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(Dix heures trente-cinq minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. PAUL: M. le Président, au sujet des bills publics, est-ce que,
par hasard, même s'ils figurent en appendice au feuilleton, les projets
de loi concernant la charte de la ville de Gaspé et la charte de la
ville de Percé seraient imprimés? Cela nous permettrait
peut-être de les regarder en fin de semaine si, par hasard, ils
étaient imprimés.
M. LEVESQUE: Justement, je me suis en-quis de cela ce matin dans le but
de pouvoir remettre les épreuves, au moins aux chefs de parti et aux
leaders parlementaires. Ce n'est pas encore prêt. J'ai demandé
qu'on essaie de les avoir pour la fin de l'après-midi et on m'a
assuré que, lundi au plus tard, on devrait être en mesure de les
remettre.
M. BERTRAND: Lundi matin? M. LEVESQUE: Oui. M. BERTRAND: Les quatre? M.
LEVESQUE: Oui, les quatre.
M. BERTRAND: Si on avait les quatre projets.
M. LE PRESIDENT: Déclarations ministérielles.
Dépôts de documents. Questions des
députés.
L'honorable député de Saint-Maurice.
Questions et réponses
Taux de chômage
M. DEMERS: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail et, en son absence, au premier ministre. Elle a trait à la
montée vertigineuse du taux du chômage. On nous rapporte qu'il y
aurait 25,000 chômeurs de plus qu'à pareille date l'année
dernière et qu'il y aurait 24,000 chômeurs...
M. LE PRESIDENT: La question.
M. DEMERS: ... de plus chez les jeunes, comparativement... Vous voulez
que j'en vienne à la question, M. le Président?
M. LEVESQUE: Oui, de grâce, M. le Président.
M. PAUL: C'est juste pour vous mettre l'eau à la bouche.
M. DEMERS: Je fais comme le chômage; je grimpe tranquillement vers
la question. Il y aurait donc 24,000 chômeurs de plus chez les jeunes de
14 à 24 ans. Je demande au gouvernement, dans sa politique de recyclage,
quelles précisions il pourra nous apporter pour régler le cas
bien précis du chômage, afin que l'on n'établisse pas tous
les records possibles pour le mois de décembre.
M. BOURASSA: En ce qui a trait au recyclage, le ministre d'Etat et
député de Gatineau pourra répondre mardi, après
discussion avec le ministre du Travail. Je comprends que le
député de Saint-Maurice donne sa propre version, mais on doit
quand même constater que même si le chômage est très
élevé, il y a eu 60,000 chômeurs de plus d'octobre à
novembre pour le Québec, comparativement à 20,000 pour
l'Ontario.
C'est une hausse, d'accord, mais la hausse est moins forte qu'elle ne
l'était au cours des derniers mois.
M. DEMERS: M. le Président, je ferai remarquer au premier
ministre que les statistiques ne sont pas de moi, mais bien de l'office du
chômage à Ottawa.
M. BOURASSA: Non, non, mais je comparais d'octobre à novembre, au
Québec et dans le reste du Canada.
M. DEMERS: Octobre et novembre cette année comparativement
à novembre l'an dernier.
M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. BOURASSA: On peut parler de 1966, 1967, 1968 et 1969. On va voir les
hausses de chômage qu'il y avait ces années-là.
M. DEMERS: Vous tendez à un record.
Routes de la Côte Nord
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Question additionnelle, M. le
Président. Reprenant ce que mon collègue, le député
de Saint-Maurice, a dit, est-ce que le premier ministre a pris connaissance
d'un rapport du CRD de la Côte Nord, indiquant qu'il y avait 20 p. c. de
la main-d'oeuvre en chômage et que l'on réclame la construction du
réseau de routes de la Côte Nord pour pallier cette
débilité du gouvernement?
M. BOURASSA: M. le Président, si le député veut se
rafraîchir la mémoire, il va se rendre compte que grâce
à l'action du gouvernement, qui a fait changer la réforme fiscale
dans le domaine du secteur minier, il y a plus d'un demi-milliard de dollars
d'investissements nouveaux sur la Côte Nord qui devraient prochainement
commencer à donner des résultats.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, question additionnelle.
J'ai posé une question précise au premier ministre. Il y a 20 p.
c. de la main-d'oeuvre de la Côte Nord qui ne travaille pas et, pour
réembaucher ces gens, on demande la construction du réseau
routier de la Côte Nord. C'est une question très précise.
Je demande au premier ministre si son gouvernement a l'intention de mettre en
chantier ces travaux que réclame le CRD de cette région.
M. BOURASSA: Est-ce que le député pourrait être plus
précis? Quand il parle de réseau routier de la Côte Nord,
est-ce qu'il parle de la route qui mène au Labrador? Quelle route?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Toute la route, M. le Président, qui va
de Tadoussac à Blanc-Sablon.
M. PAUL: Une question corollaire, M. le Président.
M. LEVESQUE: Voyons!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Question additionnelle au sujet du réseau routier.
Est-ce que le premier ministre est capable de nous donner, actuellement, une
réponse concernant la route de Gagnon qui est un projet
extrêmement important pour la Côte Nord et pour le Québec?
Et c'est surtout...
M.BOURASSA: C'est au ministre de la Voirie, je pense,...
M. LESSARD: J'ai posé la question au ministre de la Voirie. Le
premier ministre me dit qu'on a enregistré...
M. BOURASSA: Non, je veux dire que M. Arthur Tremblay est sur le point
de terminer une étude. Il y a eu plusieurs négociations et
discussions au sujet de cette route. Il doit nous fournir une réponse
là-dessus.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, comme question corollaire, est-ce que
l'honorable premier minis- tre pourrait, d'une façon bien objective,
nous faire un rapport, avant la fin ou pour la fin de la présente
session, de sa campagne d'embauche pour 100,000 nouveaux emplois au
Québec et ce, à partir du premier mai 1970 jusqu'au 15
décembre 1970?
M. BOURASSA: M. le Président, 12,000 pour les travaux de voirie
que nous avons annoncés; 20,000 pour l'habitation que nous avons
annoncée...
M. PAUL: M. le Président, nous voulons avoir les chiffres justes.
Pour faciliter notre comptabilité, nous voudrions les avoir d'une
façon précise dans chaque secteur des différentes branches
de l'économie québécoise.
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Lotbinière.
Calcium sur les routes
M. BELAND: M. le Président, ma question s'adressait au ministre
de la Voirie mais cela concerne également les Affaires municipales, je
ne sais pas à qui je dois m'adresser.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. BELAND: II s'agit de l'épandage de calcium dans plusieurs
villages de la province où on cherche à faire fondre la neige
plutôt que de l'enlever simplement. Etant donné qu'il y a des
dommages qui en résultent vis-à-vis de puits artésiens
appartenant soit à la municipalité ou à des
propriétaires privés, est-ce que le gouvernement assume la
responsabilité du coût des dommages?
M. TESSIER: M. le Président, si le calcium est répandu par
la municipalité, évidemment, c'est à la
municipalité elle-même à réparer les dommages. Ce
n'est pas le gouvernement qui a affaire, à ce moment-là.
M. BELAND: Une question supplémentaire. Justement, il s'agit de
calcium étendu par le ministère de la Voirie.
M. PAUL: Est-ce que le même raisonnement s'applique?
M. TESSIER: Je laisserai le ministre de la Voirie vous répondre,
alors.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
Assurance-hospitalisation
M. LAURIN : Ma question porte sur la conférence des ministres de
la Santé. Je l'adresse au
nouveau ministre des Affaires sociales. Le ministre a-t-il
indiqué clairement que le Québec entend se retirer
définitivement du programme d'assurance-hospitalisation à la fin
de la période transitoire qui a été prolongée
jusqu'à la fin de 1971?
M. CASTONGUAY: M. le Président, au début de cette
conférence, j'ai indiqué dans une déclaration, d'ailleurs,
qui a été remise à la presse, qu'à notre avis, ce
qui était le plus important, à ce stade-ci, à titre de
ministre des Affaires sociales ou de la Santé, c'était la
recherche d'un meilleur système d'organisation et de fonctionnement des
services de santé et que toutes les interventions que je ferais seraient
dans ce cadre.
Dans le même ordre d'idées, j'ai indiqué la trop
grande rigidité des programmes de financement qui ont été
développés au cours des dernières années par le
gouvernement fédéral, telle l'assurance-hospitalisation,
l'assurance-maladie. Je dois également ajouter que des
représentants d'autres provinces, comme l'Alberta, ont souligné
cette grande rigidité des programmes fédéraux. A la suite
de ces interventions, le ministre fédéral a convenu que des
discussions sur le plan technique s'amorcent; d'ailleurs, des formules ont
été mises de l'avant. Je fais référence à
celle du ministre de l'Alberta, qui a été rendue publique. Le but
visé est d'en arriver à une formule de financement qui laisse
toute latitude aux provinces quant à l'organisation et à la
distribution des services de santé.
Quant à l'autre question à savoir s'il doit y avoir une
entente définitive qui pourrait se traduire sous la forme de points
d'impôt, etc., ce n'était pas dans le cadre de la discussion de la
conférence.
M. LAURIN: Est-ce que le ministre a repris à son compte les
protestations de l'ancien gouvernement concernant les subventions nationales
à la santé qui sont faites directement par le gouvernement
fédéral aux institutions du Québec?
M. CASTONGUAY: M. le Président, un programme a été
mis de l'avant, il y a deux ans, je crois, par le fédéral,
programme qui compte pour l'ensemble du Canada, si ma mémoire est bonne,
un montant de l'ordre de $2 millions pour l'exercice financier en cours. C'est
donc un montant assez minime. Malgré tout, le principe est
extrêmement important, parce que ces subventions peuvent être le
signal de départ d'un nouveau type de services, et nous avons
soulevé ce point. Nous avons convenu d'une procédure qui nous
donne la possibilité de nous objecter à l'octroi sans
consultation ou à l'octroi, par le gouvernement fédéral,
de subventions qui iraient à l'encontre de la planification du
développement de nos services.
Là-dessus, nous avons convenu d'une procédure qui
m'apparaît raisonnable.
Caisse d'aide à la santé
M. LAURIN: En ce qui concerne la caisse d'aide à la santé,
M. le ministre, est-ce que vous avez demandé que le résidu non
encore réparti soit distribué uniquement au prorata de la
population et non pas, comme il avait déjà été
annoncé, à des institutions nationales?
M. CASTONGUAY: M. le Président, sur la question de la caisse
d'aide à la santé, après l'attribution d'une
première tranche de $325 millions sur le montant de $500 millions, la
Loi de la caisse d'aide à la santé ou les ententes qui avaient
été prises auraient permis au gouvernement fédéral
de distribuer ce montant de $175 millions à la limite extrême pour
des projets d'importance nationale et non pas nécessairement pour des
établissements d'importance nationale.
A la conférence, la question a été reprise et il a
été convenu qu'une tranche de $100 millions sur le montant de
$175 millions qui reste serait distribuée sur une base per capita,
c'est-à-dire sur la même base que le premier montant de $300
millions qui a été distribué et qui semble avoir
donné satisfaction aussi bien au Québec qu'aux autres
provinces.
Quant au dernier montant de $75 millions, le principe qui a
été retenu ou qui semble être accepté par le
gouvernement fédéral, parce qu'encore là ce n'est pas un
montant qui sera distribué au cours des prochaines semaines ou des
prochains mois, c'est qu'il soit retenu pour des projets d'importance
nationale, mais uniquement après consultation avec les provinces.
Quand on parle de $75 millions, nous pouvons imaginer à prime
abord de grandes écoles ou de grandes universités, mais les
provinces comme le Québec ont mis de l'avant la nécessité
que certains projets d'importance nationale ne soient, en fait, pas
nécessairement considérés comme tel. Nous avons mis de
l'avant les centres communautaires de santé comme étant des
projets qui mériteraient une part généreuse de financement
pour leur développement assez rapide. Cette suggestion a
été retenue comme une des possibilités par le ministre
fédéral. La preuve, d'ailleurs, c'est que la conférence a
convenu de mettre immédiatement sur pied un groupe de travail qui sera
chargé de recueillir toute l'information sur ces centres communautaires
de santé et d'étudier quelles sont les formules qui ont
été utilisées dans diverses expériences pour
résoudre certains des problèmes de fonctionnement de ces
centres.
Soins des optométristes
M. LAURIN: Enfin, une dernière question additionnelle au
ministre. Le gouvernement fédéral a-t-il accepté de
contribuer aux soins donnés par les optométristes?
M. CASTONGUAY: Sur cette question, il faut que je me reporte à la
position originale que nous avons prise à l'effet que les formules de
financement actuelles telles l'assurance-hospitalisation ou
l'assurance-maladie, sont trop rigides. Il ne faut pas, en même temps que
nous exprimons cette position, demander quelque chose de contraire. Insister
fortement pour la couverture des soins optométriques, dans le
régime d'assurance-maladie, était, à mon sens, contraire
à cette position générale.
La position que nous avons prise c'est que, comme ministre de la
santé, j'étais d'accord pour que ce soit compris, mais à
la condition que nous étudiions en même temps une nouvelle formule
de financement. Simplement insister pour la couverture des soins
optométriques, sans avoir la contrepartie, c'était insister pour
la continuation d'un régime de financement auquel nous nous opposions,
d'autre part.
Le ministre fédéral a convenu qu'au cours des deux ou
trois prochains mois une décision serait prise par le gouvernement
fédéral au sujet de la couverture des soins
optométriques.
M. DUMONT: Une question supplémentaire, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, je crois que le député de
Montmagny aurait une question supplémentaire,
M. DUMONT: Moi aussi.
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, je voudrais faire suite
aux propos du député de Bourget et du ministre des Affaires
sociales. Au sujet de la caisse d'aide à la santé, on se souvient
que, l'an dernier ou il y a deux ans, dans le cadre de la lutte contre
l'inflation, le ministre fédéral des Finances, M. Benson, avait
plafonné les contributions annuelles à même le fonds de
$500 millions prévu pour la caisse d'aide à la santé.
Dans le cadre d'une autre opération qui s'amorce maintenant,
celle de débloquer certains crédits, ce plafond existe-t-il
encore? Je crois qu'il se situait aux environs de $10 à 12 millions pour
chacune des provinces. Ce plafond existe-t-il encore ou si on a discuté
de la possibilité de l'enlever ou de le fixer à un niveau plus
élevé pour permettre, évidemment, de réaliser plus
tôt des projets déjà envisagés dans le domaine de la
santé?
M. CASTONGUAY: La question a bien été discutée,
mais des opinions divergentes ont été émises.
D'une part, on peut désirer avoir une plus large part et plus
rapidement des fonds de cette caisse pour des projets de construction
liés à la recherche et à l'enseignement dans le domaine de
la santé, mais en même temps et c'est le type d'opinions
divergentes qui ont été expri- mées une fois ces
projets réalisés, il faut les financer. Donc, un certain nombre
de provinces ont dit qu'au plan des déboursés de la caisse, la
formule était peut-être un peu trop rigide présentement,
mais il n'y a pas eu de demande générale pour que tout
contingentement de la caisse soit éliminé brusquement.
Sur ce plan, cela revient un peu un genre de décision ou de
réalisation que nous avons effectuée en ce qui a trait au projet
de construction des hôpitaux ici au mois de mai ou au mois de juin.
Rapatriement de la sécurité
sociale
M. CLOUTIER (Montmagny): M. le Président, une question
additionnelle. Je comprends que c'était une conférence
fédérale-provinciale des ministres de la Santé, mais le
ministre des Affaires sociales a rencontré son homologue, M. Munro,
ministre de la Santé. Est-ce qu'il a été question de la
sécurité sociale, du livre blanc et du rapatriement de la
sécurité sociale en dehors de la conférence? Si le
ministre a des choses intéressantes à révéler
à la Chambre à ce sujet, nous l'écoutons avec beaucoup
d'intérêt.
M. CASTONGUAY: La question n'a pas été discutée,
évidemment, à la conférence. Les discussions que nous
avons pu avoir en dehors de la conférence, je ne pense pas que ce soit
le genre d'information qui doive être transmise ici; cela revêt un
caractère officieux absolument pas officiel.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que le ministre du Québec a
prévenu son homologue, M. Munro, qu'il lui enverrait le rapport de la
commission Castonguay sur la sécurité du revenu?
M. CASTONGUAY: Le ministre était déjà au
courant.
M. LE PRESIDENT: Le député de Mégantic.
Taxe du progrès social
M. DUMONT: Une question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre, en présence de ses amis de la santé des
autres provinces, a réussi à fournir une excuse permettant de
convaincre le ministre fédéral de rembourser la taxe dite de
progrès social au montant de $255 millions pour aider son
collègue le ministre des Finances?
M. CASTONGUAY: M. le Président, j'ai mentionné
tantôt, lorsqu'on m'a posé la question au sujet du programme
d'assurance-hospitalisation, que c'était une conférence des
ministres de la Santé et que nous nous en sommes tenus aux questions qui
étaient à l'ordre du jour.
Cela n'aurait fait que prolonger davantage les travaux de cette
conférence que d'introduire des questions qui ne sont pas de la
responsabilité immédiate du ministre de la Santé et qui ne
sont pas, à titre de ministre de la Santé, des questions que je
dois soulever sans que nous le fassions d'une façon coordonnée
à l'intérieur du cabinet.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce à dire qu'avec tout le prestige que l'on attribue dans le
Québec, au ministre de la Santé, qu'il serait passé
inaperçu à la conférence, comme le ministre des
Finances?
M. BOURASSA: M. le Président, où veut en venir le
député avec de telles questions?
M. DUMONT: Nous pensions que le ministre reviendrait avec $255
millions.
M. BOURASSA: II n'y a pas de prima donna dans le cabinet que je dirige,
c'est pour ça que c'est un cabinet efficace.
M. DUMONT: On pensait que le ministre reviendrait avec des millions.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
Communiqués de l'ODEQ
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai une question non
litigieuse à l'intention du premier ministre. Est-ce que le premier
ministre pourrait nous dire s'il est exact que le ministre des Affaires
municipales aurait fait interrompre la publication de certains
communiqués portant sur le bilan de l'exécution du plan de
développement de l'Est du Québec?
Il devait y avoir une centaine de communiqués, il y en a eu
à peu près une quinzaine de publiés et le directeur de
l'Office d'information et de publicité de la région de Rimouski a
dit qu'il ne pouvait pas faire de commentaires, qu'il ne savait pas ce qui se
passait. Mais, selon toute vraisemblance, il y aurait eu intervention du
ministre des Affaires municipales. Alors, est-ce que le premier ministre
pourrait nous dire quelle est l'attitude du gouvernement en ce qui concerne
cette affaire et en ce qui concerne l'ingérence du gouvernement dans
l'Office d'information et de publicité?
M. BOURASSA: Je ne sais pas si l'ancien ministre appelle ça une
question non litigieuse, je suppose que le ministre responsable peut
répondre.
M. TESSIER: M. le Président, c'est absolument faux.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Prési- dent, une question
additionnelle. Je veux bien prendre la parole du ministre des Affaires
municipales, mais il y a quand même un rapport officiel des journaux de
Rimouski...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. LEVESQUE: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vais expliquer ce
que je veux dire.
M. LEVESQUE: A l'ordre! Le président est debout.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre...
M. LE PRESIDENT: Je ne peux pas permettre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...des Affaires municipales a
été mal cité...
M. LEVESQUE: Le président est debout. M. TREMBLAY (Chicoutimi):
...ou non? M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous ne me laissez pas le temps de vous
expliquer ce que je veux dire.
M. LEVESQUE: A l'ordre! DES VOIX: A l'ordre!
M. SAINT-PIERRE: Le président est debout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je vais rester debout tant que je ne poserai
pas la question.
DES VOIX: Assis, assis.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi
connaît très bien les règlements et il sait pertinemment
qu'il doit prendre la parole du ministre des Affaires municipales qui a, d'une
manière catégorique, nié, ou répondu d'une
manière négative à la question du député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on doit donc prendre
pour acquis, encore une fois, que les journaux se sont trompés, que les
journalistes de Rimouski sont des menteurs.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
United Aircraft
M. LEGER: M. le Président, ma question s'adresse au ministre de
l'Industrie et du Commerce concernant la compagnie United Aircraft. Le ministre
a dit hier qu'il n'y avait pas un cent de payé à la compagnie.
Etant donné que, dans le document qu'il a déposé la
semaine dernière, il est bien dit: "II est ordonné en
conséquence, sur la recommandation du ministre de l'Industrie et du
Commerce, que soit immédiatement effectué le paiement d'un quart
de la subvention, soit $1,250,000". Est-ce que le ministre pourrait se
renseigner auprès du Trésor si ce montant a été
versé dernièrement?
M. LEVESQUE: M. le Président, lorsque j'ai dit qu'il n'y avait
pas un cent de versé, il n'y avait pas un cent de versé.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Est-ce
que le ministre pourrait s'informer auprès de la compagnie United
Aircraft afin de vérifier s'il est vrai que l'assurance collective
devait être confiée à des compagnies, une
société coopérative québécoise et qu'elle a
refusé de le faire à la demande des syndicats?
Est-ce qu'il pourrait s'informer aussi auprès de la compagnie si
des personnes, qui auraient été arrêtés en vertu de
la Loi des mesures de guerre et libérées sans être
accusées, auraient été congédiées, par la
suite, par la compagnie?
M. LEVESQUE: Si le député de Lafontaine veut poser de
telles questions, qu'il les pose à la United Aircraft. Quant au
ministre, sa responsabilité dans cette affaire, c'est de voir à
ce que les conditions mentionnées à la convention soient
respectées avant de verser la subvention. D'autre part, si, à la
suite du versement d'une partie de la subvention, les conditions
n'étaient pas respectées, il verra à exiger le
remboursement. Voilà la responsabilité du ministre.
Pour tous les autres "placotages", qu'on pose la question à la
United Aircraft.
M. LEGER: M. le Président, je ne sais pas si le ministre trouve
que c'est du "placotage" de payer $5 millions à une compagnie...
DES VOIX: Question.
M. LEGER: ... qui ne respecte pas la mentalité
québécoise.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
Médicaments aux assistés sociaux
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, ma question
s'adresse au premier ministre. Pourrait-il nous donner quelques explications
à propos d'une question que je lui ai posée hier concernant la
distribution par les hôpitaux, de médicaments aux assistés
sociaux ou est-ce qu 'il préfère que je pose la question au
ministre des Affaires sociales?
Alors, je m'adresse au ministre des Affaires sociales. En votre absence,
hier, j'avais demandé au premier ministre de nous dire si des directives
ont été données aux hôpitaux en ce qui concerne la
distribution de médicaments aux assistés sociaux. Il semblerait
qu'actuellement il y ait une grande confusion à ce sujet dans les
hôpitaux, surtout dans ceux de Montréal.
M. CASTONGUAY: M. le Président, depuis le 1er novembre, avec
l'application de la Loi de l'aide sociale, un certain nombre d'hôpitaux
qui, depuis de nombreuses années, avaient établi un
système de distribution de médicaments dans leurs consultations
externes, face aux difficultés financières qu'ils rencontrent,
ont décidé d'arrêter la distribution des
médicaments. Le mécanisme de l'aide aux assistés sociaux
pour l'achat de médicaments par la Loi de l'aide sociale est
évidemment un mécanisme lourd. Nous avons d'ailleurs
annoncé qu'un projet de loi serait déposé au cours de la
présente session visant à remplacer ce mécanisme. De toute
façon, ce mécanisme étant lourd, un certain nombre de
personnes habituées à aller dans les hôpitaux qui, de
façon individuelle, avaient établi un tel système se sont
plaintes. Alors, à titre tout à fait temporaire, nous avons
demandé à ces hôpitaux de continuer la distribution des
médicaments, mais uniquement à ceux-là.
Maintenant, je dois dire, parce que je les ai visités, que,
même s'il y a une certaine concentration d'hôpitaux de langue
anglaise, la clientèle qu'ils desservent n'est pas nécessairement
de langue anglaise, au contraire. Je vais prendre, comme exemple, le Montreal
Children's Hospital. Il est juste à côté de la bouche du
métro et il y a beaucoup plus de personnes de langue française
qui se rendent à cet hôpital. C'est un des cas. Je tiens à
apporter cette précision parce qu'on peut avoir l'impression, de prime
abord, qu'il y a peut-être une certaine discrimination, quand on ne
regarde que la liste des hôpitaux.
M. DEMERS: M. le Président, dans le même ordre
d'idée, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Question additionnelle sur le même sujet?
Coût des médicaments
M. DEMERS: La semaine dernière, j'ai donné préavis
de ma question au ministre des Affaires sociales. Il s'agit du tarif de l'achat
des médicaments. Lorsque les médicaments sont achetés par
soumissions publiques, par le service des achats de la province de
Québec, une unité de médicament comme la
pénicilline peut nous
coûter $0.61 la fiole. Lorsque le même médicament est
acheté par la corporation ou par le service des achats de
l'hôpital, il coûte $1.85. C'est toujours le même
contribuable qui paie. Est-ce que le ministre aurait des informations
précises à me donner sur la question que je lui avais
posée dans le temps, si mes données s'avèrent justes,
d'après un rapport qui aurait été foruni par trois
pharmaciens de la province. Or, Québec, d'après une étude
qui aurait été faite dans quinze hôpitaux de la
région?
M. CASTONGUAY: M. le Président, je n'ai pas fait vérifier
les données contenues dans le rapport, mais j'ai toutes les raisons de
croire qu'elles sont exactes. J'ai déjà vu
précédemment ce genre de données. C'est une des raisons,
d'ailleurs, pour lesquelles j'ai mentionné que le système de la
couverture des médicaments par la Loi de l'aide sociale est plus ou
moins efficace parce qu'en plus du fait qu'il oblige le
bénéficiaire à bien des déplacements, celui-ci
continue d'acheter au prix du détail. C'est pourquoi, encore une fois,
le gouvernement déposera un projet de loi sur cette question.
Ce projet , je pense que cela a été mentionné
sera déféré à la commission parlementaire
parce que plusieurs avenues peuvent être prises. C'est une question assez
délicate. Comme les travaux sessionnels ne reprendront pas tellement
tard, j'imagine, en 1971, je pense que l'étude précise par une
commission parlementaire d'une telle question est quelque chose qui s'impose.
Vous savez aussi qu'il n'y a pas seulement la question du prix mais aussi la
question de la qualité et des exigences de la profession
médicale.
C'est donc une question dont nous sommes bien conscients et à
laquelle il faut s'attaquer. Je crois que nous poserons un geste très
concret en déposant un projet de loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Communications et de la Fonction publique à la suite d'un
préavis que je lui ai donné la semaine dernière.
M. LEVESQUE: M. le Président, j'invoque le règlement. Le
député de Mégantic comprendra. Il y a deux ministres des
Communications en Chambre. Il y en a un dans la galerie, le ministre des
Communications, M. Kierans, un ancien collègue, et il y a le ministre
québécois des Communications.
Subsides pour les sports
M. DUMONT: Nous sommes heureux, M. le Président, de souligner la
présence de l'ancien ministre des Postes, maintenant au ministère
des Communications à Ottawa.
Ma question s'adresse donc au ministre de la Fonction publique...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... interlocuteur.
M. DUMONT: ... à savoir si son homologue, M. John Munro, a
accordé des subsides pour l'année 1970 concernant les sports.
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne possède pas encore les
détails de la réponse qui est demandée. Je pourrai les
fournir dès qu'ils me seront disponibles.
M. DUMONT: Est-ce que je pourrai avoir la réponse la semaine
prochaine?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que je pourrais vous la donner, la
réponse, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Communiqués de l'ODEQ
M. PAUL : M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre des Communications. Le ministre pourrait-il faire connaître
à cette Chambre les raisons qui ont amené l'interruption de
l'envoi des communiqués, de l'Office d'information et de
publicité, sur le bilan de l'exécution du plan de l'ODEQ? Du
même coup, le ministre pourrait-il nous dire quelle main noire aurait
donné des instruction à l'Office d'information et du
publicité pour empêcher la diffusion de ces communiqués
quant aux activités de l'ODEQ?
M. L'ALLIER: M. le Président, à ma connaissance, aucune
instruction n'a été donnée à l'Office d'information
et de publicité pour empêcher la publication des documents et des
communiqués qui auraient pu être préparés par
l'office.
Ce que je sais ce matin à ce sujet, c'est que plusieurs
communiqués sont en voie de préparation et ont été
préparés par l'Office d'information et de publicité pour
faire état du bilan des opérations. Ces communiqués
il n'y en a pas une centaine, mais à peu près quarante ou
quarante-cinq sont actuellement encore au bureau de l'Office
d'information et de publicité pour être retravaillés et mis
en forme, ou sont déjà sur le bureau de l'administrateur de
l'opération, M. Caron, qui doit en prendre connaissance avant qu'ils ne
soient diffusés. C'est l'information dont je dispose actuellement.
M. PAUL: Une question supplémetaire, M. le Président. Le
ministre pourrait-il fournir des explications quant à la retenue de
certains communiqués qui seraient disponibles pour
communication au public, puisque le dernier remonterait au 27 novembre
et que d'autres seraient déjà imprimés et prêts pour
la livraison?
M. L'ALLIER: Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
déclaré auparavant, à ce sujet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, une question
additionnelle. Est-ce que le ministre des Communications pourrait nous dire
s'il est exact que les communiqués dont il a parlé tout à
l'heure et qui sont en voie de préparation ont été
acheminés, hier ou ce matin, au bureau de ministre des Affaires
municipales, pour censure?
M. L'ALLIER: C'est une question, M. le Président. Je ne sais pas
si ces communiqués l'ont été. La procédure
habituelle de l'Office d'information et de publicité est certainement
suivie. Mais, je suis convaincu, tel que la question est posée, qu'ils
n'ont pas été acheminés pour censure, par l'Office
d'information et de publicité, au ministre des Affaires municipales.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre pourrait examiner la
question et nous faire rapport ultérieurement?
