Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Quinze heures cinq minutes)
M. FRECHETTE (président): Qu'on ouvre les portes» A
l'ordre, messieurs!
Présentation de pétitions. L'honorable
député de Westmount.
Pétitions
M. HYDE: M. le Président, j'ai l'honneur de faire motion pour
qu'il me soit permis de présenter la pétition de dame Dora Wright
et de dame Grace Wright, demandant l'adoption d'une loi concernant le testament
de Dora Theresa Pattle, et que cette pétition soit maintenant
présentée, lue et reçue.
M. LE PRESIDENT:
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de commissions élues.
M. LEFEBVRE: Puis-je vous demander, M. le Président, sur une
question de procédure, à quel article le gouvernement appellera
le rapport de la commission permanente de l'Education, comme il s'est
engagé à le faire vendredi dernier?
M. PAUL: Aux affaires du jour.
M. LE PRESIDENT: Aux affaires du jour. L'honorable député
de Wolfe.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, pour M. Sauvageau, j'ai
l'honneur de faire motion pour qu'il me soit permis de présenter la
pétition de la ville de Montréal-Est, demandant l'adoption d'une
loi modifiant sa charte, et que cette pétition soit maintenant
présentée, lue et reçue.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
Bill 8
M. BERTRAND: Un instant, la Loi de l'assurance-maladie. Article b).
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Santé propose la
première lecture de la loi intitulée Loi de
l'assurance-maladie.
M. CLOUTER: M. le Président, si vous le permettez, je voudrais
lire en entier les notes explicatives du projet de loi. Je crois que,
même si elles sont un peu longues et élaborées, ce serait
préférable pour les fins du journal des Débats.
Ce projet a pour objet d'instituer au Québec, à compter du
1er juillet 1970, un régime d'assurance-maladie en vertu duquel le
coût des services et des biens qui sont requis pour la santé et
que fournissent les professionnels de la santé sera assumé,
conformément aux dispositions du bill et des règlements, par un
organisme gouvernemental déjà institué sous le nom de
Régie de l'assurance-maladie du Québec.
Toutes les personnes qui résident au Québec pourront
bénéficier de ce régime. Toute personne qui quittera le
Québec, pour s'établir dans une autre province du Canada
où existe un régime équivalent d'assurance-maladie,
continuera à bénéficier du régime
québécois jusqu'à ce que se soit écoulée la
période d'attente en vigueur dans cette autre province avec un maximum
de quatre mois.
Si cette personne quitte le Québec pour s'établir dans une
autre province où n'existe pas un tel régime, elle pourra
continuer à bénéficier du régime
québécois pour au plus quatre mois. Elle cessera de
bénéficier du régime québécois, si elle
quitte le Québec, dès son départ pour
l'étranger.
Une personne qui s'établira au Québec après avoir
quitté une province canadienne où existe un régime
équivalent d'assurance-maladie bénéficiera du
régime québécois dès que le régime de cette
autre province cessera de s'appliquer à elle. Un Québécois
pourra être remboursé du coût des services assurés
qui lui auront été fournis hors du Québec, mais à
un taux qui ne pourra dépasser celui qui est prévu par le
régime québécois.
Les régimes privés d'assurance-maladie deviendront caducs
dans la mesure où ils assurent les mêmes services que le
régime québécois. Si un régime privé assure
d'autres services, il demeurera en vigueur pour ces autres services, mais les
primes devront être ajustées en conséquence, à moins
que l'assuré n'accepte, en échange de la même prime, des
services additionnels. Les employeurs qui se sont engagés à
fournir ou à payer à leurs employés ou retraités
des services qui deviennent assurés par le régime
québécois devront, si le coût de leur engagement
excède celui de leur contribution au régime
québécois, verser
la différence à leurs employés ou leur offrir des
avantages additionnels.
Si les employés sont représentés par une
association accréditée, des ententes à ces fins pourront
se faire entre l'employeur et ses employés par l'entreprise de cette
association. La rémunération payable aux professionnels de la
santé, en vertu du régime, sera fixée par des ententes
à intervenir entre le ministre de la Santé et les organismes
représentatifs des diverses catégories professionnelles de la
santé et sera entièrement payée par la Régie de
l'assurance-maladie pour le compte des assurés.
Les professionnels de la santé qui se seront
désengagés du régime ne seront pas liés par ces
ententes, mais ils devront, avant de fournir à leurs patients des
services ou des biens qui seraient autrement assurés par le
régime, leur donner avis que le coût de ces services ne sera pas
payé par la régie. Des commissions de surveillance seront
formées par la Régie de l'assurance-maladie aux fins de
dépister les abus que les professionnels de la santé ou les
assurés pourraient faire à l'endroit du régime. Ces
commissions seront composées, en majorité, de membres des corps
professionnels déjà chargés de régir ces
professions.
Ces commissions pourront recommander que des remboursements soient
exigés des assurés ou, dans le cas des professionnels de la
santé, que les paiements soient suspendus ou réduits, que des
remboursements soient exigés ou même que le professionnel dont il
s'agit soit exclu du régime pour au plus cinq ans.
Le professionnel de la santé exclu de l'application du
régime pourra toutefois en appeler de la décision de la
régie devant un juge de la cour provinciale.
Le projet de loi contient des dispositions visant à
préserver le caractère confidentiel des renseignements obtenus ou
donnée dans l'application du régime. La régie pourra, avec
l'approbation du gouvernement, adopter des règlements visant à
faire inscrire les personnes qui bénéficieront des services
assurés et à leur délivrer des cartes attestant qu'elles
sont dûment inscrites. Ces règlements pourront ainsiprévoir
l'imposition de frais modérateurs applicables uniquement à
certains biens fournis aux assurés par des professionnels de la
santé. Le financement du régime sera assuré par un
système de contributions auquel participeront les individus et les
employeurs. Ces contributions qui seront versées à la
Régie de l'assurance-maladie par le ministre du Revenu seront
perçues par lui de la façon suivante;
Premièrement, chaque contribuable dont le revenu net est
supérieur à $4,000, dans le cas d'une personne mariée, et
à $2,000 pour un célibataire versera une contribution de 0.8% de
son revenu net avec un maximum de $125. Les employeurs contribueront
également 0.8% de leur bordereau de paye. Pour l'année 1970, les
contributions seront réduites de moitié, et la Loi de
l'assistance médicale est abrogée à compter du 1er juillet
1970.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, pourrais-je demander au ministre
quelles seront les intentions du gouvernement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce que l'honorable député
permettrait que l'on adopte d'abord la motion de première lecture.
Est-ce que la motion de première lecture est adoptée?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, en marge des notes explicatives
dont le ministre vient de faire lecture, est-ce que je peux lui demander
quelles sont les intentions du gouvernement advenant le cas où les
négociations avec les professions impliquées ne sont pas
couronnées par une entente collective?
M. CLOUTIER: M. le Président, à ce moment-ci, les
négociations se déroulant normalement, nous tenons pour acquis
qu'il en sera de même, après la présentation de ce projet
de loi. C'est une question hypothétique et je ne peux donner de
réponse à ce moment-ci sur les événements qui
peuvent survenir par la suite.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à une prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BELLEMARE: Me serait-il permis de demander à cette honorable
Chambre de revenir au dépôt de documents pour que je puisse
déposer l'excellent, le plus beau rapport du ministère du Travail
jamais fait depuis la Confédération?
M. LE PRESIDENT: Présentation de bills publics.
Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre des Finances. Déclaration
ministérielle
M. BEAULIEU: M. le Président, au terme de négociations
tenues entre le gouvernement du Québec et la Caisse de
dépôt etplacement du
Québec, le gouvernement a accepté une offre de la Caisse
de dépôt d'acheter une nouvelle émission de $50 millions du
Québec.
Ces nouvelles obligations, datées du 15 mars 1970,
échoient le 15 mars 1977, portent intérêt au taux de 9 1/4%
et sont achetées par la Caisse de dépôt et placement du
Québec au prix de $99.60 pour $100 valeur nominale d'obligations.
Les obligations échéant en 1977 seront échangeables
au gré du détenteur entre le 15 mars 1976 et le 15 septembre 1976
contre une même valeur nominale d'obligations à 9 1/2%
échéant le 15 mars 1991. Les obligations échéant en
1977 ne seront pas rachetables avant leur échéance. Cependant,
les obligations échéant en 1991 seront rachetables au pair
à compter du 15 mars 1988.
Le rendement à l'acheteur qui détiendra ces obligations
pendant le premier terme de sept ans sera de 9.35% et de 9.42% si elles sont
détenues pendant le terme total de 21 ans.
Les intérêts seront payables semestriellement les 15 mars
et 15 septembre de chaque année.
Le Québec déposera chaque année dans un fonds
d'amortissement, de 1978 à 1990, une somme égale à 1% des
obligations échéant en 1991 alors en cours.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. BOURASSA: Est-ce que ça complète le programme d'emprunt
pour la province? Deuxième question: Quelle est la proportion, au cours
de la dernière année, des emprunts assumés par la Caisse
de dépôt? Je suppose que le ministre doit avoir ces
réponses.
M. BEAULIEU: Le total prévu par la province pour cette
année était de $288 millions. Avec cet emprunt de $50 millions,
nous atteignons le total de $318.7 millions. Nous dépassons donc de $30
millions le montant prévu pour les emprunts. A l'Hydro-Québec,
nous avions prévu $200 millions et, avec le dernier emprunt, nous
atteignons $282 millions pour cette année. Donc, pour
1'Hydro-Québec et le gouvernement du Québec, une somme
additionnelle de $112 millions a été empruntée.
M. BOURASSA: Quelle est la proportion assumée par la Caisse de
dépôt dans les emprunts du gouvernement du Québec?
M. MALTAIS (Saguenay): Si je comprends bien, le ministre...
UNE VOIX: n n'a pas répondu.
UNE VOIX: Ils ont la réponse au théâtre
Saint-Denis!
M. BEAULIEU: M. le Président, je n'ai pas le détail de ce
qui a été fait, mais je pourrais informer la Chambre dès
demain du montant bien précis assumé par la caisse.
M. MALTAIS (Saguenay): Mais, indépendamment...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je pense que je n'ai pas besoin
d'Insister pour répéter ce que j'ai déjà dit
à quelques reprises à l'effet qu'à la suite d'une
déclaration ministérielle il ne peut y avoir qu'un commentaire.
Les membres de l'Assemblée qui ont des questions à poser doivent
attendre cet article du feuilleton.
Dépôt de documents.
L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. VINCENT: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer
deux exemplaires du rapport de la Régie des marchés agricoles du
Québec pour l'exercice terminé le 31 mars 1969.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
M. BEAULIEU: M. le Président, le 26 février 1970,
j'écrivais i l'honorable ministre des Finances du Canada relativement au
transfert d'une somme de $200 millions appartenant au Québec, ou aux
Québécois si le chef de l'Opposition préfère.
Comme je n'ai pas reçu de réponse à cette lettre,
pour le bénéfice des honorables membres de cette Chambre, j'en
dépose copie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. PAUL: M. le Président, me serait-il permis de revenir, avec le
consentement unanime de la Chambre, à l'article des motions non
annoncées? Je voudrais faire motion, M. le Président, pour que le
nom de M. LeBel soit substitué à celui de M. Beaudry comme membre
de la commission municipale de l'Assemblée.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: M. le Président, je voudrais dé-
poser un exemplaire des annexes quatre, cinq, six et sept du rapport de
la commission Prévost sur la société face au crime.
Je voudrais également déposer, en deux exemplaires, le
rapport faisant suite à l'enquête tenue par la Commission de
police du Québec sur la conduite de tous et de chacun des membres du
corps de police de la ville de Vanier pour la période s'étendant
du 26 juin 1968 au 15 novembre 1968 relativement au transport, à la
possession et au transbordement de boissons alcooliques par certaines personnes
à Vanier.
Je voudrais déposer, M. le Président, une liste des
commissions délivrées aux employés publics pendant
l'année 1969 et ce, conformément aux dispositions de l'article 6
de la Loi des employés publics.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés. L'honorable chef
de l'Opposition.
Conférence de Niamey
M. BOURASSA: C'est une question au premier ministre. Est-ce que le
premier ministre pourrait nous informer de l'état des
négociations sur la représentation du Québec à
Niamey? La conférence doit députer dans quelques jours.
M. BERTRAND: Dans l'échange de la correspondance, j'ai
reçu, en réponse à ma lettre du 27 février, une
lettre en date du 7 mars 1970 qui m'est arrivée le 9 mars. J'en ai pris
connaissance hier soir. On continue à discuter.
M. BOURASSA: Oui, mais est-ce que le premier ministre s'attend à
trouver une formule? La conférence commence dans deux ou trois
jours.
M. BERTRAND: Nous essayons de trouver une formule qui permettra une
délégation québécoise à l'intérieur
de ce que j'appelle la représentation canadienne, qui permettra à
cette délégation québécoise, dans les domaines qui
ressortissent de la juridiction constitutionnelle du Québec, de parler
au nom du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: M. le Président, pendant que le gouvernement fait des
efforts nombreux pour gagner cette nouvelle « guerre des drapeaux
», le premier ministre est-il au courant que, dans un domaine tout aussi
et même plus important, le domaine économique, la province de
Québec est encore en train de « se faire passer un Québec
»?
La compagnie Michelin, qui a déjà deux usines en
construction en Nouvelle-Ecosse, à Pictou et à Bywater M.
le Président, le règlement me permet de donner les renseignements
essentiels à ma question usines qui devaient d'abord donner du
travail à 1,500 personnes chacune et qui vont maintenant, d'après
les derniers renseignements, en donner à 5,000 chacune, à cause
d'un contrat qui aurait été passé avec la compagnie Ford
pour équiper les voitures Ford de pneus Michelin à compter de
1971, le premier ministre est-il au courant que Michelin, songeant à
construire une troisième usine, veut l'établir les plans
préliminaires seraient en préparation au
Nouveau-Brunswick, que cette usine serait située ou à Dalhousie,
ou à Bathurst, ou à Edmundston, ou à Grand Falls? Le
premier ministre est-il au courant que la province de Québec est encore
en train de perdre, une deuxième fois, la « guerre de
Michelin», et trouve-t-il cela plus important que la « guerre du
Niamey »?
M. le Président, le premier ministre, ne croyant pas devoir
répondre, est-ce qu'il voudrait au moins prendre cette question comme
avis pour le ministre de l'Industrie et du Commerce? Je voudrais qu'il nous
dise si le ministère est informé de deux choses:
premièrement, du désir de la compagnie Ford d'utiliser des pneus
Michelin; deuxièmement, de la possibilité de la construction
d'une troisième usine Michelin au Nouveau-Brunswick, au cours de
l'année 1971.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Matane.
Sondage de la Commission Prévost
M. BIENVENUE: Mes questions s'adressent à l'honorable ministre de
la Justice qui, en vertu du règlement, peut faire des commentaires que
je ne puis faire, moi, comme simple député de
l'arriêre-banc de l'Opposition. Le ministre de la Justice pourrait-il
faire des commentaires à cette Chambre, soit comme avocat ou comme
ministre, responsable de l'administration de la justice et de la nomination des
juges en cette province, sur ce sondage public ou soi-disant public, cousu de
fil blanc, à la commission Prévost, en vertu duquel ses
confrères et les miens je devrais peut-être dire nous
mêmes, ma foi serions des hypocrites, des inutiles, des
malhonnêtes et des voleurs et les magistrats de tous les niveaux, dans
cette province, devant qui lui et moi a-vons plaidé et plaidons, des
incompétents, des gens remplis de préjugés,
incompréhensifs et corrompus?
M. PAUL: M. le Président, tout ce que je puis dire, pour le
moment, c'est que les avocats ne semblent pas populaires. Je crois qu'il me
faudra lire au complet le rapport que vient de mentionner l'honorable
député. Il se réfère, sans doute, au rapport de M.
Sabo, professeur en criminologie à l'Université de
Montréal. Je préférerais, pour le moment, réserver
mes commentaires, car je n'ai pas eu l'occasion de prendre connaissance de ces
volumes dont j'ai déposé une copie sur la table du
secrétaire, cet après-midi. Cependant, il y a un point que
l'honorable député n'a pas soulevé, c'est celui de
l'assistance judiciaire qui était tout à fait nulle avant 1966.
En 1966, un montant de $50,000 a été voté en assistance
judiciaire et, cette année, dans les prévisions
budgétaires, vous remarquerez que le ministère de la Justice
mettra une somme de $800,000 à la disposition des citoyens
québécois, qui n'ont pas les moyens de retenir les services d'un
avocat. C'est déjà un premier pas fort intéressant.
Suicide d'étudiants
M. BIENVENUE: Une question additionnelle. Sous réserve,
évidemment, de ce que vient de dire le ministre qui commentera, si je
comprends bien, plus tard le rapport en question je pourrai alors lui
poser d'autres questions à une autre séance peut-il dire
à cette Chambre s'il est au courant des faits au sujet de cette
prétention très sérieuse de 1 honorable
député de Montmorency, chef pro tempore du Ralliement des
créditistes et maire de sa ville, qui a dit, en fin de semaine, que dans
la seule région de Sainte-Foy 34 étudiants ou jeunes
s'étaient enlevé la vie en 1968?
M. PAUL: M. le Président, je puis dire que le
député de Montmorency souffre d'inflation. J'ai été
fort surpris d'apprendre certaines choses qui sont rapportées dans les
journaux d'aujourd'hui, et je remercie l'honorable député de me
fournir l'occasion de rétablir les faits. Il y a eu trois suicides dans
les limites de Sainte-Foy, au CEGEP de Sainte-Foy, en 1968; deux suicides de
mineurs de sexe masculin et suicide d'un majeur du sexe masculin. Par
conséquent, il y a eu une inflation de 31 suicides, d'après les
propos tenus par l'honorable député de Montmorency.
Descente policière au Mexique
M. BIENVENUE: M. le Président, une dernière question
à l'honorable ministre de la Jus- tice. Le ministre, qui est responsable
de la prévention et de la répression du crime dans cette
province, ayant sans doute comme tel son mot à dire quant à la
bonne marche et à la tenue irréprochable de cette nouvelle
institution qu'est la Loterie du Québec, le ministre, dis-je, a-t-il eu,
via la Sûreté du Québec ou tout autre corps policier, des
communications avec les forces policières mexicaines relativement
à la descente que l'on sait et qui impliquerait, semble-t-il des membres
notoires de la Cosa Nostra ou de la Mafia, et si oui, peut-il en informer cette
Chambre?
M. PAUL: M. le Président, effectivement, vendredi, j'ai
reçu un rapport détaillé des événements que
relate l'honorable député de Matane, mais dans
l'intérêt public, je ne puis dévoiler quoi que ce soit pour
le moment afin de permettre aux forces policières de contrôler
certaines informations en provenance du Mexique.
M. BIENVENUE: Dernière question, M. le Président, que je
devrais plutôt adresser au ministre des Affaires culturelles. Le ministre
a-t-il pris connaissance des dépêches au sujet de cette descente
et sait-il s'il s'agit d'individus de la même Mafia dont il avait dit
qu'elle avait contribué à élire le premier ministre au
dernier congrès?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tout ce que je puis dire, M. le
Président, au député de Matane, c'est que les
renseignements que j'ai obtenus sont à l'effet que les personnes qui
seraient impliquées sont celles qui ont noyauté le congrès
libéral qui a élu votre chef, M. Bourassa.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. MALTAIS (Saguenay): M. le Président, j'ai avisé le
ministre des Affaires intergouvernementales et ministre
délégué au Plan de la question que je lui poserais.
L'ODEQ
M. MALTAIS (Saguenay): Pourrait-il commenter l'Information parue dans le
Soleil du 9 mars dernier relativement au fait que l'ODEQ perdrait une partie
des $258 millions qui lui sont votés. J'ai avisé le ministre de
cette question; aurait-il des commentaires à faire?
M. MASSE: M. le Président, je remercie le député de
m'avoir prévenu de sa question. La réponse à cette
question est non, l'ODEQ ne perdra pas une partie de cette somme.
Voilà.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Fabre.
M. MALTAIS (Saguenay): Vu les bonnes dispositions de mon ami d'en face,
si je comprends bien, la rumeur est absolument fausse, et vous n'entendez pas
aider la Cote Nord du tout.
M. MASSE: A l'heure actuelle, selon l'entente négociée et
signée au mois de mai 1968, aucune somme d'argent n'est prévue
pour cette enquête. Il n'y a pas eu de nouvelles négociations sur
cette question, et il n'est pas prévisible qu'il y en ait.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Fabre.
Demande d'enquête de la CSN
M. HOUDE: J'adresse ma question au premier ministre. Je voudrais savoir
ce qu'il a l'intention de faire à la suite du télégramme
de M. Marcel Pepin, président de la Confédération des
syndicats nationaux, lui demandant de constituer une enquête publique
concernant les accusations portées par la CSN à l'égard du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LOUBIER: M. le Président, avec votre permission je tiens
d'abord à remercier le député de Fabre de ne pas m'avoir
prévenu de sa question.
M. HOUDE: Ce n'est pas à vous que s'adressait cette question:
vous y êtes impliqué.
M. LOUBIER: Disons que la réponse sera encore plus
spontannée qu'il ne l'aurait espéré. Le
télégramme est effectivement parvenu au premier ministre et une
copie m'a été transmise. Premièrement je reprends les
propos que j'ai tenus la semaine dernière, lors de la parution de ce
communiqué, pour redire à cette Chambre, comme je l'ai fait en
dehors de la Chambre, que c'est un tissu de mensonges, de
malhonnêtetés et de malices incomparables qui n'a d'égal
que l'inconséquence des gens qui l'ont fabriqué.
Deuxièmement, la semaine dernière, j'ai invité
publiquement les dirigeants de la CSN ou leurs délégués
à venir au ministère consulter un à un tous les
dossiers.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LOUBIER: Je n'ai eu aucune réponse de leur part.
DES VOIX: Ah! Ah!
M. LOUBIER: J'admets que c'est habile de la part de M. Pepin de tenter
de noyer tout cela par la demande d'une enquête publique. Mais, s'il veut
être conséquent, s'il veut être de très bonne foi et
jouer ce qu'on appelle « fair play » qu'il réponde donc
à cette invitation. Au lieu de faire dépenser des dizaines ou une
centaine de milliers de dollars, il pourra, d'une façon très
sereine, consulter tous les dossiers. La CSN mouvement sérieux qui a un
certain panache, aurait dû avant de se porter caution d'un
braconnier qui a déjà été condamné et qui
s'est vu refuser, avec son association, un club privé de chasse et de
pêche le 11 novembre 1969 déléguer quelqu'un
à mon bureau pour consulter tous les dossiers, d'une façon
très sereine, constructive et honnête.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Abitibi-Ouest.
Professeurs de Val-d'Or
M. COURCY: M. le Président, l'honorable ministre de l'Education a
été mis au courant que cette question lui serait posée cet
après-midi. Au nom de mon collègue, le député
d'Abitibi-Est, je lui demande s'il a pris les moyens pour empêcher le
débrayage des professeurs à la Commission des écoles
catholiques de Val d'Or, ce qui...
M. ROY: Est-ce une autre rumeur?
M. COURCY: Non, ce n'est pas une rumeur.
M. DEMERS: Est-elle vraie, celle-là?
M. COURCY: Ce qui empêcherait 2,747 élèves d'aller
en classe demain matin.
M. CARDINAL: M. le Président, j'aiappris, en passant au bureau,
que cette question me serait posée par un député de
l'Opposition.
J'avais déjà des renseignements, la semaine
dernière, sur la commission scolaire de Val-d'Or; je les donne
aujourd'hui. Je vous ai déjà, à plusieurs reprises,
donné des renseignements au sujet de cette commission scolaire et
d'autres dans cette région. Je vous ai dit que nous avions
déjà versé des subventions importantes en février.
Les chiffres sont au journal des Débats. J'avais alors fait remarquer
que la com-
mission scolaire de Val-d'Or n'avait pas encore envoyé ses
comptes de taxes scolaires. Je répète: Elle n'avait pas encore
fait envoyer ses comptes de taxes scolaires et, par conséquent, n'a pas
encore perçu ses comptes de taxes scolaires. Cela représente un
montant de plus d'un demi-million.
La non-perception de sommes aussi importantes complique la situation. Je
dois ajouter cependant que nous attendons, aujourd'hui même, au
ministère, le résultat d'un geste que nous avons posé
nous-mêmes. J'ai envoyé les gens de l'opération «
Mise à jour » sur place et j'attends, au cours de la
journée ou au plus tard demain, le rapport préliminaire de
l'opération « Mise à jour », dans le cas de cette
commission scolaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Louis.
Compensation aux victimes du crime
M. BLANK: J'ai une question pour le ministre de la Justice. Dans le
rapport Prévost qui nous a été distribué
aujourd'hui, on dit que presque toute la population est en faveur d'un
système de compensation pour des victimes du crime. Le gouvernement
est-il prêt à présenter un bill dans ce sens ou si
ça va être encore une promesse électorale?
M. PAUL: M. le Président, en principe, le gouvernement est
favorable. D'ailleurs, c'est avec plaisir que nous avions adopté la
motion présentée par l'honorable député lors de la
dernière session. H faut, cependant, considérer toutes les
implications qu'une telle mesure pourrait entraîner dans l'administration
gouvernementale.
M. BLANK: Une question supplémentaire sur la remarque du ministre
à propos de la motion que j'avais présentée à la
Chambre. Je veux corriger le ministre. Ce n'était pas une motion;
c'était une adresse au lieutenant-gouverneur pour payer le montant
à deux veuves; l'une du comté de Bagot, avec sept enfants...
Cette adresse avait été votée unanimement par cette
Chambre et c'est une obligation du gouvernement de payer et de ne pas se cacher
derrière les détails techniques d'un arrêté en
conseil pour ne pas payer cette somme à ces femmes-là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BLANK: Jusqu'ici, je pense que le public n'est pas au courant que
c'est fait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, je me référerai au
discours qu'a fait le député de Saint-Louis lors de la
dernière session.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
Négociation avec les résidents
M. GOLDBLOOM: M. le Président, vendredi dernier, j'ai posé
trois questions précises à l'intention du ministre de la
Santé, qui était retenu ailleurs. Ces questions avaient comme
sujet la grève des internes et résidents, grève qui dure
depuis 38 jours. Au cours de cette période, il n'y a eu qu'une seule
véritable séance de négociation. J'ajoute, à ces
trois questions de vendredi, la quatrième: Le ministre a-t-il
rencontré ce matin les représentants des internes et
résidents? Dans l'affirmative, est-il en mesure de nous faire un rapport
sur cette rencontre?
M. CLOUTIER: M. le Président, ce matin, les internes et
résidents sont venus au ministère et nous nous sommes entendus
pour que la rencontre ait lieu ce soir, afin de pouvoir disposer de beaucoup
plus de temps pour nos conversations. Alors, je les rencontre ce soir, ici,
à huit heures trente.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
Construction de deux traversiers
M. LAPORTE: M. le Président, première question, le
ministre des Finances est-il président du Conseil de la
trésorerie?
M. BEAULIEU: Oui, oui.
M. LAPORTE: C'est à ce titre que je lui pose cette question. Nous
avons appris, en fin de semaine, par la bouche d'un ministre, que le
gouvernement s'apprêterait à accorder à la Davie
Shipbuilding un contrat sans soumission pour la construction de deux
traversiers au prix de $4,070,750. Ma question au ministre est la suivante:
Est-ce l'intention du Conseil de la trésorerie d'approuver ou a-t-il
déjà approuvé l'octroi de ce contrat sans soumission de $4
millions?
M. BEAULIEU: M. le Président, des contrats de plus d'un million
de dollars sont acceptés par le conseil des ministres.
M. LAPORTE: Alors, je m'adresse au premier ministre, M. le
Président. Est-il vrai que la province de Québec, via le
ministère des Transports, s'apprête à accorder à la
Davie Shipbuilding un contrat sans soumission de $4,070,750 pour la
construction de deux traversiers?
M. BERTRAND: Je déposerai les arrêtés
ministériels.
M. LAPORTE: Je pose une question au ministre: Est-ce que le contrat a
déjà été accordé ou si l'affaire est encore
en négociation? Et, si le contrat est accordé, comment se fait-il
qu'il n'y a pas un sou de prévu au budget de cette année?
M. BERTRAND: Je déposerai les arrêtés
ministériels.
M. LAPORTE: Encore une fois, si la réponse était
négative, je l'aurais eue tout de suite. Cela va être
confirmé quand? Quand cela sera-t-il déposé?
M. BELLEMARE: Prochainement. M. BERTRAND: D'ici quelques jours.
M. LAPORTE : Alors, je le demanderai chaque jour.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Matane.
Transport des écoliers
M. BIENVENUE: Ma question s'adresse à l'honorable ministre des
Transports et Communications. Comme je n'ai pu le rejoindre ce matin,
malgré mes efforts, cette question lui servira de préavis pour
une autre séance. Ce que j'aimerais savoir du ministre c'est s'il a
reçu récemment une lettre du Conseil central des syndicats
catholiques de Québec lui soulignant des anomalies sérieuses et
de graves irrégularités dans le transport des écoliers de
trois régionales, celles de Chauveau, de Jean-Talon et de Tilly, et
concernant le personnel de la compagnie qui exploite ce service, et surtout
l'état des véhicules impliqués sur le plan
sécuritaire. Si le ministre voulait en prendre préavis et me
répondre à une autre séance, j'en serais bien heureux pour
les contribuables.
M. LIZOTTE: Je remiercie le député qui a fait son possible
pour me donner préavis de la question. Avant de recevoir même ces
réclamations des différents corps publics dont il est mention, je
dois dire que nos enquêteurs avaient déjà commencé
à faire l'inspection de ces véhicules, et que des mesures seront
prises pour faire respecter les règlements.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
Arrêtés ministériels
M. LAPORTE: Puisque nous achevons à peine de parler
d'arrêtés ministériels, le premier ministre, m'ayant promis
de me remettre les arrêtés ministériels quant aux
honoraires payés aux membres des autres commissions qui sont
actuellement au travail...
M. BERTRAND: J'ai complètement oublié.
M. LAPORTE: Vous avez complètement oublié?
M. BERTRAND: Oui. Il ne faudrait pas que l'on établisse comme
pratique courante que nous allons produire les documents comme cela. Il y a un
moyen normal, je l'ai accepté l'autre jour pour la commission de la
langue française, il y a des questions au feuilleton, autrement, cela
veut dire que le premier ministre est obligé de se faire l'agent
continuel, non seulement...
M. LAPORTE: D'accord.
M. BERTRAND: Il faut suivre certaines règles. H peut arriver que
je l'oublie, ou que quelqu'un... Quand c'est au feuilleton, nous avons la note.
Nous remettons le feuilleton à nos gens.
M. LAPORTE: A l'avenir, on pourra utiliser la procédure que la
Chambre acceptera. Je n'ai pas d'objection, mais je rappelle au premier
ministre...
