Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Visiteurs ontariens
LE PRESIDENT: I should like to mention the presence in our gallery of
the Honourable Allan Grossman, Minister of Revenue of the Province of Ontario,
and of Mr Crosby, the deputy-minister of this Department. They are both here
for a few days to discuss with our Minister and Department of Revenue mutual
problems and to, I hope, establish good collaboration between both
provinces.
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais faire motion pour que
Me Harry Blank, député de collège électoral... Tout
d'abord, M. le Président, il y aurait peut-être lieu, sans vous
rappeler à l'ordre, que vous procédiez à nous apprendre
certaines nouvelles.
Nouveaux vice-présidents de l'Assemblée
nationale
LE PRESIDENT: Effectivement, je dois donner connaissance à
l'Assemblée de deux communications que j'ai reçues,
adressées au président de l'Assemblée nationale. "M. le
Président, je vous prie d'accepter ma démission au poste de
vice-président de l'Assemblée nationale et de faire part de cette
démission à l'Assemblée. Je vous remercie et vous prie de
me croire, votre tout dévoué, Denis Hardy, député
de Terrebonne."
M. BURNS: Quel ministère aura-t-il?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y aura plus de Chambre.
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Voici la deuxième lettre, adressée également au
président. "Je vous prie d'accepter ma démission au poste de
vice-président adjoint de l'Assemblée nationale et de faire part
de cette démission à l'Assemblée. Je vous remercie et vous
prie de me croire, votre tout dévoué, Harry Blank,
député de Saint-Louis.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que Me Harry
Blank, député du collège électoral de Saint-Louis,
soit élu vice-président de l'Assemblée nationale du
Québec.
Je fais également motion pour que Me Robert Lamontagne,
député du collège électoral de Roberval, soit
également élu vice-président de l'Assemblée
nationale du Québec. Je fais motion pour que nos règlements
soient changés afin qu'au lieu d'avoir un vice-président et un
vice-président adjoint il y ait deux vice-présidents. Que tous
les changements soient faits mutatis mutandis.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais faire motion pour que M.
André Harvey, député du collège électoral de
Chauveau, soit élu vice-président de l'Assemblée.
LE PRESIDENT: Est-ce que le débat est clos?
M. PAUL: M. le Président, pourriez-vous procéder à
l'élection, s'il vous plaît?
LE PRESIDENT: Je demande s'il y a d'autres députés qui
veulent participer au débat. Est-ce qu'il y a d'autres nominations?
UNE VOIX: Est-ce qu'il y a d'autres démissions?
LE PRESIDENT: Nous allons procéder à la mise aux voix de
la motion de l'honorable leader parlementaire du gouvernement. Sur la
première motion, que ceux qui sont en faveur de l'élection de
l'honorable député de Saint-Louis comme vice-président de
l'Assemblée nationale veuillent bien lever la main, s'il vous
plaît. Adopté. Que ceux qui sont contre veuillent bien lever la
main, s'il vous plaît.
La motion est adoptée et l'honorable député de
Saint-Louis est élu vice-président de l'Assemblée
nationale.
Je procède à la deuxième motion, à la
deuxième nomination. Que ceux qui sont en faveur de l'élection de
l'honorable député de Roberval, comme vice-président de
l'Assemblée nationale, veuillent bien lever la main, s'il vous
plaît.
Que ceux qui sont contre veuillent bien lever la main.
Je déclare l'honorable député de Roberval
élu vice-président de l'Assemblée nationale du
Québec.
N'ayant pas d'autre poste à combler...
M. PAUL: Notez que j'ai fait mon possible pour lui donner une promotion,
toujours!
LE PRESIDENT: La troisième motion est afin que le
règlement de l'Assemblée nationale soit modifié en
conséquence. Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté. LE PRESIDENT :
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Déclarations ministérielles Textes
réglementaires de l'administration
M. LEVESQUE: M. le Président, à l'appel de l'article
dépôt de documents, je déposerai devant cette
Assemblée le premier relevé québécois des textes
réglementaires de l'administration gouvernementale et
paragouvernementale.
L'absence d'une telle consolidation occasionnait des
inconvénients sérieux dès lors qu'il s'agissait pour les
membres de cette Assemblée, les administrateurs publics et les citoyens
en général de simplement obtenir un texte réglementaire et
de s'assurer que le texte obtenu était bien à jour.
Le dépôt de ces quelque 950 textes réglementaires
rassemblés dans près de 8,000 pages et publiés selon le
processus le plus moderne favorisera cette essentielle accessibilité du
public à l'ensemble de la réglementation adoptée en vertu
de nos lois par l'administration publique.
Cette administration publique est souvent perçue par le citoyen
comme étant lointaine et difficilement accessible. En publiant
l'ensemble des règles qui la gouvernent, le gouvernement pose un geste
concret en vue de réduire cette distance qui sépare le citoyen de
l'administration publique. Ce texte s'avérera aussi un précieux
instrument de travail pour les administrateurs publics, contribuant ainsi
à accroitre l'efficacité de l'administration gouvernementale.
Pour les membres de l'Assemblée nationale, ces textes
réglementaires leur permettront de participer d'une façon encore
plus documentée au travail parlementaire, réalisant ainsi un
autre progrès dans la poursuite de notre objectif de modernisation de
l'Assemblée nationale. Le gouvernement est donc heureux de rendre
publique aujourd'hui cette première consolidation
québécoise de l'exercice du pouvoir réglementaire.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Je félicite le leader parlementaire et surtout le
gouvernement, qui a procédé à cette amélioration
qui n'avait que trop tardé. Je pense que, malgré qu'il faut en
féliciter le gouvernement, on doit quand même déplorer une
dernière fois le retard que ce gouvernement et les autres avaient mis
à présenter au public cette consolidation.
Il est certain que les partis politiques, les administrateurs publics en
profiteront. Mais je pense que l'on pourrait pousser l'amélioration
encore plus loin. D'ailleurs, le ministre des Communications, dans son
exposé de deuxième lecture sur les projets de loi 35, 36 et 37,
nous avait informés que le gouvernement désirait établir
un réseau de communications qui couvrirait toute la province, non
seulement dans les grands centres, mais dans les régions les plus
éloignées. Il nous semble que les offices de communications qui
commencent à voir le jour dans tous les coins du Québec non
seulement devront avoir cette codification, ce qui est évidemment le
cas, mais devraient faire également tous les efforts possibles pour
renseigner la population qu'ils desservent au sujet de cette codification et
prendre tous les moyens qui sont en leur pouvoir pour faire connaître
cette codification aux citoyens que ces règlements peuvent affecter.
Ce n'est que de cette façon que l'on pourra diminuer encore, si
possible, l'écart qui existe entre l'administration et les
administrés. C'est là un effort de tous les instants auquel il
faut s'employer avec le plus d'industrie, d'ingéniosité et le
plus de constance possible. Je compte que le ministère des
Communications prendra occasion de cette amélioration pour
procéder à cette réforme qui s'impose.
LE PRESIDENT: Dépôt de documents.
Dépôt de documents Textes
précités
M. LEVESQUE: M. le Président, tel que je le mentionnais il y a
quelques instants, je désire déposer le premier relevé
québécois des textes réglementaires de l'administration
gouvernementale et paragouvernementale.
M. PAUL: Est-ce l'intention du gouvernement de donner une copie de ces
textes à chacun des députés de la Chambre?
M. CHOQUETTE: Je prends la question du député de
Maskinongé sous réserve. On sait, je pense, que le gouvernement
donne déjà des exemplaires des statuts refondus, à chaque
député. Il me semblerait donc normal qu'on procède de la
même façon pour la réglementation, mais je ne suis pas en
mesure de donner une réponse ce matin même.
M. PAUL: Très bien, merci.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pourrais peut-être
poser une question complémentaire, pour savoir si, au moins, le
gouvernement a prévu d'en remettre quelques exemplaires aux
différents partis de la Chambre.
M. CHOQUETTE: Pardon?
M. ROY (Beauce): Comme le gouvernement ne semble pas avoir prévu
en donner immédiatement une copie à chacun des
députés, je voudrais savoir si le gouvernement avait quand
même prévu en remettre quelques exemplaires, au moins, à
chacun des partis qui composent l'Assemblée nationale?
M. CHOQUETTE: Oui. Nous pourrons en discuter au moment du budget de
l'Assemblée
nationale. Je pense, pour ma part, qu'il serait tout à fait
normal que des exemplaires soient remis aux députés.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense quand même qu'il
serait très important que ce document, qui est déjà entre
les mains du gouvernement, soit également entre les mains des autres
partis de l'Assemblée nationale avant que le budget de
l'Assemblée nationale ne soit discuté, ce qui peut prendre encore
un mois environ. Ce document serait un instrument très précieux
pour nous aider dans notre travail pour que nous puissions donner le meilleur
rendement possible. Je demanderais donc au gouvernement de prendre les
dispositions pour nous en donner des copies immédiatement.
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas mis en question. Je ne comprends pas pourquoi
le député de Beauce prend ce ton. Le gouvernement n'a pas
publié cette réglementation pour la garder cachée pour
lui. En fait, elle est à la disposition de tous, et, en particulier, des
législateurs. Nous allons faire tous les efforts nécessaires pour
en procurer des exemplaires aux députés, dans les meilleurs
délais.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
Comptes publics pour l'année 71/72
M. GARNEAU: Je voudrais déposer deux copies des comptes publics,
pour l'année 71/72 et en même temps transmettre, pour
l'information de l'Assemblée nationale, une lettre que j'ai reçue
du vérificateur général, me faisant part que son rapport
de vérification sera disponible à la fin d'avril. Il demande un
délai à l'Assemblée nationale. Je transmets donc des
copies pour les chefs des autres partis.
M. LESSARD: Est-ce que la commission va siéger?
LE PRESIDENT: Je pense que nous pourrions attendre la période des
questions.
M. ROY (Beauce): C'est exactement sur le sujet.
LE PRESIDENT: Vous poserez les questions sur ce sujet à la
période des questions, autrement ça établit des
précédents assez délicats.
Dépôt de documents.
Rapport de l'Université du
Québec
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je désirerais procéder à
deux dépôts de documents. En premier lieu, je déposerai le
rapport annuel 71/72 de l'Université du Québec. En second lieu,
comme je m'y étais engagé, je désire poser les appendices
au livre II de la commission d'enquête sur la situation de la langue
française et sur les droits linguistiques au Québec.
LE PRESIDENT: Questions orales des députés.
Questions orales des députés
LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. LOUBIER: J'avais la tentation de demander, sans aucune malice, au
ministre de l'Education, lorsqu'il nous annonçait qu'il ferait le
dépôt de certains rapports, s'il était pour faire le
dépôt du rapport de la Société des alcools, mais je
retiens cette malicieuse allusion.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je ne suis pas habilité.
Suppression des examens imposés aux
étudiants
M. LOUBIER : Ma question s'adresse donc au ministre de l'Education.
Est-ce que le ministre entend faire suite à la recommandation du Conseil
supérieur de l'éducation, à savoir la suppression du
système des examens imposés à tous les étudiants de
la province par le ministère de l'Education?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je remercie le chef de l'Opposition officielle
de sa question, de laquelle il m'avait d'ailleurs prévenu avant
l'Assemblée. Cet avis vient de parvenir seulement au ministère et
doit faire l'objet d'une étude exhaustive. En effet, il y a un certain
nombre d'implications tant sur le plan pédagogique que sur le plan
financier.
C'est la raison pour laquelle je ne peux pas répondre d'une
façon définitive. Cependant, je dirais que c'est là un
avis qui s'inscrit certainement dans l'orientation que je souhaite donner au
ministère, c'est-à-dire une orientation de
décentralisation. Il y a dans tous les pays du monde une
évolution qui tend à faire disparaitre les examens sous leur
forme classique et à les remplacer par des systèmes
d'évaluation. Il est très certain que c'est dans cette direction
que nous tenterons de réfléchir.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre de l'Education pourrait nous dire si
l'application de cette recommandation pourrait se faire au cours de la
prochaine année scolaire?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Lorsque je parlais de la nécessité
de faire une étude d'un avis qui venait de nous parvenir, c'était
précisément parce que je voulais qu'on se pose le problème
de cette façon en fonction d'un échéancier.
Il m'est par conséquent, impossible, à ce stade-ci,
d'être plus précis.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Hôpital d'Youville de Noranda
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Affaires sociales et concerne l'ouverture
appréhendée de l'hôpital d'Youville, de Noranda. Le
ministre des Affaires sociales me mentionnait, la semaine dernière, que
des officiers supérieurs de son ministère s'étaient rendus
ou devaient se rendre sur place pour faire certaines vérifications et
qu'il devait, je pense, prendre une décision cette semaine. Est-ce que
le ministre peut nous faire rapport soit de sa décision ou des
vérifications qui ont été faites à ce stade-ci?
M. CASTONGUAY: M. le Président, c'est exact que des officiers du
ministère se sont rendus à l'hôpital de Rouyn-Noranda. Je
me suis informé, au cours de la semaine, pour savoir si le rapport
était prêt et on m'a dit qu'ils devaient faire certaines
vérifications avant de faire leurs recommandations. Ce rapport est en
voie de préparation ou d'être terminé. Dès qu'il le
sera, les décisions seront prises, je peux en assurer le
député.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre peut nous garantir qu'il mettra toute
la pression dont il est capable dans les circonstances? Déjà, la
semaine dernière vous nous avez mentionné
l'éventualité d'une décision cette semaine je dis
bien l'éventualité et on peut relire le journal des
Débats à ce sujet. Vous comprendrez l'inquiétude des
citoyens de cette région. C'est pourquoi je me permets d'insister
auprès du ministre pour qu'on fixe un délai. Est-ce que le
ministre peut nous dire aujourd'hui quand il sera en mesure de nous faire part
de sa décision finale?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je comprends l'insistance du
député, mais je suis assuré d'une chose, c'est que je n'ai
jamais donné de garantie formelle que je prendrais une décision
cette semaine. Le député peut être assuré que,
dès que j'aurai une recommandation, la décision sera prise. Mais
on doit se souvenir qu'il s'agit de questions qui doivent être
étudiées pleinement, dont toutes les implications doivent
être vues. On a vu encore récemment, au sujet des contrats de
l'hôpital de Thetford Mines cela a été
soulevé ici qu'il y a certaines règles, certaines
procédures à suivre et j'entends bien les suivre.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Commutation de peine des chefs syndicaux
M. BURNS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
la Justice. Je lui posais, la semaine dernière, une question
relativement au pouvoir de commutation de peine des trois présidents de
centrales syndicales, emprisonnés à la suite d'un jugement des
trois instances.
Malheureusement je l'avais posée comme question
supplémentaire et je n'ai pas pu donner au ministre suffisamment
d'explications. Voici ce que je demandais au ministre ou ce que j'aurais voulu
lui demander si j'avais pu expliciter davantage: Est-ce que le Conseil
exécutif a, lorsqu'il a pris la décision de ne pas commuer les
peines des trois présidents des centrales, tenu compte de la relation
entre la peine imposée aux présidents de centrale en
première instance et à celle imposée aux autres
représentants syndicaux? D'autre part, on a suivi le processus inverse
devant la cour d'Appel. En cour d'Appel on a d'abord, par le jugement des juges
de la cour d'Appel, justifié l'année d'emprisonnement aux
présidents de centrale, pour ensuite dire que les représentants
syndicaux, eux, devraient avoir une peine inférieure.
C'était ça le sens de ma question quand je disais la
relation entre les deux niveaux de jugement; en première instance, les
présidents de centrale se sont vu imposer leur sentence, après
que les représentants syndicaux, eux, eurent reçu la leur.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je voudrais tout d'abord attirer
l'attention du député de Maisonneuve sur le fait que le pouvoir
de commuer une sentence ou le pouvoir d'accorder un pardon ou une
rémission n'appartient pas au lieutenant-gouverneur en conseil. C'est un
pouvoir qui appartient au lieutenant-gouverneur tout court, car il s'agit
là de l'exercice de la prérogative royale.
Sur le fond du problème, M. le Président, le
député de Maisonneuve me demande, si...
M. BURNS: Est-ce que le ministre me permet juste une sous-question avant
qu'il continue?
Le conseil exécutif ne peut-il pas aviser le
lieutenant-gouverneur, et dans ce cas n'est-il pas habituel que le
lieutenant-gouverneur suive l'avis du conseil?
M. CHOQUETTE: Ce n'est pas tout à fait la tradition, M. le
Président. Un instant, un instant! Ce n'est pas tout à fait la
tradition et les choses ne se passent pas habituellement comme le décrit
le député de Maisonneuve lorsqu'il s'agit pour le
lieutenant-gouverneur d'accorder un pardon. Le plus souvent, à
l'intérieur de notre fonctionnement traditionnel du gouvernement, le
lieutenant-gouverneur tout court est mis en mouvement par l'action du ministre
de la Justice ou du sous-ministre de la Justice. Ceci n'exclurait pas que le
premier ministre ou d'autres ministres puissent mettre le lieutenant-gouverneur
en action.
Je veux dire que, dans notre droit parlementaire ou constitutionnel, le
lieutenant-gouverneur, même lorsqu'il s'agit de l'exercice de la
prérogative royale, n'agit pas de lui-même, n'agit pas proprio
motu, mais agit à l'instigation et à la demande
présumément d'un membre du
gouvernement, en général. C'était pour
éclairer le député de Maisonneuve sur la
procédure.
Sur le fond du problème cependant, il s'agit dans la question du
député de Maisonneuve d'une demande implicite de
considérer certains aspects qui ont été traités par
les cours qui ont rendu jugement dans le cas de MM. Pepin, Laberge,
Charbonneau. Le député de Maisonneuve nous demande, à
toutes fins pratiques, de nous substituer dans une certaine mesure à la
logique interne des jugements rendus à l'égard de ces trois
personnes.
Pour ma part, je ne peux pas accepter que le gouvernement ou le
lieutenant-gouverneur se substitue aux cours de justice à moins qu'il
soit possible de démontrer qu'il y aurait eu une injustice flagrante,
qu'il y aurait eu une condamnation sur des preuves ou des documents faux ou
qu'il y aurait eu ce que l'on appelle un "miscarriage of justice".
Par conséquent, il ne s'agit pas, dans le cas actuel, d'une telle
situation puisque nous savons que les trois intéressés ont
avoué qu'ils avaient commis les actes qu'on leur reprochait. Donc, on ne
peut pas dire qu'il y a eu un "miscarriage of justice"; à mon avis, la
justice a suivi son cours normal et les tribunaux se sont prononcés. Je
pense que c'est la meilleure garantie d'une bonne administration de la justice
que de laisser le pouvoir judiciaire exercer ses prérogatives à
l'intérieur de sa compétence à moins, évidemment,
comme je le disais tout à l'heure, que subséquemment à un
procès on découvre des preuves fausses comme, par exemple, le
cas, vous vous en souviendrez, de M. Armand Courville qui avait
été condamné, si je me rappelle bien, par les tribunaux il
y a plusieurs années. Le gouverneur général lui a
accordé un pardon absolu et rétroactif parce qu'on a reconnu,
pour autant que mon souvenir soit bon, que M. Courville avait été
condamné sur des éléments de preuve très douteux.
Donc, on lui a donné un pardon absolu et je pense que la
procédure, dans ce cas-là, était tout à fait
normale de la part du gouverneur général.
Dans le cas de MM. Pepin, Laberge et Charbonneau, telle n'est
sûrement pas la situation puisque, comme je le disais tout à
l'heure, ils ont avoué devant le tribunal et publiquement avoir commis
les actes qui leur étaient reprochés. S'il s'agit d'une question
de rémission de peine pour des raisons humanitaires ou des raisons de
santé, ou des raisons du même ordre, il va de soi qu'il s'agit
d'un tout autre ordre d'idées. Pour le moment, je ne crois pas qu'il
soit utile pour moi d'entrer dans cette partie de la question soulevée
par le député de Maisonneuve.
M. BURNS: Je ne demandais pas qu'il utilise le pouvoir de pardon mais le
pouvoir de commutation. D'ailleurs, le pardon serait pratiquement impossible
puisque la sentence est partiellement exécutée.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas saisi le sens de la question du
député.
M. BURNS: Le ministre m'a répondu sur le pardon. Le sens de ma
question était relativement au pouvoir de commutation de la peine,
c'est-à-dire de diminution de la peine et non pas relativement au pardon
lui-même parce que le pouvoir du lieutenant-gouverneur porte sur ces deux
chefs.
M. CHOQUETTE: Je pensais avoir fait la distinction, dans l'exposé
que j'ai fait tout à l'heure, entre le pouvoir de pardon, qui est un
pouvoir absolu, dans certaines circonstances, soit de déclarer qu'un
crime ou une offense n'a pas eu lieu et que la personne reçoit un pardon
de la commission de cette offense et, d'un autre côté, il y a ce
que j'ai appelé le pouvoir de rémission, c'est-à-dire le
pouvoir de remettre en tout ou en partie la peine à laquelle une
personne, qui a été trouvée coupable, peut avoir
été condamnée. Je comprends maintenant que le
député de Maisonneuve parle du pouvoir de rémission. Je
pense avoir répondu à cet aspect de sa question tout à
l'heure.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre admet qu'il y a plusieurs
précédents dans cette forme de rémission que ce soit pour
des questions d'ordre familial, que ce soit pour des questions de santé
ou même de sécurité, que c'est devenu paradoxalement une
pratique exceptionnellement courante ou couramment exceptionnelle au
ministère.
M. CHOQUETTE: Non, je n'admets pas du tout ce que dit le chef de
l'Opposition. Quand nous accordons des rémissions ou des pardons, c'est
après une analyse de la situation particulière. Nous ne faisons
pas cela en vertu d'une espèce de logique va-bon-train qui ferait qu'en
vertu du fait qu'on accorde des pardons ou des rémissions on en
accorderait à tout venant.
Chaque cas est examiné à son mérite et suivant les
circonstances. Si des circonstances particulières militent en faveur
d'une rémission de peine ou d'un pardon, il va de soi que le
gouvernement fait son devoir. Je pense qu'il l'a fait dans le passé. On
me citait l'exemple récent de quelqu'un qui avait été
condamné à la prison pour défaut de paiement d'amende. Or,
il s'agit manifestement d'un insolvable qui ne peut pas payer l'amende. Il est
malade en plus de cela. Alors, on lui a donné le droit de s'en aller
chez lui et de purger sa peine, en somme, à domicile pour qu'il puisse
aller subir des traitements médicaux.
