurs, aux
études plus spécialisées qu'ont suivies les membres de
l'Association des podiatres du Québec.
D'un autre côté, il reste que cette association exercera un
contrôle monopolisateur à l'endroit des futurs confrères de
la profession qui s'occupent également de la podiatrie. Elle
contrôlera ou exercera une certaine monopolisation à l'endroit des
membres de la Société de podiatrie du Québec.
Nous nous interrogerons, à ce stade de nos travaux, sur
l'intention réelle du législateur ou du ministre sur ce point
très important. Il ne faut pas oublier que cette loi, comme toute autre
loi d'ailleurs, doit avoir comme but premier la protection du public. Nous
avons l'intention, lorsque le temps sera venu, soit en commission
parlementaire, d'interroger le ministre.
Nous lui demanderons quelles sont les raisons qui l'ont poussé
à faire un choix en faveur d'une association, soit celle de
l'Association des podiatres du Québec, plutôt que de jeter sa
préférence sur l'une des deux autres associations qui s'occupent
également de la podiatrie.
Je note, avec intérêt, que comme le bureau de l'ordre des
optométristes, le bureau de l'ordre des podiatres devra établir,
en collaboration avec l'ordre des médecins du Québec, les normes
suivant lesquelles les cas pathologiques devront être soumis à un
médecin. En plus, l'article 11 autorise tout podiatre à utiliser,
administrer et prescrire des médicaments pourvu qu'il s'agisse de
médicaments mentionnés sur la liste dressée par l'Office
des professions du Québec après consultation avec le Conseil
consultatif de pharmacologie, l'Ordre des podiatres, l'Ordre des
médecins et l'Ordre des pharmaciens.
Voilà une autre discipline paramédicale qui devra
s'appuyer sur l'expérience, sur la compétence d'autres
professionnels pour que le travail, pour que la profession exercée par
les futurs membres de l'Ordre des podiatres soit dans un champ d'action
délimité et toujours pour la plus grande sécurité
du public.
Avant de terminer, je voudrais attirer l'attention du ministre sur la
nécessité de protéger les droits acquis de certains
praticiens en podiatrie du Québec, ainsi que ceux de certains membres
d'autres corporations ou d'autres associations en podiatrie. C'est sous cet
aspect, soit la protection du public, la réorganisation de ces
spécialistes en podiatrie que nous allons appuyer ce projet de loi en
retenant, cependant, l'occasion qui nous sera donnée en commission
plénière d'analyser toutes les particularités du projet de
loi pour tâcher d'apporter des amendements qui puissent, si possible
ce sera peut-être l'une des tâches futures de l'Office des
professions faire asseoir à la même table ces podiatres de
différentes formations scolaires pour qu'ensemble, ils oeuvrent dans
l'intérêt public et pour que le code de discipline professionnelle
ne cause, en aucune façon, préjudice aux autres membres de la
corporation. C'est avec cet esprit, M. le Président, que nous appuyons
ce projet de loi en deuxième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, j'interviendrai très
brièvement sur ce projet de loi concernant la podiatrie. J'ai
assisté aux débats qui ont eu lieu en commission parlementaire
sur ce sujet et, depuis ce temps, je me suis attardé à accumuler
une certaine documentation qui me permet aujourd'hui de mieux analyser cette
situation, c'est-à-dire le domaine de la podiatrie.
J'ai lu plusieurs documents qui m'ont fait beaucoup
réfléchir. J'ai également rencontré certaines
personnes de ce domaine, qui ont attiré mon attention concernant le
futur champ de pratique de la podiatrie, plus spécifiquement à
savoir qui est podiatre et qui ne l'est pas.
Me référant à l'édition d'un journal de
juillet 1972, je prends connaissance d'un article qui a probablement
été écrit d'après les renseignements d'un
professionnel dans le domaine, et qui dit: Je suis le seul podiatre dans la
ville de Montréal. Il existe également un seul podiatre dans
toute la ville de Québec.
M. le Président, si on en croit cet article de Photo-Journal,
édition du 24 au 30 juillet 1972, on se dit: qu'il n'y a pas beaucoup de
podiatres dans la province de Québec. Quand on entend les propos du
député de Maskinongé qui sont fondés
on se rend compte qu'il est possible d'avoir beaucoup plus de deux podiatres
dans la province de Québec. Il s'agit, bien sûr, d'établir
une différence entre ce que peuvent faire les membres de la
société et les praticiens en podiatrie.
J'ai poussé ma curiosité un peu plus loin et je me suis
demandé quelle était la formation moyenne des personnes qui
pratiquent dans le domaine de la podiatrie, actuellement. Etant donné
qu'il n'existe pas de cours universitaire qui soit donné ici, au
Québec, les personnes qui ont besoin d'une compétence dans ce
domaine ont donc recours aux institutions qui dispensent un cours et ce qui
suit, c'est l'émission d'un permis pour pratiquer dans ce domaine. La
majorité des personnes qui pratiquent dans le champ de la podiatrie,
actuellement, sont des praticiens en podiatrie détenant un permis
émis par une institution reconnue par le gouvernement, le Centre de
formation des pédicures Inc., rue Sainte-Catherine, à
Montréal.
Je me demande, M. le Président, si ce projet de loi va
reconnaître uniquement ces deux personnes, ces deux professionnels dans
le
domaine de la podiatrie ou s'il sera possible que plus de deux personnes
fassent partie de cette profession qu'on appelle également la podiatrie.
La majorité des personnes qui sont dans ce champ d'exercice sont issues
d'une même école et détiennent un même permis.
Ces personnes qui pratiquent depuis un bon nombre d'années
qu'on appelle les praticiens ou les membres de la société
ont actuellement des droits acquis. Ils sont détenteurs d'un permis et
ils pratiquent dans ce champ-là.
Le problème le plus important qu'on se pose est de savoir qui va
être inclus à l'intérieur de ce projet de loi qui concerne
la podiatrie. C'est justement à ce titre que des représentations
ont été faites. Qui siégera au bureau des podiatres? Les
praticiens en podiatrie ont bien sûr demandé de siéger au
bureau, chose qui semble plutôt normale.
A défaut d'être représentés au prorata des
membres, ils désirent avoir une place et ils désireraient qu'il y
ait au moins une part égale de personnes, qui sont actuellement des
praticiens en podiatrie, qui siègent au bureau. D'autres professionnels,
membres du Collège des médecins, ont quand même admis que,
dans cette profession, il y avait plus d'un groupe qui oeuvrait et que plus
d'un groupe avait une certaine importance.
On peut référer à l'édition spéciale
d'un mémoire du Collège des médecins, à la page 18,
Loi sur la podiatrie. C'est dans ses commentaires sur le volume 4 du rapport de
la commission d'enquête Castonguay-Nepveu, la commission d'enquête
sur la santé et le bien-être social, que le collège
déclarait ce qui suit sur la podiatrie. "Depuis déjà
quelques années, le collège favorise la reconnaissance d'un
statut légal de cette profession. Il reconnaît que ces
professionnels peuvent rendre des services de qualité et
répondent à un besoin de la population, particulièrement
dans les institutions spécialisées telles que les hôpitaux
chroniques ou psychiatriques et aussi en cabinet privé. "Le
collège est toujours d'accord avec cette prise de position. Cependant,
selon les informations obtenues, il existe actuellement, dans la province de
Québec, trois groupes différents de podiatres: l'Association des
podiatres de la province de Québec Inc., la Société de
podiatrie de la province de Québec et les Praticiens en podiatrie de la
province de Québec. "Toujours selon la documentation consultée,
ces trois groupements semblent avoir de la podiatrie un concept qui va de la
pédicurie à la chirurgie du pied. L'exercice de la podiatrie
varie en conséquence selon l'un ou l'autre de ces concepts et selon la
formation reçue."
M. le Président, je me demande si ce projet de loi sur la
podiatrie va réellement régler le problème qui se pose
actuellement. Je me demande également si les exigences ne seront pas
trop difficiles à satisfaire pour qu'au moins la majorité des
personnes qui sont déjà dans ce champ d'exercice soient reconnues
à titre de professionnels.
Aux dires de ce même Dr Kaufman qui est le seul podiatre dans la
ville de Montréal, il faudrait 250 à 300 spécialistes du
pied actuellement. Si on se réfère à ces mêmes
propos, à savoir qu'il y a seulement deux podiatres dans la province de
Québec, j'imagine qu'ils sont débordés de travail.
Cependant, il ajoute qu'il n'est pas éternel; bien sûr qu'il devra
être remplacé dans l'avenir.
Il admet en principe qu'il n'est pas le seul dans ce domaine, même
s'il semble le dire. Cependant, des membres d'autres groupes qui partagent ce
champ d'exercice ont des droits acquis. Lorsqu'une corporation professionnelle
est créée, il faudrait faire bien attention de ne pas exclure la
majorité des personnes ou membres de différents groupes qui
dispensent des services. Le groupe le plus important qui compte environ 180
praticiens, si la loi est adoptée comme telle, est sûr de
disparaître de la circulation comme les personnes qui distribuent des
services dans ce domaine.
Voilà les quelques commentaires que je voulais faire à ce
stade-ci, en deuxième leture. En commission parlementaire, il s'agira
comme pour plusieurs autres lois, d'analyser dans les moindres détails
la portée de chacun des articles du projet de loi. En ce qui me
concerne, qui est podiatre et qui n'est pas podiatre, c'est cela qu'il faudra
définir.
Comme il s'agit d'un des quatre projets de loi qui semblaient être
retardés dans son adoption . en deuxième lecture, je n'ajoute pas
davantage; je me réserve cependant le droit de revenir en commission
parlementaire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, le député de
Maskinongé ayant brossé un tableau historique et descriptif des
trois associations qui oeuvrent dans le champ de la podiatrie, je n'aurai pas
besoin de m'y attarder aussi longtemps que je l'aurais voulu. Par contre, je
voudrais quand même faire quelques commentaires sur les activités
de ces associations.
Il est vrai le ministre l'a d'ailleurs souligné dans son
intervention en deuxième lecture que la formation des membres de
l'Association de podiatrie de la province de Québec est
supérieure à celle qu'ont acquise les membres des autres
sociétés. Il reste cependant qu'il faut qualifier ce jugement
d'un autre jugement, à savoir que ces membres de l'association de
podiatrie ont aussi des prétentions beaucoup plus grandes, beaucoup plus
importantes que celles des praticiens ou celles des membres de la
société.
Si j'en crois les documents qui nous sont parvenus, il semble que les
membres de l'association s'estiment un peu comme les médecins du pied,
comme les spécialistes du pied, un peu de la même façon que
les pédiatres s'estiment
spécialistes des maladies infantiles ou que les
orthopédistes s'estiment spécialistes des maladies des os; alors
que la validité de ces prétentions ne me paraît pas encore
confirmée par l'ensemble des observateurs
désintéressés qui ont étudié aussi bien le
programme d'études des institutions qui décernent ce
diplôme que les activités, la pratique de ces praticiens.
Donc, si d'un côté on ne peut leur dénier une
formation supérieure, il faudrait voir si cette formation
supérieure les habilite à exercer une activité qui est de
beaucoup plus ambitieuse que celle que prétendent exercer les autres
praticiens en podiatrie et voir également si le champ d'activité
que revendiquent ces podiatres peut n'être pas contesté et
contestable d'une façon tout à fait légitime par les
représentants de la science médicale ou de
spécialités médicales.
Je pense qu'il n'est pas suffisant en somme de dire que les membres
d'une association sont mieux formés que d'autres. Il faut
également tempérer cette affirmation en examinant le champ de
pratique que ces praticiens revendiquent et voir si la formation dont ils font
état les habilite à pratiquer effectivement pour la protection du
public les activités qu'ils veulent exercer.
Quant aux praticiens en podiatrie de la province de Québec ou aux
membres de la Société de podiatrie, il est vrai que leur
formation est inférieure. Il est vrai par contre, comme l'a
souligné le député de Maskinongé, qu'ils font
depuis quelques années de sérieux efforts pour améliorer
cette formation. Ils consacrent plusieurs heures par mois ou par année
à se recycler afin d'augmenter leurs connaissances dans le domaine qui
leur est imparti.
Il reste cependant là encore qu'il faut qualifier ce jugement.
Même si ces praticiens, de leur propre aveu, possèdent une
formation inférieure à celle des membres de l'association, il
reste que leurs prétentions sont beaucoup moins ambitieuses que celles
des membres de l'association. Ils ne prétendent en aucune façon
au titre de spécialistes du pied. Ils acceptent d'une façon tout
à fait normale de se limiter à l'examen et au traitement des
affections locales du pied.
D'ailleurs, la plupart pratiquent déjà dans des
hôpitaux au sein d'équipes multidisciplinaires et ils se
contentent souvent d'exécuter les ordonnances qui leur sont soumises par
les médecins.
M. PAUL: Je m'excuse auprès de mon collègue le
député de Bourget. M. le Président, puis-je vous signaler
que nous n'avons pas quorum?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les
députés!
A l'ordre! le député de Bourget.
M. LAURIN: La véritable question, M. le Président, est
donc de savoir si la formation que possèdent les membres de la
société et les praticiens en podiatrie correspond aux normes de
pratique qu'ils revendiquent. Il s'agit de savoir si leur formation les
habilite à pratiquer leur profession selon les normes qui leur seront
fixées par le projet de loi dans le meilleur intérêt du
public. J'y reviendrai d'ailleurs tout à l'heure.
Ceci pour dire que ce projet de loi ne nous satisfait guère pour
deux raisons principales. La première est que la définition du
champ d'exercice ne nous semble pas la meilleure qui soit. Rien, dans la
définition du champ d'exercice, n'interdirait, par exemple, à
première vue, à un membre de l'Association des podiatres
d'utiliser la chirurgie ou la radiologie pour traiter les affections du pied.
On dit bien que les membres de l'association pourront traiter les affections
locales du pied, mais on ne dit pas quels instruments, quelles techniques, ils
pourront et devront utiliser.
A première vue, sans posséder de connaissances juridiques
très approfondies, il me semble que l'article tel que
rédigé pourrait donner lieu, éventuellement, à des
contestations devant les tribunaux, contestations qui pourraient venir de
clients insatisfaits ou qui pourraient venir des membres du Bureau provincial
de médecine qui, justement, pourrait faire état du fait que les
podiatres, dans l'exercice de leur activité thérapeutique, ont
dépassé sinon la lettre du moins l'esprit de l'article qui
délimite le champ de leur exercice.
Bien sûr, certains articles subséquents limitent quelque
peu le champ d'intervention en établissant un comité qui devra
voir à l'identification des seuls médicaments que pourront
utiliser les podiatres. Si on le fait pour les médicaments, je me
demande s'il ne faudrait pas le faire pour d'autres techniques
thérapeutiques comme la radiologie ou la chirurgie, étant
donné que, dans ces domaines, le danger peut être aussi grand
sinon parfois plus grand que pour les médicaments. Il me semble que
cette définition pourrait être examinée à nouveau et
c'est bien ce que nous ferons lorsque le moment sera venu, d'étudier le
projet de loi article par article en commission parlementaire.
Notre principale objection à ce projet de loi est la constitution
du bureau professionnel. On voit que le ministre, que le législateur a
pris franchement et exclusivement partie pour l'une des associations en
écartant complètement les deux autres. Il nous est difficile
d'accepter cette prétention du législateur. Là, je reviens
à mon propos antérieur, lorsque je disais qu'il n'est pas
suffisant de tenir compte de la seule formation des podiatres, mais il faut
tenir compte également du champ d'exercice plus ou moins étendu
qui leur est accordé par la loi.
Si, d'une part, on veut limiter les podiatres au traitement des
affections locales des pieds par les moyens qu'ils utilisent actuellement,
c'est-à-dire à l'exclusion de la radiologie et de la
chirurgie, je suis d'avis que la formation qu'ils ont reçue
jusqu'ici et les éléments de recyclage qui pourront s'y ajouter
dans un avenir prochain sont parfaitement suffisants pour les habiliter
à pratiquer cette profession. Si tel est le cas, le législateur
devrait les inclure dans le bureau professionnel destiné à
présider aux premiers pas officiels de cette corporation.
Evidemment, si on voulait leur donner un champ d'exercice plus grand,
qui leur permettrait de fonctionner d'une façon largement autonome, sans
tenir compte des prétentions des autres professions de la santé,
la situation serait différente et on pourrait alors faire comme le
législateur a fait, soit forcer les praticiens et les membres de la
société à acquérir une formation beaucoup plus
poussée ou encore limiter aux seuls membres de l'Association des
podiatres l'accès à la profession et leur nomination au bureau de
la corporation.
Mais je ne pense pas que telle soit l'intention du législateur.
Je pense, au contraire, que le législateur veut entériner la
situation telle qu'elle existe actuellement et qu'il veut simplement la
régulariser, l'uniformiser et y mettre de l'ordre. Si telle est son
intention, étant donné le champ d'exercice actuel des podiatres,
étant donné les limitations que comporte implicitement l'article
qui définit le champ d'exercice, je suis d'avis que tous les podiatres
actuels possèdent la formation suffisante et que le législateur
devrait en tenir compte dans la constitution de son bureau provisoire.
Je pense également que, de la même façon qu'en 1951
on s'est servi de la clause grand-père pour permettre à certains
podiatres mieux formés de joindre les rangs de l'association, on devrait
utiliser la même clause pour un des articles du projet de loi que nous
discuterons, afin de permettre à des podiatres qui ont fait des efforts
sérieux de recyclage d'être reconnus comme podiatres en titre et
d'être inscrits au tableau de l'ordre afin de pouvoir pratiquer dans la
légalité leur profession.
C'est donc pour ces deux ou trois raisons que nous avons
hésité à donner notre approbation à ce projet de
loi. D'un côté, évidemment, nous étions pour le
regroupement de tous les podiatres au sein d'une même profession et
corporatipn. Nous étions pour la régularisation, l'uniformisation
de leur statut, mais, de l'autre côté, il nous paraissait
difficile d'accepter la définition du champ d'exercice parce que trop
vague, floue, imprécise, pouvant prêter à contestation et
ne protégeant pas suffisamment l'intérêt du public.
Deuxièmement, le projet de loi semblait instituer, dans le bureau
provisoire, de la corporation, une préférence indue qu'aurait
accordé à une des associations une sorte de droit de veto sur les
autres membres, droit que nous n'estimions pas légitime et qui lui
aurait permis d'exercer également, au sein de cette future corporation,
un caporalisme qui nous parait dépassé et contraire aux
intérêts légitimes aussi bien des membres actuels de cette
profession que du public.
Malgré tout, il reste que le premier objectif que poursuit le
projet de loi, c'est-à-dire celui de la légalisation, de
l'uniformisation, de la régularisation, nous paraît l'emporter au
point de vue importance sur les objections et les réserves que nous
avons. C'est la raison pour laquelle nous voterons pour le projet de loi. Mais
c'est également la raison pour laquelle nous nous réservons, lors
de l'examen du projet de loi article par article, le droit de dissidence et
surtout l'occasion de poser au ministre toutes les questions qui se doivent
afin d'en arriver à une amélioration de ce projet de loi que nous
jugeons nécessaire.
M. CASTONGUAY: M. le Président, simplement un mot pour apporter
une précision à la suite de l'intervention du
député de Bourget.
Il a fait état de la possibilité que la définition
de la podiatrie puisse ouvrir la porte à l'utilisation, par les
podiatres, de la radiologie à des fins thérapeutiques. Je sais
que si l'on regarde uniquement le projet de loi, même s'il insiste sur le
fait que ce sont des examens diagnostiques que l'on autorise, je pense qu'il
faut se reporter aussi au code des professions et au mécanisme
prévu pour l'octroi des permis de radiologie. Je voulais simplement lui
signaler que lors de mon intervention en deuxième lecture, à
l'occasion de l'étude du projet de loi 250, j'avais annoncé qu'il
y aurait des amendements pour distinguer clairement entre radiologie
diagnostique et radiologie thérapeutique. Dans le cas de la radiologie
thérapeutique, seuls les médecins seraient habilités
à l'utiliser. Quant à la radiologie diagnostique, outre les
médecins dentistes et les médecins vétérinaires, il
y aurait ceux à qui, dans d'autres corporations, on pourrait
émettre des permis pour autant, évidemment, que leur
compétence soit satisfaisante d'après les normes
établies.
Alors, sur ce point, je voulais apporter cette précision. Quant
aux autres points, nous les reprendrons lors de l'étude article par
article du projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de deuxième
lecture du bill 271 est adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Je fais motion, M. le Président, pour que ce projet
de loi soit étudié à la commission parlementaire
chargée de l'étude du code des professions.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BIENVENUE: Article 16.
Projet de loi no 270 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre des Affaires sociales propose
la deuxième lecture du projet de loi 270 intitulé Loi des
acousticiens en prothèses auditives.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à
cette Assemblée.
Au cours des années, on a reconnu l'obligation ou la
nécessité, aux fins de la protection du public, que la vente et
l'ajustement des lentilles ophtalmiques soient réglementés de
telle sorte que la vision ne soit pas affectée par l'utilisation de
lentilles ophtalmiques qui ne seraient pas adéquates.
On a reconnu également que le médicament, malgré
tous ses bienfaits, comporte également des dangers et que sa vente doit
être réglementée de diverses façons, aussi bien au
niveau de la fabrication qu'au niveau de la qualité, du contrôle
à exercer sur le plan de la déontologie, des normes pour la vente
de ces médicaments. Je fais état, notamment, de la Loi de la
pharmacie, que nous avons étudiée.
Il existe également d'autres types de prothèses, telles
les prothèses auditives qui, sous bien des égards, revêtent
même si elles n'ont pas les mêmes fonctions les
mêmes caractéristiques que les lentilles ophtalmiques; elles
peuvent soulager ou compenser pour la déficience d'une fonction, soit
l'ouïe, et ainsi apporter de grands bienfaits qui permettent à une
personne de fonctionner normalement alors que sans l'aide d'une prothèse
auditive, elle ne pourrait le faire.
D'autre part, de la même manière que la lentille
ophtalmique ou le médicament, un usage inapproprié de
prothèses auditives peut causer des préjudices à une
personne; ou encore, l'utilisation d'une prothèse auditive, alors qu'il
existe un autre problème qui est la cause d'une déficience de sa
faculté de l'ouie, présente donc des dangers, soit
d'exploitation, ou soit pour la protection de la santé de la personne.
C'est la raison pour laquelle nous présentons ce projet de loi.
Je crois qu'il a été établi de façon
très claire, au moment des audiences de la commission parlementaire, que
le projet de loi qui avait été soumis à cette Chambre au
moment du dépôt initial de l'ensemble de ces projets de loi a sa
raison d'être. C'est la raison pour laquelle, lors de la
réimpression des projets de loi, il a été maintenu.
Au cours des audiences, il nous a été possible d'obtenir
certaines données qui, antérieurement, pouvaient difficilement
être obtenues, ce qui a contribué à jeter une
lumière un peu plus grande sur le rôle, par exemple, de
l'audiologis- te dans ce secteur, sur les dangers que peut présenter
l'utilisation de prothèses auditives si l'on n'y met pas certaines
sauvegardes ou encore le danger que peut présenter l'utilisation d'une
prothèse auditive alors que la solution de l'affection d'une personne
réside à un autre niveau ou nécessite un autre type
d'intervention.
Nous sommes en face, encore une fois, d'une situation qui s'apparente,
dans une certaine mesure, même si elle met beaucoup moins d'individus en
cause, à celle que nous avons rencontrée à l'occasion de
l'étude des projets de loi sur les chiropraticiens, les denturologistes
de même que les podiatres. Nous retrouvons des personnes qui exercent une
activité qu'il paraît nécessaire de reconnaître au
plan juridique. A la même occasion, s'accompagnant de cette
reconnaissance, il paraît clairement que, tout comme pour les autres
groupes, il faut délimiter ce que doivent être les
activités ou le champ d'exercice de ces personnes, de même que les
mécanismes permettant d'identifier ceux qui sont aptes à exercer
cette profession et ceux qui ne le sont pas mais qui pourraient, au moyen de
mesures de recyclage, de formation additionnelle, éventuellement y
adhérer.
Nous proposons, dans ce projet de loi, un champ de pratique qui nous
paraît conforme aux demandes présentées devant la
commission parlementaire, c'est-à-dire un mécanisme qui
s'apparente à celui que nous retrouvons aussi bien pour les lentilles
ophtalmiques que pour les médicaments, c'est-à-dire l'utilisation
d'une ordonnance par soit un médecin, soit un orthophoniste ou un
audiologiste. A partir du moment où l'ordonnance est
rédigée, l'acousticien ou l'audioprothésiste, comme nous
l'appellerons fort probablement au moment où la loi aura
été adoptée, joue son rôle qui est de fournir, de
poser, d'ajuster et de vendre, évidemment, la prothèse auditive
ou, au besoin, de la remplacer.
Nous proposons, quant à la formation du bureau, étant
donné qu'il s'agit d'une nouvelle corporation et que les
problèmes d'identification des groupes ne semblent pas être tout
à fait les mêmes que dans le cas des chiropraticiens et dans le
cas des podiatres, la formation et la constitution d'un bureau provisoire
composé de neuf membres, dont sept seront choisis parmi l'Association
des acousticiens ou des audioprothésistes. Dès que ce bureau
provisoire aura pu constituer la corporation, assurer son fonctionnement,
établir les normes nécessaires pour déterminer ceux qui
sont qualifiés, il sera alors possible, tel que le prévoit le
projet de loi, de modifier cette corporation pour qu'elle prenne toutes les
caractéristiques des autres corporations formées selon les
dispositions du code des professions.
Quant à ceux qui exercent leur profession présentement, il
est dit que les mécanismes sont prévus de telle sorte qu'ils
puissent faire une demande au bureau provisoire. S'ils satisfont aux normes qui
auront été établies par ce
bureau provisoire, ils pourront être admis à la pratique de
ce qu'on pourrait appeler la profession d'audioprothésiste.
Sans aller plus loin, M. le Président, dans les
caractéristiques de ce projet de loi, tout comme pour les autres projets
de loi, il s'agit d'une mesure qui vise essentiellement à
protéger la population.
Il est clair qu'il y a nécessité de donner une
reconnaissance légale à ces gens. Il est clair qu'il est
nécessaire d'éliminer certaines personnes qui se
présentent comme audioprothésistes et qui n'ont qu'un but, celui
de vendre le plus grand nombre de prothèses au prix le plus
élevé possible.
Il faut donc faire la distinction entre ceux qui sont d'authentiques
audioprothésistes soumis à un code de déontologie, et ceux
qui ne le sont pas. C'est ce que nous visons par ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, nous sommes rendus au terme de
l'étude d'une longue série de lois en deuxième lecture qui
faisait suite à l'adoption du code des professions. C'est avec un
certain regret que je déplore l'absence d'un projet de loi concernant
les physiothérapeutes. Nous espérons qu'en commission
parlementaire, nous pourrons leur donner un certain statut. Je crois que le
ministre a une question.
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous une seule remarque? Je n'ai
interrompu personne depuis ce matin, mais il me semble qu'il y a ici une petite
exagération car, si on se reporte au code des professions, on peut voir
qu'il y a constitution de la corporation professionnelle des
physiothérapeutes.
M. PAUL: Ce qui me console, M. le Président, en entendant le
ministre soulever cet excellent point, c'est que j'ai dénoté chez
lui un sourire comme à chaque fois que, au début d'une loi
spécifique, il nous déclarait solennellement: Le
lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce projet de loi et en autorise la
présentation. J'ai cru dénoter chez le ministre, à chaque
fois, des souvenirs de jeune âge.
Cette loi des acousticiens en prothèses auditives présente
des caractères particuliers et ce qui me frappe, à l'étude
de ce projet de loi, c'est que la deuxième version de la loi 270
diffère bien peu, au niveau des principes, de la première version
du projet de loi.
Il est évident que les observations et critiques soumises par
l'Association des acousticiens en prothèses auditives devant la
commission parlementaire je crois que c'est en octobre 1972 n'ont
pas réussi à émouvoir outre mesure le ministre des
Affaires sociales. Comme dans la première version, le champ d'exercice
de la profession d'acousticiens en prothèses auditives est limité
à exécuter des ordonnances d'un médecin, d'un
ophtamologiste ou d'un audiologiste en vendant, fournissant, posant, ajustant
ou remplaçant des prothèses auditives.
Pourquoi le gouvernement a-t-il diminué de leur domaine les tests
audiométriques et les tests d'acoustique aux fins de déterminer
et procurer la prothèse auditive qui convient? Pourquoi le ministre
a-t-il voulu que l'acousticien en prothèses auditives ne puisse poser
aucun acte qui ne soit, au préalable, prescrit par une ordonnance d'un
médecin, d'un ophtamologiste ou d'un audiologiste?
Contrairement au cas des opticiens d'ordonnances et des denturologistes
agissant dans leur domaine respectif, l'acousticien en prothèses
auditives n'a même pas le droit de corriger ou de remplacer une
première prothèse sans ordonnance du médecin ce qui,
à notre avis, semble abusif et nettement inutile.
Enfin, pourquoi le ministre se refuse-t-il à changer le nom de la
profession en celui de Corporation des audioprothésistes du
Québec? Je dois conclure immédiatement que le ministre est ouvert
à tout amendement en ce sens, ce qui va d'autant abréger mes
propos sur ce sujet. Je m'inquiétais et j'avais noté que
l'association avait obtenu des lettres patentes qui ont autorisé cette
nouvelle appellation déjà réclamée lors de
l'audition des mémoires devant la commission parlementaire.
Je n'insiste pas. sachant fort bien que nous pourrons en commission
élue nous arrêter sur ce point particulier. Je note au passage que
l'Association des acousticiens en prothèses auditives, ou
audioprothésistes, s'est formée sous l'autorité de la
partie III de la Loi des compagnies, le 2 août 1966. Par
conséquent, cette corporation a une existence juridique qui remonte
à près de sept années. Dès le début, elle
s'est donné un code d'éthique professionnelle dont le respect
permet de bien distinguer entre autres choses les cas qui relèvent de la
médecine et les autres qui relèvent de l'acousticien en
prothèses auditives, ou audioprothésiste.
J'ai bien l'intention, avec mes collègues de la commission
élue, de reprendre tout le débat sur le champ d'exercice de cette
profession lorsque l'étude détaillée de cette loi viendra
devant la commission parlementaire, de manière à garantir dans
toute la mesure du possible les intérêts de toutes les parties en
cause et surtout l'intérêt du public. Pour ce qui a trait à
ce projet de loi, M. le Président, nous allons l'adopter, toujours avec
cet espoir que l'étude en commission élue puisse fournir
l'occasion aux membres de la commission d'améliorer si possible cette
loi pour non seulement protéger le public mais également pour
tâcher de protéger les intérêts des membres de cette
nouvelle corporation, dite des acousticiens en prothèses auditives.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. BURNS: M. le Président, sur une question de règlement.
J'aurais voulu interrompre mon collègue le député de
Maskinongé; je ne veux pas que le député de Dorchester
parle devant si peu de gens, il a des choses intéressantes à
dire. Nous n'avons pas quorum, M. le Président, nous sommes seulement
22, peut-être 23. Allez chercher vos quelque 72
députés...
M. HARVEY (Chauveau): Vous avez six de vos collègues qui sont
absents, vous êtes seul sur 7.
M. BURNS: ... et on en reparlera après. Après cela, on
parlera des augmentations de salaire des députés.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les députés
!
Le député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, très brièvement, sur le
projet de loi 270, qui touche environ 150 acousticiens en prothèses
auditives, j'aimerais faire quelques commentaires, surtout évidemment en
ce qui touche le champ d'exercice qui est, en fait, le principe contenu dans le
projet de loi.
Je dois dire au départ que je souscris au principe de cette loi
qui est la reconnaissance légale de la pratique des
audioprothésistes. On se rend compte que, selon la formulation du projet
de loi, les acousticiens ou les audioprothésistes pourront dispenser des
prothèses auditives seulement sur ordonnance d'un médecin, d'un
orthophoniste ou d'un audiologiste. La question que je me pose est la suivante:
Est-ce qu'un médecin, comme médecin, est habilité à
poser un diagnostic et à remplir une ordonnance?
Il semble que, dans ce domaine des troubles de l'ouïe, le
médecin n'ait pas une connaissance suffisante du fonctionnement de
certaines prothèses et n'ait pas non plus l'équipement qu'il
faut, afin de mesurer l'acuité auditive d'une personne, pour être
en mesure de commander la bonne prothèse qui doit aller à un
client.
M. le Président, j'ai eu l'occasion de rencontrer des
spécialistes audioprothésistes et ils semblent d'avis que ce ne
serait pas nécessaire de recourir constamment à l'ordonnance,
chaque fois qu'un audioprothésiste vend, fournit, pose, ajuste ou
remplace une prothèse auditive. Et ils ont fait remarquer qu'assez
régulièrement, ils ont à vérifier le fonctionnement
d'une prothèse auditive qui, par exemple, peut fonctionner avec une pile
électrique. Alors, je me demande également si, chaque fois que
ces personnes auraient à changer une pile dans une prothèse
auditive, il serait nécessaire de recourir à l'ordonnance, parce
qu'assez souvent, il y a également un rajustement. On a porté
à mon attention qu'après un certain temps, dans cer- tains cas,
il pouvait y avoir une amélioration ou le contraire. A partir de ce
moment, l'audiologiste est obligé de rajuster la prothèse
auditive. Je me demande si l'obligation d'avoir une ordonnance ne va pas
alourdir le service que ces personnes dispensent actuellement. Il faut
également dire que la plupart des personnes qui ont besoin d'une
prothèse auditive ont déjà vu le médecin d'une
façon ou d'une autre. Si on prend l'ensemble de nouveaux cas qui sont
découverts chaque année, si on prend, par exemple, un chiffre
d'environ 4,000, on se rend compte que 10 p.c. à 15 p.c. seulement sont
référés par un médecin.