M. BERTRAND: Le député de Chambly reconnaît avec moi
que c'est une procédure plus normale.
M. LAPORTE : Je reconnaîtrai tout ce qu'on voudra à la
condition que le premier ministre reconnaisse que, quant aux commissions
d'enquête et quant à la Davie Shipbuilding, il s'est engagé
à me donner des arrêtés ministériels, et je le
connais assez pour savoir qu'il va tenir sa parole.
M. BERTRAND: Ce sera fait.
M. LAPORTE: Le plus tôt possible?
M. BELLEMARE: Dans un délai très raisonnable.
M. LAPORTE: Dans un délai raisonnable, je connais la
célérité du premier ministre; dans le cas de la commission
Gendron, cela a pris trois jours. Il y en a déjà trois
dépassés; dans le cas des autres commissions, j'imagine que
ça va être demain.
M. BERTRAND: On pourrait bien jouer là-dessus. H y avait
seulement un arrêté.
M. LAPORTE: Un arrêté? Il y en a donc plusieurs? Ils ont
tous été augmentés?
M. BERTRAND: Vous les aurez. M. LAPORTE: Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
Régie de l'électricité et du
gaz
M. BINETTE: Ma question s'adresse au ministre des Richesses naturelles.
En vertu de l'article 36 du chapitre 87 de la Loi des Statuts refondus du
Québec, 1964, le ministre est tenu de déposer à
l'Assemblée nationale, dans les trois semaines de l'ouverture de la
session, le rapport des demandes faites à la Régie de
l'électricité et du gaz, des ordonnances qu'elle a rendues depuis
son entrée en fonction ou, selon le cas, depuis son rapport
précédent, et du nombre, de la nature et du résultat des
enquêtes faites pendant la même période. Je demande au
ministre si ce rapport a été fait, et quand il a l'intention de
le faire s'il ne l'a pas été?
M. ALLARD: Je dois dire que ces rapports sont prêts à
être déposés, et qu'ils le seront incessamment ces jours-ci
ou au début de la semaine, au plus tard.
M. BINETTE: Est-ce que le ministre est conscient que ces rapports
auraient été très importants pour étudier le bill 4
cet après-midi, projet de loi qui est censé être inscrit au
feuilleton?
M. ALLARD: La Régie du gaz?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre des Richesses
naturelles...
M. BERTRAND: Un instant. Excusez-moi, M. le Président, nous nous
sommes entendus pour appeler à ce moment-ci, l'article 9, rapport des
commissions de la Chambre, motion du député d'Ahuntsic.
M. BELLEMARE: C'est vrai.
Rapport de la commission de l'Education
Observation de M. le Président
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Avant d'entamer l'étude de
cet article du feuilleton, on me permettra peut-être quelques
observations que je crois de mon devoir de faire, observation basées
d'abord sur les prescriptions de l'article 158 de nos règlements, lequel
article spécifie, en substance, que lorsque le président semble
découvrir qu'il pourrait y avoir irrégularité dans une
procédure, il doit immédiatement le signaler à la
Chambre.
C'est en vertu de l'article 158 que j'interviens tout de suite. Pourquoi
cette intervention? Parce que je réfère également la
Chambre aux articles 155 et 483, où il est clairement dit que, pour
qu'une motion de cette nature, qui m'apparaît à sa face même
impliquer une dépense de crédits, soit adoptée, il faut
qu'elle soit présentée par un ministre de la couronne. Je
réfère également les membres de la Chambre à
Bourinot, qui, à la page 655, traite également, très
précisément, de cet aspect de la procédure. Je tiens
cependant à souligner, que ce n'est pas une décision que je
rends, ce n'est pas un jugement; je signale tout simplement à
l'attention de la Chambre les dispositions de notre règlement; non
seulement je suis disposé, mais, toujours en vertu de l'article 158, je
dois écouter les arguments des membres de la Chambre sur le point
d'ordre et le règlement que je viens de soulever.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je pourrais, étant
donné que la question du « money bill » a été
étudiée à plusieurs reprises par cette Chambre,
étant donné que, généralement, c'est nous qui nous
payons le plaisir de vous prendre par surprise, M. le Président, et
qu'actuellement, c'est vous qui agissez, en sens inverse dans l'exercice de vos
droits j'aimerais bien que vous le puissiez vous demander de
suspendre l'argumentation sur cette question pour que nous ayons le loisir
quant à moi au moins de référer à
certains dossiers, ayant, sur cette question particulière du «
money bill », des documents d'un grand intérêt. J'aimerais
mieux que nous ayons le
plaisir de pouvoir argumenter ou discuter ce point de droit à une
séance ultérieure.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la proposition de l'honorable
député de Chambly sera acceptée?
M. PAUL: M. le Président, nous pourrions peut-être convenir
de jeudi ou vendredi pour discuter de cette question, si cela vous convenait.
Cela vous permettrait de compléter les études...
M. BELLEMARE: Jeudi. Est-ce que l'honorable député de
Chambly a entendu l'honorable ministre de la Justice?
M. LAPORTE: Une seconde.
M. LEFEBVRE: Nous étions en caucus.
M. BELLEMARE: Cela me surprend que vous en fassiez encore partie.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que vous disiez au sujet du caucus? Vous n'avez
pas référé à la mafia, j'imagine?
M. BELLEMARE: Non, non. M. BERTRAND: Référé
à quoi? M. LAPORTE: J'étais distrait.
M. BELLEMARE: On a simplement référé à
« l'Etablishment ».
M. LAPORTE: A « l'Etablishment »! Evidemment, dans notre
parti, on ne peut pas référer à la mafia!
(Le président est debout)
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Du consentement unanime de la Chambre, l'étude de cette question
est reportée à jeudi.
M. BELLEMARE: Jeudi soir.
M. PAUL: M. le Président, ce n'est peut-être pas le moment
voulu, mais je voudrais rappeler aux honorables députés que la
commission des Affaires municipales siégera demain, pour étudier
le problème de l'aéroport de Sainte-Scholastique. L'honorable
député de Chambly m'avait fait part de son consentement pour que
la commission siège demain, je voulais en informer les
députés, dès maintenant, parce que je constate qu'aucun
avis en ce sens ne figure au feuilleton.
M. BERTRAND: Numéro 5.
M. LEFEBVRE: Si on me permet, sur une question de procédure,
je comprends que la motion en discussion concernait les séances
de la commission parlementaire de l'Education, mais rien n'empêcherait
évidemment cette commission de siéger entre-temps à
Québec comme elle le faisait est-ce que le ministre de
l'Education...
M. BERTRAND: Pas du tout. Cela ne dérange absolument rien.
M. LEFEBVRE: Oui, mais, M. le Président...
M. BERTRAND: La commission peut siéger en aucun temps moyennant
que, de part et d'autre, vous vous entendiez.
M. LEFEBVRE: Je veux justement dire au ministre que, quant à
nous, nous serions prêts à siéger demain après-midi,
si le ministre est d'accord, pour continuer d'entendre les gens de la CECM.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai remarqué qu'il y avait à
la fois quatre opinants debout, et je suis bien embêté pour savoir
lequel écouter.
UNE VOIX: Le meilleur, le meilleur!
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
M. BERTRAND: Le ministre de l'Education me dit qu'il n'a aucune
objection à siéger demain après-midi; encore faudrait-il
avoir le temps, au moins, d'avertir ceux qui désirent se faire entendre.
S'il était possible d'avertir les personnes qui, normalement, devraient
être entendues demain, vous pouvez siéger demain après-midi
à 4 heures.
M. LEFEBVRE: Je suis informé, M. le Président je ne
pense pas dévoiler de secrets en disant que je suis informé
privément que les gens qui doivent se faire entendre demain sont
prêts à venir demain.
M. BERTRAND: Bon, alors, entendez-vous.
M. CARDINAL: J'apporte une précision. C'est un renseignement
vrai, mais...
M. LEFEBVRE: Qui me vient du ministre.
M. CARDINAL: ... j'ai un autre renseignement qui le complète. On
avait convenu qu'ils continueraient à se faire entendre à la
prochaine séance. Ces gens ne sont pas de la région de
Québec. Ni le président ni le secrétaire ne leur ont
donné avis. Je réponds exactement ce que l'honorable premier
ministre vient de répondre: Je suis prêt à être en
séance avec les députés demain, mais je ne peux pas me
porter garant que ceux qui n'ont pas encore été prévenus
à l'heure qu'il est seraient disposés à être
à Québec demain à cette heure-là.
M. BERTRAND: Faites envoyer un télégramme.
M. CARDINAL: Je puis faire le nécessaire, mais...
M. LEFEBVRE: Est-ce que vous avez un téléphone dans votre
bureau, M. le ministre?
M. CARDINAL: M. le Président, sans commentaire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: Je ferai les démarches nécessaires et on
verra demain. Si on s'entend pour siéger demain après-midi, que
l'on siège demain après-midi après la période des
questions des députés.
M. BERTRAND: Le secrétaire des commissions est M.
Côté. M. Côté, voulez-vous aviser
immédiatement les personnes qui devaient être entendues
d'être présentes, autant que possible, et de confirmer
immédiatement par télégramme qu'elles le seront? Sinon,
comme le ministre de l'Education l'a dit, cela ne vous sert à rien de
vous réunir si les gens n'y sont pas.
M. LEFEBVRE: Nous voulons simplement accélérer les travaux
de la commission.
M. BELLEMARE: Oh! Oh!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: Toujours sur une question de procédure, si le
ministre des Affaires municipales voulait bien accepter ma question, M. le
Président. Est-ce qu'il a convoqué, demain, devant cette
commission sur les Affaires municipales, des témoins?
M. LUSSIER: M. le Président, des experts qui ont participé
à des études ont été convoqués, et les gens
de la commission pourront leur poser les questions qu'ils voudront bien leur
poser.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que ces experts ont
présenté au ministre un ou des mémoires? Dans
l'affirmative, est-ce que ces documents ont été remis à
l'Opposition?
M. LUSSIER: Des documents ont été remis par ces experts.
Une partie des documents ont été remis aux membres de
l'Opposition et ont été rendus publics, en fait. Il y a d'autres
documents que nous rendrons publics demain.
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que l'Opposition pourra
également assigner des témoins? J'ai l'intention,
personnellement, de demander au ministre d'assigner M. Yves Ryan afin de
pouvoir l'interroger.
M. LUSSIER: M. Yves Ryan sera, de toute façon,
présent.
M. LAPORTE: Merci. Cela répond à ma question. Moi, mes
questions sont prêtes.
M. BELLEMARE: Nos réponses aussi. M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A
l'ordre! M. LAPORTE: Oui? M. BELLEMARE: Oui. UNE VOIX: Numéro 5.
Bill 6 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la deuxième lecture de la Loi concernant la provocation artificielle de
la pluie.
M. Paul Allard
M. ALLARD: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre. Il s'agit, comme vous l'avez vu, du bill 6, Loi concernant
la provocation artificielle de la pluie.
Pour situer le problème, M. le Président, vous me
permettrez de faire un exposa qui relate un peu les circonstances qui ont
amené le
ministère des Richesses naturelles à présenter ce
bill.
Des expériences et surtout des opérations en vue de
provoquer des précipitations se pratiquent au Québec depuis
près d'une vingtaine d'années.
Les principales compagnies ou organismes qui, à notre
connaissance, ont commandité ces opérations, sont au nombre de
douze environ, mais les deux principales sont; Weather Engineering Corporation
of Canada qui, pour sa part, a fait des expériences au nom de
différentes compagnies dont Quebec North Shore, Gatineau Power, Canadian
International Paper, etc. je répète qu'une douzaine de
compagnies ont participé à ces expériences et la
compagnie Howell Associates qui a surtout fait des expériences pour
Alcan et Shawinigan Water and Power, dans les années 1952 à
1957.
Par ailleurs, le service de météorologie du
ministère des Transports du Canada a mené, en Abitibi, une
expérience visant à évaluer les résultats de
l'ensemencement des nuages à l'iodure d'argent. Cette expérience
a duré cinq ans, soit de 1959 à 1963. Même si les
résultats de ces expériences et opérations ne sont pas
concluants, l'opinion publique, peut-être parce que mal ou pas
suffisamment informée, a vite fait d'établir une relation entre
elles et l'augmentation des précipitations durant la saison estivale. Il
convient de souligner que l'opinion publique, soutenue par une presse
très productive, a particulièrement été
exaspérée et agressive, on s'en souviendra, en 1965. En effet,
une organisation, connue alors sous le nom significatif «
d'Opération parapluie », que l'ancien ministre connaît
très bien, groupant plus de 300 femmes, a soulevé une
protestation de masse qui produisit une pétition de 60,000 signatures.
Cette pétition a été présentée au ministre
des Richesses naturelles, le 12 mai 1965. Les dirigeants de ce mouvement
populaire prétendaient que ces précipitations artificiellement
provoquées nuisaient considérablement à l'agriculture, au
tourisme, à la santé et au comportement même des gens des
régions en cause, soit les régions du Saguenay-Lac-Saint-Jean et
de l'Abitibi.
Dans cette dernière région surtout, l'UCC évaluait
à près de $2 millions les dommages causés à 1,200
fermiers. L'ensemble des fédérations de l'UCC réclama au
gouvernement du Québec, en 1968, plus de $6 millions en compensation des
dommages que les cultivateurs auraient subis à cause de la pluie
artificiellement provoquée. Il existe encore, parmi la population en
général et celle des régions susmentionnées en
particulier, une confusion à ce sujet. Durant l'année 1968, des
protestations de la part de différentes organisations ont
été faites à nouveau afin que cessent les
expériences et opérations en vue de provoquer artificiellement
des précipitations. Ces recommandations venaient de régions assez
éloignées les unes des autres et où aucun rapprochement ni
rapport ne pouvait être fait. La commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau à reçu, lors d'une audience
publique tenue le 29 janvier 1969, un mémoire de l'UCC demandant
précisément que le gouvernement du Québec contrôle
les expériences et opérations qui ont pour objectif de provoquer
artificiellement des précipitations.
Le 11 mars 1969, l'Union des conseils de comtés a protesté
auprès de la commission contre ces expériences et
opérations, car elles occasionnent des dommages considérables aux
récoltes en plus de causer des ennuis à la population des
régions affectées par ces pratiques, selon leurs
avancés.
Devant cette situation, et afin de faire disparaître la confusion
qui existe dans l'opinion publique, et compte tenu des répercussions
possibles, il convient donc de fournir à l'administration un instrument
de contrôle des expériences et opérations qui ont pour but
de provoquer artificiellement des précipitations liquides ou
solides.
D'ailleurs, la commission d'étude des problèmes juridiques
de l'eau, considérant qu'il était assez important et urgent
d'instituer un contrôle de ces provocations et précipitations,
avait recommandé de présenter à l'Assemblée
nationale, le plus tôt possible, un projet de loi que nous avons
préparé à cette fin.
Pour justifier le projet de loi, disons que la question de la pluie
artificielle continue de préoccuper une bonne partie de la population,
bien qu'il n'y ait eu à noter, à notre connaissance, aucun
ensemensement de nuages au Québec depuis le 15 mai 1965.
Ainsi, en juillet 1969, à la suite d'un printemps pluvieux, des
vandales du village de Cléricy en Abitibi, partis en guerre contre les
machines à pluie, s'attaquaient à une installation
hydrométrique des Richesses naturelles et y brisaient des instruments
d'une valeur dépassant $2,000.
D'autres actes de vandalisme ont été
perpétrés au Lac-Saint-Jean où, stimulés par
l'appât d'une prime promise par l'UCC locale, les chasseurs de machines
à pluie brisèrent des pluviographes et des nlvomêtres de
Nipher, instruments de mesure utilisés par le service de
météorologie et par la compagnie Alcan.
En 1968, comme je le disais tout à l'heure,
la fédération de l'UCC réclamait au gouvernement du
Québec au-de là de $6 millions en compensation de dommages que
les cultivateurs auraient subis à cause de la pluie artificielle.
En 1965, les mêmes fédérations de l'UCC
réclamaient, à ce moment, au gouvernement du Québec,
au-delà de $1,500,000 de compensation pour les mêmes dommages.
D'autres part, les experts du ministère des Richesses naturelles
et du gouvernement fédéral démontraient clairement, en
1965, que les effets précis de l'ensemensement de nuages au
Québec étaient alors à peu près nuls. Pourtant, de
l'avis des mêmes experts, l'importance économique
d'opération efficace de modification du temps est immense.
L'agriculture, le commerce, la foresterie, la sylviculture, l'industrie, la
stratégie militaire, le tourisme, le public en général
peuvent tous escompter des bénéfices importants
d'opérations réussies de modification du temps.
Nous sommes donc, au Québec, en face d'une situation qui n'a
guère changé depuis les années 1965 et où,
premièrement, une partie de la population proteste contre la pluie
artificielle, tandis que des vandales contestent à leur
manière.
Deuxièmement, certains groupes qui, à notre connaissance,
ne pratiquent pas, actuellement, l'ensemensement de nuages, désirent
s'en servir parce que, pour un coût minime, ils croient obtenir des
résultats substantiels.
Troisièmement, des météorologues et physiciens
estiment que l'ensemensement de nuages ne produit que peu ou pas d'augmentation
de la pluie au Québec. Et, quatrièmement, je crois que le
gouvernement, à qui on impose le rôle d'arbitre, n'a pas
actuellement d'instruments d'intervention ou de contrôle.
Devant cette situation, il apparaît donc évident qu'une loi
est nécessaire pour les raisons suivantes: tout d'abord pour que les
opérations de provocation artificielle de la pluie soient faites
ouvertement, qu'elles soient connues du public et enregistrées par un
organisme indépendant du public.
Le gouvernement pourra ainsi accumuler tous les renseignements
concernant la provocation artificielle de la pluie et entreprendre une
étude des résultats.
Il y a lieu, pour protéger le public contre d'éventuels
charlatans de l'atmosphère, d'imposer des normes de compétence
à toute personne qui désirerait oeuvrer dans le domaine de la
modification du temps. Il faudrait aussi donner au gouvernement un instrument
de contrôle sur les opérations d'ensemencement des nuages et lui
permettre d'intervenir là où des opérations visant
à augmenter la pluie risquent de provoquer des conflits
d'intérêts.
Il y a lieu, aussi, d'assurer cette partie de la population dont les
activités dépendent largement du climat, comme les fermiers, que
les opérations de provocation artificielle de la pluie ne seront pas
autorisées si elles risquent de nuire aux activités agricoles et
d'éclairer cette partie de la population qui croit toujours que la pluie
artificielle est responsable du mauvais temps et qu'elle met en danger la
santé publique, soit au Lac Saint-Jean ou en Abitibi.
Je crois qu'on devrait sauvegarder, à l'intérieur de
certaines limites, la possibilité d'entreprendre tout de même des
travaux de recherche dans le domaine de la modification du temps, dont l'avenir
peut avoir certains avantages.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Laurier.
M. René Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, je ne dirai pas
grand-chose, je ne ferai pas un long discours sur ce sujet. La
présentation, le titre et le contenu de la loi, qui ne changera
d'ailleurs pas fondamentalement grand-chose dans l'économie de cette
industrie très marginale qu'est la provocation de la pluie, me rappelle
quand même des souvenirs que le présent ministre des Richesses
naturelles a évoqués.
J'aurais aimé qu'il soit un peu plus précis en
évoquant le résultat des expériences, entre autres celles
qui ont été poursuivies pendant cinq ans en Abitibi. Si j'ai
bonne mémoire je pense que si c'est vrai il serait important de
le dire le résultat était absolument non concluant.
C'est-à-dire qu'on avait ensemencé et je crois que c'est
la seule expérience qui ait été poursuivie pendant une
période de temps aussi prolongée et d'une façon aussi
systématique et le résultat était que dans deux
zones qui étaient mitoyennes, je crois, c'est-à-dire l'Abitibi du
côté de Québec et l'Ontario en face, dans deux zones dont
l'une était ensemencée et pas l'autre, les résultats
étaient que cela n'avait rien changé, que c'était
strictement zéro ou à peu près. C'est-à-dire
qu'après cinq ans on s'était rendu compte que cela n'avait pas
affecté le régime des pluies, pour autant, en tout cas, qu'un
appareil de mesure systématique, qui avait été maintenu
pendant cinq ans, pouvait nous donner des réponses.
Je crois que ce serait important pour une raison fondamentale. C'est
qu'en 1965 cela m'a frappé quand le ministre nous l'a appris
en 1968 et même en 1969, je ne le savais pas, des incidents de
vandalisme se sont répétés de nou-
veau sur les appareils du ministère des Richesses naturelles ou
ceux de certaines entreprises, appareils qui sont strictement des appareils de
mesurage de la précipitation.
Mais, dans une espèce de psychose qui continue apparemment dans
certaines régions, on voit des machines à pluie partout. Il
faudrait tout de même, il me semble, faire un effort maximal. Ce n'est
pas un des problèmes les plus urgents de la société, mais
cela reste une sorte de déformation qui, à l'occasion je
l'ai vécu peut aller assez loin collectivement. Qu'on essaie de
faire la lumière au maximum sur la réalité,
c'est-à-dire que c'est très expérimental, qu'il est loin
d'être prouvé que quand une machine à pluie, quelle qu'elle
soit, est installée quelque part, c'est dans cette même
région où elle est installée que les résultats,
s'il y en a et on ne sait même pas s'il y en a peuvent se
faire sentir.
Je crois que ce serait presque un travail éducatif à
faire. On avait essayé en 1965, mais le climat n'était pas
très favorable à ce moment-là.
Si le ministre est au courant de cas de vandalisme qui se sont
répétés jusqu'en 1968 et 1969, alors qu'en fait il ne se
poursuivait pas d'expériences dans le Québec depuis 1965, je
crois qu'il serait utile que le ministère trouve des moyens
peut-être dans certaines émissions d'information ou dans des
communiqués de le faire savoir, parce que ça fait partie
de ces espèces de déformations de l'opinion publique qui sont
plutôt, à mon humble avis, humiliants quand ça continue,
parce que ça fait un peu primitif. Il faudrait tout de même donner
une chance à cette opinion publique des régions où l'on se
sert de ces prétextes-là, dans certains milieux, pour tordre le
bras au gouvernement, pour des compensations ou quoi que ce soit, lui donner
une chance de connaître les faits. Je suis très heureux, soit dit
en passant, que le ministre ait confirmé ce qu'on se tuait à dire
en 1965, mais certaines gens faisaient semblant de ne pas le croire; Si j'ai
bonne mémoire un engagement avait été pris
tous les contrats ont été annulés depuis le mois de mai
1965. Il n'y a pas eu d'expériences de fabrication problématique
de pluie artificielle dans le Québec depuis ce temps-là.
Tout ce que je voudrais ajouter là-dessus, c'est que je ne vois
pas très bien sauf si on s'en sert comme d'un instrument
d'information l'utilité de cette loi, excepté,
peut-être, qu'elle peut avoir sa valeur au point de vue électoral.
Enfin, on ne se comptera pas d'histoires, mais elle pourrait avoir une
utilité, parce que les contrôles dont parle le ministre ont
toujours été exercés sur les contrats depuis au moins
quatre ou cinq ans. La loi peut ajouter une sorte de cadre juridique pour les
exercer d'une façon plus systématique, mais je crois que son
utilité principale serait que cette loi soit suivie, autant que
possible, d'un minimum de publicité bien faite pour que les gens sachent
ce qui en est exactement des expériences sur la pluie. Autrement dit,
qu'on explique à quel point c'est expérimental, à quel
point ce qui a été fait jusqu'ici n'a nulle part donné de
résultats scientifiquement prouvables et qu'on essaie de
désamorcer un peu ce côté psychotique qu'il y a à
l'occasion autour de ces expériences-là. Cela dit, je ne vois pas
pourquoi on voterait contre une loi pareille; je ne peux pas dire non plus que
je vais me précipiter terriblement pour voter pour, mais enfin! C'est un
peu comme être pour un bill qui, essentiellement, ne changera pas
grand-chose, mais qui peut avoir son bon côté comme instrument
éducatif, à toutes fins pratiques, pour l'opinion publique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
M. Gaston Binette
M. BINETTE: M. le Président, d'après le discours
prononcé par le ministre des Richesses naturelles sur ce projet de loi
no 6, il semblerait que la pluie provoquée artificiellement a
causé plus d'émoi dans la province que de pluie.
M. le Président, cette loi semble, à mon avis, une loi non
pas inutile, mais qui aurait pu être tout simplement oubliée parce
que le ministre aurait pu, par simple réglementation, régler ce
problème de la provocation de la pluie artificielle. On en fait un
projet de loi pour lui donner plus de panache. C'est peut-être dans le
but de répondre à cet émoi qui a été grossi
plus qu'il ne fallait. Je crois bien qu'actuellement le projet de loi que nous
avons devant nous ne réglera pas grand-chose, mais, à tout
événement, je me pose quand même des questions, parce que
l'on sait que le contrôle de la pluie artificielle est assez complexe,
assez difficile. Actuellement, les expériences n'ont pas
été tellement concluantes, du moins au Québec. On se
demande si, un jour, cette provocation de la pluie artificielle ne sera pas
contrôlée par le droit international et les Nations Unies. Si les
Etats-Unis décidaient, un jour, de crever tous les nuages qui passent
au-dessus des Etats-Unis avant d'arriver au Canada, peut-être qu'au
Canada nous aurions des sécheresses que nous ne connaissons pas
aujourd'hui. Evidemment, ce sont des hypothèses. Je ne suis pas un
scientifi-
que dans ce domaine-là, mais des lectures m'ont permis de
constater que le contrôle de la pluie artificielle pourrait
peut-être devenir un jour la juridiction de l'organisation des Nations
Unies. Mais, aujourd'hui, le projet de loi que nous avons devant nous ne nous
mènera pratiquement à rien, sauf à créer,
peut-être, un climat pour rassurer la population qui a été
alarmée par cette provocation de la pluie artificielle qui a eu lieu
pendant quelques années dans la province de Québec.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire que je félicite
l'honorable ministre des Richesses naturelles de la présentation de
cette loi qui, dans certains milieux, peut paraître plus ou moins
nécessaire.
M. BINETTE: Plus d'effet moral que...
M. BELLEMARE: Certaines personnes pourront peut-être dire que ce
n'est pas nécessaire.
M. BINETTE: Par réglementation, cela suffisait.
M. BELLEMARE: J'ai vécu la période où l'honorable
député de Laurier était pris avec ces gens. Tous les
jours, il se faisait poser des questions en Chambre; il répondait; Il
pleut, il pleut. Un jour, il a levé les bras en l'air, et il a dit: Et
après? Il pleut. Et il s'est assis.
M. le Président, il ne pouvait donc rien faire, il n'y avait
aucune loi. Un comité d'étude a été formé et
on a fait des expériences, je crois. Et comme l'a si bien dit
l'honorable ministre des Richesses naturelles, on l'a avisé que des
instruments, qui n'étaient pas pour provoquer la pluie mais au contraire
pour contrôler la densité de la pluie, avaient été
sabotés. Pris de panique, complexés, les gens d'une certaine
région attribuaient le mauvais temps à ces pluviomètres.
Ces personnes disaient qu'il fallait que la pluie cesse parce que les
récoltes périssaient.
Mais ce qui est bien important, tout comme au ministère du
Travail, nous avons passé certaines législations qui auraient
peut-être pu être codifiées dans des règlements, nous
avons voulu, comme l'a dit le député de Laurier c'est rare
que je m'entende avec lui sur des points de législation nous
avons voulu attirer particulièrement l'attention sur une loi qui,
passée dans nos statuts, pourra, elle, avoir des règlements
d'application, et sera je pense, une espèce de loi-contrôle sur
cette chose qui peut être inté- ressante à certains
endroits, et dangereuse dans d'autres. Je n'ai pas besoin de dire que la loi
est nécessaire. La loi est bien pensée. Elle a été
bien rodée. Elle a été bien étudiée. Elle a
été bien présentée et je vous en recommande la
deuxième lecture pour que nous puissions passer en comité, si
l'honorable député de Chambly nous le permet.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: Je vais finir par vous le permettre, ne vous
inquiétez pas. J'ai écouté avec une émotion
contenue les éloges adressés par le ministre du Travail à
son collègue des Richesses naturelles pour avoir apporté cette
autre loi qu'André Laurendeau, autrefois, aurait qualifiée de
« révolution nationale ». Dans mon esprit c'est beaucoup
plus simple, il s'agit d'un exemple typique de loi à saveur
électorale. Le projet de loi no 6 qui est proposé à
l'étude de cette Chambre, qui a quand même autre chose à
faire que de gaspiller des minutes précieuses sur des projets de loi
inutiles comme celui-là, a été proposé aux Chambres
sans préparation suffisante, sans rapport définitif d'experts,
avec des prescriptions qui permettront au gouvernement de faire ce que bon lui
semblera, présentée, de toute évidence, dans le seul but
de plaire gratuitement à une partie de l'électorat.
Première question que nous devrions nous poser en analysant
l'impact de cette loi sur la législation de la province de
Québec, le gouvernement pouvait-il procéder sans une loi
spéciale? Probablement oui, en vertu des pouvoirs généraux
du ministre des Richesses naturelles. Je le réfère aux Statuts
refondus de 1964, article 1, chapitre 83, paragraphe a), fonctions et devoirs
du ministre: « De favoriser l'exploitation et l'utilisation des richesses
naturelles de la province de Québec au bénéfice de sa
population ». Il eût été possible, et je demanderai
tout à l'heure au ministre s'il a consulté à ce sujet ses
conseillers juridiques, de procéder en vertu de cette prescription de la
Loi créant le ministère des Ressources naturelles.
Deuxième question: Y avait-il, dans l'affaire de la pluie
artificielle, des abus suffisamment grands pour justifier une loi
spéciale? Non, si l'on s'en rapporte aux déclarations mêmes
du ministre. Le 9 octobre 1969, l'Office d'information et de publicité
du Québec fait dire ceci au ministre: « Le ministre précise
que le public de certaines régions, notamment en Abitibi, au
Lac-Saint-Jean et auSaguenay, s'inquiète périodiquement de cette
question des pluies artificielles en dépit des négations
catégoriques du
ministère quant à l'utilisation de machines à pluie
dans ces régions. » Référence: Office d'information,
communiqué 903 de l'année 1969.
Il n'y avait donc pas d'abus, de l'aveu même du ministre. Il n'y a
pas eu davantage abus, même quand on utilisait les machines à
pluie avant 1965, si l'on s'en rapporte aux statistiques officielles sur la
précipitation. On se souviendra que c'est au cours de ces deux
années que des machines furent périodiquement utilisées et
que, surtout, les protestations fusèrent de toute part.
Or, voici les statistiques officielles pour ces régions. Question
que nous avons posée à M. Camille Bourque du bureau
météorologique de la base de Bagotville, aujourd'hui: Les mois
d'été de 1964 et 1965 peuvent-ils être
considérés comme des mois d'été pluvieux?
