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(Dix heures et trente-cinq minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission de la Justice
M. VEILLEUX: M. le Président, pour M. Lamontagne, la commission
de la Justice a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son
troisième rapport. Votre commission s'est réunie pour
étudier le projet de loi no 281, Loi constituant le service de police de
la Communauté urbaine de Montréal et modifiant de nouveau la loi
de la Communauté urbaine de Montréal, le 21 décembre
1971.
M. LE PRESIDENT: Rapport lu et reçu.
M. LEVESQUE: M. le Président, d'après les renseignements
que j'ai, il y aurait un consensus, à moins que je fasse erreur. S'il
n'y a pas d'objection, est-ce que je pourrais proposer que les entrées
soient faites et que l'on passe en troisième lecture de ce projet de loi
qui a semblé avoir recueilli toutes les adhésions?
M. LAURIN: Pas à ce moment-ci. Peut-être après la
période des questions, vous pourrez reposer la question et on pourra
vous donner une réponse.
M. LEVESQUE: D'accord.
M. LE PRESIDENT:
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
Dépôt de documents.
Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Camionneurs artisans
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre du Travail. Le ministre du Travail a
expédié un télégramme à Me Jean
Béliveau, conseiller juridique de l'Association nationale des
camionneurs artisans du Québec. Il a fait des propositions à
cette association. Est-ce que le ministre a reçu réponse à
la suggestion qu'il a faite à l'Association nationale des camionneurs
artisans du Québec? Quelle est la situation ce matin en ce qui concerne
la reconnaissance de cette association?
M. COURNOYER : Le texte du télégramme est très
clair. Je ne sais pas si le député de Chicoutimi l'a
présentement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, il l'a.
M. COURNOYER : Il est très clair, il mettait fin à une
discussion. Je ne vois pas en quoi...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre du Travail pourrait
prendre des vitamines pour qu'il puisse parler un peu plus fort et que nous
l'entendions bien?
M. COURNOYER: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'était pas comme ça avec
nous autres.
M. COURNOYER: M. le Président, comme je le disais tantôt,
j'ai déjà envoyé un texte de télégramme, qui
était lui-même une réponse à une question.
Au moment où nous parlons, il semble que la question continue
d'évoluer dans le bon sens. Je vais m'interroger ou interroger le
comité mixte que j'avais formé sur l'état de la question
et je rapporterai au député de Chicoutimi pour demain matin la
réponse précise à la question qu'il vient de me poser.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président, Est-ce que le ministre du Travail a informé son
collègue, le ministre de la Voirie, à ce sujet, et est-ce que son
collègue est d'avis que les suggestions qu'a faites le ministre du
Travail puissent lui être agréables je parle du
ministère de la Voirie?
M. COURNOYER: M. le Président, le ministre de la Voirie et
moi-même étions totalement d'accord sur le contenu du
télégramme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Sommes totalement d'accord.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Crise monétaire
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable premier ministre. Les nouvelles nous rapportent que,
maintenant que la crise monétaire internationale semble
désamorcée, l'économie canadienne devrait pouvoir
s'accroître à un rythme plus accéléré. Est-ce
que le premier ministre et son gouvernement ont déjà pris des
dispositions afin que le Québec puisse en profiter au maximum, et
ainsi
aider peut-être à la création des 100,000
emplois?
M. BOURASSA: M. le Président, de fait, la question de l'abolition
de la surtaxe avantage évidemment toutes les provinces, principalement
les provinces manufacturières. Quant à la dévaluation du
dollar américain, il faudra attendre pour voir quel effet ça aura
sur le dollar canadien. Pour répondre plus précisément au
chef du Ralliement créditiste, il est clair que le gouvernement doit
profiter des nouvelles facilités d'exportation pour les produits
québécois.
M. SAMSON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le premier ministre prévoit, ainsi que son gouvernement, une
étude spéciale sur le sujet afin de nous offrir des dispositions
précises d'ici quelque temps?
M. LEVESQUE: Justement, M. le Président, j'ai rencontré
les officiers de mon ministère ce matin, et un effort particulier sera
fait dans le domaine des exportations pour le Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Affaires
municipales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il est en méditation parlée.
Mutations aux Affaires municipales
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre des Affaires municipales.
Est-ce que le ministre a l'intention de rendre publics les noms des
fonctionnaires qu'il a congédiés ou mutés pour
activité révolutionnaire dans son ministère?
Deuxièmement, est-ce qu'il a l'intention de rendre public le dossier des
preuves qu'il a accumulées pour justifier ces renvois ou ces
mutations?
M. TESSIER: Je prends note de la question, M. le Président...
M. LAURIN: M. le Président, est-ce que le ministre entend
répondre à l'invitation qui lui a été faite par le
Syndicat des professionnels à l'effet de substantifier ces accusations
ou de les retirer si des preuves ne peuvent être fournies
publiquement?
M. TESSIER: Non, M. le Président, je n'ai pas l'intention d'en
tenir compte.
M. LAURIN : Une question additionnelle, au premier ministre alors.
Est-ce l'intention du gouvernement de continuer la chasse aux sorcières
qui s'est amorcée au ministère des Affaires municipales?
M. BOURASSA: M. le Président, je ne réponds qu'à
des questions sérieuses.
M. LAURIN: Ce sont des questions sérieuses. Est-ce que le premier
ministre a pris connaissance de la déclaration du Syndicat des
professionnels, qui groupe l'élite du fonctionnarisme du gouvernement du
Québec, et est-ce qu'à la suite de cette déclaration il
peut considérer qu'il s'agit d'un problème sérieux?
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que le ministre ne serait pas
plutôt d'accord pour publier la liste de ceux qui n'ont pas
d'activités, ce serait peut-être moins long.
M. LE PRESIDENT: Le député de Maskinongé.
Situation économique en 1972
M. PAUL: M. le Président, j'ai une question extrêmement
sérieuse pour le premier ministre. Les pages financières du jour
nous rapportent qu'on voit l'économie de 1972 d'une manière
très sombre pour le Québec. Quelles sont les injections que le
gouvernement a l'intention de jeter dans l'économie
québécoise aux fins de parer à cette situation, et le
premier ministre a-t-il l'intention de nous annoncer prochainement certaines
lois à caractère économique pour pallier le chômage
alarmant que nous connaissons au Québec?
M. BOURASSA: M. le Président, le député est au
courant du nombre considérable de mesures qui ont été
prises. Le ministre des Finances en a parlé il y a quelques jours et le
ministre de l'Industrie et du Commerce de même que moi-même aurons
l'occasion au cours des premiers jours de l'année 1972 d'exprimer notre
point de vue là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
M. ROY (Beauce); M. le Président, j'aurais une question à
poser au ministre du Revenu, il était ici il y a un instant...
M. SAMSON: Il n'est pas revenu.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je reposerai ma question tout
à l'heure si vous me le permettez.
M. LE PRESIDENT: Le député de Lotbinière.
Insémination artificielle
M. BELAND: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre de l'Agriculture. Est-ce que le ministre a pris connaissance du
différend entre le Centre d'insémination artifi-
cielle de Saint-Hyacinthe et le club d'élevage
d'amélioration des bovins de Brome et Shefford?
M. TOUPIN: Bien oui, M. le Président! nous sommes au courant du
problème. Il s'agit de l'application de la loi sur l'insémination
artificielle. J'ai rencontré à cette fin les
députés intéressés de chacun des comtés et
nous en sommes venus à une entente.
Nous avons rencontré par la suite les dirigeants de l'association
Eastern Breeders avec laquelle nous avons également discuté du
problème. Il y a quelques problèmes qui se posent encore et nous
sommes en discussion avec elle. Le tout se déroule normalement et assez
bien.
M. BELAND: Une question supplémentaire, M. le Président.
M. le ministre, est-ce que vous prétendez que le problème va se
résoudre avant le 1er janvier, étant donné la mise en
application de la loi?
M. TOUPIN: M. le Président, c'est l'objectif que nous
poursuivons. La loi doit s'appliquer à compter du 1er janvier. Nous
espérons qu'à cette date le problème sera
réglé.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gaspé-Nord.
Salaire d'enseignants en retard
M.GAGNON: Le ministre de l'Education pourrait-il nous dire s'il a
donné des instructions à son ministère pour le paiement du
personnel enseignant des paroisses marginales dont les salaires sont en retard
depuis sept, huit mois et qui sont dans une situation très difficile?
D'ailleurs cela a fait l'objet d'un communiqué assez violent de la
Fédération des commissions scolaires contre l'administration du
ministère de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'ai établi à ma
satisfaction que, si les enseignants n'ont pas été payés,
il n'y a aucun retard dans le versement des subventions du ministère
à ces commissions scolaires.
M. GAGNON: Une question supplémentaire, M. le Président.
Ce sont des paroisses marginales qui avaient des déficits de
fonctionnement. Est-ce que le ministre a l'intention de donner instruction
à son ministère de payer ces déficits puisqu'il se tient
responsable en vertu des normes établies? Ce geste permettrait aux
commissions scolaires de payer leur personnel.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense que dans un endroit
comme dans un autre, si on établit un taux normalisé de $1.40 par
$100 d'évaluation, ceci à l'échelle du Québec, cela
doit être payé et c'est dans ce sens que nous avons examiné
ce cas.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Finances. Est-ce qu'il est en mesure ce matin de nous dire si le gouvernement a
conclu un accord avec un syndicat financier ou un autre en matière
d'emprunts?
M. GARNEAU: Non, M. le Président.
M. JORON: Une question supplémentaire. Comme ces accords sont
signés généralement avant le 31 décembre, est-ce
que le ministre sera en mesure, cette semaine, de nous annoncer la
décision finale du gouvernement à cet égard?
M. GARNEAU: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
Journée d'étude d'étudiants en
médecine
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, j'adresse ma question
au ministre des Affaires sociales. Est-ce qu'il a pris connaissance de la
journée d'étude tenue par les étudiants en médecine
de quatrième année de l'université Laval? Est-ce qu'il a
pris connaissance des causes, des raisons évoquées pour cette
journée d'étude? Si oui, a-t-il des commentaires à nous
faire?
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai pris connaissance de ce fait
par la voie des journaux, ce matin.
J'aimerais justement faire quelques commentaires. Malgré les
rencontres périodiques que nous avons avec les autorités du
Collège des médecins et chirurgiens et notre désir de les
consulter sur un certain nombre de questions, nous n'avons pas
été consultés par le collège sur cette question. Et
ceci, à mon sens, démontre la nécessité du bill
250, étant donné qu'il s'agit là de questions passablement
importantes. Et si la nouvelle, telle que rapportée par les journaux,
est exacte, je crois que l'on peut se poser de sérieux doutes quant au
bien fondé d'exiger que les étudiants de nos facultés de
médecine passent pour l'admission à la pratique un examen
fabriqué ou conçu à l'extérieur. Que les
étudiants, d'eux-mêmes, jugent utile, dans certaines
circonstances, de passer un tel examen, c'est une tout autre chose. Mais il me
semble qu'il s'agit là d'un principe nouveau, ici et sur lequel on doit
se poser de sérieux doutes. Et si le collège devait maintenir sa
décision, nous devrons réexaminer cette question, dès
l'adoption du bill 250 et de la Loi médicale.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, une question
additionnelle. Est-ce que le ministre croit évidemment, il pourra
toujours
me répondre que je lui demande un avis, une opinion que
cette décision du Collège des médecins pourrait être
dictée par l'intention d'ajouter de la mobilité dans la pratique
médicale, comme argument, qui pourrait être révoqué
en certaines circonstances.
M. CASTONGUAY: Je n'ai aucune idée des motifs qui ont
guidé le collège dans cette décision. Si ma mémoire
est bonne, toutefois, ou si les renseignements que j'ai sont exacts, il y a
quelques années, cette question avait déjà
été étudiée par le bureau des gouverneurs du
collège et plusieurs gouverneurs en fait la majorité
s'étaient opposés à ce qu'on exige cet examen des
étudiants, le même examen dont il est ici question, pour leur
admission au droit de la pratique. Et ceci précisément parce que
cet examen était fait à l'extérieur alors que les
conditions d'attribution de tout diplôme d'enseignement dans notre
système d'éducation devrait être normalement sous la
responsabilité de nos institutions d'enseignement.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Est-ce
que le ministère entend intervenir ou est déjà intervenu
pour faire cesser les journées d'étude des étudiants en
médecine ou les réduire au maximum?
M. CASTONGUAY: M. le Président, c'est une question dont je viens
d'être saisi, ce matin. Le collège et les facultés de
médecine sont en conflit, en fait, et, si les nouvelles sont exactes, il
met en cause les étudiants et le collège principalement. En
premier lieu, j'aimerais vérifier d'abord si cette nouvelle
rapportée est bien exacte, et, suite à cette réaction des
étudiants, je pense qu'il serait bon aussi de voir si le collège
est prêt à reconsidérer sa décision. Sinon,
évidemment, nous devrons en discuter avec eux et voir quels sont les
moyens qui peuvent être pris.
Je rappelle, toutefois, que dans le contexte de la loi actuelle du
collège des médecins, nous n'avons pas de pouvoir direct
d'intervention.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Lois du revenu
M. ROY (Beauce): M. le Président, comme le ministre du Revenu est
revenu, je vais en profiter pour poser ma question. Suite à l'adoption
par le gouvernement fédéral du projet de loi no C-259, est-ce que
le ministère du Revenu a l'intention d'apporter des modifications
majeures dans les diverses lois du revenu du Québec, dès le
début de l'an 1972? Aussi, est-ce que le gouvernement a l'intention de
convoquer la commission parlementaire du Revenu pour que toutes ces questions
puissent être étudiées avant l'ouverture de la nouvelle
session?
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'ai dit,
avant-hier, en réponse à une question, qu'à la suite de
l'adoption du bill C-259 par la Chambre des communes à Ottawa, le
gouvernement du Québec, par la voix du ministre des Finances fera une
déclaration ministérielle d'ici la fin de la session,
annonçant la politique du gouvernement dans le domaine de la
réforme fiscale.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question supplémentaire.
Comme le gouvernement devra, à plus ou moins brève
échéance, modifier certaines dispositions de la loi, est-ce qu'on
pourrait demander à l'honorable ministre, s'il a l'intention de conclure
un accord avec les Etats-Unis en ce qui a trait aux travailleurs
québécois qui travaillent outre-frontière à
l'année longue, de façon que ces gens n'aient pas double
imposition, c'est-à-dire être obligés de payer
l'impôt intégral au gouvernement provincial? M. le ministre, vous
êtes certainement au courant qu'une entente existe entre le
fédéral et les Etats-Unis et les gens peuvent
bénéficier d'un certain dégrèvement du fait qu'ils
paient déjà l'impôt aux Etats-Unis. Or, comme c'est un
problème d'une grande importance pour notre région, j'aimerais
bien savoir quelles sont les intentions du ministère du Revenu à
ce sujet.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, avant de
répondre à la dernière question du député de
Beauce, j'avais omis de lui dire, en ce qui concerne la deuxième partie
de sa première question à savoir si on avait l'intention de
convoquer la commission parlementaire, il n'y a pas de doute qu'au moment
où j'aurai la responsabilité d'apporter les modifications aux
lois fiscales, si l'Opposition veut accepter la demande de
déférer à la commission parlementaire du Revenu les
différentes législations, c'est avec plaisir que nous
discuterons, à la commission parlementaire du Revenu, des projets de
lois concernés à ce moment-là.
En ce qui concerne la dernière question du député
de Beauce, le député de Beauce sait pertinemment qu'actuellement
autant au niveau fédéral qu'au niveau provincial, le lieu de
résidence d'un citoyen au 31 décembre, en fait soit un citoyen
canadien ou un citoyen de la province de Québec au point de vue
fiscal.
Dans la réforme fiscale, nous avons l'intention d'apporter des
modifications dans certains domaines pour rendre la loi le plus uniforme
possible, parce que c'est le même citoyen, ces dispositions ne seront
annoncées qu'au noment où nous légiférerons dans le
domaine fiscal et non pas avant.
M. ROY (Beauce): M. le Président, si le ministre ne peut pas nous
donner de précision, à savoir si c'est l'intention du
gouvernement de prendre en considération le fait que ces gens doivent
déjà payer l'impôt en entier aux Etats-Unis et qu'ils
doivent en plus envisager des
dépenses spéciales, je lui demanderais si on a l'intention
d'en tenir compte dans les modifications qu'on entend apporter dans nos lois du
revenu.
M. HARVEY (Jonquière): Je vais répondre au
député de Beauce par des mots qu'il connaît bien. Nous
avons l'intention de prendre en considération, le plus possible ce qui
est humainement possible pour rendre la taxation la moins dure possible aux
citoyens du Québec.
M. SAMSON: Il y en a un qui répond comme il le faut, ce
matin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Projet de loi no 64
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre de l'Agriculture. Est-ce que le ministre de
l'Agriculture a l'intention de faire adopter le projet de loi no 64 avant la
fin de la session?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le gouvernement va-t-il retarder l'adoption de
cette loi?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable député de Portneuf.
Jeux du Québec
M. DROLET: M. le Président, j'aurais une question à poser
à l'honorable ministre de l'Education. Est-ce que le ministre peut nous
dire s'il est vrai que les jeux d'hiver du Québec auront lieu à
Montréal? Si c'est vrai, est-ce que le montant d'argent prévu par
le gouvernement pour la ville de Shawinigan sera le même pour la ville
qui fera ces jeux?
M. SAINT-PIERRE : A la première question, la réponse est
oui. A la deuxième, il n'y avait pas d'argent et il n'y aura pas de
nouveau montant pour la ville de Montréal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Loi du syndicalisme agricole
M.PAUL: M. le Président, Noël, c'est la période des
cadeaux, des échanges.
Est-ce que l'honorable premier ministre, dans sa
générosité reconnue, a pensé offrir en cadeau aux
cultivateurs qui nous visitent ici, spécialement ce matin, la Loi du
syndicalisme agricole avant le 1er janvier?
M. BOURASSA: Avec la collaboration de l'Opposition, cela serait
possible.
M. PAUL: M. le Président, nous offrons notre collaboration et
nous supplions le premier ministre d'appeler ce matin l'article du jour sur la
Loi du syndicalisme agricole. Nous sommes prêts à en discuter et
à l'adopter après une étude pas trop, trop exhaustive,
pour satisfaire enfin les besoins et les aspirations des cultivateurs du
Québec.
M. BOURASSA: Nous avons essayé à plusieurs reprises
d'amener le bill. Nous étions prêts avant-hier mais on a
adopté seulement un ministère sur quinze, seulement quelques
dizaines de milliers de dollars sur $132 millions. Hier, on n'a adopté
qu'un seul article.
M. PAUL: Bien, commencez par ça d'abord!
M. BOURASSA: Seulement un article a été adopté hier
par l'Opposition. Le gouvernement fait tout ce qu'il peut pour faire avancer
les travaux, mais l'Opposition a son rôle à jouer.
M. LOUBIER: Le premier ministre a... M. LESSARD: La tortue.
M. LOUBIER: ... tenu ces propos avec un large sourire, parce qu'il sait
fort bien que depuis quelques jours nous avons offert au gouvernement de
délaisser toute autre étude de projet de loi pour pouvoir
étudier le projet de loi 64. Nous avons même promis au
gouvernement de le faire dans un laps de temps très court. Nous sommes
encore prêts ce matin... Je ne voudrais pas que des gens, et surtout les
cultivateurs jettent l'odieux de l'inertie du gouvernement sur les oppositions.
Nous sommes encore prêts ce matin à étudier le bill 64. Je
suis sûr que tous les collègues de l'Opposition, de quelque parti
que ce soit, le feront avec une très grande
célérité, une très grande objectivité.
M. LEVESQUE: Il faut, je crois, être sérieux. Ceux qui ont
été présents dans cette Chambre, particulièrement
les représentants de la classe agricole dans les galeries, comme les
journalistes, comme vous tous savez fort bien, il y a présentement une
obstruction menée par le Parti québécois pour bloquer les
travaux parlementaires, et on se sert des règlements...
M. LESSARD: Le gouvernement de tortue!
M. LEVESQUE: On a parlé, par exemple, de la
"procédurite"...
M. LEGER: Pour arriver à temps, il faut partir à
temps.
M. LEVESQUE: ... du député de Maskinongé. Ils sont
devenus des experts en "procédurite"...
M. LESSARD: Le gouvernement de tortue.
M. LEGER : Depuis le 28 octobre qu'on attend après vous autres et
que vous ne faites rien.
M. LEVESQUE: ... des gens qui au lieu de s'occuper du contenu
s'attachent au contenant. Ce sont des gens qui accusent les partis
traditionnels de tous les péchés d'Israël. On n'a rien vu
dans cette Chambre depuis des années qui puisse se comparer...
M. LEGER: Si on veut arriver à temps, il faut partir à
temps.
M. LEVESQUE: ... à cette obstruction systématique.
UNE VOIX: Indécente.
M. LEVESQUE: Indécente, en effet. Des gens qui n'ont aucun souci
du bien commun ou du bien public et qui n'ont aucun souci pour la classe
agricole, et particulièrement pour le sort du bill 64.
M. LEGER: M le Président, en ce qui nous concerne, nous sommes
prêts à participer...
M. BELAND: M. le Président, je voudrais invoquer le
règlement...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
M. BELAND: J'avais invoqué le règlement, avant que le chef
de l'Unité-Québec parle, pour dire tout simplement que nous
n'acceptons pas la forme de chantage que le premier ministre nous fait ce
matin. Nous sommes prêts à étudier le bill 64. Nous sommes
prêts à n'importe quel moment, mais sans chantage.
M. LEVESQUE: M. le Président, ça va des deux
côtés, et nous n'accepterons le chantage d'aucun des partis,
particulièrement d'un parti qui agit d'une façon que les
règlements ne me permettent pas de qualifier. J'espère que le
Ralliement créditiste ne tombera pas dans ce piège, lui qui
prétend être près des problèmes concrets auxquels
nous avons à faire face. J'espère qu'il ne s'associera pas
à ce genre d'obstruction systématique qui devrait être le
lot de ceux qui, bientôt, seront seuls comme ils l'ont été
dans le passé, comme ils l'ont été au mois de juillet.
Ils ont été isolés parce que la population
elle-même a fait comprendre aux députés, à ses
représentants dans cette Chambre, en juillet 1971, qu'elle était
avec les 101; elle n'était pas avec les sept. M. le Président,
lorsque le gouvernement a à coeur de mettre en place une structure
scolaire, on n'arrivera pas contre l'esprit et contre la lettre des
règlements pour insérer un élément de politique sur
lequel même les sept ne sont pas d'accord, ils se battent dans les
congrès du PQ...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, il est temps que le parti
gouvernemental apprenne qu'il y a trois partis d'Opposition, que le
système n'est pas fait à deux et qu'on ne peut pas régler
à la fin d'une session tous les problèmes que le gouvernement n'a
pas osé et n'était pas prêt à présenter au
début de la session.
M. LEVESQUE: M. le Président, le bill 28 est devant cette Chambre
depuis des mois.
M. LEGER: M. le Président, j'ai la parole. Nous avons perdu trois
semaines au début de la session à attendre les projets de loi
parce que le gouvernement n'était pas prêt. Et, à la fin de
la session, le gouvernement s'imagine qu'il n'a qu'un parti d'Opposition et que
ça peut se faire aussi facilement. Qu'il apprenne qu'on ne
présente pas une série de projets importants à faire
adopter à la vapeur pour ensuite faire passer sur le dos des trois
oppositions l'inertie du gouvernement depuis le début.
En ce qui nous concerne, M. le Président, le député
de Sainte-Marie est prêt à étudier le projet de loi du
syndicalisme agricole à la minute que vous le présenterez. Mais
les projets de loi que chaque ministère va nous présenter, nous
allons les étudier un par un et à la vitesse normale qu'il faut
pour y mettre tout le sérieux voulu.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous avez là l'exemple de
l'hypocrisie la plus claire. Pour un bill comme le bill du syndicalisme
agricole qui est arrivé récemment devant la Chambre, là on
est prêt, par chantage, utilisant la classe agricole d'une façon
que je ne qualifierai pas encore parce que les règlements ne me le
permettent pas. Mais en même temps, du même souffle, on n'est pas
prêt pour le bill 28 qui est devant la Chambre, qui a été
en commission parlementaire où on a eu pendant des mois et des mois des
auditions publiques. Lorsqu'on a voulu à un moment donné,
après la deuxième lecture, le déférer à la
commission parlementaire, on a même annoncé à ce
moment-là une obstruction en règle parce qu'on a dit: Si vous
allez en commission parlementaire, nous reprendrons tout le débat en
commission plénière. Voilà des gens qu'on dit ou qui se
disent sérieux.
Non, M. le Président, on abuse des règlements de la
Chambre, on abuse des droits démocratiques. Ici nous n'avons pas, comme
on en retrouve dans les autres Parlements très démocratiques
comme en Angleterre, comme
au Canada au fédéral, un règlement de
clôture; nous ne l'avons même pas dans ces règlements. Il
n'y a pas un endroit au monde où on retrouve plus de liberté
qu'au Québec. C'est en abusant comme on le fait qu'on se prépare
à forcer le gouvernement à prendre d'autres mesures et la
majorité à réclamer et à faire valoir ses
droits.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que nous sommes encore en
période de questions?
M. LE PRESIDENT: Je vais permettre deux dernières questions: au
député de Dorchester et à vous après.
M. GUAY: M. le Président, calmement. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre...
M. LAURIN: Une question de privilège, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que j'ai donné l'occasion
à tous les partis de s'exprimer. J'ai permis au député de
Lafontaine, au nom de son parti, de répondre aux attaques du leader.
Bien, ça va faire rebondir le débat je ne le permets pas. Le
député de Dorchester.
M. BURNS: M. le Président, le leader est revenu, lui.
M. GUAY: M. le Président, j'aurais une question.
M. LEGER: Le leader est revenu quatre fois. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. GUAY: J'aurais une question à poser au ministre du
Travail.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Une question.
Mises à pied dans la construction
M. GUAY: Est-ce que le ministre a pris connaissance d'une
déclaration du directeur général de la Corporation des
maîtres électriciens révélant qu'à cause des
syndicats, plus de 4,000 mises à pied auraient lieu dans la
construction? Est-ce que le ministre a l'intention de modifier le
règlement no 1 du bill 49, même si les dirigeants syndicaux s'y
opposent?
M. COURNOYER: Je pourrais répondre à cette question demain
matin.
Ordre des travaux du jour
M. LE PRESIDENT: C'est en vertu de 114?
M. TREMBLAY:(Sainte-Marie): C'est en vertu de 114.
M. LE PRESIDENT: Dans ce cas-là je vais appeler les affaires du
jour.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, j'aurais une
question à poser au leader parlementaire.
M. LEVESQUE: Voulez-vous une réponse, toujours?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que je peux vous poser une question
en vertu de 114?
M. LEVESQUE: Avec plaisir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ne vous choquez pas avant que je
commence.
M. LEVESQUE: Avec plaisir. Je commence à vous
connaître.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je veux demander au leader parlementaire
s'il accepterait d'étudier en deuxième lecture le bill 64...
M. LEVESQUE: J'avais bien raison de dire que j'avais répondu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ecoutez, est-ce que je peux vous poser une
question? Ne répondez pas avant de savoir ce que je veux vous demander.
Est-ce que vous accepteriez l'étude en deuxième lecture du bill
64, si, pour ma part je ne parle pas au nom des autres Oppositions je
parle au nom du Parti Québécois comme porte-parole en agriculture
j'acceptais de raccourcir au strict minimum les débats en
deuxième lecture, afin de passer immédiatement en comité
plénier et d'adopter le projet de loi avant l'ajournement des
fêtes?
M. LEVESQUE: Une autre manifestation d'hypocrisie, c'est tout ce que
j'ai à dire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le leader parlementaire, j'étais
sincère quand j'ai posé cette question-là. On m'a
accusé d'hypocrisie, bien, ça va continuer aujourd'hui tout comme
hier, puis, après ça, vous ferez votre choix. Faites-le, votre
"show", continuez votre "show".
M. LESSARD: M. le Président, en vertu de 114.
M. LACROIX: Bande de maîtres chanteurs!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Saguenay
sur...
M. LESSARD: M. le Président, en vertu de 114, j'aimerais savoir,
de la part du leader parlementaire, s'il y a une règle, une coutume ou
un règlement qui oblige le gouvernement à proroger la session
à Noël.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, Messieurs!
M. LESSARD: Je pense que 1972, c'est très bon pour commencer
à travailler, en janvier.
M. LE PRESIDENT: Bon!
M. BURNS: Article 114, M. le Président, étant donné
la décision rendue cette semaine par la cour Suprême, dans le
problème des entreprises Dasken, où la cour Suprême a
ordonné la démolition d'un immeuble de dix étages,
problème qui faisait le sujet du projet de loi no 96 qui est encore au
feuilleton, est-ce que le leader du gouvernement a l'intention de demander au
député de Papineau de retirer son projet de loi?
M. LEVESQUE: M. le Président, le député sait fort
bien, lui qui est devenu un expert en procédure, que si le bill reste au
feuilleton et que nous arrivons à la prorogation, la prorogation a pour
effet, à moins qu'il y ait une motion différente, de laisser
mourir les projets de loi.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.Questions inscrites au
feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons eu des questions au
feuilleton et j'aimerais fournir certaines réponses. Question no 4 de M.
Béland.
Réponse de M. Bourassa.
M.BOURASSA: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article no 7, question de M. Drolet. Réponse de M.
Castonguay.
M. CASTONGUAY: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article no 9, question de M. Brochu. Réponse de M.
Pinard.
M. PINARD: Lu et répondu.
Projet de loi no 281
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de Bourget
m'avait suggéré j'imagine dans un grand esprit de
collaboration de proposer, une fois le rapport reçu, comme il l'a
été, que l'on puisse franchir les autres étapes du bill
pour avoir l'adoption. Si je pose la question, est-ce que j'aurai une
réponse?
M. BURNS: Est-ce que vous posez une question?
M. LEVESQUE: Oui, je pose la question.
M. BURNS: M. le Président, c'est le projet de loi 281, je
présume?
M. LEVESQUE: Le bill 281.
M. BURNS: Etant donné le grand esprit de collaboration,
étant donné l'absence totale de partisanerie dont a fait preuve
le ministre de la Justice, c'est avec plaisir que nous accepterons d'adopter ce
projet de loi qui, je l'espère, sera dans l'intérêt de
l'ensemble des forces policières de la région de
Montréal.
M. PAUL: M. le Président, j'avais déjà
informé le leader du gouvernement par personne interposée de
notre disposition à n'accepter que les inscriptions et la
troisième lecture. Dans le but de hâter l'étude du projet
de loi no 64, nous sommes Drêts à nous contenter des inscriptions
de la troisième lecture instanter du projet de loi no 281.
M. DROLET: En ce qui nous concerne, M. le Président, nous sommes
également d'accord d'ailleurs, je l'avais laissé voir
hier, en commission, au ministre de la Justice comme les deux autres
partis de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, nous pouvons faire les
entrées du comité plénier.
M. PAUL: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Et la motion de troisième lecture du projet de
loi no 281. Le ministre veut-il dire quelques mots?
Troisième lecture
M. CHOQUETTE : Je voudrais simplement la proposer, je n'ai pas de
discours à faire. M. le Président, je propose l'adoption en
troisième lecture du bill 281.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
Question de privilège Article du
Nouvelliste
M. DEMERS: M. le Président, une question de privilège.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice m'a
prévenu d'une question de privilège.
M. DEMERS: Dans le journal Le Nouvelliste en date du 20 décembre,
on pouvait lire le texte suivant: "Si Shawinigan ne peut conserver ses
jeux a continué l'honorable député de
Rouyn-Noranda, M. Samson c'est que les députés de la
Mauricie n'ont pas fait leur devoir et qu'ils ne se sont pas tenus debout comme
ils l'auraient dû." Devant cette assertion, M. le Président, je
tiens à rétablir les faits et je prends la Chambre à
témoin que dans les circonstances j'ai fait tout en mon pouvoir pour que
Shawi-nigan obtienne les jeux. C'est cette mise au point que je veux faire, et
les gens de la Chambre ici savent que j'ai fait l'impossible en ce sens.
M. SAMSON: M. le Président, je désire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne vois rien dans les règlements
qui puissent me permettre, sur une question de privilège, d'accorder la
parole à un autre député.
M. SAMSON: En vertu de l'article 37, M. le Président, est-ce que
vous me permettriez de remercier le député de Saint-Maurice de
m'avoir prévenu de sa question hier?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, dans un même esprit de
collaboration que l'on commence à percevoir, y aurait-il consentement,
toujours dans le but d'accélérer les travaux de la Chambre,
à ce qu'on complète les Affaires sociales en commission
parlementaire? Je pense que c'est pour trois amendements sur lesquels les
partis se sont consultés et où il ne resterait que quelques
minutes, afin de permettre au projet de loi 65 de franchir les dernières
étapes, également.
M. BURNS: M. le Président, je ne peux, à ce moment-ci,
donner mon consentement pour une raison que je vais expliquer
immédiatement.
C'est que je ne sais pas quels seront les travaux de la Chambre
aujourd'hui. Le député de Bourget, qui serait normalement
appelé à siéger à cette commission, peut être
retenu par les travaux de la Chambre.
M. LEVESQUE: On continue...
M. BURNS: Si, par contre, on étudie le projet de loi sur le
syndicalisme agricole, le député de Bourget pourra aller en
commission. Autrement, il nous est impossible d'accepter.
M. LEVESQUE: M. le Président, article 5.
M. LOUBIER: M. le Président, avant de passer à cet
article, j'aurais une proposition à faire pour accélérer
les travaux de cette Chambre. Je ne sais pas si les autres partis de
l'Opposition sont disposés à accepter ma proposition mais n'y
aurait-il pas lieu de faire siéger simultanément la Chambre pour
l'étude du projet de loi no 28 et, en même temps, pour
étudier les crédits supplémentaires demandés
actuellement? Ceci permettrait simultanément de diviser la
députation d'abord pour fins d'étude et on rejoindrait
l'accélération que l'on veut donner à l'étude et
à l'analyse des articles qui sont à l'étude. Ceci nous
permettrait, peut-être d'aborder très rapidement le bill 64 dans
un climat très serein.
M. LEVESQUE: M. le Président, quant à nous, après
consultation avec le ministre des Finances et le premier ministre, je pense que
nous serions d'accord et même plus que ça. si certains
représentants des partis devaient rester en Chambre pour d'autres fins.
Nous pourrions changer l'ordre de l'étude des crédits et ainsi
disposer des crédits à la commission parlementaire, qui ferait
rapport dans chaque cas au comité des subsides.
M. BURNS: Je regrette, M. le Président, c'est une question
d'efficacité qui nous empêche de consentir à cela.
M. LE PRESIDENT: Article 16. M. LEVESQUE: Article 16.
Projet de loi no 28 Comité
plénier
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! L'honorable député de Chicoutimi, sur l'article
583.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment où,
hier soir, j'ai signalé qu'il était minuit et que nous avons
procédé à l'ajournement...voulez-vous me donnez une petite
seconde, M. le Président?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Est-ce que l'on pourrait demander aux
honorables membres de faire diligence afin que l'on puisse le plus tôt
possible entendre le député de Chicoutimi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment de
l'ajournement hier soir, j'avais commencé de faire quelques observations
sur l'article 583. Je disais notamment que je prenais part au débat
à ce stade-là de la procédure, parce que j'avais
assisté à deux débats successifs portant sur des
propositions d'amendements présentées par le Parti
québécois.
J'ai évidemment pris connaissance des jugements que vous avez
rendus et que je n'ai pas l'intention de discuter, vous le pensez bien. Mais je
voulais faire observer au ministre, à la suite des décisions que
vous avez rendues, que le gouvernement, lorsqu'il a présenté ce
projet de loi nous le lui avons dit dès le départ, et
c'est mon collègue, le député de Bagot qui le lui
avait signalé s'était mis dans une situation
extrêmement difficile, celle de nous présenter un projet de loi
qui a nécessairement des incidences sur la langue, mais d'un projet de
loi dont, d'autre part, l'objet spécifique formel est la restructuration
scolaire de l'île de Montréal.
A la question que je posais au ministre, hier soir, à savoir
à quel article du projet de loi il nous serait possible de greffer un
amendement qui porterait sur les questions linguistiques, que ce soit la langue
de communication entre ces divers organismes des nouvelles structures
scolaires, le ministre m'a répondu non. Il m'a dit qu'il n'y avait pas
de possibilité. Par conséquent, je crois qu'on peut
déclarer ce matin qu'en nous présentant le projet de loi no 28
sans nous avoir présenté auparavant un autre projet de loi
portant spécifiquement sur la langue, le gouvernement s'est
trouvé à mettre la charrue devant les boeufs.
Les règles de la procédure qui nous régissent et
les décisions que vous avez rendues, hier soir auront désormais
l'autorité de la chose jugée, elles vont nous empêcher,
toutes les fois que nous en aurions l'intention et la volonté, de
proposer des amendements qui pourraient porter sur les problèmes
spécifiques de la langue, de quelque façon qu'ils se posent dans
le cadre des nouvelles structures de l'organisation scolaire de l'île de
Montréal.
M. le Président mon collègue de Bagot pourra
compléter face à cette situation, nous sommes
extrêmement perplexes, parce que, d'une part, nous reconnaissons bien que
l'objet du projet de loi no 28 porte sur la restructuration scolaire de
l'île de Montréal. Mais, d'autre part, nous ne pouvons quand
même pas esquiver le problème ou les problèmes de la langue
qui sont sous-jacents au fonctionnement, du moins à une partie du
fonctionnement de cette nouvelle structure scolaire, parce qu'à divers
articles, nous allons constamment nous poser la question à savoir quelle
sera la langue de communication, comment ces gens établiront entre eux
des relations linguistiques, et quelle sera la langue des documents, etc., etc.
Nous aurons constamment à y revenir. Mais comme le ministre a
déclaré lui-même hier qu'il ne se trouvait aucun article
auquel nous puissions greffer un amendement qui toucherait les questions
relatives à la langue, et comme, d'autre part, M. le Président,
vous avez rendu hier soir deux décisions, nous nous trouvons dans une
situation de perplexité et dans une sorte de dilemme qui est à
toutes fins utiles un cul-de-sac.
C'est que, d'une part, on ne peut pas toucher au problème de la
langue et, d'autre part, il s'avère que nous devions constamment en
parler, y référer et tenter de modifier le projet de loi dans
cette optique. Je suis disposé à faire des propositions au
gouvernement, à approuver des suggestions, des propositions d'amendement
qui seront faites dans le domaine de la langue, mais vous voyez la situation
dans laquelle je me trouve, la situation dans laquelle nous nous trouvons,
compte tenu de la réponse qu'a donnée le ministre, compte tenu
des jugements que vous avez rendus hier soir et que je ne discute pas, sur la
recevabilité de toute proposition qui pourrait constituer des
amendements dont le but serait de greffer à des articles de la loi des
propositions concernant la langue, ce dont le ministre a dit que c'était
absolument impossible et que cela ne pourrait se faire qu'à l'article 44
qui n'existe pas.
Alors, face à ce dilemme, qu'est-ce que nous faisons? Qu'est-ce
que nous allons faire, si le gouvernement n'assouplit pas son attitude, et si
le gouvernement, tel que nous l'avait d'ailleurs déjà
déclaré le ministre de l'Education, ne nous fait pas
connaître les amendements qu'il avait promis de nous soumettre dans un
délai de quatre ou cinq jours si j'ai bonne mémoire
quatre jours? Nous les attendons encore.
Ils devaient porter sur les articles 586 et 587, si j'ai bonne
mémoire, à moins que j'aie mal entendu le ministre. A tout
événement, disons que substantiellement ces amendements dont le
ministre nous avait promis qu'ils se greffassent aux articles 586 et 587 m'ont
paru lui être venus à l'esprit parce que nous lui avions
représenté qu'il y avait un problème en matière de
langue. J'ai compris que ces amendements porteraient sur ces sujets, quel que
soit l'article auquel on les greffe.
Alors, le ministre, je pense, est dans un cul-de-sac à moins
qu'il décide, lui-même, d'en sortir, de réorienter sa
démarche et de nous indiquer de quelle façon il va nous
être possible de nous raccrocher à son projet de loi pour traiter
du problème de la langue. Il comprendra très bien que les
Oppositions n'ont pas dessein de lâcher le morceau aussi vite et
d'accepter une procédure là, M. le Président, je ne
vous mets pas en cause que le gouvernement lui-même nous a
imposée. Les jugements que vous avez rendus, vous les avez rendus en
fonction de ce qui existe et dans le cadre qui a été
déterminé par le projet de loi. C'est en raison de l'existence de
ce cadre que vous avez rendu les décisions que nous avons entendues hier
soir et dont nous n'avons pas dessein d'en appeler. Alors là nous
recommençons, je n'ose pas dire la bagarre, mais la lutte aux fins
d'amender l'article 583. Il est bien évident que d'autres amendements
portant sur la langue vont venir. Qu'est-ce que le ministre peut me
répondre? Est-ce que le ministre, à qui j'ouvre encore une porte
et à qui je tends encore une perche ce matin, est prêt à
nous faire une déclaration ou à nous dire quelle est la teneur,
quelle est la substance de ces amendements qu'il nous avait promis et qui, pour
ma part, comme je l'ai compris, devaient porter sur les problèmes
spécifiques de la langue et de la religion? Enfin, c'est comme cela que
nous l'avions entendu.
M. SAINT-PIERRE: Simplement pour apporter une précision, M. le
Président. En com-
mission parlementaire, j'avais déposé toute une
série d'amendements qui portaient sur différents articles. Alors,
aucun de ces amendements ne portait sur les articles 586 et 587. Ce que j'ai
dit en commission...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oh, pardon! M. le Président, si le
ministre me le permet, je voudrais être très précis. J'ai
ici les transcripts du journal des Débats. Je ne les lirai pas,
évidemment, en entier. J'ai fait une proposition au ministre, et, je
l'ai répétée hier soir. C'était au moment où
le ministre avait proposé que nous suspendions l'examen des articles 586
et 587. J'ai demandé au ministre: Est-ce que le ministre peut nous
donner l'assurance qu'il y aura des amendements à ces articles? Le
ministre a dit: Oui. J'ai dit: Est-ce que le ministre pourrait nous en faire
connaître, sinon le libellé, du moins la substance? Le ministre
n'a pas voulu à ce moment-là, c'est son droit, je le respecte,
nous les faire connaître. Mais, comme notre opposition à la
procédure qui avait été soumise de surseoir à
l'examen de ces articles était basée sur le fait qu'il y avait
implication linguistique dans ces articles, nous étions en droit
d'inférer des propos du ministre qu'il apporterait par ces amendements
des modifications qui toucheraient aux questions linguistiques ou
religieuses.
M. CARDINAL: Est-ce que le ministre...
M. SAINT-PIERRE: Le député de Chicoutimi me permettra de
dire je m'excuse qu'on m'a posé la question: Y aura-t-il
des amendements subséquents aux articles 586 ou 587? A cette question
précise, j'ai répondu: Oui, il y a des amendements dont,
actuellement, nous sommes à rédiger le texte définitif. Il
m'a demandé: Quel sera le contenu de ces amendements? Je n'ai pas voulu
répondre à la question en disant: En temps opportun, d'ici quatre
jours, le gouvernement présentera cet article.
Un peu plus tard et on pourrait le retrouver dans le journal des
Débats le député de Maisonneuve m'a posé la
question: "Vous aurez un amendement à l'article 587? " J'ai
répondu: "Non, ce n'est pas à l'article 587, c'est à
l'article 586 où il y aura un amendement." Hier, je pense, pour la
première fois, on a soumis aux membres de cette Chambre un amendement
important à l'article 586. Mais rien dans mes remarques n'impliquait que
cet amendement touchait la question linguistique. L'amendement est très
important. Il touche la dissidence religieuse. Il y a effectivement un
amendement important à l'article 586 qui n'avait pas été
soumis avant-hier.
M. CARDINAL: Encore une fois, j'aimerais tenter qu'on ne tombe pas dans
une situation où on ne comprend plus. Le ministre a fait une affirmation
tantôt, je suis sûr qu'il l'a faite de bonne foi, mais il a
oublié un détail. Il a dit que, lors des travaux de la commission
parlementaire, il n'y avait pas d'amendement à l'article 587. Il avait
déjà, à ce moment-là, avant le vote en
deuxième lecture, soumis un long amendement à l'article 587. Il y
en avait déjà un.
Je pense que le ministre va accepter de s'être trompé, mais
de bonne foi. Je voulais que ce soit au journal des Débats parce que
cela existait.
Deuxième point. A l'article 586, j'ai bien vu que c'était
un amendement sur la dissidence. Je vais être encore d'accord avec le
ministre qu'il avait déjà annoncé, avant même que
l'on ne parle de l'article 586, au tout début des travaux de la
commission parlementaire à la deuxième lecture même
qu'il y aurait un amendement sur la dissidence.
Troisième point. Le 14 décembre, deuxième
journée de la séance de la commission, nous, de
l'Unité-Québec, contrairement aux deux autres partis, avons
accepté de poursuivre les travaux. Parce que si l'on reprenait tout le
transcript du journal des Débats, on constaterait qu'à un certain
moment l'on ne savait plus si le ministre avait fait une motion précise
pour déférer les articles 586 et 587 en commission ou s'il avait
fait une motion pour réserver ces articles, lui, se réservant le
droit de présenter des amendements avant que les travaux de la
commission ne se terminent, ou s'il se réservait l'alternative
c'est-à-dire le choix pour ces deux positions.
A ce moment-là, mon collègue et moi, à la suite de
l'attitude, particulièrement du Parti québécois, par des
interventions du député de Maisonneuve il n'est pas
là, alors je ne l'attaquerai pas, même si, ce jour-là, il
était particulièrement agressif à mon égard
avons cru de bonne foi qu'à l'article 586 il y aurait un amendement
majeur il y a un amendement majeur mais qui porterait sur des
questions linguistiques. Nous avons cru cela, je tiens à le
rappeler.
Je voudrais en terminant vous dire autre chose. Hier soir, M. le
Président, vous qui avez manifesté énormément de
patience et d'impartialité, je me permets de vous en féliciter
publiquement à cette assemblée, avez pu constater qu'en aucun
moment et là, le transcript le donne je ne suis intervenu,
parce que j'avais dit ce que j'avais à dire sur l'article 583. J'avais
fait caveat au ministre. Je lui avais dit dans quelle situation il
s'était placé, et je l'avais prévenu de ce qui arriverait
par la suite. C'est arrivé, non pas parce que je suis prophète,
mais parce que, peut-être, ayant été un peu plus longtemps
dans cette Assemblée l'instinct m'a appris ce qui arrivait quand on se
plaçait soi-même dans certaines situations.
Je n'ai pas l'intention aujourd'hui, par con-quent, de recommencer un
long débat sur l'article 583. Je pense qu'on a atteint ce que l'on
appelle dans le milieu des affaires le "break-even point", en français,
le point de
saturation. Cela devient ridicule. La population nous jugera. Ce n'est
pas la place ici pour faire des spectacles, pour en attirer d'autres à
l'extérieur, ou où que ce soit. Ici, je ne nomme personne. Je
n'attaque personne. Mais, j'ose espérer qu'il n'y aura pas de tactique
où on entendra le même disque se dérouler sans cesse, comme
ces appareils qu'on place au bout d'un appareil téléphonique
où l'on peut entendre de ce temps-ci, c'est de circonstance, la voix du
Père Noël ou tout autre chose, ça s'appelle des machines
"Ansonic", si l'on veut que je fasse une réclame. Par conséquent,
qu'on ne change pas les mots de place pour revenir toujours, toujours, toujours
sur la même ritournelle.
Je le dis au nom de mon parti: C'est notre attitude. Notre intention est
d'étudier le projet de loi no 28.
Si les partis en cause croient qu'il doit être adopté parce
qu'il est important, il faut qu'ils participent. S'il y a un parti dans cette
Chambre qui croit qu'il ne doit pas être adopté et qui a
déjà voté contre, qu'il vote contre les amendements ou
qu'il les accepte sur division, mais qu'on ne recommence pas le débat de
deuxième lecture à l'occasion de chaque alinéa de chaque
article.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, hier à l'ajournement, nous en
étions à la langue du travail au sein de ces commissions
scolaires. J'ai présenté des amendements qui ont
été déclarés irrecevables, mais il reste, M. le
Président, que le problème de cette langue de communication au
sein de la commission scolaire n'a pas été réglé et
que le ministre ne nous a pas présenté de solution.
Le problème est tellement technique, tellement précis et
tellement concret que je vais donner au ministre un exemple qui vient de son
propre ministère. Cela s'appelle, M. le Président, le
Comité de coordination des bibliothèques universitaires du
Québec. C'est un comité qui existe depuis quelques années
et qui relève de la Conférence des recteurs et des principaux des
universités du Québec.
Etant donné que cela relève des recteurs et des principaux
des universités, il n'est pas étonnant, évidemment, qu'on
retrouve dans ce comité des représentants de chacune des
universités du Québec. En fait, dans ce comité, il y a
douze membres qui représentent les diverses unités, McGill, Sir
George, Bishop, Laval, Montréal, Sherbrooke, un représentant de
la Bibliothèque nationale et un représentant des diverses
constituantes de l'Université du Québec.
Il y a trois anglophones et neuf francophones dans ce comité.
Cette année, par hasard, la présidente est de langue anglaise.
Elle est bilingue, mais elle est de langue anglaise. Elle s'exprime toujours en
anglais aux séances de la commission ainsi que les deux autres qui, eux,
sont unilingues. Et la secrétaire est anglaise. Vous voyez d'un
côté trois membres qui sont anglophones, dont deux unilingues et
de l'autre, neuf francophones. Et pourtant, M. le Président, les
procès-verbaux de ce comité de coordination sont faits en
anglais, uniquement, et je peux en faire parvenir des photostats au ministre de
l'Education.
Cela montre à quels obstacles, à quelles embûches on
s'expose quand on ne veut pas définir la langue de travail au sein des
commissions scolaires ou d'un groupe qui lui ressemble. La situation que je
décris là peut parfaitement se présenter au sein des
commissions scolaires dont on parle.
On sait très bien que les anglophones étant pour la plus
grande partie unilingues, et à cause de nos longues habitudes de
colonisés qui font que, pour se faire comprendre, on parle toujours la
langue de la minorité la plus riche. Ce qui arrive, c'est que même
nos francophones s'expriment en anglais pour se faire comprendre, et l'habitude
une fois prise, le pli une fois pris, ils continuent de se parler anglais entre
eux, même quand il ne s'agit plus de dialoguer avec des gens de l'autre
côté. C'est ça l'obstacle que je veux éviter...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question sur ce point?
M. LAURIN: Oui, bien sûr!
M. SAINT-PIERRE: Le député a sûrement de très
bonnes sources pour nous donner des renseignements sur les activités
d'un groupe qui, je le répète, ne relève nullement du
gouvernement ni...
M. LAURIN: Je le relevais à titre d'exemple.
M. SAINT-PIERRE: Je comprends qu'il y a une analogie, je le comprends.
Vous avez de bons renseignements d'un groupe qui ne relève nullement du
ministère de l'Education, qui ne relève nullement de
l'Assemblée nationale. C'est un groupe privé, c'est une
association comme toute autre association qu'on peut retrouver ici et là
de Québécois qui décident de se rencontrer. C'est la
conférence des recteurs. Elle a un nom qui peut porter à
confusion, mais c'est un groupe privé, un groupe de pression comme
d'autres. Est-ce que ce n'est pas les gens qui ont justement donné ces
information au député et qui sont à un certain poste, soit
à l'université Laval, à l'Université de
Montréal ou à l'Université du Québec qui, dans ce
comité privé, devraient soulever le problème et tenter de
le faire corriger?
Je m'excuse, M. le Président, si je déborde le corridor,
vous me rappellerez à l'ordre, mais on revient constamment à ce
point de la politique linguistique. Je vais vous dire de nouveau qu'on tente,
par le biais de tous les articles, non pas de déplacer les virgules mais
d'insérer des éléments
d'une politique linguistique dans le projet de loi 28. M. le
Président, d'après l'article 538 de nos règlements, le
gouvernement a l'initiative de proposer à cette Chambre des
législations pour l'ensemble de tous nos problèmes. Il est
évident que le gouvernement ne peut pas mettre de l'avant au même
moment, au même jour, tous les articles, tous les projets de loi qui
toucheraient tous les principes possibles.
Il a décidé, dans le cadre du projet de loi no 28,
d'amener une réforme des structures. Il a décidé de
certains objectifs qui ont été mentionnés en
troisième lecture. Il a décidé de ne pas aborder pour des
raisons que j'ai mentionnées hier temps inopportun, mille autres
raisons, approches sectorielles ce principe qu'on tente
d'insérer.
Si le député veut une politique linguistique, s'il a une
législation à soumettre, qu'il présente un bill de
député suivant les règlements de notre Chambre; nous
l'étudierons en temps et lieu. Mais l'initiative revient au gouvernement
de soumettre à l'étude de cette Chambre un principe ou des
principes contenus dans des législations, de présenter ces
législations suivant les affaires du jour et là l'initiative
revient au gouvernement. Ce que le gouvernement a décidé, je l'ai
mentionné hier, c'est, dans le cadre du projet de loi no 28, s'attaquer
à un problème de restructuration scolaire et non à
d'autres problèmes, politique scientifique, politique d'achat, politique
linguistique ou autres.
Il semble qu'autrement on risque d'être constamment en dehors de
notre règlement dans l'étude du projet de loi no 28 et de faire
perdre un temps précieux à cette Chambre.
M. LAURIN: M. le Président, ce n'est pas du tout le
règlement d'une politique linguistique que je demande. Je ne demande pas
du tout au ministre d'établir une politique linguistique.