M. le Président, il y aurait peut-être également
lieu de choisir ou de regarder une formule de compromis qui devrait
plutôt être une recommandation ou un avis du médecin ou d'un
orthophoniste ou d'un audiologiste, au lieu d'avoir l'ordonnance comme telle,
puisque l'ordonnance semble assez difficile à émettre
adéquatement et, pour l'audioprothésiste, ça occasionne
certaines difficultés.
D'ailleurs, les règlements de la corporation obligent
déjà les membres à référer plusieurs cas au
médecin. Par exemple, tous les enfants qui n'ont pas atteint l'âge
de seize ans.
Egalement tous les cas qui présentent un aspect pathologique,
tous les clients qui présentent une obstruction du canal auditif ou
encore un écoulement, les personnes qui souffrent de vertiges, les
personnes qui souffrent de surdité mixte ou conductive et qui sont des
candidats à la chirurgie.
Tous les cas qui présentent des anomalies sont déjà
référés, par la loi de la corporation des
audioprothésistes, aux médecins. Je me demande dans une loi,
surtout dans celle-là, si, à chaque fois que
l'audioprothésiste vend, fournit, pose, ajuste ou remplace une
prothèse auditive, il est absolument nécessaire de recourir
constamment à l'ordonnance.
Cinquante-quatre pour cent des appareils auditifs que les
audioprothésistes ajustent actuellement sont à des personnes qui
portent déjà un appareil auditif et qui en sont munis, parce que
le cas ne relève pas de la médecine. Je me demande
également, dans un cas comme celui-là, si l'ordonnance est
nécessaire étant donné que ce seraient des ordonnances
répétées. On dit qu'actuellement 20 p.c. des usagers des
prothèses auditives sont des vieillards, des impotents ou des malades
chroniques dans l'incapacité physique de se déplacer pour aller
se procurer une ordonnance chez le médecin et encore moins chez
l'audiologiste ou l'orthophoniste qui n'exerce sa profession que dans les
grands centres.
On doit considérer également les périodes d'attente
qui sont assez prolongées chez les deux spécialistes que je viens
de mentionner, par exemple, au département d'audiologie dans les
hôpitaux. Etant donné que tel département n'existe pas
partout non plus, on dit que les moyennes d'attente sont assez longues,
c'est-à-
dire à peu près cinq mois. Il y a à envisager
également s'il n'y aura pas disparité des services pour les
handicapés de l'ouïe selon qu'ils sont jeunes ou vieux, selon
qu'ils demeurent près ou loin des grands centres, ou encore, dans une
région comme la nôtre où nous sommes démunis de
spécialistes. Tout cela pour complaire aux médecins, aux
audiologistes ou aux orthophonistes, alors que 1'audioprothésiste est
actuellement en mesure de faire subir un test audiométrique avec autant
de compétence que pourraient le faire d'autres professionnels.
C'est le problème qui se pose concernant ce projet de loi. Je me
demande si c'est toujours nécessaire de recourir à l'ordonnance
à chaque fois qu'un geste est posé par l'un de ces
professionnels. Ce sont également des questions que nous
étudierons, à la commission parlementaire, d'une façon
assez étroite. J'aurai certaines questions à poser au ministre et
plus spécifiquement sur des articles en particulier.
Le député de Maskinongé m'a devancé; j'avais
l'intention de demander au ministre ce qu'il advenait du projet de loi 272, Loi
des physiothérapeutes et j'ai eu ma réponse. Je remercie le
ministre d'avoir donné cette précision. Je l'avais noté,
j'ai ici le projet de loi pour m'y faire penser. Si j'en parle, c'est parce que
nous sommes en discussion en deuxième lecture du dernier projet de loi
de cette longue série. Je ne voulais pas oublier de demander au ministre
ce qu'il advenait de ce bill, étant donné que le principe
semblait reconnu du moins par le gouvernement comme étant une profession
à champ d'exercice exclusif et qu'il se retrouve maintenant à
titre protégé seulement. On se demandait si le ministre ne
voulait pas jouer le même tour aux physiothérapeutes qu'il
semblait vouloir jouer aux quatre projets de loi dont nous avons fait fortement
allusion hier et ce matin.
Je réserve mes autres propos pour la commission parlementaire.
J'espère qu'on prendra tout le temps nécessaire afin que le
public puisse bénéficier, de la façon la plus facile et la
moins coûteuse, de prothèses auditives. Dans notre monde où
la pollution par le bruit est de plus en plus marquée, on se rend compte
que de plus en plus de personnes ont besoin de ces prothèses
auditives.
Je pense qu'on doit permettre à la population de s'en procurer si
c'est nécessaire, afin de mieux comprendre ce qui est avantageux de
comprendre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je veux parler devant une Chambre
ayant le quorum. Je pense que nous ne l'avons pas.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Nous avons quorum.
M. Robert Burns
M. BURNS: Nous l'avons, oui. Si vous me l'assurez, il n'y a pas de
problème. Ils entrent et ils sortent, ces députés
libéraux, ce ne sont pas des farces.
M. le Président, si j'interviens sur ce projet de loi, c'est
d'abord pour mettre le député de Bourget au repos, de crainte
d'épuisement. Cela faisait à peu près 20 projets de loi au
sujet desquels il intervenait. Mais c'est aussi à cause du fait que je
veux tout simplement, au départ, féliciter le ministre de nous
avoir présenté ce projet de loi no 270, relativement aux
audioprothésistes.
Je pense que s'il y a une corporation qui a oeuvré longtemps dans
l'ombre, avec diverses difficultés, c'est bien cette corporation des
audioprothésistes, formée déjà depuis quelque six
ou sept années.
Je dis qu'elle a oeuvré dans l'ombre, c'est peut-être une
des professions les moins connues, mais peut-être pas une des moins
utiles, loin de là. Le petit nombre d'audioprothésistes qui
existent actuellement au Québec suppléent de façon
très importante à des lacunes qui ne peuvent pas être
comblées, malheureusement, par des services médicaux. Je pense
que c'est le point qui devra retenir notre attention lorsque nous
étudierons le projet de loi dans ses détails, article par
article.
Quant à l'importance elle-même de la profession, il suffit
de citer quelques chiffres. Le député de Dorchester mentionnait
tantôt qu'il y avait 150 audioprothésistes au Québec. C'est
exact, du moins d'après mes informations. Ils ne sont pas plus nombreux
que cela. D'autre part, il est peut-être bon de savoir qu'il y a quelque
100,000 personnes au Québec qui possèdent des prothèses
auditives. Donc, ce n'est pas une profession marginale au point de vue de la
clientèle si on peut me permettre cette expression
à laquelle elle s'adresse. Quelque 8,000 appareils sont vendus, par
année, à des gens qui souffrent de surdité et qui tentent
de combler cette lacune auditive par l'entremise de prothèses
auditives.
Très souvent, comme le disait également le
député de Dorchester, ces problèmes ne peuvent pas
être complètement réglés par des médecins.
Cette profession vient en aide, atténue les difficultés
auxquelles font face les gens qui souffrent de surdité partielle ou plus
ou moins partielle disons.
Ce que nous aurons à dire, principalement, sera dit au niveau de
la discussion du projet de loi en commission parlementaire, c'est-à-dire
au moment de l'étude plus particulière de la juridiction qu'on
tente d'accorder ou, dans mon esprit, qu'on veut restreindre de façon
inacceptable en ce qui concerne les audioprothésistes.
Plus précisément, je pense que nous aurons l'occasion,
à ce moment d'argumenter qu'on veut donner aux médecins une
juridiction qui, à
toutes fins pratiques, enlèverait aux audioprothésistes la
possibilité de pratiquer véritablement leur profession. Cette
juridiction devra être réduite. Il est important de savoir que
l'expérience moyenne des audioprothésistes actuels se situe au
niveau de douze ans de pratique et ceci au moment où nous nous
apprêtons à les reconnaître juridiquement par un projet de
loi.
Ces gens-là ont déjà des connaissances. Je pense
que les gens qui font partie intégrante de la profession actuellement
ont non seulement ces connaissances, mais savent que, si la profession doit
garder son importance dans la société, elle doit aussi garder des
critères très élevés.
La crainte qui semble animer le ministre des Affaires sociales ou le
gouvernement dans la préparation du projet de loi, l'amenant à
voir tous les actes des audioprothésistes contrôlés par un
médecin, je pense que cette crainte devrait se dissiper par
elle-même, grâce à un code de déontologie très
sérieux que cette corporation devra se donner. Si elle ne se le donne
pas, comme le ministre le sait fort bien puisqu'on discute actuellement du
projet de loi 250 en commission plénière, c'est sûrement
l'Office des professions qui verra à suppléer à cette
lacune. Mais il est très important de savoir que dans la pratique les
médecins sont absolument incapables, dans quelque 99.9 p.c. des cas, de
donner véritablement une ordonnance à des
audioprothésistes. Ceci ne vient pas du témoignage des
audioprothésistes mais du témoignage des
oto-rhino-laryngologistes eux-mêmes. Ils disent que c'est un domaine d'un
autre ordre que le leur. Le patient, on le remet à
l'audioprothé-siste, quand on s'appelle un oto-rhino-laryngologiste,
lorsqu'on ne peut plus rien faire pour lui. D'ailleurs, il y a une grande
proportion de clients des audioprothésistes qui viennent de
médecins. Il n'y a aucune compétition entre ces deux professions
parce que l'une arrive après l'autre. C'est habituellement le
médecin qui se rend compte qu'il ne peut plus rendre de services
concrets au patient. Il dit: Il ne vous reste qu'une chose pour tenter
d'améliorer votre sort, c'est de vous faire installer une
prothèse. Dans bien des cas, les suggestions qui sont faites par des
médecins et qui arrivent aux audioprothésistes sont faites de
telle façon que l'audioprothésiste n'a même pas de
directive du médecin à savoir sur quelle oreille il va installer
la prothèse.
On me dit je ne suis pas un connaisseur qu'il est
très important, relativement à une série de facteurs dont
le sens de l'équilibre de l'individu et la possibilité de capter
des sons, peu importe la force d'une oreille ou d'une autre, de savoir
déterminer quelle va être l'oreille qui portera la prothèse
lorsqu'il y en a seulement une.
Ce sont des choses qui nous préoccupent beaucoup parce que nous
croyons que cette profession, actuellement, rend service à un tas de
gens qui, à toutes fins pratiques, sont désespérés
à l'égard de leur faculté auditive et qui
réussissent, tant bien que mal, à faire améliorer leur
situation grâce aux prothèses. Je pense qu'il sera très
important, lorsque nous examinerons ce projet de loi article par article, de
confier une juridiction adéquate aux audioprothésistes, de voir
à ce qu'ils puissent continuer non seulement à exercer leur
profession dans leur intérêt, mais, dans le fond, qu'ils puissent
continuer à l'exercer dans le but qui nous anime tous,
c'est-à-dire dans l'intérêt du public. C'est
là-dessus que je félicitais le ministre tantôt. Je pense
que c'est une profession qui peut rendre de très grands services, mais
c'est une profession qui, malheureusement, est très souvent
oubliée. On ne s'imagine pas jusqu'à quel point la technique qui
doit être utilisée quant à l'installation, quant au choix
des prothèses auditives est une technique importante. Je pense que
là-dessus il faudra se fier à l'expérience des
audioprothésistes pour les années qu'on vient de vivre. Soit dit
en passant j'ouvre une parenthèse je ne connais pas de cas
où des audioprothésistes ont eu à subir des
réclamations pour des dommages qu'ils auraient pu causer à des
clients. Je pense que c'est un critère dont il faudra se souvenir
lorsque nous étudierons leur juridiction.
De toute façon, je pense qu'il faudra clairement se rendre compte
que c'est une catégorie assez particulière de professionnels sur
laquelle il est difficile de donner juridiction même à ces grands
manitous que sont les médecins. Il faudra se fier aussi au sens
professionnel de ces gens pour que, s'ils se rendent compte qu'il y a une
défectuosité d'ordre pathologique qui peut être
guérie par l'intervention d'un médecin, ils aient, sinon par leur
code de déontologie, du moins par leur sens professionnel à eux,
le devoir, le besoin et l'obligation de référer le client
à la profession médicale.
M. le Président, nous voterons, évidemment, pour ce projet
de loi et nous réservons nos autres commentaires au niveau de la
discussion du projet de loi en commission plénière.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, je voudrais juste dire un mot
dans le cadre du droit de réplique qui m'est accordé. J'ai
écouté attentivement les trois députés qui sont
intervenus dans la discussion de ce projet de loi. Il me semble qu'il y a lieu
de se souvenir qu'outre le médecin, dans ce secteur, et
l'audioprothésiste, il y a également l'audiologiste. Si on se
souvient, au moment de la commission parlementaire, les audiologistes nous
avaient fait des représentations de façon assez précise
quant à la nécessité d'exercer une surveillance
étroite sur cette question des prothèses auditives.
Je voulais simplement mentionner ceci parce
qu'il n'y a pas uniquement le point de vue du médecin. Je
reconnais tout ce qui a été dit quant à la distribution de
ces médecins au plan géographique, quant à la
façon, bien souvent, qu'ils réfèrent les cas à
l'audioprothésiste mais il y a aussi l'audiologiste qui nous avait
apporté un point de vue quelque peu différent.
M. BURNS: Le ministre me permet-il une question? N'est-il pas exact
qu'il n'y a que quelque cinq à dix audiologistes et qu'ils sont surtout
dans les grands centres au Québec? Est-ce que je me trompe dans mes
statistiques à cet égard?
M. CASTONGUAY: Ils sont plus nombreux que cela, M. le Président.
De toute façon, j'ai demandé qu'on recueille des données,
non pas seulement quant au nombre mais quant à la distribution. Je crois
que ce seront des données qui pourront être intéressantes
au moment de l'étude article par article.
Je voulais simplement ajouter cela pour information, à titre de
rappel, et simplement dire que si l'on se reporte également aux
discussions en commission parlementaire, malgré tout le désir que
nous pouvons avoir, peu importe le quel côté de la Chambre nous
sommes, de régulariser une situation, il est loin de s'être
dégagé des mécanismes qui font autorité ou qui
semblent faire le consensus quant à la façon d'assurer à
la fois la protection du public dans ce secteur et de permettre aux
audioprothésistes d'exercer leur profession d'une façon
adéquate. Il semble bien qu'en plus de la première version et de
la deuxième, il y a lieu, comme l'ont souhaité les
députés, comme l'auraient souhaité les
députés ministériels si nous n'avions pas convenu de nous
en tenir à une intervention par parti, d'étudier attentivement le
champ d'exercice tel qu'il apparaît dans le projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. BIENVENUE: Je fais motion, M. le Président, pour que ce projet
de loi soit déféré à la commission parlementaire
sur l'étude du code des professions.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle
adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Adopté.
M. BIENVENUE: M. le Président, comme le leader du gouvernement
doit proposer la deuxième lecture du projet de loi suivant et que je ne
le vois pas dans les parages, pourriez-vous suspendre les travaux pour cinq
minutes?
M. PAUL: Le voilà.
M. LEVESQUE: Article 22.
Projet de loi no 282 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable leader du gouvernement
propose la deuxième lecture du projet de loi no 282, Loi modifiant la
loi de l'instruction publique, au nom du ministre de l'Education.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, le présent projet de loi,
qui porte le no 282, Loi modifiant la loi de l'instruction publique, poursuit
deux objectifs. Le premier vise à rectifier la Loi de l'instruction
publique, afin de permettre aux commissaires et syndics d'école de se
prévaloir des dispositions actuelles des lois fédérales et
provinciales, de l'impôt sur le revenu quant aux allocations qu'ils
reçoivent à titre de commissaires ou syndics d'école.
Ceux-ci pourront donc profiter d'un certain dégrèvement fiscal
rétroactivement au 1er janvier 1972.
Le deuxième objectif est d'apporter, du point de vue technique,
des qualifications à certaines dispositions ajoutées à la
Loi de l'instruction publique par la Loi pour favoriser le développement
scolaire dans l'île de Montréal, bill 71 de 1972. Ces
précisions techniques ont trait au droit de voter à
l'élection scolaire dans l'île de Montréal. Leur adoption
revêt un caractère d'urgence, compte tenu du fait que le
recensement pour fins d'élection est déjà amorcé
dans l'île de Montréal, notamment dans le territoire de la
Commission des écoles catholiques de Montréal et dans celui du
Bureau des commissaires d'écoles protestants de la ville de
Montréal où, comme on le sait, ce sera la première fois,
depuis l'existence de ces deux corporations scolaires, qu'il y aura des
élections le 18 juin prochain.
Ces modifications précisent tout d'abord les conditions requises
pour être inscrit sur la liste des électeurs. Ce sont les
suivantes: être majeur le jour de la votation et le dernier jour
juridique précédant la date de dépôt de la liste des
électeurs; être citoyen canadien domicilié dans la
municipalité scolaire et n'être frappé d'aucune
incapacité légale. Elles précisent enfin les conditions
requises pour voter: être inscrit sur la liste des électeurs et,
le jour de la votation, être citoyen canadien domicilié dans la
municipalité scolaire et n'être frappé d'aucune
incapacité légale.
Un électeur ne pourra toutefois voter que dans le quartier
où il était domicilié le dernier jour juridique
précédant la date du dépôt de la liste
électorale. Enfin, une dernière modification est prévue
dans le but d'établir une concordance entre la Loi pour favoriser le
développement scolaire dans l'île de Montréal, bill 71, et
la Loi de l'instruction publique, quant à l'application d'une
disposition fiscale aux personnes qui ne sont ni catholiques ni protestantes,
lorsque ces personnes n'ont pas effectué, en temps utile, le choix
qu'elles doivent effectuer relativement au système scolaire catholique
ou protestant auquel elles désirent adhérer.
Dans un tel cas, une telle disposition fiscale s'appliquerait uniquement
pour le cas des dépenses inadmissibles aux subventions de
l'équilibre budgétaire ou des dépenses pour engagement
contractuels pour lesquels une commission scolaire n'aurait pas, avant son
regroupement, pourvu à l'appropriation de deniers.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce projet de loi, dont
on vient de nous dire qu'il a un caractère urgent, ne comporte, en
substance, rien qui soit de nature à déranger l'équilibre
de l'univers, sinon que cela ajoutera au catalogue des lois que publie
régulièrement le gouvernement actuel. Nous n'avons donc pas
d'objection de principe à ce que le leader du gouvernement s'en fasse le
parrain au lieu et place du ministre de l'Education qui est retenu pour les
raisons que l'on connaît.
M. LEVESQUE: Je serais d'accord pour aller immédiatement en
commission plénière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. J'ai
écouté avec un silence religieux pendant des heures le ministre
des Affaires sociales nous faire sa révolution de "bills". Alors,
j'aimerais bien que le député de Bonaventure me laisse au moins
le temps de lui dire ce que je pense de ce minuscule projet de loi.
M. le Président, nous croyons que, en ce qui concerne la
rémunération des commissaires d'écoles et l'exemption
d'impôt qui s'y rattache, il n'y a rien qui puisse troubler
l'équilibre économique du Québec et contribuer à
créer des emplois. D'autre part, en ce qui concerne la capacité
des personnes appelées à voter à l'occasion des
élections scolaires, je crois que tout cela est conforme aux
règles ordinaires de la capacité de ce qu'on appelle le sens
électoral dans l'ensemble de nos lois.
Pour ma part, je ne vois pas d'objection à ce que nous adoptions
ce projet de loi, en priant toutefois le gouvernement de penser que, à
l'occasion d'une loi modifiant la Loi de l'instruction publique, il eût
peut-être été intéressant d'élargir le
débat et d'examiner d'autres aspects de la Loi de l'instruction publique
que nous aurons l'occasion de signaler au ministre de l'Education lorsque nous
ferons l'étude de son budget.
M. le Président, je suis donc autorisé à vous dire
que ma formation politique appuie le projet de loi 282, étant
donné qu'il a, dit-on, un caractère urgent et qu'il ne
dérange rien à l'équilibre de l'univers et même des
espaces extra-terrestres.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: M. le Président, les dispositions du projet de loi 282
sont essentiellement techniques et viennent en quelque sorte compléter
la Loi de l'instruction publique et la Loi pour favoriser le
développement scolaire dans l'île de Montréal,
sanctionnée le 21 décembre 1972 et qui venait s'ajouter à
la Loi de l'instruction publique. Ces modifications techniques, comme on l'a
démontré, sont de deux ordres: premièrement, il s'agit de
la rémunération des commissaires d'écoles et de ses
incidences fiscales et, en deuxième partie, les qualités
nécessaires pour être admis à voter en tant
qu'électeur sur l'île de Montréal.
Les dispositions du projet de loi 282 sont donc essentiellement
techniques. Cependant, le projet de loi, à mon sens, est peut-être
une occasion pour remettre en question un des deux points qu'il invoque, soit
la rémunération des commissaires qui est fixée par le
conseil des ministres. Ce principe n'est pas nouveau, il est en vigueur
à différents autres endroits; il est donc tout simplement
nouvellement exprimé, c'est-à-dire présenté sous
une nouvelle forme. Il est, à mon sens, un très bel exemple de la
dépendance totale des commissions scolaires vis-à-vis de leur
créateur, c'est-à-dire le ministère de l'Education. Il est
un exemple frappant du manque total d'autonomie des organismes locaux dans ce
secteur, du manque de pouvoirs que les commissions scolaires peuvent avoir.
L'obligation de se référer automatiquement au ministère
dans presque tous les cas où des décisions doivent être
prises. Des autorisations continuelles du ministère sont
nécessaires pour faire avancer les choses.
Donc, c'est dans cet esprit que ce point de principe dans le projet de
loi 282 mérite d'être quelque peu retenu ou tout au moins
souligné par le fait qu'il continue cette consacration de la
surcentralisation des pouvoirs en matière d'administration scolaire.
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue. Puis-je vous signaler que nous n'avons pas quorum?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés !
M. BROCHU: M. le Président, pour ma part, je tenais à
souligner cette anomalie qui semble vouloir se perpétuer surtout au
niveau du ministère de l'Education en ce qui concerne cette forme de
surcentralisation des pouvoirs dans les mains d'un ministre ou au niveau de
certains secteurs précis du ministère, ce qui n'est pas sans
créer certains problèmes d'efficacité au niveau
administratif et, ce qui n'est pas non plus sans se répercuter dans
l'ensemble de la structure scolaire et de l'atteinte de ces buts.
D'un côté, on a crée des commissions scolaires avec
énormément de responsabilités et, par ailleurs, on a
négligé de remettre les pouvoirs équivalents à ces
responsabilités dans les mains de ces personnes qui sont quand
même mandatées pour porter la lourde responsabilité
d'administrateurs scolaires sur l'île de Montréal.
Donc, je voulais profiter de ce projet de loi, pour souligner cette
anomalie qu'on semble vouloir consacrer, qui est présente dans plusieurs
ministères actuellement et qui fait référence à un
problème de structure, à un problème de façon de
voir le fonctionnement tout d'abord du ministère, d'envisager
également les méthodes à prendre pour atteindre vraiment
une efficacité compte tenu du champ d'activité ou du champ de
pratique de chaque ministère.
Cette anomalie, on la retrouve, comme je l'ai mentionné, un peu
partout. Elle se fait sentir de façon de plus en plus accentuée
par l'accumulation dans les différents secteurs du même
problème, de ce même problème de manque de pouvoirs
là où sont les responsabilités. Dernièrement, j'ai
eu l'occasion de souligner au ministre de l'Education ce fait qui nous est
souvent apporté par des administrateurs scolaires en particulier, qui
sont ainsi placés dans des situations fort pénibles où ils
viennent directement face à la population comme des zones tampons entre,
d'un côté, la population et, de l'autre, le ministère
intéressé en l'occurrence le ministère de l'Education,
parce que, comme je le mentionnais, ils n'ont pas les pouvoirs
équivalents à leurs responsabilités.
Le principe qu'on met ici en cause n'est pas nouveau, il est simplement
exprimé dans une forme nouvelle et c'est simplement le même
état de fait qui demeure. Il n'y a donc pas de principe à
proprement parler dans ce projet de loi, à mon sens, mais dos incidences
sur un principe adopté à tort depuis plusieurs années,
soit la centralisation des pouvoirs dans les mains du ministère. Avec le
projet de loi au niveau de ce soi-disant principe, on dit tout simplement aux
commissions scolaires sur l'île de Montréal que le
lieutenant-gouverneur en conseil sera chargé de statuer sur les
questions salariales et, également, de décider de la partie de
ces masses salariales qui seront exemptes d'impôt.
On place donc encore ces mêmes individus dans une situation qui,
dans ce secteur particu- lier, ne peut peut-être pas demander une
explication approfondie et soulever des tollés généraux.
Cependant, c'est sur le fait qu'on consacre quand même à
l'intérieur de cette action un mode de procédé qui,
à mon sens, est complètement illogique.
Quant à la deuxième partie du projet de loi, ses
dispositions visent à rendre plus précises actuellement les
conditions d'admissibilité à voter, pour les électeurs des
membres de la commission scolaire.
De ce côté, c'est simplement une technique qui va
clarifier, préciser une situation. Donc, je n'aurai aucun commentaire de
plus à ajouter à ce niveau. Il s'agit simplement de statuer
clairement sur les personnes qui auront désormais droit de vote en tant
qu'électeurs scolaires sur l'île de Montréal. Dans
l'ensemble, je n'ai donc aucune réticence à passer à
l'étude article par article de ce projet de loi. Toutefois, je
déplore et je n'accepte pas, pour ma part, ces dispositions qui
permettent au conseil des ministres de fixer les honoraires ou les salaires des
commissaires sur l'île de Montréal.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je serai également très
bref sur ce projet de loi. Comme mes deux autres collègues de
l'Opposition, je dois dire que ce n'est pas un projet de loi qui va changer
l'orientation du domaine scolaire au Québec.
Il s'agit d'ajustements très mineurs dont celui devant
répartir la proportion des dépenses, la proportion allouée
aux dépenses dans la rémunération des commissaires
scolaires et l'autre déterminant de façon plus précise le
droit d'inscription sur la liste électorale lors des élections
sur l'île de Montréal.
Je n'ai qu'une seule remarque et elle devra peut-être être
plus détaillée au niveau de l'étude du projet de loi en
commission plénière si c'est l'intention du leader du
gouvernement ou en commission élue. C'est relativement à
ce pouvoir que le lieutenant-gouverneur en conseil se réserve
d'établir la fraction de la rémunération qui sera
versée à titre de dédommagement pour dépenses. Je
n'ai aucune objection à ce que ce pouvoir soit remis entre les mains du
lieutenant-gouverneur en conseil. La seule restriction que j'y mettrais
éventuellement est que je me demande pourquoi l'Assemblée
nationale, elle-même ou par l'entremise de l'une de ses commissions
élues, en particulier la commission de l'éducation, n'aurait pas
à surveiller cette allocation qui est faite par le lieutenant-gouverneur
en conseil. Je ne pense pas que nous créerions un
précédent en faisant cela puisque les commissions scolaires,
comme les municipalités, d'ailleurs, sont des créatures de
l'Assemblée nationale, sont des organismes
délégués
jusqu'à un certain point de l'Assemblée nationale dans
l'exercice de leur juridiction. Comme tels, il serait normal que
l'Assemblée nationale soit elle-même ou soit par
l'entremise d'une commission élue ou spéciale examine ce
que le lieutenant-gouverneur en conseil fait lorsqu'il exerce cette juridiction
prévue à l'article 205 modifié.
Je pense qu'il est évident, on ne peut pas le nier, que le
lieutenant-gouverneur en conseil, de par nos nouveaux projets de loi, prend de
plus en plus d'importance au point de vue réglementaire. De plus en
plus, on se trouve dans un domaine où les lois ne sont qu'un cadre et le
pouvoir réglementaire du lieutenant-gouverneur en conseil ou de
l'Exécutif devient de plus en plus important. C'est admis, mais il est,
à mon avis, important ces jours-ci, nous vivons un cas qui nous
permet de nous en rendre compte que nous voyions comment les allocations
de dépenses, les allocations de salaire se font.
Nous ne créerions pas de précédent en faisant cela
puisque déjà le gouvernement, au niveau de la
rémunération des employés des commissions scolaires, par
le fameux bill 46, la loi concernant les négociations dans le domaine de
l'éducation et dans le domaine des hôpitaux, se réserve le
droit de s'insérer dans des négociations qui, à toutes
fins pratiques, ne concernent pas directement le gouvernement. Inversant ce
raisonnement, je me demande pourquoi l'Assemblée nationale n'aurait pas
à voir à cela et à examiner la discrétion qu'exerce
le lieutenant-gouverneur en conseil lorsqu'il fait ce partage entre la
rémunération et les dépenses.
Ces brèves remarques étant faites, nous serons pour
l'adoption de ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Commission plénière
M. LEVESQUE: Commission plénière, M. le Président.
Je propose que vous quittiez le fauteuil.
M. HARDY: L'honorable leader propose que je quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière. Cette
motion est-elle adoptée?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'ancien vice-président va me
dicter la formule.
M. PAUL: M. le Président, vous ne devriez pas prendre de conseil.
Il est devenu trop politisé maintenant.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne):
L'honorable leader parlementaire propose que je quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en commission plénière. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adopté.
M. PILOTE (président de la commission plénière):
Article 1.
M. BURNS: M. le Président, à l'article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! le leader est bien secondé.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela ferait un beau premier ministre.
M. BURNS: Cela nous manquait, une présence féminine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est vrai.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Article 1.
M. LEVESQUE: Il est distrait. Il a perdu ses moyens.
M. BURNS: Oui, j'ai complètement oublié ce dont je devais
parler.
M. PAUL: Je constate, M. le Président, que nous n'avons plus de
difficulté pour le quorum. J'espère que le député
de Notre-Dame-de-Grâce va garder un minimum de décorum.
M. TETLEY: Ah oui!
M. BURNS: J'attends que le ministre m'écoute.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il va revenir de ses émotions. Mon
Dieu! qu'il est dur à faire comprendre. Il ne comprend pas vite, le
ministre.
M. LEVESQUE: Est-ce que vous m'avez posé une question?
M. BURNS: J'attendais que vous soyez attentif.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous avons de la misère à nous
faire comprendre, il n'est pas brillant.
M. BURNS: La seule remarque que j'ai faite tantôt et que je
réitère ici sous forme de question au ministre est la suivante: A
l'article 205 qui est inclus dans l'amendement de l'article 1 que nous
discutons actuellement, on nous dit que la rémunération qu'une
commission scolaire peut payer au président et aux
commissaires, ainsi que la partie ou la fraction qui serait le
dédommagement pour dépenses payées sont fixées par
le lieutenant-gouverneur en conseil. C'est la même chose pour la partie
des dépenses dont je faisais mention.
Je me demande, et je pose la question au ministre, s'il n'y aurait pas
lieu, parce que cela présuppose une politique d'ensemble, je pense, que
ce genre de décision de la part du lieutenant-gouverneur en conseil...
C'est donc difficile de se faire écouter par le ministre. Ecoutez,
laissez-moi finir ma question.
M. LEVESQUE: Non, mais je sais à quoi vous voulez en venir.
M. BURNS: Non, vous ne m'écoutez pas depuis tantôt et c'est
pour cela que j'arrête. Je veux que vous me répondiez en sachant
ce que je vous pose comme question. Je ne vous blâme pas d'apprendre vos
devoirs à la dernière minute, on se rend bien compte que vous ne
savez pas exactement ce que contient le projet de loi.
M. LEVESQUE: Je sais de quoi il s'agit.
M. BURNS: Vous le savez probablement maintenant, mais vous faites du
rattrapage. Remarquez que je fais la même chose. Je demande simplement au
ministre s'il n'y aurait pas lieu que cette décision du
lieutenant-gouverneur en conseil soit soumise, d'une façon ou de
l'autre, à l'Assemblée nationale ou à un de ses corps
délégués comme une commission élue. Est-ce que le
ministre s'y oppose en principe ou est-ce absolument inacceptable à ses
yeux? D'autre part, est-ce que cela pourrait être envisagé?
M. LEVESQUE: Dans les arrêtés en conseil auxquels on se
réfère dans la loi, cela a toujours été la
même règle, 1/3, 2/3. C'est ce qui se fera, m'assure-t-on, dans
l'avenir. Cela tient compte des dispositions des lois de l'impôt
fédéral et provincial où on ne peut pas dépasser,
pour avoir les exemptions, la partie considérée comme allocation
ou la partie non imposable ne peut pas être plus de la moitié de
la partie rémunération.
On s'en tiendra, me dit-on, à cette division 1/3, 2/3, comme on
l'a fait d'ailleurs jusqu'à maintenant dans les autres
arrêtés en conseil.
