Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures quatre minutes)
M.LAVOIE (président): A l'ordre, messieurs!
Certificat d'élection
M. LE PRESIDENT: Madame, messieurs. J'ai l'honneur d'informer la Chambre
que j'ai reçu du président général des
élections le certificat d'élection suivant:
Président général des élections
Québec, le 17 février 1971. "M. le Président de
l'Assemblée nationale du Québec, Hôtel du Gouvernement,
Québec. "Monsieur,
Je certifie que, conformément à un bref d'élection
émis le 18 décembre 1970 et adressé à M.
Gérald Hétu, ajusteur, domicilié à Boucherville, M.
Jean Cournoyer, avocat, a été, ainsi qu'il appert du rapport qui
se trouve dans les archives de mon bureau, élu député du
Collège électoral de Chambly à l'Assemblée
nationale du Québec en remplacement de l'honorable Pierre Laporte,
décédé. "Le président général des
élections "FrançoisDrouin, c.r."
M. BOURASSA: M. le Président, je crois que le ministre du Travail
a été retenu par la tempête à Montréal. Il
n'est pas encore entré!
M. PAUL: La session ne fait que commencer!
M. BERTRAND: II faudra recommencer demain matin.
M. PAUL: II va falloir recommencer demain!
M. BERTRAND: II faut que la présence soit implicite.
M. BOURASSA : II est à l'autre porte!.
M. PAUL: II est venu parmi les siens et les siens ne l'ont pas
reconnu!
M. BOURASSA: Ah oui!
M. BERTRAND: Envoyez donc un éclaireur.
M. BOURASSA: Alors, si mes informations sont bonnes...
M. PINARD: II est arrivé!
Présentation de M. Cournoyer M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: J'ai l'honneur de vous présenter M. Jean Cournoyer,
député du Collège électoral de Chambly. M.
Cournoyer a prêté et souscrit sur le rôle le serment
prescrit par la loi. Il était normal que le ministre du Travail entre
par la grande porte plutôt que derrière les rideaux.
Je suis particulièrement heureux, M. le Président,
d'accueillir dans l'équipe ministérielle un homme d'une
compétence indiscutable dans le domaine des relations de travail. La
victoire éclatante qu'il a remportée dans le comté de
Chambly - les deux tiers du vote témoigne de l'appui que la
population du Québec continue d'accorder au présent
gouvernement.
Je remercie la population de Chambly pourson appui. Je remercie
M. Cournoyer d'avoir accepté de servir ses concitoyens à nouveau.
On doit quand même constater, M. le Président, un fait sans
précédent: c'est que, même avec un changement de
gouvernement, M. Cournoyer siège à votre droite !
M. Jean-Jacques Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, vous aurez noté que le
premier ministre n'avait pas besoin d'indiquer au député de
Chambly le chemin de la Chambre. Il a pu entrer seul parce qu'il y en a
d'autres qui l'ont fait entrer auparavant.
Je suis heureux que le parti que je dirige ait pu apporter une
contribution positive renforçant ainsi l'équipe
ministérielle par l'addition du député de Chambly.
M. SAMSON: M. le Président, je ne féliciterai pas le
nouveau député autant que le premier ministre l'a fait. Vous
comprendrez pourquoi. Mais j'ai remarqué que dans ses
félicitations, le premier ministre a bien dit que le nouveau
député siège du côté où il
siégeait déjà. Je ne sais pas si je dois
interpréter les paroles du premier ministre, à ce moment-ci,
à savoir s'il est vrai que plus ça change, plus c'est pareil!
C'est vous qui l'avez dit. Je vous laisse le soin, messieurs, de tirer vos
conclusions.
UNE VOIX: Cela s'améliore! M. Camil Samson
M. SAMSON: Cependant, M. le Président, nous voudrions nous aussi
féliciter le ministre du Travail et nouveau député de
Chambly, pour son élection. Evidemment, nous aimerions mieux
féliciter aujourd'hui un député créditiste mais
nous devons respecter la volonté du peuple. Souhaitons que votre
présence ici, M. le député, soit un effet multiplicateur
sur l'effica-
cité administrative dont se réclame le gouvernement.
Toutefois, si vous ne réussissez pas, nous nous consolerons en pensant
que vous avez au moins réussi à multiplier par trois, la promesse
des 100,000 emplois.
En terminant, M. le ministre, mathématiquement parlant, je vous
souhaite donc que votre multiplication ne soit pas un précurseur de
division.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: M. le Président, nous avons mené à deux
reprises une lutte très dure contre l'ancien et le nouveau ministre.
Dans un premier cas, cela s'est soldé par une victoire; dans le
deuxième cas, cela s'est soldé par une victoire morale.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LAURIN: Cela ne m'empêche pas, M. le Président, de
féliciter M. le ministre de sa victoire et de lui souhaiter la meilleure
chance du monde dans l'exercice de ses difficiles et délicates
fonctions.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux à loisir.
L'honorable lieutenant-gouverneur va faire son entrée. Veuillez
vous lever.
M. LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Veuillez vous asseoir, messieurs.
Discours inaugural
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale.
Madam and Gentlemen of the National Assembly.
Cette deuxième session de la 29e Législature permettra au
Québec de continuer sa marche dans le sens du progrès et du
développement. Vous serez appelés à adopter des mesures
législatives qui viseront à mettre en valeur les immenses
possibilités et ressources du Québec moderne.
Le niveau actuel de l'emploi préoccupe le gouvernement au plus
haut point. Cette situation démontre avec encore plus d'autorité
le caractère prioritaire de l'objectif de développement
économique que le gouvernement et la population du Québec se sont
donné.
Both social progress and the broad development of our society can be
truly attained only if we succeed in building a firm economic foundation.
Le gouvernement du Québec est bien conscient des exigences que
comporte aujourd'hui l'arbitrage des opinions et des intérêts
entre les individus et les groupes de notre milieu, d'autant plus que c'est
souvent du succès de cet arbitrage que dépend le maintien d'un
sain équilibre absolument essentiel au progrès d'une
société.
Cette session vous permettra de participer à la recherche de
solutions pratiques et efficaces aux problèmes économiques,
sociaux et culturels du Québec. Vous le ferez sans doute avec
objectivité et compétence; vous le ferez surtout en étant
bien conscients de l'impact sur l'opinion de la qualité de vos travaux
parlementaires.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, je prie Dieu de
vous éclairer et de répandre ses bénédictions sur
le Québec et sur ceux qui l'habitent. Madam and Gentlemen of the
National Assembly, I pray God to enlighten you and to bestow His blessings on
Quebec and all who live here.
