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(Quinze heures neuf minutes)
M. LAVOIE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Affaires courantes. Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus.
Commission de l'Assemblée nationale
M. LEVESQUE: M. le Président, la commission de l'Assemblée
nationale a l'honneur de soumettre à votre honorable Chambre son
onzième rapport. Votre commission est d'opinion que la pétition
et l'avis sont réguliers et suffisants et que le bill est
régulier et conforme à la pétition et à l'avis dans
chacun des cas ci-après.
Dispensé? Merci.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport sera-t-il adopté? Adopté.
Présentation de motions non-annoncées.
Projets de lois privés
M. LEDUC: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter le projet de loi numéro 225,
intitulé Loi modifiant la charte de la cité de
Laflèche.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. BERTRAND: M. le Président, je fais motion pour qu'il me soit
permis de présenter le projet de loi numéro 130, Loi concernant
la succession de Henderson Black.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. PICARD: M. le Président, je fais motion pour qu'il me soit
permis de présenter le projet de loi numéro 104, intitulé
Loi concernant la cité de la Pointe-aux-Trembles.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. HOUDE (Limoilou): M. le Président, j'ai l'honneur de faire
motion pour qu'il me soit permis de présenter le projet de loi
numéro 119, intitulé Loi modifiant la charte de la ville de
Québec et concernant la fusion des territoires de la ville de
Québec et de la ville de Neufchâtel.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. BACON: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter le projet de loi numéro 108,
intitulé Loi concernant la ville de Victoriaville.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
M. PERREAULT: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion
pour qu'il me soit permis de présenter le projet de loi numéro
176, intitulé Loi modifiant la charte de la ville de
Montréal-Est.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LEVESQUE: Article d).
Projet de loi no 52 Première lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture du projet de loi modifiant la Loi de l'habitation
familiale.
M. TESSIER: M. le Président, ce projet de loi apporte trois
amendements principaux à la Loi de l'habitation familiale. D'abord, il
s'agit de prolonger parce qu'en vertu de la loi actuelle le délai
pour bénéficier du rabais de 3 p. c. sur le taux
d'intérêt expire le 31 décembre 1970 les
bénéfices de cette loi jusqu'au 30 juin 1972.
Le deuxième amendement rend la loi actuelle applicable aux
appartements situés dans un immeuble détenu en
copropriété, c'est-à-dire un condominium, pourvu qu'il
comprenne au moins quatre pièces. Le nombre des pièces peut
être différent si le propriétaire de l'appartement est une
personne âgée. Il s'agit, dans ce cas-ci, de favoriser la
construction de logements pour les personnes âgées.
Enfin, l'article 2 permet au gouvernement de rendre la loi applicable
à la construction de maisons à logis multiples destinées
à des personnes âgées. C'est donc un corollaire de ce que
je viens d'expliquer. En dernier lieu, l'article 3 accorde à la
société le pouvoir d'édicter les règlements requis
pour mettre en application les amendements que je viens de mentionner.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à une prochaine
séance. Y a-t-il d'autres bills publics?
Déclarations ministérielles. L'honorable ministre de la
Santé.
Chèques d'allocations familiales
M. CASTONGUAY: M. le Président, à l'occasion de la
distribution des chèques du régime d'allocations familiales
québécois, certaines compagnies et certaines entreprises invitent
les bénéficiaires de ces allocations à encaisser leur
chèque en retour d'une prime. Je voudrais, par l'occasion qui m'est
donnée ici, rappeler aux bénéficiaires de ce régime
que les chèques qui leur sont donnés sont à l'intention de
leurs enfants et que, dans bien des cas, ces chèques constituent une
source de revenu qui leur est essentielle.
Je voudrais les mettre en garde contre cette forme de publicité
qui est susceptible de les attirer trop facilement à dépenser ces
chèques d'une façon non réfléchie. Merci.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres déclarations
ministérielles?
Dépôts de documents Questions des
députés.
L'honorable chef de l'Opposition.
Logement du premier ministre M. Jean-Jacques
Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, ce n'est pas une question, pour
commencer. Les journaux nous ont appris que le premier ministre du
Québec avait apparemment un problème de logement, d'abord
à cause de ceux qui doivent habiter avec lui ou autour de lui. Badinage
à part, M. le Président, je crois de mon devoir, comme chef de
l'Opposition, et, deuxièmement, comme ayant exercé les fonctions
de premier ministre au Québec, de dire que j'approuve, quant à
moi, la construction d'une résidence pour le premier ministre du
Québec, quel qu'il soit. Le lieutenant-gouverneur est bien logé
au Québec. C'est payé par les contribuables. Je n'y vois aucune
objection et je ne vois pas pourquoi le chef élu de l'Etat du
Québec, quel qu'il soit, n'aurait pas une résidence dans la ville
de Québec.
Et en attendant la construction d'une résidence au Québec,
il y a, dans l'ancienne salle du Conseil législatif, un appartement qui
était réservé au président du Conseil
législatif autrefois. Je ne vois pas pourquoi, dans les circonstances,
le premier ministre du Québec serait gêné de l'occuper et,
si le fait de lui dire ça l'encourage à le faire, j'aurai atteint
mon but.
M. Camil Samson
M. SAMSON: M. le Président, nous sommes également
entièrement d'accord avec les déclarations qui viennent
d'être faites par l'honorable chef de l'Opposition officielle. Puisque
nous sommes dans une période de chômage accrue et que nous
recherchons des solutions pour donner des emplois, ce serait peut-être le
temps d'en profiter pour commencer immédiatement cette construction pour
qu'il puisse s'en servir au printemps.
M. Camille Laurin
M. LAURIN: J'ai eu l'occasion, M. le Président, de m'entretenir
avec mes collègues des oppositions quant à ce projet et je suis
bien content de dire que nous aussi sommes d'accord avec cette proposition.
Vous comprendrez facilement que s'il y avait à choisir entre une
demeure pour le lieutenant-
gouverneur du Québec et le premier ministre du Québec,
nous préférerions la deuxième solution. Et je me joins
d'autant plus au chef de l'Opposition que la construction de cette demeure, qui
s'impose, vu les circonstances, nous permettra de préparer l'avenir.
M. Robert Bourassa
M.BOURASSA: M. le Président, je veux remercier très
sincèrement le chef de l'Opposition, le chef du Ralliement
créditiste et le chef parlementaire du Parti québécois de
leur excellente suggestion. Si j'ai décidé d'abandonner ma
résidence à l'hôtel Victoria, je le fais avec très
grand regret. Ce n'était peut-être pas un hôtel très
luxueux, mais la simplicité et le dévouement des employés
compensaient très largement.
La raison principale qui m'a fait décider de ce
déménagement, c'est le coût considérable de la
surveillance à la province. Il est normal, après la crise que
nous venons de passer, que le premier ministre ou le chef du gouvernement soit
pourvu d'une surveillance appropriée. Donc, le fait de rester dans un
hôtel, dans un appartement ou même dans n'importe quel endroit
à l'extérieur du parlement représentait des sommes
considérables aux contribuables québécois.
J'ai refusé, pour le moment je crois que ce n'était
pas opportun une résidence comme telle pour le chef du
gouvernement. Je pense que lorsque le chef du gouvernement parle
d'austérité, comme je le fais très souvent, il doit
lui-même donner l'exemple. Mais il reste que je suis d'accord avec les
représentations et les propos du chef de l'Opposition et des chefs des
autres partis sur le principe d'une résidence pour le premier ministre,
mais dans le contexte actuel j'ai décidé d'occuper les
appartements qui étaient disponibles au parlement. Cela va
peut-être être un peu ennuyant de vivre...
M. BERTRAND: On ira veiller.
M. PAUL: Vous vous rencontrerez tous les deux ici.
M. LE PRESIDENT: On pourra jouer aux cartes.
M. BOURASSA: Le président, de toute façon, m'accompagnera.
Merci encore une fois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Questions et réponses
Consultations sur les lois sociales
M. BERTRAND: M. le Président, hier, mon collègue, le
député de Montmagny, posait la question suivante au premier
ministre: Je demande au premier ministre s'il y a eu consultation entre le
gouvernement fédéral et les provinces, et en particulier le
Québec, avant le dépôt du livre blanc. S'il y a eu des
consultations, à quel niveau se sont-elles faites?
Le premier ministre a répondu: M. Munro a rencontré M.
Castonguay à Québec, il y a une dizaine de jours, pour discuter
de cette question. Or, le Devoir de ce matin rapporte dans une
dépêche de la Presse canadienne, que M. Marcel Lambert,
député conservateur d'Edmon-ton-Ouest, a demandé à
M. Trudeau, chef du gouvernement, "si les autorités provinciales ont
été consultées avant la publication du document; il se
référait en particulier à ce qu'il a appelé les
vives réactions que le livre blanc suscite au Québec." M. Trudeau
a dit qu'il n'y eut "pas de consultations préalables
particulières". Le chef du Parti québécois a noté
dernièrement que nous avions des réponses différentes aux
mêmes questions posées les unes au Parlement de Québec, les
autres au Parlement canadien. Le ministre de la Santé voudrait-il
répondre à cette question: A-t-il été
consulté par M. Munro au sujet du livre blanc avant que le livre blanc
ne soit publié?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai dit hier qu'il y avait eu une
rencontre le ministre de la Santé pourra confirmer tantôt
entre le ministre fédéral de la Santé et le
ministre québécois de la Santé et du Bien-Etre social,
où cette question a été discutée. C'est la
réponse que j'ai donnée au chef de l'Opposition. Le ministre de
la Santé peut confirmer.
M. CARDINAL: Question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le ministre de la Santé aurait
quelque chose à ajouter?
M. CASTONGUAY: Bien, je ne sais pas quels sont les différents
sens que l'on peut attacher au terme "consultation". Mais la réponse du
premier ministre, hier, à l'effet qu'il y a eu rencontre est
évidemment exacte. Cette rencontre a eu pour objet, comme le premier
ministre l'a mentionné, je crois, de permettre au ministre de la
Santé nationale et du Bien-Etre social de me faire part du contenu
projeté du livre blanc.
M. LAURIN: Question additionnelle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmagny.
M. CLOUTIER (Montmagny): Est-ce que dans cette conversation le ministre
fédéral, M. Munro, a laissé voir précisément
au ministre des Affaires sociales son intention de déposer le
livre blanc sur la sécurité sociale de façon
à prendre les devants sur les dépôts de livres blancs qui
pourraient être faits par le gouvernement provinvial?
M. CASTONGUAY: Le ministre a indiqué son intention de rendre
public ce livre blanc au cours des deux ou trois prochaines semaines.
Je crois que c'est ce qu'il m'avait dit à l'époque. Une
date précise, à ce moment, n'était pas fixée, mais
il y avait une certaine urgence pour le ministre de le faire, étant
donné qu'il fallait donner avis, selon la Loi du régime de
pensions du Canada, à la Chambre des communes au cours du présent
exercice financier, de telle sorte que l'an prochain, en 1971, il soit possible
de proposer à la Chambre des communes les amendements au régime
de pensions du Canada qui pourraient être acceptés à la
suite de la discussion du livre blanc.
Il y avait donc, au plan technique ou au plan des dispositions
législatives comprises dans le régime de pensions du Canada, une
nécessité ou une certaine urgence. Autrement, une année
aurait dû s'écouler pour l'amendement du régime de pensions
du Canada, à moins d'obtenir le consentement des provinces pour amender
cette disposition particulière du régime de pensions du
Canada.
M. ROY (Beauce): M. le Président, j'aurais une question
supplémentaire.
M. LE PRESIDENT: Une question supplémentaire du
député de Bourget. Le député de Beauce sera le
suivant.
M. LAURIN: M. le Président, j'ai noté soigneusement les
termes de la réponse du député de Louis-Hébert
lorsqu'il a dit que M. Munro lui avait fait part de ses intentions. Dois-je en
conclure que c'était simplement une information et non pas une
consultation?
M.BOURASSA: M. le Président, j'ai dit, hier, que la position du
gouvernement du Québec sur cette question serait définie lorsque
nous aurions la cinquième tranche du rapport Nepveu-Castonguay. Je pense
que pour le ministre de la Santé et le chef du gouvernement, tant qu'ils
n'ont pas ce rapport en main c'est une étude qui a pris un
certain nombre d'années, qui a été faite par les meilleurs
experts du Québec il est difficile de pouvoir négocier
d'une façon détaillée et d'une façon
précise.
Alors, nous avons été informés...
M. LAURIN: Bon.
M. BOURASSA: ... nous avons discuté de cette question avec eux,
mais, comme je l'ai dit hier, nous avons réservé la position du
Québec à la lumière du mémoire que nous avons
soumis à la conférence fédérale-provinciale de
septembre.
M. LAURIN: Donc, ce n'était pas une consultation. C'est cela la
question qui était posée.
M. BOURASSA: M. le Président, si on veut jouer avec les mots!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauce.
M. ROY (Beauce): M. le Président, je pense qu'on vient de
répondre partiellement à ma question, mais il y a une partie que
j'aimerais voir clarifier pour le bénéfice de tous les membres de
cette Chambre. J'aimerais qu'on précise davantage si cela a
été au niveau de la consultation ou au niveau de la
négociation et si, à ce moment-là, il a été
question, justement, de la récupération de la
sécurité sociale par le gouvernement du Québec.
M. CASTONGUAY: M. le Président, la question de la
sécurité sociale ou de tous les régimes d'assurance
sociale, d'aide sociale est extrêmement complexe.
Le gouvernement, comme le premier ministre l'a indiqué et comme
j'ai eu l'occasion également de le souligner, entend établir une
politique aussi cohérente que possible, tant dans le domaine de la
main-d'oeuvre que dans le domaine connexe de la sécurité du
revenu. Il n'est pas possible de négocier tant et aussi longtemps que
l'ensemble de cette question ou de cette politique du gouvernement n'est pas
défini. Nous devons recevoir sous peu le rapport de la Commission
d'enquête sur la santé et sur le bien-être social. J'ai
mentionné au ministre de la Santé, M. Munro, le désir du
gouvernement d'élaborer une telle politique dans les deux secteurs. Les
échéances que nous nous sommes fixées vont nous permettre
de faire valoir nos vues en temps opportun, avant que des gestes
définitifs ou concrets, disons, puissent être posés par le
gouvernement du Canada.
Il faut rappeler aussi que, dans le livre blanc sur la
sécurité du revenu, déposé à la Chambre des
communes, aucune des mesures suggérées ne prend effet
immédiatement. Elles sont proposées pour le cours de
l'année 1971.
M. LE PRESIDENT: Une question supplémentaire? L'honorable
député de Montmagny.
M. CLOUTIER(Montmagny): A la lumière de ce que vient de nous dire
le ministre de la Santé et après le dépôt de la
dernière tranche du rapport de la commission Castonguay Nepveu,
est-ce l'intention du gouvernement de proposer des lois notamment, dans
les domaines où nous avions l'habitude d'avoir l'initiative: le
régime des rentes, les allocations scolaires, les allocations familiales
afin que le gouvernement canadien ne nous impose pas des propositions
qui ont été énoncées dans son livre blanc?
M. BOURASSA: II faut attendre le rapport.
M. CLOUTIER (Montmagny): Non, mais le premier ministre peut-il
m'indiquer, à ce moment-ci, s'il a l'intention, après le
dépôt du rapport de légiférer afin que le
gouvernement du Québec ne perde pas l'initiative qu'il avait en ces
matières et fasse prévaloir son point de vue dans cette
matière importante?
M. BOURASSA: M. le Président, ce serait préférable
d'attendre le dépôt du rapport. Il n'est pas question pour le
gouvernement du Québec de perdre l'initiative, mais j'aimerais mieux
recevoir le rapport pour donner une réponse plus complète au
député de Montmagny.
M. LE PRESIDENT: Le député de Rouyn-Noranda.
Direction de la Main-d'Oeuvre
M. SAMSON: M. le Président, j'aimerais poser une question
à l'honorable premier ministre. Nous apprenons que le ministère
du Travail et de la Main-d'Oeuvre voudrait déménager sa Direction
générale de la main-d'oeuvre de Québec à
Montréal, avant le 1er janvier 1971.
Considérant que la capitale provinciale de Québec
où se trouve le parlement, les élus du peuple est le centre
nerveux de l'administration gouvernementale, le premier ministre peut-il dire
si son gouvernement envisagerait de reviser cette décision et nous
assurer que la Direction générale demeurera à
Québec?
M. FOURNIER: M. le Président, pour le ministre du Travail, je
prends avis de la question, et s'il le juge opportun, j'apporterai la
réponse demain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Lafontaine.
Etiquetage bilingue
M. LEGER: Ma question s'adresse au ministre des Institutions
financières. Lors de la conférence interprovinciale sur la
protection du consommateur, le ministre a-t-il eu l'occasion de discuter avec
les représentants fédéraux du projet de loi
fédéral C-180 sur l'emballage et l'étiquetage des produits
de consommation, qui semble empiéter largement sur la compétence
du Québec en matière de propriété et de droit
civil?
M. TETLEY: M. le Président, la question est très
pertinente. Je crois que le fédéral a le droit de s'occuper de
son domaine, qui est le droit criminel, et toutes les dispositions de la loi
dont vous parlez relèvent du droit criminel. Mais nous, du gouvernement
provincial, avons l'in- tention d'occuper notre champ d'action de la protection
du consommateur suivant nos droits, y compris le droit civil, les questions de
contrats et les autres questions que nous avons étudiées ce matin
et que nous allons étudier dans les semaines qui suivent.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président. Je
vois que nous sommes d'accord tous les deux sur ce point-là, mais au
sujet du prochain geste que le ministre doit poser devant le bill C-180, y
a-t-il eu de la correspondance, une rencontre?
M. TETLEY: J'ai déjà communiqué avec le ministre
à Ottawa à ce sujet, la semaine dernière.
M. LEGER: Question supplémentaire, M. le Président, le
ministre pourrait-il déposer la correspondance déjà
échangée à ce sujet-là?
M. TETLEY: Non, ce n'est pas notre intention de déposer cette
correspondance.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Maskinongé.