M. LESSARD: J'aurais ma question d'hier, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. LESSARD: Ah! excusez, je pensais que...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse, la période des questions est
déjà terminée.
M. LESSARD: M. le Président, hier, je devais poser une question
au ministre de l'Education et il n'était pas présent. Il avait
été entendu qu'on pourrait lui poser des questions
aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ferai remarquer au député
de Saguenay qu'il a déjà posé une question au tout
début de la période des questions.
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LESSARD: M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: Qu'est-ce que vous avez à ajouter?
M. LESSARD: M. le Président, j'ai posé une question
additionnelle sur un point qui avait été soulevé par le
député de Chicoutimi. Mais, je n'ai pas posé la question
que je devais poser, hier, au ministre de l'Education. Celui-ci n'étant
pas présent, hier, je voudrais lui poser cette question ce matin.
M. LE PRESIDENT: Allez, posez votre question.
Salaires des enseignants
M. LESSARD: Merci, M. le Président. Je voudrais savoir du
ministre de l'Education s'il a été informé que les
commissions scolaires suivantes dans le comté de Saguenay
Pointe-Lebel, Baie-Trinité, Bergeronnes et Sacré-Coeur, ainsi que
les commissions scolaires de Rivière-au-Tonnerre et Natashquan, dans le
comté de Duplessis, n'ont plus actuellement d'argent pour
défrayer le salaire de leurs enseignants?
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas la question, je pense, qui avait
été posée hier; de toute façon, à cette
question-là, la réponse est oui, j'ai été
informé. J'ai demandé à M. Sylvestre White, le directeur
général du financement au ministère, de voir quelles
seraient les possibilités de même consentir des avances pour
régler ces cas particuliers. On m'informe que, là comme ailleurs,
c'est aussi un problème de perception de taxes locales, de
dépenses inadmissibles que souvent les commissions scolaires peuvent
faire.
Opération mise à jour
M. SAINT-PIERRE: Je voudrais assurer cette Chambre que je pense
que le député de Bagot avait soulevé, hier, la question de
l'"Opération mise à jour" c'est une opération, pour
le bénéfice des autres députés, conjointe du
ministère de l'Education et de la Fédération des
commissions scolaires. Elle vise à faire un examen complet des bilans
financiers et des opérations financières des commissions
scolaires, pour déterminer avec exactitude les montants devant
être remboursés par le gouvernement provincial.
Il me fait plaisir de dire qu'à ce jour les états
financiers pour 66/67, 67/68, pour l'ensemble des commissions scolaires, ont
été terminés et que les sommes ont été
versées. Que pour 68/69, l'"Opération mise à jour" sera
terminée en mai 1971 et que, finalement, pour l'exercice financier
69/70, nous prévoyons terminer cette opération en novembre 1971,
date à laquelle le gouvernement aura alors remboursé toutes les
sommes dues aux commissions scolaires.
Pour l'année en cours, je peux assurer, après consultation
avec le ministre des Finances, que nous verserons cette année, chose qui
n'a pas toujours été faite dans le passé, durant
l'année financière, toutes les sommes prévues dans nos
normes budgétaires. La situation financière des commissions
scolaires pour l'année en cours connaîtra peut-être une
amélioration légère, mais nous n'accuserons pas les
déficits, que
nous avons eus et qui nous ont été laissés, de
l'ordre de $275 millions. Comme je l'ai déjà annoncé dans
d'autres circonstances et comme j'en ai fait état en cette Chambre, nous
comptons mettre de côté, dans le prochain exercice financier une
somme assez importante, de l'ordre d'environ $50 millions, qui servira à
payer les dépenses qui ont été encourues dans les
années 1968 et 1969, alors que la province n'a pas pu verser ou
n'avaît pas prévu au budget les sommes devant être
prévues par les normes budgétaires qui avaient été
données aux commissions scolaires.
M. LESSARD: Une question additionnelle, M. le Président,
concernant ces commissions scolaires qui semblent avoir des problèmes
très particuliers. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a
l'intention de poursuivre le projet de l'Union Nationale, concernant le
paiement direct des salaires aux enseignants, lorsque les commissions scolaires
ne sont pas capables de remplir leurs obligations?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je crois que...
M. LESSARD: Parce que ce n'est pas la faute des professeurs, quand
même, si les commissions scolaires ne les remplissent pas.
M. LE PRESIDENT: Je crois que cette question pourrait être
formulée à la prochaine séance, du fait que nous avons
déjà dépassé le temps alloué.
M. LESSARD: Vous m'obligez à poser des questions.
M. LE PRESIDENT: Avec la permission de la Chambre, l'honorable ministre
des Affaires municipales aurait deux réponses à apporter à
des questions laissées en suspens antérieurement.
Usine en Gaspésie
M. TESSIER: M. le Président, plus précisément,
trois questions. Lorsque j'ai fait une déclaration ministérielle,
hier, pour annoncer l'installation d'une nouvelle industrie en Gaspésie,
le député de Témiscouata m'a posé trois questions
et je lui ai dit que je m'informerais, puis que je donnerais les
réponses. Je tiens donc à renseigner mes collègues de
cette Chambre. Je me réfère à l'épreuve des
Débats. Le député de Témiscouata me demandait, au
sujet de l'industrie Richardson de Cap-Chat: "Combien d'employés
a-t-elle à son service? "
Je suis en mesure de dire qu'elle a présentement 175
employés à son service, dont 50 dans l'usine et 125 en
forêt.
La deuxième question, également du député de
Témiscouata, était la suivante: Cette nouvel- le usine de
Grande-Vallée remplacera-t-elle éventuellement l'usine qui vient
de disparaître à Marsoui?
Ma réponse est non. Malheureusement, comme tout le monde le sait,
à la suite du malheureux incendie qui a détruit cette usine, j'ai
appris que les propriétaires ont décidé de ne pas
reconstruire. Ce qui est malheureux. Nous sommes actuellement à la
recherche de quelqu'un, ou d'une compagnie, qui serait intéressé
à l'exploitation de la concession forestière, à cet
endroit.
Par conséquent, nous ferons tous les efforts pour essayer de
trouver quelqu'un à Marsoui pour exploiter la concession
forestière qui remplacerait l'usine détruite par l'incendie.
La troisième question était toujours au sujet de la
même compagnie, Richardson, à Cap-Chat: La nouvelle usine de
Grande-Vallée doit-elle remplacer celle de Cap-Chat qui fermerait?
A ce sujet, le député de Témiscouata disait: "C'est
trop beau pour être vrai, on ferme d'un bord et on ouvre de l'autre ". Le
chef de l'Opposition disait: "Ils bouchent un trou dans ce bout-là". Or,
après information, je suis en mesure de déclarer positivement que
non seulement l'usine de Richardson à Cap-Chat ne fermera pas, mais
qu'il y a même possibilité d'expansion. Je pense que ça,
ça bouche les députés de l'Union Nationale.
M. SIMARD (Témiscouata): Question supplémentaire. J'avais
raison de me poser des questions, hier, lorsque je m'adressais au ministre des
Affaires municipales. Il vient de confirmer, ce matin, qu'à l'usine de
Marsoui, M. Couturier, avait décidé de ne pas reconstruire. La
question que nous nous posons est la suivante: Les approvisionnements qui ont
été concédés à Richardson sont probablement
la cause de la décision que vient de prendre récemment M.
Couturier, est-ce une question d'approvisionnement?
M. TESSIER: M. le Président, ça n'a aucun rapport.
M. LEVESQUE: Me permettrait-on d'ajouter que j'ai eu l'occasion de
discuter avec les personnes concernées et ce que vient de dire le
député me semble inexact.
M. DUMONT: Question supplémentaire, M. le Président, afin
d'éclairer la situation.
M. LE PRESIDENT: C'est la dernière question additionnelle que je
vais permettre. Je vais reporter les autres questions à la prochaine
séance.
M. DUMONT: Ce serait pour savoir si les mêmes avantages financiers
ont été offerts à la firme Couturier, à Marsoui,
qu'à l'usine de Grande-Vallée, concernant les subsides
fédéraux.
M. LEVESQUE: II est entendu que les subsides sont disponibles.
Evidemment, il faut aussi tenir compte de certaines circonstances, comme les
assurances, etc., mais en dehors de ces considérations, quelle que soit
l'usine, dans cet endroit, en particulier, les subsides sont assez
élevés et même si le gouvernement fédéral,
pour une raison ou pour une autre, ne pouvait pas verser ces subsides, le
ministère de l'Industrie et du Commerce y verrait.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LEVESQUE : Article trois.
Projet de loi no 46 Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable leader parlementaire, pour l'honorable
ministre de la Justice, propose la troisième lecture du projet de loi no
46, Loi prolongeant et modifiant la loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires.
M. LEVESQUE: II y aura un amendement suggéré par le
député de Shefford. Il faudrait ajouter la ville de Waterloo
à la liste des municipalités de l'article 2 du projet de loi.
C'est un amendement que je propose au nom du ministre de la Justice.
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il consentement unanime?
M. PAUL: Oui, M. le Président. Le secrétaire pourra faire
les inscriptions qui s'imposent dans les circonstances.
M. LEVESQUE: Nous retournons en comité pour faire
l'amendement...
M. PAUL: C'est cela, pour les inscriptions.
M. LEVESQUE: ... à l'article 2. Comme si nous étions
allés en comité.
M. PAUL: Troisième lecture adoptée.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de troisième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LEVESQUE: Article six.
Projet de loi no 7 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture propose la
deuxième lecture du projet de loi no 7, Loi concernant la fabrication et
la vente du cidre.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. Normand Toupin
M. TOUPIN: L'honorable lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce projet de loi et il en recommande l'étude à la
Chambre.
M. le Président, depuis de nombreuses années, les
pomiculteurs du Québec réclament le droit de fabriquer et de
vendre légalement du cidre au Québec en vue de trouver un nouveau
débouché pour leur produit. Tous les membres de cette Chambre
savent que ce problème de la légalisation, de la fabrication et
de la vente du cidre au Québec existe depuis longtemps et que les
revendications des pomiculteurs en cette matière étaient
largement justifiées.
Des efforts sérieux, de la part des gouvernements qui ont
précédé le nôtre, ont été
déployés en vue de trouver une solution acceptable à ce
problème. D'ailleurs, une commission d'enquête a été
instituée à cet effet. C'est la Commission d'enquête sur le
commerce des boissons alcooliques présidée par le juge Lucien
Thinel, qui a pris le nom de commission Thinel, et dont le rapport, portant sur
la fabrication et la vente du cidre, a été présenté
au gouvernement en septembre 1969 et déposé à
l'Assemblée nationale au début de la présente semaine.
Désirant donner suite aux principales recommandations du rapport
Thinel, un projet de loi fut préparé et déposé
à l'Assemblée nationale, en première lecture, par le
gouvernement qui nous a précédé, mais ce projet de loi
n'ayant pu franchir les étapes subséquentes de deuxième et
troisième lectures, la situation demeura donc inchangée. Les
pomiculteurs se retrouvaient, par le fait même, face aux mêmes
difficultés et continuèrent aussi leurs revendications.
Nous sommes heureux d'avoir pu trouver une solution acceptable au
problème posé. Après avoir présenté en
première lecture le projet de loi no 7, il nous fait plaisir d'en
proposer aujourd'hui à cette Chambre la deuxième lecture. Ce
projet de loi n'a pas la prétention d'apporter une solution
complète au problème rencontré par les pomiculteurs.
Nous sommes cependant persuadés qu'il contribuera largement
à régler une partie des principales difficultés
rencontrées dans la transformation et dans la mise en marché des
pommes au Québec.
Il ne faut pas perdre de vue, M. le Président, que le principal
marché des pomiculteurs est encore celui de la vente de la pomme
à l'état brut. En effet, ce marché de la consommation
directe utilise à lui seul quelque 90 p. c. de la production de pommes
au Québec.
D'après le rapport Thinel, environ 1.5 p. c. de la récolte
annuelle de pommes au Québec sera dirigée vers la fabrication du
cidre. Pour notre part, nous croyons qu'en vertu des
dispositions prévues au bill 7, il sera peut-être possible
de dépasser ce 1.5 p. c. d'utilisation pour fins de fabrication du
cidre, dont fait mention le rapport Thinel.
De toute façon, ce projet de loi vient répondre à
un besoin réel des pomiculteurs et des consommateurs. Nous devons
admettre que le contenu de ce projet de loi s'est largement inspiré des
principales recommandations du rapport Thinel. En fait, le projet de loi no 7
donne suite à au moins sept ou huit recommandations dudit rapport. Les
principaux articles du projet de loi peuvent se résumer de la
manière suivante: premièrement, le projet de loi légalise
la vente et la fabrication du cidre de pomme au Québec. Nous procurons
ainsi l'occasion à plusieurs pomiculteurs de développer dans la
légalité une industrie déjà en voie de
fonctionnement dans plusieurs cas.
Deuxièmement, il permettra la normalisation et le conditionnement
de la fabrication et de la vente du cidre. Effectivement, ce projet de loi
permettra d'édicter des règlements visant à établir
des normes de qualité et de fabrication du cidre, protégeant
ainsi le marché de la fabrication et celui de la consommation.
Troisièmement, il donne à tous les pomiculteurs l'occasion de se
procurer un permis de fabricant. L'article 1 du projet de loi prévoit
cette disposition en définissant le "pomiculteur" comme "toute personne
physique qui cultive des pommiers au Québec." Nous n'avons pas cru bon
de fixer des minimums, comme cela était prévu dans l'ancien bill
7.
Quatrièmement, il offre à des sociétés ou
à des associations de pomiculteurs la possibilité de se procurer
un permis de fabricant. L'article 5 du projet de loi prévoit cette
possibilité. Or, nous pouvons conclure que des permis individuels
peuvent être émis et aussi des permis qu'on pourrait appeler
collectifs, par l'intermédiaire de sociétés ou
d'associations de pomiculteurs.
Cinquièmement, il protège le marché de la pomme au
Québec, en exigeant du fabricant qu'il s'engage à utiliser, pour
la préparation du cidre qu'il fabrique, des pommes
récoltées au Québec, dans une proportion d'au moins 90 p.
c. L'article 7b) du projet de loi est très précis en cette
matière. Cette question des 90 p. c. ou de la protection de la
production des pommes au Québec est extrêmement importante, car
elle va certainement contribuer à développer cette production.
Sixièmement, il offre aux fabricants de cidre un très large
éventail du marché québécois.
En effet, les cidres forts et légers pourront être vendus
soit à la régie à une personne autorisée à
vendre du cidre fort ou du cidre léger en vertu d'un permis qu'elle
détient ou à une personne qui se trouve dans
l'établissement du fabricant pour consommation à
l'extérieur de l'établissement et de ses dépendances.
En définitive, il sera possible de vendre du cidre de pomme
léger et fort dans presque tous les établissements qui ont des
permis de vente; également dans l'établissement où est
fabriqué le cidre à la condition qu'il ne soit pas
consommé sur place, sauf dans les tavernes en ce qui a trait au cidre
fort.
Le cidre fort sera vendu dans les épiceries. Ce permis autorise
aussi la vente ou la livraison du cidre faite par le fabricant qui
l'expédie à un endroit situé hors du Québec. Il est
prévu qu'il sera possible de développer des marchés de
vente à l'extérieur de cette province.
Ce projet de loi contribuera à développer une industrie
artisanale fort importante. Ce type d'industrie stimulera la concurrence dans
la fabrication et la vente du cidre et développera par le fait
même l'économie québécoise. Nous sommes
persuadés que ce projet de loi contribuera à la transformation et
à l'utilisation de la pomme au Québec. Par conséquent, il
sera pour les pomiculteurs un instrument additionnel qui leur permettra
d'exploiter de nouveaux marchés pour leur produit et surtout pour une
partie de la production dont le seul moyen d'utilisation est la
transformation.
L'agriculture a besoin de ces nouveaux marchés si nous voulons la
rendre encore plus prospère, plus dynamique et plus forte
économiquement. Afin de rendre encore plus conforme ce projet de loi no
7 aux besoins du marché, nous aurons à proposer quelques
amendements au texte original. Ces amendements auront pour effet de permettre
aux épiceries qui détiennent un permis de vente de bière
de vendre aussi du cidre fort et du cidre léger. Néanmoins, la
vente du cidre fort ne sera pas permise dans les tavernes, contrairement au
cidre léger.
Je vais distribuer dans quelques minutes les amendements que nous
proposons au texte original.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation pourrait immédiatement, avant que
nous allions en comité tout à l'heure, faire distribuer par un
page les amendements qu'il désire apporter en comité? Nous
pourrions ainsi prendre connaissance de ces amendements.
M. TOUPIN: Je vais les distribuer immédiatement.
Enfin, ce projet de loi tel qu'il est rédigé répond
aux désirs des pomiculteurs et aux principales recommandations se
dégageant de la commission Thinel. Nous espérons qu'il aidera les
pomiculteurs à trouver des solutions favorables à leurs
problèmes et nous demandons la collaboration de cette Chambre pour que
nous puissions mettre à la disposition des pomiculteurs cet instrument
si important dans le plus bref délai.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Iberville.
M. LEVESQUE: Le député m'excusera, le ministre de la
Justice vient de m'informer qu'il aurait une déclaration qui
intéresserait peut-être les députés et qui serait
très courte. Si j'ai le consentement de la Chambre, nous pourrions
écouter le ministre de la Justice.
Identification de Pierre Séguin
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'avais annoncé à la
Chambre que je porterais à sa connaissance les renseignements que
j'obtiendrais aussitôt après les avoir eus au sujet de
l'identification exacte de celui qui a pris le nom de Pierre Séguin et
qui est parti pour Cuba avec le groupe de la cellule Libération.
Après une enquête par notre service policier, il s'agit de
Yves Langlois, résidant à Longueuil, qui a déjà
été appréhendé par la police lors de
manifestations, en 1966. Alors, il est évident que ce Yves Langlois a
pris le nom de Pierre Séguin. Celui-ci est né le 13 octobre
1947.
M. PAUL: Merci.
Projet de loi no 7 (suite) M. Alfred
Croisetière
M. CROISETIERE: Je remercie le ministre de la Justice d'avoir
informé la Chambre de cet important renseignement.
M. le Président, j'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt l'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation nous faire l'éloge du bien-fondé du projet de loi
numéro 7 concernant la fabrication et la vente du cidre au
Québec. Franchement, M. le Président il fait chaud au coeur
d'entendre des paroles si élogieuses du ministre, sur un projet de loi
qui, dans un laps de temps relativement court, a été
parrainé par deux ministres de l'Agriculture dans un même
Parlement. Avec votre permission, M. le Président, j'aimerais faire un
bref résumé du travail d'un comité qui avait
été demandé par l'honorable ministre de l'Agriculture du
temps et qui avait amené la préparation du premier projet de
loi.
Le 9 mai 1968, l'honorable ministre de l'Agriculture, M. Clément
Vincent, demandait à l'honorable député de
Lotbinière, M. Bernat-chez, de voir à préparer un
comité de députés ministériels afin qu'ils puissent
prendre connaissance des dossiers, des recommandations, des études qui
avaient été soumis aux ministres de l'Agriculture des
gouvernements passés, pour voir à faire des recommandations qui
pourraient nous amener par la suite à l'élaboration et la
préparation d'un projet de loi légalisant la vente du cidre.
Ce comité était formé de l'honorable premier
ministre, M. Bertrand, qui était aussi ministre de la Justice à
l'époque, de l'honorable Armand Russell, du député de
Rouville, M.
Paul-Yvon Hamel, de M. Bernatchez, l'adjoint parlementaire du ministre
de l'Agriculture, et de moi-même. Nous avons tenté de
digérer le madrier, si on peut dire, qui faisait partie du dossier
pertinent au problème de la légalisation de la cidrerie au
Québec. Il n'était pas facile de prendre connaissance de tous les
mémoires et de tous les écrits, des rapports, des études
qui avaient été demandés par les gouvernements
précédents, parce que, comme disait le ministre, depuis fort
longtemps le Québec s'attendait d'avoir un projet de loi qui
légaliserait enfin le cidre.
Nous avons eu une quinzaine de réunions de députés
ministériels et nous avons pris connaissance de documents qui pouvaient
nous orienter et nous permettre de faire certaines recommandations qui seraient
susceptibles d'aider le gouvernement à préparer un projet de loi.
Nous avons retenu, entre autres, des recommandations de la Pommeraie de
Saint-Hilaire, qui mentionnait ceci à l'époque, le 20 octobre
1961: "Avant d'étudier certaines considérations d'ordre pratique,
il semble que nous devions d'abord, brièvement, situer le
problème du cidre tel qu'il nous apparaît. Il se fabrique du cidre
dans le Québec depuis plus de 100 ans. C'est essentiellement une
industrie familiale qui, aujourd'hui, a de profondes racines. Dans certaines
régions pomicoles, les fabriquants de deuxième et même de
troisième génération se sont fait à l'idée
d'un droit acquis par la coutume et la tolérance.
De plus, certains producteurs ont gagné la confiance d'un nombre
considérable de consommateurs. Il ne paraît nullement
exagéré de prétendre que plus de 200 vendeurs de cidre
opèrent actuellement dans la province, de façon illégale,
il va sans dire. Un nombre limité de fabricants offrent leur produit
à différents stades de fermentation par une technique qui varie
depuis le contrôle bactériologique et l'emploi de formules
éprouvées jusqu'à l'écrasement de pommes de rebut,
où la contamination met en danger la santé publique par des
procédés peu orthodoxes."
Tout ceci pour souligner, M. le Président, que le problème
du cidre, il faut le reconnaître, a atteint une maturité critique
et qu'il importe d'organiser l'industrie dans l'ordre, si nous ne voulons pas
qu'elle perde l'excellente réputation acquise par un travail courageux
de chercheurs souvent peu connus.
Nous aurions tort de croire qu'il n'existe qu'une technique de
fabrication du cidre. Une telle prétention ne peut venir que de la part
de personnes qui n'ont pu faire le lien entre la recherche en laboratoire et
les goûts, les habitudes de notre population. L'expérience
industrielle et commerciale nous indique que plusieurs formules de cidre
peuvent être mises avantageusement sur le marché pourvu qu'une
bonne technique de base vienne en garantir les normes établies.
L'Etat de New-York, par exemple, n'aurait pas une quinzaine de fabriques
de vin très prospères si l'on avait limité les formules
techniques de fabrication. Tout comme en France, ce sont les
variétés, les fumets différents, les régions qui
donnent la grande valeur à l'ensemble de l'industrie du vin.
Certaines observations dans la province voisine et dans le pays voisin
nous démontrent que le développement d'industries semblables ne
fut possible qu'avec l'aide de lois exceptionnelles. Nous conformant au
même esprit qui a présidé à la refonte de la Loi des
alcools dans le Québec, nous croyons que le problème du cidre
peut trouver sa solution dans l'extension ordonnée des droits de
fabrication et de vente et le rigoureux devoir de la part des fabricants de se
soumettre à des normes et à des règlements
fédéraux et provinciaux de mise en marché. Nous avons
retenu différentes parties de ces recommantations.
En août 1961, un rapport qui avait été
demandé à l'Office des marchés agricoles du Québec
par le ministre du temps, l'honorable Courcy, faisait certaines
recommandations. Nous en avons pris connaissance, parce que, M. le
Président, il faut le dire, le premier projet de loi dont nous avons
ici, en Chambre, la teneur, a été inspiré de ce projet de
loi. C'est pour ces raisons que j'aimerais souligner ce que nous avons pu
retenir pour permettre les recommandations.
Ce rapport, qui venait de l'Office des marchés agricoles, disait
entre autres: "L'industrie de transformation de la pomme utilise 25 p. c. de la
production canadienne mais seulement 9 p. c. de la production
québécoise, pour la moyenne des années 1948 à 1956.
Les deux principales entreprises québécoises sont la
Coopérative Montérégienne qui fabriquait de la pulpe, du
jus, de la compote de pommes, du nectar, de la gelée de pommes, et la
compagnie Lion (jus en boîte et vinaigre)", qui sont, entre autres,
propriétaires de la compagnie Allen. "Quelques petites installations
dans le comté de Rouville achètent la plupart du temps leurs
matières premières du jus à la
Coopérative Montérégienne." Je reviendrai tantôt
à ce qui m'a amené à faire des recommandations. "Ces
dernières années, elles fabriquaient en moyenne par année,
avec la tolérance du gouvernement, environ 200,000 gallons de cidre de
type Champagne. Ce cidre se vendait bien, puisqu'il restait bon marché.
L'acquittement d'un droit provincial éventuel, en plus de la taxe
fédérale de $2.50 par gallon, en élevant le prix de
détail, aurait probablement fait baisser considérablement le
volume de cette vente."
Nous avons retenu, aussi, de ce même rapport: "Ce qui est
signalé au début de ce chapitre pour l'industrie de
transformation en général vaut aussi, évidemment, pour une
éventuelle industrie cidrière."
Celle-ci aurait donc à faire face au même problème.
En particulier, elle devra s'assurer un approvisionnement suffisant, même
durant les années de faible récolte, et surtout régulier,
ce qui pourra l'amener à établir des relations avec les
producteurs des autres provinces. En effet, si la récolte
québécoise de pommes varie beaucoup d'une année à
l'autre, la quantité dite excédentaire varie bien davantage. Il
est difficile de croire que des intérêts privés consentent
à s'approvisionner régulièrement à cette seule
source, à moins que ce ne soit seulement à une petite
échelle.
A l'inverse, une industrie cidrière absorbant en tout temps la
quantité dite excédentaire ne pourrait être qu'une
industrie pour laquelle cette quantité dite excédentaire ou
stabilisatrice ne représenterait qu'une partie de ses
approvisionnements. Cela suppose que l'industrie cidrière en question
s'occupe en même temps de la fabrication d'autres produits de la pomme,
ou, alors, qu'elle absorbe une telle quantité de pommes que la variation
de ses approvisionnements, d'une année à l'autre, se fasse
relativement moins sentir.
Il paraît donc assez certain que, si la fabrication du cidre peut
élargir les débouchés pour les pommes de moindre
qualité, le cidre n'est pas en soi la solution définitive au
problème causé par la fluctuation désastreuse des
récoltes, de même que cette fluctuation n'est pas la seule cause
du revenu peu élevé de certains pomiculteurs.
Le cidre n'est qu'un des multiples dérivés possibles de la
pomme. Mais peut-être pourrait-il permettre, plus rapidement que les
autres dérivés, d'écouler les pommes de moindre
qualité. La question est de savoir si, pour autant, les producteurs
seront satisfaits du prix obtenu pour ces pommes de moindre qualité et
si les consommateurs consentiront à payer pour les différentes
sortes de pommes, à un prix aussi élevé.
Le cidre semble être une boisson assez populaire, même si
les endroits où l'on peut s'en procurer sont très limités.
Un pourcentage de 41 p. c. des personnes interrogées ont
déclaré aimer le cidre et presque toutes ont souhaité
pouvoir éventuellement l'acheter à leur épicerie.
Dans un rapport déposé le 2 novembre 1965 au
ministère de l'Industrie et du Commerce par la firme
d'ingénieurs-conseils, Surveyer, Nenni-ger et Chênevert, on
trouve, entre autres, que l'estimation du marché du cidre de
qualité, titrant 12 p. c. d'alcool, s'établit à 150,000
gallons en 1966 et à 180,000 gallons en 1971. Sachant que la fabrication
non autorisée s'établit à environ 200,000 gallons et que
la consommation annuelle de vin est d'environ 2,700,000 gallons, dont 1,500,000
gallons de vin canadien, notre estimation semble être conservatrice. La
consommation possible du cidre mousseux de très haute qualité
s'établit à 20,000 ou 30,000
gallons. Les données manquent pour préciser davantage
cette estimation. Enfin, le marché du cidre titrant 6 p. c. d'alcool,
pourrait atteindre 700,000 gallons en 1966 et 850,000 gallons en 1971. Pour les
5,095 épiciers détenteurs d'un permis de la province, la
consommation mensuelle de cidre estimée à 6 p. c.
équivaudrait à l'écoulement de 13 gallons par
épicerie. Remarquons que la consommation de bière se situait
à environ 81 millions de gallons en 1964. La consommation globale du
cidre s'élèverait donc à 0.156 gallon par personne, soit
25 onces par personne en 1966, et 25.7 onces par personnes en 1971. Cette
étude du marché demeure fort sommaire. Les renseignements
recueillis sont en général fragmentaires et souvent sujets
à caution. Les chiffres de production ou de vente des entreprises
consultées ont été établis en première
instance pour d'autres fins. Nous obtenons cependant, et c'est l'essentiel, un
ordre de grandeur de la consommation possible.
Il ne s'agissait pas, enfin, d'entreprendre une étude
détaillée du marché, mais d'inscrire dans l'ensemble de
l'étude du développement de l'industrie de la pomme les facteurs
permettant d'évaluer les possibilités d'assurer un
débouché à certains produits précis.
Les résultats obtenus, toujours d'après le rapport
Nenniger, indiquent qu'il y a largement place pour l'accroissement de la
production de jus et de sauce, et le marché potentiel pour les cidres
représente plus du double de la production envisagée au
départ.
Une étude plus précise s'imposerait s'il s'agissait
d'accroître la production du cidre substantiellement au-delà des
prévisions actuelles.
Une telle étude serait, de toute façon, utile à
l'organisation d'un programme de publicité et de vente bien
équilibré et pour déterminer en particulier si la
qualité et la saveur du cidre recontrent les exigences du public.
