Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Neuf heures vingt minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Loi de la Législature
M. BERTRAND: M. le Président, je propose que cette Chambre
recommande que les dispositions du 2e alinéa de l'article 95 de la Loi
de la Législature, Statuts refondus de 1964, chapitre 6, ne soient pas
appliquées pour les députés qui étaient en fonction
le 1er décembre 1969.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LESAGE: On dit toujours que c'est la dernière fois.
M. BERTRAND: Le problème, M. le Président, qui se
soulève est toujours le suivant: si on exerçait un contrôle
absolu, il serait possible de ne pas adopter pareille motion. D'autre part, il
y a des gens qui ont de véritables raisons et il s'agirait, à ce
moment-là, de faire enquête dans tous les cas. Je propose
et j'espère, comme le chef de l'Opposltlon le dit, que ce sera la
dernière fois que le problème soit soumis à
l'attention de la commission de l'Assemblée nationale.
M. LESAGE: M. le Président, j'en suis rendu à me demander
s'il ne devrait pas y avoir un rôle de présence que chaque
député devrait signer de sa main, chaque jour, une fois dans la
journée, pour bien démontrer sa présence au Parlement.
M. LAFRANCE: C'est scandaleux.
M. LESAGE: Comme je viens de l'entendre dire par le député
de Richmond, je considère que ça devient scandaleux, il est temps
que les députés réalisent qu'ils auront droit à
leur indemnité complète s'ils participent ou au moins s'ils
assistent chaque jour à une partie des séances. Peut-être
va-t-on penser que je veux faire la leçon à tout le monde, il
n'est pas question de faire de leçon; c'est une question de justice
élémentaire.
M. BERTRAND: C'est ça. M. le Président, comme je l'ai dit
tantôt, le problème sera soumis à la première
réunion de la commission de l'Assemblée nationale qui devrait se
tenir dans les tout premiers jours de la reprise des travaux parlementaires, en
février.
Deuxièmement, on me permettra de signaler une fois de plus,
à cause de ce que j'ai entendu et de ce que d'autres collègues
ont entendu à la radio, que le montant qui, hier, a été
accordé aux députés pour le local est un montant
imposable. De grâce...
UNE VOIX: Ils vont finir par comprendre.
M. BERTRAND: II est important que la population soit renseignée.
Nous ne sommes pas ici pour faire des cadeaux aux députés, mais
nous sommes ici pour rendre justice aux députés comme aux autres.
Nous sommes tellement décriés en certains milieux; au moins, que
l'on dise la vérité au sujet d'une loi que nous avons
adoptée en pleine lumière, non pas en cacho-tiers. Si les gens se
demandent pourquoi nous l'avons adoptée à la fin, ce n'est pas
compliqué, c'est que nous remplissons nos devoirs parlementaires
d'abord, et, à la fin d'une session, il est normal que l'on puisse
s'occuper après avoir adopté cette année entre
autres, une législation abondante des problèmes qui
concernent les députés également.
M. LESAGE: Je ne comprends pas qu'on ait répété
à la radio et dans les journaux qu'il pouvait s'agir d'un montant non
taxable. Le premier ministre a déclaré hier que c'était
imposable. J'ai pris la peine, lorsque j'ai dit quelques mots, de
déclarer comment il se faisait que c'était imposable. C'est en
vertu de la Loi fédérale de l'impôt sur le revenu et en
vertu de la Loi provinciale de l'impôt sur le revenu. Un
député, à part ses dépenses de voyage effectivement
encourues, ne peut pas recevoir comme indemnité non taxable plus de 50%
de son indemnité imposable. C'est clair. C'est la loi. Donc, les $200
par mois que le député recevra pour ses frais de bureau dans son
comté seront taxables, même si nous pourrions prétendre
qu'il serait justifié qu'ils ne le soient pas. C'est impossible à
cause des lois existantes.
M. BERTRAND: Pour apporter un exemple, ce matin, dans le Journal de
Québec, on écrit: « Les députés se paient la
traite ». On fera les titres qu'on voudra. On termine:« Cette
année, les représentants du peuple ont pris l'affaire des cadeaux
en main. En effet, leur traitement annuel passe de $18,000 à $21,000.
»
UNE VOIX: C'est le Journal de Québec!
M. BERTRAND: C'est le journal de ce matin. Voilà comment on
informe la population.
M. COITEUX: C'est malhonnête.
M. BERTRAND: Je laisse aux journalistes qui sont objectifs, qui sont
consciencieux, le soin de juger.
M. LE PRESIDENT: La motion de l'honorable premier ministre sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. HYDE: Sur la motion du leader parlementaire hier, est-ce que le
leader pourrait nous assurer que, pour les commissions qui vont siéger
entre les sessions, comme par le passé tous les députés
seront avisés des séances, même s'ils ne sont pas membres
des commissions?
M. BERTRAND: Oui.
M. PAUL: M. le Président, sans doute qu'avec les modifications
que nous avons apportées à la toute fin de la session comme, par
exemple, la Loi sur la restructuration scolaire à Montréal et les
projets de loi de la communauté de Montréal, nous avons fait des
changements aux commissions pour y intégrer des députés
directement intéressés.
Nous avons l'intention de revenir à peu près aux
mêmes commissions que celles qui existaient avant ces changements qui
s'imposaient pour l'étude de certains projets de loi particuliers. Je
pense bien que, d'ici le 15 janvier, il ne se fera rien. Après le 15
janvier, je pourrai rencontrer...
M. LESAGE: Attendez au 18 janvier.
M. PAUL: Oui. Je rencontrerai à ce moment-là le leader de
l'Opposition pour établir un certain équilibre dans nos
commissions. Lorsqu'une commission siégera, les membres recevront, comme
par le passé, un avis de couleur verte, et tous les
députés, en général, recevront l'avis de couleur
blanche.
M. LE PRESIDENT:
Affaires du jour. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. BERTRAND: Affaires du jour.
M. PAUL: Article 5.
M. BERTRAND: Article 5.
M. PAUL; M. le Président, un instant.
Imposition des revenus des compagnies
d'assurance
MR. JOHNSTON: M. le Président, as you are aware, the Minister of
Finance has announced, in the last Budget Speech, that the Corporation Tax Act
should be amended in order that the motion of taxable income of life insurance
companies be the same under the said Act and the Federal Income Tax Act.
The intention of the Government in this announcement was to implement
its legislation in order to recuperate at least the abatement of the tax given
by the Federal to the insurance companies doing business in the Province of
Quebec.
During the Fall Session, the Government of Canada has amended its Income
TaxAct, (Chapter 44, of the 1968/1969 Statutes), to provide a new method of
taxation with regard to life insurance corporations. Section 30 and Section 68
A of the said Act were repealed, and new provisions were introduced in order to
provide that life insurance corporations be taxed on the net income arising
from the insurance business, instead of being taxed on any amount credited to
the shareholders' account.
Similarly, the Government of the Province of Quebec intends briging into
its Legislation provisoes that will be in agreement with those adopted by both
the Federal and the Province of Ontario; these provisoes, when adopted, shall
be applicable to 1969 and subsequent financial years.
M. LESAGE: M. le Président, je veux faire un commentaire: c'est
de la taxation rétroactive par décret unilatéral.
M. BERTRAND: C'est très bien, monsieur. L'article 5.
Bill 287 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture de la loi concernant l'aménagement de la
rivière Saint-Charles. L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. LUSSIER: M. le Président, à la deman-
de expresse de la ville de Québec, parce qu'actuellement elle a
entrepris des travaux d'aménagement de la rivière Saint-Charles,
des murs de soutènement, il devient impérieux, si ces
travaux-là doivent continuer, qu'elle puisse posséder un pouvoir
immédiat d'expropriation avec prise de possession préalable. Si
ces pouvoirs ne sont pas accordés par une loi spéciale, la ville
de Québec devra attendre un minimum de 45 jours si la ville
procède par expropriation tel que le prévoit sa charte. Les
contrats sont donnés, les pelles mécaniques sont sur les lieux,
il existe une entente entre les gouvernements fédéral, provincial
et municipal pour l'exécution de ces travaux. A cause de ces raisons, M.
le Président, nous demandons à la législature de voter ce
principe, qui a déjà été accepté
antérieurement, par exemple, dans le cas de Bou-cherville, afin que la
ville de Québec puisse posséder, pour ce cas particulier
d'aménagement de la rivière Saint-Charles, le droit d'exproprier
et d'avoir une prise de possession préalable dans un temps très
court.
M. LESAGE: M. le Président, je crois que cette législation
est absolument nécessaire. Le maire de Québec et M. Armand
Trottier, membre de l'exécutif, nous ont fait des représentations
à l'effet qu'il fallait éviter tout délai dans
l'exécution de ces travaux. Tous les Québécois en sont
bien conscients. Le projet de loi qui est devant nous est rédigé
de telle façon que les droits des tiers sont protégés et,
nous appuyant sur le précédent de 1968, alors que la
Législature avait adopté une loi similaire, presque identique,
certainement identique dans les principes, dans le cas de Boucherville et de la
corporation de la paroisse de Sainte -Anne -de- Varennes, nous sommes
d'accord.
C'est le chapitre 104 des lois de 1968. Ce sont les mêmes
paragraphes, le même numérotage, sauf que, dans le cas de la ville
de Boucherville, il fallait réserver certains droits de passage pour des
oléoducs, ce qui n'existe pas dans ce cas-ci.
M. LE PRESIDENT; La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude de ce projet de loi. Cette
motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. SAUVAGEAU (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. LUSSIER: M. le Président, j'ai un amendement à
l'article 1: Remplacer, dans la deuxième et la troisième lignes,
les mots « conseil appropriant les deniers requis » par « le
comité exécutif ».
M. LESAGE: Pourquoi?
M. LUSSIER: C'est parce que les deniers sont actuellement
appropriés. Il ne reste plus à l'exécutif qu'à
exécuter ce que le conseil a résolu.
M. LE PRESIDENT (M. Sauvageau): L'article 1, tel qu'amendé,
adopté? Adopté. Article 2, adopté. Article 3,
adopté?
M. LUSSIER: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Sauvageau): Article 4, adopté.
Article 5, adopté.
Article 6, adopté.
M. le Président, le comité a adopté le bill 287
avec un amendement qu'il vous prie d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre des Affaires
municipales propose que l'amendement soit maintenant lu et agréé.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Affaires municipales propose la troisième lecture de ce projet de loi.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. LESAGE: Adopté.
Commission des bills privés et publics
M. LE PRESIDENT: Considération du quatorzième rapport de
la commission des bills privés et des bills publics. Suis-je
dispensé?
M. PAUL: Voici, M. le Président, il s'agit d'un projet de loi
privé dont l'étude eut lieu la semaine dernière à
la commission des bills privés et des bills publics; le problème
soulevé par ce projet de loi présenté par les
propriétés Cité Concordia Limitée y a
été examiné à fond. Cer-
tains aspects Juridiques ont fait l'aspect de considérations fort
intéressantes de la part des membres de la commission, à la
lumière des renseignements qui nous étaient fournis par les
procureurs de la corporation pétitionnaire.
En résumé, il s'agit d'un projet de loi qui aurait pour
effet de permettre à la compagnie des propriétés
Cité Concordia Limitée de fermer des ruelles sur le
quadrilatère des rues Hutchison, Milton, Sainte-Famille et de l'avenue
des Pins, à Montréal.
Treize propriétaires compris dans ce quadrilatère
s'opposaient en premier lieu à ce que certaines ruelles soient
fermées pour la réalisation de ce projet qui a jusqu'ici
justifié un investissement de capital de $18 millions par la compagnie
Concordia Limitée et qui amènera un développement
domiciliaire de l'ordre de $250 millions.
Le problème, c'est d'examiner quels peuvent être les droits
éventuels réels de certains héritiers Inconnus jusqu'ici
et dont quelques-uns peuvent être éventuellement répartis
à travers le monde et en faveur de qui une succession peut avoir
été ouverte depuis peut-être même jusque vers les
années 1900.
Subséquemment à la séance des comités des
bills privés et des bills publics, le président de la compagnie
Concordia Limitée, à la demande et à la suggestion des
membres de la commission, est entré en contact avec tous les
propriétaires, soit treize environ, qui ne voulaient pour aucune
considération, entrer en transaction ou en discussion d'affaires pour la
vente de leur propriété.
Ce projet de loi garantit aux treize propriétaires fonciers en
question des droits équivalents à ceux qu'ils possèdent.
Deux restent tout à fait réfractaires et s'obstinent et
c'est leur droit, il faut le reconnaître à ce que nous
passions cette législation.
Dans les onze autres cas, des consentements ont été
obtenus depuis la séance du comité, il en reste deux.
M. LESAGE: Quelle est la forme des consentements? Ceux que j'ai vus
étaient loin d'être satisfaisants.
M. PAUL: Pardon?
M. LESAGE: Quelle est la forme des consentements?
M. PAUL: Oui. Il n'y a aucune objection...
M. LESAGE: On m'a fait lire de ces consentements, et il s'agissait de
documents qui ne voulaient absolument rien dire.
M. PAUL: Ils ne veulent rien dire? Il y a toujours la commune intention
des parties qui, suivant l'article 1013 du code civil...
M. LESAGE: Non, M. le Président. S'il y a des consentements
valables, ils doivent être déposés pour que les
députés puissent les examiner.
M. PAUL: M. le Président, c'est avec raison que l'honorable chef
de l'Opposition fait sa suggestion, mais disons qu'il y a parmi nous un
collègue qui s'est intéressé à tout l'aspect
juridique de cette question et qui a en main, de même que quelques
députés de l'Opposition, certains documents qui ne font aucun
doute quant à l'acceptation de ces propriétaires qui ne
voulaient, au début, consentir à aucune concession, mais qui ont
revisé par la suite leur position, il en reste deux qui invoquent des
raisons juridiques qui n'existent pas.
Nulle servitude ne peut s'établir sans titre en droit, il y en a
deux...
M. LESAGE: Je vous l'ai dit hier.
M. PAUL: Ecoutez, ce n'est pas tant vous qui me l'avez dit que le
législateur qui le dit, depuis 1866, dans le code civil. Vous me l'avez
confirmé.
M. LESAGE: Je vous l'ai rappelé.
M. PAUL: De toute façon, je comprends que l'honorable chef de
l'Opposition était pris à ce moment-là par la discussion
du projet de loi 75 devant l'Assemblée nationale, mais ce
point-là avait été également discuté. Je
crois que c'est l'honorable député d'Outremont qui avait
soulevé cette question à la commission.
M. CHOQUETTE: Non.
M. PAUL: J'ai dit: Je crois.
M. CHOQUETTE: Je pense que vous vous trompez.
M. PAUL: Peut-être que je me trompe, mais c'est parce que vous n'y
avez pas pensé; sinon vous l'auriez soulevée. Voici, en un mot,
ce que deux de ces propriétaires invoquent: une servitude qui, en droit,
n'existe pas, parce que jamais ils n'ont eu d'écrits pour leur garantir
une servitude de vue. Je crois que l'honorable député de
Saint-Jacques est en mesure de préciser et de discuter davantage sur
tout l'aspect juridique de ce problème.
S'il y avait consentement de la part des hono-
rabies députés de cette Chambre, je pourrais demander
qu'on reconnaisse le député de Saint-Jacques pour qu'il discute
de toute cette question au point de vue juridique.
UNE VOIX: Qu'on le reconnaisse? M. LESAGE: Il a bien beau.
UNE VOIX: Nous devons le reconnaître pour discuter de cette
question.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques.
M. COURNOYER: M. le Président, lorsque j'étais sur les
bancs de l'université, j'avais pris la décision ferme de ne pas
pratiquer le droit, de ne faire que de la négociation de contrats
collectifs.
Me voici maintenant dans les servitudes pardessus la tête avec, en
plus de ça, la complication d'un droit de propriété qu'on
veut céder et que nous ne possédons pas actuellement. Ce bill 249
dont il est question ici comporte deux facettes principales: la
première, le droit de propriété; la deuxième,
l'assiette des servitudes qui était constituée par l'existence de
ruelles qui elles-mêmes ont été constituées par des
titres et qui sont inscrites comme telles au cadastre officiel de la ville de
Montréal.
Quant à la première partie, nous sommes obligés de
constater, avec les procureurs de la ville de Montréal, de même
qu'avec les procureurs de la compagnie Cité Concordia Limitée
qu'il est pratiquement impossible, après des recherches, de trouver qui
serait propriétaire des ruelles en question.
Il est donc nécessaire, pour le bien de la compagnie Cité
Concordia et peut-être aussi pour le bien de la Communauté urbaine
de Montréal, de déterminer si la Législature entend donner
un droit de propriété à la compagnie Cité Concordia
sur les ruelles proprement dites, de façon que la compagnie Cité
Concordia puisse entreprendre un projet de construction qui, semble-t-il, est
accepté par la ville de Montréal. Il n'est pas question pour nous
d'approuver le bien-fondé de ce projet de construction par rapport aux
citoyens qui résident dans ce quartier. Nous avons maintenu que ceci ne
relève pas de nous, mais de la ville de Montréal. La ville de
Montréal elle-même a ses responsabilités qu'elle aurait
dû ou qu'elle a dû prendre, puisqu'elle est d'accord avec l'essence
du bill, leur procureur l'ayant manifesté lors de l'étude au
comité des bills privés.
Quant à la deuxième partie, il s'agit de modi- fier
l'assiette des servitudes, de façon que les propriétaires
riverains continuent d'exercer ces servitudes aussi bien, sinon mieux que ce
qui existait auparavant. On doit se demander si nous avons obtenu le
consentement des riverains, comme ç'a été le cas dans le
précédent que nous connaissons, Dupont du Canada
Limitée.
M. LESAGE: Ce n'est pas la même chose.
M. COURNOYER: Non, mais un considérant existait quand même,
sur le consentement.
M. LESAGE: Oui, mais vous ne les avez pas ici.
M. COURNOYER: Un instant. Je ne suis pas encore rendu à
répondre à la question que je me suis posée. On doit se
demander s'il y a eu consentement des intéressés ou des
riverains. La réponse à cette question, c'est qu'il y a eu
consentement de la majorité des riverains, mais que un ou deux riverains
refusent que le droit de passage soit modifié. M. le Président,
quant à nous, nous sommes disposés à discuter de ce bill
article par article. Pour ma part, étant parrain de ce bill, je vous
avoue que je suis favorable à cette procédure, parce que,
premièrement, il y a des précédents qui nous aident
à la formuler et, deuxièmement, même s'il n'y avait pas de
précédent, je crois que l'urgence de la situation nous
permettrait de prendre une décision dans le sens de celle que nous
proposons.
M. LESAGE: M. le Président, je dois par principe poser objection
formelle à l'adoption de ce rapport. J'ai lu les consentements qui sont
censés avoir été donnés, il y en a onze sur treize,
ils ne sont pas satisfaisants, et il y a deux propriétaires qui
s'opposent. Je reviendrai à ça tantôt. Comme l'a dit le
député de Saint-Jacques, il s'agit d'un problème double.
Concordia, cette compagnie qui veut ériger à grand frais un
complexe extrêmement intéressant, veut acquérir le droit de
propriété de ruelles dont il est impossible de retrouver les
propriétaires. Je serais le dernier à m'opposer, en pratique, au
projet de Concordia. Je considère que ce sera, au point de vue du
développement de Montréal, un actif considérable. Je
regrette cependant que ceux qu'on appelle, en langage courant, les promoteurs
de ce projet n'aient pas pris, en temps utile, les dispositions
nécessaires pour protéger les droits des tiers. Je ne puis
être complice de ceux qui veulent ignorer les droits des tiers, droits
parfaitement établis, droits réels. Le problème est
double, comme l'a dit le député de Saint-Jacques, il y a le
fonds, la propriété
du fonds. Impossible de retrouver les auteurs. C 'est le même
problème que nous avons eu à régler dans le cas du bill de
1201 Dorchester Street. Aussi, Décarie boulevard Holding, où le
bill a été refusé; Loi concernant les
propriétés des héritiers de feu Archibald Montgomery
Russell, bill retiré; Loi validant le titre de Couillard Entreprises
Inc., rejeté; Loi concernant certains lots de la paroisse
Saint-Roch-Nord de la cité de Québec, rejeté. Dans le cas
de...
M. PAUL: Est-ce que les principes en jeu dans ces bills-là sont
les mêmes que celui que nous avons?
M. LESAGE: Exactement des ruelles qui servaient depuis toujours, mais il
était impossible de savoir qui étalent les propriétaires
du fonds. Il y avait des droits de passage. C'est là que ça se
complique. Les droits de passage, ce sont des droits réels, des
servitudes réelles. Ces droits de passage sont établis par titre
dans les cas qui nous concernent. On invoque des droits de vue. Je reviendrai
à ça tantôt. On ne m'a pas dit s'il y avait un titre ou
s'il n'y en avait pas pour le droit de vue. Je ne le sais pas. Il faudrait
enquêter pour savoir s'il y a droit de vue dans un des cas, je reviendrai
là-dessus tantôt; laissons le droit de vue pour le moment. Parlons
des droits de passage exercés par tous les propriétaires et
locataires des édifices con-tigus aux ruelles. Lorsque, dans le cas de
Place Victoria à Montréal, Place Victoria a acquis tous les
immeubles du bloc, personne d'autre ne pouvait, à ce moment-là,
prétendre i des droits de passage. Seule Place Victoria avait les droits
de passage. Par conséquent, il n'y avait aucun droit des tiers en cause.
Dans le cas de Dupont, lorsque ce projet de loi est venu il y a quelques
années alors que j'étais premier ministre, il y avait un tiers,
c'était une église, je crois, une corporation de syndics, St.
Patrick. Le pétitionnaire est venu devant nous. Nous avons dit: Il y a
une propriété là.
Ces gens-là ne peuvent pas établir leur droit au fonds de
la ruelle, mais ils ont clairement un droit de passage. Obtenez une
renonciation et nous adopterons votre bill, comme nous l'avons fait dans le cas
de Place Victoria. Cela a été fait. Une renonciation en bonne et
due forme à tous les droits réels au droit de passage, a eu lieu,
leur renonciation a été déposée au dossier, un
attendu a été ajouté au projet de loi, un
considérant alléguant la renonciation, et le bill a
été adopté.
Dans le cas qui nous occupe, les droits de passage existent, il y a onze
personnes qui ont signé des renonciations, mais je ne suis aucu- nement
satisfait du langage, c'est imprécis, aucunement satisfait. Lorsqu'un
des promoteurs est venu me montrer le texte de ces renonciations vendredi
matin, je crois, ou samedi matin - c'est samedi matin je lui ai dit;
Faites signer quelque chose qui veut dire quelque chose.
D'après ce que m'a fait lire le député de
Saint-Louis, cela n'a pas été changé. Cela l'a
peut-être été, mais je n'en ai pas été
avisé, je n'ai rien vu, sauf les copies que m'a montrées le
député de Saint-Louis. Cela ne veut rien dire. Le langage est
trop vague, pas satisfaisant. J'en ai avisé un des promoteurs dès
samedi matin, dans mon bureau.
Plus que cela, il y a deux propriétaires qui s'opposent. Je
comprends que la pétitionnaire offre un droit de passage
alternatif...
M. PAUL: Elle offre plus.
M. LESAGE: M. le Président, le ministre de la Justice dit qu'elle
offre plus, la pétitionnaire. Qui est-il, le ministre de la Justice,
pour juger, en cette Chambre, que la pétitionnaire offre plus?
