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(Quinze heures cinq minutes)
M. FRECHETTE (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Démission de M. Claude Wagner
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur d'informer la Chambre que j'ai
reçu aujourd'hui la lettre suivante;
Assemblée nationale du Québec, 606 Cathcart, suite 1010,
Montréal 111, Québec.
Le 16 février 1970.
M. le Président de l'Assemblée nationale du Québec,
Hôtel du Gouvernement, Québec, Province de Québec.
Monsieur,
Je soussigné, Claude Wagner, c.r., député de la
circonscription électorale de Verdun à l'Assemblée
nationale du Québec, donne par les présentes ma démission
comme député de ladite circonscription électorale de
Verdun, et ce en présence des soussignés.
Témoins de ma signature: MM. Laurier Baillargeon,
député de la circonscription électorale de
Napierville-Laprairie, et Fernand Picard, député de la
circonscription électorale de Olier. Et j'ai signé, Claude
Wagner, député de la circonscription électorale de
Verdun.
Témoins: Laurier Baillargeon, député de la
circonscription électorale de Napierville-Laprairie; Fernand Picard,
député de la circonscription électorale de Olier.
M. BELLEMARE: Quel est le suivant? Who is the next?
UNE VOIX: De votre côté.
M. LAPORTE: Cela va être vous autres, tous ensemble!
M. BELLEMARE: Oui. Cela va bien. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills...
L'honorable ministre des Finances.
Comité des voies et moyens
M. BEAULIEU: Que la Chambre à sa prochaine séance se forme
en comité pour prendre en considération les voies et moyens de
payer les subsides accordés à Sa Majesté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. BEAULIEU: Que la Chambre à sa prochaine séance se forme
en comité pour prendre en considération les subsides à
accorder à Sa Majesté.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Déclarations ministérielles.
L'honorable ministre du Travail.
Qualification de la main-d'oeuvre
M. BELLEMARE: M. le Président, je demanderais à la Chambre
la permission d'inscrire cet arrêté en conseil dans le journal des
Débats ainsi que la réglementation qui a été faite
par le conseil des ministres au sujet de l'article 45 de la Loi sur la
formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre. Ce sont les
règlements, M. le Président, qui concernent les licenciements
dans les industries, (voir annexe A)
M. BERTRAND: C'est le bill 49.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a objection?
M. BERTRAND: Pas d'objection.
M. BELLEMARE: Que ce soit consigné dans le journal des
Débats.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
Déclarations ministérielles
Emission d'obligations de
l'Hydro-Québec
M. BEAULIEU: M. le Président, j'ai deux déclarations
ministérielles à faire. La première
concerne la commission hydro-électrique de Québec.
La commission hydro-électrique annonce qu'elle vient de
négocier aux Etats-Unis un emprunt de $60 millions dont le produit sera
ajouté à ses fonds généraux et servira à
financer son programme de construction. Les obligations portent
intérêt à 9 1/4%, sont datées du 15 mars 1970, et
viennent à échéance le 15 mars 1995. Elles sont offertes
au prix de $98.50 pour chaque $100 d'obligation, et donnent un rendement annuel
de 9.41 sans la commission aux courtiers. Les nouvelles obligations sont
offertes au public par un syndicat que dirigent les maisons suivantes: The
First Boston Corporation, Alsey Stewart & Co., A.E. Ames & Co.
Incorporated, Solomon Brothers & Usler, et Merrill, Lynch, Pearce, Fenner
& Smith Incorporated.
L'Hydro-Québec pourra racheter ces obligations par anticipation
à compter du 15 mars 1985 en totalité mais non en partie, sur
préavis d'au moins trente jours. La commission déposera chaque
année dans un fonds d'amortissement, de 1976 à 1994, une somme
égale à 2% des obligations, échéant en 1995, alors
en cours. Ces obligations ne sont pas rachetables pour fins de fonds
d'amortissement.
M. BOURASSA: Cela complète le programme d'emprunts de
l'Hydro-Québec pour l'année fiscale?
M. BEAULIEU: Pour l'Hydro-Québec, oui. Cela dépasse le
programme d'emprunts.
M. BOURASSA: De combien?
M. CADIEUX: Est-ce que le prêt a été consenti avant
la fameuse déclaration du ministre?
M. BEAULIEU: Cela a été fait ce matin. M. LE PRESIDENT: A
l'ordre!
Subvention de $12 millions du
fédéral
M. BEAULIEU: Au-dessus de 280 si j'additionne bien.
On a fait à Ottawa des déclarations, dont le moins qu'on
puisse dire est qu'elles sont fausses, concernant $12 millions que le
Québec refuserait d'accepter. Je me dois d'informer cette Chambre de la
situation dans ce domaine. Déjà, d'ailleurs, le ministre de
l'Education a eu l'occasion de commenter cette déclaration fantaisiste
du gouvernement fédéral.
M. BOURASSA: Donnez les faits.
M. BEAULIEU: Le ministre des Finances du Québec a toujours
attaché beaucoup d'importance à l'accord entre le gouvernement du
Canada et le gouvernement du Québec au sujet des immobilisations pour la
formation technique et professionnelle. Non seulement n'avons-nous pas
minimiser l'importance de cet accord, mais encore, nous l'avons fait imprimer
et distribuer à nos frais en annexe au discours du budget de l'an
dernier.
Il faut donc être vraiment de mauvaise foi pour prétendre
que le Québec n'est pas intéressé à faire savoir
que le gouvernement du Canada contribue aux dépenses en immobilisation
pour la formation technique et professionnelle.
Cependant, une des raisons pour lesquelles nous tenions tant à
faire connaître cet accord, c'est que le gouvernement
fédéral ne le respecte pas. On se souviendra que, dans son
discours du budget du 29 avril 1969, mon prédécesseur,
l'honorable Paul Dozois, avait indiqué que nous avions inscrit $59
millions à recevoir en vertu de cet accord alors que le gouvernement
fédéral nous avait écrit, disant que sa contribution se
limitait à $34.6 millions. Rien dans l'entente n'autorisait le
gouvernement fédéral à fixer ainsi un maximum annuel.
Le gouvernement fédéral nous refusait des sommes qui nous
étaient dues en vertu de priorités que nous avions fixées
et d'un accord que nous entendions, pour notre part, respecter
intégralement. Pour ne pas provoquer de dépassement
imprévu, nous avons dû demander au ministère de l'Education
de retarder son programme de construction jusqu'à ce que nous ayons pu
obtenir du gouvernement fédéral qu'il respecte les accords qu'il
avait signés.
A ce sujet, je dois dire que j'ai eu des conversations utiles avec M,
Benson, au début de l'automne. Il m'a alors assuré qu'il n'avait
pas l'intention de maintenir le plafond suggéré plus tôt.
Immédiatement, le ministère de l'Education a
réactivé l'approbation de nouvelles constructions d'écoles
secondaires éligibles à ce programme. Cependant, par suite des
retards qui ont été causés par des décisions
unilatérales du gouvernement fédéral, même
modifiées ultérieurement par M. Benson, il semble bien que le
Québec ne pourra réaliser tout le programme qu'il s'était
fixé au début de l'année.
Ce programme est maintenant en cours et la récupération
des sommes qui nous sont dues continue. Il y a quelques semaines, le
gouvernement fédéral a entrepris de faire une nouvelle
modification unilatérale des accords en proposant toutes sortes de
conditions reliées à la publicité à faire autour
des projets. Comme on le verra par la correspondance que je dépose,
ces
suggestions nous paraissent plutôt farfelues. Elles ne peuvent, en
aucun cas, être considérées comme une modification aux
accords.
Si le gouvernement fédéral entend respecter les ententes
qu'il a signées, il ne saurait sûrement imposer des conditions
subséquentes aux autres signataires. Four nous, un contrat est un
contrat, une entente est une entente. Nous croyons que le gouvernement
fédéral devrait adopter la même attitude, plutôt que
de faire du chantage et de propager des faussetés.
Si le gouvernement fédéral refuse de payer les sommes
qu'il s'est engagé à verser, parce que nous ne voulons pas nous
plier à ses ambitions publicitaires, qu'il n'ait pas, au moins,
l'effronterie de dire que nous refusons de recevoir ce qui était
dû.
M. BOURASSA: M. le Président, le ministre des Finances a
parlé de toutes sortes de conditions nouvelles. Est-ce que le ministre
pourrait expliciter? Il a dit que c'était dans la correspondance. Mais,
pour l'information de la Chambre et de la presse, est-ce que le ministre
pourrait expliciter brièvement ces conditions nouvelles?
M. BEAULIEU: Je crois que le ministre de l'Education se fera un plaisir
d'expliquer ces conditions.
M. CARDINAL: M. le Président, le ministre des Finances pourra
déposer lui-même la correspondance qu'un journal de Québec
a qualifiée de drôle et de folle entre le ministre MacEachen et
celui qui est responsable de l'éducation au Québec. Dans cette
brève carrière qui a été la mienne, je n'ai jamais
vu...
M. BOURASSA: Les faits, les faits!
M. CARDINAL: ... un ministre fédéral avoir le front de
demander d'une façon aussi précise des règles de patronage
dans la construction des écoles du Québec. Le
fédéral...
M. LAPORTE: M. le Président...
M. CARDINAL: Je m'excuse, M. le Président, je pense que j'ai la
parole.
M. LAPORTE: M. le Président, je veux simplement savoir «
règles » de quoi? Nous n'avons pas compris ce que le ministre a
dit.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
UNE VOIX: Nous voulons savoir!
M. CARDINAL: M. le Président, pour ne pas faire de
débat...
UNE VOIX: On n'a qu'à lire!
M. CARDINAL: ... pour que l'on ne croie pas qu'à partir de cet
échange de correspondance je fais de la politicaillerie, il suffira au
chef de l'Opposition, au leader de l'Opposition et aux députés de
cette Chambre de lire la lettre que le député
fédéral a eu le front d'écrire à un
député provincial pour lui demander de faire des
cérémonies magnifiques pour ouvrir des écoles dont le nom
serait fixé par le gouvernement fédéral.
UNE VOIX: C'est faux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE: Puis-je demander au ministre de l'Education pour quelle
raison il a refusé, en des termes d'ailleurs assez humoristiques, je
l'admets, au gouvernement fédéral des règles de
publicité qui ont été acceptées par son
collègue, le ministre des Affaires municipales, il y a quelques
jours?
M. LUSSIER: Pardon?
M. CARDINAL: M. le Président, je ne comprends rien au ministre
des Affaires municipales et je n'accepte pas ne riez pas je
n'accepte pas cette comparaison. L'éducation est une des sphères
qui appartiennent exclusivement au Québec. Les points d'impôt
et non pas des sommes qui nous sont données qui nous sont
remis, ne sont qu'une partie de ce qui nous est dû par convention,
signée à deux reprises, avec le gouvernement
fédéral; ils n'ont pas à être discutés
à nouveau pour faire de la publicité au député d'un
gouvernement qui nous prend pour des municipalités.
M. LAPORTE: M. le Président, je repose ma question au ministre.
Dans le cas de l'éducation...
M. BERGERON: Laissez parler votre chef. M. LAPORTE: Dans le cas de
l'éducation
j'explique le sens de ma question 11 s'agit de sommes
d'argent que le gouvernement du Québec accepte. Le ministre refuse la
publicité réclamée par le gouvernement
fédéral. Dans le cas de la Société d'habitation du
Québec, il s'agit de sommes d'argent fournies par le gouvernement
fédéral; le Québec les accepte. Le ministre vient, par ses
agents, d'accepter toutes les règles de publicité du gouvernement
fédéral. Pourquoi, encore une fois, deux poids deux mesures dans
le gouvernement qui est devant nous?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Me sera-t-il permis de signaler que nous en sommes à l'article
« déclarations ministérielles » et qu'en vertu des
règlements sessionnels que tous ont adoptés il est permis,
au chef de l'Opposition ou à son représentant, de faire un court
commentaire après que la déclaration ministérielle a
été faite. Après l'article « déclarations
ministérielles », il y a un autre article du feuilleton qui
s'appelle « questions des députés ». Alors, je pense
qu'à cet article de notre feuilleton toutes les questions se rapportant
aux déclarations ministérielles pourraient être
posées à ce moment-là.
M. LUSSIER: M. le Président, pour faire une rectification,
l'honorable leader de l'Opposition dit que, lors de l'entente au sujet des
montants que la société centrale prêterait durant
l'exercice financier que nous terminons, nous avons accepté toutes les
conditions que le fédéral demandait que nous acceptions pour
l'obtention de ces prêts. C'est faux, M. le Président. Tout ce qui
a été accepté et c'est complètement
différent de ce qui était demandé au ministère de
l'Education et au gouvernement c'est que, lorsque nous émettions
un communiqué, ce soit un communiqué conjoint, lorsque le
gouvernement fédéral y participait par des prêts. De toute
façon, nous avons accepté que le communiqué de presse soit
conjoint.
Il n'était pas question de noms, ni de ceci ni de cela. La seule
chose qui a été acceptée, c'est que, lorsqu'il y avait
inauguration de ces bâtisses, les deux gouvernements puissent être
représentés. C'est tout ce qui a été
accepté.
M. LAPORTE: M. le Président, une question supplémentaire.
Je demande au ministre si on n'a pas accepté également qu'il y
ait des écriteaux qui indiquent au public qui a fourni l'argent et que
le nom du gouvernement fédéral soit inscrit, comme celui de la
province de Québec.
M. LUSSIER: Pour ce qui est des écriteaux, ça n'a pas
été accepté; c'est un sujet de discussion,
M. LAPORTE: M. le Président, je pose maintenant une question au
ministre de l'Education; c'est une question supplémentaire, il va sans
dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je m'excuse, nous n'en sommes pas encore aux
questions des députés, mais nous y arrivons; nous en sommes aux
déclarations ministérielles.
M. LAPORTE: M. le Président, c'est alors une demande
d'explications à M. le ministre sur sa déclaration
ministérielle. Le ministre des Affaires municipales ayant accepté
que, dans les communiqués remis aux journaux, le gouvernement
fédéral soit mentionné, puisqu'il paie;
deuxièmement, qu'aux cérémonies d'inauguration des
édifices construits par la Société d'habitation du
Québec le gouvernement soit représenté, pourquoi je
le demande au premier ministre alors qu'il y a actuellement des
discussions pour que, même sur les écriteaux, le gouvernement
fédéral soit mentionné, y a-t-il un tel scandale si on
demande la même chose au ministère de l'Education? Cela vient
d'être accepté par son gouvernement.
M. BOURASSA: Répondez. Il n'y a pas de réponse?
M. BERTRAND: Non.
M. CARDINAL: M. le Président, je m'excuse. Le
député de Chambly sait fort bien qu'il y a une différence
énorme, simplement sur ce point-là, c'est le seul que Je veuille
souligner...
M. BOURASSA: C'est des écriteaux; c'est du ciment.
M. CARDINAL: ... entre une commission scolaire, qui est une instance
locale, qui organise elle-même ses cérémonies, dans un
domaine qui est exclusivement provincial, et la Société
d'habitation du Québec. Nous ne pouvons absolument pas comparer cela.
S'il fallait que je lise en Chambre ces paragraphes de M. MacEachen...
UNE VOIX: Lisez-les.
M. BOURASSA: Vous allez faire rire de vous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: C'est de l'infantilisme.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce une demande de
l'Assemblée qu'on lise la lettre?
M. LACROIX: Certainement. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: M. le Président, puis-je demander au premier ministre
des explications sur ce texte? Est-ce que la vérité ce n'est pas
que chacun des ministres de ce gouvernement est libre de transiger avec le
gouvernement fédéral, selon ses options, séparatiste,
semi-séparatiste ou fédéraliste?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Lisez donc les lettres. Quand vous aurez pris connaissance
de la lettre... Le ministre vient de donner la raison. Qui organise
l'inauguration des écoles? Ce sont les commissions scolaires. Cest
tout.
M. LAPORTE: Le premier ministre sait fort bien que cela ne trompe
personne.
M. BERTRAND: Bien, voyons donc!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Pour la troisième fois, je
me dois de rappeler que nous ne sommes pas à la période des
questions; nous sommes à l'article des déclarations
ministérielles. S'il y a d'autres ministres qui ont des
déclarations à faire, nous allons les entendre, sinon, nous
allons passer à l'article dépôt de documents.
Questions et réponses Commission
Gendron
M. BERTRAND: M. le Président, je dépose
l'arrêté ministériel no 7 du 8 janvier 1969 et
l'arrêté ministériel 3434 du 12 novembre 1969 en
réponse à la demande formulée par le député
de Chambly concernant la rémunération et les frais de
séjour du président et des commissaires de la Commission
d'enquête sur la situation de la langue française et sur les
droits linguistiques au Québec Vous avez trois copies, M. le
Président. Vous pourrez en remettre une au député de
Chambly.
Je dépose également en quatre copies, puisqu'il en a
formulé la demande, la liste de tous les ministres d'Etat depuis le 5
juillet 1960. Vous pourrez lui en remettre une. Il y a aussi la liste des
adjoints parlementaires dont une copie pour le député de
Chambly.
En vertu de l'article 423 de la Loi électorale, je dépose
en trois copies, dont une pour l'Opposition, l'arrêté
ministériel 1455 du 14 mai 1969 concernant le tarif des
rémunérations et dépenses.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Solliciteur général.
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le rapport du ministère des Institutions
financières, compagnies et coopératives pour l'année
1968-69.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre d'Etat aux Finances.
M. MATHIEU: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
rapport du directeur général de la Régie des alcools du
Québec pour l'exercice 1968-69.
M. LE PRESIDENT: Questions des députés. L'honorable chef
de l'Opposition.
M. BOURASSA: J'aurais une question pour le ministre du Travail ou pour
le ministre de l'Education. Le Soleil de ce matin parlait d'une grève
possible...
M. BERTRAND: M. le Président, si on veut me le permettre, est-ce
qu'on pose une question? J'ai encore des documents à
présenter.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BERTRAND: Je voudrais déposer l'arrêté
ministériel 298, en date du 5 février 1969, concernant la Loi des
caisses d'épargne et de crédit. Ce sont les
règlements.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
Employés de soutien des CEGEP
M. BOURASSA: Concernant la grève possible des employés de
soutien dans quatorze CEGEP, est-ce que le gouvernement a pris des mesures pour
prévenir cette grève? C'était dans le Soleil de ce
matin.
M. CARDINAL: M. le Président, c'est une grève possible,
mais il n'y a rien d'officiel encore.
M. LAPORTE: Rien de grave.
M. CARDINAL: Nous suivons, au ministère...
M. BOURASSA: On a voté à 82% en faveur de la
grève.
M. BELLEMARE: Il y a des grèves qui ont été
votées à 90% et qui n'ont jamais eu lieu non plus.
M. CARDINAL: M. le Président, quand est-ce...
M. LAPORTE: Il y a aussi des gouvernements élus à 42%.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CARDINAL: M. le Président, au niveau des CEGEP, divers
syndicats négocient avec l'Etat et avec la Fonction publique pour
établir les conditions de travail. Disons que, pour satisfaire le chef
de l'Opposition, je prends avis de la question et que, demain ou dans les jours
qui vont suivre, j'apporterai un rapport détaillé sur
l'état de la négociation.
Institutions pour vieillards
M. BOURASSA: Ma question s'adresse au ministre de la Santé. Le
même journal rapportait ce matin qu'il y avait une quarantaine
d'institutions pour vieillards qui n'avaient pas de permis. Est-ce que le
ministre aurait des précisions à donner? On voit dans les
journaux de fin de semaine que des vieillards meurent en très grand
nombre dans ces institutions. Est-ce que le ministre pourrait commenter
l'article qui a paru ce matin sur 40 institutions pour vieillards qui n'ont pas
de permis actuellement?
M. CLOUTER: J'ai mal saisi le chef de l'Opposition. Est-ce qu'il dit que
les journaux de fin de semaine annoncent plusieurs mortalités dans les
institutions?
M. BOURASSA: Bien, un journal en parlait dans la région de
Sherbrooke, mais là, je réfère...
M. CLOUTER: On a porté à mon attention un article qui
aurait paru dans un hebdomadaire de fin de semaine à l'effet qu'il y
aurait eu des suicides de personnes âgées. Est-ce que c'est...
M. BOURASSA: Non, je réfère aux 40 institutions qui n'ont
pas de permis.
M. CLOUTER: Non, mais l'autre affirmation du chef de l'Opposition
à l'effet qu'il y aurait eu...
M. BOURASSA: Ah oui, vous pouvez commenter.
M. CLOUTER: J'ai demandé à mes collaborateurs de
vérifier ces dires et un premier rapport qui me parvient mentionne que
c'est complètement faux, cette histoire de suicides de personnes
âgées dans certaines institutions. A tout événement,
j'aurai plus tard dans le courant de la semaine un rapport plus complet sur cet
article de journal.
En ce qui concerne le Soleil d'aujourd'hui et la déclaration sur
les 40 institutions qui fonctionnent sans permis, on a mentionné un des
fonctionnaires du ministère, M, Archambault, qui est le directeur des
personnes âgées au ministère et qui a été
questionné par le journaliste. Il a donné le nombre
d'institutions pour toutes les régions et le nombre de personnes
âgées dans ces institutions dont le permis est retenu actuellement
à la suite de vérifications en attendant qu'elles se conforment
à des normes ou à des exigences des deux ministères. La
plupart de ces institutions, on l'aura constaté, sont dans la ville de
Montréal et dans le Montréal métropolitain. On sait
qu'actuellement dans Montréal, où nous avons commencé
l'implantation de maisons pour personnes âgées avec la
résidence Angelica, il y aura en construction ces mois-ci des locaux
pouvant contenir 3,000 lits pour personnes âgées. Nous pensons
qu'avec cette première phase d'implantation de ressources à
Montréal et la deuxième qui suivra, nous serons en mesure de
résoudre en grande partie le problème de l'hébergement des
personnes âgées dans le Montréal métropolitain.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauharnois.
Déclaration de Georges Lapassade
M. CADEUX: J'ai une question à poser au ministre de l'Education.
Est-ce qu'il entend intervenir dans le cas Georges Lapassade qui a
été invité par l'Université du Québec et qui
aurait déclaré: « Il faut détruire
l'université et hâter son agonie ».
Un peu plus loin, les dirigeants de l'Université du Québec
disent que la présence du professeur Georges Lapassade semble en train
de créer une crise au sein de l'université.
M. CARDINAL: L'Université du Québec a
été créée par une loi adoptée par
cette chambre. On sait fort bien qu'elle n'a que deux relations avec l'Etat:
faire un rapport annuel devant l'Assemblée nationale, et le pouvoir,
pour le ministre de l'Education, de recommander au lieutenant-gouverneur en
conseil de désigner un certain nombre de principaux. Si le ministre
devait intervenir dans le choix des invités de chacune des
universités du Québec, il aurait, en plus des problèmes
véritables, toute une série de petits problèmes. Il
semblerait, d'après les échos que j'ai, que non pas
l'Université du Québec mais le campus de Montréal,
c'est-à-dire la succursale, la deuxième université de
langue française à Montréal ait invité ce
professeur. D'après ce que j'ai lu à plusieurs endroits, on se
demande si ceci est sérieux, si c'est un canulard ou si ce n'est
pas un problème que s'est posé elle-même cette succursale
de Montréal de l'Université du Québec. En réponse
au député de Beauharnois, je répondrai que je ne crois pas
que la question soit suffisamment grave pour intervenir personnellement et que
je ne puis pas le faire à moins qu'on me prouve que la
sécurité de l'Etat ou des universités soit en jeu.
Pendant que je suis debout, est-ce que vous me permettriez de
répondre à quatre questions qui ont été
posées au cours de la semaine dernière.
Subventions scolaires
M. CARDINAL: A tout seigneur tout honneur, le mercredi 25 février
1970, l'honorable député de Mercier, maintenant chef de
l'Opposition, posait une question concernant la commission scolaire
Sainte-Catherine-d'Alexandrie, la commission scolaire d'Aguanish et la
commission scolaire de Saint-Pacôme. Il me fait plaisir d'informer cette
Chambre, et en particulier le député de Mercier, que depuis le
début de l'année scolaire 1969-70 nous avons versé
à la commission scolaire Sainte-Catherine d'Alexandrie, dans le
comté de Napierville-Laprairie, ou à la commission
scolaire régionale en son nom une somme de $229,737.13. De plus, le 14
janvier 1970, nous avons versé à la commission scolaire
régionale Lignery, au nom de la commission scolaire Sainte-Catherine
d'Alexandrie, une somme de $31,400. D'ici quelques jours, c'est-à-dire
cette semaine, nous verserons à cette même commission scolaire une
subvention d'équilibre budgétaire s'élevant à
$28,600. Nous n'avons pas encore reçu de cette commission scolaire le
rapport nous permettant d'effectuer le deuxième versement applicable
à la rétroactivité du salaire des enseignants, et nous ne
pouvons rien faire sans ce rapport.
Au sujet de la commission scolaire d'Aguanish, comté de
Duplessis, nous avons versé, depuis le début de l'année
scolaire en cours, à cette commission scolaire ou à la commission
scolaire régionale en son nom, une somme de $14,540. Je dois ajouter
qu'il y a 149 élèves de la 1ère à la 7e
année dans cette commission scolaire. Nous devons encore verser $800
à la régionale du Golfe, et $1,675 comme deuxième
versement applicable à la rétroactivité des salaires du
personnel enseignant.
Quant à la commission scolaire de Saint-Pacôme,
comté de Kamouraska, 295 élèves comprenant la maternelle
et la 7e année, nous avons versé, depuis le début de la
présente année scolaire à cette commission scolaire ou
à la régionale en son nom, une somme de $125,414.07. De plus, le
12 janvier dernier, nous avons versé une subvention d'équilibre
budgétaire de $12,400. Le 24 février 1970, la semaine
dernière, nous avons versé à la régionale
Pascal-Taché au nom de la commission scolaire de Saint-Pacôme la
somme de $14,100.
Pour continuer dans le même sujet, le député de
Beauharnois posait une question au sujet des contrats pour la construction
d'écoles régionales. Je ne veux pas répéter cette
question qui est assez longue.
La question que le député de Beauharnois a eu
l'amabilité de me poser en Chambre, alors que j'étais absent pour
des raisons que vous connaissez bien, jeudi dernier, est très
confuse.
M. CÂDIEUX: On pose des questions quand il y a urgence; pas parce
que vous êtes là ou que vous n'êtes pas là.
