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(Quinze heures dix minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Affaires courantes.
Rapports de commissions élues.
Rapports de commissions élues
Rapport sur le projet de loi 277 concernant le
commerce du pain
M. SHANKS: M. le Président, conformément aux dispositions
de notre règlement, j'ai l'honneur de déposer le rapport de la
commission parlementaire permanente de l'industrie et du commerce, du tourisme,
de la chasse et de la pêche, concernant le projet de loi no 277,
intitulé Loi concernant le commerce du pain.
LE PRESIDENT:
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
M. LEVESQUE: Article g).
Projet de loi no 282 Première lecture
LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire du gouvernement, pour le
ministre de l'Education, propose la première lecture de la Loi modifiant
la loi de l'instruction publique.
M. LEVESQUE: M. le Président, ce projet de loi a pour objet de
permettre qu'à compter du 1er janvier 1972 une partie de la
rémunération des commissaires ou syndics d'écoles ne soit
pas incluse dans le calcul de leurs revenus aux fins des lois
fédérales et québécoises d'impôt. Le projet
prévoit également qui a qualité pour voter lors des
élections scolaires dans l'île de Montréal.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
Questions orales des députés
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Rachat des actions de la SGF
M. LOUBIER: M. le Président, en l'absence du ministre de
l'Industrie et du Commerce, j'adresserai ma question au premier ministre, qui
est sûrement au fait de la question. Selon un éditorial paru ce
matin et à la suite d'une analyse qui aurait été faite des
offres du ministère de l'Industrie et du Commerce aux actionnaires de la
Société générale de financement, est-il
fondé et vrai que les petits actionnaires seraient
pénalisés et auraient un traitement moins généreux
que les actionnaires institutionnels, c'est-à-dire les banques ou les
caisses populaires?
En second lieu, le premier ministre pourrait-il nous dire sur quels
critères le gouvernement se serait basé pour faire de telles
offres aux petits actionnaires, c'est-à-dire ceux qui détenaient
100 actions et moins?
Troisièmement, je voudrais savoir pourquoi le gouvernement s'est
refusé et se refuse encore à produire le rapport du comité
d'étude dont les conclusions ont été de présenter
ces offres et de recommander que ce soit le gouvernement qui devienne seul
actionnaire de la Société générale de
financement.
M. BOURASSA: Pour répondre à la dernière partie de
la question, en premier lieu, c'était un comité d'étude
principalement composé de fonctionnaires, donc c'est beaucoup plus un
document interne qu'un document pouvant émaner d'une commission
d'enquête ou de quelque autre organisme semblable.
J'ai communiqué avec le ministre de l'Industrie et du Commerce il
y a environ une demi-heure pour lui signaler les points de l'éditorial
que mentionne le chef de l'Opposition. D'ailleurs, l'éditorialiste en
question émet lui-même des réserves quant à la
possibilité de ce qui a été annoncé hier.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce m'a assuré qu'il n'y
avait aucune discrimination envers les petits actionnaires et que de fait il
préparait pour la Chambre, cet après-midi, une rectification
à ce que M. Ryan a écrit ce matin. Il devrait arriver d'un
instant à l'autre, c'est ce qu'il m'a dit; je lui avais demandé
d'être ici au début de la séance. Il a dû être
retardé de quelques minutes.
M. LOUBIER: Si je comprends bien, le premier ministre nous affirme que
le ministre de l'Industrie et du Commerce, au cours de l'après-midi,
pourra nous donner les raisons qui font qu'on a offert tel montant aux
actionnaires de 100 actions et moins et pourquoi, aux actionnaires
institutionnels, on a accordé un autre traitement.
M. BOURASSA: M. Ryan lui-même disait dans son éditorial ce
matin qu'étant donné tous les problèmes qui sont
impliqués, les incidences fiscales notamment, sa compréhension,
à première vue, pouvait être imparfaite. Le ministre
de l'Industrie et du Commerce m'a dit il y a quelques minutes qu'il n'y
avait aucune discrimination envers les petits actionnaires ou les actionnaires
détenant moins de 100 actions mais que des éléments
fiscaux, disons, pouvaient à première vue embrouiller la
perception de la question de la SGF.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Ba-got.
M. CARDINAL: Le premier ministre est-il au courant que les petits
actionnaires ont déjà reçu au cours de la semaine
passée, de la société Trust général du
Canada, cette offre à $6.38 pour les détenteurs de moins de 100
actions, de laquelle offre on doit soustraire les frais de courtage en plus, de
sorte que le petit actionnaire n'a aucun autre choix que de jeter son
certificat d'action.
Ceci est déjà entre les mains des petits actionnaires
depuis la semaine dernière; ils ont jusqu'au 15 avril pour y
répondre.
M. BOURASSA: Je sais fort bien que le député de Bagot est
l'ancien secrétaire général du Trust
général, donc il parle en connaissance de cause; il reste quand
même que les frais de courtage ne doivent pas lui paraître comme
une chose entièrement nouvelle dans ce genre de transaction.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: Une question additionnelle, M. le Président, et la
dernière posée au premier ministre. Est-ce que les offres
proposées par le gouvernement sont définitives ou si le
gouvernement envisage de réviser ses offres quant aux petits
actionnaires et, à ce moment-là, est-ce que le gouvernement
n'envisage pas la possibilité de rembourser intégralement les
petits actionnaires, étant donné que c'est un projet de
l'initiative du gouvernement et que la garantie semblait formelle et
pratiquement infaillible à l'époque?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne sais pas si la garantie
était formelle et infaillible en 1962. Je comprends la nuance du chef de
l'Opposition, il était député à ce
moment-là; quant à moi, je ne me souviens pas qu'on ait
invité les gens à souscrire en leur disant que quoi qu'il arrive
ils seraient remboursés en totalité. S'il y avait eu un profit
substantiel, je ne sais pas si le gouvernement aurait pu en
récupérer une partie. Le chef de l'Opposition a trop
d'expérience du monde des affaires pour ne pas savoir que quand on prend
un risque, on le prend et du côté positif et du côté
négatif.
Avant de répondre d'une façon précise à la
question sur la révision des offres, je lui demanderais d'attendre les
rectifications que le ministre de l'Industrie et du Commerce va donner dans
quelques minutes. Je le lui ai demandé il y a environ une heure et il
m'a dit que dès ce matin il avait préparé les
rectifications pour clarifier cette question assez complexe étant
donné les implications fiscales.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Embauche pour les travaux de la baie James
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail, suite à plusieurs déclarations
faites en cette Chambre concernant la priorité d'embauche pour les
travaux de la baie James qui, selon la déclaration du ministre
même, seraient donnés aux travailleurs des régions
immédiates telles que le Nord-Ouest québécois et le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, si je me rappelle bien. Est-ce que le ministre peut
nous dire si, selon lui, cela se fait présentement, si cela s'est fait
comme ça depuis le début? Est-ce que le ministre peut nous dire
également s'il a été mis au courant que,
dernièrement, une réunion avait lieu à Val-d'Or groupant
plusieurs organismes tels que les syndicats, les organismes
socio-économiques, etc. concernant ce problème? Et, est-ce que le
ministre peut nous dire s'il entend apporter des correctifs aux plaintes qui
sont formulées par ces organismes?
M. COURNOYER: Si les plaintes sont fondées, nous allons sans
doute apporter des correctifs. Malheureusement, pour vos deux premières
questions, je ne pourrais pas vous répondre immédiatement. Avec
votre permission, je tenterai de vous répondre demain.
M. SAMSON: M. le Président, une question supplémentaire.
Est-ce que le ministre peut nous dire s'il a reçu un
télégramme en provenance de la Fédération nationale
des syndicats en bâtiment, demandant aux officiers du ministère
d'assister à une réunion qui serait convoquée par eux et
à laquelle on demanderait également au député de la
région et aux différents organismes d'être
représentés pour discuter de cette question-là?
Premièrement, le ministre a-t-il reçu le télégramme
lui demandant d'envoyer ses officiers le représenter et,
deuxièmement acceptera-t-il que son ministère soit
représenté à une telle réunion?
M. COURNOYER: Je vais essayer de répondre. Je n'ai pas
reçu de télégramme. Je vais le lire avant de pouvoir
répondre à la deuxième question. Je ne l'ai pas vu ce
matin dans le courrier fort volumineux qui m'attendait.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre accepterait que je lui fasse parvenir
une copie de celui que nous avons? Peut-être qu'il pourrait en prendre
connaissance plus vite.
M. COURNOYER: J'imagine qu'avec l'efficacité qu'on vous
connaît, ça va aller plus vite. Envoyez-le donc.
LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
Accident de Mannix
M. LESSARD: M. le Président, c'est avec plaisir que nous saluons
le retour du ministre du Travail que nous attendions avec impatience.
J'aimerais que le ministre du Travail nous explique pourquoi les experts de son
ministère, qui ont préparé un rapport concernant
l'accident de Mannix, n'ont pas été appelés à
témoigner lors de l'enquête du coroner qui a eu lieu sur cet
accident. Si ces experts-là n'ont pas témoigné, quelles
sont les explications?
M. COURNOYER: En réponse à la question, vous allez
peut-être penser que je veux patiner. Je ne veux pas patiner, mais je
dois avoir une discussion avec le ministre de la Justice sur les raisons qui
ont pu entourer cette chose et je vais tenter de vous répondre
demain.
Par ailleurs, je vous avais promis avant Noël de déposer le
rapport de l'accident et des constatations des experts lorsque je l'aurais. A
la suite de la publication de ce rapport, nous avons décidé qu'il
valait mieux attendre que le coroner ait lui même fait son enquête,
plutôt que de le rendre public. Je m'excuse de ce contretemps. Je le
dépose donc immédiatement. Quant à la deuxième
partie de la question, le rapport effectivement fait par mes enquêteurs
est à l'effet qu'ils n'ont pas été invités à
témoigner par le coroner Flamand. Je dois discuter avec le ministre de
la Justice pour savoir ce que nous devons faire ou ce qui aurait dû
être fait.
La seule conversation que j'ai eue avec le ministre de la Justice
là-dessus s'est passée il y a quelques minutes. Je vous demande
la permission de répondre demain à cette partie de la
question.
M. LESSARD: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que
le ministre envisage, lors de cette discussion avec le ministre de la Justice,
la possibilité de porter des accusations contre la compagnie Mannix qui,
selon le rapport du coroner, n'a pas respecté la Loi des
établissements industriels et commerciaux?
Enfin, est-ce que le ministre, à la suite de cet accident, entend
prendre des mesures pour forcer les entrepreneurs en construction à
avoir au moins un officier de sécurité? On sait que plusieurs
mois après l'accident à la compagnie Mannix, il n'existe pas
encore sur les chantiers d'officier de sécurité. Est-ce que le
ministre entend enlever à la Commission de l'industrie de la
construction ce contrôle sur les normes et la sécurité sur
les chantiers de construction et prendre cette responsabilité? Quelles
sont les mesures qu'il entend prendre pour au moins avoir un officier sur les
chantiers de construction?
M. COURNOYER: En réponse à la dernière partie de la
question je suis obligé de commencer par la dernière car
il y avait assez de questions dans tout ce que vous m'avez dit que j'ai du mal
à les démêler avec les demandes qu'on me fait de
mise en tutelle de la Commission de l'industrie de la construction vous allez
comprendre que je songe, de temps à autre, à en faire un
organisme relevant directement du ministre pour que je puisse en
répondre au même titre que je réponds des inspecteurs
employés par le ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Cette partie de la question ayant reçu une réponse, il y a
une autre chose qui s'en vient, qui doit arriver, qui est prête ou
presque prête et qui concerne les licences que devront détenir les
entrepreneurs pour exercer leur métier. Il y aura possibilité,
dans ce que j'ai recommandé au conseil des ministres, de perte de
licence lorsque des infractions aux règles de sécurité
auront été commises par des entrepreneurs en construction. Ce
sera dans une loi que vous aurez à discuter devant le Parlement
très certainement cette année.
Quant à la première partie, à savoir si nous avons
l'intention d'intenter des poursuites, comme ministre du Travail j'ai un
service d'inspection qui fait des recommandations au ministère de la
Justice; habituellement, jamais le ministère de la Justice ne refuse
à mes inspecteurs de prendre les actions que les inspecteurs jugent
approprié de prendre. Mes inspecteurs peuvent me rapporter quatre ou
cinq infractions de la part de la compagnie Mannix que les tribunaux seront
sans doute appelés à juger comme étant des infractions
à la loi de la sécurité ou comme n'en étant point.
Je suis assuré, d'ores et déjà, qu'il n'y a aucun rapport
entre cela et la mort des sept personnes. Il s'agit d'infractions totalement
indépendantes qui auraient pu, par incidence, causer l'accident qui a
lui-même causé la mort de sept personnes, mais
indépendamment de cela, il y a quatre ou cinq infractions qui sont
reconnues par nos inspecteurs. Le ministère de la Justice prendra
certainement action là-dessus mais cela n'a rien à voir avec
l'enquête du coroner. J'en parlerai demain avec le ministre de la
Justice.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chauveau.
Décret de la construction
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, ma question s'adresse
également au ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre. Le ministre
peut-il confirmer ou infirmer la rumeur voulant que le décret de la
construction se terminant en mai 1973 soit prolongé à septembre
ou octobre 1973?
M. COURNOYER: C'est une rumeur qui n'est pas fondée et je dis que
les négociations dans l'industrie de la construction doivent commencer
rapidement. Je trouve que les délais qui restent aux parties pour
trouver une solution à leurs problèmes de convention collective
pour l'année 1973-1974 deviennent de plus en plus courts. Est-ce le 30
avril ou le 30 mai? Il ne faut pas que je me trompe. De toute façon,
à la date fixée dans le décret pour son expiration, le
lendemain c'est la jungle. Il n'y a plus de décret et tout le monde a le
droit de faire ce qu'il veut. Je pense que c'est assez clair.
M. HARVEY (Chauveau): Question supplémentaire. Est-ce que le
ministre du Travail, étant au courant des négociations, pourrait
dire à cette Chambre si on a fait appel à un conciliateur dans
les circonstances?
M. COURNOYER: Non, on n'a pas fait appel à un conciliateur. Je
peux dire, par exemple, que d'autorité le ministre peut en nommer un et
il y songe sérieusement.
LE PRESIDENT: L'honorable député d'Iberville.
Appareils sous pression
M. CROISETIERE: M. le Président, ma question s'adresse
également à l'honorable ministre du Travail et de la
Main-d'Oeuvre. Est-ce que le ministre pourrait nous renseigner suite aux
revendications de l'Association des employeurs de Montréal, quant
à l'éventuelle abolition de la surveillance continuelle et
obligatoire des appareils sous pression dans les édifices industriels et
commerciaux? Deuxièmement, le ministre du Travail a-t-il l'intention
d'abroger la loi et les règlements des mécaniciens de machine
fixe? Dans l'affirmative, le ministre a-t-il l'intention de déposer en
cette Chambre un projet de loi de l'inspection technique qui ferait
disparaître éventuellement la surveillance obligatoire des
appareils sous pression?
M. COURNOYER: Je vais commencer encore par la dernière question,
parce que c'est celle dont je me souviens le plus immédiatement. Quant
à la première partie de votre dernière question, j'ai
l'intention de déposer une loi de l'inspection technique. Quant à
savoir si cette loi a l'effet de suspendre la règle actuelle du maintien
de surveillant de machine fixe, je ne peux pas vous répondre
là-dessus parce que je n'ai pas encore reçu les autorisations
utiles et nécessaires du conseil des ministres pour vous dire ce qui se
passera dans ce projet de loi. Ce sera dedans. Je ne suis pas pour parler de
mes intentions en ce moment.
Quant aux deux autres questions, elles sont nécessairement
liées à la troisième. La même réponse
s'applique à la première et à la deuxième.
M. CROISETIERE: Question additionnelle. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire s'il a l'intention de présenter son projet de loi au tout
début de la prochaine session?
M. COURNOYER: Compte tenu des priorités législatives que
le gouvernement établit de temps à autre, je vous dis oui ou
non.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lotbinière.
Société d'habitation du
Québec
M. BELAND: J'aurais une question à poser à notre nouveau
ministre des Affaires municipales. Etant donné que la
Société d'habitation du Québec doit faire un rapport au
plus tard le 30 juin de chaque année, pourrait-il nous dire si les
rapports ont été déposés pour les années
1970-1971 et 1971-1972? Sinon, pourquoi, étant donné que cela
comporte un engagement d'environ $200 millions.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, le député me
permettra sûrement de prendre avis de la question et de lui fournir la
réponse demain ou après-demain.
M. BELAND: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que l'honorable ministre trouve quand même que c'est normal qu'une
telle situation de fait existe?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Câblodiffusion
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Communications concernant la bataille de juridictions dans le domaine des
communications. Est-ce que le ministre peut nous dire si la Régie des
services publics a envoyé ce questionnaire à toutes les
entreprises de câblodiffusion, premièrement? Deuxièmement,
est-ce que la majorité de ces entreprises a déjà
répondu à ce questionnaire? Finalement, est-ce qu'il y en a qui
ont refusé de répondre au questionnaire envoyé par la
Régie des services publics du Québec?