M. BURNS: Mais ce n'est pas ma question.
M. LEVESQUE: Nous projetons de le faire. A l'article 5, c'est
écrit en toutes lettres: "Les frais de représentation
déterminés dans les dits arrêtés en conseil et qui
ont déjà été payés ou qui seront
payés, sont réputés être une
rémunération au sens de l'article 205 de la Loi de l'instruction
publique tel que remplacé par l'article 1 de la présente loi,
dont le tiers est réputé le dédommagement d'une partie des
dépenses..." La question?
M. BURNS: C'est pour cela que je voulais que le ministre écoute
très bien ma question. Je connais, comme lui, les dispositons
d'ailleurs elles nous affectent nous, les députés et les
ministres qui veulent que nous ne puissions pas avoir plus de 50 p.c. de
notre salaire à titre de dépenses non justifiées,
c'est-à-dire un tiers de dépenses et deux tiers de salaire. Mais
ce que je lui pose comme question, c'est l'énoncé de base qui se
trouve dans l'article 205 et qui dit: Le lieutenant-gouverneur en conseil fixe
je vais lire le texte la rémunération qu'une
commission scolaire peut payer au président et à chacun des
autres commissaires ou syndics d'école pour tous les services qu'ils
rendent à la commission à quelque titre que ce soit et pour les
dédommager d'une partie des dépenses inhérentes à
leurs fonctions, est fixée par le lieutenant-gouverneur". Qu'est-ce que
cela veut dire? Cela veut dire que le lieutenant-gouverneur en conseil fixe la
rémunération. C'est évident que la fraction de
dépenses devra respecter la règle à laquelle s'est
référé le ministre, que je connais et que sans doute la
majorité des membres connaissent. Ce n'est pas cela ma question. Je me
dis: Dans le fond, vous établissez une politique salariale. Est-ce qu'il
n'y aurait pas lieu que cette politique salariale que vous établissez
pour les commissions scolaires soit soumise à autre chose que l'aspect
exécutif du lieutenant-gouverneur en conseil? Est-ce que, dans vos
principes, c'est absolument inacceptable? Je prétend que non, parce que
vous le faites déjà par intervention dans les négociations
avec les commissions scolaires.
Le bill 46, qui a été parrainé par le ministre
actuel des Communications alors qu'il était ministre de la Fonction
publique, nous dit qu'aucune négociation entre une commission scolaire
et ses employés, entre les hôpitaux et leurs employés,
n'est valide si elle ne reçoit pas le consentement du gouvernement. Le
gouvernement, en l'occurrence, est le lieutenant-gouverneur en conseil. Mais
avec les problèmes que l'on a connus depuis quelques années dans
ce domaine, je me demande s'il n'y aurait pas lieu de faire un pas de plus et
de soumettre cela à un organisme plus large, plus vaste et plus
représentatif que le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. LEVESQUE: M. le Président, il y a des responsabilités
qui sont celles de l'Exécutif et d'autres, évidemment, qui sont
assumées à la suite de moins de consultations. On sait, par
exemple, que dans le cas des corporations municipales, un taux est fixé
dans la loi. On a fixé à tant par tête la
rémunération des édiles municipaux. Par contre, il y a une
infinité de cas qui font également l'objet d'arrêtés
en conseil pour déterminer les honoraires. Disons qu'il y a des cas qui
nous viennent à l'esprit, comme le Conseil supérieur de
l'éducation, où il y a des sommes fixées par
arrêtés en conseil, où il y a des comités qui sont
formés, où il y a une certaine rémunération pour
les membres des
comités ou des commissions, c'est-à-dire tant par jour,
tant pour séance, etc. Ce sont là toutes des décisions qui
sont prises administrativement mais qui sont soumises à la connaissance
des commissions parlementaires concernées. Il n'y a aucun doute que lors
de l'étude des crédits du ministère de l'Education, il est
possible de discuter justement de ces choses. Dans le budget, il y a des sommes
qui sont affectées et c'est une loi de la Législature
par le Parlement aux fins de compenser les commissaires
d'école.
Alors, il y a une façon de discuter ces conditions par le
truchement de la commisson parlementaire de l'éducation siégeant
pour l'étude des crédits. Tout de même, c'est une
suggestion que fait le député. Je n'ai pas d'objection à
en faire part à mon collègue, le ministre de l'Education,
à la première occasion.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 1? Adopté. Article 2?
Adopté. Article 3? Adopté. Article 4? Adopté. Article 5?
Adopté. Article 6? Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous remercions les conseillers du
ministre.
M. PILOTE (président de la commission plénière): M.
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que la commission a
adopté le bill 282, sans amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous remercions les conseillers du ministre,
surtout la conseillère.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture.
L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable à l'endroit du gouvernement, mais je ne
consens pas que la troisième lecture ait lieu. C'est un principe, pour
ma part, que j'ai adopté. Ce n'est pas du tout dans le but de harasser
le gouvernement. A moins que le leader du gouvernement me persuade qu'il y a
vraiment urgence, je préfère qu'on suive les étapes. Si
nous devons siéger demain, nous ferons la troisième lecture
demain. Cela nous permet, à tête reposée, d'examiner le
projet de loi, d'en voir les conséquences et de faire
véritablement un discours de troisième lecture. Nous allons
suivre les principes, de plus en plus. Il y a assez de folichonneries qui se
passent ici que, de temps à autre, quand on ramène l'affaire
à son vrai sens, c'est parfait. Je pense cela.
M. CHARRON: Je suis du même avis que mon leader, M. le
Président.
M. BACON: Cela vous concerne!
M. LEVESQUE: Personnellement, comme parrain du bill, je n'ai aucune
objection à attendre à demain, mais le sous-ministre de
l'Education vient de me faire remarquer que le recensement étant en
cours, on perd une autre journée qui pourrait être
préjudiciable.
M. BURNS: M. le Président, je vous livre mon propre
témoignage. Etant résident de Montréal, j'ai
été recensé samedi et la loi n'était pas
adoptée. Alors, il n'y a pas de problème. Le recensement se fait
actuellement, il se poursuit régulièrement. Tout ce qu'on fait,
c'est qu'on ajuste, à l'article 3, les conditions que tout le monde
respecte actuellement. Les gens se présentent aux domiciles et
demandent: Y a-t-il des votants de 18 ans et plus?
M. LEVESQUE: Nous n'insistons pas davantage, mais on comprendra que
comme titulaire du ministère de l'Education, mon expérience est
un peu récente. Je dois évidemment me retourner vers le
sous-ministre qui me dit qu'il serait préférable...
M. BURNS: Mais vous êtes tellement polyvalent, il n'y a pas de
problème.
M. LEVESQUE: ... que nous puissions oui, n'est-ce pas?
l'adopter aujourd'hui. Par contre, je ne crois pas qu'il y ait de
préjudice absolument grave, mais je ne peux pas le garantir. Si le
député de Maisonneuve dit qu'il ne croit pas qu'on puisse subir
de préjudice et qu'il est lui-même un électeur scolaire de
la ville de Montréal, nous allons prendre sa parole.
M. BURNS: Alors, la troisième lecture se fera demain.
M. LEVESQUE: D'accord.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Troisième lecture à la
prochaine séance ou à une séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'intention d'appeler la
motion concernant le règlement de la Chambre, mais il y aurait
peut-être lieu, si les partis sont d'accord, d'appeler, en attendant, le
projet de loi au nom du ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives. Y a-t-il des objections quelque part?
M. le Président, s'il n'y a pas d'objections, Loi concernant
certains placements des compagnies d'assurance, que vous retrouverez en
appendice.
Projet de loi no 283 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable ministre des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives propose la
deuxième lecture de la Loi concernant certains placements des
compagnies d'assurance.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, j'ai l'honneur de présenter,
en deuxième lecture, le projet de loi no 283, intitulé Loi
concernant certains placements des compagnies d'assurance.
Je ne crois pas que ce soit nécessaire, mais je voudrais noter
que le lieutenant-gouverneur de la province a vraiment pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'étude à cette auguste
Assemblée.
Je crois qu'il faut adopter ce bill parce que c'est une loi qui va
donner à certaines compagnies d'assurance, soit les compagnies
d'assurance à charte de la province de Québec, certains droits
que leurs concurrents, les compagnies à charte fédérale,
ont à l'heure actuelle. C'est le droit d'acquérir des
intérêts dans d'autres compagnies, dans une compagnie de fiducie
ou une compagnie de gestion afin de faire le même travail que celui des
compagnies fédérales qui sont si fortes et si importantes.
Nous espérons présenter, après 25 ans
d'étude, le projet de loi des assurances à la prochaine session;
mais c'est déjà une brique de 599 articles et je ne veux pas
causer de délais pour l'adoption de ce projet de loi qui est tellement
important. Donc, c'est avec ces quelques mots que je suggère l'adoption
du projet de loi 283.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, c'est un projet de loi que lé
ministre des Institutions financières aurait normalement dû nous
présenter avant aujourd'hui. Lorsqu'il s'agit de lois importantes,
surtout à caractère économique, on dirait que le
gouvernement actuel se spécialise à nous introduire ces lois aux
dernières heures d'une session. Il est probable que la session sera
prorogée demain ou jeudi, et il arrive que le ministre des Institutions
financières nous presse d'adopter une loi que je qualifierai de
nécessaire.
Nécessaire, M. le Président, afin de permettre à
nos compagnies d'assurance québécoises de concurrencer avec
avantage les compagnies à charte fédérale et pour que nos
compagnies québécoises ne soient pas limitées au champ
exclusif de l'assurance. Il est donc recommanda-ble que nos compagnies
d'assurance aient ce pouvoir d'acquérir des sociétés ou
d'autres compagnies de gestion et de fiducie. Ainsi, nous pourrons canaliser
davantage l'économie des Québécois.
Je trouve cependant, M. le Président, que le ministre aurait
dû nous dire si c'est à la demande unanime des compagnies
d'assurance québécoises que cette loi est présentée
ou si ce n'est pas sous la pression de l'une d'elles seule- ment. Et que le
gouvernement n'a pas voulu accorder un traitement de faveur et qu'il a voulu,
du même coup, placer sur le même pied toutes nos institutions
d'assurance québécoises.
C'est une loi que nous aurions aimé étudier dans toutes
ses implications et je m'interroge toujours quant aux raisons pour lesquelles
le ministre a été aussi laconique dans ses propos de
deuxième lecture. C'est une loi qui peut devenir extrêmement
importante pour l'économie du Québec.
De plus en plus, nous constatons que le gouvernement est
gêné lorsqu'il présente des lois à caractère
économique ou qui peuvent en quelque sorte rendre le Québec de
plus en plus maître chez lui, non pas dans la conception politique d'un
précédent gouvernement, mais pour que les Québécois
deviennent maîtres de leur économie, comme ce sera le cas pour
ceux qui possèdent des actions dans ces compagnies d'assurance à
charte ou à acte constitutif émanant de l'autorité
provinciale.
M. le Président, c'est une loi qui a sans doute été
présentée à la suite de pressions nombreuses d'une ou de
plusieurs compagnies et enfin le gouvernement se décide à bouger.
C'est une loi qui aurait dû être présentée l'an
dernier au moins, sinon il y a deux ans. Et, comme d'habitude, c'est en face de
la concurrence déjà assez active qui a été
néfaste dans certains milieux au point de vue de l'économie
québécoise que le gouvernement se décide d'agir. Le
ministre des Institutions financières dans ce domaine, comme ses
collègues dans d'autres domaines, agit un peu comme un pompier;
l'incendie, la fuite de nos capitaux ou la mainmise sur nos capitaux par les
compagnies étrangères à capital étranger se fait de
plus en plus marquant au Québec. Le ministre, devant les pressions et
les représentations des compagnies d'assurance
québécoises, décide enfin de faire suite à leurs
représentations et, même si c'est une loi qui est tardive, elle
est nécesaire. Sans doute, le ministre des Institutions
financières je ne voudrais pas être malin plus qu'il le
faut a peut-être eu l'ambition, a peut-être caressé
du doigt de présenter cette loi plus tôt mais il se devait de
céder la place à celui qui a presque paralysé les travaux
de l'Assemblée nationale depuis près de deux ans, le ministre des
Affaires sociales.
Quand nous venons d'assister à un excès de "bills" de la
part de tel ministre, nous comprenons que le ministre des Institutions
financières soit quelque peu gêné, qu'il soit timide, qu'il
soit sans enthousiasme, obligé de vivre à l'ombre de ce grand
seigneur de la politique sociale du gouvernement qui est le ministre des
Affaires sociales. Je suis certain que le ministre des Institutions
financières a d'autres lois en réserve; vous en avez cinq, voici
l'aveu de l'enfant du siècle, M. le Président. Je suis sûr
que le ministre nous dira...
M. TETLEY: Si vous me permettez, elles sont pour la prochaine session.
Je vais les
pistonner aussi vite que possible à la prochaine session.
M. PAUL: M. le Président, voici que notre ministre des
Institutions financières devient un linguiste de plus en plus
marqué.
M. TETLEY: J'ai copié ce mot de vous; vous l'avez dit il y a deux
mois
M. PAUL: Vous savez qu'il y a patronage dans le dictionnaire mais, quand
on veut être plus "fancy", on emploie le mot pistonnage ou pistonner.
C'est en ce sens, M. le Président, que le ministre des
Institutions financières nous déclare de bonne foi,
spontanément, qu'il a cinq lois importantes à nous
présenter. Nous espérons et souhaitons que ces lois soient
introduites au tout début de la prochaine session, afin que nous ne
soyons pas encore dans la fâcheuse obligation d'attendre jusqu'à
l'ajournement de juillet ou l'ajournement d'automne. Ce sera peut-être
à ce moment-là trop tard parce que ce ne sera plus le
privilège du ministre actuel des Institutions financières
d'être le parrain de ces lois, sachant fort bien quel sort sera
réservé à l'équipe gouvernementale lorsqu'elle aura
affronté l'électorat; cette équipe devra répondre
de son inaction, de sa lenteur, de son incurie, comme c'est le cas du ministre
actuel, parrain de cette loi.
De toute façon, M. le Président, nous n'avons pas de
choix. Je vous sais un homme d'affaires expérimenté, et je sais
qu'actuellement vous auriez aimé être à notre place
à nous dans l'Opposition pour constater le retard apporté par le
gouvernement à présenter sa loi.
M. le Président, voici que le ministre des Institutions
financières n'a pas le temps de présenter sa loi. Savez-vous quel
cadeau on a voulu vous faire hier soir? On a voulu vous donner l'application du
code des professions. Nous nous sommes opposés, nous nous sommes dit, M.
le Président: Un ministre qui a des lois aussi importantes à
présenter et qui ne peut pas les présenter, parce qu'il manque de
conviction,...
M. TETLEY: Ce n'est pas vrai.
M. PAUL: Un instant, ce n'est pas parlementaire de dire que ce n'est pas
vrai.
M. TETLEY: Vous me permettez d'intervenir sur une question de
privilège?
M. PAUL: Vous aurez une réplique. Je n'ai pas dit qu'il n'avait
pas le courage, j'ai dit qu'il n'avait pas l'audace d'insister auprès de
ses collègues ministres, pour présenter une loi aussi importante.
Nous avons dit: Halte-là! Nous n'irons pas enfarger davantage le
ministre des Institutions financières. Tant et aussi longtemps qu'il
nous présentera des lois aussi importantes que celle-là, mais en
temps approprié, beaucoup plus hâtivement qu'il ne le fait
aujourd'hui avec cette loi, il aura notre appui et cette fois sans reproches
bien mérités. Je ne voudrais cependant pas que le ministre des
Institutions financières pense que c'est un affront, que les reproches
que nous faisons sont adressés à sa personnalité joviale,
de commerce agréable; non, c'est le ministre que nous ne pouvons
accepter, avec une telle inertie, à la tête d'un ministère
aussi important.
J'espère que le ministre va faire acte de repentir, qu'il va se
munir d'une contrition nécessaire à une action positive,
dynamique, de l'avant, pour nous présenter à temps ses lois qui
contribueront sans doute à promouvoir, à stimuler et à
sauvegarder le patrimoine économique des Québécois.
C'est pour ces raisons, M. le Président, que nous allons voter
pour cette loi, que nous aurions aimé cependant pouvoir étudier
d'une façon plus exhaustive, plus complète et en essayant
d'obtenir des informations quant aux motivations, à la justification,
aux pressions, aux demandes, aux recommandations qui furent adressées au
ministre pour savoir pourquoi il a attendu jusqu'à ce jour pour
présenter sa loi.
M. le Président, c'est en toute amitié que j'ai
adressé ces quelques reproches à mon bon ami le ministre des
Institutions financières, mais je le connais comme un homme qui,
à un moment donné, a des sautes d'activité, des sautes, je
ne dis pas d'humeur, parce que vous savez qu'il a toujours une humeur
agréable avec nous en Chambre.
Jamais il ne perd le contrôle de lui-même. Il est toujours
attentif à nos propos, spécialement aux propos qui lui sont
adressés par des députés du Parti québécois.
Il a un faible pour eux, nous avons constaté ça
déjà et pour toutes ces raisons,...
M. TETLEY: Les élections.
M. PAUL: ... nous l'invitons à agir dès le début de
la prochaine session, plutôt que d'attendre aux dernières heures
de la prochaine session, pour nous présenter les lois qui semblent
prêtes et qui sont nécessaires, comme je le disais tout à
l'heure, et, en terminant, je le répète, pour sauvegarder
l'autonomie économique des Québécois.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, le projet de loi no 283 soumis
actuellement à l'étape de la deuxième lecture permet aux
députés de chacun des groupements politiques de s'exprimer et de
faire connaître leur point de vue sur le projet de loi.
Malheureusement, M. le Président, nous ne pourrons pas, en ce qui
nous concerne, faire connaître notre point de vue sur le projet de loi no
283 et je m'explique, à l'intention de l'honorable ministre.
Je m'étonne que des lois à caractère
économique aient si peu de considération de la part du
gouvernement qui dirige le Québec à l'heure actuelle. On nous
avait parlé de la relance économique, on nous avait parlé
de la reprise en main de différents contrôles de nos
activités économiques. Pour une fois qu'il nous arrive une petite
loi à caractère économique à l'Assemblée
nationale, elle nous arrive à la dernière minute. Cette loi
était en appendice au feuilleton de ce matin et c'est à dix
heures ce matin que nous avons pris connaissance que l'honorable ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives allait
déposer un projet de loi concernant les compagnies d'assurance.
Le gouvernement nous a demandé le consentement unanime pour
pouvoir déposer le projet de loi immédiatement. Avant six heures,
on revient devant l'Assemblée nationale pour encore demander le
consentement unanime afin que cette loi soit étudiée
immédiatement. Nous avons donné notre consentement comme mesure
de collaboration et pour l'avancement de nos travaux parlementaires. Où
allons-nous de cette façon? Le gouvernement ne sait même pas
où il va. On nous a dit qu'il y avait des compagnies d'assurance ou
autres, mais le gouvernement nous donne comme renseignement un texte de loi de
quelque quinze lignes et dit aux députés de l'Opposition:
Arrangez-vous avec cela ! Prenez le temps que vous pourrez pour vous
renseigner, faire de la consultation, examiner ce projet de loi, faire de la
recherche et tenter de voir la portée de ce projet de loi.
Nous n'en savons absolument rien. Il nous a été impossible
aujourd'hui d'en savoir plus long, compte tenu de l'ordre du jour de nos
travaux parlementaires et compte tenu aussi des projets de loi qui devaient
être discutés avant celui-là. Au moment même
où on l'a appelé tout à l'heure, j'allais à mon
bureau chercher un autre dossier, celui d'un projet de loi qui devait
être appelé avant six heures. On ne sait pas à dix minutes
d'avis quels seront les projets de loi qui seront présentés
devant l'Assemblée nationale. On dit aux députés de
l'Opposition qu'il faut siéger de bonne heure le matin, à dix
heures, et qu'il faut siéger jusqu'à minuit. On a la motion
omnibus qui pèse toujours au-dessus de notre tête et le
gouvernement nous force à procéder parce que cela presse, la
session achève.
Je ne comprends pas l'honorable ministre des Institutions
financières et le gouvernement de ne pas avoir au moins inscrit ce
projet de loi au feuilleton avant aujourd'hui, de ne pas avoir même
osé le déposer en première lecture avant aujourd'hui pour
que nous puissions en prendre connaissance. Chaque fois que le gouvernement a
procédé de cette façon, il y a toujours eu anguille sous
roche. Je me souviendrai toujours du fameux projet de loi je le fais, M.
le Président, par référence concernant la
Société Rexfor pour laquelle, à la toute dernière
minute, à deux heures de la matinée, on avait demandé de
voter des crédits de $25 millions. Nous avions dû user d'un tour
de force; il avait même fallu scruter l'avenir, scruter les astres pour
savoir ce qu'il y avait derrière ce projet de loi. On sait ce que nous
avons découvert.
M. JORON: M. le Président, sur une question de règlement.
Je m'excuse, je ne veux pas être désagréable envers le
député de Beauce, mais je vous invite, M. le Président, en
écoutant les remarques que fait actuellement le député,
à vous interroger sur la pertinence de ses propos, à savoir plus
particulièrement s'ils portent sur le principe du projet de loi ou s'il
n'est pas en train de nous parler de l'ordre des travaux de la Chambre. S'il
veut parler sur une question de règlement, c'est son droit; mais s'il
parle en deuxième lecture, sur le principe du projet de loi, nous
aimerions bien savoir ce qu'il a à dire.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais tout simplement
demander à l'honorable député de Gouin de prendre son
règlement à la page 42 et de lire l'article 122. J'ai pris la
peine de dire que je faisais ces remarques par référence, en
comparaison, pour les fins du présent débat; ce que le
député de Gouin n'a pas compris, qu'il ne comprend pas et qu'il
ne comprendra jamais.
Je regrette cet incident. Ils sont tellement séparatistes qu'ils
ont des oeillères, ils ne voient pas plus loin que les deux ou trois
petits paragraphes qu'ils ont devant eux. Ils n'admettent pas qu'un
député dans cette Chambre s'interroge et essaie de faire un peu
de lumière pour tenter d'éclairer le gouvernement, de parler
d'autres choses que de la langue française et du séparatisme.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. ROY (Beauce): Le député de Gouin et les
députés du Parti québécois n'ont pas à nous
donner des leçons de règlement ou de procédure dans cette
assemblée. Ils n'en ont pas plus que nous n'en avons.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Sur la question de règlement, M. le
Président. Le député de Beauce, pour nous prouver qu'il
est dans l'ordre, nous cite l'article 122. Si vous lisez l'article 122, on dit:
"Le débat sur toute motion de deuxième lecture doit être
restreint à la portée, à l'à-propos, aux principes
fondamentaux et à la valeur intrinsèque du projet de loi, ou
à toute autre méthode d'atteindre ses fins."
Je pense que le député de Beauce n'est pas du tout dans
l'ordre, parce que cela n'a aucun rapport avec l'article 122 qu'il a
évoqué.
M. BROCHU: M. le Président, sur le point de règlement
soulevé par le député de Sainte-Marie. Tout ce qu'il a
réussi à prouver, c'est qu'il était tout simplement un bon
lecteur. En fin de compte, le député de Beauce a bel et bien
mentionné qu'il procédait par référence d'une part
et, deuxièmement, dans la connaissance que vous avez du
règlement, on a vu, dans l'intervention du député de
Maskinongé, qu'il avait pu faire certaines références pour
bien démontrer à quel endroit se situe le projet de loi dans le
contexte de nos discussions actuelles.
Je pense que nous avons eu simplement une bonne lecture, mais on devrait
permettre au député de Beauce de continuer le brillant
exposé qu'il avait commencé.
M. CHARRON: Sur le point de règlement, M. le Président. Le
député de Gouin et le député de Sainte-Marie ont
signalé cet article fondamental de notre règlement qui
précise, lorsqu'il s'agit d'un débat de deuxième lecture
ou si on a quelque chose à dire de cohérent, de sensé et
d'intelligent, comme critique à apporter au ministre en question, que
nous pouvons alors faire un discours qui, selon les termes même de
l'article 122, porte sur les principes mêmes du bill le
règlement est très clair là-dessus ou on se tait,
on s'asseoit et on admet qu'on n'a rien à dire d'intelligent et de
sensé sur le problème.
C'est pertinemment ce qu'aurait dû faire le député
de Beauce, depuis le début de son intervention.
M. SAMSON: L'honorable député de Sainte-Marie, si on peut
le qualifier ainsi, n'a même pas la capacité de celui qui l'a
précédé. L'autre, au moins, savait lire comme il le faut.
Lui, il ne semble pas savoir lire, ou bien, il ne comprend pas quand il lit. Il
est bien écrit, à la fin de l'article 122: "...ou à toute
autre méthode d'atteindre ses fins". Même s'il ne comprend pas cet
article quand il s'agit des autres, il vient de l'appliquer pour lui. Il a pris
toute autre méthode d'atteindre ses fins qui ne sont pas celles que nous
discutons présentement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Beauce.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Mon cher Yvon. Mon cher Camille.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que vous pourriez
rappeler à l'ordre les honorables membres du Parti
québécois en particulier?
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY (Beauce): Ils sont extrêmement nerveux lorsque nous parlons
dans cette assemblée. Je me permets de croire que leur nervosité
augmente, suite aux récents sondages qui ont été faits
concernant la popularité de leur parti.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Je ne peux pas
décider si ses paroles sont dans l'ordre parce que je ne peux pas
entendre; il y a trop de bruit dans la Chambre.
Si les députés se calment, je pourrai entendre.
M. PAUL: Sur un rappel au règlement, M. le Président.
Pourriez-vous demander à vos collègues, qui siègent
à droite, de lire l'article 25 du règlement? Pendant ce temps,
vous pouvez être sûr que le député de Beauce va
pouvoir se faire entendre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je demande à tous les
députés de lire l'article 25. Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Je disais donc que le
gouvernement actuel, dans ses lois, surtout dans des lois qui ont un
caractère économique, n'est même pas capable de
prévoir au moins deux jours d'avance quelles seront celles qui seront
présentées devant l'Assemblée nationale, afin que nous
puissions en faire une étude objective. Ainsi nous pourrions faire les
démarches et les recherches nécessaires pour connaître les
implications et les conséquences de ces projets de loi. C'est
extrêmement déplorable. C'est à ce moment-ci que je
m'interroge, surtout à la suite de certaines réflexions de la
part des membres du Parti québécois. Pourquoi le gouvernement
procède-t-il si vite et à la cachette?
J'ai fait cette référence pour illustrer que ce n'est pas
la première fois que le gouvernement agit ainsi. A chaque fois que le
gouvernement agit de cette façon, nous nous sommes retrouvés dans
des situations que nous devions dénoncer dans l'intérêt de
la population du Québec et dans l'intérêt de certaines
couches de la société.
Aujourd'hui, je me demande encore pourquoi le ministre des Institutions
financières pour qui j'ai beaucoup d'estime et qui est quand
même un ministre toujours présent et le leader du
gouvernement n'ont pas procédé autrement. A voir la
réaction des membres du Parti québécois, je me demande
s'il n'y a pas un peu de séparatisme là-dedans ou s'il n'y a pas
eu certaines influences de la part de certains fonctionnaires péquistes
qui ont permis à certains membres du Parti québécois
d'avoir de très bons dossiers, de très bons documents de
recherche pour dire: Seuls les membres du Parti québécois ont
été en mesure de faire de bonnes interventions sur ce projet de
loi. Ce sont des questions qu'on peut se poser, M. le Président.
M. TETLEY: Vous me permettrez d'invoquer le règlement. Je n'ai
pas fourni, ni aujourd'hui ni dans le passé de l'information à un
seul
parti et certainement pas dans ce cas-ci. Je vous demande pardon aussi
de présenter ce bill à la dernière minute.
UNE VOIX : Allez-vous recommencer? M. TETLEY:Non, non!
M. ROY (Beauce): M. le Président, pour obtenir le pardon, il y a
une condition essentielle, c'est le ferme propos. Même si le ministre a
le ferme propos, je ne crois pas que le gouvernement, à l'heure
actuelle, puisse l'avoir.
M. VEILLEUX: Le respect de la personne humaine!
M. ROY (Beauce): Tiens, les membres du Parti parti, M. le
Président, qui font entendre certains échos dans cette
Assemblée.
Je disais donc que nous avons le droit de nous poser des questions
à savoir quelles sont les compagnies d'assurance qui ont demandé
cette loi. Nous n'avons pas d'information. Je pose des questions au ministre et
il pourra répondre dans sa réplique, tout à l'heure. J'ai
d'ailleurs d'autres questions à lui poser. J'aimerais connaître
les raisons fondamentales qui font que le gouvernement présente cette
loi à la dernière minute. Ce sont des raisons que nous pouvons
difficilement nous expliquer. L'on sait que les compagnies d'assurance ont un
grand rôle à jouer dans l'économie de notre province, en
particulier. Les compagnies d'assurance constituent un canal de
l'épargne à nul autre pareil et un réservoir de capitaux
quasi inépuisable. Voici quelques chiffres révélateurs,
tirés du rapport annuel du Service des assurances pour l'année
1970, rapport publié par le ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives. Je cite la page 6: "Il
fut perçu en 1970 au Québec un total de $524,914,000 en primes
d'assurance-vie."
Lorsque je regarde l'importance de l'assurance-vie au Québec et
la masse de capitaux énormes que constitue le réservoir de nos
compagnies d'assurance-vie, je m'étonne et je ne trouve pas les
justifications qui peuvent nous expliquer pourquoi le gouvernement a si peu de
considération à l'endroit de ces institutions, a si peu de
considération à l'endroit d'un secteur de notre activité
économique. Elles ont un rôle fondamental, un rôle
très important à jouer dans le développement et le
financement de différentes corporations, mettant des capitaux à
la disposition des municipalités, des commissions scolaires, des corps
publics, ou encore pour le financement même des entreprises de chez nous,
sans oublier les secteurs de la construction, de l'habitation et des
édifices publics qui sont, dans un très fort pourcentage,
financés par des hypothèques détenues par les compagnies
d'assurance-vie.
On sait, M. le Président, que les nouvelles émissions de
polices et d'assurance-vie en vi- gueur en 1970 représentaient un
montant global d'au-delà de $36.5 milliards, uniquement au
Québec. C'est vous en dire encore l'importance, M. le Président.
La majeure partie des placements des compagnies d'assurance, nous le savons,
avant l'achat des obligations, se fait avec l'achat d'obligations et en
prêts hypothécaires. On veut maintenant leur permettre
d'acquérir des actions entièrement libérées de
toute corporation. Il faudrait savoir quelle est la nature de ces corporations,
dans quel domaine ces corporations vont travailler, sous quel contrôle
ces corporations seront. Est-ce que ce seront des corporations canadiennes,
est-ce que ce seront des corporations contrôlées par des capitaux
étrangers au Québec, est-ce que ce seront des corporations
à contrôle majoritaire par des Québécois?
M. le Président, on sait aussi que les compagnies d'assurance
sont très avantagées par la nouvelle réforme fiscale.
Premièrement, non-imposition des sommes perçues des polices
d'assurance, obligation d'achat de rentes à versement invariable pour
contribuables admissibles à l'impôt à taux réduit.
Ce nouveau marché procurera des rentrées de fonds
considérables pour le commerce de l'assurance. Les compagnies ont donc
demandé qu'on leur ouvre un nouveau marché de placements. En
échange de quoi cette largesse du gouvernement à l'égard
des compagnies d'assurance? C'est une autre question que je pose à
l'honorable ministre des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives.
Ces fonds énormes pourraient avec avantage être
accordés sous forme de bonis ou de dividendes aux assurés qui
bénéficieraient ainsi d'un pouvoir d'achat accru. On permet de
plus en plus au capital étranger de s'accaparer nos richesses. Est-ce
que, par ce canal de transfert de capitaux et de titres de
propriétés, de titres d'entreprises, des actions d'entreprises,
on fera en sorte que, par tout le jeu des compagnies à contrôle,
des compagnies de gestion ou autres, les capitaux québécois
soient encore à la disposition des entreprises étrangères?
Celles-ci viendront encore investir chez nous, avec nos propres capitaux, pour
tâcher de devenir possesseurs et maîtres de nos entreprises, de se
donner les meilleures situations, de prendre nos dividendes et faire traverser
ces dividendes et les meilleurs salaires outre-frontières, contribuant
encore à accroître la dépendance du Québec et
obligeant le ministre des Finances à retourner sur le marché des
emprunts étrangers pour faire l'équilibre du fonds des changes
d'équilibre au compte des balances de paiement pour tâcher
d'équilibrer le fonds commercial de la province de Québec.
M. le Président, ce sont toutes des questions sur lesquelles nous
avons le droit de nous interroger. C'est pourquoi nous aurions aimé, en
ce qui nous concerne, pouvoir étudier ce projet de loi beaucoup plus en
profondeur, être en mesure de faire beaucoup plus de recherches,
de faire des rencontres, des contacts pour faire les meilleures
suggestions au gouvernement ou encore proposer des amendements. Mais, M. le
Président, au lieu de nous permettre un véritable débat
à l'Assemblée nationale sur ce projet de loi et sur tout ce qui
regarde la gestion des portefeuilles des compagnies d'assurance-vie, le
financement des entreprises, le transfert de nos fonds, les fonds de chez nous,
et l'argent de nos Québécois, accumulés dans les
compagnies d'assurance et qui traversent la frontière pour, comme je
viens de le dire, permettre à des étrangers de venir acheter nos
entreprises au lieu de cela, au lieu de permettre que la lumière se
fasse, au lieu de permettre un débat objectif.