M. BELLEMARE: Et il a chanté.
M. CADIEUX: Il dit que j'ai eu l'habileté de poser ma question
quand il n'était pas là. Je lui ai demandé d'en prendre
préavis.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M.BERTRAND: Alors, pourquoi se choquer? M.
CADIEUX: Il est stupide. M. BELLEMARE: Le congrès est fini.
M. BERTRAND: La bonne humeur, la bonne humeur.
M. CARDINAL: M. le Président... M. BERTRAND: La bonne humeur.
M. CARDINAL: ... je n'ai pas parlé d'habileté; J'ai
parlé d'amabilité.
DES VOIX: Ah bon!
M. CADIEUX: Alors, si on veut être aimable, 11 faut poser nos
questions quand vous n'êtes pas là.
M. BERTRAND: Ce n'est pas bon pour le coeur!
M. CARDINAL: Comment se fait-il qu'ils ne soient pas de bonne humeur de
l'autre côté, alors que ça va si bien ici?
M. CADIEUX: C'est parce que vous êtes debout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: C'est parce que le gouvernement ne nous donne aucune raison
d'être de bonne humeur.
M. CADIEUX: Ce n'est pas seulement nous; c'est toute la province qui est
en maudit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable ministre de
l'Education.
M. CARDINAL: Merci, M. le Président.
Polyvalente à Valleyfield
M. CARDINAL: De toute façon, habileté ou amabilité
mise i part, et bonne humeur aussi, la question que le député de
Beauharnois a posée en Chambre, alors que j'étais absent pour les
funérailles de Mme Lafontaine, est très confuse et comporte
plusieurs points. Je l'ai relue et relue au journal des Débats.
M. BERTRAND: La question est confuse.
M. CADIEUX: Ne vous perdez pas dans les questions; répondez!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai presque envie de me permettre de
suggérer que l'on inscrive à l'ordre du jour de la prochaine
réunion de la commission de l'Assemblée nationale un article qui
nous permettrait de discuter de la possibilité d'établir dans nos
règlements une façon de procéder comme on le fait
actuellement.
Je me permets de faire appel à la bonne volonté de tous
pour que nous puissions procéder normalement, surtout en tenant compte
du fait que ces interventions sont évidemment comptées dans la
période d'une demi-heure réservée aux questions.
M. CARDINAL: M. le Président, je suis bien d'accord avec vous,
mais s'il y a une période d'une demi-heure pour les questions, il faut
que nous ayons le temps d'y répondre aussi. L'Opposition devra avoir la
patience, après qu'elle a posé des questions, d'entendre les
réponses.
En réponse à la question du député de
Beauharnois, je peux dire, premièrement, que les fonctionnaires de mon
ministère n'ont aucun mandat d'arrêter la construction
d'écoles polyvalentes. Au contraire le ministre des Finances l'a
mentionné tantôt on en a lancé une trentaine dans
les semaines qui viennent de s'écouler. Ils ont la
responsabilité, cependant, de déterminer, pour tout le territoire
du Québec, le programme de priorités de ces constructions. Si le
projet de Beauharnois n'est pas encore en construction, ceci résulte du
fait qu'a l'intérieur de la régionale d'Youville Il y a trois
secteurs: le premier est celui de Valleyfield et là, l'école est
déjà construite; le deuxième est celui de
Beauharnois...
M. CADIEUX: Complètement faux. Valleyfield n'est pas à
l'intérieur de la régionale d'Youville. Le ministre se trompe.
C'est la régionale Salaberry, à Valleyfield.
M. CARDINAL: Je regrette, mais, d'après les cartes que j'ai au
ministère, cette école qui a été construite
à Valleyfield fait partie de la même régionale. Cependant,
je vérifierai et...
M. CADIEUX: Prenez la parole du député de Beauharnois. Je
suis plus au courant que vous. Valleyfield fait partie de la régionale
Salaberry et non pas de la régionale d'Youville. Cela fait combien
d'années que vous êtes ministre de l'Education?
UNE VOIX: A l'ordre!
M. CARDINAL: M. le Président, si le député de
Beauharnois veut donner les réponses, Je vais l'écouter.
M. CADIEUX: Le ministre m'a invité à donner la
réponse, la voici: C'est probablement parce que vous n'aimez pas
l'entrepreneur qui
a été choisi pour construire l'école à la
régionale d'Youville!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, la vérité est plus
simple et Je vais réduire ma réponse au minimum pour ne pas faire
perdre le temps de cette Chambre. La vérité, c'est que, la
semaine dernière, les commissaires de la régionale sont venus
rencontrer les fonctionnaires pour déterminer avec plus de
précision les territoires de ces deux derniers secteurs laissons
celui de Valleyfield de côté celui de Beauharnois et celui
de Sainte-Martine, Saint-Chrysostome. Le ministère n'a reçu que
la semaine dernière la décision de la régionale à
ce sujet. C'est la régionale qui retient, depuis un an, les bons de
garantie et le dépôt exigés lorsqu'une commission scolaire
demande des appels d'offres.
Le ministère n'a jamais été informé avant la
semaine dernière et avant la question du député de
Beauharnois que cette commission scolaire avait agi de cette façon.
M. CADIEUX: Question de privilège, M. le Président. J'ai
écrit au ministre au mois de septembre, l'an dernier, et je lui ai
exposé tous les faits; une lettre personnelle et confidentielle.
M. CARDINAL: M. le Président, est-ce que le député
de Beauharnois est commissaire d'école et représente la
commission régionale?
M. CADIEUX: Je représente le comté de Beauharnois, M. le
Président, et il me dit qu'il n'a jamais été mis au
courant de la situation.
M. CARDINAL: M. le Président, ce que j'ai dit, c'est que la
régionale n'a jamais communiqué avec le ministère à
ce sujet, et je le répète de mon siège.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux- Montagnes. A
l'ordre!
Régionale de Deux-Montagnes
M. BINETTE: M. le Président, est-ce que le ministre de
l'Education pourrait confirmer ou infirmer une nouvelle à l'effet que la
régionale de Deux-Montagnes a été saisie, par le
ministère du Revenu national, pour des retenues d'impôt qui
n'auraient pas été faites? Une sai- sie aurait été
levée contre le ministère de l'Education, parce que la
régionale de Deux- Montagnes n'a pas fait le paiement de ces retenues
sur les salaires pour l'impôt fédéral, et cette saisie
aurait été levée le 20 janvier 1970. Est-ce que le
ministre est au courant?
UNE VOIX: C'est une tierce saisie.
M. BINETTE: C'est une tierce saisie.
M. CARDINAL: M. le Président, sur ce point, je réponds au
député de Deux-Montagnes que je n'ai pas été mis au
courant, mais, comme le député de ce comté, la semaine
dernière, m'a posé une question, je vais lui répondre.
Le cas de la régionale de Deux-Montagnes, qui est pourtant le
patelin de l'ex-ministre d'Etat à l'Education, si je ne me trompe, est
un des plus difficiles que nous rencontrions actuellement au
ministère.
M. BINETTE: C'est cela qu'ils nous disent depuis trois ans!
M. CARDINAL: Mes fonctionnaires ont mis des heures et des heures,
jusqu'à ce jour, à tenter de résoudre ce problème,
qui est d'envergure. Lorsque le député de Deux-Montagnes
mentionne dans sa question que cette régionale a un emprunt de $200,000
à la banque, il est peu renseigné, puisque cette régionale
a présentement des engagements de près de $2.5 millions à
la banque. C'est un petit peu différent.
Les taxes des commissions scolaires locales comprises à
l'intérieur du territoire de cette régionale ont
été imposées pour faire face aux obligations des
commissions scolaires, sans égard à la taxe spéciale pour
couvrir les dépenses non subventionnées, qu'on appelle non
admissibles, de la commission scolaire régionale de Deux-Montagnes.
On ne peut pas dire que ce territoire soit défavorisé,
puisque l'évaluation totale de l'ensemble de ce territoire M. le
Président, à la suite de la question du député,
j'ai vérifié les faits s'élève, pour fins
d'impôts fonciers, à plus de $200 millions.
Malgré cela, je suis informé que cette commission scolaire
régionale fait face à des dépenses inadmissibles de
l'ordre de $1 million par année. Je répète: des
dépenses inadmissibles de l'ordre de $1 million par année. Et ce
plaisir dure depuis trois ans, le député a raison. Les
commissions scolaires locales veulent bien faire leur part...
M. BINETTE: Qu'est-ce que le ministre attend pour les aviser, pour les
mettre au pas?
M. CARDINAL: Tiens, tiens, tiens!
M. BINETTE: Cela fait une année que la commission scolaire
régionale de Deux-Montagnes demande des entrevues au ministère et
elle a eu de la difficulté à les avoir, tout le temps. La seule
fois qu'elle en a eu une, c'est le 4 février dernier; cela
traînait depuis des mois, des mois et des années.
M. CARDINAL: Je n'accepte pas ceci, M. le Président. N'importe
quel commissaire qui veut rencontrer le ministre ou ses représentants
peut le faire, jour après jour. Et si on veut me donner des faits
précis, des dates exactes, je vérifierai les faits et je
corrigerai la situation. De toute façon, je continue l'explication.
Les commissions scolaires locales...
UNE VOIX: Ce ne sont pas les services...
M. CARDINAL: Qu'est-ce qui se passe, de l'autre côté, M. le
Président? Ils ont été absents pendant trois mois, il n'y
en avait pas dix. Hs posaient des questions et ils s'en allaient pour les
réponses. Maintenant qu'on les donne...
M. LAPORTE: Le ministre va s'apercevoir que nous sommes revenus!
M. LACROIX: C'est du oui-dire, parce que le ministre de l'Education
n'est jamais ici. Ce n'est pas lui qui peut savoir si nous y étions ou
si nous n'y étions pas.
M. CARDINAL: Est-ce qu'onpeut relever les déclarations qu'ont
faites les députés sur leurs présences?
M. LACROIX: Certainement, quant à moi, je suis prêt,
à la première occasion, à mettre mes présences
à côté de celles du ministre de l'Education.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre!
C'est vraiment une incidente qui vient de se produire. Je demande
à l'honorable ministre de l'Education de continuer la
réponse.
M. CARDINAL: M. le Président, je vous remercie. De toute
façon, les commissions scolaires locales veulent bien faire leur
possible. Compte tenu de ce que je viens de dire, le ministère de
l'Education est en train de recommander au ministre des Finances, malgré
ce que je viens de dire, une subvention d'équilibre totalisant
$1,400,000.
Cette subvention sera payée en trois tranches, dont une sera
versée cette semaine ou la semaine prochaine. Le député de
Deux-Montagnes mentionne, avec raison, que les enseignants ne sont pas
payés. Il me fait plaisir, cet après-midi, de vous dire
qu'à la suite d'arrangements entre le ministère de l'Education
pas la régionale, le ministère de l'Education et le
siège social de la banque de Montréal, une entente a
été prise pour que les enseignants soient payés cette
semaine.
M. LAPORTE: Vous passez par-dessus la tête de la
régionale?
M. CARDINAL: M. le Président, on ne peut pas me demander
d'intervenir et de ne pas intervenir, selon que cela fasse plaisir au
député de Chambly. Cette commission scolaire...
M. LAPORTE: Vous êtes donc de mauvaise humeur!
M. CARDINAL: ... s'est payé des services que l'on ne retrouve
nulle part, sauf peut-être dans le comté de Chambly. Les
administrateurs ont outrepassé les normes établies par le
ministère de l'Education. Le député, tantôt, l'a dit
lui-même, il est temps qu'on les mette au pas, je suis heureux que ce
soit lui qui l'ait mentionné.
M. BINETTE: Est-ce que le ministre de l'Education est au courant que la
régionale Deux-Montagnes a été une des premières
régionales à être formée dans le Québec et
qu'il y a eu plusieurs expériences pilotes qui se sont faites là
et que toutes ces dépenses inadmissibles aujourd'hui viennent
probablement du fait qu'il y a eu des expériences pilotes qui ont
été menées à la régionale Deux-Montagnes? Si
le ministre était un peu plus au courant de l'administration de ces
régionales, il saurait cela et il aurait répondu également
à ma question concernant...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Saguenay.
M. MALTAIS (Saguenay): M. le Président...
M. BINETTE : J'aurais une question sur le même sujet au ministre.
Le ministre a répondu, je le remercie, à ma question de la
semaine dernière, mais, évidemment, il n'a pas répondu
à ma question concernant la saisie. Est-ce qu'il y a eu
réellement une saisie? Oui ou non par le ministère du Revenu
national, au ministère de l'Education?
M. CARDINAL: La question du député, c'était: Est-ce
que le ministre est au courant qu'il y avait une saisie? Le ministre comme tel,
qui est à son bureau tous les jours, n'a pas eu cette saisie entre les
mains. Je ne nie pas ou je n'affirme pas qu'il y en a une. Je réponds
à la question. Je ne le sais pas.
M. BINETTE: Est-ce que le ministre pourrait s'enquérir s'il y a
eu une saisie?
M. ROY: Quand il veut des informations sur l'aéroport, il appelle
ses petits cousins à Ottawa!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. BINETTE: Est-ce que le ministre pourrait s'enquérir
auprès de ses officiers s'il est exact qu'il y a eu une tierce-saisie
entre les mains du ministère de l'Education pour des retenues d'impcts
n'ayant pas été faites par la commission scolaire
régionale Deux-Montagnes?
M. PAUL: M. le Président, il me semble que l'honorable
député de Deux-Montagnes ignore que les procédures dont il
est fait mention, si elles ont eu lieu, émanent non pas du
ministère du Revenu, ni du ministère de l'Education, mais du
ministère de la Justice. Je vais prendre les informations et je
répondrai à mon honorable ami.
M. BINETTE: Je remercie le ministre de la Justice.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saguenay.
M. MALTAIS (Saguenay): M. le Président, ma question
s'adresse...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Chroniqueurs sportifs invités en France
M. MALTAIS (Saguenay): Ma question s'adresse au ministre des
Communications. Je voudrais lui demander s'il y avait moyen de
renseigner cette Chambre comment se fait la sélection des
chroniqueurs sportifs qui sont invités par le gouvernement
français à visiter certains centres de ski en France.
M. LEBEL: M. le Président, je comprends que c'est une question de
grand intérêt, mais je n'en vois pas l'urgence.
M. MALTAIS (Saguenay): M. le Président, je ne sais pas si le
ministre a vu l'urgence... Est-ce que le ministre est au courant
évidemment, il a toujours montré de la bonne volonté comme
président; je présume qu'il n'a pas tellement été
traumatisé par les questions de l'Opposition jusqu'à maintenant
et que l'Office d'information, à l'heure actuelle, ferait de
petites manoeuvres, du petit patronage, et se servirait de ces invitations en
faveur de certaines personnes qui n'ont rien du chroniqueur sportif, tant de
langue anglaise que de langue française?
M. LEBEL: Pour l'information de l'honorable député de
Saguenay, je dois dire que l'Office d'information et de publicité
et c'est une nouvelle pour l'honorable député sera soumis
désormais aux questions que pourront lui poser tous les parlementaires
de cette Chambre, devant la commission des Communications.
M. MALTAIS (Saguenay): De toute façon, ça ne
pourrait pas nuire au ministre je pourrais lui présenter
peut-être, lui lire...
DES VOIX: A l'ordre!
M. MALTAIS (Saguenay): ... un article ou lui envoyer une copie d'un
article qui a été écrit dans le Soleil du 28
février cela a l'air d'énerver pas mal de monde
.
UNE VOIX: Une question.
M. MALTAIS (Saguenay): Le 28 février dernier, il y avait un
article de M. Léonce Jacques qui se plaint que certaines
irrégularités très graves sont commises...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député
d'Argenteuil.
Mises à pied à Brownsburg
M. SAINDON: M. le Président, ma question s'adresse au ministre du
Travail. Qu'entend faire le gouvernement pour faire respecter l'article 45 du
bill 49 au sujet des mises à pied massives qui ont lieu à la CIL
de Brownsburg? Le 27 février, 200 personnes ont été mises
à pied à seulement une semaine d'avis.
M. BELLEMARE: M. le Président, le lendemain matin, le
ministère du Travail a agi.
M. LACROIX: La pilule!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Matane.
Incident Redel
M. BIENVENUE: Ma question, M. le Président, s'adresse à
l'honorable ministre de la Justice à qui je demandais, la semaine
dernière, s'il pourrait nous donner des nouvelles au sujet de l'incident
Redel. Cela fera l'objet de ma deuxième question d'aujourd'hui,
si l'on veut, à savoir s'il est prêt à nous donner des
renseignements. Mais ma première question est la suivante: Le ministre
a-t-il pris connaissance de cette dépêche, émanant de la
Colombie-Britannique, suivant laquelle le procureur général de
cette province, M. Lesley Peterson, a annoncé que le gouvernement de sa
province intenterait des poursuites contre les intéressés
à la suite de l'incident malheureux en question, et cela pour les
raisons qu'il énonce. Le ministre de la Justice est-il au courant de
cette dépêche? A-t-il des commentaires à faire? Si oui,
nous aimerions, je pense, les membres de cette Chambre, représentants de
contribuables, les entendre.
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas reçu officiellement
le texte de la déclaration du ministre de la Justice de la Colombie. Il
semblerait que M. Peterson ait fait une déclaration dans le sens que
vient de rapporter l'honorable député de Matane, et qu'il aurait
même ajouté que les informations que je lui ai transmises par ma
lettre ne lui donnaient pas satisfaction.
L'honorable député avait posé, dans le cours de la
semaine dernière, une question et j'avais une réponse, toute
prête avec des documents à déposer aujourd'hui. Je constate
que, par suite d'une erreur clérical, on aurait oublié d'annexer
un document. Alors j'ai laissé passer la période des
déclarations ministérielles pour retarder jusqu'à demain
cette déclaration avec dépôt de certains documents qui
pourront répondre à la question posée par l'honorable
député de Matane.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
Projets fédéraux-provinciaux
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais poser une question au
ministre des Affaires municipales. A-t-il bien affirmé tout à
l'heure, le ministre des Affaires municipales, alors que je pouvais pas lui
poser de question, que les enseignes ou écriteaux relativement aux
projets fédéraux-provinciaux, sur lesquels la participation
fédérale devait être reconnue, faisaient l'objet de
négociations? Il a bien affirmé ça, le ministre?
M. LUSSIER: D'accord, M. le Président, parce que les sommes
d'argent sont prêtées à des organismes, soit sans but
lucratif, offices municipaux ou municipalités. Ce sont ces
organismes-là qui bâtissent, avec ces prêts, et il nous faut
évidemment connaître l'avis de ces gens-là avant de savoir
de quelle façon ça peut se concrétiser.
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais souligner à cette
Chambre que nous sommes en train de nous faire est-ce que le mot tromper
est parlementaire, M. le Président? Le onzième jour du mois
d'août 1969, sous la signature d'un témoin qui s'appelait Robert
Lussier, m.d., j'imagine que c'est le député de
l'Assomption la Société d'habitation du Québec
acceptait ce qui suit: « Les parties conviennent que: 1- Toute
publicité faite par la Société du Québec ou la
Société (d'Ottawa) ou pour elles, y compris les enseignes sur les
emplacements de projets... »
M. GOSSELIN: Les emplacements.
M. LAPORTE: « ... pour l'un quelconque des projets à
être entrepris en vertu de la présente convention devra comprendre
un énoncé reconnaissant la participation de chaque
société au projet. »
M. le Président, si jamais la Chambre a été
placée face à une telle contradiction, je voudrais bien qu'on me
le dise.
M. BELLEMARE: C'est faux. M. le Président, je ne voudrais pas
ici, parce que ce n'est ni l'endroit ni le temps, soulever un débat.
M. BOURASSA: Des excuses}
M. BELLEMARE: Mais je crois que l'honorable leader de l'Opposition est
injuste à l'endroit du ministre...
M. LAPORTE: C'est le document... M. BELLEMARE: Un instant! M. LAPORTE:
... qui est injuste... M. BELLEMARE: Un instant!
M. LAPORTE: ... à son endroit! En voulez-vous une copie?
M. BELLEMARE: Un instant! ... injuste à l'endroit du ministre des
Affaires municipales qui a dit que puisque ce sont des institutions
privées qui font des travaux avec l'argent qui est prêté
par la Société d'habitation...
M. LAPORTE: Est-ce qu'on va citer autre chose?
M. BELLEMARE: ... il faut qu'il y ait des consultations
préalables.
M. LAPORTE: Je n'ai pas d'objection...
M. BELLEMARE: Comme je connais l'honorable leader de l'Opposition comme
un homme de justice et d'à-propos, je l'invite à relire cet
après-midi la déclaration qu'a faite précédemment
le ministre des Affaires municipales. Je suis sûr que le leader de
l'Opposition va se reprendre et qu'il n'accusera pas le ministre d'avoir
tronqué la Chambre. Ce n'est pas ce qu'a dit le ministre, pas du
tout.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
n'ai pas dit « tronquer », j'ai dit « tromper ».
M. BELLEMARE: Oui, mais « tronquer et tromper », je pense
que c'est malhonnête présentement quant à la
déclaration qu'a faite le ministre.
M. BERTRAND: C'est parlementaire.
M. BELLEMARE: Je pense que nous nous acheminons vers un long
débat. Je ne pense pas que ce soit le moment.
M. LE PRESIDENT: D'ailleurs, je me dois de constater que la
période de temps allouée pour les questions est maintenant
terminée.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque mon privilège de
député. Je viens d'être accusé de
malhonnêteté et j'ai le droit de rétablir les faits.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas dit que le député était
malhonnête. J'ai dit que la déclaration qu'il a faite était
malhonnête à l'endroit du ministre. Ce n'est pas la même
chose. Pas du tout. Que le député soit malhonnête, non,
mais que la déclaration qu'il a faite soit malhonnête, oui.
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné que je
prends la paternité de la déclaration, c'est donc moi qui est
« malhonnête » et je vais me défendre.
Au cours d'un débat dont vous avez eu connaissance, je crois, M.
le Président, j'ai demandé aux ministres des Affaires municipales
et de l'Education pour quelles raisons, sur un problème exactement
identique...
M. LUSSIER: Non, il n'est pas identique.
M. LAPORTE: ... deux ministres avaient des attitudes différentes.
J'ai demandé au ministre...
M. LUSSIER: Le problème n'est pas identique.
M. LAPORTE: ... des Affaires municipales: Est-ce que dans vos relations
avec la Société centrale d'hypothèques et de logement, vos
mandataires n'ont pas accepté de faire de la publicité, dans les
communiqués, et sur les sites? Le ministre s'est levé pour dire:
Non, pas sur les sites, ceci fait actuellement l'objet de
négociation.
M. le Président, à ce moment-là je n'avais pas
devant moi le contrat qui a été signé au mois
d'août. Je viens de l'envoyer chercher à mon bureau et je constate
que « toute publicité faite par la Société
d'habitation du Québec, y compris les enseignes sur les emplacements de
projets, pour l'un quelconque des projets à être entrepris en
vertu de la présente convention, devra comprendre un
énoncé reconnaissant la participation de chaque
société au projet. »
Quant à l'argumentation du ministre du Travail, elle ne tient
pas. Il n'a manifestement pas lu le contrat, puisque tous les prêts
consentis conjointement par la Société centrale
d'hypothèques et de logement et la Société d'habitation du
Québec font l'objet d'une entente particulière avec chaque
groupe. Chaque groupe doit respecter tout le contrat.
Je redemande au premier ministre: Dans cette nouvelle tempête dans
un verre d'eau contre le gouvernement fédéral, pourquoi permet-il
deux attitudes différentes; celle du ministre de l'Education qui dit non
et celle du ministre des Affaires municipales qui dit oui? Pourquoi?
M. BERTRAND: M. le Président, la période des questions est
terminée. Le député s'est levé pour soulever une
question de privilège.
M. LAPORTE: D'accord.
M. BERTRAND: La question est déplacée.
M. LAPORTE: Mais la période des réponses n'est
peut-être pas terminée, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Affaires du jour.
M. CADIEUX: M. le Président, une question de privilège. Le
ministre de l'Education, répondant à une de mes questions
tantôt, a déclaré de son siège n'avoir jamais
été mis au courant de la situation de la régionale
d'Youville. Or, le 13 mars 1969, il m'écrivait pour me dire que la
construction de cette école débuterait en juillet 1969.
M. BERTRAND: C'est faux.
M. CADIEUX: J'ai de nouveau écrit au ministre, le 9 mai 1969, le
6 août 1969...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! L'honorable député
de Beauharnois sait sûrement que, lorsqu'une question de privilège
est invoquée, elle doit l'être dès qu'elle est
suscitée en Chambre.
Affaires du jour.
Débat sur le discours inaugural
Amendement de M. Bourassa
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement de M. Bourassa
à la motion de M. Bertrand, proposant une adresse en réponse au
discours inaugural, lequel amendement se lit comme suit: « Que la motion
en discussion soit amendée en y ajoutant les mots suivants : «
Nous vous soumettons respectueusement que le gouvernement aurait dû
proposer dans le discours inaugural les mesures nécessaires pour assurer
le développement économique du Québec et pour combattre le
chômage ».
L'honorable ministre des Richesses naturelles.
M. Paul Allard
M. ALLARD: M. le Président, vous me permettrez, au début
de ces remarques, de vous offrir, à l'occasion de votre élection
à la présidence de la Chambre, mes meilleurs voeux, ainsi que mes
félicitations. Je souhaite que votre compétence n'ait
d'égal que votre patience. Etant donné l'expérience
acquise durant le débat sur le bill 63 où, avec votre
prédécesseur, vous avez partagé les responsabilités
de la Chambre, il n'y a aucun doute que vous afficherez cette
impartialité que vous connaissez et que vous remplirez votre rôle
avec toute la sérénité qu'on vous connaît.
Puisque la motion exprimée par le député de Mercier
nous dirige vers l'étude de l'expansion économique au
Québec, il m'est agréable, d'abord, de seconder le premier
ministre pour la détermination dont il fit preuve,
particulièrement lors de son discours inaugural, mardi dernier, à
l'ouverture de la présente session. Ce discours, d'aucuns l'ont
qualifié d'électoral, d'autres l'ont estimé partisan, mais
tous les Québécois l'ont applaudi au fond d'eux-mêmes,
parce qu'il s'inspirait des principes de fierté qui sont à
l'origine même du parti comme du gouvernement de l'Union Nationale.