M. L'ALLIER: M. le Président, la régie m'a informé,
au moment où elle a adressé ces questionnaires, qu'elle les avait
adressés à toutes les compagnies de câblodiffusion au
Québec, exclusivement à ces compagnies et à aucune autre
société de communication, soit de radio ou de
télévision, sauf à la demande de ces compagnies à
titre de renseignements.
Deuxièmement, à ma connaissance, aucune compagnie n'a
refusé de répondre au questionnaire de la régie.
Troisièmement, je peux confirmer au député que
l'Association canadienne des câblodiffuseurs a recommandé à
ses membres québécois
de répondre au questionnaire. Pour ce qui est du nombre de ceux
qui ont répondu à ce moment-ci, je ne le sais pas. La
régie va me l'indiquer probalement en fin de semaine ou au début
de la semaine prochaine.
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Fête du drapeau québécois
M. LOUBIER: M. le Président, nonobstant une motion qui
apparaît au feuilleton sous le numéro 119, est-ce que le
gouvernement a l'intention, avant la prorogation de la présente session,
de présenter un projet de loi pour que soit institué un jour
férié pour consacrer le fleurdelisé et fêter
également le vingt-cinquième anniversaire de l'adoption de ce
nouvel emblème québécois?
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que tous, dans cette
Chambre, nous avons le plus grand respect pour le nouvel emblème. Le
chef de l'Opposition demande un congé civique comme le
député de Bourget l'avait demandé, c'est-à-dire
qu'à chaque année il y aurait une journée de congé
pour le drapeau. Est-ce que je comprends bien la demande du
député?
M. LOUBIER: Oui, M. le Président, comme on l'a fait d'ailleurs
à Ottawa. Une loi a été adoptée pour qu'il y ait un
jour consacré au drapeau du Canada qu'on appellerait le jour du drapeau.
Je demande au gouvernement s'il a l'intention d'adopter une loi avant la
prorogation de la présente session pour déterminer un jour du
drapeau, celui du fleurdelisé, emblème des
Québécois.
M. BOURASSA: Je sais que le député de Bourget avait
demandé un congé civique sur la question du fleurdelisé.
Personnellement, je pense qu'on pourrait fixer le 24 juin comme jour du
drapeau. Je ne pense pas qu'il serait souhaitable de multiplier les
congés civiques, quelles que soient les raisons légitimes qu'on
puisse avoir. Nous pourrons débattre la motion, peut-être pas
avant la fin de la session mais au cours de la nouvelle session. Je me permets
de suggérer le 24 juin.
M. LOUBIER: M. le Président, je demande tout simplement au
premier ministre s'il a l'intention de présenter une loi à cet
effet avant la prorogation de la présente session, simplement cela.
M. BOURASSA: M. le Président, je me permets de suggérer
une date comme le 24 juin et je pense qu'on peut débattre cette question
à l'occasion de la nouvelle session, puisque la session actuelle devrait
se terminer d'ici quelques jours. Donc, cela nous donne amplement le temps pour
débattre la question du chef de l'Opposition.
LE PRESIDENT: Une dernière question.
M. LOUBIER: M. le Président, il n'a pas répondu.
LE PRESIDENT: S'agit-il d'une question vraiment urgente, comme l'exige
le règlement?
M. LOUBIER: Bien oui!
LE PRESIDENT: Une dernière question. Il y a une motion au
feuilleton en plus de cela !
M. PAUL: C'est urgent car notre session va finir dans trois jours!
M. LOUBIER: J'ai pris la peine de souligner, M. le Président, que
nonobstant cette motion, je distinguais carrément et demandais au
gouvernement, en l'occurence au premier ministre, s'il avait l'intention
d'adopter avant la prorogation une loi à cet effet. Je voudrais avoir
une réponse du premier ministre, à savoir s'il en a l'intention,
oui ou non.
M. BOURASSA: Je dis que la nouvelle session va commencer la semaine
prochaine. Donc, il y a des problèmes, à mon sens, plus urgents
que celui-là. Malgré tout le respect qu'on doit avoir pour notre
emblème, respect qui est partagé par tous les
députés de cette Chambre, je pense qu'on peut attendre quelques
jours ou quelques semaines pour discuter de cette question.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Mégantic.
Industries Domco
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre du Travail, avec l'idée de lui faire faire 18 heures de travail
aujourd'hui. Le ministre pourrait-il nous dire si les Industries Domco
Ltée, de Montréal, vont continuer à payer le plan de
pension à leurs 1,000 employés? Sinon, quelles sanctions le
ministre a-t-il l'intention de prendre contre cette compagnie qui ne respecte
pas les engagements consentis pour ce fonds de pension contributoire?
M. COURNOYER: Quel est le nom?
M. DUMONT: Les Industries Domco Ltée de Montréal.
M. COURNOYER: Domco. Qu'est-ce qu'elle ne fait pas, cette compagnie?
M. DUMONT: Elle ne veut pas continuer à payer le fonds de pension
à ses 1,000 employés, conformément à une convention
collective qui, pourtant, a été dûment signée. Le
ministre peut-il s'intéresser à la chose et faire rapport
à la Chambre que les 1,000 employés pourront
obliger cette compagnie à continuer à verser sa
contribution pour le fonds de pension?
M. COURNOYER: Certainement. Si le syndicat il y a un syndicat
s'il y a une convention collective demandait l'intervention du ministre
du Travail, avec le service d'enquêtes spéciales que nous avons au
ministère du Travail, nous nous intéresserions à la chose
immédiatement. Mais je ne sais pas si nous avons reçu une telle
demande de la part du syndicat.
M. DUMONT: Je pourrai fournir la documentation au ministre pour son
information, afin de préciser la situation.
M. COURNOYER: Ce n'est pas parce que je ne vous aime pas, mais
j'aimerais mieux que ce soit le syndicat qui s'occupe de ses affaires.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Création d'une marine marchande
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je m'adresse au
premier ministre.
La semaine dernière, plus précisément le jeudi 1er
mars, j'avais demandé au premier ministre s'il avait l'intention de
donner son appui au front commun des employés des syndicats des
chantiers maritimes, qui réclamait de la part du gouvernement
fédéral la création d'une marine marchande.
Le premier ministre nous avait répondu qu'il n'était pas
tout à fait au courant de la façon dont était formé
ce front commun et qu'il serait prêt à donner sa réponse
mardi ou mercredi de cette semaine. Est-ce que le premier ministre est en
mesure de nous dire ce qu'il a l'intention de faire dans les circonstances?
M. BOURASSA: Je dois dire au député que ce n'est pas une
demande nouvelle pour ce qui a trait à la marine marchande. Cela fait
des dizaines et des dizaines d'années qu'on fait cette demande. C'est de
juridiction fédérale, mais il est évident que le
gouvernement du Québec a intérêt à appuyer une telle
demande.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire. Quelle forme
prendra cet appui? Est-ce que je peux vous le demander? Est-ce avec des
économistes experts, en donnant des subventions ou en faisant des
pressions directes sur le gouvernement fédéral? Quelle forme
prendra cet appui? Est-ce tout simplement une déclaration de
principe?
M. BOURASSA: Le Parti québécois est peut-être l'un
des partis qui s'opposent le plus vigoureusement à toutes sortes de
subventions aux entreprises privées. Je vois, dans une autre volte-face
du Parti québécois...
M. LESSARD: Nous vous avons posé une question.
M. BOURASSA: ... qu'on demande maintenant d'augmenter les subventions
à des entreprises privées. Je demanderais un peu plus de
cohérence de la part du Parti québécois.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Pour une réponse plate, c'est une
réponse plate! C'est l'habitude du premier ministre. Je voudrais lui
demander s'il a bien pris connaissance du programme du Parti
québécois. Je pense qu'il ne l'a pas fait.
M. BOURASSA: Cela fait cinq ans que le Parti québécois
nous promet le budget d'un Québec indépendant. Nous attendons
encore après.
M. LEGER: Il est prêt.
M. BOURASSA: Mais qu'est-ce que vous attendez pour le publier?
M. JORON: Est-ce que le premier ministre est au courant que la politique
du Parti québécois en matière de subventions, c'est de les
faire sous forme de souscriptions au capital-actions, de façon à
ne pas faire des dons...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JORON: ... mais à assurer une partie de
propriété équivalente aux fonds publics?
M. BOURASSA: Je réfère le député à la
page 62 du manifeste du Parti québécois.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce que l'honorable ministre de
l'Industrie et du Commerce serait prêt à répondre à
la question posée par le chef de l'Opposition officielle?
Actionnaires de la SGF
M. SAINT-PIERRE: Très brièvement, sur l'offre du
gouvernement aux actionnaires de la SGF, je tiens à rassurer cette
Chambre que les petits actionnaires et les grandes institutions, les mouvements
financiers ont été traités sur le même pied.
Effectivement, s'il y a eu un avantage, il a été donné aux
petits épargnants, puisque ceux-ci peuvent immédiatement toucher
de l'argent comptant pour les actions communes et privilégiées
qu'ils pouvaient détenir dans la SGF, alors que ceux qui avaient plus de
capital investi, c'est-à-dire plus de 500 actions, doivent se contenter
d'une obligation de 15 ans et ne peuvent toucher immédiatement
l'argent.
Je sais que le problème est un petit peu technique. Je vais
tenter brièvement de l'expliquer. Je dois vous dire également
que, d'ici quelques heures, nous allons tenter, par un communiqué
écrit, de rétablir les faits pour
peut-être dissiper une mauvaise impression qui aurait pu
être établie.
Tout a été actualisé sur la base d'une valeur
actuelle de $6.38, mais il faut se rappeler que, lorsqu'on émet un
coupon d'obligation de $500, à 8 p.c. pendant 15 ans, ça ne veut
pas dire que le coupon vaut exactement, aujourd'hui, $500. Compte tenu d'un
taux moyen de 8.45 p.c. que les obligations de la province avaient au moment
où l'offre a été faite, la valeur réelle d'un
coupon de $500, à 8 p.c. d'intérêt, correspond à
$481.
Lorsque nous ajoutons à $481 les $157 dont il est fait mention
dans l'offre, nous arrivons au même montant de $638 comptant ou
réel. C'est très technique; c'est un petit peu la même
chose que de dire je prends cet exemple dans un autre journal
d'aujourd'hui qu'une obligation du Canadien national de $100 qui est due
le 1er octobre 1987 ne les vaut pas, mais vaut $77.
Je pense que, dans son argumentation, M. Ryan sans mauvaise foi,
j'en suis certain, de sa part a pris comme valeur réelle
aujourd'hui le coupon de $500 et l'a échelonné dans le temps. De
toute façon, sur ce point assez technique, nous allons tenter de
rétablir les faits. Mais j'insiste en répétant qu'il me
semble que, si le gouvernement a donné un avantage, c'est au petit
épargnant, puisqu'il est le seul qui peut toucher directement son
argent, soit $6.38 par action, par rapport à d'autres qui doivent se
contenter d'une émission d'obligations à 15 ans.
Je tiens également à préciser que, dans un cas
comme dans l'autre, les obligations de la SGF, au moment de l'annonce de
l'offre en septembre dernier, se transigeaient quand même à
environ $4.35; alors je pense que le petit épargnant qui détient
une action commune transigée à la bourse à $4.35 et qui se
voit offrir en argent comptant $6.38 ne peut pas être perdant. Il semble
qu'on a fait, après les discussions que nous avons eues avec les
directeurs du mouvement Desjardins et d'autres, l'offre la plus
équitable possible, compte tenu des différentes évolutions
dans ce dossier.
D'ailleurs, les explications que je vous fournis sont indiquées
clairement à la page 8 du prospectus qui établit que, compte tenu
d'un rendement d'environ 8.45 p.c. sur les émissions d'obligations de la
province à l'époque, le coupon à 8 p.c. correspond
à une valeur de $481 au lieu de $500.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): Une question additionnelle, M. le Président. Me
référant à la discussion qui a eu lieu lors de l'adoption
de la loi 75 à ce sujet, je suis un peu surpris d'entendre l'honorable
ministre et j'aimerais lui demander comment il se fait, alors que le ministre
nous avait déclaré formellement, lors de l'adoption de cette loi,
qu'on voulait organiser un mécanisme, faire des offres qui permettraient
aux sociétés, surtout au mouvement Desjardins et à toutes
les caisses populaires du mouvement, de pouvoir répartir la perte de
façon qu'elles n'aient pas à comptabiliser de déficit ou
de perte dans leurs livres.
Nous apprenons ce matin, et nous avons appris hier par le document qui
nous a été remis, que ce n'est pas le même cas pour le
petit épargnant, alors que l'esprit de la loi 75 était autre que
celui que le ministre vient de nous dire. On se rend compte que le petit
épargnant est obligé de subir une perte immédiatement.
J'aimerais savoir pourquoi le ministre ne nous a pas informés de ces
choses lors de l'adoption de la loi 75.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que toute la
discussion a porté sur la première partie de l'offre,
c'est-à-dire l'obligation à 8 p.c. ou une valeur comptant de
$6.38. Dans le prospectus que j'ai donné aux chefs de partis, dans la
deuxième partie, on dit bien : Au choix du détenteur d'action
ordinaire, il peut avoir un coupon pour $1,000 d'actions sans aucune perte
mais, évidemment, il n'a pas d'intérêt pendant trois ans,
et un intérêt de 6 p.c. de la troisième à la
quinzième année. Actualisé à la valeur
d'aujourd'hui, cela correspond quand même à $6.38, ce qui veut
dire que, particulièrement pour ceux qui ne résident pas dans la
province de Québec et au Canada, et je pense aux institutions
françaises qui pourraient se prévaloir de cette deuxième
partie et obtenir une obligation, garantie par la province, de $1,000 au
même prix qu'elles ont payé les actions de la SGF, bien que
celles-ci ne valaient que $4.35.
Nous avons tenu à avertir tous et chacun que, compte tenu des
nouvelles lois fiscales, il nous semblait plus avantageux et pour les petits
épargants et pour les autres de se prévaloir de la
première disposition, c'est-à-dire reconnaître $6.38. Nous
avons fourni, à la page 9 du prospectus, toutes les explications; nous
avons tenu à prévenir les gens que s'ils prenaient la
deuxième option, c'est-à-dire $1,000 d'obligations pour $1,000
d'actions, ils seraient passibles, en 1973, de payer un impôt sur les
bénéfices de capital puisque la part de la SGF valant $4 et nous
lui en reconnaissant $10, l'excédent devrait être payable sur
l'augmentation du capital, tel que décrit en page 9.
Ce sont quand même deux questions très différentes
que vous soulevez.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une courte question
additionnelle.
LE PRESIDENT: La dernière!
M. ROY (Beauce): Il n'avait pas été question, à ce
moment-là de la comptabilisation des frais d'impôt parce qu'il
était question que les actions soient comptabilisées aux livres
au prix coûtant. Deuxièmement, en ce qui a trait au
choix que le ministre offre, il reste que pour les détenteurs de
moins de 100 actions, ils n'ont pas le choix d'accepter une action de $1,000.
Un troisième point, M. le Président, et le dernier, il n'avait
pas été question non plus à ce moment-là que le
détenteur serait obligé de payer...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): ... des frais de courtage.
LE PRESIDENT: C'est un débat, ce ne sont plus des questions.
M. ROY (Beauce): Ecoutez, M. le Président, c'est quand
même...
M. BOURASSA: La Banque du Canada là-dedans...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le
règlement.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que l'honorable ministre de la Fonction
publique voudrait répondre à la question posée à
une séance antérieure?
Négociations des fonctionnaires
professionnels
M. PARENT: M. le Président, le chef de l'Opposition a posé
une question mardi à savoir si les négociations des
fonctionnaires professionnels et le gouvernement sont à la veille
d'aboutir à un règlement acceptable?
Je dois déclarer, M. le Président, que j'ai
déjà pris l'initiative de communiquer avec le syndicat des
professionnels, le 21 février, pour lui demander de reprendre les
négociations. J'ai également demandé au négociateur
patronal de faire le nécessaire pour qu'une rencontre puisse avoir
lieu.
Cette rencontre aura lieu effectivement vendredi de cette semaine. Les
deux parties tenteront de s'entendre sur l'un des seuls points en litige, celui
qui porte sur lesmécanismes d'intégration dans les
échelles de salaire relativement au passage de la classe 2 à la
classe 1 pour certains corps professionnels. Donc la réunion aura lieu
vendredi entre la partie patronale et les représentants syndicaux. Nous
pensons avec grand optimiste que la situation pourra se résourdre et que
nous procéderons à la signature de l'entente incessamment.
M. LOUBIER: M. le Président, si l'impasse se poursuit, est-ce que
le ministre a l'intention de convoquer la commission parlementaire comme il l'a
fait dans le cas des employés de l'Hydro-Québec?
M. PARENT: M. le Président, je n'ai pas, je pense bien, à
donner d'opinion actuellement. Je sais que les parties ne s'étaient pas
rencontrées depuis un temps assez long. J'ai demandé aux deux
parties de vouloir se rencontrer. Elles ont accepté, et M. Rodrigue, en
date du 1er mars, m'a confirmé son intention d'accepter mon invitation.