M. LEVESQUE: M. le Président, article no 7.
Projet de loi no 1 Ire lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la première lecture du projet de loi modifiant la charte de la
Société québécoise d'exploration
minière.
M. MASSE (Arthabaska): M. le Président, l'article 1 du bill 1
porte de $15 millions à $21,250,000 le fonds spécial
autorisé de la Société québécoise
d'exploration minière, So-quem, en augmentant de 625,000 le nombre de
ses actions d'une valeur nominale de $10 chacune.
L'article 2 prévoit que le ministre des Finances paiera à
la société, cette année ainsi qu'au cours des quatre
prochaines années, une somme additionnelle de $1,250,000, en outre des
sommes qu'il doit déjà lui payer pour l'achat d'actions de son
capital social.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Prise en considération du discours
inaugural
Débat préliminaire
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que la prise en
considération du discours d'ouverture ait lieu à la
présente séance.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais parler sur cette motion.
J'estime que l'Assemblée nationale devrait, par un geste tout
particulier, montrer l'importance extrême qu'elle accorde à la
situation catastrophique du chômage au Québec. J'imagine...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Il
s'agit simplement de la proposition sur la prise en considération.
Lorsque le débat sera engagé, chacun des députés
aura tout le loisir d'exprimer son opinion là-dessus.
M. LAURIN: M. le Président, en vertu de l'article 241 je crois
que toutes les motions peuvent être débattues. Or, cette motion
est une motion comme les autres...
M. PAUL: M. le Président, je fais un rappel au règlement.
En vertu de l'article 115 la journée du mardi est
considérée et doit être considérée comme une
journée d'initiative gouvernementale.
Or, c'est aujourd'hui mardi, M. le Président, même si c'est
la première journée de la session. Par conséquent, il
appartient au chef du gouvernement ou au leader du gouvernement d'appeler les
articles dont la Chambre sera saisie. A ce moment-là, ce n'est pas une
motion, c'est un appel à un plan de travail que l'honorable leader du
gouvernement vous a proposé. Je soumets respectueusement que ce n'est
pas une motion. Par conséquent, la Chambre n'est saisie de rien. Il n'y
a pas d'autre motion. Si on veut appliquer l'article 241, M. le
Président, je soumets respectueusement qu'on ne peut pas le faire
aujourd'hui.
M. LAURIN: M. le Président, c'est quand même une motion qui
est présentée au nom du gouvernement et après
enquête...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAURIN: ... nous savons nous avons fouillé dans nos
volumes de jurisprudence parlementaire que dans un autre Parlement il y
a déjà eu des débats sur la motion portant sur la prise en
considération du discours d'ouverture. Nous avons pensé qu'il
fallait le faire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. LAURIN: ... précisément en vertu de la situation
catastrophique du chômage au Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais au député de
Bourget tout d'abord de se limiter, dans son intervention, au point d'ordre ou
de règlement soulevé par l'honorable leader parlementaire et je
l'inviterais très brièvement à citer ses auteurs et les
articles du règlement qu'il entend invoquer.
M. LAURIN: Je n'ai à invoquer que l'article 241 et la
jurisprudence dont je n'ai pas apporté de copies ici, mais il me semble
que c'est une motion comme les autres et qui peut être débattue.
Comme nous sommes régis, encore une fois, par les règlements du
livre vert, je pense que cet article 241 est assez clair...
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Je dis que pour la bonne économie de cette Chambre il faut
toujours procéder avec logique.
M. LESSARD: Quel article? M. PAUL: Article 241 a).
M. LESSARD: Tout à l'heure, c'était l'article 115.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Je soumets respectueusement que, sauf les exceptions
prévues au règlement, toute motion peut être
débattue dès qu'elle a été mise en
délibération. Je dis que ce n'est pas une motion. Et lorsque vous
invitez le leader du Parti québécois à vous soumettre une
jurisprudence, vous lui demandez de soumettre quoi? La Chambre n'est saisie de
rien. Elle n'est saisie de rien. C'est le leader du gouvernement qui appelle
l'article du jour pour discussion, et si le député de Bourget
veut présenter une motion, qu'il attende. Cela ne peut pas se faire ici,
lisez l'article 241: "... sauf les exceptions prévues au
règlement..." Il faudrait qu'il commence par nous donner une
exception.
M. LAURIN: M. le Président...
M. PAUL: Et deuxièmement, ce n'est pas une motion qui vient
d'être présentée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je suis d'accord jusqu'à une certaine limite avec le
député de Maskinongé, mais l'intervention du leader
parlementaire est effectivement une motion. C'est une motion à l'effet
de considérer le discours d'ouverture à la présente
séance.
Maintenant, je ne suis pas satisfait encore jusque là, mais je
voudrais bien que le député de Bourget explicite. S'il veut
intervenir, je lui demanderai de parler sur l'à-propos de
considérer ou de ne pas considérer le discours d'ouverture. Je ne
suis pas encore satisfait. Je voudrais qu'il m'explicite davantage en vertu de
quelle autorité il désire intervenir sur cette motion.
M. BOURASSA: II veut de la publicité.
M. LAURIN: M. le Président, j'ai cité l'arti-
cle 241 et d'autres exemples de faits qui se sont produits dans d'autres
Législatures. Le fond des raisons que j'invoque, c'est qu'il y a quelque
chose de beaucoup plus urgent à considérer aujourd'hui par
l'Assemblée nationale...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAURIN: ... que la prise en considération du discours du
lieutenant-gouverneur alors que la province de Québec se débat
avec un problème d'une acuité extraordinaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Où sont vos députés, si c'est si
important que ça?
M. LAURIN: M. le Président, voulez-vous rappeler le premier
ministre à l'ordre?
M. LESSARD: M. le Président, sur la question du
règlement.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LESSARD: Tout à l'heure, on nous a nommé l'article 115
à l'effet que la journée du mardi...
DES VOIX: Debout! Debout! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: En tout cas, moi, je n'ai pas un pouce de trop. On
s'aperçoit tout simplement que ça ne se mesure pas à la
grosseur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion.
M. LESSARD: M. le Président, tout à l'heure, on a
tenté de faire valoir l'article 115 qui disait, semble-t-il, que la
journée du mardi était la journée du gouvernement.
Ce que nous disons, nous, et c'est bien simple, c'est que les articles
du règlement sont déjà assez compliqués qu'on
pourrait au moins accepter ceux qui sont là.