Prestations aux pêcheurs
M. PAUL: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. L'honorable ministre
est-il en mesure d'informer la Chambre quant aux négociations
entreprises avec les autorités fédérales au sujet du
problème des prestations saisonnières ou supplémentaires
d'assurance-chômage qui, effectivement, sont entrées en vigueur
hier? Les pêcheurs commerciaux visés par la loi numéro 30
doivent-ils bientôt recevoir des compensations des autorités
fédérales?
MME KIRKLAND-CASGRAIN: M. le Président, en réponse
à la dernière question, je sais que des chèques ont
déjà été postés pour indemniser, justement,
les pêcheurs du revenu qu'ils n'ont pas reçu. Pour ce qui est de
la première question, on sait que les pêcheurs commerciaux n'ont
pas versé de prime au service de l'assurance-chômage. Alors, ils
n'ont droit effectivement à aucune prestation. La prime, comme on le
sait, est une condition essentielle à la distribution des prestations,
et je tiens à rappeler à l'honorable député de
Maskinongé que la politique d'assurance-chômage relève du
gouvernement fédéral.
M. PAUL: M. le Président, puisque j'ai siégé
à Ottawa, l'honorable ministre ne m'apprend rien.
Ce que je veux lui rappeler, c'est sa déclaration à
l'occasion de l'étude du bill 30 à l'effet que le ministre et les
hauts fonctionnaires de son ministère devaient entamer des
négociations
avec les autorités fédérales pour ne pas priver des
prestations d'assurance-chômage ces pêcheurs commerciaux qui se
voyaient dans l'impossibilité de verser une contribution, comme la loi
l'exige.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Portneuf.
Portneuf, zone abandonnée
M. DROLET: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre de l'Industrie et du Commerce. Je l'ai d'ailleurs
prévenu de ma question. Devant la situation urgente créée
par le renvoi de quelque 500 personnes des Industries Valcartier Inc., dans
Portneuf, par suite de l'incertitude de l'industrie Labelle Couture Inc.,
également dans Portneuf, menacée de fermer si le gouvernement
n'intervient pas, par suite de l'abandon presque certain du projet Caloil,
toujours dans Portneuf et par suite de l'arrêt des projets de
construction des foyers de vieillards et hôpitaux, quelles sont les
intentions du gouvernement devant une situation aussi alarmante? Le
gouvernement serait-il sur le point d'annoncer Portneuf comme zone
abandonnée?
M. LEVESQUE: M. le Président, je remercie le député
de m'avoir prévenu de sa question, même si elle est
irrégulière et ne s'adresse pas uniquement au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Tout de même, je dois le rassurer en lui
disant que j'ai communiqué avec les hauts fonctionnaires du
ministère de l'Industrie et du Commerce quant à la partie de la
question qui concerne ce ministère.
United Aircraft
M. LEVESQUE: J'en profite, pendant que je suis debout, pour
répondre à une autre question posée par le
député de Lafontaine qui demandait d'apporter certains
éclaircissements au sujet des perspectives d'emploi à la
compagnie est-ce que le député est
intéressé? United Aircraft of Canada Limited, de
Longueuil, à la suite des investissements de $40 millions faits par
cette compagnie et en regard desquels le gouvernement du Québec s'est
engagé à verser une subvention d'assistance financière
à cette industrie de pointe.
On me demandait plus spécifiquement si les 650 emplois
découlant de ces investissements étaient de nouveaux emplois.
Tout dépend de ce que l'on entend par "nouvel emploi". D'un certain
point de vue on peut dire que ces 650 emplois ne sont pas nouveaux en ce sens
qu'ils ne s'ajoutent pas au nombre total des emplois fournis actuellement par
la compagnie United Aircraft. En pratique, cependant, ce sont bien de nouveaux
emplois parce qu'ils ont été directement créés par
l'investissement fait par la compagnie. Si l'investissement n'avait pas eu
lieu, au moins 650 emplois, et probablement davantage, seraient disparus en
permanence. Ce n'est pas là un épouvantail que j'agite. Le
député de Lafontaine connaît sans doute bien les
difficultés qui assaillent actuellement l'industrie aérospatiale
en Amérique du Nord.
Partout, on ne parle que de la diminution des ventes et de la
réduction du niveau d'activité des entreprises de ce secteur, et
cela dans tout le continent nord-américain. Les mises à pied sont
nombreuses et massives. Ces thèmes sont abondamment repris dans le
reportage fait la semaine dernière par un journal des affaires à
Toronto, le Globe and Mail Report on Business.
En page 5, ce journal rapporte notamment que, parmi les cinq principales
entreprises canadiennes du secteur aérospatial, c'est United Aircraft
qui se tire le mieux d'affaire et que c'est à peu près la seule
qui réussisse, grâce maintenant aux ventes du nouveau moteur
JD-15D, à maintenir le niveau de son emploi malgré cette
conjoncture défavorable. On verra tout à l'heure que c'est
exactement à cause de ce nouveau moteur et de l'investissement en vue de
mener cette entreprise à bonne fin que nous sommes intervenus. Selon les
experts, cela est dû à la diversification de United Aircraft qui a
été rendue possible par son effort soutenu pour le recherche. La
compagnie dépense, en effet, quelque $20 millions par année en
recherche à Longueuil. Au total, j'estime que l'assistance
financière du Québec a tété accordée
à bon escient.
Le député de Lafontaine m'avait également
demandé de déposer copie de l'entente avec la compagnie, s'il y
en avait une. J'ai donc l'honneur de déposer copie de
l'arrêté en conseil 2526, 1969, qui instituait ce programme
d'assistance financière à l'industrie de pointe; copie de
l'arrêté en conseil 3792, du 21 octobre 1970, concernant la
décision d'accorder la prime à cette compagnie et copie, enfin,
de l'acte notarié signé par la compagnie dans lequel elle
s'engage spécifiquement à respecter les conditions
stipulées pour le versement de la prime.
Je m'excuse tout simplement qu'il n'y ait pas de copies additionnelles.
Je demanderais au greffier de voir à en fournir à ceux qui en
feront la demande.
M. DROLET: Une question supplémentaire, M. le Président. A
la suite de ma question, le ministre a dit qu'il l'avait soumise à ses
sous-ministres. Est-ce que le ministre fera une déclaration à la
Chambre lorsqu'il recevra le rapport de ses sous-ministres?
M. LEVESQUE: Le député vient d'être témoin de
la façon complète dont le ministre répond aux questions
qui lui sont posées.
M. DROLET: Très bien. C'est ce que voulais.
M. CASTONGUAY: J'aimerais répondre à la partie de la
question du député de Portneuf qui me concernait.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Santé.
Foyer pour personnes âgées
M. CASTONGUAY: Le député de Portneuf a fait allusion
à l'arrêt de la construction de foyer pour personnes
âgées et d'hôpitaux dans le comté de Portneuf, en
fonction de la perspective d'emploi. M. le Président, je l'ai fait au
printemps. Je voulais mentionner qu'à mon point de vue la construction
de foyers pour personnes âgées et d'hôpitaux doit être
faite en fonction, tout premièrement, des besoins pour ce type de
ressources et aussi compte tenu des crédits disponibles au plan
budgétaire et des coûts de fonctionnement dans l'avenir. Compte
tenu de ces coûts de fonctionnement élevés, on ne peut
accélérer ou ralentir la construction de foyer ou
d'hôpitaux en fonction uniquement des préoccupations au niveau de
l'emploi. Il y a d'autres moyens qui sont beaucoup plus adaptés que
celui-ci.
Je voudrais également rappeler qu'à la suite de la
révision des projets de construction il se poursuit dans la province
présentement diverses étapes de construction, pour plusieurs
dizaines de millions de dollars, aussi bien dans le domaine des hôpitaux
que des foyers pour personnes âgées. Enfin, quant aux projets pour
l'avenir, nous avons indiqué que la révision de ces projets de
construction était destinée à permettre une
réévaluation en fonction d'une orientation différente du
développement des ressources.
J'aurai l'occasion, en ce qui a trait plus particulièrement aux
foyers pour personnes âgées, de donner plus de renseignements sur
ce sujet lors de l'étude soit de la Loi de l'habitation familiale, qui a
été lue en première lecture cet après-midi, ou
encore à un autre moment avant l'ajournement des travaux.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Gouin, sur une
question supplémentaire à la réponse du ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Industries Valcartier
M. JORON: C'est exact, M. le Président. Le ministre de
l'Industrie et du Commerce nous montrait comment le gouvernement intervient
dans le cas de l'industrie aérospatiale, où il y a des
difficultés, mais la question du député de Portneuf
mentionnait le cas des Industries Valcartier. Comme le gouvernement est
doublement intéressé dans ce cas-là, puisque c'est une
filiale de la SGF et par l'intérêt indirect qu'il a dans celle-ci,
est-ce qu'il s'apprête à intervenir pour assurer, au moins dans
une compagnie où il est intéressé, une politique de
main-d'oeuvre qui assurerait un minimum de permanence d'emploi ou s'il entend
profiter de l'occasion pour discuter avec la direction des Industries
Valcartier d'une réorientation possible de la production qui, à
l'heure actuelle, sert à la guerre du Vietnam?
M. LEVESQUE: Le député qui vient de prendre la parole aura
sa réponse en même temps que le député qui a
posé la question avant lui.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Maisonneuve.
Cautionnements
M. BURNS: M. le Président, la semaine dernière, à
la suite d'une de mes questions, le ministre de la Justice m'assurait qu'il
devait recevoir, disait-il, d'ici quelques jours un rapport définitif
afin qu'il puisse se prononcer sur î'à-propos d'accorder son
consentement au cautionnement des personnes détenues en vertu de la Loi
des mesures de guerre. J'aimerais savoir du ministre si aujourd'hui, soit
près d'une semaine plus tard, il a reçu ce rapport
définitif.
M. CHOQUETTE: M. le Président, j'attends toujours de mes
conseillers juridiques le rapport sur cette question, et je pense pouvoir dire
au député que je l'aurai demain.
Poursuite des compagnies de pâtes et
papier
M. LEGER: Question supplémentaire au ministre. J'en profite pour
demander au ministre, qui avait pris avis de la question il y a quinze jours et
qui n'a pas encore répondu à la question que je lui posais,
à savoir s'il avait reçu de la part de la régie des eaux
du Québec une demande pour poursuivre 21 compagnies de pâtes et
papier...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEGER: ... et il n'avait pas répondu s'il était pour le
faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je ne peux pas considérer cette
question comme question supplémentaire, il s'agit d'une question
à être posée en temps et lieu.
L'honorable député de Nicolet.
L'Anglo Pulp et le bois à pâte
M. VINCENT: M. le Président, ma question s'adresse au ministre
des Terres et Forêts. Suite à une déclaration de M. Otis
qui a paru récemment dans les journaux à l'effet qu'il y aurait
des milliers de cordes de bois à pâte communément
appelé de la "pitoune" qui
pourrissaient le long des routes parce que 1'Anglo Paper ne voulait pas
se conformer au bill 41, est-ce que le ministre pourrait nous dire si les
rencontres qui ont eu lieu récemment entre les producteurs, la compagnie
et les fonctionnaires du ministère ont donné des résultats
et si ce bois pourra être acheté par la compagnie pour ainsi
éviter cette perte de "pitoune" dans la province?
M. DRUMMOND: M. le Président, à ma demande, les deux
parties en cause, l'Anglo et le syndicat, se sont rencontrées au bureau
du ministère à deux reprises la semaine dernière et selon
mes informations ils ont fait des progrès pour trouver un accord.
Encore selon mes renseignements, M. Otis n'était présent
ni à l'une ni à l'autre des réunions. Alors, je ne sais
pas comment il a été en mesure de faire ces
commentaires-là.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Mégantic.
Subventions fédérales aux sports
M. DUMONT: Merci, M. le Président. Ma question s'adresse au
ministre des Communications et de la Fonction publique, ex-commissaire aux
sports. Est-ce que le ministre pourrait dire à cette Chambre quel a
été le montant des subventions accordées pour les sports
du Québec venant du ministère des sports et de la Santé,
ou du ministre des Sports, M. John Munro, pour l'année 1970-1971?
M. L'ALLIER: Je prends avis de la question, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
Usine de raffinage du pétrole
M. LESSARD: M. le Président, le Soleil du 27 novembre 1970
publiait un article intitulé...
UNE VOIX: Question.
M. LESSARD: ... "un complexe... Ecoutez, avant de poser la question, il
faut quand même préciser le sujet. Si vous pensez que vous
êtes tellement intelligent...!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, s'il vous plaît!
M. MARCHAND: Avons-nous bien fait de ne pas en vouloir comme candidat
libéral !
M. LESSARD: Alors, est-ce que l'on pourrait les instruire, M. le
Président? Et qu'ils se laissent instruire, de grâce!
M. LE PRESIDENT: Vous avez le droit à un
énoncé...
M. LESSARD: Oui, j'énonce le sujet.
M. LEVESQUE: II faudrait commencer par instruire le député
sur certains règlements de cette Chambre concernant les
références à des articles des journaux.
M. LE PRESIDENT: Des énoncés de faits ne sont permis que
dans les cas où ces énoncés sont essentiels à la
compréhension de la question. Dans ce cas-là, est-ce que vos
énoncés sont essentiels à votre question...
M. MARCHAND: Question, question.
M. LESSARD: Ecoutez,...
M. LE PRESIDENT: Laissez-moi terminer.
M. LESSARD: Je juge que la Chambre est assez intelligente...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! De toute façon, votre
énoncé doit être très court.
L'honorable député de Saguenay.
M. LESSARD: Quand même! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESSARD: Alors, on annonçait qu'un complexe indépendant
de distribution et de raffinage du pétrole n'est pas pour demain au
Québec. On sait qu'actuellement des études sont faites du
côté du ministère des Richesses naturelles, à ce
sujet. Est-ce que l'on pourrait savoir du ministre si on a l'intention de
continuer ces études-là sur l'établissement d'un projet
pétrolier québécois ou si, tout simplement, à la
suite de la politique pétrolière fédérale on a
décidé de laisser tomber ce sujet-là?
M. BOURASSA: Est-ce que le député veut parler du projet
commun franco-québécois?
M. LESSARD: C'est ça.
M. BOURASSA: Je peux répondre au député qu'une
participation avait été prévue par le Mouvement Desjardins
pour la réalisation de ce projet. Le Mouvement Desjardins ayant
décidé de ne pas participer à ce projet, la Caisse de
dépôt en faisant autant, le projet a été
modifié en conséquence.
M. LESSARD: Question supplémentaire, M. le Président.
Est-ce que le ministre pourrait au moins déposer les mémoires qui
ont été présentés au ministère concernant ce
projet?
M. LEVESQUE: M. le Président, il y a des procédures que le
député pourrait suivre pour obtenir un dépôt de
documents.
M. LESSARD: Alors, M. le Président, est-ce que le premier
ministre, puisque c'est lui qui a répondu à ma question, pourrait
informer la Chambre au sujet des négociations qui se poursuivent
actuellement avec le gouvernement fédéral concernant la politique
pétrolière ou le cas Caloil?
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai eu l'occasion, à
plusieurs reprises, de répondre à cette question. Je vais
être obligé de répéter, M. le Président... De
toute façon, j'ai répondu à la question la semaine
dernière.
M. LESSARD: Ecoutez, M. le Président...
Le premier ministre a répondu la semaine dernière qu'il y
avait actuellement des négociations. Nous voulons savoir où il en
est rendu avec ces négociations.
UNE VOIX: Au feuilleton!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chicoutimi.
$250 millions de progrès social
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, ma question s'adresse
au premier ministre parce que c'est le premier des ministres. En fin de semaine
dernière, le premier ministre du gouvernement canadien, M. Trudeau, a
déclaré que le Québec devait renoncer aux $250 millions
auxquels il a droit en vertu de la taxe dite du progrès social, et que
cet argent serait remboursé au gouvernement du Québec sous
d'autres formes.
Est-ce que le premier ministre, premièrement, a engagé des
pourparlers avec son homologue canadien et quelles sont ces autres formes que
pourraient prendre ces modalités de remboursement des $250 millions dont
M. Trudeau a dit à la télévision que le Québec
devait y renoncer?
M. BOURASSA: Je suppose, M. le Président, que je serai
peut-être plus en mesure de répondre au député de
Chicoutimi après le discours du budget annoncé pour demain soir
par M. Benson. Nous aurons un élément d'information que nous
n'avons pas aujourd'hui et qui nous permettra peut-être de donner une
réponse plus satisfaisante au député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Sans enfreindre le règlement, vous comprendrez que la
réponse du premier ministre est une esquive. Je veux bien croire qu'il y
aura le discours du budget...
M. LEVESQUE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en viens à la question, M. le
Président.
M. LEVESQUE: Le député savait qu'il allait enfreindre le
règlement. Il vous avait prévenu.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'en viens à la question.
M. LE PRESIDENT: Je connais trop l'expérience du
député de Chicoutimi pour lui permettre de s'égarer comme
cela en dehors du règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai une question additionnelle à poser
au premier ministre, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A qui? Aux journalistes?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Au premier ministre. M. le Président,
je pense que votre lapsus a une signification profonde en ce qui concerne le
gouvernement qui communique davantage avec les journalistes qu'avec nous.
A tout hasard, M. le Président, le premier ministre me
répond en disant qu'il y aura un discours du budget. Ce n'est pas cela
que je lui demande. Je sais qu'il y aura un discours du budget. Le premier
ministre doit déjà en connaître la teneur.
M. BOURASSA: Non, c'est secret.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Ce que je veux savoir, c'est: Est-ce qu'il y a
eu des pourparlers entre M. Trudeau et le premier ministre du Québec,
assis ici devant moi, et est-ce que, au cours de ces pourparlers, il a
été question de ces modalités de remboursement des $250
millions qui nous sont dus et dont M. Trudeau a dit en fin de semaine à
la télévision que le Québec devait y renoncer? Le discours
du budget de demain ne changera rien à cela.
M. BOURASSA: Cela, c'est l'opinion du député de
Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A moins que le premier ministre ait
déjà pris connaissance du discours du budget...