Ce n'est qu'à la suite du résultat de ces négociations qui
s'entreprendront vendredi que nous pourrons voir s'il y a lieu de convoquer une
commission parlementaire.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton et réponses
écrites
M. LEVESQUE: Réponses aux questions. Article no 2, question de M.
Béland. Je propose que cette question soit transformée en motion
pour dépôt de documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. BOURASSA: Document déposé.
M. LEVESQUE: Article no 3. Question de M. Béland. Je propose que
cette question soit tranformée en motion pour dépôt de
documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Réponse de M. Bourassa. M. BOURASSA: Document
déposé.
M. LEVESQUE: Article no 7. Question de M. Béland. Je propose que
cette question soit transformée en motion pour dépôt de
documents.
LE PRESIDENT: Article 7?
M. LEVESQUE: Article 7. Alors un instant.
M. BOURASSA : Pour les petits détails ce sont les
sous-ministres.
M. PAUL: ... la location de certains immeubles?
M. BOURASSA: Lequel par rapport à ceux que vous avez
loués?
M. LEVESQUE: M. Lavoie (Wolfe). M. PAUL: Très bien.
M. LEVESQUE: Je propose que cette question soit transformée en
motion pour dépôt de documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Réponse de M. Bourassa. Article no 11. Question de
M. Vincent, réponse de M. Toupin.
M. TOUPIN: Lu et répondu. (voir annexe)
M. LEVESQUE: Article no 15. Question de M. Béland, réponse
de M. Goldbloom.
M. GOLDBLOOM: Lu et répondu (voir annexe)
M. LEVESQUE: Question no 28, de M. Demers. Je propose que cette question
soit transformée en motion pour dépôt de documents.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Document déposé.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au leader du gouvernement au sujet des questions qui demeurent sans
réponse au feuilleton?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'intention de déposer,
possiblement demain, même si ce n'est pas un mercredi, une autre
série de réponses qui n'étaient pas tout à fait
prêtes. J'ai l'intention d'en déposer le plus possible avant la
fin de la présente session.
Article 77.
Projet de loi no 254 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 254, Loi des dentistes.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce projet de loi et il en recommande
l'étude à l'Assemblée.
M. le Président, nous abordons l'étude d'un projet de loi
où, encore une fois, il parait nécessaire d'adapter à de
nouvelles conditions, à de nouvelles réalités, la loi
existante. Il est clair que l'hygiène dentaire, la prévention, la
restauration et diverses autres formes de traitement qui, jusqu'à un
nombre d'années pas tellement éloignées, étaient
presque inconnues ou encore très limitées, ont pris de plus en
plus d'importance...
LE PRESIDENT: Un peu de silence, s'il vous plaît.
M. CASTONGUAY: ... par rapport à des formes plus simples de l'art
dentaire qui consistait, au début, en la simple extraction des dents.
Ceci n'est qu'un aspect. On sait que, par suite des efforts faits par les
dentistes et par des associations comme l'Association d'hygiène dentaire
du Québec, la population devient également de plus en plus
consciente de l'importance d'une bonne hygiène dentaire.
En contrepartie, toutefois, malgré ces progrès, on
constate c'est une lacune qui ne peut être ignorée
la pénurie de dentistes, particulièrement dans les centres
urbains moins populeux et les centres ruraux. Des efforts sont faits sur ce
plan au niveau de l'enseignement, notamment par la création d'une
nouvelle faculté de médecine, mais il faut aller plus loin. C'est
pourquoi ce projet de loi revêt une importance relativement grande dans
l'histoire de l'art dentaire au Québec ou encore dans l'évolution
de l'état de la santé dentaire des Québécois.
Par rapport à ces aspects, je crois qu'il est important de noter
en premier lieu que la définition de l'art dentaire qui est contenue
dans le projet de loi et qui, dans une certaine mesure, va conditionner la
pratique de l'art dentaire est une définition beaucoup plus
adaptée aux réalités actuelles. Cette
définition...
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît ! Nous avons de la difficulté à entendre.
M. CASTONGUAY: On n'a pas la même attention, M. le
Président, qu'on avait pour les infirmières hier soir, c'est une
définition qui, tout en ne réservant pas aux dentistes la
prévention, met malgré tout ce qui n'est pas le cas dans
la loi actuelle l'accent sur la prévention et sur
l'éducation de la population en ce qui concerne une bonne hygiène
dentaire. Je crois que c'est un aspect nouveau qu'il faut souligner. Par
rapport au problème connu de la pénurie de dentistes, nous avons
ici également une application intéressante de ce que l'on peut
appeler la clause de délégation des actes par rapport à
certains autres groupes. Je pense de façon plus particulière aux
hygiénistes dentaires.
Nous avons là une nouvelle application de cette clause qui a
été développée au cours de nos travaux en
commission parlementaire.
On sait maintenant qu'avec une formation adéquate des
hygiénistes dentaires peuvent poser des actes au plan de la
prévention. Même au plan de certains actes touchant le traitement,
si l'on peut dire, les hygiénistes dentaires peuvent constituer un
apport considérable au dentiste dans l'exercice de sa pratique et,
ainsi, satisfaire davantage à la demande de la population qui,
présentement, n'est pas satisfaite.
Nous avons là une nouvelle disposition dans ce projet de loi qui
contribuera, au cours des prochains mois, des prochaines années,
à améliorer certainement la situation sur ce plan. La loi
contient une dimension nouvelle aussi, en ce
sens qu'elle confie au bureau de l'ordre des dentistes le rôle de
donner au ministre des Affaires sociales des avis sur la qualité des
soins dentaires fournis dans les établissements.
On peut se demander si vraiment cela n'est pas un aspect marginal du
projet, mais je crois qu'il s'agit d'un aspect beaucoup plus important. On n'a
qu'à regarder les données qui ont été
publiées depuis l'application de la Loi de l'assurance-maladie, de
façon plus particulière la couverture de la chirurgie buccale,
pour constater jusqu'à quel point un certain contrôle de la part
du bureau sur les soins dentaires en établissement s'impose.
Je donne ces chiffres à titre d'exemple pour bien montrer
l'importance du rôle que devra jouer le bureau de l'ordre sur ce plan.
Nous avons analysé les statistiques de la couverture des soins dentaires
ou de la chirurgie buccale en vertu de l'assurance-maladie. Nous avons
constaté qu'un très grand nombre d'extractions dentaires ont
été effectuées dans les hôpitaux. Ce nombre nous
parait nettement exagéré dans certaines régions de la
province. Même, nous avons identifié un hôpital où,
au cours d'une année il est vrai que ce n'est pas un
hôpital d'une grande taille 65 p.c. des admissions auraient
été pour des fins d'extractions dentaires sous
anesthésie.
On peut imaginer jusqu'à quel point le collège ou l'ordre
des dentistes aura à jouer un rôle sur le contrôle de ce qui
se passe au plan de la santé ou des soins dentaires dans les
hôpitaux. Malgré la pénurie du personnel dentaire, je pense
que de telles situations doivent être contrôlées. Le travail
de ces dentistes demeurerait énormément plus profitable pour la
population, s'il portait sur d'autres aspects que sur la simple extraction de
dents.
Nous avons également, dans ce projet de loi, une disposition
correspondant aux responsabilités qui sont conférées au
bureau de l'ordre, c'est-à-dire le pouvoir de faire des enquêtes
non seulement dans les cabinets privés des dentistes pour assurer le
maintien de normes ou de standards de qualité, mais également
dans les établissements. Nous retrouvons, associés aux
responsabilités nouvelles qui sont conférées au bureau de
l'ordre ou à l'ordre des dentistes, les pouvoirs nécessaires pour
que le bureau ou l'ordre assume ses responsabilités.
Egalement, toujours dans un but de faire en sorte que l'exercice d'une
profession comme celle de dentiste soit au-dessus de tout reproche nous
avons vu, au cours des audiences de la commission parlementaire, que certains
dangers de conflits d'intérêts peuvent toujours exister le
projet de loi prévoit la prohibition des conflits
d'intérêts. De façon plus particulière, j'ai
à l'esprit la prohibition de la possibilité pour un dentiste
d'avoir un intérêt direct ou indirect dans une entreprise de
fabrication ou de vente de prothèses dentaires.
Je crois que c'est une disposition qui va de soi, qui est
nécessaire si on a à l'esprit, comme première
préoccupation, la protection du public.
Egalement, étant donné le fait que nous voulions adapter
la loi aux nouvelles conditions, il importe aussi de faire en sorte que la
réalité soit bien examinée et que ce qui parait
nécessaire d'être préservé dans la situation
actuelle le soit. C'est pourquoi nous retrouvons, dans le projet de loi
réimprimé des dentistes, la possibilité, pour un dentiste,
de garder à son emploi un technicien dentaire. De cette sorte, si la
personne qui visite son dentiste et qui veut avoir un service complet,
c'est-à-dire les traitements où l'intervention du dentiste doit
aller jusqu'à la prescription d'une prothèse, désire avoir
directement du dentiste cette prothèse, elle pourra l'obtenir. Et si le
dentiste a à son emploi un technicien ou désire en avoir un pour
pouvoir contrôler de plus près la fabrication des
prothèses, que cette possibilité lui soit maintenue. Ceci ne
signifie pas, pour autant, que la fabrication des prothèses dentaires
est réservée soit au dentiste, soit au technicien dentaire comme
les autres projets de loi le laissent clairement voir.
Enfin se pose, dans le cas des dentistes, comme dans le cas des
médecins, la possibilité qu'une personne, qui n'est pas citoyen
canadien, puisse venir s'établir au Québec et que le bureau de
l'ordre juge qu'il soit possible de lui émettre un permis, sans
toutefois lui émettre un permis permanent ou encore un permis lui
permettant de poser tous les actes qu'un dentiste, formé selon toutes
les dispositions prévues, est habilité à le faire. Lorsque
le détenteur d'un diplôme reconnu valide, soit par le
lieutenant-gouverneur en conseil ou encore jugé équivalent par le
bureau, n'est pas toutefois détenteur d'un certificat d'immatriculation
ou ne se serait pas conformé à toutes les dispositions
prévues dans la loi ou encore dans les règlements adoptés
par le bureau, le bureau de l'ordre pourra toujours lui émettre un
permis renouvelable et aussi, au besoin, un permis comportant certaines
restrictions, de telle sorte que l'on puisse à la fois faire appel ou
mettre à profit les compétences de personnes qui nous viennent de
l'extérieur tout en protégeant adéquatement la population.
Les dispositions actuelles de la loi ne donnent pas toute cette souplesse qui
nous paraît désirable.
Etant donné que le même principe peut s'appliquer aux
citoyens provenant d'autres provinces, lors de l'étude article par
article du projet de loi, je crois qu'il y aura probablement lieu
d'étendre cette possibilité aux citoyens qui viennent d'autres
provinces et non pas simplement réserver cette possibilité
à des personnes qui viennent de l'étranger.
Voilà, M. le Président, dans ses très grandes
lignes les aspects les plus importants, il me semble, de ce projet de loi. En
terminant ce bref exposé, je voudrais remercier les groupements qui sont
venus rencontrer les membres de la commission pour leur faire connaître
leurs points de vue, mouvements représentant les
dentistes à divers titres et qui nous ont fait
bénéficier de leur travail d'analyse et de leurs
recommandations.
Je crois que nous avons devant nous un projet de loi qui va nous
permettre de faire un pas en avant dans le domaine de la santé dentaire
au Québec en ouvrant de nouvelles avenues pour permettre aux citoyens de
trouver plus facilement satisfaction à leurs besoins dans ce secteur, et
aussi permettre aux dentistes d'organiser, d'une façon beaucoup plus
adéquate, la pratique de leur art que ce ne l'est
présentement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, aujourd'hui, je ne
ferai pas grief au ministre des Affaires sociales d'être laconique. Vu
que, depuis lundi, il en arrache avec sa santé, on comprend qu'il ne
s'en tienne qu'aux déclarations strictement nécessaires.
M. LEVESQUE: C'est parce qu'il est en excellente santé qu'il est
revenu si rapidement!
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre est en excellente santé cet
après-midi?
M. LEVESQUE: Ah oui!
M. CLOUTIER (Montmagny): Les apparences sont trompeuses!
M. le Président, je suis heureux d'entendre le leader nous dire
que la santé du ministre est excellente, parce qu'il aura besoin de
toutes ses ressources, de toutes ses énergies pour nous convaincre que
la législation qu'il nous présente, à partir du code des
professions jusqu'aux lois spécifiques qui le concernent
particulièrement, est la meilleure qui soit. Mais je pense que le
ministre, déjà, est conscient il l'a dit tantôt au
terme de son intervention qu'il faudra, en commission parlementaire,
étendre certains pouvoirs et apporter certaines corrections. Je pense
qu'il est conscient que les lois que nous avons étudiées et que
nous allons étudier d'ici quelques jours peuvent être
bonifiées.
M. le Président, pour le député de Gouin, je dirai
que c'est aussi une loi importante, parce que le député de Gouin
admet que c'est une première constatation qu'il faut faire dans le
domaine de la santé. C'est peut-être devenu un lieu commun de dire
que ces lois sont importantes mais cela correspond à une
réalité. Il n'y a probablement pas un député, en
cette Chambre, parmi ceux qui étudient cette loi, qui n'a pas eu,
à un moment ou à l'autre, à consulter ce professionnel de
la santé qu'est le dentiste. Quelques-uns en gardent un souvenir assez
cuisant.
On a raison également de dire que c'est une profession qui a
beaucoup évolué. Autrefois, la consultation chez le dentiste se
faisait plus rarement et, quand elle se faisait, elle était
réduite à sa plus simple expression. On consultait aussi d'autres
professionnels de la santé pour des troubles de la dentition.
C'était très vite réglé, parce qu'assez souvent,
pour l'enfant, c'est le père de famille qui était le dentiste. Le
père ou la mère, dans des situations où l'enfant
était désespéré, procédait à
l'extraction de la dent. Mais, avec les nouvelles connaissances, avec
l'évolution de la profession, on a découvert ou on a
raffiné toutes sortes de façons de procéder, afin de
conserver la dentition naturelle le plus longtemps possible. C'est ainsi que
les dentistes, pour répondre aux besoins de la population, ont dû,
d'abord, se répartir davantage dans les différentes
régions du Québec. Bien que cette répartition ne soit pas
encore idéale, on constate, tout de même, qu'il y a eu, depuis
quelques années, une amélioration évidente dans la
distribution des dentistes sur le territoire du Québec.
M. le Président, c'est une profession qui a évolué,
mais, comme toutes les professions qui évoluent, elle est sujette
à critique par l'opinion publique. Les dentistes n'en sont pas exempts.
Le public est assez sévère à l'endroit des professionnels,
M. le Président, vous le savez. On l'a dit à plusieurs reprises
depuis quinze mois que nous étudions ces lois. Les professionnels, je
crois, sont assez adultes, assez conscients de l'importance des
responsabilités qui leur sont confiées pour accepter cette
critique de façon positive.
Je pense que les corporations professionnelles qui ont accepté de
la façon la plus positive les critiques du public sont celles qui ont
évolué le plus rapidement et dans le meilleur sens du mot.
On peut porter un jugement sévère sur le coût des
soins de santé. Ce n'est pas l'argument principal qui retiendra mon
attention quant à la qualité des soins dispensés. Je pense
que la loi que nous étudions en ce moment a davantage trait à la
qualité des soins qui sont donnés qu'à
l'accessibilité, qu'au coût de ces soins, ce que l'on peut
régler par d'autres lois.
Effectivement, quand les dentistes sont entrés dans
l'assurance-maladie, c'était par suite d'une loi qui facilitait
l'accès du public aux soins médicaux. Les dentistes sont
entrés, avec les médecins, les premiers dans l'assurance-maladie
le ministre l'a mentionné tantôt pour la chirurgie
buccale.
Nous avions nous-mêmes, comme gouvernement en 1969, dans les
préparatifs de la première loi de l'assurance-maladie,
accepté que les spécialistes qui faisaient de la chirurgie
buccale soient intégrés au régime d'assurance-maladie. Il
s'est produit par la suite que le gouvernement canadien n'a pas voulu tout de
suite partager les coûts, mais il reste que le gouvernement du
Québec avait pris cette déci-
sion, décision qui a été respectée par le
ministre actuel des Affaires sociales puisqu'il faisait partie du comité
qui a eu à prendre cette décision, comité qui
étudiait la loi de l'assurance-maladie. Donc, ils ont été
les premiers à entrer dans le régime de l'assurance-maladie, avec
les médecins, pour la chirurgie buccale.
En deuxième étape, ils sont également entrés
dans l'assurance-maladie en vertu de la loi 69, avec les pharmaciens, pour les
soins aux enfants de la naissance à sept ans.
Les dentistes, dans tout cet appareil de distribution des soins de
santé, sont donc maintenant une profession qui fonctionne partiellement
sous un régime étatique. Cela aussi les a mis en lumière
devant l'opinion publique. Cela les a plongés dans l'opinion publique.