On vient d'accepter, et vous venez de le dire, qu'il s'agit d'une
motion. Ce qui est présenté par le leader parlementaire du
gouvernement est une motion. Or, l'article 241 est très clair: Toute
motion, une fois qu'elle est mise en délibération, peut
être discutée. Nous avons justement l'intention de discuter cette
motion. Nous avons justement l'intention de l'amender, parce que nous croyons
actuellement, après un certain nombre de mois que ce parti-là est
au pouvoir, qu'il n'a absolument rien présenté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai demandé au député
de Bourget de citer. Je voudrais bien qu'il me renvoie également
à l'article 89 concernant la séance d'ouverture d'une nouvelle
Législature, où il est bien déterminé, l'ordre des
travaux du jour, à cette occasion. Je voudrais faire remarquer
également au député de Bourget que le débat qu'il
voudrait soulever, il aura toute occasion de le faire, non pas dans une semaine
ni dans un mois, mais dès demain, alors qu'à la suite du discours
du premier ministre, si je comprends bien, la parole sera accordée au
chef de l'Opposition officielle et par la suite au chef du Ralliement
créditiste; le député de Bourget sera le quatrième
orateur, ce qui normalement pourra venir demain.
Mais, je ne crois pas qu'en vertu de l'article 89 vous puissiez
entreprendre ce débat dès aujourd'hui, parce que tous les sujets
à l'ordre du jour y sont bien déterminés.
M. LESSARD: M. le Président...
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, il n'aura qu'à
demander aux journalistes de ne pas publier le texte qu'il a distribué
aujourd'hui.
M. HARDY: M. le Président, intervenant sur la question du
règlement, je vous renvoie à l'article 89, paragraphe 12, qui
dit: Sur la motion du chef ou d'un membre du gouvernement, la Chambre fixe la
date de la prise en considération du discours d'ouverture, institue les
commissions permanentes, puis nomme une commission spéciale de onze
membres et la charge de dresser et de présenter avec toute la diligence
possible une liste des députés, etc. Alors, je pense
qu'actuellement c'est l'article 89, 12e, qui doit s'appliquer.
M. LESSARD: M. le Président, nous sommes bien d'accord avec
l'article 89, sous-article 12...
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement.
C'est sur le même point de règlement, et le député
est déjà intervenu.
M. LESSARD: M. le Président, on fait appel à un autre
article du règlement à savoir l'article 89, et nous sommes bien
d'accord sur le sous-article 12 qui dit: Sur la motion du chef ou d'un membre
du gouvernement. C'est justement sur cette motion-là, M. le
Président, en vertu de l'article 241, que n ous voulons discuter.
M. LEVESQUE: J'invoque le règlement. Je ne crois pas que l'on
puisse commencer cette session, malgré que nous voulons être
très larges et apporter une grande coopération, sans s'opposer,
à un moment donné, à une instance comme celle-ci où
le règlement est mis de côté et où on continue
d'intervenir plusieurs fois sur le même point d'ordre.
M. LAURIN: M. le Président, je voudrais intervenir sur l'article
12. Je suis bien d'accord qu'il se lit comme suit: "Sur la motion du chef ou
d'un membre du gouvernement, la Chambre fixe la date." Mais je crois qu'en
vertu de l'arti-
cle 241, nous pouvons apporter un amendement à cette date qui est
fixée par le paragraphe 12 de l'article 89.
M. BOURASSA: Où est votre leader? Votre leader pourrait vous
conseiller.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Si le chômage vous inquiète tant, laissez-nous
donc travailler!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Après avoir entendu
plusieurs députés sur cette question, je dois me
référer à l'article 89. Il est bien dit également
qu'on doit considérer les décisions selon la coutume
établie en cette Chambre. A ma connaissance, depuis une dizaine
d'années, je n'ai jamais eu connaissance qu'il y ait eu débat sur
cette motion. Encore, si l'Opposition ou toute partie de l'Opposition n'avait
pas les moyens de discuter une telle motion avant quinze jours, un mois, je
serais peut-être porté à avoir une plus grande latitude.
Mais, je l'ai dit tout à l'heure, dès demain, au sujet du
discours inaugural, tous les membres de cette Chambre pourront apporter tous
les amendements, les votes de blâme ou de non confiance
désirés. Je dois m'en tenir à l'article 89.
Immédiatement, je demande: Est-ce que cette motion du leader du
gouvernement est adoptée?
UNE VOIX: Adopté. M. LAURIN: Sur division. M. LE PRESIDENT: Sur
division. Commissions permanentes
M. LEVESQUE: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
que les commissions permanentes suivantes soient instituées: 1)
commission de la présidence du Conseil; 2) commission du Travail et de
la Main-d'Oeuvre; 3) commission du Revenu; 4) commission des Transports; 5)
commission des Travaux publics; 6) commission des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives; 7) commission des Terres
et Forêts; 8) commission de la Voirie; 9) commission des Richesses
naturelles; 10) commission des Affaires sociales; 11) commission du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche; 12) commission des Affaires culturelles; 13)
commission de l'Agriculture et de la Colonisation; 14) commission des Affaires
intergouvernementales; 15) commission de l'Industrie et du Commerce; 16)
commission des Affaires municipales; 17) commission de l'Education; 18)
commission de l'administration de la Justice; 19) commission des Finances; 20)
commission de l'Immigration; 21) commission de la Fonction publique; 22)
commission des Communications; 23) commission des bills privés et des
bills publics; 24) commission des Comptes publics; 25) commission de
l'Assemblée nationale; 26) commission de la Constitution; 27) commission
des Engagements financiers; et que chacune de ces commissions s'oit
autorisée à délibérer et à s'enquérir
de toutes les affaires et de toutes les matières que la Chambre lui aura
renvoyées ou qui sont de sa compétence, à faire, de temps
à autre, des rapports exprimant ses observations et ses vues sur ces
affaires et ces matières et à envoyer chercher les personnes, les
pièces et les dossiers dont elle aura besoin.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose que MM. Bertrand,
Bourassa, Blank, Garneau, Hardy, Lacroix, Laurin, Lavoie (Laval), Levesque,
Paul, Pinard, Samson et Tremblay (Chicoutimi) forment la commission de
l'Assemblée nationale. Je suggère que la première
réunion ait lieu demain matin, au bureau du premier ministre, à
10 heures 30.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. L'honorable premier ministre.
Débat sur le discours inaugural
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Je ne commenterai pas, M. le Président, la manoeuvre
publicitaire à peine déguisée du Parti
québécois.