M. le Président, de l'autonomie à
l'autodétermination, la distance est maintenant franchie et le
Québec se dirige désormais vers la phase décisive de
l'égalité ou de l'indépendance. Avec mon collègue,
le ministre de l'Industrie et du Commerce, j'invite le chef de l'Opposition
à adresser au moins un exemplaire de son discours à son chef
fédéral, M. Trudeau, et à ses collègues des
Communes, en particulier à M. Benson.
S'il est tellement fédéraliste, économiste en
surcroît, le chef de l'Opposition, devrait s'opposer à ce
qu'Ottawa s'ingère dans l'éducation, la santé, le
bien-être, autant de domaines strictement provinciaux, au lieu de se
préoccuper de sa véritable mission constitutionnelle,
c'est-à-dire les douanes, la monnaie, les exportations, les
développements portuaires, les chantiers maritimes, la marine marchande,
les importations et le dumping.
C'est précisément l'immobilisme d'Ottawa dans ces domaines
qui nous plonge dans l'inflation et l'austérité, Quant à
nous du Québec, et plus particulièrement du ministère des
Richesses naturelles, nous ne cessons de dialoguer avec les hommes d'affaires
pour attirer leurs capitaux au Québec, en investissements miniers
surtout.
Or, je veux immédiatement retenir certaines mesures miracles du
député de Mercier touchant les politiques qu'il souhaite comme
relances économiques au Québec. Le chef de l'Opposition trouvera
sans doute assez bizarre qu'on ne l'ait point informé des
réalisations déjà acquises et des projets en gestation,
des démarrages industriels, des projections minières qui
impliquent pour le Québec, dans l'immédiat, des investissements
de l'ordre d'environ $800 millions dans la présente année
financière. N'est-ce pas là la formule la plus pratique, au
ministère
des Richesses naturelles, pour combler les voeux du chef de
l'Opposition, c'est-à-dire, augmentation de la productivité,
création de nouveaux produits, augmentation des exportations et
création de nouveaux emplois?
Mieux que les théories, c'est l'action qui doit à ce
moment compter. En effet, au Québec, nous entrons dans une ère de
plein développement de ces richesses naturelles. La valeur de la
production minière est passée de $2.5 millions qu'elle
était en 1900 à plus de $700 millions en 1969, et a ainsi et plus
précisément doublé depuis 1955.
Le Québec est l'un des plus importants producteurs au monde
d'amiante, de fer, de cuivre, de zinc et d'or. Le Québec est l'unique
province au Canada à produire le columbium, le titanium, la dolomite.
L'industrie minière emploie directement 35,000 personnes au
Québec, mais est responsable, directement ou indirectement,
d'au-delà de 200,000 autres emplois, masse salariale ouvrière et
production minière qui constituent un impact économique de $1,300
millions. Il faut considérer encore que les produits de l'industrie
minière sont exportés hors du Canada dans une proportion de 60%
et contribuent, de cette manière, à au-delà de 30% de la
valeur de toutes les exportations canadiennes. Mais, il faut également
se rendre à l'évidence que, dans 20 ans, une grande partie de nos
gisements miniers présentement au stade de l'exploitation seront
dépréciés ou disparus tout simplement.
Actuellement, à peine 20% du territoire est exploré. C'est
pourquoi j'insiste, pour ma part, sans relâche sur la
nécessité d'établir de nouvelles normes ou politiques
relativement à l'exploration et à la recherche de nouveaux
gisements. Ces politiques font présentement l'objet d'une étude
spéciale au sein du cabinet. L'établissement d'une nouvelle mine
dans un secteur éloigné appelle automatiquement à la
tâche les cerveaux les plus ingénieux car, en plus d'entreprendre
l'exploitation minière, l'industrie devra, dans plusieurs cas,
construire des routes d'accès, des chemins de fer, des pouvoirs
hydroélectriques, des lignes de transmission, des quais en eau profonde
et même des aéroports.
L'industrie devra encore aménager de nouvelles villes pour y
loger ses employés et leurs familles, et les doter des services publics
usuels tels que rues, aqueducs, égouts, églises, écoles,
commerces, hôpitaux, centres récréatifs, tout autant de
réalisations qui, automatiquement, contribuent à l'essor
économique du Québec. Plusieurs nouvelles villes ont ainsi surgi
au Québec; Val d'Or, Noranda, Chibougamau, Chapais, Matagami,
Sept-Iles, Schefferville, Gagnon et Murdochville. C'est vers le nord, dans le
territoire immense du Nouveau-Québec, que se dessine maintenant l'avenir
minier. J'en profite, encore une fois, pour lancer un appel à la
jeunesse des CEGEP et des universités afin qu'elle s'intéresse
à ces développements et qu'elle y participe à titre de
géologue, d'ingénieur ou de technicien.
La demande est là, les compagnies peuvent embaucher nombre de
techniciens et d'ingénieurs miniers chaque année.
Malheureusement, les universités ne fournissent pas en
quantité suffisante les ingénieurs et les techniciens dont
l'industrie a présentement besoin. Dans les projections
immédiates, celles qui peuvent peut-être tranquilliser le chef de
l'Opposition, qui a fait un tableau des plus sombres de la situation
économique, en oubliant de demander aux sources les informations qui
auraient pu lui faire savoir que des développements sont
commencés, que des développements se continuent et que
l'année 1970 sera très prospère en développements
miniers.
J'énumère, parmi ceux-ci, tout d'abord celui de New Quebec
Raglan, qui est une filiale de Falconbridge, laquelle compagnie a
consacré, dans l'année 1969-70, un montant de $6 millions pour
explorer un gisement de nickel d'une capacité connue de 16 millions de
tonnes à environ 30 milles de Wakeham sur le détroit
d'Hudson.
Ce gisement, M. le Président, est actuellement un des plus riches
en teneur en Amérique du Nord, sinon dans le monde entier, parce que les
expériences nous démontrent que la teneur moyenne actuelle est de
plus de 3 livres-tonne, alors que les gisements exploités
présentement et les mieux connus sont de 1.5 livre. Cette compagnie
projette, dès 1970, la construction d'un chemin de fer, la construction
d'une route en 1971, depuis le gisement jusqu'à Douglas Harbour,
c'est-à-dire une trentaine de milles vers la baie d'Ungava.
Cette mine projette aussi, dans l'immédiat, la construction d'un
atelier de traitement d'une capacité de 2,000 tonnes par jour. Donc, les
investissements dans les années qui vont suivre, les investissements qui
ont déjà commencé à être faits sont de
l'ordre de $150 millions à $200 millions. Il faudra aussi construire, en
plus de ce que j'ai mentionné, des quais en eau profonde et
peut-être même une ville minière à Douglas
Harbour.
M. le Président, si un développement de cette nature
n'apporte pas, seulement pour la construction, des emplois de l'ordre de 500 au
minimum, en plus d'assurer, par la suite et pour des années, des emplois
stables et rému-
nérateurs à plus de 200 de nos citoyens du Québec,
eh bien, M. le Président, je crois que le chef de l'Opposition devrait
prendre note de ces quelques remarques, et être en Chambre pour
m'écouter, de telle sorte que, lorsqu'il aura à parler
d'économie, il arrêtera d'en parler comme un théoricien qui
n'a jamais eu l'expérience pratique, ni de la vie ni des
ministères.
M. BELLEMARE: C'est ça! Très bien!
M. ALLARD: M. le Président, un deuxième
développement, et je ne parle pas de projets, je parle de
réalisations qui sont actuellement en marche: A quelque 20 milles au
nord de Raglan dont je viens de parler, Asbestos Hill, dont le siège
social est dans la région de Thet- ford, est en train... Ah,
c'est votre microphone qui vous a rappelé en Chambre! Vous devriez
l'avoir plus souvent!
M. BOURASSA: Ah!
M. ALLARD: Un gisement d'amiante d'au delà...
M. BOURASSA: De la romance.
M. ALLARD: Pardon? De la romance? S'il fallait qualifier les discours du
Pinocchio de la politique provinciale, ce serait ridicule à dire en
Chambre, M. le Président.
M. BOURASSA: C'est vous que l'on veut.
M. ALLARD: S'il y a un homme qui démontre qu'il est enfant, c'est
celui qui, malheureusement, joue le rôle de chef de l'Opposition à
l'heure actuelle.
M. BOURASSA: Calmez-vous!
M. TETLEY: Où se trouve votre premier ministre à l'heure
actuelle?
M. ALLARD: M. le Président, ce gisement d'amiante de 20 millions
de tonnes est actuellement en plein développement, puisqu'on a investi,
à ce jour, au-delà de $26 millions. Or, ce n'est que le
début des investissements que nous devrons réaliser dans
l'immédiat. Je puis dire au chef de l'Opposition que le gouvernement a
déjà accepté d'accorder une subvention d'au-delà de
$2 millions pour la construction de routes nécessaires au
développement de ce gisement.
M. BOURASSA: Quel ministère?
M. ALLARD: Cela créera des emplois pour faire vivre des gens qui
actuellement mettent leur espoir dans les rêves en couleur du chef de
l'Opposition.
M. BOURASSA: Si le ministre veut reprendre son calme et discuter
sérieusement, la subvention de $2 millions, c'est à quel titre,
à quel ministère?
M. ALLARD: La subvention de $2 millions viendra du ministère des
Richesses naturelles qui, si le chef de l'Opposition ne le sait pas, a comme
mission, comme rôle, entre autres choses, de promouvoir le
développement minier au Québec. C'est ce que nous faisons, en
réparant les erreurs, les bêtises du gouvernement libéral
précédent, surtout celles qui ont été faites par
celui qui, à ce moment-là, dirigeait le ministère des
Richesses naturelles et qui a fait plus pour nuire à l'économie
du Québec...
M. BOURASSA: D'accord, d'accord.
M. ALLARD: ... que le parti pourra en faire dans les années
à venir.
M. BOURASSA: Répartie sur combien d'années, la
subvention?
M. ALLARD: Sur une période de trois, quatre ou cinq ans, suivant
les besoins.
M. BOURASSA: Ah oui. C'est beaucoup trop clair.
M. ALLARD: Ah, vous nous avez parlé de vos politiques en couleur
pour les 25 années à venir! Vous n'avez rien de concret dans vos
livres pour cette année ou pour l'an prochain. Ah mon Dieu, nous vous
avons écouté à la télévision. Arrêtez
donc! Les enfants vous prennent pour un collégien.
M. le Président, dans ce même secteur ouest de la baie de
l'Ungava, d'importants gisements de fer ont été
découverts, mais n'ont pas encore été mis en exploitation
faute de moyens de transport adéquats. La grande concentration
s'effectue actuellement autour de Schefferville, Wabush et Labrador City. On
peut estimer à quelque 15 millions de tonnes le minerai de fer
acheminé par train chaque année depuis ces mines jusqu'à
Sept-Iles, d'où les cargos le transportent vers les Grands Lacs, la
côte est des Etats-Unis ou encore en Europe.
Comme on le sait, des cargos géants d'au-delà de 150,000
tonnes viendront très prochainement, à la suite
d'aménagements actuellement
en état de réalisation, à Sept-Iles et à
Port-Cartier pour transporter du minerai de fer traité vers des
actéries qui en feront la production. Quebec Cartier Mining est aussi,
j'imagine, M. le Président, une compagnie assez connue pour que le chef
de l'Opposition puisse, de temps en temps, y faire allusion.
M. BOURASSA: Je l'ai fait.
M. ALLARD: En effet, dès le mois de novembre dernier, le
président de cette compagnie, M. Paterson, annonçait un
investissement de l'ordre de $200 millions pour exploiter une nouvelle mine de
fer au mont Wright, à une trentaine de milles de Wabush, étant
donné que les gisements du lac Jeannine, à Gagnon,
s'épuisaient rapidement.
Les travaux vont démarrer dès ce printemps et la
construction d'une nouvelle ville minière semble très
réalisable actuellement. Un prolongement de 190 milles du chemin de fer
de Port-Cartier-Gagnon jusqu'au mont Wright et, de là, i Labrador City,
semble possible. On veut transporter annuellement 8.5 millions de tonnes de fer
traité vers Port-Cartier dont les quais, comme on le sait ou comme on
devrait le savoir, seront doublés en capacité pour l'année
1969-70.
Parmi les autres endroits, M. le Président, je mentionne Great
Whale Iron Mines, situé dans le bassin de labaied'Hudson, où des
découvertes importantes de fer, près de
Poste-de-la-Baleine, à Fort Georges, sur la baie James, où
on estime la quantité de minerai enfoui sous terre à quelque deux
milliards de tonnes.
Le problème du transport, évidemment, handicape
présentement cette exploitation. Il va falloir envisager la construction
d'autres quais en eau profonde pour relier les mines de la baie d'Hudson et
d'une voie ferrée depuis cet endroit jusqu'à Schefferville. Si,
il y a quelque trente ans, nous avons réussi à développer
avec les moyens financiers et techniques du temps, à développer,
dis-je, une route et un chemin de fer, ce qui, selon les gens pessimistes comme
le chef de l'Opposition du temps, était une folie, on peut croire
qu'avec les moyens d'aujourd'hui et avec les ingénieurs qui sont en
mesure de produire de tels développements, d'Ici cinq ans ces
réalisations seront chose faite et procureront au Québec un
débouché pour nos jeunes qui veulent se procurer du travail.
M. TETLEY: Il y en a beaucoup... M. ALLARD: Pardon?
M. TETLEY: n y en a beaucoup de jeunes qui cherchent un emploi
aujourd'hui.
M. ALLARD: Malheureusement, M. le Président, dans les mines, nous
serions en mesure de leur offrir du travail...
M. BERTRAND: Et même dans l'Opposition...
M. ALLARD: ... et on ne semble guère s'intéresser à
ce domaine, à tel point que nous avons décidé d'organiser
dès cette année, dans deux écoles, à Thetford et
à Rouyn-Noranda, des spécialités pour attirer des
techniciens en mines afin de les préparer pour un travail où on a
besoin de cette main-d'oeuvre qu'on doit aller chercher ailleurs
présentement.
M. le Président, si on parle des développements futurs, on
se base sur ce qui n'a pas été fait dans le passé. Or, ce
qui a été rendu possible avec les moyens du temps est
certainement facilement applicable pour l'avenir. On connaît la
région de Chibougamau avec les compagnies Campbell Chibougamau, Icon
Sulliven, Patino Mining. C'est un district des plus rentables au
chapitre de l'exploitation minière, à cause de ses riches
gisements de cuivre, d'or et d'argent, et l'on vient, tout dernièrement
encore, d'y découvrir des gisements d'amiante et de fer. Depuis 1950,
Chibougamau, avec une population actuelle d'au-delà de 5,000 âmes,
est reliée à Saint-Félicien, au Lac Saint-Jean, par une
route d'accès, un chemin de fer, etc.
La ville de Chapais, à quelque 40 milles à l'ouest de
Chibougamau, connaît d'importants développements. Opemiska Copper
doit, dès 1970, doubler la capacité d'un atelier de
transformation, et l'on bâtira dès le printemps une soixantaine de
maisons familiales pour héberger la nouvelle main-d'oeuvre dont on aura
besoin, créant ainsi de l'emploi à ceux qui veulent s'y
intéresser.
Dans la région du lac Mistassini et du lac Albanel, au nord de
Chibougamau, se trouve la compagnie Iron Syndicate qui se propose d'y exploiter
des gisements de cuivre et de plomb, tandis que Soquem, avec d'autres
entreprises privées, poursuit des recherches sur des dépôts
d'uranium.
Que dire de Quebec Iron Ore? C'est une des entreprises minières
les plus importantes dans le Québec pour l'exploitation de gisements de
fer. Elle se propose de faire des investissements de plusieurs centaines de
millions dans de nouveaux procédés techniques pour utiliser le
minerai de faible teneur, ce qui aura pour effet, évidemment, de
prolonger la durée de l'exploitation minière dans toute la
région de Schefferville.
Dans le district de Matagami-Joutel, les com-
pagnies Matagami, Lake Orchan, New-Hosco, Joutel Copper Mines et les
Mines Poirier extraient déjà du zinc, du cuivre, de l'or et de
l'argent. A l'est de Matagami, de nouveaux dépôts de fer d'une
grande capacité viennent d'être découverts. H s'agit de
futurs développements miniers importants, surtout si le projet de
construire une route vers la baie James depuis cette région se
réalise, projet sur lequel nous sommes actuellement en train de faire
des études afin de trouver l'endroit qui conviendrait le mieux au
développement minier, forestier, hydro-électrique, de telle sorte
que toute cette région puisse servir au développement
économique dont nous avons tellement besoin.
M. le Président, en Gaspésie, avec des investissements
d'un montant de $12 millions, les mines Madeleine sont entrées en
production l'automne dernier, soit plus précisément le 12
septembre 1969, et je ne cache pas que ce travail soit dû au chef de
l'Opposition, mais bien à l'encouragement apporté depuis 1966 par
le présent gouvernement à la construction d'une route de contour
de 55 milles, autour du mont McGerrigle, qui a permis de faire cette
découverte, et d'en avoir une deuxième à
côté, Terra Nova, où, durant la construction des mines
Madeleine, nous avons employé pour la période de la construction
500 Gaspésiens qui étaient en chômage, et nous avons
assuré, pour au moins 25 ans à venir, de l'emploi à 140
personnes de la Gaspésie qui étaient en chômage.
Comme on le sait, pour chaque personne qui travaille dans les mines,
nous procurons du travail à six personnes à côté.
C'est ça l'impact pour la Gaspésie, dans ce seul cas.
Gaspé Copper Mines, à Murdochville, est en train d'étudier
un projet très sérieux qui peut amener, pour la région
directe, immédiate de la Gaspésie, un impact économique
extrêmement important. On sait que cette compagnie a les moyens de
poursuivre les études qu'elle fait actuellement, et nous sommes
convaincus d'avance qu'elle apportera des résultats. L'appui que le
gouvernement pourra lui donner lui est assuré d'avance. C'est ce qui les
encourage à continuer les études pour réaliser ce travail
important qui bénéficiera à cette partie de la province
qui en a peut-être plus besoin qu'ailleurs.
Le ministère des Richesses naturelles consacrera cette
année un montant de près de $7 millions à la construction
déjà commencée, comme je le disais tout à l'heure,
d'une route d'accès de 56 milles autour du mont McGerrigle, dans ce parc
de la Gaspésie, afin de susciter la recherche à la prospection et
d'ouvrir de nouveaux territoires qui combattront efficacement le
chômage.
On sait par expérience que lorsque l'on fait des routes
d'accès aux mines, on intéresse les prospecteurs à s'y
rendre, à faire des découvertes qui, par la suite, sont mises en
opération et automatiquement produisent des emplois qui aident nos gens
qui en ont besoin.
Dans le bout de l'Abitibi, au mois de novembre, nous avons
inauguré une mine du nom de Delbridge, filiale de Falconbridge, une mine
de cuivre à Noranda avec des investissements de l'ordre de $640,000;
valeur du gisement estimée à un montant de$6 millions, nombre
d'employés, une cinquantaine de personnes à l'année pour
des années à venir.
Parmi d'autres projets, je peux vous en nommer dans le bout de Vimy
Ridge, dans la région de Thetford, où des travaux de forage sont
entrepris par Asbestos Corporation au coût de $2,500,000. Nous allons,
avec ces millions, faire travailler des gens, et faire progresser un
développement qui va orienter à nouveau l'industrie
minière du secteur.
Des investissements anticipés au montant de $5 millions dans ce
même secteur pour la production de la mine, une fois les travaux
préliminaires terminés.
Autour de Mont-Laurier, on connaît le développement qui se
fait à la suite de recherches d'uranium. On sait que plusieurs
compagnies y sont intéressées, que des travaux sérieux s'y
développent, on sait qu'il y existe des possibilités, on sait
surtout que le jour où on mettra ces mines en opération
non pas lorsque le chef de l'Opposition aura pris le pouvoir, c'est trop
lointain mais dans les années à venir, en
commençant par l'année 1970.
M. le Président, comme on le sait, nous avons pris en main une
société du nom de Soquem, créée avant notre
arrivée au pouvoir. Nous avons essayé de lui apporter toute
l'aide dont elle avait besoin pour continuer à se développer.
Cette année, à cause des nombreuses opérations qu'elle
peut faire, mais étant donné les limites de son capital, il a
fallu réduire le nombre de ses activités. Le gouvernement a
toutefois décidé, dans le budget du mois d'avril, de lui accorder
une augmentation d'au-delà de la moitié de ce qu'elle retire
actuellement pour lui permettre de faire de nouveaux développements et
de nouvelles recherches qui vont créer de l'emploi pour des centaines et
des centaines de gens qui veulent y participer.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): A l'ordre! Je dois informer
l'honorable ministre des Richesses naturelles que son temps sera
écoulé dans une minute, à moins d'obtenir le consentement
unanime de la Chambre.
M. ALLARD: Je termine en disant que le gouvernement actuel a su, en
moins de quatre ans, redonner pleine et entière confiance au monde
financier canadien et américain en lui assurant des possibilités
d'investissement au Québec. Il a fallu rebâtir un climat
complètement détérioré par l'ancien gouvernement,
par l'entremise de l'ancien ministre des Richesses naturelles, qui poussait les
financiers à aller investir en dehors de la province de Québec.
Nous les avons ramenés.
Dernièrement, le vice-président de Falconbridge
déclarait publiquement ici, à Québec, que l'endroit le
meilleur pour faire des investissements miniers était la province de
Québec. C'est le travail de l'Union Nationale, et c'est pourquoi nous
allons continuer à agir de cette manière.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Vice-président, je voudrais tout d'abord vous
féliciter de votre nomination, ainsi que le président
lui-même. Vous l'avez très bien mérité. Je vous
souhaite tout le jugement de Salomon pendant une période
d'élection qui sera probablement très difficile.
Je voudrais aussi souligner avec plaisir l'élection de
l'honorable député de Mercier au poste de chef du Parti
libéral du Québec. Ce choix s'avère le commencement d'une
ère nouvelle si nécessaire au Québec depuis longtemps. Ce
sera une époque où le rôle du gouvernement sera celui d'un
administrateur scientifique et moderne, d'un comptable qui sait compter, de
parlementaires qui connaissent les chiffres et qui sont prêts à
s'occuper efficacement de l'argent.
Je voudrais également attirer votre attention sur la
manière dont l'honorable député de Louis-Hébert a
occupé jusqu'au bout son poste de chef de l'Opposition. Il fut toujours
présent en Chambre, toujours au courant de ce qui se passait et toujours
fidèle à son devoir, à son parti et à sa province.
Finalement, qu'il me soit permis de louer le dévouement du leader
parlementaire, l'honorable député de Chambly, qui a
accepté, avec dignité et courage, le résultat de la course
à la chefferie et qui s'est rallié au nouveau chef et au parti
avec une grandeur que chacun admire; sa province a besoin de ses services.
M. le Président, j'appuie fortement la motion de blâme du
chef de l'Opposition, appuyée par le leader parlementaire de
l'Opposition.
Cette motion se lit comme suit: «Que le gouvernement aurait
dû proposer dans le discours inaugural les mesures nécessaires
pour assurer le développement économique du Québec et pour
combattre le chômage. » Un chômage dont le ministre des
Richesses naturelles vient de parler pendant presque en tout son discours de
trente minutes.
Il y en a du chômage. Malgré le chômage et
l'état de l'économie, le discours inaugural du premier ministre
et les récentes déclarations publiques du ministre des Finances
et du ministre de l'Industrie et du Commerce nous montrent le manque de
cohésion du gouvernement actuel. Au lieu de faire face aux
véritables problèmes, celui-ci s'occupe de la constitution et
d'une lutte stérile avec Ottawa.
Les problèmes du Québec sont tout d'abord d'ordre
économique, surtout le chômage qui, à l'heure actuelle, est
au niveau de 8%. Les chômeurs ne s'intéressent, ni a la
constitution, ni aux nuances des droits, ni aux articles de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique.
Hier, je suis allé dans trois comtés, Saint-Maurice,
Maskinongé et Laviolette. Les gens parlaient tout simplement
d'économie, pas de la constitution. Même le fils de l'honorable
ministre de la Justice a parlé de l'économie, a posé une
question au chef de l'Opposition qui a très bien répondu.
M. le Président, la semaine dernière j'ai envoyé
24,000 questionnaires à chaque famille de mon comté, dans lequel
questionnaire je demandais quel était le problème numéro 1
au Québec, à l'heure actuelle. J'ai un exemplaire, ici, de la
lettre et du questionnaire. J'avais donné neuf choix: éducation,
chômage, langue, économie, pollution, coût de la vie,
séparatisme, constitution, crime, autres. Je fus inondé de
réponses, malgré la grève des postes à
Montréal, soit par écrit, soit par téléphone.
A remarquer que 85% des réponses étaient signées.
Quatre-vingts pour cent de gens ont placé, en premier lieu, pas la
constitution, mais l'économie, le côut de la vie et le
chômage. Ensuite, venaient l'éducation et la pollution.Les autres
articles étaient loin en arrière. Je n'ai pas encore fait
l'addition finale des réponses, mais moins de 2% des électeurs
ont trouvé que la constitution était le problème no 1,
moins de 2%. Si le premier ministre et le gouvernement actuel s'occupent
uniquement de la constitution aux prochaines élections, le gouvernement
n'aura, selon mon sondage, que le vote de ces 2%.
Le peuple est beaucoup plus préoccupé par le coût de
la vie et le chômage. C'est pourquoi, face au discours inaugural et
à la politique du gouvernement actuel, qui sont loin de la
réalité, la motion de blâme de l'honorable chef de
l'Opposition doit être appuyée ici en Chambre.
Je voudrais faire remarquer en passant, pour le bénéfice
du député de Laurier, que, sur les 150 réponses que j'ai
additionnées jusqu'ici, personne n'a trouvé que le
séparatisme était le problème no 1. La population ne
s'occupe pas de ce problème constitutionnel. L'économie est
à l'ordre du jour, et je donne avis au député de Laurier
que lui aussi perdra ses élections, puisque son option n'est pas la
question primordiale.
Ce n'est pas un grand souci à l'heure actuelle, apparemment, pour
les anglophones; ce n'est pas non plus d'un grand intérêt pour les
francophones. N'oubliez pas que, dans le comté de
Notre-Dame-de-Grâce, 25% des électeurs sont de langue
française et 75% de langue anglaise.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce a parlé vendredi des
$200 millions, sans doute parce que son gouvernement a l'intention d'imposer de
nouvelles taxes. Le ministre de l'Industrie et du Commerce voudrait nous
convaincre que le gouvernement est incapable de s'occuper du peuple sans
recevoir d'autres revenus; mais je crois que le problème n'est ni le
manque de revenus, ni le manque de taxes, qui sont les plus
élevées de toute l'histoire du Québec, mais bien les
dépenses exorbitantes et le manque de planification dont fait preuve le
gouvernement de l'Union Nationale.