M. LESSARD: Est-ce que le député de Saint-Jean a lu le
Devoir?
M. LAURIN: Il s'agit tout simplement...
M. CARDINAL: A l'ordre! Ce n'est pas le député de Bourget
que j'attaque. Si on reprend des débats comme hier, dans une foire comme
à certains moments, je considère de mon honneur de ne plus
participer à ces débats.
M. LAURIN: M. le Président, je demande simplement, M. le
Président, que l'on règle un problème pratique,
précis, concret, que l'article 301 que nous citait le ministre hier ne
règle pas justement parce qu'on crée un système nouveau.
Je lui demande d'apporter des précisions à cet article 301. Pour
mieux me faire comprendre je parle d'un exemple tiré d'un domaine qui,
bien sûr, ne relève pas de l'Assemblée nationale, mais qui
montre les dangers, les embûches, les obstacles auxquels on s'expose, si
on veut continuer à jouer la politique de l'autruche et si on veut,
comme le ministre l'a tenté dans son intervention, de noyer le poisson.
Même si M. le ministre disait toutes ces choses-là, le
problème va continuer d'exister, parce que rien n'a la tête plus
dure que les faits, et les faits sont là. Me référant
à l'exemple que je viens d'énoncer, on peut dire que dans
n'importe quelle commission scolaire ce serait la même chose, parce que
ça se réfère à des habitudes, à des
mentalités qui font partie de notre être collectif et qui
reflètent justement une absence de politique, une absence de
législation, une absence de réglementation. Tant qu'on ne fera
pas les gestes qui s'imposent au plan de la législation et au plan de la
réglementation, on va continuer à avoir ces mêmes
situations qui sont une véritable honte pour notre être collectif
et qui en plus briment les droits des commissaires qui seront unilingues. On
l'a rappelé hier. C'est tout à fait possible qu'on élise
dans ces commissions scolaires des unilingues, soit français, soit
anglais. Et on n'a pas le droit de demander à ceux qui vont les
élire de s'enquérir si les commissaires qui vont être
élus seront bilingues, s'ils vont être capables de se comprendre,
de comprendre les deux langues du pays.
Le ministre nous a dit que son règlement no 6 va produire des
effets peut-être dans deux ou trois ans. Mais on sait très bien
que ça prend beaucoup, beaucoup de temps avant qu'un règlement
qui est institué pour l'école produise ses effets dans les
générations qui viennent. Je ne pense pas que le ministre
était sérieux quand il nous a dit qu'il entendait régler
le problème qu'on a soulevé hier, grâce à un
règlement qui s'applique aux étudiants et dont les effets ne
seront sentis que dans les années à venir.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, nous insistons
pour que le ministre nous donne des réponses meilleures que celles qu'il
nous a données jusqu'ici pour régler ce
problème-là, car autrement ce serait une négation des
droits des électeurs, d'abord, qui vont élire des commissaires et
qui ne pourront pas leur demander l'appartenance linguistique et leurs
qualifications en bilinguisme. Deuxièmement, ça va être une
injustice également pour les commissaires élus dont les uns
peuvent parfaitement être unilingues français, les autres peuvent
être parfaitement unilingues anglais et on ne prévoit pour eux
absolument rien qui leur permette de se comprendre.
Qu'est-ce qui va arriver si un commissaire unilingue français ne
comprend pas ce que dit l'autre commissaire unilingue anglais? Qu'est-ce qui va
arriver si on est obligé de faire des procès-verbaux seulement
dans une langue alors que les commissaires ne comprennent rien? C'est un
problème concret ça. C'est un problème très
précis. Le ministre ne nous a apporté aucune réponse.
Surtout quand on sait que son règlement l'article actuel
de la Loi de l'instruction publique ne répond plus à la
situation,
puisque précisément, on va créer un autre
système, une structure où on va mettre ensemble les commissaires,
alors qu'auparavant on mettait ensemble les commissaires de langue anglaise, on
mettait ensemble les commissaires de langue française. Même si le
député de Bagot n'a pas voulu faire de personnalité, je
voudrais lui rappeler que mon opposition à cet article de loi pour les
raisons que je mentionne, n'a absolument rien à voir avec aucune
tentative d'obstruction systématique ou de "filibuster". C'est
simplement ma conviction que j'exprime et je ne tolérerai sûrement
pas, M. le Président, qu'on m'attaque sur ce point, car toutes les
interventions que j'ai faites ont toujours été marquées au
point de ce souci de régler les problèmes réels. Or, c'est
un problème réel auquel on n'a pas apporté de solution
jusqu'ici.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que je pourrais
poser une question au ministre? Il semble acquis les jugements du
président sont là et en font foi que l'on ne pourra rien
greffer, c'est-à-dire aucun amendement touchant les problèmes
linguistiques au projet de loi actuel. C'est ce que le ministre m'a dit hier
soir. Mais, est-ce que le ministre pourrait, en attendant que son gouvernement
se décide à nous présenter un projet de loi sur le
problème de la langue à l'école et non partout, et si on
me permet cet anglicisme, privilégier la langue française et lui
donner un statut prioritaire, est-ce que le ministre a inventorié, enfin
a fait l'examen ou a étudié la possibilité au moins,
étant donné ce problème de communication entre les divers
membres qui vont faire partie de ces organismes, est-ce qu'il ne pourrait pas
étudier la possibilité de procéder au moins, et cela
temporairement, par règlement, règlement qui stipulerait qu'il y
a une langue de communication qui a priorité et qui se trouve favoriser
la majorité? Le député de Bourget vient de le dire,
ça va se poser constamment ce problème-là, le
problème de la communication. On a parlé de priorité du
français etc., et je ne veux même pas retenir pour Tintant la
déclaration qu'a faite le ministre, hier soir, lorsqu'il a dit qu'il n'y
avait pas de langue privilégiée. D'accord, disons que si on
regarde le texte et qu'on l'interprète en stricte rigueur de la
législation, technique législative, etc., c'est vrai que dans le
projet de loi il n'y a rien qui donne quelque privilège que ce soit
à une langue sur l'autre. Mais, est-ce que le ministre a
inventorié toutes ces possibilités de procéder au moins
par règlement et cela de façon temporaire, afin que quand ces
messieurs qui feront partie des corps démocratiquement élus
s'assoient et discutent ensemble et ensuite communiquent par la transmission de
documents, il puisse y avoir une langue qui soit celle de la majorité et
qui rejoigne ainsi les préoccupations et les déclarations d'un
gouvernement qui a dit que le français aurait un statut prioritaire au
Québec? Est-ce que le ministre peut me répondre à cette
question?
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je pense qu'hier, le premier
ministre a quand même donné amplement d'éléments
d'une politique qui est la détermination du gouvernement, avant la fin
de son mandat, de se pencher sur ce problème.
Si on regarde les faits, M. le Président, il n'y a aucune
législation qui parle de la langue de communication, mais dans les faits
hier, j'ai essayé réellement de convaincre le
député de Bourget que dans nombre d'institutions reliées
au monde de l'éducation, effectivement la langue de travail est le
français. La langue de travail est prioritaire et
privilégiée dans les faits. J'ai parlé du ministère
de l'Education, j'ai parlé du Conseil supérieur de l'Education,
j'ai parlé du Conseil des universités, j'ai parlé d'une
foule d'organismes où nous avons des représentants anglophones et
où, dans les faits, il n'y a aucun problème.
M. le Président, je prends un autre exemple. Nous avons je
l'ai mentionné des commissions scolaires dites catholiques qui
ont une population anglophone et qui ont une population francophone. Prenons
l'exemple de la CECM. Dans la législation, il n'y a absolument rien;
dans les faits, c'est évident que le français est
privilégié, c'est évident qu'à la CECM toutes les
résolutions, les procès-verbaux sont en français de par la
décision des commissaires et qu'une traduction est donnée sur
demande.
Plus que ça, M. le Président, je suis au ministère
depuis 18 mois et je peux peut-être demander à mon
prédécesseur, le député de Bagot, s'il pourrait
à son expérience me confirmer ceci: au ministère, je
reçois à peu près 250 à 300 lettres par jour de
citoyens ou de groupes. Jamais, dans 18 mois, je n'ai reçu une lettre
d'un seul francophone qui se soit plaint d'avoir été brimé
dans ses droits vis-à-vis des instances décentralisées des
commissions scolaires. Jamais, dans 18 mois, au rythme de 300 lettres par jour,
il n'y a une personne qui se soit plainte que la situation actuelle lui
enlevait un droit. Est-ce que ce n'est pas convaincant que le problème
n'existe que dans la tête de ceux qui veulent bien le soulever?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, ayant été
impliqué, le ministre me permettra d'ajouter mon grain de sel. Je dirai
deux choses. Il est exact que je n'ai jamais reçu de telles lettres et
que je recevais, moi aussi, de 200 à 300 lettres par jour. Il est exact,
d'autre part, que j'avais adopté deux réglementations sans
législation. L'une concernait l'usage du drapeau fleurdelisé sur
toutes les écoles, qu'elles soient de langue anglaise ou de langue
française. Cela a été difficile à implanter et j'ai
reçu des lettres de protestation en anglais. La deuxième
réglementation je pense que le ministre l'a conservée avec
des modalités j'avais établi que le ministre et tous ses
fonctionnaires dans le Québec
répondaient toujours en français, quelle que soit la
langue utilisée par celui qui écrivait. Il avait le droit
d'écrire dans sa langue. Quand j'écrivais en Ontario,
j'écrivais en anglais et M. Davis était assez poli pour me
répondre en français. Je donne ces deux faits.
M. SAINT-PIERRE : La pratique a continué, M. le Président,
et ça prouve, il me semble, que pour une fois, comme Latins, nous
devrions imiter les Anglo-Saxons. Ce que l'ancien ministre de l'Education a
soulevé, ce n'était pas écrit dans une loi. Il ne faut pas
faire perdre le temps de la Chambre pour faire inscrire ça dans un
article de la loi. C'est dans les faits que les coutumes s'inscrivent et
qu'elles ont beaucoup plus de portée.
M. le Président, j'aimerais parce que le
député de Bourget m'y a invité soulever un
deuxième point pour vous montrer la faiblesse de l'attitude de gens qui
veulent soulever ces problèmes et qui nous arrivent même avec un
amendement très précis. Tous les membres de cette Chambre ont eu
l'occasion à la commission parlementaire d'entendre plus de 75 groupes
qui sont venus présenter des mémoires. Il y a certains groupes,
très minoritaires, qui se sont penchés sur ce problème de
la langue de communication ou même la langue d'enseignement dans les
écoles. Or, que nous ont dit ces groupes? Et là, on pense
à la CECM, à l'Alliance, à la FTQ, à Reggie
Chartrand et son Front de défense de la langue française, au
Front commun pour la démocratisation des cadres. De tous ces groupes, M.
le Président, qui venaient supposément parler au nom de 300,000
travailleurs, de 100,000 personnes et d'un million de francophones, aucun ne
s'entendait exactement sur ce point précis de la politique linguistique.
Il y en a qui ne voulaient pas d'écoles anglaises, d'autres qui
voulaient des mesures entre les deux, d'autres voulaient... On a eu toute une
gamme de suggestions et le député de Chicoutimi a engagé
des débats fort intéressants sur celles-ci, pour
réellement aller dans le concret des choses, pour savoir ce que
ça voulait dire assurer la suprématie de la langue
française.
Ces huit ou neuf groupes viennent devant la commission parlementaire,
ont des points de vue différents, ont des modifications
différentes. Dans l'espace de dix jours, alors que le président
du Parti québécois dit: On est tout mêlé sur le bill
28, tous ces groupes qui sont censés représenter un point de vue
et retourner à la base pour avoir des mandats pour parler au nom de ces
gens, oublient toutes leurs recommandations passées et nous arrivent
avec un amendement qui jamais n'avait été présenté
à la commission parlementaire. Voulez-vous dire que les travailleurs ont
été consultés? Voulez-vous dire que tous les groupes que
ces gens sont censés représenter, la Saint-Jean-Baptiste et tout
ça, ont été représentés? Jamais, M. le
Président. Les colonels syndicaux ont parlé et les colonels
d'associations ont parlé et je dis que c'est dans leur tête que le
problème existe. Le gouvernement s'y attaquera en temps opportun mais
pas dans le cadre de l'étude du projet de loi no 28, à moins
et c'est bien intéressant, M. le Président qu'on
ait des divisions profondes. Et on l'a vu, le député de Gouin l'a
admis, en matière économique, il n'y a pas de politique dans ce
parti, vous l'avez admis vous-même. Il a donné ses opinions
personnelles.
M. JORON: M. le Président, je soulève une question de
privilège.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes dans une période de
réflexion en matière économique. A moins, M. le
Président, que le seul point commun dans le parti qui tente de faire le
filibuster dans le moment soit la langue et qu'on ait dit: Vite, il faut
attraper un amendement de la langue pour rallier les forces et motiver les
troupes parce qu'on est en train de perdre des joueurs à gauche et
à droite. C'est ça, M. le Président, la position de ce
parti.
M. JORON: M. le Président, en vertu de l'article 270, je voudrais
rétablir les faits.
Le ministre de l'Education vient de dire que le député de
Gouin avait avoué, hier, qu'il y avait dissension au sein de son parti,
en matière économique...
M. SAINT-PIERRE: J'ai dit que vous n'aviez pas de politique
économique.
M. JORON: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit...
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai pas dit qu'il y avait dissension.
M. JORON: M. le Président, je suis obligé, à ce
moment-ci, de rappeler au ministre de l'Education ce que j'ai dit. J'ai dit que
le programme économique actuel du PQ, qui avait été fait,
en gros, il y a quatre ans et qui avait été fait dans le contexte
des besoins du Québec et de la situation précise en 1967, ne nous
satisfaisait plus aujourd'hui et que nous étions, tous ensemble,
à la recherche...
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez plus de programme.
M. JORON: ... de la formulation de solutions qui répondent aux
problèmes de 1971. Nous n'avons pas peur d'évoluer, nous, quand
c'est le temps.
UNE VOIX: Article 583, adopté?
M. LE PRESIDENT: ... au règlement...
M. CHARRON: M. le Président, dans la dernière charge du
ministre de l'Education, il y
avait beaucoup plus de poussière qu'autre chose. Finalement, je
savais qu'un jour ou l'autre les efforts répétés des
partis de l'Opposition et, en particulier, du Parti québécois
pour atteindre les problèmes de fond à travers le projet de loi
qui se refuse à les aborder soulèveraient toute la cavalcade
d'injures et de démagogie à laquelle vient de se livrer le
colonel de l'Education, pour le moment.
M. le Président, il reste quand même que nous nous
refuserons constamment à nous asseoir tant que ces problèmes ne
seront pas réglés. Je vous répète, à vous
qui écoutez nos débats avec beaucoup de souplesse depuis hier,
notre motivation fondamentale. Quand on nous dit que cette loi ne
possède ou ne concerne aucune politique linguistique, je dis que c'est
faux. Le fait qu'elle ne le mentionne pas explicitement équivaut, au
fond, à maintenir, plus que cela, à établir un
système bilingue sur l'île de Montréal. Vous avez eu
l'occasion, hier, à plusieurs reprises, devant des amendements
présentés par les partis de l'Opposition, de vous prononcer. Je
vous rappelle seulement les arguments que les ministériels nerveux ont
invoqués à ce moment-là contre la recevabilité de
nos amendements en disant que tout effort pour donner un caractère
prioritaire, quel qu'il soit, à la langue française, la langue de
la majorité sur l'île de Montréal, équivalait
à une attaque au principe du bill. Ce qui voudrait dire que parmi les
principes du bill, il y avait le fait que lorsque les membres de cette Chambre
se sont prononcés sur la deuxième lecture du projet de loi no 28,
il y avait le fait qu'on acceptait, au fond, un district bilingue.
M. le Président, au nom de mon parti et avec les six autres
députés de mon parti, nous avons voté pour le projet de
loi no 28, mais jamais, jamais nous ne pensions qu'en même temps nous
acceptions comme impossible de revenir à quelque occasion que ce soit,
au fait que nous adoptions un district bilingue à Montréal. J'ai
toujours considéré, même au moment où je donnais mon
adhésion en principe au projet de loi no 28, celui de l'unification des
commissions scolaires, principe sur lequel je serai toujours d'accord, que
jamais je ne pensais que le fait d'accepter ce principe équivalait ad
vitam aeter-nam à accepter le district bilingue sur l'île de
Montréal.
Je considère, moi, que l'article 301 de la Loi de l'instruction
publique qui s'appliquera sur l'île de Montréal n'est pas inclus
dans le principe du bill, mais qu'il en est une modalité. Nous
n'accepterons pas toutes les tergiversations que pourra prendre l'équipe
ministérielle pour éviter ces débats de fond. Le projet de
loi compte à peu près dix articles de ce genre où il est
possible de soulever ces questions et nous en sommes au premier. A chacun des
dix, nous allons démontrer la même énergie que nous
démontrons sur l'article 583.
Les exemples que le ministre a donnés pour réfuter les
arguments ont été partiellement repris par le
député de Gouin, hier soir. J'ai dit que les exemples du ministre
ne sont pas des corps électifs. L'exemple du ministre, à savoir
comment cela se passe à la Direction générale de la
planification de son ministère, pour montrer que l'anglophone qui est
là parle français lors des réunions, n'est pas un exemple
qui puisse se rattacher à l'exemple des commissions scolaires de
Montréal.
M. SAINT-PIERRE: La CECM. Parlez-vous des commissions scolaires?
M. CHARRON: La CECM, ce n'est pas un corps électif non plus.
Est-ce qu'il faut que je le rappelle au ministre de l'Education? Comment ils
sont choisis, les sept commissaires? Qu'est-ce que vous venez faire avec votre
projet de loi? Vous changez la structure de la CECM justement parce qu'elle
n'est pas élective. Tous les exemples que vous avez donnés
concernent des gens nommés par le gouvernement. Vous avez le loisir
d'aller chercher des gens bilingues, si vous le voulez. Mais là, ce
n'est plus pareil. Est-ce que je dois expliquer ce que le ministre instaure
dans le projet de loi no 28? Il instaure de sept à onze commissions
scolaires où les commissaires seront élus au suffrage
universel...
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes pour cela!
M. CHARRON: ... pour la première fois. Aucun des exemples que
vous avez donnés hier au sujet de la langue de communication des corps
que vous avez mentionnés ne concernait des corps électifs.
Voilà la nouvelle obligation. Le commissaire élu dans le quartier
no 7 de la commission scolaire no 8 pourra, s'il le veut, être unilingue
anglais et vous n'aurez rien à faire contrairement à ce que vous
pouvez avoir à faire avec les commissaires de la CECM. Voilà la
différence.
J'ai posé une question hier soir, appuyé par mon
collègue de Saguenay, à laquelle vous n'avez jamais
répondu autrement que de revenir sur le programme économique de
notre parti ou sur n'importe quoi d'autre.
M. SAINT-PIERRE: Je ne peux pas revenir là-dessus, vous n'en avez
pas.
M. CHARRON: Je viens vous dire que comme citoyen montréalais,
membre de la commission scolaire no 1 où il se trouvera cinq
commissaires anglophones sur quinze, à peu près, où il
risque de se retrouver dans la même proportion trois unilingues
anglophones, quels sont mes droits, à moi, à la commission
scolaire no 1 d'entendre les délibérations de la commission
scolaire dans ma langue et de recevoir les avis officiels de ma commission
scolaire dans ma langue, prioritairement? Quels sont mes droits? Ils ne sont
pas protégés à l'intérieur de ça.
M. SAINT-PIERRE: Je vais vous répondre à la question.
M. CHARRON: Vous instaurez le bilinguisme, comme c'est là.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, il y a aux
inquiétudes et aux appréhensions qui ne sont pas
partagées par la population puisque nous avons des faits du
député de Saint-Jacques une solution très facile. Il y a
des gens hier qui, à la blague, disaient: On a l'impression que
l'establishment anglophone de Montréal a soudoyé les gens du
Parti québécois pour bloquer le projet de loi no 28. C'est vrai
et c'est là que l'on voit de ces mariages un peu curieux parce que
dans...
M. CHARRON: Il est en train de clouer le cercueil du Parti
libéral!
M. SAINT-PIERRE: ... les appréhensions du député de
Saint-Jacques...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-il en train de démolir son
bureau?
M. SAINT-PIERRE: Non, c'est vous les moments d'aberration; il semble
que, sur le vote de deuxième lecture, vous en avez eu un deuxième
et vous ne saviez pas pourquoi vous votiez. Mais je vais vous donner la
réponse à votre question.
M. LESSARD: Le ministre n'a pas l'air de le savoir non plus.
M. SAINT-PIERRE: Il y a une solution, M. le Président, au
problème du député de Saint-Jacques. Dans l'île de
Montréal, il y a un million d'anglophones qui sont, peut-être,
unilingues. Il semble y avoir une forte partie unilingue. H y a des unilingues
francophones. Il y a un élément de solution. Cela nous a
été donné dans des mémoires, des lettres et je ne
sais pas quoi, par qui? Par le Protestant School Board of Greater Montreal, qui
nous a demandé quoi? Des commissions scolaires linguistiques, les
Français d'un sens et les Anglais d'un autre. Tout le monde va
s'entendre! Je pense que le député de D'Arcy- McGee nous a
donné un témoignage éloquent à l'effet que lui a
foi qu'en 1971 la majorité des Québécois
préfèrent être alentour de la même table et, à
l'occasion, d'être obligés de demander à un autre: S'il
vous plaît, répétez ce que vous venez de dire. Je n'ai pas
saisi. Ce serait régler réellement les problèmes
plutôt que de se mettre dans des maisons séparées et de
retourner dans des ghettos. C'est la même affaire pour les gens du CEGEP
du Hull. Lorsqu'on tente d'intégrer les anglophones, on nous en fait le
reproche. Au contraire, on voudrait qu'on forme des ghettos. Le principe du
projet de loi no 28, c'est qu'en 1971 il est possible de s'asseoir alentour de
la même table. Il est possible que la majorité ne sera pas
brimée. Il est possible de mettre fin aux injustices que le
député de Saint-Jacques a décriées, et nous
pourrions reprendre son texte. Le gouvernement veut mettre fin à
ça mais on ne veut pas tenter, avec le projet de loi no 28, d'en faire
une panacée à tous nos problèmes. On veut régler un
problème réel qui va être un avantage marqué pour la
majorité francophone de l'île de Montréal, qui va permettre
la participation des parents , qui va nous donner des structures
administratives modernes, qui va nous apporter un système de financement
et qui va venir en aide aux secteurs défavorisés. Et pour faire
ça et pour réaliser ces objectifs, il faut cesser l'obstruction
systématique qu'on a eue et adopter le projet de loi. Autrement, c'est
revenir aux structures linguistiques que nous ont soumises le Protestant School
Board of Greater Montreal. L'alliance, dans le sens que vous soulevez, c'est
entre le Parti québécois et le Protestant School Board of Greater
Montreal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, sur l'article 583, nous sommes
devant un débat. Il se continue ce matin.
Il a duré toute la soirée d'hier, et il n'est même
pas terminé. Je ne peux pas prévoir quand il se terminera.
Le débat que vous avez ici, sur le point que j'ai soulevé
hier soir, au début de la soirée, démontre très
bien dans quelle situation le gouvernement se place dans le contexte où
nous nous trouvons au Québec et plus particulièrement dans la
région de Montréal.
Je n'ai pas inventé ce contexte, je n'en suis pas le responsable,
mais, c'est un fait, ce contexte existe et le gouvernement n'a pas le droit de
l'ignorer. Qu'on se rappelle que le Ralliement créditiste a
été le seul parti à voter contre le projet de loi 28 en
deuxième lecture, pour des raisons que j'ai mentionnées et que
mes collègues ont mentionnées lors de la discussion en
deuxième lecture.
Nous l'avons dit et nous le répétons, la question
linguistique dans le bill 28 est loin d'être réglée, elle
l'aggrave. On voit déjà la contestation poindre. C'est rien, ce
que vous avez à la Chambre, au prix de ce que vous verrez dans six mois,
dans un an ou dans deux ans quand vous le mettrez en application. Pourquoi?
Parce qu'on n'est pas préparé. On parle énormément
d'injustice sur le plan linguistique. Je pourrais ajouter qu'il va y en avoir
autant sur le plan confessionnel. Qu'on se rappelle notre histoire, les
Canadiens français, depuis 1760, tous les combats que nous avons
livrés et qui ont été menés par ceux qui nous ont
précédés. Qu'on relise notre histoire pour regarder ce qui
s'est passé. Aujourd'hui, on est en train de légaliser une
situation qui va nous reporter 200 ans en arrière. Il faudra dans dix
ans repartir à zéro et sur le plan confessionnel et sur le plan
linguistique.
Nous l'avons dit, et nous le répétons...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député de Beauce me
permettrait une remarque? Il ne faudrait quand même on a
souligné tantôt ma souplesse, j'en suis flatté pas
que ma souplesse devienne de la faiblesse.
Je suis toujours inspiré par un seul désir, celui
d'appliquer le règlement en protégeant les droits et
prérogatives de chaque membre de ce comité. La règle de la
pertinence du débat demeure un impératif auquel doivent se
soumettre les membres du comité et que le président doit faire
respecter.
Actuellement, jusqu'ici ce matin, je pense qu'on a respecté cette
règle de la pertinence en parlant de la langue d'administration. Mon
interprétation du règlement me laisse croire qu'à
l'article 583, on peut parler de ce problème-là. Mais je ne pense
pas que l'on puisse reprendre tout le débat de principe, tout le
débat de deuxième lecture en parlant de confessionnalité,
en parlant de la langue d'une façon générale, en parlant
des problèmes linguistiques d'une façon
générale.
J'invite de nouveau je pense que je l'avais déjà
fait hier soir l'honorable député de Beauce à
restreindre la portée de ses propos au problème de la langue,
s'il veut aborder cette question linguistique, à restreindre le champ
à la langue d'administration, à la langue utilisée au sein
de ces organismes que seront les commissions scolaires. Je ne peux pas lui
permettre de parler de tout autre problème, tel celui de la
confessionnalité.
M. ROY (Beauce): Si on se rappelle les amendements que nous avons
proposés sur l'article 583, nous avions parlé de majorité
confessionnelle, nous avions parlé de minorité
confessionnelle.
M. LE PRESIDENT: Justement, vos amendements ont été
déclarés irrecevables. Vous ne pouvez pas faire indirectement ce
que l'on vous a interdit de faire directement. Si vos amendements ont
été déclarés irrecevables par la force des choses,
en corollaire, je ne peux maintenant pas ce matin vous permettre de discuter de
la substance de ces amendements qui ont déjà été
déclarés irrecevables.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je vous remercie. Je voulais
tout simplement faire un parallèle pour illustrer qu'il n'y a pas
seulement la question de la langue à l'article 583. C'est ce que je
voulais dire. Il n'y a pas seulement que ce problème et le gouvernement
le sait, mais on ne veut pas évidemment en discuter, on ne veut pas
l'envisager.
Je n'ai pas l'intention de répéter ce que j'ai dit en
deuxième lecture. Je n'ai pas l'intention de répéter ce
que j'ai dit hier. Je maintiens et nous maintenons que la
commission scolaire unifiée et la façon dont chaque commission
scolaire sera composée tel que proposé par le bill 28
c'est peut-être très beau en théorie mais
l'application pratique en est impensable. Je pense que le débat que nous
avons eu hier soir et le débat que nous avons ce matin et qui se
continuera probablement cet après-midi, vous démontrent
très bien dans quelle situation le gouvernement se place.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, il semble que la chaleur
des débats est en train de faire monter la température, je vais
donc essayer d'intervenir sans piquer qui que ce soit, surtout pas le ministre
de l'Education. Mais il me permettra quand même de dire que je suis
surpris de voir qu'il met en doute que ceux qui ont voté en faveur de la
loi qui concerne la restructuration scolaire de Montréal s'associent
avec les extrémistes qui ne veulent pas cette structure unifiée
à Montréal, tout simplement parce qu'ils engagent un débat
concernant la langue de travail des commissaires d'écoles.
Je pense qu'il admettra qu'il y a là un certain sophisme que je
lui pardonne, étant donné la longueur des débats et la
fatigue inhérente aux réponses qu'il a à nous fournir.
Mais je ne peux pas accepter non plus la théorie qui semble être
la sienne, ce matin, que j'appellerais une théorie tout à fait
libérale, mais du siècle dernier, celle du laisser-faire.
Il nous laisse entendre à plusieurs reprises que les
problèmes qui existent, s'il y en existe, ne sont que dans la tête
des députés et qu'il n'y a pas lieu de passer ni
réglementation ni législation tant et aussi longtemps d'une part,
que les problèmes ne seraient pas prouvés et même
là, ce n'est pas certain que c'est par législation ou par
règlement qu'on aménage les relations entre les
collectivités et les humains.
Je suis surpris, parce que si telle est la théorie, il vient de
nier la réalité même du Parlement dont le rôle
premier est, par la législation et par les règlements que le
gouvernement peut décréter, justement d'organiser des relations
entre des individus dans un territoire donné ou entre des
collectivités.
Or, s'il est prouvé qu'il y a un problème concernant la
langue de travail, le ministre voudra bien admettre qu'il devra adopter ou une
loi ou un règlement, mais non pas prétendre que de laisser faire
les collectivités ou de laisser faire les individus, c'est la meilleure
théorie pour en arriver à un monde meilleur. Je ne pense pas que
ce soit nécessairement là le rôle du Parlement.
Existe-t-il un problème en fonction de la loi qui nous est
présentée, concernant la langue de travail? Je pense que
l'argument peut être uniquement dans la tête des
députés puisque ce ne peut être autrement que de la
théorie parce que la loi n'est pas appliquée. Il pourrait
peut-être nous répondre que le jour où la loi sera
appliquée, tous les commissaires d'écoles
connaîtront le français, donc il n'y a pas lieu d'amender la loi,
d'ajouter des articles à la loi.
Là, peut-être que ce serait une réponse
théorique à une question théorique. Mais le fait
existe-t-il à Montréal qu'il est possible d'avoir, dans une
commission scolaire, un nombre x de commissaires d'écoles ne connaissant
que la langue anglaise, de sorte que des citoyens francophones ne connaissant
que la langue française dans un quartier donné, ne pourraient pas
avoir les relations normales qu'ils sont en droit de s'attendre comme citoyens
avec une administration publique?
C'est là où est le problème et, d'ailleurs, le
ministre le sait fort bien puisque dans sa loi, 583, il dit: "Chaque commission
scolaire est composée de quinze commissaires élus
conformément aux articles 95 à 183". Il faut donc aller voir les
articles 95 à 183. Or, exactement l'article 95 explique: Que devons-nous
être pour être éligibles au poste de commissaire? Sont
éligibles à la charge de commissaires ou de syndics
d'écoles, les personnes domiciliées dans la municipalité
depuis au moins douze mois donc il faudra être de Montréal
depuis au moins douze mois pour être commissaire d'écoles
sachant lire et écrire, habiles à voter, etc.
M. SAINT-PIERRE: Cela a été changé par le bill
27.
M. MASSE (Montcalm): Alors, qu'est-ce qu'on a changé par rapport
au "sachant lire et écrire"? On n'a quand même pas aboli
l'obligation de savoir lire et écrire pour être au poste de
commissaire.
M. SAINT-PIERRE: Je peux vous le lire, je pense que que ça a
été changé lorsque le député était
absent du Parlement à l'époque.
M. MASSE (Montcalm): Cela peut arriver, oui. Cela arrive,
régulièrement.
M. SAINT-PIERRE: Alors, sous réserve, dernier alinéa de
l'article 65, tout citoyen canadien majeur, domicilié dans la
municipalité scolaire depuis au moins six mois et qui n'est
frappé d'aucune incapacité légale est éligible
à la charge de commissaire ou syndic d'écoles pour n'importe quel
quartier de la municipalité scolaire.
M. MASSE (Montcalm): On a même enlevé savoir lire et
écrire?
M. SAINT-PIERRE: Oui, si d'ailleurs on reprend l'intervention du
député de Saint-Jacques et la vôtre, j'aurais presque
compris un amendement qui aurait exigé que, pour être commissaire,
il faut être bilingue ou avoir une connaissance d'usage du
français. Ce sont des types d'amendements, si vous pensez que c'est
nécessaire... Je ne voudrais pas les suggérer parce que vous avez
une imagination assez fertile.
M. MASSE (Montcalm): Je pense, M. le Président, que le ministre a
parfaitement vu où est l'objet. S'il y a un problème, s'il est
possible que des commissaires unilingues soient en majorité, unilingues
anglais ou unilingues français, là n'est pas le problème
parce que les statistiques révèlent qu'ils sont normalement
bilingues à ce niveau-là.
Mais c'est, au contraire, ceux qui seraient unilingues anglophones qui
priveraient les citoyens de leur droit normal de relation avec la commission
scolaire. Je pense qu'en partant de là le ministre a raison, et
compte tenu de ce qu'il vient de dire, il serait le premier à
l'approuver qu'il y aurait lieu peut-être d'amender l'article 95
encore une fois et de faire en sorte que pour être éligible au
poste de commissaire d'école dans un quartier à Montréal
j'accepterais à la limite uniquement dans un quartier où
la majorité est anglophone il faudrait avoir une connaissance
d'usage du français. Etant donné l'habitude au Québec et
la tradition selon les autres principes mis de l'avant par le ministre,
puisque la législation ne peut pas tout régler la tradition est
fort importante qui, au Québec, fait qu'à un certain
niveau les Canadiens français sont bilingues, ne faisons pas un
amendement trop en profondeur et ne disons que dans les quartiers où la
majorité des gens sont de langue anglaise, pour être
éligible au poste de commissaire, il faut avoir une connaissance d'usage
du français. De la sorte, les citoyens minoritaires Canadiens
français dans ces quartiers pourront au moins avoir l'assurance que le
commissaire d'école pourra leur répondre dans la langue
française.
Voilà, M. le Président, le genre d'amendement que le
ministre pourrait accepter, si jamais on lui prouvait que dans ces quartiers il
peut y avoir un danger, pour des citoyens francophones, de ne pas pouvoir
être en relation avec leur commission scolaire, et si on prouvait au
ministre, également, que la loi ou le règlement a de l'importance
lorsqu'il s'agit d'aménager les relations entre les citoyens et les
autorités publiques.
Je ne crois pas que la théorie du laisser-faire, qui a
été mise de l'avant par le ministre à plusieurs reprises,
soit une théorie valable dans le monde de 1971. Je ne crois pas que le
rôle du Parlement ou du gouvernement est tout simplement de tenir compte
que les gens veulent ou désirent faire telle chose, de le constater puis
de dire: Bon, bien voilà, c'est comme ça que les gens
s'organisent. On n'a pas besoin d'adopter de lois, faisons, disait-il, et je le
mets entre les guillemets, "faisons comme les Anglais". Comme si les Anglais
n'avaient pas de lois, comme si les Anglais n'avaient pas de règlements.
C'est incroyable! Quand à plusieurs reprises on dit que ce Parlement est
un Parlement britannique, je pense que le rôle de notre Parlement est
d'adopter des lois et que le rôle du Parlement britannique est d'adopter
des lois.
Il est assez surprenant que le ministre nous serve de tels arguments ce
matin, à l'effet que
les Anglais n'auraient pas de lois et qu'ils n'auraient pas de
règlements.
S'il y en a un Parlement qui en a adopté, des lois et des
règlements, c'est le Parlement britannique. Il en a adopté pour
toutes sortes de raisons, pour toutes sortes de théories, entre autres
dans les questions concernant l'aménagement des pouvoirs et
l'aménagement des relations entre les citoyens et leur administration
publique.
Je ne comprends pas que le ministre nous serve ce matin des arguments de
cette sorte qui sont je ne dirais pas des sophismes, mais des arguments
surprises. Il peut avoir des raisons profondes pour laisser le jeu tel qu'il
est actuellement, le jeu qui nous amènera à avoir des
commissaires anglophones qui ne pourront pas comprendre les Canadiens
français de leur quartier, mais certainement pas de nous servir les
raisons qu'il nous a données jusqu'à maintenant.
J'espère qu'il réfléchira à cette suggestion
à l'effet que dans les conditions d'éligibilité au poste
de commissaire à Montréal, la connaissance de la langue
française serait peut-être une solution au problème que
nous avons.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD : M. le Président, j'ai tenté hier de faire un
certain parallèle entre les directives qu'avait, semble-t-il,
imposées le gouvernement québécois au niveau de
l'administration, afin de faire en sorte que les communications, à
l'intérieur du gouvernement, se fassent dans la langue
française.
Le ministre nous a dit tout à l'heure, M. le Président,
que le problème de la langue française n'existait que dans nos
esprits. Pourquoi le gouvernement du Québec, puisque ce problème
n'existerait que dans nos esprits, s'est-il senti obligé d'imposer des
directives à l'intérieur de ce même gouvernement, alors que
le problème fondamental, ce n'était pas au niveau des agences
gouvernementales qu'il se posait?
Je comprends, M. le Président, qu'il était facile pour le
gouvernement, à ce moment-là, d'imposer ces directives.
Ç'a ne touchait pas sa minorité anglophone qui l'appuie
constamment. Il avait la possibilité, à l'intérieur des
agences gouvernementales, d'imposer la langue française, et pourtant le
gouvernement Bourassa s'est glorifié passablement d'avoir imposé
ces directives. Est-ce que ça voudrait dire aujourd'hui que ces
directives ne voulaient absolument rien dire? Parce qu'aujourd'hui, le
gouvernement nous dit: Il ne faut rien imposer au niveau de la langue
d'administration, il ne faut pas donner priorité à l'une ou
l'autre langue, parce que, dit-il, il faut attendre les recommandations de la
commission Gendron. Est-ce que le gouvernement actuel a attendu les
recommandations de la commission Gendron pour imposer ces directives? Est-ce
que ce n'était pas là accorder une certaine priorité de la
langue française au niveau des organismes publics? Ce qu'on lui demande,
c'est de faire à peu près la même chose au niveau des
organismes parapublics. Il me semble qu'il y a quand même un certain lien
si le gouvernement a décidé d'imposer des directives, c'est parce
qu'il y avait un problème. Mais surtout, le problème ne se posant
pas au niveau d'abord des organismes gouvernementaux, ce gouvernement frileux,
peureux avait décidé d'essayer de satisfaire la chèvre et
le chou et avait décidé de satisfaire une certaine
clientèle électorale, tout en sachant, M. le Président,
que ça ne changeait absolument rien.
Or, le problème, au niveau des commissions scolaires, il existe,
même si le ministre de l'Education tente de se cacher la tête dans
le sable, pour ne pas voir ce problème. On sait depuis fort longtemps
que ce problème-là existe et qu'il existera tant et aussi
longtemps que ce gouvernement peureux et frileux n'adoptera pas soit des
directives précises, soit une politique linguistique...
M. PAUL : Habillez-vous, les frileux !
M. LESSARD: M. le Président, ce qu'on voit depuis hier soir, est
tout simplement de l'irresponsabilité.
On ne veut pas voir les problèmes parce qu'on a peur, en
apportant des solutions à ces problèmes, de perdre une
clientèle électorale qui est acquise depuis de nombreuses
années.
On nous dit: Nous attendons la commission Gendron. Le Parlement ne peut
pas prendre de décisions en ce qui concerne la langue, il n'y a pas de
problème de langue au Québec. La langue, ce n'est pas grand-chose
pour les Québécois. On légifère, M. le
Président, dans ce Parlement...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député...
M. LESSARD: Voici, M. le Président, la langue de
communication.
M. LE PRESIDENT: Oui, s'il vous plaît.
M. LESSARD: Et la langue d'administration.
M. LE PRESIDENT: C'est peut-être très habile lorsque le
président se lève d'ajouter un mot pour retomber sur ses deux
pieds mais il me faudrait quand même appliquer même poids,
même mesure pour le député de Beauce comme pour le
député de Saguenay. Et je l'inviterais à circonscrire.
M. LESSARD: M. le Président, merci et c'était implicite
dans ma pensée. Il s'agissait toujours de la langue d'administration, de
la langue de communication. M. le Président, pour le gouvernement ce
n'est pas important de légiférer sur la langue d'administration;
ce n'est pas important de légiférer sur la langue de
communication. Mais c'est important, par exemple, de légiférer
sur les poissons, sur les
chevreuils, sur les orignaux. Cela est important, ce sont des biens
collectifs. Il faut protéger les animaux au Québec; ils se
protègent d'ailleurs, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: La langue est un bien collectif qui est à peu
près ce qu'il y a de plus important pour un peuple; c'est le ciment
d'une population, d'un peuple, d'une nation.
M. SAINT-PIERRE: De la façon que vous la faites, vous êtes
en train de diviser un peuple qui devrait justement être capable de
s'unir par la langue. C'est ce que vous faites.
M. LESSARD: M. le Président, on veut tout simplement devenir un
peuple normal, arrêter d'être continuellement des colonisés
et faire en sorte, selon l'une des promesses du gouvernement libéral,
que la langue de travail, la langue d'administration, là où on
travaille aussi, faire en sorte que cette langue soit, comme dans tous les pays
du monde, comme dans toutes les provinces, à part celle de
Québec, la langue de la majorité.
C'est normal. C'est simple. C'est évident. Normalement, il n'y a
pas une minorité au monde qui pourrait nous reprocher cela. Pourquoi le
gouvernement a-t-il peur? C'est parce qu'on veut conserver, protéger des
privilèges. On veut tout simplement et on le sait, dans la région
de Montréal ce qui se produit, on le sait qu'au niveau d'à peu
près toutes les grandes administrations publiques, c'est surtout une
langue qui s'impose, parce qu'elle s'impose, étant donné sa
domination économique, que la langue d'administration dans toutes les
corporations, les organismes économiques, etc., c'est la langue
anglaise, la langue de la domination économique. On sait ça, mais
le ministre ne le sait pas encore.
Ce serait le temps qu'il l'apprenne. Or, nous avons ici des organismes
parapublics, financés en grande partie par les taxes des contribuables
québécois, majorité francophone, et le ministre n'a
même pas le courage, le cran d'imposer exactement comme on l'a fait au
niveau des organismes publics les mêmes petites directives qu'on a
instaurées à l'intérieur des différents
ministères du gouvernement. Tout simplement cela. Mais cela ne faisait
pas de mal à une mouche, cette affaire-là, cette politique ne
faisait pas de mal à une mouche. On savait déjà depuis
fort longtemps qu'au moins au niveau du gouvernement québécois,
il était tout simplement normal que la langue de travail, pas au niveau
de General Motors, au niveau du gouvernement québécois, il
était au moins normal que la langue de travail, que la langue de
communication soit la langue française.
Or, nous avons ici...
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à quatorze
heures trente ou deux heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 14 h 33
M. HARDY (président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs!
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Ce matin, avant la suspension
des travaux de cette Chambre, j'étais en train de souligner au ministre
que l'article 583 était l'un des articles fondamentaux du projet de loi
qui nous est soumis. Pourquoi? Parce qu'on a reconnu, en vertu d'un amendement
du ministre qui a été voté, qu'il devait y avoir, parmi
ces quinze administrateurs nommés au suffrage universel, des
représentants des minorités linguistiques.
Comme on soulevait le problème de ces minorités
linguistiques, il est donc normal, à ce stade-ci de notre discussion,
que nous parlions de la langue des communications. Le ministre, à la
suite des revendications que nous lui avons faites depuis quelques jours, nous
disait que, jamais, depuis dix-neuf mois, il n'avait reçu une
représentation de quiconque à l'effet que les gens avaient
à se plaindre du fait qu'ils ne pouvaient pas s'exprimer dans la langue
de la majorité, soit la langue française. Je comprends cette
situation. Nous sommes tellement habitués à vivre dans
l'anormalité, nous avons tellement la démission facile, y compris
notre gouvernement, nous sommes tellement résignés à cette
situation anormale qui impose à la majorité
québécoise une langue de travail qui est celle de la
minorité, qui nous domine économiquement et même
culturellement.
Ce que nous disons, c'est, tout simplement, que notre gouvernement
devrait être celui, au moins, de la majorité
québécoise, pour autant qu'on ne brime pas je pense que le
Québec la prouvé depuis passablement d'années les
droits ou les privilèges reconnus de la minorité anglophone du
Québec.
Il me semble que ce gouvernement devrait accepter comme légitime,
comme normal, le droit à tous les Québécois francophones,
qui représentent 85 p.c. de la population, de pouvoir parler leur langue
au niveau du travail et au niveau de l'administration.
C'est pour cela, M. le Président, que nous nous battons. Il me
semble que c'est là quelque chose de fondamental, quelque chose de
primordial. Une langue a sa raison d'être en autant que nous puissions
vivre avec elle, en autant que nous puissions nous en servir pour communiquer
et pour travailler, que ce soit au niveau du gouvernement du Québec, que
ce soit au niveau des organismes parapublics comme les commissions
scolaires.
Aujourd'hui, lorsque nous demandons ces choses normales, lorsque nous
demandons au gouvernement du Québec de reconnaître un droit
fondamental de toute majorité, quelle qu'elle soit, qu'elle soit en
Belgique, en Suède, en Finlande...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, une question de
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education sur une question de
règlement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me semble que nous avons
fait preuve de beaucoup de générosité. Mais il me semble
aussi que la chute occasionne une rechute et que le député de
Saguenay est clairement en dehors de la pertinence du débat sur
l'article 583. Je fais appel à votre interprétation de nos
règlements pour le rappeler à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Oui. J'écoute avec beaucoup d'attention le
député de Saguenay qui semble connaître les trucs d'un
vieux parlementaire rusé et qui réussit à nous laisser
croire, du moins à nous laisser l'impression qu'il s'en tient à
la pertinence du débat en disant, de temps à autre, les mots
"langue de travail" et "langue d'administration". Mais, si on analyse la
substance de son propos, on est obligé d'en conclure qu'il
s'éloigne beaucoup de ce champ.
Je demanderais donc à l'honorable député de
Saguenay de bien vouloir, même en ajoutant les mots "langue de travail"
ou "langue d'administration", coopérer avec celui qui doit assumer la
direction des travaux du comité et faire en sorte que la substance de
l'ensemble de son propos, encore une fois, se limite à la question de la
langue au niveau de l'administration des commissions scolaires de l'île
de Montréal, tel que le lui permet l'article 583, mais de ne pas
déborder sur l'ensemble du problème linguistique.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. J'accepte vos remarques
à ce sujet, il est vrai peut-être que j'élargissais quelque
peu quelque peu dis-je le débat, mais j'étais
toujours à dire qu'il était normal que les
Québécois francophones puissent parler leur langue au niveau de
l'administration publique, que ce soit des organismes gouvernementaux ou
parapublics.
Et c'est sur ce sujet que je disais que le gouvernement tente
aujourd'hui tout simplement de se laver les mains. Si nous faisons une lutte,
c'est parce que ce problème n'existe pas seulement au niveau de la
pensée des députés du Parti québécois ou
d'autres députés de cette Chambre, mais, il existe dans la
société québécoise.
C'est justement pourquoi j'ai posé ce matin la question suivante
au ministre: Pourquoi a-t-il fallu au niveau des organismes gouvernementaux
imposer des directives, de telle façon qu'on demandait aux
fonctionnaires du gouvernement de communiquer entre eux en français. Et
je pense que le député de Bagot avait déjà
commencé ce travail au moment où il était ministre de
l'Education, c'est-à-dire qu'on imposait aux représentants
gouvernementaux, aux fonctionnaires de communiquer dans la langue de la
majorité, dans la langue française.
Si on a fait ça sans attendre les recommandations de la
commission Gendron, c'est parce que le problème existait. Mais
cependant, c'est que là comme je le disais ce matin il n'y
avait pas tellement de problèmes pour le gouvernement.
H était facile pour le gouvernement, dans le but de satisfaire
une clientèle électorale, tout en...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Une nouvelle fois, je ne voudrais pas qu'on
abuse de ma patience; le député est en train de parler de la
langue de travail partout sauf dans les commissions scolaires unifiées.
Il est question du gouvernement, d'organismes, de directives que le ministre a
pu donner. Je comprends que par incidence on puisse en parler, mais ce ne sont
plus des incidences, c'est la substance.
Le député connaît probablement la différence
entre la substance et l'accident. De toute façon, nous ne commencerons
pas à faire un résumé de la philosophie thomiste, dans la
partie de la métaphysique. Mais je voudrais quand même que le
député une fois pour toutes je l'avertis que c'est
déjà la deuxième fois que je le rappelle à l'ordre
s'en tienne au problème de la langue de travail au niveau des
commissions scolaires. Je regrette, mais je suis obligé de dire que ce
n'est pas ce qu'il fait actuellement. Actuellement, il traite d'une
façon substantielle de la langue de travail dans d'autres domaines.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je pense que j'ai quand
même la possibilité de faire un parallèle entre ce qui se
fait au niveau des organismes gouvernementaux et ce qui devrait normalement se
faire, au niveau des organismes parapublics. Il me semble, que les commissions
scolaires, qu'elles soient de Montréal ou du reste de la province, sont
des organismes en grande partie financés par les taxes des contribuables
québécois, de même que notre gouvernement, à
Québec, est un organisme financé par les taxes des contribuables
québécois. Je me demande, et c'est ce que je voudrais savoir du
ministre, pourquoi, sans attendre les recommandations de la commission Gendron,
a-t-on imposé au niveau du gouvernement du Québec, des directives
imposant la langue française comme prioritaire? Pourquoi ne devrait-on
pas le faire au niveau des organismes parapublics, dont les commissions
scolaires?
M. le Président, il me semble qu'il est un droit fondamental,
savoir que la majorité québécoise puisse avoir la
possibilité de parler au niveau des commissions scolaires la langue de
la majorité du Québec. Et c'est dans ce sens-là que nous
ne pouvons accepter ce que le ministre nous dit, lorsqu'il affirme que ce n'est
pas un problème au niveau du Québec. Mais, c'est le
problème fondamental. C'est là où on est en train
d'hypothéquer, comme le disait le député de Saint-Jacques,
les structures qu'on est en train de créer actuellement, que nous avons
appuyées dans leurs principes et nous sommes encore prêts à
les appuyer.
Cependant, nous demandons que, dans ses modalités, ce principe de
la restructuration des commissions scolaires de Montréal reconnaisse un
droit fondamental des Québécois de pouvoir s'exprimer, au niveau
de l'administration, au niveau de la langue de travail, au niveau des
commissions scolaires, dans la langue de la majorité. Cela afin de
respecter un droit normal pour tout citoyen de pouvoir comprendre ce qui va se
discuter au niveau des commissions scolaires.
On ne veut pas imposer une bagarre à l'intérieur de ces
commissions scolaires de telle façon que nous ayons, d'un
côté, des unilingues anglophones et, de l'autre, des unilingues
francophones. Ces gens-là, s'ils veulent être efficaces dans
l'administration, doivent pouvoir se comprendre. Cela est une chose
fondamentale. C'est pourquoi il est absolument nécessaire, à ce
stade-ci du projet de loi, de déterminer en quelle langue ces
gens-là vont pouvoir se comprendre. La même chose a
été appliquée au niveau du gouvernement; on l'a
appliquée aussi au niveau d'un ex-bill 64. On n'a pas attendu la
commission Gendron pour le faire. On a, tout simplement,
décrété que les gens qui voulaient exercer un
métier ou une profession devraient, au moins, connaître la langue
d'usage.
Nous voulons aussi que les gens élus à l'intérieur
de cette commission scolaire connaissent au moins la langue d'usage, la langue
française. En conséquence, je soumets l'amendement suivant: "Que
l'article 583 soit amendé en y insérant, après le premier
alinéa, l'alinéa suivant : Une personne dont la langue maternelle
est autre que le français ne peut être mise en candidature au
poste de commissaire que si elle a une connaissance d'usage de la langue
française, déterminée, suivant les normes établies
à cette fin, par les règlements adoptés en vertu de
l'article 4 de la Loi de l'admission à l'étude et à
l'exercice des professions." Statuts refondus, 1964, chapitre 246", tel que le
ministre nous l'a laissé entendre d'ailleurs, hier soir et ce matin.
M. VEILLEUX: C'est du racisme!
M. CHARRON: Est-ce que c'était du racisme, en 1969, quand vous
appuyiez Jérôme Proulx, député de Saint-Jean?
M. VEILLEUX: M. le Président, une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je regrette, l'honorable
député...
M. CHARRON: Il n'y a pas de question de privilège en
comité. Julien l'Apostat, on l'entendra plus tard.
M. LE PRESIDENT: ... de Saint-Jean peut rétablir les faits
à ce stade-ci, mais non pas invoquer une question de privilège.
Il n'y en a pas en comité.
M. VEILLEUX: Je vais rétablir les faits, M. le Président.
Cela fait assez longtemps qu'on m'attaque, ici, à l'intérieur de
la Chambre, relativement à la supposée position que j'avais
prise, en 1969, relativement au bill 63.
M. CHARRON: Ce n'était pas supposé dans le
télégramme, en tout cas.
M. VEILLEUX: D'ailleurs, hier, M. le Président, un journaliste de
Québec, qui, lui aussi, probablement avait reçu certains
télégrammes ou certains appels téléphoniques de
certaines personnes de Saint-Jean, a jugé bon de mentionner dans son
journal la supposée position que j'avais en 1969. En 1969,
j'étais président de l'Association des enseignants
d'Honoré-Mercier et, lors d'une assemblée régulière
convoquée selon la constitution de l'association, un membre, M.
Jean-Yves Théberge, membre du Parti québécois, a fait la
proposition de blâmer le gouvernement, notamment le premier ministre de
l'époque, M. Bertrand, le ministre de l'Education à
l'époque, M. Cardinal, et de féliciter le député de
l'époque du comté de Saint-Jean, M. Jérôme Proulx
paraît-il du courage qu'il avait de s'opposer au bill 63.
