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(Dix heures trente-huit minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
commissions élues.
Commission des Affaires municipales
M. PEARSON: M. le Président, au nom du député de
Taillon, la commission des Affaires municipales a l'honneur de soumettre
à votre honorable Chambre son premier rapport. Votre commission s'est
réunie pour étudier le projet de loi no 84, Loi constituant la
Commission de transport de la rive sud de Montréal, les 19 août et
7 décembre 1971. Dix organismes ou personnes ont présenté
leurs observations ou recommandations sur le projet. Le tout humblement
soumis.
M. LE PRESIDENT: Lu et reçu.
M. LEVESQUE: Y aurait-il objection à lui faire franchir
l'étape du comité plénier et de la troisième
lecture?
M. PAUL: A ce projet de loi? M. LEVESQUE: Oui.
M. PAUL: Ah! M. le Président, c'est effrayant comme mon honorable
ami fait des invitations pressantes ce matin! Il pourrait peut-être
réserver son invitation jusqu'au début de la semaine prochaine
pour nous permettre de regarder et d'étudier les
délibérations et les représentations qui ont
été faites en commission.
M. LEVESQUE: Je n'ai aucune hésitation à me rendre au
désir légitime du député de Maskinongé.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Commission spéciale sur les professions
M. LEVESQUE: M. le Président, afin de respecter l'économie
des règles de pratique adoptées le vendredi 19 novembre 1971,
tout en permettant aux divers représentants des organismes, corps
professionnels ou à tout autre intéressé par le projet de
loi no 250 et par les projets de loi qui lui sont connexes, qu'il me soit
permis de faire motion pour que, dans le cas spécifique de la commission
parlementaire spéciale sur les professions, le délai de 30 jours,
mentionné à l'article 2 des règles de pratique
adoptées le 19 novembre, ne commence à courir que lors de la
parution de l'avis, dans la Gazette officielle, du dépôt du
dernier desdits projets de loi.
M. PAUL: M. le Président, en principe, c'est une excellente
motion, mais, en pratique, ça peut se concrétiser comment? Le
gouvernement a-t-il l'intention d'appeler tous les projets de loi qui figurent
au feuilleton?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai eu la précaution de
m'assurer que le dernier des projets de loi serait déposé avant
Noël.
M. PAUL: C'est prudent; pas avant la prorogation, avant Noël.
M. LEVESQUE: On m'a fourni cette assurance.
M. LATULIPPE: Nous sommes favorables à cette motion.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. LEVESQUE: Je choisis mes mots. M. LAURIN: Avec plaisir. M. LE
PRESIDENT: Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE: Article i).
Projet de loi no 281 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture du projet de loi intitulé Loi constituant le
service de police de la Communauté urbaine de Montréal et
modifiant de nouveau la loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet a pour principal objet
de constituer le corps de police de la Communauté urbaine de
Montréal. Ce corps de police est formé d'un directeur, des
policiers des municipalités membres de la communauté le 31
décembre 1971, des fonctionnaires affectés le 31 décembre
1971 au service des corps policiers des municipalités de la
Communauté urbaine de Montréal et des policiers et fonctionnaires
qu'engagera par la suite le Conseil de sécurité de la
communauté urbaine.
Les articles 1 à 18 apportent des modifications à la Loi
de la Communauté urbaine de Montréal. Ces articles
prévoient que le conseil de sécurité qui existe
déjà sera désormais constitué de six membres dont
trois seront nommés par le conseil de la communauté,
parmi ses membres ou les membres du comité exécutif, et
trois par le gouvernement. Au moins une des personnes à être
désignées par le conseil devra être choisie parmi les
représentants des municipalités autres que la ville de
Montréal. Le président sera choisi parmi les six membres et sera
désigné par le gouvernement. Le mandat du président est de
cinq ans. Celui des autres membres est de trois ans. Les membres du conseil de
sécurité qui sont membres du conseil de la communauté et
du comité exécutif continuent leur mandat au conseil de
sécurité, même s'ils cessent de faire partie du conseil de
la communauté ou du comité exécutif.
Le conseil de sécurité désigne lui-même son
secrétaire. Il a son propre budget qu'il soumet au conseil de la
communauté pour faire partie intégrante du budget du conseil.
Une fois en vigueur, le budget du conseil de sécurité est
exclusivement sous l'administration de ce dernier. Le conseil de
sécurité a pour principales fonctions de voir au maintien de la
paix, de l'ordre et de la sécurité publics dans le territoire de
la communauté, d'y prévenir les crimes et les infractions, d'en
rechercher les auteurs et de les traduire devant les tribunaux, de recommander
au ministre de la Justice la nomination du directeur du service de police, de
pourvoir le service de police des effectifs, des immeubles et de
l'équipement requis, de négocier et de soumettre au conseil de la
communauté les conventions de travail et les plans de retraite, de
régime de rentes ou de fonds de pension des membres du service et de
soumettre au ministre des rapports sur toutes les situations pouvant perturber
l'ordre public ainsi que la situation de la criminalité.
Il doit aussi, sur demande du comité exécutif, du conseil
ou des municipalités, fournir des rapports sur son administration. Avant
de recommander la nomination d'un directeur de police, le conseil de
sécurité doit obtenir, au préalable, l'avis du conseil de
la communauté. Le directeur du service de police est ensuite
désigné par le gouvernement.
Les articles 19 à 58 traitent l'intégration des divers
corps de police des municipalités de la Communauté urbaine de
Montréal au service de police de la communauté et comportent des
dispositions pour la mise en vigueur de l'intégration.
Le projet prévoit que le nouveau conseil de
sécurité devra être constitué dans les dix jours de
l'entrée en vigueur de la loi et que le président sera choisi
dans la semaine suivante. Jusqu'au moment où le nouveau conseil de
sécurité entrera en vigueur, l'actuel conseil de
sécurité continuera d'exister. Le premier directeur du service de
police de la Communauté urbaine de Montréal sera
désigné par le gouvernement et il entrera en fonction à la
date que fixera le gouvernement. Tous les policiers qui, le 31 décembre
1971, sont membres d'un corps de police d'une municipalité de la
communauté, de même que les fonctionnaires de ces
municipalités qui, à la même date, sont rattachés
à un service de police sont transférés à la
communauté urbaine à compter du 1er janvier 1972 suivant les
étapes et les modalités prévues au projet.
Aucun de ces policiers ou fonctionnaires ne devra être mis
à pied ou ne devra subir de réduction de traitement par suite de
ce transfert. La personne qui serait mise à pied ou dont le traitement
serait réduit par suite de ce transfert pourrait en appeler, d'abord, au
conseil de sécurité et ensuite à la Commission de
police.
Le projet prévoit que le directeur du service de police de la
communauté devra, en priorité, établir un plan
d'intégration au service de police de la communauté urbaine des
ressources humaines et physiques des divers corps de police des
municipalités de la communauté.
Ce plan d'intégration sera soumis à l'approbation du
conseil de sécurité, qui le transmettra au conseil de la
communauté et en donnera avis aux municipalités. Dans les quinze
jours suivants, une municipalité ou une association représentant
les policiers ou les fonctionnaires affectés pourra en appeler à
la Commission de police.
En prévoyant l'intégration des ressources physiques, le
plan pourra disposer du transfert à la communauté des immeubles
appartenant aux municipalités et affectés par celles-ci
principalement à leur corps de police. Au cas de mésentente, les
municipalités pourront en appeler à la Commission municipale.
Le projet prévoit que le plan d'intégration sera mis en
application sous la surveillance de la Commission de police, qui pourra
entendre les représentations des municipalités et qui verra
à ce que chaque municipalité reçoive une protection
efficace.
Jusqu'à ce que le plan d'intégration soit mis en
application, les policiers autres que ceux de la ville de Montréal et
les fonctionnaires des corps de police demeureront en poste dans la
municipalité qui les employait le 31 décembre 1971, à
moins que la municipalité ne consente au contraire. Si un tel
employé veut être assigné ailleurs et que la
municipalité s'y oppose, il y aura appel à la Commission de
police.
Le projet prévoit que la Communauté urbaine de
Montréal est substituée à chacune des municipalités
qui sont parties à des conventions de travail avec des policiers
transférés à la communauté. Avant le 1er
février 1972, le conseil de sécurité devra donner avis
à la Fraternité des policiers de Montréal Incaux fins de
négocier une nouvelle convention de travail pour les policiers.
Entre-temps, la Commission de police procédera à
l'évaluation du personnel policier, ainsi qu'à la normalisation
des grades et des fonctions des membres des corps de police des
municipalités, suivant un ordre qu'elle déterminera
elle-même. La commission avisera chaque
intéressé des conclusions auxquelles elle en est venue.
Elle entendra, en révision, les personnes qui pourront se sentir
lésées et elle décidera par la suite.
Lorsque la commission aura terminé son travail
d'évaluation et de normalisation, les membres des divers corps de police
seront intégrés à l'unité de négociation
pour laquelle est accréditée la Fraternité des policiers
de Montréal Inc.
Leurs conditions de travail seront rétroactivement celles qui
auront été fixées d'après la convention qui aura
été arrêtée entre la communauté et la
fraternité.
Entre-temps les traitements et conditions de travail des policiers des
municipalités autres que la ville de Montréal seront ceux qui
sont applicables le 10 décembre. L'association qui représentait
les policiers avant leur intégration à l'unité de
négociation pour laquelle la Fraternité des policiers de
Montréal Inc. est accréditée sera dissoute et les droits
et les obligations de cette association seront assumés par la
fraternité.
En ce qui concerne les fonctionnaires qui le 31 décembre 1971
sont affectés aux divers corps de police des municipalités, le
ministre du Travail présentera le plus tôt possible après
le 1er janvier 1972 une requête au tribunal du travail de façon
que soit déterminées par le tribunal l'unité de
négociation de ces fonctionnaires de même que l'association ayant
droit à l'accréditation.
Le tribunal décidera d'abord, après avoir entendu les
intéressés de l'unité de négociation et ensuite
après avoir reçu les diverses demandes d'accréditation,
quelle association aura droit à l'accréditation. Les conditions
de travail de ces fonctionnaires, telles qu'elles sont le 10 décembre
1971, continueront de s'appliquer jusqu'à la conclusion d'une nouvelle
convention collective avec la communauté.
Le conseil de sécurité doit entreprendre sans délai
les démarches en vue d'unifier les régimes de retraite des
policiers et des fonctionnaires qui seront régis sur ce point par les
régimes en vigueur, tant qu'une entente ne sera pas intervenue avec la
communauté. Toutefois, les policiers de la ville de Montréal
continueront entre-temps de contribuer à la caisse de l'association de
bienfaisance et de retraite de la police de Montréal.
Les fonctionnaires engagés par le conseil de
sécurité et ceux qui n'ont pas déjà une caisse de
retraite seront régis par la caisse de retraite de la communauté
urbaine.
Le projet prévoit que jusqu'à ce que le conseil de
sécurité les avise du contraire, les municipalités devront
continuer de payer leurs policiers et leurs fonctionnaires et fournir à
leur corps de police les équipements, locaux et accessoires requis pour
l'exercice des fonctions policières. La communauté remboursera
ces dépenses et, s'il y a mésentente, la Commission municipale
décidera.
Le projet prévoit aussi que le conseil de sécurité
devra préparer et soumettre à l'adoption du conseil de la
communauté un règlement uniformisant les divers règlements
des municipalités relatifs aux matières qui sont de la
compétence du conseil de sécurité. Ce règlement
devra être approuvé par le gouvernement.
Pour l'année 1972, le conseil de sécurité n'aura
pas à adopter de budget. Il administrera les sommes que devra mettre
à sa disposition la communauté et qui ne devront pas être
inférieures au total des dépenses de police dans toutes les
municipalités de la communauté en 1971. Les ajustements requis
seront effectués lors de l'exercice financier de 1974. Le conseil de
sécurité pourra, pour l'exercice de 1972, adopter un budget
supplémentaire et effectuer des virements de fonds dans son budget.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Deuxième lecture, à la prochaine séance ou à
une séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article j).
Projet de loi no 285 Première lecture
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Justice propose la première
lecture du projet de loi intitulé Loi modifiant la loi de police.
M. CHOQUETTE: M. le Président, ce projet de loi comporte les
notes explicatives suivantes. L'article 1 porte de cinq à neuf le nombre
des membres de la Commission de police du Québec et prévoit que
les autres membres seront nommés pour un mandat n'excédant pas
dix ans.
L'Article 2 permet à la commission de faire des règlements
pour déterminer les qualifications requises pour exercer une fonction ou
obtenir un grade dans un corps de police municipal, pour déterminer les
fonctions et les grades d'un corps de police municipal, eu égard aux
effectifs du corps, pour établir une échelle indicative des
traitements susceptibles d'être versés aux cadres
supérieurs d'un corps de police municipal et pour pourvoir à la
remise des décorations et citations aux personnes ayant contribué
de façon éminente à la protection publique.
L'article 3 est de concordance. L'article 4 permet au gouvernement de
demander à la Commission de police de faire enquête sur les
activités d'une organisation ou d'un réseau, si le gouvernement a
des raisons de croire que, dans la lutte contre la criminalité, il est
d'intérêt public qu'une telle enquête soit tenue.
L'article 5 prévoit que le directeur ou chef d'un corps de police
municipal, quelles que
soient les modalités de son engagement, ne peut être
destitué ou subir une diminution de traitement sans qu'il puisse faire
appel à la Commission de police de la décision du conseil
municipal le destituant ou diminuant son traitement.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article 1).
Projet de loi no 282 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
première lecture de la Loi prolongeant et modifiant la loi pour
favoriser la conciliation entre locataires et propriétaires.
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'article 1 de ce projet a pour
but de prolonger d'un an l'application de la Loi pour favoriser la conciliation
entre locataires et propriétaires. Les articles 2 à 7
décrètent la prolongation des baux qui, autrement, se
termineraient le 30 avril prochain ou entre cette date et le 30 avril 1973,
s'il n'y a pas de demande spéciale de prolongation de bail ou avis
donné par écrit par une partie ou l'autre de l'intention de ne
pas prolonger le bail. L'article 8 donne effet au projet de loi depuis le 1er
décembre 1971.
M. PAUL: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au ministre de la Justice? Est-ce qu'il a l'intention de
déférer ce projet de loi-là, avant la deuxième
lecture, à la commission de la Justice?
M. CHOQUETTE: Le dernier projet de loi? M. PAUL: Oui.
M. CHOQUETTE: Non, je ne le pense pas. Le député de
Maskinongé comprend facilement pourquoi.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. PAUL: Les trois étapes, quant à nous. M. LE PRESIDENT:
Deuxième lecture, mê- me séance? Prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: Article e).
Projet de loi no 258 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable Solliciteur général propose
la première lecture de la Loi des agronomes. Cette motion est-elle
adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
Projet de loi no 65
M. LEVESQUE: M. le Président, le projet de loi no 65 a
été étudié en commission parlementaire. Avant de le
soumettre à l'étape de la deuxième lecture, je fais motion
pour que la réimpression de ce bill soit maintenant
déposée. Cette réimpression a eu lieu à cause des
modifications qui se sont imposées à la suite des
représentations diverses qui ont été faites en commission
parlementaire.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture?
M. LEVESQUE: Non, M. le Président, c'est simplement une motion
pour que nous puissions déposer le projet de loi et que, la
première lecture étant adoptée, tout soit prêt pour
la deuxième lecture mais avec le projet de loi
réimprimé.
M. PAUL: Ne serait-il pas plus simple, M. le Président, pour
éviter cette ambiguïté, de passer un ordre de
révocation de première lecture et de procéder comme
si...
M. LEVESQUE: Nous pouvons aussi le faire, je n'ai aucune objection.
M. PAUL: C'est parce que c'est peut-être moins difficile en cas de
référence.
M. LEVESQUE: Nous pouvons demander la révocation de la
première lecture et passer immédiatement en première
lecture sur le texte modifié.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
L'honorable ministre des Affaires sociales propose la première
lecture du projet de loi no 65 réimprimé.
Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Deuxième lecture...
M. LEVESQUE: Prochaine séance. M. PAUL: Un instant.
M. CLOUTIER (Montmagny): Pourrais-je demander au ministre si, dans cette
nouvelle version du projet de loi, il y a des différences fondamentales
entre les indications qu'il nous a données à la commission
parlementaire à la dernière séance ou si c'est dans la
ligne de pensée qu'il nous a donnée?
M. CASTONGUAY: M. le Président, c'est dans la ligne des
indications que j'ai données à la dernière séance.
Je ne vais pas lire les notes explicatives ni tenter de les résumer,
étant donné que je l'ai fait à cette séance et
qu'il y en a sept pages.
Je voudrais, par contre, avec votre permission, vous indiquer que nous
avons fait un effort pour faciliter le travail des députés. Nous
avons en annexe une table de concordance donnant le numéro de l'article
du projet original et le numéro de l'article du projet
réimprimé. De même, à la suite de chacun des
articles du projet de loi, nous avons le numéro de l'article du projet
original, c'est-à-dire que lorsque c'est un article que nous retrouvons
présentement dans la Loi des hôpitaux, c'est indiqué avec
le numéro et lorsque c'est un article nouveau, c'est indiqué par
la lettre N. Cela devrait faciliter considérablement la lecture de ce
projet de loi.
Enfin, dans les notes explicatives, nous n'exposons pas uniquement le
nouveau projet de loi, mais nous avons fait aussi un résumé des
changements par rapport au projet original.
Je crois que tout a été mis en oeuvre pour en faciliter la
lecture, l'étude et aussi faire le pont par rapport au projet
original.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE-ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance ou
séance subséquente.
M. LEVESQUE: M. le Président, je fais motion pour que le projet
de loi des agronomes, qui vient de subir l'étape de la première
lecture, soit déféré à la commission parlementaire
étudiant les professions.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Déclarations ministérielles Dépôt de
documents Questions des députés.
Questions et réponses
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Chantiers de la baie James
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je désirerais
poser une question au ministre des Richesses naturelles. Le ministre des
Richesses naturelles pourrait-il, sinon ce matin, du moins dans les jours qui
viendront, nous faire une déclaration sur les méthodes d'embauche
sur les chantiers de la Baie James?
Deuxièmement, est-ce qu'il pourrait faire un rapport sur le cas
du renvoi du chef du personnel, M. André Benoît, et sur les
agissements de M. Gilles Buteau dans cette affaire? Enfin, est-ce que le
ministre des Richesses naturelles pourrait s'enquérir afin de savoir
s'il est exact que, dans le cas de l'embauche des personnes qui devront
travailler aux chantiers du projet de la baie James, on passe par les centres
de main-d'oeuvre du Canada et du Québec, et est-ce que le ministre peut
confirmer ou nier qu'à l'heure actuelle on fait appel aux anciens
candidats libéraux dans les divers comtés ou aux
députés pour engager le personnel requis pour ces chantiers?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, c'est un fait qui est
relaté dans le journal ce matin, et qui est nouveau pour moi. Disons
que, pour le rapport concernant les questions du député de
Chicoutimi, je prendrai des renseignements auprès de
l'Hydro-Québec et donnerai une réponse au cours de la semaine
prochaine.
En ce qui concerne l'embauchage sur les chantiers de la baie James,
effectivement, il se fait par les centres de main-d'oeuvre du
Québec.
Pour les deux ou trois questions auxquelles je ne peux répondre
ce matin, je me renseignerai auprès de l'Hydro-Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le ministre a affirmé que, dans le cas de
l'embauchage du personnel, on passe par les centres de main-d'oeuvre du Canada
et du Québec? Est-ce que le ministre pourrait pousser plus à fond
son enquête afin de voir si, par exemple je vais lui donner un cas
précis qui recouvre quand même la réalité
générale dans le cas de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, je demande au ministre d'être bien
attentif, parce qu'il aura à répondre dans le cas
précis de Chicoutimi, on a bien requis les services des employés
des centres de main-d'oeuvre du Canada et du Québec pour embaucher des
gens qui doivent travailler aux chantiers de la baie James?
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre accepterait de convoquer la commission parlementaire des
Richesses naturelles afin de nous permettre de questionner les responsables de
ce projet et de poser certaines questions à savoir quelles sont les
méthodes d'embauche et quelles raisons justifient ces
sociétés de faire appel à des entrepreneurs de l'Ontario
ainsi qu'à des compagnies d'aviation de l'Ontario?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, je pense que le premier
ministre a répondu à cette question de la convocation de la
commission parlementaire, il y a deux jours.
M. SAMSON: M. le Président, si le premier ministre a
répondu à cette question et si ce n'est pas votre intention de
convoquer la commission parlementaire, est-ce qu'au moins le ministre
accepterait de faire enquête et nous faire rapport sur ces questions?
M. MASSE (Arthabaska): Le premier ministre a fait part que
c'était son intention de convoquer la commission parlementaire
après les Fêtes.
M. PAUL: Question additionnelle.
M. SAMSON: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné la situation, est-ce que le ministre accepterait de rapprocher la
convocation de cette commission parlementaire? Quand on voit, au grand jour,
des choses comme celles que nous voyons ce matin et ce que nous avons
mentionné la semaine dernière et ce que je vous rajoute ce matin,
je pense que cela justifie que vous convoquiez cette commission
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, question additionnelle, toujours en
rapport avec la baie James. Est-ce que l'honorable ministre des Richesses
naturelles pourrait nous dire lorsqu'il donnera réponse aux questions
qui lui ont été posées par le député de
Chicoutimi, qui a procédé à l'appel d'offres au sujet du
chemin de Matagami vers la baie James et qui a entraîné l'octroi
d'un contrat à la compagnie Kiewit? Est-ce que l'appel d'offres avait
été placé par l'Hydro-Québec ou par la Corporation
de la baie James?
M. MASSE (Arthabaska): Il me fera plaisir de répondre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Question supplémentaire, M. le
Président. Est-ce que, étant donné que ce contrat a
été accordé à la compagnie Kiewit à cause
d'une erreur technique, le ministre ou le gouvernement a l'inten- tion
d'annuler ce contrat et de faire un nouvel appel d'offres?
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, encore une fois, le
premier ministre a répondu à cette question.
M. LAURIN: Question supplémentaire, M. le Président. Etant
donné qu'on se réfère à la convocation de la
commission parlementaire, est-ce que le leader parlementaire peut nous assurer
que cette séance de la commission sera convoquée durant
l'intersession?
M. LEVESQUE: Je crois que le premier ministre a mentionné son
désir qu'il en soit ainsi.
M. LAURIN: Pardon?
M. LEVESQUE: Si je me rappelle bien les paroles du premier ministre, il
faudrait que je revoie le journal des Débats, je crois qu'il a
laissé entendre qu'il en serait ainsi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rouyn-Noranda.
Opinion de Mgr Grégoire
M. SAMSON: M. le Président, j'aurais aimé poser une
question au ministre de l'Education. En son absence, je crois que le leader du
gouvernement pourrait peut-être me donner une réponse. A la suite
du nouvel avis de Mgr Grégoire publié aujourd'hui concernant les
amendements au bill 28, est-ce que le ministre peut nous dire si c'est
l'intention du gouvernement de prendre connaissance de cet avis et de nous
fournir d'autres amendements au bill 28 avant la tenue de la séance de
la commission de lundi?
M. LEVESQUE: Je prends avis de la question et j'en ferai part au
ministre de l'Education.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Autoroute Est-Ouest
M. LAURIN: M. le Président, le 25 novembre, je posais, au
ministre de la Voirie, une question à savoir s'il avait l'intention de
tenir compte de la recommandation de la Commission d'audiences populaires
d'ordonner l'arrêt immédiat et définitif des travaux de
l'autoroute, ainsi qu'une autre question sur le relogement des familles dont
les maisons avaient été démolies. Je lui ai laissé
deux semaines pour donner une réponse à la question qu'il avait
prise en avis. Et, comme soeur Anne, je ne vois rien venir. Alors, je repose,
à nouveau, la question au ministre espérant que cette fois, il
aura les
renseignements qu'il a pu accumuler au cours des deux dernières
semaines.