Le gouvernement et le lieutenant-gouverneur, enfin, tel qu'il exerce sa
prérogative royale, ne le fait pas arbitrairement. S'il y a des raisons
humanitaires, des raisons de santé ou d'autres raisons valables, nous
exerçons la prérogative royale pour assurer que
l'humanité,
enfin un certain humanisme compatible avec la justice prévale
dans l'exécution des décisions des cours.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
Problème du taxi
M. PAUL: M. le Président, je voudrais, dès maintenant,
attirer votre attention sur les dispositions de l'article 173 de notre
règlement, au cas où on voudrait l'invoquer du côté
de ceux qui siègent à ma droite.
J'ai un très très court exposé à faire
concernant le problème du taxi, parce que les droits et
privilèges d'un groupe important de députés, soit ceux qui
ont siégé à la commission des transports, sont en jeu. Je
veux le faire d'une façon bien objective, sans soulever aucun
débat, mais c'est une question extrêmement importante en raison du
délai péremptoire qui est fixé à cinq heures, cet
après-midi.
Je résume les faits. Nous avons entendu plusieurs mémoires
à la commission parlementaire concernant le règlement no 6 du
taxi. Entre autres, nous avons entendu M. Pierre Lattaro, qui est venu se
plaindre quant à l'exploitation dont lui et d'autres confrères du
métier étaient victimes de la part de Fairview Taxi
Limitée dont le président est M. Arthur Rochette. Cette compagnie
opère à l'intérieur du territoire de la ville de
Pointe-Claire.
Notre commission était présidée par notre
collègue, le député de Robert-Baldwin. Nous avons
adopté une résolution unanime à la commission
parlementaire pour inviter ledit Arthur Rochette à ne pas
procéder à des représailles contre ceux qui étaient
entendus devant nous.
Le maire de Pointe-Claire, le président de la commission
je ne le nommerai pas a été extrêmement
honnête et loyal.
Il a demandé une enquête à Pointe-Claire pour
contrôler les faits qui se déroulaient quant à
l'exploitation du taxi. L'enquête eut lieu. Une rencontre
subséquente eut lieu avec l'honorable premier ministre pour analyser
tous ces faits.
Or, il arrive la situation suivante. Ledit Rochette, par des pressions,
est détenteur de seize permis de taxi. Je vois l'honorable
député de D'Arcy-McGee qui approuve. Depuis quelques jours, par
des pressions ou autrement, il a racheté sept véhicules
automobiles de propriétaires artisans, qui sont propriétaires des
véhicules mais non détenteurs des permis de taxi. Aujourd'hui,
ledit Rochette doit se présenter, à la suite d'une entente qui
est intervenue, au ministère des Transports aux fins d'immatriculer ces
sept véhicules automobiles. Par contre, il y a neuf chauffeurs de taxi
qui sont dans l'impossibilité de continuer à oeuvrer dans le taxi
parce que le problème n'est pas encore réglé. Par
conséquent, même s'il y a une enquête qui a
été menée, même si la commis- sion parlementaire a
demandé à Rochette de ne pas user de représailles, il
arrive qu'il y a des représailles qui sont actuellement exercées.
Neuf chauffeurs de taxi seront incapables de gagner leur vie à partir de
cinq heures cet après-midi parce qu'en vertu de la Loi des transports il
est impossible d'immatriculer un permis de transport et il n'y a pas de
transfert de permis.
Je m'adresserai donc à quelqu'un en autorité. L'honorable
premier ministre n'est pas ici, il a assisté à cette
réunion, le député de Dorion n'est pas ici, le ministre
des Transports n'est pas ici. Peut-être que le ministre adjoint à
la Voirie et aux Transports pourrait, dès maintenant, prendre les
informations et donner des directives pour empêcher certaines
représailles sous forme d'autorisation d'immatriculation de sept
véhicules automobiles au nom d'Arthur Rochette, qui doit se
présenter aujourd'hui au bureau des véhicules automobiles pour
obtenir un transfert de permis ou un enregistrement de véhicule, ce qui
est défendu en vertu de la Loi des transports. Comment les neuf
chauffeurs de taxi artisans, qui oeuvrent dans ce milieu depuis bientôt,
pour quelques-uns, cinq ou six ans, pourront-ils obtenir l'enregistrement de
leurs véhicules automobiles afin de leur permettre de continuer à
gagner leur vie?
M. le Président, je m'excuse, j'ai été long. C'est
parce que c'est une conséquence de certaines séances de la
commission parlementaire. Cela va à l'encontre d'une recommandation de
la commission parlementaire des transports et communications. Par
conséquent, comment arrêter les activités de Rochette et
comment permettre à Pierre Lattaro et ses collègues de
procéder à l'enregistrement de leurs véhicules automobiles
avant cinq heures cet après-midi?
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais, immédiatement,
sur le point de procédure, rappeler à l'honorable
député de Maskinongé que, malgré les
précautions qu'il a prises pour souligner ce cas à la Chambre, je
ne voudrais pas que ceci constitue un précédent.
M. PAUL: Je l'admets, M. le Président.
M. LEVESQUE: Autrement, j'aurais dû invoquer le règlement
avant ce moment-ci.
Ceci étant dit, je comprends qu'il s'agisse là d'un cas
qui pourrait avoir une certaine urgence. Dans les circonstances, je crois que
le ministre d'Etat aux Transports non seulement en a pris note, mais aurait
sans doute quelques commentaires à faire à ce sujet.
M. MAILLOUX: M. le Président, je n'ai pas assisté aux
délibérations de la commission qui a siégé sur le
problème du taxi, mais je pense que l'honorable député de
Maskinongé sait que les sphères d'activité qui m'occupent
à ces deux ministères, ce sont principalement d'autres sec-
teurs du transport, tels le camionnage artisan et le système de
traversiers.
Le problème dont parle l'honorable député de
Maskinongé a été soumis hier, de manière finale,
à l'attention du ministère des Transports. Si je ne puis donner
une réponse complète au ministre au moment où je vous
parle, c'est que, depuis le début de la soirée du 1er mars et
depuis huit heures ce matin, deux sous-ministres, le président de la
commission, soit le député de Robert Baldwin, et d'autres
officiers du ministère sont à compléter toute
l'enquête qui nous permettrait d'espérer prendre une
décision avant cinq heures cet après-midi.
Je ne pourrais ajouter d'autres commentaires, à ce moment, sans
avoir auparavant le rapport que doivent me soumettre tantôt deux des
sous-ministres qui ont été attachés de très
près à l'étude de ce problème.
M. LOUBIER: M. le Président, simplement pour nous donner un
meilleur éclairage de la situation, ceci voudrait-il dire que M.
Rochette pourrait, avant que la décision soit rendue par le
comité dont le député a fait mention, obtenir ses
enregistrements pour les véhicules?
M. MAILLOUX: M. le Président, je ne pourrais pas affirmer une
telle chose à ce moment. Je voudrais également ajouter
qu'étant donné que l'honorable ministre des Transports s'est
penché plus profondément sur ce dossier, nous cherchons à
le rejoindre au téléphone pour avoir des informations
supplémentaires qui pourraient être entre les mains du titulaire
du ministère. Je pense que, dans le cours de l'après-midi, nous
pourrons avoir un avis qui nous permette de poser le geste qui s'imposera.
M. PAUL: M. le Président, je tiens à m'excuser si, d'une
façon ou de l'autre, j'ai contrecarré les dispositions de notre
règlement. Le leader du gouvernement avait raison de le faire remarquer,
mais, d'un autre côté, quand on comprend la réponse du
ministre, la question est beaucoup plus grave que les neuf cas d'espèce
en cause, dans les circonstances.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Permis de vente d'alcool
M. ROY (Beauce): M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de la Justice. Celui-ci est-il au courant qu'à la
Commission de contrôle des permis d'alcool il faut un délai qui
varie de cinq à six mois avant qu'un permis ou encore qu'un transfert
soit accordé à une entreprise, à un commerce
hôtelier existant? Si oui, le ministre pourrait-il nous dire si son
ministère a pris ou a l'intention de prendre des dispositions afin de
corriger cette situation qui, en quelque sorte, fait perdre, je pense, beaucoup
d'argent au trésor provincial?
M. CHOQUETTE: Je suis au courant de certains délais qui
prévalent dans l'émission des permis à la Commission de
contrôle des permis d'alcool. Mais je dirai au député de
Beauce que ces délais sont réduits au fur et à mesure que
la commission accomplit son travail. Les délais étaient beaucoup
plus considérables il y a un an puisqu'il y avait environ alors 1,600
dossiers ou demandes qui étaient pendants devant la commission, tandis
qu'aujourd'hui, on a réduit l'arrérage des dossiers à
environ 500 ou 600 demandes.
Il y a des délais un peu plus considérable dans la
région de Québec par rapport à celle de Montréal. A
Montréal, le délai actuel est d'environ deux à trois mois,
ce qui n'est pas un délai excessif, à mon sens, puisqu'il faut
quand même qu'il y ait une enquête approfondie relativement
à chaque demande.
Dans la région de Québec, nous avons déjà
pris des mesures pour tenter d'accélérer les procédures et
faire en sorte que les demandes puissent être étudiées,
afin que des décisions puissent être rendues dans un délai
convenable.
M. ROY (Beauce): Je remercie le ministre pour la réponse qu'il
vient de nous donner, mais je tiendrais quand même à l'informer
si on me le permet qu'après avoir communiqué
à quelques reprises avec la commission de contrôle, il faut encore
dans Québec un délai d'à peu près six mois. Et
cette situation fait en sorte qu'à l'heure actuelle, il y aurait
à l'intérieur du Québec de petits patroneux qui se
promènent, qui rencontrent les gens qui ont fait une demande de permis,
et sollicite ces derniers de donner des pourboires afin de faire placer leur
dossier le premier.
Je demanderais à l'honorable ministre s'il serait disposé
à faire une enquête à ce sujet dans son ministère de
façon qu'on mette un terme à cette exploitation et à ce
patronage éhonté qui semble exister, je dis bien qui semble
exister. Mais je donne quand même le bénéfice du doute,
c'est pourquoi je demanderais à l'honorable ministre de faire
enquête à ce sujet.
M. CHOQUETTE: Toute l'action du ministre actuel de la Justice dans le
domaine des permis d'alcool a justement été orientée vers
l'élimination du patronage auquel le député fait allusion.
Parce que je considère que tous les justiciables doivent être
traités sur un pied d'absolue égalité devant la Commission
de contrôle des permis d'alcool, comme devant tous les autres tribunaux
du Québec.
Si le député a des cas précis à me
souligner, à savoir des interventions extérieures indues dans des
demandes, je le prierais de me communiquer les renseignements. Et j'ajouterai
qu'il n'y a aucun système qui est à l'abri de la corruption et de
l'influence indue, mais nous avons pris des dispositions très
sévères et très détaillées pour
éviter le plus possible que de tels incidents se produisent.
Ainsi, les dossiers sont traités dans un ordre qui a
été défini par une procédure adoptée par la
commission. Et si, à un moment donné, il y a une
accélération d'un dossier par rapport à d'autres à
cause de certaines circonstances, il y a toute une série de
critères qui s'appliquent à telle accélération ;
ainsi, il faut que le requérant produise un affidavit pour
démontrer l'absolue nécessité pour lui de faire traiter
son cas prioritairement.
Mais tout cela fait qu'actuellement, dans la mesure du possible, la
procédure à la Commission de contrôle des permis d'alcool
n'a jamais été aussi scrupuleusement détaillée et
sévère pour éviter des allégations comme celles que
présente le député de Beauce. J'invite le
député de Beauce, s'il a des cas particuliers, à me les
signaler et je n'hésiterai pas à intervenir et à
sévir, si cela est nécessaire.
M. ROY (Beauce): Est-ce que je dois comprendre que le ministre de la
Justice prend un engagement formel devant la Chambre ce matin, de sévir
si on lui amène des cas particuliers?
LE PRESIDENT: Question additionnelle, le député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: Ma question est complémentaire à la question du
député de Beauce. Je voudrais savoir du ministre s'il ne trouve
pas que le délai de six mois dans la région de Québec,
lorsqu'il s'agit d'un transfert, est préjudiciable au commerce
établi.
Je cite comme exemple le type qui vend son épicerie.
Automatiquement, le permis de vente de bière disparait parce qu'il n'y a
plus de transfert avec la vente. Il lui faut donc attendre six ou sept mois
avant que le nouvel acheteur obtienne son permis. Le commerce décline
à un point inquiétant et compromet le succès
économique.
Je trouve que le délai est vraiment trop long. Ce n'est pas parce
que je veux intervenir pour sauver des gens, mais au point de vue
économique, le type qui a acheté une épicerie se trouve
privé d'une mesure d'appoint pour activer son commerce. Et on sait
l'importance de pouvoir vendre de la bière dans une épicerie.
Je trouve que le délai de six mois est excessif et qu'il faudra
avoir des procédures plus rapides.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je partage l'avis du
député de Saint-Maurice à l'effet qu'un délai de
cinq ou six mois est trop long. Je puis l'assurer que pour ce qui est des
transferts, un rôle spécial a été constitué
de façon que les transferts soient traités dans des délais
normaux. Maintenant, pour faire face justement à ces délais
excessifs, que je reconnais être trop considérables, remarquez
bien, dans la région de Québec, des mesures administratives
internes ont été prises pour faire en sorte que les analyses des
dossiers se fassent plus rapidement.
Nous avons pris récemment certaines mesures pour obvier au
problème soulevé par le député de Saint-Maurice. Je
désire faire savoir au député, en réponse à
sa question et à celle du député de Beauce, que
l'administration de la Commission de contrôle des permis d'alcool a eu
quelques problèmes relativement, par exemple, au recrutement de
personnel compétent: analystes, enquêteurs, ainsi de suite, parce
qu'avec les échelles de la fonction publique et les concours de
recrutement en vertu de ces échelles, il nous a été,
pendant une certaine période, difficile de recruter le personnel
compétent dont nous avions besoin. Aujourd'hui, cette situation est
rentrée dans l'ordre. Des concours ont été lancés
de façon à accroître le personnel de la commission et j'ai
confiance que d'ici quelques mois les problèmes seront
complètement résorbés au niveau de la commission, au moins
en ce qui concerne les délais.
M. DEMERS: Merci.
M. ROY (Beauce): Une question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que le ministre pourrait prendre des dispositions de
façon à aviser la Commission de contrôle des permis
d'alcool que lorsqu'il y a un transfert de permis, on exige exactement les
mêmes obligations concernant le service de l'hôtellerie qui doit
faire l'inspection, soumettre des plans, etc.? Lorsqu'il s'agit d'un transfert
de permis il y aurait des délais assez considérables et on
obligerait d'anciens propriétaires à faire des réparations
ou des rénovations dans leur commerce, ce qui les oblige à
dépenser des sommes additionnelles sans savoir s'ils seront en mesure
d'avoir le permis ou le transfert du permis dans un délai normal.
M. CHOQUETTE: M. le Président, il m'est difficile de
répondre à la question du député de Beauce parce
que je la trouve assez générale et un peu confuse. Je lui
dirai...
M. ROY (Beauce): On m'a constamment interrompu, M. le
Président.
M. CHOQUETTE: Si le député voulait préciser
exactement ce qu'il suggère, je pourrais lui répondre.
M. ROY (Beauce): On exige une acceptation du service de
l'hôtellerie avant que le transfert du permis ait lieu, même dans
des entreprises existantes. Il arrive que des commerces existant depuis 25 et
30 ans voient l'acceptation de leur permis retardée parce que le service
de l'hôtellerie exige, de la part de ces commerces, des
réparations et des rénovations qui ne sont pas acceptables pour
les personnes en cause.
M. CHOQUETTE: M. le Président, le service de l'hôtellerie
est un service qui appartient au ministère du Tourisme, il ne
dépend pas de la commission de contrôle. J'ajouterai qu'un
éta-
blissement où on vend des boissons alcooliques doit se conformer
à plusieurs réglementations, entre autres celles du
ministère du Tourisme, du ministère du Travail, de la Commission
de contrôle des permis d'alcool. Il est évident que ces
différents secteurs ont une responsabilité. Si on parle, par
exemple, des responsabilités du ministère du Travail dans
l'inspection des établissements, on sait qu'il y a eu un incident
à Montréal d'une très grande gravité lorsque 36
personnes sont décédées lors d'un incendie survenu au Blue
Bird. Il va de soi que chaque secteur du gouvernement a sa
responsabilité pour voir à ce que le public soit
adéquatement protégé. Je présume que du
côté du Tourisme, la préoccupation de ce ministère
est de voir à ce que les établissements soient convenables,
soient accueillants pour le touriste de façon à élever
notre circuit touristique dans le Québec. Je ne pense pas qu'on puisse
faire de reproche au ministère du Tourisme d'exercer sa fonction et
demander que certaines rénovations aient lieu, même dans des vieux
commerces, à l'occasion d'un transfert de permis d'alcool, lorsqu'en
vertu de la réglementation qui prévaut au ministère du
Tourisme, cela s'impose.
LE PRESIDENT: Dernière question, l'honorable député
de Bourget.
Récupération de fonds pour
l'éducation
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de l'Education et porte sur
la récente conférence interprovinciale des ministres des Finances
et de l'Education qui s'est d'ailleurs terminée
prématurément, selon ce que les journaux nous rapportent.
Ma question est la suivante: Est-ce que le ministre de l'Education a
réussi à récupérer du fédéral les
$300 millions dont son prédécesseur, le député de
Verchères, estimait que le Québec avait été
injustement frustré?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, d'abord, je souhaiterais
préciser que cette conférence ne s'est pas terminée
prématurément; elle s'est terminée rapidement. Elle s'est
terminée parce que la conférence avait déjà
réussi à atteindre ses objectifs et en était
arrivée à un très large accord concernant le financement
du postsecondaire. Le député de Bourget fait allusion à un
problème particulier qui ne faisait pas l'objet des discussions et qui,
par conséquent, n'a pas été du tout abordé.
M. LAURIN: Le financement de l'enseignement postsecondaire n'a pas
été abordé?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Si, le financement de l'enseignement
postsecondaire a été abordé, en ce sens que la
conférence est à la recherche d'une formule pour remplacer les
accords actuels qui se terminent en 1974. Mais ceci ne portait pas sur le point
particulier que soulève le député de Bourget, à
savoir les représentations qui ont été faites par mon
prédécesseur critiquant la formule antérieure et
établissant qu'à cause de cette formule antérieure le
Québec n'avait peut-être pas bénéficié de
toutes les sommes auxquelles il aurait pu avoir accès.
Je distingue, par conséquent, très clairement ce qui
constitue une revendication qui peut-être fondée de certains
points de vue, mais qui, cependant, ne tenait quand même pas compte de la
formule pour laquelle le Québec avait opté et des discussions qui
ont pour but d'en arriver à une reformulation de toute la politique de
l'enseignement postsecondaire.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président.
Jusqu'à quel point d'une part les ministres ont-ils avancé dans
la recherche de cette formule? Deuxièmement, est-ce que les propos que
le ministre vient de tenir indiquent que la revendication faite par son
prédécesseur ne tient plus et ne sera plus poursuivie?
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, je vais répondre
dans l'ordre à ces deux questions. En ce qui concerne la
première, je dirais que la conférence conjointe des ministres de
l'Education et des ministres des Finances en est arrivée à un
très large accord, sans que l'on puisse encore parler d'un consensus
impliquant toutes les provinces. Je dois souligner que je parle, en ce moment,
en mon nom propre, parce qu'il a été entendu que, même si
les ministres restaient libres de faire des déclarations, la
conférence en tant que telle n'émettrait pas de communiqué
à ce sujet.
La raison est très simple, c'est que certains documents doivent
encore parvenir au secrétariat avant que des recommandations soient
faites à la conférence des premiers ministres. En effet, c'est la
conférence des premiers ministres qui doit recevoir le rapport de ces
rencontres préliminaires, impliquant les ministres de l'Education et les
ministres des Finances.
En fait, j'irai jusqu'à dire qu'il semble se développer,
en particulier dans le domaine de l'éducation, entre les provinces
canadiennes, une compréhension inédite et que je qualifierais
d'historique. Depuis quelques mois, sur un bon nombre de points majeurs, une
véritable identité de vues est en train de se faire jour. Je
crois que, dans le cas particulier du financement de l'enseignement
postsecondaire, les provinces seront dans la position de présenter des
vues communes et identiques au gouvernement fédéral lorsque les
discussions reprendront, de manière à réviser les accords
d'il y a quelques années.
Je peux même aller plus loin et préciser que ces vues
communes colleront très largement à la proposition du
Québec visant des transferts fiscaux inconditionnels. J'imagine que je
déplairai peut-être au député de Bourget ou aux
députés péquistes en laissant entendre que, de
plus en plus, le fédéralisme est en train de se
définir comme un fédéralisme possible et
réalisable.
M. LAURIN: Il faudra des preuves.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Je crois que ces preuves viendront
peut-être assez rapidement.
M. LAURIN: Parce que des paroles, il y en a eu dans le passé.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): La deuxième partie de la question... Je
m'excuse, M. le Président, d'être un peu long, mais on me
demande...
M. LESSARD: Demandez cela à votre ministre de l'Agriculture.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... pratiquement des déclarations
politiques. Alors, où je réponds ou je ne réponds pas. Je
sais que ça ne plaira pas au député de Saguenay...
M. LAURIN : D'accord.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... qui préfère les
réponses très courtes. Je dirais que, pour l'instant...
M. LESSARD: Et intelligentes.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... cette revendication particulière ne
fait pas l'objet de discussions et je ne sais pas jusqu'à quel point
j'aurai à la reprendre.
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Question de privilège Propos de M. Jacques
Dussault
LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, j'ai reçu un
avis, hier soir, du député de Maisonneuve, en vertu de l'article
50 sur une question de privilège. "Veuillez prendre avis qu'avant
l'appel des affaires du jour de la prochaine séance de
l'Assemblée nationale, je désire soulever une question de
privilège concernant la déclaration injurieuse faite par M.
Jacques Dussault, fonctionnaire aux Travaux publics, à l'effet que des
membres de l'Assemblée nationale ont participé à un
système de favoritisme politique".
Je reconnais au départ qu'il semble y avoir dans cette demande un
élément nouveau qui diffère de celle qui m'a
été faite antérieurement. Par contre, je demanderais,
avant de rendre ma décision, deux choses à l'honorable
député de Maisonneuve. Premièrement, n'ayant pas de
système de coupures de journaux à mon bureau, je
désirerais qu'il me procure la déclaration exacte qui aurait
été faite par M. Dussault.
