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(Dix heures douze minutes)
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Dépôt de rapports de commissions élues.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de projets de loi au nom du gouvernement.
Présentation de projets de loi au nom des
députés.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions orales des députés.
Questions orales des députés
LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Cartonnerie à Saint-Félicien
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je voudrais poser une question au ministre de
l'Industrie et du Commerce.
UNE VOIX : C'est le seul qui est ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas le choix.
Est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce pourrait nous dire
s'il est exact que le gouvernement du Québec a eu des pourparlers avec
une société américaine, du nom de Olin Kraft Inc., en vue
de l'implantation d'une usine de carton d'emballage dans la région de
Saint-Félicien?
Comme j'ai constaté, dans une édition d'un journal, que le
gouvernement avait considéré cette éventualité, le
ministre pourrait-il nous dire s'il a rencontré personnellement les
représentants de cette société, de même que les
autorités de la ville de Saint-Félicien ou le conseil
régional de développement de notre région?
M. SAINT-PIERRE: La forêt domaniale de Saint-Félicien est
une des dernières au Québec qui n'est pas exploitée,
transformée. Le gouvernement simplement pour faire un bref
historique avait déjà eu des propositions qui n'ont pas eu
de suites. La forêt était donc disponible. Il y a effectivement
eu, au cours des neuf ou dix derniers mois, des discussions, non pas uniquement
avec le groupe Olin Kraft, mais avec d'autres groupes qui avaient pu exprimer
un intérêt pour cette forêt.
La position du Québec a toujours été la même.
Nous tentons de rechercher dans ces discussions les avantages optimums tant
pour la région que pour l'ensemble du Québec, et
particulièrement nous cherchons une complémentarité entre
des intérêts étrangers qu'ils soient
américains ou autres et des intérêts
québécois qui avaient déjà dans l'exploitation de
cette forêt on pense aux scieries et autres complexes
intégrés des intérêts qui pourraient bien se
marier.
Il est exact qu'il y a eu des discussions avec la société
Olin Kraft. Des représentants des Terres et Forêts et de
l'Industrie et du Commerce ont participé à ces discussions. Il
serait faux de dire que les parties mutuellement sont arrivées à
des décisions. C'est uniquement au stade des pourparlers, et je pense
que le dossier évolue normalement pour tenter de définir de part
et d'autre tous les paramètres de participation et les garanties que les
deux parties à une telle entente pourraient tenter de rechercher.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président.
M. SAINT-PIERRE: Un élément que je voudrais ajouter, nous
avons également tenté de rechercher, dans l'accord, des
complémentarités pour des compagnies québécoises
qui seraient non seulement impliquées dans les scieries mais
également dans les pâtes et papier, qui auraient peut-être
pu trouver un élément de complémentarité avec les
intentions de la compagnie Olin Kraft.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président, en remerciant le ministre des explications qu'il nous a
fournies. Je voudrais lui demander s'il a pris connaissance des
déclarations des représentants de cette société
Olin Kraft disant qu'il n'avait pas été question d'implantation
d'une usine à Saint-Félicien. Le ministre vient de nous dire
qu'on poursuit des conversations; est-ce que, pour rassurer les citoyens de
notre région, il pourrait nous réaffirmer effectivement, à
l'heure actuelle, qu'on poursuit des consultations avec cette
société Olin Kraft ou si on a tourné les yeux vers une
autre société et, dans la négative, est-ce que le
gouvernement a l'intention d'ouvrir cette forêt domaniale à la
moyenne et à la petite industrie?
M. SAINT-PIERRE: Je devrais répondre dans l'affirmative dans les
deux cas; les discussions se poursuivent, les compagnies il faut bien
les comprendre dès qu'on n'a pas paraphé une entente
contractuelle, se refusent à parler d'implantation et je pense que,
effectivement, elles ont raison, mais dans ce cas-ci, je dois dire que les
discussions se poursuivent.
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que la Société
générale de financement a été partie aux
discussions, étant donné les intérêts de la
compagnie Donohue dans ce domaine? Et est-ce que les projets d'expansion de la
société Donohue au sein de la SGF peuvent être
affectés par la décision que pourraient prendre les
intéressés?
M. SAINT-PIERRE: Dès le début de janvier et même
à la fin de décembre, le nouveau président de la
Société générale de financement était
parfaitement au courant de l'évolution de ce dossier. Nous avons eu des
discussions pendant près d'une journée complète;
lui-même, à l'intérieur de la compagnie Donohue, a
réexaminé l'ensemble de leurs projets d'expansion, et face
à ceci, ils ont convenu que, dans l'intérêt de leur propre
compagnie, ils ne pouvaient pas présenter au gouvernement une offre pour
l'ensemble de l'exploitation de la forêt domaniale. Depuis ce temps, nous
avons et c'est dans le sens de mes paroles de tantôt
cherché cette complémentarité avec d'autres compagnies
intéressées à un projet peut-être plus vaste. Et
là, il serait intéressant de mentionner que la compagnie Olin
Kraft, différente de la compagnie Kruger, n'est pas
particulièrement intéressée dans la fabrication du papier
journal.
Ce n'est pas un de ces produits, alors que la compagnie Donohue n'est
pas particulièrement intéressée à autre chose que
du papier journal. Encore là je ne voudrais pas laisser entendre que
c'est uniquement la solution qui sera retenue, mais disons que c'est un facteur
qui a été constamment à l'esprit des représentants
du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous me permettrez une dernière
question additionnelle au ministre, sur ce sujet fort important. Est-ce que,
dans les discussions qui eurent lieu ou qui ont lieu actuellement avec cette
société Olin Kraft, il a été question de
subventions éventuelles du gouvernement du Québec, subventions
venant du gouvernement d'Ottawa ou du gouvernement du Québec, comme ce
fut le cas pour la société Kruger?
M. SAINT-PIERRE: Dans le contexte d'une réévaluation de
nos programmes de subventions à l'industrie, jusqu'ici il n'a pas
été question de subventions gouvernementales. Je pense que, du
côté de la compagnie, ce dont on parle le plus c'est de
connaître les cadres juridiques, les cadres financiers de l'exploitation.
Ce sont des questions aussi directes, pertinentes que les taux
d'électricité qui pourraient être applicables au complexe.
Pour obtenir le droit à la forêt domaniale, et mon collègue
des Terres et Forêts serait peut-être plus habilité que moi
à y répondre, quelles sont les garanties d'implantation qu'on
veut bien offrir?
Nous n'avons pas l'intention de donner une forêt à
quelqu'un qui ne s'engagerait pas dans un programme d'implantation très
précis. Il n'est pas question de donner une forêt à
quelqu'un qui pourrait investir uniquement dans l'an 2,025. Ce sont ces types
de discussion qui sont en cours pour les deux côtés, pour les deux
parties du contrat.
LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Droits miniers sous-marins
M. SAMSON: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre. On nous a annoncé dernièrement la tenue d'une
réunion des premiers ministres de l'Est concernant les droits miniers
sous-marins. Est-ce que le premier ministre est en mesure de nous dire si la
réunion a bien eu lieu et de faire rapport à cette Chambre?
Peut-il nous faire part également de nouvelles propositions?
M. LEVESQUE: En effet, M. le Président, la réunion a eu
lieu samedi dernier à Montréal. Nous avons eu deux séances
de travail, au cours desquelles nous avons convenu de l'opportunité de
la création d'une agence fédérale-provinciale qui
s'occuperait de l'administration des droits miniers sous-marins dans le golfe
et sur le plateau continental.
On se rappellera que lors d'une réunion à Ottawa, au mois
d'août 1972, le premier ministre fédéral, M. Trudeau, avait
convenu avec les premiers ministres des cinq provinces de l'Est que du fait
qu'on ne s'entendait pas sur la propriété de ces droits miniers
sous-marins et sur la juridiction, on mettrait de côté pour le
moment cette question et on aborderait directement et d'une façon
très pragmatique l'administration de ces droits.
Nous avons donc convenu que nous demanderions aux fonctionnaires de
préparer certaines propositions devant être soumises au premier
ministre éventuellement. II y a eu plusieurs réunions de
fonctionnaires, particulièrement du côté des provinces,
afin de préparer de telles propositions. A un moment donné, il
est normal que ces fonctionnaires reviennent aux premiers ministres
réunis. C'est ce qui s'est fait: nous avons pris connaissance de
diverses propositions préparées par les fonctionnaires et nous
avons eu des discussions à la suite de la connaissance de ces
documents.
Nous n'avons pas encore terminé. Il y aura une autre
réunion dont la date n'a pas été déterminée
mais disons qu'il y a certainement un consensus qui est en train de
s'établir, quoiqu'il reste encore certains problèmes qu'il faut
continuer d'étudier.
M. SAMSON: Est-ce que le ministre peut nous dire si, à l'occasion
de cette rencontre, des ministres du gouvernement fédéral
étaient présents? Le ministre peut-il nous dire si certains
seront présents à l'occasion des prochaines rencontres?
Concernant l'Agence fédérale-provinciale d'administration des
droits miniers sous-marins, cette agence d'administration sera-t-elle sous
l'autorité du fédéral ou sous l'autorité des
provinces concernées?
M. LEVESQUE: Il n'y avait pas de ministre fédéral
présent, même pas d'observateur fédéral
présent, parce qu'il s'agissait pour nous d'avoir une position commune
bien déterminée.
Lorsque nous aurons atteint ce stade, il sera possible d'avoir ou de
solliciter de nouvelles rencontres avec les autorités
fédérales.
Quant à l'agence fédérale-provinciale, elle serait
créée à la suite d'un accord entre le gouvernement
fédéral, d'une part, et les cinq provinces de l'Est, d'autre
part. Elle sera donc une création des deux niveaux de gouvernement.
LE PRESIDENT: Dernière question.
M. SAMSON: Le ministre nous dit que l'agence
fédérale-provinciale sera créée. Cela veut donc
dire qu'elle n'est pas créée. A quel moment prévoyez-vous
que cette agence pourra être créée?
M. LEVESQUE: Elle ne pourra pas être créée tant et
aussi longtemps que les provinces n'en seront pas arrivées à une
entente sur toutes les modalités et que le gouvernement
fédéral n'aura pas lui-même convenu d'accepter ces
modalités. Autrement dit, tant qu'il n'y aura pas un accord, d'abord
entre les provinces elles-mêmes et, ensuite, entre les cinq provinces de
l'Est et le gouvernement fédéral. A ce moment, on pourra
envisager la création d'une telle agence.
D'un autre côté, il y aura sans doute lieu, pour chacune
des provinces, de faire rapport à leur Assemblée nationale ou
à leur Législature. Evidemment, je suis rendu un peu plus loin
dans le calendrier des opérations.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Autosuffisance du Québec en capitaux
M. JORON: Ma question s'adresse au premier ministre. Elle découle
d'observations faites par le ministre de l'Industrie et du Commerce, il y a
quelques semaines, dans un discours traitant de l'autosuffisance du
Québec en matière de capitaux et, plus particulièrement,
quant aux observations que faisait le ministre a l'effet que, depuis quelques
années, le Québec exportait davantage de capitaux qu'il n'en
importait.
Je veux demander au premier ministre s'il a l'intention de
déposer sous peu le document du gouvernement du Québec,
intitulé "Les sources de l'épargne au Québec", sur lequel
se fondaient les observations du ministre. Est-ce que ce document sera
déposé bientôt?
M. BOURASSA: Probablement que nous aurons l'occasion d'en discuter au
conseil des ministres. Je voudrais rappeler au député de Gouin
que c'est une chose de dire qu'il y a autosuffisance de capitaux au
Québec, ce qui n'a jamais été sérieusement
contesté, mais qu'il y a suffisamment de capital de risques par rapport
au capital obligataire, c'est une tout autre question.
On a vu, dans les obligations d'épargne du Québec, la
facilité relative avec laquelle le gouvernement du Québec pouvait
faire souscrire nos obligations d'épargne. En toute occasion, nos
objectifs étaient largement dépassés. Mais de là
à trouver du capital de risque dans certaines industries, c'est une tout
autre question. C'est là que se pose la question de l'intervention du
capital étranger.
M. JORON: M. le Président, une question additionnelle. Est-ce que
l'éclairage nouveau que jette cette étude sur la situation
économique au Québec incitera le gouvernement à modifier
sa politique de sollicitation effrénée du capital
étranger? Est-ce que cela conduira le gouvernement davantage à se
préoccuper, comme le faisait remarquer le ministre de l'Industrie et du
Commerce, de trouver des mécanismes de contrôle interne pour
canaliser l'épargne québécoise et souvent l'empêcher
d'être exportée à l'étranger?
M. BOURASSA: M. le Président, je n'ai pas dit qu'il y avait un
éclairage nouveau. Je comprends qu'il est tôt, ce matin, et que le
député est peut-être un peu endormi. J'ai dit que la
question de l'autosuffisance n'était pas nouvelle mais que les
problèmes...
M. JORON: Ce n'est pas nouveau pour nous, cela fait trois ans qu'on vous
répète ça.
M. BOURASSA: ... étaient de trouver suffisamment de capital de
risque. On connaît les expériences du gouvernement du
Québec dans le domaine de Sidbec, dans le domaine de la
Société générale de financement. Alors, je pense
qu'il est normal, pour un gouvernement responsable, de manifester une prudence
élémentaire puisqu'il joue avec les deniers des contribuables
québécois.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président.
LE PRESIDENT: Question additionnelle.
M. LAURIN: Etant donné que le premier ministre a dit qu'il
soumettra la question au conseil des ministres, est-ce qu'il peut nous annoncer
quand il décidera de rendre public ou non ce rapport ainsi que le bilan
des négociations fédérales-provinciales que nous lui avons
demandé de rendre public depuis très longtemps?
M. LEVESQUE: M. le Président, quant au bilan, nous avons eu
l'occasion de répondre assez clairement aux questions qui ont
été posées en Chambre.
M. LESSARD: Ce sont des documents publics.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. LESSARD: Ce sont des documents publics et payés par les
deniers publics.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: Il y a bien des choses qui sont payées par...
M. LESSARD: Ils ne sont pas seulement pour vous autres, ces
documents.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Ils gardent tout en cachette, la justice aussi.
M. LEVESQUE: Alors, M. le Président, je vois que le
député de Saguenay ne veut pas entendre raison.
M. LESSARD: Le député de Saguenay veut avoir des
documents...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ... qui sont publics.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député de
Gaspé-Nord.
Arénas en Gaspésie
M. GAGNON: Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales.
Suite à la décision du ministre, je crois, son
prédécesseur, et à la décision de son
ministère et à celle de la Commission municipale d'autoriser la
construction de deux arénas à cinq milles de distance, soit
à Cap-Chat et Sainte-Anne-des-Monts, est-ce que le ministère a
pris l'engagement financier d'aider ces municipalités pour la
construction de ces arenas et l'entretien de celles-ci?
M. GOLDBLOOM: M. le Président, c'est un problème
épineux que j'étudie présentement. Certaines autorisations
ont été données. Certains problèmes se
présentent à cause de ces autorisations. J'ai parlé, il y
a quelques jours, avec le maire de Cap-Chat. Je dois rencontrer le maire de
Sainte-Anne-des-Monts soit ce soir, soit demain matin. J'espère que je
pourrai trouver une solution à ce problème.
M. GAGNON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Le ministre envisage-t-il apporter une contribution financière si les
projets sont réalisés par l'entremise de son
ministère?
M. GOLDBLOOM: Je pense, M. le Président, qu'il serait
prématuré pour moi de me prononcer sur cette question et ce
serait peut-être préjudiciable à la conversation que
j'aurai d'ici 24 heures au plus avec le maire de Sainte-Anne-des-Monts. Si le
député me le permet, je pourrai lui donner des renseignements
après cette conversation.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Lotbinière.
Grève à l'université de
Sherbrooke
M. BELAND: En l'absence du ministre de l'Education, j'adresserai ma
question à l'honorable premier ministre. Celui-ci a-t-il pris
connaissance qu'il y avait grève illégale présentement
à l'Université de Sherbrooke? Un document attesterait que lors du
vote on aurait voté à 455 contre et 351 pour. Les
étudiants feraient quand même la grève et la direction de
l'université les laisserait faire.
M. BOURASSA: M. le Président, je sais que le ministre de
l'Education doit arriver d'une minute à l'autre. Il était
à la conférence des ministres de l'Education, hier. Il doit
arriver pour le débat soulevé par le parti du
député. Je pense bien qu'à l'occasion du débat il
pourra répondre à la question.
M. SAMSON: C'est une question que nous posons.
M. BOURASSA: Oui, mais je suppose que si le débat est moindrement
d'actualité et pertinent, ce qui pourrait m'étonner de la part du
député...
M. SAMSON: Vous avez tellement de problèmes à
régler que nous avons d'autres choses à vous dire.
M. BOURASSA: Nous réglons tous les problèmes, M. le
Président, les uns après les autres !
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: Ne charriez pas trop!
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELAND: L'honorable premier ministre pourrait-il demander à
son ministre de l'Education de communiquer avec la direction de
l'Université de Sherbrooke, pour prendre connaissance de la
situation?
LE PRESIDENT: Une question additionnelle.
M. CHARRON: Le premier ministre accepterait-il de répondre au
député de Lotbinière qu'il n'y a pas de droit de
grève pour les étudiants, qu'il n'y a donc pas de
légalité ou d'illégalité de grève, mais que
les grèves d'étudiants arrivent lorsqu'un mauvais gouvernement
administre mal ce secteur et qu'elles sont spontanées?
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Je comprends que le député a mangé une
claque en fin de semaine au congrès du Parti
québécois.
LE PRESIDENT: Question additionnelle, l'honorable député
de Richmond.
M. BROCHU: Est-ce que le premier ministre pourrait également
demander au ministre de l'Education ou aux organismes responsables de
s'enquérir aussi auprès des étudiants de ce qui se passe
vraiment? Les rapports qui nous parviennent nous mentionnent que les
étudiants sont également écoeurés de la situation,
parce qu'on semble manipuler différents groupes à ce niveau par
des moyens de pression.
Est-ce que le premier ministre pourrait étendre une certaine
enquête de ce côté afin de faire le ménage qui
s'impose et de laisser la paix aux étudiants?
LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie?
Chantiers maritimes
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ma question s'adresse au premier ministre.
Est-ce qu'il pourrait nous dire s'il va donner son appui au front commun des
employeurs et des syndicats des chantiers maritimes qui réclament de la
part du gouvernement fédéral la création d'une marine
marchande? J'espère que le premier ministre est au courant...
M. BOURASSA: Ce n'est pas un problème entièrement nouveau,
la création d'une marine marchande. On connaît l'aide
considérable qu'ont déjà reçue les chantiers
maritimes du Canada de la part du gouvernement fédéral, aide qui
a été...
M. CHARRON: Un mois avant les élections.
M. BOURASSA: ... réduite et par la suite augmentée. Je
pense que la proposition qui a été faite n'est certainement pas
contraire aux objectifs du gouvernement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire. J'ai
demandé au premier ministre s'il allait donner son appui à ce
front commun. Est-ce que, dans la réponse du premier ministre, je dois
comprendre qu'il appuie le front commun, qu'il veut demander au
fédéral une véritable politique de construction navale?
Est-ce que j'ai bien compris sa réponse?
M. BOURASSA: Je ne suis pas au courant de la façon dont s'est
formé ce front commun. Je me souviens d'avoir lu très
brièvement quelque chose là-dessus, et avant d'engager le poids
du gouvernement, je voudrais avoir plus de détails sur l'existence
même de ce front commun.
LE PRESIDENT: Une dernière question supplémentaire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Quand le premier ministre va-t-il pouvoir
nous répondre sur cette question?
M. LESSARD: Comme d'habitude, jamais. M. BOURASSA: Demain ou mardi
prochain.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Maskinongé.
Jus d'orange
M. PAUL: J'aurais une question juteuse à poser à mon
honorable ami le ministre des Institutions financières. Selon une
étude présentée par l'IPIC, l'Institut de protection des
intérêts du consommateur, huit marques commerciales de jus
d'orange sur un éventail de 17 ne répondraient pas aux normes
gouvernementales quant à la quantité et quant à la
qualité.
Qu'entend faire le gouvernement pour obliger le fabricant de ces
produits à respecter les normes? Deuxième question, le ministre
ne convient-il pas qu'il est temps de protéger le consommateur contre
les abus des fabricants et plus particulièrement les fabricants de
certains produits alimentaires?
M. TETLEY: Je n'ai pas compris exactement la deuxième question.
Peut-être ne l'ai-je pas comprise du tout.
M. PAUL: Quant à la réponse, ça ne changera pas
grand-chose.
M. TETLEY: C'est une drôle de question, si elle n'est pas un peu
folle. M. le Président, j'ai vu le directeur de l'IPIC hier, j'ai
même pris le petit déjeuner avec lui.
M. PAUL: Est-ce que les consommations venaient...
M. TETLEY : Exactement.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. TETLEY: Et vous me volez ma farce!
M. PAUL: Est-ce que les consommations venaient des magasins d'alcool du
ministre de l'Education?
M. TETLEY: On a pris du jus d'orange tout simplement et nous avons
même parlé du problème. J'espère avoir un rapport
pour l'honorable député de Maskinongé d'ici peu; il a
vraiment touché un problème important. Il y a aussi cette
question qui peut intéresser le député de
Maskinongé de près, les eaux gazeuses qui viennent de France.
C'est un autre problème dont l'IPIC s'est occupée. Moins d'eau
gazeuse pour le député de Maskinongé.
M. PAUL: Vous pouvez répéter cela?
M. TETLEY: L'IPIC, qui a reçu une subvention du gouvernement du
Québec et de mon ministère, a fait un travail remarquable
à cet effet, si bon, en effet, au sujet du fluor qui se trouve dans ces
eaux minérales, qu'une délégation est venue de
l'étranger afin de revendre toutes ces bouteilles aux
Québécois qui, depuis quelque temps, ne les achètent pas.
J'aurai peut-être un rapport à ce sujet pour le
député de Maskinongé bientôt.
M. PAUL: Une question additionnelle, M. le Président. Comme le
ministre semble très bien renseigné sur le sujet, peut-il nous
dire si une entente est intervenue quant à des normes de taxation de la
part du ministère du Revenu, concernant la quantité de gaz que
l'on retrouve à l'état naturel dans ces eaux?
M. TETLEY: Je prends note de la question; je vais référer
au grand expert du gaz, le député de Maskinongé, toutes
réponses avant de les donner à la Chambre.
LE PRESIDENT: Deux dernières questions; l'honorable
député de Beauce et l'honorable député de
Lafontaine.
Développement économique du
Québec
M. ROY (Beauce): M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable premier ministre. J'espère qu'il n'est pas trop tôt et
qu'il est bien réveillé afin de nous donner des réponses
précises. Nous avons appris que le ministre fédéral de
l'Expansion économique, M. Don Jamieson, attend du gouvernement actuel
qu'il lui remette un plan d'ensemble de développement économique
pour le Québec. Est-ce que, effectivement, le premier ministre peut nous
dire s'il a reçu une telle demande de la part du ministre de l'Expansion
économique régionale, d'une part; deuxièmement, est-ce que
le premier ministre peut nous dire si le plan du Québec a
été effectivement préparé; troisièmement,
est-ce que le gouvernement a eu des pourparlers récents concernant la
mise en application de ce plan?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai oublié la
première partie de la question. Une rencontre avec le ministre de
l'Expansion économique régionale est prévue dans quelques
jours. C'est le ministre des Affaires intergouvernementales qui
représentera le gouvernement, mais il est très probable que
j'assisterai également à la réunion.
M. ROY (Beauce): La première partie de ma question était
pour savoir si, effectivement, le gouvernement du Québec avait
reçu une telle demande officielle de la part du gouvernement
fédéral.
M. BOURASSA: D'une rencontre? Oui.
M. ROY (Beauce): Vous l'avez reçue. Deuxièmement, est-ce
que le gouvernement du Québec a préparé un plan d'ensemble
pour être soumis à l'occasion de la prochaine rencontre qui doit
avoir lieu avec le gouvernement fédéral à ce sujet et
est-ce que le premier ministre peut nous dire à quelle date
précise cette rencontre aura lieu?
M. BOURASSA: M. le Président, il y a une demande d'une rencontre.
Je ne puis dire s'il y a eu de la même façon une demande formelle
d'un plan. De toute manière, le gouvernement du Québec travaille
présentement à ce plan.
D'ailleurs, le ministre de l'Industrie et du Commerce l'avait
exprimé publiquement dans une interview à un journaliste, ce sera
certainement l'un des objets de la rencontre avec M. Jamieson.
LE PRESIDENT: Le député de Lafontaine.
Village olympique de Montréal
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
responsable de l'environnement. Est-ce que le ministre a obtenu l'assurance de
la ville de Montréal que le village olympique ne sera pas construit
à même le golf municipal? Deuxièmement, est-ce que le
ministre a les moyens maintenant, avec le bill 34, d'empêcher la
disparition d'un autre espace vert à Montréal? On sait que la
norme de Montréal est très inférieure à celle des
autres villes, concernant les espaces verts.
M. GOLDBLOOM: A la première question, M. le Président, je
dois répondre que non. Je n'ai pas eu de communication de la part de la
ville de Montréal quant à ses projets pour la construction d'un
village olympique.
Il y a un plan d'ensemble d'aménagement du territoire de
l'île de Montréal qui a été préparé
par la Communauté urbaine selon les exigences de la loi constitutive de
cet organisme. Ce plan doit être rendu public en 1973. Il est prêt
apparemment. Il confirme ce que le député vient d'affirmer et que
tout le monde sait au sujet de la proportion des espaces verts sur l'île
de Montréal. Je ne parlerai pas de la proportion de tous les espaces
libres, mais la proportion des espaces verts disponibles à la population
est faible en comparaison avec la plupart des grandes villes de
l'Amérique du Nord et de l'Europe.
Il y a donc un projet de développer des espaces verts. Pour ma
part, je ne voudrais pas qu'il en disparaisse entre-temps. Je n'ai pas
l'intention de permettre que des espaces verts disparaissent sans les
meilleures raisons possible.
M. LEGER : Une dernière question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre peut nous assurer qu'il communiquera
avec les autorités de la ville de Montréal, avant que la
décision soit prise de bâtir le village olympique sur le
golf municipal? Y aura-t-il une entente bien précise pour
protéger ces espaces verts dans l'est de Montréal?
M. GOLDBLOOM: Oui, M. le Président. J'ai l'intention d'en
discuter avec les autorités de la ville de Montréal. J'en ai
discuté déjà avec la Société d'habitation du
Québec, qui serait impliquée dans tout projet de construction
d'habitations à loyer modique qui serviraient au départ, selon
une idée qui a été lancée, comme village olympique
et qui demeureraient en permanence à l'avantage de la population par la
suite.
J'ai discuté précisément de cette question avec la
Société d'habitation du Québec, pour que les espaces verts
soient protégés et j'ai l'intention d'en discuter avec le maire
de Montréal.
Motion de blâme
LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Messieurs, nous avons au feuilleton aujourd'hui une motion
privilégiée de censure du Ralliement créditiste. Il y a eu
conférence des leaders parlementaires avant le début de la
séance et le temps de parole convenu entre chacun des partis est le
suivant: Le parti qui soumet cette motion de censure, le Ralliement
créditiste, disposera de 40 minutes de débat; l'Union Nationale,
15 minutes; le Parti québécois, 15 minutes et le parti
ministériel, 45 minutes.
Il est convenu qu'il y aura un droit de réplique de cinq minutes
à la fin inclus dans les 40 minutes.
Ainsi, nous pourrons prendre le vote sur cette motion de censure
quelques minutes avant treize heures ou une heure, avant la suspension des
travaux.
Question de privilège
LE PRESIDENT: Quant à la décision que je dois rendre
aujourd'hui sur la recevabilité de la question de privilège du
député de Maisonneuve, vous comprendrez que je n'ai pas eu
tellement de temps depuis hier, mais j'ai déjà prévenu les
leaders que je rendrai ma décision dans le courant de la séance,
probablement cet après-midi à la reprise des travaux,
après le déjeuner. J'aviserai les leaders en conséquence
du moment où je rendrai cette décision.
L'honorable député de Richmond.
M. PAUL: M. le Président, pour la bonne marche des travaux de la
Chambre, est-ce que le leader du gouvernement peut nous confirmer s'il y a
séance de la commission de l'industrie et du commerce ce matin pour
l'étude de la loi concernant le pain?
M. LEVESQUE: Oui, M. le Président, je l'avais dit hier en
Chambre. Je peux le répéter pour ceux qui n'y étaient pas
et je n'inclus pas le député de Maskinongé,
évidemment, toujours présent.
M. PAUL: Toujours présent.
M. BOURASSA: Toujours assidu.
M. LEVESQUE: Il y aura immédiatement, au salon rouge,
réunion de la commission parlementaire de l'industrie et du commerce
pour l'étude de ce projet de loi qui a trait au commerce du pain.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
Motion de M. Brochu sur l'éducation
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: M. le Président, tout d'abord j'aimerais mentionner
que ce n'est pas par plaisir que j'ai inscrit cette motion au feuilleton en
matière d'éducation. J'aurais, de beaucoup,
préféré que la situation soit réglée au
Québec soit au niveau du corps professoral, soit au niveau des
élèves, soit au niveau de la satisfaction des parents, au niveau
des CEGEP, au niveau des universités, à celui de nos
écoles élémentaires et de nos écoles secondaires,
au niveau aussi des administrations.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. BROCHU: M. le Président, j'aurais aimé que le ministre
soit ici ce matin, peut-être va-t-il arriver...
M. BOURASSA: Dans quelques secondes.
M. BROCHU: Dans quelques secondes, d'accord.
M. LEVESQUE: Faites des généralités, faites une
entrée en matière.
M. BROCHU: J'ai tenté de démontrer plusieurs fois au
ministre...
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. BROCHU: M. le Président, pourriez-vous rappeler à
l'ordre le premier ministre et le leader du gouvernement?
M. BOURASSA: Faites l'éloge du gouvernement.
M. BROCHU: J'ai tenté plusieurs fois de démontrer au
ministre l'absurde de la situation actuelle de l'éducation. Je pense
qu'il n'a pas
compris et c'est ce qui m'a obligé à inscrire cette motion
au feuilleton. La motion se lit comme suit: "Cette Assemblée est d'avis
que le gouvernement, devant les malaises croissants en éducation, doit
être blâmé pour avoir négligé d'adopter des
mesures préventives et de ne pas avoir pris les dispositions
adéquates dans le but de corriger la situation et d'avoir refusé
de donner à la population du Québec un système
d'éducation conforme à ses aspirations".
On a décrit au ministre, autant de fois qu'il a été
possible, les situations qui prévalaient aux différents paliers
de l'administration scolaire comme dans les écoles. On n'a pas
semblé donner suite à nos remarques; donc, aujourd'hui, je
prendrai un autre mode d'approche que le ministre sera peut-être en
mesure de comprendre s'il n'a pas pu se rendre dans le champ d'activité
concerné et constater par lui-même les problèmes qui
existent. J'ai donc choisi le mode analytique. Non seulement je toucherai les
choses qui ne vont pas, par incidence, mais je tenterai de remonter aux causes
de ce qui ne fonctionne pas dans l'ensemble du système
d'éducation actuel en partant de la bureaucratisation à outrance
et de ses conséquences immédiates à l'intérieur du
ministère comme au niveau des instances décentralisées, du
contrôle excessif que s'est donné, au cours des années, le
ministère de l'Education au niveau secondaire et au niveau
élémentaire, le contrôle trop large que le ministère
a permis au niveau collégial, au niveau des CEGEP; les
conséquences de ces facteurs.
Egalement, j'ai bien l'intention aussi de souligner au ministre les
remèdes qu'il pourrait apporter à ces situations. S'il ne les
apporte pas, j'exposerai ce que nous avons l'intention de faire lorsque nous
pourrons occuper son fauteuil.
Au niveau de la bureaucratisation, je pense qu'il convient de bien
montrer d'abord le portrait d'ensemble du ministère de l'Education. Il y
a deux grands pôles d'attraction: premièrement, les structures
inférieures ou les instances décentralisées,
c'est-à-dire tout le réseau scolaire et, d'autre part, les
structures supérieures, soit le ministère de l'Education comme
tel.
Pour mieux comprendre ce qu'est une organisation bureaucratique, je n'ai
pas cherché ailleurs une définition. Je suis allé la
chercher au ministère de l'Education, dans le rapport du Conseil
supérieur de l'éducation de 1966-1967, à la page 37:
"L'organisation bureaucratique se caractérise, entre autres, par une
structure d'autorité hiérarchique et impersonnelle dont le
mécanisme de fonctionnement obéit à des règles
précises, par l'exercice d'un contrôle sur toutes les personnes
qui participent à la poursuite de son objectif, par une
spécialisation des tâches et par une standardisation des
méthodes de travail." Description générale sur laquelle
j'aurai l'occasion de revenir au cours de mon exposé.
Le souverain règne de ces bureaucrates ou de la bureaucratisation
anormale qui existe au sein du ministère a comme principale
conséquence de provoquer une espèce de parabureaucratisation qui
se propage et se fait sentir dans toutes les parties de l'ensemble du
système, y compris même chez les professeurs, les administrateurs
scolaires et les élèves.
Le système lui-même crée donc ainsi une
espèce de cité faussement humaine, des corridors étroits
et sans issue où à peu près personne ne se sent à
l'aise, ni heureux, sauf ceux qui aiment voir la confusion régner.
Heureusement, ceux-là ne sont pas nombreux, mais, avec le ministre
actuel et avec le gouvernement actuel, ce sont eux qui ont gain de cause. On
peut s'en rendre compte aussi par les événements qui se passent
à l'université de Sherbrooke. Je l'ai souligné tout
à l'heure, lors de la période des questions. J'ai aussi des
informations de la part d'amis étudiants qui sont encore à
l'université. On essaie de leur bourrer le crâne et des petits
groupes d'agitateurs viennent leur imposer une grève et jouer sur les
mots au niveau de la publicité pour embarquer tout le monde.
En somme, cette bureaucratisation du ministère paralyse le
réseau scolaire lui-même dans son entier. Aux administrateurs
scolaires, aux commissaires et aux autres responsables à ce niveau, on
crée des situations intenables, inhumaines et contraires à toute
règle élémentaire d'administration, en les chargeant de
lourdes responsabilités, mais en ne leur donnant pas les pouvoirs
correspondants, surtout aux niveaux élémentaire et secondaire,
comme j'aurai l'occasion de l'expliquer en détail un peu plus loin.
Pour ce qui est des professeurs, on diminue leur degré de
motivation parce qu'ils se sentent, eux aussi, fonctionnarisés. On en
fait des fonctionnaires qui n'ont plus la possibilité de devenir les
outils premiers d'une éducation de qualité en vue d'une vraie
formation de l'élève. D'ailleurs, les professeurs n'ont
même pas la latitude suffisante pour participer au processus
décisionnel, même sur des points qui les concernent directement,
comme celui de la formation des maîtres, par exemple. Les premiers
intéressés sont mis de côté. Comment voulez-vous
qu'ils soient motivés?
Quant aux élèves, on peut même se demander je
trouve donc dommage que le ministre ne soit pas présent; combien de fois
lui ai-je souligné cet aspect ce qu'ils vont faire dans cette
galère. Non seulement on ne les respecte pas, non seulement ils
deviennent de plus en plus des jouets de cette machine bureaucratique, non
seulement on semble oublier que tout ce système doit avoir comme but
ultime la formation humaine, scientifique et morale de l'individu, mais on peut
même se demander si les étudiants ne seraient pas de trop dans ce
portrait, tellement on semble subordonner la fin aux moyens en matière
d'éducation au Québec, tellement on semble faire en sorte que
l'élève se façonne, lui, en fonction des structu-
res plutôt que de créer des structures en fonction de
l'élève via les buts véritables de l'éducation.
En ce qui concerne les parents, c'est assez difficile d'en parler, parce
qu'on est pratiquement assuré que, pour le ministère, ils sont
passablement loin dans le paysage. On veut les écarter au maximum, comme
si de droit, ce n'étaient pas eux les premiers responsables en
matière d'éducation. A leurs suggestions comme à leurs
critiques, on fait la sourde oreille. Leurs nombreuses lettres de grief
adressées au ministère sur ce qui se passe actuellement dans nos
écoles vont probablement s'empiler autour des trop nombreux rapports des
commissions d'enquête demandées par le gouvernement pour sauver la
face dans les situations difficiles. Après tout, ce ne sont que les
parents des enfants. Le ministère semble dire: De quoi se
mêlent-ils?
Dans l'ensemble, cette sèche bureaucratisation
déshumanisante se fait sentir à tous les niveaux du secteur
scolaire, à partir du fonctionnaire jusqu'à l'élève
et voire même aux parents.
D'ailleurs, cette bureaucratie finit par comporter beaucoup de mythes
d'un côté et, par ailleurs, de bien tristes réalités
car tout pouvoir public évoque des représentations plus ou moins
mythiques, c'est-à-dire un aspect mystérieux pour les
administrés et même pour les propres employés du
système d'éducation. Ceci vient d'un manque d'information et de
connaissances rationnelles du fonctionnement de tout l'appareil.
Les effets premiers de ceci sont de cinq ordres: premièrement,
une certaine persistance de l'obscurité du système
lui-même; deuxièmement, l'anonymat du système, anonymat
consacré; troisièmement, une espèce de déification
du pouvoir public; quatrièmement, la peur du changement de la part du
ministère; cinquièmement, une espèce de
développement tentaculaire autoproteçteur de la part du
ministère pour essayer de pallier les difficultés qu'il
rencontre.
Je regrette énormément que le ministre ne soit pas ici
parce que cette critique, je l'ai voulue détaillée pour lui
démontrer ce qui se passe chez lui, car j'ai bien l'impression que le
ministre n'est même pas au courant des structures de son ministère
et de ce qui se passe à l'intérieur des structures chez lui.
C'est pour cela que je regrette de ne pas avoir le ministre en face de moi.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Une question de
règlement.
M. CHARRON: Une question de règlement. Je rappellerai que cette
très intéressante motion n'a même pas su attirer le quorum
de l'Assemblée nationale.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Qu'on appelle les
députés. Le député de Richmond.
M. BROCHU: Alors, M. le Président, dans les conséquences
de cette bureaucratisation à outrance, il y a premièrement, la
question de la persistance de l'obscurité. Il est facile de comprendre
cette persistance. Il suffit simplement de voir comment plusieurs usagers du
ministère de l'Education sont tout simplement désorientés
quand vient le moment de trouver l'information désirée ou de
retracer un interlocuteur valable. Cela n'est pas uniquement de la part de ceux
qui viennent au ministère pour essayer d'avoir des informations, c'est
de la part même des fonctionnaires qui sont à l'intérieur
du ministère et qui essaient d'avoir une information d'un autre secteur
d'activité. On les renvoie d'un endroit à l'autre et souvent, de
guerre lasse, ils abandonnent leurs démarches faute d'indications
appropriées. Ceci est dû à ce que le ministère ne
dispose pas d'un service de renseignements au public vraiment adéquat.
D'ailleurs, il n'existe pas non plus pour le personnel même du
ministère et il n'existe pas de manuel d'information
générale sur les rouages internes du ministère.
D'où cet aspect mystérieux et cette espèce
d'obscurité qui continue à régner de sorte que
l'efficacité se retrouve nulle part à l'intérieur du
ministère.
D'une façon générale, disons également que
les professionnels et les administrateurs ignorent la plupart des textes
réglementaires émanant des divers organismes centraux du fait
qu'il n'y a pas, non plus, de classification intégrée qui
réunisse ces textes et les codifie sous une terminologie
standardisée pour tout le monde. L'obscurité se renforce
d'ailleurs à l'intérieur même des structures par la
prolifération, la dispersion et le cloisonnement des services. Une
impression d'hermétisme et de silence administratif émerge de
cette superposition et de cette différenciation horizontales
d'unités. En définitive, il devient alors passablement difficile
de concevoir une coordination possible entre les ministères
lorsqu'à l'intérieur même d'un ministère les
services sont portés à s'ignorer et, bien souvent, à
s'opposer.
M. le Président, encore une fois je regrette que le ministre ne
soit pas là. Il y a des faits qu'il semble ignorer parce qu'on lui a
décrit à maintes et maintes reprises les conséquences de
ces situations. Il n'a pas réagi puisque la situation non seulement n'a
pas changé, mais a continué encore à s'empirer.
Une deuxième conséquence de cette bureaucratisation
à outrance sèchement inhumaine, c'est une espèce
d'anonymat. Il est facile de comprendre cet anonymat parce que la plupart des
éléments humains oeuvrant dans le système se sentent
frustrés par cette bureaucratisation du système éducatif.
C'est d'ailleurs dans le secteur du personnel de soutien que le problème
est ressenti encore avec le plus d'accentuation.
Une troisième conséquence est la déification du
pouvoir. Lorsque je parle de cette déification, je veux dire simplement
que la centralisation du pouvoir autour du ministre et de ses
premiers lieutenants crée, dans le reste de la pyramide, des
relations de dépendance des autres vis-à-vis des premiers et la
surcentralisation des pouvoirs au niveau du secondaire, au niveau de
l'autorité centrale, tue l'initiative personnelle chez les
éléments valables du système.
C'est donc une espèce de paternalisme qui est, à mon sens,
poussiéreusement dépassé. Les corps intermédiaires,
les professeurs de l'élémentaire et du secondaire, les parents
mentionnent, d'ailleurs avec raison, qu'il n'existe, pour eux, qu'un simulacre
de participation.
On a bien tenté de dire: Ne soyez pas inquiets. Nous vous donnons
les mécanismes nécessaires pour une participation. Mais tout le
monde est d'accord, aujourd'hui, pour dire: Ce n'est qu'un simulacre, ce n'est
qu'un coup de théâtre et, dans le fond, tout est
décidé unilatéralement d'en haut, alors que le
système en vient à ne rendre justice ou service à
personne.
Comment peut-on penser que les professeurs, les parents, les
administrateurs scolaires des instances décentralisées pourront
participer aux décisions, alors que les professionnels du
ministère, eux-mêmes, sont ignorés ou n'ont que très
peu de latitude pour agir dans le système actuel?
Le mode de répartition des pouvoirs fait que nous retrouvons
toujours les mêmes têtes autour des mêmes tables de
décision, de sorte qu'on en arrive à changer très peu de
choses, sinon à s'autosuffire et à s'autoprotéger. A vrai
dire, ce n'est plus tout à fait le bien commun qui compte, ni la
compétence, mais plutôt le statut personnel professionnel dans les
échelons. Donc, c'est la guerre des clochers à l'intérieur
du ministère, parce que les gens, n'étant pas motivés,
n'ayant pas le pouvoir inhérent à leurs responsabilités,
dans chacun de leurs services, jouent plutôt aux postes. On a la
postomanie, c'est-à-dire qu'il reste simplement une chose à
s'occuper; monter dans l'échelon parce qu'on sait que, de toute
façon, au niveau du ministère, on ne sert pas à
grand-chose.
Une quatrième conséquence de cette bureaucratisation,
c'est les traditions sauvegardées et le peu de changements au
ministère. Devant une situation comme cela, que se produit-il? Un
mécanisme d'autodéfense. On ne veut pas changer. Il devient
évident, dans toute cette situation confuse, impersonnelle et
cloisonnée, pour ne pas dire close, que le ministère se replie
sur lui-même dans une attitude d'autodéfense dont le ministre
lui-même, comme ceux qui l'ont précédé, n'est pas
exempt. Alors, face à une situation de plus en plus intenable, le
ministre et ses grands penseurs veulent faire des réformes. Ils en font
à la pochetée, n'importe quand, n'importe où, n'importe
comment, sauf là où ils devraient faire la première de
toutes, c'est-à-dire dans leur maison, chez eux, au ministère de
l'Education.
C'est ni plus ni moins encore là, je regrette que le
ministre de l'Education ne soit pas là, car il aurait compris de
la projection. Le ministre connaît cela, c'est un psychiatre. C'est de la
projection. C'est le gars qui n'est pas fin, qui voit des pas fins tout autour.
C'est à peu près cela. Le ministère de l'Education a fait
des réformes à la pochetée avant d'en faire chez lui. Il a
accusé tout le monde de tous les péchés d'Israël, en
mettant toute la responsabilité sur le dos des autres, alors que
c'était lui le premier responsable.
D'ailleurs, combien de fois ai-je dit au ministre, M. le
Président, de d'abord faire le ménage chez lui avant de penser
à le faire chez le voisin? Combien de fois lui ai-je donné
l'exemple de la poutre et de la paille? Combien de fois ai-je dit au ministre
que, lorsque le ministère est malade, ce n'est pas le temps, pour lui,
de penser à soigner qui que ce soit?
Cependant, je veux bien nuancer ici. Je ne tiens pas le ministre actuel
responsable de tous les péchés d'Israël en matière
d'éducation, car il y a eu d'autres ministres avant lui. D'ailleurs,
même s'il avait voulu institutionnaliser toutes ces erreurs à lui
seul, avec la meilleure volonté du monde, il n'en serait pas venu
à bout. Il a, en effet, fallu plusieurs années pour arriver
à la désintégration que nous connaissons du système
scolaire.
Ce que je reproche d'abord au responsable, au ministre en titre, c'est
d'avoir répété la même erreur que les derniers
ministres de l'Education précédents, pas les premiers, parce que
M. Gérin-Lajoie et la "poutine", ont provoqué l'erreur et les
autres l'ont répétée. Ce dont je blâme le
gouvernement et le ministre, actuellement, c'est d'être tombés
dans le même panneau pourtant, c'est un homme que je
conçois comme très intelligent que les derniers ministres
de l'Education, c'est-à-dire de ne pas avoir d'abord pris le temps
d'analyser, à son arrivée cela ne pressait pas pour
adopter un paquet de lois comme ils l'ont fait la structure même
de son ministère, pour y appliquer de façon satisfaisante les
principes modernes du "management" et des relations humaines.
Sans cette analyse et une action concrète urgente, il est facile
de comprendre que le problème va toujours en s'aggravant, de sorte
qu'une cinquième conséquence de toute cette bureaucratisation
sèchement cloisonnée est l'expansion sans fin de cette
bureaucratisation, avec une prolifération des services et
également du personnel, avec souvent une duplication et même une
quadruplation de chevauchements de services dans certaines divisions, telles
que le financement, l'équipement, les études, la recherche,
etc.
Au surplus, il faut compter une dizaine d'organismes centraux qui
n'existent que pour surveiller et vérifier l'action
ministérielle. Le Service du contrôleur de la trésorerie,
entre autres, dispose à lui seul d'environ 75 personnes exclusivement
concernées par la comptabilité du ministère.
Il y a double emploi avec des organismes centraux ou des services
administratifs parallèles tels que le service d'approvisionnement, le
service du personnel, l'administration financière, l'informatique, la
coopération avec l'extérieur, etc. C'est pour ces raisons que
j'aurais aimé que le ministre soit ici ce matin. J'avais tellement de
choses à lui apprendre sur ce qui se passe dans sa propre maison. Nous
avons tellement de choses â lui apprendre sur la structure même de
son organisme ministériel.
Disons enfin que le ministère a tenté, à un moment
donné, d'opérer une certaine décentralisation en
instaurant des bureaux régionaux qui sont en fait des répliques
ou des miniministères de l'Education dans les différentes
régions. Cette décentralisation n'est pas facile sur le plan
théorique et s'est avérée quasiment impossible sur le plan
pratique. Elle s'est avérée impossible parce qu'on ne leur a pas
donné les pouvoirs nécessaires pour être capables d'agir
normalement. C'est donc principalement au niveau des moyens,
c'est-à-dire au niveau opérationnel, que bloquent toutes les
belles idées d'éducation qu'on devrait vouloir actualiser au
Québec pour réussir à réaliser les vrais buts de
l'éducation, comme on le crie au ministre depuis que nous sommes
arrivés ici en Chambre. Il faut respecter surtout le voeu des parents,
la fonction pédagogique et humaine des enseignants, la nature de
l'élève, ses capacités d'apprentissage, les
administrateurs et les instances décentralisées par une remise
à ce niveau des pouvoirs équivalents à leurs
responsabilités, le tout en ne perdant jamais de vue les objectifs
fondamentaux du ministère de l'Education.
