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(Dix heures sept minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes
Dépôt de rapports de commissions élues
Présentation de motions non annoncées
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement
Présentation de projets de loi au nom des
députés
Déclarations ministérielles
Dépôt de documents
Dépôt de documents Rapport du
ministère des Terres et Forêts
M. DRUMMOND: M. le Président, je veux déposer le rapport
annuel du ministère des Terres et Forêts pour 71/72.
LE PRESIDENT: Très bien. Questions orales des
députés.
Questions orales des députés
M. LOUBIER: M. le Président, je voudrais faire remarquer qu'il
nous est difficile de poser des questions aux ministres puisqu'il n'y en a
pratiquement pas devant nous ce matin. Je me demande même s'il y a
quorum.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y a pas quorum de ministres !
M. BOURASSA: Il doit y avoir une tempête!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au sein du parti!
M. LOUBIER: Au sein du Parti libéral. Je sais que cela gronde
depuis longtemps!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous êtes balayés par les vents
!
Hôpital Préville de Brossard
M. LOUBIER: M. le Président, je pense que cette question, en
l'absence du ministre des Affaires sociales, pourrait s'adresser soit au
premier ministre ou au ministre de la Justice.
Le premier ministre ou le ministre de la Justice pourraient-ils nous
dire quelles actions ils entendent prendre concernant le malaise que l'on sent
de plus en plus dans différents hôpitaux, entre autres à
l'hôpital Préville, de Brossard? Une situation extrêmement
difficile, pour ne pas dire scandaleuse, semble exister quant au fonctionnement
de cet hôpital, quant au respect que l'on porte à l'endroit des
malades quant aux traitements qu'ils subissent.
Le premier ministre a-t-il l'intention de prendre action
immédiate non seulement concernant cet hôpital Préville, de
Brossard, mais d'autres hôpitaux d'où nous viennent
continuellement des plaintes quant aux traitements subis par les patients et
quant à la déficience ou à la carence sur le plan du
personnel?
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Affaires sociales
n'est pas absent, ce matin; c'est qu'il n'est pas à son bureau ou
à son travail. On sait qu'il était malade, hier. Il se remet
d'une grippe qu'il a pris en fin de semaine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une indigestion de lois!
M. BOURASSA: Il devrait être ici au cours de la journée, si
possible. Je vais m'informer auprès de lui de la situation en cause.
J'ai lu, comme le chef de l'Opposition, l'article du Montréal-Matin. Je
vérifierai avec le ministre aujourd'hui.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Hausse du tarif de l'électricité
M. ROY (Beauce): M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre ou au ministre des Richesses naturelles. Il s'agit
de l'Hydro-Québec.
Est-ce que le ministre peut nous dire aujourd'hui quel serait le
pourcentage d'augmentation des tarifs d'électricité au
Québec dans tous les secteurs de la consommation?
Deuxièmement, est-il exact que l'Hydro-Québec demande une
augmentation de ces tarifs sans savoir quels seront les besoins réels de
la compagnie au point de vue monétaire?
M. BOURASSA: Je crois que l'Hydro-Québec a fait publier des
annonces dans les journaux montrant toutes les augmentations de tarif dans
toutes les catégories, de tout sujet à une convocation de la
commission parlementaire s'il devait y avoir des changements.
Je n'ai pas devant moi les changements dans tous les détails.
Cela me surprendrait que l'Hydro-Québec ait demandé des hausses
de tarif sans avoir des prévisions sur ses besoins financiers.
M. ROY (Beauce): Question additionnelle. Est-ce que le ministre pourrait
nous dire si, effectivement, il entend prendre des dispositions pour convoquer
la commission parlementaire des richesses naturelles, afin que nous puissions
examiner cette situation et aussi questionner les représentants de
l'Hydro-Québec sur des sujets d'intérêt public? La
population aimerait également connaître les réponses.
M. BOURASSA: Pour employer le même langage que le
député, effectivement, j'en ai discuté avec le
président de l'Hydro-Québec qui est disposé à
être présent à la commission parlementaire dans les
prochaines semaines.
M. ROY (Beauce): Si le président de l'Hydro-Québec est
prêt à assister à une séance de la commission
parlementaire et que les partis de l'Opposition le Ralliement
créditiste entre autres réclament la tenue de cette
commission, pourquoi le gouvernement n'est-il pas capable aujourd'hui de nous
dire vers quelle date la commission parlementaire sera convoquée? Si
nous attendons deux mois, il sera trop tard parce que tout va être
réglé et il n'y aura â peu près plus rien â
faire dans ce domaine.
Je pense qu'il est d'intérêt public que la commission
siège et je demande au premier ministre vers quelle date.
M. BOURASSA: Je ne sais pas si vous étiez absent, mais le
député de Gouin m'avait posé une question sur le
même problème et j'avais dit qu'à la fin du mois de mars ou
au début d'avril il devrait y avoir convocation de la commission
parlementaire.
M. ROY (Beauce): Je tiens à dire que je n'étais pas
absent, mais je voulais savoir si le premier ministre avait pris d'autres
dispositions à la suite de la question posée par le
député de Gouin. Est-ce qu'il peut nous dire qu'il maintient la
décision qu'il avait prise à savoir que la commission
parlementaire sera convoquée avant le 31 mars?
M. BOURASSA: Il faudrait que j'en parle au président de
l'Hydro-Québec qui est absent du pays pour quelques semaines. Avant son
départ, nous avons convenu qu'il y aurait réunion à la fin
de mars ou au début d'avril. Ce n'est pas une différence de
quelques jours...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Village olympique
M. LEGER: Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales.
Est-ce que, premièrement, le ministre des Affaires municipales a
communiqué avec les autorités de la ville de Montréal
concernant l'emplacement du village olympique sur le territoire du golf
municipal?
Premièrement, est-ce qu'il y a eu des réponses, et,
deuxièmement, est-ce que le ministre a en main, ou aura très
bientôt, une copie du plan d'aménagement physique de toutes les
constructions du village olympique et des aménagements olympiques de
façon que le budget de $310 millions des jeux olympiques qui engage pour
des années le développement de l'habitation et des
infrastructures du Québec soit sous le contrôle du gouvernement du
Québec?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, quant à la première
question, je n'ai pas entrepris moi-même des communications avec les
autorités de la ville de Montréal mais il y a eu des contacts
entre les fonctionnaires du ministère et des représentants de
COJO à ce sujet. J'ai effectivement l'intention de demander que l'on me
soumettre les projets, car nous sommes tous intéressés à
les connaître. Je voudrais, comme je l'ai dit l'autre jour, pouvoir
insérer ce projet dans le plan général de
l'aménagement de l'île de Montréal, en vue de la
conservation des espaces verts.
M. LEGER : Une question supplémentaire au premier ministre.
Premièrement, le premier ministre peut-il nous dire aujourd'hui s'il a
l'intention de nommer un ministre responsable auprès du COJO et,
deuxièmement, s'il a l'intention de faire siéger une commission
parlementaire pour entendre les responsables de COJO concernant toute
l'administration et surtout le budget dont le gouvernement du Québec
pourrait disposer s'il y avait un déficit important?
M. BOURASSA: M. le Président, même si j'admets la
pertinence des questions du député, je suis actuellement en train
de former le comité dont vous avez parlé pour la surveillance des
coûts. Dès que ce comité sera formé, je prendrai une
décision quant à la convocation de la commission parlementaire et
quant au ministre responsable.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président. En
l'absence du ministre responsable du haut-commissariat, le gouvernement
prend-il des mesures précises actuellement pour la formation et la
sélection des athlètes québécois pour les
olympiques afin que, comme hôte des jeux c'est maintenant une
affaire québécoise et non une affaire fédérale
nous fassions bonne figure?
M. BOURASSA: M. le Président, on a déjà
annoncé que le gouvernement du Québec avait affecté une
somme d'un demi-million de dollars par année d'ici 1976,
précisément pour les buts que vient de mentionner le
député. Parmi plusieurs mesures, c'en est une qui me vient
à l'esprit; le ministre responsable pourrait donner les autres.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
Communauté urbaine de Montréal
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre des Affaires municipales "urbaines".
Est-ce que le ministre est en mesure d'élaborer quelque peu au
sujet d'une déclaration qu'il aurait récemment faite et qu'on lui
attribue
dans certains journaux de ce matin à l'effet qu'il était
disposé à considérer toute demande d'information
concernant la comptabilité et les dépenses de la CUM? Est-ce que
le ministre est en mesure de détailler ce point qu'il envisage et
qu'entend-il par demande raisonnable d'information?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, il s'agit comme on le sait du
conflit entre la ville de Pointe-Claire et la Communauté urbaine de
Montréal. L'impasse ayant duré un certain temps, il semblait
à l'honorable ministre de la Justice et à moi-même qu'il
fallait une nouvelle initiative pour amener les parties à s'entendre et
surtout parce qu'au mois de mai, on le sait, le rapport du comité
d'étude sur la Communauté urbaine de Montréal sera
déposé.
Il nous a semblé préférable que le conflit soit
résolu si possible sans intervention du système judiciaire parce
que si l'on envisageait le problème d'un point de vue strictement
judiciaire il fallait éventuellement que la cour Supérieure
tranche la question. Puisqu'il a semblé possible, par l'offre d'une
présence gouvernementale, d'amener les parties à s'entendre
justement sur ce qui est de l'information raisonnable et sur les moyens de
fournir les renseignements demandés, nous avons posé hier ce
geste. Je suis informé que le conseil municipal de Pointe-Claire a
voté hier soir de verser le montant qui est dû. Nous avons
invité les municipalités de la communauté urbaine à
attendre le dépôt du rapport du comité
présidé par M. Hanigan et d'engager à partir de ce
moment-là parce que nous avons l'intention de rendre ce rapport
public dès sa réception le débat complet sur
l'administration, le financement, l'avenir de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. PAUL: Une question additionnelle.
M. BOURASSA: Un autre problème de réglé.
M. PAUL: M. le Président, si le maire de la ville de
Pointe-Claire avait entendu l'intervention du premier ministre pour
régler le problème, c'aurait éclaté comme
ç'a éclaté à l'UQAM quand il a reçu les
étudiants.
DES VOIX: Ah oui!
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question
additionnelle au ministre des Affaires municipales. Est-ce que le ministre des
Affaires municipales a l'intention de recommander ou de demander aux
autorités de la CUM de faire parvenir aux municipalités
concernées un compte détaillé des sommes
réclamées à ces municipalités? Le ministre est-il
en mesure de nier ou d'affirmer que, si un compte détaillé avait
été présenté à la municipalité de
Pointe-Claire, tout cet imbroglio entre la CUM et la municipalité de
Pointe-Claire n'aurait pas eu lieu?
M. GOLDBLOOM: Je crois bien que le problème est un peu plus
complexe que cela. Nous allons, le ministre de la Justice et moi-même,
essayer de fournir, avec la collaboration de la communauté urbaine et du
conseil de sécurité, tous les renseignements possibles. Il se
peut que ce que demandent certaines municipalités ne soit pas disponible
selon le système de comptabilité utilisé. Il y aura lieu
d'examiner cette question et de fournir le maximum de renseignements
possible.
M. PAUL: Question additionnelle, la dernière, M. le
Président.
LE PRESIDENT: La dernière.
M. PAUL: Dans le but d'atteindre l'objectif visé par le ministre
des Affaires municipales, est-ce qu'il pourrait nous promettre qu'il n'y aura
pas de consultations avec le premier ministre afin que celui-ci ne vienne pas
gâcher complètement les négociations intelligentes que vous
pourriez avoir?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Frontenac.
Caisse d'entraide économique
M. LATULIPPE: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Institutions financières. L'an passé, le
ministre a fait une déclaration à l'effet qu'un projet de loi sur
les caisses d'entraide économique serait déposé.
J'aimerais savoir ce qui arrive dans ce cas. Est-ce que le ministère a
encore l'intention de déposer un tel projet de loi relativement aux
caisses d'entraide économique? Est-ce que les études sont
terminées? Doit-on s'attendre, très bientôt, au
dépôt de ce projet de loi ou si la question est
définitivement retirée?
M. TETLEY: M. le Président, il y a encore des réunions
entre les caisses d'entraide économique et les officiers du
ministère. Le Conseil consultatif des coopératives s'en occupe
aussi. Les caisses d'entraide économique ne sont pas membres du conseil.
Aussitôt qu'une entente interviendra entre les parties, le gouvernement
est prêt à adopter une loi au sujet des caisses d'entraide
économique.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le ministre pourrait nous dire si le projet
de loi qu'il entend déposer concernant les caisses d'entraide
économique va porter uniquement sur ces caisses ou s'il portera sur les
caisses d'épargne et de crédit à caractère
régional? Je pense particulièrement aux caisses
d'établissement qui pourraient faire l'objet d'une même loi.
M. TETLEY: Au sujet des caisses d'établissement, nous aurons une
loi spéciale, car leurs problèmes, leur formation et leur
incorporation sont tout à fait différents.
M. ROY (Beauce): Si j'ai bien compris le ministre, cela veut dire qu'il
y aurait effectivement deux lois: Une loi pour les caisses d'entraide
économique et une autre pour les caisses d'établissement.
M. TETLEY: Peut-être pas deux lois, mais deux règlements
pour deux cas différents, à la satisfaction de deux parties
différentes.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Compagnie de taxis Fairview
M. BURNS: Ma question s'adresse au ministre d'Etat à la Voirie.
Vendredi dernier, il devait nous donner une réponse relativement au
transfert des permis de taxi de la compagnie Fairview. Je comprends qu'il n'a
pu le faire vendredi, parce qu'il y avait des négociations en cours.
Cependant, on a appris depuis, que neuf des permis ont été
transférés de façon qu'il y ait copropriété
des permis. J'aimerais donc savoir pourquoi le problème s'est
réglé seulement relativement à neuf des permis et non pas
aux seize permis qui étaient détenus par la compagnie
Fairview?
M. MAILLOUX: S'il y a eu une décision de la part du
ministère des Transports voulant que neuf permis soient donnés en
copropriété, c'est dû au fait que je n'ai jamais
reçu de demande des sept autres personnes qui auraient pu être en
cause. Comme cela n'a pas attiré notre attention dans les 24
dernières heures, il ne restait qu'au ministère à
décider de la copropriété afin qu'aucun des permis, ne
soit éliminé à comter du 1er mars, permettant ainsi
à la Commission des transports de décider, après le 31
octobre, celui qui serait effectivement le véritable
propriétaire.
Il y a une réponse que je n'ai pas donnée aux journalistes
qui m'ont questionné par la suite, à savoir que si nous avions un
sérieux doute sur les titres de propriété, nous avons
voulu permettre que les neuf personnes en question puissent continuer à
gagner leur vie. La municipalité de Pointe-Claire, n'a pas le droit, par
son règlement municipal, d'accepter un transfert de titres, et nous
voulions nous assurer que les neuf personnes eh question pourraient au moins
gagner leur vie par la suite.
Je n'ai pas d'autre commentaire à faire, sauf que les neuf
personnes qui ont porté plainte, et à l'honorable
député de Maskinongé et au préalable au
ministère des Transports, se disant satisfaites de la décision
gouvernementale. C'est la seule que, dans les circonstances, je pense, le
ministère pouvait prendre.
Quant aux sept dont parle le député de Maisonneuve, ce
problème n'est venu sur mon bureau en aucune façon. Il n'y a pas
eu de plainte de la part des sept personnes en question.
M. BURNS: Ce qui veut dire que les sept autres permis, si je comprends
bien, sont encore détenus par la compagnie de taxi Fairview. Est-ce
exact?
M. MAILLOUX: Les sept autres permis sont entre les mains de la compagnie
Fairview Taxi. Je n'ai quand même pas la conviction que la recommandation
faite par la commission parlementaire n'aurait pas été suivie.
S'il y a eu des tentatives de chantage, je pense que la commission pourra faire
le nécessaire pour le vérifier. Mais cette preuve n'a pas
été faite devant nous et il n'y a eu aucune tentative de la part
du propriétaire à l'endroit des personnes en question.
M. BURNS: Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Ventes pyramidales
M. DROLET: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. A la suite
de la lutte entreprise par son ministère contre les promoteurs de ventes
pyramidales dans tous les coins du Québec, est-ce que le ministre
pourrait nous dire s'il est vrai que son ministère serait sur le point
d'éliminer définitivement tous ces vendeurs dans la province?
Pourrait-il nous dire aussi s'il y a encore des causes devant la justice ou
s'il y a encore de ces vendeurs qui circulent dans la province?
M. TETLEY: M. le Président, au sujet de la compagnie "Inspiration
et Succès", je crois que depuis un mois ou deux il n'y a pas
d'activité au Québec. Je ne parle pas des autres provinces. Une
soixantaine de procédures ont été intentées par le
ministère de la Justice et des descentes ont été faites.
Il y a eu des jugements en faveur du gouvernement du Québec ou de sa
majesté la reine, suivant le cas.
M. BURNS: Pas en faveur de la reine du carnaval?
M. TETLEY: Non. Il y avait d'autres institutions pyramidales. Nous avons
intenté des procédures et fait des descentes. Il y aura d'autres
descentes et d'autres procédures à Rimouski bientôt. Je
voudrais, par la présente occasion, avertir la population de
s'éloigner de ces institutions,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De se sauver vite.
M. TETLEY: ... de se sauver vite parce qu'il y aura d'autres
procédures à Rimouski et ailleurs au Québec.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce
aimerait apporter une réponse.
Carrières Deschambault
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, hier, on m'avait posé
une question sur les carrières Deschambault, à
Saint-Marc-des-Carrières. Il me fait plaisir de faire le point sur ce
dossier.
Il y a quelques mois, le syndicat indiquait que plus de 150 personnes
étaient sur la liste de reclassement. Nous avons tenté d'avoir un
acheteur pour l'ensemble des installations de Deschambault. Devant
l'impossibilité d'en avoir, il nous a semblé que la meilleure
voie de succès était un morcellement des actifs, qui aurait
permis une exploitation, suivant des produits spécialisés.
Il me fait plaisir d'indiquer qu'à ce jour la firme Langlois
Ltée a acheté une partie des installations et qu'elle compte
embaucher, au printemps, environ une trentaine d'employés, à ce
jour, il ne reste, sur la liste de reclassement du syndicat ou du
ministère du Travail, que cinquante personne seulement, les autres
s'étant trouvé présumément de l'emploi ailleurs
dans la région. Le Trust Général du Canada, qui est le
fiduciaire des obligataires qui possèdent plus de $440,000,
résultant de la liquidation, doit recevoir une offre mercredi pour une
autre partie des installations.
Finalement, M. Darveau, qui a déjà été
mêlé à l'entreprise, compte pour sa part faire une offre
pour une autre partie qui pourrait employer de dix à quinze
personnes.
Alors, au total, le problème est moins grave qu'il ne
l'était il y a quelques mois. Il semble bien que la seule voie qui
permettra une reprise d'activités à Saint-Marc sera le
morcellement et l'exploitation, en partie, des carrières dans des
produits spécifiques comme la chaux ou la pierre de granit.
M. DROLET: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministère de l'Industrie et du Commerce a-t-il donné suite
à la demande du syndicat local de faire une enquête sur les
anciens propriétaires de la carrière, tel que demandé dans
un télégramme au ministre des Institutions financières
qui, lui, l'avait transféré au ministre de l'Industrie et du
Commerce?
M. SAINT-PIERRE: Je pense que, de part et d'autre, il n'y avait aucun
motif de malhonnêteté ou de fraude. Je pense qu'on doit accepter
que quelqu'un, qui a exploité une entreprise pendant une certaine
période, désire subitement s'en départir ou n'ait plus la
motivation pour l'exploiter. Tant pour le ministère des Institutions
financières que pour nous, il n'y avait aucun motif de
malhonnêteté ou de fraude. Ce serait véritablement faire un
procès d'intention aux anciens propriétaires que d'instituer une
enquête pour savoir pour quelles raisons l'entre- prise a
périclité les raisons ont déjà
été mentionnées et elles sont multiples; elles touchent,
en fait, tous les secteurs ou quelles raisons les pousseraient à
ne plus être motivés à continuer l'exploitation.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, avec le consentement unanime de la
Chambre, pourrions-nous revenir au dépôt de documents?
LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement? Oui.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, j'aimerais déposer
le rapport annuel du ministère des Richesses naturelles pour
l'année 71/72, ainsi que le rapport annuel de Soquem pour l'année
71/72.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Soquip, cela ne vient pas?
M. MASSE (Arthabaska): Cela va venir! M. LEVESQUE: Article 19.
Projet de loi no 263 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce propose
la deuxième lecture du projet de loi no 263, Loi modifiant la loi des
chimistes professionnels.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: Le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'adoption à cette Chambre. Le projet de
loi 263, comme les deux autres que nous avons étudiés hier,
touche des points particuliers qui s'appliqueront à la Corporation des
chimistes professionnels, qui deviendra l'Ordre des chimistes.
Le projet de loi modifie la loi existante pour lui ajouter des
dispositions de concordance vis-à-vis du code des professions. Ce
projet, comme les deux autres que nous avons étudiés hier, touche
tant à la constitution de la nouvelle corporation des chimistes
professionnels, corporation qui existait avant, qu'à
l'établissement d'un bureau, prévoyant à la fois les
mécanismes de composition et de représentation des membres qui
siégeront au bureau de l'Ordre des chimistes professionnels.
Les dispositions prévoient, comme dans les autres cas, une
représentation de trois membres nommés par l'Office des
professions, conformément à la philosophie générale
qui a prévalu dans l'ensemble des corporations professionnelles.
L'établissement de sections, de même que le bureau d'examinateurs
et les pouvoirs de réglementation en ce qui touche l'admission des
membres, l'éthique professionnelle et la pratique illégale
sont indiqués dans le projet de loi.
La définition du champ de pratique n'a pas subi de modifications
importantes, bien que le gouvernement, dans l'étude en commission, sera
ouvert à des suggestions qui sont d'actualité, compte tenu d'une
récente décision des cours de justice. Si celle-ci devait
être respectée, cela pourrait causer dans les hôpitaux de
graves difficultés. A notre sens, cela dépasserait à la
fois le bon sens et nuirait à une saine gestion en matière
d'analyse, particulièrement pour des choses relativement simples comme
les analyses de sang et autres du genre. Dans le contexte de l'hôpital ou
même dans le contexte d'une entreprise qui peut offrir des garanties de
compétence, elles ne nous paraissent pas devoir être exclusivement
du domaine des chimistes professionnels.
Là comme ailleurs, de nouvelles professions, plus
récentes, en particulier la technologie médicale et autres
professions semblables, ont au cours des dernières années, j'en
suis certain, acquis la compétence requise pour être capables
d'effectuer ces analyses et donner à d'autres professionnels les
renseignements nécessaires sur les propriétés chimiques
des spécimens faisant l'objet des analyses.
Le projet de loi a des dispositions transitoires, compte tenu des
changements qu'apporte le projet de loi 250; il y a la période de temps
requise pour établir l'Office des professions et le nouveau bureau. Je
m'en voudrais d'élaborer davantage sur ce projet de loi. Je suis
disposé à répondre à des questions et encore une
fois, comme nous l'avions indiqué hier, prêt à accueillir
des amendements mineurs lors de l'étude de ce projet de loi en
commission.
Il nous semble quant à nous que dans ce cas-ci, pour des raisons
historiques sauf avec la réserve que j'ai mentionnée
il y a effectivement très peu de changements.
Le champ de pratique, ou l'exclusivité du titre que
possédait la Corporation des chimistes est maintenue et, en amendement,
nous tenterons simplement de préciser, dans le contexte de certaines des
nouvelles professions, non pas un partage de l'exclusivité dans un champ
de pratique mais la reconnaissance de droits de nouvelles professions qui
pourraient sûrement, comme je l'ai mentionné, dans le cas des
prises de sang et autres analyses relativement mineures, qui ne me paraissent
pas être l'apanage exclusif des chimistes... Les membres des autres
professions pourraient avoir dorénavant le droit de poser certains actes
sans avoir à subir les foudres des tribunaux comme ce fut le cas
récemment dans un jugement qui a pénalisé une personne qui
avait comme formation la technologie médicale et qui s'est vu imposer
une amende pour avoir fait une prise de sang dans un centre privé.
Merci, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: J'aimerais mieux connaître l'opinion du Ralliement
créditiste, il s'agit d'un projet de loi impair.
M. GUAY: J'attends mon tour.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Si personne ne veut parler, nous allons
adopter le bill.
M. Rémi Paul
M. PAUL: Non, un instant. M. le Président, nous ne pouvons pas
laisser passer un projet de loi aussi important et qui affecte environ 625
chimistes professionnels au Québec. Lorsque la Corporation des chimistes
s'est présentée devant la commission parlementaire, ce qui nous a
surpris, ce fut la pauvreté du mémoire qui nous était
présenté. Heureusement, d'abondance, avec logique, le
délégué de la corporation a fourni aux membres des
renseignements extrêmement précieux et utiles et qui nous poussent
à demander au ministre pourquoi les deux principales recommandations de
la Corporation professionnelle des chimistes n'ont pas été
retenues, dont l'une est le contrôle absolu, dans l'intérêt
public, de tous ceux qui oeuvrent dans le domaine de la chimie, profession
extrêmement délicate et qui doit, par la surveillance non pas
exclusivement des membres de la corporation, mais de tous ceux qui oeuvrent
dans la chimie industrielle ou commerciale, être astreinte au code
d'éthique professionnelle.
Le gouvernement ne semble pas, dans cette législation, avoir
retenu cette première recommandation du mémoire de la Corporation
des chimistes professionnels. Il faudra, M. le Président,
nécessairement élargir la pratique de la chimie pour y inclure
également l'enseignant de la chimie. Il est primordial de former des
scientifiques qui assureront au Québec une place de choix dans la
révolution technique de l'ère postindustrielle. C'est dans ce
concept que d'excellentes recommandations nous furent faites à la
commission parlementaire par les chimistes professionnels. Nous reconnaissons
cependant que leur mémoire est muet sur le sujet. Mais, durant la
période des questions qui a suivi cet exposé, nous avons pu
suivre avec intérêt cette excellente recommandation et cette
demande qui était faite par les chimistes professionnels.
Les chimistes professionnels ont été formés ou
reconnus en association en 1963. Avant l'adoption de cette loi, ils formaient
une association qui n'était pas en mesure de s'intéresser,
d'abord, au mieux-être, à l'avantage des professionnels
eux-mêmes et, en quelque sorte, nous ne pouvions être
assurés de la qualité de la profession ou des dangers que
l'exercice immodéré de cette science pouvait apporter au
public.
M. le Président, la demande des chimistes est essentielle et
bien-fondée, afin d'assurer aux jeunes une qualité minimale de
l'enseignement
de la chimie. Cet enseignement devrait être dispensé dans
nos universités par un chimiste professionnel qui oeuvre dans le
métier, afin que la matière d'enseignement soit conforme aux
besoins du professionnel qui, demain, sera en exercice.
Il faudra dans cette corporation, comme pour tout autre, que les
intéressés vivent les dispositions du code des professions. Il
faudra nécessairement que les demandes d'admission à la pratique
soient bien contrôlées. Il est encore intéressant de noter
dans ce projet de loi que le bureau de direction se composera également
de personnes du milieu de l'enseignement qui verront à travailler avec
des professionnels en place, pour que le sujet des examens d'admission
corresponde à la réalité. On évitera ainsi les
situations embarrassantes comme celles qu'ont connues, dans le cours de
l'été dernier, les dentistes, les étudiants en art
dentaire, ou les avocats, les étudiants, désireux d'être
inscrit à l'Ordre du Barreau.
Il faudra que le ministre, devant la commission élue
chargée de l'étude de ce projet de loi, nous donne les raisons
pour lesquelles les recommandations qui nous ont été faites par
la Corporation des chimistes ne sont pas retenues. Il faudra que le
législateur impose l'obligation d'intégrer dans la corporation
toutes les personnes qui pratiquent la chimie professionnelle.
En fait, il y aura nécessairement lieu d'apporter des
amendements. Je n'insiste pas davantage sur cette question. Il faudra
nécessairement apporter des amendements à l'article 74 de la Loi
de la Corporation des chimistes professionnels pour atteindre l'objectif
visé. Il faudra nécessairement que cet article soit
amendé, pour que les obligations qui découleront de la mise en
vigueur de la loi 250 soit partagées par tous les chimistes et non pas
seulement par ceux qui deviendront membres de la corporation
professionnelle.
Il s'agit d'une question d'équité. Il ne s'agit pas de
limiter le nombre des chimistes, mais il faudra que tous ceux qui exercent
cette profession soient intégrés dans la corporation même
des chimistes professionnels plutôt que de laisser les
responsabilités ou les obligations d'établir des
règlements concernant l'éthique professionnelle, l'admission
à la pratique, ou toute autre mesure susceptible de promouvoir
l'intérêt du public et la protection des membres, afin que ce ne
soit pas l'apanage exclusif de ceux qui auront décidé de
s'associer à cette corporation.
Le projet de loi 265, dans sa deuxième version, ne donne pas
suite aux recommandations qui nous furent présentées par la
Corporation professionnelle des chimistes.
Je suis sûr que le ministre est déjà saisi de la
nécessité de ces amendements. Je retiendrai, avec espoir, cette
déclaration qu'il nous faisait hier soir à l'occasion de
l'étude de toutes ces lois disparates. Spécialement à
l'occasion de l'étude de la Loi des architectes, le ministre nous a fait
part de ses bonnes intentions, de son ouverture d'esprit pour que les
amendements demandés par les corporations professionnelles, pour autant
qu'ils ne vont pas à l'encontre des dispositions bien spécifiques
du code des professions, soient acceptés ou, du moins,
sérieusement considérés à l'occasion de
l'étude de ces projets de loi en commission élue.
Comme il s'agit d'une corporation qui a endossé, sans beaucoup de
réserves, le projet de loi 250, il va de soi que nous appuierons le
principe de la loi 265, tout en invitant le ministre à étudier
avec beaucoup d'attention les recommandations qui nous furent faites.
Malheureusement, nous ne les retrouvons pas dans le mémoire de la
corporation, mais c'est par référence aux débats qui se
sont déroulés à la commission parlementaire que le
ministre trouvera les raisons bien justifiables pour soutenir le point de vue
des membres de la corporation et pour faire suite aux représentations
qui nous ont été faites.
M. le Président, nous allons voter avec le gouvernement sur cette
loi, quitte à prendre une autre position, en temps opportun, si le
gouvernement ne reçoit pas avantageusement les recommandations de la
Corporation professionnelle des chimistes du Québec.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, le député de
Maskinongé a tout dit ce que je voulais dire. Les points importants qui
ont été discutés à la commission parlementaire sont
à l'effet que les chimistes professionnels demandaient le droit de
surveiller et de contrôler l'enseignement. Je pense que les propos du
député de Maskinongé sont tout à fait justes.
J'ajoute que la demande des chimistes professionnels, qui est quand même
leur principale recommandation et qui n'est pas incluse dans la loi, est
logique. Je ne verrais pas pourquoi ils ne l'obtiendraient pas si d'autres
professionnels ont le droit de le faire. S'il y a un endroit où c'est
sérieux et où cela s'impose, c'est bien dans le cas des chimistes
professionnels.
Pour eux, c'est même une recommandation de principe. Ils ont
expliqué, en commission parlementaire, les dangers qui pouvaient exister
même durant un cours, par exemple. Je pense que c'est normal et
essentiel; cela s'impose qu'un chimiste compétent, un chimiste
professionnel surveille ou contrôle la dispensation des cours. Ce sont
les seules observations que j'ai à faire. J'ai devant moi le
mémoire des chimistes professionnels et nous allons vérifier en
commission parlementaire et en troisième lecture si le ministre accepte
d'inclure à la loi ces amendements.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, je dois avouer que le discours de
deuxième lecture du ministre m'a déçu. Il nous
présente cette deuxième impression du projet de loi uniquement
comme une concordance. Il évite, au fond, dans son exposé de
parler des problèmes réels qui se posent à la profession
et dont les représentants de la corporation nous avaient parlé
lors des séances de la commission. Lorsque ces officiers de la
corporation se sont présentés, il nous ont fait valoir des
revendications qu'ils estimaient légitimes, soit l'extension à
l'ensemble des chimistes professionnels des lois et règlements
régissant la corporation; deuxièmement, l'inclusion de ceux qui
pratiquent l'enseignement de la chimie dans la corporation.
A première vue, ces deux demandes paraissaient absolument
légitimes et valables, surtout quand on se rend compte que, dans les
autres professions analogues, celle des ingénieurs et celle des
arpenteurs-géomètres, tous ceux qui se réclament de cette
profession sont inclus dans la corporation. Pourquoi, alors, cette exception en
ce qui concerne les chimistes professionnels? Est-ce parce que la corporation
est plus jeune, parce que le nombre des membres a augmenté
graduellement?
Est-ce parce que certaines activités des chimistes sont plus
difficilement identifiables comme par exemple faisant partie d'une technologie
en évolution ou parce que certains chimistes font des activités
qui les mettent en rapport directement ou indirectement avec des individus?
Il y a sûrement une raison pour laquelle le législateur n'a
pas voulu inclure dans la loi tous les chimistes, particulièrement les
chimistes qui pratiquent l'enseignement. Il nous semble qu'il nous faudrait le
savoir. Il faudrait également que les chimistes le sachent. Lorsque les
questions, en ce sens, ont été posées, il n'y a pas eu de
réponse. Je me rappelle, à la commission parlementaire, que ces
revendications ont été présentées d'une
façon très claire. Le gouvernement, au lieu d'y répondre,
s'est contenté de poser des questions qui, c'est le moins qu'on puisse
dire, ne réussissaient qu'à embrouiller le problème
plutôt qu'à le clarifier.
Si, à la commission parlementaire, nous n'avons pas pu savoir du
gouvernement les réponses qu'il fallait apporter à des demandes
en apparence légitimes des chimistes professionnels, il me semble que
c'est bien lors de la présentation du projet de loi en deuxième
lecture que nous aurions eu droit à ces explications. Pourtant, dans son
exposé de deuxième lecture, le ministre vient de nous
présenter ce projet de loi uniquement comme un projet de concordance. Il
est demeuré silencieux sur les questions qui restent à
régler, qui sont un objet de litige et qui, au fond, sont les plus
importantes qui sous-tendent actuellement l'activité des chimistes
professionnels.
C'est donc la raison pour laquelle je me dis déçu et je
m'estime frustré aussi longtemps que le gouvernement ne voudra pas
davantage éclairer notre lanterne en tant que représentants du
public et donner aussi des réponses aux chimistes, réponses que
ces gens ont le droit d'avoir étant donné le service
signalé qu'ils rendent à la société.
J'espère donc que le ministre, dans sa réplique, nous
donnera des raisons, s'il y en a, pour lesquelles cette exclusion est
prononcée, sans qu'on le dise, contre de nombreux membres qui ont fait
des études aussi complètes, aussi spécialisées que
les autres et qui ne sont pas inclus dans la corporation.
Je pense que, si on ne réussissait pas à nous expliquer
cette exclusion à notre satisfaction, ceci voudrait dire ou que le
gouvernement a quelque chose à cacher ou qu'il a obéi à
des pressions venant d'autres groupes inavoués ou inavouables ou encore
qu'un certain élément d'ordre public nous est caché pour
la satisfaction d'intérêts qui n'ont rien à voir ou qui
peuvent même s'avérer contraires au bien public.
Ce sont là tous les désavantages ou inconvénients
qui surviennent quand un gouvernement manque de transparence. Il ne nous arrive
pas souvent de modifier ces lois professionnelles mais, lorsque l'occasion se
présente, il nous semble que le gouvernement devrait faire tous les
efforts pour faire le tour de toute la question, répondre à
toutes les questions que l'on a pu se poser et même aller au devant de
nos inquiétudes, faire de la prospective afin d'essayer d'indiquer les
avenues vers lesquelles il entend orienter telle ou telle profession
spécifique.
J'espère donc que dans sa réplique le ministre pourra nous
donner les réponses que le Solliciteur général n'a pas
données, lors des séances de la commission parlementaire, que
lui-même n'a pas données au cours de la deuxième lecture,
pour le bien des intéressés aussi bien que du public en
général.
Il est bien entendu, particulièrement dans ce domaine
également, que j'aurais à faire les mêmes
représentations en ce qui concerne une meilleure représentation
du public au bureau général de la corporation et sur la
connaissance d'usage de la langue française qui est devenue et qui doit
devenir, de plus en plus, la langue commune de notre Etat
québécois.
Il est un dernier problème, enfin, auquel je voudrais
brièvement me référer. C'est celui de la
délimitation du champ de pratique, particulièrement en ce qui
concerne les tensions qui peuvent se manifester avec des professionnels qui
exercent leur profession dans des champs voisins. Je veux parler des
technologistes médicaux. Le ministre, d'ailleurs, s'y est
référé dans son intervention.
Ce que je déplore, c'est qu'il a fallu une action en justice pour
que la lanterne du gouvernement soit éclairée en la
matière. Il me
semble pourtant que pour celui qui a suivi de près le
développement de cette profession que l'on appelle la technologie
médicale, que pour celui qui connaît les activités
qu'exercent ces auxiliaires très précieux de la médecine
dans nos hôpitaux, il s'avérait très clair, depuis le
début, qu'il fallait protéger ces professionnels contre des
poursuites qui n'étaient légales qu'en tant qu'elles se
référaient à un cadre juridique dépassé. Il
a fallu que la loi intervienne, qu'elle montre ce qu'elle avait de
dépassé, de désuet ou d'arbitraire pour que le
gouvernement s'éveille à un problème qui existait
cependant depuis de très nombreuses années et qu'il aurait
dû régler beaucoup plus tôt, soit en instituant les
technologistes médicaux en corporation professionnelle à titre
réservé, soit en incluant dans la Loi des chimistes
professionnels des exceptions qui auraient permis à ces technologistes
de continuer leur travail sans avoir à être
inquiétés par la corporation des chimistes.
Heureusement, à toute chose malheur est bon. L'action en justice
a permis au gouvernement, à la onzième heure, de réparer
ce que son projet original pouvait avoir d'injuste ou d'inadapté pour
les technologistes médicaux. Le ministre nous a laissé
prévoir des amendements. Je ne sais quand il les présentera. Je
ne sais s'il les présentera lorsque nous discuterons les articles de ce
projet de loi en commission plénière. Je ne sais non plus quelle
forme ils revêtiront. Est-ce que ce sera un amendement au projet de loi
250 ou la présentation d'un autre projet de loi sur la corporation
agréée des technologistes médicaux? Il n'a pas voulu s'en
ouvrir davantage. Nous sommes donc réduits à attendre des
précisions additionnelles.
Je veux simplement signaler ici que nous examinerons de très
près l'amendement qu'il nous apportera ou l'action qu'il prétend
prendre, étant donné que nous sommes convaincus, pour notre part,
que lorsqu'une nouvelle activité professionnelle se développe au
point de devenir importante pour le bien public, il faut quand même lui
établir un corridor où elle puisse s'exercer pour la satisfaction
des professionnels concernés et pour la meilleure protection du
public.
Je salue donc cet amendement que le ministre nous annonce, quitte
à réserver l'appui mitigé ou complet que nous lui
donnerons jusqu'au moment où nous en connaîtrons davantage. Ceci
dit, malgré les quelques réserves exprimées, il ne fait
pas de doute que nous voterons pour ce projet de loi qui constitue quand
même une modernisation, une mise à jour d'une loi qui, comme
toutes les autres, en avait besoin.
M. PAUL: M. le Président, avant d'entendre la réplique du
ministre, puis-je vous signaler que nous n'avons pas quorum?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés.
A l'ordre, s'il vous plaît! Y a-t-il d'autres
députés qui veulent prendre la parole sur cette motion de
deuxième lecture?
La réplique du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, les deux points qu'on a
soulevés, essentiellement, touchent deux des recommandations que la
Corporation des chimistes professionnels avait inclus dans son mémoire
et qui n'avaient pas été retenus, à savoir,
premièrement, refermer les pouvoirs de la corporation essentiellement en
milieu industriel et, deuxièmement, en ce qui touche l'enseignement.
On est frappé lorsqu'on étudie ces deux points de vue, de
se rendre compte que les buts que la corporation poursuit ne semblent pas
nécessairement être reliés à la protection du
public, mais semblent beaucoup plus être une mesure de coercition pour
forcer les gens qui seraient qualifiés à appartenir à la
Corporation des chimistes professionnels de s'y joindre. Ni du
côté industriel, ni du côté de l'enseignement, on a
tellement fait état de personnes qui pourraient, sans être
compétentes, exercer les fonctions de chimistes, mais on a beaucoup plus
à l'esprit des gens qui ont reçu une formation de chimistes
à l'université ou dans des collèges d'enseignement et qui,
pour toutes sortes de raisons, ne se sont pas joints à une corporation
assez jeune. On voudrait, par un dispositif de la loi, forcer ces gens non pas
pour protéger le public davantage, mais augmenter le nombre des membres,
et donner peut-être plus de cohésion à la profession.
Je reviens sur les deux points pour expliquer pourquoi le gouvernement
n'a pas tenu compte de ces réclamations. Je prends le deuxième
point, l'enseignement. Lorsqu'on regarde les autres lois professionnelles, en
matière d'enseignement, souvent c'est l'exception inverse que nous avons
faite. Souvent, on a fait l'exception de gens qui pouvaient ne pas
posséder toutes les qualifications et qui pouvaient être quand
même admis dans la corporation professionnelle, pour autant qu'ils
avaient le statut de professeur agréé ou de professeur titulaire
dans une faculté québécoise. On pense à certains
spécialistes, dans une discipline donnée. Je vais prendre un cas
d'espèce. On pourrait avoir, en notariat ou en droit, un
spécialiste de droit constitutionnel qui n'a jamais plaidé devant
les cours. En droit, l'exemple ne vaut pas, mais dans certaines disciplines, en
agriculture, on pourrait concevoir cela, soit un très grand
spécialiste dans une des sciences de l'agriculture, qui n'a pas la
formation nécessaire dans d'autres aspects de l'agriculture, qui ne peut
pas être admis dans la Corporation des agronomes mais qui soit tellement
reconnu dans une science particulière de l'agriculture qu'on l'accepte,
puisqu'il a le statut de professeur, qu'il jouisse des privilèges de
membre.
Or, dans ce cas-ci, c'est un peu l'inverse. On voudrait avoir une
disposition qu'on ne retrouve pas dans les corporations professionnelles, qui
ferait de l'enseignement de la chimie ou même de l'enseignement dans une
faculté de chimie un champ exclusif réservé uniquement
à ceux qui ont satisfait toutes les conditions de l'Ordre des chimistes.
C'est là que nous nous opposons, puisqu'à l'intérieur du
programme de la faculté de chimie, on peut retrouver des disciplines qui
peuvent avoir des experts pour les enseigner qui ne sont pas
nécessairement chimistes et qui possèdent une connaissance
très approfondie dans cette matière, particulièrement ceux
qui pourraient provenir de champs connexes comme la physique et la physique
nucléaire.
On prend un exemple. Pour l'enseignement de la cristallographie, dans
les facultés de chimie, on conçoit facilement...
M. PAUL: Il n'y a plus de facultés de chimie, il y a seulement
des facultés des sciences maintenant.
M. SAINT-PIERRE: le département de chimie dans une faculté
des sciences. En cristallographie, on pourrait avoir un très grand
spécialiste dont la formation, au départ, serait essentiellement
celle d'un physicien, ou d'un ingénieur et qui, par des études
poussées, des études postuniversitaires au niveau du doctorat ou
de la maîtrise, aurait développé une compétence
mondiale en cristallographie. Là, on comprend mal comment, compte tenu
d'une définition très vaste dans la loi des chimistes, la
cristallographie ne pourrait pas être interprétée comme une
des sections de la chimie inorganique ou physique, puisqu'il s'agit de
l'étude des cristaux.
D'ailleurs, dans les autres professions que nous avons
étudiées, on voit que le législateur est très
prudent de façon à ne pas confier exclusivement à une
profession l'enseignement d'une faculté universitaire, compte tenu que,
dans le milieu universitaire, il y a, il nous semble, beaucoup de dispositifs
pour nous assurer que les charlatans n'enseigneraient pas une discipline
donnée.
C'est pour cette raison que nous avons mis de côté cette
demande concernant le champ de l'enseignement de la chimie, conscients qu'au
niveau universitaire ou au niveau du CEGEP les autorités
pédagogiques de l'institution font preuve, en général, de
beaucoup de précaution avant d'engager les professeurs, qu'il y a moyen
de vérifier sur le champ le niveau de compétence de ces personnes
pour remplir le mandat qu'on leur donne et qu'il serait peut-être abusif
d'en faire un champ exclusivement réservé aux chimistes.
D'autant plus que la chimie, telle qu'on la définit ici, couvre
un secteur très vaste qui pourrait aller, somme toute, jusqu'à
l'enseignement de la chimie au niveau de l'école élémen-
taire, puisqu'on dit: "Moyennant rémunération de toute branche de
la chimie pure ou appliquée, y compris, sans restreindre la
portée de ce qui précède: la chimie organique,
inorganique, physique, métallurgique, biologique, clinique, analytique
et industrielle."