Cette deuxième session de la 29e Législature du Parlement
québécois s'ouvre à un moment où le Québec
doit faire face à des problèmes qui doivent mobiliser toutes ses
énergies. Les affaires du Québec ont leurs difficultés,
leurs embûches et leurs défis. Je n'ai pas l'intention, dans ces
quelques notes inaugurales, de masquer la vérité ou de camoufler
l'urgence de certaines situations, tout comme il serait déraisonnable de
faire preuve de pessimisme devant la nature des tâches que nous avons
à accomplir. Ces tâches, elles sont certes difficiles, mais elles
sont
aussi exaltantes. Les problèmes de notre temps commandent
à ceux qui sont chargés des affaires publiques beaucoup de
lucidité et de raison tant sont fortes les passions des hommes et
divisés leurs intérêts.
C'est à cette lucidité et à cette
vérité que nous entendons nous attacher.
A travers les tensions des groupes et leurs exigences, il nous faut
chercher des accommodements raisonnables et trouver des points de rencontre qui
se rapprochent le plus idéalement possible de la satisfaction du bien
commun. Le rôle du gouvernement à cet égard est de proposer
aux élus les solutions qui lui paraissent les plus conformes à
l'intérêt collectif. Grâce aux moyens dont il dispose, le
pouvoir exécutif a déjà effectué un premier
arbitrage. D'autres sont nécessaires. Croyez bien que le gouvernement ne
se formalisera pas des solutions appropriées qui pourraient lui venir
des diverses oppositions, car nous sommes convaincus que le débat public
est la seule façon de faire avancer les choses et d'assurer la paix
sociale.
Le gouvernement a sa responsabilité.
L'Opposition a la sienne.
C'est dans cette Assemblée que chacun de nous doit assumer sa
responsabilité d'élu du peuple.
Les débats parlementaires
M. BOURASSA: Certes, le débat parlementaire a parfois ses
lenteurs. La marche des événements, plus rapide que jamais, fait
qu'il a parfois du mal à garder le contact avec le coeur des
problèmes. Cependant, malgré ses imperfections, le débat
parlementaire est le seul moyen d'en arriver à un consensus qui
satisfasse l'ensemble des citoyens. Je ne prêche pas les vertus
inconditionnelles du système parlementaire. Je constate simplement que
nous n'avons pas le choix; son abandon mène directement à la
violence et au mépris de la vie. Des événements qui nous
ont touchés de trop près ont illustré jusqu'à quel
point peuvent aller les passions lorsqu'elles ne sont pas
tempérées par les règles de la discussion publique.
A nous de faire en sorte que notre Assemblée remplisse
véritablement son rôle.
Le gouvernement présentera à l'Assemblée nationale
un ensemble de mesures législatives qui auront une influence
déterminante sur notre avenir économique, social et culturel. Ces
mesures législatives ne sont évidemment pas exclusives. Les
ministères et les organismes gouvernementaux participent aussi
très directement à la solution des problèmes
québécois. Leurs décisions administratives n'ont
peut-être pas toujours l'éclat des actes législatifs; elles
n'en sont pas moins importantes pour l'avenir du Québec.
Nous ne prétendons pas, en une session parlementaire,
résoudre tous les problèmes du Québec. La nature des
dossiers qui retiennent notre attention interdit pareille approche. Dans notre
société, chacun joue sa partition. Il y a ceux qui parlent de
solutions. Il y a ceux qui les font. Ces derniers servent leurs concitoyens
avec tellement plus de mérite que les plus turbulents ténors de
nos places publiques.
Comme gouvernement, nous sommes là pour agir; nous avons agi et
nous continuerons d'agir.
Le thème du développement économique a
été et demeure la principale préoccupation du
gouvernement. Préoccupation principale n'est pas préoccupation
exclusive. Rien n'est pour autant sacrifié au rayonnement culturel et
à la dignité sociale du fait que nous concentrons nos efforts et
sur le développement économique et sur les problèmes
particulièrement aigus du chômage et du sous-emploi de nos
ressources.
Le progrès économique n'est pas dissociable du
progrès social et culturel. D'aucuns ont tendance à isoler cette
priorité gouvernementale et à l'opposer aux autres pôles de
croissance de notre société. Ils transforment ce qui est chez
nous une stricte priorité d'action en une sorte d'obsession du court
terme, voire d'absence de définition globale de la société
québécoise. Les "définisseurs" professionnels de
situations doivent peut-être rappeler à ceux qui gouvernent qu'ils
ne sont pas uniquement d'honnêtes administrateurs des dépenses
publiques. Ils devraient cependant comprendre que c'est
précisément parce que nous voulons dépasser le court terme
que nous avons inscrit le développement économique en tête
de liste de nos objectifs.
Sans compréhension et sans maîtrise relative des
données économiques qui conditionnent largement notre vie
individuelle et collective, nous risquons de retourner à un
modèle de société fermée que nous avons trop
longtemps connue.
Le style d'action du gouvernement actuel en est un d'effort
d'interprétation globale de la réalité
québécoise. Dans la mesure où le succès
économique est un élément déterminant du
développement de la collectivité, québécoise, une
condition nécessaire et un facteur essentiel à la
réalisation de ses aspirations culturelles et sociales, il devient une
motivation aussi stimulante que l'ont été la
démocratisation de l'éducation et les autres grandes
réformes et innovations de la révolution tranquille.
Dans cette perspective, nous trouverons, sous l'aspect rigoureux du
développement économique, les voies prometteuses d'une nouvelle
ambition collective, celle d'une plus grande prospérité pour tous
les Québécois. Cela demeure, aujourd'hui plus que jamais, notre
conviction.
Croissance économique
M. BOURASSA: Oubliant nos intérêts partisans, nous devons
faire collectivement nôtre l'objectif de la croissance économique.
Je comprendrais mal que des Québécois dignes de ce nom se
réjouissent de l'augmentation du chômage et applaudissent à
cette réalité du seul fait
qu'ils croient y trouver une défense de leurs thèses
partisanes. Que d'aucuns parmi nous conservent, à l'égard des
actions économiques du gouvernement, une vigilance critique et positive,
je le comprends facilement. J'ose croire cependant qu'aucun d'entre eux ne
rêve de bâtir son avenir sur l'affaiblissement de notre peuple.
La critique est certainement utile et nécessaire; l'action l'est
assurément davantage. Bâtir l'avenir, c'est bien de cela qu'il
s'agit. Membres d'une communauté d'un modèle exclusif, nous le
resterons et nous accentuerons les traits spécifiques de ce que nous
sommes dans la mesure, et dans la mesure seulement, où nous sortirons de
notre situation d'infériorité économique. C'est à
cela que nous entendons continuer de travailler. Nous agirons partout où
cela est possible, avec tous les moyens à notre disposition et en nous
donnant d'autres outils au besoin.