Et c'est encore pour ça que j'aurais aimé que le ministre
soit ici. Non seulement je lui décris son système
d'éducation, je lui en souligne les failles, mais je lui dis comment
faire pour que ça aille bien. Je pense que dans ma motion de blâme
je démontre une coopération assez large pour que le ministre se
donne la peine d'être présent à l'Assemblée
nationale ce matin.
C'est peut-être aussi à ce niveau opérationnel des
moyens que se situe la faiblesse du ministre actuel, face à ce qui se
passe dans nos écoles et à son inaction pour rétablir
l'équilibre. J'ai l'impression que le ministre se situe en plein coeur
du drame classique où le héros est déchiré entre
l'amour et le devoir.
D'un côté, il y a le psychiatre, l'homme qui vous
écoute et qui doit certes connaître les besoins d'humaniser nos
écoles, non seulement dans les mots. Mais, de l'autre côté,
il y a également le ministre avec une surcentralisation de pouvoirs
embarrassants pour lui, parce que ce n'est pas leur place entre ses mains.
Et il se retrouve face à une très vaste structure devenue
inhumaine, sectorisée, sans communication et démunie de ses vrais
moyens, soit son premier collaborateur, le ministère de l'Education, Le
ministre est donc devenu comme un ingénieur d'un grand projet de
construction qui aurait dans son bureau tous les outils nécessaires aux
ouvriers pour réaliser une entreprise. Comme un ingénieur qui
aurait dans ses édifices et dans ses bureaux les pelles, les marteaux,
les clous, les brouettes, les béliers mécaniques, tout l'ensemble
des outils dont les ouvriers auraient besoin pour réaliser le projet.
Qu'est-ce qui arrive? Il y a malfonctionnement, le projet est automatiquement
à plus ou moins brève échéance jeté par
terre. C'est ce que les créditistes s'évertuent à dire au
ministre depuis qu'ils sont arrivés en cette Chambre. Et son inaction
nous a démontré qu'il n'avait rien compris dans la situation ou
qu'il s'était laissé entraîner dans le même sillon
que les ministres précédents.
M. VEILLEUX: Cela prend un réseau d'inspecteurs
d'écoles.
M. BROCHU: M. le Président, je suis obligé de demander le
quorum.
Pourriez-vous en même temps demander au député de
Saint-Jean de continuer à se chercher du travail? Il était parti
depuis quelques jours pour se chercher du travail.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Il y a quorum maintenant.
M, BROCHU: Je décris le ministre comme étant cet
ingénieur qui aurait en sa possession tous les outils dont ses ouvriers
auraient besoin. Mais, avant d'aller plus loin, j'aimerais donner une
définition du rôle du ministre et à cet effet me servir du
rapport de la commission Glassco.
Le principe qu'un ministre ne doit pas nécessairement être
un administrateur chevronné est admis depuis longtemps. Au contraire, il
ne doit pas se laisser entrafner trop dans l'engrenage administratif, sauf dans
les cas d'urgence. En tant que membre d'un cabinet, il a pour tâche
principale d'exprimer et de faire valoir le point de vue collectif, de
rapprocher et de concilier les points de vue, les aspirations et les
intérêts qu'explique le public par voie également publique
et de fournir au gouvernement les bases d'une action politique essentiellement
homogène.
En tant que chef d'un ministère, le ministre a pour fonctions de
déterminer les objectifs à atteindre et d'insuffler dans son
administration la volonté de les réaliser avec empressement.
Lorsque ce stimulant fait défaut, les fonctionnaires qui n'ont pas
à subir les conséquences politiques de leur comportement risquent
de s'enliser dans l'apathie et la suffisance et de perdre le souci de bien
servir le public et de s'opposer à toutes mesures de réforme chez
eux.
Donc, M. le Président, à partir de cette
définition, on se rend compte que le ministre non plus n'a pas pris le
recul nécessaire pour éviter de tomber dans le piège des
autres ministres de l'Education et de tomber lui aussi dans le fonctionnarisme.
Règle générale, il
semble que les politiciens, du moins les politiciens traditionnels qu'on
a connus à venir jusqu'à maintenant, soient beaucoup trop
accaparés par l'adjudication de contrats et d'engagements par la
signature de simple emploi ou différentes choses comme cela plutôt
que par les objectifs fondamentaux, l'analyse "managérielle" d'une
structure aussi importante que le ministère de l'Education.
Lorsqu'on parle de politisation, on ne peut non plus manquer de se
heurter à un sujet assez épineux et qui ressemble d'une
façon plus ou moins évidente à certaines formes de
favoritisme ou, si l'on est plus conciliant, à de simples petites
bêtises. Il y a certains points, entre autres, sur lesquels on peut
s'interroger. Pourquoi, par exemple, prendre à bail pour vingt ans,
à raison de $1 million par année, un édifice qui
coûte $12 millions? Souvent, à la fin du bail, le gouvernement a
racheté l'immeuble le double du prix coûtant, payant ainsi quatre
fois la vraie valeur de l'immeuble. Pourquoi faire installer le chauffage
à l'huile, par exemple, dans des immeubles gouvernementaux, plutôt
que de profiter de l'électricité qui est une
propriété nationale? Comment se fait-il que des organismes tels
que celui du vérificateur général, du contrôleur de
la trésorerie, de même que de la fonction publique soient ainsi
assujettis à l'omnipotence de certains ministres? Et on dit avec un
sourire à ce stade-ci: Chassez le "duplessisme" et il revient au galop.
Comment se fait-il qu'environ seulement 10 p.c. des administrateurs
ministériels auraient suivi des études en administration ou
auraient déjà travaillé dans de grandes entreprises dans
le secteur privé et auraient été cherché une
expérience valable, la plupart venant plutôt de
secrétariats quelconques; n'y a-t-il pas là un manque flagrant de
planification dans les ressources humaines?
Cette planification, pourtant, ne serait pas si compliquée; elle
comprend, en fait, trois grands points: la formulation, premièrement,
d'une ligne de conduite concernant la qualité, la quantité et
l'utilisation au maximum du personnel; deuxièmement, la connaissance de
la situation de ces objectifs, l'établissement des étapes
à suivre et le choix des moyens. Mais, au ministère de
l'Education, on ne peut pas parler en termes d'évaluation
appropriée de la situation, elle n'est même pas présente
parce qu'il n'existe pas de programme de formation professionnelle, qu'on ne
fait pas d'études sur le roulement du personnel comme tel, sur
l'évaluation des postes, sur la pyramide des âges, qu'il n'y a pas
non plus de politiques précises en matière de relation du
personnel.
N'y a-t-il pas là, M. le Président, des signes graves de
désintégration et de mauvais fonctionnement? N'y a-t-il pas des
signes de malaises graves lorsqu'un directeur des programmes nous dit que
ceux-ci ne sont pas du tout adaptés aux contexte socio-économique
actuel? N'y a-t-il pas des signes de malaises graves quand la direction
générale du financement, en 1970-71, en était encore
à l'étude des états financiers de 1966-67? N'y a-t-il pas
des signes de malaises graves quand l'administration générale ne
se fixe pas d'objectifs précis et semble très peu se soucier de
l'efficacité de l'économie, du rendement et de la satisfaction du
personnel? N'y a-t-il pas enfin de malaises très graves, M. le
Président, quand un haut fonctionnaire souligne, en parlant de
non-efficacité administrative de l'éducation, que ce n'est pas le
chef d'orchestre seulement qu'il faut changer mais l'orchestre au complet?
Devant tout cela, M. le Président, on est porté à
se demander si le résultat de ce système désuet
d'éducation n'aura pas été purement et simplement au
Québec une dépense énorme de consommation pour tout
simplement une génération de sacrifiés?
Maintenant, M. le Président, laissant de côté ce
système de bureaucratisation pour lequel j'aurais aimé voir le
ministre présent pour l'informer de ce qui se passe chez lui, je
parlerai ici du rôle appliqué du ministère de l'Education,
du contrôle excessif et abusif du ministère au niveau
élémentaire, des conséquences de ce contrôle, de
l'absence de contrôle suffisant, par contre, au niveau collégial
et au niveau des CEGEP, les conséquences également de ces
contrôles et surtout les correctifs à apporter et les
conséquences générales d'un système aussi
absurde.
A ce niveau, le ministère prend pour ainsi dire tout le chemin
aux niveaux élémentaire et secondaire par son intervention sur le
plan conceptuel et également dans les détails d'exécution
de la gestion.
Même si on a enlevé le système d'inspectorat, ce
n'est guère mieux parce que si, en raison d'une attitude
contrôlante excessive, se perpétue le phénomène de
la surcentralisation, on n'est pas plus avancé.
D'ailleurs, je me demande si justement on ne devrait pas instituer un
sain système d'inspectorat pour voir exactement ce qui se passe dans les
écoles. Pas l'inspectorat traditionnel, mais un inspectorat moderne, qui
nous fasse un rapport de ce qui se passe de façon générale
dans les écoles pour en arriver à avoir un certain contrôle
sur la situation d'ensemble.
Il y a quatre directions générales qui s'occupent presque
exclusivement des secteurs élémentaires et secondaires. La
direction générale de l'enseignement élémentaire,
secondaire, la direction générale du financement, la direction
générale de l'équipement et celle des bureaux
régionaux. Cette situation prend finalement l'allure d'un cercle
vicieux, le ministère, se substituant à ses partenaires que sont
les commissions scolaires, centralise les activités et les
décisions.
Les commissions scolaires à leur tour, se voyant sous la tutelle
ou l'empire du ministère, se dégagent ou se
désintéressent de leurs responsabilités et, la confiance
diminuant, le ministère est porté à exercer un
contrôle de plus en plus
minutieux et à ignorer par le fait même la
compétence et la motivation des administrateurs et des professeurs en
milieu scolaire.
Je n'irai pas loin, M. le Président, pour donner un exemple, pour
citer une personne. Je vais citer M. Jean-Jacques Noreau, un haut fonctionnaire
qui a oeuvré lui-même dans le ministère. Il dit ceci: "J'ai
entendu beaucoup d'enseignants dénoncer les contrôles dont ils
sont l'objet de la part des principaux d'école, pendant que ceux-ci, les
principaux d'école, dénoncent avec autant de vigueur les
contrôles que les administrateurs scolaires régionaux leur
imposent. Pour fermer la boucle, ajoutons que les administrateurs
régionaux font de même en parlant du ministère de
l'Education et on finit par conclure qu'à chaque palier du
système on se perçoit comme étant des objets de
contrôle abusif de la part des paliers supérieurs. Ces perceptions
sont parfois justes et je ne les conteste pas." Réf. Jean-Jacques
Noreau, A la recherche du contrôle perdu, l'école
coopérative de décembre 1969, page 30.
M. le Président, il y a également un deuxième
point. On a parlé au début du problème
général qui existait aux niveaux élémentaire et
secondaire par un trop grand contrôle. Maintenant, j'aimerais subdiviser
en deux classes et démontrer l'absurde de ce système,
premièrement au niveau des examens ministériels au niveau
secondaire. Là, on va voir la grande logique du ministère.
Là, on va voir la grande capacité logique du ministre dans ses
énoncés. Examens ministériels au niveau secondaire. Ici,
je blâme le gouvernement et met en cause le bien-fondé de la
centralisation totale des examens de Ile et 12e, secondaire IV et V, parce que,
premièrement, il y a incompatibilité entre l'esprit des
règlements no 1 et no 2.
Le règlement no 1 est largement fondé sur la
reconnaissance, par le ministère de l'Education, de la liberté
académique, de la responsabilité professionnelle et de
l'engagement social des enseignants, car rien ne se fera sans eux.
Dans un autre sens, le règlement no 2, lui, sanctionne pour ainsi
dire la surcentralisation et la non-participation du corps professoral en
stipulant que c'est le ministère qui établit les examens ayant
pour but de fournir les données nécessaires à
l'attribution des certificats au secondaire IV et au secondaire V. M. le
Président, je ne vous parle pas de ce qui se passe dans un autre pays,
je ne vous parle pas de ce qui se passe dans une autre province, je vous parle
de ce qui se passe chez nous, ici au Québec. C'est pourquoi j'aurais
aimé que le ministre se lève aussi tôt que moi ce matin,
pour être capable d'entendre ce qu'on avait à lui dire à ce
sujet, pour qu'il constate l'illogisme de la situation et des choses aussi
flagrantes que les contradictions que je viens d'énoncer.
Deux règlements de suite au même ministère de
l'Education qui se contredisent et qui sont diamétralement
opposés. Alors que ces examens devraient servir à informer
l'étudiant et être une mesure positive d'évaluation pour
lui, lui permettant de nouveaux apprentissages, ils ne sont de fait qu'une
mesure de sanction, de sélection à distance, uniforme pour tous
et ne servant strictement qu'à la certification.
De plus, ils risquent tout simplement de renforcer la pratique de
l'enseignement livresque, la mémorisation de dernière heure et
sont une entrave pour les professeurs, parce qu'il les incitent à
s'attacher davantage à la lettre du programme.
Donc, M. le Président, dans toute cette belle réforme
qu'on s'est empressé de faire, plus ça change, plus que c'est
pareil, Seigneur! On se reprochait autrefois cette mémorisation, on se
reprochait les sanctions. Maintenant, on en arrive à des choses qui sont
sensiblement les mêmes.
Il y aurait moyen de décentraliser cela et d'en arriver à
des normes plus adéquates.
Deuxièmement, l'absurde de la situation financière, un
autre secteur. Les problèmes relatifs à la question
financière sont assez nombreux et on pourrait arriver à
régler ces problèmes en adoptant des principes de gestion
modernes. Dans les circonstances présentes, les budgets sont
approuvés et retournés aux commissions scolaires non pas
l'année qui précède l'année financière mais
l'année suivante, quand l'année financière des commissions
scolaires est terminée. Cette situation est complètement absurde,
je pense n'avoir pas besoin d'aller plus loin dans ce secteur pour
démontrer la non-rationalité de l'ensemble de la situation.
J'en aurais énormément à dire. Je ne voudrais pas
passer sous silence les méthodes pour en arriver à une vraie
décentralisation. On devrait mettre à la disposition des
autorités régionales les instruments et les pouvoirs leur
permettant de fonctionner efficacement, compte tenu des circonstances
particulières de chacune des régions, de remettre aux instances
décentralisées les pouvoirs dont elles auraient besoin pour
exercer une vraie juridiction.
J'ai parlé tout à l'heure de contrôle abusif au
niveau élémentaire tiens, bonjour, M. le ministre
et au niveau secondaire. Il y a un manque de contrôle au niveau
collégial et au niveau des CEGEP. Je sais que c'est à tirer les
larmes. J'espère que c'est vraiment un homme aux écoutes qui nous
arrive ce matin. Il y a des contrôles trop larges à ce niveau.
S'il n'est pas bon de surcentraliser, d'un autre côté, il n'est
pas mieux de minimiser les contrôles au point de rendre les institutions
scolaires pratiquement autonomes. Alors qu'aux niveaux secondaire et terminal
le ministère contrôle 100 p.c. de l'évaluation du rendement
académique, au niveau collégial il n'a même pas
lui-même de mesures officielles d'évaluation qui
répondraient aux termes de l'article 6 du règlement no 3 du
ministère disant que les examens finaux de chaque matière sont
administrés par les autorités du ministère
conformément aux règlements édictés à cette
fin.
Au niveau universitaire, l'équilibre souhaité entre les
deux autorités complémentaires n'est pas non plus atteint;
même si les universités sont financés à 80 p.c. par
l'Etat, ce secteur d'enseignement est laissé à lui-même.
Leurs responsabilités comprennent pourtant aussi l'orientation, la
coordination de l'enseignement supérieur, ce qui entrerait normalement
dans le rôle d'un ministre qui se voudrait véritablement un
ministre de l'Education. Comme je l'ai mentionné tout à l'heure,
j'ai l'impression que le ministre est pris entre l'amour et le devoir, c'est
l'éternel héros classique. Va-t-il être...
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre! Je voudrais signaler au
député de Richmond qu'il a encore cinq minutes. S'il veut garder
ces cinq minutes pour sa réplique, il doit arrêter maintenant.
M. SAMSON: M. le Président, question de règlement. Je ne
sais pas si vous avez tenu compte des arrêts pour le quorum. J'ai pris la
précaution moi-même de minuter l'honorable député de
Richmond et il lui reste encore au moins trois minutes, tout ceci en conservant
les cinq minutes du droit de réplique.
DES VOIX: Oh!
M. SAMSON: Je regrette, M. le Président, mais ça fait
plusieurs fois que nous sommes victimes...
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre! Je suis
d'accord avec vous, je vais vous donner trois minutes.
M. BROCHU: M. le Président, j'aurais aimé jouir de
beaucoup plus de temps pour exposer ma thèse au ministre; surtout,
j'aurais aimé qu'il soit présent. Il y a tellement de choses
à dire à ce niveau. J'aimerais attirer l'attention du ministre
sur le fait qu'on ne peut accepter plus longtemps les parents, les
éducateurs et même les élèves les changements
continuels de méthode au niveau de l'enseignement.
De plus en plus, l'élève existe en fonction des
structures, il devient cet objet sur une chaîne de montage qu'on doit
étiqueter et sortir des cadres de l'éducation tel jour, telle
date, telle année avec tel diplôme collé au front. Le
fouillis qui existe à l'élémentaire et au secondaire est
inacceptable par la trop grande prise de possession des pouvoirs à ce
niveau par le ministère lui-même, de même que la
désintégration au niveau collégial des CEGEP est devenue
inacceptable. La grandeur excessive des écoles et la centralisation
abusive font que le système existe pour nul autre que lui-même.
Qu'il suffise, à titre d'exemple, de voir comment le système de
transport scolaire accapare les élèves; on demande aux
élèves de se plier aux normes du transport scolaire plutôt
que l'inverse.
Je vous cite le cas de l'un de mes amis, un jeune médecin de ma
région, qui mentionnait dernièrement, face aux problèmes
actuels: J'aime mieux voir mon fils vivant et non instruit que mort et
diplômé. Je pense que c'est assez significatif. On voit aussi
l'ampleur du système privé qui nous dit que le système
actuel de l'éducation publique est devenu désuet. Au niveau de la
confessionnalité...
M. le Président, je suis obligé de terminer,
malheureusement. Je regrette que cette motion tombe un jour comme aujourd'hui,
en l'absence du ministre, etc.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Saint-Jacques.
M. Claude Charron
M. CHARRON: M. le Président, je ne vous cacherai pas, au
début de cette intervention, comment je me sens déchiré
d'avoir à intervenir sur une pareille motion. D'une part, parce qu'au
libellé même de la motion qui concerne l'administration du secteur
public de l'éducation et les différentes interventions
qu'à proprement parler le ministre ou le ministère ont dû
prendre dans différents conflits, il ne s'en trouverait pas beaucoup, je
pense, qui recevraient mon approbation quant â la façon du
ministre d'intervenir, la rapidité avec laquelle il intervient et la
qualité avec laquelle il intervient.
Par contre, si, derrière la lettre de la motion, je devais
également épouser l'esprit de celui qui vient de prendre la
parole et qui vient, à partir d'une mauvaise administration du
système, le condamner globalement pour nous ramener aux années
les plus sombres, les plus ridicules, car certains passages de son intervention
l'étaient carrément, je me trouverais en difficulté
d'apporter mon appui à cette motion. Mais cet appui â la motion,
il me faudra bien l'apporter quand même.
Ce que je déplore et ce pourquoi je suis prêt à
blâmer le gouvernement, ce matin, c'est qu'à cause d'une mauvaise
gestion d'un système public relativement neuf dans l'histoire du
Québec, à cause de gestes politiques, à certains moments,
hâtifs, à d'autres, tardifs certains de ces gestes sont
venus hypothéquer un système public qui n'est encore, faut-il se
répéter cela, qu'à son étape d'implantation dans
l'histoire du Québec un groupe de gueulards
réactionnaires, dirigés en ce sens par un démagogue sans
vergogne, puissent, à partir de cette mauvaise gestion, à partir
d'un gouvernement qui administre mal, s'unir à tous les chantres de la
réaction, à tous les potineurs de cantons pour porter des
attaques à l'ensemble du système de l'éducation, sinon
à l'éducation même.
J'en prends à témoin l'exemple ridicule et d'une
étroitesse d'esprit comme j'en avais rarement vu en Chambre que vient
d'apporter le député de Richmond, quand il nous a cité une
intervention d'un jeune médecin de son comté
qui dit: "J'aime mieux garder mon fils chez nous, non instruit, mais
vivant, que de lui faire prendre l'autobus et de risquer sa vie pour qu'il soit
instruit." Est-ce que cela se peut des conneries pareilles, treize ans
après l'implantation d'un système d'éducation? Mais
qu'est-ce qui maintient ce système? Qu'est-ce qui maintient ces
préjugés? Qu'est-ce qui permet à un démagogue, qui
se prend pour le Christ, d'intervenir et de condamner des universités
populaires comme celles qu'on s'est efforcé d'établir à
Montréal et dans différents coins du Québec qui n'en
avaient pas jusqu'alors? Qu'est-ce qui permet à ces
réactionnaires d'utiliser et de maintenir dans la population des
préjugés qu'on n'achèvera jamais de combattre? Qu'est-ce
qui permet, ce matin, à un groupe qui s'est dégradé
politiquement, il y a déjà un mois, de revenir à la charge
devant la population et d'utiliser tous les préjugés populaires?
Qu'est-ce qui peut leur permettre, avec le reflet des 4 p.c. ou 5 p.c. de la
population qu'ils représentent, d'avoir cette tribune, ce matin, pour
véhiculer les concepts les plus arriérés, les plus
retardés qu'on ait jamais eus dans le Québec?
Ils s'attachent encore, treize ans après l'implantation du
système public, à venir nous dire qu'il faudrait revenir encore
à l'école du rang, sinon à l'époque des
éteignoirs.
Qu'est-ce qui peut leur permettre cela, sinon la mauvaise administration
d'un gouvernement, sinon un gouvernement qui, à chaque endroit, laisse
pourrir des conflits jusqu'à ce que des démagogues et des
profiteurs arrivent, à un moment donné, sans proposer de
solution, pour attiser le feu et s'en servir pour vendre leur sorcellerie,
comme ils sont capables de le faire avec les moyens financiers que la
pègre peut leur apporter? Qu'est-ce que cette mauvaise administration a
pu maintenir? Le système d'éducation est encore trop jeune, trop
neuf dans le Québec pour se permettre de l'administrer de cette
façon et ainsi de lui enlever toute crédibilité aux yeux
de la population.
M. BROCHU: M. le Président, je soulève une question de
privilège.
M. CHARRON: Lorsque nous avons politiquement choisi...
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Une question de
privilège.
M. BROCHU: M. le Président, je soulève une question de
privilège, en vertu de notre règlement, pour demander au
député de Saint-Jacques dont, je pense, les paroles ont
dépassé la pensée, de bien...
M. CHARRON: Absolument pas, je n'ai dit que la moitié...
M. BROCHU: ... vouloir retirer l'accusation où il dit que notre
parti est financé par la pègre, etc. M. le Président, en
vertu de notre règlement, je demande que le député de
Saint-Jacques ait la condescendance et la gentilhommerie de retirer ses
paroles.
M. CHARRON: M. le Président, je pense qu'il s'agissait d'un point
de privilège. Si le député de Richmond avait connu le
règlement, il aurait pu intervenir à la fin de mon intervention
pour rétablir les faits et pour prouver à la Chambre que son
parti n'est pas financé par la pègre.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Depuis que je suis en cette
Chambre, et cela fait assez longtemps, une attaque contre un groupe politique,
en général, n'est pas une question de privilège. Il n'a
pas attaqué les députés personnellement. Jusqu'à
présent, des accusations, des pensées sur un groupe politique,
cela n'a jamais été considéré comme une question de
privilège. Vous pourrez rétablir les faits après, si vous
le voulez.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Si, ce matin,...
M. BROCHU: Je m'excuse, M. le Président,...
M. CHARRON: ... les arguments invoqués...
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Une autre question de
privilège?
M. BROCHU: ... est-ce que nous devons le laisser continuer comme
ça? N'y a-t-il rien, dans le règlement, qui empêche la
démagogie, l'indécence et la révolution?
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): On doit prendre l'affaire dans le
contexte d'une situation politique. Peut-être qu'en dehors de la Chambre,
comme dans le salon du Château Frontenac, cela n'existe pas. Ici, c'est
un peu différent.
M. CHARRON: M. le Président, si, ce matin, ces arguments, de
qualité fort douteuse, apportés par le groupe de Dupuis à
l'Assemblée nationale, ont quelque portée que ce soit, cela
devrait prouver à l'ensemble des députés des autres
formations politiques appartenant à l'Assemblée nationale la
fragilité avec laquelle le choix de l'éducation publique, ouverte
à tous au Québec, doit encore répondre, comment il est
fragile, même après une quinzaine d'années, après un
choix aussi fondamental que celui-là et sans lequel le Québec
n'aurait pas le développement qu'il a là, comment il doit encore
répondre à sa plus petite racine. Il est encore menacé.
Cela devrait donc être suffisant, il me semble, pour un groupe aussi
pompeusement majoritaire que celui qui forme le gouvernement actuel, lorsqu'il
a à gérer cet appareil public de
l'éducation, avec une responsabilité et avec une
obligation morale de surveillance, une obligation morable de bonne gestion deux
fois plus élevée, pour le faire agir mieux qu'il ne l'a fait
depuis le début, depuis que ce gouvernement s'en occupe.
Il a fallu combien de conflits, il a fallu combien de pourrissements de
situations pour faire bouger cet appareil gouvernemental? Combien de fois la
première intervention gouvernementale n'a-t-elle pas d'abord
été pour le "show", pour la tribune? Combien de fois avons-nous
vu le ministre de l'Education se gargariser d'être au service de l'ordre
établi et s'attirer la claque des députés
ministériels d'arrière-ban au moindre mot d'ordre et de
rétablissement de la paix allant chercher, de façon
dégradante, à mon avis, pour un ministre de l'Education, un appui
de basse-cour, alors qu'il devait beaucoup plus s'appliquer à faire
respecter les acquis de la révolution tranquille et à continuer
leur développement, plutôt qu'à s'asseoir pompeusement et
de façon satisfaite sur une oeuvre que nous avons entreprise il y a une
quinzaine d'années et qui n'est pas achevée.
Combien il aurait été plus facile, au lieu d'intervenir et
de se gargariser sur la prétendue autonomie de chacune des constituantes
du système d'éducation publique, alors qu'en fait, tout le monde
sait très bien que le ministère de l'Education a d'immenses
pouvoirs d'intervention, combien il aurait été plus facile, au
lieu de ce gargarisme, de poser une intervention politique choisie avec
doigté, respectant chacune des constituantes du système
d'éducation et de leurs propres interventions.
Cela n'a pas été le cas. Je pourrais ce matin, M. le
Président, si le temps me le permettait puisque j'ai, au nom de
mon parti, accompli la surveillance de cette section des affaires publiques
depuis que je suis ici soulever chacun des endroits où le
ministre, â tort ou à travers, est intervenu et dont la mauvaise
qualité d'intervention jetait de l'huile sur le feu et permettait aux
tribuns populaires, qui exploitent chacun des malaises sans leur donner de
solutions, d'intervenir et de se gargariser, en Chambre, d'être les
défenseurs de la personne humaine et du service public.
M. le Président, notons simplement le cas qui nous occupe encore
ce matin. Il a fallu une grève, qui risque de mettre en péril la
session de l'Université du Québec à Montréal, pour
que le ministre accepte ce que nous lui demandons depuis trois ans. Une
révision, par exemple, du système de prêts-bourses aux
étudiants qui nous avait d'abord été
présenté j'en sais quelque chose, j'étais
moi-même syndicaliste édudiant à cette époque
en 1966-1967, comme une étape temporaire devant arriver à la
gratuité scolaire, laquelle étape temporaire, M. le
Président, au bout de sept ans, n'a pas avancé d'un iota.
Combien il aurait été facile, pour un ministre de
l'Education, dans la crise actuelle, de revoir l'ensemble du financement des
universités, de revoir toute l'indexation des dépenses de base
qu'on a fixées avec le Conseil des universités. Il faut attendre
perpétuellement les crises pour que l'engagement pris, au départ,
d'une réforme scolaire en profondeur soit maintenu dans le choix des
Québécois. Il a fallu la crise des CEGEP, M. le Président,
il a fallu un peu d'émotion autour du régime pédagogique
pour faire retraiter le ministre de l'éducation encore une fois ou pour
lui permettre, comme il est en train de le faire actuellement, de passer bribe
par bribe chacun des articles du régime pédagogique plutôt
que de le présenter en bloc aux étudiants, face à la
contestation qu'il soulevait. Il a fallu le soulèvement de jeunes
étudiants du secteur secondaire pour faire retraiter le ministre, encore
une fois, sur le règlement no 7 et l'obliger à apporter des
modifications à un règlement qui arrivait de façon
autoritaire dans ce domaine scolaire.
Faudra-t-il chaque fois que le monde de l'éducation soit en
ébullition? Il semble que c'est le choix qu'a fait ce gouvernement.
Faudra-t-il à chaque fois des crises? Faudra-t-il à chaque fois
des traumatismes? Faudra-t-il à chaque fois des manifestations de rue
pour que le choix fondamental du renouveau scolaire que nous avons fait il y a
une dizaine d'années, au Québec, et qui doit
irrémédiablement se poursuivre, soit maintenu à
l'intérieur du ministère de l'Education? S'il le faut, M. le
Président, il faudra donc payer cher, en même temps, parce que si,
à la suite d'une grève longue et ardue, comme celle que
mènent les étudiants à l'Université du
Québec, ils obtiennent quelques changements quant au financement des
universités ou quant au propre financement de leurs études, ce
sera aussi au prix d'une motion comme celle de ce matin, qui véhicule,
sur une cause tout à fait neuve, différente, des
préjugés et des arguments...
M. BELAND: En vertu du règlement, M. le Président, puis-je
vous signaler que nous n'avons pas quorum?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): Nous avons quorum.
M. CHARRON: M. le Président, le ministère de l'Education a
en main, j'en suis convaincu, depuis longtemps, des projets qui, adaptés
à chacun des échelons du système scolaire
québécois, de la maternelle au secteur universitaire, ne
nécessitent qu'une volonté politique ordonnée,
cohérente, planifiée à l'arrière pour
connaître des résultats.
J'ai confiance personnellement et je ne les attaquerai jamais
en ceux qui sont à l'intérieur du ministère de
l'Education, ceux qu'on appelle les technocrates, les fonctionnaires du
ministère de l'Education. Ils sont en mesure de poursuivre l'oeuvre
entreprise il y a une dizaine d'années. Ils ne sont pas responsables du
fait
que la volonté politique de la poursuivre soit désormais
disparue de la majorité gouvernementale et qu'ils aient à
attendre.
Prenons simplement un cas comme celui qu'a soulevé le dernier
conflit, le système d'aide aux étudiants. J'ai un document, si je
l'ai en main moi, le ministère de l'Education l'a certainement en main
aussi. C'est un document public, à mon avis, qui devrait l'être
s'il ne l'est pas, concernant l'aide aux étudiants. Les
différents systèmes d'aide aux étudiants à travers
le monde ont été scrutés et nous pourrions nous inspirer
d'eux pour nous en donner un.
Non, il a fallu une grève l'effort systématique des
députés de l'Opposition n'avait pas suffi pour rappeler au
ministre que véritablement il faudrait peut-être s'y pencher.
Faudra-t-il encore une fois une manifestation qui permettra encore ce genre de
motion ridicule et arriérée comme celle que nous avons ce matin?
Faudra-t-il une grève de tous les étudiants du CEGEP pour que la
loi 21, qui a présidé en 1967 à l'élaboration du
système collégial, soit amendée parce que la preuve est
faite maintenant qu'il y a des choses qui clochent?
Il semble qu'avec ce gouvernement, cette administration du secteur
scolaire il faudra attendre encore une fois cette ébullition. Je voterai
pour la motion, parce que je n'ai pas confiance en l'administration
gouvernementale pour gérer le secteur public de l'éducation. Je
pourrais si le temps m'était donné ce matin, mais il me
sera donné lors de l'étude des crédits soulever
chacun des malaises dans le secteur de l'éducation, proposer des
solutions. Non pas le retour en arrière et à l'étoignoir
comme nous le présentent les démagogues du ralliement de Dupuis,
mais apporter les solutions concrètes et planifiées auxquelles il
ne manque qu'une volonté politique à l'arrière.
C'est bien sûr qu'il est possible de le faire. J'appuierai la
motion, parce que je condamne l'administration gouvernementale en cette
matière, mais pas du tout pour les mêmes raisons que les
députés du ralliement de Dupuis ce matin.
Finalement, laissez-moi vous dire que le système
d'éducation du Québec, s'il devait faire un nouveau choix
aujourd'hui, à mon avis se retrouverait à peu près
à la même époque que nous étions il y a une dizaine
d'années, parce qu'il fallait faire des choix majeurs. Ce sont ces choix
majeurs qui devraient présider désormais chacune des
décisions prises à l'intérieur du ministère de
l'Education, beaucoup plus que les compressions auxquelles elles sont soumises
actuellement dans ces différents secteurs. On risquerait beaucoup moins
de connaître une ébullition comme celle que nous connaissons
actuellement avec des interventions politiques déplacées. Nous
pourrions poursuivre l'oeuvre que nous avons choisie il y a une dizaine
d'années, nous doter d'un système d'éducation qui ferait
non seulement un Québec plus fort, mais aussi des
Québécois plus libres.
Merci, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'entends mal que le député de
Saint-Jacques veuille appuyer la proposition du député de
Richmond après la critique qu'il en a faite. D'accord, cette proposition
de blâme met en cause l'administration du ministère de
l'Education.
Mais l'objectif généreux que semble vouloir poursuivre
celui qui s'est fait l'auteur et le défenseur de cette motion est,
à mon avis, aboli, détruit et j'oserais dire galvaudé par
les arguments dont il s'est servi pour la défendre.
Il est bien difficile, en un temps aussi court que celui qui est imparti
aux membres de l'Assemblée nationale, de faire le procès d'un
ministère dont le budget dépasse $1,500,000,000, de mettre en
cause chacune des directions générales et de faire avec
cohérence, avec sérénité et raison un examen
approfondi de ce qui pourrait ne pas aller et de ce qui ne va pas actuellement
dans le système d'éducation du Québec.
Il y a des malaises, le ministre le sait, tout le monde le sait et
personne ne cherche à les cacher. Personne non plus n'entreprendra de
défendre le gouvernement, de défendre la politique de gestion du
ministère de l'Education dans ce qu'elle a de mauvais ou dans ce qu'elle
a de trop faible ou dans ce qu'elle a de trop autoritaire à certains
égards. Il me parait, à moi, que le temps et le lieu pour le
faire est celui qui nous est donné pour l'examen des crédits du
ministère de l'Education. A cette occasion, il nous sera possible
d'interroger le ministre. Celui-ci sera assisté de ses fonctionnaires;
il nous sera possible d'examiner en détail chacun des aspects de la
politique éducative du Québec et d'insister
particulièrement sur les deux grandes dimensions qui préoccupent
les citoyens, soit la dimension administrative et la dimension
pédagogique. On ne peut dissocier les deux aspects de cet immense
problème et les deux aspects d'une institution gouvernementale qui doit
s'occuper à la fois de la gérance publique en matière
d'éducation et de l'orientation pédagogique de l'éducation
nationale.
M. le Président, il y a quelques mois, alors que nous
étudiions la loi 71 sur la restructuration scolaire sur l'île de
Montréal, le ministre nous avait déclaré il l'avait
répété ici en Chambre que l'on avait
procédé trop vite dans le Québec à la mise en place
des structures actuelles d'éducation. C'est une constatation qui a
été faite à maintes reprises et c'est un avertissement qui
avait aussi été donné dès le moment où la
commission Parent avait présenté ses premières
recommandations. On avait, à ce moment-là et je l'avais
fait moi-même parlé du danger d'un changement trop rapide,
du gigantisme qui naîtrait forcément de la mise en place des
nouvelles structures et de la dépersonnalisation qui s'ensuivrait. Nous
avons, avec
plus ou moins de gaieté de coeur, accepté que l'on
procède à une réforme qui était nécessaire
afin d'atteindre l'objectif d'accessibilité de tous les citoyens du
Québec à l'enseignement, sachant très bien que cela n'irai
pas sans heurts. Tel a été le cas, telle est la situation
actuelle et les malaises que l'on se plaît à décrire,
à déplorer sont la résultante d'un ensemble de facteurs
qui, conjugués, ont enrayé la machine administrative de
l'éducation.
Il n'entre pas dans mes intentions, ce matin, de reprendre tout ce
débat. Nous l'avons fait à certains moments. Nous allons devoir
le reprendre en une circonstance que j'indiquais tout à l'heure. Ce que
je voudrais souligner à l'attention du ministre de l'Education, c'est
qu'il y a des problèmes sérieux en matière
d'éducation à tous les paliers de l'éducation, que ces
problèmes sont d'ordre administratif et pédagogique et que,
compte tenu de toutes les versions qui nous sont présentées par
ceux qui crient à droite et à gauche, nous ne savons plus
très bien quelles sont les orientations maîtresses du
ministère de l'Education.
Ce sont ces orientations maîtresses que je prie le ministre de
l'Education de préciser et de reformuler, s'il en est besoin. Je crois
qu'il est nécessaire de les reformuler, puisque nous avons maintenant
fait une expérience suffisante des structures qui ont été
mises en place, depuis plus de douze ans, pour voir que certaines d'entre elles
n'étaient pas adaptées à notre milieu, que d'autres
doivent être changées, que des réaménagements
doivent être envisagés afin de remettre ensemble des engrenages
qui associent tous les responsables de l'éducation à l'oeuvre de
la formation et de l'instruction des enfants: les parents, les maîtres,
les fonctionnaires du ministère de l'Education et le gouvernement.
C'est à cette tâche de redéfinition de la fonction
du ministère de l'Education nationale que je convie le ministre. Je le
prie, dans la réplique qu'il voudra bien donner, de nous dire quel est
précisément son sentiment à l'heure actuelle, face
à tous ces problèmes qui agitent la collectivité
québécoise et qui gravitent autour d'un ensemble de malaises
qu'on a dénoncés tout à l'heure d'une façon que je
ne qualifierai pas, mais qui m'a paru c'est le moins que je puisse dire
incohérente, désarticulée et axée davantage
sur des objectifs électoraux que sur une volonté réelle de
promouvoir une meilleure instruction et une meilleure éducation des
enfants.
Je me rends compte à l'expérience que le système
public on l'a voulu comme tel; il était nécessaire pour
atteindre cet objectif d'accessibilité dont je parlais tantôt
n'est pas, à tout prendre et cela dans tous les pays, le meilleur
et qu'à côté de ce système public des pays qui
avaient fait avant nous l'expérience que nous faisons, expérience
douloureuse, reviennent aujourd'hui à une formule mixte: une formule
d'enseignement public avec une formu- le d'enseignement privé qui laisse
aux parents qui ne sont pas satisfaits du système public le choix de la
maison d'enseignement et du système.
Je sais que parler d'enseignement privé versus enseignement
public, cela ne plaît pas à certaines personnes dont les tendances
sont bien avouées. Mais je sais par expérience et en raison des
observations qui me sont faites partout à travers le Québec que
le ministère aurait grand profit à réexaminer cet aspect
du problème.
Revenant, M. le Président, à la proposition du
député de Richmond, je suis obligé de confesser que la
lecture rapide, accélérée, trépidante et, en raison
de tout cela, inintelligible du texte qu'il a soumis tout à l'heure
m'empêche de porter un jugement de valeur sur ce que, en toute bonne
volonté, je le présume, il a voulu nous dire et sur ce à
quoi il a voulu nous sensibiliser.
Je me verrai donc je laisse à qui que ce soit le loisir
d'interpréter mon geste comme il le voudra, dût-il être
interprété comme une façon de collaborer avec le
gouvernement dans l'obligation de ne pas approuver ce que l'on appelle,
dans notre jargon parlementaire, une motion de non-confiance parce que ce
qu'elle dénonce n'est pas précisé, parce que celui qui l'a
défendue n'a pas présenté de correctifs qui m'eussent
justifié de lui donner mon agrément.
N'abusant pas davantage de 1a patience de mes collègues, je
déclare que, personnellement, je n'appuierai pas la proposition soumise
par le député de Richmond dont j'ai tenté de
découvrir les intentions généreuses mais malheureusement,
dont il ne m'a pas donné la preuve qu'elle était valable et
qu'elle pourrait conduire à un redressement de la situation dans le
domaine de l'éducation.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Pilote): L'honorable ministre de
l'Education.
M. François Cloutier
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, tout d'abord, je
désire m'excuser de mon retard, lequel n'est pas dû, comme l'a
insinué le député de Richmond, à un lever tardif
mais au fait que j'assistais à la conférence conjointe des
ministres de l'Education et des ministres des Finances qui a eu lieu à
Toronto. Il ne m'a pas été possible de revenir auparavant.
Ceci dit, j'ai l'intention de faire quelques commentaires sur ce qu'ont
dit chacun des représentants des différentes oppositions. Vous me
permettrez de ne pas le faire dans l'ordre de ces interventions mais
plutôt dans ce que j'appellerais l'ordre de leur excellence ou de leur
valeur intrinsèque. Je discuterai d'abord l'intervention du
député de Chicoutimi, ensuite l'intervention du
député de Saint-Jacques et, on s'en doute bien, à la fin
seulement, l'intervention du député de Richmond.
En fait, il ne me suffirait que de quelques secondes pour disposer de
l'intervention du député de Richmond, il suffirait de l'ignorer.
De toute façon, il n'y aurait pas la moindre conséquence...
M. BROCHU: Vous n'avez pas le choix, vous n'étiez pas ici et vous
n'avez même pas écouté.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): ... sur l'histoire politique et l'histoire de
l'éducation au Québec. Cependant, me prêtant au jeu
parlementaire, j'aurai quand même quelques petites choses à dire
de ce point de vue. Le député de Chicoutimi a fait une
intervention que je n'hésite pas à qualifier d'intelligente et de
raisonnable. Il a admirablement situé le sujet. Je ne retiendrai que
deux aspects de cette intervention: le premier de ces aspects porte sur la
valeur même de cette motion de censure et sur le fait que c'est lors de
la discussion, des crédits que l'on pourra le mieux s'attaquer
collectivement aux différents problèmes je serais le
dernier à le nier qui existent dans le domaine de
l'éducation.
De plus, le député de Chicoutimi s'est attaqué
il a été le seul à le faire aux objectifs.
C'est toujours à partir des objectifs que l'on doit juger du
fonctionnement d'un système quel qu'il soit. Il est exact qu'il convient
maintenant de revoir ces objectifs, d'y réfléchir.
Ces objectifs ont été définis, il y a dix ans, dans
un contexte différent, dans un contexte qui ne pouvait même pas
être comparable à celui d'aujourd'hui.
Par conséquent, il ne paraît fondamental que l'on puisse
s'axer dans cette direction. C'est exactement ce que j'ai tenté de faire
depuis que j'ai l'honneur de diriger le ministère de l'Education. Cette
réflexion est en cours et je crois que, déjà, certaines
orientations commencent à se manifester.
Vous me permettrez de me citer, c'est souvent la meilleure façon
de l'être et, de toute façon, la seule de l'être
correctement. J'ai prononcé, dans la belle ville d'Alma, ce qui est
devenu aujourd'hui une institution, le discours de la rentrée. Ce
discours de la rentrée représentait une première
étape de cette réflexion et une première
présentation dans les milieux de l'éducation de ce qu'il faudrait
souhaiter comme évolution dans l'ensemble de notre système. Je
n'y reviens pas parce que je pense bien que tous les membres de cette
Assemblée ont dû le lire et je souhaiterais plus
particulièrement que les créditistes puissent, non seulement le
lire, mais le méditer.
J'abordais certains problèmes d'ordre administratif et
également certains problèmes d'ordre pédagogique. Les
problèmes d'ordre administratif m'ont poussé à mettre en
évidence la très grande nécessité de
décentraliser de plus en plus le système d'éducation. Ce
n'est pas le lieu de revenir sur tout ce qui a été tenté
jusqu'ici, sur les initiatives éminemment pratiques qui ont
été faites et qui, souvent, passent inaperçues.
Sur le plan pédagogique, j'ai dit qu'il fallait justement porter
toute notre attention sur l'articulation des différents niveaux
d'éducation. J'ai dit qu'il fallait considérer cette
éducation, non seulement dans une optique de continuité, mais
également dans une optique qui devrait de plus en plus s'ouvrir vers une
conception nouvelle de la société. Dans une deuxième
étape, j'aurai peut-être à insister davantage sur
l'éducation permanente. C'est ainsi, par exemple, que je
considère qu'il n'y a pas lieu d'avoir, au ministère de
l'Education, une direction générale qui serait une direction de
l'éducation permanente. C'est tout un ministère de l'Education
qui doit, aujourd'hui, être fonction de l'éducation
permanente.
Je m'arrête là, M. le Président. Ce sont les deux
points seulement que je tentais de souligner parce qu'ils me paraissent,
à moi, véritablement définir le problème et d'une
façon que je considère éminemment positive.
Quant au député de Saint-Jacques, j'ai été
un peu étonné de voir, alors qu'il critiquait acerbement le
député de Richmond à juste titre, parce que de ce point de
vue je suis certainement d'accord avec lui qu'il apportait lui-même les
mêmes distorsions dans son analyse. Bien sûr, il n'utilisait pas
les mêmes arguments d'ordre démagogique, les mêmes arguments
qui tiennent à une certaine philosophie, si tant est qu'on puisse
utiliser ce mot, créditiste. Il a identifié fort bien les
problèmes, parce que le député de Saint-Jacques est
versé dans le domaine de l'éducation. Il a toujours, au cours de
la discussion des crédits, fait une collaboration extrêmement
valable. Bien sûr, je ne m'attends pas que, dans une discussion comme
celle-ci, il puisse adopter le même ton. Il va de soi que, lorsqu'on
essaie d'apporter des arguments en faveur d'une motion de blâme, on peut
difficilement paraître aussi positif, aussi net, aussi clair, aussi
raisonnable que lorsque l'on discute des crédits importants dans un
domaine aussi vital.
Ceci dit, je lui pardonne volontiers ses quelques excès. Je veux
lui rendre ce mérite qu'il a mis le doigt sur un bon nombre de
problèmes. J'aurais souhaité qu'il sache s'abstraire du quotidien
et qu'il ait l'élévation de pensée du député
de Chicoutimi. Je crois que c'était là un souhait qui devra
rester théorique, parce que je ne suis pas tellement sûr qu'il en
soit capable. Il a tendance, évidemment, à exploiter à des
fins politiques les incidents qui, dans la plupart des cas, constituent des
accidents de parcours du domaine de l'éducation. Ne nous en
étonnons pas.
C'est la raison, d'ailleurs, pour laquelle je n'ai pas l'intention de
reprendre ses principales critiques, parce que ce n'est pas du tout en
étant sur la défensive que je fais mon intervention.