M. PINARD: Très bien. Nous nous sommes mis en contact avec ceux
qui ont formé ce que vous appelez la Commission d'audiences populaires
pour avoir toutes les autres informations pertinentes parce que le seul
document que j'ai reçu personnellement, c'est le rapport Joubert. Dans
la lettre de présentation du rapport adressée au ministre, il
était bien dit que, dans les jours qui suivraient, on me ferait parvenir
les documents en annexe pour que je puisse prendre vraiment toute la mesure du
problème soulevé par cette Commission d'audiences populaires,
document que je n'ai pas reçu.
Nous nous sommes mis en contact avec les membres de cette commission et
nous attendons encore les documents. En attendant, j'ai fait préparer un
rapport de synthèse des recommandations formulées par la
Commission d'audiences populaires.
Mais je ne voudrais pas préjuger de la décision qui sera
prise. Je ne voudrais pas non plus préjuger du contenu des autres
documents qui ne nous sont pas encore parvenus. C'est pourquoi j'attends.
Il y en avait qui semblaient être bien pressés à
l'époque, mais qui paraissent l'être beaucoup moins maintenant. Il
semblerait qu'il ne sont pas capables de faire passer leurs recommandations
à travers d'autres instances.
M. LAURIN: La deuxième question que je posais au ministre avait
trait aux familles qui avaient été délogées en
raison de la démolition de leurs maisons. Le ministre a-t-il fait
enquête au sujet de ces familles qui ne seraient pas encore
relogées ou qui n'auraient pas encore reçu une compensation
financière pour les logements qu'elles ont dû abandonner ou pour
leur relogement? L'enquête est-elle en cours? Le ministre peut-il nous
donner les résultats de cette enquête?
M. PINARD: L'enquête est en cours, M. le Président, et ce
n'est pas à l'instigation des membres du Parti québécois.
Le ministère de la Voirie a fait son travail, comme à
l'accoutumée.
M. LAURIN: M. le Président, je n'ai pas demandé un
commentaire. J'ai simplement demandé une réponse à mes
questions...
M. PINARD: Oui, oui! Très bien.
M. LAURIN: ... que je pose en toute candeur et simplicité.
M. PINARD: M. le Président, il faudrait régler les choses
comme elles doivent être réglées. S'il est permis au
député de faire des affirmations en posant des questions il est
certainement permis au ministre de faire des affirmations en répondant
à ces questions.
UNE VOIX: Un débat ! Un débat !
M. PINARD: Nous avons un service d'expropriation qui fonctionne, au
ministère de la Voirie. Nous avons autant de conscience sociale que
n'importe quel autre député de cette Chambre, spécialement
les députés du Parti québécois. Nous n'avons pas
l'intention de mettre qui que ce soit dehors sans compensation adéquate
et sans avoir pris la peine d'essayer de les reloger de façon
décente, peut-être mieux qu'ils ne l'étaient
auparavant.
UNE VOIX: Une autre bonne main!
M. PINARD: Nous avons constitué une banque de 1,300 logements. A
ce jour, malgré les prétentions contraires faites par les
représentants du Parti Québécois et les membres de la
Commission d'audiences populaires...
M. LAURIN: On ne prête qu'aux riches, M. le Président.
M. PINARD: ... il y a eu une demande de relogement faite par les
personnes censément déplacées. C'est l'épouse d'un
journaliste du journal Québec-Presse, Mme Michel Roy, qui s'est dite
très heureuse d'avoir pu...
M. LAURIN: Michel Roy écrit au Devoir, M. le
Président.
M. PINARD: ... avoir le loisir d'obtenir un logement de cette banque de
logements. Elle nous a écrit une note de félicitations à
ce sujet.
M. LAURIN: Une question additionnelle, M. le Président. Le
ministre n'a pas répondu à ma question. Il a simplement fait un
discours. Je lui ai demandé combien, sur les mille familles dont les
logements ont été démolis, ont été
relogées, combien de ces familles n'ont pas eu de compensation
financière et quels sont les résultats précis de
l'enquête qu'il a menée?
M. PINARD: Si nous pouvions obtenir les documents en annexe qui devaient
être envoyés au ministre, cela nous permettrait de faire une
enquête beaucoup plus complète et de répondre de
façon plus adéquate au député. Je viens de le dire,
j'attends ces documents.
Par contre, cela pourrait être long, M. le Président,
d'avoir à lire tous les documents que j'ai en ma possession dans ce
dossier. Ils pourraient répondre point par point à toutes les
interrogations du Parti québécois sur ce fameux sujet du
relogement des familles délogées par la construction de
l'autoroute Est-Ouest, à Montréal. Je pense qu'il y aura d'autres
occasions de le faire...
M. LAURIN: Lors du budget supplémentaire.
M. PINARD: ... soit lors de la discussion des crédits
budgétaires ou à l'occasion d'un débat spécial que
je suis prêt à engager avec n'importe qui sur cette fameuse
autoroute Est-Ouest, à Montréal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
Traverse de Lévis
M. ROY (Lévis): M. le Président, ma question s'adresse
à l'honorable ministre des Transports. Je pense bien qu'il ne doit pas
penser que je vais lui demander pourquoi les bateaux ne traversaient pas ce
matin. C'est parce qu'il y avait de la brume.
On avait déclaré antérieurement que les bateaux
passeurs devaient desservir les automobilistes le 15 décembre. On a
déclaré hier, je crois, qu'on ne pourrait pas donner ces services
aux automobilistes avant le 1er janvier.
Est-ce qu'il y a eu des réparations urgentes à faire ou si
on n'avait pas prévu qu'il faudrait autant de temps avant que les
travaux soient terminés et que l'on donne le service? Vous savez que
nous avons beaucoup de demandes dans la région, parce que ça rend
service à plusieurs personnes qui ont de la difficulté. C'est
pour ça que je voudrais que la population soit éclairée
à ce sujet.
M. PINARD: Je pense que le député de Lévis sait
qu'il y a des problèmes techniques à régler. La mise au
point des bateaux eux-mêmes par la construction d'une deuxième
passerelle va permettre précisément l'embarquement des
véhicules automobiles ou des camions. Cela tarde un peu parce qu'il y a
des problèmes d'ajustement. C'est la véritable raison qui m'a
été donnée et qui explique pourquoi il y a un retard dans
la politique d'embarquement de ces véhicules.
M. ROY (Lévis): Question supplémentaire. Est-ce que
l'honorable ministre peut assurer la population qu'au moins au 1er janvier elle
pourra se servir de ces traversiers?
M. PINARD: Dans le domaine de la technique, il est bien difficile pour
un ministre de pouvoir donner des assurances. Des ingénieurs sont
responsables de la préparation des plans et devis. Il y a aussi des
constructeurs et des ouvriers qui ont à mettre en exécution ces
plans et devis. Je leur laisse cette responsabilité.
Ce que je puis affirmer, c'est que tout le monde travaille très
fort à la mise au point des bateaux, de façon à donner un
meilleur service possible à la population de Québec et de
Lévis. En attendant, pourrais-je les inviter à prendre le point
Pierre-Laporte, s'ils veulent venir à Québec?
M. ROY (Lévis): Question supplémentaire. Est-ce que le
ministre est toujours dans les bonnes dispositions de laisser la
gratuité aux passagers de Québec à Lévis ou de
Lévis à Québec?
M. PINARD: Le député peut certainement conseiller à
sa population d'en profiter pendant que c'est encore gratuit.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Instabilité des sols au Québec
M. LESSARD: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Richesses naturelles. A la suite du cataclysme de Saint-Jean-Vianney, le
ministre pourrait-il nous dire s'il est exact que des études
systématiques ont été entreprises sur l'instabilité
des sols au Québec?
M. MASSE (Arthabaska): Des glissements, comme vous le savez, se sont
produits ailleurs que dans la région de Saint-Jean-Vianney, à
différents endroits dans la province. Chacun des cas qui semblaient
représenter le plus de danger a été examiné
dès le moment que nous l'avons connu et des travaux
rémédiateurs ou des déplacements ont été
prévus.
En ce qui concerne une étude systématique de l'ensemble du
territoire du Québec, le peu d'effectifs que nous avons au
ministère, malgré l'engagement de deux ou trois autres
spécialistes en la question, de fait, le manque de spécialistes
de ce genre de phénomène dans la province même, nous a
amenés, à reporter à plus tard le début de cette
étude systématique.
M. LESSARD: Question supplémentaire. A la suite de ces
études partielles, est-ce que le ministre pourrait nous dire si des
travaux de consolidation des sols ont été entrepris au niveau du
Québec?
Deuxièmement, est-ce qu'il pourrait nous dire si, en
collaboration avec le ministre des Affaires municipales, il a l'intention de
soumettre une loi à la Chambre régissant le développement
domiciliaire dans ces régions-là?
M. MASSE (Arthabaska): Effectivement, une des principales causes de ces
catastrophes, c'est que, la plupart du temps, les résidences sont
construires dans des endroits exposés à ce genre de glissements.
Par exemple, certaines municipalités n'ont pas empêché la
construction de certaines résidences dans des zones d'inondation.
Nous avons l'intention d'inclure dans une loi du ministère des
Affaires municipales un règlement de zonage qui permettra
d'éviter à l'avenir des constructions dans des endroits
dangereux.
Le ministère, sur toute demande de municipalité pour
études de sol, répond favorablement, positivement.
M. LE PRESIDENT: Le chef de l'Opposition officielle.
Syndicalisme agricole
M. LOUBIER: Ma question s'adresse au ministre de l'Agriculture. Est-il
vrai que le bill 64 sur le syndicalisme agricole ne serait pas
présenté à la présente session, qu'il serait
reporté à beaucoup plus tard et que le ministre aurait
déclaré lui-même qu'il n'était pas question que ce
projet de loi soit adopté au cours de la présente session?
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai répondu à cette
question hier, et j'ai affirmé que le projet de loi devait être
ramené devant le comité de législation, afin que ce
comité puisse étudier les amendements proposés par le
ministre, et qu'ensuite ce soit présenté au conseil des
ministres. Cependant, j'ai lu dans un entrefilet de journal ce matin, que cela
voulait dire plusieurs semaines. Je crois que la question du chef de
l'Opposition est inspirée par la fin de cet article; si elle l'est, je
rappellerai au journaliste que ça ne prend pas quelques semaines pour
cette procédure. Cela se peut, mais pas dans ce cas-ci; il s'agit
simplement de faire approuver les amendements par le comité de
législation. Il est probable que ces amendements puissent être
présentés au conseil des ministres, dès la prochaine
réunion, mercredi prochain.
M. LOUBIER: M. le Président, une question additionnelle; est-ce
que le leader parlementaire, étant donné qu'il s'est
substitué avec succès au ministre de l'Agriculture dans sa
réponse, pourrait nous dire si ce projet de loi reviendra en Chambre et
qu'il sera adopté au cours de la présente session?
M. LEVESQUE: Je dirai que je ne me suis pas substitué au ministre
de l'Agriculture, qui peut fort bien répondre comme d'habitude, avec
compétence et brio. La seule chose, c'est que la question avait
déjà été posée hier, j'y avais
répondu et c'est pourquoi je me suis levé.
Pour répondre de nouveau à cette question additionnelle,
c'est que j'ai bon espoir, dans ce cas-là comme dans les autres projets
importants que nous avons au feuilleton, de pouvoir en disposer avant la
prorogation. Je ne sais pas comment progresseront nos travaux je ne suis
pas un prophète mais j'espère bien avoir la collaboration
de tous les partis de l'Opposition, afin de disposer des travaux que nous avons
devant nous et qui sont inscrits au feuilleton.
M. LOUBIER: Si je pouvais exprimer un voeu au leader parlementaire,
c'est que nous ne sommes pas limités dans le temps et nous sommes
prêts à siéger tant et aussi longtemps qu'il sera
nécessaire pour que ce bill éminemment important et attendu soit
présenté en cette Chambre au cours de la présente
session.
M. LEVESQUE: C'est ce qui a expliqué, d'ailleurs, la motion que
le gouvernement a proposée hier, d'allonger les heures de
séance.
M. LE PRESIDENT: Le député de Beauce.
Commission des comptes publics
M. ROY (Beauce): M. le Président, ma question s'adresse au leader
du gouvernement. Etant donné qu'il est normal dans toute entreprise
sérieuse de rencontrer les comptables et les vérificateurs de
temps à autre, est-ce que le leader du gouvernement a pris en
considération l'excellente suggestion qu'on lui a faite la semaine
dernière, c'est-à-dire prendre les dispositions pour convoquer la
commission des comptes publics après les Fêtes?
M. LEVESQUE: Il y a des gens, M. le Président, qui posent
continuellement les mêmes questions et ils peuvent s'attendre à
avoir les mêmes réponses.
M. ROY (Beauce): M. le Président, une question additionnelle.
Dois-je considérer la réponse du ministre comme un refus
définitif, ou si le gouvernement a l'intention de procéder? Je me
réfère à la page 4 de nos procès-verbaux, au sujet
de la commission no 24, commission des comptes publics. Il y est dit ceci: Et
que chacune de ces commissions soit autorisée à
délibérer et à s'enquérir de toutes les affaires et
de toutes les matières que la Chambre lui aura renvoyées ou qui
soient de sa compétence, à faire de temps à autre des
rapports exprimant ses observations et ses vues sur ces affaires et ces
matières et à envoyer chercher les personnes, les pièces
et les dossiers dont elle aura besoin. La motion a été
adoptée.
M. le Président, nous voulons savoir si le gouvernement accepte
de convoquer la commission parlementaire des comptes publics ou s'il
refuse.
M. LEVESQUE: M. le Président, le député devrait,
maintenant qu'il siège ici depuis quelque temps, avoir suffisamment
d'expérience pour savoir que, même s'il y a 26 ou 27 commissions
permanentes qui ont eu ce mandat, ça ne veut pas dire que les 26 ou 27
commissions seront convoquées au cours de la session. Il s'agit
simplement que, s'il y a un besoin qui se manifeste, cette commission
permanente puisse être convoquée. Nous attendons toujours
l'occasion de le faire.
Le député a maintes occasions de provoquer la convocation
d'une telle commission, mais pas avec le genre de questions qu'il nous sert
d'habitude.
M. SAMSON: Supplémentaire, M. le Président. Est-ce que le
leader parlementaire du gouvernement a des raisons spéciales pour
refuser de convoquer cette commission? Même s'il nous demande quelles
sont nos raisons pour demander cette convocation, le leader sait fort bien que
c'est en questionnant les responsables que nous découvrirons quelles
sont les véritables raisons.
On ne peut pas connaître ce qui se passe si on ne nous donne pas
la possibilité de questionner les responsables.
M. LEVESQUE: Il ne faudrait pas non plus qu'on laisse croire ou qu'on
laisse entendre à la population que les députés ne sont
pas informés. S'ils ne le sont pas, c'est leur faute. Il y a une
publication des comptes publics chaque année où les
dépenses du gouvernement sont inscrites. De plus, depuis quelque temps
nous avons maintenant la commission des engagements financiers où, avant
même que ce soit inscrit dans les comptes publics on peut connaître
chaque mois les engagements du gouvernement.
Les députés sont réunis et convoqués chaque
mois pour étudier les engagements financiers du gouvernement.
Troisièmement, il y a la commission des subsides où chacun des
ministères et des ministres titulaires de ces ministères sont
convoqués, questionnés et contre-interrogés pendant des
heures, des jours et des semaines sur l'administration du ministère.
S'il y a quelque chose de précis que l'on veut reprocher à
l'administration actuelle, qu'on porte les accusations visière
levée et nous saurons répondre. S'il y a lieu de convoquer la
commission à ce moment-là, parce que cela ne paraît pas
suffisamment clair, nous n'avons rien à cacher, nous administrons en
pleine lumière, nous le ferons avec plaisir.
M. SAMSON: Question additionnelle, M. le Président. Est-ce que le
leader considère quand même qu'il y a une différence entre
connaître les engagements et connaître le détail des
dépenses qui ont été faites par le gouvernement, à
qui cela a été payé, de quelle façon on a
procédé? C'est pour cela qu'on demande la convocation de cette
commission. Si le gouvernement refuse, on sait pourquoi il refuse.
M. LEVESQUE: Prenez les comptes publics de la dernière
année; vous verrez là toutes les dépenses avec les noms
des gens à qui cela a été payé, et posez des
questions.
M. SAMSON: Convoquez-là, la commission.
M. LEVESQUE: Posez des questions sur l'administration du gouvernement
précédent.
M. SAMSON: Convoquez-la, la commission.
M. LEVESQUE: Posez des questions sur l'administration du gouvernement
actuel mais posez des questions intelligentes.
M. SAMSON: Convoquez-la, la commission.
M. ROY (Beauce): M. le Président, nous avons des questions
inscrites au feuilleton depuis le mois de février et nous n'avons pas
encore les réponses. Nous avons des questions à poser, et
j'estime que l'endroit pour les poser c'est à la commission des comptes
publics.
M. LEVESQUE: J'invoque la question de privilège, M. le
Président. Qu'on dise le nombre de questions qui ont été
posées et auxquelles on a répondu au lieu de dire qu'il en reste
qui n'ont pas reçu de réponse. Dans toutes les administrations et
sous tous les gouvernements il y a eu de ces questions restées sans
réponse, simplement parce que ce genre de questions demande un temps
infini pour préparer les réponses; non pas parce qu'il y a
quelque chose à cacher.
Prenons les questions posées et regardons-les, ces
questions-là. Prenons le temps de les regarder. Que le
député soit honnête au lieu de porter des accusations comme
celle-là. Lorsqu'on pose des questions où l'on demande une
infinité de détails qui demandent de rassembler des
renseignements de tous les organismes du gouvernement, de tous les
ministères du gouvernement qu'on prenne le temps d'attendre. Chaque
fois, les instructions sont données à tous les ministères
et organismes de fournir les renseignements et les réponses au bureau du
leader du gouvernement. Chaque fois que ces réponses sont
apportées, elles sont immédiatement transmises à la
connaissance de la Chambre.
M. SAMSON: Est-ce que le leader se réfère au genre de
questions qu'on a posées, à un moment donné, concernant
les limousines et lorsqu'il a dit qu'il ne pouvait pas donner de réponse
parce qu'il ne les avait pas encore toutes trouvées?
M. LEVESQUE: M. le Président, si on veut revenir à cette
question, nous pourrons donner tous les renseignements dont le
député a besoin. Nous avons mentionné à ce
moment-là qu'il y avait des renseignements qui manquaient; non pas parce
que nous voulions cacher quoi que ce soit, mais nous avons eu la franchise de
dire qu'à un moment donné, il y avait un véhicule qui
était enregistré à tel nom, pour tel ministère et
dont, dans le transfert, on avait perdu la trace. Cela peut arriver. Dès
que nous avons les renseignements, nous les fournissons. Ce n'est pas toujours
facile d'avoir tous les renseignements, mais dès que ces renseignements
parviennent à mon bureau, ils sont transmis à la Chambre.
M. LOUBIER: M. le Président, dans le même ordre de
questions qu'a posées le député de Rouyn-Noranda, je
pourrais peut-être demander pourquoi le député de
Rouyn-Noranda a exigé que ses tapis soient changés à son
bureau?
Ce n'était pas assez luxueux pour le député de
Rouyn-Noranda.
M. SAMSON: M. le Président, je pose la question de
privilège.
M. HARVEY (Chauveau): Je fais appel au règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: Lorsque le gouvernement change...
UNE VOIX: La question de privilège avant.
M. LE PRESIDENT: Je crois que la question de privilège a
priorité sur le règlement.
M. SAMSON: Sûrement. Avant de m'accuser, le député
de Bellechasse devrait se rappeler qu'il est de tradition, dans les bureaux du
premier ministre, quand on change de gouvernement, non seulement de changer les
tapis, mais de changer même les portes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai accordé au député
de Rouyn-Noranda la permission d'invoquer son privilège du fait qu'on
avait mentionné certaines choses qui se seraient passées à
son bureau, mais il faudrait que cela se limite à cette question de
privilège sans soulever le débat.
M. SAMSON: Merci, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement.
M. SAMSON: Dans mon bureau, comme dans tous les bureaux du
troisième étage, on a changé les tapis parce que, lorsque
nous sommes arrivés, c'était trop sale.
M. BACON: C'est faux. DES VOIX: C'est faux! M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
M. LOUBIER: M. le Président, je répète que c'est le
député de Rouyn-Noranda qui ne trouvait pas ses tapis assez
luxueux et qu'il a exigé qu'on mette...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: ... d'autre tapis pour monsieur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. SAMSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Question de règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est tout simplement pour vous faire observer
que la question du chef d'Unité-Québec avait pour but de
souligner un fait, c'est que le député de Rouyn-Noranda soigne
plus ses pieds que sa tête.
M. SAMSON: M. le Président, puisque l'honorable
député de Bellechasse est revenu à la charge...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. SAMSON: ... je lui dirai que ceux qui occupaient les locaux avant moi
étaient des membres de son parti. Je répète que les
planchers étaient trop sales.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, c'était mon bureau
avant, et j'avais des tapis...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous allons... A l'ordre messieurs!
Maintenant que tous les tapis sont nettoyés, Affaires du
jour.
A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, article 6.
Projet de loi no 276
Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition officielle.
M. Gabriel Loubier
M. LOUBIER: M. le Président, j'ai écouté hier avec
beaucoup d'intérêt le ministre des Affaires municipales faire,
comme il se devait, l'apologie du projet de loi no 276 intitulé Loi
favorisant le regroupement des municipalités.
Je sais que cette loi s'inspire du désir manifeste du
gouvernement d'essayer d'apporter tous les avantages de l'efficacité
administrative à des agglomérations qui sont contiguës et
qui pourraient, par la centralisation des services, bénéficier
d'avantages supérieurs, tant au plan du bien-être social, au sens
orthodoxe du mot qu'à celui de la confection d'un plan directeur et
d'urbanisme qui répondrait davantage aux besoins
socio-économiques de cette agglomération ou de cette unité
de regroupement.
Je pense que ce projet de loi qui, dans l'ensemble, s'inspire du
désir manifeste, comme je le disais, du gouvernement de fixer des
unités de regroupement, n'atteint pas les objectifs visés par le
gouvernement et, surtout, ne répond pas au désir exprimé
par les municipalités rurales.
Je comprends fort bien que le bill 276, dans son ensemble, veut surtout
atteindre les municipalités urbaines. Il est évident que son
application devient relativement facile à cause, évidemment, du
territoire limité sur lequel se trouvent des agglomérations assez
importantes de sorte que, sur le plan social, c'est assez homogène. En
ce qui concerne la mentalité de ces gens-là, dans le milieu
urbain, il y a, je
pense, une homogénéité qui permet un rapprochement
très facile. Il n'y a pas, à proprement parler, ni sur le plan
psychologique, ni sur le plan économique, des conflits
d'intérêts.
Mais là où je suis beaucoup plus prudent et beaucoup plus
réticent à accepter le projet de loi tel que
présenté par le ministre, c'est surtout dans les milieux ruraux.
Le ministre, dans les notes explicatives, nous dit fort bien quel est son but:
"Ce projet autorise le ministre des Affaires municipales à
établir des unités de regroupement pouvant comprendre des
municipalités tant urbaines que rurales". Je pense que je peux
déduire facilement que le ministre lui-même décidera
quelles seront les unités de regroupement, désignera ces
unités de regroupement qui ne sont pas encore désignées,
comme il le disait hier, et qui devraient, selon ses dires, faire l'objet
d'études. En définitive, c'est toujours le ministre qui aura la
discrétion d'établir ces unités de regroupement en milieu
rural.
J'ai infiniment de réticence à accepter le projet de loi
tel que présenté. Je répète que, s'il s'agissait
tout simplement de fixer des unités de regroupement dans les
municipalités urbaines, à cause des facteurs que j'ai
cités tout à l'heure, le projet de loi serait acceptable
d'emblée, souhaitable et bienvenu. Mais, en milieu rural, ce projet de
loi aura une application extrêmement difficile. En second lieu, je pense
que, dans nos municipalités rurales, nous ne désirons pas, en
partie, l'imposition par le ministre du choix de ces unités de
regroupement, d'autant plus qu'à la fin du projet de loi on remarque
fort bien l'intention du gouvernement, parce qu'on mentionne que ce projet
remplace la Loi de la fusion volontaire des municipalités.
