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(Dix heures trente-sept minutes)
M. LAVOIE (Laval) (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs! Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture
et réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles. Dépôt de documents.
M. L'ALLIER: M. le Président, je voudrais déposer le
rapport annuel de l'Office franco-québécois pour la jeunesse pour
l'année 1970.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés.
Questions et réponses Enseignants et
employés d'hôpitaux
M. LOUBIER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Communications et de la Fonction publique. Est-ce qu'il pourrait nous faire
des commentaires sur la déclaration du ministre fédéral du
Travail, M. Mackasey qui a déclaré hier que le ministre de la
Fonction publique du Québec avait, à toutes fins pratiques, menti
lorsqu'il avait mentionné que les enseignants et les employés
d'hôpitaux n'étaient pas intégrés et ne pouvaient
recevoir les bénéfices prévus?
M. L'ALLIER: M. le Président, je n'étais pas à la
Chambre des communes au moment où cette déclaration a
été faite.
M. PAUL: Non, je comprends.
M. L'ALLIER: Je n'ai pu en prendre connaissance.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: C'est une déclaration peu commune.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'étiez pas ici non plus.
M. L'ALLIER: Je n'étais ni à l'un ni à l'autre
endroit. Je n'ai pas pu prendre connaissance de la déclaration du
ministre fédéral sur cette question. Quoi qu'il en soit, j'ai cru
comprendre que le gouvernement fédéral avait l'intention de
préciser la portée de sa loi. Lorsque nous pourrons prendre
connaissance des actes officiels posés par le gouvernement
fédéral, je serai en mesure de faire un commentaire.
M. LOUBIER: Est-ce l'intention du ministre de la Fonction publique
d'attendre les diktats du gouvernement fédéral dans ce secteur,
pour ensuite ajuster ses politiques?
M. L'ALLIER: M. le Président, je regrette que la question soit
ainsi posée parce que j'ai déclaré à cette Chambre
hier, et même avant-hier, que le gouvernement, dans l'état actuel
du dossier, avait demandé et donné des instructions pour que la
loi 82 s'applique dans son extension au secteur de l'assurance-chômage et
en l'absence de toute autre définition. De telles instructions ont
été données, par les ministères de l'Education et
des Affaires sociales, aux hôpitaux, aux commissions scolaires et aux
CEGEP. Je n'ai pas raison de croire qu'à ce stade-ci ces instructions ne
sont pas suivies.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Automobiles volées
M. SAMSON: Je voudrais adresser une question à l'honorable
ministre des Institutions financières. Nous entendons parler depuis
quelque temps de réseaux d'automobiles volées qui ont
été achetées par l'entremise de garagistes dûment
licenciés. Devant cette situation, je me demande si le ministre
envisagerait d'accepter de prendre des dispositions ou de prévoir des
dispositions législatives futures pour protéger les consommateurs
qui, comme on le sait, lorsqu'on découvre qu'ils ont acheté une
voiture volée d'un garagiste, se voient privés de leur automobile
jusqu'à ce que des procédures aient été prises.
Est-ce que le ministre envisage d'étudier sérieusement cette
question?
M. TETLEY: Je crois que c'est plutôt un sujet pour le ministre de
la Justice. Je note aussi que cette année, à Montréal, le
taux des vols d'automobiles a baissé. Pour l'instant je n'envisage pas
l'étude de cette question. Nous avons un échéancier de
sujets que le Conseil de la protection du consommateur étudie. Ceci est
commencé depuis longtemps. Notre prochaine réunion aura lieu
lundi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Audiences sur l'autoroute Est-Ouest
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre de la Voirie. Est-ce que le
ministre de la Voirie a reçu le rapport et surtout les annexes de la
Commission d'audiences populaires au sujet de l'autoroute?
M. PINARD: Oui, le rapport a été envoyé à un
de mes fonctionnaires plutôt qu'à moi personnellement, comme cela
avait été entendu lorsqu'on m'avait fait parvenir un exemplaire
du rapport synthèse de la commission Joubert.
Il nous est parvenu avec beaucoup de retard, comme je l'ai
souligné à la Chambre l'autre jour. C'est pourquoi j'ai attendu
avant de faire une déclaration plus explicite sur tout ce sujet.
Vous connaissez la situation en ce moment à l'Assemblée
nationale. Il y a beaucoup de travail. Je pourrais faire une longue
déclaration pour expliquer tout cela. Je me demande si la meilleure
façon de procéder ne serait pas le dépôt d'un
document de synthèse préparé par le ministère sur
cette question pour que tous les députés sachent ce que le
ministère a fait, pourquoi il l'a fait, quelles sont les politiques de
relogement des personnes qui sont déplacées, afin de
répondre à toutes ces interrogations, à toutes ces
questions ou à toutes ces déclarations fracassantes qui ont pu
être faites depuis que ce sujet a été soulevé dans
l'opinion publique on sait par qui.
J'attends une directive de la Chambre. Je suis prêt à
donner toutes les explications. Nous n'avons rien à cacher, sauf que je
voudrais collaborer avec tous les députés de l'Assemblée
nationale pour activer les travaux et j'attends une directive à ce
sujet.
M. LAURIN: M. le Président, en ce qui nous concerne, pouvons-nous
faire savoir au ministre que nous accepterions avec sympathie une
déclaration ministérielle à cet égard dans les plus
brefs délais?
M. PINARD: M. le Président, si le député avait eu
l'amabilité de me prévenir qu'il avait une question à me
poser à ce sujet ce matin, j'aurais apporté mon dossier le
document synthèse que j'ai fait préparer et j'aurais
été en mesure de faire cette déclaration
ministérielle tout de suite.
M. LAURIN: Pas pour ce matin.
M. LE PRESIDENT: Libre à l'honorable ministre de faire une
déclaration ministérielle, s'il le désire, ou
répondre peut-être par le dépôt d'un document ou une
réponse à une question présumément posée au
feuilleton, à sa discrétion. Je pense bien que ce qui compte,
c'est que les renseignements soient fournis à la Chambre.
M. PINARD: M. le Président, j'aimerais aussi quand même
souligner la nécessité de ne pas tomber dans un débat qui
nous conduirait à une discussion de l'ordre idéal des choses dans
un monde que l'on peut appeler le monde de l'absolu, parce que nous n'en
sortirons jamais de part et d'autre. Il faudrait quand même accepter que
les choses se passent sur terre et non pas dans le ciel si, par hasard, au ciel
ça se passe autrement.
M. LAURIN: M. le Président, puis-je faire remarquer au ministre
que c'est précisément à cause de la multiplicité
des aspects à être couverts que j'avais manifesté ma
préférence pour une déclaration ministérielle, non
pas ce matin, mais à la convenance du ministre, lorsqu'il sera
prêt à la faire.
M. LOUBIER: M. le Président, si on avait le consentement de la
Chambre, le ministre de la Voirie pourrait peut-être, à
l'ouverture de la séance de cet après midi, nous faire une
déclaration ministérielle. Je pense bien que cela
réglerait le problème. Le ministre ne semble pas réticent
à faire cette déclaration, il est disposé à le
faire et ça lui donnerait l'occasion de préparer une courte et
brillante déclaration ministérielle qui donnerait satisfaction
aux membres de cette Chambre.
M. PAUL: Ne lui demandez pas l'impossible.
M. PINARD: M. le Président, je suis le premier à vouloir
respecter les règlements de la Chambre. Vous êtes le maître
des travaux de l'Assemblée nationale. Je pense qu'il serait beaucoup
plus régulier que cette déclaration ministérielle soit
faite demain, à l'ouverture de la séance à dix heures
trente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Anytime.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Démission de M. Lajeunesse
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question à
triple volet, au ministre des Institutions financières, au sujet de la
Commission des valeurs mobilières. Première question, est-il vrai
que le cabinet des ministres aurait accepté hier soir la
démission de son président, M. Lajeunesse? Deuxième
question, le lieutenant-gouverneur en conseil a-t-il pourvu au remplacement de
M. Lajeunesse?
Troisième question, est-ce que le ministre pourrait nous faire
connaître le candidat de choix du gouvernement pour remplacer M.
Lajeunesse?
M. BOURASSA: M. le Président, nous avons accepté hier la
démission de M. Lajeunesse pour raison de santé, et son
remplaçant n'est pas encore connu.
M. PAUL: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de...
M. TETLEY: Est-ce que le député de Maskinongé est
candidat?
M. PAUL: M. le Président, jamais je n'accepterai une telle offre
du gouvernement, d'autant plus que je ne peux pas vous dévoiler toutes
les offres que le premier ministre m'a faites.
M. LOUBIER: J'aurais une question additionnelle. Est-ce que le premier
ministre prévoit le remplacement de M. Lajeunesse d'ici quelques jours
ou quelques semaines?
M. BOURASSA: Nous avons l'intention de remplacer M. Lajeunesse d'ici
deux ou trois semaines.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
Historique du parlement
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question à
vous poser et cette question concerne, je crois, tous les membres de cette
Chambre, sinon dans l'immédiat, du moins dans les jours qui vont
suivre.
Est-ce que le Parlement de Québec a permis à une certaine
compagnie de publier l'historique du Parlement de Québec, incluant la
photo et la biographie de tous les députés de cette Chambre et
autorisant également cette compagnie à percevoir des
souscriptions, des annonces de la part des entreprises et des commerces des
comtés du Québec?
M. LE PRESIDENT: En réponse au député de Beauce qui
m'avait donné un préavis de sa question, je dois lui
répondre et répondre à la Chambre que je n'ai jamais
donné, en tant que Président de l'Assemblée nationale,
aucune autorisation tacite, implicite ou formelle à qui que ce soit,
à quelque entreprise que ce soit pour la production, l'impression ou la
distribution de quelque texte ou brochure sur l'historique du Parlement du
Québec.
J'ai été mis au courant hier soir des démarches
d'une certaine entreprise, et j'aimerais que les ministres de la Justice et des
Institutions financières prennent l'affaire en main. Hier soir, j'ai
été mis au courant qu'une certaine organisation,
mentionnée par le député de Beauce, faisait le tour de la
province actuellement, était dans différents comtés pour
solliciter les commerçants ou les hommes d'affaires pour leur demander
une contribution pour la publication d'un prétendu historique du
Parlement.
Je sais que couramment, il se présente et cela arrive
depuis des années à certains moments des organismes qui
veulent, dans des villages, dans des villes ou dans des régions, faire
paraître des revues sur les policiers ou sur les pompiers et
réussissent à soutirer de la population des sommes d'argent et,
la plupart du temps, sous de fausses représentations.
C'est arrivé, à quelques reprises, dans la région
que je représente. Il y a un an environ, j'avais eu des informations
à l'effet qu'un organisme ou une association ou un groupement faisait de
la sollicitation je ne sais pas si ce sont les mêmes individus
et j'avais communiqué avec les représentants de l'Office
d'information et de publicité du Québec pour les prévenir
de ne leur fournir aucune information, photo ou renseignement sur le Parlement.
Je crois que nous devons rester sur nos gardes.
Je conseillerais au député de Beauce de transmettre,
à moi, au ministre de la Justice ou au ministre des Institutions
financières, tous les renseignements qu'il possède. Je fais la
même invitation à tous les députés de cette Chambre
de fournir aux honorables ministres tous les renseignements qu'ils
possèdent. Je le ferai également moi-même pour que ces
chevaliers d'industrie cessent leurs activités.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président, sur le même
sujet...
M. BIENVENUE: M. le Président, sur le même sujet, me
permettrait-on une suggestion? Le président et le député
de Beauce semblent connaître le nom de cette entreprise. Il y a ici
beaucoup de journalistes qui pourraient assurer une diffusion rapide et
générale. N'y aurait-il pas lieu de dire publiquement, ici, ce
matin, le nom de cette entreprise pour que le plus de lecteurs possible
connaissent, dans la province...
M. PAUL: Nous pouvons peut-être le demander au ministre d'Etat du
comté de Joliette. Je sais qu'il n'est pas lié du tout à
cet organisme dont il semblerait que le coeur émane de la ville de
l'industrie dite Joliette.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant. L'honorable député de
Joliette.
M. QUENNEVILLE: M. le Président, je sais que l'individu en
question demeure à Joliette. Je ne le connais pas personnellement. Mais
on me dit, justement, que c'est un monsieur qui habitait auparavant Louiseville
et qui demeure maintenant à Joliette !
M. PAUL: M. le Président, je voudrais rendre hommage à mon
ami, le maire Dalcourt, mon adversaire de 1966, qui n'a jamais voulu
tolérer la présence de sujets indésirables dans la ville
de Louiseville.
M. ROY (Beauce): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY (Beauce): ...pour l'information des membres de cette Chambre et
pour l'information du public, il s'agit d'un monsieur Chartrand. On demande aux
maisons commerciales de faire les chèques au nom de "L'historique du
Parlement de Québec". Actuellement, ces gens sont dans la Beauce, plus
précisément à Saint-Georges-de-Beauce et à
Sainte-Marie-de-Beauce. On pousse même l'audace jusqu'à dire, en
prenant contact avec les gens, qu'on appelle
directement du parlement de Québec et que ce volume sera
imprimé par l'éditeur officiel du Québec.
M. le Président, je pense que nous avons un cas patent. Tout
à l'heure, je rencontrerai le ministre de la Justice et le ministre des
Institutions financières pour leur fournir plus d'explications.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Protection du consommateur
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Institutions financières, concernant l'Office de la protection du
consommateur. Le ministre peut-il nous dire si le directeur de l'Office de la
protection du consommateur est toujours M. Laurin? Deuxièmement, est-ce
que des directeurs adjoints ont été nommés?
M. TETLEY: M. Laurin est un des directeurs. Il est directeur à
Montréal. Il y a un autre directeur à Québec et il y aura
un concours pour le poste de directeur en chef.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président.
Actuellement, il y a un concours. Donc, il n'y a pas de directeur en titre.
Quelles raisons ont motivé la rétrogradation de M. Laurin de
directeur au titre de directeur adjoint?
M. TETLEY: Il n'y a pas eu de rétrogradation. Tout le monde est
libre de se présenter au concours de directeur en chef. L'office a
augmenté ses pouvoirs et ses responsabilités, et le poste de M.
Laurin, à Montréal, est beaucoup plus important qu'il ne
l'était auparavant.
M. LEGER: Une question supplémentaire, M. le Président. M.
Laurin avait-il été nommé précédemment
directeur en titre ou si son premier poste était celui de directeur
adjoint?
M. TETLEY: M. Laurin?
M. LEGER: Oui. Avait-il été nommé directeur en
titre de l'office ou directeur adjoint, la première fois qu'il a
été embauché.
M. TETLEY: Il était directeur en titre avant l'adoption du
bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
L'embauche pour la baie James
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, avant que le premier
ministre ne me nomme lieutenant-gouverneur, je désirerais poser une
question au ministre des Richesses naturelles.
Il y a quelques jours, presque deux semaines maintenant, j'ai
posé trois questions au ministre des Richesses naturelles, qui sont les
suivantes: 1. Quelles sont les méthodes et techniques d'embauche dans
les chantiers de la Société de développement de la baie
James? 2. Le ministre peut-il faire rapport sur le congédiement du
directeur du personnel à l'Hydro? 3. Est-il exact que l'on embauche des
personnes qui doivent travailler au chantier de la baie James sans passer par
les centres de main-d'oeuvre de Québec ou d'Ottawa?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, effectivement,
après la période des questions, j'avais l'intention de
répondre aux questions du député de Chicoutimi.
Quant à la première question, j'y ai répondu le
même jour que le député de Chicoutimi l'a posée,
à savoir que la politique du gouvernement, de l'Hydro-Québec et
des régies d'Etat est de procéder à l'embauche par les
bureaux de placement du Québec.
Quant à la deuxième question concernant des
employés de l'Hydro-Québec résidant à Matagami,
l'Hydro-Québec procède actuellement à une enquête.
Un enquêteur doit remettre son rapport directement au président de
l'Hydro-Québec. Les députés de cette Chambre pourront
questionner les dirigeants de l'Hydro-Québec lors de la prochaine
séance de la commission parlementaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que la politique d'embauche du gouvernement et de
l'Hydro-Québec, qui est de passer par les centres de main-d'oeuvre de
Québec et d'Ottawa est suivie dans toutes les parties du Québec
et est-ce qu'il est exact que des candidats libéraux défaits sont
devenus des agents qui engagent le personnel qui doit travailler aux chantiers
de la Baie James? Est-ce que le ministre peut faire enquête à ce
sujet? Je pèse bien mes mots, est-ce que, particulièrement dans
la région de Chicoutimi, cette politique est appliquée?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, j'ai énoncé
la politique qui s'applique à l'ensemble de la province de
Québec. En ce qui concerne les insinuations que peut faire le
député de Chicoutimi, je dois dire que, selon mes connaissances,
il n'y a là rien d'exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, et d'abord un
petit rappel au règlement, sous forme de question de privilège.
Il ne s'agit pas d'insinuations. J'affirme.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Justement, c'est là que je dois
refuser la question...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je pose ma question additionnelle, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: ... parce que toute affirmation... Je prends acte de
cet aveu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai dit au ministre
des Richesses naturelles l'autre jour d'être bien prudent dans sa
réponse. Est-ce que, dans le cas de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean et de Chicoutimi, en particulier, le ministre est
sûr que la politique dont il a parlé est appliquée
intégralement?
M. MASSE (Arthabaska): Je viens de répondre à cette
question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut faire
enquête?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, je vais la faire pour lui, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... le rapport du commissaire-enquêteur
qui est une femme libérale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAURIN: Est-ce que la date de cette commission parlementaire a
été fixée?
M. BOURASSA: M. le Président, on pourrait en parler à la
fin de la session, dont on va probablement terminer les travaux lundi prochain
ou peut-être demain. Alors, avant la fin de la session, on pourra fixer
une date.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, ma question s'adresse au premier
ministre.
Relativement au bill no 50 et à l'article 44, est-ce que le
premier ministre pourrait nous dire qui est le ministre responsable de la
Société de développement de la baie James?
M. BOURASSA: Je réfère le député au projet
de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin.
Commission des valeurs mobilières
M. JORON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre des
Institutions financières. Je voudrais lui demander s'il est en mesure
d'annoncer, de confirmer ou d'infirmer la nomination d'un directeur
général à la Commission des valeurs mobilières du
Québec.
M. TETLEY: Oui, Maurice Rozon a été nommé hier
soir.
M. JORON: Une question supplémentaire, M. le Président,
est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il entend donner suite à la
recommandation du rapport Parizeau voulant que le sous-ministre du
ministère des Institutions financières soit aussi
président de la Commission des valeurs mobilières?
M. BOURASSA: J'ai dit tantôt que nous avions accepté la
démission de M. Lajeunesse et que son remplaçant serait connu
d'ici quelques semaines.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Gaspé-Nord.
Achat de terres par les Américains
M. GAGNON: Le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation
pourrait-il nous dire s'il a l'intention de présenter à
très brève échéance un projet de loi qui
empêcherait la spéculation dans l'achat des fermes que des
intérêts américains feraient dans la région du bas
du fleuve et de la Gaspésie, à la suite de l'annonce de la
politique du ministère concernant l'achat de fermes, pour permettre une
meilleure rentabilité des fermes qui seraient vendues ou louées
aux cultivateurs de la région? En effet, ça semble être de
la gangrène qui va très vite, suivant les informations
officielles.
M. TOUPIN: M. le Président, nous sommes, bien sûr, au
courant du problème. Nous avons fait faire des enquêtes, notamment
dans la région de l'Abitibi, et nous sommes bien sûr au courant
qu'il y a eu des mouvements massifs d'achat des terres marginales agricoles.
Est-ce qu'un projet de loi sera présenté très
prochainement? Je ne le pense pas, mais mon ministère étudie
présentement, en collaboration avec le ministère des Institutions
financières, quels moyens nous devrons prendre dans l'avenir et
quand nous parlons de l'avenir, nous ne parlons pas de dix ans, mais tout au
plus un an ou deux, tout au plus un an en tous cas quels moyens, dis-je,
nous devrons prendre pour contenir ces mouvements d'achat massif des terres
marginales au Québec.
M. ROY (Beauce): M. le Président, question additionnelle sur le
même sujet. Le ministre vient de nous dire qu'il va étudier
pendant un an ou deux, mais à l'heure actuelle, nous avons exactement le
même problème dans la région de la Beauce, où il y a
une quantité énorme de fermes, de terres marginales qui passent
entre les mains des Américains. Alors, pendant que le
gouvernement...
UNE VOIX: Question! Question! Question!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. ROY (Beauce): Qu'est-ce que le gouvernement entend faire en
attendant? Est-ce que le gouvernement a l'intention de prendre des dispositions
immédiates pour tâcher de contrer cet état de choses et
d'éviter qu'après un an ou deux ans, on se retrouve
dépossédé complètement à un moment
donné?
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas dit qu'on attendrait un
an, ou deux, ou trois, j'ai dit qu'on ne devrait pas attendre ce
temps-là pour agir. J'ai dit que présentement, on faisait des
études pour savoir exactement comment se pose le problème. Il
faut d'abord circonscrire le problème de façon claire et
après, je pense que le gouvernement sera prêt à agir.
UNE VOIX: On va le circoncire.
M. TOUPIN: On le circoncira seulement après. Après, le
gouvernement sera prêt à agir. Il faut d'abord avoir en main les
éléments de base, mais le député de
Gaspé-Nord m'a dit: très, très prochainement. Cela peut
vouloir dire demain, après-demain ou au mois de janvier. Si le
gouvernement est prêt en janvier, février ou mars à agir
dans ce domaine, il va le faire. Mais il n'agira pas les yeux fermés, il
va bien étudier toute la situation.
M. ROY (Beauce): Lorsqu'il dit que le gouvernement étudie de
quelle façon se pose le problème, est-ce que le ministre est au
courant que le problème se pose d'une façon très simple:
des américains arrivent, achètent une ferme, vont chez le
notaire, passent un contrat et paient? C'est aussi simple que ça.
M. HARVEY (Jonquière): C'est ça, un achat.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je demanderais au ministre,
à partir de là, ce que le gouvernement peut faire de façon
immédiate pour contrer cet état de chose.
M. TOUPIN: Le raisonnement qu'a donné le député de
Beauce n'est pas un raisonnement simple, c'est un raisonnement simpliste.
M. ROY (Beauce): C'est aussi simple que ça.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: Une question additionnelle. Est-ce que l'on pourrait
s'entendre avec le ministre de l'Agriculture pour dire que lorsqu'il y aura
100,000 terres de vendues il annoncera à ce moment-là quelle sera
l'attitude du gouvernement?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Subvention aux producteurs de porcs
M. BELAND: Suite à la subvention... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. BELAND: ... de $5 millions dont une partie a été aux
producteurs de "porcs d'engraissement", est-ce que le ministre a
également l'intention d'accorder une aide aux "producteurs-naisseurs" de
porcs?
M. TOUPIN: Non, cela s'applique seulement à ceux qui mettent des
porcs en marché pour fins de consommation et non pour fins de
finition.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Propositions du CRD
M. LAURIN: Ma question s'adresse au ministre responsable de l'ODEQ,
à qui j'ai donné avis de ma question. En réponse à
la question que je lui posais la semaine dernière en ce qui concerne les
propositions du CRD, il nous avait dit à ce moment-là que les
deux gouvernements de Québec et d'Ottawa feraient une
contre-proposition. Est-ce que le ministre peut nous dire si cette
contre-proposition a été faite et, si oui, quelle en a
été la nature?
M. QUENNEVILLE: J'attends justement de recevoir une copie de cette
entente. Aussitôt que je l'aurai, je la transmettrai au
député de Bourget.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
Politiques de Fedco
M. LOUBIER: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. Est-ce
que le ministre de l'Agriculture pourrait nous dire s'il y a eu des conclusions
à l'enquête qui a été menée concernant les
griefs présentés par plusieurs producteurs avicoles dissidents
relativement aux politiques établies par Fedco? Le ministre de
l'Agriculture pourrait peut-être se souvenir qu'il y a quelques mois
plusieurs producteurs avicoles dissidents, ne voulant pas du tout trouver
terrain d'entente avec Fedco, ont obtenu du ministre et du premier ministre
qu'il y ait une étude approfondie des problèmes qui opposaient
Fedco et ces producteurs dissidents. Depuis quelques mois que cette
enquête dure, est-ce que le ministre est en position de nous dire s'il y
a eu entente sur les griefs présentés et s'il y a mariage de
raison, sinon mariage
d'amour, entre ces producteurs avicoles et Fedco?
M. TOUPIN: Effectivement, Me Marcel Trudeau, avait été
nommé et désigné par le gouvernement pour entendre les
griefs des producteurs dissidents. Un premier rapport me fut remis par Me
Trudeau dans lequel il m'informe dans les grandes lignes des principaux griefs
de ces producteurs dissidents. Il est en même temps celui qui tente de
concilier les intérêts si on peut appeler ça ainsi
des producteurs dissidents avec ceux de la Fédération des
producteurs d'oeufs de consommation du Québec. Dans l'ensemble les
négociations vont assez bien quoique certains griefs des dissidents ne
soient pas toujours faciles à comprendre et à étudier dans
le cadre d'une solution qui soit acceptable. Mais le travail de Me Trudeau se
continue.
Je lui ai demandé précisément, je pense, lundi ou
mardi dernier, de me faire parvenir un rapport de l'état actuel de la
situation de FEDCO au sujet de ces producteurs dissidents.
Dans l'ensemble, je pense que ça se dirige vers une voie qui me
parait acceptable.
M. VINCENT: M. le Président, question supplémentaire au
ministre de l'Agriculture. Si le ministre reçoit ce rapport au tout
début de la semaine prochaine, pourrions-nous recevoir du ministre,
avant Noël, une copie de ce rapport où on souligne les principaux
griefs et également les recommandations que Me Marcel Trudeau pourrait
faire au gouvernement pour résoudre le problème?
Cela permettrait probablement à tous les membres de cette
Chambre, en retournant dans leur comté, d'être plus
éclairés sur cette situation qui apporte une série de
discussions chaque semaine.
M. TOUPIN: M. le Président, en principe, je n'ai pas d'objection
à ce que ce rapport soit déposé en Chambre, mais je ne
puis le promettre avant d'abord d'en avoir pris personnellement connaissance.
Mais une fois que j'en aurai pris connaissance, on verra à la
possibilité d'en faire le dépôt.
M. LE PRESIDENT: Dernière question, le député de
Saint-Maurice.
Option de Pierre Vallières
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
la Justice. Serait-il au courant que le maquisard, l'honorable Pierre
Vallières, aurait décidé de donner un coup de barre vers
la droite et d'adhérer au parti de nos indépendantistes du Parti
québécois?
M. LESSARD: Je dois demander au député où il a pris
ses informations.
M. DEMERS: J'ai pris ça dans votre feuille de chou.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
Avant de passer aux affaires du jour, je demanderais à
l'honorable chef de l'Opposition officielle de faire part à la Chambre
de sa question de privilège.
Question de privilège Maladie de M.
Bertrand
M. LOUBIER: M. le Président, je me dois de soulever cette
question de privilège, d'abord à cause du prestige de la personne
impliquée, à cause de son intégrité et à
cause également de sa réputation d'honnête homme au
Québec.
J'ai pris connaissance d'un entrefilet de Michel Gagnon paru ce matin
dans le Journal de Québec à la page 9: "Je trouve quand
même drôle cette coincidence à l'effet que Jean-Jacques
Bertrand ait été mis hors de combat au moment même
où le bill 63, son bébé, soit revenu à la
surface.
M. PAUL: C'est un écoeurant!
M. LOUBIER: Si oui, M. Bertrand, ne vous faites pas de "bill", ça
passera, ça passera..."
Il y a, M. le Président, de ces mots d'humour qui peuvent
être acceptés même si parfois ils sont un peu durs, mais je
pense qu'en l'occurrence il est absolument inacceptable de laisser courir le
bruit ou d'essayer d'induire la population en erreur à l'effet que
Jean-Jacques Bertrand aurait fui son devoir, qu'il aurait abandonné ses
responsabilités comme député de l'Assemblée
nationale parce que le bill 63 était rappelé.
Je n'en prends qu'à témoin des médecins de
l'Assemblée nationale, dont deux du côté
ministériel, qui ont assisté M. Bertrand lorsqu'il a
été frappé de ce malaise, ainsi que le
député de Montmagny et d'autres députés, le
député de Gaspé et le député de Joliette. Si
ce n'était pas de dévoiler les renseignements que j'ai, je vous
dirais que M. Bertrand a été véritablement frappé
d'un malaise assez sérieux.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Loi du Haut Commissariat
M. LEGER: M. le Président, me prévalant de l'article 114,
je voudrais simplement demander au leader parlementaire, qui se
préparait à répondre peut-être, si le gouvernement a
l'intention de présenter le projet de loi du Haut-Commissariat avant la
fin de la session et s'il a l'intention de convoquer une commission
parlementaire publique pour recevoir des mémoires de la
Confédération des sports du Québec, de la
Confédération des loisirs du Québec et de la
Confédération des régionales de loisirs du
Québec?
M. BOURASSA: Tout dépend de l'évolution des travaux de la
Chambre. Pour l'instant, nous avons l'intention de procéder.
M. LEGER: Qu'est-ce qu'il m'a répondu?
M. LEVESQUE: Le projet de loi no 23 a été
réimprimé et les leaders parlementaires des partis de
l'Opposition ont reçu les épreuves, je crois, il y a au moins
deux jours.
M. PAUL: C'est beaucoup, quand vous dites deux jours au moins.
M. LEVESQUE : Au moins deux jours, peut-être trois ou
quatre...
M. PAUL: Ah, pardon!
M. LEVESQUE: De toute façon, avant que je fasse une motion pour
remettre ce projet de loi au stage du projet de loi avant sa
réimpression, j'aimerais que les députés aient
l'occasion...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Stade.
M. LEVESQUE: Stade, oui. Mais je me fie d'ailleurs au...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le ministre des Affaires culturelles qui
m'a suggéré cela.
M. LEVESQUE: Je me fie d'ailleurs au ministre des Affaires culturelles
d'aujourd'hui, et même à celui d'hier.
Je crois qu'il serait bon qu'il soit distribué aujourd'hui et que
la motion vienne demain.
M. PAUL: Très bien.
M. LEVESQUE: M. le Président, pouvons-nous revenir au
dépôt de documents pour un instant?
M. LOUBIER: Sur l'article 114, je me permettrais de demander au leader
parlementaire si les projets de loi qu'il a mentionnés hier seront
inscrits et déposés rapidement, surtout celui qui concerne les
Caisses populaires. Est-ce que le bill no 278 sera étudié
également dans un avenir rapproché?
M. LEVESQUE: Le premier ministre a répondu ou vient de
répondre à la dernière partie de la question. Quant aux
autres projets de loi, ils sont tous inscrits, sauf un à ma
connaissance. C'est celui des Caisses populaires.
M. LOUBIER: Ils sont inscrits, d'accord, mais nous n'avons pas
reçu encore de copies de ces projets de loi. Il ne faudrait tout de
même pas qu'ils nous arrivent à cinq heures moins le quart et
qu'à cinq heures, nous passions à l'étude des projets de
loi.
M. LEVESQUE: Je crois bien que celui des Caisses populaires n'est pas
inscrit encore.
M. LOUBIER: Est-ce qu'il viendra, celui-là?
M. LEVESQUE: C'est-à-dire qu'hier, nous avons finalisé ce
travail à la commission de la législation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas finalisé, mis au point.
M. LEVESQUE: Nous avons mis au point en toute dernière heure les
dernières dispositions de ce projet de loi et nous pensons bien que
dès que le travail d'impression sera terminé, nous ferons un
dépôt en Chambre. Il s'agit simplement d'une question technique
d'impression. Nous pourrons peut-être même faire parvenir les
épreuves...
M. LOUBIER: Bon, c'est ce que je voulais savoir. Est-ce que le leader
parlementaire pourrait faire parvenir aux différents chefs de parti les
galées je pense qu'on appelle cela ainsi du projet...
M. LEVESQUE: Oui. L'ancien ministre des Richesses naturelles a eu un
sursaut quand vous avez dit galées...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les épreuves.
M. LOUBIER: Je pense que les autres chefs de parti seraient prêts
à assurer le leader parlementaire qu'il n'y aura pas de coulage. C'est
tout simplement pour que nous puissions en faire une étude intelligente,
pour essayer de bonifier la loi du gouvernement.
M. LEVESQUE: D'accord! Article...
M. LOUBIER: Et au sujet du projet de loi no 278, est-ce que je pourrais
avoir une réponse? Est-ce que ce projet de loi viendra?
M. PAUL: Le Haut-Commissariat.
M. LEVESQUE: Sur le projet de loi no 278, le premier ministre a
répondu tout à l'heure. Je ne veux pas ajouter à ce qu'il
a dit. C'est que si le temps le permet, nous essaierons d'adopter la
législation que nous avons au feuilleton.
M. LOUBIER: Mais là, il n'arrivera pas d'autres lois...
M. LEVESQUE: Bien, nous espérons... M. LOUBIER: Très
bien.
M. LEVESQUE: Nous sommes toujours à la disposition du public.
M. LEGER: M. le Président, on a répondu à la
moitié de ma question tantôt. Je pense qu'on n'a pas compris la
deuxième question.
Est-ce que le gouvernement a l'intention de convoquer la commission
parlementaire de l'Education pour entendre des groupements comme la
Confédération des sports du Québec, la
Confédération des loisirs du Québec et la
Confédération régionale des loisirs du Québec avant
la présentation du bill ou pendant la présentation du bill?
M. LEVESQUE: La politique du gouvernement sera connue le plut tôt
possible à ce point de vue-là.
Article 5...
M. LE PRESIDENT: Dépôt de documents. M. LEVESQUE: Ah oui,
très bien!
M. LE PRESIDENT: Avec le consentement de la Chambre, l'honorable
ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
rapport annuel du ministère des Affaires municipales pour l'année
budgétaire 1970/71.
M. LEVESQUE: Article 5, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. PAUL: Est-ce qu'une commission siège présentement?
M. LEVESQUE: La commission parlementaire de la Justice, M. le
Président, siège présentement.
M. PAUL: C'est ça.
Projet de loi no 90
Deuxième lecture
M. Gilles Massé
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, au cours des
interventions des députés en deuxième lecture du bill 90,
différentes interrogations ont été soulevées, et je
voudrais y répondre en quelques mots.
En ce qui concerne la réglementation qui a été, au
départ, la source d'une motion voulant reporter l'étude de ce
bill à six mois, je pense que la nécessité des
règlements est non d'inclure des normes, des critères ou
déterminer différents aspects qui doivent être
touchés par règlements dans la loi. Mais cette
nécessité est due d'abord à la complexité des
problèmes. Les produits pétroliers sont changeants. La nature des
produits pétroliers peut varier. C'est dans cet esprit que nous avons
cru bon de référer...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. MASSE (Arthabaska): ... aux règlements.
Entre autres, dans la définition ou dans la détermination
des critères de classement des différents produits
pétroliers, on sait, par exemple, que l'essence contenant du plomb, il y
a quelques années, pouvait être acceptable mais que maintenant on
a dû réduire la teneur en plomb.
Si on avait inscrit ces définitions dans la loi, je crois que
cela aurait eu pour conséquence de ramener ce bill 90 devant la Chambre
à chaque occasion du changement.
On a aussi critiqué le ministre des Richesses naturelles parce
que les règlements n'avaient pas été
rédigés. Je dois dire que le contenu de cette
réglementation est à peu près définie mais qu'il
reste à rédiger ces règlements. Si nous avons attendu pour
les rédiger, c'est que nous avons cru qu'il fallait d'abord accepter le
principe de la Loi du commerce des produits pétroliers avant que des
fonctionnaires se mettent à la tâche, ce qui sera un travail assez
long et assez ardu. On a déploré que cette réglementation
soit beaucoup trop complexe ou impose aux distributeurs ou exploitants
d'établissements pétroliers des restrictions ou des embarras
administratifs. Effectivement, je pense qu'il y a un danger. Mais je crois que
la réglementation devrait être la moins exigeante possible, dans
les circonstances, compte tenu des objectifs de cette loi.
Ce n'est pas notre intention de surcharger l'exploitant ou le
distributeur de produits pétroliers de formules ou de tracas
administratifs.
On a aussi vu que le bill 69 du chapitre 61 de 1969, qui a trait au
rembourrage et aux articles rembourrés, était déjà
un précédent parce qu'on se référait, dans un grand
nombre d'articles de la loi, à la réglementation.
Je pense également qu'il y a urgence que le bill 90 soit
adopté d'abord pour mettre un terme aux irrégularités qui
se produisent actuellement dans le domaine, qui occasionnent des
dépenses supplémentaires au consommateur, qui mettent
également en danger la sécurité et qui sont dommageables,
à mon avis, aux exploitants honnêtes que nous trouvons dans ce
secteur d'activité.
D'ailleurs, je pense que, si on a lu les journaux dernièrement,
on a pu constater le décès d'un employé d'une
station-service survenu en 1968 dont les causes, selon le tribunal,
étaient dues à des travaux exécutés à ce
garage pour l'installation des réservoirs et des pompes qui
n'étaient pas conformes aux normes de sécurité.
En deuxième lecture, les partis de l'Opposition se sont dits
d'accord sur le principe du bill.
J'en suis heureux parce que dans le domaine pétrolier, comme vous
le savez, le champ est vaste, le secteur pétrolier est complexe. Nous
devons, je pense, nous attaquer aux différents problèmes qui ont
été soulevés par les partis de l'Opposition, mais un
à la fois.
Au départ, même si la Direction générale de
l'énergie de mon ministère a été
créée il y a un peu plus d'un an et demi, que le service des
hydrocarbures a été mis sur pied, que les postes vacants ont
été remplis depuis seulement janvier ou février dernier,
vis-à-vis de l'ampleur du problème, il était
nécessaire que nous commencions par un endroit. Nous avons cru bon, dans
les circonstances, d'apporter ce bill 90.
Les interventions du député de Gouin et de Saguenay ont
voulu nous faire faire un tour global du problème pétrolier ou
énergétique au Québec, l'un en faisant davantage un
historique de la situation. Le député de Saguenay soulignait
différents problèmes apportant un portrait, qui m'a semblé
assez fidèle, de la situation.
On peut constater une situation et apporter des mesures qui corrigeront
certaines anomalies, certaines faiblesses du Québec présentement,
mais il y a une différence entre résoudre les problèmes un
à un et vouloir tout réglementer ou légiférer d'un
seul coup sur l'ensemble du problème. Je pense qu'on a manqué de
réalisme; on a réalisé l'ampleur du secteur
énergétique mais on a peut-être en tête des solutions
plus idéales que réalistes.
Je suis d'accord que le Québec est en face de problèmes,
de sorte que des situations doivent être changées autant dans
l'approvisionnement que dans la sécurité de l'approvisionnement,
le stockage, la distribution, le transport sur terre et sur mer, au niveau des
prix, au niveau de la sécurité des Québécois et au
niveau du raffinage. En somme, on pourrait ajouter la complexité et
l'ampleur aussi du domaine énergétique au Québec. Pour la
première fois, le gouvernement veut s'attaquer aux problèmes.
Enfin, je le pense du moins, nous pourrons, dans les prochaines semaines, faire
connaître un bilan énergétique 1971 du Québec, avec
les données que le député de Saguenay demandait dans son
discours. Ces informations sont disponibles au ministère des Richesses
naturelles. Le député de Saguenay peut se les procurer en tout
temps, excepté, bien sûr, les informations confidentielles dont
des entreprises nous font part, entre autres, informations du genre des
analyses de forages qui peuvent être faites sur le territoire du
Québec et que nous ne pouvons pas donner, parce que ce sont des
informations confidentielles.
Ce bilan énergétique est actuellement sous presse. Dans
les prochaines semaines, je le rendrai public, de même qu'un document
comportant des éléments de politique énergétique au
Québec, à partir duquel nous pourrons définir davantage le
rôle que doit jouer Soquip dans l'Etat du Québec. Il m'a
semblé raisonna- ble et logique de définir les objectifs à
atteindre du Québec, avant de réviser le rôle de
Soquip.
M. le Président, on pourrait parler longuement sur la politique
globale, sur le problème global des hydrocarbures, du pétrole, du
gaz naturel, mais je pense que j'aurai d'autres occasions, en cette Chambre,
d'y revenir.
Je remercie les députés des suggestions
intéressantes qu'ils ont faites au cours de ce débat. Je propose
la deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. ROY (Beauce):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. M. ROY (Beauce): Adopté.
Comité plénier
M. LEDUC (président du comité plénier): Projet de
loi no 90, article 1.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à l'article 1,
est-ce que le ministre pourrait nous donner les renseignements concernant
d'abord les mots "établissement", "exploitant", et "produits
pétroliers"?
Lorsqu'il parle d'établissement, quelle est l'envergure, la
dimension qu'il donne à ce terme? Que recouvre le terme
établissement? On dit: "Tout endroit utilisé aux fins d'un
commerce de produits pétroliers". S'agit-il des grands entreprôts?
S'agit-il des lieux où l'on conserve les produits pétroliers?
S'agit-il des lieux où on fait le raffinage desdits produits? Ou, s'il
s'agit simplement de ces établissements où l'on conserve le
pétrole pour le transporter ou le transvaser dans des camions, qui
ensuite, apportent le produit en question vers des stations-service ou d'autres
entrepôts?
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement, un établissement doit
comprendre pour clarifier la définition: "tout endroit
utilisé aux fins d'un commerce de produits pétroliers"
tout établissement qui va servir à la distribution du produit
pétrolier. C'est-à-dire l'entreposage, l'établissement
principal, la partie de l'entreprise de raffinage qui sert à la vente en
gros ou au détail du produit pétrolier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pas du complexe du raffinage lui-même,
mais seulement de
la partie de ce complexe qui constitue les entrepôts d'où
sort finalement le pétrole qui est transporté vers
d'autres...
M. MASSE (Arthabaska): C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... établissements de vente au
détail ou en gros.
M. MASSE (Arthabaska): C'est exact. Cela ne concerne pas l'ensemble de
la raffinerie, mais uniquement les parties qui, comme vous le disiez, serviront
à la vente et la distribution du produit, soit la vente en détail
ou la vente en gros.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et, dans le même ordre d'idée, M.
le Président, au sujet du mot exploitant, dans l'optique que vient de
présenter le ministre, l'exploitant est celui qui s'occupe par exemple
de Ventrepôt et de tout ce qui s'y rattache, celui qui fait le transport
et celui qui fait ensuite la vente.
M. MASSE (Arthabaska): C'est exact. Cela peut être le locataire du
lieu, l'exploitant lui-même; ça peut être aussi, comme on le
dit, la personne qui dirige l'administration de l'établissement, qui,
dans certains cas, surtout dans des stations-service, n'est pas
nécessairement un locataire ou un propriétaire qui distribue les
services à l'automobiliste. Cela peut être uniquement un
employé qui se charge du service ou de la distribution de l'essence,
sans que cette personne soit celle qui dirige l'administration de
l'établissement. Alors, c'est pour ça qu'on a inclus personne qui
"dirige l'administration d'un établissement", en plus d'un
propriétaire ou d'un locataire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'aimerais avoir des précisions
là-dessus, M. le Président. L'article définit ainsi le mot
exploitant : "Toute personne physique qui possède un
établissement à titre de propriétaire ou de locataire ou
qui dirige l'administration d'un établissement". Qu'est-ce que ça
recouvre exactement? Bon, il y a propriétaire, locataire; nous savons
très bien de quoi il s'agit. Mais si, par exemple, je suis un simple
employé dans une station de service ou même dans un
entrepôt, est-ce que je suis considéré à ce
moment-là, aux termes de la loi, comme un exploitant?
M. MASSE (Arthabaska): Vous dirigez un entrepôt?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, le ministre n'a pas compris. Je suis
simplement l'employé qui, lorsque vous allez à une
station-service, va faire le plein de votre voiture. Est-ce que je suis
considéré, à ce moment-là, comme un exploitant ou
s'il s'agit simplement ici du propriétaire ou du locataire?
M. MASSE (Arthabaska): Une autre personne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ou du gérant de
l'établissement?
M. MASSE (Arthabaska): ... que le propriétaire ou le locataire,
ça peut être le gérant, cela peut arriver couramment dans
les stations-service. C'est la raison pour laquelle on a ajouté dans la
définition d'exploitant la personne qui "dirige l'administration d'un
établissement".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Voyez-vous, M. le Président, il est
important de préciser ça. Il y a dans certains cas, par exemple,
un grand entrepôt. Là, ça pose moins de problèmes.
Ordinairement, il y a un propriétaire ou un locataire, et mon
collègue qui connaît la question pourra me corriger; à ce
moment-là, on peut très bien définir qui est le
propriétaire et qui est le locataire. Mais lorsqu'il s'agit des petites
entreprises de détail, comme les stations-service, il peut y avoir
à une station-service un nombre X de personnes, trois ou quatre, quatre
ou cinq. Parmi ces personnes qui, en fait, sont là toute la
journée sans que jamais on ne voie ni le propriétaire ni le
locataire, il peut même y avoir des gens qui sont des mineurs au sens de
la loi. Et je suis obligé de traiter avec eux toute la journée,
si je vais faire faire le plein d'essence.
Supposons que je suis camionneur et que je dois passer de temps en temps
faire le plein d'essence et que j'ai toujours affaire à un
employé qui n'est ni locataire, ni propriétaire, ni directeur de
l'entreprise. Est-ce que cette personne, à ce moment-là, est
sujette à toutes les exigences et prescriptions de la loi que propose le
ministre?
M. MASSE (Arthabaska): Non, pas dans ce cas-là. Ce qu'on veut
toucher, c'est surtout le domaine de l'essence, où on a des entreprises
nationales qui possèdent des endroits où on distribue le service
comme la station-service. Dans certains cas, il n'y a pas de
propriétaire et de locataire et surtout lorsque arrive un certain
transfert de location où la compagnie qui possède la
station-service entre les deux périodes de location
délègue quelqu'un pour exploiter la station-service et distribuer
les services. C'est surtout dans ces cas-là qu'on a voulu indiquer cette
définition d'exploitant qui touche les personnes
déléguées ou désignées par la compagnie de
pétrole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je me demande si le ministre va
considérer la suggestion que je vais lui faire. Il y a le mot
"exploitant", on le définit ici, et le ministre nous a donné des
explications qui me satisfont jusqu'à un certain point: "Toute personne
physique qui possède un établissement à titre de
propriétaire ou de
locataire." On dit: "toute personne physique", mais la grande entreprise
qui s'appelle BP, Esso, Texaco, Shell, etc., est-ce qu'elle est
considérée comme exploitant?
Vous savez qu'il se pose des cas extrêmement délicats et
difficiles. Il y a des causes devant les tribunaux, où celui qui
était censé être le propriétaire ou le locataire
n'est que le prête-nom d'une grande entreprise qu'on ne peut plus
retrouver, parce que quand on parle d'une grande entreprise, la personne
responsable est souvent perdue dans la nature. Il faudrait aller mettre la main
à ce moment-là sur le président général de
l'entreprise pétrolière.
D'où l'importance de spécifier ici de façon
très, très précise ce que c'est qu'un exploitant. A mon
sens l'exploitant, dans bien des cas, dans le cas d'un grand nombre de petits
détaillants, c'est en réalité la grande entreprise
pétrolière, et beaucoup de petits détaillants ne sont que
des prête-nom. Ce sont eux ensuite qui ont les ennuis lorsque surviennent
des difficultés, des accidents, des problèmes financiers, etc. Je
me demande si la définition donnée ici est assez
compréhensive et si le gouvernement, qui veut faire une loi dite de
protection du consommateur, de protection des vendeurs détaillants, etc.
ne devrait pas profiter ici de l'occasion pour inclure l'entreprise au sens de
la grande société qui, elle, est à toutes fins utiles
l'exploitant par excellence.
C'est assez délicat, c'est assez difficile et cela
élargirait considérablement la portée de la loi. Le
ministre ne doit pas oublier que la grande majorité je pense en
particulier aux stations-service des exploitants, locataires ou
propriétaires, comme le définit ici la loi, ne sont que des
prête-nom et que le véritable propriétaire, le
véritable locataire même, dans certains cas, c'est une grande
entreprise.
On a vu et je donne un exemple précis au ministre
des stations-service offrir telle sorte de produits pétroliers, tout
à coup fermer et passer entre les mains d'une autre entreprise de
société de produits pétroliers. Comment cela se fait-il
à ce moment-là? J'ai causé avec certaines personnes qui
m'ont dit: "Moi, je travaillais je donne un exemple hypothétique,
qu'on ne retienne pas les noms j'avais une station-service pour Fina et
là j'ai une station-service pour Shell." Je leur ai demandé:
Comment cela se passe-t-il? Ils m'ont dit: "Ecoutez, on m'a dit que cela serait
mieux de vendre Shell que Fina de sorte que la société Shell me
demande de prendre la station-service et de l'exploiter à mon
compte."
Où sont les garanties à ce moment-là? Qui est
responsable? Qui est en réalité le véritable exploitant?
C'est la grande entreprise pétrolière.
Je me demande ici si le ministre ne devrait pas réfléchir
sérieusement sur la question du mot "exploitant", parce qu'à
toutes fins utiles, dans bien des cas, l'exploitant, c'est la grande
entreprise.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, cela peut arriver mais ce
n'est pas courant. Cela peut arriver, comme je le disais tout à l'heure,
lors de transferts par exemple, soit d'un propriétaire à un
locataire, soit d'un locataire dont le bail est échu et qui ne l'a pas
renouvelé et que par la suite, un ou deux mois après, un autre
locataire vient prendre la place. Entre-temps, la compagnie peut exploiter cet
établissement, mais, on le verra plus loin, du moment qu'il y a
transfert dans l'exploitation d'une station-service, le permis n'est pas
transférable. On devra donc demander un nouveau permis.
Mais je pense que la définition d'exploitant ici couvre toutes
les situations, propriétaires, locataires et la personne qui est
déléguée, par exemple, par la grande compagnie pour
administrer l'établissement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre ne comprend pas.
M. MASSE (Arthabaska): Il n'est pas question d'étendre... si
c'est réellement la compagnie qui est la propriétaire et
l'exploitante, elle devra demander son permis en son nom, mais du moment
qu'elle louera ou vendra, à ce moment-là il y aura un
transfert.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais reprendre le
problème dans une autre perspective, parce que c'est un point majeur de
la loi ce mot d'exploitant. D'accord, moi j'exploite une entreprise au nom de
la société Shell, par exemple. Il est bien défini que je
suis le locataire ou même le propriétaire d'une station-service.
Je vends un produit qui est celui de la société Shell. Or, ce
produit pétrolier, qu'il nous faudra définir d'ailleurs un peu
plus loin, provient d'une société qui s'appelle la
société Shell ou Esso ou appelons-la comme on voudra.
Il arrive plus loin que, dans la partie des règlements, à
18 par exemple, il faut déterminer la qualité des produits, tous
les modes de transport, tous les moyens de sécurité que l'on doit
prendre, etc. Est-ce que moi, petit exploitant, petit détaillant dans
certains cas, j'ai le pouvoir, la puissance de supporter, ai-je le poids
suffisant pour tenir sur mes épaules toutes les responsabilités
que le gouvernement va me mettre sur le dos par les règlements qu'il va
édicter? Est-ce qu'en définitive ce ne doit pas être le
grand exploitant, c'est-à-dire la société
pétrolière, qui soit responsable de tout ça? Et lorsqu'il
est question des amendes plus loin, nous allons y revenir des
peines et tout cela, est-ce que ces amendes, ces peines, ainsi de suite, seront
imputées au petit exploitant quand, en définitive, les raisons
qui justifieront les poursuites devant les tribunaux proviendront de la
négligence d'une société pétrolière qui se
sera défilée derrière un petit propriétaire?
M. MASSE (Arthabaska): D'accord, je pense que si vous lisez l'article
22, il peut y avoir un recours par la compagnie...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je l'ai lu.
M. MASSE (Arthabaska): ...qui inciterait son exploitant à
enfreindre les règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord, mais le mot d'exploitant, ce serait
beaucoup plus complet et ça permettrait de donner beaucoup de poids
à l'article 22 si le mot d'exploitant comprenait les grandes
sociétés pétrolières. Il faudrait ajouter, à
mon avis, les mots: toute personne physique ou société. Je
comprends l'intention du ministre, elle est excellente, il veut protéger
le consommateur et protéger aussi le vendeur. Or, les vendeurs, en
l'occurrence, sont la plupart du temps dé petits vendeurs ou enfin de
petites entreprises ou de moyennes entreprises.
Est-ce que en mettant le mot: et je lui demande de consulter ses
conseillers juridiques toute personne physique ou société,
ça ne répondrait pas à ces exigences que j'ai
formulées?