Toujours d'après ce rapport, en ce qui concerne le cidre à
12 p. c. non mousseux, selon l'étude du marché dans le grand
Montréal, 13 p. c. des familles interrogées achetaient du cidre
à l'occasion, et 3 p. c. en avaient acheté durant le mois de
l'enquête. Autrement dit, en transposant à l'ensemble de la
population de Montréal 13 p. c. des familles, 67,452 familles en 1966,
et 77,191 familles en 1971, dont 25 p. c. seraient susceptibles d'acheter du
cidre chaque mois à raison d'un demi-gallon chaque mois, consommeraient
109,609 gallons en 1966, et 125,436 gallons en 1971.
En admettant une consommation, dans le reste de la province,
égale aux deux tiers de celle de Montréal, soit 73,500 gallons,
en 1966, et 84,000 en 1971, la consommation totale possible
s'élèverait à environ 180,000 gallons et 210,000 gallons
en 1971.
Toutefois, aussi sévère que soit rendue la
réglementation, une production privée estimée à
30,000 gallons continuerait de s'effectuer, d'où une estimation de
150,000 gallons et 180,000 gallons respectivement pour les années 1966
et 1971.
Remarquons que la fabrication du cidre est évaluée, en
1971, à 200,000 gallons, et celle du vin à 2,700,000 gallons,
dont 1,500,000 gallons de vins canadiens sont consommés actuellement
chaque année au Québec.
Evidemment, ces estimations reposent sur l'hypothèse d'une mise
en marché d'un cidre de qualité convenable. On a jugé, par
le taux de consommation actuel, en dépit de la qualité
généralement médiocre du cidre clandestin, que les
estimations précédentes semblent toutefois être
conservatrices et le cidre officiellement autorisé par l'offre de
garanties nécessaire d'une bonne qualité et d'une qualité
suivie. Nous avons retenu ces avertissements pour faire les recommandations du
premier projet de loi. Le prix d'un tel cidre demeure tout de même
inférieur et tout au plus égal à celui du vin
ordinaire.
Le cidre mousseux à 12 p. c. Environ 21,000 caisses de vin
pétillant du type rosé ou saumur rosé ont
été écoulées par la Régie des alcools en
1964. Bien qu'un cidre mousseux de très haute qualité, type
champagne, ne puisse se comparer à un vin pétillant, un volume de
consommation de même ordre de grandeur peut se concevoir. D'autre part,
l'attrait d'un mousseux à prix sensiblement inférieur à
celui des grands vins importés peut être un facteur important de
consommation et nous estimons donc de 20,000 à 30,000 gallons la
consommation du cidre mousseux de très haute qualité.
Le cidre à 6 p. c, 41 p. c. des familles interrogées lors
de l'enquête de 1959 délaraient aimer le cidre. 46 p. c. des
familles interrogées désiraient pouvoir en acheter chez
l'épicier. Comme l'on voit mal comment 5 p. c. des familles
interrogées pourraient désirer acheter du cidre sans en
apprécier le goût, admettons que 41 p. c. des familles
interrogées achèteraient éventuellement du cidre à
6 p. c. chez l'épicier à raison d'une caisse de 24 bouteilles de
12 onces par an, soit environ deux gallons. Ceci n'est, bien sûr, qu'un
jugement de valeur reposant sur les désirs exprimés.
Le questionnaire utilisé ne demandait pas combien de bouteilles
seraient achetées, sur l'hypothèse qu'un cidre est de bonne
qualité, ni même si les familles interrogées avaient
déjà eu l'occasion de boire du cidre semblable. Sur cette base,
néanmoins, la consommation estimée dans le grand Montréal
s'élèverait à 460,922 gallons en 1966 et 527,472 en
1971.
En supposant que la consommation par famille est réduite de
moitié dans le reste de la province, nous obtenons une consommation
totale, pour le Québec, de 751,833 gallons en 1966 et 849,937 gallons en
1971. Je m'excuse de citer des chiffres, mais ils sont là et
c'était très important pour nous d'en prendre connaissance pour
les recommandations futures.
Notez que la consommation de la bière, dans
la province, était d'environ 81 millions de gallons en 1964. Si
le cidre à 6 p. c. est vendu par les 5,095 épiciers
licenciés de la province, de l'époque, ils écouleront,
chacun en moyenne, 13 gallons de cidre par mois. Tous savent que les
conclusions du rapport Surveyer, Nenni-ger, Chênevert en venaient
à dire qu'il fallait implanter une cidrerie au Québec. C'est avec
regret que nous songeons aux achats de terrains à Lasalle, à
l'époque, qui seraient éventuellement mis à la disposition
de l'implantation d'une cidrerie.
L'honorable ministre de l'Agriculture, tantôt, ne l'a pas
souligné parce que j'ai l'impression que le rapport, qui a servi
à la préparation du projet de loi qui est devant nous,
était la suite logique du projet de loi no 7 qui avait été
adopté en première lecture par le gouvernement
précédent. J'aimerais souligner, entre autres, des pressions,
à la suite du rapport des ingénieurs-conseils Surveyer et autres,
qui recommandaient une cidrerie. Ces pressions ont été faites
dans des régions qui avaient déjà des coopératives
et qui craignaient de voir tomber, dans les mains de grosses industries
comme celles qui fabriquent de la bière actuellement ou de
compagnies comme Lion Vinegar, Imperial Tobacco, Melchers ou d'autres qui
pourraient prendre le monopole et priver les gens qui font partie de
coopératives déjà implantées d'écouler leur
produit.
Nous voyons, en date du 3 mai 1966, la Chambre de commerce de Marieville
qui s'inquiétait de ce rapport indiquant et recommandant une cidrerie.
Elle faisait, à juste titre, des pressions pour que les régions
pomicoles comme la région de Rouville et d'autres régions
puissent également avoir le droit de se procurer de tels permis.
Je cite, entre autres, dans la recommandation de la Chambre de commerce de
Marieville quelques-uns des "attendus". "Attendu que 1- L'étude de la
pomme, par la firme Surveyer, Nenniger, Chênevert, recommande comme site
de cette industrie le bassin de Laprairie où il y a très
peu de pommiers, un peu comme dans le comté d'Iberville parce que nous y
avons des pomiculteurs, mais dans un nombre moindre que dans d'autres
régions ou l'intégration à la coopérative
Montérégienne de Rougemont." Le premier ministre a
déclaré en Chambre, le 31 janvier 1966, que le terrain de Lasalle
servira à la construction d'un entrepôt et non à la future
cidrerie d'Etat. C'était toujours avec un point d'interrogation. Nous
avons connu la suite. Je laisse à la Chambre le soin de juger les
conclusions qui suivirent. Entre autres, il soulignait: La Chambre de commerce
provinciale a insisté, dans un mémoire, et suggère
auprès du gouvernement une décentralisation industrielle.
Nos éditorialistes sérieux comme Paul Sauriol, Roger
Champoux, Roland Gagné favorisent nettement que le comté
producteur de pommes par excellence, le comté de Rouville, retienne
l'attention du gouvernement du temps. Et nous avons aussi d'autres
mémoires, d'autres rapports. Une enquête en date d'avril 1963, que
nous avons retrouvée dans le dossier, mentionnait entre autres qu'une
enquête récente, menée par un sous-comité de
commercialisation des produits agricoles sur l'initiative de l'Office des
marchés, révélait de façon brutale que notre
production des sous-produits de la pomme était déficitaire de 58
p. c. Voici les chiffres fournis par cette enquête.
Jus de pomme: consommation dans le Québec, 800,000 minots;
production dans le Québec, 400,000 minots; importation, 400,000 minots;
déficit, 50 p. c. Sauce aux pommes: consommation dans le Québec,
240,000 minots; production du Québec, 40,000 minots; importation,
200,000 minots; déficit, 83 p. c. Garniture de tartes: consommation
totale du Québec, 120,000 minots; production dans le Québec,
20,000 minots; importation, 100,000 minots; déficit, 83 p. c. Pulpe:
consommation du Québec, 100,000 minots; production dans le
Québec, 100,000 minots; aucune importation. Autres sous-produits:
consommation 150,000 minots; production dans le Québec, 40,000 minots;
importation, 110,000 minots; déficit, 73 p. c. Tout cela donne un total
de 1,410,000 minots de consommation dans le Québec. La production dans
le Québec étant de 600,000 minots et l'importation de 810,000
minots, cela donne un déficit de 58 p. c.
Je reviendrai tantôt, vers la fin de mon exposé, sur les
inquiétudes qu'il y a de surveiller les importations qui viendront de
l'extérieur du Québec, parce que l'esprit de la loi veut que nous
consommions au moins les pommes que nous avons au Québec. C'est dire que
la province consomme actuellement, sous diverses formes après
transformation, plus de 3/4 de million de minots de pommes de qualité
inférieure en provenance des autres provinces canadiennes.
Pendant ce temps, une partie de nos propres fruits pourrissent dans nos
vergers, et c'est ce qui a amené le projet de loi. Pour une autre partie
de nos fruits de qualité, la qualité inférieure contribue
à maintenir une mauvaise réputation à notre marché
de pommes fraîches et avilit encore une fois le prix des pommes
fraîches classifiées et entreposées à coût
d'argent. Réaction psychologique chez le producteur: celui-ci voit le
problème et souhaite sa solution. Il y a accord unanime sur le principe.
A une assemblée générale de la Société
pomologique en avril 1961, une résolution adoptée à
l'unanimité demandait que toutes les pommes tombées soient
dirigées vers l'usine et que la nouvelle loi des classifications alors
à l'étude ne permette pas qu'elles soient mises sur le
marché, même après classification.
Et alors, M. le Président, la création de la commission
Thinel a été demandée par un
arrêté en conseil no 3715, en date du 18 novembre 1968 et
son mandat a été prolongé par l'arrêté en
conseil no 1454 en date du 14 mai 1969 pour lui permettre de compléter
le travail qui avait été demandé. Ce rapport a
été déposé au conseil des ministres en septembre
1969. L'honorable ministre Toupin nous en a distribué copie cette
semaine.
Or, M. le Président, il a fallu travailler. Est-ce que j'ai droit
à plus de trente minutes, M. le Président?
M. LE PRESIDENT (Brown): Cinq minutes encore.
M. BERTRAND: M. le Président, comme chef de l'Opposition, j'ai le
droit d'autoriser un de mes collègues à parler au nom de
l'Opposition. Je crois qu'à ce moment-ci, étant le premier
à porter la parole, mon collègue d'Iberville devrait avoir droit
de dépasser la limite réglementaire.
M. CROISETIERE: Cela peut prendre une quinzaine de minutes.
M. DUMONT: Nous trouvons, M. le Président, que le
député fait tellement un bon exposé que nous sommes
consentants à le laisser aller au-delà de la limite permise.
M. LESSARD: II n'y a pas de consentement nécessaire.
M. CROISETIERE: Je remercie les membres de l'Opposition et le
gouvernement.
C'était pour expliquer le travail qu'il fallait faire. A ce
moment-là, lors de l'institution de la commission Thinel, nous avions eu
une douzaine de réunions. Il fallait entendre les recommandations de
cette commission. L'honorable ministre a souligné tantôt, avec
raison, le rapport de la commission Thinel, dont il a retenu une partie des
recommandations.
Le rapport de la commission Thinel disait entre autres, dans
l'utilisation de la pomme, que la destination première de celle-ci est
sa consommation directe comme fruit frais. Et nous sommes tous d'accord. Il
s'agissait tout simplement d'utiliser le surplus du produit qui, comme d'autres
rapports le soulignaient, pourrissait dans les vergers. Les pomiculteurs
n'avaient aucun débouché logique.
Le rapport Thinel souligne entre autres: On estime que le Québec
produit environ 7 1/2 millions de boisseaux de pommes par an. Cette production
sert dans une proportion de 90 p. c. à la consommation directe. Le solde
est utilisé comme jus de pomme, sauce, pulpe, garniture de tartes et
autres sous-produits. La fabrication du jus de pomme utilise environ les deux
tiers des pommes usinées. L'Institut vini cole canadien estime qu'en
1967 il s'est vendu au Canada environ 150,000 gallons de cidre léger et
20,000 gallons de cidre fort. Il est difficile de prévoir quelle serait
la consommation québécoise du cidre dans
l'éventualité de la législation de sa fabrication et de sa
vente.
En effet, le goût des consommateurs reste largement inconnu.
Toutefois, l'expérience canadienne ainsi que les différents
rapports présentés jusqu'à maintenant nous font croire que
la fabrication du cidre ne pourra utiliser plus de 1.5 p. c. de la
récolte annuelle de pommes ou encore 13 p. c. des pommes
destinées à l'usinage. On se rend bien compte, et les
mémoires sont unanimes sur ce point, que la fabrication du cidre demeure
un utilisateur marginal de pommes. Sa législation peut certes aider les
pomiculteurs, mais elle ne saurait résoudre le problème de la
mise en marché des pommes produites au Québec. Et ceci est bien
important.
Il ne faut pas perdre de vue cette vérité. C'est dans
cette perspective que l'on doit envisager le problème du cidre. Sa
fabrication ne produira pas de miracle financier pour les pomiculteurs. Elle
aidera tout au plus au soutien du marché des pommes de seconde
qualité. Elle facilitera ainsi une meilleure sélection des pommes
destinées à la consommation directe en créant un nouveau
débouché pour la pomme de transformation.
Si les structures du marché de la pomme doivent être
modifiées, c'est aux organismes de mise en marché de le faire. La
fabrication du cidre ne peut se substituer à ce mécanisme
régulier.
Les types de cidre. Les définitions et les classifications
légales du cidre utilisent le degré de contenu en alcool comme
critère de distinction entre le jus, le cidre léger et le cidre.
Les boissons à base de pommes, contenant un volume d'alcool de moins de
2 1/2 p. c., sont considérées comme des jus; entre 2 1/2 p. c. et
7 p. c. comme cidre léger et entre 7 p. c. et 13 p. c. comme cidre
fort.
Dans la réalité, ces catégories se retrouvent avec
des degrés d'alcoolisation relativement précis. Par exemple, les
jus alcoolisés contiennent 2 p. c. en volume d'alcool; les cidres
légers, 6 p. c. et les cidres forts, 12 p. c. . Chacune de ces trois
catégories de produit peut être présentée sous forme
"tranquille" ou sous forme "pétillant" en y ajoutant du gaz carbonique
sous pression. Ici, je ne fais pas allusion à la révolution
tranquille.
La fabrication du cidre s'effectue à partir du jus de pomme. Le
cidre léger à teneur de 6 p. c. d'alcool s'obtient en soumettant
le jus de pomme à une fermentation primaire dans des cuves
appropriées. Nous avons tenu compte de ça pour faire des
recommandations et pour conserver ceux qui en fabriquaient afin de ne pas
déranger l'ordre établi.
La production du cidre fort requiert, cependant, un
procédé plus élaboré. En effet, pour obtenir le
cidre dont la teneur en alcool est de 12 p. c, il est nécessaire de
soumettre le cidre
léger à une fermentation secondaire avec l'addition de
concentrés de sucre et de levure. Après pasteurisation, le
produit est mis en bouteilles. Nous en avons aussi tenu compte. Ces techniques
de production du cidre léger et du cidre fort sont connues au
Québec depuis longtemps. Comme nous venons de le mentionner, le cidre
léger sert à la fabrication du jus de pomme alcoolisé qui,
cependant, est vendu sous l'étiquette de cidre. Le cidre fort est un
produit vendu clandestinement par un certain nombre de pomiculteurs. Il fallait
tout simplement légaliser cette situation. Ceux-ci ne sont pas munis de
permis et sont, en conséquence, passibles d'amendes plus ou moins
périodiques. On se souvient de l'époque où à peu
près tous les gens de ces régions-là fabriquaient du cidre
en sous-main et soulignaient à certaines autorités que leurs
voisins en vendaient, ce qui, peut-être, par ricochet, les avantageaient
personnellement. Il était impérieux que cette situation soit
corrigée.
Dans l'hypothèse de la légalisation de la fabrication du
cidre au Québec, il importe d'avoir une idée de ce que pourrait
être le prix au producteur. De tels renseignements peuvent s'obtenir de
deux façons, soit par la connaissance du prix aux producteurs de cidre
au Canada, soit en les demandant aux entreprises québécoises qui
produisent du cidre de façon artisanale.
La Société Beauchatel Wines Limited fabrique un cidre
léger qu'elle vend en Ontario et au Manitoba, sous la marque Beauchatel
Light N'Easy Sparkling. Ce cidre était vendu à l'époque
à la régie ontarienne, au prix de $5.10 la caisse de 24
bouteilles de douze onces. La Société Beauchatel ne fabrique pas
de cidre fort. Le seul fabricant au Canada est Chipman Apple Products Limited
de Nouvelle-Ecosse. D'après les renseignements obtenus de cette
société, le prix au producteur de cidre fort tranquille est de
$5.90 la caisse de douze bouteilles de 25 onces. Les données que nous
avons obtenues de producteurs québécois ne concernent que la
bouteille de 26 onces.
M. le Président, ce tableau montre également ce que serait
le prix au producteur de cidre fort. Au Québec, le prix au producteur
s'établirait à $5.15 la caisse de cidre léger
pétillant de douze bouteilles de 26 onces et à $4.40 la caisse de
cidre léger tranquille. Ce tableau démontre également ce
que serait le prix au producteur de cidre fort. Les données
québécoises ne sont que des estimations et ne représentent
ni les tendances futures, ni les normes à suivre. Toutefois, elles nous
semblent réalistes puisque le prix québécois
diffère peu de celui des autres provinces.
Le cidre fort fabriqué au Canada, toujours selon le rapport de la
commission Thinel, est commercialisé dans huit des dix provinces. Nous
étions pratiquement des orphelins. Voici les huit provinces:
Nouvelle-Ecosse, Nouveau-
Brunswick, Ile-du-Prince-Edouard, Ontario, Manitoba, Saskatchewan,
Alberta et Colombie-Britannique. Ce produit est également vendu dans les
Territoires du Nord-Ouest. Terre-Neuve ne vend que du cidre importé. Il
a peut-être espoir de les alimenter par la suite.
Québec est donc la seule province où l'on ne vend,
légalement, ni de cidre canadien ni de cidre importé. Il y a
trois producteurs de cidre au Canada: Growers Wines Limited de
Colombie-Britannique, Beauchatel Wines Limited, qui ne produit que du cidre
léger, et Chipman Apple Products Limited, comme je le soulignais
tantôt, qui fabrique également du cidre fort.
Il semble que les deux premières sociétés soient
liées à l'Imperial Tobacco du Canada Limitée. Je l'ai
souligné tantôt et j'y reviendrai parce qu'il peut y avoir un
certain danger de tout monopoliser dans de grosses industries et de laisser
handicaper jusqu'à un certain point nos producteurs locaux et nos
coopératives locales.
La commercialisation du cidre dans les autres provinces et l'existence
de producteurs bien établis et économiquement puissants nous
conduisent à une constatation importante. Si la fabrication du cidre
devient légale au Québec, elle devra autant que possible tenir
compte des produits des producteurs des autres provinces et sa qualité
devra correspondre à celle qui existe ailleurs au Canada.
Qui, au Québec, devrait produire du cidre? Voilà la
première question que nous nous sommes posée et à laquelle
nous devons répondre. A cette fin, nous distinguerons le cidre
léger et le cidre fort. Je ferai grâce du rapport des
recommandations et de la spécification des cidres légers et des
cidres forts. L'honorable ministre a mentionné tantôt les
différences qu'il y avait. Mais la commission Thinel nous indiquait
clairement que nous pouvions faire des recommandations au conseil des
ministres, au gouvernement, pour décentraliser et déranger le
moins possible ceux qui fabriquaient du cidre fort sous le contrôle de la
Loi de la Régie des alcools et également pour permettre la
fabrication du cidre doux.
Nous avions également fait des recommandations à l'effet
d'instituer la Commission de l'industrie pomicole. Notre comité
suggérait, entre autres, que les membres de ladite commission soient
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et recrutés au
sein des corps publics suivants: un représentant de la
Société de pomologie du Québec, un représentant du
ministère de l'Agriculture, un représentant de la Régie
des alcools, un représentant du ministère du Commerce, un
représentant des pomiculteurs indépendants, un
représentant de l'usine coopérative de transformation des
produits de la pomme et un septième membre devant agir comme
président de ladite commission. Il suggérait aussi que ces
personnes composant la Commission de l'industrie pomicole
du Québec s'adjoignent un secrétaire et les techniciens
requis pour leur travail.
Nous avons préparé des recommandations pour le conseil des
ministres et, en date du 4 décembre 1969, nous recevions de l'honorable
ministre de l'Agriculture du temps, M. Vincent, une lettre disant aux membres
du comité: "Lors de la réunion du conseil des ministres, hier
soir, un accord de principe a été donné au projet de loi
concernant la fabrication et la vente du cidre. Le tout a été
remis aux légistes pour la préparation du texte. Un avis de
motion de présentation de cette loi sera inscrit au feuilleton de la
présente session Et de fait, cela avait été fait en
décembre Permettez-moi de profiter de la présente pour
vous remercier très sincèrement du magnifique travail que vous et
vos collègues avez accompli dans le règlement de cette affaire
qui faisait l'objet de pourparlers depuis plusieurs années. Je me fais
l'interprète de l'honorable premier ministre et de tous les membres du
cabinet pour vous en féliciter".
M. le Président, j'aimerais souligner ici, avant de faire une
brève analyse et une comparaison des deux projets de loi, qu'il est
vrai, comme je le soulignais au début, qu'il y a fort longtemps qu'il en
était question au Québec. Peut-être, lors de
périodes électorales, il en était question parce que les
électeurs de ces régions, non pas des régions qui nous
entourent, mais d'autres régions du Québec, s'interrogeaient et
anticipaient la venue d'un tel projet de loi. Mais, le dossier était
volumineux et il fallait agir. Nous avons eu l'occasion, en très peu de
temps, de voir à la préparation de ce projet de loi.
M. le Président, nous voulions présenter ce projet qui, de
fait, a été déposé en Chambre par l'honorable
Clément Vincent. J'aimerais, avec votre permission, que nous nous
interrogions sur la différence des deux projets de loi.
En réalité, devant le nouveau projet de loi qui a
été changé, si on ne peut dire amélioré, par
différents articles, puisqu'ils en ont conservé l'essence et la
majeure partie des articles, je me demande ce qui arrivera lorsque viendront
des époques où la production de pommes sera, disons, moindre. Je
lisais, entre autres, dans la Voix de l'Est du 8 décembre dernier, un
article qui mentionnait que la récolte de pommes accuse une baisse,
cette année, de 17 p. c.
Ces pomiculteurs, qui font partie de coopératives, actuellement,
ont déjà un marché pour leurs pommes de qualité et
pour les sous-produits de leurs pommes. On se demande si un tel projet
protège le fabricant de jus de pommes, car, lors de petites
récoltes, le prix supérieur offert par les fabricants de cidre
leur assurera la préférence. Par la suite, lors de
récoltes normales, le fabricant de jus, n'ayant pu s'approvisionner,
aura perdu une surface de tablette chez le détaillant et ne pourra que
très difficilement la reprendre. Il est prouvé que la vente du
jus doit être maintenue, puisque c'est encore le meilleur moyen
d'écoulement de grandes quantités de pommes secondaires.
M. le Président, je me demande également si l'honorable
ministre de l'Agriculture a consulté toutes les coopératives qui
sont déjà en place et qui absorbent, en majeure partie, la
production de ces pomiculteurs.
J'aimerais, en terminant, faire un bref exposé des comparaisons
entre le premier projet de loi, déposé par le gouvernement de
l'Union Nationale, et celui qui est présentement devant nous. Nous
voyons, à l'article 1, un changement. Dans l'ancien texte, on
définissait le pomiculteur comme suit: "Toute personne physique qui est
propriétaire ou locataire d'un verger comprenant au moins cent pommiers
productifs." Nous voyons dans le nouveau texte: "Toute personne physique qui
cultive des pommiers au Québec."
M. le Président, j'ai peut-être raison de
m'inquiéter de la phraséologie du nouveau texte, puisque nous
avons tous encore frais à la mémoire, surtout ceux qui sont dans
des comtés ruraux, ce qui s'est produit quand est venue la
préparation du plan conjoint pour les producteurs d'oeufs du
Québec. Nous avons connu, à l'époque, la définition
d'un aviculteur:
Un aviculteur est un type, une personne physique qui possède des
poules. Nous avons connu également un tollé, à un moment
donné, lors de la préparation du plan conjoint et il y a eu un
vote parmi ces aviculteurs qui disaient, entre autres, que certains aviculteurs
qui possédaient un nombre très restreint de poules avaient le
droit de vote. A ce moment-ci, je me demande s'il n'y aurait pas un certain
danger de voir se répéter la définition d'un pomiculteur?
C'est pour cette raison que nous avions déterminé un certain
nombre de pommiers pour un pomiculteur. Cette nouvelle définition est
évidemment beaucoup plus vague que l'autre. Combien faut-il de pommiers
pour être pomiculteur? Sur quoi se fondera la Régie des alcools
pour en décider, au moment d'accorder ou de refuser une demande de
permis? Nous avons des raisons de nous interroger.
Une telle imprécision peut être à l'avantage de
certains producteurs qui désireraient, même avec un nombre
restreint de pommiers, entreprendre la fabrication du cidre sur une base
artisanale. N'étant liée par aucun chiffre ni aucune
donnée précise, la régie devra s'appuyer davantage sur la
bonne foi du requérant.
Nous pourrions peut-être aussi, entre parenthèses, penser
que certains actionnaires de compagnies pourraient être
intéressés, comme je le soulignais tantôt, dans d'autres
domaines qui fabriquent d'autres produits alcoolisés, et demander un tel
permis, puisqu'ils ont cinq ou six pommiers chez eux. De plus, cette nouvelle
définition permet à un cultivateur de faire partie, comme je le
soulignais tantôt, d'une société de pomiculteurs,
même s'il n'a qu'un nombre restreint de pommiers productifs.
Qui pourra le vendre? Il y a un changement de rédaction à
l'article 37-B, qui sera inclus dans la Loi de la régie des alcools par
l'article 3
du bill 7. Cet article 37-B dit: "Le permis de fabricant de cidre
léger autorise la personne qui le détient à vendre ou
à livrer le cidre léger qu'elle fabrique".
L'ancien texte, M. le Président, se lisait comme suit: "A une
personne munie d'un permis pour la vente de la bière ou d'un permis de
vendeur de cidre." Le nouveau texte souligne: "A une personne autorisée
à vendre du cidre léger en vertu d'un permis qu'elle
détient." A première vue, nous serions portés à
conclure qu'avec ce nouveau texte, le détenteur d'un permis
d'épicerie ne serait plus autorisé, par le fait-même,
à vendre du cidre léger. Enfin, je crois que cette nouvelle
rédaction ne change rien, car, en vertu d'un amendement de 1965, au
chapitre 19, le permis d'épicerie permet maintenant la vente en
bouteille et la livraison à domicile non seulement de la bière
mais aussi du cidre léger. Voir l'article 18 de la Loi de la
Régie des Alcools, tel que modifié par l'article 11 du chapitre
19, 1965, première session.
Comment protéger les nôtres? Il y a des changements
considérables à l'article 4 du bill 7 qui modifie l'article 40 de
la Loi de la Régie des alcools. En plus de laisser tomber une correction
qui avait été proposée à la version anglaise de
l'article 40 dans le projet de loi de l'honorable Vincent, le nouveau texte
élimine le minimum de 25 pomiculteurs ainsi que la mention
"domicilié au Québec".
Il remplacera tout cela par la condition suivante: Pourvu que le
fabricant s'engage à utiliser, pour la préparation du cidre qu'il
fabrique, des pommes récoltées au Québec dans une
proportion d'au moins 90 p. c. . L'intention est sans doute louable, mais on
peut se demander s'il sera aussi facile d'établir le domicile des pommes
que celui des pomiculteurs. De plus, on peut se demander si la proportion de 90
p. c. ne serait pas un handicap dans certains cas.
En vertu de l'ancien texte, une fabrique située près de la
frontière aurait pu fonctionner avec 25 pomiculteurs du Québec et
autant de l'Ontario, ou du Nouveau-Brunswick, si vous voulez. En vertu du
nouveau texte, ils ne pourraient plus obtenir de permis et ce sont
peut-être nos pomiculteurs qui en souffriront. A noter, au paragraphe d),
ce qui est totalement nouveau et a été introduit par l'article 7,
qu'on annule le permis quand un fabricant ne satisfait pas à cette
exigence de 90 p. c. des pommes récoltées au Québec.
J'ai l'impression que la surveillance sera obligatoire et devra
être accrue. Nous avions espéré déranger le moins
possible l'ordre établi et permettre à des coopératives,
à des groupes de 25 pomiculteurs, par exemple, qui, à 100
pommiers chacuns faisaient un chiffre assez intéressant de 2,500
pommmiers, de se grouper pour la fabrication.
M. TOUPIN: C'est prévu dans le projet de loi, cela.
M. CROISETIERE: M. le Président, je sais que l'on a retenu des
choses de notre projet de loi et nous vous en félicitons. Je voudrais
souligner ces changements; j'aimerais maintenant laisser à d'autres
collègues en Chambre le soin de compléter ce que je n'ai pas pu
mentionner durant le laps de temps qui m'a été
accordé.
J'aimerais en terminant souligner que nous allons assister, encore une
fois, à une coupe de ruban par le gouvernement actuel d'un projet de loi
qui avait été préparé par le gouvernement
précédent. Nous voterons donc, nous de l'Opposition officielle,
pour le principe du projet de loi en deuxième lecture, tout en nous
réservant le droit de faire des suggestions au gouvernement en
comité. Je vous remercie.
M. BROWN: Le député de Lotbinière.
M. BELAND: M. le Président, puis-je d'abord signaler qu'il est
midi trente?
M. LEVESQUE: Nous allons suspendre jusqu'à deux heures et quart.
Le président a reconnu le député de Lotbinière. La
séance est suspendue jusqu'à deux heures et quart.