Je pense qu'on constate que le gouvernement se démasque et que le
projet de loi no 276 fait abstraction justement du volontariat ou du
désir exprimé par les municipalités rurales de s'unir. Le
bill 276 vient, à toutes fins pratiques et littéralement,
matraquer les municipalités rurales et donner complète
discrétion au ministre de fixer lui-même ces unités de
regroupement. Même s'il y a une coloration de participation
démocratique de la population qui pourra s'exprimer, en
définitive, on se rend compte que le projet de loi permet au ministre
d'exercer sa discrétion.
Or, je pense que ce projet, tel que soumis actuellement, ne peut pas
répondre aux besoins et surtout aux désirs des
municipalités rurales. Le ministre voudrait, par le bill 276, comme il
le mentionnait hier, surtout atteindre les municipalités urbaines. C'est
un voeu qu'il exprime, et je crois qu'il est sincère.
D'autre part, la loi, telle qu'elle est conçue et
rédigée actuellement peut très bien et très
directement, d'une façon assez impérative, imposer à nos
municipalités rurales ce regroupement, suivant les unités de
regroupement fixées par le ministre. Oh! le ministre voudra camoufler
l'odieux de cette imposition en disant que des études
socio-économiques se feront, que ces études permettront d'arriver
à une équité assez grande pour permettre à ces
municipalités rurales de s'épanouir et de connaître un plus
grand bien-être par ce regroupement. Mais, en fait, peu importent les
études, il appartiendra toujours au ministre c'est là que
le danger se trouve de fixer ces unités de regroupement sans
tenir compte, en milieu rural parfois, des distances qui séparent deux
municipalités, sans tenir compte des mentalités
différentes qui peuvent se retrouver dans deux municipalités
rurales à quatre ou cinq milles de distahce, sans tenir compte
également de la situation économique de chacune de ces deux
municipalités. Il peut s'avérer, fort bien que, dans une
municipalité donnée, il y ait une industrie florissante qui fasse
vivre très bien toute la population et qu'à quelques milles de
distance il y ait une municipalité qui soit, économiquement,
moins florissante, qui soit moins favorisée. Là, on essaiera de
marier le feu et l'eau.
Je pense, M. le Président, que ce projet de loi, dans son
économie, contient de bonnes intentions, que, dans les objectifs, le
gouvernement veut tout simplement assurer plus d'efficacité sur le plan
administratif et arriver à une qualité améliorée
des services. Mais je répète que la réticence qui me vient
à l'esprit, c'est que le ministre, à ce moment-là, rejoint
les municipalités rurales, fait disparaître, à toutes fins
pratiques, le volontariat qui avait été déjà
inscrit dans la Loi de la fusion volontaire des municipalités et,
véritablement, indique dans quel esprit il a l'intention de
procéder, c'est-à-dire de façon que les
municipalités rurales se voient mariées de force. Je sais qu'il y
aura des mariages de raison qui, à certains endroits, pourront
s'avérer fructueux. Mais je pense que le ministre devrait obéir
aux suggestions ou aux amendements que nous proposerons plus tard parce que,
s'il n'y a pas d'amendements d'acceptés pour donner plus de
liberté aux municipalités rurales, je serai obligé, pour
ma part, de me prononcer contre ce projet de loi justement à cause du
fait que le ministre le présente dans l'intention de regrouper des
municipalités rurales sans tenir compte des réalités
socio-économiques. Il imposerait, de son propre cru, à des
municipalités un mariage qui ne servirait pas les intérêts
de ces gens-là.
M. TESSIER: Est-ce que le chef de l'Opposition officielle pourrait
préciser sans donner le texte de l'amendement proposé
parce qu'évidemment ce n'est pas le temps de le faire - ce à quoi
il veut en venir? Quelle serait, en somme, l'idée de l'amendement qu'il
désirerait proposer?
M. LOUBIER: Je pense que les amendements viennent, M. le
Président, en comité plénier, lorsque...
M. TESSIER: D'accord, mais au moins donner des explications.
M. LOUBIER: ...nous étudions les articles un par un. Si le
ministre souhaite que je soumette ces amendements illico, sur-le-champ, est-ce
qu'il pourrait prendre l'engagement que lui-même et ses collègues
soumettront, à l'avenir, les amendements avant que nous
n'étudIlons les projets de loi article par article?
M. TESSIER: Non, M. le Président, je n'ai pas
demandé...
M. LOUBIER: Mais pour ne pas jouer à la cachette avec le
ministre, je lui dirai tout simplement...
M. TESSIER: Je n'insiste pas.
M. LOUBIER: ...que ce que j'aimerais c'est qu'il y ait certaines
précautions concernant sa discrétion très large pour les
municipalités rurales.
Je voudrais que le ministre ne puisse pas, même à la suite
d'études, décider de fixer et d'établir lui-même les
unités de regroupement, qu'il y ait un mécanisme en place qui
fasse que les municipalités rurales ne soient pas littéralement
forcées par le ministre à se regrouper, s'il n'y a pas
compatibilité de caractère entre les municipalités. Je le
dis au sens très large. Si à ce moment-là, les deux
municipalités concernées, à cause de distances ou à
cause d'autres facteurs socio-économiques, n'ont pas
intérêt à s'unir, je ne voudrais pas que le ministre
puisse, dans son texte de loi, les obliger à le faire contre leur
volonté et, par voie d'extension, contre leurs
intérêts.
Je pense bien que ce sont plutôt des thèmes d'amendements
que nous voulons proposer au ministre. Je voudrais que, si possible, il y ait
un réaménagement, dans cette loi, permettant beaucoup plus de
liberté à ces municipalités rurales et diminuant le
pouvoir d'imposition du ministre des Affaires municipales.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Lafontaine.
M. Marcel Léger
M. LEGER: M. le Président, on nous présente ce matin le
bill 276 qui permettrait le regroupement des municipalités.
M. le Président, le livre blanc s'en allait vers une
réforme globale des municipalités et le projet qui nous arrive ce
matin accouche d'une souris alors qu'on pensait avoir une réforme
gigantesque à travers le Québec.
Qu'on le veuille ou non, à travers le Québec, aujourd'hui,
on s'en va vers des regroupements de quelque ministère que ce soit, de
quelque responsabilité administrative que ce soit. On s'en va vers des
regroupements. Je pense, M. le Président, que le bill qui nous est
présenté ce matin, comme je le disais pour un autre bill hier,
est bon en soi mais nous n'avons aucune espérance que ce bill sera
efficace et qu'il atteindra les buts pour lesquels il est
présenté.
En effet, M. le Président, dans le bill qui nous est
présenté, tout parle de la création d'unités de
regroupement, comme point de départ, A la minute où le ministre a
fait le découpage de ces unités de regroupement, il en
découle deux possibilités: d'une part, qu'il y ait une
requête conjointe venant des municipalités ou des citoyens et,
d'autre part, que le ministre, s'il n'y a pas de requête conjointe, peut
demander toute la nuance est là des études
obligatoires. Il peut le faire. Il ne doit pas nécessairement le faire
mais il peut le faire.
Si on part d'une requête conjointe, on arrive à deux autres
possibilités: soit que cette requête demande la fusion, sans
obstacle. A ce moment-là, le ministre peut déclarer une fusion.
Il se peut que cette requête conjointe amène des objections, des
obstacles. Alors on peut déclarer une enquête publique. Tout
tourne autour de cette enquête publique.
La conséquence de cette enquête publique amène soit
une nécessité de fusion encore là, le ministre est
le seul qui décide de cette fusion ou, s'il y a des oppositions,
cela peut amener un référendum. A la suite du
référendum, il peut arriver que la population soit pour et qu'on
fasse la fusion. Il se peut que la population soit contre et on est encore au
statu quo.
Si nous reprenons l'autre possibilité du début, à
savoir qu'il n'y a pas eu de requête conjointe, le ministre peut
toute la mesure est là peut seulement et non pas doit, demander
des études obligatoires. La conclusion de ces études ne peut
qu'amener à une enquête publique. On retombe dans le même
labyrinthe.
Il y a aussi le cas des municipalités qui ne sont pas à
l'intérieur des unités de regroupement.
Pour les municipalités qui sont hors de l'unité, cela
demande absolument une requête conjointe et, là on arrive soit
à une solution d'étude obligatoire, d'enquête publique ou
de fusion.
En aucun endroit, on ne voit le désir profond, nécessaire,
de l'administration ou du gouvernement municipal de voir à
décréter une fusion basée sur une politique bien
planifiée qui aurait trouvé que la solution finale, c'est le
regroupement et qu'il faut le faire. On peut consulter la population sur les
modalités, mais on doit nécessairement arriver à cette
décision.
Tout le système du Québec s'en va vers le regroupement et
on est en train encore d'attendre la bonne volonté des gens en place, et
non pas nécessairement des citoyens, pour qu'ils décident de se
faire hara-kiri en acceptant une fusion volontaire. La seule
amélioration que je vois dans ce bill 276, c'est peut-être une
incitation financière.
Ce sont des demi-mesures quand même, et je pense que le
gouvernement ne veut pas de
véritable réforme, parce qu'il craint de déplacer
des gens en place. Pourquoi ne pas imiter, dans le bill 276, ce qui a
été fait dans le bill 27, alors qu'on a réellement,
après étude, déterminé qu'il fallait regrouper? On
a adopté une loi en conséquence, en consultant les gens, mais,
par la suite, on a agi.
Les unités de regroupement supposent des consultations
auprès des intéressés. Nous trouvons que c'est une bonne
initiative du gouvernement, mais, en recourant encore au volontariat, en
n'obligeant pas le ministère à aller au bout de sa
réforme, nous allons réaliser, dans cinq ans, que nous avons
perdu du temps dans un regroupement qui est absolument essentiel à
travers toutes les administrations du Québec.
Le ministre voudra peut-être sortir la carte sentimentale de la
démocratie. S'il y a un parti qui est démocratique dans ses
idées, c'est bien le nôtre, et le fait qu'on demande que le
ministère prenne ses responsabilités en imposant un plan de
regroupement basé sur l'efficacité, avec la participation des
citoyens, c'est la meilleure forme de démocratie possible. Mais ce n'est
pas protéger la démocratie de vouloir protéger des gens
élus en place, parce que c'est eux dont on a peur quand on parle de
créer un regroupement volontaire.
Il ne faut pas mélanger la démocratie, qui touche le
citoyen qui a le droit d'être bien administré, et les personnes en
place qui veulent garder des postes comme maires ou conseillers. Je pense que
la réelle démocratie, c'est de fixer les cadres d'une bonne
administration municipale ou gouvernementale où la démocratie va
réellement fonctionner. Il y a toute une nuance entre obliger des
municipalités à se fusionner pour le plus grand bien des citoyens
qui y vivent c'est de la démocratie et vouloir que des gens
élus en place se laissent berner par l'esprit de clocher, par des
intentions peut-être partisanes, locales qui empêcheraient le
développement et l'évolution du Québec dans un
regroupement de l'administration de toutes les municipalités du
Québec.
La démocratie va fonctionner pour autant que,
premièrement, le ministère ait une planification d'ensemble,
qu'il ait consulté la population et, après ça, qu'il
agisse, mais qu'il n'attende pas que les élus, qui ont des fiefs
à protéger, décident que c'est bon pour leurs concitoyens,
cette administration regroupée.
Je pense qu'il faut non seulement établir un plan de regroupement
volontaire, mais, après consultation, y aller carrément et penser
que la démocratie, c'est la participation du citoyen et non pas
simplement la participation des gens qui ont des postes élus
d'administrateurs.
C'est un palier de gouvernement qu'il faut repenser. On doit aller,
tôt ou tard, vers des regroupements de gouvernements régionaux
pour une meilleure efficacité administrative dans le domaine des
municipalités.
Laisser tout à l'initiative locale, c'est voué à
l'échec. Ceci prouve bien qu'il n'y a pas de plan général
d'ensemble d'aménagement municipal au ministère des Affaires
municipales.
M. le Président, la planification a des droits. Elle est disparue
depuis un an et demi au ministère des Affaires municipales, depuis,
premièrement, qu'on a fait disparaître la Direction
générale de la planification et, deuxièmement, qu'on a vu
le pourcentage infime, dans le budget des Affaires municipales, consacré
à la recherche.
C'est là qu'on voit la cause première de ce manque de
planification, d'idées à longue échéance,
d'idées à horizon lointain qui permettraient de réaliser
une administration efficace dans la province de Québec. M. le
Président, il n'y a rien de nouveau dans ce bill, sauf le fait qu'il y
aura des unités de regroupement. Mais ce qui me surprend, c'est que ces
unités de regroupement devront être faites, après que la
loi aura été adoptée.
Je pense qu'il aurait été très important, si le
ministère des Affaires municipales avait été
préparé, avait réellement planifié son affaire, de
nous présenter des cas d'unité de regroupement, comme on l'a fait
pour le livre blanc quand on nous a présenté les secteurs
d'aménagement municipaux. Nous aurions pu voir les conséquences
de ces regroupements et en discuter à l'occasion du projet de loi, alors
que le ministre, au contraire, veut mettre le cheval derrière la charrue
et dit: Adoptons le projet de loi et après on verra à faire les
unités de regroupement.
Je pense que c'est une fausse conception et qu'il aurait fallu qu'on
nous présente ces unités de regroupement en même temps que
le projet de loi, pour que nous puissions en étudier les implications.
M. le Président, ceci prouve quand même qu'il n'y a pas de plan de
regroupement précis de préparé. C'est laissé
à l'aveuglette. Comme le projet de loi est simplement incitateur, on
laisse donc à l'initiative le fait de se regrouper alors que si on veut
une saine administration il faut planifier, étudier, consulter et,
après que c'est fait, administrer et réaliser. C'est la seule
façon d'atteindre le but d'une saine administration au plan des
municipalités du Québec.
M. le Président, j'aurai des amendements à
présenter lors du comité plénier parce que je pense qu'il
est essentiel qu'on ne laisse pas le regroupement municipal dépendre
uniquement d'un simple désir du ministère. Actuellement, comme je
le disais tantôt, on part d'une unité de regroupement et on a deux
options: soit qu'il y ait une requête conjointe venant des
municipalités ou des citoyens, soit que le ministre puisse
déclarer des études obligatoires.
Mais tout le problème est dans le mot "peut." Je pense qu'on
pourrait améliorer sensiblement le projet de loi si on mettait dans la
loi que le ministre "doit" déclarer des études obligatoires
à la suite de la présentation des unités de regroupement.
Et si on mettait une date limite de temps pendant lequel le ministre
devrait faire faire des études obligatoires aux frais des
municipalités, celles-ci seraient peut-être plus enclines à
vouloir étudier sincèrement ce regroupement de leur milieu pour
des meilleurs services à un meilleur coût, parce qu'elles
sauraient que bientôt, dans tant de temps, précis, dans six mois,
il y aura nécessairement des études obligatoires
décrétées par le ministre. Non pas des études que
le ministre pourrait, mais que le ministre devrait faire faire.
A ce moment-là, on inciterait les municipalités à
l'intérieur des unités de regroupement à commencer
immédiatement à penser à se regrouper, à faire des
sondages sérieux, et non pas dire: Bien, le ministre ne le fera
probablement pas, on ne touche pas à ça, on ne veut pas se
regrouper parce qu'on a chacun notre petit fief et on veut rester comme
ça.
Comme on veut empêcher l'esprit de clocher de prédominer
mais qu'on veut une administration saine de toute la province, je pense que si
le ministre devait, dans un délai déterminé après
la présentation des unités de regroupement, exiger des
études obligatoires pour certaines municipalités dans les
unités de regroupement, ce serait une amélioration pour inciter
les municipalités à penser immédiatement à ce
regroupement.
M. le Président, je pense que c'est une solution
nécessaire et que le ministre devrait la considérer
sérieusement.
Nous sommes d'accord sur le principe du bill, mais comme je le disais
l'autre jour, on a une série de petits bills qui se présentent au
petit bonheur mais qui n'ont aucune ressemblance avec une politique soit
d'urbanisme, soit d'aménagement du territoire des municipalités
soit d'habitation. Tant que nous n'aurons pas cela, nous ne saurons jamais si
les projets de loi vont vers le bien-être de l'ensemble des
Québécois. Nous ne pouvons que déplorer le fait qu'il n'y
a pas de politique générale des municipalités au
Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lévis.
M. J.-Aurélien Roy
M. ROY (Lévis): M. le Président, personne ne peut me
blâmer dans cette Chambre d'abuser de mon droit de parole. Devant un bill
aussi important et puisque je suis concerné dans mon comté et
dans les comtés environnants, je crois qu'il est normal que nous
fassions valoir nous aussi, de ce côté-ci de cette Chambre, nos
remarques sur le bill 276.
J'ai compris que l'honorable ministre avait eu de mauvaises
expériences avec les communautés urbaines. J'ai eu l'occasion de
siéger avec le ministre à des commissions. Je lui avais dit
moi-même, lors d'autres rencontres, d'être très prudent en
ce qui concerne les communautés urbaines et les regroupements des
municipalités. Le ministre a fait des études et je crois que le
ministre a abandonné son projet pour nous en présenter un autre
qui essaie de regrouper les municipalités.
Je suis parfaitement d'accord avec l'honorable député de
Bellechasse, pour une fois, et cela me fait plaisir, lorsqu'il a parlé
tout à l'heure des municipalités rurales. Il y a plusieurs choses
que nous devons éviter. Vous savez que la province de Québec a
été je ne veux pas faire d'historique agrandie par
des municipalités qui se sont séparées, qui ont
laissé les municipalités urbaines pour aller se fonder un petit
patelin dans une paroisse ou dans un comté.
On aura beau dire que ces gens-là ont l'esprit de clocher, on ne
peut pas tellement les blâmer. Il ne faut pas penser non plus, parce que
nous avons été élus par la population pour les
représenter en cette Chambre, qu'il n'y a que nous qui pouvons dire la
vérité et prendre les bonnes décisions, sans les
consulter. Je ne suis pas du tout d'accord avec mon collègue qui vient
de parler et qui voudrait que le gouvernement aille encore plus vite, que le
gouvernement leur donne un certain temps et après, qu'il applique la
loi. Je pense bien que ce ne serait pas tellement démocratique et que
nous ne serions pas tellement bien vus de la population.
Nous avons des administrateurs dans les conseils municipaux, des gens
qui sont élus par le peuple, qui s'élisent un maire, qui n'ont
peut-être pas l'instruction et les manières d'agir des
députés de cette Chambre, mais il faut penser que ces
gens-là sont des administrateurs et qu'ils ont à coeur le
développement de leur paroisse. Je pense que ce serait aller un peu trop
vite que d'aller imposer une loi par un bill les forçant à se
regrouper.
Je pense qu'il y a beaucoup de choses à faire, et j'espère
que le ministre en tiendra compte. On parle du regroupement des
municipalités mais on a oublié, depuis quelques années, de
regrouper d'abord leurs services. Nous avons chez nous des municipalités
qui ont chacune leurs petits services. Nous avons d'autres municipalités
qui, il n'y a pas longtemps, se sont approprié des services qu'elles
auraient pu avoir chez la municipalité voisine. Je ne veux pas
blâmer les gouvernements précédents ou le gouvernement
actuel, ce sont des choses qui sont arrivées.
Nous parlons de communications, nous parlons de systèmes d'eau et
d'égout. Vous savez que dans nos municipalités urbaines nous
parlons d'épuration et qu'il n'y a pas eu encore de réalisations
après des études approfondies qui ont coûté des
milliers de dollars à nos villes.
Nous avons le service de la police, nous avons tous les services,
surtout dans nos municipalités urbaines, mais ils devraient être
repensés. Quand nous pourrons démontrer à la population,
principalement à la population urbaine, qu'il y a avantage
économiquement à se regrouper, point ne sera besoin de voter une
loi
pour les y forcer. Même si on dit qu'on a un esprit de clocher
dans les campagnes, ces gens sont encore assez intelligents pour savoir ce qui
est avantageux pour eux et ce qui est désavantageux.
Je pense que si nous pouvions, une fois pour toutes, démontrer
à la population les avantages qu'il y a à se fusionner, le
ministre n'aurait pas de problème. Ce qui fait peur à notre
population, c'est que d'autres villes ont eu de mauvaises expériences en
se fusionnant; les taxes ont presque doublé.
Certes, on ne peut pas dire que nous allons vivre comme aux temps
anciens; il faut nous habituer à payer des taxes, d'accord, mais on peut
s'y habituer quand on a les moyens de les payer. Si nous demandons aux
cultivateurs de nos municipalités de doubler les taxes, je crois que
nous aurons de la difficulté à avoir l'unanimité pour
fusionner ces municipalités.
J'entends quelqu'un de l'autre côté qui semble vouloir
avoir la parole. J'espère qu'il pourra faire son discours tout à
l'heure.
Je ne voudrais pas dramatiser mais je représente plusieurs
municipalités urbaines et aussi plusieurs municipalités rurales.
Le ministre nous a fait part hier qu'il avait déjà
rencontré au moins 400 municipalités sur 1585 et que ces gens
semblaient unanimes pour étudier au moins le regroupement. Je suis
d'accord et le ministre me connaît assez pour savoir que je ne ferai pas
campagne contre le regroupement. Le ministère devrait
immédiatement prendre les mesures nécessaires afin de rassurer la
population, qui craint les fusions à cause de la piastre, même si
on y voit des avantages au point de vue des services.
Mes collègues vont peut-être penser que je vais me mettre
à parler de prêts sans intérêts de la Banque du
Canada; non, ce n'est pas mon domaine, je vais laisser ça au ministre
des Finances.
Il y a une autre chose à laquelle il faudrait bien faire
attention avant de prendre des décisions. Dans les municipalités
rurales, il n'y a pas tellement de problèmes parce qu'il n'y a pas
tellement de locataires. Loin de vouloir enlever le droit de vote aux
locataires mais, quand il est question de 50 p.c. de la population qui
pourraient amener une décision favorable plutôt que
d'empêcher l'avancement, il faut prendre garde parce que c'est le
propriétaire qui est le gros contribuable dans les municipalités
urbaines. Probablement me dira-t-on que le propriétaire, s'il a une
augmentation de taxes, l'inclura dans le coût du loyer; il peut
quelquefois le faire mais quelquefois les propriétés sont
régies par le contrôle des prix. Si des dépenses
extraordinaires étaient faites, ces gens-là, même si on a
adopté, cette semaine, une loi pour leur donner l'avantage de
rénover leurs constructions, seraient aux prises avec les logements
qu'ils ne peuvent louer à des prix suffisants pour défrayer le
coût d'entretien de la bâtisse parce qu'ils sont encore sous le
contrôle de la Régie des loyers.
C'est à peu près tout ce que j'ai à dire. Je sais
que le ministre, tel que je le connais, avec l'expérience qu'il a
vécue avec les communautés urbaines dont la création s'est
faite à la vapeur, prendra toutes les précautions
nécessaires avant de mettre en application ce bill, parce que, comme le
disait le député de Bellechasse tout à l'heure, le
ministre a pleine autorité pour décider ce qu'il voudra, si
à un certain moment il y a des choses qui ne fonctionnent pas.
Je ne veux pas lui enlever son autorité. Je comprends qu'on a un
ministre qui a une grande expérience des municipalités puisqu'il
a été longtemps maire d'une ville assez considérable, ce
dont je le félicite. J'y vais assez souvent et Rimouski est une
très belle ville.
Pour une fois que je vante votre ministre, laissez-moi tranquille.
M. VEILLEUX: Continuez! Pour une fois que vous tenez des propos
sensés, continuez.
M. ROY (Lévis): M. le Président, je veux bien qu'on soit
à notre aise. Je ne louange pas le ministre parce que j'ai une faveur
à lui demander. C'est faux! Je dis ce qu'il en est. Quand le ministre
est à côté de la "track" il me connaît, il est
venu dans mon comté et nous avons eu l'occasion de nous rencontrer
et qu'il répète l'annonce des mêmes subventions trop
souvent, quand il le dit au moins quatre ou cinq fois, je lui rappelle qu'il le
dit trop souvent. Le principal, c'est quand il donne. Je comprends que le
ministre va prendre ses responsabilités avant d'accepter ce bill. Je
crois que, s'il n'y a pas des amendements considérables, nous serons
obligés de voter contre le bill en deuxième lecture. Merci M. le
Président.