On comprend que, si on pouvait étendre cette définition
à l'enseignement, on demanderait ou on exigerait pratiquement des
chimistes professionnels pour l'enseignement de l'initiation à la chimie
qu'on retrouve dans les classes élémentaires, ou de l'initiation
aux sciences physiques. Cela nous semblerait avoir une portée
abusive.
En milieu industriel, je ne nie pas qu'il y a peut-être
c'était le deuxième point soulevé par les chimistes
lieu, en amendement, de tenter de trouver des formules qui pourraient
protéger davantage le public. Mais je pense que nous, les
législateurs, nous devrions avoir uniquement à la pensée
cette question de la protection du public, et non pas tenter de trouver un
texte de loi qui va artificiellement grossir, et contre le voeu de ces
gens-là, les rangs de la corporation des chimistes professionnels.
Le texte de loi prévoit que la direction de la chimie
industrielle et ceux qui occupent les postes de cadres doivent être des
chimistes professionnels. Je pense que la preuve n'a pas été
faite que ceux qui exerçaient des fonctions à l'intérieur
de départements de chimie industrielle n'étaient pas
qualifiés. On sent plutôt, dans le mémoire de la
corporation, qu'on déplore que des chimistes qui ont reçu une
formation dans nos universités n'aient pas ce sens de l'appartenance
pour donner leur adhésion aux objectifs de la corporation
professionnelle.
Mais il me semble que ce serait un faux problème pour le
législateur. C'est comme si ceux qui exercent la profession d'avocat non
pas dans le contentieux des compagnies, mais uniquement dans le secteur des
affaires étaient complètement désintéressés
du Barreau. Je pense que vous avez, dans le Barreau, une classe
particulière pour ceux qui ne pratiquent pas devant les cours, mais qui
veulent garder un lien avec la profession.
Je pense que c'est uniquement avec les années, que la
corporation, qui est très jeune elle est née en 1964
pourra bâtir cet esprit de cohésion et mieux définir
son champ d'exercice, compte tenu des abus possibles.
Le député de Bourget l'a soulevé; il me semble que,
si on tente d'inclure plus de dispositions qui forceraient l'appartenance
à la corporation en milieu industriel, il nous faudrait presque
restreindre ou, du moins, préciser la définition du champ de
pratique qui actuellement, comme je l'ai expliqué, est très
vaste.
Y a-t-il, à l'occasion, un milieu industriel qui
théoriquement ne fait pas de la chimie métallurgique? Est-ce
qu'on en viendrait à définir que tous ceux qui sont dans la
soudure devraient avoir un chimiste professionnel derrière eux,
puisque, dans la soudure, on joue avec les principes de la chimie
métallurgique? Je pense qu'on pourrait là, de façon
abusive, restreindre la flexibilité normale qu'on doit retrouver dans
les milieux industriels, compte tenu que la protection du public me parait,
dans ces circonstances, assez difficile à justifier.
Sur ce deuxième point, disons que le gouvernement serait
peut-être prêt à regarder des formules qui, sans aller aussi
loin que celle demandée par la Corporation des chimistes professionnels,
pourraient restreindre davantage que ne le font les articles actuels qui
exigent, dans les milieux industriels le paragraphe 14 actuel que
seul le chimiste chef de ses employés soit membre de la corporation. Il
y a peut-être moyen d'étendre ceci un peu comme dans la Loi des
ingénieurs mais en étant très prudent, compte tenu que le
champ de la chimie que l'on enseigne à l'école
élémentaire est défini d'une façon
extrêmement large.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre me permet de lui poser une question?
Ne croit-il pas que l'argumentation qu'il vient de développer mutatis
mutandis s'applique, comme il le laisse subodorer lui-même, au champ des
ingénieurs, ce qui n'a quand même pas empêché tous
les ingénieurs d'être inclus dans la Corporation des
ingénieurs, tout en apportant les quelques modifications qui permettent
cette inclusion? Etant donné que la corporation est plus jeune mais
qu'elle va se développer probablement dans le même sens que celle
des ingénieurs, est-ce que la loi ne devrait pas, comme je le disais
tout à l'heure, établir une certaine prospective et favoriser un
certain mouvement dans le même sens? Est-ce que le ministre ne pourrait
pas nous dire, lui qui est ingénieur, que cette inclusion de tous les
ingénieurs dans la corporation a favorisé indirectement la
protection du public en assurant un contrôle de la qualité de
l'acte professionnel beaucoup plus adéquat que celui qui existait avant
que tous les ingénieurs soient inclus dans la corporation?
M. SAINT-PIERRE: Ce sont des objectifs très valables, que je
partage avec vous, que vous soulevez. J'ai certains doutes si, artificiellement
et du jour au lendemain, on oblige les trois quarts des chimistes à
faire partie demain de la Corporation des chimistes, contre leur gré.
N'y a-t-il pas un risque que ces gens, n'étant pas d'accord avec le
geste posé par le législateur et étant pratiquement en
majorité dans cette nouvelle corporation des chimistes professionnels,
sabotent eux-mêmes le travail de la corporation puisqu'ils ont si peu foi
dans leur propre corporation? Si on fait le parallèle avec les
ingénieurs, pour retourner en 1922, ne voit-on pas que cela a pris quand
même une vingtaine d'années pour bâtir un sens de
l'appartenance? Aujourd'hui on retrouve, comme dans d'autres professions, chez
les ingénieurs une espèce de volonté de reconnaître
les objectifs de la corporation, de tenter de l'appuyer dans son travail. J'ai
senti qu'en milieux industriels, et là j'aurais une autre
réserve, chez les chimistes cela ne semble pas partagé. On n'a
pas l'impression que le travail est à ce point individuel, mais
relié au public, qu'il nécessite une appartenance obligatoire et
un contrôle très sévère au niveau de
l'éthique professionnelle. Au moins chez l'ingénieur, même
chez celui qui est dans une très grande entreprise, il y a quand
même un travail individuel qui, une fois sanctionné, devient un
plan suivi par après par un entrepreneur. Chez les chimistes, on sent
moins cette relation directe entre le chimiste salarié et le public en
général qui utilise son travail. D'autant plus et
là j'attire votre attention que dans la Loi des ingénieurs
la définition des travaux d'ingénieurs, c'est-à-dire toute
la description des ouvrages qui est très détaillée, de
même que la définition du champ de pratique, c'est-à-dire
la préparation des rapports, la préparation des plans, la
surveillance des travaux, tout cela fait l'objet d'une définition
beaucoup plus précise que celle qu'on retrouve actuellement chez les
chimistes. C'est peut-être dans ce sens qu'on pourrait tenter de mieux
définir le champ de pratique pour ne pas le laisser aussi vaste qu'ici.
J'ai un peu l'impression que, si on le donnait tel que demandé, demain
ils pourraient intenter des poursuites à gauche et à droite
à des gens qui peuvent toucher de près ou de loin à la
chimie métallurgique, comme je l'ai mentionné tantôt. Les
pouvoirs judiciaires seraient impuissants à dire que ça semble
être contre le bon sens puisque le législateur l'a accordé.
Il faudrait trouver coupable quelqu'un qui, de très loin et sans que la
protection du public soit mise en cause, aurait, en matière de soudure,
donné un avis sans être un chimiste professionnel.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
M. PAUL: Nous demandons le vote enregistré sur le projet de
loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
Vote de deuxième lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la deuxième lecture
du projet de loi no 263 veuillent bien se lever s'il vous plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Garneau, Goldbloom, Quenneville,
Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Massé (Arthabaska), Mailloux, Arsenault,
Perreault, Brown, Blank, Saindon, Pearson, Assad, Bacon, Caron, Carpentier,
Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou),
Lafrance,
Lamontagne, Larivière, Pelletier, Shanks, Gratton, Loubier, Paul,
Cardinal, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Croisetière,
Demers, Gauthier, Roy (Beauce), Latulippe, Brochu, Drolet, Guay, Béland,
Laurin, Burns, Léger, Charron, Joron, Lessard.
LE SECRETAIRE: Pour: 51 Contre: 0
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose d'abord que le projet de
loi soit déféré à la commission parlementaire
spéciale des corporations professionnelles.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 23.
Projet de loi no 260 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce propose
la deuxième lecture du projet de loi no 260, Loi modifiant la loi des
ingénieurs.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'acceptation à cette
Chambre.
Vous comprendrez que pour différentes raisons, tant du
fait de ma propre profession que du fait que j'ai exercé les fonctions
de registraire à la Corporation des ingénieurs c'est avec
un certain plaisir que je présente devant cette Chambre aujourd'hui le
projet de loi 260 qui est une révision de la Loi des ingénieurs.
Très brievement, les ingénieurs, après les
infirmières, représentent au Québec, la plus importante de
nos corporations professionnelles en ce qui touche le nombre, la
quantité, soit 14,000. Je laisse à chacun de vous le soin
d'évaluer...
M. PAUL: Il y a des exceptions dans la quantité.
M. SAINT-PIERRE: ... de juger leur contribution, que nous avons eu
l'occasion d'évoquer, au progrès économique du
Québec. Le projet de loi, comme les autres, s'inscrit dans une mise
à jour de la Loi actuelle des ingénieurs, qui date de 1964, bien
que la corporation existe depuis 1922. C'est d'ailleurs, sur le plan canadien,
la première des associations provinciales qui ait donné lieu, par
la suite, à d'autres associations dans les différentes provinces
canadiennes.
Nous y avons apporté bien sûr en plus des
concordances avec le code des professions en ce qui touche la
composition du bureau, la présence de gens de l'extérieur
ici, on reconnaîtra qu'en plus du président et de 20
administrateurs nommés par les membres, il y aura quatre
représentants nommés par l'Office des professions des
modifications qui me paraissent relativement importantes et que j'aimerais
brièvement vous expliquer. On comprendra que dans le texte
réimprimé, dans les amendements mêmes que le gouvernement
se propose d'y faire, nous ayons refusé certaines des demandes qui nous
étaient parvenues de la Corporation des ingénieurs et qui sont
reliées, comme pour les motifs de ce refus, à ce qu'invoquait
hier le député de Montmagny. Il y a en particulier les
réserves que pouvait avoir l'Association des architectes, concernant une
certaine prudence, l'inclusion dans le champ de pratique exclusif des
professions de termes qui pourraient être trop vagues, trop
imprécis et qui pourraient donner lieu, par la suite, à un
cloisonnement entre les différents corps professionnels.
C'est ainsi que nous avons refusé certaines des demandes qui nous
sont venues en ce qui touche la définition de l'exercice de la
profession pour refuser des termes qui étaient assez vagues, en
particulier, planifier, contrôler et diriger des travaux. Il nous a
semblé que même les travaux reliés au travail du
génie, le contrôle, la planification et la direction de ces
travaux peuvent appartenir à plus d'un professionnel qui s'y retrouve
comme maître d'oeuvre, suivant les circonstances, qui pourrait être
à la fois un architecte ou un urbaniste ou même, dans d'autres
cas, des gens qui ont fait une spécialisation et dont les clients
apprécient leur compétence de gestion. On sait que la gestion, ou
l'administration n'est pas, en soi, un champ exclusif de pratique dans nos
corporations professionnelles. La gestion de travaux de chantiers de
construction, le "management" de ces travaux ne nous paraissait pas devoir
être une prérogative exclusive des ingénieurs.
Nous avons retenu, cependant, d'autres définitions dont
j'aimerais vous faire part brièvement. Nous avons retenu une demande, de
leur part, de réserver aux ingénieurs forestiers uniquement le
titre d'ingénieur forestier. Cela me semble conforme d'ailleurs à
l'esprit de la Loi des ingénieurs forestiers que nous avions hier. Dans
la loi actuelle, on permettait aux ingénieurs forestiers de se donner le
titre d'ingénieur sans avoir le droit de pratique de l'ensemble du champ
de pratique réservé à la Loi des ingénieurs.
Lorsqu'on lit la Loi des ingénieurs forestiers, on sent bien une
protection pour le titre d'ingénieur forestier et, associé
à ce titre précis, un champ de pratique précis. Il nous
semblait créer une certaine confusion et ouvrir la porte à
certains abus comme permettre à des ingénieurs forestiers qui
n'ont pas l'habileté de faire des plans de charpente, disons, de
présenter comme ingénieurs et de laisser croire au public
qu'ils
sont habilités ou qu'ils ont la compétence d'exercer des
travaux reliés aux charpentes, à la mécanique et à
l'électricité.
De même, nous avons accepté une modification qui sera
unique pour l'ensemble des professions. Pour les fins de l'administration, pour
la corporation, la résidence, plutôt que le lieu de pratique, sera
le terme retenu tant pour l'établissement des sections que pour la tenue
du registre des ingénieurs. Il y a, chez plusieurs de ces membres, la
nécessité de vaquer d'une façon temporaire à
certains travaux de chantiers et si nous avions retenu la disposition
générale qui prévoyait le lieu de pratique, je pense qu'il
y aurait eu plusieurs inconvénients à avoir constamment des
changements d'adresse pour reconnaître des modifications dans la
pratique. C'est pour cette raison que nous avons retenu le lieu de la
résidence.
Nous avons également refusé, je pense, la demande de tenir
à plusieurs endroits, autres que Québec et Montréal, des
examens annuels pour ceux qui veulent se présenter à la
corporation.
On sait que ces examens ne sont pas destinés, en
général, à ceux qui ont une formation universitaire, qui,
eux, sont admis uniquement sur la foi de leurs diplômes. Ces examens sont
plutôt destinés à ceux qui auraient complété
les trois quarts ou les quatre cinquièmes d'un cours universitaire et
qui auraient été obligés d'abandonner leurs études;
à des gens qui ont pu suivre des cours de techniciens professionnels et
qui, pendant une longue période, se sont préparés à
subir des examens de même niveau que les examens universitaires. Il y a,
en général, une douzaine d'examens qui sont donnés. Nous
avons cru que Montréal et Québec étaient suffisants et que
ce serait, encore une fois, ouvrir peut-être la porte à certains
abus de permettre que ces examens se tiennent dans les quatre coins de la
province où il peut être difficile d'avoir une surveillance qui
nous assure, encore une fois, que ces gens ont réellement les
qualifications voulues.
Une disposition très importante et qui est une modernisation au
texte de la loi actuelle touche deux points: d'abord, l'inscription non
obligatoire comme membre étudiant. Nous avons délaissé
cette disposition de la loi actuelle qui obligeait les étudiants de
deuxième année des facultés de génie à
s'inscrire comme membres étudiants. Compte tenu du grand nombre
d'étudiants et compte tenu du peu de signification que pouvait avoir
cette inscription, sinon occasionner des frais à la fois pour les
étudiants et pour la corporation, nous avons abandonné cette
disposition. Ceux qui auront obtenu leur diplôme d'ingénieur ou
leur baccalauréat en sciences appliquées pourront obtenir, par le
fait même, leur qualification comme membres. Il ne sera pas
nécessaire d'avoir une inscription, qui ne signifiait pas beaucoup dans
les faits, comme membre étudiant.
Egalement là, c'est une disposition qui touche, je pense,
une politique de justice sociale nous avons enlevé la
nécessité de l'enregistrement de brevets pour ceux qui voulaient
se préparer aux examens. La loi actuelle exigeait que ceux qui voulaient
se préparer à l'examen passent un contrat devant un notaire, avec
un tuteur ou un type qui devait s'assurer de leurs progrès sur le plan
strictement matériel. Or, compte tenu de la longue période
requise pour passer ces examens, il s'ensuivait que les gens étaient
obligés de se présenter, tous les six mois ou tous les deux ans,
devant un notaire pour rédiger un nouveau contrat, car, lorsqu'ils
avaient changé d'emploi, ils devaient changer de tuteur. Il en
résultait, vous comprenez bien, pour les 3,000 ou 4,000 étudiants
qui visaient à préparer ces examens un amoncellement de
documentation qui, somme toute, ne signifiait pas grand-chose.
M. PAUL: Je m'excuse auprès de l'honorable ministre. Ses propos
sont tellement à point, plus qu'intéressants, que je voudrais
qu'il y ait plus de ses collègues qui l'entendent. C'est pourquoi je
vous signale le défaut de quorum.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés.
L'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. SAINT-PIERRE: Pour terminer, tel que je le mentionnais, cette
obligation de se présenter devant un notaire et de conclure un nouveau
contrat entraînait des coûts très élevés pour
des gens qui, somme toute, ont beaucoup de mérite, puisque ce sont des
gens qui, à la suite de soirées d'étude, tentent de passer
des examens de la corporation. On a vu des cas j'en connais
moi-même de gens qui, pendant huit ou neuf ans ont
étudié, à raison de deux ou trois soirs par semaine, pour
finalement obtenir leur diplôme d'ingénieur après avoir
passé les quinze ou seize examens. C'étaient des gens qui, au
départ, avaient uniquement, peut-être, une formation de technicien
mais qui, par un travail personnel, ont réalisé cela.
Pour ceux-là, on modernise donc considérablement le
processus requis, on réduit les frais d'administration
nécessaires tant pour l'étudiant que pour la corporation. On s'en
remettra plutôt à des lettres de recommandation que pourraient
fournir des gens qui ont travaillé avec ces personnes.
Au niveau du chapitre très important de la définition des
travaux qui constituent le champ de pratique de l'ingénieur, nous avons
retenu certaines des recommandations qui nous avaient été faites,
en particulier celle d'ajouter le mot "viaduc" à chemin de fer, voie
publique, aéroport et pont. Je pense que "viaduc" correspond à
une réalité d'aujourd'hui. Nous avons également retenu la
disposition "installation reliée à un système de
transport". Nous croyons que le mot "installation" a un sens, quand
même, de quelque chose de physique et que la protection du public
est réellement mise en cause, puisque le système de transport,
tant sous son aspect de génie civil, de charpente, que sous son aspect
d'automatisme, que de génie électrique, c'est-à-dire des
dispositifs de sécurité qu'on retrouve dans les chemins de fer ou
le transport en commun, mériteraient d'être inclus dans les
travaux. Jusqu'ici, on ne les retrouvait pas définis. Alors, nous avons
ajouté ces termes.
Nous comptons, en amendement ce n'est pas dans le texte
réimprimé car une erreur s'est glissée ajouter deux
autres demandes, celle des fausses charpentes et autres ouvrages temporaires
utilisés durant la réalisation des travaux de génie civil.
Je pense que si on parle de protection du public, il faut également
avoir à l'esprit la protection des ouvriers. Les ouvrages de fausses
charpentes et les ouvrages temporaires réalisés durant la
construction m'apparaîssent recueillir, dans leurs conceptions, des
connaissances appropriées, sinon ce sont les ouvriers qui sont mis en
cause. On a à l'esprit la tragédie à l'échangeur
Turcot et d'autres accidents qui ont pu survenir.
D'ailleurs, l'ancien gouvernement en avait reconnu l'urgence et, en
1967, il avait adopté un arrêté en conseil qui obligeait
les ingénieurs à signer les plans de fausses charpentes. Ici,
nous comptons ajouter cette disposition dans le texte de loi, pour en faire le
champ de pratique des ingénieurs.
Nous comptons également ajouter tout ce qui touche la
mécanique des sols, nécessaire à l'élaboration des
travaux de génie, qui n'y était pas dans la loi actuelle. Je suis
un peu en désaccord avec le mémoire de l'Association des
architectes, qui trouvait qu'un géologue pouvait avoir autant
d'aptitudes qu'un ingénieur pour la mécanique des sols. Je pense
que la mécanique des sols n'est pas la connaissance du sol, des couches,
des strates géologiques, mais que c'est beaucoup plus l'interaction
entre le sous-sol, la terre arable, le roc et autres sous-sols et les
fondations d'une structure de génie civil.
Il me semble qu'il y a, quand même, un lien qui dépasse la
connaissance du géologue qui peut avoir une très bonne
connaissance du sous-sol, mais qui n'a pas la préparation pour dire si
les poids ou les charges auxquels sont soumises les fondations d'un
édifice, d'un pont, etc., vont permettre une interaction avec le
sous-sol telle que l'ouvrage ne sera pas en danger à cause
d'affaissements ou d'autres jeux semblables.
De même, nous avons rejeté des demandes de la Corporation
des ingénieurs, et je veux les expliquer. On voulait ajouter le mot
"agricultu-raux" dans la disposition qui actuellement parle des travaux
électriques, mécaniques, hydrauliques, aéronautiques,
électroniques et thermiques.
Il nous a semblé que les travaux du génie "agricultural"
il y a différents termes qu'on emploie pour ça
n'étaient pas, à proprement parler, un champ exclusif de
l'ingénieur. C'était simplement un milieu différent dans
lequel les sciences de l'ingénieur s'appliquent.
Pour autant qu'à la ferme on applique des connaissances qui
tombent actuellement sous la Loi des ingénieurs, on présuppose
que les plans devraient être signés et scellés par
l'ingénieur. Mais on ne croit pas que les travaux agriculturaux dans
leur ensemble doivent être uniquement l'apanage des ingénieurs.
S'il y a des travaux électriques, mécaniques, de structure
à la ferme, ils peuvent revenir à l'ingénieur suivant leur
importance et s'ils rencontrent les termes de la loi, mais il n'y a pas une
science de l'agriculture qui, appliquée à l'ingénieur,
devrait lui appartenir uniquement.
De la même façon, nous avons rejeté leur demande
pour inclure "autres travaux du domaine du génie municipal" comme
étant une définition trop générale qui, d'ailleurs,
dans les notes qu'ils nous avaient fournies, touchait à
l'évaluation. Il ne nous semble pas que ce soit une science qui
appartienne uniquement aux ingénieurs. Les gens peuvent avoir d'autres
formations et être capables de procéder à
l'évaluation des bâtiments dans une municipalité. "Autres
domaines du génie municipal" nous a semblé un terme trop vague.
Nous avons préféré ajouter des dispositifs plus
précis.
De la même façon, nous comptons rejeter une demande de leur
part d'ajouter le terme "travaux de génie relatifs à la
protection du milieu écologique". Il s'agit de bâtiments, de
travaux, d'installations physiques qui sont actuellement couverts par la loi,
même s'ils sont faits sous l'emprise de travaux visant à
protéger l'écologie, ils seront de la responsabilité de
l'ingénieur.
Cependant, vouloir réserver uniquement aux ingénieurs les
travaux relatifs à la protection du milieu écologique nous semble
abuser par rapport à d'autres disciplines, en particulier la biologie et
d'autres disciplines connexes qui, au cours de ces récentes
années, se sont penchées sur les problèmes
écologiques.
Un peu plus loin, nous avons ajouté, dans les types d'examens ou
de spécialisations pour permettre à des étudiants
d'accéder à la corporation, trois disciplines qui s'enseignent
dans les universités et qui n'étaient pas couvertes par la loi
actuelle. Ici, il y a nécessité de faire une distinction entre un
examen, une spécialité, une spécialisation dans le champ
de pratique de l'ingénieur et une exclusivité dans le champ de
pratique.
On peut avoir, à l'université, une spécialisation
qui soit le génie industriel. Il me semble alors logique que certains
étudiants, en plus d'avoir à démontrer une
compétence dans des matières de base: physique, chimie,
mathématiques, résistance des matériaux et autres, aient
une spécialisation qui soit celle du génie industriel,
c'est-à-dire touchant les méthodes de production, les "time and
motion studies", tous les dispositifs du génie industriel.
Mais de là, donner un champ exclusif aux
ingénieurs en génie industriel, ça me semblerait
abusif. C'est pour cela que nous avons ajouté dans les dispositifs
d'examens trois nouvelles spécialisations: d'abord, le génie
agricultural. Sans vouloir le reconnaître comme un champ de pratique
exclusif, nous admettons que, dans les universités, dans le moment, il y
a des gens qui se spécialisent dans ce secteur et qui peuvent apporter
à l'industrie de l'agriculture des connaissances particulières,
sans nécessairement leur reconnaître une exclusivité par
rapport aux agronomes ou autres.
De la même façon, nous avons reconnu le génie
géologique et le génie industriel qui n'étaient pas dans
les programmes de spécialisation.
En passant, je mentionne que l'ensemble de ces spécialisations a
fait l'objet de discussions au niveau national avec les autres provinces et les
autres universités. C'est un programme commun avec des examens
différents, qui est utilisé dans toutes les provinces canadiennes
et qui permet une certaine mobilité chez les ingénieurs de sorte
que quelqu'un peut passer trois ou autres examens au Québec, recevoir
des crédits à la suite de ces examens, être envoyé
par son employeur en Colombie-Britannique et passer trois ou quatre examens
à l'Association des ingénieurs de la Colombie-Britannique. Ce
sont des crédits qui s'ajoutent constamment, des dispositions ayant
été prises pour s'en assurer.
Je l'ai mentionné en passant pour dire l'intérêt
qu'il y a au Québec de reconnaître ces disciplines, sans cela nos
gens et ceux des autres provinces pourraient avoir des difficultés.
A l'article 29, nous avons également, dans le cadre de la
protection du public, des dispositions qui me paraissent fort importantes. La
loi de 1964 avait exigé que les plans et devis utilisés dans les
travaux de génie portent le sceau et la signature d'un ingénieur,
mais cette loi avait été difficile d'observance puisqu'aucune
disposition ne donnait accès aux chantiers de construction aux
enquêteurs de la corporation qui auraient voulu vérifier si, dans
des travaux comme ceux de Place Québec par exemple, on utilisait
véritablement les plans de structures signés et scellés
par un ingénieur c'est peut-être plus important
membre de la Corporation des ingénieurs du Québec.
Nous avons donné, à l'article 29, des pouvoirs
d'enquête qui ne nous semblent pas abusifs et qui permettent, dans des
temps raisonnables, à des enquêteurs qui devront s'identifier
d'avoir accès aux chantiers de construction pour vérifier
d'eux-mêmes que les plans ont bel et bien été signés
et scellés. Dans le passé, lorsqu'on tentait de faire une preuve,
il était toujours facile à la dernière minute, pour celui
qui sentait la pression, de se retrouver avec des plans signés et
scellés après coup, de telle sorte que l'observance de la loi
devenait difficile.
Finalement, la loi permet l'établissement par la corporation
ce sont de nouvelles dispositions d'une caisse de retraite et
d'un fonds de secours pour ses membres. M. le Président, nous avons
d'autres petits amendements qui nous ont été signalés
depuis ce temps, à la fois par la corporation et d'autres groupes et que
nous pourrons considérer en commission. Je pense que le projet de loi
permettra une meilleure protection du public, particulièrement en ce qui
touche les travaux de génie, et nous permettra une modernisation accrue
du champ de pratique de l'ingénieur sans pour autant donner flanc
à des abus qui nous avaient été signalés par la
corporation, c'est-à-dire qu'en élargissant le champ d'action,
comme le signalaient les architectes, nous risquions d'avoir dans la loi des
termes trop vagues pouvant établir des compartiments et étendre
abusivement le champ de pratique des ingénieurs. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, comme il s'agit d'un problème de
génie, vous conviendrez que nul autre que le député de
Montmagny n'est plus qualifié pour traiter de cette question. Je
voudrais tout simplement demander au ministre si l'information qu'il a
donnée est bien celle que j'ai comprise. Il a mentionné que la
Loi des ingénieurs professionnels remonterait â 1922, c'est bien
ça?
M. SAINT-PIERRE: J'ai dit que l'association a été
formée vers 1922. La loi actuelle est de 1964 mais elle date de...
M. PAUL: J'avais cru lire quelque part que la première loi de la
corporation professionnelle des ingénieurs remontait à 1898.
M. SAINT-PIERRE: C'est possible.
M. PAUL: Et que 1922 était l'époque du premier tarif des
ingénieurs approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil.
J'avais donc très bien compris le ministre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, à la suite de
cette mise au point importante du député de Maskinongé, je
voudrais faire quelques remarques en deuxième lecture sur le projet de
loi de la corporation des ingénieurs. Je comprends que le ministre ait
fait, à l'occasion de l'étude de cette loi, sa meilleure, sa plus
substantielle, sa plus enthousiaste intervention, étant donné
qu'il s'agit de sa corporation professionnelle, qu'il la connaît bien et
surtout
qu'il en a été le registraire pendant un certain nombre
d'années. Mais je sais, M. le Président, que même si le
ministre apporte une attention toute particulière au projet de loi 260,
il portera également une attention soutenue aux autres projets de loi
dont il a la responsabilité.
Il est conscient également que la Corporation professionnelle des
ingénieurs est, comme je l'ai dit hier, au centre des autres
corporations professionnelles qui touchent tout ce secteur, que j'appellerai
"technique", des ingénieurs et des architectes.
Le ministre est conscient, et il en a parlé dans son intervention
de deuxième lecture, des problèmes que pose la définition
du champ d'exercice de l'ingénieur. J'en ai parlé hier, à
l'occasion du projet de loi des architectes, mais je voudrais y revenir, M. le
Président, pour expliciter davantage certains points et diriger mes
interventions surtout vers la profession des ingénieurs.
Le ministre n'a pas traité dans son intervention de cette autre
catégorie de professionnels, de diplômés, que sont les
techniciens. J'en ai seulement dit un mot hier. Il y a là un groupe
extrêmement important que l'on reconnaît actuellement. On les
appelle les techniciens professionnels du Québec. Ils ont soumis des
mémoires importants à la commission parlementaire et ils ont
souligné également à cette occasion, les techniciens
professionnels, le problème de tous ces diplômés de niveau
CEGEP qui sont diplômés des techniques, que ce soient les
techniques administratives, les techniques forestières, les techniques
humaines, qui ne posent pas exactement le même acte professionnel, mais
qui travaillent dans le même secteur.
Donc, les techniciens professionnels, si on en prend deux en
particulier, le maître-mécanicien en tuyauterie, le
maître-électricien, sont deux groupes de techniciens qui
travaillent en étroite collaboration et aux mêmes endroits, dans
les mêmes chantiers, aux mêmes projets que ceux que dirigent les
ingénieurs professionnels.
Ils ont demandé une reconnaissance à la commission
parlementaire. Ils ont demandé d'être reconnus comme corporation
professionnelle à titre réservé. Le ministre des Affaires
sociales, dans son discours de deuxième lecture sur le bill 250, sans se
référer particulièrement à ce groupe de
professionnels, a dit, je ne le cite pas au texte, substantiellement
qu'à l'audition des mémoires devant la commission parlementaire
et à écouter les groupes qui sont venus faire des
représentations, il lui semble important d'étudier davantage des
demandes qui ont été faites dans ce sens-là et d'ouvrir
le mot n'est peut-être pas exact, les dossiers sont ouverts
mais de pousser plus loin dans certains dossiers l'étude de ces demandes
qui ont été faites et l'étude également de l'acte
professionnel de ces différentes corporations, en relation avec l'acte
professionnel disons d'une corporation majeure comme celle des
ingénieurs.
J'imagine que le dossier des techniciens professionnels, des techniciens
en sciences forestières, des techniciens en génie civil, M. le
Président, de n'importe quelle dénomination, de tous ces
techniciens, a véritablement posé le problème devant la
commission parlementaire. On a répondu à ce moment-là,
que, dans les critères du bill 250, la formation n'était pas le
critère qu'il fallait retenir. On a dit qu'il y avait d'abord la
protection du public, le secret professionnel, le danger pour le public qu'il y
ait des abus, que le public ne soit pas protégé, enfin, les
quatre ou cinq critères qui servent à déterminer quels
groupes sont reconnus comme corporations professionnelles.
La loi permet d'accepter plus tard, moyennant que des lettres patentes
soient émises, les demandes d'autres groupes qui veulent être
reconnus comme corporation professionnelle à titre
réservé. Si c'est une corporation professionnelle avec un champ
de pratique exclusif, ce sera une loi spécifique de l'Assemblée
nationale qui les reconnaîtra.
Il y a là un problème non seulement entre les corporations
professionnelles à caractère exclusif, qui ont un champ de
pratique connexe comme les ingénieurs, les architectes, mais il y a
aussi d'autres groupes, que j'ai mentionnés antérieurement, qui
devront faire l'objet d'une réflexion additionnelle quand nous serons en
commission parlementaire. Je voudrais déjà que le ministre de
l'Industrie et du Commerce prenne note que quand nous passerons sur l'article
de la définition de l'acte professionnel ou sur des articles qui se
prêteront à cette discussion dans le bill 250, les
critères, je crois, sont à l'article 23 ou 24 il nous
faudra discuter de ces demandes qui n'ont pas été
acceptées dans l'annexe 1 du code des professions et qui nous semblent
mériter une réflexion additionnelle. Les ministres responsables
de ces lois nous indiqueront quelles demandes, à leur avis, doivent
faire l'objet d'une étude prioritaire par rapport à d'autres
demandes. Je ne poursuis pas plus loin la nomenclature des groupes qui,
à mon sens, ont fait des représentations importantes à cet
effet. Vous les connaissez, M. le Président, la Société
des traducteurs en est un, les bibliothécaires professionnels sont un
autre groupe et d'autres ont fait des représentations dans ce
sens-là.
Le ministre a parlé tantôt de la définition du champ
d'exercice. Le ministre nous a dit: Nous avons accepté telle demande des
architectes, nous avons refusé telle demande des ingénieurs. Je
voudrais souligner au ministre c'est important qu'en date du 3
novembre 1972 une entente est intervenue entre les architectes et les
ingénieurs. Après discussions, ils en sont venus à une
entente signée par le président de l'Association des architectes
de la province de Québec, M. Jean Ouellet, et le président de la
Corporation des ingénieurs du Québec, M. Robert J.S. Delisle. Ils
ont signé à Montréal, le 3 novembre 1972, une entente au
sujet des
représentations faites par les deux corporations à la
commission parlementaire des professions.
Ma remarque est la suivante. Pendant l'audition des mémoires
à la commission parlementaire, pendant que la commission poursuivait ses
travaux voilà que deux corporations professionnelles se sont
rencontrées à la même table de discussion; elles ont fait
le tour des problèmes communs au sujet de la définition du champ
d'exercice et ont conclu une entente. Cette entente est substantielle et je la
résume brièvement pour montrer dans quel sens ont
été orientées ces discussions et ce à quoi elles
ont abouti. 1 ) L'Association des architectes renonce aux oppositions
formulées dans son mémoire supplémentaire du 20 mars 1972
et portant une série de numéros. Ce qu'on doit retenir c'est que
l'Association des architectes renonce à certaines oppositions qu'elle
avait formulées sur des dispositions d'autres corporations
professionnelles. 2) La Corporation des ingénieurs retire la demande
contenue dans son mémoire de février 1972 relative au projet de
loi 260 le projet de loi qui la concerne au sujet du pouvoir "de
planifier, de contrôler et diriger les travaux". C'est ce que le ministre
nous a dit tantôt. 3 ) La Corporation des ingénieurs du
Québec modifie la demande contenue dans son mémoire de
février 1972 relative au projet de loi 260 et propose que le pouvoir qui
est requis à l'article 3a) soit ainsi formulé: "Faire la
conception desdits travaux en collaboration avec les autres professionnels dans
les domaines qui sont de leur compétence".
L'entente ajoute: "Ceci, en plein accord avec l'Association des
architectes..." Voilà un autre point sur lequel les deux corporations
professionnelles se sont entendues. 4)La corporation des ingénieurs
modifie la demande contenue dans son mémoire de février 1972, au
sujet de l'article 2 a) et propose que cet article soit ainsi formulé:
"Les chemins de fer, les voies publiques, les aéroports, les ponts, les
viaducs, les tunnels et autres systèmes de transport dont le coût
excède $3,000, à l'exclusion des chemins de colonisation du
gouvernement et des chemins ordinaires dans les municipalités
rurales."
Cela aussi, en plein accord avec l'Association des architectes. Le
ministre l'a dit tantôt, il y a fait allusion en disant qu'on avait
ajouté le mot "viaduc" et qu'on avait parlé des autres
systèmes de transport. 5)La corporation des ingénieurs ne
manifeste aucune opposition aux représentations contenues au
mémoire de l'Association des architectes, de février 1972,
relativement au projet de loi no 259.
J'ai donné la substance de cette entente pour montrer comment il
était possible que deux corporations professionnelles, qui ont des
problèmes communs dans la définition du champ d'exercice,
peuvent, dans une ou plusieurs rencontres, avoir une bonne discussion, peuvent
en venir à des ententes qui vont permettre à ces deux
corporations d'oeuvrer dans l'harmonie et permettre ainsi à chacune
d'elles d'évoluer et de pouvoir rendre des services à la
population.
Cela renforce l'argument que j'avançais en deuxième
lecture sur le projet de loi no 250, à savoir qu'il serait important que
les mécanismes soient mis en place pour faciliter la discussion, le
dialogue entre les différentes corporations professionnelles. Si cela a
été fait, à l'initiative des ingénieurs et des
architectes qui, j'imagine, sans être forcés d'aucune
façon, ont senti le besoin de tenir cette réunion, de faire cet
échange, d'en venir à cette entente, je crois qu'il serait
désirable aussi que d'autres corporations professionnelles fassent de
même, et s'il faut y ajouter un mécanisme de forte incitation,
parce que, dans certains cas, il est difficile d'amener certains groupes
à s'asseoir à la même table, les divergences leur
apparaissant tellement fondamentales, qu'ils hésitent d'entreprendre
cette discussion, il faudrait le faire par des mécanismes.
D'autres aspects sont intéressants au sujet de la Loi des
ingénieurs. Le ministre a dit, il y a un instant, qu'il y avait une
exclusivité dans cette loi, soit que le lieu de résidence
était le terme reconnu, et la modalité reconnue, pour l'exercice
de certaines formalités.
Il y a d'autres corporations professionnelles qui ont demandé que
le lieu de résidence et non le lieu de travail, soit le terme reconnu
dans leur loi. Je voudrais, ici, anticiper sur un débat que nous allons
avoir, à savoir sur la loi des infirmières, pour souligner au
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui fera le message au ministre des
Affaires sociales, que les infirmières demandent aussi que le lieu de
résidence soit le terme reconnu. Dans leur mémoire, elles ont
amplement explicité les raisons. Cela paraît évident. Le
ministre des Affaires sociales avait même accepté sur le champ,
à la commission parlementaire, cette demande des infirmières.
D'ailleurs, c'est la seule corporation professionnelle qui avait
reçu autant d'attention de la part du ministre des Affaires sociales et
qui avait reçu, sur le champ, des réponses aux demandes qu'elle
faisait.
Mais ce qui est arrivé par la suite peut-être que le
ministre a voulu se reprendre c'est que les réponses affirmatives
qu'il avait données cette journée-là n'ont pas
été traduites dans la nouvelle version du projet de loi.
Peut-être que le ministre a voulu reprendre ce geste qu'il avait
posé à l'endroit des infirmières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il avait été guidé par le
sentiment.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Chicoutimi, qui est
un observateur du comportement et de l'attitude des ministres, a porté
un jugement qu'il faudra étudier davantage, mais je crois qu'il est
assez juste. Nous y reviendrons lorsque nous étudierons le projet de loi
des
infirmières, parce que je serais peut-être hors d'ordre
à ce moment-ci.
Cette suggestion touchant cette exclusivité, qui en est une
maintenant et qui n'en sera pas une lorsque nous aurons étudié
d'autres projets de loi, était importante et je félicite le
ministre de s'être rendu à cette demande des ingénieurs. Il
y a, à la fin du mémoire que les ingénieurs ont
présenté à la commission parlementaire, une partie qui est
extrêmement importante et que nous n'avons pas eu le loisir, en
commission parlementaire, d'étudier suffisamment. C'est au sujet de la
composition ethnique, de la composition linguistique ou de l'évolution
linguistique de la corporation des ingénieurs. Peut-être que le
député de Gouin voulait toucher cet aspect. Disons que je lui
ouvre une porte, mais cela reste dans le cadre du débat.
Il est intéressant de constater la répartition
linguistique des ingénieurs. Le ministre nous a dit, tantôt; qu'il
y avait 14,000 ingénieurs. Il y en a 14,600. C'est effectivement le
deuxième groupe en importance après celui des infirmières.
Dans les membres actuels, il y a 53 p.c. de francophones et 47 p.c.
d'anglophones. Dans les étudiants en génie, au Québec, il
y a 65 p.c. de francophones et 35 p.c. d'anglophones. Alors, on voit qu'il y a
une amélioration du côté des étudiants en
génie.
L'évolution linguistique des diplômés en
génie, premier cycle. En 1955, il y avait 45 p.c. de francophones et 55
p.c. d'anglophones. En 1960, il y avait 58 p.c. de francophones et 42 p.c.
d'anglophones. En 1965, il y avait 69 p.c. de francophones et 31 p.c.
d'anglophones. En 1970, il y avait 68 p.c. de francophones et 32 p.c.
d'anglophones. En 1972, il y avait 72 p.c. de francophones et 28 p.c.
d'anglophones. Voilà un secteur professionnel où l'on a
déploré longtemps que les francophones ne prenaient pas la place
qui leur revenait, pour toutes sortes de considérations et toutes sortes
de raisons. M. le Président, si vous me permettez une remarque un peu
plus personnelle, quand j'étais finissant au collège de La
Pocatiè-re, je me souviens que, sur une promotion d'une quarantaine ou
d'une cinquantaine de finissants au cours classique, il n'y eut, en 1944, que
trois étudiants qui embrassèrent la carrière du
génie civil, qui allèrent en polytechnique. Il y avait d'autres
spécialités comme ingénieur chimiste, etc. C'était
la première promotion, presque la première promotion depuis les
120 ans d'existence du collège de La Pocatière, où il y
avait des finissants qui allaient vers le génie civil, en polytechnique.
Imaginez-vous, la nouveauté, la sensation! Pour ma part, comme
finissant, je me dirigeais vers l'Ecole des hautes études commerciales.
Encore là, dans les carrières économiques, j'étais,
à toutes fins pratiques, un des premiers étudiants à se
diriger vers cette profession. C'était la première promotion
d'après-guerre, si l'on veut, en 1944. J'imagine que c'était la
même chose dans les autres collèges à partir desquels on
accédait aux études universitaires. La plupart des
étudiants optaient pour le notariat, le droit, la médecine et la
prêtrise.
Enfin, vous voyez, M. le Président, que c'étaient ces
vieilles corporations professionnelles de prestige dont on parlait hier,
à l'une desquelles vous appartenez, M. le Président, et dont vous
êtes l'un des plus brillants porte-couleurs, si vous me permettez
l'expression.
Une évolution importante s'est faite de ce côté. Je
pense qu'il est important de le signaler. Parce que la Corporation
professionnelle des ingénieurs, comme les autres corporations
professionnelles qui ont donné un coup de barre, soit dans les
carrières de génie ou dans les carrières
économiques, parce que les Hautes études commerciales, la
faculté de commerce de l'université Laval et celle de
l'Université de Sherbrooke ont aujourd'hui des centaines, pour ne pas
dire des milliers d'étudiants, la corporation a certainement fait,
dis-je, des efforts pour faire du recrutement, d'abord, et aussi pour que, du
côté francophone, on soit de plus en plus sensibilisé aux
besoins que les finissants des collèges viennent poursuivre des
études universitaires dans ces professions qui avaient été
délaissées.
La Corporation des ingénieurs, dans son mémoire, va plus
loin que cela, en ce sens qu'elle suggère également une
résolution. Dans les recommandations que fait la Corporation
professionnelle des ingénieurs, on lit à la page 8: "Attendu que
la Corporation des ingénieurs du Québec comprend un nombre
à peu près égal d'ingénieurs francophones et
anglophones; on l'a vu tantôt par les statistiques que j'ai
données "Attendu qu'une enquête a démontré
que 97 p.c. des ingénieurs francophones sont bilingues, que la plupart
d'entre eux ne se trouvent pas dans l'industrie; "Attendu que les
ingénieurs sont au premier niveau de commande du travail et qu'il leur
incombe donc de porter le fardeau du bilinguisme plutôt que de laisser
cette tâche aux travailleurs; "Attendu que les ingénieurs
détiennent les postes de direction dans l'industrie et dans
l'économie et qu'il est important qu'ils soient bilingues, afin
d'exercer une plus forte influence sur la qualité, la
productivité et la sécurité; "Considérant la loi
régissant le bilinguisme dans l'étiquetage des biens de
consommation et qu'il est donc équitable d'avoir une politique semblable
pour les documents utilisés dans la pratique du génie;
"Considérant l'article 42 du code des professions ici, M. le
Président, je pense que c'est maintenant l'article 44 avec le nouveau
code, mais on vérifiera qui exige une connaissance pratique de la
langue française de la part d'immigrants pour être admis à
l'exercice de professions au Québec et qu'il est donc normal
d'exiger la même connaissance de la part de tout nouveau membre de
la corporation", on suggère la recommandation 241; "La corporation
recommande qu'à partir de 1976, tout candidat désirant être
admis comme membre possède une connaissance pratique de la langue
française, sous réserve de l'exception prévue à
l'article 44 pour l'émission de permis temporaires".
Il y a aussi la recommandation 242: "La corporation recommande
également qu'à partir de 1976, tout document, tel que plans,
devis, code, standard, normes etc. publié pour usage, au Québec,
soit produit en français ou dans les deux langues".
M. le Président, voilà une corporation professionnelle
je ne voudrais pas, à ce moment-ci, faire un débat sur la
langue qui a été à même de constater, en
pratique, d'abord que, au sein de la corporation, que l'élément
francophone des membres, assurément, ne remplissaient pas les cadres en
nombre tels qu'ils devaient les remplir ici, dans le Québec.
Deuxièmement, depuis plusieurs années, dans leur pratique
professionnelle, ils ont constaté des problèmes de la langue. Ils
ont fait des suggestions dans leur mémoire.