Réponse: La précipitation totale, pour les trois mois
d'été en 1964, était de 14.36 pouces, soit deux pouces
au-dessus de la moyenne. Pour 1965, la précipitation a été
de 11.83 pouces, donc normale et même légèrement en dessous
de la moyenne.
En 1964, juin, précipitation: 5.06 pouces; juillet: 4.91 pouces;
août: 4.39 pouces. En 1965, juin: 2.13 pouces; juillet: 5.06 pouces;
août: 4.64 pouces.
La moyenne de 1928 à 1950 a été de 4.57 pouces dans
cette région. On constatera qu'en 1965, au mois de juin les
statistiques que je donne sont pour le mois de juin c'est 2.13 pouces.
Alors que la moyenne, au cours des trente années
précédentes, avait été de 4.38 pouces; en juillet
1964: 4.91. En 1965, la précipitation a été de 4.39 pouces
et la moyenne, au cours des trente années précédentes, de
3.80 pouces.
Ce qui veut dire, M. le Président, qu'on était à
peu près dans la moyenne, même au cours de ces années
où l'on attaquait les machines à pluie et on était loin
des années records. En 1964, le maximum de pluie qui est tombée
dans un mois, c'est au mois de juillet, 5.06 pouces, alors qu'au mois de
juillet 1951 la moyenne avait été de 7.02 pouces. Au mois
d'août 1961, c'était 7.43 pouces.
M. le Président, la conclusion est simple: il n'y a pas eu
d'abus; le ministre l'a admis lui-même. Deuxièmement, même
à l'époque où les machines à pluie étaient
censées être en fonction, la précipitation moyenne
était loin du total des années où la précipitation
avait atteint certains records.
Troisième question: le ministre a-t-il attendu, pour agir,
d'avoir l'opinion officielle et définitive de la Commission
d'étude des problèmes juridiques de l'eau? Non, M. le
Président. Cette commission, créée par le ministre
lui-même, le 3 juillet 1968, voyait son mandat ac- cru, le 7 novembre
1968, avec mission d'étudier, en plus du reste, les trois points
suivants: « La législationpromulguéedanslesautrespro-vinces
et dans les autres pays concernant les tentatives de modification du temps ou
du climat. « Deuxièmement, s'il est opportun d'établir dans
le Québec une législation sur le sujet. «
Troisièmement, quelle devrait être la portée de cette
législation, y compris la possibilité d'astreindre les
opérations tendant à modifier le temps ou le climat à une
réglementation. »
Or, M. le Président, la commission, qui n'en a pas
déposé d'autres que je sache, a déposé un rapport
préliminaire le 23 mai 1969, et il n'est pas question de ces sujets dans
ce rapport. Le ministre pourra nous dire tout à l'heure s'il y a eu des
rapports préliminaires additionnels et nous les soumettre. Je n'en
connais point d'autres. D'ailleurs, le secrétaire, M. Donald Guay,
précise bien que les opinions émises sont des hypothèses
de travail hypothèses de travail soumises dans le rapport
et ne constituent aucunement des théories acceptées par la
commission.
M. le Président, on crée une commission pour faire rapport
sur ces questions, précisément, et on légifère
avant que la commission n'ait fait rapport. Si on pouvait comparer les petites
choses aux grandes, on serait tout de go retourné au bill 63.
Conclusion, puisque le ministre pouvait procéder autrement,
puisque le ministre a admis qu'il n'y a pas eu d'abus dans ce domaine, puisque
le ministre n'avait pas en main tous les renseignements nécessaires,
pourquoi cette législation? Manifestement parce qu'il y aura des
élections au cours de l'année 1970 et qu'il faut impressionner
certaines parties de l'électorat. Ces électeurs sont inquiets?
Oui, M. le Président, je l'admets, j'en conviens, ceux qui craignent les
machines à pluie. C'est une réalité, sans doute. Ce n'est
pas en adoptant des lois inutiles qu'on y remédiera, mais en ayant un
gouvernement qui prendrait ses responsabilités, qui utiliserait tous les
moyens de publicité à sa disposition pour établir:
premièrement, que dans certains cas, la pluie artificielle est
nécessaire; deuxièmement, que dans le Québec, il n'y a
jamais eu d'abus dans ce domaine; troisièmement, que la situation que
l'on a déplorée au Saguenay et au Lac-Saint-Jean en 1964 et 1965
était due à des conditions naturelles et ne constituait nullement
des précédents ou des records.
Cette loi devra d'emblée, M. le Président, être
classée dans la catégorie spéciale des lois
électorales de l'Union Nationale.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires culturelles.
M, Jean-Noël Tremblay
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je suis
particulièrement intéressé par le projet de loi qui est
soumis à la Chambre. Le ministre des Richesses naturelles a
exposé tout à l'heure les raisons qui justifient la
présentation de ce projet de loi. Je ne puis que faire miennes les
observations qu'il a faites et vous dire que les citoyens de la région
du Saguenay-Lac-Saint-Jean seront très heureux de constater que le
gouvernement veut prendre toutes les précautions afin de les rassurer
sur ce qui s'est passé au cours des années dernières et
sur ce qui pourrait éventuellement se passer si l'on ne normalisait pas
l'utilisation de ce qu'on a appelé les machines à pluie.
J'ai eu, depuis bientôt quatre ans, l'occasion de rencontrer,
à maintes reprises, des cultivateurs de la région et des
associations d'agriculteurs qui m'ont fait part de leurs inquiétudes
à ce sujet et qui m'ont posé des questions très
précises sur la question du fonctionnement de ces machines à
pluie et sur ce problème général de l'insémination
des nuages. Je leur ai apporté des réponses leur fournissant des
renseignements que j'avais en ma possession. Je leur faisais observer surtout
que l'on procédait à des études scientifiques afin de
déterminer dans quelle mesure il était possible, sans risque,
d'utiliser de semblables procédés et aussi afin de voir dans
quelle mesure certaines régions avaient pu ou pourraient être
atteintes par les résultats désastreux de l'utilisation de ces
machines d'insémination des nuages.
Le député de Chambly nous a d'abord donné, tout
à l'heure, une série d'indices sur les précipitations de
telle année à telle année. Il nous a dit que les
précipitations n'ont pas été plus importantes à
telle période qu'à telle autre. Cela ne veut rien dire si l'on
tient compte des variations de climat au Québec. Cela ne veut rien dire,
non plus, si l'on tient compte du fait que les agriculteurs s'interrogent et
nous demandent si, au cours des dernières années, de telle
période à telle période, il n'y a pas eu abus de ce
procédé de l'insémination des nuages. C'est pour
répondre à leurs questions, c'est pour les rassurer, c'est pour
rationaliser l'usage de ce procédé que le ministre des Richesses
naturelles présente aujourd'hui ce projet de loi. Ce projet de loi, vous
le comprendrez, M. le Président, et vous en conviendrez vous-même,
ne peut avoir aucune sorte de coloration électorale quoi qu'ait dit le
député de Cham- bly qui, depuis sa retraite qui a suivi le
congrès, a décidé d'électoraliser tout geste du
gouvernement. Tout geste du dernier des fonctionnaires du gouvernement ou au
dernier échelon de l'administration gouvernementale est forcément
un geste électoral, selon lui.
On a vu, d'ailleurs, M. le Président et je ne vais pas
faire ici un débat là-dessus l'utilisation malheureuse
qu'il a voulu faire des salaires payés aux membres de la commission
Gendron. On l'a vu encore, cet après-midi, poser des questions qui nous
laissent bien voir qu'il...
M. LAPORTE: Le débat, M. le Président! Le débat,
parce que je ne manquerai pas d'intervenir. Si l'on veut faire un petit voyage
au Niamey, si on veut parler de la commission Gendron, je suis prêt, mais
pas par le biais d'un débat qui ne porte pas sur cela.
M. BELLEMARE: On parle d'électoralisme.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, je vous ai dit
simplement que je faisais allusion à certains
événements...
M. LAPORTE: Bien, n'y faites plus allusion.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... pour démontrer que le
député de Chambly tente de donner une coloration
électorale à un projet de loi qui est éminemment utile,
qui a été réclamé par les agriculteurs...
M. LAPORTE: Si le ministre me permet une question. Le seul fait que vous
en parliez, vous, ministre des Affaires culturelles, député
précisément de cette région, n'est-il pas directement la
preuve que c'est une affaire électorale?
M. BELLEMARE: Il a le droit de défendre ses
intérêts.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, le fait que je prenne
part à ce débat démontre de façon évidente
que je m'occupe des citoyens de mon comté et de ma région...
M. LAPORTE: C'est ça.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... qui m'ont demandé, à moi, de
faire les pressions nécessaires auprès du gouvernement pour qu'on
ré-
gularise l'utilisation du procédé de l'insémination
des nuages. Je ne réponds donc pas, en faisant cela, à des
inquiétudes électorales en et qui me concerne, mais je
réponds simplement aux exigences impérieuses de mes commettants
et des commettants de la région duSaguenay-Lac-Saint-Jean.
On se souviendra, M. le Président, qu'alors que des citoyens de
notre région avaient fait des représentations au gouvernement qui
nous a précédés que l'un des membres de ce gouvernement
avait dit alors que les citoyens de notre région avaient
été pris de panique et qu'à toutes fins utiles si leur
santé était mauvaise, ce n'était pas dû à la
pluie artificielle, mais au fait qu'ils étaient des descendants de
dégénérés et de rachitiques.
Cela s'est dit à l'époque où le
député de Chambly était ministre dans le gouvernement.
M. LEVESOUE (Laurier): M. le Président, une question de
privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai offert tout à l'heure au ministre des
Affaires culturelles, député de Chicoutimi, de parler avant moi
pour qu'il ait le culot de répéter ce mensonge public. Il s'est
arrangé pour le répéter après.
Cela vous donne une idée du calibre du député de
Chicoutimi. Je n'en fais même pas une protestation ça ne
mérite pas ça je dirai tout simplement que le
député de Chicoutimi vient d'une façon astucieuse de
prendre la parole après moi pour reprendre des calomnies, des ragots de
cantons qui n'ont jamais été des faits. Cela dit, je le laisse se
juger lui-même.
M. TREMBLAY (Chicoutimi); M. le Président, l'observation du
député de Laurier n'a rien a voir à ce que je viens de
dire. Pourquoi s'est-il empressé si vite de coiffer le chapeau et de
s'identifier? Qu'il revienne dans la région, et les citoyens du
comté de Chicoutimi, des comtés de Dubuc, de Jonquière, de
Roberval et du Lac-Saint-Jean sauront lui rappeler ce qu'il avait dit alors.
Mais le député de Laurier, pour en revenir au sujet de la pluie
artificielle, a dans ce domaine la mémoire très courte, et il
manifeste encore une fois ce qui est une de ses caractéristique, des
sincérités successives.
Au moment où les citoyens du Lac-Saint-Jean et du Saguenay se
plaignaient de la pluie artificielle, il les a abreuvés de sarcasmes. Il
était alors membre de l'équipe libérale. Aujourd'hui que
nous présentons un projet de loi sensé, qui répond aux
demandes des citoyens de la région, voilà que l'on y
découvre une intention électorale. Je puis dire au
député de Chambly qu'encore en fin de semaine dernière,
rencontrant les maires de la région du Haut-Saguenay, ceux-ci m'ont
demandé, m'ont prié de leur dire à quel moment le
gouvernement déposerait le projet de loi relatif à
l'insémination des nuages ou à la pluie artificielle. Cela
correspond donc chez eux à une inquiétude réelle. Les gens
qui m'ont posé des questions n'avaient aucune sorte d'inquiétude
de nature électorale. Le député de Chambly, par
conséquent, a tort d'essayer de redorer un blason non pas terni, mais
même percé, rouillé, en essayant de présenter le
projet de loi du gouvernement...
M. LAPORTE: Pourquoi est-il bête comme ça, M. le
Président? Puis-je demander au ministre pourquoi il est bête comme
ça?
UNE VOIX: C'est un mesquin.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... comme une loi électorale...
M. LAPORTE: C'est congénital, la bêtise, chez lui, que
voulez-vous que nous fassions! Il n'est pas capable de faire des discours sans
injurier tout le monde.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'injurie pas le député de
Chambly, M. le Président.
M. LAPORTE: Il ne s'en aperçoit pas, M. le Président.
Même vos propres collègues penchent la tête, ils ont honte
de vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je n'injurie pas le député de
Chambly, c'est une expression très littéraire de dire à
quelqu'un que son blason est terni.
M. LAPORTE: Vous êtes très littéraire, mais
très bête en même temps.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Bien oui, mais c'est comme ça! Je sens
évidemment qu'il y a des vérités qui ne plaisent pas au
député de Chambly.
A toutes fins utiles, M. le Président, pour conclure, je
désire déclarer, au nom des citoyens de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, que je suis très heureux que le
gouvernement...
M. PINARD: Il va mouiller cette année !
M. TREMBLAY (Chicoutimi):... prenne l'ini-
tiative de présenter une mesure qui va rassurer les citoyens,
particulièrement ceux qui ont protesté, à l'époque
où on riait d'eux au temps de l'administration libérale, une
mesure qui va permettre de rationaliser l'utilisation d'un
procédé qui peut s'avérer nécessaire, le ministre
l'a dit tout à l'heure.
Je ne vois pas du tout pourquoi on essaierait de présenter pareil
projet de loi en disant qu'il procède d'une intention
électorale.
Je demande au député de Chambly de venir dans notre
région répéter le discours...
M. LAPORTE: Vous allez avoir de la visite plus que vous n'en voulez.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... que je viens d'entendre tout à
l'heure, et les citoyens intéressés lui feront le sort qu'il
mérite, un sort équivalent à celui que lui ont fait les
partisans libéraux lors de son dernier congrès.
M. BINETTE: M. le Président, le ministre me permettrait-il une
question qui pourrait peut-être éclairer cette Chambre? Le
ministre n'était pas ici en 1964-65 lors de 1' « Opération
parapluie ».
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Pardon?
M. BINETTE: Je dis que le ministre n'était pas dans cette Chambre
en 1964-65 lors de 1' « Opération parapluie ». Le ministre
est-il au courant que l'hystérie, qui avait été
causée par la supposée provocation de pluie artificielle, avait
été alimentée par les députés de
l'Opposition de l'époque?...
M. BELLEMARE: C'est faux, M. le Président.
M. BINETTE: ... aujourd'hui, par un juste retour des choses...
M. BELLEMARE: C'est faux.
M. BINETTE: ... cette hystérie a continué, et c'est le
même gouvernement...
M. BELLEMARE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. BINETTE: ... de l'Union Nationale... M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A
l'ordre!
M. BELLEMARE: M. le Président, j'invoque le règlement.
L'honorable député n'a pas le droit de manquer à la
vérité. Il y a là, dans ces volumes qui sont devant nous,
le rapport complet de l'attitude qu'ont pris les honorables membres de
l'Opposition, dans le temps. Je vous prie de croire que l'intervention que
vient de faire l'honorable député de Deux-Montagnes est
inopportune et invraisemblable.
M. BINETTE: L'hystérie a été causée par
l'Union Nationale, et c'est l'Union Nationale qui est obligée,
aujourd'hui, de l'atténuer par une loi.
M. BELLEMARE: C'est faux!
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. ALLARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Simplement, je veux signaler
à la Chambre que l'intervention du ministre des Richesses naturelles
mettra fin au débat de deuxième lecture.
M. ALLARD: M. le Président, pour rétablir... M. Alcide
Courcy
M. COURCY: M. le Président, juste un mot. D'abord, il est entendu
qu'il y a eu, à un certain moment, une certaine hystérie
causée par cette pluie artificielle. Mais dans une région comme
le nord-Ouest québécois, qui est à la frontière de
la province d'Ontario, si le ministre, en apportant sa loi provinciale, est
réellement sérieux, il doit avoir conclu une entente avec le
gouvernement de l'Ontario pour que ce gouvernement de l'Ontario, lui aussi,
procède de la même façon en établissant une
réglementation sur l'application, sur la rationalisation de l'usage des
machines à pluie.
Qu'est-ce qui empêche actuellement, à 50 pieds de la
frontière du Québec et de l'Abitibi, la province de l'Ontario
d'utiliser des machines à pluie qui pourraient noyer encore et davantage
le Nord-Ouest québécois? Le ministre a-t-il fait une entente? Le
ministre a-t-il l'intention de faire une entente avec le gouvernement de
l'Ontario? Le ministre a-t-il pris une entente avec le gouvernement canadien?
A-t-il l'intention de demander, au gouvernement de l'Ontario ou à celui
de notre pays, la réglementation de l'usage des machines à
pluie?
Avant que le ministre ne se prononce et termine ainsi ce débat,
je tenais à me lever pour lui poser ces questions auxquelles il pourra
donner une réponse s'il y a lieu.
M. ALLARD: M. le Président, il me fait plaisir d'avoir eu des
invitations aussi agréables que celles que viennent de me faire mes amis
d'en face, ce qui me permettra de les mettre au courant de certaines choses
qu'ils devraient savoir, à mon sens.
Tout d'abord, je voudrais résumer à nouveau les quelques
notes explicatives qui étaient inscrites dans le bill 6 et où on
disait que ce projet de loi prévoyait que toute personne ne pourrait
provoquer artificiellement de la pluie au Québec à moins d'y
avoir d'abord été habilité à le faire par le
gouvernement, suivant les normes et conditions établies par
règlements. Donc, réglementation.
Deuxièmement, de plus, une personne qui aurait été
ainsi habilitée ne pourra entreprendre une opération en vue de
provoquer artificiellement de la pluie sans avoir obtenu l'autorisation du
ministre des Richesses naturelles, après avoir avisé le public de
son intention en indiquant l'époque et le territoire où aura lieu
l'opération, et les méthodes qui seront utilisées.
Il s'agit d'éviter les abus, d'opérer une
réglementation, qu'on veut même étendre à
l'Hydro-Québec, qui, elle non plus, ne pourra provoquer artificiellement
la pluie, sans avoir avisé le public à l'avance et sans avoir,
chaque fois, obtenu l'autorisation du ministre. Si le ministre est d'avis que
la provocation de la pluie peut être nuisible aux récoltes ou
autrement nuisible, il devra refuser l'autorisation.
M. le Président, on dit qu'il n'y a pas eu d'abus, mais on
s'objecte, je crois, à ce qu'on établisse une
réglementation pour éviter ces crises d'hystérie qu'on a
connues dans le passé et qui, suivant certains, auraient
été provoquées par l'Opposition. Je ne sache pas que les
60,000 signatures qui sont parvenues dans une requête, que la parade des
dames d'un certain comté, que tout cela ait été
organisé par un parti politique, l'Union Nationale.
M. HARVEY: Comté ou région?
M. ALLARD: Région. Je crois que les recommandations faites
à ce moment-là l'étaient par des personnes
inquiètes, des personnes qui croyaient avoir à subir les
répercussions de machines qui, d'après eux, provoquaient la
pluie.
Le député de Laurier a parfaitement connu cette
époque, puisqu'il a dû en subir, non pas la pluie, mais la foudre.
Il disait tout à l'heure: Est-ce qu'on peut penser, est-ce qu'on peut
tirer des conclusions pour dire que, réellement, ces machines ont obtenu
ou peuvent obtenir des résultats qui soient sérieux? Sans vouloir
être malin, je pourrais tout simplement déférer le
député de Laurier à un document, qui s'intitule « La
précipitation et l'ensemencement », signé par René
Lévesque, ministre, et publié en 1965. Ce document fait une
étude complète de toutes les études, de toutes les
expériences. Evidemment, il déclare que les conclusions ne sont
pas satisfaisantes, qu'on ne peut pas attribuer à ces machines les
variations du temps, parce que trop de considérations entrent en ligne
de compte et que trop de facteurs doivent être unis pour obtenir les
résultats qu'on désire. Pour avoir de la pluie, quelles que
soient les machines qu'on utilise, il faut d'abord et avant tout avoir des
nuages. Il faut avoir des nuages qui soient au-dessus...
M. BINETTE: C'est vrai.
M. ALLARD: ... de l'endroit où on veut provoquer la pluie.
M. COURCY: Ah non, ah non!
M. ALLARD: Alors, comme...
M. BINETTE: Cela voyage, les nuages.
M. COURCY: Il faut avoir des nuages, et, suivant l'intensité du
vent, la pluie va tomber dans tel temps, à tel endroit.
M. ALLARD: Justement, il y a tellement de considérations que les
résultats ne sont pas tellement considérables. Toutefois, il
restait à réconforter l'opinion publique, à lui dire que,
sans penser à l'électoralisme, il était peut-être
arrivé un temps où il fallait établir une
réglementation. Lorsque le député de Chambly, dans son
exposé bien amical, me reproche de ne pas avoir si j'ai compris
exactement tenu compte des rapports de la Commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau, je peux lui faire parvenir
immédiatement ce que j'ai peut-être omis de faire avant
aujourd'hui, et je m'en excuse.
M. LAPORTE: Ah, cachotier!
M. ALLARD: Voici une résolution de la Commission d'étude
des problèmes juridiques de l'eau, M. le Président, sur le
contrôle des provocations, des précipitations liquides et solides
où il est dit:
Attendu que les ressources naturelles et la propriété sont
de la juridiction du Québec ce que j'espère et ne nie
pas;
Deuxièmement, « que les précipitations ont une
influence sur les ressources naturelles et la propriété.
»
M. LAPORTE: Attendu qu'il y aura des élections en 1970.
M. ALLARD: Attendu... Attendez donc un peu, je vais vous résumer
tout ça tantôt. Si vous voulez attendre, j'ai des petites
nouvelles comme disait mon ami Bellemare j'ai des petites
nouvelles pour vous.
M. LAPORTE : Son plan n'était jamais prêt. UNE VOIX: C'est
une enjambée.
M. ALLARD: Je vais vous donner ça, si vous voulez me donner le
temps:
Attendu que les expériences et opérations sur les
provocations de précipitations liquides ou solides, sans être
concluantes, peuvent s'avérer utiles;
Attendu que les provocations de précipations liquides ou solides
peuvent avoir des influences sur l'agriculture, le tourisme, la
récréation, les forêts, les ressources hydrauliques ainsi
que sur la santé et le comportement humain;
Attendu, enfin, qu'il est important et urgent, suivant ces faits,
d'instituer un contrôle des provocations de précipitations
liquides et solides, en conséquence, la commission d'étude des
problèmes juridiques de l'eau recommande l'adoption d'une loi permettant
le contrôle des expériences et opérations sur les
provocations et précipitations liquides et solides dans les limites du
territoire du Québec. Signé ce 24e jour de mars 1969. »
Je m'excuse de ne pas avoir eu la délicatesse de vous le faire
parvenir. Je ne savais pas que le député de Chambly portait aux
questions climatiques un intérêt aussi grand que celui qu'il a
manifesté en nous fournissant une série d'informations qui
remontent à trente ans pour nous donner les précipitations de
pluie. Est-ce que vous avez aussi mentionné la neige?
M. LAPORTE: J'ai mentionné les arguments nécessaires pour
établir que votre bill n'était pas nécessaire.
M. ALLARD: Il n'était pas nécessaire, mais est-ce que le
député peut, au moins, admettre qu'il peut avoir une certaine
utilité?
M. LAPORTE: Certainement. Mais est-ce que je peux poser une question au
ministre?
M. ALLARD: Certainement.
M. LAPORTE: Etant donné qu'il a un rapport si bien fait, ces
enquêteurs, qui ont proposé un rapport apparemment secret...
M. ALLARD: Non, un rapport public, je m'excuse, à la suite
d'auditions publiques où on a entendu une série...
M. LAPORTE: Jusqu'ici, le ministre était le seul à
être au courant de ce rapport. Il a lui-même admis qu'il avait
oublié de nous l'envoyer.
M. ALLARD: Au député de Chambly, mais, dans le temps, j'ai
fait rapport.
M. LAPORTE: Ces messieurs devaient également faire rapport sur la
législation promulguée dans les autres provinces et les autres
pays. Est-ce que ceci a été fait?
M. ALLARD: Pardon?
M. LAPORTE: Je ne vous poserai plus de question si vous n'écoutez
pas. Vos très intéressants enquêteurs devaient faire trois
choses: vous dire s'il était opportun d'adopter une loi; vous dire
quelle devait être la portée de cette législation et
également vous faire rapport sur la législation promulguée
dans les autres provinces et dans les autres pays. Est-ce que ceci a
été fait quant aux autres provinces et aux autres pays?
M. ALLARD: Ce que je peux dire au député de Chambly, c'est
que j'ai ici, si çal'intéresse, quinze pages concernant la loi
sur la modification du temps des Etats-Unis. On peut voir tout ce qui s'est
produit dans chacun des états, mais peut-être que ça
l'ennuierait. J'aimerais mieux couper au plus court.
M. LAPORTE: Pour ne pas m'ennuyer, parlez-moi seulement de
l'Ontario.
M. ALLARD: Disons que je vais vous parler d'un endroit qui vous
intéresse plus particulièrement et qui sûrement n'a aucun
but électoraliste, le fédéral. J'ai ici une lettre...
M. LAPORTE: Ne me dites pas que vous êtes d'accord avec le
fédéral. Vous ne vous séparez plus? Le ministre ne se
sépare plus?
M. ALLARD: C'est parce que vous avez dit, tout à l'heure, que
nous avions la manie de l'électoral, la maladie de l'électorat,
que nous faisions des lois uniquement parce qu'il y a une élection qui
s'en vient. C'était pour être populaires. J'ai pris toutes sortes
de renseignements.
M. LAPORTE: C'est un peu ça.
M. ALLARD: Je demanderais au député de
Chambly de vérifier auprès de son ami, Don Jamieson, qui,
le 9 décembre 1969, m'écrivait la lettre qui suit.
M. LAPORTE: C'est un des rares amis que je ne connais pas.
M. ALLARD: Bon, c'est un des amis de votre équipe. A tout
événement, votre voisin pourrait peut-être vous donner
certains renseignements. Voici ce qu'écrivait, en date du 9
décembre, le ministre des Transports d'Ottawa: « Les initiatives
croissantes visant à modifier le temps au Canada au cours des quelques
dernières années j'imagine que ce n'était pas avant
1966; cela a commencé en 1966 seulement indiquent la
nécessité de l'établissement d'une loi sur la modification
du temps. Le gouvernement fédéral étudie
présentement l'établissement d'une loi de ce genre. Je
désire par les présentes vous demander vos opinions à ce
sujet. La loi que nous nous proposons d'introduire nous permettrait d'obtenir
de l'information quant à la nature et à l'étendue des
initiatives visant à modifier le temps au Canada afin qu'il nous
soitpossible d'évaluer celles-ci. Nous ne préconisons pas, pour
le moment, l'établissement d'un régime de permis ou d'un autre
système de contrôle. Des lois à cet effet peuvent devenir
nécessaires lorsque la base scientifique de la modification du temps
sera plus précise, mais, à l'heure actuelle, un simple
système de rapport qui permettrait de recueillir des renseignements
semble suffisant. »
Et si je continue, on nous annonce un projet de loi en nous demandant de
connaître notre opinion sur la position que le Québec entend
prendre.
J'ai répondu à M. Jamieson que je prenais bonne note de
ses remarques, que nous étions grandement intéressés
à ses remarques, parce que la province de Québec avait
été particulièrement affectée par ces
problèmes et qu'étant donné que nous considérions
qu'il s'agissait de juridiction provinciale nous avions, même avant qu'il
y pense, annoncé, il y a déjà un an, la préparation
d'un projet de loi pour le contrôle des expériences devant
être faites.
Dans ces conditions, M. le Président, je crois, tant pour le
député d'Abitibi que pour le député de Chambly,
qu'on ne peut certainement pas nous accuser de faire de l'électoralisme
avec une loi qui a pour but d'établir certains contrôles et
surtout de rassurer la population. Si dans leur esprit ils considèrent
que c'est de l'électoralisme, en nous condamnant, ils condamnent leur
amis d'Ottawa, et je ne crois pas que ce soit là leur attitude
régulière. Cela voudrait dire peut-être que la loi n'est
pas si mauvaise!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La motion de deuxième lecture
sera-t-elle adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité pour l'étude du bill 6. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. THEORET (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. COURCY: Est-ce que le ministre veut répondre à la
question que je lui al posée tout à l'heure à l'effet de
savoir s'il y a une certaine entente avec le gouvernement de l'Ontario au sujet
de l'usage des machines à pluie?
M. ALLARD: M. le Président, aucune entente n'a été
conclue...
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): A l'ordre! Je crois
comprendre que nous sommes maintenant en comité.
M. COURCY: C'est ce que j'avais cru entendre.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Si vous voulez
procéder avec des questions avant que nous commencions l'étude du
projet de loi article par article, vous êtes parfaitement libres de le
faire.
M. COURCY: Deuxièmement, est-ce l'intention du ministre de
rencontrer les officiels du gouvernement de l'Ontario afin d'en venir à
une entente au sujet de l'usage des machines à pluie? Je
considère que c'est une faiblesse pour la loi...
M. ALLARD: Actuellement, M. le Président, nous ne sommes au
courant d'aucune législation de la part du gouvernement de
l'Ontario.
UNE VOIX: Ah!
M. ALLARD: Il existe, évidemment, une législation
fédérale, comme je viens de vous en faire part, et nous imaginons
que la législation fédérale couvrira l'ensemble du
Canada...
M. LAPORTE: La législation fédérale n'est pas
déposée. Ce n'est qu'un projet. Le ministre Jamieson dit
même que, pour l'instant, il lui semble qu'une réglementation
serait suffisante et qu'il va attendre d'avoir d'autres renseignements
scientifiques avant de prendre une décision définitive.
M. ALLARD: Le projet de loi n'a pas été
déposé. La lettre dont je faisais mention était en date du
9 décembre. Ce qui s'est produit exactement, c'est que vers le mois
d'octobre un projet de loi a été annoncé en Chambre
concernant le contrôle de la pluie. Quand on a réalisé que
c'était un député du NPD qui l'avait annoncé, on
nous a informés qu'il était peu probable qu'un bill venant de la
part d'un député de l'Opposition puisse...
M. LAPORTE: C'est un bill de député?
M. ALLARD: Un bill de député. A la suite de ce
bill-là, le fédéral nous a avertis qu'il présentait
un projet de loi. Dans la lettre, il nous demandait nos commentaires et nous
faisait parvenir le projet de loi lui-même qui est un peu
différent du nôtre parce qu'il n'exige pas de permis, mais
contrôle plutôt l'information.
Nous sommes actuellement la seule province à faire le
contrôle météorologique avec le gouvernement
fédéral.
M. COURCY: Advenant le cas où l'Hydro-Québec voudrait
envoyer ou faire envoyer ou donner des contrats à une compagnie
quelconque qui possède ces machines à pluie, où
l'Hydro-Québec veut remplir ses bassins du lac Gouin ou le barrage
Dozois, est-ce que l'Hydro peut donner un contrat à une compagnie
possédant des machines à pluie, laquelle compagnie pourrait aller
s'établir à cinquante pieds des lignes du Québec, en
Ontario, comme c'est le cas en Abitibi?