M. VEILLEUX: C'est un bon bill et il est contre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. Lucien Lessard
M. LESSARD: M. le Président, vous me permettrez de dire quelques
mots sur ce projet de loi. Cela fait tellement longtemps qu'on entend parler de
réforme municipale qu'on espère, à chaque session, avoir
quelque chose de sérieux. On nous présente encore un projet de
loi qui ne mène, à mon sens, à rien.
La réforme municipale, je pense que personne n'y croit plus.
Chaque fois qu'on a essayé de faire quelque chose, sous les pressions de
certaines personnes, comme on le disait tout à l'heure, qui ont des
fiefs à l'intérieur des localités, les différents
ministres ont toujours reculé. C'est tellement vrai qu'on est rendu,
dans nos municipalités, à dire: Ah! les lois qu'on va nous
présenter, on ne s'en occupe plus. De toute façon, on sait que le
ministre va reculer. On sait que cela ne mènera absolument
à rien. On s'est essayé avec le principe des fusions
volontaires. Pourquoi on faisait cela? C'est parce qu'il me semble qu'au niveau
du ministère des Affaires municipales, on a pris conscience que le
système, tel qu'il existe actuellement, ne peut pas fonctionner, que
1,500 municipalités au Québec, cela ne peut pas fonctionner.
Donc, un principe a dû être établi, je pense, à la
suite d'études techniques au niveau du ministère des Affaires
municipales, qu'il faut absolument, pour une saine administration, regrouper
différentes municipalités.
Ce principe est bon ou non. Que le ministre nous le dise. On sait que le
principe, actuellement, est passablement discuté. Mais si le ministre
nous propose un projet de loi de fusion, c'est parce que ce principe doit
être valable.
Ce principe-là doit être bon pour essayer de regrouper
différentes municipalités, pour essayer, exactement comme on l'a
fait, par exemple, dans le bill 27, de faire en sorte que ces
municipalités regroupées puissent regrouper leurs services,
puissent se donner aussi des personnes compétentes pour les administrer,
puissent arrêter de créer des doubles services un peu partout,
comme on le voit dans notre région où on ne sait même pas
où est la limite entre Sault-au-Mouton et Saint-Paul-du-Nord. C'est une
chose qui est absolument inacceptable.
M. TESSIER: Est-ce que le député de Saguenay me
permettrait une question?
M. LESSARD: Oui, M. le Président, certainement.
M. TESSIER: J'aimerais savoir du député de Saguenay s'il
est favorable à la fusion des villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
M. LESSARD: J'y reviendrai, M. le Président, et, à partir
de cet exemple-là...
DES VOIX: Ah!
M. LESSARD: ... je vous expliquerai pourquoi le projet de loi ne
fonctionnera jamais. C'est surtout sur cela que je vais fonder mes critiques.
Je me demande si le ministre ne s'amuse pas, tout simplement, à nous
présenter des projets de loi que nous nous amusons à discuter et
qui ne mèneront absolument à rien. Nous sommes ici pour faire
quelque chose de sérieux, non pas pour nous amuser...
M. VEILLEUX: Alors, assoyez-vous.
M. LESSARD: ... sur des projets de loi qui ne mènent à
rien, exactement comme cela a été le cas pour le projet de loi
des fusions volontaires. C'est aussi volontaire que ce l'était avant,
excepté qu'on met un peu plus d'incitation. Si le ministre y croit
à la réforme municipale, qu'il soit sérieux, qu'il nous
présente quelque chose qui est applicable, qu'il nous présente
quelque chose qui va amener les municipalités à se fusionner. La
démocratie, ce n'est pas l'anarchie, contrairement à ce qu'on
pense. On vient d'obliger, par le projet de loi no 277, je pense, les
municipalités non organisées à se regrouper à
l'intérieur d'un secteur.
M. TESSIER: Non!
M. LESSARD: Oui, M. le Président, c'est quand même une
certaine forme d'obligation.
M. TESSIER: C'est faux!
M. LESSARD: Bien, le ministre ne comprend plus ses projets de loi.
M. TESSIER: C'est faux! Il n'y a aucune obligation dans le projet de loi
no 277.
M. LESSARD: Il reste que vous allez nommer un administrateur qui va
être responsable d'un certain nombre de municipalités non
organisées actuellement et, je pense bien qu'elles seront
obligées de s'intégrer ou bien votre projet de loi est un autre
projet de loi qui ne mène à rien. Alors, que le ministre soit
sérieux !
On vient de nous soumettre un projet de loi ou l'on crée des
cadres de fonctionnement pour des municipalités non organisées.
Je disais que la démocratie, ce n'est pas l'anarchie. La
démocratie, ce n'est pas laisser à chacun le soin de faire ce
qu'il veut. La démocratie, ce n'est pas dire à chacune des 1,500
municipalités du Québec: Vous pouvez vous fusionner; vous pouvez
ne pas vous fusionner; vous avez la possibilité de le faire et on va
tenter de vous aider.
Je pense que la démocratie à ce niveau-là, c'est
former un cadre de réforme municipale, avec consultation de la
population. Après cela, par exemple, cela devra fonctionner à
l'intérieur de ce cadre général. C'est cela, de la
démocratie. Ce n'est pas laisser à chacun le soin de faire ce
qu'il veut. Je pense qu'on en a soupé de la réforme
municipale.
Cela fait passablement de temps que nous en entendons parler, et cela ne
mène absolument à rien. Cela fait des années que j'entends
parler de la réforme municipale, et chez nous, ce sont encore les
mêmes petites municipalités, l'une à côté de
l'autre. Il n'y en a pas une, actuellement, qui ait cherché à se
fusionner.
Les gens ne s'inquiètent plus, M. le Président, des
projets de loi qui sont soumis par le ministre. Les gens ne s'inquiètent
plus du tout. Ce n'est plus sérieux, cette affaire-là. Le
ministre en parle. Il se fait démolir, à la
télévision, sur la réforme municipale mais après
cela, il retournera au gouvernement et les administrateurs municipaux se
disent: Nous allons continuer à faire notre petite affaire, seuls, nous
continuerons à nous administrer, nous conti-
nuerons à créer nos services, nous continuerons à
conserver nos fiefs tels que nous les avons encore. Cela ne mènera
à rien.
Ce qui est dramatique, M. le Président, c'est que les gens ne
croient plus à ce gouvernement. On en est rendu à faire des lois
qui ne s'appliquent jamais, à faire des lois...
M. VEILLEUX: On verra cela aux prochaines élections.
M. LESSARD: ...simplement parce qu'on a déclaré qu'on
était favorable à la fusion des municipalités. Donc, on va
faire une loi pour permettre cette fusion. Mais en fin de compte, M. le
Président, si on est d'accord avec ce principe, il faut créer,
à un moment donné, des moyens de faire cette réforme.
Je pense qu'encore là le ministre commence par la fin dans sa
réforme municipale. Si au moins il avait commencé un peu comme
cela s'est fait pour le bill 27. Lorsqu'on a discuté du projet de loi no
27, on s'est aperçu que les commissions scolaires multiples, telles
qu'on les avait là, cela ne pouvait plus fonctionner. On a
décidé enfin de faire quelque chose. Qu'a-t-on fait? On a
déterminé des unités de regroupement. On a commencé
par les déterminer. Non pas par établir le principe et dire que
le ministre peut déterminer des unités de regroupement. Non, M.
le Président. On a déterminé des unités de
regroupement.
Après cela, la population a été consultée.
Ces unités de regroupement ont été placées en
annexe au projet de loi. Lorsque la commission de l'Education a
siégé, les populations concernées ont pu venir
présenter des mémoires pour dire ce qui ne fonctionnait pas dans
ces unités de regroupement ou ce qui pouvait fonctionner. Cela, M. le
Président, c'est de la démocratie.
Nous votons encore, M. le Président, un chèque en blanc.
Je n'ai pas peur de le signer parce que je sais qu'il ne l'encaissera jamais.
Cela ne donnera absolument rien encore. Mais il reste que c'est pratiquement un
chèque en blanc, c'est-à-dire que le ministre dit: On peut
créer des unités de regroupement mais il n'y a absolument rien,
à la fin du projet de loi, qui nous dit quelles seront ces unités
de regroupement. Y a-t-il eu des études, au ministère des
Affaires municipales, par exemple, disant qu'au Québec, ce n'est pas
1,500 municipalités qu'il nous faudrait avoir mais 300, 400 ou 150, mais
à partir d'une étude géographique, d'une étude
technique. Y a-t-il des études qui ont été faites au
ministère des Affaires municipales? Cela a dû être fait.
Nous ne nous en allons probablement pas vers une fusion des
municipalités sans savoir exactement pourquoi nous faisons cela.
Il est certain, à mon sens, si c'est de la saine administration,
qu'il doit y avoir des études au ministère des Affaires
municipales qui, à un moment donné, nous diront au moins que,
normalement, étant donné le territoire, étant donné
la distance entre les municipalités, étant donné le nombre
de municipalités concernées dans différentes
régions, de 1,500 municipalités actuellement, c'est
à peu près ce nombre; je ne sais pas si c'est exact on
devrait aller vers tant de municipalités dans une période X.
Si ces études existent, le ministre aurait pu dans son projet de
loi, à partir de ces études, nous soumettre dès ce matin
les unités de regroupement qu'il proposerait et faire siéger la
commission des Affaires municipales, entendre les populations concernées
et ensuite déterminer des cadres de fusion.
Je ne pense pas, pour ma part, que ce projet de loi puisse s'appliquer
à partir de l'expérience que j'ai chez moi. Tout à
l'heure, le ministre me demandait: Est-ce que le député est
d'accord avec la fusion de Baie Comeau-Hauterive? C'est justement à
partir de cette question que les unités de regroupement dont je parle
deviennent absolument nécessaires.
Il y a eu deux études techniques en ce qui concerne
Baie-Comeau-Hauterive, deux études extrêmement importantes. Or, il
semble qu'à partir de ces études la fusion de la ville de
Baie-Comeau et de la ville de Hauterive s'impo- serait. Il est certain
qu'il y a des désavantages pour l'une des villes de faire cette
fusion.
Si cette fusion doit se faire, il faut que le ministre prévoie au
moins de pouvoir donner des compensations à ces populations. Parce que
si on laisse strictement à ces municipalités le soin de se
fusionner par elles-mêmes, il est certain qu'il y aura toujours une ou
deux municipalités désavantagées.
Si le gouvernement pense qu'une meilleure répartition des
municipalités entraînerait comme conséquence une meilleure
administration, donc aussi, comme conséquence économique, de
l'argent économisé pour la province, cela veut dire que le
ministre devrait prévoir des compensations pour les villes qui
subiraient des conséquences néfastes du fait du regroupement. En
principe, pour ma part et là je réponds à la
question du ministre je suis complètement pour la fusion des
villes de Baie-Comeau et de Hauterive.
On est continuellement pris, actuellement dans notre région, avec
ce fameux problème-là d'avoir deux villes très
importantes, avec des services complètement parallèles,
distancées dans cinq à six milles.
Malheureusement on n'a pas consulté la population au sujet de la
fusion des villes de Baie-Comeau-Hauterive. A la suite des études ,
techniques qu'on a faites, la population n'a pas i du tout été
consultée. A partir des deux études qui ont été
faites, il y a un maire de la région qui a dit: Non! on ne fusionnera
pas les deux villes. Une enquête a été faite à ce
sujet, mais, lorsqu'on va consulter la population et qu'on lui demande si elle
est d'accord en principe avec la fusion des deux villes, elle est d'accord. Or,
parce que les administrateurs ont décidé qu'eux ne seraient pas
d'accord, on ne consulte pas la population. Maintenant, on laisse
simplement
cette affaire-là dans le silence; on n'en parle plus, on laisse
faire.
Alors, est-ce que le projet de loi va améliorer les choses? Pas
du tout; ça ne réglera absolument rien, sinon peut-être
quelques incitations qu'on donne dans le projet de loi. C'est la seule chose
qui est différente du projet de loi qui existait auparavant. C'est
toujours du volontariat. C'est toujours de l'administration sur une petite
échelle, à la petite semaine. Il n'y a aucun plan-cadre. Quand
"mon" livre blanc du ministre est sorti, on croyait au moins que cela allait
mener à quelque chose.
Il y a des fonctionnaires qui ont travaillé probablement des mois
et des mois à ce livre-là, puis, là, on le met de
côté, comme de nombreuses études techniques faites dans les
différents ministères. On a un gouvernement de gens studieux. Ils
étudient, mais ils ne réalisent jamais rien, cependant. On fait
des belle études techniques, puis ça donne quoi? Un avortement,
comme le projet de loi que nous avons actuellement devant nous.
Pendant ce temps-là, on a des fonctionnaires qui se morfondent
à essayer de planifier. M. le Président, on est tanné de
ça.
M. le Président, on est "tanné" de cela. On en a assez
d'étudier des projets de loi qui ne mènent à rien. Si le
ministre voulait être sérieux, il devrait tout simplement retirer
ce projet-là. Je ne ferai pas de motion mais il devrait tout simplement
le retirer car ça ne vaut rien. Il devrait nous soumettre un projet de
loi qui aurait du bon sens et qui s'inscrirait non pas dans une
réformette mais dans une véritable réforme municipale, une
réforme planifiée, une réforme à l'intérieur
de laquelle on aurait déterminé les unités de
regroupement, une réforme au sujet de laquelle la population aurait
été consultée, en ce qui concerne ces unités de
regroupement.
Après cela, après la consultation qui aurait
été faite, qu'on prévoie des moyens incitateurs et autres
pour que cela se fasse; qu'on arrête d'en parler, et qu'on se
décide. Qu'on arrête de fatiguer la population en lui disant: Cela
s'en vient, la réforme municipale; le regroupement s'en vient.
Après cela, on s'aperçoit que les projets de loi soumis ne nous
mènent à rien.
Je conclus sur cela. Je demande au ministre, à partir de ce qu'on
a dans le projet de loi... C'est tellement compliqué, cette
patente-là; on sait que pas une municipalité va se rendre au
dernier stade nécessaire du regroupement. Que le ministre retire donc un
projet de loi aussi futile, aussi inefficace. Qu'il le retire donc. S'il veut
faire quelque chose, s'il veut faire de la réforme s'il ne veut
pas en faire, qu'il le garde, son projet de loi qu'il nous soumette
quelque chose de sérieux et on se penchera dessus pour l'étudier
sérieusement.
Là, cela ne vaut même pas la peine et on s'amuse à
discuter de projets de loi qui m'appa-raissent, pour ma part,
insignifiants.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Saint-Maurice,...
M. DEMERS: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: ... qui, probablement, demandera la suspension du
débat.
M. DEMERS: ... c'est une excellente suggestion. Je demande la suspension
du débat.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion de suspension du débat du
député de Saint-Maurice est adoptée?
Adopté.
Je déclare la séance suspendue jusqu'à deux
heures.
(Suspension de la séance à 12 h 31)
Reprise de la séance à 13 h 59
M. HARDY (président): A l'ordre, messieurs!
Le député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le -Président, j'aurai une grande consolation en me
levant, c'est que moins il y a de monde, plus on applaudit.
J'aurais aimé que le ministre eût le temps de
réintégrer son siège, mais de toute façon, pour le
cas, probablement, qu'il fera de mes propos, je peux parler en son absence.
M. SIMARD (Témiscouata): Il brille par son absence.
M. VEILLEUX: On lui fera le message.
M. DEMERS: Au mois d'avril 1965, plus précisément le 8
avril, le lieutenant-gouverneur sanctionnait le bill de la fusion volontaire
des municipalités. Aux statuts refondus de nos lois, nous pouvons
relever que c'était le chapitre 56. Aujourd'hui, le gouvernement nous
propose de remplacer la loi 56, Loi de la fusion volontaire des
municipalités, par une nouvelle loi, la loi 276, qui s'intitulera Loi
favorisant le regroupement des municipalités.
A l'époque, ç'avait été un fiasco. Le temps
a prouvé que ce qu'on avait mis en oeuvre à ce moment-là
ne valait pas la peine de l'être, à tel point qu'aujourd'hui les
gens de la même formation politique qui ont mis sur pied cette loi
viennent de nous proposer de l'enlever et de la remplacer par une pas
meilleure, peut-être une pire. On peut dire que la montagne se met en
mouvement et qu'elle accouche d'une souris.
Nous attendions une superloi, à la suite des tournées
faites par le ministre en province, de ses grandes déclarations qui se
contredisaient quelquefois, vous me permettrez de le dire, M. le
Président il ne pensait pas que nous avions le
téléphone dans nos régions, il ne pensait pas que
ça arriverait jusque chez nous nous en étions venus
à la conclusion que nous aurions une superloi, une énorme loi,
une grosse loi, quelque chose qui se tiendrait, qui aurait de la consistance,
quelque chose de solide, de fort, de bon, qui régenterait toute
l'administration municipale et qui serait une pierre de posée dans le
jardin de nos objectivités.
Contrairement à tout cela, c'est une loi à laquelle je me
demande si nous pouvons même donner le nom de loi.
C'est une pitié, une grande pitié. C'est une codification
de petites réformettes qui n'aboutissent à rien. Le ministre
avait dit et il l'a répété, il n'y a pas si longtemps, que
l'époque des communautés urbaines était révolue,
qu'il les ferait disparaître, qu'il fallait remplacer cela, même si
le premier ministre a dit qu'il les maintiendrait. Cela n'avait pas
donné satisfaction. Et il vous remplace cela par le projet de loi no 276
qu'il intitule Loi favorisant le regroupement des municipalités.
Cela peut peut-être en favoriser mais cela n'en groupera pas une.
Il faudrait voir ce que ce projet de loi a dans le ventre. Ventre creux, il n'y
a rien. Nous aurions voulu et les opinants qui m'ont
précédé au cours de la matinée ont
préconisé la même chose qu'après une
étude sérieuse du milieu urbain, du milieu rural, par des gens
sérieux, qu'on en vienne à un consensus. Il y a, nous disait le
ministre, 1,500 municipalités. En combien de municipalités
voudrait-il les regrouper? Combien voudrait-il en faire disparaître? A
quel endroit voudrait-il en faire disparaître? Qu'est-ce qu'il veut
regrouper? Je comprends que ce seraient probablement des municipalités.
Est-ce qu'il a étudié ou fait étudier la
démographie? Qui compose ces municipalités? Est-ce qu'on peut
décemment unir tout le monde sans savoir quelle sorte de monde nous
allons unir? Unir des régions, des groupes de municipalités sans
savoir si elles peuvent se marier ou non.
Nous aurions voulu que dans son ministère, on en arrive il
me semble que cela ne doit pas être sorcier à prendre la
carte de la province de Québec, avec les municipalités, les
corporations, etc., et à grouper cela, à diviser cela et à
dire: Le ministère vous présente aujourd'hui, MM. de
l'Assemblée nationale, un organigramme, quelque chose de
structuré, de fini et il vous propose d'accepter ou de refuser ce
projet. Et s'il avait été sérieux, bien fait, bien
structuré, bien fini, et de bon sens, nous l'aurions accepté avec
facilité, sans discussion. On s'attendait à une grosse loi.
Petite loi.
Là, nous avons eu comme document de travail le rapport
Lacasse-Poisson. C'est seulement pour une région de la province et c'est
pour installer un service communautaire de transport en commun par autobus.
Nous avons des données précises. La commission a
étudié sérieusement comment cela devrait être
régenté, la capitalisation et plusieurs autres détails,
nous avons tout cela dans le rapport Lacasse. Nous savons même comment va
coûter un billet d'autobus. Là, pour fusionner, pour ramasser un
groupe de municipalités urbaines ou rurales, pas une feuille de papier,
rien. Faites-nous confiance! Il y a quelques années, en 1965, on a fait
confiance au gouvernement du temps. On avait accepté de voter la Loi des
fusions volontaires. Qu'est-ce que cela a donné? Aujourd'hui, on
l'abroge. Cela n'a rien donné. Peut-être par incitation, le
ministre pourra-t-il grouper. Vous voyez venir cela, M. le Président,
lorsque le maire d'une municipalité, qui est un ami du régime
politique actuellement, c'est le gouvernement libéral, mais il y
aura d'autres gouvernements vient à Québec pour rencontrer
le ministre: Ne nous fais pas ça. On ne veut pas embarquer dans le
bateau. N'incite pas. N'incite pas assez. N'incite pas fort. Il ne se fera
rien. Nous n'avons rien devant nous. Il n'y a rien de précis, il n'y a
rien de clair.
Même si nous sommes pour le principe d'un
regroupement municipal, urbain, rural, j'admets comme vous, M. le
Président et comme tout le monde, qu'il y a des municipalités
à trois milles de distance où il y a deux services d'incendie.
Les camions à incendie sont dans le garage pendant 20 ans. Quand il faut
les changer, ils ont parcouru à peu près 200 milles. Ils ne sont
jamais allés au feu. On ferait mieux de n'avoir qu'un camion à
incendie. Mais il irait au feu tous les jours. Cela ne veut pas dire de mettre
le feu mais il aurait un territoire plus grand à couvrir. C'est comme
cela dans une foule de municipalités. J'admets cela. Mais la
façon qu'on nous donne pour faire cela, pour rapetisser cela et
concentrer cela, cela ne vaut pas le six. Excusez les expressions, c'est de la
foutaise, c'est de la bouillie pour les chats. On veut nous faire passer une
loi. Nous sommes pour le principe de la fusion mais il n'y a rien dans la loi.
C'est creux. J'allais dire: C'est à l'image de... Non, ce n'est pas
cela, M. le Président. Ce n'est pas grand. Il n'y a rien dedans.
Le député de Saguenay, en matinée, a exposé
cela et, écoutez je ne couche pas avec eux tous les soirs, je
vous avertis j'ai trouvé que son affaire était
marquée au coin du bon sens. Ils en veulent du regroupement mais nous
voulons regrouper quelque chose qui va regrouper.
Comme c'est là, on va en parler, on va sanctionner une autre loi,
on va s'en aller chez nous et on va dire: Cela va se regrouper: $15 par
tête pour le regroupement et ceux qui vont s'embrayer avant telle
année auront $15 payés dans cinq ans. Ce sont des bonnes mesures
pour essayer de regrouper les gens, mais on ne sait pas par exemple,
prenez la région de la Mauricie quelles municipalités
seront ensemble? Qu'est-ce qu'on fera dans la Mauricie? Qu'est-ce qu'on fera
dans la région du député de Montmagny, dans le
Bas-du-Fleuve? Quelles municipalités vivront ensemble en
communauté? On ne le sait pas. On va inciter.
M. VEILLEUX: Commencez par voter le principe et, après ça,
on va le faire.
M. DEMERS: C'est ça. Commencez par nous donner l'outil, puis on
ne fera rien avec. Attendez !
M. VEILLEUX: Un instant!
M. DEMERS: On va commencer par regarder ce qu'il y a dans le projet de
loi avant de voter. Comme vous ne l'avez pas regardé, vous ne pouvez pas
le savoir. Regardez dans la loi et si, après les études que vous
avez faites, vous, qui êtes professeur, vous en venez à la
conclusion qu'il y a quelque chose là-dedans, vous en ferez la
démonstration tantôt et on vous écoutera.
M. VEILLEUX: Je vais parler après vous. M. DEMERS: Vous nous
donnez un marteau pour casser des roches, mais le marteau est en verre, puis le
gars qui est sur le manche ne "swing" pas fort.
M. VEILLEUX: Pour enfoncer un clou, ça prend un marteau.
Donnez-nous le marteau, puis on va l'enfoncer.
M. DEMERS: M. le Président, dans les clous, c'est le
spécialiste. Les clous à finir n'avaient pas de tête, dans
mon temps.