J'ai bel et bien l'intention d'insister unique-
ment sur les éléments positifs de la situation de
l'éducation aujourd'hui. Qu'il me suffise de dire, en passant, que cette
fameuse question de révision des prêts-bourses, sur laquelle il
insiste à juste titre, est commencée depuis déjà
plusieurs mois et ne se trouve en rien accélérée par les
contestations épisodiques qui se produisent actuellement. J'aurais
beaucoup de choses à dire là-dessus. Il n'est pas dit,
d'ailleurs, que je n'y reviendrai pas en fin de course une fois que j'aurai
disposé des interventions de l'Opposition.
Il parle également du réseau collégial. Il a
parfaitement raison de souligner le fait que des problèmes
sérieux se posent de ce point de vue. Mais ce qu'il n'ignore
probablement pas, parce que je l'ai annoncé à plusieurs reprises,
c'est que des mesures pratiques seront bientôt mises de l'avant de ce
point de vue. Lorsqu'il a été question de repenser le mode de
consultation du régime pédagogique, c'était
précisément ceci. Bien sûr, il se garde de le dire. Parce
que je souhaitais que cette réflexion se fasse de façon beaucoup
plus globale...
Il n'y a jamais eu retrait du ministre de l'Education en fonction des
différents problèmes qui ont vu le jour depuis un an. Il y a
peut-être eu une stratégie. Il y a peut-être eu une approche
souple et ferme à la fois. Mais il n'y a certainement jamais eu de
démission. Les deux seuls exemples que le député de
Saint-Jacques a pu apporter étaient les deux suivants.
Premièrement, le régime pédagogique. Je viens de vous
expliquer dans quelcontexte, éminemment valable, contexte que souhaite
lui-même le député de Saint-Jacques, il a été
non pas mis de côté, mais repensé. Dans l'autre exemple que
prend le député de Saint-Jacques, celui des frais de
scolarité, nous avions dit, lors des dernières discussions des
crédits, que des démarches extrêmement identifiées
ont été entreprises.
Je m'arrête là, M. le Président. Je crois que le
député de Saint-Jacques a tout intérêt, à
cause de son idéologie politique, à mettre en évidence
certaines difficultés. Je vous ai clairement dit que je serais le
dernier à nier ces difficultés. Je crois que le ministère
de l'Education doit être le lieu, actuellement, d'une autocritique. Je ne
suis pas là, moi, même si j'ai la responsabilité de ce
ministère, pour le défendre inconditionnellement. Je crois
représenter c'est cela l'élément politique d'un
régime parlementaire comme le nôtre et non d'un régime
présidentiel théorique la population et les questions que
je pose et les interrogations que je fais miennes et que je fais partager
à mes fonctionnaires sont celles de la population du Québec.
Fréquemment, mes fonctionnaires se demandent pourquoi je peux
paraître sur la défensive. C'est précisément parce
que j'essaie de me faire l'interprête des besoins de notre milieu. Il est
extrêmement facile, M. le Président, de mettre en évidence
uniquement ce qui peut se produire dans quelques écoles, ici et
là. C'est pour une excellente raison: c'est qu'il n'y a que ça
qui surnage dans les journaux. Il n'y a que ça qui fait l'objet de
l'information à une époque de pléthore d'information,
à une époque où il y a saturation de nouvelles, à
une époque où il n'y a aucune discrimination dans ce qu'on
présente au public, à une époque où
l'imprimé et l'audiovisuel sont en train de contrôler, plus que
n'importe quel régime politique, notre mode de pensée, j'irais
jusqu'à dire notre mode de vivre.
Mais allez donc voir dans les milliers d'autres écoles dont on ne
parle pas. Allez donc voir dans ces écoles si les choses marchent si
mal. Allez demander à ces jeunes Québécois
scolarisés, alors qu'ils ne l'étaient pas auparavant, s'ils n'en
sont pas fiers et s'ils ne croient pas que la collectivité leur a rendu
un fier service. Allez demander à ceux qui n'ont pas eu le
bénéfice de cette scolarisation, soit parce qu'ils sont
arrivés trop tard ou parce qu'ils ont été marginaux au
système dès le départ, s'ils n'éprouvent pas
certains regrets. C'est dans sa totalité qu'il faut se poser le
problème et non d'une façon parcellaire.
Il y avait au Québec, il y a à peine dix ans, quelques
milliers de Québécois qui pouvaient accéder aux
études supérieures. Je suis un de ces privilégiés.
Il y a un bon nombre de ces privilégiés parmi nous. Aujourd'hui,
vous avez plus d'un million et demi d'enfants qui sont scolarisés. Vous
en avez 75,000 à 80,000 dans le système collégial. L'Etat
consacre $2 milliards par année à l'éducation:
$1,500,000,000 au ministère de l'Education, ce qui représente son
budget, et $500 millions sous forme de taxes qui parviennent directement aux
commissions scolaires et que le ministère contrôle par ses
normes.
Ne s'agit-il pas là d'un effort inédit pour une
collectivité pauvre? Parce que nous sommes une collectivité
pauvre, une collectivité qui n'a peut-être pas su, justement,
mesurer les limites de ses moyens pour réaliser des rêves qui sont
plus ou moins valables et plus ou moins souhaitables, même, pour son
avenir.
M. le Président, c'est ainsi qu'il faut se poser le
problème. Partez du point de départ et regardez ce qui existe
aujourd'hui. Vous allez vous étonner qu'il y ait si peu de
difficultés. Quelques groupes marginaux veulent contester pour des
raisons qui n'ont rien à voir, d'ailleurs, avec les vrais
problèmes de l'éducation, pour des raisons qui sont
rattachées à des idéologies fumeuses et
tarabiscotées, où l'on mêle le marxisme, le maoïsme.
Eh bien ceux qui se disent maoïstes, je voudrais bien pouvoir leur
appliquer, moi, ce que c'est véritablement un régime politique
basé sur ces principes. Ils déchanteraient très
rapidement. A ce moment-là, vous n'aurez pas de grèves
d'étudiants, vous n'aurez pas d'étudiants qui, au nom de
certaines idées plus ou moins valables, tenteront, mais ne
réussiront pas, de saboter le système qu'une collectivité,
au prix des sacrifices de ceux qui n'ont pas pu s'instruire, souvent des
contribua-
bles, a voulu se doter pour son avenir.
Cette question de la gratuité scolaire est une question qui
mériterait une longue analyse. Il n'est pas du tout sûr que ce
soit la meilleure façon de favoriser l'accessibilité. C'est
peut-être par l'établissement d'un régime de
prêts-bourses de plus en plus efficace que les inégalités
pourront être compensées. Autrement, ce sont les nantis que l'on
favorise encore et autrement ce sont les contribuables, ce sont les chauffeurs
de taxi, ce sont les ouvriers ici et là qui auront à financer un
système dont ils ne profiteront pas.
Il est temps que nos étudiants, au niveau universitaire,
comprennent qu'ils restent des privilégiés de la
société et que, s'ils sont là aujourd'hui, c'est à
cause des sacrifices des autres. Nous ne leur permettrons pas, M. le
Président, quelles que soient les décisions que nous aurons
à prendre, d'aller à l'encontre de ce grand projet collectif qu'a
été l'éducation, au Québec. N'allez pas juger, par
des difficultés temporaires, qui sont des difficultés de rodage,
par des erreurs réelles que je serais le dernier à nier, de
l'ensemble d'un système.
Le député de Saint-Jacques l'a fort bien compris,
d'ailleurs, et sur ce point je l'en félicite. C'est peut-être
l'aspect le plus positif de son intervention. Il a très bien senti que
ce que remettait en cause le député de Richmond
rassurez-vous, j'arrive à vous c'était justement cela, ce
qui a été pensé, rêvé, désiré
par toute une génération.
Lorsque je suis arrivé, le député de Richmond
terminait son intervention. Par conséquent, je n'ai pas eu le plaisir de
l'entendre dans son intégralité. On m'en a fait un
résumé qui m'a suffi. D'ailleurs, la minute et demie que j'ai
entendue m'a permis d'extrapoler. Je crois bien que je peux facilement imaginer
de quelle texture et de quelle qualité était le reste. Vous
savez, lorsqu'on voit un arbre, on a vu la forêt.
En l'écoutant, je me faisais deux réflexions. La
première, c'est que si un jour le Ralliement créditiste devait
changer son nom je crois d'ailleurs que le député de
Saint-Jacques a commencé à l'orienter vers cette voie, en parlant
du Ralliement Dupuis j'aurais une suggestion à faire. Si le
Ralliement créditiste devait changer son nom, il pourrait
peut-être s'inspirer d'un parti politique qui a vu le jour ici
même, au Québec, et qu'on appelle le Parti rhinocéros; je
l'appellerais cependant le Parti dinosaure. Le dinosaure est un animal qui est
disparu à la fin de l'époque tertiaire. Il présentait des
caractéristiques tellement archaïques qu'il ne pouvait pas
survivre. C'est donc ma première réflexion et j'espère que
le député de Richmond me pardonnera ma digression
paléontologique.
M. BROCHU: Je connais les projections.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Ma deuxième réflexion, c'est que
je me suis réjoui les motifs de réjouissance ne sont pas
tellement fréquents actuellement dans le contexte politique qui est le
nôtre qu'il faut véritablement en profiter lorsque ça
arrive du fait que le ridicule ne tue pas chez nous.
Si le ridicule tuait et je n'ai aucune raison de croire qu'il va
commencer à tuer nous aurions eu â déplorer la mort
foudroyante du député de Richmond. Blague à part, je crois
qu'il est quand même déplorable qu'un parti politique veuille
établir toute une critique d'un système sur des
préjugés qu'il vise à entretenir.
M. BROCHU: J'ai l'impression qu'il n'a pas écouté mon
discours.
M. CLOUTIER (Ahuntsic): Les interventions créditistes dans le
domaine de l'éducation ont toujours été basées sur
je ne dirais pas des ragots des a priori. On est contre, on est
contre. A l'occasion, certaines critiques plus pertinentes peuvent se glisser,
mais je ne vous cache pas qu'il est extrêmement difficile de les
retrouver dans le magma dont on est submergé.
Si le Ralliement créditiste s'imagine avoir trouvé un
cheval de bataille électoral avec l'éducation, je crois qu'il se
trompe, parce qu'il a oublié une chose, c'est que, maintenant, la
population est de plus en plus instruite. Je suis, pour ma part, convaincu que
spéculer sur les préjugés, se baser sur la chasse aux
sorcières, vouloir à tout prix exploiter ce qu'il y a de plus
réactionnaire dans l'être humain va à l'encontre même
des objectifs que nous avons su nous donner et partiellement atteindre.
Si je le dis, c'est précisément parce que je suis
convaincu que cette réaction reste extrêmement marginale dans le
domaine de l'éducation. Je suis le premier sensible à certains
aspects que soulève parfois le Ralliement créditiste. Je pense,
en particulier, à la taille des polyvalentes. J'y suis d'autant plus
sensible que j'ai été un de ceux, il y a dix ou quinze ans, dans
un autre domaine qui est celui des hôpitaux, qui ont
dénoncé les immeubles trop considérables. J'ai
été un de ceux qui ont proposé, lors de certaines
interventions dans des conférences internationales, qu'au lieu
d'invoquer uniquement le seuil de rentabilité on doive invoquer le seuil
de ce que j'appelais l'humanité.
Je suis de ceux qui croient que, lorsqu'on dépasse une certaine
concentration humaine, on doit s'attendre à des difficultés,
à des malaises, à de l'agressivité même. Ce n'est
là qu'un exemple, je sais, qui n'a pas fait l'objet du discours du
député de Richmond aujourd'hui. Mais ceci indique bien que,
même si, à l'occasion, le Ralliement créditiste peut mettre
le doigt sur des problèmes pour lesquels nous voulons tous chercher des
solutions et que nous sommes tous d'accord pour admettre, dans l'ensemble, il
est extrêmement désastreux et je le déplore
qu'il cherche à fonder avant tout son action sur
l'incompréhension et sur le préjugé.
Le préjugé est peut-être, beaucoup plus que
les guerres, le véritable handicap de l'humanité à
notre époque. Si on arrivait à extirper le préjugé
on n'y arrivera pas, mais on peut au moins tendre, par une
éducation de plus en plus ouverte, à le diminuer je crois
que l'humanité aurait véritablement franchi on n'en serait
plus aux dinosaures; on n'en est pas encore très loin une
étape extrêmement importante.
J'ai dit, il y a quelques instants, qu'un système se juge dans sa
totalité. Je voudrais ajouter que non seulement il doit se juger dans sa
totalité, mais qu'il doit également se juger dans son mouvement.
Quand j'ai cité ces deux chiffres, ceux des scolarisés d'il y a
dix ou quinze ans et ceux des scolarisés d'aujourd'hui, ce
n'était certainement pas pour établir une comparaison touchant
les contenus, par exemple, c'était uniquement pour montrer qu'il y avait
eu une option fondamentale à laquelle le député de
Chicoutimi a fait allusion. Cette option a été la
démocratisation de l'enseignement, l'accessibilité de
l'enseignement. Cette démocratisation et cette accessibilité, si
on ne veut pas qu'elles restent des mythes, doivent quand même tenir
compte de certaines contraintes, car il y en a des contraintes pour les gens
qui ont a administrer. Il y a des contraintes financières, des
contraintes biologiques même.
Très souvent, on a tendance à imputer au ministère
de l'Education et à l'éducation en général
parce que ce qui se passe ici se passe partout au monde, se passe dans les
autres provinces canadiennes et se passe dans les autres pays le malaise
même de la société, et c'est ça l'erreur que trop de
gens commettent. Dans la mesure où toute la jeunesse, contrairement
à ce qui existait avant, fréquente les institutions
d'enseignement, il est bien évident que c'est là qu'on la trouve,
on ne la trouve pas ailleurs. Un suicide d'adolescent à l'école
ne signifie pas nécessairement que c'est l'école qui est
responsable; il s'agit là d'un incident déplorable; mais s'il
n'avait pas été à l'école, comme c'était le
cas avant, le suicide aurait eu lieu ailleurs. Dans une société
ouverte, c'est là que se vivent chez les jeunes tous nos malaises; il ne
faut absolument pas s'étonner, et il ne faut surtout pas tomber dans
l'excès inverse qui consisterait à durcir tellement des
positions, à adopter des attitudes de pseudo-fermeté qui souvent
ne sont que des attitudes de peur, que des attitudes de crainte et vouloir
à ce moment-là agiter la matraque. Je n'agite pas la matraque, M.
le Président, quand je tente d'être ferme, quand je dis que telle
limite est atteinte.
Dans l'histoire de l'UQAM, je crois qu'il y a eu toute une dialectique;
le gouvernement a clairement établi ses positions je parle de
l'UQAM uniquement parce qu'on y a fait allusion mais il les a
établies à partie du réseau tel qu'il existe,
c'est-à-dire à partir du fait qu'il y a des universités
non pas d'Etat mais autonomes, lesquelles sont largement subventionnées
mais qui doivent jouir, si l'on tient à maintenir ce système
et je tiens à maintenir ce système, en ce qui me concerne
elles doivent rester autonomes, dans la mesure des grandes politiques
gouvernementales. D'ailleurs, toute l'attitude du gouvernement vis-à-vis
de l'enseignement supérieur s'est inspirée de ces normes, s'est
inspirée de cette philosophie. Par conséquent, le gouvernement,
à l'intérieur d'un système qui existait, a clairement
défini les règles du jeu. Les ayant définies, il est
ensuite intervenu en faisant des propositions nouvelles aux universités
et à la conférence des recteurs pour faire sauter ce qui pourrait
ou aurait pu paraître être des obstacles à une
négociation ou à un règlement.
M. le Président, je n'ai jamais eu la naiveté de croire
je l'avoue que ceci amènerait un règlement, mais
j'ai voulu, par exemple, avoir un dossier impeccable et indiscutable devant
l'opinion publique; j'ai voulu qu'on ne puisse pas se servir du moindre
prétexte, d'une échéance, par exemple, et la
présenter avec des distorsions dont le député de
Saint-Jacques est parfois coutumier. J'ai voulu justement que les choses se
jouent telles qu'elles doivent se jouer et maintenant personne ne s'y trompe.
Nous savons très bien à quoi nous en tenir, la population n'a pas
le moindre doute, et les universités, hier, l'Université
du Québec, l'Université de Montréal, dans la mesure
où cela les touche ont pris la résolution calmement,
après avoir épuisé toutes les possibilités, de
continuer si les étudiants voulaient étudier, si les professeurs
voulaient enseigner. Et si les étudiants ne veulent pas étudier,
si les professeurs ne veulent pas enseigner, à ce moment-là, la
population jugera et la population surtout aura compris.
M. le Président, je n'en dirai pas plus en ce qui concerne
l'intervention du député de Richmond. Je m'excuse si je me suis
permis peut-être certaines facéties à son égard. Ce
n'est pas un style que j'affectionne, mais de temps en temps, vous avouerez que
le poisson est trop gros et qu'on ne peut pas toujours le laisser filer comme
ça. C'est la raison pour laquelle j'ai quand même tenu à
faire le point à partir de ces trois interventions.
M. le Président, ma conclusion sera brève. On peut penser
ce que l'on veut de l'action du gouvernement en matière
d'éducation, mais je pense que pour tout esprit réaliste, pour
tout esprit objectif, il est évident qu'il y a eu depuis trois ans une
amélioration considérable, amélioration sur le plan
financier, amélioration sur le plan administratif, amélioration
sur le plan des contenus. La partie est gagnée en ce qui concerne ce
grand mouvement en avant où se jouera l'avenir du Québec parce
qu'il y a, entre le produit national brut et l'éducation, une
corrélation indiscutable. Ce sont les pays scolarisés et ce sont
les pays qui ont su scolariser leur jeunesse qui sont à
l'avant-garde.
M. le Président, nous allons nous trouver en présence d'un
paradoxe curieux, c'est que même ceux qui dénoncent le
système, même
ceux qui, au fond d'eux-mêmes, ne sont peut-être pas
tellement d'accord avec la scolarisation seront parmi la population qui en
récoltera les fruits. Merci.
M. SAMSON: M. le Président...
LE PRESIDENT: Non, je ne le sais pas. Si j'ai bien compris l'entente
qu'il y a eu au début, à moins que je ne m'abuse, le proposeur de
la motion avait le droit à 40 minutes en tout, 35 et un droit de
réplique de cinq minutes. Cela a été convenu à mon
bureau, en arrière. Le parti ministériel avait un droit de
réponse de 45 minutes, l'Union Nationale avait droit à quinze
minutes, le Parti québécois à quinze minutes. C'est
l'entente qui est intervenue. Je donne le droit de réplique au proposeur
de la motion, le député de Richmond, pour cinq minutes. C'est
celui qui a fait la motion qui réplique; ce n'est pas un autre.
M. SAMSON: M. le Président, je comprends la directive...
LE PRESIDENT: A moins qu'il n'y ait le consentement unanime de la
Chambre.
DES VOIX: Non.
M. SAMSON: M. le Président, c'est bien ce que vous nous avez dit.
C'est parce que le leader de notre parti n'est pas présent. Le leader
nous avait mentionné que notre parti avait droit à 40 minutes en
tout, dont cinq minutes de réplique.
LE PRESIDENT: De réplique, mais... UNE VOIX: Au proposeur.
LE PRESIDENT: ... c'est celui qui fait la motion qui réplique aux
autres réponses.
M. SAMSON: Ce n'est pas ce qu'on nous a dit.
LE PRESIDENT: Ecoutez, quand un ministre présente un projet de
loi en deuxième lecture, il fait son discours, les autres partis parlent
et c'est lui qui fait la réplique; ce n'est pas un autre.
M. SAMSON: M. le Président, il n'y a pas de problème; on
va la faire faire par le proposeur.
LE PRESIDENT: Très bien. Si tout le monde est heureux, allons-y.
Le député de Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: Avec plaisir, M. le Président, parce que j'ai
écouté avec attention le discours préhistorique du
ministre, le discours révolutionnaire du député de
Saint-Jacques, le dis- cours hautement théorique et dans la pure
tradition de feu l'Union Nationale, du député de Chicoutimi.
Alors, je peux en toute liberté refaire rapidement un tour d'horizon et
tirer les grandes conclusions de cette motion de blâme. D'abord, il avait
été clairement spécifié, au point de départ,
que la motion de blâme, je n'en mettais pas toute la
responsabilité sur les épaules de l'actuel ministre de
l'Education, parce que d'autres l'ont précédé et qu'il y a
aussi, à l'intérieur du système comme tel, des rouages
administratifs qui sont devenus désuets. Malheureusement, j'ai pu
constater de visu je l'ai constaté aussi par la réplique
du ministre que, vu son absence, il n'avait eu aucun
élément de cette discussion et qu'il avait répondu tout
à fait à côté de la question. Lors de mon
intervention, j'ai fait une analyse "managérielle", ce qui semble
être incompris par le député de Saint-Jacques, n'a pas
été vu par le ministre de l'Education et a peut-être
dépassé feu l'Union Nationale.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voyons donc! Il faut être
imbécile pour parler comme ça.
M. BROCHU: J'ai fait une analyse "managérielle", en voulant aller
dans les détails de la structuration même du ministère de
l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlez donc français, on vous
comprendra.
M. BROCHU: M. le Président, les grenouilles en cette Chambre, le
croassement chicoutimien. Guilda, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne parle jamais que de ce qu'on
connaît bien. Vous parlez des grenouilles, vous parlez de
vous-même.
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BROCHU: M. le Président, est-ce que les monuments historiques
ont droit de parole de cette façon-là? Alors, j'ai voulu tracer,
face aux grands objectifs, de la façon la plus rationnelle possible,
malgré le court délai qui m'était donné, la
façon opérationnelle de conceptualiser et de rendre dans les
faits l'efficacité, en y mettant une structure beaucoup plus
moderne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne citez donc pas des textes, mon Dieu!
M. BROCHU: ... de "management" moderne et de motivation humaine. Ma
motion, si on n'y croit pas, si on ne veut pas l'accepter...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vos conneries.
M. BROCHU: ... pourquoi est-ce qu'on proteste tant que ça?
Pourquoi est-ce qu'on entend des grenouilles?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On ne croit pas aux conneries.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Revenons au débat. Non, non, il ne
faudrait pas ouvrir de porte.
M. SAMSON: M. le Président, j'invoque le règlement. On a
quand même, en cette Chambre, un député qui est en train de
parler; il a son droit de parole. En même temps, on constate que les
micros d'autres députés sont ouverts et ceux-là ne vous
ont pas demandé le droit de parole. Je pense qu'il serait raisonnable
qu'on laisse seulement le micro de celui qui a droit de parole ouvert.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. SAMSON: On n'a pas à demander conseil à Guilda.
LE PRESIDENT: A l'ordre! S'il vous plaît, messieurs. A l'ordre! A
l'ordre! Dans le silence, s'il vous plaît. Le député de
Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, c'est ainsi que j'ai décrit
je le répète parce que le ministre était absent et
j'ai vu qu'il a répondu complètement à côté
de la question de la motion de censure le ministre comme étant
devenu un ingénieur d'un grand projet de construction qui aurait, dans
son bureau, tous les outils nécessaires à la réalisation
par les ouvriers de ce projet-là. Le ministre a des pouvoirs qui ne lui
appartiennent pas. Les instances décentralisées n'ont pas
suffisamment de pouvoirs, c'est-à-dire les pouvoirs équivalant au
moins à leurs responsabilités.
De plus en plus, dans le système d'éducation actuel, on ne
respecte pas les parents, on ne respecte pas les professeurs qui doivent
être les premiers pivots de cette éducation de qualité au
Québec, on néglige les principes de toute gestion et
d'administration modernes, ce qui fait qu'actuellement la population est
insatisfaite, contrairement à ce qu'a déclaré le ministre
dans une envolée oratoire digne d'une ancienne époque
passablement dévolue.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Révolue, au moins. Parlez
français, grand dieu!
M. BROCHU: Aie!
LE PRESIDENT: A l'ordre! S'il vous plaît, les micros.
M. BROCHU: M. le Président, si j'ai un droit de réplique,
je vais l'exercer. J'ai voulu être le plus objectif possible en
présentant ma motion de censure. Je crois que l'Assemblée
nationale prévoit qu'on a la possibilité de le faire; je suis
mandaté, en tant que député, au même titre que
n'importe quel autre en cette Chambre. Et après toutes les consultations
que nous avons faites, après les très nombreux rapports que nous
avons reçus, y compris ceux de certains fonctionnaires du gouvernement
qui déplorent les mêmes situations que nous, je pense que nous
avons été tout à fait justifiés de déposer
de cette motion logique pour en arriver à ce que le ministre veuille
reformuler la structure de son ministère, qu'il fasse le ménage
où cela s'impose, qu'il fasse le ménage dans nos institutions
scolaires là où cela s'impose, et évite que des
groupuscules, comme cela se produit actuellement, sèment le trouble, par
exemple, au niveau de nos universités, contrairement à ce que
déclarait le député de Saint-Jacques tout à
l'heure, que l'on devait accentuer cela; je ne le crois pas.
On a des rapports de l'Université de Sherbrooke, entre autres,
qui nous disent que les étudiants sont écoeurés de se
faire manoeuvrer par un petit groupe qui se sert de la publicité pour
essayer de les embarquer dans une action qu'ils n'ont pas
désirée. Le député de Saint-Jacques avait raison de
dire que c'était commencé depuis dix ans. Il était
là, lui aussi. Je me rappelle, quand j'étais au Séminaire
de Sherbrooke, qu'on avait ces mêmes oiseaux qui venaient nous faire
prendre conscience de nos problèmes alors qu'on n'avait même pas
de problèmes. Qu'est-ce qu'ils venaient faire dans nos pattes? On les a
foutus dehors, à un moment donné, du Séminaire de
Sherbrooke. Je comprends qu'ils disent aujourd'hui que c'est commencé
depuis dix ans et que cela doit aller beaucoup plus loin.
Je comprends, par ailleurs, que le ministre dise que c'est
commencé depuis dix ans, qu'il rsste des petites choses à faire,
mais qu'il ne faut jamais perdre de vue les objectifs. Il a été
encensé par le grand député de Chicoutimi qui a dit: Oui,
il faut regarder les objectifs, c'est-à-dire ne rien faire, s'asseoir,
continuer à considérer les considérations et à
compliquer les complications. Pendant tout ce temps, la population commence
à avoir son voyage. Si le ministre n'agit pas pour faire le
ménage qui s'impose, s'il ne devient pas immédiatement l'homme
d'action que la population et même les étudiants attendent, il
risque, dans très peu de temps, de devoir se recycler sous un
gouvernement créditiste pour redevenir "un homme vous
écoute".
M. le Président, dans ce sens, je pense qu'on a suffisamment
discuté autour des questions de l'éducation. Qu'on passe à
l'action d'une façon rationnelle, que l'on considère les
objectifs, mais, dans les faits, qu'on n'essaie pas de camoufler des situations
et de les laisser se désintégrer au point où elles se
désintègrent actuellement. Je tiens publiquement, aujourd'hui,
à rassurer la population du Québec. Si le
ministre ne prend pas immédiatement les dispositions
nécessaires et s'il ne devient pas l'homme dont j'ai parlé, je
tiens à assurer la population que, très bientôt, le
gouvernement créditiste verra, au Québec, à donner
à l'éducation son vrai visage dans le respect des institutions,
dans le respect des commissions scolaires qui doivent avoir suffisamment de
latitude d'action, dans le respect aussi de l'élève, de ses
capacités d'apprentissage, de la motivation aussi des fonctionnaires,
dans une structures vraiment "managérielle" du ministère de
l'Education en vertu d'une vraie fonctionnalité, en vertu d'une vrai
efficacité.
M. le Président, je me sers de cette tribune pour rassurer la
population à ce sujet et au sujet des propos à tendance
révolutionnaire que j'ai entendus des mêmes gars qu'on a vus dans
les mêmes universités que nous avons fréquentées et
qui venaient nous causer des problèmes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut considérer que votre temps est
expiré.
M. BROCHU: Je termine. M. le Président, je vous demande une
directive, en terminant. Etant donné que le député de
Saint-Jacques a mentionné, dans son discours, qu'il avait l'intention
d'appuyer ma motion, ce qui ne m'intéresse absolument pas parce que je
ne veux pas être collé à ce genre d'individu, est-ce qu'il
y a quelque chose de prévu par le règlement qui me permettrait de
refuser l'adhésion du Parti québécois?
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Il faut respecter la liberté
des élus du peuple. A l'ordre! Messieurs, nous allons procéder
à la mise aux voix de cette motion.
M. ROY (Beauce): Un vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Avant de procéder au vote à midi moins cinq, est-ce qu'il
n'y a pas d'autres sujets que l'on peut aborder à la Chambre pendant ce
temps?
M. ROY (Beauce): M. le Président, je voudrais vous demander une
directive. Evidemment, en vertu de la motion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, vous avez dit: Qu'on
appelle les députés.
LE PRESIDENT: Un instant! Qu'on appelle les députés. Si le
député de Beauce voulait venir me consulter, cela me ferait
plaisir. J'aimerais discuter avec lui.
Qu'on appelle les députés.
Vote sur la motion
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont en faveur de la motion de l'honorable
député de Richmond il n'est pas nécessaire de la
lire car je crois que tout le monde en a pris connaissance veuillent
bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Roy (Beauce), Brochu,
Tétrault, Drolet, Guay, Béland, Audet, Laurin, Burns,
Léger, Charron, Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
LE PRESIDENT: La cabale n'est pas permise durant la votation! Que ceux
qui sont contre cette motion veuillent bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Bourassa, Levesque, Hardy, Choquette,
Castonguay, Garneau, Goldbloom, Parent, Cloutier (Ahuntsic), Tetley, Drummond,
Bienvenue, Saint-Pierre, Toupin, Mailloux, Vaillancourt, Cadieux,
Théberge, Brown, Blank, Brisson, Kennedy, Saindon, Picard, Pearson,
Fortier, Assad, Berthiaume, Caron, Carpentier, Cornellier, Dionne, Faucher,
Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne,
Larivière, Marchand, Ostiguy, Pelletier, Pilote, Shanks, Veilleux
Gratton, Paul, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Deniers.
LE SECRETAIRE: Pour: 15 Contre: 50
LE PRESIDENT: La motion est rejetée. M. LEVESQUE: Quinze
heures.
LE PRESIDENT: Avant de procéder à la suspension des
travaux jusqu'à quinze heures, pourrais-je inviter, pour quelques
minutes, les leaders à mon bureau pour discuter?
L'Assemblée suspend ses travaux jusqu'à quinze heures.
(Suspension de la séance à 12 h 51)
Reprise de la séance à 15 h 4
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre, messieurs!
L'honorable député de Maisonneuve.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. BURNS: Nous n'avons pas quorum. Est-ce ce que vous voulez
soulever?
M.LEVESQUE: Il y a une commission qui siège.
M. BURNS: D'accord. Ce n'était pas pour cela que je me levais, M.
le Président. Etant donné que le président de la Chambre
nous a dit, ce matin, qu'il rendrait vers trois heures
c'est-à-dire à la reprise de la séance sa
décision relativement à la motion privilégiée que
j'ai soumise hier, je me demandais si quelque chose avait été
changé de ce côté-là.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Si je comprends bien, c'est une
espèce de demande de directives.
M. BURNS: Exactement, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable président de la Chambre
a communiqué avec moi quelques minutes avant trois heures pour me faire
savoir qu'il serait en mesure de rendre sa décision au cours de la
présente séance et même avant six heures. Au cours de la
séance, il sera en mesure de rendre sa décision.
M. BURNS: Merci, M. le Président. Il a beaucoup de
difficultés!
M. PAUL: C'est un bon signe!
UNE VOIX: Que fait-on, M. le Président?
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Ce n'est pas à la présidence
de décider. J'attends.
L'honorable député de Beauce demande-t-il la parole?
Projet de loi no 250 Deuxième lecture
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, étant donné que
j'avais proposé la suspension du débat, hier soir, j'aimerais
prendre la parole.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Beauce, leader parlementaire du Ralliement créditiste.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Au moment de
l'ajournement de nos travaux parlementaires, hier, j'étais à
dire, sur la discussion de deuxième lecture du projet de loi no 250
intitulé Code des professions, que nous ne pouvions accepter les
principes de ce code des professions. En voici les raisons. Premièrement
je fais un bref résumé le principe de base est
ignoré. Ce code des professions devrait donner la possibilité
à tous les groupes professionnels de s'ériger en corporations
sans avoir à faire des pèlerinages et des promenades
auprès du gouvernement pendant trois, quatre, cinq et même six
ans.
Je disais, de plus, que ce code des professions, tel qu'il est
rédigé, entraînera inévitablement la mise en tutelle
des professions par les contrôles abusifs que ceci nécessitera.
J'ai parlé sur ce deuxième point hier.
Il y a un troisième point que je tiens à souligner
à l'honorable ministre et au gouvernement. Immédiatement
après l'adoption de ce code des professions et des lois connexes, dans
quelle situation le ministère des Affaires sociales se trouvera-t-il
pour faire la surveillance et appliquer ce code?
En ce qui nous concerne, nous sommes d'avis et je pense que
l'expérience de certaines décisions gouvernementales dans le
passé nous l'a démontré clairement que le
gouvernement sera dans une situation telle que non seulement il aura
réglé les problèmes, mais qu'il aura créé de
multiples autres problèmes et nous verrons inévitablement la
pratique illégale s'accentuer. Beaucoup de personnes se trouveront dans
l'illégalité la plus complète en exerçant une
profession pour laquelle elles ont fait des études et s'étaient
préparées.
Il va s'ensuivre qu'il y aura des pénalités dans ce
domaine. Est-ce à dire que le ministère des Affaires sociales se
proposerait de faire la même chose que ce que le ministère du
Travail a dû faire l'année dernière c'est une
analogie c'est-à-dire poursuivre devant les tribunaux comme de
vulgaires criminels des personnes qui sont membres d'une corporation ou ont une
certaine expérience, voire même sont en mesure de pratiquer une
profession après avoir suivi des études et après avoir
rempli certaines normes pour prouver qu'elles sont compétentes?
On se rappellera que dans le domaine des travailleurs de la construction
ou des garagistes artisans, le gouvernement a été obligé
de faire marche arrière. Si je fais référence à ces
faits que nous avons discutés au cours de l'année 1972 devant
l'Assemblée nationale, c'est justement pour mettre le ministre des
Affaires sociales en garde contre ces faits qui se produiront
inévitablement.
Nous estimons que ce domaine n'a pas été
étudié selon des principes fondamentaux et selon une
responsabilité autre que celle animée par le désir d'un
Etat socialiste ou de lois socialistes à l'intérieur du
Québec, de façon à encarcanner, embrigader toutes les
corporations professionnelles derrière le fonctionnarisme et les
technocrates du gouvernement.
M. le Président, je pense que c'est un problème
extrêmement important et je dis, à ce stade-ci, que le
gouvernement est en train de commettre une erreur. Nous en avons
déjà la preuve. Jamais un gouvernement, depuis la
confédération, n'aura réussi à créer autant
de mécontentement dans la population que ce gouvernement l'a fait depuis
qu'il est au pouvoir. Et le code des professions à l'heure actuelle nous
le démontre clairement. Il y a beaucoup d'inquiétude partout, il
y a beaucoup de mécontentement partout, dans tous les domaines. Tous les
gens sont inquiets et craignent que les lois soient appliquées telles
que présentées à l'heure actuelle.
Je sais que le ministre a hâte que ces lois soient
adoptées, je sais que le ministre s'est donné le mandat de faire
adopter toutes ces lois avant de convoquer une nouvelle session, mais ce n'est
pas une raison. En ce qui nous concerne cela ne justifie aucunement le
gouvernement d'aller tête baissée, les yeux fermés et dire:
Oui, ça va très bien, nous sommes pressés, il faut faire
vite et vite.
M. le Président, je dis au gouvernement: Un instant ! Depuis la
confédération, on n'a jamais remis en cause, en si peu de temps,
toutes les corporations professionnelles du Québec. C'est la
première fois depuis la confédération qu'on s'attaque
à toutes les corporations professionnelles. Je pense que devant une
situation d'aussi grande envergure, devant un problème aussi complexe
les membres de la Chambre, les députés de l'Opposition et surtout
le gouvernement...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Puis-je rappeler à l'honorable
député de Beauce que son droit de parole est déjà
épuisé?
M. ROY (Beauce): M. le Président, comme c'est mon
intention...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A moins qu'il y ait consentement unanime
des membres de la Chambre...
M. ROY (Beauce): Si on me permet, le consentement unanime ne sera pas
nécessaire. C'est mon intention de présenter une motion et cela
me permet un délai additionnel.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Si l'honorable député a
l'intention de présenter une motion, il faudra qu'il le fasse
très rapidement.
M. ROY (Beauce): Que la motion en discussion ne soit pas lue maintenant
mais dans trois mois, et je vais dire les raisons pour lesquelles...
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Non. A moins qu'il y ait consentement
unanime, le député de Beauce privera malheureusement la Chambre
des raisons.
M. ROY (Beauce): M. le Président, est-ce que je pourrais vous
demander une directive?
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Oui.
M.ROY (Beauce): Vous vous souviendrez qu'à l'occasion d'un
débat je donne le premier exemple qui me vient à l'esprit
le député de Gouin avait présenté une
motion; en présentant sa motion on lui avait permis un délai
additionnel pour expliciter sa motion et il avait eu droit à une
demi-heure de temps additionnel pour présenter sa motion.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Il faudrait que le député de
Beauce...
M. ROY (Beauce): Celui qui présente une motion a quand même
le droit de dire pour quelles raisons il présente une motion.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! A moins que le
député de Beauce me signale un article de notre règlement
qui justifierait sa prétention, je ne peux pas lui permettre de
continuer. Le député de Beauce avait la latitude d'expliciter ou
d'expliquer sa motion, il n'avait qu'à la proposer plus tôt au
cours de son discours. Maintenant il a terminé, il avait vingt minutes,
les vingt minutes ont été totalement utilisées. Le
député de Beauce a conclu par une motion et maintenant c'est
cette motion qui est en discussion et je serai obligé de
reconnaître un autre député.
Le député de Dorchester.
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, sur la motion qui vient d'être
présentée par le député de Beauce, je dois dire que
j'y ai souscrit entièrement au départ et je vais tenter de vous
expliquer pendant quelques minutes pourquoi j'appuie cette motion qui me semble
logique, raisonnable et acceptable.
Premièrement, les groupes qui se sont prévalus de leur
droit d'intervention à la commission parlementaire sur le code des
professions l'ont fait sur la présentation du premier projet de loi du
code des professions, ce qui signifie tout simplement que tous les groupes qui
ont été entendus n'ont pas eu l'occasion de se prononcer sur un
autre projet de loi qui a été présenté devant la
Chambre et ils n'ont donc pas eu l'occasion de discuter véritablement
sur le projet de loi que nous étudions actuellement, mais bien sur un
autre projet de loi qui avait été présenté
antérieurement. Depuis que ce nouveau projet de loi a été
déposé et qui est à l'étude actuellement, plusieurs
députés de l'Assemblée nationale ont eu l'occasion de
rencontrer, et j'ajoute, même, à plusieurs reprises, certains
groupes concernés par ce projet de loi.
Il semble y avoir de plus en plus de confusion, de plus en plus de
mécontentement. Les gens concernés comprennent de moins en moins.
Cependant ces mêmes groupes concernés n'ont plus l'occasion de se
faire entendre. Comme nous sommes les représentants de la population, je
pense qu'il est de notre devoir de demander au gouvernement de prendre le temps
de retourner discuter de tout ce problème.
La motion présentée par le député de Beauce
permettrait, j'en suis convaincu, à plusieurs autres
députés, membres de cette Chambre et même membres de la
commission parlementaire, de rencontrer, si nécessaire, les groupes qui
désirent intervenir indirectement par la voix des députés.
Nous sommes quand même conscients que, s'il y a de plus en plus de
mécontents, c'est que la loi ne leur donne pas satisfaction. Je suis
convaincu que le ministre, là-dessus, est également conscient que
cette loi, loin d'avoir réglé les problèmes les plus
pressants, ne fait qu'accentuer certains problèmes et aggraver, dans
bien des cas, plusieurs situations.
On est maintenant beaucoup plus en mesure de capter, à sa juste
valeur, de comprendre dans toutes leurs dimensions les réticences et les
objections des corps intermédiaires qui s'étaient
déjà prononcés sur le premier projet de loi et non sur
celui qui est en discussion, puisque le premier a été
retiré. Il y a énormément de points bien précis
qu'il faudrait discuter encore. Au dire même des professionnels,
plusieurs se sentent lésés par les lois. Nous sommes
obligés d'admettre qu'ils ont raison, parce que c'est logique. Si les
recommandations qui ont été faites à la commission
parlementaire étaient applicables et qu'elles n'ont pas
été appliquées dans le nouveau projet de loi, je pense que
le gouvernement fait erreur, qu'il fait fausse route. Pour ma part, je suis
convaincu que ce serait bénéfique pour le gouvernement de prendre
le temps nécessaire.
J'en suis convaincu parce que nous nous en rendons compte tous les
jours. A nos bureaux, des groupes demandent de nous rencontrer parce qu'ils
sont insatisfaits. C'est extraordinaire. Un premier projet de loi est
présenté, puis retiré. On présente un nouveau
projet de loi et depuis je pense que moins de personnes qu'auparavant sont
contentes de la loi.
Pour qui cette loi est-elle faite? Premièrement, cette loi est
faite pour les citoyens du Québec et plus spécialement pour les
professionnels. Si ces mêmes professionnels sont mécontents, ne
sont pas heureux de voir de quelle façon cette loi est
présentée, je pense encore une fois que c'est l'indication bien
précise qu'ils veulent faire éviter une erreur au
gouvernement.
Le député de Beauce, qui vient de présenter cette
motion, est un homme averti. Il a lui aussi rencontré plusieurs groupes
professionnels, comme je l'ai fait, d'ailleurs, et les groupes professionnels
qui sont venus nous rencontrer ne nous ont pas dit que la loi était
bonne et de l'adopter. Loin de là. Ils n'ont pas dit tout ce qu'ils
avaient à dire. D'ailleurs, ils n'ont pas comparu au sujet du nouveau
projet de loi. Le ministre serait peut-être surpris si je prenais la
peine d'empiler sur mon pupitre, ici à l'Assemblée nationale,
tous les mémoires et toutes les notes qui m'ont été
envoyés depuis le dépôt du nouveau projet de loi.
Il semblerait même que, pour certains groupes, la
réimpression de ces projets de loi est un recul net et précis
dans le cas de leur corporation. D'autre part, le code des professions manque
énormément de précision. C'est principalement ce qui
inquiète plusieurs groupes concernés par cette loi. Bien
sûr, on a entendu, lors des audiences à la commission
parlementaire, plusieurs personnes se prononcer sur cela. Je l'ai dit
également dans mon discours de deuxième lecture et je suis
obligé de le répéter, le ministre ne s'est pas rendu
à leur désir, le ministre n'a pas permis, par le code des
professions, que ces corporations professionnelles aient suffisamment
d'autonomie pour fonctionner de façon normale.
On ne sait même pas, au moment où on se parle, chez
certains groupes de professionnels, qui sera laissé de côté
et qui sera couvert par le code des professions. Encore là, manque de
précision.
Les discussions à la commission parlementaire et principalement
en deuxième lecture du projet de loi 250 ont porté sur le manque
de précisions. Nous avons demandé au gouvernement
d'éclaircir plusieurs points. Le député de Montmagny l'a
bien dit également: La loi est malade. Je me demande si on ne devrait
pas prendre un peu plus de temps pour faire une loi en meilleure santé,
pour faire une loi mieux adaptée, en tenant compte davantage des
représentations qui ont été faites à la commission
parlementaire.
Je suis parfaitement d'accord sur la motion présentée par
le député de Beauce. Je demande également au ministre de
bien réfléchir, de bien prendre son temps parce qu'il subira
lui-même les conséquences de sa loi. Je pense que le ministre
commence à en être un peu conscient.
Pour une loi aussi importante, qui vient bouleverser autant de personnes
et qui soulève autant de critiques, je pense que cela vaut vraiment la
peine qu'on enlève, une fois au moins, à l'Assemblée
nationale le mot "pressé" et qu'on prenne le temps de l'examiner bien en
détail et de la scruter à la loupe. Je suis convaincu que,
lorsque le projet de loi sera amélioré, qu'il sera presque
parfait, les groupes concernés, qui sont loin d'être des gens
inconscients, qui sont quand même des gens qui sont dans le domaine et
qui ont travaillé à des mémoires concernant ce projet de
loi, vont être assez intelligents pour s'en rendre compte. Je ne peux pas
douter de tous les propos qui ont été tenus à la
commission parlementaire. Je ne peux pas douter des interventions des autres
membres de l'Assemblée nationale concernant cette loi.
Donc, je pense que le gouvernement aurait tout intérêt,
spécialement le ministre des Affaires sociales, à accepter cette
motion de renvoi à trois mois, afin de permettre à tous ceux qui
ont quelque chose à dire sur ce projet de loi de le dire. Bien
sûr, nous sommes à la fin d'une session. Bien sûr, il faut
se dépêcher. Pourquoi se dépêcher? Prenons donc le
temps. C'est justement ce qui nous a été dit à la
commission parlementaire.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): A l'ordre! Puis-je demander à
l'honorable député de Dorchester de se hâter de conclure
puisque son temps est terminé.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur une motion de ce genre,
étant donné qu'il est le porte-parole officiel de notre parti, il
a droit à une demi-heure et le député de Dorchester
voulait prendre le temps qui lui était réservé.
Article 95, deuxièmement, M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Le député de Dorchester
est-il le porte-parole officiel?
M. SAMSON: Ah oui!
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): C'est qu'il avait omis d'avertir la
présidence et ses collègues, au début.
M. SAMSON: M. le Président, étant donné le
magnifique discours qu'il prononce, nous croyions que vous vous en étiez
aperçu.
M. GUAY: M. le Président, je disais donc qu'il est indispensable
de donner à ces professionnels les outils dont ils ont besoin, non
seulement les outils qu'ils désirent mais ceux dont ils ont besoin.
En passant, je tiens à remercier les groupes qui ont pris la
peine de se déplacer, de se rendre à nouveau à
Québec, en plus d'être venusà la commission parlementaire,
pour soulever à notre attention les points importants dans la
rédaction nouvelle du projet de loi no 250.
Bien sûr, M. le Président, pour prononcer les mots que
notre parti prononce actuellement, cela prend une certaine dose d'audace. Nous
avons mis en garde les groupes professionnels contre cette loi et je crois
qu'ils ont compris. Si le ministre des Affaires sociales en doute, il n'a
qu'à venir à mon bureau pendant quelques heures seulement. Il se
rendra compte que ces professionnels comptent passablement sur les partis de
l'Opposition pour se faire réentendre concernant cette loi.
Plusieurs professionnels ont soulevé à nouveau le fait que
le projet de loi ne leur donne pas justice. D'autres députés,
membres de cette Chambre, l'ont également souligné. Par exemple,
des groupes qui désiraient être reconnus de façon normale,
de façon équitable se voient aujourd'hui mis de côté
par cette loi. Je répète au ministre qu'advenant l'adoption d'un
tel projet de loi sans changements il est bien sûr qu'un nombre imposant
de personnes se retrouveront dans l'illégalité. Je n'ai pas le
droit de me référer à des lois particulières dans
le moment sauf que, pour justifier cette motion, il y a déjà un
travail, de la part de certains groupes, qui est commencé et qui fait
affreusement mal à d'autres groupes actuellement.
M. le Président, si nous désirons que ce projet de loi
soit déféré pour étude à trois mois, c'est
aussi pour une autre raison très importante. Le grand public on a
remarqué que les journaux n'ont pas été tellement bavards
sur la discussion du projet de loi no 250, plusieurs s'en sont rendu compte
a également besoin d'information. Le grand public est en droit
d'attendre des services de ces professionnels. Le grand public a
également le droit de savoir exactement dans quel sens le
ministère des Affaires sociales s'oriente, car il est conscient que
demain, peut-être, il n'aura plus les services qui lui étaient
offerts ou qui étaient à sa disposition.