Vous vous demanderez peut-être pourquoi je ne l'avais pas hier,
c'est qu'hier j'ai considéré un autre aspect de la demande du
député de Maisonneuve, soit la question de privilège,
l'article 66 de la Loi de la Législature.
Etant donné qu'il s'agit explicitement aujourd'hui d'une
déclaration prétendument faite à un journal par M. Jacques
Dussault, j'aimerais bien avoir cette déclaration au texte.
Deuxièmement, je demanderais au député de Maisonneuve s'il
entend, à la suite de sa question de privilège, terminer par une
motion.
M. BURNS: Oui, M. le Président, j'ai l'intention de terminer par
une motion.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. BURNS: Je vais vous fournir la coupure du journal La Presse du 22
février.
LE PRESIDENT: Oui, très bien. Ma décision est suspendue en
conséquence. Affaires du jour.
M. LEVESQUE: M. le Président, no 3.
Projet de loi no 279 Troisième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
troisième lecture du projet de loi no 279, Loi modifiant la loi
constituant la Commission de transport de la rive sud de Montréal.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, très brièvement, je crois
qu'il nous faut vous rappeler une fois de plus les propos que nous avons tenus
hier au sujet d'un principe que l'on introduit dans ce projet de loi et qui a
trait à une décision qui vient en contradiction avec la politique
globale que le gouvernement tente de mettre en application actuellement par un
projet de loi déjà porté à l'attention des membres
de la commission des transports et qui a trait à tout le problème
de l'expropriation.
Le ministre des Affaires municipales nous a donné les
renseignements qu'il avait. Nous constatons, une fois de plus, que cette loi
aurait été beaucoup plus éclairée et qu'il aurait
été possible aux député de cette Chambre d'obtenir
tous les renseignements nécessaires à la bonne
compréhension de ce projet de loi s'il était resté
d'initiative privée et si le gouvernement avait voulu convoquer la
commission parlementaire des affaires municipales à l'occasion de
l'étude de ce projet de loi. D'une autre côté, nous savons
que le ministre a été objectif, il a été franc dans
les réponses qu'il nous a données. Comme nous voulons, nous
aussi, que cette Commission de transport de la rive sud finisse
par se mettre en mouvement, même si la loi a été
adoptée au mois de décembre 1971, nous appuyons ce projet de loi
en troisième lecture.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Est-ce que la motion de troisième
lecture est adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 6.
Projet de loi no 252 Deuxième lecture
(suite)
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Reprise du débat sur la motion de
M. Castonguay proposant que le projet de loi 252, intitulé Loi
médicale, soit maintenant lu une deuxième fois.
L'honorable député de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, il me fait plaisir
d'intervenir en deuxième lecture sur le premier des projets de loi
spécifiques qui sont connexes et complémentaires au code des
professions que nous avons adopté, hier, en deuxième lecture.
Hier soir, j'ai écouté le ministre des Affaires sociales
nous livrer son message de deuxième lecture sur le projet de loi no 252.
Cette intervention a été fort laconique. Le ministre des Affaires
sociales, je ne sais pas si c'est par prudence à ce stade-ci de nos
travaux, n'a fait qu'effleurer quelques articles du projet de loi. Si bien que
celui qui occupait votre fauteuil hier soir, M. le Président, pour une
rare fois a été obligé d'intervenir dans le discours de
deuxième lecture du ministre, de le rappeler à l'ordre et de lui
dire qu'il faisait un discours de commission ou de troisième lecture,
étant donné qu'il ne touchait que quelques articles du projet de
loi.
Pour ma part, je dois vous avouer que j'ai été
déçu de l'intervention du ministre des Affaires sociales en
deuxième lecture. Pendant quelques brèves minutes, il n'a pas,
à mon sens, profité de cette occasion magnifique qu'il avait pour
adresser un message aux médecins, à l'une des plus importantes
professions de la santé, au moment où l'Assemblée
nationale adopte cette législation extrêmement importante qui va
modifier la vie, le comportement, les relations entre les différentes
professions vis-à-vis du public, de la société, des
corporations professionnelles et particulièrement celles du milieu de la
santé.
J'espère que le ministre se reprendra en réplique sur ce
projet de loi no 252 et que, sur la vingtaine de projets de loi qui restent,
alors que nous étudierons le problème des corporations
professionnelles, il en profitera pour leur adresser un message spécial
et bien les situer dans tout le contexte de la santé.
La profession médicale, dont nous commen- çons
l'étude de la loi en deuxième lecture, n'a pas boudé le
code des professions, n'a pas boudé la réforme proposée
par le gouvernement et pilotée particulièrement par le ministre
des Affaires sociales. La profession médicale a participé aux
travaux de la commission, d'abord par la préparation de mémoires
extrêmement bien documentés, de mémoires
détaillés, très consistants sur le code des professions,
le bill 250, sur la loi 252 et sur toutes les autres lois de la
santé.
Ici, j'ai des documents que vous avez vus, en particulier les
mémoires sur les bills 254, 255, 256,265,269,271, 272, 273, sur les
différentes professions de la santé, les dentistes, les
pharmaciens, les optométristes, les techniciens en radiologie, la
chiropracxie, la podiatrie, les physiothérapeutes, les
infirmières, les infirmiers. On a parlé également des
ergothérapeutes, de toutes les professions de la santé.
Nous voyons bien que les médecins sont au centre de cette
législation, de ces lois spécifiques qui concernent la
santé. Les principaux organismes qui représentent les
médecins sont venus, devant la commission.
Le Collège des médecins, représente par son
président, le Dr Gustave Gingras, le secrétaire-registraire, le
Dr Augustin Roy, le Dr Gosselin, la Fédération des
médecins spécialistes présidée par le Dr Raymond
Robillard qui était le porte-parole, la Fédération des
médecins omni-praticiens avec le Dr Gérard Hamel, les doyens des
facultés de médecine, tous se sont penchés sur le projet
de loi 252. Os ont apporté une contribution extrêmement importante
à nos travaux de la commission parlementaire. Ils nous ont dit à
quelle place la médecine se situait dans toute cette réforme. Ils
ont fait des suggestions. Ds ne l'ont pas fait de façon négative.
M. le Président, si vous aviez assisté à toutes ces
séances, mais à ce moment-là vous étiez
accaparé par la réforme de la carte électorale, vous ne
pouviez pas, comme professionnel... Excusez-moi, je voulais dire les travaux de
réforme des règlements de l'Assemblée nationale.
M. PAUL: Le code Lavoie.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le code Lavoie. Alors, vous ne pouviez pas
assister, mais je suis certain que vous avez pris connaissance, comme membre
d'une profession, de ces travaux que nous avons effectués. D'ailleurs,
un rapport a été fait à cette Chambre.
Je voudrais mentionner, d'une façon particulière,
l'assiduité qu'ils ont démontrée en assistant à
tous les travaux de la commission parlementaire, à toutes les
séances, même à celles qui ne les concernaient pas
directement. Ils ont eu une attitude extrêmement positive à
l'endroit de nos travaux. Ils ont même, dans leur mémoire sur les
bills 250 et 252, que nous étudions à ce moment-ci, le bill sur
la Loi médicale, apporté une contreproposition. Ils
ont suggéré un projet de loi au gouvernement et le
ministre s'en est inspiré dans la deuxième version de sa
législation.
Je pense qu'il faut je ne le fais pas particulièrement
parce que ce matin c'est la profession médicale, je le ferai pour toutes
les professions dont nous étudierons les projets de loi
mentionner leur collaboration, leur participation à ces travaux,
participation extrêmement positive. Même à ce stade-ci de
nos travaux, ils apportent encore des suggestions, des commentaires, des
remarques qui vont nous faire bonifier encore ces projets de loi.
C'est dans cette optique que je fais ces remarques préliminaires.
Je croyais que le ministre des Affaires sociales, particulièrement
à l'occasion du premier projet de loi, le premier d'une série,
c'est-à-dire d'une vingtaine de projets de loi, en profiterait non
seulement pour adresser un message aux médecins mais également
pour situer un peu le développement de la médecine, l'historique
de cette profession, ce que d'autres médecins peut-être pourraient
faire en cette Chambre, eux qui pratiquent depuis de nombreuses années.
Ils pourraient faire l'historique de la profession médicale, de ce corps
professionnel important, exposer l'évolution que le Collège des
médecins, que l'Ordre des professionnels a connue avec le temps, des
responsabilités qu'a acceptées la médecine au cours des
années, d'abord des responsabilités qu'elle a dû accepter
dans le domaine de la santé et responsabilités que maintenant
elle accepte de partager avec les autres professions de la santé. Je ne
dis pas que cela ne crée pas certaines frictions. On l'a vu, à
certains moments, devant la commission parlementaire, alors que d'autres
professionnels de la santé sont venus nous dire qu'ils craignaient
d'être assujettis à cette profession de prestige qu'est la
médecine. Ils sont venus nous dire qu'ils étaient prêts
à collaborer avec les médecins, à prendre une partie de
cette responsabilité, particulièrement dans le cas des
infirmières, cas que nous étudierons plus tard durant la
journée. C'est cela qu'on aurait voulu entendre de la part du ministre
des Affaires sociales.
Quand j'ai dit au ministre, hier, que nous voulions prendre un peu de
temps pour l'étude de ces lois, je pense que c'est l'occasion importante
de situer chacune des professions, de faire un moment de réflexion avec
elles et d'en profiter pour leur adresser un message collectif, qui serait
peut-être la meilleure façon de contribuer à
l'évolution des professions.
Mon collègue de Maskinongé, qui est un expert en
procédure parlementaire, qui est un homme très averti du code des
professions et des lois spécifiques, ayant assisté à
toutes les séances de la commission parlementaire, me suggère
je regrette même de n'y avoir pas pensé, M. le
Président que le ministre, qui a dirigé les travaux de la
commission Castonguay-Nepveu, aurait pu largement s'inspirer des extraits de ce
rapport, qui est très bien fait, pour situer la médecine, le bill
252, dans tout ce contexte de cette réforme que nous
étudions.
On parle de la médecine, là-dedans. On la décrit.
La Loi médicale, M. le Président, vous l'avez
étudiée. Dans cette Loi médicale, on parle de la formation
du médecin, qui le conduira à assumer certaines
responsabilité. Je vous dis cela, M. le Président, parce que je
voyais que le ministre des Affaires sociales avait certains doutes sur
l'orientation que je voulais donner à mon intervention. C'est le sens de
mon intervention. Il est évident que les remarques que je fais se
rattachent de très près au contenu, au principe du bill 252. Je
sais que je n'aurai pas besoin de faire cette démonstration à
plusieurs reprises. Je la fais maintenant et cela comptera pour le temps de mon
intervention.
M. le Président, dans l'exercice professionnel, pourquoi
forme-t-on le médecin? C'est la Loi médicale, projet de loi 252,
qui permettra au médecin d'assumer ses responsabilités
précises, dans son domaine professionnel. On y parle de la question de
l'acceptation des médecins par la corporation professionnelle, une fois
sa période de formation terminée, moyennant certaines conditions.
De quelle façon doit-on former ce médecin? Quelle est la
responsabilité qu'il doit assumer dans ce contexte moderne?
L'exercice professionnel, on le décrit, M. le Président.
Vous savez, autrefois, de quelle façon il fallait former le
médecin, de quelle façon, dans les milieux universitaires, on le
formait pour qu'il soit un peu plus conscient de la responsabilité qu'il
devait assumer du point de vue des soins de première ligne, du point de
vue de son évolution, de son appartenance à un contexte social.
La médecine, comme les autres professions, a évolué. Des
spécialités sont apparues, de nombreuses
spécialités. Cela a conduit au fractionnement de l'acte
médical. Il faut donc que cela se traduise aujourd'hui dans les milieux
universitaires, dans les milieux de formation du médecin. C'est
là que la corporation professionnelle doit intervenir et c'est là
que l'équilibre doit se faire. C'est cela que le ministre nous a
décrit. Une des pierres d'achoppement de toute la réforme qu'il a
entreprise, c'est de garder cet équilibre entre les
responsabilités des milieux d'enseignement dans la formation de
l'étudiant et celles de la corporation professionnelle dans
l'acceptation de l'étudiant.
Si les facultés de médecine, qui sont venues devant la
commission parlementaire, n'acceptaient pas ce n'est pas le cas, M. le
Président de collaborer très étroitement avec les
corporations professionnelles, on ne pourrait former que des théoriciens
de la médecine. Ces gens pourraient, dans le contexte actuel, le
contexte que l'on connaît, dans le domaine de la santé, prodiguer
des soins et des services mais est-ce que ce seraient véritablement des
soins personnalisés qui pourraient être donnés aux citoyens
du Québec?
Les corporations professionnelles vivent au contact de la
réalité quotidienne, connaissent très bien les exigences
de la pratique médicale, dans tous les milieux, que ce soit en cabinet
privé, que ce soit dans les établissements, que ce soit dans le
domaine de la médecine importante. Le Collège des médecins
a tellement insisté là-dessus. Il y a la médecine
préventive, que ce soit dans le domaine de la médecine sociale,
de la médecine du travail, de la médecine de la
réadaptation. La médecine, aujourd'hui, de plus en plus, se
pratique en équipe, alors qu'autrefois c'était une pratique
individuelle. Quant aux corporations professionnelles et cela, c'est la
Loi médicale qui doit le traduire dans ses articles il faut qu'il
y ait cet équilibre entre ce qui est permis, les sortes de
contrôle qui sont accordés à la corporation professionnelle
par rapport au milieu de l'enseignement.
Il faudra, quand on passera sur les articles spécifiques de la
loi 252, prendre le temps qu'il faut pour bien réfléchir aux
dispositions législatives qui nous sont proposées et voir si
véritablement il y a cet équilibre, que le ministre et tous les
membres de cette Chambre veulent atteindre, entre les milieux d'enseignement et
les corporations professionnelles.
Je disais, il y a un instant, que la Loi médicale est tellement
importante dans le contexte actuel que ça vaut la peine de faire un
effort de réflexion sur la place de la médecine dans tout le
contexte de la santé moderne que l'on connaît. Cette profession
est la pierre angulaire, la pierre d'assise autour de laquelle gravitent toutes
les autres professions de la santé.
On l'a vu; il n'y a pas une corporation professionnelle de la
santé qui n'a pas, à un certain moment, devant la commission
parlementaire ou dans son mémoire, directement ou indirectement,
parlé des médecins. C'est là qu'on voit que les
médecins, dans l'étude de leur projet de loi doivent avoir
et je crois qu'ils l'ont cette attitude extrêmement positive de
collaboration. Ils sont conscients des difficultés que nous allons avoir
dans des professions qui les touchent et qui touchent au bill 252 dans la
définition du champ d'exercice.
Le ministre a introduit une disposition qui touche la Loi
médicale et qui va toucher les autres professions. Les professions
connexes vont pouvoir, avec les médecins, s'asseoir, établir une
liste des actes médicaux qui peuvent être posés par les
deux corporations.
Le ministre est encore sceptique!
M. CASTONGUAY: Me permettriez-vous un seul commentaire? Je ne veux pas
vous interrompre, je connais votre objectivité.
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. CASTONGUAY: Je sais que les remarques que vous faites sont
très objectives, mais c'est que nous sommes au début d'une longue
série de projets de loi et je veux me préparer, comme le
député, à faire des interventions aussi appropriées
que possible. Or, hier, moi qui m'en tenais de façon si étroite
au sujet que je n'avais même pas osé signaler la collaboration de
tous les médecins, j'ai été rappelé à
l'ordre et je me suis plié.
M. PAUL: Pardon, si le ministre s'en souvient, il n'a pas
été rappelé à l'ordre parce qu'il discutait de
certains principes; c'est parce qu'il était entré dans les
modalités.
M. CASTONGUAY: Or, je me suis plié très poliment et sans
aucune résistance à la demande du président. Si j'ai l'air
très attentif, c'est que je calcule que ce qui est dit ce matin va
fixer, dans une certaine mesure, la façon dont on va aborder les autres
projets de loi. C'est simplement dans ce sens-là; je ne voulais pas
interrompre le député.
M. PAUL: Une fois de plus, le député de Montmagny sera le
leader. Continuez.
M. CLOUTIER (Montmagny): J'ai écouté les remarques du
ministre des Affaires sociales, député de Louis-Hébert.
Ici, à l'Assemblée nationale, nous allons nous pencher sur le
problème de chacune des professions. Nous commençons par les
professions de la santé, c'est la responsabilité du ministre des
Affaires sociales.
Il est important, sans allonger indûment les débats, sans
prendre des heures et des heures, de faire un effort de réflexion pour
chacune des corporations professionnelles. Nous avons un message à leur
livrer. Les médecins, comme les autres professions, ne se sont pas fait
pousser dans le dos pour avoir une réforme de la Loi médicale.
Ils l'ont demandée depuis dix ans. J'étais ministre de la
Santé et on m'avait apporté un ou deux projets de réforme
de la Loi médicale. Mais, étant donné que nous avions
confié à la commission Castonguay le mandat d'étudier tout
le champ des corporations professionnelles, nous avons demandé aux
médecins d'attendre que nous ayons ce rapport et que nous fassions la
réforme de la Loi médicale dans tout le cadre de cette
réforme des professions.
C'est pour ça que je dis que les médecins, comme les
autres professionnels, ont eu une attitude extrêmement positive. C'est
pourquoi il faut leur livrer un message substantiel et leur faire prendre
conscience de certains problèmes et de certaines
responsabilités.
Dans la loi, on définit le champ d'exercice de leur profession.
C'est l'article 28, le plus important de leur loi. Je ne le donne pas en
détail, je ne le cite pas, je ne l'analyse pas, M. le Président,
mais je parle du champ d'exercice de la médecine. Tout va tourner,
durant les principales lois de la santé que nous allons étudier
sur les corporations professionnelles qui
oeuvrent dans le champ de la santé, autour de cet article de la
définition du champ d'exercice. Je pense qu'il est important que nous
réfléchissions avec les médecins sur le champ d'exercice
de la profession, sur l'évolution de la profession, sur la façon
dont les médecins, l'acte médical aujourd'hui, la façon
dont ils le contrôlent. La loi leur donne des pouvoirs d'enquête,
des pouvoirs de contrôle, des pouvoirs d'inspection et leur loi est en
relation avec le bill 250.
Dans le bill 250, il y avait également ces principes pour toutes
les corporations, principes que l'on retrouve aussi traduits de façon
complémentaire dans les lois spécifiques. C'est pour ça,
M. le Président, que j'aurais voulu avoir des semaines et des semaines
pour préparer véritablement une intervention beaucoup plus
substantielle à l'égard de la profession médicale,
profitant de l'expérience que j'ai eue et que d'autres de mes
collègues ont eue dans le passé avec cette profession qui est
devant l'opinion publique.
La médecine, c'est la profession qui négocie le plus avec
l'Etat. En 1966, vous vous en souvenez, M. le Président, vous
étiez député de Laval, la première loi a
été adoptée par le gouvernement dont vous faisiez partie.
C'était le 1er avril 1966, la loi de l'assistance médicale. Les
médecins ont négocié pour la première fois avec
l'Etat. Dans le champ des relations des professions avec l'Etat, ç'a
été un nouveau départ, ç'a été
quelque chose de nouveau et de substantiel. Depuis ce temps, vous avez vu
l'assurance-maladie; là encore il y a eu à l'occasion de ces
négociations, la profession médicale qui n'a eu, à toutes
fins pratiques, qu'un seul employeur qui est l'Etat. Cela bouleversait
complètement le champ de la pratique médicale.
Il y a eu ensuite l'évolution de la profession qui, du cabinet
privé, c'est transportée dans l'établissement, surtout
à l'hôpital où il y a eu l'organisation de la pratique en
équipe. C'est là qu'intervient la définition du champ
d'exercice. On a vu quelle était la difficulté de
déterminer le champ d'exercice. Dans la loi médicale, c'est
l'article 28 qui le fait. Les autres lois, nous en reparlerons, M. le
Président. C'est là que vient la difficulté de
déterminer véritablement le champ d'exercice. C'est pour
ça que nous avons fait des suggestions au ministre, tenant compte de
l'évolution de la médecine, tenant compte de l'évolution
des autres professions, de façon à ne pas fixer trop rigidement
le champ d'exercice des professions, la médecine ayant des relations
très étroites avec la pharmacie, avec les dentistes, avec les
infirmières, les optométristes, enfin toute la série.
M. CASTONGUAY: Les chiropraticiens.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je sais que le ministre n'oublie pas ce groupe,
Quand nous serons rendus à la loi 269, le ministre fera une intervention
substantielle à partir du rapport Lacroix, rapport d'enquête qui a
été fait en 1965, de la loi que M. Kierans avait
déposée en 1966, de la loi que j'ai déposée
moi-même en 1969 et de la loi que le ministre dépose à ce
moment-ci.
M. le Président, je ne citerai pas d'extraits importants du
rapport Castonguay, mais je pense qu'il est important que j'attire l'attention
de la Chambre sur certains passages. Je ne les lirai pas. Je demanderai au
ministre de relire ces passages qui sont très instructifs, de les relire
avant de faire sa réplique et de s'en inspirer pour faire certaines
remarques et certaines recommandations à la profession médicale.
J'attire l'attention du ministre sur le volume IV, La santé, tome I,
titre 1 : La situation actuelle. A la page 112, on parle de l'exercice
professionnel; à la page 113, on parle de l'exercice individuel;
à la page 114, on parle du dossier de santé; à la page
115, on parle de l'évaluation;à la page 116, de l'organisation
professionnelle.
J'attire l'attention du ministre sur cette description et ces
commentaires fort pertinents sur l'aspect important de la vie de la
médecine, de la profession médicale, particulièrement
quant à l'exercice individuel.
Je voudrais aussi attirer l'attention des membres de cette Chambre, qui
auront le temps de faire quelque lecture, et leur souligner
l'intérêt qu'ils auraient à lire au volume IV de la
santé, tome II, titre 2 qui est le régime de la santé,
à la page 15, un texte sur la médecine globale, qu'est la
médecine globale, ce qu'est ce concept aujourd'hui, et à la page
16, la médecine axée sur la personne. Cette motion est
très importante puisqu'elle touche à la responsabilité du
médecin, sa formation, la façon dont il doit exercer sa
formation, la façon dont le Collège des médecins aussi
doit vérifier la qualité de l'acte médical. La
qualité de l'acte médical, ce n'est pas seulement l'acte en
lui-même, et je pense que le Collège des médecins devrait
voir un peu le pourtour, le contour de l'acte médical et la façon
dont il est exercé aussi.