M. ALLARD: Evidemment, sur le territoire du Québec,
l'Hydro-Québec devrait absolument nous demander l'émission d'un
permis. Dans un cas d'urgence, nous permettrions d'éliminer certaines
procédures pour qu'on puisse procéder plus rapidement, mais les
répercussions qu'une telle décision pourrait avoir par rapport
à l'Ontario, n'ont évidemment pas été
envisagées de notre part. Nous parlons de territoire
québécois et nous espérons que cela n'amènera pas
de complications telles que celles dont vient de parler le député
d'Abitibi; tout de même, je crois que cela vaudrait la peine qu'on fasse
une étude de ce côté pour voir ce qui pourrait se produire
dans une telle situation, parce que vous parlez là d'un cas qui serait
sur la limite des deux provinces.
M. COURCY: C'est le cas de l'Abitibi. M. ALLARD: Je crois...
M. COURCY: Témiscamingue, Abitibi et Rouyn-Noranda.
M. ALLARD: ... qu'il y aurait certainement lieu d'apporter
peut-être une attention particulière et de voir s'il n'y a pas des
mesures, des précautions à prendre pour ne pas créer de
situation difficile.
M. BINETTE: Est-ce qu'une étude a été faite par les
commissaires enquêteurs de ce qui se fait aux Etats-Unis dans ce
domaine?
M. ALLARD: Comme je le disais tout à l'heure, on a
étudié toute la législation qui existe, actuellement, du
côté américain et, dans certains états, il y a eu de
la législation. Au moins 23 états ont promulgué des lois
sur ce sujet. La plupart des lois datent, dans le cas des Etats-Unis, des
années cinquante. Mais, depuis 1966 ou 1967, on remarque que des
activités nouvelles, au point de vue législatif, se manifestent
dans certains états. Ces législations varient
considérablement, mais il semble qu'elles peuvent être
classées en deux catégories: celles qui permettent à
l'Etat d'acquérir de l'information c'est peut-être un petit
peu la ressemblance avec la Loi fédérale et celles qui
permettent à l'Etat d'exercer un contrôle réel de la
modification, celles que nous, du Québec, envisageons.
Les deux tendances existent, actuellement, aux Etats-Unis, alors qu'ici,
le gouvernement fédéral portera plutôt du côté
informatique et que nous, nous allons plutôt regarder le contrôle
avec l'émission de permis.
M. LAPORTE: Le ministre est-il au courant que des fermiers de Timmins,
Ontario, ont demandé l'adoption d'un projet de loi privé,
réglementant l'usage des machines à pluie et que ce bill a
été rejeté? Et, deuxièmement, que
l'Hydro-Ontario...
M. ALLARD: Si le député ne me fournit pas d'autres
explications, je garderais l'impression qu'il s'agit de ce bill du NPD
présenté à Ottawa.
M. LAPORTE: Il faudrait que le ministre perde cette impression, parce
que je lui parle de Toronto, du gouvernement ontarien.
M. ALLARD: Il aurait été présenté à
la législature ontarienne?
M. LAPORTE: A la législature ontarienne. Un projet de loi
privé, présenté par des fermiers de Timmins, a
été rejeté par le gouvernement. Deuxièmement,
sait-il que l'Hydro-Ontario a fait des études quant à la
possibilité de proposer une législation sur la pluie
artificielle, l'insémination des nuages, et que cette étude a
été abandonnée, de même que le projet de loi?
M. ALLARD: Malheureusement, M. le Président, je dois vous
admettre que nous ne sommes pas au courant d'un tel projet de loi en Ontario,
ni de telles demandes de la part de l'Hydro-Ontario.
M. LAPORTE: Est-ce qu'il existe, ailleurs au Canada, un ou des projets
de loi ou des législations sur le réglementation de
l'insémination des nuages?
M. ALLARD: On me dit que, partout ailleurs, toutes les études
météorologiques se font par le fédéral, sauf au
Québec. Alors aucune autre province, jusqu'à maintenant,
n'aurait... Pardon?
M. PINARD: Cela ne changera pas les conditions, que ce soit le
fédéral ou...
M. ALLARD: Non, non, je réponds à sa question. Si vous
voulez poser une autre question... J'essaie de répondre à la
question qui m'est posée. Il me demande si, dans d'autres provinces, il
existe des législations. Je dis non. Je donne un peu
l'explication...
M. BINETTE : Le ministre a dit qu'il n'y aurait que le
Québec.
M. LAPORTE: Dans le document, que j'ai appelé, tout à
l'heure, secret, qui a été remis au ministre par les
commissaires, et où il y a quinze pages qui l'auraient fort
ennuyé, prétend-il...
M. ALLARD: Non, non, les quinze pages. Je m'excuse, M. le
Président...
M. LAPORTE: Quinze pages.
M. ALLARD: Les quinze pages concernant la législation
américaine. La proposition de la commission des problèmes
juridiques, c'est très court. Je peux en faire parvenir copie
immédiatement au député.
M. LAPORTE: Etant donné, encore une fois, que, dans
l'étude qui avait été entreprise et qui devait faire
état de la législation promulguée dans les autres
provinces, il y a quinze pages sur les Etats-Unis, est-ce qu'il y a au moins
une page sur la législation canadienne, ou s'il n'y en a pas du
tout?
M. ALLARD: J'ai dit au député qu'il y a eu une
étude complète de faite pour savoir s'il existait une telle
législation, et on n'en trouve pas...
M. LAPORTE: Vous n'en trouvez pas... M. ALLARD: ... dans les autres
provinces. M. LAPORTE: Nous sommes les pionniers... M. PINARD: Québec
sait faire. M. LAPORTE : Québec sait faire pleuvoir. M. ALLARD:
Québec sait plaire.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, il y a une question
extrêmement importante, pour bien montrer, une fois de plus,
l'inutilité de cette loi. C'est la question qui a été
posée par le député d'Abitibi-Ouest. Il affirme devant
cette Chambre, devant ce comité, que l'Ontario, après
étude, a renoncé à l'idée d'avoir une
législation sur l'insémination des nuages, et qu'il est fort
possible que cette loi, qui s'applique seulement au Québec, perde
complètement sa signification, si quelqu'un du Québec, que ce
soit une société ou un individu, décide d'installer
l'instrumentation appropriée juste de l'autre coté de la
frontière du Québec. Est-ce que les nuages sont au courant qu'il
existe entre les deux une frontière? Ou si c'est la pluie qui sera
pénalisée à ce moment-là?
M. PINARD: Il faudra contrôler les vents aussi.
M. COURCY: D'après la loi, ils peuvent le faire, ils ne seront
pas dérangés. Est-ce qu'il y a une demande de permis?
M. ALLARD: Non, évidemment, les autres provinces, comme je l'ai
dit tout à l'heure, ne semblent avoir aucune législation. Est-ce
que cela veut dire que le Québec aurait dû laisser Ottawa passer
une législation, puisque Ottawa en annonçait une, après
que le Québec eût annoncé la sienne? Nous ne nous sommes
pas basés sur les considérations d'Ottawa. Nous
nous sommes basés sur l'expérience vécue depuis
quelques années...
M. LAPORTE : D'accord. Je vais poser une autre question au ministre.
M. ALLARD: ... et c'est à partir de là qu'on a cru qu'une
loi pouvait être nécessaire.
M. LAPORTE: Très bien. Etant donné que le ministre, pour
des raisons de principes, était décidé à ne pas
accepter comme seule valable la législation fédérale, et
le ministre constatant qu'il est bien inutile, à bien des points de vue,
d'avoir une législation strictement québécoise, est-ce que
des démarches officielles ont été faites auprès du
gouvernement de l'Ontario, auprès de celui du Nouveau-Brunswick, afin
d'obtenir que ces deux gouvernements collaborent à la défense de
notre autonomie provinciale et adoptent eux-mêmes des lois sur la pluie
artificielle?
M. ALLARD: Non, monsieur. Aucune démarche n'a été
faite auprès de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve ou de
toute autre province qui toucherait au Québec, parce que la situation,
que nous espérions corriger à ce moment-là, était
une situation qui existait surtout dans des régions bien précises
qui ne touchaient en aucune manière aux provinces voisines. Le
député d'Abitibi nous fait part d'un problème. Le gros du
problème a été situé dans la région du Lac
Saint-Jean, comme tout le monde le sait...
M. COURCY: Et du Nord-Ouest québécois.
M. ALLARD: A un moment donné, on s'est plaint un peu partout dans
la province de résultats de ces machines à pluie, à La
Tuque, dans la Beauce, dans toutes les régions, parce qu'on a connu des
étés pluvieux. On a prétendu, à l'été
de 1968, que c'était dû à ces machines, alors que, depuis
1965, aucune autre machine n'existait.
Mais, comme devant la commission des problèmes juridiques de
l'eau, revenaient à la charge différents corps publics qui
insistaient pour qu'une réglementation soit établie afin de
permettre que des permis puissent être donnés pour contrôler
ces machines, on a jugé que, si ce n'était pas une loi qui
pouvait avoir une importance capitale, elle pouvait avoir, au moins, une
certaine utilité.
M. BINETTE: Le ministre a bien dit une « réglementation
» et non pas une « législation ».
M. LAPORTE: Le ministre a-t-il demandé à ses conseillers
juridiques qui l'entourent s'il eût été possible, à
l'intérieur de la législation existant actuellement, de
présenter une réglementation qui eût réglé le
cas?
M. ALLARD: M. le Président, là-dessus nos: conseillers
juridiques sont d'opinions partagées.
M. LAPORTE: Ils sont d'opinions partagées.
M. ALLARD: Oui.
M. LAPORTE: Alors, vous savez...
M. ALLARD: Certains prétendent que oui, certains
prétendent que non.
M. LAPORTE: Bon!
M. ALLARD: Dans cette alternative, nous avons cru que la loi serait la
meilleure solution, comparativement à la réglementation.
M LAPORTE: Si je comprends bien, M. le Président, vos conseillers
juridiques sont partagés...
M. ALLARD: Bien voici, ceux du ministère et ceux du service de la
législation...
M. LAPORTE: J'ai déjà connu ça. M. ALLARD: Vous
avez connu ça.
M. LAPORTE: Oui, mais nous ne votions pas de lois, dans ce
temps-là. Les conseillers juridiques sont partagés...
M. ALLARD: Pas sur ces points-là, mais vous en avez votées
sur d'autres, sur des questions qui n'étaient peut-être pas
d'importance capitale, non plus.
M. LAPORTE: M. le Président, si le ministre continue, je ne lui
poserai plus de question.
Les conseillers juridiques et, les hommes de science n'étant pas
tous du même avis quant aux conséquences des machines à
pluie, le ministre a quand même décidé de voter une loi.
Puis-je lui demander la vraie, vraie, vraie raison?
M. ALLARD: La vraie raison, c'est parce que nous pouvons dire à
un moment donné, que nous allons émettre des permis pour ceux qui
veulent utiliser ces machines-là, suivant des conditions données.
Si nous décisons que c'est dangereux, nous n'en émettrons pas; si
nous dé-
cidons que ça peut être avantageux, nous allons en
émettre, parce que ça peut avoir certains avantages pour les feux
de forêt, entre autres. Cela peut aussi avoir des avantages, dans un
avenir plus ou moins rapproché, au-dessus des aéroports, pour
crever des nuages et permettre à des avions d'atterrir ou de
décoller. Cela peut avoir certains avantages.
M. LAPORTE: Le ministre se propose-t-il, à la veille des
élections, d'émettre des permis pour des machines à
pluie?
M. ALLARD: Nous pouvons avoir des demandes, je ne sais pas si nous en
avons eu à ce jour. Nous n'en avons pas à ce jour, mais, de toute
façon, il y a eu tellement de critiques, le député de
Chambly s'en souvient.
M. LAPORTE: Alors, c'est une loi qui est présente, parce qu'il y
a eu de la critique,, Elle n'est pas nécessaire, mais c'est parce qu'il
y a eu de la critique.
M. ALLARD: Disons parce qu'il y a eu des complications, des
problèmes. Pour être en mesure de dire: H n'y en a pas de machine
en activité, on exige l'émission d'un permis. S'il y en a en
cachette, il y a des amendes de prévues pour ceux qui seront pris.
M. LAPORTE: Mais, vous ne me ferez pas dire que le gouvernement est si
peu cru qu'il est obligé de voter une loi pour convaincre le monde qu'il
n'y a pas de machine à pluie qui sera utilisée. Je deviens
inquiet pour le ministre.
M. PINARD: C'est grave.
M. ALLARD: Vous savez, M. le Président, la
crédibilité accordée au gouvernement n'a pas tellement
changé depuis 1965. La population, à ce moment-là,
accusait le gouvernement de nos amis d'en face de laisser continuer des
opérations, alors que le ministre des Richesses naturelles se
désâmait à nier...
M. LAPORTE: Le ministre est-il d'avis qu'il pourrait,
théoriquement, y avoir d'autres moyens pour convaincre les gens
justement inquiets je ne veux pas discuter de leur inquiétude
que, théoriquement, il pourrait y avoir d'autres moyens de mettre
fin à cette inquiétude par une information bien faite, un autre
moyen qu'une loi?
M. ALLARD: M. le Président, nous l'avons essayé, cet autre
moyen dont parle le député, parce que vous avez relevé,
tout à l'heure, des rapports de l'office d'information. Nous avons
émis communiqué sur communiqué, nous avons fait de la
publicité dans les Journaux de la région la plus
intéressée, celle du Lac-Saint-Jean, nous avons envoyé de
nos agents sur les lieux.
M. LAPORTE: Chaque fois qu'il pleut, ils pensent que c'est vous
autres.
M. ALLARD: Bien oui. Nous avons essayé de les convaincre que ce
n'était pas nous autres qui menions la pluie.
UNE VOIX: Tristesse.
M. LOUBIER: Sauf en périodes de sécheresse, ils disent que
ce n'est pas nous autres.
M. ALLARD: Ils ne nous ont pas crus plus qu'ils ont cru nos amis d'en
face.
M. BINETTE: M» le Président,...
M. PINARD: Cela va être le miracle du Lac-Saint-Jean.
M. BINETTE: ... les officiers du ministère ou le ministre
lui-même ont-ils fait une étude quant aux implications presque
internationales de cette loi-là?
M. LAPORTE: Cela doit être ça, l'extension du pouvoir
juridique.
M. LOUBIER: Pourquoi vouloir enlever tous les mérites au
gouvernement? Comme je le disais au député de Chambly tout
à l'heure, quand ils n'ont pas besoin de pluie c'est de notre faute, et
quand c'est une période de sécheresse, c'est le bon Dieu qui
permet cela. Il me semble qui faudrait laisser un juste mérite au
gouvernement.
M. LAPORTE: Je sympathise avec le ministre parce que, dans un
gouvernement comme celui que j'ai devant moi, quand cela se met à aller
mal, tout va mal. J'admets cela.
M. ALLARD: Ah! Ne « garrochez » pas! Ne « garrochez
» pas!
M. BINETTE: Est-ce que je pourrais vous poser une question?
M. ALLARD: Quant à la question des relations internationales,
vous verriez assez mal le gouvernement du Québec aller discuter avec
les Etats-Unis d'une question de contrôle de la pluie. J'imagine
que vous crieriez très fort que c'est une question de juridiction
fédérale. Nous nous sommes occupés d'un problème
strictement provincial, et je dois dire que nous n'avons fait aucune
démarche, aucune rencontre auprès des autorités
américaines ou même européennes.
M. BINETTE: Ne serait-ce pas l'une des raisons pour lesquelles l'Ontario
a refusé d'adopter la loi à la demande de certains?
M. ALLARD: Une des raisons pour ...?
M. BINETTE: Une des raisons pour lesquelles l'Ontario aurait
refusé d'adopter la loi quand on lui a demandé d'en adopter
une?
M, ALLARD: Je ne connais pas ses raisons. J'espère que le
député de Chambly aura l'amabilité de nous procurer cette
législation ontarienne.
M. LAPORTE: Je ne pourrai pas vous la procurer, il n'y en a pas.
M. ALLARD: Vous m'avez dit tout à l'heure qu'on en avait
présenté une.
M. LAPORTE: Non, non. M. ALLARD: Bien.
M. LAPORTE: En Ontario, des fermiers de Timmins ont essayé,
l'année dernière, de faire adopter un bill privé pour
réglementer la pluie artificielle qui a dévasté leurs
récoltes disaient-ils. Le gouvernement n'a pas voté la loi.
L'Hydro-Ontario s'était aussi penché sur la question,
mais..»
M. ALLARD: Pourrais-je connaître la source de vos
informations?
M. LAPORTE: C'est signé R.W. C'est mon secrétaire, Roberto
Wilson.
M» ALLARD: Vous direz à votre secrétaire qu'il n'est
pas aussi bien informé que celui qui est à ma gauche, ici, parce
que, lui, il participe à toutes les associations.
M. LAPORTE: Oui, mais qu'il s'empresse de vous renseigner!
M. ALLARD: Il était là...
M. LAPORTE: Le ministre ne le sait pas.
M. ALLARD: ... auprès des organismes.
M. LAPORTE: Je pose une question directe au ministre: Qu'est-ce qui se
fait en Ontario? Là, votre personne renseignée peut vous le
dire.
M. ALLARD: J'ai dit qu'un représentant de notre ministère
assiste à des rencontres, à travers le pays, sur la question.
M. BINETTE: Ah, cela a une petite implication interprovinciale, au
moins!
M. ALLARD: Il n'a jamais entendu parler, ni de près ni de loin,
de cette demande de la part des fermiers de l'Ontario ou même de
l'Hydro-Ontario. Mais, étant donné que.
M. LAPORTE: Je vous suggérerais de faire dire aux fonctionnaires
de l'Ontario qu'ils sont moins renseignés qu'ils ne le pensent.
M. ALLARD: C'est un fonctionnaire de l'Ontario?
M. LAPORTE: Bien, voyons donc! Je n'ai quand même pas commis
l'erreur d'appeler au Nouveau-Brunswick pour le savoir, c'est bien
évident!
M. ALLARD: Vous m'avez dit que c'était votre secrétaire,
R.W.
M. LAPORTE: Oui, c'est lui qui m'a obtenu le renseignement.
M. ALLARD: Nous allons communiquer. Je prends bonne note...
M. LAPORTE: C'est rendu qu'ils vont faire enquête sur moi,
maintenant! C'est vous qui présentez la loi, une minute! C'est le
gouvernement.
M. ALLARD: Non, mais au moins sur la source de vos informations. Si nous
les avons et qu'elles sont bonnes, nous serons heureux de nous en servir.
M. LAPORTE: La source est le ministère des Richesses
naturelles...
M. ALLARD: Du Québec?
M. LAPORTE: ... de l'Ontario. D'accord?
M. ALLARD: Ah bon! Nous communiquons immédiatement.
M. LAPORTE: Communiquez immédiatement et tâchez de me
contredire avant qu'il soit adopté.
M. ALLARD: S'il y a moyen de les avoir avant six heures, nous vous
donnerons les informations.
M. LOUBIER: Ce que j'ai su, moi...
M. LAPORTE: Merci. Mais je dois ajouter que si c'est conforme aux
renseignements que j'ai obtenus, je n'en entendrai pas parler.
M. LOUBIER: Ce que j'ai su, par exemple, c'est que le groupe de fermiers
dont parle le député de Chambly...
M. LAPORTE: Oui, oui, oui.
M. LOUBIER: ... ce sont des gens qui voulaient faire la pluie et le beau
temps au gouvernement ontarien. C'est pour ça qu'on a refusé.
M. LAPORTE: C'est bon, ça!
M. BINETTE: Pas mal, cela s'en vient bien!
M. LAPORTE: Si c'était vous qui présentiez la loi, cela
irait mieux.
M. COURCY: Prenons la région du Nord-Ouest
québécois. Le ministre admet qu'il y a certainement une
implication si le gouvernement de l'Ontario n'adopte pas de loi et laisse
libres les agriculteurs du Québec...
M. ALLARD: Si le vent joue contre nous, si le vent charrie nos nuages du
côté de l'Ontario...
M. BINETTE: Cela dépend de la direction des vents.
M. ALLARD: ... cela peut créer des complications. Je ne sais pas
si nous pouvons être l'objet d'actions en dommages.
M. BINETTE: Vous demanderez à Dieu le père, à
Québec.
M. COURCY: Tout à l'heure, j'ai demandé au ministre si des
contacts avaient eu lieu avec le gouvernement de l'Ontario. Sa réponse:
Non. Avec le gouvernement du Nouveau-Brunswick: Non. Il a dit que pour les
Etats-Unis, il ne nous appartient pas, mais il appartient plutôt au pays
qu'est le Canada de faire des ententes avec les Etats-Unis. Est-ce l'intention
du ministre de hâter les discussions avec le gouvernement de l'Ontario,
ou le gouvernement canadien ou les deux?
M. ALLARD: Avec le gouvernement de l'Ontario, il n'y a eu aucune
discussion. Avec le gouvernement canadien, oui. Evidemment, nous sommes
déjà en contact avec le gouvernement canadien à ce sujet.
J'ai d'ailleurs répondu à la lettre de M. Jamieson qui me
demandait de lui fournir notre opinion, ce que j'ai fait.
M. COURCY: Vous allez fournir une loi, un bill.
M. ALLARD: Nous lui avons dit que nous avions l'intention de
réglementer l'émission des permis.
Nous l'avons mis au courant de nos projets. Nous continuons à
rester en contact avec le gouvernement ontarien et le gouvernement d'Ottawa,
parce que c'est actuellement le seul organisme au Canada qui semble
s'intéresser à ce problème.
M. COURCY: Le ministre a donc dit qu'il n'y a aucun contrôle sur
ce qui est installé, si vous voulez, sur la ligne d'Ontario. Chez nous,
on est rendu à croire qu'il n'y a plus de machines à pluie.
M. ALLARD: Pourquoi vos gars vont-ils dévaliser nos
organismes?
M. COURCY: Il n'en existe plus.
M. ALLARD: Dans votre comté, monsieur le
député.
M. COURCY: Il n'en existe plus, depuis 1965. M. ALLARD: Depuis 1963,
1964.
M. COURCY: D'ailleurs, j'ai personnellement offert à n'importe
qui qui trouverait une machine à pluie, à n'importe qui, de lui
donner $100. L'UCC est rendue à $1,000 ou$l,500; personne n'en a
trouvé.
M. ALLARD; Malheureusement, à la suite de cet...
M. COURCY: S'il y a eu des machines à pluie, le
député dit que, dans mon comté...
M. ALLARD: Non, non, il peut...
M. COURCY: C'est dans Cléricy, comme il
l'a mentionné tout à l'heure, dans le comté de son
collègue, M, Flamand, démissionnaire, pour s'en aller je ne sais
pas où, démissionnaire de l'Union Nationale.
M. ALLARD: Je m'excuse, Cléricy n'est pas dans Abitibi-Est.
M. COURCY: Dans Rouyn-Noranda. M. LAPORTE: M. le
Président,...
M. COURCY: Est-ce que le ministre a un contrôle? On dit je
ne sais pas si c'est vrai que les machines à pluie terrestres,
c'est arrêté, ce sont maintenant les jets et les avions qui
ensemencent les nuages est-ce que le ministre va avoir un
contrôle, de par sa loi, pour empêcher et les jets et les avions
d'ensemencer les nuages? C'est ce qu'on dit dans notre région. C'est
facile à contrôler sur terre, mais ce sont les jets et les avions
qui ensemençaient l'été dernier et on m'a dit, encore
dernièrement: Chaque fois qu'il passe un jet et qu'il y a un nuage, on
voit qu'il y a ensemencement, parce que ça ne prend pas plus
qu'une demi-heure il pleut partout.
M. ALLARD: Là-dessus là, monsieur le Président,
nous ne sommes pas en mesure...
M. COURCY: Est-ce qu'il y a un contrôle par le ministre,
d'après sa loi?
M. ALLARD: ... d'accepter votre théorie, parce que...
M. COURCY: C'est la même.
M. LAPORTE: Etant donné qu'il y a de l'inquiétude quant
aux jets, et que le projet de loi est basé sur l'inquiétude,
est-ce qu'il ne devrait pas y avoir des articles ajoutés pour faire
disparaître l'inquiétude?
M. ALLARD: Empêcher les jets de passer dans les nuages?
M. LAPORTE: Je ne sais pas ce que vous pourriez mettre dedans, mais si
c'est basé sur l'inquiétude, il me semble que le ministre devrait
aller au bout des conséquences de son inquiétude.
M. ALLARD: Nous allons certainement essayer de contrôler, parce
que nous disons: quiconque veut obtenir la permission doit en faire une
demande, justifier...
M. LAPORTE: Est-ce que les jets devront avoir un permis pour verser de
la pluie?
M. ALLARD: Evidemment, que ça soit de n'importe quelle
manière, il faudra que ça soit une compagnie qui fasse circuler
ces jets pour faire pleuvoir. Il faudra qu'elles nous demandent un permis,
sinon, elles seront sujettes à l'amende, tel qu'il est prévu dans
la loi.
M. COURCY: Juste un exemple. Si la compagnie Domtar, qui a à
Lebel-sur-Quevillon un moulin à papier, veut un jour faire
protéger sa forêt, et que, de Toronto, elle envoie un jet dans le
Nord-Ouest québécois dans ma région faire
ensemencer des nuages pour protéger sa forêt, est-ce que le
ministre a un contrôle d'après sa loi?
Ce que les gens disent actuellement, c'est que ce ne sont plus les
machines; ce n'est pas un problème, les machines à pluie, ce sont
les jets. Est-ce que le ministre a un contrôle, d'après la loi,
pour empêcher un tel cas, par exemple, advenant que la compagnie Domtar
déciderait de faire arroser par jet?
M. ALLARD: Il va falloir un permis. Si une compagnie, quelle qu'elle
soit, veut venir faire de l'ensemencement ici, que ce soit par avion ou
autrement, il faudra qu'elle ait un permis.
M. COURCY: Et si ce jet va sur la ligne d'Ontario, c'est ententu qu'on
peut faire arroser l'Abitibi, pas de problème.
M. ALLARD: Je ne vous dis pas que ça n'amènera pas
certaines complications, nous verrons avec le temps. Si la loi n'estpas
actuellement assez sévère, nous trouverons d'autres mesures, nous
l'amenderons.
M. LAPORTE: M. le Président, cela amène une question fort
sérieuse qui fait suite à celles de mon collègue: S'il
arrivait que, pour toutes sortes de raisons, particulièrement les
frontières ou des moyens d'ensemencement plus efficaces ou d'un rayon
d'action plus grand, s'il arrivait, dis-je, que la loi provinciale, quelque loi
provinciale que ce soit, s'avère insuffisante ou ne réponde pas
au besoin, est-ce qu'à ce moment-là, pour protéger les
gens comme le ministre veut le faire, il serait en faveur d'une
législation fédérale qui couvrirait tout le Canada?
M. ALLARD: C'est d'ailleurs pourquoi nous sommes actuellement encore en
pourparlers
avec Ottawa, nous considérons qu'il est de notre devoir de
continuer à maintenir des relations avec Ottawa et de voir les
répercussions de notre loi par rapport à la sienne et
d'établir un contact qui soit en mesure d'assurer les meilleurs
résultats. Là où il y aura une juridiction
fédérale, évidemment nous nous plierons aux exigences de
la loi fédérale.
M. LAPORTE: Vous ne seriez donc pas hostile à une
législation fédérale afin de couvrir tout le territoire si
la chose s'avérait nécessaire?
M. ALLARD: A première vue, non. M. LAPORTE: Très bien.
M. BINETTE: Cela ferait suite à une entente avec les
Etats-Unis?
M. ALLARD: Là, ce serait au Canada de faire les ententes.
M. BINETTE : Ce serait une entente continentale, à ce
moment-là. Cela deviendrait du droit international.
M. ALLARD: Ce serait sûrement du domaine
fédéral.
M. LAPORTE: Cela devrait être discuté au Niamey, parce que
ça va finir par couvrir toute la francophonie.
M. ALLARD: J'ai peur que, si c'est discuté au Niamey par des gars
d'Ottawa, on ne se comprenne pas, parce qu'eux ne parlent pas français
souvent.
M. LAPORTE: Est-ce que vous vous comprenez quand vous parlez de pluie
avec Ottawa?
M. ALLARD: Nous n'avons pas discuté encore; nous ne sommes pas
entrés dans les détails. Nous avons parlé des grandes
lignes seulement. Notre système actuel de météorologie,
comme le député de Deux-Montagnes le sait, fonctionne depuis
nombre d'années et nous avons d'excellentes relations avec le
fédéral. Il ya une participation aux informations de part et
d'autre.
M. BINETTE: A la fin du discours du ministre des Affaires culturelles
sur les machines à pluie j'ai posé une question à propos
de l'hystérie collective qui a existé dans les régions du
Lac-Saint-Jean et de l'Abitibi. Si le député delà Beauce,
aujourd'hui ministre des Richesses na- turelles, se le rappelle bien, les
députés de l'Opposition du temps, qui était l'Union
Nationale, ont posé une série de questions en Chambre qui a
augmenté et alimenté cette hystérie. Aujourd'hui, c'est un
retour des choses que nous voyons. L'Union Nationale est obligée
elle-même, par une loi qui, probablement, n'aura d'autre utilité
que de calmer cette hystérie, de contrôler cette
précipitation de la pluie. Je suis heureux de voir que le ministre est
pris aujourd'hui avec le problème qu'il a lui-même
créé dans le temps.
M. ALLARD: J'ai dit tout à l'heure que, si l'on vérifie
les 60,000 signatures de la requête, j'imagine qu'on va trouver des
libéraux autant que des gens de l'Union Nationale.
M. BINETTE: L'hystérie collective n'a pas de couleur.
M. ALLARD: Si mon souvenir est exact, certains députés qui
étaient à ce moment-là, membres du parti au pouvoir, ont
manifesté, sinon en Chambre, du moins à l'extérieur, et
ont forcé le ministre des Richesses naturelles du temps à poser
des gestes, parce qu'ils commençaient à en avoir assez de
répondre à leurs commettants sur ce qui se passait. Je crois que
le député d'Abitibi a été l'un de ceux qui ont fait
des pressions auprès du ministre, dans le temps, pour essayer
d'arrêter...
M. BINETTE : Bien oui, mais à la suite de l'hystérie qui
avait été alimentée par l'Union Nationale.
M. ALLARD: Arrêtez donc, alimentée par l'Union
Nationale!
M. BINETTE: Cela a commencé sur le simple plan politique.
M. ALLARD: Il n'y a pas de politique là-dedans. Cela a
été une organisation locale.
M. LAPORTE: Spontanée.
M. ALLARD: Spontanée.
M. BINETTE: Parapluie spontané!
M. LAPORTE: Rappelez-vous toujours cet orateur qui disait que ses
improvisations étaient les discours qu'il préparait le plus
longtemps d'avance.