Nous voulons ainsi, d'une part, limiter à un strict minimum les
contraintes d'une conjoncture économique continentale défavorable
et, d'autre part, amorcer la relance indispensable à la vitalité
de notre développement.
Le gouvernement sait bien qu'en plaçant le développement
économique et la lutte contre le chômage au premier chef de ses
activités, il doit tenir compte également d'une foule de facteurs
sur lesquels il ne peut avoir qu'un contrôle relatif. Le gouvernement du
Québec pourrait facilement faire retomber sur d'autres le fardeau du
chômage et de tout ce qui l'accompagne. Ce n'est ni le style, ni
l'approche du gouvernement que je dirige.
Aussi, quelles que soient les limites de nos responsabilités,
nous poursuivrons les efforts déjà engagés. Nous mettrons
de l'avant de nouveaux programmes visant à ranimer le
développement industriel, commercial et financier et à
réactiver l'emploi. En un mot, nous prendrons nos responsabilités
et la population en jugera.
Développement industriel
M. BOURASSA: Les lois actuelles d'aide au développement
industriel seront orientées en vue d'une meilleure utilisation des
ressources. De caractère sélectif, de nouveaux programmes d'aide
à certains types d'entreprises viseront à modifier la structure
industrielle québécoise dans un sens plus favorable. Les
industries motrices de développement et créatrices d'emplois
seront privilégiées dans l'attribution des subventions publiques:
programmes d'assistance technique aux petites et moyennes entreprises, Loi des
fonds industriels, municipaux, assistance aux commissariats industriels,
prêts à taux d'intérêt réduit, création
d'une agence de développement industriel, participation accrue â
l'objectif de développement des ministères à vocation
économique, comme ceux des Terres et Forêts, des Richesses
naturelles et du Touris- me, et des organismes paragouvernementaux, dont Soquem
dans le secteur minier.
Voilà quelques-unes des mesures qui seront soumises â
l'attention de l'Assemblée nationale et qui viendront compléter
les décisions administratives, financières et budgétaires
prises ces derniers temps ou qui seront annoncées sous peu.
Je pourrais, M. le Président, détailler très
longuement toutes les modalités de ces différentes mesures, mais
j'aurai certainement l'occasion de le faire lors du dépôt des
projets de loi.
Politique tarifaire
M. BOURASSA: Tous les efforts du Québec pour orienter de
façon rationnelle son développement pourraient toutefois tourner
à vide et ne produire que des résultats marginaux si les
politiques fiscales, tarifaires et monétaires du gouvernement central ne
sont pas coordonnées avec nos priorités de développement.
Premier responsable du territoire où il exerce ses compétences et
du bien-être de la population dont il est le mandataire, le gouvernement
du Québec fera en sorte que l'action des autres gouvernements soit
conjuguée à la sienne.
En ce qui concerne la politique tarifaire et commerciale, nous
insisterons de façon systématique pour que celle-ci tienne compte
des caractères particuliers de la structure industrielle
québécoise, de la vulnérabilité de certains de nos
secteurs comme des possibilités d'expansion de certains autres. Ceci
avec la même fermeté que le gouvernement du Québec a mise
pour amener le gouvernement fédéral à modifier sa
politique anti-inflationniste pour une politique de lutte contre le
chômage ou encore à préciser certaines dispositions du
livre blanc sur la fiscalité, ce qui, on le sait, a permis le
déblocage d'importants investissements miniers plus d'un
demi-milliard en fait déblocage qui en amènera d'autres
sous peu.
Le fédéralisme canadien
M. BOURASSA: Bref, le fédéralisme canadien doit tenir
compte autant des impératifs nécessaires au développement
économique du Québec qu'au caractère culturel distinct de
la société québécoise.
D'ailleurs, nous ne pouvons que nous réjouir du fait que la
politique fédérale de développement régional a
apporté au Québec, ces derniers temps, des avantages
économiques importants.
Nous croyons en la possibilité d'une véritable affirmation
de notre identité culturelle dans le régime
fédéral. Affirmation culturelle, c'est-à-dire
maîtrise par le Québec et des moyens financiers et des
compétences constitutionnelles qui lui permettront de promouvoir
l'avenir culturel des Québécois.
Par ailleurs, le vaste champ de l'économie appelle le
Québec à collaborer avec les membres de la
fédération canadienne et le pouvoir
fédéral à l'établissement des politiques qui
ont une influence directe ou indirecte sur son développement.
Toute interprétation du fédéralisme qui ne
reconnaîtrait pas cette double réalité fondamentale nous
apparaît fautive.
Nos positions à la dernière conférence
constitutionnelle ont traduit cette dimension de la réalité
québécoise. Nos réserves ont voulu témoigner de
notre volonté d'associer la population du Québec à la
définition de ce nouveau fédéralisme. Malgré les
difficultés inhérentes à ce processus de la
révision constitutionnelle, je suis convaincu qu'il est possible
à des hommes qu'anime une même volonté de servir
l'intérêt public quel que soit le niveau de gouvernement
où ils exercent leurs activités d'harmoniser les
politiques indispensables au bien-être des collectivités dont
faut-il le rappeler ils ne sont que les serviteurs.
Programme législatif
M. BOURASSA: En plus d'être saisis prochainement de ce
problème fondamental, les députés auront à
étudier des lois importantes concernant nos affaires sociales. Des lois
sur les établissements de santé et de bien-être et sur les
offices régionaux de santé et de services sociaux favoriseront la
décentralisation de ces organismes, enlevant ainsi à l'aide de
l'Etat le caractère paternaliste qu'elle pourrait avoir. Nous serons
appelés à adopter des positions de principe sur un projet majeur
de refonte du droit professionnel dans les domaines de la santé et du
bien-être. Cette loi visera à démocratiser les structures
des corporations professionnelles du Québec. Toutes ces lois
contribueront à réaliser notre programme de justice et de
progrès social pour tous les citoyens du Québec.
Au chapitre de l'éducation, l'Assemblée nationale
étudiera la Loi de la restructuration scolaire sur l'île de
Montréal, anciennement le projet de loi 62, celle du regroupement des
commissions scolaires sur le territoire québécois et plusieurs
autres lois toutes orientées vers l'amélioration de la
qualité de l'enseignement.
Sur le plan de la vie démocratique québécoise, nous
serons appelés à poursuivre et à intensifier le rythme des
travaux de la commission de la réforme électorale.