Je termine. Je n'ai pas été méchant; qu'on me
laisse donc exposer mon affaire! Cela vous fait plaisir? Raisonnez ça un
peu en battant des mains. Cessez de frapper sur les pupitres et regardez ce
qu'il y a dans les lois, puis trouvez quelque chose là-dedans, si vous
en êtes capables. Je vous défie de le faire. Incitation ! Si on
demande telle ou telle chose, s'il y a cinquante si, s'il y a ceci, s'il y a
cela, mais il n'y aura jamais ceci et il n'y aura jamais cela. Voyons donc, il
faut être plus vieux que ça !
M. HARVEY (Chauveau): Faites confiance au ministre.
M. DEMERS: On sait comment ça se fait de l'incitation. Nous
sommes passés dans le domaine municipal. J'ai été maire,
modestement, moi, pas aussi fort que lui. Je ne l'ai été que
pendant six ans. Je n'ai pas démissionné pour être
nommé ministre. Ils m'ont "sacré" dehors, parce qu'ils ne
voulaient plus de moi. J'ai connu des problèmes municipaux, j'ai
participé à la création d'une ville, bâti une
municipalité où il n'y avait aucun service. On nous a
laissé bâtir parallèlement, dans le temps, à
côté de Shawini-gan qui était la ville riche, la chambre
à coucher, nous autres. Cela a coûté une fortune. S'il y
avait eu une loi qui, au lieu d'inciter, aurait dit: Vous allez tout mettre
ça dans le même panier. Les gens travaillaient en ville, puis ils
venaient coucher à Shawinigan-Sud. C'était illogique. Aujourd'hui
que la ville est bâtie, Shawinigan voudrait reprendre Shawinigan-Sud.
Shawinigan-Sud dit: Maintenant qu'on est bâti, que le diable vous
emporte! C'est le mot.
Et c'est comme ça. Et le ministre avec ses incitations, ça
va inciter comme ça, ça va faire des affaires à hue et
à dia, un attelage de chiens esquimaux, il y en a un qui veut s'en aller
à une place et l'autre qui veut s'en aller à l'autre, ils ne s'en
vont nulle part.
C'est ça le bill 276. Et le ministre sortira les arguments qu'il
voudra, il n'a pas de critères pour établir ces fusions, il n'en
a pas du tout. Il s'en va dans le champ et il court, il se
dépêche, il ne sait pas où il va, nous les avons connus
ceux-là, ça ne mène nulle part.
Il n'a aucun critère. On regroupera, au point de vue
géographique, on ne sait pas quoi. On regroupera des individus, on ne
sait pas qui. S'ils ne veulent pas, il n'y en aura pas.
Il faut être plus sérieux que ça. S'il prenait le
temps de retirer sa loi et, pendant les vacances
de Noël, de s'asseoir sur une chaise de bois franc et de regarder
ce qu'il y a dedans, il viendrait à la conclusion qu'il n'y a rien. Il
dirait: Tout le monde est pour le regroupement, nous allons prendre deux ou
trois semaines de plus et nous allons préparer un tableau de nos
objectifs.
C'est comme ça. Dans l'Evangile c'est dit je ne lis pas
ça tous les soirs, je ne suis pas du Ralliement créditiste
: "Il n'y a personne qui voulant bâtir, ne s'asseoit et regarde
s'il y aura des matériaux pour finir".
Je demande au ministre de s'asseoir tranquillement. Il est dans une rage
de passer des lois, depuis quelques jours. Cela fait un mois et demi que nous
sommes ici, nous n'avons pas touché à ses lois. Nous allons
parfois en première lecture et ça dépose. Mais là
ça achève, nous nous en allons au congé de Noël. Dans
deux semaines nous allons être partis. On reviendra après
Noël avec une loi, avec des objectifs précis d'un ministre qui sait
où il va, ce qu'il veut faire, qui ne s'attend pas d'être
nommé juge. Ce n'est pas pareil quand on s'attend d'être
nommé juge, on passe des petites lois et on s'en va.
Mais là nous, nous allons être pris ensuite, nous l'aurons
comme juge et plus comme ministre. C'est important et je demande
sérieusement au ministre de réfléchir. Je comprends
qu'avec la force du rouleau compresseur avec les lumières qui
l'entourent et cet appui qu'il a en quantité, le ministre va pouvoir
nous la faire adopter, sa loi, même si nous sommes contre et nous nous
battons jour et nuit contre. La participation de vous autres, les
"backbenchers" comme nous autres, les simples députés, des gars
qui ne font que ça être députés, qui ne sont pas
ministres, nous allons voter, nous allons parler de ça et nous allons
avoir une loi de rien.
C'est en ce sens que je voulais intervenir et j'ose espérer que
mes propos, s'ils n'ont pas ébranlé le ministre, auront pu au
moins le faire réfléchir. Je tente ma chance. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jean.
M. Jacques Veilleux
M. VEILLEUX: M. le Président, je tiens d'abord à
féliciter le ministre de nous présenter ce projet de loi qui
favorise le regroupement des municipalités.
Ici, je ne serai pas long, parce que je n'ai pas, d'abord, une grande
région, je n'ai pas de municipalités aussi nombreuses que le
représentant de Saint-Maurice. Cependant, dans ma région il y a
quand même des problèmes qui surgissent à certains
moments.
Je demanderais notamment, au député de Saint-Maurice de
réfléchir et d'analyser le premier paragraphe des notes
explicatives de ce projet de loi, qui répondra justement, s'il le lit
bien, s'il essaie de le comprendre, à toutes les interrogations qu'il
s'est posées tout à l'heure.
D'abord, établir des unités de regroupement. Je crois
qu'il est essentiel que le ministre des Affaires municipales ait ce pouvoir
afin, justement, de pallier des problèmes qui peuvent surgir dans des
régions, problèmes surgissant, comme le disait le
député de Saguenay ce matin, parce qu'il y a des gens qui
à un certain moment ont de petits fiefs, qui refusent de se fusionner ou
même de fusionner des services avec une municipalité très
importante près de la municipalité de village.
Dans ma région, M. le Président, vous avez Saint-Jean qui
a une population de 35,000 hommes et, tout à côté, vous
avez certaines petites municipalités, notamment la municipalité
de Saint-Blaise. Saint-Blaise n'a jamais voulu, pour une raison ou pour une
autre, fusionner son service d'incendie avec la ville de Saint-Jean, avec le
résultat que trois ou quatre petites municipalités plus
éloignées de Saint-Jean que Saint-Blaise ont décidé
de fusionner leur service d'incendie. Il y a quinze jours, un incendie se
déclare aux limites de la paroisse de Saint-Blaise, tout près de
Saint-Jean. On appelle le service d'incendie le plus près de ce lieu
où la maison prenait feu, Saint-Jean répond à l'appel,
mais Saint-Jean ne peut éteindre le feu pour la simple raison que la
municipalité de Saint-Biaise, voulant conserver un certain fief comme le
disait la député de Saguenay, avait décidé de
fusionner son service avec une municipalité éloignée de
cinq à six milles, avec le résultat que, lorsque le camion
à incendie de ladite municipalité est arrivé sur les lieux
il ne restait que le solage à éteindre.
Je pense qu'il est temps qu'on donne le pouvoir au ministre des Affaires
municipales d'établir une cohérence dans les unités de
regroupement pour empêcher justement que des cas comme celui que je viens
de vous mentionner se reproduisent, non seulement dans le comté de
Saint-Jean mais aussi dans d'autres régions du Québec.
Jusqu'ici, lorsque des municipalités voulaient se fusionner, il
fallait absolument que toutes les municipalités susceptibles de se
fusionner acceptent la fusion. Le projet de loi donne ici une incitation
très forte en ce sens que cela ne prendra que la moitié des
municipalités à l'intérieur de l'unité de
regroupement pour fusionner si possible toute cette unité. Si, par
exemple, Saint-Jean ou Saint-Luc décidaient de se fusionner et que ces
deux municipalités étaient comprises dans une unité de
regroupement incluant Saint-Blaise, celle-ci serait obligée de se
fusionner avec Saint-Jean et Saint-Luc, et à Saint-Blaise, on aurait pu
éteindre un incendie et on aurait empêché un "payeur de
taxes", comme dit le député de Rouyn-Noranda, de subir une perte
de $30,000 à $35,000.
Uniquement pour ces raisons, il est suffisant de voter pour le principe
de cette loi qui favorise le regroupement municipal. Je suggère
tout simplement au député de Saint-Maurice, qui qualifiait
tout à l'heure cette loi de réformette, de petite loi, etc.,
qu'après avoir voté le principe du regroupement il propose au
ministre des amendements susceptibles de faire que la réformette, comme
il dit, devienne une véritable réforme.
D'ici là, il n'y a aucun membre de cette auguste
Assemblée...
M. PAUL: Il est mort, Auguste, cela fait longtemps.
M. VEILLEUX: ... qui puisse s'empêcher de voter en faveur du
principe de cette loi, loi qui favorise le regroupement des
municipalités. Merci.
M. LE PRESIDENT (Carpentier): L'honorable député de
Beauce.
M. Fabien Roy
M. ROY (Beauce): M. le Président, au risque de décevoir
l'honorable député de Saint-Jean qui vient de prendre la parole,
je crois bien qu'il y aura des membres en cette Chambre qui voteront contre le
projet de loi du regroupement des municipalités.
Le bill 276, intitulé Loi favorisant le regroupement des
municipalités, nous porte à nous interroger sérieusement
sur les véritables intentions du gouvernement; nous porte à nous
interroger sérieusement sur ce que le gouvernement a l'intention de
proposer aux municipalités qui vont se regrouper, à savoir s'il y
aura autre chose que de petites incitations pour le regroupement et ce que fera
le gouvernement aussitôt que le regroupement sera accompli.
Nous aurions été en droit de nous attendre à avoir
un projet de loi favorisant le développement des municipalités du
Québec, mais au lieu d'avoir un projet de loi favorisant le
développement des municipalités du Québec, nous avons un
projet de loi favorisant le regroupement des municipalités. Et les
regrouper pourquoi et en fonction de quoi? Nous savons que le problème
no 1 des municipalités du Québec, à l'heure actuelle, est
un problème fiscal, avoir des capitaux pour pouvoir donner les services
que l'on doit donner à la population qui les réclame.
Au lieu de trouver des moyens pour mettre à la disposition des
municipalités du Québec plus de capitaux, le gouvernement cherche
par des moyens subtils à récupérer et à mettre plus
de monde dans l'assiette fiscale pour tâcher d'organiser des diversions
et de plus grosses chicanes.
Nous le savons, le gouvernement le sait, l'ancien gouvernement le sait
encore, le problème, c'est que l'assiette fiscale des
disponibilités financières qui sont à la dispositions des
municipalités du Québec est trop petite. Le gouvernement le sait
mais il ne fait rien. Et dans sa loi de regroupement des municipalités
du Québec, il passe encore à côté du
problème.
On veut regrouper les municipalités du Québec parce que
l'on dit qu'il y a trop de municipalités au Québec. Nous savons
qu'il n'y a pas tellement longtemps, pas plus d'une dizaine d'années,
quinze ou vingt ans, il y avait plusieurs municipalités au Québec
qui se subdivisaient mais on ne s'est pas interrogé sur la raison pour
laquelle tant de municipalités cherchaient à se subdiviser
plutôt qu'à se regrouper.
On n'a pas cherché à trouver les causes de ces
subdivisions, il n'en est aucunement fait mention dans le projet de loi, ni
dans le livre blanc que nous a présenté le ministre, ni dans
aucun rapport.
Si les municipalités du Québec ont cherché à
se subdiviser, il y a eu certainement des raisons, des causes qui ont
motivé cet état de fait.
Lorsqu'on prend le temps de visiter les gens dans nos comtés, de
faire le tour de nos comtés, de rencontrer les maires de nos petites
municipalités et de discuter avec eux de leurs problèmes, on se
rend compte que la subdivision municipale est justement arrivée pour
trois facteurs bien précis. Premièrement, pour des raisons
économiques; on a trouvé plus économique de subdiviser les
municipalités pour se donner les services dont on avait besoin sans
avoir à recourir à de grosses formules et augmenter les
discussions et faire en sorte que les centres de décisions deviennent de
moins en moins capables de prendre les décisions qui s'imposaient.
Les gens se sont regroupés en petites municipalités pour
se donner les services dont ils avaient besoin et au meilleur coût
possible.
Une deuxième raison qui a fait que les municipalités se
sont subdivisées a été une raison d'efficacité.
C'était plus facile d'organiser les travaux municipaux qui s'imposaient,
et qui étaient réclamés par la population de toute
urgence, tant dans de petites que dans de grosses municipalités. Le
problème était circonscrit, et c'étaient les gens en place
qui avaient justement le pouvoir de décision, parce que le pouvoir de
décision était très près de la population.
Une troisième raison pour laquelle les municipalités ont
cherché à se subdiviser au Québec, dans nos territoires a
été une raison budgétaire. Comme le budget était
trop petit, il y avait le problème de la répartition du budget
dans le territoire, il y avait des problèmes dans les villages, il y
avait des problèmes du côté des rangs. Par exemple,
lorsqu'on parle des municipalités exclusivement rurales, du fait
qu'elles n'avaient pas suffisamment d'argent pour donner tous les services, il
y a toujours eu un risque de conflit entre les besoins des municipalités
de villages et les besoins des municipalités de campagne parce que,
justement, les deux avaient des problèmes, avaient des travaux à
faire, mais les disponibilités financières, les
disponibilités fiscales ne leur permettaient pas de faire les deux. Les
gens ont subdivisé leur municipalité pour ces raisons.
Par son projet de loi sur le regroupement
municipal, est-ce que le gouvernement offre réellement des
services plus avantageux aux municipalités qui se retrouveront
regroupées? D'abord, est-ce que ce sera plus économique? Le
gouvernement ne nous en a pas fait la preuve. Il y aurait passablement de
discussions sur ce point. Deuxièmement, est-ce que ce sera plus
efficace? C'est un point sur lequel on peut se demander...
M. VEILLEUX: Oui!
M. ROY (Beauce): Le député de Saint-Jean a fait son
discours, et j'ai été assez poli pour ne pas l'interrompre.
Alors, je vous demanderais, M. le Président, de le rappeler à
l'ordre même s'il est près de la console des techniciens.
M. VEILLEUX: Question de règlement. Le député de
Beauce...
M. ROY (Beauce): Ce n'est pas une question de règlement. Je l'ai
demandée et c'est moi qui ai la parole. J'ai demandé au
président de bien vouloir faire asseoir le député de
Saint-Jean...
M. VEILLEUX: Question dérèglement...
M. ROY (Beauce): On l'a laissé faire son discours tout à
l'heure sans l'interrompre.
M. LE PRESIDENT: Quel article?
M. VEILLEUX: M. le Président, je réponds aux
interrogations du député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je n'ai jamais vu de rappels au
règlement aussi insignifiants depuis que je siège en cette
Chambre. Quand on n'a rien à dire, ce sont à peu près des
choses comme celles-là que l'on dit pour interrompre les autres dans
leurs interventions.
Je disais donc qu'on peut se poser trois questions sur le regroupement
des municipalités. Est-ce que ce sera plus économique? Est-ce que
ce sera plus efficace? Est-ce que les problèmes de disponibilités
budgétaires vont être résolus, sinon en tout, au moins en
partie? Le gouvernement ne nous l'a pas dit. Le gouvernement n'a rien
laissé entendre, parce qu'il ne nous a pas annoncé en même
temps une politique financière qu'il entendait adopter pour permettre
des services aux municipalités de façon qu'elles puissent se
financer à meilleur marché qu'à l'heure actuelle et que ce
soit plus facile pour elles d'aller sur le marché des capitaux lorsqu'il
est nécessaire de faire des emprunts.
M. le Président, je pense que regroupées ou pas non
pas que nous nous opposions à ce que certaines municipalités
regroupent certains services, comme le disait le député de
Saint-Jean tout à l'heure, nous ne pouvons nous opposer à
ça il appartient aux gens dans les municipalités de
décider ce qui est bon et avantageux pour eux.
Je ne crois pas que le gouvernement soit capable à l'heure
actuelle, de décider aux lieu et place des gens qui font partie des
différentes municipalités du Québec. On parle
d'établir des unités de regroupement? Si on se
réfère au document que le gouvernement a mis à notre
disposition, qui accompagnait le livre blanc, on a vu, dans tous les
comtés du Québec une carte de distribution des
municipalités. Si le gouvernement se base encore sur les mêmes
critères pour établir les unités de regroupement, bien, je
me demande sérieusement si ceux qui ont préparé ces plans
connaissent réellement la province de Québec et s'ils l'ont vue
ailleurs que sur une carte routière. Je ne veux pas parler pour les
autres comtés mais en ce qui a trait au comté de Beauce, c'est
tout simplement ridicule de voir la façon dont le gouvernement a
établi ces unités de regroupement.
M. le Président, on veut imposer cela à la population par
des moyens artificiels, sous prétexte qu'à un moment donné
cela a favorisé les regroupements volontaires, en organisant une
politique de subvention appropriée, en organisant une politique
d'incitation pour obliger les grosses municipalités à trouver les
moyens nécessaires pour tâcher de convaincre les petites
municipalités qui les entourent d'embarquer dans le giron du
regroupement afin de pouvoir bénéficier de certaines subventions
pour accomplir les travaux urgents. Je pense qu'on passe encore à
côté du problème. On manque de réalisme. Nous sommes
en train de nous demander, réellement, si le gouvernement, à
l'heure actuelle, dans sa planification, n'est pas formé, comme le dit
le député des Iles-de-la-Madeleine, de pelleteurs de nuages.
Nous avons référé également au
congrès annuel de l'Union des municipalités du Québec, qui
a donné lieu à un large échange de vues entre les maires
et de nombreuses personnalités invitées, dont plusieurs
ministres. Les problèmes fiscaux ont, bien sûr, largement
été débattus puisque les municipalités ont le
rôle ingrat de percevoir des taxes. Elles ont droit aux pouvoirs et
responsabilités correspondants. Dans cette optique, l'intervention de M.
Marc Perron, gérant de la ville de Laval, a semblé cerner d'assez
près les problèmes des municipalités, comme on peut s'en
rendre compte par l'intervention qu'il a faite et par certains passages des
allocutions qui ont été prononcées.
Or, la situation financière de la grande majorité des
municipalités québécoises est précaire. Cela, nous
le savons. Selon un sondage récent, on discerne trois principaux
problèmes administratifs qui, par ordre d'importance, sont les suivants:
des moyens financiers limités, comme nous venons de le dire; l'absence
d'une méthode de gestion moderne et l'absence de planification. On
semble vouloir accuser nos municipalités de ne pas avoir recours
à des méthodes modernes de gestion. On pourrait peut-être
se demander ce qu'elles ont à gérer et à administrer.
On parle aussi d'une absence de planification. Qu'est-ce que cela donne
de faire de la planification au niveau municipal à l'heure actuelle,
alors qu'on n'est pas capable d'avoir les capitaux nécessaires pour
établir des réseaux d'égout et d'aqueduc, pour faire des
travaux de voirie, des travaux de rue, des trottoirs et pour les autres
services de la municipalité?
On veut les regrouper, mais pourquoi? Dans mon comté, à
l'heure actuelle, il y a des municipalités qui, depuis dix ans,
réclament et font des voyages auprès du gouvernement pour avoir
des services du ministère des Affaires municipales, pour être
capables d'exécuter les travaux qui sont urgents et que la population
réclame. On est encore au stade des voyages auprès du
gouvernement qui répond qu'il n'a pas de budget. Regrouper les
municipalités du Québec pour faire quoi? C'est la question qu'on
peut se poser.
D'autre part, l'insistance des représentants municipaux au cours
de cette conférence à demander de façon de plus en plus
pressante une réforme de la fiscalité on l'a
demandé et le retrait de la concurrence scolaire dans le domaine
des impôts fonciers qui est en quelque sorte un problème
financier.
Si nous consultons les statistiques officielles depuis 15 ou 20 ans,
force nous est de constater que les charges financières des
municipalités se font de plus en plus lourdes. Il est vrai que les
dépenses ne cessent de croître, car alors qu'elles atteignaient
à peine $200 millions en 1955, elles ont quadruplé depuis. La
dette municipale, d'autre part, qui, à la même époque, se
situait aux environs de $530 millions a quintuplé durant la même
période pour atteindre aujourd'hui $2,500 millions.
M. TESSIER: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
On est à parler de fiscalité municipale. C'est très
intéressant d'entendre le député de Beauce. C'est
évident que c'est un problème primordial pour les
municipalités, mais il faut tout de même faire la distinction
entre fiscalité municipale et le regroupement des municipalités.
Or, je soumets qu'on doit s'en tenir à la loi présente, qui
favorise le regroupement des municipalités et non pas la
fiscalité municipale.
M. LE PRESIDENT: J'ai été jusqu'à maintenant
très large en acceptant les remarques du député de Beauce,
mais je voudrais également lui rappeler qu'il doit s'en tenir au
principe du bill 276. Je compte sur la collaboration de tous et de chacun afin
qu'on s'en tienne précisément au bill en discussion. Sans
ça, nous allons nous lancer dans des discussions qui peuvent amener
n'importe quel objet ou débat adjacent. Je compte, encore une fois, sur
la collaboration généreuse de tous les députés et
les invite à s'en tenir précisément à la discussion
du bill que nous étudions présentement soit le bill 276, Loi
favorisant le regroupement des municipalités.
J'invite les députés à cette collaboration.
M. ROY (Beauce): Merci, M. le Président. Dans l'étude du
projet de loi no 276, j'ai fait référence à la
fiscalité parce qu'à l'heure actuelle on ne peut pas ne pas
parler de fiscalité lorsqu'on parle de regroupement des
municipalités, puisqu'on veut justement faire du regroupement municipal
pour permettre aux municipalités de jouer leur rôle. Si on refuse
de parler de fiscalité, on passe à côté du
problème. Or, c'est justement là qu'on voit les intentions du
gouvernement, qui sont encore de passer à côté du
problème fondamental des municipalités du Québec et que le
gouvernement veut reporter le problème dans des chicanes, dans des
débats de structures au lieu de s'attaquer au problème de fond,
au problème fondamental.
Or, par voie de référence et le règlement
nous le permet nous pouvons faire un parallèle à ce
moment-ci pour démontrer au gouvernement que la loi favorisant le
regroupement des municipalités devrait être plus complète
et aurait dû contenir un aspect du problème pour permettre de
régler le problème fiscal que les municipalités doivent
envisager.
C'était le sens de mon intervention.
Loin de moi l'intention de m'écarter du sujet et d'aborder un
sujet qui n'avait aucun rapport avec le présent projet de loi. Je disais
donc que le véritable problème fondamental je sais que
ça fait mal au ministre, au gouvernement c'est un problème
fiscal, le problème financier. Et si le gouvernement continue à
vouloir refuser de ne pas l'aborder, nous allons constater, dans deux, trois,
quatre ou cinq ans qu'il n'y a absolument rien de réglé au
Québec, qu'on a fait énormément de débats au niveau
des structures municipales, mais que nos municipalités ont
continué de s'embourber, que les problèmes sont restés
là, qu'il n'y a à peu près absolument rien de
réglé. C'était pourquoi je voulais intervenir en parlant
un peu du problème fiscal.
Vous me permettrez de faire un parallèle puisqu'on veut
parler de regroupement et qu'on ne semble pas tellement intéressé
de parler du problème fiscal, le seul moyen qui pourrait régler
la question entre ce qui s'est fait en France au niveau du regroupement
et citer quelques statistiques et ce que le gouvernement a
l'intention de faire au Québec.
En France, sur 38,000 municipalités ou communes, on compte 35,000
municipalités rurales, groupant 17 millions d'habitants, soit une
moyenne de 500 personnes par commune. Effectivement, 3,500 municipalités
françaises comptent actuellement moins de 100 contribuables.
Le Québec, au contraire, compte plus de 1,635
municipalités dont plus de 1,100 affichent une population
inférieure à 1,500 habitants. C'est dire que 70 p.c. du nombre
total des municipalités québécoises représentent
à peine 18 p.c. de la population du Québec. C'est dire de plus
qu'en France 95 p.c. du nombre
total des municipalités représente à peine 30 p.c.
de la population.