Est-ce que cela ne dissiperait pas les craintes que peuvent entretenir
certaines personnes qui, me parlant de cette loi, m'ont dit: Monsieur, c'est
nous qui, à toutes fins utiles, allons être responsables, au nom
des grandes entreprises, de choses dont nous ne sommes pas en
réalité les auteurs ou les responsables? C'est la
société pétrolière, par exemple, qui
détermine la qualité de ses produits. Si un de vos inspecteurs va
faire enquête dans ma station-service et qu'on découvre que le
produit en question n'est pas de qualité et que je n'ai pas le moyen de
faire face à cela, est-ce que je peux me retourner vers la
société? L'article 22 le dit. Mais si le mot "exploitant"
indiquait de façon précise qu'on peut couvrir également
les sociétés, ce serait beaucoup plus "sécuritaire" et
cela permettrait de faire comprendre aux citoyens que la loi du ministre veut
bien atteindre le but qu'elle se propose, soit protéger le consommateur
et celui qui vend le produit pétrolier.
M. PERREAULT: M. le Président, le député de
Chicoutimi vient de mentionner que la grande entreprise serait responsable des
produits pétroliers vendus dans l'établissement. Ceci n'est que
partiellement vrai. J'ai travaillé déjà bien souvent dans
le domaine pétrolier et il arrive que le détaillant
lui-même modifie la qualité des produits pétroliers fournis
par la grande compagnie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est vrai, mais cela ne change rien.
M. PERREAULT: Alors, il ne faudrait pas tenir responsable la grande
société qui vient porter des produits pétroliers quand le
détail- lant ajoute de l'huile à chauffage dans ses
réservoirs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord avec mon collègue de
l'Assomption. C'est vrai que des choses comme cela peuvent arriver. C'est
exact. Mais de quelle façon allons-nous déterminer que c'est le
fait du petit détaillant ou que c'est le fait de la grande
société pétrolière?
M. PERREAULT: C'est facile à déterminer, on n'a
qu'à faire l'inspection du produit qui est transporté par la
grande compagnie et après cela faire l'inspection du produit en
réservoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela justifie justement la demande que je
viens de faire, puisque les deux sont en cause, d'indiquer à la fois la
personne physique et les sociétés. Puisque c'est auprès
des deux personnes, des deux êtres, des deux entités que l'on
devra faire enquête.
M. MASSE (Arthabaska): Au contraire, je pense que ce que le
député de l'Assomption veut dire, c'est qu'à la
raffinerie, au marchand en gros et au détaillant, il y a un permis qui
est donné à la source sur la qualité du produit, et que le
produit qui a déjà été l'objet de ce permis n'est
pas censé arriver à la station-service
détérioré. Nous avons également- les moyens
d'inspection au niveau du transport. Donc, les infractions sont commises par
l'exploitant, celui qui est le véritable exploitant de la
station-service et non par l'entreprise mère.
Je me demande s'il n'y aurait pas aussi également un danger, en
donnant à la grande société le permis d'exploitation et en
l'incluant dans l'exploitation avec ces petits locataires, ces locataires, qui
sont la plupart du temps des personnes démunies, comme vous le disiez
tout à l'heure, de lui fournir un nouvel outil pour se
débarrasser du locataire ou reprendre à la moindre occasion la
station-service. Je me pose la question.
C'est pourquoi je pense que la définition du mot "exploitant",
qui est là, à mon avis, touche l'ensemble des cas, mais le
véritable responsable des infractions qui pourront survenir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai essayé de démontrer au
ministre les raisons pour lesquelles je veux faire inclure cet amendement. Je
propose qu'on ajoute, après "toute personne physique", les mots "et
société". Je propose l'amendement en bonne et due forme parce
qu'il me paraît absolument essentiel de l'inclure.
M. ROY (Beauce): Sur l'amendement que vient de proposer le
député de Chicoutimi d'ailleurs, j'ai écouté
l'exposé qu'il a fait disons que je suis d'accord sans
réserve. Cela me fait plaisir de le dire à mon collègue de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en suis honoré.
M. ROY (Beauce): Il y a le problème, à l'heure actuelle,
des petites sociétés, comme disait le député de
Chicoutimi, des locataires qui, en vertu des contrats qui les lient avec les
grosses entreprises, les grosses compagnies de pétrole, sont
obligés d'accepter les produits que la compagnie leur vend et leur
livre. Il ne faudrait pas que le mot "locataire" limite la
responsabilité au niveau du petit locataire qui, lui, servirait de
bouclier pour protéger les grosses compagnies.
Je pense que, si l'on veut faire réellement une loi pour
protéger le consommateur dans le commerce des produits
pétroliers, on doit d'abord commencer par s'assurer que les fabricants,
ceux qui ont la responsabilité de raffiner le produit, de mettre le
produit sur le marché, se conforment à des normes très
précises. S'il y a lieu de démontrer, par la suite, que c'est le
petit locataire, le petit détaillant qui a commis une fraude, ce sera
lui alors qui devra, normalement, non pas la compagnie, mais celui qui a commis
la fraude, ou qui a commis l'erreur ou qui a commis, autrement dit, le fait que
le produit ne correspond pas du tout avec ce qui a été
annoncé et publié, ne rencontre pas les normes du gouvernement...
Mais le petit locataire est obligé d'accepter des camions-remorques qui
viennent livrer le produit tous les jours ou tous les deux jours, il ne peut
pas contrôler la qualité du produit qui lui est livré.
C'est évident, c'est clair. Alors, est-ce qu'on ne risque pas de faire
des locataires j'emploie le terme parce qu'il faut appeler les choses
par leur nom les exploités des grosses compagnies
pétrolières, de plus grands exploités? Il y a tout le
problème des contrats qui lient la grosse compagnie et le locataire. Je
pense que l'amendement du député de Chicoutimi s'impose si
réellement on veut protéger tout le monde.
M. MASSE (Arthabaska): C'est le contraire que nous allons faire si nous
incluons le mot "société" parce que nous allons tuer ainsi le
petit exploitant pour la bonne et simple raison que la société
qui va pouvoir posséder le permis, ou nous l'impliquons dans le jeu,
c'est le contraire que nous allons poursuivre. L'exploitant n'est pas le
bouclier par cette loi-là des grandes entreprises. Au contraire, c'est
le contraire que nous voulons atteindre.
Je pense que, par l'article 22, que vous devriez lire, la grande
société est responsable. C'est elle aussi qui va être
poursuivie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le ministre
voudrait se référer, pour un instant, à l'article 9
où il est dit: "Seul un exploitant peut détenir un permis."
Alors, est-ce que les sociétés pétrolières sont des
exploitants, oui ou non?
M. MASSE (Arthabaska): Elles ne sont pas exploitants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! un instant. Elles ne le sont pas aux
termes de la définition...
M. MASSE (Arthabaska): Un instant. M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...ici.
M. MASSE (Arthabaska): Je voudrais le définir. Elles ne sont pas
exploitants, dans le terme de la loi, vis-à-vis de la petite
station-service. Elles sont exploitants à un autre endroit de la ligne,
par exemple.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais elles le sont quand même. Alors,
voici.
M. MASSE (Arthabaska): A un autre endroit de la ligne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais expliquer au ministre. Une
société pétrolière peut faire diverses choses: de
la prospection, du creusage, de l'exploitation, du raffinage, patati, patata.
Pour en arriver finalement à quoi? A vendre un produit. Dès le
moment où elles vendent le produit, elles deviennent des exploitants.
Quand la société Shell me livre tant de millions de gallons de
mazout, elle est, à ce moment-là, un commerçant, un
exploitant. Elle devient une société qui exploite un produit
qu'elle me vend, à moi. Par conséquent, lorsque le ministre
parle, ici, d'exploitants et qu'à l'article 9, il dit: "Seul un
exploitant peut détenir un permis.", il doit comprendre qu'il s'agit
à la fois de la grande société pétrolière et
du petit détaillant. Autrement,...
M. MASSE (Arthabaska): D'accord,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...M. le Président, le ministre...
M. MASSE (Arthabaska): ...si elle est le propriétaire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...exclut... M. MASSE (Arthabaska):
D'accord...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...la grande société qui me vend
le produit depuis les immenses entrepôts. Alors, pourquoi le ministre
n'accepte-t-il pas l'amendement que je lui propose, savoir, d'ajouter
après les mots "toute personne physique et toute société
pétrolière" puisqu'à l'article 9, il va se rendre compte
qu'il y a une contradiction, s'il n'accepte pas cela. "Seul un exploitant peut
détenir un permis." Qui est exploitant?
Moi, je suis exploitant si j'ai une station-
service; je suis exploitant si j'ai un entrepôt; je suis un
exploitant si j'ai des camions qui transportent des produits pétroliers;
je suis, à plus forte raison, un exploitant si je suis la compagnie qui
vend les produits pétroliers,...
M. MASSE (Arthabaska): Si vous vendez directement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...l'importateur, etc.
M. MASSE (Arthabaska): La compagnie est considérée comme
le propriétaire. Si la compagnie Shell, comme vous le disiez
tantôt, vient vous livrer 100,000 gallons d'huile, la compagnie Shell
elle-même devra détenir un permis et sera
considérée. comme un exploitant propriétaire dans le sens
de la définition du mot "exploitant", actuellement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc?
M. MASSE (Arthabaska): Bien oui, parce qu'il n'y a pas de lieu qui soit
détenu... Une station-service, par exemple, qui est la
propriété d'une autre personne que la compagnie, si la compagnie
exploite sa station-service elle devra elle aussi se conformer aux
règlements et détenir un permis, pour se conformer aux lois,
c'est la même chose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre vient justement de me donner
raison.
M. MASSE (Arthabaska): C'est déjà dans la
définition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il vient exactement de faire la
démonstration de ce que je lui ai dit. Je vais lui donner un exemple
très précis. Il y a à Chicoutimi, le long du Saguenay, sur
une distance assez considérable, d'immenses réservoirs de
pétrole: essence, pétrole, tous les types de pétroles,
d'hydrocarbures, appelez cela comme vous le voudrez, je n'entrerai pas dans le
détail du vocabulaire pétrochimique. Il y a des
sociétés. La plupart des grandes sociétés sont
représentées là. Elles emmagasinent là elles
viennent de terminer de le faire des produits...
M. MASSE (Arthabaska): Elles doivent avoir un permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui sont, en quelques façon, en
entrepôt. Moi, supposons que je suis le directeur général
de l'hôpital de Chicoutimi, je passe une commande à la
société Shell ou Esso Impérial disant: Venez livrer chez
nous tant de milliers de gallons par semaine. A ce moment-là, la
compagnie a besoin vous l'avez dit tantôt d'un
permis...
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... parce qu'elle est vendeur et exploiteur,
c'est-à-dire exploitant. Mais remarquez que le jeu de mots est
peut-être quand même vrai. Le lapsus peut quand même
signifier une vérité. A ce moment-là, la
société est exploitant parce qu'elle est vendeur. Elle doit avoir
un permis. Pourquoi donc ne l'indiquez-vous pas ici? Vous dites seulement:
Toute personne physique. A ce moment, est-ce que la société est
une personne physique quand elle me vend le produit depuis l'entrepôt,
directement, et que c'est la société directement qui me vend le
produit depuis l'entrepôt? Est-elle une personne physique ou une
société?
On essaie de couvrir le cas ici en disant: Un locataire ou quelqu'un qui
dirige l'administration d'un établissement. Le gérant de ces
immenses entrepôts qu'il y a, par exemple, dans mon comté comme
partout ailleurs, peut-il être responsable seul de cet immense complexe
que constituent les entrepôts? Il faut que ce soit la compagnie qui soit
considérée comme exploitant, au même titre que le petit
détaillant dans d'autres cas. Je ne comprends pas la logique, ici, de
l'article 1, qui comporte une définition du mot "exploitant" avec celle
de l'article 9, puisqu'à l'article 9, on dit: "Seul un exploitant peut
détenir un permis" et que le ministre vient de me dire qu'une
société peut obtenir un permis. Donc, si une
société peut obtenir un permis à titre d'exploitant, il
faut que dans les définitions soient inclus les mots "toute
société pétrolière". Autrement, la loi ne se trouve
pas articulée et il y a une contradiction entre l'article 9 et la
définition du mot "exploitant" qu'on retrouve dans l'article 1.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, la société,
comme je vous le disais, doit posséder un permis et se conformer aux
règlements. Mais, effectivement, c'est une personne. On dit ici: "Toute
personne physique". Il est bien sûr que c'est la personne responsable
désignée par la compagnie qui est responsable et au nom de
laquelle sera délivré le permis.
C'est exactement le même sens qu'on retrouve dans la Loi des
alcools, par exemple, où on peut posséder une série
d'établissements, de tavernes, mais c'est la personne qui est
nommée responsable ou la locataire ou la personne désignée
par la compagnie qui est responsable devant la loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, non! M. le Président,
l'analogie ne tient absolument pas. Lorsque j'obtiens un permis de la
Régie des alcools, j'obtiens la permission de servir des boissons
alcooliques dans un établissement déterminé. Je suis
exploitant, à ce moment-là, d'un restaurant, d'un bar, etc., mais
je ne suis pas commerçant d'alcool puisque c'est le gouvernement qui est
commerçant d'alcool au Québec, par la Régie des
alcools.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais je reviens à l'exemple que je
donnais tout à l'heure au ministre. Cette analogie ne tient pas du tout.
Je prends l'exemple des immenses entrepôts de produits pétroliers
qui se trouvent le long du Saguenay, à Chicoutimi.
Est-ce que ce n'est pas exorbitant de rendre le gérant d'un
immense entrepôt seul responsable? Est-ce que la société ne
devrait pas être associée à la responsabilité?
Lorsque les produits pétroliers arrivent c'est le cas chez
nous par bateau, on les décharge, on transvase dans les immenses
réservoirs. C'est la société pétrolière qui
fait tout ça. Le gérant fait tout simplement ce qu'on appelle en
anglais le "dispatching" des camions. Il oriente les camions dans
différentes directions pour qu'ils aillent livrer le pétrole
là où on en demande. Mais, c'est la société
à ce moment-là que ce soit Shell, Esso ou une autre
qui est l'exploitant. Elle requiert pour cette exploitation des services de
certaines personnes, qui, évidemment, sont comme toutes les autres
situées dans une échelle de responsabilités;
gérant, gérant adjoint, comptable, contrôleur, etc. Mais,
c'est la société qui est à ce moment-là un
exploitant. Il y a les distributeurs, mon collègue pourra en parler tout
à l'heure.
Le ministre peut-il me dire pour ne pas éterniser ce
débat sur l'amendement que j'ai présenté pourquoi
il ne veut pas accepter d'inclure les mots "et toute société
pétrolière" dans la définition du terme exploitant?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que tout à l'heure j'ai
donné la préoccupation principale: C'est que la personne qui est
responsable d'une infraction soit la personne qu'on atteigne. Je comprends
très bien qu'on veut rejoindre la compagnie, qui pourrait être la
responsable d'une infraction. La personne responsable qui est à l'emploi
de la compagnie engage également la responsabilité de la grande
entreprise. Je ne voudrais pas qu'on modifie cet article parce qu'on va
desservir le petit locataire qui est sur le coin de la rue, qui vend de
l'essence de peine et de misère, on va desservir le petit distributeur
qui vend de l'huile de peine et de misère. Si on donnait le permis
à la compagnie même, il n'est pas certain que ce sera toujours la
compagnie qui va être responsable des infractions; surtout, on ne veut
pas imposer un poids supplémentaire aux petits exploitants par rapport
à la grande entreprise, qui a déjà suffisamment d'emprise
sur ce secteur-là. Le permis étant au nom de la
société, le locataire de la station de service n'a pas de permis.
C'est la grande société qui a le permis. C'est ce que vous
voulez. Si on indique la société, c'est ça. On va en
arriver à des conclusions semblables.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, non, non, ce n'est pas cela. Le ministre
n'a pas compris ce que je veux dire. Il ne s'agit pas, dans chaque cas,
d'enlever le permis au petit détaillant, au petit vendeur. Mais dans la
définition d'exploitant, en raison de toutes les garanties que va exiger
le ministre dans les règlements qui sont prévus à
l'article 18, il s'agit d'inclure aussi les sociétés
pétrolières, qui se situeront à ce moment-là dans
leur ordre et leurs responsabilités dans ce domaine du commerce des
produits pétroliers. Je ne comprends pas du tout l'argumentation du
ministre. Mon collègue veut ajouter quelque chose?
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je veux donner un
exemple au ministre. On peut avoir trois niveaux d'exploitants pour une
même opération. Vous avez la compagnie X qui fabrique le produit,
qui a sa raffinerie et qui va faire la distribution à une entreprise
c'est le deuxième niveau qui peut-être
incorporée ou non, qui vient chercher le produit avec ses camions mais
qui est une entreprise de distribution.
C'est un intermédiaire, il va à son tour le livrer
à des détaillants qui exploitent des postes d'essence. Vous avez
trois exploitants, chacun à son niveau, dont deux sont des
sociétés incorporées. Elles ne sont pas des personnes
physiques. A ce moment-là, si vous ne donnez qu'un permis à
l'exploitant au troisième niveau, à celui qui va faire la
distribution au détail de l'essence, je ne comprends pas pourquoi le
ministre ne voudrait pas...
M. MASSE (Arthabaska): Il va y avoir trois permis.
M. CLOUTIER (Montmagny): Le ministre a dit tantôt que la
société n'est pas comprise dans la définition de
l'exploitant, donc qu'elle n'aura pas de permis. Il y a la
société, aux deux premiers niveaux, celle qui fabrique, la
compagnie Shell ou la compagnie Texaco, le distributeur qui est peut-être
une société incorporée, Les pétroles x ou les
pétroles y Inc., et M. x ou M. x qui a sa station-service de
détail. Je ne vois pas pourquoi le ministre ne donnerait pas trois
permis d'exploitation, trois permis à trois exploitants
différents, et que les trois seraient responsables de l'opération
à partir du début jusqu'à la fin.
M. MASSE (Arthabaska): Mais c'est exactement ça, M. le
Président.
M. CLOUTIER (Montmagny): Bien non, parce que dans l'article...
M. MASSE (Arthabaska): C'est exactement ça. Au niveau de la
raffinerie, par exemple parce que c'était votre premier
échelon qui va vendre à une autre corporation qui va faire
le transport, la compagnie devrait avoir, elle aussi, son permis pour la vente
de son produit à partir de la raffinerie. Comme le deuxième
échelon
devra aussi posséder son permis, si c'est une grande entreprise
ou une compagnie. Ce sera la compagnie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre veut le donner à une
personne physique.
M. MASSE (Arthabaska): Une personne physique, ce n'est pas une personne
responsable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que vient de dire le ministre, M. le
Président...
M. MASSE (Arthabaska): Ce sera la personne responsable de la compagnie.
Cela, c'est d'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre, par ce qu'il vient de dire, ne
vient-il pas de justifier notre exigence, puisqu'il dit, à la suite des
propos qu'a tenus mon collègue le député de Montmagny,
qu'il y aura tel et tel types de permis, selon les modes de vente, de
distribution du produit pétrolier? A ce moment-là, le ministre ne
pourra certainement pas considérer uniquement des personnes physiques au
sens de la loi, mais il va devoir considérer des sociétés
incorporées et il va finalement devoir rejoindre la
société par excellence, celle qui fabrique le produit et qui le
distribue de toutes sortes de façons jusqu'au petit
détaillant.
Je maintiens donc, M. le Président, que le ministre devrait
inclure dans la définition du mot "exploitant" toute personne physique
et toute société qui possède un établissement
à titre de propriétaire ou de locataire ou qui dirige
l'administration d'un établissement, et cela en raison même de ce
que vient de dire le ministre qui admet qu'il y a tel et tel types de permis de
donnés aux différents échelons de cette chaîne qui
va permettre l'acheminement des produits pétroliers depuis la raffinerie
jusqu'au plus petit détaillant et jusque dans le briquet que je
possède.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de
Trois-Rivières.
M. BACON: Après l'exposé du député de
Montmagny, je voudrais simplement avoir un éclaircissement sur ce dont
il a parlé. M. le député de Montmagny me permettrait-il
une question?
M. CLOUTIER (Montmagny): Oui.
M. BACON: Selon l'exposé qu'il a fait tantôt, ne croit-il
pas que l'article 9 forcerait les compagnies à utiliser des revendeurs
plutôt que ce que le député de Chicoutimi disait
tantôt que la compagnie aille elle-même livrer aux
consommateurs? Le troisième niveau dont vous parliez tantôt.
Actuellement, je pense, sans avoir des chiffres à avancer pour vous le
prouver, que des compagnies modifient peut-être leur politique pour aller
directement aux consommateurs.
En vertu de l'article 9, n'obligerait-on pas les compagnies à
avoir un revendeur qui deviendrait l'exploitant et une personne responsable,
dans le cas surtout des livraisons de l'huile à chauffage et ces
choses-là?
M. CLOUTIER (Montmagny): Il peut y avoir...
M. BACON: Si on incluait plutôt le mot "société", ce
serait peut-être plus dangereux qu'il y ait de plus grandes
concentrations.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non! le député de
Trois-Rivières dit que cela pourrait favoriser les revendeurs et que les
compagnies tendent de plus en plus à faire la distribution directement
sans passer par des revendeurs. Il y a les deux façons pour les
compagnies maintenant de distribuer leurs produits: soit de faire appel
à des entreprises de distribution, incorporées ou non, ou de
faire affaires directement, le long des grandes artères, le long des
grandes routes de la province. Je pense que les compagnies tiennent autant que
possible à faire affaires directement et à livrer
elles-mêmes directement le produit. Dans des régions plus
éloignées, plus reculées, les compagnies font davantage
appel à des distributeurs, surtout dans le domaine de l'huile à
chauffage.
Ce sur quoi le député de Chicoutimi a basé son
argumentation, c'est que le permis aux premier et deuxième niveaux
disons à la compagnie mère et à la compagnie de
distribution est donné à une personne physique. Le
député de Chicoutimi s'est demandé si ce n'était
pas préférable et c'est notre opinion que le permis
soit accordé à la société qui serait responsable
collectivement et non pas à un individu au sein de la compagnie, le
gérant de l'immense compagnie Esso, de la compagnie Texaco, ou de la
compagnie Shell, qui serait, aux fins du projet de loi, un individu qui serait
identifié par le ministère des Richesses naturelles et qui ne
serait pas identifié autrement. C'est la base de l'argument du
député de Chicoutimi. Il dit que le permis de l'exploitant
devrait aussi comprendre la société, mais dans la
société, il n'y a rien qui empêche d'identifier quelqu'un
qui est particulièrement responsable de la livraison et de la
qualité du produit au moment de la livraison.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Si je comprends bien la réponse du ministre, il
semble que s'il ne veut pas accepter l'amendement proposé, cela serait
parce qu'il voudrait limiter le commerce du pétrole en détail
à de petits distributeurs. M. le ministre.
M. MASSE (Arthabaska): Je vous entends.
M. LESSARD: Est-ce que cela entre par les deux oreilles?
M. MASSE (Arthabaska): Je vous entends?
M. LESSARD: Ce que je voudrais savoir, c'est qu'il semblerait que vous
vouliez limiter la distribution en détail des produits pétroliers
aux petits distributeurs puisque vous dites à l'article 9: "Seul un
exploitant peut détenir un permis". Si on parle d'exploitant dans le
sens de toute personne physique, on ne peut pas parler à ce
moment-là de grandes sociétés anonymes puisque une
société anonyme, je ne pense pas que ce soit une personne qui est
considérée comme...
Je n'avais pas l'intention de le soumettre immédiatement, mais
j'avais un amendement, de toute façon je peux le passer et on le
discutera en temps et lieu. Actuellement, on n'a aucune définition du
terme "commerce". Ce terme-là est utilisé partout dans le projet
de loi, on ne sait pas exactement ce que c'est et c'est là une critique
qu'on a faite au ministre.
Il semble que ce projet de loi touche plus particulièrement aux
individus qu'aux gros commerçants.
Pour notre part, nous voulons que, dans cette loi, il soit
précisé qu'il s'agit non seulement du commerce en détail
mais qu'il s'agit du commerce en gros.
C'est pour ça que je pensais, je le soumets immédiatement,
que si le ministre voulait faire une distinction entre le petit distributeur
qui serait l'exploitant et la grande entreprise qui serait le
commerçant, ce serait peut-être une solution au problème
qui se pose.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le ministre me
permet, pour ne pas allonger...
M. AUDET: Quel nom aviez-vous à la suite du...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on sait qu'en
comité on parle à tour de rôle.
M. AUDET: Le président a mentionné qu'il y avait quatre
personnes avant lui tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): J'avais reconnu le député
d'Abitibi-Ouest.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est parce que je
voulais faire une suggestion au ministre, cela n'enlève pas le droit de
parole au député.
M. AUDET: Non, M. le Président, vous avez mentionné qu'il
y avait quatre personnes avant lui tout à l'heure.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je laisse la
parole au patriarche Athénagoras.
M. LE PRESIDENT: Je reconnais l'honorable député
d'Abitibi-Ouest.
M. AUDET: Merci, M. le Président. Je crois que le fabriquant d'un
produit doit toujours demeurer responsable de la qualité de son produit.
Je prends comme exemple un épicier qui peut facilement avoir un permis
d'épicerie, mais si les inspecteurs des aliments et drogues constatent
qu'un produit n'a pas la qualité annoncée, il n'accusera
certainement pas l'épicier, mais il ira trouver le fabriquant. Mais rien
n'empêche que l'exploitant d'une station-service pourrait, lui,
être responsable auprès de la compagnie avec qui il a un bail. Je
vois la responsabilité de l'exploitant à ce niveau-là,
mais si le produit a une qualité inférieure à celle qu'il
doit avoir, je crois que c'est le fabriquant qui doit en assumer la
responsabilité. Je ne crois pas que ça puisse léser
quelqu'un quant à la détention du permis qu'il a.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député d'Abitibi-Ouest vient de redire ce que nous avons dit.
M. AUDET: Je vous appuie. M. TETRAULT: Il vous appuie.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils nous appuient et nous les en remercions,
M. le Président, même si quelquefois des béquilles ne sont
pas toujours utiles. Mais je voudrais aider le ministre des Richesses
naturelles pour ne pas prolonger inutilement le débat et lui demander,
à ce terme "exploitant", de suspendre un petit moment notre discussion,
de retarder l'adoption de l'article, c'est-à-dire que nous pouvons
continuer à discuter de l'article 1 mais retenir le terme "exploitant"
pour réfléchir aux propositions que nous lui avons faites.
Je pourrais, par exemple, amender la motion que j'ai déjà
faite et dire: Toute personne physique et toute personne représentant
directement une société pétrolière. Parce qu'il
faut absolument que le ministre réfléchisse à cette
exigence d'inclure la société pétrolière qui, le
ministre l'a dit lui-même, à un titre ou l'autre, à un
degré ou l'autre de cette chaîne, est, ou devient un
commerçant.
Alors, je demanderais au ministre de repenser à cela et,
conformément à la technique législative, de revoir
l'amendement que je lui ai proposé dans la nouvelle perspective que je
lui propose: "Toute personne physique et toute personne représentant
directement une société pétrolière." Je dis tout de
suite au ministre que ce que je propose là n'est pas, en termes
législatifs, parfait et correct. Mais c'est l'idée que je
voudrais qu'il retienne et sur laquelle je voudrais qu'il attache sa profonde
réflexion.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je suis conscient du
problème qui est posé. Tout ce que je veux, c'est
protéger, l'exploitant, le petit exploitant pour la plupart du
temps.
Je suis prêt peut-être à revoir un peu plus tard cet
article pour tenter de toucher les sociétés qui seraient des
exploitants. Au niveau de la raffinerie, première étape, il n'y
aurait pas de problème. On intervient au niveau où il y a des
détaillants.
M. Beausoleil, qui m'accompagne, me soumet peut-être une
possibilité de modifier la définition d'exploitant. Je vous la
lis et peut-être qu'on pourra voir après. "Toute personne qui
possède un établissement à titre de propriétaire,
de locataire ou à autres titres ou qui administre et gère
réellement cet établissement." Cela veut dire qu'on
enlèverait "toute personne physique".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La suggestion qui vous a été
faite, avec tout le respect que je dois à celui qui l'a conçue,
ne me paraît pas très géniale et n'apporte pas un nouvel
élément. Au contraire, cela vient détruire...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Chicoutimi se sent
isolé? Ignoré?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est si peu génial, comme je l'ai dit
hier à mon collègue de Bonaventure, que j'aurais pu la faire
moi-même.
M. LACROIX: C'est pas peu dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pense que le ministre ne touche pas le
problème avec cela. Est-ce que le ministre accepterait de repenser
à cette question du terme exploitant? Le député de
Saguenay a un excellent amendement qu'il va nous proposer tout à
l'heure, parce qu'il va falloir quand même s'entendre sur ce qu'est le
commerce. Lorsqu'on exploite un commerce, il faut savoir aussi définir
ce qu'est un commerce. C'est là le défaut de la loi. Elle a
été pensée un peu vite. Elle a été mal
faite. On parle de toutes sortes de choses et il n'y a rien de
défini.
M. MASSE (Arthabaska): Nous avons des dictionnaires, nous autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que vous n'avez pas les bons, et
vous n'avez surtout pas le dictionnaire des termes pétrochimiques. On
s'en rend compte ici parce qu'on le trouve, le mot exploitant,
là-dedans. Alors, est-ce que le ministre accepte cela en toute
amitié? On blague un peu.
M. MASSE (Arthabaska): Vous voulez dire qu'on suspende cette
définition du mot exploitant.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On peut suspendre le paragraphe b) et
continuer l'examen des autres définitions.
M. MASSE (Arthabaska): C'est ça. On se penchera sur le
problème au dîner.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, au paragraphe c), pour le mot
inspecteur, il n'y a pas de problème.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 1, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Ce n'est pas adopté, c'est
suspendu et sous toute réserve d'une nouvelle définition du mot
exploitant.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe a)?
M. MASSE (Arthabaska): Article 1, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, on s'entend là-dessus.
Accepté.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe b), suspendu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Suspendu. M. LE PRESIDENT: Paragraphe c)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, quant à moi.
M. LE PRESIDENT: Paragraphe d)? Adopté?
M. MASSE (Arthabaska): Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. C'est le ministre. On dit le
ministre des Richesses naturelles. Ah bien! il est là , alors il n'y a
pas de problème.
M. MASSE (Arthabaska): Adopté. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. "Tout permis délivré
en vertu de la..." Oui, M. le Président, cela va.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe f)?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe g)?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, il y aurait un amendement
que je voudrais apporter ici: "g) "produits pétroliers": tout produit
pétrolier liquide déterminé par règlement, à
l'exception des gaz comme nous le lisons ici dans la loi de
pétrole liquéfiés;". Je voudrais
enlever les mots "de pétrole", pour qu'on lise le paragraphe
comme suit: "Tout produit pétrolier liquide déterminé par
règlement, à l'exception des gaz liquéfiés. C'est
parce que la Régie de l'électricité et du gaz est
responsable de ce qui touche au gaz naturel. Si on laissait les mots "les gaz
de pétrole liquéfiés", on inclurait, d'une certaine
façon, certaines responsabilités qui sont dévolues
à la Régie de l'électricité et du gaz.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quel est exactement le sens de l'amendement du
ministre?
M. MASSE (Arthabaska): C'est-à-dire qu'on enlève, à
la dernière ligne, les mots "de pétrole". Le paragraphe se lirait
comme suit: "... à l'exception des gaz liquéfiés."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "A l'exception des gaz
liquéfiés."
M. MASSE (Arthabaska): Nous enlevons "de pétrole".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, M. le Président. Justement,
c'est que nous avons argué, en seconde lecture, de la faiblesse de cette
définition. "Tout produit pétrolier liquide
déterminé par règlement, à l'exception des gaz
liquéfiés." Evidemment, ce pourquoi j'insiste là-dessus,
c'est qu'à l'article 18 le lieutenant-gouverneur va définir tout
cela. Est-ce que dans les règlements le lieutenant-gouverneur,
c'est-à-dire le gouvernement, va apporter une série de
définitions...
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... ou s'il va se contenter...
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de la définition
générale des hydrocarbures? Est-ce qu'il va y avoir une longue
énumération? Si je voulais faire une blague au ministre, je
pourrais lui dire que, par exemple, l'essence dont je me sers dans mon briquet,
si je veux l'acheter, je vais être obligé d'avoir un permis et que
le monsieur qui me la vend au bureau de tabac va être obligé
d'avoir un permis. C'est du pétrole!
M. MASSE (Arthabaska): Comme entendu,...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela fait partie des hydrocarbures. Le
ministre va donc être obligé de mettre dans ses règlements
le vocabulaire complet de l'industrie pétrochimique s'il veut couvrir
tous les produits. Il y a du pain sur la planche.
Alors, le ministre va nous donner, évidemment, une
réglementation, pour revenir à des propos sérieux. Le
lieutenant-gouverneur en conseil va définir exactement quels sont les
types de produits pétroliers couverts par la présente loi?
M. MASSE (Arthabaska): C'est exact.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): D'accord. A ce compte-là, M. le
Président, accepté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Paragraphe h)?
Paragraphe i).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela va, M. le Président.
M. LOUBIER: On ne sait même pas ce que c'est.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Adopté. Article 2.
UNE VOIX: Adopté.
M. LESSARD: M. le Président, avant de passer à l'article
2, j'aimerais soumettre un amendement puisque, comme je le disais tout à
l'heure, ce projet de loi s'intitule Loi sur le commerce des produits
pétroliers et à aucun endroit dans la loi nous ne trouvons une
définition de ce qu'est le commerce des produits pétroliers.
Je soumets donc l'amendement suivant: Ajouter à la fin, le
paragraphe suivant: "Commerce: toute vente en gros ou en détail faite
par un commerçant dans le cours normal de ses affaires". Si je dis, M.
le Président, "toute vente en gros ou en détail", c'est parce
que, comme on l'a dit, d'ailleurs, au cours de la deuxième lecture, il
nous semblait que le gouvernement, par cette loi, voulait plutôt toucher
la réglementation de la vente en détail. Je pense que le projet
de loi devrait être beaucoup plus clair à ce sujet. En ajoutant
cette autre définition, je pense que cela le rendrait beaucoup plus
clair.
A l'article 2, on parle d'un commerçant, on parle encore du
commerce: "Nul ne peut faire le commerce de produits pétroliers". Mais
il n'y a aucune définition, à l'article 1, du commerce.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous n'avez pas d'objection, étant
donné que l'article 1 ne pourra pas être adopté aussi
longtemps que nous ne serons pas revenus à b)... Dans la
définition du mot "commerce", on parle de toute vente en gros. Cela peut
être aussi, surtout dans le secteur du pétrole, des
échanges qui peuvent se faire à un moment donné.
M. LESSARD: Toute vente ou échange alors.
M. MASSE (Arthabaska): J'aimerais revoir cette définition ou cet
amendement en même temps que nous discuterons de l'article b).
M. LESSARD: Je suis bien d'accord. M. LOUBIER: D'accord. M. TREMBLAY
(Chicoutimi): D'accord. M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté? UNE VOIX:
Suspendu.
M. LESSARD: Il est suspendu, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est suspendu.
Article 2.
M. LESSARD: Suspendu parce que nous attendons une définition du
terme "commerce".
M. LOUBIER: M. le Président, c'est pendant à la suspension
parce que le ministre dit qu'il va tenter d'étudier la
possibilité de définir, en fonction de b), le mot "commerce".
M. MASSE (Arthabaska): Cela ne touche pas l'article.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article 3, c'est la même chose.
L'article 4, c'est la même chose. On retrouve toujours le mot
"commerce".
M. LEVESQUE: Alors suspendons la séance jusqu'à deux
heures trente.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il faudrait suspendre la séance.
M. LACROIX: Nous allons suspendre en attendant de pendre
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à deux
heures trente.
(Suspension de la séance à 12 h 28)
Reprise de la séance à 14 h 31
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs. L'article 2.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous me le permettez, M. le Président,
revenant à l'article 1 b), dont on avait suspendu l'étude ce
matin, j'aimerais faire une proposition pour tenter de couvrir la protection
qu'on voulait assurer aux petits distributeurs et également tenter de
répondre à l'argumentation des partis d'Opposition,
spécialement d'Unité-Québec.
A l'article 1 b), la proposition que je ferais, c'est que le mot
"exploitant" serait défini comme suit: "Tout individu,
société ou corporation qui exploite un établissement."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, l'amendement du
ministre se lit comme suit: "Exploitant, tout individu, société
ou corporation qui exploite un établissement." A moins que mes
collègues n'aient d'autres objections je ne les engage point
en ce qui me concerne, je crois que cela recouvre les
réalités que j'ai évoquées ce matin, à
savoir qu'il y a un problème d'individu, il y a un problème de
société ou de corporation qui exploite un établissement et
qui, de ce fait, est un commerçant.
Je ne dirai pas que le travail qui a été fait est
génial, mais disons qu'il s'approche du génie, grâce,
naturellement, au bon travail de l'Opposition et au beau travail des
spécialistes en rédaction des lois. En ce qui me concerne, je
pense que c'est suffisant: "tout individu, société ou corporation
qui exploite un établissement." Je sais que mon collègue, le
député de Montmagny, a un petit mot à dire
là-dessus, mais, pour ma part, je suis prêt à accepter cet
amendement proposé par le ministre des Richesses naturelles, grâce
aux lumières de l'Opposition et, bien entendu, au beau et bon travail de
ses collaborateurs.
M. CLOUTIER (Montmagny): Je suis d'accord sur les remarques que vient de
faire le député de Chicoutimi. Je pense que la nouvelle
formulation recouvre à tous les niveaux la réalité du
commerce que nous avons voulu exprimer ce matin et que les
sociétés incorporées doivent à l'intérieur,
dans le cadre de ce projet de loi, accepter les responsabilités et
accepter que leur nom assume ces responsabilités et non pas seulement un
individu.
Alors, je suis satisfait de l'amendement proposé par le ministre
et ses fonctionnaires, ses collaborateurs.
M. LE PRESIDENT: Alors l'amendement du ministre est adopté. Les
amendements proposés par le député de Saguenay et le
député de Chicoutimi sont retirés.
M. LESSARD: Oui, en ce qui concerne...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils se trouvent intégrés, sauf
celui qui concerne le mot "commerce", mais le ministre nous a fourni un autre
amendement. "Commerce" en plus de son sens ordinaire, dit l'amendement du
ministre des Richesse naturelles, comprend l'échange de produits
pétroliers, de même que toute autre opération commerciale
ayant pour objet des produits pétroliers.
Bon, ça rejoint les préoccupations qu'avait ce matin, le
député de Montmagny et les préoccupations du
député de Saguenay. Il reste toutefois qu'en plus de son sens
ordinaire, il est entendu que le mot commerce définit ordinairement
toute vente en gros ou en détail faite par un commerçant, dans le
cours normal de ses affaires. C'est le texte de l'amendement qu'avait
proposé le député de Saguenay.
L'amendement du ministre des Richesses naturelles se lit ainsi: "En plus
de son sens ordinaire, ce mot comprend l'échange de produits
pétroliers, etc." Je me demande toutefois, afin que cela soit plus
précis et plus complet, s'il ne vaudrait pas mieux intégrer les
deux amendements en mettant à i) "commerce": toute vente en gros ou en
détail faite par un commerçant dans le cours normal de ses
affaires; et ensuite, en plus de son sens ordinaire, c'est-à-dire
enlever "en plus de son sens ordinaire", ce mot comprend l'échange de
produits pétroliers, de même que toute autre opération
commerciale ayant pour objet des produits pétroliers.
Donc, après l'amendement du député de Saguenay
mettre; et intégrer ensuite l'amendement du ministre des Richesses
naturelles, ce mot comprend l'échange de produits pétroliers ou
cette définition comprend l'échange de produits pétroliers
de même que toute autre opération commerciale ayant pour objet des
produits pétroliers.
Parce que le mot commerce évidemment, on sait d'une façon
générale comment il s'entend, on le retrouve dans certaines de
nos lois, dans la Loi de la protection du consommateur, par exemple, il est
défini comme le définit l'amendement du député de
Saguenay, mais comme disait souvent M. Johnson: Trop fort ne casse pas, et une
loi, il faut que ce soit précis. Parce que quand on est devant les
tribunaux, ceux qui ont l'habitude de plaider, moi j'ai fait mon droit
mais j'ai voulu rester honnête je n'ai pas pratiqué...
M. CARDINAL: Exercé.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Exercé, très bien, merci. C'est
de l'autocritique. Je crois que l'on pourra intégrer les deux
amendements. Cela ne change absolument rien au sens de la définition
telle qu'on la retrouve dans la loi, et cela préciserait. Est-ce que le
ministre est d'accord là-dessus?
M. CARDINAL: Si le président le permet...
J'ai participé à de longues discussions au sujet du projet
de loi no 45 où justement les mots "commerçant" et "commerce"
étaient une pierre d'achoppement. Disons qu'en tant que juriste et non
pas légiste, je ne vois ce qu'une phrase comme "en plus de son sens
ordinaire" veut dire. Ou bien on se réfère à un
dictionnaire qui n'est pas indiqué ou bien on se réfère
à une définition qui est dans les lois. Or, nous avons plusieurs
lois dont le code civil, et particulièrement la partie qui traite des
lettres de change, où on définit les mot "commerce", "effets de
commerce".
Par conséquent, je n'aimerais pas beaucoup que dans une loi on
dise "en plus de son sens ordinaire" parce qu'on ouvre une porte immense
puisqu'on ne sait pas ce qu'est "son sens ordinaire". Nous sommes dans la
législation, et dans la législation, il y a un jargon, que
voulez-vous! Il y a un tas de gens qui, n'étant pas initiés au
jargon juridique, croient un certain nombre de rumeurs. Par exemple, ils
croient qu'un effet de commerce signé le dimanche n'est pas valide alors
que la Loi des effets de commerce dit exactement le contraire.
Il y a des termes dans le code civil, comme le mot "transaction" qu'on
étudiait hier dans une autre loi, qui ont un sens très
précis qui n'est pas celui du dictionnaire. Par conséquent,
personnellement, malgré la bonne volonté des légistes et
du ministre, j'admettrais difficilement un amendement qui commence par les
termes "en plus de son sens ordinaire", parce que ou bien c'est une clause de
style qui ne veut rien dire ou bien cela veut dire quelque chose, et on ne sait
pas quelle est la portée de ce membre de phrase.
M. LESSARD: M. le Président, disons d'abord qu'il est vrai, comme
le disait le ministre ce matin, que l'amendement qu'il nous propose couvre
peut-être ce que ne couvrait pas l'amendement que j'avais proposé
ce matin. Cependant, je ne veux pas m'étendre très longuement. Le
député de Bagot a très bien démontré qu'il
fallait absolument qu'une loi soit très précise.
Pour ma part, je pense que le ministre devrait accepter d'autant
plus que la définition que j'avais donnée ce matin était
la définition ordinairement acceptée du commerce
d'intégrer soit ma définition à la sienne ou vice versa,
de telle façon que la loi soit très claire et qu'on n'ait pas de
problème pour interpréter ce projet de loi-là.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je n'ai pas d'objection
à combiner les deux propositions. On ne l'avait pas défini au
départ pour la bonne et simple raison que c'était le commerce
dans le sens de la définition du dictionnaire, mais je n'ai pas du tout
d'objection à combiner les deux. Cela pourrait se lire comme suit, je
pense. "Commerce: toute vente en gros ou en détail faite par un
commerçant dans le cours normal de ses affaires et on
continuerait ainsi ce mot comprend l'échange...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça.
M. MASSE (Arthabaska): ... de produits pétroliers, de même
que toute autre opération commerciale ayant pour objet les produits
pétroliers." Je suis d'accord avec cette définition.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis d'accord. Accepté.
M. LE PRESIDENT: L'article 1 est-il adopté tel
qu'amendé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3? M. TREMBLAY
(Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4? L'honorable
député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président. A l'article 4 on dit:
"Il est interdit d'utiliser, dans le cours du commerce de produits
pétroliers, un établissement, un équipement ou un
véhicule qui n'est pas conforme aux normes établies par les
règlements."
Donc, les règlements vont indiquer des normes pour un
établissement.
Il y a déjà la Loi du ministère des Travaux publics
qui donne au ministre des Travaux publics la responsabilité
d'établir des normes par règlements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La Loi des accidents du travail aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): La Loi des accidents du travail. Alors, quelle
sera la concordance, étant donné que l'on retrouve une
disposition dans ce texte de loi et qu'il y a déjà d'autres
législations, que le ministre entend faire par les règlements, vu
qu'il ne le fait pas dans la loi, avec les autres législations?
M. MASSE (Arthabaska): En somme, M. le Président, nous voulons
couvrir par les règlements ce qui n'est pas couvert par les lois que
vous avez invoquées; c'est tout simplement ça.
M. CLOUTIER (Montmagny): Ce qui n'est pas couvert par les lois qui
existent déjà.
M. MASSE (Arthabaska): Celle du ministère du Travail, entre
autres.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, peut-être qu'on
ne peut pas l'intégrer ici, dans le corps du texte de l'article 4, il va
falloir aussi penser à la nouvelle Loi du transport, parce que la
nouvelle Loi du transport va venir réglementer tout genre de transport
dans le Québec.
Par conséquent, dans la réglementation, il sera absolument
nécessaire d'en référer à la nouvelle Loi des
transports. Je le souligne tout de suite au ministre afin que, dans la
rédaction des règlements, il soit fait mention de cette exigence
d'une conformité à la Loi des travaux publics, à la Loi
des accidents du travail et à la nouvelle Loi des transports. Alors, je
le signale au ministre tout de suite pour qu'on en prenne note lors de la
rédaction des règlements qui vont nous être
ultérieurement soumis en commission parlementaire.
M. MASSE (Arthabaska): D'ailleurs, je pense que la rédaction
définitive des règlements peut prendre un certain nombre de mois
peut-être trois, quatre, cinq mois et il est fort possible
qu'entre-temps la nouvelle loi puisse être votée ici en Chambre.
De toute façon, il y a eu des consultations assez intenses avec ces
ministères déjà.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que déjà le ministre des
Travaux publics, dans les pouvoirs qui lui sont confiés par la Loi des
travaux publics, a examiné cette sorte d'établissement ou. si
c'est seulement par la Loi des accidents de travail? Le ministre dit qu'il va
venir compléter d'autres lois par ces règlements.
Déjà, le ministre des Travaux publics est responsable de l'examen
de tels établissements qui font le commerce des produits
pétroliers. La même situation s'est présentée
dernièrement quand on a étudié le projet de loi no 65.
Dans le projet de loi no 65, qui remplace la Loi des hôpitaux
privés et la Loi des hôpitaux, le ministre des Travaux publics
avait à faire l'examen de ces établissements pour voir si les
normes étaient respectées. Dans la loi no 65, on a accepté
un article de la loi qui dit que ce sont les deux ministres, conjointement, qui
vont émettre le permis afin qu'il y ait une concordance dans les normes
et dans les exigences de l'un et l'autre ministres.
M. MASSE (Arthabaska): Mais il faut voir que, dans le cas
présent, les situations sont différentes. Je veux dire, qu'en
terme d'équipement par exemple, il restera toujours au ministère
des Transports d'élaborer dans sa loi ou par règlement des
normes. Alors, que nous, ce que nous voulons toucher, ce n'est pas le
véhicule qui se transporte sur une route, mais, davantage son
contenu.
La réglementation, dans ces cas, sera complémentaire
à ce qui est déjà dans les lois existantes.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, à propos de
l'article 4, toujours, je ne
veux pas embarrasser le ministre et faire un grand débat
mais je signalais hier soir certains problèmes. On parle "d'un
établissement, un équipement ou un véhicule qui n'est pas
conforme aux normes établies par les règlements." Au sujet du mot
"établissement", je signalais hier soir au ministre le cas, par exemple
je ne parle pas des grands entrepôts, je parle des petites
stations-service où se trouvent, en même temps que les pompes et
tout ce qui sert à distribuer les produits pétroliers des
magasins qui sont en train de devenir des magasins généraux. On y
vend certes des objets qui se rapportent directement ou indirectement au
fonctionnement de la voiture, comme des pneus, du sable mêlé de
sel, etc., etc. Finalement, on retrouve même des jouets et des
vêtements pour enfants. Je voyais encore, l'autre jour, dans une
station-service, des vêtements d'hiver, comme ces combinaisons pour la
motoneige, des casques, des bottes et ainsi de suite.
Je comprends une chose, c'est que cela peut aider un certain nombre de
petits détaillants. Par ailleurs, certains d'entre eux m'ont dit qu'ils
étaient obligés de tenir ce genre de commerce parallèle ou
connexe, et que cela les embarrassait. Cela exigeait, à un certain
moment, une personne de plus et ainsi de suite. Je voudrais bien que le
ministre examine le problème dans la réglementation, après
enquête auprès, naturellement, des détaillants. Si ce
commerce parallèle est utile à de petits détaillants et
les aide à maintenir ces stations-service dont ils tirent leurs revenus,
bien, je ne voudrais pas qu'ils en soient privés. Mais, d'autre part, il
arrive dans certains coins que ce genre de petit magasin va nuire à une
quincaillerie ou à un autre type de commerce.
Dans la réglementation, je crois que le ministre devrait examiner
la question et édicter des règlements qui tiennent compte,
après consultation, des problèmes que je lui ai soulignés.
Parce qu'un établissement, ici dans la loi, veut dire un
établissement où on fait le commerce des produits
pétroliers, sous quelque forme que ce soit, compte tenu des
définitions de la loi.
Je lui souligne, encore une fois, ce problème, sous toute
réserve, toutefois, que la réglementation ne vienne pas priver
particulièrement les petits détaillants d'un revenu d'appoint qui
leur vient de ce commerce que j'appelle parallèle. Quand ce commerce
parallèle devient énorme, dans les grosses stations-service, il y
a une concurrence, il y a aussi un problème d'emploi, etc. C'est un
ensemble de petites ou de grosses réalités dont le ministre devra
tenir compte dans la réglementation. Je porte ce problème
à son attention, comme je l'ai fait hier soir.
M. MASSE (Arthabaska): J'avais noté, M. le Président, la
suggestion du député de Chicoutimi, hier, dans son intervention.
Je dois dire ici qu'un comité de travail a été crée
qui aura sa première réunion prochainement avec les asso-
ciations de distribution d'huile à chauffage et de services à
l'automobiliste, le ministère de l'Industrie et du Commerce et mon
ministère, pour voir les différentes difficultés
auxquelles font face les distributeurs de produits pétroliers. Je pense
que cela pourrait se traduire, à un moment donné, par l'examen de
l'ensemble du commerce des stations-service. Il est fort possible qu'on en
vienne à faire des recommandations au ministère des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
Effectivement, j'ai certaines préoccupations, moi aussi, quant
à ce qu'a soulevé le député de Chicoutimi hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur le même
sujet.
M. TETRAULT: M. le Président, à la suite des
recommandations du député de Chicoutimi, j'aimerais que le
ministre s'occupe aussi des endroits ruraux ou touristiques où un
marchand peut vendre du naphte ou de l'huile de charbon. Je lui demande de
prendre cela en considération dans ses études du commerce.
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il y a ce
problème que je soulignais hier au ministre et il y en a un autre qui me
vient à l'esprit ici. Dans le corps des recommandations
évidemment, on pourra peut-être dire qu'on va chercher les choses
un peu loin on parle d'établissements. Cela suppose,
naturellement, l'identification officielle, visuelle de
l'établissement.
D'accord, les grandes entreprises ont des raisons sociales, elles ont
des panneaux-réclame et ainsi de suite, mais elles ajoutent aussi
à cela toutes sortes de panneaux de publicité
extérieurs.
J'aimerais que le ministre édicte, dans les règlements,
des exigences en ce qui concerne la langue utilisée par les
sociétés pétrolières. Il arrive très souvent
que l'on fasse de l'affichage français, mais avec un délai de
cinq ou six mois par rapport à ce qui nous a d'abord été
présenté en anglais. Je n'entre pas dans le détail, mais
je vous avoue que quand je regarde, par exemple, le hockey à la
télévision et que je vois la publicité que l'on fait aux
produits de la société Esso, je suis toujours irrité quand
on me parle de pneus "grip-safe Atlas" et de "waterguard" et tout le bazar.
Evidemment, ces sociétés-là pourraient trouver des noms
français.
Je demanderais peut-être au ministre d'inclure dans la
réglementation des prescriptions imperatives sur la publicité
française dans tous les établissements où l'on vend des
produits pétroliers, comme on l'a d'ailleurs déjà fait en
ce qui concerne les produits alimentaires.
Naturellement, ça ne peut pas se faire dans une journée,
il y a un vocabulaire pétrochimique qui est en préparation ou qui
doit être
terminé au ministère des Affaires culturelles et le
gouvernement devra l'utiliser. On en avait fait faire un d'ailleurs pour
l'implantation de la Golden Eagle. Il faut habituer ces sociétés
à nous traiter comme elles traitent leurs clients allemands ou leurs
clients japonais, dans leur langue.