Le gouvernement arrive devant l'Assemblée nationale à la
dernière minute, demande l'accord pour présenter le projet de
loi, demande encore l'accord pour l'étudier en deuxième lecture
et tout ça se fait la même journée.
M. le Président, je vais me permettre d'avertir le gouvernement
qu'en ce qui nous concerne c'est la dernière fois que nous lui accordons
notre consentement pour ce genre de chose. Il va tout de même falloir
qu'il y ait quelqu'un dans cette Assemblée qui prenne cette
responsabilité de façon que nous puissions, dans l'avenir, ne pas
avoir à faire face à des situations comme celle que nous avons
à envisager.
M. le Président, je tiens à avertir le gouvernement, qu'il
en prenne bonne note, qu'il ne compte plus sur notre collaboration pour
tâcher de faire avancer ce genre de travaux. Si l'honorable
député de Chauveau veut faire un discours...
M. HARVEY (Chauveau): C'est du chantage.
M. ROY (Beauce): ... sur le projet de loi en deuxième lecture, il
peut demander la parole au président, qui se fera certainement un
plaisir de la lui accorder. Mais, comme il est tellement muet à cette
Assemblée nationale et qu'on l'entend si peu souvent, nous n'aurions pas
de difficulté à avoir le quorum parce que ce serait certainement
un événement, même l'événement de
l'année que d'entendre l'honorable député de Chauveau
faire une intervention intelligente devant cette Assemblée.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le bill, s'il vous plaît !
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. HARVEY (Chauveau): Je dis moins de conneries comme ça.
M. ROY (Beauce): M. le Président, on pourrait quand même se
faire une opinion à la suite de son intervention. Ceci dit, à
moins que le ministre nous donne toutes les informations et réponde le
plus objectivement possible, qu'il nous fasse même parvenir des documents
avant que cette loi ne soit adoptée en deuxième lecture,
n'étant pas suffisamment informés, n'étant pas
suffisamment au courant de ce qui se cache derrière cette loi nous ne
voterons pas contre cette loi, nous ne voterons pas pour cette loi non plus,
mais nous nous abstiendrons de voter.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, voici un projet de loi qui porte comme
titre général Loi concernant certains placements des compagnies
d'assurance. Il s'agit des placements que peuvent ou ne peuvent pas faire les
compagnies d'assurance-vie. C'est le titre général qui nous
permet peut-être d'ouvrir la discussion. D'autre part, le projet de loi
porte sur un aspect précis, sur un type spécifique de placement,
que l'on autorise maintenant les compagnies d'assurance-vie à faire.
On a fait un accroc à la procédure en sacrifiant
l'intervalle normal d'une journée qu'il doit y avoir entre la
première et la deuxième lecture. On pouvait se permettre de le
faire parce que, pour ceux qui savent lire le français en tous les cas,
à la lecture même du projet de loi on voit rapidement ce dont il
s'agit.
Ce n'est pas bien compliqué de se prononcer sur ce principe et je
ne pense pas qu'on ait besoin d'un intervalle de 24 heures pour aller consulter
des dossiers ou des recherchistes. L'orateur qui m'a
précédé a déploré le fait que cet intervalle
ne lui était pas permis parce qu'on avait fait accroc au
règlement. Je vous soumets honnêtement que je ne vois pas ce que
la journée de différence aurait pu faire. Ce n'est pas une
journée de réflexion que ça lui aurait pris pour dire
quelque chose de précis sur ce projet de loi, c'est probablement 30
ans.
Ceci dit, M. le Président, ceux qui savent lire le
français peuvent rapidement voir qu'il s'agit tout simplement de
consacrer un état de fait.
Ceux qui sont familiers avec le domaine financier et celui de
l'assurance savent que déjà les compagnies d'assurance-vie, par
rapport aux compagnies d'assurance générale, sont intimement
liées les unes aux autres. Si, spécifiquement, la loi
n'autorisait pas, par exemple, une compagnie d'assurance-vie à
détenir des actions de contrôle majoritaires dans certains cas
d'une compagnie d'assurance générale, les assureurs, en pratique,
inversaient le problème et c'était la compagnie d'assurance
générale qui contrôlait la compagnie d'assurance-vie, ce
qui à toutes fins pratiques revient au même.
C'est ce que ce projet de loi consacre, quelque chose qui se fait de
toute façon. On veut rendre l'affaire plus normale, plus légale,
si vous voulez, simplement sanctionner un état de fait qui existe
déjà.
Je rappelle aussi que si on présente ce projet de loi
aujourd'hui, cela s'inspire de la commis-
sion d'enquête sur les institutions financières qui avait
été instituée par le gouvernement du Québec il y a
déjà plusieurs années et qui avait fait des
recommandations semblables, des recommandations de rationaliser ou de
moderniser la structure de notre système financier au Québec, de
façon à regrouper sous les mêmes toits des ensembles
d'activités financières qui sont proches parentes comme,
justement, l'assurance-vie, l'assurance générale, on pourrait
même dire les fonds mutuels, enfin tous les services relativement
connexes. C'était l'essence de l'esprit qui animait le rapport
Parizeau.
C'est tout simplement ce que l'on vient consacrer aujourd'hui. Ce n'est
pas une loi bien sorcière. Elle est tellement maigre en fait que si on
s'en tenait au seul article du projet de loi, on ne pourrait pas parler bien
longtemps. Mais ce n'est pas ce que j'ai l'intention de faire, je veux
simplement ajouter, parce que le titre du projet de loi concerne les placements
généraux des compagnies d'assurance qu'il aurait
été important d'introduire dans ce projet de loi des dispositions
plus spécifiques portant non seulement sur le droit des compagnies
d'assurance-vie d'acquérir des titres, mais sur les placements en
général que les compagnies d'assurance-vie 'font avec l'argent
qui leur est souscrit par les payeurs de primes. A cet égard, le
député de Beauce a eu raison de signaler un fait capital et
extrêmement important. Ce qu'il est important de contrôler dans le
domaine de l'assurance-vie au Québec, bien davantage que de
contrôler les placements que les compagnies d'assurance-vie peuvent faire
dans d'autres institutions financières, c'est le réinvestissement
des primes.
Ce problème a été souligné avant moi par le
député de Beauce, qui fait que les Québécois payent
considérablement de primes. Les compagnies d'assurance-vie sont les
deuxièmes en importance, le deuxième type d'institutions
financières qui drainent de l'épargne au Québec.
Après les banques, ce sont les compagnies d'assurance-vie qui sont les
plus importantes. Il se draine énormément d'épargnes
payées par les Québécois sous forme de primes à
travers les compagnies d'assurance-vie.
Or, on n'a pas de mécanisme, à l'heure actuelle, pour
contrôler si ces primes-là sont réinvesties ou sont
placées au Québec. On sait maintenant, à la suite de la
publication tant du rapport Gray que du rapport Porter et de toute une foule de
statistiques, que le Québec, à l'heure actuelle, est probablement
en train d'exporter de l'épargne. C'est le ministre de l'Industrie et du
Commerce qui y a fait allusion d'ailleurs, il n'y a pas tellement longtemps,
dans un discours, à Montréal, sur une tribune quelconque. Il a
fait allusion à ce phénomène. Ce qui manquait au
Québec, ce n'était pas l'épargne, le Québec,
à part des périodes très courtes et temporaires de grande
expansion, avait les capitaux et l'épargne nécessaires pour
assurer un plein développement normal. Mais ce qui manquait,
c'étaient les mécanismes de contrô- le de façon
qu'on s'assure que l'épargne des Québécois serve les
priorités et les besoins des Québécois.
A l'heure actuelle, on assiste à des curieux de
phénomènes. Quand on voit une compagnie d'assurance-vie, par
exemple, disons la Métropolitaine ou la Prudential de New York souscrire
à des obligations du gouvernement du Québec et qu'on voit une
compagnie d'assurance-vie de New York acheter $50 millions ou $25 millions ou
peu importe, d'obligations du gouvernement du Québec, bien des gens
voient là un apport de capital étranger, alors qu'en fait, c'est
de l'épargne québécoise qui a été
dérivée à New York à travers les compagnies
d'assurance-vie qui opèrent ici et qui nous est
reprêtée.
En d'autres mots, c'est aujourd'hui une partie, on le sait, de notre
propre argent qui nous revient. Ce qu'il est important d'avoir dans l'avenir,
ce sont des mécanismes assurant que cet état de fait ne se
produise plus. On pourrait ajouter aussi bien d'autres aspects. Je fais juste
les mentionner. Un article qui aurait pu, par exemple, en même temps,
favoriser la participation des assurés aux décisions et aux
placements que les compagnies d'assurance font avec leur argent.
Cela aurait pu, par exemple, prendre la forme d'une incitation à
la mutualisation, parce qu'on sait qu'une compagnie mutuelle,
théoriquement sinon tout le temps en pratique, est
contrôlée par ses assurés.
C'est la raison pour laquelle, dans notre programme politique, nous
attachons une importance considérable à la mutualisation du
secteur de l'assurance-vie parce que c'est une technique qui permet non
seulement aux Québécois globalement, de contrôler leur
épargne, mais aux assurés eux-mêmes, à ceux qui
paient des primes, d'avoir un mot à dire quant à l'affectation de
ces fonds, à qui l'argent sera prêté et à quoi il va
servir.
Aujourd'hui, on peut voir dans des quartiers populaires des grandes
villes, dans des quartiers parfois défavorisés, de
l'épargne perçue par les primes que ces gens paient et cette
épargne, parce qu'elle passe par l'intermédiaire d'une compagnie
d'assurance-vie que les assurés ne peuvent pas contrôler, sera
parfois investie dans des constructions de maisons d'habitation de luxe dans
d'autres quartiers de la ville. Je pense qu'il faudrait avoir un système
financier qui permette à ceux qui paient de contrôler
l'utilisation de leurs fonds et que cela commence à servir leurs besoins
avant de servir les besoins des autres. C'est un exemple de choses que nous
aurions aimé voir dans un projet de loi concernant les assurances.
En terminant, nous sommes encore loin d'une loi qui va nous satisfaire.
Si nous apportons notre appui à ce projet de loi somme toute
bénin il n'est pas bien important cela ne veut pas dire
je tiens à ce que vous en preniez note que nous sommes
satisfaits et que nous nous limitons à une telle loi dans le domaine
des assurances. Le programme de notre parti implique bien davantage.
Je termine en trente secondes. Il implique, dans le domaine des
institutions financières globalement cela s'applique
évidemment à un type d'institutions financières que sont
les compagnies d'assurance-vie un contrôle nécessairement,
majoritairement québécois de telles institutions à cause,
justement, de toute l'importance de ces institutions puisque ce sont les canaux
à travers lesquels circulent l'épargne et l'argent des
Québécois.
Il est évident qu'une telle loi, qui imposerait dans le secteur
financier un contrôle majoritairement québécois, ne peut
pas devenir loi dans le contexte constitutionnel actuel, parce que ce serait
ultra vires pour le Parlement du Québec d'adopter une telle loi. C'est
une des illustrations qui montrent que si on veut faire quelque chose dans ce
domaine, il faut avoir le pouvoir de le faire, il faut avoir le droit de le
faire. C'est pour des raisons comme celles-là, entre autres, que nous
prônons l'indépendance du Québec, c'est-à-dire le
droit pour l'Assemblée que nous sommes de légiférer sur
des cas semblables.
M. TETLEY: M. le Président, je crois devoir une réplique
aux honorables députés; donc, je demande la suspension du
débat.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 22
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Est-ce qu'il serait possible d'obtenir du gouvernement
un calendrier des travaux pour ce soir? Est-ce que le gouvernement pourrait
nous dire quel sera l'ordre de nos travaux demain et à quelle heure on
prévoit le début de la séance, demain, de façon
à permettre à nos députés de planifier leur travail
avec le maximum d'efficacité?
M. BOURASSA: M. le Président, il y a le projet de loi 22, je
crois, sur le regroupement du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement. Ensuite, il y a deux lois sur Hull et une autre ville
je crois que les partis d'Opposition ont été
consultés à ce sujet qui vont être
déposées par le ministre des Affaires municipales. Ceci devrait
nous permettre de nous rendre à l'ajournement ce soir, et demain, la
Chambre pourra siéger de trois à six heures, avec prorogation
très probablement à six heures, demain soir.
M. ROY (Beauce): Je remercie le premier ministre de nous avoir
donné tous ces détails.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. William Tetley
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Je voudrais répondre
aux trois opinants de l'Opposition, soit le député de
Maskinongé, le député de Beauce, le député
de Gouin qui ont posé des questions importantes et intelligentes.
J'espère que les réponses seront aussi intelligentes et aussi
valables que les questions. Tout d'abord, ils ont tous demandé: Pourquoi
présenter ce projet de loi à la dernière minute? Je
présente ce projet de loi à la première minute. J'aurais
pu le présenter à la prochaine session mais je veux le
présenter tout de suite. Je ne veux pas parler du discours inaugural,
mais j'espère néanmoins que le lieutenant-gouverneur mentionnera
la loi des assurances. L'article en question est un article qu'on veut inclure
dans ce projet de loi pour la prochaine session mais qui serait adopté
vers septembre, juillet ou d'ici quelques mois.
Donc, le seul article qui se trouve dans le projet de loi 283 est d'une
telle importance et, comme nous allons apparemment terminer bientôt les
travaux de cette session je voulais que cet article soit adopté.
Cet article se trouve presque mot à mot à l'heure
actuelle, dans la Loi du Canada et la Loi de l'Ontario. Dans la Loi du Canada,
c'est dans la Loi des assurances, article 65-1-g), et, dans la Loi de
l'Ontario, c'est l'article 383-8-g de la Loi de l'assurance, chapitre 224.
Il est important. C'est pourquoi je présente ce projet de loi
immédiatement. J'apprécie beaucoup votre coopération. La
loi est importante parce que et je réponds à la
deuxième question que vous avez tous posée l'Association
des compagnies d'assurance-vie de la province de Québec appuie cet
article ou cette loi. Elle a même fortement demandé une telle loi
et il y a longtemps.
Le député de Maskinongé a dit, avec raison, qu'il y
avait surtout une compagnie qui le voulait, et c'est vrai. Je crois que c'est
l'Industrielle. D'autres compagnies, cependant, ont fait la même demande,
mais, très récemment, je crois que c'est l'Industrielle, si ma
mémoire est bonne.
Le député de Beauce a demandé aussi, je crois,
quels sont les pouvoirs que nous allons accorder. Nous allons, je crois, suivre
l'exemple du Canada et de l'Ontario et peut-être dépasser ces
provinces. Les trois sujets sont: premièrement le contrôle des
successions parce que, aujourd'hui, seules les compagnies de fiducie ont le
droit de régler les successions, à part les notaires et les
avocats, deuxièmement les propriétaires de compagnies de gestion,
troisièmement les compagnies de services actuariels, etc.
En voilà trois. Il y en a un autre, c'est la planification des
successions. Il faut procéder avec prudence, je suis d'accord. Il faut
voir à ce que le Québec ait, au moins, les pouvoirs des autres
provinces et, si nécessaire, un peu plus.
Le député de Gouin a soulevé quelques points
très intéressants au sujet des investissements. Tout d'abord, il
a parlé des réserves des compagnies. Les primes au Québec
sont à peu près de $1.5 milliard, une somme élevée
par année, et qu'en conséquence les réserves des
compagnies sont très élevées, il faut donc décider
quoi faire avec ces réserves. Est-ce que les compagnies doivent investir
au Québec? Est-ce qu'elles doivent investir une portion de leurs fonds
de réserve au Québec? Ce n'est pas exactement le sujet qu'on peut
soulever lors de l'étude du présent bill, je regrette, mais,
quand même, c'est une question importante. Je voudrais, lors de la
présentation de la Loi des assurances, faire un débat sur ce
sujet, parce que c'est primordial pour le Québec, c'est primordial pour
le Canada et pour toute juridiction qui peut investir les fonds du public
ailleurs. Peut-être que le public veut-il investir hors du Québec,
on ne le sait pas. Il faut décider de cette question.
Une autre question soulevée par le député de Gouin
a été celle des investissements étrangers. C'est un peu
éloigné du sujet et en dehors de la loi en discussion, mais
permettez-moi, M. le Président, de dire que je vais soulever la
question, soit lors du débat inaugural ou soit lors de l'adresse en
réponse au discours du trône ou durant l'étude des
crédits du ministère ou durant la présentation du projet
de loi des assurances. Pour l'instant, je peux dire qu'aujourd'hui, si cela
vous intéresse, j'ai été l'orateur invité à
une réunion à Montréal et le sujet était les
investissements étrangers au Québec et au Canada.
M. le Président, je crois que j'ai répondu de mon mieux
aux questions importantes posées.
J'apprécie beaucoup l'intérêt et l'attitude des
députés des trois partis de l'Opposition. Je voudrais souligner
que cette loi-ci est tout simplement un article d'une loi de 600 articles que
j'aurais aimé présenter, mais ceux qui prennent ces
décisions ont préféré les autres lois et surtout le
code des professions.
Comme je l'ai dit à l'honorable député de
Maskinongé, cinq projets de loi seront présentés par notre
ministère à la prochaine session. Ils se rapportent aux
assurances, aux activités immobilières, aux activités
financières et aux compagnies et compagnies de fiducie. Nous allons,
j'espère, étudier l'économie de la province et nos
institutions financières d'une manière plus précise que ce
soir.
Donc, M. le Président, je remercie encore une fois l'Opposition
et je suggère qu'on adopte le bill 283.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le bill 283 est adopté
en deuxième lecture?
M. ROY (Beauce): M. le Président, pour des raisons que j'ai
invoquées, nous allons nous abstenir. Nous tenons à ce que notre
abstention sur ce projet de loi soit mentionnée au journal des
Débats.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le greffier va entrer dans le journal
l'abstention du député de Beauce, du député de
Frontenac et du député de Portneuf.
M. ROY (Beauce): Le député de Frontenac et le
député de Portneuf.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La motion de deuxième lecture est
adoptée.
Le ministre des Institutions financières propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en commission pour
étudier le bill 283. La motion est-elle adoptée?
Commission plénière
LE PRESIDENT (M. Pilote): Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce): L'article, tel que rédigé, constitue un
tout. On nous permet toujours de brefs commentaires lors du début de
l'étude d'un projet de loi en commission plénière.
Ceci pourra être inclus en quelque sorte dans l'intervention de
troisième lecture pour ne pas avoir à revenir sur le sujet. Etant
donné les circonstances, je comprends que l'honorable ministre, par cet
article du projet de loi, veut permettre à quelques compagnies
d'assurance
de posséder des actions dans certaines entreprises ou
institutions connexes à l'assurance, telles que les entreprises de
gestion, les entreprises de services actuariels et autres.
Etant donné l'absence de politique précise dans ce
domaine, étant donné qu'il n'y a aucune définition,
à l'heure actuelle, ni ce qu'on pourrait convenir d'appeler une certaine
orientation en ce qui a trait aux investissements que doivent faire les
compagnies d'assurance-vie; étant donné, surtout, les
implications et les dangers découlant d'une trop grande invasion par des
entreprises étrangères chez nous, compte tenu du danger qu'il y a
que ces entreprises étrangères utilisent nos capitaux pour venir
acheter nos entreprises et nos industries, je pense bien que, si le
gouvernement veut adopter cet article, en ce qui nous concerne, nous devrons
dire: Adopté, mais sur division. Nous ne pouvons pas accepter cet
article tel quel dans ce projet de loi, compte tenu des circonstances dans
lesquelles le projet de loi est adopté et compte tenu aussi des
politiques que le ministre nous a mentionnées tout à l'heure et
que nous ne connaissons pas à l'heure actuelle.
Etant donné que cette loi attend déjà depuis fort
longtemps, je pense qu'il n'y aurait pas eu d'objection, même, à
attendre encore. Ce n'est pas un mois ou deux qui aurait pu, à un
certain moment, paralyser complètement tout le secteur de
l'assurance-vie.
Nous aimerions savoir, dans ce domaine, où nous allons. Nous
aimerions connaître l'orientation que le gouvernement entend donner
à nos institutions financières pour s'assurer que le
développement de l'économie du Québec se fasse, partout
où c'est possible, par des Québécois, pour des
Québécois et au profit des Québécois, en
établissant des politiques qui permettraient la création et le
développement d'entreprises typiquement québécoises chez
nous, puisque nous en avons tant besoin, si nous voulons vraiment, un jour,
être maîtres chez nous, dans notre belle province.
LE PRESIDENT (M. Pilote): Article 1. Adopté sur division?
Adopté. Article 2? Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que l'amendement dans la version
anglaise est adopté?
M. ROY (Beauce): Sur division.
M. JORON: Pour les mêmes raisons que le député de
Maisonneuve a invoquées cet après-midi sur le projet de loi
je ne sais trop lequel et aussi pour permettre au
député de Beauce de relire l'unique article du projet de loi...
Peut-être que demain, il va donner son consentement. Il va
peut-être voter en faveur du projet de loi après l'avoir lu.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'ai pas à rendre
compte de mes propos, ni de mes actes, ni de mes décisions à
l'honorable député de Gouin.
M. DROLET: Parfait. Nous n'avons pas de ligne de conduite à avoir
du PQ.
LE PRESIDENT: La troisième lecture?
M. TETLEY: Demain. "No 1 on the list." Avant la période...
Motion pour l'adoption d'un nouveau
règlement
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement propose
la motion suivante: Que le projet d'un nouveau règlement de
l'Assemblée nationale, déposé le 8 mars 1973, soit
adopté comme règlement permanent de cette Assemblée afin
qu'à l'avenir, tous ses travaux soient régis par ce
règlement.
UNE VOIX: Avez-vous des amendements? M. LEVESQUE: Oui.
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce qu'on peut vous
féliciter chaleureusement?
LE PRESIDENT: La motion n'est pas encore adoptée.
M. BOURASSA: Le leader parlementaire...
M. ROY (Beauce): Vous allez devoir retirer vos propos.
M. DROLET: Le premier ministre est vite sur ses patins.
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me permettrez de me joindre au
premier ministre pour vous dire combien nous apprécions le travail que
vous et vos collaborateurs avez fait quant à la rédaction de ce
code, qui commence à être connu de plus en plus sous le nom de
code Lavoie. J'en profite pour remercier tous ceux qui ont participé
à ces travaux qui ont duré plusieurs mois, sinon plus d'un an,
pour féliciter également ceux qui, comme M. Jean-Charles
Bonenfant, se sont associés aux officiers de l'Assemblée
nationale, en particulier les gens du secrétariat général
du Conseil exécutif, enfin tous les collaborateurs.
Je mentionnais les officiers de l'Assemblée nationale, il y a
également les vice-présidents. J'aurais un mot pour les leaders
parlementaires de tous les partis qui ont passé plusieurs séances
de rédaction avec vous, qui ont apporté leur contribution
à la rédaction de cet important code qui a, comme principale
caractéristique, d'être clair et concis. Nous sommes partis de
plus de 800 articles et nous en avons maintenant 179. C'est donc dire
qu'il y a eu un travail de concision, un travail également de
vulgarisation.
Le grand mérite de ce code, ce nouveau règlement de la
Chambre, c'est qu'il est à la disposition, à la
compréhension et à l'intelligence des moins initiés. Un
député qui arrivait en cette auguste Assemblée avait,
devant cet ancien règlement, des réactions qui pouvaient
être très près de la panique. Aujourd'hui, un
député arrive dans cette Chambre, nouvellement élu, et je
suis convaincu qu'il se familiarise très rapidement avec cette
procédure.
M. VINCENT: Une quinzaine de jours.
M. LEVESQUE: Une quinzaine de jours, n'est-ce pas? M. le
Président, je crois que nous avons, ensemble, atteint le but que nous
poursuivions. Il y aurait quelques amendements que nous pourrions
suggérer. Ces amendements sont présentement entre les mains des
autres leaders parlementaires. Ils concernent simplement le discours inaugural
qui comporte des changements mineurs que l'on peut résumer comme ceci :
le message inaugural du lieutenant-gouverneur constituera le début,
l'entrée en matière d'une nouvelle session. Il y a, par la suite,
le débat qui commence presque incessamment, à la suite du premier
ajournement.
M. le Président, je désire encore une fois vous
féliciter et vous dire toute l'appréciation que nous avons pour
tous ceux qui ont participé, de près ou de loin, tous ceux qui se
sont penchés sur ce règlement et qui l'ont rendu aussi
intelligible, concis, précis et facile d'utilisation.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Je voudrais joindre ma voix à celle du leader du
gouvernement pour vous féliciter de l'effort louable et du
résultat tangible que vous avez obtenu dans cette refonte de notre
règlement. Pour ma part, c'est avec une certaine nostalgie que je vois
s'envoler Geof-frion car, dans ce règlement, il y avait solution
à tous les problèmes complexes, ambigus; toutes les règles
d'interprétation possibles pouvaient jouer, toutes les situations les
plus contradictoires pouvaient se présenter. J'ai aimé les
remarques que m'ont faites certains collègues de la promotion de 1970
qui étaient tout feu tout flamme à apporter certaines
réformes parlementaires, qui étaient enthousiastes à la
pensée d'adopter un nouveau règlement et qui aussi regrettent de
voir disparaître Geoffrion.
M. le Président, l'effort que vous avez fait, la
persévérance que vous avez manifestée, les sages
conseillers dont vous avez retenu les services vous ont permis de nous
présenter à nous, leaders des différents partis
politiques, un nouveau règlement qui est peut-être plus efficace
et plus rapide mais qui n'obtient malheureusement pas le résultat que
nous avions tous espéré. Nous avions cru qu'avec ce nouveau
règlement, par la formation des commissions parlementaires, nous aurions
réussi à intéresser davantage les députés
aux travaux de la Chambre ou des commissions. C'est avec regret que je
constate, comme vous l'avez vous-même constaté, que ce fut
l'occasion d'un relâchement accentué pour ne pas dire d'un
désintéressement scandaleux des membres de l'Assemblée
nationale aux travaux parlementaires.
Il y a des inconvénients à ce règlement, c'est que
celui qui s'intéresse complètement aux travaux parlementaires ne
peut suivre la marche, la progression, l'étude de toutes nos lois.
Nombreuses sont celles qui sont déférées aux commissions
parlementaires, alors qu'en même temps nous continuons, ici à
l'Assemblée nationale, l'étude d'autres projets de loi.
Il nous est donc impossible de nous former une synthèse de toute
la législation que nous avons adoptée dans le cours d'une
session.
M. le Président, cela ne veut pas dire que le règlement
doit être rejeté pour tout cela. Il faut essayer de simplifier
cette procédure parlementaire pour que nous progressions rapidement,
efficacement dans l'étude des différents projets de loi. Par
suite d'une délégation de pouvoir que s'arrache le gouvernement
en se réservant le droit de légiférer par la voie du
lieutenant-gouverneur en conseil, il va de soi que, de plus en plus, nous
devons étudier en commission élue les règlements qui
découlent des lois adoptées.
Il est à espérer, M. le Président, que nos travaux,
tout en étant bien dirigés, puissent retenir l'attention, la
collaboration et la participation des députés de cette
Chambre.
Je remarque que l'hommage que l'on vous a rendu était
nécessaire, bien mérité. Pour ma part, c'est sans
réserve que je vous félicite pour l'excellent travail que vous
avez accompli. Je veux associer à ces remerciements les officiers de
cette Chambre, les secrétaires de l'Assemblée nationale, nos
secrétaires adjoints. Il ne faut pas passer sous silence l'excellent
travail accompli par M. Bonenfant, Mme Lévesque qui a été
d'une vigilance constante. Qu'est-ce à dire de la participation
remarquable de MM. Benoît Morin et Julien Chouinard.
C'est dans un esprit de collaboration, de bonne entente que le
député de Beauce, le député de Maisonneuve et
moi-même, nous avons arraché quelques fois le consentement du
leader du gouvernement. Nous avons reçu de lui une grande collaboration
et il a accepté même certaines "enfarges" dans le but de
protéger les droits des parlementaires.
M. le Président, il fut un temps où nous avions la
participation du député de Terrebonne, alors qu'il était
vice-président de cette Chambre, pas plus apolitique qu'aujourd'hui,
cependant. J'ai remarqué chez lui cette conviction qui l'honore,
à savoir qu'en aucun temps les députés ne doivent
être brimés, ne doivent être limités dans le temps
dans leur participa-
tion intelligente aux débats de notre Assemblée.
D'un autre côté, il faut retenir que notre règlement
doit évoluer.
L'accessibilité aux commissions parlementaires doit être
également quelque peu gênée ou brimée, parce
qu'autrement nous ne pourrons pas rapporter de progrès dans le
même sens que celui que nous retrouvions dans le code Geof-frion.
M. le Président, je n'ai pas à vous signaler que c'est
sans enthousiasme que j'appuie ce règlement, convaincu que je suis qu'il
brime, d'une façon ou d'une autre, le droit de parole des
députés de l'Opposition beaucoup plus que le droit de parole des
députés qui siègent à votre droite. Ce n'est pas
difficile pour eux parce que leur marque de commerce est le silence, leur
étiquette est leur abstention de participer aux débats. Pour ce
qui est de l'Opposition, il arrive que, dans certains projets de loi
très importants, nous souffrons réellement de cette rigueur que
l'on retrouve dans le code Lavoie. Est-ce que ce code sera meilleur que celui
qu'il remplace? Souhaitons qu'il soit au moins aussi bon. Ce n'est pas un
reproche que je vous fais. Vous avez fait un travail de
bénédictin. Nous vous remercions pour ce dévouement
à cette tâche à laquelle vous vous êtes voué
sans aucune réserve. Nous avons d'abord été surpris du
résultat que vous avez obtenu et des nombreuses recherches que vous avez
faites pour tâcher de nous donner un règlement qui soit plus
facile de compréhension, plus facile de référence et pour
permettre aux députés, comme le signalait si bien le leader du
gouvernement, de mieux comprendre, de comprendre plus facilement tout ce
mécanisme fonctionnel de l'Assemblée nationale. C'est dommage que
vous n'ayez pas trouvé un article ou un moyen pour obliger les
députés à être davantage présents à
l'Assemblée nationale. Quant à moi, le quorum n'aurait pas
été de 30, il aurait été de 40 et de 50. Nous avons
réussi à maintenir ce quorum de 30. Ce n'est pas dévoiler
un secret de polichinelle que de vous rappeler, M. le Président, qu'il y
avait une école de pensée qui voulait réduire le quorum,
sous prétexte que, dans un autre Parlement, cela se faisait.
Vous-même et le leader du gouvernement, vous ne vous êtes pas
opposés à la prise de position ferme, catégorique des
leaders des trois partis de l'Opposition. Quelquefois, vous avez assisté
à une coalition des forces de l'Opposition.
Par contre, il y a eu ce regroupement essentiel des bonnes
volontés pour ce que nous ayons un règlement que nous adoptons,
à ce qu'il nous semble, comme étant un règlement permanent
de cette Assemblée.
Nous l'avons vécu, à titre expérimental, depuis
deux sessions. Il va maintenant devenir un règlement permanent. Ce qu'il
y a de moins permanent, c'est ce que l'on veut consacrer permanent. Je suis
certain qu'il y aura d'autres amendements qui s'imposeront à chaque
session pour tâcher de corriger des situations aussi confuses que celle
que l'on a vécue à la suite de la réception d'un rapport
d'une commission élue, simplement pour vous rappeler les nombreux
amendements que le parti de l'Unité-Québec, à
l'époque, avait présentés à l'occasion de
l'étude de la loi 62.
M. le Président, j'ai cru trouver un moyen je ne veux pas
vous décevoir ce soir qui nous permettra de présenter les
amendements aussi généreux et abondants si, par hasard, le
gouvernement osait nous présenter une législation aussi
contestée et contestable. En résumé, nous acceptons le
code Lavoie. Nous en sommes fiers, en quelque sorte, parce que nous y avons
participé. Ce fut un véritable travail de
collégialité.
Est-ce que ce sera le règlement qui marquera, pour des
années à venir, les délibérations de
l'Assemblée nationale? C'est le voeu que je formule bien
sincèrement. Cependant, vous me permettrez d'espérer qu'il y ait
un jour un retour. Mes collègues m'ont honoré de leur confiance
dans ce travail de refonte des règlements de l'Assemblée
nationale, je veux les remercier.
Je veux également remercier mes collègues, le
député de Maisonneuve, le député de Beauce et le
leader du gouvernement. C'est là que nous avons compris. Nous avons
vécu des heures de travail assez difficile, mais nous étions tous
imbus du désir sincère d'améliorer, de faciliter la
compréhension du règlement de l'Assemblée nationale pour
que les députés participent davantage à cette vie
parlementaire. C'est là, hélas! la déception que nous
devons constater. Parce que, sous prétexte d'assister à une
commission parlementaire, on n'est pas à l'Assemblée nationale.
Quand nous ne sommes pas à la commission élue, on nous envoie un
excellent prétexte de croire que le leader ou le whip de notre parti
nous croira retenu ou occupé devant telle ou telle commission.