Déjà, nous avons accompli un premier travail de déblayage
et nous avons une idée plus précise de la portée et des
limites de la réforme de notre système électoral.
Une réunion des représentants des quatre partis de cette
Assemblée a eu lieu la semaine dernière afin d'arrêter les
modalités du travail de la commission et de déterminer certaines
échéances. A la suite d'une entente entre les
représentants des partis, ces modalités seront rendues publiques
par le président de la commission dès cette semaine.
Il n'est pas nécessaire d'insister à nouveau pour rappeler
à cette Assemblée tout l'intérêt que le gouvernement
porte à cette importante question et qu'il a déjà
démontré d'une façon très réelle par
l'abolition des comtés protégés, au mois de
décembre.
Notre objectif, et je suis sûr qu'il est partagé par tous
les membres de cette Assemblée, c'est de fournir à notre
démocratie des moyens d'expression qui puissent mieux refléter
les diverses tendances d'opinion de notre milieu québécois. C'est
une façon pour nous de marquer concrètement notre respect et
notre attachement à l'autorité des voies démocratiques qui
doivent continuer de présider au développement et aux
progrès du Québec.
Dans le secteur des affaires culturelles, une attention spéciale
sera apportée à la protection de nos biens culturels. On
précisera également le rôle du ministère des
Communications.
Quant à l'administration de la justice, le souci du gouvernement
de démocratiser le fonctionnement de nos institutions judiciaires sera
traduit par des mesures législatives portant sur l'accès à
la justice, les cours municipales, l'indemnisation des victimes d'actes
criminels, les droits fondamentaux, le code civil.
Le gouvernement proposera également à l'Assemblée
nationale des mesures de nature à donner à notre agriculture les
moyens de se développer dans le sens d'une productivité et d'une
rentabilité accrues. Ces mesures concerneront certains programmes
existants comme le crédit agricole et l'amélioration des fermes.
Elles répondront dans d'autres cas à des attentes trop longtemps
déçues, comme la présentation d'une loi sur le
syndicalisme agricole et une révision conséquente de notre Loi
sur la mise en marché des produits agricoles.
Des réformes importantes seront également apportées
dans les structures de certains ministères, poursuivant en cela
l'objectif d'efficacité administrative du présent gouvernement. A
la dernière session, ces réformes ont porté sur
l'administration financière et sur les affaires sociales. Maintenant,
elles toucheront le ministère des Transports, ceux de la Voirie et des
Travaux publics, de même que celui des Terres et Forêts.
Des initiatives seront également prises afin de donner à
toutes les régions du Québec une vigueur nouvelle, assurant ainsi
un meilleur équilibre dans le développement de l'ensemble du
territoire québécois. Ces initiatives mettront à
contribution la plupart des ministères gouvernementaux et en particulier
ceux de la Voirie et des Affaires municipales. Le ministre des Affaires
municipales a déjà eu l'occasion d'annoncer toute une
série de projets de loi qui seront présentés à la
présente session et qui ont trait à l'urbanisme, à
l'évaluation foncière et à d'autres sujets de nature
municipale.
L'Assemblée nationale aura à adopter plu-sieur lois
concernant l'organisation de nos structures régionales et municipales.
Cette session sera aussi marquée par une innovation, la tenue au
Québec de l'importante conférence
provinciale-municipale qui aura lieu dans quelques mois.
A peu près tous les secteurs de la vie québécoise
seront donc touchés par cette volonté que nous avons de mettre
à jour nos institutions et de perfectionner l'administration des
affaires publiques québécoises, y compris, d'ailleurs, la
question des méthodes de travail de notre Assemblée nationale et
de ses commissions, des nombreux projets de loi qui auront trait aux relations
patronales-ouvrières, de l'accessibilité des territoires de
chasse et de pêche, de la protection du consommateur, de
l'habitation.
Cette session nous fournira également l'occasion d'examiner en
détail le contenu et la portée de livres blancs dans des domaines
particuliers, comme ceux de la Justice, des Communications, des Affaires
municipales et, à la suite du rapport prioritaire de la commission
Gendron, de la question linguistique. Elle nous amènera enfin à
adopter des crédits et un budget qui permettront au Québec de
mieux atteindre ses objectifs de développement.
J'ai la certitude qu'au terme de cette session nous aurons fait avancer
les choses dans la direction du mieux-être de tous les
Québécois.
Les fidélités au Québec prennent diverses formes.
La nôtre est sans contredit plus sobre que ne le souhaiteraient certains,
mais, en délaissant la forme pour le fond des situations, elle s'inscrit
davantage au coeur de la réalité québécoise.
Il en est particulièrement ainsi de notre priorité au
développement économique. Prolongeant l'élan amorcé
au début des années soixante, le développement
économique ajoute aux valeurs de cette époque; il participe
à la relève du défi posé par la science et la
technique. Il constitue à la limite la condition essentielle du respect
véritable de la dignité et de la liberté de l'homme
moderne.
L'année dernière, lors de l'ouverture de la session,
j'affirmais que le Québec pourrait être une partie de la jeunesse
du monde. J'en ai de plus en plus la conviction, compte tenu des exigences
d'une société qui a la légitime et double ambition de
participer pleinement aux fruits de la prospérité
économique, tout en accentuant ses caractéristiques culturelles.
Par-delà ces exigences, tous les membres de cette Assemblée comme
tous les citoyens québécois partagent cette même
volonté de durer et de progresser que nous tenons de la mémoire
de ceux qui nous ont précédés.
C'est cette volonté, cette ténacité obstinée
qui nous donnent la conviction que, tous ensemble, nous réussirons
à mettre en valeur les immenses possibilités et ressources du
Québec et ce, au profit de l'ensemble des citoyens
québécois.
Pour cela, il n'y a qu'une voie, il n'y a qu'une solution: c'est encore
et c'est toujours celle d'un Québec au travail!
M. le Président, j'ai l'honneur de proposer la motion suivante,
appuyée par M. Levesque: Que l'adresse suivante soit
présentée à l'honorable lieutenant-gouverneur de la
province de Québec: "Nous, les membres de l'Assemblée nationale
du Québec, vous remercions pour le discours d'ouverture qu'il vous a plu
de prononcer."
M. BERTRAND: M. le Président, je demande l'ajournement du
débat.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons, il y a quelques
instants, adopté une motion créant certaines commissions
parlementaires. Je demanderais le consentement unanime de la Chambre afin de
donner un avis de convocation d'une de ces commissions. Si j'ai ce consentement
unanime, je demanderais au ministre concerné de donner cet avis et de
faire motion pour que la commission parlementaire en question puisse se
réunir.