M. BOURASSA: Non, non!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... et qu'il ait été
consulté, lui, alors que lui ne consulte pas.
M. BOURASSA: Non, je dis que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: ... je présume du contenu du discours du budget de
demain soir. M. Trudeau a dit à la télévision dimanche
soir que le Québec, étant donné son taux de chômage
très élevé, pouvait, à la suite d'autres
négociations, par d'autres modalités que celle d'un remboursement
strict de la taxe sur le progrès social, bénéficier de
montants additionnels. Je dis donc que le discours du budget de demain soir
nous donnera peut-être plus d'informations là-dessus. C'est
évident que j'en ai discuté, que j'ai négocié avec
le premier ministre du Canada. J'ai fait valoir le point de vue du
Québec encore hier soir, dans une conversation
téléphonique, mais nous aurons plus d'éléments
d'information demain soir, de telle sorte que vendredi matin je pourrai
répondre si oui ou non le gouvernement du Québec est
satisfait.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Une question additionnelle, M. le
Président. Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire si, au
cours de sa conversation avec M. Trudeau, il a fait état de l'argent
dont la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean aurait besoin pour mettre en
chantier les travaux dont je lui ai parlé l'autre jour?
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Une dernière question.
Le député de Saint-Jacques.
Rapport LeDain
M. CHARRON: M. le Président, au cours de la session
dernière, en réponse à une question du
député de Maskinongé avec lequel j'étais d'accord
d'ailleurs, je le salue avec émotion le ministre de la
Justice avait manifesté...
M. LE PRESIDENT: S'agit-il plutôt d'une question de
privilège?
M. CHARRON: Sur une question de privilège, M. le
Président, je me dissocie maintenant du député de
Maskinongé... Le ministre de la Justice avait informé la Chambre
qu'il avait l'intention de faire étudier le rapport LeDain soumis
à Ottawa par un comité à l'intérieur du
ministère de la Justice. Il avait spécifié qu'on ne savait
pas encore si cela serait étudié par un comité
interministériel ou seulement par la commission de la Justice. Ma
question est donc la suivante, maintenant: Est-ce que ce comité existe?
Comment a-t-il été formé?
Ma question est donc la suivante, maintenant. Est-ce que ce
comité existe? Comment a-t-il été monté? Et
où en sont rendus ses travaux?
M. CHOQUETTE: M. le Président, le comité n'existe pas. On
comprendra que mes occupations, depuis deux mois, m'ont empêché de
m'occuper de drogues.
UNE VOIX: Quelle allusion, faites-vous?
M. CHARRON: Vous avez drogué la population pendant deux mois.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé aurait...
M. CADIEUX: Le ministre...
M. LE PRESIDENT: ... une réponse à apporter à une
question posée antérieurement.
Médecins exerçant au
Québec
M. CASTONGUAY: Le député de Beauce m'a demandé, il
y a environ quinze jours, des données sur les départs et les
arrivées de médecins au Québec. Comme je l'avais
mentionné, j'ai communiqué avec le Collège des
médecins et chirurgiens; les données qui me sont transmises
portent sur le nombre des médecins qui ont abandonné l'exercice
de la médecine c'est le seul mode de contrôle qu'il a
et de ceux qui ont obtenu le droit d'exercice de la médecine.
Pour l'année 1970, ceux qui ont abandonné l'exercice de la
médecine sont au nombre de 167. Pour l'année 1969, il a
été de 121. On note, dans la lettre, que certains ont
abandonné pour des raisons autres que le départ,
c'est-à-dire des raisons de santé, de retraite et,
évidemment, à mesure que le nombre total des médecins
augmente, ce nombre augmente.
Si on regarde les données d'un peu plus près, on remarque
qu'en septembre 1970, pendant une période un peu tendue dans ce secteur,
seulement onze médecins ont cessé de pratiquer, alors que le
nombre correspondant, pour la même période de 1969, était
de 26. En octobre 1970, le mois pendant lequel il y a eu grève, 47
médecins ont abandonné l'exercie de leur profession, mais, l'an
dernier, le nombre était de 28. Donc, il y aurait eu, pour ce mois, une
augmentation de 19. Mais l'an dernier, en juin 1969, un mois ordinaire à
ce sujet-là, il y avait également eu 47 médecins qui
avaient quitté ou abandonné l'exercice de la médecine.
Alors, les conclusions que l'on peut tirer sur ce plan n'indiquent pas, quand
on considère qu'il y a 7,000 médecins, qu'il y a eu exode
significatif de médecins.
Sur le plan des entrées maintenant, en 1970, on a admis à
la pratique 147 médecins et 182 en 1969. Mais, dans les chiffres de
1969, on comprend le mois de décembre, alors qu'en 1970, pour des
raisons évidentes, on ne compte pas ce mois. Et là encore,
lorsqu'on regarde les nombres, à compter de juin, pour chaque mois,
comparativement à l'an dernier, cela se maintient à peu
près au même niveau. Les écarts proviennent plutôt du
début de l'année. Je dépose deux copies de ces
documents.
M. LE PRESIDENT: Avant de passer aux affaires du jour, l'honorable
ministre des Affaires culturelles m'a demandé la permission de soulever
une question de privilège.
Question de privilège Politique
d'immigration
M. CLOUTIER (Ahuntsic): M. le Président, en ma qualité de
ministre de l'Immigration, j'ai présenté un document à la
presse, le mardi 1er décembre. Ce document portait sur la conjoncture
économique en regard de l'immigration. A cette occasion, j'ai
été amené à répondre aux questions que m'ont
posées les journalistes présents. J'ai expliqué que ce
document était le premier d'une série qui devait m'amener
à présenter, dans les six mois, une véritable politique de
l'Immigration.
J'ai signalé que le ministère était actuellement en
pourparlers avec le gouvernement fédéral pour s'assurer une marge
de manoeuvre plus grande dans le recrutement et la sélection des
immigrants susceptibles de s'établir au Québec.
J'ai également souligné l'importance, pour le
Québec, d'obtenir un certain contrôle de son immigration, de
manière à ce que celle-ci réponde vraiment à ses
besoins, en insistant sur la nécessité de l'intégration
culturelle et linguistique des immigrants à la majorité mais sans
l'imposition de mesures coercitives.
Enfin, j'ai fait allusion à une loi qui serait
présentée sous peu à l'Assemblée nationale et qui
aurait pour objectif de favoriser l'adaptation des immigrants. Tous les
journaux que j'ai consultés me paraissent avoir rendu correctement ma
pensée. Un seul a dénaturé mes déclarations de
telle façon que je crois de mon devoir de faire une mise au point. Il
s'agit de la Gazette.
J'en viens à la conclusion que le journaliste dont la bonne foi
n'est pas en cause n'a pas compris le sens de mes propos. Ce dernier devrait,
d'ailleurs, s'en rendre compte en comparant ses notes à celles des
autres journalistes. De plus, ayant appris la prudence dans mes rapports avec
la presse au cours de ma campagne électorale, j'ai en ma possession un
enregistrement de cette conférence de presse que je peux mettre à
sa disposition.
La Gazette, dans un titre de première page, donne l'impression
que le Québec entend poser un véritable ultimatum aux immigrants
s'ils refusent de s'assimiler à la majorité. Il laisse entendre
qu'une législation sera présentée en ce sens. Voici le
titre: "French or stay out. Quebec seeks law". Il s'agit du journal d'aujour-
d'hui, mercredi, le 2 décembre. Dans le texte, les erreurs sont
tellement flagrantes qu'il faudrait reprendre pratiquement chaque phrase, de la
première partie. C'est ainsi qu'il est dit que "Quebec is pressuring
Ottawa to refuse immigrants who are unwilling to integrate into the province's
French-speaking milieu". Il s'agit d'une interprétation et il n'y a pas,
dans mes déclarations, de raison d'en arriver à cette conclusion.
Plus loin, il est dit que le Québec:"...is seeking changes in Canada's
immigration laws". Là encore, il n'y a rien qui corresponde à ce
que j'ai dit. La négociation en cours ceci a été
précisé n'a pas pour but de changer la loi ou de
préconiser certains amendements. Elle touche simplement les mesures
pratiques qui permettraient au Québec d'être présent et
d'influer sur le recrutement ainsi que sur la sélection des
immigrants.
Ces deux exemples sont symptomatiques de l'article en question. Quant
à la coercition, je vais vous citer un passage d'un autre journal
anglophone, le Montreal Star, qui rend parfaitement ma pensée.
"Coercion, however, is not my style. I found from history that coercion has
never worked as far as integration goes. There is no question, however, of
selection of immigrants based on linguistic lines. Instead, our aim is for
complete information to immigrants before they arrive here".
M. le Président, si j'ai cru nécessaire d'invoquer une
question de privilège, c'est qu'une telle distorsion risque d'avoir
certaines conséquences sur le plan économique et également
sur le plan humain du point de vue des immigrants. On sait que les questions
qui touchent la langue et les droits acquis sont extrêmement
délicates. Je ne puis donc que souhaiter que la Gazette rectifie les
propos que l'on m'a prêtés, en les plaçant dans leur
véritable optique, quitte à s'inspirer des autres journaux, et en
tenant compte de toutes les nuances.
Je vous remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Questions inscrites au feuilleton
M. LEVESQUE: M. le Président, je voudrais répondre
à certaines questions.
Article 2, question de M. Laurin. Réponse par M. Choquette.
Lu et répondu.
Article 3, question de M. Burns. Réponse par M. Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 4, question de M. Burns. Réponse par M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 5, question de M. Burns. Réponse par M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 6, question de M. Burns. Réponse par M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 7, question de M. Burns. Réponse par M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 8, question de M. Burns. Réponse par M.
Choquette.
M. CHOQUETTE: Lu et répondu.
M. LEVESQUE: Article 10. Question de M. Vincent et réponse de M.
Saint-Pierre.
UNE VOIX: Cela répond, cela répond.
M. LEVESQUE: Article 14.
M. BOURASSA: On n'a rien à cacher.
M. LEVESQUE: Question de M. Drolet et réponse de moi-même.
Lu et répondu.
M. BERTRAND: L'honorable moi-même. M. BOURASSA: On ne cache
rien.
M. LEVESQUE: Article 30, motions de députés. Une motion de
M. Burns. Documents déposés par M. Choquette.
M. CHOQUETTE: II n'est pas dans l'intérêt public de donner
suite à cette motion et de déposer la correspondance qui pourrait
avoir été échangée à cette occasion.
M. LEVESQUE: Article 31.
M. BERTRAND: Est-ce qu'il y en a eu?
M. BURNS: Le ministre sait-il quel article?
M. CHOQUETTE: II n'est pas dans l'intérêt public de donner
suite à cette motion et de déposer la correspondance qui pourrait
avoir été échangée à cette occasion.
M. BERTRAND: M. le Président, il n'est peut-être pas dans
l'intérêt public de communiquer la correspondance, mais y en
a-t-il eu, de la correspondance?
M. CHOQUETTE: II n'est pas dans l'intérêt public de le
dire.
M. BERTRAND: Oh!
M. PAUL: Vous êtes cachottier!
M. CHOQUETTE: Je crois qu'il s'agit de correspondance au sujet
d'amendements aux lois du Parlement fédéral. Je puis assurer les
députés qu'il y a eu des échanges
téléphoniques, qu'il y a eu des télex; il y a eu
peut-être de la correspondance, mais il n'est pas d'intérêt
public de révéler le contenu des échanges qui ont pu avoir
lieu entre les deux gouvernements.
M. BERTRAND: On les verra quand nous retournerons au gouvernement.
M. LEVESQUE: Article 31. Motion de M. Laurin, réponse de M.
Choquette. Article 40. Un ordre de la Chambre à la suite d'une motion de
M. Vincent, dépôt de documents par M. Toupin.
M. TOUPIN: Documents déposés.
M. LEVESQUE: Article 41. Motion de M. Masse, documents
déposés par M. Tessier.
M. TESSIER: Documents déposés.
M. LEVESQUE: M. le Président, puis-je vous référer
aux articles 57, 58, 59 et 60? Je fais motion pour que les projets de loi
numéros 109, 123, 175 et 180 franchissent maintenant l'étape du
comité plénier, ensuite la troisième lecture, et que le
secrétaire fasse les inscriptions nécessaires.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que cette motion est adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE: Article 21.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. LEVESQUE: Si vous me le permettez, M. le Président, je
désirerais rappeler à cette Chambre je m'excuse
auprès du ministre de l'Agriculture si je l'interromps
momentanément que nous avons fait motion ce matin, à la
commission parlementaire des Institutions financières, Compagnies et
Coopératives, pour que l'étude, en commission, du projet de loi
45 se poursuive cet après-midi à partir de quatre heures. Cela se
passera à la salle 81-A. Nous continuerons, ici en Chambre,
l'étude de la motion du député de Saint-Maurice.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture.
Motion de M. Deniers sur les problèmes
agricoles
M. Normand Toupin
M. TOUPIN: M. le Président...
M.PAUL: Je suis content de vous voir revenu en santé d'Ottawa. On
avait l'impression que vous étiez revenu à pied.
M. TOUPIN: Je suis revenu à pied aussi, de chez moi.
M. le Président, à la fin de mon intervention, mercredi
dernier, sur la motion du député de Saint- Maurice,
j'émettais certaines opinions sur la teneur de cette motion. Je
considérais que la motion telle que rédigée ne rejoignait
pas les buts visés par le député de Saint-Maurice.
Ces buts, au fond, étaient d'entendre la régie sur son
rôle. Il est bien sûr que la régie, comme je le disais
mercredi dernier, n'a rien à voir avec les plans conjoints du
gouvernement fédéral. D'ailleurs, il n'en existe pas. La
régie n'administre pas non plus de plans conjoints comme tels. Les plans
conjoints, pour la plupart des cas, sont administrés par les
producteurs. Il est bien évident, par ailleurs, que les décisions
que prend la régie peuvent avoir certaines influences sur le
développement de l'agriculture, mais la régie n'intervient pas
dans l'élaboration générale des politiques agricoles au
Québec.
Ces politiques sont du ressort du gouvernement et non de la Régie
des marchés. Le rôle de la régie, au fond, est
d'administrer et d'appliquer la loi de mise en marché des produits
agricoles au Québec. Dans cette optique, elle a des décisions
à prendre quant à l'approbation ou à la non-approbation
d'un plan conjoint, d'un projet de plan conjoint qui lui est soumis par un
groupe de producteurs.
Elle peut aussi, si elle le juge à propos, amender un plan
conjoint. Elle peut aussi approuver ou ne pas approuver un règlement de
commercialisation proposé par un groupe de producteurs réunis en
un plan conjoint. Elle peut aussi, si elle le désire, amender ses
règlements de commercialisation ou autres. Elle peut également
décider de mettre fin à un plan conjoint. Présentement, la
Régie des marchés agricoles du Québec peut difficilement
aborder des problèmes relatifs aux sujets suivants:...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce que le ministre me permettrait une
question?
M. TOUPIN: Oui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre vient de déclarer que la
régie n'a rien à voir avec les plans conjoints. Or, il vient
d'examiner une série de problèmes auxquels elle a à voir,
dont elle doit s'occuper; comment peut-il concilier sa première
affirmation s'il veut la relire, il a un texte avec ce qu'il
vient de nous dire des fonctions de la régie concernant les plans
conjoints? Là, il est en flagrante contradiction avec
lui-même.
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai pas affirmé que la
régie n'avait rien à voir avec les plans conjoints.
M. DEMERS: C'est pour ça qu'on veut faire venir ses
administrateurs.
M. CROISETIERE: C'est pour ça qu'on veut les faire venir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Donc, la motion du député de
Saint-Maurice...
M. TOUPIN: J'affirme qu'elle n'administre pas de plans conjoints selon
la Loi de mise en marché des produits agricoles du Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, invoquant le
règlement, j'aimerais bien que le ministre, pour nous renseigner, nous
relise la première partie de son discours où il a parlé de
la responsabilité de la régie en fonction des plans conjoints,
afin qu'on sache exactement ce qu'il sait de la régie et ce qu'il sait
des plans conjoints.
M. LEVESQUE: M. le Président, vous me permettrez d'intervenir
pour suggérer au député de Chicoutimi, s'il a l'intention
de participer au débat, de ne pas risquer d'avoir déjà
exercé son droit de parole; mais, nous serions certainement très
intéressés à l'entendre par la suite.
UNE VOIX: II a demandé la parole.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, sur ce rappel au
règlement, je comprends très bien la sollicitude de mon cher ami,
le ministre leader de la Chambre, qui désire tirer d'embarras son
collègue. Je n'ai pas exercé mon droit de parole et qu'il ne
s'inquiète pas, je l'exercerai en temps utile afin d'aider son
collègue à comprendre exactement ce qu'est le ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation.
M. LE PRESIDENT (Hardy): L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation.
M. TOUPIN: Je disais que la régie peut difficilement discuter en
commission les productions suivantes qui sont sous l'empire de plans conjoints.
Par exemple, il serait difficile pour elle de répondre à toute
question relative à la Fédération des producteurs d'oeufs
du Québec puisque, actuellement, cette fédération est en
négociation avec les acheteurs. Alors il est
bien sûr que la régie hésiterait à
répondre à des questions s'appliquant à ce secteur.
Il lui serait difficile aussi de répondre à des questions
s'appliquant au lait industriel et au lait nature puisque ces deux-là
aussi sont présentement en négociation afin d'en venir à
une entente sur une politique laitière unique pour les deux types de
production. Il serait difficile pour elle aussi d'aborder la question du bois
à pâte puisqu'un projet de commercialisation a été
déposé à la régie, une audience publique fut tenue
et la régie n'a pas encore rendu sa décision.
Il lui serait difficile aussi de discuter du problème du poulet
à griller puisqu'un plan conjoint sera bientôt soumis au vote des
producteurs.
Pour toutes ces raisons, je ne crois vraiment pas nécessaire de
me rendre à la motion du député de Saint-Maurice.
Néanmoins, il y aurait peut-être lieu, en précisant
davantage la motion, de regarder la possibilité de réunir la
commission et peut-être d'entendre la régie.
Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, je n'ai pas compris exactement la
fin de l'intervention du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation.
UNE VOIX: C'était "Merci, M. le Président".
M. VINCENT: II a dit qu'il refusait, pour différentes raisons,
d'accepter cette motion qui se lit comme suit: "Qu'instruction soit
donnée à la commission de l'Agriculture et de la Colonisation de
convoquer les membres de la Régie des marchés agricoles du
Québec pour étudier les problèmes des contribuables
québécois dans l'application du système des plans
conjoints des gouvernements fédéral et provincial et dans
l'application de la Loi des marchés agricoles et de ses
amendements".
Il a dit qu'il ne voyait pas l'opportunité d'accepter cette
motion et il a terminé en disant: Cependant, il y aurait lieu, si on
amendait la motion, de convoquer la commission pour entendre les fonctionnaires
de la régie.
M. TOUPIN: M. le Président, si vous me permettez. Je ne pense pas
avoir dit "amender la motion", j'ai dit "en précisant la motion".
M. VINCENT: Bien, à ce moment-là, c'est amender la motion.
C'est un amendement que d'apporter une précision.
M. LEVESQUE: On verra. Que le député fasse son
discours.
M. PAUL: J'ai l'impression que le leader du gouvernement nous
réserve une agréable surprise.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! A l'ordre!
La parole est à l'honorable député de Nicolet.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: Donc, M. le Président, le ministre, mercredi dernier
et également aujourd'hui, a fait certaines affirmations qui nous
laissent perplexes. D'abord, le député de Saint-Maurice, alors
qu'il a préparé et présenté cette motion, avait
à la mémoire une discussion qui a eu lieu en cette Chambre au
mois de juillet dernier alors que le député de Saint-Maurice,
s'adressant au ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, lui demandait
certaines informations concernant la Régie des marchés agricoles,
son rôle, ses fonctions, etc.
A ce moment-là, le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation a dit : Je ne puis répondre pour la Régie des
marchés agricoles ou à peu près en ces termes
car la Régie des marchés agricoles est un organisme quasi
judiciaire qui relève du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation
seulement sur le plan administratif.
C'est là que le député de Chambly, alors leader
parlementaire, s'est levé pour dire au député de
Saint-Maurice: Si vous voulez absolument poser des questions à la
Régie des marchés agricoles du Québec, vous n'avez
qu'à faire motion pour convoquer les membres de la Régie des
marchés agricoles. Ceux-ci se feront certainement un plaisir et un
devoir de venir renseigner tous les honorables membres de la commission, tous
les députés de cette Assemblée nationale. Ils
répondront ainsi, d'une façon claire et précise, aux
questions auxquelles le député de Champlain ne se sentait pas
capable ou n'était pas en mesure d'apporter des réponses.
C'est la première raison pour laquelle le député de
Saint-Maurice a fait cette motion. Deuxième raison, c'est que
déjà, au cours des dernières années, il avait
été maintes fois question d'en arriver un jour à avoir,
devant la commission parlementaire, les membres de la régie qui
pourraient renseigner les députés de cette Chambre sur la Loi des
marchés agricoles, sur leur travail, sur la façon dont on
procédait pour faire accepter un plan conjoint, sur la procédure
suivie, en définitive, pour mettre en marche les plans conjoints tels
qu'ils existent dans la province.
On sait, M. le Président le ministre de l'Agriculture a
omis de nous le dire, mais je suis convaincu qu'il le sait que
récemment le ministre de l'Agriculture recevait un rapport sur
les activités de la Régie des marchés agricoles du
Québec durant l'exercice financier terminé le 31 mars 1970. Dans
ce rapport, on peut lire qu'au 31 mars 1970 il existait dans la province de
Québec 64 plans conjoints; 37 de ces plans étaient
administrés par des offices de producteurs, 25 par des syndicats et 2
par des fédérations de syndicats. Au cours de l'année
1969, la valeur des produits commercialisés en vertu des plans conjoints
est passée de $11,552,286 à $283,472,618, soit une augmentation
de $171,920,332. Près de 45 p. c. de toute la production agricole
commercialisée au Québec l'est par le truchement des plans
conjoints et, en quelque sorte, par le truchement de la Loi de mise en
marché qui existe au Québec.
Pourquoi le député de Saint-Maurice a-t-il voulu
présenter cette motion? C'est parce que, de plus en plus, non seulement
les honorables députés de cette Chambre, mais les organisations
agricoles veulent qu'on apporte des amendements à la Loi des
marchés agricoles. De plus en plus, nous recevons des pétitions
de producteurs et de consommateurs nous demandant d'expliciter la Loi des
marchés agricoles. De plus en plus, également, le ministre actuel
de l'Agriculture se promène dans toute la province, en disant en dehors
de cette Chambre, que la Loi des marchés agricoles est
inadéquate. Mais, jamais il ne nous a dit quel article, quel
mécanisme de la loi il faut changer.
Le député de Saint-Maurice, voyant que le ministre de
l'Agriculture lui-même affirmait que la Loi des marchés agricoles
était inadéquate, s'est dit: Enfin, nous allons demander aux
officiers de la Régie des marchés agricoles du Québec de
venir nous dire ce qu'ils pensent de la Loi des marchés agricoles,
quelles sont les difficultés qu'ils rencontrent et quelles sont celles
que les producteurs agricoles du Québec rencontrent. N'oublions pas, M.
le Président, que la Loi de mise en marché des produits agricoles
au Québec, loi créant également la Régie des
marchés agricoles du Québec, a donné des fonctions aux
membres de la régie. Ces fonctions, j'ai l'intention, au cours des
quelques minutes qui sont mises à ma disposition, de les rappeler au
ministre actuel de l'Agriculture, comme je le disais, tout à l'heure,
que nous avions de plus en plus de demandes d'amender la Loi des marchés
agricoles du Québec.
M. le Président, c'est le président général
de l'UCC, M. Albert Allain, qui déclarait récemment, dans La
Terre de Chez Nous du 4 novembre 1970, en parlant de la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec:"Il a du
reste été établi qu'avec un contrôle total de la
commercialisation des oeufs au Québec, la fédération
aurait pu rencontrer facilement ses estimés budgétaires et la
situation financière ne causerait aucun problème, au
contraire".
Le président général de l'UCC continue: "On ne peut
donc mettre en doute la bonne administration de la fédération,
compte tenu des circonstances. A ce sujet, le président
général de l'UCC, M. Albert Allain, a invité le
gouvernement et en particulier le ministre, M. Normand Toupin, à se
rendre compte par lui-même de la véracité de ses dires.
Ainsi, a précisé M. Allain, le ministre et les fonctionnaires du
MAC pourraient eux-mêmes, après avoir consulté les livres,
rétablir les faits et mettre un terme aux racontars de toutes sortes
qu'on fait courir actuellement dans le public. Les autorités
gouvernementales sont d'ailleurs les mieux placées pour contredire la
propagande erronée et souvent malveillante de certains media
d'information".
C'est justement pourquoi, M. le Président, le
député de Saint-Maurice a demandé de convoquer les membres
de la Régie des marchés agricoles. Ainsi, nous pourrions poser
des questions et éviter ces fausse interprétations si
fausses interprétations il y a dans le public concernant
l'administration des plans conjoints dans la province.
Le ministre de l'Agriculture, pour confirmer ce que je disais tout
à l'heure, nous dit également, en parlant des malaises actuels de
l'agriculture, dans un discours qu'il a prononcé au 46e congrès
général de l'UCC: "Cependant, pour que ces formules de mise en
marché s'établissent avec plus d'harmonie et avec une meilleure
capacité, il faut se protéger contre l'envahissement de ceux qui
désirent abuser du Québec. Et afin de s'assurer aussi que ces
formules de mise en marché soient bien structurées avant leur
mise en application, il nous faudra sûrement regarder de très
près la Loi de mise en marché des produits agricoles et y
apporter, s'il y a lieu, les amendements qui seront nécessaires pour
assurer le bon fonctionnement de ces organismes de mise en marché, tant
au niveau administratif qu'à tous les autres niveaux".
C'est là que le député de Saint-Maurice veut aider
le député de Champlain, son voisin, en convoquant devant la
commission parlementaire les membres de la Régie des marchés
agricoles qui pourront nous dire ce qui fait défaut. Et quand le
ministre de l'Agriculture dit, par exemple: "Le ministre Toupin fera
l'impossible pour donner des dents à la loi", le député de
Saint-Maurice veut aider le député de Champlain, en convoquant
les membres de la Régie des marchés agricoles, à poser des
dents à la Loi des marchés agricoles, car le ministre le
déclare lui-même. C'est une déclaration du ministre, M.
Normand Toupin: "La législation actuelle régissant le
contrôle de la mise en marché des oeufs de consommation au
Québec est trop facile et, en conséquence, le ministre de
l'Agriculture et de la Colonisation, M. Normand Toupin, a assuré la
Fédération des producteurs la semaine dernière qu'il
ferait tout en son pouvoir "pour donner des dents à la loi"."
Si, comme le suggère le député de Saint-Maurice,
nous avions les membres de la Régie
des marchés agricoles devant nous, nous pourrions leur demander
ce qui est trop facile dans la loi et quels seraient les amendements que
pourrait apporter le législateur à la Loi de la mise en
marché des produits agricoles au Québec?
Le ministre a également déclaré, en d'autres
circonstances: "Pour se protéger contre l'envahissement de ceux qui
désirent abuser du Québec, il nous faudra sûrement regarder
de très près la Loi de mise en marché des produits
agricoles et y apporter les amendements qui seront nécessaires".
Je pourrais citer plusieurs articles de journaux où le ministre,
partout dans la province affirme que la loi doit être amendée.
Quand il parle devant les fédérations de l'UCC, par
exemple. C'est là que le député de Saint-Maurice veut
l'aider. Et je continue, M. le Président. En regardant de très
près, pour refuser la motion, le député de Champlain nous
parle d'abord des problèmes de l'agriculture. Il nous dit que le
deuxième problème a trait à une faiblesse vis-à-vis
de l'orientation des productions agricoles du Québec. Et ça,
c'est le ministre actuel de l'Agriculture qui nous le dit. Il a affirmé,
la semaine dernière, mercredi, que "le deuxième problème a
trait à une faiblesse vis-à-vis de l'orientation des productions
agricoles au Québec", page 1800, journal des Débats de
l'Assemblée nationale, le mercredi 25 novembre 1970.
Il continue, en disant que le troisième problème est "la
faiblesse au niveau des mécanismes de mise en marché". Il
continue, en disant "je ne vois pas ce que viennent faire au niveau de la mise
en marché les politiques fédérales". Il conclut, toujours
à la page 1800 des Débats de l'Assemblée nationale, du
mercredi 25 novembre 1970, en refusant la motion: "La motion du
député de Saint-Maurice, vue dans cette perspective de
l'agriculture, ne me paraît pas tellement réaliste".
Regardons la Loi des marchés agricoles du Québec, laquelle
loi...
M. TOUPIN: Est-ce que je pourrais poser une question au
député de Nicolet?
M. VINCENT: Oui, certainement.
M. TOUPIN: Est-ce que le député de Nicolet pourrait me
dire ce que viennent faire, dans la motion, les mots "plan conjoint...
fédéral"?
M. VINCENT: J'y arrive et c'est exactement ce que j'ai l'intention de
dire au ministre de l'Agriculture.
M. PAUL: Instruisez-le. Instruisez-le.
M. VINCENT: Le ministre de l'Agriculture a dit: "Le deuxième
problème a trait à une faiblesse vis-à-vis de
l'orientation des produc- tions agricoles au Québec". Et il dit: "La
motion du député de Saint-Maurice, vue dans cette perspective de
l'agriculture, ne me paraît pas tellement réaliste."
A l'article 9 du chapitre 120 des Statuts refondus de la province de
Québec, 1964, on lit à l'article 9c): "La régie a pour
fonction générale d'aider à orienter la production
agricole de façon à faire profiter les producteurs de ces
débouchés." Le ministre dit: La régie n'a rien à
faire dans l'orientation des productions agricoles au Québec. Mais,
c'est une fonction générale que la Régie des
marchés agricoles a reçue, en vertu de la Loi des marchés
agricoles du Québec.
M. TOUPIN: Aider à l'orienter.
M. VINCENT: Oui, oui. Et le ministre continue...
M. DEMERS: Oui, mais, nous autres, on veut...
M. VINCENT: Et c'est là que le député de
Saint-Maurice veut aider...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre!
M. VINCENT: ... le ministre à aider la régie, pour que la
régie puisse aider le ministre. Et là, le député de
Champlain continue, en disant: "Le troisième problème est la
faiblesse au niveau des mécanismes de mise en marché." Et
là, il voit que la motion 'du député de Saint-Maurice pour
convoquer les membres de la régie n'est pas tellement réaliste.
Voyons, à l'article 9d), quelles sont les fonctions
générales de la Régie des marchés:
"Généralement, de collaborer avec les producteurs, les
organisations coopératives ou professionnelles d'agriculteurs, les
associations de consommateurs et les représentants du commerce des
produits agricoles, pour favoriser une mise en marché ordonnée,
efficace et juste des produits agricoles". C'est une fonction
générale de la régie des marchés. Donc, le ministre
n'a pas raison de dire que la régie des marchés n'a rien à
faire avec les mécanismes de mise en marché. Que la Régie
des marchés agricoles ne puisse pas élaborer des politiques au
nom du gouvernement, je suis d'accord. Mais, la Régie des marchés
agricoles a une fonction en ce qui concerne la collaboration qu'elle doit
apporter pour favoriser une mise en marché ordonnée, efficace et
juste des produits agricoles.
Et le ministre de l'Agriculture mentionne: "Je ne vois pas ce que
viennent faire au niveau de la mise en marché les politiques
fédérales." Le ministre revient d'Ottawa. Est-ce qu'il n'a pas
entendu dire, à Ottawa, que le gouvernement fédéral se
proposait d'établir, par une législation, des modalités
concernant les échanges de produits entre les provinces,
d'établir,
par des législations, des organismes qui pourraient avoir, sous
cet organisme général, les plans conjoints provinciaux?
Et de plus, quand le ministre dit: "Je ne vois pas ce que viennent
faire, au niveau de la mise en marché, les politiques
fédérales", il faut penser que la Régie des marchés
a, par la Loi de mise en marché des produits agricoles, article 10,
paragraphe k), comme pouvoirs et attributions pour fins de mise en
marché, le devoir de "coopérer avec des organismes similaires au
Canada pour la mise en marché, hors de la province, de tout produit
commercialisé et exercer à cette fin les pouvoirs et accomplir
les devoirs qui résultent de toute loi d'une autre juridiction
prévoyant une telle coopération". Le ministre se pose la
question: Que viendrait faire la Régie des marchés agricoles avec
le gouvernement fédéral, alors qu'on discute au gouvernement
fédéral d'un projet de loi:..
M. CROISETIERE: II va en apprendre plus aujourd'hui qu'il n'en a appris
dans le passé.
M. TOUPIN: Nommez-moi un plan conjoint fédéral pour qu'on
puisse en discuter.
M. VINCENT: Non. Voyons, il n'y a aucun plan conjoint
fédéral qui existe!
M. TOUPIN: Alors, pourquoi le met-on dans la motion?
M. VINCENT: Nous ne parlons pas des plans conjoints, M. le
Président; nous parlons de la mise en marché.
M. TOUPIN: Lisez la motion, M. le député de Nicolet.
M. VINCENT: On parle de la mise en marché. Je vais relire la
motion.
M. TOUPIN: Relisez la motion.
UNE VOIX: II semble qu'il n'y ait que lui qui ait le pas, M. le
Président.
M. VINCENT: Nous allons relire la motion: "Qu'instruction soit
donnée à la commission de l'Agriculture et de la Colonisation de
convoquer les membres de la Régie des marchés agricoles du
Québec pour étudier les problèmes..."
UNE VOIX: Pas trop vite.
M. VINCENT: "... rencontrés par les contribuables
québécois..." Je reviendrai tout à l'heure sur le mot
"contribuables".
M. TOUPIN: Continuez.
M.VINCENT: "... dans l'application du système des plans
conjoints..."
M. TOUPIN: Nommez-moi un plan conjoint fédéral, s'il y en
a un.
M. VINCENT: "... des gouvernements fédéral et
provincial...
M. TOUPIN: C'est ça.
M. VINCENT: "... et dans l'application de la Loi des marchés
agricoles et de ses amendements".
M. TOUPIN: D'accord.
M. VINCENT: C'est une motion générale.
M. LEVESQUE: Voyons. Une motion générale, mais
extrêmement imprécise ou erronée.
M. TOUPIN: C'est la raison pour laquelle j'ai demandé au
député de Saint-Maurice qui avait rédigé cette
motion.
M. VINCENT: II aurait pu dire la Loi de mise en marché tant sur
le plan provincial que fédéral; c'est seulement le mot.
M. TOUPIN: Ce n'est pas ma faute si on n'arrive pas à bien
s'exprimer dans une motion.
M. VINCENT: Je continue, M. le Président. M. SAINT-PIERRE: Les
traditions.
M. VINCENT: Le ministre de l'Agriculture nous a dit la semaine
dernière: "Alors, je ne vois pas effectivement ce que vient faire le
contribuable québécois dans l'application des plans conjoints".
Imaginez-vous, M. le Président!
M. TOUPIN: Le député de Nicolet pourrait-il nous
définir ce qu'est un contribuable?
M. VINCENT: Pardon?
M. PAUL: M. le Président, sur un rappel au règlement.
Pourriez-vous inviter l'honorable ministre de l'Agriculture à
procéder selon la forme prévue au règlement pour
interrompre l'intéressant opinant?
M. LE PRESIDENT (Hardy): Evidemment, je donne raison à
l'honorable député de Maskinongé et je rappelle à
tous les honorables membres de cette Chambre que, lorsqu'un orateur a la
parole, si on veut lui poser une question, on doit obtenir d'abord sa
permission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien.