M. BROWN: La séance est suspendue jusqu'à deux heures et
quart.
Reprise de la séance à 14 h 16
M. LE PRESIDENT (Lavoie): A l'ordre, messieurs!
Le député de Lotbinière.
M. Jean-Louis Béland
M. BELAND: M. le Président, il me fait plaisir de dire
aujourd'hui quelques mots sur ce projet de loi que nous avons devant nous
concernant la fabrication et la vente du cidre au Québec. Toutefois, au
début, je me permettrai de souligner une chose qui m'a
énormément surpris ce matin. Devant un projet de loi aussi
important pour les pomiculteurs du Québec, j'ai été
très surpris de constater que la plus grande partie du temps
s'était déroulée durant cette discussion avec seulement
sept ou huit députés libéraux en Chambre.
Ce projet de loi est important pour les pomiculteurs du Québec.
D'abord, depuis on ne sait plus combien d'années, les pomiculteurs se
sont vus acculés, après une année de travail, devant une
année que l'on pourrait appeler de disette au point de vue des prix pour
leurs produits.
La production était bonne, oui, mais par contre les prix
étaient très bas. Que ce soient des entreprises familiales qui
produisent et possèdent des champs de pommiers, que ce soient des
entreprises coopératives, que ce soient d'autres sortes d'entreprises
qui possèdent des pommiers, eh bien lors de la vente, il faut que ces
pommiers rapportent un prix suffisant aux producteurs.
Evidemment, mon comté n'est pas un comté où il y a
tellement de pomiculteurs, mais par contre, ici en cette Chambre, on doit
légiférer en fonction des besoins qu'il y a à quelque
endroit que ce soit dans la province. Les pomiculteurs que nous avons
rencontrés depuis plusieurs années nous ont parlé de leurs
problèmes. Ce matin dans les deux brillants exposés qui ont
été prononcés, deux personnes, une du côté
ministériel, l'autre du côté de l'Opposition officielle ont
démontré l'utilité en des termes techniques du besoin
réel d'un bill spécifique pour faire en sorte que l'on puisse
fabriquer et vendre du cidre au Québec.
Avec ce bill, les pomiculteurs verront des jours plus heureux. Mais
comment pourront-ils les voir? Eh bien, de quelle façon devra se faire
la mise en marché de ce produit, si ce n'est strictement pas un outil
que devront se donner les pomiculteurs eux-mêmes? Non pas que ce soient
des entreprises compètement à l'extérieur de la
production, non, car on a trop vu cela dans le passé dans d'autres
productions, mais que les pomiculteurs eux-mêmes se donnent les outils
nécessaires pour transformer leur produit et le mettre sur le
marché. Peu importe l'appellation de cedit organisme, que ce soit
à l'intérieur d'une formule coopérative ou autre- ment,
pourvu que, justement, ça appartienne aux pomiculteurs
eux-mêmes.
Il y a évidemment, selon les prévisions, une
possibilité d'écoulement et de fabrication pour environ 1. 5 p.
c. de la quantité de boisseaux de pommes produites au Québec. Ce
sont des prévisions, mais à mon humble avis, je crois que ces
prévisions seront largement et très largement
dépassées, si l'on s'arrête à penser, à
réfléchir à tout le champ d'activité dans lequel
pourront travailler une certaine quantité de personnes pour
élaborer, entre autres, une certaine quantité de
recettes-alimentaires nouvelles, qui feront la joie, évidemment, des
ménagères.
Des huit millions de boisseaux de pommes que produit le Québec
par an, il est vrai que, jusqu'à maintenant, environ 90 p. c. ou 92 p.
c. étaient consommées d'une façon directe par le
consommateur. Mais seulement au point de vue de l'écoulement, on a dit
ce matin et je l'ai noté, qu'environ 150,000 gallons de cidre
léger avaient été produits et vendus depuis 1967, et
20,000 gallons de cidre fort.
Encore là, ce ne sont que des chiffres très légers
comparativement à ce que cela pourra être lorsque le
développement se fera automatiquement, à cause justement de la
possibilité de distillation, de vente, de transformation, etc.
Il y a toute une gamme de sous-produits qui entreront en ligne de
compte. La gelée de pomme, ainsi que la pâte de pomme trouveront
également un marché dans l'avenir. Une quantité d'autres
sous-produits pourront être exploités à une très
haute échelle grâce à cette nouvelle loi pour les
pomiculteurs.
Le cognac est produit à Cognac même, en France. Or, on
voit, aux alentours de la ville de Cognac, d'immenses chais, d'immenses caves
à vin qui sont exploitées pour le plus grand
bénéfice de ceux qui aiment se délecter le palais.
Eh bien, je pensais je vous ramène au Québec
à ceux qui, depuis un an, ne peuvent pas vendre leur bois à
pâte. J'ai imaginé que ce bois pourrait très bien servir
à construire des tonneaux pour conserver ou pour faire changer le
goût de notre cidre. En somme, si le cognac prend ce goût fin, ce
goût spécial, c'est parce qu'il séjourne, pendant un
certain laps de temps, à l'intérieur de tonneaux faits, non pas
avec n'importe quelle sorte de bois, mais avec du chêne provenant de la
région du Limousin, en France. Les tonneaux sont faits strictement avec
ce bois. Alors, peut-être que cela pourrait nous permettre
d'écouler au Québec, les dérivés de la pitoune, du
bois à pâte et de notre vieux bois.
Je le dis un peu en riant mais en somme, tout le travail que cela pourra
donner, toute cette main-d'oeuvre qui pourra être employée dans
ces diverses étapes de transformation, d'em-magasinement, de vente, etc.
vis-à-vis du cidre, produit dérivé de la pomme, cela ne
pourra pas
faire autrement que d'apporter des jours meilleurs pour les pomiculteurs
du Québec.
Jusqu'à maintenant, il y a eu, malheureusement, au Québec,
une certaine quantité d'alambics. Ils ont été mis à
jour. Quant au cidre, on pourra parler de distillerie au lieu d'alambic. Par le
fait même, on pourra peut-être, d'ici trois ou quatre ans, aller
déguster divers cidres qui pourraient avoir comme appellation
puisqu'il y a beaucoup de pommes et de pomiculteurs dans les régions de
Rougemont, de Missisquoi, à l'île d'Orléans, dans le
Bas-du-Fleuve le fameux cidre Orléans, le cidre Rougemont,
etc.
Quant au consommateur, est-ce son désir? A mon humble avis, oui.
Le consommateur attend également, comme le producteur,
l'avènement de cette loi. Le consommateur est loin de chercher à
détruire l'entrée de cidres ou de certaines autres boissons du
même genre, provenant de certaines autres provinces, de certains autres
pays, je crois qu'il serait tout simplement normal, car nous avons ici, au
Québec, d'immenses possibilités, et ces possibilités que
nous constatons aujourd'hui, en 1970, auraient été encore
beaucoup plus grandes si, justement, cette loi avait été
adoptée plus tôt.
Je me rappelle, il y a environ 25 ans, des vendeurs passaient dans nos
rangs, à la campagne, pour offrir et j'ai vu faire cela -
à mon père, comme à d'autres dans le voisinage, de petits
pommiers.
Beaucoup de fermiers ont acheté des pommiers et, aujourd'hui,
quelques-uns sont en production. Comme dans d'autres pays, lorsque la pomme est
produite pour une même variété donnée, l'on constate
que, si elle est produite à l'île d'Orléans, elle n'a pas
du tout le même goût, la même variété qui
serait produite à Rougemont ou ailleurs. Tout dépend de la
texture du sol, etc.
Si cette loi avait été votée avant, on aurait un
plus grand nombre de pomiculteurs qui, probablement, verraient des jours
beaucoup plus heureux que ceux qui vivent aujourd'hui aujourd'hui sur les
fermes, étant donné le marasme qui sévit. Comme dans
n'importe quelle production, pour les pomiculteurs, c'est peut-être
l'espoir d'une manne ou d'une petite manne qui s'en vient, mais cette manne,
ils l'auront seulement à la condition qu'ils contrôlent
eux-mêmes et j'insiste leur mise en marché en vue
d'alimenter les consommateurs du Québec, peu importe l'appellation de la
mise en marché.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Sainte-Marie.
M. Charles Tremblay
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, je pense qu'il y a
déjà vingt-cinq ou trente ans qu'on parle de légaliser la
fabrication et la vente du cidre dans le Québec. En 1960, le
gouvernement s'était fait autoriser à réglementer la
fabrication du cidre au Québec et cette législation était
restée lettre morte. C'est-à-dire qu'on ne l'a jamais
appliquée. Il y a eu aussi, en 1966, l'adoption de la législation
actuelle, mais, encore une fois, elle ne fut jamais appliquée, parce
qu'on n'a jamais émis de permis aux pomiculteurs. L'an passé, il
y a eu le bill 7, proposé par l'ancien ministre de l'Agriculture, qui,
comme vous le savez, n'a franchi ni la deuxième, ni la troisième
lecture, tout simplement parce qu'on avait déclenché des
élections. Là-dessus, j'espère que le présent
gouvernement ne déclenchera pas d'élection avant qu'on adopte la
deuxième et la troisième lectures de ce bill.
M. TOUPIN: Non, non, ça va se faire cet après-midi.
M. VEILLEUX: Assoyez-vous, on va voter ça tout de suite.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je n'ai pas voulu faire de politique.
M. TOUPIN: II n'y a pas de danger, M. le Président; ça va
se faire cet après-midi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cependant, M. le Président, dans le
projet de loi, il y a certains dangers que nous remarquons, c'est-à-dire
qu'en accordant le droit aux individus de former des corporations pour
fabriquer le cidre nous pensons qu'à un moment donné la
fabrication et la vente du cidre dans le Québec pourraient être
contrôlées par de grosses corporations, et ce serait au
détriment des pomiculteurs.
D'ailleurs vous savez qu'au Canada, les trois principaux fabricants de
cidre sont la Growers Wines, BeauChatel Wines et il y a aussi la Chipman Apple
Products. Alors, ces compagnies-là, qui sont les plus gros fabricants de
cidre, sont liées par des intérêts à la compagnie
Imperial Tobacco, et la compagnie Imperial Tobacco a certainement
intérêt à s'implanter comme producteur de cidre au
Québec. D'ailleurs, nous savons déjà qu'elle est
intéressée à le faire, et c'est à ce
moment-là que les pomiculteurs eux-mêmes en viendraient à
ne pas contrôler la fabrication du cidre, c'est-à-dire que
ça deviendrait un monopole au détriment des petits
fabricants.
Le danger est que ces grosses compagnies contrôlent le
marché de la pomme au Québec. Ce sont elles qui fixeraient le
prix des pommes, souvent au détriment des gens qui achètent la
pomme pour produire, soit de la confiture ou de la gelée de pomme,
etc.
En somme, nous pensons que le bill devrait être amendé
d'ailleurs nous en parlerons en comité plénier afin
que les gens qui ne sont pas des pomiculteurs eux-mêmes ne puissent pas
se former en corporation et prendre le
contrôle de la fabrication du cidre dans le Québec. Nous
croyons que cela devrait rester aux pomiculteurs eux-mêmes.
Il y a aussi le problème des droits et des taxes spéciales
qui peut empêcher la création d'un marché rentable pour le
cidre dans le Québec. Nous demandons au gouvernement de s'engager
formellement à ne pas trop prélever de droits ou de taxes
spéciales sur le cidre pendant une période d'au moins cinq ans,
quitte à réviser la loi ou à instituer des taxes à
un moment opportun. Afin de créer un marché dans le
Québec, je pense que nous devons éviter que ce produit soit trop
taxé, ce qui augmenterait le coût et empêcherait de
créer un marché rentable.
M. MARCHAND: Cela va faire comme dans Laval, qui est trop
taxée.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je parle du cidre.
M. HARVEY (Jonquière): Le député a-t-il lu le texte
des amendements?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Est-ce que le député a
commencé à en boire? Je ne le sais pas.
M. HARVEY (Jonquière): Le député me permettrait-il
une question?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Le député a-t-il pris
connaissance de l'amendement suggéré par le ministre de
l'Agriculture à l'article 26?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui.
M. HARVEY (Jonquière): Si vous en avez pris connaissance, vous ne
devriez pas parler comme vous le faites.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Non, je veux parler d'autres taxes. Je pense
que vous êtes au courant...
M. LEDUC: II n'a pas compris.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): ... qu'il y a aussi des taxes
fédérales. Il y a des taxes d'accise.
M. LEDUC: C'est parce que le député n'a pas compris.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): D'ailleurs, cet amendement à
l'article 26, proposé par le ministre ce matin, était de
même nature que celui que nous voulions proposer. Nous sommes heureux que
le gouvernement...
M. HARVEY (Jonquière): Vous souhaitez qu'il n'y en ait pas!
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): ... le fasse lui-même.
M. HARVEY (Jonquière): Est-ce que vous êtes heureux de voir
que nous l'avons trouvé avant vous?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le ministre voudrait-il me laisser la
parole, s'il vous plaft? Je ne permets plus de question, parce que ce n'est
plus une question, c'est un discours que vous faites. Rappelons que de tels
droits spéciaux sont actuellement perçus. Je ne parle pas de la
taxe de 8 p. c. L'article 26 disait que tout le cidre faible le cidre
qui n'a pas plus que 7 p. c. d'alcool n'était pas soumis à
la taxe de 8 p. c. Avec cet amendement, cela veut dire que le cidre fort ne
sera pas assujetti à la taxe de 8 p. c. C'est cela que vous voulez dire.
C'est d'autres taxes que je veux parler.
M. HARVEY (Jonquière): Le député n'a pas du tout
compris l'amendement. Vous le comprendrez tout à l'heure en
comité.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): On parlera de l'amendement tantôt.
Actuellement, par exemple, on perçoit $0.24 le gallon pour la
bière au niveau du fabricant. On perçoit $0.07 la douzaine de
grosses bouteilles de bière pour ceux qui en achètent
et $0.04 la douzaine de petites bouteilles de bière au
détaillant. Par simple arrêté en conseil, en se
référant à l'article 72 de la Loi de la Régie des
alcools...
M. MARCHAND: A Sainte-Marie, est-ce qu'on achète encore la
bière en grosses bouteilles?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cela, c'est une farce.
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'est pas une farce. Est-ce que le
député pourrait me dire à quelle taxe il
réfère? Est-ce à la taxe sur la vente au détail ou
à la taxe sur les repas et hôtellerie? Ce n'est pas une taxe dont
vous parlez, c'est un règlement de la régie imposant aux
brasseurs du Québec des droits...
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, c'est exactement ça que je viens
de dire.
M. HARVEY (Jonquière): Ce n'est pas une taxe provinciale,
monsieur, pour votre information.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'est par simple arrêté en
conseil, en se référant à l'article 72 de la Loi de la
Régie des alcools. Je le savais, d'ailleurs.
Nous croyons que le fait de prélever une telle taxe nuirait au
lancement d'un nouveau produit qui serait fabriqué au Québec et
qui ne jouit pas actuellement d'une clientèle permettant un niveau
rentable d'exploitation. Si le cidre peut constituer un substitut
québécois au vin importé, nous croyons qu'il revient
à l'Etat de favoriser, par voie fiscale, l'établissement de ce
substitut sur le marché de la consommation.
Nous ne sommes pas, d'ailleurs, les seuls à demander à
l'Etat de favoriser le lancement de ce produit par des exemptions de taxes.
Dans le rapport Thinel, à la page 54, il est dit ceci: "Quant à
l'imposition de ce nouveau produit, nous avons opté pour l'exemption au
départ; l'Etat aiderait ainsi au lancement d'un nouveau produit". Cela,
c'est dans le rapport Thinel à la page 54. Il y a aussi la taxe de vente
sur le cidre fort, dont on demandait la suppression. Avec l'amendement à
l'article que le ministre mentionnait tantôt, on l'aura. Alors, je ne
traiterai pas de cette taxe-là.
Mais, il y a les taxes d'accise fédérales. Dès
qu'on parle de manufacturer ou de vendre un produit dans le Québec, vous
savez qu'on tombe dans un fouillis de taxes fédérales et
provinciales. Nous nous inquiétons de certaines taxes d'accise
fédérales qui, dans la mesure où elles seraient
appliquées intégralement, nuiraient grandement au lancement de ce
produit. Le ministère du Revenu national permet une taxe d'accise sur
les vins, qui varie entre $0.25 le gallon et $2.50 le gallon. Cette taxe est,
en effet, de $0.25 sur chaque gallon de vin contenant moins de 7 p. c. d'alcool
et de $0.50 sur chaque gallon contenant plus de 7 p. c. d'alcool, exception
faite du vin mousseux. Ce dernier est passible d'une taxe de $2.50 le gallon.
Or, nous croyons qu'une partie du cidre produit au Québec pourrait
tomber dans cette catégorie du vin mousseux et serait, de ce fait,
soumise à une taxe prohibitive de $2.50 le gallon.
M. VEILLEUX: Cela n'est pas vrai.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si le cidre au Québec tombe dans
cette catégorie...
M. MARCHAND: Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne permets pas une question. Quand
j'aurai fini, vous m'en poserez. Le député n'est même pas
à son siège.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député ne permet
pas de question. Je demande au député de Sainte-Marie de
poursuivre son discours.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Cette taxe de $2.50 le gallon touche plus
particulièrement le Champagne importé de France et d'ailleurs.
S'il s'agit à proprement parler d'une taxe sur les biens de luxe, nous
ne pouvons imaginer comment elle pourrait s'appliquer au cidre
manufacturé au Québec.
Nous suggérons donc au ministre de s'informer de la question et
de voir, dans le cas où le cidre mousseux serait passible d'une telle
taxe, à ce que cette taxe ne nuise pas de façon prohibitive au
lancement de ce nouveau produit qu'est le cidre québécois. Si la
taxe de $2.50 le gallon est applicable au cidre qui est un vin mousseux, eh
bien, ça hausse le prix considérablement et ça peut nous
empêcher aussi de créer un marché profitable dans le
Québec.
Cependant, malgré toutes ses anomalies, nous allons voter pour le
bill en deuxième lecture, ainsi qu'en troisième lecture, parce
que ça fait trente ans que la population attend une loi comme ça.
Merci.
M. VEILLEUX: Bravo!
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Rouville.
M. Marcel Ostiguy
M. OSTIGUY: M. le Président, je remercie infiniment mes
collègues de l'Assemblée nationale pour ces applaudissements.
M. DROLET: Cette ovation.
M. OSTIGUY: Cette ovation. Je remercie aussi mes collègues de
l'Opposition qui ont bien voulu, à plusieurs reprises, parler du beau et
grand comté de Rouville que j'ai l'honneur de représenter
à l'Assemblée nationale.
J'aimerais, durant les quelques minutes qui suivent, attirer l'attention
des membres de l'Assemblée nationale sur un problème qui, parmi
tant d'autres, relève à la fois de la promotion économique
de plusieurs régions du Québec et d'une partie importante de la
main-d'oeuvre active.
Il est évident que ce gouvernement doit faire face à des
défis majeurs dans les domaines de l'éducation, du plein emploi
et du progrès social. Il est tout aussi évident que son objectif
premier, au-delà de l'efficacité qu'il doit implanter dans son
administration, doit viser dans une très large mesure la relance
économique de tous les secteurs productifs du Québec. Dans cette
perspective, il doit prendre tous les moyens mis à sa disposition pour
attirer les investissements, favoriser l'implantation de nouvelles industries
et promouvoir le développement de celles qui existent
déjà. L'un des moyens les plus puissants qui sont à la
disposition de l'Assemblée nationale et du gouvernement du Québec
réside dans le pouvoir de la législation. Ce pouvoir de
législation doit, avant toutes les considérations politiques,
être mis au
service du développement de tous les facteurs productifs de la
province.
L'un des facteurs productifs auquel j'aimerais faire allusion devant
cette Assemblée est celui de l'industrie de la pomme.
Les gouvernements qui se sont succédé depuis quelques
décennies ont très sérieusement étudié les
solutions possibles aux débouchés de la pomme et, entre autres,
ils ont abordé une solution possible qui était celle de la
légalisation du cidre. Cependant, aucune formule valable n'a
été apportée jusqu'à maintenant sur le plan
légal, soit parce qu'on ne s'entendait pas sur les modalités de
mise en marché, sur le nombre de permis à accorder ou encore sur
la façon même de produire le cidre. Les enquêtes ont
été multipliées, les comités d'étude se sont
succédé en proposant diverses modalités de mise en oeuvre
et d'application de la fabrication et de la mise en marché du cidre.
Là encore, cependant, il n'en est rien ressorti de complet et, par
conséquent, aucune loi qui permette à tous les pomiculteurs et
à tous les producteurs de cidre de pouvoir démarrer et contribuer
en quelque sorte à l'essor du produit national brut de cette
province.
La dernière enquête et les dernières recherches qui
ont été effectuées à ce sujet ont donné lieu
au rapport de la commission Thinel qui, à notre avis, fait ressortir des
propositions très pertinentes quant à la production et à
la vente du cidre, d'une part, et, d'autre part, quant au processus
d'imposition de ce produit en regard des revenus possibles de l'Etat du
Québec. Le rapport de la commission Thinel, qui a été
déposé cette semaine, a donné lieu à la
rédaction d'un projet de loi concernant la fabrication et la vente du
cidre, projet de loi qui a été déposé à
l'Assemblée nationale et qui malheureusement n'a vu qu'une seule
lecture.
On s'est d'abord demandé si la fabrication du cidre devait
être le propre d'une seule cidrerie. On s'est demandé, d'autre
part, s'il devait s'agir d'un fabricant unique, qui pouvait être l'Etat,
d'une coopérative de producteurs de pommes ou, enfin, si la solution
d'une société mixte n'était pas la meilleure. Le
gouvernement qui nous a précédés a conclu, pour sa part,
que la meilleure façon de résoudre cette question de fabrication
était d'accorder un permis de fabrication ou de production à des
associations groupant au moins 25 pomiculteurs ou encore à une
association ou société groupant exclusivement des pomiculteurs
domiciliés au Québec ou, enfin, à une corporation ou
à une société à laquelle au moins 25 pomiculteurs
domiciliés au Québec se sont engagés, par contrat,
à livrer la majeure partie de leur récolte de pommes au cours de
l'année pour laquelle le permis est délivré ou
renouvelé. Dans notre esprit, cette attitude est quelque peu sectaire et
ne reflète pas véritablement une perspective qui tient compte des
besoins des pomiculteurs.
En effet, nous ne voyons pas pourquoi il serait nécessaire qu'au
moins 25 pomiculteurs soient regroupés pour qu'un permis de fabrication
soit émis. Selon l'esprit même du rapport de la commission Thinel,
il est de loin préférable d'élargir les émissions
de permis sous réserve de solvabilité, de capacité de
fabrication, en accord avec les normes établies d'installations
sanitaires. Nous croyons donc, à l'instar des membres de la commission
Thinel, qu'une politique de libre accès devrait être maintenue
dans le cas de la fabrication. Cela n'entraîne pas nécessairement
qu'il y aura toujours et constamment un très grand nombre de fabricants.
On comprend très facilement que les exigences de la fabrication
limiteront le nombre possible de producteurs au départ et, comme nous le
verrons plus loin, qu'il y aura des conditions de commercialisation et de mise
en marché onéreuses. Il est donc à prévoir, dans
cette optique, que le nombre de permis sera relativement élevé au
début, mais, de la même façon, on peut logiquement
prévoir que ce nombre de permis diminuera au cours des années. En
effet, il n'est pas besoin de calculs très approfondis pour comprendre
que les besoins et les coûts sans cesse croissants de la production, de
la publicité et de la mise en marché mèneront
éventuellement les producteurs à rechercher un regroupement
quelconque sous forme de coopérative, d'association ou autre. Il en
découle, consé-quemment, que les exigences économiques et
techniques mèneront à une sorte de concentration de la
production.
Cependant, même si la logique économique nous laisse
entrevoir à long terme un regroupement des forces de production ou de
fabrication du cidre, il est nécessaire, au départ, de permettre
à tous et à chacun des producteurs de pommes de rechercher des
débouchés additionnels pour leurs pommes de deuxième
catégorie. Cela ne veut pas dire pour autant que la simple
légalisation du cidre et l'extension des permis de fabrication à
un grand nombre de producteurs produira un miracle financier. Cependant, il ne
fait aucun doute dans notre esprit que cette légalisation, que cette
extension des permis facilitera une meilleure sélection des pommes
destinées à la consommation de masse tout en aidant au soutien
des pommes de seconde qualité en créant un nouveau
débouché par voie de transformation.
Sachant, d'autre part, que la fabrication du cidre et la mise en
marché de ce dernier sont assez développées dans les
autres provinces du Canada, il s'impose que l'industrie naissante du cidre soit
protégée ainsi que tous les pomiculteurs qui voudront se
prévaloir de ce nouveau débouché. Nous devons donc exiger
que 90 p. c. des pommes provenant du Québec soient permis dans la
fabrication du cidre. Aussi est-il important que les permis de fabrication
soient émis aux seuls fabricants qui s'en tiendront à cette
exigence.
La seconde difficulté reliée à l'industrie du
cidre relève de la mise en marché. On a soutenu pendant
longtemps que cette mise en marché devrait être confiée
exclusivement à la Régie des alcools et, de bonne foi, cette
objection s'insérait dans un cadre de rationalisation qui n'est pas
dénué de sens logique. Cependant, et considérant qu'un
grand nombre d'Etats américains permettent la vente des vins de
production locale dans les épiceries autorisées et que, d'autre
part, depuis près de cinquante ans déjà, le Ontario Liquor
Board permet la vente de vin de fabrication locale dans un grand nombre de
magasins de la régie ontarienne, il est nécessaire de tenir
compte de certaines mesures appropriées de mise en marché qui
permettraient, au départ, de favoriser les producteurs
québécois. Il va sans dire que le cidre sera en concurrence
à la fois avec les vins et les champagnes importés de France,
d'Italie, du Portugal ou d'ailleurs, ainsi qu'avec les productions qui sont
effectuées dans d'autres provinces canadienne. L'industrie du cidre du
Québec devrait bénéficier de ce type de modernisation dans
nos formules de vente afin de la favoriser au départ.
Dans cette optique, l'émission d'un permis de fabrication ne
devrait pas être distincte de l'émission d'un permis de vente. En
effet, le permis de vente deviendrait un droit attaché automatiquement
au permis de fabrication, une sorte d'extension rattachée à ce
dernier permis qui autorise la personne qui le détient, en plus de le
fabriquer, de le vendre et de le livrer. Cependant, il est aussi acquis dans
notre esprit que la livraison et la vente ne seront faites qu'à une
personne légalement autorisée à l'acquérir du
fabricant. Cette personne pourrait être l'épicier autorisé,
le détenteur d'un permis de bière ou toute autre personne
légale reconnue par la loi.
De cette manière, notre nouvelle industrie du cidre pourrait
bénéficier sans délai d'un avantage certain sur les
produits importés de l'extérieur du Québec. Il est
à remarquer toutefois que cette nouvelle formule de mise en
marché ne devra pas exiger de l'épicier autorisé ou du
détenteur de permis de bière un permis additionnel. Le dynamisme
dans la mise en marché du cidre québécois ne peut
être qu'avantageux pour cette industrie naissante et, par extension, ne
peut être que rentable pour l'ensemble de l'économie
québécoise.
M. le Président, si le gouvernement du Québec peut, par la
simple légalisation de la fabrication et de la vente du cidre au
Québec favoriser la mise en oeuvre d'une industrie vraiment rentable, il
doit également, par d'autres mesures incitatrices sur le plan fiscal,
promouvoir le développement et la croissance rapide de cette même
industrie. Nous sommes conscients que le cidre, comme la bière et le
vin, doit être soumis à un régime de taxation qui viendra
rehausser les revenus de l'Etat.
Il va sans dire que nous ne sommes pas en mesure, pour l'instant, de
nous prononcer sur les intentions du gouvernement fédéral quant
au régime de taxation dans une perspective de promotion de cette
industrie naissante. Cependant, il est de notre devoir de considérer
très sérieusement un régime de taxation
québécois qui tienne compte des besoins de cette nouvelle
industrie. Dans cette optique, nous souscrivons entièrement aux
recommandations de la commission Thinel qui a bien perçu le genre de
difficultés que peut rencontrer la mise en oeuvre de ce type
d'industrie.
Nous recommandons qu'au départ le cidre ne doit pas être
taxé, et ceci durant les trois premières années.
Après trois ans, on pourra établir un taux d'imposition qui ne
devra pas cependant dépasser le montant de la taxation sur la
bière ou le vin. Le cidre ne dépassant pas 7 p. c. en teneur
d'alcool devrait suivre les mêmes exemptions que la bière en
fonction de la Loi de l'impôt sur la vente au détail. Si la
bière devenait éventuellement soumise à la taxe de vente,
il serait alors normal qu'il en soit de même pour le cidre ne
dépassant pas 7 p. c. en teneur d'alcool. Quant au cidre excédant
7 p. c. en teneur d'alcool, il serait soumis au même type de taxation que
les vins et spiritueux.
Permettez-moi, M. le Président, de souligner enfin un point
extrêmement important. Jusqu'à maintenant je n'ai fait une
distinction entre cidre léger et cidre fort que lorsqu'il s'agissait de
divers taux d'imposition et de modalités de taxation. C'est à
dessein que je n'ai fait cette distinction que lorsqu'il s'agissait des revenus
de l'Etat. En effet, il est très clair dans notre esprit que dans le
cadre de la promotion de l'industrie du cidre au Québec, aucune
distinction ne devrait être faite entre le cidre fort et le cidre
léger quant à la fabrication et à la mise en
marché. En effet, si le cidre fort, qui s'apparente aux vins et aux
spititueux est soumis au même type de mise en marché, au
même régime commercial où la Régie des alcools
possède un droit de distribution exclusive, on peut d'ores et
déjà escompter que la vente du cidre fort ne
bénéficiera d'aucun avantage compétitif par rapport aux
vins et aux champagnes importés.