La sorte de bilinguisme qu'elles pratiquent n'est pas, à tous
égards, très rassurante et exemplaire. On veut bien nous donner
de temps en temps un petit suçon, en nous mettant un sous-titre
français, mais on devra insister pour que toute la publicité soit
faite d'abord en français et que tout ce qui apparaît à
première vue soit en français.
Vous avez remarqué ces sortes de panneaux qui ressemblent
à ceux que portent les hommes-sandwichs. C'est assez rare que vous voyez
d'abord la partie française. On le tourne et on nous met toujours le
truc anglais.
Je ne demande pas au ministre de faire le tour de toutes les
stations-service mais ses inspecteurs pourront voir à ça; ce
point entre dans le cas des règlements. Je signale ce
problème-là au ministre puisque nous sommes dans un processus de
travail en vue de donner au français son caractère
prioritaire.
M. BIENVENUE: On pourrait mettre "coquille" au lieu de "Shell".
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Là, écoutez, lorsqu'il s'agit
d'un nom propre! Moi, je m'appelle Tremblay, en anglais je ne sais pas comment
on traduirait ça ou vice versa.
UNE VOIX: Shake.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand je m'appelle Jean-Noël, ça
ne se traduit pas, un nom propre. Et Bienvenue, on n'est pas pour appeler le
député M. Welcome. Evidemment on dit la société
Shell, la société Esso, comme on dit la société
Renault. S'il s'agit d'un nom propre, mais quant au reste, il faudra y
voir.
Mais, quand on donne un nom à un produit comme le pneu
"waterguard Atlas", et tous ces trucs-là, je vous assure que c'est
irritant pour les consommateurs québécois. Je signale ça
au ministre.
M. MASSE (Arthabaska): J'en prends note.
Il faudrait bien voir que la réglementation que nous voulons
élaborer va toucher davantage aux nonnes, à la qualité du
produit qu'à tout l'aspect de la commercialisation des produits
pétroliers, dans un premier temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le ministre, il ne vous est pas
interdit dans la réglementation d'ajouter un petit quelque chose pour
réglementer aussi la publicité. Là, vous auriez la porte
ouverte pour appliquer mes excellentes et géniales recommandations. On
va vous les soumettre tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: L'article 4 est adopté. Article 5?
M. TETRAULT: M. le Président, l'article 5 dit: "Pour veiller
à l'application de la présente loi, un inspecteur en chef et des
inspecteurs sont nommés et rémunérés suivant la Loi
de la fonction publique." Est-ce que le ministre peut nous dire de quelle
façon il va choisir ces inspecteurs et sur quels critères il va
se baser afin que ces inspecteurs-là soient compétents pour
mettre cette loi en application?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, il y a des
critères et des normes établis par la Fonction publique, et nous
n'avons pas l'intention, pour ce genre d'engagement, de déroger à
ces exigences-là qui se trouvent quelque part, à la Fonction
publique. La procédure d'engagement sera exactement la même que
pour tout autre fonctionnaire du gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce
sujet-là, je pense que mon collègue d'Abitibi-Est a raison. On
dit: "Un inspecteur en chef et des inspecteurs sont nommés et
rémunérés suivant la Loi de la Fonction publique."
D'accord, mais est-ce que le ministre peut me dire, lui qui connaît
très bien la Loi de la Fonction publique, l'ensemble des conventions
collectives dans tous leurs détails, s'il existe une catégorie de
gens qui s'appelleraient, par exemple, inspecteurs de produits
pétroliers? Est-ce que ça existe comme tel dans la Loi de la
Fonction publique, à l'heure actuelle?
M. MASSE (Arthabaska): Actuellement, ça me surprendrait que
ça existe, mais il y a certainement des définitions de
tâches, même si ça n'existe pas, qui pourront être
apportées à la suite de l'adoption de cette loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est important, M. le Président, que
le ministre y voie tout de suite. Quand j'étais ministre des Affaires
culturelles, moi, on a dû créer un type d'emploi, le poste d'agent
culturel. On a été obligé de se battre au sens
naturellement verbal et intellectuel du terme avec des fonctionnaires
supérieurs de la Fonction publique, qui étaient de bonne foi,
pour leur faire admettre qu'un agent culturel, un animateur culturel, ça
devait correspondre à telles ou telles normes, à tels ou tels
critères, à tel type de compétence.
Ici, on crée un poste d'inspecteur qui suppose qu'on va faire
appel à des gens. Ces gens-là, s'ils ont à appliquer la
réglementation qui va être édictée par le
lieutenant-gouverneur particulièrement, à l'article 18, il
y a une longue énumération vont être obligés
de s'occuper des nonnes concernant les établissements, les
véhicules de transport, la façon de transporter, la
qualité des produits pétroliers. Vous imaginez l'ensemble de
catégories de spécialistes que ça va demander.
Celui qui va aller voir comment l'établissement est
organisé, bien, ça va être un inspecteur du type de ceux
qu'on retrouve aux Travaux publics.
Celui qui va aller examiner le produit pétrolier comme tel, il va
quand même falloir qu'il ait des connaissances chimiques et qu'il
connaisse un peu ce qu'est la pétrochimie. Par conséquent, le
ministre aura du travail à faire pour préparer une série
de gens, qui ne devront pas être choisis au hasard, puisqu'ils
deviendront des fonctionnaires aux termes de la Loi de la Fonction
publique.
Je demande au ministre de consulter tout de suite le ministre et les
fonctionnaires supérieurs de la Fonction publique pour établir
des normes de compétence. Dès qu'il mettra la loi en application,
cela va demander du monde. Le ministre n'est peut-être pas capable de me
dire ce qu'il a dans l'esprit comme nombre d'inspecteurs nécessaires
pour mettre la loi en application. Le ministre aura à requérir
les services de gens dûment qualifiés et cela pour ne pas
être obligé d'avoir recours aux normes de reconnaissance. Le
ministre me comprend, quand je parle de cela.
Je le prie de travailler avec le ministre de la Fonction publique et
surtout de ne pas consulter le ministre actuel de la Voirie et des Travaux
publics. Il s'agit de compétence et non pas de reconnaissance.
M. MASSE (Arthabaska): Chacun ses fonctions. C'est une évidence
que nous avons à travailler pour déterminer ces normes afin
d'être prêts lors de l'adoption de la loi et des règlements.
C'est évident.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas encore commencé...
M. MASSE (Arthabaska): Pas encore.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... alors que le ministre nous disait qu'il y
avait urgence d'adopter la loi? Je m'étonne encore qu'il soit
obligé de me dire qu'il n'a même pas commencé à
préparer les gens qui vont devoir l'appliquer.
M. MASSE (Arthabaska): Je suis bien d'accord. Si on se prononce d'une
façon défavorable sur le bill 90, il serait inutile d'engager des
inspecteurs ou de prévoir des définitions de tâches aussi
longtemps qu'on n'aura pas d'abord adopté le bill 90. A mon avis,
pendant la rédaction des règlements il y aura suffisamment de
temps pour élaborer les normes ou les exigences d'engagement de ce genre
d'inspecteurs.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je suis un peu inquiet. Je suis très
inquiet de ce que vient de dire le ministre. Le ministre nous a dit: Il y a
urgence, là, il nous dit: Si on ne se prononce pas en faveur de la
loi... C'est hors de propos, nous nous sommes prononcés, nous l'avons
adoptée sans même demander que la question soit mise aux voix.
M. MASSE (Arthabaska): Il faut dire que cela s'est fait hier.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Cela s'est fait, alors nous l'avons
adoptée. Le ministre va devoir bientôt rédiger les
règlements et mettre la loi en application. Je ne sais pas si le
ministre a déjà eu besoin de fonctionnaires à son
ministère, je ne sais pas s'il est au courant de la lenteur de la
machine administrative.
M. MASSE (Arthabaska): Oui, parfaitement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il arrive que cela prenne un an et demi pour
avoir un portier, un garçon d'ascenseur dans un édifice du
gouvernement. Là, il s'agit de gens spécialisés.
Imaginez les inspecteurs qui iront vérifier la qualité du
pétrole, de l'essence. Cela va prendre des gens qualifiés. Je dis
au ministre qu'il est plus que temps, si tant est que cette loi est urgente,
qu'il s'abouche avec son collègue de la Fonction publique pour
préparer ces inspecteurs afin qu'ils répondent aux normes de
compétence et non pas de reconnaissance dont je parlais tout à
l'heure.
M. MASSE (Arthabaska): Dès vendredi. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Pardon? M. MASSE (Arthabaska): Dès demain.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dès demain, mais ce n'est pas demain,
M. le Président, c'est hier que ça aurait dû se faire.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté.
Article 6.
L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, à l'article 6, j'aimerais
faire une suggestion au ministre: "Tout inspecteur peut, dans l'exercice de ses
fonctions, pénétrer à toute heure raisonnable dans tout
établissement."
Lors de l'étude du bill no 48, le ministre nous a
présenté des heures, soit de 9 heures à 21 heures et du
lundi au samedi. Ne pourrions-nous pas intégrer dans cet article 6 une
période ou une heure limite où l'inspecteur peut aller faire ses
vérifications et dire que ce sera de tel jour à tel jour?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense bien que pénétrer à
toute heure raisonnable dans tout établissement...
M. TETRAULT: ...c'est un homme raisonnable.
M. MASSE (Arthabaska): ...cela s'adapte bien à ce genre de
commerce qui peut être ouvert 24 heures par jour. Personnellement, je
pense qu'il est préférable de laisser les termes de l'article 6
tels quels dans les circonstances. Il peut également y avoir des
urgences d'intervenir ou toute autre raison, mais la principale, je pense que
c'est le fait que ce genre de commerce est ouvert, surtout dans les
stations-service, presque 24 heures par jour.
M. TETRAULT: Oui, mais, M. le Président, au sens de la loi
je suis loin d'être juriste ou quoi que ce soit du genre est-ce
que toute heure raisonnable ne veut pas dire de 9 heures à 17
heures?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que c'est une question de jugement, il
n'y a pas de chiffre comme de 7 heures à 10 heures.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais les fonctionnaires se rendent toujours
là à des heures raisonnables.
M. TETRAULT: Très raisonnables.
M. LE PRESIDENT: Sur ce constat, article 6, adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 7.
M. LESSARD: A l'article 7, M. le Président, je veux simplement
faire une remarque. On dit: "Tout inspecteur peut exiger d'un détenteur
de permis toute information relative à l'application de la
présente loi et des règlements."
A ce que je sache, à moins que le ministre ne démontre
qu'il en est autrement, je ne vois pas qu'il y ait une amende prévue si
ces personnes fournissent des mauvais renseignements ou ne veulent pas tout
simplement fournir les informations nécessaires. Je crois que des
amendes sont prévues lorsqu'une personne exploite un commerce...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'excuse, c'est prévu à
l'article 16.
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement, s'il y a refus de donner des
informations, on n'accorde pas de permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est une façon de ne pas se soumettre
à la loi.
M. LESSARD: Ah bon! Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 7, adopté. Article 8.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Article 9.
M. LESSARD: A l'article 9, M. le Président, je rejoins ici, je
crois, la préoccupation du ministre. Nous avons changé ce matin
la définition du terme "exploitant". Dans notre définition du
terme "exploitant" nous comprenons actuellement une société,
c'est-à-dire qu'en plus d'une personne individuelle, nous acceptons
qu'une société puisse être "exploitant". Si on veut
protéger le petit distributeur et empêcher que les grosses
sociétés s'emparent du commerce au détail des produits
pétroliers, je pense qu'il faudra prévoir un amendement à
cet article. J'en avais préparé un. Cependant, étant
donné qu'on a changé la définition du terme "exploitant"
mon amendement ne s'applique plus.
Est-il bien dans les préoccupations du ministre de faire en sorte
que la distribution des produits pétroliers, c'est-à-dire le
commerce de. détail appartienne aux petits distributeurs et ne puisse
être contrôlé par les grandes sociétés
pétrolières? Si c'est là l'une des préoccupations
du ministre, il faudrait le prévoir dans la loi, et l'article 9 ne
protège plus, en ce sens, le petit distributeur.
Personnellement, cependant, je n'ai pas de suggestion à
faire.
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que, par l'article 18 c), où on
dit "déterminer les catégories de permis, de même que les
conditions et restrictions afférentes à chaque catégorie;"
c'est prévu par règlement.
M. LESSARD: Voici, vous pouvez déterminer les catégories
de permis, mais cela n'empêche pas aussi...
M. MASSE (Arthabaska): Les restrictions aussi...
M. LESSARD: C'est justement, cela n'empêche pas le fait qu'une
autre entreprise, tout en ayant différentes catégories de permis,
puisse s'emparer, par exemple, du commerce de détail et faire
disparaître ainsi le petit distributeur, ce qu'on appelle actuellement
soit le locataire ou le propriétaire d'une station-service. En
français, c'est station-service?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Station-service.
M. LESSARD: Est-ce qu'actuellement cela existe de grosses
sociétés qui administrent des stations-service? Si cela n'existe
pas et si on veut protéger le petit distributeur, il faudrait
prévoir dans la loi que les permis, par exemple, de distribution des
produits pétroliers au niveau
du commerce du détail soient soumis à certaines normes, en
particulier, que cela appartienne au petit distributeur et non pas aux grosses
sociétés.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est une
préoccupation que nous avons évoquée ce matin. Nous
l'avons reprise à tour de rôle, le député de
Saguenay et moi, mais il reste que dans l'article 18, je viens tout de suite au
paragraphe c): "déterminer les catégories de permis de même
que les conditions et restrictions afférentes à chaque
catégorie." Il y a déjà une protection, et je crois que le
ministre, lorsqu'il fera faire la rédaction de ces règlements,
pourrait aux termes "restrictions et conditions", indiquer qu'il ne peut pas y
avoir, si je peux dire, une sorte de monopole, c'est-à-dire qu'une
société s'emparerait d'une série de permis, ou serait, de
façon directe ou indirecte, détenteur ou détentrice de
plusieurs permis à la fois, privant ainsi les petits commerçants
des possibilités qu'ils auraient de tenir tel commerce. Alors, je crois
que dans cette réglementation-ci, nous aurons l'occasion de la voir
d'ailleurs en commission parlementaire, nous allons pouvoir examiner exactement
s'il y a protection. Alors, j'invite le ministre à y penser tout de
suite pour empêcher que ne se constituent de façon occulte des
monopoles qui iraient dans le sens des intérêts des grandes
entreprises pétrolières.
M. MASSE (Arthabaska): C'est exact, en amendant l'article lb), je pense
que nous avons fait part que nous voulions garantir une certaine protection du
petit détaillant par rapport à la grande entreprise.
Effectivement, je pense que le député de Saguenay pourra formuler
ses préoccupations lors de l'étude des règlements en
commission. C'est par cette voie qu'on pourra régler le problème
que vous soulevez.
M. LESSARD: D'accord, j'accepte d'attendre les règlements.
M. LE PRESIDENT: Article 9?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'article 10, juste une petite observation
très rapide. On dit "tout exploitant qui sollicite un permis doit
transmettre sa demande, etc." J'ai indiqué hier au ministre qu'il ne
faudrait pas que ce genre de requête soit quelque chose de complexe, de
compliqué, de difficile et que cela permette, enfin, que cela donne
l'occasion aux messieurs qui s'occupent des choses légales, les avocats,
de faire de l'argent, en somme, au désavantage des requérants. Je
voudrais que, dans les règlements, ce soit simple et que ce soit bien
plus simple que ce qu'on est obligé de faire lors- qu'on veut avoir un
petit, un modeste permis pour faire la vente de la bière dans une
épicerie. Alors, j'invite le ministre ici à prier...
M. MASSE (Arthabaska): C'est notre objectif, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Ses rédacteurs d'être
très circonspects, parce que lorsque nous examinerons les
règlements, nous verrons aussi à protéger les gens pour
qu'ils ne soient pas pris dans un dédale de procédures qui les
amènent ensuite à requérir les services d'avocats qui,
eux, ont des honoraires qu'on connaît.
M. MASSE (Arthabaska): Parfaitement d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 10, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec tout le respect que je vous dois, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Article 11? Adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Article 11, adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 12?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté. Un instant. A l'article 11, M.
le Président, il est dit: "Tout permis expire un an après la date
de sa délivrance;". C'est un mot qui me fait tiquer. Il faudrait dire:
la date de son émission. On émet...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi propose
que le mot "délivrance" soit remplacé par le mot
"émission".
M. LESSARD: C'est pour un accouchement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On dit cela d'une femme qui accouche.
M. LE PRESIDENT: Après la date de son émission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ça, l'émission.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est adopté et l'article 11 est
adopté tel qu'amendé. Article 12?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Accepté. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 13?
M. TETRAULT: M. le Président, à l'article 13,...
M. CLOUTIER (Montmagny): Un instant, M. le Président, maintenant
que nous avons
modifié la définition du mot "exploitant", est-ce qu'il y
a une concordance à faire à l'article 12?
M. MASSE (Arthabaska): Non.
M. CLOUTIER (Montmagny): D'accord.
M. LE PRESIDENT: L'article 12, adopté.
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est parce que c'est un peu plus large que les
définitions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Est.
M. TETRAULT: M. le Président, à l'article 13, on dit: "Un
permis ne vaut que pour les activités et les produits pétroliers
qui y sont visés." Une personne qui vend un certain produit et veut,
plus tard, en vendre un autre, est-il obligé de repasser par tout le
processus pour obtenir un nouveau permis ou est-ce que le ministre se laisse la
possibilité de le rattacher strictement à la demande du nouveau
produit qu'il va vendre?
M. MASSE (Arthabaska): Le permis que possédera vraiment
l'exploitant limitera, en termes des produits pétroliers, son action.
S'il y avait un autre produit pétrolier qu'il voulait ajouter, je ne
sais pas mais si quelqu'un vend de l'essence dans une station-service et qu'en
même temps, il veut vendre de l'essence et de l'huile à chauffage,
il faudra qu'il demande un nouveau permis qui lui donne le droit d'exercer cet
autre commerce.
M. TETRAULT: Donc, il va demander un nouveau permis strictement pour
l'huile à chauffage.
M. MASSE (Arthabaska): Oui, oui! Tout dépend de l'exemple. Je ne
peux pas dire...
M. TETRAULT: Non, non! mais nous allons nous servir de l'exemple que
vous donnez là. Le gars vend de l'essence et il veut vendre de l'huile
à chauffage. Donc, il demande un permis strictement pour l'huile
à chauffage.
M. MASSE (Arthabaska): Bien, je pense que lorsque nous allons
définir les catégories de permis, nous allons faire une
distinction bien claire entre les différents permis. A ce
moment-là, probablement qu'il faudra deux permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Maintenant...
M. MASSE (Arthabaska): C'est un exemple que nous pouvons reprendre
à partir des règlements.
M. TETRAULT: Pour la nouvelle demande, la personne va être
obligée de demander un nouveau permis. Mais, lorsque l'on dit que le
renouvellement va être fait s'il est prescrit aux lois, est-ce que, pour
la deuxième année ou l'année qui va suivre, la personne
est obligée d'avoir deux permis pour son établissement ou est-ce
qu'elle peut utiliser un permis qui va être global?
M. MASSE (Arthabaska): Tout dépend de la nature des permis. En
somme, la question que vous posez est reliée au texte des
règlements où nous aurons à établir les
différentes catégories de permis et cela à partir de la
définition que nous pourrons clarifier de produits pétroliers,
par règlement.
Alors, aussi longtemps que les règlements ne seront pas
acceptés, je ne peux pas répondre à cette question.
M. LE PRESIDENT (Blank): Article 13, adopté?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. Article 13, adopté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 14?
UNE VOIX: Adopté.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 15?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 16?
M. LESSARD: M. le Président, à l'article 16, disons que
l'amendement couvrait l'article 17. Mais je me demande s'il n'irait pas mieux
à l'article 16 étant donné qu'à l'article 16: "Le
ministre a le pouvoir de suspendre ou d'annuler le permis de toute
personne...". Je soumets ici un amendement, quoique l'article 7 parle aussi de
certaines informations qui doivent être données à la
demande de l'inspecteur par l'entreprise.
Cependant, nous avons déjà eu, il y a quelque temps,
certaines difficultés à obtenir certains renseignements des
entreprises pétrolières, en particulier lorsque nous avons
demandé au ministre des Institutions financières de faire
enquête sur l'augmentation des produits pétroliers. Le ministre
nous avait laissé entendre, à ce moment-là, qu'il
était bien difficile pour lui d'obtenir les informations
nécessaires. Alors, étant donné que l'émission des
permis se fera maintenant par le ministre des Richesses naturelles, je me
demande si nous ne devrions pas ajouter un paragraphe à l'article 16 qui
se lirait comme suit: "Le ministre ou la personne qu'il désigne à
cette fin peut en tout temps ordonner à tout détenteur de permis
ou à toute personne engagée dans le commerce des produits
pétroliers de lui fournir toute information
générale ou spécifique qu'il indique". Il est
certain que dans l'article 7, on dit de leur fournir toute information relative
à l'application de la présente loi. Mais il y a d'autres
informations qui peuvent nous être nécessaires et qui ne sont pas
nécessairement relatives à l'application de la présente
loi.
Le ministre, dans son discours de deuxième lecture, nous disait
que ce projet de loi allait permettre, justement, d'obtenir certains
renseignements nécessaires pour l'élaboration d'une politique
énergétique.
Je continue: "De plus, le lieutenant-gouverneur en conseil peut charger
une personne qu'il désigne de faire enquête sur quelque
matière se rapportant au commerce des produits pétroliers. La
personne ainsi désignée est investie, pour les fins de
l'enquête, des pouvoirs et des immunités d'un commissaire
nommé en vertu de la Loi des commissions d'enquête".
M. le Président, je soumets cet amendement dans le but,
justement, d'aider le ministre à obtenir les renseignements qui
pourraient lui être nécessaires pour l'élaboration d'une
politique énergétique, renseignements qui, à mon sens, ne
pourraient être obtenus en vertu de l'article 7. Si le ministre pouvait
faire des commentaires à ce sujet ou si le ministre pouvait m'indiquer
de quelle façon il peut obtenir ces renseignements sans l'inscrire dans
la loi...
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense qu'il n'est pas
nécessaire, à mon avis, pour les fins que poursuit l'amendement,
d'apporter des changements. On a l'article 7 et aussi l'article 18 où on
dit: "Déterminer les rapports que doivent fournir les détenteurs
de permis ainsi que leur forme et leur teneur".
M. LESSARD: A quel endroit?
M. MASSE (Arthabaska): A l'article 18f). Parce que la formulation de
l'article 7 qu'en fait le député de Saguenay ouvre la porte
à toutes sortes d'informations et autant de revenus qu'autrement, quand
on dit: "Toute information générale ou spécifique".
M. LESSARD: Oui.
M. MASSE (Arthabaska): Par l'article 18f), on atteint exactement le
même but.
M. LE PRESIDENT: Article 16, adopté?
M. LESSARD: D'accord.
M. CLOUTIER (Montmagny): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 17.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, par l'article 17, le
ministre peut refuser de délivrer un permis et il doit notifier par
écrit sa décision.
Quel serait le recours pour cette personne qui a sollicité un
permis du ministère des Richesses naturelles, à qui le permis a
été refusé pour des considérations qu'a
indiquées le ministre par écrit et, évidemment, qui se
voit frustrée des désirs qu'elle avait d'exploiter un commerce en
vertu de cette loi? Quel serait le recours qu'aurait cette personne à
part que de s'adresser au protecteur du citoyen?
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que le seul recours qui lui reste, c'est
le recours au protecteur du citoyen.
M. CLOUTIER (Arthabaska): Je pense que le recours, même si c'est
un recours normal la Loi du protecteur du citoyen est là pour
s'en servir vous admettez avec moi que pour l'individu qui, de bonne
foi, a demandé un permis au ministre des Richesses naturelles, qui a une
réponse négative... Selon l'avis du ministre des Richesses
naturelles, par ses fonctionnaires, on doit lui refuser le permis. Mais il
n'est pas dit que le ministre et ses fonctionnaires ont le monopole de la
vérité et des bonnes décisions.
Je pense qu'il devrait y avoir une protection que le demandeur pourrait
utiliser et qui serait beaucoup plus facile et beaucoup plus rapide que celle
du recours au Protecteur du citoyen, ne serait-ce que pour soulager le
Protecteur du citoyen, qui est déjà surchargé de travail
avec d'autres lois.
M. CARDINAL: Si le président me le permet, en fait, quand on
parle de recours au Protecteur du citoyen, ce n'est pas un recours, parce que
c'est simplement une plainte qui est faite et un avis qui est donné.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un tribunal.
M. CARDINAL: Ce n'est pas un appel. Par conséquent, le ministre
ou ses fonctionnaires reçoivent un avis du Protecteur du citoyen, avis
par lequel ils ne sont pas liés, avis qu'ils peuvent lire avec attention
et intérêt et mettre tout simplement dans un dossier. Ceci dit
sans imputer aucune mauvaise intention à qui que ce soit.
C'est différent d'un recours au sens juridique qui a le sens du
mot appel à ce moment-là. Il y a plusieurs lois qui
prévoient des appels à la Régie des services publics, par
exemple, à la suite de la décision du ministre. Enfin, le recours
au Protecteur du citoyen, c'est purement le droit de se plaindre à
quelqu'un qui va donner un avis et cet avis peut rester lettre morte. En effet,
si le ministre considère qu'il a raison, il n'est pas lié par
l'avis du Protecteur du citoyen et ce n'est pas ce qu'on peut appeler un
recours ou un droit d'appel.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, si vous me le
permettez, je vais faire allusion à la loi no 65, qui est actuellement
devant la Chambre en comité plénier, où on a toute une
série d'articles qui prévoient des recours pour celui qui
exploite un établissement, qui a un permis, qui en demande un, qui en a
un qui n'est pas renouvelé ou qui est annulé, enfin, pour toutes
sortes de raisons.
Le législateur a cru bon dans sa loi, aux articles 104 et
suivants, dans une section intitulée "Suspension, annulation, refus de
renouvellement de permis, appel", de prévoir des appels devant trois
juges de la cour d'Appel pour des décisions rendues par le ministre.
C'est une protection nécessaire dans le commerce...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De droit commun.
M. CLOUTIER (Montmagny): ... de droit commun, ou surtout l'importance
des investissements peut être en cause. Si vous avez un distributeur ou
un détaillant qui exploite un poste d'essence ou un réseau de
distribution, qui a un ou des établissements, qui a de
l'équipement, des camions, ça peut représenter un
investissement assez considérable. Du jour au lendemain, par la seule
décision du ministre, il pourra se retrouver sans permis d'exploitation
de son commerce. Je pense qu'il y a disproportion entre les pouvoirs du
ministre et les recours de l'appelant.
M. MASSE (Arthabaska): Nous aurions pu inclure un droit d'appel, comme
il y en a un dans la loi, entre autres, qui est drôlement ressemblante,
des matériaux de rembourrage. On y retrouve un droit d'appel à
l'article 26. Nous ne l'avons pas inclus ici pour tenter de réduire
d'abord les frais, autant pour le plaignant que pour le gouvernement. Je n'ai
pas d'objection à ajouter le droit d'appel dans le bill no 90.
M. CLOUTIER (Montmagny): De toute façon, je ne dis pas que nous
devrions aller aussi loin que dans la loi no 65, mais on devrait
prévoir, sous une forme quelconque, un droit d'appel. Il n'est pas
nécessaire de recourir à trois juges de la cour d'Appel, mais, de
toute façon, il faudrait le prévoir.
M. MASSE (Arthabaska): Si vous n'avez pas d'objection, peut-être
pourrions-nous suspendre l'article 17 pour que vous nous fassiez des
propositions, parce que, là, il va y avoir plusieurs articles à
ajouter.
M. CARDINAL: Est-ce que le président me permettrait de faire une
suggestion générale au ministre pour alimenter sa
réflexion?
Dans les lois d'impôt du Québec, impôt sur le revenu
ou impôt sur les successions, il y a appel non pas devant les tribunaux,
mais il y a appel de décisions des fonctionnaires ou du ministre
à la Régie des services publics. Je ne dis pas que ce soit le
meilleur moyen d'appel, parce qu'on sait que la régie a des appels qui
viennent de partout et que c'est très lent.
M. MASSE (Arthabaska): Je me demande si c'est plus efficace que...
M. CARDINAL: Justement, je ne sais pas, mais je souligne quand
même que si on veut se référer à d'autres lois, il
existe déjà des systèmes d'appel dans d'autres lois. Vos
légistes peuvent certainement en trouver un dans un des nombreux statuts
que nous supportons au Québec.
M. MASSE (Arthabaska): D'accord.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous suspendrions et
avant que...
M. LE PRESIDENT: Article 18.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous suspendions l'article, j'aimerais
souligner au ministre un problème de rédaction à l'article
17. Il faudrait dire: Le ministre doit, par écrit, informer de sa
décision la personne à qui il refuse d'accorder un permis ou dont
il suspend ou annule le permis, parce que "notifier par écrit" est un
anglicisme, puis "délivrer un permis" est un anglicisme. L'article se
lirait donc comme ceci: Le ministre doit, par écrit, informer de sa
décision la personne à qui il refuse d'accorder un permis ou dont
il suspend ou annule le permis. C'est un problème de rédaction
française.
M. MASSE (Arthabaska): D'accord, on va l'envoyer aux fonctionnaires.
M. LE PRESIDENT: C'est un amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre va accepter ça?
M. MASSE (Arthabaska): Absolument.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'article est donc suspendu.
M. CARDINAL: Quant au fond et quant à la forme.
M. MASSE (Arthabaska): Disons que le légiste va nous faire une
proposition tout à l'heure pour répondre à l'objection du
député de Montmagny. On pourrait donc laisser l'article 17 en
suspens.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... honnête, alors on va laisser
ça en suspens.
M. LE PRESIDENT: Article 17 en suspens. Article 18.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez quelque chose à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien moi, j'aurai un amendement à la
toute fin.
M. LESSARD: Moi, j'aurais un amendement à c), et celui-là,
M. le ministre, j'y tiens. M. le Président, c'est qu'on dit à c)
"déterminer les catégories de permis, de même que les
conditions et restrictions afférentes à chaque catégorie".
J'ajouterais "et les normes régissant leur attribution". C'est que je
crois qu'il faut déterminer exactement quelles sont les normes qui vont
régir l'attribution des permis, d'abord à cause du danger
et ce n'est pas une accusation que je porte auprès du ministre, que ce
soit un parti ou l'autre de patronage qui peut se produire dans
l'émission de ces permis c'est possible, d'autant plus que tout
à l'heure on a mentionné qu'on n'avait pas de possibilité
d'appel mais surtout à cause du danger de la multiplication des
stations-service.
J'ai dit hier, M. le Président, que le ministre ne
réglerait pas la multiplication des stations-service, le
développement des distributeurs et des commerces de produits
pétroliers tant et aussi longtemps qu'on n'établirait pas des
normes de distribution. Par exemple, actuellement, au niveau des
municipalités je pense que le gouvernement devrait se pencher sur
ce problème il n'y a aucune norme d'attribution des permis de
stations-service.
Il peut très bien arriver, par exemple, qu'une compagnie Fina
établisse un poste à un coin de rue, puis que tout à coup,
quelque temps après, à 500 ou 600 pieds plus loin, ou à un
demi-mille plus loin, on établisse un autre poste, avec comme
conséquence qu'on assiste, comme le ministre le soulignait tout à
l'heure, à l'entrée dans ce commerce d'une série
d'aventuriers et que les gens qui veulent se faire une véritable
spécialité avec un service satisfaisant dans ce commerce sont
soumis à une concurrence intense.
Non pas parce que ce sont d'abord des particuliers qui se construisent,
mais, comme je le soulignais, parce que ce sont les compagnies mêmes qui
profitent de cela et qui amènent aussi la multiplication des
stations-service.
Je pense que, dans les règlements, il serait très
important d'émettre des normes régissant non seulement
l'attribution des permis mais aussi tenant compte des besoins
économiques d'une région, des besoins économiques d'une
municipalité. On sait que ces gens-là, qui s'établissent
et qui se font une profession de la distribution du pétrole, par exemple
le député de Chicoutimi soulignait tout à l'heure
le fait qu'on multiplie les petites quincailleries qui vendent des produits
pétroliers ont une concurrence d'un peu partout.
Si on veut vraiment avoir des stations-service qui ne changeront pas de
mains tous les trois ou six mois, comme on le voit actuellement on est
rendu qu'on va à une station-service et que ce n'est jamais le
même propriétaire il va falloir que ces gens-là
soient protégés contre une concurrence déloyale
amenée bien souvent pas la grosse entreprise. C'est pour cela que je
demande que, dans les règlements que le ministre aura à faire, il
détermine des normes précises d'attribution et qu'il les inscrive
à l'article c). Je sais que probablement le ministre avait l'intention
de le faire, mais je voudrais qu'on l'inscrive à c), de telle
façon que ce soit précisé et qu'on soit sûr que les
prochains règlements vont toucher à ce
problème-là.
J'aurai un autre amendement à g), M. le Président.
M. PERREAULT: M. le Président, le député de
Saguenay n'est pas au courant qu'actuellement les normes d'attribution
d'endroits de location relèvent des cités et villes.
M. LESSARD: Oui, je le sais, j'en ai parlé.
M. PERREAULT: Nous avons le pouvoir, dans le moment, d'empêcher
l'installation de stations-service que nous ne voulons pas avoir dans nos plans
de zonage, d'urbanisme. Chez moi, dans la ville de l'Assomption, aucun poste
d'essence n'a été attribué dans le moment à cause
du règlement qui dit qu'aucune station-service ne peut se bâtir
à moins qu'elles ne soient à 2,500 pieds, à vol d'oiseau,
l'une de l'autre.
Nous sommes allés en cour d'Appel et nous avons gagné.
C'était dans les pouvoirs de la municipalité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce que dit le
député de L'Assomption est juste, exact, mais là, on
légifère pour tout le Québec. C'est le gouvernement qui
légifère. Il ne donne pas de droits à des villes ou
à des municipalités il prend sur lui de régir le commerce
des produits pétroliers. Par conséquent, il veut assumer des
responsabilités qu'il a peut-être données à d'autres
instances. Dans le cas de l'attribution des permis, je ne crois pas qu'il y ait
aucune objection à accepter la proposition du député de
Saguenay concernant les nonnes régissant leur attribution.
Il n'y a pas seulement la question de la location, là, des
endroits où ils se trouvent situés. Il y a aussi le
problème des entreprises mixtes. Vous pouvez avoir une station-service,
un poste d'essence, comme on l'appelle communément, et avoir aussi, en
même temps, un garage où on fait de la mécanique ou un
garage où l'on fait simplement du lavage et de petites
réparations mineures, comme changer des pneus et des choses comme cela.
Dans les normes d'attribution, il faut bien indiuquer à qui va
être donné le permis, à quelles conditions et ce que la
personne en faveur de qui le permis sera émis sera autorisée
à faire ou ce qu'on lui interdira.
La proposition du député de Saguenay me paraît
s'articuler très normalement, très logiquement au paragraphe c)
des règlements que devra édicter le lieutenant-gouverneur en
conseil. Nonobstant l'existence des droits et privilèges de ce qu'on
appelle encore c'est un anglicisme les cités et villes, il
reste que le gouvernement nous propose une loi qui va régir le commerce
des produits pétroliers par tout le territoire du Québec.
Donc, il reprend ou assume une responsabilité et s'il
édicte des règlements qui sont suffisamment précis,
clairs, il indiquera aux municipalités ce qu'elles ont à faire en
même temps. Parce que les municipalités, vous savez, ne sont que
des émanations de l'autorité centrale qui est le
gouvernement.
Alors, je ne vois rien d'exorbitant dans la demande du
député de Saguenay qui rejoint d'ailleurs les propositions que
nous avons faites tous ensemble et les propos que nous avons tenus hier en
seconde lecture.
Le ministre est-il prêt à accepter cet amendement?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, on ajoute une
portée très importante à l'article 18c) et, quant à
moi, c'est une préoccupation. Si nous nous en tenons à la
couverture ou à la protection des distributeurs actuels qui sont
déjà dans le secteur nous pouvons l'indiquer dans la loi, mais il
faudrait voir les implications en termes de responsabilités des
municipalités pour le zonage, tout ce qui concerne l'occupation du
territoire.
Il faut bien être conscient que ce qui est indiqué ici,
c'est uniquement le permis qui permettra à un locataire
propriétaire d'un emplacement qui serait fait pour la vente de l'essence
et le service, on en reste là, je veux dire qu'on en reste au commerce
lui-même, uniquement au permis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je pense que le ministre n'a pas compris
exactement toute la portée de cet amendement très important.
Voici ce qui arrive. On veut émettre des permis ce ne sont
pas là des discussions académiques, c'est très important
qu'on se fixe tout de suite le gouvernement a décidé de
légiférer dans le domaine du commerce des produits
pétroliers. Il établit une série de prescriptions qui vont
être impératives dont celles qui déterminent les conditions
selon lesquelles un permis pourra être émis.
Alors, le paragraphe c) dit: "Déterminer les catégories de
permis nous savons ce que cela veut dire, nous en avons
déjà discuté de même que les conditions et
restrictions afférentes à chaque catégorie de permis".
Cela touche le permis ut sic, mais ça ne touche pas la personne en
faveur de qui le permis va être émis. Qui va avoir les permis? De
quelle façon va-t-on les avoir? Comment, celui qui est requérant,
pourra-t-il, à un moment donné, obtenir un permis, si tout
à coup, dans une municipalité ou une ville, il y a un petit
groupe de gens qui disent: Celui-là n'aura pas son permis ou il l'aura
à condition de donner quelque chose? Quand nous vous parlons de
patronage, nous n'accusons pas le gouvernement, mais nous prenons, au nom des
citoyens, des précautions élémentaires, parce que, quand
on tient compte du nombre d'établissement de cette nature qui existent,
on se rend compte d'une chose, c'est que c'est devenu une jungle et que le
gouvernement, assumant et voulant assumer sa responsabilité, comme il se
doit, doit protéger les citoyens contre tout genre de trafic, de
tractation, dans ce domaine-là. Et il appartient à lui, qui est
l'autorité supérieure, au-dessus des villes et des autres
municipalités, de déterminer les normes d'attribution à
tel ou tel individu parce qu'à ce moment-là, ce n'est pas la
peine de parler de catégorie de permis, de condition et de restrictions
afférentes à chaque catégorie si on ne pense pas en
même temps à celui qui sera le détenteur du permis et qui
en jouira, ou qui en sera privé, le cas échéant, si on
applique des prescriptions punitives de la loi.
Je demande au ministre de réfléchir sérieusement
là-dessus, c'est un amendement très banal. Et pour clore la
discussion, pourquoi le ministre n'accepterait-il pas cet amendement? Pourquoi
n'accepterait-il pas cette responsabilité, qu'il a voulu assumer en nous
présentant cette loi, de mettre de l'ordre dans l'attribution des
permis, en définissant les conditions qui me permettront à moi,
par exemple, d'obtenir un permis conformément à la loi et aux
règlements.
Autrement, en dépit de tout ce qu'il y aura dans les
règlements qui seront édictés, le choix des personnes qui
deviendront détentrices de permis deviendra arbitraire. Il sera
laissé à l'arbitraire du gouvernement ou à l'arbitraire de
certains fonctionnaires ou à l'arbitraire de certaines
municipalités. C'est sérieux, ça! Je comprends très
bien ce que disait, tout à l'heure, le député de
l'Assomption. Je sais qu'il veut y revenir. J'attends ses explications. Je lui
demande à lui aussi, comme au ministre, de me dire pourquoi le
gouvernement, assumant une responsabilité dans un domaine comme
celui-là, ne définirait pas les normes régissant
l'attribution des permis.
M. GUAY: M. le Président, je pense que cet amendement est
très louable. Je me demande en même temps s'il n'y a pas là
un danger de restreindre un peu trop l'émission de permis. Quand on dit
"et les normes régissant leur attribution", je pense qu'il faut quand
même regarder les implications que cela peut avoir. On est très
heureux, à certains moments, de demander à un
établissement d'offrir un service tout à fait spécial. Je
pense, par exemple, à un service de dépannage, pour
l'échange d'une pièce d'automobile qui, normalement, ne se fait
pas à une
station-service. Si on limitait les services d'une façon aussi
détaillée que cela, je pense que ce serait peut-être
dangereux. Il y avait, bien sûr, des catégories de permis, mais,
à l'intérieur de l'émission des permis par
catégories, même si c'est assez précis, il ne faudrait
quand même pas brimer les services qu'on est en droit de demander d'un
établissement quelconque. C'est un danger que je signale au
ministre.
M. MASSE (Arthabaska): Je ne peux pas voir exactement de quelle
façon, en établissant les différentes catégories,
on empêche ou on touche aux services que le distributeur peut donner. Si
j'ai bien compris, c'est qu'on ne voudrait pas accabler, par une
catégorisation très complexe, le distributeur. C'est
ça?
M. GUAY: D'accord.
M. MASSE (Arthabaska): C'est dans ce sens-là. Nous aurons
l'occasion d'y revenir en commission parlementaire, lors de la discussion des
règlements.
M. GUAY: D'accord.
M. LESSARD: Quelques mots pour ajouter à ce que disait le
député de Chicoutimi. En ce qui concerne l'amendement soumis, je
comprends, comme on le disait tout à l'heure, qu'il appartient aux
municipalités d'émettre, à ce sujet, des genres de permis
commerciaux. Je suis bien d'accord avec ça. On apporte ici, devant
l'Assemblée nationale, une loi. Pourquoi? Parce que, actuellement, c'est
une véritable jungle dans l'émission de permis, en particulier
pour les stations-service.
Les municipalités, d'ailleurs, n'ont absolument aucune
planification dans ce sens-là. Il n'y a absolument rien. On émet
un permis à qui se construira. Donc, je crois qu'il est absolument
nécessaire de réglementer cela si on veut que cette loi soit
efficace et qu'elle protège ceux qui sont déjà dans ce
commerce. C'est important. Actuellement, il y a beaucoup de distributeurs de
produits pétroliers, il y a beaucoup de locataires ou de
propriétaires de stations-service, mais allons voir de quelle
façon ces gens-là vivent. Dans l'insécurité
complète, avec des salaires plus ou moins satisfaisants. Pourquoi? Parce
qu'ils ne savent jamais s'il ne s'établira pas un concurrent juste en
face d'eux. Alors, je crois que, comme dans tout autre commerce, il doit y
avoir un certain contrôle.
La Régie des alcools du Québec ne distribue pas des permis
d'épicerie à tout le monde à l'intérieur d'une
municipalité donnée. Il y a certaines normes qui existent. Alors,
dans le commerce des produits pétroliers, je crois que ces normes
devraient être édictées par le gouvernement. Lorsque cela
sera fait, les municipalités n'auront qu'à se soumettre aux
règlements qui seront édictés, puisque c'est le
gouvernement, quand même, qui doit chapeauter les municipalités et
déterminer leur plan d'urbanisme.
Oui, à partir des règlements qui existent.
Je crois que les pouvoirs des municipalités proviennent du
gouvernement, et si nous déterminons des règlements
généraux de l'émission des permis...
M. LEDUC: M. le Président, est-ce que le député me
permet une question?
M. LESSARD: Oui, allez-y.
M. LEDUC: Tantôt, vous avez mentionné, si j'ai bien
compris, mais je peux avoir mal compris, que le gouvernement devrait chapeauter
les municipalités. Vous avez mentionné aussi l'aspect
d'urbanisme. Est-ce que vous voulez dire que le gouverment devrait avoir la
responsabilité de faire les plans d'urbanismes pour les
municipalités?
M. LESSARD: M. le Président!
M. LEDUC: J'ai peut-être mal compris et j'ai eu
l'honnêteté, au début, dans mon préambule, de dire:
Peut-être que j'ai mal interprété ce que le
député voulait dire. Mais j'ai l'impression que cela devient
là une ingérence du gouvernement.
M. LESSARD: M. le Président, j'ai l'impression que le
député s'illusionne et pense tout simplement à sa
façon. Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit. D'ailleurs, c'est ce qui se
fait partout actuellement au niveau de l'urbanisme ou au niveau par exemple, de
la construction des égouts ou au niveau de tout ce qui se fait à
l'intérieur des municipalités. On vient de faire des lois-cadres
pour les municipalités. Le gouvernement détermine des cadres
généraux et les municipalités doivent se plier,
administrer à l'intérieur de ces cadres généraux,
que ce soit en ce qui concerne la police, que ce soit en ce qui concerne
l'urbanisme, que ce soit en ce qui concerne enfin tous les services qui peuvent
être donnés par une municipalité. Il ne s'agit pas
d'administrer à la place de la municipalité. Ce n'est pas le
gouvernement, par exemple, qui va dire exactement à celui qui va
demander un permis où il va se construire, c'est-à-dire qu'il
pourra exister, au niveau des règlements, certaines normes à ce
sujet. Mais les municipalités auront simplement des pouvoirs dans ce
domaine-là.
Cependant, en ce qui concerne l'émission comme telle,
c'est-à-dire les normes qui régissent leur attribution, les
normes générales, je pense que le gouvernement, s'il veut que sa
loi s'applique, que sa loi ait du sens, doit édicter ces normes
générales.
Deuxième chose, M. le Président, une autre raison pour
cela, c'est qu'aussi cela doit être fait non seulement pour
protéger le petit distributeur, et aussi en ce qui concerne, par
exemple, l'émission de permis au niveau des municipalités, mais
pour empêcher ce que font actuellement les compagnies. Nous savons que
les
compagnies, actuellement, sont intéressées à
investir considérablement dans les postes de service. Pourquoi? Parce
que cela leur permet, étant donné l'amortissement qu'elles
peuvent inclure quand elles font leurs rapports d'impôt, de faire des
déductions.
Je pense que les besoins des postes d'essence, cela doit être en
fonction des besoins économiques d'une région donnée. Il
ne faut pas, quand même, émettre des permis s'il n'y a pas un
besoin qui existe. Si, par exemple, on a besoin, dans une municipalité
donnée, de cinq postes de service, pourquoi donner dix permis, pourquoi
en donner sept? Cela veut donc dire que vous allez faire crever les cinq autres
qui sont déjà là, qui se sont fait un commerce de cela, et
qui le font d'une façon sérieuse. C'est dans ce sens-là
que je pense qu'il est extrêmement important d'émettre des normes
précises d'attribution des permis de telle façon qu'il y ait une
protection pour celui qui entrera à l'intérieur de ce commerce,
et qu'on n'ait pas une exploitation, comme cela existe actuellement, comme je
l'ai décrit hier à l'aide d'une lettre de l'Association des
automobilistes, de ces distributeurs. Il faut qu'il soit protégé
et qu'il ne voie pas, quelque temps après, une concurrence indue qui se
développerait à la suite d'un nouvel investissement que ferait
son entreprise.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je ne peux pas voir
toutes les implications par rapport aux autres lois, les lois municipales ou
autres. Mais disons que je n'ai pas d'objection, étant donné que
c'est la réglementation concernant les normes régissant leur
attribution, à ce qu'elles soient mûries.
Cela pourra avoir des limites en termes de normes de la part du
ministère des Richesses naturelles. Personnellement, je n'ai pas
d'objection à l'inclure dans la loi quitte, après cela, à
voir, quand nous aurons la discussion sur les règlements, quelles sont
les contraintes qui pourraient exister.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que cela veut dire, M. le
Président, que le ministre accepte l'amendement qui est
proposé?
M. MASSE (Arthabaska): Oui, oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre accepte?
M. MASSE (Arthabaska): Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, adopté.
M. PERREAULT: M. le Président, avant l'adoption, je voudrais
rappeler au député de Saguenay son affirmation à savoir
qu'il y avait une jungle dans à peu près toutes les villes. Je
désire ici démentir cette affirmation parce que plusieurs villes
ont un plan d'urbanisme.
M. LESSARD: M. le Président, ce n'est pas du tout ce que j'ai
dit. J'ai dit qu'il y avait une jungle dans le commerce des produits
pétroliers. Les députés libéraux sont en train de
rêver, M. le Président.
M. PERREAULT: Je vous ai dit que, dans plusieurs villes il y a un plan
d'urbanisme approuvé. Il n'y a pas cette jungle. Je vous dis que la
réglementation doit se faire par la loi-cadre d'urbanisme qui s'en
vient, non pas par cette loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre accepte l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Article 18 b), adopté tel qu'amendé.
Article 18 c).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18d).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18e).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18f).
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 18g).
M. LESSARD: A l'article 18g), M. le Président, j'ai un petit
amendement bien anodin. On dit, à 18g): "Régir l'entreposage, la
manutention et le transport..." J'ajouterais et "la mise en marché des
produits pétroliers". Alors, remplacer, au paragraphe g), les mots "et
le transport" par les mots "le transport et la mise en marché des
produits pétroliers". Je pense, M. le Président, que je n'ai pas
besoin de m'étendre longuement sur cela. C'est un des buts de cette loi
régir non seulement l'entreposage, la manutention et le transport des
produits pétroliers, mais de régir aussi la mise en marché
de ces produits.
M. MASSE (Arthabaska): M, le Président, nous n'avons pas voulu,
dans ce projet de loi, toucher d'abord, disons, la commercialisation des
produits pétroliers en termes de sécurité pour le
consommateur, en termes de sécurité de l'établissement
pour les distributeurs, mais en rester toujours à ce niveau en
n'intervenant pas par une loi semblable sur la structure des prix ou, comme le
voudrait le député de Saguenay, sur la mise en marché. Cet
amendement qui permettrait à l'article g), "le transport et la mise en
marché" donnerait des pouvoirs sur le plan de la détermination
des prix. C'est exact?
M. LESSARD: Cela peut donner d'autres pouvoirs aussi. Ce n'est pas
exclusivement cela.
M. MASSE (Arthabaska): Mais, à mon avis, nous dépassons
complètement l'objet de cette loi qui est en somme, au départ,
d'aider les distributeurs actuels, de réglementer tout le secteur de la
distribution mais sans aller plus loin.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est rejeté.
M. LESSARD: M. le Président, il me semble que le principe de la
loi est de régir le commerce des produits pétroliers. Le commerce
des produits pétroliers, c'est très vaste. On a dit, dans la
définition qu'on en avait donnée: Toute vente en gros ou en
détail faite par un commerçant dans le cours normal de ses
affaires.
Je pense, M. le Président, que la mise en marché, c'est du
commerce, et que le commerce des produits pétroliers ne s'étend
pas seulement sur l'entreposage, la manutention et le transport mais qu'il va
plus loin que cela. Il va au niveau de la mise en marché. La protection
du consommateur se fera aussi si on couvre la mise en marché de ce
produit. Il me semble que le ministre voit quand même des choses... Il ne
s'agit pas d'aller jusqu'au contrôle des prix. Mais cependant, on peut
aller jusqu'au contrôle des prix.
Il y a quelque temps, on a demandé au ministre des Institutions
financières d'entreprendre une enquête pour savoir si
l'augmentation des prix des produits pétroliers était
justifiée. La réponse, c'est qu'on n'avait pas les moyens
nécessaires de la faire.
Je pense que le gouvernement doit avoir un certain pouvoir de
contrôle sur les entreprises et sur la mise en marché des
produits. Il me semble qu'il y a quatre étapes dans le commerce des
produits pétroliers. Il y en a trois qui sont inscrites dans le projet
de loi; il faut aller jusqu'à la quatrième, et c'est la mise en
marché. De plus, ça rejoint une des préoccupations dont on
parlait tout à l'heure; c'est qu'actuellement tout le monde ou à
peu près tout le monde a le droit de vendre des produits
pétroliers. Disons que le paragraphe c) va établir certaines
catégories, mais la mise en marché des produits pétroliers
devra se faire selon certaines normes pour la protection du consommateur.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je ne veux pas
répéter ce que j'ai dit tout à l'heure, mais,
personnellement, je ne suis pas prêt à accepter cet amendement. Je
pense qu'en donnant ces pouvoirs aux ministère des Richesses naturelles,
on lui accorderait des attributions d'autres ministères.
Là, on veut étendre les règlements non seulement
aux produits pétroliers, mais également à la mise en
marché, au contrôle des prix, qui est un objectif drôlement
différent de l'objectif premier. En élaborant, comme je l'ai dit
ce matin, des éléments d'une politique énergétique
au Québec, nous touchons à différents secteurs du domaine
pétrolier très complexes d'ailleurs, le
député de Saguenay l'a mentionné hier et où,
personnellement, je ne peux m'aventurer dans un domaine qui n'a pas
été suffisamment mûri. En apportant cet amendement, je
pense que nous recoupons des juridictions qui appartiennent d'abord à
d'autres ministères.