Alors, il y a des éléments qui doivent entrer en ligne de
compte dans cette appréciation qu'ils font de l'acte médical et
non pas seulement l'acte lui-même, le fait de prendre un outil, un
appareil radiographique, de prendre une radiographie, de l'interpréter,
mais il y a aussi d'autres éléments qui peuvent intervenir dont
l'élément humain.
Alors, on dit ici à la page 16 : "La nature même une
médecine axée sur la personne des problèmes de la
santé et la menace de la maladie sur le développement et
l'équilibre de la personne plaident en faveur d'une relation humaine
basée sur la confiance et la compréhension mutuelles entre le
client et les établissements, entre les personnes à soigner et le
personnel à leur service.
Comme les progrès de la spécialisation et de la
technologie rendront toujours plus complexe
le domaine de la santé, la personne et la famille plus qu'au
début du siècle exigent d'un homme, (médecin ou autres),
qu'il soit facilement accessible, qu'il connaisse parfaitement les
possibilités et les exigences techniques des différents modes de
soins". Cela, c'est sa formation. "Et qu'il puisse faire profiter au maximum
ses malades des ressources disponibles. Comme on offre de plus en plus un
service personnel d'investissement financier ou d'organisation de voyages, il
nous semble encore plus important que ce type de service concerne la
santé même de l'individu. D'autre part, on reconnaît de
même l'importance des facteurs socio-économiques dans les troubles
mentaux et les désordres organiques. Il devient donc important au moment
d'établir un diagnostic et de prescrire un traitement, d'étudier
les problèmes de façon globale à la lumière du
milieu familial, professionnel et social de chaque individu". C'est ça,
l'acte, l'appréciation globale. "Cette rencontre entre une personne et
le professionnel de la santé ne sert pas uniquement à identifier
une maladie ou à traiter des organes, mais tend plutôt à
maintenir ou à restaurer l'équilibre psychologique et organique
de l'individu affecté parfois par le milieu. On devra donc concevoir et
organiser le régime de la santé de telle sorte que le malade ait
accès à la gamme complète des soins au moment
nécessaire et qu'il reste en contact avec son propre médecin.
M. le Président, voilà le type de réflexion du
rapport de la commission Castonguay que les membres de la commission
parlementaire particulièrement et les députés, auraient
intérêt à relire avant que nous n'allions en commission
plénière pour étudier le projet de loi en
détail.
Je voudrais attirer l'attention aussi sur le rapport de la commission
que je viens de citer, à la page 21, sur la qualité des soins, et
la qualité de l'acte médical, ainsi aux pages 32 et 33, sur les
paragraphes 552, sur l'équipe de la santé, de quelle façon
elle s'organise aujourd'hui, et au paragraphe 558 sur l'organisation de
l'équipe médicale.
J'aurais aimé, si le temps me l'eût permis, citer en entier
ces textes et les commenter, mais j'ai voulu procéder le plus rapidement
possible.
Je suis certain que le ministre en fera une relecture je n'ai pas
dit une réimpression afin de nous donner son point de vue en
réplique, si possible c'est ce que je préférerais
et également en commission parlementaire où nous allons
réfléchir avec les médecins.
J'ai brièvement parlé tantôt de l'inspection
professionnelle et de la surveillance de la qualité de l'acte
médical; c'est un point véritablement important. Les
médecins, dans les mémoires à la commission parlementaire
et dans tous les travaux dont j'ai pris connaissance ont toujours
insisté sur la responsabilité qu'ils étaient prêts
à assumer dans ce domaine. Ce n'est pas d'aujourd'hui que le
Collège des médecins surveille la qualité de l'acte
professionnel et fait l'inspec- tion des actes posés dans les
établissements ou en cabinet privé.
On a fait certains reproches très durs aux médecins
à certains moments. On a dit que les médecins ne fonctionnaient
que sur des plaintes reçues, qu'ils ne prenaient pas assez
d'initiatives. Après avoir entendu lu et relu leurs témoignages
devant la commission parlementaire, je sais que les médecins peuvent le
faire si on leur donne les outils nécessaires. Je pense que le code des
professions leur en donne, même en ayant voulu niveler et ramener cela au
niveau des autres professions plus jeunes, qui ont besoin de moins de
mécanismes et de structures moins élaborées pour
l'inspection. On comprend que certaines professions n'ont pas à
surveiller d'aussi près la qualité de l'acte posé pour la
simple raison que la vie des personnes n'est pas en danger. Ce que nous avions
craint, c'est que le bill 250 et la loi 252 ne procurent pas à la
profession médicale toute la possibilité de surveiller et
d'utiliser les mécanismes qu'ils ont déjà
élaborés avec les années, qu'ils ont mis sur pied, qu'ils
pourraient continuer d'utiliser il est souhaitable qu'ils continuent
à le faire dans l'inspection professionnelle, dans la
surveillance de la qualité de l'acte médical.
Là encore, des suggestions nous ont été faites par
le Collège des médecins, après la deuxième version,
la réimpression du projet de loi. Je pense que le ministre devrait tenir
compte que la profession médicale et d'autres professions plus
âgées ont une jurisprudence beaucoup plus élaborée
que les nouvelles. On devrait tenir compte de cela et ne pas trop
rétrécir les mécanismes dans un souci d'uniformité,
car s'il est désirable qu'il y ait un certain minimum
d'uniformité pour toutes les corporations professionnelles, il faut
aussi permettre à la profession médicale d'assumer vraiment sa
responsabilité.
Je pense que l'article 61 de l'ancienne loi, la Loi médicale
actuelle qui sera abrogée, était beaucoup plus précis,
beaucoup plus explicite sur tous ces pouvoirs que l'on accordait à
l'ordre des médecins pour qu'il s'acquitte de ses
responsabilités. Le Collège des médecins a fait des
suggestions et j'espère que le ministre des Affaires sociales en tiendra
compte en commission plénière. Quand nous reviendrons en
troisième lecture, nous aurons eu, j'espère, l'avantage
d'incorporer dans la Loi médicale certaines dispositions de la loi
actuelle qui n'est pas abrogée, qui nous paraissent plus
complètes et supérieures aux dispositions que le ministre a voulu
introduire dans son nouveau projet de loi.
J'aurais bien des points encore à toucher, M. le
Président. Le ministre en a mentionné quelques-uns dans son
intervention, il a parlé des ostéopathes, il a parlé de la
formation adéquate, il a parlé des exigences de la pratique, de
l'admission des médecins de l'extérieur. Je ne reviendrai pas sur
ces points. Le ministre a fait des observations fort justes, d'ailleurs. Si on
prend le dernier mémoire, le dernier document
qui nous a été remis par le Collège des
médecins après la deuxième version, la
réimpression, et si nous examinons sérieusement chacune des
propositions qui ont été faites, je pense qu'il y a lieu de
retenir la plupart d'entre elles.
A certains moments, nous ferons connaître notre position
là-dessus il y a certains points sur lesquels nous aurons
peut-être quelques observations à faire. Il y aura peut-être
quelque prudence à exercer surtout dans le domaine de la reconnaissance,
de l'exigence d'autres examens ou d'autres formalités en plus de celles
qui sont déjà reconnues et acceptées par les milieux
d'enseignement et les corporations professionnelles.
Etant donné que les corporations professionnelles vont avoir
beaucoup plus de droit de regard et de participation à
l'élaboration des programmes, à la surveillance des programmes,
à la confection des examens, enfin à tous ces mécanismes,
à l'autre bout de la ligne, il faudra voir à ce qu'aucun des
candidats qui ont suivi la période de formation, qui ont terminé
leurs études, ne se sente brimé ou qu'il y ait d'autres
contraintes trop difficiles avant de pouvoir exercer la profession. Il faudra
discuter là-desus et voir si cet équilibre dont on parlait a
véritablement été atteint.
Je termine ici mes remarques sur la Loi médicale. Ayant
travaillé en étroite collaboration avec les médecins,
particulièrement pendant quatre ans, ayant, comme les autres membres de
cette Chambre, je puis dire qu'il n'y a pas un député
présent dans cette Chambre qui, à un moment ou à un autre
de sa vie même je dirais de ceux qui sont présents
aujourd'hui dans cette Chambre il n'y a personne qui, à un moment
donné, n'a pas eu recours au service professionnel du médecin. Je
serais tenté de dire: Bien chanceux ceux qui n'ont jamais eu recours au
service du médecin et bien malchanceux et malheureux ceux qui n'ont
jamais eu recours au service de l'infirmière. Ayant été en
contact très étroit avec les médecins, ayant
travaillé avec eux pendant quatre ans, il s'est présenté
des périodes difficiles. C'est évident. Cette Chambre en a
vécu, particulièrement à l'occasion de l'instauration du
régime de l'assurance-maladie.
Le ministre actuel a connu lui aussi des périodes difficiles,
mais nous avons véritablement discuté au fond des
problèmes. Je vois que ces périodes difficiles que nous avons
traversées vous font sourire. Vous n'en avez pas gardé trop de
rancoeur.
Mais je voudrais dire aux médecins qu'ils sont devant l'opinion.
Ils ont une responsabilité considérable à assumer. Une
fois que la loi no 252 et le Code des professions seront adoptés... Ils
ont une responsabilité très considérable. Ils sont au
centre, comme je l'ai dit tantôt, des professions. Ils ont un rôle
aussi, en plus du rôle précis qui leur est assigné dans le
domaine de la santé, à l'intérieur du conseil
interprofessionnel, puisque le secrétaire du Collège des
médecins est aussi le président du Conseil interprofessionnel.
Les médecins sont conscients du rôle de leadership, du rôle
de conseillers qu'ils ont à l'endroit des autres corporations.
Pour ma part, je crois que leur attitude va être suffisamment
adulte pour accepter certaines situations peut-être complexes et
peut-être difficiles. Es vont accepter que nous étudiions et ils
nous apporteront leur collaboration pour certains projets de loi un peu plus
contentieux, litigieux. C'est là qu'on va juger, comme nous l'avons fait
dans le passé. Nous allons livrer un témoignage sur la
qualité de la participation qu'ils peuvent apporter aux travaux de
l'Assemblée nationale.
C'est dans ce contexte très optimiste que je dis aux
médecins, à l'ordre des médecins, aux deux
fédérations de médecins et au doyen des facultés de
médecine, que nous avons fort apprécié leur collaboration,
leur participation aux travaux de la commission parlementaire et que nous
continuons d'apprécier les remarques et les suggestions qu'ils nous
font. Nous les accepterons dans toute la mesure du possible, pour autant que
cet équilibre que nous voulons introduire dans toute cette
législation, et entre les différentes professions, ne sera pas
faussé.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le députe 'de Dorchester.
M. Florian Guay M. GUAY: M. le Président...
M. ROY (Beauce): Question de règlement, M. le Président.
Article 27. Je voudrais vous faire remarquer que nous n'avons pas quorum dans
cette Assemblée. Je suis surpris de constater que l'équipe
ministérielle ne soit pas plus nombreuse pour soutenir les politiques de
son ministre des Affaires sociales.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Qu'on appelle les députés
!
Même s'il n'y a pas quorum, on n'a pas le droit de fumer en
Chambre.
Le député de Dorchester.
M. GUAY: M. le Président, nous entamons, ce matin, l'étude
des projets de loi connexes au code des professions. Nous commençons par
le projet de loi 252, qui est probablement le plus important de toute cette
chaîne de projets de loi qui découlent du code des
professions.
Le projet de loi médical est un projet de loi important puisque,
par la définition même de l'exercice de la médecine, ce
champ est très vaste. J'ai assisté aux séances de la
commission parlementaire et j'ai entendu les propos qui ont été
tenus sur ce sujet. Je tiens à remercier et à féliciter
les professionnels, les médecins, qui ont apporté de la
lumière à la commission parlementaire et qui ont fait, je dois le
dire, un travail impressionnant.
Ce premier projet, la Loi médicale, que nous étudions, est
un projet de loi qui, désormais, va permettre aux médecins de
poser tel ou tel geste. Quand on parle de santé, on pense tout de suite
aux médecins. Maintenant, les temps ont changé et, de plus en
plus, d'autres professionnels, d'autres personnes ont acquis une formation
médicale. Ils peuvent venir prêter main forte à
l'équipe médicale déjà en place,
c'est-à-dire les médecins.
Dans tout ce changement du monde professionnel, c'est peut-être
autour de la médecine qu'on a parlé le plus longtemps. Même
des groupes qui ne touchaient nullement au champ de la santé ont cru bon
soit de citer comme exemple ou de prendre exemple sur les premiers
professionnels de la santé, les médecins.
Le projet de loi qui est proposé ce matin c'est là
toute la question donne-t-il vraiment aux médecins,
professionnels de la santé, toute la liberté possible d'agir
comme de vrais médecins ainsi que la population s'y attend?
On pourrait définir le rôle du médecin, en 1973.
Probablement qu'on trouverait un changement assez impressionnant par rapport au
rôle de ce même médecin il y a plusieurs années. Le
rôle du professionnel de la santé n'est pas uniquement de
guérir une maladie, de soulager un patient. C'est tout cela ensemble. Le
rôle du médecin, c'est de maintenir un contact humain entre celui
qui a besoin d'un service et lui, le médecin, qui en est le
dispensateur.
A quoi la population s'attend-elle du médecin? La population
s'attend d'abord à trouver, chez le médecin, un professionnel
compétent. Il n'y a aucun doute là-dessus, ils le sont. La
population s'attend également à trouver un professionnel
disponible. La population s'attend aussi à obtenir des services de
qualité.
Que se passe-t-il en 1973? La population ne semble pas satisfaite, je ne
dirais pas de l'acte posé par le professionnel mais de la façon
dont l'ensemble de la médecine et ses services, probablement à
cause de carences législatives, semblent administrés. On pourrait
se référer à des propos qui ont été tenus
lors de la discussion en commission parlementaire. Comment expliquer, avec
toute la technologie moderne, avec tous les moyens qui sont mis à notre
disposition, que nous connaissions actuellement des personnes qui ont
énormément de difficultés à obtenir des services au
moment où elles le désirent? Comment expliquer je pourrais
même reprendre les propos que le ministre a tenus à la commission
que les listes d'attente, dans les hôpitaux, s'allongent
continuellement? Comment se fait-il que, avant d'obtenir un service dans le
domaine de la santé, cela prend de plus en plus de temps?
M. le Président, puisque nous sommes ce matin à discuter
du projet de loi no 252,1a Loi médicale, je crois qu'il est bon de faire
une rétrospective, je crois qu'il est bon de regarder ce qui ne va pas
dans ce domaine. Je suis dans l'obligation de dire que ce n'est pas la faute
des professionnels. On n'a qu'à discuter avec des médecins. Ils
nous disent tous: Nous sommes débordés!
C'est peut-être là, M. le Président, qu'on peut dire
que le projet de loi no 252 n'est qu'un maillon de la chaîne du code des
professions. Quand on regarde la teneur même du projet de loi, on se rend
bien compte que le plus important, probablement, dans cette loi
particulière, c'est la définition du champ de pratique du
professionnel. Ce sera probablement le point important, le point central, le
pivot des lois connexes au code des professions.
Il y a différentes façons d'analyser les services qui sont
offerts à la population, actuellement, et on peut le faire à
partir de différents milieux. Si, par exemple, on se retrouve dans une
loi qui peut sembler restrictive dans bien des cas, on doit se poser la
question suivante:
Est-ce que ce projet de loi va permettre d'abord plus
d'accessibilité entre le patient et le professionnel?
M. CASTONGUAY: Question de règlement. Nous avons devant la
Chambre un projet de loi qui touche à un objet très
spécifique, l'accès à la pratique de la médecine et
le contrôle par l'ordre des médecins de la. pratique de la
médecine. Hier soir, on m'a rappelé à l'ordre, on m'a
demandé de m'en tenir strictement à cet objet. Le
député déborde ce matin largement la question, puisqu'il
traite depuis un bon moment de l'organisation des services, de
l'accessibilité aux services, ce qui est une toute autre question.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je dirai au député de
Dorchester que j'ai suivi son argumentation. Je pensais qu'il utilisait la
question de l'accès à la pratique médicale comme un
préambule à son discours sur le bill, mais je pense maintenant
qu'il se dirige dans la direction décrite par le ministre, et ce n'est
pas dans ce débat ici.
Le débat est limité, comme le ministre l'a dit, à
la relation des médecins avec la corporation, l'admission à la
pratique médicale et les relations entre le médecin et son client
pour des questions professionnelles, non pas à savoir s'il y a assez de
lits dans un hôpital, s'il y a assez de médecins. Si nous
commençons des débats très généraux sur tous
les bills, nous ne finirons pas avant cinq ans.
M. ROY (Beauce): Je me réfère à l'article 123 de
notre règlement, qui permet à un député de faire un
parallèle en vue de justifier son argumentation. Il y a des incidences
dans le projet de loi, des conséquences, et je pense que l'intervention
du député de Dorchester voulait souligner à l'endroit du
ministre ces points particuliers.
C'est pourquoi je ne sache pas que le député de Dorchester
ait violé de façon flagrante le règlement comme on tente
de le prétendre.
M. LEVESQUE: M. le Président, sur le point de règlement.
Si le député de Beauce avait eu à s'exprimer sur le point
de règlement, il aurait dû le faire avant que vous ayez rendu
votre décision. Je crois que c'est une mauvaise habitude qu'il faudrait
mettre de côté. Une fois que le président s'est
prononcé, il est trop tard pour revenir sur le débat qui a
précédé la décision du président.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que je peux vous demander une
directive? Cette directive se rattache aux propos que vient de prononcer
l'honorable leader parlementaire du gouvernement à l'effet que nous ne
devons pas soulever de question de règlement une fois que vous avez pris
votre décision.
Je crois comprendre que c'est un fait. Mais est-ce que vous
considérez dans les circonstances que vous avez donné
suffisamment le temps à l'honorable député de Beauce de se
lever sur cette question de règlement avant de rendre votre
décision? Je crois que nous avions de ce côté-ci droit
à notre argumentation pour faire valoir les droits de l'honorable
député de Dorchester de faire son argumentation de façon
valable.
Personnellement, je considère, même si j'ai beaucoup de
respect pour le ministre, que ce n'est pas lui qui doit décider de notre
argumentation. C'est nous qui devons le faire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je ferai remarquer au député
de Rouyn-Noranda que c'est le président qui a décidé hier
soir le champ de ce débat. Le ministre a été victime de la
décision du président.
Le député de Dorchester.
M. GUAY: Si on se réfère au titre de la loi, celle-ci est
quand même intitulée Loi médicale. Cela donne quand
même un champ assez large.
M. LEVESQUE: La décision a été rendue.
M. GUAY: Je ne discute pas la décision du président, loin
de là. Si je me servais de cet exemple, c'est que je voulais
démontrer au ministre qu'il ne faudrait pas, par une loi, que les
professionnels de la santé, et spécialement les médecins,
soient victimes d'une loi. Je pense que j'étais pas mal dans l'ordre, et
je vois mal sur quoi s'est basé le ministre pour me rappeler à
l'ordre.
Ceci pour dire que dans le champ de la santé on doit faire en
sorte qu'au maximum les lois soient humaines. On ne devrait jamais perdre de
vue qu'il faut humaniser au maximum les lois dans le domaine de la
santé. Peut-être qu'il y aurait eu lieu d'étudier de
façon plus détaillée les recommandations que ces
mêmes professionnels de la santé ont faites à la commission
parlementaire.
Je n'ai probablement pas le droit de faire la différence entre,
par exemple, un médecin, professionnel de la santé, qui exerce sa
profession dans un centre urbain et celui d'une région rurale, mais je
dois quand même attirer l'attention du ministre sur le fait que ce
rôle est peut-être différent, si on tient compte que, dans
les centres urbains, d'autres professionnels de la santé peuvent offrir
des services.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député parle des
détails du bill, que l'on doit discuter en commission
plénière ou en troisième lecture. Le principe du projet
que nous discutons ici ne regarde en rien le nombre des médecins ruraux
et urbains, ce sont des détails. Si vous avez des amendements à
apporter à un article de la loi, faites-le. Ensuite, je pense que vous
pourrez discuter des raisons en troisième lecture, mais nous sommes ici
à discuter des relations des médecins avec leur corporation et de
la corporation avec le public. C'est le principe de ce bill.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement,
l'article 122. Il y a quand même des limites! Je tiens à aviser la
Chambre que nous ne nous laisserons pas dicter notre ligne de conduite et nos
discours par le ministre ou le gouvernement libéral. Il y a des
incidences dans ce projet de loi qui font en sorte que la réglementation
aura des conséquences différentes pour les régions rurales
et les régions urbaines. C'est sur ce point que l'honorable
député de Dorchester discutait. Comme nous étudions la Loi
médicale et que cette loi va conditionner les médecins et les
réglementer dans l'exercice de leur profession, nous avons le droit, M.
le Président, d'intervenir et de dire ce que nous pensons au nom de ceux
qui nous ont mandatés pour venir ici, à l'Assemblée
nationale. Si on nous refuse le droit de parole, nous considérons cette
chose comme un bâillon et je tiens à vous en avertir.
M. LEVESQUE: M. le Président, je demanderais au
député de Beauce, d'abord, de garder son calme et surtout de
respecter le règlement qui nous guide tous, chacun d'entre nous.
L'article 44 est bien précis à ce sujet: "Le président se
prononce sur les questions de règlement au moment où il le juge
à propos, et il peut demander des directives à l'Assemblée
ou la laisser se prononcer. Lorsque le président rend sa
décision, il indique ce qui la justifie et il n'est pas permis de la
critiquer, ni de revenir sur la question décidée; il en est de
même lorsque le président décide de laisser
l'Assemblée se prononcer sur une question".
M. le Président, c'est clair pour tous ceux qui ont une
connaissance élémentaire du droit parlementaire qu'en
deuxième lecture on doit se restreindre à certains sujets. Je
réfère le député de Beauce à notre
règlement qui indique exactement ce qui peut être discuté
en deuxième lecture. L'article 122, M. le Président, se lit comme
suit: "Le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la
portée, à l'à-propos, aux principes fondamentaux et
à la valeur intrinsèque du projet de loi, ou à toute autre
méthode d'atteindre ses fins".