C'est pourquoi, M. le Président, nous recommandons fortement que,
pour ce qui a trait à la distribution, à la vente et à la
mise en marché, il n'y ait aucune distinction qui soit effectuée
entre le cidre fort et le cidre léger et que, partant, on puisse
permettre la vente libre aussi bien du cidre fort que du cidre léger
dans les épiceries licenciées.
La Régie des alcools n'en souffrira pas puisqu'elle n'aura pas
à administrer un produit additionnel. Les revenus de l'Etat n'en
souffriront pas non plus puisque les derniers perçus le seront
simplement d'une façon quelque peu différente. L'avantage est
évident et les désavantages sont inexistants. Il est
impératif que nous établissions une promotion de ce produit en
lui donnant d'une part tous les avantages fiscaux et
d'autre part tous les avantages de la mise en marché.
M. le Président, les études ont été
suffisamment nombreuses et nous ont suffisamment démontré qu'il
était nécessaire de légaliser la fabrication et la vente
du cidre au Québec. Le temps est à l'action et non plus aux
études. Il me semble que tout a été dit sur le sujet et
qu'il est important maintenant de passer aux actes. Du point de vue strictement
administratif, il serait peut-être encore préférable de
faire une sélection plus nette parmi les fabricants de cidre. Cependant,
du point de vue économique, il est tout à fait
préférable et avantageux de permettre à tous et à
chacun des pomiculteurs de nos régions de mettre en oeuvre les processus
de fabrication qui leur permettront d'écouler leurs pommes de seconde
qualité soit sous forme d'association, de coopérative ou
simplement sous une forme de production individuelle. D'autant plus qu'à
l'heure actuelle nous n'ignorons pas qu'il existe un grand nombre de
producteurs de cidre. Si on voulait artificiellement et par des mesures
restrictives limiter le nombre des permis, il serait très difficile de
savoir à qui véritablement nous devrions les accorder.
J'aimerais ici, M. le Président, citer une phrase du rapport
Thinel qui me semble tout à fait pertinente, à savoir: "En
préconisant une politique de libre accès, nous prévoyons
que la concurrence se chargera de réaliser la sélection
désirée."
Cette réflexion me semble valable. La sélection se fera
sans aucun doute et les formes de regroupement coopératif ou toute autre
forme émergeront d'ici quelques années. Pour l'instant, laissons
donc aux pomiculteurs québécois le soin de décider
eux-mêmes quelle forme de production est plus rentable pour chacun
d'eux.
J'ai, ici, un éditorial qui a récemment paru dans un
journal où l'on disait: "Trente ans de fermentation." Je voudrais vous
citer une autre phrase. "Il y a 140 ans, c'est-à-dire en 1830, un
censitaire remettait au seigneur Hertel de Rouville quelques gallons de bon
cidre; c'était sa rente seigneuriale, au mont Saint-Hilaire, dans le
beau et grand comté de Rouville."
UNE VOIX: II va remplacer les censitaires par ses collègues.
M. OSTIGUY: II y a une autre phrase que j'aimerais vous citer: "Depuis
une quinzaine d'années, les journaux accordent, à intervalles
assez réguliers, des chroniques sur la légalisation du cidre dans
le Québec, mais toujours le projet est remis à l'étude et
repoussé à la session suivante. Les pomiculteurs du Québec
et la population tout entière n'espèrent qu'une chose: qu'un
projet de loi soit présenté devant l'Assemblé nationale
pour amender en conséquence la Loi des liqueurs. Trente années
d'études sembleraient suffisantes. Le projet est mûr, il faut
passer à l'action."
M. le Président, un de nos collègues a mentionné,
ce matin, un rapport qui avait été rédigé par la
Chambre de commerce de Marieville; j'en suis très honoré, car,
à ce moment-là, j'étais moi-même le président
de cette chambre de commerce. Je pense que ce projet de loi, que nous allons
adopter aujourd'hui même, démontre que pour le Parti
libéral, le gouvernement d'aujourd'hui, par l'entremise du ministre de
l'Agriculture, l'honorable Toupin, le temps n'est plus aux études, mais
aux réalisations.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. CADIEUX: Juste une question, si on voulait.
M. VINCENT: Certainement.
M. CADIEUX: M. le Président, c'est une question que je pose
à la présidence. Selon les rumeurs qui circulent, est-il vrai
que, conjointement avec ses amis, le député de Rouville doit
fêter aujourd'hui même l'adoption de ce bill et fêter
ça au cidre?
M. PAUL: II y en a qui ont commencé.
M. OSTIGUY: Je m'excuse, mon cher collègue, disons que le projet
pourra quand même être soumis à l'étude.
M. CADIEUX: Le temps n'est plus aux études.
M. OSTIGUY: Nous réaliserons sûrement ce projet la semaine
prochaine.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: M. le Président, pour vous aider à
répondre au député de Beauharnois, il faudra
nécessairement que le bill soit sanctionné pour que le
député de Rouville puisse donner suite au désir de
l'ancien député de Rouville, c'est-à-dire de traiter tout
le monde au champagne ou au cidre.
M. OSTIGUY: M. le Président, deux jours
d'illégalité de moins ou de plus, ça fait 100 ans que nous
attendons!
M. VINCENT: Mais il faut quand même demeurer dans la
légalité.
M. le Président, je dois féliciter tout d'abord
très sincèrement le ministre de l'Agriculture,
député de Champlain, d'avoir bien voulu présenter le bill
numéro 7 concernant la fabrication et la vente du cidre.
Dans l'ensemble, le nouveau texte ne fait que reproduire les
dispositions du projet de loi no 7 déposé par l'ancien
gouvernement.
M. TOUPIN: Cela, c'est moins gentil. M. LACROIX: II a été
amélioré.
M. VINCENT: II comporte, cependant, certaines modifications qui,
d'ailleurs, ont dû être...
M. VEILLEUX: Qui l'améliorent.
M. VINCENT: ...retrouvées dans les dossiers du ministère.
En effet, après le dépôt en première lecture, nous
avions déjà, comme c'est le cas aujourd'hui, envisagé
d'apporter des amendements au projet de loi no 7 présenté au
début de l'année 1970.
M. MARCHAND: L'ancien gouvernement l'a juste déposé.
M. LACROIX: Nous sommes d'accord avec les améliorations.
M. VINCENT: Je voudrais également... UNE VOIX: Vous n'êtes
pas nombreux.
M. VINCENT: ...mentionner la justesse des propos tenus par le
député d'Iberville, il y a quelques instants, lorsqu'il nous a
brossé un tableau très substantiel, très
élaboré, de toutes les études et analyses qui ont
été faites sur cette importante question de la
légalisation de la fabrication et de la vente du cidre au
Québec.
En effet, en mai 1968, les députés d'Iberville, de
Lotbinière, de Rouville, de Shefford et de Missisquoi, ce dernier alors
qu'il était ministre de la Justice, avaient reçu comme mandat, en
formant un comité de députés, de faire l'analyse assez
laborieuse de tous les rapports et de toutes les enquêtes que nous avions
sur cette question dans nos dossiers, depuis plusieurs années, au
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation.
Ce comité, comme l'a dit le député d'Iberville, a
siégé au moins à quinze reprises et a
présenté son rapport au conseil des ministres. Ce dernier, par la
suite, a soumis à la commission Thinel une demande expresse pour qu'elle
présente un rapport préliminaire sur la question du cidre dans la
province de Québec. Nous pouvons lire, dans le rapport Thinel, à
la page 7, ce qui suit: "Le problème de la fabrication et de la vente du
cidre apparaît donc comme l'un des multiples aspects de notre mandat.
Nous présentons immédiatement notre rapport sur cette question,
répondant ainsi à une demande expresse qui nous a
été faite".
Donc, le premier travail constructif concernant la fabrication et la
vente du cidre au Québec a été réalisé par
le comité formé des députés d'Iberville, de
Rouville, dans le temps, de Lotbinière, de Missisquoi et de Shefford.
Lorsque la commission Thinel a soumis son rapport, à la fin de septembre
ou au début d'octobre, immédiatement, le conseil des ministres du
temps s'est penché sur la question et, le 3 décembre 1969
nous en informions les membres du comité le 4 décembre le
conseil des ministres a accepté les grands principes, même
certaines modalités et a demandé aux légistes de
procéder à la rédaction du projet de loi no 7
légalisant la fabrication et la vente du cidre au Québec.
La même semaine, une motion a été placée en
appendice au journal des Débats de la Chambre et ce ne fut qu'au
début de la session de 1970 que le projet de loi no 7 a
été déposé. Tout à l'heure, j'entendais le
député de Rouville, que je félicite de son premier
discours en Chambre, je ne pouvais m'empêcher d'avoir un souvenir
à l'endroit de son prédécesseur.
Tous ceux qui siégeaient de 1966 à 1970 l'ont connu, M.
Yvon Hamel, alors, député de Rouville. Je ne sais pas si...
M. PAUL: C'était un bon député.
M. VINCENT: ... dans cette région quand une personne est
élue à l'Assemblée nationale elle est piquée par
les pomiculteurs d'un désir de venir, ici, à Québec, avec
l'intention d'apporter un projet de loi pour légaliser la vente et la
fabrication du cidre. Nous devons rendre à César ce qui
appartient à César. Mais nous pouvons être assurés
que le travail qui a été fait par le député de
Rouville de 1966, et plus spécialement de 1968 à 1970, nous
pouvons le considérer comme étant le point de départ
à ce projet de loi que nous avons aujourd'hui et qui deviendra un projet
de loi dans les statuts de la province de Québec.
M. PAUL: M. le Président, je pense qu'on ne peut pas
reconnaître le député de Rouville à l'endroit
où il est.
M. VINCENT: Et si un jour, M. le Président, nous devons rendre
hommage aux pères de la législation sur la fabrication et la
vente du cidre dans la province de Québec, nous devrons certainement
inclure parmi les premières personnes responsables, M. Yvon Hamel qui
siégeait, alors, comme député de Rouville, ici, à
l'Assemblée nationale.
M. OSTIGUY: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question, et faire remarquer au député de Nicolet, que c'est bien
beau tout ce travail qui a été fait, mais chaque gouvernement
avait toujours attendu à trois jours, ou à une semaine avant les
élections?
M. PAUL: La question.
M. OSTIGUY: Je voudrais faire remarquer au député de
Nicolet que le député actuel de Rouville s'est
préoccupé de la situation des pomiculteurs au tout début
de son mandat.
M. VINCENT: M. le Président, je continue comme s'il n'y avait pas
eu d'intervention, cela n'enlève aucunement les mérites que peut
avoir je l'ai souligné tout à l'heure le
député actuel du comté de Rouville. Car quand le
député actuel du comté de Rouville a été
élu député de l'Assemblée nationale, comme l'a fait
son prédécesseur, il s'est certainement intéressé
à cette question de la légalisation et de la vente du cidre dans
la province de Québec.
Mais la différence qu'il y a eue entre le député
actuel et le député qui l'a précédé, c'est
que le député actuel de Rouville est arrivé au
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, il a demandé le
dossier, la table était prête, la table était servie, il
n'avait qu'à...
M. BOSSE: Qu'à prendre sa fourchette. UNE VOIX: II est agressif
celui-là!
M. VINCENT: ... prendre son repas et aiguillonner le ministre actuel de
l'Agriculture en lui disant: Ecoute, il faut absolument que tu ramène en
Chambre le bill no 7. C'est tellement vrai que le ministre actuel de
l'Agriculture a ramené en Chambre le même numéro de bill,
à peu près les mêmes termes, les mêmes paragraphes,
les mêmes articles, si ce n'est quelques modifications. Cela prouve, M.
le Président...
M. OSTIGUY: M. le Président, cela prouve quand même que le
ministre actuel de l'Agriculture est un ministre efficace, lui aussi.
UNE VOIX: C'est parce que c'est le même cidre.
M. VINCENT: Si le député actuel de Rouville était
arrivé en 1966, et...
M. OSTIGUY: Cela serait fait.
M. VINCENT: ... qu'on lui avait remis le volumineux rapport
préparé par une firme de consultants,
d'ingénieurs-conseils de Montréal, où on recommandait la
création d'une cidrerie d'Etat qu'il a critiquée lui-même
alors que son parti était au pouvoir, il aurait fallu d'abord qu'il
démolisse un par un tous les arguments qui avaient coûté en
définitive au ministère de l'Industrie et du Commerce plusieurs
milliers de dollars pour le travail de la firme de consultants.
M. OSTIGUY: Je m'excuse, M. le Président, j'ai peut-être
critiqué, je ne me souviens pas, mais il reste que, à
l'époque, on parlait d'une cidrerie d'Etat, aujourd'hui c'est la
légalisation ouverte à tous les pomiculteurs.
M. VINCENT: Oui, c'est justement le travail qui a été
fait. Je reviens au début en disant qu'il faut rendre à
César ce qui appartient à César.
J'ai inclus également dans mes félicitations le
député actuel de Rouville, mais tout en me rappelant le travail
efficace, sans relâche, de son prédécesseur qui, en
définitive, doit être considéré comme celui qui,
après des discussions, des réunions, des rencontres avec le
comité de législation, est arrivé à bâtir un
projet de loi qui portait le no 7, projet de loi qui aujourd'hui encore porte
le no 7.
Il faut également se rendre à l'évidence que si
nous voulons faire un succès de ce bill no 7 qui légalise la
vente et la fabrication du cidre dans la province de Québec, il va
falloir attacher beaucoup d'importance au produit qui sera mis en marché
et qui devra satisfaire le goût du consommateur québécois,
et également, je le souhaite, le goût des consommateurs des autres
provinces et même des autres pays.
C'est là-dessus que, très brièvement, je voudrais
que le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation ainsi que les
responsables de la Régie des alcools prennent bonne note des quelques
commentaires que je vais faire au cours des cinq ou six prochaines minutes.
D'abord, pour que le consommateur québécois puisse
consommer un cidre de haute qualité, un cidre qu'il pourra aller
chercher à l'épicerie, chez le fabricant ou aux autres endroits
où il sera possible d'en obtenir, il faudra que la pomme employée
à la base de la fabrication soit une pomme de qualité et un pomme
acceptée par les inspecteurs de fruits et légumes du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation. Si le consommateur est
au courant que les inspecteurs du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation se font un devoir d'accepter cette pomme de qualité, nous
pourrons ainsi avoir un cidre qui justifiera plus la confiance des
consommateurs du Québec.
Deuxièmement ceci est très important et le
député de Rouville en conviendra avec moi le cidre devra
être conservé dans des endroits ou des entrepôts
spécialement affectés à cette fin. Ceci veut dire que le
cidre qui sera mis en marché dans la province ne devra pas être
placé à n'importe quel endroit pour le vendre. Il faudra que ce
soient des endroits ou des entrepôts dont la température ne sera
pas inférieure à 20 degrés Fahrenheit et ne sera pas
supérieure à 60 degrés Fahrenheit. Il va falloir que la
Régie des alcools, que le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation soient bien conscients de ce facteur avant de livrer ou de
permettre la vente du cidre léger ou du cidre fort dans un
établissement de la province de Québec.
Une autre chose importante également pour les consommateurs du
Québec, ce sont les contenants. Il ne faudra pas que le cidre soit
livré dans toutes sortes de contenants à partir de cinq onces
à soixante onces, qui pourraient mêler le consommateur voulant
acheter du cidre et l'obliger à faire un choix entre douze ou qinze
sortes de contenants. C'est pourquoi il
serait préférable que les contenants, pour les fins de la
vente, soient des bouteilles de verre capsulées de douze ou vingt-six
onces ou des canettes de même capacité. Ainsi, nous aurions sur le
marché québécois des bouteilles, des contenants de douze
ou vingt-six onces ou encore des canettes de douze ou vingt-six onces.
Il faudra également être bien certain que les
étiquettes ou inscriptions apposées sur les contenants
indiqueront la classification du cidre d'une façon claire,
précise et sans avoir à tromper l'oeil du consommateur, indiquant
si c'est du cidre léger ou du cidre fort. Le titrage en alcool,
ça, c'est important. Le député de Rouville va certainement
m'approuver là-dessus, à savoir que le titrage en alcool soit
bien indiqué sur le contenant, parce qu'on peut arriver avec une boisson
de pomme dosant 2 p. c. d'alcool et appeler ça du cidre lorsque ce ne
sera pas du cidre léger.
Les gens peuvent être trompés avec un titrage en petits
caractères ou un titrage qui pourrait tromper l'oeil du consommateur.
Donc, les étiquettes ou inscriptions apposées sur les contenants
devront indiquer clairement la classification du cidre, soit cidre
léger, ou cidre fort, la teneur en alcool, l'endroit de la fabrication
cela, c'est important le nom du fabricant et la marque de
commerce.
Quatrièmement, tout détenteur de permis de fabrication de
cidre fort ou de cidre léger, à mon sens, devrait tenir un
registre mentionnant, pour chaque année, d'abord la quantité de
pommes utilisées à la fabrication du cidre, leur provenance et la
quantité achetée. Deuxièmement, la quantité de
cidre qu'il a fabriqué en spécifiant s'il s'agit de cidre fort ou
de cidre léger. Troisièmement, la quantité de cidre vendue
à la régie, à des particuliers et la quantité
vendue à l'extérieur du Québec afin que dans deux ou trois
ans, s'il faut apporter des amendements à la réglementation ou
à la loi, nous puissions avoir ces chiffres qui nous viendront, à
ce moment-là, non pas du ministre actuel de l'Agriculture, mais d'un
autre ministre de l'Agriculture qui sera probablement celui qui siège
présentement de ce côté-ci de la Chambre!
Sixièmement, tout détenteur de permis de fabrication de
cidre fort...
M. TOUPIN: II est fantastique!
M. VINCENT: ... et de cidre léger devra se prêter à
l'examen de ses livres et documents par les inspecteurs et enquêteurs de
la régie et fournir à la régie tout rapport et tout
renseignement sur son exploitation.
Septièmement, tout fabricant de cidre fort, préalablement
à l'obtention de son permis, devra fournir une garantie de
responsabilité financière ou une preuve de solvabilité
jugée suffisante par la régie. Cela, c'est important parce qu'il
peut arriver des chevaliers qui vont demander des permis de fabrication de
cidre léger ou de cidre fort, qui vont fonder une organisation à
la faveur de la publicité, et qui, dans deux, six ou douze mois
pourraient être déclarés en faillite et ainsi
détruire la publicité qu'on veut faire autour du cidre
léger ou du cidre fort dans la province de Québec.
Huitièmement, les diverses phases de la fabrication et de la mise
en vente du cidre devront être sujettes à la surveillance des
inspecteurs et des enquêteurs de la régie.
Enfin, M. le Président, un autre commentaire, et tout à
l'heure en comité plénier nous y reviendrons: il faut
étendre le plus possible, dans la mesure du possible, les permis de
vente de cidre léger et de cidre fort. C'est pourquoi je remercie le
ministre de nous avoir fait parvenir les amendements qu'il a l'intention de
proposer tout à l'heure en comité, amendements que nous acceptons
d'emblée, amendements qui permettront aux fabricants de cidre fort de
pouvoir livrer leurs poduits à d'autres qu'à la Régie des
alcools du Québec.
Tout à l'heure, je poserai une question. Je crois que
quelques-uns des fonctionnaires du ministre à l'heure actuelle, nous
écoutent dans l'antichambre. Il y a une question que j'ai l'intention de
poser immédiatement et qui va revenir en comité tout à
l'heure: Est-ce que les magasins d'alimentation, les centres d'alimentation
comme Steinberg, Dominion, IGA ou tous les autres je ne veux pas faire
de publicité à aucun de ceux-là pourront
spécifiquement obtenir un permis de vente de cidre de la Régie
des alcools? En vertu de la loi, ou des amendements qu'on apporte à la
loi, à l'article 2 on mentionne que la régie pourra
émettre des permis pour vendre du cidre léger. Je crois que ceci
serait une suggestion intéressante que le comité pourra analyser
tout à l'heure: c'est que la Régie des alcools puisse
émettre des permis à des magasins d'alimentation, des centres
d'alimentation qui n'ont pas de permis de vente de bière, afin que ces
centres d'alimentation, qui ont des entrepôts, des endroits propices pour
garder le cidre, puissent mettre en marché le cidre léger et le
cidre fort, également.
Là-dessus, je crois que le ministre est d'accord avec moi sur le
principe qu'il faut en vendre, du cidre, pour que ce soit
intéressant.
Si une ménagère se rend dans un centre d'alimentation
très important et que ce centre d'alimentation n'a pas de permis de la
Régie des alcools pour vendre de la bière, eh bien, si ce centre
d'alimentation avait un permis pour la vente du cidre léger ou du cidre
fort, ce produit pourrait y être vendu comme le jus de pomme, comme les
autres sous-produits de la pomme et comme, également, la pomme
fraîche. Donc, je crois que tout à l'heure, en comité, nous
devrons analyser très sérieusement cette suggestion qui peut
être incorporée à la loi, si elle ne l'est
déjà. Actuellement, la régie peut le faire avec les
amendements qu'on apporte, mais il faudrait nécessairement que la
régie analyse cette suggestion.
M. le Président, je termine ici en rendant
hommage, encore une fois, à tous ceux qui, depuis le 22
février 1959, avec le premier travail de la Régie des
marchés agricoles du Québec qui a soumis son rapport en 1961, et
depuis le mois de mai 1968 jusqu'à aujourd'hui, ont travaillé
à ce projet de loi qui, j'en suis convaincu, fait sur la question du
principe l'unanimité de tous les membres de l'Assemblée
nationale. Nous aurons tout à l'heure quelques suggestions à
faire en ce qui concerne les articles, en ce qui concerne certains amendements
aux articles sans apporter d'amendements mais des suggestions que nous
aimerions voir acceptées par le ministre actuel parce que nous croyons
qu'avec ces quelques modifications, la loi répondra encore davantage
à l'objectif qu'il s'est fixé, que nous nous sommes tous
fixé en ce qui concerne la légalisation de la fabrication et de
la vente du cidre dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
M. Aurèle Audet
M. AUDET: M. le Président, il me fait plaisir de venir moi aussi
ajouter quelques opinions personnelles au sujet du présent projet de loi
concernant la fabrication et la vente du cidre dans le Québec.
Je crois que ce bill est très approprié. Je dirais
même qu'il devrait exister depuis longtemps. Cependant, M. le
Président, aussi bon et à point que puisse être ce projet
de loi, il pourrait, à mon avis, tout à fait manquer le but
visé qui semble être un avantage et une sécurité
pour le pomiculteur. Je dis bien que ce bill pourra, en plus de manquer le but
visé, contribuer à faire un tort considérable aux
pomiculteurs.
Je m'explique. Si nous ne prévoyons aucun contrôle pour
maintenir un prix minimum pour ce produit, si nous laissons ce produit à
la merci de la libre concurrence, tôt ou tard le cidre subira, comme
beaucoup d'autres produits de nos fermes, les effets néfastes d'une
importation sans contrôle qui vient avilir nos prix, nos marchés
et notre économie. Comme nous avons subi à tous les niveaux de
nos denrées agricoles la triste situation que nous vivons au
Québec de ne plus produire que 30 p. c. de notre consommation, le cidre
ne fera pas exception si nous ne prévoyons pas le maintien d'un prix
minimum pour ce produit, et ce pour protéger réellement nos
pomiculteurs et notre économie.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que d'autres députés
désirent prendre la parole? La réplique du ministre de
l'Agriculture mettra fin au débat.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. Normand Toupin M. TOUPIN: M. le Président, il me fait plaisir
de remercier tous les députés qui ont participé à
ce débat et qui ont donné leur opinion. Une opinion qui a
attiré mon attention de façon plus particulière venait du
député de Nicolet.
Il est bien sûr que nous n'avons pas amendé tous les
articles du projet de loi no 7 et que nous l'avons présenté sous
le même numéro. Mais, ce qui était important pour nous, ce
n'était pas de changer le numéro du bill, c'était de
changer son contenu pour qu'on puisse enfin le faire adopter et répondre
à l'ensemble des besoins des pomiculteurs du Québec.
M. VINCENT: Le contenu n'est pas changé. C'est le même
principe.
M. TOUPIN: Certains articles ont été changés; ils
donnent à la loi une tout autre allure, un tout autre mode
d'administration. Ils offrent aux producteurs un éventail beaucoup plus
large des possibilités de vente du cidre, par exemple. Cela n'existait
pas dans le premier projet de loi, mais cela existe présentement.
M. VINCENT: Des modalités.
M. TOUPIN: Le député d'Iberville a également fait
plusieurs observations. Il manifestait de l'inquiétude vis-à-vis
d'une seule source d'approvisionnement pour les fabricants. On dit dans le bill
que le fabricant devra utiliser au moins 90 p. c. de pommes cultivées au
Québec pour fabriquer son cidre; le député d'Iberville
semblait manifester certaines restrictions, à ce niveau-là. Nous,
nous croyons qu'il n'y a aucun danger, parce qu'il est presque admis, par tous
ceux qui connaissent la fabrication du cidre, qu'une marge de 10 p. c. est
suffisante pour qu'on puisse se procurer les différentes
catégories de pommes dont un fabricant a besoin pour faire
différents types de cidre.
Evidemment, cette marge est peut-être discutable, mais selon ce
que nous ont dit les connaisseurs, cette marge se situe aux environs de 10 p.
c. Le député d'Iberville a parlé aussi des contingences de
la production. Il est bien sûr que les années où la
production de pommes sera moins substantielle, cela deviendra peut-être
un peu plus difficile de se procurer de ce produit pour fabriquer du cidre.
Mais, là, il y a un élément qui joue présentement
et qui jouera encore dans l'avenir, c'est celui des prix. S'il y a
pénurie de pommes sur le marché, il est bien sûr que le
prix augmentera pour la pomme vendue à l'état frais et ainsi il
restera encore des quantités suffisantes non vendues à
l'état frais pour qu'on puisse les diriger vers la fabrication du cidre.
Ce sera, selon le principe actuel de l'établissement des prix, un
avantage pour l'ensemble des pomiculteurs, c'est-à-dire que nous
assisterons à une augmentation des prix.
La recherche. Il est bien sûr que nous sommes d'accord pour qu'il
y ait beaucoup de recherche de faite en ce qui a trait à la
fabrication et à la vente du cidre au Québec. Le
député d'Iberville a également parlé de la
définition du pomiculteur. Evidemment, celle que nous donnons dans le
bill 7 est beaucoup plus large que celle qui existait auparavant. Nous n'avons
mis aucune restriction, par exemple.
M. VINCENT: M. le Président, pour aider le ministre de
l'Agriculture et tous les membres du comité, nous aurons plusieurs
suggestions lors de l'étude article par article. Peut-être
serions-nous mieux d'attendre en comité, tout à l'heure, pour
revenir sur chacun de ces articles, afin d'avoir les commentaires du ministre
sur ce qu'il dit de chacun des articles. Ainsi, nous n'aurions pas besoin de
reprendre la discussion, en comité, tout à l'heure.
M. TOUPIN: Cela me paraît raisonnable, cette suggestion.
M. VINCENT: Comme toujours.
M. TOUPIN: Oui, quand cela aboutit à de l'action.
M. VINCENT: C'est parce que ma voix est éraillée un petit
peu aujourd'hui.
M. TOUPIN: C'étaient des commentaires que je voulais faire sur
les propos tenus par l'ensemble des collègues de cette Chambre qui ont
fait des discours.
Au fond, ce que nous cherchons, comme l'a dit l'ensemble des
députés, c'est de faire en sorte que le projet de loi sur le
cidre puisse être adopté le plus rapidement possible pour donner
ainsi l'occasion aux pomiculteurs du Québec de vendre légalement
le cidre qu'ils fabriquent actuellement et celui qui est peut-être
fabriqué et attend déjà sur les tablettes.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture est-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier.
Cette motion est-elle adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
Comité plénier
M. HARDY (Président du comité plénier): A l'ordre,
messieurs! Article 1, adopté?
M. VINCENT: M. le Président, à l'article 1, du nouveau
bill 7, on mentionne comme définition du mot pomiculteur: "Toute
personne physique qui cultive des pommiers au Québec." Ce n'est pas pour
retourner à l'ancienne définition, mais, dans l'ancien texte, on
donnait comme définition: "Toute personne physique qui est
propriétaire ou locataire d'un verger comprenant au moins 100 pommiers
productifs."
M. le Président, je demanderais au ministre de l'Agriculture de
bien vouloir, très sérieusement, analyser la possibilité
de retourner à l'ancien texte pour inscrire la définition de
pomiculteur que nous pouvions y lire. Pourquoi? Pour l'application
présente de la loi, ceci peut ne pas causer tellement de
problèmes, malgré qu'il sera assez difficile à la
Régie des alcools de se faire une définition de pomiculteur.
Mais, à l'avenir, lorsque nous aurons à définir ou
à parler des pomiculteurs, nous nous référerons toujours
à des définitions qu'on retrouve dans les lois qui sont dans les
statuts du Québec.
Comme le disait de léputé d'Iberville, le pomiculteur
sera, avec cette nouvelle définition: "Toute personne physique qui
cultive des pommiers au Québec." Cela veut dire qu'un pomiculteur pourra
être une personne qui a deux ou trois pommiers derrière sa maison.