M. PAUL: M. le Président...
M. LESAGE: Monsieur, qui est-il: Il n'est pas un tribunal.
M. PAUL: M. le Président...
M. LESAGE: Je n'insulte pas le ministre de la Justice.
M. PAUL: M. le Président, sur un point de règlement...
M. LESAGE: Il n'a pas le droit de juger.
M. PAUL: Sur un point de règlement, je ne comprends pas le chef
de l'Opposition, qui a été si agréable depuis le mois
d'octobre...
M. LESAGE: Oui, je vais l'être.
M. PAUL: ... et au dernier moment, M. le Président, voilà
qu'il devient tout à coup désagréable.
M. LAFRANCE: Pas désagréable.
M. LESAGE: Je ne suis pas désagréable.
M. PAUL: Voici, M. le Président, si l'honorable chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: M. le Président, je retire ce que j'ai dit.
M. PAUL: Non, non.
M. LESAGE: Je vais dire: Qui suis-je?
M. PAUL: Si l'honorable chef de l'Opposition veut comparer...
M. LESAGE: Non, non. Oui mais qu'est-ce que j'ai fait de mal?
M. PAUL: ... son expérience pratique avec la mienne.
M. LESAGE: J'ai retiré mes paroles. M. PAUL: Je suis
prêt.
M. LESAGE: J'ai retiré mes paroles. Et je dis: Qui suis-je, moi,
député de Louis-Hébert, membre de l'Assemblée
nationale, pour juger de l'équivalence du droit de passage offert? Je
n'ai pas le droit de juger de cela. Ce n'est pas mon rôle. C'est le
rôle des tribunaux.
M. LAFRANCE: C'est cela.
M. LESAGE: Nous n'avons pas le droit. Que la pétitionnaire
s'adresse aux tribunaux, pas ceux qui ont des droits. Si la
pétitionnaire veut enlever des droits à des tiers, qu'elle
s'adresse aux tribunaux.
M. PAUL: Il y a deux recours en droit.
M. LESAGE: M. le Président, ce n'est pas aux tiers à
s'adresser aux tribunaux. C'est à la pétitionnaire qui veut
changer l'ordre établi. Quand on veut prétendre à des
droits, quand on veut se faire déclarer propriétaire de fonds,
propriétaire de fonds, dis-je, et qu'on ne peut établir ces
titres, il faut au moins prouver qu'on ne viole pas les droits des tiers. Je
dis, M. le Président, que ceux qui s'opposent ont autant droit à
la propriété indivise des fonds de ruelle que la
pétitionnaire. Ils n'ont ni plus ni moins de droits que la
pétitionnaire. Mais ils ont des droits de passage, par exemple. Et je
dis que je ne mets plus le ministre de la Justice en cause, puisque cela
l'insulte je dis que je n'ai pas le droit...
M. PAUL: Non, non. Cela ne m'insulte pas, mais je trouve ridicule une
argumentation comme cela.
M. LESAGE: Merci, M. le Président. Je remercie infiniment le
ministre de la Justice, il m'accuse d'être désagréable.
M. PAUL: Non.
M. LESAGE: Franchement, je lui demande pardon de ce qu'il vient de me
dire.
M. PAUL: Je m'excuse, si j'ai offensé le chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: Seulement, M. le Président, je dis qu'on n'a pas le
droit de se subsituer aux tribunaux...
M. LAFRANCE: II n'y a rien de ridicule là-dedans.
M. LESAGE: Bien plus, enfin, disons que je veux être aimable
jusqu'au bout. Je ne fais pas de commentaire, je demande pardon pour les
épithètes qu'on me lance.
M. PAUL: Je m'excuse de nouveau, M. le Président, pour mes
paroles désagréables.
M. LESAGE: II y a plus que cela et je l'ai appris hier
deux des propriétaires m'ont fait parvenir hier un message
télégraphique. Il s'agit des deux propriétaires qui n'ont
pas signé les semblants de renonciation. Ce message se lit comme suit:
« Contrairement à ce qui a été rapporté dans
les journaux, Cité Concordia connaît l'adresse de tous les
propriétaires de terrains situés sur les rues Park Avenue,
Prince-Arthur, Hutchison, étant donné que dans la première
phase du projet Cité Concordia nous ne sommes que deux
propriétaires qui n'avons pas vendu, soit Laurent Meunier et Eustache
Lenko. Nous nous opposons fortement à ce que le bill 249 soit
approuvé avec ou sans amendement, principalement Laurent Meunier dont la
propriété longe la ruelle située au nord de Prince-Arthur,
entre Hutchison et Park Avenue. Advenant dans le futur une reconstruction sur
ce terrain, il ne sera plus possible d'ériger de fenêtre donnant
sur la dite ruelle comme c'est le cas actuellement si elle devenait
propriété privée. »
Y a-t-il des titres pour un droit de vue, n'y en a-t-il pas? Je ne le
sais pas. C'est un télégramme que j'ai reçu hier.
Supposons qu'il y autait des titres pour un droit de vue, est-ce que nous
aurions le droit de disposer d'un droit réel de cette façon? Je
dis que non. Je dis qu'on a présenté le bill trop tard et qu'on
n'a pas pris
les précautions nécessaires. Je serai le dernier à
risquer de violer les droits réels des tiers. Je ne puis donc, je le
regrette malgré je le répète que je suis
très favorable au projet, je ne puis faire un accroc au principe que je
considère sacré des droits de propriété
individuelle. Je ne suis pas prêt à décréter comme
membre du Parlement une expropriation pour des fins privées.
M. THEORET: M. le Président, la semaine dernière au
comité des bills privés j'ai participé à la
discussion du bill 249 et ce matin, après avoir entendu le chef de
l'Opposition parler de complicité, de vol de droits des tiers, je crois
de mon devoir d'exprimer mon opinion en deuxième lecture. J'ai
étudié particulièrement tous les documents qui nous ont
été soumis et devant l'importance du projet, puisqu'il s'agit
d'un projet de quelque $250 millions et que près de $60 millions de
construction seront mis en chantier dès 1970, je crois qu'il est
essentiel que tous nos collègues qui n'ont pas eu l'occasion d'entendre
les arguments au comité des bills privés soient informés
d'une façon globale de ce projet de loi.
Le secteur visé, celui qui est déterminé par les
rues Sainte-Famille, Milton, Hutchison et l'avenue des Pins, en plein centre de
Montréal, est un secteur où la moyenne d'âge des
bâtisses s'élève à 70 ans. Déjà, 134
locataires ont été déménagés, et ce aux
frais de Concordia, dans des endroits équivalents ou supérieurs
à l'intérieur du même secteur, selon les notes explicatives
fournies par l'entreprise et qui nous ont été remises lors de
l'étude en bill privé. Et on nous assure que Concordia continue
ses efforts pour reloger les autres locataires afin de pouvoir compléter
son projet.
Je veux aussi souligner le fait, M. le Président, que la Ford
Foundation est propriétaire ou participe dans l'élaboration de ce
projet dans une proportion de 40%, ce qui, au départ, garantit le
sérieux de cette entreprise. La région où se situe ce
projet est entrecoupée de ruelles, celles-ci appartenant à des
individus qui ont donné des droits de passage vers les années
1890 et 1900.
Les descendants de ces individus, évidemment, sont encore les
propriétaires de ces ruelles, bien qu'aucun d'entre eux ne soit
propriétaire de terrains qui aboutissent à ces ruelles. On nous a
affirmé au comité des bills privés que la ville de
Montréal et les promoteurs du projet ont fait des recherches pour
retrouver ces propriétaires du fonds de terrains des ruelles qui sont
aujourd'hui des descendants des familles écossaises ou autres,
probablement retournées dans d'autres pays ou qui se trouvent ici au
Canada.
A cet effet, Les propriétés Cité Concordia
Ltée qui s'adressent à l'Assemblée nationale s'engagent
à payer à toute personne, société ou corporation,
qui pourrait établir ses droits de propriété, un montant
égal à la valeur des droits des descendants des
propriétaires originaux.
De ce côté, aucun préjudice ne peut être
créé. Par ailleurs, en reconnaissant la propriété
à Concordia, on ouvre l'impossibilité à la
réalisation d'un projet dont les effets bénéfiques
dépassent toute entreprise du genre à Montréal. Concordia
demande à être reconnue propriétaire des ruelles
situées dans quatre quadrilatères. Cette compagnie est
déjà propriétaire de plus de 96% des terrains
situés le long de ces ruelles. Il y a neuf propriétés dans
ce secteur qui n'appartiennent pas à Concordia, et ces
propriétaires ont accès à la ruelle qui longe leur
propriété.
En se présentant à la Législature, Concordia a
inclus dans son projet de loi toute une série de dispositions en vertu
desquelles les droits de sortie, à l'arrière de leur demeure,
sont déplacés pour éviter que tout préjudice leur
soit causé. Concordia utilisera certainement de ces
propriétés pour consacrer un tel droit de sortie. Ces nouveaux
droits de propriété, et je le souligne ici, ont été
examinés par les fonctionnaires de la ville de Montréal, et
à cet effet, Me Michel Côté, avocat en chef de la ville de
Montréal, a témoigné devant le comité la semaine
dernière. On nous affirme que les droits de passage offerts sont
supérieurs à la qualité des ruelles existant
présentement.
Dans deux cas, on offre un droit de passage à des
propriétaires qui n'en avaient pas. Et dans tous les cas, ces droits de
passage s'exerceront sur une largeur de 20 pieds alors que les ruelles
existantes n'ont que 16 pieds. De plus, pour donner encore plus de garantie, le
directeur des travaux publics de la ville de Montréal sera chargé
c'est ce qu'on nous a expliqué aux bills privés de
surveiller les endroits offerts, la qualité de ces endroits, le
revêtement des ruelles, etc.
Si on avait demandé la propriété pure et simple, la
Législature, Je crois, ne pourrait intervenir. Par ailleurs, vu que la
loi consacre aux autres propriétaires un droit de sortie à
l'arrière de leurs propriétés, droit de sortie qui, selon
moi, est aussi avantageux, nous devrons examiner de près le
problème soumis et considérer sérieusement la loi qui nous
est présentée. Est-ce que les droits des tiers sont
affectés, du moins théoriquement? Est-ce que les
droits des tiers sont lésés? Personnellement, je
réponds non. Par ailleurs, en donnant une importance
exagérée à des droits des tiers, les avantages
énormes découlant de la réalisation de ce projet
disparaîtraient. On l'a souligné, c'est du travail pour des
milliers de personnes. C'est tout un secteur de la ville de Montréal qui
sera rénové. Et on remplace 255 logis existants par 300 logis
pour étudiants, 400 logis pour personnes âgées et 150 logis
pour familles à faibles revenus. De plus, on crée un nouveau
centre commercial.
Toutes les églises et les écoles ont accepté le
déplacement de leur droit de passage, et sur les neuf autres
propriétaires particuliers, cinq ont accepté, et ce matin, on
nous dit que seulement deux ont refusé carrément ces droits de
passage à Concordia.
En résumé, le problème est celui-ci. Est-ce que
nous agissons raisonnablement en appuyant un tel projet de loi? La
réalisation de ce projet aura des effets bénéfiques pour
un nombre incalculable de personnes, mais un tel projet de loi, aussi
sérieux, peut-il être mis de côté pour satisfaire
à la prise de position acharnée d'un ou de quelques individus
dont la décision va à l'encontre du bien général de
toute la ville de Montréal?
Je crois bien honnêtement le contraire. Une fois que le
législateur est satisfait, que le nouveau droit de passage
proposé est pour le moins aussi avantageux que l'ancien, que ce nouveau
droit de passage est soumis à la surveillance et au contrôle du
directeur des Travaux publics de la ville de Montréal, nous sommes en
présence de garantie des plus valables et nous devons approuver cette
loi.
Il faut bien nous rappeler que les nouveaux droits de passage
proposés couvrent sensiblement la même superficie que celle des
ruelles existantes, soit 39,000 pieds carrés.
Ce problème, actuellement, relève de la
Législature. La raison pour laquelle on s'est adressé à la
Législature, c'est que les tribunaux ne prévoient pas de
mécanisme pour régler ce problème. L'acceptation de cette
loi ne ferme pas la porte aux locataires qui pourront, par la suite, faire
également valoir leur point de vue devant la Régie des loyers ou
les autres corps publics spécialement constitués.
Je crois, M. le Président, qu'après avoir
étudié ce problème, en avoir discuté au
comité des bills privés, nous devons accepter ce projet de
loi.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
d'Outremont.
M. CHOQUETTE: M. le Président, l'honorable député
de Gatineau a conclu son intervention en disant que les tribunaux ne
prévoient pas de mécanisme pour régler ce problème
et telle était bien mon impression lorsque nous avons abordé
l'étude du projet de loi au comité des bills privés.
J'avais l'impression que le problème était insoluble au
plan juridique, parce que, dans les conditions actuelles de notre droit, vu le
fait que les propriétaires du fonds de la ruelle étaient
inconnus, je ne voyais pas comment Concordia pouvait, d'une façon
légale, excepté par une intervention de l'Assemblée
nationale, acquérir la propriété du fonds des ruelles.
Mais, après une étude plus poussée de la question
ça ne nous a pas été révélé au
comité des bills privés il y avait une solution pour la
requérante; c'était de s'adresser au curateur public pour obtenir
la cession du fonds de la ruelle. L'honorable député de Gatineau
ignore peut-être qu'en vertu du chapitre 314, lorsque les
propriétaires d'un bien sont inconnus ou lorsque les héritiers
ont disparu, le curateur public, en tant que curateur public ou administrateur
provisoire, a le droit de vendre ces biens-là avec l'autorisation d'un
juge de la cour Supérieure.
Par conséquent, nous avons procédé au comité
des bills privés à partir d'une prémisse erronée,
en disant qu'il n'y avait pas de solution judiciaire au problème de
l'acquisition de la propriété du fonds de la ruelle.
C'est un des aspects du problème, mais il y en a de multiples qui
se posent à l'occasion de ce projet de loi. Le deuxième aspect,
c'est celui sur lequel le chef de l'Opposition a insisté. Il a dit qu'il
ne voulait pas préjudicier les tiers qui ont un droit de passage dans
ces ruelles, telles qu'elles existent actuellement. Or, à ce
problème-là, il y a également une solution judiciaire et
elle existe dans le code civil, en vertu de l'article 557. Je vois le ministre
de l'Education à côté du premier ministre et devant le
député de Gatineau. Ces deux savants notaires savent sans aucun
doute qu'il est possible à un propriétaire du fonds, d'offrir un
passage équivalent à quelqu'un qui a un droit de passage.
Par conséquent, il était possible à la
requérante, après avoir acquis par l'intervention du curateur
public la propriété du fonds de la ruelle, d'offrir aux
propriétaires récalcitrants actuels, qui ne veulent pas accepter
l'intervention législative, un passage équivalent. Le juge de la
cour Supérieure aurait tranché le différend et aurait
probablement trouvé la solution qui est offerte par la
requérante.
Le problème est double; il y a d'abord le problème de
l'acquisition du fonds de la ruelle et il y a le problème d'offrir un
passage équivalent à ceux qui peuvent avoir un droit sur la
ruelle telle qu'elle existe actuellement.
En somme, je dirai que je suis légèrement moins
scandalisé que le chef de l'Opposition de l'offre d'un passage par les
mécanismes de la loi. S'il est vrai qu'il faut protéger les
droits des tiers, s'il est vrai que les tribunaux sont là pour trancher
la question, malgré tout, dans le cas actuel, il y a peut-être
urgence.
De toute façon, la position de principe adoptée par le
chef de l'Opposition me semble parfaitement valide.
Ceci étant dit, il reste un troisième problème. Au
fond, à l'heure actuelle par ce projet de loi privé, nous faisons
de la rénovation urbaine. Or, si on étudie notre
législation, c'est-à-dire la Loi de la Société
d'habitation du Québec, il y a des impératifs. Lorsqu'un projet
de loi de rénovation urbaine publique est adopté, il y a des
impératifs quant au relogement des locataires.
Dans le cas actuel, nous n'avons absolument rien au dossier ou dans le
projet de loi à ce sujet-là. Nous avons évidemment des
déclarations qui ont été faites la semaine dernière
par la compagnie requérante, ce dont je lui suis parfaitement
reconnaissant. Je veux dire que nous n'avons rien sur le plan législatif
quant au relogement des locataires. Voilà les trois aspects du
problème, me semble-t-il: L'acquisition du fonds de la ruelle par la
requérante par intervention législative, en somme, et contre
laquelle on ne donne que le droit à des héritiers
éventuels de réclamer.
Deuxième problème: Le changement dans les droits de
passage, en donnant des droits de passage équivalents aux
propriétaires qui ont encore des droits sur la ruelle.
Troisième problème: Le relogement ou les dispositions
nécessaires relativement aux locataires de cet endroit qui, en vertu des
grands principes de la rénovation urbaine, devraient quand même se
voir assurer un minimum de droit dans le texte de loi ou au moins un minimum
d'assurance avant que nous ne procédions plus avant dans ce projet de
loi.
Maintenant, je reviens au premier problème parce que c'est le
problème juridique qui me préoccupe personnellement,
c'est-à-dire l'acquisition du fonds de la ruelle. Comme je le disais
tout à l'heure au début de mon intervention, lorsque la
discussion a eu lieu en commission, j'avais l'impression qu'il n'y avait
absolument pas de solution judiciaire à ce problème. Maintenant,
comme je l'ai expliqué tout à l'heure, il me semble que la Loi de
la curatelle publique aurait pu être utilisée par la
requérante à bon escient. Comme le ministre de l'Education fait
des dénégations, je lui citerai l'article 13 qui dit que le
curateur public est d'office administrateur provisoire des successions aussi
longtemps qu'elles ne sont pas acceptées ou déclarées
vacantes, lorsqu'il est démontré, à sa satisfaction, que
les héritiers sont inconnus ou introuvables ou que les héritiers
connus y ont renonces.
L'article 24 dit: « Dans l'exercice de ses fonctions comme
curateur ou comme administrateur provisoire, le curateur public peut, lorsqu'il
le juge nécessaire ou avantageux, vendre de gré à
gré ou à l'enchère tout bien meuble et immeuble dont il a
l'administration avec l'autorisation d'un juge de la cour Supérieure et
aux conditions que celui-ci détermine. »
M. CARDINAL: Le député d'Outremont me permettrait-il?
M. CHOQUETTE: Une question ou une intervention?
M. CARDINAL: Une intervention.
M. CHOQUETTE: Non, je ne le lui permets pas. Le ministre de l'Education
pourra intervenir en temps et lieu. Une autre prémisse que nous avons
acceptée à la commission lorsque la discussion a eu lieu sur ce
projet de loi, c'est que le droit de propriété sur le fonds de la
ruelle n'avait pas de valeur en soi. C'est-à-dire que pour ma part
je parle pour moi personnellement et non pour les autres membres de la
commission j'avais l'impression que la valeur économique du droit
réel dans le fonds de la ruelle, lequel est astreint au droit de passage
que l'on connaît en faveur des propriétés adjacentes, ce
droit de propriété n'avait pour ainsi dire pas de valeur, il
n'avait qu'une valeur symbolique de $1.-
Or, si ceci est vrai dans le cas du droit public, dans le cas de
l'expropriation pour les fins du droit public, parce que l'on sait que si, par
exemple, la ville de Montréal avait exproprié le fonds de la
ruelle, elle n'aurait payé que $1; d'ailleurs, j'ai
vérifié, et le fonds de ces ruelles est porté au
rôle d'évaluation de la ville de Montréal à $1. Les
propriétaires n'ont jamais payé d'impôt foncier dessus. Or,
si ceci est vrai en droit public et pour les fins d'expropriation, dans le cas
où nous arrivons en droit privé et où il s'agit, en somme,
d'une négociation entre Con-cordia, qui a acheté toutes les
propriétés adjacentes excepté quelques-unes, d'une part,
et les propriétaires du fonds de la ruelle, qui ont gardé le
droit de propriété sur le fonds de la ruelle,
d'autre part, dans le cas d'une négociation, dis-je, la valeur
marchande du droit réel sur le fonds de la ruelle est passablement plus
élevée que $1.
C'est la raison pour laquelle je ne peux pas accepter que nous
exproprions les propriétaires du fonds de la ruelle sans prévoir
des mécanismes d'indeminisation passablement plus efficaces que ceux qui
sont prévus à l'article 2 du projet de loi. Parce qu'à ce
moment-là, nous exproprions et nous mettons l'obligation et le fardeau
plutôt sur ceux qui ont été
dépossédés, d'entreprendre des procédures alors
qu'ils sont inconnus, alors qu'ils ne sauront jamais ce qui s'est passé
et alors que tout le monde se gardera bien d'aller les en avertir dans les pays
où ils peuvent exister, où ils peuvent se trouver à
l'heure actuelle.
Je dis que, dans ces conditions-là, ce projet de loi acquiert une
espèce d'allure un peu indécente et qu'il est difficile pour un
législateur, enfin du moins pour moi, de me rallier d'une manière
enthousiaste à ce genre de législation, quoique je sois, comme le
chef de l'Opposition, comme le député de Saint-Jacques, comme le
ministre de la Justice, le député de Gatineau et d'autres,
très enthousiaste et désireux de voir le projet procéder.
Parce que, on l'a souligné tout à l'heure sur le plan
économique, sur le plan fiscal, pour les fins de la ville de
Montréal, sur le plan de l'emploi, ce projet-là doit voir le
jour, et il faut certainement que nous, comme législateurs, nous
l'aidions dans les limites de la légalité et de la justice.
M. le Président, Je ne voudrais pas insister plus avant
sur ce point-là il me semble que nous devrions prévoir au
moins, au projet de loi, des dispositions qui feraient que les
propriétaires du fonds pourraient retirer la valeur économique de
leurs droits réels sur le fonds de la ruelle, que Concordia serait tenue
de le payer et que, à défaut par les héritiers de
procéder eux-mêmes, le curateur public de la province de
Québec devrait être habile à procéder pour eux. S'il
n'y a pas d'héritiers, parce que c'est très possible qu'il n'y
ait pas d'héritiers, à ce moment-là, que le curateur
public procède, pour Sa Majesté la reine, aux droits de la
province de Québec; parce que, n'oubliez pas une chose, s'il n'y a pas
d'héritiers, c'est un bien sans maît tre, il appartient au
gouvernement du Québec, et je ne vois pas comment nous, comme
législateurs, nous pourrions donner les biens de la province
gratuitement, sans au moins que les tribunaux statuent sur le prix à
être payé. Alors, dans ces conditions-là...
M. LESAGE: Le bien d'aisance.
M. CHOQUETTE: ... le chef de l'Opposition parle de bien d'aisance et
ça peut être le cas. S'il n'y a pas d'héritiers ou s'il n'y
a pas d'héritiers connus, si c'est un bien sans maître, comme le
dit justement la loi de la curatelle publique, le curateur public agit à
ce moment-là pour le gouvernement du Québec; et c'est un bien du
gouvernement du Québec que les ministériels s'apprêtent
à donner à des intérêts privés, gratuitement
en somme, parce qu'avec l'article 2, tel que rédigé, il n'y aura
jamais aucune réclamation de la part des héritiers. Alors, qu'on
prévoie au moins un mécanisme qui assure que si Concordia
acquiert le fonds de la ruelle, elle soit au moins obligée de payer un
prix qui sera déterminé par d'autres que nous, par des
autorités judiciaires qui le fixeront à la lumière des
preuves qui pourront être apportées de part et d'autre, soit par
les experts et les avocats du curateur public et par les experts et les avocats
de la requérante, Concordia.