Le budget de l'année dernière fut un budget record, suivi
de quatre autres budgets supplémentaires, et on s'attend à un
cinquième avant le 31 mars. Je crois en effet que le ministre des
Finances a annoncé aujourd'hui ce cinquième budget
supplémentaire. Pour faire face à ces dépenses
élevées, il faut augmenter les revenus, mais, cette année
étant une année électorale, le ministre des Finances est,
de toute évidence, soumis à la contrainte et ne peut pas
augmenter les impôts. Le gouvernement a-t-il choisi comme solution de
couper les dépenses? Pas du tout. Le gouvernement a décidé
d'attaquer le fédéral de la manière désuète
employée par Duplessis et Mackenzie King, qui ont lutté l'un
contre l'autre, Duplessis pour le Québec et Mackenzie King pour Ottawa.
Taschereau, lorsqu'il était premier ministre du Québec a aussi
fait le même jeu avec Mackenzie King. Mais, aujourd'hui, le peuple du
Québec n'est pas prêt à accepter des luttes intestines, des
luttes constitutionnelles. Je l'ai vu hier dans les trois comtés que je
viens de mentionner.
Au lieu de parler de la constitution et des sommes que doit le
fédéral, il existe pour le gouvernement un moyen légitime
et depuis longtemps souhaitable: celui de réduire les dépenses.
Bien que l'année 1969 ait été présentée
comme une année d'austérité, le budget a accusé une
augmentation de 12% sur celui de 1968, auquel il faut ajouter les quatre
budgets supplémentaires, soit $140 millions ou 4.5% de plus. Pendant ce
temps, le gouvernement de l'Ontario et le gouvernement fédéral
ont su obtenir des résultats plus satisfaisants, grâce à
une planification adéquate et à l'établissement de
priorités. Il en résulte, pour l'Ontario, une augmentation de son
budget de seulement 7.5%, et, pour le gouvernement fédéral, de
9.5%. A la lumière de ce qui précède, il apparaît
que le gouvernement provincial doit ajourner quelques projets, en rogner
d'autres et planifier intelligemment. Le gouvernement ontarien y a
réussi, parce que son trésorier a insisté l'année
dernière pour que chaque ministère établisse une
planification financière quinquennale. Des priorités ont pu ainsi
être établies, entraînant des réductions de
dépenses dans certains ministères et des augmentations dans
d'autres.
Québec doit faire la même chose, and Iwould like to say
this in English: Quebec must start planning now.
Perhaps it is too late. It is ridiculous to think that the Education
Department in Quebec has a budget of a billion dollars, $1,000,000,000, and it
has no five year financial plan, this according to the admission of the
Minister of Education.
What business...
M. BELLEMARE: Je voudrais simplement, M. le Président, si
l'honorable député me le permet, faire remarquer que l'honorable
député sort considérablement de l'article 276,
deuxièmement. Mais je n'ai pas d'objection, M. le Président;
qu'il continue. Lorsque j'interviendrai, je voudrais bien que la même
justice distributive s'applique aux deux côtés de la Chambre. Je
vous fais remarquer, M. le Président, qu'il est dit à l'article
276: « Quand l'amendement en discussion n'aurait pas pour effet, s'il a
été adopté, d'écarter la question principale sur
laquelle il est proposé, la discussion doit être restreinte
cependant à cet amendement. »
Je pense, M. le Président, que l'on s'éloigne
énormément, en ce moment, de la discussion, mais j'en prends
note. C'est pour signaler à la Chambre et au Président, lorsque
nous ferons une intervention, qu'à ce moment-là, nous ne soyons
pas dérangés par ceux qui viendront nous dire que nous sortons de
la motion.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais répondre à
l'honorable ministre du Travail exactement par ce que le ministre de
l'Industrie et Commerce a dit; « Nous avons besoin de nos $200 millions.
»
M. BELLEMARE: Nous n'avons pas d'objection que vous répondiez,
mais sur le discours inaugural et non pas sur l'amendement. L'amendement est
bien spécifique, M. le Président, il dit en toute lettre: «
... pour assurer le développement économique du Québec et
pour combattre le chômage. » En ce moment le député
fait justement un discours sur le discours inaugural, et nous n'y avons pas
d'objection. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, lui, avait droit de
parler sur l'économie et c'est ce qu'il a fait.
M. TETLEY: L'honorable ministre de l'Industrie...
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): Al'ordrel Je ferai remarquer
aux honorables députés que le point d'ordre de l'honorable
ministre du Travail a déjà été soulevé au
cours de ce débat. Le président lui-même a accordé
beaucoup de latitude aux opinants. Je crois que nous allons laisser continuer
le député de Notre-Dame-de-Grâce dans la même veine
que les autres opinants jusqu'à présent.
M. TETLEY: Je vous remercie, M. le Président.
M. BELLEMARE: Je prends bonne note, M. le Président, de cette
nouvelle intervention.
M. TETLEY: M. le Président, je voudrais citer le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui parlait à la suite et au sujet de
l'amendement du chef de l'Opposition. Je me reporte à la page 60 du
journal des Débats, du vendredi 27 février, quatrième
paragraphe: il a parlé des $200 millions durant le débat de la
motion de blâme et je voudrais expliquer où trouver ces $200
millions et beaucoup plus: c'est dans la planification au Québec.
Je regrette que le ministre du Travail n'aime pas cette critique, cette
observation et cette suggestion, mais je soumets respectueusement, M. le
Président, que le gouvernement doit chercher, pas ailleurs, pas à
Ottawa, pas par des boucs émissaires, mais chez lui, ces $200 millions
ou $400 millions.
Mr. President, I find this lack of planning in my brief experience in
this House, to be one of the most important problem facing Quebec today. Je
cite encore la page 60, c'est que le gouvernement cherche à Ottawa et y
cherche des excuses.
It is important that the Government start planning and planning now,
like every other ordinary business. It is impossible to believe and I
repeat that the Ministry of Education does not have a five year plan, a
one year plan or a two year plan.
M. le Président, je reviens au discours du ministre de
l'Industrie et du Commerce, à la page 60, sixième paragraphe. Il
y dit que c'est le fédéral qui a presque tous les pouvoirs pour
combattre l'inflation.
Mais voici ce que l'Ontario a fait, M. le Président, et je cite
l'honorable Charles MacNaughton dans les Débats de la
Législature d'Ontario j'ai une copie ici le 4 mars 1969,
à la page 1805, lorsqu'il parlait de planification pour couper les
dépenses du gouvernement. Je traduis, mais vous pouvez le trouver en
anglais. « Cela représente une contribution positive par laquelle
l'Ontario lutte contre la poussée inflationniste actuelle et soulage la
pression sur le marché des capitaux. » Nous savons tous que
l'Ontario se plaint d'Ottawa, mais nous savons tous que l'Ontario prend ses
propres responsabilités.
M. le Président, les dépenses augmentent au Québec.
Le budget augmente. Et les $200 millions, on peut les trouver ici.
N'oubliezpas, il y a une autre réponse au ministre du Travail. Ces $200
millions sont l'argent du peuple. Cette année qui se termine le 31 mars
1970, le budget total, y compris les dépenses courantes, les
dépenses en capital et le service de la dette, au Québec, sera
à peu près $3,315,000,000. Une somme élevée,
énorme. N'oubliez pas que le budget de l'an dernier était
de$2,769,000,000. A la fin des années 1960-1966, la fin du gouvernement
Lesage, le budget n'était que de $1,860,000,000.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce et le ministre des Richesses
naturelles ont parlé surtout des industries qu'on veut avoir au
Québec. Ils ont parlé d'investissements au Québec. Je cite
encore le ministre de l'Industrie et du Commerce, à la page 60 du
journal des Débats du vendredi 27 février: « Le
Québec n'a pas en main tous les éléments
nécessaires à l'élaboration d'une politique
économique.» Mais, si le Québec était
séparé, les Etats-Unis et les autres provinces auraient une
influence économique énorme. Nous n'aurions jamais la
maîtrise de nous-mêmes.
Au moins, le ministre des Affaires culturelles, récemment, a
admis et je dois l'admirer que la langue que le
Québec soit séparé ou non se trouvera dans la
même position. Et je crois que, si le Québec était
séparé, on se trouverait dans une position bien pire
qu'aujourd'hui.
M. le Président, j'ai deux articles de journaux, ici, très
intéressants: Un se rapportant
à la fameuse déclaration de l'honorable ministre des
Finances, première page de l'Action, Québec, le jeudi 26
février 1970, intitulé, en lettres majuscules: « L'UN fera
l'indépendance du Québec en 1974 CBeaulieu) ».
C'était une déclaration faite au moment de l'ouverture de notre
Assemblée nationale. Voici un autre article, dans le Soleil, 25
février, au moment de l'ouverture de l'Assemblée
législative d'Ontario. Voici la différence. On parle de
l'indépendance et les autres veulent des investissements. Qu'est-ce
qu'on dit? L'objectif en Ontario c'est le titre « Objectif
en Ontario ». Quel est l'objectif, en Ontario? Voici: « Un climat
aussi honnête que profitable pour le monde industriel et commercial.
» Comment le ministre des Richesses naturelles espère-t-il trouver
des investissements américains, d'Europe ou des autres provinces
après les déclarations du ministre des Finances? Which «
manchette » is going to help investment? We have been told investment
must be doubled from $3.5 billions to $7 billions in the next five years.
J'aimerais que le ministre du Travail, le ministre des Richesses
naturelles ou le ministre de l'Industrie et du Commerce réponde à
cette question. Le ministre de l'Industrie et du Commerce a parlé
d'investissements, de tout ce qu'ont fait le bill 23 et le bill 24 et de tout
ce qu'on va faire. En quoi en première page de l'Action du 26
février 1970 la déclaration de M. Beaulieu aide-t-elle
l'investissement au Québec? Je termine par deux...
Ah, le ministre des Affaires culturelles, au moins, m'a applaudi. Je le
remercie. Je lui ai fait un compliment tantôt.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est parce que personne ne vous applaudit de
l'autre côté. Comme ancien confrère, je vous applaudis.
M. TETLEY: Ils ont tous lu mon discours d'avance.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas un discours; ce sont des bouts de
journaux.
M. TETLEY: Ah oui, mais vous n'aimez pas cela. Je viens de vous faire un
compliment. Vous étiez absent, c'est dommage. Mais vous pourrez le lire,
pas dans les journaux, parce que...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): De toute façon, je sais que vous
m'approuvez à l'avance.
M. TETLEY: Très bien. Mais je termine avec deux remarques et
trois questions. Le gouvernement blâme le fédéral et, par
ce moyen, se trou- ve un bouc émissaire. C'est, à mon avis, une
grande erreur. Deuxièmement, le gouvernement s'occupe de la constitution
au lieu de l'économie. Comme on dit en anglais: « It is a red
herring to draw across the path of the oncoming dogs which are chasing the fox.
» Un vieux poisson qui sent mauvais. C'est ça, votre politique
constitutionnelle. Tout ça pour forcer l'électorat à
perdre la piste et à négliger le véritable état des
choses.
J'ai trois questions à poser à qui que ce soit du
gouvernement. Première question: Croyez-vous que la déclaration
récente du ministre des Finances au sujet d'une séparation
éventuelle du Québec en 1974 puisse aider les investissements au
Québec de capitaux des autres provinces et de l'étranger?
Croyez-vous que cela puisse doubler l'investissement dans cinq ans, afin
d'éviter encore du chômage?
Deuxième question: Comment les investisseurs étrangers
peuvent-ils être certains de leurs investissements au Québec, si
le ministre des Finances est lui-même incertain au sujet du sort de la
province?
Troisième question: Le ministre de l'Industrie et du Commerce
est-il prêt à dénoncer ouvertement la déclaration du
ministre des Finances au sujet de la séparation?
M. le Président, j'appuie la motion de blâme. Il faut
s'occuper dès aujourd'hui de notre province et de son
économie.
M. LE PRESIDENT (M. Théorét): L'honorable
député de Maisonneuve.
M. André Léveillé
M. LEVEILLE: Permettez-moi, M. le Président, de vous
féliciter d'avoir été choisi pour jouer le rôle de
président de cette Assemblée. Je tiens à vous offrir mes
meilleurs voeux au début de cette session et à vous
féliciter des belles qualités de coeur et d'esprit dont vous avez
fait preuve durant vos présences à ce poste, au cours de la
dernière session. Tous ont été à même
d'apprécier votre impartialité et votre compétence dans le
domaine des règlements de l'Assemblée nationale. Vous me
permettrez, M. le Président, de féliciter le nouveau chef de
l'Opposition qui a accepté la lourde responsabilité d'être
le chef d'un parti.
Sans aucun doute, un très long apprentissage comme chef de
l'Opposition lui sera bénéfique.
Motion de blâme! Pourquoi? Pour qui? En vérité, je
me pose moi-même la question. Motion de blâme alors même que
le gouvernement de l'Union Nationale, le gouvernement
du peuple, peut non seulement affirmer, mais encore démontrer,
prouver, étaler avec légitime fierté le fait qu'il a tenu
ses promesses de 1966 et que, preuves concrètes en main, le gouvernement
de l'Union Nationale a rempli, dans le seul domaine économique comme
dans les autres domaines, la très grande majorité de ce
même programme de 1966.
De 1966 jusqu'à aujourd'hui, l'Union Nationale a
été le moteur, l'instigateur, le créateur de dizaines de
programmes et de mesures destinés à extirper de la torpeur,
où l'avaient conduite les libéraux, l'économie du
Québec.
Non satisfait de ce sauvetage, le gouvernement de l'Union Nationale a
doté le Québec de plusieurs organismes essentiels aux
investissements nouveaux, comme l'Office du crédit industriel, le
ministère des Institutions financières, compagnies et
coopératives, laSociété d'habitation du Québec, la
Société québécoise d'initiatives
pétrolières, le Centre de recherches industrielles, l'Institut
national de recherches et l'Office de planification et de développement
de l'Est du Québec, sans omettre le Conseil général de
l'industrie; bref, de quoi faire rougir de honte le plus carmin des
libéraux.
Motion de blâme! Il est vrai que nous devrions être
accoutumés à la quasi rituelle motion de blâme
déposée par l'Opposition libérale. Il est également
possible que là où nous manquons encore de pratique, c'est devant
une motion aussi dénuée de fondement et de valeur que
celle-ci.
En fait, je ne peux cacher plus longtemps mon étonnement devant
la nature de cette motion d'amendement et surtout devant le choix du sujet sur
lequel s'est fixé le nouveau chef de l'Opposition pour marquer, en
Chambre, son accession à la direction du parti libéral du
Québec.
Pourtant, nous connaissons le chef de l'Opposition comme étant un
homme généralement de bon sens et au talent indiscutable. Il ne
me reste plus qu'à supposer que les nouvelles responsabilités qui
incombent au nouveau chef de l'Opposition sont bien lourdes ou que son
équipe de conseillers est bien inexpérimentée pour qu'il
n'ait pas su voir que l'exercice de style auquel il allait se livrer et qui lui
est pourtant familier était non seulement une erreur, mais allait
tourner au désavantage de son propre parti. Car ce qu'il y a
d'invraisemblable et même d'Incongru, c'est que l'Opposition
libérale propose une motion de blâma précisément
dans le domaine où elle doit battre sa coulpe.
En effet, c'est une chose assurée que le Parti libéral du
Québec, lorsqu'il était au pouvoir de 1960 à 1966, n'a
certainement pas accompli de miracles en matière d'économie.
Sinon, pourquoi l'Union Nationale, en 1966, aurait-elle fait de la mise
sur pied d'une véritable politique économique au Québec
l'une de ses plus grandes priorités? On le sait, la vieille garde, les
responsables de la faillite libérale de 1966 clament bien haut qu'ils
ont été pillés, que ce sont eux qui ont conçu
Sidbec, la Société générale de financement, leurs
plus grands titres de gloire, s'il en est, en quatre ans.
Mais, grands dieux, que l'accouchement fut difficile! Que de cris, de
remue-ménage, d'épuisements cérébraux! Tenez, on en
parle encore. En réalité, quelle distance, quelle démesure
entre la sidérurgie de papier de nos floconneux
prédécesseurs et la vigoureuse Sidbec actuelle! Quelle
différence entre les 5 petits millions investis péniblement dans
la Société générale de financement par l'ancien
gouvernement, lequel disposait alors d'un budget de $2 milliards, et les $50
millions dont l'entreprise dispose présentement! Grâce à
qui? Grâce à l'Union Nationale, qui y a fait une mise
triplée au départ.
Non, dans ce domaine majeur qu'est l'économie, comme dans
d'autres domaines, tout aussi importants, le défunt gouvernement
libéral s'est contenté de projeter, d'imaginer, de penser
économie. Certainement. Economie d'action? Jamais. De fait, les rares
embryons de projets que le gouvernement libéral de 1960 à 1966
s'est contenté de rêver dans le domaine économique, l'Union
Nationale les a totalement remodelés, enrichis, programmés
graduellement et réalisés.
J'admets que, comparées aux théories mirobolantes de
l'Opposition, ces réalisations peuvent faire piètre figure. Elles
ont cependant une vertu: celle d'exister, et surtout de ne pas pécher
par excès de perfectionnisme. Une motion de blâme? Alors que le
gouvernement de l'Union Nationale, non satisfait de mettre sur pied une
politique économique tangible au Québec, non satisfait de combler
le vide de six années d'incurie laissé dans ce domaine par des
chasseurs de chimères, non satisfait d'augmenter de façon
très substantielle les budgets des divers ministères à
vocation économique, a ouvert des bureaux à New York, à
Boston, à Chicago, à Los Angeles, à Düsseldorf, en
Allemagne de l'ouest, sans oublier ceux de Paris et de Londres!
Et l'on vient nous parler d'incompétence administrative!
Là encore, il s'agit d'un non-sens; bien plus, lorsqu'on ne veut pas
entendre parler de démagogie ou lorsqu'on déclare y être
indifférent, on n'en fait pas soi-même. On n'essaie pas, en
matière d'économie, de don-
ner des leçons de fermeté, de responsabilité, de
compétence à un gouvernement qui a fait ses preuves, lui, lorsque
le parti que l'on dirige soi-même possède un si lourd passé
de rêveries dangereuses et d'industries sur papier. Cette rage
d'économie serait-elle le signe d'un repentir tardif, mais
sincère? Qu'à cela ne tienne.
Je suis prêt à me ranger au côté du premier
ministre et à chanter moi aussi les louanges de ceux de l'Opposition qui
contribueraient de manière positive à une économie sans
cesse florissante. Enfin, lorsqu'on se targue d'être un
spécialiste en la matière, on n'escamote pas certaines
données majeures du problème. Ainsi, il ne faut pas oublier de
mentionner toutes les entraves que doit subir le gouvernement du Québec
dans l'accomplissement de son action économique. On n'oublie pas de
faire état des difficultés que rencontre le gouvernement d'une
province dont l'économie dépend en grande partie d'Ottawa, lequel
fournit le cadre général dans lequel se déroule
l'activité économique. On n'omet pas de souligner que le
Québec doit se plier à une politique monétaire qui
relève entièrement d'Ottawa. On n'escamote pas le fait que le
Québec s'est vu dernièrement spolier d'une somme de $200
millions.
Oh, ne croyez surtout pas, M. le Président, qu'il s'agisse
là de mobile électorale. Non, le gouvernement de l'Union
Nationale a mieux à faire que de bâtir sa campagne sur ce litige,
comme se sont empressés d'affirmer certains esprits partiaux.
Mais il reste que le gouvernement du peuple, le gouvernement de l'Union
Nationale, fera tout son possible pour récupérer cette somme,
pour la simple raison qu'il estime que ce montant d'argent appartient aux
Québécois...
M. BLANK: Oui, mais pas au gouvernement.
M. LEVEILLE: ... et que ces derniers ne doivent pas perdre leur chemise,
après s'être fait enlever leur manteau et leurs chaussures par un
gouvernement central uniquement soucieux d'augmenter ses surplus
budgétaires.
M. LAPORTE: Pas des culottes.
M. LEVEILLE: Il ne faut pas oublier de mentionner, lorsqu'on est
impartial, les dernières trouvailles d'Ottawa pour juguler l'inflation
sur le dos des provinces présumées riches; augmentation des taux
d'intérêt, restrictions monétaires, augmentation de
l'impôt fédéral sur le revenu des particuliers,
restrictions des investissements fédéraux, mise à pied
d'employés du gouvernement fédéral. Quant à moi, M.
le Président, j'estime qu'il faut avoir une politique économique
puissamment étayée pour résister à un tel coup de
boutoir. Et l'on dépose une motion de blâme à l'intention
du gouvernement du Québec! Décidément, le non-sens
règne en maître, car il reste encore le chômage. Motion de
blâme, M. le Président, à l'Union Nationale, qui parvient
à créer, en dépit du contexte actuel, 50,000 emplois par
an au Québec! Motion de blâme pour le gouvernement de l'Union
Nationale, qui a eu l'idée d'approuver 134 projets d'investissement de
l'ordre de $136 millions, qui contribueront à créer, au grand
courroux des libéraux, 4,000 nouveaux emplois directs! Motion de
blâme, M. le Président, pour avoir agi en sorte que le
Québec connaisse, au mois de janvier 1970, une diminution de 9,000
chômeurs par rapport à janvier 1969, soit une diminution de .4%,
tandis que l'Ontario et le Canada connaissent des hausses respectives de
chômage de .4% et .2%!
UNE VOIX: Peut-être!
M. LEVEILLE: Pour l'économie au Québec, diverses mesures
ont été prises par le gouvernement du peuple, le gouvernement de
l'Union Nationale, pour stimuler les investissements, faciliter
l'intégration de nos jeunes diplômés au marché du
travail et tonifier l'économie des régions les moins
favorisées.
Mais, si nous renversions la question et si nous examinions d'un oeil
critique les espérances que nous pouvons raisonnablement nourrir sur une
action positive de l'Opposition, car si l'Opposition ne remplit pas le
rôle positif que notre système parlementaire non seulement lui
confère mais encore lui commande de tenir, il sera toujours difficile
pour le gouvernement de compter sur l'Opposition pour le stimuler. L'Union
Nationale travaille à l'édification d'un Québec fort et
dynamique, d'un Québec dans l'avenir duquel chaque citoyen puisse garder
une foi inaltérable. Hélas! malgré les souhaits
exprimés par l'honorable premier ministre, je crains bien que, sous la
houlette de son nouveau chef, l'Opposition ne soit déterminée
à jouer le rôle de frein et non celui d'aiguillon.
Bien plus, tout rénové qu'il soit, il semble que le Parti
libéral continuera de se laisser traîner comme un poids mort. Dans
le cas présent, je me garderai de penser que le spectre d'une prochaine
confrontation électorale pousse l'Opposition à confondre
délibérément, c'est-
à-dire selon une tactique désuète, la contestation
par des motions de blâme ou autres procédures parlementaires.
Cependant, si tel était le cas, à quoi servirait-il de
débarrasser le Parlement de ces nids à poussière et de son
rituel anachronique si certains groupes politiques qui le composent ne se
séparent pas, au prix d'un certain courage, des vieilles tactiques
parlementaires aussi dépassées et aussi négatives que le
rituel auquel je viens de faire allusion?
En terminant, pour le bien de tous les Québécois, incluant
ceux qui siègent à votre gauche, je souhaite que le chef de
l'Opposition retire sa motion de blâme, sinon il faut voter contre cette
motion.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rimouski.
M. Maurice Tessier
M. TESSIER: Je désire appuyer la motion de blâme envers le
gouvernement, proposée par le chef de l'Opposition. Mais avant de donner
mes raisons à l'appui de cette motion, permettez-moi de vous offrir mes
sincères félicitations à l'occasion de votre
élection unanime à la présidence de cette
assemblée, et vous souhaiter tout le succès possible dans vos
nouvelles et délicates fonctions. Mes collègues de ce
côté de cette Chambre qui m'ont précédé ont
fait ressortir plusieurs points qui démontrent l'incompétence et
l'inaptitude du gouvernement actuel à administrer la province, à
ramener la prospérité dont le peuple du Québec jouissait
de 1960 à 1966, et à relancer l'économie qui s'effondre de
mois en mois depuis près de quatre ans.
Pour ma part, je voudrais tout particulièrement traiter de
l'aspect municipal de la question. Les conseils municipaux, plus que tout autre
gouvernement, ont des problèmes financiers sérieux que tout le
monde connaît et admet; mais le gouvernement actuel ne fait rien pour les
résoudre si ce n'est des déclarations de principes, des
présumées études qui s'éternisent et, bien entendu,
beaucoup de promesses, de temps à autre. On sait que le pouvoir de
taxation des municipalités étant limité, le champ de
l'impôt foncier saturé à cause de la taxe scolaire qui
augmente à un rythme désordonné, les municipalités
ont donc demandé au gouvernement, depuis l'automne 1966, de mettre en
vigueur certaines recommandations du rapport Bélanger et ont en outre,
suggéré plusieurs solutions qui ont fait l'objet d'études
approfondies qui étaient contenues dans de nombreux mémoires
soumis régulièrement au gouvernement.
La principale solution proposée au gouvernement, tant par l'Union
des municipalités du Québec que par l'Union des conseils de
comtés, est l'exclusion graduelle, du champ de l'impôt foncier,
des commissions scolaires, sauf peut-être, quant à moi, pour les
industries et les entreprises commerciales.
A l'occasion de l'étude du bill de la ville de Québec, le
9 mars 1967, une première promesse était faite par le chef
d'alors de l'Union Nationale. Je me réfère au Soleil du 10 mars
1967: « Les commissions scolaires du Québec seront
invitées, dans un proche avenir, à laisser complètement le
champ de la taxe foncière aux municipalités. C'est du moins ce
qu'a déclaré, hier, le premier ministre Daniel Johnson, au sortir
de la réunion du comité des bills privés qui terminait
l'étude des demandes de la ville de Québec. »
Moins d'un mois plus tard, le premier ministre répétait la
même promesse à l'occasion de l'étude du bill de
Montréal, et je me reporte à l'édition du Soleil du 7
avril 1967: « Les modifications au régime fiscal de la province
seront initiées à compter du prochain budget 68/69 et viseront
tout d'abord à écarter les commissions scolaires du champ de la
taxation foncière. Le premier ministre, Daniel Johnson, a donné
ces indications, hier, lors de l'étude du bill de Montréal.