Alors, il y a moyen pour des corporations professionnelles de sortir du
cadre strictement légal et pratique des articles qui concernent purement
et simplement les mécanismes de fonctionnement d'une corporation
professionnelle et de se préoccuper d'autres problèmes. Le
problème de la langue, qui concerne la majorité des corporations
professionnelles et particulièrement les ingénieurs, est
important. Je voulais souligner cet aspect qu'ils ont soulevé dans leur
mémoire et que nous n'avons pas eu le temps d'explorer suffisamment en
commission parlementaire.
Je termine ici mes remarques au sujet des ingénieurs en disant
qu'il s'agit là d'une corporation professionnelle importante, qui a
également un rôle très important à jouer dans la
construction du Québec. J'espère que la loi que cette Chambre va
adopter et qui fait suite à des demandes répétées
de la part de la Corporation des ingénieurs il y a longtemps
qu'ils travaillent à la réforme de leur loi professionnelle
va être pour eux un outil de développement et
d'épanouissement au service de la population en
général.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: Je remercie d'abord le député de Dorchester de
me permettre de parler avant lui, parce que je dois rencontrer des gens
à l'extérieur de la Chambre. Je voudrais faire brièvement
les quelques remarques que nous inspire le projet de loi qui est
présenté sur les ingénieurs.
J'aimerais simplement situer l'importance de la profession, par son
nombre, car on sait qu'il n'y a pas loin de 15,000 membres de cette profession,
ce qui en fait une des plus importantes au Québec, mais aussi rappeler
en guise d'introduction et fort brièvement le rôle
historique, jusqu'à un certain point, qu'ont joué les
ingénieurs dans notre société, pas seulement ici mais
ailleurs également, depuis un siècle surtout.
C'est par excellence la profession et on pourrait ajouter autour
de ça les professions de nature scientifique, qui gravitent autour des
mêmes soucis qui a été dans une bonne mesure
responsable du développement industriel que nous avons connu. C'est
peut-être le développement de cette profession qui a indirectement
amené un grand nombre de bienfaits matériels à
l'humanité.
Je pense qu'il faut signaler ici le rôle historique qu'ont
joué les ingénieurs dans l'évolution de l'humanité
depuis un siècle. Mais précisément parce qu'ils ont
été peut-être les premiers intéressés au
développement de la technologie, des nouveaux moyens de production, tous
ces développements qui ont amené une accumulation
considérable de biens matériels que l'humanité n'avait
jamais connus jusqu'à ce jour, il reste qu'au moment où on
commence à parler de sociétés postindustrielles, les
ingénieurs et les scientifiques en général sont face
à un problème ou à un défi considérable.
Dans le sens que la finalité même de leur profession est
peut-être remise en cause à bien des égards.
Puisqu'on questionne dans tous les milieux davantage maintenant la
qualité de la croissance économique et du développement,
par opposition à la quantité qui avait été l'unique
souci dans le passé, on peut commencer à se demander si, chez les
ingénieurs et dans la formation que reçoivent les
ingénieurs, une place suffisante est faite pour développer chez
les futurs ingénieurs cette conscience que je n'appellerais pas
uniquement sociale, mais cette conscience plus vaste du pourquoi de leur
activité et du pourquoi de leur profession.
Ce n'est pas tout d'être rivé à des objectifs de
productivité, d'efficacité, de rentabilité.
Nos ingénieurs plus que d'autres pourront peut-être se
demander maintenant à quoi tout cela va servir et quelle est
l'utilité optimale que la société ou que l'humanité
en tire. Cela dit, il faut constater, plus spécifiquement au
Québec, un problème qu'a évoqué tout à
l'heure le député de Montmagny en ouvrant la porte à la
question linguistique. On sait et je me contente tout simplement de le
répéter que les ingénieurs au Québec se
divisent à peu près en deux parties égales entre
anglophones et francophones. C'est une situation en quelque sorte anormale
puisqu'on sait que les francophones au Québec représentent 80
p.c. de la population. On sait aussi, d'après les chiffres que nous
citait tout à l'heure le député de Montmagny,
que cette proportion est en train de changer puisque les inscriptions en
1972 dans les écoles de génie, montrent que 72 p.c. des
élèves sont francophones et 28 p.c. anglophones. La situation est
donc en train de s'inverser. Pourquoi? Je pense qu'il est intéressant de
se demander ici, à partir de quand et en raison de quoi cette situation
a commencé à changer.
On constate, que les ingénieurs qui sont au nombre de 15,000
diffèrent considérablement des autres professions, soit les
médecins ou les avocats, en ce sens que fort peu d'ingénieurs,
somme toute, travaillent à leur compte. Je vous rappelle, si mes
chiffres sont exacts, qu'ils sont 12,000 à 13,000 salariés. Quand
on parle de la Corporation des ingénieurs, quand on parle des
ingénieurs au sens large, on ne doit pas les voir de la même
façon que les avocats ou les médecins. Les ingénieurs qui
travaillent à leur compte ou les bureaux d'ingénieurs-conseils,
ne sont pas ceux qui représentent la majorité des
ingénieurs. La grande partie des ingénieurs sont des
salariés; en gros, on peut dire qu'une bonne partie travaillent dans le
secteur public, dans l'administration publique, pour les municipalités,
pour le gouvernement, dans les différents ministères, pour les
entreprises parapubliques comme 1'Hydro-Québec et d'autres. Finalement
et c'est peut-être encore la plus grande partie les autres
travaillent pour le secteur privé, surtout, j'imagine, dans le monde
industriel.
Si les chiffres que je mentionnais tout à l'heure sont en train
de s'inverser vers une plus grande participation des francophones à
cette profession, il faut souligner je pense que c'est extrêmement
important que l'élan de ce mouvement a commencé, cette
évolution a commencé vers les années soixante, à un
moment où, au Québec, on a développé
considérablement le rôle de l'Etat, la dimension et les
responsabilités de l'administration publique, et à un moment
aussi où l'Etat a posé certains gestes comme, par exemple, la
nationalisation de l'Hydro-Québec qui emploie des centaines
d'ingénieurs. C'est à partir du moment où on a offert aux
ingénieurs francophones des débouchés dans un milieu et
dans un cadre francophone que la proportion a commencé à
s'inverser alors que le même phénomène et je pense
qu'il faut le souligner n'existe pas dans l'entreprise privée. Si
l'Etat du Québec, depuis 1960, n'avait pas assumé de plus grandes
responsabilités, n'avait pas élargi son rôle et s'il
n'était pas aussi intervenu dans certains domaines de l'activité
économique, je mentionne tout simplement l'exemple de
l'Hydro-Québec parce que c'est le plus important, la proportion que l'on
constate aujourd'hui au niveau de l'enrôlement dans les écoles ne
se serait probablement pas modifiée.
Il y a une relation très directe entre l'expansion des secteurs
public et parapublic et la participation des francophones à cette
profession. Ce qui m'inquiète, au moment où on dit qu'il y a 72
p.c. des étudiants inscrits dans les écoles de génie qui
sont francophones, c'est de savoir s'ils vont avoir un débouché
quand ils auront terminé leurs études.
Il semble bien que le mouvement d'accueil, si vous voulez, ou la
capacité d'accueil du secteur privé, du secteur industriel pour
les ingénieurs francophones est infiniment moindre et que, si ce
n'était d'une extension soutenue des secteurs public et parapublic, on
se demande où une bonne partie de ces futurs diplômés
trouveraient de l'emploi.
Il y a un problème considérable, parce que les
ingénieurs ont ceci de particulier, c'est que, plus que tous les autres
professionnels, ils sont directement impliqués dans les centres de
décision importants dans l'économie. Au niveau des cadres
supérieurs ou des cadres intermédiaires des grandes entreprises
industrielles, au niveau des conseils d'administration aussi, on retrouve bon
nombre d'ingénieurs.
Les ingénieurs, donc, plus probablement que n'importe quelle
autre profession, certainement plus, en tout cas, que les notaires ou que les
médecins ou même que les avocats, même si on retrouve dans
l'industrie bon nombre d'avocats, mais, la plupart du temps, dans les
tâches spécialisées les remarques que je fais
là vaudraient probablement pour les comptables dont on va parler un peu
plus tard sont impliqués dans les secteurs de prise de
décision économique.
Cela pose évidemment tout un problème. Si la loi que nous
étudions aujourd'hui avait comporté des dispositions sur la
langue, des dispositions, par exemple, rendant la connaissance complète
et véritable du français obligatoire pour l'exercice de cette
profession, on aurait vu que l'objectif que le gouvernement dit poursuivre
depuis quelques années de faire du français la langue de travail
dans l'industrie et la langue de promotion économique ainsi de suite
aurait eu passablement plus de chances de se réaliser.
C'est un moyen par lequel on aurait pu tout de suite introduire, si vous
voulez, le français dans les centres de décision
économique à travers les ingénieurs, puisque les
ingénieurs, plus que n'importe quels autres professionnels, comme je
disais tout à l'heure, sont impliqués dans ces centres de
décision.
Je pense qu'il faudra garder ça à l'esprit. L'autre
remarque que je voudrais faire, M. le Président, a trait à un
sérieux problème au niveau des deniers des contribuables. Je ne
veux pas soulever de chicane ou de débat inutile, mais ce n'est un
secret pour personne que les ingénieurs et d'ailleurs, peut-être
à un degré moindre, les architectes, sont parmi les principaux
contributeurs aux caisses électorales des différents partis
politiques. Là, je ne vise personne en particulier, à
l'exception, bien entendu, de notre parti. Justement, je parle en connaissance
de cause, parce qu'il nous est arrivé d'avoir à refuser, à
la campagne de 1970,
des souscriptions qui nous étaient proposées justement par
des bureaux d'ingénieurs.
M. HARDY: Vous acceptez plus facilement celles des bureaux de
courtiers.
M. JORON: On n'en a pas reçu des bureaux de courtiers, non
plus.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Voulez-vous rappeler à l'ordre l'ex-vice-président de
l'Assemblée nationale, parce que notre règlement prévoit
que l'on ne peut interrompre un opinant sans lui demander le droit de lui poser
une question.
M. HARDY: M. le Président, je me suis retenu si longtemps qu'on
pourrait me pardonner quelques petites incartades, mais je conviens que le
rappel au règlement du député de Maskinongé est
fondé et vais tenter de continuer à être sage.
M. JORON : M. le Président, je disais que les bureaux
d'ingénieurs ou les ingénieurs sont parmi les principaux
contributeurs aux caisses électorales des partis politiques. Il ne faut
pas se faire d'illusions. Dans un autre domaine, on discutait la semaine
dernière avec le ministre de l'Industrie et du Commerce du
problème du pain, du phénomène des "loss leaders" dans les
supermarchés, puis on disait: Si l'épicier subit une perte sur le
pain, il se rattrape quelque part ailleurs sur un autre produit. Globalement,
il n'est certainement pas perdant.
Le même phénomène existe dans un cas semblable. Il
est bien entendu que le public finit par payer cette pratique dans les devis,
puis dans les prix que soumettent les ingénieurs. Ils le reprennent
quelque part et ça revient quelque part, déguisé sous
forme de frais fixes, ces contributions aux partis politiques. Je ne vois pas
exactement où ça pourrait s'introduire dans la loi, mais
possiblement, lors de l'étude article par article, on pourrait trouver
un amendement qui protégerait davantage la profession.
Je n'accuse pas les ingénieurs de faire cela avec une mauvaise
intention. Ils sont en quelque sorte victimes d'un système et les
premiers responsables sont probablement les législateurs qui n'ont pas
légiféré avant sur tout ce problème. Je ne veux pas
accuser inutilement les ingénieurs. Peut-être qu'on pourrait les
garantir, par contre, contre cette pratique.
Je voudrais souligner un dernier point, de nature plus
spécifique, plus particulière, qui a trait à l'une des
demandes que les ingénieurs faisaient dans leur mémoire. On a
parlé tout à l'heure le ministre l'a expliqué et le
député de Montmagny a aussi soulevé le sujet des
nouveaux pouvoirs que la nouvelle loi donne aux ingénieurs
d'enquêter pour vérifier, sur un chantier, si les plans et devis
portent la signature d'un membre de la corporation. On a évoqué
le désastre de l'échangeur Turcot et d'autres cas semblables.
Les ingénieurs, si ma mémoire est fidèle,
réclamaient davantage que ce pouvoir de vérifier les signatures
que leur concède la nouvelle loi. Ils réclamaient des pouvoirs en
quelque sorte voisins de ceux des commissaires-enquêteurs qui, sur un
chantier, peuvent ordonner l'arrêt des travaux lorsqu'ils constatent
qu'il y a une menace à la sécurité et dans le but de
prévenir les accidents de travail, les accidents de la construction.
Cette demande des ingénieurs nous paraissait passablement bien
fondée. Peut-être, lors de l'étude article par article,
aura-t-on l'occasion de proposer un amendement pouvant élargir les
pouvoirs que confère l'article 23 de la loi de façon que non
seulement un enquêteur de la corporation puisse vérifier la
signature des plans et devis mais qu'il puisse, à l'occasion, suspendre
des travaux, par exemple. On sait que dans des situations semblables il ne
suffit pas de constater une situation, de faire rapport et ensuite utiliser un
processus qui peut être parfois très lent avant qu'une action soit
prise. Quand ce sont des questions où il y a danger de vie ou de mort,
il faut agir rapidement.
A première vue nous serions curieux d'entendre ce que le
ministre a à dire sur ce sujet il nous aurait paru opportun
d'élargir encore davantage ce nouveau pouvoir que l'on confère
aux ingénieurs. En résumé, je vous rappelle que nous
allons voter en faveur de ce projet de loi, même s'il ne répond
pas entièrement à nos exigences, spécifiquement celle
portant sur la langue et se reliant à tout le problème que je
vous signalais au début. Il reste, comme pour l'ensemble des autres lois
traitant des différentes professions, qu'il s'agit d'un effort de
rationalisation et de modernisation de nos lois qui doit entraîner notre
appui.
M. LAURIN: M. le Président, sur un point de règlement.
Avant que ne commence à parler le député de Dorchester, je
voudrais vous signaler que nous n'avons pas quorum.
M. HARDY: M. le Président, je me demande si ça va aider au
quorum si le député de Bourget parle.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Qu'on appelle les
députés!
L'honorable député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, très brièvement, quelques
commentaires sur le projet de loi no 260 qui touche les ingénieurs.
Le ministre a été peut-être plus éloquent sur
ce projet de loi, premièrement parce que, de
droit, il en est le parrain et deuxièmement, il est touché
plus directement comme professionnel. C'est peut-être ce qui a fait que
le ministre a apporté plus d'attention à ce projet de loi qu'aux
autres, sans vouloir porter d'accusation concernant les autres projets de loi.
C'est absolument normal.
Ce qui a été soulevé par les opinants qui m'ont
précédé, c'est surtout la définition du champ de
pratique qui sera désormais donné aux ingénieurs. On n'a
pas besoin de revenir sur l'importance de la profession. On n'a qu'à
regarder dans quel champ de pratique ces professionnels travaillent et on se
rend compte qu'ils ont une responsabilité extraordinaire à
assurer.
Le champ de pratique des ingénieurs semble très,
très vaste. Mais les ingénieurs en ont soulevé
eux-mêmes, les dangers dans leur mémoire. Je pense qu'il est bien
honnête de leur part d'avoir porté à l'attention du
législateur la définition du champ de pratique de
l'ingénieur. A la page 12 de leur mémoire, ils le disent bien que
"rien, dans la présente loi, ne doit porter atteinte aux droits d'une
personne habilitée à exercer la profession d'architecte le
ministre y a touché cependant à la condition qu'elle ait
la collaboration d'un ingénieur".
Cette loi ne doit pas non plus informer les droits des membres de
corporations de techniciens professionnels ou empêcher
l'exécution, par un membre desdites corporations, de tout travail
effectué en vertu de la formation reçue dans les écoles ou
institutions qui donnent des cours techniques. Bien sûr, il va falloir,
autant que possible, je pense bien, en commission parlementaire, en
troisième lecture, apporter une attention bien spéciale à
tous ces champs de pratique qui touchent de très près à la
pratique de la profession d'ingénieur.
Dans le mémoire, on souligne également que cette loi ne
devrait pas empêcher une personne d'exécuter ou de surveiller des
travaux à titre de propriétaire un propriétaire, je
pense, a des droits qui lui sont réservés bien strictement, un
entrepreneur, par exemple, qui se verrait indirectement sous surveillance d'une
autre personne ni un surintendant, un contremaître ou un
inspecteur de faire quand même le travail qui lui revient. Bien
sûr, ce danger soulevé par les ingénieurs pourrait, si on
s'étendait trop dans cette définition, restreindre l'exercice
normal d'un artisan ou d'un ouvrier spécialisé.
Il faut qu'il y ait cette collaboration entre les différentes
professions qui touchent de près les mêmes champs de pratique et
partagent parfois ces mêmes champs de pratique. En commission
plénière, il s'agira donc d'analyser la portée de chacun
des mots qui définissent ou qui précisent le champ de pratique
des ingénieurs. Je pense bien que cela ne sera pas trop difficile,
puisque ce sont eux-mêmes qui l'ont demandé.
Le ministre a également souligné que le lieu de
résidence a été retenu au lieu du lieu de pratique. Je
pense que c'est absolument normal et on pourra revenir à des arguments
qui ont été soulevés par d'autres groupes. Ceci aura
peut-être pour effet, par exemple, au cas où il y a beaucoup de
correspondance adressée à la personne au lieu de travail,
d'éviter un surcroît de travail à ceux qui auraient
à redistribuer ce courrier ou à corriger des erreurs d'adresse,
etc.
Si c'est bon pour, les ingénieurs, je me demande pourquoi cela ne
serait pas applicable à d'autres professions. Je me réserve le
droit de revenir sur des cas particuliers en troisième lecture.
Etant donné que le principe dans le projet de loi no 260 est
sensiblement le même que celui des lois que nous avons
étudiées précédemment, je souscris au principe. Le
principal objet de ce projet de loi est la définition du champ de
pratique. Nous reviendrons dont en commission parlementaire sur ces points,
tout en précisant maintenant que nous donnons notre accord de
principe.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
l'Assomption.
M. Jean Perreault
M. PERREAULT: M. le Président, seulement deux mots. Je veux
d'abord répondre au député de Gouin, qui mentionnait le
nombre accru des inscriptions aux facultés de génie dans les
différentes universités et qui s'inquiétait des
débouchés possibles lorsque ces étudiants auront obtenu
leur diplôme. Je puis l'assurer que des études démontrent
qu'en 1978, 1979 et 1980 il y aura pénurie et non pas surplus
d'ingénieurs.
Deuxièmement, on sait qu'il y a eu un surplus au cours des
années passées et que le domaine de l'ingénieur est
relié de très près à l'économie ainsi
qu'à l'offre et à la demande. Lorsque l'économie va bien,
la demande des ingénieurs s'accroît. Alors, il est prévu
que, pour les années à venir, il n'y a aucun problème.
L'autre problème touché par le député de
Montmagny a été celui des techniciens. C'est un domaine que je
connais très bien. Actuellement, il y a un comité de formé
comprenant des ingénieurs et des techniciens. Il a pour rôle de
regarder de plus près le champ de pratique des techniciens à
l'oeuvre dans le domaine du génie. Je pense bien qu'au cours des
prochains mois ou des prochaines années, un mémoire sera soumis.
Le technicien pourra s'inscrire dans le domaine des professions à titre
réservé pour des domaines bien spécifiques. Ceci a
été souligné à la commission parlementaire et
j'avais alors proposé qu'on crée ce comité de liaison.
J'ai rencontré les membres de la Corporation des ingénieurs et on
m'a assuré que c'était déjà fait, qu'il y avait eu
des rencontres et que cela devait aboutir bientôt.
Le troisième point souligné est la question du bill
lui-même. J'ai rencontré les membres de la Corporation des
ingénieurs. La corporation
elle-même est presque entièrement d'accord sur le bill
révisé et les amendements qui seront amenés par le
ministre en commission plénière. Je ne m'étendrai pas plus
longuement, étant donné que le ministre a très bien
couvert le champ de cette loi. Tout ce que je veux dire est que je suis en
faveur de l'adoption de cette loi. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La réplique du ministre de
l'Industrie et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: Je pense, M. le Président, que, dans
l'étude, article par article, on pourrait reprendre la discussion. Je
remercie les opinants qui ont bien voulu exprimer des avis, mais je pense qu'on
a touché à des points tellement divers que je n'ai pas
actuellement toutes les réponses.
Dans l'étude du projet de loi, article par article, on tiendra
compte des points qui ont été soulevés et on pourra
envisager des amendements.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Est-ce que cette motion de
deuxième lecture est adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
Commission
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce que je peux
suggérer que ce projet de loi soit déféré à
la commission parlementaire spéciale du code des professions pour
l'étude article par article?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que l'on pourrait
suggérer qu'il est une heure?
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'Assemblée suspend ses
travaux jusqu'à quinze heures.
M. PAUL: Bon, c'est ça. Merci. (Suspension de la séance
à 12 h 44)
Reprise de la séance à 15 h 8
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. LEVESQUE: M. le Président, article 24, s'il vous plait.
Projet de loi no 261 Deuxième lecture
LE VICE PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de l'Industrie et du Commerce
propose la deuxième lecture du projet de loi no 261, Loi des
arpenteurs-géomètres.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur en
conseil a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande l'adoption
à la Chambre.
M. le Président, dans la réimpression du projet de loi no
261, les députés de cette Chambre remarqueront des modifications
fort importantes par rapport au premier texte qui avait été
soumis. Par des erreurs malheureuses, je pense que la réimpression du
projet de loi no 261, la Loi des arpenteurs-géomètres, avait
suivi le cours des autres professions alors que, parallèlement à
ceci, une réforme en profondeur de la Loi des
arpenteurs-géomètres avait déjà été
entreprise depuis quelque temps. La réimpression que nous vous
soumettons aujourd'hui traduit, dans une large mesure, les résultats de
cet effort à la fois du gouvernement et de la Corporation des
arpenteurs-géomètres pour arriver avec un texte qui est une
refonte complète de la Loi des arpenteurs-géomètres.
La loi actuelle, qui date essentiellement de 1882, n'avait subi,
à ce jour, que des amendements très mineurs. Il devenait
nécessaire, compte tenu, comme l'a souligné la corporation
elle-même, de l'évolution de la technologie, surtout devant les
transformations profondes de nos sociétés, transformations qui
ont nécessité des amendements majeurs à la plupart des
lois qui régissent la propriété, au Québec, en
particulier le code civil, le code de procédure civile, le code
municipal, les lois des cités et villes, les lois d'expropriation, les
lois d'évaluation, les lois de l'urbanisme, la Loi des mines, en
particulier l'importance que prend de nos jours l'aménagement urbain sur
notre territoire dans les projets de lotissement, dans les disputes impliquant
les bornages, dans la révision cadastrale, les municipalités qui
se développent, il nous paraissait, pour toutes ces raisons,
nécessaire de procéder à une refonte complète de la
Loi des arpenteurs-géomètres.
Depuis 1967, la corporation, avec ses conseillers juridiques et les
conseillers du gouvernement d'alors, avait examiné en profondeur un
nouveau texte de loi pour faire réellement non
seulement une mise à jour mais une approche complètement
nouvelle de la loi devant guider le travail des
arpenteurs-géomètres dans la province de Québec.
La loi que nous vous soumettons et sur laquelle je voulais parler
brièvement aujourd'hui porte en particulier sur quatre points, où
on retrouve des modifications majeures à la situation actuelle. Ces
quatre points sont l'administration de la loi elle-même, l'admission
à l'exercice de la profession d'arpenteur-géomètre,
l'exclusivité de la pratique de l'arpentage et finalement, les pouvoirs
et devoirs qui incombent à l'arpenteur-géomètre.
En ce qui touche l'administration de la loi, bien sûr, nous avons
retenu ici toutes les dispositions pour rendre la Corporation des
arpenteurs-géomètres conforme, dans son administration de tous
les jours, aux dispositions des codes des professions en ce qui concerne, en
particulier, la formation du bureau et la nécessité pour celui-ci
de s'occuper et de réglementer tout ce qui est prévu dans le code
des professions.
Le bureau des arpenteurs-géomètres comprendra un total de
14 administrateurs dont un président, dix administrateurs nommés
par les arpenteurs eux-mêmes et trois représentants de l'Office
des professions. Une modification qui est apportée touche le titre
lui-même puisqu'à ce jour, l'exclusivité du titre touchait
strictement le mot arpenteur, alors qu'ici, à la demande des membres de
cette profession, nous avons ajouté le mot géomètre. Le
nouveau titre parle donc d'arpenteurs-géomètres pour, dans un
certain sens, reconnaître le caractère hautement scientifique et
le développement de certaines sciences, la photogrammétrie et
autres, qui ont donné une précision de plus en plus grande aux
travaux de ces professionnels.
Le bureau, en plus des pouvoirs de réglementation que lui donne
le code des professions, a aussi un pouvoir de réglementation beaucoup
plus vaste que ceux que nous pouvions retrouver dans la loi de 1882, compte
tenu, en particulier comme je l'ai mentionné
antérieurement de l'évolution du système
d'éducation au Québec, des changements technologiques et, en
particulier, des modalités d'application du travail de ces
professionnels dans leurs responsabilités de tous les jours.
En particulier, le bureau aura un pouvoir de réglementation pour
participer, d'un commun accord avec les autorités universitaires,
à l'élaboration des programmes d'étude, également
un pouvoir de réglementation en ce qui touche à l'immatriculation
des étudiants, de même que l'immatriculation de tous ceux qui
désirent être admis à l'exercice de la profession.
Le pouvoir touche également la garantie contre leurs
responsabilités professionnelles et j'y reviendrai par un rapport
un pouvoir d'obliger les arpenteurs-géomètres de
posséder les assurances-responsabilité à un niveau
satisfaisant pour s'assurer que le public, en tout temps, sur le plan
financier, possède des garanties solides contre toute erreur qui
pourrait être imputable à un arpenteur.
Quatrièmement, le bureau peut également réglementer
la fréquence avec laquelle les instruments de mesure doivent être
vérifiés de même que le processus devant être suivi,
les normes devant être respectées lorsqu'on vérifie
l'exactitude, la précision de ces instruments de mesure. Le bureau aura
également des pouvoirs de réglementation en ce qui touche la
tenue des greffes des arpenteurs, c'est-à-dire l'ensemble des dossiers
juridiques, procès-verbaux de bornage, cadastres et autres projets de
lotissement qui devront être gardés dans le greffe de l'arpenteur.
Ce greffe pourra à la fois être un greffe commun, lorsqu'un bureau
d'étude regroupe plusieurs professionnels, et une réglementation
particulière sous la tenue de ces greffes communs et qui en est
responsable pourra être édicté par le bureau.
Finalement, le bureau aura un pouvoir de réglementation en ce qui
touche la forme, les dimensions des bornes qui peuvent être
utilisées par les arpenteurs pour établir les limites des
propriétés, bornes qui ont une valeur légale en ce qui
touche les titres de propriété des personnes. Au niveau de
l'administration de leur corporation, nous retrouvons dans le projet de loi 261
les dispositions analogues que nous avons vues dans d'autres projets de loi, en
particulier la formation d'un comité administratif. Dans celui-ci, des
pouvoirs précis sont donnés au secrétaire de l'ordre. Le
comité des examinateurs touche l'admission à l'exercice, ce qui
n'existait pas dans l'ancienne loi, qui était assez
vétusté à cet égard, puisque d'après la loi
elle-même le comité des examinateurs ne pouvait se réunir
qu'une seule fois par an pour juger des candidatures qui lui étaient
soumises de telle sorte que si un individu échouait à un seul
examen ou présentait sa candidature après la période de
l'assemblée annuelle, il devait s'écouler une période de
douze mois pour pouvoir soumettre de nouveau sa candidature.
Dans la nouvelle loi, le bureau aura le pouvoir d'établir le
comité des examinateurs et de voir à édicter une
réglementation en ce qui touche la tenue des examens et autres choses
semblables.
Sur le deuxième point, l'admission à l'exercice je
voudrais être très bref comme je l'ai mentionné, le
comité des examinateurs pourra doter ce groupe professionnel de
procédures beaucoup plus modernes, beaucoup plus dynamiques que ce
pouvait être le cas autrefois. En particulier en ce qui touche
l'enregistrement des candidats et la reconnaissance des diplômes, ce qui
n'existait pas auparavant, nous pourrons retrouver des procédures
conformes à ce que l'on retrouve normalement dans nos corporations
professionnelles. Je tiens à signaler que la loi actuelle, en 1972,
oblige encore le bureau à demander à tout candidat de passer un
examen de géométrie et de trigonométrie, et Dieu sait
que ces matières sont maintenant enseignées au niveau
secondaire et réellement elles sont non conformes aux exigences pour
pratiquer la profession.
De même, l'article 39 de la loi actuelle, qui date de 1909, en ce
qui touche ceci exige pour avoir le titre d'arpenteur, de passer des examens de
géométrie descriptive, de géométrie analytique et
de calcul différentiel, matières qu'on retrouve aujourd'hui tout
au plus au niveau de nos collèges d'enseignement général
et professionnel.
Il y avait donc au niveau de l'admission à l'exercice un
nettoyage à faire; or, le texte de loi, je pense, rend les dispositions
conformes à ce qu'on peut retrouver dans d'autres projets de loi
analogues. Au niveau de l'exclusivité de la pratique,
c'est-à-dire la définition du champ de pratique de l'arpentage,
la première impression du projet de loi 261 avait essentiellement repris
des termes plutôt vagues ou plutôt une loi qui demeurait
évasive, imprécise et même archaïque en ce qui touche
la définition du champ de pratique de l'arpenteur.
On retrouvera dans le projet de loi qui est devant nous actuellement,
à l'article 34, une définition qui nous semble beaucoup plus
moderne, beaucoup plus à jour de la pratique de l'arpentage, une
définition qui, je crois, n'empiète pas sur la
responsabilité des autres professionnels mais qui permet de bien cerner
l'intention du législateur en accordant aux
arpenteurs-géomètres une responsabilité
particulière.
L'article 34, on le voit, touche les arpentages de terrain, les
mesurages aux fins de borner, les bornages, les levés de plans, les
confections de plans, de procès-verbaux, de rapports, de descriptions
techniques de territoires, de certificats de localisation et de tous documents
ainsi que toutes opérations faites par méthode directe,
photogrammétrique, électronique ou autre, se rapportant de
quelque manière que ce soit et là ce serait le champ de
pratique exclusif de l'arpentage au bornage à caractère
judiciaire, à caractère légal, au lotissement qui sont
intimement reliés à l'aménagement urbain et qui sont dans
une large mesure responsables un peu de la façon dont nos villes sont
établies, de l'établissement d'assiette de servitude, de
piquetage de lots, de relevés de lacs, rivières, fleuves et
autres eaux du Québec, ainsi qu'aux calculs de superficies enfin tout ce
qui touche la propriété privée qui est reliée
à ce groupe.
Nous croyons que l'article 34 du projet de loi qui est conforme
d'ailleurs aux demandes de la Corporation des
arpenteurs-géomètres, n'est pas abusive et donne une
définition précise de ce qui devrait, en 1973, être le
champ de pratique exclusif des arpenteurs-géomètres.
Finalement, on trouve diverses dispositions dans le projet de loi, dans
la section IX et suivantes, ce que je pourrais appeler les pouvoirs et
responsabilités de l'arpenteur. Ces précisions, ces dispositions
touchent de nouvelles mesures en ce qui concerne la précision des
instruments, des normes qui devront être suivies et promulguées
par le bureau avec l'accord du ministre des Terres et Forêts qui est,
dans la province de Québec, responsable de l'aménagement des
points géodésiques de même que l'établissement de
contrôle de l'ensemble du territoire. Je pense que c'est une disposition
nouvelle qui est essentielle, pour que les arpenteurs soient au moins conformes
dans la précision de leurs instruments avec le degré de
précision que l'on peut trouver dans les points de repère
qu'établit le ministère des Terres et Forêts dans le
Québec. Les points géodésiques sont reliés tant sur
la latitude que sur la longitude à l'ensemble d'un réseau au
niveau international.
De la même façon, il y a des dispositions, compte tenu du
caractère judiciaire et légal des travaux d'arpentage,
particulièrement au niveau des bornages, pour empêcher que les
aides des arpenteurs, les mesureurs, ne soient pas des alliés ou des
parents des parties qui sont dans des bornages de terre. De la même
façon, on empêche un arpenteur de signer des documents auxquels il
n'aurait pas participé lui-même, sous sa supervision
immédiate, sa direction immédiate, à des étapes de
tout travail ou de tout levé dont il se voit confier la
responsabilité.
Le projet de loi a également des dispositions qui me paraissent
salutaires en ce qui concerne certains pouvoirs et privilèges des
arpenteurs, pouvoirs qui touchent le droit de circuler sur les
propriétés pour les fins de l'exercice de la profession. Il y a
toujours je pense que les avocats en sont témoins de ces
disputes de voisins où ça prend pratiquement la police pour
passer sur le terrain aux fins d'établir le bornage ou les limites d'une
propriété. Ce pouvoir des arpenteurs s'étend
également à l'interrogatoire des témoins; à un
refus de répondre, ils peuvent, par le moyen des cours, donner un
subpeona particulièrement lorsqu'il y a des bornages judiciaires ou des
bornages en particulier, de même que la demande de documents qui
pourraient être nécessaires à l'arpenteur aux fins de
délimiter la propriété.
Les dispositions à la fin touchent les greffes des arpenteurs,
particulièrement les greffes communs. C'est une disposition, je pense,
qui pourra donner le statut professionnel aux arpenteurs salariés
puisque leur travail professionnel se trouve consigné dans un greffe
commun et que le propriétaire du bureau d'étude ne peut, à
sa guise, disposer de ce greffe.
C'est plutôt la majorité de ceux qui ont consigné
des documents dans ce greffe qui pourront en disposer. Une
réglementation est prévue également en ce qui touche la
cession du greffe à d'autres et le dépôt du greffe au
protonotaire en cas de décès où personne n'assume la
responsabilité du greffe.
Je tiens à signaler, comme je l'ai évoqué
tantôt, une des responsabilités qu'on trouve dans le projet de loi
du ministre des Terres et Forêts et qui, dans ce cas-ci, est une
dénomina-
tion qui revient à l'ancien régime, celle de l'arpenteur
général de la province de Québec qui, bien sûr,
possède certains pouvoirs de réglementation au niveau des normes
et qui administre, au niveau du Québec, le service des cadastres du
gouvernement, qui reçoit les projets de lotissement et qui doit les
approuver.
Il y a un point sur lequel nous avons reçu des mémoires;
je tiens à l'évoquer. C'est la question d'exiger des arpenteurs
d'avoir une assurance de responsabilité professionnelle. Certains
bureaux et certains individus se sont opposés au fait que souvent les
compagnies d'assurance, étant mal placées pour évaluer les
risques de clients qui pourraient demander une assurance professionnelle,
dès qu'une action est intentée contre un individu, refusent de
donner l'assurance, même si l'individu n'a pas été
trouvé coupable. Il s'agit dans ce cas-là, j'en ai bien
l'impression, d'un équilibre à retenir entre des gens qui ne
peuvent s'assurer parce qu'ils ont des causes pendantes. Je suis certain que
dans le pouvoir de réglementation qui est donné, les arpenteurs
eux-mêmes pourront trouver des clauses d'exception afin de s'assurer
qu'aucun préjudice sérieux n'est causé à quelqu'un
qui n'a pas été trouvé coupable d'infraction et qui est
incapable de trouver une compagnie d'assurance prête, même avec une
prime élevée, à fournir cette assurance collective, ce qui
pourrait l'empêcher d'exercer sa profession.
Je pense que dans le projet de loi no 261, comme dans les autres projets
de loi, nous serons également ouverts, en commission parlementaire,
à des amendements de l'Opposition. Je tiens à remercier les
autorités de la Corporation des arpenteurs qui nous ont donné une
approche très positive, une grande collaboration et un travail
très fouillé.
Je pense que ce projet de loi représente une réforme
importante des dispositions de nos lois québécoises même si
ce Parlement, chaque année, doit voter un nombre peut-être trop
grand de lois. On est toujours surpris d'apprendre que, dans ce cas-ci, c'est
véritablement la première réforme depuis la
première loi qui, comme je l'ai mentionné au début, datait
de 1882. Je pense que le projet de loi actuel permet de moderniser la pratique
de l'arpentage. Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, au fur et à mesure que nous
progressons dans l'étude des différentes lois spécifiques
de nos professions, du moins pour celles parrainées par le ministre de
l'Industrie et du Commerce, nous le voyons plus volubile, sans doute mieux
préparé, maîtrisant la matière qu'il a à
soutenir ou le principe de la loi qu'il a à défendre.
Il faut cependant reconnaître que les rela- tions sont assez
étroites entre l'ingénieur et l'architecte. Je parle en
général. Je suis sûr que le ministre, en sa qualité
d'ingénieur, a très bien compris la logique, le bien-fondé
des propos qui furent tenus à la commission parlementaire lorsque nous
avons eu l'avantage d'entendre le mémoire des
arpenteurs-géomètres de la province de Québec.
C'était inexplicable de la part du gouvernement de
présenter un projet de loi qui, en quelque sorte, n'apportait que des
changements mineurs à une loi remontant à l'époque
victorienne de 1882, année où, pour la première fois, les
arpenteurs-géomètres du Québec furent incorporés.
Cette première loi, avec les amendements mineurs qu'on
présentait, était archaïque, évasive. Elle a
soulevé, avec raison, la protestation des gens de la profession,
grandement affectés par l'intérêt, d'abord, qu'ils avaient
apporté à l'étude du code des professions. Ces gens se
voyaient grandement déçus de voir la qualité du projet de
loi que le gouvernement leur offrait afin que ce groupe professionnel puisse,
lui aussi, être régi par une loi d'espèce qui, sans
enfreindre les grandes dispositions du code des professions, pouvait, en
quelque sorte, leur donner certaines prérogatives nécessaires
pour la protection du public, dans l'intérêt public, et pour leur
permettre d'évoluer et de répondre à toutes ces
réformes techniques et modernes devant lesquelles
l'arpenteur-géomètre ne peut rester silencieux ou
indifférent.
C'est pourquoi, vers les années 1960, la Loi des
arpenteurs-géomètres a été modifiée, surtout
à la suite des amendements nombreux que l'on retrouvait dans le code
civil, concernant spécialement le droit de propriété, et
à la suite, également, des importantes modifications
apportées au code municipal, à la Loi des cités et villes,
à la Loi d'évaluation et à la Loi d'expropriation.
Le gouvernement a donc saisi l'à-propos, la logique, le besoin de
nous donner une nouvelle version de la loi 261 concernant les
arpenteurs-géomètres. Aujourd'hui, nous étudions le
principe de cette loi, qui est une refonte complète de la loi de cette
corporation professionnelle. Ce projet de loi est conforme, dans la
majorité des pouvoirs qu'on lui accorde, aux dispositions du code des
professions. Il y a quelques petites erreurs, je ne sais si ce sont des oublis.
Le ministre, tout à l'heure, a jugé de la valeur de l'Opposition
qu'il a devant lui parce qu'il disait, en terminant ses propos de
deuxième lecture: En commission élue, nous serons attentifs et
disposés à accepter tout amendement venant de l'Opposition de
nature à améliorer et à bonifier cette loi.
M. le Président, tout d'abord, en vertu de ce projet de loi no
261, nous aurons un bureau de direction formé de quatorze
administrateurs, onze élus par les membres de la corporation et trois
nommés par l'Office des professions. Les administrateurs élus se
chargent de nommer un président et un vice-président. Comme
cette
corporation compte plus de 500 membres, je demande au ministre pour
quelle raison cette corporation n'a pas un bureau de direction de seize membres
plutôt que de quatorze. C'est sûrement une erreur de copiste. Si on
veut que cette loi réponde aux grandes normes du code des professions,
il y aura peut-être lieu, en temps opportun, devant la commission
élue, d'envisager un amendement en ce sens.
Par contre, la composition du conseil administratif de cette corporation
satisfait à peu près aux dispositions du code des professions. En
effet, ce bureau, ce comité administratif sera composé d'un
président, d'un vice-président, de deux administrateurs
élus et d'un administrateur nommé par l'office. Cependant, M. le
Président, le code des professions exige trois administrateurs
élus, alors que dans le projet de loi no 261, nous n'en avons que
deux.
Peut-être une autre erreur de copiste, car il faut comprendre sous
quelle pression les légistes ont travaillé un peu avant
l'ajournement de Noël pour faire imprimer une législation abondante
dans son ensemble, qui devait être distribuée à tous les
professionnels, afin que ceux-ci sachent dans quelle voie ils
évolueraient au sein de leur profession dans l'avenir, et pour savoir si
les pouvoirs accordés à telle ou telle profession
répondaient aux critères généraux que l'on retrouve
dans le code des professions.
Il est intéressant de noter que, dans cette loi,
conformément au principe du code des professions, les
arpenteurs-géomètres ont vu leurs représentations
exaucées par le gouvernement puisqu'on accorde...
M. le Président, vous savez que je ne veux nuire à
personne. Si, par hasard, il y en a qui préfèrent prendre ma
place pour continuer l'analyse du principe de cette loi, je le ferai avec
plaisir. D'un autre côté, si l'Opposition ne participe pas au
débat, le ministre va être comme d'habitude dans la noirceur, car
la lumière ne vient pas de ses collègues, députés
ministériels. On sait que la marque de commerce de ce Parlement, pour
ceux qui siègent à votre droite, c'est le silence.
Si le ministre ne peut pas compter sur les lumières
éclairées non pas de celui qui vous parle, mais de l'ensemble de
la députation de l'Opposition, le ministre regrettera grandement ce
manque de coopération de la part des collègues de son parti.
Je disais donc que ce projet de loi 261 comporte certains pouvoirs
additionnels accordés au bureau de la corporation et qui sont en tous
points conformes aux dispositions du code des professions. Avec ce pouvoir
accordé de la constitution d'un bureau administratif, nous voyons que ce
bureau aura lui aussi la tâche de collaborer avec les
établissements d'enseignement des sciences géodésiques
dans l'élaboration des programmes d'étude et la
préparation aux examens ou autres mécanismes d'évaluation
des étudiants et il déterminera les formalités relatives
à l'immatriculation de ceux-ci.
Je me réjouis de cette mesure législative introduite dans
la Loi des arpenteurs-géomètres. J'ai déjà eu
l'occasion, dans l'étude des projets de loi précédents, de
regretter de ne pas trouver cette même disposition législative
dans tous les projets de loi relatifs aux corporations professionnelles. Le
bureau pourra déterminer par règlement les conditions et les
formalités d'immatriculation, d'exclusion ou de révocation d'un
étudiant. Si on veut appliquer un véritable code d'éthique
professionnelle au sein de cette corporation, comme au sein de toute
corporation, il faut qu'il y ait vigilance, surveillance des actes que posent
les étudiants d'une ou l'autre de ces corporations professionnelles.
Il faudra également sévir en temps nécessaire et
aller jusqu'à l'exclusion de l'étude de la profession si la
conduite de cet aspirant professionnel, avant d'être admis au sein de sa
corporation, n'est pas conforme au code d'éthique professionnelle, non
seulement de la profession qu'il veut embrasser, mais au code d'éthique
professionnelle ou de déontologie tel que l'on retrouve dans les
dispositions de la loi 250.
M. le Président, il faut également noter avec beaucoup
d'intérêt l'obligation qu'impose la législateur à
l'arpenteur-géomètre de voir à fournir une garantie, une
police de responsabilités pour les dommages, les inconvénients,
le préjudice que pourrait causer le professionnel dans l'exercice de sa
profession par suite d'un manque de vigilance, à cause d'instruments non
contrôlés, non vérifiés et qui pourrait
entraîner un procès-verbal de nature à causer des dommages
graves, ce qui pourrait faire encourir à ce professionnel une
responsabilité. Et si sa responsabilité est couverte par une
police de garantie, il va de soi que l'intérêt public sera
sauvegardé, comme l'intérêt public doit être la seule
motivation de cette Assemblée pour que toutes nos lois ou corporations
professionnelles bénéficient des avantages de cette loi du code
des professions.
Je crois de mon devoir de signaler avec plaisir le retour même
temporaire parmi nous de notre collègue de Jacques-Cartier qui,
après avoir subi un malheureux accident, était en mesure cet
après-midi de faire un retour à l'Assemblée nationale.
Nous nous en réjouissons tous et formulons des voeux pour que son retour
à la santé soit définitif et complet le plus tôt
possible.
Dans le but de protéger également le public,
l'arpenteur-géomètre ou le bureau devra déterminer la
fréquence à laquelle un arpenteur-géomètre devra
comparer ses instruments de travail ou de mesure avec les normes et les
étalons de normes reconnues par le lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est une excellente mesure; je suis certain que les
arpenteurs-géomètres ne s'opposent pas à une telle
disposition de la loi parce que c'est pour leur propre protection et c'est pour
nous assurer qu'il y aura unanimité d'interprétation des
différents rapports ou lectures que les instruments de science pourront
démontrer.