A ce moment-là, nous aurions sauvegardé, me semble-t-il,
l'équité au moins, sinon l'absolue légalité, et
même si nous nous plions à cette procédure-là, au
nom du caractère d'urgence, parce que je reconnais l'argument qui
a été soulevé par le député de
Saint-Jacques, il y a incontestablement dans la situation actuelle un
caractère d'urgence nous ne pouvons pas, comme
législateurs, nous croiser les bras et empêcher des promoteurs de
réaliser une oeuvre qui va être bienfaisante pour tout le monde,
simplement parce qu'il y a des technicalités juridiques qui viennent en
somme arrêter la réalisation du projet. Il me semble donc
qu'à ce moment-là, si nous n'avons pas respecté la
légalité dans sa finesse la plus extrême, nous aurons au
moins respecté l'équité. Quant à la situation des
propriétaires contigus qui s'abstiennent de donner leur consentement, il
y a évidemment là l'article 557 du code civil, et comme le disait
le chef de l'Opposition, en somme, l'Assemblée nationale, en changeant
les droits de passage comme on nous le propose de le faire, prend la place des
tribunaux.
Est-ce que nous devons le faire au nom de ce caractère d'urgence?
Cest une question sur laquelle il y a un gros point d'interrogation. Enfin,
chacun peut porter le jugement qu'il veut sur cette question. Finalement, sur
le plan des locataires, il y a un problème.
Nous faisons de la rénovation urbaine législative sans
nous assurer que les locataires auront un traitement équitable, minimal,
tel qu'il se trouve dans notre législation de la Société
d'habitation du Québec. Il y a peut-être une carence
législative à ce point de vue et peut-être que le
gouvernement, à l'avenir, trouvera avan-
tage à étudier une législation permettant
l'expropriation de droits réels pour des intérêts
privés dans un cadre de rénovation urbaine fruit de l'action de
l'entreprise privée. Il me semble qu'il y a une carence dans notre
législation à ce sujet-là. Ce n'est certainement pas
aujourd'hui que l'on pourra résoudre ce problème, mais je pense
qu'on pourra peut-être l'étudier au ministère des Affaires
municipales pour compléter la Loi de la Société
d'habitation de façon qu'on n'arrête pas des projets immobiliers
comme ceux-ci par des intérêts privés qui peuvent
être mesquins, qui peuvent être petits, et qui ne viennent en somme
qu'arrêter le progrès nécessaire de nos villes. Mais nous
ne l'avons pas, cette législation, actuellement. Or, il faut bien se
retourner vers la législation que nous avons, et c'est là que
surgissent les problèmes que soulève ce projet de loi.
Je veux simplement terminer en disant que le fonds de la ruelle, on me
dira peut-être que ça n'a pas une très grande valeur parce
qu'en réalité, tant qu'il est soumis au droit de passage d'autres
personnes, le fonds ne peut pas avoir de valeur. Mais comme je le disais tout
à l'heure, quand on calcule le superficie totale des ruelles j'ai
fait un calcul sommaire ça donne 32,000 pieds carrés de
terrain. Si je mets ça à $10 le pied carré, valeur moyenne
du terrain dans ce secteur, ça fait $320,000. Evidemment, les
propriétaires du fonds n'ont pas un droit absolu. Cela, c'est d'accord,
parce que c'est soumis à un droit de passage. Mais si quelqu'un veut
acquérir le terrain pour y construire, comme Concordia, et en admettant
que ça peut être un bien du Québec, il me semble que le
Québec et les héritiers, si ce sont eux qui y ont droit
évidemment, devraient être en position de négocier ou au
moins de faire trancher par le tribunal quelle peut être la valeur de ce
droit réel.
M. THEORET: Est-ce que le député d'Outremont me
permettrait une question?
M. CHOQUETTE: Oui.
M. THEORET: Le député d'Outremont vient d'affirmer qu'il y
avait 32,000 pieds de terrain. Ma question est celle-ci: Les ruelles actuelles
ont 39,000 pieds carrés et les ruelles proposées, d'après
les informations que j'ai obtenues, ont à peu près la même
superficie. Je comprends mal que le député d'Outremont puisse
dire qu'il y a 32,000 pieds de terrain de différence.
M. CHOQUETTE: Oui mais ça, c'est le problème de
Concordia.
M. THEORET: Nous parlons d'équité, là.
M. CHOQUETTE: Je suis content que le député de Papineau
pose ce problème. Là, on va donner 39,000 pieds de terrain
à Concordia et Concordia peut bâtir des bâtisses sur
ça. Bravo! Tant mieux, tout le monde est heureux. N'empêche qu'on
vient de donner à Concordia une valeur substantielle. On vient de lui
donner le droit de propriété totale. Si Concordia est aux prises
avec des gens qui ont des droits de passage sur ces terrains et si, pour
régler son problème, elle est obligée d'offrir d'autres
droits de passage, ce n'est quand même pas le problème du vendeur.
Le notaire de Papineau, quand il passe des actes, se pose le problème de
la transaction qu'il fait à ce moment-là. Ce qui peut se produire
par la suite, c'est quand même subséquent, ça ne fait pas
partie de la première transaction. Evidemment, quand on regarde
ça au total, je suis bien d'avis que si on additionne le pour et le
contre, comme dans un système de comptabilité, peut-être
que ça revient au même. Je suis bien d'accord avec lui sur ce
point, mais ce n'est pas tout à fait dans cette optique qu'il faut se
situer. Il y a quand même des droits individuels, des droits
particuliers, des droits des tiers qu'il faut respecter. Or, moi je pense que
l'article 2 devrait être amélioré pour que, finalement, on
n'ait pas fait un cadeau à Concordia sans qu'il y ait une façon
efficace de fixer le prix du droit réel qui lui a été
donné.
M. CARDINAL: Je pense que l'Assemblée nationale n'est ni le lieu
pour faire une discussion juridique ni pour faire un cours de droit. Je me
demande, à la suite de ce que je viens d'entendre du
député d'Outremont, s'il est pour ou s'il est contre le projet de
loi. Pour autant que j'ai pu le voir au journal des Débats du
comité, il semblait plutôt favorable à ce moment-là
que défavorable. Je ne veux pas ici juger son attitude...
M. CHOQUETTE: Cela prouve que le ministre de l'Education ne sait
absolument pas de quoi il parle, parce que ce qui a été dit au
comité n'a pas été rapporté au journal des
Débats. Cela n'a pas été consigné. Alors, vous ne
pouviez pas regarder le journal des Débats.
M. CARDINAL: Je m'excuse, si j'ai employé cette expression.
M. LESAGE: Ce sont les journaux qui vous ont...
M. CARDINAL: Oui. D'après ce que j'ai lu sur le sujet, d'abord et
qui n'est pas au Journal des Débats, J'admets la correction, et je
m'excuse.
Le problème est vraiment à l'article 2. Il y a deux
problèmes.
M. LE SAGE: Oui, il est double.
M. CARDINAL: ... et nous les avons peut-être mêlés.
Est-ce qu'il y a lieu de les séparer? Quand nous parlons de droit
réel, je suis d'accord, c'est partout du droit réel ici. Mais ne
confondons pas; il y en a qui sont principaux, il y en a qui sont
accessoires.
Les droits principaux sont les droits de propriété aux
ruelles. C'est faire de la théorie pure que de les évaluer
à $0.50 ou $50 le pied puisque, de toute façon, nous en ignorons
les propriétaires, et que la curatelle publique puisse ou ne puisse pas
les vendre, cela ne règle pas le problème. Comme ils seront
remplacés par d'autres qui sont de valeur égale, cela le
règle, sur cette base et, d'autre façon, si Concordia n'avait pas
son projet, ces terrains continueraient à n'avoir aucune valeur. Parce
qu'il y a un fait nouveau, les gens ne pourront pas prétendre, plus
tard, que leurs droits ont eu une valeur acquise.
Mais c'est là que se situe, quand même, le problème
de l'article 2. J'y reviendrai. Je ne serai pas long, qu'on ne craigne pas
cela.
Il y a les droits accessoires, qui sont les droits des riverains. Eux
sont connus, on ne peut pas invoquer là la curetelle publique. Il y en
avait treize, parait-il; il y en a onze qui ont renoncé. Je ne juge pas
les renonciations. Je ne m'érige ni en juge, ni en avocat, ni en
légiste ou en Juriste, de quelque nature que ce soit. Les deux qui
restent, sans juger ces personnes, c'est ce qu'on appelle le pouvoir de
nuisance dans les milieux juridiques, normalement. Ils peuvent, même si
la loi est adoptée, exercer leur droit devant la justice et obtenir une
indemnité.
Le député d'Outremont aurait-il une suggestion pour
améliorer l'article 2? Est-ce que l'article 2 pèche parce qu'il
ne dit qu'un droit de propriété sur des parties ou des
totalités de lots? Est-ce que l'article 2 devrait dire: Droit de
propriété ou autre droit réel sur des lots ou des parties
de lots? Est-ce que cela réglerait la question? Je ne le sais pas.
Cependant, à un certain moment dans la discussion, nous semblons
justement confondre le fait que le droit accessoire est tout à fait
quelque chose de différent du droit de propriété
les deux sont des droits réels et le député de
Laurier a invoqué la question de droit de vue. Je ne veux pas citer la
jurisprudence là-dessus, y compris la cause Silver Klein où,
justement, on a décidé que de nouvelles constructions, sans faire
disparaître les droits de vue, n'empêchaient pas la construction.
C'est ridicule. C'est notre code civil qui semble, d'après
l'interprétation des cours, même supérieures, être
mal rédigé. Mais cela fait 102 ou 103 ans qu'il l'est.
Ce que je voudrais dire, c'est ceci: Je n'ai pas d'intérêt
personnel à défendre ce projet de loi, qui n'est pas un projet du
gouvernement au sens que c'est un bill privé, mais qui a des
intérêts généraux qui sont en cause. Ce secteur, je
le connais certainement aussi bien que le député d'Outremont le
connaît. Il y a même une école, dans ce secteur, qui peut
être rénovée. Cela intéresse donc indirectement le
ministre de l'Education. La seule collaboration que je voudrais apporter
à cette Chambre, c'est que si le député d'Outremont ou un
autre membre de cette Chambre a quelque chose à apporter comme
correctif, qui viendrait amoindrir les aspects, théoriques dans le fond,
je pense que nous l'accepterions volontiers. Tous ceux qui ont exercé
à Montréal savent que ces ruelles, surtout lorsqu'elles sont
enregistrées à la cité de Montréal, on n'en
retrouve jamais les propriétaires, et personne n'est Jamais
intéressé à chercher des droits, sauf parfois quelques
originaux qui ont déjà voulu avoir des droits sur, je ne sais
pas, l'ancienne gare Bonaventure ou des choses semblables. D'ailleurs, les
faits prouvent qu'ils n'ont jamais gagné.
Alors, nous parlons de droits tellement éventuels que ce n'est
même pas éventuel au sens du code civil. C'est éventuel au
cas où il pourrait arriver quelque chose, dans une situation où
tout le monde est au courant de ceci, où les moyens de communications
sont ceux qu'on connaît, où les journaux en ont parlé. Il
s'agit non pas de droits éventuels, M. le Président, mais de
droits hypothétiques. Et si nous pouvons trouver un moyen, dans la loi,
d'amoindrir les dommages hypothétiques de gens qui auraient des droits
hypothétiques, je serais le premier à me rallier.
M. COURNOYER: M. le Président...
M. CHOQUETTE: Est-ce qu'il y a eu une étude en comité
là-dessus?
M. PAUL: Nous avons adopté le rapport là-dessus.
M. CHOQUETTE: Ah oui, bon, sur division. M. BERTRAND: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Alors le rapport du comité est adopté sur
division.
M. PAUL: Comité plénier.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Jacques
propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité pour l'étude du bill 249. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre!
Alors bill 249, article 1 adopté. Article 2.
M. CHOQUETTE: A cet article, je voulais faire un amendement en ajoutant
un paragraphe à la suite de l'article 2. Je vais en donner lecture et je
vais faire parvenir le texte.
M. BERTRAND: Non, on ne l'a pas su.
M. CHOQUETTE: Non, j'ai dit: Je vais en donner lecture et...
M. BERTRAND: Ah bon, voulez-vous en donner lecture?
M. CHOQUETTE: Oui. « A défaut par les personnes,
sociétés ou corporations intéressées de faire
valoir leurs réclamations dans un délai de six mois à
compter de la date de la sanction de la présente loi, le curateur public
est tenu d'entreprendre des procédures par voie de requêtes devant
la Régie des services publics pour en faire établir la valeur, la
décision de la Régie des services publics étant sujette
à appel devant un juge de la cour Supérieure. »
M. BERTRAND: Non.
M. CHOQUETTE: C'est un peu la procédure conforme à
l'article 24. Le prix fixé sera distribué aux personnes,
sociétés ou corporations qui auraient pu réclamer un droit
de propriété, n'eût été l'article 1, ou,
à leur défaut, à Sa Majesté la reine, aux droits de
la province de Québec.
M. BERTRAND: Non. M. le Président, je crois que mon
collègue, le député de Bagot, vient de répondre
à cet amendement qui est proposé par le député
d'Outremont. II a parlé de droits principaux et accessoires. Dans ce
cas-ci, je ne vois pas du tout ce que le curateur public viendrait faire
là-dedans. Pas du tout. Alors, dans les circonstances, c'est ni plus ni
moins ajouter un mécanisme qui va compliquer beaucoup plus qu'aider.
M. CHOQUETTE: Je ne pense pas que le premier ministre ait saisi la
portée de l'amendement.
M. BERTRAND: Oui, oui, j'ai très bien saisi la portée de
l'amendement.
M. BEAULIEU: Qu'est-ce qu'il va faire dans cela, le curateur?
M. CHOQUETTE: Si les héritiers sont inconnus, qui peut agir pour
eux? Je pose la question: si les héritiers sont inconnus et
introuvables, c'est cela qu'on nous dit Qui est la seule personne dans le
Québec...
M. BERTRAND: II s'agit d'une servitude, tous les propriétaires
sont connus, c'est là qu' est le problème.
M. CHOQUETTE: Non.
M. BERTRAND: Cela revient aux propos que tenait tantôt le
député de Bagot Les droits principaux et accessoires. Or, dans
les circonstances, je ne vois pas du tout ce que le curateur public viendrait
faire, il s'agit de biens sans maître.
M. CHOQUETTE: Qui agit quand il y a des biens sans maître?
M. BERTRAND: Or, le droit de propriété n'est pas sans
maître, il appartient aux treize personnes dont on a parlé
tantôt.
M. CHOQUETTE: Mais non, cela prouve que le premier ministre ne comprend
même pas le projet de loi.
M. BEAULIEU: Voyons!
M. CHOQUETTE: Bien oui, ce que le premier ministre vient de dire prouve
qu'il ne comprend pas du tout le projet de loi.
M. BEAULIEU: Quels sont ceux qui se servent de la ruelle?
M. CHOQUETTE: II y a la question de la propriété du fonds
de la ruelle, et il y a l'autre question qui est le droit de certains
propriétaires qui ont encore un droit de passage dans ces mêmes
ruelles.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. CHOQUETTE: Ce sont deux questions complètement
différentes.
M. BERTRAND: Oui, et ceux qui peuvent prétendre à des
servitudes...
M. CHOQUETTE: Non, non, il n'y en a pas qui peuvent prétendre
à des servitudes.
M. BEAULIEU: Sur quoi vous basez-vous?
M. CHOQUETTE: Non, ceux qui peuvent prétendre à des
servitudes, nous allons les écarter, pour le moment.
M. BEAULIEU: Ceux qui prétendent à des servitudes,...
M. PAUL: En vertu de quel principe?
M. CHOQUETTE: Pour le moment, nous allons les écarter de la
discussion, dis-je.
M. BEAULIEU: Non.
M. CHOQUETTE: Mais actuellement, sur l'article 2 du projet de loi, nous
examinons les réclamations possibles...
M. BERTRAND: Possibles!
M. CHOQUETTE: ... des propriétaires du fonds de la ruelle, fonds
de la ruelle qui est astreint à des servitudes de droit de passage.
C'est cela la qustion.
M. BEAULIEU: Oui.
M. CHOQUETTE: Et nous disons, en vertu de l'article, que s'il y a des
messieurs qui peuvent prétendre à un droit de
propriété sur le fonds de cette ruelle-là, ils pourront
faire une réclamation contre Concordia.
M. BERTRAND: Voilà, c'est cela.
M. CHOQUETTE: Je vais plus loin, moi, je dis: si les héritiers ne
se montrent pas parce qu'ils sont inconnus ou introuvables ou parce qu'on ne
les avertit pas qu'on les a expro- priés, à ce moment-là,
le curateur public agira et fera établir le prix de la cession du droit
de propriété.
M. BERTRAND: Mais, pourquoi ajoutez-vous le rôle du curateur
public à ça?
M. CHOQUETTE: Parce que...
M. BERTRAND: Qu'est-ce que vous réglez par ça?
M. CHOQUETTE: Voici ce qu'on règle par ça. C'est
très simple. C'est que nous allons adopter ce projet de loi. Concordia
va acquérir la propriété du fonds et il n'y aura
probablement jamais un héritier qui va se montrer pour faire une
réclamation. C'est clair. C'est clair. Ecoutez, on n'a pas besoin
d'être naïf; personne va parcourir le monde pour aller
chercher...
M. BEAULIEU: Quels sont ceux qui réclament dans le moment? Ce
sont ceux qui ont un droit de passage. On leur accorde un autre droit de
passage ailleurs.
M. CHOQUETTE: Le ministre des Finances devrait rester avec son budget.
Il ne comprend absolument rien là-dedans.
M. LESAGE: D'ailleurs, le ministre des Finances a un autre bill qui
vient tantôt. Qu'il se prépare! Il est mieux d'étudier son
projet de loi, M. le Président, est-ce qu'il me serait per mis...
M. BEAULIEU: Je l'ai étudié.
M. LESAGE: ... de dire un mot? En droit, Concordia réclame ces
ruelles parce qu'elle en a besoin pour la réalisation de son projet. La
qualité qu'elle expose, c'est d'être propriétaire contigu
de la plupart de ces ruelles. Je pense bien que tout le monde va admettre
ça. Or, Concordia n'a ni plus ni moins de droits à la
propriété des ruelles que les autres propriétaires
contigus. Je parle d'individus. Je pense que ça, en droit, c'est vrai.
D'un autre côté c'est là qu'est la différence
avec le bill de la place Victoria et puis le bill pour Du Pont la place
Victoria était propriétaire de tous les édifices contigus
aux ruelles. Dans le cas de Du Pont, il y avait un propriétaire qui
n'était pas contigu en dehors de Du Pont et c'était la paroisse
Saint-Patrick qui a renoncé.
M. BEAULIEU: Mais, ils ont un droit de passage.
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Peu importe l'offre qu'ils
font, Je dis qu'en vertu...
M. BEAULIEU: Bien oui, mais c'est un droit qu'ils ont.
M. LESAGE: M. le Président, si le notaire Beaulieu voulait
m'écouter deux minutes...
M. BEAULIEU: J'écoute.
M. LESAGE: Excusez-moi de vous appeler notaire Beaulieu, mais Je
m'adresse au notaire, à l'homme qui a fait un cours de droit, qui a
pratiqué le droit et qui a une grande réputation, pas comme
ministre des Finances, comme notaire.
M. DE MERS: C'est parce que vous ne le connaissez pas.
M. THEORET: C'est bien de le penser, mais c'est mieux de le dire.
M. LESAGE: Tiens, un notaire Jaloux! Je veux expliquer que les droits
actuels de Con-cordla sont les mêmes sur les ruelles, actuellement, que
pour les autres propriétaires con-tigus. Ils n'ont ni plus ni moins de
droits. Mais nous, nous choisissons de le donner à Concordia, parce
qu'elle le demande.
M. BEAULIEU: Oui, mais ils donnent les mêmes droits en
échange.
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. C'est là que vient
la complication du droit de passage. La suggestion faite par le
député d'Outremont est raisonnable parce qu'elle permettrait
d'accorder, par le truchement du curateur public, au plus offrant la
propriété des ruelles.
M. BEAULIEU: Oui, mais comment au plus offrant? Qu'est-ce que vous
voulez dire par là?
M. LESAGE: Une fois propriétaire des ruelles, Condordia peut
invoquer l'article 557 pour ce qui est de l'autre partie du problème,
les droits de passage. C'est ça, la suggestion du député
d'Outremont.
M. BEAULIEU: Et qui va réclamer tout ça?
M.CHOQUETTE: Oui, oui, c'est exactement ça. Le chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Merci.
M. CHOQUETTE: ... explique ma pensée encore plus clairement que
Je ne pourrais le faire.
M. CARDINAL: D'accord, est-ce que je pourrais essayer de
répondre? Vous me corrigerez si J'erre. Prenons le droit de
propriété, prenons les servitudes. On les sépare et on ne
mêle pas les deux.
M. LESAGE: Oui, dans le premier cas, ce sont des biens en
déshérence.
M. BEAULIEU: On sait qui estpropriétaire, avec le même
titre, oui.
M. LESAGE: Non, monsieur. Je regrette, le ministre des Finances...
M. BEAULIEU: Voyons!
M. LESAGE: ... devrait savoir qu'il est invoqué au projet de loi
que ce sont des biens en déshérence et que les
propriétaires sont inconnus.
M. BEAULIEU: II y a un titre enregistré quelque part, voyons!
M, LESAGE: M. le Président, c'est allégué dans le
projet de loi.
M. BEAULIEU: Il y a des titres. On a tout simplement à faire un
examen des titres et on va trouver qui est le propriétaire
enregistré.
M. LESAGE: Je dis au premier ministre et au ministre de l'Education que
le ministre des Finances est en train de gaspiller l'affaire du
député de Saint-Jacques parce que si les propriétaires
sont connus, le bill ne marche plus.
M. BERTRAND: Vous avez interrompu le député de Bagot.
M. LESAGE: S'il est possible de trouver les propriétaires, comme
l'affirme le ministre des Finances, nous ne pouvons adopter le bill.
M. CARDINAL: On ne les trouve pas.
M. LESAGE: Nous n'avons même pas besoin du bill.
M. PAUL: M. le Président...
M. LESAGE: Oui, mais c'est le ministre des
Finances qui me dit que c'est facile de trouver les
propriétaires.
M. BEAULIEU: S'il y a un titre enregistré, c'est très
facile.
M. LESAGE: Oui, M. le Président, je prends acte. J'espère
que le ministre de l'Education va faire son argument à partir de
l'affirmation du ministre des Finances.
M. CARDINAL: M. le Président, non...
M. LESAGE: Je sais bien que vous ne voulez pas le faire parce qu'il n'y
a plus d'argument à partir de ce moment.
M. CARDINAL: M. le Président, ne pourrions-nous pas replacer les
choses chacune à leur place? Non seulement séparer les droits de
propriété et les droits de servitude, mais séparer la
discussion entre l'ancien ministre des Finances et l'actuel ministre des
Finances, qui viendra à son heure.
M. LESAGE: II vaut mieux le faire venir à son heure, parce que
comme c'est là, il est en train de gaspiller votre affaire.
M. CARDINAL: Je n'accepte pas cette autre affirmation.
Essayons d'être sereins.
M. PINARD: Et solidaires.
M. CARDINAL: Ne parlez pas de solidarité de ce
côté-là de la Chambre dans le moment présent, ce
n'est pas le temps.