Depuis 1884, la France recherche une solution miracle au regroupement
municipal. Nous comprenons que le gouvernement actuel comme l'ancien
gouvernement cherche aussi une solution miracle. En 1963, se basant sur
une législation suédoise rendant obligatoire la suppression de
toutes les municipalités de moins de 4,000 habitants, un projet du
ministère de l'Intérieur l'équivalent de notre
ministère des Affaires municipales avait prévu la
disparition de 3,500 centres de moins de 100 habitants ainsi que de très
nombreuses communes de moins de 200 personnes.
Ce projet remarquez bien, M. le ministre souleva de
violentes protestations et le gouvernement dut l'abandonner. La coercition
devait alors faire place à la persuasion: subventions accordées
en priorité aux municipalités regroupées c'est
drôle comme ça se ressemble et majoration substantielle de
ces subventions
La formule principale de regroupement en France consiste, bien entendu,
en une fusion volontaire. Malgré les subventions et les autres
incitations à se fusionner, seulement 197 communes sur plus de 35,000
ont disparu entre 1962 et 1966. La fusion volontaire n'est donc pas plus
populaire en France qu'au Québec.
Mais il y a tout de même une autre forme de regroupement qui a
tenté de s'effectuer et qui s'est avérée beaucoup plus
populaire chez la majorité des petites municipalités. Elle
consiste en une ordonnance qui prévoit la création de syndicats
de communes. En France, le syndicat de communes peut être à
vocation unique ou à vocation multiple, selon les besoins de la
communauté. Il existe actuellement 6,500 syndicats de communes en
France.
Le syndicat de communes, qui ressemble étrangement à la
nouvelle formule proposée par le ministre sous le nom de
communauté municipale, peut exercer des pouvoirs différents d'un
endroit à l'autre selon les besoins. Cette dimension géographique
peut changer selon le désir des municipalités membres. Ce n'est
tout de même pas ça qu'on nous propose. Le syndicat de communes
et c'est là que c'est intéressant, M. le Président
est financé entièrement par le gouvernement central et n'a
pas le droit de recourir à la taxe locale.
Si le ministre des Affaires municipales, le gouvernement, en nous
proposant une loi en vue de favoriser le regroupement des municipalités,
nous disait à l'avance: les municipalités vont se regrouper au
niveau de tel service, vous aurez telles subventions statutaires, pour tel et
tel service, dans tel et tel domaine, et selon des critères de besoins
pour que les municipalités en connaissent les avantages réels,
là on pourrait dire qu'il y amélioration, que le projet de loi
favorisant le regroupement des municipalités va certainement apporter
des solutions aux nombreux problèmes qui se posent, et là on
pourrait dire, M. le Président, que nous faisons un pas en avant. Mais,
M. le Président, le député de Saint-Maurice l'a dit tout
à l'heure, qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi? Où est-ce
que le gouvernement se dirige avec ce projet de loi?
Un regroupement municipal ici, un petit regroupement municipal à
200 milles plus loin, un regroupement municipal 100 milles au nord, un autre
regroupement municipal à 75 milles au sud, puis on va se
réveiller avec quoi?
M. GARNEAU: Toutes les municipalités vont être
regroupées.
M. ROY (Beauce): On va se réveiller, parce que le gouvernement
n'a aucune politique précise dans ce domaine, puis le gouvernement n'est
pas capable d'avoir de politique précise dans ce domaine, parce que le
gouvernement n'a pas de capitaux pour lui permettre de s'engager, pour quelques
années, au moins et dire aux municipalités: Si vous voulez
regrouper certains services, vous allez bénéficier de telles
choses, de tels services, vous allez avoir tels avantages.
Mais, M. le Président, cherchons les avantages dans le bill 276
qui favorise le regroupement des municipalités du Québec. On n'en
trouve à peu près aucun, sauf du petit bonbon. Cela me fait
penser un peu à du bonbon qu'on servirait à des gens qui meurent
de faim. Alors ça peut soulager durant dix minutes, quinze minutes, une
demi heure pour permettre de retarder un problème, de le reporter
à plus tard.
Alors, M. le Président, nos municipalités ont
énormément de problèmes, comme nous l'avons dit tout
à l'heure. Avec le regroupement des municipalités, s'il y avait
lieu de croire que le gouvernement va mettre plus de capitaux à leur
disposition pour leur permettre de construire des usines d'épuration, de
façon à pouvoir lutter efficacement contre la pollution, on
pourrait dire qu'il y a certainement des avantages à voter pour un tel
projet de loi, mais il n'y a rien dans le projet de loi. Lorsque les
municipalités font des demandes pour la construction d'égout et
d'aqueduc ou autres, pour les besoins municipaux, on parle de regrouper des
services, mais quels services veut-on regrouper? Et ces services une fois
regroupés, est-ce qu'on va être capable de les donner à la
population? C'est la question qu'on peut se poser. Le gouvernement n'a pas de
réponse de ce côté-là. On ne semble pas bien
intéressé à ce que l'on discute de la question
fiscale.
Il y a aussi un autre point sur lequel je veux attirer l'attention du
gouvernement, c'est que le gouvernement du Québec, à l'heure
actuelle, blâme le gouvernement central de trop centraliser,
d'éloigner les centres de décision, et le gouvernement veut
justement, par le regroupement municipal, faire de la centralisation. On fait
exactement le contraire au niveau des municipalités que ce que le
même gouvernement réclame au niveau du gouvernement
fédéral et on veut éloigner les centres de décision
de
la population et tout ça au nom de la démocratie, au nom
de la démocratisation, comme on se plaît à le dire.
M. le Président, il est évident que'ce projet de loi ne
nous conduit nulle part, ce projet de loi ne fait que reporter le
problème. Ce projet de loi ne faut qu'augmenter la discussion et la
division. Ce projet de loi ne réglera absolument rien et nous allons
nous retrouver dans trois ans, dans quatre ans, cinq ans, avec des
problèmes encore plus aigus, avec encore plus de problèmes et il
n'y aura absolument rien de réglé au Québec.
Si le gouvernement se veut un gouvernement efficace, un gouvernement
dynamique, un gouvernement compétent, comme il se plaît à
le dire lui-même, je pense qu'il n'aurait pas d'autre chose à
faire que de reprendre son projet de loi no 276, d'élaborer une
véritable politique favorisant le développement des
municipalités du Québec, de véritables politiques
favorisant le développement des services municipaux au Québec. Et
je pense qu'à ce moment-là ce projet de loi pourra trouver
l'unanimité des membres de la Chambre.
On pourrait alors faire plaisir à l'honorable
député de Saint-Jean.
Etant donné l'absence de toutes ces choses, nous n'avons pas
d'autre choix que de voter contre ce projet de loi.
M. VEILLEUX: Le député de Beauce a pensé à
moi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le projet de loi qui nous est
présenté à l'heure actuelle veut être un geste qui
indique la volonté du gouvernement de procéder à une
planification de l'administration à tous les paliers sur l'ensemble du
territoire du Québec. L'objectif de ce projet de loi est certainement
louable en soi, mais on peut se poser la question suivante: Est-ce que le
gouvernement procède, à l'heure actuelle, dans un ordre logique
ou s'il ne met pas plutôt la charrue devant les boeufs?
Le projet de loi no 276 s'intitule Loi favorisant le regroupement des
municipalités. L'intention est donc formellement marquée, et je
ne crois pas que nous puissions avoir d'objection à une telle
volonté du gouvernement. Il s'agit, au fait, d'établir un
ensemble de structures, de créer, par la suite, des mécanismes
qui s'intégreront dans le cadre de ces structures, afin de coordonner
l'activité des diverses municipalités que l'on veut regrouper
à des fins d'amélioration, d'accroissement des services, de
création de services là où lesdits services n'existent
pas.
Le projet de loi vise aussi ce n'y est peut-être pas
explicitement déclaré à établir une
planification dans l'ordre du financement des municipalités. Il reste
cependant que, tel que libellé, le projet de loi ne nous fournit pas les
renseignements que nous serions en droit d'exiger du ministre pour comprendre
exactement la portée du projet de loi, les intentions du ministre et les
étapes des politiques qu'il entend mettre de l'avant dans l'organisation
municipale du Québec. On parle, dans les notes explicatives du projet de
loi, de regroupement par unité. On dit ceci: Ce projet autorise le
ministre des Affaires municipales à établir des unités de
regroupement pouvant comprendre les municipalités tant urbaines que
rurales. A la demande de la moitié des conseils municipaux des
municipalités de l'unité, représentant 50 p.c. de la
population globale de l'unité, le gouvernement pourra approuver la
fusion des municipalités de l'unité.
Or, je crois que c'est dans ce paragraphe des notes explicatives qu'est
posé le vrai problème. Qu'est-ce que seront exactement ces
unités? A quoi correspondront-elles? Je présume que le ministre a
déjà à l'esprit un organigramme, qu'il a
déjà dans ses dossiers, une carte, qu'il a déjà
défini les frontières de ce qu'il appelle, dans les notes
explicatives du projet de loi, les unités de regroupement. Ces
unités ne peuvent exister qu'à partir du moment où
existent, entre les diverses composantes, des affinités
économiques, des affinités sociales, des affinités qui
tiennent aux besoins de ces diverses unités, de ces diverses
constituantes et qui les forcent à former ce que les notes explicatives
du projet de loi décrivent comme étant des unités de
regroupement.
Mais pourquoi le ministre, en nous présentant ce texte de loi, ne
nous a-t-il pas fourni les documents qui nous permettraient de voir comment ces
unités peuvent être déterminées, comment les
frontières de ces unités peuvent être établies pour
que le regroupement dont il parle devienne une chose naturelle, une chose qui
corresponde vraiment à des exigences locales déterminées
et apparaissant à l'évidence dans les milieux qui formeront les
unités de regroupement dont parle le projet de loi?
M. le Président, on a dit tout à l'heure celui qui
vous a précédé au fauteuil a alors interrompu le
député de Beauce qu'il n'était pas question ici de
discuter de la fiscalité municipale. Je suis d'accord, et je ne veux pas
engager le débat sur ce terrain, mais il reste que le regroupement des
municipalités va nécessairement entraîner un
réaménagement de la fiscalité municipale.
On s'en occupe à l'heure actuelle, on y travaille. Etant
donné l'aspect primordial de la fiscalité municipale au regard de
la loi que nous étudions actuellement, je me demande pourquoi le
ministre n'a pas attendu que nous ayons entre les mains ce rapport sur la
fiscalité municipale afin de voir comment exactement les structures
qu'il nous propose, qu'il entend créer par son projet de loi
entraîneront des
dépenses et comment elles modifieront les mécanismes de la
fiscalité municipale. Pourquoi le ministre ne nous a-t-il pas
présenté, d'abord, ce rapport afin que nous puissions tout de
suite découvrir que ce qu'il propose va fonctionner normalement parce
que cela répondra à des besoins que déjà le rapport
sur la fiscalité municipale aura établis?
Il y a quelques mois déjà, j'avais interrogé le
ministre des Affaires municipales c'était
précisément le 12 août 1971, alors que nous
étudIlons le livre blanc sur la réforme des structures
municipales sur le rôle que seraient appelés à jouer
les conseils de comté.
Il y a quelques semaines, à l'occasion d'une séance de la
commission parlementaire des Affaires municipales, qui étudiait le
projet de loi 48, j'ai rappelé au ministre la déclaration qu'il
avait faite où il indiquait l'intention éventuelle du
gouvernement de donner plus de pouvoirs aux conseils de comté. Cela
m'avait amené à lui demander: Est-ce qu'en même temps vous
allez leur donner également plus de moyens financiers? Le ministre
m'avait répondu, à ce moment-là, soit le 12 août
1971 cela se retrouve à la page B/3548 du rapport de la
commission parlementaire : "Nous ne pouvons pas vous donner de
renseignements avant que d'avoir reçu ce rapport sur la fiscalité
municipale."
Au moment où je lui rappelais cette déclaration, il y a
quelques semaines, en commission parlementaire, le ministre m'a dit: Je n'ai
jamais dit cela. Je serais extrêmement heureux que le
député de Chicoutimi me donne la preuve que j'ai bien fait telle
déclaration.
Je prierais le ministre de s'en rapporter à la page B/3548 du
rapport de la commission qui a étudié le livre blanc sur la
réforme des structures municipales, le 12 août 1971, où le
ministre me disait ceci: "M. Tessier: Il n'y a pas de contradiction entre les
pouvoirs qui sont requis par les conseils de comté et ceux qui peuvent
être incorporés dans le projet de loi-cadre des communautés
municipales. Il s'agit maintenant, en face de ces recommandations et
suggestions, de les étudier en profondeur, d'en discuter avec l'Union
des conseils de comté pour voir s'il n'y aurait pas lieu d'apporter
certains amendements à la Loi des conseils de comté pour
étendre les pouvoirs des conseils de comté."
Ce qui m'avait incité, je le répète, à lui
demander s'il accorderait en même temps des pouvoirs additionnels dans le
domaine financier aux conseils de comté et le ministre m'avait
répondu je le reprends encore une fois que le rapport sur
la fiscalité municipale permettrait au gouvernement d'annoncer si oui ou
non lesdits conseils de comté obtiendraient des pouvoirs financiers
accrus.
Si je fais cette précision, c'est que le ministre avait
jeté les hauts cris et qu'il avait déclaré que ce que
j'avançais alors à la séance de la commission des Affaires
municipales n'était pas exact, qu'il n'avait pas fait telle
déclaration. Je fais donc la mise au point afin que le ministre se
souvienne de ce qu'il avait dit. Si j'insiste là-dessus, c'est que dans
le projet de loi qu'il nous propose, il n'est pas question des conseils de
comté. Or, le ministre ayant déclaré que les conseils de
comté auront très probablement des pouvoirs accrus, il est
important de savoir quels sont les moyens financiers qu'il mettra à la
disposition des municipalités et à la disposition des conseils de
comté. A moins que le ministre n'ait décidé d'abolir les
conseils de comté, ce qui serait évidemment un recul très
net sur ce qu'il a déclaré, affirmé à l'Union des
conseils de comtés. Ce qui serait, en somme, une
dénégation des propos qu'il a tenus en les assurant que non
seulement ils ne seraient pas abolis mais qu'ils auraient des pouvoirs
additionnels.
Il y a aussi un autre problème qui m'inquiète et qui m'a
incité à prendre la parole cet après-midi. Est-ce que le
ministre a examiné de façon très nette, de façon
très précise, très minutieuse le découpage
éventuel de la carte du Québec aux fins d'établir ce qu'il
appelle les unités de regroupement? Il y a évidemment dans toutes
les régions du Québec des pôles naturels d'attractions. Il
est bien clair que, dans une région comme la mienne, des villes comme
Chicoutimi, Jonquière, Arvida, Kénogami, les villes de
Chicoutimi-Nord, Bagotville, Port-Alfred, Grande-Baie constituent des
unités naturelles de regroupement. Mais il reste qu'il y a, gravitant
autour de ces pôles normaux d'attraction, un ensemble de petites
municipalités qui en sont fort éloignées. Qu'on songe
simplement à la distance qu'il y a entre l'Anse Saint-Jean et cette
agglomération qu'on appelle communément, chez nous, la Baie.
Prenons, par exemple, le comté de Roberval. Il y a des pôles
d'attraction: Dolbeau, Mistassini, Normandin, Saint-Félicien,
Roberval...
M. HARVEY (Jonquière): Il ne faut pas comparer cela au
Saguenay.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Jonquière
dit qu'on ne peut pas comparer cela au Saguenay. Il aura l'occasion de le dire,
d'en parler et de donner son point de vue. Je serai heureux de l'entendre
là-dessus, parce qu'il est intéressé comme moi...
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député de
Chicoutimi me permettrait une question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je veux bien.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que, dans les explications que le
député de Chicoutimi donne à cette Chambre, explications
qui sont vraiment nécessaires, il tente de faire un parallèle
d'unités possibles de regroupement entre les petites
municipalités qu'il y a près de la
conurbation du haut Saguenay en comparant cette unité naturelle
de regroupement avec une province, au point de vue territorial, qu'il est le
comté de Roberval?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Justement, c'est là le
problème.
M. HARVEY (Jonquière): Je vous écoute.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Comme le ministre ne nous en a pas
parlé, j'ai parlé tout à l'heure du découpage de la
carte. J'ai parlé de la nécessité de définir, par
le moyen de la présentation d'une carte qui aurait dû être
jointe à ce projet de loi, le territoire afin qu'on sache exactement
où se trouvent les unités de regroupement. Dans le cas de ce
qu'on appelle chez nous le haut Saguenay, le problème ne se pose pas de
la même façon.
Mais le député de Jonquière a raison de dire que le
comté de Roberval, c'est un peu comme une sorte de province, c'est un
peu comme le comté de Saguenay, c'est un peu comme le comté de
Duplessis. Or, le ministre ne nous fournit pas d'indication en ce qui concerne
des régions comme celle de Roberval. Prenez les pôles d'attraction
que j'énumérais tout à l'heure: Dolbeau, Mistassini,
Roberval, Saint-Félicien; cependant, il y a toutes les
municipalités situées autour du lac Saint-Jean mais qui se
trouvent dans les terres à des distances assez considérables,
quelquefois 20 milles, quelquefois 25 milles. Qu'on prenne, par exemple, les
villages qui gravitent autour de ce village qui s'appelle Chambord et qui est
à 13 milles de Roberval. Vous avez la ville de Roberval, vous avez
Chambord. Vous avez Sainte-Hedwidge, qui est à 7 milles. Cela, c'est un
peu plus facile. Vous avez, d'autre part, Saint-Prime; cela peut aller du
côté de Saint-Félicien, d'accord. Vous avez Pointe-Bleue,
il y a une partie qui est la réserve de Pointe-Bleue mais il y a une
partie qui est Roberval paroisse. Vous avez ensuite les villages de
Saint-François, le lac Bouchette. Le lac Bouchette est à 18
milles de Chambord et Chambord est déjà à 13 milles de
Roberval. Vous avez ensuite Saint-François-de-Sales et
Saint-André. Simplement ce petit point-là est suffisamment
important, en ce qui nous concerne, nous qui connaissons la région, pour
demander au ministre de nous dire comment il va, géographiquement,
déterminer les unités de regroupement et permettre aux
municipalités, à tous les citoyens intéressés et
à ceux qui sont responsables des municipalités,
c'est-à-dire les maires et les conseillers municipaux, d'accepter
d'emblée le projet de loi que propose le ministre.
Je comprends, en cela je vais faire la part des choses, que ce projet de
loi va déranger des habitudes, va contrarier, si vous voulez, un certain
chauvinisme, un certain esprit de clocher. Cela, je ne veux pas en tenir
compte. Si on parle de planification à l'échelle du
Québec, je suis d'accord qu'une loi soit présentée
même si elle vient contrarier certaines habitudes et si elle vient
choquer certain esprit de clocher. Mais il reste qu'une planification comme
celle-là doit être conçue de façon à
répondre à des besoins, de façon à donner des
services mais à les donner dans un cadre qui soit naturel, qui soit
normal et qui n'entraîne pas de dépenses extraordinaires.
M. le Président, quand le ministre nous disait, tout à
l'heure il avait raison que le projet de loi ne porte pas sur la
fiscalité municipale, il devrait quand même admettre, en
même temps, que ce regroupement va exiger un examen très
approfondi de tout le problème de la fiscalité municipale.
L'objectif qu'il veut atteindre d'un regroupement volontaire, d'un regroupement
par unités de municipalité de ville ou de municipalité
rurale ne sera accepté que dans la mesure où les responsables des
municipalités, soit les municipalités de ville ou les
municipalités de campagne, seront capables de voir qu'il est possible
d'obtenir plus de services à un coût moindre ou d'obtenir des
services qui vont coûter très cher et qu'ils accepteront
d'organiser ou de laisser organiser, à condition que le ministre
déclare tout de suite, ou tout au moins dans les plus brefs
délais, quelle est l'intention du gouvernement en ce qui concerne les
barèmes qui serviront à établir les subventions dont
auront fatalement besoin ces municipalités qui seront regroupées
à des fins de services.
Je ne suis pas, personnellement, un expert en droit municipal. Je ne
suis pas un expert en questions municipales. Mais je vis quand même dans
un territoire où il y a multiplicité d'entités
municipales. Les groupes municipaux viennent me voir
régulièrement, me posent les problèmes. J'en signalais un
encore au ministre au cours du débat avant le déjeuner. Je lui
signalais le cas de la paroisse de Chicoutimi, par exemple, qui a un
problème de service d'eau et d'aqueduc.
C'est un problème qui pourra se régler, et je sais que le
ministre va le régler à la satisfaction des citoyens, selon
d'ailleurs une promesse qu'a faite le député de Jonquière
à ce sujet.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'invoque mon
privilège de député. Le député de
Jonquière n'a jamais fait de promesse aux dirigeants de la paroisse de
Chicoutimi, si ce n'est celle d'être toujours disponible pour tous
citoyens afin de renvendiquer ce qui leur revient de droit de la part de chacun
des ministères de l'administration provinciale.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Exerçant toujours une absolue objectivité quel que soit le
côté de la Chambre en présence, je suis dans l'obligation
de dire à l'honorable ministre du Revenu, député de
Jonquière, que ce n'est pas une question de privilège qu'il
soulève. Il veut rétablir les faits, ce qu'il aura droit de faire
en vertu du règlement lorsque l'honorable député de
Chicoutimi aura terminé son intervention.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, je ne veux pas
insister sur cette promesse solennelle ou secrète qu'a faite le
député de Jonquière les représentants de la
paroisse de Chicoutimi me l'ont confirmé encore ce matin à
cette municipalité et je n'insisterai pas non plus sur le fait qu'on les
aurait menacés d'être pénalisés s'ils ne signaient
pas une requête pour que l'édifice administratif régional
soit construit à Jonquière. Enfin, le député de
Jonquière pourra s'expliquer là-dessus, comme vous l'avez dit.
Alors, je reviens à ceci, en disant que les municipalités,
à des fins de services, pour de meilleurs services, pour la
création de services qu'elles n'ont pas, accepteront de se regrouper
à la condition que le ministre leur dise de quelle façon elles
vont pouvoir le faire financièrement. Pour cela, il faut que le ministre
nous dise quels seront les barèmes qui serviront à
déterminer les subventions à des fins de regroupement pour les
services, etc.
La loi, telle qu'elle est présentée et je ne veux
pas insister davantage me parait, dans son principe, valable. Mais,
parce qu'elle prend le problème par la fin et parce que le ministre ne
nous a pas fourni des renseignements qui nous permettraient de comprendre
l'ensemble de la structure et la façon dont cette structure va
s'intégrer dans le cadre d'une planification municipale, en raison de
toutes ces absences, nous nous posons la question, savoir si c'est une loi
valable. Si on ne procède pas encore une fois dans ce domaine, comme en
bien d'autres, à la pièce, si on ne fait pas de la
législation à la petite semaine en créant des structures
sans nous dire ce qu'il y aura dedans et sans nous dire comment ces structures
vont s'intégrer à d'autres structures et s'articuler à un
mécanisme général qui doit être celui de la
planification du Québec.
Ainsi donc, j'attendrai la réplique du ministre. Je lui demande
de nous fournir des renseignements sur le découpage de la carte, sur les
critères qui vont servir à établir les unités de
regroupement, sur les critères qui vont servir aussi à financer
ces regroupements de municipalités. J'attends ces renseignements du
ministre avant de dire que je lui donne mon appui plein et entier, avant de lui
dire que je vais accepter même le principe du projet de loi qui je
l'ai dit tout à l'heure est bon in se, mais une chose peut
être bonne in se, mais devenir mauvaise à partir du moment
où on la met en application dans un cadre déterminé. Parce
qu'il faut ici distinguer entre l'aspect essentiel et l'aspect
opérationel.