Article 1.
M. LE PRESIDENT (M. Théorét): Après des
considérations générales fort intéressantes,
revenons à un climat plus serein. Alors, article 1, adopté.
M. LAPORTE: Article 2, adopté.
M. ALLARD: Un instant. A l'article 2, il y a une erreur d'impression.
« Nul ne peut provoquer artificiellement de la pluie dans un territoire
s'il n'a été déclaré habilité à le
faire par... » C'est « le faire » au lieu de « la faire
».
M. LAPORTE: D'accord.
M. ALLARD: Si le député de Louis-Hébert avait
été ici, il aurait remarqué immédiatement cette
faute grammaticale.
M. LESAGE: Je n'ai pas le bill devant moi. M. LAPORTE: Article 2,
adopté. Article 3. M. LE PRESIDENT (M. Théorét): Article
4?
M. LAPORTE: Définition simple, facile à comprendre:
« Une personne provoque artificiellement de la pluie si elle en fait
tomber artificiellement ». Ce n'est pas trop difficile à
comprendre.
M. ALLARD: Est-ce que le député a une meilleure
définition?
M. LAPORTE: Non. Article 4, je n'ai pas de remarque. Article 5, non
plus.
M. LE PRESIDENT (M. Théorét): Adoptés. Article
6?
M. BINETTE: A l'article 6, il y aurait peut-être lieu je ne
sais pas si c'est votre avis d'ajouter, après le mot «
donne », le mot « immédiatement ». Donne
immédiatement avis, dans la Gazette officielle du Québec, de la
délivrance du certificat ».
M. ALLARD: Je n'ai pas d'objection à ajouter «
immédiatement ».
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, adopté avec
amendement.
M. LAPORTE: M. le Président, ce que je crois comprendre, c'est
que ça prend plusieurs autorisations. Evidemment, je veux bien qu'on
calme mes inquiétudes. Mais y a-t-il lieu d'avoir tant d'autorisations?
Premièrement, le monsieur ou la société qui veut utiliser
un mécanisme d'insémination des nuages doit d'abord obtenir un
certificat l'autorisant i procéder à certaines
opérations.
Deuxièmement, là, il y a publication dans la Gazette du
Québec, c'est-à-dire que le monsieur doit publier dans un
journal, deux fois pendant la même semaine, un avis disant
qu'après la semaine écoulée, il va demander au ministre
l'autorisation, le certificat. Une fois qu'il a son certificat, c'est
publié dans la Gazette du Québec.
Ensuite, chaque fois qu'il veut provoquer artificiellement de la pluie,
il doit obtenir une autorisation particulière du ministre avec demande,
encore une fois, pendant une semaine: deux publications dans un journal local,
et publication dans la Gazette du Québec.
M. ALLARD: Non, là je pense que vous allez un peu trop loin.
M. LAPORTE: Je ne vais pas trop loin. M. ALLARD: Il y a certaines
exigences... M. LAPORTE: Je ne vais pas trop loin.
M. ALLARD: ... pour sensibiliser le public d'une région
donnée, qu'il y ait suffisamment d'affichages de demandes pour que cela
ne passe pas inaperçu. C'est le but des spécifications
définies précisément à l'article 8.
M. LAPORTE: M. le Président,...
M. ALLARD: Je pense que vous en avez mis une couple de trop.
M. LAPORTE: ... l'article 5 dit que le lieutenant-gouverneur
délivre un certificat.
M. ALLARD: Oui. M. LAPORTE: Bon.
M. ALLARD: Cela disons que c'est à la compagnie qui veut
procéder à l'ensemencement.
M. LAPORTE: J'ai dit ça.
Deuxièmement, « Le ministre donne avis, dans la Gazette
officielle du Québec, de la délivrance du certificat. »
M. ALLARD: Un certificat...
M. LAPORTE: C'est ce que j'ai dit.
M. ALLARD: ... de compétence.
M. LAPORTE: Oui, oui, cela, c'est correct. Très bien.
Article 7: « Une personne qui détient un certificat
de compétence (...) ne peut entreprendre une opération
(...) sans y être spécialement autorisée... » Et
cette autorisation doit être précédée de deux
publications, au cours de la même semaine, dans un quotidien, et s'il n'y
a pas de quotidien, le ministre peut l'autoriser à la publier dans un
autre. Là, il y a encore, si je comprends bien, publications dans la
Gazette du Québec.
M. ALLARD: Alors, certificat d'abord. Deuxièmement, autorisation
du ministre, et cette autorisation doit être publiée dans le
journal.
M. LAPORTE: Bon et l'article 10: « L'opération ne peut
être commencée avant la publication, par la personne
autorisée, de l'autorisation du ministre dans la Gazette officielle du
Québec. » Qu'est-ce que j'ai dit, tantôt, qui n'est pas dans
la loi? Ce sont deux autorisations, deux publications...
M. ALLARD: Je crois que vous avez juste à publier dans les
journaux le certificat. Il n'est pas besoin de publication du certificat.
M. LAPORTE: C'est-à-dire qu'il n'est pas besoin... Est-ce qu'il
est besoin de donner...
M. ALLARD: Pour les autres certificats, il n'est pas besoin...
M. LAPORTE: Est-ce qu'il est besoin de donner un avis dans les journaux
qu'il va demander un certificat?
M. ALLARD: Non.
M. LAPORTE: Ah bon, d'accord.
M. BINETTE: Alors, toutes ces explications, M. le Président, nous
démontrent encore une fois que cette loi aura beaucoup plus un effet
psychologique sur la population que le contrôle qu'elle entend faire. Je
comprends qu'elle veut avoir le contrôle sur l'utilisation des machines
à pluie. Mais on voit que toute la publicité qui entoure l'usage
des machines à pluie est un peu pour désamorcer cette
hystérie qui a été créée dans le Nord-Ouest
québécois et dans le Lac Saint-Jean.
M. ALLARD: Oui, mais si, par exemple, une compagnie veut faire des
expériences, on veut être d'abord au courant, être en mesure
de suivre ces expériences, et que le public aussi soit au courant des
expériences, de l'endroit, de la date, etc., de la durée des
expériences.
M. LAPORTE: On revient à l'article 8 si vous permettez, M. le
Président, paragraphe c) « ... un avis énonçant: c)
le territoire où l'opération aura lieu; » Est-ce que le
ministre trouve que c'est une description suffisante ou si on ne devrait pas
dire...
M. ALLARD: C'est assez difficile étant donné... C'est
assez difficile de décrire exactement le territoire. Ce n'est pas comme
du terrain. On est dans l'air. On essaie autant que possible...
M. LAPORTE: C'est ce qu'on pensait.
M. BINETTE: A l'article 8 c), M. le Président, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu, peut-être, de changer le texte en disant: La description
précise du territoire où l'opération aura lieu?
M. ALLARD: La description précise du territoire? Le territoire
est défini par réglementation spéciale.
Article 13: provoquer artificiellement la pluie, les conditions que
cette personne doit remplir, déterminer la forme de la demande, la
teneur et la durée de ce certificat et les conditions de son
renouvellement.
L'article 13 donne...
M. LESAGE: Un avis ne peut pas énoncer le territoire. Un avis
peut énoncer la description du territoire, non pas le territoire. Ce
n'est pas français, d'abord. On n'énonce pas le territoire. On
énonce la description du territoire.
M. LAPORTE: Qu'est-ce qu'il arrive, M. le Président, s'il pleut
en dehors du territoire?
M. ALLARD: Des parapluies!
M. LAPORTE: Je ne veux pas relancer l'hystérie, M. le
Président, mais c'est grave.
M. ALLARD: On me dit qu'il y aura une réglementation pour
définir le territoire et que...
M. LESAGE: C'est la description du territoire qui doit être
mentionnée à l'avis. On n'énonce pas un territoire, on
énonce la description d'un territoire.
M. BINETTE: Pourquoi ne pas marquer, tout simplement, comme l'a dit le
député de Louis-Hébert, la description précise du
territoire où l'opération aura lieu?
M. LESAGE: Si on ne veut pas mettre « précise »,
qu'on ne le mette pas, mais, au moins, qu'on inscrive « description
» pour protéger le français du ministre des Affaires
culturelles!
M. BINETTE: Oui, parce qu'il est intervenu dans le débat,
lui.
M. ALLARD: Si à c), par exemple, à l'article 8, on
mettait: Enonçant la description du territoire?
M. LESAGE: Non, vous avez simplement à dire: c) la description du
territoire où l'opération aura lieu.
M. ALLARD: La description du territoire. M. LESAGE: C'est aussi simple
que cela. M. LE PRESIDENT (M. Léveillé): Adopté.
M. LESAGE: Si vous ne voulez pas mettre le mot « précise
», ne le mettez pas.
M. ALLARD: Non.
M. LE PRESIDENT: Articles 7 et 8 adoptés. Article 9.
M. LAPORTE: Article 9, M. le Président, là cela devient
évidemment très sérieux. C'est là où est
contenu tout ce qu'il y a d'important dans ce bill, ce que j'appellerais le
contenu politique.
M. ALLARD: Ah bon!
M. LAPORTE: Cet article se lit comme suit: « Le ministre doit
refuser l'autorisation s'il est d'avis que la provocation artificielle de la
pluie risque de nuire aux récoltes oud'être autrement nuisible
dans le territoire visé dans la demande. »
Dois-je comprendre, M. le Président, que, si le ministre n'avait
pas inclus l'article 9 dans son projet de loi, il lui eût
été impossible de refuser le permis, si cela risquait de nuire
aux récoltes? Est-ce que le ministre avait besoin de cet article 9 pour
interdire une pluie artificielle qui aurait nui aux récoltes?
Est-ce qu'il existe, dans la Loi des véhicules automobiles, un
article disant: S'il est établi que le chauffeur ne sait pas conduire,
on ne lui donnera pas de permis? Est-ce dans la loi quelque part?
Deuxièmemeni, je demande aux conseillers juridiques: En vertu des
principes de notre législation, est-ce qu'en incluant une
précision, une technicité comme celle-là, on ne va pas
exclure les autres causes d'interdiction, inclusio unius, exclusio
altérius? Est-ce qu'à ce moment-là on ne limite pas le
ministre à cette seule cause pour interdire la pluie artificielle?
M. ALLARD: On me dit qu'il y a un élément
psychologique.
M. LAPORTE : Un élément psychologique. Ah bon!
M. ALLARD: Oui. Pour rassurer...
M. LAPORTE: Est-ce que votre conseiller évidemment il
n'avait pas le droit...
M. ALLARD: Pour assurer les cultivateurs que nous ne laisserons pas
ruiner leurs récoltes.
M. LAPORTE: Votre conseiller n'avait pas le droit de vous dire que c'est
un élément politique, mais moi je peux le dire. C'est tellement
psychologique, la politique.
M. ALLARD: Vous pensez que cela peut avoir un effet politique?
M. LAPORTE: Ma question précise est la suivante...
M. ALLARD: Je déciderai s'il doit pleuvoir dans telle
région ou non?
M. LAPORTE: C'est cela. M. le Président, je demande au ministre
une question fort précise; Si cet article 9 n'était pas
inséré dans la loi, est-ce qu'il serait interdit au ministre
d'empêcher la pluie artificielle susceptible de nuire aux
récoltes, premièrement?
M. ALLARD: Non.
M. LAPORTE: Non. Deuxièmement, est-ce que cet article 9 ne risque
pas de limiter l'interdiction du ministre aux seules conséquences qui
s'appelleraient nuire aux récoltes?
Je pose la question aux conseillers juridiques.
M. ALLARD: Pas seulement aux récoltes. M. LAPORTE: Si cela va
devant les tribunaux
et qu'on accuse quelqu'un d'avoir provoqué de la pluie
artificielle, il pourra plaider en disant: Je ne suis pas couvert par la loi,
parce que la loi restreint le ministre aux conséquences suivantes:
« nuire aux récoltes et d'être autrement nuisible
».
M. ALLARD: « Ou d'être autrement nuisible ».
M. LAPORTE: C'est ça.
M. ALLARD: Cela couvre toutes les possibilités. « Nuire aux
récoltes ou d'être autrement nuisible », au commerce,
à l'industrie, etc.
M. LAPORTE: Oui, mais le ministre, sans cet article-là, serait-il
autorisé à donner des permis dans des cas nuisibles?
M. ALLARD: Non.
M. LAPORTE: Alors, pourquoi est-ce là? Est-ce qu'on fait de la
législation pour mettre des choses inutiles?
M. ALLARD: Franchement, si vous insistez là, on va l'enlever,
l'article 9. Moi, je n'y tiens pas plus que cela. Si vous pensez que cela peut
avoir un impact politique énorme, pour vous démontrer qu'on ne
pense pas uniquement à la politique...
M. LAPORTE: Non, mais cela m'a permis de vous démontrer que vous
y avez pensé.
M. ALLARD: Non, cela n'a pas été fait dans ce
but-là. Cela a été fait pour créer un impact
psychologique.
M. LAPORTE: Un impact psychologique, c'est parfait.
M. LE PRESIDENT (M. Léveillé): L'article 10 qui devient
l'article 9?
UNE VOIX: Un instant, là.
M. LE PRESIDENT (M. Léveillé): Article 9?
M. LAPORTE: Biffé.
M. LE PRESIDENT (M. Léveillé): Article 9, biffé.
L'article 10 devient l'article 9.
M. BINETTE: Adopté.
M. LAPORTE: Un instant. Article 10, oui, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Léveillé): L'article 11 devient
l'article 10.
M. LAPORTE: Bon, M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au ministre? Là, ça va être, je ne dirais pas
technique parce que je ne suis pas un expert, mais il y a toutes sortes de
protections. L'article 8 déclare que le monsieur doit publier deux fois,
etc. L'article 10 demande la publication dans la Gazette officielle.
M. ALLARD: C'est ça.
M. LAPORTE: Alors, là, les cultivateurs, les gens inquiets
disent: Mon Dieu, qu'on est protégé. Que le ministre est
bon...
M. ALLARD: Il a pensé à nous autres.
M. LAPORTE: ... que son saint nom soit sanctifié!
M. ALLARD: Dieu soit loué, j'en ai beaucoup dans la Beauce.
M. LAPORTE: Sauf si ce cultivateur ou cet inquiet décide de lire
un peu plus loin. H arrive à l'article 11: « Le
lieutenant-gouverneur en conseil... » Un instant, l'article 11 qui
devient article 10. Dans le secret du conseil des ministres, la protection peut
disparaître et il ne le saura jamais.
M. ALLARD: Oui, parce que, s'il y a un feu de forêt, c'est urgent;
on n'a plus le temps de passer aux avis. Il y a un feu de forêt. Alors,
on a voulu...
M. LAPORTE: Un instant. Vous avez allumé votre feu de forêt
trop vite.
M. ALLARD: C'est pour vous empêcher de vous fatiguer.
M. COURCY: M. Smallwood a essayé cela, à Terre-Neuve.
M. LAPORTE: Non, non, nous ne sommes pas fatigués. Ça va
bien. La session commence. L'atmosphère est agréable. Du moment
qu'il y en a quelques-uns qui s'absentent en Chambre, ça va bien.
M. ALLARD: Oui, oui, ne le dites pas trop, pour qu'ils ne reviennent
pas.
M. LAPORTE: Oui, c'est vrai.
M. ALLARD: Des deux côtés, on a la paix.
M. LAPORTE: Non, non, seulement d'un côté.
M. ALLARD: Ah, vous êtes haïssables, vous autres aussi.
M. LAPORTE: Alors, M. le Président, à l'article 10, le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, s'il est d'avis qu'il y a urgence,
dispenser...
M. ALLARD: Article 11, qui est devenu 10.
M. LAPORTE: ... des publications prévues aux articles 8 et 10.
Alors, qu'est-ce que c'est que l'urgence, sauf le cas de l'Hydro-Québec,
qui peut avoir, dans un moment de sécheresse particulière,
à tenter de provoquer des pluies pour remplir ses bassins et,
deuxièmement, les feux de forêt?
M. ALLARD: M. le Président, disons que le permis, avec toutes les
prescriptions prévues, peut être donné, lorsqu'il s'agit
d'expériences. Nous voulons apporter là certaines
précautions, pour être certains que le public va être
suffisamment prévenu de toute expérience qui sera faite dans un
territoire donné. Mais, parce qu'à un moment donné, il
peut y avoir un cas d'urgence et le cas d'urgence que j'invoque est
celui d'un feu de forêt qui se déclenche sans que nous soyons
prévenus et qu'il faut agir assez rapidement, ces délais
d'une ou deux semaines peuvent évidemment être désastreux.
C'est pourquoi nous avons prévu cet article pour pouvoir couper les
formalités dans un cas qui serait celui-là et
peut-être celui de l'Hydro pour remplir ses réservoirs mais
dans des cas strictement d'urgence comme un feu de forêt.
M. LAPORTE: Mais, M. le Président, n'y a-t-il que les feux de
forêt ou si puisqu'on a dû faire une étude, j'en suis
convaincu, exhaustive - ...
M. ALLARD: A notre connaissance, nous n'avons pas prévu
actuellement d'autres cas que le feu de forêt.
M. LAPORTE: Inscrivez-le donc.
M. ALLARD: Et peut-être le cas de l'Hydro-Québec .
M. LAPORTE: Ne parlez pas de l'Hydro, ça vient à l'article
suivant. Vous précisez...
M. ALLARD: Nous voulons tout de même avoir une certaine ouverture,
les feux de forêt que nous pouvons prévoir actuellement, mais il
pourrait peut-être je ne sais pas surgir d'autres cas.
M. LAPORTE: M. le Président, s'il n'y a pas d'autres...
M. ALLARD: Si, par exemple, les cultivateurs, d'un seul coup, nous
demandaient de la pluie pour le lendemain? Cela peut être à la
veille d'une campagne électorale et c'est pressé, des fois.
M. LAPORTE: Je n'ai pas d'autres commentaires, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, adopté.
M. ALLARD: Si nous mettons dans la loi les feux de forêt, nous
serions peut-être obligés de mettre: ou autres; spécifier
les cas, les feux de forêt ou autres cas d'urgence.
M. LAPORTE: On peut tenir pour acquis qu'il ne sera jamais question
d'urgence électorale.
M. ALLARD: Non.
M. LAPORTE: En dépit des paroles du ministre.
M. ALLARD: En dépit des paroles que je viens de prononcer, je
vous donne ma parole.
M. LAPORTE: M. le Président, je veux bien, moi, me
déclarer rassuré, parce que je connais le ministre, mais les
cultivateurs ne le seront pas du tout, parce qu'ils connaissent le
gouvernement.
M. ALLARD: C'est peut-être ça qui va faire toute la
différence.
M. LEDUC (Taillon): C'est pour ça que vous allez perdre.
M. ALLARD: Vous êtes mieux de « checker » vos «
claques », vous, vous n'avez pas de cultivateurs, vous autres.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, article 11, qui est
devenu 10, adopté? Article 12, qui devient 11, adopté?
M. BINETTE: L'article 12, qui devient 11, M. le Président, j'ai
l'impression qu'il est inutile, encore une fois, comme l'article 9, parce que
nous voyons, à l'article 2, le mot « nul », au début,
le mot « nul » comprendrait, à mon avis,
l'Hydro-Québec. N'y a-t-il pas un danger d'inclure ici
l'Hydro-Québec dans une loi et de la comparer à...
M. ALLARD: C'est parce qu'il y a là un problème juridique,
à savoir si l'Hydro-Québec peut être
considéré comme un agent de la couronne ou non.
Dans le cas de « nul », est-ce que l'Hydro serait couverte?
C'est pour mieux couvrir qu'on l'a spécifié
catégoriquement.
M. BINETTE: M. le Président, est-ce que le fait de mettre ici,
dans un texte de loi, « l'Hydro-Québec » ne serait pas, par
inférence, donner raison à ceux qui prétendent que
l'Hydro-Québec ne fait pas partie de la couronne?
M. ALLARD: La question n'est pas tellement claire, légalement et
juridiquement...
M. BINETTE: D'après le ministre, l'Hydro-Québec fait-elle
partie de la couronne...
M. ALLARD: A mon sens, oui.
M. BINETTE: ...comme au ministère des Terres et Forêts, par
exemple?
M. ALLARD: Pas au même titre. C'est tout de même une
compagnie de la couronne. Ce n'est pas la même chose que le
ministère des Terres et Forêts.
M. BINETTE: Tantôt, le ministre nous a dit que ses officiers
étaient divisés sur le fait de présenter ce projet de loi
devant la Chambre. Nous voyons, dans le projet de loi lui-même, que des
articles semblent être inutiles. Ceci pourrait causer une
inférence ce qui ferait que l'Hydro-Québec n'est pas
considérée comme une...
M. ALLARD: Ce n'est pas directement pour obtenir ces
résultats-là, mais c'est pour ne pas créer un doute, dans
un cas où le problème se poserait. Si vous croyez être en
mesure de nous démontrer, hors de tout doute, qu'il n'y a aucun danger
que « nul » couvrirait une société de la couronne,
d'accord. Seulement, c'est dans le but de prévenir cette
décision-là que nous avons mis cet article.
M. BINETTE: Il semblerait que le fait de ne pas comprendre
l'Hydro-Québec dans l'article 2, pourrait satisfaire une opinion ou une
autre; ce n'est pas tranché, actuellement, par les tribunaux. Alors, en
mettant cette formule-là dans un texte de loi, par inférence on
peut donner une certaine indication que l'Hydro-Québec,
évidemment, est un agent de la couronne qui ne jouit pas de
l'immunité de la couronne.
M. COURCY: Oui, quand je lis cela, je me dis tout de suite que
l'Hydro-Québec...
M. ALLARD: Cet article-là est une mesure de prudence et de
précaution.
M. BINETTE: A ce moment-là, je considère que, dans une
loi, on donne une interprétation à une opinion qui est
actuellement discutée, qui n'est pas tranchée par les tribunaux.
Le législateur tente de régler cette question par
inférence.
M. ALLARD: C'est justement. Etant donné qu'elle n'est pas
tranchée, s'il se présentait un problème, nous sommes
couverts par cet article-là.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, adopté?
M. BINETTE: A mon avis, ce n'est pas correct que l'on fasse
indirectement des interprétations de choses qui ne sont pas
déjà réglées par les tribunaux. Si le ministre en
prend la responsabilité, c'est son affaire.
M. ALLARD: Oui, nous en prenons la responsabilité.
M. LAPORTE: M. le Président, à l'article 12 qui
devient 11 l'Hydro-Québec doit se conformer aux articles 8 et 10
avant de provoquer artificiellement de la pluie.
M. ALLARD: Ce serait les articles 8 et 9.
M. LAPORTE: Enfin, nous ne parlerons pas de concordance. Est-ce que de
cela nous devons inférer qu'elle n'est pas tenue d'obtenir un certificat
prévu, à l'article 5 je pense?
M. ALLARD: Elle n'a pas besoin de certificat.
M. LAPORTE: Très bien. Alors, j'imagine que...
M. ALLARD: D'ailleurs, on imagine que l'Hydro ne ferait pas
d'elle-même des travaux de cette nature-là. Elle engagerait
plutôt des organismes spécialisés dans ce genre de
travaux.
M. LAPORTE: On ne peut légiférer comme ça. Moi,
j'imagine que l'Hydro-Québec décide, sans se conformer aux
paragraphes 8 et 10 du texte original, de provoquer de la pluie artificielle
par des machines. A ce moment-là, le gouvernement, dans un cas
ordinaire, pourrait imposer une pénalité. Si l'infraction
continue, il pourra avoir recours aux tribunaux, j'imagine, pour obtenir une
injonction afin qu'on déplace la machine.
Je pense qu'on peut conclure ça raisonnablement. Dans le cas de
l'Hydro, qu'est-ce que le gouvernement fait? Prenons le problème
théorique de l'Hydro qui décide de provoquer artificiellement de
la pluie, en dépit du ministre et sans autorisation. Le gouvernement
décide alors de prendre une injonction pour mettre fin à cette
illégalité, alors que le chapitre 86 des Statuts refondus de
1964, article 16, dit: « Aucun bref d'injonction ne peut être
émis pour empêcher temporairement ou permanemment la commission,
ses membres ou préposés d'accomplir une action ou
d'exécuter une opération ou de continuer à accomplir une
action ou à exécuter une opération. »
Je demande au ministre de bien vouloir concilier ces deux lois
là.
M. ALLARD: Je pense bien, M. le Président, sans entrer dans de
grandes considérations, qu'on ne poursuivrait pas une compagnie de la
couronne; on essaierait de trouver un terrain d'entente.
M. LAPORTE : Je veux bien que vous ajoutiez à votre texte de loi
que vous allez tenter de trouver un terrain d'entente, mais je dis simplement
qu'il y a dans ces deux lois des choses qui se contredisent. Vous n'allez quand
même pas envoyer la Sûreté du Québec pour ôter
les machines à pluie. Vous avez un seul recours, c'est le tribunal. Le
recours normal devant le tribunal, c'est l'injonction. Or la Loi de l'Hydro la
met à l'abri de l'injonction. Qu'est-ce qu'on répond à
ça?
M. COURCY: On répond: Il « mouille; »
endurons-le.
M. ALLARD: Sans aller au fond du problème, on avait mis l'article
12, parce que, dans l'opinion publique l'Hydro était censée faire
de ces expériences. C'était pour couvrir un cas.
UNE VOIX: Est-ce qu'elle en a fait?
M. LAPORTE: M. le Président, dois-je conclure...
M. ALLARD: Elle en a fait faire. Evidemment, le problème
soulevé par le député est un problème
sérieux.
M. LAPORTE: Je veux dire que, petit à petit, je suis en train de
convaincre le ministre lui-même que sa loi ne repose sur rien, sauf le
désir d'impressionner l'opinion publique. Il n'est pas capable de
contrôler l'Hydro-Quêbec par ça. Il n'est pas capable de
contrôler l'Hydro-Québec légalement. Que s'est-il
passé en 1964-1965? Le ministre des Richesses naturelles de
l'époque et j'ai ici le journal des Débats a dit:
« Nous avons donné ordre que cessent les expériences
». Alors, cessez, sans projet de loi. Si vous êtes en
présence d'une Hydro présidée par un monsieur intraitable
ou d'un ministre qui l'est ce qui ne semble pas être le cas
actuellement ni d'un bout ni de l'autre si vous avez des gens qui ne
peuvent pas s'entendre et que l'Hydro dit: Nous allons faire nos
expériences parce que nos bassins sont actuellement en train de se
vider, même si le ministre lui dit non en vertu de sa loi et que l'Hydro
décide d'agir, il n'a rien pour intervenir légalement.
M. ALLARD: Je pense bien que le problème existe, et si vous
insistez, nous retirons l'article.
M. BINETTE: On retire l'article 12, d'accord.
M. LAPORTE: A l'article 13, je n'ai qu'un mot à dire, et je crois
que nous allons terminer pour six heures si mes collègues n'ont pas
beaucoup d'autres questions. Je n'en ferai pas grief au ministre parce que j'en
ferai un grief général au gouvernement, mais lorsqu'on
présente un projet de loi, il serait normal que les règlements
nous soient soumis en même temps que la législation. Ils
peuvent évidemment être modifiés. Il existe, je
pense, en Ontario, une loi qui oblige les ministres à déposer la
réglementation en même temps que les projets de loi. J'imagine
qu'elle n'est pas prête?
M. ALLARD: Non, elle n'est pas prête. Quand on peut le faire on le
fait, mais ce n'est pas la première fois...
M. LAPORTE: Il est probable qu'au cours de la présente session je
présenterai un projet de loi de député obligeant le
gouvernement à déposer ses règlements avec ses projets de
loi, parce que la technique législative moderne et les officiers
en loi le savent encore beaucoup mieux que moi c'est de faire les lois
les plus squelettiques possible et de déterminer un grand nombre de
choses par les règlements qui vont prendre une importance
croissante.
Il est donc normal que les législateurs prennent connaissance de
l'essentiel de la réglementation en même temps qu'on leur soumet
le projet de loi.
M. ALLARD: Evidemment, l'idée du député est
certainement acceptable. Mais présenter un projet de loi sans y joindre
la réglementation, c'est peut-être réduire un peu la loi
à son strict minimum.
M. LAPORTE: Sur le principe, nous sommes d'accord.
M. ALLARD: Evidemment, la réglementation aurait peut-être
intérêt à être insérée dans le projet
même.
M. LAPORTE: L'article 14 qui devient l'article 12, M. le
Président, il n'y a pas d'objection.
M. ALLARD: L'article 15, c'est l'amende.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, l'article 12 qui est
devenu l'article 11, adopté. L'article 13 qui est devenu l'article
12...
M. LAPORTE: Il y a deux articles qu'on a mis de côté, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Adopté?
M. LAPORTE: Il y a l'article 12 qui est biffé...
M. BINETTE: L'article 12 est biffé.
M. LAPORTE: L'article 12 est biffé.
M. BINETTE: L'article 12, qui était l'article 11, est
biffé.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Ah, l'article 12...
M. BINETTE: L'article 13 devient l'article 11.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'article 13 devient
l'article 11, adopté.
M. BINETTE: L'article 14 devient l'article 12.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'article 14 devient
l'article 12, adopté.
M. LAPORTE: L'article 15 devient l'article 13.
M. LE PRESIDENT (Théorêt): L'article 15 devient l'article
13.
M. LAPORTE: L'article 16 devient l'article 14.
M. BINETTE: L'article 16 devient l'article 14 et l'article 17 devient
l'article 15.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné que le
ministre entend protéger le cultivateur inquiet, il doit lui donner la
certitude, la garantie que, s'il y a infraction, personne ne pourra
arrêter la poursuite, que cela demandera aucune autorisation
spéciale ou particulière, que la loi devra suivre son cours.
M. le Président, je suggère vivement au ministre, s'il
veut créer dans l'opinion publique l'impression qu'il veut créer,
de faire sauter également l'article 17 qui, en somme, déclare:
Quelqu'un peut être coupable, mais si le procureur général,
ou le ministre de la Justice ou le lieutenant-gouverneur en conseil ou le
procureur général ne décide pas d'intervenir, il peut
passer toute sa vie dans une immunité totale. Dans le cas contraire,
l'infraction est commise; la poursuite se prend sans autorisation de la part de
personne. Je crois que ce serait une garantie réelle,
celle-là.
M. ALLARD: Le seul but qu'on avait, en mettant cet article-là,
c'était de préciser qu'un individu ne pouvait pas,
personnellement, poursuivre, c'était le ministère qui pouvait
porter...
M. LESAGE: Pourquoi?
M. ALLARD: Bien, pour dire que c'était une loi...
M. LAPORTE: Les 60,000 personnes qui ont signé la
pétition, auraient été prêtes, quelques-unes d'entre
elles, à prendre peut-être une poursuite.
M. ALLARD: C'était ce qu'on voulait éviter, qu'il y ait
60,000 poursuites.