M. LESSARD: Adopté sur division.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est adopté sur division.
Paragraphe g), adopté. Paragraphe h), adopté. Paragraphe
i), adopté. Paragraphe j ), adopté. Paragraphe k), adopté.
Paragraphe 1), adopté. Paragraphe m), adopté. Article 18
adopté tel qu'amendé?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant, il y a un petit amendement.
Après le paragraphe m), nous pourrions ajouter un paragraphe n), comme
dans Noël...
M. LACROIX: Ce n'est pas un cadeau.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... puisqu'on parle des établissements
ici et de l'équipement. Il se lirait comme suit: "Etablir des normes
relatives à la publicité, au choix des raisons sociales et de
l'affichage, en vue de consacrer dans les faits la priorité de la langue
française."
On peut mettre simplement ceci: "Etablir des normes relatives à
la publicité, au choix des raisons sociales et de l'affichage." Le
ministre sait pourquoi je lui fais cette proposition; je lui en ai
déjà parlé.
J'aimerais avoir l'opinion du ministre là-dessus.
M. MASSE (Arthabaska): D'ailleurs, j'ai donné à ce
moment-là peut-être un peu la même raison que j'ai
donnée au député de Saguenay. J'ai dit que, vu que la
publicité, comme le contrôle des prix, est un secteur particulier
de la commercialisation, à mon avis, il n'appartient pas au
ministère des Richesses naturelles, dans une loi semblable, de donner
suite à ces amendements.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je m'étonne que le ministre ne veuille
point accepter cet amendement bénin qui, je le sais, répond
à ses voeux les plus ardents, puisque, tout à l'heure, lorsque je
lui ai parlé de ce problème de publicité, d'affichage,
etc., je le voyais qui resplendissait de joie et de satisfaction. Je comprends
mal qu'il refuse mon amendement et que, pour des raisons qui ne me
paraissent
pas tellement pertinentes, il ne veuille point souscrire au voeu de
toute l'Assemblée, alors qu'il me semble que c'est banal.
On l'a fait d'ailleurs, dans le cas des produits alimentaires,
établir des normes relatives à la publicité, aux choix des
raisons sociales et de l'affichage, dans le but de consacrer dans les faits la
priorité de la langue française.
Le ministre peut peut-être arguer que du fait qu'on ferait
peut-être un petit peu enfin, disons, on est marginalement un peu
au-delà de l'objectif qu'il vise, mais il reste que dans son objectif,
et dans son intention très large, il pourrait quand même entamer,
commencer le travail, en acceptant mon amendement. Je lui demande un geste de
collaboration, depuis hier que je collabore avec lui.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, j'ai déjà
répondu au député de Chicoutimi qu'il existait un
comité de travail qui a été mis sur pied avec
différentes associations qui sont dans le domaine des produits du
pétrole, des représentants des ministères de l'Industrie
et du Commerce et des Richesses naturelles, afin d'examiner les
différentes difficultés auxquelles on a à faire face dans
le domaine de la distribution et de la commercialisation des produits
pétroliers. On pourra présenter aux ministères
concernés, que ce soit les ministères des Affaires culturelles,
ou des Institutions financières, Compagnies et Coopératives, des
recommandations à la suite de ce travail qui sera fait en comité.
Quant à moi, c'est une des raisons pour lesquelles je voudrais rejeter
ce genre d'amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non mais, justement, le ministre vient de me
donner raison. Il m'a dit que, lorsqu'il allait examiner les règlements,
il pourrait confier cette responsabilité au ministère des
Affaires culturelles. C'est donc que le ministre veut atteindre l'objectif que
je lui propose. Mais pour qu'il puisse confier cette tâche au
ministère des Affaires culturelles, le ministre doit y être
autorisé par la loi. Il est donc normal qu'il inscrive mon amendement.
Je pense que le ministre s'est tendu un piège, et là, comme c'est
un gars franc et honnête, il va admettre qu'il m'a donné raison et
nous allons faire l'Unité-Québec sur cette exigence fondamentale.
C'est le ministre lui-même qui m'a dit qu'il allait confier ça au
ministère des Affaires culturelles, or pour qu'il le confie, il faut
qu'il y soit autorisé par la loi...
M. MASSE (Arthabaska): Je pense que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, il faut inclure mon amendement.
M. MASSE (Arthabaska): Je ne pense pas qu'il soit nécessaire
d'être autorisé par la loi pour faire des recommandations au
ministre des Affaires culturelles.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! pour que ça devienne, pour que le
travail que vous...
M. MASSE (Arthabaska): Pas du tout!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...allez confier au ministère des
Affaires culturelles s'applique au domaine que vous couvrez par le projet de
loi 90, il faut que nous vous y autorisions gracieusement, comme on disait au
temps de Louis XIV. Alors le ministre m'a donné raison, il n'a pas
d'autre choix que d'accepter mon amendement.
M. LEVESQUE: Comme au temps du déluge-
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Et je sais que le député de
Bonaventure est d'accord, il est rentré exprès pour
m'appuyer.
M. BIENVENUE: On me dit que la commission Gendron...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Matane est d'accord
aussi, M. le Président, il brûle de se lever.
M. BIENVENUE: Non, non! On me dit que la commission Gendron aura une
section sur les produits pétroliers.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Raison de plus, M. le Président, raison
de plus! Il faut l'autoriser. Il va falloir un moyen d'appliquer ces
recommandations de la commission Gendron dans le domaine des produits
pétroliers. Alors il faut tout de suite préparer le terrain. On
ouvre la porte, on met le dispositif en place, et quand le ministère des
Affaires culturelles sera prêt, bien, on met ça là et puis
ça fonctionne. Alors le ministre...
M. LACROIX: Vos cours à l'Université du Québec vont
être très longs, si vous vous écoutez comme ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Limité à 55 minutes et cours
supplémentaires pour les élèves qui ne comprennent
pas.
M. LACROIX: Si vous enseignez seulement à ceux qui vous
comprennent, il n'y en a pas beaucoup qui vont persister à vos
cours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai toujours eu de
100, 150 à 400 élèves dans un amphithéâtre en
même temps et ils obtenaient brillamment leur diplôme, mais il n'y
en a pas un ici en Chambre.
M. LACROIX: C'est la preuve qu'ils n'étaient pas bons.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ils sont fonctionnaires, M. le
Président, je les vois venir ici, devant nous.
M. LACROIX: Il doivent être en train de pelleter des nuages
à certains endroits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: M. le Président, au sujet de l'amendement
présenté par le député de Chicoutimi, je crois
qu'il | l'a présenté en disant article n) comme dans Noël,
il aurait pu employer l'article n) comme dans naïf, parce que je crois que
mon jeune collègue de Chicoutimi fait encore preuve d'une grande
naiVeté, en attendant de ce gouvernement quelque décision que ce
soit, quant à la priorité de la langue française.
C'est vraiment méconnaître le gouvernement que nous avons
en face de nous. Je pense que mon jeune collègue a suffisamment
d'expérience pour se rappeler les débats que nous avons eus.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, l'année
dernière, présentait un projet de loi créant la
Société de développement industriel. Le Parti
québécois avait présenté, à ce
moment-là, un amendement qui allait simplement dans le sens du programme
que le Parti libéral avait présenté en avril 1970 pour
aider quelque peu, non pas d'une façon coercitive mais strictement
incitatrice, selon le mode choisi par le gouvernement libéral dans sa
politique linguistique. Aussitôt le député de
Chicoutimi se souviendra de ce débat le ministre de l'Industrie
et du Commerce avait fait des pieds et des mains pour refuser le miniamendement
que proposait le Parti québécois et qui visait simplement
à donner un statut un tant soit peu digne à la langue
française dans la nouvelle société que nous adoptions
à ce moment-là.
Quand, lors des débats des crédits du ministère du
Travail, avec le ministre et député de Chambly, nous avons aussi
suggéré des amendements mineurs au code du travail pour faire que
la langue française devienne la langue de travail, aussitôt,
même réaction du même parti ministériel pour
éviter le problème de fond ce n'est pas au
député de Chicoutimi que je l'apprendrai et se rabattre
sur l'éventuel rapport de la commission Gendron. Je ne signalerai pas,
puisque notre règlement nous l'interdit, l'impasse dans laquelle nous
sommes au sujet du projet de loi 28.
M. LE PRESIDENT: ...avant est aussi cité par le règlement.
Vous vous référez à un débat antérieur, ce
qui est interdit selon l'article 285, paragraphe 7 du règlement.
M. CHARRON: M. le Président, je veux simplement signaler un
point, et cela s'est déjà fait...
UNE VOIX: On l'a fait.
M. CHARRON: ...dans des débats de ce genre et vous n'avez pas, je
crois, à épouser cette rigueur aussi spontanée. Le
député de Chicoutimi est parfaitement fondé de
présenter ce genre d'amendement. Un gouvernement un tant soit peu
initiateur de lui-même et un tant soit peu respectueux de son propre
programme parmi les promesses de ce gouvernement-là, il y avait,
outre les 100,000 emplois qui sont depuis longtemps disparus, de faire du
français la langue de travail et d'accorder au français un statut
prioritaire: langue nationale, langue prioritaire et tout le
baragouinage...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'aimerais avoir une directive, et
j'invoque le règlement. Je crois que notre règlement est assez
clair. Un comité plénier ne peut prendre en considération
que les sujets qui lui ont été renvoyés par la Chambre ou
que la Chambre, par instructions spéciales, l'a par la suite
autorisé à examiner. Tout amendement doit porter sur les mots de
la motion sur laquelle il est proposé.
De plus, il doit se rapporter directement au sujet de cette motion. M.
le Président, la loi que nous étudions actuellement a rapport au
commerce des produits pétroliers et donne au lieutenant-gouverneur en
conseil, à l'article 18, un certain pouvoir de réglementation. D
n'est pas question, dans ce projet de loi, des incidences que voudrait y voir
apparaître le député de Chicoutimi ou le
député de Saint-Jacques.
Je crois que si, à ce moment-ci, il nous est permis de faire un
débat qui n'a absolument rien à voir avec ce que le comité
plénier a reçu comme mandat, je me demande si on doit continuer
une telle discussion.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux avoir une copie de l'amendement?
M. CHARRON: M. le Président, je ne crois pas que vous ayez
déclaré irrecevable l'amendement du député de
Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas vu l'amendement du tout.
M. CHARRON: Je vous le lis, M. le Président, à l'intention
également de tous les députés de la Chambre. Je vous le
remettrai par la suite. Le député de Chicoutimi...
M. LEVESQUE: Je ne crois pas qu'on ait demandé au
député de le lire, j'ai compris que le président a
demandé au député de lui donner l'amendement.
M. CHARRON: Je vais le lire avant de le lui remettre.
M. LEVESQUE: Je crois que le député...
M. CHARRON: L'article n) suggéré par le
député de Chicoutimi...
M. LEVESQUE: ...de Saint-Jacques se doit
de répondre au voeu du président. Le président a
demandé de voir la motion. A ce moment-là, on attend, tout
simplement. Qu'on attende la décision du président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a le droit de lire un amendement, M. le
Président, avant de le remettre au président.
M. CHARRON: Maintenant que vous en avez pris connaissance, M. le
Président, est-ce que je pourrais avoir le texte?
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas rendu ma décision encore, je vais le
lire.
M. CHARRON: On en discute depuis quinze minutes.
M. LESSARD: Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Il y a un point de règlement qui a
été invoqué, je vais d'abord rendre ma décision
là-dessus. Même si ç'avait été après
le discours du député de Chicoutimi, je ne peux pas dire la
raison, je ne la sais pas encore. Je vais l'examiner.
M. LESSARD: Je soulève un point de règlement, M. le
Président, et j'ai l'intention de parler sur le point de
règlement.
M. LE PRESIDENT: Sur un point de règlement, d'accord.
M. LESSARD: M. le Président, l'article 18 se lit comme suit: "Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements pour: a)
définir ce qu'est un produit pétrolier, et ainsi de suite
jusqu'à m). Le député de Chicoutimi propose tout
simplement qu'en plus de faire des règlements sur tous les articles
compris là-dedans, le lieutenant-gouverneur en conseil puisse faire
aussi des règlements sur la langue d'affichage à
l'intérieur de cette industrie, sur le fait de faire en sorte que la
langue française soit prioritaire.
Il me semble, M. le Président, que le règlement nous
permet de faire des amendements à un article. Nous ne venons pas ici
annuler un article. Nous voulons tout simplement compléter un article et
demander qu'à l'article 18 le lieutenant-gouverneur ait aussi le pouvoir
de faire des règlements en ce qui concerne la langue française.
C'est simplement cela. Il me semble que l'amendement est recevable et que vous
devriez il me semble qu'on l'a accepté tacitement tout à
l'heure continuer à nous laisser discuter, M. le
Président, sur ce problème.
M. LE PRESIDENT: Il est vrai que j'ai laissé le
député de Chicoutimi , ainsi que le député de
Saguenay, parler sur le sujet mais quand une question de règlement est
soulevée, je suis pris par mon devoir de rendre une décision.
J'ai lu l'amendement proposé et je pense que le
député de Bonaventure a raison, parce qu'il y a trois sections
dans cet amendement. On parle de publicité, du choix des raisons
sociales et de l'affichage. Les trois points relèvent d'autres
ministres. La publicité et la...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Just too bad.
M. LE PRESIDENT: ... raison sociale relèvent du ministère
des Institutions financières et l'affichage, en ce qui concerne la
priorité de la langue française, relève du
ministère des Affaires culturelles. Je pense qu'il serait illégal
d'en discuter dans cette loi-ci, et pour cette raison je pense que c'est
irrecevable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous disposez, M. le Président, fort
abruptement de...
M. LE PRESIDENT: C'est mon devoir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement,
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il n'y a pas d'appel à une
décision.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'en appelle pas de votre décision,
M. le Président, j'invoque le règlement.
Je veux faire observer que lorsqu'on étudie un projet de loi
je ne parle pas de l'amendement que j'ai proposé et que vous avez
déclaré irrecevable, c'est votre responsabilité et je
respecte votre décision lorsqu'on propose un amendement visant
à ajouter quelque chose à un article de la loi, ce qu'on propose
n'est pas nécessairement invalide du fait qu'un autre ministère
ou qu'une autre loi en traite déjà.
M. BIENVENUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, c'est tout simplement
une question de règlement. Je ne parle pas du cas spécifique
où l'amendement a été rejeté, mais j'invoque le
règlement pour faire observer ceci...
M. LE PRESIDENT (Blank): Je pense que vous me demandez une directive sur
la question, et je pense que c'est le président de la Chambre qui peut
donner des directives dans ces cas-là.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne vous demande pas de directive, M. le
Président, j'ai fait appel au règlement.
M. BIENVENUE: Il critique votre décision. M. LEVESQUE: Il donne
des directives.
M. LACROIX: Il perd surtout du temps à...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président, parce que c'est mon style qui est comme ça.
M. LESSARD: Le gouvernement libéral vient de se cacher encore
derrière le président.
M. LEVESQUE: Ah! ...
M. LACROIX: Vous avez été élus par une petite
minorité, c'est le gouvernement qui va conduire, ce n'est pas vous les
séparatistes...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas insister davantage, M. le
Président, je veux tout simplement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Combien d'électeurs aux Iles-de-la-Madeleine? Combien
d'électeurs représentez-vous au niveau de la province?
M. LACROIX: Vous vous ferez élire, à ce moment-là,
vous prendrez vos responsabilités, mais le peuple va vous rejeter.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Bande d'imbéciles qui essayez d'imposer la
volonté d'une petite minorité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pense que le
débat que nous avons eu jusqu'à maintenant a été un
débat très serein. Personne n'a haussé le ton, nous avons
collaboré avec le ministre, le ministre a collaboré avec
nous.
M. HARVEY (Chauveau): Très serein!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne veux pas du tout que ce débat
devienne acrimonieux. Le président du comité a
déclaré irrecevable notre amendement...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, faites asseoir le
serin!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... nous acceptons cette décision.
Point final.
M. LE PRESIDENT: Article 18, adopté? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 19? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 20? M. TREMBLAY
(Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 21? M. TREMBLAY (Chicoutimi):
Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 22? Adopté.
Article 23?
M. HARVEY (Chauveau): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 24?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 25?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 26?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, là nous avions
retenu tout à l'heure un article au sujet du droit d'appel.
M. MASSE (Arthabaska): Il y aurait, à mon avis, à
intercaler, entre les articles 17 et 18, une dizaine d'articles qui
établissent un droit d'appel dans les mêmes termes que dans la Loi
sur les matériaux de rembourrage. Je ne sais pas la procédure
à suivre. Est-ce que je dois les lire?
M. LE PRESIDENT: Si on me donne l'amendement, je changerai les
numéros des articles et j'arrangerai le bill en conséquence.
M. MASSE (Arthabaska): C'est un nouveau texte, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: C'est un nouveau texte. On va l'ajouter après
l'article 17 et il constituera les articles 18 à 27 ou 28.
M. MASSE (Arthabaska): Je peux en faire la lecture?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Un instant. M. le Président, il ne
s'agit pas seulement d'une question de numérotage. Il s'agit d'un
amendement, quand même, majeur à l'article.
M. LE PRESIDENT: Mais le ministre a dit que c'était la
copie...
M. MASSE (Arthabaska): De la Loi sur les matériaux de
rembourrage.
M. LE PRESIDENT: ... exacte d'une autre loi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, est-ce qu'on pourrait nous lire le
texte?
M. MASSE (Arthabaska): Je peux lire le texte.
M. LOUBIER: Si le ministre en a des copies, ce serait beaucoup plus
rapide.
M. MASSE (Arthabaska): C'est la seule copie; on vient de finir de le
rédiger.
M. LOUBIER: Pardon?
M. MASSE (Arthabaska): C'est la seule copie que j'ai.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous lire le
texte?
M. MASSE (Arthabaska): Oui, je peux vous le lire. 1- "Toute personne
dont la demande de permis est refusée ou dont le permis est suspendu ou
annulé peut interjeter appel de la décision du ministre devant un
juge de la cour Provinciale. 2- L'appel est interjeté par requête
signifiée au ministre. Cette requête doit être produite au
greffe de la cour Provinciale, au chef-lieu du district judiciaire où
est domicilié le requérant, dans les trente jours de la mise
à la poste de la notification visée à l'article 17.
Dès réception de l'avis d'appel, le ministre transmet au
greffier de la cour Provinciale le dossier relatif à la décision
dont est appel. 3- Le juge qui entend et décide l'appel est investi des
pouvoirs et immunités d'un commissaire nommé en vertu de la Loi
des commissions d'enquête (Statuts refondus, 1964, chapitre 11). 4-
L'appel suspend l'exécution de la décision du ministre, lorsque
cette décision a pour effet de suspendre ou d'annuler le permis de
l'appelant, à moins que le juge n'en ordonne l'exécution
provisoire dans les cas d'urgence exceptionnelle. 5- Le juge doit, avant de
rendre toute décision sur un appel, permettre aux parties de se faire
entendre et, à cette fin, leur donner en la manière qu'il juge
appropriée un avis d'au moins cinq jours francs de la date, de l'heure
et du lieu où elles pourront se faire entendre.
Si une partie ainsi convoquée ne se présente pas ou refuse
de se faire entendre à la séance fixée pour cette fin, ou
à un ajournement de cette séance, le juge peut, néanmoins,
procéder à l'instruction de l'affaire et aucun recours judiciaire
ne peut être fondé sur le fait qu'il a ainsi procédé
en l'absence de cette partie. 6- Le juge peut admettre comme preuvre une copie
ou un extrait d'un document, si l'original n'est pas disponible. 7- Lors de
l'enquête et de l'audition, chacune des parties peut interroger les
témoins et exposer ses arguments. Toute partie a aussi le droit
d'être assistée d'un avocat. 8- Toute personne qui témoigne
devant le juge a les même privilèges et les mêmes
immunités qu'un témoin devant la cour Supérieure et les
articles 307 et 310 du code de procédure civile s'y appliquent, mutatis
mutandis. 9- Le juge peut confirmer, modifier ou infirmer toute décision
qui lui est soumise et rendre la décision qui, à son jugement,
aurait dû être rendue en premier lieu.
La décision du juge est sans appel. 10- Le jugement doit
être consigné par écrit et signé par le juge qui l'a
rendu. Il doit contenir, outre le dispositif, les motifs de la décision.
11- Une copie certifiée du jugement doit être transmise par lettre
recommandée à chacune des parties. L'original est conservé
au greffe de la cour Provinciale."
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est ce qui se retrouve dans plusieurs
lois.
M. MASSE (Arthabaska): Je comprends que cela rallonge la loi,
mais...
M. LE PRESIDENT: Je veux attirer l'attention...
M. CLOUTIER (Montmagny): C'est sensiblement ce que nous avons dans le
projet de loi no 65 aussi.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chicoutimi a proposé
un autre petit amendement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, là, c'était purement un
amendement de forme, à l'article 17: "Le ministre doit, par
écrit, informer de sa décision la personne à qui il refuse
d'accorder un permis ou dont il suspend ou annule le permis." C'est simplement
une correction de français. Le ministre l'a jugée recevable, sur
ma recommandation...
M. MASSE (Arthabaska): C'est un souci de perfection.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et ses collaborateurs l'ont
sanctionnée.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux a-voir les amendements?
M. MASSE (Arthabaska): Si vous me le permettez, M. le Président,
je tiens à remercier les fonctionnaires qui ont participé avec
moi au comité plénier et aussi les partis d'Opposition pour leur
collaboration.
M. BLANK (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que votre comité
a adopté le bill 90 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEDUC (président): Ces amendements sont-ils agrées?
DES VOIX: Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT (Leduc): L'honorable ministre des Richesses naturelles
propose la troisième lecture du projet de loi no 90.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, nous sommes
disposés à adopter ce projet de loi en troisième lecture.
Brièvement, je rappelle au ministre, évidemment, qu'il n'est pas
complet, que ce n'est qu'une petite partie du problème posé par
le commerce des produits pétroliers. Nous attendrons donc avec grande
hâte que le gouvernement nous fasse connaître sa politique en ce
domaine, le plus tôt possible.
Le projet de loi que nous avons discuté et que nous sommes
disposés à adopter nous avions dit, au départ, que
nous en adoptions le principe nous paraît davantage acceptable du
fait que le ministre a bien voulu y apporter, avec notre collaboration et celle
de ses fonctionnaires, des amendements que le rendent meilleur, plus explicite,
plus formel. Naturellement, nous acceptons ce projet de loi sous les
réserves qu'a faites le ministre hier soir, lorsqu'il nous a promis que
la commission parlementaire des Richesses naturelles serait convoquée
dès qu'on aurait rédigé les règlements afin que
nous puissions les adopter et que la loi soit ensuite, par proclamation, mise
en application.
Alors, M. le Président, nous sommes disposés à
adopter le projet de loi no 90.
UNE VOIX: Adopté.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. TETRAULT: Un instant, un instant.
M. LEVESQUE: Ah!
M. TETRAULT: M. le Président, vu les amendements qui furent
apportés à plusieurs articles dans ce projet de loi, je voudrais
faire miennes les paroles du député de Chicoutimi. Je sais que je
ne le ferai pas avec autant d'éloquence.
Nous voulons accepter ce projet de loi, et nous espérons que tous
les règlements qui seront présentés pourront être
étudiés afin que notre approbation à ce bill puisse
être complète.
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Le bill 90 est-il adopté avec ses
amendements?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 4, M. le Président.
Projet de loi no 48 Comité
plénier
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se
forme en comité pour l'étude du bill no 48.
Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Après consultation, comme tout le travail a
été fait en commission, est-on d'accord pour que...
UNE VOIX: Je pense qu'il reste encore un article.
M. LEVESQUE: Non, cela a été réglé.
M. TETRAULT: C'est parce qu'on attend le député de
Saint-Maurice.
M. LEVESQUE: Ah bon! d'accord.
M. TETRAULT: Il y a un article en suspens.
M. LOUBIER: Seulement quelques instants, étant donné que
c'est lui qui avait la responsabilité partagée de scruter ce
projet de loi, si on n'a pas d'objection...
M. LEVESQUE: J'ai compris que le député de Saint-Maurice
n'avait plus d'objection maintenant.
M. VINCENT: Entre-temps, me serait-il permis de poser quelques questions
au ministre des Affaires municipales en ce qui concerne plus
particulièrement les articles 12 et 21?
M. le Président, on sait que depuis de nombreuses années
et nous le remarquons encore davantage surtout depuis le rapport de la
commission royale d'enquête Bélanger, dont le premier ministre
actuel était secrétaire en 1965 qu'en ce qui concerne les
agriculteurs, le fonds de terre, les bâtisses, qui sont les outils de
travail des agriculteurs du Québec, on a exprimé l'opinion qu'on
devrait donner un traitement plus équitable aux agriculteurs du
Québec. On suggérait d'exempter au moins de 50 p.c. les
résidences, le fonds de terre et les bâtiments de ferme des
agriculteurs.
D'ailleurs, ce fut une politique acceptée par les deux
gouvernements qui ont précédé le gouvernement actuel.
D'abord, le gouvernement Lesage, qui a apporté une exemption de 25 p.c.
qui par la suite, a été portée à 35 p.c.
Hier, quelques députés recevaient un
télégramme de l'Union catholique des cultivateurs qui disait
ceci: "Avons fait valoir point de vue
de UCC concernant amendements requis au projet de loi évaluation
foncière, bill 48, au premier ministre du Québec, au ministre des
Affaires municipales et au ministre de l'Agriculture stop
amendements requis devraient corriger injustice faite aux cultivateurs du
Québec par imposition foncière stop sommes sans
réponse et n'avons aucune assurance tels amendements seront
apportés stop vous demandons faire opposition formelle
passation du projet de loi évaluation foncière, bill 48. "Albert
Allain, président général de l'Union catholique des
cultivateurs."
M. le Président, pourrions-nous savoir du ministre s'il a pris le
temps de regarder à nouveau les articles 9 et 12 de la loi? Si oui, ne
consentirait-il pas à y apporter des amendements afin de donner plus
grande justice aux agriculteurs du Québec qui ne veulent pas avec
raison être taxés en ce qui concerne leurs outils de
travail, c'est-à-dire la terre et les bâtiments de ferme?
Deuxièmement, également en ce qui concerne le bill 48, il
y a eu des représentations de la part du Marché central
métropolitain où on ne veut pas, en quelque sorte, que le
ministère intervienne pour régler un problème qui est
devant les tribunaux. Ce n'est pas cela qu'on demande. Le problème qui
est devant les tribunaux, on n'en parle pas.
Ce qu'on demande c'est qu'au dernier paragraphe de la page 2 il y ait un
amendement, où on suggérerait, par exemple, que tout terrain
appartenant à une corporation, société ou association sans
but lucratif, ayant une superficie de X acres et plus, ne soit pas taxée
pour plus de $15,000 l'acre. Je pense que le ministre pourrait nous donner une
réponse là-dessus et nous dire s'il a regardé cette
proposition du Marché central métropolitain.
Et j'avais également en plus des articles 12 et 21, en
plus de la demande du Marché central métropolitain une
demande à faire au ministre en ce qui concerne l'article 9. On sait
qu'à l'article 9, l'évaluateur doit établir l'occupation
du propriétaire. Est-ce qu'un évaluateur qu'il soit
très bien qualifié est en mesure d'établir
exactement la superficie d'occupation ou si on ne devrait pas demander qu'un
arpenteur-géomètre l'établisse?
C'étaient les trois questions que je voulais poser au ministre
des Affaires municipales avant que nous puissions procéder à la
troisième lecture.
M. TESSIER: M. le Président, je suis déçu d'abord
que l'UQ manque à l'entente qui est intervenue à la commission
hier, alors qu'il avait été bien convenu que nous donnions la
permission au député de Saint-Maurice d'intervenir sur un article
seulement, soit l'article 116. Tout ce que le député de Nicolet
vient de soulever, nous l'avons discuté, rediscuté et
rerediscuté à maintes reprises. J'ai déjà eu
l'occasion de fournir toutes les explications à ce sujet.
M. VINCENT: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre des
Affaires municipales?
M. TESSIER: Je pourrais demander au député de Nicolet de
relire le journal des Débats et les discussions qui ont eu lieu à
la commission parlementaire et il trouvera là toutes les réponses
aux trois questions qu'il a posées.
M. VINCENT: Est-ce que le ministre préférerait que nous
attendions la troisième lecture pour...
M. PERREAULT: Vous direz ce que vous voudrez en troisième
lecture.
M. LACROIX: Vous avez eu toutes les occasions, en comité
plénier de discuter ces articles-là. C'est de
l'électoralisme pur et simple que vous faites là. On
reconnaît bien là le député de Nicolet.
M. GAGNON: Oh! le député des Iles ne se reconnaît
plus!
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui concerne les lois qui sont
discutées devant les commissions parlementaires, où nous avons
quelquefois deux ou trois commissions parlementaires qui siègent en
même temps, est-ce qu'il n'est pas d'usage, dans tous les Parlements qui
ont précédé le Parlement actuel dirigé par un
groupe d'incompétents, que n'importe quel député puisse
revenir en Chambre et poser des questions sur des lois? Je demande au
député des Iles-de-la-Madeleine de me répondre.
M. LACROIX: Je répondrai facilement, parce que,
premièrement, j'ai vécu le système. Quand on parle de
gouvernement d'incompétents, nous avons vu votre gouvernement devant
nous assez longtemps. Nous vous traitions d'immobilistes, de gens qui ne
faisaient rien, ce qui était le cas, nous étions obligés
de réparer vos erreurs et travailler très fort, mais nous avions
tellement confiance aux gens qui représentaient notre parti dans les
différentes commissions parlementaires que les discussions qui avaient
eu lieu dans les commissions parlementaires, article par article,
étaient acceptées par l'ensemble des députés,
sachant très bien que nous ne pouvions pas être présents
à toutes les commissions parlementaires.
Mais à quoi serviraient les commissions parlementaires s'il
fallait qu'un député revienne en Chambre et recommence la
discussion article par article du projet de loi parce qu'il n'était pas
présent à la commission parlementaire? Et je pense que le
député de Labelle se souviendra qu'à un moment
donné je m'étais plaint du fait qu'il y avait trois commissions
parlementaires qui siégeaient en même temps que la Chambre. Je
m'étais plaint de la chose parce que je participais aux discussions de
la commission de
la Voirie qui siégeait en même temps que la commission de
l'Industrie et du Commerce qui m'intéressait également.
Mais j'ai accepté de jouer le jeu que nous avions convenu. J'ai
participé aux travaux de la commission de l'Industrie et du Commerce et
un autre est allé à la commission de la Voirie, et nous n'avons
pas recommencé en Chambre les discussions qui avaient été
faites dans les commissions parlementaires.
Je pense que c'est le jeu normal qu'on doit jouer, autrement à
quoi servent les commissions parlementaires?
M. VINCENT: M. le Président, ce n'est pas le problème que
je soulève aujourd'hui. Je ne demande pas au gouvernement de discuter
article par article le projet de loi no 48...
M. TESSIER: M. le Président...
M. VINCENT: Avant que nous puissions procéder à la
troisième lecture, j'ai posé trois questions au ministre des
Affaires municipales et le ministre des Affaires municipales peut me
répondre. Mais s'il ne le veut pas, qu'il me dise: J'aime mieux ne pas
répondre à ces trois questions-là, c'est aussi simple que
ça! Et si le ministre me dit: Voici les raisons ou encore les
réponses aux trois questions posées...
M. TESSIER: Est-ce que le député veut avoir les
réponses? Bon alors asseyez-vous, puis je vais vous les donner.
M. VINCENT: C'est ce que j'ai demandé tout à l'heure. Mais
pourquoi, M. le Président, avoir retardé, au lieu de
répondre comme il l'a fait?
M. TESSIER: Voulez-vous avoir les réponses?
M. LACROIX: Assoyez-vous.
M. TESSIER: Je vous demande de vous asseoir, puis vous allez les
avoir.
M. VINCENT: M. le Président, avez-vous vu quels sont les
ministres qui représentent la province de Québec?
M. LACROIX: C'est pas mal mieux qu'auparavant.
M. VINCENT: J'ai la parole à l'heure actuelle, et si le
député des Iles-de-la-Madeleine veut faire un discours il aura
l'occasion de se lever. J'ai posé tout à l'heure trois questions
et le ministre...
M. TESSIER: Je suis prêt à répondre aux trois
questions, et je ne peux pas vous répondre tant que vous n'aurez pas
repris votre fauteuil.
M. VINCENT: J'ai posé trois questions tout à l'heure et
j'ai cédé la parole au ministre. Il pouvait facilement
répondre à mes trois questions. Mais au lieu de le faire, le
ministre est parti en guerre contre...
M. TESSIER: Vous forgez un débat inutile, je suis prêt
à vous répondre.
M. VINCENT: ...l'Opposition officielle. Je me suis relevé pour
simplement demander au ministre de répondre à mes trois questions
et c'est là que le député des Iles-de-la-Madeleine est
intervenu.
M. le Président, il me fait plaisir de reprendre mon siège
et d'avoir les réponses d'un ministre responsable du gouvernement aux
trois question spécifiques que j'ai posées.
M. TESSIER: M. le Président, pour répondre aux trois
questions du député de Nicolet, d'abord, je dois dire que j'ai
reçu ce même télégramme de l'UCC. J'ai parlé,
il n'y a pas plus d'une demi-heure, avec l'assistant de M. Allain, un M.
Couture, qui a répondu à sa place au téléphone,
parce que M. Allain était absent.
Je lui ai fourni les mêmes explications que j'ai fournies devant
la commission parlementaire, voulant que suivant les dispositions du bill 48,
les cultivateurs dans les centres ruraux bénéficieraient d'un
dégrèvement de taxes. En ce sens qu'actuellement, en vertu du
code municipal, tout est taxable: la résidence, la ferme, les
bâtiments, les bâtiments accessoires. Or, en vertu des dispositions
du bill 48, seules la résidence et la ferme seront taxables et
évaluées telles qu'elles le sont présentement.
M. VINCENT: Seules la résidence et la ferme.
M. TESSIER: Quant aux bâtiments, c'est-à-dire les granges,
étables, poulaillers...
UNE VOIX: Porcheries.
M. TESSIER: ...et autres bâtiments accessoires, ils seront
dévalués jusqu'à concurrence de 50 p.c. graduellement
à raison de 10 p.c. par année, sur une période de cinq ans
et ceci, pour ne pas déséquilibrer les budgets des
municipalités rurales. Et je crois que le député de
Nicolet comprendra que c'est à peu près là le maximum dans
les circonstances actuelles où nous pouvons aller. C'est une
amélioration tout de même assez substantielle pour les
cultivateurs. Mais aller plus loin que cela serait reporter le fardeau des
taxes sur les journaliers et les petits commerçants dans les
villages...
M. VINCENT: Est-ce que le ministre me permettrait une question?
M. TESSIER: Oui.
M. VINCENT: Je remercie le ministre de ce qu'il nous a dit. Il venait
tout juste de le dire, il
y a une demi-heure, aux représentants de l'UCC. Donc, il n'aurait
pas dû avoir d'objection à le dire en Chambre.
M. TESSIER: Ce n'est pas une question, cela.
M. VINCENT: Non. J'admets que le ministre dise qu'il ne faut pas
surcharger les autres contribuables et qu'il y aura un
dégrèvement de 10 p.c. par année pour les cinq prochaines
années. Est-ce que le ministre pourrait me dire ce qu'il adviendra du
remboursement de 35 p.c. déjà consenti par le ministère
des Finances aux agriculteurs pour la ferme, les bâtiments de ferme et la
résidence? Est-ce que c'est appelé à disparaître
ipso facto?
M. TESSIER: Cette ristourne sur les taxes scolaires est donnée
aux cultivateurs par le ministère de l'Education. Elle n'affecte en rien
la taxation municipale; c'est strictement scolaire. Etant donné que le
député de Nicolet ne le savait pas lui, un ancien ministre de
l'Agriculture, je le lui apprends.
Le bill 48 prévoit également qu'un cultivateur ne pourra
jamais être taxé pour plus de 1 p.c. de son évaluation. En
somme, que ce soit l'impôt foncier général, que ce soit les
taxes de service, jamais l'ensemble de ses taxes municipales ne pourra
être plus élevé que 1 p.c. de son évaluation. Je
reviens à ce que je disais tout à l'heure. Je prends le cas d'une
municipalité rurale où, normalement, il y a un petit village qui
est entouré de fermes. Or, un conseil municipal qui a, par exemple, un
budget de $50,000 ou de $100,000, doit aller chercher ce revenu sous forme de
taxation chez les contribuables de la municipalité.
Il va chercher le montant dont il a besoin pour administrer la
municipalité. Si le cultivateur était exempté davantage,
il faudrait nécessairement que cette municipalité X, pour aller
chercher les $100,000 dont elle a besoin, élève son taux de taxe.
A ce moment-là, ce seraient le journalier, le petit propriétaire,
le rentier, le petit commerçant du village qui auraient à subir
une hausse de taxes considérable. Cet aspect a été
examiné, et je crois que nous rendons justice, à ce moment-ci,
à tous les contribuables et, en particulier, aux cultivateurs qui
bénéficieront, dans toutes les municipalités rurales,
d'une diminution de taxes, mais pas trop exagérée pour ne pas
surtaxer les autres contribuables qui ne sont pas des cultivateurs.
Quant au Marché central métropolitain, j'ai, encore
là, fourni toutes les explications.
M. VINCENT: Juste avant, il faudrait, quand même, que le ministre,
qui m'a traité d'ignorant tout à l'heure, sache...
M. LEVESQUE: Il n'a pas dit cela. Il a dit que le député
ne le savait pas.
M. VINCENT: Juste un instant. ... que la contribution à la taxe
scolaire sur les fermes est payée par le ministère des Finances
et non par le ministère de l'Education.
M. TESSIER: J'ai dit que cela s'appliquait à la taxe
scolaire.
M. VINCENT: Oui.
M. TESSIER: C'est ce que j'ai appris au député de
Nicolet.
M. VINCENT: Oui, mais, à ce moment-là, j'ai posé
une question. J'ai dit: Si, par exemple, on se sert d'ailleurs, le
ministre le sait présentement, dans les municipalités
rurales, du rôle d'évaluation municipal pour les taxes scolaires,
est-ce que le ministre peut nous confirmer c'est tout simplement cela
qu'on veut savoir même s'il y a un dégrèvement
graduel de 10 p.c. par année pendant cinq ans pour les bâtiments
de ferme, que les 35 p.c. remis aux cultivateurs pour la taxe scolaire vont
demeurer au ministère des Finances? C'est simplement cela qu'on veut
savoir.
M. TESSIER: Le ministre des Finances me fait signe que oui.
M. VINCENT: Alléluia!
M. TESSIER: Parce que dans le bill no 48, il n'y a rien...
M. VINCENT: D'accord pour ça.
M. TESSIER: ...il n'est aucunement question de ça. C'est un autre
problème, c'est en dehors du bill no 48, c'est absolument hors
d'ordre.
Quant au Marché central métropolitain, comme je l'ai
expliqué, suivant les expertises que nous avons faites, le terrain
c'est là-dessus qu'on se plaint, l'évaluation du terrain
et non pas du bâtiment serait présentement
évalué par la ville de Montréal, en vertu de ses normes et
ses règlements d'évaluation, entre deux fois et deux fois et
demie sa valeur parce qu'on ne tient pas compte des servitudes qui
grèvent ce terrain ou cet immeuble.
Or, en vertu des dispositions du bill no 48 et des règlements qui
l'accompagneront, des normes et des critères que les évaluateurs
devront appliquer sous la surveillance de la Commission municipale, la valeur
du terrain du Marché central métropolitain sera diminuée,
comme je viens de le mentionner, d'environ deux fois ou deux fois et demie. Ces
explications ont été données à la commission
parlementaire, en présence même de représentants du
Marché central métropolitain qui se sont déclarés,
hier encore, entièrement satisfaits.
Troisième question. L'article 9 stipule que l'évaluateur
doit prendre la superficie mentionnée au cadastre, mais que si la
superficie diffère de celle qui est indiquée au cadastre ou au
titre de propriété, l'évaluateur doit prendre
la superficie réellement occupée par le
propriétaire. Voici pourquoi. C'est qu'il arrive, surtout dans le cas de
propriétés situées au bord d'un cours d'eau, qu'il y ait
érosion, qu'il ait pu y avoir de 20 à 25 pieds d'enlevés
par l'érosion, par les glaces le printemps. La superficie
réellement occupée est alors inférieure à celle qui
est contenue au cadastre ou au titre qui peut remonter à 100 ans, par
exemple.
L'évaluateur devra tenir compte de la superficie
réellement occupée. D'autre part, cela joue également
à l'inverse. Il arrive, comme on le sait, que des propriétaires
qui sont riverains d'un cours d'eau vont construire, en face de leur
propriété un mur de soutènement, vont empiéter, en
somme, sur le lit du cours d'eau, vont faire du remplissage, vont ensuite
mettre une pelouse par-dessus et même construire, dans certains cas, des
bâtiments, comme un garage ou une annexe ou même une
résidence, sur un terrain qui n'apparaît pas au cadastre parce que
c'est un terrain qui a été rajouté, gagné soit sur
le fleuve Saint-Laurent ou sur un autre cours d'eau. A ce moment,
l'évaluateur, en toute justice, je crois, pour l'ensemble des
contribuables, doit tenir compte non pas de la superficie mentionnée au
cadastre ou au titre mais de la superficie réellement occupée
parce qu'il peut arriver dans certains cas que le terrain ait une superficie
qui soit peut-être de 25 p.c, 30 p.c, 40 p.c. plus grande que celle qui
peut être mentionnée au cadastre ou au titre de
propriété.
Voici, je crois, M. le Président, les explications que je
répète, que j'avais déjà fournies à la
commission parlementaire.
M. DEMERS: Est-ce sur l'article 105, M. le Président?
M. BELAND: J'aurais une question à poser, pour faire suite
à ce qui vient d'être énuméré par le
ministre, à savoir que dans les notes explicatives, il y a une
définition qu'il a très bien réexpliquée
d'ailleurs, mais je voudrais que ce soit plus précis.
On y dit, entre autres: "les fermes seront portées au rôle
à leur valeur marchande mais ils seront exempts pour la moitié de
la valeur". Ensuite, on dit: "Le maximum de la taxe à être
imposé en pareil cas sera limité à 1 p.c". Est-ce à
1 p.c. de la valeur marchande réelle ou à 1 p.c. de la
moitié de la valeur marchande?
M. TESSIER: C'est 1 p.c. de l'évaluation totale.
M. BELAND: Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que les articles 1 à 105 sont
adoptés? Est-ce que les articles 1 à 104 inclusivement sont
adoptés?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): Article 105?
M. DEMERS: M. le Président, tel qu'il avait été
convenu lors de l'étude en commission parlementaire des Affaires
municipales, nous avions réservé l'article 105 pour la Chambre.
Tantôt, le député de Nicolet, en attendant que
j'apparaisse...
M. LEVESQUE: Il me semblait !
M. DEMERS: ... parce que le député de Nicolet est
un homme très au fait de ce qui a été adopté comme
législation ici s'est fait redire des choses qu'il avait
très bien comprises. Lorsque j'ai vu que le ministre accusait l'UQ, le
parti Unité-Québec, de manquer à sa parole, je me suis dit
en moi-même: Lorsqu'on habite une maison de verre, il ne faut pas lancer
de pierres sur la maison du voisin.
M. le Président, l'article 105, comme vous le savez, traite de
l'enlèvement de la taxe sur la machinerie. Il touche la région de
la Mauricie et certaines villes dans la province. Je les nomme: Alma, qui
recevait une taxe sur la machinerie au montant de $769,000; Grand'Mère,
une taxe sur la machinerie au montant de $487,000; Kénogami, une taxe
sur la machinerie au montant de $398,000; La Tuque, $398,000; Shawinigan,
$491,000; Chapais, en Abitibi, $103,000; Donnacona, dans le comté de
Portneuf, $367,000; Jonquière, dans le comté du ministre du
Revenu, $120,000. Trois-Rivières, $1,300,000 et Port-Alfred,
$215,000.
Tout ceci totalisant un montant de près de $4 millions, qui
disparaîtra sur un échéancier de quinze années, si
on considère qu'il y aura un amortissement soit sur les engagements ou
sur le taux fixé actuellement de 6 2/3 p.c. par année
jusqu'à la disparition complète des revenus qu'apportait cette
taxe sur la machinerie.
C'est le sens de l'amendement que le ministre des Affaires municipales
nous a proposé en commission parlementaire. J'avais alors dit que, dans
un autre lieu, je ferais une intervention. Je dois féliciter les maires
de la Mauricie parce qu'ils ont suivi de très près cette
évolution. Quand ils sont venus, au début de novembre, lorsque le
bill 48 a été déposé en cette Chambre, ils ont
constaté que la déposition et l'application de cette loi les
priveraient de l'impôt payé par l'Hydro-Québec d'une part
et, d'autre part, des revenus apportés par la taxe de vente.
Lorsque ces gens sont venus lors de la présentation du premier
bill, avant que le ministre nous fasse les amendements qu'il nous a
proposés avant-hier, dans la nuit et, hier, en plein jour, ces
maires-là ont constaté cela, ils se sont mobilisés et sont
venus à Québec. Ensemble, avec mes collègues de
Maskinongé et de Chicoutimi, nous avons mené à la
commission parlementaire, comme cela était notre droit,
une guerre assez sérieuse afin de faire penser au ministre et de
lui faire songer qu'il venait de priver ces villes de revenus très
substantiels. Le ministre, un peu cavalièrement à cette
époque, nous avait dit qu'il reconsidérerait la chose. De fait,
il l'a reconsidérée.
Le problème de l'Hydro-Québec, qui affectait
sérieusement les villes de la Mauricie et une foule de villes dans la
province de Québec, fut reconsidéré d'une façon
sérieuse et nous en sommes venus à des soumissions
sérieuses, efficaces et acceptables.
Hier, j'ai félicité le ministre et j'ai été,
comme tous les gens de la Mauricie et ceux de la province de Québec qui
retiraient des revenus par les barrages et les investissements de
l'Hydro-Québec, satisfait et enchanté de la solution. Cela
n'allait pas trop mal. Jusque-là, c'était l'époque des
félicitations. Le film s'est déroulé graduellement. Le
ministre nous apporte dans la nuit de mardi à mercredi, vers les onze
heures trente, un amendement à l'article 105 qui a été
remis à tous les membres de l'Assemblée et spécialement
aux membres de la commission parlementaire des Affaires municipales.
Il y avait, pour représenter les différents partis, le
député de Saguenay dans l'Opposition, le député de
Lévis, appuyé de son collègue, le député
d'Abitibi-Est; je représentais notre parti avec mon collègue le
député de Berthier. Nous avons pris connaissance des amendements
suggérés par le ministre des Affaires municipales. Me
référant au contexte que cela représentait pour la ville
de Shawinigan dont je suis un représentant, je me suis dit que
c'était peut-être acceptable mais que c'était une
disparition, à longue échéance, de revenus certains. Le
ministre a argué en disant que la ville, dans les quinze années,
trouverait les moyens pour ramasser ce qu'elle perdrait et parce que nous
pouvions enlever cette taxe sur la machinerie qui pénalise l'industrie,
il y aurait peut-être une affluence d'industries qui viendraient dans la
région. Le député de l'Assomption m'a fait une
démonstration claire, limpide pour prouver que cela avait
été salutaire pour une foule de villes. Je suis demeuré
sceptique et j'ai dit: S'il y avait moyen que nous nous rendions prendre un peu
de repos à minuit dix et que le ministre, réfléchissant
dans la nuit sur la façon dont il mutilait les villes de la Mauricie et
d'autres villes de la province de Québec sans que personne ne souffle un
mot... parce qu'il était assis sur le fauteuil du gouvernement. Cette
proposition fut acceptée. Et le lendemain matin, nous sommes revenus en
Chambre avec la même proposition du ministre sans aucun
sous-amendement.
La commission a commencé à délibérer. Les
maires de la Mauricie sont arrivés et, à l'heure du lunch, nous
avons rédigé ensemble un sous-amendement à l'amendement du
ministre. Le sous-amendement fut remis au sous-ministre et au ministre.
Le ministre a donné instructions à son sous-ministre
d'accepter ce sous-amendement. Ce matin, j'apprenais, lors de nos
élévations matutinales, de la part du ministre, que le
sous-amendement proposé par le sous-ministre des Affaires municipales,
sur la recommandation du ministre, ne tenait plus du tout. Je me suis
frappé sur la tête un peu.
M. GAGNON : Cela ne dépend pas du journaliste, toujours?
M. DEMERS: Je suis monté à mon bureau, j'ai pris le
téléphone et j'ai appelé les douze maires et
gérants de villes qui, hier après-midi, à quatre heures
trente, sur le boulevard Charest, au bureau, à la grande salle, devant
un tableau, avaient reçu une démonstration péremptoire,
efficace, claire, limpide à savoir que c'était cela qu'on
accepterait ce matin.
J'ai dit: Les gens de Shawinigan ne comprennent jamais. Lors des Jeux
d'hiver, on n'avait pas encore compris.
M. LACROIX: ...
M. DEMERS: Pardon? Qu'on la répète, celle-là. Elle
est bonne. Est-ce que ce serait mon ami des Iles-de-la-Madeleine? A chacun sa
croix. Portez-là. Chez nous, c'est moi. Chez vous, c'est un autre.
Je continue mon exposé.
DES VOIX: Adopté.
M. DEMERS: Vous adoptez que je continue mon exposé?
M. LACROIX: Certainement.
M. DEMERS: J'étais donc rendu aux affaires municipales. Sur un
tableau, on a exposé cela. Cela a été accepté. J'ai
téléphoné au maire de La Tuque. Il a dit: C'est cela? Bon,
d'accord. J'ai téléphoné au maire de
Trois-Rivières. Il n'était pas là mais il y avait un
officier. Je lui ai demandé. Qu'a-t-il dit? Il a dit qu'il accepterait.
Bon, d'accord. J'ai téléphoné à l'avocat de la
ville de Shawinigan, l'avocat Gélinas. Je lui ai demandé:
Qu'est-ce qu'il a dit? Il m'a répondu: Il a dit qu'il acceptait.
J'en avais donc six, M. le Président. J'ai donc
téléphoné à Grand'Mère, votre ville, M. le
Président. J'ai parlé au maire, M. Lafontaine. Je lui ai dit:
Qu'a-t-il dit? Il m'a répondu: Il m'a dit qu'il acceptait. J'ai
téléphoné à un autre endroit, soit au gérant
de la ville de La Tuque. Je lui ai dit: Qu'a dit le ministre? Il m'a
répondu: Il m'a dit qu'il acceptait. Je n'en ai pas trouvé un qui
n'avait pas compris.
Ce matin, le ministre n'accepte plus. M. le Président, ce qu'on
va sortir comme arguments, je les sens venir, je les ai tous
prévenus.
Je vais commencer par ma ville, Shawinigan. Je réglerai le cas de
Trois-Rivières tantôt, parce
que c'est un autre cas. Je pourrai régler celui de
Grand'Mère, M. le Président. Il serait peut-être mieux, M.
le Président, pour votre avenir et l'avenir de vos concitoyens, que vous
retourniez à votre siège pour défendre ce projet, en
laissant la présidence, parce que c'est important pour la Mauricie, ce
problème.
Je prends donc les arguments. Le ministre nous dira tantôt, dans
sa réplique, ou il nous dira de voter et ce sera réglé,
mais s'il prend la peine de me répondre, il me dira ceci: Shawinigan
avait gonflé son évaluation sur la machinerie. Je réponds
ceci: Shawinigan a une évaluation scientifique depuis 1963. Cette
évaluation a été faite à la satisfaction des
compagnies qui ne l'ont jamais contestée et, qui plus est, cela
impressionnera le ministre qui est spécialiste en certaines choses, la
firme qui a fait l'évaluation se trouve à être la
même que celle qui est à Sainte- Scholastique, en Gaspésie.
C'est la firme Beaudry, Leroux et Associés. Cela peut-il être plus
compétent que cela, M. le Président? A part de cela, ils sont
peinturés de la bonne couleur.
Les compagnies seront-elles pénalisées par la motion que
je ferai tantôt, si vous me le permettez, M. le Président?
Absolument pas.
Lors de l'entente qui a été signée en 1969 à
Shawinigan, les compagnies ont distrait de leur budget $1,200,000 qui ont
été payés par les commissions scolaires. Multipliez
ça par trois, ça fait $3,600,000 pour trois ans. Ce que nous
demandons dans la motion que le ministre a acceptée et qu'il ne se
rappelle plus, qui a été mal citée encore une fois, c'est
$3,300,000 sur quinze ans.