Le grand public, je pense qu'il faut plus que jamais en tenir compte. Et
s'il y a un temps où c'est nécessaire parce que cette loi touche
pratiquement tout le monde indirectement, c'est justement sur cette loi
à un temps bien précis, aujourd'hui.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que nous discutons de la pénurie de
services dans certaines régions. Et si le Code des professions ne vient
pas pallier cette lacune, ce code a beaucoup moins sa raison d'être.
Je répète: Prenons le temps de faire un projet de loi qui
réponde aux besoins de 1973, et encore une fois, permettons donc
à ce qui est en place d'exercer légalement ce qui est fait
actuellement et ce qu'il est bon de conserver. Ce grand chambardement du monde
professionnel, s'il a soulevé autant de critiques c'est qu'il ne
plaît ni aux professionnels ni à la population.
Le député de Beauce l'a mentionné, c'est
probablement le premier projet de loi qui fait qu'il y a autant de personnes
dans le monde professionnel, en particulier pour ce cas, qui sont
mécontentes. Pourquoi ce mécontentement général? La
population se pose cette question. Et nous devons exiger du ministre qu'il
prenne le temps de nous le dire.
Nous devons exiger, comme membres de l'Opposition, que les corps
professionnels prennent également le temps d'expliquer à la
population ce qui se passe. Bien sûr que d'autres ajouteront à ce
que j'ai déjà dit, d'autres viendront compléter, parce
qu'on ne peut pas tout dire.
Est-ce que le Code des professions dans sa nouvelle
présentation va permettre de meilleurs services, une plus grande
accessibilité aux services? Ce sont des questions qui m'ont
été posées, encore aujourd'hui, par
téléphone, par des citoyens de mon comté et d'ailleurs.
C'est
donc un signe que cette population n'est pas suffisamment
renseignée, qu'elle se pose de grandes questions.
Voilà pourquoi nous devons accepter la motion du
député de Beauce, et je pense qu'un délai de trois mois
n'est pas trop long pour permettre au législateur de scruter ce projet
davantage avant de commettre des erreurs.
En terminant, je suggère au ministre de lire avec grande
attention la motion du député de Beauce, et je suis convaincu que
ce sera en même temps une chance inouïe pour le ministre de corriger
son projet de loi, de le faire plus parfait, et d'écouter davantage.
Ecouter d'abord, parler ensuite, c'est ce que nous faisons.
Et je suis convaincu, quant à tous les dangers qui ont
été soulevés dans cette loi, que dans trois mois
supplémentaires, les groupes qui ont quelque chose à dire
concernant cette loi auraient le temps de le dire, parce que c'est leur droit.
Il est toujours trop tôt pour pénaliser d'une façon ou
d'une autre les citoyens du Québec.
M. le Président, j'appuie entièrement la motion du
député de Beauce et je serai nécessairement dans
l'obligation de voter pour.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, nous sommes actuellement à
étudier le projet de loi 250, Code des professions. En vertu des
dispositions de notre règlement, soit l'article 123, le
député de Beauce vient de présenter une motion dilatoire
dans un but que lui-même n'a pu exposer en raison du délai qui lui
était accordé pour soutenir sa motion par des arguments que vient
de nous signaler le député de Dorchester.
Je dois vous avouer que je n'ai pas trop compris pour quelle raison le
député de Dorchester appuierait la motion du leader parlementaire
du Ralliement créditiste, le député de Beauce. Au cours de
ses remarques, il a même invité le ministre à aller
à son bureau pour prendre connaissance de toute la correspondance, des
documents, des télégrammes, des lettres qu'il reçoit. Je
crois que la situation du député de Beauce n'est ni personnelle
ni exclusive. Il faut distinguer entre le code des professions et chacune des
lois spécifiques que nous serons appelés à étudier
plus tard. Les lettres, télégrammes, conversations, visites,
rencontres que nous avons, que nous recevons, sont dirigés vers tel ou
tel projet de loi et les représentations qui nous sont faites ne sont
pas à rencontre du code des professions.
D'ailleurs, M. le Président, j'ai écouté le
député de Dorchester nous dire: Durant ce délai de trois
mois, nous aurions l'avantage, nous membres de la commission ad hoc de
l'Assemblée nationale ainsi que les députés d'entendre
d'autres mémoires des membres des corpora- tions. C'est justement
là, M. le Président, que ça ne pourrait pas se faire. Si
la motion était reçue ou votée majoritairement par
l'Assemblée nationale, il y aurait quand même la pertinence d'un
débat devant la commission parlementaire ad hoc qui ne permettrait pas
de recevoir les membres de chacune des corporations professionnelles pour nous
exposer la nécessité, le besoin, l'avantage, l'impératif
qu'il y aurait de corriger, par exemple, la loi médicale, celles du
notariat, du Barreau, de la chiropraxie, ainsi de suite. Si cette motion
était reçue, nous ne pourrions considérer que les
mémoires des corporations ou des individus qui viendraient nous donner
des raisons pour lesquelles le projet de loi 250 n'est pas complet, ne devrait
pas être immédiatement voté par l'Assemblée
nationale.
C'est ça, à toutes fins pratiques, la portée de la
motion du député de Beauce. Or, M. le Président, si je me
réfère au feuilleton du jour, j'y relève toute une
série de lois. Tout simplement, je veux vous les signaler: 251, Loi
modifiant la loi du Barreau; 252, Loi médicale; 253, Loi modifiant la
loi du notariat. Je m'excuse si je récite toutes ces lois; c'est parce
que j'aurai à faire des commentaires, tout à l'heure, globalement
au sujet de ces corporations.
Loi 254, Loi des dentistes; loi 256, Loi sur l'optométrie; 257,
Loi modifiant la loi des médecins vétérinaires; 259, Loi
des architectes; 262, Loi modifiant la loi des ingénieurs forestiers;
263, Loi modifiant la loi des chimistes professionnels; 260, Loi modifiant la
loi des ingénieurs; 261, Loi des arpenteurs-géomètres;
258, Loi des agronomes; 255, Loi sur la pharmacie, et 264, Loi des comptables
agréés. Quatorze corporations professionnelles dont je viens de
donner la liste.
Or, il arrive, M. le Président, que ces quatorze corporations
professionnelles sont membres du Conseil interprofessionnel du Québec.
Le Conseil interprofessionnel du Québec nous a fait parvenir
récemment un mémoire et j'y lis, entre autres ce qui suit: "Ce
mémoire est le résultat d'un examen collectif du projet
révisé du code des professions et représente le consensus
des 22 corporations professionnelles qui composent le Conseil
interprofessionnel du Québec.
Je vais en donner la liste. Je n'aurai pas grand mérite, M. le
Président, en ce faisant, mais je voudrais que ce soit inscrit au
journal des Débats, La liste de ces corporations professionnelles est la
suivante: arpenteurs-géomètres, association des architectes,
Chambre des notaires, Collège des chirurgiens dentistes, Collège
des médecins et chirurgiens, Collège des médecin
vétérinaires, Collège des optométristes,
Collège des pharmaciens, Conseil général du Barreau,
Corporation des administrateurs agréés, Corporation des
agronomes, Corporation des chimistes, Corporation des conseillers d'orientation
professionnelle, Corporation des diété-
tistes, Corporation des ingénieurs, Corporation des
ingénieurs forestiers, Corporation des psychologues, Corporation des
travailleurs sociaux et professionnels, Corporation des urbanistes, Institut
des comptables agréés, Société des conseils en
relations industrielles, Société d'orthophonie et
d'audiologie.
De ces 22 corporations, les 14 dont j'ai donné la liste et qui
figurent au feuilleton du jour sont membres du Conseil interprofessionnel du
Québec. Manque de consultation, nous déclare l'honorable
député de Dorchester. Le Conseil interprofessionnel nous fait
rapport sur la représentation commune des différentes
corporations dont je viens de vous donner la liste et il exprime l'opinion de
50,000 professionnels qui, par leur exécutif, ont pris connaissance du
projet de loi réimprimé du ministre des Affaires sociales, la loi
250.
La très grande majorité des corporations professionnelles,
sinon toutes, dit le mémoire, ont décidé de ne pas se
prononcer directement sur ce projet modifié, laissant au Conseil
interprofessionnel du Québec le soin de le faire en leur nom. Commission
parlementaire en regard des dispositions de la loi 250; pour quelles fins?
Pourquoi? Pour quelle utilité, quelle nécessité, quelle
urgence? Cinquante mille professionnels, 22 corporations professionnelles ont
accueilli avec satisfaction des modifications déjà
apportées par l'honorable ministre des Affaires sociales et
reconnaissent l'effort que la commission parlementaire spéciale des
corporations professionnelles et lui-même ont déployé pour
écouter et comprendre le sens profond de leurs objections
principales.
Il faut se rappeler dans quelle évolution législative la
commission ad hoc a travaillé. Nous avons eu d'abord la première
version du projet de loi 250 et nous avons commencé à entendre
des mémoires. Nous en avons entendu, de ces organismes, corps
intermédiaires, corps professionnels, 105 à la commission
parlementaire ad hoc. De plus, 34 mémoires ont été
déposés. Par conséquent, 139 organismes, associations ou
corps professionnels se sont fait entendre ou ont déposé un
mémoire. Vous-même, M. le Président, vous aviez à ce
moment-là la responsabilité de présider notre commission
parlementaire, vous vous rappelez les pressions qu'exerçait le Barreau
sur ses membres aux fins de s'opposer au code des professions, première
version.
Sous la pression des membres de la commission parlementaire, à la
lumière des mémoires qui nous furent présentés, le
ministre nous a fait part, le 14 septembre, si ma mémoire est bonne
mais c'est en septembre 1972 de modifications importantes
à son projet de loi qui a créé l'unanimité ou
presque de toutes les corporations professionnelles, y compris le Barreau.
Je crois que mon collègue, le député de Montmagny,
a joué un très grand rôle dans cette évolution
législative qui, finalement, a poussé le ministre des Affaires
sociales à nous donner les grandes lignes d'un projet de loi qu'il
devait réimprimer et dont la distribution nous a été faite
au mois de décembre.
Par conséquent, quelle utilité pourra apporter un
délai de trois mois? Quels avantages en retireraient les professionnels,
si ce projet de loi était reporté à trois mois pour son
adoption par l'Assemblée nationale? Je me répète: il faut
dissocier le Code des professions de toutes les lois spécifiques qui
font l'objet des représentations, des démarches, des
mémoires, des télégrammes, de la correspondance, des
entrevues, des appels téléphoniques que tous les
députés reçoivent tant du côté du parti au
pouvoir que des partis de l'Opposition.
A toutes fins pratiques, supposons que la commission parlementaire se
réunit à nouveau pour entendre les corps professionnels sur le
bill no 250. Qu'est-ce qu'ils viendraient nous dire? Ils viendraient nous dire
ce qui est compris dans le mémoire que nous a présenté le
Conseil interprofessionnel du Québec. Ils ne viendraient sûrement
pas nous dire qu'ils sont maintenant contre, puisque 22 corporations
professionnelles, parlant au nom de 50,000 membres, acceptent la nouvelle
version du projet de loi. Je ne dis pas que la loi est parfaite. J'aurai
l'occasion d'y revenir en deuxième lecture. J'avais l'intention de ne
pas parler et d'ailleurs, je me garde bien de sortir des règles de la
pertinence du débat actuel. Je m'en tiens exclusivement à
cela.
Je puis vous dire que les membres de nos corporations professionnelles
en ont assez d'exercer des pressions sur le ministre, sur ses sous-ministres,
auprès des députés ministériels, auprès des
députés de l'Opposition. Les professionnels en ont assez
d'être à la merci de l'Assemblée nationale pour savoir quel
sera leur champ d'activité professionnelle demain, qu'ils soient
notaires, avocats, ingénieurs, chiropra-ticiens, médecins, qu'ils
soient de toutes les professions. Ce qu'ils demandent à la
députation, en général, c'est de corriger notre loi
corporative.
Ils ne nous parlent pas du bill no 250. La loi no 250 est
acceptée par les professionnels, avec des modifications
suggérées, cependant. Par conséquent, si l'on a suivi
l'évolution législative du projet de loi no 250, si nous
analysons les avantages qu'il y aurait à faire siéger à
nouveau la commission parlementaire pour entendre les corporations
professionnelles venir nous dire ce qu'elles nous ont déjà
communiqué, c'est de la perte de temps. Cela deviendrait inutile. Ce
n'est pas nécessaire. C'est une motion que je ne qualifierai pas de
politique partisane.
Non, je n'ai pas le droit de le dire. C'est pourquoi je ne le fais pas.
Mais je dis que nos professionnels et la population veulent que nous agissions.
Pour une fois que le gouvernement n'attend pas que le feu soit pris,
donnons-lui la chance d'aller de l'avant. Lorsque nous en viendrons à
l'analyse des lois spécifiques, j'es-
père que mon distingué et honorable ami, le ministre des
Affaires sociales, gardera le sourire qui s'épanouit sur sa figure
immédiatement. Enfin, il a trouvé quelqu'un, un groupe
parlementaire important pour l'appuyer dans sa loi, le projet de loi 250! C'est
pourquoi, avec regret, sans reproche â mes honorables amis du Ralliement
créditiste, je dois vous dire que nous voterons contre la motion de
l'honorable député de Beauce.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Bourget.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, en quelques minutes, je voudrais
dégonfler le ballon noir qu'essaie de souffler le Ralliement
créditiste, de la façon inepte, infantile et vaine qui lui est
maintenant habituelle.
Vouloir prétendre que nous n'avons pas eu assez de temps pour
examiner les tenants et aboutissants de ce projet de loi équivaut
à une effronterie majeure et à une véritable escroquerie
politique. En effet, le rapport...
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
J'ai beaucoup de respect pour l'honorable député de Bourget.
L'honorable député de Bourget aura beau penser ce qu'il voudra,
mais je n'accepterai pas, au nom de mon groupe parlementaire, qu'on nous
considère comme des escrocs politiques. Nous avons droit à nos
opinions. Nous avons un programme. Nous sommes capables de prendre nos
responsabilités et nous les avons prises. Lorsque le Parti
québécois présente une motion qui ne fait pas notre
affaire, nous nous levons et nous donnons les raisons pour lesquelles nous
n'appuyons pas sa motion. Mais jamais, M. le Président, nous avons
porté l'indécence et l'irrespect des collègues de
l'Assemblée nationale au point de les traiter d'escrocs. Je demanderais
à l'honorable député de Bourget de retirer ses
paroles.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre!
M. LESSARD: Il n'a rien compris.
M. LAURIN: M. le Président, sur le point de règlement, je
pense avoir le droit d'émettre une opinion sur une intervention de
quelque parti politique que ce soit en cette Chambre. Je ne me suis
attaqué à aucune personne en particulier et, je pense,
jusqu'à nouvel ordre, avoir droit à mon opinion.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Je vais rendre une décision
dans le même sens que celle que j'ai rendue ce matin. Ici, on est dans un
champ politique. On attaque les partis. Si on attaque les personnes indivi-
duellement, par des mots antiparlementaires, c'est une autre chose. Mais, quand
on attaque une formation politique, c'est pour cela que nous sommes ici.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur la même question de
règlement. Il y a quand même une question d'éthique, une
question de gentilhommerie à l'Assemblée nationale. Lorsque l'on
considère un groupe parlementaire comme un groupe d'escrocs politiques,
je pense qu'on fait violation des droits des parlementaires. M. le
Président, si l'honorable député de Bourget refuse de
retirer ses paroles...
M. LESSARD: A l'ordre.
M. ROY (Beauce): ... nous allons revenir sur le sujet...
M. LESSARD: M. le Président, vous avez rendu votre
décision et il n'a rien compris.
M. ROY (Beauce): ... en invoquant la motion de violation du
privilège des députés.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Cela est une autre affaire. Pour
le moment, j'ai rendu une décision qui est dans le même sens que
celle que j'ai rendue ce matin et je suis encore du même avis.
M. LAURIN: M. le Président, je voulais juger un acte et non pas
des personnes. Reprenant le fil de mon propos, tous les députés
de cette Chambre ainsi que l'opinion publique, se souviendront que le rapport
de la commission Castonguay-Nepveu sur les professions a été
déposé en août 1970 et que le projet de loi 250 ne fait que
reprendre, presque dans leur entier, les recommandations majeures de ce
document extrêmement important.
Nous savons également que l'analyse très exhaustive de Me
Sheppard a paru à peu près dans le même temps et que nous
avons eu tout le temps nécessaire pour analyser les faits et les
recommandations qui pouvaient en découler.
Il faut se rappeler également que la première version du
projet de loi a été déposée en décembre
1971, que la deuxième version l'a été en septembre 1972,
que la commission parlementaire a siégé durant 112 heures et 22
minutes, qu'elle a tenu 24 séances, que nous avons pu entendre 105
mémoires, que le ministre a modifié son projet de loi à la
suite de représentations qui lui ont été faites, que nous
avons eu plusieurs mois pour étudier cette deuxième version et
que depuis qu'elle a été déposée, nous avons
été soumis, comme le disait le député de
Maskinongé, à toutes sortes de pressions de groupes qui,
très justement, exerçaient leurs droits et essayaient de nous
convaincre du bien-fondé de leurs recommandations.
Pour notre part, nous estimons que notre
lanterne est suffisamment éclairée et que le temps est
venu nous en sommes d'ailleurs parfaitement capables d'exprimer
notre opinion définitive à ce sujet. Si l'entendement
créditiste demeure encore bouché, cela est un cas d'exception, M.
le Président, et je ne crois pas que l'on puisse élever cette
infirmité à l'état de règle
générale.
Par ailleurs, M. le Président, les raisons qu'invoque le
député de Dorchester quant au fond, il a eu l'occasion de les
faire valoir dans son exposé de deuxième lecture et je ne vois
pas pourquoi il voudrait y revenir pour appuyer sa motion, qui n'est que
dilatoire. Tous les observateurs désintéressés et les
professionnels eux-mêmes sont maintenant convaincus que le code des
professions n'est pas un code contre les professions, n'est pas un code
antiprofessionnel, ne constitue pas une attaque contre les corporations
elles-mêmes, puisque le ministre a dit lui-même, dans son
exposé de deuxième lecture et c'est très
évident dans le projet de loi qu'il s'agit simplement d'asseoir,
d'une façon plus solide, cohérente et éclairée,
l'action magnifique que les corporations ont pu mener dans le passé et
d'adapter cette action aux conditions actuelles. Je ne crois donc pas que le
prétexte faux que ce projet de loi s'attaque aux corporations, doive
être pris à la lettre et qu'on cède ainsi encore une fois
aux préjugés. Je préfère croire, avec tous les
observateurs désintéressés, qu'il s'agit ici simplement
d'une mise à jour, d'une uniformisation du régime juridique des
professions, d'une rationalisation qui n'a que trop tardé et dont toutes
les professions aussi bien que le public sauront profiter.
Ceci ne veut pas dire, M. le Président, que je suis d'avis que ce
projet de loi est parfait. Je suis bien prêt à admettre qu'il
puisse encore comporter quelques imperfections ou quelques injustices mais ce
n'est pas par une motion dilatoire, ce n'est pas par une extension
indéfinie de la période de temps consacrée à la
discussion que nous pourrons les corriger. Nous avons maintenant tous les
éléments en main. Lorsque commencera l'étude en commission
plénière, nous ferons valoir tous les documents que nous
possédons, toutes les recommandations, les éclairages qui nous
ont été donnés pour, précisément, essayer
d'améliorer ce projet de loi dans le sens de l'intérêt
public.
Remarquez, M. le Président, que je ne m'étonne qu'à
demi que cette motion dilatoire ait été présentée.
Lorsqu'il est devenu évident que certaines parties de l'opinion
élèvent l'immobilisme et la régression â
l'état de philosophie, lorsqu'il est devenu évident qu'on apporte
son appui à tous les mouvements ou à toutes les tendances qui
voudraient ramener le Québec à l'ère du tribalisme et du
folklore, lorsqu'on se rend compte qu'il existe, dans notre
société, des factions qui se font une mission de cultiver les
préjugés et le mécontentement populaires, qui se font une
sorte de spécialité d'aviver les plaies de notre
société pour des fins politiques, lorsqu'on sent que, dans notre
société, il y a des courants sociaux qui n'aspirent à rien
d'autre qu'à la négation du progrès et à s'opposer
à toutes les lois qui sont à la fois progressives et
progressistes.
Il n'est pas étonnant qu'un groupe politique qui prétend
incarner et exploiter ces courants sociaux se prononce contre toutes les lois
qui voudraient apporter à notre société l'aération
et la rationalité dont elle a besoin.
On sent très bien, derrière l'opposition de principe en
deuxième lecture comme derrière cette motion, qu'il y a une
méfiance de l'Etat poussée à un point tel qu'on voudrait
faire revenir la société québécoise à un
état d'anarchie dont pourraient ne profiter que les fauteurs de trouble
et de désordre.
Je pense que tout ce que mérite cette motion dilatoire c'est
d'être connue et exposée dans ses tenants et aboutissants afin que
le parti qui a osé la présenter soit cloué une fois pour
toutes au pilori de l'opinion publique.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: C'est avec un peu de surprise que je viens d'entendre
l'honorable député de Bourget souhaiter que nous soyons
cloués au pilori. J'ai eu l'impression qu'il avait à redire des
paroles en provenance de quelqu'un d'autre. C'est drôle, quand ça
fait son affaire à lui, qu'il n'ait pas peur de dire la même
chose.
Cela ne nous surprend pas du tout que le Parti québécois
vienne aider le gouvernement dans un moment comme ça. Cela ne nous
surprend pas plus aujourd'hui que ça nous surprenait déjà,
car il arrive souvent que le Parti québécois soit là pour
servir de béquille au ministère des Affaires sociales.
Lorsque mon collègue de Beauce a présenté une
motion pour demander le renvoi du bill 250 à trois mois, il faut
comprendre qu'il aurait pu, s'il avait eu le temps de le faire, invoquer
beaucoup d'arguments pour démontrer la validité de sa motion.
Nous avons devant nous une réimpression d'un bill. Ce n'est pas
la première fois que ça arrive, d'ailleurs. Le gouvernement
semble se spécialiser dans les réimpressions. On se demande s'il
ne serait pas mieux d'exploiter une imprimerie plutôt que
l'administration publique.
J'ai entendu avec beaucoup d'intérêt les paroles du
député de Maskinongé, qui nous a fait remarquer que les
professionnels s'intéressaient je ne sais pas si ce sont ses
paroles exactes, mais de toute façon ça voulait dire à peu
près ça beaucoup plus aux bills qui suivent le bill 250
qu'au bill 250 lui-même. Selon ce que j'ai cru comprendre, le conseil
interprofessionnel aurait mentionné sa satisfaction du bill 250.
Ce qu'il faut comprendre c'est que les lois qui suivent la loi 250 sont
des lois au sujet desquelles plusieurs représentants des corporations
professionnelles nous ont fait part de leur désir de voir
retardées plutôt que d'être acceptées dans leur forme
actuelle.
Si on considère que les lois qui suivent la loi 250 ne font pas
l'affaire, ne donnent pas satisfaction â certaines corporations, si on
laisse passer le bill 250 trop vite qu'est-ce qui arrivera? Vous n'êtes
pas sans savoir qu'actuellement les membres de l'Assemblée nationale
sont en quelque sorte en liberté surveillée, puisque nous devons
siéger en vertu de la motion omnibus. A chaque fin de session c'est la
même chose. Le gouvernement prend son temps quand on commence la session,
ordinairement en février; il y a le discours inaugural, le discours du
budget, etc. On sait que pour les deux ou trois premiers mois ça ne
presse pas.
On nous fait siéger tant bien que mal, le gouvernement n'est pas
prêt. Mais quand arrive la fin de la session c'est donc pressant.
Cette année, même avec la motion omnibus en
décembre, on n'a pas pu adopter la loi 250 et les lois suivantes. On
doit revenir en 1973 pour finir cette session et on est obligé, depuis
ce matin, de siéger de 10 heures le matin à minuit,
peut-être même le lundi, peut-être même le samedi. On
considère que c'est une raison très valable, quand on est sous
l'effet d'une telle motion. Quand on nous oblige, comme à chaque fin de
session, à travailler à la vapeur, M. le Président, pas
plus le ministre des Affaires sociales que les autres ministres ne peut nous
dire que les députés ont le loisir d'étudier tout cela
à tête reposée; pas plus le ministre des Affaires sociales
que les autres ministres ne peut nous dire que les représentants des
corporations et la population se sont fait entendre.
Nous devons penser aux représentants des corporations, mais nous
devons penser également à la population parce que les
corporations professionnelles existent en vertu de services à rendre au
public, et le public, quoiqu'il y ait eu beaucoup de mémoires devant la
commission parlementaire, quoique depuis longtemps on en parle, nous pouvons
constater, ceux qui sont près de la population, que depuis
dernièrement nous trouvons un intérêt particulier dans le
public concernant le Code des professions. Comment se fait-il que cet
intérêt du public ne soit pas arrivé avant? Pour plusieurs
raisons, peut-être." Le fait demeure, c'est que depuis quelques semaines
seulement, on a à nos bureaux des visites non de représentants de
corporations professionnelles évidemment, on en a eu de toutes
les corporations mais du public qui vient nous donner son opinion. Etant
donné que les corporations professionnelles existent en vertu des
services à rendre au public, nous devons aussi permettre au public de
dire son mot.
Les media d'information nous disent que dans la population certaines
pétitions se prépa- rent concernant des lois qui font suite
à la loi 250. Evidemment, si on l'adopte trop vite, je n'ai pas besoin
de vous dire que le gouvernement qui est pressé d'adopter la loi 250 est
aussi pressé d'adopter les autres. Le ministre, la semaine
dernière, à l'occasion d'un débat, faisait allusion au
fait que quelqu'un l'a qualifié un jour de socialiste pressé; je
n'ai pas l'intention de le qualifier de socialiste pressé aujourd'hui
mais s'il continue, cela peut arriver qu'en plus de dire que dans son
ministère on veut établir le socialisme au Québec,
ça se peut qu'on dise qu'ils sont pressés. Cela se peut qu'on en
vienne à dire qu'ils sont de plus en plus pressés.
M. CASTONGUAY: M. le Président, une question de règlement.
Ce que le député allègue présentement n'a
absolument rien en rapport avec la pertinence du débat en cours et
j'espère que vous allez le rappeler à l'ordre s'il
recommence.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Procédez!
M. SAMSON: M. le Président, je n'ai rien entendu de ce que le
ministre vient de dire. C'est comme d'habitude, il est hors du débat. M.
le Président, on a permis à tous les opinants de donner des
raisons, de faire des références, de donner des exemples. Je sais
que le ministre n'aime pas qu'on le cite en exemple et nous non plus parce que
ce n'est pas le meilleur exemple à citer mais, que voulez-vous, il faut
prendre ce qu'on a comme exemple. On n'a pas mieux que ça dans le
moment. M. le Président, quand on parle de socialiste pressé,
c'est justement parce que ces bills se réfèrent à cela;
c'est justement parce que nous ne sommes pas pressés et que nous ne
sommes pas socialistes que nous pensons qu'il vaudrait mieux attendre un peu,
et la population aussi.
Nous avons eu, et vous-même, M. le Président, probablement
dans votre comté, des visites de personnes qui ont dit: Dans tel
domaine, concernant telle profession, concernant telle autre profession, on
aimerait mieux ça comme ça, on voudrait ça comme
ça, pourquoi ne le faites-vous pas comme ça. Pourquoi? Parce que
ça presse, au gouvernement, c'est parce qu'on ne veut pas donner le
temps à l'opposition, on ne veut pas donner le temps à la
population de renseigner l'opposition.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre!
Votre temps est terminé.
M. SAMSON: Déjà?
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Oui, déjà!
M. SAMSON: Cela allait si bien. Est-ce que vous me permettez de vous
dire, M. le Président, que, pour les raisons que je viens de mentionner
et pour d'autres raisons que je n'ai pas le temps de vous dire, nous allons
appuyer la motion du député de Beauce? Quant à nous,
ça ne presse pas pour adopter ce genre de bill socialiste.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Encore une fois, M. le Président, nous
sommes, comme nous l'étions ce matin, en présence d'une motion
que je qualifierai de bizarre, bizarre dans son intention et bizarre aussi en
ce qui a trait aux arguments qui voudraient la soutenir. Cette motion ou, pour
parler plus correctement, cette proposition dilatoire est
présentée précisément par des gens qui en ont
toujours contre les rapports commandés par le gouvernement.
Or, il arrive que le gouvernement a commandé, il y a
déjà pas mal d'années, un rapport, celui de la commission
Castonguay-Nepveu, qui a été suivi de diverses études dont
l'objectif était d'en arriver à réaménager le
domaine de la santé et à réaménager
spécifiquement, dans le cas qui nous occupe, le secteur
général des professions. Donc, il y a un illogisme assez
évident dans l'attitude d'un parti qui prétend que le
gouvernement étudie trop longtemps et qui voudrait encore prolonger ces
études aujourd'hui par le biais de la motion dilatoire qui nous est
soumise.
Je crois, M. le Président, que ceux qui ont été
attentifs aux discussions qui on été menées pendant des
jours, des heures et des heures à la commission parlementaire ad hoc,
s'ils ont quelque intelligence du problème, ont suffisamment
d'éléments pour porter un jugement de valeur, un jugement
responsable sur le projet de loi que nous demande d'agréer le ministre
des Affaires sociales.
Mon collègue, le député de Montmagny, dans son
discours de deuxième lecture, a rappelé le nombre de
mémoires qui avaient été entendus, le nombre d'organismes
qui étaient venus devant nous. Il a fait mention, notamment, des heures
que nous avions passées à étudier ce projet de loi. On
nous dit: Bien, le projet de loi a été réimprimé.
D'accord. Il a été réimprimé, mais il a
été réimprimé à partir des suggestions qui
avaient été faites, à ce moment-là, en commission
parlementaire. Il se peut fort bien que certaines des dispositions du projet de
loi ne satisfassent point à tous égards les organismes qui sont
venus devant nous. On ne peut contenter tout le monde et son père. La
responsabilité des parlementaires, c'est précisément,
après avoir pris un temps assez long pour la consultation, de poser des
gestes dont ils deviennent responsables.
Je crois qu'en tout état de cause, M. le Président,
à ce stade-ci de nos débats, chaque député de
l'Assemblée nationale, qui a suivi les discussions auxquelles je faisais
allusion tout à l'heure, qui a étudié le rapport de la
commission Castonguay-Nepveu et qui a fait l'analyse de l'étude de Me
Sheppard, est en mesure de se prononcer, c'est-à-dire de prendre ses
responsabilités.
Nous aurons à dire oui ou non au projet de loi du ministre. Nous
aurons, ensuite, après l'adoption en deuxième lecture, l'occasion
à nouveau de nous pencher sur la question, puisqu'il nous sera possible
de réexaminer tout le problème lors de l'étude article par
article, et de faire valoir justement certaines des représentations qui
nous ont été soumises par le Conseil interprofessionnel du
Québec.
Je voudrais rappeler ici ce que disait mon collègue, le
député de Maskinongé: Il faut faire une distinction
très nette entre le projet de loi 250 et la suite des autres lois qui
nous seront soumises par le ministre des Affaires sociales, qui font justement
l'objet de ces visites, de ces rencontres, des télégrammes et des
lettres que nous recevons.
Je puis, pour ma part, vous dire que la grande majorité des
représentations que j'ai reçues me sont venues de certaines
personnes auxquelles on avait envoyé des formules toutes
imprimées, me demandant de me prononcer contre un des projets de loi qui
sera soumis à l'attention des législateurs. J'ai répondu
à ces personnes, à chacune d'elles, qu'en temps utile, lorsque le
problème nous serait soumis ici sous la forme d'un projet de loi
spécifique, nous ferions connaître notre opinion.
Il s'agit maintenant du projet de loi 250. Nous y avons consacré
beaucoup de temps et je suis sûr que les gens qui ont
présenté cette motion dilatoire et qui en ont marre de toutes les
commandes de rapports que le gouvernement passe sont désireux de passer
aux actes. Ils en ont l'occasion cet après-midi et, au lieu de nous
présenter une motion qui n'a aucune sorte d'utilité, ils
devraient plutôt s'asseoir, faire un effort de réflexion pour
tenter de saisir la substance du projet de loi, si tant est qu'ils ne l'aient
point fait encore jusqu'à présent, de porter un jugement et d'en
porter la responsabilité.
M. le Président, je termine en vous disant que les
législateurs ont aujourd'hui un rôle très complexe; ils
sont obligés d'engager tous les jours le dialogue avec les citoyens qui
sont les bénéficiaires ou les victimes des lois mais tout
dialogue doit aboutir à une conclusion. Le dialogue que le ministre, ses
collègues et nous-mêmes avons engagé et poursuivi avec les
citoyens est terminé; il est donc temps d'adopter le projet de loi
250.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Saguenay.
M. Lucien Lessard M. LESSARD: M. le Président, quelques
mots sur cette motion qui nous est présentée par le
Ralliement créditiste. Lorsque j'entends, depuis quelque temps, les
députés du Ralliement créditiste, je pense toujours
à cette phrase que lançait, il y a quelques semaines, le nouveau
chef du Ralliement créditiste, M. Dupuis, qu'il vaut mieux avoir des
enfants ignorants que des enfants pourris.
A entendre les députés créditistes nous constatons
de plus en plus qu'ils sont plutôt allés à l'école
d'Yvon Dupuis et qu'ils ne comprennent plus rien de ce qui se passe à
l'Assemblée nationale. Il ne s'agit pas de mépriser l'ignorance
ou certaines personnes qui refusent le système actuel et qui refusent le
système d'éducation. Mais il faudrait que ces gens se mettent en
tête que nous ne vivons plus aujourd'hui au XIX siècle. Les gens
qui représentent la population ici à l'Assemblée
nationale, les gens qui ont eu l'occasion d'entendre, en particulier sur le
projet de loi 250, des centaines de mémoires, depuis décembre
1971, date du dépôt du projet de loi 250, il me semble que ces
députés ont eu le temps de comprendre ce qu'il y avait dans ces
différents mémoires, ce qu'il y avait dans cette loi. On dirait
qu'ils n'ont encore rien compris. Depuis quelque temps, ces gens nous parlent
du retour à la revanche des berceaux, du retour à l'école
de rang, du retour à la terre, du retour à l'ignorance, du retour
à la société traditionnelle. Il faut quand même
avancer. Ces gens parlent toujours d'un retour en arrière, ils ne
parlent jamais du futur. Ces gens parlent toujours du passé et jamais de
l'avenir. Ces gens critiquent continuellement ce qui se fait à
l'Assemblée nationale, ils critiquent continuellement, par exemple, les
quantités de commissions parlementaires créées pour
étudier divers problèmes. Ces gens-là nous disent: C'est
le temps qu'on passe à l'action. Fini, les commissions parlementaires,
il est temps qu'on agisse.
Après plusieurs mois d'étude, après plusieurs mois
de discussion sur le projet de loi important, sur un projet de loi qui
présente certaines réformes, ces gens, encore aussi illogiques
qu'ils le sont depuis qu'ils sont représentants de leur comté
à l'Assemblée nationale, nous disent: On va encore étudier
pendant trois mois. On va étudier constamment. Mais vous ne vous
apercevez même pas de l'illogisme de vos positions depuis quelque temps,
de l'illogisme de choses que vous affirmez à l'intérieur de
l'Assemblée nationale. C'est encore pire depuis leur dernier
congrès à la "chefferie", qui était plutôt une foire
qu'un véritable congrès.
Mais qu'est-ce que vous avez à nous présenter? Qu'est-ce
que vous voulez? Quelle proposition positive voulez-vous faire dans les trois
prochains mois, au cours desquels nous allons encore entendre des
mémoires? Tous les organismes, toutes les corporations ont eu l'occasion
de faire valoir leur point de vue auprès du ministre, à la
commission parlementaire, auprès des 108 députés de
l'Assemblée nationale et c'est des dizaines d'appels
téléphoniques que nous recevons tous les jours des
différentes corporations qui veulent nous rencontrer. Mais quand vous
déciderez-vous d'agir? Je comprends que si vous attendez que les 6
millions de Québécois soient contents avant d'agir, vous n'agirez
jamais. Ce serait cela un gouvernement du Ralliement créditiste? Ce
serait cela le gouvernement que vous prônez? Ce serait un drôle de
gouvernement. D'ailleurs, on le sait, ce serait un gouvernement qui ne serait
jamais capable de régler les problèmes sociaux du
Québec.
M. ROY (Beauce): Un point d'ordre, M. le Président.
M. LESSARD: Vous n'avez aucune politique en ce sens-là.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre! A l'ordre!
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le règlement.
J'ai remarqué tout à l'heure qu'on a invoqué la pertinence
du débat. Je constate que le député de Saguenay, au lieu
de dire pourquoi il rejette la motion que j'ai proposée, fait une
analyse de notre parti politique.
Je vous inviterais, M. le Président, à lui rappeler
certaines dispositions de notre règlement de façon qu'il s'en
tienne au sujet même de la motion. S'il veut se livrer à un
débat politique pour permettre au Ralliement créditiste ou au
Parti québécois de faire des comparaisons, j'aimerais qu'on nous
permette de faire la même analyse et qu'on nous accorde les mêmes
privilèges.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement,
le député de Saguenay est tout simplement en train de
démontrer l'illogisme de la motion déposée. Il est en
train de dire que cela ne tient pas debout et que c'est ce genre de
gouvernement que le Ralliement créditiste nous donnerait si,
éventuellement, il prenait le pouvoir.
M. ROY (Beauce): Je vous ferai remarquer, M. le Président, que
non seulement il a parlé de la motion, mais il a touché au
congrès, au parti et à toutes sortes de domaines qui n'avaient
rien à voir avec la motion.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre! Je trouve qu'il a fait
un lien entre ses remarques sur le congrès, sur le parti politique et la
motion. C'est le but de ce débat...
M. LESSARD: Je me demande combien d'heures de travail cela va prendre
à ces députés pour comprendre les lois qui sont
déposées à l'Assemblée nationale. Combien de temps
cela va leur prendre pour comprendre la noi no 250.
Après 112 heures de débat, comme le disait tout à
l'heure le député de Bourget, après deux ans environ de
discussion en commission parlementaire, après avoir lu plus de 100
mémoires, ces gens n'ont pas encore compris...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela veut dire qu'ils ne comprendront
jamais.
M. LESSARD: ... et veulent attendre encore trois mois pour
réétudier, comme le disait le député de
Maskinongé, pour réentendre probablement exactement les
mêmes mémoires que les corporations ont déjà
proposés. Elles ne vont pas modifier leur politique du jour au
lendemain. Mais comment cela s'explique-t-il? J'ai l'impression que vous prenez
la population québécoise pour ce que vous êtes. C'est
justement...
M. ROY (Beauce): J'invoque le règlement encore une fois.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député de
Beauce.
M. ROY (Beauce): Je sais que le député de Saguenay a la
vue très courte et qu'il se permet de nous prêter des intentions.
L'avenir va certainement lui démontrer qu'il est dans l'erreur et qu'il
ne voit rien. Encore une fois, comme je ne veux pas embarquer dans ce genre de
choses, je vous inviterais à demander à l'honorable
député de Saguenay de discuter de la motion.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): J'invite le député
à prendre la dernière minute pour discuter de la motion.
M. LESSARD: M. le Président, je dis qu'ils prennent la population
québécoise pour ce qu'ils sont. La population
québécoise est bien plus intelligente que ça. Elle a eu le
temps, au cours des deux ans pendant lesquels on a discuté de ce projet
de loi, de prendre conscience de ce qu'est ce projet de loi, au niveau des
organismes de pression, parce qu'on ne demande pas à chaque individu du
Québec de venir présenter un mémoire au sujet des
corporations. Cette population a déjà compris qu'il fallait faire
des réformes et que ce n'est pas trois mois de plus qui vont nous
permettre de faire de meilleures réformes.
M. le Président, je dis que non seulement ces gens sont
illogiques, mais qu'ils continuent, depuis trois ans, depuis qu'ils sont
à l'Assemblée nationale, à ne rien comprendre aux
problèmes du Québec, en particulier depuis le congrès,
depuis que M. Yvon Dupuis, qui vient d'un peu partout, est devenu chef. Vous
êtes revenus aux bérets blancs de Gilberte
Côté-Mercier. Revanche des berceaux! Merci, M. le
Président.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank) : A l'ordre ! A l'ordre ! Le
député de Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, il me fait plaisir, à mon
tour, de venir donner mon opinion relativement à la motion de renvoi
à trois mois de ce projet de loi 250, intitulé Code des
professions.
Je n'aborderai même pas ce qui fut discuté durant les
dernières minutes tellement c'est folichon, tellement il ne faut pas en
tenir compte, tellement on est rendu dans un affolement collectif de ce
côté de la Chambre. Si nous revenons enfin, pour en discuter,
à la motion de renvoi à trois mois, je dis ceci: Après
avoir entendu autant de mémoires d'ailleurs, ce fut cité;
rien ne sert de répéter ces chiffres nous voyons
présentement, parce que nous sommes près du peuple, qu'il y a un
mécontentement. Cette fois-ci, c'est un mécontentement collectif
de tous les professionnels. Jamais, depuis la confédération,
a-t-on vu autant de professionnels mécontents, dans un aussi court laps
de temps, d'une action gouvernementale. A la suite de ce projet de loi no 250,
des mémoires qui ont été présentés, des
excellentes suggestions et des divers commentaires qui ont été
apportés par les différents groupements, le ministre a dit: Oui,
MM. les infirmiers, oui, MM. les professionnels de telle autre discipline. Oui
et un grand "oui" continuellement. Mais, lorsqu'il a
"réimpressionné" le projet de loi je devrais dire
réimprimé; je m'aperçois qu'il y a des grenouilles dans
l'autre coin! nous constatons, avec la plus grande stupeur, que
l'honorable ministre n'a aucunement tenu compte des commentaires et des
suggestions qui ont été apportés lors du
dépôt des mémoires des différentes corporations et
autres.
Or, c'est pour cette raison, étant donné que le ministre a
fait la sourde oreille, que nous désirons que l'étude de ce
projet de loi soit reportée à trois mois afin que ces mêmes
professionnels reviennent devant la commission parlementaire pour
présenter des arguments nouveaux, afin de faire comprendre à
l'honorable ministre qu'il se trompe. Nous voulons lui donner,
présentement, une chance inouïe et il ne veut pas la prendre. Les
autres partis d'Opposition tombent dans ce panneau. Il y a un
député, tout à l'heure, qui a dit que tous ceux qui ont
comparu jusqu'à présent étaient en faveur du code des
professions, étaient en faveur du contenu du code des professions.
Malheureusement, je dois dire que c'est faux.
Il y en a qui se sont dits en faveur mais il y en a et c'est la
plus grande partie qui voulaient apporter des changements majeurs non
seulement à la loi connexe, selon leur profession donnée, mais
également au niveau du code des professions. Or, je pense qu'un
gouver-
nement responsable ne doit pas faire la sourde oreille dans un tel
cas.
Je dis tout simplement aux professionnels de différentes
disciplines: Messieurs les professionnels, je vois que présentement vous
vous éveillez à la situation qui vous attend, demain, lorsque le
code des professions sera adopté et sanctionné. Pourquoi,
jusqu'à maintenant, n'étaient-ils pas tellement au courant? Je
n'ai aucune accusation à porter contre les media d'information, parce
qu'il y a tellement d'autres événements plus populaires, qui
attirent davantage l'oeil, les sens. Il y a tellement d'autres choses dont on
peut parler dans les journaux et à la radio qu'on a laissé de
côté le code des professions, étant donné que c'est
très technique et très complexe.
Ce n'est pas par la mauvaise volonté des media d'information,
non, absolument pas. Mais il reste un fait. La population et les professionnels
principalement ont été tellement peu renseignés
jusqu'à maintenant qu'ils ne se sont rendu compte il y a quelques jours
seulement dans quelle allée le gouvernement les alignait, pour l'avenir.
Que sera leur devenir, aux professionnels? Ils savent qu'ils seront comme dans
une prison, peut-être sans barreaux mais très surveillée
par des personnes très dociles, très stylées, inspecteurs
gouvernementaux et autres, qui regarderont, qui scruteront de très
près tous leurs agissements.
M. le Président je reviens à la motion avant que
vous ne me rappeliez à l'ordre je dis que l'honorable ministre ne
doit pas, à ce moment-ci, faire un faux pas. Nous l'avertissons en
conséquence, il doit faire reparaître devant la commission
parlementaire beaucoup de ces professionnels qui, présentement, ne
veulent absolument pas se laisser enchaîner à l'intérieur
de ce carcan socialiste, d'où il sera certainement impossible de sortir.
C'est tout simplement un billet pour l'abattoir mais pour aller seulement, pas
de retour.
M. le Président, étant donné que nous sommes
à la fin d'une session, qu'on nous fait travailler 16, 17 et 18 heures
par jour, le gouvernement en profite, pensant que nous ne nous
éveillerons pas, pensant que nous laisserons passer, comme du beurre
dans la poêle, le bill en question. Mais non, encore là, il faut
que le Ralliement créditiste du Québec se lève, comme il
s'est levé souventefois dans le passé, pour avertir le
gouvernement. L'honorable ministre des Affaires sociales sait que dans le
passé on l'a averti de certaines choses à temps. D'ailleurs, il
l'a constaté mais seulement six mois après. Mais il reste un
fait. C'est qu'il l'a constaté un jour après.
De toute façon, nous nous voyons, à ce moment-ci, dans
l'obligation d'agir ainsi. Ce n'est pas de gaieté de coeur que
l'honorable député de Beauce demande de reporter à trois
mois ce projet de loi. Ce n'est pas de gaieté de coeur pour ma part non
plus et pour aucun de mes collègues du Ralliement créditiste.
Mais c'est par devoir, par souci de faire en sorte que demain les
professionnels puissent garder leur autonomie à l'intérieur de
leurs corporations respectives et puissent réellement servir la
population. C'est pour faire en sorte que les citoyens reçoivent les
services qu'ils sont en droit d'attendre, tout en gardant chez ces
professionnels la motivation qui leur sera enlevée avec ce carcan
socialiste qu'est le bill 250.
DES VOIX: Vote, vote!
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, cette motion de reporter à
trois mois le bill 250, je crois réellement que c'est en toute logique
que le député de Beauce l'a présentée.
J'entendais tout à l'heure le député de
Maskinongé dire que ce bill 250 n'était pas nécessairement
le sujet sur lequel les corporations avaient à redire ou avaient des
revendications à faire valoir.
Je crois que le député de Maskinongé n'est pas sans
savoir bon politicien comme il est que le bill 250 a de grandes
incidences sur tous les bills qui suivent. Donc, je crois réellement que
ce bill 250 ferait l'objet d'un projet de loi dans toute la série, mais
devrait être accepté le dernier. Aujourd'hui, les corporations
professionnelles nous arrivent avec des revendications qui n'ont pas
été entendues lors de la présentation des
mémoires.
C'est bien beau de dire qu'il y a eu une centaine de
mémoires...
M. BELAND: Sur un rappel au règlement, M. le Président, en
vertu de l'article 25, voulez-vous rappeler les autres députés
à l'ordre pendant qu'un député parle?
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): La parole est au
député d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: C'est bien beau de dire qu'il y a eu cent mémoires,
mais on ne les a pas écoutés. On n'en a pas tenu compte.
Même cet après-midi, j'ai rencontré les
représentants d'une corporation professionnelle qui me disaient qu'on a
fait fi du mémoire qu'ils ont présenté à la
commission parlementaire.