Il y a également une autre disposition dans
cette loi qui est très importante et c'est celle relative au
greffe que devra tenir un arpenteur-géomètre, un peu comme les
notaires doivent le faire parce que l'arpenteur, dans ce mécanisme de
travail spécialement lorsqu'il s'agit de déterminer où se
termine et où commence la ligne de propriété d'un
individu, il va de soi que l'arpenteur est appelé à jouer un
grand rôle, celui d'arbitre quelquefois, pour faire accepter par l'une ou
l'autre des parties, tout d'abord, une ligne existante, une révision de
lignes ou l'acceptation de lignes nouvelles pouvant séparer deux
propriétés contiguës.
Ce n'est pas toujours facile. Je sais que les
arpenteurs-géomètres, et c'est tout à leur honneur,
s'appliquent à faire non pas les pressions qui s'imposent, mais à
faire les recommandations, à donner les conseils appropriés
à ceux qui les consultent ou pour qui ils travaillent, afin de leur
éviter les conséquences de fâcheux procès qui, par
le passé, se sont avérés assez désastreux pour les
parties en cause.
M. le Président, le travail de l'arpenteur-géomètre
devient quelquefois celui d'un quasi-officier de justice lorsque, par
autorité judiciaire, il est délégué pour mettre fin
à un litige ou pour orienter le tribunal dans tout ce mécanisme
d'arpentage. Heureusement que mon honorable ami, le leader du gouvernement
là, il me regarde, il se demande: Est-ce qu'il va m'envoyer des
fleurs ou s'il va m'envoyer le pot? a contribué, comme d'autres
d'ailleurs, à réduire au minimum la lourdeur du mécanisme
qu'avait l'ancien code de procédure civile dans les procédures de
bornage. Connaissant l'esprit juridique du leader du gouvernement, je suis
convaincu qu'il a grandement amélioré cette loi, cette partie de
notre code de procédure civile qui traite de ce problème, si ma
mémoire est fidèle, aux articles 760 et précédents
et suivants.
Le rôle de l'arpenteur-géomètre est de plus en plus
recherché par suite de l'évolution professive de la valeur des
propriétés. De plus en plus, par suite des exigences bien
légitimes des compagnies prêteuses des caisses populaires, on veut
à tout prix déterminer, connaître les tenants et
aboutissants d'un immeuble et, malgré tout le respect que j'ai pour
l'ingénieur, il doit, un peu comme l'avocat, s'effacer devant la
compétence reconnue, et qui doit être exclusive à
l'arpenteur-géomètre, pour accomplir ce travail professionnel
dans le but d'éviter des erreurs possibles qui, dans certains cas,
peuvent se produire par des préjudices ou des dommages
sérieux.
M. le Président, cette loi est grandement appréciée
et j'ai bon espoir que le ministre ouvre davantage son entendement, qu'il garde
cet esprit éveillé dont il a fait preuve ce matin, à
l'occasion de l'étude de la Loi des ingénieurs, et qu'il garde
cet après-midi. Je comprends maintenant pourquoi le ministre ne voulait
pas, au début de cette séance, passer à l'étude de
l'agronomie et à l'étude de la Loi des vétérinai-
res. Il se sentira bien moins à l'aise et je n'ai pas
d'inquiétude quant aux judicieuses remarques que voudra bien lui
adresser un homme du métier, de l'expérience du
député de Saint-Maurice, lorsque nous procéderons à
l'étude de ces deux lois.
Je termine, M. le Président, en ne vous annonçant rien de
nouveau.
Même s'il s'agit de projets de loi à chiffres impairs, nous
allons appuyer cette loi tout en retenant certaines caractéristiques
fort intéressantes et qui ne sont, en réalité, incluses
dans ce texte législatif que pour sauvegarder l'intérêt du
public. Il y a ce pouvoir et cette obligation du secret professionnel, cette
obligation à laquelle devra se soumettre l'aide-arpenteur ou le
technicien, les aides techniques de l'arpenteur pour que leur travail, comme
celui de leur patron, soit toujours fait dans un esprit de
désintéressement et sans aucune influence ou pression
quelconque.
Il faut retenir de plus ce pouvoir quasi judiciaire qu'accorde le
législateur à l'arpenteur mandaté par le tribunal de
procéder à un arpentage judiciaire, d'interroger les
témoins et même de les assigner, par la voie d'un subpoena, avec
l'autorisation d'un homme de la cour compétente soit Supérieure
ou Provinciale.
Je termine, M. le Président, en vous signalant
l'intérêt que nous continuerons d'apporter à l'étude
de cette loi en commission élue, toujours avec ce même esprit de
collaboration pour non seulement protéger les droits et
privilèges des arpenteurs-géomètres du Québec mais
également dans le but de doter la population d'un autre
mécanisme, d'une autre corporation professionnelle qui, après
avoir adopté des règles d'éthique professionnelle et
après s'être soumise aux dispositions du Code des professions,
afin que le public soit dans la plus grande sécurité, dans la
plus grande quiétude lorsqu'il fera appel à cette discipline
professionnelle.
M. le Président, je vous remercie. Je suis certain que mes
collègues pourront ajouter davantage aux propos que j'ai tenus
même si c'est contre le désir du leader du gouvernement. Nous ne
sommes pas habitués à subir les recommandations du gouvernement,
nous sommes plutôt habitués à l'aiguillonner, à
travailler en collaboration avec lui comme le ministre nous a invité
à le faire cet après-midi.
M. LEVESQUE: Très bien.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, quelques mots sur le projet de loi no
261. Concernant ces officiers publics que sont les
arpenteurs-géomètres, nous voyons que dorénavant,
c'est-à-dire après la sanction du bill, ils seront
désignés sous l'étiquette de Corporation professionnelle
des
arpenteurs-géomètres du Québec. Nous constatons,
peut-être pour la première fois depuis l'étude des bills
connexes au Code des professions, que ce projet de loi no 261 a
été très bien structuré. Pourquoi cela? Parce que,
suivant le discours qu'a fait l'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce, il s'est certainement inspiré des vingt ans de travail
intensif et des recherches faites non pas avec les deniers publics mais avec
les cotisations recueillies parmi les membres, les
arpenteurs-géomètres de la province de Québec. Ce travail
de recherche, si dispendieux soit-il, aura servi, pour une première fois
peut-être, à ce code des professions. Je pense que l'honorable
ministre s'en est justement inspiré.
Par contre, il y a une petite ombre au tableau je ne fais que la
signaler en passant, le fait que l'honorable ministre a succombé
tout à l'heure à la tentation de lire l'article 34
même si j'approuve l'article 34 presque intégralement,
contrairement au règlement, en deuxième lecture. Je ne lui en
veux pas pour autant, même s'il a enfreint quelque peu le
règlement.
Etant donné, au sujet de ce projet de loi, que l'honorable
député de Maskinongé a élaboré une certaine
quantité d'allées fort réalistes, je ne reviendrai pas sur
certains points qu'il a déjà développés. Cela, pour
ne pas éterniser le débat sur ce projet de loi.
Cependant, il y a à signaler la description des champs de
pratique de la profession. Elle est très bien faite dans ce projet de
loi. Il y a également l'établissement des normes relatives
à la tenue des greffes communs pour les besoins des
arpenteurs-géomètres et, sous-jacents au plus grand bien de la
population en général, il y a le fait, également, que l'on
touche réellement à la cession des greffes, ce qui n'a pas
été fait, pour autant que je sache. Ce seront peut-être des
amendements qui devront être apportés aux autres professions. Ce
fut fait pour le bill no 261.
Il y a à noter également le fait que, dans les normes
d'admission à l'exercice de la profession, l'on y touche là aussi
d'une façon bien spéciale. Je pense que cela devait être,
même au niveau de l'étude et de la collaboration, au niveau
universitaire. Quant aux nouveaux arrivés ou arrivants dans la
profession, ce que seront les finissants dans ce domaine précis et qui
voudront justement oeuvrer dans ce domaine, je pense qu'on leur laisse la porte
ouverte, à condition, évidemment, qu'ils se conforment à
certaines normes.
Cela dit, je n'en dirai pas davantage, tellement ce fut bien fait par le
député qui m'a précédé. Ici, je ne
signalerai, en dernier lieu, que le fait, dans ce fameux article 34, de
l'élaboration précise... Enfin ce n'est pas mon habitude
de le faire, mais je le fais peut-être un peu à contrecoeur, parce
que j'hésite à féliciter le gouvernement de toute
façon, je félicite le ministre d'avoir bien voulu accepter
peut-être pas ses idées les idées qui lui ont
été fournies dans les mémoires très
élaborés et commentés lors des comparutions en commission
parlementaire. Le ministre a bien voulu, dans la réimpression du bill,
faire en sorte que l'ensemble des fonctions nécessaires, des outils
principaux dont ont besoin les arpenteurs-géomètres, soient
acceptés dans les articles 34 et suivants. Ce sont mes seules
observations sur ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Bourget.
Questions orales des députés
(suite)
M. LEVESQUE: M. le Président, j'avais demandé au
député de Bourget, s'il n'aurait pas objection à ce que je
l'interrompe présentement. Il a accepté et d'ailleurs j'ai
communiqué avec les trois partis de l'Opposition pour avoir un
consentement unanime pour qu'on revienne, pendant un instant, à la
période des questions orales des députés.
En effet, le chef de l'Opposition officielle a posé une question
ce matin au ministre des Affaires sociales. Ce dernier aimerait maintenant y
répondre.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce qu'on a le consentement unanime de
la Chambre?
DES VOIX: Oui.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Nous retournons maintenant à la
période des questions. Le ministre des Affaires sociales.
Hôpital de Préville
M. CASTONGUAY: Le leader m'a fait part de la question du chef de
l'Opposition, au sujet de l'hôpital de Préville.
J'ai pris connaissance, comme les autres membres de la Chambre, de
l'article publié dans le journal Le Devoir, ce matin. J'ai
demandé qu'on me remette une copie du dossier. Dans ce dossier, on note
premièrement qu'il s'agit d'une catégorie de patients ou de
personnes que peu d'institutions reçoivent. Des personnes qui souffrent
de mongolisme, de débilité mentale profonde, ou de personnes
séniles. Ce sont des institutions, lorsque nous les visitons, qui
présentent un caractère assez pénible.
J'ai visité déjà certaines de ces institutions et
je crois que, lorsque nous portons des jugements sur ces types d'institutions,
il faut être extrêmement prudent, étant donné la
nature des patients qui y sont hébergés.
Je fais cette réserve au départ. Je pense bien que le
député de Montmagny comprend mieux que quiconque et
probablement aussi ceux qui sont médecins ce que je veux
dire.
En second lieu, je pense qu'il y a intérêt à
mentionner que cette institution détient un permis ou un
certificat du ministère du Travail au plan de la sécurité
contre les incendies, ce qui est un détail assez important surtout pour
cette catégorie de patients. Ce certificat a été
émis après que des modifications eurent été
apportées par le propriétaire à son établissement
à la suite des recommandations qui avaient été
formulées par le ministère du Travail.
Les inspecteurs du ministère ont visité cet
établissement à certaines reprises. Le 24 juillet dernier, le Dr
Martin Laberge, directeur de l'agrément des établissements au
ministère des Affaires sociales, envoyait au propriétaire de
l'établissement une série de recommandations en douze points qui
lui paraissaient essentielles pour le renouvellement du permis du
ministère des Affaires sociales.
La semaine dernière, le Dr Laberge demandait à un
médecin et à une infirmière d'aller faire une visite de
contrôle pour s'assurer que ces recommandations avaient été
suivies par le propriétaire de l'établissement. La visite devait
s'effectuer ces jours-ci. J'ai communiqué avec le Dr Laberge qui n'a pas
encore reçu le rapport de son médecin inspecteur et de son
infirmière.
Maintenant, je dois dire que dans le dossier, dans les rapports qui ont
été formulés, évidemment, plusieurs points
présentent un caractère négatif. C'est la raison pour
laquelle, en date du 24 juillet dernier, le Dr Laberge écrivait au
propriétaire de l'établissement. C'est également la raison
pour laquelle cet établissement ne possède pas
présentement de permis du ministère. Ceci indique, lorsqu'il
n'existe pas de permis, une possibilité pour le propriétaire que
le ministère demande de fermer l'établissement si les
recommandations formulées n'ont pas été suivies. On voit
la pression que le ministère peut exercer pour que les correctifs soient
apportés. Il y a toujours le danger d'une certaine perte au plan
financier pour le propriétaire.
C'est donc un dossier que nous suivons. C'est un dossier qui n'est pas
facile à cause de la nature des patients. S'il y a des décisions
nouvelles à prendre, elles devront être prises après la
visite des inspecteurs du ministère. Evidemment, à l'occasion de
cette visite nous allons aussi demander que les faits allégués
dans le mémoire dont il est question ce matin dans le journal soient
bien vérifiés.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire si, dans son avis du mois de juillet, le Dr Laberge donnait un
délai pour remplir les recommandations ou les conditions qui
paraissaient essentielles pour le renouvellement du permis? Est-ce qu'il
accordait un délai au propriétaire? Quel était ce
délai?
M. CASTONGUAY: Je lis dans la lettre que le Dr Laberge disait: "Nous
vous invitons à prendre les mesures nécessaires pour que les
améliorations et les changements suivants soient effectués d'ici
le 30 septembre 1972. S'il vous était impossible de respecter ce
délai, il vous faudra communiquer avec notre chef de division, M. Claude
Allard." Je n'ai pu vérifier si le propriétaire de
l'établissement a communiqué avec M. Allard pour obtenir un
délai additionnel. Mais ce que je sais, c'est qu'il y a eu des visites
de la part des officiers du ministère au cours des semaines qui ont
suivi, selon les indications du dossier que j'ai ici.
Ils se sont rendus à nouveau sur les lieux pour vérifier
si les choses se déroulaient ou si les améliorations
demandées étaient en voie d'être effectuées.
M. LAURIN : Une question additionnelle, M. le Président. Le
ministre peut-il nous dire si cette institution est subventionnée par le
ministère? Si oui, quel est le montant brut qu'elle reçoit ou la
proportion de ses frais d'opération?
Deuxièmement, le ministre peut-il nous dire ce qui empêche
le ministère de prendre à sa charge, sous les soins de
l'administration publique, ce genre de malades, mongoliens, séniles,
qui, dans la plupart des cas, devraient relever de l'administration publique
des soins?
M. CASTONGUAY: En ce qui a trait à la première question,
le ministère paie, pour les cas qui sont considérés comme
étant des cas d'assistance publique, un tarif quotidien forfaitaire de
$10.71 par jour. De ce montant, pour ceux qui ont une certaine capacité
de payer, est déduit le montant payé par la personne ou les
parents. Dans l'ensemble, par contre, ces récupérations sont
très faibles.
En réponse à la deuxième question, nous avons
maintenu la politique du gouvernement antérieur, qui était
à l'effet de ne pas fermer, sur une question de principe, les
établissements à but lucratif, mais d'exercer une surveillance
aussi étroite que possible parce que, dans certains cas et bon nombre de
cas, je dirais la très grande majorité de ceux qui sont en
activité, la qualité des services répond aux normes.
Toutefois, nous avons été extrêmement prudents et
très limités dans l'octroi de nouveaux permis à des
organismes à but lucratif.
Nous sommes en voie, dans un bon nombre de cas, de retirer des permis
à des organismes à but lucratif, comme vous le savez, lorsque les
normes ne sont pas satisfaites. Nous avons fermé au-delà d'une
quarantaine d'établissements au cours des deux dernières
années, établissements qui ne répondaient pas aux normes.
Au fur et à mesure que les inspections se poursuivent, que les
véritications sur les recommandations formulées par le
ministère nous démontrent que les améliorations ne sont
pas apportées, nous fermons des établissements.
Dans d'autres cas, il ne s'agissait pas de mauvaise volonté de la
part des propriétaires, mais de situations qui nous apparaissaient plus
ou moins acceptables au plan de la bonne
qualité des services et nous avons pris les devants, comme dans
le cas de l'aide à la femme, par exemple, où nous avons
placé une couple de cents personnes dans l'ancienne résidence des
infirmières de l'hôpital Saint-Luc, parce que nous avions
là une possibilité de leur donner de meilleures conditions de vie
que dans l'endroit où elles étaient logées
antérieurement. Dans le cas du Cecil Butter's Home, où nous
avons, en fait, des enfants qui présentent les mêmes
caractéristiques que dans le cas précédent, nous avons
demandé à l'hôpital Alexandra, avec le Montreal's Children,
de prendre charge d'une partie, sinon de la totalité des enfants qui
sont au Cecil Butter's Home.
Je comprends le député parce que le cas du Cecil Butter's
Home exigeait des correctifs. Je comprends le député d'être
satisfait de cette question.
Donc, nous procédons plutôt par voie de cas
d'espèce, en étant extrêmement limités dans l'octroi
de nouveaux permis à des établissements à but lucratif.
Nous n'avons pas pris, comme position de principe, la décision de fermer
tous les établissements à but lucratif. Nous laissons en
opération ceux qui répondent aux normes.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Le
ministre ne pense-t-il quand même pas que ces patients, qui sont
particulièrement démunis, ne sont pas pénalisés
quant à la qualité des soins, quant au financement des soins, par
rapport à la masse des patients qui peuvent maintenant
bénéficier de l'assurance-maladie et de soins dans les
hôpitaux publics? Est-ce que ceci n'engagerait pas le ministre à
accélérer la prise en charge, par l'Etat, de toutes ces
catégories de malades?
M. CASTONGUAY: Je pense que les exemples que je viens de donner
démontrent que nous avons justement accéléré le
processus, parce que si nous avions attendu, dans le cas de Cecil Butter's
Home, simplement une question de respect des normes, nous n'aurions pas
changé la situation.
De la même façon, quant à l'aide à la femme,
si nous avions tout simplement attendu et voulu maintenir qu'un minimum, nous
n'aurions pas effectué le changement. Nous fonctionnons dans cet esprit,
mais dans la mesure du possible, parce qu'il nous faut aussi avoir des espaces,
tenir compte des problèmes de personnel. Il nous faut aussi tenir compte
d'un facteur que j'ai mentionné au début, peut-être d'une
façon un peu sous-entendue, c'est qu'il s'agit de catégories de
patients qui ne sont pas reçus à bras ouverts par les
institutions publiques.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Question additionnelle. Est-ce que dans les
douze recom- mandations faites par la division de l'agrément, le Dr
Laberge, la majorité des recommandations ont trait à
l'aménagement physique de l'institution ou s'il est question surtout de
la qualité de soins, de normes de personnel?
M. CASTONGUAY: Il y a beaucoup de points qui touchent à
l'hygiène, en fait, la propreté des patients, la qualité
des aliments, l'habit, la façon de se vêtir du personnel, la
question des réserves alimentaires, la disposition des déchets,
la température des pièces, les salles de toilette, etc. Un bon
nombre touche à la propreté de l'établissement.
Un certain nombre touche aux activités entourant la vie des
pensionnaires, et enfin la capacité et indirectement le personnel. Parce
qu'il était souligné dans le rapport tout comme il est
souligné ce matin dans le journal que le nombre de patients
excédait quelque peu le nombre de lits autorisés.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Dernière question.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que les normes de personnel par patient
sont tellement différentes dans une institution comme celle-là de
celles qui sont demandées par le ministère pour une institutions
semblable du domaine public? Est-ce qu'il y a des différences majeures
entre l'hôpital Préville qui reçoit cette qualité de
patients et une institution du secteur public qui reçoit la même
qualité de patients?
M. CASTONGUAY: C'est une question à laquelle je ne suis pas en
mesure de répondre présentement. Peut-être que nous
pourrions la reprendre lors de l'étude des crédits, mais sur
place je ne suis pas en mesure de vous répondre.
Projet de loi no 261 (suite)
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Nous retournons maintenant à la
deuxième lecture du bill 261. Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: La profession d'arpenteur-géomètre est une des
plus vieilles au Québec et c'est probablement celle qui, avec la
profession de médecin et des membres du clergé, possède
les plus anciennes lettres de noblesse. Elle a en outre ce privilège
d'avoir été la première à bénéficier
si on peut employer ce terme de l'intervention législative
de l'Etat québécois puisque c'est en 1785 que le gouvernement
d'alors a établi sa première loi à cet effet.
Cette profession a également d'autres titres de noblesse; pour
nous, Québécois, Canadiens français, elle a
présidé d'une certaine façon à nos destinées
collectives puisque notre pays n'a été, selon un grand
écrivain français, que "quelques arpents de neige".
Et par ailleurs, elle fait partie égalelent de notre patrimoine
culturel puisqu'un de nos grands écrivains a intitulé un de ses
livres "Trente arpents".
Je ne mentionne pas non plus que l'arpent a été la
première mesure utilisée dans notre colonie, même si elle a
été remplacée depuis lors par le système
métrique. D'ailleurs, M. le Président, je ne
désespère pas qu'un jour la profession
d'arpenteur-géomètre ait des incidences psychiatriques puisque,
jusqu'ici, si elle a servi à borner les terrains, elle pourrait servir
un jour à l'identification des bornés.
M. DEMERS: Elle est pas pire!
M. LAURIN: Le jour où cette loi sera adoptée par le
Parlement de Québec, je pense que la profession des
arpenteurs-géomètres poussera un soupir de soulagement car cette
corporation a frôlé le précipice au cours des deux ou trois
dernières années. Alors même, en effet, que le gouvernement
se préparait à légiférer en la matière sur
la base du mémoire soumis par la commission Castonguay-Nepveu, la
Corporation des arpenteurs-géomètres, consciente des faiblesses,
des lacunes de sa loi, consciente également du caractère
désuet de plusieurs des articles de cette loi, s'était
elle-même mise à l'oeuvre pour la refondre et elle avait
même préparé à cet égard un projet de loi
complet. Malheureusement, elle n'avait pas frappé aux bonnes portes et
elle avait soumis ce projet au ministère de la Justice plutôt que
de le soumettre à l'attention du ministre des Affaires sociales ou du
solliciteur général, avec cette conséquence qu'à un
moment donné nous nous sommes trouvés devant deux projets de loi;
l'un tout ce qu'il y a de plus officiel présenté par le
solliciteur général et qui ne constituait qu'une vague refonte de
l'ancienne loi et un autre projet de loi, celui-là beaucoup plus
complet, beaucoup plus accordé aux nécessités actuelles de
l'exercice de cette profession mais qui n'avait qu'un caractère
officieux puisqu'il dormait sur les tablettes du ministère de la
justice.
Lorsque nous avons entendu les arpenteurs-géomètres en
commission parlementaire, le malentendu a été porté
à notre attention et des recommandations très fortes ont
été faites de la part des principaux intéressés. Je
suis content, heureux fie constater à l'heure actuelle que la
réconciliation s'est faite, que le projet de loi soumis au
ministère de la Justice par la Corporation des
arpenteurs-géomètres a été sorti des tablettes,
qu'on en a extrait la substan-tifique moelle, qu'on a harmonisé ses
caractères principaux avec ceux qui rassortissent au cadre
général des professions, ce qui nous vaut aujourd'hui une loi
entièrement refondue qui profite aussi bien des avantages des
études faites sur le cadre général des professions que des
études beaucoup plus pratiques adaptées à la
réalité qui ont été faites par les
arpenteurs-géomètres.
C'est d'ailleurs la raison pour laquelle, M. le Président, nous
accorderons notre appui le plus complet à ce projet de loi.
Cette loi est également très importante parce que le
rôle de l'arpenteur-géomètre dans notre
société, loin de perdre en importance, acquiert au contraire une
importance de plus en plus grande. On peut en effet définir le
rôle de l'arpenteur-géomètre comme celui d'un arbitre de la
propriété publique et de la propriété privée
ou encore comme le gardien du droit de propriété, puisque c'est
lui qui concrétise, aussi bien par ses mesures que par les documents
où ces mesures sont consignées, le titre clair de
propriété que tous les citoyens peuvent avoir à l'endroit
de leurs biens.
En ce sens, le rôle de l'arpenteur-géomètre continue
d'être très important. Je comprends, pour ma part, que le
législateur entoure les actes dont il est responsable de toutes les
précautions possibles quant à l'activité elle-même
ou quant à sa consignation dans les registres officiels.
Il s'agit en effet non pas uniquement de consacrer, de conserver le
droit de propriété, mais d'éliminer dans toute la mesure
du possible des contestations inutiles qui sont au désavantage des
intéressés eux-mêmes aussi bien qu'au désavantage de
l'intérêt public.
Plusieurs mesures beaucoup plus modernes ont été
entérinées dans le présent projet de loi en tenant compte
des expériences malheureuses du passé et je pense que tous les
intéressés aussi bien que la société ne pourront
qu'en être heureux et s'en trouver avantagés. Il reste cependant,
que l'ancienne loi n'avait pas que des inconvénients. En ce qui concerne
en particulier la collaboration qui s'était instaurée entre la
Corporation des arpenteurs-géomètres et les institutions
universitaires d'enseignement, elle comportait certaines modalités qui
auraient pu servir d'exemple aux autres professions.
En effet, des représentants de la faculté de foresterie et
de géodésie siégeaient au bureau administratif de l'ordre
et pouvaient faire profiter les praticiens du développement du savoir;
de la même façon, des représentants de la corporation
siégeaient au conseil de la faculté et pouvaient grâce aux
conseils pratiques qu'ils pouvaient donner au corps professoral,
tempérer le caractère parfois trop intellectualiste et trop
détaché des réalités du corps professoral.
Cela bien sûr, n'éliminait pas les tensions, mais je pense
qu'elles en réduisaient le nombre et surtout l'intensité, enfin,
qu'elles étaient, qu'elles rendaient possible la recherche de solutions
qui avaient l'avantage d'être plus concrètes et aussi d'être
plus rapides. Je sais qu'en vertu du cadre général du code des
professions, les ministres intéressés ont laissé tomber
ces modes de collaboration, pour les remplacer par des modalités plus
générales.
Je comprends à quelles exigences ils ont dû, à cet
égard, obéir, mais je ne peux quand même m'empêcher
de regretter la disparition de nos
statuts, d'un mode de collaboration qui dans le cas
précité n'avait donné que des avantages, que d'heureux
résultats. Je ne peux m'empêcher de le regretter parce que sa
valeur exemplaire a maintenant disparu et il serait peut-être difficile
d'en arriver par voie empirique, par voie réglementaire, à une
modalité de collaboration aussi efficace.
Je ne sais pas s'il serait possible au ministre de l'Industrie et
Commerce, lorsque nous en arriverons à la discussion de la loi, article
par article, de réintroduire d'une façon qui serait
spécifique à la Corporation des
arpenteurs-géomètres, ses modalités de collaboration,
mais, pour ma part, je l'espérerais, souhaitant par ailleurs que cet
exemple s'il nous le donnait, puisse être suivi par ses autres
collègues lorsqu'ils discuteront de ces mêmes modalités de
collaboration en ce qui concerne d'autres professions.
Lorsque nous avons entendu les arpenteurs-géomètres en
commission parlementaire, ceux-ci nous ont fait valoir quelques recommandations
très pertinentes en ce qui concerne la tenue des greffes communs, mais
ils nous ont fait remarquer aussi à cette occasion, que
l'activité des arpenteurs-géomètres qui oeuvraient dans le
domaine public semblait par ailleurs beaucoup moins réglementée
et beaucoup moins rigoureuse.
Les représentants de la corporation déploraient ce fait et
ils se demandaient pourquoi il faudrait ici accepter ce double régime,
pourquoi il faudrait accepter qu'un arpenteur qui travaille pour le compte
d'une administration publique ne soit pas tenu aux mêmes exigences,
à la même rigueur professionnelle, que celui qui oeuvre dans le
domaine privé.
Je vous avoue, M. le Président, que je me pose comme eux la
question, et que le ministre, dans son intervention, n'a pas encore levé
les doutes qui persistent dans mon esprit à cet égard. Je
remercie incidemment le ministre de son intervention de deuxième lecture
qui était beaucoup plus étoffée, beaucoup plus pertinente
que celle qu'il nous avait servie ce matin pour les chimistes professionnels.
J'espère qu'il continuera à nous étourdir de son savoir
dans les exposés qu'il nous fera encore sur les projets de loi qui
suivront. Pour ma part, je l'encourage à continuer car tout ce qu'il
nous dit en deuxième lecture contribue cela fera plaisir au
leader parlementaire à abréger nos propres exposés
puisqu'il se trouve à répondre à l'avance aux questions
que nous poserons en tant que gardiens vigilants de la collectivité et
de la vérité.
J'espère donc, pour revenir à mon propos, que le ministre,
dans sa réplique, pourra consacrer quelques minutes à ce
parallèle qui existe encore malheureusement entre les
arpenteurs-géomètres qui oeuvrent dans le secteur public et dans
le secteur privé, et qu'il nous dira qu'il entend soumettre ces deux
catégories d'arpenteurs aux mêmes normes, à la même
règle d'excellence et d'efficacité. Je me réjouis
également que le projet de loi comporte un article qui permettra aux
arpenteurs-géomètres de se garer des poursuites qu'ils pourraient
encourir dans l'exercice de leurs fonctions du fait qu'ils seront tenus de se
procurer une assurance-responsabilité. Je pense que c'est là un
article qui devrait se généraliser dans l'ère de
contestation que nous connaissons, puisque cette contestation n'a pas que des
mauvais effets, elle a aussi de bons effets en ce sens. Elle constitue un
aiguillon pour les professionnels et elle constitue une exigence additionnelle
qui marque l'attention que porte maintenant le public et la collectivité
à la moindre de leurs activités.
Pour le reste, M. le Président, nous reprenons à notre
compte les remarques aussi bien du député de Verchères que
du député de Maskinongé puisque ce sont les seules
remarques qui m'ont paru pertinentes au débat.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de deuxième
lecture du bill 261 est adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que le projet de loi no
261 soit maintenant déféré à la commission
parlementaire spéciale des corporations professionnelles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: Article 18.
Projet de loi no 257 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le ministre de l'Industrie et du Commerce
propose la deuxième lecture du projet de loi no 257, Loi modifiant la
loi des médecins vétérinaires.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: Le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'approbation par cette Chambre.
M. le Président, dans le projet de loi 257, qui est aussi une
réimpression, qui touche la profession de la médecine
vétérinaire au Québec, nous retrouvons les dispositions de
concordance avec, évidemment, des particularismes propres à cette
profession, dans le contexte du code des professions. Il s'agit à la
fois de la composition de son bureau, de la représentation des
élé-
ments de l'extérieur au bureau des médecins
vétérinaires de même que diverses dispositions qui touchent
et ne semblent causer aucun problème l'admission à
la pratique, les relations avec les facultés d'enseignement de
même que les cas de pratique illégale, les cas d'éthique
professionnelle, la composition du bureau des examinateurs et autres
dispositions assez communes à d'autres bureaux et à d'autres
corporations que nous avons étudiés.
J'aimerais, au cours de l'examen du principe de cette nouvelle
corporation, m'attarder peut-être, M. le Président, à deux
recommandations et indiquer, comme le suggérait le chef parlementaire de
l'Unité-Québec...
M. PAUL: De l'Union Nationale.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse. Il y a deux points sur lesquels j'aimerais
m'attarder. Encore une fois, j'indique que nous sommes assez ouverts dans
l'étude amendement par amendement, mais j'aimerais quand même
laisser voir les deux côtés de la médaille. Le premier
point, qui nous avait été demandé par la corporation,
touchait à la définition du mot "médicament" et, compte
tenu que, dans le code 250, on la retrouve comme un des pouvoirs de
réglementation de l'Office des professions dans le rapport entre le
bureau et l'office, nous avons conçu que ce pouvoir de
réglementation pour qu'il soit flexible, pour qu'il permette une
évolution dans ce secteur. On devrait laisser la législation
telle qu'elle est dans le moment.
Dans un deuxième temps, les membres du bureau nous avaient
également demandé, en plus de certaines modifications dans la
définition du champ de pratique, de délaisser le terme "moyennant
rémunération", c'est-à-dire que, lorsque nous reprenons,
dans le projet de loi 257, à l'article 7, la définition de
"l'exercice de la profession", on y retrouve tout acte qui a pour objet
"moyennant rémunération" et après, il n'y avait pas de
problème de donner des consultations vétérinaires, de
faire des diagnostics pathologiques d'animaux et de prescrire des
médicaments, de pratiquer des interventions chirurgicales
vétérinaires, de traiter des infections, etc. Il y avait le terme
"moyennant rémunération". La corporation, et c'est facile
à comprendre, prétendait qu'en enlevant cette disposition de
définition du champ de pratique, on pouvait retrouver plus facilement,
on pouvait permettre plus facilement des poursuites devant les tribunaux
puisque l'on n'avait pas à prouver qu'un individu avait effectivement
été rémunéré pour l'acte posé.
C'est un peu le principe, M. le Président. Peut-être que la
discussion pourra s'ajouter à celle que nous aurons en commission
plénière, dans la discussion de l'article 7, mais je me permets
de l'aborder un peu puisqu'au fond elle est au coeur même de la
définition du champ de pratique de la médecine
vétérinaire. Est-ce que l'exercice de cette profession et
c'est la question implique qu'il doit y avoir rémunération
pour acte posé?
Le terme "moyennant rémunération" se pose, bien sûr,
dans à peu près toutes les autres professions, sauf
peut-être pour la Loi de la médecine. De toutes les autres
professions, on considère que l'exercice d'une profession c'est poser,
à la demande d'autrui et sous forme de paiements d'honoraires, tel ou
tel geste suivant la nature de chacune des professions. Les
vétérinaires trouvent que, dans leur cas, compte tenu de la
relation très personnelle qui peut exister entre le cultivateur et
quelqu'un qui peut vendre des moulées, ou vendre des médicaments,
ou prétendre avoir quelque chose pour guérir les animaux, la
preuve du diagnostic, de l'intervention, du médicament qui a
été prescrit, après rémunération, devient
très difficile à faire.
Notre réserve c'est uniquement une réserve, et je
suis disposé à avoir le point de vue des autres partis de
l'Opposition sur ce plan était que, tout en facilitant le travail
de la corporation, nous ne devions pas, cependant, rendre ce travail tellement
facile que tous les gens qui rendent un jugement personnel sur l'état de
santé d'un animal donné, entre voisins, pour ne citer qu'un cas
d'espèce, puissent être immédiatement poursuivis et
être un peu trompés malgré leur mauvaise volonté,
par une loi qui est tellement complète, qui a un encadrement tellement
complet que la Corporation des médecins vétérinaires a pu
immédiatement prouver son cas.
Je m'explique pour prouver jusqu'à quel point il faudrait
peut-être trouver des formules moyennes entre la demande de la
corporation et le texte que nous avons actuellement. Ainsi, il est possible
qu'un cultivateur, qui en veut énormément à son voisin,
veuille réellement le tromper. Je le mets simplement comme un cas
extrême, mais il pourrait illustrer les dangers d'accepter sans
réserve la suggestion qui nous est venue de la corporation.
Ainsi, un cultivateur qui en veut à son voisin pourrait demander
à celui-ci: Que penses-tu du problème qu'a ma vache, qui est
là? Le cultivateur, tout bonnement, lui donne l'expertise d'un homme qui
travaille dans le même métier et lui dit: D'après moi, elle
a telle et telle chose. Tu devrais lui donner telle et telle autre affaire.
Immédiatement, le voisin qui a demandé ce conseil, pourrait aller
trouver la corporation et dire: Engagez des poursuites. Vous voyez cet homme,
je ne l'ai pas payé, mais il m'a donné des consultations-, il m'a
donné un avis sur l'état de santé d'un de mes animaux.
C'est pour cette raison qu'il me semble qu'il faudrait être un peu
prudent; peut-être qu'effectivement, il est difficile dans le milieu
rural de prouver que l'acte a été posé moyennant
rémunération et que ce fardeau que l'on impose à la
corporation rend inutiles toutes ses lois, tout leur champ de pratique.
On a invoqué d'ailleurs les mêmes difficultés
en ce qui concerne les magasins qui sont spécialisés dans
les animaux et qui pourraient faire toucher, par leurs propres employés,
nombre d'opérations, nombre d'interventions qui devraient appartenir au
médecin vétérinaire et qui ne sont pas faites puisqu'il y
a presque impossibilité de prouver que le geste est posé
moyennant rémunération. Peut-être je l'invoque plus
comme une question que comme une réponse devrions-nous trouver
une formule mitigée pour clairement indiquer que l'acte, le diagnostic
ou l'ordonnance ont été posés suite à la demande ou
au consentement de celui qui a un animal malade. Il y a peut-être des
formules mitigées que nous pourrions retrouver en commission pour
clarifier ce point qui avait été évoqué par la
Corporation des médecins vétérinaires de la province de
Québec.
Un troisième point sur lequel j'aimerais attirer l'attention de
mes collègues de cette Chambre touche l'article 40. Les médecins
vétérinaires voudraient que, d'une façon très
précise, on indique dans la loi qu'ils ont effectivement le droit non
seulement de posséder des médicaments mais le droit de vendre des
médicaments destinés aux animaux, destinés à un
usage non humain.
Jusqu'ici, la position du gouvernement a été qu'il faut
bien comprendre que, dans un projet de loi, les choses qui y sont
marquées indiquent un domaine exclusif, un champ exclusif, mais les
choses, qui ne sont pas marquées n'indiquent pas qu'il y a
empêchement de le faire. Effectivement, si dans le projet de loi on ne
met pas blanc sur noir que les médecins vétérinaires
peuvent vendre des médicaments, cela ne veut pas dire
nécessairement que la loi les empêche d'en vendre. De la
même façon là je prends un cas un peu farfelu
la loi ne leur dit pas qu'ils peuvent prendre huit heures de sommeil par jour,
mais rien ne les empêche de prendre huit heures de sommeil par jour.
Aussi, il y a cet autre cas. La loi ne leur dit pas qu'ils ont le droit
d'acheter des commerces reliés à l'alimentation ou à autre
chose, mais cela ne veut pas dire qu'ils n'ont pas, comme tout autre citoyen,
le droit de se prévaloir de ces dispositions. Personnellement, je
demeure convaincu que l'article 40, qui établit clairement que le
médecin vétérinaire est autorisé à utiliser
les médicaments, les substances et les appareils dont il peut avoir
besoin dans l'exercice de sa profession, de même qu'à administrer
des médicaments aux animaux, cela implique parallèlement qu'il
possède avec d'autres le droit de vendre des médicaments pour les
animaux. Je pense qu'il y aurait peut-être erreur de notre part de donner
aux vétérinaires seulement ce droit exclusif. Les discussions que
nous avons eues avec eux indiquent qu'ils ne recherchent pas un droit exclusif.
Si on ne recherche pas un droit exclusif, il me semble qu'il y aurait danger
à l'inclure pour donner l'impression que personne ne peut faire le
commerce de la vente des médicaments d'animaux et qu'au contraire ceci
est une chasse gardée des médecins
vétérinaires.
D'autant plus, qu'à ma connaissance, il n'y a pas eu dans le
passé, de la part du Collège des pharmaciens, qui aurait pu
être directement concerné par ceci, prétention que la vente
de médicaments destinés aux animaux tombait sous le coup de la
Loi de la pharmacie.
Le projet de loi, on pourrait en parler avec beaucoup d'ampleur. Mais je
sais que le député de Saint-Maurice qui s'y connaît en
matière de médecine vétérinaire, pourra nous
décrire tous les avantages qu'il y a à adopter ce projet de loi,
même avec certaines modifications. Je m'empresse de lui céder la
parole pour voir les améliorations que nous pourrions apporter à
ce projet de loi. Merci.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, je remercie tout d'abord le
député de Verchères, le ministre de l'Industrie et du
Commerce, de prendre une consultation vétérinaire cet
après-midi. Je me rends de bon gré à sa demande.
Je lui ferai toutefois remarquer que j'attendrai l'étude en
comité plénier. Si j'avais voulu être un peu tatillon, M.
le Président, tantôt, en rappelant mon illustre collègue au
règlement, nous aurions pu lui demander de limiter ses propos au
principe de la loi. Mais nous sommes pour un meilleur éclairage d'une
situation et nous comprenons que les lois de cette Assemblée sont comme
d'autres choses, elles ne demandent qu'à être violées.
M. le Président, je voudrais dire quelques mots sur le principe
de cette loi qui concerne la profession que j'exerce. Je suis d'accord pour
l'acceptation de ce principe et je me rends compte que ce projet de loi no 257
est le fils naturel du projet de loi no 250.
La médecine vétérinaire remonte, dans l'histoire de
l'humanité, au tout début, et je crois qu'elle a
précédé, sans faire injure à ceux qui pratiquent la
médecine des hommes, le traitement des humains. En effet, si on
relève, par exemple, dans la paléontologie, l'étude des
fossiles, nous voyons que la maladie est aussi vieille que la création
et que les espèces, à l'époque, n'ont pas
échappé aux infections microbiennes et aux maladies des carences,
comme le rachitisme, et qu'on a relevé des lésions d'arthrite
à cette époque très lointaine.
Ce qui, je pense, dans le champ de l'histoire, situe la médecine
vétérinaire à une époque aussi
éloignée, c'est qu'alors l'animal était le compagnon de
l'homme, à un tel point que le chien a partagé le gîte de
l'homme des cavernes et l'a accompagné à la chasse. Nous avons vu
l'importance que l'animal sacré a revêtue dans le cours des
âges. C'est ainsi que 2,000 ans avant Jésus-Christ, on
était riche en autant qu'on avait des animaux et il valait mieux, pour
le
riche propriétaire, traiter son animal que de traiter son
domestique. On a attaché une importance toute particulière
à cet état de choses. La médecine en fut une, d'abord, au
début, d'instinct. C'est ainsi que l'animal fiévreux se jetait
dans l'eau glacée et qu'on a vu des singes blessés s'appuyer le
long des murailles pour arrêter le sang. C'était le début.
Nos collègues de médecine humaine ont copié cela et ont
inventé le pansement compressif. C'est pour dire qu'on n'a rien
inventé.
J'attire votre attention sur cet aspect de la médecine des
bêtes pour prouver qu'il n'y a rien de neuf sous le soleil et qu'en
partant de nos frères inférieurs, en remontant à
l'échelle supérieure de celui qu'on appelle l'animal raisonnable
pas dans tous les cas nous pouvons voir qu'il y a autant de
consolation à soigner cet être au bas de l'échelle
qu'à soigner l'autre.
Je dirai que la supériorité de la médecine
vétérinaire si je peux m'exprimer ainsi ne vient
pas du fait que nous soignons le patient qui ne parle pas. Nous n'avons rien
à envier au pédiatre qui soigne le bébé, et non
plus au psychiatre qui soigne l'autre qui parle trop. Il y a entre les deux, je
crois, un juste milieu et la diversité, la supériorité et
la complexité de notre médecine si je peux oser dire ceci
provient de la multiplicité des espèces auxquelles nous
avons affaire. Le disciple d'Hippocrate qui traite son frère, lorsqu'il
a étudié l'anatomie du bras et de la jambe, a fini son
étude. Il n'en va pas de même de mes confrères, qui doivent
étudier l'anatomie du cheval, du boeuf, du chien, du chat, de toutes les
espèces.
Greffez à tout cela les maladies spécifiques qui peuvent
s'ajouter. Lorsque le médecin des hommes a traité les maladies
spécifiques de l'enfant, de la femme et quelques autres maladies
professionnelles, son problème est réglé. Il nous faudra,
nous, recommencer dans toutes les espèces.
Reprenons le champ des incompatibilités, dans l'application des
médicaments. C'est à n'en plus finir. La posologie, la dose pour
traiter un intestin laborieux chez un éléphant va
s'éloigner terriblement de celle qu'on va utiliser pour le traitement du
chaton de la madame.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce n'est pas la même dose pour un
maringouin.
M. DEMERS: Il faut le savoir. Si on donne à un chat du calomel,
on le tue à coup sûr, il faut le savoir. Diversité,
complexité. Je ne veux en aucune façon faire un plaidoyer pro
domo, mais en situant l'importance de cette profession, et je n'ai rien dit
encore, en me taisant sur l'importance économique que joue notre
profession. C'est tout le cheptel du Québec et du Canada que notre
profession soigne. Evaluez ça en sous et en dollars.
Et nous sommes toujours en présence d'une valeur
économique et matérielle à sauver. On ne pleure pas en
médecine vétérinaire, on demande combien ça
coûte. C'est toujours comme ça. On ne prolonge pas la maladie,
contrairement à certains médecins de certaines
spécialités qui entretiennent la maladie.
Et se faisant fort du concept du Dr Knock, que dans tout homme en
santé il y a un malade qui s'ignore, fouille la médecine, trouve
des malades et soigne, tu feras marcher la "caston-guette".
Je reviens. Vous êtes à la veille de me rappeler à
l'ordre, M. le Président. J'espère. Je reviens à la
"toupinette" qui s'occupe du traitement des animaux.
Tantôt l'honorable député de Verchères,
ministre de l'Industrie et du Commerce, qui n'a de la médecine
vétérinaire que des connaissances très théoriques,
a élaboré, a discuté, a mis au clou les amendements qui
lui étaient suggérés par le Collège des
médecins vétérinaires.
Puisqu'il en a parlé, vous me permettrez de préciser
seulement le principe général sur lequel la profession insiste.
C'est pour faire disparaître les charlatans, les saltimbanques, les
ignares, les "peddlers" de la médecine, que nous demandons au ministre
d'enlever dans sa loi "avec rémunération".