M. LESAGE: Cela va bien, là.
M. CARDINAL: Alors, messieurs, si nous pouvons revenir à ceci que
ces biens sont en déshérence techniquement, c'est une affirmation
qui est aussi discutable. Premièrement, ce que le ministre des Finances
a voulu dire, si je l'interprète bien, c'est que de toute façon,
si nous allons dans les registres des bureaux d'enregistrement, puisqu'il
s'agit de l'Ile de Montréal, nous allons nécessairement
retrouver, à un moment donné, sur cette partie cadastrale
où sont annottés la division, la subdivision, la redivision ou le
lot original à un moment donné, un nom. Ce ne sont pas des biens
qui appartiennent à la couronne et qui n'ont pas été
patentés un jour; nous ne sommes pas dans les terrains de
colonisation.
Deuxièmement, cependant, le droit de propriété est
un droit qui ne se perd jamais par prescription; il ne fait que
s'acquérir par prescription. Ce qui veut dire qu'il est
théoriquement, hypothétlquement, possible qu'il existe encore de
par ce monde des gens qui soient les successeurs de ceux qui un jour ont eu ce
droit de propriété. Qu'ils l'aient exercé ou non, le droit
est demeuré. C'est pourquoi je veux qu'on distingue ceci des
servitudes.
Ces biens-là, rien ne nous dit qu'ils sont ou ne sont pas en
déshérence. Il se peut que dans certains cas ils le soient et que
dans d'autres cas ils ne le soient pas, nous ne le savons pas. Tout ce que nous
savons, c'est que ces biens sont sans valeur réelle commerciale parce
qu'ils sont présentement utilisés comme ruelles, qu'on ne peut
rien y construire et que les 32,000 ou 39,000 pieds carrés dont on
aparté que ce soit le député d'Outremont ou le
député de Papineau qui en aient parlé il n'y a
personne qui les achèteraient pour en faire quoi que ce soit parce
qu'ils sont grevés de cet autre droit d'autrul qui, lui, est accessoire
et qui s'appelle servitude.
Je ne veux pas aller trop loin parce que nous n'en sortirons pas.
M. DEMERS: Il fallait qu'il apprenne ça.
M. CARDINAL: Quand le député d'Outremont vient apporter sa
suggestion, elle part d'un bon naturel.
M. CHOQUETTE: Toutes mes suggestions partent d'un bon naturel.
M. CARDINAL: Elle part aussi de cette formation ou déformation
qui est celle d'un avocat qui prévoit que nécessairement...
M. LESAGE: Et que n'ont pas les notaires. M. BERTRAND: Attention!
M. CARDINAL: Cela ne fait rien, non. Et que, par conséquent, il
faut dès maintenant évaluer ces terrains, c'est-à-dire
demander au curateur public, comme s'il s'agissait d'un bien en
déshérence d'en faire une évaluation, etc.
Je dis que ceci n'est pas nécessaire. Et, s'il y a un
défaut dans le bill, ceci ne vient pas le corriger. Je vais aller plus
loin dans l'honnêteté intellectuelle et juridique. M. le chef de
l'Opposition, ne vous en allez pas si tôt.
UNE VOIX: Allez-y.
M. CARDINAL: Ce qui m'embarrasse dans l'article 2, ce sont les mots qui
viennent après « Limited », et vous savez d'ailleurs fort
bien
pourquoi. C'est que là on semble établir une limite aux
dommages, à une action personnelle qui vient, d'après l'article
2, remplacer les actions réelles des personnes qui auraient
peut-être des droits réels là-dessus.
Le député d'Outremont sait qu'il y a une différence
entre des droits réels et des actions réelles. Cela porte le
même nom, mais ce n'est pas du tout la même chose. Par
conséquent, je trouve ce qu'il vient de proposer inacceptable, parce
qu'il prend pour acquis que ces biens-là sont nécessairement tous
en déshérence, que le curateur public devrait en faire fixer le
prix; je me demande à quelle fin, et nous ne le savons pas.
Le prix fixé serait distribué aux personnes,
sociétés ou corporations qui auraient pu le réclamer. On
tombe de Charybe enScylla, comme diraient les docteurs. Je trouve que cela ne
corrige pas, cela ne fait que compliquer l'article 2. Quand j'ai dit
tantôt que j'accepterais peut-être une suggestion, ce n'est pas
celle-là que j'attendais. C'est pourquoi, malheureusement, malgré
tout le respect que j'ai pour mon savant collègue s'il permet que
je l'appelle ainsi je ne puis accepter cette correction à
l'article 2.
M. LESAGE: Le ministre de l'Education voudrait-il bien me suivre deux
minutes?
M. CARDINAL: Cinq minutes.
M. LESAGE: Ce ne sera pas long. A l'article 2, il y a une
déclaration à l'effet que Con-cordia est propriétaire.
M. CARDINAL: Oui.
M. LESAGE: On dit que si quelqu'un peut prétendre à un
droit de propriété pas un droit de passage un droit
de propriété...
M. CARDINAL: De propriété, d'accord.
M. LESAGE: ... il a droit à des dommages que nous
établissons par la loi, ici. C'est dans l'article. Nous les
établissons par la loi comme étant calculés...
M. CARDINAL: C'est-à-dire qu'on remplace...
M. LESAGE: ... à la date...
M. PAUL: Nous accordons un recours.
M. LESAGE: ... la valeur du terrain calculée à la date de
la sanction.
M. BERTRAND: Je pense que c'est normal.
M. LESAGE: II faut savoir cela. C'est exactement le même
dédommagement qu'on avait prévu dans le cas de Place Victoria, de
Du Pont. A ce moment-là, ils n'avaient pas le droit de passage, le
problème n'était pas double. Il n'y avait que les
problèmes des propriétaires éventuels inconnus, il n'y en
a jamais eu. C'est le texte qui avait été adopté. Lorsque
nous arrivons à l'article suivant pour remplacer les droits de passage,
je dis qu'à ce moment-là le moins qu'on puisse demander, c'est
qu'il y ait une clause qui réserve les droits à des dommages pour
ceux auxquels on impose d'accepter l'échange.
M. CARDINAL: Je vous suis parfaitement. Ceci est tout à fait
différent de la proposition du député d'Outremont.
M. LESAGE: Oui, mais c'est une position secondaire.
M. CARDINAL: D'accord, mais c'est tout à fait différent.
D'ailleurs, je reviens à ce que je disais tantôt. Pour une fois,
je pense que nous sommes entièrement d'accord du moins sur les
principes, sinon sur les moyens. L'article 2, lorsqu'il parle du droit de
propriété sur des lots ou des parties de lots, ne parle que d'un
droit principal réel.
M. BERTRAND: Pas d'une servitude.
M. LESAGE: D'accord. L'article 2 est textuellement l'article 2 de Place
Victoria et des autres.
M. CARDINAL: Oui, des autres. M. LESAGE: Alors, c'est clair. M.
CARDINAL: Ils transmettent...
M. LESAGE: Ce sont les propriétaires inconnus qui pourraient
surgir.
M. CARDINAL: Bon. Je vous prends au mot. C'est pourquoi je vous dis que
je n'accepte pas la suggestion du député.
M. LESAGE: Mais, c'est tellement lié ensemble tout cela.
Voulez-vous, nous ne nous chicanerons pas, et nous allons adopter l'article 2
sur division.
M. CARDINAL: Bon, d'accord.
M. LESAGE: Le député de Saint-Jacques va nous proposer un
amendement à l'article 3 pour prévoir que les tribunaux peuvent
établir des dommages, s'il y en a. On se trouve quand même
à transformer des droits réels en droits personnels, les droits
de passage.
M. CARDINAL: Oui, je fais une nuance. On fait, en somme, des actions
réelles en actions personnelles, mais on ne transforme pas des droits
réels en droits personnels.
M. CHOQUETTE: Mais, M. le Président...
M. LESAGE: Comme l'action ne peut découler que du droit.
M. CARDINAL: Oui, mais, M. le Président... M. LESAGE: C'est
l'avocat qui vous parle. M. CARDINAL: Ne continuons pas.
M. DEMERS: Avant d'ouvrir votre bureau, cela va être bon, ce
cours-là,
M. LESAGE: Pardon!
M. DEMERS: Avant d'ouvrir votre bureau, cela va être bon, ce
cours-là.
M. LESAGE : Non, je réponds au notaire que l'action ne peut
découler que du droit. Vous n'avez pas droit à une action
réelle, si vous n'avez pas un droit réel.
M. CARDINAL: Est-ce que je pourrais être consultant si...
M. BEAULIEU: C'est un avis personnel qu'il va transmettre...
M. CHOQUETTE: M. le Président...
M. LESAGE: Oui, oui, vous me consulterez.
UNE VOIX: Article 2 adopté.
M. CHOQUETTE: ... sur l'article 2, je ne voudrais pas allonger
inutilement le débat, mais seulement faire une brève
réponse au ministre de l'Education.
Le ministre de l'Education semble reprocher à l'article 2 le fait
qu'il établisse la valeur de la réclamation des
propriétaires du fonds à la date de la sanction du bill. Je crois
que dans son esprit...
M. BERTRAND: C'est normal.
M. CHOQUETTE: ... il préférerait que la valeur de cette
réclamation soit fixée à l'époque où la
réclamation sera formulée. Ah! le ministre de l'Education fait
des dénégations, mais je pense que cette suggestion de sa part
serait encore plus près de l'équité et de la justice que
le texte tel que rédigé. Le procédé que j'ai
suggéré à la Chambre, et qu'on ne veut pas accepter du
côté ministériel, c'est qu'on établisse la valeur du
droit à la date de la sanction du bill, parce qu'il est sûr qu'il
va y avoir des recours devant les tribunaux, puisqu'on en fait un
impératif au curateur public.
M. BERTRAND: On accepte la valeur à la date de la sanction de la
loi.
M. CHOQUETTE: Je ne vois pas pourquoi le premier ministre et le ministre
de l'Education m'interrompent quand je fais un exposé; je n'ai pas
terminé encore. Je dis qu'en assurant qu'il y ait un recours
d'exercé devant les tribunaux on faisait, en somme, déterminer
par les tribunaux la valeur du droit à la date de la sanction, à
ce moment-là, on était sûr que le tribunal
déterminerait, dans un délai relativement rapide puisque
j'avais mis une limite de six mois la valeur du droit.
Juste un dernier mot en terminant. Le ministre dit que ça n'a pas
de valeur. Il est évident que, comme ruelle publique, comme fonds de
ruelle, ça n'a pas de valeur. Mais, est-ce que ça peut avoir une
valeur marchande pour y construire? Cela est une autre question, et moi je
soutiens que ce serait au tribunal de le trancher.
M. CARDINAL: J'accepterais ce que le chef de l'Opposition a
proposé, qu'on accepte l'article 2 sur division et qu'on amende
l'article 3.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 2 adopté sur division. Article
3.
M. BERTRAND: Nous allons le suspendre, parce qu'on prépare un
amendement.
M. LESAGE: C'est ça, allons aux courses, nous reviendrons.
M. BERTRAND: Non, mais il reste... M. LE PRESIDENT: Quatre et cinq.
M. BERTRAND: On peut peut-être commencer les courses...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BERTRAND: ... suspendre pour rédaction et revenir tantôt
avec ça. Faites donc rapport, M. le Président...
M. LESAGE: Que l'on comprenne bien.
M. BERTRAND: ... que l'on rapporte progrès.
M. LESAGE: Que l'on comprenne bien. Tout ce que je fais, c'est d'essayer
de protéger, dans la mesure du possible, les droits des tiers.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: Il n'est reste pas moins que je devrai voter contre le
bill.
M. BERTRAND: Ah! le chef de l'Opposition est un homme libre comme
nous.
M. LESAGE: J'essaie de sauver le plus possible les droits des tiers.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. FRECHETTE (président du comité plé-nier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
à nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siégera-t-il? Même
séance.
BILL 86 Deuxième lecture
L'honorable ministre des Finances propose la deuxième lecture de
la Loi sur les loteries et courses.
L'honorable ministre des Finances.
M. BEAULIEU: M. le Président, l'honorable lieutenant-gouverneur
de la province a pris connaissance de ce bill et en recommande l'étude
à la Chambre.
M. le Président, les objets principaux de ce projet de loi sont
tels qu'en font foi les notes explicatives qui y sont incorporées,
savoir a) d'instituer d'abord un organisme sous le nom de Régie des
loteries et courses du Québec dont les fonctions seront de surveiller
les courses au Québec et, si le gouvernement lui en confie le pouvoir,
de délivrer des licences autorisant des person- nes à conduire et
à administrer des systèmes de loteries conformément
à la loi et aux modalités prescrites par le gouvernement; b)
d'instituer un second organisme sous le nom de Société
d'exploitation des loteries et courses du Québec, qui sera un mandataire
du gouvernement et dont les fonctions seront d'organiser et de conduire des
systèmes de loteries pour le compte du gouvernement. Plus
précisément, la tenue d'une loterie provinciale, qui sera permise
par cette loi, est justifiée, nous le croyons, pour les raisons
suivantes:
L'examen des documents de presse depuis plusieurs années et
autres démontre amplement qu'il existe depuis longtemps un concensus
populaire favorable à cet égard. D'autre part, l'idée
d'une loterie au Québec a des précédents. En effet, il a
déjà existé une loterie au Québec appelée
Loterie du peuple, autorisée par la Législature, tel qu'en fait
foi un extrait du journal Le Monde illustré, publiant un avis du
troisième tirage prévu pour le mardi 31 janvier 1893. Cette
loterie ayant eu courte vie, le Parlement québécois adoptait en
1934 une loi autorisant l'organisation d'une loterie, et cette loi était
sanctionnée le 20 avril de la même année.
Il faut noter que cette loi, bien que sanctionnée, ne pouvait
entrer en vigueur qu'à compter de l'élargissement du code
criminel en matière de loterie. Par ailleurs, une autre loi fut
adoptée aux mêmes fins en 1950. Elle fut sanctionnée mais
non proclamée, de telle sorte que l'abrogation qu'elle faisait de la loi
de 1934 n'est pas encore entrée en vigueur.
Je crois que c'est le devoir d'un gouvernement responsable de
protéger ses commettants contre l'exploitation par un groupe social
marginal. Nous croyons que la présente législation atteint cet
objectif. En effet, alors même que la commission Prévost n'avait
pas encore publié son rapport, un comité d'enquêteurs
formé à notre suggestion, après s'être rendu visiter
les institutions du jeu et de pari de quelques Etats étrangers, nous
produisait un rapport donnant les mêmes conclusions que le rapport
Prévost.
Je tiens à souligner particulièrement ce fait, car je
crois qu'il indique que l'idée d'exploiter des loteries et courses au
Québec par le truchement d'une société mandataire du
gouvernement est bien fondée. Qu'il suffise d'en trouver la confirmation
dans le rapport Prévost lui-même qui recommandait: « Que le
gouvernement prenne l'initiative de promouvoir une législation
criminelle et pénale qui n'interdise plus les comportements que le
public accepte; « Que le gouvernement du Québec fasse pression sur
le gouvernement du Canada pour que le
jeu et le pari soient désormais considérés comme
des activités légales en tant que contrôlées par les
provinces; « Que le gouvernement du Québec nationalise le jeu et
le pari dans toutes leurs manifestations dès l'instant où le code
criminel canadien aura supprimé les interdictions qui frappent
présentement ce secteur; « Que le gouvernement du Québec
organise lui-même le jeu et le pari sur son territoire, qu'il en fasse
ouvertement la publicité et en prélève directement les
bénéfices; « Que le gouvernement du Québec, tout en
organisant le jeu et le pari à son propre bénéfice,
continue à combattre énergiquement le jeu et le pari clandestin.
»
Il ne faut pas adopter l'attitude puritaine et irréaliste qui a
fait qu'au cours des années de la prohibition de l'alcool, des millions
de dollars résultant de la vente de ce produit sont allés non pas
dans les goussets publics mais entre les mains des pires ennemis de la
société. A ce propos, il est bon de se rappeler que le
Québec a une tradition de bon sens et d'équilibre. Contrairement
aux Etats-Unis et à la plupart des provinces canadiennes, qui
interdisaient la vente de l'alcool à cette époque, le
Québec se refusait à prendre de telles mesures.
C'est ce goût du juste milieu et ce réalisme des
Québécois qui nous invitent aujourd'hui à lever les
interdits qui frappent le jeu. Un amendement apporté au code criminel en
1969 nous permet maintenant d'atteindre ces objectifs par l'abrogation de
l'alinéa b) du paragraphe 8 de l'article 179, et l'insertion,
après cet article, de l'article 179a), qui confère le pouvoir de
conduire et d'administrer un système de loterie, au gouvernement
fédéral tout d'abord, à chaque gouvernement provincial,
à un organisme de charité ou religieux, à condition
d'obtenir une licence du lieutenant-gouverneur en conseil ou d'une
autorité dûment déléguée par lui, pourvu que
premièrement le produit soit utilisé pour des fins ou oeuvres
charitables ou religieuses. S'il s'agit d'une loterie conduite dans une vente
de charité, que le montant ou la valeur de chaque prix attribué
ne dépasse pas $100 et que l'argent ou autre valeur payée pour
obtenir une chance de gagner un prix ne dépasse pas $0.50.
A l'organisme tenant une foire ou une exposition agricole, ou un
exploitant d'une concession donnée à bail par ce dernier à
la condition d'obtenir une licence du lieutenant-gouverneur en conseil ou d'une
autorité déléguée par lui et à toute
personne, à la condition d'obtenir, comme dans les deux derniers cas,
une licence du lieutenant-gouverneur en conseil ou d'une autorité
dûment mandatée par lui, pourvu que ce soit dans un lieu
d'amusement public, que le montant ou la valeur de chaque prix ne
dépasse pas $100 et que l'argent ou autre valeur payés pour
obtenir une chance ne dépasse pas $0.50.
Nous soumettons en outre qu'en plus des raisons tirées du rapport
Prévost à son appui, la formule de la société
d'Etat, telle qu'utilisée dans ce projet de loi, est, en soi,
très justifiée. Elle aura pour effet d'assurer, selon nous, dans
la plus large mesure possible, le genre d'administration qui pourra subir avec
succès l'épreuve du temps dans un domaine aussi délicat
que celui des loteries.
D'ailleurs, si nous en sommes venus à cette formule, c'est
qu'elle a fait ses preuves ailleurs. En effet, dans la majeure partie de
l'Al-lamagne, en Israël, en Suède, ce sont des corporations d'Etat
qui organisent et gèrent les systèmes de loterie. Dans certains
cas, leur autonomie est si grande qu'elles peuvent utiliser elles-mêmes
les fonds pour construire des centres importants de loisir et de tourisme,
comme des stades et autres centres de plein air.
Nous n'avons pas voulu aller aussi loin, car il faut penser que ces
structures administratives extrêmement autonomes s'insèrent dans
un contexte étatique différent du nôtre, et dans
l'activité des peuples dont les mentalités collectives sont
fondamentalement différentes de la nôtre. Il nous a donc fallu
tenir compte de ces distinctions importantes dans l'élaboration de ce
projet de loi.
Par contre, nous avons laissé de côté le
système français, dont la conduite relève directement d'un
ministre. Encore là, il s'agissait de rechercher si cette formule,
caractérisée par son traditionalisme et le peu de
variété qu'elle offre à sa clientèle, était
la bonne chez nous. Elle est probablement excellente en France, en Espagne ou
au Portugal. Mais nous avons pensé qu'il fallait doter le Québec
d'une structure administrative susceptible de permettre l'organisation et la
conduite non seulement d'un seul système de loterie traditionnel sur le
modèle français, espagnol ou portugais, mais aussi d'autres
systèmes qui s'inspireraient de ceux qui existent en d'autres pays,
où ils sont mis au point et administrés par des organismes
para-gouvernementaux à l'intérieur d'appareils étatiques
qui ont subi une évolution plus grande depuis un certain nombre
d'années.
Tout en ne contestant pas le mérite de la formule traditionnelle,
c'est en nous inspirant plutôt de l'exemple d'Israël et de la
Suède que nous avons élaboré la formule de
société d'Etat prévue dans ce projet de loi. C'est
d'ailleurs, en principe, la formule adoptée par le Manitoba. Notre
projet s'en distingue cependant fortement en ce
qu'il institutionnalise la formule et lui donne tous les moyens
appropriés d'atteindre ses objectifs en les articulant
spécifiquement dans le texte de loi.
En bref, nous sommes d'avis que le projet de loi qui vous est soumis est
en accord avec l'amendement au code criminel, dont j'ai traité,
présente une formule éprouvée et efficace de conduite et
d'administration d'un système de loterie par un gouvernement, rencontre
le consensus populaire, les recommandations du rapport privé et
répond à l'opinion des Québécois.
Nous apprenions hier que la cour Suprême du Canada avait
rejeté l'appel de la ville de Montréal contre un jugement de la
cour d'Appel du Québec déclarant illégale la taxe
volontaire de la métropole. Ce jugement confirme ce que nous pensions,
à savoir que la loterie du Québec n'enlèverait rien
à celle de la ville de Montréal ou à celle de la ville de
Sherbrooke. Elles sont illégales, comme nous l'avions
prétendu.
Je tiens à souligner aussi que ce projet de loi ne veut pas dire
que le gouvernement est opposé aux « bingos » (loto) de
paroisse. Au contraire, ils seront toujours permis dans les limites de
l'amendement au code criminel, et nous croyons que la présente
législation ne peut que protéger et améliorer la
qualité de ces bingos et petits tirages et, de plus, faciliter le
travail policier de vérification de ces tirages anonymes dont les
bénéfices sont détournés au profit
d'intérêts louches.
Enfin, nous admettons que le présent projet de loi s'inscrit dans
une saine politique de promotion du bien commun de la population. Quoique nous
soyons d'accord avec la conclusion qu'au regard de l'ampleur de nos besoins
financiers, la loterie québécoise ne pourrait rapporter qu'un
revenu marginal, il n'en demeure pas moins que nos dernières estimations
révèlent que le trésor gouvernemental pourrait s'y
enrichir d'une somme située entre $10 millions et $18 millions
annuellement. En outre, il faut se rappeler qu'un tel projet, en plus de
rapporter des revenus immédiats, sera générateur d'emplois
et, à ce titre, pourra être économiquement rentable pour le
Québec. C'est l'intention de ce gouvernement d'affecter une
substantielle partie de ces sommes au bien-être de la jeunesse, plus
particulièrement au financement des loisirs et des sports.
En effet, c'est là une autre réalisation d'«
Objectifs 1966 » qui s'était engagé à établir
une loterie en ces termes: « Pour aider au financement des loisirs et des
sports, l'Union Nationale établira une loterie québécoise
dont les revenus seront affectés à ces postes. » Cet
objectif, M. le Président, le gouvernement ac- tuel le réaffirme
et le réalise en présentant le bill 86 qu'il souhaite voir
adopté par cette Chambre pour le bien de la collectivité
québécoise.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, ce projet de loi répond
à un besoin dont le gouvernement libéral des années
soixante était bien conscient: la création d'une commission ou
d'une régie des courses. En jetant un coup d'oeil sur mes dossiers, je
me suis rendu compte que c'est au tout début des années soixante
que nous avions projeté de créer une commission des courses au
Québec. Il nous apparaissait nécessaire que le gouvernement
québécois, par le mécanisme d'une régie,
réglemente et surveille de près le domaine des courses de
chevaux. Je pense qu'il n'est pas besoin d'insister là-dessus.