En vertu de cette définition, il sera considéré comme
pomiculteur. Il faudrait que nous inscrivions dans le texte de loi c'est
normal, je crois que, pour être considéré comme
pomiculteur, il faut être propriétaire ou locataire d'un verger,
comprenant au moins 100 pommiers productifs. Si le ministre veut baisser
ça à 50 pommiers productifs, je n'ai pas d'objection, mais qu'on
précise un peu, du moins. Pour avoir le titre de pomiculteur, ça
ne prend pas n'importe quel citoyen qui aurait deux, trois, quatre ou cinq
pommiers, même des pommiers qui ne sont pas productifs. Selon la
définition actuelle, ils seraient considérés comme
pomiculteurs au sens de la loi. Le ministre comprendra comme moi, comme l'a dit
le député d'Iberville, que ceci peut avoir des
répercussions dans d'autres domaines, quand il s'agira de plans
conjoints, d'assurance-récolte, de reconnaissance comme membre d'une
société, comme la Société de pomologie, ou encore
d'une coopérative.
Je ne sais pas ce qu'en pense le ministre. Il peut consulter les
fonctionnaires qui sont tout près de lui; d'autres membres du
comité peuvent également faire leurs suggestions. En ce qui me
concerne, je ne le propose pas officiellement comme amendement, mais je crois
que le
ministre pourra accepter de prendre l'ancienne version. S'il trouve le
nombre de 100 trop élevé, nous pouvons le baisser à
50.
M. VEZINA: M. le Président, le député pourrait-il
renouveler sa suggestion? Je n'en ai pas compris le début.
M. VINCENT: Ma suggestion est la suivante: c'est qu'on remplace la
définition 10e a) de pomiculteur dans le bill actuel: "Toute personne
physique qui cultive des pommiers au Québec" par: "Toute personne
physique qui est propriétaire ou locataire d'un verger comprenant au
moins 100 pommiers productifs" Mais, là, on peut mettre 50 pommiers
productifs. Ma suggestion était au moins 100 pommiers productifs. Cela
éviterait pour le député de Montmorency de
considérer comme pomiculteur quelqu'un qui aurait deux, trois ou quatre
pommiers qui ne seraient même pas productifs.
Au sens de la loi, la définition lui donnerait le titre de
pomiculteur. Ainsi, nous pourrions préparer l'avenir, pour d'autres
législations ou pour des plans conjoints, ou encore pour des membres de
sociétés d'agriculture, de pomologie ou de coopérative.
C'est un amendement mineur.
M. TOUPIN: Oui. Voici, premièrement, sur l'objection
apportée, c'est-à-dire le danger de créer un
précédent qui se perpétuerait ailleurs par la suite, soit
au niveau d'un membre d'une coopérative ou au niveau de la
définition d'un producteur en vertu de la Loi de la mise en
marché, je ne pense pas que cela crée trop de problèmes
parce que le mot "pomiculteur" est défini pour une fin bien
précise.
M. VINCENT: Oui, mais...
M. TOUPIN : II est défini pour les fins de la fabrication et de
la production du cidre. Pourquoi nous avons enlevé un minimum ou un
maximum? C'est que nous voulions donner l'occasion à tout pomiculteur
désireux de le faire on sait fort bien qu'un gars qui a deux
pommiers dans sa cour ne demandera pas un permis de fabrication de cidre
de demander un permis. C'était pour ouvrir la porte à tout
producteur de 50, de 30, de 40, de 45, de 38 ou de 48 pommiers.
Supposons que nous mettons le chiffre 50, par exemple, celui qui en a 48
sera exclu.
M. VINCENT: A ce moment-là...
M. TOUPIN: Si vous procédez comme cela par déduction, vous
arrivez au bout et vous dites: L'idéal, pour les fins de l'application
de cette loi, ne serait-ce pas de dire purement et simplement: Un pomiculteur
est toute personne physique qui cultive des pommiers au Québec? On ne
parle pas d'un propriétaire de verger, on ne parle pas d'un exploitant
de verger, on ne parle pas d'un locataire, on parle d'une personne physique qui
cultive des pommes, pour les fins de la présente loi.
C'est un essai, peut-être, de définition du mot
"pomiculteur", mais je ne pense pas, personnellement, que cela puisse avoir,
dans le temps, des conséquences néfastes ou mauvaises, par
exemple, au niveau d'un plan conjoint, au niveau d'une coopération ou au
niveau de toute autre définition qui pourrait être
nécessaire un jour ou l'autre en ce qui a trait à un pomiculteur
donné.
M. VINCENT: J'admets, M. le Président, que la définition
de pomiculteur s'applique dans le contexte de la loi actuelle. C'est la
définition qui s'appliquera exclusivement pour cette loi-ci. Il reste
quand même que c'est la première fois que nous définissons,
dans une loi, ce qu'est un pomiculteur. C'est la première fois qu'on
fait cela.
Donc, à l'avenir, n'importe qui pourra se référer
au projet de loi no 7 pour dire qu'à l'occasion de la première,
de la deuxième et de la troisième lectures de ce projet de loi,
on avait désigné un pomiculteur comme étant toute personne
physique qui cultive des pommiers au Québec. A ce moment-là, le
danger est que si, moi, demain, je veux devenir pomiculteur, au sens de cette
loi, je pourrais faire planter, dans un champ, 25 petits pommiers qui
deviendraient productifs seulement dans quatre ou cinq ans, et je serais
reconnu, au sens de cette loi, comme pomiculteur.
M. TOUPIN: Non, M. le Président.
M. VINCENT: Oui, parce que je cultiverais des pommiers.
M. TOUPIN: Oui, vous cultiveriez des pommiers.
M. VINCENT: Oui, mais qui ne seraient pas nécessairement
productifs.
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Je cultiverais des pommiers.
M. TOUPIN: Oui, mais vous n'auriez pas de pommes.
M. VINCENT: Non, mais la loi ne le mentionne pas.
M. TOUPIN: II vous serait impossible de fabriquer du cidre, donc, vous
seriez dans les pommes.
M. VINCENT: Non, non. D'après le texte de la loi...
M. TOUPIN: Oui, en vertu de la loi...
M. VINCENT: ... toute personne physique qui cultive des pommiers au
Québec.
M. TOUPIN: II faut l'envisager dans son contexte.
M. VINCENT: Oui, oui, mais...
M. TOUPIN: Dans son contexte réaliste.
M. VINCENT: II faut le réaliser...
M. TOUPIN: Vous pouvez tergiverser beaucoup, mais envisagez-le dans son
contexte réaliste.
M. VINCENT: ... à la lettre du texte de loi. M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Toute personne physique qui cultive des pommiers au
Québec. Si j'ai 50 petits pommiers plantés cette année, je
deviens pomiculteur au sens de la loi parce que je cultive des pommiers.
M. TOUPIN: II aurait fallu, après cela, définir ce qu'est
un pommier.
M. VINCENT: Non.
M. TOUPIN: Un pommier est un arbre qui produit des pommes.
M. VINCENT: Oui, mais...
M. TOUPIN: II est dit, ailleurs dans la loi, que si vous voulez avoir un
permis, vous devez être un pomiculteur qui, en principe, produit des
pommes.
M. VINCENT: Non, non, voyons!
M. TOUPIN: Or, si, par exemple, vous avez 50 ou 60 petits arbustes en
arrière de votre maison, je pense bien qu'à ce moment-là
c'est essayer de chercher ce que l'on appelle communément des...
UNE VOIX: Puces.
M. TOUPIN: Des puces oui, parce que j'ai l'impression, M. le
Président, je pense que le député de Nicolet va me
comprendre, il est assez réaliste pour ça que la
définition du mot "pomiculteur," dans le texte de la loi, est là
pour les fins précises de cette loi. Elle est là pour ça.
Il est bien sûr que ça peut occasionner certaines
difficultés. Aucun texte de loi n'est assez clair, en soi, pour
éviter toute difficulté éventuelle dans son application.
Mais je pense que c'est assez clair et assez précis pour que chacun
d'entre nous puisse comprendre clairement ce que l'on veut dire. On veut que
tout pomiculteur...
M. VINCENT: Non, non.
M. TOUPIN: ... puisse se procurer un permis en vue de fabriquer du cidre
de pomme si la Régie des alcools veut bien le lui émettre. C'est
ça qu'on a voulu dire, rien d'autre. C'est la raison pour laquelle,
aussi, on n'a pas mis de chiffre, de nombre, parce qu'on voulait donner
accès à tous les pomiculteurs. On ne voulait être
discriminatoire vis-à-vis d'aucun d'eux.
M. VINCENT: M. le Président, avant que le ministre aille trop
loin, je voudrais poser la question à un de ses collègues qui est
avocat, député de Montmorency. Comme producteur, si j'allais
consulter le député de Montmorency, et si, je lui disais: M. le
député, M. l'avocat, vous avez ici le bill no 7...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! J'arrête immédiatement
le député de Nicolet, parce que je m'aperçois qu'il est en
train de vouloir demander une opinion juridique au député de
Montmorency, ce qui est absolument défendu par les
règlements.
M. LACROIX: II ne le fait pas gratuitement.
M. VINCENT: Voici, M. le Président, je ne demanderai pas au
député de Montmorency en tant qu'avocat, mais en tant que
législateur. Il a le droit de donner son opinion en tant que
législateur. Est-ce qu'au sens de l'article 1, lOo a) une personne
physique qui cultiverait 30 petits pommiers plantés cette année
qui produiraient seulement dans cinq ans, est reconnue comme pomiculteur?
M. VEZINA: M. le Président, je voulais justement intervenir sur
cette question. C'est intéressant d'entendre des gens
spécialisés en agriculture nous parler de ces questions. Mais
dans...
M. VINCENT: Oui, mais ce sont des avares qui vont nous
l'interpréter.
M. VEZINA: ... la définition des termes dans une loi, il y a un
principe de base: plus vous en mettez, plus vous causez des problèmes.
C'est un axiome en droit. L'interprétation pratique est laissée
à la Régie des alcools, l'interprétation est
laissée à la commission, au président, ou aux
régisseurs de la Régie des alcools. Quand on me dit: Si une
personne plante 25, 30 ou 50 petits pommiers non productifs, devient-elle... Je
pense qu'à ce moment-là c'est une question de fait dans chaque
cas. Ce qui est beaucoup plus important que le nombre est de savoir si nous
allons ajouter ou non dans le cas présent nous
ne l'avons pas ajouté ce que nous retrouvions dans
l'ancien texte, les mots "propriétaire" ou "locataire".
Je pense que c'est beaucoup plus important d'avoir enlevé ces
mots-là que d'avoir enlevé ou non le chiffre 100. Remarquez que
je comprends l'esprit dans lequel le député de Nicolet fait sa
suggestion, mais s'il veut faire un acte de foi, envers notre profession, je
lui dirai ceci: En matière législative, plus vous décrivez
au lieu de définir... Parce que ce n'est pas une définition de
dire: M. X est propriétaire de 100 pommiers, ce n'est pas ça un
pomiculteur; là vous le décrivez. Mais si vous voulez
définir le pomiculteur: Personne physique qui cultive des pommiers. Mais
pour la Régie des alcools, quand il s'agira de faire une preuve devant
elle, pourra voir si M. X qui fait une demande de permis et qui a planté
justement ces petits pommiers auxquels vous faisiez allusion,
premièrement, est-ce une personne physique qui cultive des pommiers, au
sens de la loi? Pas au sens agricole du terme, au sens légal du terme.
Je pense c'est une opinion évidemment personnelle que la
Régie serait bien fondée d'arriver à la conclusion que
l'exemple que le député a soulevé, ne satisfait pas du
tout aux exigences et à l'esprit de l'article 10 du chapitre 46 qui est
la Loi de la Régie des alcools.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de
Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président...
M. VINCENT: Puisque ce sont des avocats qui vont l'interpréter
par la suite, nous sommes aussi bien d'avoir leur interprétation tout de
suite.
UNE VOIX: Si nous les consultions comme avocats, ça
coûterait plus cher.
M. VINCENT: C'est justement, M. le Président, la question que je
dois poser au député des Iles-de-la-Madeleine. Supposons, que le
député des Iles-de-la-Madeleine aurait 48 poules, est-ce qu'il
serait considéré comme aviculteur?
M. LACROIX: Au moins, si jamais j'avais 48 poules elles
m'appartiendraient. Je n'emprunterais pas celles du voisin.
M. VINCENT: Si le député des Iles-de-la-Madeleine avait 72
poules, est-ce qu'il serait considéré comme aviculteur ou comme
whip du Parti libéral.
M. LACROIX: Ce serait meilleur que 17 coqs.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Si mon souvenir est bon, le dernier
député à qui j'ai donné la parole est le
député de Maskinongé.
M. PAUL: M. le Président, on dit souvent que l'esprit vivifie et
que la lettre tue. Il faut se placer dans le contexte de messieurs les membres
de la Régie des alcools, les régisseurs qui auront à
décider de l'octroi ou du refus d'un permis. On sait que, dans certains
milieux, on se fait fort de la tradition et de l'interprétation qu'on a
toujours donnée. Je me demande si, en raison de la jurisprudence suivie
depuis quelques années, messieurs les commissaires ne se trouveront pas
nécessairement liés par la définition qu'on trouve dans la
loi de cette expression "pomiculteur".
Qu'est-ce qu'un pomiculteur? Normalement, c'est celui qui se livre
à l'exploitation d'un verger et qui fait la culture des pommes. Je dis
"normalement".
M. TOUPIN: C'est un exploitant.
M. PAUL: Je dis que ce n'est pas un exploitant; c'est un
commerçant, s'il est exploitant. La langue française a des mots
pour qu'on les utilise à bon escient. Et c'est tellement vrai que, le
député de Sainte-Marie ayant deux pommiers chez lui, on va
maintenant dire "monsieur le pomiculteur".
M. TOUPIN: Vous pourriez dire ça.
M. PAUL: M. le Président, si on a l'intention d'enfreindre
constamment le règlement, je préviens que ça va "jouer"
des deux bords. Je n'en ai pas l'intention, mais, pour une fois, qu'on soit
donc logique et qu'on nous donne la chance d'étudier une
législation qui est toute nouvelle. On y va de bonne foi, parce qu'on
sait quelles difficultés l'application de cette loi va créer,
spécialement à l'endroit de ceux qui auront à se
présenter devant la Régie des alcools du Québec. Notre
participation est sincère et non pas dans le but de retarder inutilement
les débats. On sait de quelle façon on interprète
restrictivement les textes à la Régie des alcools du
Québec; je ne fais pas une critique, je constate que
l'interprétation qu'on fait des textes de loi à la Régie
des alcools du Québec nous oblige aujourd'hui, avant d'adopter une
définition, à prendre garde et à satisfaire
réellement au principe visé par cette loi.
Je crois que le principe est de permettre la légalisation de la
vente du cidre dans le Québec. Tout le monde est d'accord sur ce
principe, peu importe que l'on emploie douze ou treize ou quinze articles. Je
crois que tous les députés de cette Chambre sont heureux de
pouvoir se pencher sur une législation qui aurait normalement dû
être votée avant aujourd'hui.
Nous n'avons pas à analyser tout le contexte, toutes les
difficultés dans lesquelles on a pu évoluer dans le passé.
Aujourd'hui, nous sommes au moment où nous devons accepter une
définition; en dehors de l'interprétation qu'on voudra bien
donner du mot "pomiculteur", il
reste qu'en parti que ça demeurera toujours l'exercice d'un
métier ou d'une profession.
Comme on le signalait tout à l'heure, ce n'est pas parce que
j'aurais personnellement deux automobiles que je pourrais être
jugé vendeur d'autos. Alors, il faut trouver le sens pratique et
l'application des termes. Je crois qu'en voulant garder cette définition
nous nous exposons à une interprétation qui obligera
nécessairement et ça, c'est à la lumière de
l'expérience vécue dans l'exercice de la profession et dans
l'exercice de certaines fonctions administratives le gouvernement actuel
à revenir avant longtemps avec un terme pour éviter toute
difficulté d'interprétation.
On doit accepter l'esprit avec lequel nous voulons collaborer,
travailler à l'adoption de cette loi, mais également dans l'usage
de termes qui ne placeront pas les requérants dans des camisoles de
force où ils devront subir d'une part l'interprétation
littérale d'un texte et, d'autre part, l'interprétation d'un
principe qu'on essaiera de découvrir.
On dira, à ce moment-là: Le législateur n'a pas
voulu reconnaître tel principe. Il s'est volontairement lié
à l'emploi d'un terme qui, en définitive, pourrait causer
certains préjudices à ceux qui sont de véritables
pomiculteurs, de génération en génération, en
raison du capital investi et du nombre d'employés qu'ils ont à
leur service. Si nous examinons le but visé par cette loi, c'est d'aider
le commerce, la fabrication et la vente du cidre dans le Québec. Pour
tout cela, il faut tenir compte, d'un côté, des usages normaux du
commerce et de cette nouvelle forme légalisée de commerce que
l'on veut introduire par le bill 7.
Je dis, M. le Président, que les légistes j'en vois
un justement assis derrière le ministre possèdent une
expérience pratique de ces choses. Il ne s'agit pas simplement
d'être avocat, parce qu'il y a une différence entre un avocat et
un légiste. On doit envisager l'interpréation que l'on veut
donner à cette loi à la lumière de l'expérience
vécue des légistes qui sont constamment au service de cette
Chambre et non pas d'un parti. Je suis sûr que, si on prenait le soin de
les consulter davantage, on verrait que les suggestions que nous faisons sont
les meilleures pour atteindre les principes visés par l'application de
cette loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Mégantic.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que je pourrais faire,
à la suite des remarques du député de Maskinongé,
une suggestion qui tiendrait compte de ce qu'ont mentionné le
député de Montmorency et le député de
Maskinongé? Avant que le député de Mégantic puisse
intervenir, le ministre de l'Agriculture pourrait justement demander aux
légistes qui sont derrière lui si cette suggestion pourrait
être incluse dans la définition du mot "pomiculteur". Est-ce que
nous pourrions lire la définition comme ceci: toute personne
physique qui cultive au moins un certain nombre là; qu'on mette
50 ou 100 pommiers X pommiers productifs, au Québec? A ce
moment-là, on enlèverait propriétaire, locataire et cela
définirait beaucoup mieux le pomiculteur. Je ne sais pas si les
légistes pourraient analyser cette suggestion.
M. LACROIX: Le député de Nicolet me permettrait-il une
observation? Par exemple, un pomiculteur qui exploiterait 25 pommiers
très productifs et qui voudrait augmenter le nombre de ses pommiers ne
pourrait le faire que par étapes. Il faut bien qu'il laisse
croître les pommiers. A ce moment-là, il serait exclu. Un
pomiculteur, qui possède 25 pommiers qu'il exploite de façon
raisonnable et rentable et qui veut faire progresser son entreprise, serait
exclu des avantages de la loi. Je pense que la restriction que l'Opposition
veut inclure dans la loi ne serait pas à l'avantage des pomiculteurs que
l'on veut aider, en fait, par cette loi.
M. VINCENT: M. le Président, pour répondre au
député des Iles-de-la-Madeleine, je vais simplement employer un
exemple qui frappe tout le monde, à l'heure actuelle. Au sens de la loi
fédérale des statistiques, une personne est
considérée comme agriculteur pour autant qu'elle mette en
marché $50 de produits agricoles. A ce moment-là, on arrive au
nombre astronomique de 100,000 et quelques agriculteurs au Québec. En
réalité, quelqu'un qui pourrait vendre pour $50 de fraises et de
pommes ne devrait pas être considéré comme un agriculteur
au sens de la loi.
Il faut en arriver avec des définitions plus réalistes de
noms comme pomiculteur, agriculteur, aviculteur, "acériculteur" pour
établir des catégories de personnes qui travaillent ou qui
occupent un emploi dans l'industrie agricole.
M. LACROIX: Je suis bien d'accord avec le député de
Nicolet que la définition du mot "cultivateur" ou "agriculteur" qui est
donnée par la Loi des statistiques à Ottawa n'est pas valable.
Mais il ne faudrait pas mélanger des pommes et des oranges, non plus. Je
pense qu'un pomiculteur même s'il n'est pas un cultivateur aux
termes de la loi qui exploite un verger de 20, 25 ou 40 pommiers est un
homme qui a tout de même le droit de mettre ses produits sur le
marché et d'en retirer tous les avantages prévus par la loi. Je
pense que la façon restrictive dont on veut interpréter la loi
n'est pas une façon de l'améliorer considérablement et
qu'elle peut priver des individus d'avantages auxquels ils ont droit comme
citoyens.
M. DUMONT: M. le Président, je remarque que les interventions de
chaque côté de la Chambre sont très sérieuses et
qu'on veut
justement donner à ce bill 7 une interprétation
très précise.
Je ne veux pas retarder les travaux de cette Chambre, mais je poserais
au ministre de l'Agriculture la question suivante: J'ai l'intention, au mois de
mai, de planter dix pommiers sur ma propriété; allez-vous me
considérer comme un pomiculteur?
M. VINCENT: Oui, oui.
M. DUMONT: C'est cela, je crois, qui est défendu.
M. LACROIX: S'il y a des pommes d'accrochées après.
M. TOUPIN: Oui. Il est bien sûr que si jamais cette intention vous
vient, ce serait d'abord une bonne intention, mais une chose est certaine
à la définition que nous avons donnée au mot
"pomiculteur", nous n'avons voulu donner aucun un caractère restrictif,
de quelque façon que ce soit. De quel droit puis-je empêcher, moi,
un gars qui a dix pommiers d'essayer d'avoir un permis, de fabriquer du cidre
et de compléter ainsi un revenu? De quel droit puis-je me
prévaloir de cela?
M. VINCENT: Non, non. Le ministre ne comprend pas.
M. TOUPIN: Laissez-moi terminer.
M. VINCENT: Le ministre ne comprend pas l'argumentation.
M. TOUPIN: Si, je comprends.
M. VINCENT: Ce n'est pas cette question-là.
M. TOUPIN: Si, je comprends. Vous voulez mettre, vous voulez...
M. VINCENT: Un instant, M. le Président, le ministre pourrait-il
me permettre? Je pense que le ministre ne comprend pas l'intervention que nous
sommes en train de faire. Ce n'est pas dans le but de restreindre la
législation actuelle. C'est dans le but d'aider plus tard les autres
législations et également d'aider à définir plus
tard ce qu'est un pomiculteur au Québec.
Prenons un exemple. Si le ministère de l'Industrie et du
Commerce, sous la direction du député de Bonaventure,
décidait au cours de son prochain recensement, de dénombrer le
nombre de pomiculteurs dans la province de Québec, la personne
responsable au ministère de l'Industrie et du Commerce chercherait une
définition légale du mot "pomiculteur". Il verrait qu'au bill 7,
on a défini un pomiculteur comme toute personne physique qui cultive des
pommiers au Québec. Les fonctionnaires du ministère de
l'Industrie et du Commerce les dénombreraient à travers la
province et parmi eux il y aurait le député de Sainte-Marie qui
deviendrait pomiculteur. Nous arriverions, à la fin de l'année,
avec un chiffre officiel du ministère de l'Industrie et du Commerce de
10,000, 15,000 ou 30,000 pomiculteurs au Québec lorsqu'en
réalité il n'en existerait qu'environ 3,000. Ce serait fausser,
avec une nouvelle définition, des chiffres qui nous seront fournis plus
tard.
M. TOUPIN: M. le Président, le député de Nicolet me
dit que je comprends mal son intervention. Je pense que non. Je ne le comprends
pas mal. C'est qu'il faut bien tenir pour acquis nous l'avons bien dit
au début et nous le redisons que cette définition est
là pour une fin bien précise.
Vous apportez des exemples; je vais aussi vous en apporter. Vous parliez
tantôt de plans conjoints. Regardez les définitions qu'on donne
aux différents groupes de producteurs, regardez les définitions
qu'on donnera, par exemple, à un producteur de lait, à un
producteur de chair de volaille, à un producteur de porc. On donnera
deux, trois ou quatre définitions, selon le groupe qui travaillera sur
les définitions. Certains diront: Un producteur de porc, c'est celui qui
a un porc. D'autres diront: Un producteur de porc, c'est celui qui est
propriétaire d'une porcherie, etc. Vous pouvez avoir mille et une
définitions.
Nous, ce que nous avons voulu, dans le bill 7, c'est déterminer,
pour les fins de la loi, qu'un pomiculteur est celui qui cultive des pommes. Et
je pense pas que nous nous trompions.
C'est normal. Un pomiculteur est celui qui cultive des pommiers;
autrement, ça n'existe pas, un pomiculteur. Celui-ci peut, en vertu de
la loi, demander un permis à la régie. Je ne sais pas, moi, si la
régie va lui accorder ce permis, mais je sais que, lui, peut le
demander. Il a le droit de le demander en vertu de cette loi et il n'est
pénalisé d'aucune façon à l'égard de celui
qui a 40, 50, 100, 200 ou 1000 pommiers. Il n'est pénalisé
d'aucune manière, il peut le faire. C'est la philosophie qui nous a
guidés. Ce n'était pas l'idée de définir le mot
"pomiculteur" pour, par la suite, qu'on puisse s'en inspirer pour agir dans tel
ou tel autre secteur de l'activité économique.
M. VINCENT: C'est justement là...
M. TOUPIN: Mais vous, c'est le danger que vous voyez.
M. VINCENT: ...que le ministre...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. TOUPIN: Nous, nous croyons que c'est pour les fins d'une loi qui est
la présente loi. Vous allez trouver, tout à l'heure, la
définition
de l'expression "producteur de base"; vous allez la trouver en trois
endroits différents et il y a trois définitions
différentes.
M.VINCENT: C'est justement là, M. le Président, que le
ministre est en train d'errer. Il dit que la définition du mot
"pomiculteur", c'est seulement dans le but de permettre à une personne
de demander un permis de pomiculteur. J'aimerais que le ministre me suive
très bien.
M. LEDUC: Le ministre suit très bien.
M. VINCENT: Je n'ai pas d'objection de principe à cette
définition; c'est simplement pour permettre que, plus tard, on n'arrive
pas à déclarer une personne pomiculteur seulement parce qu'elle a
quatre ou cinq pommiers. Le ministre nous dit que la définition du mot
"pomiculteur" s'applique dans le contexte de la loi seulement pour les
personnes qui demandent un permis. Est-ce que j'ai bien compris?
M. TOUPIN: C'est-à-dire pour les fins de l'application de la
présente loi.
M.VINCENT: Pas seulement pour les personnes qui demandent un permis.
Parce que dans la présente loi, à l'article...
M. TOUPIN: J'ai voulu dire que toute personne qui respecte cette
définition a le droit de demander un permis de fabrication. C'est ce que
j'ai voulu dire.
M. VINCENT: Bon. La définition du nom "pomiculteur" s'applique
à toute cette législation et, si on regarde l'article 4,
paragraphe b), 2e ligne, on mentionne "d'une association de pomiculteurs".
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: "Société composée en majorité de
pomiculteurs".
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: Et encore là la définition du mot
"pomiculteur" s'applique.
M. TOUPIN: Bien sûr qu'elle s'applique.
M. VINCENT: Ce qui fait que, là, on va dire: Une association de
pomiculteurs, aux fins de cette présente loi, peut être de 10
personnes qui auraient chacune deux ou trois pommiers, le député
de Sainte-Marie, le député de Mégantic qui en plante 10
l'an prochain...
M. LACROIX: Est-ce que le député de Nicolet me permettrait
une question?
M. VINCENT: Moi, qui ai déjà trois pommiers, je peux
former une association, mais sur le plan pratique...
M. LACROIX: Seulement une question. Quels désavantages voyez-vous
à la définition actuelle? Quels sont les inconvénients
majeurs que vous y voyez? Il faut bien se reporter au bill 7, mais il y a aussi
la Loi de la Régie des alcools qui est impliquée dans ça.
Je pense qu'à ce moment-ci on "s'enfarge dans les fleurs du tapis". Ce
qui est important, c'est de permettre un débouché pour les
pommes. Et je me demande si on avance ou si on améliore la loi en posant
des conditions restrictives comme le voudrait le député de
Nicolet, qui le fait en toute bonne foi, j'en suis convaincu.
Je lui pose encore une fois la question: Quels sont les
inconvénients majeurs que voit le député de Nicolet dans
la définition actuelle du terme "pomiculteur"?
M.VINCENT: M. le Président, il n'y a absolument aucun
inconvénient je l'ai dit et je le répète
pour la loi de la fabrication et de la vente du cidre dans la province de
Québec.
La seule chose que je voulais suggérer au ministre tout à
l'heure, parce que nous avons participé à toute cette discussion
pour la définition du mot "pomiculteur", et je termine
immédiatement après c'est que c'est la première
fois que nous définissons, dans un texte de loi, ce qu'est un
pomiculteur. Pour la première fois on se sert de toutes les anciennes
définitions d'agriculteur, d'aviculteur, "d'acé-riculteur," pour
en arriver à inclure tout le monde dans cette profession ou dans ce
groupe.
M. TOUPIN: Non.
M. VINCENT: ... et je voulais que, pour une fois.
M. TOUPIN: M. le Président, on donne une interprétation
beaucoup trop large. Restons donc dans le cadre de la loi.
M. VINCENT: Ecoutez, M. le Président, si le ministre de
l'Agriculture s'imagine que je fais ceci simplement pour parler de
politique...
M. TOUPIN: Non, non.
M. VINCENT: ... que le ministre de l'Agriculture cesse donc d'en faire
de la politique.
M. TOUPIN: M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. VINCENT: M. le Président, je suis dans le texte de la loi.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Et qu'on revienne à
l'article.
M. VINCENT: M. le Président, je suis dans le contexte de la loi,
je peux parler de pomicul-teur, je peux parler de politique dans le contexte de
la loi actuelle.
M. LE PRESIDENT (Hardy): De politique relative à l'article 1.
M. VINCENT: De politique de la loi actuelle, M. le Président.
C'est simplement une suggestion que je fais au ministre de l'Agriculture et, si
le ministre de l'Agriculture ne veut pas l'accepter, c'est son droit. J'ai fait
la suggestion de bonne foi et je crois que ç'aurait été le
moment. D'ailleurs, lui-même, dans quelques jours, dans quelques semaines
ou dans quelques mois, aura à examiner à nouveau la
définition du mot pomiculteur, comme j'ai eu à le faire quand
j'étais ministre de l'Agriculture et de la Colonisation du
Québec.