Ce n'est pas pour chercher des chicanes les médecins
vétérinaires ont de l'ouvrage plus qu'ils peuvent en faire
mais pour protéger la santé publique. Si on n'enlève pas
ça, n'importe quel individu peut aller inspecter des aliments, s'il
n'est pas payé, et dire s'ils sont bons ou méchants. Personne ne
l'arrêtera. N'importe qui peut dire: Abattez-moi cet animal. Pour autant
que tu n'es pas payé, il n'est pas malade. On fera manger des microbes.
On n'a aucun recours.
C'est pour protéger la santé publique. Le but du code des
professions, c'est de mettre de l'ordre là-dedans. On ne met rien, on
réimprime la vieille loi à 100 p.c. J'implore, j'insiste, je
demande au ministre d'y penser sérieusement. Et la vente des
médicaments, c'est un autre amendement. Le ministre en a parlé.
Je lui demanderais de le considérer sérieusement. Pourquoi? Si on
n'introduit pas cet amendement dans la loi, il faudra qu'on révise la
Loi de la pharmacie qui contrôlera, d'après cette loi
à moins que je ne me trompe les qualités, les sortes et la
vente des médicaments. Et ayant ça là-bas, on ne pourra
pas les vendre en médecine vétérinaire s'il n'est pas
spécifié.
Qu'est-ce que ça change qu'il soit marqué? En outre, il y
aura toujours la commission qui deviendra permanente, où on pourra venir
étudier, porter ces griefs. Si après l'usage c'est inapplicable,
on y reviendra. Je crois que si les pharmaciens contrôlent la vente des
médicaments je n'ai pas d'objection, c'est leur métier
mais si dans les régions éloignées on donne au
médecin éloigné le droit de garder et de vendre ces
médicaments pourquoi le refuserait-on au médecin
vétérinaire qui est à 70 milles d'une pharmacie?
Voyez-vous Baptiste l'habitant partir un matin pour aller chercher des
remèdes en ville? Quand il va revenir la vache va être morte
depuis trois jours! Il faut penser à cela, M. le Président. C'est
dans ce but que je fais mon intervention et, lorsque nous reviendrons en
comité plénier pour étudier ce projet de loi, article par
article, j'espère que la lumière de cet ingénieur dans le
champ vétérinaire sera illuminée et qu'il comprendra le
bien-fondé de nos interventions.
M. le Président, je termine et, au nom de ma profession, je suis
satisfait du principe qu'énonce cette loi. Elle s'imbrique dans le cadre
des professions. Elle ne nous reconnaît pas plus que nous étions
reconnus c'est la profession qui se fera reconnaître par la
qualité de ses participants mais elle établit d'une
façon bien claire et bien nette dans quel champ notre activité
doit s'exercer. Je voudrais souligner un autre aspect qui a été
débattu tantôt lorsque nous avons étudié la loi des
arpenteurs-géomètres. Au sujet de la formation du bureau il est
dit, en référence au code des professions, que la participation
devra être de 8 membres au bureau s'il y a de 8 à 500 membres dans
une profession, qu'il devra y en avoir 16 s'il y a de 500 à 1,500
membres et 24 de 1,500... C'est le principe général de la loi du
code des professions, le bill 250.
Il est dit que les frais de représentation seront payés
par le gouvernement. Quoique je n'aie pas à faire de grosse chicane
là-dessus, s'il y a seize membres pour administrer une profession, il ne
faudra pas non plus que pour une profession où il y a 850 ou 900
membres, il y ait autant de monde pour l'administrer qu'il y en a dans la
profession. Si on faisait une règle de trois, si pour tant de membres
d'une profession on admet que ça en prend huit, quand il y en aura 900,
ça en prendra tant, ça pourrait être seize, douze ou
treize. Ce n'est pas un sujet pour soulever un grand débat. Je voulais
simplement attirer l'attention du ministre là-dessus.
M. le Président, je vous remercie de m'avoir écouté
et nous reviendrons en comité plénier.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, il m'est agréable
également de parler sur ce projet de loi 257, Loi modifiant la loi des
médecins vétérinaires. Le médecin
vétérinaire a été obligé d'étudier
dans bien des cas à partir des réactions instinctives de
plusieurs animaux; donc, aujourd'hui, l'on applique un diagnostic suivant les
observations recueillies, selon ces réactions instinctives des
débuts, des maints et maints cas, Or, pour revenir à ce projet de
loi bien spécifique, l'on parle à un moment donné du fait
que les médecins vétérinaires doivent pouvoir vendre des
médicaments et les utiliser, cela va de soi. Mais est-ce que l'on devine
par le fait même qu'on limitera tantôt ce champ d'activité?
Je m'explique. Est-ce que l'on empêchera, par exemple, le
propriétaire, le fermier d'utiliser lui-même ou d'appliquer
lui-même des médicaments? En agriculture, je pense qu'il ne
faudrait pas rêver à ce point. Je dis cela au cas où
l'honorable ministre pense à des choses semblables, parce qu'en
agriculture il faut quand même se rendre compte que dans bien des cas il
y a des nécessités d'application dans cette sphère
d'activité qui font que deux, trois, cinq ou huit fois par jour le
fermier lui-même, c'est-à-dire le propriétaire des
bêtes ou celui qui a à les soigner, doit administrer certains
médicaments ou encore certains vaccins.
Je pense que limiter au médecin vétérinaire ce
champ d'activité serait une faute très grave envers la classe
agricole.
Il y a également un autre fait que je note, et qui est
évident à ce moment-ci. L'honorable député de
Saint-Maurice a brossé un tableau que je considère excellent,
mais il y a un certain facteur que je tiens quand même à souligner
en plus, et c'est le fait qu'au point de vue radiologique on doit laisser
à mon sens aux médecins vétérinaires la
possibilité de procéder à des radiologies vis-à-vis
je ne dirais pas de ses patients, mais vis-à-vis des animaux qu'il a
à soigner.
Encore là, si je rapporte les cas de façon pratique, nous
voyons maintes et maintes fois des permis où on constate que s'ils
avaient à payer des radiologistes en plus du médecin
vétérinaire pour savoir exactement l'ampleur de la maladie, la
sorte de maladie, à ce moment-là, ce serait peut-être un
coût trop onéreux pour que ces cultivateurs, ces fermiers puissent
continuer à vivre.
Il vaudrait mieux peut-être pour lui vendre ses animaux que de se
soumettre à de telles choses. Je dois également ici parler du
champ préventif. On parle beaucoup de soins à donner aux animaux.
On parle également de tout le champ d'application de ces
médicaments, mais, au point de vue préventif, je pense qu'il
aurait fallu abonder dans ce domaine, parce qu'il faut quand même
regarder à l'extérieur et voir ce qui s'en vient.
Entre autres, à ce moment-ci, en 1973, on parle même de
fermes cynégétiques. Il va donc falloir, hors de tout doute,
appliquer certaines mesures de prévention pour que les deniers de l'Etat
soient bien utilisés au moment où ils seront enfin
accordés pour organiser de telles fermes dans la province de
Québec. Il faudra appliquer certains barèmes de base de
façon que les sommes provenant du ministère ne tombent pas
à l'eau comme on le voit souvent dans d'autres domaines; il faudra que
cet argent serve réellement à quelque chose.
Je tenais à signaler cela au président, parce que,
même présentement, si je suis bien informé, on est en train
d'organiser une telle ferme
peut-être à titre d'expérience pilote dans la
province de Québec. Cela existe d'ailleurs dans d'autres pays. Or, si
l'on veut couvrir tous les champs qu'il y a à couvrir, dans le domaine
du tourisme, de la chasse et de la pêche, il va falloir également
regarder de ce côté d'une façon sérieuse.
Ce n'est pas seulement vis-à-vis de ce domaine spécifique,
de ce nouveau champ d'activité que pourront surgir les fermes
cynégétiques, mais on constate, et moi-même je l'ai
constaté par expérience dans le passé, sur ma propre ferme
qu'il faut appliquer un niminum de prévention si l'on veut
réellement arriver à des résultats en agriculture, et
peut-être plus précisément dans les fermes avicoles, dans
d'autres genres de fermes aussi, peut-être cunicoles également. Il
faut appliquer certaines mesures de prévention. Peut-être
qu'à ce moment-là, même le ministère, par ses
conseillers, par ses inspecteurs, devrait percevoir la nécessité
d'un champ d'action bien spécifique d'information pour accentuer la
prévention, notamment contre les maladies contagieuses.
M. le Président, ce sont mes seules observations. J'attends que
la commission parlementaire, enfin la Chambre, siège pour la
troisième lecture, afin de faire éclaircir les données du
bill par le ministre de l'Industrie et Commerce, malgré que je suis fort
surpris que ce ne soit pas le ministre de l'Agriculture qui ait à faire
cette tâche. De toute façon, je n'ai pas de blâme à
porter, parce qu'il est évident qu'il s'agit de la décision
gouvernementale en ce domaine. Ceci dit, j'attends l'étude du bill en
troisième lecture pour apporter certaines autres observations.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, jusqu'ici, sur la plupart des projets
de loi concernant les différentes professions, vous avez sans doute
remarqué que le Parti québécois a défendu deux
thèmes principaux: 1) la participation du public intéressé
aux bureaux des différentes professions; 2) celui de la langue de
communication entre les professionnels et...
M. DEMERS: Les animaux.
M. JORON: ... le public qui recevait ces services. J'avoue que, sur ce
projet de loi, on est obligé de baisser pavillon même si, dans le
premier cas, on a déjà vu l'empereur Caligula, à Rome,
faire élire son cheval au Sénat; on voit mal comment on pourrait
faire élire des patients au bureau de la profession. Je pense que la
langue de communication, ici, ne s'appliquerait pas.
Je voudrais aussi vous signaler, M. le Président, l'importance
ceci devrait intéresser les membres de l'Assemblée
nationale surtout politique qu'a eue cette profession dans le
passé. Il fut une époque où, au début du
siècle, la profession la plus représentée à
l'Assemblée nationale était celle de la médecine
vétérinaire. On a compté, dans un Parlement du
début du siècle, sur un nombre qui, à l'époque,
devait être de 74 députés, pas moins de 27 médecins
vétérinaires. Si l'importance politique de la profession a
baissé, il reste que, même si nous ne sommes plus une
société principalement agricole, la profession conserve une
importance considérable.
A ce sujet, j'ai apprécié la fresque historique que nous
brossait tout à l'heure le député de Saint-Maurice. Il m'a
d'ailleurs fait remarquer quelque chose qui m'avait échappé, soit
l'importance de cette profession puisqu'elle est directement reliée
à l'alimentation de l'humanité. Même si nous sommes dans
une société industrielle et peut-être postindustrielle, on
sait le problème considérable qui va se poser à cet
égard dans l'avenir. Je dirais même, à l'adresse du
député de Saint-Maurice, qu'il sera peut-être bientôt
obligé de se recycler; on prévoit même le jour où
les animaux vivant à la surface de la terre ne suffisant plus à
remplir nos besoins alimentaires, on serait obligé d'aller dans la mer.
Peut-être verrons-nous le député de Saint-Maurice mettre
son masque, ses palmes et ses bonbonnes pour aller traiter les poissons.
M. DEMERS: Avez-vous une idée de l'année?
M. JORON: Commencez à suivre vos cours tout de suite, on ne sait
jamais. Blague à part, il y a un seul point sur lequel je voudrais
insister: celui de la vente des médicaments. Là-dessus, je
partage l'opinion du député de Saint-Maurice. Je ne suis pas
convaincu que l'explication que nous donnait le ministre tout à l'heure
règle véritablement le problème. Je pense qu'on aurait
droit de s'attendre à une loi qui, plus spécifiquement,
garantirait le droit de vendre des médicaments aux
vétérinaires.
Vous savez qu'il y a environ 600 vétérinaires au
Québec. Il y a quelques années, avant l'instauration du programme
d'assurance-santé animale, il n'y avait pas beaucoup plus de 100
médecins vétérinaires qui pratiquaient en milieu rural. On
sait que, depuis l'application de ce programme, le nombre de
vétérinaires pratiquant directement en milieu rural a plus que
doublé. Le député de Saint-Maurice nous signalait encore
que ce nombre reste probablement, quand même, insuffisant. La
majorité des vétérinaires je ne le dis pas
péjorativement sont des vétérinaires de ville ou ce
que l'on appelle des vétérinaires de "pet shop". Il y a une
différence essentielle entre la pratique de la profession selon qu'elle
est à la ville ou à la campagne.
On ne devrait pas craindre de permettre la vente des médicaments.
Il me semble que cela va de soi en milieu rural.
On n'a pas besoin d'évoquer bien longuement les distances
à parcourir. Il y a une différence fondamentale entre la
médecine vétérinaire et la médecine humaine. Dans
la médecine humaine, le patient peut se déplacer, alors qu'on ne
déplace pas une vache, un taureau, une jument ou même un
éléphant aussi facilement.
Il semble aller de soi que le vétérinaire puisse faire le
commerce, la vente des médicaments en milieu rural, d'autant plus que
maintenant, depuis l'existence de la pharmacie centrale, et depuis que les
tarifs de vente des médicaments ont été
négociés entre l'Association professionnelle des médecins
vétérinaires et le ministère de l'Agriculture, il n'y a
pas de danger de fraude du public. Les prix sont fixés d'avance, les
tarifs sont connus, enfin tout l'approvisionnement des médecins
vétérinaires se fait à la pharmacie centrale, si bien que
l'Etat, le législateur, si vous voulez, le gouvernement dispose d'un
instrument pour vérifier s'il y a abus.
Ce qu'on craint souvent, en permettant aux médecins ou aux
vétérinaires de vendre des médicaments, c'est l'abus
d'ordonnances, parce qu'il pourrait théoriquement exister un conflit
d'intérêts. Mais là encore il y a un instrument de
contrôle puisqu'on peut vérifier à partir de la pharmacie
centrale, justement. S'il y avait, par exemple, un vétérinaire
qui se mettait à prescrire des médicaments de façon
effrénée, on pourrait le soupçonner de faire un commerce
abusif et non justifiable, mais ce n'est pas le cas.
En ville, là où le vétérinaire, disons du
"pet shop" ou de l'hôpital vétérinaire reçoit les
animaux domestiques, les chats, les chiens et le reste, on pourrait toujours
dire que, là aussi, il y a abus, il pourrait y avoir, si on permettait
la vente des médicaments, abus du public. Mais je pense qu'il y a quand
même une limite. Dans le domaine de la santé humaine, de la
médecine humaine, là on peut comprendre que la
sécurité du public peut être en jeu et qu'on doit prendre
toutes les garanties possibles pour qu'il n'y ait pas des abus de ce
côté.
De là à se faire des soucis considérables et causer
des embêtements dans l'exercice de la profession pour protéger
madame X, qui a un caniche à qui on pourrait vendre trop de pilules ou
des trucs semblables, c'est quand même pousser un peu loin. On est rendu
dans le domaine de la protection du consommateur bien davantage que dans celui
de la protection de la santé publique. Il existe justement un office de
la protection du consommateur et le public peut toujours avoir des recours. Il
nous paraît donc souhaitable, c'est ce que je dis en terminant, que le
droit accordé aux vétérinaires de vendre des
médicaments soit clairement indiqué dans la loi, parce que,
à notre avis, à la première lecture, malgré
l'explication que donnait tout à l'heure le ministre, cela semble ne pas
paraître clairement dans le texte de la loi.
M. LAURIN: Je ne peux m'empêcher de...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): L'honorable député de
Yamaska.
M. Benjamin Faucher
M. FAUCHER: M. le Président, seulement quelques mots. On a
parlé un peu de l'historique...
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, en vertu du
règlement, je pense que le député de Yamaska se
prépare à faire une intéressante et importante
intervention, et il faudrait qu'il y ait quorum en cette Chambre.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Nous avons quorum. Le
député de Yamaska.
M. FAUCHER: M. le Président, j'étais à dire qu'on a
parlé un peu de l'historique de la médecine
vétérinaire. J'aimerais ajouter quelques mots sur l'avenir de la
médecine vétérinaire. La population mérite une
bonne alimentation, et c'est grâce à la médecine
vétérinaire si on parvient à lui fournir des aliments de
qualité en quantité nécessaire. Sur la question des
médicaments, si on en emploie à tout escient, cela veut dire
qu'une personne qui ne les connaît pas peut en employer pour injecter son
animal, quitte à l'envoyer à l'abattoir 24 heures
après.
Ce qui arrive, c'est qu'il peut y avoir des ennuis du côté
des humains. Il faut faire bien attention pour que les médicaments ne
tombent pas dans les mains de n'importe qui et que ce soit n'importe qui qui en
vende. Il est donc extrêmement important que le médicament soit
contrôlé et vendu par le médecin
vétérinaire.
Maintenant, l'autre point est plutôt d'ordre légal. Dans la
pratique, il y a beaucoup d'abus de la part de gens qui s'occupent
d'élever de petits animaux, des animaux de fantaisie, si l'on peut dire.
Ils profitent de l'occasion de la vente de ces animaux et exigent un surplus.
Si on les accuse de les avoir traités, ils se présentent devant
le tribunal et ils disent simplement: On ne s'est pas fait payer. C'est pour
cette raison que la clause que l'on apporte est importante.
Je ne veux pas abuser du temps de la Chambre. Je dois dire, comme
médecin vétérinaire, après avoir pratiqué
pendant 27 ans, que la médecine vétérinaire a fait
d'immenses progrès. Au début, nous n'étions pas en
possession des médicaments comme la pénicilline, etc. Nous avons
pu faire de nombreuses expériences. Je calculais qu'un médecin
vétérinaire, qui accomplit son devoir, peut faire épargner
pratiquement $1 million par année à la population.
Je ne parlerai pas plus longtemps. Je ne voulais faire remarquer que ces
deux petits points. En commission plénière, nous discuterons des
points plus importants. Merci.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, il semble difficile d'ajouter quelque
chose à ces deux interventions remarquables de deux hommes de l'art que
nous venons d'entendre. Mais comme quelques-unes de leurs remarques ont
touché ma propre profession, je ne peux m'empêcher d'y ajouter
quelques mots.
Le député de Saint-Maurice a très bien situé
le rôle très important que joue la profession dont il est membre
dans l'organisation de notre société. Il a dit que ce rôle,
en fait, était antérieur à celui de la médecine
puisqu'on a traité les animaux avant même de traiter les humains.
Je vous avoue qu'il ne m'a rien appris puisqu'étant donné que
l'homme descend du singe, il est bien évident que les singes ont
commencé par traiter les singes et les chevaux ont commencé par
traiter les chevaux avant que les hommes n'apprennent à traiter les
hommes.
M. DEMERS: C'est bon! il y en a qui remontent au singe aussi.
M. LAURIN: Par ailleurs, lorsque le député de
Saint-Maurice énonçait la complexité de sa profession, le
nombre très grand de variétés animales qu'il avait
à connaître avant de prétendre arriver à l'expertise
dans sa profession, j'avais en même temps pour lui beaucoup d'admiration
et de sympathie. Je n'ai pu m'empêcher de faire la remarque, in petto,
que les études menant à l'obtention de son diplôme
n'étaient sûrement pas assez longues. Il faudrait les allonger de
plusieurs années si l'on veut arriver à une véritable
expertise pour toutes les catégories d'animaux que le
vétérinaire doit connaître. Je serai donc prêt
à collaborer avec lui lorsqu'il présentera des amendements, en
commission plénière, pour allonger la durée des
études.
M. DEMERS: Cela va être populaire auprès de ma
profession.
M. LAURIN: J'ai particulièrement goûté l'allusion
que le député de Saint-Maurice a faite au Dr Knock puisqu'il a
dit que les médecins, conformément à ce principe de Jules
Romains, tentaient de persuader que dans tout être en santé il y
avait un malade qui s'ignore. Il a parfaitement raison de souligner là
une différence fondamentale entre la gent humaine et la gent
animale.
En effet, même si l'homme n'a pas à son compte cette
variété d'appareils orthopédiques ou cette
variété de systèmes digestifs qu'il à
connaître, il y a quand même une différence qui vaut pour
toutes celles que le député a mentionnées. C'est que nous
avons la faculté de nous torturer, ce que les animaux n'ont pas. Cette
faculté que nous avons de nous torturer augmente le nombre des maladies
dont nous avons à souffrir. Cependant, j'avertis le député
de
Saint-Maurice que le moment approche où la gent animale, pourra
également se torturer puisque tous les chats et les chiens qu'on
élève maintenant dans les grandes villes sont torturés par
leurs propriétaires à force de câlineries, à force
de gâteries, à force de conditionnements, à un point tel
qu'on est en train de créer chez eux des névroses animales et
même des psychoses animales qui vont amener la profession à se
spécialiser, à se diversifier. Je ne serais pas
étonné, pour ma part, que bientôt la profession doive se
subdiviser en spécialités et qu'il faille prévoir une
psychiatrie animale, comme il existe une psychiatrie humaine.
M. DEMERS: L'animal naît bon, l'homme le corrompt.
M. LAURIN: Je suis d'accord avec le principe rousseauiste que vient
d'exprimer le député de Saint-Maurice.
Je ne voudrais pas, ainsi que mon collègue de Gouin m'en a
prévenu, entrer dans la dimension linguistique. Je ne voudrais pas, en
effet, introduire cette dimension linguistique car on m'accuserait de
caporalisme nationaliste et on voudrait nous abreuver de ridicule en
prétendant que nous voulons faire apprendre le français à
tous les animaux qui peuplent le Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Commençons par les humains, l'homme est
un animal!
M. LAURIN: Tel n'est pas mon propos car nous savons très bien que
ce n'est qu'à la télévision et dans les bandes
dessinées que les animaux parlent français ou anglais pour le
moment.
Il reste cependant, pour être un peu plus sérieux, qu'aussi
longtemps que durera la sujétion de l'animal par rapport à
l'homme, c'est avec le propriétaire de l'animal qu'il faudra traiter et
que c'est avec ce propriétaire que les vétérinaires auront
à trouver une langue de communication interne, si l'on peut dire. Par ce
biais, je crois qu'il peut quand même s'avérer justifiable
d'introduire la dimension linguistique et de demander au gouvernement, comme
nous l'avons fait pour tous les autres projets de loi, d'obliger ces
professionnels à avoir une connaissance d'usage de la langue
française.
Quant aux médicaments, M. le Président, je suis
parfaitement d'accord avec les revendications des députés de
Yamaska, de Saint-Maurice et de Gouin. D'ailleurs, je pense que le moment n'est
pas encore venu où une certaine tension ou rivalité, pour fins
d'intérêts, se manifeste entre les vétérinaires et
les pharmaciens. Cette tension, cette rivalité que nous avons vue dans
le domaine des humains ne s'est pas encore manifestée dans ce domaine.
Peut-être qu'elle viendra un jour, mais étant donné qu'elle
ne s'est pas encore manifestée, je pense qu'il n'y aurait aucun
inconvénient à permettre aux
vétérinaires non seulement d'utiliser des
médicaments, mais d'acheter et de vendre des médicaments.
Un jour, peut-être, on verra qu'il sera important, qu'il
s'avérera essentiel de restreindre, comme on l'a déjà fait
pour les médecins, l'achat et la vente de médicaments mais ce
moment n'est pas arrivé. Je pense qu'en s'en tenant à la lettre
de la loi qui est soumise à notre attention, on serait injuste à
l'endroit d'une grande partie de la population. Après tout, les lois
sont faites pour être amendées. Il est probable qu'une fois le
code des professions adopté, le législateur sera moins
réticent à apporter, au fur et à mesure de
l'évolution, les amendements qu'il estime importants ou essentiels.
Etant donné que ceci s'avérera plus facile dans l'avenir,
il me semble que la loi actuelle devrait s'ajuster à la
réalité actuelle qui fait actuellement au
vétérinaire une exigence d'acheter et de vendre des
médicaments pour rendre le service maximal à ceux qui viennent le
consulter. Il me semble que c'est là une revendication actuelle que le
législateur peut accepter sans qu'il en résulte aucun
inconvénient pour les autres corporations, aucun inconvénient
pour le public. A ce titre, je me demande pourquoi le législateur, pour
des fins uniques de cohérence et de concordance, se refuserait à
accepter une demande qui, prima facie, s'avère absolument valable.
J'ai également écouté avec attention le ministre de
l'Industrie et du Commerce quand il nous demandait notre avis sur les conseils
que certains voisins peuvent donner à d'autres auxquels ils veulent du
mal sur le traitement possible à donner aux animaux dont ils sont
propriétaires.
Il est bien possible que des cas de ce genre se soient produits. Mais
les vétérinaires n'en ont pas l'exclusivité. Ceci se passe
continuellement, également, dans le domaine médical où
nous voyons des patients potentiels consulter soit les astrologues, les
horoscopistes ou leur barman préféré quant au traitement
qu'ils devraient utiliser pour l'une ou l'autre des affections dont ils
souffrent.
Et pourtant, personne n'a jamais prétendu qu'après avoir
tiré une recette d'un Reader's Digest, ou d'un copain de club un peu
éméché, ou de quelque voisin qui nous voulait du mal, on
puisse se rendre coupable d'exercice illégal de la médecine. Pour
la raison bien simple que les poursuites que l'on peut effectuer à cet
égard sont intentées par l'ordre lui-même. C'est lui qui
est le maître de la poursuite, et il l'est à partir d'une
définition précise de son champ d'exercice.
Je ne conçois pas que, dans l'exemple que nous a mentionné
le ministre, un vétérinaire puisse s'autoriser de cette
confidence pour intenter une poursuite en utilisant la délimitation du
champ de pratique que lui donne sa loi. Je pense plutôt que c'est
là un problème rural, local, dont il ne faudrait pas
exagérer l'ampleur ni l'importance. Je pense que la loi actuelle, de
même que les coutumes qui s'instaureront encore dans le champ
professionnel précité, empêcheront les exemples, comme
celui dont nous parlait le ministre, de se multiplier.
Je pense donc, pour répondre d'une façon plus
précise à la question du ministre, que la loi est assez explicite
dans sa formulation actuelle et que je n'y ajouterais rien d'autre pour
prévoir les cas dont il nous a fait mention.
Pour le reste, je pense que, dans ce cas, comme dans les autres, la loi
se veut une modernisation, une mise à jour la plus adéquate
possible, dans les circonstances, et c'est la raison, encore une fois, pour
laquelle nous lui accorderons notre appui.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce veut-il exercer son droit de réplique? Non.
Alors, la motion de deuxième lecture est-elle adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE-ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Je propose que ce projet de loi soit
déféré à la commission spéciale des
corporations professionnelles.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard ): Cette motion de
déférence est-elle adoptée?
M. PAUL: Sur division.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Adopté sur division.
M. LEVESQUE: Une fois le vote de division provoqué par le
Ralliement créditiste adopté, nous passerons...
M. BROCHU: Un instant, ne déformez pas.
M. BELAND: Qu'est-ce qu'il dit?
M. PAUL: On ne sait pas, il ne dit rien.
M. BROCHU: Est-ce que vous pourriez rétablir les faits?
M. LEVESQUE: Je propose que nous passions à l'article 25.
M. PAUL: Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'a jamais tant
travaillé depuis qu'il est député.
Projet de loi no 258 Deuxième lecture
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard ) : Le ministre de l'Industrie et du
Commerce
propose la deuxième lecture du projet de loi no 258, Loi des
agronomes.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: Le lieutenant-gouverneur a pris connaissance de ce
projet de loi et en recommande l'adoption à cette Chambre.
M. PAUL: Il a l'air fatigué, ça fait plusieurs.
M. SAINT-PIERRE: C'est un fait. Je vais être extrêmement
bref puisqu'essentiellement, compte tenu de la réforme de l'ensemble des
professions, nous avons abrogé la loi actuelle des agronomes pour la
remplacer par le projet de loi 258 qui, dans une large mesure, n'est qu'une
concordance, tant avec le code des professions que pour prévenir les
particularismes de ce corps professionnel.
Un des changements que je me dois de signaler est dans le terme anglais
que nous avons retenu dans la loi à la demande de la corporation. Cette
dernière a prétendu voir dans le mot "agrologist" quelque chose
de plus vaste que le terme que nous avions antérieurement, soit le mot
"agronomist". C'est un petit détail que je me permets de vous
signaler.
Dans ce projet de loi, nous retrouvons bien sûr la composition et
le pouvoir de réglementation d'un bureau de l'ordre qui sera
composé d'un président, d'un vice-président, de onze
sections et de trois membres nommés par l'Office des professions qui
représenteront le public en général. Dans ce projet de loi
peut-être différent d'autres projets de loi, on remarque pour des
raisons historiques une certaine importance accordée à des
sections locales d'agronomes qui regroupent sur un territoire donnée
tous ceux qui pratiquent leur profession, tant dans le secteur privé que
dans le secteur public.
Une section complète du projet de loi touche les pouvoirs de ces
sections qui, en matière de réglementation vis-à-vis de
leurs membres, en matière de cohésion, d'activités des
membres de leur section en matière d'éducation permanente ou de
vulgarisation de données, peuvent avoir un certain champ d'action. Ces
sections locales causent un certain problème et, d'avance, je mentionne
un amendement qu'il faudra apporter en comité plénier puisque,
dans le moment, les sections, telles qu'elles apparaissent en annexe, sont
basées sur les circonscriptions électorales du Québec.
S'il n'y avait que la nouvelle carte électorale, nous pourrions toujours
changer les noms pour retrouver la nouvelle carte, mais comme la loi des
circonscriptions électorales prévoit un mécanisme constant
de révision, je pense, comme nous l'avons fait savoir aux agronomes,
qu'il serait préférable pour eux de s'en remettre comme dans
d'autres professions à la procédure prévue au code des
professions qui permet une certaine division sur le plan géographique de
l'ensemble du territoire pour regrouper dans les sections régionales les
membres qui pratiquent leur profession dans un territoire donné.
Ce sont des amendements que nous apporterons en comité
plénier. En ce qui touche l'exercice de la profession, nous retrouvons
dans le projet de loi essentiellement les dispositions que l'on retrouvait
auparavant à l'article 39 de la Loi des agronomes. Il nous a
semblé que la définition telle qu'on la formule actuellement est
suffisamment complète, suffisamment vaste et, en même temps,
suffisamment précise pour retoucher, pour encadrer la pratique de
l'agronome telle qu'on la définit. La corporation, récemment,
nous a soumis une nouvelle définition qui nous semblait peut-être
trop vaste puisqu'elle parlait sans trop les définir de termes comme la
planification, l'aménagement ou la mise en valeur dans le secteur
agricole. Il nous semblait préférable de nous en tenir à
la définition actuelle qui est très vaste puisqu'elle touche
à la fois la culture, la production, l'amélioration, la
climatisation, la protection des plantes agricoles de même que
l'élevage, l'alimentation, l'exploitation sur le plan strictement des
animaux de la ferme. Cette définition telle qu'on la retrouve, comme je
le mentionnais, nous semble suffisamment complète et précise pour
recouvrir entièrement cette réalité du champ de pratique
des agronomes.
Le projet de loi contient évidemment des dispositions analogues
à celles que l'on peut retrouver dans d'autres projets de loi pour
l'obtention d'un permis de pratique et la reconnaissance de diplômes par
le lieutenant-gouverneur en conseil ou de diplômes jugés
équivalents par le bureau, de même que d'autres dispositions qui
permettraient également des permis temporaires pour une période
de cinq ans pour des gens qui pourraient satisfaire à certaines des
dispositions sans satisfaire à toutes les dispositions prévues
à l'article 25.
Enfin, le projet de loi a, comme tous les autres projets de loi, des
dispositions transitoires pour assurer un passage hamonieux entre la situation
actuelle et la situation sur le nouveau projet de loi. En ce qui touche la Loi
des agronomes, on pourrait dire un peu ce qui pourrait s'appliquer à
d'autres projets de loi et que j'ai mentionné dans un premier temps,
savoir que le meilleur est l'ennemi du bien et tentant d'avoir un projet de loi
à la perfection, on aurait pu risquer de manquer
l'échéance d'avoir une refonte de la loi conforme au code des
professions, sachant d'avance que nous allons avoir quand même avec
l'Office des professions des mécanismes nouveaux pour adapter
constamment les dispositions qu'on retrouve dans les lois particulières
des professions à l'évolution de la science elle-même et du
contexte dans lequel les agronomes doivent exercer leur profession. Merci.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Picard): Le député de
Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, étant donné qu'il n'y a
pas d'agronome dans cette Chambre, du moins, pas que je sache, vous permettrez
à un type dont la profession chevauche celle des agronomes...
M. SAINT-PIERRE: Cousin germain.
M. DEMERS: Non, pas cousin du tout, pas même germain, parce qu'il
y a de l'allemand là-dedans, puis ça m'inquiète. ... un
peu celle des agronomes de dire quelques mots sur le principe de cette loi.
Somme toute, il y a très peu à dire, parce que, si je me
réfère aux documents qu'avait fait parvenir la Corporation des
agronomes à la commission parlementaire, je réalise que la
corporation avait donné son acceptation globalement, sans restriction ou
à peu près, sur la loi 258.
Il va sans dire que la profession approuvait la loi 250 et, à
plus forte raison, lorsque c'est devenu dans un domaine spécifique qui
concerne les membres de cette profession, elle a accepté la loi telle
que présentée ou modifiée très
légèrement. De toute façon, on nous la présente
réimprimée, c'est la maladie du siècle, la
réimpression. On réimprime tout, même si on écrit
les mêmes choses.
M. le Président, je dois dire que l'agriculture actuellement
et vous le savez autant que moi a beaucoup évolué
tant dans sa conception que dans ses modalités d'action. Le champ
d'action de l'agronome s'est considérablement agrandi. Cet homme, au
début, a rendu des services un peu extraordinaires à la
collectivité québécoise, dans le milieu rural et dans le
milieu urbain. C'est en effet l'agronome qui fut le conseiller du cultivateur,
de l'habitant de chez nous. Ce fut l'homme qui possédait l'instruction,
ce fut l'ingénieur du sol, ce fut celui qui, dans les temps où il
n'y avait qu'une grammaire dans le rang, était l'homme qui pouvait,
à l'instar du curé, apporter des solutions et avoir une vue
d'ensemble sur tous les problèmes.
Il fut le type qu'on consultait pour savoir quel système de
rotation on devait établir dans la culture de ses champs; il fut l'homme
que l'on consultait pour savoir quelle devrait être la fumigation qu'on
emploierait pour détruire les parasites et tous les insectes nuisibles
à la récolte. Il fut l'homme que l'on consultait et dont on
prenait les avis judicieux lorsque c'était le temps, par exemple,
d'élaborer un rapport d'impôt, d'écrire une lettre pour
demander une subvention. Ce fut le factotum, ce fut le conseiller de l'habitant
de chez nous.
Aujourd'hui, avec l'automatisation, avec les méthodes de culture
diversifiées et améliorées, sa vocation et ses
attributions professionnelles ont énormément changé. Il
est devenu un spécialiste dans un secteur particulier. Autrefois,
l'agronome était l'équivalent du médecin
général, du médecin de campagne de médecine
générale. Il touchait à tous les domaines. Aujourd'hui, en
médecine, on a fait des spécialisations et chaque maladie trouve
son spécialiste.
Il en va ainsi dans le domaine agricole. Vous avez dans des bureaux
régionaux un spécialiste en grande culture, un spécialiste
en industrie animale, un spécialiste en génétique, un
spécialiste dans tous les domaines qui touchent le développement,
un spécialiste dans les gestions de ferme, un spécialiste en
comptabilité, et c'est toujours l'agronome, l'agronome
spécialisé. Il a envahi un autre champ, le champ de l'industrie
et du commerce. Nous voyons des agronomes à la tête de grosses
meuneries, qui travaillent sérieusement à la mise en
marché de produits.
Ce sont des gens qui ont des qualifications diversifiées et je
crois que c'est une classe de personnes qui n'ont pas toujours eu les revenus
nécessaires, une classe de personnes dont on n'a pas reconnu tous les
mérites et qui furent toujours ils ne m'en voudront pas si
j'attire l'attention de cette Chambre sur leur situation les parents
pauvres de nos professions. Il y avait deux pauvres dans les professions:
l'agronome et le médecin vétérinaire.
En défendant les autres, on aura peut-être un peu de
sympathie pour nous. Je le fais sans arrière-pensée. Je crois
qu'on doit attirer l'attention sur le besoin que nous avons de payer ces gens,
de leur donner un salaire équivalant au salaire des autres
professionnels Je me permets cette parenthse. Comme il n'y a rien à dire
sur le principe accepté, j'ai pensé que c'était l'occasion
de le faire. Je crois que cette argumentation ne devrait pas tomber dans
l'oreille de sourds; on devrait comprendre que les gens qui conseillent la
classe la plus importante du secteur rural, la classe agricole, devraient avoir
des émoluments équivalant à ceux des autres classes de la
société. Ceci dit...
M. PAUL: M. le Président, je m'excuse auprès de mon
collègue, le député de Saint-Maurice, mais même en
nous comptant tous les deux, nous arrivons à un défaut de
quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Giasson): Qu'on appelle les
députés!
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, avant que le transfert des pouvoirs
ne se fasse, j'étais à chanter les grandeurs des champs et
à faire l'éloge de la terre. Le principal artisan, le responsable
des succès et de l'évolution de notre agriculture est ce
professionnel de la terre, cet ingénieur du sol qu'est l'agronome. Il y
a eu une obligation de recyclage extraordinaire pour cet homme qu'est
l'agronome. L'agriculture a évolué avec une rapidité je ne
dirai pas inquiétante mais fulgurante; la ferme agricole est devenue une
entreprise commerciale.
Une foule de petites entreprises agricoles marginales sont disparues,
elles ont été remplacées par des grosses fermes.
L'agriculteur d'aujourd'hui, digne de ce nom, doit être un industriel.
Les étudiants en agriculture au niveau universitaire étudient
maintenant de nouvelles sciences que leur confrères plus
âgés n'ont pas étudiées. Les méthodes
d'approche des agronomes auprès des cultivateurs sont différentes
de celles qui existaient il n'y a pas plus de dix ans. L'agriculture n'est plus
uniquement une affaire de production, c'est aussi une affaire de
transformation. Le rôle d'un agronome dans une agriculture moderne est
perçu et apprécié dans de nombreuses sphères comme
essentiel puisque de son action professionnelle dépend l'alimentation
des humains.
Si on a de bons agronomes, on a une culture prospère.
L'agriculteur n'inventera pas les méthodes nouvelles, il ira
lesétudier avec l'agronome, l'ingénieur des champs.
L'agronome est le seul professionnel de l'agriculture, le seul capable
d'appliquer les sciences à l'agriculture.
C'est capital, M. le Président, et c'est pourquoi ce projet de
loi 258 devrait attirer l'attention non seulement de la population agricole du
Québec mais de la population industrielle du Québec. L'Office de
mise en marché des produits agricoles, les producteurs, les
consommateurs, tout se tient, si nous avons une production. Tantôt, mon
collègue de Gouin était inquiet sur l'avenir qui est
réservé à l'humanité au sujet de sa nutrition. Pour
que cet avenir, que ces événements qu'il présage dans une
vision apocalyptique, soient retardés le plus tôt possible, il
faut nécessairement que notre agronome ingénieur soit à
l'affût des théories nouvelles et qu'il puisse conseiller
l'agriculteur qui doit lui aussi s'instruire. Autrefois, on faisait un
habitant, en prenant le plus imbécile de la famille et en le faisant
labourer. Aujourd'hui, il faut prendre le plus brillant de la famille, parce
qu'on en fait un industriel. Le seul qui survivra en agriculture, c'est celui
qui possède ces données et qui est capable de gérer une
ferme, de voir à la mise en marché de ses produits et qui est
capable de participer à l'évolution et au développement de
la vie agricole et aussi des problèmes qui en dépendent, pas des
problèmes, mais des facteurs qui découlent de cette vie agricole.
Vous avez la mise en marché des produits agricoles qui partent de
l'agriculteur, vous avez le bien-être et le mieux-être du
consommateur dont tout dépend. C'est l'agronome qui est le chef
d'orchestre au concert qui se joue dans nos campagnes et qui doit agencer les
partitions afin que tout soit harmonisé et concorde pour produire
quelque chose qui sera agréable et productif.
M. le Président, depuis plusieurs années, les agronomes
espèrent une définition légale plus à jour de leur
travail professionnel. Cette nouvelle définition de leur profession, les
agronomes la souhaitaient ardemment, non pas pour revendiquer des droits qu'ils
ne peuvent avoir et non plus pour éliminer et dominer les gens qui
gagnent leur vie en agriculture.
C'étaient et ce sont les expressions dont se sont servis les
membres de la corporation dans le mémoire qu'ils nous ont exposé.
Les agronomes ne veulent pas restreindre le champ d'action des autres
professionnels, mais, pour caractériser leur action, pour en
déterminer la portée, ils veulent qu'on leur permette d'appliquer
à l'agriculture les sciences qu'ils ont étudiées. C'est
l'objectif que poursuit ce corps professionnel et, en l'introduisant dans le
cadre des professions, en l'introduisant dans les 21 professions dont nous
étudions le fonctionnement et dont nous étudierons les
règlements d'application, je crois que l'agronome vient prendre la place
qu'il lui revient. Je crois, M. le Président, qu'il est grand temps que
l'on fasse quelque chose pour ces gens. J'ose espérer que les propos que
j'ai mis de l'avant en ce qui a trait au revenu trouveront un écho
quelque part afin que ces ingénieurs du sol puissent être
rémunérés comme il se doit. Sur ce, M. le
Président, nous aurons quelques remarques à faire lorsque nous
étudierons cette loi en comité plénier; je réserve
donc mon intervention pour ce moment.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, à mon tour sur le projet de
loi no 258, il va sans dire qu'il faut presque, à ce moment-ci,
emprunter des connaissances que nous n'avons pas mais que nous devons
maîtriser.
Comme l'honorable député de Saint-Maurice l'a dit,
moi-même je ne suis pas agronome. Par contre, ayant quelques
connaissances en agriculture, je me permets de parler, en leur nom, sur ce
bill.
Premièrement, l'honorable ministre, tout à l'heure, a bien
voulu apporter, si j'ai bien compris, une correction quant à la
phraséologie ou enfin au sens à donner à certaines
définitions de mots. J'ai nommé le terme "agrologie", qui a
été mentionné en commission parlementaire, ainsi que le
terme "agronomie". Je pense qu'en apportant la correction, principalement dans
la partie anglaise du bill... Disons que le sens est complètement autre
dans "agrologist". Il ne couvre qu'une partie du champ d'activité que
les agronomes ont couvert dans le passé et auront à couvrir
également dans l'avenir.
Ceci dit, c'est véritablement le cas que les agronomes n'ont pas
seulement à s'occuper ou à voir à enseigner, à
conseiller les cultivateurs, les fermiers, sur la culture des plantes, mais
également à s'occuper de l'amélioration et des soins du
bétail. C'est pour cela que la correction, de tout premier ordre, devait
avoir lieu.
En ce qui concerne les agronomes, ce n'est pas une tâche facile
qu'ils ont eue dans le passé et peut-être le sera-t-elle encore
moins dans l'avenir. Justement, les personnes qu'ils ont à conseiller,
les agriculteurs, comme les fils d'agriculteurs qui se destinent à
l'agriculture, c'est-à-dire les agriculteurs d'aujourd'hui, de 1973, et
ceux qui auront à vivre de l'agriculture, ce n'est plus seulement une
profession ordinaire. En plus d'être agriculteurs de métier, ils
doivent être des hommes d'affaires au sens complet du mot.
Or, étant donné que l'agriculteur est continuellement aux
prises avec la nécessité de jouer avec la vie, quand ce n'est pas
la vie des plantes, c'est la vie des animaux, ce n'est pas une tâche
facile qu'ont les agronomes ou qu'auront les agronomes dans l'avenir pour faire
de ces spécialistes de la terre, de ces spécialistes qui auront
à nourrir le genre humain, des personnes qui pourront, avec leur
métier, s'acquitter de cette lourde tâche qu'ils auront à
accomplir.
De plus en plus, nous voyons dans d'autres sphères, avec les
spécialisations, des personnes spécialisées pour couvrir
un cadre bien déterminé. Mais nous voyons, dans bien des cas, des
personnes qui sont en mesure, à 100 p.c, de couvrir ce cadre
particulier.
Combien, cependant les trouvons-nous justement primaires, très
primaires lorsque nous leur posons des questions dans d'autres domaines
connexes à leur spécialité! Justement, en agriculture, les
agronomes ont à former les cultivateurs de façon que leur rayon
de connaissances soit tellement grand que c'est pour cela que, de plus en plus,
nous sommes portés à les appeler les hommes d'affaires. Ce sont
réellement les personnes que nous devons qualifier aujourd'hui,
peut-être, de personnes les plus éclairées parmi tous les
professionnels.
A ce moment-ci, je ne veux pas semer de doute quant à la valeur
des autres professions ou des professionnels à l'intérieur de ces
disciplines. Mais étant donné la grandeur, le champ de
connaissances à l'intérieur duquel les agronomes doivent jouer
tous les jours de l'année je dis tous les jours de l'année
et ce n'est pas faux parce que ce n'est pas seulement durant les cinq jours
ouvrables mais durant les sept jours de la semaine, 365 jours par année,
par conséquent ils doivent composer continuellement, justement
par le fait qu'ils jouent avec la vie, la vie des plantes et la vie des
bétails.