C'est pour ça qu'à partir de ce moment, participant à un
régime partiellement étatique l'autre partie de leur
pratique étant dans le cabinet privé une partie aussi
importante de leur travail se faisant dans les établissements de
santé, les dentistes sont également devant l'opinion publique
avec les médecins et sont jugés.
Est-ce que, dans tous les mécanismes que lui permettait
d'instaurer sa loi spécifique avant que nous étudiions le bill
254, le Collège des dentistes a pris toutes les dispositions
nécessaires pour contrôler la qualité des actes
posés? L'évolution de la profession s'étant faite assez
rapidement, il est possible je ne donne pas ça comme un jugement
formel que le Collège des dentistes, comme autrefois le
Collège des médecins avant que lui aussi n'entre dans ces
nouveaux régimes qui ont entraîné une évolution
beaucoup plus rapide, l'assurance-hospitali-sation et l'assurance-maladie
n'ait pas pu prendre toutes les dispositions nécessaires, n'ait
pas eu toutes les structures nécessaires pour véritablement faire
un contrôle parfait de l'acte médical, de l'acte
professionnel.
Par les échanges que nous avons eus à la commission
parlementaire, avec les nouvelles dispositions de la nouvelle loi et surtout,
M. le Président, avec cette réflexion que nous avons faite
ensemble avec le législateur sur la profession en elle-même, son
évolution, la qualité et la formation de ses membres, son
orientation future, ses effectifs, ses problèmes, je suis certain
qu'à partir de maintenant la profession des dentistes, comme les autres
professions dans le domaine de la santé, est consciente que ses
responsabilités sont loin de diminuer mais vont augmenter.
Le ministre n'a pas fait allusion tout à l'heure, sauf aux
hygiénistes dentaires, aux denturologistes et a fait très peu
allusion aux techniciens dentaires. Je ne crois pas que nous puissions parler
du projet de loi 254 concernant les dentistes sans toucher également par
le biais à cette autre corporation professionnelle d'exercice exclusif
que constituent les denturologistes et à ces deux autres corporations
professionnelles à titre réservé que forment les
hygiénistes dentaires et les techniciens dentaires. Le problè- me
a ressorti devant la commission parlementaire dans toute sa crudité,
dans toute son acuité. Je ne parle pas des optométristes quand je
parle d'acuité. Pour ma part je n'étais pas, comme
peut-être les autres membres de la commission, conscient de la dimension
de ce problème des denturologistes et des techniciens dentaires
vis-à-vis de la profession des dentistes. Peut-être que le
ministre n'avait pas saisi toute la dimension puisqu'entre la première
et la deuxième version de son projet de loi 254 il y a une énorme
différence.
M. le Président, le ministre a quelque chose à me dire et
j'ai hâte d'entendre cette réflexion qui provient de sa
sagesse.
M. CASTONGUAY: Plus je vous écoute et plus je constate que votre
stage dans l'Opposition vous est bénéfique.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je vois
déjà que le ministre a hâte de venir
réfléchir dans cet endroit serein où le virus qui provient
d'un excès de "bills" va le laisser. M. le Président, vous qui
avez siégé tellement longtemps dans l'Opposition, ce qui vous a
permis d'accéder à la présidence de cette commission
importante, vous savez que cette formation n'est pas complète sans que
nous fassions un stage de ce côté-ci de la Chambre, en toute
modestie et en toute humilité.
M. le Président, le ministre était hors d'ordre, vous le
savez. Le problème est apparu, il n'est pas résolu par la loi que
le ministre nous apporte. Je ne veux pas cet après-midi, étant
donné que nous sommes sur la loi 254 des dentistes, porter de jugement
de fond sur la loi des denturologistes parce que nous serions hors d'ordre.
Chaque loi en son temps, nous prendrons position sur la loi des
denturologistes. Mais je constate que le problème qui existait, que le
ministre a tenté de résoudre par la première version de la
loi a été ramené avec la deuxième version de cette
loi parce que nous retombons, à toutes fins pratiques, au même
point où nous en étions au départ. On peut tenter de
corriger une situation dans une loi mais ce qui existe en fait et ce qui se
produit par le public peut continuer à se produire. Même si le
ministre met dans une loi que le denturologiste ne pourra s'occuper des
prothèses amovibles que s'il n'a pas besoin d'empreintes ni
d'articulés, il reste que c'est le public qui va commander cette
distribution vers les professionnels.
A ce moment-ci, telles que présentées dans le projet de
loi des denturologistes, par rapport à la loi 254, je ne sais pas si le
public, véritablement, va accepter d'emblée les dispositions du
projet de loi. La tendance étant tellement ancrée chez le public,
il y aura encore inévitablement la tentation d'aller directement chez le
denturologiste, soit pour une prothèse, une prothèse amovible, la
prise des empreintes, la
confection de la prothèse et l'installation de la prothèse
dentaire.
Le problème est complexe. Je le sais, ce n'est pas facile de
trancher dans le vif, parce qu'il y a beaucoup d'aspects dont on doit tenir
compte. D'abord d'un côté il y a l'effectif des dentistes. Il y en
a ici dans cette Chambre, M. le Président, qui sont restés en
contact, je pense bien, avec la clientèle et qui connaissent encore
très bien le problème pratique qui se pose.
On est en face d'une distribution, une répartition de l'effectif
sur le territoire du Québec. Cela ne se produit pas seulement pour les
dentistes, ça se produit pour les pharmaciens, puis ça se produit
pour les optométristes par rapport aux ophtalmologistes et enfin une
foule de professions. Les grandes spécialités, ou les professions
majeures, si vous me permettez l'expression, sont beaucoup plus
concentrées dans les centres urbains, et les professions plus nouvelles,
les professions qui ont été taillées à même
ces professions majeures dans le domaine de la santé, sont
réparties beaucoup plus dans les milieux plus
éloignés.
Alors il y a une question importante qui est l'accessibilité du
public. Tantôt j'ai dit que l'accessibilité par le coût
devait se régler par d'autres lois. Cela, c'est par la loi comme celle
de l'assurance-maladie, mais il y a l'accessibilité aussi, quand le
professionnel est là ou n'est pas là. C'est donc un
problème important. Il y a un problème d'accessibilité par
le nombre de professionnels, si les dentistes sont assez nombreux pour donner
tous les services à la population ou s'ils ne sont pas assez nombreux,
dans une période qu'on peut appeler peut-être une période
de transition, parce que quand ils ne sont pas assez nombreux, c'est le devoir
de l'Etat, avec les corporations professionnelles et les milieux
universitaires, c'est le devoir de l'Etat de mettre tout en oeuvre, par des
études, des recherches, de l'incitation, pour que les dentistes
deviennent suffisamment nombreux.
Cela se produit pour les dentistes actuellement. Je ne crois pas qu'avec
les programmes étatiques qui s'en viennent là aussi on est
dans une période de transition, les enfants sont couverts de la
naissance à sept ans, pour les assistés, une partie Le
député de Rivière-du-Loup me fait signe que non, M. le
Président Est-ce que le ministre pourrait me corriger? J'ai
l'impression que les enfants, jusqu'à sept ans, doivent être
couverts par le bill 69. La négociation doit être terminée
à ce moment-ci?
M. CASTONGUAY: Vous avez raison quant à l'existence de la loi,
mais le député de Rivière-du-Loup a raison sur l'autre
point, c'est-à-dire que les négociations ne sont pas encore
terminées. Elles ont été extrêmement longues, par
suite du fait qu'il nous a fallu établir toutes les règles
d'interprétation, toute la construction d'un tarif et ceci a pris
beaucoup plus de temps que prévu. Alors le travail de
négociation, malheureusement, n'est pas encore terminé.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je remercie le ministre de cette
précision. De toute façon les négociations vont se
terminer. Alors les dentistes vont prodiguer les soins, les services de
santé à cette clientèle des enfants de la naissance
à sept ans. Il a été question fortement, quand nous avons
étudié ce projet de loi, qu'à chaque année on
ajoute une année; huit ans, neuf ans et ainsi de suite, afin de les
suivre et que ces soins ne tombent pas dans le vide à un moment
donné, qu'il y ait une continuité.
Il y aura donc une clientèle; même si le taux de
natalité a baissé, il reste que chaque année il va venir
s'ajouter, je ne sais pas, 90,000 enfants, en moyenne, qui vont être des
clients possibles pour les dentistes. Un régime étatique vient de
commencer, il va s'amplifier, c'est normal, parce que la pression s'exerce sur
les autres éléments de la population.
Là, on fait des pressions pour que, jusqu'à seize ans,
surtout avec le dépistage que l'on fait en milieu scolaire, l'autre
clientèle soit couverte aussi, afin que les soins curatifs ne soient pas
trop dispendieux et qu'on fasse davantage de la prévention de la carie
dentaire. Les dentistes vont devoir répondre à tous ces besoins
de la population. Actuellement, a-t-on suffisamment de dentistes, avec
l'élargissement des programmes de santé du Québec pour
couvrir tout ce champ d'activité? En a-t-on suffisamment pour qu'ils
répondent à la demande? Est-ce qu'ils sont suffisamment
répartis sur le territoire du Québec? Sinon, on va se retrouver
avec des difficultés. C'est une considération importante à
ce moment-ci.
Je ne dis pas que c'est la considération qui doive nous faire
prendre une décision sur le fond du problème, à savoir
quel est le groupe professionnel qui est autorisé à poser
exclusivement l'acte professionnel. Est-ce le dentiste, et seulement lui, qui
peut prendre des empreintes et une articulation?
M. BIENVENUE: Je m'excuse d'interrompre les remarques fort pertinentes
et intéressantes du député de Montmagny pour signaler, M.
le Président, que nous ne sommes pas assez de députés en
cette Chambre pour l'écouter.
M. PAUL: M. le Président, c'est une invitation à appeler
les députés pour que nous ayons quorum. Il faut que cela soit
rendu grave pour qu'un ministre constate la désertion de ses propres
collègues.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les
députés!
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Maskinongé pourrait se retourner et regarder de l'autre
côté.
M. PAUL: M. le Président, ce n'est pas à nous d'assumer le
quorum de la Chambre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. LEVESQUE: J'ai déjà dit que cette tâche devait
être partagée.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Qu'on appelle les
députés!
M. PAUL: Je vous ferai remarquer, M. le Président, que nous
sommes huit députés du côté de l'Union
Nationale.
M. LEVESQUE: Vous étiez seul hier, la dernière fois que le
quorum a été demandé.
M. PAUL: Seul ou huit, avec le gouvernement qu'on a en face de nous, ce
n'est pas grave, parce qu'un homme seul peut en venir à bout.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous noterez le sourire du
député de Maskinongé.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre! Le député de
Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je remercie le
député de Matane de m'avoir amené des auditeurs. Les trois
leaders en ont arraché, chacun à sa façon, durant cet
échange. J'étais à dire que ce n'était pas la seule
considération, le besoin de dentistes, pour porter un jugement sur le
problème de fond. Le problème de fond est celui-ci? Est-ce qu'on
laisse aux dentistes l'exclusivité de la prise des empreintes et des
articulés pour des prothèses amovibles ou si on
délègue partiellement, et avec précaution, cette
responsabilité à un autre groupe qui, actuellement, n'est pas une
corporation professionnelle au sens du code des professions, qui s'appelle les
denturologistes, et à qui on veut donner aussi un droit de pratique
exclusif?
La première version du projet de loi allait plus loin. On disait
qu'on donnait aux denturologistes la permission de prendre des empreintes et
d'installer une prothèse amovible. Dans la deuxième version, le
ministre se reprend c'est plus restrictif et enlève une
partie...
M. LAFRANCE: M. le Président, une question de règlement.
Sans vouloir être désagréable envers le
député de Montmagny, je voudrais lui souligner qu'il est en
dehors du sujet, le bill 254. J'aimerais entendre le député de
Montmagny continuer à brosser le tableau de la dentisterie dans la
province de Québec. Il pourra revenir, quand on parlera du bill 266, sur
les denturologistes.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je comprends les deux
dentistes, les députés de Rivière-du-Loup et de
Témiscamingue. Je ne voudrais pas aller au fond de la Loi sur la
denturologie.
Je ne peux pas parler des dentistes sans parler aussi de cette partie de
leur profession qu'on tend à distraire vers les denturologistes. Les
dentistes ont toujours été les seuls habilités à
poser des actes. Je parle des dentistes de la loi no 254. La définition
de leur champ de pratique était celle-ci: ils avaient le droit de tout
faire exclusivement.
M. LAFRANCE: Est-ce que le député de Montmagny me permet
une question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. LAFRANCE: Est-ce que vous allez brosser le même tableau
vis-à-vis des hygiénistes dentaires?
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, les hygiénistes dentaires, ce n'est
pas le même problème. Ce n'est pas une corporation
professionnelle. Les hygiénistes dentaires, c'est à titre
réservé. Ce n'est pas un droit de pratique exclusif. Le champ, la
définition de l'acte médical le député de
Rivière-du-Loup comprend cela, il a assisté à toutes les
séances la définition du champ d'exercice, dans une loi
spécifique, touche à pas mal de monde. A partir du moment
où vous dites que là est la définition de l'acte
professionnel du dentiste, que là est la définition de l'acte
professionnel du médecin, vous touchez à tous ceux qui posent des
actes autour de cela.
Si vous laissez un tel mot... Je prends un débat que nous ferons
un peu plus tard, je le dis tout de suite, parce que le même
problème va se représenter. Quand il sera question des
optomé-tristes, si on met le mot "vision" dans la définition, les
ophtalmologistes nous diront que la vision les touche et les
optométristes nous diront que la vision est à eux, parce que
c'est l'acuité visuelle. Si on parle du mot "prothèse" dans la
définition du dentiste, on touche nécessairement au
denturologiste.
M. le Président, je ne veux pas vous mettre dans une situation
difficile. Je sais que c'est une zone frontière. Je veut simplement
mentionner qu'il y a là un problème. Comment doit se comporter le
dentiste devant cette possibilité qu'on intervienne dans la
définition et qu'on donne à d'autres un acte professionnel qu'il
était seul à poser? Je pense que je peux poser la question dans
ces termes. Quelle doit être la réaction des dentistes, à
la suite de l'adoption du bill no 254, vis-à-vis de cette
responsabilité qui peut être confiée aux denturologistes?
J'ai dit tantôt que je ne posais pas de jugement aujourd'hui sur le
problème des denturologistes. Ce n'est pas l'objet de la loi. Je sais
que le dentiste, par exemple, est conscient qu'il y a un problème qui se
pose dans sa profession. Est-ce que le dentiste peut nous dire, avec sa
conscience professionnelle, avec la formation qu'il a reçue, s'il est
bien nécessaire et absolument fondamental qu'il garde toute
l'exclusivité de cet acte, il a conscience que le public est
protégé quand même si d'autres professionnels
que lui viennent poser un acte qui entre dans le champ qui lui a
été toujours réservé?
Moi, je ne sais pas si je serais protégé, comme public, si
j'allais... Quand je vais voir un dentiste, je sais que je suis
protégé, parce qu'il est censé avoir la qualification, la
formation pour prendre des empreintes, des articulés, voir s'il y a des
problèmes dans l'appareil, la mâchoire, etc. Le dentiste a la
compétence ou est censé l'avoir pour faire cela. Je ne reprends
pas l'argument du député de Chicoutimi qui, hier soir, disait que
dans une profession il y a des professionnels qui sont peut-être
qualifiés, habilités à poser certains actes, mais qu'ils
ne sont peut-être pas qualifiés pour les poser tous.
Je comprendrais difficilement qu'un médecin, qui a le droit de
tout faire, fasse une anesthésie il n'y a presque pas de limite
dans le domaine de la santé, le ministre nous l'a dit ou une
intervention chirurgicale. Nous sommes rendus dans un domaine
spécialisé. Je comprends aussi que chez les dentistes qui ont eu
une formation, il y a peut-être des dentistes qui vont faire des actes
professionnels très spécialisés. Je n'ai pas de
description technique, les dentistes pourront nous le dire. Mais certains
dentistes vont poser certains actes professionnels pour lesquels ils se sont
spécialisés.
Je me demande si nous sommes compétents. Est-ce que moi, comme
député de Montmagny, le ministre des Affaires sociales, comme
député de Louis-Hébert, qui ne sommes pas des gens de la
profession médicale, ni des spécialistes, ni des dentistes,
sommes capables sans nous fier aux jugements, aux opinions que nous entendons,
sans nous fier à notre bon jugement, aux services déjà
donnés au public en constatant s'il y a eu certains abus, de dire que
nous allons prendre un morceau de l'acte professionnel du dentiste, le
transférer au denturologiste et que nous sommes certains d'avoir le
monopole de la vérité? C'est difficile.
Je vous avoue que j'ai encore de la réflexion à faire sur
le sujet avant de me prononcer sur ce que le ministre nous a apporté
dans la première version du projet de loi et sur ce qu'il nous apporte
dans la seconde. Est-ce qu'on aurait dû conserver intégralement la
première version ou si l'on doit conserver intégralement la
deuxième? Doit-on essayer de trouver un moyen terme comme celui qui a
été suggéré, c'est-à-dire un certificat d'un
spécialiste, un certificat qu'on appelle "un certificat buccal" à
l'effet qu'il n'y a aucune anomalie dans les gencives, qu'il n'y a aucune
anomalie dans la bouche? Le denturologiste, à partir du certificat du
dentiste, pourrait installer ou procurer, pour la première fois, ou
réparer une prothèse amovible qui a déjà
été installée dans la bouche du patient.