C'est pour cette raison, messieurs du Parti québécois, que
nous voulons retarder de trois mois ce projet de loi. Justement parce qu'on n'a
pas tenu compte de la volonté de ces corporations professionnelles.
Allez-vous comprendre pourquoi nous voulons le reporter à trois mois?
Beaucoup des mémoires n'ont pas été entendus, ni
respectés. Qu'est-ce que vous dites de ça? Est-ce que c'est
ça la démocratie?
M. LEGER: Nous attendons de savoir, pour ça.
M. LESSARD: Vous me posez une question?
M. AUDET: On dit qu'à la commission parlementaire on offre
à toutes les corporations professionnelles de se présenter et de
présenter des mémoires et on en fait fi, on ne s'en occupe pas.
Et on a des réimpressions. On me dit même qu'un de ces projets de
loi a été réimprimé quatre jours après que
certains mémoires aient été entendus. On ne me fera pas
accroire que dans quatre jours on a tenu compte de l'élément de
ce mémoire.
Donc, la réimpression qu'on nous apporte de ces projets de loi
est ni plus ni moins qu'une farce monumentale. Faire croire aux corporations
professionnelles qu'on tient compte de leurs revendications, de leurs
critiques, c'est faux. Nous pourrions vous citer des exemples à la
douzaine de mémoires, de critiques dont on n'a pas tenu compte lors de
la réimpression des bills.
Et c'est pour cette raison que nous trouvons tellement logique que nous
retardions de trois mois l'acceptation de ce bill 250 qui réellement
frustrerait les corporations professionnelles et ferait en sorte de
présenter à la population du Québec une démocratie
déguisée à la manière du ministre des Affaires
sociales.
M. PAUL: Est-ce que je pourrais poser une question à l'honorable
ministre des Affaires sociales? A la suite du discours prononcé par le
député d'Abitibi-Ouest...
M. SAMSON: Je ne crois pas, M. le Président...
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Sur une question de
règlement?
M. SAMSON: Oui. Je ne crois pas que l'honorable député de
Maskinongé puisse, à ce moment-ci, poser une question au ministre
des Affaires sociales. L'honorable député peut, comme tout le
monde, poser une question à un député qui a la parole,
mais pas poser une question au ministre.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Est-ce que le député
d'Abitibi-Ouest a terminé son exposé?
M. AUDET: Oui.
M. CASTONGUAY: Je prendrai mon droit de réplique.
M. SAMSON: J'invoque le règlement. Le ministre est
déjà prêt à exercer son droit de réplique
alors que nous avons quelqu'un d'autre qui veut parler.
Si le ministre ne veut pas exercer son droit de réplique...
M. PAUL: Il ne peut pas en avoir.
M. SAMSON: ... je ne vois pas pourquoi l'honorable député
de Maskinongé aurait le droit, à ce moment-ci, de poser une
question au ministre, car ce n'est pas le ministre qui vient de faire un
discours...
M. PAUL: Sur un point de règlement, M. le Président.
M. SAMSON: ... c'est l'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Si l'honorable député de Maskinongé voulait poser une
question au député d'Abitibi-Ouest pendant qu'il avait la parole,
je crois qu'il avait droit de le faire.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance: Le député de
Rouyn-Noranda et, sur un autre point de règlement, le
député de Maskinongé.
M.PAUL: M. le Président, je veux vous demander une directive.
Est-il à votre connaissance personnelle qu'un député, qui
n'est pas l'auteur d'une motion, ait un droit de réplique? Le
député de Rouyn-Noranda vient de nous dire que le ministre des
Affaires sociales a l'intention d'exercer son droit de réplique. Or, en
vertu de notre règlement, le ministre des Affaires sociales ne peut pas
avoir de droit de réplique; il n'est pas proposeur de la motion
d'amendement. Il a le droit d'intervenir...
UNE VOIX: Certainement.
M. PAUL: ... et c'est ça que le ministre des Affaires sociales
veut faire. Quant à moi, je suis sûr que vous allez le
reconnaître; c'est une voix d'autorité.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafran-ce): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, sur le point de règlement, je
m'excuse auprès de l'honorable député de Maskinongé
si j'ai mentionné que le ministre avait un droit de réplique. Si
je l'ai fait, c'est parce que j'ai cru que vous aviez dit au ministre que vous
lui accordiez le droit de réplique. Je m'excuse auprès de mon
honorable collègue. Nous ne voulons sûrement pas baillonner le
ministre; c'est avec plaisir qu'on va l'écouter. Si le
député de Maskinongé veut lui poser des questions à
l'occasion de son discours, c'est avec plaisir qu'on va l'entendre.
LE PRESIDENTT SUPPLEANT (M. Lafrance): Après cette
minitempête, la parole est au ministre des Affaires sociales.
M. PAUL: Peut-être que l'honorable ministre n'aura pas à
prononcer son discours s'il me permet une question. Après avoir entendu
le
député d'Abitibi-Ouest, est-ce l'intention du ministre de
retirer, pour le moment, le projet de loi 250 pour que nous étudiions
chacune des lois spécifiques avant, comme voudrait le faire l'honorable
député d'Abitibi-Ouest?
M. CASTONGUAY: Ma réponse est non, M. le Président, et, en
même temps, cela constitue la fin de mon intervention.
M. SAMSON: Une intervention pressée!
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. BROCHU: M. le Président, je m'en voudrais de passer sous
silence une motion que je considère comme de première importance.
Il y a deux aspects dans le problème que nous étudions
actuellement: tout d'abord, on est soumis, dans les heures que nous vivons,
à la fameuse motion omnibus qui peut allonger nos débats de sorte
que le travail parlementaire devienne fastidieux et source d'une situation qui
peut apporter des incompréhensions au niveau de la loi et qui peut aussi
ne pas favoriser toute l'atmosphère nécessaire pour
étudier à fond de tels projets de loi et y apporter les
correctifs qui s'imposent. D'un côté, nous sommes donc soumis
à cette motion qui, dans le contexte de l'étude du code des
professions, est tout à fait inacceptable, à mon sens.
Deuxièmement, j'aimerais féliciter sincèrement mon
collègue, le député de Beauce, d'avoir eu le courage de
proposer cette motion qui est à point dans le contexte actuel. D'un
côté, nous sommes d'accord nous avons, d'ailleurs,
clairement exprimé notre point de vue à ce sujet qu'il y
ait un code des professions au Québec. Je pense que toutes les
corporations professionnelles, quelles qu'elles soient, sont, sur ce principe
général, également d'accord pour qu'il y ait un code des
professions au Québec. Cependant, en tant que législateurs, nous
connaissons également au niveau de chacune des corporations
professionnelles, les implications de ce fameux code des professions. Ce qui
arrive actuellement, c'est qu'en adoptant immédiatement le bill 250 on
fait en quelque sorte un "package deal" de non-retour. A ce moment-là,
les corporations n'auront vraiment aucun recours et n'auront pas la
possibilité de rediscuter les amendements qui ont été
apportés entre la première impression et la réimpression
du bill. De plus, ils n'auront pas la possibilité de rediscuter avec le
ministre et les autorités concernées des amendements qu'eux
jugeaient, en tant qu'individus responsables, les plus près de la
réalité avec laquelle ils ont à travailler. Ils n'auront
pas cette possibilité de rediscuter des amendements qu'ils ont
apportés ou qu'ils voudraient voir apporter au niveau de chacun de ces
projets de loi. Donc, il s'agit d'un "package deal" avec un point de
non-retour. Si nous le franchissons, de la façon que nous sommes partis,
nous pouvons être assurés on peut aujourd'hui même en
saisir l'Assemblée nationale et aussi se servir de cette tribune pour en
informer les professionnels que le point de non-retour sera atteint et
que la situation dans laquelle ils se trouvent, aussi déplorable qu'elle
pourra être, ils auront malheureusement à vivre avec elle.
M. le Président, face à toutes ces données, en ce
qui me concerne, je ne peux absolument pas aller à rencontre de la
motion de mon collègue, que je trouve tout a fait justifiée, que
je trouve pleinement démocratique, parce qu'au niveau de la
réimpression du bill il y a quand même eu des changements:
certains changements d'ordre majeur, certains changements d'ordre mineur. Il y
a eu également des mémoires qui sont revenus de la part des
corporations professionnelles pour avoir certains ajustements, pour avoir
certaines précisions, mais il n'y a pas eu entre les deux un contact
suffisant et une période de réflexion suffisante pour en arriver
à voir clairement la situation.
Si on a donné tant d'importance en commission parlementaire
à tous et chacun des organismes qui se sont donné
honnêtement la peine de venir déposer devant cette commission
parlementaire, pourquoi aujourd'hui voudrait-on, dans une situation d'urgence,
sans qu'il y ait eu cette adaptation entre la première impression et la
réimpression, pourquoi voudrait-on, dis-je, adopter d'une façon
aussi rapide une législation qui revêt autant d'importance? D'un
côté on est à même de constater le
mécontentement général qui s'installe au niveau des
professionnels de chacune des corporations professionnelles, au niveau
également de la population et on est en mesure de constater d'autre
part, par les contacts que nous avons, par ce que nous pouvons constater autour
de nous, qu'au niveau des corporations professionnelles s'installe
également une certaine inquiétude, que plusieurs questions
actuellement se posent.
Qu'est-ce qui va nous arriver? Qu'est-ce qu'on va vraiment nous donner
dans la loi et lorsque la loi sera mise en application, dans quel cadre
aura-t-on à travailler? Est-ce que notre situation sera vraiment mieux
qu'avant? Toutes ces questions, les professionnels, dans quelque domaine qu'ils
soient, se les posent honnêtement et je ne mets pas actuellement la
responsabilité sur eux. Je dis simplement que dans notre mode de
procéder, si on veut être des gens logiques, des gens voulant
administrer une province avec le plus d'efficacité possible et de
respect possible de nos institutions, on doit s'accorder le temps de
réflexion nécessaire, surtout, comme je l'ai dit tout à
l'heure, parce qu'entre la première et la deuxième impression des
projets de loi il n'y a pas eu les échanges suffisants permettant de
statuer à ce stade-ci
d'une façon claire et précise, d'apporter les vrais
correctifs qui s'imposent et de donner justice à l'ensemble au niveau du
code des professions.
M. le Président, en ce qui concerne le travail
supplémentaire que ces choses-là pourraient nous apporter, je
n'ai pas peur de le dire, on est ici pour travailler. Cela ne nous fait pas
peur. Si, comme le disaient tout à l'heure certains membres de
l'Opposition et même du parti ministériel, il y a autant
d'unanimité dans les corporations professionnelles, s'il est vrai que
tout le monde est si satisfait, s'il est vrai que tout le monde est tellement
heureux et capable de voir aujourd'hui dans l'ensemble de ces projets de loi
une application normale et satisfaisante, eh bien, pourquoi le ministre a-t-il
peur de se donner un certain temps de réflexion à la suite duquel
il pourra revenir et dire: Maintenant, je suis assuré que l'ensemble des
concitoyens comme l'ensemble des corporations professionnelles sont satisfaites
et qu'on peut aller de l'avant sans aucune crainte, sans aucune
arrière-pensée et avec une attitude vraiment
démocratique.
C'est ce moment de réflexion que demande la motion du
député de Beauce, mon collègue. Ce n'est pas une motion
rétrograde, comme on l'a laissé entendre, pas une motion qui
retourne en arrière, mais une motion qui se veut sensible aux
réalités québécoises modernes. En effet, pendant
qu'on nous accuse d'un côté de vouloir retourner comme le
mentionnait le député de Saguenay tout à l'heure, à
une éducation du passé, je me rappelle très bien, M. le
Président et je l'ai déjà souligné
d'ailleurs que lorsque j'ai fait mes études au séminaire
et à l'Université de Sherbrooke, une petite "gang" de pas bons
venaient, accompagnés du député de Saint-Jacques, essayer
de nous faire prendre conscience de nos problèmes alors que nous n'en
avions même pas. Ce sont ces mêmes individus qu'on retrouve
aujourd'hui à différents postes et dans différentes
situations qui viennent nous accuser de rétrograder. Qu'est-ce qu'ils
veulent dans le fond? Est-ce qu'ils veulent vraiment que ça explose?
Nous, ce n'est pas ça qu'on veut. Lorsqu'on a parlé de
restructurer le ministère de l'Education, on a parlé d'une
analyse "managérielle", d'une structure moderne de gestion, c'est de
ça qu'on a parlé. Lorsqu'on arrive aujourd'hui au niveau du code
des professions, on dit: Agissons avec prudence, parce que ce n'est pas le
même contexte.
Les implications sont vastes et s'appliquant au niveau de toute la
population et de tous les corps professionnels alors que c'est l'inverse au
niveau du ministère de l'Education. Le ménage qui s'imposait
était à l'intérieur même de la structure, du
fonctionnement, au lieu de l'inefficacité qu'on connaît
actuellement.
Dans l'ensemble, je reconnais l'intégrité et
l'honnêteté de mon collègue, le député de
Beauce, ainsi que de mes collègues du Ralliement créditiste du
Québec qui veulent assurer aux professionnels, dans quelque domaine
qu'ils oeuvrent, la latitude d'action nécessaire pour assurer les
services auxquels la population est en droit de s'attendre. C'est donc dans
cette optique que je me propose d'appuyer sans réserve la motion de mon
collègue, le député de Beauce; c'est dans un esprit
démocratique, pour éviter qu'on laisse, durant les quelques mois
de pouvoir qui restent au Parti libéral, la "pôle" complète
dans ce parti à un ministre des Affaires sociales socialiste et
pressé, qui veut s'accaparer tous les pouvoirs et contrôler,
à plus ou moins brève échéance, l'ensemble des
corporations professionnelles au Québec.
C'est contre cela que nous nous insurgeons, M. le Président, et
nous ne serons heureux que dans quelques mois, lorsqu'on pourra donner aux
professionnels de la santé, en tant que gouvernement créditiste,
le vrai régime dont ils ont besoin pour obtenir leur liberté et
une vraie sécurité.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): L'honorable député
de Montmagny.
M. Jean-Paul Cloutier
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais ne faire
que quelques brèves remarques, étant donné que j'ai eu
l'occasion, dans une longue intervention lors de la deuxième lecture, de
donner mon point de vue sur le bill 250. Brièvement, je voudrais dire
que je suis d'accord sur la position exprimée par mes collègues,
en particulier le député de Maskinongé, qui a dit
tantôt pourquoi nous ne pouvions souscrire à une telle motion.
J'ai été surpris que le député de Beauce,
cet après-midi, présente une motion pour différer de trois
mois l'étude du projet de loi 250. J'aurais compris qu'une telle motion
soit présentée sur un projet de loi spécifique
peut-être un peu plus contentieux, alors que cela n'aurait pas
empêché tout le mécanisme, le bill 250 et les autres lois
spécifiques, d'entrer en vigueur, alors que pour une corporation en
particulier il aurait pu se poser des problèmes plus difficiles et plus
complexes qui auraient demandé un temps additionnel de
réflexion.
J'aurais hésité plus longuement si le député
de Dorchester avait présenté lui-même cette motion. Le
député de Dorchester, pendant quelques mois, pendant quinze mois,
avec nous, â la commission parlementaire, a entendu d'abord les
mémoires des organismes qui sont venus devant la commission, il a eu le
temps, avec nous, de questionner ces organismes, il a eu le temps de voir les
implications du projet de loi.
Le député de Rouyn-Noranda nous demande un délai
additionnel; je comprends que, n'ayant pas été associé
d'aussi près aux travaux de cette commission parlementaire, il puisse
demander un moment de réflexion additionnel. Vous avez vu l'importance
des travaux que nous avons effectués à la commission
parlementaire, le
nombre d'organismes qui sont venus ici, la réflexion faite
particulièrement par les délégués des partis. J'ai
été délégué personnellement par mon groupe
pour assister à toutes les séances des commissions
parlementaires, pour me pencher de très près sur cette loi; je
suis donc l'un des responsables de l'étude, ici en Chambre, de cette
loi. Est-ce que mes collègues, qui n'ont pas eu la chance, le temps ou
la responsabilité particulière de se pencher de plus près
sur cette loi parce qu'ils ont eu, pendant ce temps, à
étudier d'autres lois doivent nécessairement demander la
remise de ces projets de loi parce qu'ils veulent en voir, autant que moi,
toutes les implications?
Dans un tel système, je ne crois pas que l'Assemblée
nationale puisse fonctionner ainsi.
Si un membre de l'Assemblée nationale, devant environ une
vingtaine de projets de loi qui nous sont présentés, veut pousser
son étude personnelle jusque dans les détails, il doit quand
même respecter la grande majorité de la députation. On nous
a confié certaines responsabilités, chacun des groupes. Le
député de Dorchester est le responsable de son groupe. Je pense
bien que si ses collègues n'ont pas eu le temps de voir toutes les
implications, d'obtenir toutes les réponses le député de
Dorchester se fera un plaisir de leur donner sa perception du bill no 250 et
des lois spécifiques.
Je pense que leur manque d'expérience parlementaire les fait
hésiter un peu à entrer tout de suite dans le mécanisme de
l'étude de ces lois, article par article, en commission
plénière. On dit que les corporations professionnelles, que les
groupes et les associations ont beaucoup de représentations à
nous faire. Le député de Maskinongé a dit tantôt que
nous étions en constante et en étroite relation avec toutes les
corporations professionnelles, avec les groupes d'individus qui veulent
s'assurer que nous avons bien vu toutes les implications de cette loi et que
nous avons bien saisi leur point de vue devant la commission parlementaire.
C'est normal, à ce stade-ci, pour cette loi importante, que nous ayons
cette communication. Parce qu'il y a des opinions contradictoires qui nous sont
exprimées par les corporations professionnelles et par les groupes, il
ne faut pas prendre panique et dire qu'il ne faut pas adopter cette loi. Je ne
scandaliserai personne en disant que les optométristes, les
ophtalmologistes et les opticiens d'ordonnances ne sont pas parfaitement sur la
même longueur d'ondes.
Je ne vous scandaliserai pas, M. le Président,
particulièrement vous, député de Rivière-du-Loup,
en vous disant que les denturologistes, les dentistes et les techniciens
dentaires ne partagent pas tous la même philosophie au sujet de la loi
spécifique et du code des professions. Mais l'Assemblée nationale
doit, non pas par la force des pressions qui sont faites, non pas par
l'importance des groupes qui nous font des représentations et par le
prestige des corpora- tions professionnelles, dire: Nous allons tracer la ligne
et nous laisser orienter dans un sens ou dans l'autre. Ce n'est pas ce qui doit
nous guider. C'est l'objectivité et le véritable problème,
tel qu'il se situe.
Dans cette loi, nous avons la mission de voir à protéger
l'intérêt du public, la protection du public est le premier
critère dont nous devons tenir compte. Les médecins peuvent nous
faire telle représentation sur la loi médicale ou contre telle
autre loi corporative. Ce n'est pas parce que les médecins ont une
corporation professionnelle importante que nous allons nécessairement
adopter tous les points de vue qu'ils vont nous présenter. C'est la
même chose pour les autres corporations professionnelles qui vont nous
faire valoir des points de vue à rencontre de ceux de la profession
médicale. Il va nous falloir, à un moment donné, tracer
une ligne. C'est entendu que des groupes ne seront pas satisfaits de la
décision que prendra le gouvernement et de la décision que
prendront les partis de l'Opposition. Tout cela est dans l'optique de la
meilleure législation possible, du meilleur endroit pour tracer la ligne
de partage des responsabilités entre les différentes professions.
Il faut partir quelque part.
Il y a des corporations professionnelles, actuellement, qui ne sont pas
reconnues, qui posent des actes, notamment dans le domaine de la santé.
Il va nous falloir partir quelque part et les reconnaître pour que les
gestes qu'ils posent, dans le domaine de la santé, soient légaux.
Est-ce que cela veut dire qu'une fois que le code des professions et les lois
spécifiques seront adoptés par l'Assemblée nationale cela
finira là et qu'on ne retouchera jamais à ces lois? J'ai
suggéré moi-même des mécanismes, dans mon
intervention de deuxième lecture j'y reviens incidemment, je ne
veux pas recommencer cette intervention afin qu'il y ait une commission
permanente, que les corporations professionnelles puissent, à chaque
année, revenir devant l'Assemblée nationale faire des
représentations.
Si on a ces mécanismes, si le ministre entend ces suggestions, si
la commission est permanente, si le Conseil interprofessionnel, l'Office des
professions continuent de surveiller, d'aider au développement
harmonieux des professions, il ne faut pas craindre de commencer quelque part
avec cette loi.
C'est pour cela que, personnellement je n'en fais pas grief
à mes collègues du Ralliement créditiste je ne vois
pas qu'un délai de trois mois, surtout concernant le code des
professions, puisse ajouter quelque chose à la dimension et à la
perception du projet de loi 250 que nous avons déjà, ainsi
qu'à ses implications. A partir du moment où nous nous serons
entendus, sur le principe du code des professions, qui est un regroupement et
l'introduction d'une cohérence dans toute cette organisation, nous
allons l'étudier article par article. Si les corporations
professionnelles, comme c'est le cas
présentement, ont des représentations à nous faire
elles nous en ont fait sur les articles spécifiques du bill 250
nous allons les traduire à la commission plénière.
Nous allons tenter de convaincre les ministres responsables et le gouvernement
de la justesse de leurs points de vue. Après cela, le gouvernement
prendra ses responsabilités. Il prendra sa décision. Je pense que
c'est comme cela que fonctionne le mécanisme de l'Assemblée
nationale et c'est comme cela que cela doit fonctionner.
C'est pour cela que je ne peux pas souscrire je le regrette
à cette demande de délai de trois mois que l'on nous fait.
Après tous les nombreux mois, les nombreuses séances, les
nombreux contacts, les études que nous avons faites, il faut, à
un moment donné, plonger; il faut aller dans l'action; il faut
étudier ces lois.
Pour ma part, j'ai demandé au ministre des Affaires sociales,
dans mon discours, de ne pas bousculer, ce qui est important, l'étude du
code des professions et des lois spécifiques, une fois que nous serons
en commission plénière. Nous allons prendre le temps
d'étudier chacun des articles et, particulièrement, ces lois qui
sont un peu plus litigieuses et un peu plus contentieuses, où il y a
véritablement des divergences d'opinions importantes entre les groupes
professionnels. Nous allons prendre le temps d'aller au fond de la question,
lorsqu'il s'agira par exemple, de la définition du champ d'exercice des
professions. Cela est un élément important. A ce
moment-là, nous allons prendre le temps d'examiner toutes les
professions qui ont un champ de pratique connexe ou concurrent ou le même
champ d'exercice. Nous allons en discuter. Alors, c'est un exemple que je donne
pour montrer que c'est en commission plénière que nous prendrons
véritablement le temps d'examiner cette législation.
Je vois, M. le Président, que j'ai déjà
dépassé le temps qui m'était alloué. Je voulais
intervenir sur cette motion et dire à nos amis du Ralliement
créditiste que le délai de trois mois n'ajoutera rien à la
qualité du travail que nous pouvons et que nous devons effectuer.
DES VOIX: Vote.
M. BROCHU: Vote enregistré, M. le Président.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la motion
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Que ceux qui sont en faveur de la
motion du député de Beauce veuillent bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Brochu, Tétrault, Drolet,
Guay, Béland, Audet.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Que ceux qui sont contre veuillent
bien se lever.
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Choquette, Castonguay, Garneau,
Goldbloom, Tetley, Drummond, Saint-Pierre, Mailloux, Vaillancourt, Cadieux,
Houde (Fabre), Phaneuf, Théberge, Brown, Brisson, Kennedy, Saindon,
Picard, Pearson, Fortier, Bossé, Caron, Carpentier, Dionne, Faucher,
Giasson, Harvey (Chauveau), Houde (Limoilou), Lafrance, Lamontagne,
Larivière, Marchand, Ostiguy, Pelletier, Pilote, Shanks, Veilleux,
Gratton, Paul, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Boivin, Russell,
Croisetière, Gauthier, Simard (Témiscouata), Laurin, Burns,
Léger, Joron, Tremblay (Sainte-Marie), Lessard.
LE SECRETAIRE: Pour: 7 Contre: 53;
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): La motion est rejetée.
M. LEVESQUE: Le député de Beauce était-il
gêné de sa motion?
M. SAMSON: On m'informe que le député de Beauce a
été retenu avec une délégation et il n'a pas pu
revenir à temps. Cependant, me dit-on, it aurait voté pour sa
motion.
Deuxième lecture (suite)
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Sur la motion principale, le
député de Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: Je voudrais simplement ajouter quelques mots sur le projet de
loi 250 concernant le Code des professions. Je pense qu'il était urgent
et nécessaire qu'une loi vienne établir la procédure et
les règles disciplinaires dans le domaine des corps professionnels.
Je pense qu'il était important pour éviter
l'anarchie que nous voyons dans différents domaines des professionnels
et des professions qu'on institue des mécanismes identiques de
vérification de la qualité de l'acte professionnel afin d'assurer
ainsi la protection du public.
Le projet-cadre permettra, par ces mécanismes et la
création du conseil interprofessionnel de l'Office des professions,
à chacune des professions d'être encadrée et de fonctionner
à l'intérieur de mécanismes qui assureront une meilleure
coordination de chacune des disciplines et en même temps une meilleure
protection du public.
Nous ne pouvons qu'appuyer ce projet gouvernemental, mais il serait
normal que notre parti y ajoute un aspect très important, auquel mes
collègues ont déjà touché, c'est celui de la
protection du citoyen, en ce sens qu'il puisse entrer en contact avec
chacun de ces professionnels dans sa propre langue.
Je veux simplement ajouter mon appui au projet de loi 250 pour que nous
puissions y insérer en partie une intention de législation dans
le domaine de la langue française. Actuellement, il est impossible
d'obtenir du gouvernement une politique globale de la langue, et c'est la
raison pour laquelle nous avons promis d'introduire, morceau par morceau, dans
chacun des projets de loi qui nous seront présentés
où ce sera possible une intention du gouvernement de
légiférer sur la langue de travail.
Nous voulons surtout toucher à l'avenir. Dans le passé, il
y a eu toutes sortes d'anomalies concernant la langue d'enseignement, langue de
travail, langue d'usage, langue officielle, langue nationale au Québec.
Mais il faut, à partir de maintenant il n'y a aucune raison
d'attendre, le rapport Gendron a été présenté
penser à l'avenir. Et si le gouvernement ne veut pas
légiférer, dans un projet global sur la langue, il doit
s'attendre que le Parti québécois, qui est le défenseur
d'une langue française officielle unique au Québec va apporter,
à toutes les occasions qui lui seront offertes, des amendements pour
toucher le gouvernement.
Sur chacune des lois particulières que nous allons rencontrer
d'ici à la fin de l'adoption de toutes les lois sur les professions,
nous allons revenir sur ce projet.
C'est la raison pour laquelle nous espérons que le ministre des
Affaires sociales nous livrera lors de sa réplique, son intention
concernant l'adoption, dans son projet de loi, d'une langue officielle de
communication pour les professionnels de toutes les disciplines possibles. Si
le ministre nous le promet à l'occasion de sa réplique sur la loi
250, nous serons satisfaits; s'il ne nous le promet pas, nous allons revenir
à chacun des 21 projets de loi pour proposer cet amendement sur la
langue de communication des professionnels dans leur discipline respective.
Je pense qu'il est grand temps au Québec qu'on mette un cran
d'arrêt et qu'on pense qu'à l'avenir, spécialement dans le
cas des professions, toute personne qui viendra s'ajouter à la liste des
professionnels, de chaque discipline que ce soit, soit obligée de
connaître le français comme langue d'usage. Il est sûr que,
si, dans chacune des professions, on est actuellement obligé de
connaître le français pour avoir le droit de pratiquer, cela va
augmenter le besoin de la langue française au Québec. Et c'est la
base même du problème linguistique au Québec. Le
français n'est pas actuellement une obligation pour gagner sa vie et
pour fonctionnner. C'est la raison pour laquelle des immigrants en
général et les anglophones en particulier n'ont pas senti le
besoin de l'apprendre. Ceci crée un fossé dans le domaine du
travail et dans le domaine de l'éducation.
Mais si, à chacune des lois qui nous est présentée,
on ajoute cet amendement, parce que le gouvernement n'aura pas voulu
légiférer dans ce domaine, il arrivera que, dans le
Québec, on sentira de plus en plus le besoin et la
nécessité du français pour gagner sa vie. De plus en plus,
les citoyens apprendront le français et il sera alors beaucoup plus
facile, dans le domaine de l'éducation et de l'enseignement de voir nos
amis de langue différente désirer apprendre le français.
Ce ne sera pas par coercition qu'ils l'apprendront; c'est parce qu'ils jugeront
que c'est nécessaire et essentiel.
M. le Président, je pense qu'il y a aussi un aspect très
important pour le code des professions et spécialement dans le domaine
de la santé, c'est celui de ce contact entre le client et le
professionnel, de cette liberté, de cette possibilité que le
citoyen puisse s'adresser dans sa langue aux professionnels de la santé,
ainsi qu'aux autres. Il est impossible de s'attendre qu'un citoyen n'ait pas
une protection comme celle qu'on peut donner au consommateur. On a fait une Loi
de la protection du consommateur. Le consommateur est protégé,
mais le citoyen, qui a besoin d'un service aussi important que celui de la
santé, mais qui ne pourrait pas avoir la possibilité de
s'exprimer en français parce que le professionnel ne possède pas
la langue de Molière d'une façon aussi complète que
nécessaire, a un droit qui n'est pas refusable à un citoyen du
Québec.
M. le Président, j'ai un exemple frappant, celui d'un
hôpital anglophone ou en majorité anglophone de Montréal,
l'hôpital Reine-Marie. Vous avez des vétérans de la
dernière guerre qui ont des dossiers à l'hôpital
Reine-Marie et qui vont s'y faire soigner. Une grande majorité de ces
anciens combattants, qui ont droit à un respect et à ce qu'on
s'occupe d'eux, va à l'hôpital Reine-Marie. Vous savez, M. le
Président que, dans cet hôpital comme dans d'autres, mais
spécialement dans celui-là, il y a des médecins qui
viennent exercer soit comme débutants, soit comme stagiaires, soit comme
nouveaux venus au Canada. Ils viennent exercer leur profession à
l'intérieur de l'hôpital Reine-Marie et ils ne parlent pas le
français. Les anciens combattants qui viennent s'y faire soigner, ne
peuvent pas s'exprimer de façon à être compris par les
professionnels de la santé et ils font face régulièrement
à des personnes de différentes nationalités.
Moi, j'ai vu des personnes, qui devaient rencontrer des médecins
tous les mois régulièrement, en l'espace d'une année,
rencontrer huit ou neuf personnes de races différentes, qui ne parlaient
pas français. La personne s'occupe du dossier du malade et elle lui
parle en anglais parce que sa langue maternelle est le chinois et qu'elle ne
parle que l'anglais. Alors, vis-à-vis d'un malade
canadien-français, elle s'exprime en anglais, parce que sa langue
maternelle, c'est le chinois et qu'elle a appris l'anglais.
Il y a des médecins hindous, des médecins
allemands, des médecins suédois, des médecins
juifs, de toutes les nationalités qui sont probablement très
compétents dans le domaine médical, mais qui viennent faire un
stage. Au cours de leur stage, ils rencontrent le même malade et, pendant
un an, ce malade ne peut même pas s'exprimer dans sa langue, comprendre
les recommandations de son médecin parce qu'il ne comprend pas sa
langue.
Je pense que c'est une anomalie. C'est la raison pour laquelle, M. le
Président, je tiens à faire remarquer, comme mes collègues
l'ont déjà fait avant moi, que, dans le code des professions, on
devrait nécessairement tenir compte d'une façon importante que la
langue que le professionnel devra utiliser et connaître avant d'avoir le
droit d'être reconnu comme professionnel dans sa discipline, sera la
langue française comme langue de base. Il faudra qu'il la connaisse
suffisamment pour être capable et de s'exprimer avec le client et de
comprendre les problèmes du client. Dans l'ensemble, je pense que, si le
ministre veut au moins adopter cette parcelle de législation dans le
domaine de la langue, nous allons être très heureux et l'appuyer
à tour de bras, au moins pour le projet de loi 250.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Le député
d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, je considère comme un devoir
très grand, très grave d'adresser aujourd'hui la parole sur la
présentation en deuxième lecture de ce projet de loi 250. Ce
projet de loi est sans aucune sorte de doute une opération
maîtresse inscrite dans le grand plan directeur de la grande marche
ininterrompue vers le socialisme d'Etat au Québec.
Depuis que nous sommes à l'Assemblée nationale, soit
depuis 1970, nous ne cessons de nous opposer à chacune des nouvelles
mesures apportées par le gouvernement qui régulièrement
sous-tendent une montée verticale d'un socialisme indépendamment
des ministères concernés.
Cette direction générale vers la gauche, que se donne le
gouvernement depuis 1970, est une attitude qui ne peut souffrir aucun doute.
Elle est, de plus, présentée par les différents titulaires
des ministères en parfaite harmonie avec les précédents
établis sans interruption depuis 1960, indépendamment des partis,
rouge ou bleu, qui se sont succédé au pouvoir.
C'est donc dire que les racines profondes de cette tendance dans notre
politique québécoise se situent en dehors des cadres des partis
mais surtout au niveau du personnel des différents ministères
puisque l'intensification de cet élément de gauche ne s'est pas
arrêtée en dépit des changements de gouvernements. Ce code
des professions est la trame la mieux montée, la plus subtile offrant
aux professionnels les ap- pâts de dehors plus ou moins avantageux afin
de cacher plus sournoisement ce piège étatique d'où il n'y
a pas de retour.
Depuis le fameux bill 8, qui orientait vers la tutelle de l'Etat ce qui
concernait la santé de la population du Québec, nous avons
assisté à la présentation de toute une série de
projets de loi qui viennent accentuer la mainmise de l'Etat sur toutes les
séquelles se rattachant au ministère des Affaires sociales. Nous
avons noté, dans l'intervention d'un membre de l'Opposition officielle
en deuxième lecture, le député de Montmagny, une
demi-bénédiction entremêlée de craintes très
apparentes vis-à-vis d'une ingérence excessive de l'Etat. Cela se
comprend parce que lui aussi a été mélé,
peut-être sans s'en douter, au long processus d'application de ce long
tournant vers la gauche. C'est un peu gênant de rejeter ce que l'on a
soi-même participé à construire. C'est par un "noui" que le
député de Montmagny s'oppose timidement au code des professions
dans la version réimprimée.
Par chance, les oppositions encore très vives de ses compagnons
de profession l'aident et l'incitent à prononcer une certaine mise en
garde; autrement, peut-être devrait-il respecter dans son ensemble la
chronologie du grand plan directeur vers la gauche. La profession de foi de
l'actuaire que nous retrouvons aujourd'hui dans la personne du ministre des
Affaires sociales a été, je crois, beaucoup plus profonde
vis-à-vis de cette philosophie internationale qui milite en faveur du
dirigisme étatique. Nous décelons de la suite dans les
idées du ministre. Nous constatons qu'il est actuellement à
parachever lui-même les données d'un rapport d'une commission
d'enquête dont il était un des principaux responsables.
Je ne voudrais pas trop m'éloigner du sujet que nous
étudions aujourd'hui. Cependant, je crois que ce projet de loi 250 est
tellement lourd de conséquences, présente tellement
d'ambiguité, est de plus tellement contesté par les principaux
intéressés qu'il serait très imprudent d'accepter à
la sauvette, comme le gouvernement tente de le faire souvent, ce code des
professions qui voudrait encarcaner à tout jamais les professionnels de
tout genre.
Les nombreux mémoires qui ont été soumis par toutes
les professions tombant sous le coup de cette nouvelle loi nous ont
prouvé que toute la population du Québec est très
inquiète de cette loi qui l'entraînera dans un cul-de-sac
abominable. Nous nous devons d'alerter la population et de lui crier gare
devant ce projet de loi qui place l'élite de notre société
sous une tutelle des plus opprimantes.
Le député de Bourget, dans son intervention sur ce projet
de loi, tentait de ridiculiser notre attitude antisocialisante, en
déclarant qu'on devrait présenter une motion pour faire
disparaître toute forme de gouvernement pour acquiescer à nos
désirs. Je sais très bien que le député de Bourget
comprend notre point de
vue qui veut un Etat serviteur, plutôt qu'un gouvernement
oppresseur qui dirige tout d'une main de fer sans laisser aucune initiative aux
individus.
Je me reporte ici au journal des Débats, lorsqu'on
étudiait, en commission parlementaire, la loi de l'assurance-maladie. Le
député de Bourget lui-même se prononçait alors en
faveur du régime de salariat des spécialistes de la santé.
Voici ses propres paroles: "Le programme du Parti québécois
précise donc que les médecins devraient être
rémunérés sur une base salariale."
Ce n'est pas surprenant de voir le Parti québécois
encenser le ministre des Affaires sociales, aujourd'hui, et prendre tellement
parti pour ce radicalisme étatique qu'on nous présente. Je
constate ici la bonne compréhension du député de Bourget
quand je vois sa façon de concevoir le rôle de l'Etat lorsque
celui-ci le touche personnellement. On comprend tellement mieux le
problème de l'autre quand on décide de chausser ses chaussures.
Quand cela le touche personnellement, il prend réellement ses
précautions. Je me reporte au 8 juillet 1970, lors d'une séance
de la commission permanente de la santé sur l'étude du projet de
loi no 8, Loi de l'assurance-maladie. Le député de Bourget, qui
défendait justement sa profession propre il est psychiatre, je
crois prononçait ces paroles: "Dans le nouveau système,
plusieurs se sont demandé s'il n'était pas plus opportun,
à l'heure actuelle, d'éliminer la psychanalyse comme service
assuré, étant donné qu'une très faible proportion
de la population en profite." Il avait de très bonnes raisons pour
sortir sa profession des griffes de l'Etat. Le député de Bourget
aime la liberté pour lui, mais pas pour les autres.
Je continue ici: "Je vous transmets, si vous ne la connaissez
déjà, l'opinion du corps professionnel qui réunit les
psychanalystes actuellement, selon laquelle, dans une première
étape du régime, non seulement ne s'opposeraient-ils pas, mais
ils favoriseraient l'élimination de ce service de la gamme des
coûts autorisés par la Loi de l'assurance-maladie.
Je ne sais pas si des représentations vous ont été
faites en ce sens. Donc, ils s'adressaient au ministre des Affaires sociales.
Justement, nous savons que le ministre des Affaires sociales a accepté
de ne pas...
M. BURNS: M. le Président, est-ce que le député me
permet une question?
M. AUDET: ... inclure les psychiatres et les psychanalystes dans ce
projet de loi.
M. BURNS: Est-ce que le député me permet une question?
M. AUDET: M. le député de Maisonneuve, je vous inviterais
à attendre la fin de mon intervention pour poser vos questions.
M. BURNS: Je veux juste vous demander si vous connaissez la
différence entre la psychanalyse et la psychiatrie. Est-ce que vous
faites une différence entre la psychanalyse et la psychiatrie?
M. AUDET: Nous en reparlerons ensemble! J'en connais plus que vous
pensez.
M. BURNS: C'est parce que ce serait bon...
M. AUDET: Peut-être pas autant que vous, mais plus que vous
pensez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est parce que vous ne comprenez pas le
texte...
M. AUDET: M. le Président,...
M. BURNS: C'est parce que vous venez de citer ce qui concerne la
psychanalyse.
M. AUDET: ... voulez-vous rappeler ces messieurs à l'ordre?
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'invoque le
règlement.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre!
M. ROY (Beauce): Je pense que l'honorable député
d'Abitibi-Ouest a la parole à l'heure actuelle. Il a clairement
indiqué à l'honorable député de Maisonneuve qu'il
n'avait pas l'intention de répondre à ses questions.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Il a répondu.
M. ROY (Beauce): Il n'est pas obligé. M. BURNS: Non.
M. AUDET: M. le Président, c'est ce qui confirmait son
désir de voir les médecins devenir des fonctionnaires ou des
salariés de l'Etat. Mais lorsqu'il s'agit de sa propre profession
particulière, c'est-à-dire le psychiatre, le psychanalyste, il a
une tout autre notion. Il se trouve de très bonnes raisons pour que lui
et ses confrères ne deviennent pas des salariés sous la tutelle
du gouvernement. Le député de Bourget, après avoir
évoqué de très bonnes raisons, émet le voeu suivant
qui garantirait cette merveilleuse liberté pour lui et ses
confrères. J'ai fait la lecture de cela tout à l'heure. Vous
voyez comme il se défend bien quand il est en cause. De ceci
découle un désir très marqué de ne pas se voir
impliqué dans un système étatique qui vient gérer
nos affaires, qui vient, en quelque sorte, nous diriger, nous payer et nous
enlever même notre raison d'être. Je crois que ce désir
profond de liberté, manifesté tout au cours des
séances de la commission parlementaire et ce par toutes les
corporations professionnelles, doit nous inviter à la réflexion
avant d'aller plus loin, avant l'adoption de cette loi, afin de ne pas faire ce
faux pas à gauche comme on en a malheureusement fait dans nombre
d'autres domaines.
On a déjà dit que le meilleur gouvernement était
celui qui dirigeait le moins et qui accordait un maximum de liberté et
d'initiative à ses gouvernés avec un minimum de
sécurité. Point n'est besoin, pour gouverner, de prendre toutes
les classes de la société sous sa tutelle, de tout diriger, tout
décider, enlevant ainsi toute initiative, brisant, par le fait
même, cet enthousiasme nécessaire, ce courage, cette fierté
individuelle à toute personne qui veut se dévouer au service des
siens.
M. le Président, il serait très malheureux que ce code des
professions soit accepté dans sa forme actuelle. Par ce projet de loi,
on vient continuer le muselage des professionnels si bien commencé par
la loi de l'assurance-maladie et qui a rendu nos spécialistes de la
santé des fonctionnaires de l'Etat. Le gouvernement y a mis tout d'abord
le paquet pour tenter cette catégorie de personnes qui représente
tout de même une partie de l'élite de notre société.
L'appât était très bien tendu et le ministre des Affaires
sociales a marqué un point très important quand il a vu tous ces
médecins mordre, à belles dents, dans son gâteau si bien
présenté, et ce, sans presque aucune contestation.
Si je ne m'abuse, M. le Président, je crois que ce projet de loi
no 8 de l'assurance-maladie avait, lui aussi, subi une réimpression.
C'est brillant et très astucieux, de la part du ministre, de se montrer
bon garçon et d'aller jusqu'à faire une réimpression d'un
projet de loi inacceptable, en l'amendant, bien sûr, quelque peu, sur
quelques articles mineurs, pour calmer les esprits et ainsi sauver le principe
de la loi qui était à rejeter dans son ensemble.
Ceci me rappelle un bon vendeur d'un produit médiocre qui, pour
s'assurer la vente d'une unité, en offre une douzaine à un prix
de rabais. La plupart du temps, même si le client n'en veut pas, pour se
débarasser et s'assurer de ne pas se voir pris avez douze, il accepte
d'acheter l'unité. Mais, aussitôt le vendeur parti, il
réalise réellement qu'il s'est fait fourrer, M. le
Président. C'est exactement le petit jeu du ministre avec ses bills
réimprimés.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A l'ordre, messieurs!
M. AUDET: M. le Président, il y a eu de nombreuses revendications
de toutes sortes, de la part de tous les professionnels. On n'a pratiquement
pas tenu compte des amendements demandés et la preuve c'est que nombre
de corporations professionnelles nous présentent encore des
mémoires et des critiques sur ce projet de loi
réimprimé.
M. le Président, le minsitre se faisant bonne conscience de ses
réimpressions, fort d'un silence relatif, comparativement aux nombreuses
et houleuses séances de la commission parlementaire, va essayer
maintenant de nous passer cette marchandise de mauvais goût, cette
marchandise gauchiste d'outre-frontières, je dirais même
d'outre-rideau de fer. Il va essayer de nous passer cela. Non, M. le
Président, les professionnels québécois sont trop
intelligents et connaissent encore trop les bienfaits de la liberté pour
se faire passer un pareil Québec. On ne nous refilera pas un pareil
sapin socialiste. Dieu merci, nous n'avons pas encore ce régime
totalitaire que prône le Parti québécois, ainsi que ce
gouvernement de socialistes pressés.
M. le Président, nous disons à tous ces professionnels:
Attention! Continuez à lutter. Contestez le piège qu'on vous
tend. Tenez bon encore un peu de temps et il nous sera donné un ordre
nouveau où chaque personne pourra s'épanouir librement comme elle
en a le droit fondamental et inaliénable. Je vous remercie, M. le
Président
M. LAURIN: M. le Président, en vertu de l'article 97, j'aimerais
rétablir les faits et rappeler au député d'Abitibi-Ouest
que la phychanalyse n'est pas une discipline médicale, qu'elle peut
être pratiquée par des médecins, des psycholoques, des
travailleurs sociaux, que la psychanalyse n'est pas toujours utilisée
pour des fins médicales mais souvent pour des raisons didactiques et
qu'enfin, personnellement, je suis conventionné et je ne pratique pas la
psychanalyse actuellement.
M. ROY (Beauce): M. le Président, le député de
Bourget me permettrait-il une question? La psychanalyse peut-elle aussi
être pratiquée par les charlatans?
M. LAURIN: Si le député d'Abitibi-Ouest a besoin de
psychanalyse, je lui offre mes services.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Y a-t-il d'autres
députés qui veulent exercer leur droit de parole avant la
réplique du ministre?
Le député de Rouyn-Noranda.
M. Camille Samson
M. SAMSON: M. le Président, ce n'est pas le député
de Bourget qui a suscité le discours que je vais prononcer, mais, depuis
le début de ce débat, je remarque que le député de
Bourget, qui n'avait pas l'habitude de démontrer une certaine
nervosité, en est venu, probablement à cause du gros bon sens
manifesté par les interventions de mes collègues sur le
principe...
M. LAURIN : Il n'y a que la bêtise qui provoque mon
agressivité.
M. SAMSON: ... du bill 250, à être très nerveux.
Sachant le genre de profession qu'il exerce depuis longtemps, c'est
probablement en contradiction avec les nombreux conseils qu'il diffuse à
ses patients.
Sachant que nous ne pourrons pas atteindre le niveau de sa
guérison bientôt, nous allons le laisser continuer. Quant à
nous, nous ne souffrons pas de cette maladie nerveuse et nous sommes capables
d'en prendre encore longtemps, même si nous ne nous levons pas toujours
pour rétablir les faits, même si nous ne relevons pas toujours les
déclarations faites par les membres du Parti québécois,
que je respecte d'ailleurs, même dans les interventions dont nous ne
partageons pas le bien-fondé quant au principe qu'ils défendent,
qui est toujours le principe du bill 250.
Malgré tout ça, nous allons continuer en respectant la
présidence, en respectant nos collègues qui, comme nous, ont eu
des mandats de la population pour débattre le genre de sujet que nous
avons à débattre aujourd'hui.
Le bill 250, que le ministre titulaire des Affaires sociales semble
très pressé de voir adopté, est un bill qui a amené
beaucoup de discussions, non seulement au niveau des intéressés
directement, des membres des corporations professionnelles
intéressées, mais également au niveau de la
population.
C'est â ce niveau qu'il nous faut aussi attacher beaucoup
d'importance, même si nous reconnaissons l'importance des débats
qui ont été soulevés par les différents
représentants des corporations professionnelles, même si nous
reconnaissons que ces gens ont le droit et nous le reconnaissons
d'exercer en toute liberté, comme c'est normal, d'exercer avec cette
liberté qui est si chère aux individus.