M. le Président, non seulement vous avez justifié cette
décision que vous avez rendue, mais il est clair, dans l'esprit de tous
ceux qui ont une connaissance je le répète
élémentaire du droit parlementaire qu'à ce stade-ci de nos
discussions, qu'à ce stade-ci de l'étude du projet de loi on ne
peut entrer dans les détails; on ne peut, non plus, faire un
procès du gouvernement ou de nos institutions dans tous les domaines qui
se rattachent plus ou moins directement à la question à
l'étude.
M. le Président, vous avez été extrêmement
clair, il me semble. Vous avez délimité exactement le corridor
dans lequel doivent se confiner les opinants. Il est clair qu'il s'agit ici de
la Loi médicale; il s'agit donc de relations entre le médecin et
son client, le médecin et la corporation, la corporation et le
public.
Si on s'en tient à ça il n'y aura pas de problème.
S'il y a d'autres éléments qui doivent être
discutés, si on veut reprendre le bill 65, si on veut discuter d'autres
éléments d'une politique sociale, il y a d'autres endroits,
d'autres moyens ou d'autres temps pour le faire. A ce moment-ci, M. le
Président et j'insiste parce que nous avons encore une vingtaine
de ces projets de loi à discuter je crois que nous aurons
suffisamment de temps en commission parlementaire, à l'étape du
rapport et en troisième lecture pour faire valoir d'autres aspects de
ces projets de loi. Je crois qu'en deuxième lecture, non seulement votre
décision est fondée, mais j'insiste, M. le Président, avec
toute la force dont je suis capable, pour que le député de Beauce
et ses amis du Ralliement créditiste se rendent compte qu'ils doivent
donner l'exemple, eux qui prétendent être toujours dignes, avoir
toujours eu le respect de l'autorité. Ils parlent toujours de
l'importance du respect de l'autorité. Eh bien M. le Président,
voici un exemple ce matin où vous avez à deux reprises, pas
seulement une fois, mais à deux reprises et cela à la
suite de celui qui vous a précédé dans ce fauteuil et qui
a même rappelé à l'ordre le ministre parce qu'il
s'éloignait justement du principe du projet de loi rendu cette
décision. Je crois qu'il n'y a qu'une chose à faire.
Malgré peut-être que ça puisse donner l'impression qu'on
perd la face, qu'il faut faire un acte d'humilité, le
député de Beauce et les autres membres de ce parti doivent
accepter la décision du président et s'en tenir au
règlement qui doit guider ces débats.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. SAMSON: Je pose la question de privilège, M. le
Président. Le leader parlementaire du gouvernement vient de nous
prêter des intentions. Il a en effet lancé des flèches
à l'endroit de ses collègues du Ralliement créditiste,
disant
M. le Président, qu'étant ceux qui prêchent le
respect de l'autorité, nous manquions de respect envers votre
autorité. M. le Président, je veux que ce soit bien clair, il
n'est question, ni pour moi ni pour mes collègues du Ralliement
créditiste, de manquer de respect à votre autorité de
quelque façon que ce soit.
Mais le fait qu'on veut respecter votre autorité ne veut pas dire
que nous sommes prêts à nous fermer et à ne pas dire un mot
lorsque nous avons des droits à faire valoir. C'est ce que nous avons
demandé, M. le Président, la permission devant vous de faire
valoir nos droits. C'est pourquoi je demanderais que l'honorable leader
parlementaire, qui a l'habitude lui aussi de respecter l'autorité, mais
de respecter également ses collègues en cette Chambre, je
demanderais que le leader parlementaire ne nous prête plus ce genre
d'intention à l'avenir.
Avec votre permission, j'aimerais intervenir sur le point de
règlement, invoquant, comme l'a fait le leader du gouvernement,
l'article 122. M. le Président, l'article 122 se lit comme suit et je
voudrais peser tous les mots: "Le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la portée,
à l'à-propos, aux principes fondamentaux et à la valeur
intrinsèque du projet de loi, ou à toute autre méthode
d'atteindre ses fins". M. le. Président, "à toute autre
méthode d'atteindre ses fins" nous permet, je pense, de citer des
exemples, de faire valoir les conséquences, de faire valoir, si vous
voulez l'esprit de cette loi. Il n'est pas nécessaire d'aller bien loin
dans la lecture des notes explicatives préparées par le
ministère même pour retrouver qu'au premier paragraphe on dit
ceci: "Loi médicale qui concorde avec les dispositions du projet de code
des professions". C'est donc une loi de concordance. C'est une loi qui est
directement rattachée à la loi 250 pour laquelle nous avons un
principe où le corridor est beaucoup plus large.
M. le Président, justement parce que cette loi se rattache
à la loi 250, je pense que nous devrions au moins avoir cette
possibilité de défendre notre point de vue en nous basant sur
tout ce qui s'y rattache parce que les bills se rattachent les uns aux autres.
C'est tellement vrai, M. le Président, que ces bills se rattachent les
uns aux autres, que le gouvernement nous demandait cette semaine notre
collaboration pour étudier tous ces bills ensemble.
C'est un "package deal", c'est un bill omnibus. Si le gouvernement a cru
bon de nous demander notre collaboration pour que tous ces bills soient
étudiés ensemble, c'est justement...
M. LEVESQUE: C'est parce que c'est le même principe.
M. SAMSON: M. le Président, je suis encore sur le point de
règlement. Les principes de tous ces projets de loi peuvent se rattacher
les uns aux autres. C'est pourquoi, sans exagérer nous n'avons
pas l'intention de le faire je
pense que le député de Dorchester pourrait, avec votre
permission, continuer son exposé qui est, d'ailleurs, l'un des plus
brillants qu'on ait entendus en cette Chambre depuis un bon bout de temps,
surement plus brillant que les exposés du gouvernement.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, dans le but d'être
personnellement agréable aux honorables députés de
Rouyn-Noranda et de Beauce, je voudrais vous signaler une distinction
très importante qui existe en droit entre un bill omnibus et une
loi-cadre. Depuis hier, nos amis du Ralliement créditiste parlent d'un
bill omnibus. Nous avons tous compris, peut-être à part
eux-mêmes, qu'il s'agissait d'une loi-cadre, la loi 250.
Nous en avons disposé. Nous sommes maintenant à
l'étude d'une loi bien spécifique, la Loi médicale. Les
dispositions de l'article 99 doivent trouver un champ d'application. Il est
dit: "un député qui a obtenu la parole c'est le cas de
l'honorable député de Dorchester doit limiter son discours
à la question qu'il soulève, à la question qu'il entend
proposer cela ne s'applique pas ou à la question dont
l'Assemblée est saisie." C'est là que la règle de la
pertinence doit s'appliquer. Actuellement, la Chambre est saisie des principes
que l'on retrouve dans la loi 252, Loi médicale, et seulement cela peut
être discuté à ce stade de notre étude.
Je soumets respectueusement que crier au baillon, à mon humble
point de vue, c'est faire preuve d'ignorance totale du règlement de
l'Assemblée nationale.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question de règlement.
Je pense qu'on est en train ce matin, comme à l'habitude
d'ailleurs, c'est une tradition qui fait partie de notre Assemblée
nationale de faire des avocasseries. Le règlement de
l'Assemblée nationale est bien clair; il contient des dispositions pour
permettre aux membres de l'Assemblée de faire des interventions, de se
prononcer sur des sujets, sur des motions que le gouvernement, l'Opposition ou
d'autres députés portent devant l'Assemblée.
Nous avons une loi, à l'heure actuelle, la loi 252, Loi
médicale, dont le principe se rattache à une loi-cadre, comme on
vient de le dire. Il y a des principes qui prévalent à l'heure
actuelle et qui font en sorte que la profession médicale oeuvre dans
tels ou tels domaines. Ce que le député de Dorchester tente de
signaler je tiens à dire que l'honorable député de
Dorchester fait son intervention à la demande du caucus des
députés du Ralliement créditiste du Québec
c'est que nous avons des responsabilités et que nous avons
été mandatés devant l'Assemblée nationale. Il y a
un principe qui a été bafoué dans la Loi médicale.
Si la Loi médicale était adoptée comme telle, les gens en
souffriraient.
M. CASTONGUAY: M. le Président, il est rendu à parler de
la loi.
M. ROY (Beauce): Il y a des points très particuliers, je
comprends que je ne suis pas avocat et on en a profité à maintes
occasions. Cela ne nous gêne pas de ne pas l'être. Des
avocasseries, on s'en sert énormément. On pourra continuer de
nous "enfarger", de nous bâillonner je dis bien le mot
"bâillonner", n'en déplaise à mon ami le
député de Maskinongé mais, au lieu de faire des
avocasseries, on devrait, dans cette Assemblée, permettre à un
député qui a le droit de parole et qui représente une
formation politique de s'exprimer, d'exprimer le point de vue de son groupe
parlementaire, de façon que la population du Québec puisse avoir
quelqu'un dans cette Assemblée qui la représente et qui fasse
connaître son point de vue.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je voudrais dire au député
de Beauce, pour commencer, que le mot "baillon", selon mon
interprétation, veut dire qu'on perd le droit de parole.
Dans ma décision, personne ne perd son droit de parole. J'ai
seulement dit quand il peut le dire. Personne n'empêche le
député de Dorchester de parler de ce qu'il veut en commission. Il
peut parler de n'importe quel détail à propos des
médecins, des hôpitaux, etc. Il peut faire la même chose en
troisième lecture. Ce n'est pas le temps de faire cela en
deuxième lecture.
Le député de Rouyn-Noranda a attiré notre attention
sur le fameux "package deal", la question de principe. C'est exactement le but
de ma décision, soit de limiter le temps du débat. Tout notre
règlement vise à limiter les débats pour ne pas dire la
même chose 21 fois.
On a pu faire la discussion générale à
l'étude du bill no 250. Nous sommes rendus maintenant dans un bill
particulier. Nous devons limiter le débat à ce bill. Si on parle
des 21 bills dans chacun des bills, on va avoir 21 débats avec
exactement les mêmes faits.
Dans ces circonstances, quand on a une telle situation, on doit
être plus strict que normalement. Le député de Beauce ne
peut parler des infirmières, dans le bill concernant les
médecins. Il n'aura le droit que lorsque viendra le bill des
infirmières. Je n'empêche personne de parler et je n'aime pas
qu'on accuse le président d'utiliser le bâillon. Le bâillon
sert à interdire à quelqu'un de parler. Ici, on n'interdit pas
mais on dit quand on peut parler.
Le député de Dorchester.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
En vertu de l'article 27, je dois vous informer que nous n'avons pas
quorum.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Je m'excuse, mais il y a 30
députés en Chambre. Le député de Dorchester.
UNE VOIX: Au moins, il compte jusqu'à 30.
UNE VOIX: Le critique financier de votre parti ne sait même pas
compter.
M. GUAY: M. le Président, je tiens à vous faire remarquer
que je n'ai pas l'intention, loin de là, de vous être
désagréable. Mais, franchement, je croyais que les propos que je
tenais étaient dans l'ordre. Je me soumets, comme d'habitude, à
la décision du président. Je peux vous assurer que je vais faire
tout mon possible pour être dans l'ordre et je serai le plus bref
possible.
Dans les propos que je tenais, j'étais en train de signaler au
ministre les lacunes qui existent actuellement et qui sont étroitement
rattachées, je pense, à la Loi médicale. Si je reprends
les propos mêmes du ministre, hier, qui a touché le champ de
pratique, le pouvoir de réglementation, la formation, l'admission
à la pratique et également le rôle de l'ordre, je serais
tenté, moi aussi, de déborder le champ de la discussion et de ne
pas rester dans l'ordre.
Je pense que l'exemple dont je me servais pour signaler au ministre les
lacunes dans ce domaine est que les professionnels de la santé sont
prêts à apporter des solutions. Je voulais signaler au ministre
qu'il doit exister une collaboration bien étroite entre les
différents professionnels de la santé. C'est de bon augure que de
permettre à d'autres personnes qui ont des compétences, qui sont
en mesure de rendre des services dans le domaine de la santé qu'elles
puissent le faire. C'est pour cette raison que je le signalais au ministre pour
certaines régions, lesquelles pourraient être démunies.
Je vois que le ministre s'empresse de signaler au président que
je n'ai pas le droit de toucher à cela.
M. CASTONGUAY: Laissez donc faire! Continuez donc votre discours. Je
n'ai rien signalé au président. Vous avez assez de
difficultés à comprendre de quoi il s'agit, laissez-moi faire et
ne vous préoccupez pas de moi.
M. GUAY: Mais je me rends compte d'une chose, c'est que le ministre ne
tient pas du tout à ce qu'on parle en Chambre des erreurs qu'il a
commises, lui-même, comme ministre des Affaires sociales.
M. CASTONGUAY; Cela n'a aucune pertinence avec le débat.
M. GUAY: Alors, puisqu'il semble très difficile de prononcer un
discours convenable sur ce projet de loi j'ajoute que cela semble
impossible je me limiterai donc à ces quelques observations. Je
tiens à vous dire que je m'en souviendrai.
LE VICE-PRESIDENT (M. Blank): Le député de Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, la corporation professionnelle des
médecins est une des plus vieilles, une des plus anciennes du
Québec. Durant de très nombreuses années, elle a
marché d'un pas de sénateur, se contentant de l'essentiel qu'elle
avait à protéger, prenant le moins de mesures possible dans le
moins grand nombre de domaines possible. Cela, d'ailleurs, correspondait
probablement à un état donné de la
société.
Il reste que cette attitude paternelle de la Corporation des
médecins a suscité graduellement des critiques de plus en plus
aiguës de la part du public qui constatait que les services rendus par la
profession médicale devaient être examinés,
contrôlés et surveillés de plus près. Le public
reprochait, à ce moment-là, à la Corporation des
médecins de ne pas surveiller d'une façon suffisante l'acte
professionnel, de ne pas surveiller d'une façon suffisante la
tarification des actes, les infractions à un code de déontologie
qui d'ailleurs, lui-même, était insuffisant...
M. AUDET: M. le Président, je vous ferais remarquer que nous
n'avons pas quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Je ferai remarquer au
député d'Abitibi-Ouest qu'il n'est pas à son
siège.
M. SAMSON: M. le Président, je suis à mon siège et
je vous ferai remarquer que ce que le député d'Abitibi-Ouest
vient de dire est exact et vous avez quand même, en vertu du
règlement, le devoir de vérifier si nous avons quorum.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance); J'accepte la représentation
du député de Rouyn-Noranda et je fais ce qu'il me demande.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce qu'une commission
siège actuellement?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): La parole est au
député de Bourget.
M. LAURIN: Le public, reprochait surtout à la corporation de se
montrer partisane et partiale à l'endroit de ses membres et de prendre,
trop souvent, faits et causes pour ses membres malgré les
représentations et les revendications très légitimes que
le public pouvait faire valoir. Elle lui reprochait enfin de ne pas se tenir
assez au courant de l'évolution des structures sociales, des courants
sociaux et de ne pas s'adapter suffisamment â l'éveil de la
conscience démocratique des citoyens et à ne pas tenir compte
suffisamment, également, du rôle véritable qu'une
corporation professionnelle, en tant qu'émanation du gouvernement, doit
jouer à l'endroit de la population.
Ces critiques, qui étaient très fondées, ont
suscité une réaction positive et dynamique de la
part de la Corporation professionnelle des médecins. On peut dire
que, depuis dix ou douze ans, la Corporation professionnelle des
médecins a étudié, d'une façon attentive, ces
représentations et revendications du public. Elle en a tenu compte dans
toutes les réformes qu'elle ne cesse d'instituer depuis lors dans la
structure de cet organisme ainsi que dans les fonctions et rôles nouveaux
qu'elle prétend assumer avec beaucoup plus d'exigences à tous les
niveaux de son action.
Il serait trop long de citer tous les gestes positifs qu'a posés
le Bureau provincial de médecine depuis dix ou douze ans. Je ne peux que
mentionner, très brièvement et à vol d'oiseau, ces
progrès comme, par exemple, la réorganisation de ses structures
internes, un choix meilleur de ses dirigeants, des additions très
importantes à son personnel, la "revigoration" de ses divers
comités de discipline, de déontologie, de conciliation, la
création de nouvelles sections attachées à l'inspection
des établissements professionnels, à la formation
médicale, à la tarification, même si ce rôle est
maintenant mieux exercé par les associations professionnelles et, d'une
façon générale, une attention beaucoup plus grande,
profonde et originale que par le passé à l'insertion de la
médecine dans le courant des activités sociales.
Je pense que témoignent de cette évolution, de ce
progrès et de ce dynamisme non seulement les déclarations des
présidents du collège qui se sont succédé depuis
dix ans à la direction de la corporation, mais également le
bulletin du Bureau provincial de médecine qui fait état,
précisément, des délibérations de la corporation et
de toutes les mesures qui ont été prises pour améliorer la
qualité de l'acte professionnel et la surveillance de l'acte
professionnel. En témoignent également la contribution originale
et profonde de la profession médicale aux audiences tenues par la
commission Castonguay-Nepveu. En témoignent également les
mémoires nombreux, fouillés, documentés qui nous ont
été présentés à la commission des affaires
sociales qui étudiait le projet de loi no 250 et les lois
particulières. En témoigne également l'action quotidienne
des membres du Collège des médecins devant l'opinion publique,
que ce soit à la radio, à la télévision ou dans les
journaux. On sent que, maintenant, la présence médicale au sein
de notre société est beaucoup mieux assurée...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
J'aimerais savoir quelle est la relation entre la loi...
M. LAURIN: Je peux répondre, M. le Président.
M. ROY (Beauce): ... qui est présentement à l'étude
et tout l'historique que nous fait l'honorable député de
Bourget.
M. le Président, si j'invoque cette question de règlement,
j'aimerais que la présidence applique la même rigueur, les
mêmes dispositions du règlement à l'endroit de l'honorable
député de Bourget qu'à l'endroit de l'honorable
député de Dorchester, à qui on n'a pas permis de terminer
son intervention.
M. LAURIN: Je peux répondre, M. le Président. Mes paroles
se situent précisément dans le rôle qu'a joué la
corporation par le passé.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement.
L'honorable député de Beauce vient de vous demander à
vous, une directive; ce n'est pas à l'honorable député de
Bourget qu'on l'a demandée.
M. le Président, si vous me le permettez, je vous demande aussi
une directive. Pour le bénéfice de nos membres, pourriez-vous
expliquer quelle est la différence entre le genre d'intervention que
fait actuellement le député de Bourget et l'intervention que
s'apprêtait à faire le député de Dorchester? Puisque
celui qui vous a précédé a rétréci le
corridor, nous aimerions qu'on nous dise de quelle façon on peut faire
nos interventions parce qu'il semble que cela ne sera pas facile, parler du
principe de ce bill.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, on vous invite à rendre une
décision et à faire une comparaison. D'abord, je trouve curieux,
aujourd'hui, que l'on fasse des avocasseries chez ceux qui s'en plaignent le
plus. Deuxièmement, est-ce que pour porter un jugement à la suite
d'une comparaison, il ne faut pas partir de sujets à peu près de
même valeur? Alors, dans les circonstances, je prétends qu'il vous
est impossible de comparer la qualité des propos tenus par le
député de Bourget avec ceux qui ont été
précédemment tenus par le Ralliement crédi-tiste.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question de
privilège. L'honorable député de Maskinongé aura
beau penser ce qu'il voudra, c'est une question d'appréciation
personnelle. Nous sommes entièrement maitres de nos propos et nous
sommes capables de prendre nos responsabilités et de les supporter. Nous
n'en avons pas honte. Je respecte l'opinion de l'honorable député
de Maskinongé, mais j'aimerais quand même que l'honorable
député de Maskinongé ait autant de respect envers les
propos de mes collègues. C'est une question d'appréciation
personnelle. Cela lui appartient. Cela n'a rien à voir avec nos
délibérations et cela n'offre aucun intérêt pour le
Québec ni pour les membres de l'Assemblée nationale.
M. BURNS: Sur l'appel au règlement, M. le Président,
brièvement, je veux tout simplement
dire que le député de Bourget, à l'occasion de la
Loi médicale, nous parle d'une chose qui fait partie de la Loi
médicale, c'est-à-dire du Collège des médecins.
M. ROY (Beauce): Nous aussi, M. le Président.
M. BURNS: C'est, je pense, tout à fait dans l'ordre quant aux
règles de la pertinence du débat.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Si vous permettez que le
député de Bourget continue son exposé, nous allons
l'écouter avec une grande attention et, s'il est hors d'ordre, nous le
signalerons. J'ai reconnu le député de Bourget, et je serai aussi
vigilant que possible, tenant compte des propos qui ont été tenus
auparavant.
M. LAURIN: Je voulais simplement dire que, depuis dix ou douze ans, le
Collège ou la corporation professionnelle des médecins assume ses
responsabilités à l'endroit du public avec une conscience et une
diligence dignes d'éloges, et que nous avons apprécié les
commentaires, considérations, mémoires que le Collège des
médecins a fait connaître au public, aussi bien qu'à la
commission des affaires sociales à l'occasion de la discussion du projet
de loi 250 et de toutes les lois particulières, dont la Loi
médicale.
Je pense que ces choses devaient être notées. Autant les
critiques du passé à l'endroit de la corporation étaient
justifiées, autant c'est un devoir de stricte justice, quand une
corporation a fait amende honorable et l'a fait d'une façon
concrète, réaliste, par les gestes qu'elle a posés
de rétablir le plateau et de lui faire les compliments et éloges
auxquels elle a droit.
Il n'en demeure pas moins que la perfection n'est pas de ce monde et que
la corporation ou Collège des médecins a autant de progrès
à faire que d'autres dans ce domaine. C'est précisément le
but de cette loi qui est présentement à l'étude, autant
que c'était le but des recommandations que le Collège des
médecins a faites lui-même au cours des années qui viennent
de s'écouler.
Nous savons, en effet et nous l'avons rappelé tout
à l'heure que le Collège des médecins a
présenté lui-même des projets au législateur et
qu'en raison des facteurs qui ont été évoqués
à l'occasion de la discussion du projet de loi 250 le gouvernement a
refusé de donner suite dans l'immédiat à ces
représentations, étant donné qu'il s'avérait plus
important, au préalable, d'adopter une loi-cadre dans laquelle viendrait
s'insérer la loi particulière qui s'appelle la Loi
médicale.
C'est la raison pour laquelle, maintenant, nous parlerons plus
précisément de cette Loi médicale. Le premier
élément que je voudrais faire valoir, c'est qu'il me parait qu'on
n'a pas tenu assez compte des droits du public dans cette loi. Nous savons
qu'au conseil de la corporation il y aura des représentants du public.