« Graduellement, la taxation immobilière sera
réservée aux municipalités, et des experts se penchent
avec nous sur la réorganisation de la fiscalité. » Ce sont
les paroles du premier ministre d'alors rapportées textuellement.
Dans les quelques jours suivants, soit le 19 avril 1967, le chef de
l'Union Nationale et le ministre des Finances et des Affaires municipales, qui,
lui, ne parlait pas de la séparation du Québec,
répétaient la même promesse pour la troisième fois
à l'Union des conseils de comtés. Je cite le Soleil du 20 avril
1967: « Il est plus qu'improbable que l'abolition de la taxe
foncière scolaire que se propose de décréter le
gouvernement pour le prochain exercice financier soit compensée
uniquement par une augmentation de l'impôt sur le revenu. C'est du moins
ce qu'ont laissé entendre, hier avant-midi, le premier ministre Daniel
Johnson et le ministre des Finances et des Affaires municipales, M. Paul
Dozois, devant les dirigeants de l'Union des conseils de comtés de la
province venus présenter leur mémoire annuel. « Par
ailleurs, le ministre Dozois a signalé que les corrections à la
répartition actuelle de la taxe de vente seront comprimées dans
le réaménagement fiscal que le gouvernement
entend mettre de l'avant pour réserver exclusivement le champ de
la taxe foncière aux municipalités. »
Deux mois plus tard, quatrième promesse semblable, et je me
réfère cette fois à l'édition du 20 juin 1967 du
journal l'Action. Ce compte rendu était donné par le journaliste
d'alors, M. Lucien Bouchard, qui, je crois, est maintenant attaché de
presse au ministre des Affaires municipales: « Pas plus que
Québec, la ville de La Pocatière n'a été
favorisée par les législateurs dans sa requête pour obtenir
l'autorisation d'imposer certaines taxes municipales aux institutions
religieuses d'enseignement et aux immeubles gouvernementaux de l'endroit. Le
ministre des Affaires municipales, M. Paul Dozois, a informé le maire de
La Pocatlère, le Dr Dallaire, que tout ce problème complexe des
finances municipales, du partage de l'assiette fiscale et des immeubles non
cotisés fait l'objet d'une étude sérieuse de la part du
ministère des Affaires municipales et que des solutions seront
apportées globalement. »
Deux jours après, cinquième promesse de la part du
gouvernement de l'Union Nationale. Je cite l'édition du Soleil du 22
juin: « Le gouvernement du Québec espère annoncer dans sept
ou huit mois quelle sera la formule choisie pour libérer le champ de
l'impôt foncier aux municipalités, selon le ministre des Finances,
M. Paul Dozois. Celui-ci répondait à des questions à ce
sujet que lui posaient hier après-midi le chef de l'Opposition
libérale, M. Jean Lesage, et le député libéral de
Mercier, M. Robert Bourassa. »
Sixième promesse, en date du 25 septembre 1967. Je cite un
article du Devoir publié le 26 septembre 1967, rapportant une
dépêche provenant de Mont-Gabriel: « Nous devons permettre
aux municipalités de se financer par elles-mêmes, a dit en fin de
semaine le ministre Paul Dozois devant l'Institut canadien des affaires
publiques. Une étude a été entreprise depuis quelques mois
afin de libérer, pour les municipalités, le champ de la taxe
foncière qui est actuellement envahi à 70% par les commissions
scolaires », a dit M. Dozois. Et il poursuit: « Actuellement, la
propriété foncière n'a aucune relation avec
l'éducation. Aujourd'hui, la propriété foncière est
surchargée et les municipalités ne peuvent accroître leurs
revenus. » C'est le ministre qui prononçait ces paroles. «
Le ministre a dit qu'il espère pouvoir annoncer très
bientôt un programme gouvernemental visant à libérer le
champ de l'impôt foncier. »
Quelques mois plus tard, le 21 décembre 1967, c'est au tour du
ministre actuel des Af- faires municipales, à faire une
déclaration comme nouveau titulaire de ce ministère. Je cite le
Soleil du 22 décembre 1967: «Au cours d'une entrevue
accordée au représentant du journal Le Soleil, M. Lussier a
précisé que plusieurs politiciens reconnaissent que la
propriété foncière n'a plus actuellement de relation
directe avec l'éducation. Le nouveau ministre, nommé le 31
octobre dernier, a reconnu que le gouvernement doit songer, et qu'il songe
effectivement, à une telle éventualité. Il a
signalé que des comités d'étude scrutent toute cette
question depuis environ un an afin d'établir un processus.
L'opération se fera par étapes pour libérer
complètement le champ de la taxation foncière en faveur des
municipalités. Pourrait-on voir l'amorce d'une telle opération en
1968? A cette question, le ministre répond textuellement: Je ne peux
évidemment pas me prononcera la place du ministre des Finances, M. Paul
Dozois, mais je crois bien qu'il est permis d'avoir un espoir, un bon espoir.
»
D'ailleurs, le premier ministre et chef de l'Union Nationale soutint
alors son ministre des Affaires municipales, puisque, quelques mois plus tard,
il a fait, au nom du gouvernement de l'Union Nationale, une promesse semblable
et cela, pour la huitième fois. Nous la retrouvons dans le Nouvelliste
du 15 février 1968: « Répondant au mémoire annuel
présenté par 1'UCC au Parlement et aux observations du
président de l'organisme rural, M. Lionel Sorel, le premier ministre, M.
Daniel Johnson, a laissé entendre que, dans l'élaboration des
nouvelles politiques fiscales, le gouvernement entrevoyait la
possibilité de remettre aux municipalités tout le champ des
impôts fonciers ».
M. le Président, j'en passe, car il me faudrait plus que le temps
qui m'est accordé pour ce discours pour rappeler au gouvernement toutes
les promesses faites et répétées aux municipalités,
mais qui n'ont jamais été respectées. Pendant ce temps, la
situation financière des municipalités se détériore
et le gouvernement actuel de l'Union Nationale ne fait rien pour y
remédier. On forme des commissions d'étude pour étudier
les études faites par d'autres commissions d'étude. Et ainsi,
quatre ans se sont presque écoulés sans que le gouvernement
prenne aucune mesure concrète pour régler le problème
primordial et urgent de la fiscalité municipale. N'est-ce pas là
une autre preuve de l'inaptitude totale du gouvernement actuel à
administrer la province?
Surtout, qu'on ne vienne pas me dire que cela dépend d'Ottawa et
des $200 millions qu'on n'a pu récupérer! Le gouvernement de
l'Union Nationale a gaspillé plus que cela en quatre ans,
en dépenses inutiles et frivoles, en dépenses de prestige
et sous prétexte d'autonomie. Combien de dizaines de millions pour
l'Office d'information et de publicité, pour les voyages des ministres
et des hauts fonctionnaires partout à travers le monde, pour
Radio-Québec qui n'est qu'une officine, de patronage, pour le Centre de
main-d'oeuvre du Québec, dédoublement inutile de l'organisme
fédéral, pour la Société d'habitation du
Québec qui, pour les trois quarts, ne sert qu'à étudier
des projets qui sont déjà financés à 100% par la
Société centrale d'hypothèques et de logement, tout en se
gardant bien de dévoiler publiquement la provenance des fonds? Combien
de millions pour l'achat de tapis au parlement, l'achat de voitures et le
salaire des conseillers spéciaux dans tous les ministères?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
Il ne fait aucun doute que, si l'honorable député
était à discourir sur la motion principale, il pourrait le faire
dans le sens qu'il le fait actuellement. Cependant, nous sommes sur une motion
d'amendement, proposée par l'honorable chef de l'Opposition, amendement
qui est dans des termes fort précis. Je crois qu'actuellement
l'honorable député s'en éloigne. Je lui demanderais donc
de porter une attention spéciale à cette remarque.
M. LAPORTE: M. le Président, jusqu'ici, quelques orateurs se sont
exprimés. Je vous remercie d'intervenir pour rappeler aux
députés le sujet de la motion. Puis-je vous demander pour les
députés de la gauche, enfin, pour tous les députés,
la même mesure, la même latitude qui a été
accordée jusqu'ici? Il reste que ce que disait le député
de Rimouski sur ce qu'il prétend être du gaspillage ou des
nominations non justifiées peut directe ment être la cause de la
situation économique que l'on déplore actuellement dans la
province de Québec.
M. BERTRAND: C'est du patinage.
M. PAUL: C'est une invitation que le député de Chambly
vous a présentée avec beaucoup de courtoisie, parce qu'il ne
semblait pas trop, trop convaincu de ses arguments.
Je comprends, M. le Président, que vous avez
démontré, jusqu'ici, une certaine libéralité qui
est tout à votre honneur, mais lorsque l'honorable député
de Rimouski se lance dans un sujet de discussion qui est, à notre point
de vue et surtout au vôtre, M. le Président, carrément
éloigné du fond de la motion, je crois que nous ne pouvons
tolérer un tel écart.
Cependant, si l'honorable député a l'intention de revenir
au coeur même de la motion de blâme présentée par son
chef, nous l'écouterons avec beaucoup d'intérêt, et les
règles de la procédure ne seront pas ainsi trop, trop
escamotées.
M. BELLEMARE: On pourrait peut-être lui indiquer aussi ce que cela
a coûté pour les cuisinettes des ministres à Ottawa.
Dans une année d'austérité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Je pense qu'on aura remarqué que, depuis le début du
débat sur cette motion d'amendement, nous avons fait preuve d'une
certaine libéralité, pour répéter l'expression de
l'honorable ministre de la Justice. Je serais enclin à faire preuve de
cette même libéralité, si l'honorable député
de Rimouski était sur le point de nous indiquer que les chiffres qu'il
donne ont une incidence économique.
M. TESSIER: M. le Président, pour continuer
1'énumération des millions gaspillés, je dirai simplement:
Et le reste, et le reste.
Si le gouvernement actuel...
M. BERTRAND: C'est la meilleure partie de votre discours.
M. TESSIER: ... est inapte à négocier, au nom des
municipalités, auprès du gouvernement central, qu'on permette
alors aux municipalités du Québec de négocier directement
avec le gouvernement fédéral. Cela ne pourra sûrement
être pire, et, pour ma part, je suis convaincu que les résultats
seront sûrement meilleurs et plus expéditifs.
L'Union des municipalités du Québec et l'union des
conseils de comtés ont présenté, depuis quatre ans,
plusieurs mémoires suggérant au gouvernement actuel de nombreux
autres moyens d'améliorer les finances municipales. Ce n'est pas mon
intention de relire, même partiellement, ces mémoires, mais je
tiens à souligner, en particulier au ministre des Affaires municipales,
l'absence presque totale de dialogue entre lui-même et les
représentants des municipalités. Je réitère donc,
pour les municipalités du Québec, les demandes suivantes: La
formation immédiate d'un comité permanent provincial-municipal
qui devrait siéger régulièrement, à dates fixes; de
même, la création d'une caisse de financement municipal;
l'abolition complète de l'exemption d'impôt foncier sur certains
immeubles, sauf ceux affectés exclusivement au culte; l'exemption
d'impôt sur le revenu des particuliers pour l'intérêt
reçu
des obligations municipales, comme la chose existe dans plusieurs Etats
américains et où le résultat semble excellent, pour
faciliter la vente à un taux normal des obligations municipales; la
remise aux municipalités des amendes perçues en vertu du code de
la route, du code criminel et autres lois et des frais considérables
encourus par les municipalités devant les cours municipales, comme la
chose existe, d'ailleurs, en Ontario depuis deux ans.
Voilà, M. le Président, ce que le gouvernement actuel
aurait eu le temps de faire depuis quatre ans, s'il avait été
compétent, alerte et désireux de régler les principaux
problèmes municipaux et celui de la fiscalité en particulier.
Heureusement, les élections, qui s'annoncent pour les prochains
mois, pourront corriger cette situation.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Baldwin.
M. Arthur-E. Séguin
M. SEGUIN: M. le Président, vous me permettrez sans doute de
Joindre ma voix à celles de mes collègues pour vous
féliciter de la confiance que vous avez su obtenir de cette
Assemblée, laquelle s'est traduite par votre élection comme
président de ce Parlement. Je ne reviendrai pas sur vos qualifications,
ni sur votre compétence, ni sur vos qualités personnelles de bon
Jugement et d'impartialité que nous connaissons tous, d'ailleurs. Je me
contenterai de vous exprimer bien sincèrement mes meilleurs voeux de
succès et de satisfaction personnelle que vous pourriez avoir dans
l'accomplissement d'une tâche qui ne manquera certainement pas
d'être difficile parfois, en cette session, présumément la
session qui verra à faire élire un nouveau Parlement et un
nouveau gouvernement pour notre province aux élections prochaines, pour
ne pas dire immédiates.
Je profite aussi de l'occasion pour féliciter votre
prédécesseur et ses collègues qui ont fait leur
entrée au cabinet depuis la dernière session. Mon seul regret est
bien de constater qu'ils n'auront pas le temps d'apporter leurs talents et
leurs efforts à leurs ministères respectifs. Je les
félicite quand même et bien sincèrement de la confiance
qu'ils ont méritée de la part de leur chef, le premier ministre.
Je regrette aussi la démission du député de Champlain
comme leader parlementaire du gouvernement. Nous regretterons tous, sans doute,
ses explosions d'indignation...
M. BERTRAND: Mais il reste ici encore; ne soyez pas inquiet.
M. SEGUIN: C'est entendu qu'il reste, mais puisqu'il n'est pas leader,
nous ne craignons pas les explosions.
M. BERTRAND: Ah, vous allez voir cela!
M. SEGUIN: ... ses appels routiniers au règlement, ses
colères et son style oratoire incomparé et incomparable. Nous
regretterons peut-être l'absence du seul bleu, pas tellement en contraste
avec le rouge, en ce qui concerne l'humanitarisme et la compréhension
des droits humains. Je regrette le départ, momentanément
peut-être,..
M. BERTRAND: Il reste.
M. SEGUIN: ... d'un excellent leader parlementaire.
M. BERTRAND: Il reste. M. PAUL: Il reste.
M. SEGUIN: Alors, il y a eu changement, M. le Président, depuis
l'annonce de la démission, comme leader parlementaire...
M. BERTRAND: Non, non.
M. PAUL: Non.
M. SEGUIN: ... du député de Champlain.
M. PAUL: C'est mon conseiller.
M. SEGUIN: Alors, nous avons deux leaders parlementaires du
côté du gouvernement.
M. BELLEMARE: Non, non. UNE VOIX: C'est plus fort.
M. SEGUIN: M. le Président, c'est en Juin 1966 que l'Union
nationale est arrivée au pouvoir.
Cette expression s'est avérée quelque peu illusoire
depuis. Car ce parti, ayant obtenu au scrutin la responsabilité de
gouverner, a démontré depuis ce temps non seulement qu'il n'en
avait pas le pouvoir au sens réel, mais qu'il n'avait pas la
capacité de le faire.
Pour ceux de mes collègues qui connaissent l'exposé de la
thèse du Dr Laurent J. Peter et
de M. Raymond Hull, le « Peter principle », il est bien
évident que l'Union Nationale est la preuve vivante du principe qui
s'énonce comme suit et qui s'explique. Pourquoi tout va mal? C'est que,
dans une hiérarchie, chaque membre ou employé tend à
atteindre son niveau d'incompétence. Or, l'Union Nationale l'ayant
atteint déjà ou ayant déjà atteint ce niveau
d'incompétence bien avant 1966, il va de soi que nous ne pouvions nous
attendre a d'autres résultats de ce groupe que ce qui s'est produit
depuis qu'il est à votre droite, M. le Président.
M. BERTRAND: Le député n'est pas gentil. Ce n'est pas
gentil.
M. SEGUIN: M. le Président, je pense bien que le premier ministre
aura toutes les occasions voulues pour ses interventions afin de
répondre aux commentaires du député.
Il est tout de même fantastique de penser et d'apprendre que la
seule défense, la seule excuse, le seul alibi que nous apporte le
premier ministre devant la faillite de la province est la réclamation de
quelque $200 millions d'Ottawa. Que ce soit à tort ou à raison,
peu importe...
M. BERTRAND: Etes-vous pour ou contre ça?
M. SEGUIN: Peu importe, ce n'est pas là la thèse. Ce
montant ne représente tout de même, M. le Président, qu'un
faible pourcentage des frais du paternalisme de son parti. Je voudrais entendre
le ministre du Commerce et de l'Industrie qui, malheureusement, à ce
moment-ci n'est pas en Chambre...
M. BELLEMARE: On va le lui dire. Votre chef non plus.
M. SEGUIN: ... donner les explications voulues et nécessaires en
ce qui concerne les faillites nombreuses, se produisant à un rythme 100%
supérieur à notre plus proche voisin, l'Ontario. Voici, du Bureau
national de la statistique, pour les années 1968/69, le bilan de nos
affaires en ce domaine, pour autant que nous en possédions les chiffres.
Pour les provinces maritimes, en 1968, il s'agissait de 34 faillites pour un
montant de $1,738,000. En 1969, dans ces mêmes provinces maritimes, le
nombre des faillites avait augmenté à 36, pour un montant global
de $2,455,000. Le Québec, en 1968, avait le nombre imposant de 921
faillites pour un montant de $65,381,000.
En 1969, ne voulant rien concéder, mais avec ce grand
désir de rester à la tête des faillites en autant que le
Canada était concerné, nous voyons que la province a le chiffre
magnifique de 1,020 faillites, pour un montant total et global de $80,462,000.
L'Ontario, à ce moment, soit en 1968, en avait 690, donc pour
$50,714,000, en 1969, toujours en comparaison de ce que nous trouvons au
Québec, soit 1,020 faillites pour $80 millions, l'Ontario enregistre 633
faillites pour $36 millions.
Je pourrais aussi vous donner les chiffres pour le Manitoba, la
Saskatchewan, l'Alberta, la Colombie-Britannique. Disons simplement ceci que,
sur le total canadien, le total national en 1969, soit 1919 faillites
représentant $147,268,000 et négligeons les cents
la part de la province est tout de même, sur ces 1,900 faillites, de
1,020 faillites; sur les $147 millions, nous avons le droit de réclamer
$80 millions. Ne serait-il pas logique de conclure que l'exemple
prêché par le gouvernement dans l'administration des affaires de
la province est reflété dans l'économie chancelante de
celle-ci? Ces $80 millions et ces 1,020 entreprises qui ont disparu du bilan de
notre assiette économique en 1969 ont contribué de plusieurs
façons, semble-t-il, à neutraliser une bonne part des bonnes
intentions énoncées par le ministre du Commerce et de l'Industrie
la semaine dernière, et d stigmatiser la bonne foi et la
sincérité du premier ministre. Et de quelle façon? Par le
maintien du manque de confiance chez nous et à l'étranger, de
cette confiance en la stabilité de notre économie; par la perte
d'investissements importants les chiffres déjà
donnés le prouvent ; par l'augmentation des noms sur la liste des
sans-travail je suis certain que le ministre du Travail est
intéressé à ces chiffres ; par la perte de revenus
importants pour la province.
Le ministre du Revenu n'étant pas ici, je suis convaincu d'avance
qu'il s'en fait un problème, par les pertes que les fournisseurs
essuient dans ces faillites, par les difficultés qu'éprouvent
certaines familles à cause de ces échecs c'est l'Union
Nationale qui nous répète qu'elle est près du peuple
et par bien d'autres méfaits que je ne m'attarderai pas à
énoncer.
Je prétends, M. le Président, que le présent
gouvernement s'est prouvé impuissant à saisir le sérieux
de la situation. Je prétends que le gouvernement, ne comprenant pas ce
qui se passe, a perdu la confiance et du peuple et du monde des affaires, de
l'employeur et de l'employé, du riche et du pauvre, du technicien, de
l'ouvrier, du professionnel, des autres provinces canadiennes et du
marché mondial des affaires. C'est pour cela qu'exprimant l'opinion
publique de cette province, le chef de l'Oppo-
sition a présenté une motion de blâme après
avoir détaillé, d'une façon savante, notre bilan
économique. Le chef de l'Opposition a fait une dizaine de
recommandations bien positives, et ces messieurs qui se déclarent
à tout instant prêts à assumer ou à prendre leurs
responsabilités, ces messieurs du gouvernement n'ont pu trouver mieux
à faire que de sourire, d'un sourire quelque peu jaune peut-être
et qui prouvait que tout ce qui venait d'être dit par le chef de
l'Opposition, par le député de Mercier, dépassait leur
compréhension.
Le nombre des faillites monte en flèche dans cette province. L'an
dernier, ce fléau atteignait le chiffre imposant de $89 millions, soit
le double de l'Ontario pour la même période. Il faut noter que
l'augmentation de cette année, par rapport à 1968, atteint le
magnifique chiffre de $25 millions.
Il serait donc normal, M, le Président, de conclure qu'à
cause de l'inflation et de la pénurie des fonds 1970 nous apportera de
nouveaux championnats en ce domaine.
Considérant ces faillites, ne serait-il pas bien à propos
de se demander combien il y en a, sur ce nombre, qui sont frauduleuses ou, du
moins, douteuses? Nous savons que, depuis 1966, une entente entre le
gouvernement fédéral et les gouvernements des provinces
définit bien clairement les responsabilités de chacun. Nous
savons aussi que la Gendarmerie royale, la Sûreté provinciale,
ainsi que le service de sécurité de la ville de Montréal,
ont chacun des tâches à remplir en ce domaine.
Mettons de côté la responsabilité
fédérale. Est-ce que le ministre de la Justice pourrait dire ce
que son ministère et son gouvernement ont accompli, depuis quatre ans,
pour diminuer et maîtriser, jusqu'à un certain point, ce
fléau qui ronge l'économie de la province? Le juge en chef de la
cour Supérieure, M. George S. Challies...
UNE VOIX: Le juge en chef adjoint.
M. SEGUIN: ...à l'occasion d'une entrevue donnée le 22
février 1970, rapportée dans le Montréal Star du 23
février de la même année, a dit: «Little has been
done or is being done to combat fraudulent bankruptcies. In fact, nothing has
been done. »
M. Benson, ministre des Finances du gouvernement fédéral,
au chapitre des investissements de son livre blanc, nous rappelle que les
dépenses globales des entreprises canadiennes, l'an dernier, ont
augmenté de 6.5%. Nous constatons aussi que le Québec a fortement
tiré de l'arrière pour cette même période, puisque
la hausse des investissements dans notre province n'a été que de
2%.
Ce chiffre est reconnu, accepté et admis comme étant le
maximum possible pour l'année en cours, pour notre province. Je ne
reprendrai pas les arguments réalistes et logiques du chef de
l'Opposition sur l'économie du Québec. Je ne
répéterai pas, non plus, les recommandations et les mises au
point que le député de Jeanne-Mance a faites dans son excellent
discours en réplique au ministre de l'Industrie et du Commerce.
Je m'arrêterai plutôt quelques instants pour parcourir
brièvement les conclusions du rapport de M. R. B. MacPherson, analyste
et économiste bien connu, sur les objectifs économiques du
Québec. Ces observations et évaluations ont été
préparées pour le sous-comité de la technologie
industrielle du Conseil supérieur de l'Education de cette province.
L'économiste, dans son exposé, a produit plusieurs tableaux
très réalistes couvrant les années 1968 à 1975. Je
ne répéterai pas les données de ces tableaux, mais je
serais en mesure de les produire pour le journal des Débats, si tel
était le désir de cette Assemblée. De fait, M. le
Président, je crois qu'à l'appui de ce que
j'énoncerai il serait préférable de déposer
ce tableau. (voir Annexe B)
M. MacPherson, se basant sur les résultats de ses recherches,
nous dit et redit que le Québec doit offrir plus de possibilités
d'emploi. Il reprend la thèse du chef de l'Opposition. Il reprend la
thèse de tous ceux qui, en connaissance de cause, implorent le
gouvernement actuel de faire en sorte que nos jeunes qui sortiront des
écoles demain trouveront de l'emploi et s'intègrent à
notre marché des affaires.
M. MacPherson nous dit que le Québec doit offrir toutes les
possibilités d'emploi...
M. BERTRAND: Nous pourrions peut-être demander la suspension des
travaux; il est six heures.
M. SEGUIN: Oui. Je remercie le premier ministre d'attirer mon attention
sur ce fait et je demande la suspension du débat.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 8 h
15.
Reprise de la séance à 20 h 18
M. FRECHETTE (président): A l'ordre, messieurs!
On me permettra peut-être de régulariser une situation. Au
cours de son intervention, l'honorable député de Robert-Baldwin a
manifesté le désir de déposer un tableau qui serait
reproduit au journal des Débats, sauf qu'aucun consentement n'a
été donné. Alors, est-ce que...
M. BERTRAND: En autant qu'il n'est pas trop volumineux.
M. LE PRESIDENT: Alors, du consentement unanime.
M. BERTRAND: Est-ce que la source est indiquée?
M. BELLEMARE: MacPherson. M. BERTRAND: MacPherson.
M. SEGUIN: M. le Président, la source de l'information est
indiquée...
M. BERTRAND: Vous pourriez peut-être l'indiquer à l'encre,
au bas, et on l'imprimera. D'accord.
M. BELLEMARE: C'est MacPherson? M. BERTRAND: Le rapport MacPherson. UNE
VOIX: C'est ça.
M. BERTRAND: C'est commode quand on a la source.
M. SEGUIN: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Du consentement unanime de la Chambre, ce rapport sera
déposé au journal des Débats.
M. SEGUIN: D'ailleurs, M. le Président, il s'agissait simplement
de déposer ces documents à l'appui des statistiques et des
commentaires que je mentionnerai...
M. BERTRAND: Parfait.
M. SEGUIN: ... au cours de mon intervention.
Je vous remercie, M. le Président, d'avoir porté à
mon attention cet oubli; j'ai attendu une décision au sujet du
dépôt de ces documents.
Je disais donc, à l'occasion de l'ajournement, que M. MacPherson,
se basant sur les résultats de ses recherches, nous disait et nous
redisait que le Québec devrait offrir plus de possibilités
d'emplois. Une condition sine qua non, il considère comme raisonnable un
objectif immédiat de 4%, et je pense que ce chiffre est reconnu, non
seulement d'une façon nationale, mais d'une façon internationale
comme étant un niveau raisonnable au sujet du chômage, tout en
tenant compte des problèmes qui pourraient exister autrement, en ce qui
concerne l'inflation ou la surproduction. Ce chiffre de 4% que suggère
M. MacPherson se compare à notre taux actuel de près de 8%, et je
ne m'arrêterai pas ici pour discuter si c'est 7% ou 8%; employons ce
chiffre qui est probablement majoré un peu à 8%.