C'est dommage que notre règlement ne prévoie pas une
autodiscipline des députés. C'est peut-être la seule lacune
que l'on peut trouver dans ce règlement, mais c'est à nous,
membres de l'Assemblée nationale, de vivre intensément ce
règlement. Si nous sommes conscients de nos responsabilités de
législateurs, si nous voulons être fidèles au mandat que
nous avons sollicité et accepté, je suis certain que la
participation des députés sera plus intelligente, qu'elle sera
marquée d'interventions très bien structurées et
préparées et nous aurons l'occasion d'adopter des
législations qui correspondent aux véritables aspirations des
Québécois.
M. le Président, mes hommages, mes félicitations. Il vous
reste maintenant, à vous, d'appliquer ce règlement.
Jusqu'ici vous avez été tellement impartial et tellement
honnête dans vos décisions que je regrette que vous ne soyez pas
avocat parce que vous seriez un candidat très bien préparé
pour occuper des fonctions autres que celle que vous
occupez présentement, nonobstant le salaire de nos pauvres
juges.
M. le Président, il nous fait donc plaisir d'accepter ce
règlement permanent de l'Assemblée nationale et je suis certain
que mes collègues, le député de Beauce et le
député de Maisonneuve, ajouteront aux propos déjà
tenus par le leader du gouvernement afin que, à l'unanimité
du moins, je le souhaite nous puissions adopter le code
Lavoie.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, permettez-moi d'ajouter ma voix
à celle de l'honorable leader du gouvernement et du leader de
l'Opposition officielle pour vous remercier bien sincèrement, au nom de
tous les députés du Ralliement créditiste, pour le travail
magnifique que vous avez fait pour changer et améliorer en quelque sorte
nos procédures parlementaires.
Je voudrais également transmettre mes hommages, mes
félicitations ainsi que nos remerciements à vos collaborateurs,
M. Bonenfant et les autres, les officiers de l'Assemblée nationale. Je
veux remercier aussi l'honorable leader du gouvernement qui a été
oublié tout à l'heure mais qui a quand même fait un travail
remarquable dans ce règlement bien qu'à plusieurs occasions, nous
avons dû diminuer ses ambitions, empêcher la réalisation de
certains désirs. D'ailleurs, nous le comprenons. Il veut que la
législation soit adoptée le plus rapidement possible. Si nous
étions à sa place, nous aurions probablement fait la même
chose. Mais je tiens quand même à souligner le magnifique travail
qu'a fait l'honorable leader du gouvernement ainsi que mon collègue,
l'honorable député de Maskinongé, pour qui la
procédure parlementaire n'a pas de secret, ainsi que mon
collègue, l'honorable député de Maisonneuve.
Etant un de la promotion de 1970, après avoir
écouté les propos de mon collègue, l'honorable
député de Maskinongé, je dirai que, contrairement à
lui, ce n'est pas avec nostalgie que je vois disparaître notre ancien
règlement. Je me souviens très bien, au tout début,
lorsque nous avons assisté à nos premières séances,
de ce fameux règlement de la Chambre qui comprenait 816 articles.
Après l'avoir étudié un peu, nous avons pu constater qu'il
y avait 408 articles qui nous permettaient de faire quelque chose et que les
408 autres articles nous défendaient de faire les mêmes choses. Il
s'agissait d'être familiarisé un peu avec la procédure pour
savoir quand il était possible de prendre la parole ou encore quand il
était possible d'empêcher un autre de prendre la parole.
Je tiens quand même à souligner que ce petit
règlement qui vient d'être encore réduit de cinq articles,
puisqu'il passe de 184 articles à 179 articles, permet davantage aux
membres de l'Assemblée nationale de se familiariser avec la
procédure parlementaire de façon à jouer le meilleur
rôle possible et de participer aux travaux de l'Assemblée
nationale.
L'honorable leader du gouvernement a dit qu'il n'y avait pas
d'amélioration avec l'année dernière. Je tiens quand
même à vous souligner une nette amélioration avec le
règlement de l'année dernière.
L'honorable leader du gouvernement a oublié de dire, probablement
pour ne pas blesser les oreilles de l'honorable ministre des Finances, que le
nouveau règlement obligera le gouvernement à procéder au
débat qui doit suivre le discours du budget. Si je me
réfère au feuilleton de ce jour, je remarque à l'article 3
: Reprise du débat sur le discours du budget. On remarque que le
discours du budget n'est pas encore terminé alors que nous sommes
informés que la session sera prorogée demain. Cela veut dire que
ça permettra à un plus grand nombre de membres de
l'Assemblée nationale de s'exprimer sur le budget. Et comme vous le
savez, les députés du Ralliement créditiste attachent
énormément d'importance au financement et au budget de la
province.
Ce règlement nous permettra de plus une autre amélioration
pour éviter à l'honorable ministre des Finances la tentation de
présenter trop de budgets supplémentaires. Contrairement à
l'année dernière, avec ce nouveau règlement, nous aurons
droit, lorsque le ministre des Finances nous présentera un budget
supplémentaire, suite aux améliorations ou aux amendements
apportés, à quinze minutes de commentaires pour chacun des
représentants des partis de l'Opposition.
Je vois mon collègue, l'honorable député de
Montmagny, qui est très heureux de cette nouvelle. Cela invitera
l'honorable ministre des Finances à être très prudent dans
l'élaboration de son budget initial pour tout comprendre, de
façon à ne pas être obligé de revenir deux ou trois
fois durant l'année avec des budgets supplémentaires, parce
qu'à ce moment-là il pourra être l'objet de
sévères critiques de notre part.
Pour conclure, je pense, M. le Président, que le travail que vous
avez fait et l'heureuse initiative que vous avez prise de doter
l'Assemblée nationale d'un nouveau règlement permet des travaux
beaucoup plus objectifs de la part des membres de la Chambre; cela évite
énormément de débats stériles et inutiles. Ce que
la population du Québec veut, ce n'est pas de la procédure. Ce
que la population du Québec veut, ce sont des lois justes. La population
du Québec désire une administration honnête. Je pense que
ce règlement nous permettra de faire un meilleur travail. J'invite nos
honorables collègues, membres du parti ministériel, qui sont
souvent tentés de nous interrompre je pense qu'à certains
moments ils sont jaloux de voir que, nous de l'Opposition, nous sommes libres
de nous lever et de pouvoir faire des interventions à l'Assemblée
nationale à suivre notre exemple. Ces gens-là ont de
très bonnes
idées et nous sommes en mesure de le constater lorsque nous avons
l'occasion de discuter avec eux. Si on leur permettait de participer davantage
aux travaux de la Chambre et aux discussions qui ont lieu lors de
l'étude des projets de loi, je suis assuré d'avance que,
grâce à leurs connaissances et à leur collaboration, nos
lois seraient encore meilleures. Le gouvernement peut-être, sentant qu'il
pourrait être critiqué par les siens, serait encore plus prudent
et cela permettrait aux Québécois d'avoir de meilleures lois et
une meilleure administration.
M. le Président, je termine, en vous remerciant encore une fois
bien sincèrement et en vous félicitant. Je vous prie de
transmettre nos félicitations et nos remerciements à tous ceux
qui ont collaboré avec vous à l'élaboration de ce nouveau
règlement que nous acceptons avec plaisir.
LE PRESIDENT: Cette motion... M. Robert Burns
M. BURNS: Excusez-moi, M. le Président. Je veux, comme mes deux
collègues de l'Opposition, remercier les gens qui ont participé
au travail ardu de préparation de ce nouveau règlement. En
particulier, au-delà de tous, même avant vous, M. le
Président, avec tout le respect que j'ai pour vous, je dois remercier M.
Jean-Charles Bonenfant qui nous a prêté, dans l'élaboration
de ce nouveau règlement, ses qualités de juriste, ses
qualités de professeur d'université et également ses
qualités de constitutionnaliste. Je veux également remercier, M.
le Président, les officiers de la Chambre, qui ont constamment
été en éveil. Ce n'était pas facile pour eux de
mettre de côté ces règles qu'ils ont continuellement
connues. Je pense particulièrement au secrétaire
général de la Chambre, Me René Blondin, qui, lui, avait
déjà appris, peut-être plus que tous, l'ancien
règlement et qui a été obligé de mettre de
côté ses expériences. De bon gré, comme M.
Côté et M. Lessard, ses deux adjoints, il nous a
prêté son expérience, tout en acceptant le renouveau
à l'égard du règlement.
Je tiens également à remercier les deux juristes, si on
peut les appeler ainsi, qui nous ont assistés au cours de toutes ces
discussions-là, Me Chouinard et Me Benoît Morin; ils nous ont
prêté, eux, leur science sur la façon de rédiger les
textes. Enfin, M. le Président, je pense qu'en plus de Mme
Lévesque qui vous a assisté comme secrétaire je dois
remercier également mes deux collègues de l'Opposition, le
député de Beauce et le député de Maskinongé.
Au-dessus de tout cela, je dois vous dire, malgré les divergences
d'opinions que j'ai souvent eues avec vous, que vous nous avez aidés,
vous et le leader parlementaire du gouvernement, à avoir peut-être
un peu plus de réalisme à l'égard de l'administration,
tout simplement, d'une Assemblée nationale.
Je reconnais, M. le Président, votre participation très
positive à ce renouveau de notre règlement. Vous avez, à
plusieurs reprises, été obligé de faire face aux assauts
du député de Maskinongé et de moi-même qui avions
déjà dans le cas du député de
Maskinongé, c'était déjà fait, mais dans mon cas,
cela a été plus nouveau qui avions déjà eu
une espèce d'affaire, au sens anglais d'"affair", avec l'ancien
règlement et nous ne voulions pas le quitter. Vous nous avez convaincus
d'améliorer ce règlement en le rendant plus concis et en le
rendant plus praticable.
M. le Président, je reconnais votre participation et je vous en
remercie. Je pense que la Chambre, dans les années à venir, devra
être reconnaissante à votre égard, relativement à
cette amélioration de notre règlement.
Je m'en voudrais, cependant, de ne pas souligner les deux principales
amélirations, en ce qui me concerne, dans le projet de règlement
qui nous est soumis et que nous allons adopter, auquel nous avons
déjà donné notre consentement, après les nombreuses
discussions que nous avons eues. Je pense que les deux discours majeurs qui
sont soumis... M. le Président, il y a des gens que ça
n'intéresse pas. Je ne les blâme pas, mais qu'ils aillent donc
fumer dehors, tout simplement. Les nouveaux députés, c'est
justement pour vous qu'on a amélioré le règlement, qu'on
l'a rendu moins complexe. Alors, écoutez donc!
M. le Président, je mentionne tout simplement les deux discours
qui permettent aux députés de donner leur point de vue sur
l'ensemble de la politique gouvernementale et je me réfère plus
particulièrement au discours inaugural qu'on appellera à l'avenir
le message inaugural cela me fait sourire un peu du
lieutenant-gouverneur. C'est une façon de dire avec les fesses
serrées des choses qu'on n'ose pas dire avec un dégagement total.
Je trouve que c'est une formule qu'on a trouvée, qui est acceptable,
subtile. C'est évident qu'il faudra commencer par quelque chose et on
commencera pas le lieutenant-gouverneur qui, comme tout le monde le sait, est
difficile à mettre en mouvement. On le met en mouvement, à
certains moments. Est-ce qu'il y a un député qui peut me prouver
que ce n'est pas difficile à mettre en mouvement, le
lieutenant-gouverneur? En conseil, c'est encore pire, M. le
Président.
Le discours inaugural, qu'on appellera maintenant le message inaugural,
est sans doute une des façons de permettre aux députés,
tant de l'Opposition que du gouvernement, d'exprimer leurs positions sur les
projets de loi qui seront soumis. Entre autres, une des améliorations au
présent règlement est de dire que le discours inaugural devra
être terminé avant que, véritablement, on se mette à
étudier la législation. Parce qu'autrement, dans le passé,
ça pouvait devenir une farce. Je pense que le député de
Beauce a mentionné, concernant l'autre discours important,
c'est-à-dire le discours du
budget, qu'il était drôlement important qu'on vide ce
problème avant d'aller plus loin. Or, le règlement a
trouvé une façon de régler ce problème,
c'est-à-dire de permettre que le discours sur le budget qui doit durer
25 heures soit réglé à l'intérieur d'une
période de 45 jours au cours desquels on doit examiner les
crédits des différents ministères.
Je pense que ces deux mesures, tant relativement au message inaugural
que relativement au discours du budget, sont deux améliorations qu'il
faut souligner. Quant à moi, je regrette que, dans ce projet de
règlement, on n'ait pas retenu certaines suggestions du Parti
québécois, deux, principalement. L'une qui relève
peut-être de discussions que nous avons eues il y a au-delà d'un
an ou un an et demi concernant la permanence de la présidence de
l'Assemblée nationale.
Encore une fois, nous avons beau avoir et je me permets cette
parenthèse des différences d'opinion avec vous, il reste
quand même-que nous gardons un respect pour le travail que vous faites en
cette Chambre. Nous gardons un respect pour le travail difficile que vous avez
à exécuter, mais nous aurions été beaucoup plus
satisfaits par un poste de présidence qui serait devenu permanent, pour
une raison bien simple, c'est qu'il nous est très important de croire en
votre autorité, de croire surtout en votre neutralité. C'est
important pour un député de l'Opposition de croire et je
ne m'adresse pas à vous comme individu, M. le Président, je
m'adresse à vous comme le représentant du poste, comme la
"chaise", comme les anglais disent: "as the chair, Mr. Chairman" je
m'adresse à vous en disant qu'il est très important, dans notre
esprit, quel que soit le gouvernement au pouvoir, que la personne qui
décide que telle intervention ou telle autre est dans l'ordre, est
acceptable, que telle motion est recevable, que telle autre ne l'est pas, que
cette décision, nous devons en être convaincus, ne vient pas du
parti politique que vous représentez.
Pour moi, c'est une des bases mêmes sur lesquelles repose la
démocratie. Je n'entre pas dans les détails à ce sujet. Je
dis simplement que nous voudrions que toutes les personnes dans l'Opposition et
du côté gouvernemental y croient. Je sais que vous avez fait, M.
le Président, tous les efforts, depuis trois ans bientôt, pour
nous faire comprendre que c'était ça. Je sais cela. Je sais,
d'autre part, que vous ne nous avez pas toujours convaincus pour des raisons
bien simples. C'est que je ne crois pas que vous soyez le président
permanent, que vous soyez le président désigné par la
Chambre; vous êtes le président non pas vous, encore une
fois, comme individu désigné par la majorité
gouvernementale. Comme tel, je pense que notre règlement se serait
beaucoup amélioré à cet égard. Je termine sur ce
point en disant tout simplement qu'en matière d'administration de la
justice, il y a souvent un adage qui est utilisé: Non seulement il est
important que justice soit rendue, mais il est aussi important qu'apparence de
justice soit rendue. En matière d'administration des travaux de la
Chambre, apparence de justice serait rendue, en ce qui me concerne, à
partir du moment où nous aurions un président de la Chambre
permanent. Encore une fois, ces remarques sont faites sans diriger une critique
à votre égard comme personne, comme individu.
Le deuxième problème que j'aurais aimé voir
réglé par le règlement qui nous est soumis ce soir et qui
ne l'est malheureusement pas, c'est le problème des sessions à
date fixe. Nous avons connu, depuis trois ans, des sessions qui ont beaucoup
plus l'air de combats de coqs que de quoi que ce soit d'autre qui pourrait s'en
éloigner.
Nous avons siégé à des dates absolument
incompréhensibles pour des parlementaires qui veulent rendre des
décisions dans la sérénité, qui veulent examiner
les projets de loi. Ce doit être important puisque cent huit personnes,
à l'Assemblée nationale, sont complètement liées
à l'adoption de projets de loi. On voudrait que ces gens puissent
siéger dans la sérénité, à des heures
acceptables pour n'importe quel travailleur au Québec. Ce qui nous est
arrivé, c'est que nous avons connu trois fins de session où on a
bousculé littéralement les projets de loi. Je ne critique pas le
gouvernement directement comme tel. Je critique le gouvernement parce qu'il ne
prend pas, encore une fois, la place qu'il aurait dû prendre. Il aurait
dû nous dire que ce n'était pas possible d'adopter des projets de
lois comme le code des professions et toutes les autres lois
subséquentes dans un contexte absolument incompréhensible de
séances qui commencent à dix heures le matin et qui se terminent
à minuit.
Moi, je suis un des professionnels visés par ce projet de loi. Je
vous avoue que je ne suis pas convaincu que ma profession est très bien
protégée par une discussion de projet de loi comme cela et je
suis sûr que les 21 ou 22 autres professions ne sont pas convaincues de
cela non plus. Tout ce qu'elles savent, c'est qu'on va mettre un cadre, un bloc
autour d'elles, avec la bonne volonté de tout le monde, avec le
désir de tout le monde de faire du bien à tous et de ne faire de
mal à personne. Ce n'est pas suffisant et, encore une fois, je reprends
l'adage: Non seulement il faut que justice soit faite; il faut qu'apparence de
justice soit faite. Or, dans ce projet de règlement, j'aurais bien
aimé qu'une fois pour toutes, puisque c'est devenu quelque chose,
j'espère, d'autre qu'une initiative locale, le Parlement de
Québec, on dise quelque chose d'autre que: On siégera quand on
pensera que l'on doit légiférer. Que l'on dise une fois pour
toutes que c'est un emploi permanent d'être membre de l'Assemblée
nationale et que, comme tel, on doit siéger au minimum dix mois par
année, peut-être onze mois par année et, s'il le faut,
douze mois par année.
Si on doit vraiment faire cela, qu'on le fasse
comme tout le monde, qu'on fixe des dates de début de session et
des dates de fin de session. Qu'on nous dise, par exemple, que c'est absolument
inutile d'ajourner le 15 juillet, alors que tout le monde pense à
n'importe quoi, excepté à siéger ici, qu'on pense surtout
à s'en aller à son chalet ou à s'en aller pêcher ou
à aller faire d'autres choses. C'est drôlement important. Que l'on
pense, par exemple, que, selon le régime actuel, on s'est
retrouvé, ce matin, un mardi matin, avec huit ministres en Chambre!
Quand le président a appelé l'article "questions orales des
députés", j'avais le goût de soulever une question de
privilège et de dire: Ecoutez, vous riez de moi comme
député de l'Opposition. A qui voulez-vous que je pose une
question? Il y en a huit sur vingt-quatre de présents. Je ne les
blâme pas de ne pas être présents. Je les comprends, parce
que l'on n'a pas planifié le travail, parce que personne ne s'occupe de
planifier ce travail.
Si vous dites, par exemple, que c'est absolument inacceptable que l'on
ajourne la veille ou l'avant-veille de Noël pour revenir à la fin
de février ou au début de mars. Les travailleurs, eux,
arrêtent-ils pendant deux mois dans le temps de Noël ou dans le
temps des Fêtes pour aller à Miami et ailleurs? Arrêtent-ils
à la mi-juillet pour revenir à la fin d'octobre?
M. le Président, je trouve cela absolument inconcevable qu'un
Parlement qui se veut moderne ne révise pas sa façon de
procéder. C'est pour cela que j'ai suggéré je
regrette que ce ne soit pas accepté qu'on ait des sessions
à dates fixes. C'est absolument impensable que l'on se mette à
siéger l'été dans une bâtisse qui n'est pas faite
pour cela, d'ailleurs; c'est absolument intolérable au point de vue
physique, au point de vue de la chaleur. Au cas où les gens ne le
sauraient pas, l'ancien ministre des Travaux publics nous avait dit quelque
chose, lors de travaux antérieurs, qui est encore vrai, je pense: On ne
peut pas installer un système d'air climatisé dans une boutique
comme celle-ci. C'est trop vieux et ce n'est pas adapté à
cela.
Ce sont des problèmes d'ordre physique, normaux. Cela a
peut-être l'air cave de poser ce problème, mais moi, je me dis
que, si les membres de l'Assemblée nationale qui sont censés
être les représentants du peuple, ne sont pas dans un état
idéal pour prendre des décisions, comment voulez-vous qu'ils
fassent de la législation qui soit intelligente? Comment voulez-vous que
des gens ne disent pas, à un moment donné: Vous avez
légiféré de façon absolument
incompréhensible?
On en a eu des exemples. Je ne blâme pas l'ancien ministre des
Affaires municipales, car il les a vécus, ces problèmes. On a
adopté la Loi de l'évaluation foncière. C'était
tellement beau et tellement fin que tout le monde était d'accord. Il y
en a quelques-uns qui se sont dits contre et, deux mois plus tard, on revenait
pour l'amender, non pas de façon légère, mais de
façon très importante. C'est comme cela dans tous les autres
projets de loi.
Le député de Taillon qui est devant moi l'a vécu le
problème. On a adopté une loi qui s'appelle la Loi de la
Commission de transport de la rive sud et on s'est aperçu que ça
ne marchait pas cette affaire-là. Ce n'était pas possible. On
n'avait pas pensé à ce qui pouvait exister. C'est important qu'on
s'arrête à chacun des problèmes et, quelques mois plus
tard, pas plus tard que la semaine dernière, on revient avec un
amendement qui change cette loi du tout au tout. Il y en a des exemples comme
celui-là. Le député actuel de Chambly, le ministre du
Travail qui nous présente des projets, je suis sûr qu'il n'y pense
pas quand il les présente. Je suis sûr qu'il n'a pas pensé
deux secondes au projet de loi no 89 pour nous présenter cela. C'est le
contexte dans lequel on travaille. Que le ministre du Travail manque de
réflexion à l'égard de ce problème, je sais que
lui, en ce qui le concerne, il a un certain nombre de problèmes,
c'est-à-dire qu'il est beaucoup plus sous-ministre que ministre, mais
ça c'est une autre affaire. Il reste quand même que même
comme député, il n'est pas capable de réfléchir
sérieusement à l'égard de ce type de problème.
J'aurais voulu, M. le Président et c'est mon seul et grand
regret que dans ce projet de règlement on ne fasse pas, une fois
pour toutes, profession de foi, si on y croit, et M. le Président, j'en
fais appel à vous, en vue du prochain changement de règlement,
parce qu'il y en aura d'autres. Il est pas mal bon votre règlement, mais
il n'est pas parfait. Donc, il y aura des changements.
Je fais appel, M. le Président, à votre sens et à
votre désir à l'égard du parlementarisme de revaloriser la
fonction de député, non pas la fonction de député
qui va accorder des contrats, qui va mettre des gens sur des listes
préférentielles dans les comtés; non, ce n'est pas
à cet égard que je fais appel à vous. C'est à
l'égard du sens qui vous a animé là-dessus, M. le
Président, et je vous en rends hommage. Depuis trois ans, vous avez
constamment tenté de revaloriser cette fonction qu'un certain nombre de
membres de l'Assemblée nationale essaient d'exercer, c'est-à-dire
d'être des législateurs, des représentants du peuple. Je
fais appel, M. le Président, à votre désir de revaloriser
cette fonction et de voir qu'à l'avenir elle ait un peu un
caractère professionnel cette fonction de député. Je me
demande, puisque c'est d'actualité, si on ne devrait même pas
former une corporation professionnelle des députés. Je peux
demander au ministre des Affaires sociales de nous adopter une loi afin que
nous aussi, nous ayons un code de déontologie ou un syndicat de
députés. Cela ne serait peut-être pas mauvais.
M. BOURASSA: Nous aurions peut-être nos 3 p.c.
M. BURNS: Cela ne serait peut-être pas mauvais. Je pense d'abord
et avant tout...
M. BOURASSA: Nous aurions nos 3 p.c.
M. BURNS: On les négocierait dans des termes de
représentants du peuple en se disant qu'il y a peut-être d'autres
gens aussi qui ont des demandes à faire. On les examinerait les demandes
des autres gens, M. le premier ministre, et on ne parlerait pas de salaire de
$49,000 alors qu'on a de la difficulté à accepter des salaires de
$3,600 au salaire minimum.
Ce n'est pas moi, M. le Président, qui ai amené ce
problème, c'est le premier ministre.
Je dis en terminant, M. le Président, qu'il est très
important et c'est la seule et unique recommandation que je fais à
l'égard des futurs amendements; c'est qu'on en arrive à
déterminer des sessions à dates fixes. Que les gens, à
l'extérieur de l'Assemblée nationale, se rendent compte qu'il y a
peut-être en tout cas, peut-être pas 108 personnes
une bonne partie des 108 personnes qui essaient de faire de la
législation sérieuse, qui sont prêtes à s'imposer
individuellement des sacrifices, qui sont prêtes également
à le faire dans des conditions normales de travail. Si on se dit que le
travail qu'on fait ici est un travail d'ordre intellectuel, c'est
peut-être important qu'on favorise des décisions intelligentes,
normales, qui auront des conséquences, et qui permettront une certaine
planification des travaux que nous faisons.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, quelques mots, non pas pour ajouter
aux propos tenus surtout par le député de Maskinongé qui a
travaillé très étroitement à l'élaboration
de ce nouveau règlement et qui a été imité, dans ce
travail, par le député de Beauce et le député de
Maisonneuve.
Mais, M. le Président, je me dois de vous rendre un hommage bien
particulier pour le travail que vous avez accompli depuis quelque temps et qui
se traduit dans ce nouveau code. On y retrouve la sérénité
et l'objectivité qui sont vôtres depuis trois ans. J'ai
écouté, entre autres, les suggestions faites par le
député de Maisonneuve, suggestions qui, dans l'ensemble, sont
empreintes de réalisme et de souci d'améliorer les
mécanismes et également le déroulement dés
débats en cette Chambre.
Je suis d'accord sur sa suggestion à l'effet qu'il y ait, autant
que possible, des dates fixes quant au début et à la fin de la
session, aux ajournements; sauf que je nuancerais sa suggestion, parce que je
ne crois pas que ce serait avantageux et qu'on pourrait remplir
véritablement notre rôle de représentant du peuple en
siégeant jusqu'à onze mois par année.
Je soulignerais, avec beaucoup d'amitié pour le
député de Maisonneuve sa comparaison avec les travailleurs. Ces
derniers n'ajournent pas deux mois pour la période Noël, ils
doivent reprendre leur travail une semaine ou huit jours après. Cette
comparaison ne peut donc pas du tout s'appliquer au rôle du
député.
Le député est un législateur, oui. Mais un
député doit être, avant tout et en premier lieu, un homme
qui se tient continuellement à l'écoute des besoins du peuple,
qui a le temps de rencontrer les citoyens, qui peut également,
même si ça parait folklorique pour certains députés
ou pour certaines personnes, faire du bureau dans chacun des comtés,
recevoir les assistés sociaux pour connaître leurs
problèmes, recevoir les cultivateurs pour connaître les effets
d'application des différentes lois, rencontrer également les
hommes d'affaires, discuter des lois qui sont apportés, tant par le
gouvernement fédéral que par le gouvernement provincial,
écouter leurs revendications, recevoir les étudiants et les
administrateurs scolaires et municipaux.
Le député ne peut pas et ne doit pas demeurer onze mois,
ou onze mois et demi, dans cette auguste assemblée. Il vaudrait aussi
bien confier à des experts l'étude et la rédaction des
projets de loi pour que, dans les termes, dans la formulation, dans
l'articulation, tout soit techniquement parfait. Mais il faut, dans chaque
projet de loi cette inspiration d'humanisme qu'on ne peut retrouver sans
concevoir le rôle du député comme celui d'un homme qui
demeure près du peuple, qui est à l'écoute du peuple et
qui peut étudier les projets de loi de façon tellement
réaliste parce que, justement, il se frotte au quotidien et qu'il
affronte les problèmes dans leur dimension pratique. Il peut alors
analyser ces problèmes, les étudier et les traduire dans des
solutions qui correspondent véritablement à ces problèmes
vécus dans différents milieux.
En second lieu, quant à la suggestion que le président
soit nommé en permanence, cela pourrait être une
amélioration. Je verrais très bien le député de
Laval dans cette fonction permanente. Mais, encore-là, j'ai l'impression
qu'il y a d'autres modifications que l'on pourrait apporter dans le code que
nous avons présentement.
Et le député de Maskinongé, tout à l'heure,
a soulevé un point auquel je souscris sans aucune réticence.
C'est celui de la présence des députés dans cette Chambre,
de quelque formation politique que ce soit. Il devient inconcevable et
indignant de constater que, pour différentes raisons, et peu importe les
raisons, on ne retrouve très souvent, en cette Chambre, que 40, 45 ou 50
députés sur une possibilité de 108.
J'admets qu'il ne faut pas non plus, démagogiquement, avancer que
tous les députés se désintéressent du travail de la
Chambre. Il y a très souvent des commissions qui siègent
simultanément avec les séances de la Chambre. Il faut comprendre
également qu'il y a des députés des différentes
formations politiques qui sont appelés à des fonctions
officielles ou essentielles, soit au niveau de leur comté, soit au
niveau de
leur formation politique, mais, dans l'ensemble, je pense que la
suggestion faite par le député de Maskinongé aurait
dû être retenue quant à un quorum un peu plus exigeant que
celui que nous retrouvons dans le règlement.
Je coupe court à ces remarques M. le Président, et je
voudrais terminer en réitérant, à vous-même d'abord,
ensuite à vos collaborateurs qui ont été
énumérés tout à l'heure par le député
de Maskinongé, nos remerciements pour cet effort plus que louable. Nous
souhaitons que ce nouveau code Lavoie puisse desservir les
intérêts de cette Chambre dans les travaux et également
dans le décorum qui laisse parfois à désirer. Mais encore
là, il ne faudrait pas crier au scandale. Il s'agit d'aller dans toutes
les autres assemblées délibérantes, dans quelque Parlement
que ce soit, ou encore dans des assemblées délibérantes
à d'autres niveaux de gouvernement, pour comprendre que, dans la chaleur
des débats et des discussions, on retrouve toujours l'humain et que,
parfois, l'enthousiasme, le dépit ou d'autres sentiments sortent de
façon assez percutante.
M. le Président, au nom de mes collègues, je voudrais
remercier le député de Maskinongé pour tout le souci qu'il
a apporté à la préparation et à
l'élaboration de ce code. Il nous a tenus continuellement au courant des
travaux ou des suggestions qui venaient sur la table des discussions. Au nom de
mes collègues, je le remercie infiniment pour avoir contribué de
façon aussi positive à l'élaboration de ce nouveau
code.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, l'adoption de notre nouveau
règlement nous amène évidemment à penser aux
nombreuses heures de travail que vous avez dû y consacrer,
vous-même en tant que président de l'Assemblée nationale,
ainsi que les officiers légistes et les représentants des quatre
partis, c'est-à-dire nos leaders parlementaires.
Je pense que vous avez droit, M. le Président, à toutes
nos félicitations pour le magnifique travail que vous avez fait en nous
préparant ce règlement qui, sans être parfait, est
sûrement une nette amélioration sur l'ancien règlement qui
contenait au-delà de 800 articles.
Aujourd'hui, nous avons un règlement qui nous permet de
travailler plus facilement qu'avec l'ancien règlement, compte tenu du
fait qu'il nous sera sûrement donné, probablement d'ici quelque
temps, de revoir certains articles. Evidemment, avec l'expérience, nous
avons remarqué que, depuis un an que nous travaillons avec ce nouveau
règlement, vous y avez, en collaboration avec les autres leaders
parlementaires, apporté certains amendements. Il est possible qu'il y en
ait encore à apporter l'année prochaine, mais ce qui a
été fait, je pense, est une nette amélioration sur ce que
nous avions précédemment.
M. le Président, il y a une chose cependant qu'on aimerait
souligner: c'est la durée des sessions. Quant à nous, nous
trouvons également que le fait que les sessions soient à des
dates non fixées à l'avance, le fait aussi qu'il y ait toujours
cette fameuse motion qu'on appelle la motion omnibus, qui oblige les
députés, en fin de session, à siéger de 10 heures
le matin à minuit le soir quoiqu'il y ait eu, de ce
côté-là aussi, amélioration, parce que, l'an
passé, la motion omnibus pouvait nous obliger à siéger
jusqu'à des heures même plus tardives que minuit, ce qui a fait
que, certains jours, on a vu des députés siéger à 5
h 30 du matin, ce qui était nettement inacceptable... Mais même
là, nous devons quand même considérer que, lors de la
session qui est en cours, qui a débuté en février 1972,
vers le mois de mai ou juin déjà, on nous, obligeait à
travailler sous le rouleau à vapeur, sous prétexte qu'on voulait
ajourner la session vers le milieu de juillet et, à la reprise des
travaux, en octobre, dès le mois de novembre, on commençait
à nous faire siéger sous l'empire de cette fameuse motion
omnibus. Depuis la reprise, en février, jusqu'à maintenant, c'est
un peu la même chose. Alors, on se demande, et c'est avec raison je
crois, où le gouvernement veut en venir. On se demande même s'il
n'y aurait pas lieu de penser, pour l'avenir, à modifier notre
règlement afin d'empêcher le gouvernement d'abuser de la situation
comme il le fait présentement.