Encore une fois, malgré que ce nombre nous semble suffisant,
malgré que nous estimons qu'un progrès a été fait,
nous croyons qu'il y aurait lieu de faire d'autres progrès aussi en
prenant des précautions additionnelles pour que les membres du public
qui participent au bureau corporatif soient mieux choisis et surtout
représentent d'une façon plus exacte la collectivité.
Nous avons fait des suggestions sur le plan général et
elles n'ont pas été retenues; le ministre ne les a même pas
relevées dans sa réponse en deuxième lecture.
M. CASTONGUAY: Est-ce que le député me permettrait une
brève intervention? J'ai inclus cette question dans mon commentaire
général, lorsque j'ai dit que ces questions pourraient être
reprises lors de l'étude article par article.
M. LAURIN: Il reste que j'aurais bien aimé avoir l'opinion
générale du ministre sur cette question générale
que j'avais soulevée. De toute façon, nous y reviendrons à
l'occasion de l'étude article par article de la loi 250 et aussi de la
loi 252, afin de voir s'il est possible de trouver de meilleurs
mécanismes pour que l'intention du ministre, que je connais, soit mieux
respectée, puisse être réalisée d'une façon
concrète et plus satisfaisante dans toutes les lois
particulières, aussi bien que dans la loi-cadre.
Une autre remarque que je voudrais faire, c'est que tous les nouveaux
médecins qui auront à pratiquer leur profession au Québec
devraient posséder une connaissance d'usage de la langue
française.
C'est là une recommandation de la commission Gendron et j'estime
que la loi 64 qui touche les professions de la santé...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
Je ne voudrais pas, personnellement, être désagréable
à l'endroit de l'honorable député de Bourget et je m'en
excuse encore auprès de lui, mais on est en train de discuter de la
question de la langue. Je comprends que ça peut être important.
Nous avons discuté, tout à l'heure, de cas spécifiques
concernant les droits des individus. Or, le député de Bourget,
dans des termes différents est revenu sensiblement sur le même
sujet que le député de Dorchester. Au moment où nous
parlions, on a invoqué le règlement et on nous a
empêchés d'intervenir sur ce sujet, sous prétexte que
ça n'avait rien à voir avec la pertinence du débat,
c'est-à-dire la Loi médicale par rapport au code des
professions.
M. le Président, je m'excuse, encore une fois, auprès de
l'honorable député de Bourget et de mes collègues du Parti
québécois. Ce n'est pas eux que je veux mettre en cause; c'est
une
question de principe à l'Assemblée nationale, une question
d'application de notre règlement qui me porte à penser et
je m'excuse de le dire qu'il y a deux interprétations: une pour
nous et une autre, générale. Je réclame de votre
présidence de prendre des décisions judicieuses, mais de
respecter le même principe envers tous et chacun des
députés et tous et chacun des partis politiques, de façon
qu'il n'y ait pas de discrimination dans cette Assemblée. C'est le point
que j'invoque; ce n'est pas le fait que l'honorable député de
Bourget veut revenir sur ce sujet. Si le président ne nous avait pas
rappelé à l'ordre tout à l'heure, je n'aurais pas
été dans l'obligation de faire la présente
intervention.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
je soumets respectueusement au président que la langue, quand on
étudie une corporation professionnelle, peut être une condition
d'exercice de la profession et, comme telle, c'est parfaitement normal pour le
député de Bourget de soulever cette question à ce
stade-ci.
M. SAMSON: M. le Président, sur la question de
règlement...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Le ministre des Affaires
sociales.
M. CASTONGUAY: M. le Président, lorsque les
députés, à l'occasion de l'étude en deuxième
lecture du bill 250, ont soulevé la question de la langue de
communication, il a été jugé que c'était possible
de le faire, parce que l'article 44 du bill 250 en traite très
spécifiquement. C'est une disposition générale du code des
professions qu'on ne retrouve pas, toutefois, dans le projet de loi 252. Si
j'ai bien compris les décisions prises par ceux qui ont
présidé nos séances depuis l'étude de ce projet de
loi, on doit s'en tenir très spécifiquement au contenu
général de ce projet de loi: son principe et ses aspects
importants.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): L'honorable député
de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je vous soumets respectueusement que,
dans son intervention en deuxième lecture, le député de
Dorchester faisait référence aux services au public donnés
par la profession médicale. Comme, évidemment, la profession
médicale existe en vertu des services à rendre au public, nous
avions cru qu'il pouvait faire référence à ce sujet. Je
tiens à souligner que le député de Bourget, lorsqu'il
parle de la question linguistique, aborde un sujet très
intéressant et il est bien capable de le faire, nous en convenons.
Mais on nous a restreints à un corridor. On nous a dit qu'il nous
fallait absolument nous en tenir au principe strict de la loi 252. C'est
pourquoi nous demandons respectueusement que la même règle
s'applique aussi au député de Bourget. Nous avons tous
été témoins qu'à presque chacune des interventions
en deuxième lecture sur le bill 250 il a toujours été
mention par les députés du Parti québécois de cette
question linguistique. Et on nous a mentionné tantôt, à
nous, qu'il ne faudrait pas revenir sur les questions discutées à
l'occasion du bill 250.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous le permettez, très
rapidement. J'écoutais mon collègue le député de
Beauce, tout à l'heure, faire un reproche amical au député
de Maskinongé à l'effet qu'il y avait plusieurs avocasseries dans
les débats depuis ce matin. Si je regarde mes collègues du
Ralliement créditiste, je pense que, sans avoir le diplôme, ils
sont en train de développer une spécialisation dans ce domaine un
peu extraordinaire.
M. SAMSON: M. le Président, c'est une preuve de plus que ce n'est
pas le diplôme qui fait l'homme.
M. LOUBIER: Si vous me permettez, M. le Président, le projet de
loi 250 est un projet de loi-cadre duquel dépendent tous les autres
projets de loi, au moins dans les grands principes auxquels on doit se
référer. Je soumets en tout cas pour ma part que nous pourrions,
lors de la troisième lecture du projet de loi 250, discuter des
carences, des déficiences de cette loi-cadre. Par la suite, en
commission élue, nous pourrions discuter, à chacun des projets de
loi, de cette question linguistique. Mais, à ce stade-ci, je me demande
véritablement et je m'interroge avec tous et chacun dans l'esprit
des règlements, en tout cas si c'est bien le moment pour discuter
de cette question fort importante. Je soumets respectueusement qu'il vaudrait
peut-être mieux, pour la bonne conduite des travaux de la Chambre,
attendre la troisième lecture du projet de loi 250. Nous pourrions noter
ou déceler toutes les carences et déficiences de ce projet de
loi, eu égard à la question linguistique. Par la suite, en
commission élue, nous pourrions réitérer nos
avertissements ou nos remarques ou encore nos incitations auprès du
gouvernement, pour qu'une préoccupation spéciale soit
apportée dans le texte de chacun des projets de loi concernant la
langue.
M. LEVESQUE: M. le Président, tout en étant bref, je me
dois d'intervenir à ce moment-ci pour appuyer les paroles du ministre
des Affaires sociales et me joindre également aux opinants,
particulièrement le chef de l'Opposition officielle. Il s'agit ici d'une
question qui réellement n'a rien à faire avec le principe du
projet de loi.
Le ministre des Affaires sociales a rappelé qu'il n'y avait
même pas les dispositions correspondantes qui se retrouvent dans le bill
250.
Le chef de l'Opposition officielle avait raison de souligner le fait que
si une telle question devait être soulevée, ce n'est certainement
pas à ce stade-ci de l'étude du projet de loi, bien que je ne
crois pas personnellement que ce projet de loi, tel qu'il est
présenté à l'étude en cette Chambre, comporte
d'éléments sur lesquels on pourrait rattacher cette discussion
que veut entamer le chef parlementaire du Parti québécois. Autant
tout à l'heure le député de Beauce errait lorsqu'il ne
semblait pas comprendre l'importance de l'article 122 de notre
règlement, sa portée et son contenu, autant il a raison à
ce moment-ci lui et son parti de s'insurger contre cette
infraction à notre règlement.
Je crois que le député de Bourget devrait s'en tenir
strictement, selon les dispositions de l'article 122, aux principes
fondamentaux du bill, à sa valeur intrinsèque. Il admettra
lui-même, j'en suis convaincu, qu'à ce stade de notre
procédure il n'a pas le choix.
M. BURNS: M. le Président, il faut lire l'article 122 au
complet.
M. LEVESQUE: Un instant. Vous avez déjà parlé.
M. BURNS: Il faut se rendre à la fin et lire... M. LEVESQUE:
Est-ce que vous...
M. BURNS: ... "toute autre méthode d'atteindre ses fins".
M. LEVESQUE: ... n'êtes pas déjà intervenu sur ce
point de règlement?
M. BURNS: Oui.
M. LEVESQUE: C'est fait.
M. BURNS: Il n'y a rien qui m'en empêche.
M. LEVESQUE: Oui.
M. BURNS: Oui, où avez-vous vu cela?
M. PAUL: M. le Président, nous attendons depuis longtemps vos
directives, votre décision.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): A la suite des interventions, je
pense être assez éclairé. Je me réfère
à l'article 122 et vous le lis, si vous voulez bien: "Le débat
sur toute motion de deuxième lecture doit être restreint à
la portée, à l'à-propos, aux principes fondamentaux et
à la valeur intrinsèque du projet de loi ou à toute autre
méthode d'atteindre ses fins."
Comme le disait tout à l'heure le ministre des Affaires sociales,
le bill 250 comprend un article sur lequel on peut se baser pour discuter du
problème linguistique. Je juge que, pour le moment, la question
linguistique est complète- ment hors d'ordre et je demanderais au
député de Bourget de s'en tenir au principe fondamental du bill
252.
M. LAURIN: M. le Président, lorsque le ministre a fait son
intervention en deuxième lecture, il a dit que la Corporation
professionnelle des médecins pouvait quand même imposer des
conditions additionnelles régissant l'exercice de la profession ou
l'admission à l'exercice de la profession, conditions additionnelles qui
auraient pour but de protéger l'intérêt public.
J'espère que, dans ces conditions additionnelles, on donnera le droit
à la Corporation des médecins d'établir des conditions
additionnelles qui ont trait à la langue du professionnel puisque ceci
me parait indispensable pour bien protéger le public dans une
société où 80 p.c. des habitants parlent la langue
française.
M. ROY (Beauce): Je m'excuse, mais je suis encore obligé
d'invoquer le règlement, M. le Président. Il y a un principe qui
dit il a été souligné hier qu'on n'a pas le
droit de faire indirectement ce qu'on n'a pas le droit de faire directement, et
c'est exactement ce que fait l'honorable député de Bourget.
Je m'excuse auprès de mon collègue, parce que je ne suis
pas tellement d'accord sur l'étroit corridor qu'on nous a fixé
tout à l'heure. Je reviens sur une question de principe: un
règlement, même application pour tout le monde.
M. BURNS: Sur la question de règlement, M. le Président.
Cela n'a pas de sens d'interpréter de façon aussi restrictive
l'article 122. Cela n'a aucun sens. Je vous le soumets bien
respectueusement.
On dit, à l'article 122, que le discours "doit être
restreint à la portée, à l'à-propos, aux principes
fondamentaux et à la valeur intrinsèque du projet de loi, ou
c'est bien marqué "ou" à toute autre méthode
d'atteindre ses fins."
M. LEVESQUE: Ce ne sont pas les fins du Parti québécois;
ce sont les fins du projet de loi. Il faut faire attention.
M. BURNS: Non, non! On s'occupera des fins du Parti
québécois éventuellement. Il n'y a pas de problème
là-dessus. Le but de cette loi, c'est de protéger le public. Or,
le collège, comme le ministre l'a dit, a la possibilité d'imposer
des conditions. Parmi les conditions que le député de Bourget
souhaite voir mises dans le projet de loi pour protéger le public, il y
a ces conditions linguistiques. C'est une méthode d'atteindre les fins
du projet de loi, qui sont d'assurer la protection du public.
Il me semble que le député de Beauce interprète
l'article 122 de façon très restrictive. Je pense que vous devez
permettre au député de Bourget de parler de la langue. Je vous
cite,
entre autres, le fait que le bill no 64, concernant la langue des
immigrants pour les professions de la santé, charge
spécifiquement le collège de l'application de ce point. On
discute de la loi du collège actuellement.
M. SAMSON: M. le Président, sur le point de règlement. Non
seulement le député de Beauce n'a pas interprété
l'article 122 dans sa forme restrictive, mais, au contraire, c'est moi qui
avais l'occasion, tantôt, devant le président qui vous a
précédé, d'interpréter l'article 122 dans sa forme
la plus large.
M. PAUL: Question de privilège, M. le Président.
M. SAMSON: Je suis sur une question de règlement. Je n'ai pas
attaqué le député.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafran-ce): Sur une question de
privilège, le député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, au nom de tous les
députés de mon groupe, de l'Union Nationale, je veux protester
contre la "procédurite" qui se déroule actuellement.
Le député de Rouyn-Noranda se réfère au
discours du député de Dorchester, celui qui occupait
avantageusement le fauteuil avant vous, a déjà disposé de
toutes les questions de privilège, de tous les rappels au
règlement qui ont été faits. Dans les circonstances, M. le
Président, je me demande pourquoi vous tolérez que le
député de Rouyn-Noranda revienne aux questions de
règlement et aux questions de privilège qui furent
soulevées il y a peut-être environ une heure.
M. LEVESQUE: M. le Président, si on me permet...
M. SAMSON: M. le Président, je parlais sur une question de
règlement.
M. LEVESQUE: Un instant. M. le Président, dans les circonstances,
je suggérerais la suspension pour permettre à tous les
esprits...
M. SAMSON: Non, M. le Président, je parlais sur un point de
règlement et je tiens à finir ce que j'avais à dire.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je suis un peu déçu de
l'attitude du député de Maskinongé qui, lorsque nous
discutons d'un point de règlement, soulève une question de
privilège qui n'a rien à voir, lui qui connaît bien son
règlement, pourtant...
M. le Président, je discute...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M.Lafran- ce): Est-ce que vous voulez discuter
sur le point de règlement?
M. SAMSON: Pardon?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Vous voulez parler sur le point de
règlement?
M. SAMSON: Oui, sur le point de règlement et sur lequel j'ai
été interrompu.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Je vous demanderais de parler sur
le point de règlement.
M. SAMSON: Alors, sur ce point de règlement, en ce qui concerne
l'article 122, non seulement on ne l'interprète pas dans sa forme
restrictive mais plus que cela. Nous félicitons le député
de Maisonneuve pour la façon dont il l'a interprété. Il
rejoint exactement l'interprétation qu'on a donnée tantôt
et c'est le genre de demande qu'on a faite, soit de pouvoir discuter du bill
252 en faisant référence. C'est à ce moment-ci
qu'intervient l'importance de l'article 122 où on dit: "... ou à
toute autre méthode d'atteindre ses fins". C'est ce que nous avons fait
valoir. On nous a malheureusement refusé.
Nous sommes d'accord sur ça, nous sommes d'accord avec le
député de Maisonneuve. Si vous considérez qu'on peut
permettre au député de Bourget de continuer, nous allons
applaudir, mais à la condition qu'on permette au député de
Dorchester la même chose, à condition qu'on nous permette les
mêmes droits.
M. LAURIN : C'est ça.
M. SAMSON: M. le Président, si vous considérez,
étant donné qu'une décision a été rendue par
un président qui vous a précédé... nous sommes bien
prêts, quant à nous, à attendre que l'autre
président revienne pour lui soumettre le point de règlement. Je
suis persuadé que nous aurons l'aide du député de
Maisonneuve. Nous le félicitons pour sa prise de position.
M. LOUBIER: M. le Président, seulement un mot. Je pense que la
futilité de tous ces débats est assez apparente. Vous avez rendu
une décision il y a à peine dix minutes disant qu'on ne pouvait
pas, ce matin ou à l'occasion de l'étude de ce projet de loi,
attaquer de front ou de biais ou d'à côté la question
linguistique.
Alors, je me demande pourquoi on soulève tous ces points de
règlement puisqu'on ne peut pas parler de cette question. Vous avez
vous-même rendu la décision et rappelé à l'ordre le
député de Bourget, en lui signalant qu'on ne pouvait discuter de
la question de la langue à ce stade-ci, qu'il y avait d'autres moyens.
Je me demande pourquoi nous continuerions à discuter.
M. LAURIN: Sur le point de règlement, M. le Président.
M. PAUL: Il est une heure, M. le Président.
M. LAURIN: Contrairement à ce que vient de dire le
député de Bellechasse, je soumettrais à votre attention
que les arguments que nous invoquons...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): A l'ordre, à l'ordre!
M. LAURIN: Je voudrais vous soumettre, M. le Président, que les
arguments que nous invoquons à l'appui du présent point de
règlement ne sont pas les mêmes que ceux que nous avons fait
valoir à l'appui du premier point de règlement. Je vous
demanderais, avant de rendre votre décision, après que j'aurai
demandé la suspension du débat, de considérer les nouveaux
arguments que nous avons présentés, qui tiennent compte de
l'économie même de la loi qui est présentement à
l'étude, c'est-à-dire l'étude des conditions que le
collège peut imposer, en vue d'une meilleure protection du public.
Sur ce, M. le Président, je demanderais la suspension du
débat, étant donné qu'il est une heure.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Cette motion de suspension
est-elle adoptée?
DES VOIX: Vous n'avez pas le choix!
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafran-ce): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à trois heures.
(Suspension de la séance à 13 heures)
Reprise de la séance à 15 h 8
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
M. LAURIN: M. le Président, au moment où nous avons
été interrompus, j'essayais de glisser simplement quelques
affirmations sur les conditions d'exercice de la profession médicale
dont une me paraissait particulièrement importante dans le Québec
que nous connaissons, où 80 p.c. de la majorité parlent une
langue, une langue qui, selon la commission Gendron, devrait devenir la langue
commune. Je disais que, selon moi, sans entrer dans le détail des
affirmations, il aurait dû être devenu évident depuis
longtemps qu'une des conditions fondamentales d'exercice de la médecine
dans le Québec devrait être la connaissance d'usage de la langue
française pour tous ceux qui pratiquent cette profession, qu'ils
viennent de l'étranger, qu'ils soient Canadiens...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
Ce matin, le président a rendu un jugement à l'effet que le
corridor serait très étroit dans la discussion de deuxième
lecture. Je m'excuse d'être dans l'obligation de revenir sur ce
même sujet cet après-midi, mais, comme l'honorable leader du
gouvernement l'a dit, nous sommes soucieux du respect de l'autorité.
Alors, je demanderais que, si la sentence rendue est maintenue, on applique
avec la même diligence, à l'endroit des membres de quelque
formation politique que ce soit, cette même sentence qui a
été rendue à l'endroit de mon collègue, l'honorable
député de Dorchester.
M. BURNS: Sur la question de règlement, j'ai mentionné ce
matin qu'il ne fallait pas et je vous le soumets de nouveau
interpréter l'article 122 de façon restrictive, à un point
tel que le député de Bourget ne puisse pas parler de conditions
à l'accès de la profession.
Voici le texte de l'article 122: "Le débat sur toute motion de
deuxième lecture doit être restreint à la portée,
à l'a-propos, aux principes fondamentaux et à la valeur
intrinsèque du projet de loi ou" et j'insiste sur le mot "ou"
"à toute autre méthode d'atteindre ces fins".
Or, nous sommes en train de discuter un projet de loi qui concerne le
Collège des médecins. Ce collège n'est pas là pour
une simple fantaisie du ministre, ce n'est pas une créature purement
fantaisiste. C'est une suite logique du projet de loi no 250, comme d'ailleurs
toutes les autres corporations professionnelles que nous étudierons le
sont. Or, quel est le but de ces corporations professionnelles, ainsi que du
projet de loi no 250? C'est la protection du public.
Ce que le député de Bourget veut faire, c'est de vous
démontrer qu'il y a d'autres méthodes, comme le dit l'article
122, d'atteindre les fins
du projet de loi. Une de ces méthodes concerne la langue d'usage
chez les professionnels. Nous avons argumenté, il est vrai, en vertu du
projet de loi 250, que la population serait mieux protégée si,
carrément et ouvertement, on décrétait l'obligation
d'avoir une connaissance d'usage du français.
M. le Président, à celui qui tenait votre place à
la fin de la séance, vers une heure moins cinq, je citais le cas du bill
64 que nous avons adopté et qui dit dans quelles conditions un
étranger peut exercer une profession. Une de ces conditions, c'est
d'avoir une connaissance d'usage de la langue. Or, la juridiction pour voir
à la mise en application de cette condition est remise entre les mains
du Collège des médecins. Dans ces circonstances, je ne vois pas
comment, à quelque endroit que ce soit dans les projets de loi que nous
étudierons à la suite du projet de loi 250, on ne pourrait pas
parler, entre autres, de ces conditions d'accessibilité à une
profession. Autrement, M. le Président, je ne vois pas ce que veulent
dire les mots "ou à toute autre méthode d'atteindre ses fins". Si
les fins, encore une fois, du projet de loi que nous étudions
actuellement sont d'abord et avant tout la protection du public, il y a bien
des façons d'assurer cette protection. Une des façons, selon le
député de Bourget, c'est qu'il y ait un accent sur la
connaissance du français, que des règlements du Collège
des médecins promulguent ça et que l'application en soit
également surveillée de façon stricte.
M. le Président, je ne vois pas en quoi le député
de Bourget déborde des cadres de l'article 122 de notre
règlement.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant que vous rendiez votre
décision...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Beauce a déjà parlé sur la
question d'ordre.
M. ROY (Beauce): Une question de privilège, M. le
Président. Je voudrais quand même faire remarquer, M. le
Président, que je suis d'accord avec l'interprétation que donne
le député de Maisonneuve...
LE PRESIDENT: Ce n'est pas une question de privilège.
M. ROY (Beauce): ... mais la question n'est pas là. Il y a eu une
décision de rendue, M. le Président, et nous voulons savoir si
cette décision qui a été rendue est maintenant ou non.
LE PRESIDENT: Je m'excuse, j'ai dû m'absenter quelques minutes
avant le déjeuner. Par contre, sur la fin, j'ai participé un peu
à ce qui s'est déroulé en Chambre et, durant l'heure du
déjeuner, je me suis permis de m'enquérir auprès de
certains membres pour m'éclairer le plus possible sur ce qui
s'était déroulé.
Ce n'est pas mon intention de renverser une décision, ni de
donner des directives immédiates sur les points de règlement qui
ont été soulevés juste avant la suspension des
travaux.