M. VINCENT: Pour refuser la motion du député de
Saint-Maurice, non sur une question de mots, mais quant au fond de la
motion
visant à convoquer les membres de la Régie des
marchés agricoles devant la commission parlementaire, je me demande si
l'honorable ministre de l'Agriculture a consulté ses propres
collègues qui, eux, aimeraient également avoir plus
d'informations sur le rôle que joue la Régie des marchés
agricoles dans la politique de mise en marché des produits agricoles au
Québec. Le ministre de l'Agriculture continuait, la semaine
dernière, toujours à la page 1800 des Débats: "Alors, je
ne vois pas effectivement ce que vient faire le contribuable
québécois dans l'application des plans conjoints." Le
cultivateur, ce n'est pas un contribuable québécois?
M. TOUPIN: Pourrais-je poser une question au député de
Nicolet?
M.VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Quand un plan conjoint est voté, pouvez-vous me dire
à qui on adresse le bulletin de vote?
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Non! A tout contribuable.
M. VINCENT: Quand il est voté?
M. TOUPIN: Quand on met un plan conjoint aux voix, à qui fait-on
parvenir le bulletin de vote?
UNE VOIX: Aux producteurs.
M. VINCENT: Aux producteurs. Et le producteur n'est pas un
contribuable?
M. TOUPIN: La loi s'applique aux producteurs, M. le
Président.
M. DEMERS: Voyons donc! M. VINCENT: Justement.
M. DEMERS: Indirectement aux contribuables.
M. VINCENT: Le ministre vient de nous dire que la loi s'applique aux
producteurs. C'est faux. Le ministre n'a jamais lu la Loi de mise en
marché des produits agricoles au Québec, même s'il a
été, pendant quelques années, directeur régional de
l'UCC.
Car, à l'article 9, des fonctions générales de la
Régie des marchés- agricoles, paragraphe a) des Statuts refondus
de 1964, chapitre 120 cela vaudrait la peine que le ministre le lise, ou
le relise, s'il l'a déjà lu voici ce que l'on donne comme
fonction générale à la Régie des marchés
agricoles: "Aider à coordonner les diverses opérations de la mise
en marché des produits agricoles d'une manière aussi avantageuse
que possible pour les producteurs, tout en tenant compte des
intérêts légitimes des consommateurs".
M. TOUPIN: Où voyez-vous le mot "contribuable"?
M. VINCENT: Les producteurs ne sont-ils pas des contribuables? Les
consommateurs ne sont-ils pas des contribuables?
M. PAUL: C'est effrayant!
M. TOUPIN: C'est la raison pour laquelle j'ai posé la
question.
M. VINCENT: Je continue. Le ministre de l'Agriculture nous dit: "Que
vient faire la régie dans l'application des plans conjoints? "
Imaginez-vous! Un ministre de l'Agriculture qui se demande ce que vient faire
la régie dans l'application des plans conjoints!
M. TOUPIN: Oui.
M. VINCENT: A la page 1801, le mercredi 25 novembre 1970.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est cela.
M. VINCENT: Quiconque connaît un peu la Loi de la mise en
marché et le rôle de la Régie des marchés agricoles
du Québec sait fort bien que les plans conjoints de mise en
marché sont administrés par les producteurs. Que vient faire la
régie dans l'application des plans conjoints? Quiconque s'y
connaît sait très bien que la régie n'administre pas les
plans conjoints.
Regardons l'article 10, M. le Président. "La régie
possède, en outre, pour les fins de la mise en marché des
produits agricoles, les pouvoirs et attributions suivants c'est ce que
le député de Chicoutimi a voulu mentionner tout à
l'heure: a) approuver, avec ou sans modification, ou rejeter des plans
conjoints de mise en marché, conformément aux dispositions
ci-après édictées".
M. TOUPIN: Pourrais-je poser une question au député de
Nicolet?
M. VINCENT: Oui, deux fois.
M. TOUPIN: Pouvez-vous me nommer un plan conjoint administré et
appliqué par la Régie des marchés agricoles du
Québec?
M. VINCENT: M. le Président, à l'heure actuelle, tous les
plans conjoints sont administrés par des producteurs parce que les
pouvoirs du législateur ont été, par l'entremise de la
Régie des marchés agricoles du Québec,
prêtés, et non pas donnés, aux producteurs de la province.
La régie, comme elle l'a fait l'an dernier, a administré
temporairement des plans
conjoints qui étaient administrés par des producteurs.
M. TOUPIN: Lequel?
M. VINCENT: Le plan conjoint des producteurs de lait du marché de
Montréal. Le ministre est parfaitement au courant...
M. TOUPIN: Si le système...
M. VINCENT: ... que la régie a été obligée
de reprendre l'administration de ce plan conjoint.
M. TOUPIN: C'est seulement la péréquation qui est
administrée par...
M. VINCENT: Non, non. UNE VOIX: Règlement! M. PAUL:
Règlement!
M. DEMERS: Règlement! Avez-vous déjà vu un enfant
semblable?
M. VINCENT: La régie a ce pouvoir. Je pourrais continuer en
relevant des affirmations. A l'heure actuelle, il se pose un problème:
le député de Saint-Maurice veut jouer son rôle de
représentant d'un comté où plusieurs consommateurs sont
touchés par l'application des plans conjoints, et parce que le ministre
de l'Agriculture n'a pas voulu ou préférait ne pas
répondre, lorsque nous avons discuté le projet de loi, disant
qu'il n'était pas en mesure de répondre au nom de la
régie. Je crois que c'est le voeu de plusieurs membres de ce
comité que la commission parlementaire de l'agriculture siège
afin d'avoir devant eux les membres de la Régie des marchés
agricoles du Québec qui pourront répondre aux questions...
M. TOUPIN: Me permettez-vous une question?
M. VINCENT: Oui.
M. TOUPIN: Combien de fois la régie a-t-elle comparu depuis
1966?
M. VINCENT: M. le Président, à ce moment-là
était-ce nécessaire? Cela n'a jamais été
demandé. Personne ne voyait la nécessité de convoquer les
membres de la Régie des marchés agricoles du Québec parce
que, quand nous discutions le budget en Chambre, il y avait, à ce
moment-là, 46 députés libéraux.
M. TOUPIN: Comment se fait-il que cette motion vienne d'un parti qui
vient de laisser le pouvoir, alors qu'à ce moment-là il n'en
sentait pas la nécessité?
M. VINCENT: C'est parce que M. le Président, c'est
tellement facile de répondre lorsque nous avons
étudié les prévisions budgétaires du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation, alors que nous avons
discuté de la loi no 27, je crois, qui permettait au ministre...
Combien de fois le député de Nicolet, alors qu'il
était ministre de l'Agriculture, a-t-il rencontré la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec pour discuter
de son règlement no 6?
M. VINCENT: C'est justement, M. le Président, quand nous aurons
les membres de la Régie des marchés agricoles du Québec
devant nous que nous pourrons poser des questions et répondre. Vous
sentez qu'immédiatement le ministre de l'Agriculture a des questions
à poser, lui aussi. Vous voyez la nécessité qu'il y
aurait...
M. TOUPIN: Vous n'en aviez pas de questions à poser?
M. VINCENT: ... d'avoir devant nous les membres de la Régie des
marchés agricoles.
M. TOUPIN: Oui, M. le Président, j'ai des questions à
poser, mais je veux...
M. VINCENT: Regardez, M. le Président. Encore une fois, le
ministre de l'Agriculture veut se renseigner!
M. TOUPIN: Je veux les poser, moi, les questions, aux bonnes
personnes.
M. VINCENT: Pardon?
M. TOUPIN: J'en ai des questions à poser, mais je les pose aux
bonnes personnes. Je vous demande par exemple pourquoi vous n'êtes pas
entré en contact avec la Fédération des producteurs
d'oeufs du Québec avant le 11 mai 1970 pour discuter de son
règlement no 6.
M. DEMERS: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député de
Saint-Maurice invoque le règlement.
M. DEMERS: Est-ce que vous pourriez, M. le Président, rappeler
à l'ordre le ministre de l'Agriculture et lui indiquer, comme vous le
lui avez dit tantôt, qu'il devait se plier aux règlements de la
Chambre et demander la permission avant de questionner. Il a tellement de
choses à apprendre qu'au lieu de les demander à la Régie,
il aime mieux les demander à l'ancien ministre de l'Agriculture.
M. LEVESQUE: M. le Président, je ne veux pas prolonger la
discussion sur ce point de règlement, mais j'ai cru comprendre, de
l'attitu-
de sinon des paroles de l'ancien ministre de l'Agriculture, le
député de Nicolet, qu'il avait donné une permission
générale jusqu'à la fin de son discours au ministre de
l'Agriculture de lui poser les questions qu'il voulait poser. C'est ce que j'ai
compris.
M. DEMERS: II pourrait l'engager comme aviseur; vous avez bien pris le
ministre du Travail.
UNE VOIX: II a des remords.
M. VINCENT: Ceci faisait partie, M. le Président, d'une tactique
pour prouver aux membres de cette Chambre qu'il serait bon...
M. OSTIGUY: Une tactique des oeufs.
M. VINCENT: ... d'avoir devant la commission parlementaire les membres
de la régie. Jusqu'au ministre de l'Agriculture actuel qui se sent dans
l'obligation de poser des questions concernant la Loi des marchés
agricoles !
M. LEVESQUE: Concernant les erreurs que vous pouviez faire au cours de
votre discours...
M. VINCENT: Non, non, non, parce que, M. le Président, le
ministre de l'Agriculture m'a demandé combien de fois: Avez-vous
rencontré la Fédération des producteurs d'oeufs du
Québec avant le 11 mai?
M. LEVESQUE: II sait la réponse. M. VINCENT: Qu'il la donne donc!
M. LEVESQUE : Cela doit être zéro.
M. VINCENT: Qu'il la donne! Qu'il la donne !
M. LEVESQUE: C'est l'ancien ministre qui devrait le savoir le mieux,
c'est lui qui était présent. Comment se fait-il qu'aujourd'hui le
député de Nicolet demande au ministre de l'Agriculture...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement. Le leader de la Chambre doit savoir qu'il n'a pas plus que
d'autre le droit d'interrompre l'opinant et qu'il doit procéder comme
tout le monde procède c'est-à-dire se lever, demander la
permission, poser la question de privilège ou prendre toute autre
procédure permise par le règlement. J'apprends cela au
leader.
M. LEVESQUE: Je remercie le député de Chicoutimi de sa
grande sollicitude et de son intérêt soudain vis-à-vis du
respect des règlements de cette Chambre. Mais j'ai cru comprendre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai posé la question de
privilège...
M. LE PRESIDENT (Hardy): Ah, de privilège?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De privilège, oui et on doit poser la
question de privilège immédiatement, au moment où on croit
que...
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Le député de
Chicoutimi voudra bien expliciter sa question de privilège.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le leader de la Chambre, mon grand ami, le
député de Bonaventure, vient de dire que j'ai tout à coup
une grande sollicitude et un grand respect pour les règlements de la
Chambre. J'ai toujours eu pour les règlements de la Chambre le plus
grand des respects, M. le Président, et pour la présidence, pour
la chaise, comme on disait à Ottawa. Le député de
Bonaventure voudra donc bien retirer ses paroles et ne pas me prêter des
intentions aussi mauvaises.
M. LEVESQUE: M. le Président, je suis très heureux de ce
que je viens d'entendre et je porterai une attention toute particulière
aux réactions du député de Chicoutimi
particulièrement lorsque vous serez debout.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Le député de Nicolet.
M. VINCENT: M. le Président, le ministre de l'Agriculture me
demande je vais essayer de résumer sa question combien de
fois avant le 11 mai 1970, alors que j'étais ministre de l'Agriculture
et de la Colonisation du Québec, j'ai rencontré la
Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du
Québec. Je vais répondre ceci au ministre de l'Agriculture:
Plusieurs fois. Et il a dans les dossiers du ministère de l'Agriculture
et de la Colonisation l'heure et les dates des rencontres.
M. SAINT-PIERRE: Cela n'a pas réglé les problèmes,
par exemple.
M. VINCENT: Pardon?
M. SAINT-PIERRE: Vous n'avez pas réglé les
problèmes.
M. VINCENT: Les problèmes datent de quand?
M. SAINT-PIERRE: L'héritage que nous avons reçu le 12
mai.
M. VINCENT: Oui. Quel héritage?
UNE VOIX: L'abbé Dion. M. VINCENT: Quel héritage?
M. SAINT-PIERRE: Le marasme. L'ancien ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation sait dans quel état on nous a laissé
l'agriculture.
DES VOIX: Oh!
M. VINCENT: II restera quand même ceci, M. le Président,
j'aimerais bien que le ministre de l'Education...
M. DEMERS: Restez aux enquêtes, vous.
M. VINCENT: ... nous parle d'abord de l'enseignement professionnel
agricole; ça, ce serait important.
M. SAINT-PIERRE: Cela, c'est une partie de l'héritage qu'on a
reçue du ministre de l'Agriculture et de la Colonisation du temps.
M. VINCENT: Non, non!
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je demanderais à l'honorable
député de Nicolet et aux autres membres de cette Chambre...
M. VINCENT: Ah bon!
M. LE PRESIDENT (Hardy): ... de s'en tenir au libellé de la
motion présentement devant cette Chambre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Très bien!
M. VINCENT: Et j'aimerais également que le ministre de
l'Education nous parle de la motion concernant la Loi de mise en marché
des produits agricoles du Québec.
UNE VOIX: Vous allez le regretter.
M. VINCENT: Ah non! j'aimerais ça qu'il en parle. Et je voudrais
également que le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation, avec
son air candide, nous dise, quand il montrait zéro tout à
l'heure, qu'il le dise donc, qu'il l'affirme donc de son siège au lieu
de faire des signes, quand il a voulu mentionner tout à l'heure que je
n'ai jamais rencontré la Fédération des producteurs
d'oeufs du Québec avant le 11 mai.
M. LEVESQUE: II ne faudrait pas que le député
récidive.
M. VINCENT: Non, non.
M. LEVESQUE: On avait convenu de revenir à la motion.
M. VINCENT: Non, non, ça fait partie de la motion.
M. TOUPIN: M. le Président, je ne pense pas avoir affirmé
de telles choses. Je ne sais pas où le député de Nicolet
regarde, mais je n'ai pas affirmé de telles choses.
M. VINCENT: Ah bon! Comme ça vos signes ne signifiaient rien. Et
de plus, je crois qu'un des problèmes les plus importants auxquels nous
ayons à faire face depuis quelques semaines seulement, c'est le
problème concernant l'échange des produits agricoles entre les
autres provinces et la province de Québec. Je suis convaincu que le
ministre de l'Education et le ministre de l'Industrie et du Commerce n'ont
jamais, par les années passées, entendu parler de
problèmes aussi importants en matière agricole que le
problème auquel nous avons à faire face entre l'Ontario et le
Québec, concernant l'échange des oeufs, des poulets de gril.
Le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation a
déclaré concernant ce problème de mise en marché,
et là-dessus le ministre de l'Education va être d'accord avec moi,
que, le 22 septembre, il y avait eu une entente intervenue entre le ministre de
l'Agriculture de l'Ontario et le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation du Québec. Et, par la suite, il a déclaré
qu'il restait seulement les modalités à établir. Le
ministre de l'Education sait que, lorsqu'il y a une entente d'intervenue entre
deux ministres, c'est une entente. Qu'on n'accuse pas un autre ministre par la
suite, le ministre de l'Agriculture de l'Ontario, de ne pas respecter
l'entente. Et, à ce moment-là, tous les producteurs agricoles du
Québec ont cru qu'effectivement il y avait eu une entente, parce que
c'est le ministre de l'Agriculture et de la Colonisation du Québec qui
l'a déclaré. Et quand le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation a dit que le ministre de l'Agriculture de l'Ontario n'avait pas
respecté cette entente, nous étions également convaincus
qu'il y avait eu un bris d'entente.
Et là, j'ai posé la question en Chambre, par écrit.
J'ai demandé de déposer copie de l'entente et la réponse
nous a appris qu'il n'y avait pas eu d'entente écrite. C'était
seulement un échange de bons procédés entre le ministre de
l'Agriculture de l'Ontario et celui du Québec. Bien, c'est encore une
des raisons pour lesquelles le député de Saint-Maurice veut
avoir, devant la commission parlementaire, les membres de la Régie des
marchés agricoles du Québec et leur poser...
M. TOUPIN: Pourrais-je poser une question au député de
Nicolet?
M. VINCENT: Oui, vous pouvez en poser des questions et justement ce
serait tellement intéressant de convoquer la commission parlementaire
où vous pourriez poser toutes les questions sans être...
M. TOUPIN: Avant l'application du règlement no 6 de la
Fédération des producteurs d'oeufs du Québec, est-ce que
l'ancien ministre a rencontré ses collègues des autres provinces
pour en discuter la teneur et pour voir quelles seraient ses principales
implications?
M. VINCENT: M. le Président, le ministre de l'Agriculture et de
la Colonisation actuel pourrait se référer au dossier...
M. PAUL: C'est ça.
M. VINCENT: Oui, il pourrait se référer au dossier...
M. PAUL: II ne sait pas où il est.
M. VINCENT: ... il pourrait voir quels ont été les
résultats des discussions, des rencontres à Ottawa, au mois de
novembre 1968...
M. TOUPIN: On sait quels effets cela a eu.
M. VINCENT: ... alors que le plan conjoint des producteurs d'oeufs du
Québec a été voté, homologué avant que je
sois assermenté comme ministre de l'Agriculture et de la Colonisation,
le 16 juin 1966.
M. TOUPIN: Mais pas le règlement numéro 6, M. le
Président.
M. VINCENT: Oui, M. le Président. Le plan conjoint visant les
producteurs d'oeufs du Québec a été homologué au
mois de mars 1966, alors que le ministre de l'Agriculture, M. Courcy, agissait
ici en cette province.
M. TOUPIN: M. le Président, si vous le permettez, j'informerais
seulement un peu le député.
M. VINCENT: Oui, je veux le savoir.
M. TOUPIN: H y a une différence entre voter un plan conjoint et
appliquer le règlement numéro 6. Ce sont deux choses bien
différentes.