Nous avons eu une session en trois parties, cette année, et nous
avons eu l'impression que c'étaient trois fins de session, alors qu'il
n'y a eu qu'un seul début en février 1972. Nous avons
l'impression que le gouvernement, qui ne semble pas très pressé,
au tout début, de nous apporter ses projets de loi, veut se rattraper,
de telle sorte qu'à la fin, on nous oblige, évidemment, avec ces
heures impossibles ou quasi impossibles... C'est une façon comme une
autre pour ce gouvernement d'amener l'Opposition, à l'usure, d'amener
l'Opposition à accepter des projets de loi sans avoir tout le temps
nécessaire pour les étudier et sans avoir aussi physiquement
toutes les capacités de le faire, parce qu'il faut considérer
qu'à la fin d'une session, quand on siège tous les jours, ou
presque tous les jours, à des heures impossibles, il y a moins de
résistance physique. C'est le gouvernement qui en profite. Nous
aimerions, quant à nous, avoir une session à date fixe et avoir
des horaires fixés, mais des horaires qui seraient respectés non
pas des horaires qui seraient changés à tout bout de champ par
des motions, comme c'est le cas présentement.
Evidemment, nous ne somme pas tout à fait d'accord avec nos
collègues du Parti québécois, avec son leader
parlementaire, qui croit que nous devrions siéger presque à
longueur d'année, en n'ayant pas de période de répit. Nous
ne
partageons pas cet avis et cela s'explique, parce que, dans les
comtés qui sont représentés, les comtés ruraux ou
semi-ruraux, le député a des obligations qui sont un peu
différentes de celles d'un député qui représente un
comté de la ville de Montréal, comme c'est le cas pour la plupart
des gens du Parti québécois. Nous avons, quant à nous, en
plus des travaux parlementaires, en tant que représentants de la
population, à rencontrer nos électeurs. Nous avons à
recevoir nos électeurs à nos bureaux de comté et, parce
que, dans les régions que nous représentons, l'administration
gouvernementale est moins bien structurée que dans la région de
Montréal, il se trouve que, dès qu'un citoyen a à subir
une injustice de la part de l'administration gouvernementale, il ne peut pas
s'adresser, comme il le fait dans des régions de Montréal ou de
Québec, par exemple, directement à un bureau bien
structuré.
Donc, on se retrouve toujours au bureau du député. C'est
notre devoir d'être là pour entendre ces plaintes qu'ont à
nous faire les électeurs et de tenter de leur venir en aide, de se plier
au fait que, dans ces régions, l'administration gouvernementale est
moins présente.
Egalement, il y a une chose qui est très importante, que
j'aimerais souligner, c'est qu'en tant que représentants du peuple, nous
nous devons de consulter régulièrement la population, et pour les
consulter, il faut les rencontrer. C'est donc dire que nous avons besoin de ces
périodes entre les sessions pour rencontrer ces gens, les consulter.
Evidemment, si le rôle d'un député n'était que celui
de législateur, bien entendu, on pourrait demander à un
député d'être là plus régulièrement,
d'être presque un fonctionnaire. Mais nous ne sommes pas des
fonctionnaires, nous sommes des élus du peuple, il y a une
différence. Je ne voudrais pas qu'on en arrive un jour à exiger
que les députés soient là de 9 à 5
régulièrement et ne pas leur permettre de rencontrer leurs
électeurs. Nous devons le faire, et parce que nous devons les rencontrer
et parce que nous devons aussi être des législateurs, nous ne
faisons pas du 9 à 5. Au contraire, nous faisons du 8 à 12 ou
à 3 heures du matin. C'est l'exigence du métier. Quand quelqu'un
veut représenter un comté, il y a ces exigences, il faut les
accepter. Quant à nous, nous sommes prêts à les accepter.
Par contre, le gouvernement peut permettre à tous les
députés de remplir toutes ces exigences, de consulter leurs
électeurs au maximum et d'avoir quand même des périodes de
session raisonnables.
Evidemment, on comprend que le gouvernement a une stratégie, on
comprend que le gouvernement aime bien prendre les partis d'Opposition de
court, c'est peut-être sa façon à lui de passer plus
facilement certaines lois. Mais, quand même, nous sommes des adultes et
nous pourrions aussi discuter ces lois dans des circonstances
différentes. Cela compte autant pour les députés
ministériels qui ont aussi des obligations envers leurs
électeurs, qui ont aussi besoin de certaines périodes pour se
rendre dans leur comté. Cela ne veut pas dire qu'on devrait
écourter les sessions de façon démesurée. Je pense
que le gouvernement aurait tout avantage à écouter nos justes
revendications, avoir des dates fixées à l'avance, afin que tous
puissent s'entendre pour être là et savoir que tous les ans, on
commence à telle date, qu'on finit à telle date, qu'on ajourne et
qu'on reprend à telle date. Je pense que tout le monde pourrait
planifier son travail beaucoup mieux. La population n'en serait que mieux
représentée.
On a mentionné la possibilité ou
l'éventualité d'un président de l'Assemblée
nationale nommé en permanence. Quant à nous, nous croyons que le
président de l'Assemblée nationale qui se fait élire par
la population à chaque élection générale a un
mandat au même titre que tous les autres députés. Nous
trouvons ça très démocratique et nous sommes satisfaits de
cette procédure. Evidemment, M. le Président, nous vous
souhaitons d'être président longtemps. Mais nous ne croyons pas
tellement à la présidence en permanence. Il y a certains
avantages; par contre, il y aurait peut-être d'autres
désavantages. Si le président comme nous tous, comme tous les
députés de l'Assemblée nationale, une fois tous les quatre
ans, aux périodes normales, retourne devant la population de son
comté, c'est un signe de démocratie, c'est un signe que le
président notre président, lui aussi, veut rencontrer ses
électeurs et obtenir son mandat au même titre que nous. Quant
à nous, nous souhaitons que ça continue dans ce sens.
Il y a eu des améliorations au code Lavoie, au règlement
que vous nous avez soumis.
Parmi ces améliorations, il y en a une qui a été
mentionnée par le député de Beauce tantôt. Nous
sommes relativement satisfaits de cette amélioration en ce qui concerne
le discours du budget. Nous savons que, l'an passé et l'année
précédente, le discours du budget ne nous a donné droit
qu'à un seul discours pour chaque parti et nous adoptions le budget, en
fin de compte, avant que les membres des différents partis puissent
s'adresser à l'Assemblée nationale sur ce sujet. Le fait d'avoir
inclus dans ce nouveau règlement une période permettant à
tous les députés de prononcer un discours sur le budget est
important, parce que cela permettra à tout le monde d'aborder ce sujet
à l'occasion de la présentation du budget.
En terminant, encore une fois, nous vous offrons toutes nos
félicitations pour le magnifique travail que vous avez accompli dans la
préparation de ce nouveau règlement.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. Gérard-D. Levesque
M. LEVESQUE: Mon droit de réplique, M. le Président? J'ai
l'intention d'être bref. Je
veux féliciter ceux qui ont participé au débat sur
cette motion. Je devrais peut-être faire des distinctions. Je n'aime pas
à le faire. Je n'aime pas à tomber dans le péché
que je serais porté à attribuer à certains
députés. Il y en a qui ont leur année sabbatique; il y en
a peut-être qui ont leur semaine démagogique. Je veux, tout
d'abord, féliciter le député de Maskinongé et le
chef de l'Opposition officielle, qui, tour à tour, ont eu des remarques
extrêmement positives, également, du côté du
Ralliement créditiste, le leader parlementaire et le chef parlementaire.
Je me demande ce qui a bien pu amener le député de Maisonneuve
à se lancer dans..,
M. BURNS: Vous ne me félicitez pas, quoi? C'est cela que vous
voulez me dire? Vous ne me félicitez pas?
M. LEVESQUE: ... des propos que je ne voudrais pas qualifier et dont je
ne voudrais pas, non plus, analyser la cohérence. M. le
Président, lorsqu'on est dans une situation comme la sienne, on ne
devrait pas commencer à faire le procès des autres membres de
l'Assemblée nationale, particulièrement quant à leur
présence en Chambre.
M. BURNS: Je n'ai aucun problème là-dessus.
M. LEVESQUE: Le député de Maisonneuve a parlé des
ministres qui s'absentent de la Chambre.
M. BURNS: Vérifiez les présences.
M. LEVESQUE: Il devrait être extrêmement prudent, parce que,
justement, j'ai devant moi un rapport sur les présences en Chambre du 31
octobre 1972 au 21 décembre 1972. La feuille de route du
député de Maisonneuve, s'il veut avoir les réponses, est
loin de se comparer avec la présence fidèle de la plupart des
membres du gouvernement en particulier, parce que ce sont eux qu'il a
mentionnés.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LEVESQUE: En quoi ai-je enfreint le règlement?
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président, sur une
question de privilège. Une question de privilège, je pense que
c'est une question de règlement. Etant donné que le
député de Bonaventure fait mention de mes présences en
Chambre, et, si vous voulez, jusqu'à un certain point, se
réfère à mes absences de la Chambre, j'aimerais bien que
le leader du gouvernement donne complètement mes présences en
Chambre depuis le mois d'octobre 1972 qu'il m'entionne. Cela me fera bien
plaisir parce que, s'il y a quelqu'un qui n'a aucuns remords sur cela, c'est
bien moi, M. le Président. Je n'ai aucuns remords là-dessus.
M. LEVESQUE: M. le Président, je continue parce qu'il ne s'agit
ni d'une question de règlement, ni d'une question de
privilège.
M. BURNS: Question de privilège parce que vous dites...
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'ai des doutes sur la question de
privilège. Par contre, l'honorable député de Maisonneuve
pourra, tel que le règlement actuel ou futur le permet, rectifier ou
donner des explications, s'il n'est pas satisfait, à la suite des propos
du député de Bonaventure.
M. LEVESQUE: M. le Président, simplement, c'est que la
vérité a ses droits. Lorsque nous entendons des propos comme ceux
que nous avons entendus ce soir, cela nous porte à avoir des
réflexions comme celles que je pourrais articuler plus haut. Je pourrais
facilement répondre à l'invitation du député de
Maisonneuve.
M. BURNS: Je le demande en vertu de mon privilège.
M. LEVESQUE: Je ne veux pas parler de ma propre présence qui,
d'après le rapport, est à 100 p.c. Je ne parlerai pas de cela,
mais...
M. BURNS: Le rapport de qui?
M. LEVESQUE: ... je parlerai de mes collègues, M. le
Président, dont la feuille de route...
M. BURNS: Le rapport de qui?
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Maisonneuve peut être assuré que ces...
M. BURNS: C'est bien important. On va parler de la présence du
premier ministre, par exemple. On va vous parler de la présence du
ministre du Travail.
M. LEVESQUE: ... rapports sont extrêmement fidèles.
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je demanderais aux
députés de laisser l'honorable leader parlementaire du
gouvernement continuer son intervention.
A l'ordre ! A l'ordre !
M. LEVESQUE: Je pourrais fort bien donner la liste et le
député serait confondu.
M. BURNS: Pas du tout.
M. LEVESQUE: Il n'attache pas évidemment une valeur officielle
aux présences, je le
conçois, parce qu'il n'y a pas de prises de présences
officielles en Chambre.
M. BURNS: Pas du tout. Je n'ai aucune honte à cet
égard.
M. LESSARD: Que c'est donc facile de porter des accusations !
M. BURNS: Je pense que mes présences se comparent très
facilement aux vôtres.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: Je ne me trouve pas dans mon bureau quand j'ai besoin de
recevoir des informations.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! J'ai permis, tout à l'heure,
une trop grande ouverture sur cette motion, croyant à la bonne foi de
tous les députés pour respecter la pertinence du débat. Je
pensais que nous nous dirigions vers un vote unanime ou divisé.
L'honorable député de Maisonneuve a peut-être
été le premier à entrouvrir la porte sur cette question,
lorsqu'il a fait allusion aux absences. Il y en a d'autres qui en ont
parlé; l'honorable député de Maskinongé a
également mentionné les absences de la Chambre. L'honorable
député de Maisonneuve a entrouvert une porte également sur
les émoluments des députés.
J'aurais dû j'espère que l'avenir me rendra plus
sage à certaines occasions être plus strict sur la
pertinence du débat.
Je voudrais que le leader parlementaire du gouvernement réponde
brièvement aux allégations du député de
Maisonneuve, parce que je pense bien que, quand quelqu'un attaque, il est
normal que quelqu'un puisse répondre aux allégations
préalablement faites. Mais je lui demanderais, après cette courte
digression que je lui permets, de revenir à la motion.
M. LEVESQUE: M. le Président, je vous remercie. Je comprends la
situation assez délicate dans laquelle vous vous trouvez, surtout alors
que l'on devrait être unanime pour vous féliciter et laisser de
côté, évidemment, ces accrochages qui sont bien
déplorables. Mais vous comprendrez que nous ne pouvons pas
écouter assis bien tranquillement ce genre d'accusations qui ne sont
fondées sur absolument rien, sinon sur l'imagination du
député.
M. le Président, la vérité a ses droits. Nous
connaissons les responsabilités énormes qui sont celles de ceux
qui ont été accusés d'être absents de la Chambre de
temps en temps, alors que ceux qui sont réellement absents ont moins de
responsabilités. C'est tout ce que je voulais dire. Je n'irai pas plus
loin. J'aurai l'occasion de revenir et, par considération pour "the
chair", comme le disait le député de Maisonneuve, je
m'abstiendrai, ce soir, de prolonger davantage le débat sur cette
question.
Je voudrais, cependant, assurer aux députés qui ont pris
la parole, particulièrement au député de
Maskinongé, que le présent règlement favorise, plus que
d'autres règlements que nous avons examinés lorsque nous avons
fait ensemble une étude comparative des divers règlements
à travers le monde, particulièrement dans le monde
occidental.
Nous voyons que ce règlement favorise davantage le droit de
parole de l'Opposition, le droit de parole de tous les députés en
cette Chambre. Lorsque nous considérons le règlement
d'aujourd'hui, en Grande-Bretagne, lorsque nous considérons le
règlement de l'Assemblée nationale française, même
le règlement à Ottawa, nous pouvons conclure que ce
règlement, ce code Lavoie est encore plus large pour les partis de
l'Opposition, encore plus libéral. Je suis convaincu, M. le
Président, que malgré cette libéralité,
malgré cette largeur de vues, les membres de l'Opposition, les membres
de l'Assemblée nationale en particulier n'en abuseront pas et seront les
premiers à réellement, à vivre non pas seulement la lettre
du règlement, mais son esprit.
M. le Président, je me joins à tous ceux qui ont
participé à ce débat pour réitérer les
félicitations de l'équipe ministérielle.
M. BURNS: M. le Président, en vertu de l'article 97. Je n'ai pas
l'intention, tel que l'article 97 me défend de le faire, de soulever un
débat. Je veux simplement vous dire que, ce matin, M. le
Président, quand j'ai mentionné qu'il y avait sept ministres
présents à la période de questions, je désirais
soulever, à ce moment-là, et je pense que je ne vous
demande pas de décision et j'aurais été
justifié de soulever une question de privilège, parce que mon
privilège de député, ce matin, a été
violé en ce sens que je n'ai pas pu poser des questions. M. le
Président, je rectifie des faits. Je n'ai pas pu poser des questions
à des ministres...
LE PRESIDENT: C'est un peu plus loin que la rectification.
M. BURNS: Je m'arrête là, M. le Président. La
deuxième chose que je veux vous dire, c'est que lorsqu'un
député a l'indécence de faire ce que le
député de Bonaventure vient de faire...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Cela soulève un débat et je ne le
permettrai pas.
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement dire une
chose. Je retire mon mot "indécence", bien que je n'en pense pas
moins.
M. le Président, je veux tout simplement dire que lorsqu'une
personne comme le député de Bonaventure soulève ma
présence ou mes absences en Chambre, il devrait...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Ce n'est pas moi qui ai abordé ce sujet, ce
soir.
M. BURNS: C'est vous ou c'est moi?
Adoption de la motion
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Je considère le débat
clos et nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que cette
motion, avec les amendements dont copie a été remise au
secrétaire général de l'Assemblée, est
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. BURNS : Elle est adoptée par le député de
Bonaventure.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! C'est épouvantable.
M. LEVESQUE: Vous le verrez le 17 mars.
M. le Président Jean-Noël Lavoie
LE PRESIDENT: C'est épouvantable, on approche du 17 mars, il y en
a un debout puis il y en a un autre... deux Irlandais ici, qui sont...
Messieurs, permettez-moi, si vous voulez, je n'ai pas l'occasion
d'abuser tellement de l'impression au journal des Débats, mais je ne
voudrais pas manquer quand même cette occasion, avec votre permission
d'ailleurs, d'ajouter quelques mots. Non pas seulement pour dire comment j'ai
été touché de tous les commentaires élogieux que
vous avez eus à l'adresse de celui qui vous parle, mais je voudrais
quand même que reste inscrit au journal des Débats le travail de
ceux qui ont oeuvré depuis une dizaine d'années à
l'élaboration du nouveau règlement.
C'est vrai que c'est ce soir l'aboutissement d'une dizaine
d'années d'évolution. Cela a commencé dans les
années 1962, 1963, à l'époque des Laporte, des Lesage, des
Johnson, des Bertrand, des Bellemare, des Hyde, des Cliche, LeChasseur, Lebel
et l'honorable député de Maskinongé, alors qu'il occupait
le fauteuil que j'occupe actuellement. A la suite de l'élection de 1970,
il y a certains critères, certains facteurs qui ont peut-être
poussé celui qui occupe le poste de président actuellement
à réviser ou à élaborer le nouveau
règlement.
L'autre facteur a justement été la présence de
quatre partis dans l'Assemblée nationale. Cela a été une
expérience nouvelle que le Parlement du Québec n'avait pas
connue.
Ce qui a également guidé le comité de travail a
été la masse de travail à laquelle doit faire face
l'Assemblée nationale en 1972. Je suis d'accord avec l'honorable
député de Maskinongé que, sans doute, l'époque
idéale était alors que tout se passait dans l'Assemblée
nationale, première lecture, deuxième lecture, comité
plénier, troisième lecture, et lorsque tous les crédits,
com- me ça se faisait il n'y a pas tellement longtemps, passaient par
l'étape de la commission des subsides ou des voies et moyens.
Alors, si un député voulait participer aux travaux, il
avait vraiment un cinémascope de la politique québécoise.
Qu'on considère qu'il y a à peine 15 ans, le budget du
Québec était d'environ $300 millions ou $400 millions,
aujourd'hui, il approche les $5 milliards. Il y a quinze ans à peine, le
Parlement était appelé à voter 20, 25, 30 lois au maximum
par année alors que la session durait deux ou trois mois. Depuis les
années soixante ou un peu avant, alors qu'une multitude d'organismes, de
régies, de sociétés d'Etat, alors que le Québec a
pris ses responsabilités et a passé des lois-cadres majeures
on pourrait citer la baie James, la caisse de dépôt, ou
d'autres il est sûr que des lois d'une telle importance apportent
constamment et annuellement des amendements, des modifications, des
réajustements.
C'est un peu pour ça que nous avons réalisé,
malheureusement peut-être, qu'il fallait modifier notre modus vivendi,
notre méthode de travail par le démembrement de la Chambre en
commissions pour faire participer davantage les députés, pour les
rendre plus spécialistes. C'est un peu pourquoi les circonstances, les
événements nous ont bousculés, nous ont amenés
à l'élaboration d'un nouveau règlement.
C'est un pas que l'Assemblée nationale a fait. C'est un peu comme
une nouvelle constitution, la nouvelle constitution de l'Assemblée
nationale. Et c'est à la vivre que nous la connaîtrons mieux et
j'en suis convaincu, parce que nous allons vivre des moments où nous
resterons tous surpris, peut-être, de constater qu'il y a des absences
dans le règlement. On ne peut pas faire un chambardement de la sorte
tout en couvrant tous les nids d'abeilles ou tous les coins. Même
après des conférences de leaders, on s'apercevra qu'on sera
devant le néant et, chaque année, nous devrons apporter des
amendements et des ajustements. De cela, je demeure convaincu.
Il est vrai qu'on dit que la politique mène à tout. Soyez
assurés que je ne m'attendais pas à ce que la politique
m'amène à un cours postuniversitaire de droit parlementaire.
C'est vraiment ce que nous avons vécu ensemble depuis trois ans. C'est
vraiment un cours postuniversitaire. Une des grandes caractéristiques de
ce règlement est que le comité de travail et les leaders qui y
ont travaillé n'aient pas voulu assujettir la Chambre ou
l'Assemblée à un règlement.
C'est exactement le contraire que nous avons voulu faire. Nous avons
voulu assujettir le règlement à la réalité de
l'Assemblée, de ce qui se passait depuis quelques années. A
partir du bas, nous avons conçu un règlement, et non pas du haut
en faisant un règlement pour assujettir l'Assemblée.
Je termine et je voudrais qu'ils restent inscrits au journal des
Débats et pour longtemps tous ceux je ne voudrais pas en oublier
qui
ont collaboré à ce nouveau règlement: Les quatre
leaders des partis politiques, autant du côté ministériel,
de l'Union Nationale, avec l'expérience déjà acquise bien
avant moi dans ce rouage de procédure, l'honorable député
de Beauce ainsi que, à certains moments, l'honorable
député de Frontenac, le député de Maisonneuve qui
donne, à l'occasion, à l'Assemblée un peu de son piquant
grâce à ses sautes d'humeur qui sont même agréables
pour celui qui les supporte.
Je voudrais mentionner également M. Bonen-fant qui, grâce
à sa longue expérience en droit constitutionnel, à sa
longue expérience au sein du Parlement et surtout à sa plume
rédactionnelle rapide et concise, a été un collaborateur
vraiment essentiel à notre comité de travail. M. Desmeules de
l'Assemblée nationale, M. Blondin, secrétaire
général M. Lessard et M. Côté, messieurs les
légistes de l'Exécutif, Me Julien Chouinard et Me Benoit Morin,
messieurs Pouliot et Pérusse du Secrétariat des commissions,
à l'occasion l'honorable député de Terrebonne, l'honorable
député de Saint-Louis et, depuis quelque temps, l'honorable
député de Roberval. Et nous avons eu vraiment une
secrétaire admirable, qui nous a suivis dans tout ce dédale
parlementaire, Mme Lévesque du bureau de M. Desmeules.
Messieurs, mes chers collègues, je vous remercie encore une fois
de votre collaboration et je dois vous dire que ce que j'ai vécu depuis
trois ans a certainement été, jusqu'à maintenant, la plus
belle expérience de ma vie.
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvons-nous revenir à la
présentation de projets de loi au nom du gouvernement, afin de permettre
le dépôt de deux projets de loi au nom du ministre des Affaires
municipales?
M. BURNS: Lequel? Urbaines ou rurales?
LE PRESIDENT: ... le consentement de la Chambre?
M. LOUBIER: Lequel ministre? Urbaines ou rurales?
LE PRESIDENT: Je crois qu'il est de la région urbanisée
de...
Projet de loi no 284 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
première lecture du projet de loi 284...
M. LOUBIER: Cela, c'est le formidable.
LE PRESIDENT: ... Loi concernant la cité de Hull.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce projet prévoit que
l'année financière de la cité de Hull sera
désormais du 1er janvier au 31 décembre alors qu'elle est
actuellement du 1er mai au 30 avril.
M. PAUL: Est-ce que je pourrais poser une question à l'honorable
ministre des Affaires municipales? Est-ce que c'est l'intention du ministre des
Affaires municipales de se faire aider, dans l'étude de ces projets de
loi, par son prédécesseur, mon bon ami, l'honorable
député de Rimouski?
M. GOLDBLOOM: Mon bon ami, le député de Rimouski, est
d'une aide très précieuse depuis mon arrivée en cette
enceinte et je l'en remercie.
LE PRESIDENT: On entrouvre des portes.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre des Affaires municipales utilise la
dextérité du député de Rimouski pour être son
ambassadeur auprès des conseils de comté dans toutes ses
relations...
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, nous sommes dans le débat de
deuxième lecture.
M. PAUL: Ah oui! C'est vrai. Nous l'avions oublié. Excusez.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT: Adopté. Deuxième lecture à la
prochaine séance.
Projet de loi no 285 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
première lecture du projet de loi 285, Loi concernant la ville de
Québec.
M. GOLDBLOOM: Ce projet autorise la ville de Québec à
consolider le déficit budgétaire de son exercice financier
1973/1974.
LE PRESIDENT: Cette motion de première lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture? Je n'ai rien dit. Deuxième
lecture à la prochaine séance.
Projet de loi no 222
M. LEVESQUE: Article 4. Projet de loi no 222. Commission
plénière.
M. BURNS: Je demande une directive relativement à ce projet de
loi. Etant donné qu'il remonte à tellement loin, j'aimerais
savoir exactement quelle année... Parce qu'on voit le projet de loi 222
inscrit à l'article 4 comme étant inscrit au 9 mars. J'aimerais
savoir quelle année, d'une part. Deuxièmement, j'aimerais savoir
si ce projet de loi a été réimprimé.
S'il a été réimprimé, est-ce que cela a
été après le renvoi à la commission
plénière?
M. PINARD: M. le Président, si vous me permettez de rafrafchir
votre mémoire, ainsi que celle de mes collègues de cette Chambre,
je voudrais dire que le bill 222 a subi sa deuxième lecture le vendredi
24 décembre 1971, avec l'accord unanime des députés de
cette Chambre. Il n'y a pas eu de réimpression du bill, pas plus que
depuis cette date d'ailleurs; c'est pourquoi, ce soir, au fur et à
mesure que nous procéderons à la discussion des articles du bill
222, nous proposerons des amendements qui ne sont pas d'ordre majeur. Ce sont
les remarques que j'avais à faire.
M. LATULIPPE: Est-ce qu'il me serait permis, M. le Président, de
faire remarquer que, le 24 décembre, il avait été fait
mention qu'étant donné qu'il n'y avait pas de discussion en
deuxième lecture, il serait permis, à l'appel de l'article 1,
à chaque parti de faire un court commentaire d'ordre
général?
M. LEVESQUE: Nous n'avons pas d'objection, même en commission
plénière... D'accord.
M. BURNS: M. le Président, je voudrais savoir également,
avant qu'on y arrive, en commission plénière, à quel
article nous étions à ce moment-là?
LE PRESIDENT: Moi, je suis étranger à ce qui se passe en
commission plénière.
M. BURNS: En vertu de l'article 172, c'est à vous que je dois
demander des directives et non pas au président de la commission
plénière.
LE PRESIDENT: Je dois vous dire que les règles de
procédure de la commission plénière s'appliquent mutatis
mutandis aux règles de la Chambre. Je ne peux pas vous répondre,
vous le demanderez au président de la commission
plénière.
M. BURNS: "You are passing the bucket". LE PRESIDENT: Je respecte le
règlement. Commission plénière
M. LAMONTAGNE (Président de la commission
plénière): A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, étant donné la date
lointaine où nous avons discuté ce projet de loi, étant
donné qu'au feuilleton du jour que nous avons accepté de
discuter, je ne remets pas en question cet aspect-là de la
décision le leader du gouvernement m'a consulté et m'a
demandé si j'étais d'accord pour qu'on revienne au projet de loi
222 et j'ai dit: Oui je réitère cette
acceptation-là je veux tout simplement que vous, M. le
Président, ou le ministre, nous situiez exactement et nous disiez
où nous nous trouvions dans la discussion de ce projet de loi le 9 mars
1971.
M. PINARD : Je voudrais rectifier la déclaration du
député. J'ai dit tantôt que nous avions
procédé, de consentement unanime, à l'étape de la
deuxième lecture du bill 222 le 24 décembre 1971. Il n'y a pas eu
réimpression du bill et j'ai dit tantôt que c'était la
raison pour laquelle, au fur et à mesure que nous arriverons à la
discussion des articles, je proposerai des amendements qui sont d'ordre
mineur.
M. BURNS: Quand je dis le 9 mars 1971, c'est que pour les membres de la
Chambre c'est le seul point de référence quant à la
date.
Je ne mets pas en doute ce que le ministre vient de nous dire en nous
parlant du mois de décembre 1971, qu'est-ce qui s'est passé entre
le 9 mars 1971 et le mois de décembre 1971? C'est la seule question que
je vous pose pour que vous placiez nos collègues exactement à
l'endroit où ils se trouvaient. C'est le problème de ramener une
loi un an et demi après.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais apporter une correction, au lieu
du 9 mars 1971, c'est le 9 mars 1972.
M. BURNS: Bon, c'est déjà pas mal mieux, si vous nous
dites ça. A moins que le député de Saguenay ait quelque
chose à ajouter là-dessus.
M. LESSARD: Je voudrais ajouter que je suis d'accord que le 24
décembre, il y avait eu entente pour que ce projet passe
immédiatement en commission parlementaire. Cependant, il avait
été bien précisé qu'au lieu de faire nos
commentaires en deuxième lecture, nous pouvions, comme le
règlement nous le permet d'ailleurs, faire nos commentaires à
l'article 1 du projet de loi. Pour ma part, j'ai des commentaires
généraux à faire sur ce projet de loi. Je pense qu'il
avait été entendu que nous acceptions de passer
immédiatement en commission plénière, mais pour autant que
nous ayons la possibilité de discuter des modalités
générales de ce projet de loi avant de discuter des articles.
D'ailleurs, le règlement nous permet, à l'article 1, de parler
des généralités de ce projet de loi.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Je vais répondre au
député de Saguenay. Nous allons suspendre pour quelques instants
pour permet-
tre aux officiers de la Chambre de faire les recherches pour
répondre adéquatement aux questions posées.
M. BURNS: Merci, M. le Président, c'est ce qu'on voulait.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): Seulement pour corriger l'information
qu'on m'a donnée tout à l'heure, le 9 mars 1972, il s'agissait de
l'avis de réinscription. Après recherche, nous en sommes à
l'article 1.
M. PINARD: Je voudrais admettre de bonne grâce...
M. BURNS: Je veux savoir une chose. Est-ce que lors de la
réinscription, le 9 mars 1972, le président qui
n'était peut-être pas le président actuel, je ne l'en
blâme pas se souvient, par lui ou par son
prédécesseur, que nous avions décidé de ne pas
tenir de discours au niveau de la deuxième lecture mais au niveau de
l'article 1 de la discussion en comité plénier?
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais souligner qu'il ne s'agit
d'aucun acte de l'Assemblée nationale le 9 mars 1972, mais bien le 24
décembre 1971 si je m'en réfère au journal des
Débats par...
M. BURNS: Je m'excuse, mais j'ai un feuilleton devant moi qui dit: "9
mars". Je suis obligé de tenir compte de cela.
UNE VOIX: Bon!
M. BURNS: Je m'en fous, mais moi, je marche avec le 9 mars.
M. LEVESQUE: En vertu du règlement et compte tenu...
M. BURNS: En vertu du feuilleton no 108 qui est devant tous les
députés actuellement.
M. LEVESQUE: Et qu'est-ce que cela fait?
M. BURNS: Cela fait que moi, j'ai le 9 mars comme point de départ
et c'est pour cela que je demande des détails au président
relativement au 9 mars.
M. PINARD: Est-ce que le député me permettrait de donner
des explications préalables à la date du 9 mars? Et après,
on verra si on peut s'entendre ou non sur ce qui est arrivé le 9 mars
1972. Alors, le 24 décembre 1971, nous avons procédé d'une
façon unanime à la deuxième lecture du projet de loi 222.
Je veux donner immédiatement le crédit au député de
Maskinongé qui a fait la suggestion...
M. PAUL: Est-ce que cela va augmenter mes crédits dans mon
comté?
M. PINARD: Probablement...tout en consentant à l'adoption du
projet de loi 222 en deuxième lecture de faire une réserve
cependant pour les membres de son parti et pour lui-même de pouvoir faire
des remarques générales lorsqu'on arriverait
éventuellement à l'étude de l'article 1 du projet de loi
222 au moment de sa nouvelle présentation devant l'Assemblée
nationale.
C'est le député de Maskinongé qui a fait cette
suggestion qui a été agréée par le premier ministre
qui, lui, en vertu de ses responsabilités, présentait le projet
de loi 222 puisqu'il s'agissait de la création d'un nouveau
ministère. Il semblerait également que les chefs parlementaires
des autres partis de l'Opposition aient donné leur consentement unanime
à cette suggestion du député de Maskinongé, et je
retrace ici les noms de MM. Paul, Latulippe et Burns.
M. BURNS: C'est pour cela que je vous ai posé la question.
M. PINARD: M. Burns a terminé les interventions en disant:
"Adopté en deuxième lecture" puisqu'il s'agissait du bill
222.
M. BURNS: Sous réserve de l'entente qui était faite. C'est
ça? On s'entend bien, là?
M. PINARD : Je viens de souligner ce fait et cette suggestion avait
été faite par le député de Maskinongé.
M. BURNS: M. le Président, nous nous entendons merveilleusement.
Ce que je ne voulais pas, c'est que le député de Saguenay qui va
faire une intervention, se fasse dire qu'il est hors d'ordre au niveau de
l'article 1 parce que, dans le fond, son discours de deuxième lecture,
c'est là qu'il va le faire. C'est le seul point que je voulais
préciser.
Est-ce que tout le monde s'entend là-dessus?
M. LEVESQUE: Je comprends, c'est ce qui a été
établi par le député de Frontenac.
M. BURNS: C'est parfait. On s'est enfin retrouvé.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Ce n'était aucunement notre intention de bloquer toute
intervention des députés de cette Assemblée nationale en
arrivant à l'article 1 du bill 222.