A ce moment-là, il constatera que la nouvelle définition
qu'il vient de ratifier ou d'accepter dans un projet de loi du Québec
n'est pas conforme aux désirs mêmes de ceux qui sont des
pomiculteurs dans la province de Québec. Nous éviterions ainsi de
poursuivre ce que nous avons toujours poursuivi dans le Québec, soit
d'avoir un nombre considérable de personnes dans une profession
donnée, surtout en agriculture, sans que ces personnes-là soient
réellement des aviculteurs, des pomiculteurs, des
"acéricul-teurs". Parce qu'ils gardaient quelques poules, ils
étaient aviculteurs; parce qu'ils avaient quelques pommiers, ils
devenaient des pomiculteurs; parce qu'ils avaient deux ou trois vaches, ils
devenaient des producteurs laitiers; et même si ces personnes-là
étaient avocats, si elles avaient dix, douze ou quinze érables,
elles pouvaient devenir "acériculteur". C'est ça qu'il faut
éviter.
Je termine là-dessus, M. le Président, je n'ai pas plus
d'objection à cette définition, que ce soit celle-là ou
l'ancienne, mais je voulais simplement faire la suggestion au ministre afin de
lui éviter certains problèmes qu'il aura à
résoudre, et il s'en souviendra, à ce moment-là, dans
trois ou quatre mois d'ici, lorsque arrivera l'assurance-récolte ou le
plan conjoint. A ce moment-là, il devra se pencher à nouveau sur
la définition du mot "pomiculteur",
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté.
M. DUMONT: M. le Président.
M. PAUL: M. le Président, nous sommes actuellement à
étudier un article de loi, et du même coup nous voyons une
initiative de la part du ministre de l'Agriculture mais dont l'application, au
point de vue pratique, relève d'un autre organisme que nous appelons la
Régie des alcools du Québec. Par l'article 1, nous amendons la
Loi de la régie des alcools du Québec. Il faudrait que le
ministre accepte le sens de nos interventions. C'est le sens de l'application
et de l'interprétation suivies actuellement à la Régie des
alcools du Québec qui nous presse à inviter le ministre à
reconsidérer une définition qui, dans le sens pratique, suivant
l'esprit de commerce qu'on établit à la lumière d'une
politique d'interprétation suivie dans l'émission des permis
à la Régie des alcools, créera, à un moment
donné tout un conflit entre, d'une part, la définition qu'on y
trouve et d'autre part, ce qui n'est pas dans l'esprit de l'octroi d'un permis
par la Régie des alcools du Québec. C'est dans cet
esprit-là. Ce n'est pas dans le but de dire que c'est le ministre actuel
de l'Agriculture qui a gagné finalement la définition qu'il avait
proposée du pomiculteur. Cela ne nous dérange pas.
Le ministre conviendra que, si, dans certains domaines, il a une
expérience que l'on respecte, dans d'autres domaines, j'ai une
expérience vécue devant les tribunaux et spécialement
devant la Régie des alcools du Québec.
C'est un danger de vouloir inscrire dans un texte une définition
qui ne sera pas considérée comme telle par la Régie des
alcools du Québec et avec raison. Si on suit la définition
littérale qui est donnée d'un pomiculteur, ayant deux pommiers
chez moi, je vais me présenter demain matin à la Régie des
alcools du Québec et on sera obligé de me donner un permis,
à moins que...
M. TOUPIN: M. le Président, je ne suis pas un spécialiste
en la matière; je le reconnais. Néanmoins, il y a, à
l'article 123 de la Loi de la Régie des alcools qui parle de la
fabrication et de la vente du cidre, une réglementation concernant le
cidre. Il est dit, au paragraphe c): "Déterminer, nonobstant toute
disposition inconciliable de la présente loi, les conditions qu'une
personne doit remplir et les droits qu'elle doit payer pour qu'un permis de
fabrication de cidre fort ou de cidre léger puisse lui être
délivré".
M. PAUL: M. le Président, c'est à cause de ce
texte-là.
M. TOUPIN: Vous avez là...
M.PAUL: La seule condition qu'on exige, actuellement, c'est d'avoir au
moins deux pommiers, parce qu'on a mis pommiers avec un s, c'est tout.
M. TOUPIN: II y a là tout ce qu'il faut à la régie
pour appliquer cet article-là.
M. PAUL: Justement, à cause de cette restriction existant dans la
Loi de la Régie des alcools à l'article 123, du moment qu'un
individu est propriétaire de deux pommiers parce que pommiers est
avec un s s'il se présente à la régie, il peut
dire: Moi, en vertu de
la définition que l'on trouve dans le projet de loi no 7, je veux
avoir un permis de fabricant de cidre et on sera obligé de lui donner un
permis, à moins que l'on n'établisse une politique
d'interprétation qui viendra en conflit avec l'application pratique que
l'on voudra donner de la loi et avec la définition même du terme
que l'on veut employer.
M. DUMONT: M. le Président, puisque l'on définit un
pomiculteur en disant que les permis de fabricant de cidre fort et de fabricant
de cidre léger ne peuvent être délivrés qu'à
un pomiculteur, par l'exemple que j'ai donné tantôt, au mois de
septembre le ministre de l'Agriculture sera obligé de reconnaître
que je deviens un pomiculteur et j'aurai droit, à ce moment-là,
selon ce que la loi autorise, d'agir en conséquence. C'est sur cela
qu'il faut probablement arrêter la décision à prendre.
Par contre, dans les interventions qui ont été faites de
ce côté-ci de la Chambre, il y aurait peut-être aussi
à souligner que, dans la reconnaissance professionnelle tant du
cultivateur que du pomiculteur, l'association pourra peut-être
déterminer ce qu'est, au sens de la loi, un véritable
pomiculteur, à savoir un propriétaire de 100 arbres fruitiers ou
autre chose. Peut-être que, dans cela, on pourrait avoir un compromis
pour en venir à une entente afin d'avancer dans les travaux.
M. TOUPIN: C'est une alternative fort valable.
M. FRASER: M. le Président, les gens de la droite croient que, si
un gars qui a deux pommiers fait du cidre, que c'est un crime. S'il veut en
faire plus de cidre qu'il n'a de pommes dans ses deux pommiers, il n'aura
qu'à acheter d'autres pommes. Cela offrira un débouché
à ceux qui ont des pommes à vendre.
M. VINCENT: D'accord, mais ce n'était pas là
l'objection.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. le Président, l'idée de fixer, à
l'intérieur de la définition de "pomiculteur", le nombre de
pommiers qu'une personne peut cultiver, comme dans l'ancienne définition
que le gouvernement de l'Union Nationale proposait, n'est pas mauvaise en soi.
Cependant, il y a une foule d'événements qui peuvent
survenir.
Si on regarde la Loi de la Régie des alcools celle que le
ministre de l'Agriculture a lue tout à l'heure on remarque que le
lieutenant-gouverneur en conseil peut faire des règlements. C'est
entendu que, si l'on part de l'idée de cultiver des pommiers, à
ce moment-là, la Loi de la Régie des alcools permet au
lieutenant- gouverneur en conseil de fixer le nombre de pommiers que la
personne doit cultiver pour obtenir un permis de vente ou de fabrication de
cidre.
Je crois qu'il est beaucoup mieux de laisser cette alternative au
lieutenant-gouverneur en conseil que de toujours venir en cette auguste
assemblée proposer des amendements quant au nombre de pommiers, le tout
selon le temps et selon les récoltes que le cultivateur peut faire au
cours d'une année.
M. le Président, la définition proposée par le
ministre actuel de l'Agriculture est beaucoup plus réaliste que celle
que proposait l'ancien gouvernement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 1, adopté.
M. VINCENT: M. le Président, nous en sommes à l'article 2.
Je crois que c'est ici que vient la question au ministre de l'Agriculture. On
dit à l'article 2: "L'article 11 de ladite loi, modifié par
l'article 6 du chapitre 19;" on y ajoute: "25o Permis de vendeur de cidre." Si
on regarde l'article 11 du chapitre 44 des statuts refondus de, la Loi de la
Régie des alcools, on peut lire: "La Régie est autorisée
à accorder les permis suivants pour la vente de boissons alcooliques sur
paiement des droits prescrits et aux conditions qu'elle peut imposer en vertu
de la présente loi." On ajoute à ceci: "Permis de vendeur de
cidre". En vertu de cet amendement, est-ce qu'un magasin, un grand centre
d'alimentation, comme Steinberg, IGA, tous les autres grands centres
d'alimentation qui n'ont pas, en vertu de l'article 11, de permis
d'épicerie, peuvent obtenir ou pourront obtenir un permis, ou, encore,
est-ce que la régie pourra leur décerner ou leur émettre
un permis de vendeur de cidre?
M. TOUPIN : M. le Président, je ne peux pas présumer des
décisions de la Régie en cette matière, mais ce qui est
mis dans ça, ce qu'on a voulu faire ici, c'est de rejoindre le
fabricant. Le fabricant de cidre a un permis, il en a un pour le fabriquer. En
même temps, on pourra lui émettre un permis de vente, de la sorte,
il pourra vendre son cidre à l'établissement même où
il le fabrique, à condition qu'il soit consommé à
l'extérieur. C'est un peu le but.
Je ne peux aller plus loin, je ne peux répondre à la
question...
M. VINCENT: Oui, oui, il faut y aller.
M. TOUPIN: Je ne peux répondre à la question à
savoir si la régie émettra des permis aux magasins qui n'en ont
pas présentement.
M. VINCENT: Oui, mais il faut justement, M. le Président, aller
plus loin. Est-ce qu'on doit comprendre qu'avec cet amendement, un per-
mis de vendeur de cidre pourra être émis à des
propriétaires de kiosques sur le bord de la route, où l'on vend
des produits et des sous-produits de la pomme? Est-ce qu'à ce
moment-là, ces propriétaires de kiosques pourront obtenir un
permis de vendeur de cidre de la Régie des alcools? C'est simplement
cette question-là.
M. TOUPIN: Si la régie décide de leur donner un permis...
Vous voulez savoir...
M. VINCENT: Oui, mais en vertu de la loi, est-ce que la régie
pourra?
M. TOUPIN: La régie peut-elle le faire? Je ne suis pas en mesure
de dire si la régie peut le faire ou non. Je présume que la
régie évoluera à l'intérieur de cette
loi-là. Si, toutefois, ça lui est permis d'émettre des
permis pour fins de vente de cidre, si, toutefois, cela veut dire qu'elle peut
en émettre aux propriétaires de kiosques, aux magasins qui n'ont
pas de licence, etc., si elle peut le faire, tant mieux, il y aura plus
d'endroits pour en vendre.
M. VINCENT: M. le Président, c'est justement pour ça qu'on
discute un projet de loi. C'est le ministre qui défend le projet de loi
aujourd'hui.
M. TOUPIN: Oui, bien sûr.
M. VINCENT: C'est lui qui explique le projet de loi. Je demande au
ministre si cet amendement va permettre à la régie
d'émettre des permis. Le ministre nous réponds: Je ne le sais
pas, je ne peux pas présumer de ce que la régie va faire. Mais
est-ce qu'en vertu de cet amendement à l'article 2 du bill 7, la
régie pourra émettre un permis de vendeur de cidre à un
propriétaire de kiosque, à un propriétaire ou à un
grand centre d'alimentation tel que IGA, Steinberg ou les autres?
M. TOUPIN: Je regarde l'ancien texte du bill 7, et cela existait.
M. VINCENT: Oui, mais seulement...
M. TOUPIN: Alors on pourrait vous retourner la question. C'est vous qui
l'avez fait.
M. VINCENT: Pardon?
M. TOUPIN: On pourrait vous retourner la question. On a pris...
M. VINCENT: Si on défend l'ancien bill 7...
M. TOUPIN: ...l'ancien texte qu'on a mis dedans. C'est la même
chose.
M. VINCENT: Est-ce qu'on défend l'ancien bill 7 ou le nouveau
bill 7?
M. LEVESQUE: Article 2.
M. TOUPIN: Vous l'avez défendu un peu...
M. VINCENT: Oui, je peux répondre au ministre, mais ce n'est pas
moi qui vais répondre à tous les pomiculteurs ou aux membres du
comité qui vont poser cette question. En vertu de l'ancien texte du bill
7, ou de l'esprit qui a présidé à l'élaboration du
bill 7, nous avions une raison d'inclure un article 25, et cette raison, je
l'ai encore. Est-ce qu'aujourd'hui le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation peut également me dire, en vertu de l'article 2
parce que la question sera posée demain, après-midi, la semaine
prochaine si je suis propriétaire d'un kiosque, je vends des
pommes, du jus de pomme, tous les sous-produits de la pomme et je veux
également vendre du cidre léger et du cidre fort, est-ce que je
pourrai obtenir, en vertu de la loi, un permis de la Régie des
alcools?
M. LEVESQUE: On verra au cours de l'étude du bill...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Il est évident que la
question, telle que formulée par l'honorable député de
Nicolet, est contraire au règlement. Au fond, l'honorable
député de Nicolet demande à l'honorable ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation de se substituer aux régisseurs de
la Régie des alcools.
M. VINCENT: Non, M. le Président...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Un instant. Voulez-vous me laisser finir de
rendre ma décision? Vous parlerez après. Si l'honorable
député de Nicolet a des suggestions à faire pour clarifier
le texte de loi, ceci est tout à fait dans l'ordre, mais il n'est pas
dans l'ordre que l'honorable député de Nicolet demande à
l'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation quelle sera la
décision des régisseurs de la Régie des alcools.
M. VINCENT: M. le Président, vous avez très mal
interprété mon intervention.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Vous n'avez pas à discuter de ma
décision.
M. VINCENT: M. le Président, vous avez très mal
interprété mon intervention. Je n'ai pas demandé au
ministre de l'Agriculture de présumer d'une décision de la
Régie des alcools, j'ai demandé au ministre de l'Agriculture et
de la Colonisation si, en vertu de cet amendement, la régie pourra
est-ce que je présume, à ce moment-là, d'une
décision?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Evidemment, vous demandez au ministre de
l'Agriculture et
de la Colonisation de rendre la décision que la Régie des
alcools pourrait rendre.
M. VINCENT: Non, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Bien, c'est ma décision.
M. VINCENT: Nous amendons la Loi de la Régie des alcools. Est-ce
ça? Est-ce que nous amendons la Loi de la Régie des alcools?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Si vous avez des amendements à proposer,
proposez-les.
M. VINCENT: Ce n'est pas un amendement, c'est une question que je
pose.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. VINCENT: Nous amendons la Loi de la Régie des alcools.
M. TOUPIN: Est-ce que le député...
M. VINCENT: Avec ces amendements à la Loi de la Régie des
alcools...
M. TOUPIN: Est-ce que le député de Nicolet permettrait une
intervention très rapide? Je pense que ça va clore la discussion
là-dessus. On va revenir à toute cette question-là
à l'article 19 du projet de loi alors qu'il va être question de
réglementer les permis à émettre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 2.
M.VINCENT: Non, non, M. le Président, l'article 2 n'est pas
adopté.
M. LEVESQUE: Eh bien!
M. VINCENT: Présentement, nous proposons un amendement à
l'article 11 de la Loi de la Régie des alcools du Québec, qui est
le chapitre 44 des Statuts refondus, 1964, qui a été
amendé par l'article 6 du chapitre 19 des lois de 1965, et qui a
été amendé par l'article 1 du chapitre 22 des lois de
1968. Là, on ajoute à la Loi de la Régie des alcools un
article 25 qui se lit comme suit: "Permis de vendeur de cidre". Et si nous
prenons la Loi de la Régie des alcools, chapitre 44, article 11, on lit:
"La Régie est autorisée à accorder les permis suivants
pour la vente de boissons alcooliques, sur paiement des droits prescrits et aux
conditions qu'elle peut imposer en vertu de la présente loi".
M. TOUPIN: Bon, voici; "aux conditions qu'elle peut imposer..."
M. VINCENT: Juste un instant, M. le Président.
M. TOUPIN : On reviendra par règlement, si vous voulez, à
l'article 18.
M. VINCENT: Juste un instant, M. le Président.
M. TOUPIN: Vous vous acharnez, vous, c'est fantastique!
M. VINCENT: Pardon? Est-ce que le ministre de l'Agriculture pourrait
répéter ce qu'il vient de dire, M. le Président?
M. TOUPIN: J'ai dit: Vous vous acharnez sur ce point-là, c'est
fantastique; on vous propose de revenir...
M. VINCENT: Non, M. le Président, parce que c'est à
l'article 2.
M. TOUPIN: Mon cher collègue, on va revenir si vous voulez
à l'article 18 et on le verra à ce moment-là.
M. VINCENT: D'accord, M. le Président.
M. TOUPIN: C'est une réglementation qui va venir.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Pour accélérer les travaux,
est-ce que vous voulez qu'on suspende l'article 2?
M. VINCENT: Là, cette suggestion est beaucoup plus intelligente
que celle du ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Bien, écoutez, elle l'est sans doute plus que la
vôtre aussi.
M. VINCENT: M. le Président, est-ce que je pourrais dire au
ministre de l'Agriculture que ces questions, je les pose parce que ses propres
députés n'ont pas été capables de les lui
poser?
M. TOUPIN: Bien, il y en a une sûrement que le
député de Nicolet aurait dû se poser bien avant celles
d'aujourd'hui.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre! Article 2,
réservé.
M. TOUPIN: C'est celle de faire adopter le projet de loi, n'est-ce
pas.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 3?
M. TOUPIN: Si vous aviez peur de le défendre, moi, je peux le
défendre.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 3? UNE VOIX: Adopté.
M. VINCENT: Un instant, M. le Président. Il n'y a pas des
amendements? Est-ce que je dois continuer à faire le travail du ministre
de l'Agriculture? Le ministre ne nous aurait-il pas proposé des
amendements au début?
M. TOUPIN: Oui, il y a un amendement à l'article 3.
M. VINCENT: Bien oui, mais il faudrait quand même les
signaler!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. TOUPIN: Oui, vous avez ces amendements en main, je pense. On les a
distribués.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre de l'Agriculture propose
un amendement à l'article 3.
M. VINCENT: Non, M. le Président, c'est un nouvel article...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Bien oui, c'est l'amendement.
M. VINCENT: ... qui est inséré. Non, non, ce n'est pas un
amendement à l'article 3, M. le Président. Ecoutez, il reste
quand même ceci: un nouvel article 3 est inséré
après l'article 2. Ce n'est pas un amendement à l'article 3.
M. TOUPIN: C'est ça, l'article 3 est amendé dans le
sens...
M. VINCENT: Non, M. le Président. M. TOUPIN: Ah!
M. LE PRESIDENT (Hardy): S'il vous plaft, messieurs. Si on veut
procéder à l'étude de ce projet de loi, on pourrait
s'empêcher de s'amuser sur des détails semblables.
M. VINCENT: Justement, M. le Président. Je ne comprends pas votre
attitude. Vous appelez l'article 3. Je me lève tout bonnement et je dis:
Le ministre de l'Agriculture nous a suggéré des amendements; tout
à l'heure. Ces amendements, ce n'est pas à l'article 3; c'est un
nouvel article qui est ajouté après l'article 2...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ce qui fait l'article 3.
M. VINCENT: ... qui deviendra l'article 3.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'article 3 est-il adopté tel
qu'amendé?
M. TOUPIN: Adopté.
M. VINCENT: Non, M. le Président. Quels sont les amendements
à l'article 3?
M. TOUPIN: Alors, l'article 3 va devenir...
M. VINCENT: Qu'on me donne les amendements à l'article 3.
M. TOUPIN: ... l'article 4. Nous proposons un amendement au projet en y
insérant un nouvel article 3 qui va se lire comme suit je pense
qu'on a distribué ces amendements à tous les
députés, ce matin: "L'article 18 de ladite loi, modifié
par l'article 2 du chapitre 19 des lois de 1965 et par l'article 2 du chapitre
21 des lois de 1966-1967 est de nouveau modifié en remplaçant le
premier alinéa par la suivant..." Si vous prenez l'article 18 de la Loi
de la Régie des alcools, le premier alinéa dit: "Le permis
d'épicerie autorise, à la suite d'une commande donnée
à cet effet au magasin ou par téléphone, la vente en
bouteille de la bière ou du cidre léger." L'amendement que nous
proposons ici, c'est d'enlever le mot "léger" et de mettre seulement le
mot "cidre". Voici pourquoi.
M. VINCENT: II n'y a pas de problème. C'est accepté en ce
qui nous concerne.
M. TOUPIN: Bon.
M. VINCENT: Pourquoi dépenser des mots?
M. TOUPIN: D'accord, on va l'adopter.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 3, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Article 4?
M. VINCENT: M. le Président, je propose que l'article 3
maintenant...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Devienne l'article 4?
M. VINCENT: ... devienne l'article 4.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Très bien. Adopté?
Adopté.
L'article 4 qui devient l'article 5, adopté?
M.TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, à la
onzième ligne de l'article 4, à b), nous lisons: "Une personne
physique agissant pour le compte d'une corporation, d'une association de
pomiculteurs ou d'une société composée en majorité
de pomiculteurs."
Les mots "d'une corporation", ceci veut dire que des personnes qui ne
sont pas des pomiculteurs peuvent former une corporation, fabriquer le cidre,
le vendre et prendre le contrôle absolu de tout le commerce du cidre dans
la province de Québec. En deuxième lecture, j'en ai fait mention.
Nous serions surtout intéressés
à ce que ce soient les pomiculteurs qui contrôlent la
fabrication et la vente du cidre.
Les mots "d'une corporation" veulent dire aussi qu'une corporation comme
les compagnies que j'ai mentionnées, qui sont à peu près
les plus gros fabricants de cidre au Canada, pourraient aussi se former en
corporation dans le Québec et contrôler la fabrication et la vente
du cidre.
Pour ces raisons, je propose l'amendement suivant à l'article 4:
"Retrancher dans la douzième ligne les mots "d'une corporation". "
Voulez-vous avoir l'amendement, M. le Président? Ce serait l'amendement
proposé à l'article 4.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Discussion sur l'amendement de l'honorable
député de Sainte-Marie.
M. TOUPIN: M. le Président, je vais donner les raisons pour
lesquelles nous avons inclus dans cet article le mot "corporation". Je vais
lire l'article pour essayer de bien nous situer. Je pars de l'article 4, au
quatrième alinéa: "Toutefois, le permis de fabricant de cidre
fort et le permis de fabricant de cidre léger ne peuvent être
délivrés qu'à: "a) un pomiculteur; on revient au
pomiculteur du début ou "b) une personne physique agissant pour
le compte d'une corporation et vous, dans votre amendement, je pense que
vous proposez de biffer le mot "corporation" d'une association de
pomiculteurs ou d'une société composée en majorité
de pomiculteurs..."
Si nous avons cru bon mettre dans cet article le mot "corporation",
c'est que nous avons fait le raisonnement suivant: Si, par exemple, six, sept,
huit ou neuf pomiculteurs décidaient demain matin de se former en
corporation, ils peuvent le faire en vertu de la loi. En outre, si six, sept,
huit, neuf ou dix pomiculteurs veulent s'associer avec d'autres personnes qui
ne sont pas des pomiculteurs en vue de développer, par exemple, une
cidrerie ou un magasin, etc., si on enlève le mot "corporation", il
deviendra plus difficile pour eux de le faire. Si nous avons voulu mettre le
mot "corporation" dans cet article, c'était pour rendre plus facile le
développement de cette nouvelle industrie qui s'implante au
Québec. C'est pour cette raison.
M. DUMONT: Dans le mot "corporation", vous vouliez aussi inclure les
coopératives, par exemple?
M. TOUPIN : Les coopératives se retrouvent plus dans les mots
"association" et "société".
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, si le ministre me
permet.
Lorsqu'on dit: "Une personne physique agis- sant pour le compte d'une
corporation," ensuite "d'une association de pomiculteurs, d'une
société en majorité de pomiculteurs". Si vous enlevez "une
corporation", tous les pomiculteurs qui veulent se regrouper afin de fabriquer
et de vendre du cidre, peuvent le faire par une association de pomiculteurs ou
d'une société composée en majorité de pomiculteurs.
A mon sens, si vous enlevez les mots "d'une corporation", vous ne nuisez pas du
tout aux pomiculteurs qui voudraient s'associer pour ces fins. Mais si vous
l'enlevez, vous empêchez des gens qui ne sont pas des pomiculteurs
à investir de l'argent, à former une corporation et à
s'emparer du contrôle du cidre au Québec. C'est dans ce
but-là que j'apporte l'amendement.
Maintenant, cela ne les empêche pas de former une
société ou une association de pomiculteurs pour fabriquer du
cidre. Je ne vois pas comment le mot "association" protège les
pomiculteurs.
M. TOUPIN: Le député de Sainte-Marie croit qu'il y a
danger, en laissant le mot "corporation", que, par exemple, une grande
corporation présentement existante puisse demander un permis et
s'emparer de la fabrication du cidre au Québec. Il est bien sûr
qu'il peut exister des dangers. Nous en sommes conscients. Mais nous avons
voulu quand même mettre à la disposition des pomiculteurs toutes
les options possibles. Un pomiculteur peut le faire, une société
de pomiculteurs qui n'est pas une corporation, peut le faire, une
coopérative de producteurs peut le faire par la voie d'associations et
aussi une corporation. Nous n'avons pas voulu, au fond, fermer le champ d'une
option possible, pour ne pas risquer de brimer le développement de cette
industrie. C'est l'esprit qui nous a animés.
Je comprends vos appréhensions. Nous avons eu les mêmes au
moment où nous avons discuté la question et nous en sommes
arrivés finalement à la conclusion qu'il était
préférable d'ouvrir l'éventail des options. Ainsi nous
allons donner aux pomiculteurs l'occasion d'être un peu plus effectifs et
de voir à contrôler eux-mêmes l'ensemble de cette production
qui leur appartient. La loi, en réalité, est très
généreuse vis-à-vis des producteurs, beaucoup plus que
vis-à-vis des autres corporations.
M. VEILLEUX: J'aurais une question à poser à l'honorable
député de Sainte-Marie. Si en enlevant le mot "corporation", dans
votre esprit, advenant le cas où il y aurait trois pomiculteurs qui
voudraient former une cidrerie, et qu'ils manquent de fonds. Ils vont demander
à deux personnes qui n'ont jamais fait de pomiculture de leur vie, de
s'associer à eux afin de fournir des fonds. Est-ce qu'en enlevant le mot
"corporation" on pourra empêcher alors les pomiculteurs d'agir?
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Le député de Saint-Jean m'a
posé une question. Elles pourraient toujours se planter un pommier et
devenir pomiculteurs, mais... C'est une blague, nous allons redevenir
sérieux.
Si quelques pomiculteurs veulent s'associer à quelqu'un qui n'est
pas pomiculteur mais qui a de l'argent pour former une corporation, très
bien. Si vous enlevez le mot "corporation" vous leur enlevez ce
moyen-là. Mais par contre, si vous laissez le mot "corporation"... Il
s'agit de choisir. Est-ce plus dangereux de le laisser ou est-ce plus dangereux
pour les pomiculteurs de l'enlever?
M. TOUPIN: C'est ça.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Si vous le laissez, vous avez des compagnies
qui contrôlent la fabrication du cidre au Canada; Beauchatel, Chipman
Apple, etc. Ce ne sont pas des pomiculteurs. Ils peuvent venir au
Québec, former une corporation, acheter toutes les pommes du
Québec et s'emparer du marché québécois de la
fabrication et de la vente du cidre. C'est ce que nous ne voulons pas. Si vous
me prouvez que le mot "corporation" n'encourage pas les monopoles dans ce
sens-là, très bien. Mais si c'est le seul moyen de se
protéger, j'aime mieux l'enlever, quitte à ce que les
pomiculteurs puissent se former tout simplement en société ou en
association.
M. VEILLEUX: D'accord. M. le député de Sainte-Marie. Nous
pouvons cependant fort bien, par réglementation interne parce
qu'attachée à une loi, il y a quand même une
réglementation nous pouvons quand même, dis-je, à
l'intérieur d'une réglementation, voir à ce qu'une
compagnie ne prenne pas le monopole du cidre au Québec. Ce sera au
gouvernement à ce moment-là à prendre ses
responsabilités et à empêcher qu'une compagnie prenne le
monopole, comme le gouvernement empêche à l'heure actuelle les
compagnies de prendre le monopole des journaux, le monopole de la
télévision, le monopole du transport au Québec, les
monopoles, etc. Le gouvernement peut faire exactement la même chose, par
régie interne, pour ce qui touche la cidrerie. A ce moment-là,
nous n'empêcherions pas d'agir les pomiculteurs qui n'ont pas le moyen
d'investir et qui pourraient aller chercher deux ou trois associés qui
ne sont pas pomiculteurs, nous n'empêcherions pas à ce
moment-là ces associés de faire ce que vous avez
suggéré tout à l'heure, de planter un ou deux pommiers
pour porter le nom de pomiculteur.
A ce moment-là, ils contournent la loi. C'est aussi bien de
laisser le mot "corporation" pour laisser toute la latitude possible aux
pomiculteurs de s'associer avec d'autres personnes, et le gouvernement prendra
ses responsabilités en empêchant le monopole dans ce
domaine-là.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Oui, mais,...