Cependant, comme je l'ai déjà mentionné, nous
devons quand même admettre que les professionnels existent en fonction
des services à donner à la population. C'est pourquoi je voudrais
faire ressortir, dans le bref exposé que j'ai à prononcer, que
depuis quelques semaines, nous avons eu l'occasion de rencontrer des gens, des
citoyens qui ont aussi des opinions valables à faire valoir quant aux
différents projets de loi qui sont connexes au projet de loi 250.
Pour n'en mentionner que quelques-uns, on pourrait déclarer sans
craindre de se tromper que plutôt que d'avoir à subir un mauvais
projet de loi, même les membres des corporations concernées
préfèrent dans plusieurs cas, attendre un peu plus longtemps
parce que plusieurs attendent depuis plus de vingt ans. Pour ceux-là, je
ne pense pas qu'un délai de quelques mois ou un délai d'un an
change grand-chose. Pour ceux qui étaient déjà reconnus,
qui étaient déjà membres d'une corporation professionnelle
existante, je pense qu'ils peuvent aussi attendre un peu pour qu'un jour nous
en arrivions à avoir un projet de loi réellement conforme aux
aspirations de nos professionnels du Québec, ce qui n'est pas le cas
présentement.
Qu'il suffise de nous rappeler les différentes démarches
faites, d'une part, par les médecins et, d'autre part, les
chiropraticiens, les dentistes, les denturologues, les optométristes,
les ophtalmologistes, les opticiens d'ordonnance, les infirmières et
ainsi de suite, on ne peut pas nommer tout le monde. Nous réalisons
qu'on n'a jamais eu une loi qui a créé autant de
mécontentement. Bien entendu, il y en a dont cela fait l'affaire, mais
le gouvernement, une fois de plus, a trouvé le moyen de rendre à
peu près tout le monde malheureux. Quand ce n'est pas une profession,
c'en est une autre. Ce qui est très grave, c'est que le gouvernement,
par les lois qu'il nous présente, suscite volontairement ou
involontairement je veux bien laisser le bénéfice du doute
à l'honorable ministre et à ses collègues une fois
de plus une lutte des classes, une lutte entre les professions cette fois.
Imaginez-vous, M. le Président! Il a sûrement fallu très
longtemps aux fonctionnaires qui ont préparé ces lois pour en
arriver à découvrir cette méthode nouvelle de faire lutter
les unes contre les autres les différentes corporations
professionnelles. Autrement dit, mettre en conflit les professionnels du
Québec.
M. le Président, bien entendu, il y aurait des
possibilités. On nous a mentionné souventefois, en cette Chambre,
que les députés de l'Opposition avaient non seulement le droit,
mais le devoir de faire des suggestions positives, permettant d'établir
quelle serait notre attitude à la place du gouvernement. Mais il faut
nous rappeler que, depuis 1970, depuis que nous siégeons en cette
Chambre, avec le gouvernement majoritaire tout le monde le sait qu'il
est majoritaire chaque fois que le Ralliement créditiste, en
débat soit sur le bill 8, de l'assurance-maladie, soit sur les bills qui
concernaient les relations ouvrières, etc., a apporté des
suggestions positives, chaque fois, on a vu un gouvernement qui ne bouge pas,
qui ne bronche pas, qui ne prend pas nos suggestions, qui ne veut rien savoir
de ce que l'Opposition peut amener d'objectif, de positif.
Alors, comme on nous a considérés dans le passé
comme des instruments de critique, nous en avons assez, nous aussi, d'apporter
des suggestions positives à ce gouvernement qui ne bronche pas,
d'apporter des suggestions positives à un ministre ou à un
ministère qui se spécialise dans le socialisme au Québec,
qui veut imposer ses volontés à la majorité et ce au
bénéfice d'une petite minorité au Québec. On en a
assez de ça, M. le Président.
C'est parce que nous en avons assez que nous avons, je pense, le droit
de dire publiquement que, dorénavant, puisque ça ne donne rien,
de vous faire, à vous le gouvernement libéral majoritaire, des
suggestions positives, nous ferons la critique pour permettre à
l'opinion publique de constater de quel bois se chauffe ce gouvernement.
M. le Président, je pense qu'il est temps que l'on sache au
Québec que, quoi qu'il en soit, le
gouvernement que nous avons devant nous se fiche éperdument non
seulement des suggestions de l'Opposition, mais, encore pis, se fiche
éperdument des excellentes suggestions qui proviennent de la population
du Québec, soit par lettres, soit par pétitions ou autrement.
Quand on dit qu'il s'en fiche éperdument, M. le Président, je
pense que le ministre recevra d'ici quelques jours, si ce n'est pas
déjà fait, des pétitions en provenance du public,
concernant certaines dispositions non seulement de la loi 250, mais des autres
lois connexes.
Qu'est-ce que le ministre en fera? Probablement, comme d'habitude, vu
que c'est la méthode utilisée dans ce gouvernement : on les
placera dans des classeurs, "Top secret" comme on dit en anglais.
Quand c'est "top secret" au gouvernement libéral, cela veut dire
secret pour le gouvernement, mais tout le monde le sait. Le gouvernement tente,
malgré tout, de le cacher.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de revenir sur le
débat de la motion que nous avons présentée pour retarder
l'adoption de ce bill, mais si nous avons demandé de le retarder, c'est
par ce que nous sommes conscients du fait que la population commence à
peine à prendre connaissance des incidences du bill 250 et des bills qui
suivent, c'est-à-dire une vingtaine de bills. Déjà, ce
gouvernement libéral pressé tentait de nous imposer des lois
à la demi-douzaine. Maintenant, ce n'est plus à le demi-douzaine
ni à la douzaine, c'est à la vingtaine. On nous amène un
"package deal", un paquet. Tu prends tout ou tu ne prends rien. C'est
d'ailleurs le genre de paquets qu'un autre gouvernement libéral, dans un
autre Parlement, a déjà passé à la population.
C'est probablement là que l'actuel gouvernement a pris l'exemple pour
nous présenter des motions omnibus pour tenter, encore une fois, de
mettre la pression sur les députés.
Ce la presse tellement, il faut adopter cela vite, cela presse. Oui,
mais probablement qu'on a pris l'exemple dans l'autre Parlement, avec le fameux
bill omnibus que tous connaissent, c'est pourquoi on ne peut se permettre
d'être d'ac- cord sur ce que le gouvernement nous propose. Puisqu'il est
six heures, je demande la suspension du débat.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): J'ai un message du
président de la Chambre à l'effet qu'il veut rendre sa
décision à six heures, mais il n'est pas arrivé
encore.
M. BURNS: M. le Président, personnellement, je
préférerais, vu que cette décision concerne ma motion, que
cela se fasse ce soir parce que si j'ai une directive à demander au
président à la suite de sa décision je ne sais pas
ce qu'elle sera à ce moment-là je
préférerais avoir le temps de le faire sans qu'on me dise qu'il
passe six heures; Ferme ta boîte et va-t-en chez vous.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): Je pense que ce n'est pas
l'intention du président.
M. BURNS: Non, ce n'est pas le président qui ferait cela mais
ça pourrait être quelqu'un d'autre en Chambre. Il est six heures,
M. le Président.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): A moins qu'on ait consentement, je
n'ai aucun choix.
M. BURNS: Vous n'avez pas mon consentement, M. le Président.
M. LEVESQUE: On n'a pas le choix.
M. BURNS: Je vois ai dit que vous n'auriez pas mon consentement.
M. LEVESQUE: Huit heures quart.
LE VICE-PRESIDENT ADJOINT (M. Blank): La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à vingt heures quinze.
(Suspension de la séance: 18 h 2)
Reprise de la séance à 20 h 22
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs !
Avant de rendre ma décision, j'aurais quelques voeux de bienvenue
à faire à certains visiteurs.
I would like to mention the presence in our galleries of twelve Members
of the Legislative Assembly of Ontario, belonging to different political
parties. They are Members of a selected committee on motorized snowmobile
vehicles, and they are here for a couple of days to study with our Department
of Transport and our civil servants the by-laws of our snowmobile industry here
in Quebec. I wish to extend to them good journey in our Capital and, after
working hours, a lot of happiness during this Canival week.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Are they here by ski-doos?
Décision de M. le Président relativement
à une question de privilège
LE PRESIDENT: Je voudrais m'excuser, tout d'abord, d'avoir manqué
la fin de la séance de cet aprè-midi par quelques minutes, alors
que j'arrivais à la porte nez à nez avec le député
de Richmond et le député de Portneuf. Je m'en excuse.
Hier, le député de Maisonneuve a soulevé, en vertu
de l'article 49 de notre règlement, une question de privilège
après m'avoir remis l'avis prévu à l'article 50. Cet avis
se lit comme suit: "Veuillez prendre avis qu'avant l'appel des affaires du jour
de la prochaine séance de l'Assemblée nationale je désire
soulever une question de privilège concernant la participation
alléguée de membres de l'Assemblée nationale à un
système de favoritisme politique".
Avant l'appel des affaires du jour, j'ai demandé au
député de Maisonneuve de m'expliciter la question invoquée
à la base de sa question de privilège. C'est alors que je lui ai
permis, sous réserve de ma décision sur la recevabilité de
sa question de privilège, de lire le document suivant qu'il m'a
personnellement remis et qui constitue en somme la question de privilège
invoquée. Je cite ce document. "Les multiples questions posées
récemment au gouvernement à la suite d'un article paru dans The
Gazette du 21 février nous ont permis d'établir que plusieurs
membres de l'Assemblée nationale avaient reçu d'un M. Jacques
Dussault, fonctionnaire aux Travaux publics, un ou plusieurs formulaires leur
demandant de fournir une liste d'entrepreneurs de leur comté auxquels
des contrats gouvernementaux pourraient être accordés sans
soumission. "Par ailleurs, ces questions et ces réponses n'ont pu
établir que des réponses auraient été
données à ces formulaires. Certains ministres ont même
affirmé publiquement ne pas avoir répondu à ce formulaire.
"Or, dans une entrevue, publiée dans le journal La Presse,
édition du 22 février, ce même M. Jacques Dussault a
clairement affirmé que l'envoi de ce formulaire faisait partie d'un
système bien établi de favoritisme politique et, de plus, que des
membres de l'Assemblée nationale auraient répondu à ce
formulaire participant ainsi à ce système de favoritisme
politique. C'est toujours la déclaration du député
de Maisonneuve. Il est évident, M. le Président, que ces
affirmations laissent planer un doute très sérieux sur
l'intégrité des membres de notre Assemblée. Ces doutes
auraient probablement pu être dissipés par une enquête de la
commission des comptes publics. Mais le premier ministre a refusé,
à plusieurs reprises, de faire siéger cette commission. "Dans les
circonstances, je me vois forcé de recourir à l'article 82 de
notre règlement afin de défendre l'intégrité de
cette Chambre et de ses membres. Aussi, je vais informer cette Chambre
qu'à la suite de cette question de privilège je ferai
paraître, dans le feuilleton de demain, avis de la motion suivante:"
Je fais lecture maintenant de l'avis de motion que le
député de Maisonneuve a remis au secrétaire
général de l'Assemblée nationale, avis prévu
à l'article 82 de notre règlement: "Lorsqu'un membre de
l'Assemblée désire se plaindre d'une violation des droits de
l'Assemblée ou d'un de ses membres commise par une personne qui n'est
pas député..." et qui constitue la suite logique, en
l'occurrence, permise en vertu de l'article 80 il y aurait lieu
peut-être, pour que ce soit complet, que je cite l'article 80: "Si un
député désire qu'action soit prise à la suite d'une
question de privilège qu'il a soulevée, il doit le proposer par
une motion annoncée. Cette motion a priorité sur les affaires du
jour." de la question de privilège elle-même prévue
à l'article 49. Je mentionne immédiatement que les articles 82 et
80 apparaissent sous le chapitre 8 de notre règlement intitulé:
Motions portant sur la question de privilège.
Je fais lecture de cet avis: "Il est proposé que
l'Assemblée déclare qu'en faisant parvenir à des membres
de l'Assemblée nationale un formulaire daté du 22 mai 1970 les
invitant à fournir la liste d'entrepreneurs auxquels des contrats
pourraient être accordés sans soumission, en déclarant que
l'envoi de ce formulaire faisait partie d'un système de favoritisme
politique et en affirmant que des membres de l'Assemblée nationale ont
participé à ce système en répondant à ce
questionnaire, M. Jacques Dussault, fonctionnaire au ministère des
Travaux publics, a commis une violation des droits de l'Assemblée
nationale. Que l'ordre soit donné audit Jacques Dussault de
comparaître devant la commission de l'Assemblée nationale mardi,
le 6 mars 1973, à dix heures du matin, afin de répondre de cette
violation des droits de l'Assemblée nationale et que la commission
de
l'Assemblée nationale se réunisse le mardi 6 mars 1973,
à dix heures du matin, dans la salle 81-A, pour disposer de cette
question de privilège et qu'instruction lui soit donnée
d'entendre tous les témoins, de prendre connaissance de tous les
documents nécessaires pour faire enquête sur la question et faire
rapport à l'Assemblée." Ceci constitue la fin de la lecture de
l'avis de motion.
Il s'agit de déterminer si le fait, pour M. Dussault, d'avoir
affirmé à la presse que l'envoi de ce formulaire à des
membres de l'Assemblée leur demandant de fournir une liste
d'entrepreneurs de leur comté auxquels des contrats gouvernementaux
pourraient être accordés sans soumissions, participant ainsi
à un système bien établi de favoritisme politique, si le
fait, également, pour M. Dussault, d'avoir affirmé à la
presse que des membres de l'Assemblée nationale ont prétendument
participé à ce système en répondant à ce
questionnaire, il s'agit, dis-je, de déterminer si ces deux faits
constituent une violation des droits de l'Assemblée nationale ou de ses
membres. C'est là et uniquement là que
réside la question.
Je souligne que le seul document en ma possession est une liste
d'entrepreneurs du comté de Charlevoix non signée et
déposée le 22 février par le député de
Charlevoix, ministre d'Etat à la Voirie, n'ayant pas en ma possession la
prétendue lettre prétendument envoyée par M. Dussault.
La procédure prévue dans le nouveau règlement qui
régit nos travaux quant aux questions de privilège et aux motions
portant sur les questions de privilège est la même, dans les
grandes lignes, que celle qui est contenue dans l'ancien règlement.
Etant donné que nous sommes en présence d'une procédure
exceptionnelle qui, à ma connaissance, n'a pas été
invoquée depuis de très nombreuses années, je me
réfère à l'article 193 de notre ancien règlement,
qui se lit comme suit: "Article 193. Est réputée question de
privilège toute question qui concerne les droits de la Chambre prise
comme corps, sa sécurité, sa dignité ou la liberté
de ses délibérations, ou qui concerne les droits, la
sécurité, la conduite ou l'honneur des députés
considérés individuellement, mais en leur qualité de
membres de la Chambre."
Lefroy, dans le Canada's Federal System, page 157, établit qu'aux
termes de la constitution canadienne, l'article 92 de cette constitution
confère à la Législature le pouvoir de définir les
privilèges de l'Assemblée nationale. Je me réfère
maintenant à l'article 66 de la Loi de la Législature, qui
prévoit les actes défendus et considérés comme
infractions aux privilèges de l'Assemblée nationale.
Je cite immédiatement l'article 66 de la Loi de la
Législature.
Sous le titre, section IV, Dispositions diverses des immunités et
privilèges de l'Assemblée nationale, article 66, on lit: "Les
actes suivants sont défendus et considérés comme
infraction aux dispositions du présent paragraphe: "lo Commettre des
voies de fait sur la personne d'un député ou proférer des
injures ou publier des écrits diffamatoires à son adresse pendant
la session ou pendant les 20 jours qui précèdent et les 20 jours
qui suivent chaque session. "2o Molester, menacer ou tenter de violenter ou
d'intimider un député. "3o Chercher à corrompre un
député en lui offrant des présents ou l'acceptation par
lui de présents ainsi offerts. "4o Commettre des voies de fait sur la
personne des officiers de l'Assemblée nationale et apporter des
empêchements à l'accomplissement de leur devoir. "5o Suborner ou
tenter de suborner quelqu'un au sujet du témoignage qu'il doit rendre
devant l'Assemblée nationale ou l'un de ses comités. "6o
Présenter à l'Assemblée nationale ou à l'un de ses
comités quelque document faux ou falsifié dans le dessein de
tromper "7o Contrefaire, falsifier ou altérer illégalement les
archives de l'Assemblée nationale ou de l'un de ses comités, ou
les documents ou pétitions présentés ou produits devant
l'Assemblée ou le comité, ou destiné à
l'être, ou apposer ou souscrire le nom d'une personne sur ces documents
ou pétitions dans le dessein de tromper ou d'induire en erreur."
Pin de l'article 66.
Il faut souligner également que les autorités en droit
parlementaire sont unanimes pour reconnaître que la Chambre ne peut
créer de nouveaux privilèges. Je vous renvoie à Bourinot,
à May et spécialement à Beauchesne, entre autres à
l'article 103.
Je voudrais également vous citer Beauchesne dans la même
édition, quatrième édition, 1964, article 113, page 105,
qui dit ceci entre autres: "Une attaque lancée dans un article de
journal ne constitue pas une atteinte au privilège, sauf si ladite
attaque tombe sous la portée de la définition du privilège
donné plus haut, c'est-à-dire accusation précise de voies
de fait, entrave au travail normal d'un député, tentative de
corruption ou acceptation par un député de présent
offert."
Je cite également W.F. Dawson dans Procedures in the Canadian
House of Commons, 1962, page 47, qui dit ceci: "Whatever the reason may be,
there is no doubt that the old method of dealing with offenses arising from
newspaper articles is falling into disuse. The current practice is a very
superficial one. The member involved rises on a question of privilege, reads
the article referred to, comments on its unfairness or inaccuracy and resumes
his seat.
Usually, he does not make a motion condemning the article or its
author". Quand, invoquant une question de privilège, le
député se borne à protester, il est normal qu'il y ait une
plus grande tolérance de la part du président.
Mais lorsqu'une question de privilège est suivie d'une motion
demandant la convocation d'une commission et que le débat sur la motion
interromprait les travaux ordinaires de l'Assemblée, le président
se doit d'être plus prudent. Une ouverture trop large dans cette
direction pourrait créer un précédent délicat qui
ouvrirait la porte à de nombreux débats sur des motions de
privilège occasionnés par un article de journal ou une
déclaration d'un individu quelconque, provoquant la suspension indue des
travaux normaux de l'Assemblée nationale.
Je conclus donc que cette déclaration de M. Dussault à la
presse et que le fait d'avoir prétendument envoyé un formulaire
à de nombreux membres de l'Assemblée ne constitue pas
véritablement un moyen pour tenter de corrompre un député
en lui offrant des présents et ne constitue pas ainsi
véritablement une violation des privilèges des membres de
l'Assemblée. Nulle part, dans les très nombreux traités de
droit parlementaire que j'ai consultés, je n'ai trouvé une
justification qui me permettrait de considérer les raisons
invoquées par le député de Maisonneuve comme constituant
une question de privilège permise en vertu de notre constitution, de nos
lois, de notre règlement ou des précédents établis
par suite de l'interprétation des lois et des règlements ou par
les auteurs.
Conséquemment, cette question de privilège n'est pas
reçue et je ne puis permettre la parution au feuilleton de l'avis de
motion précité.
M. BURNS: M. le Président, je vous demande une directive. Est-ce
que je dois comprendre de votre réponse qu'une accusation à
l'ensemble des membres de l'Assemblée nationale qu'il y a un
système de favoristisme... M. le Président, laissez-moi
terminer.
LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai rendu ma décision.
M. BURNS: Je demande simplement une chose, M. le Président. Vous
avez rejeté ma motion. Est-ce que votre décision veut dire qu'une
accusation à l'ensemble de l'Assemblée nationale qu'il y a un
système de favoritisme n'est pas une violation de droit de
l'Assemblée nationale? Est-ce que c'est ce que je dois comprendre?
LE PRESIDENT: Ma décision est assez explicite et je n'ai pas un
mot à ajouter.
M. BURNS: M. le Président, permettez-moi de vous dire qu'il est
malheureux que le règlement ne me permette pas d'en appeler de votre
décision parce que je le ferais.
Je considère que votre décision est celle d'un
député libéral pour sauver son gouvernement, que c'est une
décision partiale, M. le Président, partiale. C'est une
décision empreinte de partia- lité, M. le Président, je
vous le dis. J'ai beaucoup de respect pour la personne, mais plus pour le
président.
LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BURNS: En ce qui me concerne...
LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: ... je n'ai aucun respect pour votre décision de
président.
LE PRESIDENT: A l'ordre! Qui est l'orateur qui a suspendu le
débat? Le député de Rouyn-Noranda.
Deuxième lecture (suite) M. Camille
Samson
M. SAMSON: M. le Président, à la suspension à six
heures, j'en étais à formuler quelques commentaires quant au code
des professions, c'est-à-dire au projet de loi no 250. J'ai
mentionné dans le bref exposé, avant six heures, que, par le
projet de loi 250, le gouvernement avait, une fois de plus, créé
un climat de conflit dans le monde professionnel.
Evidemment, on pourra évoquer les différents
mémoires reçus par suite de la réimpression du projet de
loi 250. J'ouvre une parenthèse, M. le Président; j'ai
l'impression que les journalistes se déplacent seulement quand il y a du
sensationnel dans cette Chambre, alors que je crois que leur devoir serait
d'être présents tout le long de la séance. C'est, une fois
de plus, une magnifique occasion que nous avons...
LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAMSON: M. le Président, je pense que ce sont les droits d'un
député de constater que les galeries se vident auand on n'a pas
à discuter de sensationnalisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le projet de loi.
M. SAMSON: M. le Président, à votre charmante invitation,
je reviens au projet de loi no 250 pour tenter d'expliquer au ministre que,
même si quelqu'un invoque des mémoires pour dire qu'à la
suite de la réimpression de ce projet de loi les professionnels sont
satisfaits, je pense que c'est mal interpréter les discussions ou les
différentes déclarations provenant de différents corps
professionnels. En effet, nous avons aussi reçu des mémoires, des
lettres en provenance du Conseil interprofessionnel du Québec.
On m'a informé que plusieurs lettres sont venues de
différentes corporations. C'est drôle, dans l'une de ces lettres,
en date du 24 novembre 1972, au deuxième paragraphe on lit ceci: "Il
semble que les changements que vous
avez apportés au Code des professions ne tiennent pas compte ou
ne recouvrent pas entièrement les points suivants: 1) la protection du
secret professionnel; 2) la clarification de la notion de profession à
titre réservé ou à champ de pratique et à titre
réservé; 3) le problème de la cotisation des membres; 4)
le droit du professionnel à être jugé par ses pairs de
même que le type de sentence imposée; 5) la pratique
illégale; 6) le droit des professionnels de se regrouper en corporation;
7 ) les modalités et les structures de collaboration entre les
corporations et les universités.
M. le Président, on peut constater qu'il y a, malgré tout,
un profond malaise, quoiqu'on essaie de nous dire que tout le monde est
heureux. Pour en revenir à ce que je mentionnais avant l'heure du
souper, c'est probablement justement parce que le gouvernement ne permet
à personne de dire s'il est réellement satisfait ou non. Pourquoi
ne le permet-on pas? Parce qu'on est arrivé avec un bill omnibus. Vous
savez ce que c'est, M. le Président, des bills omnibus. Il y en a eu un
à Ottawa, mais ce n'est pas une référence. On a offert
à Ottawa ce que le gouvernement du Québec nous offre
présentement : ou bien vous prenez tout ce qu'il y a là, avec ce
que cela comporte de conséquences ou bien vous n'avez rien. C'est un peu
cela qu'on offre à nos professionnels présentement.
Il y a peut-être des choses dans l'ensemble des bills dont
certains professionnels aimeraient bénéficier mais il y a
tellement d'autres choses qu'ils ne veulent pas dans d'autres secteurs qu'on se
retrouve devant l'ultimatum: ou bien vous prenez tout ou bien vous n'avez rien.
Parmi certains professionnels qui viennent nous. voir, certains nous demandent
: Essayez, vous de l'Opposition, de faire tout ce que vous pouvez pour bonifier
cela, mais si vous voyez qu'on est pour tout perdre, plutôt que tout
perdre... Je pense que la même situation se produit dans d'autres
domaines. Regardez ce qui se passe quand quelqu'un est condamné. Il va
dire: J'aimerais mieux ne pas l'être mais tant qu'à l'être,
j'aimerais mieux sauver les morceaux.
La même chose dans le domaine médical par exemple. Les
médecins peuvent savoir que certaines personnes sont condamnées
à brève échéance. Ils vont tenter de les soigner.
Le patient, même s'il sait que l'échéance s'en vient, dira:
Soignez-moi quand même, au cas où... On sait que
l'échéance est là. On sait que cela ne donne rien, on sait
qu'il est condamné. C'est un peu ça qui va se produire. Il y a
des professionnels qui savent que ce qui nous est apporté n'est pas ce
qu'il faut, mais le gouvernement ne leur donne pas le choix. Ils n'ont pas le
choix des moyens. Ou bien vous prenez tout cela ou bien vous ne prenez
rien.
C'est pourquoi nous recevons, de partout en province, des lettres venant
de telle profession ou de telle autre profession. On s'aperçoit, des uns
aux autres, qu'ils ne sont pas plus satisfaits.
Tout ce que le gouvernement a réussi à créer avec
tout ça, c'est un état de conflit en permanence. Nous savons
qu'il y avait, entre certaines professions, certains petits conflits,
évidemment. Le gouvernement a peut-être tenté ou a
peut-être voulu tenter de les régler, mais, par les bills qu'il
nous présente, il n'a rien réglé. Il ne réglera
rien. Tout ce qu'il fait, c'est accentuer les conflits. Lorsque les
professionnels se retrouveront avec l'application de cette loi peut-être
longtemps après, on saura nous dire que nous avions raison, comme cela a
été le cas pour l'assurance-maladie.
Rappelons-nous que nous, les créditistes, nous avions fait le
débat sur cette question. Nous avions fait valoir beaucoup de points de
vue. Dans l'immédiat, nous avons réalisé que plusieurs
médecins semblaient peut-être satisfaits. Mais, un peu plus tard,
ils ont, eux, réalisé que le gouvernement, une fois de plus,
avait resserré le carcan autour de leur cou. Une fois de plus, ils ont
réalisé qu'à partir d'un état de fait, alors qu'ils
avaient plusieurs clients, alors qu'ils pouvaient pratiquer en toute
liberté, alors qu'ils pouvaient juger et choisir, ils se sont
retrouvés, du jour au lendemain, avec une population qui avait encore
besoin de soins et qui en a encore besoin, mais avec un seul client qui est le
gouvernement.
Donc, le médecin n'a plus le choix des moyens. Je vois que le
ministre me fait des signes. Il me montre du doigt deux plutôt qu'un,
mais cela ne change rien. Un fait demeure, c'est qu'après cette loi nous
avons été en mesure de constater les nombreuses plaintes des
membres de cette profession, les nombreuses plaintes aussi et ça
c'est important de la population. Comme je le disais cet
après-midi, les professionnels existent en fonction des services
à donner à la population. Encore une fois, c'est la population
qui va subir les effets néfastes de ces lois. Demandez à vos
concitoyens, dans votre propre comté, M. le Président, s'ils sont
satisfaits d'être obligés d'attendre des semaines et des semaines
avant de pouvoir rencontrer un médecin. Demandez-leur s'ils sont
satisfaits. Demandez au médecin s'il est satisfait, lui, d'être
obligé de faire affaire avec un seul client, parce que celui qui paie
est réellement le client.
Les autres sont des numéros que nous retrouverons dans les
machines ordinatrices du ministère, que nous retrouverons probablement
dans les machines ordinatrices du même ministère dans de nouvelles
machines ordinatrices qui seront rendues nécessaires parce que, de plus
en plus, le contrôle de l'Etat est tel que nos concitoyens, ou est
à la veille de ne plus les appeler par leurs noms. On eft à la
veille d'être obligé de les interpeler par des numéros.
Exemple: no 205003054. C'est cela que nous avons institutionnalisé au
Québec et c'est cela que nous voulons arrêter parce qu'il est
temps, je crois, que nous retombions les deux pieds sur la terre. C'est bien
beau la technocratie. C'est bien
beau de rêver en couleur. C'est bien beau de pelleter des nuages
à la pelle à charbon. Mais cela ne règle pas le
problème du citoyen québécois qui a le droit d'avoir des
services. Ce sont des services auxquels il a le droit de
bénéficier parce que les citoyens québécois doivent
être des citoyens à part entière. Malheureusement, par le
geste du ministère des Affaires sociales, par le geste du ministre, par
le geste de ses conseillers on est en train, de plus en plus, d'encarcaner
notre population québécoise; on est en train, de plus en plus,
d'enlever les libertés individuelles. C'est pourquoi nous allons voter
contre le bill 250. C'est pourquoi mes collègues feront la même
chose. Non seulement nous voterons contre le bill 250, mais nous allons
continuer à informer la population du Québec pour lui
démontrer de quelle façon le gouvernement libéral
majoritaire, mais minoritaire en pourcentage de vote, la traite dans la
province de Québec.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Je voudrais faire remarquer au
député de Rouyn-Noranda qu'il a épuisé son droit de
parole.
L'honorable député de Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, en écoutant la péroraison
du discours du député de Rouyn-Noranda, qui disait qu'il se
chargerait de renseigner la population sur la portée et les principes du
projet de loi 250, j'ai bien peur que la population ne soit pas trop bien
renseignée. En écoutant le député de Rouyn-Noranda,
j'ai cru que nous étudiions le principe de l'assurance-maladie
après un court séjour dans le sujet préféré
du député de Rouyn-Noranda, le bill omnibus. Tout cela, M. le
Président, précédé d'une description d'un climat
social dans lequel nous vivons et qui met en danger chacun des
députés de cette Chambre devant cette montée grandissante
du socialisme, de la sexualité et même du communisme.
Jamais je n'aurais cru qu'un tel ministre des Affaires sociales soit une
menace aussi grande pour la survie du peuple québécois et pour la
liberté de nos chers professionnels.
Parlons de choses sérieuses. J'ai écouté les
différents opinants qui m'ont précédé.
Rares sont ceux qui y sont allés de suggestions constructives ou
de critiques du projet de loi, tel que nous l'a présenté le
ministre des Affaires sociales, à la suite de sa
réimpression.
M. le Président, j'ai l'impression que pour le ministre des
Affaires sociales, c'est son chant du cygne. Quand il aura réussi
à faire adopter toutes ces lois des corporations professionnelles, il
pourra dire: Mission accomplie. Il restera sans doute la fluoration, le
règlement des différents problèmes de politique sociale
avec Ottawa, mais de toute façon, ce ne sera pas le ministre actuel qui
réglera ces problèmes.
M. le Président, la loi qui est devant nous régira les
relations, d'abord, des professionnels entre eux, et les dispositions qu'on y
trouve ont pour but, surtout, de protéger le public. Il ne faut pas en
conclure qu'une loi qui se penche sur l'intérêt public est
nécessairement de pensée et surtout de conséquence
socialiste au sens péjoratif du mot.
M. le Président, chacun de nous est socialiste. Je crois que les
plus socialistes que nous ayons entendus aujourd'hui ce sont bien les
députés du Ralliement créditiste, parce qu'ils ont
crié la protection du public. Si le public ne vit pas dans la
société, je me demande où il vit. Par le fait qu'il
oeuvre, qu'il respire, qu'il grouille, qu'il vit dans notre
société, le Ralliement créditiste, par la voix de ses plus
hauts et de ses plus grands hauts-parleurs... Pardon?
M. AUDET: Je vous invite à ne pas jouer sur les mots.
M. PAUL: Chose certaine, je n'ai pas l'intention de faire une faillite
de mon discours.
M. le Président, je disais donc que cette loi a subi une
évolution qui nous conduit ce soir à l'acceptation d'un principe
où l'on retrouve, entre autres, celui de la protection du public et de
la protection des membres des corporations professionnelles.
Il suffit de nous remémorer le tollé qu'a suscité
la première version du projet de loi 250 pour vite réaliser avec
quelle ouverture d'esprit le ministre des Affaires sociales a tenu compte des
recommandations qui nous furent faites. Ceux qui ont suivi les
délibérations de la commission le savent. Personnellement, j'ai
suivi avec beaucoup d'assiduité les séances de la commission
parlementaire, sauf celles qui eurent lieu alors que la Chambre
siégeait. En aucun temps je n'ai entendu parler de contraintes
socialistes, d'activités de sexes dans cette loi, et je dois vous dire
que le député de Dorchester a suivi avec intérêt
soutenu la présentation de ces différents mémoires.
Les corporations professionnelles représentées par leur
exécutif ou leur association, dans certains cas, nous ont fait des
représentations qui ont ébranlé le ministre et ses
conseillers. Et, dans le cours du mois de septembre dernier, il y a eu un coup
de barre qui a donné satisfaction en grande partie aux
représentations qui avaient été faites par les
différentes corporations professionnelles.
Je ne dis pas que cette loi est excellente. Il y aura des correctifs
à apporter et l'expérience vécue par mon collègue,
le député de Montmagny, servira sûrement une fois de plus
de guide excellent à l'actuel ministre des Affaires sociales.
D'ailleurs, vous savez que l'actuel ministre fut un jour l'employé du
député de Montmagny.
Quant à moi, même si j'ai beaucoup de respect pour le
ministre des Affaires sociales, je n'ai pas l'impression que
l'élève a supplanté ou dépassé le
maître.
Trêve de plaisanteries. Nous soumettrons à la
commission élue chargée de l'étude du projet de loi
250, des amendements pour répondre dans certains cas aux recommandations
d'une corporation spécifique ou dans d'autres cas du Conseil
interprofessionnel du Québec.
Le code des professions aura son efficacité pour autant que
toutes les corporations le vivront. Il ne faut pas compartimenter les
professions dans des cadres trop rigides, car autrement il sera
extrêmement difficile d'atteindre l'objectif visé par le projet de
loi 250.
Je conviens que l'Etat doit régir les relations, doit surveiller
les activités professionnelles, mais je dis que l'Etat ne doit pas
contrôler des activités professionnelles. Vous n'avez pas à
crier des ah! ah! ah! En aucun temps dans cette législation à
l'exception d'un projet de loi, l'Etat ne vient contrôler les
activités professionnelles. On peut être traumatisé par des
lettres polycopiées que l'on reçoit de sympathisants d'une
corporation professionnelle, du moins susceptible d'être reconnue comme
telle. Il ne faut pas perdre le nord pour tout ça.
Mais ce qui est important, c'est de retenir les dispositions du rapport
Castonguay-Nepveu, surtout du rapport Castonguay.
Et, je me réfère à la page 47 du tome I du volume
VII où il est dit ceci: "Il en résulte qu'aucune profession ne
saurait être réglementée en vase clos par ses propres
membres et sans la participation du reste de la collectivité qui est,
elle aussi, touchée par les décisions des ordres professionnels.
Il en résulte également qu'aucune profession ne saurait en
maintenir une autre en tutelle, sous peine de conflits d'intérêts
différents, mais non moins sérieux que ceux que nous venons
d'exposer." Le ministre verra facilement, comme tous ceux qui sont
intéressés à ce problème des différentes
corporations professionnelles, qu'il y en a au moins une qui est exposée
à devenir en tutelle. Je suis convaincu que le ministre est
déjà disposé à respecter les termes mêmes de
la recommandation du rapport Castonguay-Nepveu sur ce point.
M. CASTONGUAY: Les naturopathes?
M. PAUL: Non, M. le Président; je vous signalerai les
chiropraticiens, dans la constitution de leur exécutif. Peut-être
que le ministre pourrait, dès maintenant, inviter ses conseillers
à examiner ce point parce que, de toutes les professions, de toutes les
corporations professionnelles, dans le texte que nous avons, c'est la seule qui
devient minoritairement contrôlée. Il y en a peut-être
d'autres aussi, une ou deux; mais je crois que l'exécutif des
chiropraticiens, tel que suggéré dans le projet de loi, ne
devrait pas être maintenu et je suis sûr que le ministre verra
à attirer l'attention des fonctionnaires sur ce point.
M. le Président, il faudra également envisager le
regroupement de certaines professions soeurs, et c'est là que j'ai
trouvé excellentes les suggestions positives. Quand on joue un
rôle sérieux de député de l'Opposition, on ne fait
pas que cracher dans les nuages; il faut attirer l'attention de
l'autorité en place et l'inviter à corriger sa loi, à
l'améliorer en faisant des recommandations ou suggestions constructives.
Il ne faut pas que la critique d'une loi soit toujours du négativisme,
parce qu'autrement nous sommes des membres inutiles dans l'Opposition. Et je
m'interroge sur les différentes recommandations, suggestions qui furent
faites par les opinants d'un mouvement politique ou d'un groupe de l'Opposition
en cette Chambre depuis que nous avons commencé l'étude du projet
de loi 250.
M. le Président, l'une de ces recommandations faites par le
député de Montmagny, c'est de faire jouer un véritable
rôle de coopération ou de coordination, soit par l'Office des
professions ou par le Conseil interprofessionnel du Québec. L'un ou
l'autre de ces organismes, M. le Président, serait la voie normale d'une
négociation des différents problèmes que les professions
soeurs rencontrent dans leur évolution quotidienne ou dans la marche
quotidienne de leurs opérations. Qu'il me soit permis de vous citer,
à titre d'exemple, différents problèmes non pas
insurmontables, mais auxquels on n'a peut-être pas voulu apporter de
solution jusqu'ici, comme cette division que l'on rencontre entre, d'une part,
les ophtalmologistes, d'autre part, les optométristes et, d'autre part,
les opticiens d'ordonnance.
Nous pourrions peut-être, M. le Président, étendre
également cette nécessité de compréhension, de
coordination, de bonne relation entre médecins d'une part, infirmiers et
infirmières d'autre part. Et j'aurais d'autres exemples à donner
au ministre. Je sais qu'il connaît parfaitement toutes les
difficultés que les professions se créent les unes les autres.
Dans certains cas il s'agit de conserver certains droits acquis, mais d'un
autre côté, il faut que tous les professionnels des
différentes disciplines admettent que le but premier de leur existence
et que le principal principe visé par cette loi, c'est la protection du
public.
Et si, M. le Président, l'Office des professions et le Conseil
interprofessionnel recevaient un mandat défini que l'on pourrait
arrêter dans un texte amendé lorsque nous irons en commission
élue, je crois que les professionnels en seraient les premiers à
en retirer des bénéfices et avantages, parce qu'à
l'intérieur même des professions, il y a des problèmes qui
ne peuvent être maintenus ou, si vous voulez, prolongés, comme,
par exemple, entre le Barreau et les universités, entre, d'une part,
ceux qui ont charge de l'enseignement des matières professionnelles et,
d'autre part, ceux qui ont la responsabilité de l'adminission à
la pratique des mêmes membres de cette corporation.
M. le Président, nous pourrions citer d'autres exemples. Et un
autre devoir ou rôle que pourrait jouer soit l'Office des professions ou
le
Conseil interprofessionnel serait également d'étudier, de
concert avec le gouvernement, les demandes des groupes professionnels qui
veulent être reconnus, soit à titre réservé ou dans
un champ de pratique exclusive et qui voudraient être ajoutés
à l'une ou l'autre des annexes qui se trouvent à la fin du projet
de loi.
Des conflits s'élèveront entre les professionnels d'une
même corporation ou de corporations oeuvrant dans le même milieu,
et il faudra nécessairement qu'il y ait un organisme temporisateur ou
catalyseur pour tâcher de jeter du lest dans cette lutte que se livrent
malheureusement et au détriment de l'intérêt public
certains corps professionnels ou corporations les unes à l'endroit des
autres.
M. le Président, il faudra de plus retenir l'une des suggestions,
faites par le député de Montmagny, aux fins de créer un
organisme permanent chargé de surveiller la bonne marche ou
l'application de cette loi 250. Il faudra que cette loi puisse répondre
aux aspirations et aux besoins de protection du public. Et si les professions
avaient l'assurance d'avoir un organisme, un interlocuteur valable entre, d'une
part, leur corporation et le gouvernement qui pourrait être, par exemple,
l'Office des professions ou le Conseil interprofessionnel, ces gens auraient
l'assurance que leurs revendications seraient entendues en temps opportun par
les membres d'une commission permanente.
Une fois ou deux par année, cette commission ad hoc des
professions pourrait convoquer le Conseil interprofessionnel du Québec
ou encore toute corporation qui a des représentations ou des demandes
à faire au gouvernement. Ils pourraient répondre aux questions
des députés en même temps qu'ils auraient l'occasion de
demander certains correctifs ou des amendements à leur propre loi.
Si nous voulons qu'il y ait efficacité dans l'application de
cette loi, il faut qu'il y ait occasion ou moyen reconnu et continu de recevoir
les différentes représentations des corporations
professionnelles. J'irai jusqu'à soutenir l'excellente recommandation
je termine dans une minute ou une minute et demie, M. le
Président faite par mon collègue le député
de Montmagny aux fins de nommer un ministre responsable des corporations
professionnelles.
Personnellement, je ne suis pas effrayé par cette loi; au
contraire, elle répond à un besoin. Si nous voulons mettre fin
à certains abus de poursuites des professionnels les uns contre les
autres, si nous voulons créer un bon climat parmi les gens qui doivent
donner davantage à la société parce qu'ils ont reçu
plus, il faut aller de l'avant avec le projet de loi 250. Pour cela, bien
humblement, je le répète à nouveau, il faudra donner des
moyens, des mécanismes de promotion professionnelle, de stimulation
professionnelle, de bonne entente professionnelle et ce dans le meilleur
intérêt des membres des différentes corporations et surtout
dans le meilleur intérêt du public. C'est pourquoi sans crainte,
sans dévier aux principes que nous avons reçus, aussi bien vous,
M. le Président, que la majorité des députés de
cette Chambre, nous ne serons pas des communistes, nous ne serons pas des
socialistes, nous ne serons pas des sexuels si nous votons pour le principe de
la loi 250. C'est ce que les députés de l'Union Nationale feront
avec empressement, conscients que nous sommes que nous améliorerons
finalement le sort des Québécois.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Affaires
sociales.
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, en premier lieu je voudrais
souligner une dimension particulière qui me semble être ressortie
des interventions des membres de l'Union Nationale et du Parti
québécois, c'est-à-dire l'aspect, de façon
générale et complète, en fait, très positif de
leurs interventions et de la plupart des suggestions qu'ils ont
formulées.
Je ne reprendrai pas chacun de ces points par souci d'être aussi
bref que possible, d'autant plus qu'il est clair qu'un bon nombre d'entre eux
pourront être repris à l'occasion de l'étude, article par
article, du projet de loi. Je voudrais aussi souligner que la plupart des
questions ou suggestions soulevées ont été reprises par un
certain nombre de députés.
Au lieu d'essayer de reprendre les remarques d'un député
en particulier, pour passer ensuite à celles d'un autre
député, il me semble que certains points se dégagent. Sans
les attribuer à un député en particulier, il y aurait
peut-être avantage à ce que je fasse quelques commentaires sur ces
points.
On a parlé, en premier lieu, de l'opportunité de
créer une commission permanente qui aurait pour mission
particulière d'entendre les représentations de l'Office des
professions ou encore le Conseil interprofessionnel ou encore certains groupes
professionnels. Cette question ne peut être tranchée dans la
législation. Les commissions parlementaires, comme tout le monde le
sait, d'ailleurs, sont constituées par notre règlement. Il me
semble qu'il s'agit là d'une suggestion très positive. Vous
comprendrez, toutefois, que je ne suis pas en mesure de donner une
réponse en ce moment, étant donné que ces commissions
doivent être constituées, si je comprends bien, dans le
règlement de notre Assemblée. Pour ma part, je trouve qu'il
s'agit là d'une suggestion très positive.
On a parlé également du rôle de l'office des
professions qui pourrait être quelque peu élargi, d'abord pour
servir, au nom du gouvernement, d'interlocuteur pour étudier les
questions de reconnaissance ou de formation de corporations
professionnelles, pour étudier aussi les problèmes qui
peuvent se poser avec l'application de la loi et faire des recommandations.
Egalement, un sujet très important: les rapprochements entre les
membres des corporations professionnelles, une meilleure coordination dans le
travail des professionnels, membres de diverses corporations. Encore là,
il me semble qu'il s'agit d'une suggestion extrêmement positive. Le
député de Montmagny, en particulier, sait jusqu'à quel
point la question est difficile. Il a lui-même formé certains
comités visant à effectuer des rapprochements entre divers
groupements. Certains de ces comités n'ont même pas pu prendre le
départ, les membres de corporations différentes refusant de
siéger et de s'asseoir à une même table. On peut voir
jusqu'à quel point le problème est complexe. Pour l'information
des membres du Ralliement créditiste, ces problèmes existent
depuis longtemps et ne peuvent être réglés par voie de
législation. Ils seront réglés par les hommes qui
pratiquent ces professions. Je mentionne ceci parce que ce sont des
problèmes séculaires dans certains cas, qui ne sont pas
nés au moment de la présentation de la législation qui est
devant la Chambre.
On nous a aussi suggéré d'élargir le rôle du
Conseil interprofessionnel du Québec. Il me semble que la suggestion est
un peu différente, compte tenu du fait qu'il s'agit d'un organisme qui
représente les corporations comme ensemble. C'est sa fonction
première. Si l'on ne veut pas qu'il y ait confusion dans les
rôles, il me semble que c'est une fonction qui doit demeurer telle
qu'elle est.
On a également mentionné la nécessité ou
l'opportunité de nommer un ministre responsable de l'application de
cette législation. Sans entrer dans la discussion des dispositions du
projet de loi, car ce n'est pas le moment, je voudrais tout simplement
rappeler, toutefois, que l'article 186, tel qu'il est rédigé,
donne toute la latitude voulue, je crois, au premier ministre pour poser les
gestes qui peuvent paraître les plus appropriés sur ce plan.
On a également souligné et rappelé que le rapport
portant sur les professions et la société, qui reprenait, sur ce
point, des idées déjà exprimées dans d'autres
rapports, affirmait qu'une corporation ne devrait pas exercer une tutelle sur
une autre corporation. C'est exact. Le rapport est très explicite sur ce
plan.
Par contre, lorsque l'on se réfère à la formation
d'un bureau d'une corporation spécifique dont les membres de ce bureau,
pour une période provisoire, seraient composés en majorité
de personnes qui ne sont pas membres de cette corporation, pour autant qu'elles
ne sont pas membres d'une autre corporation qui pourrait avoir des
visées de tutelle, je ne crois pas que l'on puisse interpréter
cela comme étant une tutelle d'un groupe sur un autre. Il s'agit,
à mon sens, de faire en sorte que les membres du bureau qui
n'appartiennent pas à la corporation ne soient pas tous du même
groupement professionnel et, de préférence, ne soient même
pas des professionnels.
Quant aux interventions faites par le Ralliement créditiste, je
vais être relativement bref. On a vu, dans ce code des professions, une
poussée de socialisme. Le code des professions vise à instituer
certaines corporations professionnelles et à maintenir les autres
corporations professionnelles en changeant quelque peu les dispositions qui les
gouvernent et en faisant une certaine rationalisation dans l'ensemble. Si c'est
du socialisme, cela fait donc au moins 150 ans au Québec que nous vivons
dans une ère de socialisme parce que les premières corporations
ont été formées alors même que le mot n'était
pas connu. Je suis plutôt porté à écouter et
à partager les points de vue des autres députés de cette
Chambre qui, du côté ministériel comme du côté
du Parti québécois et de l'Union Nationale n'y voient qu'une
législation visant à la protection du public.