Sa proposition...
M. CHARRON: Le patinage! Le patinage! M. VEILLEUX: ... avait
été appuyée... M. LE PRESIDENT: Je pense...
M. VEILLEUX: Je suis à expliquer, M. le Président, que ce
qu'a dit le député de Saint-Jacques, tout à l'heure,
était complètement faux, lorsqu'il m'a traité de
traître, de Judas et de tout ce que vous voudrez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Evidemment, le député de
Saint-Jacques a ouvert une porte qui peut nous entraîner dans des
horizons très vastes.
D'un autre côté, le député de Saint-Jacques
est peut-être en grande partie responsable de ce fait.
M. CARDINAL: M. le Président, sur un point de
règlement.
J'ai crié à l'ordre non pas pour rappeler le
député de Saint-Jean à l'ordre, mais pour faire taire ceux
qui, à ma droite, hurlaient pendant qu'il parlait. On a le droit
d'entendre chaque député. Je retiens mes expressions, même
si mes convictions me pousseraient parfois à prononcer certaines paroles
à haute voix. Que les députés qui veulent parler se
lèvent et qu'ils attendent leur tour.
M. LE PRESIDENT: Je ne sais pas si c'est dans mes attributions, je suis
un peu craintif, mais je vais prendre le risque de dire que l'attitude du
député de Bagot dans cette Chambre est peut-être un exemple
qui devrait être suivi par d'autres.
Je reviens à ce que le député de Saint-Jean
était en train de dire. Le député de Saint-Jean a ouvert
une porte qui nous entraîne dans une situation dont les horizons seraient
assez larges. D'un autre côté, le député de
Saint-Jacques a mis, en quelque sorte, en doute la rectitude intellectuelle ou
la suite dans les idées du député de Saint-Jean. Je pense
que celui-ci va sûrement avoir le droit, en rectifiant ces propos, de
donner certaines explications qui seront de nature à rectifier les
propos que le député de Saint-Jacques a tenus.
Evidemment, j'invite le député de Saint-Jean à
restreindre sa rectification...
M. CARDINAL: M. le Président, selon l'article 273, lorsqu'il y a
digression sur un sujet, un député a le droit de répondre
et d'entrer dans la digression.
M. VEILLEUX: M. le Président, vous pouvez être
persuadé que dans l'intervention que je fais, je fais abstraction de
toute émotivité. Je ne fais que vous rapporter des faits qui se
sont concrètement passés en 1969. Je les ai vécus à
Saint-Jean et il est facile pour quelqu'un de l'extérieur qui
n'était pas à Saint-Jean à l'époque que ce
soit en Chambre ou dans les journaux de porter un jugement sans y
être présent.
Je dis donc, M. le Président, que l'Association que je
représentais démocratiquement à l'époque a
adopté une résolution mentionnant les faits que je vous disais
tout à l'heure. Et, en tant que président de l'association, je
n'avais qu'un devoir à l'époque, c'était de suivre l'ordre
que m'avaient donné...
M. CHARRON: De démissionner.
M. VEILLEUX: ...les enseignants, et ce, démocratiquement en
assemblée de mon association.
C'est ce que j'ai fait. En 1969, jamais je ne me suis prononcé
pour ou contre le projet de loi no 63, et ce à l'intérieur de mon
association, pour la simple raison que je voulais laisser pleine et
entière liberté aux enseignants de Saint-Jean de se prononcer. On
le sait, un président d'association peut influencer facilement par une
intervention, lors d'une assemblée générale, les membres
de l'association. En 1969, jamais je n'ai parlé à mes
élèves en classe du problème ou du non-problème du
projet de loi 63 parce que je considérais à l'époque que
ce n'est pas la place pour un enseignant de parler de choses à incidence
politique aux élèves, et je considère encore qu'en 1971 ce
n'est pas la place pour les enseignants de parler de choses à
caractère politique à des élèves en classe.
On sait qu'il est extrêmement facile pour un professeur
d'influencer des jeunes de 16, 17 ou 18 ans. C'était un devoir que je me
faisais à l'époque. J'ai encore, relativement à cette
prise de position en 1969, exactement la même position. Face à une
politique linguistique venant du gouvernement du Québec, je serai
solidaire de mon parti, le Parti libéral, comme en 1969 j'étais
solidaire de mes membres à l'assemblée générale de
l'Association des enseignants d'Honoré-Mercier. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, avec votre permission et le
consentement du député de Saint-Jean, est-ce que je pourrais lui
poser une question?
M. VEILLEUX: Certainement.
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député de Saint-Jean a
pris connaissance d'une lettre ouverte qui figure aujourd'hui dans le journal
Le Devoir, signée par un compagnon du conseil exécutif de
l'époque, un nommé Aimé Bossé? Sûrement, dans
une participation un peu plus tard dans ce débat, le
député de Saint-Jean pourra répondre à la lettre de
M. Bossé.
M. VEILLEUX: Effectivement, j'ai pris connaissance de cette lettre
ouverte qui a été publiée dans le Devoir et qui sera
publiée aussi dans un hebdo de ma région, Le Canada
français, de la part d'un collègue de l'enseignement et de
l'exécutif de l'association qui rapporte de soi-disant faits qui se
seraient produits en 1969 et qui m'indique même une voie à suivre.
Je pense que je suis assez âgé moi-même pour être
capable de choisir, en toute liberté, la voie qui s'offrira à moi
en temps et lieu. Vous pouvez être persuadé que, si jamais en
cette Chambre je dis bien si jamais en cette Chambre il y a une
discussion de fond pendant cette session ou à une autre session sur une
politique de langue ou sur toute autre mesure relativement à la langue
au Québec, que je ferai des mises au point nécessaires à
ce moment-là. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, sur la motion d'amendement il y a
deux choses: il y a le fond, il y a la forme, comme d'habitude, d'ailleurs. Je
n'invoque pas la recevabilité. C'est à vous d'en décider.
Je ne vois rien qui empêche...
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot pourrait
peut-être m'éclairer?
M. CARDINAL: Non, je n'ai pas l'intention d'invoquer la
recevabilité. Il y a le fond et la forme. Disons que, sur le fond, dans
les principes, je suis d'accord, surtout après ce que j'ai
déclaré ce matin sur l'utilisation de la langue
française. Cependant, la forme me surprend au point de vue
juridique.
Cet amendement qui serait apporté à l'article 583 est un
amendement, par référence, à l'article 95 de la Loi de
l'instruction publique. Or, l'article 95 de la Loi de l'instruction publique a
deux alinéas dont un est rédigé au positif,
c'est-à-dire que l'article dit: "Sont éligibles à la
charge de commissaire ou de syndic d'écoles il s'agit toujours de
la dissidence les personnes domiciliées dans la
municipalité, etc." L'on sait que cet article 95 a déjà
été amendé d'une façon positive par le projet de
loi no 27 devenu loi.
Il y a évidemment, dans l'article 95, un deuxième
alinéa qui, lui, est rédigé d'une façon
négative: "Nul ne peut être élu à la charge de
commissaire ou de syndic d'écoles ni occuper dans une commission
scolaire où son conjoint occupe telle charge". Je ne me prononcerai pas
sur cette exclusion qui date d'il y a longtemps, qui n'a peut-être plus
sa raison d'être et qui, d'ailleurs, est peut-être modifiée
par le projet de loi devenu loi 27.
Ce que je dis, M. le Président, c'est que ce n'est pas de cette
façon qu'on devrait arriver au but que l'on poursuit. Il me semble, au
contraire, dans un semblable amendement, vu que l'article 583 du projet de loi
no 28 réfère explicitement à l'article 95, puisqu'il dit:
"Chaque commission scolaire est composée de quinze commissaires
élus conformément aux articles 95", que l'on devrait
premièrement, dans l'amendement, référer directement
à l'article 95 et non seulement à cet article mais, en bon
législateur, à l'article 95 amendé par la loi 27, parce
qu'on ne peut pas faire d'amendements sans procéder à partir du
texte original et du texte amendé. Il faut donc dire: L'article 95 des
Statuts refondus de 1964, modifié par le chapitre dont je ne me souviens
plus du numéro, qui est la loi 27, statuts annuels 1970/71, est
amendé en ajoutant aux qualifications exigées des commissaires;
plutôt que de dire: Une personne dont la langue maternelle est autre que
le français ne peut pas être mise en candidature.
Cela me paraît, à ce moment-là, ou être
perçu comme quelque chose de discriminatoire. En d'autres mots, si on
veut atteindre le but poursuivi par le député qui a
proposé cette motion, on devrait, premièrement,
référer à l'article 95; deuxièmement,
référer à l'amendement de l'article 95 et,
troisièmement, parler au positif et dire: L'une des qualités
requises pour être élu commissaire on ne le dirait pas de
cette façon parce que déjà, l'article le dit au
début, le ministre a lu cet article ce matin et il apparaît au
journal des Débats, dans son texte doit posséder et
là, je reprends le texte une connaissance d'usage de la langue
française on peut ajouter si l'on veut
déterminée suivant les normes établies à cette fin
par les règlements adoptés en vertu de l'article 4 de la Loi de
l'admission à l'étude et à l'exercice des professions.
Là, justement, le député s'est rendu compte comment il
fallait légiférer. Il réfère lui-même aux
Statuts refondus de 1964, chapitre 246.
M. le Président, je dis que la motion est certainement recevable
quant à son fond mais que le député devrait la relibeller
quant à sa forme parce qu'elle a une forme qui lui donne un aspect
discriminatoire quant à sa perception et qu'elle ne s'insère pas
dans le cadre actuel de l'article 95 tel que modifié par la loi no
27.
M. LESSARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Sur la recevabilité de la motion?
M. LESSARD: Bien voici, c'est que si elle n'était pas
recevable...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! D'abord je dois déclarer
d'ailleurs le député de Maisonneuve sait très bien
ça qu'à tout moment on peut invoquer la
recevabilité. Maintenant, il serait peut-être plus simple...
Est-ce qu'il y a d'autres députés qui désirent s'exprimer
sur la question de la recevabilité, avant de passer au fond? Le
député de Bagot a quand même plutôt traité de
la recevabilité que du fond.
M. CARDINAL: C'est-à-dire que je n'attaque pas la
recevabilité. Ce que je veux dire, c'est que le libellé tel que
fait...
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire que votre recevabilité se
bornait aux questions de vice de forme, plutôt que de vice de fond.
M. CARDINAL: Disons même pas vice de forme, disons manque
d'habileté juridique à rédiger sous forme de loi les
désirs et les objets que l'on poursuit.
M. LE PRESIDENT: Ce que je me permets de qualifier de vice de forme.
M. CARDINAL: Le président est libre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres personnes, d'autres membres
du comité qui désirent s'exprimer sur la question de la
recevabilité? Nous allons d'abord régler ça et...
M. LESSARD: M. le Président, je voulais simplement vous dire
ceci...
M. LE PRESIDENT: Sur la recevabilité?
M. LESSARD: Oui. Je pense qu'en vertu du règlement, il est
toujours possible au président, si la motion n'est pas recevable dans sa
forme, de nous indiquer, ou de le faire lui-même, les corrections
nécessaires pour qu'elle soit recevable dans sa forme et ensuite cette
motion devient recevable.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres membres du comité
désirent s'exprimer sur la recevabilité?
M. LESSARD: Si elle n'est pas recevable dans sa forme, je vous demande
de la corriger en conséquence.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, à l'article 158, on dit, et
je le lis. Je m'excuse presque d'être rendu dans les procédures,
mais avec ce genre de débat, il faut y arriver, et ayant un
président très réceptif, je suis très
disposé à l'aider. "Quand une motion présentée lui
parait irrégulière, l'orateur" traduisons maintenant en
français par le président "doit" mutatis mutandis
ça s'applique tant à l'Assemblée qu'en comité
"sans tarder, signaler ce fait à la Chambre" au
comité mutatis mutandis "et, lorsque le débat sur la
question d'ordre ou de règlement est clos, il peut, après avoir
cité la règle ou l'autorité sur laquelle il s'appuie,
mettre la motion de côté et refuser de la mettre en
délibération ou aux voix, sauf appel à la Chambre."
Il peut de plus là je n'ai pas l'autre article
faire comme le président lui-même a fait récemment au sujet
d'un autre projet de loi: amender la motion telle que présentée
et la déclarer recevable. Nous avons une jurisprudence. Cela s'est
produit... On l'a fait à quelques reprises récemment. Le
président de l'Assemblée lui-même a amendé une
motion qui a entraîné un long débat.
Je souligne ces faits au président, s'il veut déclarer
régulière cette motion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On l'a fait pour le projet de loi no 48.
M. CARDINAL: ... il peut lui-même sur le champ on l'a fait
pour le projet de loi no 48 l'amender.
M. BURNS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
M. BURNS: Un seul point, très bref. Je pense que le
député de Bagot n'a rien compris à l'amendement qui est
proposé.
M. CARDINAL: M. le Président.
M. BURNS: Cela peut arriver. Il y a déjà des choses que le
député de Bagot n'a pas comprises. Par exemple quand il a
parrainé le bill no 63. Je veux signaler...
M. LE PRESIDENT: Je sais que le député de
Maisonneuve est capable de s'en tenir à la discussion des
principes en cause, il n'a pas besoin c'est absolument superflu, eu
égard à son talent d'aller dans des champs qui sont
vraiment étrangers au débat.
M. BURNS: Je ne suis jamais l'initiateur de ce genre de débat,
habituellement c'est en réponse que je le fais.
M. le Président, je veux tout simplement parler de la remarque
concernant la régularité ou l'irrégularité de la
motion du député de Saguenay, et c'est là-dessus que je
considère que le député de Bagot n'a rien compris. Le
projet de loi que nous étudions actuellement concerne la région
de Montréal et c'est évident que nous ne voulons pas l'amender
pour qu'il s'applique à tout l'ensemble de la province. L'argumentation
que nous a tenue le député de Bagot était comme si nous
avions à faire un projet de loi qui allait s'appliquer à
l'ensemble de la province.
Maintenant que l'on légifère par voie de
référence, c'est tout à fait normal; d'ailleurs, dans le
projet de loi que nous considérons actuellement, le projet de loi no 28,
il y a déjà de la législation par référence.
On y viendra tantôt, je ne veux pas toucher au sujet, mais la
législation par référence qu'on verra à 586, on ne
viendra pas nous dire que c'est irrégulier. C'est une chose qui se fait
constamment. Alors en ce qui me concerne, M. le Président, je ne vois
vraiment pas en quoi cet amendement ne serait pas recevable. Nous touchons
à un article qui vise plus particulièrement
l'éligibilité même des gens qui devront faire partie des
diverses commissions scolaires; nous apportons à toutes fins pratiques
à ces caractères d'éligibilité un détail ou
une modalité nouvelle, c'est-à-dire l'obligation d'avoir une
connaissance d'usage du français pour devenir éligible.
M. le Président, je n'insisterai pas plus parce que ça me
semble tellement évident qu'elle est recevable cette motion-là.
Je n'insisterai pas davantage.
M. CARDINAL: M. le Président, en réponse, je ne ferai pas
comme le député de Maisonneuve et je ne le nommerai pas et je ne
dirai pas que j'ai compris, qu'il n'a pas compris ce que j'ai compris mais je
parlerai uniquement sur le texte. Supposons que je comprenne parfaitement le
député de Maisonneuve; je dirais dans ce cas-là:
Rédigeons à nouveau la motion et disons: Nonobstant les
dispositions de l'article 95 parce qu'il y a référence
à cet article dans l'article 583 pour les fins du projet de loi
no 28, une qualification additionnelle sera nécessaire pour être
commissaire, celle de connaître la langue d'usage. Je
répète que, tel que c'est rédigé, comme c'est
ajouté en 3e alinéa à l'article 583 qui se
réfère à 95, il y aura des difficultés
d'interprétation. La rédaction ne sera pas faite avec
réflexion mais faite souvent comme ça se fait en comité
plénier sur ce que
j'appelle le bout de la table, et on est pris avec ça
après.
Autrefois il y avait l'auguste Conseil législatif
où j'ai eu l'honneur insigne de siéger qui pouvait
reprendre les textes ainsi rédigés et les refaire. On avait une
législation qui, je suis sérieux ici, revêtait des
formes...
M. CHOQUETTE: De rétablir le Conseil législatif?
M. CARDINAL: Absolument pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que les propos du ministre de la
Justice sont en dehors du débat.
M. CHOQUETTE: Je peux poser une question au député de
Bagot pour avoir un éclaircissement.
M. LE PRESIDENT: A condition que ce soit pertinent.
M. CHOQUETTE: Mais non, même le député de Bagot
trouve que c'est pertinent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Bagot.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il n'y aurait pas assez de place pour mettre
les ministres incompétents.
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre de la Justice
d'Outremont, éminent juriste, a certainement compris l'argumentation que
j'ai faite et je ne vois pas ce que vient faire sa question. Ce que je veux
dire en réponse au député de Maisonneuve, c'est que l'on
devrait quand même se référer à l'article 95 d'une
façon ou d'une autre.
J'ai fait une suggestion en disant: Nonobstant les dispositions de
l'article 95 pour les fins de la présente loi... C'est tout ce que je
veux dire. J'avais parfaitement compris que la motion du député
de Saguenay, je pense, ne s'appliquait que pour les fins du projet de loi no
28. Dans son texte, je trouve, cependant, que ce n'est pas une rédaction
sainement juridique.
M. CHOQUETTE: L'honorable député de Bagot a raison.
M. LE PRESIDENT: Je pense que je suis en mesure de rendre ma
décision.
M. CARDINAL: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Oui, l'honorable ministre de l'Education, sur la
recevabilité.
M. SAINT-PIERRE: Sur la recevabilité, M. le Président. Je
vais essayer d'être très bref, parce qu'on perd du temps. Il me
semble qu'il y a un principe que même les gens du Parti
québécois ont accepté en deuxième lecture, celui de
la démocratisation des structures.
Or, c'est évident qu'on n'aurait pas, si on acceptait
l'amendement, la démocratisation des structures. C'est évident
que, dans certaines commissions scolaires...
M. BURNS: M. le Président, c'est une argumentation sur le
fond.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, je m'excuse.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Maisonneuve
semble déjà avoir compris, mais, moi, je n'ai pas encore
compris.
M. BURNS: J'ai très bien compris qu'on est en train de discuter
du fond.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président. En vertu de l'article 566,
je tente simplement de prouver que l'amendement proposé par le Parti
québécois va à l'encontre de l'un des principes du projet
de loi, qui a été accepté même par les
représentants du Parti québécois, à savoir la
démocratisation et l'élection des commissaires sur une base
généralisée.
Brièvement, M. le Président, je vous soumets
respectueusement qu'il n'est pas permis de mettre de l'avant un amendement qui
propose de limiter le véritable suffrage universel à
l'intérieur des structures scolaires.
M. CHARRON: Vous venez de le faire avec les observateurs.
M. SAINT-PIERRE: Non, M. le Président, c'est faux. Le
député s'emporte. On veut faire un spectacle! Ce n'est pas ici la
place; on veut étudier un projet de loi. Je maintiens que l'amendement
est irrecevable parce qu'il va à l'encontre suivant l'article
566, c'est à sa face même qu'il est recevable d'un principe
que les députés du Parti québécois ont même
endossé en deuxième lecture; le suffrage universel pour
l'élection des commissaires.
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse, mais je sens le besoin de
revenir à la suite de ce que vient de dire le ministre de l'Education.
Quand il nous dit que cela va à l'encontre de la démocratisation,
je réfère le ministre à toutes les législations
contenant des règles relatives à l'éligibilité.
Est-ce qu'on empêche la démocratisation, par exemple, des
élections municipales quand on exige que quelqu'un ait tel âge
pour se présenter, quand on exige que quelqu'un soit citoyen canadien,
quand on exige que quelqu'un demeure dans tel arrondissement?
C'est tout simplement une condition de cette nature-là que nous
posons à l'éligibilité. Je ne vois pas en quoi cela va
à l'encontre du principe de la démocratisation, au contraire.
Si
le ministre de l'Education a raison, je m'excuse, M. le
Président, mais toutes nos lois qui contiennent des règles
relatives à l'éligibilité sont absolument irrecevables et
antidémocratiques, puisqu'un enfant de six ans, malheureusement, ne peut
pas se présenter aux élections. C'est aussi simple que cela.
C'est une condition d'éligibilité que nous posons et c'est
uniquement cela; la condition d'éligibilité en question
étant qu'une personne qui veut se présenter doit avoir une
connaissance d'usage du français. Cela, on l'a admis déjà.
Au cas où on nous dirait que c'est un principe que nous allons chercher
dans les nuages, nous l'avons fait par référence à la
législation que nous avons adoptée récemment relativement
aux professions. Ce n'est pas quelque chose qui vient des nuages; c'est quelque
chose que justement ce Parlement-ci a adopté par le bill 64, entre
autres. C'est une question d'éligibilité, M. le
Président.
M. SAINT-PIERRE: Sur le même point, M. le Président. Il y a
quand même une différence entre le droit à l'exercice d'une
profession, le cas du bill 64 et toutes les lois de nos professions ou des
corporations professionnelles qui n'ont pas le but de mettre en vigueur le
suffrage universel, mais de protéger le public. Il y a des limitations
à ce droit d'exercice par la loi concernant la formation professionnelle
et il y en a d'autres, concernant la citoyenneté canadienne.
La seule différence qu'il y a entre le député de
Maisonneuve et moi-même, c'est sur notre définition même du
suffrage universel et de la démocratie. Moi, je reconnais que, dans le
suffrage universel et la démocratie, on puisse avoir des limitations sur
la question de la résidence, du domicile et de la maturité, alors
que le député de Maisonneuve, dans un amendement qui sent le
racisme à plein nez, voudrait y rajouter des questions de langue, de
religion pour limiter le droit de participation aux élections.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): M. le Président, je crois que les
désirs du ministre devraient être entendus partout dans la
Chambre, y compris par le titulaire de l'Education. Ce n'est pas en se
lançant des quolibets ou des choses semblables qu'on va aider à
faire avancer le débat. Et je ne crois pas que dire que l'amendement
serait raciste est une façon de le juger irrecevable. Ce dont on discute
actuellement, c'est est-ce que la motion est recevable ou pas. On pourra faire
le débat sur le fond tout à l'heure mais, tout d'abord, il faut
décider si elle est recevable.
Je crois, M. le Président, que l'argument qui a été
avancé par le ministre de l'Education, selon lequel l'amendement serait
irrecevable parce qu'il est limitatif au point de vue des droits
démocratiques d'éligibilité des commis- sions scolaires,
ne peut pas être perçu par le président comme étant
une raison valable. Pour la bonne raison qu'à maintes reprises,
lorsqu'on impose un droit ou qu'on impose un cens? d'éligibilité,
il est défini des catégories. Lorsqu'on dit que quelqu'un doit
être citoyen de telle nationalité, qu'on dit qu'il doit être
de tel âge, qu'on dit qu'il doit posséder telle richesse ou qu'il
doit demeurer dans tel quartier, ce sont toutes des conditions qui limitent
d'autant l'ensemble des gens qui sont candidats.
D'ailleurs, dans la loi présentée par le ministre
lui-même, on peut en retrouver. Evidemment, c'est poussé à
l'extrême, parce que la loi ne traite pas nécessairement de
ça, mais on en trouve à l'article suivant lorsqu'on dit qu'un
candidat ne peut être mis en candidature pour telle et telle raison. Je
pense qu'on peut trouver des raisons pour que la motion soit jugée
irrecevable, je pourrais peut-être souffler quelques raisons au ministre.
Mais, d'autre part, on ne peut pas prétexter que ce doit être
jugé irrecevable parce que ça limite d'autant le droit de
certaines personnes à être candidats. Je ne pense pas que ce doit
être ainsi parce que, à maintes reprises, dans nos lois,
particulièrement toutes les lois qui traitent des conditions
d'éligibilité à un poste électif ou un poste
nominatif, il y a toujours des conditions qui limitent d'autant, à
chaque fois, une catégorie de citoyens qui ne peuvent pas être
candidats.
Est-ce que c'était, par exemple, limiter les droits de la
démocratie que de dire qu'on ne peut pas être candidat à 21
ans? On aurait pu prétexter, dans le Parlement, à cette
époque, qu'un jour viendra où ce sera 18 ans. Et puis,
effectivement, aujourd'hui, la plupart des lois sont en train de donner la
majorité à 18 ans. Est-ce que le Parlement aurait
été antidémocratique parce qu'il aurait
décidé qu'on arrête à 21 ans plutôt que 18
ans? On ne peut pas dire que c'est antidémocratique; peut-être
qu'il arrivera que le même gouvernement décidera dans six mois
que, pour être éligible à tous les postes publics du
Québec, il faudra connaître le français. Peut-être
que ce sera recommandé par la commission Gendron, peut-être que ce
sera proposé par le gouvernement.
Je ne crois pas que le gouvernement doive limiter son potentiel d'avenir
au point de vue législatif en disant qu'on ne peut pas déposer de
tels projets de loi parce que c'est limitatif. C'est peut-être le
même gouvernement qui va venir nous demander des choses semblables. Il y
a des raisons et, M. le Président, avec votre intelligence, je suis
convaincu que vous pouvez en trouver pour dire que l'amendement est
irrecevable, certainement pas inspiré par la raison du ministre de
l'Education.
M. LE PRESIDENT: Je suis en mesure de rendre ma décision.
D'abord, je vais prendre les différents arguments qui ont
été invoqués à tour de rôle. D'abord, celui
du député de Bagot; le député de Bagot s'est
surtout attardé à parler
du défaut de l'amendement, des vices de l'amendement en regard de
la technique législative. Je confesse immédiatement qu'il me
faudrait à première vue, l'argumentation du
député de Bagot me semble sérieuse approfondir
davantage la question pour pouvoir fonder une décision sur cet
aspect.
Par la suite, le ministre de l'Education a invoqué le principe de
la démocratie disant que l'amendement allait à l'encontre du
principe démocratique, du principe du suffrage universel reconnu dans le
bill 28. Encore là, à première vue, il y a peut-être
des éléments valables dans cette argumentation mais j'admets, si
on parle de démocratie pure, de démocratie absolue, que
dès qu'on met certaines limites, comme la majorité à 21
ans ou différentes restrictions, on entrave dans une certaine mesure
l'exercice pur de la démocratie. Mais de là à
déclarer que ce qui est dans l'amendement irait directement ou
au-delà du principe du suffrage universel qui est reconnu dans le bill
28, j'avoue que j'aurais des doutes trop sérieux. Et, comme je reconnais
que l'économie générale de notre règlement est de
faire en sorte de protéger la minorité, donc l'Opposition, en cas
de doute, je considère qu'on doit donner raison à
l'Opposition.
S'il n'y avait que cette raison pour déclarer l'amendement du
député de Saguenay recevable, parce qu'il y a un doute dans mon
esprit, je le déclarerais régulier.
Troisièmement, il y a l'autre aspect qui me paraît
dès la première lecture et, encore une fois, plus j'ai
examiné l'amendement, plus je me suis convaincu de cette idée.
C'est un amendement qui a une forme différente. Cela devient de plus en
plus subtil, je ne sais pas comment je vais réussir à analyser
à leur mérite les futurs amendements, si on continue dans la
même voie. En tout cas, ça ne saute pas aux yeux comme les
premiers, mais, quand on fait une lecture attentive du texte, on arrive
à la même conclusion. Il apparaît très clairement que
cet amendement donne un statut privilégié à la langue
française. L'amendement dit que les gens qui sont d'une autre langue,
c'est-à-dire les gens de langue anglaise, devront connaître le
français alors qu'on ne demande pas par ailleurs aux gens de langue
française de connaître la langue anglaise.
C'est évident que l'on accorde un statut privilégié
à la langue française dans cet amendement. Encore une fois, j'ai
bien examiné l'ensemble du projet de loi no 28, et je ne vois rien dans
le principe de ce projet de loi qui donne un avantage ou un privilège
à une langue plutôt qu'à une autre. Pas plus à une
religion plutôt qu'à une autre. Le projet de loi, à ce
point de vue-là, je pourrais le qualifier de neutre. Le principe du
projet de loi est neutre en regard de ces questions. Je conclus donc que
l'amendement du député de Saguenay introduit subtilement
mais introduit un nouveau principe au projet de loi no 28. Pour toutes
les raisons que j'ai données...
M. BURNS: Est-ce qu'il est incompatible avec le principe?
M. LE PRESIDENT: Je vous renvoie toujours à May, incompatible ou
qui va au-delà. En plus de toutes les raisons que j'ai données
hier soir sur le plan juridique...
M. LEGER: Multiculturalisme.
M. LE PRESIDENT: Sur le plan juridique, j'ajoute une autre raison qui
provient de l'économie générale de notre règlement.
Notre règlement dit que nous étudions un projet de loi en
deuxième lecture quant au principe, que nous l'étudions article
par article en comité et qu'ensuite nous allons en troisième
lecture pour d'autres motifs.
Cela est tout à fait conforme à l'interprétation de
May, si on acceptait en comité plénier l'introduction, non
seulement de principes incompatibles, mais de principes nouveaux, cela
détruirait complètement le principe de la deuxième
lecture. En deuxième lecture les députés se sont
prononcés sur un ou des principes qui étaient clairement
exprimés dans un projet de loi. C'est parce qu'ils étaient en
accord ou en désaccord sur les principes qui sous-tendaient le projet de
loi qu'ils ont voté en faveur ou contre le projet de loi en principe.
Si, lors du comité plénier, on amène non seulement des
principes incompatibles, mais d'autres principes, on fait en sorte que des
députés se sont prononcés pour une chose qui n'existera
plus. Je considère que ça détruit l'économie
même de notre règlement, ça détruit cette division
du travail législatif en trois lectures, surtout en deuxième et
troisième lectures qui sont surtout importantes.
M. BURNS: Est-ce que M. le Président me permet une simple petite
question sur ce point?
M. LE PRESIDENT: Je vais terminer, puis je répondrai.
Pour toutes ces raisons, qui sont les mêmes que celles qui ont
motivé les décisions que j'ai prises antérieurement, je
suis obligé de déclarer l'amendement irrecevable, parce
qu'introduisant un nouveau principe. Donc, pour des raisons juridiques
données antérieurement, surtout hier, je dois déclarer
l'amendement irrecevable.
M. LESSARD: Applaudissez, applaudissez!
M. BURNS: M. le Président, simplement une demande de directive,
qui se relie à votre décision. Je me réfère
justement à Erskine May que vous citez depuis hier sur ça. Je
n'ai pas la citation sous les yeux, mais je pourrai vous l'apporter.
N'est-il pas exact que même Erskine May admet, dans le cas
hypothétique d'un projet de
loi qui ne contiendrait qu'un seul article, que le comité
plénier peut même voter contre cet article. Donc, à toutes
fins pratiques, le comité plénier serait obligé de revenir
devant la Chambre avec un projet de loi où il n'y a plus d'article,
alors qu'on aurait, en deuxième lecture, adopté le projet de loi
en principe. Il me semble que c'est exactement de la même nature.
Autrement, M. le Président, si je suis votre raisonnement jusqu'au bout,
je n'aurais même pas le droit, dans un projet de loi où il n'y a
qu'un seul article, de voter contre s'il avait été adopté
en deuxième lecture. C'est un principe admis que nous avons le droit
cela va même plus loin que ça en comité
plénier de voter contre tous et chacun des articles qui nous sont
présentés.
Donc, on reviendrait, après avoir siégé en
comité plénier, sans bill, à toutes fins pratiques, avec
un titre de loi et un principe qui a été adopté dans le
beurre.
M. LE PRESIDENT: L'argumentation du député de Maisonneuve
est partiellement exacte. C'est exact que May dit une chose semblable, que l'on
peut voter contre l'article. Justement, à ce moment-là, on
n'introduit pas un nouveau principe; on se retrouve sans principe. On se
retrouve devant le néant. C'est possible. L'économie
générale de notre règlement le permet. C'est un peu comme
si, en troisième lecture, on vote contre le projet de loi. On peut avoir
voté favorablement en première lecture et voter contre le projet
de loi en troisième lecture. Si, hypothétiquement, la Chambre
avait adopté un projet de loi en deuxième lecture et
majoritairement votait contre en troisième lecture, cela pourrait se
produire. On se retrouverait devant le néant.
C'est un peu ce que le député vient de dire. Supposons un
projet de loi qui n'a qu'un article. En comité plénier, on peut
voter contre l'article. Evidemment, on se retrouve devant le néant.
Mais, là, on n'a introduit ni un principe incompatible, ni un nouveau
principe. On se retrouve devant rien. May n'est pas contradictoire avec
lui-même. Les arguments du député de Maisonneuve ne m'ont
pas convaincu que j'étais dans une situation contradictoire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Une demande de directives?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, sur l'article 583.
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais il ne faudrait pas que cela se transforme en
cours de droit.
M. CHARRON: J'invoque le règlement, juste avant de remettre la
parole, dans une minute, au député de Chicoutimi, s'il me le
permet.
M. LE PRESIDENT: C'est une question de règlement?
M. CHARRON: Oui, j'ai une double directive à vous demander, M. le
Président. Est-ce qu'il serait possible, avant de continuer
l'étude article par article du projet de loi, d'avoir une liste
complète et exhaustive de tous les principes que je me suis
trouvé à voter en votant pour le principe de l'unification des
commissions scolaires, pour ne pas vous embêter avec des amendements qui
iraient à l'encontre de tous ces principes, il me semble, innombrables
depuis un certain temps?
Deuxièmement, existe-t-il une possibilité, dans nos
règlements, pour des députés d'un parti politique
quelconque de retirer l'appui qu'ils avaient donné à un principe
en deuxième lecture quand ils s'aperçoivent qu'en même
temps ils se trouvaient à appuyer la création d'un district
bilingue sur l'île de Montréal?
M. LE PRESIDENT: Alors, je réponds à la première
question. Le règlement dit qu'on peut s'adresser au président,
soit en Chambre, soit en comité plénier, pour lui demander des
directives ou des éclaircissements sur des questions de
règlement. Je n'ai jamais rien vu dans le règlement qui obligeait
le président à faire une analyse de contenu d'un projet de loi.
En quelque sorte, c'est ce que le député me demande. Il me
demande de lui donner tous les principes qui pourraient être contenus
dans le projet de loi. Il n'y a rien dans le règlement qui oblige le
président à faire l'analyse du contenu d'un projet de loi.
Quant à la deuxième question, là non plus, je ne
vois rien dans le règlement qui permet à un député
ou des députés d'annuler le vote qu'ils ont déjà
donné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président.
M. MASSE (Montcalm): Sur la demande de directives, dans le même
sens.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais, encore là, me montrer bon prince,
mais il ne faudrait pas exagérer, encore une fois. Je ne pense pas que
ce soit l'endroit ici pour donner un cours de droit parlementaire.
M. CHOQUETTE: M. le Président, en réponse à...
M. LE PRESIDENT: Le député de Montcalm avait d'abord
demandé la parole.
M. MASSE (Montcalm): C'est un peu dans le
même sens. Vous allez probablement répondre la même
chose. A plusieurs reprises, vous avez dit: Les amendements ne sont pas
recevables parce qu'ils vont à l'encontre du principe de la loi. Or,
c'est un peu la même question que le député de
Saint-Jacques. Est-ce que l'on retrouve le principe de la loi dans le titre
simplement ou si on le retrouve dans le contenu de la loi?
Or, la loi touche un ensemble de problèmes qui concernent la
taxation, les problèmes de budgets des commissions scolaires, le
problème de la division linguistique des commissions scolaires,
puisqu'il est question de directeurs généraux francophones et
anglophones, enfin il est même question de comités confessionnels.
Est-ce que lorsqu'on vote le principe de la loi, donc on peut présenter
des amendements, c'est sur l'ensemble de ces points ou si, au contraire, c'est
uniquement sur des amendements concernant la question de structure, sans
toucher aux questions de taxation?
Si, par exemple, un député voulait, aux articles qui
touchent la taxation, proposer des amendements qui parlent de taxation mais qui
changent un peu l'idée que le ministre avait lorsqu'il a fait la loi,
pourrait-on dire que c'est contre le principe?
M. LE PRESIDENT: Je ne pense pas que l'article qui permet à un
membre du comité de demander des directives oblige le président
à donner des grandes lignes comme le veut le député de
Montcalm.
Le président doit se prononcer au fur et à mesure
ce n'est que par exception qu'il donne des directives que les
problèmes se posent. Par analogie, c'est comme si on s'adressait devant
un juge, devant les tribunaux, et on demandait de se prononcer sur toutes
sortes de questions hypothétiques avant de prendre une décision.
Cela existe par exception. Les gouvernements peuvent référer
certaines choses à la cour Suprême ou à la cour d'Appel.
Mais c'est une exception.
M. CARDINAL: Même à la cour Supérieure.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais c'est par exception.
M. MASSE (Montcalm): Si les gouvernements le peuvent, le Parlement le
pourrait peut-être.
M. LE PRESIDENT: On ne peut pas demander au président:
Donnez-nous de grandes directives pour savoir quels amendements nous pourrons
proposer ou non. Que les députés proposent leurs amendements et
je les considérerai à leur mérite au fur et à
mesure qu'ils seront déposés sur la table.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je partage votre opinion et
j'ajouterai ceci: Même si on demande une directive au président,
cela ne veut pas dire qu'il soit obligé de la donner. Comme vous le
dites, réellement, le système que nous avons veut qu'on
règle les problèmes au fur et à mesure qu'ils se
présentent. On ne peut pas régler tous les problèmes
à la faveur d'une demande de directives.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous en sommes encore,
à ce stade-ci de nos débats, à l'article 583. Un grand
nombre de députés ont essayé, par la voie d'amendements
d'introduire dans l'article 583 des dispositions visant à toucher
à la question linguistique.
On a établi au départ que l'objectif du projet de loi
était la restructuration scolaire de l'île de Montréal.
Nous l'avons, dès le moment en commission parlementaire
où le ministre nous a promis son projet de loi et le texte de ses
amendements, averti que forcément, ce projet de loi, en raison de tous
les mécanismes qu'il crée et des gens qu'il va mobiliser pour
meubler ces différentes structures, aura fatalement, on ne peut pas y
couper, des répercussions dans le domaine linguistique, que ce soit au
niveau de la langue de communication, que ce soit au niveau des comités
de parents, que ce soit au niveau de la pédagogie, des directives
pédagogiques, etc.
Le fait est là. Nous avons donc dit au ministre: Il nous
apparaît qu'avant de proposer ce projet de loi, vous auriez dû nous
indiquer quelle serait la politique de votre gouvernement en matière
linguistique, sinon la politique globale, du moins les orientations.
Là, nous sommes vraiment, et de plus en plus profondément,
enfoncés dans un cul-de-sac. Je veux savoir une chose du ministre afin
que moi, législateur, qui ne suis pas intéressé à
perdre mon temps, qui ne suis pas intéressé à faire perdre
le temps des collègues. Est-ce qu'à chacun des articles que nous
allons étudier par la suite, si tant est qu'on se rende
jusque-là, toute proposition d'amendement qui, de près ou de loin
viserait à mettre en cause le problème de la langue ou à
introduire une notion qui référerait aux exigences
linguistiques.
Est-ce que le gouvernement a d'ores et déjà
décidé que sa réponse sera non? Si telle est la
réponse que le gouvernement a d'ores et déjà
décidé de donner, il est inutile de poursuivre un débat
qui servirait peut-être à sensibiliser la population aux
problèmes linguistiques je pense qu'elle l'est déjà
pas mal aux implications linguistiques qui se trouvent, malgré
nous, incluses dans ce projet de loi, qui permettrait d'accumuler des pages et
des pages de texte du journal des Débats et qui donnerait à tous
ceux qui voudraient s'en servir, l'occasion de dire: Voici comment j'ai
défendu la langue française. Voici si vous me permettez
cette expression
syntaxique un peu bizarre combien de pages j'ai parlé pour
vous défendre, pour défendre la langue française.
Vous savez, on peut se livrer à ce genre d'exercice en toute
bonne foi pendant des heures, des heures, des jours, des nuits, des semaines et
des mois, sans jamais aboutir à quoi que ce soit, si le gouvernement a
décidé de dire non de toute façon et s'il a
décidé de maintenir sa position de départ, qui a
été exprimée par le ministre de l'Education, à
savoir que le projet de loi, ayant pour but de statuer sur le problème
de la restructuration scolaire de l'île de Montréal, n'a pas pour
objectif, ni direct ni indirect, de régler des problèmes
linguistiques.
Dans ces circonstances-là, il est bien évident que tous
les débats que nous pourrions faire, que toutes les professions de foi
que nous pourrions faire, que toutes les propositions d'amendement que nous
pourrions soumettre seront nulles et non avenues et ne serviront qu'à
manifester nos idées, nos opinions, nos sentiments, notre
exaspération, etc. Mais, à toutes fins utiles, dans quelle
situation nous retrouverons-nous à la fin, si tant est qu'on puisse
passer à travers ce projet de loi assez important?
Encore une fois, je pose cette question au ministre; je lui demande
ceci: Est-ce que le gouvernement a fait son lit? Est-il déterminé
à ne pas céder un pouce, un millimètre, et à
opposer une fin de non-recevoir complète et catégorique à
quelque député que ce soit qui voudrait proposer des amendements
qui toucheraient un tant soit peu à la question linguistique?
Ici, je fais appel ce n'est pas une accusation que je fais, ni
une insinuation à l'honnêteté intellectuelle du
ministre de l'Education et au sens de responsabilité du gouvernement. Je
fais appel à ses sentiments, à ses convictions. Est-ce que c'est
là l'intention du gouvernement? Est-ce que le gouvernement peut nous
déclarer qu'à ce moment-ci il n'a pas du tout l'intention de
toucher au problème de la langue, parce qu'il n'est pas prêt ou
parce qu'il craint des répercussions? Je ne suis pas en mesure
d'apprécier. Il faudrait que le gouvernement nous le dise en toute
franchise et en toute honnêteté, parce que nous n'avancerons pas
d'un centimètre, d'un millimètre. Notre rythme de
croisière, actuellement, est celui de la tortue supersport. Nous ne
progressons en rien; nous accumulons des pages et des pages dans le journal des
Débats. Reprenant l'expression que j'ai utilisée tout à
l'heure, chacun de nous pourra repartir heureux, content, après des
heures et des heures de débats, aller dans son comté, aller
devant la population, devant les caméras de télévision,
sur les ondes de la radio et dire: Pour défendre la langue
française, j'ai parlé tant de centaines de pages et j'ai fait
tant de centaines d'interventions.
Voilà ce qu'on appelle des exercices académiques, des
exercices de rhéteur. Et je ne puis pas, en dépit de la
volonté que j'ai de voir le gouvernement accepter qu'on touche à
la question linguistique dans ce projet de loi, pour ma part, me livrer plus
longtemps à ce genre d'exercices.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je remercie le
député de Chicoutimi qui, dans un effort pour faire avancer le
débat, me pose une question très précise. Je lui
répondrai également d'une façon très
précise. Le gouvernement a fermement décidé de ne pas
inclure des éléments d'une politique linguistique dans le cadre
du projet de loi no 28, non pour la raison qu'il n'est pas prêt, mais
parce que le gouvernement a fermement décidé qu'il n'est ni
pertinent, ni opportun, ni approprié de le faire à
l'intérieur du projet de loi no 28.
M. LESSARD: Ni rentable électoralement. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: La rentabilité électorale, ça va
vous coûter d'autres comtés.
A ce compte, M. le Président, il a décidé de ne pas
céder aux amendements, bien qu'on ne puisse résister, lorsqu'on
nous soumet des amendements irrecevables, à nous entraîner de
nouveau dans de la procédure au 22 décembre alors qu'on aimerait
aborder les questions de fond et à cesser des débats et des
heures, parce que le député a soulevé des débats.
Le député de Chicoutimi a mentionné des débats sur
la langue, mais peut-être que les députés, et
particulièrement nos sept du Parti québécois, pourraient
mentionner à leurs électeurs, les pages et les pages et les pages
des débats de procédure qu'on a dû dépenser au cours
des derniers temps.
M. le Président, également il y a une autre fermeté
du gouvernement, c'est la décision bien arrêtée de
l'urgence j'aurais la tentation, si j'étais sadique, de reprendre
les paroles du député de Saint-Jacques des réformes
en matière de structure scolaire sur l'île de Montréal. Il
a décidé que son projet de loi no 28 était pour franchir
toutes les étapes à cette session-ci. C'est la position du
gouvernement.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais simplement rappeler au
ministre que nous avons dit à plusieurs reprises que, même si nous
acceptons certaines réformes dans leur esprit, ou dans l'esprit de
certaines réformes, nous n'étions pas prêts à les
accepter à n'importe quel prix.
Faisant maintenant état de sa réponse, est-ce que ceci
veut dire, M. le Président, que si nous présentons, à
propos de 583 ou d'autres articles, des amendements portant sur la langue mais
se référant très explicitement à des
problèmes concrets, précis, que touchent les projets de loi et
qui impliquent nécessairement l'usage de la langue puisqu'on ne
fonctionne pas dans l'abstrait, dans l'absolu, tous ces amendements
seront déclarés tabous par le gouvernement, un peu comme
s'il s'agissait d'une peste qu'il faille éviter? Car M. le ministre
admettra avec moi que nous n'avons pas affaire à de purs esprits,
lorsque nous avons affaire à des commissaires d'écoles.
Ce sont des gens qui sont identifiés, ce sont des gens qui
peuvent être identifiés par leur revenu, qui peuvent être
identifiés par leurs fonctions, qui peuvent être identifiés
par la langue qu'ils parlent. On ne peut pas éviter ça. Et si ce
sont des Québécois francophones, des Québécois
anglophones qui habitent ce pays, de même qu'ailleurs, ça peut
être des Finlandais, des Italiens, des Ukrainiens.
On ne peut pas faire abstraction de cette dimension de la langue
à moins de penser que l'électeur aussi bien que l'élu
appartiennent à ces êtres abstraits auxquels M. le
Président se référait tout à l'heure lorsqu'il
parlait de la philosophie thomiste. Il ne s'agit pas de ces catégories
mentales qu'on appelle les ens, dans l'absolu. Lorsqu'on
légifère, on légifère à propos
d'êtres, de personnes, d'individus extrêmement concrets,
circonstanciés qui sont posés dans l'existence et qui ont les
caractéristiques de l'existant et parmi les caractéristiques d'un
existant il n'y a pas de dimension plus obvie, plus claire, plus
évidente, plus première et plus fondamentale que celle de la
langue. C'est la raison pour laquelle, nous avons présenté
plusieurs amendements à propos de 583, pour amener le ministre à
préciser des problèmes très concrets, que ne solutionne
pas ou que ne précise pas suffisamment une loi qui était
précisément orientée vers un autre système.
C'est la raison pour laquelle les explications du ministre ne nous ont
pas très convaincus, même s'il prétend que son gouvernement
a arrêté une attitude ferme. Nous le comprenons. Après
tout, c'est la volonté de n'importe quel gouvernement d'avoir une
attitude accueillante ou ferme, selon les cas. Nous ne disputons pas cela.
C'est une politique du gouvernement.
Ce que nous disputons, c'est que, dans ces articles, il y a des
problèmes techniques, des problèmes précis, des
problèmes concrets qui impliquent nécessairement la question de
la langue, comme le député de Chicoutimi vient de le montrer
d'une façon brillante et comme d'autres députés l'ont
montré. Je ne vois pas pourquoi le ministre déciderait à
l'avance de ne pas considérer une partie de la réalité, de
considérer qu'il y a des trous dans la réalité, des
hiatus, des césures dans la réalité qui scotomi-sent une
partie de la réalité car cela ne serait pas conforme à ce
réalisme dont le gouvernement prétend vouloir faire preuve dans
toutes ses oeuvres.
M. SAINT-PIERRE: J'invoque le règlement, M. le Président,
pour vous demander de nouveau de rappeler le député de Bourget
à l'ordre, afin qu'il s'en tienne à l'article 583.
Si le député de Bourget considère que l'article 583
ne colle pas à la réalité, n'est pas conforme aux besoins
de la réalité, il votera contre et il pourra s'expliquer.
D'ailleurs, cela fait à peu près quinze heures qu'on passe ici
à écouter et ça n'avance pas. Il me semble qu'on va
être obligé de procéder article par article. Les gens n'ont
qu'à voter contre s'ils trouvent que cela ne correspond pas à la
réalité. Le gouvernement a la conviction profonde que cela
correspond à la réalité.
M. LAURIN: Si nous avons passé quinze heures sur cet
article...
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LAURIN: ... c'est précisément qu'il y avait là
un problème que le gouvernement n'a pas voulu examiner. Nous avons
tenté par tous les moyens, par tous les efforts, de l'amener à se
pencher sur ce problème. C'est précisément parce qu'il n'a
pas voulu se pencher sur ce problème ou qu'il considère que les
anciennes solutions s'appliquent à des situations nouvelles que nous
avons fait tous ces efforts. Ce n'est pas pour d'autres motifs, M. le
Président.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les membres... L'honorable
député de Richmond, sur l'article 583.
M. BROCHU: Sur l'article 583, M. le Président, simplement
quelques mots. Vu l'importance du débat qui a eu lieu relativement
à cet article, je pense que nous pouvons considérer que c'est un
article clef dans le projet de loi que nous sommes à étudier.
Nous avons vu je tiens à le souligner rapidement ici tous
les écueils que cet article réserve à la mise en
application du projet de loi. Nous avons rencontré ces écueils
dans la discussion qui a eu lieu; ils ont été laissés en
plan puisqu'il n'y a eu aucune modification d'apportée par le ministre
à cet article 583.
J'ai l'impression que les problèmes soulevés restent
pleinement présents. Lors de la mise en application de la loi ce
n'est pas un voeu j'ai l'impression qu'on pourra assister à des
heurts, à des conflits, à une sorte de remous puisque, en fait,
le courant de neutralisme qui est resté en plan par l'article 583 tant
au point de vue linguistique qu'au point de vue confessionnel est de nature
à susciter ce remous dont je veux souligner l'importance ici.
Quant à nous, nous pensons toujours que le pivot de cette
réforme scolaire devrait être justement la commission scolaire,
d'où l'importance de cet article 583 et des implications futures de la
mise en application de ce cadre législatif. La commission scolaire n'est
pas simplement un organisme de pure administration, mais son travail a
également des incidences au niveau linguistique comme au niveau
confes-
sionnel, parce que nous sommes en matière d'éducation et
qu'il ne s'agit pas simplement d'administration pure et simple.
C'est dans cette optique d'en arriver à donner à la
véritable démocratie une suite logique jusqu'à son terme
que nous avons proposé les amendements relatifs d'abord au
problème linguistique et, en second lieu, au problème
confessionnel que cela suscitait. Nous voulons arriver véritablement
à représenter le contexte montréalais des années
que nous vivons, contexte d'un pluralisme qui doit se reconnaître
même dans les cadres législatifs afin que l'on donne suite
justement à cette réalité pour éviter les
imbroglios ou les conflits qui pourraient naître de la non-reconnaissance
d'une telle réalité.
Je pense que le gouvernement a une responsabilité, il a un
mandat, y compris celui de prendre des décisions.
Je pense, M. le Président, que les décisions qui sont
prises au niveau du bill 28 et, en particulier, de l'article 583, ne sont pas
prises jusqu'au bout. On est encore face à certaines demi-mesures
où les situations sont tout simplement laissées en plan. C'est
dans cette optique de refaire la structuration scolaire de l'île de
Montréal, en ayant comme pivot la commission scolaire et en tenant
compte du pluralisme qui existe dans la région montréalaise, que
le Ralliement créditiste du Québec a proposé les
amendements dont nous vous avons fait part hier. Je tiens simplement à
dire, en terminant que nous ne pouvons accepter cet article 583 puisqu'il n'y a
eu aucun changement d'apporté et qu'on est resté dans un mutisme
quasi complet pour défendre une position, qui, à mon sens, est
dépassée, vu qu'on retourne à une situation, pour ne pas
dire préhistorique, au moins, qui date de deux cents ans. En effet, on
retourne à une situation d'imbroglio où on verra les conflits et
les heurts, malheureusement, continuer d'exister sur l'île de
Montréal.
C'étaient les quelques remarques, M. le Président, que
j'avais l'intention de faire au nom du Ralliement créditiste du
Québec pour expliquer que nous ne pouvons accepter l'article 583.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: M. le Président, j'ai la ferme intention d'ajouter
quelques pages au journal des Débats, sur l'article 583 parce que je le
trouve important et parce que je considère comme proprement scandaleux
les trois séries de motifs que le ministre de l'Education a
invoqués à tour de rôle pour refuser d'abord le
problème de la langue de fonctionnement au sein des commissions
scolaires
Quelles ont été ses trois séries d'argumentations
pour refuser d'aborder ce problème? La première suite d'arguments
tenait au fait c'est, de loin, la plus ridicule qu'il n'y avait
pas dans ce projet de loi, ni dans cet article en particulier, d'incidence
linguistique. Il y a toujours bien un bout! La raison principale,
précisément, pour laquelle on a fait ce projet de loi, c'est
qu'il y avait une situation incontrôlable sur l'île de
Montréal, eu égard à la situation linguistique, à
la situation confessionnelle, aux disparités dans l'équipement
des différentes commissions scolaires. Si vous me le permettez, M. le
Président, je vous soumets la ligne de mon argumentation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de Gouin
sait d'avance ce que je vais dire?
M. JORON: J'ai l'impression que, si vous vous êtes levé,
c'est pour me rappeler à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Tantôt, pour répondre aux propos du
député de Bourget, le ministre de l'Education est intervenu et,
comme vous l'avez remarqué, je n'ai pas prononcé de
décision. La même chose, dans le cas du député de
Chicoutimi. Le problème qui se posait dans ces deux cas, c'est qu'ils se
tenaient à un degré d'abstraction tellement élevé
que les propos qu'ils prononçaient pouvaient s'appliquer à peu
près à n'importe quoi, donc à la langue de fonctionnement
des commissions scolaires. Mais le député de Gouin je n'ai
pas à juger si c'est mieux; ce n'est pas mon propos est à
un degré d'abstraction moins élevé.