M. PILOTE: Un instant, s'il vous plaît. Je voudrais rappeler au
député de Sainte-Marie que la loi veut protéger non pas
une personne à l'exclusion des pomiculteurs mais trois ou plusieurs
pomiculteurs peuvent se réunir et former une compagnie pour
protéger leur bien personnel comme celui qui se lance dans une
entreprise de commerce peu importe le commerce dans lequel il se lance
veut protéger son bien personnel. Je pense que la loi et
l'article sont dans ce sens-là, tout simplement, de ne pas fermer une
porte aux pomiculteurs eux-mêmes qui voudraient former une compagnie. Une
compgnie, ce sont trois ou plusieurs personnes qui s'unissent, qui investissent
des capitaux dans un même commerce et qui veulent protéger leurs
capitaux, leurs biens personnels. Je pense que c'est le sens de la loi. Il ne
faudrait pas l'enlever, et je crois que ce serait injuste envers les
pomiculteurs que de l'enlever ou de le modifier.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Président, le
député de Saint-Jean nous disait tantôt qu'il était
mieux de laisser le mot "corporation" le député du Lac
Saint-Jean ou de Roberval...
M. PILOTE: Du Lac Saint-Jean. Il y a le lac entre lui et moi.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je suis natif du même endroit. Le
député du Lac Saint-Jean disait la même chose. Mon but
n'est pas de retarder les discussions. Je suis de bonne foi en proposant cet
amendement parce que je vois un danger.
Le député de Saint-Jean nous dit que le gouvernement
prévoira des mécanismes ou verra à ce que ça ne
soient pas de grosses corporations ou de gros monopoles qui s'emparent du
marché du cidre dans le Québec, très bien.
Mais le passé nous prouve que ces surveillances n'ont pas
toujours réussi parce que, dans d'autres domaines, il y a des monopoles
au Québec dont on ne peut même plus se défaire. C'est
souvent à notre détriment. Vous le voyez dans l'industrie
laitière et à peu près dans toutes les sphères de
la société, dans tous les groupes de production, que ce soit la
production forestière, agricole ou autre. Il y a des monopoles qui
contrôlent certains commerces, dont on ne peut à peu près
pas se défaire. Je veux tout simplement que le contrôle de la
fabrication et de la vente du cidre reste aux pomiculteurs du
Québec.
Mon but n'est pas de critiquer le projet de loi ou de "faire de la
broue"; tout simplement, je ne voudrais pas que ce commerce, encore une fois,
tombe dans des mains étrangères, sous le contrôle de
corporations formées d'étrangers, de gens qui ne sont pas du
Québec, mais qui
viennent investir de l'argent tout simplement pour s'emparer d'un
marché je ne suis pas contre les investissements au
détriment des producteurs de pommes du Québec. C'est dans ce seul
but que je propose cet amendement.
Maintenant, si on me promet de faire une surveillance adéquate
pour empêcher qu'un monopole ne s'établisse dans ce domaine, tant
mieux, je suis d'accord.
M. DUMONT: M. le Président, on ne peut pas empêcher la
libre entreprise d'aller de l'avant. Je crois qu'en enlevant "corporation" on
empêcherait des individus de se former en compagnie pour exploiter ou
vendre du cidre. On empêcherait l'entreprise privée d'aller de
l'avant. Là où le député de Sainte-Marie pourra
être rejoint, c'est encore dans la reconnaissance professionnelle du
pomiculteur. Cet organisme édictera des règlements pour
empêcher la formation de monopoles, comme il le prétend. S'il s'en
forme, ils pourront être réglementés par la reconnaissance
professionnelle du "pomiculteur".
M. LE PRESIDENT (Brown): L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: Je ne sais pas, mais je pense, M. le Président, que le
député de Sainte-Marie.
M. HARVEY (Jonquière): Je voudrais demander au
député de Sainte-Marie si, quand il a affirmé, il y a
quelques minutes, qu'il y avait un monopole dans le domaine de l'exploitation
forestière au Québec, il a voulu dire dans les pâtes et
papier ou pour la coupe du bois sur les terrains de la couronne, par voie de
permis spéciaux ou par voie de concessions forestières. Je
voudrais qu'il précise.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): Je ne veux pas m'étendre
là-dessus; c'est en dehors du sujet. Je peux lui répondre les
deux;
M. HARVEY (Jonquière): Très bien, je vous remercie de
votre réponse.
M. LE PRESIDENT (Brown): L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. TOUPIN: M. le Président, le député de
Sainte-Marie va convenir avec moi que, si on enlevait le mot "corporation"
à moins que mes informations ne soient de source douteuse, mais
je crois que c'est sûr, mes conseillers me l'ont affirmé la
coopérative Montérégienne ne pourrait plus se procurer de
permis de fabrication de cidre, parce qu'au sens de la loi, une
coopérative, c'est une corporation.
M. VINCENT: C'est une association de pomiculteurs ou une
société de pomiculteurs?
M. TOUPIN: Cela peut être une association, mais on me dit que
c'est une corporation.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. TOUPIN: Evidemment, cela empêcherait précisément
la coopérative ou, du moins, cela créerait un certain
imbroglio.
M. LE PRESIDENT (Brown): L'amendement est-il adopté?
M. VINCENT: M. le Président, l'amendement étant
rejeté, il y a également, à l'article 5, un paragraphe qui
mentionne: "Pourvu que le fabricant s'engage à utiliser, pour la
préparation du cidre qu'il fabrique, des pommes récoltées
au Québec, dans une proportion d'au moins 90 p. c."
Je n'en fais pas, M. le Président, une question de principe,
c'est très louable d'inscrire dans le projet de loi cette proportion
d'au moins 90 p. c. D'ailleurs le ministre a peut-être eu
l'occasion de lire les rapports il aurait été
préférable que ceci soit inclus dans les règlements, au
lieu d'être inclus dans la loi. Là-dessus, j'aimerais bien que les
députés ministériels emploient les mêmes arguments
qu'ils ont employés lorsque nous avons défini le mot
"pomiculteur", pour enlever cette partie où on marque "dans une
proportion d'au moins 90 p. c" Pourquoi?
Je voudrais, encore une fois, dire que le but poursuivi est louable,
mais il aurait été préférable, à mon sens,
que ceci soit fait par règlement au lieu que par une loi. Pourquoi?
Prenons une année comme cette année, où il y a une
sous-production de pommes de 17 p. c. comparativement à la production de
l'an passé. Supposons qu'une cidrerie soit installée à un
endroit donné de la province; le propriétaire, pour pouvoir faire
marcher son organisation, serait obligé d'importer 15 p. c. ou 12 p. c.
ou 11 p. c. de ses pommes de l'Ontario, de la Colombie-Britannique ou des
Etats-Unis. Automatiquement, il irait à l'encontre de la loi et pourrait
perdre son permis de fabricant de cidre.
Egalement, une autre chose peut se produire. Vous avez un fabricant de
cidre fort qui voudrait se spécialiser dans une catégorie de
cidre particulier. Et, dans cette catégorie de cidre particulier, il
doit entrer 15 p. c. ou 20 p. c. d'une pomme qui n'est pas produite au
Québec à cause du sol, à cause du climat; cette
pomme-là, il doit la faire venir d'une autre province ou d'une autre
région. Automatiquement, il perd son permis de fabricant de cidre. C'est
pour ça que, dans l'ancien texte de loi, nous avions convenu que, par
une réglementation efficace, nous pourrions arriver à exiger des
pourcentages de pommes cultivées au Québec, dans la fabrication
du cidre, mais, par réglementation également, avec des
exceptions
pour des cas particuliers ou des exceptions pour des années
particulières. Si le gouvernement maintient qu'il est
préférable que ce soit dans la loi, je suis convaincu à
l'avance que, dès l'an prochain, des problèmes se poseront. Au
lieu que le ministre fasse une demande pour proposer un changement à un
arrêté en conseil, il sera obligé de venir devant la
Législature et soumettre un amendement à une loi.
Egalement, une autre objection et le ministre va me comprendre
qui venait de prime abord, c'est que, quand nous incluons dans une loi
90 p. c. des pommes provenant du Québec, nous ne sommes pas encore
et j'espère que jamais nous ne le serons un Etat
séparé.
Nous n'avons pas de douanes, nous n'avons pas d'officiers douaniers,
comment pouvoir être en mesure de contrôler, d'être certain
qu'à un endroit donné, dans une fabrique donnée, 90 p. c.
des pommes qui sont utilisées proviennent du Québec? Comment
surveiller ces usines, lorsqu'on sait toutes les difficultés qu'on a
rencontrées avec la margarine qui provenait de l'Ontario par camions au
cours de la nuit? Cela peut être la même chose avec les pommes, et
on incite justement des fabricants de cidre de bonne foi, lorsque l'occasion va
se présenter, à aller chercher 12 p. c. de leurs pommes en
Ontario ou dans les autres provinces, on les oblige à devenir larrons
vis-à-vis la loi.
Si le gouvernement actuel maintient qu'il est préférable
que ceci demeure dans la loi, je n'ai pas d'objection, mais je tiens tout de
suite à informer le ministre et le gouvernement actuel qu'ils auront
à faire face à des problèmes, tant au point de vue
policier qu'au point de vue de la surveillance. Et s'il arrive des
années difficiles, ils seront obligés de faire amender la loi
pour ne pas être dans l'obligation, en vertu de la loi, d'enlever des
permis de fabrication à un, deux, trois fabricants parce que, dans une
année donnée, ils ont été dans l'obligation d'aller
chercher 15 p. c. de leur produit à l'extérieur. A ce
moment-là, automatiquement la Régie des alcools sera
obligée de se prononcer en vertu de la loi c'est 90 p. c, vos registres
indiquent que vous en avez employé seulement 85 p. c, vous perdez votre
permis. Cela, c'est dangereux.
M. TOUPIN: M. le Président, je pense que les inquiétudes
du député de Nicolet sont fondées, et elles nous ont
effleuré l'esprit à plusieurs reprises. Néanmoins, avant
de placer les 90 p. c, nous avons réfléchi un peu aussi. Par
exemple, en vertu de l'article 123 de la Loi de la Régie des alcools,
paragraphe a), inspecteurs: "Dans l'exercice de leurs fonctions, les
inspecteurs et enquêteurs de la régie peuvent, pendant les heures
ordinaires de travail, pénétrer dans les établissements,
etc, etc." Et cela, elle le fait en vertu d'un règlement qu'elle peut se
donner à l'article 123, paragraphe d): "Obliger les détenteurs de
permis de fabricant de cidre fort, de fabricant de cidre léger à
tenir des registres, des écritures et fournir à la régie
des rapports et renseignements sur leur opération et sur tout ce qui s'y
rapporte et se prêter à l'examen de leurs livres et documents,
etc."
Alors, on croit qu'en vertu de ça, on peut exercer ce droit de
contrôle sans faire appel à ce que vous disiez tantôt,
à cette armée de policiers. On va se servir, au fond, de
l'équipement régulier de la régie.
Le deuxième point que vous apportez et celui qui nous
inquiète aussi le plus, c'est qu'advenant le cas où une
récolte de pommes est faible, cela va placer, bien sûr, la
régie dans une situation assez difficile parce que les détenteurs
de permis voudront bien avoir des pommes pour fabriquer leur cidre. Ils seront
portés à aller les acheter à l'extérieur. Vu qu'il
n'existera pas de barrière entre les provinces, le détenteur de
permis pourra aller acheter des pommes à l'extérieur. Je ne pense
pas que la régie soit tenue de lui enlever son permis. Je pense qu'elle
peut lui enlever son permis. Je ne pense pas que ce soit automatique. C'est
sous peine de perdre son permis. Mais encore là, évidemment, la
régie peut comprendre la situation et faire en sorte que le
problème se règle de cette manière-là.
M. VINCENT: M. le Président, justement, ce n'est pas la
régie qui est placée dans une situation difficile, c'est le
fabricant. La loi se lit comme ceci: "Toutefois, le permis de fabricant de
cidre fort et le permis de fabricant de cidre léger ne peuvent
être délivrés qu'à: a) un pomiculteur; ou b) une
personne physique... pourvu que le fabricant s'engage à utiliser, pour
la préparation du cidre qu'il fabrique, des pommes
récoltées au Québec, dans une proportion d'au moins 90 p.
c. ".
Cela peut devenir difficile à un moment donné pas pour la
régie, mais pour le fabricant...
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: ... qui peut être placé devant une situation
désastreuse. A ce moment-là le fabricant écrira au
ministre de l'Agriculture, rencontrera le ministre de l'Industrie et du
Commerce et lui dira: Voici...
M. LEVESQUE: Le ministre de l'Industrie et du Commerce vient de se
renseigner auprès de certaines personnes qui sont très
près des fabricants, des pomiculteurs, etc. Elles disent que ce n'est
jamais arrivé. Il y a toujours eu 90 p. c. et plus de pommes...
M. VINCENT: Oui.
M. LEVESQUE: ... de disponibles. Donc, je suis moins inquiet.
M. LE PRESIDENT (Brown): L'honorable député de
Rouville.
M. OSTIGUY: Je voudrais...
M. VINCENT: Je n'ai pas plus d'objection que ça.
M. OSTIGUY: ... faire remarquer au député de Nicolet, M.
le Président, qu'après avoir discuté à maintes
reprises avec les fabricants de cidre qui existent déjà dans la
province et les pomiculteurs...
M. PAUL: Est-ce que l'honorable député veut dire qu'il y a
du cidre qui se fabrique actuellement?
M. OSTIGUY: Bien, je ne sais pas... DES VOIX: Ah! Ah!
M. OSTIGUY: On me dit qu'on est en train de le faire
préparer.
M. PAUL: Ah!
M. OSTIGUY: II est en préparation.
M. PAUL: En fermentation.
M. OSTIGUY: En fermentation. On m'a dit que la possibilité
d'aller chercher 1 p. c. , 2 p. c. ou 3 p. c. de pommes de l'extérieur
est suffisante pour changer le goût et la qualité du cidre.
Tantôt le député de Nicolet mentionnait que peut-être
on aurait besoin de 11 p. c. , 12 p. c. ou 13 p. c. . D'après les
pomiculteurs et ceux qui sont en train de faire des prévisions, des
études sur le cidre une proportion de 1 p. c. , 2 p. c. ou 3 p. c. est
suffisante.
M. VINCENT: M. le Président, les 90 p. c. , je suis d'accord avec
ça. Le seul endroit où, après discussion, nous avions
prévu placer ce pourcentage, c'était au lieu de la
législation, dans les règlements pour éviter des
culs-de-sac au cours d'une année difficile, une année
exceptionnelle. Il est plus facile en effet d'amender un règlement que
d'amender une législation.
M. LEVESQUE: En général, en général,
c'est...
M. VINCENT: C'est simplement pour ça. Si le gouvernement
l'accepte dans la loi, je n'ai pas d'objection.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (Brown): Adopté. L'article 4 devenu l'article 5.
Adopté.
M. VINCENT: L'article 5 devient l'article 6.
M. LE PRESIDENT (Brown): L'article 5 devenu l'article 6.
Adopté.
M. LEVESQUE: C'est ça.
M. VINCENT: En ce qui me concerne, M. le Président, si le
député de Sainte-Marie n'a pas d'autre discussion ni le
député de Mégantic...
M. DUMONT: Non.
M. VINCENT: M. le Président, en ce qui nous concerne, nous
pourrions adopter tout le reste avec les amendements en y insérant une
seule question. Nous avions trois questions à discuter. La
première, nous l'avons fait avec beaucoup de difficulté. La
deuxième était simplement une suggestion. A la troisième,
nous avons réservé l'article 2. Les seuls commentaires ou les
seules questions que nous voulions poser étaient à l'article 2,
nous l'avions réservé tout à l'heure. Je ne sais pas si je
me suis mal exprimé mais, en quelque sorte, est-ce l'intention du
gouvernement de faire une réglementation à l'effet de permettre
la vente du cidre léger et du cidre fort dans des kiosques ou des grands
centres d'alimentation? Est-ce que le gouvernement vise cet objectif?
M. TOUPIN: M. le Président, la politique du gouvernement n'est
pas encore établie. Si elle l'avait été, nous l'aurions
probablement située quelque part. La politique n'est pas établie.
Pour le moment, on doit tenir pour acquis que les cidres seront vendus dans les
épiceries qui sont détentrices de permis de vente de
bière. Le cidre léger ira en plus dans les tavernes. Partons avec
cela.
Quant au reste, aux kiosques et aux autres questions que vous m'avez
posées tantôt, nous pourrons peut-être y répondre un
peu plus tard, au moment où nous préparerons les
règlements. Je pense que votre question sera pertinente à ce
moment-là, et il nous fera plaisir d'y répondre.
Je voudrais simplement ajouter, si vous me le permettez, qu'un autre
amendement a été apporté cela a été
un oubli à l'article 8. L'article 75 de la loi, c'est simplement
un amendement de concordance. Ce n'est rien d'important, ça ne change
rien à l'affaire.
M. VINCENT: A l'article 8?
M. TOUPIN: L'article 8 est devenu 9.
M. PAUL: II est devenu 9.
M. TOUPIN: Oui. On dit: "L'article 75 de ladite loi, modifié par
l'article 28 du chapitre 19 des lois de 1965 (Ire session), par l'article 6 du
chapitre 21 des lois de 1966/1967 et par l'article 4 du chapitre 22 des lois de
1968, est de nouveau modifié, en insérant dans la
troisième ligne du paragraphe n), après le mot "fort",
les mots "d'un permis de vendeur de cidre". C'est simplement un
amendement de concordance: "En retranchant dans la huitième ligne du
paragraphe p) le mot "léger". C'est pour laisser le sens large du mot
"cidre" pour qu'on puisse, évidemment...
On peut lire l'article, la partie p) de l'article 75 de la loi, la
section p) des heures de vente: "Pour l'exploitation d'un permis
d'épicerie, les jours non fériés, de huit heures du matin
à onze heures du soir. Cependant, ceux qui exploitent un permis
d'épicerie dans une municipalité où un règlement de
fermeture des magasins est en vigueur ne peuvent, en vertu de ce permis, vendre
de la bière et du cidre léger". On enlève le mot
"léger" parce que et le cidre fort et le cidre léger sont permis
dans la vente au niveau des épiceries. Cela va?
M. VINCENT: Avant d'adopter l'article 2, je regrette très
sincèrement que le ministre actuel de l'Agriculture, après avoir
eu le temps, comme il nous l'a dit, de préparer ce projet de loi, de
l'étudier et de l'analyser, ne soit pas en mesure aujourd'hui de nous
dire quelles sont les intentions du gouvernement en ce qui concerne les
kiosques et les grands centres d'alimentation.
Le député de Rouville, qui a certainement passé
beaucoup de temps sur cet important projet de loi, va accepter ou même
applaudir aux propos que je vais tenir. Les intentions du gouvernement
précédent ou de celui qui vous parle, alors qu'il était
ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, étaient justement d'en
arriver à faire un règlement pour qu'un permis de vente de cidre
soit délivré à un propirétaire de kiosque qui se
spécialisait dans la vente de produits et de sous-produits de la pomme,
comme ça se fait sur la route de Rougement. On en voit plusieurs sur
cette route, qui, à l'heure actuelle, vendent du cidre alcoolisé.
Ces gens-là, demain, vont se croire légalement capables de le
vendre. Il faudra que ce soit défini le plus tôt possible.
Egalement, je demande au ministre de l'Agriculture, en vue de faire
encore plus de promotion au cidre léger et au cidre fort, d'avoir une
réglementation qui ferait en sorte que les grands centres
d'alimentation, tels que Steinberg, IGA, même s'ils n'obtiennent pas de
permis d'épicerie, puissent obtenir un permis de vendeur de cidre
léger et de cidre fort. Ainsi, la ménagère qui voudra se
procurer du bon cidre, qu'il provienne de la région de Rougemont, de la
région de Saint-Joseph-du-Lac ou de l'île d'Orléans,
pourra...
M. TOUPIN: Si le député de Nicolet me le permet?
M. VINCENT: Non, je demande juste un instant. ... se procurer le cidre
léger ou le cidre fort à son centre d'alimentation ou encore chez
l'épicier du coin qui possède un permis d'épicerie de la
Régie des alcools. Ce sont mes suggestions. J'aurais aimé que le
ministre fût en mesure de nous répondre aujourd'hui, mais nous
voyons qu'il n'est pas encore prêt. Malgré tout ce qu'il nous a
dit...
M. PAUL: Cela, c'est vrai.
M. VINCENT: ... il n'est pas encore prêt. Dans combien de temps la
réglementation sera-t-elle prête? Est-ce que le ministre peut nous
dire avec certitude cet après-midi à quelle date le premier
permis de fabricant sera délivré?
M. TOUPIN: Le 32 décembre. Je vais répondre aux questions.
Il est vrai que les règlements ne sont pas prêts, mais
aussitôt le projet de loi...
M. VINCENT: Ils sont préparés, ils sont
rédigés, et tout.
M. TOUPIN: C'est un peu comme la loi; elle était
rédigée aussi.
M. VINCENT: Je vais vous les envoyer, les règlements.
M. TOUPIN: Si vous voulez, tout de suite après, un comité
se met au travail et les règlements seront rédigés. Nous
partirons, bien sûr, du travail qui a été fait; nous
n'ignorons pas les efforts qui ont été faits avant les
nôtres, c'est bien sûr. En ce qui a trait au désir que l'on
exprime concernant les kiosques, les autres épiceries et les
chaînes de magasin qui n'ont pas de permis, dans l'immédiat, il
n'en est pas question. Une fois que les règlements seront
rédigés, le gouvernement établira sa politique et la fera
connaître, mais, pour le moment, il n'en est pas question.
M. VINCENT: A quel moment le ministre prévoit-il que le premier
permis de fabrication du cidre sera délivré?
M. LEVESQUE: C'est la régie.
M. TOUPIN: Cette question se poserait mieux à la
régie.
M. VINCENT: Puis-je poser une autre question au ministre? Une personne
qui recevra un permis de la Régie des alcools pour fabriquer du cidre
sera-t-elle dans l'obligation d'obtenir également un permis d'Ottawa? Le
ministre a dû s'informer de cela.
M. TOUPIN: Je pense que non. M. VINCENT: Pardon?
M. TOUPIN: Je pense que non, d'après les informations que j'ai
prises jusqu'à maintenant.
M. VINCENT: Les fabricants de cidre de la province de Québec
devront, comme tout autre distillateur, se munir d'un permis du gouvernement
fédéral à un prix très minime, conformément
à la Loi d'accise, Statuts refondus, 1952, chapitre 99, articles 158 et
suivants.
M. VEZINA: M. le Président.
M. VINCENT: Des approches ont-elles été faites
auprès du gouvernement fédéral?
M. VEZINA: Si l'honorable député me le permet, l'opinion
qu'il vient de donner peut facilement et très facilement être
contestée. C'est une école absolument conservatrice qui
émet une telle opinion. A mon avis, le Québec a toute la
juridiction requise pour autoriser l'émission de tels permis sans
obliger les citoyens du Québec à obtenir un permis du
fédéral.
M. VINCENT: M. le Président, le député de
Montmorency vient encore une fois de faire une erreur, pas judiciaire,
cependant.
M. le Président, simplement pour permettre au ministre d'informer
tout de suite ses officiers. Dans tout le dossier du cidre, en vertu d'une
opinion émise par le ministère de la Justice, il faut faire en
sorte d'informer nos fabricants de cidre de la province, avant d'émettre
des permis, qu'ils devront se munir...
M. PINARD: Le député me permet-il une question?
M. VINCENT: ... d'un permis du gouvernement fédéral.
M. PINARD: Le député me permet-il une question?
M. VINCENT: Oui.
M. PINARD: Comment se fait-il que cette information que donne l'ancien
ministre de l'Agriculture n'est pas au dossier du ministère de
l'Agriculture, qu'il a laissé.
Si cela vient du ministère de la Justice, ça ne doit
être un secret pour personne, ni pour les fonctionnaires du
ministère de l'Agriculture.
M. VINCENT: Le ministre de la Voirie, par cette intervention,
voudrait-il signifier que le ministre actuel de l'Agriculture n'a pas eu
l'occasion de montrer le dossier au conseil des ministres? Le dossier est
complet au ministère.
M. PINARD: M. le Président, ma question est à l'effet de
savoir si le député de Nicolet, ancien ministre de l'Agriculture,
qui avait fait préparer un avant-projet de loi pour la
légalisation de la vente du cidre et qui, dit-il, avait demandé
une opinion du ministère de la Justice pour savoir si le gouvernement du
Québec devait d'abord demander un permis fédéral pour la
fabrication et la vente et peut-être l'exportation du cidre, aurait
dû laisser cet avis juridique au dossier.
M. VINCENT: Et c'est là au ministère de l'Agriculture.
M. PINARD: Est-ce que c'était réellement une opinion qui a
été jugée valable ou si elle a été
contestée et retirée, à un moment donné.
M. PAUL: M. le Président, je m'inscris en faux. Une question de
privilège. Pour l'ancien ministre et surtout pour toutes les
compétences et tous les juristes qui forment le cabinet immédiat
du ministre de la Justice, je suis sûr que le député de
Drummond regrettera les termes qu'il vient d'employer à l'endroit de ses
confrères de la docte profession.
M. PINARD: II a été très intéressant d'avoir
cette opinion juridique dont parle le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, il serait intéressant d'avoir
le document juridique. Pour-rais-je demander au ministre de l'Agriculture de
faire parvenir une copie du dossier sur le cidre qu'il a à son
ministère, une copie également à la Régie des
marchés agricoles du Québec et au contentieux de la Régie
des alcools...
M. LEVESQUE: Et aussi à l'ancien ministre.
M. VINCENT: Egalement une copie de tout le dossier au comité
parlementaire du parti ministériel, qui était formé de
René Bernatchez, Alfred Croisetière, etc. Le député
d'Iberville a la copie complète de tout le dossier qu'il discutait au
comité ministériel.
M. LEVESQUE: Adopté.
M. DUMONT: M. le Président, je voulais, à cet article 2,
concernant l'article 25 de la Régie des alcools, mentionner que, si nous
permettions aux supermarchés de vendre le cidre de pomme, le pomiculteur
qui est au bord des routes ou celui qui a organisé un kiosque de vente,
disparaîtraient par le fait même.
UNE VOIX: Non, non.
M. DUMONT: Parce qu'eux-mêmes s'empareraient complètement
du marché. Deuxièmement, il y aurait, à mon sens, un
danger très grave à empêcher nos bonnes
ménagères d'aller à l'épicerie du coin alors que,
grâce à notre bon cidre québécois, au moins nos
petites épiceries pourront continuer à vendre du cidre avec un
revenu qui leur permettra de survivre.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): M. le Prési-
dent, j'aurais une information à demander au ministre. A votre
avis, sommes-nous toujours à l'article 2?
M. TOUPIN: Oui, oui.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'était tout simplement une
information générale.
M. TOUPIN: Je n'y vois pas d'inconvénient.
M. TREMBLAY (Sainte-Marie): C'était une information d'ordre
général. Il n'y a plus de question à poser.
MR. BROWN (président du comité plénier): Mr.
Speaker, I have the honour to report to you that an Act respecting the
production and sale of cider was passed with amendment.
Troisième lecture
M. LAVOIE (président): Est-ce que ces résolutions sont
acceptées?
Accepté.
Y a-t-il consentement unanime pour la troisième lecture?
M. VINCENT: Oui, M. le Président, mais j'aurais un mot à
dire sur la troisième lecture.
Très brièvement, voici, l'Opposition officielle a
été heureuse de collaborer, mais il y a une chose, quand
même, qu'il faudrait faire remarquer, car nous sommes justement à
étudier une loi qui touche le ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation.
Il ne faudrait pas que le gouvernement actuel prenne l'habitude
d'arriver avec des projets de loi comme ceux-ci à la dernière
minute d'une session ou encore le vendredi soir afin d'éviter que le
ministre de l'Agriculture s'en aille.
M. LACROIX: A vous entendre parler, c'est vous qui avez
préparé ce projet de loi-là?
UNE VOIX: M. Paul a dit que c'était le ministre actuel.
M. VINCENT: Etant à la troisième lecture du projet, je
voudrais à nouveau féliciter tous ceux qui ont participé
à l'élaboration du projet, et demander plus spécialement
au député de Rouville d'apporter à son
prédécesseur les salutations de tous les membres de cette
Assemblée nationale, et le remercier du travail si efficace qu'il a fait
et qui a également été continué par le
député actuel.
M. LEDUC: Oui, mais ça aboutit aussi. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Adopté. M. LEDUC: Cela donne des résultats.
M. PAUL: On ne dit pas un mot, profitez-en, M. le Président.
Adopté.
M. LEVESQUE: M. le Président, avant de proposer l'ajournement des
travaux de la Chambre, je voudrais aviser nos collègues qu'il y aura
sanction de cette loi ainsi que d'autres qui ont été
adoptées ici depuis hier, je crois. Cette sanction sera peut-être,
je l'espère, de nature à aider les pomiculteurs, maintenant que
le produit est légalisé grâce au travail des
collègues. Nous nous rendrons chez le lieutenant-gouverneur dans
quelques instants.
M. le Président, je propose l'ajournement...
M. TOUPIN: Vous me permettez, M. le Président, je voudrais aussi
profiter de l'occasion pour remercier ceux qui y ont participé et
remercier...
M. VINCENT: Fini, là.
M. TOUPIN: Oui, une minute...
M. LEVESQUE: Du consentement unanime.
M. TOUPIN: ... en dépit des prises de bec,... M. VINCENT: C'est
un pas de...
M. TOUPIN: ... on est parvenu à bâtir quelque chose.
C'est ceux qui sont partis qui en ont fait.
M. LEVESQUE: II est entendu que nous reprendrons le projet de loi
à la prochaine séance de la commission des Institutions
financières.
Je propose que la Chambre ajourne ses travaux à mardi
après-midi, trois heures, tenant compte qu'à dix heures du matin
nous aurons la commission des bills privés et des bills publics pour
terminer le travail déjà commencé.
Merci.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à mardi, trois
heures.
(Fin de la séance 17 h 21)