C'est cela le problème de fond et ce n'est pas facile à
trancher, comme ce ne sera pas facile non plus pour les optométristes et
les ophtalmologistes. Aussi, il y a une autre dimension dont il faut tenir
compte. Il y a l'orientation de la profession. Aujourd'hui, on essaie, dans ces
domaines difficiles, comme ceux que je viens d'évoquer et aussi la
chiropraxie par rapport à la médecine, de porter un jugement.
Tous les députés de cette Chambre sont assez consciencieux pour
voir qu'il y a là véritablement un problème dans le public
et dans la société. On sait que nécessairement il faudra
qu'il y ait un partage des tâches parce que, dans l'évolution de
la profession de dentiste, il se découvre tout le temps de nouvelles
choses. Il y a de nouveaux procédés. Je sais que lorsque je suis
allé chez le dentiste pour la première fois, il y a quelques
années, et quand j'y suis retourné, ce n'était pas la
même façon de procéder. On a trouvé des choses
nouvelles.
UNE VOIX: Il y a 50 ans?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui, non, il n'y a pas 50 ans! Il ne faut pas
se laisser tromper par les apparences. Il faut plutôt juger sur la
vigueur de l'intervention.
Il y a l'évolution et nous pouvons suivre l'évolution de
la profession. Entre l'acte professionnel posé par le dentiste, disons
que je vais donner un terme de référence, il y a 25 ans et celui
posé aujourd'hui, il y a une énorme différence. Il y a 25
ans le dentiste aurait perdu la dent, il l'aurait extraite parce qu'il n'y
avait pas d'autre chose à faire. Aujourd'hui il va installer des pivots,
des couronnes, en tout cas toute une série de, n'appelons pas cela des
"gadgets" mais des perfectionnements. Il va sauver la dent. Il va les relier
les unes aux autres et il va les conserver. C'est pour cela qu'on ne peut pas
être qualifié pour juger de cette évolution. Cela va
continuer à évoluer comme cela pendant des années et des
années, c'est cela qui va arriver aussi. Les dentistes vont davantage se
consacrer à des tâches de plus en plus spécialisées.
Des choses routinières, des choses sans conséquence, des actes
qui deviennent de la répétition, qui comportent une partie
technique, cela va être confié à d'autres. Pourquoi les
médecins désirent-ils confier des tâches aux
infirmières? Ils sont d'accord là-dessus, le ministre a mis une
disposition dans la loi, ils vont s'entendre sur une série d'actes qui
peuvent être posés par la profession qui travaille en
collaboration. C'est la même chose pour le dentiste avec
l'hygiéniste dentaire, avec le technicien dentaire et avec le
denturologiste. Je pense qu'il y a là une responsabilité pour les
professionnels de voir à nous aider à faire ce départage
et non pas prendre toutes leurs décisions et leurs options
définitives en considération de la situation actuelle ou de la
situation passée. Il y a tout le développement de la science
médicale, des actes qui vont être posés dans le domaine de
la santé; cela doit entrer en ligne de compte.
Le problème fondamental, c'est de cette façon que je le
vois. Alors, je l'ai expliqué comme un profane mais c'est la
façon dont je
l'envisage. Je pense que ce sont des réactions normales et
naturelles devant le problème que nous pose, aujourd'hui, le projet de
loi des dentistes.
Dans cette loi, il n'y a pas tellement de choses contentieuses, mais
quand on va étudier les autres, je pense qu'il faudra
nécessairement se référer encore au projet de loi no
254.
Pour ma part, M. le Président, sur le projet de loi
lui-même, je n'ai pas beaucoup de constatations à faire. Quand
nous serons en commission parlementaire, nous ferons certains commentaires.
J'ai des notes assez abondantes sur des articles du projet de loi
lui-même. Nous exposerons cela à ce moment-là. Je voudrais
dire tout de suite que je voudrais, comme les autres membres de la Chambre,
être éclairé. J'apprécierais
particulièrement, à ce stade-ci de nos travaux, l'intervention de
nos deux je ne sais pas s'il y en a plus que deux dentistes en
cette Chambre. Ils pourraient éclairer notre lanterne afin que nous
prenions, dans ce domaine, la meilleure décision non pas pour nous
personnellement, chacun des membres de cette Chambre, mais pour le public,
parce que nous étudions cette loi pour protéger le public et pour
que les professionnels puissent lui rendre les services qu'il est en droit
d'attendre. C'est le seul critère que j'essaie de retenir dans
l'étude de ces lois, en faisant abstraction des amitiés
personnelles que je peux avoir envers tel membre de telle profession, avec qui
nous avons un commerce très agréable. Je fais abstraction de
cela.
Nous aurons une décision difficile à prendre. Nous
tenterons d'apporter au ministre des Affaires sociales la meilleure des
collaborations, pour tâcher d'avoir la meilleure définition
possible.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, très brièvement,
j'aimerais apporter ma contribution à la discussion de ce projet de loi
no 254.
Le rôle du chirurgien dentiste, de nos jours, demeure très
important. Je pourrais dire, au début de mon intervention, que, dans les
centres moins bien organisés, chez nous, par exemple, c'est la personne
à qui nous référons quand il s'agit d'un mal de dents, de
troubles de dentition, d'examens ou encore de se faire ajuster une
prothèse dentaire.
Le dentiste, qui existe depuis au-delà de 100 ans, je pense,
s'occupait dans le passé plus qu'aujourd'hui, surtout de l'extraction
des dents. Son rôle s'est transformé, probablement par la force
des choses, et il s'occupe maintenant beaucoup plus de faire de la
prévention, en soumettant des personnes à des examens
périodiques. Je pense que c'est là le rôle du dentiste de
prévenir, d'éviter au possible la carie dentaire et de s'occuper
surtout des cas pathologiques.
On nous a dit, en commission parlementaire, lors de la comparution des
groupes concernés par ce projet de loi, que nous étions, au
Québec, la population la plus édentée du globe, et cela,
avec 1,700 dentistes. On se rend compte que nous aurions besoin probablement de
beaucoup plus de dentistes que nous n'en avons. Un chirurgien-dentiste, membre
de la division de la santé dentaire, au ministère des Affaires
sociales, déclarait, il n'y a pas longtemps, que le Québec n'a
qu'un peu plus de la moitié des dentistes dont il aurait besoin, soit
1,700, alors qu'il en faudrait 3,000.
On est porté, M. le Président, à se poser la
question suivante: Si nous sommes le peuple le plus édenté avec
seulement la moitié des dentistes dont nous aurions besoin, qu'en
serait-il avec 3,000?
De nos jours, il naît assez souvent d'autres groupes cela,
nous l'avons vu à la commission parlementaire qui tentent de
partager des champs d'exercice, surtout dans le domaine médical qui est
vaste.
Bien sûr, quand on écoute ces groupes qui viennent nous
dire ce qu'ils pensent d'une loi, premièrement nous les écoutons,
et deuxièmement nous essayons de prendre ce qui est bon et de laisser ce
qui est mauvais.
Cependant, tous les groupes qui se sont fait entendre à la
commission parlementaire ont fait beaucoup de lumière, ont
apporté de l'information qui est bien précieuse pour les membres
de la commission et ceux qui auront à discuter des amendements possibles
à apporter à ces projets de loi.
Dans la loi 254, qui est la Loi des dentistes, il semble bien que le
seul professionnel reconnu compétent pour faire la prise d'empreintes et
les articuler serait le dentiste. Dans cette loi, l'exclusivité est donc
donnée au dentiste à ce point. Mais quand nous avons entendu les
propos qui ont été tenus à la commission parlementaire,
nous sommes portés à nous poser la question suivante:
Qu'arrive-t-il de la réalité?
On nous a dit que les dentistes étaient des professionnels de
plus en plus débordés de travail. Nous nous demandons justement
si le dentiste, qui doit s'orienter beaucoup plus vers la prévention
puisque ce n'est pas facile de parler de curatif si on extrait une dent
et qu'une nouvelle dent prend sa place devrait s'orienter surtout vers
la conservation des dents naturelles de l'individu.
Je pense que c'est là toute l'importance de son rôle, et le
dentiste a prouvé sa compétence dans ce domaine. Il faut quand
même donner ce qui appartient aux dentistes, ils ont cette
compétence.
Cependant, d'autres groupes qui, par la force des choses aussi, tentent
de partager ce champ d'activité, ont clairement démontré
qu'un chan-
gement dans le domaine de la loi s'imposait, qui, probablement, devrait
légaliser un état de fait. Ce n'est pas facile d'empêcher
une population d'agir comme elle l'entend. Et je pense que c'est son droit
aussi.
Il ne faut pas minimiser la réflexion des clients, dans le
domaine de la santé, qui ont, eux aussi, ce droit de choisir. Et si
cette population croit que tel ou tel professionnel rend des services
satisfaisants, je pense que ce serait assez difficile de lui interdire d'agir
de la sorte. Je sais que je n'ai pas le droit de toucher à une loi qu'on
discutera probablement à la suite de celle-là, mais il va falloir
que le législateur, s'il veut établir ces champs d'exercice,
réfléchisse bien.
Il y a aussi la routine, parce que pour fabriquer une prothèse
dentaire, on a semblé nous dire, à la commission parlementaire,
que le plus difficile n'était pas de prendre les empreintes ou de les
articuler.
Si le Collège des dentistes ou les dentistes tout court semblent
ne pas vouloir dissocier les trois facteurs qu'on appelle, dans la distribution
des soins de santé, examen, diagnostic et traitement, moi je me demande
si on n'aura pas à redéfinir ce qu'on appelle traitement dans le
cas des soins dentaires.
Si les dentistes sont débordés de travail et qu'il faut
parfois plusieurs jours, même plusieurs semaines, pour quelqu'un qui
requiert des soins de ces professionnels avant d'avoir un rendez-vous, je me
demande s'il ne serait pas préférable, par cette loi, de confier
à d'autres groupes, qui ne demandent pas mieux, d'oeuvrer dans ces
champs d'activité, de donner à d'autres le droit de poser
certains actes pour lesquels ils ont prouvé qu'ils étaient
compétents. Il faut dire que si les denturologistes distribuent un
nombre assez considérable de prothèses dentaires, c'est quand
même un fait que la population l'accepte déjà.
Nous ne nous opposons pas au principe du projet de loi no 254, cependant
j'exprime énormément de réserves quant aux
définitions et spécialement les définitions qui viendront
dans un autre projet de loi.
On a également soulevé, à la commission
parlementaire, la question de l'admission à la pratique.
Ce n'est peut-être pas le moment d'en parler, mais le
problème s'est posé. Le ministre l'a expliqué à la
commission parlementaire et des questions ont été posées
aux gens qui étaient là.
Nous devrions apporter notre collaboration comme groupe afin
désormais de rendre plus faciles les contacts entre les
représentants des universités et les professionnels dans ce
domaine. Je pense que la loi va le permettre et les rencontres concernant
l'admission à la pratique seront facilités. On se rend compte que
dans plusieurs professions les concurrents qui désirent être admis
à la pratique d'une discipline doivent faire un stage d'apprentissage,
un stage pratique. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu de songer à la
même formule pour permettre à ces concurrents de faire un stage
qui se poursuivrait sur une période de mois déterminée
mais un stage continu. Ce serait peut-être préférable
à ce qui existe actuellement.
M. le Président, il faut que tout professionnel ait les moyens
nécessaires, les outils pour protéger la population. C'est ce que
vise le code des professions. L'ensemble du projet de loi n'est qu'une
concordance avec le code des professions et je répète qu'en
principe nous sommes d'accord sur ce projet de loi. Cependant, je tiens
à dire au ministre que je suis bien convaincu que les discussions en
commission parlementaire sont loin d'être terminées à ce
sujet.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, l'importance de la profession de
dentiste ne fait pas de doute quand on songe que plusieurs maladies
systémi-ques retentissent sur l'état des dents et amènent
une détérioration marquée ou légère de
l'appareil dentaire et que, d'autre part, certaines maladies strictement
buccales, stomatologiques, retentissent à leur tour sur l'état
général de l'organisme et peuvent amener des maladies
systémiques.
C'est là un facteur très important que connaissent aussi
bien les dentistes que les médecins et qui les amène d'ailleurs
à travailler en collaboration, aussi bien au niveau de la formation
médicale et dentaire respective que dans l'exercice de leur profession
respective. Cette importance, également, ne fait pas de doute quand on
songe à la pauvre qualité de la santé dentaire durant une
très longue période d'années au Québec. Cette
mauvaise qualité de l'appareil dentaire des Québécois a
conduit, comme chacun sait, à un très grand nombre d'extractions
depuis le début du siècle.
On a voulu faire porter le poids ou l'odieux de ces extractions que
d'aucun disent abusives uniquement à la profession dentaire. Je ne
partage pas cet avis, M. le Président. Je pense que la profession
médicale partage en grande partie cette responsabilité
étant donné que le savoir aussi bien médical que dentaire
a laissé durant de longues années à désirer en ces
matières et que bien souvent, aussi bien les dentistes que les
médecins, voyaient, faute de connaissances, comme seul remède aux
maladies qu'ils constataient l'extraction totale.
Je pense qu'il faut aussi blâmer un savoir médical
déficient dans une autre direction également. Longtemps nous
avons méconnu les principes scientifiques de la bonne nutrition. Parce
que les régimes alimentaires n'étaient pas
équilibrés, étaient déficients en ce qui concerne
certains éléments comme les sels minéraux ou les
vitamines, notre population s'est très mal
nourrie et ce sont les dents qui écopaient de cette carence
alimentaire.
Elles commençaient à se carier et cela aboutissait
finalement à des extractions généralisées ou
abusives.
Donc, je ne crois pas que la profession dentaire doive être la
seule à porter la responsabilité de certaines carences du
passé. Cette responsabilité doit être partagée par
toutes les professions de la santé. Je pense qu'il faut surtout
l'attribuer à un savoir scientifique qui, lui aussi, est en
évolution et qui nous apporte ses découvertes au fil des
années, connaissances que nous devons, ensuite, traduire en principes
diagnostiques aussi bien que thérapeutiques.
Je déplore avec tout le monde qu'il y ait de si nombreux
Québécois édentés, mais je ne crois pas qu'il
faille déplorer trop longtemps ces ravages du passé. Je pense
qu'il faudrait plutôt songer à l'avenir. D'ailleurs, cet avenir se
présente sous de bien meilleurs auspices. Maintenant que nous sommes
dotés des connaissances nécessaires qui nous permettent aussi
bien de prévenir les caries dentaires que de les traiter d'une
façon conservatrice, je pense que les programmes de prévention,
les programmes de conservation peuvent être élaborés d'une
façon à la fois scientifique et efficace. Il reste à
toutes les professions concernées encore une fois, il ne s'agit
pas ici que de la profession dentaire, mais également des
médecins, des nutritionnistes, des diététistes
à mettre ensemble leurs efforts et à élaborer des
programmes qui, avec le concours de l'Etat québécois, auront, je
l'espère, les résultats qu'il faut souhaiter.
Il reste, cependant, un obstacle sur cette voie, M. le Président,
c'est le nombre de scientifiques dont nous pouvons disposer pour mener ces
campagnes à bon terme. Ces scientifiques nous font défaut
à plusieurs égards. Nous manquons de dentistes, on vient de le
signaler. Nous manquons d'hygiénistes dentaires. Nous manquons encore de
diététiciennes. Nous manquons de spécialistes en
nutrition. Je pense qu'aussi longtemps qu'on ne sera pas plus avancé
dans l'effort qui commence quand même à se manifester il faudra
admettre avec réalisme qu'un certain nombre d'années nous
séparent encore de l'objectif que nous voulons atteindre.
Il reste, malgré tout, qu'il ne faudrait pas se contenter
à trop bon marché de la situation actuelle et qu'il faudrait
faire face à la situation par des mesures d'urgence. Le ministre et
d'autres orateurs ont signalé que les effectifs dentaires, même
s'ils paraissent suffisants en nombre absolu, sont très insuffisants
quand on regarde d'un peu plus près leur répartition
géographique.
Lorsque la corporation des dentistes est venue à la commission
parlementaire, elle nous a fait part de ce problème. Par exemple, le Dr
Gosselin nous signalait, comme explication à cette pénurie
absolue ou relative des effectifs dentaires, que le diplômé
cherche un endroit "où il sait qu'il pourra vivre convenablement et, en
même temps, faire face à ses obligations. Prenons la région
de Sherbrooke d'où je viens, disait-il. Les rendez-vous chez les
dentistes sont pris quatre, cinq, six ou sept mois d'avance, ce qui n'existe
pas à Montréal. Nous disons tout simplement qu'il n'y a pas assez
de dentistes en province et qu'il y en a trop à Montréal et dans
les environs. Quels moyens prendre pour inciter ces dentistes à aller
s'établir en province? " Le Dr Gosselin nous donne quelques moyens,
l'exemple d'autres provinces, mais il suggère également que
l'Etat intervienne en donnant des primes d'établissement à
certains dentistes ou encore en leur assurant un nombre minimum de clients, qui
leur permettrait d'amortir les frais considérables
d'établissement qu'implique l'instauration d'un cabinet de dentiste.