Malheureusement, nous n'avons pas pu donner suite à notre projet,
parce que le code pénal, tel qu'il existait, constituait un obstacle
insurmontable. En effet, l'article 178 du code criminel canadien ne permettait
les paris qu'aux réunions de course tenues par une association
constituée en corporation avant le 19 mai 1947 ou le 20 mars 1912, selon
qu'il s'agissait de courses au galop ou de trot, ou encore constituée en
corporation après ces dates par une loi spéciale du Parlement du
Canada ou de la Législature d'une province. De plus, les réunions
de course ne devaient pas, au cours d'une année civile, se poursuivre
pendant plus de 14 jours en vertu de la même charte.
Dans le Québec, la plupart des associations étaient
constituées en vertu de la Loi des compagnies et leurs réunions
se poursuivaient en général pendant 45 à 100 jours par
année. Il était évident que l'on ne pouvait pas constituer
une commission de course sans prévoir un moyen de légaliser la
situation, car une commission chargée de surveiller les courses ne
pouvait pas, clairement, se permettre d'agir dans l'illégalité.
On a suggéré alors un projet de loi pour donner aux 39
associations nécessaires le caractère d'association
constituée en corporation par une loi spéciale de la
Législature, mais ce n'était pas, non plus, une solution
acceptable. Quand le code criminel exigeait une loi spéciale, la
Législature ne pouvait pas la remplacer par une loi
générale. Il était bien clair que le Parlement
fédéral avait imposé cette exigence de la loi
spéciale afin que les tiers puissent s'opposer à l'octroi de
chaque charte. C'était donc dire qu'il aurait fallu 39 lois
spéciales avec toutes les objections et les chicanes que cela aurait
entraîné.
En conséquence, nous avons dû ajourner le
projet de création d'une commission de course jusqu'à ce
qu'on décide de légaliser les activités des associations,
soit en leur accordant des chartes par bill privé, ce qui aurait
entraîné ce que je viens de dire, des débats
extrêmement acrimonieux, interminables, soit en obtenant une modification
au code criminel.
Or, le nouvel article 178 du code pénal prescrit, au sous-article
9, qu'une association désigne une association constituée en
corporation par une loi, ou en conformité d'une loi du Parlement du
Canada ou de la Législature d'une province et dont le but ou l'un des
buts est la tenue de courses de chevaux. J'attire l'attention sur le terme de
l'article 178. Ce sont les courses de chevaux. Donc, nos associations de
courses qui avaient été incorporées sous la loi
générale des compagnies de la province se trouvent maintenant
à être légalement constituées au sens du code
pénal, alors qu'auparavant, elles ne l'étaient pas, parce que le
code pénal exigeait, je le répète, pour celles
créées postérieurement aux dates que j'ai
mentionnées tantôt, qu'elles soient constituées par une loi
spéciale. Tant et aussi longtemps que nos associations opéraient
ainsi dans l'illégalité, nous ne pouvions créer une
commission gouvernementale de courses qui se serait trouvée à
réglementer d'une façon ou d'une autre des opérations
illégales.
Une législation provinciale ne pouvait pas permettre ce que
défendait une loi fédérale constitutionnellement valide.
Beaucoup de gens se sont souvent demandé comment la Législature
du Québec pouvait taxer des paris illégaux, parce que les courses
se tenaient illégalement. La réponse c'est qu'en
fiscalité, on admet le principe que le gain illicite est imposable.
C'est ainsi que la jurisprudence, par exemple, permet d'imposer au gouvernement
fédéral, qui est exempt de taxe, le coût des services
d'aqueduc et d'égout. Le projet de loi à l'étude comporte
deux aspects bien distincts. D'une part on crée une régie des
loteries et courses au Québec, chargée de la surveillance des
courses et de l'émission de licences ou de permis en matière de
loterie ou de jeu. D'autre part, on crée une société
d'exploitation des loteries et courses du Québec, qui sera mandataire du
gouvernement et dont les fonctions seront d'organiser des loteries et des
courses.
Les pouvoirs accordés à la régie et à la
société d'exploitation, s'ils portent sur les loteries et les
courses de chevaux, vont en fait bien au-delà de ça. En effet,
suivant le projet de loi à l'étude, le terme courses signifie une
course de chevaux ou toute autre course déterminée par
règlement de la régie.
M. BERTRAND: Nous allons y voir.
M. LESAGE: Ah bon!
M. BEAULIEU: Adopté.
M. LESAGE: Je continue. J'en ai d'autres.
M. BERTRAND: Nous allons y voir.
M. LESAGE: Parce qu'on ne peut pas...
M. BERTRAND: Non, non, c'est admis.
M. BEAULIEU: On va vous engager au comité des Finances.
M. LESAGE: Le terme loterie ou système de loterie comprend une
loterie au sens ordinaire du terme, ainsi qu'un jeu de hasard ou un jeu
où se mêlent le hasard et l'adresse. C'est la définition du
code criminel que je viens de donner. Et c'est reproduit dans le projet de
loi.
M. PAUL: A 168, jeu.
M. LESAGE: Mais le projet de loi ne comporte pas les exceptions du code
criminel. C'est dire que la portée du projet de loi 86 est très
large, trop large, et dans le cas des courses de chevaux et dans le cas de la
loterie et du jeu. Elle recoupe...
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Bien, est-ce que l'on me permet?
M. BERTRAND: C'est que nous avons pris la définition du jeu qui
est inscrite dans le code criminel.
M. LESAGE: Oui, je le sais. Je le sais. C'est parce qu'on dit qu'une
loterie comporte le jeu. Mais il y a dans le code criminel des jeux
défendus. J'en arrive à ça. Le processus d'explication est
peut-être un peu lent. J'essaie d'être aussi explicite que
possible, il n'y a pas d'exception dans le projet de loi qui nous est
présenté. Or, il arrive que le jeu et les paris sont interdits.
Si on veut bien suivre l'argumentation, il arrive que le jeu et les paris sont
interdits en vertu du code criminel.
Cela, c'est la loi, articles 176, 177 et 179. C'est le principe
général. Par contre, par les articles 178 et 179a, suite au bill
Omnibus, bill C-150, qui a été adopté par le Parlement, le
code pénal énumère les exceptions à ce prin-
cipe et cette enumeration est clairement limitative. Au surplus, chacune
des exceptions est qualifiée de conditions et de modalités
rigoureuses, si bien qu'au total, on peut dire que seulement quelques formes de
jeu ou de paris sont légitimes ou légales. Les autres formes sont
des actes ou infractions de nature criminelle, ce sont des crimes. Or, le
Parlement fédéral, en vertu des pouvoirs constitutionnels qui lui
sont dévolus par l'article 91, paragraphe 27, de l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique, est la seule autorité
compétente à légiférer en matière
criminelle. C'est à lui seul qu'il appartient de décider si telle
ou telle activité est un crime.
Une législature provinciale ne pourrait décréter
que telle activité, en l'espèce le jeu et le pari, est criminelle
ou encore qu'une activité interdite par le code criminel est permise,
car la Législature ne peut, en aucune manière, se
prévaloir de sa compétence législative en matière
de propriété et de droit civil, 92, 13e, ou en des
matières de nature simplement privée et locale à
l'intérieur de la province, 92, 16e, pour pouvoir prétendre
réglementer des acitivités qui sont spécifiquement
prohibées par des dispositions d'une loi fédérale
constitutionnellement valide, soit la loi criminelle, le code pénal.
Aussi, il est inconstitutionnel et totalement inadmissible que, dans une
loi, une législature provinciale donne le pouvoir au
lieutenant-gouverneur en conseil ou à une autre autorité, la
régie et la société d'exploitation des courses et
loteries, de réglementer des courses, des jeux et des paris
spécifiquement interdits par la loi criminelle du pays.
Or, c'est ce qu'on fait par le bill 86, en donnant au mot course et au
mot loterie une définition et une portée qui vont bien
au-delà de ce qui est permis par la loi criminelle.
Je comprends que, dans le cas des courses, on suggérera d'ajouter
courses de chevaux, puisque ce sont les seules permises par la loi
criminelle.
M. PAUL: On pourrait avoir d'autres courses sans pari.
M. LESAGE: Oui, mais ce sont les dispositions du pari mutuel. Le fait de
tenir une maison essayez d'avoir des gens aux courses de chiens, s'il
n'y a pas de pari mutuel de jeu ou de pari, d'y être
trouvé, d'en être possesseur, propriétaire, locateur ou
locataire, est un acte ou infraction criminel, c'est l'article 176. Le fait de
permettre que l'on emploie un local sous son contrôle pour inscrire des
paris, des gageures ou qu'on y fasse des activités accessoires au jeu ou
au pari, au « bookmaking », constitue également un acte
criminel. C'est l'article 177.
Donc, le code criminel, d'une façon générale,
prohibe le jeu et les paris et il fait de ces activités des actes
criminels.
Par ailleurs, à la suite de ces prohibitions des articles 176 et
177, le code poursuit en décrétant des exceptions à la
règle générale prohibitive. A l'article 178, le code
prescrit que: lo « Les articles 176 et 177 ne s'appliquent pas dans un
certain nombre de cas. Premièrement aux prix gagnés par une
personne dans un jeu, sport ou course légitime, au propriétaire
d'un cheval engagé dans une course légitime, au gagnant d'un pari
entre pas plus de dix personnes. »
C'est donc dire que le propriétaire, même s'il n'y avait
pas de pari à une piste où on ferait courir des chiens, on ne
pourrait pas offrir de prix au propriétaire du chien gagnant; c'est
défendu par les articles 176 et 177. Il n'y a pas d'exception.
L'exception ne couvre que les propriétaires de chevaux; ce sont les
seuls animaux. « Ne s'applique pas non plus à un pari privé
entre particuliers; troisièmement, au pari mutuel sur les lieux. »
Les preneurs aux livres, les « bookies » c'est défendu. Il
n'y a pas d'exception en leur faveur. Cela continue d'être
défendu. « Au pari mutuel sur les lieux d'une piste de course de
chevaux, selon les modalités, conditions et réglementations
précises. » Nous les connaissons.
De même, le code criminel prohibe généralement les
systèmes de loterie, y compris le jeu sous quelque forme que ce soit,
ainsi que les activités connexes toutes les fois où seule la
chance compte, c'est-à-dire où on ne fait appel à aucun
élément d'habileté ou de savoir. Plus
spécifiquement, « les chaînes de lettres, le jeu de
dés, de bonneteau, les tables à monnaie, les roues de fortune et
les planchettes à poinçonner sont totalement défendus et
prohibés; » c'est l'article 79.
Cependant, le code prévoit un certain nombre d'exceptions,
à l'article 79a), suivant que les loteries ou certains jeux pas
tous les jeux sont organisés par le gouvernement du Canada ou
d'une province, par une organisation charitable ou religieuse, pour une foire
ou une exposition agricole ou par une personne dûment autorisée
par une autorité gouvernementale. C'est ainsi, par exemple, que la roue
de fortune est comprise dans l'exception, mais pas le jeu de bonneteau, pas
plus, nonplus, que les gobe-sous, les « slot machines ». Ce ne sont
pas, je le répète, tous les jeux, paris, loteries ou courses
qui peuvent faire l'objet d'une réglementation par une
régie créée sous l'autorité d'une province.
Je ne comprends pas comment il se fait que, par le bill 86, on veuille
donner à la régie des courses et loteries une compétence
générale sur à peu près n'importe quelle forme de
jeu ou de course. Encore une fois, il n'est pas admissible qu'une telle
régie provinciale ait le pouvoir de réglementer une
activité prohibée par une loi fédérale
constitutionnellement valide. Ce serait pour la régie, et même
pour le gouvernement lui-même, se rendre partie à une infraction
au code criminel. C'est aussi grave que cela. Ainsi, par exemple, il serait
complètement illégal pour la régie, comme on veut lui en
donner le pouvoir par le texte qui est devant nous, d'accorder un permis pour
établir un système de paris mutuels sur des courses de chiens ou
encore sur le jeu de jai-alai comme on l'a en Floride, il n'y a pas d'exception
en faveur des courses de chiens ou même en faveur du jeu de jai-alai.
De même, la régie ne pourrait pas accorder un permis ou
réglementer de quelque façon que ce soit des activités de
preneurs aux livres, de « bookies ». Or, le texte du bill 86 semble
donner le droit à la régie de réglementer ce genre
d'activités, en dehors des lieux d'une piste de course de chevaux
il faudrait le spécifier dans le bill 86 ou encore d'octroyer un
permis à quelqu'un pour exploiter des gobe-sous, des « slot
machines ». Cela semble permis dans le bill 86.
Il y a, d'ailleurs, une décision de la cour Suprême du
Canada à l'effet qu'une législation provinciale ne peut passer
outre aux prescriptions d'une loi valide du Parlement fédéral en
matière criminelle. (Johnson et le procureur de l'Al-berta, 1954,
rapport de la cour Suprême, page 127). Dans ce cas, la Législature
avait voulu réglementer les gobe-sous, les « slot machines
». La loi était déclarée invalide,
inconstitutionnelle. A plus forte raison, une réglementation d'une
autorité déléguée par la Législature ne peut
pas permettre une activité prohibée par une loi valide du
Parlement du Canada.
En conséquence, je pense qu'il y a lieu de limiter la
portée du bill 86 aux courses de chevaux, d'abord, et ensuite aux
loteries ou jeux permis par le code criminel. Il faut absolument que la loi le
dise.
M. BEAULIEU: Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait?
Le code criminel réglemente les paris, mais ne réglemente pas les
courses.
M. LESAGE: Je regrette que le ministre des
Finances ait été absent lorsque j'ai
énuméré tous les jeux qui sont prohibés par le code
criminel, qui demeurent prohibés.
M. BEAULIEU: Mais, ce n'est pas cela que je dis. C'est que le code
criminel, dans le cas des courses de chevaux ou de chiens, si vous voulez,
réglemente les jeux et paris. Ça n'empêcherait pas d'avoir
une course de « stock cars » ou une course de canots, que nous,
nous pourrions réglementer, à ce moment-là.
M. LESAGE: M. le Président, on pourra réglementer les
courses de « stock-cars », mais on n'aura pas le droit d'avoir un
pari mutuel.
M. BEAULIEU: C'est cela, je suis bien d'accord.
M. LESAGE: Mais, il va falloir que le bill le dise.
M. BEAULIEU: Non. On respecte le code criminel du Canada.
M. LESAGE: M. le Président, le projet de loi ne peut pas
permettre, dans son texte, à des régies d'exercer une
compétence qui serait défendue par le code criminel.
M. BEAULIEU: C'est clair.
M. LESAGE: Non, mais il faut que ce soit dans le texte. C'est cela qui a
été jugé...
DES VOIX: Non.
M. LESAGE: ... dans la cause de Johnson et le procureur
général de 1'Alberta.
M. BEAULIEU: La régie peut avoir des pouvoirs autres que ceux du
code qui n'arrivent pas à...
M. LESAGE: Pardon?
M. BEAULIEU: La régie peut avoir des pouvoirs de
réglementation autres que ceux du code criminel, en ne donnant
pas...
M. LESAGE: M. le Président, je dis que la régie n'a pas le
droit de réglementer des jeux défendus d'une façon absolue
par le code criminel. Il faut que ce soit dit dans la loi.
M. BEAULIEU: C'est clair. La loi est là.
M. LESAGE: La régie ne peut pas réglementer les «
slot-machines »...
M. BEAULIEU: Non, non.
M. LESAGE: Elle ne peut pas réglementer les « bookies
», les preneurs aux livres. Il faut que ce soit dans notre loi.
MM. PAUL ET BEAULIEU: Non. Non. On va arriver avec combien
d'exceptions?
M. LESAGE: M. le Président, on n'a qu'à se
référer au code criminel, si on ne veut pas tout
énumérer.
M. BEAULIEU: On va le respecter, le code criminel.
M. LESAGE: Oui, mais il faudrait le dire.
C'est ça, mon affirmation; il faut le dire. Il faut que, dans la
loi, il soit dit que les seuls jeux, les seules courses qu'on peut
réglementer doivent être permis par le code criminel et qu'ils ne
peuvent être réglementés autrement que suivant les
modalités prévues au code criminel. Il y a des règlements
précis dans le code criminel pour les courses de chevaux, par
exemple.
M. BEAULIEU: Pour le pari.
M. LESAGE: M. le Président, non seulement pour les paris, mais
pour le nombre de courses, pour l'examen des chevaux. Bien oui, mais il me
semble que cela va beaucoup plus loin que le pari mutuel, ça. Et comment
une régie provinciale pourrait-elle réglementer autrement que
suivant les prescriptions absolument précises du code criminel? Il faut
que le mandat de la régie les pouvoirs du lieutenant-gouverneur
en conseil soient limités par le législateur, aux cas
permis par le code criminel et suivant les modalités du code criminel.
Ça va beaucoup plus loin que le pari mutuel, dans le cas des courses de
chevaux.
Si l'on veut bien lire l'article 178 du code criminel, je l'ai ici:
« Nombre de courses, inspection du ministère fédéral
de l'Agriculture » etc.
Alors, je répète qu'il y a lieu de limiter la
portée du bill 86, et je voulais proposer, en comité
plénier, justement de limiter les deux: définition de courses,
paris mutuels, loteries, jeux. Evidemment, je sais bien ce qui se passe dans la
tête du ministre de la Justice. Il se dit que c'est implicitement compris
qu'il va falloir respecter le code criminel.
On n'a pas le droit de déléguer à des tiers un
droit de réglementation, à moins qu'il ne soit limité,
leur mandat précis, par des dispositions du code criminel, et puis il
faut que ce soit dit.
Je pense que, lorsque le gouvernement demande à
l'Assemblée nationale de voter une loi, il est admis que les principes
contenus dans le projet de loi constituent la politique gouvernementale dans le
domaine visé par la loi. Les députés, comme le public,
doivent chercher les véritables intentions du gouvernement dans le texte
du projet de loi lui-même. Jeudi dernier, le ministre des Finances, au
cours d'une conférence de presse, a défini la politique
gouvernementale en matière de jeux et de loteries. Suivant les rapports
de presse que j'ai consultés, les éléments principaux de
cette politique gouvernementale seraient les suivants:
Premièrement, aucun permis d'exploitation de casino ou maison de
jeux ne sera accordé à l'entreprise privée, la
Société d'exploitation des loteries et courses en aurait le
monopole. Deuxièmement, des mesures et des négociations
prochaines verront à faire passer à l'autorité provinciale
les loteries de Montréal et de Sherbrooke. Elles viennent d'être
déclarées illégales, alors il n'est plus question de
ça, le jugement vient d'être rendu par la cour Suprême hier.
Ce que je viens de dire est ce que j'ai lu de la déclaration du ministre
des Finances jeudi de la semaine dernière lors de sa conférence
de presse. Troisièmement, le gouvernement n'a pas l'intention
d'exploiter lui-même ou par la Société d'exploitation des
loteries et courses, qu'il propose de créer, des pistes de courses sauf
celles qui existent présentement et qui seraient laissées
à l'abandon, il n'est pas difficle de trouver preneur.
Quatrièmement, vers 1970 ou 1971, le gouvernement, par la Régie
d'exploitation, verra peut-être a organiser lui-même des
casinos.
Pour ce qui est des loteries, il semble bien, à la lumière
des déclarations du ministre que l'Etat, le gouvernement provincial, la
Société d'exploitation des courses et loteries, veuille s'en
assurer l'exclusivité. Rappelons d'abord, à la suite du rapport
Bélanger d'ailleurs le ministre l'a dit tantôt que
nous ne pouvons pas attendre d'une loterie provinciale je parle de la
loterie seulement, je ne parle pas de casino ou d'autres choses nous ne
pouvons pas nous attendre à un revenu de plus de $10 millions par
année, et je crains que dans les années subséquentes,
suivant l'expérience en France, que ce soit moins de $10 millions.
Là je parle évidemment d'une loterie à l'année,
dans le genre de celle qui avait été établie par
Montréal.
Je voudrais, par ailleurs, attirer l'attention du gouvernement sur une
difficulté, qui n'est pas insurmontable, mais la difficulté d'un
monopole provincial en ce qui a trait aux loteries.
Le nouvel article 179... Des jeux, mol, je suis favorable à un
monopole absolu, mais à certaines conditions, et je crois que le
ministre
en a mentionné tantôt. Les conditions c'est qu'on
émette des permis à des organisations charitables, comme c'est
permis maintenant, à des foires ou à des expositions agricoles.
Mais, en vertu du code criminel aussi, on peut l'accorder à toute
personne, sous l'autorité d'une licence émise, sous
l'autorité provinciale...
M. BEAULIEU: ... à condition que ce soit...
M. LESAGE: Moi, je vous dirai tantôt que je crois que les seules
exceptions devraient être les deux premières: organisations
charitables...
M. BEAULIEU: Bien, je...
M. LESAGE: Je ne vous parle pas des courses, là.
M. BEAULIEU: Mais une association de loisirs, c'est...
M. LESAGE: Organisations charitables, c'est ça une
organisation...
M. BEAULIEU: Oui, mais c'est pour ça que la troisième
partie du code criminel autorise en émettant une licence...
M. LESAGE: Oui, mais je pense que la loi devrait spécifier que la
Régie d'exploitation devra elle-même opérer loteries et
jeux j'y reviens tantôt à la fin... à
quelques exceptions près, des permis qui pourraient être
accordés par la première régie comment
l'appelez-vous? la Règle des courses et loteries...
M. BEAULIEU: Parce que l'autre, c'est la...
M. LESAGE: ... la deuxième, c'est la régie
d'exploitation.
M. BEAULIEU: Ce n'est pas la régie, c'est la corporation.
M. LESAGE: De toute façon! M. BEAULIEU: La
société.
M. LESAGE: Le code pénal permet aussi à la
Législature d'accorder au lieutenant-gouverneur en conseil, par le biais
de la licence, une discrétion dans la reconnaissance du droit
accordé par le code pénal à des groupes de personnes
d'organiser une loterie.
Si bien que, comme je le veux, si le lieutenant-gouverneur décide
de protéger sa propre loterie, il a simplement à
décréter par arrêté ministériel que la
régie des loteries et courses n'émettera pas de permis, sauf dans
quelques exceptions que j'ai mentionnées tantôt.
Le ministre a indiqué, dans sa conférence de presse de
jeudi, que ceux qui organisent présentement des « pools » de
hockey, des concours commerciaux radiophoniques, devront obtenir un permis de
la régie. Est-ce que le ministre a bien consulté le code
criminel? En vertu de l'article 177, les « pools » sont strictement
interdits et il n'y a pas d'exception.
M. BEAULIEU: C'est plutôt dans le sens d'expression, cela peut
être un tirage sur une partie de hockey.
M. LESAGE: Non, non! Mais les « pools » de hockey que nous
connaissons j'en achète, je le sais toute les fois que
j'en achète, je commets un crime.
M. BEAULIEU: Cela va être défendu. J'ai dit clairement que
c'était la fin des « pools » de hockey.
M. LESAGE: Oui, mais M. le Président, dans sa conférence
de presse, le ministre a dit qu'il voulait réglementer les « pools
» de hockey. C'est illégal, c'est défendu par le code
criminel.
M. BEAULIEU: J'ai relu ça dans trois journaux, et il y a des
versions différentes à deux endroits. A un endroit, ils
disent...
M. LESAGE: Ah bon! Très bien.
M. BEAULIEU: ... que j'étais définitivement contre.
M. LESAGE: Mais, l'on comprend pourquoi j'insiste tant...
M. BEAULIEU: Non, mais on ne peut pas changer le code criminel.
M. LESAGE: ... pour que le projet de loi limite bien la
compétence du lieutenant-gouverneur en conseil et de ces deux
régies, à ce qui est permis dans le code criminel, puisque,
à la lecture des journaux, les gens ont pu croire que le ministre des
Finances avait l'intention de réglementer une chose qui est
défendue, dont la loi de notre pays fait un crime.