Par contre, je pense que je suis assez au point de la question
soulevée. Au début, je me suis permis d'intervenir dès le
discours de deuxième lecture du ministre des Affaires sociales pour
établir un certain corridor dans l'étude du projet de loi no
252.
Je suis au courant également qu'un des vice-présidents a
rappelé à l'ordre le député de Dorchester. Revenant
à la question soulevée, en l'occurrence sur l'à-propos de
discuter de problèmes de la langue invoqués par le
député de Bourget, j'ai analysé le projet de loi no 252 et
j'ai essayé d'en déceler les principes. A mon point de vue, il y
a cinq ou six principes dans le bill. Je n'ai pas à les
répéter tous, mais ils sont mentionnés au premier
paragraphe et les suivants.
Lors de l'étude du projet de loi no 250, moi-même, j'ai
accordé au député de Bourget le droit de discuter ou de
traiter de la question de la langue basant mon interprétation sur le
fait qu'il s'agissait de la protection de la population, protection des
contribuables dans l'ensemble du projet de loi des professions.
Cette question a été traitée dans un projet de loi,
le no 250, qui chapeaute un peu la vingtaine de projets de lois que nous avons
à discuter. Il ne faudrait pas oublier qu'il y a un principe de loi
parlementaire, et c'est par analogie, je crois, l'article 66 qu'on ne peut pas
permettre qu'une question soit vidée ou traitée ou
discutée à plusieurs reprises au cours d'une même
session.
Lorsqu'il y a un débat sur une question qui est vidée, les
règles de droit parlementaire ne permettent pas qu'on recommence des
débats à plusieurs reprises au cours d'une même session.
L'argument invoqué par le député de Maisonneuve indiquant
qu'on accorde en vertu de la Loi médicale au Collège des
médecins certains pouvoirs de réglementation, je suis d'accord
avec lui, mais il ne faut pas oublier que nous devons nous en tenir en
deuxième lecture aux généralités, au pouvoir que le
Parlement accorde au Collège des médecins, soit le pouvoir de
faire des règlements. Je ne peux pas permettre qu'on aille dans les
détails où les modalités de ces règlements.
On pourra en traiter, il y a d'autres moyens. Nous aurons d'autres
occasions. Il y a l'étape idéale de la commission où on
peut traiter de tous les détails, de toute les technicités, de
toutes les modalités. On peut y apporter tous les amendements voulus. En
troisième lecture, on peut parler de tout ce qui est contenu dans le
bill et de tous les détails du bill.
Ce n'est pas une directive, ce n'est pas une décision que je
rends. Je laisse la parole au député de Bourget, mais je ne
voudrais pas que cela devienne un discours basé sur ce
problème-là, parce que c'est quand même une modalité
du bill. Nous étudions la Loi médicale et il y a
d'autres principes aussi importants que celui-là. Vous comprenez
mon point de vue.
M. BURNS: M. le Président, j'ai une directive à vous
demander. Juste entre parenthèses, si le débat, concernant ce
problème-là, en ce qui concerne le député de
Bourget, a duré si longtemps, c'est à cause du nombre
d'objections qui ont été discutées depuis ce matin
à ce sujet-là.
La directive que je veux vous demander est celle-ci: Votre
compréhension de l'article 122 nous permet-elle de dire que, dans un
projet de loi, il n'y a pas certaines choses qui devraient y
paraître?
LE PRESIDENT: Oui, mais dans les principes généraux. A la
deuxième lecture, c'est large. On peut dire que le projet est imparfait,
etc. Le débat de deuxième lecture est sans doute le plus large,
mais dans certaines limites. On peut dire qu'il y manque des choses. Cependant,
il ne doit pas s'agir de modalités, mais de
généralités.
M. BURNS: M. le Président, je dois vous dire que je suis
entièrement d'accord sur votre point de vue. Ce qui n'est pas dans le
projet de loi, de façon générale, peut être
discuté. Selon le député de Bourget, depuis le
début, même si on réglemente la profession, sans m'y
référer parce que je ne fais pas un discours de deuxième
lecture, il y a quand même, à l'article 18, des pouvoirs
très précis qui sont prévus. Nous prétendons que le
pouvoir général et cela commence à être
général, le problème de la langue...
LE PRESIDENT: A l'ordre! Excusez-moi. Vous avez vous-même, tout
à l'heure, rappelé à l'ordre l'honorable
député de Beauce parce qu'il ne pouvait pas parler deux fois sur
le point de règlement. Il ne faudrait pas que, par un moyen indirect,
par une demande de directive, vous fassiez ce que l'on ne peut pas vous
permettre trop directement. Si vous voulez, j'accorde la parole au
député de Bourget et je vous demanderais votre collaboration.
M. LAURIN: Je vous remercie de votre décision, M. le
Président.
Je ne voulais surtout pas prendre trop de temps pour cette question que
nous avons eu l'occasion de discuter lors du projet de loi no 250. Je voulais
simplement m'assurer qu'on n'évite pas, par une pirouette ou par des
modalités procédurières, la nécessité qu'il
y a pour nous de traiter, ne serait-ce que brièvement, de cette question
de la langue pour les professionnels et, en particulier, les médecins,
dans une province où la langue française doit devenir la langue
commune. Nous y reviendrons, évidemment, d'une façon plus
détaillée lors de la discussion en commission
plénière.
J'aimerais maintenant m'attacher à un autre principe du projet de
loi qui est celui de la définition de l'acte médical. Je sais que
c'est un sujet qui reviendra à l'occasion de la discussion de chacune
des lois particulières mais, étant donné le rôle
extrêmement important qu'a joué historiquement et que continue de
jouer la médecine dans le champ des sciences de la santé, il me
semble qu'on peut s'attarder un peu plus longuement et d'une façon un
peu plus fouillée à cette définition de l'acte
médical.
Il me semblerait important, en particulier, qu'on n'ampute pas la
médecine d'une de ses dimensions les plus importantes, celle de la
prévention. Cela est tellement vrai, historiquement vrai, que dans un
pays que je connais, par exemple, on paie le médecin aussi longtemps que
le client, que le consommateur n'est pas malade, tellement on veut marquer par
ce point que le rôle principal du médecin, c'est d'empêcher
le client de devenir malade et qu'il faillit à son rôle lorsque
des membres de la population deviennent malades.
C'est bien marquer toute l'importance que la médecine chinoise ou
européenne ou occidentale a toujours accordée à ce
rôle préventif de la médecine. Or, il me semble que dans la
période d'évolution très rapide des connaissances qui est
la nôtre, actuellement, il existe une section de la médecine qui
s'intéresse d'une façon de plus en plus primordiale à cet
aspect traditionnel du rôle de la médecine qui est celui de la
prévention. Il me semble aussi que les médecins en
général, quelle que soit la spécialité qu'ils
exercent, que ce soit la médecine de famille ou une
spécialité, s'intéressent toujours d'une façon
fondamentale à l'aspect préventif de leur profession. Il me
semblerait donc inacceptable qu'une définition, qui va rester avec nous
pour de très longues années, ne fasse pas mention de cette
dimension extrêmement importante de l'acte médical.
Je sais qu'il peut se poser des obstacles juridiques à ce qu'on
précise d'une façon qui pourrait sembler excessive l'acte
médical. Je pense que l'on pourrait tourner cet obstable juridique en
remettant cette dimension de la prévention dans la définition de
tous les actes professionnels que doivent poser les professionnels de la
santé. De cette façon, on pourrait s'assurer que la dimension de
la prévention serait omniprésente dans l'esprit, dans les
préoccupations de tous les professionnels de la santé.
Evidemment, je ne suis pas un juriste. Je ne me fais pas fort de
réduire ou de contourner à l'avance toutes les objections ou les
représentations des juristes. Mais j'aimerais demander au ministre de
continuer à faire des efforts pour que dans cette loi, comme dans toutes
les autres, on trouve un moyen juridiquement acceptable de réintroduire
la prévention dans toutes les définitions des actes
professionnels touchant les professions de la santé et, en particulier,
dans celui de la profession médicale.
Dans son exposé de deuxième lecture, le ministre s'est
étendu, assez longuement, sur les pouvoirs que posséderait le
collège des méde-
cins en ce qui touche la formation des futurs médecins. En ce qui
me concerne, je vois dans les sections qui traitent de la formation une des
faiblesses majeures de ce projet de loi. Je ne m'explique pas et je n'accepte
pas que l'on vienne ainsi chambarder un système qui, depuis une dizaine
d'années, a amplement prouvé son excellence. Il n'existe pas,
actuellement, entre la Corporation professionnelle des médecins et les
établissements d'enseignement les conflits que nous connaissons dans
d'autres secteurs, dans d'autres professions. Bien au contraire, je pense que
les établissements d'enseignement ainsi que les corporations ont
magnifiquement joué leur rôle respectif depuis dix ans. Chacun est
resté dans ses plates-bandes, chacun a exercé ses fonctions avec
un maximum de responsabilité aussi bien en ce qui touche
l'élaboration des programmes d'étude, l'élaboration de
normes minimales, l'élaboration de normes d'agrément,
l'élaboration de normes d'examen ou d'évaluation des candidats ou
des établissements.
Au lieu d'en arriver à des luttes ou à des affrontements,
nous avons surtout constaté les fruits d'un chevauchement harmonieux,
d'un chevauchement bien huilé des fonctions et responsabilités de
ces deux types d'institutions. Je ne vois donc pas pourquoi on voudrait
maintenant revenir en arrière par le biais d'une loi
générale, par souci d'uniformisation de la Loi médicale
avec les autres lois qui touchent les autres professions ou avec la loi 250. Il
me semble, au contraire, que, lorsqu'une situation évolue pour le mieux,
dans les meilleures circonstances, pour la plus grande protection du public et
pour la plus grande satisfaction des intéressés, on devrait
prendre bien garde avant de toucher à cette situation, de prévoir
les conséquences qui pourraient en résulter.
Pour ma part, M. le Président, je ne suis pas convaincu que la
remise au Conseil des universités, aux établissements
d'enseignement, par le biais du Conseil des universités, soit le
meilleur moyen d'assurer l'homogénéité aussi bien de la
formation médicale que de l'accès à la pratique ou que la
pratique des diverses spécialités. Il me semble que cette
homogénéité serait mieux assurée si la corporation
professionnelle des médecins continuait d'y assumer les
responsabilités qui existent actuellement, aussi bien en ce qui concerne
l'élaboration de normes minimales quant aux études, quant
à l'agrément des centres hospitaliers, quant aux stages
d'entraînement professionnel et quant aux examens. Il me semble que les
preuves que ces deux organismes nous ont données dans le passé
devraient être garantes de l'avenir et qu'on ne devrait pas toucher
à cette situation.
D'autant plus, M. le Président, qu'il faut éviter ici le
risque de particularismes locaux. On sait que le Conseil des universités
est un organisme assez lourd, qu'il doit traiter d'affaires relevant de toutes
sortes d'écoles ou de facultés, que les facultés de
médecine ne sont qu'une des parties qui ont à se faire entendre
à ce conseil. On peut prévoir que l'introduction d'un
mécanisme beaucoup plus lourd, beaucoup moins perméable, ne se
solderait pas à l'avantage des futurs médecins et
n'amènerait pas, bien loin de là, une meilleure protection du
public. Une bonne façon d'éviter aussi bien ces particularismes
locaux, qui amèneraient des inégalités de la valeur de la
formation dans les différents centres, que pour éviter
l'introduction de mécanismes trop lourds, qui se solderaient par le
même résultat, il me semble qu'il serait préférable
d'éviter ces inconvénients en respectant la situation actuelle et
en adaptant la loi présente à la situation actuelle.
Il y a d'autres raisons, d'ailleurs, qui militent en faveur de cette
formule, car avec la nouvelle Loi médicale, la corporation
professionnelle des médecins devra se retirer d'un domaine qu'elle
occupait, mais que continuera quand même d'occuper un autre organisme,
canadien celui-là, qui a joué un grand rôle dans le
passé et qui est appelé, lui aussi, à jouer un rôle
plus grand dans l'avenir, je veux parler du Collège royal des
médecins du Canada, qui, pour sa part, continuera d'agréer les
différents établissements, d'établir ces normes minimales
d'étude.
Et ainsi, on se trouvera dans une situation où le collège
royal n'aura plus en face de lui son pendant, son interlocuteur
québécois, ne pourra plus dialoguer avec lui, collaborer avec
lui, ce qui peut se traduire par des inconvénients assez sérieux
pour nos futurs médecins, que ce soient des médecins en pratique
libre ou des résidents qui se préparent à leur
spécialité.
Il sera peut-être plus difficile pour ces médecins en
formation dans les diverses spécialités de se rendre dans les
autres provinces canadiennes ou même dans les pays étrangers, et
d'y avoir droit à la position privilégiée qui était
la leur jusqu'ici, c'est-à-dire celle d'être engagés comme
participants à part entière dans les services médicaux et
d'y jouir des avantages didactiques et même financiers qu'ils avaient
jusqu'ici.
Je pense que l'introduction de ces nouvelles mesures va obérer la
mobilité professionnelle de nos médecins, va empêcher ou
diminuer la valeur autant que le nombre des contacts que nos futurs
médecins doivent avoir avec l'étranger, et va peut-être se
solder également par des inconvénients matériels que l'on
pourrait éviter.
D'ailleurs, je m'étonne que le ministre, dans sa
déclaration de deuxième lecture, ait dit d'un souffle qu'il
fallait éviter de prolonger les études par l'adjonction inutile
des stages additionnels et que, par ailleurs, il dise que malgré tout la
corporation professionnelle des médecins aura quand même le droit
d'imposer aux médecins des conditions additionnelles en ce qui concerne
leur formation, en ce qui concerne la déontologie.
Je pense que, si c'est là l'intention du ministre, il vaudrait
peut-être mieux concrétiser cette intention par des articles
spécifiques qui apparaitraient dans le projet de loi, comme
d'ailleurs le ministre ou quelque autre de ses collègues l'a fait
dans la Loi du Barreau, dans celle du notariat, dans la Loi de la Corporation
professionnelle des architectes, des comptables agréés, des
arpenteurs-géomètres, par exemple.
Si cela va sans le dire, comme disait Vauve-nargues, cela va encore
mieux en le disant. Il faut quand même se souvenir que le ministre ne
sera peut-être pas toujours là, que l'enfer est pavé de
bonnes intentions, mais que ces bonnes intentions sont souvent marquées
de retours en arrière assez régressifs lorsque certaines
personnes disparaissent et lorsqu'on veut prendre pour un projet de loi ce qui
n'était que déclaration d'intention.
Je pense que, lorsqu'on légifère, il faut prendre toutes
les précautions pour inscrire dans les lois les intentions de quelques
ministre que ce soit, car il s'agit là de la meilleure façon qui
ait encore été trouvée pour protéger les
intérêts du public et parmi le public il faut, bien sûr,
compter également les professionnels.
J'aurais des remarques analogues à formuler en ce qui concerne
l'inspection professionnelle. Nous avons souvent dit, lors de ces
débats, que les corporations professionnelles sont au fond les
mandataires du gouvernement, qu'elles exercent en son nom et pour lui des
fonctions que le pouvoir exécutif devrait exercer mais qu'il n'a pas
toujours les moyens d'exercer dans les meilleures conditions. Si cela est vrai,
on devrait, j'imagine, confier à la corporation professionnelle des
médecins des pouvoirs qui correspondent aux responsabilités qu'on
lui demande d'assumer. Si on demande, par exemple, à la corporation
professionnelle d'inspecter l'acte médical, aussi bien des
médecins pris individuellement que l'acte médical des
médecins qui pratiquent au sein d'un hôpital, il faudrait faire en
sorte que la loi l'autorise à instituer les mécanismes qui lui
permettent d'assumer dans le concret, dans la pratique, le mieux possible, ses
responsabilités et surtout, évidemment, qu'on lui donne d'une
façon très claire, explicite, sans aucune chance de mauvaise
interprétation les pouvoirs qui lui sont nécessaires pour exercer
ses responsabilités.
Nous avons vu dans le passé à quelles impasses on pouvait
se heurter quand on demandait à une corporation professionnelle
d'assumer moralement des responsabilités qui étaient moralement
de son ressort mais qu'elle n'avait pas les possibilités ou les moyens
d'exercer. La Loi médicale avait été amendée par la
suite dans ce sens. Là, encore une fois, il semble qu'on revienne en
arrière avec la loi actuelle et que la corporation professionnelle des
médecins n'aura pas tous les pouvoirs dont elle aurait besoin et aussi
qu'elle n'aura pas le pouvoir d'instituer tous les mécanismes qui lui
permettraient d'être présente au moment où il le faut, par
les moyens qu'elle juge appropriés, dans les régions où
elle doit se rendre.
La, encore une fois, M. le Président, il ne me semble pas exister
une cohérence parfaite entre la Loi médicale et d'autres lois
professionnelles puisque, dans d'autres lois professionnelles, on donne
précisément aux corporations professionnelles les pouvoirs que
demande, je crois à juste titre, la corporation professionnelle des
médecins.
Une autre série de remarques, M. le Président, touche
à la question du permis restrictif. C'est là une notion nouvelle
qui est apparue dans le champ médical. Si cette notion est apparue,
c'est en raison du progrès des connaissances qui rendent de plus en plus
difficile à un médecin de contrôler l'étendue de son
champ de pratique, sans recyclage périodique. C'est également
parce que le Québec reçoit de plus en plus des médecins
qui lui viennent d'autres provinces canadiennes ou qui lui proviennent d'autres
pays et qui constituent un apport très important à notre vie
professionnelle, et, deuxièmement, à l'organisation de notre
profession. Il est bien connu le député du Ralliement
créditiste le rappelait encore il y a quelques instants que nos
effectifs médicaux ne sont pas encore suffisants et qu'on peut combler,
ne serait-ce que temporairement, ces vides par l'adjonction de médecins
étrangers.
Donc, cette notion du permis restrictif est appelée à
prendre des développements de plus en plus grands dans l'avenir. Il nous
semble que ce permis restrictif devrait s'appliquer aussi bien aux personnes
qu'il devrait s'appliquer au temps et aux spécialités. Il est
possible que dans l'avenir il soit préférable pour une
organisation professionnelle, pour la corporation des médecins de
limiter dans le temps l'exercice de la profession, de façon à
soumettre les médecins à des examens de recyclage
périodique.
D'ailleurs, la chose commence déjà à exister. Il y
a des programmes qui existent au niveau des facultés de médecine,
aussi bien qu'au niveau de la corporation professionnelle des médecins.
Je pense que cette tendance ne fera que s'accentuer dans l'avenir, sans qu'on
puisse encore en préciser exactement les modalités.
De la même façon, il peut s'avérer de plus en plus
nécessaire dans l'avenir, de restreindre l'exercice de la
médecine à une spécialité, même s'il devient
soit inutile ou impossible à ce médecin qui s'est
spécialisé dans une discipline de la profession, de se
préparer par des examens à la pratique générale. Je
pense que, là aussi, M. le Président, cette évolution va
s'accentuer dans l'avenir, aussi bien, encore une fois, pour les
médecins qui nous arrivent de l'étranger, qui ont suivi des cours
dans certaines disciplines de la médecine, qui peuvent parfaitement
aider la population du Québec dans ce domaine mais qui ne
possèdent pas peut-être les connaissances ou qui sont trop
âgés pour se remettre à l'étude des connaissances
des sciences de base ou des connaissances fondamentales qui leur permettraient
de passer les examens.
Donc, dans ce domaine également, il faudrait que le projet de loi
permette à la corporation professionnelle des médecins de
décerner des
permis restrictifs quant aux chances de pratique.
LE PRESIDENT: Je me permets de vous rappeler à l'ordre. Vous avez
bien raison de parler du permis d'exercice, mais ne me parlez pas des
modalités du permis. Cela viendra en commission.
M. LAURIN : C'était d'une façon générale, M.
le Président. Je disais que cette notion du permis restrictif, qui est
introduite pour la première fois dans le projet de loi, lorsque nous en
arriverons à la discussion des articles, gagnerait à être
précisée par des amendements que devrait nous présenter le
ministre, afin justement que la corporation professionnelle des médecins
puisse s'orienter dans toutes les avenues, dans toutes les directions que lui
dessinent l'évolution du savoir et l'organisation de la pratique.
C'est à peu près tout ce que j'avais à dire, M. le
Président, sur le projet de loi, me réservant d'y revenir lorsque
chacun des articles sera étudié en détail. Je ne voudrais
pas terminer cette intervention sans dire que la médecine, que la
corporation professionnelle des médecins, que le Collège des
médecins, qui a connu un tel renouveau au cours des dix ou des douze
dernières années, pourra connaître, avec la loi qui le
régira maintenant, un progrès encore plus grand dans les
années qui viennent.
Les conditions seront, pour une partie, celles que nous connaissons
actuellement. Je pense que l'exemple des dix dernières années
nous prouve que le collège a bien su profiter des leçons du
passé. Quelques-unes également de ces conditions seront
nouvelles. Par exemple, ce sera la première fois que le grand public
sera associé, par la voix des quatre administrateurs
désignés par l'Office des professions, aux travaux quotidiens de
la corporation professionnelle des médecins.
C'est là une réforme, et que nous avons demandée
depuis longtemps. C'est là une réforme dont se
féliciteront, eux-mêmes, je crois, les administrateurs
médecins de la corporation des médecins du Québec.
Bien sûr, nous aurions aimé que cette représentation
du public soit moins tamisée, moins filtrée que celle que permet
le mécanisme habituel. Nous avons fait des représentations
à cet effet, nous en ferons d'autres, mais, quoi qu'il en soit,
même si les modalités ne nous satisfont pas, le principe demeure
que le public sera maintenant représenté au bureau même de
la corporation professionnelle des médecins et j'en attends, pour ma
part, de grands progrès.
Par ailleurs, les conditions seront nouvelles également, en ce
sens que la corporation professionnelle des médecins exercera ses
pouvoirs, sa mission, ses responsabilités, à l'intérieur
d'un cadre plus vaste qui contient, par exemple, un office des professions, un
conseil interprofessionnel, dont j'attends beaucoup de bénéfices
pour la corporation professionnelle des médecins, grâce à
l'uniformisation, à la rationalisation et aussi à la
compétence que posséderont ces organismes, aux avis, aux conseils
judicieux qu'ils pourront lui fournir et également à cause de ce
palier nouveau où chacune des décisions pourra être
examinée, jugée, évaluée quant à son
bien-fondé, quant à son efficacité. Il s'agit donc
là d'une ère nouvelle, d'un cadre nouveau. Je suis assuré,
pour ma part, que les médecins en verront, en estimeront toutes les
possibilités de progrès et qu'ils se feront une fierté d'y
collaborer, dans toute la mesure du possible, pour mieux remplir la mission qui
leur est renouvelée: celle de protéger le public dans le respect
des exigences professionnelles et avec toute la marge d'autonomie que ce
pouvoir entend leur garder.