Si le ministre avait dit: Ce n'est pas acceptable, nous jetons ça
au panier, je n'en parlerais pas. Ce serait fini, la troisième lecture
serait faite. Mais il a accepté, il a gonflé ces gens-là,
il est allé les conditionner en fin de semaine à Shawinigan. Il
est allé leur dire que ça ne dérangeait rien. Il est
revenu en canot, car il a eu un canot. Au prochain voyage, il va être
obligé de ramer pour revenir.
Pourquoi Shawinigan a-t-elle une évaluation de la machinerie plus
élevée que Trois-Rivières? Les gens de
Trois-Rivières acceptent, je l'admets. Ils sont mieux placés
si on relit sérieusement le sous-amendement c'est plus
payant pour eux de prendre l'entente que le sous-amendement. Parce qu'à
Trois-Rivières, il y a moins d'évaluation sur la machinerie
lourde qu'à Shawinigan.
A Shawinigan, vous avez la Wabasso, la Consolidated Bathurst, l'Alcan
deux usines la CIL, la Dupont, la Carborundum et la Gulf Oil.
Trois-Rivières n'a que Wabasso, Domtar, CIP et Westinghouse. Cela
totalise $45 millions à Trois-Rivières et $67 millions à
Shawinigan.
C'est pour ça que le maire de Trois-Rivières était
satisfait. Il était heureux. Parce qui si on prend l'évaluation
qui était en cours lors de l'entente et qu'on la multiplie tel
que le veut l'amendement que le ministre avait accepté et qu'il a
refusé par $1.45, qui est le taux de la taxe, c'est plus
avantageux à Trois-Rivières d'accepter l'entente que de prendre
le sous-amendement.
Il n'en va pas ainsi pour Shawinigan. Nous avions $67 millions et le
ministre viendra nous dire tantôt que c'a été
gonflé? Je le mets au défi. Il faudra qu'il fasse la preuve
contre la compagnie Leroux et associés qui a fait l'évaluation.
Et si on prend $67 millions multipliés par $1.35, qui sera le taux de
1972, vous avez $904,000 au lieu de $491,000. C'est ça qui est le noeud
du problème.
On pourra peut-être dire aussi qu'il y a d'autres facteurs. Le
ministre pourra peut-être me dire autre chose, que ça peut
"débalancer" l'industrie. Cela ne peut pas être plus
"débalancé" que c'est "débalancé" actuellement chez
nous.
La compagnie Gulf fermera, ou à peu près. Lorsqu'on a
enlevé la taxe sur la machinerie en 1969, j'ai vécu le
problème, j'ai travaillé jour et nuit là-dessus. J'ai
obtenu ça de M. Dozois dans le temps, et ce n'était pas un
contrat d'obtenir quelque chose de M. Dozois. J'avais obtenu $1,200,000 au
scolaire. H a accepté ça. C'est le même homme dont le
ministre s'est servi pour nous préparer son affaire sur
l'Hydro-Québec. Il travaille pour l'Hydro-Québec. Quand il
travaille pour quelqu'un il a la tête dure. Il ne doit pas être
facile pour vous autres, non plus. Quand il était pour nous autres, il
était pareil.
M. LACROIX: C'était le seul bon qu'il y avait chez vous.
M. DEMERS: En plein ça. Ce n'est pas le premier. Nous avions
Cournoyer aussi.
M. GAGNON: Il y en avait un toujours. M. LACROIX: Il ne s'est jamais
converti.
M. DEMERS: Si on donnait la liste des autres que vous avez voulu nous
emprunter, peut-être que vous pourriez trouver qu'il en reste encore ici.
Vous en aviez pourtant six douzaines, vous aviez le choix.
Je reviens au sérieux de la motion. Le ministère
tantôt va me répondre. H dira ce qu'il voudra.
M. TESSIER: Ce n'est pas sûr que je vais répondre.
M. DEMERS: Je suis quasiment certain que dans la situation où le
ministre s'est placé, il aimerait mieux être muet. Et si hier il
avait été sourd, ça aurait été mieux. Et si
au lieu de venir se promener à Shawinigan en fin de semaine il
n'était allé qu'à Grand-Mère, il n'aurait pas eu ce
problème.
Le ministre va refuser, c'est garanti. Il aurait tellement eu une belle
chance hier de réparer les faiblesses des sports d'hiver. Il aurait
tellement eu une belle chance. Cela ne me fait pas tort
pour ma carrière politique, vous remarquerez. Cela ne me fait pas
peur du tout.
M. LACROIX: Elle se termine, de toute façon.
M. DEMERS: ... de toute façon, elle se termine à cette
année-là parce que ce sera le temps. Puis à part
ça, je sais qu'en dépit des efforts que le député
des Iles-de-la-Madeleine a faits lorsqu'il est venu parler contre moi à
Shawinigan, j'avais eu 1,700 de majorité en 1966 et j'ai 4,400
actuellement, après qu'il est venu. S'il peut faire encore une couple de
voyages...
M. LACROIX: Vous avez eu moins de votes qu'à l'élection
d'avant, par exemple.
M. DEMERS: Et ainsi de suite, on a augmenté nos majorité
nous...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: Vous avez eu moins de votes qu'avant.
M. GARNEAU: Celle des villes a baissé. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. DEMERS: M. le Président, à l'inverse, je suis
allé parler aux Iles-de-la-Madeleine, et sa majorité a
baissé à 1,200, lui.
M. LACROIX: J'ai eu plus de votes qu'avant.
M. DEMERS: Voyons donc! M. le Président, je reviens aux choses
sérieuses, c'est assez difficile de l'être tout le temps lorsque
notre excellent ami, le député des Iles-de-la-Madeleine est en
Chambre, parce qu'il a sa vocation; c'est de faire de l'interférence. A
chacun son métier, je ne dirai pas le reste.
M. le Président, je reviens au sous-amendement. Je ne peux, selon
nos règlements je m'attends qu'on va les sortir, je suppose
changer la motion du tout au tout, mais je peux demander une
rédaction nouvelle. Je peux demander une nouvelle rédaction de
l'amendement et appuyé par le député de Berthier, je
ferais le sous-amendement suivant: Pour l'exercice financier municipal,
commençant en 1972, une taxe égale au montant le plus
élevé des revenus, soit la compensation prévue dans
l'accord signé avec les compagnies ou soit à la dernière
évaluation de la machinerie au taux en vigueur en 1972. Au paragraphe
d), à la 2e ligne, remplacer: "à la compensation" par "au choix."
D'ailleurs le ministre a ce sous-amendement. Il l'a tellement qu'il l'a
déjà accepté et ce serait une redondance que de le
distribuer, mais pour faire comme on fait, comme font tous ceux qui proposent
des sous-amendements, on va distribuer les papiers.
M. LACROIX: Le Père Noël.
M. DEMERS: M. le Président, je termine mon intervention. Pour ma
part, je suis considérablement déçu de cette position.
Hier, j'ai félicité le ministre sur la qualité de son bill
48, j'ai trouvé que c'était excellent. Nous avions eu infiniment
d'agrément à travailler durant deux jours et deux nuits sur cet
instrument de travail qui sera à la disposition des
municipalités. Nous avions goûté le commerce
agréable qui s'était établi, d'une part, entre les
ministériels et l'Opposition et les fonctionnaires du
ministère.
Il faut que soit assombrie cette euphorie qui ne pouvait durer longtemps
parce qu'elle était conditionnée par un gars qui n'a pas de
mémoire. Il faut que soit arrêtée cette euphorie, dis-je,
et je reste songeur sur les déclarations et les acceptations qui
pourront être faites. Si le ministre a voulu faire tort à son
sous-ministre, il n'a pas manqué son coup. Mais, heureusement, le
sous-ministre a été connu avant le ministre et sa
réputation d'intégrité et de fierté ne sera pas
mise en doute. Je ne fais pas d'"encensage", je ne suis pas un homme à
ça, je n'encense jamais, mais quand j'encense c'est pour lancer
l'encensoir avec.
Seulement je ne voudrais, en aucune façon, prendre à
partie un fonctionnaire avec qui, depuis plusieurs années, même
avant que je sois député, le commerce fut toujours excellent.
Mais seulement je déplore infiniment que le ministre des Affaires
municipales, en plaçant un homme compétent dans une situation
semblable, fasse douter de l'intégrité de nos grands commis de
l'Etat.
Merci.
M. LE PRESIDENT: Le ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, l'amendement auquel fait allusion
mon collègue le député de Saint-Maurice, je n'en ai pris
connaissance pour la première fois que depuis environ trente secondes.
Ce qui est arrivé c'est qu'à la suite de la commission
parlementaire et des amendements apportés à l'article 106 hier,
devant la commission parlementaire, les maires de la Mauricie ont
été rencontrés. On leur a fourni toutes les explications
sur la portée de ce nouvel amendement et ils s'en sont tous
déclarés entièrement satisfaits.
Dans le courant de la soirée d'hier, assez tard, quelque temps
avant l'ajournement, quelque temps avant minuit, alors que nous nous
préparions justement à l'appel du bill 48, mon sous-ministre m'a
informé, à ce moment-là, qu'il avait eu une rencontre avec
les maires de la Mauricie et qu'après explications, il s'était
déclaré très satisfait de l'amendement. Il m'a de plus
informé, sans me donner le texte et sans me l'expliquer simplement en
faisant allusion, d'une proposition d'un nouvel amendement que le
député de Saint-Maurice se proposait de faire et à
laquelle il avait répondu, en présence du
député de Saint-Maurice et des maires, qu'à
première vue, le projet d'amendement lui semblait acceptable en principe
mais se réservant le droit de l'examiner plus en profondeur.
Or, après l'avoir examiné, c'est ce matin que mon
sous-ministre m'a fait rapport que, d'après lui, d'après les
études qu'il en avait faites, ce projet d'amendement ne pouvait pas
être accepté parce qu'il serait discriminatoire vis-à-vis
d'autres municipalités du Québec. C'est pourquoi je me vois dans
l'obligation de ne pas y acquiescer moi-même sur la propre recommandation
de mon sous-ministre.
M. DEMERS: M. le Président, est-ce que je pourrais donner lecture
d'un document que j'aimerais voir porter au journal des Débats? Est-ce
que j'ai le droit? Je crois que j'ai le droit.
DES VOIX: Oui, oui!
M. DEMERS: Il est daté du 16 décembre 1971, une heure
quarante-neuf p.m.; cette année, c'est aujourd'hui. Il se lit comme
suit: "Suite à une réunion d'hier et à l'acceptation
expresse par le ministre et le sous-ministre des Affaires municipales de
l'amendement proposé par les maires de la Mauricie à l'article
105-3 a) et b) du bill 48 et ce en présence de dix représentants
de la Mauricie, apprenons avec consternation refus du ministre de donner suite,
en troisième lecture, à cet amendement accepté hier.
Prions ils ont prié en vain instamment le ministre, dans
l'intérêt des municipalités de la Mauricie, de
reconsidérer cette décision et donner suite à l'amendement
proposé et accepté hier. "Signé: Les maires de la
Mauricie".
On pourrait ajouter, entre parenthèses, dix imbéciles qui
n'ont rien compris.
UNE VOIX: Après le ministre.
M. TESSIER: Ce télégramme est adressé à
qui?
M. DEMERS: Une copie est adressée à Philippe Demers et
l'original au ministre.
M. TESSIER: M. le Président, je dois préciser d'abord que
ce télégramme contient une fausseté. Lorsque l'on dit
"suite à réunion d'hier et à l'acceptation expresse par le
ministre et le sous-ministre des Affaires municipales...". Or, le ministre a
entendu parler de cette réunion pour la première fois à
onze heures hier soir. C'est la première fois que j'en ai entendu
parler, par la bouche de mon sous-ministre, près de l'Assemblée
nationale alors que nous attendions notre tour pour l'appel du bill 48.
Par conséquent, jamais je n'ai pu donner un consentement ou une
acceptation quelconque, encore moins expresse, puisque j'ignorais tout d'une
proposition d'amendement. Je n'ai pas assisté à cette
réunion, et ce n'est que plusieurs heures après que j'ai su qu'il
avait été question d'une proposition d'amendement.
Comme le député de Saint-Maurice a donné lecture de
ce télégramme afin qu'il soit consigné au journal des
Débats, je désire, à mon tour, donner lecture de la
réponse que j'ai faite dans le courant de l'après-midi à
ce télégramme des maires de la Mauricie.
La réponse était la suivante: "J'accuse réception
de votre télégramme de ce jour au sujet de l'article 105 de la
Loi sur l'évaluation foncière. Mon sous-ministre m'a
confirmé vous avoir dit que votre projet de modification lui semblait
acceptable en principe. Mais c'est lui-même qui m'a recommandé de
ne pas y donner suite, car un examen plus approfondi de la question l'a
amené à constater qu'elle constituerait une mesure
discriminatoire envers les municipalités, vu que l'évaluation de
la machinerie n'a pas été faite sur une base uniforme dans
chacune d'elles. Quant à moi, j'ajoute que, si j'ai estimé
raisonnable et souhaitable de reconduire les ententes de façon
décroissante sur une période de quinze ans, je ne vois pas en
vertu de quel principe je modifierais les montants sur lesquels les parties se
sont entendues entre elles, ce qui se produirait si la modification
proposée était agréée. En conséquence, je ne
puis en recommander l'acceptation par l'Assemblée nationale."
M. DEMERS: M. le Président, j'aurais une question de
privilège à invoquer immédiatement. Je ne voudrais pas
mettre en doute la parole d'un ministre. Lorsque quelqu'un déclare
quelque chose de son siège, nous sommes obligés de le croire,
mais si le ministre voulait me permettre de dévoiler la conversation
privée que nous avons eue, tous les deux, à onze heures moins
vingt-cinq derrière le fauteuil du président, je pourrais
dire...
M. TESSIER: Hier soir?
M. DEMERS: Ce matin, M. le Président. Me le permettez-vous? Vous
m'avez dit que vous n'acceptiez pas l'amendement qui était
suggéré. Cela voulait dire que vous en aviez pris
connaissance!
M. TESSIER: Exactement.
M. DEMERS: Très bien, vous venez de dire que vous n'en aviez pas
pris connaissance avant que votre sous-ministre vous le donne.
M. TESSIER: C'est ce que j'ai dit, M. le Président. J'ai dit que
j'avais entendu dire pour la première fois qu'il y avait eu un
amendement, à onze heures hier soir. A ce moment-là, n'ayant pas
le texte de l'amendement, je ne savais pas de quoi il s'agissait, mais mon
sous-ministre m'a dit: Il y a eu une proposition d'amendement; j'ai dit qu'en
principe je n'y
voyais pas d'objection et que je l'examinerais plus en profondeur. C'est
ce que mon sous-ministre m'a dit, hier soir; c'est ce que j'ai
répété au député de Saint-Maurice ce matin.
A midi, mon sous-ministre a communiqué de nouveau avec moi et il m'a
dit: Après l'avoir examiné, après y avoir bien
réfléchi, je ne suis plus en mesure de recommander ce projet
d'amendement. C'est exactement ce que j'ai dit, il y a un instant. Il n'y a
aucune contradiction là-dedans.
M. LACROIX: Vote!
M. DEMERS: M. le Président, je demanderais de noter au journal
des Débats que c'est infiniment commode pour des ministres d'avoir des
sous-ministres.
M. LE PRESIDENT: Article 105, adopté? DES VOIX:
Adopté.
M. TETRAULT: Avec l'amendement suggéré par le ministre en
commission.
M. DEMERS: Accepté sur division.
M. LE PRESIDENT: Accepté sur division. Articles 106 à 137
inclusivement adoptés?
DES VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. CARPENTIER (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre comité a
siégé et qu'il a adopté le bill 48 avec des
amendements.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Ces amendements seront-ils
agréés? Agréé.
M. LEVESQUE: Troisième lecture. Troisième
lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la troisième lecture du projet de loi no 48.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée?
M. LESSARD: Un instant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, quelques remarques sur le projet de
loi no 48. Ce projet de loi a pour but ou pour principe l'uniformi- sation de
l'évaluation municipale. Je suis d'accord que l'uniformisation soit
faite au niveau des municipalités, puisque le rôle
d'évaluation, maintenant, va s'établir selon des règles,
selon des normes et selon des critères uniformes.
Cependant, je voudrais dire que, si cette uniformisation se fait au
niveau des municipalités, elle ne se fait malheureusement pas au niveau
des individus et au niveau des entreprises. J'ai fait valoir, hier, que
c'était surtout un projet de loi d'exception, que, dans ce projet de
loi, il n'y avait aucun principe fondamental qui nous permettait d'avoir une
politique qui soit uniforme pour l'ensemble des citoyens du Québec.
J'ai fait valoir cette argumentation plus particulièrement au
niveau des articles qui concernaient les exceptions faites pour les compagnies
minières et les compagnies forestières. J'ai dit en
réponse au ministre, qu'il n'appartenait pas au ministère des
Affaires municipales de régler les problèmes qui existent dans
l'industrie forestière ou dans l'industrie minière.
Je pense que le ministère des Affaires municipales a pour
fonction principale de permettre aux municipalités d'aller chercher de
l'argent pour se financer. Du moins, c'est là une des fonctions
importantes du ministère des Affaires municipales. Actuellement, nous
constatons que le ministère des Affaires municipales accorde aux
entreprises des subventions indirectes qui ne peuvent pas être
comptabilisées. Comme nous constatons que ces entreprises peuvent aussi
avoir des subventions d'autres ministères, nous ne savons jamais combien
nous coûtent ces entreprises au Québec, puisqu'on ne peut pas
comptabiliser l'ensemble des subventions directes et les subventions indirectes
surtout que reçoivent ces entreprises, en particulier en ce qui concerne
les exemptions au niveau de la taxation municipale.
J'aurais aimé que ce projet de loi contienne une certaine
philosophie de la taxation. Pour moi, un immeuble, qu'il appartienne à
un individu ou à une compagnie, c'est un immeuble et tout immeuble
devrait être imposable en vertu de cette loi. Malheureusement, ce n'est
pas le cas en vertu de ce projet de loi. C'est pourquoi, à ce sujet, je
n'ai pas été d'accord sur les réponses que nous donnait le
ministre, lorsqu'il nous disait que l'industrie minière et l'industrie
forestière étaient dans une situation difficile, dans une
situation déplorable et qu'il fallait aider ces industries à se
maintenir ou à régler leur situation qui est temporaire.
J'ai dit que, lorsque ces entreprises faisaient de l'argent,
plutôt que d'investir dans la modernisation de leur entreprise,
exportaient les profits qu'elles faisaient. Aujourd'hui, ces entreprises
étant dans une situation difficile demandent d'abord au gouvernement de
venir les aider, alors qu'on n'a pas tenu compte de la nécessité
de réinvestir dans la modernisation de l'entreprise.
Encore une fois, il s'agit, à mon sens, d'une
"réformette", d'une réforme qui ne se base sur aucun principe.
Cela correspond exactement au gouvernement que nous avons, c'est-à-dire
un gouvernement sans programme, un gouvernement sans idéologie, un
gouvernement qui administre au jour le jour.
M. DEMERS: A la mitaine.
UNE VOIX: Parce qu'il est compétent.
M. LESSARD: Le deuxième point, M. le Président, sur lequel
je voulais parler au cours de cette troisième lecture, concerne les deux
suggestions que nous avons faites au ministre. D'abord, en ce qui concerne la
taxation des hôpitaux, nous savons...
UNE VOIX: Debout.
M. LESSARD: J'aimerais bien que des députés
libéraux se lèvent un peu plus souvent. Nous pourrions
peut-être savoir ce qu'ils pensent de leur gouvernement. Il y a du
mécontentement actuellement chez les libéraux, nous le
savons.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
M. LESSARD: Levez-vous donc, en particulier le député de
Saint-Jean, qui passe son temps...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ...à crier par en arrière. Mais il n'est pas
capable de venir dire exactement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: ...la faiblesse de ce gouvernement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay
pourrait-il revenir à la troisième lecture?
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Dites à vos
députés de se soumettre aux règlements.
M. le Président, je vous fais la suggestion suivante: Il serait
peut-être possible, par exemple, d'aller chercher des sommes d'argent
provenant du trésor du gouvernement fédéral, si on taxait
les hôpitaux comme on l'a fait, par exemple, pour la nouvelle loi sur les
CEGEP. Le ministre nous a dit qu'on était en train d'étudier
cette possibilité, et j'en suis heureux. Du moins, nous attendrons
jusqu'à ce que le ministre nous propose sa réforme fiscale
municipale pour voir s'il a vraiment tenu compte de cette suggestion.
Justement, au sujet de la réforme fiscale municipale dont nous a
parlé le ministre au cours des séances de la commission, nous
aurions souhaité qu'avant d'enlever des pouvoirs de taxation aux
municipalités, on sache exactement quels seront les pouvoirs de taxation
futurs de ces municipalités.
Encore une fois, je pense qu'on met la charrue devant les boeufs et
qu'on est en train d'enlever les pouvoirs de taxation aux
municipalitées. On dit: Voici, on va vous régler votre
problème lorsqu'on fera la réforme fiscale municipale.
M. le Président, je pense qu'il aurait été
extrêmement important de connaître ce que devait comprendre cette
réforme fiscale avant d'adopter un projet de loi comme celui-là.
Je suis assuré que le député de Saint-Maurice, comme
moi-même, si nous avions connu ce que doit être cette
réforme municipale, nous aurions pu accepter beaucoup mieux certaines
détaxations qu'on a faites au niveau des entreprises.
C'est la même chose quand nous avons tenté de corriger la
spéculation sur les terrains. Nous avions soumis un amendement au
ministre. Cet amendement a été refusé. Nous croyons encore
que notre amendement était certainement supérieur pour
régler ce problème. Le ministre a jugé qu'il aimait mieux
garder le projet de loi tel que rédigé ou tel qu'amendé.
Alors, nous espérons que ceci apportera des résultats
concrets.
Le député de Nicolet a soumis certains problèmes
concernant les agriculteurs. J'avais l'intention d'en parler. Je pense que le
député de Nicolet a bien soulevé ces
problèmes-là. Mais nous constatons que les agriculteurs sont
surtaxés par rapport aux villageois ou aux citoyens ordinaires, puisque
ces gens-là sont taxés sur leurs instruments de travail. Il nous
paraît illogique de taxer ces gens-là sur leurs instruments de
travail parce que c'est grâce à ces instruments qu'ils peuvent
gagner leur vie.
M. le Président, je n'étais, malheureusement, pas à
la commission lorsqu'on a parlé de l'article 107, concernant la taxation
des roulottes. Je n'ai pas voulu intervenir, tout à l'heure, en
comité plénier. Cependant, je voudrais soumettre ceci au
ministre: je crois que, comme les agriculteurs, les propriétaires de
roulottes, dans ce projet de loi sont surtaxés puisqu'on ne tient pas du
tout compte de la valeur de la roulotte, de la dépréciation de la
roulotte mais qu'on tient compte strictement de la longueur de la roulotte.
Si je prends un exemple où le taux de taxation est de $2 les
$100, je pense que c'est assez élevé, il arriverait qu'une
roulotte de $5,000 devrait coûter $100 de taxe. On sait, M. le
Président, qu'en vertu de ce projet de loi ce propriétaire devra
payer au moins jusqu'à $275 de taxe. Lorsqu'on dépassera 30
pieds, on devra payer au maximum $365 de taxe.
Je pense, M. le Président, qu'il va falloir tenir compte, un jour
ou l'autre, du fait que les propriétaires de roulottes devraient
maintenant être acceptés à l'intérieur de
territoires municipaux, que ce système d'habitation entre maintenant
dans notre société industrielle et qu'il ne faudrait pas,
étant donné la forte dépréciation
de ces roulottes, les surtaxer, d'autant plus que la plupart de ces
propriétaires doivent déjà payer à la
municipalité une taxe de location sur leur terrain.
M. le Président, c'étaient là les quelques
remarques que je voulais fake sur le bill no 48. Dans l'ensemble, je crois que
ce projet de loi a été certainement amélioré par
rapport au projet de loi initial. Encore là, en conclusion, je soumets
la remarque suivante au ministre. Lorsque nous avions demandé au
ministre de retarder son projet de loi et de convoquer la commission
parlementaire afin d'entendre les témoins, nous savons que la
réponse du ministre avait été négative. C'est
là que nous avons compris quels étaient les véritables
maîtres du gouvernement actuel.
Ce n'est que quelques jours après certains appels
téléphoniques au ministre que celui-ci nous a annoncé
qu'il retirait temporairement son projet de loi, qu'il le soumettait à
la commission parlementaire, comme nous l'avions suggéré. Je
pense que cela fait déjà six mois que le projet de loi...
Oui?
M. TETLEY: Je m'excuse. J'avais une question, mais...
M. LESSARD: M. le Président, cela fait déjà six
mois que le projet de loi initial a été déposé,
sinon plus. Le ministre aurait dû, lorsque nous lui avons soumis cette
suggestion, l'accepter, parce que c'était justement en vue de bonifier
le projet de loi. Ce n'est que lorsque des interventions extérieures
sont parvenues au ministre que celui-ci a décidé de convoquer la
commission parlementaire.
Nous en sommes heureux, M. le Président. Je pense qu'il y a des
suggestions des témoins qui sont venus à la commission
parlementaire, des suggestions que nous avons faites, nous du côté
de l'Opposition, qui ont permis d'améliorer ce projet de loi. Nous en
sommes heureux, M. le Président, mais nous espérons que le
ministre retiendra la leçon. Merci.
M. LE PRESIDENT (Blank): Le député de Lévis.
M. ROY (Lévis): M. le Président, quelques mots seulement
sur le bill no 48. Nous avons eu l'occasion de discuter ce bill en commission.
Je regrette que certaines choses soient arrivées. Hier, tout le monde
s'était laissé dans l'harmonie et se donnait la main. Je pensais
que l'affaire était finie. Je m'aperçois cet après-midi
que l'affaire commence.
Je comprends, M. le Président, que le bill n'est pas parfait. Il
ne peut pas satisfaire toute la population de la province de Québec.
J'écoutais tout à l'heure religieusement le
député de Saint-Maurice, et je sais que c'est le
député probablement le plus affecté par ce bill, par
l'article 105 du bill, et je le comprends. J'ai causé personnellement
avec lui et nous avons parlé d'affaires. Je comprends sa situation et je
le comprends d'avoir amené des suggestions aussi avantageuses pour ces
villes.
Dans mon comté je pourrais dire que je suis contre, puisque nous
n'avons pas encore évalué la machinerie, et c'est un principe que
nous avions eu depuis longtemps. Je vais vous donner la raison: étant
commissaire industriel d'une ville, on ne doit jamais évaluer la
machinerie d'une industrie, même quand on lui prête de l'argent,
parce que c'est sa seule chance.
Je n'étais pas contre le bill ni qu'on empêche les
municipalités, à l'avenir, d'évaluer la machinerie, parce
que c'est sa seule chance de pouvoir avoir un compte de banque. Si elle vient
à avoir besoin d'argent, elle peut prendre sa machinerie en
garantie.
Mais pour les villes qui l'avaient évaluée, je comprends
que c'est une objection qu'on doit prendre en considération. Le
député de Saint-Maurice a fait une envolée oratoire
parce que c'est un politicien averti et un homme qui travaille pour sa
population, et je l'en félicite mais si le gouvernement prend
aujourd'hui des mauvaises mesures avec le bill no 48, ce ne sera pas
l'Opposition qui va en avoir la responsabilité, probablement que ce sera
le gouvernement.
Quand un gouvernement formé d'un parti ou d'un autre fait des
changements dans des lois, il y a toujours une satisfaction pour le
gouvernement, mais il y a toujours un désavantage pour la population.
Même si on démontre dans le bill no 48 qu'il y a des avantages
pour la population, je dirai qu'avec ce bill, aussi bien qu'avec le bill no
276, nous aurons à subir des augmentations de taxes. Et le ministre
pourra me dire probablement si nous nous rencontrons si j'avais
raison quand je lui ai fait cette mise en garde.
Nous, comme tout le monde, nous sommes heureux, en ce qui regarde le
bill, des améliorations qui ont été apportées, mais
je ne répéterai pas, connaissant l'intelligence du ministre,
qu'il a fait des erreurs ou que ses fonctionnaires peuvent avoir fait des
erreurs. Il pourra en tout temps proposer des amendements ou un autre bill et
nous pourrons discuter ensemble s'il y a des amendements possibles. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, un mot seulement en troisième
lecture pour je le répète féliciter les gens
qui ont participé au travail et à l'élaboration de cette
loi. J'ai probablement déversé toute mon amertume sur ceux vers
lesquels elle était destinée, mais je dois déplorer en
terminant que $4 millions seront soustraits des coffres des
municipalités concernées.
La ville d'Alma perdra $769,000 dans quinze ans; Grand'Mère,
$487,000; Kénogami perdra $398,000; La Tuque perdra $398,000;
Shawinigan, $491,000 et, dans quinze ans, la ville de Trois-Rivières,
dont le député applaudissait,
hier, à l'adoption de cette loi et appuyait à deux mains
et à deux genoux la décision du ministre des Affaires
municipales, perdra $1,350,000. Port-Alfred perdre $215,000 et Jonquière
$120,000. On est consentant à perdre tout cela dans quinze ans.
Applaudissez! vous avez gagné! Merci, M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, c'est dommage que je n'aie pu suivre
toute l'étude en comité du projet de loi no 48, parce que moi et
mon collègue, le député de Chicoutimi, nous avions
grandement ébranlé le ministre qui a compris l'urgence et la
nécessité d'amender ce projet de loi. Nous avons
spécialement mené une lutte dure, acerbe devant la commission
lorsque nous avons étudié toutes les implications
budgétaires de cette taxation de la machinerie. Je m'en voudrais, M. le
Président, de ne pas féliciter de façon toute
spéciale le député de Saint-Maurice d'avoir su si bien
présenter des arguments qui ont amené un compromis dans
l'équilibre budgétaire des villes de Grand'Mère,
spécialement, de Shawinigan, de La Tuque et également de
Trois-Rivières.
Qu'est-ce à dire de la performance remarquable du
député de Chicoutimi ! Nous n'avons été que trois,
M. le Président, qui nous sommes intéressés à cette
question. Où étaient tous les autres? Je vois mon bon ami, le
député de Laviolette; il brillait par son absence je ne le
comprends pas, M. le Président alors que deux villes importantes
de son comté, Grand' Mère et La Tuque subirons des pertes
énormes. M. le Président, c'est avec regret que je dois, avec mon
collègue le député de Saint-Maurice, demander à
tous les députés affectés par l'adoption de ce projet de
loi d'applaudir à une législation qui, en soi, est excellente,
mais qui, dans un domaine particulier et dans une portée précise,
aura pour effet de faire encourir des pertes d'argent énormes aux
contribuables de ces municipalités.
Ce sont les remarques que je voulais faire, M. le Président. Je
sais que, dans l'ensemble, cette loi a été bonifiée
grâce au travail extrêmement intelligent, surtout, des
députés de l'Unité-Québec et par suite de la
générosité du ministre des Affaires municipales, que nous
voulons remercier parce qu'il n'a pas eu peur, lui, dans un grand geste, de
retraiter en quelque sorte; c'est à son honneur. Chaque fois, M. le
Président, que nous combattons le ministre, nous constatons qu'il
s'améliore. C'est pourquoi nous avons la ferme intention et surtout le
ferme propos de continuer à le surveiller afin que ses lois, sans
qu'elles soient totalement parfaites, puissent être constamment
améliorées pour répondre, en certaines circonstances, aux
besoins de la population. C'est pourquoi nous voterons en troisième
lecture pour ce projet de loi. Sur division, comme de raison.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai eu le plaisir de travailler en commission
parlementaire à l'examen de la loi no 48, cette loi qui se veut une loi
cadre de l'évaluation municipale. Au cours des séances de la
commission parlementaire, nous avons eu, comme l'ont dit mes collègues
de Maskinongé et de Saint-Maurice, maintes occasions de réclamer
du ministre des amendements. Il a consenti à un grand nombre de nos
demandes. Le projet de loi se trouve ainsi amélioré.
M. le Président, qu'il me soit permis, comme aux collègues
qui m'ont précédé, de déplorer que le ministre des
Affaires municipales ne se soit pas rendu aux demandes instantes que nous lui
avons faites en ce qui concerne certaines villes qu'ont mentionnées le
député de Saint-maurice et le député de
Maskinongé. Vivant dans une région où se trouvent
plusieurs villes industrielles qui seront touchées par les dispositions
de la loi no 48, je ne puis que déplorer avec la plus grande
énergie l'obstination du ministre des Affaires municipales qui n'a pas
voulu se rendre à nos exigences, qui n'a pas voulu entendre les
arguments impératifs que nous avons invoqués parce que nous
concevions que, s'il était nécessaire de procéder à
un réaménagement dans le domaine municipal, il était en
même temps nécessaire de voir à ce qu'aucune des
municipalités du Québec, et particulièrement certaines
municipalités qui se trouvent dans la région du Saint-Maurice et
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, ne soit
pénalisée par l'obstination incompréhensible du ministre
des Affaires municipales.
Ce n'est pas la première fois que le ministre des Affaires
municipales nous déçoit. Il est à se demander, à
certains moments, s'il est conscient des responsabilités qu'il assume en
qualité, c'est-à-dire en qualité de responsable de la vie
municipale au Québec. Il nous propose une loi-cadre; nous allons
accepter cette loi-cadre mais nous ne l'acceptons pas sans condition.
Nous ne l'acceptons que si le ministre veut bien, à très
brève échéance, nous dire de quelle façon il va
compenser les pertes qu'encourront les villes et les municipalités qu'il
a pénalisées par son pojet de loi.
M. le Président, le ministre des Affaires municipales a suivi
avec nous, a participé avec nous au travail de la commission
parlementaire. Toutes les fois qu'une proposition lui était faite, il
disait d'accord! d'accord! d'accord! Si bien, qu'à un moment
donné, j'ai été obligé de lui demander: comment va
s'intituler votre loi, Loi de l'évaluation municipale? non M. le
Président, j'ai dit, loi exemptant tout le monde. Il semblait que cela
devait être son intention.
Son attitude nous vaut ce soir que des régions, notamment celles
de la Mauricie et du Saguenay-Lac-Saint-Jean se trouvent
défavorisées par la volonté expresse du ministre des
Affaires municipales. Que le ministre des Affaires municipales ne revienne pas
chez nous faire les déclarations qu'il a déjà faites
à savoir que son intention était de sauver les
municipalités, de les placer dans une situation telle que leur
fiscalité s'en trouverait améliorée et qu'elles
pourraient fonctionner selon des normes, disait-il, planifiées,
organisées et des normes d'efficacité. Il reprenait en cela les
expressions chères au premier ministre du Québec. Comment va
être organisée la fiscalité des villes qu'ont
mentionnées les députés de Saint- Maurice et de
Maskinongé, quand nous aurons adopté ce projet de loi? Le
ministre est-il capable de me dire comment il va compenser les pertes? Quels
sont exactement les moyens qu'il prendra pour permettre à ces
municipalités de retrouver d'une autre façon ce qu'il leur a
enlevé?
Le ministre des Affaires municipales ne semble pas conscient et
je le dis dans toute l'acception du terme de la responsabilité
immense qui lui est dévolue en sa qualité de ministre des
Affaires municipales. Il ne semble pas conscient qu'il est responsable de la
vie de ce qu'on appelle les petits gouvernements, les gouvernements
régionaux, de ces gens qui ont à traiter immédiatement,
directement avec le peuple et qui tous les jours sont informés des
problèmes de la population.
Ah! de loin, dans la quiétude d'un cabinet de travail, dans la
quiétude des salles de conférence ou avec des fonctionnaires, on
imagine des plans idéalistes et il est facile de définir les
modes de vie des villes et des municipalités. Mais quand on est dans le
concret des choses, quand on a à recevoir les autorités
municipales des diverses villes et des divers villages, quand on a à
entendre chaque semaine, chaque jour, les revendications des citoyens qui se
plaignent de la mauvaise administration du gouvernement, on réagit
autrement que ne réagit le ministre des Affaires municipales, en allant
fumer quand on est en train de lui proposer des choses concrètes, de lui
faire comprendre, d'essayer et Dieu sait si c'est difficile quand on a
affaire à un homme comme cela d'essayer de lui faire comprendre
quelle est la vie des municipalités, quelles sont leurs
difficultés, quels sont leurs problèmes.
Le ministre des Affaires municipales peut, à ce stade-ci de nos
procédures, aller fumer en paix, mais je sais qu'il y a ce soir des
maires, qu'il y a des conseillers municipaux, qu'il y a des citoyens, qu'il y a
des corps intermédiaires qui ne fumeront pas en paix, parce qu'ils ont
à boucler des budgets. Ils ont à préparer des budgets. Ils
ont à aménager des politiques, à préparer des plans
triennaux, quinquennaux qui leur permettent de donner aux citoyens qui vivent
dans les territoires intéressés des moyens de vivre
convenablement.
Je voudrais que, ce soir, le ministre des Affaires municipales nous dise
tout de suite et ça presse comment il va réparer
les dégâts qu'il vient de causer et comment les villes qu'il prive
de revenus importants, capitaux, essentiels, vont retrouver ces revenus. Ah! il
nous a dit, au cours des auditions de la commission parlementaire. Nous allons
proposer aux citoyens concernés un mode de finance- ment, un nouveau
système de fiscalité. Cela, dans le domaine municipal comme,
d'ailleurs le ministre de l'Education nous en a parlé, dans le domaine
scolaire. Mais, comment? Comment cela va-t-il se faire? Par quels moyens? Par
quels mécanismes? Le ministre n'a pas répondu. Il ne semble pas
vouloir répondre. Il nous laisse en plan. Il nous laisse sur des
promesses, sur des assurances.
Je ne veux pas mettre en doute sa bonne foi, mais je mets en doute sa
compétence. C'est d'une évidence fulgurante. La compétence
du ministre des Affaires municipales se réduit à ceci: faire des
discours, les contredire le lendemain, se reprendre le surlendemain,
répéter ses premiers discours et se recontredire. C'est sa
technique, c'est sa dialectique, c'est sa façon d'administrer; c'est sa
façon de voir les choses.
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Chicoutimi me permettrait-il...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous fais observer
qu'il est six heures, et je demande la suspension du débat.
M. LEVESQUE: Le député de Chicoutimi permettrait-il une
question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je veux bien.
M. LEVESQUE: Le député de Chicoutimi n'est-il pas d'avis
que le ministre des Affaires municipales a accompli un travail de
géant...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, bon Dieu!
M. LEVESQUE: ... dans la préparation d'une législation
considérable au cours de la présente session et que le projet de
loi...
M. CHARRON: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: Question de règlement.
M. CHARRON: Avant que le député de Bonaventure n'aille
trop loin, il est six heures et afin qu'il ne mente pas plus longtemps...
M. LEVESQUE: Un instant. On est bien nerveux !
M. CHARRON: ... je demande la suspension du débat.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est moi qui l'ai demandée.
M. LEVESQUE". Jamais nous n'avons coupé la parole à qui
que ce soit...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre m'a
posé une question.,,
M. LEVESQUE: ... sur une question de secondes. Et je me rappellerai de
l'intervention du député de Saint-Jacques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre m'a
posé des questions. Comme il semble que ces questions doivent être
longues, je me réserve de lui répondre en long et en large. Il a
parlé de travail de géant, je vais réduire ce géant
à sa dimension réelle qui est celle d'un habitant de Illliput.
Bon!
M. le Président, il est six heures, je demande la suspension du
débat.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que je pourrais vous demander
de me définir qu'est-ce qu'est Illliput?
M. CARDINAL: C'est le pays des petits bonshommes qui attachaient des
géants.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qui attachaient Gulliver.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à vingt
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 3)
Reprise de la séance à 20 h 10
M. LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, au moment où
j'ai demandé la suspension du débat, le ministre de l'Industrie
et du Commerce posait une question. Il me demandait: Est-ce que vous ne pensez
pas que le ministre des Affaires municipales a accompli un travail de
géant? J'ai répondu à celui qui m'avait interrogé
qu'il était assez facile de réduire cette taille...
M. LEVESQUE: Il est inutile de répéter des sottises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... à la dimension de celle d'un
lilliputien.
M. LEVESQUE: Il est inutile de répéter des sottises.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne reconnais pas
dans les propos que vient de tenir le député de Bonaventure la
gentilhommerie dont il a coutume de faire preuve et dont nous faisons preuve
à son égard. Je le prierais de me laisser poursuivre et, s'il a
des questions à me poser, qu'il me les pose et je lui
répondrai.
Il m'en a posé une. Il m'a demandé si je reconnaissais ce
que le ministre des Affaires municipales avait fait. Oui, M. le
Président, je le reconnais. Mais je ne dis pas que cela est suffisant et
que cela le justifie d'hypothéquer des municipalités. Ce n'est
pas parce qu'un homme a fait quelque chose de bien qu'on va pour cela le monter
sur les autels et brûler devant lui l'encens. Il faut quand même
s'interroger si la canonisation a eu lieu en bonne et due forme. Je ne suis pas
prêt à le canoniser ce soir.
Le ministre des Affaires municipales nous a présenté des
lois, regroupement des municipalités, organisation des territoires non
organisés mais qu'on se souvienne qu'il a rappelé son livre
blanc, qu'il nous avait présenté un plan d'aménagement
municipal qu'il devait compléter et qu'il veut compléter par une
loi-cadre avant même que cet aménagement municipal ne soit fait,
qu'on l'ait même commencé.
M. le Président, je ne veux pas passer pour un membre des Navajos
et être un coupeur de têtes mais je dis que la tâche du
ministre des Affaires municipales, il faut la réduire à sa
dimension. C'est un homme qui essaie, mais, qui ne réussit pas
nécessairement. Et c'est surtout un homme qui ne comprend pas toujours
ce qu'on lui demande.
Le député de Saint-Maurice, M. le Président, a fait
état cet après-midi des désavantages de la loi, du fait
que l'on n'a pas accepté le sous-amendement qu'il avait proposé.
Et cela, ce
sont des faits, ce sont des réalités. Et si j'ai
décidé d'intervenir, c'est que ça me touche et que je suis
sensible aux problèmes de la région que je représente.
Problèmes d'ailleurs qui ne sont pas uniques à ma région.
Qu'on pense aux villes d'Alma, Jonquière, Port-Alfred et
Kénogami, Chapais, Trois-Rivières, Shawinigan, Grand'
Mère, La Tuque, Donnacona et bien d'autres, les villes minières
de la Côte-Nord, par exemple. On ne dira quand même pas que cela
n'a pas d'importance et que le ministre des Affaires municipales nous
présente un projet de loi qui soit satisfaisant, à tous
égards.
Non, ce n'est pas le cas.
Le ministre des Affaires municipales peut très bien me dire:
Certes nous avons pris telle décision, notre projet de loi est tel et
tel, mais nous allons en retour, pour dédommager les
municipalités, leur accorder des subventions. D'accord, subventions,
mais subventions qui vont être réparties sur quinze ans et qui
doivent compenser des pertes d'au-delà de $4 millions par année,
subventions qui vont être réparties sur quinze ans.
Et cela, sans tenir compte des exigences du réajustement du
coût de la vie, des exigences de croissance des municipalités sans
tenir compte non plus que le gouvernement prive les municipalités de
l'argent qu'elles retiraient de certaines taxations, sans tenir compte que ces
municipalités devront contracter des emprunts à des taux
d'intérêt que nous ne connaissons pas. C'est cela
hypothéquer les municipalités. C'est cela hypothéquer la
propriété foncière, et c'est cela faire porter aux petits
propriétaires fonciers des charges qu'ils ne sont plus capables de
porter, eu égard au taux actuel des impôts, des taxes de toutes
sortes.
Le ministre des Affaires municipales et le ministre de l'Industrie et du
Commerce vont convenir que ce n'est pas là réthorique, que ce ne
sont pas là des sottises, comme il l'a dit tout à l'heure. Ce
sont des réalités, ce sont des faits. Et quand je disais tout
à l'heure qu'il fallait...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Lorsque j'ai dit qu'il s'agissait de sottises je me suis
référé à la dernière phrase qu'a
prononcée le député avant la suspension.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce que c'était?
M. LOUBIER: M. le Président, j'invoque le règlement sur le
point de règlement ou le prétendu point de règlement
soulevé par le leader parlementaire, lorsqu'il a soulevé la
question de sottise. Est-ce ce qui nous favorise ce soir de la visite
très occasionnelle du premier ministre pour entendre le reste de la
sottise?
M. LEVESQUE: Il n'y a rien de plus occasionnel que la visite du chef de
l'Opposition.
M. LOUBIER: Je regrette que l'exténuation du leader
parlementaire, qui habituellement est un gentilhomme, verse...
M. PAUL: Zéro égale zéro.
M. LOUBIER: ... dans une telle démagogie. J'ai soulevé
tout simplement...
M. LEVESQUE: J'ai répété à l'endroit du chef
de l'Opposition les mêmes propos qu'il a tenus à l'endroit du
premier ministre.
M. LOUBIER: Je voudrais tout simplement attirer votre attention sur le
climat qui prévaut actuellement dans cette Chambre. On se rend compte
que le gouvernement, à bout de forces, voulant à toute vapeur
faire adopter des lois importantes...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense bien qu'on pourrait mettre fin
à cette digression qui n'est pas admissible au sein du discours du
député de Chicoutimi.
M. PAUL: Sur un point de règlement, pourriez-vous faire taire les
bergers en arrière. S'ils veulent participer au débat, qu'ils
aient le courage de se lever plutôt que de piailler et de crier bassement
comme ils le font.
M. LE PRESIDENT: Messieurs, s'il vous plaît, revenons au projet de
loi 48. A l'ordre, s'il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre! Messieurs,
à l'ordre! Je pense bien que si nous essayons ensemble de conserver ce
débat dans les limites permises, tout le monde devra y mettre du sien.
Le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ce que le
député de Bonaventure a appelé des sottises, les propos
que je tenais avant la suspension du débat, c'est ceci, c'est que j'ai
dit que la dimension énorme du ministre des Affaires municipales, nous
allions la réduire aux dimensions des habitants de Lilliput et
c'est...
M. CARDINAL: Il ne sait pas ce que c'est.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... Gulliver lui-même qui va le faire.
Et Gulliver, c'est tout le peuple, ce sont tous les petits citoyens, tous les
petits propriétaires qui vont se lever pour dire au ministre des
Affaires municipales: Cela n'a pas de bon sens, vous nous privez des fonds dont
nous avons besoin, dont nos municipalités ont besoin, M. le
Président, et le peuple va demander des comptes au ministre des Affaires
municipales. Le peuple va demander des comptes au sujet de la suppression des
droits de taxation que les municipalités ont encourus par suite de
l'obstination du ministre des Affaires municipales.
Ils vont demander des comptes aussi, M. le Président, au ministre
de la Voirie, parce qu'on a supprimé des subventions pour entretien
de
chemins d'hiver, entretien de certains tronçons de route dans les
villes où aux sorties des villes, entretien pour certains chemins qui
mènent à des terrains de loisirs. M. le Président, le
peuple va demander des comptes au ministre des Affaires municipales au sujet de
son attitude à l'endroit du gouvernement central.
Il va demander des comptes, parce que, par ce projet de loi 48, le
ministre des Affaires municipales n'a rien arrangé dans le domaine des
relations fédérales-provinciales puisqu'il laisse un ministre
fédéral s'emparer des droits du Québec, et il livre
lui-même les municipalités pieds et poings liés à
Ottawa. Je n'insiste pas là-dessus, M. le Président, parce que ce
n'est pas spécifiquement dans le cadre du débat. Mais s'il fait
ça, M. le Président, c'est parce que le gouvernement central
donne de l'argent, de l'argent et pourquoi? Parce que le gouvernement central
en a trop, qu'il en perçoit en trop et qu'il en donne aux
municipalités, qu'il en offre aux municipalités avec la
bénédiction du ministre des Affaires municipales. Rappelons-nous
sa déclaration, il l'a contredite par la suite d'ailleurs.
Alors, M. le Président, qu'est-ce qui arrive aux
municipalités que j'ai mentionnées tout à l'heure? Est-ce
que les maires de ces municipalités sont satisfaits? Est-ce que
messieurs les maires ont reçu le télégramme dont nous a
parlé le ministre des Affaires municipales cet après-midi,
télégramme envoyé aux maires de la Mauricie en
réponse à celui que ceux-ci lui avaient fait parvenir? Pendant
l'heure de la suspension, nous avons communiqué avec certains maires de
ces municipalités, qui nous ont déclaré ne pas avoir
encore reçu le télégramme du ministre des Affaires
municipales. Les communications, ça ne va pas vite, dans ce
gouvernement-là.
Je ne nommerai pas les maires par crainte des représailles que le
ministre voudrait exercer contre eux. J'attends une réponse de certains
députés intéressés de l'autre côté de
la Chambre. J'attends que ces gens-là se lèvent et posent des
questions au ministre, qu'ils posent le problème tel que nous le posons.
Que vont dire les députés de Trois-Rivières, de
Laviolette, du Lac-Saint-Jean, de Jonquière? Le ministre du Revenu,
où est-il?
M. BACON: Laissez-nous en la chance et nous allons vous le dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député du Lac-Saint-Jean,
où est-il? Où sont les autres? Est-ce qu'ils vont se lever et
est-ce qu'ils vont poser les mêmes questions au ministre des Affaires
municipales, c'est-à-dire: Comment compenser les pertes encourues par
les municipalités par suite de la décision obstinée du
ministre des Affaires municipales? Qu'ils se lèvent, ces
députés-là, et qu'ils parlent.
Si, par hasard, on leur avait demandé, pour ne pas prolonger les
débats, de ne pas intervenir afin que soit satisfait le leader
parlementaire de la Chambre, évidemment, nous allons devoir
interpréter leur silence, mais le peuple, plus encore,
interprétera leur silence.
M. LEVESQUE: Le même peuple qui vous a battus à plate
couture?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le député de
Bonaventure veut me poser une question?
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que je ne pourrais pas
demander ceci au leader parlementaire? Si on ne s'était pas servi de la
Brinks et de Lafferty pour transporter les votes, le jugement populaire
n'aurait-il pas été différent?
M. LEVESQUE: M. le Président, si on parle au député
de Bonaventure, après toutes les incursions des anciens de l'Union
Nationale dans mon comté, je n'ai jamais obtenu une telle victoire et
jamais, depuis la confédération, il n'y a eu une majorité
comme celle que j'ai connue en 1970.
M. LOUBIER: M. le Président, je dirai que le député
de Bonaventure, comme les autres députés libéraux, a
été attaché à 100,000 mensonges dans le
Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
M. TESSIER: M. le Président, je voudrais ajouter également
que, depuis que le député de Chicoutimi est venu dans le
comté de Rimouski, j'ai quadruplé ma majorité.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre veut me poser une
question?
M. LE PRESIDENT: Il ne semble pas que le ministre avait une question
à poser.
M. LOUBIER: Je répondrai au député de Rimouski
qu'il est possible de multiplier à l'infini l'insignifiance.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, revenons à
notre propos et posons encore une fois au ministre des Affaires municipales ces
questions: Que vont dire et qu'ont dit les maires à la suite de ce
fameux télégramme dont le ministre nous a donné cet
après-midi des bribes? On avait l'impression qu'il improvisait de
façon merveilleuse et extraordinaire...
M. CARDINAL: Il passait du singulier ou pluriel.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... en mêlant le pluriel au singulier de
sorte que nous ne savons pas si le télégramme a été
adressé à un maire ou aux maires de la Mauricie. Le ministre des
Affaires municipales sera-t-il prêt tout à l'heure à
déposer le texte de ce télégramme dont certains maires que
nous avons consultés tout à l'heure n'ont pas encore reçu
copie? Le ministre déposera-t-il le télégramme afin que
nous puissions faire de la littérature comparée et savoir
exactement selon quelles règles syntaxiques il a pu mêler le
pluriel au singulier?
Il y a fort à parier que ce télégramme était
dans l'imagination du ministre il lui appartiendra de prouver le
contraire et qu'il était en train de le composer afin de
l'expédier, ce qu'il a dû faire durant l'heure du dîner.
Il lui appartiendra de répondre, il aura son droit de
réplique; plutôt non, il n'aura pas droit de réplique,
c'est dommage, mais de toute façon il pourra faire une
déclaration en dehors de la Chambre, c'est son privilège.
Le ministre des Affaires municipales nous parle de loi-cadre, de faire
de grands organismes, nous sommes d'accord avec lui mais à condition que
ça ne se fasse pas sur le dos des municipalités qui sont dans une
situation économique difficile. C'est le cas particulièrement des
villes que j'ai mentionnées tout à l'heure et qu'avaient
mentionnées mes collègues, les députés de
Saint-Maurice et de Maskinongé. Nous vivons actuellement dans notre
région une situation économique extrêmement
inquiétante et les municipalités ont déjà tellement
de mal à vivre et à se développer sans que l'on vienne
encore entraver leur démarche, leur croissance, leur planification par
des gestes aussi arbitraires que ceux-là, en dépit des promesses
que nous avait faites le ministre des Affaires municipales d'accepter le
sous-amendement du député de Saint-Maurice, en dépit de
toutes ces tractations, de tout ce travail qu'avait accompli le sous-ministre
aux Affaires municipales, M. Beaulieu, et qu'a contredit le ministre des
Affaires municipales.