M.VINCENT: C'est entendu qu'il y a une différence entre voter et
appliquer.
M. TOUPIN: Le plan conjoint a été voté en 1965.
Pour le règlement numéro 6, les études ont commencé
quand? C'est sous votre gouvernement, M. le député de Nicolet.
J'aimerais bien avoir des précisions sur le passé.
M. VINCENT: M. le Président, le député de Rouville
va certainement l'admettre avec moi, ainsi que tous les autres
députés qui siègent en cette Chambre: le
député de Kamouraska, le député de Montmorency, le
député de Verchères...
M. VEZINA: Est-ce que je peux poser une question?
M. VINCENT: D'accord.
M. VEZINA: Est-ce de ça que vous discutiez à la porte de
la Chambre, mercredi dernier, avec les gars de l'UCC?
M. VINCENT: Pardon?
M. VEZINA: Est-ce de ça que vous discutiez mercredi dernier?
M. VINCENT: Non, M. le Président.
M. VEZINA: C'était simplement pour savoir.
M. VINCENT: Non, M. le Président.
M. DEMERS: C'étaient des directeurs de l'UCC.
M. VINCENT: Je pourrais peut-être faire état de mes
discussions avec l'UCC à la porte de la Chambre. On pourrait
peut-être demander à d'autres collègues aussi de faire
état d'autres discussions à la porte de la Chambre ou dans les
corridors ou dans leurs propres bureaux. Je ne pense pas que ce soit le moment
de rapporter des discussions malheureuses...
UNE VOIX: Est-ce que vous voulez des détails?
M. VINCENT: ...qui ont eu lieu à l'extérieur de la
Chambre, avec des directeurs de l'UCC...
UNE VOIX: Comme l'ancien ministre.
M. VINCENT: ...qui sont des amis intimes d'un ancien directeur de l'UCC,
qui agit maintenant comme ministre de l'Agriculture du Québec.
D'accord?
M. VEZINA: C'était simplement pour savoir; je n'étais pas
là!
M. VINCENT: On peut avoir d'autres informations également
à donner à cette Chambre.
M. VEZINA: On vous écrira.
M. VINCENT: Vous voyez, M. le Président, jusqu'à quel
point il serait sage, important, nécessaire, impérieux que la
commission de l'Agriculture siège et qu'on convoque les membres de la
Régie des marchés agricoles du Québec. On veut apporter
des changements à la Loi de mise en marché des produits
agricoles. Le ministre de l'Agriculture dit qu'elle est inadéquate,
qu'il faut lui donner des dents et lui apporter des amendements pour avoir une
meilleure mise en marché. Le ministre dit ça,
mais est-ce qu'il nous a dit en cette Chambre ce qui faisait
défaut dans la loi?
UNE VOIX: II ne le sait pas.
M. VINCENT: Est-ce qu'il nous a déjà dit: II y a tel
article, tel article et tel article de la loi qui ne fonctionnent pas comme ils
devraient fonctionner? Est-ce qu'il nous a dit ça? Il nous a dit
qu'à l'heure actuelle, je pourrais le citer à nouveau
"pour se protéger contre l'envahissement de ceux qui
désirent abuser du Québec à ce moment-là, il
parlait de l'Ontario il nous faudra sûrement regarder de
très près la Loi de mise en marché des produits
agricoles".
Donc, c'est ça qu'il faut demander, parce qu'il existe 64 plans
conjoints dans la province de Québec, à l'heure actuelle. La
valeur des produits commercialisés en vertu de ces plans conjoints est
passée à $283,472,618, l'an dernier. Cela commence à faire
des dollars. Cela commence à faire des produits agricoles. C'est
ça qu'il faut regarder dans l'économie générale de
la Loi des marchés agricoles. C'est ça qu'il faut regarder avec
ceux qui ont reçu comme fonctions générales A)"d'aider
à coordonner les diverses opérations de la mise en marché
des produits agricoles d'une manière aussi avantageuse que possible pour
les producteurs, tout en tenant compte des intérêts
légitimes des consommateurs".
M. LE PRESIDENT (Hardy): A l'ordre! Je rappelle à l'honorable
député de Nicolet qu'il a la parole depuis 16 h 40. Même en
tenant compte des questions qu'il a permises, je pense bien, à moins que
les députés de cette Chambre ne lui accordent le consentement
unanime, qu'il devra cesser son discours.
M. VINCENT: Deux minutes, M. le Président. Je termine.
M. LE PRESIDENT (Hardy): Consentement unanime?
DES VOIX: Deux minutes.
M. VINCENT: "...de trouver de nouveaux débouchés et
d'améliorer les débouchés existants pour les produits
agricoles du Québec". Ce n'est pas là un objectif du
ministre?
N'est-ce pas là une fonction de la régie? Non? Voyons, M.
le Président, que le ministre relise la loi: "La régie a pour
fonctions générales: b) de trouver de nouveaux
débouchés et d'améliorer les débouchés
existants pour les produits agricoles au Québec; "c) d'aider à
orienter la production agricole de façon à faire profiter les
producteurs de ces débouchés;" N'est-ce pas là un objectif
du ministre? C'est une fonction générale de la régie. "d)
généralement, de collaborer avec les producteurs, les
organisations coopératives ou professionnelles d'agriculteurs, les
associations de consommateurs et les représentants du commerce des
produits agricoles, pour favoriser une mise en marché ordonnée,
efficace et juste des produits agricoles".
C'est pour cette raison, M. le Président, que je ne comprends
pas...
M. LEVESQUE: M. le Président, si le député me
permet... En relisant le Journal des Débats, on s'apercevra que le
député a lu cela plusieurs fois durant son discours.
M. VINCENT: Oui d'accord, M. le Président, parce que chaque fois
que nous mentionnons ces choses au ministre de l'Agriculture actuel, cela le
surprend tellement qu'il faut le lire, le relire pour qu'il le comprenne bien.
Ceci lui permettrait, devant la commission, avec les autres membres de la
commission...
M. TOUPIN: C'est peut-être pour vous convaincre, aussi!
M. VINCENT: ... de l'Agriculture de poser lui-même des questions
comme il l'a fait cet après-midi. On voit que c'est une
nécessité de convoquer les membres de la Régie des
marchés.
M. TOUPIN: La meilleure partie du discours...
M. VINCENT: II pourrait poser des questions, recevoir des
réponses, se renseigner, voir ce qui fait défaut dans la Loi de
mise en marché qu'il veut lui-même améliorer, qu'il veut
lui-même changer. Et je demanderais, M. le Président, au ministre
de l'Agriculture, d'accepter peut-être que, s'il a un amendement
à nous suggérer, nous lui montrerons jusqu'à quel point
nous voulons l'aider. S'il a un amendement à nous suggérer
concernant la motion du député de Saint-Maurice...
M. TOUPIN: Franchement...
M. VINCENT: ... nous nous engageons à étudier cet
amendement, avec lui, et très sérieusement de convoquer
les membres de la Régie des marchés agricoles devant la
commission de l'Agriculture afin de les entendre, les interroger et leur
demander leurs commentaires sur l'application de la loi depuis 1963.
M. Paul-A. Latulippe
M. LATULIPPE: M. le Président, en tant que représentant
d'une circonscription électorale à réputation rurale
où l'agriculture connaît des déboires sans
précédent, et où de nombreux agriculteurs sont
menacés dans leur existence, il
est de mon devoir d'intervenir sur la présente motion à
l'étude.
Comme vous le savez sans doute, M. le Président, la situation
défavorable et difficile dans laquelle s'agitent nos agriculteurs au
Québec et toute notre industrie de l'alimentation méritent que
nous lui accordions une attention prioritaire. Il est de notre devoir
d'étudier et de remettre en cause tout ce système des plans
conjoints déjà mis en opération avec l'assentiment de nos
gouvernements et d'étudier ses implications en regard de la politique
agricole globale et des besoins de nos agriculteurs face aux difficultés
de mise en marché actuelles.
M. le Président, faute d'une décision rapide et
éclairée dans ce domaine, nous assisterons, à court terme
j'en ai l'intuition et la conviction profonde à la prise
en charge, par des sociétés étrangères et par des
monopoles déjà établis, de la faible partie du domaine de
l'alimentation qui nous appartient encore.
Nous appuyons donc le principe de cette motion à cause de
l'importance de ses implications et à cause du caractère
d'urgence qui commande, de la part des dirigeants, une action immédiate.
M. le Président, comme en font foi de nombreux écrits de la part
des journalistes, notre agriculture et de nombreux agriculteurs sont
appelés à disparaître et vivent dans un marasme persistant
depuis quelques mois. Pendant ce temps, nous lisons, dans les mêmes
journaux, des déclarations d'hommes aussi éminents que M.
Steinberg qui déclare qu'il n'est pas capable de s'alimenter au
Québec parce que les Canadiens français ne sont pas assez bien
organisés pour satisfaire aux exigences de son commerce.
Nous faisons face à un paradoxe presque inadmissible et qu'il ne
convient plus de tolérer de nos jours.
M. le Président, nous avons vaguement l'impression que
l'agriculture vit de ce paradoxe; la misère au sein de l'abondance. Des
monopoles privés, à la faveur de la faiblesse des structures de
notre économie agricole et de son manque de dynamisme et d'esprit
d'initiative, d'organisation et surtout de financement, se sont
installés au Québec et y ont grandi, y ont conquis la
quasi-totalité de nos marchés, et ce dans la majeure partie des
villes importantes du Québec.
Dominion, Steinberg et autres se sont assuré la part la plus
importante et sans cesse croissante de la mise en marché au
détail de tous nos produits alimentaires. Us ont érigé un
monopole fantastique et visent maintenant à l'intégration
à tous les niveaux de leurs entreprises. Face à cette situation,
nos producteurs québécois s'interrogent et se demandent ce qu'il
adviendra de leur propre existence.
En l'absence d'une véritable politique globale de mise en
marché des produits agricoles québécois et face aux
revendications du syndicalisme, aux impératifs de vente et aux
difficultés nouvelles d'atteindre les débouchés, nos
producteurs, faute d'une véritable organisation, ont commencé ces
dernières années à solliciter de nos gouvernements
l'imposition légiférée des relations entre producteurs et
acheteurs, et on a vu la naissance des plans conjoints.
C'est donc d'une conception monopolistique
légiférée de la mise en marché des produits
alimentaires que sont nés ces fameux plans conjoints, avec les
restrictions de la liberté que l'on sait, l'expropriation pure et simple
dans certains cas de certains droits acquis et l'atteinte à
l'efficacité et à la qualité dans d'autres cas.
Dernièrement, dans le cadre de ces fameux plans conjoints, nous
avons vécu l'affaire des oeufs et sa contrepartie, le boycottage des
livraisons de poulets québécois en Ontario. Pourtant, notre
production de volailles est, comme le disait l'honorable ministre de
l'Agriculture, largement excédentaire et doit compter pour survivre sur
ses exportations.
On ne peut, brimer la liberté du commerce par une
législation imposée sans s'exposer en contrepartie à des
représailles extérieures, de telle sorte qu'on se retrouve, en
définitive, dans un cercle vicieux. En somme, on a vaguement
l'impression de transférer les problèmes des uns aux autres sans
réellement s'attaquer au coeur de ces derniers.
Il convient donc de s'interroger sur la valeur et la portée de
ces plans conjoints avant d'étendre sans discernement ce système
de contrôle de mise en marché à tous les autres produits
québécois tels que le porc, la pomme de terre, les grains,
etc.
Le Conseil de l'alimentation du Québec Inc., dans une brochure
qu'il faisait parvenir aux membres de l'Assemblée nationale, dressait la
nomenclature des problèmes qui requièrent une attention
immédiate. En tête d'affiche, j'aimerais citer l'urgence d'un
redressement expéditif pour éviter un marasme irréparable
dans ce domaine, à cause de l'exclusivité assurée au seul
régime des plans conjoints de mise en marché.
Nous sommes à même de constater l'expérience
difficile que vit présentement l'industrie laitière et les
conséquences du dirigisme de l'Etat en matière de politiques
agricoles. Il convient donc d'être prudent et de s'interroger
là-dessus, afin d'inviter nos agriculteurs et autres experts à
venir à la table de la commission parlementaire nous dire ce qu'ils
veulent, ce qu'ils attendent des plans conjoints.
Le problème des plans conjoints est fort complexe et il y a un
choix de priorités à faire. Vu l'urgence et la situation critique
de l'industrie agricole au Québec qui commande une action
immédiate, nous devons nous pencher sur ce problème. C'est
pourquoi nous appuyons l'esprit de la motion présentement à
l'étude, motion du député de Saint-Maurice. Merci, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): L'honorable député de
Chicoutimi.
M. Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai suivi avec grand
intérêt le débat qu'a soulevé la motion de mon
collègue, le député de Saint-Maurice. Cette motion, si on
ne l'a pas encore compris, demande "qu'instruction soit donnée à
la commission de l'Agriculture et de la Colonisation de convoquer les membres
de la Régie des marchés agricoles du Québec pour
étudier les problèmes rencontrés par les contribuables
québécois dans l'application du système des plans
conjoints des gouvernements fédéral et provincial et dans
l'application de la Loi des marchés agricoles et de ses
amendements".
C'est à propos de cette motion que le ministre de l'Agriculture a
cru bon de dire qu'il ne voyait pas très bien ce que venait faire la
Régie des marchés agricoles dans cette requête
présentée à la Chambre par le député de
Saint-Maurice.
Or, si l'on examine les pouvoirs très importants qui sont
dévolus à la Régie des marchés agricoles en vertu
de la loi; si, d'autre part, l'on tient compte des observations qu'a faites, au
début de son intervention la semaine dernière, le ministre de
l'Agriculture à propos des graves problèmes que connaît
l'industrie agricole dans le Québec, on se demande pourquoi le ministre
ne veut pas accepter de rencontrer les membres de la Régie des
marchés agricoles, de les entendre et ne semble pas désireux de
voir les députés de cette Chambre interroger ces
personnalités responsables qui ont, quand même, des devoirs
importants à remplir et des responsabilités très grandes
en ce qui concerne le problème général de l'agriculture au
Québec.
Le ministre disait, la semaine dernière, à la page 1801
des Débats: "Je ne vois pas, M. le Président, quel rôle
peut jouer la régie dans le domaine de l'élaboration de
l'ensemble des politiques agricoles. Ce rôle relève du
gouvernement. Il ne relège pas de la Régie des marchés
agricoles du Québec. La Régie des marchés agricoles du
Québec a pour fonction première d'administrer la Loi de la mise
en marché des ,' produits agricoles du Québec et d'appliquer la
Loi de la mise en marché des produits agricoles du Québec. Elle
n'a pas pour fonction d'élaborer les politiques générales;
cela revient au gouvernement, essentiellement." Il n'y a rien que de juste
là-dedans, M. le Président. Il est bien entendu qu'il appartient
au gouvernement, si tel gouvernement est responsable, d'élaborer les
politiques agricoles, mais il ne peut pas les élaborer seul.
Si l'on a assorti le ministère de l'Agriculture d'un ensemble
d'organismes et de structures qui viennent l'aider à mettre en
application les lois qui touchent l'agriculture, je ne vois pas pourquoi le
ministre se refuserait à requérir l'avis de tels organismes
lorsqu'il est question de problèmes aussi importants que ceux des
marchés agricoles et de la Loi de la mise en marché des produits
agricoles.
Le ministre, tout à l'heure je l'ai noté
immédiatement a commencé par nous dire que la Régie
des marchés agricoles n'avait rien à voir avec tout cela, pour
ensuite nous donner une série de fonctions de la Régie des
marchés qui justifient le député de Saint-Maurice de
proposer la motion qui fait actuellement l'objet de ce débat.
Il a dit: Mais que vient faire la régie là-dedans? La
régie n'a pas de pouvoirs. Ensuite, il a énuméré
les pouvoirs de la régie. Mon collègue, le député
de Nicolet, en lui donnant la réplique, a insisté sur les
pouvoirs de la régie. Je me pose donc la question suivante: Pourquoi le
ministre et il me répondra immédiatement s'il le veut, je
lui en donne la permission, M. le Président ne veut-il pas que
nous entendions la Régie des marchés agricoles? Pourquoi ne
veut-il pas que nous ayons devant nous ces personnes, qui ont des
responsabilités quand même extrêmement importantes, pour
qu'elles soient interrogées par les membres de cette Chambre, par les
représentants élus du peuple? Je n'irai pas prétendre que
le ministre a quelque chose à cacher, je n'irais pas le
prétendre, mais je me pose la question de savoir pourquoi il se refuse
à nous donner l'occasion de savoir exactement ce qui se passe à
la Régie des marchés agricoles. Je ne vois pas pourquoi le
ministre refuserait d'inviter les membres de la régie à
répondre à des questions qui rejoindront les
préoccupations du ministre de l'Agriculture puisqu'il a dit
lui-même que la Loi de la mise en marché des produits agricoles
est inadéquate.
Ces personnes-là, indépendamment des fonctions qui leur
sont attribuées par la loi, n'ont pas quelque chose à dire? Ce
sont des spécialistes, ce sont des personnes compétentes, ce sont
des gens dont les responsabilités sont évidemment bien
définies...
M. TOUPIN: Est-ce que je peux répondre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... mais qui, en raison même de
l'exercice de ces responsabilités, devraient être en mesure...
M. TOUPIN: Est-ce que je peux répondre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'orienter le gouvernement, devraient
être en mesure de nous indiquer de quelle façon cette fameuse Loi
de la mise en marché des produits agricoles peut être
améliorée. Autrement, c'est les confiner dans des fonctions
rigoureusement administratives et les empêcher de prolonger leur regard,
leur enquête au-delà de ce qui est strictement défini par
la loi, au-delà de ce cadre rigoureux de la loi.
M. TOUPIN: M. le Président, le député...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, M. le Président.
M. TOUPIN: ... de Chicoutimi a posé une question, tantôt,
et il a ajouté que si je voulais répondre, je le pourrais. S'il
me le permet, je voudrais répondre rapidement à sa question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, je veux bien.