Ce que le ministre nous propose dans son projet de loi, c'est l'essence
d'un regroupement municipal, mais il ne nous a pas présenté les
éléments qui nous permettraient de voir comment se fera
l'opération. A l'aspect opérationnel, le ministre n'a pas
touché, il ne nous a pas fourni suffisamment d'indications pour que nous
puissions, en toute objectivité, accepter un projet de loi aussi
incomplet que celui qu'il voudrait nous voir adopter cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu.
M. Gérald Harvey
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, j'ai entendu avec
beaucoup d'intérêt les arguments et les explications que donnait,
sur la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le député de
Chicoutimi, il y a quelques instants.
Moi, je me réjouis aujourd'hui du fait que, par le bill 276, on
cesse de jouer, dans le domaine du développement municipal et, surtout
du regroupement municipal, le jeu d'hypocrisie des mariages de raison ou des
mariages d'amour. Ce bill permet au ministre des Affaires municipales de faire
le regroupement dans des secteurs où c'est absolument nécessaire
pour faire face à de grands problèmes, comme celui du
développement industriel ou du développement tout court du
territoire au point de vue de l'urbanisme.
Aucune des villes, si elle est seule, ne peut développer son
territoire actuellement. Il y a ça se voit à l'oeil dans
le Québec des agglomérations comme
Trois-Rivières-Cap-de-la-Madeleine, Rouyn-Noranda et la conurbation, du
Haut Saguenay: Jonquière-Kénogami-Arvida, Chicoutimi,
Rivière-du-Moulin, Chicoutimi (paroisse). Depuis dix ans, tout le monde
crie et chante qu'il est pour le regroupement. Lorsque des municipalités
individuellement tentent de regrouper un service à un meilleur
coût pour les contribuables, on voit, pour des raisons qui
diffèrent les unes des autres, certaines municipalités qui
refusent d'emboîter le pas au niveau des services.
Par ce pouvoir que possède maintenant, dans le projet de loi, le
ministre des Affaires municipales, s'il y va de l'intérêt public,
de décréter certaines études de territoires, nous aurons,
au moins par cette étude conjointe des municipalités
concernées dans l'unité de regroupement, un rapport bien fait,
réétudié par la Commission municipale. Le problème
deviendra l'affaire des citoyens et non d'un conseil municipal en particulier
qui, avec raison et selon son mandat, a présentement des
intérêts particuliers de survivance à sauvegarder.
Les obligations nouvelles qu'ont maintenant les municipalités
nécessiteront des mises de fonds. Nous voyons, encore là, dans le
projet de loi, une politique beaucoup plus intelligente qui va faire en sorte
qu'une ville qui fait un regroupement normal, mais dont la situation
financière est excellente, va bénéficier de subventions de
l'Etat d'une façon moins accélérée qu'une autre qui
est dans une situation financière difficile.
Nous retrouvons également, dans ce projet de loi, une disposition
qui permet, dès que les études préalables des
procédures de regroupe-
ment ou de fusion commencent, une surveillance par la Commission
municipale des opérations ou des gestes posés par les conseils
respectifs des municipalités comprises dans l'unité de
regroupement.
On connaît les deux regroupements massifs qu'il y a eu dans le
Québec. Il y en a eu un, il y a quelques années, dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Ce regroupement a permis de faire une
nouvelle ville qu'on appelle la ville d'Alma. Tous se réjouissent,
depuis plusieurs années, de voir que ce regroupement a eu lieu. Nous en
avions parlé pendant quinze ans et nous n'avons pas attendu un bill
comme celui-là pour faire le regroupement. Pourquoi? Parce que les
unités à regrouper étaient très petites et que
très peu de citoyens pouvaient contester. Cela s'est avéré
un succès.
Ville de Laval, dans le Québec. Si ce droit de surveillance avait
existé, Laval, qui est un succès aujourd'hui aurait
été un triple succès quand on revoit à fond le
dossier des opérations et des décisions qui ont été
prises à partir du moment où on a commencé à parler
de faire ville de Laval jusqu'au moment où le bill, en définitive
l'a créé.
Partant de l'expérience vécue dans le regroupement
municipal depuis plusieurs années, le ministre des Affaires municipales,
entouré de conseillers judicieux, nous présente une loi qui
pourrait, comme le dit le député de Chicoutimi, comprendre une
carte. Mais quelle carte? Une carte qui porterait à confusion. Les
endroits où l'intérêt public commande le regroupement
seront déterminés par le ministre, qui permettra, dans ces
secteurs, une étude objective conjointe avec les municipalités
comprises dans l'unité de regroupement. Par la suite, la Commission
municipale, à qui, pour une fois, on fait jouer un rôle vraiment
important vis-à-vis des citoyens concernés, les contribuables,
verra elle à tenir sur place des audiences publiques qui permettront de
connaître les avantages et les désavantages d'un tel
regroupement.
Et, si nécessaire, la commission recommandera au ministre des
Affaires municipales, pour y aller d'une façon démocratique,
permettra même le référendum à l'intérieur de
cette unité de regroupement. Je pense, M. le Président, qu'encore
là, dans ce domaine du regroupement municipal ou de politiques de
développement municipal au Québec, nous avons, avec le bill 276,
un bill qui nous permet d'atteindre nos objectifs de regroupement intelligent
du territoire et de l'infrastructure municipale dans une période
beaucoup plus courte que celle qui était prévue dans les
anciennes lois.
Je pense que le ministre des Affaires municipales mérite nos
félicitations. Et je désire vivement que, dans notre
région surtout, les villes comprises dans la conurbation du
Haut-Saguenay transmettent, dans les plus brefs délais, une demande pour
faire étudier à fond cette question, pour voir s'il y a moyen,
dans une étape préalable à l'établissement d'une
magnifique ville, procéder à un regroupement naturel, avec les
bénéfices que comportent les charges additionnelles du
regroupement.
On dira, M. le Président, que regrouper va coûter des
millions. Mais si on retourne dans le passé, chez nous, dans le
territoire de la ville d'Alma, ç'a coûté, pour le
regroupement, $210,000, mais il faut bien se comprendre, c'est parce qu'on a
bâti un système d'informatique et de comptabilité
unifiée, système qui, à lui seul, a coûté
près de $150,000 aux fins de créer cette magnifique ville
où il y a de l'harmonie et où les contribuables, au lieu de se
chicaner pour leur petit clocher, parlent depuis quelques années des
points cardinaux, laissant le sud, le nord, l'ouest. Au lieu, comme autrefois,
d'entendre parler de la chapelle de l'île Maligne, du paradis terrestre
de Riverbend, on entend parler du grand Alma, et cette ville est en train de
prouver aux gens du Saguenay-Lac-Saint-Jean qu'elle est une des villes les plus
prospères de notre territoire parce qu'on a su, en temps opportun,
regrouper les énergies. De cimetière d'énergies qu'Aima
était autrefois, elle est devenue un catalyseur d'énergies dans
le Lac-Saint-Jean et fait l'admiration des autres pôles d'attraction
comme Chicoutimi, Jonquière et la Baie des Ha! Ha!
M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, est-ce que le ministre
me permettrait une question?
M. HARVEY (Jonquière): Certainement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre voudrait dire à
la Chambre que l'une des premières personnes responsables du
regroupement merveilleux de la ville d'Alma, avant qu'il y eût une loi de
fusion des municipalités, c'est l'ancien député, notre
collègue, M. Léonce Desmeules?
M. HARVEY (Jonquière): Pour rafraîchir la
mémoire...
M. PILOTE: Sur une question de privilège, pour répondre
à la question du député de Chicoutimi...
M. HARVEY (Jonquière): J'ai dit: une des premières
personnes.
M. PILOTE: ... Ce n'est pas l'ancien député M.
Léonce Desmeules qui est responsable de la fusion, c'était bien
M. Paul-Emile Harvey, maire d'Alma dans le temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Avec M. Léonce Desmeules.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, on va raccourcir
l'histoire, il est bien vrai...
M. LE PRESIDENT: Les mérites de tous les gens de la région
du Lac-Saint-Jean étant connus, je demanderais au ministre du Revenu de
continuer.
M. HARVEY (Jonquière): C'est bien vrai, M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le président, M. Harvey, était
aussi un homme de l'Union Nationale.
M. HARVEY (Jonquière): Il est bien vrai, M. le Président,
que bien des gens, dans le secteur d'Alma, durant une période de dix
ans, ont préconisé ce regroupement.
Et celui qu'a nommé le député de Chicoutimi, M.
Léonce Desmeules qui a oeuvré, pendant des années et des
années, dans le Parti libéral avant d'être, ici en cette
Chambre, élu sous l'étiquette de l'Union Nationale après
avoir voté, pour la première fois de sa vie, pour ce parti et
pour lui-même. C'est vrai qu'il était parmi ceux qui appuyaient M.
Collard, le député qui avait eu le courage de présenter
à ce moment-là un bill privé regroupant la ville
d'Alma.
Il reste un fait: le regroupement a permis à ce secteur de se
développer avec harmonie et intelligence de sorte qu'aujourd'hui la
ville d'Alma, pour un investisseur, est devenue un territoire où il y a
un rôle d'évaluation, où il y a un centre de
décision et où les problèmes locaux, au lieu de se
régler en catimini, au lieu de se régler par du "lobbying"
auprès de gouvernements supérieurs, se règlent au niveau
du seul et unique conseil municipal. Les investisseurs aiment avoir un dialogue
avec une personne et non être assujettis à toutes sortes
d'ententes en dessous de la table, situation qu'élimine effectivement le
bill 48, que nous discuterons la semaine prochaine.
Bien sûr, dans le territoire du haut Saguenay il y aura ce
problème des petites municipalités qui nous rapproche du
comté de Charlevoix. Je pense, tout comme ceux qui veulent le
développement et le regroupement municipal, qu'il y a lieu, le plus
rapidement possible, sans bouder le progrès, de demander au ministre des
Affaires municipales qu'on soit maire de la ville de Chicoutimi, de
Chicoutimi-Nord, de Jonquière, d'Arvida, de Kénogami ou de la
Baie-des-Ha! Ha! une étude pour permettre de bien voir comment on
peut, d'une façon rationnelle, faire ce regroupement indispensable afin
de donner au pôle de croissance naturelle du haut Saguenay cette force
dont il a besoin pour son développement industriel, cette force dont il
a besoin pour un rôle d'évaluation unifié, un
développement intelligent au niveau de l'urbanisme pour le plus grand
bien des citoyens du Saguenay.
Je voterai donc, avec plaisir, en faveur du bill 276 de mon
collègue.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, c'est la première fois que je
vois un ministre blâmer d'une façon aussi astucieuse, par le
biais, la présentation d'un projet de loi. J'ai écouté
avec intérêt le ministre du Revenu, qui nous a parlé avec
emphase des avantages de la fusion de la ville d'Alma. Il nous a cité le
cas de Laval et d'une autre municipalité dont le nom
m'échappe.
Je suis sûr que, par modestie, il n'a pas osé parler de la
fusion de Saint-Hubert, de Jacques-Cartier, de Lachine, de Lemoyne et de
combien d'autres au Québec. Du même coup, l'honorable ministre du
Revenu a vanté les avantages du chapitre 56, Loi de la fusion volontaire
des municipalités. Durant son discours, il nous a parlé des
avantages des fusions, des pôles économiques que ces fusions
créent, du dynamisme que l'on rencontre chez ces gens qui, enfin,
communient au même désir de progrès et de
développement économico-social. Dans les circonstances, si la
fusion est tellement avantageuse, pourquoi, à l'aide du bill 276, rayer
de nos statuts le chapitre 56, Loi de la fusion volontaire des
municipalités?
Je suis sûr que le ministre n'y a pas pensé. Le ministre a
oublié qu'il y avait des moyens mis à la disposition des
municipalités actuellement pour répondre à tous ces
objectifs et atteindre les résultats dont il nous a fait part. Le
ministre, parrain de cette loi, mérite beaucoup de sympathie. Tous se
rappellent quel avait été le renversement de la population,
l'émoi qu'avait créé, dans la population, la production de
"mon" livre blanc.
A l'époque, c'était l'euphorie chez les administrateurs
municipaux. Enfin, la planche de salut leur était apportée par un
ministre supposément dynamique, clairvoyant et efficace.
Il voulait à tout prix que les municipalités, les
directeurs, les officiers de nos municipalités, les secrétaires
trésoriers, les maires, les conseillers se réunissent pour
étudier les problèmes municipaux au Québec.
Fin d'avril, grande conférence municipale. Déception du
même coup parce que les municipalités se sont
arrêtées aux implications fiscales, aux problèmes
économiques, aux difficultés de financement qu'elles
connaissaient dans l'administration.
Première retraite stratégique du ministre. Il repart
à la conquête du territoire du Québec, rencontres
par-dessus rencontres. Il nous disait, hier, qu'il avait rencontré 400
conseils municipaux, cela c'est de la démocratie et je félicite
le ministre pour l'intérêt avec lequel il s'est penché sur
les problèmes des municipalités.
Le ministre a rencontré les directeurs, les officiers, les
conseils exécutifs des communautés urbaines. Il a
rencontré l'exécutif de la
Communauté urbaine de Montréal, de celle de Québec
et de celle de l'Outaouais. Premier résultat, première
conclusion, la communauté municipale n'est pas le meilleur moyen pour
créer un esprit communautaire.
Voilà une déclaration sensationnelle de la part du
ministre.
Alors, il s'agissait donc d'instaurer une nouvelle politique. La
politique de fusion, selon ce qu'il nous a dit hier soir dans son discours de
deuxième lecture, n'avait pas apporté les résultats
espérés. D'ailleurs, tout cela a été
confirmé cet après-midi par le brillant discours du ministre du
Revenu. Il n'a parlé que des avantages des fusions qui se sont produites
par le mécanisme de la loi existante du chapitre 56 de la Loi des
fusions volontaires des municipalités.
M. HARVEY (Jonquière): M. le Président, le
député de Maskinongé me permettrait-il de faire une petite
nuance? Des villes ont été regroupées en vertu de la Loi
des fusions volontaires, c'est le cas de Saint-Hubert. Et c'est tellement
récent, puisque j'agissais alors comme ministre par intérim des
Affaires municipales, que nous ne pouvons même pas encore palper les
résultats. Mais lorsque j'ai cité la ville d'Alma, ce
regroupement n'a pas eu lieu en vertu de la loi du regroupement volontaire mais
bien par un bill privé, après dix ans de tractations et
d'espérance des citoyens d'avoir enfin une unité municipale
cohérente. Je voudrais qu'il fasse la différence entre le cas de
Saint-Hubert qu'il a mentionné, dont on ne peut pas palper les
résultats et le regroupement d'Alma, par voie de bill privé, ce
qui est complètement différent du chapitre 56.
M. PAUL: M. le Président, comme le ministre s'est prévalu
des dispositions de l'article 257, il me permettra sans doute de continuer mon
discours.
M. HARVEY (Jonquière): Je n'ai plus le droit de parole. Je veux
être sûr que le député a bien compris mes
remarques.
M. PAUL: Alors je vous répondrai, non pas par la bouche de mon
canon, mais je vous répondrai: Laval. C'est ça la Loi actuelle
des fusions volontaires, nous en avons apprécié les
résultats et l'efficacité. Mais le ministre, hier soir, devant le
résultat quelque peu décevant des communautés urbaines,
devant la déception qu'apporte l'application de la Loi des fusions
volontaires, nous a dit? Je me crois donc justifié de présenter
une nouvelle loi, le projet de loi 276, Loi favorisant le regroupement des
municipalités.
On trouve dans cette loi des mesures incita-trices et, hélas! des
mesures coercitives. Où la loi trouve-t-elle son application au
départ? C'est beau, dans la loi, de parler d'unités de
regroupement. Combien y en aura-t-il? Quelle a été l'analyse qui
a été faite de tout ce problème de regroupement
d'unités municipales? Le ministre nous a dit que l'inventaire n'avait
pas encore été fait. On nous demande d'adopter un projet de loi
sans connaître comment, par la suite, on pourra appliquer ce projet de
loi. Cependant, il y aura des pouvoirs extrêmement dangereux dans la loi,
où on lit que le ministre peut modifier les limites des unités de
regroupement et peut les fusionner les unes avec les autres si elles sont
contiguës.
Le ministre des Affaires municipales, au soutien de son argumentation de
deuxième lecture du projet de loi, nous dit que l'Union des
municipalités approuve ce projet de loi. D'ailleurs, il a cité au
texte les deux lignes suivantes du mémoire annuel présenté
à l'honorable Maurice Tessier par l'Union des conseils de comté
en décembre 1970. Il est dit: "La politique que nous favorisons en vue
d'établir des secteurs municipaux viables est celle des regroupements."
Mais le ministre est tellement pressé qu'il n'a pas lu tout le
paragraphe. Je ne lui en fais pas de reproche, mais je vois, au fur et à
mesure que le débat se déroule, la tragédie sur les
figures des députés des comtés ruraux qui se demandent
comment il se fait qu'ils n'ont pas été informés de ce
projet de loi. Une fois de plus, on les invite à faire confiance
à un ministre. Ils réalisent aujourd'hui tous les dangers que va
présenter ce projet de loi dans son application.
Je sais que beaucoup de députés s'interrogent aux fins de
savoir si le ministre des Affaires municipales a cité tout le texte de
l'Union des conseils de comté. Je continue: "Le gouvernement du
Québec devrait donc les favoriser en prenant bien soin qu'ils se fassent
en tenant compte de tous les éléments susceptibles de mettre sur
pied un système efficace et humain. "b) Ces regroupements pourraient se
faire en donnant aux municipalités de paroisse et de village un
délai de deux ans pour procéder. Sinon, on s'adresse à Sa
Seigneurie, le ministre des Affaires municipales". Et on continue. "Votre
gouvernement pourrait le faire automatiquement." Le ministre a trouvé
cela tellement bon l'autorité qu'on voulait lui confier, qu'il vous met
les deux ans de côté; il les sape à la base. Nous
retrouvons le texte que je vous ai lu tout à l'heure. "Il s'agit
évidemment pour nous de prévoir des mesures incitatrices afin
d'amener paroisses et village à se regrouper." Paroisses au pluriel et
village au singulier. Voilà l'attitude de l'Union des conseils de
comtés. L'Union des conseils de comtés est pour le regroupement,
mais à une condition. Dans un délai de deux ans et, après,
le ministre pourrait agir. Ce n'est pas tout à fait ce que le ministre
nous a dit hier soir. Le ministre nous a dit que l'Union des conseils de
comté et l'Union des municipalités approuvaient le projet mais
avec certaines modalités. Car, dans la mise en marche du
mécanisme de regroupement, il faut tenir plus particulièrement
compte des faits suivants: 1) la représentation de nos milieux
ruraux.
"Nous ne croyons pas qu'il serait souhaitable écoutez bien
cela, mes chers collègues qui représentez des collèges
électoraux à caractère rural ou à
prédominance rurale de viser à créer deux blocs
ruraux et urbains qui s'opposeraient à coeur d'année. Ce serait
créer un terrain de bataille continuelle. Nous croyons
préférable de bien analyser le problème en cause et
d'amener les urbains et les ruraux à faire les concessions
nécessaires pour qu'ils puissent travailler ensemble à
créer et à faire fonctionner les nouveaux organismes. "Chacun des
regroupements devra, de plus, être étudié
sérieusement." Chacun des regroupements, c'est bien dit. "C'est donc
dire que chaque regroupement présentera des aspects différents au
point de vue économique, au point de vue de régionalisation ou de
"communisation" de services afin qu'ils ne constituent pas un simple transfert
du fardeau fiscal de certaines personnes à d'autres." C'est pourquoi mon
collègue, le député de Chicoutimi, a insisté, avec
raison, sur cet aspect de la fiscalité municipale consécutif au
regroupement que voudrait nous faire adopter le ministre par son projet de loi
no 276. "En somme, il s'agit de voir la réalité en face et non
pas de cacher aux contribuables les taxes qu'ils pourraient assumer dans un tel
organisme. Une étude devrait être faite dans chacun des cas afin
de savoir quels sont les actifs des municipalités en présence et
comment sera établi le fardeau fiscal lors de la création de la
nouvelle municipalité."
C'est grandement différent, M. le Président, de ce que
nous disait, hier soir, le ministre. Je ne lui en fais pas un reproche. Il n'a
pas eu le temps de consulter ou de lire tout le texte du mémoire que lui
avait présenté l'Union des conseils de comté ou il est
resté traumatisé par les premières phrases.
M. PARENT: Les conclusions?
M.PAUL: Pardon?
M. PARENT: Les conclusions?
M. PAUL: J'y arrive. Voici, M. le Président, que mon bon ami, le
ministre d'Etat et député de Hull, est frappé par les
conclusions qui sont les suivantes: "Une telle politique de regroupement exige,
évidemment, une modification en profondeur de la législation."
C'est cela le changement en profondeur dont on parle dans les conclusions? On
nous offre un squelette de loi, un principe qui, en soi, est excellent, mais
dont l'application va différer suivant que les corporations municipales
concernées seront de caractère urbain ou de caractère
rural. Je crois que le ministre a raison lorsqu'il parle de faire des
regroupements urbains à l'intérieur des communautés
urbaines. Je crois que le ministre a raison sous cet aspect, mais je me demande
si le ministre n'aurait pas dû envisager... Je comprends qu'il est
à mentalité urbaine. Il était maire de Rimouski; il n'a
pas eu l'avantage de se familiariser avec les problèmes municipaux. Pour
ma part, j'ai été conseiller juridique de quatorze
municipalités avant d'entrer en politique. J'ai connu, un peu, les
problèmes municipaux. Je n'ai pas eu l'avantage d'être professeur
et de me lever pour faire de grandes déclarations de principe et dire au
ministre: Je vous félicite, M. le ministre. Non, il s'agit de
connaître les besoins municipaux.
Nous reprochons donc au ministre de ne pas prévoir de
mécanismes différents pour un regroupement urbain et un
regroupement municipal. C'est extrêmement dangereux. Je vais vous donner
deux exemples qui vont vous frapper. Je ne serais pas surpris que vous ayez
été victime, vous aussi, de cette centralisation administrative
que prêche et que veut appliquer le gouvernement.
Lorsqu'il s'est agi de faire la distribution des subventions du
Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports, on a
été fort surpris d'apprendre que, là où on avait
"communisé" les services des loisirs, les municipalités ont perdu
leur subvention, lorsque la population de ces deux municipalités a
dépassé 8,000 habitants.
Et je vais vous donner l'exemple de Louise-ville et Louiseville
paroisse. L'ensemble de ces deux municipalités était de neuf
mille et quelque cents dollars, neuf mille et quelques cents de population,
excusez-moi si j'ai pour un moment pensé en créditiste. Je dis
donc que le service des loisirs du Louiseville métropolitain a perdu
toute subvention.
Qu'est-ce à dire de l'application de la politique du ministre de
la Voirie dans les subventions pour l'entretien des chemins d'hiver? Autre
pénalité à l'endroit des villes. Est-ce que l'on a pris le
soin d'informer les municipalités des dangers d'un tel regroupement?
Voilà deux points sur lesquels je voulais attirer l'attention des
députés humbles, silencieux, cependant intelligents, du moins la
très grande majorité de ceux qui siègent sur les
banquettes du côté ministériel.
Vous allez, M. le Président, vous réveiller, pas vous
parce que je sais que vous êtes toujours vigilant, mais il y a des
députés qui vont se trouver "enfargés",
gênés. Ils auront contribué à pénaliser leurs
commettants sous prétexte qu'il fallait évoluer vers une
centralisation administrative sous le couvert de l'efficacité ou de la
bonne administration et des avantages que peut apporter le regroupement
municipal.
Je dis que le regroupement municipal est excellent. J'écoutais
mon bon ami, le député de Lafontaine, qui a parlé lui
aussi avec une mentalité urbaine. Je ne le lui reproche pas, mais les
problèmes sont très différents. Je sais que mon honorable
ami, le député de Trois-Rivières, a lui aussi une
mentalité urbaine. Il a Trois-Rivières,
Trois-Rivières-Ouest et la ville du Cap-de-la-Madeleine. Il n'y aurait
pas d'inconvénient à cet endroit que l'on fasse un regroupement
urbain. Il y aurait même avantage, mais
comment concevoir et chacun peut se lever et citer son
comté en exemple qu'à Saint-Guillaume, comté de
Yamaska, nous allons fusionner cette municipalité avec le village de
Yamaska? C'est impensable. La distance est trop grande. Les services ne
pourront jamais être adéquats et dispensés à travers
tout le territoire.