Pour atteindre cet objectif, toujours d'après notre
économiste, il faudrait créer, d'ici 1975, plus d'un demi-million
d'emplois, soit 500,000 emplois nouveaux. Le ministre de l'Industrie et du
Commerce parlait, à l'occasion de son intervention, des nouveaux emplois
qui avaient été créés. Il mentionnait certains
chiffres; je crois que c'était 55,000, si je ne me trompe pas.
Encore, que ces chiffres, de l'ordre de 55,000 pour l'année qui
vient de s'écouler, ne tenaient pas compte des nouveaux arrivés
sur le marché du travail. C'est dire que nous n'avions pas une
explication de sa part qui pouvait rendre justice aux chiffres qu'il nous
proposait. M. le Président, combien de temps me reste-t-il?
M. LE PRESIDENT: D'après notre minutage, il vous resterait encore
huit minutes.
M. SEGUIN: Je vous remercie. Plus ou moins? M. BERTRAND: Non, disons que
c'est cela. M. SEGUIN: Plus ou moins.
M. LAPORTE: Selon notre minutage, il lui en reste encore 15.
M. BERTRAND: Oui, mais si le député de Chambly...
M. LAPORTE: Nous pourrions faire un compromis.
M. BERTRAND: ... l'interrompt, cela lui fait une minute de moins.
M. SEGUIN: On a soin, naturellement, de déduire ce temps de la
période qui me reste avant de terminer mon intervention. Pour parler
de l'économie de la province, vous savez, cela prend un peu plus
qu'une demi-heure.
M. BERTRAND: Il vous reste encore huit minutes.
M. SEGUIN: Huit minutes. Donc, d'après l'économiste, il
s'agirait de créer, d'ici 1975, 500,000 emplois nouveaux, tout en tenant
compte de ce qui existe aujourd'hui et des nouveaux arrivés sur le
marché du travail. L'augmentation actuelle du niveau de la vie est de 2%
par année. Cette augmentation dans les nouveaux emplois suppose un taux
de croissance économique de 5.8% par année, de 1968 à
1975.
C'est dire qu'en cette dernière année, soit 1975, le
produit provincial brut se chiffrerait par quelque $25 milliards, tel que nous
reconnaissons le dollar de 1968. Pour atteindre ce résultat, qui est un
minimum, la province devra attirer les investissements s'élevant
à plus de $6.2 milliards, soit à plus du double de ceux de
1969.
C'est tout de même assez alarmant en 1970, si on constate
l'augmentation qu'il nous faut apporter à l'ordre de nos
investissements, de comprendre et de réaliser le retard que nous avons.
Je suis assuré d'avance que notre population ne saurait accepter de
bonne grâce un niveau de vie inférieur à celui de
l'Ontario. Pour atteindre ce niveau, la tâche est donc énorme. Le
gouvernement actuel, n'ayant ni la compétence interne, ni la confiance
du public ou du monde des affaires, serait bien avisé de laisser
à d'autres le soin de remédier à cette faillite
provinciale. C'est une faillite provinciale, puisque, depuis son arrivée
au pouvoir, chaque année a apporté de nouvelles pertes.
Pour illustrer davantage l'ampleur du problème, disons que, pour
que le Québec atteigne le niveau ontarien ce n'est pas
rêver en couleur; on vise le niveau du gouvernement de l'Ontario qui est
tout de même une province soeur, une province de notre pays en
fixant un objectif, pour 1975, de parité avec l'Ontario et en conservant
le taux de chômage à 4% près, il faudrait que le produit
provincial brut augmente de 7.7% par année. Ce qui veut dire un chiffre
global de près de $29 milliards en 1975.
Pour ce faire, il faudrait une croissance annuelle d'investissements de
$4 milliards, de 1968 jusqu'en 1975. Ce n'est pas là rêver en
couleur; c'est du réalisme. Ce n'est pas là de bonnes intentions;
c'est la réalité. Ce n'est pas là la production de
dépliants ou de grands discours ronflants; c'est la
réalité froide de l'heure, pour simplement arriver au
niveau...
M. LE VEILLE: C'est une réalité qui est rouge.
M. SEGUIN: ... de ce qui existe en Ontario, à ce moment-ci.
Ajoutons à tout cela la majoration.
Si on pense que c'est un chiffre imposant, exagéré,
ridicule, qu'on examine un peu les choses et qu'on ajoute à ce montant
que je viens de mentionner une majoration de 25% à 40%. Vous allez
l'admettre; c'est connu, c'est reconnu. Qu'on ajoute la majoration des prix et
la hausse des frais de construction prévue pour les cinq prochaines
années. Nos chiffres de partout nous indiquent que nous pouvons calculer
et compter précisément sur une majoration de cette envergure.
Donc, aux montants que j'ai mentionnés de $4 milliards d'augmentation
chaque année, ajoutez cette majoration de 25% à 40% pour les
frais. Pendant ce temps, le premier ministre est «enfargé»
par une chicane avec le gouvernement fédéral, chicane qui
n'aidera en rien, à mon avis, à atteindre un objectif
économique normal et raisonnable, que toute la population
réclame. Il ne s'agit pas comme remède ici d'un laxatif
économique ce n'est pas ça qu'il faut mais bien
d'une purgation assez violente pour parler en bon «canayen».
Le chef de l'Opposition, dans son exposé en réponse au
discours inaugural, a énoncé certaines mesures d'urgence à
prendre, le programme que notre parti proposera à la population et
complétera à l'occasion de la prochaine élection. Pour le
moment, disons que si nous ne voulons pas conserver le taux de chômage le
plus élevé, il faudra prendre les grandes mesures, et cela bien
au-delà du taux de croissance annuel de 5.5% fixé comme objectif
national par le Conseil économique. Il en résulte quand
même que cet objectif bien minime dépasse par près de $3
milliards nos investissements de 1969. C'est du réalisme. Ce sont des
faits, ce sont des chiffres qui sont prouvés, qui existent. Certes,
l'épargne du Québec ne saurait supporter ce fardeau, je le
comprends et le concède. Donc, si nous, de nous-mêmes, ici de
cette province, si nos entreprises ne peuvent supporter un fardeau tel que
celui que je viens de mentionner, nous aurons à recourir à
l'étranger sur le marché mondial, en concurrence avec les nations
du monde et les autres régions de notre pays. Encore du
réalisme.
Puisqu'il s'agit d'économie, et, ayant discuté
d'investissements et de chômage, il est essentiel, M. le
Président, je pense, à ce moment-ci, de relier à tout cela
l'état de notre productivité.
Si on parle d'économie, il faut parler de chômage, il faut
parler de la situation des banqueroutes qui existe présentement. Il faut
aussi parler d'une productivité qui se relie directement à ce
fait économique. Une amélioration ou une augmentation de 3%
à 4% dans ce domaine je parle toujours de productivité
serait en réalité une augmentation parallèle, sinon
équivalente, de revenus réels.
En 1968, la production, par travailleur, était de 15%
inférieure à celle de l'Ontario, soit de $8,165 et de $9,670 par
travailleur pour la province voisine. Je crois qu'il serait juste de dire que
la production d'une région économique dépend en grande
partie, sinon directement, de la manière dont les ressources sont
utilisées. Pour illustrer cet avancé, pensons à une
région où le capital et la main-d'oeuvre sont utilisés ou
attachés à des industries de faible productivité comme,
par exemple, les industries dites de services, ou encore certains secteurs de
l'industrie agricole. Nous trouvons dans ces secteurs la production unitaire
plutôt faible par...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je regrette de devoir informer l'honorable
député que le temps mis à sa disposition est maintenant
écoulé.
M. LAPORTE: On pourrait lui donner encore cinq minutes.
M. BELLE MARE: Il y en a trois ou quatre de plus...
M. BERTRAND: Il y en a encore trois ou quatre qui vont parler ce
soir.
M. SEGUIN: Je ne voudrais pas créer un débat autour du
temps qui me serait alloué, M. le Président,...
M. LAPORTE: On s'entend pour cinq minutes?
M. SEGUIN: Je vais essayer... M. BERTRAND: Une minute.
M. BELLEMARE: Il a déjà dépassé son temps de
sept minutes.
M. BERTRAND: Il l'a dépassé de sept minutes?
M. BELLEMARE: Sept minutes.
M. LE PRESIDENT: Je crois comprendre que le député
obtient, de consentement unanime, pour terminer son exposé, une
période de temps qui n'est pas déterminée...
M. LAPORTE: Deux minutes? UNE VOIX: Deux minutes alors.
M. SEGUIN: M. le Président, je vous assure donnez-moi cinq
minutes, je vais marchander qu'il n'y aura pas de boniment à la
fin.
M. BERTRAND: On vous donne cinq minutes.
M. SEGUIN: Je vais m'en tenir strictement à l'économie,
sans boniment pour l'Union Nationale.
M. BERTRAND: Aucune attaque?
M. SEGUIN: Je vais enlever cette partie-là!
M. BERTRAND: D'accord. M. SEGUIN: Aucune attaque. M. LAPORTE: Je
m'oppose.
M. BELLEMARE: Cela ne prendra sûrement pas cinq minutes!
M. BERTRAND: Cinq minutes.
M. BELLEMARE: Cela ne prendra pas cinq minutes.
M. SEGUIN: Je continue, M. le Président, si on me restreint aux
minutes.
Je parlais de la production unitaire plutôt faible en ce qui
concerne les industries de services ou certains secteurs de l'industrie
agricole, secteurs de faible production par rapport aux moyens mis en oeuvre.
Si, au contraire, une plus forte part des ressources était
consacrée à des industries dites de haute production, telles que
l'industrie manufacturière, les mines, certaines industries
forestières, par exemple, dans ce cas, nous pourrions reconnaître
une production par unité de moyenne mise en oeuvre plus
élevée.
Je crois donc que le moyen d'augmenter la production sera bien de
concentrer et je m'adresse en particulier au ministre de l'Industrie et
du Commerce les efforts de déve-
loppement et de faire passer les ressources des industries à
faible production du côté des industries à grande
production. Je pense qu'il me comprend quand je fais ces commentaires. Je pense
que c'est la base de ce problème qui existe chez nous. Ce n'est pas une
chasse aux sorcières; c'est une déclaration de fait, encore,
qu'il nous faut réaliser.
Le taux d'accroissement de la production annuelle en notre province
n'est que de 2%, et cela s'explique par le fait que 11% seulement plus
ou moins de la main-d'oeuvre est affecté à l'industrie
dite de grande production. Il me semble que nous trouvons ici un secteur de
notre économie où le gouvernement, s'il était le
moindrement conscient entre parenthèses, je m'excuse, parce que
j'avais dit il y a quelques instants que je ne ferais pas de compliments
désobligeants au gouvernement, donc, vous êtes conscients
aurait pu depuis longtemps pratiquer la transfusion nécessaire
d'assistance, de ressources, d'encouragement à nos grandes entreprises
productrices au lieu de se concentrer tout simplement sur une publicité
plus ou moins valable, et de préparer des listes de demandes
d'assistance ou de renseignements d'une foule de petites entreprises ayant
peut-être quelque importance locale mais qui, de fait, ne contribueraient
que d'une très faible manière à remédier à
la situation économique de notre province. N'ignorons personne, de
grâce, mais au moins commençons par le courrier de première
classe puisqu'il s'agit d'urgence et du problème de l'heure.
Il n'était donc pas surprenant de constater, ces jours derniers,
que le ministre de l'Industrie et du Commerce, dans cette panique qu'on semble
avoir, annonce le territoire québécois comme propice au
développement.
Il n'est donc pas surprenant de voir que ce ministère
réclamait 114 milles carrés de territoire en dehors de la
province comme étant propices au développement. Ce territoire
appartenait à Terre-Neuve, et, malheureusement, on aurait publié
une brochure qui aurait inclu tout ce secteur du Labrador dans le territoire
provincial. Si l'on veut faire de la réclame pour la province, d'accord,
mais, au moins, restreignons nos efforts à notre propre territoire au
lieu de nous aventurer en dehors.
Mais revenons à la production. Ce qu'il y a de plus encourageant
est bien de constater que, dans le secteur des industries à grande
production, nous occupons les 11% que je mentionnais tout à l'heure.
Dans ces 11% que nous occupons, si faible soit-il, notre rendement est
supérieur à la moyenne nationale. C'est-à-dire que nous
avons prouvé, nous, de la province, que nous pouvions soutenir, d'une
façon efficace, ces industries. En ayant déjà fait la
preuve, pourquoi ne pas élaborer en ce sens et promouvoir l'expansion de
ces domaines, au lieu de courir de midi à quatorze heures sur toutes
sortes de plans de développement?
La productivité est fonction du degré d'instruction, de
l'utilisation des ressources et surtout du caractère de la production.
Néanmoins, des recherches empiriques indiquent que la
productivité est, au fond, fonction des investissements. La
production par unité de moyens mis en oeuvre exprimés en dollars
varie beaucoup d'une industrie à l'autre. Mais, les industries à
grande productivité nécessitent des investissements intensifs,
des capitaux beaucoup plus considérables que les secteurs exigeant
surtout une abondante main-d'oeuvre. C'est ainsi que, pour porter de 2%
à 4% l'accroissement annuel de la productivité avec l'imposante
modification qui s'ensuivrait dans le caractère de la production, l'on
aura besoin d'énormes investissements.
M. le Président, malgré que vous n'ayez pas mis fin
à mon intervention mon discours souffrirait à être
morcelé je dois reconnaître que déjà la
décision a été prise selon laquelle mon temps est
écoulé, et je me plie aux exigences du règlement.
Je vous remercie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. Armand Maltais
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, je veux d'abord vous
rendre hommage pour la dignité avec laquelle vous exercez vos
importantes fonctions à la présidence de cette Assemblée,
dans la meilleure tradition que nous ont léguée vos
prédécesseurs, suivant le nouvel esprit qui inspire nos
débats parlementaires et conformément aux aspirations
démocratiques du peuple et de l'ensemble de ses représentants
dans cette Chambre, c'est-à-dire un esprit soucieux d'objectivité
et d'efficacité.
M. le Président, permettez-moi d'associer à ce
témoignage le nom de l'honorable député de Papineau qui a
été élu à la vice-présidence de la Chambre
et à la présidence des comités pléniers.
J'en viens maintenant à la motion en discussion, sur le discours
inaugural et aux prétentions exposées par le chef de l'Opposition
concernant l'attitude du gouvernement actuel en matière
économique.
Au cours de mes premières remarques, je
voudrais faire ressortir un aspect important de la question
économique. Il convient, en effet, de noter que l'économie du
Québec ne se développe pas en vase clos, et qu'à cet
égard les attaques de l'Opposition, qui ne tiennent pas compte des
implications de la conjoncture canadienne et même mondiale, sont non
seulement injustes mais nuisent aux efforts conjugués du secteur public
et du secteur privé en vue de promouvoir le progrès
économique. Cela peut faire l'affaire d'un certain électoralisme
à la petite semaine, conçu dans les officines d'un parti
dénué de vision, mais cela ne peut pas servir les
véritables intérêts de la population, ni tromper,
d'ailleurs, des citoyens éclairés, conscients des
réalités économiques de l'heure. Ce n'est pas le
gouvernement du Québec qui a créé l'inflation. Les
compétences et les connaisseurs sont tous d'accord pour
reconnaître que le gouvernement fédéral s'est lancé,
au cours des dernières années, dans des programmes extravagants
de dépenses, sans se soucier des priorités qui s'imposaient dans
d'autres champs de juridiction du secteur public, créant non seulement
toute la kyrielle de malaises qu'engendre l'inflation, mais provoquant un
déséquilibre général dans le partage des ressources
par un usage discrétionnaire, irréfléchi et arbitraire de
son pouvoir de dépenser.
Le gouvernement fédéral a donc à la fois
aggravé les maux dont souffre l'économie générale
nord-américaine, provoqué un désarroi dans le jeu des
forces économiques, privé les autres ordres de gouvernement des
revenus qui leur sont nécessaires pour répondre à leurs
besoins essentiels et pour combattre les effets néfastes non seulement
de la politique inflationniste mais aussi de la politique anti-inflationniste
qui ne tient pas compte des disparités régionales.
Comme preuve de manque de clairvoyance, de mesure et de respect de
l'équité fiscale dans l'emploi des fonds publics
fédéraux, il suffit de mentionner les surplus budgétaires
considérables accumulés par le gouvernement fédéral
et son refus obstiné de remettre au gouvernement du Québec, qui
doit déployer des énergies nouvelles pour accélérer
la croissance économique, les $200 millions perçus dans cette
province au titre de l'impôt de progrès social.
Le sujet que je viens de toucher n'a pas l'heur de plaire, je le sais
bien, aux membres de l'Opposition, car il fait mal à leurs amis
fédéraux. Aussi s'empressent-ils, lorsque nous l'abordons, de
prendre la défense de leurs amis centralisateurs, en nous accusant de
négocier avec de mauvais dossiers ou, comme ils le font pré-
sentement, en nous adressant des motions de blâme sur notre
administration, particulièrement en matière économique.
Pour ma part, afin de tenir la discussion à un niveau objectif et de
contribuer à la situer dans ses véritables perspectives, je
citerai brièvement un éditorial de Claude Ryan, dans
l'édition du Devoir d'aujourd'hui même, intitulé: «
Où sont la vérité et la bonne foi? » « C'est
un secret de polichinelle, dit-il, que cet impôt (dit de progrès
social) fut institué en 1969 pour assurer le financement de
l'assurance-maladie. Or, le Québec, ne devant participer qu'à
compter du 1er juillet 1970 à ce programme inauguré depuis le 1er
juillet 1968, est condamné à encaisser une perte sèche de
$200 millions ».
M. Ryan ajoute: « Traitant de cette question vendredi, M. Trudeau
a cherché à détourner l'attention du vrai problème
en laissant croire que la demande du Québec... »
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
sais toute l'amabilité du ministre; je ne voudrais pas lui être
désagréable, mais je voudrais lui rappeler que le vrai
problème, ce n'est pas M. Trudeau, ce n'est pas M. Ryan. Le ministre,
qui généralement se contente de violer un seul règlement
à la fois, en viole deux. Il lui est, d'abord, interdit par le
règlement de citer des extraits de journaux et,
deuxièmement...
M. BERTRAND: Oh! Oh!
M. BELLEMARE: Oh! Oh! Vous en avez déjà fait un discours,
vous.
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE: M. le Président, je m'excuse, mais tous ces regards
et toutes ces voix scandalisées parce que j'invoque le
règlement!
M. BERTRAND: C'est parce que vous nous parlez d'une vertu que vous ne
pratiquez pas.
M. LAPORTE: M. le Président, Je ne cite jamais les journaux, sauf
mes vieux articles et généralement c'est le ministre du Travail
qui le fait en mon nom.
M. BELLEMARE: Certainement. Dans un discours de 4,000 mots, il y avait
2,700 citations des journaux.
M. LAPORTE: Qui?
M. BELLEMARE: Vous, dans votre premier discours.
M. LAPORTE: M. le Président, je regrette. Je pourrais dire, si
c'était parlementaire, que c'est une grossière
exagération. Deuxièmement, ce qui est beaucoup plus
sérieux, c'est que nous sommes actuellement le ministre ayant
été absent, je l'excuse; je sais tout le travail qu'il a à
faire sur une motion d'amendement qui doit être strictement
limitée à une discussion de la situation économique du
Québec. En dépit de ce que peut penser le ministre, cela n'a rien
à voir avec ce qu'il est à discuter.
M. PAUL: M. le Président, je vous ferai remarquer que l'honorable
ministre des Institutions financières est tout à fait dans
l'ordre. S'il veut discuter du problème économique qui existe
actuellement au Québec, il a le droit de se référer
à certaines lacunes monétaires que l'on rencontre chez nous,
à certains dépouillements dont nous avons été
victimes et à l'utilisation que l'on pourrait faire de ces $200
millions, s'ils nous étaient remis par Ottawa.
Je disais donc, M. le Président, que c'est en relation avec la
motion de blâme que l'honorable ministre est en train de
développer une thèse qui tout à l'heure pourra surprendre
nos amis d'en face.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ajoute deux mots seulement. J'ai
été très prudent dès le début de cette
motion. J'ai fait deux interventions qui ont été très
signalées pour faire remarquer que les honorables députés
de l'Opposition manquaient à l'article 276 et vous avez rendu un
jugement en disant: Ah, il faut être libéral, les laisser parler
un peu. Le vice-président de la Chambre a aussi cet après-midi
rendu une décision analogue à la vôtre en disant: Bien,
écoutez, il faut laisser les grands débats, il'...
M. BERTRAND: Une grande liberté...
M. BELLEMARE: ... faut exercer une grande liberté dans la
discussion. M. le Président, je pense que cela a été fait
avec une grande stratégie. Nous avons pensé que ces honorables
messieurs... Moi aussi, j'ai un discours à faire, ne l'oubliez pas,
ça viendra.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que tous les membres de la Chambre
ont remarqué que depuis le débat sur cette motion précise
de l'honorable chef de l'Opposition, nous avons effectivement fait preuve d'une
assez grande libéralité, particulièrement cet
après-midi. Les députés ont eu le loisir de discuter
d'à peu près toutes les questions. Deuxièmement, je dois
signaler que lorsque nous avons examiné de près la motion de
l'honorable chef de l'Opposition, nous avons convenu que pratiquement seul le
problème constitutionnel ne pouvait pas être discuté
à l'occasion de cette motion sauf, précisément, le
problème dont discute actuellement l'honorable ministre.
Je pense donc que je dois malheureusement rejeter le point de
règlement invoqué par l'honorable député de
Chambly.
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, je vous remercie. J'ai
l'impression que j'étais en train de frapper juste.
M. DE MERS: Cela fait tort aux clubs fermes.
M, MALTAIS (Limoilou): ... et je continue à citer M. Ryan:
« Traitant de cette question vendredi, disait M. Ryan, M. Trudeau
cherchait à détourner l'attention du vrai problème en
laissant croire que la demande du Québec veut cacher, en fait, des
difficultés économiques et budgétaires attribuables
à l'incompétence du gouvernement québécois.
Déjà, en soi, ajoute M. Ryan, ce type d'argument est perfide car
il ne peut qu'aggraver le mal qu'il prétend dénoncer. » Et
M. Ryan scrute par la suite le dossier de cette histoire des $200 millions pour
constater que « la vérité et la bonne foi ne sont pas du
côté que veut laisser croire M. Trudeau. »
Ceci étant dit, il s'agit de ramener la question du
développement économique du Québec à ses vraies
proportions. En ce qui concerne le gouvernement du Québec, il ne peut
naturellement aller plus loin que ses ressources et ses priorités le lui
permettent. Le gouvernement actuel consolide l'avenir économique des
Québécois par ses vastes investissements dans le domaine de
l'éducation. Il entraîne les jeunes générations
à maîtriser les connaissances indispensables dans les disciplines
et les rouages propres à la vie économique.
Récemment encore, il a pris de nouvelles initiatives pour
développer l'enseignement des sciences commerciales dans les CEGEP. H
est en train d'y instaurer l'enseignement du commerce des valeurs
mobilières et il envisage également d'y implanter des cours sur
le coopératisme.
En agissant ainsi, il prépare la jeunesse
québécoise à prendre en mains sa destinée et
à s'engager très tôt dans un mouvement de participa-
tion au pouvoir économique. Sur le plan économique
proprement dit, le gouvernement actuel a fait sa marque non seulement en
imprimant un élan de progrès, mais aussi en s'assurant que la
phase de consolidation des oeuvres nouvelles ne soit pas escamotée comme
en avait pris l'habitude l'ancien gouvernement.
Pour atteindre ces fins absolument indispensables au
développement économique, le gouvernement actuel présente
encore la meilleure garantie. Les assises du progrès reposent en effet
sur le climat de confiance que peuvent fournir à la fois les
institutions socio-économiques et l'équipe dirigeante du secteur
public. Sous ce dernier rapport, il faut reconnaître que le gouvernement
actuel va de l'avant sans brûler les étapes.
En ce qui concerne les grands instruments d'action de l'Etat, nous avons
voulu roder, mettre vraiment à l'oeuvre ceux qui étaient
déjà en place lors de l'avènement de l'Union Nationale au
pouvoir, et nous avons voulu en créer de nouveaux graduellement, en leur
assurant une emprise réelle sur l'économie. Le syndicalisme
était établi dans la fonction publique, mais les nouvelles
libertés jouaient dans le vide et avaient semé de la confusion,
parce que le gouvernement du temps n'avait pas prévu les structures
nécessaires dans l'appareil gouvernemental pour permettre à ces
libertés de se donner libre cours dans un champ d'action
ordonné.
Nous avons établi les mécanismes administratifs qui
s'imposaient et nous avons imposé une politique salariale en ce qui
concerne Sidbec, comme l'a mentionné l'honorable premier ministre
dans son remarquable exposé. Nous avions une sidérurgie de
papier, nous avons aujourd'hui une entreprise en pleine production. De
même en ce qui a trait à la Société
générale de financement; nous lui avons imprimé une solide
impulsion et nous sommes assurés que cela n'est qu'un départ.
Nous avons doté le Québec de nombreux autres leviers
économiques puissants dont l'un des plus précieux est sans aucun
doute le ministère que je dirige, celui des Institutions
financières, Compagnies et Coopératives.
La loi constitutive du ministère des Institutions
financières, sanctionnée le 12 août 1967 et mise en vigueur
le 28 mai 1968, s'avère en effet en elle-même une des plus
clairvoyantes et des plus marquantes réalisations du gouvernement de
l'Union Nationale en matière économique. Le ministère a
été conçu comme le centre nerveux du système
financier et du développement économique. Par l'institution de ce
ministère, le gouvernement de l'Union Nationale a pris les grands moyens
pour asseoir notre vaste réseau d'institutions financières sur
des bases solides, de façon à établir en permanence un
climat de confiance et dans le public et dans l'entreprise privée, et
à attirer davantage des investissements pour le développement
économique du Québec.
Lors de l'ouverture de la présente session, les observateurs de
l'activité parlementaire reconnaissaient que les pièces
maîtresses de la législation appelée à être
soumise à l'Assemblée nationale étaient inscrites au nom
du ministre des Institutions financières, auquel on attribuait
déjà huit projets de loi.