On a également dit qu'encore une fois ce serait une addition au
mécanisme étatique. On y voyait une nouvelle addition à la
bureaucratie. Je rappellerais que les corporations professionnelles qui sont
comprises dans le code existent, pour la pluspart, et que le seul organisme
nouveau qui va être formé est un office qui sera composé de
cinq membres dont deux seulement seront à plein temps. Il me semble que
le principe de cet office va de soi lorsque l'on imagine les
difficultés, difficultés, d'ailleurs, que les
députés du Ralliement créditiste ont soulignées
lorsqu'il n'existe pas d'interlocuteur bien identifié entre le
gouvernement et les corporations. Encore là, il me semble que ce sont
des épouvantails que l'on lance, des espèces de
phrases-clés qu'on essaie de répéter à toutes les
sauces, sur toutes les questions et qui n'ont aucune relation avec le contenu.
On est même allé jusqu'à dénoncer
l'assurance-maladie. Je me demande si on veut retourner à
l'époque où une personne, lorsqu'elle était malade,
pouvait s'endetter pour des années et des années. Est-ce que l'on
veut retourner à l'époque où le médecin
était obligé, lorsqu'il n'était pas capable de se faire
payer, de placer ses comptes dans les mains d'agences de perception? Si c'est
ça qu'on veut, qu'on le dise donc clairement. Mais qu'on n'essaie pas de
jouer sur les mots comme on l'a fait tout l'après-midi.
Quant au fardeau de travail des professionnels, on semble dire qu'ils
sont enterrés dans la paperasse. Je voudrais simplement rappeler
l'étude qui a été publiée le printemps dernier,
étude effectuée par des gens extrêmement intègres de
l'université McGill. Elle démontrait que tel n'était pas
le cas mais qu'au contraire l'assurance-maladie, déjà, avait eu
pour effet de réduire le fardeau purement administratif des
médecins parce qu'ils n'ont plus de perception à faire, ils n'ont
pas à transiger avec toute une série de compagnies d'assurance.
Bientôt, une deuxième tranche de cette étude va être
publiée
et elle va démontrer très clairement qu'on peut
déjà voir une amélioration dans les statistiques de
morbidité de la population, particulièrement dans les
comtés que ces députés représentent. Alors, je ne
crois pas qu'il soit nécessaire d'en dire plus sur ces
interventions.
C'est pourquoi je voudrais répondre à une question bien
précise du député de Montmagny et à laquelle il me
semble nécessaire de répondre pour faire le point. Il a
demandé quelles étaient les nouvelles corporations dans la
première version, quelles sont les nouvelles qui sont proposées
dans la deuxième version de telle sorte que l'on puisse voir plus
clairement où nous en sommes.
Dans la première version, les corporations avec un champ
d'exercice exclusif dont la formation était proposée
étaient les suivantes: Corporation professionnelle des denturologistes,
des chiropraticiens, des acousticiens en prothèses auditives qui,
avant que le projet de loi ne soit complètement adopté,
s'appelleront des audioprothésistes les podiatres et les physio
thérapeutes. Quant aux corporations à titre
réservé, il n'y en avait qu'une qui était proposée
dans la première version, celle des hygiénistes dentaires.
Dans la version réimprimée, on retrouve, quant aux
corporations à champ d'exercice exclusif, les mêmes moins une,
soit celle des physio thérapeutes. Quant aux corporations à titre
réservé, on trouve les physiothérapeutes, les
hygiénistes dentaires, comme dans la première version, les
techniciens dentaires, la Corporation professionnelle des orthophonistes et des
audiologistes qui, présentement, dans la loi actuelle, comme on l'a vu,
se chevauchent. Ce n'était pas clair, à savoir si c'était
une corporation à titre réservé ou à champ
d'exercice exclusif. Il y a les ergothérapeutes qui, comme on se
souvient, ne voulaient pas être assimilés aux
physiothérapeutes, les infirmiers et les infirmières auxiliaires
et, enfin, même s'ils n'apparaissent pas dans la version
réimprimée, mais ce sera un amendement que je proposerai, les
technologistes médicaux.
Comme on le sait, depuis que nous avons étudié les projets
de loi, un jugement a été rendu. Un technologiste médical
a été accusé d'avoir pratiqué la chimie alors qu'il
n'effectuait que son travail normal au sein d'un hôpital, travail que ces
technologistes effectuent depuis très longtemps. Il nous semble que
vis-à-vis d'une telle situation, il nous faut inscrire, dans la loi, une
réalité qui est acceptée de tous, une
réalité qui est extrêmement importante pour les patients,
dans les hôpitaux, soit celle des technologistes médicaux, et
amender la Loi des chimistes en conséquence, de telle sorte qu'il n'y
ait pas le genre de conflits qui existent présentement.
Egalement, M. le Président, on a parlé et il me
semble que c'est un point rappelé très brièvement
des problèmes de difficulté de travailler entre eux qui se
présentent dans diverses corporations professionnelles. Je voudrais
rappeler ici la clause de délégation d'acte qui est
proposée et qui peut avoir un effet positif très sensible. Comme
cette disposition a déjà fait l'objet de discussions, je ne m'y
attarde pas plus longuement.
Je voudrais toucher, en terminant, la question de la langue qui a
été soulevée par, je crois, tous les députés
du Parti québécois, et à tout le moins un des
députés de l'Union Nationale, pour dire qu'il est exact que la
langue est une question importante, qu'elle est délicate aussi et
qu'elle prend une importance qu'on ne peut pas sous-estimer lorsque l'on traite
d'un domaine où il s'agit de services très personnels.
D'ailleurs, c'est pour cette raison que le gouvernement a
présenté à cette Chambre, pour adoption, en fait, ce que
le rapport Gendron signale comme étant une des seules lois dans le
domaine apportée par le gouvernement du Québec,
c'est-à-dire la loi 64. Nous ne sommes donc pas insensibles à
cette question et nous avons déjà posé des gestes, dans ce
secteur bien particulier.
Je voudrais rappeler, toutefois, parce que ceci n'a été
fait par aucun des députés, et j'ai porté grande attention
à ce qu'ils disaient, qu'à aucun moment, à l'occasion des
audiences de la commission parlementaire, il n'a été question de
la langue. Ni un seul député, ni un seul porte-parole des groupes
qui sont venus devant nous ont soulevé cette question, à aucun
moment, à ma connaissance. Je mentionne ceci non pas pour minimiser
l'importance de la question mais pour faire ressortir deux points, qui sont les
suivants: on nous a demandé je crois que la question était
très pertinente si nous connaissions l'opinion des groupes
professionnels sur cette question.
Je ne crois pas qu'il ait été possible de connaître
l'opinion des groupes professionnels sur cette question puisqu'il n'en a jamais
été question à l'occasion des audiences.
Je mentionne également cette question parce qu'un certain nombre
de députés ont souligné l'importance, pour des
législations comme celle-ci qui touche un grand nombre de
professionnels, qui touche indirectement à l'ensemble de la population
de passer par le mécanisme des commissions parlementaires, de telle
sorte que les groupes touchés puissent venir s'exprimer.
Et justement, récemment, alors que nous étions dans une
phase de travail très active, lorsque nous avons déposé la
Loi de la protection de la jeunesse et que nous n'avons pas donné une
réponse immédiate quant à la déférence de ce
projet de loi à une commission parlementaire, on nous en a fait des
griefs. Et pourtant cette loi ne touche qu'à une partie beaucoup plus
faible de la population.
Je voulais rappeler ces faits. Nous aurons l'occasion d'en rediscuter au
moment de l'étude article par article, mais je crois que nous devons
garder la même logique, il me semble, vis-à-vis de toutes les
questions, que celle que nous
avons adoptée pratiquement comme mode de fonctionnement pour
l'étude des projets de loi que nous avons eus dans ce secteur.
C'est sur ces paroles que je voudrais terminer cette brève
réplique. Et je crois qu'étant donné l'importance du
projet de loi, il y aurait lieu de demander un vote enregistré.
LE PRESIDENT SUPPLEANT (M. Lafrance): Qu'on appelle les
députés!
Vote sur la deuxième lecture
LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Que ceux qui sont en faveur de cette
motion de deuxième lecture du projet de loi 250 veuillent bien se lever,
s'il vous plaît !
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Levesque, Hardy, Choquette, Castonguay,
Garneau, Goldbloom, Tetley, Drummond, Bienvenue, Mailloux, Vaillancourt,
Cadieux, Houde (Fabre), Théberge, Brown, Brisson, Picard, Fraser,
Fortier, Caron, Carpentier, Dionne, Faucher, Giasson, Houde (Limoilou),
Lafrance, Lamontagne, Larivière, Marchand, Ostiguy, Pilote, Shanks,
Veilleux, Paul, Tremblay (Chicoutimi), Cloutier (Montmagny), Boivin, Gagnon,
Croisetière, Laurin, Burns, Charron, Joron, Tremblay (Sainte-Marie),
Lessard.
LE PRESIDENT: Que ceux qui sont contre cette motion de deuxième
lecture veuillent bien se lever, s'il vous plait !
LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Samson, Roy (Beauce), Brochu, Drolet, Guay,
Béland, Audet.
LE SECRETAIRE: Pour: 45 Contre: 7.
LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
Projet de loi déféré à la
commission
M. LEVESQUE: Article 16. M. le Président, je fais motion pour que
ce projet de loi no 250 soit déféré à la commission
spéciale sur les professions.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article 16.
Projet de loi no 252 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires sociales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 252, Loi médicale.
M. PAUL: M. le Président, avant que l'honorable ministre des
Affaires sociales prononce son discours de deuxième lecture sur la loi
252, j'aurais une directive à vous demander. J'ai vérifié
au journal des Débats la déclaration du ministre des Affaires
sociales lors de son discours de deuxième lecture. Je ne lui en fait pas
grief, mais il faudrait peut-être embarquer le lieutenant-gouverneur en
conseil dans toute la patente. Il n'en a pas été fait mention
dans le discours du ministre, alors ça devient grave. Je ne voudrais pas
qu'il recommence, M. le Président, mais je voudrais que d'une
façon ou de l'autre on intéresse Son Excellence le
lieutenant-gouverneur.
LE PRESIDENT: Sur le bill 250? M. PAUL: Sur le bill 250.
LE PRESIDENT : Il pourrait le faire avant la troisième lecture,
mais est-ce qu'on pourrait avec le consentement unanime le faire
immédiatement? Consentement unanime. Faites votre prière.
M. CASTONGUAY: Alors, M. le Président, l'honorable
lieutenant-gouverneur de la province a pris connaissance de ce projet de loi et
il en recommande l'étude à l'Assemblée.
LE PRESIDENT: Si je comprends bien, est-ce que vous devrez
répéter pour le bill 252?
M. CASTONGUAY: Je peux répéter, M. le Président, il
a pris connaissance de celui-ci également.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait nous dire quand le lieutenant-gouverneur a fait ça?
M. Claude Castonguay
M. CASTONGUAY: M. le Président, le projet de loi 252 qui est
maintenant devant la Chambre a pour principal objet d'abroger la Loi
médicale actuelle et de la remplacer par une nouvelle loi
médicale qui concorde avec les dispositions du projet de loi 250. C'est
aussi pour mettre à jour cette loi pour la rendre plus conforme aux
réalités actuelles. Comme le principe est très clair,
très bien exprimé, je vais être aussi bref que possible. Il
s'agit d'une situation, il existe une corporation professionnelle, et je vais
me limiter à indiquer simplement certaines particularités du
projet de loi qui est devant nous.
En premier lieu, la définition du champ de pratique. La
définition du champ de pratique de la médecine qui est
prévue dans le projet de loi reprend d'une façon
générale la définition contenue dans la Loi
médicale actuelle, mais elle fait également l'objet de certaines
modifications, suite aux nombreuses consultations et
discussions que nous avons eues au cours de l'étape
précédente de l'étude de ce projet de loi.
L'une des innovations majeures à signaler, c'est le pouvoir de
réglementation qui est prévu dans les dispositions de ce projet
et qui permettra au bureau de l'ordre de déterminer, parmi les actes qui
sont réservés en exclusivité aux médecins, ceux
qui, selon certaines conditions à être déterminées,
pourront être posés par des groupes autres que les
médecins. Ceci signifie, par exemple, que l'exercice par le bureau de
l'ordre des médecins, du pouvoir réglementaire prévu
pourra permettre d'identifier certains actes qui pourront être
posés légalement par d'autres groupes, notamment par les
infirmières.
Nous avons vu, au cours de nos travaux, les difficultés que
présente la situation actuelle. E s'agit d'une première
innovation qui vise à mieux adapter la loi aux réalités
actuelles. Cette même clause, nous allons, d'ailleurs, la retrouver dans
d'autres projets de loi, de telle sorte qu'on puisse viser l'objectif
mentionné par plusieurs, c'est-à-dire effectuer des
rapprochements encore plus étroits entre les groupes professionnels pour
que chacun puisse jouer un rôle aussi adapté que possible aux
exigences de la situation et aux connaissances que ces professionnels
possèdent.
Un autre aspect du projet de loi qui doit être souligné,
parce que très important, est celui de la formation ou encore des
mécanismes visant à assurer une formation adéquate des
candidats à l'exercice de la profession, tout en maintenant très
clairement aux corporations professionnelles le pouvoir qu'est le leur
d'admettre, au sein de leur corporation, les nouveaux membres. Un
équilibre délicat doit être réalisé, comme on
a pu le voir, entre, d'une part, les établissements d'enseignements et
les corporations professionnelles, compte tenu du fait que les
établissements d'enseignement, comme le député de
Maskinongé le soulignait plus tôt aujourd'hui, se
préoccupent, à juste titre, des aspects plus académiques
de la formation, des aspects plus fondamentaux, alors que les corporations
professionnelles visent à assurer, par leurs préoccupations, que
les professionnels admis à la pratique sont vraiment en mesure de
satisfaire aux exigences de la pratique. L'enseignement qu'ils visent ou les
exigences qu'ils veulent voir respectées sont d'un autre ordre que
celles que visent ou ont généralement à l'esprit les
établissements d'enseignement.
Il faut donc faire en sorte que ces deux types de préoccupations
se marient de façon aussi harmonieuse que possible, de telle sorte qu'au
terme de leurs études les étudiants puissent être admis
sans qu'il soit nécessaire de leur imposer des conditions additionnelles
pour des raisons de mauvaise coordination entre les deux types d'organismes.
Cela évitera aussi que les étudiants ne soient obligés de
prolonger dans certains cas, des études qui ont déjà
été fort longues et fort onéreuses.
Malgré ce mécanisme qui est décrit et qui vise
à associer de façon positive c'est l'esprit de ces
dispositions les corporations professionnelles aux mécanismes
d'élaboration des programmes d'évaluation des étudiants,
il se peut que dans le jugement d'un ordre professionnel donné il y ait
des conditions ou formalités additionnelles qui soient requises avant
qu'un étudiant ou un candidat à l'exercice d'une profession
puisse être admis.
On peut imaginer que ces conditions soient de deux ordres. Il y a celles
touchant directement à la formation, et ainsi l'ordre a, dans les
dispositions de ce projet de loi, la possibilité d'ajouter aux
conditions soit des stages, soit des examens. Il y a d'autres conditions qui
sont d'un autre ordre, qui ne portent pas sur la formation, mais qui portent
sur l'habileté à divers titres d'un membre d'exercer une
profession qui exige le respect d'un code de déontologie.
Les règlements permettant à l'ordre d'ajouter au besoin
des conditions additionnelles, comme tous les autres règlements, devront
être approuvés, selon le projet de loi, par le
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est donc un mécanisme qui,
croyons-nous dans son ensemble, permettra, si on veut bien s'en servir de la
façon dans laquelle il a été conçu, que les
corporations professionnelles au Québec s'associent positivement avec
les établissements d'enseignement et que l'on évite que se
reproduisent des situations comme celles que nous avons connues au cours des
dernières années, notamment au cours de l'été 1970,
lorsque nous avons vu un certain groupe d'étudiants en médecine
dentaire ne pas être admis à la pratique parce qu'il y avait
évidemment conflit entre l'université, la faculté et la
corporation professionnelle ou le Collège des dentistes. Je me limite
à cet exemple parce que je pense qu'il était assez clair, assez
évident, assez représentatif des types de difficultés qui
peuvent résulter s'il n'y a pas de mécanisme approprié
pour assurer justement le travail d'élaboration des programmes d'une
façon aussi étroite que possible par les deux types d'organismes
et aussi des mécanismes d'évaluation.
La question de l'agrément des établissements
d'enseignement est également une question qui est reliée
étroitement à celle de la formation. Cette fonction,
présentement, en vertu de la loi actuelle, est confiée à
l'ordre des médecins. Elle a été modifiée lorsque
nous avons adopté ici en Chambre la loi no 65 sur les services de
santé et les services sociaux. En vertu de l'article 88 de cette loi,
l'on sait que c'est aux institutions d'enseignement qui sont reconnues par le
ministre de l'Education et le ministre des Affaires sociales qu'appartient le
pouvoir de conclure des contrats d'affiliation avec des établissements,
notamment les centres hospitaliers, aux fins...
LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre
le ministre des Affaires sociales mais j'ai suivi avec beaucoup
d'intérêt son intervention. Je lui rappellerais peut-être,
je ne dirais pas la rigueur, je n'aime pas employer ce mot, les
impératifs de notre règlement à l'effet que nous devons,
en deuxième lecture, nous en tenir au principe, à la valeur
intrinsèque du projet de loi. Je sais que souvent, dans certaines
modalités, dans certains détails, il peut y avoir des principes.
Je l'ai suivi lorsqu'il a fait la relation entre la Loi médicale,
l'enseignement, la préparation des programmes, la reconnaissance des
établissements. Je l'ai laissé aller jusque là mais je ne
voudrais pas qu'il entre dans les détails d'application de cette
réglementation ou des programmes.
M. CASTONGUAY: Merci, M. le Président. Je continue donc en
suivant, très attentivement, vos conseils. Je vais parler du rôle
de l'Ordre des médecins quant à la qualité des soins
médicaux fournis dans les établissements. C'est un rôle
très fondamental parce que l'on sait que c'est l'Ordre des
médecins qui a pour mission d'assurer au public la garantie de la
compétence et de la moralité de ses membres. Ceci est
confirmé, d'ailleurs, par le pouvoir qu'a l'Ordre de délivrer des
permis d'exercice, des permis de spécialistes. De plus, des
comités visent à exercer la discipline nécessaire et aussi
l'inspection professionnelle telle que prévue dans le projet de loi.
Ce rôle s'exerce d'abord vis-à-vis de chacun des
médecins mais il est aussi important, comme on l'a fait valoir, que le
rôle s'exerce de façon quelque peu différente étant
donné que la médecine se pratique de façon
extrêmement importante aussi bien quant au nombre des actes que quant
à la nature des actes posés dans les établissements.
A cette fin, le projet de loi prévoit clairement que le bureau de
l'Ordre des médecins pourra faire effectuer des enquêtes au sujet
de la qualité des soins médicaux fournis dans les
établissements et qu'il sera interdit d'entraver, de quelque
façon que ce soit, les représentants du Collège des
médecins dans cette fonction. Alors, voilà une autre
particularité du projet de loi qui est clarifiée et qui adapte la
loi actuelle aux réalités.
Enfin, nous avons vu, encore récemment, par la voie des journaux,
que des personnes demandent d'être admises à la pratique. Elles
viennent soit d'en dehors du Québec, de d'autres provinces, ou encore de
l'extérieur du pays. Ceci pose, évidemment, des
difficultés.
Alors, nous proposons, dans ce projet de loi, pour tenter de faciliter
la tâche du collège et pour permettre à des personnes qui
sont au Québec de mettre à profit, au bénéfice de
la population, leurs connaissances, la possibilité pour l'Ordre
d'émettre un permis restrictif annuel et renouvelable. Ce permis pourra
être accordé même si la personne visée par le permis
n'est pas détentrice d'un certificat d'immatriculation et ne s'est pas
conformée à toutes les conditions et formalités
imposées par la loi, lorsqu'elle sera adoptée, et les
règlements. Il faudra toutefois que cette personne soit titulaire d'un
diplôme reconnu comme étant valide par le lieutenant-gouverneur en
conseil ou jugé équivalent par le bureau et ait
prêté serment. Je ne vais pas plus dans les détails mais il
me semble que c'est une question assez importante. On peut imaginer certaines
personnes qui ont pratiqué à l'extérieur la
médecine et qui veulent venir au Québec pour pratiquer dans un
domaine bien spécifique. Le collège peut être assuré
qu'elle pourrait pratiquer dans un domaine très spécifique mais
il n'est pas disposé à délivrer un permis lui donnant la
possibilité d'exercer la médecine de façon
générale.
Alors, c'est une nouvelle réalité. Nous en avons eu des
exemples récemment. Le projet de loi vise à adapter, de nouveau,
la loi à cette nouvelle réalité.
Enfin, au Québec, certaines personnes qui ont
étudié l'ostéopathie pratiquent leur profession. Elles
sont peu nombreuses. C'est une profession qui ne se développe pas, au
Québec. Il est évident que ces personnes doivent soit se
contrôler entre elles pour la protection du public ou encore s'amalgamer
à un autre groupe, de telle sorte que la population soit bien
protégée. De l'accord des membres, de même que de l'accord
de la profession médicale, les ostéopathes, qui pratiquent
présentement au Québec et qui sont très peu nombreux,
seront incorporés ou deviendront membres du Collège des
médecins.
Ce sont des particularités du projet de loi qu'il paraissait
nécessaire, il me semble, de faire ressortir, M. le Président.
J'espère que je ne me suis pas trop éloigné du principe au
cours de mes remarques. Ce sont des aspects importants qui auront pour effet,
nous croyons, de permettre à l'ordre des médecins de jouer, dans
l'avenir, d'une façon plus adéquate que jamais, son rôle,
compte tenu du fait que, présentement, la loi ne lui permettait pas
toujours de jouer aussi efficacement ce rôle qu'il l'aurait voulu.
Merci.
LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je demande
l'ajournement du débat de deuxième lecture.
M. LEVESQUE: Article 39.
M. PAUL: Cette motion est-elle adoptée? M. LEVESQUE: Elle
l'est.
LE PRESIDENT: Cette motion d'ajournement du débat est-elle
adoptée?
M. LEVESQUE: Adopté.
Proiet de loi no 279 Deuxième lecture
LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose la
deuxième lecture du projet de loi no 279, Loi modifiant la loi
constituant la Commission de transport de la rive sud de Montréal.
M. Victor Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, la Commission de transport de la
rive sud de Montréal a été créée le 23
décembre 1971. Elle est inopérante depuis. La raison pour
laquelle elle ne fonctionne pas est que les maires des municipalités
impliquées il y en a huit: Boucherville, Brossard, Greenfield
Park, Lemoyne, Longueuil, Saint-Hubert, Saint-Lambert et la municipalité
de Notre-Dame n'ont pas été satisfaits de
l'autorité qui leur était donnée sur les actions de la
commission.
La loi prévoyait la nomination de trois commissaires: le premier,
par le lieutenant-gouverneur en conseil; le deuxième, par les maires
eux-mêmes constitués en conseil et le troisième, qui devait
devenir président et directeur général, à
être nommé par les deux premiers. Le lieutenant-gouverneur en
conseil a désigné le premier commissaire; les maires ont
refusé de désigner le deuxième. Donc, le président
n'a jamais été nommé.
La loi prévoit que l'on augmente le nombre de commissaires de
trois à cinq, que ces deux sièges additionnels soient
occupés par deux maires qui seraient choisis par le conseil
constitué des huit maires. Avec cette addition, les membres du conseil
sont maintenant prêts à désigner le commissaire qui, lui,
ne serait pas un maire, qui devrait occuper le siège que j'appelle no 2.
Cela permettra la désignation, sur recommandation des deux commissaires
en poste, du président. C'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
désignerait ce président sur recommandation des deux autres
commissaires et la commission pourrait ainsi commencer son activité.
C'est le but, le principe du projet de loi. Il y a quelques modifications
apportées à la loi originale pour des fins administratives, mais
l'essentiel du projet de loi, c'est de permettre à la Commission de
transport de la rive sud de Montréal de fonctionner, ce qu'elle n'a
jamais fait.
LE VICE PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL : M. le Président, il est probable que le 1er mars est un
grand jour pour vous, parce que c'est peut-être le dernier, De toute
façon, vous me permettrez de féliciter le ministre des Affaires
municipales. Et je le vois, il ne sait pas ce qui va venir. De toute
façon, il est de coutume qu'un ministre qui a l'honneur de proposer
l'adoption d'une loi à la suite d'une nomination reçoive les
félicitations d'usage.
Mais je ne le fais pas que protocolairement, je le fais par
amitié pour le ministre. Je n'ai pas besoin d'octroi municipal, vous
savez.
M. LEVESQUE: C'est pour lui être personnellement
agréable.
M. PAUL: De toute façon, je suis bien à l'aise pour
discuter de ce projet de loi et adresser quelques reproches au ministre des
Affaires municipales qui a précédé celui qui occupe le
poste. A chaque fin de session, le gouvernement actuel nous presse d'adopter
des lois, disant chaque fois que c'est une petite loi anodine. Et je me
rappelle fort bien que le projet de loi concernant la Commission de transport
de la rive sud avait été adopté à la suite d'une
séance de la commission parlementaire, à l'époque
c'était les Transports. Tout le monde a bu cette loi comme un verre de
lait, croyant que nous avions trouvé le remède au problème
du transport qui existait sur la rive sud à Montréal.
Un peu par négligence de notre part, fatigués de toujours
surveiller ce gouvernement, de pousser dessus pour le faire agir, voyant enfin
qu'un député avait l'initiative de proposer un projet de loi
c'était le député de Taillon nous nous
sommes dit: Nous allons lui faire un cadeau de Noël, nous allons adopter
cette loi.
Nous savions que ça ne fonctionnait pas. Le ministre a
été franc, honnête ce soir, il nous a dit: Cela ne marche
pas du tout, parce que le conseil formé des maires des huit
municipalités intéressées dans le problème du
transport de la rive sud ne sont pas satisfaits de la loi. Nous donnons deux
commissaires additionnels, les maires sont prêts à marcher. Et
là nous pourrons mettre en marche le mécanisme prévu par
la loi 98 des statuts de 1971.
Il y a un petit principe que je n'aime pas dans la loi, c'est qu'en
matière d'expropriation, nous allons dispenser la Commission de
transport de la rive sud de payer 75 p.c. du montant de son expropriation, tel
que le chapitre 98 l'oblige à le faire. Et voici que l'on va maintenant
réduire ce montant à 50 p.c.
M. le Président, vous avez assisté aux séances de
la commission chargée de l'étude de la Loi de l'expropriation, le
gouvernement voulait se donner un traitement de faveur, on voulait en donner un
à la ville de Montréal. Vous avez assisté au tollé
de protestations, d'objections à ce que la ville de Montréal et
le gouvernement du Québec, spécialement le ministère de la
Voirie, se donnent un traitement de faveur.
Si la Commission de transport de la rive sud n'a pas encore
commencé à fonctionner, comment peut-elle justifier qu'il lui
soit nécessaire de réduire le montant de 75 p.c. à 50 p.c.
à verser en matière d'expropriation? Pour quelle
raison fait-on une telle demande si jusqu'à maintenant on n'a pas
pu vivre l'expérience du fonctionnement de la Commission de transport de
la rive sud?
Il faut, M. le Président, qu'il y ait une certaine
continuité dans la législation que nous présente ce
gouvernement. Un tribunal d'expropriation sera éventuellement
créé; vous me permettrez de glisser tout simplement sur le sujet,
sans m'y arrêter.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Je serai libéral ce soir.
M. PAUL: J'ai bien peur que vous ne le soyez encore plus dans un avenir
rapproché; vous allez retomber à votre naturel. De toute
façon, M. le Président, quant à nous, ce ne sera pas un
gros changement, surtout quand on vous a connu pendant l'étude du projet
de loi 62. Je vous prierais de ne pas me déranger, M. le
Président.
Je dis que c'est un principe que nous ne devrions pas accepter, par
référence à tous les mémoires de protestation qui
ont été présentés devant la commission de la voirie
et des travaux publics, lorsque nous avons étudié la Loi de
l'expropriation. Je suis certain que le ministre ne peut pas donner de
justification pour une réduction de 75 p.c. à 50 p.c. Cela n'a
pas été un embarras, ça n'a pas fonctionné. Cela
fait 23 mois, pardon, pour être honnête, cela fait 16 mois que
l'organisme est créé, que l'enfant est né et on ne l'a pas
encore fait vivre; il n'a pas appris à marcher. On l'a juste
baptisé et on ne lui a pas donné les moyens de survie. Quand je
dis qu'on ne les lui a pas donnés, je veux parler des
intéressés eux-mêmes. Est-ce qu'il y a eu des conflits de
personnalité, M. le Président, des conflits
d'intérêts? Ce n'est pas à nous de le décider; nous
avons tout simplement à nous interroger quant aux raisons pour
lesquelles cette loi est devenue inopérante. C'est simplement sur ce
point que j'en ai dans toute cette loi. Je sais que les municipalités de
la rive sud sont intéressées à avoir une commission de
transport qui leur donne le service que l'on attend d'elle. Le ministre des
Affaires municipales ne pouvait pas faire autrement que de nous soumettre la
loi qui, d'après les informations qu'il a reçues, permettra
à la commission de transport de commencer à fonctionner, à
vivre et d'atteindre une efficacité du service prévu lorsque nous
avons adopté le principe de la loi 98.
C'est pourquoi, M. le Président, nous allons voter pour le
principe de cette loi, mais, en temps opportun, en temps utile, nous
reviendrons à la charge pour que ce principe que l'on veut introduire
dans le projet de loi qui porte le numéro 279 ne puisse pas être
adopté tel que le voudrait la Commission de transport de la rive sud de
Montréal et ce, en vertu d'un principe que l'on a voulu introduire dans
une loi et qui a rencontré la désapproba- tion unanime lors d'une
récente séance de la commission des transports, des travaux
publics et de la voirie.
M. le Président, comme nous voulons communier, collaborer
quand je dis communier, je ne voudrais pas passer pour un créditiste;
j'emploie ce terme dans le sens de "communicantes".
M. SAMSON: Là, vous ne passerez pas pour un
créditiste.
M. PAUL: Vous ne comprenez rien là-dedans. Vous comprenez encore
moins que rien.
M. SAMSON: Vous allez passer pour un péquiste; c'est encore pire
!
M. PAUL: M. le Président, disons que nous souhaitons participer
à la mise en marche du transport sur la rive sud de Montréal.
Nous voulons que le service qui a été créé soit
opérant. C'est dans ce sens que nous voulons nous placer sur la
même longueur d'onde que le ministre. Cela n'arrivera peut-être pas
toujours. Je suis convaincu que nous ne serons pas toujours sur la même
longueur d'onde, mais, dans le cas précis qui nous intéresse,
nous appuyons la loi que nous présente ce soir le nouveau ministre des
Affaires municipales urbaines.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, des commentaires très
brefs sur ce projet de loi no 279, qui modifie la loi constituant la Commission
de transport de la rive sud de Montréal. En écoutant le ministre
tout à l'heure, nous avons compris qu'il n'y avait jamais eu d'entente
et que cet organisme n'avait jamais fonctionné jusqu'à
maintenant. Le gouvernement, dans sa loi, nous propose quelques dispositions
législatives selon lesquelles augmenter de trois à cinq le nombre
des membres permettrait à cet organisme de fonctionner.
Je ne voudrais pas dire que le ministre a tort ou raison à ce
stade-ci, mais je me permets de noter que nous avons des doutes sérieux.
Pour un organisme de cette importance, compte tenu des services à
fournir et de la population qu'il doit desservir, je me demande pourquoi
je n'en fais pas un grief, mais je me pose une question sérieuse
il n'y a pas eu au moins une séance de la commission parlementaire. Des
personnes auraient pu dire aux différents membres de cette commission ce
qu'ils en pensent. Nous aurions pu également les questionner
nous-mêmes pour être en mesure de nous faire une opinion exacte,
afin de savoir ce qui ne va pas.
De toute façon, je ne voudrais pas décevoir
mon honorable ami, le député de Maskinongé, mais je
ne voudrais surtout pas que le député de Maskinongé croie
que je fais en ce moment une tentative de rapprochement. Mais, je me dois
d'être honnête, je fais exactement la même réserve que
lui en ce qui a trait à une disposition de cette loi qui a pour objet de
réduire de 75 p.c. à 50 p.c. le montant des revenus bruts qui
doivent être déposés dans le cas de l'expropriation d'une
entreprise de transport.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est un homme intelligent.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je remercie le
député de Montmagny de son appréciation. Je le prie de la
transmettre à mon collègue le député de
Maskinongé pour savoir au moins si celui-ci est d'accord avec le
député de Montmagny. Mais, sans plus tarder, nous allons quand
même accepter de voter en deuxième lecture pour le principe du
projet de loi. Nous aurons quelques questions et nous profiterons de
l'étude en commission plénière afin d'obtenir des
renseignements additionnels que nous aimerions avoir.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Le député de
Maisonneuve.
M. Robert Burns
M. BURNS: M. le Président, je me souviens d'avoir
participé aux travaux de la commission parlementaire qui ont
précédé l'adoption du chapitre 98 des lois de 1971,
c'est-à-dire de la loi de la Commission de transport de la rive sud que
nous venons amender ce soir. Je me souviens en particulier de la plaidoirie du
député de Taillon, qui nous a dit que c'était essentiel
cette loi, que ça réglerait tous les problèmes qu'il y
avait dans le transport en commun sur la rive sud.
Je me souviens que nous avons même entendu des
représentants des municipalités de la rive sud. Je me souviens
qu'à ce moment-là nous avons fait l'unanimité et nous
avons dit: Vous voulez un instrument, la Commission de transport de la rive
sud, et une loi, nous vous les donnons. Il n'y a pas de problème.
Aujourd'hui on nous revient et de façon, je dois le dire, très
ambiguë, quant à moi. J'ai entendu le député de
Maskinongé émettre tantôt les mêmes doutes à
ce sujet, c'est fait de façon très ambiguë. Le ministre nous
dit : Il y a des problèmes, cette loi n'est à toutes fins
pratiques pas opérante et c'est pour ça qu'on doit faire des
amendements.
Je n'en ai aucunement contre le principe même de la loi,
évidemment il n'y en a pas de principe dans cette loi. Ce sont à
peine des modalités d'une loi existante qu'on veut changer. M. le
Président, je m'en voudrais de ne pas soulever ce point, j'en ai contre
la façon de procéder dans ce genre de loi. Encore une fois, comme
le disait le député de Maskinongé, on nous la
présente à la fin d'une session, durant des périodes
où on siège à des heures un peu exceptionnelles.
J'en ai contre le fait que ce projet de loi n'ait pas été
véritablement traité comme un projet de loi privé. Il
était à l'origine inscrit au nom du député de
Taillon; on aurait pu dire que c'était un projet de loi public au nom
d'un député. Il a ensuite été changé pour
avoir comme parrain remarquez que cela a amélioré la
situation le député de d'Arcy McGee, ministre des Affaires
municipales.
Je trouve que c'est typiquement ce genre de projet qu'on doit traiter
comme un projet de loi privé et qu'on doit soumettre après la
première lecture à la commission concernée, en
l'occurrence la commission des transports. Je vous avoue que je serais
même tenté c'est à ce point que cela me chicote
d'utiliser la motion d'amendement prévue à l'article 123
de notre règlement pour remettre ce projet de loi à quelques mois
afin qu'on ait le temps d'entendre les gens. Ce n'est pas que je mets en doute
la parole du ministre quand il nous dit qu'il y a des problèmes, mais
j'aimerais que ces gens viennent nous dire comment il se fait qu'on leur a
donné un instrument qui est devenu inopérant?
Je vais me restreindre de parler plus longtemps là-dessus parce
que j'ai l'impression que plus je vais en parler, plus je vais me convaincre
que je devrais faire une motion en vertu de l'article 123. Je ne veux pas avoir
l'air de quelqu'un qui utilise une méthode que nous avons
réprouvée cet après-midi de la part d'un autre parti en
Chambre. J'espère que ce genre de choses ne se représentera pas
régulièrement. Il y a des lois d'une importance aussi grande qui
passent comme des projets de lois privés. Je n'ai qu'à citer les
amendements à la charte de la ville de Montréal. Je n'ai
qu'à citer les amendements à la Loi de la commission de transport
de la Communauté urbaine de Montréal et de celle de Québec
qui passent régulièrement selon la procédure que je
suggère et qui n'est pas du tout utilisée ici.
Je ne sais pas s'il y a des gens qui sont mêlés de
près à ce projet de loi ou aux problèmes soulevés
par le projet de loi et qui auraient été mal à l'aise de
venir nous expliquer pourquoi le chapitre 98 est devenu inopérant, mais
je peux dire tout de suite que je vais demander au ministre tantôt
d'être plus explicite sur tout cela. Je vais me restreindre, je vais
m'empêcher de faire la motion en vertu de l'article 123 pour autant que
le ministre nous donne toutes les explications nécessaires. Encore une
fois, nous allons voter pour ce projet de loi en deuxième lecture, mais
en nous disant qu'il faudrait avoir plusieurs explications relativement
à cette situation lorsque nous étudierons le projet article par
article.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Cette motion de deuxième lecture
est-elle adoptée? Adopté.
LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Commission plénière
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se
forme en commission plénière. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
M. PAUL: On ne nous l'avait pas annoncé, on l'apprend. Le
ministre ne l'avait pas dit.
M. LEVESQUE: Oui. Commission plénière.
M. PAUL: C'est une motion qui peut être débattue?
M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: Oui, mais je ne la débattrai pas ce soir.
LE VICE-PRESIDENT (M. Hardy): Adopté.
M. LEVESQUE: Vous risquez de la débattre tout seul.
M. PAUL: Il n'y aurait peut-être pas beaucoup de
différence, M. le Président.
M. HARDY (président de la commission plénière): A
l'ordre! Projet de loi no 279, article 1.
Adopté?
M. BURNS: Non.
LE PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: A l'article 1, c'est là que commencent à se
présenter ce que j'appelle les ambiguïtés. Remarquez que
c'est surtout à l'article 2 que se présente le problème,
mais pourquoi est-il nécessaire de soulever ce problème
d'incapacité d'agir du président? Est-ce quelque chose qu'on a
vécu jusqu'à présent ou si c'est une pure et simple
précaution?
M. GOLDBLOOM: C'est une simple précaution, c'est une chose qui
n'était pas prévue. Il n'y avait pas de mécanisme pour
fournir à la commission un président en cas d'absence ou
d'incapacité de celui qui avait été désigné.
Il aurait pu arriver que pendant une période de temps importante
l'incapacité d'agir du président prive la commission de la
possibilité de remplir ses fonctions. C'est la raison d'être de
l'article.
M. BURNS: Puisqu'on en est à l'article 1, j'aimerais demander au
ministre exactement ce qui est arrivé à cette Commission de
transport de la rive sud depuis que ce projet de loi, qui s'appelle maintenant
le chapitre 98 des Lois de 1971, a été sanctionné le 23
décembre 1971. Qu'est-ce qui est arrivé? Est-ce qu'elle a
fonctionné depuis? Est-ce que le ministre pourrait élaborer un
petit peu plus qu'il ne l'a fait à ce sujet dans son discours de
deuxième lecture?
M. GOLDBLOOM: On sait que cette commission n'a pas fonctionné.
Elle n'a pas fonctionné pour la raison que j'ai explicitée: les
maires, membres du conseil, ont refusé de désigner un commissaire
pour les représenter. L'absence de ce commissaire a rendu impossible la
nomination d'un président, selon la procédure qui avait
été prévue. La raison donnée par les maires a
été que leur contrôle sur les activités et,
notamment, sur les finances de la commission ne leur paraissait pas suffisant.
C'est un cas je devrais peut-être le dire à ce moment-ci
qui diffère un peu des autres commissions de transport qui
existent, pour la raison qu'il n'y a pas de communauté urbaine, comme
dans le cas de Montréal ou de Québec, pour avoir une relation
avec la commission.
Il y a une commission de transport à Laval, mais c'est une
municipalité unique qui a une relation avec la commission de transport.
Voici, pour la première fois, huit municipalités qui acceptent de
se grouper pour constituer une commission de transport. Ces huit
municipalités ont exprimé le désir d'avoir une relation un
peu différente, d'avoir un contrôle, un droit de regard. Elles
n'ont pas trouvé suffisant le droit de nommer un commissaire sur trois
et de participer, par l'intermédiaire de ce commissaire, à la
proposition d'un président à être nommé par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
H y a eu beaucoup de conversations auxquelles, évidemment, je
n'ai pas participé moi-même. Donc, je suis, dans cette mesure,
limité dans les explications que je peux donner. Mais les maires se sont
finalement mis d'accord que, s'ils pouvaient avoir deux sièges au
conseil, ils seraient suffisamment confiants d'avoir un contrôle
sûr sur les finances de l'organisme pour permettre à l'organisme
de vivre et de fonctionner. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvons
maintenant. L'accord s'est fait, autour de ce projet de loi, entre les huit
maires. Donc, le projet de loi est présenté.
M. BURNS : Est-ce que je comprends bien le ministre quand il dit que
l'accord s'est fait autour du fait que deux sur cinq, ça leur
conviendrait, alors qu'un sur trois ne faisait pas leur affaire? C'est
ça?
M. GOLDBLOOM: Mais ce seraient trois sur cinq.
M. BURNS : Trois sur cinq et, ainsi, ils deviendraient majoritaires.
M. GOLDBLOOM: Quoique le commissaire, prévu dans la loi pour
représenter les maires, ne devrait pas être maire ou conseiller
d'une municipalité lui-même. Mais il serait quand même
désigné par les maires et serait un représentant.
M. BURNS: Par le conseil.
M. GOLDBLOOM: Donc, ce serait, en quelque sorte, trois sièges sur
cinq pour les maires.
LE PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Si je fais erreur, le ministre voudra bien me corriger. Si je
comprends bien l'objection des maires de ces municipalités, c'est qu'ils
étaient exposés à imposer des taxes spéciales, si
nécessaire, pour le budget de cette commission de transport, sans qu'ils
aient la majorité au sein de ce conseil pour contrôler les
dépenses de cette administration. Par le mécanisme qui entre en
ligne de compte aujourd'hui, les municipalités, par leurs
délégués ou représentants, deviendront majoritaires
et contrôleront indirectement le budget, ce qui leur permettra d'avoir
peut-être je dis peut-être plus de sens de
l'économie afin de ne pas faire supporter par leurs contribuables toute
l'administration de la commission.
Est-ce que j'erre ou si c'est à peu près dans cette
perspective que les municipalités envisagent le problème?
M. GOLDBLOOM: Sur le plan pratique, il est clair que ce que
précise le député de Maskinongé est justement la
préoccupation principale des maires. Il y a, évidemment, une
question additionnelle qui est moins précise, une question de confiance
dans un nouvel organisme. Mais c'est certainement la question de taxation, qui
pourrait être déterminée par un organisme autre que le
conseil municipal, qui inquiétait les maires.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 1? Adopté. Article 2?
Adopté. Article 3?
M. PAUL: A l'article 3, M. le Président, est-ce que le ministre
peut nous donner les raisons pour lesquelles on fait cette distinction entre
"dix ans" et "cinq ans" pour la durée du mandat? Pour quelle raison
avons-nous ces distinctions ou ces différences de durée de
mandats?
M. GOLDBLOOM: C'est une des demandes formulées par les maires,
que le président ait un mandat de dix ans et que les deux autres
commissaires aient un mandat de cinq ans seulement. Evidemment, dans le cas des
deux maires, qui eux-mêmes siégeraient, ce serait pour la
durée de leur mandat comme membres du conseil des huit maires. Si leur
mandat prenait fin, il faudrait qu'un autre maire soit désigné
pour remplacer celui qui n'était plus admissible à cette
fonction.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 3? Adopté. Article 4?
M. PAUL: Un instant. C'est bien important.
M. GOLDBLOOM: Peut-être qu'un mot d'explication serait utile. Les
maires ont demandé que la nomination soit présentée
à eux-mêmes, plutôt que d'être envoyée
directement par la commission au lieutenant-gouverneur en conseil;
c'est-à-dire la suggestion. Ils ont demandé que leur conseil de
huit maires soit saisi de la proposition de la commission quant à la
présidence et ait le droit d'envoyer cette proposition au
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. PAUL: Ce sont des maires qui veillent au grain. Ils ont l'oeil
ouvert.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 4? Adopté. Article 5?
Adopté. Article 6?
M. BURNS: M. le Président, simplement une question d'information
à ce sujet. Est-ce que la Commission de transport actuelle
considérait qu'elle n'avait pas les pouvoirs d'établir les
échelles de salaire, de nommer des chefs de service, etc.? Nous sommes
bien à l'article 6, M. le Président. Est-ce qu'en vertu de
l'article 35, actuellement, on considérait qu'on n'avait pas ces
pouvoirs?
M. GOLDBLOOM: Non, M. le Président, ce n'est pas que les
commissaires n'auraient pas eu le pouvoir de le faire. C'est la même
idée que nous avons discutée tout au long, soit que le conseil
voulait avoir un droit de regard.
M. BURNS: Sauf qu'on ajoute à la commission des pouvoirs, en
amendant l'article 35. On y ajoute, après le paragraphe i), les
paragraphes suivants: "j) Déterminer les échelles de traitement
de ses fonctionnaires et employés; k) Nommer les chefs de service et
fixer leur traitement." Il me semble que, s'ils peuvent administrer leur
corporation, ils ont ces pouvoirs. Est-ce qu'il y a une raison
particulière de vouloir spécifier cela? C'est simplement cela que
je demande. Il me semble que cela fait partie des droits du "management", si
vous me passez l'expression.
M. GOLDBLOOM: Oui mais, M. le Président, dans l'article 6 du
projet de loi que nous avons devant les yeux, il y a un dernier alinéa
qui applique une condition à l'exercice des pouvoirs
précisés aux sous-paragraphes j) et k). C'est la seule raison. La
commission avait, naturellement, ces pouvoirs mais pour pouvoir conditionner
leur exercice par ce qui est prévu au dernier alinéa, il fallait
les spécifier.
M. BURNS: Je comprends que la commission ne trouvait pas qu'elle n'avait
pas ces pouvoirs, mais comme on voulait qu'ils soient vérifiés,
soumis ou approuvés par le conseil, on a pris la peine de les
spécifier, en disant qu'ils devraient être...
Je dois dire, M. le Président, à mon humble avis,
là-dessus, qu'il y a de bonnes raisons, d'une part, pour que le conseil
veuille avoir un contrôle sur les échelles de salaires, etc. Je
présume que les membres du conseil ne veulent pas, dans une
négociation future, se faire opposer des salaires, dans leur propre
municipalité, qui auraient été accordés à
une commission de transport. Mais je préviens le ministre je le
sais par l'expérience à la Commission de transport de la
Communauté urbaine de Montréal et son prédécesseur,
c'est-à-dire la commission de transport de Montréal que ce
phénomène de surveillance par un autre organisme, même si
c'est apparemment quelque chose qui comporte très peu de
procédure, a souvent été une cause d'embêtement dans
les négociations visées entre les parties concernées.
Si les employés de la Commission de transport de la rive sud se
sentent en négociation avec un employeur qui peut voir sa
décision, dans une négociation avec eux, mise de
côté par un autre organisme, je vous dis d'avance que c'est
très mauvais pour l'esprit des négociations. C'est quelque chose
qui a toujours existé. Tantôt, le ministre disait: C'est un cas un
peu particulier que le cas de la Commission de transport de la rive sud. Je
vous dis que cela a déjà existé au niveau de la Commission
de transport de Montréal et ce, avant que la Communauté urbaine
de Montréal soit formée.