M. LESAGE: Bien oui, alors?
M. ALLARD: Cela protège. Si vous pensez qu'on peut laisser
ouvert...
M. LAPORTE: Dans le cas que je soumets, il peut y avoir 60,000
poursuites, mais avec l'article, il peut n'y en avoir aucune...
M. ALLARD: Oui.
M. LAPORTE: ...parce que c'est ça la réalité.
M. ALLARD: Oui, oui, je comprends votre point de vue et si, encore
là, je vous dis, vous insistez, j'enlève l'article 17.
UNE VOIX: D'accord.
M. LESAGE: Est-ce qu'il ne faudrait pas dire: et je demanderais
au ministre de la Justice d'examiner la question Les poursuites en vertu
de la présente loi, tout de même, peuvent être
intentées par toute personne intéressée?
M. ALLARD: Le ministre de la Justice dit qu'il faudrait que l'initiative
appartienne à quelqu'un.
M. LESAGE: Oui. C'est cela. Alors il faut que la loi le dise.
M. ALLARD: En vertu de la présente loi seraient intentées
par...
M. LESAGE: Il faudrait tout de même que la personne qui poursuive
soit une personne intéressée.
M. ALLARD: Ce n'est pas une personne intéressée?
M. LESAGE: C'est-à-dire les poursuites en vertu de la
présente loi...
M. ALLARD: Peuvent être...
M. LESAGE: ... peuvent être intentées par toute personne
intéressée.
M. ALLARD: Et on enlèverait: Par le procureur
général?
M. LESAGE: C'est évident.
M. ALLARD: Alors, par toute personne intéressée.
M. LESAGE: Les poursuites en vertu de la présente loi peuvent
être intentées par toute personne intéressée.
M. ALLARD: Par toute personne intéressée.
M. LAPORTE: Nous n'avons pas d'objection, M. le Président, si le
ministre veut se donner la patience de faire sa troisième lecture en
deux ou trois minutes. Nous pourrions terminer cela.
M. THEORET (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 6 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. FRECHETTE (président): Les amendements seront-ils
agréés? Agréé.
Le bill tel qu'amendé sera-t-il agréé?
Agréé. Troisième lecture.
Troisième lecture
M. ALLARD: Je soumets la loi avec les amendements qu'on y a
apportés. Je crois que c'est une loi qui peut rendre des services. Nous
essayerons de la politiser le moins possible pour qu'elle rende les services
pour lesquels elle a été destinée.
M. LAPORTE: M. le Président, disons que, très
brièvement, je crois que nous avons plus qu'il n'était
nécessaire fait la preuve que cette loi ne rendra pas les services qu'on
en attend et qu'elle avait et continue à avoir strictement un
intérêt politique. Je crois que la discussion en comité l'a
prouvé au-delà du nécessaire.
Adopté, M. le Président.
M. ALLARD: L'avenir le dira.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LAPORTE: Bien oui, les élections s'en viennent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: Avant de vous demander la suspension des travaux de la Chambre,
je rappelle qu'à 8 heures 15, la Chambre se formera théoriquement
en comité des subsides pour que nous puissions à moins
qu'il y ait une motion de blâme reprendre nos travaux en Chambre,
la législation inscrite au nom du ministre des Richesses naturelles. En
bas, ce serait l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 8 heures
15.
Reprise de la séance à 20 h 17
M. FRECHETTE (président): Al'ordre, messieurs!
M. PAUL: Un, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme en comité des subsides.
L'honorable leader de la Chambre, pour l'honorable ministre des
Finances, propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se
forme en comité des subsides.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: Tel qu'il avait été convenu, je pense bien qu'on
va vous inviter, M. le Président, sans vous donner d'instruction,
à faire rapport, et j'en profiterais pour annoncer qu'à la
chambre 91, en bas, l'étude des crédits du ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation va immédiatement commencer.
M. THEORET (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et demande la permission de siéger
à nouveau.
M. FRECHETTE (président): Quand le comité
siégera-t-il?
M. PAUL: A une prochaine séance,
M. LE PRESIDENT: A une prochaine séance. L'honorable
député de Louis-Hébert.
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition est quelques
minutes en retard. Est-ce que nous pourrions, non pas suspendre, mais attendre
quelques instants avant d'appeler le prochain ordre du jour.
M. BELLEMARE: Il avait pourtant un bien bon exemple à suivre.
UNE VOIX: Il a changé de pantalon.
M. LESAGE: M. le Président, je reprends mon siège. Je n'ai
pas de commentaire.
M. BELLEMARE: Il avait pourtant un bon exemple d'assiduité et de
ponctualité qui lui a été donné. Il devrait adopter
cela aussi.
UNE VOIX: C'est un mauvais élève.
M. PAUL: Article 7, s'il vous plaît.
Bill 5 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la deuxième lecture d'une loi intitulée Loi modifiant la loi de
la distribution du gaz. L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. ALLARD: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre.
Bill 5 intitulé Loi modifiant la loi de la distribution du gaz.
Comme on l'a remarqué par les notes explicatives, il s'agit d'amender la
loi sur certains points afin d'étendre d'abord la définition du
mot gaz pour lui donner une application plus générale et en
relation avec les amendements qu'on apporte aussi par le bill numéro
4.
L'essentiel de ces amendements, M. le Président, est plutôt
de nature technique. Le plus important est la définition, comme je le
disais, du mot gaz, conçue de façon à inclure les gaz de
pétrole liquéfiés dans la juridiction de la
régie.
Les amendements soumis ne représentent évidemment pas la
totalité de ce qui avait été envisagé et
étudié conjointement par la Régie de
l'électricité et du gaz, le ministère des Richesses
naturelles et le comité de législation. D'autres amendements
évidemment assez importants seront présentés
ultérieurement, notamment en ce qui concerne certains articles de la loi
actuelle de la Régie du gaz et de l'électricité.
Cependant, l'ampleur des problèmes soulevés était
telle que les parties sont tombées d'accord sur la
nécessité d'un examen plus approfondi de ces amendements pouvant
aller jusqu'à une refonte totale de l'actuelle législation sur le
gaz, déjà dépassée par les besoins du moment et
l'évolution de la politique énergétique du
gouvernement.
Cependant, sans préjudice de modifications ultérieures
plus profondes, il était, je crois, nécessaire de
présenter dès à présent des amendements
actuellement soumis à l'Assemblée nationale pour permettre aux
compagnies distributrices de gaz d'étendre leurs réseaux, faisant
ainsi bénéficier l'économie du Québec de quelques
dizaines de millions de dollars en investissements supplémentaires.
Ces amendements s'inspirent, à mon sens, d'une politique visant
à étendre la distribution de cette forme d'énergie sur
tout le territoire du Québec. Comme on le remarquera tout à
l'heure, ils s'imbriquent dans un programme de politique
énergétique, alors que nous avons commencé à
apporter certains amendements dans le but de régulariser certaines
situations et afin de chapeauter le tout par une direction
générale de l'énergie.
Nous avons créé SOQUIP pour enlever à l'Hydro
certaines responsabilités en ce qui concerne le pétrole. Nous
voulons, par des amendements, accroître présentement les pouvoirs
de la régie. Nous aurons, au-dessus de ces organismes, soit
l'électricité, le pétrole et le gaz, dans les mois
à venir, une direction générale qui s'occupera de
coordonner les efforts en matière de politique
énergétique.
M. BINETTE : M. le Président, je n'ai pas l'intention
d'argumenter bien longtemps sur le projet de loi que nous étudions en
deuxième lecture. Le bill 5, en effet, est un bill qui prévoit
étendre la réglementation sécuritaire à ceux qui
emmagasinent, transportent ou vendent du gaz. Personnellement, je trouve que
les principes énoncés dans cette loi sont bons et qu'ils
protègent davantage les usagers du gaz. Ils réglementent d'une
façon plus sévère cette industrie.
J'ai écouté le ministre qui nous a parlé, dans ses
propos de deuxième lecture, d'une politique énergétique du
Québec. Je dois dire que c'est la quatrième année que
j'écoute, pas le ministre lui-même mais le premier ministre du
temps, qui était l'honorable Daniel Johnson qui occupait le poste de
ministre des Richesses naturelles, et ensuite le ministre actuel. Depuis
quelques années, nous entendons parler à tous les ans, à
chaque fois que l'occasion se présente, d'une politique de
l'énergie au Québec.
Nous avons eu l'occasion d'en discuter passablement longuement lors de
l'étude des crédits de l'an dernier. Sur le discours du budget,
j'avais personnellement fait un discours sur ce sujet, et j'avais posé
des questions au ministre pour savoir où il s'en allait dans ce domaine.
Actuellement, je constate que nous en sommes encore au même point. Le
ministre nous promet une direction générale de l'énergie
pour les mois qui viennent. C'est sa phrase régulière; tous les
ans il répète la même phrase. Il nous promet une politique
de l'énergie. Nous sommes rendus à ne plus croire les promesses
du ministre.
Si cette question de la politique énergétique
s'éloigne quelque peu du principe du bill lui-même, je n'y fais
allusion que parce que le mi-
nistre lui-même en a parlé. Alors, je n'ai pas l'intention
de faire un débat en deuxième lecture qui serait plus long que
celui qui a été fait. Personnellement, je n'ai pas d'autres
remarques à faire pour le moment; elles pourront être faites lors
de l'étude du bill, article par article, lorsque nous irons en
comité. S'il n'y a pas d'autres députés qui veulent
adresser la parole sur ce projet en deuxième lecture, personnellement,
je suis prêt à aller en comité.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité pour l'étude du bill 5. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. THEORET (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. ALLARD: Article 1, M. le Président.
M. LESAGE: Pouvez-vous appeler l'article 1, en divisant les paragraphes
a) et b)?
M. LE PRESIDENT; Article 1, paragraphe a).
M. LESAGE: Si je comprends bien, M. le Président, l'amendement
que l'on veut apporter à l'article 1 du chapitre 88, qui est l'article
des définitions, ajoute les mots « d'emmagasinage, de transport,
de vente ou... » Est-ce qu'il est juste de conclure que cette addition
aux définitions est devenue nécessaire à la suite de
l'adoption de la Loi modifiant la loi des mines, qui était le chapitre
36 des lois de 1968, modifiant...
M. ALLARD: Ce n'est pas en relation avec cet amendement. L'amendement
à la Loi des mines...
M. LESAGE: Oui, prévoyant l'emmagasinage de tous les
minéraux.
M. ALLARD: Non.
M. LESAGE: C'est le chapitre 36 des lois de 1968 amendant le chapitre 34
des lois de 1965, c'est-à-dire la Loi des mines. En fait, l'article
premier de ce chapitre 36, Loi modifiant la loi des mines, se lit comme suit:
« L'article 1 de la Loi des mines est modifié c'est encore
l'article des définitions a) en remplaçant, dans la
cinquième ligne du paragraphe 3, les mots « ou de les y
emmagasiner » par les mots « ou par lesquels on utilise un
réservoir souterrain pour l'emmagasinement ou l'enfouissement de
façon définitive d'une substance minérale ou d'un produit
ou résidu industriel; b) en remplaçant, dans les
deuxième, troisième et quatrième lignes du paragraphe 4,
les mots « obtenir ou emmagasiner sous terre une substance
minérale » par les mots « ou obtenir une substance
minérale ou de découvrir, aménager ou utiliser un
réservoir souterrain pour l'emmagasinement ou l'enfouissement d'une
façon définitive d'une substance minérale ou d'un produit
ou résidu industriel. »
Or, le gaz est évidemment un produit minéral, et c'est par
ces amendements à la Loi des mines proposés par le ministre des
Richesses naturelles en 1968 qu'on a prévu l'emmagasinage des substances
minérales dont le gaz naturel, en plus de l'enfouissement à
demeure.
C'est absolument technique. Je fais passer un examen au ministre des
Richesses naturelles.
M. ALLARD: La régie, avec cet amendement, veut couvrir celui qui
fait la distribution du gaz.
M. LESAGE: Et l'emmagasinage. Tout ça est intégré
et lié, n'est-ce pas? Le chapitre 36 des lois de 1968 amendant la Loi
des mines de 1965 se trouve lié, par les articles de définition,
à cette loi-ci par l'article de définition qui est
également l'article 1.
En tout cas, M. le Président,...
M. ALLARD: Le but, évidemment, c'est d'étendre la
définition...
M. LESAGE: Disons que je suis satisfait, que c'est cela.
M. ALLARD: ... de distribution de gaz aux personnes qui emmagasinent,
transportent ou vendent.
M. LESAGE: Oui.
M. ALLARD: Alors, c'est pour couvrir tous les cas»
M. LESAGE: Surtout l'emmagasinage. Adopté.
Maintenant,...
M. ALLARD: M. le Président...
M. LESAGE: ... pour ce qui est de b)...
M. ALLARD: ...l'article 4, dispositions relatives à
l'emmagasinage du gaz, s'applique sous réserve de la Loi des mines.
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça. C'est pour ça que j'y
réfère aussi.
M. BELLEMARE: C'est une concordance nécessaire.
M. LESAGE: Bien oui, c'est ça que je dis. Au paragraphe b)...
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Paragraphe a), adopté.
Paragraphe b)?
M. LESAGE: Paragraphe b), oui, de l'article 1. Le ministre, dans ses
remarques en deuxième lecture, a semblé vouloir attacher beaucoup
d'importance à la nécessité de redéfinir le mot
« gaz » pour y inclure le gaz provenant d'un mélange de gaz
de pétrole liquéfié et d'air. Je vous avoue, M. le
Président, que je ne vois pas tellement cette nécessité
puisqu'on n'a pas besoin d'aller plus loin je ne suis ni un chimiste, ni
un physicien que le Larousse pour trouver une excellente
définition de gaz naturel ou de gaz manufacturé.
M. ALLARD: Si le chef...
M. LESAGE: On n'a pas besoin d'en dire autant. Ce n'est pas aussi
important que le ministre voulait le dire. S'il veut bien me suivre, gaz
naturel; « gaz que l'on trouve dans des gisements souterrains, seul ou
associé au pétrole brut »; gaz manufacturé
que le ministre me suive bien « gaz combustible... »
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: « ... produit soit à partir de charbon, de coke
ou d'huile, soit par conversion du gaz naturel ou de gaz de pétrole
liquéfié, soit encore par mélanges en proportions
variables de ces différents gaz. » C'est dans Larousse.
M. ALLARD: Voici...
M. LESAGE: Je ne vois pas pourquoi le ministre attache tellement
d'importance à l'inscription de cette définition dans la loi que
l'on trouve dans le dictionnaire.
M. ALLARD: J'avais, à la place de e), un changement à
soumettre...
M. LESAGE: Oui.
M. ALLARD: ... pour, peut-être, donner satisfaction en disant: Gaz
naturel, gaz manufacturé, toute variété ou tout
mélange de l'un ou de l'autre...
M. LESAGE: Cela marche.
M. ALLARD: ... le gaz de pétrole liquéfié ou
tout...
M. LESAGE: Vous n'avez pas besoin d'aller...
M. ALLARD: ... mélange de gaz de pétrole
liquéfié...
M. LESAGE: Vous n'avez pas besoin d'aller si loin que ça.
M. ALLARD: ... transporté ou distribué par canalisation ou
autrement.
M. LESAGE: Vous n'avez pas besoin d'aller si loin que ça. Du
moment que vous dites que le mot « gaz » comprend le gaz naturel et
le gaz manufacturé ou toute variété ou tout mélange
des deux, vous êtes couvert.
M. ALLARD: Oui, mais les vendeurs de gaz propane, actuellement,
représentent qu'ils ne sont pas couverts par le texte actuel. C'est
à leur suggestion que nous avons amplifié la définition du
mot.
M. LESAGE: C'est parce qu'ils ont oublié de lire le
dictionnaire.
M. BELLEMARE : Ils ne sont pas tous instruits, vous l'avez
déjà dit.
M. ALLARD: De toute façon, est-ce que l'explication
apportée...
M. LESAGE: Si ces messieurs du gaz propane avaient lu seulement la
définition du dictionnaire, ils n'en seraient pas venus à la
conclusion à laquelle ils en sont venus de prétendre qu'ils
n'étaient pas couverts par la loi.
M. ALLARD: Le texte tel que proposé...
M. LESAGE: Cela les couvre, mais c'est de la redondance,
M. BELLEMARE: Oui, mais il y en a bien, dans les lois, des
redondances.
M. ALLARD: C'est pour couvrir...
M. LESAGE: Je savais que je me ferais répondre, surtout par le
ministre du Travail: Trop fort ne casse pas.
M. BELLEMARE: C'est cela. Je n'ai pas osé le dire.
M. LESAGE: La définition que vient de lire le ministre des
Richesses naturelles convient très bien, et je pense qu'elle est
préférable...
M. ALLARD: A celle qui existe actuellement dans le texte.
M. LESAGE: ... à celle qui est proposée par l'article 1,
paragraphe b).
M. ALLARD: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est le texte qu'on me propose ici qui sera
adopté. Alors, adopté avec amendement.
M. ALLARD: « L'article 2 permet à la régie de donner
aussi au propriétaire d'un immeuble où se trouve de la tuyauterie
pour le gaz tout ordre qu'elle juge à propos pour fins de
sécurité ». Tout consommateur...
M. BINETTE: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir des
explications? J'ai mal saisi.
M. ALLARD: Je dis que « cet article permet à la
régie de donner aussi au propriétaire d'un immeuble si
vous regardez les notes explicatives, vous l'avez où se trouve de
la tuyauterie pour le gaz tout ordre qu'elle juge à propos pour fins de
sécurité ». Il s'agit, je pense, de couvrir le cas...
UNE VOIX: Des logements.
M. LESAGE: Des maisons à appartements.
M. ALLARD: Justement. Des maisons à appartements.
M. LESAGE : Il s'est produit certains accidents...
M. ALLARD: C'est cela.
M. LESAGE: ... et le besoin de cet amendement s'est fait sentir à
ces occasions-là.
M. ALLARD: Au point de vue de la sécurité. M. LESAGE: Au
point de vue de la sécurité.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Est-ce que l'article 2 est
adopté?
M. LESAGE: Adopté.
M. ALLARD: L'article 3, c'est une modification de l'amende pour une
infraction commise par une personne autre qu'un distributeur.
M. LESAGE: Oui. Là, je ne comprends plus rien. Quel
intérêt le ministre a-t-il à faire disparaître les
minimums d'amende et à réduire les maximums?
M. ALLARD: Actuellement, on me dit que la régie trouve...
M. LESAGE: Actuellement, le minimum dans le cas d'une première
offense est de $200. On le fait disparaître. Pourquoi?
M. ALLARD: Parce que la régie trouve que le montant est trop
élevé.
M. LESAGE: Il me semble que, dans un cas où on a tellement besoin
de sécurité, un minimum d'amende de $200 pour quelqu'un qui ne se
conforme pas aux «mesures de sécurité qui sont
imposées, est une amende qui n'est pas tellement
élevée.
M. ALLARD: Mais, actuellement, c'est l'usager qui est poursuivi et ce
n'est pas toujours l'usager qui est le responsable.
M. LESAGE: Le ministre ne poursuivra pas celui qui n'est pas
responsable. Le responsable, « qui enfreint une disposition de la
présente loi... ou contrevient à un ordre de la régie, est
passible, en outre des frais, pour la première infraction, d'une amende
de $200 à $500... » Pourquoi faire disparaître le minimum
lorsqu'il s'agit de mesures de sécurité qui sont si importantes?
Pourquoi, dans le cas de la récidive, réduire le minimum de $500
à $100? Dans le cas d'une récidive? C'est peu
compréhensible.
M. ALLARD: Le texte actuel dit que, dans
le cas d'un exploitant, 11 s'agit d'une amende de $1,000 à
$5,000.
M. LESAGE: Bien oui.
M. ALLARD: Dans le cas de toute autre personne, de $200 à
$500.
M. LESAGE: C'est ça.
M. ALLARD: On trouve que, pour toute autre personne qui enfreindrait une
disposition de la présente loi ou d'un règlement, une amende d'au
plus $500 serait une amende suffisante.
M. LESAGE: Oui, mais si quelqu'un joue avec la tuyauterie à
l'intérieur d'une maison à appartements, soit le
propriétaire, soit un de ses agents, est-ce qu'il n'est pas normal qu'il
y ait un minimum d'amende de $200? C'est la loi actuelle. Est-ce qu'on a
donné des exemples d'injustice au ministre? Ou bien si c'est la manie
générale du gouvernement actuel de diminuer les amendes?
M. ALLARD: La demande vient de la régie qui trouve que l'amende
actuelle est trop forte et qu'elle n'ose pas poursuivre à cause du
montant.
M. LESAGE: Ce n'est pas la régie qui impose les amendes, ce sont
les tribunaux.
M. ALLARD: Non, mais c'est la régie qui applique la loi.
M. LESAGE: Pardon?
M. ALLARD: C'est la régie qui applique la loi.
M. LESAGE: Oui, je comprends que c'est elle qui applique la loi, mais
simplement...
M. ALLARD: Il y a un minimum, de toute façon, qui est de
$200.
M. LESAGE: Il n'y a pas de minimum, vous le faites
disparaître.
M. ALLARD: La seule explication qu'on me donne, c'est que la plupart du
temps il s'agit d'insolvables et qu'à toutes fins pratiques, ce n'est
pas récupérable.
M. LESAGE: Bien oui, mais alors... Ce n'est pas une raison.
M. BINETTE: Ce n'est pas une raison.
M. ALLARD: Ce n'est pas une raison, c'est une explication.
M. LESAGE: Si quelqu'un enfreint des lois concernant la
sécurité et qui sont si importantes?
M. ALLARD: Je ne ferai pas de chicane là-dessus. Si vous trouvez
que l'explication n'est pas suffisante, on va remettre le minimum de $200. Moi,
une demande m'a été fournie par la régie, que je trouve
raisonnable avec les explications.
M. LESAGE: Mais le ministre n'a donné aucun exemple...
M. ALLARD: Je vous dis que dans les cas de personnes insolvables,
à toutes fins pratiques, ce n'est pas récupérable.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas parce qu'une personne est insolvable
qu'elle doit se tirer d'affaire si elle commet des actes contre la
sécurité publique.
M. ALLARD: Alors, je n'ai pas d'objection. Revenons au minimum de $200
et au maximum de $500.
M. LESAGE: Laissez ça comme c'était.
M. ALLARD: D'accord.
M. LESAGE: Biffez l'article 3.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Adopté.
M. ALLARD: A toutes fins pratiques, nous l'enlevons.
M. LESAGE: Il n'est pas adopté; il est biffé.
M. ALLARD: Il est enlevé parce que l'Opposition refuse d'accepter
un minimum.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, article 3...
M. BINETTE: C'est parce que le ministre ne donne pas de raisons
suffisantes.
M. ALLARD: Je vous donne les raisons qui m'ont été
fournies, je les ai trouvées suffisantes. Si vous ne les trouvez pas
suffisantes et que vous insistez...
M. BINETTE: M. le Président, le ministre, par son bill, veut
augmenter la sécurité. Ici, il diminue les amendes.
M. ALLARD: Pensez-vous que la sécurité est une question de
$100 ou de $200?
M. BINETTE: Alors, son bill se contredit. Qu'il laisse, au moins, les
amendes comme elles étaient auparavant; elle sont plus
sévères et, à ce moment-là, elles sont plus
incitatrices.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire qu'avec le
député de Louis-Hébert nous avons apporté des
amendements très sérieux au code du travail. Nous avons
fixé des amendes qui sont très sévères, soit de
$1,000 et de $2,000 pour tâcher de donner des dents à la
législation.
M. BINETTE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Le ministre dit qu'il veut les enlever complètement
parce que l'Opposition ne veut pas coopérer.
M. BINETTE: Nous sommes prêts. M. ALLARD: On a enlevé le
minimum.
M. LESAGE: Le ministre du Travail doit comprendre que nous
considérons que, par l'amendement proposé à l'article 3,
on enlève les dents.
M. BELLEMARE: Le montant de $1,000.
M. LESAGE: Or, nous ne voulons pas que les dents soient
enlevées.
M. BELLEMARE: « Une amende d'au plus cinq cents et, pour toute
récidive dans les deux ans, d'une amende d'au moins cent et d'au plus
mille dollars. »
M. LESAGE: Oui, mais je voudrais expliquer au ministre du Travail qu'il
y avait, dans le cas d'une première offense, un maximum de $500 et un
minimum de $200. Dans le cas d'une récidive, le maximum de l'amende
était de $1,000 c'est la même chose que l'on propose
mais il y avait un minimum de $500. Or, on veut le réduire à
$100.
Je dis qu'on doit laisser les dents à la loi. C'est pour cela que
je suggère que l'article 3 soit biffé.
M. BELLEMARE: D'accord. C'est normal.
M. ALLARD: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, article 4 qui devient
3?
M. LESAGE: A l'article 4 qui devient 3, M. le Président, je n'ai
qu'une remarque à faire. Etant donné les amendements importants
apportés, en 1968, à la Loi des mines, je considère qu'il
faudrait ajouter, dans la parenthèse, les mots suivants...
M. ALLARD: Après 1965, 1re session?
M. LESAGE: Oui. ... « telle que modifiée par le chapitre 36
des lois de 1968. » Ce sont justement les articles qui ont une
implication sur le présent bill qui ont été
modifiés en 1968.
M. ALLARD: Oui, telle que modifiée.
M. LESAGE: Telle que modifiée par le chapitre 36 des lois de
1968.
M. BELLEMARE: Cela revient à ce que vous disiez pour
l'emmagasinage.
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: C'est pour faire le joint, la concordance.
M. LESAGE: Et donner la référence.
M. ALLARD: En ajoutant à l'article 3, dans la parenthèse:
telle que modifiée par le chapitre 36...
M. LESAGE: Oui. La parenthèse se lira comme ceci: « (1965,
1re session, chapitre 34, telle que modifiée)...
M. ALLARD: Par le chapitre 36, 1968.
M. LESAGE: Des lois de 1968. C'est maintenant l'expression
employée.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Par le chapitre 36 des
lois...
M. LESAGE: ... des lois de 1968.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Le mot 1968 en chiffres
seulement?
M. LESAGE: Oui, c'est ça. Et puis, fermer la
parenthèse.
M. THEORET (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que votre comité
a adopté le bill 5 avec des amendements; il en demande l'adoption.
M. FRECHETTE (président): Les amendements seront-ils
agréés? Agréé.
Le bill tel qu'amendé sera-t-il agréé?
Agréé. Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la troisième lecture du bill 5. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
M. BELLE MARE: Six.
Bill 4 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
la deuxième lecture du bill 4, Loi modifiant la loi de la Régie
de l'électricité et du gaz. L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. ALLARD: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur de
la province a pris connaissance de ce bill et il en recommande l'étude
à la Chambre. Ces amendements modifiant la Loi de la Régie de
l'électricité et du gaz ont pour but d'étendre la
distribution du gaz au Québec. Ils présentent l'avantage
d'éviter, à l'avenir, le recours à une loi individuelle
chaque fois que l'émission d'une franchise, appelée ici «
droit exclusif de distribuer le gaz » sera nécessaire. Les
compagnies seront, par le fait même, protégées par un droit
exclusif d'une durée de 30 ans qui leur facilitera l'accès aux
sources de financement.
La procédure d'examen des demandes devant la régie,
article 29-d du projet, la possibilité de révoquer pour cause le
droit exclusif de distribuer le gaz et d'obliger la compagnie à
étendre la distribution à de nouveaux territoires sont autant de
dispositions conçues pour la protection du public. Une autre
série d'amendements, tenant compte du bill 285 adopté
récemment à l'Assemblée nationale, prévoit aussi la
surveillance, par la régie, des conditions d'emprunt et de financement
des distributeurs, articles 34-a et 34-b.
Le problème était, dans ce cas, d'éviter que la
personne juridique, titulaire du droit exclusif de distribuer le gaz, ne vienne
à changer sans l'accord préalable de la régie à la
suite de modifications au capital social de la compagnie, par exemple, qui la
ferait passer sous le contrôle d'une autre corporation.
Suivant la loi telle qu'elle existe présentement, pour obtenir
une franchise de distribution il faut soit un bill privé, soit un bill
public. Dans le but d'éviter ces formalités qui peuvent
créer des embarras dans certaines circonstances, nous avons cru bon
d'envoyer devant la régie toute demande pour l'émission d'un
permis, alors que les personnes ou les compagnies intéressées
font connaître leurs intentions d'une façon publique. Les gens,
les sociétés, les municipalités qui voudraient s'objecter
auront, à ce moment-là, toutes les possibilités de faire
valoir leurs objections, tel que c'est le cas présentement à la
Régie des transports ou des services publics.
Ces amendements s'inspirent d'une politique du gaz visant à
étendre la distribution de cette forme d'énergie sur tout le
territoire québécois. Par là même, ils constituent
une dimension de la politique complète et cohérente de
l'énergie annoncée à plusieurs reprises, comme le disait
tout à l'heure le député de Deux-Montagnes et à
laquelle nous avons donné suite, notamment lors de la création de
Soquip, et actuellement cette société est en voie de
réalisation.
Avant même que le ministère ne propose à
l'Assemblée une refonte complète de la Loi du gaz, il mettra sur
pied une direction générale de l'énergie, et je crois que
cette direction générale de l'énergie devrait être
créée dès cette semaine ou la semaine prochaine.
Vu que le champ des préoccupations de la direction
générale de l'énergie est extrêmement vaste, il est
normal qu'elle se donne quelques années pour les couvrir en recourant
par priorité aux gestes appropriés à la conjoncture du
moment, comme cela a été fait dans le passé.
La dévolution à l'Hydro-Québec de la juridiction
sur les territoires pétroliers du golfe Saint-Laurent, la
création de Sorep, celle de Soquip enfin, les modifications aux lois du
gaz sont intervenues parce qu'elles répondaient à des urgences,
tout en s'inscrivant dans le plan d'ensemble d'une politique de
l'énergie couvrant l'électricité, le gaz et le
pétrole.
Le ministère cherchera, en se dotant d'une direction
générale de l'énergie, à utiliser les juridictions
existantes, plutôt qu'à créer de toute pièce des
structures et des politiques nouvelles qui pourraient être source de
conflit, et par conséquent d'inertie.
Au demeurant, le Québec ne possède pas, ne dispose pas,
à l'heure actuelle, de la totalité du
personnel spécialisé nécessaire à une
direction de l'énergie, et les crédits sont plutôt
mesurés en cette période d'austérité
budgétaire. Par ailleurs, 11 existe certaines juridictions bien
établies et fonctionnant à la satisfaction de tous, comme celles
de l'Hydro-Québec pour la production et la distribution
d'électricité. Certains ministères se sont dotés de
politiques s'inspirant de leurs préoccupations particulières,
notamment en matière de sécurité en ce qui regarde
l'énergie, comme le ministère de la Santé, celui du
Travail, etc. Enfin, 11 existe des compagnies privées distributrices de
gaz et de pétrole, et leur activité doit seulement être
encadrée par un appareil législatif et réglementaire qui
la canalise au profit de tous.