M. TOUPIN: Je pense plutôt qu'à ce moment-ci le
député de Chicoutimi essaie de déformer mes paroles et ma
pensée. Je n'ai pas refusé de convoquer la commission.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'ai pas déformé votre
pensée, de toute façon.
M. TOUPIN: J'ai mis en doute le contenu de la motion en rapport avec le
rôle que peut jouer la régie dans l'agriculture. C'est cela que
j'ai mis en doute. C'est le contenu de la motion. Je l'ai dit au début.
J'ai dit: Le contenu de la motion ne rejoint sûrement pas les buts pour
lesquels le député de Saint-Maurice a inscrit cette motion au
feuilleton.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le ministre vient
justement de se donner la réponse et de nous la donner. Il vient de nous
dire qu'à ses yeux il n'y a pas de relation entre la motion et la
régie. C'est ce qu'il vient de me dire. Or, si on regarde les pouvoirs
dévolus à la régie, et chacun des articles correspondants
aux pouvoirs, l'on se rend très bien compte qu'il y a toutes les raisons
du monde de convoquer cette régie en rapport avec la motion de mon
collègue, le député de Saint-Maurice, afin que les membres
de cette régie répondent aux questions auxquelles le ministre n'a
jamais voulu répondre.
M. DEMERS: C'est cela.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je pose encore la question: Pourquoi le
ministre ne veut-il pas convoquer la Régie des marchés
agricoles?
UNE VOIX: Encore une question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Est-ce qu'il a quelque chose à cacher?
J'ai dit, tout à l'heure, que je ne le prétendais pas, mais je
lui pose maintenant la question: Pourquoi refuse-t-il de faire
comparaître devant nous des experts, des spécialistes, des gens
qui ont une fonction bien déterminée, un rôle bien
précis à jouer dans le domaine de l'agriculture au Québec,
et qui seraient en mesure de nous éclairer sur l'action ou l'inaction,
sur l'activité ou l'inactivité du ministre de l'Agriculture et de
son gouvernement en matière de politique agricole?
M. TOUPIN: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre a déclaré, à
maintes reprises, que la Loi de la mise en marché des produits agricoles
n'était pas adéquate.
M. TOUPIN: M. le Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi); Qu'il nous donne l'avantage, à nous
représentants élus du peuple, de convoquer ces gens...
M. TOUPIN: Je voudrais répondre à votre question.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... de les interroger et, reprenant chacun des
pouvoirs qui leur sont dévolus en vertu de la loi, de leur demander en
raison de l'expérience qu'ils ont acquise dans l'exercice de leurs
devoirs...
M. TOUPIN: J'invoque le règlement, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (Ostiguy): A l'ordre!
M. TOUPIN: Le député de Chicoutimi me met dans la bouche
des paroles que je n'ai pas dites et je lui demande de faire la preuve que j'ai
refusé de convoquer la régie. Ce n'est pas ce que j'ai dit, et le
député de Chicoutimi me prête des intentions. Je crois que
le député de Chicoutimi devrait lire mon texte comme il faut.
D'ailleurs, les plus belles parties du discours du député de
Nicolet sont les parties qu'il a citées. Peut-être y aurait-il
avantage que le député de Chicoutimi en cite
également.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne comprends
absolument pas l'énervement, l'irritabilité soudaine du ministre
de l'Agriculture. Je n'ai porté aucune accusation. D'ailleurs, le leader
de la Chambre, mon ami le député de Bonaventure, se serait
levé immédiatement pour le dire, lui qui connaît bien le
règlement, et nous nous sommes engagés tous les deux à
nous donner des leçons là-dessus.
Je veux dire ceci: c'est que, dans le cadre de la motion
présentée par le député de Saint-Maurice, il est
requis de convoquer la commission de l'Agriculture et de la Colonisation, afin
d'entendre la Régie des marchés agricoles. Et je pose la
question, sans rien prêter au député de Champlain
j'aurais grand-peur qu'il ne me le rende pas sans lui prêter
aucune intention, parce que je me demande s'il est capable d'en avoir, sans
même lui prêter d'idées. Je pose la question encore une
fois: Pourquoi refuse-t-il aux représentants élus du peuple de
faire comparaître les gens avec lesquels nous pourrions engager un
dialogue beaucoup plus profitable que celui que nous essayons d'engager depuis
des mois avec le ministre de l'Agriculture, qui ne répond pas à
nos questions? Le ministre de l'Agriculture a dit que la Régie des
marchés agricoles n'avait rien à voir aux politiques du
gouvernement.
D'accord, c'est admis que c'est le gouvernement qui fait ses politiques,
mais quand un gouvernement est faible, quand un gouvernement n'a pas autour de
lui les gens qui soient assez compétents pour l'instruire, pour
l'informer, pour l'orienter, qu'il fasse appel aux organismes subsidiaires dont
la Régie des marchés agricoles fait partie, afin que nous
puissions, grâce aux excellentes suggestions...
M. TOUPIN: Dans cette perspective, on aurait dû la convoquer bien
avant aujourd'hui.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... des membres de la régie, avoir les
renseignements que nous n'avons même pas pu avoir pendant l'étude
des prévisions budgétaires du ministre, qui n'était
même pas capable de nous dire combien il y avait de poules dans la
province.
A tout événement, M. le Président, revenant au
problème qui fait l'objet de cette motion, je crois que si le ministre
l'a bien lue il a posé tout à l'heure une question
à mon collègue, le député de Nicolet il est
question des contribuables. Il a demandé: Qu'est-ce que le mot
"contribuable" vient faire là-dedans?
M. TOUPIN: Le député de Nicolet a aussi mis en doute cette
partie-là. Il a même parlé d'un amendement à la
motion.
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! Le député de
Chicoutimi.
M. TOUPIN: Le député de Nicolet a offert un
amendement.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je comprends la
nervosité du ministre de l'Agriculture, mais, s'il veut me poser des
questions, qu'il se lève et qu'il les pose; je lui répondrai
selon que je jugerai bon, parce que, vous savez, dans une classe il y a des
bons et des mauvais élèves.
Je suis en train de lui donner un petit "refreshing course", c'est parce
qu'il revient d'Ottawa qu'on parle l'anglais. Il a parlé des
contribuables. Il a dit à mon collègue de Nicolet: Qu'est-ce que
les contribuables viennent faire là-dedans? Alors, mon collègue
de Nicolet lui a dit: II y a des producteurs, il y a des consommateurs. Il dit:
Les contribuables? II se demande encore ce qu'est un contribuable, à son
âge et avec le poste qu'il a en main. Un contribuable, c'est quelqu'un
qui paye des taxes, et nous sommes tous des contribuables. Et les cultivateurs
sont des gens qui paient des taxes, qu'ils soient producteurs, consommateurs,
etc. Par conséquent, lorsque, dans la motion, il est dit que nous
voulons savoir quelles sont les conséquences des politiques agricoles
des marchés agricoles...
M. TOUPIN: Que le député de Chicoutimi me trouve le mot
"contribuable" dans la Loi de mise en marché.
UNE VOIX: Cela mange aussi des oeufs, un contribuable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est que nous voulons voir dans quelle mesure
la Loi des marchés agricoles correspond aux intérêts
véritables des contribuables du Québec qui font vivre en partie
le ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et pour lesquels le
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation doit travailler,
j'imagine. Le ministre ne doit pas se contenter d'aller à Ottawa et de
nous dire qu'il a eu pour la première fois l'occasion d'exposer devant
tous les autres ministres de l'Agriculture les problèmes agricoles du
Québec, comme si cela ne se faisait pas couramment.
M. TOUPIN: Au moins, moi, je suis resté dans l'agriculture
canadienne.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Revenons, M. le Président, aux cadres
de la motion. Le ministre nous a dit : Quel problème y a-t-il avec le
fédéral? Il est question là-dedans de relations avec le
fédéral, bon, dans l'application du système des plans
conjoints des gouvernements fédéral et provincial. Il dit:
Qu'est-ce que le fédéral a à faire là-dedans?
M. TOUPIN: Que le député de Chicoutimi me nomme un plan
conjoint fédéral.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II se pose tout à coup la question de
savoir ce que le fédéral a à faire là-dedans quand
il revient tout juste d'Ottawa où il a discuté des
problèmes agricoles. Mais d'où sort-il, ce ministre? Où
est-on allé le chercher? A la maternelle, ça paraît. Il ne
connaît rein de rien aux problèmes agricoles. Je suis sûr...
Tiens, je vais lui poser la question: Est-ce qu'il pense que la Régie
des marchés agricoles a quelque chose à voir dans la mise en
marché des bleuets dans la région du Saguenay-Lac-aint-Jean?
Est-ce que le ministre peut me dire si la régie a quelque chose à
voir là-dedans?
M. TOUPIN: C'est parce que je ne veux pas que la régie mette en
marché le député.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La régie n'a rien à voir
là-dedans, mais elle pourrait avoir à faire là-dedans si
on relit la loi et si on relit les articles où il est question des
produits qu'elle pourrait couvrir. Or, il y en a un problème chez nous
que le ministre est en train de laisser pourrir, le problème de la mise
en marché des bleuets.
M. TOUPIN: On l'a pris pourri, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Après tous les efforts consentis par
mon collègue, par le gouvernement qui a précédé le
vôtre pour mettre en valeur les bleuetières de la région du
Saguenay-Lac Saint-Jean, voilà qu'un désintéressement se
manifeste tout à coup et que les producteurs qui sont des
contribuables aussi, si le ministre veut le savoir viennent nous voir,
nous, les députés de l'Opposition et nous demandent: Mais
qu'est-ce qui arrive depuis qu'on a le nouveau ministre de l'Agriculture et de
la Colonisation? Qu'est-ce qui se passe dans le domaine de la mise en
marché du bleuet? Rien ne fonctionne plus. Bien, à l'occasion de
la convocation de cette commission, nous aurions l'occasion de poser des
questions aux membres de la Régie des marchés. Et je leur en
poserai, moi personnellement, sur ce qui se passe dans la région, sur
les questions agricoles dont semble se désintéresser le ministre
de l'Agriculture et de la Colonisation.
Et reprenant les articles de la loi, il serait facile d'établir
que la Régie des marchés agricoles pourrait s'occuper de la
production du bleuet. C'est ce genre de question que nous pourrions poser aux
membres de la Régie des marchés agricoles, et ça, le
ministre ne le veut pas. On ne sait pas pourquoi. Il dit: Cela n'a rien
à voir. Bien. Qu'est-ce qu'il y a à voir à l'agriculture,
dans tout ce qui touche le domaine de l'agriculture? Qu'est-ce qui est du
domaine agricole? Il semble qu'il n'y ait rien.
Le ministre a essayé de répondre tout à l'heure. On
n'a rien compris, comme on n'a jamais rien compris aux réponses qu'il
nous a données. J'ouvre ici une petite parenthèse. J'ai
parlé l'autre jour d'étiquetage bilingue, j'attends encore la
réponse. Fermons la parenthèse, M. le Président, ce n'est
pas dans le débat. Cela fait partie du petit "refreshing course", vous
savez. C'est pour l'habituer à étiqueter en français.
Je voudrais donc savoir une fois pour toutes pourquoi le ministre refuse
catégoriquement de nous permettre d'entendre la Régie des
marchés agricoles!
M. LEVESQUE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pourquoi refuse-t-il, dans le cadre de la
motion...
M. LE PRESIDENT (Leduc): A l'ordre! M. LEVESQUE: J'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT (Leduc): Sur un point de règlement.
M. LEVESQUE: Le député de Chicoutimi doit prendre d'abord
la parole de l'honorable député et ministre de l'Agriculture et
de la Colonisation. Deuxièmement, il n'a pas à la prendre, elle a
été donnée ici d'une façon explicite dans cette
Chambre il y a quelques instants. Le ministre a protesté vigoureusement
contre l'interprétation qu'a voulu donner le député de
Chicoutimi à la suite du discours du ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation à l'effet que ce dernier se refusait à convoquer la
commission parlementaire de l'Agriculture et de la Colonisation.
Je crois que, devant cette affirmation du ministre de l'Agriculture et
de la Colonisation et devant le texte de son discours qui peut être
retrouvé au journal des Débats, le député de
Chicoutimi n'a pas le droit de dire que le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation refuse de convoquer cette commission. Le ministre de l'Agriculture
peut avoir à redire sur la motion du député de
Saint-Maurice...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est long, votre point d'ordre.
M. LEVESQUE: Pardon?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tenez compte du temps, M. le
Président.
UNE VOIX: II a parlé. M. LEVESQUE: Qui? M.TREMBLAY (Chicoutimi):
Le ministre.
M. LEVESQUE: Le ministre a exercé son droit de parole, mais il y
a une chose, c'est que le ministre n'est pas obligé d'accepter que ses
paroles soient déformées. Il a le droit de rappeler qu'il n'a
jamais, dans cette Chambre, au cours de ce débat, prétendu qu'il
était contre la convocation de la commission de l'Agriculture et de la
Colonisation.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'ai pris note des
observations de mon ami, le député de Bonaventure. Elles sont
très sympathiques à l'endroit de son collègue. Je prends
la parole du député de Bonaventure.
M. DEMERS: Seigneur, prends pitié!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce sont des paroles généreuses,
sympathiques et réconfortantes, mais pas pour les cultivateurs, pas pour
les agriculteurs, M. le Président, pas pour les membres de cette
Chambre. Cela vient à la rescousse d'un ministre enfoncé jusqu'au
cou, submergé, immergé...
M. DEMERS: Noyé!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ...mais cela ne vient pas à la
rescousse des cultivateurs.
M. PAUL: II n'a pas fait un miracle!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le ministre peut très bien nous dire:
Je ne refuse pas de faire entendre la Régie des marchés
agricoles, etc. Mais, le député de Bonaventure, qui, lui, voit
l'impasse, le cul-de-sac dans lequel est engagé le député
de Champlain, se dit: Essayons de le tirer d'embarras en déclarant que
nous ne sommes pas contre la convocation de la commission de l'Agriculture et
de la Colonisation. Alors, si vous n'êtes pas contre ça, pourquoi
ne pas accepter la motion? Pourquoi ne pas vous rendre au désir normal
et légitime du député de Saint-Maurice?
Il y aurait bien d'autres raisons pour le faire, M. le Président.
On a dit que la régie aide à orienter la production agricole.
Cela veut dire quelque chose, M. le Président. Cela a quelque chose
à voir avec le problème qu'a soumis le député de
Saint-Maurice. Aider à orienter la production agricole! Cela couvre un
champ immense qui pourrait aider le ministre de l'Agriculture à
définir ses politiques en matière agricole. Qu'il pense
simplement aux problèmes qu'on pourrait évoquer: classification
des sols, réformes agraires, répartition des cultures, etc.
J'étais ministre de la culture, mais je me suis
déjà occupé d'agriculture aussi! Fils de cultivateur,
comme je le suis, constamment mêlé aux agriculteurs comme
député de Roberval, comme député de Chicoutimi,
j'entends parler les cultivateurs, parce que, contrairement au
député de Champlain, je ne me suis pas contenté de faire
de l'agriculture dans un bureau. J'en ai fait de facto et je continue de voir
les cultivateurs de ma région, tous les jours. Justement, le 19
décembre prochain, parce que cela va mal en agriculture et parce qu'on
ne veut pas étudier les problèmes que soulève la motion de
mon collègue, nous sommes convoqués, tous les
députés de la région, les députés d'Ottawa
et les députés de Québec, pour discuter des très
graves problèmes que pose l'agriculture au Québec.
Ce serait une excellente façon de préparer le terrain si
le ministre acceptait immédiatement de convoquer la commission de
l'Agriculture et de la Colonisation aux fins d'entendre la Régie des
marchés agricoles et d'examiner tous ces problèmes que
connaissent ces gens-là et que connaissent des hommes qui ont, aux
termes de la loi, des fonctions bien déterminées. Mon
collègue de Nicolet, tout à l'heure, a été
obligé, parce que le ministre de l'Agriculture avait paru l'oublier, si
jamais il l'eût connu...
M. le Président, permettez-moi de reprendre ma phrase: le
député de Nicolet a été obligé de
réciter les articles qui définissent les pouvoirs de la
Régie des marchés agricoles afin de justifier l'à-propos
de la proposition du député de Saint-Maurice.
Alors le ministre, à ce moment-là, ouvre de grands yeux.
Il découvre le monde, M. le Président. Il découvre le
monde.
M. DEMERS: C'est-y beau!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): II revient d'Ottawa. Cela fait une partie du
continent de découverte.
M. CROISETIERE: Le ministre dit oui et il fait signe que non!
M.TREMBLAY (Chicoutimi): Mais il ne semble pas se rendre compte de
l'impact extraordinaire qu'ont sur l'agriculture en général les
problèmes que soulevait mon collègue, un expert, l'ancien
ministre de l'Agriculture. Lui, par exemple, il a été capable,
tout à l'heure, de dire au ministre la différence entre un
producteur et un consommateur.
M. TOUPIN: Ne racontez plus d'erreurs comme cela, vous, là!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II a été capable d'expliquer au
ministre ce que le ministre n'avait jamais pu nous expliquer: Quel était
exactement le problème des plans conjoints.
Le ministre posait des questions, tout à l'heure. Il voulait se
renseigner. Il faisait comme un élève qui veut passer pour
savant. J'ai enseigné assez longtemps pour le savoir. Il pose une
question en apparence difficile au professeur pour se renseigner, pour dissiper
sa propre ignorance. Alors c'est ce que faisait le ministre tout à
l'heure, le député de Champlain.
M. TOUPIN: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II interrogeait l'ancien ministre de
l'Agriculture pour savoir exactement de quoi il retournait dans son
ministère.
M. TOUPIN: Une question de privilège, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TOUPIN: Je pense que le député de Chicoutimi se prend
pour un autre. Je suis prêt à accepter n'importe quelle parole
dans la bouche du député de Chicoutimi mais pas celle d'ignorant.
Je lui demanderais de bien vouloir retirer ces paroles parce que celui qui les
dit n'est pas beaucoup plus instruit.