M. JORON: En rase-mottes.
M. LE PRESIDENT: C'est facilement décelable qu'il ne s'en tient
pas à la langue d'administration dans les propos qu'il tient
actuellement. Le député de Chicoutimi énonçait de
grands principes et on pouvait dire que ces grands principes appuyaient le fait
qu'on devait changer la langue d'administration. Je ne pouvais pas dire d'une
façon catégorique que ça n'avait pas un certain rapport.
Quand le député de Gouin, plus concret, parle de
différents problèmes linguistiques concrets, mais qui ne se
rattachent pas à l'article 583, je suis obligé de l'inviter
à faire deux choses: ou bien à s'envoler dans les sphères
où se trouvaient ses collègues, le député de
Bourget et le député de Chicoutimi, ou à revenir, de
façon encore plus terre à terre, sur l'article 583. Mais je ne
peux pas, à cause du règlement, lui permettre de se tenir dans
une espèce de demi-lieu entre ces sphères très abstraites
et le champ bien circonscrit de l'article 583. Encore une fois, c'est à
cause du règlement.
M. JORON: M. le Président, les propos que je tenais au moment
où vous m'avez rappelé à l'ordre pouvaient sembler
s'éloigner de l'article 583, c'est un fait. Mais je vous rappelle que
c'était là l'argumentation qu'a utilisée le ministre de
l'Education pour refuser de considérer la
question que l'on veut introduire, celle de la langue de travail,
à l'intérieur des commissions scolaires. C'étaient les
arguments que lui-même a invoqués.
Alors, je pense que tout député de l'Opposition a un droit
de réfuter les arguments que vous avez permis au ministre de l'Education
d'apporter sur le même sujet. Je disais simplement que le ministre de
l'Education avait commencé par dire qu'il n'y avait pas d'incidence
linguistique, et c'est la raison pour laquelle il ne voulait pas
considérer nos amendements, il ne voulait pas considérer ce
sujet-là.
Je dis que l'article 583 est pourtant très clair. Il en parle
explicitement. Il dit: Toutefois le lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il
constate que la minorité francophone ou anglophone... On le dit
textuellement qu'il s'agit d'une question linguistique. Qu'on ne vienne pas
nous dire que c'est hors d'ordre à ce moment-là, tel que le
ministre a essayé de le faire à maintes reprises. Vous-même
avez clairement établi, hier soir, M. le Président, que
c'était tout à fait à propos dans le cadre de cet
article-là, que cet article posait le problème de la langue de
communication, de travail à l'intérieur d'un type d'institution,
qui est la commission scolaire, et qu'en conséquence il était
loisible d'en débattre. C'est ce que nous voulons faire.
Les premiers arguments qu'avaient évoqués le ministre de
l'Education nous semblent d'un ridicule total. La deuxième série
d'arguments qu'a employés le ministre de l'Education...
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Le député de Gouin est en train de plaider sur les
arguments du ministre de l'Education après que vous avez rendu une
décision sur le sujet. Est-ce que le député de Gouin veut
remettre en cause la décision que vous avez rendue ou s'il veut soulever
un nouvel aspect?
M. JORON: Sur quel sujet?
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il veut en somme aborder l'article 583 sous un
aspect qui n'a pas encore été exploré par le
comité? Je soumets qu'il est évident que non, parce que son
argumentation se rattache constamment aux arguments que le ministre de
l'Education a fait valoir tout à l'heure à l'encontre de la
motion présentée par le député de
Saint-Jacques.
M. JORON: Sur le point de règlement qu'a soulevé le
ministre de la Justice, à ce que je sache, l'article 583 n'a pas
été adopté. Il est toujours loisible pour quelque
député que ce soit d'apporter d'autres amendements, de revenir
sur la question de la langue de communication à l'intérieur de
l'article 583 et c'est ce que nous faisons.
M. CHOQUETTE: Je n'ai pas dit le contraire, M. le Président. Je
n'ai pas dit que le député de Gouin ne pouvait pas parler de
l'article 583. Ce que je reproche au député de Gouin c'est de
reprendre un débat qui a déjà été
vidé par une décision que vous avez rendue.
M. CHARRON: Sur le même point de règlement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Gouin. M. CHARRON:
Très bien, M. le Président.
M. JORON: La deuxième série d'arguments que nous a
apportés le ministre de l'Education, ce matin, pour dire qu'il ne
fallait pas se pencher sur le problème de la langue de communication,
c'est qu'entre autres c'est un problème qui n'existe pas, sauf dans la
tête de quelques députés. Il nous a toujours dit que
c'était faire de l'obstruction. Je ne crois pas que ce soit faire de
l'obstruction que de passer quinze heures vous le disiez il y a un
moment vous-même sur le problème des communications
à l'intérieur des commissions scolaires, sur le problème
de la langue de travail à l'intérieur d'une institution
quelconque. Je suis convaincu que les agriculteurs, sur le dos desquels vous
vous défendez depuis plusieurs jours,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JORON: ... seraient les premiers à reconnaître que la
langue est importante au Québec et qu'ils sont intéressés,
eux aussi, à voir ce problème de fond débattu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
Le député de Gouin n'a pas à ce stade-ci à
parler de l'importance de la langue au Québec. Ce n'est pas l'objet de
l'article 583. Celui-ci ne se prononce pas sur les problèmes de langue
au Québec. On peut se référer, à l'occasion de
l'article 583, aux problèmes de la langue de communication ou la langue
de travail au niveau des commissions scolaires unifiées de l'île
de Montréal. Pour la nième fois, j'implore, je supplie, je
demande au député de Gouin, comme à tous les autres
députés qui pourront être appelés à prendre
la parole sur cet article, de s'en tenir à ce champ.
M. JORON: M. le Président, c'est justement, le problème de
la langue, vous l'employez au sens très large. C'est bien entendu que
nous parlons du problème de la langue de travail à
l'intérieur de la commission scolaire. Poser ce
problème-là à l'intérieur de ce cadre, c'est la
même chose que de poser le problème de la langue de travail
à l'intérieur de General Motors ou à l'intérieur de
quelqu'autre institution.
M. LE PRESIDENT: On ne discute pas de General Motors.
M. JORON: Mais c'est le problème.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, si la loi que l'on étudie
était justement une loi-cadre qui pose tout le problème de la
langue de travail, tout le problème de la langue au Québec.
Evidemment, le débat, à l'occasion des articles, pourrait
être très vaste et très large, mais le projet de loi
lui-même restreint déjà, et l'article 583 restreint encore
davantage. Je ne peux pas admettre ce serait aller à l'encontre
du règlement que l'on traite du problème de la langue de
travail en général, et même comme je l'ai fait, je pense,
lors des propos du député de Saguenay, je ne peux même pas
permettre que l'on traite de la langue de communication au travail au niveau de
différents organismes dans le domaine de l'éducation. C'est
uniquement les commissions scolaires unifiées de l'île de
Montréal. Evidemment, par incidence, brièvement, on peut faire
des comparaisons, mais il ne faut pas que la substance des propos porte sur
autre chose que ça: la langue de travail dans les commissions scolaires.
J'invite de nouveau le député de Gouin à revenir à
cela.
M. LESSARD : M. le Président, sur une question. Est-ce que l'on
peut...
M. LE PRESIDENT: Non, d'abord...
M. LESSARD: J'ai le droit, en vertu de l'article 667, de vous demander
une directive.
M. LE PRESIDENT: En vertu de l'article 667, tout député
peut poser des questions au président, mais le président est
libre d'y répondre ou non. J'ai dit tantôt que je n'avais pas
l'intention de transformer le comité en salle de cours. Je refuse, pour
le moment, de répondre aux questions du député.
M. LESSARD: Est-ce que l'on peut au moins parler dans ce débat de
l'importance de la langue de communication au niveau des commissions scolaires?
Vous nous l'avez reconnu hier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LESSARD: On va continuer de le faire.
M. JORON: Justement, nous arrivons au vif...
M. SAINT-PIERRE : Restez-là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Nous arrivons donc au vif du sujet qui est le problème
de la langue de travail limité dans le cadre, si vous voulez, des
commissions scolaires sur l'île de Montréal.
M. CHOQUETTE: Le député de Saguenay a des gestes
menaçants à l'endroit du ministre de l'Education.
M. LESSARD: Je dis que le ministre ne fait que ramper, qu'il comprenne
ce signe, ramper, rentrer sous le tapis.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux faire remarquer au
député de Saguenay qu'il prive de son droit de parole son
collègue, le député de Gouin?
L'honorable député de Gouin.
UNE VOIX: Vous êtes menaçant. M. JORON: M. le
Président...
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai aucune peur, M. le Président, parce que
le député est perdu dans les nuages, et les nuages s'en vont.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
M. JORON: Nous avons tenté depuis hier, en quelque sorte, de
permettre au gouvernement de sauver la face vous allez me comprendre,
c'est très pertinent puisqu'il a, à l'occasion de
l'article 583, en instituant le français comme langue de travail dans
ces commissions scolaires, l'occasion de donner suite à l'une de ses
promesses électorales, à un article très important du
programme électoral du Parti libéral.
Le ministre nous dit maintenant que le problème de la langue de
travail, ça n'existe pas dans les commissions scolaires, c'est dans
notre tête. Il dit: Il n'y a aucun problème, cela ne se poserait
pas si vous aviez été dans les mêmes comités, dans
les mêmes commissions ou dans les mêmes endroits où, moi,
j'ai circulé. Vous verriez qu'il n'y a jamais de problème au
Québec quand il est question de langue de travail, même si, autour
d'une même table, comme ce sera le cas dans ces commissions scolaires, on
rencontrera un certain nombre d'anglophones et de francophones, des
francophones quelquefois bilingues, unilingues et vice versa de l'autre
côté la même chose. Il n'y a pas de problème, tout ce
monde-là va se comprendre. On est assuré, nous, que, par magie,
la langue du travail, la langue de fonctionnement dans ces commissions
scolaires sera le français. Comme ça. Si on a senti le besoin
justement d'en faire un des articles principaux d'un programme
électoral...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permet une
question pour élucider le débat? Pour aller au fond des choses
comme il aime le faire, est-ce que le député met en doute la
parole du premier ministre et du ministre de
l'Education et de plusieurs membres de ce cabinet qui, à
plusieurs reprises, ont dit que, durant le mandat du présent
gouvernement, nous nous attaquerons à ce problème en temps
approprié, opportun et pertinent? Nous nous attaquerons au
problème de la langue. Est-ce qu'il met en doute ceci?
M. LEGER: Il a déjà promis 100,000 emplois.
M. JORON: Si vous me permettez de répondre à la question
du ministre, je dirai: Oui, je la mets en doute, puisque cela existe depuis
1966 dans votre programme et qu'à maintes reprises, depuis 20 mois, vous
auriez eu l'occasion, spécifiquement dans certains cas, de
légiférer et que vous ne l'avez pas fait. On ne vous croit plus,
là-dessus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
J'imagine que l'honorable député de Gouin a sûrement
déjà lu l'article 285 qui dit bien qu'on doit prendre la parole
d'un collègue.
M. BURNS: M. le Président, je m'excuse. Je pense que vous donnez
à l'article 285 une étendue qu'il n'a pas. On ne parle pas de
choses passées, M. le Président. Ce que nous mettons en doute, je
le répète après le député de Gouin, ce sont
les intentions déclarées. Nous les mettons en doute clairement
parce que c'est quant à des projets futurs. Si le député
de Verchères vient nous dire qu'il a fait telle chose, je suis d'accord
que je ne peux pas le mettre en doute. Mais qu'il vienne nous dire qu'il va le
faire, il n'a pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Voulez-vous que l'on relise ensemble
l'article 285, 19e?
M. BURNS: Nous allons le relire ensemble, si vous le voulez.
M. LEGER: Lisons-le ensemble tranquillement.
M. BURNS: C'est cela, tranquillement pas vite.
M. LE PRESIDENT: J'espère que nous lisons tous la même
langue.
M. BURNS: Oui, oui! Notre langue de travail, à nous.
M. LE PRESIDENT: "D'imputer directement ou indirectement, des motifs
indignes ou des intentions mauvaises à un député, ou de
lui attribuer des motifs, des intentions ou des propos inavoués". On ne
parle ni du passé, ni du présent, ni de l'avenir. C'est
intemporel.
Alors je pense qu'à cause de cela, et je fais appel à sa
gentilhommerie, je pense que ce n'est pas de nature à aider l'ensemble
des travaux de la Chambre, l'honorable député de Gouin acceptera
de bon gré de se soumettre au paragraphe 19 de l'article 285.
M. BUNRS: Quand on ne les croit pas, on ne les croit pas. C'est
tout.
M. JORON: M. le Président, n'étant pas un
spécialiste du règlement, je prends votre parole, du moins en ce
qui concerne la procédure et notre règlement. Si vous me dites
que mes paroles étaient injurieuses et étaient contre le
règlement, je les retire.
M. SAINT-PIERRE: Vous les retirez?
M. JORON: Oui, oui! J'ai dit que je les retirais. Je ne tiens pas
à violer le règlement. N'étant pas spécialiste du
règlement, le président m'ayant indiqué que je l'avais
violé, je retire mes paroles. C'est tout.
Au sujet de la langue de travail, M. le Président, dans les
commissions scolaires, le gouvernement a refusé trois de nos amendements
qui auraient eu pour effet de donner un statut officiel, une priorité
à la langue française dans ce type d'institutions. Le ministre
nous dit qu'il préfère procéder par incitation, qu'il est
convaincu que, de bonne foi ou de bon gré, tous ces gens s'entendront et
qu'avec le temps, dans les faits, le français s'installera comme langue
de travail.
M. le Président, nous ne pouvons plus, après un
siècle, et même deux siècles d'échecs
répétés, systématiques, accepter ce genre
d'argumentation.
M. LACROIX: A l'ordre!
M. JORON: Je suis tout à fait sur le sujet, M. le
député des Iles-de-la-Madeleine. Je dis que l'arguement
qu'invoquait le ministre de l'Education pour refuser d'institutionnaliser, dans
le cas des commissions scolaires, le français comme langue de travail,
nous paraissait inacceptable parce qu'on l'avait tant de fois essayé
sans succès, dans le passé, cet argument incitatif.
Il dit: L'incitation suffit. La Ligue d'achat chez nous suffira
dans le passé, à titre d'exemple à nous faire
reprendre le contrôle de notre économie. Plus on a parlé de
la Ligue d'achat chez nous, depuis cent ans, plus notre part dans le
contrôle de l'économie a baissé graduellement. L'incitation
n'a pas marché, pas plus d'ailleurs dans le domaine linguistique et pas
plus qu'elle ne marchera dans ce domaine limité et précis des
commissions scolaires.
Justement, M. le Président, si on a institué une
commission d'enquête, si un parti politique a cru bon d'en faire une de
ses priorités, c'est qu'il y avait un problème, que l'incitation
ne suffisait plus et qu'il fallait légiférer. C'est ce qu'il y
avait de plus curieux dans l'argumentation du ministre de l'Education, ce
matin,
quand il nous disait: On n'a pas besoin de légiférer
là-dessus. Ce sont des problèmes qui se règlent tout
seuls. Je ne vois pas pourquoi cela devrait faire l'objet d'une loi. A ce
compte-là, M. le Président, aussi bien abolir le Parlement
immédiatement. Les lois existent précisément parce que,
quand des situations n'évoluent pas dans le sens du bien commun de
façon normale et automatique, la société se sent
obligée d'intervenir, de réglementer, de poser des cadres et
d'imposer, finalement, une volonté populaire.
C'est ce que nous avons tenté de faire. Et pour une ultime fois,
j'essaie de persuader encore le ministre qu'il faudrait amender l'article 583
de façon a établir, par la loi, par cet article, le
français comme langue de travail dans ces commissions.
La politique d'incitation ne peut pas suffire. Et pourtant, je
rappellerai que le gouvernement, en fait, s'était presque
déjà, à plusieurs reprises, engagé justement
quand se présentent des occasions spécifiques comme celle-ci
à bâtir sa politique de langue de travail, morceau par
morceau, au fur et à mesure que des occasions se
présentaient.
Je vous rappellerai par analogie mais l'analogie est tout
à fait pertinente, vous en conviendrez ce qui s'est passé
en cette Chambre quand on a débattu la question de la
Société de développement industriel. On a justement
évoqué la politique de langue de travail du gouvernement. Quand
le Parti québécois a tenté de faire adopter un amendement
qui aurait obligé les entreprises traitant ou bénéficiant
ou faisant appel aux deniers des contribuables parce que ce sont les
contribuables, la SDI, l'instrument qui prête de l'argent aux entreprises
on aurait voulu par amendement obliger celle-ci à traiter en
français avec l'Etat.
Le gouvernement n'a même pas eu le courage d'accepter cet
amendement, à ce moment-là, quand c'est nous-mêmes qui
donnons de l'argent à des entreprises; on n'a même pas la
fierté de leur dire: Dites-nous merci en français.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
crois que vous avez manifesté une grande tolérance. Et je crois
que, sans vouloir faire de reproche à qui que ce soit, l'économie
de notre règlement, nos devoirs parlementaires doivent nous ramener
à la réalité.
Présentement, on est rendu à discuter d'un projet de loi
qui a été accepté ici. Nous savons que notre
règlement dit qu'on ne peut pas critiquer une loi, sans en demander le
rappel. Je n'ai pas compris que l'honorable député de Gouin
demandait le rappel du projet de loi no 20 et, s'il le faisait, ce ne serait
pas à ce moment-ci qu'il pourrait le faire.
Pas plus, à ce moment-ci, ne peut-il décider la Chambre
à aborder une question qui n'est pas comprise dans le principe du projet
de loi que nous avons à discuter; Pas plus ne devons-nous d'ailleurs
établir une politique linguistique parce que nous avons devant nous un
projet de loi qui a comme principe la restructuration scolaire proprement dite.
Et à de multiples occasions qui a des oreilles pour comprendre
comprenne vous avez rendu décision sur décision voulant
que ce projet de loi comportait certains principes qui avaient
été adoptés en deuxième lecture.
Et à maintes occasions devant les amendements qui ont
été apportés, vous avez été clair en
affirmant que ces amendements n'étaient pas recevables, parce qu'ils
comportaient des principes qui n'étaient pas contenus dans le projet de
loi tel que présenté en deuxième lecture et qui
théoriquement, du moins, auraient pu recevoir, non pas la faveur mais la
défaveur ou l'inverse, selon le cas, si ces principes avaient
été inclus avant le vote de deuxième lecture. Il me semble
que c'est clair. Il me semble qu'on ne peut pas, à la faveur d'un projet
de loi, essayer d'inclure en comité plénier un principe qui n'a
pas été discuté, qui n'a pas été
décidé en deuxième lecture.
Vous avez, à maintes occasions, au cours des heures et des heures
de discussion, rendu votre décision dans ce sens. Comment se fait-il que
la très grande majorité des députés de cette
Chambre se doive maintenant d'endurer que l'on mette en doute la sagesse de
votre décision? Comme se fait-il que l'on puisse à ce moment-ci,
et pendant des heures, recevoir vos décisions et continuer par la suite
comme si vous ne les aviez pas rendues?
M. le Président, si la minorité a des droits, que nous
respectons et Dieu sait si nous les respectons! est-ce que la
majorité, est-ce que la présidence, est-ce que le simple bon sens
n'a pas ses droits?
Il me semble qu'il y a un principe bien connu que ce qu'on ne peut pas
faire directement, on ne peut pas le faire indirectement. Si on n'a pas le
droit M. le Président, c'est votre décision
d'inclure dans ce projet de loi une dimension de politique linguistique,
pratiquement globale, que l'on voudrait y introduire à ce moment-ci, si
c'est là le sens que nous avons compris de vos décisions, eh
bien, je dois protester contre ces discussions interminables, contre ces pages
que l'on veut écrire, selon l'expression du député de
Chicoutimi, pages qui contiennent non seulement des questions linguistiques qui
n'ont rien à faire avec la restructuration scolaire proprement dite,
mais qui sont surtout remplies de procédure à n'en plus finir
centrée surtout sur des considérations qui n'ont rien à
faire avec le principe ou avec les modalités du projet de loi tel que
présenté par le gouvernement. Le gouvernement a encore
l'initiative, je l'espère bien, de sa politique; il a encore
l'initiative d'une politique pour laquelle il a été élu et
pour laquelle il sera jugé.
M. le Président, si nous avons reçu
démocratiquement de la population du Québec le mandat de
gouverner, eh bien, c'est notre obligation de prendre les moyens de gouverner
et d'administrer en pleine lumière, sans être
continuellement contrecarrés, à l'encontre même de
vos décisions, à l'encontre même de nos règlements,
à l'encontre même du simple bon sens. M. le Président,
j'insiste encore une fois pour que vous disiez, d'une façon
définitive, non équivoque, que, lorsque vous avez rendu ces
décisions, ce ne sont pas des décisions d'un instant, mais des
décisions appuyées par cette Chambre. C'est la Chambre qui vous
demande, à ce moment-ci, de donner raison à ceux qui veulent
appuyer votre autorité et appuyer les principes démocratiques
pour lesquels nous avons été élus et sur lesquels nous
nous battrons.
UNE VOIX: Très bien.
M. LE PRESIDENT: D'abord, évidemment, il y a, dans les propos du
leader parlementaire, des choses sur lesquelles je n'ai pas à me
prononcer comme président du comité, des choses qui ont trait
à la substance du débat. Deuxièmement, le leader
parlementaire a raison lorsqu'il dit que l'on n'a pas le droit de faire
indirectement ce qu'il est défendu de faire directement. C'est la raison
pour laquelle, à maintes reprises au cours du débat, cet
après-midi, j'ai dû interrompre fréquemment les
députés pour leur dire qu'il leur était interdit de parler
du problème global de la langue.
Par ailleurs, toujours en conformité avec une décision
rendue hier soir, je dois reconnaître comme légitime le fait de
parler de la langue de travail et de la langue d'administration au niveau des
commissions scolaires, puisque, encore une fois, l'article 583 reconnaît
cette dualité ou ces deux réalités: la
réalité francophone et la réalité anglophone. Ici,
je songe un peu à un article du journal qui a été
publié aujourd'hui où on trouve justement, peut-être un peu
comme le leader parlementaire l'a souligné, que ça semble un peu
ambigu de dire que des motions proposant des principes nouveaux sont
rejetées, alors qu'on permet le débat.
C'est que, précisément, il pourrait arriver que l'on
propose des amendements ayant trait à la langue de travail dans les
commissions scolaires unifiées, qui n'aillent pas contre les principes.
Jusqu'ici, on n'en a pas proposé.
Toutes les motions qui ont été déposées sur
la table allaient toujours contre le principe ou au-delà du principe
contenu dans le projet de loi no 28. Par hypothèse, il n'est pas
impossible qu'il y ait des motions là-dessus parce que l'article 583
reconnaît deux réalités ethniques. Il est
hypothétiquement possible que l'on propose un amendement qui n'aille pas
contre le principe.
J'invite de nouveau le député de Gouin à
restreindre ses propos sur la question de la langue d'administration dans les
commissions scolaires unifiées.
M. JORON: M. le Président, nous nous demandions donc...
M. LE PRESIDENT: Il y a surtout un aspect des propos du leader
parlementaire qui était tout à fait justifié. Par
habileté, le député de Gouin avait dit que c'était
par analogie, mais il est évident que l'on n'a pas le droit de critiquer
une loi qui a déjà été votée par ce
Parlement. L'analogie allait pas mal trop loin.
M. JORON: M. le Président, au sujet de l'analogie, j'avais eu la
décence de dire que je le faisais à titre d'exemple et
c'était à la suite de l'invitation que vous aviez faite
vous-même vingt minutes auparavant. C'était là le type
d'exemple ou d'analogie que, dans le cadre de ce débat, il nous est
permis de faire. C'était à la suite de vos directives que,
justement, j'avais pris la précaution de bien spécifier ce que
j'étais en train de faire.
Nous étions à nous demander quelle sera la langue de
travail dans ces fichues commissions scolaires. L'article 583 pose le
problème, et il n'y répond pas. Nous sommes inquiets de la
réponse à cette question parce que nous nous demandons s'il
n'arrivera pas, dans ces commissions scolaires, la même chose qui arrive
au Québec dans la plupart des milieux. Vous savez ce qui arrive? Sur
quinze personnes, il suffit qu'il y ait un anglophone, qui est
généralement unilingue, pour imposer comme langue de travail sa
langue aux quatorze autres. On en a soupe de cela au Québec. Nous
prétendons que la langue de la majorité a des droits. C'est
l'absence de reconnaissance de ces droits-là, dans un cas bien
spécifique qui est devant nous, qui nous inquiète.
Le ministre passe son temps à nous dire, depuis ce matin, que
l'incitation suffit, que les choses se règlent toutes seules. Nous
disons non. Les Parlements existent pour prendre leurs responsabilités,
pour légiférer. Quand les choses ne se règlent pas mais
s'enveniment et empirent avec les années comme cela a
été le cas dans ce domaine-là au Québec
c'est le devoir du Parlement d'intervenir pour empêcher que la situation
se détériore encore davantage, pour mettre un frein à la
pente glissante et savonneuse sur laquelle le Québec est engagé
à cet égard-là depuis déjà un siècle
ou deux.
L'incitation ne suffit pas, à notre avis. Dans des institutions
comme celles qui nous intéressent il faut, dans une
société qui se respecte, imposer, statuer sur le rôle d'une
langue. C'est en établissant le statut d'une langue comme on
aurait l'occasion de le faire si le gouvernement le voulait, à
l'intérieur d'un type d'institutions de la société, les
commissions scolaires c'est de cette façon qu'une
société se définit, en établissant le statut de sa
langue, pas en laissant les forces libres du marché si vous
voulez employer un terme économique établir si elle va
disparaître ou si elle va vivre.
Une nation qui se respecte établit par statut que ses
institutions les commissions scolaires en sont parmi les plus
importantes, d'ailleurs, parce qu'elles sont au coeur même de la
formation d'une nation puisqu'il s'agit de tout
le système de l'éducation, de la formation des jeunes
...
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas parce que, encore une fois, le
député de Gouin va dire, à la suite de cinq ou six phrases
très générales, "langue d'administration" que cela va
rendre ses propos conformes au règlement. Je vais lui donner une
comparaison. Le député de Saint-Jacques, ce matin je pense, s'en
tenait à la question de règlement quand il disait: Qu'est-ce qui
va arriver dans la commission scolaire si je suis unilingue et si les
commissaires sont d'une autre langue? Il posait vraiment des problèmes
pratiques qui pouvaient s'appliquer au niveau de la commission scolaire
unifiée et il s'en tenait au cadre.
Là, ce que le député de Gouin fait depuis le
début, même si de temps en temps, comme le faisait son
collègue de Saguenay auparavant, il met le mot "langue
d'administration", il s'en tient à des grands principes.
Une société doit faire telle et telle chose pour le
maintien de la langue. Ce sont les grands principes qui doivent orienter une
politique linguistique à laquelle réfère constamment le
député de Gouin. C'est la dernière fois que j'invite le
député de Gouin à s'en tenir strictement, d'une
façon concrète, au problème que peut poser, sur le plan de
la langue, l'article 583 tel que rédigé actuellement. Là,
c'est la dernière fois que je le rappelle à l'ordre.
M. JORON: M. le Président, si je crois qu'il est important que la
loi 28, par l'article 583, statue sur la langue de travail, sur la langue
d'administration à l'intérieur des commissions scolaires, il est
de mon devoir, pour l'intelligence des gens à qui je m'adresse,
d'expliquer en vertu de quoi je prétends que l'on devrait statuer sur
l'état de la langue française à l'intérieur de ce
type de commissions scolaires. Cela ne part pas d'une...
M. LEVESQUE: C'est justement ça, M. le Président, qu'il
n'a pas le droit de faire.
M. JORON: ... toquade sur les commissions scolaires; ça part d'un
principe que j'ai bien le droit d'évoquer.
M. LEVESQUE: La décision a été rendue maintes et
maintes fois.
M. JORON: Je dis justement que, parmi toutes les institutions de notre
société à travers lesquelles un peuple se reconnaît
et à travers lesquelles les étrangers nous reconnaissent aussi,
selon le caractère qu'on leur a donné, les commissions scolaires
sont des plus importantes parce qu'elles sont au coeur même de tout notre
système d'éducation.
Je pense que, si on n'a pas la volonté de faire ça
à cet endroit, on ne peut pas s'attendre qu'on ait la volonté de
le faire dans d'autres institutions dont le rôle ou le caractère
est peut-être moins important.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas le problème. Nous ne sommes pas
actuellement à discuter ce qui arrivera dans d'autres cas, dans d'autres
lois. Si le député de Gouin c'est la dernière des
dernière fois ne revient pas au débat, je devrai
reconnaître un autre membre du comité, s'il y a un autre membre
qui désire la parole; sinon, je devrai mettre l'article 583 aux
voix.
M. JORON: M. le Président, même s'il ne m'est pas permis,
par la rigueur soudaine que prennent les directives de la présidence,
d'évoquer les principes sur lesquels je me fonde pour argumenter la
nécessité d'agir dans les commissions scolaires, je pense que,
quand même, elles sont à peu près évidentes à
tout le monde et, en conséquence, j'ai fini de parler.
M. LE PRESIDENT: Article 583, adopté?
M. LEGER: M. le Président, l'article 583, qui nous dit
précisément que chaque commission scolaire est composée de
quinze membres et que le lieutenant-gouverneur en conseil peut nommer des
personnes qui deviennent, d'après l'amendement, des observateurs, tient
compte que ce geste ne se fait que si le lieutenant-gouverneur constate que la
minorité francophone ou anglophone, selon le cas, n'est pas
représentée par suite de l'application de cet article.
M. le Président, le ministre nous a apporté un amendement
qui disait que le mandat serait de quatre ans, premièrement et,
deuxièmement, que ces deux commissaires d'écoles n'ont,
cependant, pas le droit de vote, ni le droit d'être élus
président ou vice-président et qu'ils ne peuvent pas, non plus,
être désignés membres du conseil. Au cas de vacance, ils
sont remplacés de la même façon.
M. le Président, ceci m'amène à discuter de deux
aspects de ce projet de loi, à l'article 583: l'aspect, d'abord, de la
langue de travail et, deuxièmement, le rôle précis que tout
le monde reconnaît, un rôle important, difficile, celui
d'observateur avec un pouvoir caché, mais réel qui peut
créer justement une difficulté énorme dans
l'équilibre des forces à l'intérieur des commissions
scolaires.
M. le Président, comme vous nous l'avez dit
régulièrement, nous ne pouvons pas proposer au gouvernement une
politique de la langue au Québec.
On sait qu'actuellement il n'y en a pas et...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LEGER: M. le Président,
j'ai...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Lafontaine vient
justement en quelques mots...
M. LEGER: Je n'ai même pas eu le temps de faire ma
référence.
M. LE PRESIDENT: Bien oui! mais c'était tellement évident.
En quelques mots, le député a démontré qu'il
s'engageait immédiatement exactement en contradiction avec les
directives que je viens de donner. Il commençait à parler d'une
politique de la langue. Ce n'est pas l'objet de l'article 583. Evidemment, la
nature humaine étant en Chambre la même qu'ailleurs, lorsqu'on
veut diriger les débats avec une certaine souplesse, avec une certaine
latitude, il y a certains membres, au lieu de profiter de cette souplesse pour
aider les travaux, en profitent pour exagérer. Je regrette infiniment,
mais si on continue, si on persiste à user ou à prétexter
une certaine souplesse que j'ai pu avoir, pour déroger au
règlement, je devrai revenir à une attitude plus rigoureuse. Je
rappelle au député de Lafontaine ce que j'ai dit au
député de Gouin, avec la restriction que je ne le ferai pas aussi
souvent. Je rappelle au député de Lafontaine de s'en tenir
strictement à la langue de communication ou langue de travail au niveau
des commissions scolaires. S'il ne le fait pas, s'il déroge à
cette directive une seule fois je devrai reconnaître un autre membre du
comité comme opinant.
M. LEGER: M. le Président, je trouve étrange que je
n'aurai qu'une occasion de me tromper alors que je suis son orateur
préféré, j'ai cru remarquer cela depuis un certain temps.
M. le Président, vous allez me permettre d'expliquer ce que je veux dire
et pourquoi j'ai dit la phrase suivante: Comme on ne peut pas parler de la
politique de la langue et vous m'avez interrompu sans constater que je voulais
justement être l'observateur du règlement en vous disant que comme
on ne peut pas faire allusion à une politique générale de
la langue, qu'est-ce qu'il nous reste dans le corridor actuel? C'est
là-dessus que je voulais engager le débat. Si à chaque
occasion individuellement où il est possible d'amener une parcelle de
solution à un problème général qu'on ne peut pas
toucher, il y en a eu l'occasion à l'occasion de l'article 583, c'est
avec un grand respect du règlement que je voulais dire que je suis
obligé, étant donné les convictions qui m'animent dans le
domaine de la langue, d'essayer de les passer dans l'article 583 en ce qui
concerne uniquement l'article 583. Je donnerai comme analogie que si on ne peut
pas parce qu'on n'a pas actuellement une politique de la langue
il faut essayer de l'établir à mesure qu'on le pourra dans les
projets de loi que le gouvernement nous présente. Le gouvernement peut
nous présenter comme aujourd'hui le projet de loi qui touche les
commissions scolaires et, à ce moment-là, on peut établir
une politique de langue de travail à l'occasion de l'article 583. Si le
gouvernement nous présente des projets de loi sur les affaires
municipales, on pourra aussi établir à ce mo- ment-là,
à la pièce, tranquillement, parce que c'est notre objectif
premier d'en avoir un dans l'ensemble. Mais comme on ne peut pas en discuter,
on peut quand même à chaque occasion qui nous est offerte par
différents projets de loi, essayer d'établir parcelle par
parcelle les endroits où on peut mettre un peu de législation sur
la question de la langue.
Je pense, M. le Président, que si je parle de l'aspect
particulier de la langue de communication par l'article 583 du bill 28,
j'essaie de mettre une parcelle de politique de langue du Québec parce
qu'on ne peut pas le faire étant donné que ce n'est pas nous qui
pouvons mettre de l'avant une politique générale de langue.
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, ceci amène
des conséquences malheureuses, du fait qu'il y a tellement d'occasions
et là c'en est une à l'article 583 de
réellement résoudre un problème de langue de
communication. Dans l'article 583, on parle précisément de
personnes qui seront élues et qui se retrouveront, le lendemain d'une
élection, autour d'une table. Elles seront quinze, peut-être 17,
selon les circonstances et elles n'auront aucune législation qui leur
permettra à moins qu'on en fasse une à l'occasion de
l'article 583 d'établir quel sera le critère de base
minimum de contact et de communication.
Il me paraît très significatif que, chaque fois que
quelqu'un essaie de préconiser un style d'unilinguisme français
dans n'importe quel domaine de l'administration...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Vous parlez du domaine de l'administration,
mais, justement, vous parlez d'un principe les propos tenus tantôt
par le leader parlementaire du gouvernement seraient très bien
placés actuellement qui sous-tendait des propositions
d'amendement que j'ai déjà rejetées. J'ai
déjà déclaré que je ne pouvais pas accepter des
propositions d'amendement qui avaient pour but d'introduire le principe de
l'unilinguisme dans le bill 28. Si je ne peux pas accepter la proposition
d'amendement, je ne peux pas plus accepter des propos dans le même
sens.
M. LEGER: Quand nous avons voté en deuxième lecture sur le
principe du bill 28, selon mon esprit, je votais pour le principe de la
restructuration scolaire, de l'unification des commissions scolaires, d'un
financement nouveau pour les commissions scolaires, de la
confessionnalité, sous réserve des amendements que je voulais
apporter à l'occasion du comité plénier. A ce
moment-là, chaque fois qu'on voudra apporter des amendements à
des articles concernant la confessionnalité, le financement,
l'unification ou la structure, est-ce que l'on se trouvera à retoucher
le principe général? Le principe général ne touche
pas la langue des communications. Le principe général parle de la
structure, de l'unification, du financement et de la
confessionnalité.
Quand j'ai voté en deuxième lecture pour cela,
j'étais d'accord sur le principe général, mais je voulais
avoir l'occasion d'apporter, à l'occasion du comité
plénier, des amendements sur ces choses.
Je dois, quand même, toucher à un deuxième point
important, puisque l'impatience de la direction est telle que je ne peux me
permettre de frôler la bande de ce corridor...
M. LE PRESIDENT: Le règlement.
M. LEGER: Le règlement, oui, M. le Président. Je vais
toucher quand même un deuxième aspect de ce projet, qui est celui
des observateurs.
A l'article 583, on parle d'un rôle obscur, d'un rôle de
chien de garde, d'un rôle de surveillant qui serait joué par des
personnes qui seraient nommées par le gouvernement pour
représenter des minorités qui auraient été
oubliées par voie électorale. Quand on compare le projet de loi
62 avec le projet de loi 28 et l'article 583, on trouve une anomalie, parce
qu'on accorde il faut l'admettre aux extrémistes d'une
langue des concessions et des garanties d'un nombre et d'une portée
tels...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: M. le Président, je suis à l'article 583. Je
parle des minorités qui sont nommées.
M. LE PRESIDENT: J'invite respectueusement le député de
Lafontaine à reprendre son siège...
M. LEGER: Je suis rendu.
M. LE PRESIDENT: ...parce que j'ai à lui dire qu'hier le
comité s'est prononcé sur ce principe. Après l'amendement
de l'honorable ministre de l'Education, il y a eu un débat sur toute la
question des observateurs. Si je permets au député de Lafontaine
de reprendre la discussion sur ce problème-là, c'est que je
permets un nouveau débat. Le règlement est bien clair. Il dit
qu'on ne peut pas reprendre un débat qui a déjà eu lieu.
Sur la motion d'amendement du ministre de l'Education, le débat portait
précisément sur cette question des observateurs ou des
commissaires ou de ces personnes qui peuvent être nommées. Le
comité s'est prononcé sur l'amendement. Je ne peux pas permettre
au député de Lafontaine de remettre en cause une décision
que le comité a prise hier.
M. BURNS: M. le Président, sur la question de règlement.
Ce que la Chambre a fait hier, c'est qu'elle a accepté d'intégrer
à l'article 583 les amendements qui étaient proposés par
le ministre, c'est-à-dire en ajoutant, à la fin du premier
alinéa, les mots "qui s'appliquent mutatis mutandis et sous
réserve de l'article 586;" en remplaçant deuxièmement,
dans les septième et huitième lignes du deuxième
alinéa, après les mots "d'écoles" les mots "pour des
mandats d'une année scolaire" par les mots suivants "pour un mandat de
quatre ans".
Troisièmement, d'ajouter à la fin du deuxième
alinéa ce qui suit: "Ces deux commissaires d'écoles n'ont
cependant pas le droit de vote, ni d'être élus président ou
vice-président. Ils ne peuvent non plus être
désignés membres du conseil. Au cas de vacance, ils sont
remplacés de la même façon, nonobstant l'article 184, pour
la durée non écoulée de leur mandat."
M. le Président, je cherche dans ces textes que le comité
a acceptés... Ecoutez-moi, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je vous écoute.
M. BURNS: Vous avez l'air d'avoir déjà rendu votre
décision, avant que je vous aie donné les brillantes raisons pour
lesquelles, je pense, vous devriez pencher en ma faveur.
M. LE PRESIDENT: Je me pose des questions sur ce que vous dites.
M. BURNS: M. le Président, dans le premier cas de cet amendement,
en ajoutant les mots mutatis mutandis, je ne vois pas en quoi on a
réglé, si vous voulez, le sujet des observateurs. Dans le
deuxième, en déterminant le mandat de quatre ans, je ne vois pas
comment on a réglé le sujet, "the subject" comme dit Erskine May
et non pas "the scope", qui est l'étendue de la chose parce que "the
scope", on l'a maintenant par le nouvel article. Et par le troisième
ajouté, celui que j'ai lu tantôt, à l'effet que ces deux
commissaires n'ont pas le droit de vote, je me demande comment vous pouvez
prétendre qu'on a réglé le sujet des abservateurs. Au
contraire, tout ce qu'on a fait, c'est qu'on a pris l'article et on y a
intégré ces trois éléments.
Je vous dis, M. le Président, qu'en ce qui me concerne j'ai
l'intention, plus tard dans le débat, de discuter justement du sujet de
ces fameux commissaires observateurs. Ce sujet n'est pas réglé
tant et aussi longtemps que l'article 583 n'aura pas été
adopté par le comité.
M. le Président, je vous soumets bien respectueusement que le
député de Lafontaine a le droit de discuter sur l'à-propos
de mettre dans ce projet de loi cette nouvelle notion qu'on appelle les
commissaires non élus ou, si vous voulez, les commissaires observateurs,
comme on les appelle depuis le début.
M. le Président, je vous demande, là-dessus, de
garder...
M. LE PRESIDENT: Je vous écoute. Je fais les deux à la
fois. Les besoins de la cause m'obligent à écouter et à
consulter.
M. BURNS: M. le Président, c'est parce que,
dans ma grande humilité, je ne peux pas faire cela, parler et
écouter en même temps. Je pensais que c'était exactement le
même cas.
M. LE PRESIDENT: La fonction créant souvent...
M. BURNS: Le besoin crée l'organe.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est que saint Thomas faisait cela.
M. BURNS: M. le Président, n'ayant pas encore cet organe que vous
semblez avoir développé...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ne vous avancez pas!
M. BURNS: ... cet organe de pouvoir écouter et parler, n'est-ce
pas? M. le Président, pour toutes ces raisons, je pense que vous
devriez, selon que vous l'avez mentionné tantôt, examiner avec
largesse d'esprit la possibilité de toucher au problème des
commissaires observateurs. Je vous soumets très respectueusement et
très sincèrement que ce problème n'a pas été
vidé. Ce n'est que l'amendement du ministre qui a été
annexé au projet de loi.
M. LE PRESIDENT: La réflexion, les savants propos du
député de Maisonneuve et les judicieux conseils du
secrétaire de l'Assemblée m'amènent à clarifier la
décision.
Je maintiens toujours qu'en vertu du septième paragraphe de
l'article 285 on ne peut pas répéter deux fois un même
débat.
M. BURNS: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Hier, il y a eu un débat assez prolongé
à l'occasion de l'amendement du ministre de l'Education sur le
problème des observateurs. Je maintiens donc d'une façon bien
ferme que je ne peux pas permettre que l'on reprenne aujourd'hui ce
débat.
S'il y a des faits nouveaux, s'il y a des aspects du problème
qui, à l'occasion de ce débat, n'ont pas été
traités et qui se rapportent aux observateurs, j'admets que l'on puisse
les traiter. Mais, cela peut être le contraire, en raison des
réminiscences que je pourrais avoir de ce que j'ai entendu hier; s'il le
faut, je devrai relire les propos, à partir des épreuves du
journal des Débats. Encore une fois, je ne pourrais pas permettre que
l'on double le débat d'hier ou que l'on reprenne les mêmes
arguments qui ont été invoqués hier. S'il y a des faits
nouveaux, s'il y a de nouveaux aspects qui n'ont pas été
traités dans le débat d'hier, je les permettrai. Mais je ne peux
pas permettre que, de nouveau, on reprenne le débat d'hier.
M. le Président, je vous soumets encore une fois très
respectueusement que, peu importe ce qui a été discuté
hier, si on l'a discuté en dehors de l'amendenent du ministre, ce n'est
pas ma faute je m'excuse, mais c'est bien ça ce qu'il
fallait discuter à partir du moment où le ministre amendait son
texte, c'était de l'opportunité d'ajouter ces trois
choses-là. On ne m'empêche pas de le faire aujourd'hui,
maintenant.
M. LE PRESIDENT: Il faut quand même être conséquent.
Si hier, au cours du débat sur l'amendement du ministre, j'avais
été très, très restrictif et si j'avais
empêché des députés, en particulier des
députés qui siègent à l'extrême gauche, de
traiter du problème, du rôle de ce que feraient ces
gens-là, on m'aurait peut-être reproché, et avec raison,
d'empêcher ce débat.
J'ai cru qu'en appliquant l'esprit du règlement, à partir
de l'amendement du ministre, il devait être permis de discuter de
l'ensemble de ce problème, de ces personnes qui pourront être
nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil. Encore une fois, si
j'avais fait autrement on me l'aurait probablement reproché.
Je pense que j'ai agi avec sagesse en permettant de traiter de
l'ensemble du problème, et encore une fois, pas par goût, ni par
inclination personnelle, mais pour me conformer au paragraphe 7 de l'article
285, je ne peux permettre que l'on recommence le débat qui a eu lieu
hier.
M. BURNS: Nous n'avons pas eu de vote là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Et d'ailleurs c'est le simple bon sens. Je ne peux pas
voir comment et je suis sûr que le député de
Maisonneuve souscrira...
M. BURNS: Pas du tout.
M. LE PRESIDENT: ... avec empressement à cette façon
d'interpréter le règlement on peut s'imaginer que ceux qui
ont fait le règlement aient pu penser, autoriser que deux débats
identiques puissent avoir lieu à 24 heures d'intervalle. On dit
même pendant la session.
M. BURNS: Ce n'est justement pas deux débats, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: C'est la raison pour laquelle je répète
que si l'on reprend la même argumentation qui a été
développée hier au cours du débat sur l'amendement du
ministre de l'Education, je devrai intervenir. Et s'il le faut, je devrai faire
venir le texte intégral du journal des Débats pour rendre une
décision qui s'appuiera sur des faits bien précis.
M. BURNS: Bien, il va falloir que vous fassiez venir le texte
intégral du journal des Débats pour une bien bonne raison...
M. LE PRESIDENT: S'il le faut. M. BURNS: ... que cet article 583...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. BURNS: Bien! M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas permettre...
M. BURNS: Est-ce qu'il a été voté ou non l'article
583? C'est là-dessus que nous voulons parler. Le débat n'a pas eu
lieu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Premièrement, je ne peux pas
permettre au député de Maisonneuve de critiquer ma
décision. Et, deuxièmement, je ne peux pas non plus lui permettre
de me donner des directives. La Chambre dans son ensemble peut donner des
directives au président, mais pas un député en
particulier.
M. BURNS: Je ne vous donne pas des directives, je vous dis tout
simplement que l'article 583 n'a pas été adopté.
M. LEGER: M. le Président, est-ce que je comprends bien votre
directive quand vous me dites que c'est sur l'amendement présenté
par le gouvernement que je ne puis pas parler? Ou si c'est sur tout ce qui
touche aux deux commissaires qui sont nommés? Parce que toute ma
présentation a trait aux implications...
M. LE PRESIDENT: Vous n'avez pas le droit de répéter ce
que vous avez dit hier. Est-ce que c'est assez clair?
M. BURNS: Il n'a pas parlé hier. M. LEGER: Je n'ai pas
parlé hier.
M. LE PRESIDENT: La directive c'est que vous n'avez pas le droit de
reprendre ou en d'autres mots de répéter les arguments qui ont
été invoqués hier. Le règlement dit de ne pas
reprendre le débat. Ne pas reprendre le débat, ça veut
dire ne pas répéter, ne pas dire les mêmes arguments.
Est-ce que c'est clair?
M. BURNS: Mais l'article n'est pas voté, M. le Président.
Ecoutez, je considère que c'est une affaire importante.
M. LE PRESIDENT: Ma décision est rendue.
M. BURNS: Le député n'a même pas parlé
hier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, je vais tenter le mieux possible de
présenter mon argumentation et le président pourra me dire si je
parle sur l'amendement qui a été voté ou sur l'article
583. Je trouve qu'il y a, avant de voter cet article-là, des arguments
de fond que je dois apporter pour déterminer l'aspect nouveau qui
ressort, et qui n'aurait probablement pas été discuté
hier, du rôle et de la présence de personnes qui ne seraient pas
élues.
De mon côté je pense que, j'ai le droit de parler des
implications de la présence de deux personnes qui ne sont pas
élues.
Si on regarde le bill no 28 dans son ensemble, et
particulièrement à l'article 583, on s'aperçoit qu'il
accorde à une minorité anglophone des concessions et des
garanties d'un nombre et d'une portée telle qu'il serait peut-être
à peine exagéré de dire que c'est une loi scolaire des
minorités de Montréal.
M. le Président, quand on parle de cette loi des
minorités, on en parle constamment dans tout projet de loi et
spécifiquement à l'article 583. Il faut savoir qu'il s'agit
d'abord et avant tput de la minorité anglophone, parce que je ne pense
pas, sauf erreur, que la minorité francophone a demandé justement
de corriger ou d'accepter d'être représentée dans les
commissions scolaires en majorité anglophone.
Dans ce contexte, il faudrait sans doute mieux constater qu'actuellement
c'est peut-être une loi scolaire de la minorité anglophone, mais
qui deviendra très bientôt une majorité et je m'explique.
Certaines garanties, entre autres celles justement d'être
représentée dans une commission scolaire à majorité
francophone, par soit une nomination ou par une personne justement qui n'est
pas élue, amène la conséquence suivante, c'est
qu'obligatoirement elle est représentée.
On ne joue pas le jeu de la démocratie. Au conseil de chaque
commission scolaire, le cabinet nommera deux membres additionnels pour
représenter cette minorité et même au sein des cadres
supérieurs, c'est la même chose. Une analyse plus poussée
du projet de loi révèle cependant qu'une kyrielle d'autres
garanties viennent se greffer à la suite de la présence des
gens...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEGER: Ah! Ecoute, il y a toujours une limite!
M. LE PRESIDENT: Non! mais, si le député de Lafontaine
respectait le règlement...
M. LEGER: Vous cherchez la bête noire.
M. LE PRESIDENT: ... je comprends que ça doit être bien
désagréable de se faire constam ment interrompre, mais si le
député de Lafontaine respectait le règlement.
M. LEGER: Est-ce que le président peut me dire où j'ai
manqué?
M. LE PRESIDENT: Oui, le député de Lafontaine justement
s'engageait pour parler de bien d'autres endroits dans le projet de loi. Ce
n'est pas de bien d'autres endroits que l'on doit
discuter actuellement, c'est de l'endroit qui s'appelle l'article 583.
On n'est pas au débat de deuxième lecture où on fait un
survol de l'ensemble de la loi. Ce que le député de Lafontaine
s'apprêtait à faire, comme il l'a fait depuis le début,
c'est de parler de l'ensemble de la loi. Or ce n'est pas de ça que le
débat doit traiter présentement, c'est de l'article 583 et je
rappelle de nouveau au député de Lafontaine qu'il doit s'en tenir
à l'article 583.
M. LEGER: M. le Président, j'étais en train de dire que la
présence, par l'article 583, de personnes qui sont nommées,
amène des pouvoirs accrus et qui offrent des conséquences dans
tout le reste de l'économie du projet de loi. C'est ce que
j'étais en train de dire et je pense être dans l'ordre en disant
justement les implications que ceci amène dans le reste du projet de
loi.
M. le Président, ce sont les pouvoirs sensiblement accrus,
c'est-à-dire que dans une commission scolaire à majorité
francophone, par la présence justement de personnes nommées qui
n'auraient pas été élues, en plus dans les commissions
catholiques, dans les commissions à majorité anglophone, la
présence majoritaire d'éléments anglophones amène
un pouvoir sur toute l'île de Montréal qui se
référera aussi au conseil général de l'île,
parce que justement les commissions scolaires auront un pouvoir
supplémentaire, du fait qu'une minorité sera obligatoirement
représentée partout, et elle aura une influence non seulement au
conseil de ville, mais dans toutes les écoles et dans toute
l'administration, autant au point de vue de l'unification du financement qu'au
point de vue même de la confessionnalité.
Ces pouvoirs nouveaux, M. le Président, que les commissions
scolaires obtiennent en matière d'immeuble, encore la présence
à 583, de personnes qui ne sont pas élues et nommées,
amènent une présence dans toutes les commissions scolaires qui se
réflète dans toutes les décisions qui se prendront par la
suite à travers la ville de Montréal concernant les
responsabilités scolaires. Cette loi additionnelle, M. le
Président, comparativement à ce qu'il y avait dans le projet de
loi 62, que reçoivent les commissions scolaires et leur
intégration beaucoup plus poussée à la Loi de
l'instruction publique, a pour effet de réduire, de façon
très marquée, le rôle déjà fort restreint qui
était dévolu au conseil scolaire de l'île de
Montréal, par l'ancien projet de loi no 62.
De plus, le conseil de l'île sera à la merci de ces
commissions scolaires en raison de ses pouvoirs réduits et de
l'influence énorme que les commissions scolaires pourront exercer sur
les décisions grâce à leurs pouvoirs accrus. Ainsi
ceci est capital le conseil devrait officiellement avoir la haute main
sur les fonds, mais, en pratique, il ne le pourra pas à cause justement
de cette présence continuelle, grâce à l'article 583, dans
les onze commissions scolaires.
Il en résulte que, pour ce qui a trait au contrôle de
l'argent, les anglophones acceptent de le confier au conseil régional,
d'accord, justement parce qu'ils sont présents de façon
régulière dans les onze commissions scolaires. Ce qu'ils lui
donnent d'une main, ils le reprennent de l'autre. C'est un pouvoir
déséquilibré qu'a la majorité francophone dans les
structures actuelles du projet de loi.