Il s'agit des mesures suivantes: Loi modifiant la loi des caisses
d'épargne et de crédit; Loi modifiant la loi des associations
coopératives; Loi visant à créer un office de la
protection du consommateur; Loi modifiant la loi des valeurs mobilières;
Loi modifiant la loi des assurances; Loi régissant les
sociétés d'investissement; Loi modifiant la loi des compagnies;
Loi modifiant la loi des sociétés coopératives
agricoles.
Je ne voudrais pas, à ce moment-ci, entrer dans les
détails de ces diverses mesures, mais je tiens à souligner
qu'encore une fois nous sommes en train de roder un précieux outil de
progrès économique. Sur le plan administratif, les oeuvres
accomplies ont déjà eu une profonde influence jusqu'au coeur
même des marchés financiers du monde de la coopération.
A la fondation du ministère, le milieu financier inspirait peu
confiance. Certaines institutions financières songeaient
sérieusement à quitter le Québec. La Bourse canadienne et
celle de Montréal étaient menacées de fermer ou
d'être absorbées par la Bourse de Toronto.
En 18 mois seulement et bien qu'il n'ait pas encore
complété sa structuration, le ministère a grandement
redressé la situation par des réalisations presque
inespérées. Tout en assurant la continuité des services,
de nouvelles structures ont été mises en place avec un souci de
coordination et d'efficacité qui a fait disparaître les
dédoublements et a permis un décloisonnement entre les
différents secteurs administratifs.
Le ministère s'est pourvu de services généraux et
professionnels pour le conseiller dans toutes ses activités: services
administratifs, services actuariels, services juridiques, services de
recherche. Un service autonome et polyvalent d'inspection, d'un genre unique au
Canada, a été mis en place. Il comprend un service
d'enquête, composé d'avocats, de comptables et d'autres
spécialistes pour les situations urgentes.
On a créé un service des compagnies de fiducie, un service
des compagnies de finance et
deux services généraux dans le secteur coopératif:
le service des caisses d'épargne et de crédit et le service des
associations coopératives.
Le 7 février 1970, le conseil des ministres a adopté les
règlements généraux de la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec et a fixé au premier
juillet l'entrée en vigueur de l'assurance-dépôts au
Québec. Son rôle est de garantir à toute personne qui fait
un dépôt d'argent dans une institution inscrite ou dans une banque
le paiement de ce dépôt à échéance en capital
et intérêts jusqu'à concurrence de $20,000, au cas
où l'institution serait dans l'impossibilité de rembourser ce
dépôt à échéance.
Il y a eu la création d'un service unique pour les compagnies.
Auparavant, le service des compagnies ne s'occupait que du secteur juridique.
Il y avait autant de services différents pour les renseignements, les
archives, la rédaction des lettres patentes et la révision.
Aujourd'hui, le service des compagnies compte un directeur et deux adjoints:
l'un pour les aspects juridiques, l'autre pour les aspects techniques, tels que
les renseignements, les archives, la rédaction.
Il y a eu également un travail de refonte, qui se poursuit, de
toutes les lois coopératives. Il y a des fonctionnaires qui travaillent
actuellement à la mise en place d'un fichier central.
Actuellement est en préparation une campagne d'éducation
populaire qui aura pour résultat d'accroître la participation du
public au monde des affaires, tant du secteur coopératif que de celui
des institutions financières.
Malgré que les structures du ministère soient encore
incomplètes, ses efforts généraux ont produit
déjà des résultats tangibles. Des maisons de courtage
importantes ont décidé de venir s'établir à
Montréal. Par l'entremise d'un comité consultatif
créé par le ministère, une collaboration étroite
s'est établie entre la Bourse de Montréal, la Bourse
canadienne, la Commission des valeurs mobilières et le ministère.
La Bourse canadienne et la Bourse de Montréal connaissent un regain de
vie sans précédent dans leur histoire. Les chiffres suivants
quant aux prix des sièges et au nombre des inscriptions nouvelles sont
éloquents par eux-mêmes. La valeur des sièges à la
Bourse de Montréal, au début de 1969, était de $15,000; en
novembre 1969, cette valeur était montée à $30,000. A la
Bourse canadienne, au début de 1969, la valeur d'un siège
était de $5,000; en novembre 1969, cette valeur était
montée à $13,000.
Les nouvelles inscriptions. A la Bourse de Montréal, en 1968, il
y en avait sept et, en 1969, 22. A la Bourse canadienne, en 1968, il y en avait
eu neuf; en 1969, il y en a eu 28.
Une initiative unique au Canada, une chambre de compensation a
été créée à la Bourse canadienne et à
la Bourse de Montréal pour les valeurs non inscrites. Le
ministère a réussi à rétablir
l'élément primordial du monde financier, la confiance dans les
organismes publics et privés. Un comité est à l'oeuvre
pour instaurer dans nos écoles un cours d'initiation aux marchés
financiers et aux valeurs mobilières. C'est grâce à
l'initiative du ministère, et ce comité comprend des
représentants du ministère et des représentants des
Bourses canadienne et de Montréal. Un représentant du
ministère de l'Education préside le comité, un
représentant de notre ministère agit comme secrétaire.
Ce bref résumé des activités du ministère
permet de conclure que, par ses nombreux services, le ministère veille
à la santé économique du Québec et assure
l'efficacité des mesures prises par le gouvernement
québécois au niveau des ministères à vocation
économique, tels l'Industrie et le Commerce, les Richesses naturelles,
l'Agriculture, les Terres et Forêts. Il ne m'appartient pas
d'énumérer par le détail toutes les autres mesures
favorisant le développement économique du Québec qui ont
pris naissance et qui sont présentement en vigueur dans les divers
ministères à caractère économique. Plusieurs de mes
collègues ont déjà exposé devant vous, M. le
Président, les réalisations et les programmes d'action de leur
ministère respectif. D'autres le feront au cours des travaux de la
présente session. Ainsi, le chef de l'Opposition, qui semble manquer de
conviction à cet égard, pourra constater que, dans tous les
domaines du secteur public, le gouvernement actuel du Québec est
présent avec des initiatives et des efforts. Il met tout ce qu'il est
possible de mettre en oeuvre, compte tenu des moyens et des pouvoirs qu'il
possède, en vue du développement économique du
Québec.
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député d'Abitibi-Ouest.
M. Alcide Courcy
M. COURCY: M. le Président, je vous demanderais de bien vouloir
transmettre, à celui que vous remplacez, mes félicitations pour
son accession à la présidence de la Chambre. Je ne veux pas
répéter tout ce que ceux qui m'ont précédé
ont dit à son endroit, mais, tout de même, c'est avec
sincérité que je lui souhaite de passer d'agréables
moments, comme président, à diriger les destinées de cette
agréable Assemblée.
Je crois que je me dois de transmettre au député de
Louis-Hébert mes sincères remerciements pour le magnifique
travail qu'il a fait comme premier ministre et comme chef de l'Opposition. Je
suis assuré que, tous, nous reconnaissons son grand talent et sa valeur
de législateur.
J'aurais bien aimé aussi être capable de féliciter
l'honorable premier ministre pour son discours. Mais, après l'avoir
écouté avec beaucoup d'attention, M. le Président, j'ai
été déçu. Je regrette infiniment que M. le premier
ministre n'ait pas profité de cette belle occasion pour parler des
véritables problèmes du Québec et nous dire quelles
mesures lui et son cabinet prendraient pour tenter de les résoudre.
Non, M. le Président, au lieu de cela, le premier ministre est
venu nous servir un discours réchauffé prononcé quelques
jours auparavant devant un groupe de partisans de l'Union Nationale
réunis à l'hôtel Reine Elizabeth.
Reprenant l'expression du chef de l'Opposition...
M. BERTRAND: Il y avait plus de monde au Reine Elizabeth.
M. COURCY: Oui, parce qu'au Reine Elizabeth on les y avait
entraînés à coups de pression.
Reprenant, M. le Président, l'expression du chef de l'Opposition,
je dirai qu'avant, pendant et après le discours du premier ministre les
cultivateurs du Québec demeurent encore dans l'incertitude, quant
à l'avenir de leur agriculture au Québec. Pas un seul mot, pas un
seul mot de cette industrie de base, l'agriculture.
M. BERTRAND: Des actes, par exemple.
M. COURCY: Et pourtant, M. le Président, ce sont ces gens qui, de
jour en jour, répètent leur amour de la classe agricole.
Souvenons-nous des promesses de fidélité amoureuse
à l'endroit de notre classe rurale pendant la campagne électorale
de 1966.
M. le Président, si, à propos du discours d'ouverture, il
m'est permis de qualifier le premier ministre, je dirai qu'il appartient
à un de ces genres de politiciens patineux qui tentent de jouer sur le
sentiment de nos braves gens pour faire oublier l'inertie de son gouvernement
dans le domaine économique, son inefficacité administrative et le
gaspillage honteux des deniers publics.
Oui, quelle différence entre le discours prononcé par le
premier ministre et celui prononcé par le chef de l'Opposition, M.
Bourassa! Nous avons entendu le chef de l'Opposition à ses
premières armes dans cette fonction. Il a fait un discours
réaliste. Il a attiré l'attention du gouvernement sur la
compétence réelle administrative et sur celle de façade
des ministres actuels. Il nous a donc parlé du PPBS, formule
administrative efficace. Il a parlé de la réforme parlementaire,
de la question constitutionnelle, des relations
fédérales-provinciales, des besoins financiers du
Québec.
Il a lancé le cri d'alarme à tous ceux qui ont
autorité en cette province, démontrant que la grande
priorité chez nous, aujourd'hui, était le développement
économique. Il a fait, dans ce domaine, une douzaine de suggestions
constructives. J'ose espérer que le premier ministre et le
ministre des Finances sauront en tirer profit.
Il a aussi attiré l'attention du ministre de l'Education sur les
problèmes financiers des commissions scolaires, n a fait des suggestions
constructives pour aider le ministre à sortir de ce fouillis dans lequel
il conduit son ministère.
M. le Président, aucun pays au monde peut se vanter d'avoir une
situation économique enviable, si son agriculture est dans le marasme.
C'est pourquoi, comme ancien ministre de l'Agriculture, je me dois de remercier
sincèrement mon chef de s'être penché sur le
problème agricole et d'avoir, encore dans ce domaine, donné au
premier ministre et au ministre actuel de l'Agriculture plusieurs points
d'appui pour leur faire réaliser leurs responsabilités
vis-à-vis de la classe agricole, n a fait plusieurs suggestions
constructives que je ne répéterai pas, parce que je sais qu'elles
tombent dans un sol aride.
Je me souviens et vous vous souvenez sans doute que, pendant la campagne
électorale de 1966, l'Union Nationale a vendu un programme à la
population du Québec. Vous reconnaissez et tous les membres de cette
Chambre reconnaissent ce programme qui a été vendu à la
population, programme dont le premier ministre et le ministre de la Voirie ont
dernièrement dit qu'ils l'avaient réalisé à
90%.
M. BERTRAND: Un peu plus.
M. COURCY: ... 90% réalisé, le programme de l'Union
Nationale vendu. Regardons, après avoir été payés
pour la vente, ce qu'ils ont livré aux cultivateurs du Québec. Si
vous le voulez, nous allons ensemble passer en revue, article par article, la
marchandise qui a été vendue. Ecoutez parler le chef du parti et
tous les candidats de l'Union Nationale en 1966, lors-
que, dans chacune de leurs assemblées, dans les comtés
ruraux, nous entendions cette chanson: « Chaque année,
disaient-Ils, un nombre toujours plus grand de cultivateurs quittent leur ferme
parce qu'ils ne peuvent pas se faire un revenu comparable à celui des
autres industriels ».
Lisons ensemble la mise en scène de l'Union Nationale dans le
domaine agricole. Ils disaient: « Qui, de plus, Jean Lesage et Alcide
Courcy, affirment que 30,000 autres cultivateurs devront abandonner leurs
fermes».
D'abord, M. le Président, cette déclaration est fausse.
Mais voici ce que nous avions eu le courage de dire: 30,000 fermes dans
l'état actuel ne peuvent devenir rentables, à moins d'avoir des
politiques de regroupement des fermes, à moins d'avoir des politiques de
consolidation. D'ailleurs, les politiques établies par le gouvernement
précédent ont prouvé notre sincérité, et les
chiffres démontrent qu'il y a eu une amélioration marquée,
de 1960 à 1966. Ce n'est que par esprit de petite politicaillerie que
nos adversaires politiques, dans le temps, ont tenté d'ameuter nos
cultivateurs. « Le régime Lesage, disaient-ils c'est
écrit dans le programme n'a pris aucune mesure efficace pour
remédier à la situation tragique de l'agriculture. » Et
plus loin, on dit; « Il y a une crise d'incompatibilité entre les
cultivateurs et un régime qui n'a jamais compris les problèmes
agricoles. » En 1966, surtout le ministre de l'Agriculture actuel versait
des larmes de crocodile en parlant de la désertion des campagnes, de
l'abandon des fermes non rentables. Et pourtant, il y a seulement quelque
temps, le même ministre, maintenant qu'il a la responsabilité de
la direction du ministère, déclare écoutez bien
: « Le secteur agricole est en constante perte de vitesse, si l'on
considère sa valeur en relation avec les autres secteurs de
l'économie nationale. De plus en plus, disait-il, les économistes
s'accordent à dire que la prospérité d'un pays est
inversement fonction de la proportion de sa population active engagée
dans la production agricole. » Et le ministre continue: « Par
conséquent, disait-il, au moment où la technique moderne permet
ft une poignée d'agriculteurs de nourrir toute une population,
libérant ainsi des travailleurs pour les autres industries
créatrices de revenus, l'exode rural écoutez bien
l'exode rural c'est le ministre de l'Agriculture qui parle, en 1969
l'exode rural s'identifie de plus en plus à un indice de
progrès, et non pas, comme on l'a cru trop longtemps au Québec et
au Canada, comme un signe de décadence. » En 1966, l'Union
Nationale dans son ensemble cria au scandale à cause de la dé-
sertion des campagnes, cria au scandale de voir des cultivateurs quitter leurs
fermes qui étaient non rentables et, depuis qu'ils sont au pouvoir, ils
croient que c'est un signe avant-coureur d'une économie qui
s'améliore. Cela fait changement, M. le Président.
Voilà les deux visages du ministre. En période
électorale lui et ses collègues pleuraient sur le sort des
cultivateurs qui désertaient le sol, mais quand il a la
responsabilité de l'administration, il trouve que cet exode rural est un
indice de progrès.
Dans ce programme, l'évangile de l'Union Nationale, on dit que le
gouvernement précédent n'a pris aucune mesure efficace pour
remédier à la situation tragique de l'agriculture. Je pense
encore aux déclarations du ministre actuel qui répétait
partout dans la province que nos cultivateurs doivent être plus
instruits, que nos cultivateurs doivent devenir des hommes d'affaires. Qui a
agi, M. le Président, dans le domaine de l'enseignement agricole? Qui a
réglé le problème de l'enseignement économique sur
le campus de l'université? Qui a réglé le problème
de l'enseignement technique agricole en créant de toutes pièces
Sainte-Anne-de-la-Pocatière et l'Institut de Saint-Hyacinthe? Ceci
suivant les recommandations de la commission Régis?
M. le Président, qui a maintenu, avant 1966, l'enseignement
agricole dans la quinzaine d'écoles moyennes d'agriculture que nous
avions? Qui? Le gouvernement précédent. Je le dis sans me vanter.
Qu'a fait le ministre actuel dans ce domaine? Où en est rendu
l'enseignement agricole dans les quinze écoles moyennes d'agriculture du
Québec?
J'accuse le ministre de l'Agriculture d'avoir, sous son administration,
laissé fermer les portes desdites écoles. Qu'a-t-il fait avec
l'école d'agriculture de La Ferme en Abitibi? Qu'a-t-il fait avec
l'école moyenne d'enseignement agricole de Ville-Marie au
Témiscamingue? Les portes sont fermées. J'accuse le ministre de
prêcher d'une façon et d'agir d'une autre, de manquer de
sincérité, en particulier dans ce domaine.
Donc, dans le domaine de l'enseignement, ce que le ministre a à
nous montrer, c'est la fermeture des écoles moyennes d'agriculture.
Le ministre de l'Agriculture et les membres de l'Union Nationale se
souviennent-ils d'avoir, dans leur programme, à l'article 1, promis un
véritable code de syndicalisme agricole? Où en sont-ils rendus?
Que s'est-il fait dans ce domaine? Je dis: Encore rien. Le ministre de
l'Agriculture se souvient-il d'avoir dit et répété
l'article 2 du programme agricole de l'Union Nationale: l'établissement
d'une chambre agri-
cole? Il en faisait, pendant sa campagne électorale, sa
priorité. Où est-elle, cette chambre agricole? Encore rien dans
ce domaine.
Plus que cela, le comité d'élaboration des politiques
agricoles que nous avions établi et qui siégeait une fois par
mois avec les représentants des cultivateurs organisés, les
représentants du mouvement coopératif et les représentants
du ministère ne siège pratiquement plus.
L'article 3 promettait un plan quinquennal de creusage et de
redressement de cours d'eau, de drainage souterrain et superficiel,
d'épier-rement, de nivellement, d'amélioration des terres, etc.
etc. Où est-il, ce plan quinquennal? Où est-il?
M. BERTRAND: Cela fait trois ans ou quatre ans...
M. COURCY: L'adjoint parlementaire du ministre de l'Agriculture doit
être au courant.
M. BERTRAND: C'est rendu à la quatrième année.
M. COURCY: Justement, rien de rien. A chaque année suffit sa
peine. A chaque année des travaux sont exécutés, comme ils
étaient exécutés dans le passé. De la poudre aux
yeux, cet article 31 Le ministre n'est pas plus avancé. Sur cette
question, je dis: Zéro.
Où sont-elles, ces constructions d'entrepôts et d'usines de
transformation bâties par un système de subventions et de
crédits pour la production agricole, objet de l'article 4? Où
sont-elles dans la province? Encore là, rien de rien.
Où est-il, cet office des produits laitiers avec la participation
des producteurs et des consommateurs pour aider l'industrie
laitière?Dans ce domaine, depuis le 1er avril 1967, ce que le ministre
de l'Agriculture a fait avec ses collègues du cabinet a
été de faire perdre aux cultivateurs du Québec une somme
moyenne de $0.25 les cent livres de lait industriel, environ $8 millions et
demi par année. Encore dans ce domaine, rien.
Pour ce qui est de l'article 6 je les mentionne les uns
après les autres encore rien n'a changé dans la province
de Québec. A l'article 7, il était question d'un
dépôt de garantie, le paiement devant être fourni par tout
courtier ou tout acheteur en gros. Où en sommes-nous rendus? Est-ce que
les cultivateurs sont mieux protégés aujourd'hui qu'ils ne
l'étaient? Je dis non. Non. Dans aucun domaine. A l'exception du lait
pour lequel ça existait déjà, les garanties aux
producteurs de lait industriel, rien n'a été fait dans ce
domaine, M. le Président.
Le ministre n'a même pas été capable de convaincre
ses collègues de l'Exécutif pour qu'au moins dans sa campagne de
publicité, « Québec sait faire », il y ait une part,
une petite part de cette publicité qui aille aux produits agricoles du
Québec.
Ah, il y a bien, si cela le satisfait, la chanson je ne sais pas
par qui elle est chantée qui parle des pois, des « beans
», des tourtières, puis des folies comme ça. Il y a bien
ça, mais, si ça satisfait le ministre, ça ne satisfait pas
les cultivateurs du Québec. A l'article 9, « expansion du
crédit agricole », enfin, il y a eu un soubresaut, à un
moment donné. Il y a eu une augmentation de $15,000 à $25,000,
mais, sur ces $10,000 additionnels, le cultivateur est dans l'obligation de
payer un intérêt de 8%, alors qu'il payait 2 1/2% sur les premiers
$15,000 pendant que nous étions au pouvoir.
De l'article 10, il n'y a que 50% de réalisé. Qu'attend le
ministre pour implanter l'assurance-bétail qu'il a promise en 1966? Je
lis bien: « A être adoptée d'urgence ». Où
est-elle, cette assurance-bétail, M. le Président? Zéro
encore dans ce domaine. Non, 5/10 dans ce domaine, parce que pour
l'assurance-récolte, la loi avait été
préparée et toutes les études faites par le gouvernement
précédent; ils n'ont eu qu'à la déposer. C'est la
seule fois qu'ils ont déposé quelque chose, parce que
c'était préparé à l'avance, M. le
Président.
Où en sont-ils rendus avec l'article 11, «
l'établissement d'un office de grains de provende de l'est? »
Où est cet office de grains de provende prévu à l'article
11? Rien, encore là. Article 12, « des groupes de gestion de ferme
». Ce ne fut que la continuation de ce qui se faisait au ministère
de l'Agriculture. Je me demande comment les gens de votre droite se
présenteront devant les cultivateurs du Québec lors de la
prochaine élection. Iront-ils tenter de leur dire qu'ils ont
réalisé leur programme agricole à 90% ou à 100%? Si
le ministre actuel de l'Agriculture n'est pas gêné et si les
députés qui ont fait campagne avec lui et qui sont dans cette
Chambre ne sont pas révoltés de cette inaction de leur ministre
de l'Agriculture, je me dis qu'ils sont de connivence avec le ministre pour
maintenir l'agriculture dans un état d'infériorité
vis-à-vis des autres classes de la société.
Et ce n'est pas tout. Vous avez hâte, j'en suis assuré, que
je trouve une réalisation. Je mentionne maintenant l'article 13, «
l'aide aux cultivateurs qui laissent leur ferme ». C'est environ 4,000
à 5,000 cultivateurs par année qui quittent leur ferme. S'en
trouve-t-il un seul dans la province, depuis l'avènement de l'Union
Nationale, qui ait profité de l'article 13 du pro-
gramme du parti de l'Union Nationale? S'en trouve-t-il un seul qui ait
touché une seule subvention de départ? Encore là, dans ce
domaine, rien de rien. Je suis porté à dire, comme la Piaf:
« Non, rien de rien». Rien encore, à l'article 13. Je me
vois encore dans l'obligation de dire que, dans ce domaine, comme dans tous les
articles qui ont précédé, rien n'a bougé.
Prenons l'article 14, « remboursement aux cultivateurs de la
moitié de leur contribution au régime des rentes. Le gouvernement
actuel, par le régime des rentes, retire cette rente du cultivateur, se
finance pendant un an et, après un an et parfois plus, rembourse le
cultivateur, mais il a profité, pendant un an, de la contribution au
régime des rentes en ne la remboursant pas immédiatement ou en
les exemptant. Quand le gouvernement actuel livrera-t-il la marchandise pour
laquelle il a été payé à l'article 15? Oui,
l'article 15 ce n'est pas moi qui le dis « à
l'exemption de l'impôt foncier de la terre et des bâtiments de
ferme ».
On a promis et juré aux cultivateurs du Québec qu'ils ne
paieraient plus d'impôts, qu'ils ne paieraient plus de taxes scolaires
sur les bâtiments de ferme et sur le fonds de terre, qu'ils ne paieraient
plus de taxes municipales sur les bâtiments et sur leurs terres. C'est
écrit dans le programme: Promesses de l'Union Nationale!
Où en sont-ils rendus, les cultivateurs, avec cette promesse de
l'article 15? Ils ne reçoivent que les 35% décidés par le
gouverne ment précédent en remboursement des taxes scolaires
qu'ils paient. Tout ce qui s'est fait dans ce domaine, c'est ce que le
gouvernement précédent avait décidé. Donc, à
l'article 15, encore une fois, zéro. Aucune réalisation.
Pendant la campagne électorale, on a crié aux cultivateurs
qui avaient de la difficulté à vendre leur bois à
pâte que le gouvernement créerait une régie pour l'achat du
bois à pâte des cultivateurs et des colons. C'est encore
écrit dans le programme de l'Union Nationale. Où est-elle, cette
régie qui achète le bois à pâte des cultivateurs et
des colons à un prix raisonnable pour leur permettre de vivre comme on
le leur promettait? Elle n'existe pas encore, après près de
quatre ans d'administration de l'Union Nationale. Encore dans ce domaine,
rien.
Où sont les villages forestiers où des familles pourront
s'organiser en coopérative et qui devaient être
créés en 1966? Elles sont là, dans le programme, pas
ailleurs. Que dire maintenant des allocations scolaires qui devaient être
portées à $25 par mois pour tous les enfants qui
fréquenteraient les écoles? Et pourtant, c'est dans le programme;
c'est resté là.
UNE VOIX: C'est collé.
M. COURCY: Face à tout ça, je vais démontrer au
ministre de l'Agriculture où il a conduit l'agriculture depuis quatre
ans. Le ministre peut-il nier que l'indice composé du coût de
production à la ferme excluant la vie de famille était de $110 en
1961, pendant que nous étions au pouvoir, qu'il s'est rendu à
$145 en 1967, et est monté à $153 en 1968? Quand je dis l'indice
du coût de production, je veux dire l'achat des marchandises et des
services utilisés par les agriculteurs. Mais, pour faire face à
ces augmentations du coût de production, le cultivateur a comme
possibilité la vente de ses produits agricoles. C'est dans la vente de
ses produits qu'il a la possibilité d'aller chercher l'argent pour
compenser ces augmentations de coût de production. Où en sont
rendus les prix moyens payés aux agriculteurs du Québec pour
leurs produits, à l'exception du beurre, dont le prix d'achat est
garanti par le gouvernement fédéral? A l'exception du beurre,
dont le prix de soutien est garanti par le gouvernement fédéral
et pas par le gouvernement provincial? Les bêtes à cornes, des
veaux et des moutons, des agneaux, ont accusé une certaine hausse. Pour
le reste des productions agricoles, c'est là que le cultivateur prend
ses revenus. Le porc abattu, dont le prix moyen était de $34.21 en 1966,
est tombé à $33.50 en 1969. Le prix moyen du poulet, de 24¢
en 1966, quand nous avons quitté le pouvoir, est tombé à
23¢, en 1969. Le prix moyen de l'avoine était de $0.91 le boisseau
à comparer à $0.84 en 1969, le maïs, grain de production que
le gouvernement précédent avait commencé à
implanter dans le Québec, est passé, de $1.48 le boisseau en 1966
à $1.68 en 1969.