Donc, cette crise d'effectifs n'a pas fini de faire sentir ses effets
nocifs au niveau de la qualité des soins.
J'ai noté, par exemple, la plainte dont se faisait tout à
l'heure le porte-parole le ministre des Affaires sociales lorsqu'il disait que
l'instauration de l'assurance-maladie, en ce qui a trait à la chirurgie
buccale, lui avait permis de déceler un certain nombre d'anomalies comme
celle-ci, la plus grosse qu'il nous citait, qui prévaut dans un
hôpital rural où 65 p.c. des admissions dans les hôpitaux
pour fins de chirurgie buccale avaient été
nécessitées pour fins de simples extractions, ce qui lui semblait
je suis bien d'accord avec lui là-dessus un abus.
D'ailleurs, nous n'avons pas attendu l'instauration de
l'assurance-maladie pour connaître ces abus puisqu'à la commission
parlementaire le député de Wolfe, M. Lavoie nous signalait que
dans un hôpital qu'il connaît bien il y avait de 500 à 600
patients qui attendaient leur tour depuis des mois pour se faire extraire une
ou quelques dents pour des raisons que l'on pouvait s'imaginer banales. Le
député de Wolfe, dans les remarques qui accompagnaient cette
constatation, disait qu'il fallait probablement attribuer cet abus des services
au fait que maintenant la population était au courant qu'elle pouvait se
faire extraire les dents d'une façon gratuite dans les hôpitaux
alors qu'elle ne le pouvait pas dans un cabinet de dentiste, et surtout au fait
que les gens de plusieurs régions rurales, en particulier les villages,
n'avaient pas le privilège d'aller consulter un dentiste dans les
environs. Peut-être que pour eux la seule façon de parer à
leurs difficultés dentaires était d'aller voir un médecin
qui ensuite faisait pression pour qu'ils puissent être admis à
l'hôpital afin d'être soulagés.
Ce sont là les effets d'une mauvaise répartition de
l'effectif et aussi d'une insuffisance d'effectif. Je ne pense donc pas que
là aussi il faille blâmer uniquement la Corporation ou la
profession des dentistes. L'examen de la situation nécessitera
probablement la mise en place de dispositifs, de mécanismes où
chacun des éléments devra intervenir: la profession,
évi-
demment, le ministère et probablement également les
universités qui ont pour tâche de former ces dentistes.
Une autre des raisons de cette mauvaise qualité des soins vient
du fait que les soins dentaires ne sont pas encore couverts entièrement
par l'assurance-maladie. Il n'y a que les soins de chirurgie buccale qui sont
couverts pour le moment puisque les soins aux enfants de 0 à 7 ans,
même s'ils sont couverts par la loi, ne sont pas encore couverts en
pratique puisque l'entente entre le ministère et l'Association
non pas la corporation des chirurgiens dentistes n'est pas encore
ratifiée. Cela comporte de nombreux inconvénients quant à
l'accessibilité aux soins. Nous avons constaté depuis quelque
temps que les dentistes sont très réticents à soigner,
dans leur cabinet de consultation, ceux dont la crédibilité
financière laisse à désirer.
Ils invoquent, à l'appui de leur attitude, justement le fait que
les soins dentaires ne sont pas couverts d'une façon
générale, d'une part, et d'autre part, que les nouvelles lois de
l'impôt sur le revenu les obligent à considérer, pour fins
d'impôts, même les comptes recevables, ainsi que la nouvelle loi
sur les petites créances qui ne leur permet plus de mettre leurs comptes
en collection de la même façon que par le passé. Je trouve
que c'est là une attitude déplorable et même condamnable.
Je ne saurais accepter, pour ma part, que les dentistes, qu'ils
obéissent en cela ou non aux demandes de leur association syndicale,
affichent dans leur cabinet de consultation ce que tous les patients peuvent
maintenant y lire, c'est-à-dire l'affiche suivante: "La nouvelle loi de
l'impôt sur le revenu ainsi que la nouvelle loi sur les petites
créances nous placent dans l'obligation d'éliminer tout compte
recevable. En conséquence, nous devons exiger paiement à chaque
rendez-vous.
Nous nous excusons pour ce dérangement et nous vous remercions
pour votre collaboration.
Je pense que cette demande, de la part d'une profession noble comme
celle de la chirurgie dentaire, est absolument inacceptable pour deux raisons.
La première, c'est que je ne crois pas qu'on ait le droit de mettre sur
le dos d'une loi, la Loi de l'impôt sur le revenu ou la Loi des petites
créances, des motifs qui sont en fait complètement
étrangers à l'adoption de ces lois. Je pense que la
réalité, c'est que les chirurgiens-dentistes ne veulent pas faire
crédit. C'est leur droit. S'ils ne veulent pas faire crédit,
qu'ils le disent clairement, franchement et la population le saura.
Par contre, je pense même que cette attitude de ne pas vouloir
faire crédit à un patient qui a besoin de soins constitue une
entrave sérieuse à l'accessibilité aux soins, au droit
à l'accessibilité aux soins, ce qui est devenu un droit inscrit
dans la loi no 65 que nous avons adoptée il y a un an. Pour ma part,
c'est quelque chose que je n'accepte pas. J'espère que cette pratique
cessera, avec ou sans intervention du ministère des
Affaires sociales, et qu'on reviendra à la mise en pratique
effective, réelle, de ce droit fondamental à
l'accessibilité aux soins qui est inscrit dans la loi que nous avons
adoptée.
Par ailleurs, je pense que cela indique le désavantage qu'il y a
à se montrer trop partiel dans la couverture des soins par un
régime d'assurance-maladie. Comme ce n'est pas l'objet de notre
discussion, Je me contente simplement de le souligner en passant au ministre
afin que ceci constitue un argument additionnel dans la réflexion qu'il
poursuit à ce sujet.
Je voudrais maintenant aborder ce problème de la
délégation de pouvoirs qui se pose pour toutes les anciennes
professions comme la médecine, la chirurgie dentaire, l'ophtalmologie,
l'architecture ou l'ingénierie. Ce problème de la
délégation de pouvoirs, je pense, est un signe de santé en
ce sens qu'il implique une croissance, une évolution rapide d'un savoir.
Si je l'aborde du côté des anciennes corporations ou professions,
je dirais, comme je l'ai laissé entendre à quelques reprises, que
les membres de ces anciennes professions ont de plus en plus à faire,
à explorer de nouvelles dimensions, à faire de nouvelles
recherches. Pour fins d'économie entendue dans tous les sens du terme,
économie logique, économie scientifique, économie
financière, je pense qu'on devrait viser l'objectif suivant: que ceux
qui accumulent, qui sont les dépositaires du savoir le plus
étendu et le plus profond devraient, dans la pratique, tenter de limiter
leurs actes à ceux qu'ils sont les seuls à pouvoir poser, quitte
à ce que, justement, ils délèguent ceux qui peuvent
être posés par certains autres à des auxiliaires qui, avec
le passage du temps, deviendraient à leur tour des professionnels ayant
droit à leur corporation.
Par ailleurs, de l'autre côté de la clôture, si on
considère ces actes qui peuvent être
délégués, posés par d'autres catégories de
professions, j'estime quand même que les anciennes professions peuvent
avoir une certaine raison, une certaine inquiétude, une certaine
préoccupation en ce qui concerne la protection de l'intérêt
public. Si elles ont conscience d'avoir protégé cet
intérêt public dans le passé, on conçoit qu'avant de
s'en dégager elles veuillent s'assurer par voie législative,
réglementaire ou autres que cette même protection du public sera
assumée d'une façon aussi exacte et rigoureuse qu'elles ont pu
l'assumer elles-mêmes.
Mais je pense qu'elles doivent elles-mêmes prendre bien garde de
ne pas défendre un intérêt strictement professionnel sous
le couvert d'une prétention à la défense de
l'intérêt public. Je pense, pour être un professionnel
moi-même, que cette nécessité, cette obligation, cet
idéal de protection du bien public seraient satisfaits, pour ma part si,
en tant que professionnel, je pouvais être assuré que les actes
qui seront désormais posés par d'autres professionnels
correspondent à certaines normes, scientifiques d'abord, en ce sens que
le professionnel devrait
me donner la garantie qu'il a reçu la formation suffisante pour
poser l'acte qu'on lui donne le privilège de poser.
Deuxièmement, garantie déontologique à condition,
donc, que cette profession adopte un code de déontologie qui soit
à ce point exigeant et rigoureux qu'on s'engage à envoyer
à un professionnel, comme le médecin ou le chirurgien-dentiste,
tous les patients ou tous les clients chez qui on soupçonne une
anomalie, une maladie qu'on estime, en conscience, incapable de diagnostiquer
ou de traiter avec les connaissances qu'on a reçues au cours de sa
formation.
Je pense que si chacune des corporations subsidiaires qui deviendront
maintenant autonomes pouvaient nous donner ces deux garanties, l'une
scientifique et l'autre déontologique, il serait beaucoup plus facile,
normal et même nécessaire et impérieux pour les professions
traditionnelles de se départir, d'une façon beaucoup plus
franche, de leurs obligations antérieures et de les
déléguer à d'autres corporations.
Je pense que c'est là un principe que l'on peut appliquer mutatis
mutandis à un bon nombre de professions qui se sont
présentées devant nous. Je ne sais pas, en particulier, quelles
modalités ce principe pourra exiger dans le cas de telle ou telle
profession. Nous le discuterons en commission plénière. Mais je
pense que ce principe est valable et qu'il devrait inspirer l'action du
législateur.
En ce qui concerne le formation, il se pose, dans cette profession comme
d'autres, des difficultés dans l'harmonisation qu'il importe
d'établir entre les exigences de la corporation et celles des
institutions d'enseignement. Lors de la présentation de son
mémoire en commission parlementaire, la Corporation des dentistes s'est
exprimée assez clairement à ce sujet. Le Dr Leblanc disait: "Nous
n'avons pas d'entente conclue avec les facultés parce que chacune des
facultés tient à son propre système d'enseignement et que
nous n'avons jamais pu, si je puis dire, intervenir là-dedans même
si ajouta-t-il plus tard les doyens des facultés
siègent sur notre bureau administratif." Il ajoutait, un peu plus tard,
un autre motif de préoccupations lorsqu'il disait: "Si nous trouvons que
dans ces programmes il parlait des programmes universitaires il y
a des parties pratiques qui ne sont pas suffisamment incluses, parce qu'il faut
tenir compte que la dentisterie pratique est pour nous extrêmement
importante, nous demanderons que ce soit un peu plus élevé de ce
côté-là."
On sent très bien là où les inquiétudes des
corporations. Premièrement, une diversité trop grande des
programmes au niveau des établissements d'enseignement, sans
coordination effective ou véritable. Deuxièmement, un accent
qu'elles tiennent à mettre sur le côté artistique ou le
côté pratique de la profession.
Par ailleurs, les établissements d'enseignement ont-ils aussi des
représentations très valables à offrir. Je ne veux pas
citer tout ce que nous ont dit les recteurs ou les doyens qui se sont
présentés à la commission mais ils nous ont bien fait voir
que les établissements d'enseignement évoluent probablement plus
vite que les corporations, adoptent beaucoup plus rapidement dans leurs
programmes d'étude ce que les professeurs lisent dans des revues, dans
des articles scientifiques, entendent à des congrès. Je pense que
les deux ordres de contribution et de représentation sont valables. Mais
je pense que, précisément parce qu'ils sont valables, il faudrait
pouvoir les équilibrer, les harmoniser sans que l'on donne une
préférence, une préséance à l'une ou
à l'autre ou que l'on fasse peser un ordre de préoccupations plus
que l'autre. En somme, ce qu'il nous faut c'est une sorte d'abitre impartial
qui jugera de la question uniquement dans le sens de l'intérêt
public.
Le ministre nous a proposé un système. Nous le discuterons
en détail à propos de chacune des professions. Mais
j'espère que nous réussirons à trouver, un peu comme je le
disais à propos des infirmières, à l'intérieur du
cadre qu'il établit, des adaptations qui pourront valoir pour chaque
profession. Nous ne pouvons pas légiférer dans l'absolu mais nous
devons légiférer en tenant compte des circonstances
particulières, historiques ou autres qui sont particulières
à chaque profession, même, je l'ajoute immédiatement, s'il
ne faut pas consacrer le statu quo, même s'il faut viser, le plus
possible, à l'amélioration et à l'uniformisation des
méthodes et des systèmes.
En ce qui concerne, M. le Président, la représentation du
public au sein du bureau de la corporation, j'ai les mêmes observations
à faire valoir que celles que j'ai fait valoir lors de l'étude
des autres lois particulières. Il me semble que cette
représentation du public est trop filtrée, trop tamisée
par le Conseil interprofessionnel et par l'Office des professions et qu'il
importerait de pratiquer une ouverture plus grande.
Je ne veux pas m'étendre, non plus, sur le sujet de la langue. Je
demeure convaincu que, comme tous les autres professionnels, tous les dentistes
et surtout tous les nouveaux dentistes devraient avoir une connaissance d'usage
de la langue française, étant donné qu'ils sont
appelés à soigner des patients des deux langues, que ce soit
à leur cabinet privé ou dans les établissements
hospitaliers, ou encore étant donné qu'ils sont destinés,
au sein de leur corporation comme de leurs associations professionnelles,
à avoir des contacts avec des praticiens et avec des professionnels des
deux langues. Il me semble que, dans un pays où 80 p.c. de la population
parle le français, cette langue prioritaire, cette langue de travail,
cette langue de communication, cette langue de la consommation devrait
être le français et que ceci devrait être consacré
par un projet de loi.
Avant de terminer, je me permettrais de faire une petite suggestion au
ministre. Lors de
l'étude d'autres projets de loi, nous nous sommes rendu compte
que, dans le pouvoir réglementaire confié aux professions ou au
lieutenant-gouverneur, il y avait celui qui enjoignait aux corporations
d'obliger leurs membres à se doter d'une assurance-responsabilité
professionnelle. Je crois que ce serait là une suggestion assez valable
dans le cas des professionnels de la santé en général et
dans le cas des dentistes en particulier.
Pour le reste, M. le Président, nous souscrivons aux objectifs
que poursuit le projet de loi, aux principes qui le sous-tendent, aux
modalités d'application qui y sont suggérées et il nous
fera plaisir de voter pour son adoption.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Témiscamingue.
M. Gilbert Théberge
M. THEBERGE: C'est ce qui arrive quand on ne parle pas tellement souvent
!
M. le Président, évidemment, je pensais que le bill 254
était tellement peu litigieux qu'il n'y avait pas de discours à
faire là-dessus. Il me fait, quand même, plaisir de mentionner que
la plupart des orateurs précédents ont été hors
d'ordre, et je les en remercie, parce qu'en plus d'avoir parlé du bill
266, comme le député de Montmagny l'a fait, on a surtout
parlé de la belle profession de chirurgien dentiste.
Il est évident, M. le Président, qu'il n'appartient ni au
député de Rivière-du-Loup, ni au député de
Témiscamingue de vanter la chirurgie dentaire. C'est pour cela que je
les en remercie. Cela m'a donné une belle occasion de parler d'une
profession dont je suis fier et qui, comme on l'a dit, a progressé avec
la science et a évolué énormément depuis 25 ans,
tellement qu'apparemment le député de Montmagny n'a plus peur
d'aller voir le dentiste!
Quant au bill 254, je sais que la profession, en très grande
majorité, est prête à l'accepter dans sa nouvelle
impression. Je ferai remarquer qu'il s'agit là, évidemment, d'un
statu quo plus que d'un avancement, mais il vaut peut-être mieux rester
au statu quo si on n'est pas sûr de ne pas faire un mauvais pas.
On a parlé d'accessibilité, de prime d'éloignement.
Je suis absolument d'accord avec le député de Bourget, qui a
parlé de prime d'éloignement ou de salaire garanti. Je sais que
cela se fait dans d'autres provinces, dans la province voisine, par exemple. Un
des plus grands problèmes que nous ayons actuellement, chez les
dentistes, ce n'est pas tellement le manque de dentistes, même s'il peut
en manquer, mais c'est surtout qu'il y en a tellement peu qui ont le courage,
comme le député de Témiscamingue, de laisser
Montréal et d'aller s'installer dans un beau coin comme le
Témiscamingue.
Ce n'est d'ailleurs pas un problème propre à la chirurgie
dentaire. C'est un problème dans plusieurs professions, entre autres la
profession médicale aussi.
Si le ministre un jour décide de parler de primes
d'éloignement ou de salaire garanti à des professionnels,
dentistes, médecins ou membres d'autres professions qui seraient
prêts à s'éloigner, je pense que ça
améliorerait la situation dans la province et nous n'aurions pas
à Montréal des professionnels qui crèvent de faim, alors
qu'il y a beaucoup de travail à faire dans les centres
éloignés.