Cela permettrait, justement, d'aviser les intéressés qui
ont à se présenter devant cette commission de le faire en temps
utile.
M. BERTRAND: M. le Président, si l'on veut demander l'avis de la
convocation d'une commission, s'agirait-il de la commission parlementaire de
l'Education?
M. LEVESQUE: M. le Président, il s'agit d'un sujet relié
à l'éducation. Mais il ne s'agit pas de la commission
parlementaire de l'Education. Je sais que le ministre de la Fonction publique
est prêt à donner les explications.
Commission de la fonction publique
M. L'ALLIER: M. le Président, avec le consentement unanime de
cette Chambre, je propose la convocation de la commission parlementaire de la
Fonction publique afin qu'elle puisse prendre connaissance des détails
du litige qui oppose actuellement les syndicats des enseignants et la partie
patronale, à savoir les commissions scolaires et le gouvernement. Ce
litige est extrêmement complexe. Les informations transmises à la
population et qui parviennent aux membres de cette Chambre sont souvent
incomplètes. Compte tenu de l'importance de l'enseignement au
Québec et de la prestation principale de l'obligation des enseignants de
fournir l'enseignement, alors qu'un contrat est actuellement en cours,
dûment signé, je propose donc la convocation, dans les meilleurs
délais, de cette commission parlementaire.
M. PAUL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: Cent mille excuses si par votre intermédiaire, je
voudrais suggérer à l'honorable leader du gouvernement de faire
une motion, genre "omnibus" pour mettre de côté l'article 760 de
notre règlement, considérant que l'invitation nous est faite par
l'honorable ministre de la Fonction publique de convoquer la commission de la
Fonction publique.
Nous avons déjà reçu un avant-projet ou un projet
de différentes commissions qui siégeront, trois d'entre elles,
jeudi de cette semaine et possiblement également la semaine prochaine
alors que peut-être le discours inaugural n'aura pas été
accepté. Alors, si l'honorable leader du gouvernement faisait cette
motion pour mettre de côté les applications de l'article 760 afin
de permettre aux commissions de siéger, quant à nous, nous
serions prêts à accepter cette motion et, du même coup, nous
verrions d'un bon oeil, la convocation que vient de nous communiquer le
ministre de la Fonction publique. Encore là, M. le Président, il
ne faudrait pas que cette commission siège demain parce que, de toute
façon, les commissions ne seront pas encore formées. Si cette
commission siège jeudi ou vendredi, quant à nous, nous sommes
prêts.
M. LEVESQUE: Si le consentement unanime est obtenu, je crois, dans ce
cas-là, que la suggestion du leader parlementaire de l'Opposition
officielle arrive bien. Ce serait plutôt une motion "omnibus" car nous
avons d'autres commissions également qui devraient siéger jeudi
matin: Celle des Engagements financiers et celle des Affaires sociales.
Donc, cette première motion étant adoptée, je
proposerais ensuite que la commission parlementaire de la Fonction publique
puisse siéger après l'ordre du jour jeudi après-midi, vers
quatre heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain après-midi, quinze heures.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
La Chambre ajourne ses travaux à demain après-midi, quinze
heures.
(Fin de la séance 15 h 59)
MEMBRES DU CONSEIL DES MINISTRES A L'OUVERTURE DE LA
2e SESSION DE LA 29e LEGISLATURE
M. Robert Bourassa Premier ministre Ministre des Affaires
intergouvernementales
M. Bernard Pinard Ministre de la Voirie Ministre des Travaux publics
M. Gérard D. Lévesque Ministre de l'Industrie et du
Commerce
Mme Claire Kirkland-Casgrain Ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche
M. Claude Castonguay Ministre des Affaires sociales
M. Jérôme Choquette Ministre de la Justice
M. Guy Saint-Pierre Ministre de l'Education Responsable du
Haut-Commissariat à la Jeunesse aux Loisirs et aux Sports
M. Raymond Garneau Ministre des Finances
M. Maurice Tessier Ministre des Affaires municipales
M. William Tetley Ministre des Institutions financières,
Compagnies et Coopératives
M. Normand Toupin Ministre de l'Agriculture et de la Colonisation
M. Gilles Massé Ministre des Richesses naturelles
M. Kevin Drummond Ministre des Terres et Forêts
M. Georges-E. Tremblay Ministre des Transports
M. François Cloutier Ministre des Affaires culturelles Ministre
de l'Immigration
M. Jean-Paul L'Allier Ministre des Communications Chargé de
l'Office Franco-Québécois Ministre de la Fonction publique
M. Gérald Harvey Ministre du Revenu
M. Jean Cournoyer Ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre
M. Oswald Parent Ministre d'Etat aux Affaires intergouvernementales
M. Victor C. Goldbloom Ministre d'Etat responsable de la qualité
de l'environnement
M. Claude Simard Ministre d'Etat à l'Industrie et au Commerce
M. Robert Quenneville Ministre d'Etat aux Affaires sociales
M. Roy Fournier Solliciteur général
ADJOINTS PARLEMENTAIRES A L'OUVERTURE DE LA 2e SESSION
DE LA 29e LÉGISLATURE
MM. BERTHIAUME, Paul ............... Transports
CADIEUX, Gérard................. Travail et Main-d'Oeuvre
COITEUX, Henri ................. Terres et Forêts
HOUDE, Gilles................... Communications Chargé du
Haut-Commissariat â la Jeunesse, aux Loisirs et aux Sports
MAILLOUX, Raymond.............. Voirie
PERREAULT, Jean................ Richesses naturelles
THEBERGE, Gilbert ............... Tourisme, Chasse et Pêche
VAILLANCOURT, Georges ........... Agriculture et Colonisation
DÉPUTÉS DE L'ASSEMBLÉE NATIONALE
A L'OUVERTURE DE LA 2e SESSION DE LA 29e LEGISLATURE
District électoral - Nom - Profession -
Affiliation politique
Abitibi-Est Ronald Tétrault Industriel R.C.
Abitibi-Ouest Aurèle Audet Gérant R.C.
Ahuntsic François Cloutier Médecin psychiatre Lib.
Argenteuil Zoël Saindon Médecin chirurgien Lib.
Arthabaska J.-Gilles Massé Administrateur Lib.
Bagot Jean-Guy Cardinal Notaire U.N.
Beauce Fabien Roy Gérant de caisse R.C.
Beauharnois Gérard Cadieux Commerçant Lib.