La pomme de terre, M. le Président: Nous avons travaillé
à implanter la production de la pomme de terre dans le Québec,
légume qui nous venait des provinces extérieures et même de
pays étrangers. La pomme de terre, en 1966, était payée,
prix moyen, au cultivateur du Québec, $2.51; cela est tombé, et
aujourd'hui, en 1969, au dernier chiffre que nous avons, le prix était
de $2.17. Les navets, les betteraves, de $15.45 la tonne en 1966, c'est
tombé à $14.64 en 1969. Le foin de trèfle, $27.55 la tonne
en 1966; c'est tombé, M. le Président grâce aux bons
soins du ministre à $17.38 en 1969. Le maïs fourragé,
$12.32 en 1966; le prix de vente en 1969, $8.83. Les oeufs, prix moyen en
1966,
$0.52 la douzaine, pendant que le prix moyen, en 1969, est de $0.50.
Comment voulez-vous, M. le Président, que, les coûts de production
augmentant et les prix de vente des produits agricoles diminuant, le
cultivateur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. COURCY: ... soit capable de subsister?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je rendrais probablement service
à l'honorable député en lui signalant qu'il lui reste une
minute.
UNE VOIX: C'est assez pour faire remonter les prix!
M. COURCY: N'est-il pas vrai et qui peut le nier que le
dollar canadien, en plus des prix à la vente des produits agricoles qui
ont baissé, ne vaut que $0.81, à comparer au dollar de 1958? Le
chef de l'Opposition a fait des recommandations précises que je ne
répéterai pas. Je demande au ministre de l'Agriculture de voir
à prendre ses responsabilités, cela presse. En 1958, date qui a
précédé mon entrée en politique comme ministre de
l'Agriculture, $46 millions étaient dépensés pour les
agriculteurs; au dernier budget libéral en 1965-66, le gouvernement a
dépensé $91 millions pour les cultivateurs du Québec.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, permettez-moi, à l'instar
de tous mes collègues des deux côtés de la Chambre, de vous
offrir mes félicitations et mes meilleurs voeux. Je sais que vous saurez
diriger nos travaux avec impartialité et doigté. C'est ainsi que
vous avez toujours agi comma vice-président de la Chambre et comme
président de notre comité plénier. Je dois dire que vous
avez fait votre apprentissage sous un excellent président de la
Chambre.
Je voudrais aussi féliciter celui qui est aujourd'hui chef de
l'Opposition, le député de Mercier, celui qui, comme vous le
savez, porte maintenant et bretelles et ceinture et garde dans la serviette de
son chef de cabinet un deuxième pantalon.
M. BELLEMARE: J'espère que cela va se rendre!
M. GOLDBLOOM: Je sais, M. le Président, que lui aussi, dans la
tradition qui a été établie par le député de
Louis-Hébert, celui qui a si bien mérité du Québec,
le député de Mercier saura diriger l'Opposition de façon
intelligente et ferme, de façon à opérer, dans cette
Chambre, un changement majeur au cours des prochains mois.
M. le Président, nous sommes à l'étude d'une
motion, motion de blâme, motion de non-confiance à l'endroit du
gouvernement. Cette motion blâme le gouvernement de ne pas avoir su
soutenir l'économie de la province, de ne pas avoir su combattre le
chômage. Il y a deux jours, le distingué chroniqueur du New York
Times, M. James Reston, écrivait que la pauvreté en
Amérique du Nord n'est pas seulement un embêtement dispendieux
mais une menace à la sécurité de notre
société. Il a cité George Bernard Shaw qui a appelé
la pauvreté le pire des dangers, le pire des crimes.
La pauvreté, M. le Président, vit, en Amérique du
Nord, côte à côte avec l'abondance. La pauvreté, chez
nous, est illuminée par la merveilleuse promesse de la
société que nous nous sommes promis de bâtir et dont les
ressources naturelles, industrielles et humaines sont ici au Québec
autour de nous. Et ce n'est malheureusement pas sous le règne du
gouvernement actuel que la richesse a été répandue et la
pauvreté diminuée.
Le gouvernement, diront ses membres, c'est justemant l'honorable
ministre des Institutions financières qui l'a dit tout à l'heure
est, dans une large mesure, la victime et le prisonnier de la
conjoncture, et cette conjoncture n'est pas simplement
québécoise, diront-ils, elle est canadienne, occidentale,
mondiale. L'argument est séduisant, mais il est inacceptable. Avez-vous
eu récemment l'occasion, M. le Président, de visiter l'Ontario,
1'Alberta, la Colombie-Britannique? Etes-vous allé en Allemagne de
l'Ouest, peut-être pour y emprunter de l'argent? Avez-vous visité
un supermarché à Peekskill, New York, où à
Wellesley, Massachusetts, comme je l'ai fait, pour comparer ce que l'on trouve
là avec ce que l'on peut trouver chez-nous? Avez-vous parlé
récemment avec nos architectes, nos constructeurs, nos travailleurs du
secteur du bâtiment? Avez-vous parlé avec ceux de Toronto ou de
Vancouver, dont plusieurs sont déjà des Québécois
errants?
Il a déjà été souligné, M. le
Président, que la mise en chantier d'habitations au Québec a
accusé une baisse de 6.6%, tandis que dans les provinces atlantiques,
l'augmentation a été de 11,000 à presque 14,000 pour la
même période.
Etes-vous allé, M. le Président, dans les
petits magasins de Montréal, comme je le fais assez
régulièrement dans mon comté, pour entendre presque
partout que le chiffre d'affaires est sensiblement plus bas que celui de l'an
dernier, et que tous les commerçants connaissent un nombre accru de
chômeurs dans leur quartier et se trouvent, à regret,
obligés de leur refuser du crédit?
Non, M. le Président, nous nous trouvons dans un cercle vicieux
dont l'Union Nationale a été incapable de nous sortir. Ce cercle
vicieux est constitué comme suit: le pouvoir d'achat étant
à la baisse, le public achète moins dans les magasins; le
commerçant commande donc moins chez ses fournisseurs; le fournisseur
commande moins chez les manufacturiers; faute de commandes, le manufacturier,
au mieux, maintient son personnel sans augmentation, et au pire, le diminue. Le
chômeur, je vous l'assure, n'achète pas beaucoup dans les
magasins, et on continue de tourner dans le cercle vicieux.
J'ai devant moi des documents publiés par l'ACEF, Association
coopérative d'économie familiale, qui soulignent que, dans la
période de 1966 à 1969, le pouvoir d'achat réel du
consommateur a augmenté au Québec d'approximativement
9.6%. Le crédit à la consommation a augmenté pour la
même période de 23.4%, tandis que la consommation elle-même
n'a marqué qu'une croissance de 4.2% et que le chômage, comme nous
le savons tous, a augmenté. Cela veut dire que, le pouvoir réel
d'achat étant moindre, nous sommes obligés d'avoir recours
davantage aux emprunts, au crédit. C'est un phénomène qui
est généralisé, mais, quand l'économie va mal, les
gens à faible revenu s'endettent, se mettent dans une situation
pénible et nous n'avons pas été là pour les
protéger.
Avons-nous une loi sur les petits prêts? Avons-nous nous
l'avions apparemment, à un moment donné une loi de la
vente à tempérament? C'était une loi qui datait de 1949,
qui régissait le crédit sur tous biens meubles jusqu'à
concurrence de $800, qui fixait le dépôt initial versé le
jour même de l'achat à 15% du prix de vente à
tempérament. Or, nous voyons partout, autour de nous, des ventes qui
sont faites sans dépôt initial, sans montant à verser.
Cette loi établissait les normes des versements différés
selon la période des versements, jusqu'à un maximum de $800.
On sait que des ventes à tempérament sont faites à
des chiffres qui dépassent de beaucoup ce montant de $800. La loi fixait
les intérêts à 3/4 de 1% par mois sur le solde dû.
Nous connaissons les taux d'intérêt que nos citoyens, surtout les
moins fortunés, sont appelés à payer aujourd'hui. Cette
loi transférait à l'acheteur le droit de propriété
de la chose vendue au moment de l'achat, si l'une des conditions
précitées n'était pas respectée, et elle enlevait
le droit à tout intérêt, si l'une des conditions
précitées n'était pas respectée.
M. le Président, nous avons gravement besoin de lois de cette
nature. Nous avons gravement besoin d'une loi sur les petits prêts. Nous
avons besoin de plusieurs lois pour protéger le petit consommateur.
Faute de ces lois, l'économie, surtout quant aux gens de faible revenu,
est en mauvais état. J'ai parlé des chômeurs. Ce ne sont
pas seulement les chômeurs qui sont sans travail. Nous avons beaucoup de
citoyens qui sont inaptes au travail.
Nous luttons contre le chômage de plusieurs façons, en
principe. Nous essayons de trouver du travail ou de compenser le manque de
travail par des allocations sociales. Mais celui qui est inapte au travail
qu'est-ce que nous faisons pour lui? Je souligne que, parmi les assistés
sociaux, les inaptes au travail sont plus nombreux que les aptes au travail.
Nous avons adopté, à la dernière session, une nouvelle loi
de l'aide sociale. Des recommandations ont été faites, surtout
par un organisme distingué qui s'appelle le Montreal Diet Dispensary.
Des chiffres ont été établis pour démontrer quel
est le minimum vital nécessaire non pas pour des divertissements mais
seulement pour maintenir un niveau convenable de santé.
Le gouvernement n'a pas su atteindre ces niveaux recommandés par
un organisme responsable pour un minimum vital pour les assistés sociaux
inaptes au travail. Pour les aptes au travail, le gouvernement a prévu
la possibilité d'augmenter les chiffres d'allocations sociales par des
montants assez restreints qui pourraient être gagnés par
celui qui peut trouver du travail. Mais, dans notre état actuel de
chômage, c'est assez difficile, surtout pour l'assisté social, de
trouver du travail.
Nous parlons depuis assez longtemps du problème des
médicaments pour les assistés sociaux. Les assistés
sociaux se posent la question: Préférez-vous mourir malade ou
mourir de faim? Vous avez le choix.
On aurait pu payer une quantité impressionnante d'ordonnances
médicales avec le coût des missions au Gabon, de la
réfection luxueuse de la salle du conseil des ministres ou de
l'exploitation abusive de l'Office d'information et de publicité. Ou
bien on aurait pu instaurer, il y a longtemps, un régime
d'assurance-maladie avec tous ses bénéfices pour
l'économie du Québec et ainsi obtenir les $200 millions qui ne
nous servent présentement que comme cheval
de bataille sur lequel l'Union Nationale est perchée
précairement à califourchon.
La pauvreté au sein de l'abondance, c'est ce qui existe en
Amérique du Nord, mais avec l'Union Nationale nous n'avons pas
l'abondance. Les ministériels peuvent citer des exemples, ici et
là de progrès isolés, mais un fait demeure: le portrait du
Québec a évolué au cours des quatre dernières
années et pour le pire. Le Québec le sait, parce qu'il l'a
vécu. De 1960 à 1966, ça allait bien: depuis 1966,
ça va mal.
La pauvreté et le chômage massif ne sont pas
inévitables.
Ils sont intolérables et inacceptables. Je cite ce que George
Bernard Shaw a dit, il y a plus de quarante ans; « Modern poverty is not
the poverty that was blest in the Sermon on the Mount. The objection to it is
not that it makes people unhappy but that it degrades them. And the fact that
they can be quite as happy in their degradation as the betters are in their
exultation, makes it worse. Such poverty as we have today in our great
cities... »
J'ouvre une parenthèse pour souligner que la pauvreté
rurale est tout à fait aussi grave que la pauvreté urbaine.
« ... degrades the poor and infects with its degradation the whole
neighbourhood in which they live. And whatever can degrade a neighbourhood can
degrade a country and a continent and finally the whole civilized world which
is only a large neighbourhood. Its bad effects cannot be escaped by the rich.
When poverty produces outbreaks of virulent infectious disease, as it always
does sooner or later, the rich catch the disease and see their children die of
it. « When it produces crime and violence, the rich go in fear of both.
When it produces bad manners and bad language, the children of the rich pick
them up, no matter how carefully they are secluded. The saying that we are
members one of another is not a mere pious formula to be repeated in church
without any meaning. It is a literal truth for, though the rich end of the town
can avoid living with the poor, it cannot avoid dying with the poor. People
will be able to keep themselves to themselves as much as they pleased when they
have made an end of poverty. « But until then they will not be able to
shut out the sights and sounds and smells of poverty from their daily walks nor
to feel sure from day to day that its most violent and fatal evils will not
reach them through their strongest police guards. »
M. le Président, j'ai dit que la pauvreté et le
chômage massif ne sont pas inévitables, ils sont
intolérables et inacceptables. Puisqu'ils sont In- tolérables et
inacceptables, ils font la honte du Québec et nécessairement,
donc, ils font la honte de l'Union Nationale.
M. BERNATCHEZ: Je propose l'ajournement du débat.
M. BERTRAND: Il va répondre à Alcide. M. LAPORTE: Qui
répondra à Alcide? M. BERTRAND: C'est M. Bernatchez.
M. BERNATCHEZ: Je propose l'ajournement du débat, M. le
Président.
M. LAPORTE: Comment l'ajournement du débat? n n'est pas dix
heures, M. le Président.
M. BELLEMARE: Il y a une réception chez le président.
M. BERTRAND: Il y a une réception chez le président.
M. LAPORTE : M. le Président, il n'est pas dix heures.
M. BERTRAND: Ah! D'accord. M. LAPORTE: Qu'il réponde. UNE VOIX:
Vous allez le regretter. M. René Bernatchez
M. BERNATCHEZ: M. le Président, nous avons entendu ce soir le
député d'Abitibi-Ouest faire ses commentaires sur la situation
agricole dans la province de Québec. Le discours qu'il nous a
présenté ce soir est la répétition des nombreux
discours qu'il récite dans toute la province de Québec.
M. COURCY: Oui, et tant que le programme ne sera pas
réalisé.
M. BERNATCHEZ: Il se garde bien de faire de véritables
comparaisons entre la situation d'aujourd'hui et celle qu'il a
créée alors qu'il présidait aux destinées de
l'agriculture dans la province de Québec.
M. COURCY: Il se répète.
M. BERNATCHEZ: ... M. le Président, l'Union Nationale a
présenté tout un programme de rénovation agricole dans la
province en
1966; ce programme est un programme réfléchi, ce programme
est en voie de réalisation, et j'aurai certainement l'occasion, lors de
la reprise du débat, de relever certaines affirmations gratuites du
député d'Abitibi-Ouest alors qu'il accuse le gouvernement actuel
d'avoir fermé les écoles moyennes d'agriculture. Le
député d'Abitibi-Ouest se rappellera que c'est sous son
administration qu'on a procédé, graduellement,
discrètement, au transfert des écoles d'agriculture au
ministère de l'Education.
Je pourrai, à la reprise du débat, apporter la preuve
écrite de ce que j'avance, M. le Président. Le
député d'Abitibi-Ouest a parlé d'un plan quinquennal que
nous avons préconisé pour le drainage et l'amélioration
des fermes. Nous avons préconisé l'établissement d'une
telle politique alors que l'Union Nationale siégeait dans l'Opposition.
Nous l'avons inscrit...
M. COURCY: Cinq ans, c'est un peu trop.
M. BERNATCHEZ: ...dans notre programme politique et nous sommes en train
de le réaliser.
L'honorable ministre de l'Agriculture a donné toute une impulsion
nouvelle au drainage des sols de la province de Ouébec, non seulement le
drainage pour l'amélioration des gros cours d'eau, mais également
en mettant l'accent sur l'augmentation de nos efforts pour le drainage
souterrain. Nous avons non seulement commencé à réaliser
ce plan quinquennal d'amélioration du drainage des fermes, mais nous
avons également, grâce aux subventions qui ont été
votées par le gouvernement en faveur de la classe agricole, nous avons
augmenté je dirais presque de 100% les crédits destinés
à l'amélioration des fermes à l'aide d'outillage et de ce
qu'on appelle les tracteurs-bulldozers.
Il y a quantité de facteurs qui contribuent au succès,
à l'avancement de l'agriculture dans la province de Québec. Il y
a, certes, ces améliorations du fonds de terre, telles que les
amendements calcaires, l'utilisation d'engrais chimiques, le drainage,
l'amélioration des fermes, mais il y a également
l'amélioration de la voirie rurale. Le député
d'Abitibi-Ouest doit se rappeler qu'alors que nous siégions dans
l'Opposition, nous reprochions à son gouvernement de sacrifier la voirie
rurale en consentant tous les crédits du ministère de la Voirie
aux grandes constructions. Depuis 1966, vous avez vu des a-m éliorations
très palpables dans tous les milieux ruraux afin de permettre le
transport des produits agricoles, afin de faciliter les échanges
commerciaux avec les grands centres.
DES VOIX: Encore! C'est bon!
M. BERNATCHEZ: Le député d'Abitibi-Ouest félicite
le chef de l'Opposition d'avoir, dans son discours en réponse au
discours inaugural, parlé d'agriculture. Mais si vous avez lu son
manifeste électoral alors qu'il sollicitait la confiance de tous les
militants libéraux, dans tout son manifeste, il a dit un mot de
l'agriculture, et il était entre parenthèses.
M. COURCY: Il est aussi bon que le ministre du Travail.
M. LAPORTE: Est-ce que vous auriez aimé mieux une accolade?
M. BERNATCHEZ: M. le Président, le député
d'Abitibi-Ouest essaie aujourd'hui d'attribuer à l'Union Nationale
toutes les difficultés que connaît la classe agricole. Mais, il a
été au pouvoir. Il a été responsable de
l'administration des politiques agricoles pendant six ans. Nous avons
hérité des problèmes multiples qu'il a laissés en
suspens.
M. BERTRAND: Epouvantable!
M. COURCY: Oui 3.5% de chômage; $92 millions pour l'agriculture du
Québec...
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. COURCY: ... à comparé à $77 millions
aujourd'hui.
M. PROULX: Lâchez-le.
M. BERNATCHEZ: Le député d'Abitibi-Ouest prétend
que nous n'avons pas réalisé notre programme. Il a essayé
de faire accroire à la population, et aux membres de cette
Assemblée que c'était son gouvernement qui avait
réalisé l'assurance-récolte.
M. COURCY: Déposez les rapports!
M. BERNATCHEZ: Son gouvernement a parlé
d'assurance-récolte, comme il a toujours parlé des
problèmes agricoles, mais il n'en a pas réglé un seul.
Nous avons trouvé au ministère de l'Agriculture des
rapports et des études sur l'assurance-récolte, mais rien de
défini, rien de concret. Cest le ministre actuel de l'Agriculture qui a
passé des soirées entières avec ses collègues pour
préparer la législation qui aujourd'hui rend service à la
classe agricole.
Le député d'Abitibi-Ouest a déjà
participé à l'élaboration de programmes politiques.
Cest
lui qui devait bâtir un abattoir dans le Nord-Ouest
québécois.
M. COURCY: Que le député lise l'article du programme de
son parti où il est mentionné qu'un abattoir sera construit en
Abitibi-Ouest.
M. BERNATCHEZ: Le député d'Abitibi-Ouest a commencé
à parler d'abattoir dans le Nord-Ouest québécois en 1952
lorsqu'il s'est présenté pour la première fois. Il s'est
fait battre, il ne m'a pas cru. Il s'est représenté en 1956, a
été élu et en 1960, son parti a pris le pouvoir. Il a
été nommé ministre de l'Agriculture. Il avait toutes les
facilités possibles de réaliser cette grande promesse qu'il
faisait depuis huit ans dans le Nord-Ouest québécois.
M. COURCY: Les sommes avaient été votées et...
M. BERNATCHEZ: C'est le spécialiste des grandes rumeurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre! DES VOIX: Encore,
encore!
M. COURCY: Encore!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, demain laChambre se
réunira à trois heures et après la période des
questions, elle ajournera ses travaux pour permettre à la commission de
l'Education de continuer l'étude de l'avant-projet de loi no 62. Cette
commission pourra se réunir vers quatre heures.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce que je pourrais rappeler aux
députés que demain matin, il y a un petit déjeuner de la
faim organisé par le Mouvement catholique canadien pour le
développement et la paix. Demain matin à huit heures trente. La
contribution est de $5 ou plus et elle sera recueillie à
l'entrée. Tous les députés sont bienvenus. C'est au
café du Parlement.
M. LE PRESIDENT: LaChambre ajourne ses travaux à demain
après-midi, trois heures.
(Fin de la séance: 22 h 3)
ANNEXE A
ARRETE EN CONSEIL CHAMBRE DU CONSEIL EXECUTIF
Numéro 717 24 FEVRIER 1970
CONCERNANT l'adoption du règlement général relatif
à l'avis de licenciement collectif aux fins de l'article 45 de la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre.
ATTENDU QUE l'article 45, relatif au licenciement collectif, de la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre (bill
49, chapitre 37, 1969) a été décrété en
vigueur par l'arrêté en conseil numéro 2160 du 23 juillet
1969, à compter du 2 août 1969, date de la publication de la
proclamation dans la Gazette officielle du Québec;
ATTENDU QUE l'alinéa 1 ) de l'article 30 relatif aux
règlements à adopter en vertu de cette loi a été
décrété en vigueur par l'arrêté en conseil
numéro 123 du 14 janvier 1970, à compter du 3 février
1970, et qu'une proclamation à cet effet a été
publiée dans la Gazette officielle du Québec du 31 janvier
1970;
ATTENDU QUE l'article 45 de cette loi, prévoit, aux conditions et
dans les délais minimaux qu'il édicte, que tout employeur doit
donner avis au ministre des licenciements collectifs qu'il envisage;
ATTENDU QU'il y a lieu en vertu de l'alinéa 1) de l'article 30 de
cette loi d'adopter un règlement général aux fins
d'établir les modalités d'application de l'article 45 relatif
à l'avis de congédiement collectif et d'en assurer
l'efficacité,
IL EST ORDONNE, en conséquence, sur la proposition du ministre du
Travail et de la Main-d'oeuvre:
QUE, sous l'autorité de l'alinéa 1) de l'article 30 de la
Loi sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre,
le règlement général relatif à l'avis de
licenciement collectif aux fins de l'article 45 de la Loi sur la formation et
la qualification professionnelle de la main-d'oeuvre dont copie est ci-jointe,
soit adopté et prenne effet à compter de son approbation par le
Lieutenant-gouverneur en Conseil.
LE GREFFIER DU CONSEIL EXECUTIF (Signé)
Julien Chouinard
Ministère du Travail et de la
Main-d'oeuvre
REGLEMENT GENERAL
RELATIF A L'AVIS DE LICENCIEMENT COLLECTIF
AUX FINS DE L'ARTICLE 45 DE LA LOI SUR LA FORMATION ET
LA QUALIFICATION PROFESSIONNELLES DE LA
MAIN-D'OEUVRE
SECTION I Dispositions introductives
Article 1. Le présent règlement peut être
cité sous le titre de Règlement général relatif
à l'avis de licenciement collectif aux fins de l'article 45 de la Loi
sur la formation et la qualification professionnelles de la main-d'oeuvre.
Article 2. Dans le présent règlement, les expressions
suivantes signifient: a) "employeur": quiconque fait exécuter un travail
par un salarié, sauf celui dont l'activité principale est la
construction au sens de la Loi sur les relations du travail dans l'industrie de
la construction (chapitre 45, 1968); b) "salarié": une personne qui
travaille pour un employeur moyennant rémunération; cependant, ce
mot ne comprend pas: lo un administrateur ou officier de corporation; 2o un
salarié saisonnier ou intermittent ; c) "entreprise": la
réalisation de projets; d) "raison technologique": tout
aménagement nouveau des moyens de production;
e) "raison économique": tout motif provenant de manque de
matières premières, d'une modification des conditions du
marché, de l'arrêt ou d'une réduction des commandes, du
changement des produits, réduction des frais généraux,
d'une réorganisation administrative, d'une suppression de certains
services ou tout motif analogue; f) "licenciement": toute cessation de travail
d'un salarié du fait de l'employeur; g) "licenciement collectif": tout
licenciement qui touche au moins dix (10) salariés au cours d'une
période de deux (2) mois consécutifs.
SECTION Il
Application
Article 3. Le présent règlement s'applique à tout
employeur qui licencie tous ses salariés ou une partie des
salariés de l'un ou de plusieurs de ses établissements, dans une
région donnée.
Le présent règlement ne s'applique pas à
l'employeur qui 1- licencie des salariés affectés à une
entreprise saisonnière ou intermittente, ou 2- licencie des
salariés pour une durée indéterminée mais
effectivement inférieure à six mois.
Le présent règlement ne s'applique pas également
aux établissements affectés par une grève ou un lock-out
au sens du Code du travail.
SECTION III
Procédure
Article 4. L'employeur visé à l'article 2 du
règlement est tenu de donner avis conforme à l'article 45 de la
Loi sur la formation et la qualification professionnelles de la
main-d'oeuvre.
Article 5. L'avis est transmis par la poste à la Direction
générale de la main-d'oeuvre et doit contenir : lo le nom et
l'adresse de l'employeur ou de l'établissement visé; 2o la nature
du produit ou service principal; 3o le nom et l'adresse des associations de
salariés; 4o les raisons du licenciement collectif; 5o la date
prévue du licenciement collectif; 6o le nom des salariés
possiblement affectés par le licenciement collectif.
L'avis prend effet à compter de la date de sa mise à la
poste.
Article 6. Au cas de force majeure ou d'événement
imprévu, il incombe à l'employeur de faire la preuve de
l'impossibilité de prévoir un licenciement collectif.
En ce cas, le ministre du travail et de la main-d'oeuvre peut fixer le
délai à respecter pour procéder au licenciement collectif,
après consultation de l'employeur.
Article 7. Durant le délai d'avis, l'employeur ne peut
procéder à un licenciement collectif.
SECTION IV
Comité de
reclassement
Article 8. La Direction générale de la main-d'oeuvre prend
charge de la constitution et de la bonne marche du comité de
reclassement prévu à l'article 45 de la Loi sur la formation et
la qualification professionnelles de la main-d 'oeuvre.
SECTION V
Entrée en
vigueur
Article 9. Le présent règlement prend effet le jour de sa
publication dans la Gazette officielle du Québec.
Direction générale de la main-d'oeuvre 2875 boul. Laurier,
Québec 10 10 février 1970.
ANNEXE Référer à la version PDF page 124
ANNEXE Référer à la version PDF page 125
ANNEXE Référer à la version PDF page 126
ANNEXE Référer à la version PDF page 127