Même si on admettait que les dentistes sont surchargés de
travail, je pense qu'il ne s'agit pas tellement de savoir s'ils sont
surchargés que de savoir si ceux qu'on voudrait proposer pour les
remplacer sont prêts à le faire. Là encore, je suis
d'accord avec le député de Bourget je suis souvent
d'accord avec lui, en passant quand il parle de garantie du
côté scientifique et déontologique. Or, c'est justement
je serai hors d'ordre pour quelques minutes ce dont il s'agit
quand on parle du bill 266, et d'ailleurs nous y reviendrons
définitivement à ce moment-là, parce que le
problème est de savoir si nous avons des remplaçants qui sont
préparés pour le faire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Rivière-du-Loup.
M. Paul Lafrance
M. LAFRANCE: L'honorable ministre des Affaires sociales et le
député de Montmagny ont brossé un tableau assez exact et
fidèle de la profession dentaire au Québec. Même avant
l'invitation du député de Montmagny, j'avais décidé
d'intervenir et de donner mon avis sur le bill 254 et je veux l'assurer que je
vais essayer de m'en tenir au bill 254.
On voit par les interventions des opinants précédents
toute l'importance que la profession dentaire revêt au Québec.
Evidemment, nous ne sommes pas 40,000 professionnels de la santé
dentaire, nous sommes à peine 1,800, mais on voit par la qualité
des interventions que la santé dentaire est de prime importance au
niveau du ministère des Affaires sociales.
En fait 65 p.c. des admissions totales dans un hôpital
comme on l'a mentionné à deux ou trois reprises tout à
l'heure, là-dessus je voudrais corriger le député de
Bourget, ne sont pas seulement des interventions chirurgicales buccales
mais, de toutes les admissions dans un même hôpital, il y en a 65
p.c. qui ont trait seulement aux extractions dentaires.
C'est un phénomène tout de même assez
déplorable, qui prouve justement que notre population est encore
beaucoup trop mal informée de l'hygiène dentaire dans la province
de Québec. Il est malheureux de l'avouer, mais cette population attend
toujours in extremis avant de se faire traiter, de visiter le dentiste et de se
faire donner les soins que la bouche requiert.
Et je me pose la question: Est-ce que c'est dû au fait que les
extractions dentaires ou les travaux de chirurgie buccale en milieu
hospita-
lier sont couverts par le régime d'assurance-maladie? Il existe
tout de même un fait et ceci n'est pas exclusif à la
province de Québec c'est que 99 p.c. de la population mondiale
est affectée de cette terrible maladie, qui en elle-même est
totalement incurable, la carie dentaire.
Il y a des exceptions et je voudrais vous expliquer le 1 p.c.
c'est un hommage qu'on doit à notre civilisation les
peuplades qui sont encore complètement coupées de la civilisation
ne sont pas atteintes de cette maladie.
Mais, on l'a répété à plusieurs reprises
à la commission parlementaire, 80 p.c. de notre population porte des
prothèses dentaires. C'est une autre constatation que je trouve
totalement harassante. L'orifice buccal est de toute première
importance. C'est par là que la nature entre dans le corps, et il faut
que cet orifice soit dans les meilleures conditions possibles, parce que le
rôle premier des dents en est un de mastication, et le second un
rôle d'estéthique.
Le rôle du dentiste est d'abord un rôle de
prévention.
Tout à l'heure on parlera peut-être de l'effectif, mais
dans son rôle de prévention, le devoir premier d'un dentiste ou de
la profession en général est surtout l'hygiène dentaire,
et ensuite l'éducation de la population. On parle souvent des deux
visites annuelles qu'on doit faire chez son dentiste. J'espère et je
suis même assuré que le ministre en prendra note et que dans les
prochaines lois prévues, soit au niveau de l'assurance-maladie, on
inclura des articles spécifiant bien que chacun des individus qui ne se
soumettra pas à ces visites annuelles pourra être
pénalisé ou sera obligé de rembourser. Ce sont des choses
dont on pourra discuter lors du prochain projet de loi. Mais il faudra,
à mon avis, qu'on exige que chacun des patients qui sera couvert par le
régime de l'assurance-maladie soit obligé de visiter son dentiste
au moins deux fois par année.
Quand je dis ces choses je sais que plusieurs se posent des questions;
ils se demandent comment feront les dentistes, avec le manque d'effectif
actuel, et comment ces gens pourront avoir ces visites. Il y aura
peut-être des solutions à apporter et j'en suggérerai tout
à l'heure.
M. le Président, j'ai entendu tout à l'heure et même
devant la commission parlementaire, un orateur ou des orateurs qui se disent
favorables au bill 254 et même à des bills qui viendront
subséquemment et, pour ne pas les nommer, on va parler des
denturologistes. On veut faire accepter que les denturologistes puissent faire
le même acte que le dentiste actuellement. Je suis surpris de voir ces
mêmes gens qui, après avoir eu des preuves concrètes qu'il
existe des moyens de prévenir la carie dentaire, sont entièrement
contre ce moyen de prévention, cela me dépasse.
Si le député de Dorchester veut savoir de qui je parle,
c'est de lui-même, M. le Président.
M. GUAY: Quels moyens?
M. LAFRANCE: Il y a plusieurs spécialistes chez les chirurgiens
dentistes et ils ont chacun un rôle à jouer. C'est là que
prend toute l'importance de la profession. Et comme le mentionnait le
député de Montmagny tout à l'heure, la profession a
tellement évolué rapidement que nous en sommes rendus avec des
spécialités bien concrètes. Par exemple, il y a les
périodontistes qui sont chargés de traiter simplement les
maladies des gencives. Souventefois vous avez entendu dire: Je fais de la
pyorrhée, je suis obligé de me faire enlever les dents. On se
fait enlever les dents parce que les gencives sont malades. M. le
Président, on traite les gencives. Pourquoi ne pas enlever les gencives
si elles sont malades? On enlève les dents parce que les gencives sont
malades, c'est un non-sens. C'est pourquoi cette spécialisation est
venue à la rescousse des patients.
Il y a aussi les pédodontistes qui s'occupent surtout de
l'hygiène chez les enfants et surtout des traitements chez les enfants.
Il y a les chirurgiens buccaux qui, eux, sont obligés in extremis de
pratiquer cette profession. Il y a aussi les orthodontistes qui sont
chargés de la restauration ou de la façon dont les dents sont
posées dans l'arcade. Il y a aussi les prothésistes, on en parle
et on en reparlera encore, et aussi les praticiens généraux qui,
eux, sont chargés de voir à la santé buccale en
général, et s'il arrive des problèmes particuliers, ils
les envoient aux spécialistes.
Le rôle du praticien général c'est de restaurer les
dents et de les remplacer aussi, soit par des ponts et des ponts fixes, des
prothèses partielles amovibles ou même des prothèses
complètes.
Comme vous le voyez, M. le Président, il y a beaucoup à
faire dans la profession dentaire, et je suis surpris d'entendre toujours les
mêmes réflexions et de toujours parler de prothèses
complètes. Si 80 p.c. de notre population porte des prothèses
complètes, M. le Président, que pensez-vous des autres travaux?
Cela veut dire que c'est tout de même un nombre minime de gens qui font
traiter leurs dents, à l'heure actuelle, et c'est ce qui est
malheureux.
Avec l'évolution rapide de la profession, il est certain que ce
projet de loi ne marque pas un temps d'arrêt et qu'il devra être
modifié avant longtemps, étant donné l'état de
transition dans lequel nous nous trouvons. Le député de Montmagny
l'a mentionné, je n'y reviendrai pas.
Le but de ce projet de loi est double, comme tous les autres d'ailleurs.
En premier lieu c'est la protection du public, pour un meilleur contrôle
à mon avis de la formation professionnelle, tant des étudiants
que des spécialistes. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en
dire plus sur le sujet. Et aussi l'acte professionnel posé par les
membres de la profession.
Ceci ne veut pas dire que le gouvernement
veut tout contrôler, qu'il veut contrôler l'acte posé
par les professionnels, mais qu'il désire fournir à la profession
dentaire elle-même les outils qui permettront au public d'avoir les
meilleurs soins possibles.
Le deuxième but du projet de loi est de protéger les
professionnels eux-mêmes en déterminant les champs
d'activité spécifiques je ne dirai pas exclusifs, mais
spécifiques les attributions, les droits, les devoirs et les
responsabilités des professionnels. Ce bill ne guérira
certainement pas le manque, la pénurie ou la mauvaise répartition
des effectifs au niveau du territoire du Québec. La législation
prévoit tout de même une délégation de pouvoir
à d'autres disciplines, notamment aux hygiénistes dentaires, aux
denturologistes et aux techniciens dentaires.
D'ailleurs, c'est une profession qui existe déjà et qui
possède sa propre loi. Les dentistes n'auront pas l'exclusivité
de ces actes, étant donné qu'il y aura une
délégation de pouvoir. Le député de Montmagny, tout
à l'heure, a demandé l'assurance de l'acte professionnel. Loin de
le blâmer, je dirai qu'il a raison. Il a raison surtout parce qu'il veut
avoir l'assurance que, quand un professionnel rendra des services, les services
soient bien rendus. J'espère que le député de Montmagny
sera aussi exigeant envers les autres professions et qu'il demandera aussi
l'assurance pour elles afins d'éviter qu'un orateur en plein discours ne
perde ses prothèses dentaires, ce qui est assez gênant.
Vous n'êtes pas sans connaître, M. le Président,
toutes les difficultés qui ont existé depuis fort longtemps entre
le Collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec et
les facultés d'art dentaire en ce qui concerne les critères de
formation des étudiants. Le député de Bourget en a
glissé quelques mots tantôt. Il est malheureux de le dire, mais
ceci se fait surtout au détriment des étudiants.
Il était urgent de légiférer, afin de trouver un
mécanisme d'entente entre ces deux organismes et aussi pour
déterminer les critères de qualification minimum requise devant
être exigée des étudiants en art dentaire pour une
meilleure protection du public. Ces deux dernières années, vous
avez vu le grave conflit qui a exsité entre les étudiants et la
corporation professionnelle. Ce projet de loi no 254 se veut un remède
à ce problème. Nous sommes assurés que ce projet de loi
mettra fin à des abus de part et d'autre, qui ont duré
malheureusement trop longtemps, en fournissant aux organismes en place, le
Collège des chirurgiens dentistes de la province de Québec et les
trois facultés existantes, les moyens de jouer pleinement leur
rôle d'éducation et, ce qui est encore plus important, de
protection du public, c'est-à-dire de celui qui reçoit des soins
et qui est en droit d'exiger ies meilleurs soins.
Dans le domaine de la dentisterie, ce projet de loi est certainement un
pas en avant.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, il est heureux que le ministre des
Affaires sociales ait présenté une loi relative aux dentistes,
parce que nous avons eu l'avantage d'entendre les députés qui
n'ont pas l'occasion ou la liberté de s'exprimer, du côté
ministériel, régulièrement dans cette Chambre. De toute
façon, M. le Président, je félicite ces
députés.
M. LEVESQUE: Une question de privilège, M. le Président.
Même si ces choses sont dites d'une façon humoristique, la
façon de les dire ne paraît pas dans le journal des Débats.
Alors, je dois protester avec toute l'énergie dont je suis capable, car
les députés ministériels au moins, sans parler des autres,
ont cette liberté. Je laisse aux autres porte-parole le soin de
s'exprimer, s'ils le désirent mais, quant à nous, de ce
côté-ci de la Chambre, c'est la liberté qui a toujours
caractérisé le Parti libéral du Québec.
M. PAUL: Pour enchaîner avec les propos du leader du gouvernement,
je dirai aussi que l'intérêt pousse certains collègues qui
siègent à votre droite à participer aux débats qui
se déroulent dans cette Chambre.
Lorsqu'il s'agit de l'intérêt d'une profession dont on est
membre, on s'intéresse et on participe au débat, c'est
avantageux. Je félicite ces collègues. C'est dommage que,
lorsqu'il s'est agi de l'intérêt non pas d'une profession mais
d'une loi aussi importante que la loi 62, ces mêmes deux opinants aient
été silencieux et même absents à l'occasion d'un
vote très important.
M. LAFRANCE: Question de privilège, M. le Président. Je
voudrais vous faire remarquer que je suis intervenu lors du projet de loi no
62.
M. PAUL: M. le Président, je vous ferai remarquer qu'il est
intervenu mais pas en deuxième lecture parce qu'il était victime
du choléra collectif, comme les autres, à l'occasion du vote.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre!
M. PAUL: Nous allons monter un peu plus haut pour nous intéresser
à la santé dentaire.
M. MARCHAND: C'est de la marmelade.
M. PAUL: Pardon? Ce n'est pas de la marchandise que je veux vendre. Pour
emprunter un vieux cliché qui fait plaisir au député de
Gouin, nous dirons que c'est une loi très importante. Là
où je rejoins les propos du
député de Rivière-du-Loup c'est en exprimant le
regret que cette loi no 254 soit aussi muette quant à la
nécessité de prendre toutes les mesures nécessaires pour
éviter que de plus en plus la population du Québec soit victime
d'un manque de prévention dentaire.
Je n'ai pas l'intention de faire le partage ou l'appréciation des
implications de cette loi en regard de certaines activités d'autres
corporations professionnelles. Là où je me permets de
différer quelque peu d'opinion avec le ministre des Affaires sociales,
c'est lorsqu'il nous déclare que la Corporation professionnelle des
hygiénistes dentaires va donner comme une espèce d'élan,
une orientation nouvelle à la santé dentaire. Je ne partage pas
tout à fait l'enthousiasme du ministre parce qu'ils ne sont que quinze
membres dans leur corporations. Il n'y a aucune école de formation pour
ceux qui veulent se joindre à cette profession. Je n'en fais pas
reproche au ministre, cependant.
Je voudrais tout simplement interroger le ministre non pas en tant
qu'avocat mais en tant que parlementaire un peu curieux afin de connaître
les raisons pour lesquelles nous ne retrouvons pas dans cette loi certains
principes importants comme nous en retrouvons dans d'autres lois de certaines
corporations professionnelles. Si la loi 254 respecte les dispositions du code
des professions se rapportant à la composition du bureau de la
Corporation professionnelle des dentistes, il n'est aucunement fait mention
d'un comité administratif. Pourquoi les dentistes n'auraient-ils pas de
comité administratif comme toute autre corporation professionnelle? On
n'en parle pas dans la loi 254; silence complet sur le rôle que devrait
jouer au sein de cette profession le comité administratif, comme nous
l'avons souhaité, remarqué et apprécié dans les
autres lois particulières qui nous furent présentées.
Le Collège des chirurgiens-dentistes avait présenté
un mémoire dans lequel certaines représentations ou certaines
recommandations nous étaient adressées, spécialement au
bas de la page 1 du préambule du mémoire où nous pouvions
lire ceci :
Nous soumettons donc à la commission parlementaire un certain
nombre d'objections et de recommandations, mais ce que nous demandons surtout,
c'est que la Loi des dentistes contienne, sans exception, toutes les clauses
qui concernent la profession dentaire, afin que chaque dentiste sache, sans
faire de recherches compliquées, quels sont les articles de loi qui
réglementent sa vie professionnelle, que chaque étudiant puisse
faire l'étude complète de cette loi dans laquelle tout est
inscrit.
La deuxième version du projet de loi no 254 répond
justement à ce désir exprimé par les membres de la
corporation et le bureau de direction du Collège des
chirurgiens-dentistes de la province de Québec. Ce qu'il est
intéressant de noter, je félicite ceux-là qui ont
introduit une telle mesure dans la loi no 254, c'est ce rôle que l'on
veut donner je ne dirai pas un bureau exécutif, nous n'en avons
pas dans cette loi au bureau des administrateurs qui seront
appelés à donner leur avis au ministre des Affaires sociales sur
la qualité des soins dentaires fournis dans les établissements,
au sens de la Loi sur les services de santé et les services sociaux, et
qui pourront faire effectuer des enquêtes à ce sujet.
C'est peut-être là que le bureau pourra jouer un rôle
extrêmement important en recommandant au ministre certaines mesures
préventives pour enrayer cette carie massive de la dentition des
Québécois. C'est une excellente mesure.
Il y en a une autre qui nous a été signalée tout
à l'heure par le député de Bourget, qui se
référait abondamment à certains mémoires qui furent
présentés à la commission parlementaire. C'est cette
collaboration essentielle et nécessaire entre lus enseignants de l'art
dentaire dans l'élaboration des programmes d'études et la
préparation des examens ou autres mécanismes d'évaluation
des étudiants. J'espère que le ministre des Affaires sociales, de
même que le ministre de la Justice et le ministre de l'Industrie et du
Commerce saisiront le ministre de l'Education sur la nécessité
d'arrêter une politique pédagogique afin que les membres des
corporations professionnelles, par la voie de leur bureau de direction,
puissent, avec les autorités enseignantes, trouver un programme efficace
qui, tout en protégeant le public, permette l'enseignement des
matières ou des disciplines nécessaires dans le rôle que
doit jouer chacune des professions du Québec.