L'ensemble de ces raisons amène donc le ministère des
Richesses naturelles à proposer dans l'immédiat, non pas une
direction générale de l'énergie comportant des effectifs
nombreux, un budget important et un ensemble de lois plus ou moins
calquées sur ce qui existe au gouvernement fédéral, en
Ontario et aux Etats-Unis, mais plutôt une mission préparatoire
composée au départ d'un noyau de spécialistes
déjà formés au ministère depuis plusieurs
années. Cette mission préparatoire aura pour rôle de
proposer des structures, un budget et un mandat exhaustifs. Dès
l'année prochaine, une direction des hydrocarbures, couvrant les
domaines du gaz et du pétrole, et une direction de
l'électricité, chargée plus spécifiquement des
rapports avec l'Hydro-Québec en ce qui concerne l'électrification
du Nouveau-Québec et de la basse Côte-Nord, pourraient être
créées avec des effectifs réduits au départ.
Ultérieurement, une direction générale de
l'énergie, établie après consultation avec les autres
ministères, l'Hydro-Québec et le secteur privé, viendrait,
comme je l'ai déjà dit, couronner ces deux directions
spécialisées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. BOURASSA: M. le Président, pour répondre au ministre
des Richesses naturelles, nous préférons aller en comité
plénier. J'ai de très sérieuses réserves sur un
article qui donne des pouvoirs discrétionnaires au lieutenant-gouverneur
en conseil, l'article 5. Alors je préférerais émettre mes
commentaires à l'occasion de la discussion article par article.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. BOURASSA: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Sur division.
M. LE SECRETAIRE: Deuxième lecture de ce bill. Second reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Richesses naturelles propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité pour l'étude du bill 4. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. BELLEMARE: Adopté. Comité plénier
M. THEORET (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. BINETTE: M. le Président, en attendant que les officiers
entrent, est-ce que le ministre pourrait me donner une explication sur la
dernière phrase qu'il a prononcée dans son discours en
deuxième lecture? Je me demande si j'ai bien saisi. Il a dit qu'il avait
l'intention de créer une direction générale des
hydrocarbures, une direc= tion générale de
l'électricité et, enfin, une direction générale de
l'énergie? C'est bien ça?
M. ALLARD: J'ai dit d'abord: une direction des hydrocarbures couvrant le
gaz et le pétrole, ainsi qu'une direction de l'électricité
chargée des rapports avec l'Hydro-Québec en ce qui concerne
l'électrification du Nouveau-Québec et de la Basse
Côte-Nord.
M. BINETTE: Mais est-ce que ces deux directions deviendraient un jour
tout simplement la Direction de l'énergie? C'est bien pour
préparer cela?
M. ALLARD: Ce sont des mises en place pour arriver à une
définition précise couvrant...
M. BINETTE : C'est que je craignais trois directions pour la même
chose.
M. ALLARD: Ce sont des éléments que nous mettons en marche
dans le but d'arriver progressivement à cette direction de
l'énergie.
M. BOURASSA: C'est long.
M. ALLARD: C'est long, c'est évident, mais je crois que
même le chef de l'Opposition n'aurait pas agi plus rapidement.
M. BOURASSA: Ah là, je ne suis pas certain là-dessus! On
fait des affirmations gratuites.
Cela prend des années pour créer une direction de
l'énergie, qui est une chose évidente et essentielle.
M. ALLARD: Mais vous savez que pour avoir une direction de
l'énergie, ça nous prend plusieurs choses. Cela nous prend des
hommes. Nous ne les avons pas actuellement.
M. BOURASSA: Allez les chercher.
M. ALLARD: Allez les chercher, c'est facile à dire, ça. Ce
n'est pas aussi facile à trouver cependant.
M. BOURASSA: Cela dépend de qui les cherche.
M. ALLARD: Vous n'êtes pas à la télévision
pour créer des problèmes et les régler du bout du
doigt.
M. BELLEMARE: Un ancien ministre de l'Industrie et du Commerce a dit
ça. Il a vu un exode. C'était de votre temps.
M. BOURASSA: Vous remontez à dix ans dans le passé. C'est
l'avenir qui nous intéresse, nous. Si on me le permet, c'est quand
même une chose dont j'ai parlé à plusieurs reprises,
l'importance de créer une direction de l'énergie. C'est un des
secteurs où l'Etat a un rôle déterminant à jouer.
Or, année après année, à l'occasion de la
discussion des crédits, c'est toujours retardé; le ministre a
toujours des excuses, des prétextes, des alibis pour justifier son
retard à agir.
M. ALLARD: Attendez. Nous avons créé Soquip, vous ne
pouvez pas dire que nous n'avons pas organisé, du côté du
pétrole, quelque chose qui n'existait pas. C'est déjà
quelque chose.
M. BOURASSA: Bon, un discours. C'est tout ce qui a été
fait.
M. ALLARD: Vous, vous voyez tout du jour au lendemain et vous voyez
peut-être trop vite.
M. BOURASSA: Cela fait six fois que vous parlez d'une politique de
l'énergie.
M. ALLARD: Je vais vous en ramasser des « bebelles » que
vous avez prononcées dans les derniers mois et je vais vous les mettre
sous le nez pendant des années à venir.
M. BOURASSA: Disons que je vais prendre le pouvoir dans six semaines,
d'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): A l'ordre!
M. BOURASSA: Un moment de lucidité de la part du ministre.
M. BELLEMARE: Arrêtez donc de rêver!
M. BOURASSA: Je ne rêve pas, c'est le ministre qui exprime une
réalité.
M. BELLEMARE: Des rêves joyeux, ça vous en prend pour
traverser toutes les péripéties dangereuses qui vous
attendent.
M. BOURASSA: Il n'y a pas de péripéties, tout va
très bien. Est-ce que le ministre a pris connaissance du sondage
d'aujourd'hui qui révèle qu'il y a plus de partisans du
Crédit social à l'Université Laval que de partisans de
l'Union Nationale?
M. BELLEMARE: Avez-vous fait rapport au PQ?
M. BOURASSA: Cela doit être décourageant.
M. BELLEMARE: Je ne me suis jamais fait tirer aux cartes. Article 1.
M. LE PRESIDENT: Article 1, paragraphe a), adopté. Paragraphe
b).
M. ALLARD: A l'article 1, il y a une modification à apporter au
mot « gaz » : le gaz naturel, le gaz manufacturé... Je pense
que c'est la même chose que tout à l'heure.
M. LESAGE: C'est exactement le même amendement que celui qui a
été apporté au bill 5.
M. ALLARD: Oui, exactement.
M. LESAGE: Cela va. Du moment que vous dites que c'est le même
amendement.
M. ALLARD: Oui, c'est le même amendement.
M. LESAGE: D'ailleurs, il faut que ce le soit, les définitions ne
peuvent pas changer.
M. ALLARD: C'est exactement la même définition.
M. LESAGE: A l'article 2, il faudrait faire la même modification
que j'ai suggérée à l'article 4 devenu 3 du bill 5,
c'est-à-dire qu'il
faudrait ajouter dans la parenthèse les mêmes mots que
tantôt.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: « 1965, première session, chapitre 34, telle que
modifiée par le chapitre 36 des lois de 1968. »
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, après 34, on
lira « telle ». C'est la loi, évidemment.
M. LESAGE: Pardon?
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): C'est la loi, « telle
».
M. LESAGE: C'est le chapitre. Est-ce la loi ou le chapitre? C'est une
bonne question à poser.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): « Telle », c'est
la loi qui est amendée.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, vous décidez que
c'est...
M. BOURASSA: Oui, c'est la loi qui a été
amendée.
M. BELLEMARE: ... « telle que » parce qu'il s'agit de la
loi?
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): « Telle que
».
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LESAGE: Pardon, M. le Président. Etant donné que c'est
dans la parenthèse, je crois que c'est le chapitre qui a
été modifié...
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Attendez un peu.
M. LESAGE: ... et que le mot « modifié » doit
être au masculin.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Ah oui. On
réfère au mot « chapitre ».
M. ALLARD: Si on enlève le mot « tel », est-ce que
cela ne réglera pas le problème?
M. LESAGE: Non, non, « tel » doit être au masculin
également.
M. ALLARD: Si on disait simplement « modifié par
»?
M. LESAGE: C'est le chapitre, quand même, parce que c'est à
l'intérieur de la parenthèse.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): De toute façon, il
faudrait savoir si on met deux « 1 ». Alors, c'est le chapitre?
M. ALLARD: D'accord.
M. BELLEMARE: Arrêtez de vous chicaner pour des
féminités.
M. LESAGE: Des féminettes?
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Est-ce que vous employez le
mot « modifié » ou « tel que »?
M. BELLEMARE: « Tel que ». M. ALLARD: « Tel que
».
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): La loi de 1968? M. le
député de Louis-Hébert...
M. LESAGE: Pardon?
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): ... est-ce qu'on pourrait
avoir votre texte? On a envoyé l'autre loi.
M. LESAGE: C'est: « Tel que modifié par...
M. ALLARD: « Tel que modifié par le chapitre...
M. LESAGE: ... le chapitre 36 des lois de 1968. »
M. ALLARD: ... 36 des lois de 1968. »
M. LESAGE: C'est ça.
M. ALLARD: Article 3, M. le Président.
M. LESAGE: L'article 3, on le retrouve dans toutes les lois où il
existe des possibilités de conflits d'intérêts.
M. ALLARD: C'est ça. Intérêts directs ou indirects.
Alors, article 4.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Article 3, adopté?
M. ALLARD: Adopté.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Adopté. Article 4?
M. BOURASSA: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Cela va?
M. BOURASSA: Oui, ça va.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Adopté.
M. ALLARD: Article 5?
M. BOURASSA: A l'article 5, M. le Président, je me
réfère aux paroles que j'ai dites tantôt. Je pense que cet
article-là consacre la mainmise gouvernementale sur les droits exclusifs
de la distribution de gaz. C'est le pouvoir public qui prend ça en main.
Je ne sais pas comment le ministre pourrait expliquer ça. Cela consacre
une dépendance vis-à-vis de l'Exécutif et cela privera, en
fait, la régie de tout pouvoir de décision. Alors, c'est un
aspect nouveau dans le projet de loi. On se demande comment on peut concilier
le rôle objectif, le rôle impartial que peut jouer la régie
et les pouvoirs qui sont désormais entre les mains du conseil des
ministres. On s'imagine que le conseil des ministres pourrait être
l'objet de toutes sortes de pressions ou de marchandages pour faire accorder
des droits dans telle ou telle direction.
M. ALLARD: Ce serait une cour d'Appel de la décision rendue.
M. BOURASSA: C'est le conseil des ministres qui va être la cour
d'Appel! Cela va être beau! Voyons, est-ce que le ministre est
sérieux? Comment peut-il justifier alors que, dans tous les
autres cas, cela prend soit une loi spéciale de la Législature ou
que ce sont les régies elles-mêmes qui décident de l'octroi
des permis que, là, c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui
va être une cour d'Appel? Cela veut dire que c'est lui, en fait, qui va
avoir le droit de décision. Alors, cela ouvre la voie au patronage, M.
le Président. Il y en a déjà assez qui se fait
actuellement avec le gouvernement actuel, sans donner des pouvoirs
additionnels.
DES VOIX: Ah!
M. BOURASSA: Cela crève les yeux que c'est une disposition qui va
encourager le favoritisme. Alors, comment le ministre explique-t-il cette
disposition?
M. le Président, c'est écrit que: « Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur recommandation de la régie,
après enquête faite par elle, révoquer ce droit pour cause.
» Est-ce que le ministre est prêt à adopter un amendement?
Le ministre du Travail a l'air convaincu...
M. ALLARD: Nous n'avons aucun amendement à apporter...
M. BOURASSA: Le ministre du Travail, qui s'y connaît, a l'air
ébranlé par mon argumentation.
M. ALLARD: Aucun amendement n'est apporté.
M. BELLEMARE: M. le Président, nous sommes dans un Parlement.
L'Opposition a déjà fait des propositions, elle a
déjà proposé des amendements. Nous les avons
acceptés ou nous les avons rejetés. Si l'honorable chef de
l'Opposition a des amendements, qu'il nous les soumette; nous les discuterons.
Mais pour le moment, la position du gouvernement, au comité de la
législation, a été établie telle que le veut
présentement la loi que nous étudions présentement en
comité. Je pense que si l'honorable chef de l'Opposition veut faire des
suggestions, nous allons les entendre, nous allons les écouter.
M. BOURASSA: Je fais un amendement pour supprimer, disons, le
troisième paragraphe qui dit que c'est le lieutenant-gouverneur en
conseil qui a le dernier mot.
M. ALLARD: C'est parce qu'à ce moment-là, le gouverneur en
conseil peut faire appliquer la politique du gouvernement, que ce soit en
concordance avec une politique actuelle du gouvernement.
M. BOURASSA: Oui mais il reste quand même que vous créez
une régie qui, par définition, est une institution impartiale et
objective. Et là, vous donnez un droit d'appel au lieutenant-gouverneur
en conseil, de telle sorte que la tentation du favoritisme qui existe
normalement dans tous les gouvernements, et peut-être un peu plus dans le
gouvernement actuel, se trouvera à jouer avec cette disposition.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas tout à fait
juste, ce que dit l'honorable chef de l'Opposition. Il a pris la peine de
mettre des
« si » et il a pris la peine de mettre un « guide line
». Mais, M. le Président, si on relit bien l'article, nous allons
voir, et je crois que le chef de l'Opposition s'en rendra compte: Le
lieutenant-gouverneur doit c'est ce qui est écrit...
M. BOURASSA: Doit? Où cela?
M. BELLEMARE: Le troisième paragraphe que vous voulez faire
enlever.
M. BOURASSA: Peut.
M. BELLE MARE: Ah bon, il l'a dit, M. le Président, il l'a dit:
Il n'a pas dit « doit ».
M. BOURASSA: Bien voyons!
M. LESAGE: C'est juste ment cette discrétion entre les mains du
pouvoir politique qui n'est pas acceptable.
M. BELLEMARE: Un instant, M. le Président. On l'a
déjà vue dans bien des lois, cette discrétion.
M. LESAGE: Non, non. Pas dans le cas des corps quasi judiciaires.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: Je vais attendre que le ministre du Travail ait fini et je
vais lui en causer, un peu.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LESAGE: Pourquoi laisser entre les mains du pouvoir politique...
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que nous allons
finir...
M. LESAGE: ... alors que nous avons un organisme quasi judiciaire?
M. BELLEMARE: Bon. Alors là, je vais répondre.
M. LESAGE: Eh bien répondez maintenant et je vous
rétorquerai.
M. BELLEMARE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur en
conseil est un organisme qui est un...
M. LESAGE: C'est le pouvoir politique.
M. BELLEMARE: C'est le pouvoir exécutif, M. le
Président.
M. LESAGE: Eh bien oui, politicailleur au besoin, dans le cas de l'Union
Nationale.
M. BELLEMARE: M. le Président, pourquoi ouvrir une si grande
porte pour nous faire rentrer, nous, qui avons vécu ce gouvernement qui
avait un pouvoir exécutif discrétionnaire?
M. LESAGE: C'est vous. C'est écrit.
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que le ministre est
prêt à accepter unamendement? C 'est écrit en toutes
lettres que le pouvoir politique, d'après la loi, décidera de
l'octroi des permis.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas le pouvoir
politique.
M. BOURASSA: C'est une innovation qui encourage le patronage.
M. BELLEMARE: Oui, cela, vous voyez cela partout, vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est suggéré par M. Lesage et
par vous.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis donc que ce n'est pas
écrit « doit », le gouvernement peut. Mais comment peut-il?
Il peut, M. le Président, sur la recommandation de la régie,
après enquête faite par elle.
M. LESAGE: Il n'est pas obligé.
M. BELLEMARE: Donc, M. le Président, il y aura une enquête
qui sera faite par la régie, une enquête qui est publique, M. le
Président...
M. BOURASSA: Si le ministre me permet de l'interrompre...
M. BELLEMARE: ... où tout le monde viendra présenter des
mémoires. Et voyez-vous la position du gouvernement, M. le
Président?
M. BOURASSA : Il parle pour rien. La question que je pose au ministre
pourquoi perdre du temps pour rien, nous allons raccourcir le
débat au point qu'il vise...
M. BELLEMARE: Non parce que c'est important, M. le Président,
accuser le gouvernement de politicailleur...
M. BOURASSA: Non, non.
M. BELLEMARE: ... chose que nous n'avons jamais faite. Jamais, M. le
Président. Nous avons été cités en exemple, comme
un gouvernement honnête, diligent, prévenant...
UNE VOIX: Inefficace.
M. BELLEMARE: ... et surtout, comme disait si bien le chef...
M. BOURASSA: Vous faites rire le ministre des Affaires culturelles. Il
n'est pas capable de vous prendre au sérieux!
M. BELLEMARE: ... comme disait si bien le chef, à la
convention...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est à vous voir que je souris!
M. BOURASSA: Il n'est pas capable de vous prendre au sérieux
quand vous parlez.
M. BELLEMARE: ... un pouvoir conservateur c'était son
expression un pouvoir conservateur entre les mains de l'Union
Nationale...
M. BOURASSA: Non, mais je dis au ministre du Travail...
M. BELLEMARE: ... alors, M. le Président, après
enquête...
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre me permet de lui poser une
question?
M. BELLEMARE: Deux.
M. BOURASSA: Est-ce que, oui ou non, le cabinet a le dernier mot sur
l'octroi des permis?
M. BELLEMARE: Est-ce le même?
M. BOURASSA : Le cabinet a le dernier mot sur l'octroi des permis?
M. BELLEMARE: Pas nécessairement, M. le Président.
M. BOURASSA: Bien voyons, c'est écrit en toutes lettres.
M. BELLEMARE: Bien non, M. le Président, peut...
M. BOURASSA: La loi le dit.
M. ALLARD: Sur recommandation de la régie.
M. BELLEMARE: La régie va recommander, après enquête
publique.
M. ALLARD: Sur recommandation de la régie, après
enquête publique.
M. BOURASSA: Vous n'êtes pas obligés...
M. BELLEMARE: Je sais que dans l'Opposition, dans un an, dans deux ans,
quand le chef sera encore là, si on osait, après une
enquête publique faite par la régie, de ne pas satisfaire à
leur désir, on aurait un tollé général dans la
province, parce que, à ce moment-là, M. le
Président...
M. LESAGE: Alors, vous n'en avez pas besoin, laissez faire la
régie.
UNE VOIX: Vous n'en avez pas besoin.
M. BELLEMARE: Non, la régie a le droit de faire entendre des gens
publiquement dans une enquête et il peut y avoir des raisons qui incitent
le gouvernement, au point de vue de l'intérêt public...
DES VOK: Ah! Ah! Ah oui!
M. BELLEMARE: Qui vous dit qu'à un moment donné, une
finance mal organisée ne pourrait pas faire perdre aux petits,
peut-être des épargnes...
M. LESAGE: Oui, mais c'est à la régie à faire
enquête là-dessus.
M. BELLEMARE: Et si, après l'enquête, on s'aperçoit
qu'il y a eu des dépositions qui ne sont pas conformes? Le gouvernement,
qui a un pouvoir exécutif...
M. LESAGE: Il n'a qu'à donner un droit d'appel.
M. BELLEMARE: ... se doit, à ce moment-là, d'exercer sa
juridiction.
M. LESAGE: En tout cas...
M. BELLEMARE: Je ne les convaincrai pas, M. le Président. Ils ont
décidé de dire que ce n'était pas bon.
M. LESAGE: Ce n'est pas bon.
M. BELLEMARE: Le conseil des ministres a été
consulté. Le comité de la législation a été
consulté. Les officiers du ministère ont été
consultés...
M. BOURASSA: Les arguments d'autorité. M. BELLEMARE: Nous sommes
unanimes.
M. BOURASSA: Les arguments d'autorité! Arrêtez donc de
citer toutes sortes d'autorités. Donnez donc les raisons pour lesquelles
vous donnez le dernier mot au cabinet. C'est clair que c'est le patronage et le
favoritisme. C'est écrit en toutes lettres. C'est ça que nous ne
voulons pas accepter.
DES VOIX: Voyons donc! Voyons donc!
M. BELLEMARE: Vous avez dit et répété partout qu'il
n'était pas question de patronage et de ces choses-là.
M. BOURASSA: Oui, parlant de nous autres, pas pour vous autres.
M. BELLEMARE: Pourquoi toujours avoir ce mot sale dans la bouche?
Habituez-vous donc au beau language propre. Le bon et le mauvais patronage,
comme disait le ministre de la Voirie autrefois. Politique reconnue du parti,
donnée et affirmée dans un congrès: le bon et le mauvais
patronage. Nous, nous sommes le mauvais et vous autres, vous êtes le bon.
Allons donc, nous sommes des gens sérieux! Nous assumons
actuellement...
M. BOURASSA: Il fait rire le ministre des Affaires culturelles.
M. BELLEMARE: ... au conseil exécutif, des responsabilités
extraordinaires.
M. BOURASSA: Les dépenses...
M. BELLEMARE: Avez-vous confiance au président de la
régie, vous?
M. BOURASSA: Bien, justement, c'est parce que j'ai confiance en lui que
je ne veux pas donner le dernier mot au cabinet.
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas confiance.
M. BOURASSA: Voyons, c'est clair. Le ministre se contredit.
M. BELLEMARE: Avez-vous confiance...? Comment s'appelle-t-il, le
président de la régie?
M. BINETTE: Nous avons confiance au président de la régie,
mais pas au gouvernement.
M. BELLEMARE: Comment s'appelle-t-il, le président de la
régie?
M. BOURASSA: Quelle régie?
M. BELLEMARE: La régie de l'électricité et du gaz
naturel.
DES VOIX: Ils ne le savent même pas.
M. BELLEMARE: Un de vos anciens partisans...
UNE VOIX: Le ministre ne le sait même pas.
M. BELLEMARE: Le juge Vadeboncoeur. M. BOURASSA: Bien oui, nous le
savons.
M. BELLEMARE: Ah, vous ne le saviez pas! Vous ne connaissez pas le
président de la régie.
M. BINETTE: Ah, c'est pour ça que le gouvernement veut avoir le
contrôle!
M. BELLEMARE: C'est celui qui sollicite auprès de vous la
candidature dans Outremont.
DES VOIX: Oui?
M. BELLEMARE: Oui, il l'a rencontré à ce sujet et il ne
sait pas son nom. Le président de la régie. C'est le chef de
l'Opposition, ça! L'homme qui défend les principes de la
liberté dans le patronage. Vous l'avez...
M. BINETTE: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. BELLEMARE: Un homme qui vient en cette Chambre dire que je n'ai pas
confiance au président de la régie.
M. BOURASSA: Pas de diversion.
M. BELLEMARE: On lui demande qui est le président. Il ne le sait
pas. C'est le chef de l'Opposition...
M. BINETTE: C'est un « show ». Le ministre fait un «
show ».
M. BELLEMARE: .... dans un gouvernement démocratique, qui ne
connaît pas, qui condamne d'avance et qui dit: Je n'ai pas confiance au
président de la régie. Jamais je n'ai confiance en lui. Il
sollicite la candidature dans Outremont.
M. BINETTE: Le ministre n'a pas le droit de prêter des intentions
au député de Mercier. C'est absolument faux, tout ce qu'il
dit.
M. BELLEMARE: Et c'est eux qui vont venir nous prêter des
idées de patronage, nous dire que nous allons être assujettis
à un patronage éhonté.
M. BINETTE: On a l'impression que le ministre a perdu la carte.
M. BELLEMARE: Non, cela ne se fait plus. Nous sommes des gens qui
administrons sainement et vous verrez, au mois d'août, juin ou septembre
prochain, quand viendra l'élection, vous verrez le verdict populaire. Il
n'en reviendra pas huit de votre groupe.
M. BINETTE: Ce n'est pas dans la loi, M. le Président.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas dans la loi, c'est vrai. Mais je dis que ce
qui est dans la loi, c'est que le président de la régie est
l'honorable juge Vadeboncoeur.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Les conséquences de la loi.
M, BRISSON: Est-ce que vous lui faites confiance?
M. BELLEMARE: Le juge Vadeboncoeur? Oui, nous avons confiance en lui.
Mais seulement, si vous avez confiance en lui, vous allez probablement l'amener
candidat dans Outremont.
M. BR1SSON: Si vous avez confiance en lui, vous n'avez pas besoin de le
vérifier.
M. BELLEMARE: Dites-le donc, s'il est candidat ou pas candidat. Est-il
candidat ou pas candidat?
M. BOURASSA: Mais où veut en venir le ministre? C'est clair que
le juge Vadeboncoeur a présenté un mémoire sur le...
M. BELLEMARE: Il va être candidat.
M. BOURASSA: ... gaz naturel. Je m'en souviens très bien. C'est
parce que j'ai confiance en lui que je n'accepte pas la prescription de
l'article 5 qui donne des pouvoirs discrétionnaires à un cabinet
partisan, qui a fait ses preuves en matière de favoritisme. Il faut
protéger quand même les biens publics.
M. BELLEMARE: Cela, c'est bon quand nous n'y sommes pas. Quand nous
sommes loin et que vous êtes seuls, c'est bien bon. Mais pas quand nous y
sommes, par exemple, surtout quand nous vous disons: Donnez-nous en, des
preuves de favoritisme, donnez-nous en des preuves de patronage.
M. BOURASSA: Nous vous en avons donné.
M. BELLEMARE: On va trouver la page et on va vous en montrer. On va vous
montrer une ligne de douches et de cuisinettes qui ont été
bâties pour des ministres fédéraux. Ce sont les gens qui
pratiquent l'austérité. On va vous en montrer d'autres
dépenses que vous avez faites, vous autres, vous, personnellement, et
d'autres...
M. BOURASSA: Le ministre fait des performances...
M. BELLEMARE : On va vous en montrer du patronage.
M. BOURASSA: Montrez-les. Sortez-les.
M. BELLEMARE: Oui, nous allons prendre l'enquête Bélanger,
etc.
M. BOURASSA: L'enquête Bélanger, c'est la commission
d'enquête qui a coûté le moins cher.
M. BELLEMARE : Nous allons aller voir ça, les patronaux et le
patronage. Nous allons vous dire ça tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): A l'ordre!
M. BELLEMARE: On va le faire taire prochainement avec des faits.
M. BOURASSA: Je vous défie...
M. BINETTE: Que le ministre reprenne ses sens.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): A l'ordre!
Je défie moi, bien humblement, tous les honorables membres de
cette Chambre de revenir à l'article 5 où l'on parle du
lieutenant-gouverneur et de la régie. Alors, il faudrait revenir au
texte du bill que nous étudions.
M. BOURASSA: Je demande simplement, calmement, soit au ministre des
Richesses naturelles...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Naïvement.
M. BOURASSA: ... ou, s'il en est incapable, au ministre du Travail, qui
est en verve ce soir, qui donne une performance selon son habitude...
M. BELLEMARE: Un « show »?
M. BOURASSA: Non, j'ai dit une performance.
M. BELLEMARE: Vous avez toujours dit que c'étaient des «
shows » à Bellemare.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Vous n'êtes pas au théâtre
Saint-Denis.
M. BOURASSA: Je fais la distinction entre le ministre du Travail dans
ses fonctions de ministre et ses performances en Chambre.
M. ALLARD: Nous avons apporté les arguments nécessaires
pour justifier cet article. Nous n'avons pas l'intention de changer
d'idée. S'il faut un vote, nous allons voter.
M. BOURASSA: Non, mais nous avons le droit de connaître les
raisons d'une prescription...
M. ALLARD: Nous les avons données, les raisons; c'est que...
M. BOURASSA: ... qui sent le favoritisme à plein nez. Pourquoi
donnez-vous le dernier mot au cabinet, contrairement à ce qui arrive
dans d'autres régies? C'est ce que nous voulons savoir.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
que, conscients du mandat qui nous a été donné...
M. BOURASSA: Ah! c'est ça.
M. BELLEMARE: ... et qui nous sera renouvelé, le Conseil
exécutif, formé d'hommes sérieux, n'ira pas prendre une
décision non appropriée. Si l'honorable juge nous fait rapport et
nous dit qu'après enquête publique il y a des raisons qui motivent
l'acceptation, nous accepterons.
M. BOURASSA: Ecrivez-le dans la loi.
M. BELLEMARE: Mais, s'il y avait des choses qui n'étaient pas
dites à l'enquête sur d'autres questions...
M. BOURASSA: S'il y avait des petits amis que l'on voulait aider.
M. BELLEMARE: Viennent-ils de Sorel? M. BOURASSA: Qui vient de
Sorel?
M. BELLEMARE: Vous parlez des petits amis. Vous ne devriez pas cracher
en l'air.
M. BOURASSA: Quoi, qui?
M. BELLEMARE: Vous en avez, des petits amis.
M. BOURASSA: Bien nommez-en. Il n'y a que ma belle-mère qui
demeure à Sorel. Pensez-vous que c'est elle qui va en profiter?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est déjà beaucoup; c'est votre
caisse électorale.
M. BELLEMARE: L' « Establishment » complet.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Parlez-nous donc de votre petit.
M. ALLARD: M. le Président je veux affirmer que, dans cet
article, on ne fait rien qui soit un précédent, on ne fait rien
qui soit du patronage. Si c'est du patronage, je vais vous dire où vous
adresser pour corriger une loi semblable à celle-ci. Actuellement,
à Ottawa, pour l'octroi d'un permis...
M. BOURASSA: A Ottawa!
M. ALLARD: ... le conseil des ministres, au fédéral...
M. BOURASSA: On se sert d'Ottawa...
M. ALLARD: ... à l'Office national de l'énergie, accorde
des permis de la même manière que le conseil des ministres au
Québec les accordera.
M. BOURASSA: Nous sommes au Québec.
M. BELLEMARE: C'est dans le Canada, ça.
M. BOURASSA: ... avec l'Union Nationale; c'est différent,
ça.
M. ALLARD: C'est exactement le même système qu'à
Ottawa. Vous ne trouvez pas le système si mauvais que ça quand il
s'agit de vous faire aider.
M. BINETTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député des Deux-Montagnes.
M. BINETTE: M. le Président, le principe émis dans
l'article 5 de ce bill, comme l'a dit le chef de l'Opposition, est absolument
mauvais, parce qu'il met la décision finale entre les mains du
lieutenant-gouverneur.
Par ce fait, le cabinet sera soumis aux pressions et au marchandage que
nous avons déjà connus dans le passé, alors que le
gouvernement Duplessis était au pouvoir.
M. ALLARD: Pourquoi porter des accusations alors que vous n'en portez
pas contre les gens d'Ottawa qui agissent exactement de la même
manière? Vous êtes liés, attachés et...