M. GALLIENNE: Des bétaux!
M. BELAND: M. le Président, celui qui vient de parler me dit
"bétaux". Je reconnais parfaitement bien l'honorable
député qui vient de faire son entrée il y a seulement
quelques mois en cette Chambre. Il a des connaissances très primaires en
agriculture, M. le Président.
M. DEMERS: Oh! oh! Vous n'êtes pas allé dans Gatineau, vous
ne l'avez pas vu labourer!
M. BELAND: M. le Président, je ne puis, à ce moment-ci,
étant donné que nous parlons des agronomes, passer sous silence
une question. Les agronomes de l'avenir, que leur demandera-t-on? Il y a
plusieurs champs nouveaux d'activité qui s'ouvrent devant eux. Je me
permets d'en nommer un. Je ne me rappelle pas quelle association de la
région de Montréal en a fait mention dernièrement, mais,
de toute façon, il s'agissait justement d'apporter une aide à
celui qui était le responsable de la qualité de l'environnement
il y a quelques jours seulement, l'honorable député de
D'Arcy-McGee. Je disais justement qu'en ce qui concerne les espaces verts dont
a fait mention cette association, espaces verts que nous devrons
aménager autour de Montréal, on fera appel, encore là,
à des agronomes pour mesurer quelles sont les possibilités pour
un aménagement rationnel de tels espaces verts, espaces qui devront
être durables en dépit du fait que dans ces espaces verts devront
être aménagés des parcs de toutes sortes et quoi d'autre
encore.
En même temps, il va sans dire c'est ce pourquoi je faisais
allusion au député de D'Arcy-McGee ces espaces verts
aideront l'honorable député à résoudre, en partie,
son problème de dépollution.
Encore là, le même député qui vient de faire
son entrée en Chambre me demande pour quelle raison. Je ne peux faire
autrement que de lui répondre. Je vois que l'honorable
député ne sait pas que les plantes, les arbres ont des
propriétés dépolluantes par leurs...
M. DEMERS: Comment ça?
M. BELAND: ... tiges, leur respiration. Cela me fait plaisir de
renseigner l'honorable député. A l'avenir, les agronomes ne
seront-ils pas appelés à jouer un autre rôle en plus de
celui qu'ils ont joué à venir jursqu'à maintenant, et
qu'ils jouent aujourd'hui? Peut-être que l'honorable ministre de
l'Industrie et du Commerce s'en souviendra, j'ai posé une question, en
décembre dernier, concernant le fait qu'au Québec nous devrions
encourager la culture biologique, et faire connaître à la
population les avantages d'une telle culture.
Encole là, est-ce que ce ne seront pas les agronomes qui seront
appelés à jouer un rôle très important de même
que les techniciens agricoles? Mais ce n'est pas le moment. Avant d'être
rappelé à l'ordre, je dis tout simplement que ce seront les
agronomes qui seront appelés à conseiller les fermiers qui
voudront s'adonner à de telles cultures.
Je pourrais citer ici si ça m'était permis
certaines expériences qui ont été faites en Europe. Je
pourrais signaler le nom de certains agronomes éminents qui se sont
aventurés dans de telles possibilités de culture et qui ont eu
des succès fabuleux. Même au Québec nous comptons
déjà deux ou trois fermes à cultures biologiques mais qui
ne sont pas reconnues
comme telles. Cependant, une certaine quantité de
ménagères qui s'y connaissent dans ce domaine de même que
les naturopathes font appel à ces fermes, afin de trouver
réellement ce qu'il faut pour soigner de façon naturelle
certaines maladies.
Il va sans dire que les agronomes ont joué un rôle
également important dans le passé au niveau non seulement des
industries agricoles mais également para-agricoles. Et cela va continuer
dans l'avenir.
Ils ont également joué un rôle très grand non
pas seulement comme conseillers agricoles. Ce fut mentionné d'ailleurs
tout à l'heure de façon très brillante. Ils se sont
acquittés de cette fonction, entre autres, mais combien de fois
n'ont-ils pas suggéré à des agriculteurs des
améliorations très sensibles pour un aménagement
réaliste, fonctionnel d'une ferme, et selon, toujours, les
possibilités de revenu et l'envergure que voulait donner ce fermier
à sa ferme! Et nous avons constaté par les résultats que
dans très peu de cas les agronomes se sont trompés. Et c'est pour
cela que c'est le moment aujourd'hui de le signaler. Ils se sont
acquittés, jusqu'à aujourd'hui, de leur tâche d'une
façon magnifique. Nous devons les en féliciter.
Il faut signaler le fait qu'il faudra améliorer de plus en plus
l'enseignement agricole. Ce n'est pas parce que l'enseignement agricole a
été mauvais, non, mais il faudra se tenir à la page
à cet égard, mais il y a possibilité de
s'améliorer. Je pense que nous pourrons faire constater au ministre de
l'Education et au ministre de l'Agriculture que nous devrons au Québec
intensifier l'enseignement agricole de la même façon que cela se
fait présentement à l'Ecole d'agriculture de Sainte-Croix,
Lotbinière, la seule école agricole française de
l'Amérique du Nord.
M. le Président, je termine avec ces quelques observations et
j'espère que l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce,
malgré que je sois fort surpris parce que je croyais que l'honorable
ministre de l'Agriculture s'occuperait des agronomes, mais absent comme il est,
il a transféré ses pouvoirs à l'honorable ministre de
l'Industrie et du Commerce. C'est pour cela que nous devons constater que
l'honorable ministre responsable aujourd'hui n'a pas parlé très
longuement en deuxième lecture et peut-être que sa réplique
sera également courte.
Cela dit, M. le Président, je vous remercie.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Sainte-Marie.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le projet de loi 258
qui est une loi connexe au code des professions va abroger la loi actuelle des
agronomes et la remplacer par une nouvelle. La Loi des agronomes du
Québec n'a pas été amendée ou changée depuis
trente ans. On peut dire, comme ceux qui ont parlé avant moi, que la
Corporation des agronomes est une des professions les plus importantes dans le
Québec, étant donné les problèmes agricoles que
nous, avons présentement.
Il y a, je pense, quelque 1,800 agronomes qui pratiquent la profession.
Tout à l'heure, un de mes collègues mentionnait le fait que les
agronomes n'étaient pas représentés parmi les membres de
l'Assemblée nationale. A l'avantage de cette profession, on peut dire
qu'il y a plusieurs années, cette profession n'a été
représentée assez avantageusement parce que, de 1936 à
1939, le chef de l'Opposition était un agronome et de 1939 à 1944
ce même agronome était premier ministre du Québec, en la
personne de M. Adélard Godbout.
Ils ont donc été représentés
avantageusement. M. le Président, cette profession d'agronome a surtout
pour rôle de conseiller l'agriculteur dans l'administration de sa ferme,
dans ses modes de culture. En somme, ce technicien de l'agriculture joue un
rôle très important et je pense que, dans l'avenir, si, comme le
dit souvent le ministre de l'Agriculture, on veut sauver l'agriculture au
Québec, on va le faire certainement avec des spécialistes de la
profession, c'est-à-dire des agronomes.
Nous sommes entièrement d'accord sur le projet de loi.
c'est-à-dire que c'est toute une restructuration par la formation d'un
bureau qui sera formé d'un président, d'un vice-président
avec des représentants de onze sections en vertu de la loi, et de trois
représentants nommés par le bureau administratif. Cependant dans
la délimitation des onze territoires qui seront nommés les
onze sections nous voyons un peu plus loin que chacune de ces sections
pourra amender ou changer les limites de son territoire.
Je ne sais pas comment ça va fonctionner, parce qu'actuellement
nous définissons les onze sections et les territoires sont inclus dans
la loi. Par contre, nous disons à un article je ne me souviens
pas de son numéro qu'une section pourra changer les limites de
son territoire. Mais comment changer les limites du territoire si, en vertu de
la loi, ces limites existent déjà? Je ne sais pas si le ministre
me saisit bien, mais, en vertu de la loi, il y a onze territoires et des
limites, mais, par contre, une section peut rediscuter les limites de son
territoire.
Je ne sais pas si le ministre en a pris connaissance. Je ne sais pas si
c'est une contradiction dans la loi. Nous sommes d'accord sur toutes les
nouvelles structures; cependant, nous déplorons que, lorsqu'on parle des
conditions requises pour obtenir un permis d'exercer la profession d'agronome,
on n'ait pas inclus l'obligation de la connaissance du français. Je ne
sais pas s'il y en a, ici dans cette Chambre, qui connaissent des agronomes qui
pratiquent actuellement dans le Québec et qui n'ont pas une connaissance
d'usage du français. Moi, j'en connais quelques-uns autour de
Montréal.
Je pense qu'il aurait été normal pour le
Québec que soit incluse dans la loi l'obligation pour un agronome
de parler français pour pratiquer sa profession dans le Québec.
C'est là une lacune, une anomalie que nous constatons dans la loi. En
commission parlementaire, lorsque nous discuterons du projet de loi article par
article... Voulez-vous me faire remarquer qu'il est six heures?
M. LEVESQUE: Non, j'allais demander au député s'il avait
des remarques plus prolongées ou s'il achevait. J'ai quelques mots
à ajouter en dehors...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Il m'en reste pour une minute. Je conclus
tout simplement en disant que notre parti est d'accord sur la loi, mais nous
sommes en désaccord sur l'article où on mentionne les obligations
pour l'obtention d'un permis pour la pratique de la profession. Nous aurions
voulu y inclure l'obligation de la connaissance d'usage du français pour
pratiquer cette profession dans le Québec. Merci.
M. LEVESQUE: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion de deuxième
lecture est-elle adoptée?
Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission parlementaire
spéciale des corporations professionnelles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, on reçoit plusieurs demandes
de renseignements; des gens veulent prendre rendez-vous et aimeraient
être fixés un peu sur les heures des séances cette semaine.
Ce soir, nous pourrons siéger jusqu'à minuit; demain, nous
siégerons en Chambre de trois heures à six heures.
Demain soir, il y a séance du Cabinet. Donc, nous ne
siégerons pas demain soir. Jeudi, nous siégerons de dix heures du
matin jusqu'à minuit et vendredi, nous siégerons à partir
de dix heures du matin. Quant à vendredi et les jours suivants, il
faudrait voir où nous en serons rendus. Parce que c'est l'intention du
gouvernement de suggérer que nous puissions disposer cette semaine des
deuxièmes lectures des projets de loi des professions et je crois que le
temps qu'il nous reste devrait être suffisant pour atteindre cet
objectif.
La programmation que je viens de mentionner est sujette à
changement, mais c'est l'inten- tion que nous avons en ce moment. Donc, ce soir
jusqu'à minuit; mercredi, de trois heures à six heures; jeudi, de
dix heures à minuit; vendredi, peut-être jusqu'à six
heures, mais tout dépendra de la marche des travaux. Lorsque nous ne
donnons pas de renseignement, M. le Président, on vient nous demander
tour à tour ce qui va arriver, si on peut prendre tel ou tel
rendez-vous, si nous essayons d'être gentils et de collaborer, on se fait
dire qu'il y a une épée de Damoclès. On ne sait plus
réellement, M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie ) : Siégeons-nous samedi?
M. ROY (Beauce): Je veux chasser ces propos de mon esprit. Est-ce que
samedi, c'est l'intention du leader du gouvernement de faire siéger la
Chambre?
M. LEVESQUE: C'est ce que voulait dire le député de
Bourget. Il n'est pas question, dans notre esprit, de siéger samedi, si
ces projets de loi sont déférés à la commission
parlementaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce qu'on va siéger samedi? C'est
connditionnel.
UNE VOIX: C'est nous qui décidons cela.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Bien oui, c'est pour cela que je vous le
demande.
M. LEVESQUE: Ne me posez plus de questions.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais demander à
l'honorable leader de nous dire quels projets de loi seront discutés ce
soir.
M. LEVESQUE: Nous allons continuer, je crois bien, avec les comptables
agréés. C'est tout quant aux projets de loi qui sont
parrainés par le ministre de l'Industrie et du Commerce. Nous prendrons
ensuite les projets de loi au nom du ministre des Affaires sociales, toujours
dans le domaine des professions.
M. ROY (Beauce): En ce qui a trait aux projets de loi du
ministère des Affaires sociales, est-ce qu'on pourrait savoir quel
projet de loi sera appelé en premier, en deuxième?
M. LEVESQUE: Les infirmières et infirmiers, projet de loi 273,
qui est maintenant en deuxième lecture et la parole est au
député de Montmagny.
M. ROY (Beauce): Parfait.
M. CLOUTIER (Montmagny): Après le projet de loi des
infirmières?
M. LEVESQUE: Après, je crois, si ma mé-
moire est fidèle, que le ministre avait indiqué qu'il
voulait entreprendre l'étude du projet de loi 254, Loi des dentistes.
Est-ce juste?
M. CLOUTIER (Montmagny): Il avait indiqué la Loi de la
pharmacie.
M. LEVESQUE: La pharmacie? Alors, probablement qu'il suivra l'ordre
qu'il a indiqué.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance: 18 h 5)
Reprise de la séance à 20 h 22
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): A l'ordre, messieurs!
Projet de loi no 264 Deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce propose la deuxième lecture du projet de loi 264, Loi des
comptables agréés.
M. Guy Saint-Pierre
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, dans ce projet de loi, le
huitième...
M. PAUL: Un instant, Son Exellence.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur a pris
connaissance de ce projet de loi et en recommande l'adoption à cette
Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A quel moment le lieutenant-gouverneur en
a-t-il pris connaissance?
M. SAINT-PIERRE: Vers six heures trente.
M. le Président, dans une large mesure, ce projet de loi se veut,
comme tous les autres, de concordance avec le trait de législation que
nous avons présenté, relié avec le code des professions.
Nous retrouvons donc dans ce projet de loi et je ne voudrais pas faire
perdre le temps de la Chambre pour l'expliquer en détail les
mêmes dispositions que nous avons vues cet après-midi dans
d'autres projets de loi, à savoir la composition d'un bureau de l'ordre
qui, dans ce cas-ci, sera composé d'un président, de vingt
administrateurs et de quatre personnes nommées par l'Office des
professions qui représenteront le public en général.
Ce bureau se voit confier, par le projet de loi, le même type de
mandat il n'y a rien de particulièrement différent ici
c'est-à-dire coopération avec les maisons d'enseignement
dans l'établissement des programmes d'enseignement, également
l'évaluation des étudiants, tenue d'un registre des
étudiants, révocation d'immatriculation des étudiants,
perception de certins droits et autres dispositions analogues en ce qui touche
la bonne marche de la Corporation des comptables.
Dans ce projet de loi, évidemment, on retrouve également
la définition d'un champ de pratique. J'aimerais prendre quelques
minutes pour expliquer dans quel état nous nous retrouvons
vis-à-vis de toutes les professions du secteur de la comptabilité
en regard de ce projet de loi.
On se rappelle que lors de l'audition à la commission
parlementaire tant des comptables
agréés que des autres groupe, les CGA, les RIA, nous
avions soulevé, nous, les parlementaires, la nécessité
d'obtenir une certaine intégration de la profession comptable en
reconnaissant, dans ce processus d'intégration, peut-être des
champs différents, mais le tout chapeauté par la même
corporation professionnelle.
Il me fait plaisir de dire que, durant le mois de décembre, nous
avons eu des rencontres qui ont duré quelques heures avec les
représentants des trois groupes directement concernés: les CA,
les CGA et les RIA.
Les trois groupes avaient convenu de mettre sur pied des
mécanismes conjoints pour étudier la possibilité de
fusionner leurs activités, leurs champs de pratique, quitte à
avoir des sections différentes à l'intérieur de
l'organisme. Un seul organisme pourrait chapeauter l'ensemble des fonctions
comptables et l'organisation de la profession comptable dans la province de
Québec.
Depuis décembre ou fin novembre, les organismes se rencontrent
régulièrement. On m'informe que des progrès sensibles ont
été réalisés dans ces discussions et qu'il n'est
pas impossible que, d'ici quelques mois, les trois associations puissent
présenter au gouvernement un nouveau projet qui contiendrait une
nouvelle définition du champ de pratique actuellement occupé par
des groupes différents et permettrait au même organisme de
chapeauter l'ensemble de l'organisation de la profession comptable, avec les
avantages évidents que ceci pourrait représenter.
Cependant, compte tenu de notre échéancier pour l'ensemble
de la législation sur les professions, il semble donc
préférable, pour le moment, de s'en tenir, en ce qui touche le
champ de pratique, à un certain statu quo pour causer le minimum de
difficultés entre les professions, compte tenu que les
négociations sont bien engagées entre ces groupes et qu'il est
possible d'escompter que, d'ici quelques mois, nous pourrions enregistrer des
progrès.
C'est donc dire que le législateur on le remarquera dans
la réimpression du projet de loi 264, ainsi qu'à certains
articles du code des professions, l'article 35, je crois a tenu par une
certaine prudence, à ne point modifier les champs de pratique ou le
degré d'exclusivité des trois groupes concernés, les CA,
les CGA et les RIA.
J'attire particulièrement l'attention des législateurs sur
un article que nous avons ajouté au projet de loi actuellement devant
nous et qui voulait protéger, d'une façon plus évidente
que nous ne l'avions fait autrefois, les droits qui étaient
donnés à un groupe particulier.
Malheureusement, je ne l'ai pas à l'esprit dans le moment. Il y a
un article soit dit entre nous, M. le Président, ça ne
touche pas le principe du projet de loi qui protège, d'une
façon très complète, les droits que pouvaient avoir les...
Tiens! Je l'ai. C'est l'article 29 que nous avons ajouté dans la
réimpression. D'une façon très claire, il indique que la
loi actuelle ne doit pas être interprétée comme
empêchant les membres de la Corporation professionnelle des comptables en
administration industrielle du Québec de pratiquer exclusivement comme
comptables en prix de revient ou comptables industriels leur profession tel
qu'ils l'ont fait jusqu'ici.
C'est une disposition nouvelle.
On remarquera d'ailleurs que et je pense que certains membres de
cette Chambre ont eu des représentations le projet de loi des
comptables contient les mêmes clauses de protection, les clauses
grands-pères que nous avions antécédemment. On retrouve
certaines d'entre elles dans des dispositions transitoires. On pense, en
particulier, à ce qu'il est convenu d'appeler les auditeurs publics
accrédités accredited public accountants qui, je
crois comprendre, disparaissent et qui, à un certain moment, ont
été un certain groupe assez fort. Ils retrouvent dans les
dispositions de l'article 47 une protection pour leur permettre de continuer
d'exercer leur profession avec les mêmes droits et privilèges
qu'ils ont eus jusqu'à ce jour.
M. le Président, je pense donc qu'en résumé ce
projet de loi se veut simplement la suite d'autres projets de loi que nous
avons eus. Compte tenu, comme je l'ai mentionné, de son champ le plus
particulier, c'est-à-dire la définition du champ de pratique et
les juxtapositions entre le champ des comptables agrées et celui des
deux autres groupes d'importance que nous connaissons dans la province de
Québec, les CGA et les RIA, il y a lieu de ne pas modifier le statu quo.
Il faut permettre, par le projet de loi 264, à la profession comptable
de s'abouter à nos réformes déjà prises dans le cas
du code des professions. Nous espérons, bien sûr, que
peut-être ce groupe sera un des premiers à se prévaloir des
nouveaux mécanismes de l'Office des professions et du projet de loi 250
pour demander, dans un avenir rapproché, une intégration de ces
trois groupes dans une seule profession comptable suivant des modalités
qu'eux-mêmes sont à définir.
Le député de Montmagny pourra peut-être nous
éclairer sur ce point, compte tenu qu'il est lui-même un
comptable, dans le cas des comptables il ne semble pas y avoir de
difficulté de frontière avec les autres corps professionnels. Il
me semble que les frontières sont assez bien limitées. Il peut y
avoir des difficultés de partage en ce qui touche le champ exclusif et
j'entends bien le champ exclusif. Bien sûr, on pourrait parler des
sciences de gestion et des sciences de "management", qui sont un domaine
où un peu tout le monde est expert, mais le champ de la
comptabilité et de la vérification est assez bien
délimité. Il s'agirait dans un réaménagement de
faire un partage entre les trois corps professionnels que nous avons jusqu'ici
pour délimiter, sous le même chapeau, un ordre qui regrouperait
tous ceux qui sont
intéressés à la science de la comptabilité
et de la vérification.
Ceci dit, il me semble qu'en général c'est l'essence de ce
projet de loi d'être de concordance avec les dispositions du code des
professions, qui a été adopté en deuxième lecture.
Rien de tellement particulier touche ce projet de loi, sinon de ne pas retarder
l'échéancier de notre réforme globale des professions.
Merci.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, le ministre de
l'Industrie et du Commerce avait gardé pour le dessert, son dessert
à lui, la Loi des comptables agréés. C'est un projet de
loi extrêmement important pour plusieurs raisons. Il n'y a pas un groupe,
je pense, devant la commission parlementaire quand je dis un groupe, je
vise tous les groupes de comptables. Il y en a cinq ou six qui sont venus
devant la commission parlementaire, les CA, les CGA, les RIA, les APA, la
Guilde des comptables commerciaux mais ils n'ont pas présenté
leur mémoire. Aussi, j'en parlerai un peu plus tard. Je veux
déjà dire au ministre que je ferai des remarques sur la
proximité d'autres corporations professionnelles qui s'occupent de
gestion, proximité qui n'est peut-être pas évidente
aujourd'hui, mais qui le sera dans quelques années où d'autres
générations verront les mêmes problèmes se poser,
les problèmes de champs connexes entre l'administration, d'une part et
les sciences administratives et les sciences comptables, d'autre part.
M. le Président, il n'y a pas un groupe, devant la commission
parlementaire, qui a souligné d'une façon aussi évidente
son désir et la nécessité d'effectuer un regroupement. Il
n'y a pas un groupe également qui a manifesté, depuis les
séances de la commission parlementaire, autant de bonne volonté
à vouloir effectuer ce regroupement malgré que les
témoignages aient été assez directs. Il y a eu des
échanges assez vifs entre les trois corporations professionnelles
majeures, à savoir les comptables agréés, les CA, les RIA
et les CGA.
En 1946, au moment où l'assemblée législative du
temps a reconnu dans une loi le privilège d'exercice exclusif aux CA,
les autres organismes ont mentionné que c'était là
accorder un privilège à une corporation professionnelle et que ce
privilège qui a été accordé à cette
corporation a empêché le développement aussi rapide des
autres corporations professionnelles, aussi rapide en nombre et aussi rapide
dans le champ d'activité professionnelle qu'elles ont pu couvrir. Si
bien que l'on retrouve aujourd'hui les CA dans le champ de la
vérification publique, et on retrouve surtout les CGA et les RIA aux
postes administratifs. Selon les statistiques si je me souviens, 90 p.c. des
CGA occupent des postes de responsabilité au sein du gouvernement, au
sein du haut fonctionnarisme fédéral, provincial et
également au sein de l'entreprise privée.
Les comptables, bien avant l'audition devant la commission
parlementaire, ont constaté ce besoin de regrouper les forces de leur
corporation, et de ne pas dépenser les énergies de leur
corporation professionnelle à lutter l'une contre l'autre mais bien
à dépenser ces énergies pour assurer le
développement nécessaire de leur corporation professionnelle,
compte tenu de l'évolution de la société et compte tenu de
l'évolution rapide du contexte dans lequel elles évoluent et sont
appelées à servir.
Depuis ce temps, depuis les séances de la commission
parlementaire, j'entendais le ministre dire tantôt qu'il y a eu
effectivement une première rencontre avec les autorités du
gouvernement, et qu'à la suite de cette rencontre il y en a eu plusieurs
tenues par ces trois groupes et qu'on s'achemine vers une solution.
Solution heureuse, je pense, M. le Président, non pas parce que
ces corporations professionnelles dont une a un champ de pratique
exclusif, les CA, et les deux autres, les RIA et les CGA, ont un titre
réservé au sens du code des professions vont perdre leur
identité propre, non pas qu'elles vont perdre dans cette fusion
l'orientation précise que chacune d'elles avait prise, mais on va faire
un certain réalignement à l'intérieur de ces professions.
Parce qu'il y a deux groupes bien distincts de professionnels qui oeuvrent au
sein de ces trois corporations. Il y a deux orientations bien distinctes. Il y
en a une qui veut que les comptables ou les membres de ces trois corporations
professionnelles fassent surtout de la gestion et de la comptabilité,
tandis que les autres se spécialisent dans la vérification.
Alors, il y a là une espèce de partage qui est naturel, je pense,
mais que, de toute façon, les travaux de la commission parlementaire ont
facilité.
Sans fausse modestie, je dois dire qu'à la commission
parlementaire, étant fort sensibilisé à ce
problème, j'ai été un de ceux qui ont invité ces
trois corporations professionnelles à tenter cet effort de regroupement.
Dans le contexte actuel tel qu'on le connaît, tenant compte des
possibilités que donne la législation et de la tendance naturelle
qu'il y a à se regrouper je ne veux pas déborder les
cadres du débat, mais on sait que le mot "regroupement" est
mentionné en plusieurs milieux il est bon que les trois
corporations professionnelles, pour un objet bien précis, tentent cette
forme de regroupement. Je pense qu'elles vont y réussir. En cela, elles
donneront un exemple à d'autres corporations professionnelles.
Il y a d'autres champs aussi où on devra étudier cette
forme de regroupement. Là, je reste dans le domaine des corporations
professionnelles. Il y a le secteur des sciences de la santé. Nous
continuerons possiblement, après étude de la loi des comptables,
avec le ministre
des Affaires sociales, l'étude des lois spécifiques dans
le domaine de la snaté. Il se peut qu'au cours de l'étude de ces
lois nous mentionnions, au passage, cette possibilité qu'il y ait
peut-être certaines formes de regroupement.
D'ailleurs, il y a des professions qui l'ont. Je pense en particulier
à ces trois corporations qui sont venues devant la commission
parlementaire et qui ont soumis un mémoire conjoint: les psychologues,
les travailleurs sociaux professionnels et les conseillers en orientation. Ils
sont trois. Il y a là trois groupes de professionnels qui l'ont
demandé aussi. Il y aura d'autres regroupements possibles, M. le
Président, même pour des corporations qui ne sont pas reconnues
actuellement par le code des professions. Je pense à tous les
techniciens professionnels, tous les techniciens diplômés des
CEGEP, soit dans des sciences administratives, soit dans des techniques
humaines, soit dans des techniques forestières. Enfin, il y a plusieurs
formes de regroupements possibles, souhaitables et désirables.
M. le Président, je suis bien satisfait de voir que les
comptables ont compris cet appel que nous leur avions lancé à la
commission parlementaire et qu'aussi vite que possible, ils entreprendront
cette importante tâche de l'étude du regroupement. Je sais
le ministre l'a dit tantôt que plusieurs rencontres ont eu lieu,
que les mécanismes conjoints d'études sont en place. Je sais que
les nombreuses rencontres qui ont été faites jusqu'à
maintenant laissent augurer pour bientôt le ministre dit quelques
mois. J'espère qu'il n'y aura pas de retard indu, bien que l'on doive
prendre le temps nécessaire pour bien effectuer cette entente et cette
intégration.
M. le Président, la comptabilité est une science qui
évolue très rapidement et qui va évoluer très
rapidement. J'ai parlé, au cours de l'étude de certaines lois
spécifiques, de la formation. Je pense que c'est encore une occasion, au
moment de l'étude de cette loi, de parler de l'importance de la
formation, non seulement de la formation scolaire, puisque les comptables
reçoivent une formation universitaire, mais également de la
formation une fois les études universitaires terminées, une fois
entrés dans la profession. J'ai dit qu'il n'y avait peut-être pas
de professions qui doivent se recycler aussi continuellement que celles du
Barreau et des comptables. Et c'est évident, parce que leur pratique est
basée en grande partie sur la législation que cette
Assemblée nationale adopte.
Quand on connaît le volume de la législation, il est
évident que les membres de ces deux professions, et le Barreau et les
comptables, doivent poursuivre à certains moments des périodes de
formation postuniversitaire, des périodes importantes de formation. On
n'a qu'à mentionner la réforme fiscale qui s'est effectuée
l'an dernier au niveau des deux gouvernements, le Parlement canadien et
l'Assemblée nationale, pour mesurer toute l'importance de cet effort de
recyclage qu'ont dû accomplir les comptables depuis l'an dernier.
Et vous messieurs, qui allez, cette année, demander à la
profession comptable de préparer vos déclarations d'impôt,
vous allez certainement être en mesure d'apprécier les
connaissances que les comptables ont acquises depuis un an de toutes les
subtilités de la réforme fiscale.
Je sais que les députés comme les autres, étant des
humains, vont vouloir utiliser tous les mécanismes de la
législation fiscale non pas pour frauder et priver le ministre du Revenu
de toutes les ressources dont il a besoin, mais pour ne payer que la juste part
qu'il doit recevoir.
M. le Président, la profession de comptable, je l'ai dit il y a
un instant, est en évolution très rapide. Je ne sais pas s'il y a
d'autres professions qui ont fait autant de recherche sur l'avenir de leur
profession. Que sera la profession dans quelques années? Les groupes de
comptables se sont réunis et ils ont fait une étude de ce que
pourrait être la profession en l'an 2000. Je ne voudrais pas à ce
moment-ci, M. le Président, avancer d'affirmation que je ne saurais
prouver en cette Chambre. J'ignore s'il y a d'autres corporations
professionnelles qui ont fait une étude sur ce que sera la profession
à un moment précis de l'histoire, soit en l'an 2000.
Je sais que plusieurs corporations professionnelles s'interrogent sur
leur avenir, s'interrogent sur l'évolution qu'elles connaissent
actuellement et s'interrogent également sur l'orientation qu'elles
doivent donner au développement de leur profession. Mais les professions
de comptables et les groupes de comptables ont effectué une étude
très importante dont il a été question à la
commission parlementaire et je pense que les députés de cette
Chambre ont reçu, du moins ceux qui font partie de la commission
parlementaire, le résumé de cette étude qui a
été faite par les RIA sur le plan national et qui s'intitule:
"The Future of the Accounting Profession in Canada", et également cet
autre résumé qui s'appelle "Report on Project 21st Century". Je
voudrais citer la conclusion de ce résumé pour que les membres de
cette Chambre constatent bien que la profession de comptable est
peut-être une de celles qui va subir le plus de transformation au cours
des trente prochaines années.
Voici la conclusion de ce rapport, M. le Président. J'ai le texte
anglais, je la cite en anglais et j'espère que mon accent ne trahira pas
toute la qualité de ce texte que je vais citer.
M. CASTONGUAY: L'accent de la rive sud.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui et on dirait, par moment, que c'est
l'accent du comté de Louis-Hébert. Cela se rejoint. Je constate
que le ministre a recouvré une vigueur insoupçonnée. Cela
augure bien pour les lois que nous allons étudier tantôt. "The
following conclusion statement on the
outlook for the professions for the next 30 years was submitted by one
of the groups. We believe it also captures the general feelings expressed by
the other study groups. It is the opinion of this committee that the
accountant, as we know him today, will not exist in the year 2000. He may still
carry the same title but his entire professionnal function, environment,
responsibilities and objectives will have changed drastically. "Rapid avances
in the technology of data processing and communication combined with increased
knowledge and application of behaviour sciences has set trend in accounting and
management techniques. The accounting profession must immediately embarked on a
continuous upgrading of its education programm in an attempt to leave
management in economic decision making. "Its present education professional
standard traditions must be reexamined, questioned and revised as quickly as
possible. The enormous task of revising the professions traditional approach
can only be done by the unified accounting profession. This association will be
the only body that could sanction certification in accordance with up-to-date
legislation. "It is imperative to the future of the profession that this
unification takes place and the sooner is the better. It is this comittee's
opinion that the individual members of the profession must act quickly, and
insist, on changes within the profession. The survival of our profession is at
stake unless we keep face with the times."
Nous voyons, M. le Président, et c'est dit en termes très
explicites, que la profession des comptables doit se regrouper. En l'an 2000,
étant donné tout le développement de la technologie, le
comptable, comme le médecin, travaillant avec des outils modernes, des
ordinateurs, cette mécanisation que l'on connaît, va davantage se
diriger vers l'analyse, l'expertise.
Les tâches routinières qui, si on me permet l'expression,
ont pu être les siennes au début de cette profession et durant ces
dernières années, vont être modifiées
considérablement.
Quand on parlera de l'expert comptable ou du comptable qui pourra
regrouper différentes disciplines comme la médecine regroupe 22
ou 23 spécialités, il est possible que l'on connaisse un expert
comptable professionnel de cette discipline qui va coiffer toutes ces sciences,
toutes ces spécialités, que cela soit de la comptabilité,
de la vérification, de la gestion, de l'administration. Il faut poser la
question. C'est pour cela que j'ai dit, en deuxième lecture sur le bill
250, qu'il était désirable que cette législation, non
seulement sanctionne un état de fait, non seulement constate
l'état actuel des professions et leur évolution depuis leur
origine jusqu'à aujourd'hui, mais aussi ne perde pas de vue la dimension
de l'avenir, la dimension du développement futur des professions. Il
doit y avoir cette dimension dans le code des profes- sions et son application,
en particulier dans les fonctions qui seront attribuées au Conseil
interprofessionnel et à l'Office des professions, dimension qui doit
faciliter cette recherche, cette évolution au sujet des professions.
J'ai décrit la profession de comptable de l'an 2000 mais nous pourrions
examiner les professions juridiques ou les professions médicales telles
qu'elles vont se pratiquer en l'an 2000. Nous allons parler des
infirmières tantôt. Est-ce que l'infirmière d'aujourd'hui,
en 1973, pose les mêmes actes médicaux qu'il y a 25 ans? Est-ce
que la science n'a pas tellement évolué qu'aujourd'hui on se
retrouve avec un problème où des infirmières posent des
actes que la loi actuelle leur fait poser illégalement? C'est le
même cas pour les autres corporations de la santé. C'est pour cela
que le code des professions et les lois spécifiques prennent à ce
moment-ci une dimension particulière et une importance dont tous les
membres de cette Chambre sont conscients. C'est pour cela également
qu'après que nous aurons fait cet effort de réflexion, ici
à l'Assemblée nationale depuis quinze mois que nous
travaillons avec les différentes corporations professionnelles il
ne faudrait pas que cet effort de réflexion et ce dialogue se terminent
là.
C'est pour cela que nous avons suggéré des
mécanismes. Que cette commission, d'abord, soit une commission
permanente. Qu'elle continue d'entendre les propositions, les
réflexions, les remarques, les études, les conclusions des
études des groupes. Tantôt, le ministre nous a dit: Dans quelques
mois, nous espérons que les comptables pourront nous faire part de la
conclusion heureuse de cette entente qu'ils sont en train de discuter. Il
serait important que la commission parlementaire en prenne connaissance,
qu'elle reçoive à la prochaine session ce rapport des comptables.
Qu'ils nous disent de quelle façon ils ont travaillé, comment ils
en sont venus à cette entente, quelles en sont les modalités, de
quelle façon, à partir de ce moment, on entend contribuer au
développement et à l'épanouissement de ces
professions.
Ce sera un exemple pour les autres professions qui vivent dans un champ
connexe, qui travaillent, qui posent des actes médicaux, qui sont
considérées comme faisant partie du même secteur
d'activité. C'est dans ce sens que cela pourrait avoir un effet
d'entraînement. Pour une fois, ces professionnels de la
comptabilité, de l'équilibre mathématique, de la balance,
de l'équation parfaite deux plus deux, cela fait quatre
pourraient exercer une influence bénéfique sur les autres
corporations où les mathématiques n'entrent pas autant en ligne
de compte.
C'est un aspect que je voulais mentionner et je pense bien que mes
collègues, en particulier le député de Châteauguay,
le député de Jeanne-Mance, et il y en a d'autres dans cette
Chambre... Dans la comptabilité, il y a un champ d'activité
très vaste. Ce n'est pas parce qu'un
champ a été réservé à un groupe
professionnel en particulier par une loi, que ces professionnels portent un
jugement hautain sur d'autres professionnels de la même catégorie,
qui oeuvrent dans le même secteur. Même, quand on parle de
comptabilité, de tenue de livres, il y a là un
élément important de la vie professionnelle et du champ
d'activité. Les entreprises ont besoin de la compétence de tous
ceux qui oeuvrent dans ce secteur, à partir de l'emploi le plus modeste
jusqu'à celui qui signe en dernier ressort les états financiers
et qui prend la responsabilité de garantir, vis-à-vis des
banques, vis-à-vis des institutions financières, vis-à-vis
du public en général que les chiffres qui ont été
inscrits, à sa connaissance et compte tenu des renseignements qu'il a
obtenus de bonne foi, traduisent bien la réalité.
C'est pour cela que je voulais faire cette remarque, afin qu'on ne croie
pas que, quand on parle ici de l'Institut des comptables, nous oublions les
autres corporations professionnelles qui oeuvrent dans ce secteur et même
ceux qui ne sont pas reconnus comme faisant partie de ces corporations
professionnelles, mais qui donnent le meilleur d'eux-mêmes à ce
secteur d'activité.
M. le Président, ce sont les remarques que je voulais faire au
sujet du projet de loi 264. Je veux dire aussi au ministre que je
considère comme une amélioration le fait que l'article 29 et
l'article 47 tiennent compte des remarques qui ont été faites
devant la commission parlementaire et vont empêcher, si l'absence de ces
dispositions avait cela pour conséquence, qu'on reconnaisse à ces
corporations professionnelles ou ces groupes professionnels ce champ
d'activité qu'ils ont pratiqué depuis plusieurs années. Je
termine ces remarques en félicitant les corporations professionnelles,
les trois groupes qui, actuellement, tiennent des séances et
j'espère que la loi aidant, l'accueil assez sympathique qu'ils ont eu
à la commission parlementaire à la suite de leur désir de
trouver une forme de regroupement, tout cela va déboucher sur une
conclusion heureuse et aura un effet d'entraînement vis-à-vis des
autres corporations professionnelles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): Le député de
Frontenac.
M. Paul Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, nous sommes aussi favorables aux
principes que sous-tend cette loi. Nous comprenons qu'il s'agit en
définitive d'un bill de concordance qui se veut en accord avec les
modalités qu'ont déjà soutenues la Loi médicale, la
Loi des infirmières et autres. Nous sommes aussi particulièrement
heureux de constater que ce bill fait un regroupement de certaines autres lois
et en abroge certaines.
Nous pouvons donc espérer, grâce à l'annonce que le
ministre vient de nous faire relativement à une possibilité
d'entente entre les trois grandes professions du monde de la
comptabilité, soit les CA, les CGA et les RIA, que, d'ici très
peu de temps, nous aurons, au moins dans ce domaine de l'activité
humaine, de l'activité québécoise surtout, un certain
regroupement. Chacun y retrouvera sa place parce qu'on se sera entendu
préalablement sur les diverses modalités que l'on veut
s'attribuer dans ce champ d'activité.
M. le Président, je suis particulièrement heureux de ce
fait, surtout que, cet après-midi, j'ai eu l'occasion de communiquer
avec quelques CGA. C'est surtout cet aspect de la question qui
m'inquiétait doublement: Qu'allaient devenir les CGA et les RIA? Je
savais qu'une entente était en cours et j'ai eu l'occasion de
vérifier, à bon escient, que les pourparlers semblent donner
satisfaction aux CGA, à ce jour. Ils en sont eux-mêmes doublement
heureux, de telle sorte que les appréhensions que je nourrissais
à l'égard du vaste champ d'activité que se
réservaient spécialement les comptables agréés
à l'article 20 prennent aujourd'hui une nouvelle dimension. Je suis
particulièrement heureux que la loi soit restée dans des
définitions très larges qui permettront justement, parce qu'elles
sont très larges, aux divers organismes qui sont actuellement à
discuter, de s'entendre d'une façon acceptable pour tout le monde.
Si, comme l'a mentionné le député de Montmagny, les
CA se sont jusqu'à présent, spécialisés surtout
dans la vérification, il n'en est pas moins vrai que, dans un avenir
assez rapproché, je vois les CA devenir surtout des conseillers en
administration. Conseillers, parce qu'ils seront des spécialistes du
domaine de la comptabilité et qu'ils seront à l'avant-garde des
développements du monde de la comptabilité versus
l'évolution normale des lois tant fédérales que
provinciales. On en a vu dernièrement une application assez
marquée, surtout avec les derniers événements qui sont
survenus dans les divers ministères du revenu, tant
fédéral que provinciaux.
Par contre, je vois les CGA, qui se sont, pour leur part,
incrustés dans le domaine de l'administration, demeurer dans ce champ
d'activité. Il en sera également de même pour les RIA qui,
comme on le sait, sont spécialisés en comptabilité
industrielle.
M. le Président, s'il est une science qui est de plus en plus
nécessaire dans toutes les activités que ce soit pour les
médecins ou encore pour n'importe quelle autre profession, c'est bien
celle-là. Je crois que les. notions comptables font aujourd'hui partie
intégrante des connaissances que doit acquérir tout individu pour
être capable de profiter au maximum des avantages que la
société met à sa disposition. Ainsi, aujourd'hui, nous
pouvons dire que le monde
de la comptabilité, la science de la comptabilité
appartient en définitive à toutes les catégories de
professions. J'oserais même dire qu'il n'est pas une profession qui peut
réellement donner sa mesure sans apport de la science comptable. Nous
faisons donc face à une profession qui est fortement en
évolution, surtout grâce â l'apport de la technologie
avancée, du monde des ordinateurs et autres. Or, cette profession aura
dans le temps de plus en plus besoin de se redéfinir face aux nouvelles
propositions techniques qu'on aura avancées.
J'entrevois même la possibilité où un jour chaque
entreprise sera reliée à des ordinateurs centraux, où tous
les "inputs" et "outputs" des entreprises dans le sens comptable du mot seront
faits automatiquement et où même l'aspect vérification peut
venir à disparaître non en totalité mais en
quasi-totalité, de telle sorte que la profession comptable doit
nécessairement s'orienter vers la création de la pensée du
processus d'administration.
Il s'agit en somme d'une profession qui se cherchera
perpétuellement dans le temps et nous verrons plusieurs
spécialités naître à l'intérieur de cette
profession et d'autres disparaître. C'est pourquoi, dans un tel cadre, il
m'apparaissait, étant donné cette mobilité extraordinaire
que devront avoir les professionnels qui agiront dans ce secteur
d'activité, qu'il fallait qu'on ait une loi suffisamment souple pour
permettre ces rajustements.
Je suis profondément heureux de constater aujourd'hui qu'il
semble y avoir une entente entre les trois grands de cette profession pour en
venir à fusionner leurs activités et à faire une certaine
démarcation des limites à atteindre. Toutefois, je note qu'on
semble oublier quelque peu, peut-être parce que c'est une profession
encore naissante, d'autres professions connexes, et j'ai à l'esprit
surtout le MBA. Cette nouvelle vocation qui existe depuis une dizaine
d'années au Québec devrait aussi à mon sens retrouver ses
modalités d'application dans ce cadre d'activités. Aujourd'hui,
il m'apparaft que, d'ici très peu de temps, nous devrons
redéfinir le libellé même du projet de loi en question.
Nous devrons peut-être l'appeler loi des experts comptables, quelque
chose dans ce genre-là, loi des administrateurs publics ou quelque chose
qui se rapprochera de la nouvelle réalité couvrant les diverses
modalités ou les divers champs d'activités que se sont
répartis divers groupes qui actuellement sont à se refondre.
M. le Président, nous sommes profondément favorables au
nouveau principe du bill, quoique avec des réserves sur la façon
dont il a été présenté, nous y sommes très
favorables, surtout à cause de ce regroupement des activités. Si
ce bill conservait certains droits acquis à certaines professions, il
m'apparaît maintenant qu'il serait futile d'en parler puisque les divers
antagonistes sont actuellement à se redéfinir eux-mêmes.
Alors, pour ne pas étirer indéfiniment le temps de la Chambre, on
me permettra de signaler que notre groupement politique est favorable au
principe soutenu par ce bill. Nous désirons féliciter surtout
l'Institut des comptables agrées, qui a accepté de discuter avec
d'autres groupes qui étaient jugés jusqu'alors peu dignes de la
profession, ceux des CGA et des RIA. J'ose espérer que le responsable
ministériel des discussions en cours osera pousser une pointe
jusqu'à inviter d'autres associations connexes naissantes à
entrer en quelque sorte dans le mouvement en train de se créer. J'ose
espérer également, comme l'a souligné tout à
l'heure le député de Montmagny, que l'exemple sera suivi par
d'autres groupes et que bientôt nous assisterons au Québec
à une intégration des divers types de profession.
J'espère aussi que chacun n'essaiera pas nécessairement de
se donner des avantages au détriment de l'autre mais essaiera de se
trouver une place tout en réservant aux autres une place
également acceptable et que chacun y trouvera son profit.
Là-dessus, je vous remercie beaucoup.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): L'honorable député de
Gouin.
M. Guy Joron
M. JORON: M. le Président, on a pris l'habitude depuis quelques
jours, dans l'étude de différentes lois, sur différentes
professions, de voir la plupart du temps un représentant ou un membre de
chacune des professions dont on a discuté depuis quelques jours se lever
et nous dire toute l'importance de la profession concernée, nous faire
l'historique parfois de la profession et ainsi de suite.