Bellechasse Gabriel Loubier Avocat U.N.
Berthier Guy Gauthier Médecin U.N.
Bonaventure Gérard-D. Levesque Avocat et commerçant
Lib.
Bourassa Georges-E. Tremblay Marchand industriel Lib.
Bourget Camille Laurin Médecin P.Q.
Brome Glendon Pettes Brown Professeur et cultivateur Lib.
Chambly Jean Cournoyer Avocat Lib.
Champlain Normand Toupin Administrateur Lib.
Charlevoix Raymond Mailloux Homme d'affaires Lib.
Châteauguay George Kennedy Comptable agréé Lib.
Chauveau André Harvey Publicitaire Lib.
Chicoutimi Jean-Noël Tremblay Professeur U.N.
Compton J.-Omer Dionne Cultivateur Lib.
D'Arcy-McGee Victor-C. Goldbloom Médecin Lib.
Deux-Montagnes Jean-Paul L'Allier Avocat Lib.
Dorchester Florian Guay Gérant général R.C.
Dorion Alfred Bossé Conseiller technique Lib.
Drummond Bernard Pinard Avocat Lib.
Dubuc Roch Boivin Médecin U.N.
Duplessis Henri-L. Coiteux Ingénieur forestier Lib.
Fabre Gilles Houde Maître en éducation Lib. physique et
hygiène
Frontenac Paul-A. Latulippe Industriel R.C.
Gaspé-Nord François Gagnon Gérant U.N.
Gaspé-Sud J.-Arthur-Guy Fortier Médecin chirurgien
Lib.
Gatineau Roy Fournier Avocat Lib.
Gouin Guy Joron Agent de change P.Q.
Hull Oswald Parent Administrateur Lib.
Huntingdon Kenneth Fraser Cultivateur Lib.
Iberville Alfred Croisetière Expéditeur U.N.
Iles-de-la-Madeleine Louis-Philippe Lacroix Comptable Lib.
Jacques-Cartier Noël St-Germain Optométriste Lib.
Jeanne-Mance Aimé Brisson Comptable agréé Lib.
Jean-Talon Raymond Garneau Economiste Lib.
Joliette Robert Quenneville Médecin Lib.
Jonquière Gérald Harvey Commis Lib.
Kamouraska Jean-Marie Pelletier Aviculteur Lib.
Labelle Fernand Lafontaine Ingénieur U.N.
Lac-Saint-Jean Roger Pilote Administrateur Lib.
Lafontaine Marcel Léger Administrateur P.Q.
L'Assomption Jean Perreault Ingénieur Lib.
Laurier André Marchand Imprimeur Lib.
Laval Jean-Noël Lavoie Notaire Lib.
Laviolette Prudent Carpentier Surintendant Lib.
Lévis J.-Aurélien Roy Administrateur industriel R.C.
Limoilou Fernand Houde Comptable Lib.
L'Islet Julien Giasson Courtier d'assurances Lib.
Lotbinière Jean-Louis Béland Aviculteur R.C.
Louis-Hébert Claude Castonguay Actuaire Lib.
Maisonneuve Robert Gordon Burns Avocat P.Q.
District électoral - Nom - Profession -
Affiliation politique
Marguerite-Bourgeoys Claire Kirkland-Casgrain Avocate Lib.
Maskinongé Rémi Paul Avocat U.N.
Matane Jean Bienvenue Avocat Lib.
Matapédia Bona Arsenault Homme d'affaires et Lib. journaliste
Mégantic Bernard Dumont Agent d'assurances et R.C. homme
d'affaires
Mercier Robert Bourassa Avocat et économiste Lib.
Missisquoi Jean-Jacques Bertrand Avocat U.N.
Montcalm Marcel Masse Professeur U.N.
Montmagny Jean-Paul Cloutier Licencié en sciences U.N.
commerciales
Montmorency Louis Vézina Avocat Lib.
Napierville-Laprairie Paul Berthiaume Conseiller en informatique
Lib.
Nicolet Clément Vincent Agriculteur U.N.
N.D.-de-Grâce William Tetley Avocat Lib.
Olier Fernand Picard Industriel Lib.
Outremont Jérôme Choquette Avocat Lib.
Papineau Mark Assad Professeur Lib.
Pontiac Jean-Guy Larivière Marchand Lib.
Portneuf Antoine Drolet Gérant de magasin R.C.
Richelieu Claude Simard Industriel Lib.
Richmond Yvon Brochu Psychologue R.C.
Rimouski Maurice Tessier Avocat Lib.
Rivière-du-Loup Paul Lafrance Chirurgien-dentiste Lib.
Robert-Baldwin Arthur-E. Séguin Administrateur Lib.
Roberval Robert Lamontagne Notaire Lib.
Rouville Marcel Ostiguy Industriel Lib.
Rouyn-Noranda Camille Samson Vendeur R.C.
Saguenay Lucien Lessard Professeur P.Q.
Sainte-Anne George P. Springate Homme d'affaires Lib.
Sainte-Marie Charles Tremblay Aide technicien, P.Q. syndicaliste
Saint-Henri Gérard Shanks Fonctionnaire Lib.
Saint-Hyacinthe Fernand Cornellier Gérant Lib.
Saint-Jacques Claude Charron Professeur P.Q.
Saint-Jean Jacques Veilleux Professeur Lib.
Saint-Laurent Léo Pearson Courtier en valeurs Lib.
Saint-Louis Harry Blank Avocat Lib.
Saint-Maurice Philippe Deniers Vétérinaire U.N.
Saint-Sauveur Armand Bois Courtier d'assurances R.C.
Shefford Armand Russell Industriel U.N.
Sherbrooke Jean-Paul Pépin Représentant des ventes
Lib.
Stanstead Georges Vaillancourt Commerçant Lib.
Taillon Guy Leduc Puplicitaire Lib.
Témiscamingue Gilbert Théberge Dentiste Lib.
Témiscouata J.-Montcalm Simard Industriel U.N.
Terrebonne Denis Hardy Avocat Lib.
Trois-Rivières Guy Bacon Agent de relations Lib. publiques
Vaudreuil-Soulanges Paul Phaneuf Administrateur Lib.
Verchères Guy St-Pierre Ingénieur Lib.
Verdun Lucien Caron Industriel Lib.
Westmount Thomas Kevin DrummondAdministrateur Lib.
Wolte René Lavoie Agent d'affaires U.N.
Yamaska Benjamin Faucher Vétérinaire Lib.
Lib. Libéral
P.Q. Parti québécois
R.C. Ralliement des créditistes
U.N. Union nationale