C'est un conseil provisoire que le ministre va nommer, mais, d'ici ce
temps-là, d'ici 1975, quand on sait à quel point le gouvernement
du Québec a été, depuis plus d'un siècle,
hypersensible sur ce point, pour des raisons électorales ou autres: les
caisses électorales, etc,... allant jusqu'à mettre de
côté des priorités linguistiques ou autres à cause,
justement, de cette présence continuelle, en coulisse c'est la
même chose avec l'article 583, à tous les paliers où le jeu
de l'équilibre ne se fait pas on ne peut certainement pas
être rassuré par le projet de loi no 28.
Je veux conclure en disant qu'à la suite des deux journées
de débat sur l'article 583; à la suite de l'attitude
gouvernementale devant la plupart des amendements; devant le fait que nous
sommes maintenant assurés que le gouvernement ne veut pas bouger dans le
domaine de la langue, je me demande personnellement, en regardant l'ancienne
structure scolaire de Montréal, si le bill 28 était
accepté tel quel, s'il n'y avait pas une politique de la langue...
M. LE PRESIDENT: Article 583!
M. LEGER: M. le Président, je conclus avec cette phrase-ci, et je
pense qu'elle est importante: Si le bill 63 n'est pas rappelé, s'il n'y
a pas une politique de la langue, si les postes bilingues sont encore en place
puisque nous avons voté en deuxième lecture sur le
principe du bill 28, en espérant pouvoir corriger toutes ces
déficiences à l'intérieur des articles qui s'en viennent
je dis que la protection de la majorité francophone, s'il n'y a
pas ces corrections, n'existera pas dans le bill 28.
Je me demande personnellement si dans l'ancienne structure, avec son
côté catholique et son côté protestant, la langue
n'était pas mieux protégée qu'avec le projet de loi 28 tel
quel. Le bill 28 tel qu'il nous était présenté, avec les
possibilités d'amendement, nous permettait d'espérer une
amélioration. Quand il y avait, dans la structure catholique et
protestante actuelle, une division des éléments anglophones
il y avait à peu près la moitié d'anglophones
catholiques et la moitié d'anglophones protestants; les anglophones
catholiques étaient à l'intérieur de la Commission des
écoles catholiques de Montréal il y avait un
équilibre plus fort, du moins du côté de la structure.
Nous avons voté pour le bill 28 en deuxième lecture, parce
que nous prévoyions y présenter les trois amendements que j'ai
mentionnés. Si ces trois amendements-là ne sont pas
apportés,
si on ne rejette pas le bill 63, s'il n'y a pas de politique
générale de langue au Québec, et si on continue à
garder les deuxièmes postes d'adjoints, je n'y vois pas
d'amélioration et la situation actuelle serait peut-être
meilleure.
DES VOIX: Adopté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, vous aurez
remarqué que c'est la première fois que je prends la parole
depuis qu'on discute de l'article 583. Il me semble que je dois avoir le droit,
moi aussi, de donner mon opinion.
Lorsqu'on a discuté des implications de l'article 583, la
discussion a porté sur la langue de travail à l'intérieur
des commissions scolaires. Je me suis abstenu de faire des observations
là-dessus, mais je veux parler de l'article 583 tel qu'amendé par
le ministre de l'Education.
Je veux traiter, c'est surtout sur la nomination de deux commissaires
qui sont nommés par le lieutenant-gouverneur sur la recommandation du
ministre de l'Education.
M. le Président, dans le premier projet de loi, ces deux
commissaires qui devaient être nommés par le ministre avaient le
droit de parole et le droit de vote. Après l'amendement du ministre de
l'Education, amendement qui a été accepté par
l'Assemblée nationale, ces deux commissaires ont le droit de parole mais
cependant ils n'ont pas le droit de vote. Je pense que dans un organisme
où des gens occupent un poste électif, où des gens ont
été élus par le suffrage universel, le fait d'introduire
dans cet organisme deux personnes qui sont nommées par le ministre de
l'Education peut changer tout le travail, tout le résultat des
commissions scolaires.
Voici, M. le Président, ce pourquoi je fais ces quelques
remarques sur ces deux personnes qui sont nommées à
l'intérieur des commissions scolaires. Que viennent faire ces deux
individus? On dit: Lorsqu'un groupe francophone ou un groupe anglophone serait
minoritaire, on nommerait ces deux personnes pour les représenter
auprès des commissions scolaires. Je crois que, selon la loi, le public
peut assister aux réunions des commissaires des commissions scolaires.
Et, à ce moment-là, je pense que par le public ces groupes sont
représentés.
Lorsque vous donnez, par exemple, le droit de parole à deux
individus et que vous ne leur donnez pas le droit de vote, vous changez tout le
cours des discussions. M. le Président, imaginons un instant qu'un de
ces deux commissaires nommés à la commission scolaire soit
quelqu'un qui parle tout le temps, un peu dans le genre du député
des Iles-de-la-Madeleine. Où les discussions pourraient-elles nous
conduire?
Je comprends qu'il y a certaines personnes qui pourraient faire partie
de ces commissions, comme certains membres de l'Assemblée nationale qui
n'ont pas encore dit un mot depuis deux ans, et qui ne dérangeraient pas
grand-chose. Mais si ces individus s'en vont là pour participer aux
discussions, pour émettre des idées, pour en somme essayer de
faire valoir les opinions d'un groupe qui est minoritaire et qu'ils n'ont pas
le droit de vote, je pense que le résultat n'apporterait pas
grand-chose.
M. le Président, d'ailleurs dans tout organisme, ou les gens sont
nommés au suffrage universel, ou ils sont nommés par un
organisme, soit par le lieutenant-gouverneur, soit par le ministre, le
lieutenant-gouverneur sur recommandation du ministre.
L'amendement qu'avait apporté le ministre de l'Education
atténuait un peu les conséquences de ces deux commissaires en
leur enlevant le droit de vote, mais il reste tout de même qu'on
introduit un principe qui, à mon sens, est antidémocratique. Si
nous admettons ce principe, je répéterai un peu les paroles du
député de Saint-Jacques alors qu'il s'exprimait là-dessus,
pourquoi ne nommerait-on pas un représentant d'un groupe ethnique ici,
à l'Assemblée nationale? Les Italiens, les Ukrainiens ou les
Grecs ou un autre groupe ethnique, ne sont pas représentés
à l'Assemblée nationale. S'il y en a qui se sont
présentés, personne n'a été élu.
Il faudrait ajouter des banquettes et nommer un représentant pour
tous les groupes ethniques de la province de Québec, leur donner le
droit de parole. Cependant, ils n'auraient pas le droit de vote.
Si on accepte le raisonnement du ministre de l'Education, nous, nous
sommes sept, nous sommes un groupe minoritaire à l'Assemblée
nationale; pourquoi ne pas nommer le député de Saint-Jacques ou
le député de Maisonneuve au conseil des ministres pour prendre
part aux discussions? C'est un peu la même chose. Vous parlez des postes
électifs, très bien. Vous avez été élus
démocratiquement, je l'accepte. Pourquoi vous ne prendriez pas...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous voulez qu'on juge la
recevabilité d'une telle motion?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'en fais pas une motion, j'en fais une
suggestion au ministre.
UNE VOIX: C'est un voeu.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que ces nominations vont prendre du
temps à venir comme bien d'autres décisions du gouvernement.
M. SAINT-PIERRE: Oui, pas mal de temps.
Le député de Saint-Jacques est bien jeune, et je pense que
ça va prendre plusieurs années avant de le voir au conseil des
ministres.
M. JORON: Pas dans un cabinet libéral, j'espère.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président...
M. CHARRON: Quand je vais l'être, je vais l'être plus
longtemps que vous.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'aimerais répondre au ministre car
après avoir assisté à toutes les discussions sur le bill
28, moi, je ferais plus confiance au député de Saint-Jacques, qui
n'est pas ingénieur, mais qui a déjà été un
éducateur...
M. SAINT-PIERRE : Vous avez souvent des moments d'aberration.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! L'article 583.
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que vous avez d'autres questions
à poser? Est-ce que je peux continuer, M. le Président?
M. CHARRON: Est-ce que je peux demander l'avis du premier ministre sur
la suggestion du député de Sainte-Marie?
M. BOURASSA: Je n'ai pas écouté.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, il faudrait aussi,
si on veut représenter tous les groupes qui sont minoritaires dans
l'Assemblée nationale, comme on veut représenter les groupes qui
sont minoritaires dans les commissions scolaires, prendre le
député de Montcalm, qui représente lui aussi un groupe et
le nommer au conseil des ministres. Il faudrait qu'il y ait un
représentant du Parti Québécois,
d'Unité-Québec ou des créditistes.
On prend des gens qui se présentent à des postes
électifs, on les fait élire au suffrage universel, ces
gens-là sont mandatés par la population d'un quartier.
M. LE PRESIDENT : A l'ordre! Tantôt en raison des
réminiscences que j'avais d'hier et c'était fondé
uniquement sur ma mémoire, qui peut être faillible
j'étais presque convaincu que le débat que l'on tenait, que les
propos du député de Lafontaine constituaient des arguments qui
avaient été invoqués à l'intérieur d'un
débat sur la motion d'amendement.
J'ai pris la peine de faire venir les textes. Je n'ai pas tout lu ce qui
s'est dit hier, mais je reprends en particulier les propos du
député de Bagot, qui traitait précisément de cet
aspect. Il prétendant que c'était plus ou moins
démocratique, que ça mettait un cran d'arrêt je lis
textuellement un cran d'arrêt qu'on appelle les observateurs, qui
feront rapport à leur minorité et qui vont créer dans les
commissions scolaires où il y aura des observateurs la même
situation qui s'est créée à Saint-Léonard.
C'est le même débat, dans des mots différents. Je
maintiens que les arguments, tantôt du député de
Lafontaine, maintenant du député de Sainte-Marie, ont fait
l'objet d'un débat qui a eu lieu hier sur l'amendement du ministre de
l'Education.
Je regrette, mais, si le député de Sainte-Marie n'est pas
en mesure d'apporter quelque chose de neuf, un nouveau débat, je serai
obligé de lui retirer son droit de parole.
M. BURNS: M. le Président, sur une question de règlement
je vous pose une question. Est-ce qu'on doit comprendre que le
député de Sainte-Marie, pas plus qu'un autre
député, n'a la possibilité maintenant de discuter des
commissaires observateurs? Est-ce que c'est comme ça qu'on doit
comprendre votre directive?
M. LE PRESIDENT : Vous devez comprendre ma directive dans le sens
suivant. C'est que l'on ne peut pas redire les mêmes choses qui ont
été dites hier. On peut discuter du problème des
commissaires observateurs, encore une fois, si vous avez quelque chose de neuf,
un nouveau débat.
M. BURNS: Il n'a pas parlé. M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Encore une fois, je connais trop non seulement le bon
sens mais le sens juridique du député de Maisonneuve. Je suis
trop persuadé de tout cela pour ne pas être convaincu que le
député de Maisonneuve comprend la différence entre ce que
comprend l'amendement, d'une part, et ce que comprend le débat. C'est
évident que le débat lui-même peut être plus global,
peut être plus large que l'amendement. C'est évident que, si dans
un débat on ne répète que ce qui est dans l'amendement, ce
serait beaucoup plus court que ce l'est. Je suis convaincu que le
député de Maisonneuve comprend, toujours en me fondant sur le
paragraphe 7 de l'article 285, que ce qui n'est pas permis c'est de reprendre
le même genre d'arguments qui ont été employés.
Sans ça, cela veut dire et le député de
Sainte-Marie hier avait parfaitement le droit de prendre part à la
discussion sur l'amendement si j'allais dans le sens du
député de Maisonneuve, que le député de
Sainte-Marie, aujourd'hui, pourrait refaire exactement le même discours
qu'il aurait pu faire hier.
M. BURNS: Justement, M. le Président, il ne l'a pas fait.
M. LE PRESIDENT: Bien oui, mais ça...
M. BURNS: Est-ce que ça veut dire que parce qu'un
député a donné un argument hier qu'un autre ne pourrait
pas revenir avec le même argument aujourd'hui sur la même
affaire?
M. LE PRESIDENT: S'il avait des choses à dire, il aurait dû
le faire dans le cadre du débat d'hier mais non pas reprendre le
même débat aujourd'hui. De toute façon, je suis loin de me
prendre pour le pape. Mes décisions ne sont sûrement pas
infaillibles mais elles sont fondées
sur une étude aussi approfondie qu'il m'est possible de le faire
du règlement. Je maintiens ma décision à l'effet que l'on
ne peut pas reprendre le débat d'hier sur l'amendement
présenté par le ministre de l'Education, et je poursuivrai la
lecture de ce débat, lorsque je pourrai la poursuivre. Je
considère qu'actuellement le député de Sainte-Marie
reprend intégralement des propos qui ont été tenus hier,
donc reprend le débat d'hier. Je ne peux pas le permettre.
M. BURNS: M. le Président, c'est bien à regret que je dois
vous renvoyer à l'article 327 et en appeler de votre décision.
L'article 327 se lit comme suit: "Quand un député en appelle du
président d'un comité plénier à la Chambre sur une
question d'ordre ou de règlement, le président du comité
doit aussitôt quitter le fauteuil et faire à l'orateur un rapport
écrit exposant le point en dispute. L'orateur soumet alors ce point
à la Chambre, qui prononce sans débat."
M. le Président, c'est bien à regret mais c'est parce
qu'il y a une difficulté fondamentale en ce qui nous concerne. Soit dit
en passant, je vois que vous cherchez le règlement sessionnel. Nous
sommes sur une question principale et non pas secondaire. Je peux en appeler
il ne s'agit pas d'un amendement qui est devant vous actuellement, il
s'agit du texte d'un article qui s'appelle l'article 583 de votre
interprétation sur la façon dont on peut discuter de cette
question-là.
C'est malheureux, mais je ne peux malheureusement pas et ceci dit
avec tout le respect que j'ai pour vous, M. le Président admettre
qu'un député ne soit plus capable aujourd'hui de discuter de ce
problème des commissaires observateurs; étant donné qu'il
n'a pas parlé hier, étant donné qu'il n'a pas eu de vote,
le débat n'est pas clos. Je pense, M. le Président, avec tout le
respect que je vous dois, que vous confondez le mot débat et le mot
propos.
C'est évident qu'il ne peut pas refaire un débat qui a
été réglé hier. Mais je ne vois pas comment il ne
peut pas reprendre des propos qui ont été tenus hier. En vertu de
l'article 327, je vous demanderais de faire rapport au président pour
que la Chambre règle le problème de règlement.
M. SAINT-PIERRE: On va perdre une autre heure.
M. BURNS: M. le Président, moi-même, j'ai l'intention de
parler sur ce texte-là.
M. LE PRESIDENT: Je suis obligé de rappeler qu'en vertu des
règlements sessionnels l'appel des décisions du président
a été aboli.
M. BURNS: Sauf les questions de fond, M. le Président. On est en
train de discuter d'une question de fond.
M. LE PRESIDENT: Si vous me permettez de continuer. Les appels des
décisions du président sont éliminés sauf pour
certaines mesures, soit celles concernant des motions prévues à
notre règlement à l'article 140, sous-paragraphe 1, 6 et 7. Or,
actuellement il est évident qu'un rappel au règlement ne
constitue pas une motion principale mais une motion incidente c'est 143
parce que, si je devais accepter l'interprétation du
député de Maisonneuve, cela voudrait dire qu'à chaque fois
qu'il y a une décision du président ou du président du
comité plénier, comme c'est le cas dans la version originale de
notre règlement, chaque fois qu'un député n'est pas
satisfait de la décision du président, il aurait le droit d'en
appeler.
La décision que j'ai rendue est sur un point de règlement.
Ce n'est pas sur une motion de fond, mais sur un point de règlement.
Donc, ce n'est pas couvert par les exceptions prévues au
règlement sessionnel. Je ne peux donc pas permettre d'appel de ma
décision.
M. BURNS: C'est sur la question principale, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Votre appel ne...
M. BURNS: C'est l'article 583 qui est la question principale, et c'est
sur votre interprétation de la façon de discuter de l'article
583...
M. LE PRESIDENT: J'invite le député de Maisonneuve...
M. LEVESQUE: Depuis quand discute-t-on des décisions du
président continuellement?
M. LE PRESIDENT: L'appel du député de Maisonneuve n'est
pas sur la question de fond. Le député de Maisonneuve en appelle
de ma décision sur un point de règlement, donc sur une question
incidente.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Puis-je continuer, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Oui, mais à la condition de ne pas reprendre le
débat d'hier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, puis-je vous
demander des directives? Puis-je parler de l'article 583?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si l'honorable député de
Sainte-Marie a terminé son droit de parole, je devrai mettre la motion
aux voix, s'il n'y a pas d'autres députés qui désirent
parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas fini. M'enlevez-vous le droit de
parole? Ecoutez, je veux parler de l'article 583, au sujet de la nomination des
deux commissaires. Puis-je continuer sur le même sujet sans
répéter les paroles que d'autres opinants ont prononcées
hier?
M. LE PRESIDENT: Ecoutez! Ce n'est pas à moi à
décider de cela. Je ne sais pas si vous êtes capable d'en
parler.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous demande si j'en ai le droit.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas à moi de décider si vous
êtes capable de parler des observateurs sans répéter ce qui
a été dit hier. C'est vous qui le savez.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je vous demande...
M. LE PRESIDENT: Tout ce que je peux faire, c'est de décider si
vous répétez ce qui a été dit hier ou non. Quant
à votre capacité d'en parler d'une autre façon, cela vous
appartient.
M. SAINT-PIERRE: Ce qu'on est capable de dire, M. le Président,
c'est que cela n'apportera rien au débat.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela reste à voir!
DES VOIX: Vote! Vote!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est votre opinion.
UNE VOIX: C'est aussi la nôtre!
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, en parlant de la
nomination de ces deux commissaires, je peux apporter de nouveaux arguments
qui, je pense, n'ont pas été apportés devant cette
Chambre, sur l'inutilité de faire nommer deux membres par le
lieutenant-gouverneur, sur recommandation du ministre de l'Education.
M. le Président, dans une assemblée ordinaire d'un conseil
municipal, dans une assemblée d'une commission scolaire ou autre, le
public est toujours admis, surtout dans les assemblées des conseils
municipaux. Hier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Justement, hier, cette question a
été traitée. Si je me souviens bien je n'ai pas le
texte je pense que c'est par le député de Saint-Jacques
ou, en tout cas, par un membre du Parti québécois, qui a dit que
la présence de ces observateurs ne serait pas nécessaire parce
que les gens pourraient aller aux assemblées, pourraient poser des
questions, pourraient faire des suggestions, et, en quelque sorte, que le
public serait admis. Cette question a été discutée hier.
Cela, j'en suis absolument sûr, convaincu. Je ne peux pas permettre au
député de Sainte-Marie d'aborder de nouveau cet aspect.
M. CHARRON: Sur un point de règlement, M. le Président.
J'invoque l'article 270 pour rétablir les faits. Parmi les excellents
arguments que j'ai apporter à l'encontre de l'article 583 et de
l'amendement du ministre, il n'y avait pas celui que vous venez de donner. Il
avait plutôt été développé dans l'excellente
intervention de mon collègue de Saguenay. Je voudrais donc lui rendre ce
crédit.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je disais donc, M. le Président, que
dans toutes ces assemblées... Je ne répète pas les paroles
d'un autre député de cette Chambre. Je pense que ce sont des
arguments qui n'ont pas encore été portés à votre
attention. C'est pour cela que j'appuie surtout sur un principe: l'importance,
pour le public, d'assister aux assemblées de ces commissions scolaires,
de ces conseils municipaux et autres. Lorsqu'un groupe est minoritaire et qu'il
a des revendications à faire, qu'il a des idées à
véhiculer à l'intérieur d'un organisme tel que la
commission scolaire ou le conseil municipal.
Au contraire, on doit encourager la population à participer aux
délibérations...
M. LE PRESIDENT: J'ai rendu une décision tantôt, à
savoir que toute cette question de la participation du public...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Moi, je ne comprends plus rien au
règlement.
M. LE PRESIDENT: ... avait été discutée hier. Je ne
peux pas permettre qu'on la reprenne aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que ça veut dire que je ne
peux pas continuer mon argumentation? Je parle de l'importance pour le public
d'assister aux assemblées des corps publics. Est-ce que je peux
continuer dans ce sens-là?
M. LE PRESIDENT: Non! vous ne pouvez pas continuer sur ce
sujet-là, parce qu'il a fait l'objet d'un débat hier.
M. BURNS: M. le Président, question de règlement. Je
demande une directive. Est-ce que vous pouvez me dire à quel moment le
débat sera terminé sur l'article 583?
M. LE PRESIDENT: Chose certaine, quand tous les honorables
députés, membres de ce comité, auront parlé une
heure sur l'article 583, je devrai automatiquement mettre fin au
débat.
M. BURNS: Comme ça, le débat n'est pas terminé.
Donc, je vois mal comment quelqu'un ne pourrait plus parler de quelque chose
qui se trouve dans l'article 583.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je pense que je soulève là un
point qui n'a pas été soulevé encore dans la discussion,
à savoir qu'il
faut encourager le public, la population, les citoyens à
participer.
M. LE PRESIDENT: De toute façon, dans l'hypothèse
où cette question n'aurait pas été discutée
ma conviction est contraire il n'y a rien dans l'article 583 qui permet
de discuter de l'opportunité d'inviter les gens à assister aux
assemblées.
L'honorable député de Chicoutimi. Sur le point de
règlement?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur la question de
règlement. Je me rends compte que toutes les suggestions que nous allons
faire pourraient être rejetées par le gouvernement. Permettez-moi
de vous signaler ceci, et, là, je me place dans l'optique d'une stricte
procédure parlementaire. Quand on commence l'examen d'un article, qu'on
examine l'article, son objet, il peut y avoir ou ne pas y avoir des
amendements. Ces amendements peuvent être rejetés ou
acceptés. Même si des amendements sont acceptés, tant et
aussi longtemps que l'article lui-même n'a pas été
accepté, on peut quand même instituer un débat sur
l'article pour le corriger, pour l'amender, pour élargir sa dimension.
Avec tout le respect que je vous dois, M. le Président, j'estime en
toute justice que l'interprétation que vous avez donnée me
paraît un peu restrictive et risquerait de nous paralyser dans l'examen
ultérieur des articles que nous allons devoir faire.
Je vous soumets ça en toute humilité et modestie et avec
la sérénité qui me caractérise quand je vous parle,
mais je pense que, pour résumer, nous n'avons pas vidé la
question. Même lorsque vous avez à supporter comme tout le
monde doit le faire, que ça nous plaise ou non; là je ne veux
déplaire à personne la répétition de certains
arguments qui touchent, en somme, l'ensemble de l'article, tant que la question
n'est pas vidée et tant que chaque député n'a pas
épuisé son droit de parole c'est là une des
hypothèses de notre procédure parlementaire on est
obligé de laisser aller les choses.
M. LE PRESIDENT: Vous partagez les mêmes idées...
M. LEVESQUE: M. le Président, d'autre part, il ne faut pas
oublier qu'il y a eu des amendements et un sous-amendement. A
l'intérieur de la discussion, il y a eu un débat portant
particulièrement soit sur le sous-amendement ou sur l'amendement. Il y a
donc eu un débat qui doit être circonscrit quelque part.
Je crois que vous avez parfaitement raison de qualifier
d'antérieur un débat qui s'est situé à
l'intérieur de la discussion d'un amendement ou d'un sous-amendement qui
a fait l'objet non seulement de la considération, mais d'un vote du
comité. A ce moment-là, le débat à
l'intérieur de cela devient un débat antérieur qu'il n'est
pas permis de reprendre.
M. BURNS: M. le Président, je vais vous donner ma conception bien
respectueusement. Ce n'est pas une directive que je veux vous donner. Si on
prend l'exemple des amendements et des sous-amendements auxquels le leader du
gouvernement vient de se référer, il est évident... et
là je partagerais entièrement l'opinion du président, s'il
nous disait que, par exemple, je ne pourrais pas revenir sur un débat
qui a eu lieu sur le problème de la langue, sous l'aspect, celui de cet
après-midi, la nécessité pour les commissaires d'avoir une
connaissance d'usage... vous l'avez jugé irrecevable alors
évidemment on reviendrait, on tenterait de revenir de façon
indirecte sur votre décision.
Il y a eu des amendements, des sous-amendements comme le disait le
leader. Ils ont été écartés. En les
écartant, qu'est-ce qui arrive? Nous revenons à la proposition
principale, la proposition principale en l'occurrence étant le texte de
l'article 583. Or, je vous ai demandé tantôt, quand, où
à quel moment considèreriez-vous que le débat serait
terminé sur 583. Vous m'avez répondu: Quand tous les
députés auront épuisé leur droit de parole,
où lorsque le vote sera pris. Admettant par là que le vote n'a
pas été pris. Et si, à ce moment-là, on se
réfère à l'article en vertu duquel vous avez basé
votre décision, c'est-à-dire 285, 7e on lit ceci: Il est
défendu "de se référer, sauf pour s'expliquer ou pour
discuter une question de privilège ou une question d'ordre ou de
règlement, à un débat qui a eu lieu pendant la session en
cours sur un bill ou une question qui n'est pas alors en discussion."
M. le Président, je vous réfère plus
particulièrement aux derniers membres de phrase de ce 7e de 285,
"à un débat qui a eu lieu pendant la session en cours sur un bill
ou une question et j'insiste qui n'est pas alors en discussion.
Or, qu'est-ce qui est en discussion actuellement? C'est l'article 583 du projet
de loi no 28. Le député de Sainte-Marie, actuellement, nous parle
d'une des dispositions contenues dans l'article 583, c'est-à-dire les
commissaires observateurs. Et même si 52 orateurs hier avaient dit que
cette position, cette insertion dans l'article 583 est inutile, je maintiens
encore une fois que le député de Sainte-Marie a parfaitement le
droit de continuer à discuter de ce problème-là puisqu'il
satisfait aux deux conditions, c'est-à-dire le débat n'est pas
terminé, la question est encore en discussion je pense, et,
deuxièmement, il n'a pas épuisé son droit de parole.
M. LE PRESIDENT: Bon, d'abord, je dois dire que les deux opinants, le
député de Chicoutimi et le député de Maisonneuve,
ont raison dans les principes, mais les principes ne nous amènent pas
aux mêmes conclusions. Il est évident d'abord que la discussion
sur l'article 583 n'est pas terminée. Il est évident
également, comme l'a rappelé je pense le député de
Chicoutimi, que le débat qui a eu lieu hier sur l'amendement du ministre
de l'Education n'a
pas nécessairement vidé le problème des
observateurs.
Je suis bien d'accord là-dessus. D'ailleurs je l'ai dit
auparavant. Si on a un nouveau débat à soulever, ou de nouveaux
arguments... parce que là où je suis moins d'accord avec le
député de Maisonneuve, c'est quand il fait une distinction entre
le débat et ce que contient le débat. Il dit qu'on ne peut pas
recommencer le même débat on pourrait recommencer les mêmes
arguments. Alors si...
M. BURNS: Cela se fait tous les jours en Chambre, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: ... ce qui constitue un débat c'est l'ensemble
des arguments. Un débat, ce n'est pas quelque chose qui est pendu entre
ciel et terre. Un débat est constitué de l'ensemble des arguments
qui ont été développés dans un espace de temps en
relation avec un sujet. C'est ça un débat. Alors le
député de Maisonneuve dit, on ne peut pas reprendre le même
débat, mais on peut reprendre les mêmes arguments.
M. BURNS: Les mêmes propos.
M. LE PRESIDENT: Bien mon interprétation n'est pas la
même.
M. BURNS: M. le Président, vous m'avez demandé quand le
débat serait-il fini tantôt, essayez de mettre ça
ensemble.
M. LE PRESIDENT: Selon mon interprétation on peut discuter de
toute question relative à l'article 583.
On ne peut même discuter de nouveau de questions qui se rapportent
aux personnes qui seront nommées par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Mais, je maintiens toujours, en me basant sur le paragraphe 7 de
l'article 285, d'une part, et je dirais même en me basant sur le simple
bon sens, qui concorde avec mon interprétation du paragraphe 7, qu'on ne
peut pas recommencer. Un débat sur une motion, cela constitue quand
même une entité, je pense. Dans l'économie
générale de nos règlements, je pense que, quand il y a un
débat sur une motion, cela constitue une entité.
Si on peut me convaincre, je suis bien prêt. Je n'ai pas
d'objection à renverser ma décision ou à la modifier le
cas échéant. Jusqu'à présent, je ne peux pas voir
comment on peut répéter textuellement le même
débat.
Le député de Maskinongé semble vouloir
m'éclairer et je suis bien prêt à l'écouter.
M. PAUL: Loin de moi, M. le Président, de vouloir vous
éclairer; au contraire, je veux obtenir une directive pour ma
participation éventuelle au débat. Je me réfère
à l'article 285, septièmement, et je mets de côté
les trois premières lignes pour m'arrêter au texte sui- vant: "...
ou une question qui n'est pas alors en discussion". Si je veux participer au
débat, après l'honorable député de Sainte-Marie,
rien ne m'empêchera de discuter du contenu de l'article 583.
Ce n'est pas à mon humble point de vue puisque je vous
demande une directive parce qu'hier on aurait traité de ce
problème-là qu'aujourd'hui moi je ne puis pas en traiter. Je peux
apporter des arguments nouveaux, je peux présenter un nouvel amendement.
Je me demande si, au lieu de vous prévaloir des dispositions de
l'article 285, septièmement, ce n'est pas plutôt la règle
de la pertinence du débat qui devrait jouer et non pas le fait qu'on a
disposé de la question hier, puisque l'article n'est pas
adopté.
Si le député de Sainte-Marie veut reprendre un
débat que vous n'avez pas jugé recevable, à mon humble
point de vue vous êtes parfaitement en droit de lui signaler qu'on a
disposé de cette question parce que la Chambre, par votre
autorité, l'a fait. Si le député de Sainte-Marie veut,
dans le cadre de l'article 583, discuter de cet article et
éventuellement présenter un amendement, je me demande comment il
ne pourrait pas le faire, toujours, cependant, en croyant bien humblement que
c'est la règle de l'article 273 qui doit s'appliquer et non par
l'article 285, septièmement, si le député discute de la
motion principale, qui est le texte de l'article 583.
M. BURNS: M. le Président, je vais peut-être vous
présenter un autre argument que je ne vous ai pas soumis jusqu'à
maintenant. Je vous renvoie, entre autres, à l'article 185, qui, je
pense, nous laisse justement entendre comment ça doit fonctionner.
"Quand un amendement ou un sous-amendement est adopté, la motion
principale ou l'amendement principal est de nouveau mis en
délibération tel qu'il a été amendé, et un
nouvel amendement peut être proposé, etc." Ceci nous laisse bien
entendre, comme je le mentionnais tantôt, qu'une fois que le ministre de
l'Education a ajouté son amendement au texte original de l'article 583
la discussion, à partir de ce moment-là, devenait le nouveau
texte, c'est-à-dire la motion principale telle qu'amendée.
C'est tellement vrai que je vous renvoie en plus, à l'article
346, qui traite plus particulièrement du droit de parole en
comité plénier.
Je le lis: "En comité plénier, un député
peut prendre la parole sur le même point aussi souvent qu'il lui
plaît, à condition de ne pas parler plus d'une heure M. le
Président, les mots qui suivent sont très importants en
tout sur un même article, un même paragraphe, une même motion
ou une même question d'ordre ou de règlement."
M. le Président, si je n'ai pas réussi à vous
convaincre et si nom collègue de Maskinongé et mon
collègue de Chicoutimi n'ont pas réussi à vous convaincre
de cela, je ne sais pas qui va
vous convaincre. Je me sentirai tout à fait
découragé parce que cela a beaucoup d'importance pour la suite du
débat. Il y aura d'autres articles qui vont être discutés
et, à ce moment-là, ce ne sera peut-être pas moi qui me
sentirai brimé par une telle approche des règlements. Ce seront
peut-être des députés d'Unité-Québec, ce
seront peut-être des députés du Ralliement
créditiste qui voudront répéter des arguments
donnés par certains autres de leurs collègues.
M. SAINT-PIERRE: Disons que vous êtes les seuls à vouloir
faire perdre le temps de la Chambre.
M. BURNS: M. le Président, voulez-vous rappeler à l'ordre
le ministre nerveux de l'Education?
M. SAINT-PIERRE: Je suis pas mal "écoeuré".
M. LAURIN: Parlant sur le même point de règlement, M. le
Président, j'aimerais illustrer les propos juridiques savants de mon
confrère par un exemple. A supposer qu'un député
libéral ou uniquiste ou créditiste parle du premier paragraphe de
l'article 583; "Chaque commission scolaire est composée de quinze
commissaires élus..." et qu'il essaie de persuader ses collègues
qu'il ne faut pas quinze commissaires élus, mais treize ou douze et
qu'il avance, à l'appui de cette thèse, quelques arguments,
est-ce que ceci interdit à un député d'un autre parti:
Unité-Québec, Parti libéral, Parti québécois
ou un autre, de se lever et de répéter les mêmes arguments,
mais en les appuyant davantage, en les développant davantage? Si vous
acceptiez cela...
M. LE PRESIDENT: Je dois interrompre le député de Bourget
qui me dit des évidences. C'est évident. J'ai
écouté avec beaucoup d'attention le député de
Maskinongé, lorsqu'il a parlé de la pertinence du débat.
Cela est très difficile à évaluer. Même en
référant à des motions qui ont été
rejetées, un député peut employer des arguments semblables
pour arriver à une tout autre motion. Il y a plusieurs propositions qui
peuvent découler d'arguments relativement identiques. Me fondant sur
cette interprétation du député de Maskinongé, il
pourrait arriver que j'empêche le député de Sainte-Marie de
parler parce que je considérerais que les propos qu'il tient vont
l'amener à une proposition que j'ai déjà rejetée.
Il reste que les mêmes propos peuvent amener à des propositions
différentes. Je donne un exemple. On peut parler du problème que
posent ces personnes nommées par le lieutenant-gouverneur en conseil,
parler de leur utilité ou de l'embarras qu'elles vont créer et
peut-être arriver à proposer quelque chose qui serait recevable,
de même que la proposition d'amendement du ministre de l'Education a
été déclarée recevable.
M. PAUL: M. le Président, quand je vous ai signalé la
règle de la pertinence du débat, c'est que vous aviez
refusé tout débat qui comporterait une étude de la
politique de la langue de la part du gouvernement. C'est cette facette que j'ai
voulu vous glisser. D'ailleurs, vous ne pourrez pas juger de la pertinence du
débat en tentant de prévenir les arguments. C'est au fur et
à mesure que vous les écouterez que vous serez en mesure
d'appliquer cette règle, si elle doit trouver champ d'application.
M. LE PRESIDENT: Evidemment, les éclaircissements du
député de Maskinongé peuvent être très
valables, mais ne m'aident pas beaucoup à juger de ce cas précis,
puisque le député de Sainte-Marie, actuellement, ne parle pas
précisément d'un problème sur lequel des propositions
d'amendement ont été déclarées irrecevables; au
contraire, il y a une proposition qui a été
déclarée recevable.
Maintenant, après avoir écouté les opinants sur la
question de règlement et avoir regardé de nouveau le
règlement qui, là-dessus comme sur plusieurs autres cas, se
contredit presque, je ne suis pas convaincu que j'avais tort, mais disons qu'il
y a un doute assez sérieux qui existe dans mon esprit.
Et comme je l'ai dit plus tôt, au cours de cette séance,
lorsqu'il y a un doute, je pense qu'on doit l'accorder en faveur de
l'Opposition. Je permettrai au député de Sainte-Marie
encore une fois, je n'ai pas à juger de la substance mais selon
le règlement, je permettrai au député de Sainte-Marie de
poursuivre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Merci, M. le Président. Je parlais de
l'inutilité de la nomination de ces deux commissaires. D'abord je disais
que c'était antidémocratique, qu'ils pouvaient amener dans les
discussions des éléments nouveaux, mais par contre, pouvaient
nuire aux délibérations des quinze commissaires qui, eux,
seraient élus au suffrage universel. En somme, si je dis que la
nomination de ces commissaires par le lieutenant-gouverneur sur la
recommandation du ministre était inutile, je voudrais aussi pouvoir dire
pourquoi.
Lorsque je faisais référence aux assemblées des
commissions scolaires, aux assemblées des conseils municipaux,
c'était pour parler de l'importance de la participation aux discussions
de ces organismes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La règle de la pertinence du
débat s'applique à ce moment. Je ne vois vraiment pas de relation
à moins de tirer ça par les cheveux il n'y a pas de
relation entre la participation du public aux assemblées et la
nomination de ces personnes-là. En vertu de la règle de la
pertinence du débat, je ne peux pas permettre au député de
Sainte-Marie de continuer à parler de l'à-propos ou de la notion
de participation des citoyens aux assemblées des commissions
scolaires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Très bien, M. le Président, je
voulais tout simplement dire que les citoyens pouvaient remplacer ces deux
commissaires élus par les groupes minoritaires. C'était
simplement un argument pour prouver que ces nominations étaient
inutiles. Dans un organisme, que ce soit une commission scolaire...
M. SAINT-PIERRE: Il n'est pas fort votre argument.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... ou autre... Est-ce que le ministre veut
bien m'écouter? Le président m'a donné le droit de
parole.
M. SAINT-PIERRE: C'est malheureux que le règlement vous permette
de nous faire perdre notre temps cependant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... les quinze commissaires dont il est
question dans l'article 583 sont élus par le suffrage universel.
Très bien, démocratiquement. Ce sont les résidants du
quartier, commission scolaire no 1, no 2 ou no 3, qui vont élire ces
commissaires, qui vont les mandater pour les représenter auprès
de la commission scolaire tel numéro. Par contre, si un groupe, que ce
soit un groupe francophone ou un groupe anglophone, est en minorité, si
eux ont un commissaire qui est délégué par eux, qui est
mandaté par ce groupe-là, ce commissaire-là n'a pas un
mandat de tous les citoyens de sa commission scolaire. Il est mandaté
tout simplement par un groupe et, une fois rendu dans les commissions
scolaires, il est là pour discuter. C'est là que ça
devient antidémocratique.
Les autres qui prennent part aux discussions, eux, ont un mandat de la
population. On leur a fait confiance, on les a mandatés, on les a
choisis, on a pensé que c'était les gens les plus avertis, les
plus compétents pour être commissaires de cette commission
scolaire. Mais les autres qui sont nommés tout simplement sur la
recommandation du ministre, eux, n'ont pas été choisis par la
population. Ils n'ont pas un mandat de la population; donc, ils sont à
l'intérieur d'un organisme démocratique mais d'une façon
antidémocratique.
Le ministre me fait signe que non. Je lui dis que oui. Même si
cela ne le convainc pas, je vais continuer quand même mon
argumentation.
M. SAINT-PIERRE: Votre but n'est pas de me convaincre, c'est de faire
perdre le temps de la Chambre. Vous allez réussir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Lorsqu'arrivent des discussions
sérieuses, que ce soient des questions budgétaires ou autres, ces
deux commissaires qui sont nommés par le ministre peuvent prendre part
aux discussions. C'est dans la loi. Ils peuvent dire n'importe quoi. Ils
peuvent soulever n'importe quel problème. Ils peuvent arriver avec
toutes sortes d'argumentations qui ne sont pas des argumentations du public, de
la population concernée tandis que les autres, eux, le sont. Eux, ils
sont mandatés. Eux, ils s'en vont là pour parler au nom des
citoyens du quartier, des citoyens de la commission scolaire
concernée.
Cela change le résultat des discussions. Par contre, lorsqu'il
arrive un vote, ces gens-là peuvent dire n'importe quoi. Ils peuvent
véhiculer toutes sortes d'idées. Ils peuvent demander toutes
sortes de choses. Ils peuvent manifester à l'intérieur de la
commission scolaire des désirs, des revendications qui ne sont pas
conformes au règlement parce qu'ils n'ont pas à se prononcer par
le vote. Ils n'ont aucune responsabilité dans ce sens-là.
Ces deux commissaires qui seront nommés par le
lieutenant-gouverneur sur recommandation du ministre, comment vont-ils
être choisis? Est-ce que c'est le groupe minoritaire francophone ou
anglophone qui va faire les recommandations au ministre? Est-ce que c'est eux
qui vont dire au ministre de l'Education: On veut avoir M. Untel ou Mme
Unetelle à la commission scolaire?
M. SAINT-PIERRE: Lisez au moins l'article 583, vous allez le savoir:
Après consultation des comités de parents du groupe minoritaire.
Cela fait une demi-heure que vous parlez et vous n'avez pas lu le texte.
Lisez-le si vous voulez le savoir.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si le ministre nomme je l'ai lu
un commissaire pour représenter une minorité anglophone
ou...
M. SAINT-PIERRE: C'est faux. Pour le bénéfice du
député, le ministre ne peut pas nommer un commissaire. Lisez
à nouveau l'article, ce sont deux commissaires.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je donne l'exemple d'un commissaire. Je vais
parler de deux. Je dis que si vous en nommez deux j'ai dit un, je vais
dire deux je sais que c'est deux d'après l'amendement du
ministre...
M. SAINT-PIERRE: Un autre moment d'aberration.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): J'ai l'amendement devant moi. Est-ce que
vous voulez que je le relise? Est-ce que vous voulez perdre du temps pendant
que je relis votre amendement? Est-ce que vous voulez que je relise l'article
tel qu'amendé par l'amendement du ministre qui a été
accepté hier soir? Pas du tout. Je n'en ai pas l'intention. Vous
connaissez l'article. Ce sont deux commissaires.
M. SAINT-PIERRE: Mon désir profond, c'est que vous vous fermiez.
Mais je pense bien que je vais être obligé d'avoir autre
chose.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Qui consulterez-vous? Mais par contre, cela
ne vous oblige pas à accepter les recommandations des groupes que vous
consulterez parce qu'il est dit dans la loi que c'est le lieutenant-gouverneur
qui les nomme à la recommandation du ministre. Le ministre pourra
prendre n'importe laquelle décision et ne sera même pas
obligé d'accepté celui qui sera recommandé par les groupes
qu'il devra consulter.
M. le Président, c'est là que le mécanisme de
nomination devient, lui aussi, antidémocratique. Par contre, dans
l'article du projet de loi tel qu'on nous l'avait présenté lors
de la présentation du bill 28, j'accepte un compromis du ministre, parce
que ces deux commissaires avaient le droit de parole et avaient le droit de
vote. Par l'amendement du ministre, on leur enlève le droit de vote.
C'est déjà beaucoup. Mais le fait qu'ils aient le droit de
parole, qu'ils puissent participer aux délibérations, qu'ils
puissent dire n'importe quoi au même niveau que les autres qui, eux, sont
élus par la population, c'est là que vous faussez la
démocratie. A ce moment-là, ils ne sont pas responsables des
paroles qu'ils prononcent. Ils n'ont pas à rendre compte devant la
population.
Le ministre a beau sourire, c'est cela. J'ai vécu, M. le
ministre, dans des organismes où il y avait des observateurs élus
par le même mécanisme que celui avec lequel vous voulez
vous-même les élire. J'ai vécu certaines
délibérations. Peut-être que vous ne m'aimez pas, en ce
moment, mais j'ai été élu et vous êtes obligé
de m'écouter. Mais, par exemple, si vous assistiez, après
l'application du bill 28, à des réunions des commissions
scolaires des quinze commissaires, plus les deux observateurs que vous aurez
nommés, peut-être constateriez-vous à ce moment-là
les véritables problèmes d'un organisme formé de gens
élus et de gens non élus.
M. SAINT-PIERRE: Le député pourrait-il nous donner les
organismes où il a eu l'expérience d'avoir des gens élus
et des gens non élus?
M. LEGER: Paul Desrochers, Parti libéral.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est le principe qui est mauvais. Je peux
vous citer une foule d'organismes où j'ai milité. On a
enlevé ce genre de représentations.
M. SAINT-PIERRE: Mais quels organismes exactement? Ne mentionnez pas le
Parti québécois parce que votre chef vient de vous dire de ne pas
le mentionner.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je peux vous en nommer plusieurs.
M. BURNS: Si le ministre veut rester bien calme, ne pas être trop
nerveux et m'attendre, je vais lui en citer des organismes de cette nature. On
va vous mettre au courant.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Ce principe est dépassé, M. le
Président. Je donnerai une liste d'organismes qui ont déjà
fonctionné, antérieurement, de la façon dont vous voulez
que les commissions scolaires fonctionnent. J'en donnerai une liste au
ministre. Le ministre veut-il, après le dfner, que je lui cite une
longue liste d'organismes que j'ai connus et qui ont fonctionné avec des
gens élus et des gens non élus, à l'intérieur d'un
conseil d'administration, où cela n'a à peu près jamais
fonctionné? Ou on donne des responsabilités à des gens, ou
on les fait élire par la population! Ils sont responsables devant les
gens qui les ont mandatés.
Ces gens-là sont tous élus ou ils sont tous nommés
par le lieutenant-gouverneur sur la recommandation d'un ministre. On sait, M.
le ministre, que vous ne pouvez pas cela aurait été des
pouvoirs extraordinaires nommer vous-même tous les commissaires
des commissions scolaires de la ville de Montréal.
Ce n'est pas ça que je vous suggère. Ou les gens sont
élus par le suffrage universel, ou ils sont nommés par le
lieutenant-gouverneur ou par le ministre. Mais vous ne mêlez jamais les
deux. Je le répète: Après le souper, je vais citer une
liste de ces organismes. J'ai même été obligé de
travailler à l'intérieur de ces organismes-là et ce qui
faussait tout le mécanisme de discussion, d'adoption de rapports,
d'adoption de budgets, c'est qu'il y avait des individus qui étaient
nommés par des groupes intermédiaires et des corps
professionnels. Je l'ai vécu. J'ai assisté à des
assemblées du conseil municipal de la ville de Montréal lorsqu'il
y avait des échevins de la classe C, par exemple, qu'on a enlevés
aujourd'hui, parce que ces gens-là étaient nommés par la
Chambre de commerce, par d'autres corps intermédiaires.
On s'est aperçu que ça ne fonctionnait pas dans les
assemblées du conseil municipal de la ville de Montréal et on les
a enlevés. Cela est un exemple. Je n'ai pas fait partie d'un conseil
municipal de la ville de Montréal, mais j'ai assisté à de
ces assemblées où des conseillers qui étaient
nommés pour représenter des groupes, des corps
intermédiaires, chambres de commerce ou autres, faisaient la pluie et le
beau temps, parce qu'ils n'avaient pas à rendre compte de leur mandat
devant la population, devant les gens qu'ils représentaient. C'est
là qu'était le problème. C'est ce qui amenait les
difficultés et paralysait un organisme.
Le leader parlementaire me regarde en souriant quand je parle de
paralyser quelque chose. Je suis élu. Je ne sais pas si le leader
parlementaire rit de moi ou s'il a une belle façon, mais il a un beau
sourire ce soir.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas pour ça que je souris. C'est quand je
pense à votre théorie de la représentation
proportionnelle. Quand vous parlez de la carte électorale et de la Loi
électorale, vous voulez ajouter des gens qui n'ont pas été
élus par la majorité. C'est ça qui me fait sourire.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est, non...
M. LEVESQUE: C'est contraire au règlement.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'abord, le leader parlementaire viole le
règlement, et je pense qu'il sait fort bien que ce n'est pas la
même chose, qu'on ne peut pas discuter de représentation
électorale à l'Assemblée nationale avec une
représentation de gens dans des organismes comme les commissions
scolaires et les conseils municipaux. Ce n'est pas la même chose parce
que les gens qui vont être nommés par le ministre n'auront
reçu aucun vote. Ils ne seront nommés par personne, c'est
ça la différence. Je dois dire, M. le Président, que le
leader parlementaire c'est dur pour moi, de dire ça est
tellement intelligent qu'il avait compris ça.
Il a voulu me poser une colle, comprenez-vous, parce que le leader
parlementaire, j'estime qu'il a une intelligence moyenne et qu'il avait compris
ça, j'en suis certain. C'est la différence. Comme moi j'estime
que j'ai une intelligence moyenne et je l'avais compris. Alors je sais que ce
n'est pas tout à fait la même chose. Qu'on ne compare pas des
pommes avec des oranges. Mais les gens qui seront élus, lorsque, par
exemple, on parle de réforme électorale, ne seront pas
nommés par un ministre, par le lieutenant-gouverneur sur la
recommandation d'un ministre.
M. le Président, étant donné qu'il est six heures,
je demanderais la suspension du débat.
M. LEVESQUE: Huit heures et quinze M. le Président.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Huit heures et quinze, merci.
M. LE PRESIDENT: Pas tout à fait. La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à huit heures et quinze.
(Suspension de la séance à 17 h 57)
Reprise de la séance à 20 h 16
M. HARDY (Président du comité plénier): Article
583.
M. LEVESQUE: M. le Président, avant que nous procédions
à nos travaux, me serait-il permis, dans un grand geste de
collaboration...
UNE VOIX: Il est de bonne humeur.
M. LEVESQUE: ... dans l'esprit de Noël, après les longues
explications que nous avons eues au cours de la journée, etc., est-ce
que nous pourrions, sans insister davantage, considérer à ce
moment-ci la possibilité de déférer aux commissions
parlementaires les budgets, tel que cela a été offert ce matin?
C'est une possibilité. Il y a également le bill 65 où il y
a quelques amendements qui pourraient être étudiés, alors
qu'on pourrait continuer ici en Chambre, nos travaux.
M. CHARRON: L'intéressante étude du projet de loi no
28.
M. LEVESQUE: Ceci dans le but d'accélérer nos travaux et
de marquer un progrès. Est-ce que je peux avoir la permission de poser
cette question afin d'obtenir une réponse? Encore une fois, s'il y avait
un consensus à ce moment-ci, je l'apprécierais.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, en ce qui nous
concerne nous avons déjà déclaré ce matin que nous
étions d'accord avec le leader parlementaire particulièrement en
ce qui concerne le budget supplémentaire, sous toutes réserves,
toutefois, puisque le leader de notre mouvement politique n'est pas encore
arrivé, il est sorti momentanément. Il y a un petit délai.
En ce qui concerne maintenant la loi 65, j'imagine que le leader ne nous
demande pas de siéger à trois endroits en même temps.
M. LEVESQUE: Non, j'ai laissé le choix.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En ce qui concerne la loi 65, je n'ai pas eu
le temps de consulter mon collègue, le député de
Montmagny, sur cette question précise, je ne peux pas donner de
réponse. Pour le budget, je répète ce que nous avons dit
ce matin, que nous serions d'accord.
M. LEVESQUE : Si on était favorable plutôt à l'autre
option, nous pourrions retarder la décision de quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: M. le Président, dans mon cas, je suis prêt
à aller à la commission des Affaires sociales, et notre critique
financier est prêt, tel que nous l'avons déjà dit, à
aller à la commission des crédits étudier le budget
supplémentaire.
M. BURNS: M. le Président, c'est encore avec regret que je ne
peux donner mon consentement, pour les mêmes raisons que ce matin.
M. LE PRESIDENT: Avec regret?
M. BURNS: C'est véritablement avec regret que je ne peux pas,
pour les mêmes raisons que ce matin... Je m'excuse, M. le
Président, je m'excuse d'ailleurs auprès du leader, ce n'est pas
du tout dans le but de "picosser" le gouvernement que je dirai cela: si vous
amenez la discussion et je pense que nous pouvons tenter de le dire sans
faire de la démagogie en Chambre sur le projet de loi no 64, je
l'ai dit ce matin, nous sommes d'accord pour que le projet de loi no 65 soit
étudié en commission ou les crédits. Je m'excuse mais
c'est véritablement une question d'ordre pratique en ce qui me
concerne.
M. LEVESQUE: Les mêmes remarques que j'ai faites ce matin lorsque
de tels propos ont été tenus par un représentant de votre
parti s'appliquent mutatis mutandis.
M. BURNS: D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président.
M. CARDINAL: M. le Président, le député de
Sainte-Marie avait-il la parole lors de l'ajournement?
M. BURNS: Oui.
M. CARDINAL: Il y a l'article 347 que je cite par coeur.
M. LE PRESIDENT: Oui, l'article 347 que j'ai eu l'occasion
d'étudier cet après-midi et qui, je vous l'avoue bien
honnêtement, me laisse très perplexe.
A une première lecture je serais porté à croire...
Je vais y réfléchir, et si vous voulez, nous allons y
réfléchir ensemble ou je vais réfléchir tout haut.
Alors si vous voulez, nous allons nous aider tous ensemble. Je pense que c'est
la dernière partie de l'article qui est surtout contentieuse. De toute
façon je vais lire l'article au complet: "Le député qui
avait la parole lors de l'interruption...
M. BURNS: M. le Président, si cela peut simplifier les choses,
s'il y a un autre député qui veut prendre la parole, il n'y a pas
de problème. Le député de Sainte-Marie reviendra plus
tard.
M. LESSARD: Il n'y a pas de problème, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Il n'y a peut-être personne qui a le goût
que je...
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Alors, nous éluciderons le
problème...
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque le règlement, on
vient de dire "des gens pressés". Pas du tout. Ce matin, au début
des travaux, j'ai fait une déclaration. Je ne veux pas la
répéter.
Le projet de loi no 28 n'a peut-être pas d'urgence en ce sens
qu'il ne s'applique qu'en 1975, mais il a une grande importance...
M. LE PRESIDENT: Le projet de loi no 28.
M. CARDINAL: Le projet de loi no 28, pardon !
M. BURNS: Le projet de loi no 48 a été adopté.
C'est pour vous aider que je dis ça.
M. BIENVENUE: Laissez parler le député de Bagot.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: Je ne parle pas en même temps que les autres, M. le
Président. Vous l'avez remarqué.
M. LE PRESIDENT: Très bien. C'est la raison pour laquelle je vous
ai cité en exemple.