Même si ce n'est pas original, et n'étant pas comptable
moi-même, je peux quand même vous dire que nous aussi nous
considérons la profession importante. Je trouve un peu ennuyeux de le
redire parce qu'on l'entend au sujet de toutes les professions. C'est bien
clair, les avocats sont importants; s'ils y en avait pas, ce serait plus
difficile d'administrer la justice. Je vois que le député de
Maskinongé pense que c'est la chose la plus importante. Par contre, le
médecin va penser que, s'il n'y avait pas de médecins, on ne
serait peut-être pas en vie, ou pas en santé. Cet
après-midi, le député de Saint-Maurice nous disait que,
s'il n'y avait pas de médecins vétérinaires, on ne
pourrait pas soigner les animaux. Alors, on n'aurait rien à manger et on
finirait tous par périr. Enfin, on peut faire le tour des...
M. DEMERS: Sans économistes, il n'y aurait pas
d'économie.
M. JORON: C'est cela. Cela n'est pas sûr. Cela dépend
desquels.
M. DEMERS: S'il n'y avait pas d'économes il n'y aurait pas
d'économie.
M. JORON: On peut faire le tour de toutes les professions et trouver
d'excellentes raisons pour en justifier l'importance. Je tiendrais tout
simplement à vous dire, au sujet des comptables, M. le Président,
que nous prenons cela au sérieux.
Pour vous en donner une preuve, je peux vous dire que notre parti est
allé trouver des comptables agréés. Nous leur avons
présenté nos livres. Nous leur avons demandé de les
vérifier, de produire des états financiers et d'accompagner ces
états financiers d'un certificat de vérification. Un comptable
agréé comme le député de Montmagny sait très
bien ce qu'implique un tel certificat. Cela engage la responsabilité
professionnelle de ceux qui signent un tel certificat. C'est comme cela que le
Parti québécois est, le seul parti jusqu'à maintenant
à avoir pu présenter des états financiers
certifiés.
UNE VOIX: Tu parles!
M. JORON: Cela fait mal. C'est une invitation.
M. TREMBLAY (Bourassa): Cela ne fait pas mal, c'est du communisme.
M. JORON: Le député de Bourassa est un peu
mélangé.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre messieurs!
M. TREMBLAY (Bourassa): Parlez du projet de loi. Ne parlez pas de votre
parti.
M. DEMERS: Il mêle cela avec les autoroutes.
UNE VOIX: Il est drogué par la haute finance.
M. JORON: Je ne sais pas s'il est à Paris ou en France. En vous
soulignant ce fait, M. le Président, je voulais tout simplement...
M. TREMBLAY (Bourassa): Ce n'est pas croyable.
M. JORON: ... inciter les autres formations politiques à avoir,
non le même respect, mais la même foi dans la profession
qu'exercent les comptables agréés et également à
leur soumettre leur états financiers respectifs.
Ceci dit, le ministre, en présentant son projet de loi, nous a
semblé un peu moins convaincant qu'il l'a été pour
d'autres lois qu'il nous a présentées au cours de
l'après-midi.
En effet, il nous a rappelé l'objet du projet de loi tel qu'on
peut le lire dans les notes explicatives. Ce projet de loi a pour principal
objet d'abroger la loi et de la remplacer par une nouvelle qui concorde avec
les dispositions du code des professions.
On appellera cela une loi de concordance. En plus, le ministre nous
signalait qu'étant donné que les trois groupes concernés
dans l'exercice, au sens large, de cette profession sont actuellement en voie
de négocier une entente il n'aurait pas été à
propos â ce stade-ci de modifier le champ de pratique des groupes
concernés. C'est comme cela que le ministre nous disait que la loi, en
somme, concrétisait le statu quo en ce qui regarde le champ de
pratique.
Nous nous réjouissons, pour notre part, que les trois groupes
concernés soient actuellement à négocier leur
intégration, à discuter cette question importante, parce qu'il
est particulièrement complexe, sur le plan des comptables, ce partage du
champ de pratique entre les différentes spécialités, entre
les différents groupes. Tant mieux s'ils y arrivent et le plus
rapidement possible!
On serait alors quasiment tenté de dire que la loi qui nous est
soumise ici devra peut-être, par contre, être revue à la
lumière de l'entente qui pourra intervenir bientôt entre les
groupes concernés. A cet égard, elle vient peut-être un peu
trop tôt. Si bien qu'on peut difficilement, je pense, aller au fond des
choses, puisque, par définition même de la loi, la loi telle
qu'elle est rédigée empêche d'y aller, exclut d'y aller en
raison de cette négociation qui a lieu en ce moment et qui n'est pas
terminée.
Ce qui nous amène évidemment à apporter un accord
plutôt tiède au projet de loi, parce que, dans le fond, on ne voit
pas ce qu'on a à se mettre sous la dent, quel est le principe
fondamental qu'il y a derrière et sur lequel on aurait pu discuter. On
peut simplement signaler et le député de Montmagny, un peu
plus tôt, l'a évoqué toute l'importance de cette
profession. C'est peut-être une des raisons qui en font une profession si
importante. On peut signaler toute l'importance de normaliser les standards et
la nécessité pour cette profession de garder des standards
très élevés.
Aussi, c'est le devoir de ceux qui sont membres de la profession de voir
à établir ces standards, mais c'est surtout aussi le devoir du
législateur de voir à ce que de tels standards existent parce
que, sur la foi de l'expertise de ces professionnels et sur la foi des
certificats qu'ils peuvent signer, sur leur endossement, il peut s'ensuivre des
conséquences financières, des conséquences
économiques considérables pour un très grand nombre de
citoyens.
C'est sur la base d'états financiers qu'on aura acceptés,
par exemple, qu'une banque ou qu'une caisse populaire avancerait de l'argent
qu'elle a recueilli dans le public, de ses déposants, pour le
prêter à une entreprise. Mais on voit tout de suite, par cet
exemple je me contente de n'en citer qu'un comment les fonds du
public sont en quelque sorte engagés dans cette discussion et que, si le
législateur ne s'assure pas de standards très
élevés dans cette profession, c'est l'intérêt du
public, au sens très large, qui peut être mis en cause.
Il y a un autre point, M. le Président. Je le
signalais cet après-midi, en parlant des ingénieurs, mais
c'est tout aussi valable. La question se rattache tout autant aux comptables.
Je veux parler de quelque chose que nous avons à déplorer, d'une
omission à la loi 264 que nous voulons déplorer. C'est l'absence
de dispositions au sujet de l'admissibilité à la profession,
d'une disposition concernant la langue.
Vous savez, et le député de Montmagny l'a signalé
lui aussi, que les comptables occupent des positions clés dans le
domaine économique, dans le domaine industriel, dans les grandes
entreprises, par exemple, aux échelons supérieurs de la gestion.
On déplore aussi que l'une des difficultés que l'on
éprouve au Québec à établir le français
langue de travail ne se situe pas tellement au niveau de l'usine. C'est
à partir du moment où, au niveau des travailleurs, ce sont les
communications entre ce niveau et l'administration, et la vie globale de
l'entreprise que ça bloque. C'est généralement dans les
échelons supérieurs, au niveau de l'administration ou de la
gestion, que l'on rencontre souvent des cas d'unilinguisme anglais qui
créent des difficultés de communication avec la base.
Là encore, cela aurait été un moyen d'assurer le
français langue de travail, de s'assurer que, pour exercer la profession
de comptable au Québec, l'on doive avoir une connaissance parfaite et
complète de la langue de la majorité, la langue
française.
Ainsi, la communication à l'intérieur de l'entreprise,
entre la base qui, généralement, est majoritairement francophone
et l'administration ou les gérants de l'entreprise, pourrait
s'établir beaucoup plus facilement. On ne pourrait pas nous dire,
à ce moment-là, qu'il devient inefficace, pas rentable ou pas
opérationnel de faire fonctionner l'entreprise en français, parce
que, dans les niveaux supérieurs de l'administration, on ne comprend pas
cette langue.
Nous aurions dû retrouver une telle disposition, plus
particulièrement dans une profession comme celle des comptables. Si on
veut être sérieux quand on parle du français langue de
travail, langue économique au Québec, on aurait eu là une
occasion. Encore une fois, on l'a ratée. Cela fait maintenant tellement
de fois, depuis trois ans, qu'à chaque occasion nous le
répétons au gouvernement que nous avons perdu confiance depuis
assez longtemps. Le public non plus, je pense, ne prendra pas au sérieux
un gouvernement et un premier ministre qui parlent de souveraineté
culturelle, par exemple, mais qui, chaque fois qu'ils auraient une occasion
d'agir, se défilent, comme on le fait encore une fois dans le bill
264.
Somme toute, M. le Président, c'est là une omission que
nous déplorons dans le projet de loi. D'autre part, je vous dis que,
néanmoins, en terminant, nous souscrivons à la loi telle quelle,
même si elle ne répond peut-être pas au degré
d'évolution actuel de ces professions. Je ne veux pas me
répéter, mais on signale toutes les négociations qui ont
lieu, à l'heure actuelle, à l'intérieur même de la
profession comptable. On aurait peut-être dû attendre ou il faudra
peut-être revenir.
Malgré ça et aussi malgré les difficultés de
définir le champ de pratique avec des professions connexes comme les
administrateurs, les MBA et toutes ces professions qui tournent autour de la
notion de gestion et qui peuvent se rattacher entre elles, nous appuierons
cette loi. Même si nous ne sommes pas en mesure de tout régler
aujourd'hui, il reste que nous appuierons cette loi dans la mesure où
elle n'est pas un pas en arrière c'est évident par
rapport à la situation passée et peut au moins ouvrir la porte
à une modernisation ultérieure quand on connaîtra le
résultat de l'entente actuellement en négociation, dans la mesure
aussi où elle rajuste, dans un contexte plus rationnel, l'exercice de la
profession comptable.
C'est pour ces raisons que nous allons, comme dans les autres cas,
apporter notre appui au projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que le ministre a quelque chose
à dire? Est-ce que la Chambre est prête à voter sur la
deuxième lecture du bill 264? La motion de deuxième lecture
est-elle adoptée?
M. PAUL: M. le Président, nous demandons le vote
enregistré pour ce projet de loi.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les députés
!
Vote sur la deuxième lecture
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Que ceux qui sont en faveur de la
deuxième lecture du projet de loi 264 veuillent bien se lever, s'il vous
plaît.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Castonguay, Garneau,
Tremblay (Bourassa), Goldbloom, Tetley, Drummond, Bienvenue, Saint-Pierre,
Mailloux, Phaneuf, Perreault, Brown, Kennedy, Séguin, Picard, Pearson,
Fraser, Fortier, Assad, Bossé, Caron, Cornellier, Dionne, Faucher,
Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne,
Larivière, Pelletier, Shanks, Gallienne, Gratton, Paul, Tremblay
(Chicoutimi), Vincent, Cloutier (Montmagny), Boivin, Lavoie (Wolfe),
Croisetière, Demers, Roy (Beauce), Latulippe, Drolet, Guay, Laurin,
Léger, Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
LE SECRETAIRE: Pour: 53. Contre: 0.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose
que ce projet de loi soit déféré à la
commission parlementaire spéciale des corporations professionnelles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 5.
Projet de loi no 273 Deuxième lecture
(suite)
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Reprise du débat sur la motion de
M. Castonguay proposant que le projet de loi 273 soit lu la deuxième
fois.
Le député de Montmagny.
M. BOURASSA: D'accord, il fait bien cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Elles vont nous soigner quand on va leur
donner ce qu'elles demandent.
M. BOURASSA: S'il veut venir de notre bord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Votre ministre a fait des promesses, ne
l'oubliez pas.
M. PAUL: Vous en avez besoin, vous sentez que vous n'êtes pas
fort.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): Je m'excuse d'intervenir aussi souvent devant
cette Assemblée nationale. C'est le hasard des travaux de cette Chambre
qui fait que j'ai à intervenir à nouveau. Si, tantôt, j'ai
laissé parler ma raison dans le projet de loi des comptables, vous me
permettrez, M. le Président, de lutter contre cette tentation de faire
intervenir le sentiment dans le projet de loi que nous allons étudier
maintenant au sujet des infirmières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faut du sentiment dans un gouvernement
déshumanisé.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais d'abord
noter non pas la réimpression, mais la réapparition dans cette
Chambre de deux membres éminents du parti ministériel: d'abord,
le premier ministre qui nous fait l'honneur, ce soir, d'une visite.
M. BOURASSA : J'ai écouté le député de
Montmagny toute la soirée à mon bureau de l'autre
côté de la rue. Comme d'habitude, je l'ai trouvé excellent,
objectif, positif, constructif.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Prési- dent, c'est le premier
ministre qui y met du sentiment. Je sais que le premier ministre a hâte
que nous ayons la meilleure loi. C'est pour cela qu'il s'est même permis
de rencontrer personnellement certains groupes de professionnels, parce qu'il
avait l'impression que son ministre des Affaires sociales n'avait pas toujours
la même capacité d'entendement vis-à-vis des corporations
professionnelles. Je dois signaler également, M. le Président,
que le ministre nous est revenu. Des malins en cette Chambre ont dit que le
ministre avait attrapé un virus législatif, un excès de
"bills".
Cela fait trois ans que l'on dit au ministre des Affaires sociales qu'il
apporte trop de lois en cette Chambre. Je pense que, maintenant, il se rend
compte que sa résistance physique est sérieusement mise à
l'épreuve et que le projet de loi sur lequel il a achoppé, c'est
précisément celui des infirmières, alors qu'il a tellement
besoin de cette profession.
M. le Président, le député de Gouin, tantôt,
faisait remarquer que cela devient de la répétition de dire que
les corporations professionnelles sont importantes. Je m'en voudrais de ne pas
le souligner à ce moment-ci, étant donné que les
infirmières représentent, tout de même, la moitié
des professionnels.
Elles sont 40,000. C'est beaucoup plus que les chiffres de
l'Hydro-Québec, c'est au moins trois fois.
Je sens que j'ai ouvert des portes; de partout, fusent des observations
fort remarquables. J'espère que tous les intervenants vont participer
à ce débat et vont ajouter leur témoignage de
qualité, de poids, vis-à-vis du ministre des Affaires sociales.
C'est le seul moment à la commission parlementaire où le ministre
a succombé; je l'ai dit dans une intervention ce matin, le ministre
n'était pas ici, mais je le répète; c'est la seule
corporation professionnelle à qui il a sur le champ dit qu'il
apporterait des modifications à sa loi spécifique.
M. VINCENT: Puis en souriant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le député de Bourget a raison de
dire que le ministre s'est repris parce que, dans la réimpression du
projet de loi, à certains endroits où le ministre avait
accepté tout de suite les modifications suggérées, il a
oublié de les inclure. Je pense qu'il voulait se reprendre un peu...
M. DEMERS: Comme ça, le ministre a ramolli.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... et avoir vis-à-vis de toutes les
corporations professionnelles la même attitude.
M. BOURASSA: M. le Président, j'espère que le
député ne reproche pas au gouvernement d'avoir donné une
attention toute spéciale aux infirmières. Je pense que c'est tout
à fait légitime de l'avoir fait.
M. VINCENT: Non, mais c'est de ne pas l'avoir conservée.
M. PAUL: M. le Président, depuis que nous avons commencé
l'étude de ces règlements, c'est la deuxième fois que le
premier ministre se lève, inopinément, de façon à
interrompre un collègue qui s'adonne à une étude
très sérieuse d'un projet de loi. Je voudrais que vous
reconnaissiez immédiatement, après l'honorable
député de Montmagny je suis sûr que le représentant
des créditistes n'y aura pas d'objection le premier ministre pour
qu'il parle une fois en Chambre sur ces différents projets de loi
plutôt que d'interrompre, comme il le fait constamment, ceux qui
travaillent sérieusement à doter le Québec d'excellentes
lois professionnelles.
M. BOURASSA: J'ai parlé pour les infirmières, M. le
Président.
M. VINCENT: Qu'il parle sur les infirmières.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, disons que les
remarques faites jusqu'à maintenant sont le préambule et que nous
allons entrer maintenant dans le vif du sujet. Le 21 septembre dernier,
l'Association des infirmières et des infirmiers de la province de
Québec comparaissait devant la commission parlementaire ad hoc
créée pour l'étude des lois des corporations
professionnelles et du code des professions. D'autres organismes, tels que
l'Association des gardes-malades et infirmiers auxiliaires de la province de
Québec, les Cadres infirmiers unis inc. et, en une autre circonstance,
le 18 octobre, les Infirmières en hygiène publique sont venus
devant la commission parlementaire faire des représentations au sujet du
code des professions et de la loi spécifique qui les concerne.
Je voudrais d'abord, comme on l'a fait en commission parlementaire,
souligner leur participation par des travaux de qualité. Je l'ai fait,
je devrais le faire peut-être, pour toutes les corporations
professionnelles, mais même si on ne le fait pas, c'est sous-entendu. Je
l'ai fait la première fois, lors du premier projet de loi que nous avons
étudié, celui des médecins. Ces observations que je vais
répéter maintenant valent aussi pour les autres corporations
professionnelles. Je voudrais souligner leur participation par la
qualité des travaux que ces corporations professionnelles ont soumis
à la commission parlementaire. On a préparé ces
mémoires dans des conditions assez difficiles. Il y a d'abord le temps
de l'année. D'après les règlements de la Chambre, il y a
un certain délai pour présenter les mémoires. Etant
donné la déposition de la loi en décembre 1971, toutes les
corporations professionnelles ont dû s'atteler à la besogne durant
une période de l'année un peu plus difficile, de façon
à nous faire parvenir, à faire parvenir au secrétaire des
commissions des mémoires fort documentés suivis de la
consultation.
Ce n'est pas l'exécutif de ces corporations professionnelles qui
a rédigé de but en blanc un mémoire et qui a soumis des
recommandations à la commission parlementaire. Elles ont dû
consulter, par des voies démocratiques, et selon les structures de leur
corporation professionnelle, dans toutes les régions du Québec,
elles ont dû demander l'opinion des membres de la profession et, ensuite,
colliger toutes ces opinions et soumettre un texte à la commission
parlementaire.
Elles ont également participé aux travaux du Conseil
interprofessionnel qui est un autre organisme groupant 22 corporations
professionnelles et 50,000 membres qui nous ont soumis également un
mémoire de qualité. Elles ont suivi toutes les discussions depuis
15 mois, elles nous ont apporté ici leur entière collaboration,
et également, je devrais ajouter qu'elles ont apporté ici, dans
des journées grises, un rayon de soleil et un stimulant dont, à
certains moments de nos travaux parlementaires, nous avons réellement
besoin, surtout le ministre des Affaires sociales avec le handicap qui
l'afflige dans le moment, ce virus législatif.
M. le Président, il y a des principes importants dans cette loi
spécifique. Je voudrais m'arrêter particulièrement à
deux aspects de la loi qui concerne les infirmières. Je sais que nous
avons parlé de ces questions lors de l'étude du projet de loi 250
et aussi lors de l'étude d'autres lois spécifiques.
Je pense que dans la définition de l'acte professionnel, l'acte
infirmier est un des points importants sur lequel nous devons nous
arrêter et discuter un certain temps, Quand je dis les
infirmières, je voudrais également qu'elles embrassent les
infirmiers. Je ne veux pas à chaque fois répéter et les
infirmières et les infirmiers. Alors, il est entendu que le
féminin, dans ma bouche, englobe le masculin. Je sais que le premier
ministre apprécie toute la subtilité de la remarque que je viens
de faire.
M. le Président, dans une étude que les infirmières
ont faite au sujet de l'acte infirmier dans les différents centres de
santé de la province de Québec, étude extrêmement
importante et statistiques fort révélatrices, on lit ceci: "55
p.c. des actes que posent les infirmiers et infirmières sont des actes
frontières et sont des actes posés illégalement." Je cite
l'interprétation globale de cette étude, à la page 24. Les
infirmières ont posé 44 questions clés et elles ont eu une
moyenne de réponses comme ceci: "55 p.c. des infirmières posent
les actes, et 20 p.c. le font avec entente écrite avec l'administration;
21 p.c. des infirmières et infirmiers n'accomplissent pas ces actes
à cause d'une interdiction; 19 p.c. des infirmières
n'accomplissent pas ces actes à cause d'une non-incidence dans leur
travail quotidien; 5 p.c. des infirmières se sont abstenues de
répondre aux questions mentionnées."
Et je continue de citer l'étude déposée par les
infirmières. "Cette moyenne de 55 p.c. des infirmières à
qui on demande de poser des actes frontières et dont plus de la
moitié de ce pourcentage le font sans appui des autorités des
institutions illustrent avec évidence qu'une protection légale
est nécessaire pour permettre à l'infirmière de jouer son
rôle sans porter continuellement la crainte de l'accident qui ne lui
permettrait aucun recours vu l'illégalité de ses actes.
Vingt et un pour cent des infirmières ne se permettent pas de
poser certains actes soit à cause d'une politique du centre de
santé qui les emploie ou à cause de la peur de cette accident qui
paralyserait à tout jamais leur carrière.
Quelle que soit la raison qui motive l'interdiction, nous pouvons
affirmer que le cinquième des infirmières évitent certains
actes frontières. Nous pouvons expliquer que 19 p.c. des
infirmières n'accomplissent pas les actes frontières
mentionnés car leur travail quotidien n'exige pas l'exécution de
ces actes. Ceci est dû au fait de la sectorisation du travail de
l'infirmière. L'infirmière qui travaille en médecine et
chirurgie n'est pas appelée dans le détail de ses fonctions
à poser les mêmes actes que l'infirmière
spécialisée en obstétrique.
Si nous nous référons à l'ensemble des commentaires
émis par les infirmières qui ont répondu au questionnaire,
nous pouvons affirmer qu'une seule voix unit les 5,828 infirmières pour
appuyer la démarche de l'AIPQ, qui demande aux législateurs, pour
ses 32,000 membres, une reconnaissance du rôle de l'infirmière et
par conséquent une protection légale pour les actes
nécessités par ce rôle.
M. le Président, elles ont posé de façon
très claire, très explicite, devant la commission parlementaire,
un problème réel qui dure depuis plusieurs années et qui a
été engendré non pas par la mauvaise volonté de qui
que ce soit mais parce que la profession a, comme toutes les autres,
évolué. Particulièrement les infirmières qui
étaient dans des régions plus éloignées, n'ayant
pas toujours à côté d'elles le médecin ou autre
professionnel de la santé, ont forcément dû poser des actes
que, dans les circonstances, elles devaient poser. Cette situation est anormale
et elle doit être corrigée. Il est heureux que cette commission
parlementaire ait été saisie aussi crûment si on me
permet l'expression de la véritable dimension de ce
problème.
M. le Président, les six septièmes des actes posés
par les infirmières et les infirmiers sont indépendants de la
profession médicale mais il y en a encore un septième, soit 15
p.c, qui sont dépendants de la profession médicale. Alors on voit
quelles sont les conséquences et quelle est l'interrelation entre ces
deux professions connexes. Il est évident que les mémoires
déposés à la commission parlementaire par les
infirmières ne pouvaient faire autrement que de le souligner et
également les mémoires déposés à la
commission par les médecins, qui ont souligné ce fait.
Tantôt, j'y reviendrai, M. le Président. J'ai eu l'occasion, au
cours de l'étude de là Loi médicale, le bill 252, de
mentionner certains aspects qu'avaient apportés à notre attention
les médecins, et j'y reviendrai plus tard.
Je voudrais citer un commentaire, extrait du journal des Débats,
à la page 5757, de Mlle DuMouchel, qui apportait son témoignage
devant la commission, le 21 septembre dernier. Je cite, M. le Président:
"La définition, à la page 16 de notre mémoire sur le bill
273, proposée par nos experts en soins infirmiers émane d'une
étude approfondie entreprise par divers groupes de notre profession,
à savoir spécialistes cliniques, administrateurs des soins
infirmiers, éducateurs de niveau collégial et universitaire.
Cette définition est basée sur un contenu scientifique duquel
découle tout ce qu'implique l'exercice complexe de notre profession. La
profession infirmière est constituée d'actes dépendants et
indépendants tel que je viens de le mentionner. Les auteurs et
l'expérience nous démontrent qu'un septième des actes
accomplis par les infirmières et les infirmiers sont dépendants
et que les six septièmes sont indépendants de la profession
médicale. "Même dans l'accomplissement des actes
dépendants, il demeure que l'infirmière et l'infirmier doivent
constamment poser un jugement professionnel basé sur leurs connaissances
scientifiques et leur expérience clinique. A titre d'exemple, le
médecin prescrit un médicament au besoin. L'infirmière ou
l'infirmier doit faire appel à son jugement, à son sens
d'observation, à ses connaissances scientifiques et techniques
concernant le médicament et l'état du malade pour décider
de l'opportunité de l'administration dudit médicament."
Plus loin dans cet extrait, Mlle DuMouchel faisait état de cette
enquête que je viens de citer.
Alors, on voit l'importance de la définition de l'acte infirmier
dans la loi qui les concerne, autant que pour les autres professions. En
commission parlementaire, je voudrais dire au ministre des Affaires sociales
que nous devrons faire une discussion exhaustive sur chacune des professions de
la santé et prendre le temps qu'il faut pour traiter de cet article
important dans chacun des projets de loi, qui est la définition de
l'acte. Il faudrait qu'au terme des travaux de la commission
plénière, de la commission parlementaire, nous ayons pu mesurer
l'importance et la portée de chacun des mots qui sont inscrits dans la
définition.
Nous avons souhaité, nous avons demandé, même que la
législation que nous allons adopter le code des professions et
les lois spécifiques ne soient qu'un départ, car il est
souhaitable et désirable que nous ne nous en tenions pas là parce
que les professions vont évoluer. S'il est désirable que chaque
année, les corporations professionnelles ou le Conseil
interprofessionnel ou l'Office des professions, s'ils
le désirent, reviennent devant la commission parlementaire qui
serait permanente, je l'espère, il serait désirable aussi que ce
travail de discussion au sujet des définitions continue après
l'adoption de cette législation. En effet, j'ai l'impression que,
même si nous nous entendons pour adopter un texte définitif, nous
n'aurons pas résolu les problèmes des actes frontières
entre les différentes corporations professionnelles.
Le ministre me dira qu'il a introduit une soupape, que,
particulièrement pour les médecins et les infirmières, il
y a une disposition, dans le code des professions, qui permet de dresser la
liste d'un certain nombre d'actes sur lesquels les deux corporations
professionnelles, en l'occurrence les médecins et les
infirmières, seront d'accord. Je pense que c'est un
élément de souplesse qui va faciliter la collaboration entre les
deux professions et qui va permettre d'éliminer ces actes
illégaux qu'actuellement posent les infirmières à cause
des circonstances.
C'est pour ça, M. le Président, que je revenais à
cette idée, cette nécessité que le code des professions et
les lois spécifiques ne soient pas un point d'arrivée, un point
final. Cette étude a permis à tous les législateurs,
à tous les membres de cette Chambre de prendre connaissance, d'abord, de
la composition des professions, de l'ensemble des questions qui
intéressent les corporations professionnelles prises individuellement et
prises collectivement, soit dans le secteur de la santé, dans le secteur
juridique, dans le secteur de l'administration ou dans le secteur
économique.
Alors, M. le Président, je pense que c'est une initiative qui
nous a permis, en tout cas pour celui qui vous parle, de prendre contact avec
les professionnels et de saisir véritablement toute la dimension des
problèmes dans ce champ, dimension dont même quatre ans d'exercice
comme titulaire de deux ministères ne m'avait pas fait prendre
conscience.
Je l'avoue, M. le Président, ces quinze mois, ces vingt-quatre
séances des commissions parlementaires nous ont véritablement
fait connaître les problèmes qui se posent aux corporations
professionnelles, particulièrement dans le domaine de la santé.
Avant de terminer l'acte infirmier, je voudrais dire que différentes
propositions ont été faites. Dans l'ancienne loi des
infirmières, il n'y avait pas de définition de l'acte
infirmier.
C'est peut-être difficile ici d'avoir des points de comparaison
comme on en avait pour d'autres groupes. A tout événement, M. le
Président, il y a assez de suggestions qui ont été faites;
même, on en retrouve dans le mémoire qui a été
déposé par les médecins. A la page 24, où on fait
des commentaires sur la Loi des infirmières et des infirmiers, on fait
des suggestions de définition pour l'acte infirmier.
Les infirmières ont également tenu compte de la
première version du projet de loi. Elles ont fait d'autres suggestions
en commission parle- mentaire. Elles ont fait, dans des mémoires
récents que le ministre a eu l'avantage de consulter, d'autres
suggestions.
Je pense qu'il y aura lieu d'en discuter au mérite en prenant
tout le temps qu'il faut pour trouver la meilleure définition possible,
surtout quand on parlera de la prévention.
Je termine ces remarques sur l'acte infirmier et je voudrais maintenant
dire quelques mots sur la formation de l'infirmière. Dans le nouveau
mémoire que cette corporation professionnelle a soumis au ministre en
date du mois de février, et dont j'ai un exemplaire, elles ont
longuement insisté sur ce point de l'article 11 b), de l'admission
à l'étude et de la formation des infirmières.
Il y a là un principe extrêmement important. La
deuxième version du projet de loi ne les satisfait pas et je crois
qu'elles se sont interrogées à bon droit. Je ne crois pas que la
loi, telle que stipulée actuellement, réponde parfaitement aux
impératifs d'une corporation professionnelle comme celle des
infirmières.
C'est peut-être la corporation professionnelle dont la formation a
été la plus transformée ces dernières
années. On sait que, avec la loi de création des CEGEP qui a
été adoptée en 1968, si ma mémoire est
fidèle, la formation des infirmières a été
transférée, à partir des écoles traditionnelles,
les écoles qu'on appelait les écoles de gardes-malades au sein
des hôpitaux, au niveau du CEGEP.
Je faisais partie du gouvernement qui a pris cette décision qui
relevait surtout du ministre de l'Education. Mais c'est une décision
à laquelle le ministre de la Santé du temps n'était pas
resté indifférent. Nous avons voulu introduire une dimension,
nous avons voulu nous arrêter à un aspect de cette transition qui
nous paraissait important. Nous voulions que ce transfert de formation,
à partir de l'école traditionnelle, au milieu du CEGEP, ne se
fasse pas, d'une façon générale, dans tout le
Québec, dans une période de temps trop courte.
Nous voulions que des expériences pilotes se fassent et nous
voulions être en mesure d'apprécier, avant de compléter
l'opération, ce que donnerait cette nouvelle formule. Les
infirmières expriment certaines réserves elles ne sont pas
les seules d'ailleurs sur cette formation donnée actuellement
dans les milieux scolaires alors que les infirmières sont
éloignées du centre de formation traditionnel qu'était
l'établissement hospitalier.
Elles apportent, à l'appui de leurs interrogations, des
témoignages de poids. On verra, dans le mémoire qu'elles nous ont
transmis récemment, qu'elles invoquent le témoignage, en
particulier, de la Communauté économique européenne, alors
que l'on dit qu'il est probable que l'enseignement s'est
détérioré par rapport à ce qui existait.
M. le Président, j'en passe, mais je m'arrête
particulièrement au témoignage qu'elles citent à la page
15 de leur mémoire. Je voudrais le
donner en entier parce qu'il est extrêmement important. Les
infirmières disent ceci: "La même crainte de
détérioration de la qualité de la profession se retrouve
dans la publication de la Fédération nationale des
infirmières et infirmiers belges, édition février 1972,
à la page 8: "Bien que les délégués des
associations professionnelles réalisent parfois la gabegie existante
dans leur pays, elles ne peuvent pas ne pas tenir compte des situations
actuelles. Bien que des projets de simplification des systèmes et des
structures officiels soient en cours dans plusieurs pays, il faut, dans un
premier temps, arriver à concilier les points de vue et à
déterminer un programme minimum de formation commun aux dix. A Paris, un
second sujet a été à nouveau soulevé. Il s'agit des
directives relatives à la formation des infirmières en soins
généraux publiées dans le journal officiel de la CEE. En
effet, les associations nordiques, norvégiennes et danoises, qui sont
uniques, toutes puissantes et écoutées, ne peuvent comprendre et
admettre facilement que ces directives soient passées. Hélas! ce
n'est pas faute d'avoir rué dans les rangs. Vous avez été
régulièrement tenus au courant des réclamations que les
associations professionnelles, à titre individuel ou en groupe, ont
introduites à de nombreuses reprises et en frappant à de
multiples portes. L'entrée dans la CEE de la Norvège et du
Danemark d'une part, et du Royaume-Uni d'autre part, va peut-être
permettre aux infirmières de renforcer leurs positions. Il est peu
probable, cependant, qu'un amendement favorable intervienne dans
l'immédiat qui vise la libre circulation, mais au stade prospectif, ce
renfort d'influence ne peut que nous aider."
Et je continue la lecture du mémoire des infirmières.
"Lors des discussions tenues le 21 septembre 1972, l'honorable ministre des
Affaires sociales, M. Castonguay, a laissé entendre que les
mécanismes dans l'éducation de la santé seraient les
mêmes pour toutes les professions en élaborant sur la
collaboration des professions de la santé avec les institutions
d'enseignement dans la préparation des programmes et sur le droit
exclusif de ces professions quant à l'admission à l'exercice des
professions. Le projet de loi 273 enlève les droits acquis de
l'Association des infirmières et infirmiers de la province de
Québec relativement à l'admission et à l'immatriculation
des candidats à l'étude de la profession infirmière et
à l'élaboration des programmes de formation et des examens
à l'admission de l'exercice de la profession."
M. le Président, si j'ai bien compris le message de la
Corporation professionnelle des infirmières et infirmiers, il n'est pas
question, pour ces professionnels, de renverser la vapeur, de revenir en
arrière et de dispenser la formation de leurs membres à
l'école traditionnelle. Mais, par exemple, elles ne sont pas
prêtes étant trop éloignées des centres de
décision qui appartiennent au ministère de l'Education et aux
corporations de CEGEP à accepter que la formation des
infirmières se détériore. Elles ne sont pas prêtes
à accepter qu'après un certain nombre d'années
parce qu'il y a tout de même cinq ou six ans de rodage dans ce nouveau
programme de formation des infirmières cette période de
rodage aille au-delà du nécessaire et que l'on se retrouve dans
quelques années avec des membres, des professionels dans leur secteur
d'activité qui n'auraient pas la même qualité que celle
qu'on est en droit d'exiger d'un groupe aussi important et qui dispense des
soins tellement importants dans le domaine de la santé, elles qui sont
des collaboratrices de tous les professionnels majeurs de la santé; les
médecins, les dentistes, les pharmaciens, enfin toutes les professions
de la santé.
Je crois qu'il est important qu'en commission parlementaire nous nous
arrêtions davantage à leur témoignage. Je voudrais ici,
pour le bénéfice de mes collègues, en cette Chambre, et
pour les membres de la commission parlementaire, citer, de la page 5759 du
journal des Débats de la séance du 21 septembre 1972, encore une
fois, une partie du témoignage de Mlle DuMouchel devant la commission
parlementaire: "Par ailleurs, le législateur augmente les pouvoirs et
les obligations de notre corporations vis-à-vis du contrôle des
actes professionnels comme on le fait également pour les autres
professions. "La corporation, à notre avis, pour s'acquitter
adéquatement de cette dernière responsabilité, doit
continuer à exercer, en collaboration avec le ministère de
l'Education ou les universités, selon le cas, le droit de regard sur les
conditions d'admission à l'étude et à l'exercice de la
profession, les programmes, leur coordination et leur adaptation aux besoins.
Ce que l'association réclame, c'est une participation à part
entière à la formation de la catégorie des professionnels
de la santé dont elle assume la responsabilité légale.
Elle réclame que ce droit lui soit conservé, tout d'abord, parce
qu'elle ne croit pas avoir failli à la tâche dans le
passé." Je pense que leur témoignage, à ce point de
vue-là, est véridique. Je continue la citation, M. le
Président. Elles croient que "dans le système présent
où l'éducation infirmière est étatisée,
l'efficacité de l'action d'un organisme apolitique est nécessaire
pour assurer la réforme en profondeur de notre système
pédagogique. Elles croient aussi que c'est au sein de ses membres que se
trouvent les vrais spécialistes de l'éducation infirmière.
Elles réclament encore ce droit parce qu'au cours des cinq
dernières années où les infirmières et infirmiers
ont été formés dans les collèges, elles ont
été à même de constater les faiblesses du
système . actuel concernant surtout la mise en application des normes
préconisées par la Commission royale d'enquête sur
l'éducation, dite Commission Parent, le mode de contrôle et de
coordination des programmes, les nombreux problèmes qui exis-
tent au sein des options "techniques infirmières",
problèmes qui, jusqu'à ce jour, n'ont eu ni l'attention, ni
l'étude, ni les solutions appropriées de la part du
ministère de l'Education."
M. le Président, c'est là un témoignage de poids.
Ce n'est pas une charge contre le ministère de l'Education. J'ai fait
moi-même ces remarques-là à mon collègue le ministre
de l'Education dans le temps. J'imagine que le ministre des Affaires sociales a
eu lui aussi l'occasion, à différentes reprises, surtout à
la lecture de la brochure qu'elles ont publiée sur l'analyse des
résultats de la formation au CEGEP, de sensibiliser le ministre ou les
ministres de l'Education à ce problème de la qualité de la
formation de l'infirmière au niveau du CEGEP. Je continue la citation:
"La compétence du personnel enseignant dans les quarante options
"techniques infirmières" dans les CEGEP préoccupe beaucoup
l'association et elle a tenté par tous les moyens possibles d'augmenter
cette qualité chez les professeurs au niveau de la formation
infirmière. Le rapport Parent avait préconisé un
système d'évaluation et d'agrément ou, si vous le
préférez, d'accréditation des collèges et
même des options â l'intérieur de ces derniers.
Jusqu'à ce jour, aucun mécanisme n'a encore été
ébauché pour l'établissement de ces normes
d'évaluation et d'agrément. Cette recommandation du rapport
Parent est à notre avis un élément essentiel à la
réforme en profondeur de l'éducation. L'AIPQ est fortement
intéressée à s'engager activement dans un tel projet
puisqu'elle veut continuer d'assurer au public la qualité des soins
infirmiers dont il a besoin."
Alors, M. le Président, c'est clair. C'est un témoignage
très franc qui a été donné à la commission
parlementaire et je pense qu'il est opportun que le législateur
s'arrête à ce témoignage et qu'il prenne les dispositions
pour qu'autant que possible ce désir que les infirmières ont de
participer très étroitement à l'aspect qualité de
la formation des membres de leur corporation professionnelle leur soit
facilité, que les dispositions législatives leur facilitent ce
désir, cette responsabilité qu'elles ont, dans toute la mesure du
possible. Etant donné que c'est peut-être dans ce secteur
professionnel que le ministère de l'Education est le plus directement
impliqué, ce ne serait pas, je crois, donner à cette corporation
professionnelle des privilèges indus que de ne pas respecter
l'uniformité de toutes les dispositions législatives des
différentes lois spécifiques, que de leur accorder ce droit de
regard et cette participation à la qualité de la formation de
leurs membres.
Elles avaient fait une autre suggestion au ministre à la
commission parlementaire au sujet de la situation des infirmières et des
infirmiers auxiliaires ou des auxiliaires en nursing. On retrouvera leur
demande aux pages 57 à 59, à la suite du texte que je viens de
donner. Le ministre a tenu compte de cette suggestion puisque maintenant, nous
voyons apparaître à l'annexe 1 du code des professions, ce groupe
à titre réservé.
Avant de terminer, il y aurait bien des choses à dire au sujet de
cette importante corporation professionnelle, mais nous aurons l'avantage, en
commission plénière, alors que nous étudierons le bill
article par article, de reprendre le mémoire qu'elles ont soumis en
février 1973. Nous aurons l'occasion d'étudier chacune des
suggestions. Je pense que, dans l'ensemble, ces suggestions, que le ministre
avait acceptées en partie, sont très recevables et que la
commission parlementaire s'empressera de bonifier cette loi spécifique
qui concerne le bill 273, touchant les infirmières et les
infirmiers.
M. le Président, je note également, avant de terminer, que
le ministre de l'Industrie et du Commerce nous a souligné, en cette
Chambre, cet après-midi, que, pour une autre corporation professionnelle
je pense que c'est pour les ingénieurs c'est le lieu de
résidence qui a été retenu comme terme de
référence au lieu de l'endroit de travail. Les infirmières
ont aussi demandé dans leur numéro que cette disposition soit
acceptée. Je ne vois pas d'inconvénient puisqu'on l'a
déjà acceptée pour une autre corporation professionnelle.
J'ai alors souligné que cette suggestion, cette demande qui nous vient
de la corporation professionnelle des infirmiers et des infirmières
devrait être acceptée.
M. le Président, je termine ici mes remarques en disant toute
notre appréciation pour la collaboration que nous a apportée ce
groupe de professionnels, les infirmières et les infirmiers, dans
l'étude de ce projet de loi complexe qui les concerne. Nous allons
continuer de travailler en étroite collaboration avec elles jusqu'au
terme des séances de la commission parlementaire et jusqu'à
l'adoption du projet de loi en troisième lecture. Nous espérons
que leur loi, la loi 273, sera l'une des meilleures de tout cet ensemble de
lois que nous allons adopter au sujet des corporations.
LE VICE-PRESIDENT (M. Lamontagne): L'honorable député de
Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, à mon tour, je m'en voudrais de
passer sous silence le magnifique travail de cet important groupe, dans le
domaine de la distribution des soins de santé, touché par ce
projet de loi. Comme il a été mentionné, ce groupe
très important représente la moitié de tous ceux qui sont
touchés par le code des professions. Je voudrais également
souligner avec quelle ardeur ces personnes se sont rendues à
Québec aux différentes séances de la commission
parlementaire. Elles ont fait, auprès de leurs membres, un travail de
consultation et, auprès des membres de l'Assemblée nationale et
des membres de la commission parlementaire, un travail d'information.
Proba-
blement que ce travail a été apprécié
étant donné les changements qui ont été
apportés au projet de loi qui les touche plus particulièrement.
Elles nous ont permis de faire la lumière, cela a porté fruit.
C'est peut-être également, pour le législateur, une prise
de conscience de la valeur des services que peuvent rendre les
infirmières dans ce domaine. Présence constante de ce groupe,
qu'on appellera désormais groupe de professionnels, puisqu'elles sont
les professionnelles de nursing qui n'ont pas hésité à
redire et à répéter, aussi souvent que nécessaire,
les changements qu'elles désiraient à la loi qui désormais
va les régir.
Depuis un certain temps, nous entendons beaucoup parler des
infirmières et du rôle de plus en plus important qu'elles jouent
dans notre société, dans la dispensation des services de
santé.
Nous devons donc signaler l'importance des infirmières dans ce
domaine et l'importance de leur contribution. On pourrait dire un peu comme
Loto-Québec: Des infirmières, il y en a partout. On en retrouve
dans les industries et dans les colonies. Les infirmières s'occupent des
premiers soins; elles s'occupent également d'éducation sanitaire.
Elles font du dépistage, de l'orientation vers les centres
médicaux. Il y a également l'infirmière qui travaille dans
tous les secteurs des services cliniques de l'hôpital, dans les soins
spécialisés, soins intensifs, services
généraux.
M. le Président, il est donc aujourd'hui important que cette loi,
qui, désormais, va définir de façon assez précise
ce que pourront faire ou non les infirmières, reçoive une
attention suffisante. Celui qui m'a précédé a fait une
description assez juste de la situation qui, actuellement, prévaut dans
ce domaine. Il a même cité une page du journal des Débats.
J'aimerais, comme continuité à la description, citer, moi aussi,
une partie du journal des Débats, soit la page 5757, où, lors de
sa comparution, à la commission parlementaire, ce groupe important a
tenté de démontrer, hors de tout doute, qu'une législation
mieux adaptée s'imposait. "Au cours de l'été je
cite, M. le Président, un paragraphe du journal des Débats
l'association a fait parvenir 8000 questionnaires à ses membres dans le
but d'identifier les activités des infirmières et infirmiers et
circonscrire celles accommplies au-delà des frontières de la
légalité". Ils ont cité des chiffres. Je ne les discuterai
pas, car on doit se fier à la véracité des propos qui ont
été tenus par ce groupe. "Soixante-treize pour cent des
questionnaires envoyés ont été complétés et
retournés. Les données obtenues illustrent la gravité du
problème de la reconnaissance et de la protection légales du
rôle de l'infirmière et de l'infirmier." Nous savons tous que les
infirmières qui oeuvrent dans les centres hospitaliers ou dans les
autres centres de santé doivent accomplir, de façon
journalière, dans leur champs d'activité respectifs des actes qui
sont susceptibles d'être controversés quant à leur aspect
légal. Je pense que les résultats quand même partiels de
cette étude sont très révélateurs pour les membres
de l'Assemblée nationale.
Ce document, qui a été également remis aux membres
de la commission parlementaire, contient les résultats partiels de cette
étude qui démontre, entre autres, que "83 p.c. des
répondants du comté de Saint-Louis effectuent illégalement
des accouchements en l'absence du médecin. C'est un acte médical.
Quatre-vingt-cinq pour cent des répondants des Iles-de-la-Madeleine
installent des transfusions sanguines, pratique illégale de la
médecine."
J'étais également heureux d'avoir ces résultats en
ce qui touche précisément ma circonscription électorale.