M. LESSARD: A l'avenir, dépêchez-vous de présenter
vos projets de loi et ce sera moins compliqué.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, s'il vous plaît !
L'honorable député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas l'inten-
tion de présenter un discours très étoffé
sur le principe. Je comprends que nous devrons maintenant en discuter parce que
nous avons, de consentement, franchi une étape.
Je n'ai pas l'intention de discuter longuement l'à-propos, les
avantages ou la structure de la Loi du ministère des Travaux publics et
de l'Approvisionnement, portant le no 222.
Je me rappelle qu'en résumé il s'agit d'une fusion ou d'un
mariage de textes entre la Loi du ministère des Travaux publics et celle
du service des achats. Nous formons en quelque sorte un nouveau
ministère par cette Loi du ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement.
Mon collègue, le député de Shefford, qui a
occupé les fonctions de ministre des Travaux publics, confirmait tout
à l'heure l'interprétation que je fais d'une façon
très arbitraire, très libérale de cette disposition
législative. Sur la recommandation d'un homme d'expérience, de
celui qui a occupé les fonctions de ministre des Travaux publics, le
député de Shefford, je dois vous dire,1 M. le
Président, que nous n'avons pas l'intention de discuter davantage de
cette loi à l'occasion de l'appel de l'article premier. Il va de soi que
nous aurons probablement des amendements mineurs à soumettre au
ministre, à moins que celui-ci ne devance nos désirs par des
amendements qui pourraient calmer nos craintes et nos désirs.
De toute façon, M. le Président, je ne veux en aucune
façon... On ne peut rien retirer au journal des Débats, c'est ce
qui est grave. Je vous dirai donc que nous n'assistons pas à la
naissance d'un grand ministère.
Je me rappelle des discussions assez complètes que nous avions
eues lorsqu'un jour le ministre de la Voirie qui, à ce moment-là,
cumulait les fonctions de ministre des Travaux publics, osa nous
présenter une loi avec l'appui inopportun du premier ministre qui avait
gâché tout le débat. Le ministre titulaire des Travaux
publics et de la Voirie s'interrogeait quant aux raisons que nous avions de
combattre cette législation. De toute façon, nous n'avons pas
l'intention de ressasser le passé, M. le Président; nous serons
disposés, après que le député de Frontenac et le
député de Saguenay auront exposé leur point de vue,
à procéder à l'étude de la loi, article par
article.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
M. LATULIPPE: M. le Président, brièvement, qu'il me soit
permis de souligner que le bill 222 nous revient aujourd'hui de loin. De fait,
il nous semble que ce soit actuellement le plus vieux bill inscrit au
feuilleton.
Nous avons, tout d'abord, connu dans le cheminement qui a donné
naissance... C'est un grand mot parce qu'aujourd'hui, c'est un adulte qui
naît. Ce n'est pas tout à fait une naissance; c'est plutôt
un regroupement. Nous avons donc eu le bill 222, qui portait, à ce
moment-là, le nom de bill de l'équipement ou quelque chose du
genre, qui visait à regrouper les ministères des Travaux publics,
de la Voirie et des Transports. Le processus du cheminement de la pensée
administrative a fait que l'on s'est ensuite orienté vers le bill 23 qui
a donné naissance à la Loi des transports.
Aujourd'hui, nous aboutissons au bill 222 qui, lui, vise à
regrouper le ministère des Travaux publics et le Service des achats. Il
portera maintenant le nom de ministère des Travaux publics et de
l'Approvisionnement.
M. le Président, nous souscrivons au principe de ce bill
puisqu'il correspond à une modalité administrative qui nous
convient. Je me permets de souligner que les structures de tout organisme ne
doivent pas être considérées, dans l'administration, comme
quelque chose d'extrêmement rigide, mais qu'on doit, et c'est la
prérogative de toute administration, les modifier pour les adapter aux
actifs humains dont nous disposons, aux divers talents, afin de tirer le
maximum de rentabilité du capital humain dont dispose tout organisme
administratif. Dans ce sens, M. le Président, nous sommes d'accord sur
le principe de ce bill qui veut donner aux prérogatives gouvernementales
l'occasion de remodeler les structures administratives afin de tenir compte de
l'éventail du capital humain dont il dispose.
Cependant, M. le Président, je m'en voudrais de ne pas souligner
ici l'importance qu'il y a et je désire en même temps faire
une certaine mise en garde à ne pas trop compter sur les effets
bénéfiques de la centralisation administrative. Lors de mon bref
séjour ici, à l'Assemblée nationale, j'ai cru
déceler, surtout grâce à mes contacts avec
l'administration, que, dans bien des cas, on décentralise surtout au
niveau des comtés, des structures subalternes. C'est beaucoup plus
l'application d'une réglementation que l'initiative de l'action, que le
champ de responsabilités. Nous aurons connu, tout dernièrement,
il y a à peine une douzaine de mois, l'introduction d'un nouveau
système que l'on appelle PPBS. Ce système se fondait sur les
responsabilités administratives et j'avais cru comprendre, à
l'époque, qu'on s'orientait vers une décentralisation des
responsabilités administratives. Et pourtant, j'en suis encore à
m'interroger lorsque je me rends compte qu'au ministère des Travaux
publics comme ailleurs, on se retrouve encore avec excusez l'expression
un "red tape" fort important. Je ne sais pas si on a accordé
suffisamment d'attention à ces problèmes. On en est rendu que,
pour des achats minimes, on dépense plus pour respecter l'ordre
établi ou la paperasse administrative que pour acheter les effets dont
auraient besoin les divers services. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu,
à ce stade, de prendre un peu les formules qu'ont prises d'autres genres
d'entreprises en accordant, à divers paliers, selon certains ordres, une
responsabilité administrative à l'effet qu'à tel palier,
on a tant de manoeuvre ou tant de marge de crédit dont on peut disposer
pour faire certains achats et autres.
C'est une suggestion que je me permets de souligner, car si
réellement on veut s'introduire dans cette nouvelle modalité et
respecter la responsabilité déléguée au niveau de
l'administration, il faudra, un jour ou l'autre, s'orienter vers ce processus
qui a déjà été employé dans le passé.
Il comporte, bien sûr, certains éléments douteux, en ce
sens qu'il peut entraîner, à certains égards, quelques
abus, mais il m'appa-raît que, dans l'ensemble, lorsqu'on a des gens qui
administrent en fonction de leurs responsabilités, qui ont
été choisis en fonction de leurs capacités, qu'il leur
serait certainement possible de juger d'une façon décente. Au
bout de la course, j'en suis persuadé, non seulement nous activerions le
processus administratif, mais nous aurions aussi respecté le sens
même du pouvoir délégué aux subalternes.
Je me permets également d'aborder un autre point qui est
corollaire au bill 222, c'est le grand problème des
superministères.
M. le Président, je reconnais qu'on a eu tendance à
vouloir former au Québec, selon l'aveu de divers officiers
administratifs, six superministères. Je ne suis pas contre l'esprit des
superministères, lorsqu'on a un premier ministre qui est responsable de
28 ministres, où il serait possible, grâce à une pyramide
moins radicale, d'avoir non pas six superministères, mais des
regroupements de ministères, par exemple, à caractère
économique, ils pourraient être pilotés, j'ose employer le
mot, par un vice-premier ministre ou autre, cela amènerait
peut-être des changements de structure. Mais je me permets, à ce
stade-ci d'amener cette modalité de pensée qui, à mon
point de vue, pourrait être valable lorsque les autorités en
instance auprès de l'Exécutif délèguent aux divers
ministres d'Etat et ministres en titre, des responsabilités qu'ils
veulent bien partager.
Je me permets justement de ne pas souscrire à la théorie
des superministères telle qu'elle semble vouloir s'incruster
actuellement pour retenir celle où il serait possible de former, non
plus des superministères, mais des ministères associés qui
relèveraient d'une autorité qui serait intermédiaire entre
l'autorité du premier ministre et l'autorité des autres
ministres.
C'est dans ce cadre que nous concevons qu'il serait peut-être
loisible d'entrevoir le ministère actuellement à l'étude
comme un futur ministère qui pourrait être regroupé dans
les ministères à caractère économique. Nous osons
dire que ce n'est pas une réforme en profondeur et que ça
n'obéit pas nécessairement à une rigueur administrative,
mais que ce projet de loi nous semble vouloir beaucoup plus tenir compte d'un
aspect humain pour maximiser, à notre point de vue, l'effectif ou le
capital humain dont dispose le gouvernement.
Dans ce sens, M. le Président, nous souscrivons au principe de ce
bill et nous voterons pour ce bill, également, en troisième
lecture. Nous nous permettons également de souligner que nous n'avons
pas d'amendements majeurs à proposer à l'étude de ce bill.
Cependant, je me permets de faire un dernier aparté en soulignant que le
Service des achats, tel que connu dans le gouvernement, ne correspond pas au
caractère du service des achats qu'on retrouve dans l'entreprise
privée.
Pour donner un exemple, on pourrait peut-être prendre le prototype
je m'excuse de l'expression anglaise de Canadian Tire où,
justement, on a un service des achats fortement évolué. Je me
demande pourquoi, au Québec, le service des achats ne pourrait pas
s'étendre à beaucoup plus de services que ceux qu'il
détient actuellement.
A mon point de vue, il se limite essentiellement à fournir les
pourvoyeurs des divers ministères. J'estime, pour ma part, qu'il
pourrait être d'un apport...
Bien sûr, on fait certaines normes relativement au
ministère de la Voirie et autres, mais on pourrait très
certainement s'orienter, dans un avenir rapproché, vers un service des
achats que, soit dit en passant, je vois très bien sous la tutelle du
ministère des Travaux publics puisqu'il en fait pratiquement partie de
par la fonction du ministère des Travaux publics.
Je le vois beaucoup mieux là que je ne le voyais au
ministère de l'Industrie et du Commerce. Je me permets de souligner
qu'il y aurait certainement des avantages marqués par le gouvernement,
et pour l'administration publique en général, à
revaloriser d'une façon beaucoup plus pratique ce service des
achats.
Je sais que le prototype dont j'ai parlé est bien connu et qu'il
n'est pas nécessaire d'étudier davantage les diverses techniques
qui sont employées dans cette entreprise, justement en vue d'abaisser le
coût et de réduire le "red tape" qui, aujourd'hui, correspond au
ministère des Travaux publics ou au service des achats, à une
bonne partie des frais encourus.
A mon point de vue, cela ne respecte pas du tout l'esprit que voulait
implanter au Québec le gouvernement quand il s'est donné le
système de PPBS, d'administration par programme ou par centre de
responsabilités.
Je termine en rappelant que nous sommes favorables au principe de ce
bill. Si je me suis permis de faire certaines remarques à
caractère général qui, à mon point de vue, se
rattachent directement à la portée de ce bill, c'est afin
d'amener le gouvernement à se pencher sur certains petits
problèmes d'ordre administratif, j'en conviens, mais qui
néammoins se traduisent toujours par une augmentation des coûts.
Et je souhaite que, grâce à ce nouveau système, nous en
arrivions à respecter l'autorité déléguée,
à lui confier non seulement une responsabilité d'office mais une
responsabilité financière, et qu'on saura lui faire confiance
dans toute la mesure du possible.
Je vous remercie beaucoup M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, pour notre part, nous avons
l'intention de prendre tout le temps nécessaire pour étudier ce
projet de loi 222 parce que, pour nous, c'est probablement l'un des projets de
loi les plus importants ou qui sera un des plus importants ministères,
selon ce que le ministre voudra en faire.
Si nous prenons un certain temps pour étudier ce projet de loi,
c'est parce que, du côté de ce parti, nous avons l'intention
d'être logiques avec nous-mêmes. En effet, quand j'entends le
représentant du Ralliement créditiste affirmer qu'il sera
d'accord sur le projet de loi 222, cela me scandalise un petit peu, parce que
nous avons tout simplement l'impression que ces gens accepteraient n'importe
quel projet de loi.
Pour comprendre cette situation, il faut faire un peut l'historique de
ce projet de loi, et ce que je dis pour les députés du Ralliement
créditiste, je le dis aussi pour les députés
libéraux, comme on le verra tout à l'heure.
Ce projet de loi est l'accouchement du projet de loi no 22 qui a
été déposé à l'Assemblée nationale,
ou qui a été discuté du moins à l'Assemblée
nationale en mars 1971. Ce projet de loi a été
présenté par le premier ministre du Québec comme l'une des
grandes réformes administratives du gouvernement du Québec, comme
l'une des réformes qui permettra de créer véritablement de
l'efficacité à l'intérieur du ministère des Travaux
publics et à l'intérieur du gouvernement du Québec. Nous
n'avons pas cru que le projet de loi no 22 était véritablement la
grande réforme de ce gouvernement qui, en passant, n'en a pas encore
fait, de grandes réformes, depuis le 29 avril 1970.
En fait, la montagne accouchait d'une souris. Le projet de loi 22 qui
créait le ministère de l'Equipement regroupait essentiellement
deux ministères: le ministère de la Voirie et le ministère
des Travaux publics, deux ministères qui n'avaient absolument aucune
relation entre eux. Et nous avions fait valoir alors les éléments
suivants ou l'opposition suivante concernant le regroupement de ces
ministères.
Le ministère des Travaux publics est chargé de la
construction, de la garde, de l'entretien, de l'aménagement et de
l'ameublement des édifices publics. Le ministère de la Voirie
avait la responsabilité de la construction, de l'amélioration et
de l'entretien du réseau routier provincial comprenant les ponts. De
plus, le ministre assumait aussi la responsabilité de l'Office des
autoroutes du Québec. Deux ministères complètement
différents. Deux ministères presque complètement
opposés.
Le ministère des Travaux publics était strictement un
ministère de soutien du gouvernement, un ministère de services
qui effectuait des travaux pour le compte d'autres ministères, alors que
le ministère de la Voirie avait pour fonction précise de
bâtir et d'administrer le réseau routier.
Donc, M. le Président, il n'y avait absolument aucune relation
avec l'un et l'autre ministère d'après les fonctions
exercées. Il existait autant de différences entre ces deux
ministères qu'entre la Commission de la fonction publique et le service
des achats ou le ministère des Finances. C'était donc une
incompatibilité administrative et nous l'avons fait valoir, M. le
Président, auprès du gouvernement du temps. Nous avons
démontré, M. le Président, que c'était la
supposée grande réforme du gouvernement. C'était à
peu près la plus belle faillite du gouvernement parce que le ministre
des Travaux publics du temps avait oublié de regarder certains dossiers
qui existaient dans le gouvernement, certains dossiers qui proposaient une
véritable réforme administrative pour créer de
l'efficacité administrative à l'intérieur du gouvernement,
une véritable réforme qui regroupait des ministères, mais
des ministères qui avaient quand même entre eux des
éléments communs, des ministères qui se ressemblaient.
Tout à coup, parce qu'on voulait conserver un ministre, qui est disparu
depuis, qui est devenu ministre d'Etat à l'autoroute, parce qu'on
voulait conserver un ministre qui était ministre des Transports du
temps, on ne voulait pas accepter le regroupement des véritables
ministères qui se tiennent ensemble, soit le ministère des
Travaux publics et le ministère de la Voirie.
M. le Président, nous avions alors, nous, du Parti
québécois, proposé, étant donné l'importance
de ce ministère-là, ce ministère de l'Approvisionnement ou
ministère de l'Equipement, pas parce que nous avions fait des
découvertes... Il y a des fonctionnaires qui travaillent
énormément depuis plusieurs années sur la réforme
administrative, qui travaillent énormément pour proposer au
gouvernement de véritables réformes administratives et qui ont
des plans qui ont été soumis au ministre, des plans qui
continuent d'être sur les tablettes, à la poussière, parce
que le ministre ou les ministres n'en prennent pas connaissance. Nous n'avions
pas fait de découverte, M. le Président. Il y avait la commission
Glassco qui avait étudié la réforme administrative au
gouvernement fédéral, qui avait proposé des solutions
concernant un véritable ministère de l'Equipement ou
ministère de l'Approvisionnement. Quand j'avais parlé de la
commission Glassco, je me rappelle la réaction du ministre des Travaux
public du temps: Le député est-il en train de nous lire le
rapport de la commission Glassco? J'ai dit: Non, M. le Président, je
suis en train au moins de l'informer qu'il y a une commission qui a
étudié un problème semblable et que le ministre aurait
dû en prendre connaissance. M. le Président, le ministre n'en
avait pas pris connaissance. Nous avions proposé qu'on crée un
véritable ministère de l'Equipement ou un ministère de
l'Approvisionnement, mais qui aurait véritablement des fonctions
d'approvisionner, d'équiper les autres ministères. Pas un
ministère de patronage, pas
un ministère de népotisme, un ministère de
l'Approvisionnement qui devait avoir pour fonction principale des fonctions qui
devaient être accordées uniquement à ce
ministère.
D'abord, construction et entretien des édifices publics; service
d'achat de biens nécessaires à toutes les administrations ou
à tous les ministères du gouvernement; service de normalisation
pour les achats du secteur public et parapublic. Nous reviendrons sur ce point,
M. le Président, c'est extrêmement important. Malheureusement, ce
gouvernement n'a encore absolument rien fait pour avoir une véritable
politique même si le ministre de l'Industrie et du Commerce veut
intervenir cela fait près de trois ans qu'on intervient dans
cette Chambre pour avoir une véritable politique des achats au
Québec et ce gouvernement n'a pas encore pris ses
responsabilités. Nous sommes encore devant rien à ce sujet. Tant
et aussi longtemps que le ministre ne nous proposera pas une véritable
réforme à ce sujet-là... Service de normalisation pour la
construction des édifices du secteur parapublic, en particulier le
secteur des écoles et des hôpitaux. Enfin, M. le Président,
un service central de polycopie.
Donc, nous voulions que ce ministère fasse, à
l'intérieur d'une véritable réforme administrative du
gouvernement, une réforme qui, probablement, créerait quatre
grandes missions au niveau du gouvernement: mission économique, mission
sociale, mission d'éducation culturelle et une mission gouvernementale
d'administration à laquelle devait se greffer un véritable
ministère des biens et services du gouvernement, soit le
ministère de l'équipement.
M. le Président, quand nous avons proposé cette
réforme je pense que les membres de l'Union Nationale du temps
s'en souviennent nous avons entendu les députés
libéraux de l'autre côté, qui sont prêts à
voter pour n'importe quoi je les nommerai tout à l'heure
crier, hurler, chiâler, en nous disant: Vous ne comprenez rien. On va
voir qui a compris. Que le député de Terrebonne prenne son temps,
on va voir tantôt comment il a voté lorsqu'on a
présenté une motion sur ce projet de loi. Nous avons vu aussi les
députés du Ralliement crédi-tiste de l'époque
appuyer le projet de loi no 22. Aujourd'hui, nous voyons une volte-face...
M. PAUL: Nous, qu'est-ce qu'on a fait?
M. LESSARD: Attendez un peu, vous autres, vous avez été
les seuls qui avez été avec nous, qui nous avez suivis.
M. PAUL: Déjà, la fusion était
commencée.
M. LESSARD: M. le Président, les députés du
Ralliement créditiste...
M. SAINT-PIERRE: C'est épouvantable de voir ça.
M. LESSARD: C'est épouvantable? Vous allez voir comment vous
êtes épouvantables! Soyez patients, vous allez voir...
M. SAINT-PIERRE: ... toutes les folies.
M. LESSARD: ... votre logique. Vous avez voté pour un projet de
loi qui ne correspondait aucunement au projet de loi qui nous est soumis ce
soir. Nous vous avons proposé une réforme qui correspond à
peu près, globalement, généralement, à la
réforme que nous soumet le ministre, et vous avez adopté ce
premier projet de loi qui est complètement opposé,
complètement différent, qui n'a aucune relation avec le projet de
loi qui nous est soumis ce soir. Le Ralliement créditiste a fait
exactement la même chose. Il ne faut pas demander de la logique à
ces gens. Ecoutez, M. le Président, je les excuse.
M. SAINT-PIERRE: Il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas
d'idée.
M. LESSARD: Depuis qu'ils sont en Chambre, depuis le 29 avril 1970, ces
gens ont agi complètement dans l'illogisme et sont prêts à
accepter n'importe quel projet de loi. En effet, vous allez voir, il faut vous
démontrer quand on a raison. On a raison souvent, vous devriez, le
député de Terrebonne devrait prendre conscience, à un
moment donné, qu'au lieu d'être prétentieux comme il l'est
tout le temps, il devrait écouter les députés de
l'Opposition qui, eux, ont le temps, au lieu de faire du népotisme, du
petit patronnage, ont le temps de...
M. HARDY: J'invoque mon privilège, M. le Président.
Evidemment, je sais que vis-à-vis du député de
Saguenay...
M. PAUL: Sur un point de règlement, nous sommes en commission et
il n'y a pas de question de privilège. De la part d'un ancien
vice-président..:
M. HARDY: Le député de Saguenay ne fait que faire de la
projection.
M. LESSARD: M. le Président, c'est un fait.
M. BURNS: Il n'y a pas de question de privilège en commission. Il
devrait le savoir. Moi, ça me surprend qu'il ne le sache pas, il a
présidé longtemps.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LESSARD: ... quand tu sera battu, le député de Saguenay
sera encore gagnant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): L'archevêque de Saint-Henri.
M. LESSARD: M. le Président, nous avions à ce moment le
député de Bourget.
M. SAINT-PIERRE: ... à vous écouter.
M. LESSARD: Vous allez voir que vous allez avoir des surprises.
M. SAINT-PIERRE: Oui, vous allez en avoir.
M. LESSARD: Vous autres, les "patronneux", êtes en train de
créer le plus grand système de patronage qui ait jamais
été établi au Québec. C'est justement pourquoi on
va surveiller ce projet de loi. Le député de Bourget avait soumis
un amendement faisant suite aux critiques intelligentes, aux critiques
rationnelles pas les critiques du député de Laurier, on
sait que le député de Laurier ne peut pas faire beaucoup de
critiques, à part de dire des bêtises. Il ne crie plus, là
des critiques rationnelles.
Nous avions soumis, à ce moment-là, par la voix du
député de Bourget, un amendement demandant de reporter ce projet
de loi no 22 à trois mois. Or, c'est le 30 mars 1971. Le
député de Maskinongé se le rappelle, le ministre
était pressé d'adopter son projet de loi. On ne pouvait pas
attendre trois mois. C'était urgent; il fallait absolument que le budget
des deux ministères soit regroupé à l'intérieur
d'un seul ministère et ce, avant le 1er avril. C'était
urgent!
Nous sommes au 13 mars 1973. Le ministre a eu le temps de
réfléchir. Cependant, quand nous avons fait valoir nos arguments
le député de Maskinongé et les députés
de l'Unité-Québec, de l'Union Nationale du temps, ont
appuyé cette motion on a crié : Motion dilatoire. On veut
renvoyer le projet de loi! Notre motion était strictement pour permettre
au ministre de réfléchir un peu. On a pris le vote sur cette
motion. Vous me permettrez, puisque j'ai une heure, de prendre mon temps et de
donner le nom de chacun des députés qui ont voté pour ou
contre cette motion. En effet, le vote est pris. Le président demande:
"Que ceux qui sont en faveur de la motion du député de Bourget
veuillent bien se lever". Ceux qui se lèvent: MM. Laurin, Burns,
Léger, Tremblay, Lessard, Bertrand, Paul, Vincent, Lafontaine, Boivin,
Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Gagnon, Lavoie,
Croisetière, Demers, Gauthier. Juste ça, soit dix-sept personnes
qui ont voté pour la motion.
Ceux qui étaient contre. C'est là-dessus que j'insiste,
parce que moi, je pense que, si l'un des premiers devoirs d'un
député, c'est d'être législateur, il faut au moins
qu'il soit logique avec lui-même. C'est au moins le premier
élément, la première qualité qu'on doit demander
à des députés dans cette Chambre. Même les
députés libéraux qui sont strictement des
"back-benchers"...
M. BROCHU: Est-ce que le député de Saguenay me permettrait
une question?
M. LESSARD: ... qui votent... Non, il n'y a pas de question de
règlement. Je ne vois pas pourquoi. Je n'ai pas attaqué le
Ralliement créditiste.
M. BROCHU: Je m'excuse auprès de mon confrère. Est-ce
qu'il me permettrait de poser ma question?
M. LESSARD: Allez-y.
M. BROCHU: Je me demande de quoi le député se plaint
actuellement en relisant cette motion, puisque, justement, sa motion de renvoi
a été automatiquement appliquée vu que le projet de loi a
été reporté. Il a eu onze mois au lieu de trois.
M. BURNS: Vous êtes en train de tirer des leçons en disant
cela.
M. LESSARD: Si c'était la place pour rire, je rirais, M. le
Président. Malheureusement, c'est bien plus la place pour pleurer, quand
on voit des réactions comme celle-ci. Il y a une motion sur la table qui
dit que le projet de loi du 30 mars 1971, qui nous est soumis pour le
regroupement des ministères de la Voirie et des Travaux publics, doit
être retardé à trois mois, parce que ce projet de loi ne
correspondait pas du tout aux véritables réformes ou aux grandes
réformes que nous proposait le gouvernement, qu'il n'y avait aucune
relation entre le regroupement du ministère de la Voirie et celui des
Travaux publics et que c'était illogique de voter pour un tel projet de
loi.
Or, le Ralliement créditiste du temps vote contre la motion de
renvoi à trois mois parce que, pour lui, ce projet de loi était
important et bon, parce que l'une des responsabilités des
députés en cette Chambre, c'est d'être capables de bonifier
et d'améliorer les projets de loi. Ces députés votent,
avec le gouvernement, pour le projet de loi parce que c'est un bon projet de
loi. Je n'ai pas le temps de lire tout ce que les députés du
Ralliement créditiste ont dit à ce moment-là.
C'était un magnifique projet de loi.
Aujourd'hui, le projet de loi, comme je le dirai tout à l'heure,
est complètement différent et le député de
Frontenac vient nous dire: Encore un magnifique projet de loi; nous allons
souscrire à ce projet de loi. C'est un projet de loi auquel nous avions
pensé, qui nous paraît important, qui est logique.
Je ne charrie pas, M. le Président, c'est exactement ce qui
existe dans les procédures, dans les débats, dans le journal des
Débats de l'Assemblée nationale.
Si ces gens-là se relisaient, ils seraient scandalisés,
mais il n'y a pas seulement eux qui devraient se relire.
Je continue: Ceux, M. le Président, qui sont contre la motion de
rejet à trois mois... Pensez toujours, M. le Président, que
c'était le 30 mars 1971, et nous sommes au 13 mars 1973, presque deux
ans après cette motion de report à trois mois, presque deux
ans.
Le ministre nous disait alors: C'est très urgent. Il est vrai
que, pour le Ralliement créditiste, c'était excusable dans le
temps, parce que vous vous rappelez que c'était l'époque des
$5000 que l'on avait accordés à un certain candidat dans Chambly,
que le Parti libéral avait accordés au candidat du Ralliement
créditiste dans Chambly; donc, il y avait peut-être une certaine
relation entre l'appui que donnait ce parti, à peu près
continuellement, au gouvernement et l'appui qu'il a donné concernant ce
projet de loi.
De toute façon, M. le Président, à ce
moment-là, 51 personnes ont voté contre l'amendement du
député de Bourget et je les nomme...
M. PINARD: M. le Président, je ne veux pas être
désagréable envers le député de Saguenay, mais je
me demande s'il est dans l'ordre, au moment où il fait une intervention
qui porte sur le principe du bill 22, qui avait été conduit
jusqu'en deuxième lecture et qui, depuis, a été
abandonné. Le député fait sensiblement le même
discours qu'il a fait le mardi 30 mars 1971, alors que le ministre des Travaux
publics présentait à cette époque le bill 22
intitulé loi créant le ministère de l'Equipement. Il
faudrait que le député se souvienne qu'à ce
moment-là la loi constitutive du nouveau ministère était
en fait la fusion des ministères de la Voirie et des Travaux publics.
Donc, il y avait deux éléments importants: la fusion de deux
ministères, les Travaux publics et la Voirie, alors que, par le bill
222, qui n'est pas le bill 22, il y aurait un changement radical; il y a la
disparition d'un élément du bill 22, c'est-à-dire la
disparition...
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président. Le
ministre n'est pas actuellement en train d'invoquer la non-recevabilité
des arguments du député de Saguenay, il est en train d'essayer de
répondre au député de Saguenay, et cela se fait en vertu
de l'article 97 et quand le député de Saguenay aura
terminé. Actuellement, le député de Saguenay est en train
de vous démontrer une interrelation entre un certain nombre de faits.
Ecoutez-le comme il le faut et vous verrez que vous serez bien
gêné tantôt. Ne vous arrêtez pas, rectifiez les faits
quand vous voulez, M. le Président, j'invoque simplement le
règlement sur ce problème. Je dis que si le ministre veut
rectifier des faits, il en parfaitement le droit.
LE PRESIDENT: J'ai bien compris et c'est pour cela que je donne la
parole au député de Saguenay pour qu'il continue son
intervention.
M. PINARD: M. le Président, je soulève une question de
règlement.
M. LESSARD: Avant de continuer mon intervention, M. le Président,
je veux parler sur le point de règlement qui a été
soulevé par le ministre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Question de règlement.
M. PINARD: J'étais en train d'établir pourquoi je
soulevais une question de règlement.
Je dis que le député de Saguenay fait le même
débat que celui qu'il a fait le 30 mars 1971 alors que nous avons
discuté du bill 22.
M. BURNS: Qu'est-ce qui l'empêche de le faire, même si c'est
après?
M. PINARD: Ce soir, nous discutons le bill 222, qui est en fait la
fusion du ministère des Travaux publics et du service
général des achats et qui portera le nom de Loi du
ministère des Travaux publics et de l'Approvisionnement. C'est donc un
bill différent. Le bill 22 a été abandonné. Le
débat a été fait, le bill est resté là et le
gouvernement a présenté un nouveau projet de loi,
c'est-à-dire le projet de loi 222. Que le député de
Saguenay parle du projet de loi 222 mais qu'il arrête de se
référer à un débat antérieur sur un projet
de loi présenté antérieurement et qui a été
abandonné en cours de route. C'est ma question de règlement. Le
député fait sensiblement le même discours qui a paru au
journal des Débats le 30 mars 1971. Il n'a pas besoin de nous le
répéter, il est consigné au journal des Débats et
je le sais par coeur, je l'ai lu aujourd'hui.
M. LESSARD: M. le Président, sur le point du règlement, je
suis en train... D'abord, je vous lis l'article 122, qui dit que le
débat sur toute motion en deuxième lecture et nous avons
accepté le principe que se soit un débat à l'article 1 de
deuxième lecture doit être restreint à la
portée, à l'à-propos, aux principes fondamentaux et
à la valeur intrinsèque du projet de loi ou à toute autre
méthode d'atteindre ses fins.
M. PINARD: No 222.
M. LESSARD: M. le Président, le projet de loi no 22 regroupait
écoutez-moi, M. le Président le ministère
des Travaux publics avec le ministère de la Voirie. Le projet de loi 222
regroupe le ministère des Travaux publics, donc le même
ministère qui était regroupé dans le projet de loi no 22,
et ensuite certaines politiques concernant le service des achats. Je veux
démontrer qu'il était alors illogique de regrouper le
ministère des Travaux publics avec le ministère de la Voirie,
mais qu'il devient logique de faire exactement ce que nous avions
proposé, c'est-à-dire de faire du ministère des Travaux
publics un véritable ministère de l'Equipement. Donc, par la
relation du ministère des Travaux publics, je suis complètement
dans l'ordre.
Je continue. Du côté des Libéraux, ceux qui ont
voté contre la motion du député de Bourget. M.
Bourassa...
M. PINARD: C'est dans le journal des Débats, pourquoi
répétez-vous ça?
M. LESSARD: M. Bourassa... Que le ministre vérifie bien. Ce n'est
pas du tout le même discours. Il y a une chose, M. le Président,
c'est que le ministre ne s'attende pas qu'il va nous présenter des
projets de loi à la vapeur et que nous autres, comme membres de
l'Opposition dans cette Chambre, nous allons les accepter sans les discuter. Le
ministre s'est ouvert les yeux. Nous voulons aussi, quand je discute de ce
projet de loi, nous voulons à nouveau, sur certains points, lui faire
ouvrir les yeux. Parce que, M. le Président, même si je suis
d'accord sur le principe de ce projet de loi, si le ministre n'accepte pas de
faire des réformes, nous devrons voter contre en troisième
lecture. Il s'agit, M. le Président, de choses très
importantes.
M. le Président, je répète, M. Bourassa, M.
Lévesque... Cela fait mal de voir les erreurs qu'on fait dans ce
Parlement...
M. BIENVENUE: M. le Président, je soulève un point de
règlement.
M. LESSARD: ... que ce gouvernement d'efficacité, gouvernement
efficace, gouvernement d'administrateurs, gouvernement de patronage,
gouvernement de népotisme...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sur une question de règlement.
M. LESSARD: Un gouvernement de patro-neux. Ce n'est plus une insulte
d'être patroneux dans cette Chambre.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Sur une question de règlement.