M. CARDINAL: Merci. M. PAUL: Cela m'a froissé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le cas des grands ténors. Les
grands ténors ne chantent jamais avec un partenaire.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne veux pas du tout m'enferrer
dans la procédure et je ne veux pas répéter ce que j'ai
dit ce matin. Cependant, c'est bien beau de vouloir discuter, rediscuter et
rerediscuter du même sujet. Quand un parti, quel qu'il soit, qu'il soit
ministériel ou de l'Opposition, a exprimé son opinion sur un
article donné, sur chacun des paragraphes d'un article donné et
sur le principe d'un projet de loi, je ne vois pas pourquoi on continue cette
chose-là sans arrêt. Je n'impute aucun sentiment, désir,
volonté ou motif à personne, mais je retiens que certains en
cette Chambre ont fait
des déclarations que je ne rappellerai pas. Je retire donc mon
invocation de l'article 347 en espérant profondément que les
députés de cette Chambre comprendront enfin le bon sens, que
c'est dans cette Assemblée et non ailleurs que doit se décider le
cas du projet de loi no 28.
M. BURNS: M. le Président, je veux simplement faire la remarque
suivante. D'abord, ce n'est pas au député de Bagot de
décider si la question a été vidée, si tel ou tel
parti a dit ce qu'il avait à dire sur telle chose.
M. CARDINAL: J'invoque le règlement.
M. BURNS: Il n'y a pas d'invocation là-dessus.
M. CARDINAL: Je n'ai jamais dit ça. J'ai retiré une
question de règlement et j'ai indiqué mon opinion sur la
façon dont les débats doivent être conduits en cette
enceinte. Je n'ai imputé aucune intention à personne. Je l'ai
même mentionné.
M. BURNS: M. le Président, je reviens à ce que je disais
quand j'ai été interrompu. Ce n'est pas au député
de Bagot de décider si tel ou tel parti a...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Si l'honorable député de
Maisonneuve veut faire une déclaration sur la question de la
prolongation des débats, je vais le laisser faire parce que le
député de Bagot l'a fait.
M. BURNS: C'est ça, la réponse.
M. LE PRESIDENT: Mais je voudrais que le député de
Maisonneuve s'abstienne de juger ses collègues, comme le
député de Bagot, d'ailleurs, l'a fait.
M. CARDINAL: Je ne l'ai pas fait.
M. BURNS: Comme le député de Bagot l'a laissé
entendre, M. le Président.
M. CARDINAL: Oh, pardon, M. le Président! Je m'excuse. Je
réinvoque le règlement. Je n'ai nommé personne. J'ai
même dit que je n'imputais à personne des intentions ou quelque
autre chose. J'ai simplement dit que c'était en cette enceinte que ceci,
ce soir, devait être discuté. Par conséquent, je n'admets
pas qu'un député, de quelque parti qu'il soit, n'impute des
intentions.
M. LE PRESIDENT: Alors, je permets au député de
Maisonneuve seulement de dire, dans la même ligne de pensée que le
député de Bagot, ce qu'il pense de la conduite du débat
actuel et de le faire d'une façon concise.
M. BURNS: D'accord, de façon très concise,
M. le Président. Ce n'est pas moi qui ai invoqué l'article
347. Je croyais que le député de Bagot avait des choses à
dire et qu'il voulait se prévaloir des dispositions de l'article 347 qui
dit que ce n'est pas nécessairement celui qui a la parole lors de la
suspension de la séance, qui doit parler. Alors, si le
député de Bagot veut parler, je n'ai aucune objection. Je pense
que le député de Sainte-Marie, non plus, n'a aucune objection.
Nous allons attendre qu'un autre député se soit exprimé
pour que le député de Sainte-Marie reprenne la parole.
M. CARDINAL: M. le Président, j'ai dit que je retirais le fait
que j'aie invoqué l'article 347. Est-ce que c'est clair pour tous les
députés?
M. BURNS: D'accord. Parfait. Ce n'est pas moi qui l'ai invoqué,
M. le Président. Le député de Sainte-Marie, à moins
qu'il n'y ait un autre député.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, lorsque nous avons
suspendu les débats, à six heures, j'étais à donner
les raisons...
M. LE PRESIDENT: Afin que le député de Sainte-Marie ne
soit pas pris par surprise, je dois lui mentionner qu'il parle depuis une
heure. L'honorable député de Sainte-Marie avait commencé
ses remarques à cinq heures. Il a terminé au moment de la
suspension, à six heures. Même si le règlement n'en fait
aucunement mention, pas seulement à cause de ma bonne volonté,
mais si le comité est d'accord, je reconnais qu'il y a eu certaines
interruptions.
Je suggère au comité d'accorder encore quelques minutes au
député de Sainte-Marie pour conclure, mais je l'avertis bien
clairement qu'il a la parole depuis une heure et qu'en vertu du
règlement il ne peut pas parler plus d'une heure sur un article.
M. BURNS: M. le Président, sur ce point, je me fie au
chronométrage que les officiers de la Chambre font de la durée
des débats, mais malgré ça, j'ai vérifié
moi-même le début de la discussion sur les règlements et
ç'a commencé exactement à 5 h 15, le député
ayant commencé, comme vous l'avez dit, M. le Président, à
parler à 5 heures. Et il a repris la parole sur le sujet à 5 h
40. Je ne vois pas, M. le Président, comment tout ce temps pourrait lui
être imputé alors qu'il n'a même pas participé
à la discussion et je pense que vous-même...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BURNS: ... et moi-même avons été les deux
à avoir pris le plus de temps là-dessus.
M. LE PRESIDENT: Premièrement, il n'y a rien dans le
règlement, à moins que l'on me le soumette, mais moi je n'ai
encore rien trouvé, il n'y a rien dans le règlement qui dit que
l'on doit soustraire...
M. BURNS: Selon le fait que vous devez protéger les oppositions,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il n'y a rien dans le règlement qui
dit que l'on doit soustraire le temps accordé à une discussion de
règlement de l'ensemble du temps du député. Non seulement
il n'y a rien, mais raisonnez deux minutes. Cela voudrait dire que quelqu'un
qui voudrait vraiment prolonger indûment c'est une
hypothèse que je fais son droit de parole pourrait constamment
s'en aller en dehors du règlement, se faire rappeler au
règlement, et là, on pourrait passer deux ou trois heures. Non
seulement il n'y a rien dans le règlement mais encore une fois, le bon
sens, la logique confirment le fait qu'il n'y a rien dans le règlement
et je répète que je dois considérer que le
député de Sainte-Marie parle depuis une heure et je l'inviterais
à conclure.
M. BURNS: M. le Président, je respecte votre opinion
là-dessus mais...
M. LE PRESIDENT: La décision est rendue.
M. BURNS: ... dans le cas précis qui nous concerne, c'est
peut-être encore plus évident que ce n'est pas de façon
indue que le député de Sainte-Marie a discuté le
règlement, à un point tel que même vous, M. le
Président et je ne vous en fais pas le reproche, bien au
contraire vous avez revisé votre position...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Maisonneuve ne peut pas discuter ma décision, quelle que soit la
perception qu'il en a. J'invite donc de nouveau le député de
Sainte-Marie à conclure.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Voici, M. le Président, on parlait
depuis quelques minutes de la nomination des deux commissaires qui seraient
désignés par le ministre.
Etant donné que certains commissaires observateurs pourraient
représenter une minorité de peut-être 15 p.c. de la
population d'une commission scolaire, je veux terminer mes observations avec un
amendement à l'article 583 qui dirait ceci: Que l'article 583 soit
amendé en insérant après le mot "cas", dans la
troisième ligne du deuxième alinéa, les mots "qui
constituent au moins 20 p.c. de la population de la municipalité
scolaire."
Merci, M. le Président.
M. CHARRON: M. le Président...
UNE VOIX: Vous voulez nous faire perdre notre temps, c'est le cas de le
dire.
M. LE PRESIDENT: Je déclare l'amendement recevable.
M. CHARRON: M. le Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: M. le Président, j'aimerais prendre quelques instants
pour vous expliquer pourquoi, au nom de notre parti, de notre formation
politique, le député de Sainte-Marie, qui avait la parole
à la fin des travaux avant six heures, a tenu à présenter
l'amendement qui est présentement en discussion.
Cet amendement, M. le Président, nous ne l'avions pas en
tête, je dois le dire, à l'ouverture des travaux et de
l'étude de l'article 583. Pour l'excellente raison que vous comprendrez,
M. le Président je n'aurai qu'à faire allusion aux
débats qui marquent cette adoption difficile de l'article 583 que
nous avions d'abord choisi de nous opposer, nous le choisissons toujours,
d'ailleurs, puis-je vous le rappeler, à l'existence même de ces
observateurs.
Les débats ont été longs et les arguments
ministériels que nous avons reçus pour le maintien de cet
amendement et pour le maintien de l'article 583, que nous serons appelé
à discuter à nouveau dès que nous aurons disposé de
l'amendement du député de Sainte-Marie, ne nous ont pas encore
convaincus qu'il faille intégrer ces commissaires infirmes à
l'intérieur de la structure scolaire de Montréal.
Mais vous noterez, pour permettre au débat d'aller plus
rapidement qu'il ne l'a fait depuis quelques heures, qu'il y a au fond de
l'amendement présenté par mon collègue de Sainte-Marie,
une nouvelle attitude. Je vous dis que puisque la majorité
ministérielle ne semble pas vouloir revenir sur sa décision et,
d'après son vote lors de l'amendement, est déterminée
à faire cet accroc au suffrage universel, que nous devons
désormais, pour faciliter nos débats et pour toujours dans le
même but d'améliorer le projet de loi présentement à
l'étude, essayer de sauver les meubles.
M. le Président, sauver les meubles, dans notre langage
législatif, voudrait dire: Là où un parti d'Opposition se
heurte à l'entêtement ministériel, il essaie d'utiliser
tous les moyens qui sont à sa disposition dans nos règlements et
que vous faites respecter avec beaucoup de sagesse, M. le Président.
Dans nos règlements, il est permis de suggérer des amendements.
Or, de la même manière que le député de
Verchères, ministre de l'Education, a présenté son
amendement, nous voulons être sûrs que cet amendement ne
détruira pas un principe qu'il est interdit d'attaquer, puisque nous
l'avons adopté en deuxième lecture, celui du suffrage
universel.
Nous sommes à sauver les meubles. Puisque la majorité
gouvernementale endosse cette volonté de faire un accroc au principe du
suffrage universel et à la structure démocratique des commissions
scolaires, nous disons: qu'elle ait la moindre portée possible.
L'amendement du
député de Sainte-Marie a une autre justification. Sans
vouloir vous référer à l'avance, si c'était
possible, aux débats qui porteront sur d'autres articles du projet de
loi, vous n'êtes pas sans savoir, M. le Président, que parmi les
amendements annoncés par le ministre de l'Education, il en est un que
nous avons invoqué lorsque nous avons étudié l'article
582, celui qui vise à remettre à peu près entière
liberté, dans l'édification de la nouvelle carte scolaire de
l'île de Montréal, au conseil provisoire qui entrera en fonction
aux termes mêmes de la loi, le 15 février 1972.
L'amendement du député de Sainte-Marie vient apporter une
précision au mandat ou va avoir des conséquences, devrais-je
dire, dans le mandat que recevront les membres du conseil provisoire
appelé à édifier cette nouvelle carte. En effet, il se
pourrait que, profitant de la liberté de manoeuvre que la loi 28
accordera au conseil provisoire, nous nous retrouvions demain avec sept, huit,
neuf, dix ou onze municipalités scolaires sur l'île de
Montréal. Prenant l'hypothèse qui a marqué nos travaux,
celle de onze commissions scolaires, il n'est pas dit, il n'est pas entendu et
personne n'a le moyen de savoir ce soir si les onze municipalités
scolaires auront les mêmes contours géographiques ou plutôt
les mêmes délimitations géographiques que celles sur
lesquelles nous avons travaillé pendant les travaux de la commission
parlementaire. Ceci peut vouloir dire que nous nous trouverions, à la
suite de cette nouvelle carte scolaire que nous ne connaîtrons qu'en
novembre 1972, avec une nouvelle répartition
majorité-minorité à l'intérieur des commissions
scolaires.
Il pourrait se produire, par une nouvelle délimitation, par
exemple, dans l'Est de Montréal, que vous vous trouviez avec une
commission scolaire qui porte actuellement le no 9, avec une nouvelle
commission scolaire où la minorité locale anglophone ne
compterait que 4p.c, 5 p.c. ou 10 p.c. à peine de la population
là-bas. Si l'article 583 était adopté sans l'amendement du
député de Sainte-Marie, les 4 p.c, 5p.c. ou 10 p.c. d'anglophones
de cette minorité se trouveraient dotés d'une
représentation trop élevée, quant à nous, par
rapport à la force démographique qu'ils occupent sur le
territoire de cette municipalité scolaire et qui leur est
accordée. A une minorité qui pourrait être de l'ordre aussi
infime...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je sais que c'est l'intention
du député de Saint-Jacques de faire perdre le temps de cette
Chambre. Je voudrais vous demander de lui rappeler, pour la pertinence des
débats, qu'il s'en tienne exclusivement à son amendement...
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement. En
vertu de l'article 285, paragraphe 19 je demanderais que vous demandiez au
ministre de l'Education de retirer ses paroles tout à fait en
contravention avec les dispositions de l'article 285, paragraphe 19 qui
imputent directement ou indirectement, des motifs indignes ou des intentions
mauvaises à un député. Là il y a eu mention directe
non pas à un parti mais à un député, le
député de Saint-Jacques, à qui on a attribué des
motifs, des intentions ou des propos inavoués, M. le Président,
je vous demanderais de faire ce qui est uniquement votre devoir et de demander
au ministre de l'Education de retirer ses paroles.
Il n'a pas le droit de prêter ces intentions au
député de Saint-Jacques de retarder indûment et
volontairement les débats.
M. LE PRESIDENT: J'ai lu en même temps que le député
de Maisonneuve le paragraphe 19. Je ne me rappelle pas textuellement ce qu'a
dit le ministre de l'Education mais je déclare sans aucune
équivoque que si le ministre de l'Education a dit que c'était
l'intention de retarder les débats...
M. BURNS: Ce sont les mots, exactement...
M. LE PRESIDENT: Si c'est ce qu'il a dit, je ne lui demande pas de les
retirer parce qu'il n'y a rien d'inavoué, rien qui se rattache au
paragraphe 19. C'est un jugement de valeur que l'on peut partager ou ne pas
partager mais je ne crois pas que l'article 19 couvre le fait de dire qu'un ou
des députés retardent indûment les travaux.
M. LESSARD: Seigneur, délivrez-nous, pitié!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je disais, M. le Président, que nous adoptons, en fin
de compte, une nouvelle structure scolaire à Montréal que nous ne
connaissons pas encore dans sa réalité géographique; qu'il
pourrait se trouver, au lendemain de l'adoption de cette loi, que, par
arrêté ministériel, sur recommandation du conseil
provisoire de la structure, on adoptât une carte où se
trouveraient des minorités, de l'ordre de 10 p.c. ou inférieur
à 10 p.c, dans une localité; et que si l'article 583 du projet de
loi était adopté sans y ajouter la discussion intéressante
et fort valable qu'apporte l'amendement du député de
Sainte-Marie, cette même mince minorité locale à
l'intérieur d'une municipalité scolaire pourrait se
prévaloir du droit antidémocratique, quant à nous, mais
qui figure à l'article 583, d'avoir deux commissaires pour la
représenter si, au lendemain d'une élection
générale sur le territoire de cette commission scolaire, elle se
trouvait sans représentant.
Je dis que la nomination de deux commissaires supplémentaires,
aussi infirmes qu'ils soient dans le projet de loi, n'est pas
démocratique, encore une fois, à moins que nous ne soyons
assurés de la taille de cette minorité. Ce que vise
l'amendement du député de Sainte-Marie c'est de fixer un minimum
en de ça duquel toute minorité ne pourrait penser se
prévaloir de deux commissaires sur dix-sept.
Il est entendu que, s'il faut trouver une justification, aussi mince
soit-elle et je vous répète que nous n'en avons pas
été convaincus à l'existence de ces commissaires
antidémocratiques sur l'île de Montréal si l'argument
fondamental est la nécessaire représentation d'une
minorité, il faut être au moins sûr que cette
minorité est de taille suffisante pour un tant soit peu justifier
l'accroc au principe du suffrage universel que signifie l'amendement du
ministre de l'Education dont nous avons déjà disposé.
L'amendement du député de Sainte-Marie dit 20 p.c. S'il se
trouvait qu'au lendemain d'une élection une minorité importante
représentant le cinquième de la population d'une commission
scolaire, par suite du suffrage universel, à cause peut-être d'une
injuste délimitation en quartiers dont nous aurons à parler
à l'article 584, ou à cause de manoeuvres électorales d'un
parti ou d'une formation quelconque sur le territoire de la municipalité
scolaire au moment des élections vous connaissez les
élections mieux que moi s'il se trouvait, dis-je, qu'une
minorité aussi importante que 20 p.c. soit sans représentant
à la commission scolaire de cette municipalité, alors pourrait
commencer à poindre un minimum de début de justification à
l'amendement du ministre de l'Education que la Chambre a adopté sur
division il y a déjà quelque moment.
C'est pourquoi je parle de la justification que j'apporte, si vous
voulez, à l'amendement du député de Sainte-Marie dans les
termes mêmes qu'a évoqués le ministre de l'Education dans
la défense de son amendement. Première motivation, a-t-il dit,
c'est pour représenter une minorité qui ne serait pas à la
commission scolaire au lendemain d'une élection. Nous disons tout
simplement: Soit. Si la Chambre a disposé de cet amendement et insiste
pour qu'il figure à l'article 583, soit. Vous voyez par là que
nous acceptons de faire avancer nos travaux et que nous acceptons la
décision que la Chambre a déjà prise sur cette question.
Mais il ne suffit pas de dire ce principe. Il faut lui accorder une plus grande
justification.
Le député de Sainte-Marie dit: C'est lorsque cette
minorité sera d'un ordre suffisamment important, qu'il a fixé
à 20 p.c, ce qui me semble parfaitement justifié. Pourquoi a-t-il
dit 20 p.c. Parce qu'une minorité de cette importance est
problématique nécessairement et qu'il faut alors, si elle n'a pas
reçu de voix dans le suffrage universel, certainement faire quelque
chose à son égard. Je pense simplement au fait que nous
représentons, dans le pays dans lequel nous vivons toujours, une
minorité de cette importance et nous avons suffisamment prouvé
à la population de ce pays que nous étions une minorité
problématique. Vingt pour cent, dit le député de
Sainte-Marie, et non pas 10 p.c. Dix pour cent auraient été
simplement l'évocation ou le rappel triste, si vous voulez, de ces
fameux districts bilingues que comportaient les recommandations de la
commission Gagnon-Dunton. Vous connaissez le genre de toiles qui a
entouré ces recommandations disant que véritablement s'efforcer
de faire d'un district bilingue, d'imposer une deuxième langue à
90 p.c. de la population lorsqu'il y a une aussi infime minorité que 10
p.c. dans un endroit qui le réclame est vraiment de trop.
Evidemment, cette bêtise a déjà été
cataloguée et le député de Sainte-Marie, dans sa grande
sagesse, n'a pas voulu la rapporter à l'intérieur de la structure
scolaire de l'île de Montréal.
Je pense que le chiffre ou la proportion de 20 p.c. qu'il évoque
dans son amendement mérite l'attention de la Chambre, mérite la
considération du parti ministériel pour justement étayer
un peu plus, ajouter un peu plus d'argument de qualité à la
motivation que nous avons entendue déjà depuis plusieurs minutes
et qui a valu à la Chambre d'endossement de l'amendement du ministre de
l'Education.
C'est fait dans un esprit de collaboration qui vise à
l'amélioration de la structure scolaire de l'île de
Montréal. Ce n'est pas le premier amendement que nous présentons.
C'est, je crois, le deuxième qu'il vous a plu de recevoir selon
l'étiquette de nos règlements.
Comme le premier, M. le Président, il ne vise qu'à une
meilleure loi. Il ne vise qu'à assurer, en même temps, par une
série d'améliorations que nous nous proposons bien d'apporter
à chacun des articles du projet de loi où il sera possible de le
faire, que le principe sur lequel nous avons voté et sur lequel nous
sommes toujours d'accord, recevra, dans son application concrète, s'il
est amélioré par des amendements du style de celui
présenté par le député de Sainte-Marie, dès
son instauration comme structure provisoire et, encore plus, lorsqu'il
deviendra structure permanente, un accueil qui ne soit pas marqué
à l'égard de n'importe qui d'accrocs, de frustrations ou de
mauvais entendements de l'intention du législateur.
Ce n'est que pour améliorer cette structure que le
député de Sainte-Marie dit: Bon, s'il faut endurer cet accroc au
principe du suffrage universel et à la nature même des commissions
scolaires, soit, mais faisons-le lorsqu'il y a justification dans les faits. Ne
le faisons pas simplement parce qu'une minorité, au lendemain de
l'évolution démographique, se trouverait moindre qu'elle ne l'a
jamais été dans une municipalité scolaire. Pourtant, elle
pourrait toujours se prévaloir de cet article, car vous savez que nous
ne faisons pas des restructurations scolaires, Dieu merci, toutes les semaines.
Celle que nous nous apprêtons à modifier sur l'île de
Montréal date d'une centaine d'années. Je ne dis pas que nous
attendrons encore cent
ans avant de modifier la structure scolaire. D'ailleurs, dès que
nous prendrons le pouvoir, nous nous appliquerons à modifier cette
structure scolaire.
UNE VOIX: Il rêve en couleurs.
M. CHARRON: Je dis seulement, M. le Président, que nous devons,
en adoptant cette structure, faire face aux défis de l'avenir. Les
défis de l'avenir, c'est l'évolution démographique du
Montréal métropolitain et de la ville de Montréal. On
pourra me dire que, dans la municipalité scolaire je le dis au
hasard no 7 par exemple, la minorité actuelle est de 23 p.c. et
qu'elle nécessite l'article 583. Qui me dit, M. le Président,
qu'au hasard des déménagements, de l'immigration, de
l'émigration, elle sera du même ordre en 1980? Qui me dit que la
minorité locale, dans cette même commission scolaire, lorsque
s'appliquera le projet de loi, ne sera plus que de l'ordre de 4 p.c. ou de 5
p.c, presque complètement assimilée peut-être je le
souhaite à la majorité francophone?
Alors, qu'est-ce qui justifierait, à ce moment-là,
l'application intégrale de l'amendement, dont nous avons disposé,
du ministre de l'Education et qui permettrait à une aussi infime
minorité, dans un territoire, de se prévaloir de 2 sièges
sur 17 à l'intérieur d'une structure scolaire? J'ai dit, dans mon
discours de deuxième lecture, que nous devions adopter une loi qui non
seulement corrigeait le passé, qui non seulement était efficace
pour le présent, mais qui aussi était ouverte et disponible aux
changements de l'avenir.
Voilà comment le député de Sainte-Marie endosse ce
défi d'ouverture à l'avenir en disant, tout simplement, dans
l'amendement qu'il a présenté, qu'il faudra quand même
s'assurer que, malgré tous les hasards démographiques de l'avenir
M. le Président, je vous signalerai qu'ils jouent bien plus
à notre encontre qu'à l'encontre de la minorité anglophone
l'accroc au principe du suffrage universel ne devienne encore plus grave
lorsque cette structure ne sera vieille que de quatre ou cinq ans et qu'il sera
encore, peut-être, trop tôt pour songer à la modifier.
Le député de Sainte-Marie apporte cet amendement
tourné vers l'avenir, M. le Président beaucoup plus que vers le
présent, même si je vous le rappelais au début de
mon intervention du fait que nous ne connaissons pas la carte scolaire
de Montréal, il se peut que, dès son entrée en vigueur, il
y ait des commissions scolaires où la minorité ne soit pas plus
importante que 5 p.c. ou 6 p.c. et qu'elle se prévale de l'article 583,
à l'aide de ces commissaires-tirailleurs, pour venir embêter le
travail des élus du peuple.
Je ne reviens pas sur les arguments dont nous avons déjà
disposé, M. le Président, mais j'insiste, en terminant, pour vous
dire qu'ils ne vont pas du tout à l'encontre du principe de l'amendement
du ministre.
Ils ne visent qu'à le préciser et à lui donner une
résonnance qui soit un tant soit peu plus démocratique. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai
écouté avec grande attention l'argumentation du
député de Saint-Jacques. Inutile de vous rappeler, M. le
Président, que nous nous sommes opposés et que nous nous opposons
encore à la volonté du ministre de nommer, par l'article 583, des
observateurs qui, soi-disant, seront préposés à la
surveillance des droits de la minorité.
Il reste, toutefois, que l'argument qu'a présenté le
député de Saint-Jacques à l'appui de sa proposition
d'amendement ne me paraît pas très solide. Il ressemble beaucoup
plus à un artifice de procédure appuyé davantage sur des
raisons spécieuses que sur une compréhension exacte de la notion
qu'il peut avoir, et qu'il a défendue en cette Chambre, de la
démocratie.
Au nom de la démocratie, un grand nombre de députés
de cette Chambre, membres de l'Opposition, ont demandé au ministre de ne
pas inclure dans le projet de loi la nomination de tels observateurs. Le
député de Saint-Jacques nous dit: Bon, le ministre ne semble pas
vouloir renoncer à la volonté qu'il a exprimée de nommer
ces observateurs. Essayons de limiter les dégâts, de sauver les
meubles, qu'il a dit, en incluant cette proposition d'amendement: Que l'article
583 soit amendé etc., après le mot "cas," en ajoutant les mots
suivants "qui constitue au moins 20 p.c. de la population de la
municipalité scolaire".
A première vue, M. le Président, on pourrait croire que
l'application d'une pareille disposition, dans le texte de l'article 583,
constituerait une sorte de préservatif contre ceux qui voudraient, en
somme, brimer les citoyens qui veulent user pleinement de leur droit
démocratique. Je pense que l'amendement du député de
Saint-Jacques ne peut pas atteindre le but qu'il se propose. En effet,
même s'il inclut cette limite de 20 p.c, il n'en reste pas moins que les
dix observateurs seront présents là où il y aura une
population correspondant au pourcentage qu'a indiqué le
député de Saint-Jacques.
Ainsi donc, en voulant défendre le principe de la
démocratie, le député de Saint-Jacques se trouve à
l'attaquer. Nous, nous voulons un respect intégral du principe de la
démocratie, c'est-à-dire l'exercice du suffrage universel.
Le député de Saint-Jacques, dans le but et je ne
lui prête pas d'intention, je crois qu'il a de bonnes intentions
d'amener le ministre à résipiscence, en arrive petit à
petit à relâcher de sa rigueur sur la question de la
démocratie et de proposer qu'on accepte enfin un pourcentage de
population, qu'on accepte de nommer des observateurs là où il y a
tel pourcentage de population, soit 20 p.c.
Ceux qui ont proposé cet amendement, qui
en sont les auteurs et qui l'ont pensé me diront si je suis dans
l'erreur, mais cela m'apparaît premièrement illogique, cela me
paraît correspondre à une politique de ghetto et je pense que
ça serait un moyen de créer des ghettos que de fractionner selon
des pourcentages qui seront variables parce qu'il y a les migrations de
population, il y a ce mouvement continu d'une population qui se déplace
d'un secteur à l'autre. J'ai l'impression que le député de
Saint-Jacques ramollit, si je puis dire, qu'il est moins rigoureux dans
l'application du principe des droits démocratiques.
Et j'ai l'impression que, sans s'en rendre compte, par ce biais
qui me paraît être un artifice de procédure spécieux
le député de Saint-Jacques nous ramène à une
idée qui a déjà été discutée en cette
Chambre il y a déjà quelques années maintenant, à
ce problème d'un rapport de proportion au regard des droits de la
minorité, idée qui avait été défendue ici
par celui qui était alors le représentant du Parti
québécois, M. René Lévesque.
Moi, je me dis ceci: Il y a démocratie ou il n'y a pas
démocratie. J'estime que le ministre porte atteinte aux droits
démocratiques en nommant des observateurs. Nous avons discuté la
question, je n'y reviens pas, nous avons fait connaître nos positions. Le
député de Saint-Jacques, en nous proposant son amendement, le
fait aussi dans le but de respecter les droits de la démocratie, mais
déjà il les réduit puisqu'il accepte une sorte de
concession, une sorte de compromis quand nous, nous ne faisons ni concession ni
compromis. C'est le suffrage universel ou ce ne l'est pas, point final.
Ce n'est pas cette acceptation de l'amendement du député
de Saint-Jacques qui va bonifier un principe qui est mauvais en soi. Et je
crois qu'à l'usage, en pratique, ce que nous propose le
député de Saint-Jacques rendra encore plus compliqué
l'exercice de la démocratie, puisqu'à un endroit il y aura un
observateur, en d'autres endroits il n'y en aura pas, selon des pourcentages de
population qui seront variables, à cause de la mouvance des populations
sur l'ensemble d'un territoire.
Je dis que, lorsqu'on parle de respect de la démocratie, il faut
le considérer de façon intégrale. C'est comme lorsqu'on
parle de respect des droits de la minorité. Si on admet que la
minorité a des droits, on ne peut pas fractionner ces droits. On
l'admet, point final.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député me permettrait une
brève déclaration?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je vous en prie, M. le ministre.
M. SAINT-PIERRE: Je vois que le député de Gouin est
à rebours, puisqu'il dort depuis cinq minutes et pourtant je trouve vos
paroles très éloquentes, c'étaient ses paroles à
lui qui étaient endormantes.
M. LAURIN: Sur un point de règlement. Je pense que le
député de Verchères a mal vu, on a parfaitement le droit
de mettre une main sur son front pour réfléchir et on ne doit pas
imputer des comportements sans preuve.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je considère le député
de Bourget plus sérieux que ça.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que je pourrais
suggérer que ceux qui endorment les réveillent aussi?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Disons que le ministre de l'Education et mon
collègue le député de Bourget se sont tous les deux
taquinés cela évoque le penseur de Rodin.
M. LAURIN : Cela, c'est mieux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je disais que le respect de la minorité
comme le respect des droits démocratiques, à mon sens, ne se
fractionne pas. On accepte de respecter la minorité ou on n'accepte pas
de la respecter. On ne peut pas choisir. Et si je fais cette argumentation,
c'est que sous-jacentes à toutes ces propositions et
particulièrement à la proposition du député de
Saint-Jacques, c'est que je sens venir d'autres choses.
Ce n'est pas une intention que je lui prête, parce que je sais
qu'il aura publiquement l'occasion de dire ce qu'il pense et qu'à un
moment donné on va retrouver le principe de ce fractionnement de droits
à propos d'autres problèmes que nous avons déjà
évoqués, mais qui, je sais, vont revenir sous une autre forme.
Revenant à l'objet même de la proposition de l'amendement du
député de Saint-Jacques, je me dis que non seulement on
n'améliore pas la loi, parce que la proposition du ministre de nommer
ses observateurs est mauvais, mais qu'elle la rend encore plus mauvaise
puisque... En plus, elle met le député de Saint-Jacques dans une
contradiction, puisque c'est lui maintenant qui devient moins rigoureux, par
rapport aux positions initiales qu'il avait prises. Evidemment je laisse
à ceux qui ont pensé cet amendement de me l'expliquer davantage,
afin que je voie mieux s'il se justifie, mais dans les circonstances je ne
pense pas pouvoir appuyer ce type d'amendement.
DES VOIX: Vote. Vote.
M. LE PRESIDENT: Le député de Richmond.
M. BROCHU: M. le Président, les membres du Parti
québécois viennent de déposer un amendement qui se lit
comme suit: Que l'article 583 soit amendé en insérant
après le mot "cas", dans la troisième ligne au deuxième
alinéa, les mot suivants." qui constitue au moins 20 p.c. de la
population de la municipalité scolaire."
M. le Président, nous avions proposé également, au
niveau de l'article 583, certains amendements, mais afin que les commissaires
élus, afin que les commissaires au niveau de chaque commission scolaire
représentent la majorité et la minorité, de telle sorte
que l'on tienne compte véritablement, dans le mécanisme
législatif, du pluralisme qui existe sur l'île de Montréal,
tant au point de vue linguistique qu'au point de vue confessionnel.
A mon sens, si le gouvernement n'a pas encore de politique linguistique
définie, s'il n'a pas encore eu l'occasion depuis deux ans de prendre de
décisions précises en cette matière, je pense que ce n'est
pas à ce moment-là la responsabilité de l'Opposition.
Mais, M. le Président, la population du Québec, d'un
Québec qui est quand même en majorité française sera
en mesure de juger si véritablement ceux qui ont été
choisis il y a deux ans ont pris les décisions que leur mandat leur
confiait.
Je pense que si l'on tablait uniquement sur le principe de base qui est
inclus dans l'amendement du Parti Québécois présentement,
l'on ne pourrait faire autrement qu'être d'accord, pour être
logique, en ce qui me concerne, avec les amendements que nous avons
proposés. Cependant, M. le Président, il s'avère que, dans
la pratique, ce qui est proposé présentement est
complètement impossible, pour différentes raisons.
Tout d'abord, je n'ai pas l'intention de revenir sur la
recevabilité de la motion. Cependant, je m'étonne que l'on ait
reçu une telle motion, qui parle d'un pourcentage précis pour
assurer une représentativité, alors que nous avions eu l'occasion
j'avais eu l'occasion de le faire moi-même au nom de mon parti
de présenter certains amendements qui, ne parlant pas de
pourcentage, parlaient au moins de représenter le plus
équitablement possible le pluralisme qui pouvait exister au niveau de
l'île de Montréal, dans les cadres juridiques de la loi no 28.
Je ne comprends pas non plus, M. le Président, pourquoi le Parti
québécois propose actuellement une telle motion, alors que
lorsque nous avons discuté de la nomination possible de deux
commissaires pour représenter les minorités francophones et
anglophones, le Parti québécois, à ce moment-là,
s'était prononcé entièrement contre.
Pour ma part, je n'ai pas le choix puisqu'à mon sens il nous faut
être logique jusqu'au bout. C'est impossible d'être logique
à demi ou d'être honnête à demi. A mon sens, les
amendements que nous avons eu l'occasion d'apporter à notre tour, nous
les avons défendus avec vigueur mais nous n'acceptons pas de
compromis.
Les parlementaires se sont prononcés sur ce que nous avons
apporté et Votre Excellence s'est prononcée également sur
la recevabilité de certaines motions que nous avons proposées.
Nous avons eu l'occasion, à ce moment-là, d'exprimer les motifs
et les motivations sincères qui se voulaient être à l'appui
de ces motions. Devant, premièrement, soit la non-recevabilité ou
devant la non-acceptation des parlementaires en commission de ces mêmes
motions, nous avons accepté le verdict en tenant compte du fait que, si
le gouvernement ne voulait absolument pas démordre de ses positions, il
aurait lui-même à répondre de ses politiques face à
la population.
Je pense qu'à ce moment-là le rôle que nous avions
à jouer, nous l'avons joué jusqu'au bout en respectant non
seulement le programme qui nous a permis d'être élus en cette
Chambre mais en respectant également l'économie de nos
règlements, en respectant également le droit de parole de tous et
chacun des députés en cette Chambre puisque nous ne sommes
intervenus en aucun moment pour brimer les droits de parole, en respectant
également les décisions que vous aviez rendues, M. le
Président, puisque nous reconnaissions votre autorité.
Devant de tels faits, je pense qu'il serait illogique de ma part, au nom
de mon parti le Ralliement créditiste du Québec, d'appuyer une
telle motion puisque nous nous sommes fait, jusqu'ici, les défenseurs
d'une logique qui n'acceptait aucun compromis. Nous avons fait connaître
clairement nos positions en matière linguistique, en disant que, si le
gouvernement n'avait pas de politique globale, il devait quand même
prendre ses responsabilités au niveau du bill 28 et ne pas se cacher
derrière la commission Gendron pour attendre un rapport qui, tout
personnel qu'il puisse être dans une semaine ou deux, n'amènera
autre chose peut-être que certaines indications vagues. Le gouvernement
se retrouvera, à ce moment-là, encore devant une décision
à prendre, c'est-à-dire face à lui-même, face au
mandat que la population du Québec a bien voulu lui confier il y a
près de deux ans.
Sur le deuxième point, la confessionnalité, nous avons
également pris des positions claires, nettes, précises et bien
définies. Nous n'avons pas l'intention, à ce moment-ci...
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler à l'honorable
député de Richmond qu'il doit s'en tenir à l'amendement
présentement devant nous. Je ne vois rien, dans cet amendement, qui, ni
directement ni indirectement, parle de confessionnalité. Il est
uniquement question de cela. L'amendement, si on le rattache à l'article
583, parle de la question ethnique mais non pas de confession.
M. BROCHU: M. le Président, je me soumets volontiers à vos
directives. Malgré que nous n'ayons pas le privilège en cette
Chambre d'appeler nominalement un député, j'aimerais simplement
vous mentionner que je n'oserais être plus hardi dans mes remarques.
Qu'il me soit permis simplement...
M. CHOQUETTE: Vous pouvez vous permettre d'être audacieux.
M. BROCHU: Je vous remercie, M. le ministre. Je voulais simplement me
donner une légère permission, celle de faire un parallèle
entre l'attitude que nous avons adoptée depuis le début de ce
débat et la position que nous entendons prendre sur la motion
présentée actuellement par le Parti québécois.
Pour terminer, vous mentionnez que sur l'aspect confessionnel nous avons
pris position, que nous avons demandé au gouvernement de donner une
représentation adéquate, compte tenu du pluralisme qui existe
à ce niveau sur l'île de Montréal, de donner aux cadres
juridiques de la loi 28 toute l'ampleur d'une société
québécoise moderne qui veut se doter d'un système qui
réponde à ses aspirations et à son entité totale.
Devant ce fait, j'ai l'intention, ainsi que mon parti, de continuer cette
même attitude logique, du commencement à la fin, de manifester
exactement les désirs et les positions que nous avons manifestés
depuis le début, de n'accepter aucun compromis et simplement de
signifier que le gouvernement, s'il a l'intention de continuer dans la position
qu'il a prise à l'heure actuelle de ne changer rien, aucun iota dans sa
loi, aura la pleine et entière responsabilité de l'action qu'il
prend présentement. Pour notre part, nous n'avons pas l'intention de
continuer, à l'exemple du Parti québécois, à
vouloir proposer des demi-mesures, des quarts de mesure, des huitièmes
de mesure, mais nous maintenons nos positions et lors de la prochaine
élection ce sera le gouvernement qui répondra de sa politique
globale.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, à maintes et maintes reprises
dans cette Chambre nous avons très souvent été
accusés de discuter dans l'absolu, dans les nuages, dans
l'irréalité.
M. HARVEY (Jonquière): Avec raison.
M. LESSARD: Je suis d'accord avec le député de Chicoutimi
lorsqu'il affirmait que le principe de la démocratie est un principe qui
n'est pas divisible, un principe absolu pour lequel il faut se battre et qui
n'accepte aucun compromis. Cela, c'est la solution des purs, de ceux qui, si on
ne le savait pas, n'auraient même pas voté le bill 63, de nos amis
les créditistes qui n'acceptent pas de voir la réalité et
de voir l'article 583 tel qu'il est là.
Nous aussi nous sommes opposés aux amendements du ministre. C'est
voté et nous n'avons pas du tout l'intention de revenir sur ce point.
Mais il y a une chose que nous constatons, c'est que l'amendement du ministre
dit: "Toutefois, le lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il constate que la
minorité francophone ou anglo- phone, selon le cas, n'est pas
représentée par suite de l'application de l'alinéa
précédent, nommer, sur la recommandation du ministre, deux autres
commissaires d'écoles pour des mandats d'une année scolaire
après consultation des présidents du comité consultatif
d'école de la minorité concernée."
Il s'agit d'un amendement complètement imprécis. On peut
soutenir, comme le Ralliement créditiste, comme l'Union Nationale au
niveau des principes absolus... Qu'est-ce que le parrain du bill 63 voulait
dire?
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: M. le Président, premièrement, il n'existe
plus en cette Chambre de parti de l'Union Nationale et si j'étais, comme
on dit en anglais, "the godfather of bill 63, I was not the father of it".
M. LESSARD: Alors, M. le Président, ce parrain qui, semble-t-il,
ce pourquoi, vous l'avez félicité, d'ailleurs...
M. CHOQUETTE: Vous savez que c'est illégal.
M. LESSARD: ... intervenait jamais lorsqu'un autre député
parlait...
M. CHOQUETTE: Il est sorti des délais, on a dix jours pour
contester la paternité.
M. LESSARD: Le ministre de la Justice a-t-il terminé?
Alors, M. le Président, nous demandons à ce parrain de
s'en tenir au principe absolu...
M. CHOQUETTE: A part cela, il faut être en mesure de plaider
absence. Vous n'étiez pas absent.
M. LESSARD: ... qu'il a affirmé cet après-midi.
Qu'il ne se scandalise pas du fait que d'autres députés en
cette Chambre interviennent pendant qu'un député parle, puisqu'il
vient de le faire tout à l'heure.
Je disais donc qu'on peut, tout simplement, comme on l'a fait lorsque le
ministre a présenté son amendement, s'en tenir aux principes
absolus. On peut défendre les principes démocratiques. Nous
l'avons fait, d'ailleurs, avec énergie. Nous avons
démontré au ministre qu'il était absolument inacceptable
qu'on nomme, comme cela, deux représentants des minorités, alors
que les quinze autres membres étaient élus au vote universel par
la population. Mais il y a un fait qu'on constate, qu'on voit, qui est
là, c'est que, malgré notre opposition, malgré
l'opposi-
tion énergique du Parti québécois, malgré
l'opposition un peu timide d'Unité-Québec, comme d'habitude,
malgré l'opposition du Ralliement créditiste, cette
majorité gouvernementale, qui ne représente que 45 p.c. de la
population, a décidé de passer outre à nos revendications
et à tous les arguments logiques que nous lui avions proposés.
Nous arrivons maintenant avec un amendement tel que celui que j'ai lu tout
à l'heure.
Le ministre a tous les pouvoirs maintenant de nommer, après avoir
consulté peut-être les comités d'école, deux
observateurs. Mais il y a quand même une juste mesure à la
démocratie. Il faut quand même que cela soit justifié. Il
faut quand même arrêter de représenter les minorités,
si ces minorités ne représentent absolument rien. Il faut quand
même fixer un chiffre à cela. C'est pourquoi le
député de Saint-Jacques, tout à l'heure, disait qu'il
fallait sauver les meubles. Nous sommes complètement d'accord sur le
principe absolu de la démocratie. Nous l'avons affirmé avec
énergie. Mais il faut quand même considérer le plan.
Si le député de Chicoutimi veut s'en tenir à la
démocratie dans l'absolu, c'est son droit. Je le reconnais. Si les
créditistes veulent faire la même chose, c'est leur droit.
Cependant, je pense qu'en pratique il faut quand même constater une
chose, c'est qu'on ne peut pas accepter cet amendement qui nous a
été proposé par le ministre à n'importe quel prix.
Il faut quand même fixer un arrêt à cela. Il faut quand
même voir si ces minorités linguistiques, avec tous les droits
qu'on leur reconnaît, représentent quelque chose.
J'ai dit, lorsque j'ai discuté de cet amendement du ministre, que
j'appréhendais le jour où, dans ma région où il n'y
a qu'une seule commission scolaire et où la minorité anglophone
ne représente qu'un très léger pourcentage, ces
minorités exigeront avec droit et avec raison, les mêmes
privilèges qu'on leur accorde en vertu de l'article 583 du bill 28.
Pourquoi un anglophone du comté de Saguenay, un anglophone de
Baie-Comeau ou de Hauterive ne serait-il pas aussi bien
représenté qu'un anglophone de la région de
Montréal? Si on veut appliquer des principes dans l'absolu, qu'on les
applique mais qu'on les applique honnêtement, légitimement. Nous
voulons, nous aussi, nous en tenir au principe, dans l'absolu si on veut.
Je pense que, s'il y a des gens, en cette Chambre, qui se sont battus
pour des principes, c'est bien nous. On nous a même accusés, comme
je le disais au début, d'être dans les nuages.
UNE VOIX: Vous êtes dans les nuages aussi.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez des questions à poser?
M. CHOQUETTE: Non, je riais.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre de la Justice veut intervenir?
M. CHOQUETTE: J'ai bien le droit de rire.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre de l'injustice voudrait
intervenir?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Oh! Oh! Rétractez-vous. Ce n'est pas
parlementaire.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
UNE VOIX: Nous allons vous retourner la carte.
M. LESSARD: Alors, je disais, M. le Président, que bien souvent
on nous a accusés, nous, les membres du Parti québécois,
d'être des gens qui n'avaient pas conscience de la vie qui se passait sur
terre, des gens qui n'avaient pas d'expérience parlementaire, des gens
qui venaient d'arriver dans le système et à qui on allait montrer
comment cela fonctionne, nous, les vieux politicailleurs du système.
Alors, M. le Président, je disais donc...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'ai permis, et j'ai
peut-être trop permis...
M. LESSARD: M. le Président, je pense que je ne viole pas le
règlement.
M. LE PRESIDENT: ... au député de Saguenay de faire des
comparaisons, de parler d'absolu et de non-absolu et tout cela. A titre
d'exemple, il pouvait peut-être le faire mais cela ne fait pas partie de
la substance de la motion d'amendement. Je pense qu'il a suffisamment
expliqué qu'il n'était pas dans l'absolu. Je pense qu'il pourrait
revenir maintenant sur terre, c'est-à-dire à l'amendement
proposé par son collègue.
M. LESSARD: M. le Président, je suis toujours sur le sujet de
l'amendement proposé par le député de Sainte-Marie.
On nous a dit, tout à l'heure, et on nous en a fait un reproche
que nous nous étions battus au niveau du comité plénier
contre l'amendement du ministre qui nous proposait deux observateurs. On nous
disait que nous nous étions battus en vertu du principe que nous ne
pouvions admettre des accrocs à la démocratie. Avec cela, M. le
Président, je pense que je suis d'accord. Le député de
Saint-Jacques s'est battu, avec intelligence, contre l'amendement du ministre.
Cet amendement, il est accepté. Nous n'avons pas à revenir
dessus. Si nous nous sommes battus, c'est certainement au niveau d'un principe
qui, celui-là, comme je le disais, est un principe absolu.
Mais, il y a quelque chose de pratique et je
pense que les honorables députés qui ont tenté,
dans le passé, de nous donner des conseils, devraient maintenant revenir
au terre à terre et constater qu'il faut au moins limiter les
dégâts d'un article invraisemblable et inacceptable d'un
amendement du ministre de l'Education. Il nous amène deux observateurs
sans nous dire jusqu'à quelle limite, jusqu'à quel pourcentage de
gens minoritaires nous allons accepter ces observateurs. Il faut quand
même que cela représente quelque chose. Il faut quand même
que cela ne soit pas mis là simplement pour satisfaire une
minorité que le parti ministériel connaît bien et qui lui
est fortement attachée. Il faut, quand même, que cela ne soit pas
n'importe quelle minorité. Voyez-vous le jour où une
minorité qui représente 0.3 p.c. exigerait d'avoir deux
observateurs au niveau d'une commission scolaire?
Voyez-vous ça? Je vous prends à témoin, M. le
Président. Je sais que vous êtes quand même quelqu'un qui
est logique. Je sais quand même que vous êtes, M. le
Président, quelqu'un qui est logique. Je sais quand même que vous
êtes, M. le Président, quelqu'un qui est démocratique. Une
minorité telle que le ministre nous le propose, soit deux observateurs
sur quinze, ça veut dire qu'au moins une minorité devrait
représenter 14 p.c.
C'est peut-être acceptable, 14 p.c. Nous disons, nous, 20 p.c.
parce que je pense que ce sera, à ce moment-là, beaucoup plus
représentatif. Mais pour accepter le principe de la démocratie,
au moins au Québec, il faut quand même que cette minorité
représente quelque chose. Si le parti ministériel veut
sous-amender l'amendement qui est proposé par le député de
Sainte-Marie, nous sommes bien d'accord. S'il veut mettre 15 p.c. nous sommes
prêts à accepter 15 p.c. peut-être, parce que ça
représente à peu près deux sur quinze, 14 p.c. des
commissaires.
Mais il faut quand même mettre quelque chose. Je disais tout
à l'heure et je vous prenais à témoin, M. le
Président qu'une minorité qui représenterait 0.3
p.c. et qui aurait le droit, en vertu de l'article 583, d'exiger de la part du
ministre de l'Education d'avoir deux représentants au niveau de la
commission scolaire, M. le Président, ce ne serait pas normal.
Pensez-vous que ce serait acceptable? Que cette minorité soit une
minorité francophone ou une minorité anglophone, je ne discute
pas de ce point-là. Mais je dis par exemple qu'il faut quand même
que le ministre accepte que l'on ne représente pas n'importe qui.
Je comprends que le ministre parle ici des minorités francophones
ou anglophones, mais dans le multiculturalisme dont nous parlent ses
maîtres à Ottawa, on peut aussi bien accepter une minorité
grecque, une minorité italienne et ainsi de suite. Je ne vois donc pas
pourquoi le ministre de l'Education n'accepterait pas au moins l'amendement que
nous lui proposons. Et ça M. le Président, c'est en vertu aussi
d'un autre argument. Le ministre nous a dit que, s'il acceptait deux
observateurs au niveau des commissions scolaires, c'est parce qu'il voulait
diminuer les tensions.
On voulait intégrer population anglophone et population
francophone à l'intérieur d'une même commission scolaire,
et là où il y aurait des minorités, il faudrait
absolument, disait-il, que ces minorités puissent se faire entendre. Et
si ces minorités pouvaient ne pas se faire entendre ce qui, nous
semble-t-il, serait normal puisque deux personnes parmi quinze sont toujours
minoritaires elles pourraient au moins rejoindre leurs compatriotes et
diminuer les tensions qui pourraient s'élever à la suite des
décisions de la majorité des commissaires.
Or, M. le Président, si on laisse la démocratie dans
l'absolu, il se peut que le ministre ait raison, il se peut je ne dis
pas qu'il avait raison il se peut, dis-je, qu'il ait raison, il se peut
que les deux observateurs soient des canaliseurs des tensions populaires des
minorités qui peuvent être dirigées vers la commission
scolaire concernée.
Mais encore faut-il, M. le Président, que ces deux observateurs
représentent quelque chose. Encore faut-il que ça se
concrétise dans une minorité qui est réelle, qui existe,
qui est présente. C'est pourquoi, M. le Président, l'amendement
qu'a proposé le député de Sainte-Marie nous apparaît
une limite à cette démocratie absolue où on accepterait
comme observateur n'importe qui, sans que cet observateur représente
quelque chose.
On peut s'étendre de 0.1 p.c. à l'infini. Il faut, quand
même, avoir une logique, fixer une limite à cette
démocratie. Le principe, en fait, du projet de loi nous n'avons
pas l'intention de le discuter c'est la restructuration des commissions
scolaires sur l'île de Montréal.
M. BIENVENUE: Le député me permet-il une question?
M. LESSARD: Allez-y, mon cher ministre.
M. BIENVENUE: Au moment où le député dit: "Il y a
tout de même des limites à la démocratie", je comprends
qu'il ne fait pas allusion au débat actuel?
M. LESSARD: Pas du tout, M. le Président. Nous avons bien
démontré que nous avions l'intention de faire notre travail
jusqu'au bout, même s'il y avait des ministres qui avaient des billets
pour la Floride. Nous, nous n'en avons pas ; ça ne nous préoccupe
pas.
M. LE PRESIDENT: La motion.
M. LESSARD: Oui, je reviens sur la motion. Je réponds, tout
simplement, au ministre à temps partiel du Revenu.
M. CHOQUETTE: Faites attention de vous faire scalper par les Montagnais
quand vous allez retourner dans votre comté.
M. LESSARD: Comme je le disais très souvent, lorsque
j'étais étudiant au collège à Montréal: Chez
nous, chez les Esquimaux, nous sommes très bien. Malheureusement, c'est
lorsque nous revenons à la civilisation que nous constatons les
injustices d'un ministère de la Justice comme celui du
Québec.
M. CHOQUETTE: Dites-vous que les gens de votre comté ne sont pas
des gens civilisés?
M. LESSARD: Ce n'est pas ça du tout. M. CHOQUETTE: Bien,
ça m'a l'air.
M. LESSARD: Au contraire, comme le disait Rousseau, l'homme est bon;
c'est le ministre de la Justice qui le rend moins bon.
M. CHOQUETTE: Jean-Jacques Rousseau.
M. LE PRESIDENT: Si le député de Saguenay veut quitter le
rousseauisme pour revenir à la motion.
M. LESSARD: Mais, moi, je dis que c'est le ministère de la
Justice qui le rend méchant.
Je vais être obligé de reprendre les arguments que
j'apportais tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: J'inviterais l'honorable ministre de la Justice
à ne pas exposer ses collègues à la tentation.
M. LESSARD: Je disais qu'il faut, quand même, avoir une certaine
limite. Il faut quand même prévoir, parce qu'on sait que toute loi
doit tout prévoir. Vous, M. le Président, qui êtes un
législateur très bien informé, connaissant, vous devez
savoir que toute loi doit être faite pour le pire des
administrateurs.
Nous avons peut-être actuellement, au niveau du ministère
de l'Education, un bon administrateur. Nous n'avons pas, pour le moment,
à le juger, mais il faut qu'une loi soit précise, il faut qu'elle
soit exacte, il faut que, dans une loi, tout soit prévu. On ne peut pas,
en vertu de la démocratie, laisser à la discrétion du
ministre le soin de nommer ces deux observateurs, sans avoir auparavant
indiqué une norme, un pourcentage. Cela voudrait dire quoi? Cela
voudrait dire que quelquefois une minorité de 0.5 p.c. pourrait
être représentée par deux observateurs, parce qu'on dit
dans la loi: "Le lieutenant-gouverneur en conseil peut". Cela ne veut pas dire
qu'il va en nommer tout le temps. Il peut.