M. BRISSON: Ottawa, c'est leur faiblesse.
M. BOURASSA: Arrêtez donc de donner des arguments; donnez les
raisons. Un autre gouvernement fait ça! Vous n'êtes pas capable de
donner les raisons? Vous êtes ministre. Prenez-donc vos
responsabilités. Expliquez vos décisions.
M. BINETTE: M. le Président, en agissant de la façon dont
nous le faisons ce soir, dans l'Opposition, nous voulons mettre le gouvernement
en garde contre lui-même parce que nous avons déjà eu une
expérience, en 1959, qui s'appelle le scandale du gaz naturel. Nous
savons que le parti de l'Union Nationale aune tendance, un faible pour le gaz
naturel.
M. ALLARD: Il ne s'agit absolument pas...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! A l'ordre!
M. BINETTE: Nous voulons donc, ce soir, en demandant au ministre
d'amender l'article 5 tel que proposé par le chef de l'Opposition,
protéger l'Union Nationale contre elle-même, contre les tentations
trop fortes qu'elle pourrait avoir.
M. ALLARD: Vote! Vote!
M. BINETTE: Il me semble que les gens de l'Union Nationale devraient se
rappeler ce qui est arrivé en 1959.
M. ALLARD: M. le Président, nous sommes en 1970.
M. BINETTE: Je n'ai pas l'intention, à ce moment-ci, de rappeler
le scandale du gaz naturel...
M. ALLARD: Nous ne reviendrons pas, M. le Président...
M. BINETTE: ... je sais que je violerais le règlement. Mais je
rappelle quand même aux députés ministériels, et
surtout aux ministres, au cabinet, que le principe qu'ils veulent
énoncer et édicter dans cette loi est dangereux. C'est dangereux
parce qu'ils sont déjà tombés à cause du gaz
naturel, vous le savez, M. le Président.
M. ALLARD: Comment se fait-il que vous n'ayez pas apporté
d'amendement quand vous étiez là?
M. BINETTE: M. le Président, je voudrais, ce soir, que le
ministre prenne pour acquis que nous voulons son bien.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. ALLARD: Nous le prenons pour acquis.
M. BINETTE: Nous voulons lui éviter la tentation que d'autres ont
eue en 1959.
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre!
M. BINETTE: Par cet amendement que nous proposons, nous voulons
éviter des ennuis à l'Union Nationale, nous voulons qu'elle s'en
retourne tranquillement dans l'Opposition, sans scandale.
M. BELLEMARE: Ah, mon Dieu!
M. BINETTE: Sur le gaz naturel, du moins. A la suite du chef de
l'Opposition...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Lequel?
M. BINETTE: ... je suggère fortement au ministre qu'il accepte
son amendement car nous
avons trop de preuves, dans le passé de l'Union Nationale, qui
nous démontrent que cela peut être un principe dangereux mis entre
les mains d'un gouvernement de l'Union Nationale.
DES VOIX: Vote! Vote!
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais attirer l'attention de
mes honorables amis d'en face sur le fait que la Régie de
l'électricité et du gaz est un organisme quasi judiciaire, de la
même façon que le sont la Régie des transports et la
Régie des services publics.
En vertu de ces deux dernières lois, les régies font une
enquête publique lorsqu'il y a une demande de permis. La Régie des
transport, lorsqu'il s'agit d'une demande de permis de transport, et lorsqu'il
s'agit d'une demande pour un service de télégraphe, de
téléphone, un service public, quoi...
M. BELLEMARE: Vous avez été obligé d'adopter une
loi.
M. LESAGE: Un instant!
M. BELLEMARE: Vous avez été obligés d'adopter une
loi.
M. LESAGE: On fait la demande à la Régie des services
publics.
M. BELLEMARE: Pour les téléphones, oui. M. LESAGE:
Oui.
M. BELLEMARE: Vous avez été obligés d'adopter une
loi, pour cela.
M. LESAGE: Pour le télégraphe aussi.
M. BELLEMARE: Oui, mais pour le téléphone la loi a
été adoptée.
M. LESAGE: Oui, nous avons adopté une loi à cause d'un
incident de...
M. BELLEMARE: Vous avez cassé le contrat, à ce
moment-là.
M. LESAGE: ... procédure. Cela n'a pas été fait par
arrêté ministériel ou par décision du
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BELLEMARE: Ah! Ah!
M. LESAGE: Cela a été fait par le Parlement.
M. BELLEMARE: Oui, mais on sait...
M. LESAGE: Par le Parlement.
M. BELLEMARE: ... pourquoi cela a été fait.
M. LESAGE: D'ailleurs, cela n'a rien à voir avec tout cela.
M. BELLEMARE: Oui, cela ne confirme pas ce que vous dites.
M. LESAGE: Pas du tout, cela n'a rien à voir.
M. BELLEMARE: Cela confirme complètement le contraire de ce que
vous dites.
M. LESAGE: Si nous avions voulu amender la loi pour donner le pouvoir au
lieutenant-gouverneur en conseil, nous l'aurions fait à ce
moment-là. Nous avons adopté, purement et simplement, une loi
remédiatrice pour corriger une erreur de procédure.
M. BELLEMARE: Ah, bonne mère!
M. LESAGE: C'est tout! Donc, à la Régie des
transports...
M. BELLEMARE: Bonne mère!
M. LESAGE: ... et à la Régie des services publics,
requête, audition publique, comme on le prévoit lorsqu'il y aura
demande de permis exclusif de distribution de gaz: même procédure.
Audition par la régie, dans chaque cas. Mais lorsqu'il s'agit de permis
de transport, la décision finale est prise par la Régie des
transports. Lorsqu'il s'agit de téléphone ou de
télégraphe, la décision est prise par la Régie des
services publics.
Dans le cas de la Régie des services publics en particulier, on
prévoit, sur les questions de compétence et de droit, un appel
à la cour d'Appel sur permission accordée par un juge de la cour
d'Appel, après requête, afin d'éviter les dénis de
justice.
Je ne puis concevoir que, lorsqu'il s'agit de permis exclusif pour la
distribution du gaz, on ne laisse pas à l'organisme quasi judiciaire la
responsabilité de prendre la décision et que le gouvernement nous
propose, par le bill qui est devant nous, de se substituer, ni plus ni moins,
à la régie pour l'émission du permis.
H est bien dit que c'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui peut,
sur recommandation de la régie après enquête, accorder le
permis.
Mais, le lieutenant-gouverneur en conseil n'est pas obligé de
suivre la recommandation de la régie. C'est clair.
M. ALLARD: ... ce n'est pas conforme à la politique du
gouvernement.
M. LESAGE: C'est donc dire que, dans le cas de permis pour la
distribution de gaz, on laisse au pouvoir politique l'autorité de
prendre la décision, alors que, dans le cas des services publics et des
transports, ce sont les corps quasi judiciaires, la Commission des transports
et la Régie des services publics, qui ont la responsabilité
finale, sujet à un appel sur permission à la cour d'Appel,
lorsqu'il se soulève des questions de compétence de la
régie ou encore des questions de droit.
Ce que nous voudrions, M. le Président, c'est bien simple, c'est
que l'on suive, dans le cas de l'émission des permis exclusifs de
distribution de gaz, la même procédure basée sur les
mêmes principes que dans le cas des services publics et des services de
transport. Il me semble que c'est raisonnable.
Il est très facile de modifier l'article 29 c), en particulier,
pour arriver à cette fin. Il suffirait de dire: « Nul ne peut
distribuer du gaz à moins d'avoir obtenu de la régie le droit
exclusif de le faire. Ce droit est accordé pour un territoire que
détermine la régie. Ce droit exclusif est accordé pour
trente ans, à moins que, sur décision de la régie, il ne
soit pour une période plus courte. Il est renouvelable par la
régie, pour toute période n'excédant pas trente ans. La
régie, après enquête, peut révoquer ce droit dans
l'intérêt public et non pour cause. » Evidemment, qu'on
fasse ce qu'on voudra avec l'amendement que je propose, le « pour cause
» est dans l'intérêt public; « pour cause »
ça ne veut rien dire dans un cas comme ça, mais il me semble que
c'est très facile.
M. ALLARD: On peut enlever « pour cause » pour mettre
« dans l'intérêt public ».
M. LESAGE: Oui, oui, c'est évident, parce que « pour cause
» ne veut rien dire, dans un cas comme celui-ci. Est-ce que le ministre a
suivi les mots que je retranchais au fur et à mesure de ma lecture?
M. ALLARD: Oui. Je ne suis pas d'accord, M. le Président.
M. LESAGE: Je comprends, c'est parce que le ministre veut laisser au
gouvernement le pouvoir absolument discrétionnaire de l'émission
des permis exclusifs de distribution de gaz. Est-ce ça que le ministre
veut? Qu'il le dise.
M. ALLARD: Vous nous demandez de créer une politique de
l'énergie, vous insistez pour qu'on crée une politique de
l'énergie. Qui va diriger cette politique de l'énergie? Est-ce la
régie ou le gouvernement?
M. LESAGE: H n'y a absolument aucune objection. Au contraire, si nous
sommes pour avoir une politique de l'énergie, d'accord, c'est le
gouvernement qui doit la diriger. Mais, savoir qui doit être le
détenteur du permis exclusif de distribution de gaz sur tel ou tel
territoire, ça ne fait pas partie d'une politique d'énergie,
c'est une question d'administration qui doit être confiée aux
tribunaux administratifs, à un organisme quasi judiciaire, qui est, en
l'occurrence, la Régie de l'électricité et du gaz. Et si
on craint les dénis de justice, eh bien que l'on ajoute, aux amendements
proposés, un autre amendement ajoutant le droit d'appel dans les
mêmes termes que dans le cas de laRégie des services publics. Il
me semble que ça, c'est raisonnable.
M. BELLEMARE: M. le Président.
M. ALLARD: Le gouvernement reste à l'article tel que
rédigé et demande le vote.
M. BOURASSA: On n'a pas de réponse. On pose des questions, on
apporte des arguments...
M. LESAGE: Alors, M. le Président, je propose que l'amendement
suivant soit apporté à l'article 29 c): Que les mots « du
lieutenant-gouverneur en conseil, sur recommandation » dans les
deuxième, troisième et quatrième lignes soient
biffés, que les mots « le lieutenant-gouverneur en conseil sur
recommandation de la régie » dans les cinquième et
sixième lignes soient biffés et remplacés par les mots
« la régie ».
Que le deuxième alinéa soit modifié.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Je m'excuse, vous parliez du
premier alinéa.
M. LESAGE: Je suis rendu au deuxième. Je veux tout mettre dans le
même amendement. Le principe est le même. C'est le principe du
bill.
M. ALLARD: C'est évident.
M. LESAGE: Que les mots « sur recommandation de » dans la
deuxième ligne soient
biffés et les mots « Il ne le soit » soient
remplacés par « ne l'accorde », que les mots « par le
lieutenant-gouverneur en conseil, sur recommandation de la régie »
dans les quatrième, cinquième et sixième lignes soient
remplacés par les mots « par la régie ».
Troisième alinéa, que les mots « le
lieutenant-gouverneur en conseil peut, sur recommandation de la régie
après enquête faite par elle » soient remplacés par
les mots « la régie peut, après enquête,
révoquer ce droit », et à la place des mots « pour
cause », je dirais « dans l'intérêt public
».
M. BELLEMARE: Je ne concours, pas plus que mes collègues, avec
l'honorable député de Louis-Hébert sur cette proposition.
Je pense que c'est une espèce de mandat de non-confiance qu'il voudrait
nous accorder.
M. LESAGE: Non, pas du tout, c'est que je ne veux pas que le
gouvernement s'écarte de la ligne administrative, normale,
raisonnable.
M. BELLEMARE: Alors, la ligne administrative normale, on la trouve le 31
mars 1966 dans nos statuts. C'est un acte de l'exécutif confirmé
ici en Chambre par une loi. Que dit cette loi? C'était à la
veille des élections. D'abord, le 31 mars 1966, une compagnie des petits
amis du gouvernement du temps, la Québec Téléphone,... Si
vous voulez en faire de ça, on va vous en servir. La Québec
Téléphone, qui est son président? Qui est le
propriétaire des 681,470 actions qui ont été
passées à la Sogebry Ltée, représentant
1'Anglo-Canadian Telephone Company? A ce moment-là, on a adopté
une loi pour détruire une ordonnance qui avait été rendue
selon la loi des services publics.
M. LESAGE: Non. Cela n'a rien à faire.
M. BELLEMARE: Au plumitif, il n'est pas apparu qu'il y avait audition et
on a, après une transaction dûment faite, une ordonnance rendue
par la Régie des services publics. On a voté une loi pour les
petits amis du régime.
M. LESAGE: Non, c'est le Parlement.
M. BELLEMARE: On voulait rendre service à la Québec
Téléphone qui s'était fait enlever un plat de lentilles,
plat de lentilles qui avait disparu entre les mains de 1'Anglo-Canadian
Telephone Company, et ça, après une ordonnance rendue
publiquement...
M. LESAGE: Le ministre ne comprend donc rien?
M. BELLEMARE: Et cela, M. le Président, après une
ordonnance rendue publique par la régie des services publics. Là,
M. le Président, on parle de patronage...
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire.
M. BELLEMARE: .... c'est écrit en toutes lettres, M. le
Président, oeuvre du gouvernement libéral, avec un grand «
p » à Patronage parce que c'étaient des petits amis du
parti.
M. LESAGE: C'est là, M. le Président, pour la
différence....
M. BELLEMARE: Là, M. le Président, on a eu la complaisance
de ces honorables messieurs du Québec Téléphone parmi
lesquels siégeait de l'autre côté, dans l'autre Chambre, un
honorable membre très distingué du Conseil législatif qui
a fait sa marque dans la province de Québec...
M. LESAGE: M. le Président...
M. BELLEMARE: ...l'honorable M. Brillant...
M. LESAGE: ... est-ce que je peux poser une question au ministre?
M. BELLEMARE: Bien, je vais finir là.
M. LESAGE: C'était justement une loi que nous avons
demandé au Parlement d'adopter. Ce n'est pas le lieutenant-gouverneur en
conseil. Nous avons demandé au Parlement d'adopter une loi pour corriger
une erreur de procédure faite par la régie des services publics,
erreur favorable aux personnes que mentionne le ministre. C'était loin
d'être du patronage, c'était de l'antipatronage.
M. BELLEMARE: On a fait un débat sur ce bill-là, M. le
Président, en cette Chambre, qui a duré deux jours. Et je m'en
vais, M. le Président, trouver, dans le journal des Débats, les
déclarations qui ont été faites, et vous allez voir
qu'elles viennent en contradiction avec ce que dit aujourd'hui l'honorable chef
de l'Opposition.
Quand l'honorable chef de l'Opposition je vais continuer à
l'appeler ainsi, cela fait mieux mon affaire, je le reconnais sous ce
titre-là. C'est encore lui qui est le chef de l'Opposition -...
M. LESAGE: C'est parce que cela lui permet de mieux m'engueuler.
M. BELLEMARE: Il a fait tout le débat, ce soir, et c'est lui qui
est encore le chef de l'Opposition. C'est encore lui,
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: C'est encore vous qui êtes le chef de l'Opposition.
C'est vous...
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: ...qui avez fait tout le débat.
M. LESAGE: Si vous continuez, je vais sortir de la Chambre.
M. BELLEMARE: Le débat le plus structuré.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Le débat le mieux structuré, c'est
sûr.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Il a présenté la cause la meilleure, c'est
vous qui l'avez faite ce soir.
M. BOURASSA: Accepté. M. LESAGE: Accepté.
M. BELLEMARE: Non, non, je dis que ça prouve, par exemple, que
l'honorable chef de l'Opposition qui est encore, pas seulement l'ange gardien
il s'est dit l'ange gardien un jour mais bien plus que l'ange
gardien, c'est le modus vivendi.
Alors, puisque le vote a été demandé, M. le
Président, le vote.
M. LESAGE: Je n'ai pas demandé le vote, j'ai proposé un
amendement.
M. BELLEMARE: Oui, mais il y a un vote, amendement refusé.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, l'article, tel
qu'amendé, sera-t-il adopté? Quels sont ceux qui sont en
faveur...
M. LESAGE: De l'amendement.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): ... de l'amendement?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Onze en faveur.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Quels sont ceux qui sont
contre l'amendement?
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Vingt et un.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, l'amendement est
rejeté. L'article est adopté.
M. LESAGE: M. le Président, un instant.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Excusez-moi, l'amendement est
rejeté.
M. LESAGE: J'ai présenté ce qu'on pourrait appeler un
amendement omnibus. Mais le ministre, tout à l'heure, était
prêt à accepter ma suggestion à ce que les mots «
pour cause » soient remplacés...
M. ALLARD: « Dans l'intérêt public. »
M. LESAGE: .. par « dans l'intérêt public
».
M. BELLEMARE: C'est ça, d'accord. M. ALLARD: Accepté.
M. BELLEMARE: Vous voyez comme on collabore bien.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, « De
révoquer ce droit dans l'intérêt public ». C'est
ça.
M. BELLEMARE: C'est ça. M. LESAGE: C'est ça. M. BELLEMARE:
Article 8? M. LESAGE: Une minute.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Alors, article 5, au complet,
adopté, avec amendement...
M. ALLARD: Avec amendement tel que proposé.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): ... tel que
proposé.
M. ALLARD: Article 6?
M. LESAGE: Un instant s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Article 6?
M. ALLARD: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Article 7.
M. LESAGE: A l'article 7, est-ce que le ministre des Richesses
naturelles n'a pas des souvenirs tout récents d'une loi d'exception
qu'il a fallu adopter, dans les derniers jours, sinon le dernier jour de la
dernière session, le bill 285, alors que des compagnies
d'électricité avaient émis des obligations, fait des
emprunts sans demander la permission de la régie de
l'électricité et du gaz et que ces obligations, vendues partout
dans le monde, étaient nulles; justement à cause de la
rédaction de l'article 34?
M. ALLARD: Est-ce une question de rédaction? On fait allusion,
exactement, à l'article 1 du chapitre 35 des lois de 1969.
M. LESAGE: Oui, c'est cela. Le chapitre 35, c'est le bill 285.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: C'est embêtant de donner des numéros de
chapitre, parce que le volume des lois de 1969 n'est pas encore imprimé.
Le chapitre 35, auquel on se réfère, c'est le bill 285...
M. ALLARD: Alors, on ajouterait chapitre...
M. LESAGE: ... qui a été sanctionné à la fin
de décembre.
M. ALLARD: Oui, je me rappelle très bien.
M. BELLEMARE: Il faut le mettre entre parenthèses.
M. LESAGE: Le ministre s'en souvient, il a reçu des
représentations des compagnies d'électricité.
M. ALLARD: Oui.
M. LESAGE: On avait, en 1940, je crois, adopté une loi
déclarant nul, ab initio, en se servant du même texte que celui
que propose le ministre aujourd'hui à l'article 34 a): « Est nul,
à moins d'avoir été préalablement autorisé
par la régie, tout emprunt contracté par un distributeur de gaz
pour les fins de son entreprise autrement que suivant le paragraphe 2 de
l'article 34, si le montant ainsi contracté et non remboursé
atteint 25% de l'actif de l'entreprise ». Et pas à
l'Hydro-Québec. C'est à l'article 34. C'est l'amendement de
l'article 7 à l'article 34.
M. ALLARD: Est-ce la même raison qui motive cet article 7 et
l'article 1 du bill 285?
M. LESAGE: Non. C'est parce qu'on a été obligé
d'adopter le bill 285 qu'il faut éviter de commettre la même
erreur et de tomber dans les mêmes difficultés. A l'heure
actuelle, on veut adopter...
M. ALLARD: On veut obtenir un texte de concordance...
M. LESAGE: Oui, mais...
M. ALLARD: ... pour aligner les distributeurs de gaz sur les
distributeurs d'électricité.
M. LESAGE: Oui, je le comprends, mais avec les difficultés qu'on
a eues dans le cas des distributeurs d'électricité, pourquoi
prendre le même risque pour les distributeurs de gaz? A l'heure actuelle,
il est dit que les... L'article 34.
Si le ministre veut bien lire l'article 34 de la loi actuelle, il verra
qu'il y a deux paragraphes. Le premier s'applique aux émissions
d'obligations par les compagnies d'électricité et le
deuxième, aux émissions appelons-les les émissions
d'obligations, si vous voulez, pour aller au plus court des compagnies
de gaz. Dans le cas des compagnies d'électricité, on disait:
« A compter du 1er septembre 1945, sont nulles à moins d'avoir
été préalablement autorisées par la régie...
» C'est ça qui a causé des difficultés et c'est
ça qui nous a obligés à adopter le bill 285. Or, dans le
cas du gaz, on ne se sert pas du même langage actuellement.
M. ALLARD: Je comprends que là, il y a une distinction.
M. LESAGE: On ne se sert pas du même langage. Ce que le ministre
nous demande, c'est d'amender le paragraphe 2 pour reprendre le langage du
paragraphe 1, où l'on déclare la nullité ab initio. Or,
c'est ça qui nous a causé des ennuis, qui nous a obligés,
à adopter le bill 285.
M. ALLARD: C'est une demande qui avait été faite par la
régie, mai je me demande si...
M. LESAGE: Oui, mais...
M. BELLEMARE: Le ministre veut dire que cela existe dans nos statuts par
le bill 285 qui a apporté des amendements à la loi, pour
justement changer l'expression « sont nulles à moins d'avoir
été préalablement autorisées, par la régie
».
M. ALLARD: Je me demande si, au moment où la régie nous a
fait cette demande...
M. LESAGE: Ah oui, peut-être qu'on n'avait pas encore
attiré l'attention du gouvernement sur les cas des compagnies
d'électicité.
M. BELLEMARE: C'est ça. Alors, c'est là qu'il dit qu'il y
aurait peut-être moyen de rejoindre...
M. LESAGE: Il est dix heures moins dix, M. le Président. Est-ce
que le ministre pourrait examiner ça d'ici à demain? C'est assez
complexe.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire qu'on peut l'organiser ce soir
même.
M. LESAGE: Ah, je ne sais pas. Non, je pense qu'il faudrait y aller avec
prudence.
M. ALLARD: Il y a seulement un problème. C'est que, demain matin,
je suis absent.
M. LESAGE: Bien, on continuera jeudi. Demain matin, on ne siège
pas; c'est demain après-midi.
M. ALLARD: Demain après-midi. Je pars pour Toronto, demain
matin.
M. LESAGE: Bien, jeudi. Non, mais cela vaut la peine de regarder ce
problème-là, vous savez. Il est très sérieux et il
faudrait bien examiner aussi j'attire l'attention du ministre tout de
suite à l'article 8 du bill...
M. BELLEMARE: Si on faisait, d'ici à cinq minutes, une
rédaction qu'on soumettrait à la Chambre?
M. LESAGE: Je ne conseillerais pas une rédaction faite en cinq
minutes, sur le coin d'une table. Pas dans un cas comme celui-là. Pas
avec les ennuis que nous avons eus au mois de décembre.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: Il s'agit d'émissions d'obligations dans le public.
C'est très sérieux. Et puis, je demanderais au ministre aussi de
bien discuter avec ses conseillers s'il est nécessaire d'adopter la
même formule de nullité ab initio aux amendements proposés
par l'article 8, aux articles 34 a) et 34 b). Est-ce que le ministre me suit
bien, là? A l'article 34 a) et 34 b), édictés par
l'article 8 du bill, on emprunte encore la formule de la nullité ab
initio.
M. BELLEMARE: Jeudi après-midi.
M. PINARD: L'article pourrait être inscrit au journal des
Débats, ce serait plus facile de vérifier.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire que nous allons faire l'amendement
demain dans la journée et jeudi, à l'appel des affaires du jour,
la première chose que nous passerons ce sera cela.
M. LESAGE: Pourrais-je tout de suite inscrire une autre remarque au
journal des Débats pour que les officiers puissent.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord.
M. LESAGE: Pour ce qui est de l'article 34-a) proposé...
M. BELLEMARE: Il est nul.
M. LESAGE: J'ai déjà mentionné le fait qu'à
34-a et à 34-b on propose encore le principe de la nullité
absolue ab initio, mais à l'article 34 a)...
M. BELLEMARE: Le montant de cet emprunt ou le montant total des
emprunts? Cela n'est pas la même chose.
M. LESAGE: Oui, mais si le ministre veut m'écouter un instant, je
voudrais savoir pourquoi l'article 34-a s'applique lorsque les emprunts
atteignent 25% de l'actif de l'entreprise, alors qu'en vertu de la Loi de la
Régie des services publics, chapitre 286, dans le cas des entreprises
publiques, c'est lorsqu'on atteint la proportion de 50%.
M. BELLEMARE: Dans le transfert des actions?
M. LESAGE: Non, les emprunts. Arti-
cle 34-a, premier alinéa. « Lorsque le montant de l'emprunt
ou le montant total des emprunts ainsi contractés et non
remboursés atteint par suite de cet emprunt 25% de l'actif de
l'entreprise ».
M. BELLEMARE: Oui, c'est 34-a.
M. LESAGE: Oui, mais c'est 25%. Or, en vertu de l'article 11 du chapitre
286 des status refondus...
M. BELLEMARE: Article 286 ou 229?
M, LESAGE: L'article 286. Les compagnies de télégraphe ou
de téléphone, c'est 50%. L'article 11 du chapitre 286, Loi des
compagnies de téléphone et de télégraphe.
Ce sont les points que je vais laisser à la réflexion de
mes honorables amis. Je voudrais aussi des détails. Il y a une clause
à l'article... Une minute, j'en oublie. A l'article 10 du bill. Je
voudrais avoir des explications sur le deuxième alinéa, dans le
cas des droits accordés par les municipalités.
M. BELLEMARE: Où cela? A quel article?
M. LESAGE: A l'article 10, le deuxième alinéa.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. LESAGE: Et l'article 10, troisième alinéa, c'est la
Compagnie de gaz de Québec Inc. pour Sherbrooke. Je comprends
très bien. Le permis exclusif actuel, accordé en vertu d'un
amendement apporté à la charte de la ville de Sherbrooke en 1957,
a permis à la ville de Sherbrooke d'accorder un droit exclusif, en 1967,
et cela pour dix ans. Cela expire en 1977.
M. ALLARD: La question que vous posez est quant à la loi
générale ou spéciale pour une municipalité?
M. LESAGE: Oui, cela est au deuxième alinéa. Au
troisième alinéa, pourquoi 30 ans? Est-ce à la demande de
la ville de Sherbrooke? Parce que ce permis expire en 1977. J'ai les
numéros de règlements ici, j'ai tout. Le permis de la Compagnie
de gaz du Québec pour distribution dans la ville de Sherbrooke.
M. BELLEMARE: C'est l'ensemble des lois. M. LESAGE: Non, c'est
spécial.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est l'ensemble des compagnies gazières
qui ont demandé cette période.
M. LESAGE: Je voudrais avoir des explications précises. Pourquoi
30 ans? La compagnie Gaz du Québec Inc., si je ne me trompe, est aussi
celle qui aune franchise à Trois-Rivières. Comment se fait-il que
l'on prolonge pour Sherbrooke et qu'on ne prolonge pas pour
Trois-Rivières?
M. BELLEMARE: Est-ce que cela n'appartient pas à la
municipalité?
M. LESAGE: Non, non, c'est la même compagnie, la compagnie Gaz du
Québec Inc.
M. BELLEMARE: Gaz naturel.
M. LESAGE: Qui était la Compagnie gazière de la
vallée du Saint-Laurent Ltée et dont le nom a été
changé, par lettre patente supplémentaire, le 22 décembre
1967.
M. ALLARD: Il me semble qu'on nous ait informés que, dans le cas
de Sherbrooke, il n'y avait pas de délai d'indiqué. Vous parlez
d'un délai de dix ans.
M. LESAGE: Le permis, oui.
Je vais vous donner les renseignements. La ville de Sherbrooke avait
obtenu de la Législature une modification à sa charte, en 1959.
Par l'article 2 du chapitre 53 de 7-8 Elisabeth 11, la ville de Sherbrooke.
avait été autorisée à aliéner son
réseau de distribution de gaz, moyennant certaines conditions.
Après avoir suivi les procédures prescrites à l'amendement
que je viens de mentionner à sa charte, la ville a adopté, le 31
juillet 1967, son règlement no 1715 accordant une franchise de dix ans
voyez-vous, c'est à compter du 31 juillet 1967 à la
Société gazière de la vallée du Saint-Laurent
Limitée qui a changé de nom au mois de décembre de la
même année et qui est devenue la compagnie Gaz du Québec
Inc.
M. ALLARD: On va vérifier, à tout
événement.
M. LESAGE: Alors, ce permis exclusif expire en 1977 et, par le
troisième alinéa du...
M. BELLEMARE: 1959.
M. LESAGE: C'est la loi qui a été amendée en 1959;
le règlement adopté en vertu de la loi
l'a été le 31 juillet 1967, accordant une franchise pour
dix ans.
M. BELLEMARE: C'est pour les compagnies gazières ensemble.
M. LESAGE: Bien oui, mais qu'est-ce qui arrive pour
Trois-Rivières?
M. BELLEMARE: Oui, c'est une bonne question.
M. LESAGE: Cela peut affecter le Cap.
M. BELLEMARE: Ah non! il n'y a pas de gaz. On n'utilise pas le gaz.
M. ALLARD: On va vérifier, M. le Président. On va donner
des renseignements.
M. LESAGE: Alors, on comprend que ce n'est pas possible de terminer ce
soir. C'est très technique, mais quand même.
M. BELLEMARE: Jeudi après-midi, on l'appellera en premier
article.
M. THEORET (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité
n'apasfinide délibérer et demande la permission de siéger
de nouveau.
M. LE PRESIDENT: Quand le comité siégera-t-il à
nouveau? Prochaine séance?
M. PAUL: M. le Président, demain, la commission de l'Education
pourra continuer l'étude du projet de loi 62. Je viens de recevoir
l'information que M. Poirier, conseiller juridique de la CECM, sera ici demain,
au début de l'après-midi. Il est également probable que la
commission des Affaires municipales continuera d'étudier le
problème de l'aéroport de Sainte-Scholastique, demain
après-midi également. Alors, nous pourrions convenir, dès
ce soir, qu'après la période des questions, la Chambre
s'ajournera, afin de permettre à ces deux commissions de
siéger.
M. PINARD: La commission sur l'aéroport siège à dix
heures trente demain matin?
M. PAUL: La commission des Affaires municipales va siéger
à dix heures trente demain matin pour commencer l'étude du
problème de l'aéroport de Sainte-Scholastique et il est
très probable qu'elle ajournera également à demain
après-midi. Il pourrait donc y avoir deux commissions qui
siégeront demain après-midi. La Chambre pourra ajourner ses
travaux après la période des questions.
M. BINETTE: C'est à la chambre 81, si j'ai bien compris?
M. PAUL: A la chambre 91-A.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain
après-midi, trois heures.
(Fin de la séance: 22 h 2)