Le ministre aurait dû prévoir dans sa loi un
mécanisme de regroupement différent lorsqu'il s'agit de regrouper
des villes et lorsqu'il s'agit de regrouper des municipalités rurales.
Nous aurions aimé avoir une carte le député de
Chicoutimi l'a signalé comme le ministre de l'Education a fait
lorsqu'il nous présenta le bill 27, la Loi du regroupement scolaire. Le
ministre aurait pu nous donner un instrument de travail, d'information
auprès de nos municipalités, convoquer des séances
régionales d'information. Il est impossible de demander à
l'honorable ministre de parcourir la province et d'aller dans chaque
région, mais je suis sûr que d'excellents fonctionnaires de son
ministère auraient pu tenir des séances d'information publiques
et analyser sur place les avantages, la nécessité,
l'opportunité d'un regroupement municipal.
Nous aurions aimé connaître du ministre quels seront les
critères de base, les exigences du ministère, de la Commission
municipale pour qu'une unité municipale soit créée. Non,
c'est le silence complet. Nous aurions aimé avoir l'inventaire des
municipalités. On aurait pu nous donner un avant-projet de la loi,
convoquer la commission parlementaire.
Pourtant, le ministre aurait dû se rappeler l'exemple que nous lui
donnons avec le projet de loi no 48, non pas que je veuille en parler, mais le
ministre a réalisé qu'il fallait finalement référer
ce projet de loi à la commission parlementaire des Affaires municipales.
Or, de ces discussions, la lumière a jailli, puisque nous
étudierons la semaine prochaine in camera des amendements au nombre
d'au-delà de 100 pour améliorer le projet de loi no 48.
Si le ministre a retraité ce n'est pas un reproche que je
lui fais à la suite de la présentation de son livre blanc,
s'il a retraité au sujet du projet de loi no 48, alors que nous avions
35 articles de ce projet d'étudiés en comité
plénier, c'est que le ministre, dans un esprit démocratique pour
lequel nous devons le féliciter, a tout simplement reconnu le
bien-fondé des représentations que lui avait faites
l'Opposition.
Nous disons que ce projet de loi, qui devait être une
réforme en profondeur, ne présente malheureusement que le
caractère d'une loi rédigée à la hâte comme
pour satisfaire une déclaration de principe faite par le ministre au
cours de ses nombreuses allocutions. Je dis donc que ce projet de loi, à
toutes fins utiles, présente des avantages pour les territoires urbains
et des inconvénients dans les centres ruraux.
C'est pourquoi je dis que le ministre aurait dû agir avec beaucoup
plus de prudence. Il aurait dû nous déclarer : Voilà un
instrument de travail; durant l'intersession, nous convoquerons la commission
parlementaire des Affaires municipales, nous entendrons les corps
intéressés, nous envisagerons l'établissement ou la
création d'unités municipales des terres de regroupement, un
nombre déterminé, fixe, et par la suite nous présenterons
un projet de loi.
C'est une loi qui pêche beaucoup plus par les désavantages
qu'on y trouve que par les avantages qui visait le ministre. Et, je le
répète, le principe de cette loi serait excellent, s'il
était soutenu de modalités, de textes, de moyens efficaces pour
rencontrer le principe visé par le projet de loi.
Quant à moi, je crains d'être dans l'obligation de voter
contre ce projet de loi. Je me demande si, même, il ne devrait pas faire
une étude complète de tous les arguments qui lui ont
été soumis depuis le matin et qu'un peu plus tard, à une
autre séance, il se lève et dise: J'ai à coeur le
mieux-être, l'avantage, le progrès des municipalités, je
veux à tout prix que les contribuables québécois soient
entièrement satisfaits de mon administration, de mon passage qui
est très éphémère à la tête du
ministère des Affaires municipales. J'ai l'impression que lui aussi va
être muté à quelque part dans le remaniement
ministériel. Je sais qu'il y en a qui pourraient le remplacer
avantageusement, comme lui pourrait dans un autre ministère remplacer
d'autres ministres avantageusement.
Je sais que le ministre prendra en considération toutes les
bonnes suggestions que nous lui avons faites, pour sa propre
sécurité. Nous attendrons sa réplique pour prendre
définitivement position quant à l'acceptation ou au refus, quant
à nous, du principe de la loi que l'on retrouve dans le projet de loi no
276.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de L'Assomption.
M. Jean Perreault
M. PERREAULT: M. le Président, la très grande
majorité des dirigeants de la société
québécoise sont maintenant convaincus d'une
nécessité de la réforme municipale en raison des
très nombreux problèmes complexes qui se posent dans les
municipalités d'aujourd'hui.
En effet, parmi ces problèmes auxquels les municipalités
ont à faire face aujourd'hui, mentionnons un taux inégal de
croissance économique se traduisant par le chômage, les
problèmes d'habitation et de rénovation urbaines, la congestion
de la circulation, la pollution de l'air et des eaux, le transport en commun,
la disparition d'excellentes terres agricoles, la spéculation
foncière, qui étouffe souvent le développement des
municipalités, la destruction des unités de voisinage par
l'établissement de bidonvilles, le manque de ressources
financières pour
réaliser des programmes d'aménagement et
d'équipement.
Pour résoudre ces problèmes, il nous faut une
réforme des structures municipales. Deux notions bien distinctes ont
été mises de l'avant pour opérer cette réforme. La
première notion établit d'abord une régionalisation de
certains pouvoirs municipaux résultant par la suite dans un programme de
fusion de municipalités à l'intérieur de cette
entité régionale. C'est la notion des experts et des
technocrates. Pour eux, procéder par étapes, c'est retarder
indéfiniment une décision qui est pressante. Ils se disent que
les fusions seront longues à s'opérer si on en laisse le choix
aux municipalités; qu'au contraire, elles viendront beaucoup plus vite
et beaucoup plus rapidement, si on commence à mettre en place un
gouvernement régional.
La deuxième notion s'établit d'abord sur le regroupement
municipal et ne propose la régionalisation qu'une fois qu'on aura
diminué considérablement le nombre de municipalités. Les
tenants de cette option, un grand nombre d'administrateurs municipaux,
soutiennent que, quoi qu'il y ait urgence de régionalisation, la
communauté régionale ne doit pas être établie du
jour au lendemain, mais résulter d'une collaboration graduelle entre
municipalités.
Quant à moi, me basant sur l'expérience acquise dans le
domaine municipal et le domaine de la promotion industrielle, à titre de
vice-président de l'Union des municipalités pendant quelques
années, je préconise une action parallèle sur les deux
plans de la réforme municipale. Un regroupement de municipalités
procédant de la loi de regroupement municipal, mais aussi une action de
régionalisation procédant d'une refonte de la structure et des
pouvoirs des conseils de comtés municipaux existants.
Je demande au ministre de procéder à une expérience
pilote de régionalisation, dans la banlieue est de Montréal, soit
dans le comté municipal de l'Assomption. Peu importe l'option choisie,
dans cette réforme municipale, le problème fondamental qui se
pose à nous est l'établissement de municipalités viables,
dynamiques et financièrement stables. Le nouveau projet de loi qui
remplace la Loi des fusions volontaires est supérieur à cette loi
en ce sens qu'il y imprime un dynamisme, il la bonifie et consacre une
initiative du ministère des Affaires municipales. La loi
précédente ne facilitait pas cette initiative du ministre des
Affaires municipales. Permettez-moi de citer ce paragraphe du discours du
ministre: Si le ministre des Affaires municipales estime que
l'intérêt public le justifie, il peut ordonner à toutes les
municipalités comprises dans une unité de regroupement
établie en consultation avec les autorités municipales
concernées de procéder ou de faire procéder, dans un
délai qu'il fixe, à une étude conjointe sur
l'opportunité pour les municipalités de se fusionner.
En un tel cas, le rapport de l'étude devra être transmis au
ministre et aux municipalités.
Une fois en possession du rapport, si ce dernier conclut qu'une fusion
serait souhaitable, le ministre pourra demander à la Commission
municipale de tenir une enquête publique au cours de laquelle les
propriétaires et les locataires pourront faire connaître leur
opinion. Il pourra, sur la recommandation de la commission, ordonner la tenue,
dans toutes les municipalités intéressées ou dans
certaines d'entre elles, d'une consultation des propriétaires et des
locataires.
J'aimerais, cependant, que le ministre des Affaires municipales fasse
sienne la recommandation de l'Union des conseils de comtés et qu'il
accorde une priorité au regroupement des municipalités de village
ou de paroisse, surtout dans les régions économiques de
Montréal. Si, dans certaines régions à tendance
conservatrice, on n'en veut pas, qu'on pense à la région de
Montréal qui connaît ces problèmes et qui en a un urgent
besoin. Quand on verra la réussite de ces municipalités, on en
demandera l'application dans ces autres régions.
En terminant, je désirerais que le ministre des Affaires
municipales rappelle aux technocrates de son ministère qu'il en est de
la conduite des municipalités comme celle des individus. Elles ont leur
vanité, leurs préjugés et leurs ignorances. Je souhaite
que les technocrates établissent des unités de regroupement qui
tiendront compte des voeux de la population des régions
concernées, au contraire de ce qui était proposé dans les
communautés municipales. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Dorchester
M. Florian Guay
M. GUAY: M. le Président, quelques brèves remarques sur ce
projet de loi no 276, étant donné que d'autres membres du
groupement politique que je représente ont fait connaître notre
point de vue.
Ce projet de loi no 276, qui remplace la Loi de la fusion volontaire,
est passablement discuté, peut-être même beaucoup plus que
le ministre ne l'aurait désiré. Sur ce branle-bas de fusions ou
de regroupements municipaux, on a dit beaucoup de choses. N'ayant que
très peu d'expérience dans le domaine des affaires municipales et
dans l'intention de me forger une idée assez juste des choses, j'ai
dû faire appel, d'abord, aux gens responsables, depuis parfois de
nombreuses années, de certaines municipalités, donc, aux maires
responsables de l'administration municipale avec, bien sûr, les
conseillers, pour prendre conscience de ce que peut être une fusion
volontaire imposée ou autre.
Je leur ai donc adressé une lettre en mars 1971. J'aimerais lire
un paragraphe de cette lettre pour prouver avec quelle honnêteté
et avec quelle objectivité on discute chez nous de fusion ou de
regroupement municipal. A la suite du dépôt du livre blanc par le
ministre des
Affaires municipales concernant le regroupement municipal, je disais
ceci à chacun des maires des municipalités du comté de
Dorchester: "Il était dans mon intention de vous envoyer une copie du
livre blanc déposé par le ministre, dès sa
déposition. Cependant, le ministre a annoncé lui-même, en
même temps, qu'il en ferait parvenir immédiatement une copie
à toutes les municipalités du Québec. J'ose donc
espérer que vous l'avez déjà en main ou que vous l'aurez
très bientôt. Sinon, avisez-moi et je me ferai un plaisir de vous
l'expédier afin que les conseils municipaux puissent en étudier
le contenu et les implications".
Je leur avais demandé de me faire parvenir leurs commentaires
à la suite de cette étude, étant donné que j'ai,
quand même, très peu d'expérience dans le domaine. J'ai
été énormément surpris par le grand nombre de
responsables municipaux qui m'ont fait parvenir leurs commentaires.
En plus de plusieurs municipalités qui m'ont fait parvenir des
résolutions contenant les raisons pour lesquelles elles s'opposaient ou
é-taient favorables au regroupement municipal, cette documentation a
été couronnée par une résolution du conseil de
comté. Alors, la position que je prends ici, M. le Président,
sera bien claire, et ce n'est pas moi qui l'ai prise à tout hasard, mais
sous la directive écrite noir sur blanc de tous les conseils municipaux
du comté, c'est-à-dire du conseil de comté.
M. le Président, dans cette résolution, il est fortement
question que, même les conseils municipaux du comté, ne sont pas
opposés au principe d'un certain regroupement. Cependant, ils se
prononcent catégoriquement contre certains autres aspects. C'est une
résolution du conseil de comté de Dorchester adressée
à l'Union des conseils de comté de la province de Québec
en rapport avec le livre blanc relatif à tout regroupement municipal. Je
lis le document: "Considérant que, pour se préparer à un
congrès, y participer et y donner convenablement suite nous avons
étudié les documents soumis individuellement ou en comité;
"Considérant que plus précisément nous, membres du conseil
du comté de Dorchester, nous avons étudié en
comité, au cours du congrès susmentionné, sous la
direction de l'animateur, M. Léo Laplante, maire d'Estcourt,
Témiscouata, et que nous avons alors pratiquement accepté le
principe d'un certain regroupement en vue de rester en communication avec le
ministère des Affaires municipales et éviter ainsi le pire qui
eût été le regroupement forcé sans que nous ayons
grand-chose à dire une fois le dialogue rompu; "Considérant que,
par la suite, nous avons adopté une résolution dont copie a
été adressée à l'union des conseils de comté
et au ministre dans laquelle nous recommandons à l'unanimité de
favoriser le regroupement de certains services pour en augmenter
l'efficacité, mais nous prononçant du même coup contre les
fusions ou l'établissement de communautés municipales de grande
envergure sans avantage apparent, d'après nous, dans ce document, nous
demandions à l'Union des conseils de comté de garder l'oeil
ouvert, ce qui nous paraît avoir été fait puisque le 23
avril elle suggérait une assemblée spéciale du conseil de
comté aux fins de faire le point avant la conférence provinciale
municipale; "Considérant que cette assemblée spéciale a
été tenue ce jour, le 7 mai 1971, que la situation a
été réétudiée avec les documents
déjà en main en plus du livre blanc maintenant publié,
considérant qu'un grand nombre de personnes, certains corps
intermédiaires, conseils municipaux et leaders de tous genres ont
été consultés; "Il est proposé par M. Raymond
Deblois, maire de Sainte-Marguerite, et résolu à
l'unanimité: "1- Que nous continuions de nous opposer fermement aux
regroupements obligatoires dans de vastes structures où chacun perdrait
son identité et le contact avec les citoyens; "2- Nous croyons toujours
valable la forme actuelle de municipalités où il est toujours
possible de trouver des administrateurs généreux,
compétents et dévoués pour prendre soin d'une multitude de
petits problèmes de nos gens, et ceci quasi bénévolement;
"3- Nous croyons que des moyens et des pouvoirs accrus permettraient à
ces derniers de se faire mieux valoir: meilleure redistribution de la taxe
provinciale, élimination de la taxe scolaire, libérant d'autant
le champ de la taxation, amendement à la Loi électorale et aux
conditions des référendums; "4- Que nous croyons que des
correctifs peuvent être apportés aux structures actuelles pour en
arriver, sans tout bouleverser, à une structure intermunicipale valable
dans le sens de certaines recommandations du livre blanc lui-même, page
12, troisième paragraphe; "5- Que cette structure intermunicipale
pourrait être les conseils de comté actuels mis au point avec des
pouvoirs demandés tant de fois, atteignant ainsi les buts poursuivis par
les meilleurs éléments de la population et du gouvernement.
Evaluation pondérée et uniformisée, aménagement,
promotion économique, fonds industriels, contrôle de
l'environnement, etc. "6- Et là je pense bien qu'arrive la
difficulté d'application d'une loi même favorisant le regroupement
des municipalités, le découpage de la carte. On dit comme
sixième considération que les découpages de la carte leur
paraît pour le moins farfelus. Je donne un exemple qui existe dans mon
comté. La paroisse Sainte-Hénédine de Dorchester
regroupée avec Saint-Séverin de Beauce, chose qui est
complètement illogique, qui n'a aucun sens. Ces découpages faits
dans le sens des longitudes au lieu des latitudes auraient mieux
respecté lesnormes
actuelles, en ce qui nous concerne; le découpage projeté
est à cheval sur plusieurs zones scolaires, judiciaires ou autres. "7-
Que le regroupement peut avantager les grosses municipalités et
désavantager les plus petites, ce qui serait contraire à certains
buts mêmes du livre blanc."
Pour toutes ces considérations, ils insistent pour que ce
regroupement, s'il doit se faire, se fasse volontairement et non pas contre le
gré de la population au sein de laquelle il existe déjà
trop de sujets de mécontentement et de contestation.
Il est extrêmement facile pour moi de prendre position dans le
présent projet de loi no 276. D'autres responsables municipaux ont
signifié que ceux qui désiraient à tout prix un
regroupement municipal, appartenaient surtout à des municipalités
qui s'étaient dangereusement endettées dans le passé. J'ai
reçu une requête également d'une municipalité de mon
comté disant qu'elle se prononçait contre le regroupement des
municipalités. On me demande même de plaider sa cause à
l'Assemblée nationale. On me remercie d'avance. Elle est sûre que
je prendrai d'abord la part de la population, la part des citoyens.
Une autre corporation municipale me faisait part également de sa
peur de voir regrouper des municipalités pour les raisons suivantes: On
dit ici: Ne croyez-vous pas qu'il y a présentement assez de mal dans la
société sans prendre les moyens pour que ça aille encore
plus mal? Pourquoi vouloir regrouper des municipalités dont la
mentalité est différente, les problèmes sont
différents? Pourquoi tout étatiser? Nous ne voyons rien de
justifiable à cela.
M. le Président, je suis très heureux aujourd'hui d'avoir
la chance de citer des paroles des responsables municipaux qui s'opposent
fortement, catégoriquement à tout regroupement. On ajoute, dans
certaines documentations que j'ai en main, qu'on n'est pas contre un certain
principe qui veut le regroupement de certains services.
Mais quand on regarde un projet de loi comme celui que nous discutons
actuellement, le projet de loi no 276, nous connaissons trop peu de choses pour
donner un consentement sans savoir pourquoi. Bien sûr, ce projet de loi
remplace la Loi des fusions volontaires. Mais quand on parle d'unités de
regroupement, on regroupera qui avec qui, M. le Président? C'est
là la peur des corporations municipales. C'est même la peur des
populations. On m'a même dit, dans une résolution qui m'a
été envoyée, que ce qui avait été
proposé comme regroupement municipal avait été fait par
des amateurs qui ne connaissaient absolument rien à certaines
régions de la province de Québec. Je me rappelle certaines
paroles du ministre des Affaires municipales qui disait : Faisons confiance aux
administrateurs municipaux. Je suis absolument d'accord qu'on leur fasse
confiance. C'est pour cette raison-là que nous allons devoir nous
opposer à ce projet de loi.
Les administrateurs municipaux sont quand même des gens du milieu,
des gens qui ont administré des municipalités pendant plusieurs
années et qui continuent de le faire de façon admirable et
même presque bénévolement. Nous connaissons très peu
de choses en ce qui concerne les modalités, les critères de base
dont le ministre se servira pour établir ces unités de
regroupement. Bien sûr, on dit également dans le projet de loi, du
moins dans les notes explicatives: "50 p.c. des conseils municipaux
représentant 50 p.c. de la population globale". Chez nous, par exemple
je peux donner un exemple au ministre il se pourrait que, dans un
cas, peut-être spécifique d'accord, mais qui se présentera
probablement quand même, cinq ou six conseils municipaux se prononceront
contre un regroupement alors qu'un conseil municipal représentera 50
p.c. de la population de l'unité. Je vois donc bien mal l'application de
ce projet de loi.
M. le Président, je pense que le ministre est tout de même
conscient que ce n'est pas facile de regrouper des municipalités. C'est
peut-être pour cette raison-là qu'il y est allé
peut-être beaucoup plus fort qu'autrefois dans d'autres projets de loi
sur l'incitation.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que le député me
permettrait une réflexion? Si l'exemple qu'il vient de donner se
produit, il n'y aura pas de regroupement parce que ça prend 50 p.c. des
municipalités représentant 50 p.c. de la population. S'il y en a
un pour et six contre, dans les municipalités, même si la
municipalité représente plus que 50 p.c. de la population, c'est
seulement si l'intérêt public permet au ministre de
décréter une unité où il y aura étude
qu'elle aura lieu.
M. GUAY: Mais quels critères déterminent que ce sera
d'intérêt public? C'est laissé à la
discrétion du ministre. Si le ministre juge...
M. HARVEY (Jonquière): Il a un excellent jugement.
M. GUAY: Je ne dis pas...
M. SAMSON: Ne charriez pas trop.
M. GUAY: ... que le ministre actuel des Affaires municipales...
M. HARVEY (Jonquière): Je le connais mieux que vous.
M. GUAY: ... n'est pas un homme compétent, un homme intelligent.
Nous le reconnaissons. Mais il n'y a rien qui dit que ce sera toujours lui qui
va être là. Un gouvernement, cela se change, cela s'est
déjà changé. Il n'y a rien qui prouve...
M. PAUL: En janvier.
M. GUAY: ... que cela ne changera pas encore dans l'avenir.
M. PAUL: En janvier. Il s'en va aux Transports.
M. GUAY: M. le Président, nous avons beau faire confiance au
ministre, je suis prêt à donner au ministre quelques pouvoirs,
certaines responsabilités, mais de là à établir
lui-même et seulement lui qu'il y a intérêt public, à
ce moment-là, pour imposer une fusion par ce qu'on appelle la Loi
favorisant le regroupement des municipalités, il y a loin. On dit que
c'est de l'incitation, ce ne sera plus de l'incitation, ce sera de la
dictature.
C'est de cela que nos responsables municipaux ont peur. Ils ont peut de
tout cela. Ils nous disent: Si le ministre est bien clair, si le ministre nous
explique toutes les modalités, si on est au courant de tout avant, il y
a quand même des chances qu'on soit plus souple. Mais tant que toutes les
modalités ne seront pas connues et que le ministre ira aussi fort du
côté de l'incitation, si le ministre fait une distribution de
prix...
M. HARVEY (Chauveau): M. le Président, question de
règlement. Le député utisile son droit de parole depuis
combien de temps? Est-ce qu'il a parlé durant trente minutes,
d'après vous? De toute façon, ça nous a paru une
heure.
DES VOIX: C'est fort.
M. GUAY: M. le Président, j'ai quand même l'impression que,
lorsque les maires des municipalités du comté de Dorchester
liront le journal des Débats, ils ne penseront pas que j'ai parlé
trop longtemps. Du moins, ils l'ont signifié par lettres.
Etant dans mon comté presque à toutes les fins de semaine,
je dois dire que les autorités des municipalités qui forment mon
comté ont une grande peur du regroupement municipal pour certaines
raisons que j'ai données. A moins, comme le disait si bien l'honorable
député de Lévis, mon collègue, ce matin, que le
ministre ne change énormément de choses dans son projet de loi,
nous serons malheureusement dans l'obligation de nous prononcer contre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. TESSIER: M. le Président, si mes collègues n'ont pas
autre chose à dire en deuxième lecture, je désire exercer
mon droit de réplique. Je voudrais, dans ce droit de réplique,
éclaircir davantage certaines questions qui ont été
soulevées par les trois partis d'Opposition et je crois que j'en aurai
pour un bon moment. Comme nous sommes au vendredi après-midi et que
plusieurs m'ont laissé entendre qu'ils avaient pris des engagements dans
leurs comtés respectifs, en conséquence je demande l'ajournement
de la Chambre à mardi, quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Alors, si j'ai bien compris, l'honorable ministre
propose l'ajournement du débat. La motion d'ajournement est
adoptée?
M. PAUL: C'est ça.
M. BIENVENUE: Lundi, quinze heures, M. le Président. Je rappelle
aux membres de cette Chambre que nous reprendrons après les affaires
courantes, le débat de deuxième lecture du bill 276, avec la
réplique du ministre des Affaires municipales.
Nous procédrons ensuite à l'étude de la motion
d'amendement au bill 90. Toutes choses étant normales, et le temps le
permettant, peut-être, à nouveau, tenterons-nous de nous pencher
sur le budget supplémentaire.
M. LE PRESIDENT (Hardy): La Chambre ajourne ses travaux à lundi,
quinze heures.
(Fin de la séance à 16 h 19)