On comprend qu'après avoir lu cette conférence de presse,
j'aie été inquiet.
M. BEAULIEU: Nous n'avons pas lu les mêmes journaux.
M. LESAGE: J'ai d'ailleurs dit au ministre que j'avais lu sa
conférence de presse. C'est ce qui m'oblige à faire cette
intervention ce matin, parce que j'ai l'impression que le ministre ne
connaît pas le code criminel. Il ne sait pas ce qui est permis et ce qui
est défendu.
M. BEAULIEU; Je n'ai jamais affirmé ça.
M. LESAGE: Et il veut donner toutle paquet, par son projet de loi,
à des régies et leur permettre d'agir dans
l'illégalité la plus complète.
M. BEAULIEU: Je ne prétends pas être universel...
M. LESAGE: J'ai peur du ministre.
M. BE AULIEU: ... ni connaître le code criminel par coeur comme
vous.
M. PAUL: Moi, j'y ai confiance.
M. LESAGE: Ah! même comme notaire, je suis loin d'être
sûr de lui, après ce qu'il nous a dit lors de l'étude du
bill 249, tantôt.
M. BE AULIEU: On peut reprendre ça, si vous voulez.
M. LESAGE: Puis au point de vue des finances, J'ai dit ce que je pensais
hier.
M.PAUL: Puis, au point de vue notaire? M. LESAGE: Au point de vue du
notariat?
M. BEAULIEU: Bien là, je ne suis plus bon à rien.
M. PAUL: Il doit être bon.
M. LESAGE: Non. Ce que je voulais dire, si je rejoins ce que j'ai dit,
vers six heures moins quart hier soir, c'est que je n'aurai jamais besoin de
demander pardon au ministre des Finances de l'avoir oublié.
M. BE AULIEU: Ah, non, non! D'accord.
M. LESAGE: Tout cela, c'est confus et ça m'a l'air confus dans
l'esprit du ministre et des membres du gouvernement.
La commission Prévost a recommandé la nationalisation du
jeu, et le code criminel permet d'accorder des permis à des
organisations charitables pour des foires. Le ministre, je me suis
peut-être... j'ai bien lu cependant dans les journaux qu'il avait dit
qu'il voulait réglementer les « pools » de hockey, il me
semble qu'il y a une absence de politique précise en matière de
jeux et de loteries. J'y reviendrai d'ailleurs en comité plénier,
parce que, lorsque l'on étudie les articles relatifs aux fonctions et
aux pouvoirs de la régie, on voit que ceux qui ont rédigé,
étaient loin d'être sûrs du terrain sur lequel ils
s'aventuraient.
M. BEAULIEU: On est pas mal sûrs...
M. LESAGE: La régie, en vertu du bill 86, n'a qu'un pouvoir
théorique, éventuel, possible, en matière de loteries. Si
bien que, tant et aussi longtemps que le lieutenant-gouverneur en conseil ne
sera pas décidé, nous ne saurons rien. Nous ne savons rien!
M. BEAULIEU: Bien oui.
M. LESAGE: Je pense que le gouvernement devrait nous dire ce qu'il a
l'intention de faire, de quelle façon il entrevoit l'utilisation des
pouvoirs donnés à ces deux régies.
Ainsi, en vertu du bill 86, la société d'exploitation des
courses et loteries a le pouvoir d'organiser et de conduire des courses pour le
compte du gouvernement, et le ministre des Finances déclare qu'il n'en
est pas question.
M. BEAULIEU: Cela est facile à comprendre. C'est un pouvoir qu'on
accorde...
M. LESAGE: Je trouve que c'est un procédé
législatif inadmissible, parce qu'alors la discussion du projet de
loi...
M. BEAULIEU: S'il y a lieu et avantage de le faire.
M. LESAGE: Oui, mais il y a trop de « si )) dans votre bill.
M. BEAULIEU: Comment, trop de « si »? M. LESAGE: Il y a trop
de conditionnels.
M. BEAULIEU: Actuellement, ce n'est pas l'intention du gouvernement
d'exploiter aucune piste de course. Il se pourrait que, dans l'avenir, une
circonstance quelconque...
M. LAFRANCE: Il n'est pas à son siège à part
ça. Si le ministre veut absolument parler...
M. LESAGE: C'est plein de conditionnels. C'est plein de « si
». Nous discutons sur des
hypothèses. C'est ça, le projet de loi. Les pouvoirs sont
beaucoup trop vastes. Non seulement ils vont plus loin que les dispositions du
code criminel, mais on ne sait pas quelle est l'intention du gouvernement,
quels sont les projets précis, concrets du gouvernement; ce que le
gouvernement nous demande, c'est de lui signer un chèque en blanc et
d'accorder au prince, c'est le cas de le dire, une discrétion absolue.
Or, il peut très bien arriver...
UNE VOIX: Cela a toujours été fait comme ça.
M. TREMBLAY (Bourassa): Bill 75, un chèque en blanc.
M. LESAGE: ... que si, aujourd'hui, une initiative paraît
souhaitable pour l'Etat, dans un an ou deux, cette même initiative
pourrait être éminemment discutable; alors, à cause
despouvoirs accordés par le bill 86, par exemple, au sujet des courses,
l'Assemblée n'aurait rien à dire. Je pense que le gouvernement
devrait se contenter de demander à la Législature les seuls
pouvoirs dont il a besoin pour conduire les politiques qu'il a
décidé de mettre de l'avant. Quant aux politiques auxquelles il
songe pour demain, c'est facile, il n'aura qu'à recourir à
l'Assemblée nationale pour lui demander des pouvoirs additionnels.
En conclusion, je soumets que le bill 86 constitue un geste important
dans le domaine de la législation du jeu au Québec. Il est bien
certain que le phénomène du jeu dans nos sociétés
modernes est complexe. Nous nous rendons tous compte que c'est beaucoup plus
qu'une simple activité à caractère financier ou
commercial, le jeu.
La question du jeu soulève toute une série de
problèmes psychologiques, moraux et sociaux. L'attrait du jeu dans notre
société industrielle est incontestable. Trop longtemps, nos
législateurs ont préféré lancer sur le
phénomène du jeu des interdictions plus ou moins
sévères, soit par principe, soit à la faveur de
préjugés. C'était là sans doute refuser de
connaître, ou méconnaître, la vraie nature humaine. C'est
ainsi que l'on a vu se constituer le plus souvent en marge de la loi toute une
série d'opérations clandestines qui représentaient pour le
monde interlope un domaine de prédilection. Je n'ai pas besoin de donner
de détails. Pouvons-nous espérer, en légalisant le jeu,
parvenir à arracher à l'empire du crime ce qui a
été presque une chasse gardée?
Je ne pourrais pas l'affirmer avec la plus absolue des certitudes, mais
une chose m'ap- paraît certaine, il faut que l'Etat fasse un choix. Ou
bien il ne fait rien, et c'est le statu quo qui se maintient, ou bien il
intervient, et alors il est au moins permis d'espérer que la
réglementation du jeu parvienne à assurer la protection du public
qui se livre à de telles activités.
S'il est une chose que l'on ne doit pas ignorer, c'est que le jeu
rencontre la faveur populaire; 82% de la population, suivant le rapport
Prévost, lui est favorable. Le problème du jeu, qu'on le veuille
ou non, est, de ce simple fait, un problème devant lequel l'Etat doit
effectuer un certain nombre de choix. La commission Prévost,
après avoir examiné la question, suggérait certains choix
précis que je n'énumérerai pas, mais qui tendaient
à la nationalisation du jeu et des courses, des paris mutuels.
Par son bill 86, le gouvernement entre dans le domaine du jeu. On ne
peut pas dire qu'il y entre aussi entièrement que le suggérait la
commission Prévost, mais le texte du bill 86 donne le pouvoir, la
possibilité au gouvernement d'aller aussi loin que les recommandations
de la commission Prévost.
Selon moi, cependant, le gouvernement devrait éviter d'entrer en
concurrence avec le secteur privé. C'est toujours un mauvais principe.
S'il y a un secteur d'activité où les citoyens donnent les
services nécessaires, le gouvernement n'a pas besoin d'entrer comme
supplément. Si le gouvernement entre dans un domaine, je crois qu'en
vertu des sains principes de la démocratie, il doit y entrer,
établir un monopole et ne pas concurrencer l'entreprise
privée.
C'est ainsi que la Société d'exploitation ne devrait pas
avoir le pouvoir d'exploiter des pistes de courses. Elle ne devrait pas
l'avoir. C'est une erreur. C'est une grave erreur. L'entreprise privée a
très bien exploité ce domaine. Mais, d'un autre
côté, je pense qu'il pourrait être dangereux on
prendrait des risques d'émettre à l'entreprise
privée des permis de maisons de jeux, de casinos. Je crois que le
gouvernement devrait voir à ce que tout le domaine du jeu soit
exclusivement exploité par la Régie des loteries et courses du
Québec, sauf les exceptions que j'ai mentionnées tantôt et
qui sont prévues au code criminel: organisations charitables, foires et
expositions...
M. PAUL: Agricoles.
M. LESAGE: ... agricoles. Et l'on peut ajouter, si l'on veut, les
loisirs, mais qu'on en restreigne le sens, parce que le mot « loisir
» peut avoir un sens assez étendu parfois.
Nous sommes favorables au principe du projet de loi, mais il va falloir
apporter en comité plénier des modifications pour qu'il soit
conforme à la constitution et qu'il nous dise exactement quelle est la
politique du gouvernement qui n'est pas exprimée dans le projet de loi
et qu'on ne peut même pas déceler à la lecture du
projet.
M. LE PRESIDENT (M. Théoret): L'honorable ministre de la
Justice.
M. PAUL: M. le Président...
M. BEAULIEU: M. le Président...
M. PAUL: ... hier soir, l'honorable ministre des Finances s'était
engagé à produire certaines informations et documents. De
consentement, peut-être que le ministre des Finances...
M. LESAGE: Oui.
M. PAUL: ... pourrait compléter ses informations d'hier soir?
M. LESAGE: D'accord.
M. BEAULIEU: En ce qui concerne le gouvernement du Québec et les
bons du trésor, en date du 30 septembre 1969, à la Caisse de
dépôt, il n'y avait rien. En date du 31 octobre, il n'y avait
rien. En date du 30 novembre 1969, $10 millions...
M. LESAGE: Combien?
M. BEAULIEU: C'est $10 millions. Et en date du 22 décembre 1969,
$30 millions.
A la banque, où le crédit est de $100 millions, au 30
septembre 1969, il y avait $20 millions d'empruntés, au 31 octobre 1969,
$70 millions...
M. LESAGE: Empruntés? On peut dire soutirés.
M. BEAULIEU: Soutirés, oui. Au 31 octobre 1969, $70 millions; au
30 novembre 1969, $70 millions et au 22 décembre 1969, $15 millions.
Pour l'Hydro-Québec, $24 millions le 30 septembre 1969, $23
millions le 31 octobre 1969...
M. LESAGE: Soutirés aux banques?
M. BEAULIEU: L'Hydro-Québec, de l'Hydro-Québec.
M. LESAGE: Soutirés aux banques ou...
M. BEAULIEU: Oui. C'est $23 millions au 30 novembre 1969 et $23 millions
au 22 décembre 1969. Ce qui fait un total, pour le 30 septembre 1969, de
$44 millions; au 31 octobre 1969, de $93 millions; au 30 novembre 1969, de $103
millions et au 22 décembre 1969, de $68 millions.
Nous avons, à ce jour, payé sur la
rétroactivité des salaires: à la Santé, $19
millions et à l'Education, $11 millions. Il y en a d'autres à
payer.
Quant à l'Hydro-Québec, les billets à court terme
et les emprunts de banque. Au 30 septembre 1969, les billets à court
terme étaient de $198.9 millions, les emprunts à court terme, de
0 à 3 ans, que nous faisons régulièrement. Au 31 octobre
1969, $215 millions. Au 30 novembre 1969, $178 millions, et au 19
décembre 1969, $175 millions. Les emprunts de banque, dont le
crédit bancaire est de $55 millions, étaient, à l'Hydro,
au 30 septembre 1969, $18.7 millions, au 31 octobre 1969, $3.8 millions, au 30
novembre 1969, $18.7 millions, au 19 décembre 1969, $300,000. Total pour
l'Hydro, au 30 septembre 1969, $217.6 millions; au 31 octobre 1969,$219.1
millions, au 30 novembre 1969, $196.9millions, et au 19 décembre 1969,
$176.1 millions.
J'ai des copies des tableaux que je ferai parvenir au chef de
l'Opposition et au député de Laurier. Maintenant, il faut bien
comprendre, pour le bénéfice de tous, que ces emprunts de banque
sont régulièrement en variation, chaque jour, selon les sommes
à payer et selon les entrées des fonds d'argent.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Charlevoix.
M. Raymond Mailloux
M. MAILLOUX: M. le Président, quelques commentaires seulement sur
cette Loi des loteries et courses dont le Parlement est actuellement saisi. Les
amendements apportés au code pénal par un ordre de gouvernement
supérieur permettent...
M. PAUL: M. le Président, j'avais l'intention de parler en
réponse à l'honorable chef de l'Opposition, vous m'aviez
donné la parole, j'avais demandé de céder le droit de
parole à l'honorable député...
M. LE PRESIDENT: C'est exact.
M. MAILLOUX: M. le Président, malgré que
mon discours sera court, j'espère que je n'ai pas perdu mon droit
de parole.
M. PAUL: Je ne vois pas d'objection.
M. LESAGE: Etant donné que je connais le sujet dont le
député de Charlevoix veut parler, je serais
intéressé à ce qu'il fasse son discours maintenant
il va être très bref pour que, dans sa réponse, le
ministre puisse nous dire ce qu'il pense de la suggestion qu'il va faire.
M. PAUL: Mais ce n'est pas sûr que je sois intéressé
à lui répondre.
M. LESAGE: Oui, vous allez être intéressé à
lui répondre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Charlevoix.
M. MAILLOUX: M. le Président, je pense que le ministre de la
Justice sait fort bien, évidemment, de quel sujet je veux traiter.
Alors, les amendements à apporter au code pénal par un autre
ordre de gouvernement permettent maintenant au Québec de
légiférer dans le but de légaliser le jeu et en faire une
réglementation. Ce n'est pas mon intention de traiter de toutes les
implications de ce projet de loi, sauf, en premier lieu, de dire que le
Québec, en ce faisant, légalisera des coutumes qui sont dans nos
moeurs depuis toujours. De ce fait, une certaine surveillance éliminera
une partie importante des « rackets » organisés dont trop de
personnages non recommandables retiraient les avantages, alors que, maintenant,
de ce goût du jeu et du hasard, qui est inné à
l'intérieur de chaque être humain, la province pourra retirer des
revenus pour les fins qu'elle jugera recommandable.
Quelles seront les sommes que retirera le Québec avec cette
législation quand on songe que, depuis des années, des milliers
de Québécois contribuent à trop de « derby »
étrangers et qu'actuellement, même dans ce Parlement, on nous vend
des billets dont les bénéficiaires sont aussi
éloignés de nous que l'Irlande, les Indes occidentales et ce,
à $3 du billet.
De quelles sommes avons-nous été soulagés, nous du
Québec, depuis les quinze ou vingt dernières années?
Difficiles à évaluer, mais sûrement plusieurs dizaines de
millions dont nous manquons actuellement.
M. le Président, dans les jours qui ont
précédé, le ministre des Finances a dit à la
population qu'un éventuel casino n'arriverait peut-être qu'en 1971
ou 1972. Je pense que, devant le manque de revenus de la province, cette
échéance pourrait arriver beaucoup plus tôt. Alors, le
point sur lequel je voulais appuyer, on s'en doute, c'est celui d'un
éventuel casino dont certains journaux de ma région ont
déjà parlé. Chacun des députés dans ce
Parlement a des raisons, je pense, de penser que son coin de terre est un autre
Monte-Carlo ou un autre Las Vegas. Je ne voudrais pas faire de Pointe-au-Pic ou
de Murray Bay un second Las Vegas, parce que nos moeurs s'accorderaient
très mal avec l'extrême tolérance dont cette ville est
témoin, je pense, et d'une bienveillance qui, parfois, semble-t-il,
devient de la licence. Mais je crois que la demande qui fut faite par
Pointe-au-Pic Murray Bay pour les Américains mérite
d'être appuyée, d'abord, par son représentant à
l'Assemblée nationale. Il ne fait aucun doute, je crois, dans l'esprit
des membres de l'exécutif, que ce coin de Charlevoix a un renom
touristique qui dépasse de beaucoup les frontières du continent
nord-américain.
Je ne vous apprends sûrement pas, M. le Président, le
départ malheureux des navires de croisières de la Canada
Steamship,quiont tellement contribué au développement de ce
centre touristique. Nous avions également, auparavant, des
transatlantiques qui débarquaient des passagers à cet endroit.
Depuis ce départ, d'autres compagnies qui organisent des
croisières de vacances à travers le monde font des escales dans
cette Suisse du Québec qu'est Charlevoix. Devrais-je également
ajouter que Pointe-au-Pic est devenu le centre par excellence de la course
« triangle » à laquelle participent de nombreux voiliers? Au
moment où il y aura un port de plaisance mieux organisé, nous
aurons davantage de participants.
Dois-je également signaler qu'une vaste hôtellerie, le
manoir Richelieu, est un lieu de rendez-vous aussi connu que Banff en Alberta,
que le Château Frontenac ou que Jasper et que Pointe-au-Pic et la
région immédiate peuvent recevoir plusieurs milliers de visiteurs
à longueur d'année? Faudrait-il signaler la présence d'un
aéroport fédéral à 5 milles de distance et celle de
routes panoramiques dont le touriste est émerveillé?
L'ex-premier ministre du Québec, M. Johnson, avait reconnu
Charlevoix et Pointe-au-Pic précisément comme des lieux
recherchés et accueillants, dans les circonstances malheureuses que
chacun a pu déplorer. Le premier ministre actuel aime se repose chez
nous. De 1960 à 1966, c'est le premier ministre du temps, M.
Lesage...
M. BERTRAND: C'est dommage que je ne puisse pas y aller très
souvent, malheureusement.
M. MAILLOUX: ... qui venait pratiquer le golf sur les deux magnifiques
terrains que nous possédons. Je n'aurais même pas besoin d'inviter
le ministre des Finances à venir écouter « le faites vos
jeux». Il vient déjà et cela le distrairait de me chercher
un adversaire à chacune de ses visites chez nous.
Tous les ministres actuels et leurs prédécesseurs ont
apprécié ce coin merveilleux du Québec. Ils n'ont, en ce
faisant, qu'imité des experts en culture, tels M. George-Emile Lapalme
et M. Tremblay qui ont reconnu à ce berceau du Québec une
cordialité à nulle autre pareille, assortie de traditions
ancestrales dont nous demeurons fiers. Les ambassadeurs de tous les pays
étrangers sont des visiteurs émerveillés de ce coin du
Québec. Que dire de celui qui est responsable du bill Omnibus, quipermet
au gouvernement actuel de présenter ce projet de loi, qui, lui aussi,
comme célibataire endurci, nous fait l'honneur de quelques visites
annuelles? L'organisation d'un tel casino lui permettrait de diversifier ses
moments de repos.
La province veut décentraliser les pôles d'attraction.
L'organisation d'un tel casino à Pointeau-Pic permettrait de
déculper les possibilités touristiques d'un milieu
déjà avantageusement connu et de réorganiser
peut-être des croisières qui, de Chicoutimi à
Montréal, faisaient la joie des visiteurs.
Pour ces raisons et d'autres dont je vous fais grâce, j'invite le
gouvernement à continuer et à terminer les discussions pour ce
choix. Charlevoix vous souhaite d'avance, par mon humble voix, une cordiale
bienvenue.
Messieurs les ministériels, faites vos jeux et soyez
assurés d'avance que, s'ils nous sont favorables, vous serez, comme le
disait M. Johnson, les bienvenus chez nous, car vous y serez chez
vous»
M. LE PRESIDENT (M. Théorêt): L'honorable
député de Gouin.
M. Yves Michaud
M. MICHAUD: M. le Président, on me permettra quelques
brèves remarques à propos du projet de loi qui vient d'être
déposé par le ministre des Finances, visant à consacrer
l'autorité du gouvernement du Québec en matière de jeux et
de loteries.
Mes remarques seront justifées par un peu d'histoire du
parlementarisme québécois. En effet, il y a quatre ans, deux
députés de la région montréalaise étaient
élus. Etant sensibilisés au problème des loisirs dans leur
circonscription, ces deux députés, le député de
Mercier et celui qui a l'honneur de parler à l'heure actuelle, a-vaient
suggéré, comme possibilité d'augmenter le trésor
québécois de sommes importantes, de légaliser le pari
mutuel en dehors des hippodromes, c'est-à-dire en dehors des pistes de
courses.
Le projet de loi qui est devant nous pêche par plusieurs
côtés. Bien sûr, son principe qui vise à consacrer
l'intervention de l'Etat ne saurait être méconnu. Mais nous
manquons le bateau en ce sens que le problème no 1 au Québec,
à l'heure actuelle, est le pari qui se fait au titre des preneurs aux
livres, des gobe-sous, des « slot machines », et de toutes les
loteries marginales et clandestines qui sont exploitées par des
éléments plus ou moins avouables de la société
québécoise.
Une étude de la Canadian Tax Foundation, il y a
déjà quelques années, a révélé, en
effet et cela fera sursauter tous mes collègues qui
m'écoutent qu'il se parie au Québec en paris clandestins,
près de $1 milliard de dollars par année, alors que le pari
officiel sur les pistes de course, sur les hippodromes, que ce soit à
Blue Bonnets ou à Richelieu, ne s'élève qu'à
environ $100 millions ou $120 millions, laissant à l'Etat la portion
congrue de $8.5 millions par année.
Le pari clandestin est donc, et le rapport de la commission
Prévost a bien cerné ce problème, puisque la commission,
dans un de ses derniers volumes, a recommandé que l'Etat intervienne de
plain-pied dans le domaine de la légalisation du jeu ou de
l'étatisation du jeu et du pari en occupant tout le secteur
d'activité du pari.
On peut se demander si l'Etat a le droit moral d'intervenir et
d'exploiter ce qui peut paraître aux yeux de certains comme étant
un travers de la condition humaine.
A cela, on pourrait répondre qu'il y aura toujours, bien
sûr, des excès; il y aura toujours des gens qui parieront trop,
comme il y a également des gens qui boivent trop.
Or, ce n'est pas parce que certains citoyens s'enivrent que le
gouvernement devrait se retirer de l'exploitation de la Régie des
alcools du Québec.
De la même façon, le gouvernement doit occuper une place de
premier plan dans l'exploitation fiscale des jeux de hasard, qui est devenue,
à l'heure actuelle, au moment où nous parlons, un moyen classique
de faire entrer des fonds dans le trésor, dans les coffres de
l'Etat.
Je dis que nous faisons fausse route avec ce projet de loi ou que ce
projet de loi devient, à toutes fins utiles, inopérant, parce que
nous ne cernons pas la réalité d'un problème qui
existe
chez nous je le répète paris clandestins qui
s'élèvent, selon l'étude de la Canadian Tax Foundation,
à au-delà de $1 milliard.