J'ai hâte d'entendre le ministre. J'ai hâte d'entendre les
députés concernés répondre, surtout ceux-là.
Nous verrons s'ils font partie du gouvernement, s'ils ont quelque chose
à dire au caucus, s'ils sont consultés, parce qu'on parle de
consultation dans ce gouvernement-là, Dieu le sait.
Mais, il me paraît, M. le Président, que la consultation et
la participation, dans ce gouvernement-là, ça se fait par des
moyens électroniques, audio-visuels. J'imagine que la seule projection
de l'image du ministre les séduit à ce point qu'ils oublient les
intérêts des commettants qu'ils représentent. Bien, moi,
son image ne me séduit pas, fût-elle gigantesque, comme le disait
mon collègue, le député de Bonaventure, qui me semble
reprendre sa belle et bonne humeur, ce dont je me réjouis.
M. LEVESQUE: Non, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le
député de Bonaventure ne veut pas être de bonne humeur. M.
le Président, vous qui êtes un homme de culture, vous savez qu'il
y avait, dans les appartements royaux, une petite pièce que l'on
appelait le boudoir. Est-ce que le député de Bonaventure ne
pourrait pas passer à son boudoir pour retrouver son humeur afin de
pouvoir se pencher avec nous en toute sérénité sur les
grands problèmes des municipalités du Québec et
particulièrement des villes qui sont touchées par la
décision obstinée du ministre des Affaires municipales?
M. le Président, je ne veux pas insister davantage, parce que je
serais obligé de parler des promesses faites par le ministre des
Affaires municipales aux conseils de comté à qui il avait dit:
Non seulement vos pouvoirs ne seront pas réduits, mais ils vont
être augmentés. Où cela se trouve-t-il dans les lois que
nous avons votées, lois qui ont donné cette taille gigantesque au
ministre des Affaires municipales? Rien de rien, M. le Président. On
dira ce n'est pas spécifiquement rattaché au projet de loi
actuel, mais, dans tout le problème de l'évaluation municipale,
les conseils de comté ont quelque chose à dire ou devaient avoir
quelque chose à dire, si on leur avait reconnu les droits qu'on devait
leur reconnaître et qu'on devait même étendre,
élargir. Non, il n'en a pas été question, M. le
Président; pas un mot, malgré toutes les promesses du ministre
des Affaires municipales, le député de Rimouski.
M. le Président, on pourrait parler des heures et des heures
là-dessus.
M. LEVESQUE: Ce ne serait pas nouveau. M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. LEVESQUE: Pour ne rien dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député pourrait-il me poser
une question? Je lui conseillerais d'écouter. J'ai seulement trente
minutes, puis il m'interrompt. Ce n'est pas généreux, ce qu'il
fait; ce n'est pas dans ses moeurs. Je sais qu'il se fait violence pour adopter
cette attitude un peu renfrognée, alors que nous avons toujours coutume
de le voir souriant, aimable, généreux, collaborateur. Alors,
pour ne pas l'indisposer davantage, je veux bien déterminer.
N'applaudissez pas trop, vous, messieurs les députés des
comtés de Trois-Rivières, Laviolette, Lac-Saint-Jean et
Jonquière.
J'attends de vous entendre pour vous applaudir. Alors, je vous en prie,
ne m'applaudissez pas, exercez-vous au narcissisme politique et préparez
vos discours, je vous le demande en grâce.
M. le Président, nous sommes en face d'un gouvernement qui,
tantôt, cède un cinquième du territoire du Québec
à une poignée de gens de sa famille politique, et tantôt,
hypothèque
des territoires organisés du Québec en faisant peser sur
les communautés municipales, les villes organisées une
hypothèque non seulement sur leurs biens, mais une hypothèque sur
leur avenir et une hypothèque sur l'avenir de tous les citoyens qui y
vivent.
Quant à nous, M. le Président, nous avons fait notre
devoir, nous avons signalé au gouvernement les dangers de certains
aspects de son projet de loi. Mais seule l'obstination du ministre des Affaires
municipales nous a empêchés de donner satisfaction à ceux
qui nous avaient priés de faire ces revendications, à ceux qui
nous avaient priés de faire ces demandes, ces représentations
à un ministre qui semblait bien disposé mais qui, tout à
coup, s'est ravisé, pour des raisons que je ne connais pas et qu'il se
chargera sans doute de nous expliquer. M. le Président, il nous
apparaît clairement, depuis quelques jours, que le gouvernement fait
preuve de cette sorte de triomphalisme qui caractérisait l'équipe
Lesage que nous avons connue. Et qu'on n'oublie pas, M. le Président, et
ça c'est une leçon de l'histoire, qu'il n'y a pas loin du Capitol
à la roche Tarpéienne.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, j'étais réellement
à me demander si le député de Chicoutimi tenait
réellement à ce qu'on parle. Je peux dire, M. le
Président, que le bill 48, tel qu'il a été proposé
à la commission parlementaire et les amendements qui ont
été apportés, va sûrement régler un
problème dont, je pense, les municipalités seront très
heureuses, puisque, depuis nombre d'années, on entend cette
revendication sur la Loi sur l'évaluation foncière.
Justement, M. le Président, ça va sûrement, dans le
cas de la ville de Trois-Rivières, du comté de
Trois-Rivières, rapporter à la municipalité.
M. le Président, je douterais que le maire de
Trois-Rivières ait donné mandat au député de
Chicoutimi de faire ces revendications. On a ameuté les maires de la
Mauricie. Encore cet après-midi, lorsque le député de
Chicoutimi parle de ses conversations téléphoniques, il n'a pas
dit ce qu'il disait aux maires de la Mauricie. Ce qu'on a dit aux maires de la
Mauricie cet après-midi on commence par hier ce qu'on leur
a dit hier, c'est que dans le cas de Trois-Rivières on perdait
$1,275,000. Cet après-midi, on leur a dit que Tessier avait encore
modifié sa loi, qu'il avait tout changé, on perdait encore de
l'argent.
Je vais vous décrire, M. le Président, strictement pour le
comté de Trois-Rivières, ce qui était la situation et ce
qu'elle sera. Le principal point porte sur l'article 105, notamment sur la
question de la taxe sur la machinerie. En 1968, la ville de
Trois-Rivières a enlevé du rôle d'évaluation la taxe
sur la machinerie; je devrais dire plus précisément, a
enlevé du rôle d'évaluation l'évaluation de la
machinerie. Elle a fait une entente avec les industries. Une compensation
était remise à la ville par les industries pour la période
de 1968 à 1978 et avec une régression de 20 p.c. par
année, de 1973 à 1978. Et je vous demande de bien retenir ces
dates.
Avec l'amendement à l'article 105, le troisième paragraphe
de l'amendement, non seulement la ville de Trois-Rivières ne perd pas
$1,275,000 comme on l'a mentionné; en 1973, elle aura en plus, dans ses
revenus, $500,000 qui étaient prévus selon les ententes. C'est ce
qu'apporte la loi no 48.
M. DEMERS: Est-ce que le député de Trois-Rivières
me permet une question?
M. BACON: M. le Président, le député de Chicoutimi
a pris assez de temps, je demanderais tout simplement de me laisser la
parole.
M. DEMERS: Je ne suis pas le député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député ne permet pas la
question, semble-t-il.
M. DEMERS: D'accord.
M. BACON: M. le Président, quand on tente d'ameuter les gens et
essayer de leur dire qu'on veut tout leur enlever, voyez les faits. Les calculs
dont je vous fais part, c'est le gérant de la ville de
Trois-Rivières qui me les a donnés hier après-midi et qui
m'a dit sa satisfaction au projet de loi no 48.
M. LOUBIER: Est-ce que le député de son siège peut
affirmer que le gérant lui a dit qu'il était très
satisfait?
M. BACON: Oui. Non seulement le gérant m'a dit qu'il était
satisfait avec ces calculs qu'il m'a donnés hier après-midi, il a
dit: Nous, en 1973, ça nous donne $500,000 de revenus de plus que
prévu avec l'entente entre la ville et les industries. Or, M. le
Président, non seulement c'est pour l'année 1973 ça
l'entente avec les industries était sur une base
régressive de 1973 à 1978 mais, en vertu du projet de loi 48,
l'entente continuera jusqu'en 1988. Ce qui veut dire que pour la période
de 1978 à 1988, on n'aurait absolument rien reçu d'aucune
façon.
Il y aura cette régression avec les 6 2/3 p.c. annuels, ce qui
veut dire qu'en plus de ce que je vous ai mentionné, pendant une
période de dix ans, alors que la ville de Trois-Rivières n'aurait
pas eu un seul cent de sa compensation sur la taxe de la machinerie parce que
son entente
était terminée, en vertu du bill no 48 elle va en retirer
pendant dix ans de plus.
Et on vient nous dire que les municipalités, nous les
dépochons. Il y a toujours une limite.
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement. On
vient de me prêter des intentions; j'aurais dit, dans mon discours, qu'on
dépochetait les municipalités. On me cite indirectement. Je dois
faire une mise au point.
M. LEVESQUE: Si le député veut faire une mise au point,
qu'il...
M. LOUBIER: M. le Président, je m'excuse... M. LEVESQUE: J'ai
invoqué le règlement.
M. LOUBIER: ... déjà un député a
invoqué le règlement.
M. LE PRESIDENT: Règlement sur un point de règlement.
M. LOUBIER: Mais vous n'avez pas entendu la fin de l'explication.
M. LEVESQUE: S'il a une rectification à faire sur les paroles que
vient de prononcer le député de Trois-Rivières, s'il a
été mal cité, les dispositions de l'article 270 lui
permettront, à la fin du discours du député de
Trois-Rivières de faire toute correction qu'il jugera opportune.
M. LOUBIER: M. le Président, comment voulez-vous juger de la
recevabilité du point de règlement soulevé par le
député de Saint-Maurice, si la Chambre n'a pas entendu les
explications?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Si j'ai bien compris je ne
sais pas si l'Assemblée a compris de la même manière que
moi c'est que l'honorable député de Saint-Maurice a dit
bien clairement qu'il voulait faire une mise au point. Ce sont ses propres
paroles.
M. LOUBIER: Il ne l'a pas faite encore.
M. LE PRESIDENT: Je dois prendre sa parole s'il a l'intention de faire
sa mise au point.
M. DEMERS: Je pensais, M. le Président, que la
vérité avait ses droits et que je pourrais faufiler mon
affaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Ce n'est pas moi qui priverai de ses droits
le député de Saint-Maurice s'il peut m'invoquer une
autorité ou un article du règlement qui me permettrait à
ce stade-ci de lui donner la parole; c'est avec plaisir que je la lui
donnerais.
L'honorable député de Trois-Rivières.
M. BACON: Je m'excuse, je n'ai pas voulu du tout viser le
député de Saint-Maurice. Je me demande pourquoi il se sent tant
visé.
Je disais donc que non seulement cette loi était satisfaisante,
mais qu'elle apportait aux municipalités. Et encore cet
après-midi je l'ai dit de mon siège comme me le demandait
le chef de l'Opposition j'ai rediscuté encore, tant avec le
gérant de la ville que le maire, qui se sont montrés
satisfaits.
Je ne voudrais pas parler pour d'autres de mes collègues, mais
hier j'ai eu l'occasion de rencontrer le maire de La Tuque, qui s'est dit
satisfait du bill no 48.
M. LAFONTAINE: C'est avant le télégramme ça.
M. BACON: Avant ou après le télégramme, il n'y a
pas eu de changement à la loi depuis ce temps-là.
M. LAFONTAINE: Bien oui, il y a eu un changement.
M. BACON: Chiffres à l'appui, nous avons discuté,
rediscuté, tant avec le gérant qu'avec les autorités
municipales, et je tiens à souligner l'excellent travail du ministre,
pour autant que cette loi est concernée. Je les remercie, lui ainsi que
ses adjoints qui ont travaillé à la rédaction de ce projet
de loi de leur disponibilité, nous avons pu discuter avec eux et
très bien s'entendre.
Le député de Chicoutimi, bien qu'il ait mentionné
des télégrammes ou des conversations téléphoniques,
je tiens à lui dire, pour autant que je suis concerné, que les
autorités municipales de Trois-Rivières m'ont transmis leur
satisfaction et sont très heureuses; je pense bien que les citoyens le
sont aussi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Quand?
M. LE PRESIDENT: Je vous inviterais maintenant, en vertu du
règlement, à faire une mise au point, à la condition que
vous n'apportiez pas de faits nouveaux, et sans soulever de débat,
M. DEMERS: Cela va être des vieilles affaires, "short and sweet".
M. le Président, le député de Trois-Rivières a fait
des allégués comme quoi sa ville était très
satisfaite. Dans 16 ans, ils n'auront plus un cent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Cela n'est pas une mise au point,
d'ailleurs. A l'ordre, messieurs !
Le député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Pour donner suite, M. le Président, aux
allégations que certains membres de cette Chambre ont bien voulu faire
il y a un moment, je voudrais premièrement rappeler au
député de Maskinongé, qui a mentionné le
député de Laviolette cet après-midi, en disant
que j'avais été totalement absent du débat, que
lorsque lui-même était absent de la Chambre, le
député de Laviolette présidait les travaux de cette
Chambre, précisément sur le bill 48.
M. LOUBIER: Sur un point de règlement, M. le
Président.
M. CARPENTIER: ... M. le Président, il pourrait mentionner
à ce moment-là...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LOUBIER: Sur un point de règlement...
M. CARPENTIER: ... mon absence alors...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre ! Le chef de
l'Opposition officielle sur une question de règlement.
M. LOUBIER: Le député de Maskinongé n'est pas en
Chambre parce qu'il siège actuellement à une autre
commission...
M. TESSIER: Il a dit qu'il n'était pas là.
M. LOUBIER: ... lorsque le député qui est en train de
parler dit qu'on lui a reproché de ne pas être en Chambre, c'est
que de corps il était en Chambre, mais pas d'esprit.
M. CARPENTIER: Je me permettrai de continuer, afin de donner les
explications voulues concernant l'intervention du député de
Maskinongé cet après-midi. J'ai cru comprendre à ce
moment-là, M. le Président, qu'il voulait mentionner mon absence
lors de l'étude en comité, soit hier après-midi. Or,
encore une fois, à ce moment-là, j'étais
précisément absent, parce que je présidais à votre
place, M. le Président, ici en Chambre les débats qui se
déroulaient hier après-midi. C'est là la raison de mon
absence.
Je ne vois pas pourquoi. M. le Président, on tente par tous les
moyens possibles d'induire la population de la Mauricie en erreur, comme par
exemple, la semaine dernière encore, lorsque le ministre des Affaires
municipales est venu dans notre région. Je dois vous avouer qu'à
ce moment-là, avant sa visite, des maires de certaines
municipalités de la Mauricie éprouvaient une certaine
inquiétude à l'endroit de l'imposition foncière telle que
décrite dans ce bill.
Il était bien évident que certaines explications
manquaient encore à ce moment-là, mais après la visite et
surtout les rencontres que les maires de toutes les municipalités ont
eues dans le chef-lieu du comté de Laviolette, soit à Saint-Tite,
samedi après-midi, le ministre a bien voulu dispenser de son propre
temps, pendant une conférence, et a divulgué, à tous les
citoyens de la ville et des environs, les explications voulues. Même
après...
M. LOUBIER: C'est difficile de dépenser le temps des autres.
M. CARPENTIER: ... il a consenti une période de questions
d'au-delà d'une heure et trente. Il a essayé de donner
satisfaction à toute la population. Je crois qu'à ce
moment-là, les maires de ces municipalités ont
réalisé la valeur réelle de ce bill depuis si longtemps
exigé et demandé par la plupart des maires de nos
différentes municipalités. Le soir de ce même jour,
à Grand'Mère, il était le conférencier
invité de la Chambre de commerce de Grand'Mère à un
dîner groupant tous les clubs sociaux, tous les maires de
Grand'Mère, Shawi-nigan, Trois-Rivières, Shawinigan-Sud,
Saint-Jean-des-Piles, Lac-à-la-Tortue, Hérouxville, Saint-Tite,
Sainte-Thècle...
M. CHARRON: Alouette.
M. CARPENTIER: ... et je pourrais encore en citer davantage. Le ministre
a démontré dans une conférence extraordinaire les
bienfaits que pouvait apporter à toutes ces municipalités le
renouveau contenu dans le bill 48.
Et même, M. le Président, non satisfait des explications
très sérieuses et très à point qu'il avait bien
voulu dispenser au cours de l'après-midi et du soir, lors de sa
conférence, le ministre a eu, encore là, le courage de
réserver une période de questions d'environ deux heures où
tous les maires de ces municipalités sont revenus à la charge
avec les mêmes questions, sur les mêmes points, concernant
précisément les évaluations de l'Hydro-Québec, des
barrages et de tous les édifices que la région de la Mauricie a
l'avantage de posséder. Après les explications que nous avons
eues, nous étions vraiment satisfaits. Ce soir-là même les
maires repartaient, chacun dans sa municipalité, vraiment conscients de
leurs responsabilités, du rôle qu'ils devaient jouer et surtout
des bienfaits que ce bill apportait à leurs conseils respectifs.
L'honorable député de Maskinongé me faisait
reproche, cet après-midi, de n'avoir pas assisté aux
délibérations en comité plénier, hier; c'est vrai,
mais c'est parce que j'avais des occupations ailleurs. Ce n'est pas parce que
j'avais refusé de rencontrer tous les maires de la Mauricie, puisque
j'avais précisément rencontré le maire de La Tuque avec
son gérant municipal et le procureur de la ville; le maire de
Trois-Rivières, avec son comptable; le maire de Grand'Mère, avec
son gérant; le maire de Shawinigan, avec son gérant et son
comptable. Après la période du comité plénier,
lorsqu'ils ont pris connaissance de toutes les explications qu'avait bien voulu
leur fournir l'honorable ministre concernant le bill no 48, tous ces
gens-là se disaient vraiment satisfaits de tous les changements, de
toutes les améliorations qui avaient pu y être apportées,
qui les satisfaisaient à tout point de vue.
Comment se fait-il qu'aujourd'hui on entende le député de
Chicoutimi venir essayer, par toutes sortes de paroles démagogiques, de
démolir et de débâtir tout ce qui a été fait
jusqu'à maintenant?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous avez entendu, comme moi, le
député parler de la démagogie du député de
Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vous prierais de le rappeler à
l'ordre et de lui demander de retirer ses paroles, puisque j'ai exposé
des faits, que cela plaise ou non au député qui parle.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! Il est reconnu, depuis
de très nombreuses années, qu'il y a certains termes qu'on ne
peut pas employer en Chambre; entre autres, on peut difficilement traiter de
démagogiques les propos ou les discours d'un collègue de la
Chambre.
Dans la chaleur oratoire du député de Laviolette, il est
possible que ses paroles aient légèrement dépassé
sa pensée. Il est peut-être possible pour lui d'atténuer
l'épithète qu'il a employée.
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je vous demander si on a le
droit de traiter l'Assemblée nationale de "poolroom"?
M. LE PRESIDENT: Cela me ferait plaisir de donner mon opinion sur ce
sujet, peut-être pas immédiatement...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): En temps et lieu.
M. LE PRESIDENT: ... mais prochainement. Est-ce que le
député de Laviolette pourrait atténuer le terme qu'il a
employé concernant les discours du député de
Chicoutimi?
M. CARPENTIER: Je le retire, M. le Président, parce que je
considère que toute vérité n'est pas bonne à
dire.
M. LOUBIER: M. le Président, encore une fois, je pense que
l'Assemblée nationale est le théâtre d'une foire qui doit
continuer à être caricaturée par les journalistes.
Nous en avons, je pense, l'exemple le plus frappant depuis quelques
instants, et je demanderais à la présidence, évitant le
soufflage à l'oreille que lui a fait le fielleux député de
Matane.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs, à l'ordre s'il vous
plaît! Je ramène l'honorable chef de l'Opposition à
l'ordre, avec sa collaboration.
Procédons par ordre. Je demanderais au député de
Laviolette, premièrement, de retirer le propos démagogique
à l'égard du discours du député de Chicoutimi.
Pourrais-je avoir sa collaboration? Deuxièmement, je demanderais
à l'honorable chef de l'Opposition, à la suite du retrait que
voudra bien consentir le député de Laviolette, de retirer
également, avec la même collaboration, le terme qu'il a
employé à l'égard du député de Matane.
M. CARPENTIER: Je les retirerai, M. le Président, je me
contenterai d'y...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Sans condition, s'il vous plaît et
sans commentaire.
M. LE PRESIDENT: Merci. A l'ordre s'il vous plaît. Pourrais-je
demander la même collaboration au chef de l'Opposition?
M. LOUBIER: Oui, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Merci. L'honorable député de
Laviolette.
M. CARPENTIER: Alors, je voudrais continuer tout simplement en disant
que ce principe de loi permettra, je crois, à certaines de nos
municipalités d'administrer de la façon dont elles aurait pu
peut-être le faire bien avant.
Je crois que, contrairement à ce qui a été
rapporté par certains, en essayant de faire croire à la
population que tous les maires de notre belle Mauricie étaient contre ce
principe de loi. Je voudrais, bien chers amis, vous dire toute l'admiration,
toute la sincérité que je reconnais au ministre des Affaires
municipales. Bien des gouvernements qui ont passé en cette Chambre
auraient peut-être eu avantage à poser le même geste mais,
malheureusement, pour des raisons bien personnelles ou des raisons
d'administration dans le temps, ils n'ont pas osé le faire de la
façon dont l'honorable ministre des Affaires municipales ose le faire
aujourd'hui.
M. LOUBIER: Sur un point de règlement, M. le Président, je
comprends que le député de Laviolette soit dépourvu de
toute expérience parlementaire, mais, on ne peut pas prêter
d'intention à qui que ce soit en cette Chambre, et je vous demanderais,
M. le Président...
M. COITEUX: Il n'a pas nommé personne.
M. LOUBIER: ... de lui rappeler que...
M. COITEUX: Il n'a pas nommé le gouverne-
ment, si vous vous êtes reconnu, ce n'est pas de notre faute.
M. LOUBIER: ... à ce moment-là... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. LOUBIER: ... commencer à impliquer tel gouvernement, verser
dans les prêts d'intentions à tel ancien ministre ou à tel
gouvernement, n'est pas une façon d'avancer les travaux de cette Chambre
d'une façon sereine, positive, à la suite des propos et des
accusation de ce genre qu'on pourrait porter.
M. TESSIER: M. le Président, ce ne sont pas des intentions, ce
sont des faits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis prêt à rendre ma
décision immédiatement. Vous comprenez facilement que, dans des
moments aussi tendus qu'actuellement, je suis très attentivement tout ce
qui se dit, ou du moins je tente de suivre le plus attentivement possible tout
ce qui se dit dans cette enceinte. J'ai bien pesé les mots du
député de Laviolette et je ne crois pas qu'il y ait rien
d'offensant en quoi que ce soit. Je ne pense pas qu'il ait prêté
des intentions, et même s'il en avait prêté au gouvernement
précédent, je pense bien que, lors du discours inaugural, entre
autres, il est de bonne guerre et de bonne coutume, après une
élection, que ceux qui sont à droite attaquent et jugent les
actes de ceux qui sont à gauche maintenant et qui étaient
à droite auparavant. Je crois que c'est un échange mutuel. On
joue au ping-pong en Chine, je pense que nous pouvons le faire ici.
L'honorable député de Laviolette.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement, vous avez bien dit que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs.
M. COITEUX: Lilliputien, lilliputien, assis.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est pour mon information. Vous avez bien dit
que vous aviez pesé les propos du député; je me rends
compte que vous les avez trouvés légers.
UNE VOIX: Lilliputien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Vous n'avez pas le droit de me prêter
des intentions. L'honorable député de Laviolette.
M. CARPENTIER: Je vous remercie, M. le Président. Je voudrais
tout simplement faire remarquer au député de Chicoutimi et au
chef de l'Opposition que je n'avais nullement l'intention d'attaquer n'importe
quel des gouverne- ments précédents. J'ai bien mentionné,
à cause du contexte dans lequel ces gouvernements devaient travailler,
qu'il ne leur était peut-être pas permis de faire la
rénovation que nous connaissons présentement. Cela est tout
à l'avantage du gouvernement libéral parce que c'est un
gouvernement d'action.
Je ne voudrais pas allonger ce débat indûment, mais tout
simplement assurer mes collègues que j'appuie entièrement cette
nouvelle réforme qui va, je l'espère, apporter chez nous quelque
chose de nouveau. Si nous avions consenti à certains amendements,
peut-être, comme le mentionnait le très honorable ministre des
Affaires municipales,...
M. CHARRON: Très honorable! ah! ah!
M. CARPENTIER: ... est-ce que certaines municipalités n'auraient
pas été pénalisées en regard de certains
amendements que nous aurions pu présenter? Surtout, je voudrais
simplement ajouter ceci. Il est bien évident que si nous n'avons jamais
le courage de faire un pas, un mouvement dans quelque projet que ce soit, je
pense, que nous resterons toujours à l'état latent et que nous
attendrons continuellement. Je pense que le temps est venu, après
l'étude, de passer à l'action et c'est précisément
ce que nous voulons faire de ce côté-ci de la Chambre, essayer de
doter la province de Québec de lois qui sauront donner justice à
toute la population, de n'importe quel secteur de la province. Je pense que
c'est là notre devoir et que c'est même le devoir de l'Opposition
d'appuyer ces mouvements parce que, peut-être depuis trop longtemps, la
province de Québec a besoin de certains changements. Je ne voudrais
accuser personne, c'est que le contexte dans le temps ne s'y prêtait pas
ou, peu importe ce que l'on peut penser. Mais je crois que présentement,
devant les faits accablants que nous avons devant nous, il est temps plus que
jamais, de prendre nos propres positions et essayer de donner justice à
tous les citoyens. Comme le mentionnait si bien le ministre des Affaires
municipales, le premier objectif pour avoir quelque chose de rentable au niveau
provincial, le but primordial est de donner justice en premier lieu à
tous les citoyens. Y a-t-il un objectif plus valable que celui-là, M. le
Président? Je me pose la question.
J'ai voulu faire ces quelques remarques et souligner celles que mon
collègue de Saint-Maurice a bien voulu faire cet après-midi. J'ai
rencontré personnellement tous les maires de la Mauricie, hier soir. Ils
m'ont affirmé qu'ils étaient très satisfaits de toutes les
négociations qui avaient eu lieu et qu'ils acceptaient le bill tel que
proposé. C'est pourquoi, M. le Président, je crois que c'est
notre devoir à nous tous d'appuyer ce bill pour qu'enfin nous puissions
connaître un relancement dans toutes les municipalités.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable... M. TESSIER: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, ce n'était pas...
M. LEVESQUE: C'est la stratégie du filibuster?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. LEVESQUE: Il est
intéressé au bill 48. M. CHARRON: M. le Président...
M. VEILLEUX: Le maire de la paroisse de "Sainte-Cunégonde".
M. CHARRON: ... ce n'était pas mon intention de participer au
débat sur le bill 48, parce que vous imaginez bien que j'attends avec
une impatience mal contenue le rapport de la commission de l'Education sur la
Loi de la restructuration scolaire de l'île de Montréal, loi que
nous avons appelée, entre nous, la loi 28, pour nous comprendre plus
facilement.
Mais, en discutant avec mes collègues et, en particulier avec le
député de Lafontaine, qui a siégé à la
commission des Affaires municipales et avec mon honorable collègue, le
député de Saguenay, qui a aussi participé à ces
travaux-là, ils m'ont convaincu que, tout en étant favorables
à l'esquisse, à l'embryon, au foetus de réforme que porte
le projet de loi 48, il restait un certain...
M. VEILLEUX: C'est son fidèle portrait.
M. CHARRON : Le député de Bonaventure veut-il me poser une
question?
M. LEVESQUE: Est-ce que vous avez voté pour un foetus en
deuxième lecture?
M. CHARRON: Certainement, comme j'ai voté pour un foetus sur le
bill 28.
M. SAINT-PIERRE: Vous ne pourrez pas accoucher.
M. CHARRON: Je disais donc, avant que ne m'interrompe le leader du
gouvernement et ministre de l'Industrie et du Commerce, que ma grande
hâte serait que nous abordions le bill 28 dès ce soir, que nous
abordions l'importante question du bill 63 contenue dans le bill 28 dès
ce soir, mais nous ne pouvons pas le faire, M. le Président.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Il
n'est pas question d'un bill 63 inclus dans un bill 28, premièrement, si
ce n'est dans l'esprit de celui qui veut continuer un "filibuster" qui n'a
aucun sens.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. CHARRON: Mais, étant donné que le leader du
gouvernement a appelé, avant l'article 13 de notre feuilleton, celui de
la troisième lecture du bill 48, il s'est trouvé à me
forcer à intervenir sur ce projet de loi et à vous dire, M. le
Président, pourquoi, même si nous devons être favorables en
troisième lecture à ce projet de loi, nous pouvons reprendre ici,
comme l'a brillamment fait, cet après-midi, mon collègue, le
député de Saguenay, la discussion sur les trous, les vides, les
manques, les absences, les lacunes que contient encore le projet de loi 48.
Pourtant, M. le Président, me permettrez-vous de vous dire
comment nous avons travaillé sur ce bill-là, tous les
parlementaires de la Chambre. Il y eut, d'abord, la deuxième lecture...
Dès ce moment-là, il est malheureusement absent ce soir, retenu
par une maladie très passagère, je vous l'assure, M. le
Président mon collègue de Lafontaine, qui est membre de la
commission parlementaire des Affaires municipales, avait signalé
à l'intention des autres membres de la commission parlementaire, du
Parti libéral, d'Unité-Québec, du Ralliement
créditiste qu'il y avait une espèce de vide, de lacune dans le
projet de loi.
M. LE PRESIDENT: À l'ordre, s'il vous plaît. C'est la
deuxième fois que j'ai bien saisi les qualificatifs du
député de Saint-Jacques: les lacunes, les manques, les trous. Si
je lis l'article 572: "Le débat sur toute motion de troisième
lecture d'un bill public peut porter sur l'ensemble et les détails du
bill, mais il doit être restreint au contenu de celui-ci." je peux
difficilement lui permettre de parler des lacunes, de ce qui manque ou des
trous qu'il y a dans le bill. Il faut qu'il parle de l'ensemble, de ce qu'il y
a et non pas de ce qu'il n'y a pas dans le bill.
M. CHARRON: Bien, M. le Président. Alors, dans le bill, M. le
Président, il n'y a pas grand-chose. C'est ce qui me faisait vous dire
que l'essentiel manque. Mais parlons du contenu.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LEVESQUE: Je suis heureux de voir qu'il y a beaucoup de journalistes
ici pour prendre note des paroles très intelligentes du
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Mais, M. le Président, les journalistes sont
là parce que, comme moi, ils attendent le rapport de la commission de
l'Education, parce que, comme moi, ils savent très bien que le
gouvernement aura à se prononcer de nouveau sur la Loi no 63.
C'est pour ça qu'ils sont là. Mais en attendant, M. le
Président, nous sommes sur le projet de loi no 48, troisième
lecture. Je dois admettre, pour le parti ministériel, que mes autres
fonctions à d'autres commissions, sur d'autres projets de loi, m'ont
obligé de faire une analyse rapide du contenu du bill auquel je dois
m'en tenir en troisième lecture. Quand même au premier
observateur, à la première étude du projet de loi,
très sommaire, même à la suite des amendements que le
comité plénier a apportés et, en particulier, à
ceux qu'il a oublié d'apporter comme à l'article 107 que
signalaient les membres de l'Opposition de l'Unité-Québec, M. le
Président, qu'y a-t-il de contenu? Il y a de contenu, dans le projet de
loi no 48, une absence de planification. On ne sent pas dans le contenu de ce
projet de loi qu'il existe quelque chose comme une planification à
l'intérieur du ministère des Affaires municipales. Vous allez, et
vous pouvez le faire comme moi, M. le Président, d'un article à
l'autre du projet de loi et vous aurez du mal et même si j'admets
votre intelligence supérieure, même vous, M. le Président
vous aurez du mal à trouver une cohérence, à
trouver une suite ou à trouver quoi que ce soit auquel le projet de loi
28, pardon, 48 pourrait se rattacher.
M. TESSIER: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. CHARRON: Non, vous me répondrez après. Si j'ai
eu...
M. COITEUX: Il n'y a rien à répondre, M. le
Président.
M. CHARRON: ... ce lapsus en disant 28, c'est qu'on note la même
incohérence dans le projet de loi 28 également. Mais je m'en
tiens au contenu du projet de loi 48, recherchant la cause de ce vide dans le
contenu du projet de loi, M. le Président. J'ai trouvé
l'explication dans ce qui tient lieu de pensée au ministre des Affaires
municipales.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
vous prierais, vu mon absence de mémoire, M. le Président, de
m'indiquer l'article où il est mentionné que lorsqu'on n'a rien
à dire, on ne parle pas.
M. CHARRON: On s'aperçoit que le député de
Bonaventure est beaucoup plus prompt quand il s'agit de l'Opposition que quand
il s'agit de ses "back-benchers", à invoquer ce règlement.
Je veux quand même dire, M. le Président, que j'ai
trouvé réponse dans ce qui tient lieu de pensée, dans ce
qui lui sert d'idéologie, dans ce qui lui tient lieu d'idées,
à mon honorable ami que je respecte, le député de
Rimouski, ministre des Affaires municipales. Dans un autre projet de loi, tout
en expliquant le contenu de la loi que nous avons à adopter en
troisième lecture, ce soir, la Loi no 48, Loi de l'évaluation
foncière, il se vantait, M. le Président voilà la
cause du vide contenu dans le projet de loi no 48 il disait: je ne
ferai pas la voix, je vais simplement vous lire le texte . J'ai fait un
ménage dans mon ministère, dans le service de la planification,
parce que ça s'imposait, parce que de présumés
planificateurs planifiaient quoi? Ils planifiaient de la révolution, M.
le Président.
M. TESSIER: M. le Président, point d'ordre.
M. CHARRON: C'est ce qu'il a dit, M. le Président.
M. TESSIER: On fait allusion, à ce moment-ci...
M. CHARRON: Point d'ordre?
M. TESSIER: ... au projet de loi no 276 sur le regroupement des
municipalités. Je m'aperçois que lorsque j'ai fait cette
déclaration, à l'effet que j'ai fait un ménage au service
de la planification, ç'a fait mal aux séparatistes parce qu'il y
en a quelques-uns qui sont sortis.
M. CHARRON: Voyez, M. le Président, au moment où vous
alliez me rappeler à l'ordre probablement, il est tombé dans le
panneau. Il vient de vous confirmer, je n'ai donc pas besoin de faire
référence à un débat précédent, il
vient de répéter les mêmes bêtises en cette
Chambre.
M. le Président, me référant au point d'ordre que
vient de faire le ministre des Affaires municipales...
M. TESSIER: Ce que vous pensez, ce n'est pas ce que le peuple pense.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: ... voilà, M. le Président, le grand vide que
nous avons à juger ce soir à la troisième lecture du
projet de loi no 48.
M. COITEUX: Quel discours de fond!
M. CHARRON: Voilà ce qui a été l'erreur. Jamais un
ministère aussi important que le ministère des Affaires
municipales n'est tombé aux mains d'un homme aussi incompétent
que le ministre des Affaires municipales actuel.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement.
Vous avez, je crois, lu l'article 572 pour donner une chance à
l'honorable député de Saint-Jacques de se conformer aux
dispositions de notre règlement.
M. TETLEY: Et à la politesse.
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne veux
pas répéter ce que vous avez dit, mais simplement rappeler
à l'honorable député des dispositions de l'article 572,
qui me semblent claires: "Le débat sur toute motion de troisième
lecture d'un bill public peut porter sur l'ensemble et les détails du
bill, mais il doit être restreint au contenu de celui-ci".
Je comprends que le député ne connaît rien du bill,
il n'a pas eu l'occasion... Il a travaillé par exemple, je suis
prêt à lui donner crédit pour avoir travaillé dans
d'autres domaines au cours de la session, mais ceci fait partie d'une
obstruction systématique. On ne veut pas présentement laisser
à la Chambre l'occasion de poursuivre normalement ses travaux, parce que
ces gens-là ont une idée en tête...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'inviterais pour la dernière
fois, j'espère l'honorable député de Saint-Jacques,
à qui je reconnais énormément de qualités et de
talent, à revenir aux 38 pages et aux 134 articles du projet de loi no
48.
M. CHARRON: M. le Président, je vous ai dit au départ
je vais essayer d'être plus concis pour que le leader du
gouvernement ne fasse pas appel à votre jugement à chaque seconde
que nous allions être favorables, en troisième lecture,
quoiqu'en pense le député de Notre-Dame-de-Grâce...
M. TETLEY: Alors, parlez du bill, pas du leader du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs! S'il vous plait.
M. CHARRON: Quoi que baragouine le député de
Notre-Dame-de-Grâce, nous allons être favorables à ce
bill-ci.
M. TETLEY: Votez pour.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHARRON: Nous allons voter pour, mais vous nous permettrez quand
même tout en donnant notre appui à cette esquisse de
réforme que les technocrates ont fini par faire passer à un
ministre aussi peu qualifié que celui que nous avons là pour
avoir la charge qu'il occupe de dire que nous avons contribué
à cette réforme. Puis-je vous rappeler que nous avons voté
en faveur en deuxième lecture, que nous avons été de ceux
qui ont demandé le renvoi du bill en commission, avons d'abord subi une
objection, avons reçu ensuite un appel favorable et avons
contribué très positivement, comme nous le faisons encore ce
soir, à l'amélioration du projet de loi no 48.
Il est devant nous maintenant 134 articles m'avez-vous dit, M. le
Président sur lesquels nous avons à nous prononcer. Je dis
que je suis favorable, peut-être à l'exception de l'article 107
qui n'a pas été amendé, et je suis d'accord avec une bonne
partie des objections.
Mais dans l'ensemble, nous allons voter favorablement sur le projet de
loi no 48, sauf, qu'il me soit permis de le dire, que je n'ai pas à
faire une confiance aveugle au gouvernement, je n'ai pas à lui dire que
je suis favorable, et vlan! je m'asseois. Nous sommes favorables, oui, mais il
y a quand même dans ce bill une absence de planification, une absence de
rattachement.
Nous disons: Il est bon le bill, mais il pourrait être meilleur,
s'il existait au sein du ministère des Affaires municipales,
dirigé par cet homme inqualifié qui l'occupe depuis mai 1970, un
service de planification qu'il s'est plu à abolir sous des
prétextes politiques ou n'importe lesquels qui ont simplement permis
à Ottawa d'ériger un ministère des Affaires urbaines qui
lui passe complètement par la tête maintenant.
Nous sommes favorables en troisième lecture de ce projet de loi,
mais nous le serions devantage si ce bill no 48 était rattaché
à une politique globale des Affaires municipales, et si cet
incompétent qui dirige le ministère ne s'était pas plu
à mettre la hache dans un livre blanc qui a été
préparé par des hommes compétents, si un politicailleur
qui a presque détruit l'ODEQ avant qu'on le lui enlève
n'était pas intervenu dans le domaine des Affaires municipales, avec la
hargne...
DES VOIX: A l'ordre!
M. CHARRON: ... et avec les préjugés politiques et
l'étroitesse d'esprit qu'on lui reconnaît. Mais ça ne nous
empêche pas d'être favorables au bill en troisième lecture.
Le contenu du bill sur lequel vous me demandez de revenir en est un qui, sur
plusieurs dispositions et voilà pourquoi nous sommes d'accord
corrige une situation qui ne tenait plus debout.
Sur plusieurs points, nous avons fait l'unanimité, à la
commission parlementaire, sur certains articles qui dataient des années
1900 et qu'il était urgent de corriger. Dans ces domaines-là, le
ministre des Affaires municipales n'a pas fait preuve de génie.
D'ailleurs, je ne l'ai jamais vu en faire preuve et il ne l'a pas fait dans ce
domaine-là non plus. H s'est simplement plié aux
nécessités de la réalité. Voilà ce qu'il a
fait.
Je pourrais prendre le projet de loi avec vous, M. le Président,
et nommer quelques-uns des articles sur lesquels nous sommes d'accord, pour
dire que c'est certainement une réforme importante...
M. SAINT-PIERRE: J'invoque le règlement, M. le Président,
je sais qu'il n'y a pas beaucoup d'intelligence là, mais il y a deux
députés assis à la même place. Est-ce qu'on pourrait
leur demander de prendre chacun un fauteuil? Je sais qu'il n'y a pas beaucoup
d'intelligence, mais il me semble qu'une personne à une place c'est
suffisant.
M. VEILLEUX: D'ailleurs, le député de Saint-Jacques ne
parle pas de son siège.
M. CHARRON: Croiriez-vous, M. le Président,...
M. HARVEY (Jonquière): Ils aiment ça être deux sur
le même siège.
M. CHARRON: ... qu'aussi peu de largesse d'esprit dirige le
ministère de l'Education actuellement? Croyez-vous ça? Bien, je
dois l'apprendre.
M. le Président, dans l'ensemble du projet de loi, d'un article
à l'autre, vous allez trouver éparpillées des mesures qui,
je pense bien, si nous avions à nous y prononcer une après
l'autre, feraient l'unanimité des membres de la Chambre. Je vous disais
tout à l'heure, avant d'être interrompu par celui qui occupera un
autre ministère que celui qu'il occupe après Noël, que nous
sommes d'accord sur ce projet de loi.
M. LEVESQUE: Il est rendu à nommer les ministres.
M. CHARRON: Mais un projet de loi, M. le Président,...
M. CARON: Ah oui!
M. CHARRON: ... ne s'étudie pas pièce par pièce,
vous l'admettez avec moi. Il est dans nos travaux parlementaires une phase qui
s'appelle le comité plénier où nous étudions
pièce par pièce un projet de loi, morceau par morceau, 580, 587;
on prend les articles l'un après l'autre normalement, à moins
qu'il y ait une motion qui nous empêche de le faire, mais habituellement
on étudie les articles l'un après l'autre.
Rendus à ce stade de nos travaux, en troisième lecture,
nous devons quand même essayer, nous de l'Opposition, de trouver une
cohérence entre toutes les pièces que nous avons
démantelées, étudiées, virées d'un bord et
de l'autre, comme vous nous aviez mandatés de le faire, lorsque vous
avez appelé le comité plénier.
Même les amendements que des honorables membres de l'Opposition
ont apportés n'ont pas suffi à créer cette
cohérence du contenu à l'intérieur du projet de loi et
c'est à regret que nous allons voter en faveur. Ils n'ont pas
réussi à donner au projet de loi une cohérence, une
philosophie, un rattachement quelconque à quelque objectif
supérieur. Pourquoi, M. le Président? Pas parce qu'on n'a pas
fait d'effort. Le député de Lafontaine a travaillé
d'arrache-pied à la commission; les députés de Chicoutimi
et de Maskinongé, qui étaient membres de la commission,
également. Mais on ne peut pas suppléer au travail d'un seul
homme qui de l'autre côté, du côté
ministériel, s'applique à détruire systématiquement
tout ce qui s'appelle cohérence, tout ce qui s'appelle planification,
tout ce qui s'appelle penser à long terme et qui tripote avec les
patronaux, simplement comme si on était encore en 1940, M. le
Président. Est-ce pensable qu'en 1971 un ministère de cette
importance ne puisse produire que des lois aussi mauviettes que celle à
laquelle nous devons être favorables ce soir, M. le Président?
Faute de pain, on mange de la galette et nous sommes rendus à ce
point-là. Depuis 19 mois que cet incompétent, ce
non-qualifié, ce tripoteux, ce patroneux conduit le ministère des
Affaires municipales, nous n'avons eu que de la galette, M. le
Président.
M. TESSIER: Vous n'avez rien compris.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Ce
n'est pas le genre de langage que nous sommes habitués à entendre
dans cette Chambre. Je ne voudrais pas que le député de
Saint-Jacques déroge aux coutumes parlementaires et
particulièrement à l'esprit de notre règlement et de
gentilhommerie qui devrait présider à nos
délibérations. On peut ne pas être d'accord sur la
politique du gouvernement ou l'un de ses membres, mais cela ne nous permet pas
d'agir comme si on était dans un "pool room".
M. CHARRON: M. le Président, si nous étions rendus
à un stade de nos travaux où notre règlement me permettait
de vous décrire l'état actuel du ministère des Affaires
municipales depuis que cet homme-là l'occupe...
UNE VOIX: Etes-vous déjà aller voir?
M. CHARRON: ... je me plairais à vous le faire, mais je sais que
notre règlement l'interdit.
M. LEDUC: S'il l'interdit, parlez donc de ce qu'il permet!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LEDUC: Espèce de sale petit pouilleux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'ai rappelé à
l'ordre, déjà deux ou trois fois, l'honorable
député de Saint-Jacques. Je ne voudrais pas être
obligé de faire respecter le règlement à la lettre comme
il est de mon devoir de le faire. Ce n'est pas le temps de juger d'une
manière large un ministère. Il y a énormément
d'autres occasions pour cela et tout spécialement au moment des
crédits principaux ou supplémentaires.
Il ne s'agit pas de juger un homme public ou un ministère en
général. Je ne me suis pas non plus levé subito lorsque
j'ai entendu des qualificatifs comme "tripoteux", par exemple. Tous les membres
de cette Chambre, de quelque parti qu'ils soient, sont élus par la
population. Je
crois qu'insulter ses membres, c'est insulter également ceux qui
les ont élus.
Je redonne la parole au député de Saint-Jacques, mais je
l'avertis immédiatement que s'il s'éloigne encore une fois du
sujet, je devrai appliquer le règlement à la lettre tel que je
suis obligé de le faire.
M. BURNS: M. le Président, sur une question de privilège.
J'ai entendu, comme certains autres membres de cette Chambre, le
député de Taillon traiter à la seconde, il y a quelques
minutes, le député de Saint-Jacques de petit sale pouilleux.
M. le Président, c'est la deuxième fois aujourd'hui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BURNS: M. le Président, je suis sur une question de
privilège. C'est la deuxième fois aujourd'hui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Maisonneuve.
M. BURNS: ... que j'entends le député de Taillon traiter
de la sorte le député de Saint-Jacques.
M. TESSIER: Ce n'est pas assez!
M. BURNS: C'est d'autant plus grave, et c'est pour cette
raison-là que je soulève la question de privilège. Nous y
verrons en temps et lieu, M. le Président, si la situation se
présente.
M. TESSIER : Un bon shampoing, ça lui ferait du bien.
M. BURNS: C'est d'autant plus grave que le député de
Taillon, lui, est appelé à vous remplacer au siège que
vous occupez si dignement, M. le Président. Quand l'occasion se
présentera, de façon que personne ne soit pris par surprise, il
est possible que nous posions des questions au député de Taillon
parce qu'il n'a sûrement pas c'est le but de ma question de
privilège la crédibilité, la neutralité dont
vous et le député de Terrebonne faites part
régulièrement, c'est-à-dire cette neutralité qui
caractérise normalement le poste que vous occupez.
M. LE PRESIDENT: Il est vrai que j'ai entendu moi-même, venant de
ma droite, le qualificatif dont a fait mention le député de
Maisonneuve. Malheureusement, je n'étais pas en mesure de l'attribuer
à un député en particulier; je ne le pouvais pas,
j'étais occupé à écouter ou à essayer de
concentrer mes idées pour donner une directive ou mon opinion sur les
débats actuels, mais il est vrai que j'ai entendu ce terme. Je le
qualifie d'aussi peu acceptable en cette Chambre que celui que j'avais
relevé il y a quelques minutes auparavant.
Par conséquent, il est assez difficile pour moi de rappeler
à l'ordre quelqu'un qui n'a pas la parole. Parce qu'on sait,
d'après le règlement, que lorsque les paroles ne sont pas
adressées au président, par un orateur, par un
député qui adresse la parole à bon titre, je dirais, c'est
considéré comme bruit ou vacarme. Soyez assuré que je ne
permettrai pas non plus le qualificatif qu'a mentionné le
député de Maisonneuve.
L'honorable député de Saint-Jacques,
M. CHARRON: Pour ma part, M. le Président, à la
suite...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre, s'il vous plaît !
M. CHARRON: ... de votre remarque, je suis prêt à retirer
les mots ou le qualificatif que j'ai employé à l'égard du
ministre des Affaires municipales, actuellement. Si je me suis laissé
emporter, c'est pour l'unique raison que je suis de ceux qui croient à
la responsabilité de l'Etat et, par le fait même, de ceux qui
occupent les fauteuils ministériels. Lorsque je les vois se conduire
d'une telle façon, je ne peux m'empê-cher d'épouser le
vocabulaire d'une société politique dans laquelle j'ai vieilli et
que je n'ai pas inventé moi-même, je vous l'assure.
De toute façon, nous aurons bien l'occasion, à une autre
reprise, de faire l'étude générale du comportement de
celui qui occupe actuellement le fauteuil...
M. TESSIER : Vous viendrez me parler en dehors de la Chambre tout
à l'heure. Vous viendrez me dire la même chose. Nous allons
régler le problème.
M. LOUBIER: M. le Président, sur un point de règlement.
A-t-on déjà vu un ministre de la couronne tenter d'intimider, de
faire du chantage de cette façon-là?
M. TESSIER: Je n'intimide pas du tout. Je lui demande de venir
répéter en dehors de l'Assemblée certaines paroles qu'il a
prononcées et nous allons le régler, le problème.
UNE VOIX: Il veut être protégé par son
immunité parlementaire.
M. LOUBIER : M. le Président, puis-je vous demander une
directive?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER : Est-ce qu'un ministre responsable là, je ne
m'adresse pas au ministre des Affaires municipales; j'en prends plusieurs
autres dans le gouvernement pourrait, à ce moment, intimider les
membres de la Chambre
au point de dire: Vous viendrez me retrouver en dehors de la Chambre,
d'un ton qui ne désigne aucune familiarité et, au
contraire...
M. TESSIER : Je n'ai pas du tout envie d'avoir des familiarités
avec le député de Saint-Jacques.
M. LOUBIER: ... qui témoigne d'un esprit extrêmement
pervers pour la sérénité de ces débats?
M. LE PRESIDENT: Je pense que je peux donner la directive à
l'honorable chef de l'Opposition officielle. J'ai bien entendu les paroles que
le ministre des Affaires municipales a prononcées. Je n'y ai
décelé absolument rien qui peut ressembler à de
l'intimidation. Par contre, je dois déclarer que le ministre des
Affaires municipales, lorsqu'il a prononcé ces paroles était
évidemment en dehors du règlement, puisqu'il n'avait pas la
parole; c'est le député de Saint-Jacques qui l'avait.
Mais, quant à la substance, je n'ai rien vu d'intimidant dans ces
paroles. A moins que le député de Bellechasse, chef de
l'Opposition officielle, ne puisse me démontrer d'une façon plus
péremptoire la prétention qu'il a, je ne peux pas lui donner
raison. Maintenant, je dois, tout de même, reconnaître que
l'honorable ministre des Affaires municipales, au moment où il a
parlé, n'avait pas le droit de parole. C'est l'honorable
député de Saint-Jacques qui a ce droit.
M. CHARRON: M. le Président, ce que je pense, je le dis en
Chambre. Quand mes paroles dépassent ma pensée, je les retire,
comme je venais de le faire à l'égard de celui qui dirige le
ministère des Affaires municipales actuellement. Je n'ai rien à
retirer d'autre et je peux vous le redire à l'extérieur de la
Chambre, si vous le voulez. Nous ferons, vous et moi, si vous le voulez, une
analyse de ce que vous avez fait avec l'ODEQ. D'accord?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais à l'honorable
député de Saint-Jacques de s'en tenir à la motion de
troisième lecture du bill qui est devant nous présentement. Je ne
vois rien qui rattache l'ODEQ à ce projet de loi.
M. CHARRON: Merci, M. le Président. Je disais donc, pour
conclure, à la satisfaction de la majorité gouvernementale, que
nous allions voter en faveur du projet de loi 48 parce que nous retrouvons,
clairsemées à travers ce projet de loi, certaines mesures qui
étaient nécessitées, devenues urgentes depuis quelque
temps, mais que, dans l'ensemble, un projet de loi de cette importance aurait
dû être rattaché à une politique globale ou, si vous
le voulez, dans notre jargon gouvernemental, à un livre blanc qu'on ne
s'empresse pas de mettre en pièces aussitôt qu'il a
été publié.
Cette mesure-là est acceptable. Elle apportera, pour certaines
municipalités, de l'amélioration; pour d'autres cela a
été prouvé, je pense, aussi bien à la commission
parlementaire que dans ce débat de troisième lecture, M. le
Président une faillite à plus ou moins long terme.