M.TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je ne vois pas du tout
de quelle façon je pourrais retirer des paroles que je n'ai pas
prononcées de cette façon. J'ai dit qu'il ne connaissait pas les
problèmes. Disons que le député de Champlain n'est pas
ignorant mais qu'il ne connaît pas les problèmes. Cela vous
satisfait, M. le Président, n'est-ce pas? Vous n'avez pas le droit
d'être partial, je le sais, mais vous me donnez raison, M. le
Président.
Alors, M. le Président, le ministre de l'Agriculture a
été obligé, tout à l'heure, sur des
points élémentaires que n'importe quel profane
connaît, d'interroger l'ancien ministre de l'Agriculture pour se relever,
après cela, et dire: Le député de Saint-Maurice n'a pas
besoin de demander la convocation de la Régie des marchés
agricoles. C'est inutile. Cela ne sert à rien, tout cela.
Non, M. le Président. Je reviens à mon propos original
avant que vous ne m'avertissiez que mon temps de parole est
écoulé. Je reviens à ceci: Pourquoi le ministre de
l'Agriculture ne veut-il pas que nous entendions les membres de la Régie
des marchés agricoles? Instanter. Pourquoi ne veut-il pas...
M. TOUPIN: M. le Président, je n'ai jamais affirmé...
UNE VOIX: Illico.
M. TOUPIN: Une question de privilège, M. le Président, Je
n'ai jamais affirmé de telles choses. Le député de
Chicoutimi se paie n'importe quel mot. Il affirme n'importe quelle chose. Le
député de Chicoutimi devrait, avant de prononcer un discours,
prendre des notes. Il devrait surtout faire, comme le fait le
député de Nicolet, citer certains textes. Ainsi, il serait
intéressant à entendre.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, d'abord, j'ai bien
précisé, je n'ai jamais déclaré que le ministre ne
voulait pas convoquer, à un moment donné, la Régie des
marchés agricoles. Je lui ai demandé: Illico, instanter. Cela
veut dire tout de suite, immédiatement, right away. C'est cela que
ça veut dire.
UNE VOIX: "Dret là"!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): "Dret là". Cela, le ministre ne l'a pas
promis, par exemple. Alors je lui pose la question: Pourquoi n'accepte-il pas
la motion du député de Saint-Maurice et ne convoque-t-il pas
instanter, illico, tout de suite, immédiatement, right away, "dret
là", la Régie des marchés agricoles devant...
M. VEZINA: C'est bon, c'est bon. Ne l'interrompez pas! Il est bon.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... la commission de l'Agriculture et de la
Colonisation afin que nous entendions les membres distingués de la
Régie des marchés agricoles qui pourraient nous donner des
indications sur l'absence de politique du ministre. Sur l'utilisation des
$500,000 le ministre ne nous a pas répondu là-dessus
sur les $125,000. Sur les sommes qu'on a mises à la disposition des
organismes.
Le ministre pourrait, à ce moment-là, se renseigner
lui-même et renseigner la Chambre sur le "qu'a-t-on fait des deniers
publics"? Il pourrait manifester en même temps qu'il a pris grand
intérêt à la cause de l'agriculture et que sa mission, sa
fonction ne consiste pas seulement à faire des grandes
déclarations et à aller se plaindre à Ottawa de situations
dont il n'a pas l'air de se rendre compte qu'il devient de jour en jour
davantage le premier responsable. C'est ça que demande le
député de Saint-Maurice. Et c'est à l'occasion de la
convocation de cette commission, M. le Président, que nous pourrions
avoir des réponses aux questions que nous avons posées, lors de
l'examen du budget du ministre de l'Agriculture. Il pourrait répondre
à nos légitimes questions et, surtout, mettre fin, du moins dans
une certaine mesure, à l'inquiétude grandissante des cultivateurs
du Québec et des cultivateurs de ma région.
Je vais les rencontrer le 19, et je ferai un petit rapport au ministre
là-dessus. Je lui ferai part des doléances des cultivateurs et je
lui ferai voir qu'en dehors des petites réunions de cabinet, des petites
séances quasi secrètes entre fonctionnaires d'organismes, il y a
d'autres choses à régler...
M. TOUPIN: Non!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... il y a d'autres problèmes et que
ces petites "réunionnet-tes" ne règlent pas nécessairement
les problèmes des cultivateurs.
M. VEZINA: Vous vous y connaissez en petites réunions, vous!
UNE VOIX: Vous êtes un expert!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, si le
député de Montmorency veut se lever, il se lèvera tout
à l'heure. Et si le député de...
M. VEZINA: Est-ce que le député me permet une
question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Oui, posez-la, votre question.
M. VEZINA: Comment expliquez-vous qu'avec enthousiasme et avec une
grande majorité les agriculteurs du Québec ont appuyé le
Parti libéral, le 29 avril dernier?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, voilà la
question.
M. BERTRAND: L'enthousiasme des gens de Westmount.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah! bien là, c'est le cas de le dire.
C'est la question de $64,000. C'est la question de la Brink's. Vous savez ce
que cela veut dire? Westmount?
M. BERTRAND: Les comtés de l'île de Montréal.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les comtés de l'île de
Montréal...
M. BERTRAND: Il n'y a pas beaucoup d'agriculture.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Alors, M. le Président, le
député de Montmorency, je pense, a parlé un peu trop vite.
Il est jeune. Ce n'est pas un défaut. Ce n'est pas un défaut
d'être jeune...
M. VEZINA: II est marié.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II aurait pu faire un excellent ministre, M.
le Président, mais c'est défendu de le dire en Chambre, quoique
ce serait sympathique de le dire. Alors, il aurait pu faire un excellent
ministre, enfin, je ne sais pas, en principe, mais certainement qu'il aurait pu
aider son collègue, le député de Champlain.
Deux personnes ne connaissant rien à l'agriculture, cela aurait
fait le ministre idéal. Vous ne pensez pas? Vous n'avez pas le droit de
me dire oui, M. le Président, je vous comprends.
Je demande donc avec mes collègues d'approuver la motion
présentée par le député de Saint-Maurice. Que l'on
convoque la commission de l'Agriculture et de la Colonisation, instanter
je ne répéterai pas tous les synonymes, parce que cela pourrait
brouiller le député et le faire changer de langue et qu'on
entende la Régie des marchés agricoles, qu'on fasse l'examen de
tous les problèmes évoqués par la motion du
député de Saint-Maurice, et cela, afin de dissiper l'impression,
de faire disparaître cette impression qu'ont beaucoup de gens qui m'en
ont parlé que le ministre a des raisons particulières de ne pas
se rendre immédiatement à la demande du député de
Saint-Maurice.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Brome.
M. Glendon Brown
MR. BROWN: Mr. Speaker, I would like to way a few words on this motion
of the Honourable Member for Saint-Maurice and to maybe answer a few questions
that the Honourable Member for Nicolet was asking and talking about, as well as
my Honourable "confrère" from Chicoutimi who, during the four years that
his party was in power never, under any circumstances, asked his Minister to
call a meeting of anything, never appeared at any public discussion on
agriculture and said one word...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège.
MR. BROWN: ...during the four years that his party was in power.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège. Le député de Brome se rendra compte que je
comprends très bien la langue qu'il parle. Il a porté des
accusations. J'ai assumé pendant quatre ans la responsabilité du
ministère des Affaires culturelles, étant toujours présent
ici en Chambre, répondant à toutes les questions qui
m'étaient posées. Je suis allé à toutes les
commissions; j'ai participé aux travaux de toutes les commissions
où il était requis que je fusse présent. D'autre part,
j'ai participé à diverses reprises à des débats
portant sur des problèmes agricoles, particulièrement lorsque ces
débats touchaient des questions relatives à la région que
je représentais.
Si le député de Brome veut engager le débat sur ce
terrain, j'établirai statistiquement quelles ont été les
interventions de ses collègues, actuels ou passés, sur des sujets
de très grande importance. Mais il n'a pas le droit d'interpréter
la présence ou la non-présence...
M. BROWN: Je soulève un point d'ordre, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): II n'y a pas de point d'ordre, M. le
Président, sur une question de privilège, vous le savez... Donc,
il n'a pas le droit d'interpréter la présence ou la
non-présence...
M. LACROIX: Votre discours est terminé là?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... d'un membre de cette Chambre sans donner
exactement les raisons pour lesquelles...
M. LACROIX: ... pour mal faire.
M. LE PRESIDENT: Je crois que j'ai fourni au député de
Chicoutimi tout le temps voulu pour établir sa question de
privilège et je donne de nouveau la parole au député de
Brome.
MR. BROWN: May I ask the Honourable Member a question?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Go on, go on.
MR. BROWN: At no time, during the four years that his party was in
power, did the Honourable Member for Chicoutimi ever mention anything on farm
policy dealing with the estimates or at any meeting of the Agriculture
Committee...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président...
MR. BROWN: ... and if he did, I would like him to give the dates. I
would like to note them.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, on me pose la
question. Je suis intervenu, à maintes reprises, pour parler des
bleuets, pour parler de la pluie artificielle, pour parler de la production des
pommes de terre, pour parler des produits horticoles, etc.
M. BERTRAND: De l'industrie laitière.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De l'industrie laitière.
Siégeant au conseil des ministres, contrairement au ministre actuel de
l'Agriculture, je m'occupais des problèmes agricoles. Que le
député de Brome aille faire un tour dans Chicoutimi; il verra ce
que nous avons réalisé là-bas et ce que le gouvernement
libéral avait refusé pendant six ans.
UNE VOIX: Cela ne frappe pas fort.
UNE VOIX: Ce n'est pas drôle de n'être pas nombreux.
MR. BROWN: As usual, after we, of this party, the Liberal Party, had
asked for meetings, we knew that farming was going down all the time. We told
the Minister about the estimates but what, at that time, did the Honourable
Member for Chicoutimi do? Did he mention blueberries? Did he ask a question
such as...
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): Yes.
MR. BERTRAND: Yes, he did.
MR. BROWN: Never during the time...
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): ... I am answering the question of the
Honourable Member in English. My answer is yes. Yes, very often. If the
Honourable Member does not understand French, I am not responsible.
M. LEVESQUE: M. le Président, nous avons écouté
religieusement, et avec la difficulté que vous savez, le
député de Chicoutimi, difficulté qui se comprend par les
réactions que nous avons dû soumettre à une discipline
très vive.
J'espère que, du côté du député de
Chicoutimi, nous aurons le même calme et la même
sérénité et qu'il écoutera religieusement le
discours de notre collègue de Brome.
MR. BROWN: Mr. Speaker, all the debates that we had in the four years
that I have mentioned are available for the Member from Chicoutimi to give me
the pages and the dates when he officially said anything in this House at the
time of the setting of the Accounts committee or of the Agriculture
Committee.
MR. TREMBLAY (Chicoutimi): I raise a question of privilege. I am not
responsible if the Honourable Member does not understand French and cannot read
French.
M. BROWN: M. le Président, je suis heureux de dire quelques mots
en français. Comme citoyen de cette province de Québec, ayant une
famille née ici, mon grand-père étant né ici, de
même que mon arrière-grand-père, j'ai exactement les
mêmes droits que le député de Chicoutimi.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je pose la question de
privilège.
M. BROWN: Encore!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le député de Brome...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... dans ses dernières observations,
laisse entendre que je lui dénierais le droit d'utiliser sa langue. En
aucun temps, je ne lui ai dénié ce droit, mais j'ai tout
simplement dit que, s'il n'avait pas compris ce que j'avais dit en
français, j'allais le lui répéter en anglais. Aux
questions qu'il m'a posées, je lui ai répondu en anglais, ce qui
est une preuve de respect pour la langue qu'il parle.
Essayez donc de dire le contraire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre s'il vous plaît. Le
député de Brome.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le mousse en goguette, là-bas.
MR. BROWN: Mr. Speaker, it is not only today or yesterday that I have
been in this House.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
MR. BROWN: I am proud to say that I have been here for some fourteen
years and more. And I can also say that at that time, and during that time,
there is no Member in this House that has taken a greater interest in
Agriculture than I have.
I can well remember one whole winter, the whole of the winter session
when I tried to bring up a position on potatoes and the Prime Minister who was
a Union Nationale Prime Minister at that time, in 1957, for the whole winter
there was not a quotation in the paper about potatoes in the Province of
Quebec. I tried to raise the question during the whole session and I was not
allowed to speak on
potatoes. I heard, Mr. Speaker, by the reams and paragraphs and pages
the terrible things that Ottawa did to the Province of Quebec and on anything
arising out of Ottawa could be absolutely no good for this Province of Quebec
and now, I see a Member of this party raise a motion that says, that
instruction be given to the Committee on Agriculture and Colonisation to
convene the Members of the Quebec Agriculture Marketing Board to examine the
problems being met by Quebec taxpayers in the application of the system of
joint programming of the Federal and Provincial Governments.
I am sure that there is one Prime Minister of Quebec, if he could hear
this motion, he certainly would shake that box that he is on. And the Member
from Saint-Maurice brings that motion on the floor of the Assembly, saying that
the Marketing Board should examine problems while who do you think caused those
problems?
Who do you think?
A VOICE: That is right.
MR. BROWN : After four years of the Union National regime, the Minister
said that they were correcting all the problems, dealing with everything, that
there will not be a stone left unturned to help out the farmers in this
Province of Quebec and this same party comes along to my Honourable confrere,
the Minister of Agriculture, and blame, his improvidence.
All that I can say at this time is that I want to congratulate this
young man for stepping into the shoes that he has stepped into and doing the
job that he has done.
The Honourable Member for Nicolet, in 1969 and 1968 and 1967 I
was one of the Opposition critics along with my Honourable friend from
Huntingdon here and the Member from Abitibi and we asked him what was
the new type of things that he was bringing in to help the farmers. Well, he
did not say very much, this is in the accounts. And here, I hear him, and year
and half later, telling all kinds of wonderful things that he had planned and
organized in 1968 and 1969 to help the farmers out, and they should be in being
now.
How was it, Mr. Speaker, that the same Minister who is now an
ex-Minister comes along and tells us of all these plans when we, of the
Agricultural Committee of this Province of Quebec, asked him not once but many
times what are the policies? What is new? What do you intend to do, to take the
farmers out of the marasme that they are in? No answer. We even asked him if be
was intending to help out farmers in their housing. He could not do that. Dear!
Dear! And, what the farmers could do to improve their housing conditions? The
Honourable Minister of that time, the Member for Nicolet, said that he could do
nothing. Right in the accounts.
So, Mr. Speaker, I would like, first of all, to congratulate the
Minister...
MR. VINCENT: Mr. Speaker, on a question of privilege. If the Member for
Brome remembers well, regarding this special question he is talking about, we
were discussing a new legislation according grants to farmers when they were
buying a new piece of land. At this time, he asked me the question if we were
going to do something for housing, concerning the grants we were giving to
farmers for the buying of lands. I said: No, because this grant was given to
farmers to increase the acreage of their farms and not to improve their
housing. That is the part of the discussion we have had in 1969, in the month
of March or April.
A VOICE: Six o'clock.
MR. BROWN: But, the key of this whole situation is there were no money
granted and the party that is now across the floor from me refused at that time
to do anything to help farmers in their housing. May I move a motion of
adjournment?
MR. VINCENT: You ask your neighbor what we did about the tile
drainage?
M. LEVESQUE: M. le Président, je vois qu'il y a eu une
proposition pour l'ajournement du débat. Avant de proposer l'ajournement
de la Chambre, on me signale qu'une des questions comportait une réponse
assez longue, avec six pages de tableaux. Alors, si on est d'accord, je ferais
une motion pour transformer cette question en motion pour dépôt de
documents.
M. BERTRAND: Quel numéro? M. LEVESQUE: Numéro 8.
M. LEVESQUE: La motion est-elle acceptée?
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEVESQUE : Demain, nous continuerons l'étude du projet de loi
relatif à la création du ministère des Affaires sociales.
Nous pourrons entreprendre, par la suite, la Loi abolissant le projet de loi
numéro 41, puis, passer aux autres lois qui apparaissent au nom du
ministre de la Santé.
M. BERTRAND: Les numéros 43 et 44.
M. LEVESQUE: Nous pourrons peut-être commencer l'étude des
projets de loi au nom du ministre des Finances: la Caisse de dépôt
et Sidbec.
M. BERTRAND: Ah oui!
M. PAUL: Dois-je comprendre que, pour le moment, le leader parlementaire
exclut le bill 55?
M. LEVESQUE: Le bill 55, il faudrait...
UNE VOIX: La Loi de l'administration financière.
M. LEVESQUE: Oui. Je crois que pour le moment, nous reporterons ce
projet de loi à la semaine prochaine.
M. LE PRESIDENT: Je voudrais rappeler aux députés qui sont
libres qu'il y a convocation pour 7 heures 30, ce soir, à la salle
81-A.
M. BERTRAND: Les séances sur le bill 45, projet qui est soumis
à la commission?
M. LEVESQUE: Je ne puis pas présumer de ce qui s'est
décidé à l'instant à la commission, mais j'avais
suggéré qu'on ajourne à mercredi prochain, à dix
heures du matin, à la salle 81-A, la commission parlementaire sur les
Richesses naturelles devant tenir sa séance à la salle 91-A.
J'espère que c'est bien ce qu'on a convenu à la commission qui
doit achever ses travaux présentement.
M. VINCENT: M. le Président, une question pour le
député de Rouville. Concernant la Loi sur le cidre, est-ce que
cela va aller à la semaine prochaine car il a hâte que la loi soit
adoptée telle que nous l'avions rédigée.
M. LEVESQUE: Oui. Je crois que cela irait probablement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Oui.
M. LEVESQUE: L'étude du projet de loi concernant le cidre aurait
lieu probablement la semaine prochaine et, peut-être, la semaine
suivante. J'en profite pour solliciter la collaboration de tous nos
collègues à cause du travail considérable et du peu de
jours qu'il nous reste d'ici le congé de Noël.
M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre à
demain après-midi, trois heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain, trois
heures.
(Fin de la séance 18 h 4)