Or, il a été prouvé et je mets en garde le
ministre des Finances et le cabinet, lorsqu'ils seront appelés à
prendre des décisions en cette matière que la façon
la plus payante d'exploiter les jeux de hasard à des fins fiscales est
le pari mutuel en dehors des pistes de course. Il y a eu des études de
faites en France. On a constaté, par exemple, que la loterie classique
ne rapportait dans les coffres de l'Etat qu'environ 25% de ce que peut
rapporter le tiercé. Le tiercé est une formule de pari sur les
hippodromes, formule au moyen de laquelle le parieur choisit les trois premiers
chevaux gagnants dans l'ordre...
M. BEAULIEU: Me permettez-vous? M. MICHAUD: Oui.
M. BEAULIEU: La loi permet différentes formes de loteries. La
société d'Etat pourra exploiter différentes formes de
loteries. A ce moment-là, il n'y a pas de limite, tout en respectant,
évidemment, le code criminel.
M. MICHAUD: J'attire l'attention du ministre là-dessus. On a
parlé, depuis quelques années, d'instituer des casinos. Nous
avons eu l'exemple de la loterie ou de la taxe volontaire de la ville de
Montréal, qui a rapporté quelques millions de dollars. Or, je dis
qu'à tant faire le gouvernement intervienne officiellement dans le
domaine de l'exploitation fiscale du jeu de hasard et qu'il le fasse de telle
sorte qu'il en retire un bénéfice qu'il pourra
éventuellement consacrer ou à l'amélioration des
conditions de loisir dans les centres urbains ou à l'équipement
et à l'aménagement du territoire ou à d'autres fins qu'il
jugera les plus utiles d'affecter.
Je plaide donc en faveur de l'étatisation du pari mutuel en
dehors des hippodromes. Il existe déjà l'entreprise
privée, bien sûr. On peut juger et affirmer que l'entreprise
privée a créé une infrastructure en ce qui concerne les
pistes de course. Blue Bonnets et Richelieu bénéficient tous les
jours, dans les journaux et même sur les ondes des postes privés
de radio et de télévision et les ondes de l'Etat, d'une
publicité exceptionnelle. L'Etat pourrait greffer son activité
sur les pistes de course qui sont actuellement en exploitation sans aller
jusqu'à l'étatisation des hippodromes qui pourrait
éventuellement être une chose à voir.
Je ne la plaide pas, je dis que, l'infrastructure étant
créée, des gens s'intéressant de bonne foi à
l'amélioration de la race chevaline, ayant créé ce qu'on
appelle les hommes à chevaux, il y a là une situation
privilégiée et exceptionnelle pour le gouvernement du
Québec se greffant à cette activité.
Je dis qu'en légalisant le pari mutuel en dehors des pistes de
courses, le gouvernement, ce faisant, porterait un coup mortel aux «
bookies », aux preneurs aux livres qui, à l'heure actuelle, de
façon clandestine, font dix fois plus d'argent que le gouvernement n'en
fait lui-même. Cela a été prouvé en Angleterre. La
très puritaine Albion avait hésité jusqu'en 1963 à
se lancer dans l'exploitation fiscale des jeux de hasard. A partir de 1963, ces
velléités de puritanisme sont disparues et il y a eu une loi sur
le « Betting, gaining and loteries Act », 1963, qui donne
l'autorité au gouvernement anglais d'intervenir dans tous les aspects de
l'exploitation fiscale des jeux de hasard.
Je répète que l'établissement au Québec
d'une formule de tiercé, en greffant à cela tous les moyens de
propagande que possède le gouvernement, c'est-à-dire l'Office
d'information et de publicité...
M. PAUL: L'honorable député me permettrait-il une
question?
M. MICHAUD: Volontiers.
M. PAUL: Je sais que l'honorable député est informé
que le jeu des « bookies » ou des paris clandestins en dehors des
pistes de courses demeurent encore interdit par le code criminel...
M. MICHAUD: Oui.
M. PAUL: Je crois que sa voix aurait plus d'écho, s'il se mettait
en communication avec les autorités fédérales.
M. MICHAUD: Oui, oui! Je sais très bien que, dans l'état
actuel des choses, le gouvernement ne peut pas intervenir. De la même
façon qu'on a vu des amendements substantiels au code pénal qui
permettent à l'heure actuelle de présenter ce projet de loi 86
pour l'organisation de loteries, ne serait-il pas dans l'intérêt
du public québécois et aussi dans l'intérêt
du public canadien que des pressions soient exercées par le
gouvernement québécois auprès des autorités
fédérales, de telle sorte que le code pénal permette
à l'autorité québécoise d'intervenir dans le
domaine des preneurs aux livres? Cela pour-
rait se faire en quelques mois, non, même pas au cours de
conférences constitutionnelles.
Les amendements au code pénal ont été
apportés, si je ne m'abuse, il y a trois ou quatre mois, il y a eu
également des amendements apportés par le bill Omnibus. Je
voudrais même, prenant le relais de la suggestion du ministre de la
Justice, que mes propos puissent avoir un certain écho de la part des
collègues, députés fédéraux, à la
Chambre des communes du Canada. Cela a déjà eu des échos,
j'ai souvenance qu'un député je crois que c'est le
député de Mercier au fédéral a
proposé la légalisation des « bookies »,
c'est-à-dire des preneurs aux livres comme moyen de faire intervenir le
ou les gouvernements; mais, à ce moment-là, il faudrait
clairement établir notre juridiction avec le gouvernement central et,
appliquant ce projet de loi 86, il s'agirait simplement de lui donner une
extension.
Je pourrais évidemment, bien sûr, tracer tout le champ
d'action ou d'activité possible du gouvernement en cette matière.
Je veux simplement, pour résumer, ne voulant pas pécher par
narcissisme, me référer à ce discours que j'avais
l'honneur de prononcer et qui, en fait, était le premier discours que
j'ai prononcé à l'Assemblée nationale du Québec,
dans le temps l'Assemblée législative. A la page 177du journal
des Débats, le jeudi 8 décembre 1966, en effet, je
suggérais que le gouvernement québécois se lance dans la
légalisation du pari mutuel en dehors des pistes de courses et
poursuivant, ce faisant, un double but: le premier, trouver de l'argent pour
financer l'Etat, puisqu'il est généralement accepté que
l'Etat est toujours à court de ressources, et le second, qui,
celui-là, a un aspect moral important, de priver et de soustraire
à des éléments marginaux de notre société,
des éléments clandestins qui tirent une très grande partie
de leurs revenus à même les « bookies ».
La légalisation du pari mutuel pourrait donc, selon les
études qui ont été, dans le temps, faites par le
député de Mercier, rapporter au Québec, au minimum, une
somme de $35 millions à $40 millions la première année de
son exploitation, c'est-à-dire une formule de tiercé,
étant donné toute la publicité dont
bénéficient déjà les pistes de courses dans le
Québec.
Je soumets donc respectueusement, M. le Président, que cette
suggestion devrait être analysée avec toute la finesse,
l'intelligence des ministériels, de telle sorte que le projet de loi 86
soit autrement qu'un énoncé de voeux pieux et de bonnes
intentions, assoyant l'autorité du gouvernement du Québec en
matière de jeux et de loteries sur à peu près rien, et
que, si, finalement, il agréait la suggestion que nous lui faisons
d'étatiser les preneurs aux livres, de légaliser les «
bookies » qui auraient pignon sur rues, cela pourrait se faire autant
dans les banques, sous formes d'émission de permis, et le reste, et ce
faisant, le gouvernement concourrait dans les meilleurs intérêts
du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice.
M. Rémi Paul
M. PAUL: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
répondre à toutes les argumentations, les objections qui ont
été soulevées, les recommandations et suggestions faites
par ceux qui ont jusqu'ici participé au débat, en deuxième
lecture, de ce projet de loi.
Tous se rappellent qu'en vertu de l'article 91 de l'Acte de la
Constitution, le droit criminel relève de la compétence exclusive
du gouvernement fédéral.
Or, il arrive, M. le Président, que le gouvernement
fédéral a décidé de présenter une
législation connue sous la dénomination de bill Omnibus: dans
cette législation, des pouvoirs ont été
délégués aux provinces ou donnés aux provinces,
plus précisément, aux fins de permettre une législation
sur les jeux et loteries.
Je voudrais, M. le Président, ne pas partager le point de vue
exprimé par l'honorable chef de l'Opposition, à l'effet que notre
loi devrait expliciter davantage quant aux exceptions et aux défenses de
jeux qui demeurent encore force de loi dans la province.
M. LESAGE: Ou prohibitions!
M. PAUL: Ou prohibitions. Je dis, M. le Président, que notre loi
est tout simplement en accord, une conséquence des pouvoirs qui sont
délégués aux provinces, en vertu de l'article 179a) du
bill Omnibus. Par conséquent, M. le Président, il va de soi que
nous n'avons aucunement l'intention de pénétrer dans un champ de
législation qui n'appartient pas aux provinces, et, par voie de
conséquence, au Québec.
C'est pourquoi toute défense qui demeure consacrée,
considérée comme un crime dans le code criminel, continuera
d'être respectée par les autorités du Québec.
Il ne faut pas oublier, M. le Président, que la province
elle-même se trouve obligée de se soumettre à cette
législation du code criminel, qui est de compétence
fédérale.
Par conséquent, si nous disons, M. le Président, que notre
compétence ne va que jusque là où elle nous est
donnée par le code criminel, nous n'avons donc pas l'obligation
d'inscrire dans notre législation les défenses qui sont
déjà consacrées dans le code criminel.
J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt les
remarques du chef de l'Opposition, et je le félicite sincèrement
de cette revue qu'il a faite de toutes les dispositions du code criminel,
traitant du jeu, du pari, des courses et de toute autre question connexe
à ces problèmes.
C'est en vertu de l'article 179a) du code criminel, édicté
par le bill Omnibus, 16, 17, 18, Elizabeth Il, chapitre 38, sanctionné
le 27 juin 1969, que le Québec peut légiférer en
matière de loteries.
Notons que l'article 179a) du code criminel entrera en vigueur le 1er
janvier 1970, d'où une certaine urgence de légiférer en la
matière, d'autant plus que la cour Suprême, hier matin, rendait un
jugement à l'unanimité; sept juges contre aucune voix dissidente
déclaraient l'organisation mise sur pied par MM. Drapeau et Saulnier
comme étant un système de loterie totalement défendu en
vertu du code criminel.
L'article 179a) contient deux séries de dispositions permettant
la tenue de loteries. Sans vouloir entrer dans les explications données
par mon collègue, l'honorable ministre des Finances, je voudrais
informer la population du Québec qu'elle devra, dès maintenant,
cesser toute activité, toute loterie, tout jeu, tout « bin-go
», « bookies », parce que ça demeure défendu
par le code criminel.
M. LESAGE: Les « pools ».
M. PAUL: Les « pools » de hockey. Même les «
pools », pour quelques-uns, ça demeure encore défendu.
M. LESAGE: Les « poules »?
M. PINARD: Les « slot machines ».
M. LESAGE: Cela m'arrive, chez moi, de jouer à la poule autour de
la table.
M. BEAULIEU: Là, vous parlez des « poules de luxe
».
M. LESAGE: II y a un jeu de cartes qui s'appelle la poule, que tout le
monde connaît.
M. BEAULIEU: Il faut la faire mourir, cependant.
M. LESAGE: Du moment que nous ne sommes pas plus de dix et qu'on est
chez soi, c'est permis?
M. PAUL: Alors, je voudrais, M. le Président, que la population
du Québec...
M. PINARD: Les « poules de luxe », on ne les fait pas
mourir.
M. PAUL: ... comprenne qu'on ne peut pas aller au-delà des
pouvoirs qui nous sont accordés en vertu des amendements apportés
par le code criminel. L'article 179a) contient deux séries de
dispositions permettant la tenue de loteries. La première série
de dispositions est contenue au sous-paragraphe b) du paragraphe 1 de l'article
179a) et permet au gouvernement de tenir une loterie, conformément
à la législation édictée par la province. Il est
alors permis à toute personne, conformément à cette
législation, de poser certains actes qu'on peut
généralement décrire comme étant une loterie. On
doit interpréter cette disposition comme permettant à une
personne de tenir une loterie pour le compte du gouvernement sous
l'autorité d'une législation provinciale édictée
à cette fin.
Les sous-paragraphes c), d) et e) du paragraphe 1 autorisent la tenue
d'une loterie par un organisme de charité ou par un autre organisme
religieux, par une foire ou une exposition agricole ou leurs concessionnaires
ou par toute autre personne dans un lieu d'amusement public, pourvu qu'ils
aient obtenu un permis émis par le lieutenant-gouverneur en conseil ou
par une personne qu'il autorise à émettre des permis. Ces
loteries seront assorties de certaines limitations, toutefois. Ainsi, les prix
ne peuvent dépasser $100 et les mises $0.50, et certains jeux sont
exclus. C'est pourquoi, j'en profite pour rappeler à toutes les
personnes et à tous les organismes qui veulent mettre sur pied des
loteries ou des jeux de hasard de bien vouloir, à compter du 1er
janvier, demander l'autorisation nécessaire pour la tenue de ces
loteries ou de ces jeux. Autrement, elles viendront en contravention tant des
dispositions du code criminel, en certaines circonstances, que de la loi
portant le numéro 86.
Quelle est la portée du bill omnibus en regard de ce
présent projet de loi? On ne peut analyser le bill Omnibus comme
contenant une délégation par le Parlement du Canada en faveur de
la Législature du Québec pour légiférer en
matière de loterie. Une délégation du Parlement à
une Législature serait, en effet, illégale. Ce n'est pas une
délégation du gou-
vernement fédéral, mais c'est plutôt le Parlement
qui, par des amendements à une loi, nous permet de
légiférer et d'agir dans une domaine qui, jusqu'ici, lui
était réservé. Une délégation du Parlement
à une Législature serait, en effet, illégale, le Parlement
ne pouvant renoncer à ses pouvoirs en matière de droit criminel
en faveur d'une autre Législature. Voir « Laskin Canadian
Constitutional Law », troisième édition, 1969, page 39.
Ce que dit le bill Omnibus, c'est qu'en présence d'une
disposition adoptée par le Québec, conformément aux termes
du bill Omnibus, la prohibition contenue dans le code criminel relativement aux
loteries cesse de s'appliquer dans le Québec, à l'égard du
gouvernement ou des organismes de charité ou religieux, des foires ou
des lieux d'amusement dans les cas déjà mentionnés. C'est
ainsi que la cour Suprême a interprété des dispositions
similaires contenues dans le Lord's Day Act lesquelles dispositions ne
s'appliquaient pas lorsque les provinces adoptaient des dispositions portant
sur le respect de la Loi du dimanche, voir la cause de Laskin
déjà citée, spécialement aux pages 46 à
52.
Le Québec, par le bill 86, peut donc adopter uniquement les voies
indiquées par le bill omnibus, pour qu'il devienne légal dans ses
limites territoriales, de tenir des loteries. Il est donc possible, pour le
gouvernement du Québec, de tenir des loteries si l'Assemblée
nationale adopte, conformément au sous-paragraphe b) du paragraphe 1 de
l'article 179 a) la législation requise.
Il sera aussi possible aux organismes de charité et aux foires et
aux personnes qui exploitent des entreprises dans des lieux d'amusement, de
tenir des loteries mais seulement en conformité d'une licence
émise par le lieutenant-gouverneur en conseil ou par une personne
autorisée par lui à émettre des licences, et du
sous-paragraphe c), d) et e) du paragraphe 1 de l'article 179 du bill
Omnibus.
Le bill répond aux exigences du bill Omnibus relativement aux
loteries qui pourront être tenues par le gouvernement et à celles
qui pourront être tenues par d'autres personnes. Premièrement,
loteries du gouvernement. La législation dont le bill Omnibus fait
mention au sous-paragraphe b) du paragraphe 1 de l'article 179 a) est le bill
86 lui-même. La personne qui tiendra des loteries pour le compte du
gouvernement sera la Société d'exploitation des loteries et
courses du Québec dont ce sera la fonction de tenir ces loteries. Et,
sans vouloir enfreindre les dispositions de notre règlement, M. le
Président, je voudrais tout simplement me référer à
vol d'oiseau à certains articles, comme par exemple ce dernier
énoncé dont on traite à l'article 62.
La Société sera, il est vrai, une corporation, c'est
l'article 54 qui nous le dit; mais elle sera un mandataire du gouvernement et
tous ses biens appartiendront au gouvernement, selon l'article 55. La
société sera non imposable en vertu de la Loi
fédérale de l'impôt sur le revenu, article 62 1c). Ses
membres seront nommés par le gouvernement, article 57, à
l'autorité duquel la société sera d'ailleurs assujettie.
Voir les articles 64, 66, 68 et 69.
Comme le bill Omnibus autorise seulement le lieutenant-gouverneur en
conseil à autoriser, par licence, la tenue de loteries, voir
sous-paragraphes c), d) et e) du paragraphe 1 de l'article 179 a), et à
établir les modalités suivant lesquelles doivent être
tenues les loteries, référence paragraphe 2 de l'article 179 a),
le bill 86 ne peut légiférer sur ce sujet sauf pour habiliter une
personne à émettre des licences sous l'autorité du
lieutenant-gouverneur en conseil. C'est là l'effet du 2e alinéa
de l'article 21 qui habilite la Régie des loteries et courses du
Québec à délivrer des licences autorisant la tenue de
loteries, si le lieutenant-gouverneur en conseil lui confie le pouvoir de
délivrer telle licence. Conformément au bill omnibus, des
licences de loteries ne pourront être délivrées que par le
gouvernement ou par une personne autorisée par lui, y compris la
Régie des loteries et courses du Québec, si le gouvernement
l'autorise ainsi. Et les conditions auxquelles ces licences seront
émises ne pourront être déterminées que parle
lieutenant-gouverneur en conseil.
Notons que, constitutionnellement, il est permis au Parlement du Canada
de déléguer des pouvoirs au lieutenant-gouverneur en conseil.
C'est, comme je vous le disais tantôt, ce qui a été
décidé dans la cause de Laskin, spécialement dans le
jugement de la cour Suprême aux pages 61 à 64. Les courses, on le
sait, sont régies par le code criminel et par la réglementation
adoptée conformément au code criminel. Toutefois, le code
criminel ne traite que de l'aspect pari mutuel. Il est donc loisible au
Québec de légiférer sur les courses pouvue qu'il
évite de traiter des paris mutuels. C'est ce que fait le bill 86.
L'honorable chef de l'Opposition a résumé toutes les
défenses, toutes les restrictions et prohibitions qui restaient en
vigueur dans le code criminel. C'est pourquoi je n'ai pas l'intention de
réciter à nouveau toutes ces restrictions et répondre
ainsi à toutes les questions que peuvent se poser les citoyens
québécois. En résumé, le code criminel n'a pas
été amendé, sauf pour cette partie, ce pouvoir qui est
donné au
lieutenant-gouverneur en conseil de légiférer et d'agir
dans le domaine des jeux et loteries.
M. LESAGE: Et des courses, parce que seule la Législature avait
le droit d'agir. Maintenant, le lieutenant-gouverneur a ce droit.
M. PAUL: C'est ça. J'ai écouté avec beaucoup
d'intérêt les remarques de l'honorable député de
Charlevoix. J'ai écouté les remarques de l'honorable
député de Gouin. Je crois que ces remarques très
intéressantes différaient cependant du point de vue exposé
par l'honorable chef de l'Opposition. J'ai siégé huit ans
à Ottawa je suis sûr que le chef de l'Opposition a les
mêmes souvenirs et c'était une course au début de
chaque session aux fins de faire inscrire au feuilleton un projet de loi
permettant la tenue de loteries au Canada. Je me rappelle qu'un jour, ayant
été président des commissions de la Chambre, il nous a
fallu procéder par tirage au sort parce que sept députés
avaient présenté le même projet de loi. Pour savoir lequel
aurait priorité, nous avions tout simplement procédé au
tirage pour établir une certaine liste de priorité.
Ici Je le fais par devoir professionnel l'ayant vu agir,
je veux rendre un témoignage au député de
Montréal-Sainte-Marie, le député fédéral
Georges Valade, qui a constamment débattu cette question en Chambre.
Lorsque l'honorable député de Gouin nous parle de certaines
pressions qui devraient être faites et de certaines recommandations de la
commission Prévost, je dois dire que ce n'est pas parce que là
commission Prévost émet une opinion que cette opinion est
nécessairement constitutionnelle. La commission Prévost nous
recommande de faire des pressions aux fins d'élargir si possible le
champ d'action ou les amendements couverts par le bill Omnibus. Or, M. Valade a
été, comme d'autres, d'ailleurs, un pionnier de ces projets de
loi discutés toujours sans résultat, jusqu'au jour où le
gouvernement fédéral décide d'aller de l'avant pour
amender le code criminel, permettant aujourd'hui au Québec d'agir dans
ce domaine. C'est pourquoi je n'ai aucun doute que c'est avec empressement que
la deuxième lecture de ce projet de loi sera votée.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): La motion de deuxième
lecture sera-t-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Finances propose que je quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme en comité plénler pour
l'étude du bill 86. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors le bill 86, article 1.
M. LESAGE: Evidemment, l'argument du premier ministre, du ministre des
Finances ou du ministre de la Justice, c'est qu'il est implicite que le bill ne
permet pas d'aller plus loin que le code criminel ne le permet. Ce qui m'a
frappé le plus, c'est la définition du mot « course
». Dans la définition du mot « course », on ajoute,
après « course de chevaux », ceci: toute autre course
déterminée par le lieutenant-gouverneur en conseil.
M. PAUL: Je crois bien qu'une définition ne donne pas de
pouvoirs. Je pense bien que c'est un principe de droit que tous admettront. Et,
même si nous gardons la définition telle quelle du mot «
course», nous avons cru bon, à la suite des remarques de
l'honorable chef de l'Opposition, de nous demander pourquoi nous avions
ajouté, à la définition, « ou toute autre course
déterminée par règlement ». Et on nous a
rappelé, à ce moment-là, cette discussion que nous avons
eue au sujet de la tenue de courses de « stock-cars » ou
d'automobiles.
M. LESAGE: D'automobiles.
M, PAUL: Alors, c'est pour cela que nous avions ajouté cette
partie. Mais ce n'est pas...
M. LESAGE: A ces courses de « stock-cars », il n'y a pas de
pari mutuel.
M. PAUL: Non.
M. LESAGE: Mais des prix peuvent être accordés...
M. PAUL: C'est cela.
M. LESAGE: ... en vertu de l'exception de l'article 178, je crois.
M. PAUL: Oui.
M. BEAULIEU: De l'article 178.
M. PAUL: C'est pour cela, M. le Président, que nous avions...
M. LESAGE: Article 178, n'est-ce pas?
M. PAUL: ... défini tel quel le mot « course ».
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 1
adopté?
M. LESAGE: Est-ce que une question que je pose, c'est de la
curiosité beaucoup plus qu'autre chose le ministre de la Justice
ou le ministre des Finances ce serait plutôt le ministre de la
Justice est au courant s'il se fait beaucoup de gageures
privément à ces courses, à ces rallyes de «
stock-cars »?
M. PAUL: Je pense bien que cela reste toujours...
M. LESAGE: Oui, c'est permis. M. PAUL: ... un acte défendu. M.
LESAGE: Non, non. M. PAUL: La gageure.
M. LESAGE: La gageure privée est permise par l'exception.
M. PAUL: Ah oui, la gageure. Vous parlez... M. LESAGE: Je parle de la
gageure privée.
M. PAUL: Franchement, nous n'avons jamais fait de relevés sur
cette question.