Cela voudrait, tout simplement, dire qu'on peut arriver à la
situation suivante qu'une minorité, qui représenterait 0.5 p.c.,
aurait deux administrateurs au niveau des quinze commissaires et qu'une autre
minorité qui ne plairait pas au ministre, c'est possible, pourrait avoir
12 p.c. et n'aurait pas d'observateurs au niveau de la commission scolaire.
Selon la loi, c'est tout simplement laissé à la
discrétion du ministre. Il me semble donc, M. le Président, que
l'amendement du député de Sainte-Marie nous semble
réaliste, nous semble absolument acceptable pour la majorité
gouvernementale.
De plus en plus, à mesure que les débats avancent, je
constate que de plus en plus c'est le Parti québécois qui devient
réaliste dans cette Chambre. C'est le Parti québécois qui
commence à avoir les deux pieds à terre. C'est le Parti
québécois qui essaie de sauver au moins les meubles à
l'intérieur de cette loi. C'est le Parti québécois...
M. MAILLOUX: Vous autres, vous ne sauverez pas vos meubles
tantôt.
M. LESSARD: Oui? ... qui tente au moins de sauver les meubles à
l'intérieur de cette loi.
M. CHOQUETTE: Vous n'avez pas une grosse police d'assurance.
M. MAILLOUX: Parce que vous êtes dans les meubles,
M. LESSARD: Bon, qu'est-ce qui se passe? L'intelligence du Parti
libéral vient-elle de parler, la lumière?
UNE VOIX: Voyons, il est donc bien fin!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Saguenay.
M. LESSARD: Merci, M. le Président, c'est ce que j'attendais
d'ailleurs. On va vous montrer ce que c'est que la démocratie...
M. MAILLOUX : Cela ressemble à de la licence.
M. LESSARD: ... ce n'est pas 45 p.c. de la population qui votre pour 72
députés. C'est plus que ça, M. le Président, ce
sont trois oppositions qui sont devant vous et qui essaient de faire valoir une
certaine...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Non, à l'ordre, M. le Président, pas du
tout.
M. LE PRESIDENT: La discussion ne doit pas porter sur l'ensemble des
problèmes de la démocratie, mais sur un amendement qui
prévoit que l'on pourra nommer des commissaires s'il y a 20 p.c. d'une
minorité. Alors...
M. LESSARD: Merci, M. le Président, mais je pense que... M. le
Président est-ce que vous pourriez rappeler à l'ordre ces
députés d'habitude silencieux, excepté la veille de
Noël, qui commencent à un moment donné à être
rébarbatifs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Merci, M. le Président, et si ces
députés-là s'inquiètent...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils pratiquent leurs cantiques.
M. LESSARD: C'est ça, si ces députés
s'inquiètent, qu'ils soient assurés qu'ils vont revoter sur le
bill 63. Je disais donc parce qu'ils ne comprennent pas ce projet de loi
qu'il faut absolument mettre quand même une limite à cette
représentation au niveau des commissions scolaires.
Nous n'avons plus à revenir sur l'amendement qui a
été accepté par l'ensemble des députés en
cette Chambre, excepté ceux qui représentent 55 p.c. de la
population. Nous n'avons plus, M. le Président, à revenir sur cet
amendement. Mais nous devons dire que cet amendement, s'il est un accroc
à la démocratie, devrait au moins être corrigé par
l'amendement du député de Sainte-Marie.
Il me semble, étant donné le milieu dans lequel
s'appliquera la restructuration scolaire, que ce pourcentage de 20 p.c. serait
logique, serait acceptable, serait représentatif, et surtout, serait
démocratique.
D'autant plus que si la minorité, ne représentant pas 20
p.c. de la population, n'avait pas d'administrateur, elle pourrait toujours, du
fait qu'elle a toujours la possibilité de se présenter
normalement, comme n'importe qui, au moins une fois par mois, aux
réunions de la commission scolaire, faire valoir ses revendications. Si,
par contre, on veut fixer un certain contrôle à l'intérieur
de cette démocratie absolue, tel que l'exprimait tout à l'heure
le député de Chicoutimi ou un des députés
créditistes, il faut quand même préciser un
pourcentage.
UNE VOIX: M. le Président, je crois que nous n'avons pas
quorum.
M. TETLEY: Si c'est tellement intéressant, où se trouve le
député de Maisonneuve?
M. LESSARD: A part les chemins de Charlevoix, il ne comprend rien.
M. TETLEY: Où se trouvent les députés de
Sainte-Marie et de Maisonneuve? Ils trouvent le débat tellement peu
intéressant qu'ils ne sont pas présents pendant votre
discours.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés!
A l'ordre! L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président...
M. TETLEY: Appelez le député de Maisonneuve, il est
absent. Il n'aime pas votre discours et nous, non plus.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable député de Saguenay
a terminé?
M. LESSARD: Non, M. le Président. Est-ce que nous avons quorum,
M. le Président? M. le Président, je vous demande de compter.
Est-ce que nous avons quorum?
M. LE PRESIDENT: Je déclare qu'il y a quorum.
M. LESSARD: Vous déclarez qu'il y a quorum, M. le
Président.
M. LACROIX: Même avec le quorum, avec ce que vous dites, c'est le
décorum qui manque.
M. LESSARD: L'honorable député des Iles-de-la-Madeleine a
parlé, M. le Président! Représentant quelque mille
électeurs...
M. MARCHAND: On va l'envoyer à la chasse-galerie.
M. LACROIX: Bande d'écoeurants que vous êtes!
M. LESSARD: ... ce député veut imposer à l'ensemble
de la province la démocratie qu'il pratique chez lui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: M. le Président, nous ne sommes pas d'accord.
M. MARCHAND: Ils veulent choisir les deux observateurs et ils vont
choisir les deux frères Rose.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je reviens, comme le disait
le député de Témiscouata, à mon histoire. Je disais
qu'il semblait que ce soit nous, du Parti québécois, qui
commencions à être réalistes à l'intérieur de
cette Chambre. Il semble que ce soit nous qui laissions jouer actuellement les
principes absolus de la démocratie et qui acceptions de
reconnaître un fait, à savoir l'amendement du ministre de
l'Education sur lequel nous n'étions pas d'accord nous le disons
mais qui a été quand même voté.
Devant ce fait, il nous faut nous plier au rouleau compresseur. Il nous
faut accepter cette majorité de députés, qui n'est pas la
majorité de la population.
Mais, M. le Président, il nous faut quand même imposer des
limites à une démocratie absolue. C'est pourquoi nous avons
proposé cet amendement logique, acceptable, d'ailleurs, comme vous
l'avez reconnu, M. le Président, amendement qui allait probablement
satisfaire
aux objectifs du ministre de l'Education. En effet, le ministre de
l'Education nous disait qu'il fallait absolument, dans cette
intégration, tenter d'empêcher que se soulèvent des
tensions dans la minorité. Alors, s'il arrivait que cette
minorité représentant 2 p.c, 3 p.c. ou 4 p.c. ait deux
observateurs, est-ce que ce serait véritablement
démocratique?
Demandez-vous, M. le Président, vous qui êtes quand
même une personne intelligente, comment les quinze représentants
de la majorité, de 97 p.c. de la population, regarderaient les deux
observateurs représentant 3 p.c. de la population, qui viendraient
tenter bien souvent d'empêcher que les décisions se prennent
à l'intérieur de cette commission scolaire, qui viendraient
mettre des bois dans les roues de l'administration de cette commission
scolaire. Le Parti libéral, chez nous, accepte bien ça, le Parti
québécois; nous représentons quand même 24 p.c. de
la population. Mais cette minorité représenterait... Vous
viendrez chez nous. Je dis au député de Charlevoix de tenter de
venir chez nous, il aura assez de difficulté à être
élu dans son comté...
Alors, M. le Président, je disais... Des petits Pierre Maltais,
j'en ai vu, ne vous cassez pas la tête.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD : Si je n'avais pas été interrompu par ce
député qui ne comprend pas grand-chose, excepté quelques
bouts de route qu'il réussit à obtenir dans son comté, et
qui est d'ailleurs en train de contrôler tout le ministère de la
Voirie dans son comté,...
M. LE PRESIDENT: La motion. M. TETLEY: Comme c'est brillant!
M. LESSARD: Je disais que la majorité que ce soit la
majorité anglophone, comme la représente le ministre des
Institutions financières, ou la minorité francophone
regarderait d'un oeil assez interrogatif ces observateurs qui ne
représentent que 2 p.c. ou 3 p.c. de la population. Il me semble qu'il
serait quand même illogique que ces gens puissent avoir la
possibilité de bloquer toute l'administration de la commission scolaire
dont 15 personnes sont élues par 97 p.c. de la majorité.
Il me semble que ce serait illogique. Non? Le ministre nous dit non
parce qu'il ne comprend pas ce qu'est la démocratie. Il ne comprend pas
qu'il faut quand même déterminer une limite à
l'intérieur de l'article 583 quand nous voyons, cela représente
bien le gouvernement libéral actuel...
M. SAINT-PIERRE: Cessez le spectacle.
M. LACROIX: Maudits fous que vous êtes.
M. LESSARD: Allez donc boire comme d'habitude au Café du
parlement, et nous discuterons de choses sérieuses.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion.
M. LACROIX: C'est écoeurant, tout simplement.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion.
M. LEGER: M. le Président, j'invoque le règlement. J'ai le
droit d'invoquer le règlement. Le député des
Iles-de-la-Madeleine s'est servi de mots dont on ne peut pas se servir dans
cette Chambre. Il a traité le député de Saguenay
d'écoeurant. M. le Président, je demande au député
des Iles-de-la-Madeleine de retirer ses paroles.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine voulait dire que le député de Saguenay a le
coeur errant, en tentant de faire une farce.
M. LEGER: M. le Président, je sais que le député
des Iles-de-la-Madeleine erre au Café du Parlement à
l'Assemblée nationale, mais je demande qu'il retire des paroles et il ne
les a pas retirées.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LACROIX: Ce maudit fou-là, il y a toujours des limites.
M. LE PRESIDENT: Pour ma part, je n'ai pas compris ce que le
député des Iles-de-la-Madeleine a dit. Le ministre de l'Education
est son voisin. Il a interprété ce qu'il aurait entendu et qui ne
me paraît pas antiparlementaire. Je demande au député de
Saguenay de continuer.
M. LESSARD: Je ne demande même pas que le député des
Iles-de-la-Madeleine retire ses paroles. Les paroles d'un imbécile,
qu'est-ce que cela dérange? Absolument rien.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LESSARD: Le député des Iles-de-la-Madeleine retire
continuellement ses paroles en cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Je regrette...
M. LESSARD: Qu'il retire "écoeurant" et je retirerai
"imbécile".
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je pense que tout le monde est un
peu fatigué. Je demanderais au député de Saguenay de
tenter de revenir à la motion.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je pense que je suis toujours
sur l'article 583. Je disais que c'est là que nous voyons que le
député de Verchères ne connaît pas les principes
démocratiques et que la loi ou l'article 583 représente bien
notre gouvernement tel qu'il est, notre gouvernement qui laisse tout à
la discrétion, qui laisse tout au patronage, qui laisse tout à la
décision du ministre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! La motion.
M. LESSARD: ... lorsqu'il nous dit, et je crois que c'est
complètement dans l'ordre, que c'est véridique, que c'est
réel, que c'est exact, lorsqu'il nous dit: "toutefois, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il constate que que la
minorité, francophone ou anglophone, selon le cas, n'est pas
représentée par suite de l'application de l'alinéa
précédent etc. Le ministre peut. Est-ce que c'est "le ministre
doit"? Non. C'est "le ministre peut". Cela veut dire que lorsque le ministre
jugera qu'il a besoin de ces créatures à l'intérieur de
telle commission scolaire, le ministre pourra nommer des représentants
et des observateurs...
M. HOUDE (Fabre): ... Morton, c'est à New York.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! UNE VOIX: Assieds-toi, fausse
couche!
M. LE PRESIDENT: J'ai déclaré recevable la motion
présentée par le député de Sainte-Marie. Puisque
j'ai déclaré la motion recevable, cela impliquait qu'on s'en
tienne au débat sur la motion. Actuellement, le député, je
le regrette, déborde de la motion pour discuter de l'article. Je lui
demande donc de revenir à la motion.
M. LESSARD: M. le Président, je veux simplement dire ceci. C'est
le fait que le ministre peut, s'il le veut...
M. LE PRESIDENT: La motion.
M. LESSARD: Oui, d'accord. Je reviens à la motion. Le ministre
peut, s'il le veut, nommer des représentants. Au moins, il devrait,
normalement, à l'intérieur de cet article, avoir des limites
à ce pouvoir discrétionnaire. C'est d'ailleurs pourquoi je
reconnais, par cet amendement, l'intelligence du député de
Sainte-Marie. Il tente tout simplement de mettre des limites à la
démocratie absolue du ministre de l'Education et de préciser au
moins qu'une minorité, si elle veut être représentée
à l'intérieur de ces commissions scolaires soit au moins
c'est le strict minimum représentative d'une certaine
population.
L'article 583 du projet de loi no 28 nous laisse complètement
dans l'insécurité à ce sujet. Il ne nous dit aucunement
quel sera le pourcentage nécessaire pour obtenir deux observateurs. Si
le ministre veut nous apporter un amendement satisfaisant à ce sujet,
qui pourrait ressembler au nôtre, nous sommes bien d'accord pour
l'accepter. Mais le ministre comprendra, avec le tantinet d'intelligence qu'il
peut avoir...
DES VOIX: Eh! Eh!
M. LESSARD: ... qu'il faut quand même...
M. HOUDE (Fabre): Vous n'avez pas le talent pour remplacer Olivier
Guimond !
M. LESSARD: Rappelez-vous ce que vous avez déclaré en
octobre 1969.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. LESSARD: Nous allons vous le
rappeler.
M. HOUDE (Fabre): Effronté à part ça!
M. LESSARD: Rappelez-vous ce que vous avez déclaré.
M. HOUDE (Fabre): Levez-vous.
M. LESSARD: Alors, je disais, M. le Président...
M. HOUDE (Fabre): Effronté comme ça! Un tantinet
d'intelligence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Cela vous fatigue, n'est-ce pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ... de vous faire rappeler d'anciennes choses.
M. HOUDE (Fabre) : Je ne vous fatiguerai pas longtemps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, autant à droite
qu'à gauche!
M. HOUDE (Fabre): Oui, des deux bords. M. LE PRESIDENT: Je n'ai
visé personne. M. LESSARD: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Je comprends que vous ayez plus de difficultés
à contrôler la droite que la gauche.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Quand je dis à l'ordre, ce
n'est pas adressé plus à un côté qu'à
l'autre. C'est adressé à tous et, en particulier, à celui
qui a la parole.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. M. le Président,
j'arrive à la fin de mon discours, en disant que le ministre, avec son
intelligence, devrait au moins comprendre que l'amendement que nous lui
proposons, sans aucune partisanerie politique, est logique et normal.
M. SAINT-PIERRE: Oui, certainement. UNE VOIX: D'accord.
M. LESSARD: Oui, normal. C'est un amendement auquel le ministre aurait
dû déjà penser. Nous venons, tout simplement, tenter
d'aider le ministre à placer un certain contrôle dans cette
représentation absolue des minorités. Nous espérons que le
ministre, pour une fois, après trois amendements, je crois, que nous lui
proposons, sera convaincu de la nécessité d'accepter un tel
amendement. Si le ministre veut changer les 20 p.c, on peut être
d'accord. On peut l'accepter. Vous savez, on démontre tellement de
collaboration en cette Chambre.
M. SAINT-PIERRE: Oui, certain.
M. LESSARD: On peut l'accepter. Cependant, il y a une
nécessité que le ministre comprendra, c'est de déterminer
une limite à la représentation des minorités. Je pense, M.
le Président, que le ministre aurait dû le comprendre ou, du
moins, s'il ne l'a pas encore compris, qu'il devrait le comprendre. Merci, M.
le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montcalm.
M. MASSE (Montcalm): Vous me permettrez d'intervenir quelques minutes
dans ce débat, ce que je n'ai pas fait depuis au moins quatre heures de
discours, pour souligner, d'une part, que nous ne savons pas encore si le
ministre de l'Education est favorable à l'amendement ou non et,
deuxièmement, qu'il n'y a pas de contradiction entre les positions qui
ont été prises par certains députés de cette
Chambre et l'amendement présenté par le député de
Sainte-Marie.
Certes, nous nous opposions, et ce avec vigueur et fort longuement pour
certains, à cette idée d'imposer des observateurs à une
commission scolaire dont les membres sont déjà élus par la
population.
Mais, puisque la Chambre semble, en sa majorité, avoir
accepté cette idée d'avoir des observateurs, nous croyons que
nous devrions bonifier cette idée en quantifiant la minorité
représentée. Le projet de loi, tel qu'il est devant nous, parle
de minorité, sans expliciter quel est le pourcentage d'une population
par rapport à l'autre pour devenir une minorité.
Je ne pense pas qu'il soit nécessairement mauvais qu'un
pourcentage soit inclus dans l'idée de minorité. C'est
évident, les députés sont fatigués, souvent les
députés de la majorité ministérielle comprennent
difficilement comment il se fait qu'à 72, ils ne réussissent pas
à faire passer ce qu'ils veulent, mais il reste que si on prend un
instant de réflexion, il n'est pas nécessairement mauvais que la
minorité soit quantifiée, et ce pour plusieurs raisons.
D'une part, pour ce qui est de l'île de Montréal où,
comme telle, je n'ai pas fait les statistiques des quartiers scolaires de
Montréal, je ne sais pas ce que les 20 p.c. représenteraient par
rapport aux minorités francophones ou anglophones dans l'un ou l'autre
des quartiers. Je pense que le ministre de l'Education, avec les renseignements
qu'il possède ou qu'il pourrait posséder, pourrait nous dire si
les 20 p.c. représentent une réalité. Peut-être que
c'est 18 p.c, peut-être que c'est 15 p.c., peut-être que c'est 25
p.c, nous ne le savons pas.
Mais uniquement pour lancer un chiffre dans la discussion, je pense que
20 p.c. est un chiffre qui s'explique, compte tenu du fait qu'on dit que la
minorité anglophone du Québec est en général 20
p.c. Maintenant, qu'est-ce que ça représente au point de vue des
quartiers scolaires? Je n'en sais rien. Le ministre de l'Education pourrait
nous renseigner là-dessus. Mais il y a aussi une autre idée
importante derrière tout cela et qui n'a pas été, à
ma connaissance, poussée jusqu'à maintenant.
Même si les lois d'organisation scolaire du Québec n'ont
pas retenu l'idée des observateurs, parce qu'à l'extérieur
du territoire de Montréal, les commissions scolaires sont encore sur une
base linguistique, c'est-à-dire que les anglophones ont leur type de
commissions scolaires et les francophones ont leur type de commissions
scolaires, il n'est pas certain, puisque le Parlement du Québec
aura, pour la première fois dans un bassin de population importante, la
ville de Montréal, mis de l'avant l'idée de commissions scolaires
unifiées il n'est pas certain que, d'ici quelques années,
pour l'ensemble du territoire du Québec, cette idée sera inscrite
dans nos statuts.
Partant de là, il sera également important, non plus
uniquement de tenir compte du réservoir de population de
Montréal, mais de l'ensemble de la population. Je pense que le ministre
de l'Education aurait certainement à réfléchir sur cette
idée-là et nous donner des informations, pas seulement nous dire;
je suis contre ou je suis pour, mais nous expliquer pourquoi, techniquement,
ça ne fonctionne pas,
ou pourquoi, techniquement, ça fonctionnerait.
Je crois également qu'il y a une idée à retenir et
je n'ai pas l'intention de parler longuement, je vais arrêter sur cette
idée, c'est qu'un groupe, pour avoir ce droit d'observateur, doit
être représentatif. Représentatif, non pas uniquement d'une
qualité de minorité, parce que le texte parle des
minorités anglophones, on aurait pu parler également parler des
minorités ethniques autres que francophones et anglophones. Mais on
parle de minorités uniquement ethniques. Partant de là, cette
minorité doit être représentative d'un pourcentage
suffisamment important pour que ce droit d'avoir un observateur lui soit
donné.
On a souligné à plusieurs reprises que les observateurs
devraient avoir diverses qualités. Jusqu'à maintenant, on n'a pas
tellement insisté, du côté ministériel, sur la
qualité d'observateur, ce qu'il comporte comme
représentativité. Nous avons tenté, par cette idée
de 20 p.c, d'ajouter aux qualités déjà connues une
qualité de représentativité des minorités.
Voilà, M. le Président, les quelques mots que je voulais ajouter
à ce débat qui, quant à moi, est représentatif de
certaines tendances de la population québécoise.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
M. LEGER: M. le Président, nous avions un article qui proposait
que le lieutenant-gouverneur en conseil, s'il constatait que la minorité
anglophone ou francophone n'était pas représentée, il
avait le pouvoir de nommer, sur la recommandation du ministre, deux
observateurs. Nous avons proposé, M. le Président, cet amendement
qui complétait, précisait la pensée que le ministre
n'avait pas complétée dans son bill ni dans l'amendement qu'il
nous a soumis.
En effet, l'article se lirait maintenant: Que les personnes qui
pourraient être nommées ne le seraient que si ça
constituait une minorité d'au moins 20 p.c. qui ne serait pas
représentée adéquatement dans chacun des conseils des
commissions scolaires.
Pourquoi avoir mis le chiffre de 20 p.c? Il y a quatre raisons qui nous
ont incités à inscrire ce chiffre. Cela aurait pu être 15
p.c, ç'aurait pu être 25 p.c. Premièrement, deux personnes
sur dix-sept nous amenaient à un pourcentage de 12 p.c., ce qui
était nécessairement insuffisant pour amener une
représentativité.
D'un autre côté, à travers la province de
Québec, la minorité anglophone puisque c'est de
celle-là que nous voulons parler surtout est
représentative d'à peu près 20 p.c. de la population.
Troisièmement, si on regarde le résultat au point de vue
des onze commissions scolaires actuelles prévues dans le premier projet
de loi, c'est sûr que ça peut être modifié. On sait
que, selon ce que nous avons pu voir dans les journaux, le nouveau conseil
provisoire pourra établir entre sept à treize commissions
scolaires sur l'île de Montréal, si on regarde les chiffres de ces
onze commissions scolaires actuellement.
M. SAINT-PIERRE: J'espère que le député sait que
c'est entre sept et onze. Cela fait à peu près 22 heures qu'on en
parle, c'est onze pour son information.
M. LEGER: Je remercie le ministre, il nous a éclairés,
cela veut dire que ça ne pourra pas être plus que onze.
M. SAINT-PIERRE: Après 22 heures de débat, nous pensions
au moins que vous saviez ça, dans le projet de loi.
M. LEGER: Est-ce que l'article 582 n'a pas été
réservé? Est-ce que le ministre a fait une déclaration
officielle ou s'il en fait une actuellement que c'est nécessairement un
maximum de onze? Jusqu'à maintenant, l'article 582 avait
été réservé et nous n'avions pas de réponse
formelle. Est-ce que c'est une réponse formelle aujourd'hui que le
conseil provisoire ne pourra pas décréter plus de onze
commissions scolaires? Est-ce que le ministre me dit ça
actuellement?
M. SAINT-PIERRE: C'est connu comme amendement depuis à peu
près 50 heures, depuis à peu près 14 jours. Nous sommes
toujours surpris de voir des gens qui veulent faire perdre le temps de la
Chambre pour des choses aussi fondamentales que ça. Vous ne le saviez
pas?
M. LEGER: Je regarde maintenant ce que le pourcentage de 20 p.c. va
donner dans les onze commissions scolaires, si elles sont telles que
prévues. Selon les dernières statistiques que nous avons
obtenues, la commission scolaire no 11 aurait une minorité anglophone
inférieure à 20 p.c; la commission scolaire no 9, qui a une
minorité anglophone de 15.8 p.c. actuellement, serait aussi soumise
à cette règle de 20 p.c; la commission scolaire no 7, qui aurait
16 p.c. environ d'anglophones, serait soumise à cette directive. Ce sont
actuellement les seules qui seraient touchées...
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que le député pourrait nous parler
de la population francophone de l'ouest de l'île de Montréal qui
serait à 16 p.c. et qui n'aurait pas de représentants?
M. LEGER: Cela vaut pour les deux, mais actuellement les chiffres que
vous avez datent...
M. LACROIX: A l'ordre, M. le Président! M. HARVEY (Chauveau): ...
l'article 545.
M. LEGER: ... de combien de temps? Moi, dans les chiffres que j'ai, qui
sont de 1969, il n'y en avait pas dans les commissions scolaires
francophones en bas de 25 p.c. Est-ce que vous avez des chiffres plus
précis depuis ce temps-là? Cela se peut, je ne mets pas en doute
la parole du ministre, mais dans les chiffres que j'ai ici, la plus basse
représentation de francophones se chiffrait, dans la commission scolaire
no 10, à 25 p.c, alors que, dans les autres commissions scolaires vous
avez dans le centre-ville 75 p.c. de francophones contre 24 p.c. d'anglophones,
et dans la commission scolaire no 2, 30 p.c. de francophones donc ce
n'est pas soumis à cette règle contre 69 p.c.
d'anglophones.
La commission scolaire no 3 a 73 p.c. de francophones contre 26 p.c.
d'anglophones. La commission scolaire no 4 aurait 45 p.c. de francophones
contre 54 p.c. d'anglophones; la commission scolaire no 5 d'Ahuntsic aurait 69
p.c. de francophones contre 30 p.c. d'anglophones et ne serait pas
touchée; la commission scolaire no 6, dans le sud-ouest de
Montréal, a 66 p.c. de francophones contre 33 p.c. d'anglophones, et la
commission scolaire no 7, la région de Maisonneuve, aurait 83 p.c. de
francophones et 16 p.c. d'anglophones, et serait touchée par
l'amendement que nous apportons.
La commission scolaire no 8, qui est dans la région de
Saint-Laurent et Dorval, a 50 p.c. de francophones contre 49 p.c.
d'anglophones; la commission scolaire no 9 de la ville d'Anjou,
Pointe-aux-Trembles, Tétreaultville, a 84 p.c. de francophones pour 15
p.c. d'anglophones; celle de Pointe-Claire, Pierrefonds, c'est la
région-là no 10, a 25 p.c. de francophones pour 75 p.c.
d'anglophones, et la commission no 11, Saint-Léonard,
Rivière-des-Prairies, 89 p.c. de francophones contre 10.7 p.c.
d'anglophones. Ceci veut dire qu'il n'y aurait pas, selon les chiffres, de
régions francophones qui seraient touchées par cet amendement,
mais il y en aurait trois du côté anglophone.
M. le Président, ce chiffre 20 a été choisi pour
ces trois premières raisons. Il y en a une quatrième, c'est que
les conséquences de l'article 583 ainsi que de l'amendement sur lequel
nous avons présenté notre amendement doivent être
limitées. Nous ne pouvons, revenir sur cet amendement qui a
été adopté, relativement à ces observateurs, mais
quand même il faut et je pense que c'est notre devoir
essayer d'en réduire les conséquences en diminuant cette
présence accrue, ces pouvoirs accrus que donne l'article qui nous a
été présenté et que nous devons accepter.
Notre rôle, M. le Président, est de diminuer cette
présence accrue. En effet, puisqu'il faut accepter les deux
observateurs, ce qui est un accroc direct à la démocratie de la
représentativité, puisqu'il faut endurer cet accroc et qu'il faut
prévoir qu'il pourrait y avoir des changements de population, des
hasards qui entraîneraient des dangers pour l'avenir, je veux, à
l'occasion de notre amendement, dire quelles sont les conséquences que
nous voulons prévenir en présentant cet amendement de 20 p.c.
Nous le faisons, M. le Président, pour amélio- rer
l'article contre lequel nous avons voté, mais que nous devrons accepter
aujourd'hui. M. le Président, quand on parle constamment des
minorités linguistiques à l'article 583, auquel nous avons
apporté notre amendement, il faut savoir qu'il s'agit d'abord et avant
tout et c'est fondamental de la minorité anglophone. Sauf
erreur, M. le Président, cette demande, ces garanties qui sont
exigées par la minorité anglophone ne l'ont pas été
nécessairement par les francophones, même dans les régions
où ils sont en minorité justement dans les commissions scolaires
à majorité anglophone.
M. le Président, il faut endurer cet accroc, mais il faut
réaliser quelles sont les implications de ces deux observateurs que nous
voulons réduire au point de vue de l'importance et de l'influence. En
voici les raisons. C'est que certaines de ces garanties accordées
à la minorité anglophone ça saute aux yeux, M. le
Président, on veut que ces minorités soient nécessairement
représentées comme je le disais tantôt
amènent comme conséquence une représentation qui donne un
équilibre, une force, une présence au-delà de l'importante
numérique que ces minorités représentent dans le
système scolaire à Montréal.
M. le Président, d'abord, au conseil de chaque commission
scolaire, le cabinet nommera deux membres additionnels pour représenter
cette minorité. Cela veut dire que dans les onze commissions scolaires,
si notre amendement n'était pas accepté, il y aurait une
présence continuelle. Même s'ils n'ont pas à voter, ils
peuvent s'exprimer, ils peuvent influencer et ils peuvent amener des
conséquences sur la tournure des décisions qui sont prises.
M. le Président, c'est non seulement au niveau des commissions
scolaires, mais ça se réflète aussi et il y a une
relation directe avec la nomination de ces deux observateurs au sein des
cadres supérieurs mêmes de chaque commission scolaire, par la
nomination d'un sous-directeur général et de trois directeurs
adjoints.
Ces trois postes sont doublés par des représentants de la
minorité. Alors, mettez ensemble, M. le Président, des
représentants des minorités au niveau de la commission scolaire,
des représentants au niveau de la direction, de l'enseignement du
personnel et des étudiants, le sous-directeur général.
Cela représente une permanence, une présence continuelle qui
déséquilibre l'effet de la majorité dans l'ensemble du
territoire de la ville de Montréal.
M. le Président, la conséquence, c'est que ça donne
des garanties dissimulées. Une analyse plus poussée de cela
révèle que le pouvoir accru dans le projet de loi actuel des
commissions scolaires au détriment du conseil de l'île et le
pouvoir plus fort, le pouvoir de représentativité obligatoire des
commissions scolaires où ils sont en minorité, entraîne une
permanence d'influence dans les onze commissions scolaires.
En d'autres mots, les pouvoirs sensiblement
accrus des commissions scolaires sont de nature à permettre aux
anglophones de contrôler effectivement le genre d'enseignement que les
commissions scolaires à majorité anglophone vont dispenser, d'une
part.
Je n'ai pas d'objection de ce côté-là. Leur
représentation obligatoire est poussée au niveau des commissaires
et des hauts fonctionnaires, permettant la même chose au sein des
commissions scolaires à majorité française. C'est la
raison pour laquelle nous avons décidé de propose, un amendement
qui limiterait, au moins dans les régions qui sont de moins de 20 p.c.
ce pouvoir de présence continuelle et qui se réflétera par
la suite. Même ils ne peuvent pas être élus au conseil de
ville, cette force accrue des commissions scolaires dans l'ensemble du bill
permettra d'avoir une puissance plus forte auprès du conseil de
l'île.
Les pouvoirs nouveaux, que les commissions scolaires obtiennent en
matière d'immeuble et d'emprunt, permettront aux commissions scolaires
à majorité anglophone d'équiper à leur convenance
leurs écoles; nous n'avons rien contre cela, là où ils
seront en majorité. Leur présence minoritaire mais intensive dans
les commissions scolaires à majorité francophone leur permettra
d'exercer dans ce domaine une influence de premier ordre. C'est encore un
équilibre à travers les onze commissions scolaires où la
présence complète, habituelle, régulière,
permanente de minorités qui n'auraient pas eu le droit, autrement que
grâce à notre amendement, d'être présentes, cela
amène une force qui dépasse l'importance du nombre de ces
minorités à Montréal.
Un autre aspect de ces 20 p.c. que nous voulons retoucher est que les
pouvoirs additionnels que reçoivent les commissions scolaires, et leur
intégration beaucoup plus poussée à la Loi de
l'instruction publique ont pour effet de réduire, de façon
très marquée, le rôle déjà fort restreint qui
était dévolu au conseil scolaire de l'île. De plus, le
conseil est à la merci des commissions scolaires en raison de ses
pouvoirs réduits et de l'influence énorme que les commissions
scolaires pourront exercer sur des décisions grâce aux pouvoirs
accrus qu'on leur donnerait si on n'apporte pas l'amendement que nous
présentons.
Ce qui est capital, c'est que le conseil de l'île continuera
officiellement d'avoir la main haute sur les fonds. En pratique, il ne sera pas
en mesure d'exercer un contrôle réel sur la répartition des
revenus entre les commissions scolaires et à la façon dont les
commissions scolaires vont utiliser leurs deniers, du fait, justement, qu'il y
aura une présence permanente obligatoire même dans les commissions
scolaires où ils sont en minorité. C'est la raison pour laquelle
il faut nécessairement accepter l'amendement que l'on propose pour qu'au
moins on diminue l'accroc qui est fait à cette démocratie de
cette présence permanente accrue obligatoire à tous les paliers
quand ils ne sont pas représentés suffisamment par la
représentativité électorale. Il en résulte donc,
pour ce qui est du contrôle de l'argent, que les anglophones, dans les
commissions scolaires à majorité anglophone, acceptent de confier
au conseil de l'île ce pouvoir, mais ce qu'ils donnent d'une main, ils le
retirent de l'autre par le biais du partage du pouvoir et du
déséquilibre que je mentionnais tantôt des forces en
présence, déséquilibre qui favorise les commissions
scolaires. Un des objectifs fondamentaux de la réorganisation scolaire
de l'île de Montréal visait à assurer une distribution plus
équitable des richesses. Justement le fait de la
représentativité de toutes les commissions scolaires, obligatoire
même pour celles dont le nombre n'est pas suffisant pour avoir des
élus, et le fait que le gouvernement s'engage à les
représenter malgré la voix électorale, cela enlève
cet équilibre de redistribution des richesses. C'est la raison pour
laquelle...
M. SAINT-PIERRE: Question de règlement. Les déclarations
des cinq dernières minutes du député n'ont rien à
voir avec l'amendement. Il n'y a rien dans l'amendement qui touche la
redistribution de l'équipement des commissions scolaires.
M. LEGER: M. le Président, le ministre n'a rien compris à
ce que j'ai dit. Je vais lui répéter pour qu'il voie
réellement la pertinence de l'affaire. J'ai dit que la présence
obligatoire requise dans les commissions scolaires où ils sont en
minorité amène un déséquilibre des forces. Le fait
que les commissions scolaires, elles, ont comme telles, les onze, des pouvoirs
accrus que le conseil de l'île n'a pas, ceci amène justement comme
conséquence, si on ne met pas une limite de
représentativité quant on met une limite de 20 p.c.
il y a au moins trois commissions scolaires qui n'auront pas
nécessairement une représentativité nommée par le
ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est donc dire que la conséquence, c'est que cet
équilibre qu'on veut instaurer partout ne permettra pas une
redistribution des richesses parce que, dans les commissions scolaires à
majorité anglophone, on continuera à équiper normalement
et honnêtement leurs écoles. Mais les commissions scolaires
à majorité anglophone auront les mêmes pouvoirs parce que
leur présence continuelle, axée sur le fait qu'elles seront
continuellement représentées partout n'établit pas un
équilibre des forces. Ou bien, s'il n'y avait pas du tout de
représentants des minorités, il y aurait sept commissions
scolaires francophones qui ont tel pouvoir, tel poids de persuasion et quatre
autres qui ont tel poids, tel pouvoir de persuasion. Et il se crée un
équilibre qui ne tient plus au fait qu'il y a nécessairement dans
toutes les commissions scolaires des représentants de la
minorité.
Je sais que c'est dur à avaler; ce n'est pas ce que je dis que le
ministre n'accepte pas, c'est que je parle qu'il n'accepte pas.
M. SAINT-PIERRE: Des arguments très légers.
M. LEGER: Cela prend ça pour que ça puisse passer la
dureté de votre volonté de ne pas agir.
Je voudrais simplement continuer en demandant au ministre, s'il a
proposé un amendement à l'article 583, pour quelle raison il n'a
pas eu le devoir de se limiter à un certain nombre, comme le disait si
bien tantôt le député de Saguenay, quand il disait cela
commence à 0.1 p.c, 0.5 p.c, 1 p.c. de la
représentativité. Quelle est la limite à laquelle on doit
s'attendre à avoir une nomination du ministre ou du
lieutenant-gouverneur en conseil? Quel est ce point de départ? De quels
critères le ministre va-t-il se servir, pour déterminer qu'il
devra nommer deux personnes?
Pourquoi laisser cela à la discrétion du ministre?
Pourquoi ne pas laisser cette initiative à l'Assemblée nationale?
Et pour quelle raison le ministre aurait-il pleins pouvoirs selon sa
discrétion, selon la pression qu'il peut avoir dans les coulisses? Pour
quelles raisons se donner carte blanche à lui-même et ne pas
établir des critères de référence pour que le
Parlement entier puisse se prononcer là-dessus?
C'est la raison pour laquelle nous croyons qu'il faut déterminer
un minimum et je me demande encore pourquoi et le ministre n'a pas
encore répondu il s'est gardé ce pouvoir
discrétionnaire et n'a pas établi de pourcentage minimum de
représentativité.
Si on y pense bien, les onze commissions scolaires que nous avons
actuellement devant les yeux, le territoire qui a été
déterminé dans le premier projet ne sera pas
nécessairement le même, ça peut changer, puisque le conseil
provisoire devra toucher à ces territoires et établir un maximum,
comme l'a dit le ministre tantôt, de "commissions scolaires". Mais cela
peut nous amener dans le futur des territoires qui auront une différence
de proportion beaucoup plus grande que les chiffres que j'ai mentionnés
tantôt. Le plus bas que j'ai mentionné, c'était 89 p.c.
dans la commission scolaire no 11 et 10 p.c. de francophones. Mais si, par
hasard, avec le jeu du changement de territoire c'est 95 p.c. contre 5 p.c,
comment déterminer que le ministre doit dire: Une commission scolaire,
parce qu'elle a 5 p.c. de minorité, doit être
nécessairement représentée?
Pourquoi n'y a-t-il eu aucun chiffre de représenté dans la
loi? Je pense que ça revient à l'Assemblée nationale de se
prononcer là-dessus, puisque ça touche les comtés de tous
les membres de l'Assemblée nationale qui siègent et qui demeurent
à Montréal et qu'ils doivent avoir l'occasion de se prononcer
là-dessus et non pas laisser ce pouvoir discrétionnaire au
ministre de déterminer sans critère établi que telle
commission scolaire aura droit à une représentation nommée
de deux observateurs.
Je termine en espérant que le ministre réalise que si nous
nous acharnons, article par article, sur ce projet de loi, c'est que nous
espérons voir dans l'esprit du gouvernement une intention réelle
de discuter des problèmes de fond. A la minute où nous
obtiendrons des réponses précises aux problèmes de fond
qui nous satisferont, nous pourrons prouver nos arguments d'une façon
beaucoup plus rapide parce qu'actuellement, tout le monde le sait, c'est une
épreuve de force et que ce qui nous tient dans ce projet de loi, c'est
un idéal linguistique que nous voulons protéger.
Si le gouvernement, dans sa sagesse, pouvait réaliser que tout
pourrait se régler rapidement, parce que dans le principe
général du bill, nous étions d'accord en deuxième
lecture, mais s'il n'y a pas les amendements majeurs que nous proposons, nous
allons lutter jusqu'au bout, que nous siégions entre Noël et le
jour de l'An ou après le jour de l'An, nous sommes ici pour combattre et
n'en déplaise à mes amis qui sont en face, nous devons continuer
à travailler, et c'est notre devoir de le faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LAURIN: M. le Président... DES
VOIX: Vote! Vote!
M. SAINT-PIERRE: On tente de tuer l'institution
québécoise.
M. TETLEY : Vous parlez de la démocratie et vous ne la connaissez
pas.
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TETLEY: Vous étiez absent. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TETLEY: Vous allez invoquer votre absence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Est-ce que j'ai la parole sur la question de
règlement?
DES VOIX: Non, on vote. M. BURNS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je vous écoute.
M. BURNS: M. le Président, les quolibets qu'on sert actuellement
à l'égard du droit de parole de l'un ou l'autre
député, à mon avis, et je m'y oppose, sont dirigés
contre votre décision. C'est pour ça que je m'y oppose. Parce que
tout député...
M. SHANKS: Vierge offensée.
M. BURNS: M. le Président, voulez-vous demander au
député là-bas de cesser d'aboyer?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Toute décision que vous pouvez rendre, acceptant ou
rendant recevable une motion et permettant à un député de
parler à ce sujet, lorsqu'on critique le député, je pense
que c'est votre décision qu'on critique. Je m'y oppose
entièrement.
M. BIENVENUE: M. le Président, sur la question de
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat.
M. BIENVENUE: Sur la question de règlement, M. le
Président, puis-je, avec vous, inviter les députés de
cette Chambre à laisser parler le plus tôt possible le
député de Bourget, parce que plus tôt il commencera, plus
tôt il terminera.
M. LE PRESIDENT: L'honcrable député de Bourget.
M. TETLEY: Ne partez pas, ne quittez pas, c'est tellement important.
Restez ici. Restez en Chambre et suivez les règlements. Le
règlement s'applique au député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. SHANKS: On a peur de
s'endormir. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Le député de Matane vient de vous demander de
vous taire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: Je vais accepter votre demande M. le Président, pas la
sienne. Mais le député de Maisonneuve vient de donner des
instructions à tout le monde. Il va fumer à l'encontre du
règlement. Qu'il suive le règlement et qu'il cesse de fumer en
Chambre.
M. CHARRON: Il est là le député de Maisonneuve.
M. TETLEY: ... et le député de Sainte-Marie. Qu'ils
suivent les règlements dont ils sont tellement fiers.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: Vous, les Péquistes, vous ne suivez pas le
règlement. Vous n'avez aucune idée de la démocratie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. LAURIN: M. le Président, je remercie les députés
de leur attention. M. le Président, je me serais attendu à ce que
le ministre de l'Education se prononce sur l'amendement que nous avons
présenté, qu'il nous donne les arguments qu'il pouvait faire
valoir à l'encontre de cet amendement, comme cela se passe
habituellement dans cette Chambre, d'autant plus que l'amendement que nous
avons présenté était très sérieux et qu'il
voulait corriger une situation que nous avons tout lieu de croire
inquiétante. D'autant plus que nous n'avions aucune illusion sur le sort
que le ministre de l'Education réservait à notre amendement, si
je dois en juger par ses réactions gestuelles ou "comportementales" ou
si je dois en juger par les commentaires combien éloquents qui sont
venus de ceux qui l'entourent. J'aurais aimé qu'en homme intelligent
qu'il est il substitue à ce comportement tribal des arguments logiques,
car ce sont les seuls que nous consentons à discuter.
Au lieu de cela, c'est le député de Chicoutimi qui a
donné la réplique au député de Saint-Jacques, ainsi
que le député de Richmond. Ils l'ont fait avec intelligence, avec
sérieux. Je dois avouer que leurs arguments m'ont
ébranlé...
UNE VOIX: Cela ne vous en prend pas beaucoup.
M. LAURIN: Je suis assez prêt, M. le Président, à
être d'accord avec le député de Chicoutimi qui a dit que
certains des arguments du député de Saint-Jacques
s'avéraient peu solides, que nous pouvions les trouver spécieux,
qu'ils pouvaient ressembler à des artifices et, surtout, avec le
député de Richmond qui a souligné qu'ils pouvaient
constituer une atteinte relative à la logique et à la rigueur que
nous avons l'habitude de déployer dans cette Chambre quand nous
présentons des amendements.
M. le Président, cette admission, une fois faite, je dois
cependant répondre au député de Chicoutimi, ainsi qu'au
député de Richmond que, si nous avons dérogé en
quoi que ce soit aux principes habituels que nous défendons et aux
règles de comportement que nous avons en cette Chambre, c'est que nous y
avons été forcés. Nous y avons été
forcés parce que le gouvernement n'a pas voulu se rendre à nos
arguments, aux arguments d'Unité-Québec et aux arguments du
Ralliement créditiste en ce qui concerne la logique intégrale que
devrait comporter l'article 583. C'est précisément parce que cet
article, probablement parce qu'il n'avait pas été suffisamment
mûri, pensé, préparé, comportait des encoches aux
principes que doit respecter toute saine démocratie, parce qu'il ne
tenait pas compte de toutes les répercussions possibles de l'application
concrète, précise de
cet article que nous nous sommes employés, avec énergie,
avec tous les arguments que nous pouvions invoquer, à combattre cet
article dans sa première rédaction.
Nos luttes ont été vaines, M. le Président. Nos
efforts se sont soldés par un insuccès. Nos tentatives se sont
soldées par un échec. C'est malheureux. C'est comme ça.
C'est le jeu du parlementarisme et nous l'acceptons, M. le
Président.
M. SAINT-PIERRE: Pour nous, c'est une perte du temps de la Chambre.
M. LAURIN : Mais il reste qu'une fois l'article accepté il
péchait à un tel point aux règles, justement, de la
démocratie que nous étions pris entre un Charybde et un Scylla.
Le Charybde de l'acceptation intégrale de l'article qu'on nous
présentait avec cette encoche à la démocratie que
constituait la nomination, par un gouvernement, d'observateurs non élus,
ce qui est un principe que nous ne pouvons pas accepter, pas plus aujourd'hui
que demain. Le Scylla, c'est-à-dire l'autre précipice,
était cette absence de rigueur ou cette absence de logique ou
plutôt cette rigueur imparfaite ou cette logique imparfaite.
En ce sens-là, encore une fois, M. le Président, nous
sommes d'accord avec le député de Richmond et avec le
député de Chicoutimi que notre amendement est imparfait. Mais,
même s'il est imparfait, mieux vaut un amendement imparfait, qui tend
quand même, dans son imperfection, à corriger des défauts
fondamentaux d'un article principal, que pas d'amendement du tout, car,
à ce moment-là, on ajouterait une erreur à une autre
erreur, cette fois-là, une erreur par omission, et le résultat
néfaste, nocif auquel on en arriverait devrait être payé
par la population. Comme nous représentons, ici, la population, c'est un
risque que nous ne pouvons pas courir.
Le député de Chicoutimi avait un autre argument. Il dit
que cet amendement que nous présentons ne peut pas atteindre le but que
nous recherchons et que lui, aussi bien, d'ailleurs, que le
député de Richmond préfèrent ne pas
présenter d'amendement et s'en tenir au respect intégral du
suffrage universel. M. le Président, nous sommes d'accord avec eux
là-dessus. Nous aussi, nous respectons, avec toute l'énergie que
nous pouvons mettre dans nos arguments, le suffrage universel.
Nous l'avons prouvé, encore une fois, dans notre lutte contre
l'amendement. Mais, quand ce suffrage universel a été
bafoué justement, n'a pas été respecté et qu'on en
voit luire les conséquences pratiques, il nous semble, M. le
Président, que c'est de notre devoir, au moins, d'essayer de colmater
les brèches les plus évidentes de façon, au moins, comme
d'autres l'ont dit, à limiter les dégâts.
Je suis bien conscient, M. le Président, que, ce faisant, nous
nous résolvons à un pis-aller. Je suis d'accord avec ceux qui
critiquent notre amendement là-dessus, c'est un pis-aller, un pis-aller
que nous aurions aimé éviter, mais, par ailleurs, que le
gouvernement nous force à proposer parce qu'il n'a pas jugé bon
de modifier de lui-même son article et que, par le fait même, il se
trouve à accepter les inconvénients qui en découlent.
En somme, ce que je veux dire par là, M. le Président,
c'est que nous avons conçu, après mûre réflexion,
que nous n'avions pas d'autre choix et qu'à choisir entre un
inconvénient majeur, celui de l'article de la loi, et un
inconvénient mineur, nous préférons c'est notre
droit, de même que c'est le droit des autres de choisir le contraire
choisir l'inconvénient mineur. Soyez assuré, M. le
Président, que nous le faisons à notre corps défendant et
qu'une fois n'est pas coutume. Nous ne le faisons que parce que nous y sommes
obligés et bien rares seront les occasions en Chambre où nous
nous résoudrons à cette attitude et à ce comportement.
Car, ce n'est pas nous M. le Président, je le
répète qui glissons; c'est le gouvernement qui nous force
à glisser, qui nous force à faire ce compromis, qui nous force
à manquer à l'esprit de rigueur, à l'esprit de logique que
nous voulons toujours avoir en cette Chambre.
Ceci, M. le Président, est pour notre attitude fondamentale. Le
député de Chicoutimi, qui était remarquablement en verve
ce soir je dois le reconnaître a aussi apporté un
autre argument. Il nous a dit: Si nous acceptons votre amendement, c'est comme
si nous acceptions une politique de ghetto, car votre amendement va avoir pour
but de créer davantage de ghettos, soit en multipliant le nombre ou en
rendant ce ghetto plus considérable.
Je suis prêt à argumenter avec lui là-dessus, M. le
Président, non pas dans l'abstrait, encore une fois, mais en comparant
les résultats qu'il nous illustre avec les résultats qu'aura
l'article 583. Qu'est-ce qui va se passer si on accepte l'article 583 sans
notre amendement? Ce qui va se passer, c'est la chose suivante, je peux vous le
prédire avec certitude. Que le ministre se résolve à
créer sept, huit, neuf, dix ou onze commissions scolaires il a
bien dit, dans les journaux, que cette limite est encore élastique,
qu'elle n'est pas finale quel que soit leur nombre, dans chacune des
commissions scolaires, il y aura je peux vous le jurer, M. le
Président ces deux commissaires appartenant à la
minorité qui seront nommés par le gouvernement.
C'est justement là que nous aurons le ghetto, car nous aurons,
conformément à ce que nous avons dît, non pas une
cohabitation, mais des gens non élus qui vont venir défendre
leurs intérêts. C'est ça la définition du ghetto:
des gens qui arrivent avec un particularisme, avec quelque chose dans la
tête, avec des intérêts très fractionnels,
isolés à défendre. C'est ça la mentalité de
ghetto. Cependant, si le ministre
accepte notre amendement, il peut parfaitement se trouver des
commissions scolaires où il n'y aura pas de ces commissaires
nommés. Il peut y en avoir une, deux, trois, peut-être quatre
où il n'y aura pas de ces commissaires nommés par le gouvernement
après consultation avec les comités consultatifs
professionnels.
Donc, à ce moment-là nous aurons contribué à
éliminer quelques-uns des ghettos que précisément
l'article 583, tel qu'il est rédigé, va créer
inévitablement. C'est justement pour éviter d'augmenter le nombre
de ces ghettos, pour diminuer l'étendue, l'ampleur de ce fractionnement
que nous avons présenté cet amendement.
Le député de Chicoutimi fait valoir également une
autre raison. Il se demande si notre amendement pourra véritablement se
concrétiser, se réaliser, étant donné la
mobilité des habitants, des citoyens à l'intérieur des
zones qui seront créées par le gouvernement en vertu de cet
article que nous avons réservé. Je suis d'accord avec lui que
cette mobilité des habitants, des citoyens à l'intérieur
des divers quartiers de l'île de Montréal, entre les zones que
nous accepterons, pourra constituer un problème. Mais ce problème
ne me paraît pas insoluble.
En ce sens, je ferai remarquer au député de Chicoutimi que
si le problème n'est pas insoluble, cela n'entache pas d'une
façon absolue notre amendement, en ce sens que cette embûche
pourra, à mon avis, être levée d'abord par des moyens
modernes. Nous en avons. Nous avons maintenant des méthodes pour
effectuer le recensement des citoyens à l'intérieur d'une
circonscription. D'ailleurs, nous le faisons à des intervalles
répétés. Donc, les instruments techniques ne nous manquent
pas. Et surtout c'est l'argument qui me semble le plus important en
l'occurrence ces élections n'ont lieu que tous les quatre ans.
Donc, il suffirait, quelques mois avant les élections, de faire un
recensement sur l'île de Montréal.
Je rappelle ici au député de Chicoutimi, qui est un
familier de notre commission sur la réforme électorale, que nous
avons parlé récemment d'une liste permanente qui, d'après
les avis que nous avons entendus à cette commission, semble faire
l'unanimité. Et si comme il est permis de le supposer le
gouvernement se rallie à cette thèse d'une liste
électorale permanente, je crois qu'il sera très facile, avec cet
ajustement continuel de la population électorale, de se rendre compte
assez facilement de la mobilité des habitants et d'établir un
cens d'éligibilité qui nous permettra, sinon de suivre à
la trace les citoyens, du moins de les localiser en temps et lieu pour qu'ils
puissent être inscrits sur les listes et s'acquitter de leur devoir
électoral.
Il me semble donc que cet argument, bien qu'il ait sa valeur, n'est pas
contraignant d'une façon absolue, puisque la difficulté qu'on
nous signale pourrait être levée.
Par la suite, le député de Chicoutimi est entré
dans un terrain un petit peu plus glissant d'ailleurs il nous en avertit
lorsqu'il a prévu et anticipé que nous pourrions
peut-être présenter d'autres amendements qui auraient eux aussi
à la base ce même principe de ghetto ou ce même principe
d'isolement ou de fractionnement.
Il a bien dit qu'il ne voulait pas nous prêter d'intentions. En
fait, je suis d'autant plus à l'aise pour lui répondre que ces
intentions, nous ne les avons pas. Nous ne les avons pas. S'il y a quelqu'un
qui est contre le fractionnement, c'est bien nous. Nous voulons nous en tenir
pour l'avenir uniquement à un seul principe qui est celui de la
démocratie, qui est celui du suffrage universel.