UNE VOIX : Adopté.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, mes propos seront d'une
brièveté qui vous consolera et qui enchantera probablement
l'honorable ministre des Affaires sociales. Je n'ai, de la médecine,
aucune compétence pour en parler avec précision et la loi qui est
présentée, la loi 252, est, à mon avis, d'une
qualité plus que présentable.
Le porte-parole de notre parti, l'honorable député de
Montmagny, a exposé avec clarté le contenu et la position de
notre parti sur ce projet de loi. Je ne voudrais, en aucune façon, y
revenir. Toutefois, qu'il me soit permis de poser quelques questions au
ministre des Affaires sociales. Pourquoi, dans ce projet de loi, double-t-on la
définition du corps professionnel, qui est le groupement des
médecins, qui s'appellera, dit-on, la corporation professionnelle des
médecins ou Ordre des médecins du Québec? Pourquoi deux
noms? Ce seront toujours les mêmes médecins. J'ai
référé au dictionnaire Larousse j'inquiète
le président et le mot "ordre" se définit ainsi: Il fait
surtout référence à l'obligation d'adhésion. Le but
de cet ordre servirait à élire ceux qui représenteront,
devant les pouvoirs publics, les membres de la profession.
La corporation se définit ainsi: Association de gens
exerçant la même profession. Je crois que c'est un
pléonasme, une répétition de mots.
Le ministre aura bien la bonté, lorsque le temps viendra, de nous
expliquer ces choses.
Il y a une autre chose qui m'inquiète, ayant été un
des spécialistes d'une loi qui s'appelle la loi no 62; je
réfère à l'annexe de ladite loi. Vous sursauterez, M. le
Président, en constatant... Un instant! J'aimerais que le ministre
portât une attention toute particulière je ne voudrais pas
le faire rire par en dedans aux propos que j'énonce. Nous avons,
durant seize jours ou
près, discuté de la loi no 62, sur la redistribution des
comtés dans la province de Québec. Vous savez, M. le
Président, pour avoir été le témoin stoique et
nous, les victimes de cette loi compressante que fut le bâillon, que nous
avions adopté une distribution des comtés, des circonscriptions
électorales.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
On a accusé, ce matin, l'honorable député de Dorchester
d'avoir fait allusion à la loi no 65. A l'heure actuelle, on parle d'une
autre loi, la Loi électorale, alors que nous discutons de la Loi
médicale, no 252.
J'invoque le règlement, mais je m'excuse d'être
désagréable, parce que ce n'est pas moi, ce matin, qui ai
commencé ce débat. Je regrette, M. le Président,
d'être encore obligé d'intervenir à ce stade-ci. J'ai dit
que nous sommes en faveur et que nous défendons un principe: même
application du règlement pour tous et chacun des membres et des partis
politiques à l'Assemblée nationale.
M. DEMERS: En réponse à l'invocation... M. PAUL: Sur cette
question de règlement...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé, sur
le point de règlement.
M. PAUL: Pour répondre aux avocasseries et aux tracasseries du
député de Beauce, je voudrais que vous ayez l'avantage d'entendre
les remarques du député de Saint-Maurice. Vous, M. le
Président, vous allez les comprendre, tandis que, pour d'autres, cela
restera l'entière confusion où on se complaît depuis
quelques jours à l'occasion de l'étude de ces lois.
Il y a un principe dans cette loi, que mon collègue va vous
signaler, parce que c'est le rappel, d'une façon indirecte, d'une loi
déjà adoptée par l'Assemblée nationale. C'est tout
un principe.
M. SAMSON: Sur ce point de règlement...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda, sur le
point de règlement.
M. SAMSON: J'aurais aimé que l'honorable député de
Maskinongé fasse exactement les mêmes remarques ce matin. Cela
aurait permis au député de Dorchester de continuer son discours
plutôt que de l'écourter. Ce matin, au lieu de permettre...
M. DEMERS: L'avait-il déjà commencé, au moins?
M. SAMSON: ... au député de Dorchester de s'expliquer afin
que vous puissiez considérer l'à-propos de ce qu'il avait
à confier à cette Assemblée, on nous a tout simplement
arrêtés. Le député de Maskinongé faisait
partie du groupe qui voulait bâillonner le député de
Dorchester.
Je regrette que le député de Maskinongé n'ait pas
tenu, ce matin, les propos qu'il vient de tenir. Mais, lorsqu'il s'agit d'un
opinant de l'Union Nationale, c'est une autre mesure, un autre poids. C'est
pourquoi le député de Maskinongé défend
évidemment, je considère qu'il a le droit de le faire l'un
des membres de son parti, mais nous avions aussi ce droit, ce matin, qui ne
nous a pas été reconnu.
M. PAUL: Question de privilège, M. le Président. Je vous
dirais que je ne défends personne de mon parti. Je défends la
liberté de parole, en conformité avec notre règlement.
C'est ce que j'ai soulevé.
UNE VOIX: C'est nouveau?
M. PAUL: Pardon? C'est nouveau? Non. Il ne m'appartient pas de tenter de
sauver ceux qui se noient depuis quelques jours.
M. SAMSON: Non, parce que vous seriez obligé de vous sauver.
M. PAUL: Non, parce que je calerais au fond avec vous.
LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai suivi l'intervention du
député de Saint-Maurice. Au début, j'avais des doutes et,
heureusement, vous avez changé de paragraphe dans votre intervention.
Vous me dites qu'il y a un principe dans l'annexe. Vous ne l'avez pas encore
dit. C'est ce que j'ai compris. Si je crois vraiment que vous mentionnez un
principe, je vous l'accorderai; sinon, je vous arrêterai.
Vous m'avez dit que dans l'annexe vous voyiez un principe.
M. DEMERS: M. le Président, je vous remercie de la chance que
vous me redonnez d'au moins "préambuler". Je n'ai même pas
commencé mon exposé et déjà mes collègues de
gauche...
LE PRESIDENT: Continuez.
M. DEMERS: ... veulent me mettre un frein. Je continue.
Je vous dis que le principe est le suivant. C'est qu'il y a eu une loi
qui a reconnu que les zones territoriales, les comtés seraient
déterminés d'une façon nouvelle. Est-ce que vous admettez
qu'une loi est un principe, qu'il y a au moins un principe dans une loi?
LE PRESIDENT: Je n'admets rien, continuez.
M. DEMERS: Bon! Vous me laissez parler! Je suis bien content que vous
n'admettiez pas, cela va vous permettre d'entendre plus long-
temps. Je reviens à ceci et je dis au ministre des Affaires
sociales, qui vient de faire réimprimer cette loi, parce que c'est
marqué réimpression, qu'il faudra la réimprimer à
nouveau parce que l'annexe comprend la description territoriale d'avant la loi
62. C'est un rappel à la vieille loi.
M. BROCHU: Troisième lecture.
LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai entendu votre exposé sur le
principe. Dans mon humble opinion il ne s'agit pas d'un principe,
malheureusement. Si vous décelez des erreurs ou des anomalies dans
l'annexe, c'est lorsque le projet de loi sera étudié en
commission plénière que vous pourrez y apporter les amendements
désirés et suggérer les améliorations
désirées. Il ne s'agit pas d'un principe du projet de loi.
M. DEMERS: Merci, M. le Président. Etant donné la sagesse
de votre décision et que vous m'avez permis d'énoncer ces choses,
mon message est entendu. Je vous remercie et mon intervention se termine.
LE PRESIDENT: L'honorable ministre va maintenant exercer son droit de
réplique, ce qui clôturera le débat de deuxième
lecture.
L'honorable ministre des Affaires sociales.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, il y a quelques aspects que
j'aimerais traiter très brièvement. On a parlé du
rôle du médecin sur deux plans, je crois, aussi bien le
député de Dorchester, ce matin, que le député de
Bourget, cet après-midi. J'espère que l'explication que je vais
donner peut répondre, dans une certaine mesure, à leurs
préoccupations.
Si j'ai bien compris, le député de Dorchester
s'inquiétait si c'était le fondement de son
inquiétude, ce serait bien justifié que certains
médecins, dans des milieux plus éloignés, ne soient pas en
mesure de poser toute la gamme des actes qu'ils doivent poser dans de tels
milieux et qu'ils ne sont pas nécessairement appelés à
poser dans des milieux urbains où il y a des professionnels d'autres
catégories en plus grand nombre. Alors, la Loi médicale je
m'en tiens au très grand principe, M. le Président permet
au médecin de poser tous les actes possibles et impossibles dans le
domaine de la santé. Il n'y a aucun acte qui ne peut pas être
posé par le médecin dans le domaine de la santé, que ce
soit des extractions de dents, que ce soit des injections, que ce soit faire
des pansements, etc.
Maintenant, au plan technique, toutefois, il nous faut, d'après
le principe de ces projets de loi, restreindre à certains professionnels
des champs de pratique de façon très exclusive. C'est la raison
pour laquelle le projet de loi dit: Voici ce que seuls des médecins
peuvent faire. Nous avons là la définition technique de la
médecine mais nous avons en plus une autre partie du rôle des
médecins qui, comme le député de Bourget mentionnait, est
extrêmement importante. C'est celle, par exemple, de la
prévention, de l'éducation sanitaire, etc. Mais ce rôle
n'est pas limité aux médecins. C'est pourquoi, techniquement,
nous le retrouvons dans une autre disposition du projet de loi. Alors, je ne
vais pas plus loin car je ne veux pas entrer dans la discussion de la
rédaction des articles du projet afin de ne pas déborder les
directives que vous avez données.
On a également mentionné un problème de
façon particulière, celui de l'équilibre entre les
établissements touchant la formation, les établissements
d'enseignement, et les corporations professionnelles. Sur ce point, je crois
qu'il serait trop long, à ce moment-ci, d'entrer dans toutes les
détails de cette question. Nous aurons l'occasion de le faire lors de
l'étude article par article.
Si des suggestions précises peuvent être faites pour
améliorer le projet de loi sur ce plan, il est toujours possible de les
faire. Mais j'aurai aussi, à ce moment-là, des faits et des
données à apporter pour bien démontrer que nous ne visons
pas à chambarder un ordre existant pour le plaisir de le faire. Nous
voulons plutôt proposer des mécanismes qui nous paraissent plus
conformes â la réalité, plus appropriés.
En faisant cela, il y a un point qui nous est apparu extrêmement
important. Je touche un autre aspect de l'intervention du député
de Bourget. Nous croyons qu'il est nécessaire, aux fins de l'allocation
des ressources, aux fins d'exercer un certain contrôle sur
l'agrément, à partir de normes minimales, de modifier quelque peu
les mécanismes qui existent présentement. Nous l'avons fait lors
de la loi 65. Mais cela n'empêche en aucune façon le
Collège des médecins, de s'associer au Collège royal et,
dans l'agrément, pour des fins d'excellence, d'établissement,
rien n'empêche le collège de continuer à jouer ce
rôle. J'espère qu'en affirmant une telle chose, sans l'ombre
d'aucun doute, dans mon esprit, je rassure le député de Bourget
et ceux qui pourraient lire les propos qu'il a tenus. Car ce n'est absolument
pas notre intention, évidemment, d'isoler de quelque façon que ce
soit les médecins du Québec des courants de pensée, des
courants de l'évolution de la pratique, de la connaissance dans ce
secteur de leurs collègues des autres provinces ou des autres parties de
l'Amérique du Nord ou d'autres pays.
Enfin, le député de Saint-Maurice a posé une
question particulière mais comme elle est posée, il me semble que
je dois...
M. DEMERS: M. le Président, je me permets d'invoquer le
règlement. Je ne voudrais pas être désagréable
à l'endroit du ministre, mais si mes questions étaient
irrecevables, ses réponses le seront aussi.
M. CASTONGUAY: Je voulais parler de
l'ordre. Elles n'ont pas été déclarées
irrecevables sur la question de l'Ordre des médecins.
M. DEMERS: Oui. On allait m'arrêter.
LE PRESIDENT: Non, non! pas sur le premier paragraphe. Le mal
était fait.
M. DEMERS: Vous continuez, vous perpétuez le mal. Je vous
remercie.
LE PRESIDENT: Je pense que, de toute façon, cela sera assez
bref.
M. CASTONGUAY: Ce sera très bref. Il y a une expression
générale, corporation professionnelle, pour toutes les
corporations. Lorsqu'on parle d'une corporation qui a un champ d'exercice
exclusif, dans leur appellation courante, ces corporations ont la
possibilité de s'appeler "ordre", comme Ordre des médecins, de
telle sorte que les gens, dans la pratique, puissent venir à distinguer
une personne qui est membre d'une corporation avec un champ d'exercice
exclusif, d'une personne qui est membre d'une corporation professionnelle dont
seul le titre est réservé. C'est le but de cette distinction.
Je vois que le député semble un peu sceptique.
Peut-être cela ne réussira-t-il pas, mais c'est le but. Vous
m'avez posé la question.
Quant à la question des annexes deux secondes il y
aura un amendement. Le projet de loi a été imprimé avant
la loi 62. Comme vous le savez, nous voulions respecter la commission
parlementaire qui étudiait en détail les limites des territoires.
Nous ne pouvions donc imprimer l'annexe, évidemment, avant que ce
travail soit terminé.
LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: M. le Président, nous sommes cinq et demandons
l'enregistrement du vote.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés! Vote sur la 2e
lecture
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture du projet de loi no 252 veuillent bien se lever, s'il
vous plait.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Castonguay, Harvey
(Jonquière), Quenneville, Tetley, Drummond, Massé (Arthabaska),
Arsenault, Houde (Fabre), Phaneuf, Brown, Brisson, Kennedy, Berthiaume, Caron,
Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher, Giasson, Houde (Limoilou), Lafrance,
Larivière, Marchand, Pepin, Veilleux, Gallienne, Loubier, Tremblay
(Chicoutimi), Paul, Cloutier (Montmagny), Boivin, Demers, Laurin, Burns,
Charron, Lessard.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre veuillent bien se lever, s'il
vous plait.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Roy (Beauce), Brochu, Guay,
Audet.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce qu'il y a droit de
parole pendant le vote?
LE PRESIDENT: Je n'ai rien entendu.
M. ROY (Beauce): Nous autres, nous avons entendu.
LE PRESIDENT: J'ai entendu des bruits.
LE SECRETAIRE: Pour: 37.
Contre: 5.
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
M. BURNS: M. le Président, avec la permission du leader du
gouvernement, est-ce que je peux simplement poser une question? Je viens de
voir arriver le ministre d'Etat à la Voirie. Ce matin, il nous avait
promis une réponse relativement au problème des taxis Fairview,
je le vois près du député de Maskinongé, je ne sais
pas s'il est en mesure de nous donner cette réponse avant un
ajournement.
M. LEVESQUE: Je prendrai les renseignements et en ferai part au
député.
M. BURNS: Parce que la question du député de
Maskinongé, si je me rappelle bien, c'était d'urgence pour
aujourd'hui.
M. LEVESQUE: Je prendrai les renseignements et on le fera dans quelques
minutes, s'il y a lieu.
M. le Président, j'appelle l'article 32.
M. PAUL: M. le Président, sans vouloir interrompre le leader du
gouvernement, je crois que le ministre d'Etat est en mesure de nous donner une
partie de réponse.
M. LEVESQUE: Oui, il pourra la donner dans quelques minutes, comme j'ai
dit.
M. PAUL: Excusez-moi, Excellence.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Article 32. Je fais motion pour que le projet de loi 252
soit déféré à la commission parlementaire
spéciale sur les corporations professionnelles.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 32. M. CASTONGUAY : M. le Président...
Projet de loi no 273 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi 273, Loi des infirmières et
infirmiers.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce projet de loi et en recommande
l'étude à l'Assemblée.
C'est un honneur pour moi que de présenter en deuxième
lecture ce projet de loi. On connaît, mais insuffisamment, l'importance
du rôle que jouent les infirmières et les infirmiers dans les
services de santé au Québec. Je crois qu'il était
approprié, immédiatement après avoir adopté en
deuxième lecture le projet de loi médical, de passer à
l'étude de ce projet de loi étant donné le lien
très étroit sur le plan professionnel qui unit les
infirmières à la profession médicale.
On retrouve l'infirmière dans tous les services de santé,
à tous les niveaux, dans les endroits qui présentent les
conditions les plus difficiles, que ce soit dans le Grand Nord, dans les
régions éloignées, dans les services de santé
où les malades présentent les conditions les plus difficiles, que
ce soient les malades chroniques, les malades qui en sont rendus à la
dernière étape de leur vie, que ce soit aussi au plan de la
prévention, du dépistage, de l'éducation, de la
réadaptation et ceci, dans les services de santé aussi bien au
plan physique que mental.
Et c'est pourquoi ce projet de loi, et surtout celles qui forment cette
corporation, jouent un rôle si important dans le bon fonctionnement de
notre société. Et je disais tantôt que j'étais
heureux de présenter ce projet de loi et que, pour moi, c'était
un honneur, parce que, pour la première fois, le rôle, la
tâche de l'infirmière vont être délimités et
précisés d'une façon beaucoup plus adéquate que
cela a été le cas jusqu'ici et qu'à ma connaissance, cela
est le cas dans les autres provinces au Canada ou dans d'autres
juridictions.
Sur ce point, M. le Président, je crois qu'il est important de
mentionner que, dorénavant, lorsque ce projet de loi sera adopté,
il consacrera de façon définitive la contribution des
infirmières ou des infirmiers à l'identification des besoins de
santé des personnes, aux méthodes de diagnostic, à la
manière de dispenser et au contrôle des soins infirmiers requis
pour la promotion de la santé, la prévention de la maladie, le
traitement et la réadaptation.
Alors, on voit que nous avons là un rôle extrêmement
large et qui fait vraiment justice au travail qu'effectuent les
infirmières. Nous savons également, M. le Président, que
les infirmières vivaient dans une situation qui, de plus en plus,
devenait intolérable, compte tenu que l'évolution exigeait de
plus en plus qu'elles posent des actes qui, compte tenu de la
législation actuelle, les plaçaient, dans bien des cas, dans une
situation d'illégalité. Ce problème a été
abordé à la commission parlementaire et, avec la collaboration
des représentantes de l'Association des infirmières, la
collaboration aussi des membres des partis d'Opposition, je crois que nous
avons pu apporter une réponse qui sera très satisfaisante pour
corriger cette situation qui, de l'avis de tous, ne pouvait se
perpétuer. De même, étant donné que les
infirmières doivent travailler en collaboration avec d'autres groupes
professionnels et que nous sommes dans un contexte d'évolution, un
contexte où le partage des tâches s'impose, où le travail
en équipe devient de plus en plus important, nous avons pu aussi,
à partir du même principe qui s'appliquera pour la
délégation, ou plutôt l'identification des tâches
qui, jusqu'à maintenant, étaient légalement
réservées aux médecins et qui pourront aujourd'hui, ou
plutôt lorsque la loi sera adoptée, être posées par
les infirmières... En vertu du même principe, nous pourrons ou on
pourra agir de la même façon, par exemple, vis-à-vis des
infirmières auxiliaires. Pour ceux qui sont plus familiers avec le
secteur, on sait les difficultés qu'a pu présenter à
certaines moments cette question du partage des tâches, surtout lorsque
l'on connaît l'aspect évolutif du secteur des services de la
santé.
Nous apportons, encore une fois, une amélioration
considérable par rapport à la réalité dans ce
projet de loi dont nous abordons l'étude. Les infirmières,
à juste titre, nous ont demandé de jouer un rôle quant aux
avis qu'elles pourraient donner au ministre des Affaires sociales sur la
qualité des soins infirmiers fournis dans les établissements, sur
les normes à suivre pour relever le niveau de la qualité des
soins. Je crois que c'était une préoccupation de leur part non
seulement authentique, mais justifiée. Sur ce plan, sans entrer dans les
détails, puisque ce n'est pas le moment, le projet de loi confie un
rôle privilégié à l'Association des
infirmières ou à l'ordre des infirmières de telle sorte
qu'elles seront dorénavant davantage associées à cette
fonction extrêmement importante de faire évoluer la pratique au
plan de la qualité.
Ce sont les quelques points que je voulais souligner. Il est clair que
l'Association des infirmières compte un très grand nombre de
membres, que les règles de régie interne qui la gouvernenent
peuvent exiger certaines particularités qui ne paraissent pas aussi
importantes, aussi nécessaires à d'autres corporations
professionnelles. S'il est possible, au moment de l'étude article par
article, d'améliorer le projet
de loi sur ce plan, évidemment, nous accepterons de le faire avec
grand plaisir. Nous visons une chose très clairement, que la corporation
des infirmières puisse assumer ses responsabilités
adéquatement, d'autant plus que nous connaissons très bien
l'esprit qui les anime, esprit dont elles ont eu l'occasion de nous donner bien
des démonstrations au cours de nos travaux par leurs suggestions
très positives. Sur ce plan, je voudrais les rassurer, M. le
Président; nous avons la même préoccupation qu'elles quant
au bon fonctionnement de leur corporation.
Avec toutes ces améliorations par rapport à la loi
actuelle, je crois que nous avons, devant l'Assemblée, un projet de loi
qui nous permettra de franchir une autre étape au Québec dans la
dispensation de soins infirmiers de qualité, c'est-à-dire de
maintenir la tradition que nous avons connue au Québec sur ce plan qui,
je crois, fait des Québécois une classe
privilégiée. Dans l'avenir, nous permettrons à la
corporation des infirmières de continuer de jouer son rôle, de
telle sorte que les Québécois puissent continuer de recevoir ces
soins de qualité d'une façon humaine et il n'est pas
exagéré de le dire d'une façon qui nous classe,
comme je le disais il y a quelques minutes, parmi les privilégiés
sur ce plan.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président...
LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... je demande l'ajournement du
débat.
LE PRESIDENT: Cette motion d'ajournement du débat est-elle
adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à lundi, quinze heures.
LE PRESIDENT: Cette motion d'ajournement de la Chambre est-elle
adoptée?
UNE VOIX: Avec réserve.
LE PRESIDENT: Adopté. L'Assemblée ajourne ses travaux
à lundi, quinze heures.
(Fin de la séance: 16 h 25)