Le bureau des administrateurs devra adopter des règlements
concernant l'immatriculation des étudiants en art dentaire et des
dentistes poursuivant des études de spécialités. C'est une
mesure de protection d'abord pour le public. N'importe qui ne pourra pas se
déclarer spécialiste en art dentaire. Le secrétaire de
l'Ordre est dentiste. Il devra délivrer un certificat de
spécialisation à celui qui, effectivement, a
complété des études plus poussées pour pouvoir
exercer sa profession.
Pardon? Est-ce que l'honorable député de
Témiscamingue...
M. THEBERGE: Je vous écoute attentivement.
M. PAUL: Pardon?
M. THEBERGE: Je vous écoute attentivement.
M. PAUL: Attentivement? Je vous remercie. Cela ne vous arrive pas
souvent, et je vous en félicite.
M. THEBERGE: Ce n'est pas gentil cela!
M. PAUL: M. le Président, pour être honnête, s'il y a
un collègue qui s'intéresse aux
travaux de la Chambre, sans toujours y participer, mais qui, par un
travail de tout instant, mérite la sympathie de tous ses
collègues, c'est bien le député de
Témiscamingue.
M. THEBERGE: Le pot de fleurs!
M. PAUL: Je réserve des pots pour d'autres circonstances.
Il faudra que le bureau adopte des règlements concernant la forme
et le contenu des ordonnances faites par les dentistes. Ce sera un autre devoir
qui incombera au bureau des administrateurs. Il faudra également que ce
bureau adopte des règlements conformément aux dispositions du
code des professions et spécifiquement en vertu des dispositions du
projet de loi 254. Il faudra qu'il adopte des règlements concernant la
détermination de certains actes relevant de l'art dentaire et qui
pourront être posés par une certaine classe, par des personnes
autres que des dentistes.
Je constate également que la loi est muette quant au personnel
auxiliaire du dentiste. On n'en parle pas, alors que le Collège des
chirurgiens dentistes nous avait invités à nous pencher quelque
peu sur ce problème. De toute façon, ce n'est pas parce que le
projet de loi ne satisfait pas toutes les exigences du collège que nous
devons pour autant en rejeter le principe. Loin de là. C'est à la
suite du travail de la commission élue que nous pourrons examiner toutes
et chacune des recommandations du Collège des chirurgiens dentistes et
nous pourrons juger de la recevabilité ou non de certaines de ces
recommandations.
Dans l'étude de ce projet de loi, nous touchons quatre
corporations professionnelles. Je n'ai pas l'intention de m'éloigner du
principe du projet de loi, chacune étant reconnue officiellement dans la
deuxième version du projet de loi 250. Comment concilier dans
l'intérêt public les activités de la Corporation
professionnelle des dentistes du Québec, de la Corporation
professionnelle des denturologis-tes, de la Corporation professionnelle des
techniciens dentaires qui devient l'Association des techniciens dentaires
créée par le projet de loi, qui disparaît?
Le chapitre 254 des statuts de 1964 disparaît, et la Corporation
professionnelle des hygiénistes dentaires. Il y a, M. le
Président, un moyen pour faire travailler les gens ensemble, dans des
champs d'action bien délimités, c'est en n'oubliant jamais que
seul le dentiste pourra exercer l'art dentaire en posant des actes qui auront
pour objet de diagnostiquer ou de traiter toute déficience des dents, de
la bouche ou des maxillaires chez l'être humain. Seul le professionnel,
le dentiste, pourra poser ces actes. Pour ce qui a trait aux autres
activités de corporations professionnelles reconnues ou à
reconnaf-tre, c'est peut-être la suggestion du député de
Montmagny qui doit être reconnue. C'est de confier un rôle
précis à l'Office des professions ou au Conseil
interprofessionnel, pour que nous puissions trouver une solution qui satisfasse
les exigences professionnelles et les aspirations légitimes de chacun
des membres intéressés par la santé dentaire qui oeuvrent,
qui travaillent pour la santé dentaire. Je suis sûr que le public
en sera le premier bénéficiaire et c'est un objectif qui doit
tous nous guider dans l'étude de ces différentes lois.
M. le Président, vu que le député de Montmagny a
tellement couvert le sujet, vu que nos collègues de la profession des
dentistes ont ajouté un élan dans leur activité de
parlementaire, je fais suite à l'invitation du leader du gouvernement et
je reprends mon siège. Nous appuierons le principe de cette loi. Je vous
remercie, M. le Président.
LE PRESIDENT: La réplique du ministre mettra fin au débat
de deuxième lecture.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, étant donné que
certaines questions ont été posées ou, peut-être,
que certains faits on été interprétés d'une
façon que je ne partage pas nécessairement totalement, je
voudrais brièvement exercer ce droit de réplique.
En premier lieu, lorsqu'on a parlé du problème du partage
et ce n'est qu'un aspect je suis d'accord que l'office devrait
probablement avoir un rôle plus large pour stimuler et encourager les
rapprochements entre groupements, tel que vient de le mentionner le
député de Maskinongé, mais lorsque certains
députés ont discuté, plus tôt, le problème du
partage des rôles entre les dentistes et les denturologistes, je me
demande jusqu'à quel point on n'a pas un peu étiré le
concept consistant à nous baser sur la réaction de la population
pour déterminer où ce partage devrait s'effectuer.
Il est clair que, dans une situation où des gens pratiquent dans
l'illégalité, d'une part, dans une situation, d'autre part,
où il y a une certaine pénurie de services, que le public
s'adresse ou peut s'adresser et recevoir des services, et que l'on puisse en
tirer comme conclusion que les services reçus soient tout à fait
adéquats.
Mais je ne crois pas que ce soit nécessairement un gage de
qualité de services. Je pense que le critère le plus important
qui doit nous guider, c'est le même que celui que tous les orateurs ont
mis de l'avant jusqu'ici, c'est de dire: Qu'est-ce que la protection du public
exige au premier titre? Je crois que c'est celui-là qui doit nous guider
jusqu'à la fin et que les autres aspects même s'ils ont
leur importance, j'en conviens doivent passer au second plan.
Et sur certaines des questions comme celle qui a
été soulevée ici il me semble qu'on doit se
reporter à l'évidence qui a été apportée
à la commission parlementaire et ne pas oublier
cette évidence alors que nous procédons dans les
différentes étapes de l'étude de ces projets de loi.
Je pense aussi qu'il serait important de se demander, étant
donné que le député de Dorchester a posé cette
question et qu'elle est importante: Est-ce que le projet de loi comporte des
mécanismes permettant d'effectuer un rapprochement entre la corporation
et les universités ou les facultés de chirurgie dentaire? Le
mécanisme général d'association du collège ou des
représentants du collège aux mécanismes
d'élaboration des programmes, d'évaluation des étudiants,
en plus de leur immatriculation pour s'assurer de la qualité de ceux qui
sont admis à l'étude sont prévus dans ce projet de loi
aussi. Et il me parait que c'est le mécanisme le plus positif que l'on
puisse imaginer face à la situation que le député de
Dorchester a évoquée.
Justement à la suite des démarches que nous avions
effectuées, j'ai rappelé à la commission parlementaire que
j'avais rencontré les doyens des facultés d'art dentaire, de
même que les représentants du collège, et que je leur avais
demandé cette année de mettre à l'épreuve ce genre
de mécanismes pour régler d'abord le problème que nous
étions susceptibles de vivre à nouveau cet hiver.
En d'autres termes, je leur avais demandé de
précéder la venue de la loi. Ils l'ont fait. J'ai
vérifié à certaines reprises, par l'entremise de diverses
personnes, pour ne pas me fier seulement à une version, et les
renseignements que j'ai obtenus ont été à l'effet que ces
mécanismes se sont avérés très positifs et
très satisfaisants pour l'exercice en cours. On a une
démonstration concrète, je crois, pratique d'une situation
où, jusqu'ici, nous avions des conflits et où l'application des
mécanismes proposés donne cette année vraiment les
résultats escomptés.
Je voulais mentionner ce point, pour rassurer le député de
Dorchester et, en même temps, pour signaler, alors que nous sommes sur ce
projet de loi, celui des dentistes où le conflit presque inné
provenant du rôle d'une corporation professionnelle et de
l'université est en voie d'être résolu par le
mécanisme proposé.
Le député de Bourget a signalé le nombre
élevé d'extractions de dents dans certains hôpitaux, ces
extractions gratuites à l'hôpital, comme il le dit. Il y a
là à la fois une mauvaise conclusion et une interprétation
un peu fausse, lorsqu'il dit que ça provient de la mauvaise
répartition des dentistes sur le territoire. Il me semble qu'il faut
être bien précis. La chirurgie buccale, telle que prévue
dans l'assurance-maladie, ne touche pas la couverture gratuite de l'extraction
dentaire ordinaire en milieu hospitalier. L'extraction de dents, dans le cadre
de la couverture de la chirurgie buccale, est sensée répondre
à certains critères, soit des complications telles que ça
nécessite l'anesthésie, etc.
En deuxième lieu, quant à ce volume assez
élevé, dans certains endroits, d'extractions dentaires en milieu
hospitalier, il faut noter qu'elles ont été faites par des
dentistes. Ce n'était pas un problème de pénurie de
dentistes.
C'était, à mon sens, une utilisation abusive de la
chirurgie buccale, et les conseils de médecins et dentistes de ces
hôpitaux n'ont pas joué leur rôle. Je crois qu'en plus des
conseils de médecins et dentistes qui devraient jouer leur rôle,
le bureau de l'ordre, avec les nouveaux pouvoirs qui lui seront donnés
en vertu de cette loi, devra également exercer une surveillance beaucoup
plus étroite.
En plus des dommages causés, on peut imaginer les coûts qui
en résultent. Egalement en ce qui a trait à la ratification de
l'entente pour l'assurance-maladie, nous sommes toujours dans le même
genre de problèmes lorsqu'on veut en arriver à une entente. Il ne
s'agit pas uniquement de le désirer ardemment ou encore de mettre
indistinctement des ressources financières, il faut s'assurer d'abord
que ces ressources sont raisonnables, celles qui y sont consacrées, et
qu'elles sont bien équilibrées. Or, un des derniers
problèmes sur lesquels porte la discussion et sur lesquels elle a
porté depuis un bon moment, c'est justement l'équilibre à
établir dans la rémunération des actes touchant la
prévention, touchant la restauration par rapport à la
rémunération à octroyer pour l'extraction des dents.
Vous pouvez imaginer justement, après avoir écouté
tous les opinants, que notre position est de mettre l'accent sur la
prévention et la restauration et c'est ce qui fait que nous en sommes
encore à négocier cette entente. Nous sommes d'autant plus
prudents que nous avons vécu l'expérience de la chirurgie
buccale, avec quelques données que je vous ai mentionnées ici et
sur lesquelles j'aurais pu donner pas mal plus de détails qui vont un
peu dans le même ordre que ceux que je vous ai mentionnés.
Je voudrais aussi mentionner au député de
Maskinongé que s'il n'existe que quinze hygiénistes dentaires au
Québec, c'est que leur profession n'était pas reconnue. Il faut
commencer en quelque part. Certains ont choisi de commencer dans
l'illégalité et je pense que ça n'est pas une pratique qui
doit être encouragée. Ils ont voulu procéder en
commençant dans l'illégalité. C'est cette situation que
nous voulons corriger. Je suis certain que le député de
Maskinongé a fait cette remarque dans le même esprit dans lequel
je lui réponds.
Quant au comité administratif, nous le retrouvons dans le code
des professions.
Les dispositions du code des professions, en ce qui a trait au
comité administratif, vont s'appliquer au bureau de l'Ordre des
dentistes, étant donné que le nombre de membres prévu dans
le projet de loi des dentistes...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable ministre me permet une question? Peut-il
nous dire
pourquoi il n'en est pas fait spécifiquement mention dans cette
loi, comme nous l'avons remarqué dans d'autres lois?
M. CASTONGUAY: Nous n'avons pas voulu répéter dans les
lois spécifiques toutes les dispositions que l'on retrouve dans le code
pour alléger ces lois dans toute la mesure du possible. Certains
représentants de corporation professionnelle ont poussé plus fort
que d'autres pour que l'on introduise des répétitions ou des
détails. Dans certains cas, pour en venir à avoir la paix, on a
cédé.
M. PAUL: M. le Président, devant une telle réponse je ne
pousse plus.
M. CASTONGUAY: Enfin, le député de Maskinongé fait
état du fait que dans la Loi des dentistes on ne parle pas du personnel
auxiliaire des dentistes. Je pourrais lui retourner la question et lui
demander: Pourquoi en parler dans cette loi qui ne touche que les dentistes,
surtout qu'on a dit, à plusieurs reprises, que s'il s'agit d'un
personnel qui doit être formé en corporation, ce doit être
fait dans des lois distinctes afin qu'en aucun moment une corporation ou les
membres d'une corporation soient subordonnés aux membres d'une autre
corporation?
Si ce n'est pas du personnel qui doit être formé en
corporation, il n'y a plus de raison d'en parler à moins qu'un
détail ne m'échappe, ce que nous pourrons discuter à
loisir lors de l'étude article par article. Cela termine mes remarques,
M. le Président.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission parlementaire
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission spéciale des
corporations professionnelles.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je remercie les collègues de
ne pas avoir regardé l'horloge.
M. PAUL: D'abord, répondez à une question. Mon
collègue, le député de Montmagny, voudrait
connaître, si possible, l'ordre des lois qui seront appelées
demain.
M. LEVESQUE: Mon collègue, le ministre des Affaires sociales,
pourra sans doute nous donner un coup de main à ce sujet.
M. CASTONGUAY: La suivante serait la Loi sur la pharmacie; ensuite, la
Loi sur l'optométrie, la Loi des techniciens en radiologie et la Loi des
opticiens d'ordonnances. Après, nous verrons. Je pense bien que ce sera
du bon travail de passer tout cela.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, dix heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: L'Assemblée ajourne ses travaux à demain,
dix heures.
(Fin de la séance: 18 h 5)
ANNEXE
Question de M. Vincent 1- En vertu du projet de loi 16, Loi
modifiant la Loi des produits agricoles et des aliments depuis sa sanction
jusqu'au 12 juin 1972: a) combien de postes d'inspection des produits agricoles
ont été localisés par le ministère de l'Agriculture
et de la Colonisation; b) lesquels et où sont-ils établis; c)
combien de permis ont été émis par le ministre; d)
à qui; à quelle date; e) à quelles conditions; f) combien
d'infractions ont été commises et combien de poursuites ont
été prises; g) combien d'amendes ont été
payées; h) pour quel montant?
2- Jusqu'à ce jour, en quoi cette législation a-t-elle
protégé le consommateur sur la qualité et le genre de
produit qu'il achète?
Réponse de M. Toupin 1. a) Aucun b) Nil c) Aucun d) Nil e)
Nil f ) Aucune en regard avec les postes d'inspection et les permis
prévus au projet de loi 16. g) Nil h) Nil 2. Cette législation a
permis d'obtenir des condamnations plus élevées en vertu de la
loi qu'elle a modifiée.
N.B. La loi 16 ne constituant pas une loi par elle-même mais
plutôt un amendement à la loi des produits agricoles et des
aliments, la réponse à la question telle que posée est
exacte.
Les enregistrements émis l'ont été, non pas en
fonction de la loi 16, mais en vertu de la loi des produits agricoles et des
aliments et de ses règlements.
Question de M. Béland 1. Quelles sont les
municipalités du comté de Lotbinière qui ont
bénéficié de subventions pour des services d'incendie en
1968, 1969, 1970 et 1971? 2. Parmi les subventions accordées en 1968,
1969, 1970 et 1971, quelles sont les municipalités qui les ont
reçues en entier? 3. Quelles sont les municipalités qui ne les
ont pas reçues en entier? 4. Combien de demandes ont été
refusées? 5. Combien de demandes ont été reportées
à plus tard?
Réponse de M. Goldbloom 1. Laurier Station, village 1968
St-Agapit-de-Beaurivage, par. 1968 St-Agapitville, village 1968 Ste-Agathe,
village 1968 St-Antoine-de-Tilly, par. 1968 Ste-Croix, village 1968
St-Janvier-de-Joly 1968 Val Alain 1968 Francoeur, village 1970
Lotbinière, village 1970 St-Antoine-de-Tilly, par. 1970 St-Gilles,
paroisse 1970 St-Narcisse-de-Beaurivage, par. 1970 Val Alain 1970
Laurier-Station, village 1971 St-Sylvestre, village. 1971 2. Laurier-Station,
village St-Agapit-de-Beaurivage, paroisse St-Agapitville, village
Ste-Agathe, village
St-Antoine-de-Tilly, paroisse (1968-70) Ste-Croix, village St-Gilles,
paroisse St-Janvier-de-Joly St-Narcisse-de-Beaurivage, paroisse Val Alain. 3.
Francoeur, village Laurier-Station, village Lotbinière, village
St-Sylvestre, village Val Alain. 4. Aucune. 5. Les municipalités ayant
formulé une demande avant 1970 doivent réitérer à
nouveau leur demande.