Et si le ministre avait réfléchi davantage, je suis
sûr qu'il aurait trouvé un moyen qui comme je le disais
tout à l'heure lui aurait permis, à lui, d'éviter
ce fractionnement, et à plus forte raison de nous empêcher de
penser à des solutions de fractionnement. Nous aurions pu nous entendre,
tous les partis ensemble, sur une solution qui justement aurait eu comme base
ce que nous considérons tous être la base de la démocratie,
c'est-à-dire le suffrage universel.
Je peux donc rassurer le député de Chicoutimi sur ce
point. Nous n'avons pas l'intention de présenter d'amendements qui
auraient pour but un quelconque idéal de fractionnement.
Nous avons assez souffert, M. le Président, dans ce pays qui
s'est appelé le Canada, de ces cellules isolées de ce
fractionnement, nous avons tellement souffert des conséquences qui s'en
sont ensuivies que nous ne voulons pas faire subir à nos
minorités ces mêmes inconvénients que nous avons subis.
M. le Président, j'en arrive ici à l'essentiel de mon
argument. Après avoir relevé certaines des thèses du
député de Chicoutimi, je voudrais cette fois m'en prendre
à l'article intégral, c'est-à-dire l'article 583. Quand un
ministre vient nous dire, comme dans l'article 588, qu'en plus des commissaires
élus par le suffrage universel, il va en nommer deux autres qui vont
représenter quelque chose d'aussi vague, M. le Président, que ce
que le ministre appelle la minorité francophone ou anglophone, il me
semble qu'il manque à ses responsabilités. Il aurait dû
définir, spécifier bien davantage ce que représente cette
minorité, anglophone ou francophone, selon le cas. On ne peut pas, M. le
Président, quand on est législateur, mettre le moindre mot dans
un projet de loi sans qu'on sache ou du moins sans qu'on essaie de
prévoir les conséquences du moindre mot qu'on écrit dans
un texte de loi.
Je me rappelle, quand on étudiait des projets à la
commission des bills publics et privés, avec quel soin le leader
parlementaire de l'Unité-Québec, le député de
Maskinongé, s'attachait à scruter le moindre mot et à se
référer aux articles du code civil, aux lois passées, pour
voir si tel, tel ou tel inconvénient ne pouvait pas
résulter du choix de tel mot. Je n'en veux pour exemple, M. le
Président, que ce fameux bill 96 qu'on a été obligé
finalement de retirer, justement parce que cet effort de prévision
n'avait pas été fait.
C'est là la marque de tout vrai législateur d'essayer de
prévoir, avec l'aide des hauts fonctionnaires de son ministère,
des légistes, les moindres conséquences de l'action
législative qu'il pose. Eh bien, en l'occurrence, M. le
Président, quand on parle de minorité, francophone ou anglophone,
simplement comme ça dans un projet de loi, sans qu'on nous dise, pour
défendre cet article, à quel chiffre on peut s'attendre dans
telle ou telle ou telle zone, quand on ne prévoit pas la façon
dont les élections pourraient se faire, l'éligibilité,
comme on le disait à propos d'un autre amendement que nous avons
proposé, à ce moment-là, je pense que c'est un manque de
responsabilité de la part du gouvernement, qui aurait dû nous
éclairer bien davantage, puisque, après tout, c'est lui, le
gouvernement, qui trace le cadre dans lequel évoluera cette
minorité, francophone ou anglophone, ainsi que les modalités
selon lesquelles cette minorité, anglophone ou francophone, devrait
être représentée.
Si le gouvernement trace le cadre, il devrait au moins faire son devoir
jusqu'au bout et nous indiquer les modalités selon lesquelles ce droit
qu'il donne à la minorité devrait s'exercer ou devrait se
traduire. Car, M. le Président, il s'agit quand même d'une
exception et nous l'avons tous dit de ce côté-ci de la Chambre,
c'est une exception que l'on consent à un groupe déterminé
de population qu'on appelle une minorité.
Toutes les fois que l'on consent une exception, M. le Président,
c'est tellement important que l'on devrait tracer un corridor extrêmement
précis, qu'on devrait, dans toute la mesure du possible,
spécifier toutes les mesures qu'on va prendre, pour que cette exception
que l'on fait ne vienne pas contrevenir à un autre principe essentiel,
qui est celui selon lequel doivent être régies les
sociétés. C'est la raison pour laquelle, M. le Président,
nous avons cru que nous étions obligés de présenter cet
amendement, ne serait-ce que pour forcer le ministre à préciser
ce qu'il entend par minorité francophone et anglophone, à
préciser les mécanismes électoraux, à
préciser la façon dont cette minorité exercera ses droits,
la façon dont le ministre interviendra dans le détail, dans le
concret, selon que les résultats électoraux nous auront conduits
vers telle ou telle éventualité. Cela, c'est la première
raison.
La deuxième raison, M. le Président, est peut-être
encore plus importante. C'est que, dans un pays qui s'appelle le Québec,
par cet article, s'il était accepté intégralement, on se
montre plus généreux à l'endroit de la minorité
anglophone en particulier que la commission Gagnon-Dunton.
La commission Gagnon-Dunton, quand elle faisait sa recommandation de
création de dis- tricts bilingues, donnait un pourcentage, ce que n'a
pas fait le ministre, incidemment, et ce que le ministre aurait dû faire.
Au moins, la commission Gagnon-Dunton donnait un pourcentage. Quel pourcentage
donnait-elle? Un pourcentage de 10 p.c. Vous vous rappelez, M. le
Président, à quel point il y a eu un tollé dans plusieurs
coins de l'Ontario, dans plusieurs coins de la Colombie-Britannique justement
parce qu'on trouvait ces 10 p.c. beaucoup trop élevés.
Comment pouvait-on, alors qu'il y avait seulement 11 p.c. ou 12 p.c. de
francophones, par exemple, dans certains coins de la Saskatchewan et du
Manitoba, disaient les édiles municipaux ou même certains
députés provinciaux, consentir autant d'avantages à une
minorité qui ne comptait que 12 p.c, 13 p.c. ou 14 p.c. Pourtant, ici,
dans un pays où la minorité anglophone est drôlement plus
installée, est drôlement plus puissante, on ne prend même
pas la précaution d'établir ce pourcentage, ce qui est
très grave car si on n'établit pas ce pourcentage, qu'est-ce qui
peut arriver?
Dans n'importe quelle commission scolaire, théoriquement, il peut
arriver qu'il y ait 2 p.c, 3 p.c. ou 4 p.c. d'anglophones, et il est bien
probable, s'il n'y a que 2 p.c, 3 p.c. ou 4 p.c. d'anglophones, quel que soit
le mécanisme électoral prévu, que ces minoritaires ne
soient pas représentés en vertu de la méthode du suffrage
universel. A ce moment, qu'est-ce qui va arriver? Le ministre,
conformément aux termes de l'article 583, va être obligé de
nommer deux représentants de cette minorité car vous le savez, M.
le Président, quand un article de loi mentionne que le
lieutenant-gouverneur peut nommer deux commissaires, il faut traduire
immédiatement que le lieutenant-gouverneur doit nommer. C'est un
euphémisme législatif qui cache la volonté très
affirmée d'un gouvernement qui, lorsqu'il se donne un droit dans une
loi, l'exerce, l'applique à toutes les fois que les conditions, qui ont
été prévues, se réalisent.
Donc, il est absolument sûr que, si l'on se trouvait dans le cas
hypothétique ou théorique d'une commission scolaire de
l'île de Montréal où il y aurait 3 p.c ou 4 p.c.
d'anglophones ou de francophones qui n'auraient pas fait élire un
commissaire de leur langue, le ministre de l'Education serait absolument
obligé de conclure que cette minorité, soit francophone ou
anglophone, n'est pas représentée, et alors, il devrait
intervenir pour nommer ces deux commissaires, ce qui veut dire, encore dans mon
exemple théorique, que 3 p.c. ou 4 p.c. de la population seraient
représentés par deux commissaires non élus alors que les
97 p.c des autres seraient représentés uniquement par quinze
commissaires qui, eux, seraient élus. C'est par cet exemple
théorique et hypothétique que l'on voit le manque de
prévision du ministre, l'irresponsabilité du ministre qui n'a pas
prévu, j'en suis sûr, les conséquences de la
rédaction qu'il imposait à l'article 583.
C'est là que l'on voit cette fâcheuse tendance que nous
avons à être plus catholiques que le pape, à être
plus généreux que tous les autres en ce pays, à
répondre, à certaines injustices qui ont été faites
à notre endroit dans d'autres coins du pays, par un sucroft de justice,
ce qui n'est pas toujours de la générosité mais
plutôt de la "bonasserie". D'ailleurs, il y a un autre argument
peut-être encore plus important, étant donné que dans
chacune des commissions scolaires de Montréal il se présentera
sûrement 3 p.c. 4 p.c, 10 p.c, 15 p.c. ou 40 p.c. de représentants
de la minorité, par exemple, anglophone, il est assuré, il est
certain que dans ces sept, dix ou onze commissions scolaires il y aura
sûrement deux commissaires représentant la minorité et
nommés par le gouvernement.
Ce qui veut dire qu'à toutes fins utiles, dans le domaine
scolaire à Montréal, nous aurons créé un district
bilingue ou que du moins nous aurons créé un
élément important, essentiel, d'un dispositif qu'on pourrait
considérer comme l'équivalent d'un district bilingue. Et ceci au
moment même ou le ministre des Affaires culturelles, il n'y a pas
tellement longtemps, il y a un mois ou deux, par exemple, répondait
à une lettre du premier ministre lui transmettant des recommandations de
la commission Gagnon-Dunton quant à l'établissement de districts
bilingues au Québec, en déclarant qu'il refusait d'accepter les
conclusions du rapport Gagnon-Dunton que le cabinet, le conseil des ministres
devait étudier davantage cette proposition et que l'idée de
districts bilingues au Québec était loin d'avoir
été suffisamment mûrie et que le gouvernement
n'était pas prêt à se prononcer là-dessus. Pourtant,
alors que le ministre des Affaires culturelles dit ça à la
population, d'un autre côté, on crée un dispositif bilingue
dans l'île de Montréal, étant donné que dans toutes
les commissions scolaires il y aura des représentants de la
minorité, au moins deux, encore une fois, dans toutes les commissions
scolaires.
Je vois dans ce phénomène un signe de contradiction d'un
gouvernement qui n'a pas mûri suffisamment ses politiques. Quand on en
arrive à un état de choses où l'on voit que deux
ministres, sans le savoir, adoptent des positions qui se contredisent, qui vont
à l'encontre l'une de l'autre, nous sommes obligés de dire, comme
dans la pièce d'Hamlet: "That is something rotten in Denmark Kingdom".
La vérité est là. Ceci veut dire que cette contradiction
témoigne que le projet de loi n'a pas été suffisamment
mûri et surtout que cet article de loi 583, qui prévoit des
avantages consentis à la minorité, n'a pas été
suffisamment pesé, mûri quant à son impact, ses
répercussions, ses implications. C'est la raison pour laquelle nous
voyons un gouvernement qui tire en même temps à gauche et à
droite.
J'attire l'attention du ministre sur cet aspect, ces conséquences
qu'il n'avait peut-être pas vus à son projet de loi et en
particulier à l'article 583, et je l'adjure, pendant qu'il en est encore
temps, de reprendre la rédaction de son article et de nous en offrir
demain une nouvelle mouture qui tienne compte des objections très
sérieuses que nous lui faisons ce soir, qui tienne compte surtout de la
nécessité qui existe pour lui de ne pas contredire la position
adoptée par le lieutenant-gouverneur en conseil et en particulier par le
ministre des Affaires culturelles. Car autrement, il nous obligerait à
porter sur son gouvernement un jugement d'incohérence et de
contradiction que, j'en suis sûr, il ne veut pas que nous portions. Mais
s'il ne veut pas que nous portions ce jugement, il devra reprendre la
rédaction de son article 583.
Au fond, c'est cela que nous préférerions, Mais si le
ministre, dans sa réplique, ne parvient pas à nous convaincre,
nous devrons continuer à nous opposer. Et s'il persiste dans son erreur
car je suis prêt à admettre avec lui que errare humanum
est, et c'est tout à fait normal, mais j'ajoute immédiatement
l'autre partie du proverbe, diabolicum perseverare si donc, après
les arguments que nous lui avons servis, il s'entête dans cette erreur,
nous dirons que c'est diabolique et qu'à ce moment nous devrons
continuer à apporter des arguments.
Nous préférerions que le gouvernement se rende à
nos raisons et qu'il rédige autrement son article 583, de façon
à faire droit à nos arguments, à nos objections
très sérieuses.
Si, par ailleurs, il ne le veut pas ou si sa conviction n'est
qu'ébranlée et qu'il demande à être convaincu
davantage, il nous fera plaisir de poursuivre le dialogue avec lui. Il nous
fera plaisir même de reprendre avec lui notre amendement et de lui donner
une forme, peut-être, qui le rendrait plus acceptable à ses vues.
Car, comme je le disais tout à l'heure au député de
Chicoutimi, nous nous rendons compte que notre amendement est imparfait, qu'il
ne fait pas le tour de toute la situation, justement parce qu'il vient
s'articuler à un principe qui nous semble fauter, qui nous semble peu
acceptable.
Mais nous sommes prêts à essayer, tout imparfait qu'il
soit, de le perfectionner davantage avec la collaboration du ministre. Nous
espérons que, du fruit de cette collaboration, naîtra, sinon un
nouvel article, comme je le disais tout à l'heure, du moins, un
amendement qui tiendra davantage compte de la réalité
concrète qui sévit actuellement sur l'île de
Montréal et qui, surtout, évitera au gouvernement de se mettre en
contradiction avec lui-même. Merci, M. le Président.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. JORON: M. le Président...
M. LACROIX: Obstruction.
M. JORON: M. le Président, je tiens à
intervenir sur l'amendement qu'a proposé le député
de Sainte-Marie. En le faisant, au départ, je serais tenté de me
dire d'accord avec le ministre des Institutions financières qui, un peu
plus tôt en soirée, trouvait que ces débats étaient
longs, lourds, pénibles et qu'ils étaient difficiles à
supporter. De cela, j'en conviens, mais je pense qu'il faut comprendre dans
quelle optique ce débat se situe. Il fait partie d'un tout et le tout,
si vous voulez, c'est un sujet passablement plus large. C'est une guerre, si
vous voulez, dont ce qui nous intéresse actuellement n'est qu'un des
combats particuliers. C'est dans cette optique je voudrais être
bien compris que nous situons nos interventions de ce soir.
Je voudrais faire une précision sur une réponse que vous
avez donnée, M. le Président, à je ne me souviens plus
quel député qui vous interrogeait là-dessus. J'aimerais
simplement souligner, au départ, que l'amendement suggéré
par le député de Sainte-Marie n'a pas d'incidence ethnique, comme
vous nous l'avez dit peut-être que c'est tout simplement le mot
qui vous avait échappé mais plutôt linguistique. Il
y a une différence fondamentale entre un aspect linguistique et un
aspect ethnique. Quand on parle d'ethnie, on parle de race. On parle d'un
phénomène, en fait, héréditaire qui est biologique.
Au contraire, lorsqu'on parle de la langue, c'est un phénomène
d'ordre culturel et qui n'est pas rattaché, si vous voulez, à la
race. Il s'agit donc d'un amendement qui a des conséquences ou une
portée linguistiques, c'est bien évident.
Donc, nous nous sentons obligés d'apporter cet amendement. Il est
possible, comme l'a souligné tout à l'heure le
député de Bourget, qu'il ne soit pas le plus rigoureux possible
au point de vue de la logique, si vous voulez, qu'il ne soit pas le plus
spectaculaire ou le plus important qui ait été
présenté au cours de différents débats dans cette
Chambre. De cela, j'en conviendrai volontiers.
Mais, si nous sommes quand même obligés d'apporter un tel
amendement, c'est pour tempérer en quelque sorte les excès que
l'article, tel que rédigé, peut entrafner. Le gouvernement,
croyons-nous, en rédigeant l'article 583 comme il le sera s'il n'est pas
amendé, peut nous amener une situation qui se traduirait par un abus de
démocratie, par un accroc au principe démocratique qui se fonde,
si vous voulez, tout simplement sur ceci: un homme, un vote; le suffrage
universel, un point, c'est tout. C'est la ligne que nous avons défendue
tout au long de ce débat.
Maintenant, nous nous voyons forcés de faire un repli tactique,
si vous voulez, de façon à diminuer l'accroc à la
démocratie que constitue la nomination de deux commissaires non
élus, nomination par le lieutenant-gouverneur en conseil, par le
gouvernement, si vous voulez, à la discrétion, en fait, du
ministre. Il nous faut donc tempérer en posant des limites d'applica-
tion à cette porte ouverte, à ce qui pourrait se traduire par des
abus.
Il est vrai, comme l'a expliqué, un peu plus tôt, le
député de Chicoutimi, que si l'on introduit cette notion qu'une
minorité doit constituer, dans une municipalité scolaire
donnée, au moins 20 p.c. pour que la règle s'applique, pour que
la règle de nomination de deux commissaires supplémentaires, par
le ministre, s'applique, peut, dans un certain sens, amener, faciliter
l'évolution de la carte démographique de Montréal vers ce
qui pourrait être des ghettos parce qu'à ce moment-là,
qu'est-ce qui peut se produire? C'est, je pense, la base du raisonnement ou des
inquiétudes du député de Chicoutimi. Il peut se produire
que si des populations, déjà appartenant à une
minorité en question, s'aperçoivent qu'étant en de
ça de la limite de 20 p.c. que nous suggérons,
représentant 11 p.c. ou 12 p.c, elles n'ont pas, à ce
pourcentage-là, autant de droits ou elles n'ont pas l'avantage de
pouvoirs, si vous voulez. On sait que les commissaires, selon l'article 583,
tel qu'il a été amendé récemment, n'ont plus le
droit de vote. Mais il reste quand même qu'une influence peut s'exercer,
ne serait-ce que par le droit de parole ou par la seule présence de ces
observateurs.
Ainsi, l'amendement aurait pour effet de priver les minoritaires, s'il
ne constituent pas 20 p.c. de la population dans une municipalité
scolaire donnée, de ce droit-là. Qu'est-ce qui pourrait se passer
alors? Il pourrait se passer qu'ils seraient amenés, invités,
encouragés à se regrouper de façon à constituer,
dans différentes municipalités scolaires, des minorités
plus fortes numériquement ou au-delà de ces 20 p.c. Le
député de Bourget répondait, un peu plus tôt,
à cette inquiétude qu'avait soulevée le
député de Chicoutimi. Il disait que telle n'était pas
l'intention.
Je me permettrai de ne pas partager tout à fait son avis. Il est
possible, effectivement, cela reste une possibilité, que cet amendement
produise cet effet-là. Mais je pense qu'il est intéressant de se
demander si ce phénomène est, en soi, mauvais, s'il est anormal
ou s'il est dangereux. L'on peut constater que dans bien des pays où des
minorités vivent côte à côte, cette
séparation, si vous voulez, cette démarcation nette entre des
territoires à l'intérieur d'un même pays où se
constituent de très fortes majorités que peuvent constituer, si
vous voulez les appeler comme cela, des ghettos, c'est le courant, c'est comme
cela qu'a évolué la situation dans la plupart des pays dits
bilingues. L'exemple de la Belgique est patent à cet
égard-là au point même qu'on l'a institutionnalisée.
On a tracé, officiellement, une frontière linguistique en
Belgique. On a donc fait de la Belgique, si vous voulez, deux ghettos. C'est
peut-être une solution. C'est peut-être une façon de passer
outre ou de circonvenir aux problèmes que pose la coexistence sur un
même territoire ou à l'intérieur d'un même Etat
de
deux entités linguistiques différentes. La Suisse est,
d'ailleurs, "ghettoisée" si le mot est possible, à peu
près de la même façon parce que la population, d'une langue
ou de l'autre, est concentrée. Vous trouvez, sur les 22 cantons suisses,
cinq ou six cantons dans la région la plus à l'ouest, dans la
région occidentale, à très forte majorité
francophone, alors que tout le reste des cantons sont à très
forte majorité alémanique.
Il y a un canton dans le sud, au-delà des Alpes, qui est à
majorité presque exclusivement italienne.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais inviter le député
de Gouin, tout en voulant bien respecter son droit de parole, sa
prérogative, à ne pas aller trop loin et à tenter de
revenir à la motion?
M. JORON: M. le Président, vous comprenez cependant, je pense,
qu'il était normal que je fasse appel à ces témoignages
historiques de façon à soutenir l'argumentation que
j'étais en train de développer à l'effet que cet
amendement pourrait possiblement "ghettoiser" en quelque sorte l'île de
Montréal. Mais peut-être qu'on peut au moins s'interroger, je ne
l'affirme pas, à savoir si c'est nécessairement par
définition une solution qui est en soi mauvaise.
A l'appui de l'argument que j'avançais ou de l'interrogation que
je proposais aux membres de la Chambre, je disais que c'était exactement
comme ça qu'avaient évolué la plupart des pays bilingues.
Et même le Canada, d'ailleurs, puisqu'on sait que les francophones au
Canada sont concentrés à 90 p.c. ou 95 p.c. au Québec. La
question du ghetto, quant à moi, ne me fait pas peur. Je ne pense pas
que c'est sur cette inquiétude que l'on puisse attaquer l'argumentation
que nous proposons visant à faire adopter l'amendement du
député de Sainte-Marie.
Pourquoi ces 20 p.c. effectivement? Là nous arrivons au coeur du
débat, au fond des motifs qui nous poussent à proposer cet
amendement. Comme certains autres opinants avant moi l'ont souligné
à leur façon, c'est qu'évidemment, s'il n'y a pas de
limites, si on ne pose pas des cadres à cette définition de
minorité, ça peut devenir prétexte à à peu
près n'importe quoi.
Je ne veux pas répéter, ce qui a été dit,
qu'il pourrait arriver des cas de 0.1 p.c. Quant on connaît les onze
municipalités scolaires en question, on sait qu'il n'y en a pas qui
tombent dans ce cas. Mais il y en a quand même qui tombent dans des cas
qui voisinent 10 p.c, 11 p.c, 12 p.c, 13 p.c. Est-ce que c'est là une
force, une quantité numérique suffisante qui justifie une telle
générosité? Je soulignerai qu'il y a un danger à
entrer dans ce processus, à entrer dans le processus d'une telle logique
qui peut conduire à des situations éminemment dangereuses ou
explosives dans l'avenir.
Ainsi, par exemple, si par le biais de tels privilèges, au nom de
la protection d'une minorité ou d'une autre, sans égard à
son nombre, on introduit par la loi des privilèges qui permettent non
pas de voter parce qu'il faut rappeler que ces commissaires n'ont pas le
droit de vote mais quand même d'influencer, de rentrer dans le
coeur de décision d'une commission scolaire, si on introduit ce
principe, on peut arriver, finalement, à diluer graduellement le droit
de la majorité de gouverner. Non pas numériquement et
complètement. Je comprends que 2 sur 17, ce n'est pas la fin du monde;
niais, évidemment, il y a des alliances, et deux personnes peuvent
parfois constituer la balance du pouvoir. Je ne vois pas au nom de quel
principe la majorité pourrait alors être privée de faire
valoir sa volonté parce que deux autres personnes qui n'ont pas
été élues démocratiquement, et qui, en fait, ne
représentent personne sauf le ministre théoriquement elles
sont censées représenter les minorités la mettent
dans une situation où elle sera incapable de faire valoir sa
volonté parce que ces deux personnes détiendraient la balance du
pouvoir dans la situation ou que leur influence...
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais poser une question? Est-ce que vous
ne pensez pas que votre comportement est justement l'expression du principe que
vous tentez d'illustrer, d'une minorité qui essaie d'empêcher la
majorité de gouverner.
M. JORON: Le règlement, malheureusement, ne me permet pas de vous
répondre.
M. TETLEY: Vous en êtes incapable.
M. JORON: Comme j'ai vu la complaisance du président vous
permettant de poser une brève question, je vais, à mon tour, me
permettre une brève réponse. Je dirai que nous
représentons, de ce côté-ci de la Chambre, quant à
nous, 30 p.c. du vote francophone. Avec les autres Oppositions et tous les
mouvements qui se sont déclarés solidaires de la bataille que
nous livrons pour la langue française au Québec, cela constitue
70 p.c. de la population du Québec, de ce côté-ci de la
Chambre. Cela vaut bien quelques jours de débat, même si, à
certaines occasions, c'est pénible et ça semble tourner en
rond.
M. HARVEY (Jonquière): Les mêmes arguments que Ti-Poil a
utilisés, et il n'est plus ici.
M. JORON: Je disais qu'à certaines occasions on pourrait se
retrouver dans cette situation où les deux commissaires en question
détiennent la "balance du pouvoir" dans un sens moral. Je suis conscient
que ces commissaires n'ont pas le droit de vote, mais le droit de parole, quand
même existe.
On pourrait, plus largement aussi, se demander jusqu'à quels abus
si une limite, si un encadrement n'est pas donné à cette
définition
très large de la minorité, et à quelles
difficultés cela est très important; je pense qu'on ne l'a
pas mesuré cela peut conduire à l'intérieur des
minorités elles-mêmes. Effectivement il serait important
d'en dire un mot, parce que c'est là qu'est le coeur de tout le
débat qu'est-ce que ces minorités dont nous parlons?
Nous saons que, dans trois commissions scolaires sur onze, il s'agit
d'une minorité qui est en de ça de 20 p.c. Dans aucun cas
comme le soulignait le député de Lafontaine un peu plus tôt
la minorité francophone ne tombe en de ça de 20 p.c, mais
là n'est pas la base de notre argumentation.
Qu'est-ce qu'on appelle la minorité anglophone à
Montréal, finalement, puisque l'effet de l'amendement du
député de Sainte-Marie ne porte, en fait, que sur la
minorité anglophone? De qui s'agit-il finalement? Il y a, dans la
région de Montréal, près d'un million d'anglophones. Mais
il n'y a pas du tout une unité, ne serait-ce que par la langue et encore
! En effet, nous savons que des immigrants nouvellement arrivés ne
parlent pas nécessairement l'une ou l'autre des deux langues
actuellement officielles au Canada. Mais est-ce qu'il y a une unité?
De qui parle-t-on quand on parle de la minorité anglophone
à Montréal? Il serait intéressant de rappeler que
ça ramasse passablement de monde et des gens souvent radicalement
différents. Vous avez, d'une part, ceux que l'on pourrait dire d'origine
ethnique européenne et à l'intérieur desquels on retrouve
quatre groupes.
D'abord, il y a ceux que l'on peut appeler les Britanniques,
subdivisés à nouveau il y a des distinctions culturelles
importantes dans cette subdivision en Anglais d'Angleterre, en Ecossais,
en Irlandais et en Américains, parce qu'il y a passablement
d'Américains à Montréal. Déjà, à
l'intérieur du groupe qu'on appelle d'origine ethnique britannique, vous
retrouvez quatre subdivisions culturelles importantes. Une chose qu'il est
important de souligner, c'est qu'aucun de ces groupes-là, à lui
seul, ne représente même 30 p.c. de ce million de personnes qu'on
appelle la minorité anglophone de Montréal.
Vous avez un deuxième groupe dont l'origine est de l'Europe
méditerranéenne. Essentiellement, ce sont les Italiens et les
Grecs, récemment arrivés, et, encore plus récemment, les
Portugais. Je mentionne, juste en passant, que les Italiens représentent
à Montréal environ 150,000 personnes. A eux seuls, c'est un
groupe assez considérable numériquement.
Vous avez un troisième groupe, toujours d'extraction
européenne du nord, que composent principalement les Scandinaves, les
Allemands, les Hollandais.
Il y a un quatrième groupe finalement dans ce tour d'horizon que
je tente de faire de ce qu'est pour tenter d'en saisir la nature
la minorité anglophone, pour qu'on sache bien de quoi on parle, sur qui
cet amendement porterait finalement. Ce quatrième groupe dis-je, ce sont
essentiellement des anglophones originaires de l'Europe orientale, des Russes,
des Polonais, et des Hongrois plus récemment.
Puis finalement, à travers tout ça, vous avez en plus
d'autres distinctions qui s'introduisent. Il n'y a pas que des Européens
là-dedans, il y a des Noirs, qui viennent des Etats-Unis, des Antilles
ou d'Afrique. Vous avez des races qui viennent du Moyen-Orient, où vous
retrouvez des Juifs, des Libanais, des Egyptiens, des Marocains. Non, eux, ils
tomberaient forcément dans le groupe francophone. Mais finalement, tout
ceci pour dire que ce qu'on appelle la minorité anglophone est un groupe
très très large et où l'unicité est le facteur de
regroupement. Si on y introduit à part ça d'autres distinctions
culturelles comme la religion, vous y retrouvez évidemment des
catholiques, des protestants, du judaïsants, des musulmans, ainsi de
suite, ça ne finit plus.
Il n'y a pas cette unité de base, si vous voulez, comme elle
existe dans la majorité québécoise, qui est beaucoup plus
cohérente, dont la cohésion culturelle des anglophones de
Montréal, ce n'est pas nécessairement un peuple, si je peux les
appeler ainsi, dont la cohésion culturelle est la même que, par
exemple, celle des Américains de la Nouvelle-Angleterre ou même
les Ontariens, les descendants d'origine britannique en Ontario.
A travers cette diversité considérable et les conflits
d'intérêts formidables qui existent à l'intérieur
même de cette minorité, imaginons ce que peut être à
ce moment-là la responsabilité du ministre qui a à choisir
deux commissaires pour la représenter. En réalité, c'est
peut-être dix qu'il faudrait prévoir dans un sens, parce que les
conflits d'intérêts et les gens à représenter sont
à ce point multiples qu'il faudrait prévoir...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député ne parle pas
du tout de la motion. Il parle du principe de nomination. J'admets bien que
c'est compris dans l'article 583 tel qu'amendé, mais ce n'est pas
compris dans la motion. Parlez-nous des 20 p.c.
M. JORON: Cela, M. le Président, c'est la difficulté
énorme qu'aurait évidemment le ministre en essayant de
décrire qui étaient ces 20 p.c, qui allait avoir la
qualité de minorité, que ce n'était pas une mince
tâche, que ça pouvait donner lieu à des complications
beaucoup plus grandes que ce que l'on soupçonne.
Mais si nous avons senti le besoin de chiffrer ou de circonscrire cette
minorité, c'est qu'en réalité nous voulons par là
faire échec à cette politique qui permettrait finalement à
toutes les minorités d'être représentées, quelles
qu'elles soient et que finalement ferait de nos commissions scolaires quelque
chose de folklorique. Ce n'est pas une politique comme d'ailleurs les
conséquences de la politique multiculturelle d'Ottawa.
Vous avez vu ce qui est arrivé justement, lorsque la commission
Laurendeau-Dunton a établi une règle de 10 p.c. Nous, nous
proposons 20 p.c., elle avait proposé une règle de 10 p.c.
Immédiatement, les plaintes, les protestations et les demandes des
autres minorités, qu'elles soient ukrainiennes, russes ou enfin
allemandes, qu'elles soient de l'Ouest du Canada, se sont fait sentir. Nous
pourrions être placés un peu devant le même
phénomène.
Il faut et c'est tout l'objet essayer de chiffrer quelle
doit être l'importance numérique d'une minorité, car,
malgré tout, bien que, je le disais plutôt, nous ne soyons pas
d'accord avec ce principe, nous proposons cet amendement dans l'esprit de
limiter les dégats ou de mettre un cran d'arrêt quelque part. Et
ç'a été là d'ailleurs toute la démarche de
la politique du Parti québécois en matière d'enseignement.
C'est sa position sur la langue d'enseignement aux immigrants, par exemple,
mais notre propos ne traitant pas de la langue d'enseignement, je ne me rendrai
pas plus loin dans ce domaine.
M. VEILLEUX: M. le Président, rappelez-le à l'ordre. Qu'il
arrête de marmonner, puis qu'il arrête de parler puis qu'on vote
une fois pour toutes, pour aller dans notre comté.
M. JORON: Si j'étais à votre place, en tout cas,
j'éviterais d'être en évidence pendant ce
débat-là.
M. TETLEY: Tous les péquistes sont absents, ce n'est pas
important, personne n'écoute.
M. SHANKS: Il parle avec des patates frites dans la bouche et on ne
comprend rien.
M. LE PRESIDENT (Hardy): S'il vous plaît!
M. TETLEY: Je trouve que cela n'a pas de sens, personne ne
l'écoute. Ils sont tous absents. Le député de
Saint-Jacques fume des cigarettes, le député de Sainte-Marie fume
des cigarettes et personne n'écoute.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Donnez l'exemple comme whip.
M. JORON: Si nous avons senti le besoin, par cet amendement, de poser un
cran d'arrêt, de poser un cadre ou une limite à la
minorité, de lui donner, si vous voulez, une signification
numérique, c'est que nous croyons qu'il y a des dangers d'excès
considérables. Autrement, qu'est-ce qu'une minorité? Ce pourrait
être 1 p.c, ce pourrait être 2 p.c. et cela pourrait donner lieu
à n'importe quels abus.
Il faut circonscrire la dimension numérique de la
minorité. Où avons-nous pris ce chiffre de 20 p.c? Est-il
tombé du ciel tout d'un coup ou s'il y a une logique quelconque?
Pourquoi 20 p.c. plutôt que 17 p.c. ou 23 p.c? Les 20 p.c. nous sont
apparus raisonnables en raison du fait suivant: d'une part quelques
collègues, avant moi, y ont fait allusion on essaie de reprendre
une proportion, en gros, équivalente aux deux commissaires nommés
venant se rajouter aux quinze dans une assemblée de 17, au poids que
deux peuvent représenter sur 17. C'était un premier
critère.
Le deuxième critère qui nous a guidés, si vous
voulez, dans ce choix des 20 p.c, a été le suivant: 20 p.c. est
précisément le chiffre de ce qu'est la minorité
globalement, à l'intérieur même du Québec. C'est le
poids d'une minorité que nous considérons et à laquelle,
dans notre programme comme partout ailleurs, nous avons toujours reconnu les
droits acquis à leurs écoles propres et ainsi de suite. Nous
croyons que 20 p.c, cela constitue, au point de vue numérique et pour
toutes sortes d'autres raisons d'ordre historique, une partie de la population
suffisamment large pour qu'elle ait droit à une reconnaissance
quelconque dans la loi.
Nous transposons les mêmes 20 p.c. et nous appliquons notre
raisonnement à l'inverse dans l'amendement que nous proposons. Il est
curieux de constater que, dans plusieurs pays, c'est à peu près
également à cette limite de 20 p.c. que les minorités ont
acquis ou perdu leur reconnaissance, je ne dirais pas comme entité
juridique, mais comme ayant droit de cité ou comme ayant le
caractère propre de minorité. H est très important de
constater que c'est exactement ce qui est arrivé, par exemple, en
Finlande. Dès l'instant où les parlant suédois
parce qu'il y avait une minorité de parlant suédois en Finlande
sont tombés en de ça de 20 p.c, on s'est aperçu
que, rapidement, cette minorité a perdu sa cohésion, son
caractère propre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai donné antérieurement
toute la latitude au député d'expliciter pourquoi il propose son
amendement de 20 p.c. Je pense qu'il s'étend un peu lorsqu'il fait le
tour des pays pour démontrer que les minorités reconnues sont de
20 p.c. Je ne pense pas que ce soit directement relié à la motion
qui est actuellement devant nous.
M. JORON: Comme d'habitude, je vais me conformer à vos
directives, bien que...
M. TETLEY: Vous faites le contraire.
M. JORON: Est-ce que le ministre des Institutions financières
voudrait me citer un cas où je ne me serais pas conformé aux
directives du président de l'Assemblée? S'il attaque mon honneur
en tant que membre de cette Chambre, qu'il le prouve.
M. TETLEY: Je vais vous en donner un
exemple. Vous parlez depuis cinq jours alors qu'il faut adopter les
bills. L'idée principale de l'Assemblée nationale, c'est la
démocratie. Soyez démocrate au lieu de continuer votre
obstruction. Cela, c'est un bon exemple.
UNE VOIX: Ne lâche pas! ne lâche pas!
M. JORON: Je ferai remarquer au ministre des Institutions
financières que l'obstruction est une technique du parlementarisme ou
des institutions d'origine anglo-saxonne, que ce soit né en Angleterre
ou aux Etats-Unis, je ne m'en souviens plus.
C'est une pratique acceptée par le Parlement aussi bien
britannique qu'américain et vous le savez très bien. Ne vous
faites pas de leçon de démocratie, ce sont justement les pays de
démocratie de type anglo-saxon qui ont inventé l'opposition
systématique et c'est justement de cette technique dont nous nous
servons. C'est ce que nous faisons, de l'obstruction, parce que vous avez
annoncé à l'avance que les amendements à l'article 586
seraient irrecevables, et que nous n'avions pas d'autre choix que
d'étirer le débat le plus longtemps possible.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Actuellement le député de
Gouin, d'abord fausse la situation et critique indirectement mes
décisions. Les amendements n'ont pas été
déclarés irrecevables, j'aurais pu le faire, j'aurais pu demander
au comité de se prononcer, j'ai pris mes décisions moi-même
et c'est le président qui les a déclarés irrecevables.
Alors, je ne peux pas permettre que l'on critique indirectement mes
décisions.
M. JORON: Bien, M. le Président.
Le premier ministre admettra qu'on nous a appris que nous avions
voté pour un principe qui n'était pas censé exister
là-dedans, savoir: qu'on faisait de l'île de Montréal un
territoire bilingue. Nous ne savions pas qu'on bilinguisait le Québec,
c'est vous qui nous l'avez appris hier.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement.
M. JORON: Sur l'amendement du député de Sainte-Marie,
j'étais à vous dire, M. le Président, que ce chiffre de 20
p.c. n'était pas le fruit de pur hasard mais correspondait à une
réalité bien précise et c'est là que je trouvais
votre directive quelque peu sévère, en fait en me permettant, et
vous l'avez fait mais tout juste, d'évoquer un exemple, un seul exemple,
que j'ai apporté, celui de la Finlande. J'étais à vous
prouver comment ailleurs c'était généralement le chiffre
autour duquel on situait le droit à la reconnaissance propre en tant
qu'entité propre d'une minorité. Je pourrais ajouter
évidemment bien d'autres exemples historiques ou géographiques,
si vous voulez, à cet égard. Mais, me conformant à votre
directive, je ne les apporterai donc pas.
Finalement, pour toutes ces raisons que je résume en quelques
instants, si nous avons cru je le répète une
dernière fois devoir apporter un cran d'arrêt, un frein,
une limite, un encadrement quelconque à ce terme de minorité,
c'est que nous croyons justement que si la majorité que, quand
même, les francophones représentent au Québec
n'oppose pas un jour cette définition de ce qu'est une minorité,
à quel point elle commence à avoir des droits ou une
reconnaissance en tant qu'entité propre, évidemment il n'y aura
plus de fin et les droits de la majorité pourraient, et ils l'ont
largement été dans notre histoire, être atteints.
M. BURNS: M. le Président, au départ je voudrais,
très brièvement, bien préciser la raison pour laquelle
nous avons formulé cet amendement.
Le ministre de l'Education a laissé entendre qu'il serait, de
notre part, illogique de soumettre un amendement tel que celui-ci alors que
nous avons déclaré ouvertement, je le répète, je le
réitère, il n'y a rien de changé de ce
côté-là, notre opposition à l'existence même
de ces deux commissaires observateurs.
La raison pour laquelle nous avons, malgré opposition, dirais-je,
à ce principe, qui se trouve à l'article 583, de deux
commissaires observateurs non élus, c'est qu'à plusieurs reprises
le ministre de l'Education et d'autres représentants ministériels
nous ont clairement laissé entendre qu'ils insisteraient pour que cette
disposition reste dans le bill.
Donc, c'est devant la volonté clairement avouée du
gouvernement de laisser dans le projet de loi cette disposition des deux
commissaires non élus que nous avons décidé de tenter
jusqu'à un certain point de limiter les dommages. Au fond, c'est de
cette façon que doit être abordée la décision qui a
été prise de notre part de formuler l'amendement, de restreindre
l'application de ces deux commissaires.
Remarquez qu'on aurait pu faire toutes sortes d'autres amendements. On
aurait pu dire: Il faut réduire à un commissaire. On va les
remonter à trois, etc. Cela n'a pas du tout été
l'approche...
M. SAINT-PIERRE : Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. BURNS: Certainement.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que je comprends que le député
pensait que j'avais pu l'accuser d'être illogique avec
lui-même?
M. BURNS: Je ne pensais pas cela, j'ai compris cela.
M. SAINT-PIERRE: Au contraire, M. le Président. C'est très
clair pour moi que vous êtes très très logique et que vous
atteignez les fins que vous tentez de poursuivre ce soir. C'est
évident.
M. BURNS: Je remercie le ministre du témoignage qu'il nous fait
lorsqu'il voit la logique avec laquelle nous procédons dans ce
débat.
M. SAINT-PIERRE: Mais les moyens ne justifient pas la fin, cependant.
C'est la différence dans la logique.
M. BURNS: Bon! le député de Parc Extension qui m'insulte
là-bas. M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Bravo! Lorsque le député des
Iles-de-la-Madeleine s'en mêle, le calme revient. Je remercie le
député. Je disais donc que cet amendement, même s'il
réduit la possibilité de nommer, semblant donc jusqu'à un
certain point accepter l'existence même de ces deux commissaires
élus, selon nous, ne change pas notre point de vue qu'au fond les deux
commissaires non élus ne devraient pas être là. Je tenais
au départ, à titre d'introduction, à faire cette mise au
point. Ce n'est que la déclaration absolument explicite du ministre, son
insistance pour garder ces deux commissaires non élus, qui nous ont
forcés à proposer un tel amendement, qui nous ont forcés
à tenter, comme je le disais tantôt, de limiter les dommages que
peut causer une disposition semblable.
D'autre part, on a semblé, au cours de ce débat, laisser
entendre que cette disposition était discriminatoire, que cette
disposition était exceptionnelle, qu'on ne voyait cela nulle part. Cela,
je l'ai entendu dans des remarques, évidemment, pas dans un discours,
parce qu'on n'a pas tenté, jusqu'à maintenant, par un discours,
du côté ministériel, de nous prouver que nous n'avions pas
raison...
UNE VOIX: Vote!
M. BURNS: Evidemment, on ne l'a pas tenté. Parce que c'est
très difficile à contredire, le fait que cette disposition qui
est amenée par notre amendement existe déjà dans plusieurs
types de lois. Il n'y a rien d'anormal à chiffrer, et c'est le nom
exact de cette technique dans une législation les dispositions
qui doivent être appliquées.
Là-dessus, M. le Président, très brièvement,
pour convaincre peut-être certains de nos amis d'en face, je vais
simplement citer quelques exemples de lois où la technique du chiffrage
a été utilisée, et des lois qui sont quand même
très près de nous, des lois que nous avons, nous, en tant que
membres d'un parti politique, que ce soit du Ralliement créditiste, que
ce soit de l'Unité-Québec, que ce soit du Parti
québécois ou des Libéraux, à utiliser. Je pense,
entre autres, à la Loi électorale, où la technique du
chiffrage...
M. CARDINAL: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bagot.
M. CARDINAL: On vient de me citer, cela me permet de me lever, j'ai
peut-être tort. D'après l'article 345, on dit: "En comité
plénier, quand un article ou un paragraphe a été
adopté, si je ne me trompe, le deuxième paragraphe de l'article
583 a été adopté il n'est plus permis d'y revenir
ou de l'amender...
M. BURNS: ...
M. CARDINAL: Bien, je peux finir?
M. BURNS: Oui, d'accord.
M. CARDINAL: ... sauf si l'affaire a été renvoyée
de nouveau quand? au comité ou si le comité a
révoqué sa décision quand? sur cet article
ou sur ce paragraphe." C'est tout, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot vient...
M. CARDINAL: Oui, mais le paragraphe l'a été.
M. LE PRESIDENT: Tout ce qui a été adopté
jusqu'à présent, c'est l'amendement du ministre.
M. CARDINAL: Bien, M. le Président, si vous me permettez,
l'amendement du ministre, c'était au deuxième paragraphe de
l'article 583.
M. LE PRESIDENT: Pas au complet. Il reste des choses du deuxième
paragraphe qui ne sont pas totalement comprises dans l'amendement.
M. CARDINAL: Voulant aider cette Assemblée à terminer ses
débats, je me soumets quand même humblement à la
décision du président, et je dis ceci sans aucune rancoeur envers
le député de Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: Je ne dis pas nécessairement que c'est avec
plaisir que je rends cette décision, mais je dois la rendre.
M. BURNS: Je vous remercie, M. le Président. J'étais donc
à dire que cette technique du chiffrage que nous utilisons dans notre
amendement, en limitant à 20 p.c. le genre de minorité pour
laquelle on peut nommer des représentants par le lieutenant-gouverneur
en conseil, est utilisée à plusieurs égards par de nos
lois existantes. J'avais commencé à me référer
à la Loi électorale qui prévoit entre autres que seuls les
candidats qui reçoivent 20 p.c. du vote peuvent se voir rembourser leurs
dépenses électorales. M. le Président, est-ce que c'est
discriminatoire dans ce projet de loi d'utiliser 20 p.c? Est-ce que nous ne
pourrions pas dire
22 p.c? Est-ce que ce serait mieux à 18 p.c? Est-ce que ce serait
mieux à 14 p.c?
M. CARDINAL: Pourquoi pas 23 3/4 p.c?
M. BURNS: M. le Président, ça existe dans une loi que,
justement, tous les membres qui sont ici ont eu à utiliser au moins une
fois dans leur vie et dont ils ont eu à bénéficier. Mais
j'imagine que le candidat défait qui a eu 19 p.c. doit trouver, lui, M.
le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Encore une fois, je peux permettre au
député de faire une brève comparaison avec d'autres
législations semblables. Je ne peux pas permettre au
député de commencer à nous faire un long exposé sur
une loi qui n'est pas devant la Chambre, qui n'est pas devant le comité,
où il n'y a aucun amendement.
Actuellement, le député est en train de nous faire une
dissertation juridique sur la Loi électorale. Je ne peux pas permettre
ça.
M. BURNS: M. le Président, c'est uniquement à titre
d'exemple que je donne ça.
M. LE PRESIDENT: C'est un peu trop.
M. BURNS: Peut-être que j'entrais trop dans les détails. Je
suis d'accord avec vous, M. le Président. Je le cite strictement
à titre d'exemple, puisqu'à un moment ou à un autre je
pense que le ministre de l'Education nous a blâmés d'utiliser la
technique du chiffrage. Je veux, tout simplement, convaincre et rassurer le
ministre, ainsi que les autres députés ministériels, que
ça existe, ces techniques-là. Peut-être que le ministre ne
le savait pas, mais ça existe. Je les cite uniquement à titre
d'exemple, à l'appui de l'utilisation des 20 p.c. que nous proposons
comme amendement.
Un autre cas qui est aussi très près de nous. C'est
même un projet de loi qu'a voté cette Législature-ci ou la
précédente je pense que c'est plutôt la
précédente, mais ce parlement-ci l'a votée depuis 1970
c'est l'amendement à la Loi de la Législature où
nous avons décidé que, pour être un parti reconnu,
ça prenait ou bien douze députés ou 20 p.c. des suffrages,
faisant par le fait même, du Ralliement créditiste, qui avait
douze députés, et du Parti québécois, qui avait
plus de 20 p.c, des partis reconnus au sens de la Loi de la
Législature.
Encore une fois, M. le Président, je pose la question: Est-ce que
c'est discriminatoire? Si, demain, un groupement parlementaire faisait
élire moins de douze députés, n'en faisait élire
que onze, est-ce que ce parti pourrait s'en plaindre et dire: Vous auriez
dû mettre ça à onze? Peut-être qu'il s'en plaindrait,
c'est fort possible. Encore une fois, je cite ça à titre
d'exemple de la logique qu'il peut y avoir derrière la technique du
chiffrage.
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve est lumineux ce
soir.
M. BURNS: Lumineux? M. CHOQUETTE: Oui.
M. BURNS: M. le Président, je remercie le ministre. Vous deviez
me trouver plus lumineux quand je vous approuvais et que je vous passais la
main dans le dos sur votre projet de loi 281.
M. CHOQUETTE: Mais le député de Maisonneuve a des hauts et
des bas. Cela il faut l'avouer.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Moi, je me sens tout à fait stable.
M. CHARRON: Toujours en haut.
M. BURNS: M. le Président, un autre exemple. Justement,
peut-être que le ministre de la Justice est beaucoup plus près de
cet exemple. Le code de la route, est-ce qu'il y a un exemple plus clair?
M. le Président, le ministre de la Justice m'interrompt et il me
fait perdre mon sérieux, parce que ce sont des arguments
sérieux...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: J'essaie de convaincre et de rassurer encore une fois les
députés ministériels. Partout dans le code de la route
et cela, le ministre de la Justice peut le confirmer; il a par
l'entremise de son ministère à voir à l'application de ce
code de la route on retrouve la technique du chiffrage.
M. CHOQUETTE: Dans le code de la route, même à chaque
article il y a un numéro, 1, 2, 3, 4, ainsi de suite.
M. BURNS: Je vois avec quel sérieux on tente de réfuter
mes arguments.
M. CHOQUETTE: J'essaie d'aider.
M. BURNS: Je n'ai même pas à commenter le manque de
sérieux du ministre de la Justice qui habituellement l'est beaucoup plus
d'ailleurs, je l'admets.
Dans le code de la route on va se dire: Pourquoi la zone de 30? Pourquoi
ne serait-elle pas de 29 ou de 35 ou de 45? C'est le même
problème.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Quand il a été question de loi
électorale ou d'autres lois semblables, il y avait une certaine
analogie, mais là je ne peux vraiment pas, avec tous les efforts
intellectuels possibles, voir d'analogie entre les
limites de vitesse du code de la route et l'amendement du
député de Sainte-Marie. J'invite le député à
laisser cet exemple de côté et à en trouver d'autres, comme
ceux tantôt...
M. BURNS: Je vais en citer un dernier. Encore une fois, le ministre de
la Justice est parfaitement au courant de ce dernier exemple que je vais citer.
Il y en aurait un tas d'autres que je pourrais vous citer, mais je vais me
limiter à ces quatre-là. La loi pénale dans son ensemble,
dès qu'elle impose une amende, ne fait-elle pas de la technique de
chiffrage? Quand elle impose un amende de $50 plutôt que $100...
M. CHOQUETTE: Comme par exemple $1,000 au lieu de 30 jours.
M. BURNS: Comme, par exemple, $1,000 d'amende ou un mois de prison.
Exactement, c'est le même cas. Pourquoi par exemple n'aurait-on pas dit
$999 d'amende?
M. SHANKS: Très sérieux!
M. BURNS: Je parle, M. le Président, de l'ensemble de la
technique législative. M. le Président, j'ai donné des
exemples, je pense que c'est suffisant pour rassurer les honorables
députés d'en face que ça existe la technique du chiffrage
dans notre législation, et le ministre de la Voirie aussi est
parfaitement au courant de ça. Lui aussi il a souvent affaire à
ces techniques-là. Et je me réfère, maintenant, plus
qu'à des législations parce que je me réfère
à l'honorable juge Louis-Philippe Pigeon, juge puiné de la cour
Suprême, dans son texte "Rédaction et interprétation des
lois", à la page 3 où il nous dit que cette technique du
chiffrage, encore une fois pour rassurer les députés
ministériels... Pardon, est-ce que le ministre veut me poser une
question?
M. PINARD: Est-ce en chiffres romains?
M. BURNS: Non c'est en chiffres arabes.
Alors, M. le Président, on lit, je veux tout simplement citer un
extrait de chapitre 1, à la page 3 du document que j'ai cité,
où le juge nous dit ceci: "Personne ne peut mesurer avec
précision la différence de maturité il donne
ça à titre d'exemple intellectuelle qui se produit au jour
le jour chez le citoyen qui approche de l'âge de la majorité."
Le ministre vient tout juste de nous donner un exemple de l'application
de la théorie du chiffrage, par son projet de loi amendant le code
civil, qui réduit de 21 ans à 18 ans, et on se souvient
même de la discussion qui a eu lieu, je ne veux pas y revenir, mais
où on se demandait si dans tous les cas, dans toutes les lois on ne
devait pas le baisser à 18.
Mais je continue, je vais un peu plus loin dans le texte. Et c'est ici,
je pense, que le juge...
M. CHOQUETTE: Le député de Maisonneuve est bien
découragé de son neveu.
M. BURNS: Non, non, mon oncle! M. le Président, je veux tout
simplement terminer, puisqu'on approche minuit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BURNS: Je veux terminer avec cette citation dont je voulais faire
part à cette Chambre, dans le cas du chiffrage. La technique du
chiffrage est d'application très générale dans la
rédaction législative. Cela, encore une fois, ce n'est pas moi
qui dit ça, c'est je pense une autorité en matière de
législation, c'est l'autorité qui a conseillé longtemps
des gouvernements que nos amis d'en face connaissent très bien.
M. le Président, comme il est minuit je demande l'ajournement du
débat à demain.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que vous avez terminé?
M. BURNS: Je n'ai pas terminé, non. UNE VOIX: Sept heures, demain
matin.
M. CHOQUETTE: Vous ne pourriez pas continuer, parce que...
M. BURNS: J'en suis à mon introduction.
M. TETLEY: Continuez, c'est tellement intéressant.
M. HARDY (Président du comité plénier): M. le
Président, votre comité fait rapport qu'il n'a pas fini de
délibérer et demande la permission de siéger à
nouveau.
M. BLANK (Président): Quand siégera-t-il? A une prochaine
séance. La Chambre ajourne ses travaux à dix heures trente demain
matin.
(Fin de la séance à 23 h 59)