On dit que "85 p.c. des répondants du comté de Dorchester
administrent un médicament intraveineux. Soixante-quatre pour cent des
répondants du comté de Bourget agissent comme premier assistant
lors d'interventions chirurgicales."
Qu'adviendrait-il si le chirurgien devait être remplacé
immédiatement? L'infirmière et l'infirmier auraient-ils la
compétence pour continuer l'intervention? Soixante-cinq pour cent des
répondants du comté de Louis-Hébert donnent
illégalement des immunisations". M. le Président, ces chiffres
viennent compléter la description de la situation, qui nécessite
de toute urgence un changement. Nous devons donc, à partir de ces
énoncés, tout en tenant compte de la réalité,
essayer de protéger l'infirmière. On se rend compte
qu'actuellement l'infirmière n'est pas ou très peu
protégée quand elle doit poser des actes frontières comme
on les appelle. Alors il importe que, tenant compte de la
réalité, l'infirmière soit protégée dans
l'exercice de ses fonctions.
On dit également que le rôle de l'infirmière s'est
élargi. Mais, si cet élargissement du rôle de
l'infirmière est tel qu'on le connaît actuellement, c'est
probablement par nécessité, sans ignorer que beaucoup de ces
actes qu'on appelle des actes médicaux, avec une définition qui
corresponde aux besoins, seraient peut-être des actes infirmiers auxquels
pourraient s'adonner ces professionnels de la santé, sans pour autant
risquer d'être dans l'illégalité.
Or, M. le Président, l'infirmière a
démontré, au cours des années, et la preuve est faite,
qu'elle est compétente dans ce qui concerne tout le domaine des soins
infirmiers. Cette prise de conscience du législateur aurait probablement
été nécessaire avant mais, comme dit le proverbe, "Mieux
vaut tsrd que jamais". C'est peut-être le temps aujourd'hui de
vérifier avec une loupe, si nécessaire, afin de protéger
ce groupe très important qui fait un travail extraordinaire. J'ai
posé certaines questions à cette commission parlementaire, j'ai
demandé aux infirmières ce qui se produirait si actuellement
elles se limitaient à poser des actes qui sont reconnus comme des actes
infirmiers. La
réponse que j'ai reçue a prouvé que le
professionnel de la santé ne peut pas comme médecin seul assurer
toute cette responsabilité de la distribution des services de
santé. Il doit donc s'orienter vers l'acceptation de personnes qui
prouvent une compétence dans le domaine pour se faire aider.
Le projet de loi qui est présenté et dont nous discutons
aujourd'hui le principe répond, je pense bien, en grande partie, aux
besoins, à la réalité, sauf sur quelques points qui ont
probablement été oubliés par le ministre. Mais j'ai
remarqué que, dans son discours de deuxième lecture, le ministre
des Affaires sociales a mentionné qu'il était très
disposé à accepter les amendements que les infirmières
proposaient concernant leur loi.
M. le Président, les travailleurs de la santé sont
généralement d'accord quant à la nécessité
de dispenser des soins complets et de haute qualité. Certains
changements s'opèrent dans la distribution des services de santé.
Je pense qu'on devrait peut-être profiter de ces changements, même
si les changements comportent parfois certains risques. On doit s'efforcer au
maximum d'utiliser les effectifs disponibles dans ce domaine. Je ne
répéterai pas tout ce qui a été dit concernant la
formation des infirmières et des infirmiers mais je tiens à
rappeler qu'on a porté à mon attention que c'étaient
là des droits acquis, qu'ils désirent conserver.
Lors de la discussion en troisième lecture de cet important
projet de loi, je m'engage à discuter do ces amendements et à
améliorer au maximum ce projet de loi, s'il ne correspond pas à
la réalité, c'est-à-dire à ce que nous
désirons.
Ce projet de loi, qui se veut une clarification de la situation
légale de l'infirmière et la reconnaissance d'un statut
socio-économique, doit répondre au rôle professionnel de
l'infirmière, au statut que se donne l'infirmière comme
professionnelle dispensatrice des services de santé. Nous souhaitons que
le ministre demeure toujours ouvert aux bonnes suggestions et aux
recommandations logiques que vient faire à la commission parlementaire,
ou même auprès des députés de façon
personnelle, cet important groupe qui oeuvre dans le domaine de la
santé.
Nous donnons donc notre accord sur le principe du projet de loi et je
voudrais assurer le groupe concerné que c'est avec plaisir que nous
tenterons de faire accepter au ministre, à moins qu'il ne les
présente lui-même et il est le bienvenu, les quelques amendements
qui touchent des points particuliers, notamment sur la formation comme je viens
de le mentionner et sur d'autres points qui sont non moins importants, comme la
représentation â l'assemblée annuelle.
Je pense qu'en principe, c'est un pouvoir par délégation.
Compte tenu du nombre imposant de membres de cette corporation professionnelle,
il est bien difficile pour ce groupe de se conformer à certains
mécanismes qui sont valables pour d'autres groupes, d'autres
corporations. Cependant, ce groupe désirait quelques changements afin de
faciliter au maximum l'administration intérieure de la corporation.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais, d'abord, saluer les
37,413 infirmiers et infirmières licenciés du Québec et
les féliciter pour les services signalés qu'elles et qu'ils ont
rendus, depuis Jeanne Mance, au peuple québécois.
La vocation d'infirmière est une des plus belles, des plus
importantes et des plus exigeantes qui soient. Alors que le médecin
passe avec le malade à peine quelques minutes par jour, elles ont, au
contraire, comme mission de l'accompagner tout au long du jour au milieu de ses
souffrances. Alors que le médecin se spécialise dans
l'élaboration du diagnostic et du plan de traitement et vaque ensuite
à d'autres activités, l'infirmière doit être
là pour comprendre ce diagnostic et pour contribuer à son
établissement par des activités auprès du malade. Elle
doit, ensuite, rester auprès de lui pour interpréter ce
traitement au malade, pour l'expliciter, pour le concrétiser, pour le
lui faire accepter.
Alors que le médecin peut se permettre d'avoir une vue
académique, scientifique, objective de la maladie, l'infirmière
doit être là pour la faire accepter au malade, pour stimuler ses
forces vives, pour aiguillonner les ressources de sa personnalité,
réconforter son moral et l'amener à utiliser tout ce qu'il
possède en lui pour se rétablir et passer à travers
l'épreuve douloureuse qu'il traverse.
C'est là un rôle extrêmement exigeant qui demande des
qualités humaines que Florence Nightingale a été
probablement la seule à pouvoir expliciter dans toute leur perfection et
dans toute leur beauté. Ce rôle, l'infirmière doit donc le
remplir durant toutes les minutes qu'elle passe soit dans un service
hospitalier auprès d'un malade, soit aux demeures où elle doit se
rendre.
En plus de ces qualités humaines, elle doit également se
tenir au courant d'un savoir médical en évolution constante et de
plus en plus rapide.
Elle doit, justement pour pouvoir continuer d'apporter une contribution
maximale aux diagnostics et aux traitements, lire des revues
spécialisées, se recycler d'une façon périodique,
participer à des colloques, en somme se tenir au courant de la
pensée scientifique et du savoir médical.
Mais en plus de se tenir au courant de l'évolution scientifique,
elle doit se spécialiser, pour ainsi dire, en pédagogie.
C'est-à-dire qu'elle doit pouvoir disloquer ce qu'on lui offre afin
de le rendre absorbable, aussi bien par les auxiliaires qui travaillent
avec elle que par le malade qui est son premier élève.
Elle doit donc, conformément au principe du plan de traitement
établi par le médecin, élaborer son propre programme de
soins, planifier les activités du malade, expliciter et
concrétiser, dans la vie concrète du malade, les prescriptions
médicales. C'est là un travail délicat, un travail
d'éducateur qui fait encore une fois appel à des ressources que
bien peu d'être humains possèdent au degré que l'on
souhaiterait.
Il est donc bien vrai de dire que la profession d'infirmière,
beaucoup plus qu'une discipline scientifique, est d'abord une vocation. C'est
bien plus que l'accumulation de connaissances, malgré que ces
connaissances soient indispensables. C'est bien plus que l'approfondissement
d'une expérience, même si cette expérience est absolument,
elle aussi, indispensable à l'amélioration du professionnel que
constitue l'infirmier. Elle est surtout le fruit d'une motivation, d'un
idéal, d'un désir de soulager l'humanité souffrante, d'un
amour véritable et authentique de l'homme.
Et, par mon contact prolongé avec la profession
d'infirmière, aussi bien au niveau de la faculté de
médecine que de la faculté de nursing, que de la direction de
services hospitaliers ou dans le contact quotidien que j'ai eu avec elle
auprès du malade, je me suis rendu compte que les meilleures
infirmières sont celles, bien sûr, qui possèdent la
compétence et l'expérience nécessaires mais bien plus
encore celles dont l'idéal de service auprès de l'humanité
souffrante ne se dément jamais et, au contraire, se ravive constamment
au spectacle de cette souffrance.
Les meilleures infirmières sont celles qui, au savoir et à
l'expérience, conjuguent non seulement la pitié, la compassion et
la sympathie auxquelles on s'attend de leur part, mais qui, également,
sont animées d'un espoir dans la vie, dans les ressources de l'homme,
espoir dans ses capacités de récupération physique et
morale, espoir qu'elles savent faire partager, au fil de leurs
activités, aux malades.
C'est donc là une véritable vocation et parce que c'est
une véritable vocation, il devient important pour le législateur,
lorsqu'on étudie un projet de loi, de prendre bien garde à ce que
nous allons adopter et de faire tout en notre possible pour que chacun des
articles colle à une réalité extrêmement noble, afin
justement de pouvoir permettre à cette profession d'améliorer la
qualité des services qu'elle doit continuer de rendre.
Cependant, cette profession, envisagée maintenant au sens
scientifique, a considérablement évolué en
parallèle avec l'évolution du savoir médical. Et cela
n'est que normal puisque, au fond, les infirmières se sont toujours
voulues très près du médecin, participant à son
travail de diagnostic et de traitement.
Il est bien évident qu'au fur et à mesure que la
médecine a progressé, les méthodes de diagnostic se sont
raffinées de même que les programmes de traitement se sont
explicités. Nous avons découvert d'autres avenues qui auparavant
étaient ignorées. Nous tenons de plus en plus compte de
dimensions nouvelles, auxquelles nous n'avions pas accordé toute
l'attention désirable, comme, par exemple, la dimension
économique de la maladie, la dimension sociale de la maladie, la
dimension psychologique de la maladie, dimensions dont il faut absolument tenir
compte si nous voulons, précisément, du seul point de vue
scientifique, arriver à un diagnostic plus exact et surtout à un
traitement plus adéquat.
Il est bien évident qu'au fur et à mesure que l'art et la
science de la médecine devenaient plus complexes, le médecin a
dû se cantonner dans des activités qui demeuraient
spécifiques et qu'il a dû demander la collaboration d'assistants
de plus en plus nombreux, spécialisés qui, graduellement, eux
aussi, se sont organisés, au fur et à mesure que le savoir et
l'expérience progressaient, en professions distinctes et en corporations
spécifiques. C'est là le cours normal des choses. Et on voit que,
dans l'organisation de la profession, on a suivi le même cheminement.
Alors que, durant plusieurs siècles, l'infirmière se contentait
d'accompagner le médecin et recevait une formation univoque, nous voyons
que, de plus en plus, cette profession s'organise, elle aussi, selon divers
paliers: le palier de l'éducation collégiale, de
l'éducation universitaire, qui elle-même comporte plusieurs
paliers, le palier du baccalauréat, le palier de la maîtrise et
enfin, le palier du doctorat. La profession d'infirmière, dans notre
Québec, probablement à cause du stimulus qui nous venait de nos
voisins d'outre-frontière, est maintenant arrivée au terme de ce
cheminement.
Nous possédons, en effet, nos institutions collégiales
où nous formons l'élément de base de la profession
d'infirmière. Nous possédons, maintenant, depuis quelques
années, une faculté de nursing qui s'est émancipée,
qui s'est distinguée de la faculté de médecine,
faculté de nursing qui, depuis quelques années, a
élaboré un enseignement très adéquat du
baccalauréat en sciences infirmières.
Nous voyons également que cette faculté ne se contente pas
de préparer des élèves au baccalauréat, mais
qu'elle les prépare aussi à des certificats diversifiés et
spécialisés qui répondent précisément aux
nécessités quotidiennes que l'on rencontre dans les
hôpitaux, des. certificats spécialisés en médecine,
en obstétrique, en hygiène maternelle, en orthopédie, et
la liste s'allongera, bien sûr, dans les années qui viennent.
Depuis quelques années, nous pouvons également
décerner, dans notre faculté de nursing, un grade universitaire
de maîtrise où les élèves sont encore peu nombreux,
mais ils seront sûrement plus nombreux au fil des années.
Et je sais que les projets sont déjà en cours
pour l'établissement d'une scolarité de doctorat. Nous
aurons alors complété ce que d'autres nations plus
évoluées dans le domaine ont déjà achevé, et
je pense que c'est tout à l'honneur de la profession d'infirmière
d'avoir su ainsi prévoir l'avenir, d'avoir su ainsi se hausser à
des normes d'excellence qui sont nécessaires pour le meilleur exercice
de leur profession.
Cette évolution ne s'est pas manifestée que dans le champ
de l'enseignement. Elle s'est manifestée également dans le champ
de l'organisation des soins. Depuis longtemps, nous voyons, dans nos
hôpitaux, les infirmières s'organiser toujours mieux et
davantage.
Nous l'avons vu au niveau de la direction générale de
nursing d'où nous venaient des directives, des règlements, des
recommandations, toujours plus étoffées, toujours plus
complètes et dont l'ensemble des malades bénéficiaient.
Cependant, nous constations, à ce moment, dans nos hôpitaux, un
certain malaise, du fait précisément que, la qualité des
soins s'élevant, que la conscience professionnelle continuant de
s'élever, les infirmières sentaient par contre que leur nouveau
statut n'était pas suffisamment reconnu par les médecins qui
avaient la responsabilité du diagnostic et du traitement. Heureusement,
la loi est venue maintenant consacrer cette évolution et donner aux
infirmières l'occasion de faire entendre leur voix d'une façon
plus officielle et de contribuer ainsi d'une façon plus efficace
à l'organisation des soins au sein du milieu hospitalier. Je me
réjouis, pour ma part, qu'on leur ait fait la place aussi grande dans le
conseil consultatif des professionnels, place qu'elles occupent de mieux en
mieux et de plus en plus, et place d'ailleurs que non seulement elles occupent
de mieux en mieux et de plus en plus, mais qui leur permettra d'accéder
à des niveaux encore plus importants où leur influence, j'en suis
sûr, se fera sentir dans le même sens que celui que nous pouvons
constater aujourd'hui.
Tout cela, évidemment, est tout à leur honneur. Il reste
cependant que des problèmes persistent au niveau de cette profession
comme au niveau d'autres professions car, dans ce domaine comme tant d'autres,
l'avant-garde précède souvent le gros des troupes. Je mentirais
si j'affirmais que la qualité des soins infirmiers, dans nos
hôpitaux ou à domicile ou dans tous les types
d'établissement, correspond toujours à la très haute
qualité des interventions que nous pouvons connaître à la
faculté de "nursing" ou à la Corporation professionnelle des
infirmières. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que,
de la base au sommet, s'institue un échange de directives,
d'informations et de consultations qui aboutirait à une
amélioration souhaitable du niveau total de la profession. C'est la
raison, probablement, pour laquelle il importe de bien réfléchir
avant de définir l'acte infirmier. Si, bien sûr, on ne s'en tenait
qu'aux articles de scientifiques qui paraissent dans les revues ou aux
interventions de l'élite de la profession, il serait très facile
de définir un acte infirmier qui tiendrait compte de ce qu'il y a de
meilleur dans la profession. Mail il faut bien se rappeler que les
activités des infirmières sont le fait de tous, sont le fait de
toute la profession, des 37,643 infirmières ou infirmiers. Il importe
alors de se rappeler que la protection du public exige de la part du
législateur une grande prudence, afin de s'assurer que ce public
reçoive des soins dont la qualité est garantie le mieux possible.
En ce sens, je pense que la définition de l'acte infirmier que nous
trouvons dans la loi me parait adéquate dans les circonstances, surtout
maintenant que nous savons que les actes que pourront accomplir les infirmiers
ou les infirmières pourront être examinés à
intervalles périodiques par les membres de deux ou trois corporations et
éventuellement un office des professions, qui verront à ce que la
définition se transforme au fur et à mesure que les efforts faits
par les corporations professionnelles auront porté leurs fruits.
Lorsque nous serons sûrs que tous les infirmiers et
infirmières pourront s'acquitter, de la meilleure façon possible,
des responsabilités auxquelles les prépare une formation
idéale, il sera alors non seulement facile mais souhaitable d'ajuster
les textes législatifs aux réalités que l'on peut
constater. Nous reviendrons d'ailleurs sur ce sujet en commission
plénière afin que nous puissions en discuter plus en
détail, mais je tenais quand même à rappeler ces exigences
fondamentales auxquelles le législateur doit se plier étant
donné qu'il est évident que sa première et principale
préoccupation demeure toujours la protection du public.
Il reste cependant que si nous voulons que cette évolution se
continue pour le mieux, il faut également que nous prenions toutes les
précautions nécessaires pour que les infirmiers et
infirmières reçoivent la meilleure formation possible. A ce
titre, je crois qu'il y a encore un grand chemin à parcourir. Le
ministre des Affaires sociales, aussi bien dans la loi cadre 250 que dans la
loi qui touche plus spécifiquement les infirmières, nous propose
un modèle à l'intérieur duquel des modalités de
collaboration devraient s'instaurer. Je comprends ses préoccupations, je
les partage. Je crois en effet, nous l'avons dit dès le début,
qu'il importe d'uniformiser le mieux possible, à travers toutes les
professions, le modèle de collaboration entre les établissements
d'enseignement et les corporations professionnelles.
Cependant, si nous voulons personnaliser les soins, si nous voulons
coller davantage à la réalité, il faut également ne
pas se contenter du cadre et essayer, dans les lois particulières, de
l'adapter, ce cadre, de le remplir le mieux possible, de l'humaniser afin
justement que nous retrouvions la dimension de la personne humaine, afin que
nous retrouvions le respect aussi bien de la vérité que de
l'homme. A cet égard, il y a de quoi s'inquiéter quand les
infirmières viennent nous faire part de leurs doléances
à l'endroit de notre système actuel d'éducation,
particulièrement en ce qui a trait à leur profession. Il est en
effet inquiétant de constater qu'après toutes ces années
les recommandations de la commission Parent, en ce qui a trait à
l'enseignement des sciences infirmières, ne se soient pas encore
concrétisées. Il est inquiétant de constater que
malgré les garanties que donnent actuellement, sur papier, les lois
existantes aux infirmières dans l'élaboration des programmes au
niveau du ministère de l'Education, au niveau des CEGEP, la
qualité des enseignants, la qualité des programmes laissent
encore tellement à désirer. Il est inquiétant de constater
que, malgré les offres formelles de collaboration que fait le
ministère de l'Education aux membres de la corporation, les membres de
la corporation trouvent si souvent une porte fermée, trouvent tellement
rarement l'occasion de se faire entendre et voient si souvent ou leur demande
ignorée ou leur demande refusée.
Ceci est inquiétant et devrait nous inciter à jeter un
coup d'oeil plus attentif sur la situation. Je pense que, lors de la discussion
de tous ces projets de loi, il s'est trouvé une chaise vide en cette
Assemblée nationale. Aussi bien la loi 250 que toutes les lois
particulières font référence au rôle très
important que devra jouer le ministère de l'Education à tous les
niveaux de l'enseignement, et en particulier au palier universitaire et au
palier collégial.
Pourtant, jamais nous n'avons entendu le ministre de l'Education, auissi
bien au niveau de la commission parlementaire qu'au niveau des débats
que nous avons entendus jusqu'ici. Si nous confions au ministère de
l'Education un rôle à ce point majeur et important, il aurait
fallu qu'il fasse lui aussi entendre sa voix. Il aurait fallu qu'il nous donne
les garanties dont nous avons besoin pour nous assurer que le cadre que tracent
pour nous le ministre des Affaires sociales et ses autres collègues soit
rempli non seulement à la satisfaction des professions
intéressées mais surtout à la satisfaction du
législateur, des députés des oppositions, des
députés ministériels qui représentent ici le grand
public. Que servirait-il de tracer le cadre le plus logique, le plus magnifique
qui soit si dans la réalité nous n'avons pas les instruments, les
personnes, les motivations, les mécanismes, les processus qui nous
assurent la réalisation de l'idéal que l'on poursuit?
Dans le champ particulier qui nous intéresse, il est bien
évident que si, au plan universitaire, nous possédons des
spécialistes en éducation médicale ou de soins infirmiers,
au niveau par exemple de la faculté de nursing, il n'en existe pas au
ministère de l'Education. Ou, s'il en a déjà
existé, il n'en existe plus. Ou, si on en a engagé quelques-uns,
ils ne sont pas assez nombreux et ne pèsent pas d'un poids assez lourd
dans l'orientation et la préparation des programmes. Nous savons
également que, de ces spécialistes en éducation
médicale ou en éducation de soins infirmiers, il ne s'en trouve
pas au niveau de l'assemblée générale des collèges
d'enseignement général et professionnel. Il ne s'en trouve pas
dans tel ou tel CEGEP où se dispense l'enseignement en soins infirmiers.
Et c'est ça qui est inquiétant.
Si nous voulons demander par voie législative à la
Corporation des infirmières d'assurer la qualité des soins
infirmiers, la qualité des personnes qui entreront dans cette
profession, il faut leur donner les moyens de s'assurer que cette formation
soit la meilleure possible avant de leur demander de surveiller l'exercice
professionnel. Je ne pense pas qu'actuellement nous ayons les garanties
nécessaires à cet effet. Nous savons par exemple que les options
infirmières au niveau des CEGEP sont perdues dans un très grand
nombre d'autres options. Nous savons que les directeurs de CEGEP sont aux
prises avec des contraintes financières, des contraintes
pédagogiques qui ne peuvent pas toujours s'harmoniser avec les exigences
particulières de l'enseignement en sciences infirmières. Qui, par
exemple, pourrait réclamer une relation professeur-étudiants
différente de celle qui existe dans d'autres options?
Si le Conseil des universités a acquis, lui, une certaine
autonomie à l'endroit du ministère de l'Education en raison de
son prestige, de ses états de services, du niveau élevé
des études dont il est le gardien, nous savons que les mêmes
relations nu se sont pas établies entre la Direction
générale des établissements d'enseignement
collégial et le ministère de l'Education. Bien au contraire.
Lorsqu'on voit les relations qui existent entre les CEGEP et le
ministère de l'Education, on a l'impression d'assister à cette
réédition de la fable de Lafontaine, du pot de terre et du pot de
fer, où c'est le ministère qui est non pas un partenaire mais le
seul maître dans la maison, qui impose ses impératifs, ses
exigences dans tous les domaines, que ce soit au niveau financier et au niveau
pédagogique.
Et nous savons également que le ministère de l'Education
est devenu une très grande boîte avec des milliers de
fonctionnaires qui sont obligés de faire face à une situation
très difficile justement parce qu'elle évolue constamment, parce
que le coût ne cesse d'augmenter. Il faut comprimer ses coûts. Il
faut adopter les meilleures méthodes pédagogiques. A cause de
toutes ces contraintes, que je comprends, il est bien possible que le
ministère de l'Education soit tenté, pour ne pas perdre de temps
ou pour poursuivre ses objectifs, d'imposer ses vues au niveau de
l'enseignement élémentaire, secondaire ou collégial.
Ce sont ces préoccupations que nous ont communiquées les
infirmières lorsqu'elles sont venues à la commission
parlementaire, lorsqu'elles nous ont rencontrés personnellement. Je dois
dire que ces préoccupations, je les partage. Je m'inquiète avec
elles de ce qui arrivera à nos futurs infirmiers et infirmières.
Si, à l'ancien
système qui, malgré qu'il était imparfait,
contenait quand même certains correctifs, on substitue un cadre nouveau
qui est magnifique sur le papier, mais qui n'est pas encore rodé, qu'on
a omis de remplir, qu'on a omis d'expliciter, je crains beaucoup ce qui peut se
passer. Je crains d'autres années de rodage où les
modalités de collaboration seront difficiles à trouver et
où, peut-être, malgré les efforts loyaux, sincères
qui seront faits dans cette direction, on n'arrivera pas aux résultats
souhaités, justement à cause de l'inégalité des
partenaires, à cause de la force, de la puissance inégale des
partenaires. D'un côté, un ministère de l'Education fort de
son rôle étatique, fort de ses fonctionnaires, font de son budget
et, de l'autre, une corporation qui, même si elle compte 37,643
licenciés, ne pèse pas lourd lorsqu'elle devient l'interlocutrice
d'un Etat dont la puissance ne cesse de s'accroître.
Il me semble, M. le Président, que, tout en étant d'accord
avec le modèle que nous trace, que nous dessine le ministre des Affaires
sociales, il faudrait prendre toutes les précautions lors d'une
étude des modalités de cette loi particulière. Il faudrait
faire tout notre possible pour ne pas mettre de côté rapidement
les bons éléments de la situation antérieure, d'une part,
et, d'autre part, pour compléter ces mécanismes afin que les
infirmières ne repartent pas de cette Assemblée nationale avec
les mêmes inquiétudes et avec les mêmes
préoccupations non seulement, encore une fois, pour la profession
qu'elles représentent, mais surtout sur la qualité des soins qui
seront dispensés dans nos hôpitaux et dans les domiciles où
elles auront à se rendre.
Un autre point, M. le Président, qui nous préoccupe
le ministre en est bien conscient également c'est celui de la
langue. Particulièrement, en ce qui concerne cette profession, il nous
semble important que le consommateur québécois, en
majorité francophone, soit servi dans la langue qui est la sienne. Nous
savons que plusieurs patients, québécois de langue
française, sont hospitalisés dans des hôpitaux anglophones.
Le registre de l'ordre des infirmières qui font du service privé
ne peut pas toujours suffire et, bien souvent, des patients francophones,
justement parce que le registre est insuffisant, sont obligés de
recevoir actuellement à leur domicile des infirmières qui ne
parlent pas leur langue. Je considère que, dans la société
où nous vivons, cela est un non-sens, cela est absurde, mais, plus
gravement encore, cela est une injustice qu'il nous faudrait corriger
conformément, d'ailleurs, aux recommandations que nous fait la
commission Gendron à cet effet.
Je ne veux pas m'attarder sur le sujet. Nous y reviendrons en commission
plénière. Je voudrais, quand même, dire au ministre que,
même si une corporation ne lui a pas fait cette recommandation en
commission parlementaire, cela ne veut pas dire que le problème n'existe
pas. Probablement qu'on n'a pas fait cette recommandation parce qu'on a pris
à la lettre la promesse du gouvernement qu'une politique linguistique
serait élaborée aussitôt que le rapport de la commission
Gendron serait connu. Peut-être, à cause de ce fait, a-t-on omis
de parler de la situation, mais, si on avait cru que l'établissement de
la commission Gendron constituait une excuse pour ne pas parler de ce
problème, pour le cacher, pour ne pas le régler, je suis
convaincu que la Corporation des infirmières, aussi bien que toutes les
autres qui se sont succédé à la commission parlementaire,
aurait parlé de ce problème et aurait prié le gouvernement
de le régler au plus tôt.
En ce qui concerne la régie interne de la profession, M. le
Président, je suis heureux que le ministre des Affaires sociales ait
apporté les améliorations que la profession demandait.
Il faut en effet se rendre compte que, dans une profession où les
effectifs sont aussi nombreux, dispersés dans toutes les régions
du Québec, il est très important, pour assurer le libre jeu de la
démocratie, pour assurer la représentation équitable aussi
bien de toutes les régions que de tous les membres de la profession, il
est important d'instituer des mécanismes pertinents et adéquats.
Je ne veux pas élaborer davantage le sujet, puisque le ministre nous a
précédés et a accordé, à l'instar de son
collègue de l'Industrie et Commerce pour les agronomes et pour d'autres
professions, ce qui évidemment parait absolument aller de soi.
Il nous paraît donc, M. le Président, que cette loi est une
bonne loi, malgré les quelques réserves que j'ai
formulées, quitte, bien sûr, à ce que nous continuions de
l'améliorer en commission plénière. C'est donc une bonne
loi et je souhaite que les infirmiers, les infirmières l'utilisent de la
façon la plus fouillée, la meilleure possible, pour mieux
parvenir à l'idéal qu'ils se sont fixé.
Et peut-être ici, avant de terminer, je pourrais me permettre non
pas un petit sermon, mais simplement un rappel de la condition du malade dans
notre société moderne. Je parlais tout à l'heure de
l'évolution du savoir. Il est évident que plus la
médecine, plus les sciences de la santé progressent, plus il
devient important d'assurer la compétence de tous ces professionnels de
la santé, plus il importe de mettre au service du malade tout ce que
nous apprennent les diverses disciplines scientifiques dans des champs parfois
éloignés de la médecine et qui trouvent finalement leur
application à la médecine. Il est évident que ces
professionnels de la santé tendent à accorder plus d'importance
au savoir qu'à la souffrance, tendent à accorder plus
d'importance à la maladie qu'au malade.
Et on ne peut toujours en blâmer les professionnels de la
santé. Ils savent trop bien, on le leur a répété
trop souvent, que la compétence est une des conditions essentielles de
la qualité des soins, et je serais le dernier à le
nier. Il reste cependant que, pour un professionnel de la santé,
qui est obligé, pour se tenir au courant, à la pointe de
l'évolution, de relire sans cesse ses traités de base, de se
tenir au courant de la littérature médicale, de participer aux
congrès, aux symposiums, aux séminaires, il est évident
qu'en face d'un malade, il est souvent porté à considérer
le problème en technicien. Il est obligé d'envisager toutes les
avenues qui s'offrent à lui, de bloquer certaines avenues, afin d'en
arriver à un diagnostic différentiel. Par la suite, il est
obligé d'établir un programme de traitements. Le problème,
en somme, devient technique pour lui, devient scientifique et il est
peut-être un peu trop porté à oublier non pas seulement la
dimension économique et sociale de la maladie, mais également la
dimension psychologique et la dimension humaine.
Malgré tous les efforts que l'on fait actuellement dans les
facultés de médecine, pour empêcher la médecine de
se dépersonnaliser, malgré tous les efforts que l'on fait dans
les hôpitaux pour aménager d'une façon différente
les conditions d'accueil des malades, malgré toutes les
représentations que l'on fait aux diverses professions de la
santé, pour tenir davantage compte de l'homme dans leurs contacts, dans
leurs rapports avec eux, il reste qu'en raison de cette évolution
même du savoir, en raison même du progrès que nous
connaissons, la tentation sera toujours grande, pour le professionnel de la
santé, de préférer l'aspect scientifique à l'aspect
proprement humaniste.
Eh bien, s'il y a là un risque, une tentation qui deviendront
toujours plus marqués dans notre civilisation, il existe heureusement
une compensation à portée de la main. J'ai dit tout à
l'heure que le médecin passait peu de temps avec le malade, mais que
l'infirmière, ou l'infirmier, elle ou lui, par contre, peut passer
beaucoup plus d'heures avec ce même malade, lui expliquer ce qui doit lui
être expliqué, lui faire accepter sa maladie, l'aider à
trouver en lui-même le moteur de sa guérison.
Je pense que c'est là exprimer en d'autres termes ce que l'on
peut qualifier de repersonnalisation des soins, par opposition à cette
dépersonnalisation des soins que l'on déplore de plus en plus
dans les hôpitaux.
J'espère, pour ma part, que cette personnalisation des soins sera
prise à coeur par la profession des infirmiers et des
infirmières, qu'ils en feront un de leurs impératifs majeurs,
que, tout en poursuivant leur quête de compétence scientifique,
d'organisation rationnelle et efficace de leur profession, ils feront tout en
leur pouvoir pour également repersonnaliser, rehumaniser les soins afin
que l'idéal qu'ils poursuivent et que tous les professionnels de la
santé poursuivent ne demeure pas un vain mot dans cette
société où il est tellement difficile de traiter l'homme
derrière la maladie.
C'est là un rappel que je voudrais leur faire en même temps
qu'à tous les autres professionnels de la santé. C'est une
leçon que je voudrais nous rappeler à tous, aussi bien
législateurs que professionnels afin, justement, que l'on n'oublie
jamais que la société est faite pour l'homme et non l'homme pour
la société.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, permettez-moi
d'ajouter quelques mots à ces plaidoyers fort éloquents qui ont
été faits ce soir, notamment par mon collègue de Montmagny
et par le député de Bourget. Il serait oiseux de revenir sur ce
qu'on a dit des infirmiers, des infirmières, sur leur rôle
éminemment utile et essentiel dans la société et sur la
façon dont ils se sont acquittés, jusqu'à présent,
des hautes fonctions qui sont les leurs et qu'ils veulent continuer d'accomplir
conformément à la loi que nous présente le ministre des
Affaires sociales.
J'ai eu l'occasion de rencontrer la section Saguenay-Lac-Saint-Jean de
l'Association des infirmiers et infirmières du Québec, de
même que l'association qui s'est présentée davant la
commission parlementaire, qui s'est fait entendre et que j'ai eu l'honneur
d'interroger.
Il apparaît que le ministre a tenu compte en très grande
partie des exigences qui avaient été formulées. Certaines,
cependant, n'ont pas été retenues et si je me permets d'y
revenir, je le fais en qualité de profane et non pas en qualité
de spécialiste comme l'ont fait les deux collègues qui m'ont
précédé et dont j'ai mentionné les noms tout
à l'heure.
M. le Président, je suis, en ce qui concerne la profession des
infirmiers et des infirmières, un simple citoyen, un citoyen ordinaire,
donc, un utilisateur des soins infirmiers, quelqu'un qui, à un moment ou
l'autre, peut être obligé de requérir les services d'un
médecin et ensuite de requérir les services de ces personnes.
C'est pourquoi je voudrais insister à mon tour sur la
qualité de la formation que doit recevoir cette classe très
particulière de professionnels, classe de professionnels dont on a dit
du travail qu'il correspondait à une vocation, et c'est bien le mot
qu'il faut employer encore que, aujourd'hui, ce terme ait perdu la
résonance profonde qu'il avait autrefois et qu'il aurait dû
conserver.
Mon collègue de Montmagny et le député de Bourget
ont insisté sur l'aspect humain du travail de l'infirmier et de
l'infirmière. Ils ont mis l'accent sur les dangers de la
dépersonnalisation et de la déshumanisation du travail de ces
professionnels, de ces personnes constamment appelées, jour et nuit
auprès des malades pour les traiter, les rassurer, pour leur fournir
toute l'attention que requiert leur état.
Je crois que le danger de dépersonnalisation et de
déshumanisation tient davantage, à mon sens, au système de
formation des infirmiers et
des infirmières que l'on a déjà mis en route et que
l'on s'apprête à poursuivre dans le cadre de l'institution
éducative du Québec et conformément au projet de loi que
le ministre soumet à notre agrément.
Il est clair que l'enseignement public actuel, à cause de sa
compartimentation, l'enseignement collégial, cet enseignement qui se
donne notamment dans les CEGEP, en raison de l'énormité des
boîtes où l'on enseigne, risque de déshumaniser et de
dépersonnaliser les gens qui passent par ces maisons d'enseignement et
qui, un jour ou l'autre, rejoignent les rangs d'un groupement professionnel
quel qu'il soit. Cela est d'autant plus grave lorsqu'il s'agit de professions
qui touchent au domaine de la santé, qui touchent à la personne
humaine directement dans ce qu'elle a de plus vital, de plus viscéral et
de plus sensible.
Les infirmiers et les infirmières, dans le dernier mémoire
qu'ils nous ont soumis, ont insisté sur la qualité des
études et de la formation qu'ils requièrent de leurs membres. Je
crois qu'ils ont raison de le faire. Dans le mémoire qu'ils nous ont
soumis, à la page 12, on lisait ceci: "En vertu des pouvoirs qu'elle
détient présentement par sa loi, l'Association des
infirmières et infirmiers de la province de Québec a le
contrôle de l'admission à l'étude et de l'immatriculation
des candidats à l'étude ainsi que le droit de déterminer
les normes et standards des programmes de formation." Et on y dit plus loin,
à propos du projet de loi 273, que l'on a enlevé, grandement
réduit les pouvoirs que détenait la corporation des infirmiers et
des infirmières en ne laissant au bureau que le droit de collaborer avec
les établissements d'enseignement concernés aux programmes
conduisant à un diplôme en nursing.
Je crois que c'est justement là que le bât blesse. Je veux
bien que l'on utilise les mécanismes actuels, les structures actuelles
du ministère de l'Education. Mais lorsque les infirmiers et les
infirmières sentent le besoin d'insister sur le contrôle de
l'admission à l'étude et de l'immatriculation des candidats, ils
ne pensent pas seulement en termes de formation professionnelle technique, ils
pensent aussi, surtout lorsqu'il est question de contrôle de l'admission
à l'étude, à la qualité des candidats. Or, le
danger qui existe à l'heure actuelle, avec le système d'option
des CEGEP, c'est d'admettre à n'importe quelle profession n'importe qui.
Nous nous en allons, ainsi, vers une dépersonnalisation, une
déshumanisation, un nivellement qui aboutit fatalement à un
abaissement des standards de qualité.
Or, ce sont ces standards de qualité que veulent maintenir les
infirmiers et les infirmières du Québec. Et c'est la raison pour
laquelle ils ont souligné au ministre le défaut du projet de loi
273 à ce chapitre particulier de la formation.
Je ne voudrais pas m'étendre trop longuement là-dessus.
Mais et nous aurons l'occa- sion d'y revenir en commission je
crois que ce paragraphe du dernier mémoire de l'association dont nous
parlons, à la page 12, est un des plus importants et que le ministre a
le devoir, avec son collègue de l'éducation, d'étudier
très sérieusement les recommandations qui lui sont faites par
l'Association des infirmiers et infirmières du Québec.
L'admission aux études, la surveillance et l'immatriculation des
candidats sont extrêmement importants en termes de qualité non
seulement scientifique, mais en termes de qualité de la personne
appelée à occuper cette haute fonction d'infirmier ou
d'infirmière.
J'entendais, tout à l'heure, le député de Bourget
je terminerai là-dessus parce que je ne veux pas abuser du temps
de la Chambre parler de l'acte infirmier. Peut-être, le
député de Bourget s'est-il mal exprimé, mais je ne
voudrais pas que, de son intervention, l'on conclue qu'il maintient cette sorte
d'impérialisme de la profession médicale je veux parler
des médecins sur les autres professions de la santé. Pour
moi, il y a des professionnels de la santé et chacun, dans son ordre, a
la même valeur et doit avoir les mêmes droits. Tout à
l'heure, je ne crois pas que le député de Bourget ait voulu dire
cela lorsqu'après avoir dit: L'acte infirmier, nous allons le
définir, il peut se préciser au fur et à mesure, il ajoute
ceci: Il arrive que, sur le nombre des infirmiers et infirmières
licenciés qui existent actuellement, il en est certaines qui ne sont
peut-être pas capables de poser véritablement un acte infirmier.
Je pourrais en dire tout autant, M. le Président, des médecins.
Combien y a-t-il de médecins dans le Québec? Est-ce que chacun
d'eux est capable de poser un acte médical d'une qualité
égale à celui que pose chacun de ses collègues? Je crois
qu'il s'agit ici de poser le problème dans les termes suivants: il peut
arriver, en raison du fait que des infirmiers et des infirmières
exercent leur profession tout à côté et avec des
médecins, que l'acte infirmier comme tel soit soumis à un
contrôle différent de celui qui peut exister dans les endroits
où les infirmiers et les infirmières sont obligés de poser
seuls des gestes extrêmement sérieux et extrêmement
graves.
C'est pourquoi, M. le Président, je n'admets donc pas qu'il y ait
de distinction à faire dans le domaine de la qualité. Je me dis
que, si l'on continue de maintenir et de donner une formation de toute
première qualité aux infirmiers et aux infirmières du
Québec, l'on n'a pas à s'interroger sur la qualité de
l'acte que posera celui-ci ou celui-là. Il a la même valeur que
l'acte que pose le médecin à Québec, à Chicoutimi
ou à Montréal.
Il est donc important, M. le Président, que le ministre repense
ce problème de la définition de l'acte infirmier. Nous en avions
discuté en commission parlementaire. J'ai eu l'occasion d'en discuter
privément avec des groupes d'infirmiers et d'infirmières qui
m'ont expliqué exactement qu'est-ce qu'ils étaient obligés
de
faire à certains moments et qui constitue l'acte infirmier.
Lorsque nous étudierons, en commission parlementaire, ce cas
spécifique de l'acte infirmier, que je n'ai pas le droit d'examiner
longuement ici, je poserai des questions au ministre, parce qu'il
m'apparaît à moi, à moins que l'on ne me convainque du
contraire, que la demande que font les infirmiers et les infirmières,
concernant l'acte infirmier, est tout à fait justifiée et devrait
se retrouver dans la nouvelle version de la loi 273.
M. le Président, il est clair que je ne suis pas un
spécialiste. Je suis un consommateur des services de ces personnes qu'on
appelle des infirmières et des infirmiers. Mais j'estime que, de toutes
les corporations que nous avons entendues, de tous les groupements
professionnels, les infirmières ont donné l'exemple d'une
rectitude de pensée, d'une volonté d'action et d'un
désir,d'amélioration de leur corporation, de la qualité de
leurs membres absolument exemplaires. Ce n'est pas leur jeter des fleurs, ce
n'est pas faire du sentiment parce que ce sont en majorité des femmes,
c'est simplement constater un état de fait. Bien peu de membres de cette
Chambre, un jour ou l'autre, n'ont pas eu à requérir les services
des infirmiers ou des infirmières. Ils ont dû, comme il m'est
arrivé à moi, se sentir sécurisés par cette
présence qui est beaucoup plus personnelle, beaucoup plus attentive que
ne l'est celle du médecin qui nous arrive et, très
scientifiquement et quelquefois avec une certaine hauteur, nous déclare
que nous devrons faire ceci ou cela. Je préfère, quant à
moi, l'attitude de l'infirmière qui m'explique ce que le médecin
m'avait dit et que je n'avais pas compris. Je préfère l'attitude
de l'infirmière dont je sais très bien qu'elle sera là au
moment où, à tort ou à raison, je la demanderai lorsque
j'aurai besoin d'elle, besoin de l'infirmier. C'est pourquoi, M. le
Président, j'estime que le ministre devrait se rendre aux demandes qui
lui ont été faites par les infirmiers et les infirmières,
revoir le projet de loi. J'en accepte le principe, c'est bien clair. Mais le
ministre, ne se rendant pas aux demandes qui lui sont formulées dans ce
dernier mémoire qui nous a été présenté, je
ne sais pas si je donnerais mon agrément au projet de loi comme tel. Les
revendications qui sont faites me paraissent essentielles. Jusqu'à
preuve du contraire, je crois que ce qu'on nous demande est fondé en
droit, en fait et correspond à la ligne d'évolution normale d'une
des professions qui s'est peut-être le mieux adaptée aux exigences
de la société actuelle et de tous les besoins que formulent les
citoyens, particulièrement dans le domaine de la santé. Ainsi
donc, sous toutes ces réserves, je suis disposé à accepter
le projet de loi que soumet le ministre des Affaires sociales.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de deuxième
lecture du bill 273 est adoptée?
DES VOIX: Adopté.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que ce projet de loi
soit déféré à la commission parlementaire
spéciale des corporations professionnelles.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que cette motion est
adoptée?
DES VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je rappellerais aux membres de la
commission permanente de l'Assemblée nationale que cette commission
siégera demain, le mercredi 7 mars à dix heures au salon rouge,
pour poursuivre l'étude de la réforme électorale.
M. ROY (Beauce): Est-ce que le leader du gouvernement me permettrait une
toute petite question?
M. LEVESQUE: Oui.
M. ROY (Beauce): On parle de réforme électorale, mais de
quoi s'agit-il au juste? Est-ce qu'il s'agit de la loi concernant les
dépenses électorales?
M. DEMERS: Est-ce que vous reprenez la discussion sur la loi 62?
M. LEVESQUE: Quel est le sujet demain?
M. HARDY: Demain, à la commission de l'Assemblée
nationale, je pense que nous avons plusieurs sujets fort intéressants,
entre autres les modes de scrutin. C'est une question d'actualité avec
ce qui s'est passé dimanche dans un autre pays où certains de nos
collègues aiment bien s'inspirer. Il y a le problème du
financement des partis, je pense. En fait, comme il avait été
convenu au comité directeur, il s'agirait d'un espèce de tour
d'horizon des différents sujets qui nous restent à traiter en
regard de la réforme électorale.
M. PAUL: Est-ce qu'il pourrait être question du rappel de la loi
62?
M. DEMERS: Cela dépendra...
M. HARDY: Comme il a toujours existé une liberté totale et
entière à cette commission, les députés seront
libres de discuter des sujets qu'ils voudront.
M. DEMERS: Jonas avait crié cela en sortant de la baleine : Vive
la liberté !
M. LEVESQUE: Je propose l'ajournement de la Chambre à demain 15
heures.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): La Chambre ajourne ses travaux à
demain 15 heures.
(Fin de la séance: 23 h 26)