Dans l'ensemble, pouvons-nous espérer que l'unanimité que,
je crois, ce projet de loi fera en troisième lecture, cette
unanimité hypothétique sera un signe pour le ministre des
Affaires municipales, sinon pour lui, pour ceux qui le dirigent, que nous
voulons aller plus loin et que, dans ce domaine fort important de la vie
collective des Québécois, nous espérerions plus, que des
mesures atrophiées, que des mesures diminuées ou que des mesures
incohérentes comme celles qu'il s'applique à nous
présenter depuis qu'il occupe le fauteuil où il est.
M. TESSIER: Vous parlez comme un vrai séparatiste.
M. LACROIX: Vous préféreriez peut-être des bombes;
ça serait exactement dans votre style.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. COITEUX: On va désigner Marchand comme ministre.
M. LACROIX: Reggie Chartrand.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que l'honorable député
de Saint-Jacques a terminé?
M. LAURIN: Est-ce qu'il faut répondre au Fouquier-Tinville et au
Saint-Just du gouvernement?
UNE VOIX: Cela est profond.
M. LACROIX: Vous parlez comme un psychiatre malade.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
UNE VOIX: Est-ce que le Dr Cloutier est là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est gentil pour le ministre des Affaires
culturelles.
M. CHARRON: Je ne répondrai pas à la chorale que j'ai
l'habitude d'entendre. Je veux simplement terminer en apposant mon
acquiescement à l'adoption de ce projet de loi en troisième
lecture.
M. TESSIER: Vous auriez été mieux de ne pas parler et de
voter contre.
M. CHARRON: Non seulement j'espère que le ministre des Affaires
municipales et les hauts fonctionnaires qui ont résisté à
sa purge comprendront l'importance de pousser plus loin la réforme dans
ce domaine, mais qu'également le premier ministre, qui s'apprête
à faire un remaniement ministériel, comprendra l'urgence d'un
remaniement à ce poste. Merci, M. le Président.
M. TESSIER: Ce ne sera pas vous qui serez nommé, à tout
événement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je voudrais prendre quelques
minutes du temps de cette Chambre pour donner mon accord le plus complet
à ce projet de loi. Au Québec c'est malheureux à
dire, je dois l'avouer on aime, dans certains milieux, parler
indûment pour ne rien dire, alors que des réformes pressantes sont
nécessaires. Je crois que c'était justement le propos du bill 48
de cesser de parler pour passer à l'action. C'est à cette
tâche que le ministre des Affaires municipales s'est attaqué de
plain-pied depuis les 18 mois qu'il occupe avec brio son poste, pour tenter,
dans plus d'un secteur, non pas d'agir comme un dictateur, mais de rencontrer
la population, d'aborder de front les problèmes et d'apporter des
mesures concrètes qui, dans plus d'un domaine, nous permettront au
niveau de nos administrations municipales de faire des progrès
réels.
Je ne voudrais pas, M. le Président, puisque vous me rappelleriez
à l'ordre, j'en suis certain, évoquer toute la gamme de mesures
très précises, tout le dynamisme, toute cette consultation que le
ministre a faite. Je veux limiter mon intervention très brève, je
vous en assure au bill 48 puisque je suis impatient moi-même d'aborder
d'autres problèmes, vu que, sur ce projet nous sommes tous d'accord.
Le comportement de certaines personnes qui sont plongées dans le
domaine de l'évaluation municipale ou dans le domaine du regroupement
des municipalités, fait penser à certains de ces
bébés à qui on a enlevé un suçon, et qui,
dès lors, s'en vont bouder dans un coin.
L'opinant qui a parlé avant moi...
M. CHARRON: Sans même bouder.
M. SAINT-PIERRE: ... a eu, dans d'autres circonstances, le même
comportement. Je trouve que le ministre, devant pareilles déclarations,
est capable de prendre réellement ses responsabilités. Car, M. le
Président, en matière d'évaluation, il y avait ici au
Québec beaucoup d'abus. Inutile pour moi de vous rappeler ces riches
bourgeois qui appartiennent souvent à un parti politique qui, pourtant,
se veut très près de la population, qui avaient cette
deuxième résidence à la campagne et qui pouvaient jouir de
taux ridicules de taxes scolaires et de taxes municipales.
Ces gens, M. le Président, je ne dis pas que ce sont des
terroristes, loin de là, je voudrais enlever toute équivoque, il
y en a dans mon comté à l'occasion, ce sont surtout des artistes,
quelques professeurs, des gens qui vivent très bien dans notre
société, qui demeurent à Montréal et qui viennent
se rendre, les fins de semaine ou durant la période estivale le long du
Richelieu.
Or, M. le Président, depuis toujours, ces gens ont
été réellement les exploiteurs de la société
puisqu'ils ont pu bénéficier d'un traitement que je calcule
ridicule en ayant une évaluation qui ne tenait absolument pas compte de
leur valeur réelle, de leur richesse, et qui leur permettait à
l'occasion, sur les rives du Richelieu, d'entretenir tout un monde, une ville.
Or...
M. LESSARD: Regardez les exemptions pour les grosses compagnies...
M. SAINT-PIERRE: Vous avez une question à me poser?
M. LESSARD: Oui, M. le Président. Est-ce que le ministre pourrait
parler de certains articles qui exemptent certaines compagnies minières
et certaines compagnies forestières qui sont tout simplement les
bailleurs de fonds du Parti libéral et qui sont exemptées
actuellement?
M. LACROIX: Est-ce que le député de Saguenay pourrait me
mentionner, par exemple, si les bailleurs de fonds du Parti
québécois, qui sont commandés par M. Pelletier qui a
été candidat péquiste dans le comté de Portneuf, si
ce n'est pas la même source et la même chose au point de vue des
fonds électoraux? Arrêtez donc de faire les putains et de poser
à la vierge offensée.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je ne voudrais pas abuser du
temps de cette Chambre pour parler des avantages que comporte le projet de loi
48 puisque je suis certain que je serais obligé de prendre beaucoup plus
que le temps qui m'est alloué. Et comme je souhaite que nous abordions
d'autres lois, comme la période de Noël approche et que nous avons
encore un programme législatif, je voudrais être extrêmement
bref. Mais vous me permettrez, en trente secondes, M. le Président, de
témoigner à cette Chambre mon indignation de voir le comportement
de représentants de partis politiques qui veulent, par de la
procédure, retarder indûment le travail de cette Chambre,
transformer cette Chambre, qui a de véritables problèmes devant
elle, en une véritable foire, et ceux qui en sont coupables, je pense,
se sont reconnus fort bien.
Je pense que le parti ministériel désire vivement passer
à l'action, mais on voit que des
gens qui réclament à grands mots les réformes
globales dans tous les domaines sont les premiers à vouloir mettre des
bois dans les roues, que ce soit au Parlement où à
l'extérieur du Parlement. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Sauveur.
M. BOIS: Merci, M. le Président. Je pense que, il y a longtemps
que le gouvernement, et surtout l'honorable ministre des Affaires municipales,
ne nous avait fourni une aussi belle occasion d'approuver sa
générosité et surtout d'approuver la finesse de son
jugement dans la préparation d'une loi qui est vraiment complète
et qui permettra surtout d'atteindre les gros comme les petits dans cette
province.
M. le Président, ce que je remarque surtout dans la loi sur
laquelle nous sommes appelés à nous prononcer, c'est que nous
induisons vraiment la population en erreur.
Je m'explique, M. le Président. A l'heure actuelle, nous
raffinons le système et nous allons permettre très bientôt
à toutes les municipalités du Québec d'avoir un
système uniformisé de taxation, ce qui est parfait, M. le
Président, c'est un bien...
M. TESSIER: ... d'évalution...
M. BOIS: Je dis bien d'évaluation. De toute façon, je
doute fort que M. le ministre ne comprenne pas, comme un administrateur
municipal expert, un administrateur municipal qui a vraiment fait ses preuves
dans le Bas-Saint-Laurent que, quand on dit évaluation, ça
signifie parfois taxation.
M. le Président, je crois que M. le ministre a un sourire
évocateur parce que, vraiment, ça lui permet de retomber
exactement dans le domaine où il veut nous conduire, soit celui qui sera
la résultante du projet de loi qui nous est soumis aujourd'hui.
Ce qui arrive, M. le Président, c'est que, dans le projet de loi
que nous avons, nous imposons le capital, nous allons imposer l'augmentation du
capital, nous allons évaluer davantage pour mieux imposer alors qu'en
réalité on devrait justement faire le contraire. Un vrai
système d'administration par évaluation serait celui qui verrait
à aller porter aux municipalités sur un plateau d'argent les
émoluments nécessaires qu'il leur faudrait pour la poursuite de
leurs travaux, alors que dans notre système d'évaluation tel que
contenu dans le projet de loi no 48, nous allons justement faire le contraire.
Nous allons nous orienter non pas vers le mieux-être du Québec et
des municipalités et villes du Québec, avec le projet de loi 48,
M. le Président, nous allons faire de notre système
d'évaluation un château-fort qui, une fois enregistré sur
les bobines de nos machines électroniques, permettra au gouvernement
d'avoir le nez enfoui dans les affaires les plus personnelles et dans les plus
petites possessions de nos concitoyens.
M. le Président, je crois qu'avec ce projet de loi 48 nous
touchons vraiment au bobo du système qui nous affecte à l'heure
actuelle. Il y a beaucoup de lois que le gouvernement passe à l'heure
actuelle et qui sont excellentes. Mais, certainement cette loi raffinée
qu'est le projet de loi 48, par son système d'évaluation qui
n'oubliera rien, constitue un châtiment d'une force inouïe car il
permettra à la province de Québec de se constituer le justicier
de la Loi C-259 du gouvernement fédéral.
Dans un pays bien organisé, M. le Président, le
système permettrait d'aller porter à nos cités et villes
quelque chose d'autre que des nouvelles où les gens doivent descendre
sur la patinoire qui, demain matin, leur sert de base à un
appauvrissement amélioré, continuel et qui ne cessera jamais
d'aller de pis en pis parce que l'administration publique a besoin de plus en
plus de deniers.
M. le Président, le parallèle du projet de loi no 48 qui
améliore notre évaluation à un tel point qu'on doit se
demander si on n'ira pas jusque dans les égouts pour voir si un sou noir
s'est échappé de l'évier de cuisine, ira justement tout
à l'heure à l'encontre du gros bon sens.
Ce système va devenir un rouleau compresseur; un système
qui est vénéré, que l'on bénit et que l'on invoque
pour savoir de la part de nos grands argentiers s'il n'y aurait pas lieu, M. le
Président, de pressurer davantage nos industries, nos commerces, notre
agriculture, nos gratte-papier, nos collets blancs et en fin de compte tout le
monde. On pousse l'audace jusqu'à se servir des tribunaux pour punir et
châtier ceux qui, à la suite d'évaluation
améliorée, soutenue, condensée, embellie, auront vraiment
à supporter le fardeau des taxes raffinées que soulèvera
le projet de loi no 48.
Parce que des industries ou des citoyens une fois que tout aura
été bien technocratisé, subiront vraiment
l'adversité de ce que sera la résultante de ce projet de loi.
L'honorable ministre de l'Education a bien dit tout à l'heure:
J'ai hâte de passer à l'action. Si le ministre de l'Education a
hâte de passer à l'action pour l'éducation, je crois que
dans le projet de loi qui est présenté ici, il devrait se faire
un plaisir de ne pas dire cette phrase, parce que je pense que même dans
son propre comté qui est pourtant un beau comté très bien
situé dans la ville de Québec oui, le plus beau, l'enfant
le plus beau il verra définitivement ce que l'action
d'évaluation et l'action des taxes pourra produire lorsque le
système aura été mis en application.
Il n'y a pas que les artistes qui sont contre l'évaluation et
contre les taxes. Des cultivateurs et des ouvriers l'ont prouvé à
la dernière élection, parce qu'il y en a plus de 300,000 qui se
sont prononcés pour nous. Or, je crois que ces gens-là sont loin
de faire erreur lorsqu'ils pensent vraiment qu'un système
d'évaluation
qui touche à tout, qui affecte la vie des citoyens, peut devenir
l'être le plus morbide du capitalisme moderne que nous subissons
présentement.
C'est justement sur ces derniers mots que je voudrais dire ici que nous
du Ralliement créditiste ne descendrons pas sur une patinoire où
vraiment on veut nous amener pour faire des discussions qui ne constituent que
la glorification d'un système qui est vraiment celui qui engouffre
à la base tous les citoyens dans le même champ d'aiguilles pour
éventuellement les faire se départir de ce qu'ils ont de mieux,
leur ambition, leurs biens personnels et privés, qui leur seront
éventuellement fauchés par un système qui est vraiment
l'orgie des temps modernes.
Le projet de loi no 48 en est un qui constitue une beauté dans
son orientation, mais les citoyens verront eux-mêmes d'ici quelque temps
que ces choses-là ont une résultante qui n'apportera pas du tout
ce que M. le ministre des Affaires municipales souhaite, soit rencontrer des
citoyens qui dans cette province lui adresseront un beau sourire tous les
matins où il s'adressera à eux.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, hier après-midi, vers trois
heures trente, la commission parlementaire des Affaires municipales terminait
ses travaux en ce qui concerne le bill 48 qui contient 134 articles.
On se réservait cependant l'article 105 pour discussion ici en
Chambre en comité plénier. Je m'étais proposé
dès hier midi d'intervenir en troisième lecture plus
spécifiquement sur les articles 12 et 21. Cet après-midi, avant
l'arrivée du député de Saint-Maurice, j'ai eu l'occasion
de poser des questions au ministre des Affaires municipales.
En ce qui concerne les articles 12 et 21, deux articles d'importance,
après que j'ai eu posé les questions au ministre des Affaires
municipales, celui-ci m'a dit qu'il avait communiqué avec le
vice-président général de l'UCC, en l'absence de M.
Allain, pour lui expliquer la teneur des articles 12 et 21.
Cependant, j'ai eu hier une communication téléphonique
également avec le président général de l'UCC,
après qu'il a bien voulu me faire parvenir un télégramme
où il s'opposait et je crois avec raison aux articles 12
et 21. Je désire lire ce télégramme, afin que tous les
membres de cette Chambre puissent en prendre connaissance. Il est daté
du 15 décembre 1971, douze heures trente, il s'adresse à
Clément Vincent, député, Hôtel du Gouvernement,
Québec.
Je cite le télégramme: "Avons fait valoir point de vue de
l'UCC, concernant amendements requis au projet de loi, évaluation
fonciè- re, bill 48, au premier ministre du Québec, au ministre
des Affaires municipales et au ministre de l'Agriculture. Stop. Amendements
requis devraient corriger injustice faite cultivateurs du Québec par
imposition foncière. Stop. Sommes sans réponse et n'avons aucune
assurance tels amendements seront apportés. Stop. Vous demandons faire
opposition formelle passation de projet de loi, évaluation
foncière, bill 48. Signé, Albert Allain, président
général de l'Union catholique des cultivateurs."
Donc, M. le Président, si on se souvient, que dit le rapport de
la commission royale d'enquête Bélanger, en ce qui concerne
l'évaluation foncière des terres et des bâtiments de ferme,
qui sont les outils de travail des agriculteurs du Québec? Que dit ce
rapport quand on parle de taxation? Le premier ministre actuel était le
secrétaire de la commission royale. Sous sa signature, on dit que la
terre et les bâtiments de ferme devraient être exemptés d'au
moins 50 p.c.
Et le ministre met complètement de côté le rapport
de la commission royale d'enquête Bâlanger; il dit que la terre,
qui est l'outil de travail des agriculteurs, est taxée à 100 p.c.
et sera taxée à 100 p.c. dans l'avenir, suivant le bill 48.
Cependant, nous sommes à la veille de Noël, il nous donne des
bonbons. Il dit que les bâtiments de ferme seront taxés la
première année à 100 p.c, la deuxième à 90
p.c, la troisième à 80 p.c, pour en arriver, sur une
période de cinq ans, à une taxation de 50 p.c.
Donc, on ne tient pas compte de la terre, qui est l'outil de travail des
agriculteurs. On taxe la ferme à 100 p.c. malgré le rapport de la
commission royale d'enquête à laquelle participait le premier
ministre actuel du Québec, malgré l'opposition
témoignée par télégramme de l'Union catholique des
cultivateurs, malgré, probablement, l'opposition du député
de Champlain, qui veut intervenir auprès du ministre des Affaires
municipales. Voilà qu'on consacre par une législation que l'outil
de travail de l'agriculteur du Québec sera taxé à 100
p.c.
Donc, M. le Président, l'article 12 et l'article 21 devraient,
à mon sens, être retournés à la commission
parlementaire pour voir qui a raison: Le rapport de la commission royale
d'enquête Bélanger, auquel le premier ministre du Québec a
participé, ou le ministre des Affaires municipales avec sa nouvelle
législation qui va taxer à 100 p.c. les fermes et d'une
façon graduelle va diminuer la taxation sur les bâtiments, mais
dans cinq ans, à 50 p.c, ou l'UCC, qui d'après le ministre des
Affaires municipales est satisfaite? Il nous a mentionné que M. Couture,
vice-président général de l'UCC, lui a exprimé sa
satisfaction, lui a donné son appui cet après-midi, alors que
nous avons des télégrammes et des appels
téléphoniques où on nous dit exactement le contraire.
C'est le premier point, M. le Président, que je voulais
souligner. Le deuxième point, nous avons entendu cet après-midi
les députés de
Saint-Maurice, de Maskinongé et de Chicoutimi faire le point sur
une situation qui est devenue loufoque par la suite, à cause des
interventions des députés de Trois-Rivières et de
Laviolette.
M. TESSIER: Ah! Ah! DES VOIX: M. le Président!
M. TESSIER: Parce que le député de Trois-Rivières
et le député de Laviolette ont dit la vérité?
M. HARVEY (Jonquière): Ils étaient renseignés.
M. TESSIER: Parce qu'ils ont mis les choses au point?
M. VINCENT: Si vous me le permettez, M. le Président, je voudrais
répéter et continuer. Nous avons entendu, cet après-midi,
le député de Saint-Maurice, le député de
Maskinongé et le député de Chicoutimi faire le point sur
une situation qui est devenue loufoque après l'intervention du
député de Trois-Rivières et du député de
Laviolette.
M. TESSIER: Ils ont fait de la politicaillerie.
M. VINCENT: Après cela, le ministre des Affaires municipales
pourra faire son intervention. Les maires des municipalités de la
Mauri-cie, comme l'ont dit le député de Trois-Rivières et
le député de Laviolette...
M. TESSIER: Ils se sont déclarés entièrement
satisfaits.
M. VINCENT: Nous en convenons, ces maires étaient contents et
satisfaits hier soir parce qu'ils croyaient, à tort ou à
raison...
M. TESSIER: Ils le sont encore ce soir.
M. VINCENT: ... que le ministre proposerait des amendements à
l'article 105. C'est ce qu'ont affirmé le député de
Laviolette et le député de Trois-Rivières, que les maires,
qu'ils ont eux-mêmes rencontrés, hier soir, étaient
contents et satisfaits parce qu'ils croyaient, à tort ou à
raison, qu'il y aurait des amendements apportés à l'article
105.
Cependant, le 16 décembre 1971, aujourd'hui, à une heure
quarante-cinq, ils ont fait parvenir un télégramme.
M. LOUBIER: Ah bon!
M. VINCENT: Ce n'est pas hier soir! C'est le 16 décembre à
une heure quarante-cinq, quarante-neuf pour être plus précis,
qu'ils ont fait parvenir un télégramme. Ils disent ceci: "Suite
à réunion d'hier et à l'acceptation expresse j'en
conviens, le ministre nous a dit, tout à l'heure, qu'il y avait une
erreur, mais il reste que les maires le croyaient quand ils ont dit qu'ils
étaient satisfaits hier soir; à tort ou à raison, ils le
croyaient par le ministre et le sous-ministre des Affaires municipales
de l'amendement proposé par les maires de la Mauricie à l'article
105-3 a) et b) du bill no 48, et ce en présence de dix
représentants de la Mauricie, apprenons avec consternation refus du
ministre de donner suite, en troisième lecture, à cet amendement
accepté hier. Prions instamment le ministre, dans l'intérêt
des municipalités de la Mauricie, de reconsidérer sa
décision et donner suite à l'amendement proposé et
accepté hier. Signé: Les maires de la Mauricie."
M. LOUBIER: Est-ce assez éloquent?
M. VINCENT: Le député de Trois-Rivières a raison
quand il dit qu'hier soir les maires étaient contents et satisfaits.
M. TESSIER: Lisez donc la signature.
M. VINCENT: Signature: Les maires de la Mauricie.
M. TESSIER: Les maires de la Mauricie. Il n'y a aucun nom
là-dessus. Il n'y a même pas un nom de maire. Est-ce que ce n'est
pas le député de Saint-Maurice qui...
M. DEMERS: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. TESSIER: ... se serait envoyé un télégramme
à lui-même et à moi?
M. DEMERS: Hier, le député de Rimouski...
M. TESSIER: C'est un télégramme anonyme, M. le
Président.
M. DEMERS: Signé par les maires de la Mauricie.
M. TESSIER: Non, je vous demande pardon. Je fais appel au
règlement, M. le Président.
M. DEMERS: J'ai fait appel au règlement avant le
député de Rimouski.
M. TESSIER: Il n'y a aucune signature sur le télégramme;
c'est un télégramme anonyme.
M. LOUBIER: M. le Président, sur le point de règlement. Le
ministre des Affaires municipales, premièrement, devrait retirer
l'accusation qu'il a portée à l'endroit du député
de Saint-Maurice à l'effet que cela pouvait être un
télégramme rédigé par lui. Je sais que le ministre
des Affaires municipales a assez de gentilhommerie pour reconnaître que
c'est une accusation qui n'a aucun fondement.
En second lieu, est-ce que le ministre des
Affaires municipales serait satisfait si, demain matin, nous lui
détaillions la liste des maires qui ont signé le
télégramme envoyé?
M. TESSIER: Ils ne l'ont pas signé.
M. LOUBIER: Est-ce que le ministre des Affaires municipales, avec
l'approbation et la signature des maires de la Mauricie, accepterait de
modifier le projet de loi qu'il défend ce soir, ce qui, en même
temps, lui permettrait de respecter la parole qu'il avait donnée hier
quant aux modifications à apporter au projet de loi.
M. TESSIER: M. le Président, pourrais-je poser trois questions
dans une? La première...
M. LE PRESIDENT: Il faudrait le consentement unanime. Nous sommes en
train de nous engager dans un labyrinthe d'où nous ne pourrons
probablement pas sortir.
UNE VOIX: M. le Président... M. LE PRESIDENT: Pardon. UNE VOIX:
... unanime.
M. LE PRESIDENT: J'ai malheureusement eu un moment de distraction et
j'aurais dû formellement interdire au chef de l'Opposition officielle de
greffer à sa prétendue question de règlement des questions
au ministre, et je reconnais que j'ai failli à ma tâche en le
laissant aller dans cette voie.
De toute façon, je pense que justice pourra être rendue
puisque l'honorable ministre aura tantôt la possibilité de
répliquer et, dans sa réplique...
M. TESSIER: M. le Président, on m'a posé trois questions,
j'aimerais bien pouvoir y répondre.
M. LE PRESIDENT: Je regrette. S'il y a consentement unanime de la
Chambre à ce que le ministre prenne la parole maintenant, je n'ai pas
d'objection, mais je ne peux pas, à ce moment-ci.
M. LOUBIER: M. le Président, si vous le permettez, au nom de
notre groupement, je suis prêt à dire qu'il y a consentement
à la condition que le ministre veuille bien répondre aux trois
questions que je lui ai posées...
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement ou non?
M. LOUBIER: ... à l'effet que si...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je demanderais à l'honorable chef de l'Opposition de ne pas
empirer la situation extrêmement difficile dans laquelle nous sommes
pré- sentement. Nous sommes au seuil de l'illégalité pour
ne pas dire davantage. Je demande donc de nouveau s'il y a consentement unanime
à ce que le ministre réponde présentement aux trois
questions formulées par l'honorable chef de l'Opposition. S'il y a
consentement unanime, je pourrai accorder la parole au ministre.
Du consentement unanime, l'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. LOUBIER: Si vous permettez, M. le Président, j'aimerais bien
à ce moment-là...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Vous ne savez même pas ce que j'ai à dire, M.
le Président, et vous me rappelez à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Vous n'aviez pas la parole. C'est pour ça que je
viens de dire...
M. LOUBIER: M. le Président, sur un point de
règlement...
M. LE PRESIDENT: Bon, sur le point de règlement...
M. LOUBIER: Je n'ai même pas parlé et vous me refusez de
parler à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Si vous voulez, nous allons prendre ça
calmement, sans que personne s'énerve. Si l'honorable chef de
l'Opposition avait eu l'élémentaire précaution, en se
relevant, de me dire que c'était encore sur une question de
règlement qu'il voulait parler, je lui aurais laissé la parole.
Mais l'honorable chef de l'Opposition a semblé prima facie vouloir
continuer à donner des explications sur les questions qu'il avait
formulées. Si l'honorable chef de l'Opposition veut formuler un autre
appel au règlement, je l'écouterai avec toute la patience et le
devoir qui me sont imposés.
M. LOUBIER: M. le Président, je soulève un autre point de
règlement. Je suis prêt à donner mon consentement à
la condition que le ministre des Affaires municipales réponde
précisément aux trois questions que je lui ai posées.
M. LE PRESIDENT: J'avais bien raison de le prévoir, je constate
que j'avais une prescience de bien constater que l'honorable chef de
l'Opposition n'avait pas du tout une question de règlement à
soulever, il voulait ajouter un addenda à ses questions.
M. LOUBIER: Une précision.
M. LE PRESIDENT: Ce n'était pas une question de
règlement.
Je précise de nouveau que, s'il y a consentement unanime,
l'honorable ministre pourra répondre aux questions et qu'il ne
s'agira
évidemment pas de son droit de parole sur la motion en
troisième lecture, que son droit de parole lui sera
réservé quant à la motion de troisième lecture.
Il y a consentement unanime?
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, ce n'est pas exactement à
trois questions, parce que le chef de l'Opposition officielle s'est levé
sur un point d'ordre en me demandant de retirer mes accusations à
l'endroit du député de Saint-Maurice, Si le chef de l'Opposition
officielle s'en souvient bien, j'ai dit: Je me demande si... je me posais
à moi-même la question et non pas au député de
Saint-Maurice.
M. DEMERS: J'invoque le règlement, M. le Président.
UNE VOIX: Il n'a même pas le courage de ses paroles.
M. TESSIER: Voyons, j'ai dit: Je me demande...
M. LOUBIER: M. le Président, il n'est pas intelligent, il est
incompétent et il manque de courage.
M. TESSIER: Là franchement...
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
ministre des Affaires municipales a fait une insinuation.
Il a dit qu'il se demandait si je n'aurais pas préparé le
télégramme. C'est faux, d'abord. Ensuite, comment a-t-il pu
répondre à ce télégramme s'il se demande si c'est
moi qui l'ai envoyé? Vous avez télégraphié au maire
de Trois-Rivières; vous l'avez dit vous-même.
M. LE PRESIDENT: Je suis convaincu que l'honorable ministre des Affaires
municipales, qui connaît très bien, grâce à son
expérience juridique et parlementaire à l'ordre!
l'article 285 paragraphe 19, acceptera de clarifier la situation pour qu'il
soit bien évident qu'il n'avait aucunement l'intention de prêter
des motifs, ni directement ni indirectement, au député de
Saint-Maurice.
M. TESSIER: M. le Président, je n'ai jamais eu d'intentions,
surtout pas de mauvaises intentions. J'ai été, tout de
même, un peu surpris de voir que ce télégramme
n'était pas signé, car j'ai reçu exactement le même
télégramme que le député de Saint-Maurice. Un
télégramme anonyme sans aucun nom de la personne ou des personnes
qui l'ont expédié.
Deuxième point qui a été soulevé par le
député de Bellechasse, c'est que j'aurais fait une promesse. Je
n'ai fait aucune promesse quelconque, comme je l'ai d'ailleurs expliqué,
je crois, assez clairement cet après-midi.
Quant au troisième point, est-ce que je vais apporter des
amendements? Non. Il n'est pas question d'apporter des amendements, parce que
je considère que l'article 105 est parfait comme il est là.
M. VINCENT: Donc, après nos discours de cet après-midi et
de ce soir, après ce télégramme, après
l'intervention des trois députés et les autres interventions,
comme le ministre vient de mentionner qu'il ne veut pas apporter d'amendements,
c'est à se demander même le ministre nous incite à
nous poser encore plus de questions ce qu'il y a en dessous de tout
cela.
M. le Président, considérant qu'on n'a pas tenu compte du
rapport de la commission royale d'enquête Bélanger, en ce qui
concerne l'évaluation foncière et le système de taxation
pour les agriculteurs; considérant que les agriculteurs seront
taxés à 100 p.c. en ce qui concerne leur outil de travail, la
terre, et graduellement à 50 p.c. en ce qui concerne les
bâtiments; considérant que l'Union catholique des cultivateurs,
que le ministre de l'Agriculture doit et veut reconnaître, malgré
l'opposition du cabinet, comme le représentant syndical des agriculteurs
du Québec, est opposée à l'article 12 et à
l'article 21...
M. GARNEAU: C'est l'opinion du député de Nicolet.
M. VINCENT: Non, M. le Président, ce n'est pas mon opinion.
M. GARNEAU: Sa référence au conseil des ministres, c'est
son opinion.
M. HARVEY (Jonquière): Vous n'assistez pas au conseil des
ministres.
M. VINCENT: Considérant, M. le Président, cette
opposition; considérant que le ministre de l'Agriculture n'a même
pas eu la décence de parler sur les articles 12 et 21 et pour lui
permettre de le faire; considérant qu'il y a ambiguïté en ce
qui concerne l'article 105, premièrement à cause du
député de Trois-Rivières, du député de
Laviolette, du député de Saint-Maurice, du député
de Maskinongé...
M. TESSIER: Il n'y a-pas d'ambiguïté; c'est parce que vous
ne le comprenez pas.
M. VINCENT: ... du député dé Chicoutimi et des
maires de la Mauricie...
M. TESSIER : Il est très clair.
M. TOUPIN : J'invoque le règlement. M. le Président, si le
député de Nicolet veut défendre les agriculteurs comme il
a toujours su si bien le faire...
M. VINCENT: La question de règlement!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! à l'ordre! S'il s'agit d'une question
de privilège, je permettrai à l'honorable ministre, s'il s'est
senti visé ou attaqué par les propos du député de
Nicolet, de rétablir les faits, s'il y a lieu.
M. TOUPIN: Sur une question de privilège.
M. LE PRESIDENT: Sur question de privilège, c'est permis.
M. TOUPIN: Lorsque le député de Nicolet m'accuse de ne pas
être encore intervenu sur le projet de loi 64...
M. VINCENT: Vous n'avez pas parlé encore.
M. TOUPIN: M. le Président, si je ne suis pas intervenu
jusqu'à maintenant, c'est parce que je suis d'accord avec le bill 48,
premièrement. Et deuxièmement,...
M. LAFONTAINE: Il n'est pas intervenu.
M. TOUPIN: Si le député de Nicolet n'est pas d'accord,
qu'il dise les véritables raisons...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre s'il vous plaît. Je crois que
l'honorable ministre de l'Agriculture aura l'occasion de faire ce genre
d'intervention, comme tous les députés de cette Chambre,
dès que celui qui occupe le fauteuil du président pourra lui
donner la parole durant le cours du débat de troisième lecture.
S'il a quelques mots à adresser sur le bill 48, je peux difficilement
lui permettre d'intervenir à l'occasion du discours d'un autre
député.
M. VINCENT: Donc, M. le Président, je recommence pour que le
ministre de l'Agriculture comprenne bien. Considérant que le bill 48, en
ce qui concerne les articles 12 et 21, ne tient aucunement compte du rapport de
la commission royale d'enquête Bélanger à laquelle a
participé le premier ministre actuel du Québec en ce qui
concerne la taxation des biens des agriculteurs, c'est-à-dire leurs
outils de travail, la ferme et les bâtiments de ferme, considérant
également, et ça, le ministre de l'Agriculture devrait le
comprendre, qu'en vertu des articles 12 et 21 du bill 48 l'outil de travail des
agriculteurs sera taxé à 100 p.c, c'est-à-dire leur ferme.
Pardon?
M. GARNEAU: Il va être évalué à 100 p.c, ce
n'est pas un bill de taxation.
M. VINCENT: Il va être également taxé à 100
p.c. parce que l'évaluation foncière sera établie comme
telle.
M. GARNEAU: Le député de Nicolet n'a rien compris.
M. VINCENT: Pardon?
M. GARNEAU: Il n'a rien compris!
M. VINCENT: Que le ministre des Finances commence à comprendre ce
qu'il fait aux fonctionnaires du ministère de l'Agriculture, qu'il
commence à le comprendre.
M. LACROIX: On va avoir le débat, là.
M. VINCENT: Oui, qu'il commence à le comprendre.
M. LACROIX: Vous devez le savoir, ce qui se passe, ce sont tous vos
bleus qui sont en place.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. VINCENT: Oui, et considérant également, M. le
Président, toutes ces ambiguïtés, que l'UCC, qui sera
reconnue comme le principal porte-parole des agriculteurs par une loi du
syndicalisme agricole...
UNE VOIX: Ce n'est pas vrai.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Il n'est pas question dans le
moment de syndicalisme agricole.
M. VINCENT: Non, M. le Président, je parle de l'UCC qui doit
être reconnue...
M. TESSIER: Personne ne le sait, ce sont les agriculteurs qui vont
voter.
M. VINCENT: ... comme le principal porte-parole des agriculteurs du
Québec.
M. TESSIER: Les agriculteurs vont voter...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs, s'il vous plaît. L'honorable
député de Nicolet.
M. TESSIER: Il est dans les patates. M. VINCENT: M. le
Président...
M. TESSIER: Cela fait changement avec les poules.
M. DEMERS: Lui, il est dedans, mais le ministre va faire patate.
M. VINCENT: Est-ce qu'on peut parler de pommes de terre, M. le
Président?
M. LE PRESIDENT: Il y a assez de purée comme ça.
M. VINCENT: On pourrait parler des centaines de cultivateurs du
comté de Rimouski qui sont présentement au bord de la faillite
à cause du prix des pommes de terre.
M. TESSIER: Oui, certainement quoique...
M. VINCENT: ... que vous avez rencontrés dans votre bureau et que
vous avez retournés chez eux cavalièrement...
M. TESSIER: Ce n'est pas à cause du bill 48.
M. VINCENT: ... en leur disant que le gouvernement leur viendra
peut-être en aide en achetant 1,335 boisseaux à $1.50 le boisseau,
un cent et demi la livre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, le bill 48 s'il vous plaît.
M. VINCENT: Donc, M. le Président, considérant que l'UCC,
qui doit être reconnue comme le principal porte-parole des agriculteurs
du Québec...
M. LACROIX: Pourquoi ne l'avez-vous pas fait dans votre temps?
M. VINCENT: ... et je le souhaite, par une loi du syndicalisme agricole,
s'oppose énergi-quement aux articles 12 et 21, j'ai lu le
télégramme, le ministre de l'Agriculture devrait le lire
et considérant toute cette ambiguïté en ce qui concerne
l'article 105...
M. TESSIER: C'est pour ceux qui ne le comprennent pas.
Motion d'amendement de M. Vincent
M. VINCENT: Pour toutes ces raisons, je propose, appuyé par le
député de Montmagny, que la motion en discussion soit
amendée en remplaçant tous les mots après le mot "que" par
les suivants: La Chambre est d'avis que les articles 12, 21 et 105 soient
déférés à nouveau devant la Commission
parlementaire des Affaires municipales pour entendre les représentants
de l'UCC ainsi que toutes les personnes ou groupements intéressés
et particulièrement les maires de la Mauricie.
M. LACROIX: Assez les folies, c'est nous autres qui gouvernons.
M. VINCENT: Donc, tous les groupes intéressés et
principalement de la Mauricie.
M. LACROIX: Assez les folies.
M. VINCENT: D'accord, un sous-amendement, M. le Président.
M. HARVEY (Jonquière): Non, mettez-le dans votre motion.
M. TESSIER: On va prendre un vote là-dessus
immédiatement.
M. VINCENT: Un sous-amendement peut être proposé.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux avoir une copie?
M. VINCENT: Certainement.
M. LOUBIER: C'est un manuscrit, M. le Président.
M. LEVESQUE: Une copie de l'amendement, ça va régler le
problème des cultivateurs.
M. LOUBIER: M. le Président, le leader parlementaire doit
concevoir que nous les comblons puisqu'au lieu de leur donner une copie nous
leur donnons l'original.
M. LEVESQUE: Ce n'est pas l'original non plus.
M. LE PRESIDENT: Allez faire trois copies.
M. LACROIX: Vous êtes 17 et, la prochaine fois, vous serez
zéro ou deux zéros comme vous êtes.
M. LE PRESIDENT: Silence!
M. LACROIX: Irresponsabilité notoire.
M. VINCENT: Est-ce.que vous me permettez de la relire pour permettre au
leader parlementaire de la comprendre?
M. LE PRESIDENT: Vous pouvez fermer les micros, s'il vous
plaît.
La séance est suspendue jusqu'à 10 h 30.
Reprise de la séance à 22 h 30
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'il y a des
députés qui désirent prendre la parole sur
l'amendement?
Est-ce que la Chambre est prête à se prononcer?
L'honorable député de Lotbinière.
M. BELAND : M. le Président, je n'avais pas l'intention moi non
plus de prendre la parole sur ce bill no 48, principalement sur l'amendement
présenté par l'honorable député de Nicolet. Mais,
à la suite des interventions multiples et de la complication que cela
nous amène, je me dois...
M. LEVESQUE: Uniquement.
M. BELAND: ... d'apporter quelques observations sur les raisons qui ont
motivé le député de Nicolet à apporter cet
amendement afin que la commission parlementaire des Affaires municipales puisse
siéger à cause des complications ou de tout ce qu'il peut y avoir
à l'intérieur des articles 12, 21 et 105. En ce qui nous
concerne, je le dis immédiatement, nous sommes en faveur de cette
motion.
Maintenant les raisons. Comme plusieurs autres, j'ai reçu moi
aussi des télégrammes concernant les implications du bill 48
relativement à l'agriculture. J'ai eu des observations également,
de certains maires, qui touchent de très près à
l'agriculture, à cause des changements qu'ils devront apporter à
leur rôle d'évaluation, à cause de certaines exemptions qui
ont été soulignées auparavant concernant principalement
l'Hydro-Québec et autres.
Je me dois d'intervenir pour appuyer cet amendement parce qu'à
mon sens il est extrêmement nécessaire. Dans ces articles on parle
même de taxer des clôtures, des drains posés sur les fermes.
On parle de ça dans ces articles-là. Est-ce que c'est logique,
alors que justement un peu plus loin on parle de limiter? Si par exemple un
terrain de golf est plus évalué qu'un certain montant, on va
exempter le reste.
Pourquoi dans l'agriculture essaie-t-on tant d'aller chercher tout ce
qu'il y a possibilité d'évaluer en vue de taxer, même si ce
n'est qu'un passage entre une laiterie et une vacherie sur la ferme? On va
l'évaluer en vue de la taxer et c'est indiqué dans le bill.
Est-ce que ce ne serait pas logique que nous entendions des cultivateurs
ou des représentants de ceux-ci, tous ceux qui sont
intéressés à l'agriculture? Un maire de
municipalité qui en même temps est cultivateur, après que
je lui eus énuméré ce qu'il pouvait y avoir dans le bill
réimprimé, m'a dit: Cela semble que dans ce bill-là on a
tout pour se satisfaire. Mais également on a tout pour se chicaner
continuellement. Est-ce que ce n'est pas ça?
Si on lit attentivement ce qu'il y a dans l'article 12, on trouve
plusieurs endroits où c'est très difficile de se situer. C'est
agencé de façon très subtile pour prêter à
confusion.
Imaginez les trois évaluateurs s'il y en aura trois, ou
cinq s'il y en aura cinq, cinq qui vont essayer de déchiffrer
tout ce que ça peut comporter au niveau de l'évaluation et au
niveau de la future taxation, même s'il y a taxation seulement à
partir de 50 p.c. de la valeur réelle.
M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Vous comprendrez que je dois intervenir,
pour interrompre le député de Lotbinière. Ce que je peux
permettre comme débat sur cette motion, ce n'est pas la critique d'un
article en particulier ou de plusieurs articles. Cela ça doit être
fait sur la motion principale de troisième lecture, alors qu'on peut
parler de l'ensemble et du détail. En troisième lecture, on peut
parler des articles ou de l'ensemble du projet de loi.
En somme, je ne peux pas permettre le même débat sur
l'amendement que le débat qui est permis en troisième lecture. La
seule chose que je peux entendre et que je dois permettre, c'est le
bien-fondé que cette partie du bill que les trois articles
soit déférée à la commission parlementaire
municipale pour entendre certaines parties. Je pense que vous me comprenez
bien, je ne veux pas une critique de fond sur des articles en particulier.
M. BELAND: Très bien, je vous remercie, M. le Président,
de m'avoir rappelé à l'ordre, parce qu'en effet je le reconnais,
j'ai dû glisser légèrement à côté de
mes obligations de suivre les règlements.
Or, à mon sens, c'est excessivement important de convoquer cette
commission parlementaire afin d'entendre les observations qui pourraient nous
être apportées, en vue d'améliorer de la plus juste
façon des articles précis que sont les articles 12, 21 et 105,
parce qu'en même temps ils nous réfèrent, ceux-là
même, ces trois là, à d'autres articles qui concernent le
milieu rural typiquement.
Alors quelle justification invoquer, pourquoi devons-nous convoquer la
commission parlementaire des Affaires municipales pour discuter de ces
articles? M. le Président, je pense que cette question est superflue,
tellement c'est nécessaire à cause de l'ambiguïté
dont je parlais tout à l'heure, parce que nous ne pouvons pas
présentement comprendre toutes les implications. Il y en a des
agriculteurs qui nous ont appelés, des maires qui nous ont
appelés relativement à cela et qui n'ont pas pu se voir en mesure
d'expliquer ou se faire expliquer ces articles-là, étant
donné l'ampleur sur le plan provincial de ces trois articles
précis touchant l'agriculture, et non pas seulement sur un aspect
donné, mais sous plusieurs aspects donnés, tellement on va loin
à l'intérieur des articles, tellement on va loin pour essayer de
chercher à évaluer en vue de taxer davantage.
Avec le bas revenu de l'agriculture dont les cultivateurs sont victimes
depuis un an et ça le ministre de l'Agriculture le sait je
pense que nous devons à ce moment-ci réellement regarder de
façon positive les conséquences et pour ce faire, aller en
commission parlementaire des Affaires municipales, afin de scruter les faits de
très près. Et à la lumière des observations qui
pourraient nous être faites, qui dit que nous ne pourrons pas nous, les
108 là, peut-être excepté 7, mais à tout
événement, nous les 108 devrais-je dire, nous les 108,
après les observations qui nous seront faites, éclairer le
ministre des Affaires municipales afin qu'il change quelques
conséquences de ces articles précis? Et sur ce je vous remercie,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Maurice.
M. DEMERS: M. le Président, sur la motion du député
de Nicolet, j'aurai peu de choses à dire. Je voudrais me limiter
strictement dans le cadre de la motion, afin de ne pas violer les
règlements, étant donné que nous avions donné notre
consentement en bas à la commission parlementaire des Affaires
municipales, que nous retiendrions pour discussion l'article 105.
Je me conforme à l'entente que j'ai prise en bas et je me limite
à l'article 105. Je parlerai, dans l'article 105, simplement de
l'obligation qu'il y aurait de convoquer la commission des Affaires municipales
afin d'entendre les maires de la Mauricie, Pourquoi? Tantôt, le ministre
des Affaires municipales a insinué que j'aurais moi-même
envoyé un télégramme au nom des maires de la Mauricie.
Je suis prêt à convoquer les maires de la Mauricie, qui
viendront ici pour dire que le télégramme a été
expédié par leur conseiller juridique. Me Claude Gélinas,
qui a préparé le sous-amendement, qui l'a remis hier au ministre
et qui a rencontré le sous-ministre. Lorsqu'on aura fait
témoigner ces gens, probablement que le ministre des Affaires
municipales prétendra encore qu'il a été mal cité,
mal compris, mal entendu. On convoquera une autre commission, un autre groupe
de personnes pour faire encore comprendre au ministre des Affaires municipales
qu'il est à côté de la "track".
Je voudrais que cette commission soit convoquée et je demande
à la Chambre de souscrire à la motion présentée par
le député de Nicolet afin que les maires de la Mauricie viennent
exposer d'abord aux députés de la Mauricie ce que cette loi leur
fait perdre parce que cela n'a pas l'air d'avoir été compris par
tout le monde. Je vois, M. le Président, que vous vous rajustez sur
votre siège. Je vais retourner dans le cadre de la motion afin de vous
faire prendre confortablement votre position qui semble un peu
m'inquiéter.
M. LE PRESIDENT: A cause de vous, je suis en position instable.
M. DEMERS: Vous admettrez, M. le Président, que depuis le temps
que le débat dure cela ne vous fait pas tort qu'on puisse vous faire un
peu changer de position.
M. le Président, je souscris à la motion du
député de Nicolet et je demande à la Chambre de convoquer
le plus tôt possible cette commission parlementaire des Affaires
municipales où le ministre des Affaires municipales pourra
répéter devant ces gens ce qu'il a dit et ce qu'il n'a pas dit
afin qu'ils se fassent une opinion objective de ce que dit et ne dit pas le
ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: Ils n'auront qu'à lire le journal des Débats,
ils vont le voir ce que j'ai dit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, c'est avec plaisir que je participe
à ce débat sur l'amendement soumis par l'honorable
député de Nicolet, même si l'honorable leader parlementaire
semble dire que le plaisir n'est pas partagé.
M. LACROIX: ... c'est un lit pour des triplets.
M. SAMSON: J'oserais dire que le leader parlementaire sera le premier
à reconnaître que l'intervention que je fais est une intervention
qui sera pratique au gouvernement, qui, actuellement, est en train de poser un
geste qu'il regrettera sûrement s'il n'acquiesce pas au désir
formulé par les maires représentant cette belle région qui
s'appelle la Mauricie.
Le député de Nicolet a grandement raison sur toute la
ligne lorsqu'il nous demande, par cette motion, de déférer les
articles 12,21 et 105 à la commission parlementaire afin d'entendre les
représentants de l'UCC ainsi que tous les groupements ou personnes
intéressés. Lorsqu'il parle particulièrement des maires de
la Mauricie, je me dois de confirmer ce qui à été dit en
cette Chambre ce soir et qui a malheureusement soulevé un débat
qui a pris des tournures que tous et chacun d'entre nous regrettons
peut-être. Je pense que nous avons le devoir de dire toute la
vérité à cette Chambre.
On a, durant le débat de troisième lecture,
mentionné qu'un certain télégramme n'aurait
peut-être pas été authentique.
M. le Président, je voudrais révéler à cette
Chambre, c'est pourquoi j'appuie cette motion que j'ai
personnellement reçu un téléphone cet après-midi de
Me Claude Gélinas, avocat représentant les maires de la
Mauricie.
Il m'a confirmé qu'hier soir un sous-ministre des Affaires
municipales ainsi que le ministre lui-même avaient accepté
textuellement l'amendement à l'article 105 tel qu'il a été
présenté cet après-midi et que, pour des raisons qui sont
encore inconnues, ce matin le ministre avait "viré son capot de
bord."
Il m'a demandé d'étudier cette motion d'amendement, et
pour votre information...
M. COITEUX: ... tantôt.
M. SAMSON: ... cette motion d'amendement, M. le Président, je ne
l'ai pas vue seulement ce soir ou cet après-midi...
M. COITEUX: Elle n'était pas écrite. M. SAMSON: ... M.
Gélinas l'a dictée...
M. COITEUX: Il ne peut pas en avoir parlé elle n'était pas
écrite.
M. SAMSON: M. le Président, est-ce que vous...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Qui envoie le télégramme?
M. SAMSON: M. le Président, pour éviter toute confusion,
je parle de l'amendement à l'article 105 que nous voulons
déférer à la commission parlementaire. C'est cet
amendement que Me Claude Gélinas a dicté à ma
secrétaire au téléphone. Donc, il n'y a pas d'erreur. Ce
qui a été présenté cet après-midi, on me l'a
confirmé, c'est Me Claude Gélinas qui me l'a confirmé
lui-même en me demandant d'intervenir. C'est d'ailleurs ce que nous avons
fait parce que ces revendications des maires de la Mauricie sont justes,
valables, raisonnables. Ce qui est inacceptable, et je pense que nous nous
devons de faire savoir à cette Chambre ce qui se passe, c'est qu'hier
soir on avait confirmé, et ce soir j'ai entendu des
députés de cette Chambre dire que les maires de la Mauricie
étaient partis d'ici hier soir très satisfaits. Ils ont dit la
vérité, les maires de la Mauricie, tel que confirmé par Me
Claude Gélinas au téléphone aujourd'hui, sont partis d'ici
hier soir satisfaits. C'est ce matin qu'ils n'étaient pas satisfaits
parce qu'entre hier soir et ce matin le ministre a complètement
changé son attitude et a refusé de prendre ses
responsabilités et de respecter les engagements qu'il avait pris avec
les maires de la Mauricie...
M. TESSIER: C'est faux.
M. SAMSON: ... hier.
Or, M. le Président, je vous dis toujours...
M. TESSIER: M. le Président, une question de privilège.
J'ai donné les explications. Je ne sais pas si le député
de Rouyn-Noranda était absent à ce moment-là mais il doit
savoir, d'après le déroulement des événements, que
jamais je n'ai eu connaissance de cette question d'amendement, par
conséquent je ne pouvais pas non seulement y donner mon acquiessement
mais le promettre. Cela a été admis par tous les
députés en cette Chambre.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LEVESQUE: Le député de Rouyn-Noranda était
occupé ailleurs.
M. SAMSON: ... je regrette mais l'intervention de l'honorable ministre
des Affaires municipales est complètement hors de cause et de question
présentement...
M. LEVESQUE: C'est la vérité.
M. SAMSON: J'étais à expliquer ce que m'a confirmé
Me Claude Gélinas. Je n'ai pas à m'ériger en juge de la
situation. Je tiens pour acquis que Me Claude Gélinas n'avait
sûrement pas de raison de fausser la vérité et de me
téléphoner pour me demander d'intervenir, surtout qu'il a fait la
même chose avec d'autres partis de l'Opposition. Je constate qu'il a dit
la même chose à tout le monde donc, ce n'est sûrement
pas...
M. LACROIX: C'est curieux qu'il n'ait pas appelé les
députés de la Mauricie, par exemple, le député de
Trois-Rivières ou un autre.
Comment se fait-il qu'il appelle les innocents du Nord-Ouest?
M. BROCHU: Il savait que ça ne donnerait rien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. SAMSON: Je n'ai pas à juger non plus les raisons pour
lesquelles les maires n'ont pas appelé suivant la
déclaration du député des Iles-de-la-Madeleine les
députés libéraux de la Mauricie. Ce n'est pas à moi
de juger. Ce n'est pas à moi de dire à cette Chambre pourquoi ils
ne l'ont pas fait. Mais je peux dire que, dans mon cas, on a eu la courtoisie
de m'appeler pour me demander d'intervenir et d'appuyer la motion d'amendement
à l'article 105. Nous l'avons fait et nous répétons que si
on nous permet d'aller devant la commission parlementaire, tel que la motion du
député de Nicolet le demande, nous allons continuer à
maintenir l'attitude que nous avions concernant cet article 105. Nous aurons
l'occasion d'interroger les maires, Me Gélinas et aussi le ministre. Je
ne saurais me satisfaire des affirmations du ministre, qui me dit que certaines
déclarations sont fausses. Il n'y a rien de mieux que de permettre
à toute la vérité de sortir à la surface à
l'occasion de cette commission parlementaire. J'espère que le ministre
est d'accord avec nous là-dessus. J'espère que le ministre voudra
bien nous permettre d'aller en commission parlementaire. Sur ce qu'il a dit
tantôt dans une intervention qui n'était pas du tout
à propos à l'effet que certaines déclarations sont
fausses, je pense qu'il aurait le courage de le répéter devant
les maires de la Mauricie à cette commission parlementaire.