M. BIENVENUE: M. le Président, j'aimerais avoir de vous une
décision sur la question de règlement suivante, à savoir
si l'énumération de la liste des députés qui
auraient voté pour ou contre une motioa, portant sur un projet de loi
qui a été abandonné, il y a plus d'un an, entre dans le
cadre de la portée, de l'à-propos, des principes fondamentaux ou
de la valeur intrinsèque du projet de loi 222 que nous étudions
actuellement.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Je comprends qu'il peut être fastidieux
pour les députés de cette Chambre d'entendre
l'énumération du vote qui a été pris, mais si je
réfère à l'article 122 et que je continue, à la
suite de ce qu'a dit le député de Matane, il faut dire: Ou
à toute autre méthode d'atteindre ses fins. Je pense que cet
article 122 donne un corridor extrêmement large à l'opinant qui
veut discuter.
M. PINARD: M. le Président, suite à votre
décision...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Vous
avez rendu votre décision.
M. PINARD: Un instant. Avez-vous rendu votre décision?
M. BURNS: J'invoque le règlement, M. le Président. Jamais,
on ne me permettra de revenir sur une de vos décisions.
LE PRESIDENT (M. Giasson): Avez-vous une question de
règlement?
M. BURNS: Il est en train de vous demander de revenir sur votre
décision.
M. PINARD: Je demande au président s'il a rendu sa
décision et il me dit: Avez-vous une question de règlement? J'ai
dit: Oui. Je veux faire remarquer, bien respectueusement, au président
que, même si, par hypothèse, son argumentation était bien
fondée par rapport à l'interprétation de l'article 122, il
reste un autre fait certain. C'est que nous ne sommes pas dans la même
session que celle du 30 mars 1971.
M. BURNS: Raison de plus. Vérifiez donc l'article 100. Vous allez
voir. C'est encore plus vrai.
M. PINARD: Nous sommes dans une nouvelle session et il s'agit, pour
l'Assemblée nationale ce soir, de discuter non pas du bill 22, mais d'un
nouveau projet de loi no 222 intitulé: Loi du ministère des
Travaux publics et de l'Approvisionnement...
M. BURNS: C'est justement, vérifiez l'article 100.
M. PINARD: Je dis que le député n'a pas le droit de faire
son discours du bill 22 alors que nous sommes à étudier le bill
222.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Cela
n'a aucun maudit sens ce qu'il est en train de nous dire là. Il est en
train de...
LE PRESIDENT (M. Giasson): Le député de Saguenay.
M. BURNS: Non, je ne peux pas laisser ça. Cela est une technique
du ministre fatigué, énervé par les propos du
député de Saguenay qui sont, à mon avis, comme vous l'avez
décidé d'ailleurs, tout à fait à propos. Que le
député de Drummond lise donc l'article 100, paragraphe 1, qui
refuse le droit de revenir sur une question qui a été
décidée pendant la session en cours.
Ce n'est pas une chose qui a été décidée
pendant la session en cours, c'est justement lui-même qui vient de dire
que c'est une autre session. S'il vous plaît, n'intervenez pas pour
rien.
M. LESSARD: M. le Président, j'utilise l'argument de l'absurde.
C'est-à-dire autant j'ai dit qu'il était absurde, le 30 mars
1971, de vouloir regrouper le ministère de la Voirie avec le
ministère des Travaux publics, autant je dis maintenant qu'il est
logique de faire un véritable ministère des
approvisionnements.
Cependant, nous aurons l'occasion de demander des corrections à
ce projet de loi, toujours en explicitant comment le vote s'est prix en date du
30 mars 1970. Je pense que c'est très important parce que, comme je le
disais, l'une des premières qualités du législateur, c'est
d'être au moins logique avec lui-même.
Or, M. le Président, je crois que les deux seuls partis qui ont
été logiques avec eux-mêmes à ce moment-là,
en Chambre, ont été l'Union Nationale et le Parti
québécois. En effet, si le ministre me le permet, j'ai
l'intention de terminer la lecture des noms de ceux qui ont voté contre
la motion intelligente, rationnelle du député de Bourget, soit le
report à trois mois. Parmi ceux qui ont voté contre, il y avait
:
MM. Bourassa, Levesque, Castonguay, Pinard, Garneau, Tessier, Parent,
Harvey (Jonquière), L'Allier, Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Saint-Pierre,
Toupin, Goldbloom, Vaillancourt, Mailloux, Houde (Fabre), Coiteux, Bienvenue,
Perreault, Brown, Saindon, Picard, Pearson, Leduc, Fraser, Assad, Bacon,
Berthiaume, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey
(Chauveau), Houde (Limoilou), Lamontagne, Larivière, Marchand, Phaneuf,
Pilote, Shanks, Veilleux, Samson, Roy (Beauce), Drolet, Bois, Audet, Latulippe
et Guay.
M. le Président, ces mêmes députés qui
avaient voté pour le renvoi de la motion à trois mois, parce que
nous affirmions que ce projet de loi était absurde, illogique, que
c'était l'inefficacité même, aujourd'hui, je suis
assuré qu'ils vont voter pour le projet de loi 222.
Alors, ces mêmes députés qui refusaient une motion
dans laquelle on demandait simplement de retarder le projet de loi à
trois mois pour permettre au ministre des Travaux publics du temps de
réfléchir sur une véritable réforme du
ministère de l'Equipement, ces mêmes députés,
aujourd'hui, après près de 24 mois, non pas après trois
mois, reviennent par la voix du ministre, nous proposent le projet de loi 222
qui est exactement ou qui correspond dans ses grandes lignes à
exactement à ce que le Parti québécois avait
proposé dans sa critique sur le projet de loi 222.
Ces mêmes députés qui gueulaient, qui
chiâlaient, qui hurlaient et qui nous traitaient de démagogues,
ces mêmes députés qui étaient surpris de voir le
Parti québécois réagissait contre ce projet de loi, qui
étaient décidés à se battre contre lui, viennent
nous dire: Messieurs du Parti québécois, vous aviez raison le 30
mars 1971.
Et combien de fois avons-nous raison? Nous avons justement l'intention,
en utilisant ce projet de loi qui est vraiment flagrant, qui est vraiment une
illustration exacte des propos intelligents et rationnels que nous tenons, de
démontrer au ministre qu'il devrait nous écouter un peu plus
souvent. Il devrait surtout écouter ses fonctionnaires un peu plus
souvent parce que, dans le fond, M. le Président...
M. le Président, on m'informe qu'il n'y a pas quorum.
M. PAUL: C'est la première fois, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Nous espérons, au moins, que ces
députés maintenant vont faire acte d'humilité, qu'ils vont
arrêter de gueuler, de chiâler et de hurler quand nous
présentons certains amendements et certaines améliorations au
projet de loi, parce que le bill 222 est exactement une illustration de ce que
le Parti québécois a proposé.
Il y a un problème aussi, c'est que les ministres,
malheureusement, n'écoutent pas assez leurs fonctionnaires. Il y a des
études qui sont faites au niveau du gouvernement, études qui sont
excellentes, qui ont été payées à même les
deniers publics, mais qui, malheureusement, demeurent secrètes. Mais,
parce qu'il y a des fonctionnaires qui se fatiguent, parce qu'il y a des
fonctionnaires qui se tannent, eh bien, ces études nous parviennent. Je
n'ai pas du tout l'intention de le cacher au ministre. La différence
entre nous et le gouvernement du Québec, c'est que nous, au moins, nous
en prenons connaissance. Une véritable étude de réforme
administrative a été préparée par l'Office de
planification et de développement économique du Québec qui
propose un plan de regroupement des ministères.
LE PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Je ne sais pas si une
décision avait été rendue avant.
M. BURNS: Il y en a une...
LE PRESIDENT (M. Blank): Par qui?
M. BURNS: ... qui a été rendue. C'est une entente. Avant
que vous preniez le fauteuil et avant que vous arrêtiez le
député de Saguenay, je veux vous informer que la Chambre,
à l'unanimité a décidé qu'il s'agissait d'un
discours de deuxième lecture. Avant que vous preniez le fauteuil, le
président qui vous a précédé, qui est, en
l'occurrence, le député de L'Islet, je crois, a rendu sa
décision, ou le député de Roberval, c'est la même
chose.
LE PRESIDENT (M. Blank): S'il y a une décision...
M. BURNS: M. le Président, si vous me le permettez, avant que
vous commettiez une gaffe, je veux seulement vous dire ceci...
LE PRESIDENT (M. Blank): Le député de Roberval me fait
signe; je ne peux pas parler.
M. BURNS: Très bien. Merci.
M. LESSARD: Cette étude propose une véritable
réforme administrative, comme je le disais tout à l'heure, en
proposant quatre missions importantes au gouvernement. On y retrouve aussi des
genres de secrétariats.
Si le ministre, à ce moment, le 30 mars 1971, avait au moins pris
connaissance de cette étude, il aurait pu constater
immédiatement, de visu, comme le dirait le député de
Chicoutimi ou le député de Bourget je ne sais pas si le
député de Chicoutimi va accepter cela que la
réforme qu'il nous proposait dans le projet de loi 22 était
absolument inadéquate et que c'est le projet de loi qu'il nous propose
ce soir qui est véritablement une réforme. Il correspond
exactement à ce que nous de ce côté-ci de la Chambre, nous
avions demandé et qui avait, d'ailleurs, été appuyé
par d'autres députés. Je me rappelle le discours du
député de Maskinongé à ce moment, lorsqu'il parlait
du ministère de l'Equipement en France avec des faits précis, des
statistiques, des explications. Cela a été un de ses grands
discours, d'ailleurs, à l'Assemblée nationale, mais le ministre
n'a pas compris.
Cependant, nous accepterons malgré les critiques que j'ai eu
à faire au ministre et aux députés libéraux comme
aux députés du Ralliement créditiste, en deuxième
lecture, le principe de ce projet de loi, parce que, justement, nous sommes
logiques avec nous-mêmes.
C'est dans ses grandes lignes exactement ce que nous avions
proposé le 30 mars 1971. Cependant, nous croyons que ce projet de loi
devrait être bonifié. Des améliorations
considérables, améliorations, d'ailleurs, que nous avions
soumises le 30 mars 1971, devraient être faites pour bonifier ce projet
de loi.
En effet, M. le Président, nous faisons ces constatations encore
une fois, comme je l'ai fait le 30 mars 1971. Le ministre viendra me dire que
je suis en train de faire le même discours que le 30 mars 1971, mais si
je le fais, c'est parce qu'il n'a pas compris à ce moment-là. Je
suis obligé de lui répéter même s'il l'a lu, il n'a
pas compris encore, que ce qu'on veut faire, c'est de répéter
constamment pour que ce gouvernement-là se décide enfin à
bouger, se décide enfin à comprendre. C'est malheureusement notre
sort, comme membres de l'Opposition actuellement, d'être obligés
de pousser constamment ce gouvernement immobile.
Je répète, en utilisant cette fois, non pas les chiffres
de 71/72, mais les chiffres de 72/73. En effet, M. le Président, le
principe de ce projet de loi dit que le ministre des Travaux publics et de
l'Approvisionnement exerce les fonctions que les lois actuelles confient au
ministre des Travaux publics, et qu'il est chargé de l'application de la
loi du service des achats du gouvernement et de l'exécution des
politiques adoptées par le gouvernement en vertu de ladite loi. Donc, M.
le Président, en vertu de ce principe, le ministre des Travaux publics
conserve exactement les mêmes pouvoirs qu'il possédait avant.
C'est-à-dire qu'il n'a pas le pouvoir de contrôle sur certaines
constructions, sur certains travaux qui pourtant correspondent exactement
à l'idée qu'on se fait de ce ministère des Travaux public;
le ministère n'a pas de contrôle sur ces travaux-là. Cela
correspond à une somme de près de $25 millions. En effet, si vous
me permettez, dans les crédits 72/73, nous constatons que le
ministère des Affaires culturelles est responsable de l'achat, de la
construction, de la transformation d'immeubles, y compris ameublement et
équipement, exactement les fonctions qui, normalement, devraient
correspondre aux fonctions du ministère des Travaux publics et cela,
pour une somme globale de $1,500,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une imputation. Ce n'est pas exact.
M. LESSARD: Alors, $4,170,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministère ne construit rien aux
Affaires culturelles.
M. LESSARD: Vous me répondrez après, c'est une imputation
qui correspond à un moment donné aux montants qui sont
prévus dans le budget du ministère des Affaires culturelles.
J'espère que le ministre me répondra sur cela, si ce n'est pas le
cas et si le député de Chicoutimi a raison. Le ministère
des Affaires sociales est responsable de l'ameublement, de la construction,
pour une somme de $2,500,000 qui, normalement, d'après la Loi du
ministère des Travaux publics et d'après le projet de loi 222 ne
devrait pas relever du contrôle du nouveau ministère de
l'Approvisionnement. Le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation, à part des routes dont la responsabilité a
été transmise au ministère de la Voirie, est responsable
aussi de l'achat, de la construction, de la transformation d'immeubles pour une
somme de $1 million. Le ministère des Communications pour $200,000; le
ministère des Richesses naturelles pour $6,695,200; le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche ici, je n'ai pas
été capable de l'évaluer, il y a construction de terrains
de camping je donne le chiffre quand même, transformation,
ameublement d'immeubles pour $11,117,200. Encore là, il faudrait
corriger parce qu'il y a probablement un montant de $6 millions
là-dedans qui correspond à la construction de terrains de
camping. Le ministère de l'Industrie et du Commerce est responsable
d'ameublement et de construction pour la somme de $1,219,000, ce qui fait une
somme de $25 millions qui ne relève pas du
contrôle, d'après la loi, du nouveau ministère de
l'Equipement.
M. le Président, je crois donc qu'il y a une correction à
faire et que ces sommes qui correspondent exactement à la nature du
ministère de l'Approvisionnement qu'on veut créer actuellement
devraient être sous la supervision et sous le contrôle exclusif de
ce ministère.
Mais il y a un autre élément qui est fort important. On
dit dans le principe de ce projet de loi que le nouveau ministère sera
chargé de l'application de la loi du service des achats du gouvernement.
Or, je crois que ce nouveau ministère devrait avoir des
responsabilités beaucoup plus vastes et beaucoup plus importantes, que
ce ministère devrait avoir, non seulement, la responsabilité
d'appliquer la politique d'achats des différents ministères du
gouvernement, mais que ce ministère devrait avoir un contrôle sur
les politiques d'achats de tous les organismes publics et parapublics, que ce
soient les commissions scolaires, les municipalités, les hôpitaux,
les CEGEP, bref, toutes les institutions parapubliques.
On sait qu'il s'agit pratiquement, en ce qui concerne les achats de tous
ces organismes, d'une somme de près de $2 milliards ou de plus de $2
milliards. Cela pourrait nous permettre, si nous voulons véritablement
appliquer une politique dans ce domaine, d'accélérer
véritablement le développement économique dans des
secteurs qui sont fort importants au Québec mais qui, malheureusement,
actuellement, ne sont pas développés, parce que on laisse
plutôt les organismes parapublics acheter là où ils le
désirent, là où ils le veulent. Et comment justifier une
telle politique? Parce qu'on sait que ces organismes parapublics sont
financés à environ 75 p.c. ou 80 p.c. par les deniers publics,
par les subventions du gouvernement. Or, je sais que le ministre de l'Industrie
et du Commerce a dit il y a quelque temps qu'il devait proposer une
véritable politique d'achats pour le gouvernement, pour les organismes
parapublics. Mais quand va-t-il enfin se décider? Il aurait eu
l'occasion d'exposer quelle était sa politique d'achats et de
démontrer que ce gouvernement a l'intention, au moins dans ce secteur,
de présenter une véritable politique. Cela fait trois ans qu'on
nous dit qu'on a l'intention de développer une véritable
politique d'achats. Cela fait trois ans qu'on la revendique et nous en sommes
encore, au 13 mars 1973, exactement au même point. C'est-à-dire
que nous ne connaissons rien, nous n'avons rien et nous ne connaissons
aucunement la politique, la nouvelle politique du ministère de
l'Industrie et du Commerce, ou du nouveau ministère de l'Equipement
à ce sujet.
Une autre chose m'inquiète. A la suite de certaines
déclarations, à la suite de certaines accusations qui ont
été formulées depuis quelque temps contre le
ministère des Travaux publics, j'ai le droit de m'inquiéter. Je
ne voudrais pas que ce ministère devienne un ministère de
superpatronage. Je crois que le ministre devrait, ce soir, nous dire qu'il a
d'abord l'intention de demander à son leader parlementaire de faire
siéger la commission des comptes publics pour savoir
véritablement ce qui s'est passé depuis quelque temps au
ministère des Travaux publics, pour connaître les
véritables politiques, parce qu'au crédit du ministère,
c'est faux, nous n'avons pas la possibilité de discuter des budgets
précédents. Nous avons strictement la possibilité de
discuter du budget qui nous est soumis à ce moment, soit le budget
73/74.
Il est important que nous sachions, ce soir, quelles sont les intentions
du ministre en ce qui concerne, par exemple, les politiques des contrats
gouvernementaux, les politiques de location des édifices publics.
Je me rappelle qu'à la commission parlementaire où nous
avions à étudier les crédits du ministère des
Travaux publics avec, d'ailleurs, le député de Gaspé-Nord,
nous avions demandé au ministre de nous proposer une véritable
politique concernant la location des édifices publics. Le ministre
s'était engagé, dans les six ou sept mois il faudrait que
je vérifie la discussion qui avait eu lieu à ce moment-là
à nous présenter une véritable politique concernant
la location des édifices publics. Nous pouvions constater, par exemple,
qu'on louait des édifices publics pour des périodes de dix ans,
alors qu'il aurait été probablement moins coûteux de
construire ces édifices.
Nous avions constaté que, de ce côté-là comme
ailleurs, le gouvernement qui a été élu le 29 avril 1970,
n'avait aucune politique et que c'était une politique de patronage, de
népotisme, de protection des amis. Il importe, parce que nous disons que
ce ministère pourra devenir l'un des grands ministères du
gouvernement québécois, que le ministre nous dise s'il a
l'intention de présenter une véritable politique en ce qui
concerne là location des édifices publics.
Je pense que, globalement, ce projet de loi est logique et qu'il
correspond véritablement aux réformes que nous avions
proposées le 30 mars 1971. Nous l'appuyons en principe, puisque la
deuxième lecture a été acceptée. Je pense, au nom
de mon parti, que le ministre devrait accepter de faire amende honorable et de
dire qu'il a été heureux de pouvoir constater, pour une fois, une
opposition efficace, rationnelle, qui présentait des choses logiques.
Des oppositions, si vous voulez. Est-ce que le nouveau ministre sera titulaire
de ce ministère de l'Approvisionnement? Le ministre actuel, qui
défend le projet de loi, sera-t-il lui-même responsable de ce
ministère?
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député ignore que le
député de Rimouski a été nommé ministre des
Travaux publics?
M. LESSARD: C'est justement ce qui m'in-
quiète encore plus. Même si je connais le ministre actuel
qui présente le projet de loi, même si j'ai eu l'occasion de lire
certains dossiers de patronage qui semble s'être passé, en
particulier en ce qui concerne l'allocation de certains territoires sur la
route 20, j'ai eu l'occasion aussi de constater que le ministre...
M. PINARD: J'aimerais que le député de Saguenay, s'il est
honnête comme il le prétend, prenne au moins connaissance du
jugement rendu par la cour Supérieure dans la cause à laquelle il
fait allusion. La cause a été renvoyée avec frais et
dépens. Aucun motif de plainte n'a été accepté par
la cour et le ministre qui vous parle a été complètement
exonéré de tout blâme et de toute intervention dans cette
affaire.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. C'est
l'article 97, cela. S'il veut répondre, qu'il réponde à
son tour.
M. LESSARD: Je suis heureux de la réponse que me donne le
ministre. Mais, si le ministre est aussi sûr que cela, s'il n'a pas peur
de défendre sa politique en ce qui concerne les accusations qui ont
été portées, pourquoi ne serait-il pas d'accord pour que
la commission des comptes publics soit convoquée pour étudier
toutes les politiques, toutes les actions qui ont été prises par
ce gouvernement depuis le 29 avril 1970, non seulement par le ministre actuel,
mais aussi par l'ex-ministre des Affaires municipales urbaines?
Nous croyons qu'il importe que ce ministère, dont le rôle
pourra être extrêmement important au cours des prochaines
années, soit sans soupçons, qu'on puisse connaître
exactement les politiques du ministère, les politiques de travaux
publics et celles de location.
Si le ministre accepte de répondre d'abord aux questions que je
lui ai posées concernant les travaux qui sont laissés à
d'autres ministères et qui ne semblent pas, d'après le principe
de la loi, être sous la supervision du nouveau ministère de
l'Equipement, et si le ministre accepte de nous proposer de véritables
politiques d'administration efficace et d'administration saine à
l'intérieur de ce ministère, nous appuierons ce projet de loi et
nous serons heureux d'avoir participé, par nos interventions du 30 mars
1971, à la bonification de ce projet de loi. Je vous remercie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le projet de loi 222
me rappelle les débats que nous avons déjà eus au sujet de
ce projet de création d'un superministère. C'était la
Voirie, les Travaux publics, le service des achats, l'approvisionnement, etc.
Le projet de loi revient devant la Chambre et, comme l'a dit mon
collègue, le député de Maskinongé, nous croyons
qu'il sera possible, sous réserve bien entendu des explications que
fournira le minis- tre, de donner notre agrément à ce projet de
loi. D'autant plus que le libellé correspond davantage à ce que
le parti de l'Union nationale avait proposé lorsque s'est
institué le débat au moment de la présentation du projet
de loi.
Il s'agit, en fait, de créer un ministère des Travaux
publics et de l'Approvisionnement, ce qui va de soi, ce qui peut se tenir,
encore que l'on puisse avoir des réserves sur la création de ce
que l'on appelle les superministères et sur les mécanismes de
contrôle qui permettront au responsable, le titulaire, d'exercer ses
pouvoirs, des pouvoirs que lui donnera la loi que nous discutons.
Il est déclaré à l'article 2, je ne l'examine pas,
M. le Président, pour l'instant dans le détail, que le ministre a
une responsabilité en ce qui concerne tous les édifices du
gouvernement et tout ce qui peut s'y rapporter.
Je voudrais signaler à l'attention des membres de cette Chambre
que c'est le député de Maskinongé et moi-même, de
même que le député de Shefford qui avaient pris
l'initiative de suggérer au gouvernement, alors que nous étions
au pouvoir, la création d'un ministère de cette nature afin que
tout ce que construit le gouvernement, afin que tous les ouvrages qui sont
exécutés par celui-ci soient sous la responsabilité d'un
ministre qui axe son action non pas seulement sur la construction proprement
dite, la surveillance en elle-même, mais en même temps l'axe sur
l'efficacité des ministères à vocation économique
dans les structures gouvernementales.
J'écoutais tout à l'heure le député de
Saguenay faire un plaidoyer qui ne faisait en fait que reprendre ce que nous
avions déjà dit. Ce qu'il a présenté tout à
l'heure aux membres de cette Assemblée nationale n'était que la
reprise des propos que nous avions tenus. Je lui sais donc gré d'avoir
approuvé ce que nous avions déjà dit en cette Chambre.
Il me parait toutefois que sa connaissance des problèmes n'est
pas à tous égards complète et que l'expérience lui
fait encore défaut. Cela lui a fait commettre certaines erreurs
d'appréciation, notamment en ce qui concerne le ministère des
Affaires culturelles. Un député qui siège dans cette
Chambre, depuis près de trois ans maintenant, doit savoir que le
ministère des Affaires culturelles ne construit rien. Le
ministère des Affaires culturelles est, comme tous les
ministères, obligé de se soumettre aux exigences des travaux
publics et de demander au ministère des Travaux publics de louer des
édifices ou de les construire. La seule exception qui est faite, c'est
dans le cas des monuments historiques où un budget est attribué
au ministère des Affaires culturelles pour la restauration des monuments
historiques pour l'entretien et la réparation. C'est donc un aspect du
problème que je voulais souligner afin qu'il n'y ait pas de confusion,
ayant été titulaire de ce ministère pendant quatre ans. La
même observation vaut dans le cas de certains autres ministères.
Il serait
important que l'on ventile les dépenses, les crédits, les
affectations budgétaires de certains ministères au chapitre des
constructions. Il faut bien voir que, dans l'ensemble des ministères que
le député de Saguenay a mentionnés, il en est un bon
nombre qui doivent nécessairement s'en remettre au ministère des
Travaux publics lorsqu'il s'agit de construction ou de location
d'édifices. Cependant, certains ministères ont des vocations
spécifiques et il serait, à mon avis, extrêmement dangereux
de demander au ministère des Travaux publics d'intervenir toutes les
fois qu'il est nécessaire de procéder à certains travaux,
même à certains achats qui relèvent de la compétence
exclusive du titulaire du ministère. Ainsi, dans le cas des achats, par
exemple, pour parler du service des achats, s'il fallait que le
ministère des Affaires culturelles doive s'en remettre au ministre des
Travaux publics pour l'achat de pianos ou d'instruments de musique, on
comprendra que les procédures administratives, toujours assez lentes,
risqueraient de créer des imbroglios assez dangereux et de nature
à mettre en cause l'efficacité des ministères
concernés. La même chose pour l'achat des oeuvres d'art, l'achat
des fonds de bibliothèque etc. Et le même problème se pose
dans le domaine du tourisme, etc.
Il y a une observation qu'a faite le député de Saguenay et
qui me parait pertinente, et qu'il a rattachée au problème du
ministère des Travaux publics et particulièrement du service des
achats. C'est le cas de ce qu'on appelle les institutions parapubliques,
paragouvernementales.
On se plaint, à l'heure actuelle, des dépenses
énormes de l'administration gouvernementale, particulièrement au
chapitre des achats. Je pense qu'une enquête le moindrement
poussée nous avions commencé à la faire et nous
avions émis des directives de nous rendre compte que les commissions
scolaires, les hôpitaux et toute maison de même nature effectuent
des dépenses qui sont, à l'heure actuelle, devenues
incontrôlables et que les personnes en autorité, avec la meilleure
foi du monde, en toute conscience et responsables achètent,
bâtissent inconsidérément.
Il s'ensuit une dilapidation des fonds publics qui n'a. plus aucune
sorte de justification. Il n'est que de visiter certaines écoles,
certaines polyvalentes, certains CEGEP, certaines universités, pour voir
jusqu'à quel point on verse dans l'exagération et qu'on y fait
des dépenses que l'on qualifierait, s'il s'agissait d'une dépense
effectuée dans le cadre de ce bâtiment, spontanément, et
que la presse qualifierait aussi spontanément de somptuaires.
J'invite particulièrement les journalistes à visiter les
écoles du Québec, les grandes écoles que l'on a
construites, les hôpitaux qu'on a construits et ceux qu'on est en voie de
construire, pour voir jusqu'à quel point personne ne se prive de rien
dans ces maisons. Il est évident qu'il y a des exigences lorsqu'il
s'agit d'équiper un hôpital, une école. Mais entre ce qui
est absolument nécessaire, essentiel au fonctionnement d'une maison,
d'un bâtiment de cette nature, et les exagérations de ceux qui
voient trop grand, il y a une très large marge et un champ de manoeuvre
que les responsables de ces maisons, hôpitaux, écoles, etc.,
utilisent sans que le gouvernement puisse exercer aucun contrôle.
Il m'apparaît que le ministère des Travaux publics et le
service des achats devraient contrôler de façon très
sévère les dépenses effectuées au titre de
l'éducation, de la santé, du bien-être, etc., parce qu'on
ne peut pas indéfiniment tirer sur les fonds des contribuables pour
solder les frais, les notes de dépenses dans des écoles,
universités ou ailleurs qui sont absolument extravagantes.
Je n'exagère pas. Lorsqu'on bâtit une école, je
comprends qu'on doive l'équiper. Personne n'a rien contre cela.
Mais est-il nécessaire que ces écoles deviennent à
toutes fins utiles des hôtels, des palaces dans lesquels les enfants
vivent quelques heures par jour et se retrouvent après dans des maisons
qu'ils trouvent minables à côté de ces palaces qu'ils
habitent pendant quelques heures sous la férule des maîtres qui
veulent bien encore aujourd'hui s'occuper d'éducation?
Je pourrais faire la même remarque, la même observation, en
ce qui concerne les hôpitaux. L'hôpital doit avoir un
caractère fonctionnel. Il doit répondre aux normes de
sécurité, aux normes d'efficacité, etc., mais je pense que
le gouvernement aurait grand intérêt à faire enquête
sur la façon dont on dote ces édifices de halls prestigieux qui
nous donnent toujours l'impression, lorsqu'on y entre, d'être dans le
hall d'un grand hôtel de luxe.
Je n'exagère rien. Chacun des députés de cette
Chambre n'a qu'à se rendre dans quelque coin du Québec que ce
soit où, depuis un certain nombre d'années, on a donné
dans la mégalomanie pour voir que le gouvernement a un contrôle
à exercer dans ce domaine.
Je ne fais pas grief à qui que ce soit. Je n'accuse personne,
mais je me dis que le gouvernement, ayant démissionné et
je ne parle pas seulement du gouvernement actuel, je parle des gouvernements
antérieurs, le nôtre comme celui qui nous a
précédés les gouvernements ayant
démissionné, les personnes en autorité, que cela soit dans
le domaine scolaire, dans le domaine hospitalier, se sont crues
autorisées à faire n'importe quoi avec l'argent des
contribuables. Il est grand temps que le gouvernement prenne le contrôle,
exerce une surveillance étroite et voit sans exercer une surveillance
tatillonne, à ce que les achats soient faits avec beaucoup de prudence
et avec cet esprit d'économie qui doit caractériser une
administration efficace.
Il y a tout le problème que nous avons évoqué
à maintes reprises, le problème des achats. Où doit-on
acheter? De qui doit-on
acheter? Des Québécois d'abord, au Québec d'abord,
quand cela, évidemment, est possible.
Il est évident que, dans bien des cas, il n'est pas possible de
trouver au Québec les produits ou les objets manufacturés,
l'outillage technique dont on a besoin au Québec. Mais partout où
cela est possible, préséance doit être donnée aux
maisons, aux industries, aux commerces québécois. Cela est d'une
très grande importance.
M. le Président, je voudrais attirer l'attention du ministre
à ce chapitre du service des achats sur la nécessité qu'il
y a de régionaliser les achats, afin que les régions
économiques du Québec puissent profiter de cette manne que le
gouvernement lui-même déverse dans certains centres plus
importants en oubliant qu'il y a, dans diverses régions administratives
du Québec, des commerces et des industries qui pourraient profiter de ce
que le gouvernement achète.
Pensez que et je vous donne un exemple très précis
l'on fait acheter à Québec 500 feuilles de papier qui sont
envoyées dans une région comme la mienne, comme la
Gaspésie, etc.. Il faut payer le transport alors que l'on pourrait
acheter sur place, sans frais de transport additionnels à un coût
inférieur. J'incite le ministre et ses collaborateurs à examiner
ce problème, à consulter les citoyens qui vivent dans les
diverses régions administratives du Québec, afin de
régionaliser. Cela permettrait une redistribution équitable des
fonds publics et éloignerait certains dangers de concentration qui
finissent pas prendre l'allure de favoritisme. Que cela en soit ou que cela
n'en soit pas cela est perçu comme cela. Quand on voit, dans une
région comme la mienne, par exemple, que tous les achats de pneus de la
voirie sont faits par le gouvernement du Québec chez un fournisseur qui
ne vend même pas de pneus, cela révolte les vendeurs de pneus de
la région de Chicoutimi et du Saguenay-Lac Saint-Jean. Pardon? ...
M. ROY (Beauce): Il n'est pas de l'Union Nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il soit de l'Union Nationale ou pas de
l'Union Nationale. D'ailleurs, avec ce que votre chef vient de dire sur les
caisses électorales, on sait à quoi s'en tenir sur votre
pharisaisme.
M. le Président, je vous signale qu'il est minuit et que nous
devons suspendre cet intéressant débat où moment où
j'attaquais le pharisaisme de nos amis de l'autre côté.
M. LE PRESIDENT: La reprise des travaux de la commission est
fixée à la prochaine séance, possiblement.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre.
M. PAUL: Le leader du gouvernement complète sa motion
d'ajournement. Est-ce qu'il pourrait nous dire quel sera l'ordre de nos travaux
de demain et quelles seront les heures de séance de
l'assemblée?
M. LEVESQUE: Demain, nous continuerons l'étude du projet de loi
no 222. Nous prendrons ensuite le projet de loi de la ville de Québec,
de la ville de Hull, les tribunaux judiciaires, Loi de l'exécutif, Loi
de la législature. Pas nécessairement dans l'ordre où je
les donne mais ce sera le menu pour demain. Ma proposition est que la Chambre
s'ajourne à trois heures et nous siégerons jusqu'à ce que
le lieutenant-gouverneur vienne lire le message de la prorogation des
Chambres.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BURNS: M. le Président, je veux tout simplement savoir
à peu près à quelle heure il plaira à notre bon ami
le lieutenant-gouverneur de venir nous porter son message?
M. LEVESQUE: M. le Président, nous ajournons à 15 heures
demain. C'est probablement, je ne veux pas le dire d'une façon
définitive et catégorique, à 17 h 30 ou 17 h 45.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée et l'Assemblée
ajourne ses travaux à demain, 15 heures.
(Fin de la séance à 0 h 1 )