Vous aviez ce qu'on appelait, à ce moment-là, un conseil
intermunicipal ou inter-municipalités je ne me souviens pas du
nom exact qui cela allait plus loin que cela devait
prendre sur son dos les déficits de la Commission de transport, à
condition qu'il soit compris dans les circuits de la Commission de transport de
Montréal. Cela existait déjà. A cette époque, on
avait une disposition semblable à celle-ci, qui, à mon humble
avis, a compliqué la vie de la Commission de transport de
Montréal et de la partie syndicale qui négociait avec elle. A ce
moment-là, c'était la ville de Montréal qui avait un droit
de regard sur les échelles de salaires et toute convention collective.
Vous le verrez si vous relevez les textes de la loi de cette époque. La
Commission de transport, avant de pouvoir signer sa convention collective avec
ses employés, devait la soumettre au président de
l'exécutif de la ville de Montréal. Cela complique
énormément les relations des parties à la base.
En somme, les employés se retrouvent à une table de
négociation avec un employeur en qui, disons, ils n'ont pas toute la
confiance voulue, parce que l'employeur a beau dire: Cette année, je
vous accorde une augmentation de 5 p.c., 6 p.c. ou 7 p.c, cette augmentation
peut être mise de côté par un organisme
supérieur.
Et c'est là, je pense, que c'est un défaut, simplement au
niveau des relations patronales-ouvrières entre les parties. C'est
mauvais. Et je préférerais voir le contrôle financier au
point de vue budgétaire, comme le conseil l'a, en vertu de cette loi,
plutôt que de mettre spécifiquement quelque chose du genre de ce
qui nous arrive à l'article 6 et qui amende l'article 35 actuel de la
loi.
Personnellement, je trouve que ce n'est pas du tout une mesure qui va
favoriser les relations normales entre employeurs et employés dans une
entreprise, fût-elle la Commission de transport de la rive sud. Le
contrôle sur l'ensemble du budget, à mon avis, est un
contrôle qui devrait être suffisant pour assurer la protection
qu'on veut apporter à l'article 6.
Je ne fais pas d'amendement précis là-dessus, je vous
soumets le problème, je le soulève, parce que personnellement
j'ai eu à le vivre professionnellement dans d'autres occasions. Et je ne
peux voir ce texte avec beaucoup d'enthousiasme.
M. GOLDBLOOM: Je comprends clairement ce que dit le député
de Maisonneuve. Je n'ai que deux éléments de réponse
à lui donner, qui sont effectivement la même réponse. C'est
ce qui a permis une entente qui débloquera une situation qui n'est pas
dans l'intérêt de la population.
Le fait que deux maires et un de leurs représentants
siégeront dorénavant si la loi est adoptée
à la commission aidera, j'espère, aux communications entre la
commission et le conseil qui veut être le chien de garde, et offrira de
meilleures garanties de l'acceptation par le conseil de la convention
collective telle que discutée entre la commission et ses
employés. C'est un espoir. Je comprends fort bien ce que dit le
député de Maisonneuve.
M. BURNS: Le ministre, en me répondant, me convainc que j'ai
raison de soulever ce problème. Je ne blâme pas le ministre, il
est très clair et très franc dans sa réponse. Mais
justement si on prend la peine de donner au conseil une représentation
majoritaire, je ne vois plus ce que vient faire l'article 6.
Et je me demande très sérieusement si, dans
l'intérêt des futures relations patronales-ouvrières entre
les parties concernées, ce ne serait pas une très bonne chose que
l'article 6 saute tout simplement. En ce qui me concerne, surtout parce que
tout ce projet de loi est basé sur une meilleure représentation
du conseil au sein de la commission, je devrai voter contre l'article 6.
Je suggère même au ministre d'y penser très
sérieusement avant de l'adopter. Même si c'est une loi qui,
semble-t-il, a été négociée jusqu'à un
certain point. Et je ne l'impute pas au ministre actuel qui hérite,
entre autres, de ce problème et de plusieurs autres de son
prédécesseur. Et il a toutes nos sympathies. Mais je pense quand
même qu'à ce stade-ci, je ne pourrais pas être d'accord avec
un article
comme celui-ci qui, dans le fond, ne fait que compliquer la
situation.
Si le conseil est majoritaire au sein de la commission, est-ce qu'il y a
un problème? Il n'y en a pas de problème à partir de ce
moment-là.
Est-ce qu'on a besoin d'ajouter, si vous me permettez l'expression, un
"red tape" additionnel? C'est ce qu'on ajoute par l'article 6. En ce qui me
concerne, je devrai voter contre l'article 6.
M. GOLDBLOOM: Le député de Maisonneuve comprendra
sûrement que, pour ma part, n'ayant pas participé aux
négociations qui nous mènent aujourd'hui à étudier
ce projet de loi, je n'oserais pas agir de façon à mettre en
danger ce qui a été conçu. Je voudrais, et toute la
population le voudrait, si je comprends bien, que la commission fonctionne.
Donc, en respectant la dissidence, je dois insister quand même sur
l'article tel que rédigé.
LE PRESIDENT (M. Hardy): L'article 6 est adopté sur division.
L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aimerais ajouter un bref
commentaire sur cet article parce que je remarque que le conseil a quand
même des fonctions assez précises. On parle d'un conseil et on lui
confie la responsabilité d'administrer et de voir à la bonne
administration de la Commission des transports, à moins que j'aie mal
compris. Si on se réfère à des dispositions prises ou
à des responsabilités que l'on confie à un conseil
d'administration, je trouve qu'il est normal que celui-ci, qui a la
responsabilité de l'administration de l'entreprise, ait à
approuver les dépenses lorsqu'il s'agit de dépenses
extrêmement importantes comme les échelles de traitements et de
salaires.
Je m'explique un peu difficilement l'intervention de l'honorable
député de Maisonneuve lorsqu'il parle de relations de travail, de
négociations syndicales ou autres. Je comprends qu'il doive y en avoir
parce que les ouvriers ont quand même des droits mais aujourd'hui le
syndicalisme est reconnu comme une nécessité. De là
à enlever toute responsabilité, tout mot à dire, il y a
une marge. Que des administrateurs délégués,
mandatés aient un mot à dire en ce qui concerne des
dépenses qui affectent le budget de la commission, sur ce point je suis
d'accord sur la teneur de l'article 6.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 6, adopté sur division. Article
7.
M. ROY (Beauce): Article 7.
M. PAUL: M. le Président, l'article 7 nous renvoie au principe
dont je parlais en deuxième lecture. L'article 39 de la loi de la
Commission de transport de la rive sud dit, au deuxième paragraphe, ce
qui suit: "Dans les cas d'acquisition par expropriation avec possession
préalable, la commission doit déposer au préalable une
somme équivalente à 75 p.c. des revenus bruts d'exploitation du
dernier exercice financier de l'exproprié". Et là, on veut
réduire cela à 50 p.c. M. le Président, c'est un principe
condamnable, c'est un principe contre lequel se sont élevés tous
ceux qui ont paradé devant la commission parlementaire sur
l'étude de la Loi du tribunal d'expropriation, spécialement quant
aux articles si ma mémoire est bonne 51 à 58 ou 59.
Même si le ministre a une mission à accomplir, qu'il veut garder
l'harmonie complète entre les maires du territoire desservi par la
Commission de transport de la rive sud, c'est un précédent
dangereux. On rétrograde avec une telle clause.
Cela prend déjà assez de temps, M. le Président,
à régler les problèmes d'expropriation, qu'on n'aille pas
imposer à celui qui est exproprié l'obligation de ne recevoir que
50 p.c. de son expropriation au lieu de 75 p.c, tout en tenant compte cependant
de la particularité ou du cas d'espèce qu'on retrouve dans cette
loi, soit 75 p.c. des revenus bruts d'exploitation de l'année
précédente.
C'est le paragraphe a), M. le Président, qui fait l'objet de mes
commentaires. Pour ce qui est du paragraphe b), je n'en fais pas reproche au
ministre, c'est de l'hypocrisie législative condamnable. C'est faire
indirectement ce que l'on n'a pas le courage de faire directement, et voici
pourquoi. J'espère que le ministre comprend que ce n'est pas à
lui que nous adressons ce reproche.
A l'article 39, M. le Président, dans le dernier paragraphe, il
est dit ceci: "La commission de transport ne peut exploiter aucun service de
transport en commun dans le territoire actuellement desservi par Chambly
Transport Inc., sans acquérir de gré à gré ou par
expropriation les biens meubles et immeubles dans cette entreprise de transport
desservant le territoire auquel la Commission de transport établit ainsi
son service". Avec le pouvoir qu'on donne à la commission par l'article
39 de la Loi 98, il peut y avoir expropriation ou acquisition de gré
à gré des biens meubles et immeubles.
Mais là où l'on veut à tout prix faire
disparaître la Compagnie de transport Chambly, ou Chambly Transport Inc.,
c'est qu'on va maintenant exproprier le capital-actions de cette compagnie. On
ne passera pas par le ministère des Institutions financières. En
expropriant le capital-actions, on tue, on détruit, on paralyse, on fait
disparaître totalement la compagnie Chambly Transport Inc. Je n'en
connais pas les directeurs, ce n'est pas dans ma région, je m'en fiche
comme de l'an 40. Mais il y a un principe. C'est un principe ridicule, c'est
une hypocrisie. On veut tout simplement poignarder, faire disparaître,
détruire la Compagnie Chambly Transport Inc. en expropriant son
capital-actions.
La compagnie peut continuer à exercer ses affaires normales sans
biens meubles, sans immeubles mais il reste toujours le capital-actions. Vous
allez me dire que ça va aller mal de fonctionner sans biens meubles,
surtout sans biens meubles. Mais pourquoi exproprier le capital-actions?
Pourquoi? Je me le demande. Tout simplement qu'on ait donc le courage de dire:
Nous voulons, à toutes fins pratiques, faire disparaître Chambly
Transport Inc., qui a déjà un permis de transport sur le
territoire desservi par la Commission de transport de la rive sud. Je soumets
donc respectueusement, M. le Président, qu'à mon humble point de
vue l'article 7 a) n'est pas à l'honneur de ceux qui pistonnent une
telle mesure parce que c'est rétrograde dans la politique moderne
d'expropriation.
La ville de Montréal n'a même pas ce pouvoir. Je' comprends
qu'en vertu de la Loi de l'expropriation on voudra lui donner ce pouvoir de
réduire le montant nécessaire à la prise de possession,
mais, actuellement, la ville de Montréal n'a même pas ce pouvoir.
Voici que la Commission de transport de la rive sud veut l'obtenir. En second
lieu, on veut mettre de côté les mécanismes prévus
par le ministère des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives; on va maintenant exproprier le capital-actions de Chambly
Transport. J'en perds mon latin. C'est un principe contre lequel je me battrai,
au sens figuré du terme, parce que je suis pacifique, même si un
jour on m'a appelé Hitler. Cela ne m'a pas dérangé trop.
C'est parce que j'étais tellement pacifique qu'on m'a attribué ce
terme.
J'inviterais le ministre à obtenir beaucoup de renseignements de
son sous-ministre. Je serais bien surpris si le sous-ministre n'en
connaît pas plus que vous là-dessus. Ce n'est pas que je doute de
votre compétence; vous êtes un nouvel arrivé, vous
êtes la jeune promotion des ministres. Le sous-ministre a certainement,
eu des confidences administratives que vous n'êtes pas obligé de
nous dévoiler en détail. Il y a certainement des principes qui
sont à la base d'une telle demande de la part de la commission de
transport. J'aimerais que le ministre me fasse part de son opinion sur les deux
points que je viens de soulever.
M. BURNS: M. le Président, avant que le ministre ne nous
réponde, je veux tout simplement ajouter ma voix à celle du
député de Maskinongé sur le problème, en
particulier, du paragraphe a) de l'article 7. Au moment même où on
étudie une loi-cadre, une loi qui devrait s'appliquer à tous les
cas d'expropriation, c'est-à-dire le projet de loi no 88, actuellement
déféré à la commission parlementaire qui entend les
parties, comme le disait le député de Maskinongé, qui
viennent nous faire des recommandations, je trouve inconcevable et
particulièrement aberrant qu'on ne laisse pas au moins la disposition
qui existe actuellement dans l'article 3S qu'on veut amender.
Il y a l'aspect tout à fait inacceptable, d'abord, qu'on
réduise le pourcentage de sommes que la commission ou l'expropriante
devra déposer dans le cas d'une expropriation ou d'une prise de
possession immédiate. En soi, je trouve cela inacceptable pour les
expropriés. Il y a une autre chose que je trouve encore plus
inacceptable. Il me semble qu'un gouvernement responsable devrait au moins
penser à cela. Je ne fais pas de reproche au ministre personnellement;
il hérite de quelque chose et il est pris avec, mais je pense que,
pendant qu'on étudie le projet de loi no 88, la Loi de l'expropriation,
qui, elle, va poser des normes générales d'application dans tout
le Québec, on doit au moins laisser dans le chapitre 98,
c'est-à-dire dans la Loi de la Commission de transport de la rive sud,
ce qui existe actuellement.
C'est un peu comme si, aujourd'hui, dans une loi particulière, on
tentait de changer certaines conditions de vente du pain, pour une
région bien particularisée, alors qu'au salon rouge, pas plus
tard que ce matin, on étudiait des normes d'application
générale. Je trouve que c'est un principe de législation
absolument inacceptable. Je ne vois vraiment pas comment je pourrais accepter
de voter en faveur d'une disposition comme celle-là.
Je me demande si c'est une farce, le fait de soumettre à une
commission parlementaire, le projet de loi no 88 sur l'expropriation. Est-ce
une farce que d'entendre des gens nous dire que telle et telle disposition de
telle loi générale sur l'expropriation doit être
améliorée, changée? Mais pendant que ces gens nous
soumettent leur représentation, pendant qu'on y pense, pendant que le
ministre des Transports actuellement, je le présume, du moins,
délibère il ne vient pas souvent en Chambre, il doit
être en train de délibérer là-dessus pour
savoir comment il va réimprimer son projet de loi, on lui en lance un
autre dans les jambes en disant: Nous, dans le cas de la Commission de
transport de la rive-sud, avons décidé que 50 p.c. devraient
être assez.
Encore une fois, c'est peut-être un phénomène de
négociation qui a eu lieu avec les gens de la commission de transport,
mais surtout avec les gens du conseil, c'est peut-être ce qui est
arrivé. C'est absolument inacceptable qu'un gouvernement se plie devant
un conseil, dans des cas de négociation d'une loi particulière,
alors qu'à côté de cela, il tente d'établir une loi
d'ordre général. Cest un principe qui est absolument faux.
M. ROY (Beauce): M. le Président, avant que le ministre ne
réponde à la question et parce que j'aimerais que sa
réponse soit la plus complète possible, j'ai dit, au tout
début, lors de mon intervention, que j'avais des doutes sérieux
sur le projet de loi actuel pour régler la situation. J'ai dit que je
m'interrogerais sur les raisons d'augmenter de trois à cinq le nombre
des membres du conseil et si cela conduirait
vers des éléments de solution en vue de permettre à
cette commission de transport de fonctionner de façon normale.
Mais lorsqu'on relit l'article 7 qui est une modification de l'article
39, j'aimerais que le ministre nous dise, afin que je puisse me faire une
opinion personnelle de la façon la plus judicieuse, la plus
réaliste possible, pourquoi, quelles sont les raisons fondamentales pour
lesquelles on a apporté ces deux dispositions, les paragraphes a) et b),
dans le projet de loi?
Comme le disaient les députés de Maskinongé et de
Maisonneuve, on fait une encoche sérieuse dans une façon de
procéder qui est habituellement reconnue et admise, compte tenu du fait
qu'il y a une Loi de l'expropriation et qu'à ce stade-ci, on nous arrive
avec une question d'exception bien particulière. Je sais très
bien une chose. C'est que ces deux paragraphes n'ont pas été mis
là pour rien. J'aimerais que le ministre nous dise exactement pourquoi,
avec tous les détails qu'il peut avoir, même avec les
détails que pourraient nous offrir ses collaborateurs immédiats,
les raisons véritables qui ont motivé le gouvernement à
inclure cet article dans ce projet de loi?
Après, je réserve mes opinions personnelles.
M. GOLDBLOOM: Quant au sous-paragraphe b) qui ajoute les mots "le
capital-actions", c'était tout simplement une erreur, une omission dans
la loi originale. Ces mots devaient y paraître.
Cela est la simple explication du sous-paragraphe b). Ceci ne
répond pas à l'argumentation offerte par les
députés de Maskinongé et de Maisonneuve sur cette
considération, sur la thèse que l'on doit permettre
l'expropriation du capital-actions.
Je dois souligner un fait, et je le fais de la façon la plus
objective possible, non dans un esprit partisan. Le député de
Maskinongé, dans son discours de deuxième lecture, a dit:
L'article 7 ne peut avoir de raison d'être dans ce projet de loi parce
que la commission n'a jamais fonctionné et donc n'a pu obtenir
l'expérience suffisante pour justifier la demande d'une réduction
de 75 p.c. à 50 p.c. Cela est vrai mais il y a d'autres commissions de
transport qui ont existé, qui ont fonctionné et qui ont
accumulé de l'expérience. La raison d'être de cette
réduction est justement l'expérience de la Commission de
transport de la communauté urbaine de Québec.
C'est ici où j'arrive à l'article 228 de la loi
constitutive de la Communauté urbaine de Québec, adoptée
en 1969 par le gouvernement qui nous a précédé. On y
retrouve exactement la même phraséologie quant au capital-actions.
Je n'ai qu'à citer le premier alinéa: "La Commission de transport
peut, avec l'autorisation de la communauté et de la Commission
municipale du Québec, acquérir, de gré à gré
ou par expropriation, la totalité ou toute partie des actifs ou du
capital-actions de toute entreprise de transport en commun exploitée, en
tout ou pour la plus grande partie, à l'intérieur de son
territoire". Donc, le précédent a été
créé.
M. PAUL: Est-ce que le ministre me permet?
M. GOLDBLOOM: Certainement.
M. PAUL: Est-ce que le ministre convient que, dans l'article 39 de la
loi 98, constituant la Commission de transport de la rive sud, il y a une
exception pour une compagnie de transport bien déterminée,
Chambly Transport Inc.?
M. GOLDBLOOM: Si en disant exception le député de
Maskinongé veut dire que les mots capital-actions ne paraissaient pas
dans la loi originale, j'ai déjà indiqué que
c'était l'intention du législateur, à l'époque,
d'inclure ces mots. Cela a été tout simplement une erreur. Mais
s'il veut dire que l'on précise le nom d'une compagnie en particulier,
tel était le cas dans la Loi de la Communauté urbaine de
Québec. On a précisé plusieurs noms de compagnies et on
les a soumises à l'application de l'article en question. Donc, de
nouveau il y a un précédent pour cela.
Pour revenir à la question de réduction de pourcentage,
c'est que l'expérience, à Québec, a été
telle qu'on a recommandé que l'on réduise â 50 p.c. le
dépôt nécessaire parce que l'on a trouvé que
c'était extrêmement onéreux et très difficile pour
la Commission de transport de rencontrer cette exigence.
M. PAUL: Le ministre reconnaît-il qu'à l'époque
où un tel pouvoir a été accordé à la
Commission de transport de Québec, le gouvernement en place ne
présentait pas, en même temps, une loi particulière, une
loi-cadre de l'expropriation, comme nous vivons actuellement la situation avec
le projet de loi no 88? Le ministre admettra que le contexte n'est pas du tout
le même. Si nous n'avions pas cette loi-cadre dont nous sommes
actuellement saisis et qui, sûrement, réapparaîtra au
feuilleton de la prochaine session, je n'en ferais pas un argument de force. Je
ne m'opposerais pas, parce que, justement, je conviendrais avec le ministre
qu'il y a des précédents. Mais le ministre conviendra avec moi,
j'en suis sûr, que, dans le contexte, au moment où nous
étudions cette loi, le 1er mars 1973, nous avons également
à notre feuilleton une loi-cadre de l'expropriation, qui a fait l'objet
d'auditions de mémoires de différents organismes
intéressés à tout ce problème de l'expropriation.
Or, tous les mémoires sans exception ont condammé le principe que
l'on retrouve dans cette loi.
Je ne reproche pas au ministre de ne pas avoir assisté à
cette commission parlementaire, mais je sais que mon collègue, le
député de Maisonneuve et moi-même y étions. Je ne me
rappelle pas qui était présent pour le Ralliement
créditiste, mais je crois que le député de
L'Assomption était présent. Il a interrogé
spécialement l'Hydro-Québec sur ce point. Voyant qu'un tel
pouvoir allait être accordé à Montréal et au
ministère de la Voirie, d'autres organismes qui ont voulu avoir les
mêmes privilèges.
C'est dans ce contexte particulier que je me lève pour m'opposer
à la clause a). Pour ce qui est de la clause b), à la
lumière des renseignements que vient de me donner le ministre, je retire
mes objections. Vous savez, je ne suis pas plus têtu que cela. Mais, pour
ce qui est de la clause a), franchement, le ministre a besoin d'être
très brillant s'il veut me convaincre que la situation est la
même, le 1er mars 1973, qu'elle l'était lorsqu'on a accordé
le même pouvoir à la Commission de transport de Québec.
M. BURNS: M. le Président, sur ce même point, puis-je
ajouter un dernier argument pour tenter de convaincre le ministre que c'est
inacceptable? Même son prédécesseur, avec tous les
défauts qu'il avait, a accepté, dans un cas bien précis,
le genre d'argumentation que nous soulevons actuellement. Je cite
particulièrement le cas de la Loi de l'évaluation
foncière.
Dans la Loi de l'évaluation foncière, on tentait
d'établir, par une loi-cadre, comme on tente de le faire par le projet
de loi no 88 en matière d'expropriation, des normes acceptables partout.
Aussi imparfaite que soit cette loi et quel que soit le nombre de critiques
qu'on puisse lui adresser, cela n'a pas d'importance. Il reste une chose, c'est
que, lorsque des municipalités, pendant que nous discutions de cette Loi
de l'évaluation foncière et même avant qu'elle soit
déposée, venaient pour tenter d'obtenir, à la commission
des affaires municipales, des amendements à leur loi je pense
même que la ville de Montréal s'est vue refuser des amendements
particuliers on leur disait:
Il y a une loi-cadre, la Loi de l'évaluation foncière qui
va être adoptée bientôt. Ne venez pas nous embêter
avec des modifications particulières. C'était très juste
comme raisonnement. C'est ce même raisonnement que nous demandons au
ministre de suivre dans le présent cas.
Le ministre nous a donné des arguments je dirais presque d'ordre
jurisprudentiel, dans le sens que ça existe ailleurs, ce pourcentage.
Mais, comme le disait le député de Maskinongé, ça a
été adopté dans d'autres circonstances.
Je souligne au ministre ayant participé aux travaux de la
commission parlementaire sur la Loi de l'expropriation que justement un
des points qui semblent fatiguer le plus les intervenants qui viennent
déposer à la commission parlementaire, c'est celui-là: le
montant à être déposé en cas d'expropriation, de
prise de possession immédiate. Cela en est un des plus importants, du
moins par le nombre d'interventions que nous avons reçues à ce
sujet-là.
Je demande en grâce au ministre de retirer au moins le paragraphe
a). Quant au paragraphe b), comme le député de Maskinongé,
je me range à son opinion. D'ailleurs, je n'avais pas fait de remarque
particulière à ce sujet. Mais, au moins, qu'on retire le
paragraphe a) et qu'on dise aux gens de la Commission de transport de la rive
sud: Vous serez régis par une éventuelle loi d'ensemble
relativement à l'expropriation et ce qui sera contenu dans cette loi
s'appliquera en vous. En attendant, vous avez votre loi; nous ne la changeons
pas.
M. ROY (Beauce): Justement en ce qui concerne le paragraphe a), disons
que je partage l'opinion de mes collègues députés. C'est
un débat qui, pour moi, est instructif, parce que je dois justement
débattre avec des membres du Barreau, alors que je ne le suis pas
moi-même. Je vais donc dire mes collègues de l'Assemblée
nationale.
Pour ce qui a trait au paragraphe b), le ministre nous a dit, tout
à l'heure, que cela avait été un oubli du
législateur. J'ai ici les Débats de l'Assemblée nationale
rapportant la séance de la commission parlementaire qui a eu lieu le 7
décembre 1971, à laquelle ont participé le maire de la
ville de Longueuil, M. Marcel Robidas, et Clovis Langlois, maire de
Boucherville.
En parcourant le journal des Débats, je m'étonne de
constater qu'aucun de ces deux maires n'a fait allusion au fait que la question
du capital-actions avait été oubliée. C'est pourquoi je me
permets d'avoir encore plus de réserves lorsqu'on parle d'expropriation
de capital-actions d'une entreprise. Le député de
Maskinongé a fait allusion, tout à l'heure, à l'entreprise
Chambly Transport. Je ne connais pas ces personnes et il n'est pas question
pour nous de protéger les intérêts de qui que ce soit,
mais, lorsqu'on parle d'exproprier le capital-actions d'une entreprise,
même si c'est pour des fins d'intérêt public pour des
services communautaires, je me pose certaines questions. Parce qu'on sait
très bien ce qui se passe dans l'administration des entreprises. Si nous
voulons avoir des entreprises au Québec, il faut que nos industriels
n'aient pas toujours peur qu'une loi arrive pour les exproprier. Il y a une
question de principe dans l'expropriation du capital-actions d'une entreprise.
Dans une entreprise, l'engagement des actionnaires ne se limite pas seulement
au capital-actions. Il s'étend également à des actions
privilégiées, à d'autres investissements que doivent faire
nos industriels.
Sur ce point, je mets beaucoup de réserve et je
préfère, par mesure de précaution, considérant le
fait que nous n'avons pas la certitude que nous faisons bien d'appuyer cet
article 7.
Je préfère, M. le Président, en ce qui me concerne,
inscrire ma dissidence. Je ne suis pas d'accord sur cet article, ni le
paragraphe a), ni le paragraphe b).
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 7, adopté sur division.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je pense que je dois une
réponse aux députés qui ont commenté le fait que
présentement une étude se déroule d'une loi-cadre qui
s'appliquerait éventuellement à ce champ d'action que nous
discutons dans le cadre de ce projet de loi-ci. Nous n'avons pas encore la Loi
de l'expropriation; il faudra un certain temps pour l'avoir. Nous avons devant
nous un problème qui nous est présenté comme étant
urgent. Ce que nous avons dans le projet de loi a fait l'objet de discussions,
de négociations je pense que le mot n'est pas trop fort
qui ont eu lieu il y a un certain nombre de mois, dans un contexte autre que
celui dans lequel nous nous trouvons présentement. Il y a eu, ce sont
des informations que l'on m'a fournies, entente entre les maires
intéressés et la compagnie visée quant à cet
arrangement-ci.
Il me semble que, quand on adopte une loi générale comme
celle qui' est à l'étude présentement, il y a beaucoup de
lois existantes qui doivent être modifiées par conséquent.
Je pense que, si nous pouvons régler la situation actuelle et confirmer
par l'adoption de cet article ce qui est entendu entre les
intéressés, ce serait à l'avantage des citoyens de la rive
sud et nous appliquerons nécessairement la loi-cadre à toutes les
considérations qui sont prévues dans d'autres lois
existantes.
M. PAUL: M. le Président, j'écoute le ministre, il remplit
bien son rôle et c'est là que je rejoins l'opinion qu'exprimait au
tout début mon collègue, le député de Maisonneuve.
Il aurait peut-être été avantageux d'entendre en commission
parlementaire les membres de la Commission de transport de la rive sud; on
aurait peut-être eu une réponse...
M. LEVESQUE: Un petit rapprochement.
M. PAUL: M. le Président, mon honorable ami, le
député de Bonaventure, se surprend que les génies se
rencontrent au sommet. Ce n'est pas nécessaire de faire une coalition ou
un rapprochement, c'est naturel et c'est pour ça que j'invite le
ministre à venir nous rejoindre.
M. LEVESQUE: Vous rejoindre dans quoi, dans la
souveraineté-association?
M. PAUL : Dans la logique de notre argumentation. Le ministre remplit
bien son rôle et je me demande s'il n'aurait pas dû même
faire un avocat plutôt qu'être médecin. De toute
façon, M. le Président, cela n'a pas de sens, le ministre nous
dit: Il y a eu une entente de signée il y a quelques mois, il ne faut
pas y déroger. Parce qu'on n'est pas capable d'obtenir les
renseignements des directeurs de la Commission de transport de la rive sud,
nous allons ratifier à l'aveuglette leur entente. Est-ce que ce sont des
enfants d'école ou des adultes, des hommes d'âge mûr? Le
ministre peut leur dire: Ecoutez, cette clause-là, nous ne l'avons pas
accordée parce qu'il y a une loi-cadre d'expropriation qui est
actuellement à l'étude devant l'Assemblée nationale. Il
faut que le gouvernement soit logique, on donne une chance au ministre
d'être logique avec ses collègues du cabinet.
Le ministre de la Voirie, des Travaux publics et des Transports a une
conception du problème de l'expropriation. Est-ce que le ministre des
Affaires municipales va se dissocier de son collègue parrain de la loi
88? Non, car autrement il serait obligé de démissionner.
Je sais qu'il n'en a pas l'intention, ça fait assez longtemps
qu'il attendait d'être nommé ministre. Je regrette qu'il n'ait pas
été nommé ministre en titre avant, M. le Président,
et nous nous sommes réjouis lorsque le premier ministre, enfin, a
reconnu une des rares compétences parmi sa députation de 1972. M.
le Président, il y en a d'autres qui seront reconnus avant longtemps,
mais pour le moment je parle du ministre des Affaires municipales.
Je dis que c'est inconcevable. Si par hasard le ministre y tient
absolument, il pourra peut-être faire un message à la Commission
de transport de la rive sud. Nous allons nous battre sur le bill 88 pour que le
privilège spécial accordé à la Commission des
transports pète, qu'il disparaisse. Si on ne peut pas réussir ici
on va prendre les moyens pour réussir ailleurs, pour que le gouvernement
soit logique.
Si le gouvernement durant une session présente une
législation qu'on a déjà commencé à
étudier, j'espère que les ministres vont être logiques avec
eux-mêmes, qu'ils ne vont pas par la même occasion présenter
une loi d'exception, même s'il y a eu une entente entre des gens qui
semblent être un peu enfants d'école. Vous me permettrez, M. le
Président, de tirer cette conclusion. A entendre le ministre, c'est
comme s'il craignait que la moindre déviation à leur entente
sacro-sainte paralyse encore la Commission des transports. Si c'est ça,
qu'ils débarassent donc les contribuables de leur municipalité
pour qu'on mette à la tête des conseils municipaux des hommes
adultes, capables de résoudre les problèmes et non pas de
s'encarcaner dans les fleurs du tapis.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 7, adopté sur division.
M. BURNS: Sur division très précise.
M. PAUL: M. le Président, je tiens à bien spécifier
ceci, pour que ce soit inclus au journal des Débats. Rémi Paul,
député de Maskinongé, s'oppose à l'adoption d'une
clause aussi logique présentée par un ministre qui ne veut pas
concevoir le bien-fondé du principe de la loi présentement
à l'étude, la loi 88 de l'expropriation.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Sur division, et les propos du
député de Maskinongé sont inscrits pour l'histoire.
M. PAUL: Oui, puis pas pour l'histoire, pour référence
dans un avenir rapproché.
M. BURNS: Dans un avenir très rapproché, M. le
Président, quand on nous demandera de venir corriger ça de
nouveau.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Histoire contemporaine. Article 8.
M. BURNS: On se souviendra de la loi de l'évaluation
foncière, ça n'a pas pris de temps.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 8, adopté.
M. PAUL: M. le Président, j'ai l'impression qu'on ne gagnera
absolument rien, parce que le ministre ne veut pas dévier d'un
centième de pouce. A l'entendre, les petits enfants qui sont intervenus
dans la région de la rive sud... Je me demande si ça vaut encore
la peine de se battre. Ils ne nous passeront plus de lois comme ça. Il
va falloir que la lumière se fasse.
M. BURNS: M. le Président, moi aussi je me demande si ça
vaut la peine de faire de l'argumentation au sujet d'amendements possibles au
projet de loi.
Relativement à l'article 8, M. le Président, c'est
beaucoup plus une question qu'une demande d'amendement. Comme il s'agit d'une
décision qui, en vertu de l'article 46, concerne les changements de
circuit, l'abolition de circuits, l'établissement de nouveaux circuits,
et que ces changements, ces établissements de nouveaux circuits peuvent
affecter diverses municipalités, on prend la peine de dire qu'un avis
doit être donné à la municipalité
concernée.
L'amendement qu'on nous amène aujourd'hui nous dit que la
décision qui est visée concernant les changements ou
l'installation de circuits ne prend effet qu'à l'expiration d'un
délai de huit jours suivant la transmission d'un avis à cette fin
à la municipalité intéressée. Je me demande
pourquoi on pose ce délai de huit jours. Je ne suis pas certain si la
municipalité peut s'en plaindre. Est-ce qu'en vertu, de la loi je
n'ai malheureusement pas eu le temps de le vérifier en vertu de
l'article 47 et suivants on peut en appeler? Si c'est le cas, j'aimerais le
savoir de la part du ministre.
M. GOLDBLOOM: La raison du délai est assez simple, c'est pour
permettre à la municipalité d'adapter ses autres services aux
changements de routes, par exemple, le déblaiement des rues en temps
hivernal. Les municipalités ont trouvé que s'il n'y avait pas de
délai on pourrait, du jour au lendemain, s'apercevoir que les autobus
prennent des routes différentes et il n'y aurait pas de
déblaiement par anticipation ou d'autres services possiblement
nécessaires. C'est la seule raison invoquée. "M. BURNS: Je me
demande quelle est la cohésion. C'est quand même une loi qu'on
amende, une loi qui existe. Vous avez, à l'article 47, la
possibilité d'une révision d'une décision par la
Régie des transports; cette révision, on doit la demander par une
requête signifiée dans les trente jours. Je cherche un
élément de logique entre l'amendement, qui dit que les
changements proposés ne prennent effet qu'à compter de huit jours
après avis à la municipalité intéressée, et
tout de suite après il en faut pas l'oublier, le chapitre 98
continue à exister je lis dans l'article 47 que "toute
décision de la commission abolissant ou modifiant un circuit ou refusant
l'établissement d'un nouveau circuit peut être
révisée par la régie sur appel de toute
municipalité. Cet appel est formé par requête
signifiée à la commission et aux municipalités du
territoire dans les trente jours de la publication prévue à
l'article 46." C'est là que je me demande comment il peut y avoir une
logique à tout cela.
On abolit la décision, on abolit un circuit, par exemple, on le
change et cette décision d'abolir ou de changer un circuit prend effet
huit jours après et il y a un délai plus long que celui-là
pour aller en appel. Pourquoi le délai de huit jours? C'est ce que je me
demande. Je n'ai peut-être pas été assez clair dans ma
question. Pourquoi le délai est-il de huit jours dans ce cas-là
alors que le délai pour en appeler est de trente jours?
M. GOLDBLOOM: Je ne suis pas certain d'avoir saisi complètement
le point que soulève le député de Maisonneuve. Quant
à ce qui est proposé comme modification de la loi originale,
c'est pour éviter la surprise à la municipalité.
Est-ce que le député de Maisonneuve veut dire que l'on
devrait attendre toute la période prévue pour interjeter appel
avant d'effectuer la modification? Est-ce que je le comprends bien?
M. BURNS : Non. Je me demande quelle est la logique de l'amendement que
vous apportez. Il y a le fait que la décision de changer un parcours ou
un circuit n'ait effet que huit jours après l'avis à la
municipalité intéressée. D'autre part, il y a le fait que
la période soit de 30 jours pour demander qu'une décision comme
celle-là soit changée. Si vous me dites que 30 jours, c'est trop
long, je vous dirai que vous corrigez le mauvais article. C'est plutôt
l'article 47 que vous devriez corriger en réduisant le délai pour
l'appel.
Je ne vois pas la logique entre votre amendement et le maintien, dans le
chapitre 98, du délai d'appel de 30 jours. C'est la question que je me
pose depuis le début. Je comprends que le ministre est pris avec une loi
qui a été négociée mais, au moins, que cette loi
soit négociée de façon logique. C'est tout ce que je
demande.
M. LEVESQUE: Il va répondre.
M. GOLDBLOOM: C'est à l'avantage de la municipalité
d'avoir ces deux délais. Premièrement, c'est pour que la
municipalité puisse, comme je l'ai déjà dit, s'adapter au
changement. Si elle n'est pas d'accord, il y a une période additionnelle
de 22 jours pour permettre une discussion, une négociation. Si cette
négociation n'aboutit pas à une entente plus satisfaisante pour
la municipalité, il y a toujours le recours d'appel. Il me semble qu'il
serait regrettable d'éliminer ce délai additionnel. Il me semble
que la municipalité devrait avoir une période suffisante pour
faire les constatations qui lui permettraient de dire: Non, cela ne fait pas
notre affaire. Nous allons en appel, si la commission ne veut pas
écouter et faire des modifications au gré de la
municipalité.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 8, adopté. Article 9?
Adopté. Article 10?
M. PAUL: Il y a plusieurs nouveaux principes à l'article 57
comparé au texte actuel. "Les commissaires sont responsables de la
gestion du budget de la commission selon les prescriptions de la
présente loi". A l'article 57, on a tout un éventail de
modalités et de pouvoirs.
M. BURNS : Est-ce que le ministre peut nous expliquer quelle est la
raison de cette modification proposée à l'article 57, même
du remplacement de l'ancien article 57 par ce nouveau texte?
M. GOLDBLOOM: Les municipalités ont jugé que
c'était une simplification de l'administration.
M. PAUL: Elles se sont basées sur quel principe, à l'aide
de quelle expérience? Elles n'ont pas encore vécu la loi.
M. GOLDBLOOM: L'expérience, comme je vous l'ai dit, est celle
d'autres commissions de transport.
M. PAUL: Cela ne veut pas dire, M. le Président, parce que je me
suis acheté une Oldsmobile, que mon deuxième voisin, qui en
achète également une, va être satisfait ou qu'il ne le sera
pas. Un instant! Pour que j'aie satisfaction, il va falloir que je conduise ce
véhicule, que j'en fasse l'essai. Cela ne veut pas dire, parce que mon
deuxième voisin est satisfait ou n'est pas satisfait, que je suis
lié par son appréciation à lui. Cela ne tient pas.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, voici une chose qui a
été discutée avec d'autres commissions de transport. Celle
de Québec a recommandé exactement ce que nous avons devant les
yeux. Mais il se trouve que le projet de loi, que nous discutons ce soir, est
arrivé avant les modifications qui seraient proposées par et pour
la Commission de transport de Québec.
M. PAUL: Cela a été discuté par qui avec la
Commission de transport de Québec? La commission de transport de la rive
sud n'a jamais existé; ils n'ont pas pu discuter. Si le ministre me
disait que le procureur de la commission de transport a copié les
pouvoirs qui avaient été accordés à d'autres
commissions de transport, là, il donnerait une réponse qui
correspondrait à la réalité. Il faut s'imaginer une chose:
les procureurs, qui sont chargés de la rédaction d'un projet de
loi, commencent par regarder les statuts. On essaie de prendre les mêmes
pouvoirs qui ont été accordés à d'autres organismes
semblables. Là, on part. On s'en va à la Commission municipale,
on fait approuver cela. Après cela, on vient rencontrer les
légistes et on demande le nihil obstat. Mais, quand le ministre nous dit
que cela a été discuté avec la Commission de transport de
Québec, j'aimerais savoir qui a discuté. Ce n'était
certainement pas une personne en autorité, parce que la commission
n'était pas constituée.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce qui est arrivé tout
simplement, c'est que la Commission de transport de Québec a
engagé le dialogue avec le ministre des Affaires municipales du temps et
avec le ministre des Finances. On en est venu à cette recommandation.
Puisque cette recommandation avait été discutée et
acceptée, elle a été proposée aux
représentants du conseil, aux maires de la Rive sud pour inclusion dans
le projet de loi actuel. Les maires l'ont acceptée.
M. PAUL: En vertu du principe qu'autant que possible on doit retrouver
les mêmes pouvoirs accordés aux mêmes organismes, le
même texte et ainsi de suite. C'est en vertu de ce principe?
M. GOLDBLOOM: Oui.
M. PAUL: Pourquoi ne l'appliquez-vous pas à l'article 7?
Adopté sur division, M. le Président.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 10, adopté. Article 11?
M. PAUL: Adopté.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Adopté. Article 12? Adopté.
Article 13? Adopté.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 14?
M. PAUL: Supposons, à l'article 14, que la Commission de
transport de la rive sud voudrait agrandir son territoire. Si je comprends bien
l'article 14, paragraphe 5, il faudra obtenir l'approbation du conseil et
l'autorisation de la Commission des transports, qui n'est pas encore
créée, même si la loi a été adoptée le
22 juin 1972? La Commission des transports n'est pas
encore créée. Vous savez cela! Nous autres aussi, nous le
savons et nous trouvons cela étrange. Ce n'est pourtant pas difficile,
nommer des commissaires. Ce n'est pas forçant. Mais là, cela
parait bien. Nous vous accordons des pouvoirs. Allez-vous dire cela à
ceux qui ont négocié l'entente, qui ont des pouvoirs qui,
à toutes fins pratiques, ne pourront jamais, du moins tant que la
situation va se maintenir, être accordés? Il n'y a pas de
Commission des transports. Qu'est-ce qu'on attend? Les caprices du bon prince.
Je sais que le ministre n'a pas un mot à dire là-dedans, parce
que ce n'est pas lui qui est le bon prince; ce n'est pas le ministre des
Transports qui est le bon prince. C'est la puissance noire, la main grise,
l'éminence grise. Je n'ai pas d'autres choses à dire, pour le
moment, mais cela prouve que c'est encore un article ridicule, parce que le
gouvernement refuse de prendre ses responsabilités. Je me rappelle que
le leader du gouvernement nous disait: Il faut siéger, cela presse. Le
ministre veut avoir sa loi. Nous avons siégé des beaux samedis
après-midi, dans le mois de juin, pour adopter la Loi des transports, au
mois de juillet, au mois d'août, au mois de septembre. Les canicules sont
arrivées, sont passées, et nous n'avons pas encore la Commission
des transports, mais c'est important on a nommé un juge,
un tribunal d'appel d'une commission qui ne fonctionne pas encore. Vous ne le
connaissez pas? C'est l'expert de la cour des Commissaires, l'ancien
député de Gatineau, l'honorable juge Roy Fournier. Cela pressait
de faire cette nomination, mais faire les nominations pour faire vivre un
organisme que l'on a créé, sur lequel on s'est penché
durant de nombreuses séances de la commission parlementaire des
transports, cela ne presse pas! Le peuple jugera.
LE PRESIDENT (M. Hardy): L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, cet article 14, je trouve qu'il
y a une certaine analogie avec l'article 8 qu'on a lu tout à l'heure et
sur lequel je ne suis pas intervenu.
On y dit: "La commission peut, avec l'approbation du conseil et
l'autorisation de la Commission des transports d'étendre son service de
transport en commun en dehors de son territoire pourvu que cette extension ait
pour point de départ une municipalité continguë desservie
par la commission.
A l'article 8: "Toute décision visée au premier
alinéa et relative à l'établissement ou à la
modification d'un circuit ne prend effet qu'à l'expiration d'un
délai de huit jours suivant la transmission d'un avis à cette fin
à la municipalité intéressée. "
On l'a dit tout à l'heure je ne veux pas
répéter les propos de mes collègues comment se
fait-il que dans l'article 14 on parle de la Régie des transports alors
qu'il s'agirait en quelque sorte d'une modification de parcours, et que dans
l'article 8 on n'en parle pas?
M. GOLDBLOOM: C'est parce qu'à l'article 8, on vise
l'intérieur du territoire et qu'à l'article 14, on vise
l'extension du réseau en dehors du territoire sur lequel les maires en
question ont autorité. La raison d'être de cet article, c'est de
permettre que l'on prolonge les réseaux pour desservir des industries
qui peuvent se trouver un peu à l'extérieur du territoire
résidentiel, mais quand même les travailleurs doivent se rendre
à leur travail et revenir chez eux. C'est la raison de ceci. Puisque
l'on déborde le territoire sur lequel les maires ont autorité,
nous avons cru qu'une autorisation supérieure était
nécessaire.
M. ROY (Beauce): Je remercie le ministre de la réponse qu'il
vient de nous donner. Je ne voudrais pas être désagréable
à son endroit, mais je n'ai absolument rien rien appris dans ce qu'il
disait. Ce sont des choses que nous savions déjà.
Je ne veux pas faire de débat additionnel, mais je pense quand
même que la Commission des transports aura son mot à dire sur
certaines routes, certains parcours. C'est pourquoi je m'étonne,
même à l'intérieur d'un territoire donné, lorsqu'il
y a changement de parcours. J'ai toujours à l'esprit, pour avoir
vécu certaines expériences personnelles, que la Commission des
transports, ou la Régie des transports, anciennement, a quand même
droit de regard sur ces choses.
En ce qui me concerne, il est déjà assez tard. Article 14,
adopté sur division.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 14, adopté sur division. Article
15.
M. ROY (Beauce): Même chose.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Adopté. Article 16.
M. GOLDBLOOM: A l'article 16, je voudrais proposer que l'on fasse
allusion à l'article 93 seulement, l'allusion à l'article 92
n'étant pas nécessaire.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Il y a un amendement à l'effet de rayer
le chiffre 92.
M. GOLDBLOOM: Et parler du délai au singulier: "le délai
mentionné dans l'article 83 de ladite loi recommencera à
courir...".
LE PRESIDENT (M. Hardy): La motion d'amendement est adoptée,
l'article 16 est adopté.
M. BURNS: Je veux juste souligner que le ministre se rend à notre
argumentation que cette loi n'est pas parfaite. Il se rend compte
qu'il est déjà obligé de la corriger. On
espère qu'il va penser au cours de la nuit aux remarques que nous lui
avons faites et que demain il aura peut-être des choses à nous
dire avant la troisième lecture, nous dire qu'il va modifier un certain
nombre de choses.
LE PRESIDENT (M. Hardy): Article 16, adopté tel qu'amendé.
Article 17, adopté.
M. HARDY (président de la commission plénière):
J'ai l'honneur de faire rapport que la commission plénière a
étudié le projet de loi 279 et l'a adopté avec un
amendement.
M. LAVOIE (président): Ce rapport est-il agréé?
UNE VOIX: Agréé.
M. PAUL: M. le Président, l'honorable leader du gouvernement
propose une excellente suggestion, je voudrais tout simplement vous demander
une directive.
LE PRESIDENT: D'accord.
M. PAUL: Est-ce qu'on pourrait voter une loi en troisième lecture
si nous n'avons pas quorum?
LE PRESIDENT: A moins que vous souligniez...
M. PAUL: Je vous pose la question.
LE PRESIDENT: J'aime autant ne pas le savoir, si vous ne voulez pas le
souligner.
M. PAUL: Bon, alors dans les circonstances, j'inviterais le leader du
gouvernement à attendre à demain matin.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce qu'on peut proposer
l'ajournement si on n'a pas quorum?
LE PRESIDENT: Non, ce n'est même pas nécessaire de le
proposer, je peux quitter le fauteuil immédiatement.
M. LEVESQUE: Parce que nous pourrions peut-être passer la nuit
à attendre de l'obtenir.
LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a une commission qui siège?
M. LEVESQUE: Nous ne sommes pas sûrs.
LE PRESIDENT: Je peux quitter tout de suite, et automatiquement...
M. LEVESQUE: Non, j'aimerais mieux que vous restiez, M. le
Président.
LE PRESIDENT: J'aime tellement vous entendre.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, 10 heures.
LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
LE PRESIDENT: L'assemblée ajourne ses travaux à demain, 10
heures.
(Fin de la séance à 23 h 46)