M. LEVESQUE: Une commission parlementaire pour aller bouder.
M. SAMSON: Je ne dis pas que je sais mais je présume que le
ministre veut nous faire accepter un bill qui sera bon pour les
Québécois. Je présume, je ne peux pas dire que c'est vrai,
je ne voudrais pas affirmer qu'il veut que ça se fasse comme ça,
surtout depuis qu'on discute de quelques bills concernant les Affaires
municipales, mais j'ai rarement vu, en cette Chambre et pourtant ils
sont plusieurs ministres, il y en a au moins deux bonnes douzaines un
ministre manquer autant de collaboration. Il refuse tout ce qu'on lui
suggère, comme si l'Opposition n'était là que pour vouloir
embêter le gouvernement. M. le Président, nous ne sommes pas
là pour ça. Nous sommes là pour faire des travaux et ce,
en toute objectivité. C'est ce que nous réclamons et c'est
pourquoi nous réclamons cette commission parlementaire.
M. LEVESQUE: M. le Président, est-ce que le député
de Rouyn-Noranda me permettrait une question?
M. SAMSON: Oui, avec plaisir.
M. LEVESQUE: Est-ce que ce projet de loi n'a pas été
réimprimé à cause des amendements qu'a acceptas de bonne
grâce le ministre? Je ne comprends pas les propos du
député.
M. BROCHU: C'est parce qu'on a juste de la "réimpression" qu'il
manque quelque chose.
M. SAMSON: M. le Président, s'il fallait prendre pour acquis que
tout ce qui est réimprimé est bon, je me demande ce que feraient
les officiers de la moralité quand ils vont chercher dans certains
endroits des choses qui ont été réimprimées et qui
sont jugées amorales.
M. LEVESQUE: Elle n'est pas drôle.
M. SAMSON: M. le Président, ce n'est pas parce qu'on a
réimprimé une chose qui est mauvaise qu'on la rend bonne, quand
même. J'aimerais bien être agréable au leader du
gouvernement mais c'est pas avec des propos comme ça qu'il va me
convaincre que ce bill est bon. S'il n'était pas bon, si on n'a pas
amené les amendements nécessaires, si on a
réimprimé une chose inutile ou qui va faire tort à la
population du Québec, est-ce que ça corrige la situation? Je vous
le demande. Le leader parlementaire ne peut s'empêcher de sourire,
tellement il sait que j'ai raison. Allez-y, allez-y.
M. LEVESQUE: Si j'ai souri, c'est justement parce que j'étais
réellement émerveillé devant la façon de patiner du
député de Rouyn-Noranda. Réellement, je n'aurais pas cru
qu'il aurait pu s'en sortir avec autant de grâce. Mais, M. le
Président, il faut savoir ce que veut dire une réimpression d'un
projet de loi. Je n'ai pas envie à ce moment-ci de donner des
explications pour ceux qui liraient le journal des Débats. On sait fort
bien que, lorsqu'il y a une réimpression d'un projet de loi, c'est parce
qu'il y a eu de trop nombreux amendements et à ce moment-là on
juge à propos de réimprimer un bill, c'est parce qu'il y a eu de
trop nombreux amendements.
A ce moment-là, on juge à propos de réimprimer le
bill plutôt que d'avoir une série trop nombreuse de papillons.
Les amendements sont venus à la suite des suggestions de ceux qui
sont venus devant la commission parlementaire, de ceux qui ont participé
aux délibérations et grâce à la bonne
compréhension du ministre des Affaires municipales. Si je suis
intervenu, c'est simplement parce que le député de Rouyn-Noranda
charriait un peu si je peux employer une expression populaire
lorsqu'il disait que le ministre ne voulait rien changer, rien entendre, rien
modifier. Je n'ai jamais vu un ministre aussi compréhensif et aussi
désireux de bonifier les lois.
M. SAMSON: M. le Président, je remercie l'honorable leader
parlementaire pour les quelques fleurs qu'il a bien voulu me lancer en me
disant que je patinais bien. Si je patine bien, M. le leader du gouvernement,
c'est parce que vous êtes 72 qui arrosez si bien la patinoire.
M. LACROIX: Ce n'est pas assez pour faire une équipe Peewee, par
exemple.
M. SAMSON: Comme dans le gouvernement, M. le Président, on permet
la publicité de l'hydro-Québec, là où ils disent
qu'ils sont 12,012 et qu'ils sont propres, propres, propres, nous pouvons dire
que nous ne sommes que douze, mais que nous sommes, aussi, propres, propres,
propres!
M. LACROIX: On pourrait dire que les 108 sont aussi propres que vous; ce
serait aussi juste.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Revenons à la commission parlementaire des
Affaires municipales.
M. SAMSON: Oui, M. le Président, j'allais vous demander si vous
aviez vous-même ouvert le haut-parleur des Iles-de-la-Madeleine, parce
que j'ai cru entendre un certain grincement.
M. LACROIX: M. Caouette ne parle pas à Ottawa ce soir parce que
vous parlez.
M. SAMSON: Est-ce que le député voudrait me poser une
question?
M. LACROIX: Non, mais comme vous parlez ce soir, M. Caouette ne doit pas
parler à Ottawa; vous savez pour quelle raison.
M. TETRAULT: Ce doit être pour la même raison que le premier
ministre n'est pas en Chambre.
M. SAMSON: M. le Président, comme je voudrais revenir aux choses
sérieuses, je ne voudrais pas faire de parallèle ou de
comparaison entre votre honorable chef et le grand chef d'Ottawa, qui, comme
vous le savez si bien, a sûrement plusieurs choses à vous montrer
au point de vue de la stratégie. Quand même, M. le
Président, pour en revenir à la commission parlementaire, nous
croyons que c'est non seulement utile, mais nécessaire et urgent que le
gouvernement accepte la convocation de cette commission parlementaire.
Si, comme on nous l'a dit parce que je veux bien, M. le
Président, croire ce qu'on nous a dit les maires de la Mauricie
sont satisfaits à un point tel que nous n'avons besoin de rien changer
dans la loi, on le saura et nous serons les premiers à le
reconnaître. Mais si, par hasard, il arrivait que ce que l'avocat
représentant les maires de la Mauricie m'a dit est plus vrai que ce que
le ministre a dit, à ce moment-là, M. le Président, nous
pourrions au moins, en présence des intéressés,
demander...
M. TETRAULT: La démission du ministre.
M. SAMSON: ... qu'on change l'article 105. Nous pourrions
peut-être demander encore mieux ça cela rendrait encore
plus service et aux citoyens de la Mauricie et aux maires de la Mauricie et
à l'ensemble des citoyens du Québec nous pourrions en
profiter pour demander la démission du ministre. Cela réglerait
tous les problèmes dans les Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: C'est presque, M. le Président, avec fierté que
je vois cette croisade en faveur de la Mauricie, ce soir. Pour bien me
renseigner, comme je n'ai pas reçu le télégramme dont il a
été fait mention, je viens de communiquer avec le maire de
Trois-Rivières, qui me dit qu'il n'a pas signé le
télégramme, qu'il n'a pas autorisé le
télégramme et qu'il est satisfait de l'article 105 tel que
modifié présentement.
Je pense, M. le Président, qu'ils ont amplement eu la chance de
s'exprimer. La commission parlementaire a siégé à de
nombreuses reprises; ils sont venus encore hier et on a pu discuter avec eux.
Et je répète ce que le maire m'a dit, il n'a rien
autorisé, ni signé et se dit satisfait de l'article 105 tel que
modifié.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LACROIX: ... l'hypocrisie sort! Les maî-tres-chanteurs!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Le député de
Saguenay.
M. LESSARD: Merci, M. le Président.
M. TESSIER: Qui va nous dire qui a envoyé le
télégramme?
M. LESSARD: Je ne pensais jamais, M. le Président, soulever
autant les libéraux du fait que je me lève.
DES VOIX: Debout!
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais dire quelques mots pour
appuyer la motion du député de Nicolet qui demande que les
articles 12, 21 et 105 soient envoyés à la Commission
parlementaire des Affaires municipales pour entendre les représentants
de l'UCC et autres témoins. Je crois que le projet de loi, comme nous
l'avons vu au cours de la deuxième lecture de la commission des Affaires
municipales et de la troisième lecture, est très important. C'est
d'ailleurs pourquoi nous avions demandé que ce projet de loi soit
envoyé en commission comme je le soulignais cet après-midi.
Ce projet de loi est allé à la commission parlementaire.
Nous avons entendu toutes les parties; nous avons entendu des
représentants de compagnies; nous avons entendu des représentants
de municipalités; et nous avons aussi entendu des représentants
des agriculteurs. Or, M. le Président, quand je regarde le projet de loi
dans sa deuxième version, je constate que le ministre a accepté
à peu près toutes les recommandations qui lui sont venues soit
des compagnies, soit d'autres groupes, excepté et c'est pourquoi
j'appuie la motion qui est devant vous les recommandations qui lui sont
parvenues des agriculteurs.
M. TESSIER: C'est faux!
M. LESSARD: Non seulement, M. le Président, on n'a pas
accepté les recommandations mais on est allé jusqu'à
doubler la taxation des agriculteurs comparativement au premier texte. Comme je
le disais, ce projet de loi a des implications énormes; il a des
implications dans l'industrie, d'accord; il a des implications en ce qui
concerne les municipalités, nous le verrons tout à l'heure; il a
aussi des implications en ce qui concerne les agriculteurs. S'il est une classe
de la société qui est actuellement délaissée, c'est
bien la classe des agriculteurs.
Or, étant donné, M. le Président, qu'on ne semble
pas les avoir écoutés, il faut que la commission parlementaire
puisse siéger à nouveau pour nous permettre, à nous les
parlementaires, de connaître les implications que peuvent avoir des
articles tels que les articles 12 et 21 sur l'agriculture au Québec.
C'est d'ailleurs pourquoi je crois que la motion telle qu'elle est
présentée est juste, équitable, normale, parce qu'il est
important que ces gens puissent obtenir satisfaction dans leurs revendications
alors qu'on a donné satisfaction à d'autres entreprises. Les
agriculteurs ont aussi le
droit d'être écoutés à l'égal de
toutes les compagnies minières ou les compagnies forestières au
Québec.
Une autre raison, M. le Président, pourquoi j'appuie la motion
qui nous est présentée, c'est qu'on laisse sous-entendre que
certains maires auraient encore une fois peut-être mal compris le
ministre. Cela se peut, ça arrive souvent.
M. TESSIER: Cela n'arrive pas souvent. A part les séparatistes,
tout le monde me comprend bien.
M. LESSARD: Et je pense que ce que disait le député de
Trois-Rivières tout à l'heure confirme la nécessité
de demander la convocation de la commission des Affaires municipales. On laisse
planer sur ces gens un certain discrédit. Ces gens ont le droit de venir
devant les députés expliquer quels sont les faits exacts qui se
sont produits hier soir, et comment il se fait que ces gens aient pu être
trompés, ou comment il se fait peut-être que le ministre ait pu
tout simplement mal s'expliquer.
Ceci se comprend mieux, que le ministre se soit mal expliqué. A
maintes et maintes reprises nous savons que le ministre est mal
interprété, mais étant donné...
M. TESSIER: Seulement par les séparatistes.
M. LESSARD: Le ministre avait autrefois des bons fonctionnaires, mais
comme il ne les comprenait pas, il a décidé de couper les
têtes.
M. TESSIER: Il y a un peu moins de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre des Affaires
municipales, s'il vous plaît. Nous n'employons pas le meilleur moyen
d'avancer dans le débat, dans le moment.
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je disais donc que nous avons
ici soit à prendre la parole d'un député ou à
prendre la parole d'un ministre. Mais la seule façon de connaître
la vérité, c'est de convoquer ces gens-là afin de savoir
exactement ce qui a été dit, soit par le sous-ministre des
Affaires municipales, auquel j'accorde toute ma confiance a priori, que je
connais comme étant un gars honnête, sympathique, aimable. Il est
important de savoir exactement ce qui s'est dit et de savoir exactement
pourquoi le ministre n'a pas voulu, ce matin, accéder à la
demande qui aurait été faite au sous-ministre des Affaires
municipales et qui semble selon les députés de cette
Chambre être une proposition qui aurait été
acceptée de part et d'autre, alors que, le lendemain, cette proposition
a été tout simplement niée, non acceptée par le
ministre.
On ne peut pas laisser planer autant de discrédit sur des gens
responsables, sur des gens qui ont des responsabilités devant l'opinion
publique, sur des gens qui ont des responsabili- tés financières
et administratives. Et comme on le disait en troisième lecture, on ne
peut laisser ces gens, parce que cette proposition n'a pas été
acceptée, perdre énormément d'argent parce que le ministre
ne semble pas avoir pris ses responsabilités véritables, qui sont
celles de protéger les municipalités et non pas protéger
les grosses entreprises et les grosses compagnies. Il est donc important que
cette commission à nouveau puisse siéger.
Et encore une fois, pour appuyer la motion du député de
Nicolet, je demande au ministre de faire comme il l'a déjà
fait lors de la deuxième lecture de ce projet de loi amende
honorable et d'accepter la motion qui est en discussion actuellement, comme il
l'a fait lorsque nous lui avons présenté une motion lors de la
deuxième lecture, c'est-à-dire comme il l'a fait à la
suite de certaines protestations qui étaient venues de
l'extérieur.
Alors, pour deux raisons particulières, soit d'abord pour
entendre les représentants des agriculteurs en ce qui concerne les
implications et les conséquences de ce projet de loi sur l'agriculture
au Québec, qui semblent avoir été les seuls à ne
pas avoir été écoutés par le ministre des Affaires
municipales.
Ce serait aussi pour entendre les différents maires de la
Mauricie, même ceux-là qui, comme le disait le
député de Trois-Rivières tout à l'heure, ne
semblent pas avoir signé le télégramme. H faut savoir
exactement ce qui s'est passé et quels sont ces maires qui ont
signé ce télégramme, parce que non seulement, M. le
Président, on a jeté du discrédit sur ces maires, mais
l'on vient aussi de jeter du discrédit, tout à l'heure, sur un
membre de cette Chambre en laissant entendre que ce député aurait
tout simplement signé un télégramme au nom de
représentants de la Mauricie.
M. le Président, je pense que c'est grave. Je pense que la seule
solution...
M. HARVEY (Jonquière): On va vous parler du Saguenay.
M. LESSARD: ... pour régler ce problème, pour
démêler cette situation extrêmement complexe qui s'est
soulevée ce soir à la suite de l'intervention du
député de Saint-Maurice, c'est d'accepter la motion qui est
devant vous. Nous espérons que le ministre fera, encore une fois, amende
honorable, qu'il laissera, encore une fois, son orgueil de côté,
qu'il entendra le bon sens qui vient de ce côté de la Chambre et
convoquera à nouveau la commission parlementaire pour entendre l'Union
catholique des cultivateurs et les maires de la Mauricie. Merci.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, on me permettra de prendre de
nouveau quelques minutes de cette Chambre pour m'opposer à la
motion du député de Nicolet. Je prendrai quelques instants
simplement pour m'attaquer au fond de la motion et établir le "bien non
fondé" de retourner de nouveau devant la commission parlementaire.
Gouverner, c'est choisir, c'est établir des priorités, c'est
prévoir, en démocratie, les étapes nécessaires pour
consulter des gens, mais ça ne peut être indéfiniment de
retourner devant des gens, particulièrement lorsqu'on soulève des
points qui paraissent, quand même, de véritables enfantillages de
dernière minute pour retarder des projets de loi et tenter de retarder
l'action du gouvernement.
M. PAUL: M. le Président, j'invoque le règlement.
Premièrement, j'inviterais le ministre de l'Education à donner
l'exemple d'un meilleur français lorsqu'il s'exprime dans cette Chambre.
Le "bien non fondé"!
DES VOIX: Ah, Ah! Ah!
M. PAUL: Vous n'êtes pas dans les étables, là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Rappelez-le à l'ordre, M. le Président.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président...
M. PAUL: Un instant, je n'ai pas fini. Pour-riez-vous vous asseoir? M.
le Président, l'instituteur en chef du Québec devrait
savoir...
M. SAINT-PIERRE: Quel article du règlement?
M. PAUL: L'article 279. Vous êtes trop innocent pour le savoir
encore et ça fait dix-huit mois que vous siégez !
M. SAINT-PIERRE: Une question de privilège. Je demanderais au
député de Maskinongé, que je n'ai nullement
insulté, de bien vouloir retirer ses paroles. Je ne pense pas que ce
soit permis.
M. PAUL: M. le Président, innocent n'est pas un terme qui peut
blesser, ce n'est pas un terme antiparlementaire. Innocent veut dire ignorant
d'un problème et j'ai le droit de soutenir que le ministre ne
connaît pas encore les dispositions de l'article 279 et qu'il n'a pas le
droit de prêter des motifs à ceux-là qui
présentent...
M. BOURASSA: Ce n'est pas l'article 279, c'est...
M. PAUL: Article 279, puis vous avec, assoyez-vous.
M. LEVESQUE: Un instant ! Un instant ! M. LACROIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît. Le premier ministre,
sur une question de règlement.
M. BOURASSA: C'est 270, ce n'est pas 279.
M. PAUL: M. le Président, encore un autre qui est
égaré dans les 100,000 brumes. M. le Président, je dis que
le ministre de l'Education n'a pas le droit d'attribuer des motifs à
ceux-là qui se font l'auteur de motions valides et justifiées qui
n'aille au fond du problème présentement à l'étude,
conformément aux dispositions de l'article 273.
Nous allons le laisser aller mais, s'il veut faire son grand pontife, je
crois qu'il va frapper des hommes qui seront en mesure de lui faire face.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Sans faiblesse et sans ignorance, je voudrais
évoquer également...
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Deuxième partie du cours.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, il me semble que le 16
décembre, à onze heures quart, après avoir fait perdre le
temps de cette Chambre pendant cinq heures...
M. PAUL: M. le Président, j'invoque le règlement.
J'inviterais, encore une fois, le ministre de l'Education... Vous comprenez ce
langage-là, le langage du jouai.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Quand il parle du bien non fondé.
M. TESSIER: Vous parlez...
M. PAUL: Pardon?
M. TESSIER: ... avec l'accent de Maskinongé.
M. PAUL: Oui, c'est un gros poisson et il est encore bien plus important
que vous.
M. TESSIER: C'est un gros poisson.
M. PAUL: Cela s'adonne que vous "poissonnez" ce soir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je demanderais que l'honorable
député de Maskinongé puisse établir
brièvement sa question de règlement.
M. PAUL: M. le Président, après que vous aurez
invité la meute à se taire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! M. PAUL: Je disais donc...
M. TESSIER: C'est l'esprit de Noël qui s'en vient.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! S'il vous
plaît!
M. PAUL: M. le Président...
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que vous pourriez, une fois
pour toutes, faire taire cet énergumène-là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. PAUL: Une autre fois, comme le député de Yamaska ne
semble pas vouloir s'occuper du ministre malade, je demanderais au
député de Saint-Maurice de s'approcher du ministre des Affaires
municipales.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La question de règlement, s'il vous
plaît.
M. PAUL: M. le Président, je crois que les procédures qui
se sont déroulées aujourd'hui étaient normales, utiles et
je ne vois pas comment un grand pontife puisse juger que c'était...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Bon, très bien, vous avez
pu établir votre point de règlement. L'honorable ministre de
l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Non, j'ai fini.
M. LACROIX: M. le Président, si vous permettez, sur la
motion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Sur la motion.
M. LACROIX: Sur la motion, je voudrais seulement renvoyer le
député de Saint-Maurcie au journal des Débats, à la
page B/4729...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il parle sur la motion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Est-ce que le député des Iles-de-la-Madeleine a
seulement indiqué qu'il avait l'intention de parler sur la motion ou
s'il a invoqué le règlement? Je voudrais le savoir.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je présume qu'il a l'intention de
parler sur la motion.
M. LACROIX: C'est sur la motion...
M. LE PRESIDENT: Il n'a pas invoqué le règlement, à
ma connaissance.
M. PAUL: Dans les circonstances, le ministre de l'Education a
épuisé son droit de parole.
M. LE PRESIDENT: Oui, exactement. Il l'a mentionné, d'ailleurs.
Si j'ai bien compris, l'honorable ministre de l'Education renonçait
à son droit de parole.
UNE VOIX: Il est épuisé.
M. LACROIX: Tantôt, l'honorable député de Saguenay
et le député de Saint-Maurice ont mentionné que les
cultivateurs n'avaient pas été consultés, qu'ils avaient
protesté énergique-ment. Je voudrais les renvoyer au journal des
Débats des 2 et 3 novembre 1971, le numéro 95, alors que l'Union
catholique des cultivateurs comparaissait par l'entremise de M. Couture et
d'autres également. Aux pages 4730 et suivantes on verra qu'il n'est
même pas question des articles 12, 21 ou 105.
On parle des articles 1 m) et 30. Je voudrais également me
référer au rapport de la commission parlementaire du 15
décembre, à quinze heures six, ruban 492, que je vais citer: "M.
Tessier: Il restait l'article 122, M. le Président, et également
12. "M. Demers: On pourrait peut-être aller à l'article 12. "M.
Tessier; Alors, à l'article 12 il n'y a pas de changement. On l'avait
laissé en suspens en même temps que les articles 102 à 106
inclusivement à cause des amendements à apporter aux articles 102
et 105. "M. Demers: M. le Président, dans le premier paragraphe de
l'article 12, on s'était posé des questions au sujet de
l'éclaircissement du texte. Ne sont pas portés au
rôle..."
M. le Président, je crois que si on veut me rappeler à
l'ordre, c'est exactement sur l'amendement et on pourra lire: on continue: "Les
immeubles destinés ou utilisés principalement à des fins
de recherche, de commerce, d'industrie, de prévention ou de
réduction, etc". "M. Tessier: Oui. "M. Demers: Comme le ministre a une
propension tout particulière à sauver l'industrie, probablement
que l'on n'entendra jamais parler de cette loi-là. "M. Tessier: Mais
avant que cela devienne rentable, j'ai bien l'impression que ni le
député de Saint-Maurice ni moi-même nous ne serons encore
ici pour en discuter.
Cela ne deviendra pas rentable du jour au lendemain en ce qui concerne
les installations pour combattre la pollution. "M. le Président
C'était le député de Taillon Alors l'article 12
est-il adopté? "M. Demers a répondu: "Adopté".
Aujourd'hui M. Demers, qui a proposé l'adoption de l'article 12,
appuie le député de Nicolet pour proposer que l'on retourne en
commission parlementaire pour aller perdre le temps de la Chambre encore afin
d'étudier de nouveau les articles 12, 21 et 105.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège.
M. LACROIX: M. le Président, j'ai la parole, est-ce que le
député de Chicoutimi...
M. LE PRESIDENT: Question de privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question de privilège pour
rétablir très brièvement les faits quand le
député de Saint-Maurice a fait tout à l'heure son
intervention, il a fait mention de l'article 105.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne crois pas que ce soit aucunement une
question de privilège...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On a mal cité un collègue.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Et je suis toujours d'opinion que ce n'est
pas une question de privilège, que c'est une réfutation du
député des Iles-de-la-Madeleine. Libre au député de
Chicoutimi de demander la parole sur cette motion, il pourra à ce
moment-là réfuter les avancés du député des
Iles-de-la-Madeleine.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Chicoutimi le fera
avec grand plaisir.
M. LACROIX: M. le Président, je ne voudrais pas prolonger non
plus le débat parce que je crois que c'est un débat oiseux qui
retarde l'adoption d'une loi qui est nécessaire. L'amendement
proposé par le député de Nicolet, demande de retourner en
commission parlementaire, pour étudier de nouveau, entendre de nouveau
des témoins, des maires qui sont sensés avoir adressé des
télégrammes, qui sont sensés avoir
téléphoné. Mais les appels téléphoniques, je
ne puis pas les confirmer, les télégrammes je ne sais pas qui les
a envoyés non plus, nous ne pouvons pas avoir de preuve de ça. De
toute façon, nous devons prendre la parole de nos collègues ici,
et il y a une chose que je pense qu'il est temps que l'on sache, c'est qu'il y
a un gouvernement qui a été élu le 29 avril 1970 pour
administrer la province.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LACROIX: Les articles, nous les adopterons...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: ... comme tels, que l'Opposition prenne ses
responsabilités.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LESSARD: Question de règlement, M. le Président.
En vertu de l'article 270, le député des
Iles-de-la-Madeleine vient de dire que j'avais affirmé que les
cultivateurs n'avaient pas été consultés. Je n'ai pas du
tout affirmé que, les cultivateurs n'avaient pas été
consultés. J'ai dit que le seul groupe qui n'avait pas été
écouté, qui n'avait pas obtenu satisfaction à la suite des
séances de la commission parlementaire, était celui des
agriculteurs. C'est ce que j'ai dit, M. le Président.
M. TESSIER: C'est faux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TESSIER: C'est faux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. LOUBIER: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention les propos tenus par tous ceux qui m'ont
précédé. Je remarque, comme tous les membres de cette
Chambre, que d'abord le député de Trois-Rivières, pour
combattre la motion présentée par le député de
Nicolet, s'en réfère strictement à un appel qu'il aurait
reçu du seul maire de la ville de Trois-Rivières...
M. TESSIER: C'est déjà beaucoup. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. LOUBIER: ... je remarque également... M. le Président,
le ministre des Affaires municipales, s'il manque d'intelligence...
M. TESSIER: Combien d'appels téléphoniques avez-vous
reçus?
M. LOUBIER: ... pourrait avoir au moins le jugement de respecter les
règlements en cette Chambre et laisser parler les députés
de l'Opposition. D'accord?
M. TESSIER: Oui. Je peux tout de même vous demander combien
d'appels téléphoniques vous avez reçus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Deux zéros.
M. LOUBIER: C'est mieux que 100,000 zéros comme du
côté libéral, pas mal mieux!
M. LACROIX: C'est une question bien amicale. L'honorable chef de
l'Opposition pourrait-il citer un seul cas où des membres de
l'Opposition, quelle qu'elle soit, officielle ou autre, ont été
brimés dans leur droit d'expression dans cette Chambre? Je pense qu'on
n'a jamais connu un gouvernement qui a permis à l'Opposition de
s'exprimer aussi librement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Je demanderais au député de Bellechasse de
citer un seul cas où il a été brimé dans sa
liberté d'expression, lui ou l'un de ses collègues.
M. LOUBIER: Vous en avez l'exemple parfait. Cela fait trente secondes
que je parle et c'est la troisième fois que je suis interrompu.
M. LE PRESIDENT: Oui, mais vous avez consenti.
M. LOUBIER: Vous croyez que nous avons pleine liberté de nous
exprimer, d'exposer nos argumentations à cette Chambre d'une
façon continue et sereine, quand, dans l'espace de trente secondes, nous
sommes interrompus trois fois par les ministériels.
M. le Président, je ne voudrais me laisser distraire ni par les
détonations...
M. LACROIX: Vous n'êtes pas capable de répondre à ma
question, surtout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... du ministre des Affaires municipales, ni par les
résonances du député des Iles-de-la-Madeleine. Je voudrais
m'en tenir tout simplement, à la motion qui a été soumise
par le député de Nicolet et tenter de résumer les
interventions qui ont été faites qui, je pense, me permettent
encore davantage d'appuyer cette motion du député de Nicolet.
Le député de Trois-Rivières a fait une intervention
assez brève pour dire qu'il s'opposait à cette motion.
M. le Président, est-ce que le ministre des Affaires municipales
pourrait se faire soigner, prendre des Vallium ou je ne sais trop quoi pour
essayer de retrouver un peu de calme, en sorte qu'il ne soit pas dans une telle
anxiété...
M. TESSIER: Je suis très calme.
M. LOUBIER: ... qu'il soit incapable de permettre à ceux qui ne
partagent pas son opinion de s'exprimer au moins librement dans cette
Chambre?
M. TESSIER: Je voudrais donner mon appréciation sur le
député de Trois-Rivières.
M. GAGNON: Qu'il se fasse examiner par le ministre des Affaires
culturelles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
L'honorable chef de l'Opposition.
M. LOUBIER: M. le Président, le député de
Trois-Rivières je le dis pour la quatrième fois a
dit qu'il refusait d'appuyer cette motion, parce qu'il avait reçu un
appel téléphonique du maire de Trois-Rivières. C'est
là toute son argumentation. Si je me réfère à
l'opinion émise par le député des Iles-de-la-Madeleine,
qui a dit: Moi, je ne crois ni aux appels téléphoniques, ni aux
télégrammes, c'est le député des
Iles-de-la-Madeleine qui détruit l'argumentation proposée par le
député de Trois-Rivières pour se prononcer contre cette
motion.
UNE VOIX: Attachez-le, M. le Président!
M. LOUBIER: La schizophrénie! Il y a des psychiatres dans cette
Chambre. Peut-être que le ministre des Affaires culturelles pourrait le
soigner.
M. DEMERS: Si ça ne fait pas, il y a un
vétérinaire.
M. LOUBIER: Est-ce que vous allez le tolérer jusqu'à la
fin de la veillée? Cet énergumène interrompt tous les
députés dans cette Chambre et tente, à ce
moment-là, de ridiculiser la portée des débats. Ce sont
des questions sérieuses.
M. SAINT-PIERRE: Le ridicule tue.
M. DEMERS: Lui ne le sait pas, mais nous autres, nous en mesurons la
profondeur et les conséquences. Qu'au moins il nous laisse le petit
droit d'essayer de critiquer et de démontrer que sa législation
peut être bonifiée. Qu'il nous laisse donc cette
latitude-là; autrement, M. le Président, je serai obligé
de souscrire aux propos du député des Iles-de-la-Madeleine
à l'effet que l'Opposition n'a pas lieu d'être dans cette Chambre,
qu'il y a un gouvernement qui a été élu et que
l'Opposition n'a rien à dire puisque le gouvernement a la
majorité.
M. LACROIX: Je n'ai jamais dit cela.
M. LOUBIER: Justement, c'est le rôle de l'Opposition de
représenter ceux qui ont quelque chose à dire et qui n'ont pas
d'autres moyens que de se servir de l'Opposition. C'est le rôle de
l'Opposition, M. le Président, de faire écho aux minorités
qui ne partagent pas aveuglément ou de façon partisane les
opinions du gouvernement au pouvoir.
C'est également le rôle de l'Opposition de faire
connaître au gouvernement que dans le Québec, on peut
s'élever parfois au-dessus des contingences partisans et de s'attaquer
au principe même des lois.
Alors, M. le Président, je reviens à la motion à la
condition que le député de Rimouski puisse se tenir paisiblement
sur son siège, d'ailleurs c'est quand il est assis qu'il raisonne le
mieux. M. le Président, je voudrais tout simplement dire que j'ai
été déçu des propos du ministre...
M. TESSIER: Quand le député de...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Je sais que
couramment il se fait interventions illégales il y en a souvent
de la gauche lorsqu'il y a des orateurs de la droite mais je pense que
l'honorable ministre des Affaires municipales va battre le record ce soir, et
je suis à la veille de l'inviter à prendre ma place.
L'honorable...
M. DEMERS: Cela va assez mal aux Affaires municipales, tâchez de
garder quelque chose en Chambre.
M. TESSIER: Je voulais simplement dire, M. le Président, que
quand le député de Bellechasse est debout, c'est là qu'il
raisonne le moins.
M. LOUBIER: M. le Président, avec toute la
déférence que je dois à la présidence, je vous
demanderais,...
M. LE PRESIDENT: Veuillez continuer s'il vous plaît, et je
demanderais aussi votre collaboration pour que vous ne l'invitiez pas trop
à vous interrompre. La motion s'il vous plaît.
M. LOUBIER: Comme on le dit dans le langage populaire, j'ai mon voyage
M. le Président. Vous me rappelez d'une façon amicalement brutale
si ce n'est pas un pléonasme à l'ordre pour parler
de la motion alors que je n'ai pas pu encore préfacer les propos que je
devais tenir à cause des interventions hallucinantes du ministre des
Affaires municipales. Mais de toute façon, M. le Président, j'ai
écouté comme je vous le disais tout à l'heure
...
M. TESSIER: Vous aimez ça, cette expression-là.
M. LOUBIER: Est-ce qu'on peut demander l'ajournement, M. le
Président, parce que pour le ministre des Affaires municipales, il est
beaucoup plus tard que minuit.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement unanime à ce qu'on
ajourne? Je ne le sais pas.
M. LOUBIER: Cela n'a plus aucun sens, la façon dont se
déroulent les débats, c'est devenu un véritable
cirque...
M. SAINT-PIERRE: Cela fait longtemps,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, continuez s'il vous plaît.
M. LOUBIER: M. le Président, le ministre des Affaires municipales
a mis en doute, tout à l'heure, les télégrammes et les
interventions du président général de l'UCC, le
télégramme provenant des maires de la région de la
Mauricie, en fait, la parole de tous ceux qui s'opposaient à
l'acceptation telle quelle du projet de loi parce qu'ils croyaient que le
ministre leur avait donné l'assurance hier qu'il y aurait des
modifications dans le sens qu'ils avaient exprimé et selon leurs
besoins. Ces gens-là ont envoyé des télégrammes qui
sont mis en doute par le ministre aujourd'hui.
Or, M. le Président, il y a eu une intervention du ministre de
l'Education, qui a retraité très rapidement après avoir
exprimé quelques phrases et, dès le début,
transgressé le règlement pour se faire rappeler à l'ordre
d'une façon très catégorique. Par la suite, il a
aimé mieux...
M. COITEUX: La motion...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît! Si le ministre de
l'Education a voulu, purement et simplement, renoncer à son droit de
parole, je ne crois pas qu'un autre député puisse le qualifier de
quoi que ce soit. Il a renoncé, il a épuisé son droit de
parole. Et ce que je voudrais entendre de l'honorable chef de l'Opposition
officielle, c'est le bien-fondé de la motion du député de
Nicolet.
M. LOUBIER: Est-ce que j'ai le droit, M. le Président, de
résumer les interventions, les argumentations qui ont été
justement apportées sur la motion qui est à l'étude
actuellement? C'est ce que je suis en train de faire, M. le Président,
pour tout simplement prouver à cette Chambre que, du côté
ministériel, les arguments sont inexistants, alors que les membres de
l'Opposition, de toutes les oppositions, sont unanimes.
Le chef du Ralliement créditiste, tout à l'heure, a
affirmé, sur son honneur, qu'il avait reçu lui-même un
appel téléphonique de l'avocat des municipalités de la
Mauricie l'invitant ou le pressant d'intervenir en cette Chambre et de faire
entendre la protestation des maires de la Mauricie concernant plus
spécifiquement l'article 105. La Chambre avait été
précédemment informée de la teneur de ces communications
par le député de Saint-Maurice, qui avait transmis
également à cette Chambre l'information qu'il avait reçue
des autorités municipales de la région qui s'opposaient à
l'adoption de cette loi, et, surtout, à l'article 105, parce que, hier,
le ministre avait donné l'illusion à ces maires qu'il serait
modifié et que ces municipalités obtiendraient satisfaction.
M. le Président, dans les circonstances, je pense qu'il y a
nécessité, qu'il y a également urgence et, surtout, pour
la crédibilité et l'honneur du ministre des Affaires municipales,
qu'il y a un éminent intérêt à ce que les articles
12,21 et 105 soient déférés à la commission des
Affaires municipales. Par les témoignages des maires de la Mauricie, par
les témoignages des représentants de l'UCC, par les
témoignages de tous ceux qui sont véritablement
intéressés et impliqués par les conséquences des
articles 12, 21 et 105, nous saurons véritablement non pas si le
ministre a menti nous n'avons pas
intérêt, M. le Président, à décapiter
le ministre des Affaires municipales; il s'est fait hara-kiri on le sait, par
son expérience dans l'ODEQ et dans d'autres secteurs mais s'il y
aurait intérêt à ce que des correctifs soient
apportés à l'article 12, par exemple. J'espère que les
députés ministériels qui représentent des
circonscriptions rurales ont étudié à fond l'article 12
qui a comme implication que même les clôtures et les drains des
fermes...
M. MAILLOUX: Sont portés au rôle d'évaluation.
M. LOUBIER: Le député de Charlevoix, qui réagit
d'une façon aussi nonchalante et dédaigneuse, ira expliquer aux
cultivateurs de Charlevoix son attitude en Chambre lorsque je dis justement
qu'il y aura taxation sur les clôtures et sur les drains des fermes des
cultivateurs de toutes les régions du Québec.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'invoque mon privilège de
député. Je n'ai jamais demam-dé au chef de l'Opposition de
défendre les intérêts des électeurs de Charlevoix et
je pense qu'après trois élections et trois mandats...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! La question de privilège du
député de Charlevoix n'était pas fondée, mais c'est
justement à ce genre de choses auxquelles on arrive lorsque, comme le
député de Bellechasse, chef parlementaire de l'Opposition, on ne
respecte pas la substance du règlement. Le député de
Bellechasse, chef parlementaire de l'Opposition, était en train de faire
un discours qui aurait été tout à fait valable sur la
motion principale de troisième lecture, mais non pas sur la motion
d'amendement qui, comme le président l'a rappelé
antérieurement au cours de cette séance, doit porter uniquement
sur le bien-fondé de déférer le projet de loi ou certains
de ses articles à la commission. Il ne s'agit pas de discuter du projet
de loi en lui-même, de discuter des clôtures ou d'autres choses
semblables. Il s'agit de savoir si on doit, oui ou non, aller devant la
commission parlementaire des Affaires municipales.
M. LOUBIER: M. le Président, je vous remercie d'abord
d'être aussi libéral dans vos directives, parce que j'ai
été interrompu par le député de Charlevoix qui
n'était même pas à son siège à ce
moment-là, et vous me reprochez à moi d'avoir répondu au
député de Charlevoix. C'est pour ça que je reconnais en
vous infiniment de libéralités dans vos jugements et vos
directives.
M. MAILLOUX: M. le Président, j'invoque mon privilège de
député, je n'ai pas dit un seul mot pour interrompre le
député de Bellechasse. C'est archifaux.
M. LOUBIER: Mais de toute façon, je pense que c'est mon droit,
dans l'argumentation que je présente...
M. MAILLOUX: Ce sont seulement des faussetés que vous dites.
M. LOUBIER: ... d'insister...
M. PAUL: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. MAILLOUX: Appelez au règlement, je n'ai pas dit un mot
tantôt. Vous n'avez pas le droit d'invoquer des privilèges pour
ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, pourriez-vous donner un calmant
quelconque à l'honorable député de Charlevoix?
M. LACROIX: Deux zéros.
M. MAILLOUX: Cessez d'attaquer les gens qui n'ont pas dit un mot.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
Maskinongé qui a une longue expérience parlementaire, et en
particulier comme président de cette Chambre, sait très bien que
celui qui occupe le fauteuil ne peut pas, comme il le suggère, donner,
inculquer ou appliquer quelque calmant que ce soit à quelque membre que
ce soit de la Chambre. Tout ce que le président peut faire, c'est de
demander aux députés des deux côtés de la Chambre
et je pense que ce soir ça s'applique d'une façon
très évidente de respecter le règlement et surtout
de respecter le droit de parole de celui qui parle.
L'honorable député de Bellechasse.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai entendu
comme vous l'avez vous même entendu le député de
Charlevoix déclarer de son siège que le chef de l'Opposition ne
disait que des faussetés. Je vous prierais donc de le rappeler à
l'ordre et de le prier de retirer ses paroles.
M. MAILLOUX: M. le Président, je n'ai absolument rien à
retirer, parce que le député de Bellechasse m'a accusé de
l'avoir interrompu, alors que je n'ai fait qu'éternuer.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. J'ai entendu le député de Bellechasse, le
député de Maskinongé, le député de Bagot et
d'autres collègues ici comme d'ailleurs ceux qui ont ri à
ce moment-là ont aussi entendu le député de
Charlevoix, qui, je le sais, est un gentilhomme, déclarer que le chef de
l'Opposition ne disait
que des faussetés et je vous prierais de lui demander de retirer
ses paroles.
M. MAILLOUX: M. le Président, je retire... Si le
député de Chicoutimi a cru voir dans les paroles que je voulais
dire, dans les paroles prononcées par le député de
Bellechasse des faussetés, j'ai dit que c'était une
fausseté de m'accuser de l'avoir interrompu alors que ce n'était
pas la vérité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, je pense que vous me permettrez au
cours de mon argumentation...
M. COITEUX: Quelle sorte d'argumentation?
M. LOUBIER: ... de référer... M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. LOUBIER: ... aux articles 12, 21 et 105 puisque ce sont justement ces
articles-là qui font l'objet et qui sont au soutien de la motion du
député de Nicolet pour qu'on les réfère à la
commission parlementaire des Affaires municipales. Or, je dis que j'appuie
cette motion parce qu'à l'article 12 entre autres, on découvre
d'une façon assez éclatante que dans ses implications ça
voudrait dire que toutes les clôtures que l'on retrouve sur les fermes,
des cent milles et des mille milles de pieds linéaires de clôtures
et de drains etc seraient taxables.
Cela veut dire qu'également qu'en vertu de l'article 21, il y a
tout de même au Québec une centaine de milliers d'ouvriers
agricoles.
Or, le président de l'UCC ne peut pas accepter au nom de tous les
cultivateurs, ne peut pas accepter la teneur et les implications de l'article
21. Et il y a également l'intervention des maires de la Mauricie qui
sont impliqués d'une façon directe et assez alarmante par
l'article 105, qui disent qu'ils ont, à toutes fins pratiques,
été trompés dans les informations qu'ils ont reçues
et reçoivent.
M. HARVEY (Jonquière): Pas le maire de Trois-Rivières.
M. LOUBIER: M. le Président, avez-vous déjà vu des
gens aussi nerveux. M. le Président, le ministre du Revenu, le ministre
des Affaires municipales, le député des
Iles-de-la-Madeleine...
M. TESSIER : Je n'ai pas dit un mot.
M. LOUBIER: ... le ministre député de Charlevoix qui
interviennent, le ministre de l'Education. Je parle depuis vingt minutes...
M. TESSIER: Je n'ai pas dit un mot.
M. LOUBIER: ... et j'ai été interrompu peut-être
quinze fois par ces gens-là. Je pense que ce serait votre rôle, M.
le Président, de les rappeler...
M. TESSIER : C'est parce que vous parlez pour ne rien dire.
M. LOUBIER: Regardez! Encore une fois!
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député de
Bellechasse me permettrait simplement de lui faire remarquer...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Tout ce que le ministre du Revenu
peut faire à ce stade-ci, c'est de demander au chef de l'Opposition s'il
lui permet de lui poser une question.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition me
permettrait de lui poser une question?
M. LOUBIER: Avec plaisir.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le chef de l'Opposition,
constatant que le député de Trois-Rivières était
absent pour quelques minutes, avait oublié que lui-même venait
d'affirmer que le maire de Trois-Rivières n'était pas partie de
ce télégramme? Donc, il me semble que Trois-Rivières c'est
en Mauricie, ce n'est pas une colonie.
M. LOUBIER: Tout ce que j'ai dit au début de mes propos...
M. HARVEY (Jonquière): Vous dites les maires de la Mauricie,
dites donc moins le maire de Trois-Rivières.
M. LOUBIER: J'ai établi tout à l'heure, et au début
de mon argumentation j'ai justement, au départ, parlé d'une
intervention du député de Trois-Rivières, en signalant
qu'il avait informé cette Chambre que le maire de Trois-Rivières
se dissociait. Je l'ai établi au départ.
M. HARVEY (Jonquière): D'accord, mais dites les maires de la
Mauricie, moins le maire de Trois-Rivières.
M. LOUBIER: M. le Président, est-ce que je peux dire ce que je
veux ou si c'est le ministre du Revenu qui...
M. PAUL: Sur un rappel au règlement, M. le Président,
est-ce que je pourrais vous inviter bien poliment, avec tout le respect que je
vous dois, à vous rafraîchir la mémoire avec l'article 67
de notre règlement?
M. LE PRESIDENT: Le député de Bellechasse.
M. LOUBIER: M. le Président, je ne ferai aucun commentaire sur
l'invitation que vous a faite le député de Maskinongé. Je
sais qu'elle était très à propos, mais je comprends que
vous n'avez pas compris l'invitation qu'il vous a faite pour des raisons que
vous connaissez.
M. LE PRESIDENT: Je l'ai très bien comprise. Pour appliquer
l'article 67 ce soir, il faudrait au moins cinquante sergents d'arme qui se
teindraient près des bureaux des députés et qui seraient
prêts à intervenir. Alors c'est pratiquement impossible.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. J'invoque le règlement. Et vous êtes, de par nos
règlements, constitué arbitre de nos débats. C'est bien
clair. Vous avez le droit d'intervenir toutes les fois que vous croyez que le
règlement n'est pas respecté. Mais il ne vous est pas permis
à vous de porter un jugement de la nature de celui que vous venez de
porter sur l'attitude des députés. Et, M. le Président, je
vais aller plus loin que ça.
Je vous prierais de quitter le fauteuil et de demander au
président, le député de Laval, de vous remplacer parce que
ce que vous venez de faire ne correspond pas du tout au rôle que vous
devez jouer et à l'impartialité que vous devez manifester puisque
vous nous avez insultés nommément.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! D'abord, le député de
Chicoutimi n'a pas d'ordre semblable à donner. Deuxièmement, je
pense que tout membre de cette Chambre qui a assisté aux séances
de ce soir pourra reconnaître, comme moi, qu'il y a eu constamment,
depuis le début de la séance, des interruptions de part et
d'autre.
Si le député avait voulu écouter, avec un
certain... Depuis le début de cette séance, ce soir, il y a eu
constamment, de façon presque continue, des interruptions, des paroles
prononcées contrairement au règlement, et ce de la part d'un
très grand nombre de députés de chaque côté
de la Chambre.
M. CARDINAL: Nommez-les!
M. LE PRESIDENT: Sauf que vous violez le règlement
présentement en vous levant quand le président est debout.
Même si l'honorable député de Chicoutimi espère de
toute son âme que je le nomme, je ne le nommerai pas.
Je vais répondre. Je recommence donc. Depuis le début de
cette séance, ce soir, il y a eu, de part et d'autre, des interruptions,
des interventions et ce de la part d'un très grand nombre de
députés. L'honorable député de Maskinongé
m'a rappelé, à juste titre, l'article 67 qui exige que le
président intervienne motu proprio lorsqu'il y a infraction au
règlement.
Mais je pense que tout membre de cette Chambre, comme toute personne de
bon sens, conviendra qu'il devient physiquement impossible, lorsqu'il y a un
aussi grand nombre de députés qui interviennent
illégalement, il devient, dis-je, presque physiquement impossible de
faire respecter l'ordre. C'est pourquoi j'ai dit je le regrette, si on
s'en est offusqué d'une façon aussi grande qu'il faudrait
presque, pour répondre vraiment à la demande du
député de Maskinongé, pour que chacun respecte
intégralement le droit de parole de l'opinant, n'intervienne pas, qu'il
faudrait presque un sergent d'armes auprès de chaque bureau ou d'un
grand nombre de bureaux de députés. C'est ce que j'ai dit, et je
maintiens mon opinion.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais tout d'abord bien
humblement vous signaler que vous avez d'une façon
indécente...
M. LEVESQUE: M. le Président, le député de
Maskinongé a-t-il l'intention de proposer une motion?
M. PAUL: Quand j'aurai des motions à faire, je n'irai pas vous
consulter, je ne les ferai pas complexes.
M. LEVESQUE: Je tiendrais à rappeler à l'honorable
député de Maskinongé...
M. PAUL: C'est l'article 164, je le sais.
M. CARDINAL: Il n'a pas le droit de parole, lui.
M. LEVESQUE: ... que les dispositions de l'article 154...
M. PAUL: M. le Président, vous m'avez donné le droit de
parole.
M. LEVESQUE: ... ne lui permettent pas d'attaquer la conduite du
président...
M. PAUL: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est lui qui s'est attaqué,
lui-même.
M. LEVESQUE: ... sans proposer une motion.
M. PAUL: M. le Président, je dis que vous n'aviez pas le droit de
prêter des motifs comme vous l'avez fait au député de
Chicoutimi. C'est indécent de la part d'un président.
DES VOIX: A l'ordre!
M. PAUL: Deuxièmement, M. le Président, je vous inviterais
à lire l'article 72 du règlement. Il prévoit, lorsqu'on
est incapable de conduire les travaux de la Chambre comme vous l'avez
été ce soir, que vous n'aviez qu'à suspendre les
travaux de la Chambre, et c'est vous-même qui l'avez avoué. Je dis
que le spectacle que vous nous donnez ce soir s'explique par votre
participation et votre présence constante aux caucus du parti
libéral. Vous assistez...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le
règlement...
M. PAUL: ... constamment au caucus du Parti libéral.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. PAUL: ... vous assistez constamment au caucus du Parti
libéral.
M. LEVESQUE: M. le Président, je comprends que l'honorable
député de Maskinongé peut être fatigué
à la fin d'une session.
M. PAUL: Je suis encore capable de vous suivre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Nous sommes en grande forme.
M. LEVESQUE: Qu'on soit au moins poli et qu'on respecte ce qu'a
demandé pendant quelques minutes tout à l'heure le chef de
l'Opposition, ne pas être interrompu. Voici un exemple:
immédiatement après, on s'empresse de nous interrompre.
M. PAUL: M. le Président, le leader du gouvernement a fait un
appel au règlement. Je voudrais qu'il y vienne immédiatement car
je n'ai pas fini de parler.
M. LEVESQUE: M. le Président, qu'on ne s'énerve pas.
Même si le député de Maskinongé peut être
fatigué à la fin d'une longue journée...
UNE VOIX: Je fais appel au règlement.
M. PAUL: Quel est l'appel? Ne vous occupez pas du salut de mon
âme.
M. LEVESQUE: ... ou vers la fin d'une longue session, il faudrait bien
qu'il se rappelle qu'à un moment donné lui aussi a occupé
le siège qu'occupe présentement le président.
M. PAUL: Et je rappellerai au député que, le 17 juillet
1967, j'ai été assez intelligent pour suspendre les travaux de la
Chambre à sept heures et quart le matin. Qu'on fasse la même
chose.
M. LEVESQUE: M. le Président, si, en 1967, on siégeait
jusqu'à sept heures et quart du matin, il faudrait bien qu'on le note.
On sait qu'on nous fait des reproches lorsqu'on voudrait siéger un peu
tard.
M. le Président, je rappellerai ceci, le député de
Maskinongé qui a eu ces responsabilités de présider les
débats de cette Chambre...
M. PAUL: Je m'en suis bien acquitté. Personne ne m'a jamais
accusé dans cette Chambre.
M. SAINT-PIERRE: Ecoutez...
M. PAUL: M. le Président, je voudrais que vous demandiez au
leader du gouvernement de faire un rappel au règlement avant que le
caucus vous fige sur place.
M. SAINT-PIERRE: Ah, ah, c'est impossible!
M. LACROIX: L'Hallowe'en est passée. M. LEVESQUE: M. le
Président...
M. PAUL: La fête des Saints-Innocents, c'est le 28, et je vais
vous envoyer une carte.
M. LACROIX: On va se fêter ensemble.
M. LEVESQUE: Je croyais bien que le député de
Maskinongé serait le dernier à se comporter comme il l'a fait ce
soir ayant déjà occupé vos hautes fonctions, M. le
Président.
M. PAUL: Sur une question de privilège. M. LEVESQUE: Et je dirai,
M. le Président...
M. PAUL: Sur une question de privilège. Veuillez vous
asseoir.
M. LACROIX: Fâché, fâché!
M. PAUL: M. le Président, lorsque j'eus l'honneur d'occuper les
fonctions que vous occupez aujourd'hui...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'il usurpe.
M. PAUL: ... j'ai toujours cherché à être totalement
indépendant et ceux-là qui se croient dans une étable ce
soir n'ont qu'à relire le compte rendu du journal des Débats. Et
lorsque l'honorable leader du gouvernement mentionne que je devrais être
le dernier à rappeler à votre excellence...
M. LEVESQUE: A avoir un tel comportement.
M. PAUL: M. le Président, j'espère qu'on ne m'imposera pas
le texte des paroles que je dois prononcer. Je disais donc, M. le
Président, qu'avec tout le respect que je vous dois, j'ai
été dans l'obligation de vous rappeler les dispositions du
règlement, de vous rappeler l'article 67, de vous rappeler l'article
279...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne suis
pas capable de déceler présentement, dans les propos du
député de Maskinongé, rien qui puisse ressembler à
une question de privilège. Si le député de
Maskinongé veut invoquer le règlement, je suis prêt
à l'entendre... quand l'honorable leader parlementaire aura
lui-même terminé sa question de règlement, mais il n'y a
rien actuellement... J'aimerais que le député de
Maskinongé y vienne assez rapidement, puisqu'en vertu du
règlement, la séance est sur le point d'être
ajournée.
M. PAUL: M. le Président, comme c'est le privilège de tout
député de voir à ce que le règlement soit
respecté, je vous signale qu'il est minuit.
UNE VOIX: Il n'est pas minuit. M. LE PRESIDENT: Il est minuit.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain dix heures trente.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin,
dix heures trente.
(Fin de la séance à 0 heure)