M. LESAGE: Très bien.
M. PAUL: Nous n'avons pas fait d'enquête. Je regrette, je ne
pourrais pas répondre à la question de l'honorable chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: Cela n'était pas pour signaler qu'il se passait
quelque chose d'illégal.
M. PAUL: Non, non.
M. LESAGE: C'était par curiosité.
M. PAUL: Nous n'en avons pas d'idée.
M. HOUDE: Est-ce que je peux poser une question? Est-ce que ce projet de
loi, M. le ministre, prévoit également la possibilité
d'établir une activité comme le jai-alai, par exemple?
M. LESAGE: Oui, vous pouvez établir le jai-alal, mais vous ne
pourrez pas avoir le pari mutuel, c'est illégal.
M. BEAULIEU: Pas le pari. On pourrait donner des prix aux gagnants,
c'est-à-dire aux joueurs eux-mêmes, mais il n'y aurait pas de pari
à ce moment-là.
M. LESAGE: Il ne peut pas y avoir de pari mutuel.
M. HOUDE: Il ne pourrait pas y en avoir.
M. BEAULIEU: Non, parce que c'est limité aux courses de
chevaux.
M. BEAULIEU: Ce n'est pas une course, le jai-alai, en plus de cela.
UNE VOIX: C'est un jeu. M. BEAULIEU: C'est un jeu.
M. HOUDE: On pourrait jouer longtemps sur les mots.
M. LESAGE: En vertu du code criminel, le seul pari mutuel permis
est...
M. PAUL: C'est la course de chevaux.
M. LESAGE: ... pour des courses de chevaux...
M. BEAULIEU: C'est cela.
M. LESAGE: ... mais sur le terrain, pour éliminer les «
bookies ».
M. BEAULIEU: C'est parce qu'on fait la similitude entre le jai-alal et
les courses à cause du pari, et ce n'est pas la même sorte de jeu
du tout.
M. LESAGE: C'est le pari mutuel qui est le même.
M. BEAULIEU: C'est celui qui gagne la partie et non pas celui qui court
pour gagner la course.
M. LESAGE: Ce n'est pas permis. Les courses de chevaux...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 1, adopté?
Article 2, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 3, adopté?
M. LESAGE: Avez-vous des candidatures pour les « jobs »?
M. BEAULIEU: Pour... on va arrêter... M. LESAGE: Avez-vous des
candidatures?
M. PAUL: On va regarder cela d'ici quelques jours.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 4, adopté.
Article 5, adopté. Article 6, adopté.
M. LESAGE: Cela, c'est...
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 7, adopté.
Article 8, adopté.
M. LESAGE: A l'article 9, pardon...
M. PINARD: Pourquoi le vice-président, en l'absence du
président, ne pourrait-il pas avoir les pouvoirs du président,
comme c'est le cas pour la loi de l'Ontario, par exemple?
M. LESAGE: Alors, les articles 8 et 9 ensemble, c'est bien mal fait.
M. PINARD: Oui, je pense qu'il y a une carence...
M. LESAGE: C'est bien mal fait, cela n'a pas de bon sens.
M. PINARD: ... je crois qu'il y a une carence très grave
là-dedans. Alors, en l'absence du président...
M. LESAGE: Lisez 8 et 9 ensemble, cela n'a pas...
M. PINARD: ... le vice-président devrait avoir les pouvoirs du
président, comme c'est le cas dans la loi de l'Ontario the «
Racing Commission Act », Chapter 342.
M. PAUL: M. le Président, la réponse, c'est qu'on n'a pas
prévu de vice-président dans la loi, parce qu'ils ne sont que
trois.
M. LESAGE: Je veux bien le croire, mais je trouve que cela n'a pas de
bon sens qu'il ne puisse pas y avoir quorum à l'article 9 sans que le
président soit là. S'il est malade, s'il est incapable d'agir,
vous allez nommer quelqu'un à honoraires, cela, je trouve que c'est un
mauvais principe. Nommez donc trois membres, un président, un
vice-président, et quand le président n'y est pas, c'est le
vice-président...
M. PAUL: Alors, M. le Président, nous allons suspendre l'article
9.
M. LESAGE: Cela n'a pas de bon sens... M. PAUL: Nous allons suspendre
l'article 9.
M. LESAGE: ... qu'il ne puisse pas y avoir quorum sans que le
président soit là, voyez-vous ce qui peut se produire?
M. PINARD: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Articles 8 et 9, suspendus.
Article 10, adopté. Article 11, adopté. Article 12,
adopté. Article 13, adopté.
M. PINARD: Un instant.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 13, adopté.
Article 14, adopté. Article 15.
M. LESAGE: Ce sont des dispositions que l'on retrouve dans toutes les
lois...
M. PAUL: Oui, c'est cela.
M. LESAGE: ... constitutives de régies ou de commissions.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 15, adopté.
Article 16, adopté. Article 17, adopté. Article 18,
adopté. Article 19, adopté. Article 20, adopté. Article
21, adopté, il y a un amendement.
M. PAUL: Il y a un amendement, M. le Président. En avez-vous une
copie?
UNE VOIX: On l'a remis hier soir.
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'on veut couvrir avec cet amendement?
M. PAUL: Voici pourquoi, M. le Président.
En vertu de l'article 168-2, il est dit ceci, que si aucune cotisation
n'est exigée des personnes pour le droit ou le privilège de
participer aux jeux qui y sont pratiqués autrement que sous
l'autorité et en conformité des modalités d'un permis
émis par le procureur général de la province, à ce
moment-là, c'est une délégation que le procureur
général peut faire à la régie.
M. LESAGE: M. le Président, je trouve cela extrêmement
dangereux. Ce qu'on fait par l'amendement, c'est de légaliser ce qu'on
appelle communément la cagnotte. Moi, je suis absolument contre
cela.
M. PAUL: Bien, oui, mais le code criminel, avec les amendements, nous le
permet, en vertu de l'article 168.
M. LESAGE: Cela n'a pas d'importance. M. le Président, je vous
dis que le langage est trop large. On légalise les cagnottes.
M. PAUL: Oui, mais ce n'est pas le fait qu'en vertu de l'article 168 le
procureur général fait une délégation de ses
pouvoirs qui va donner plus de droits que ceux que consacre le code
criminel.
M. LESAGE: L'article 168 du code criminel permet d'exiger une cotisation
spéciale des joueurs.
M. PAUL: C'est ça.
M. LESAGE: S'il y a une loi provinciale ou si le lieutenant-gouverneur
en conseil a le pouvoir de le permettre, je dis que je suis contre
l'établissement des cagnottes, peu importe que le code criminel donne ou
ne donne pas la permission.
M. PAUL: Vous êtes contre le principe? M. LESAGE: Oui, je suis
contre le principe.
M. PAUL: Mais on ne peut pas changer le pouvoir que le code criminel
confère.
M. LESAGE: Oui, je le sais, mais disons que le cercle universitaire
à Québec ait le droit, par exemple, d'exiger un supplément
de $2 je ne sais pas le montant, je ne voudrais pas être pris au
mot ou encore le club de la Garnison, le club Renaissance, le club de
Réforme, pour jouer aux cartes. Vu qu'il y a une table à cartes,
que ça coûte cher et qu'il y a des jetons, etc. pour une
soirée, je n'ai pas d'objection. Mais je suis contre la cagnotte. C'est
un pourcentage des gains.
M. PAUL: C'est le procureur général qui va fixer la
cotisation que le club peut exiger, en vertu de l'article 168.
M. LESAGE: Je dis au procureur général actuel, à
ses successeurs et ayants droit: Surveillez les cagnottes, parce que vous
pouvez vous faire jouer un joli tour.
M. PAUL: II y a de bons avocats qui s'en vont en pratique privée,
et on aura peut-être recours à leur expérience.
M. LESAGE: Je ne suis pas unindicateur de police, mais je sais que cela
se fait sur une assez grande échelle en certains endroits, dans des
clubs réputés.
M. PINARD: M. le Président, est-ce qu'il y a un article qui va
permettre la publication des règlements édictés par la
Régie des courses et des loteries? Je n'ai pas retrouvé l'article
dans le bill.
M. BEAULIEU: Revenons aux articles 8 et 9.
M. PAUL: Aux articles qui ont été suspendus...
M. BEAULIEU: Commençons par l'article 4. « La régie
est formée de trois membres nommés pour dix ans par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui choisit un président et un
vice-président ».
M. PINARD: C'est l'amendement, ça? M. BEAULIEU: Ça va?
M. PINARD: Oui, oui. Ce n'est pas ça, la question.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça la question, il parlait d'autre
chose.
M. PINARD: Je voudrais savoir s'il y a un article dans le bill qui
prescrit que les règlements édictés par la régie
seront publiés dans la Gazette officielle. Il faut, quand même,
qu'il y ait un avis public.
M. BEAULIEU: A l'article 52.
M. PAUL: Nous revenions aux articles 8 et 9, vu que nous les avions
suspendus il y a quel-
ques minutes. Nous serions prêts à suggérer un
nouveau texte.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, est-ce qu'il y a un
changement à l'article 8?
M. BEAULIEU: Oui, aux articles 4, 8 et 9.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Aux articles 4, 8 et 9.
M. BEAULIEU: A l'article 4, on dit: « La régie est
formée de trois membres nommés pour dix ans par le
lieutenant-gouverneur en conseil qui choisit un président et un
vice-président ».
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais suggérer que l'on dise :
« Qui choisit parmi eux un président et un vice-président
»? Cela va mieux se lire.
M. PAUL: D'accord.
M. BEAULIEU: D'accord.
M. PAUL: C'est du meilleur français.
M. BEAULIEU: Article 8: « Au cas d'incapacité d'agir du
président de la régie par suite d'absence ou de maladie, il est
remplacé... »
M. LESAGE: C'est ça.
M. BEAULIEU: « ... par le vice-président; au cas
d'incapacité d'agir je vais le lire au complet; ce sera plus
clair d'un autre membre de la régie par suite d'absence ou de
maladie, il peut être remplacé par une personne nommée pour
exercer ses fonctions... »
M. LESAGE: Voulez-vous relire?
M. BEAULIEU: Après le point-virgule?
M. LESAGE: Non, tout l'article.
M. BEAULIEU: « Au cas d'incapacité d'agir du
président de la régie, par suite d'absence ou de maladie, il est
remplacé par le vice président; au cas d'incapacité d'agir
d'un autre membre de la régie, par suite d'absence ou de maladie, il
peut être remplacé par une personne nommée pour exercer ses
fonctions pendant que dure son incapacité; cette personne est
nommée par... » Je vais vous donner le texte.
M. LESAGE: Mais le quorum de la régie est constitué de
deux membres dont le président
M. BEAULIEU: Non, nous enlevons...
M. LESAGE: Il faut enlever « dont le président ».
M. BEAULIEU: Oui, s'il n'est pas là, c'est automatiquement le
vice-président.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article...
M. BEAULIEU: II faut le laisser tel quel parce que...
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): « Le quorum de la
régie est constitué de deux membres ».
M. LESAGE: Non. M. PAUL: Non.
M. LESAGE: Dans le cas d'incapacité d'agir du président,
on a déjà dit, à l'article 8 qu'il est remplacé par
le vice-président.
M. PAUL: C'est ça. Adopté, articles 8 et 9.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Articles 8 et 9, adoptés
avec les amendements.
M. PAUL: Article 21, adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Un petit instant, s'il vous
plaît.
M. LESAGE: Bon.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 21, adopté, tel
qu'amendé. Article 22.
M. LESAGE: A l'article 22.
M. PINARD: A l'article 22, M. le Président, ne serait-il pas sage
de prévoir qu'il sera impossible à un propriétaire d'une
piste de course et détenteur d'un permis d'exploitation d'avoir des
intérêts directement ou indirectement dans une autre piste de
course de façon à éviter le monopole des pistes de course?
Parce que la situation de fait, à l'heure actuelle, c'est qu'il y a un
monopole...
M. BEAULIEU: C'est fait par règlement.
M. PINARD: ... des pistes de course exercé au Québec.
M. BEAULIEU: Ici on établit... par un règlement, on
pourrait prévoir ces choses-là.
M. PINARD: ... c'est contraire... Je comprends mais il faudrait
peut-être que les ministres se réfèrent à la
commission d'enquête qui a été mise sur pied par le
gouverneur de l'état de New York, en 1957, je crois, il y avait eu une
enquête très retentissante sur l'administration et l'exploitation
des pistes de course qui étaient tombées purement et simplement
entre les mains de la mafia et de la pègre. Cette enquête
retentissante a révélé qu'il y avait effectivement une
situation de monopole et que des propriétaires d'une piste de course
avaient des intérêts dans d'autres pistes de course. Ils
organisaient la classification des chevaux, ils organisaient les courses. Si
une piste était déficitaire, eh bien les pertes apparaissaient
dans les livres de l'autre piste de course; il y a eu toutes sortes de choses.
Alors, pour éviter cette situation-là au Québec, je ne dis
pas que ça se produira ou que ça s'est produit, mais je pense que
c'est sage de prévoir dans la loi un article qui défendrait
spécialement qu'un propriétaire ait des intérêts
dans une autre piste de course que la sienne.
M. PAUL: Dans la loi ou les règlements. Nous adopterons les
règlements, alors nous pourrons prévoir cette disposition cette
recommandation que suggère l'honorable député de
Drummond.
M. PINARD: Voyez-vous, c'est parce que si les ministres concernés
regardent bien les mémoires qui ont été soumis par la
« Canadian Trotting Association », par l'Association des
propriétaires de chevaux du Québec, par le Syndicat des
employés des propriétaires de chevaux, il y a eu des situations
de conflits très graves qui sont sont produites dans le passé. Il
y a même eu des grèves, il y a eu des arrêts des
opérations de pistes de course, parce que, à un moment
donné, les intérêts des propriétaires de trotteurs
et d'ambleurs étalent mis en danger par le fait qu'on tenait des courses
de galop à certaines pistes et cela arrivait dans la même semaine,
ou bien la même série de jours, alors que les propriétaires
étaient les mêmes.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 22 adopté?
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. M. le Président,
est-ce qu'il ne serait pas bien important de mentionner dans la loi qu'il
faudra un permis pour exploiter une société de pari mutuel?
M. BEAULIEU: C'est le fédéral qui a juridiction sur le
pari mutuel.
M. PAUL: C'est le fédéral qui a juridiction dans les paris
mutuels. Ce n'est pas nous.
M. LESAGE: Oui, je le comprends, mais l'exception apportée au
code criminel est en faveur du lieutenant-gouverneur.
M. BEAULIEU: Pas pour le pari mutuel, pour les loteries seulement. Au
premier alinéa, les amendements sont pour les courses et, après,
pour les loteries.
M. LESAGE: Les courses sont à 177.
M. BEAULIEU: Les courses, oui. C'est pour cela qu'à l'article 21
on a délimité en deux paragraphes: « La régie a pour
fonction de surveiller les courses au Québec. » Au deuxième
paragraphe, on dit: La régie peut aussi, si le lieutenant-gouverneur
veut accorder ce pouvoir, délivrer des licences...
M. LESAGE: A quel paragraphe de quel article exactement j'ai trop
de papiers devant moi le bill C-150 apporte-t-il l'amendement qui
reconnaît, comme association de course, une compagnie formée en
conformité d'une loi provinciale?
M. BEAULIEU: C'est l'article 178, neuvièmement.
M. LESAGE: C'est à 178.
M. BEAULIEU: C'est à 178, neuvièmement: Aux fins du
présent article, l'association désigne une personne...
M. LESAGE: Un instant.
M. BEAULIEU: C'est le paragraphe 9 de l'article 178.
M. LESAGE: C'est le paragraphe 9, c'est cela.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 22, adopté?
M. LESAGE: Une minute, s'il vous plaît. Il faudrait que j'aie plus
de temps pour examiner le point. Enfin!
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 22, adopté.
Article 23? Adopté.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 24?
M. PINARD: A l'article 23, il serait peut-être temps de tenir
compte des remarques que j'ai faites tantôt. La situation...
M. PAUL: Oui, dans les règlements. M. PINARD: ... de
monopole.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 24? Adopté.
Article 25?
M. PAUL: Adopté. C'est de l'administration.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 26?
M. LESAGE: Je pense que c'est à peu près la même
procédure que dans le cas de la régie des alcools?
M. PAUL: Oui, c'est cela.
M. LESAGE: Je crois reconnaître les articles.
M. PAUL: C'est cela. C'est un organisme bicéphale.
M. LESAGE: Oui.
M. BEAULIEU: Je suis obligé de partager cela avec le ministre de
la Justice.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'article 26,il y a un
amendement.
M. PINARD: L'un ne va pas sans l'autre. M. BEAULIEU: Nous nous entendons
bien.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Remplacer, dans
l'avant-dernière ligne du premier alinéa, les mots « la
location » par les mots « l'emplacement ».
M. BEAULIEU: C'est cela.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 26, adopté tel
qu'amendé?
M. BEAULIEU: C'est cela. M. PAUL: D'accord.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): A l'article 27, il y a
également un amendement. Remplacer, dans la première ligne, les
mots « auxquelles réfère » par les mots «
visées à ». Adopté tel qu'amendé?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 28? Adopté.
Article 29? Adopté.
M. LESAGE: Oui, c'est la procédure prévue à la
Régie des alcools.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 30? Adopté.
Article 31? Adopté. Article 32? Adopté. Article 33?
Adopté.
M. PINARD: Un instant, M. le Président. Est-ce que les
règlements dont parle la loi sont prêts?
M. PAUL: Nous avons trois projets de règlements qui sont
déjà prêts. Il s'agira de faire le choix des trois ou
peut-être de marier l'excellence des textes.
M. PINARD: Une fois que le choix aura été fait par le
gouvernement, est-ce que les membres de l'Opposition pourront en avoir des
copies? Pour que nous puissions voir comment va procéder la loi?
M. PAUL: Non seulement l'Opposition, mais le public aussi aura besoin de
ces règlements-là.
M. LESAGE: Le gouvernement fait comme toujours, il hésite. C'est
le grand spécialiste de la valse de l'hésitation.
M. PAUL: Je n'ai pas compris, et cela avait l'air bon.
M. LESAGE: C'est un grand spécialiste de la valse
hésitation.
M. PINARD: En somme, on nous demande d'adopter une loi organique, mais
il y a quand
même des règlements qui vont être
édictés, on ne les connaît pas...
M. BEAULIEU: Nous serons jugés...
M. PINARD: Alors, pour faire un acte de...
M. BEAULIEU: ... nous allons vous faire...
M. PINARD: ... confiance aveugle au gouvernement.
M. PAUL: L'article 34, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 34.
M. PAUL: C'est le mécanisme d'enquête.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. L'article 35,
adopté. L'article 36, adopté. L'article 37, adopté.
L'article 38, adopté.
M. PINARD: A l'article 35, le gouvernement a-t-il une personne en vue
pour entendre et décider des litiges qui sont visés à
l'article 34? Qui sera-t-elle cette personne? Quelles qualifications
aura-t-elle? « La régie peut autoriser par écrit toute
personne, entendre et décider tout litige visé à l'article
34 ». Est-ce que le ministre peut donner plus d'explications re
latlvement à cet article-là?
M. BEAULIEU: ... « autoriser par écrit toute personne,
entendre et décider tout litige visé à l'article 34.
» Oui?
M. PINARD: Oui. Est-ce que le gouvernement songerait à nommer
cette personne-là? Qui est-elle, quelles qualifications aura-t-elle?
Quelles conditions exigera-t-on d'elle?
M. BEAULIEU: II va y en avoir une par piste, ce sera du bon monde,
à part ça qu'on va choisir avec la même discrétion
que le gouvernement a dans d'autres domaines.
UNE VOIX: C'est à souhaiter.
M. PAUL: A chaque piste, il y aura quelqu'un pour décider des
litiges.
M. BEAULIEU: Le gouvernement choisit des membres de la régie, il
va choisir des personnes qui vont aller respecter l'ordre là aussi.
M. PAUL: Aller agir sur place comme surveillant.
M. PINARD: Oui, mais est-ce que le gouvernement a songé aux
qualifications qui seront exigées de cette personne-là? On ne
peut pas envoyer n'importe qui aller faire la surveillance des pistes de
courses, quand on sait comment ça fonctionne, il n'est pas besoin de
faire de grands discours, là.
UNE VOIX: Moi, je ne serais pas bon...
M. PINARD: II y a des mystères là-dedans qui ne sont pas
compris.
M. BEAULIEU: On fera comme d'habitude... M. PINARD: Pardon?
M. BEAULIEU: Ce sera un avocat, comme d'habitude.
M. PINARD: Bon, enfin...
M. BEAULIEU: Mais, je ne voudrais pas marquer « avocat »,
parce que, s'il y avait un bon notaire, il ne pourrait pas y aller.
M. PINARD: Je ne dis pas qu'il faut nécessairement un avocat,
mais je dis que ça prend quelqu'un qui connaît le milieu, qui ne
se laissera pas facilement influencer par quelque groupe que ce soit.
M. BEAULIEU: ... l'impression que quelqu'un qui connaft le milieu, parce
que, là, c'est défavorablement, ça peut être un gars
de la pègre à ce moment-là.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 40, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 41, adopté? A
l'ordre!
L'article 41, ça va? L'article 42, adopté. L'article 43,
adopté. L'article 44, adopté...
M. PAUL: Jusqu'à l'article 59, M. le Président, c'est le
mécanisme de fonctionnement.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Les articles 45, 46, 47, 48, 49,
50, 51, 52, 53... A l'or-drel L'article 54.
M. PINARD: A l'article 45, on est passé rapidement, si vous me le
permettez, « Toute décision de la Régie sur une question en
litige qui lui est soumise en première instance ou en ap-
pel est sans appel. » Est-ce que le gouvernement ne trouve pas que
c'est un peu dangereux de ne pas donner l'appel possible à une personne
qui aurait quand même à se plaindre d'une décision qui lui
paraîtrait injuste, décision rendue par la régie? Cela peut
être en matière de droit de la personne, en matière de
droit civil, en matière de droit de propriété, il y a bien
des conséquences possibles...
M. BEAULIEU: Comme une décision d'un arbitre dans une partie de
hockey, la décision est finale à un moment donné...
M. PINARD: Oui, il n'est pas seulement question de jeu, il est question
d'investissements...
M. BEAULIEU: On ne peut pas...
M. PINARD: .., considérables de la part de propriétaires
d'écuries importantes...
M. PAUL: Si la course a eu lieu, si la régie a rendu une
décision, comment voulez-vous que la régie revienne sur sa
décision?
M. PINARD: Oui, mais si la décision était erronée
et que celui qui a à se plaindre d'une décision erronée a
de bons motifs à invoquer devant une cour, devant un tribunal, qui
pourra entendre sa cause en appel? enfin...
M. ROY: ... c'est un litige, dans la triple couronne aux Etats-Unis,
Northern-Dancer, ils n'ont pas repris la course...
M. PAUL: C'est un litige entre participants...
M. PINARD: Non, mais voyons donc! Il y a des procès devant les
tribunaux civils depuis cette décision-là, parce qu'il y a
possibilité d'aller en appel de cette décision.
M. PAUL: L'article 45, M. le Président, prévoit des
litiges entre participants.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, l'article 54,
adopté. L'article 55...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): On serait normalement rendu
à 55.
M. PINARD: Bien oui, j'aurais bien aimé savoir, à
l'article 51 par exemple, combien de pistes de course seront autorisées.
Est-ce que tou- tes les pistes de course actuellement en exploitation vont
obtenir des permis ou bien si le gouvernement a l'intention de les limiter?
M. BEAULIEU: Non. Non. Il n'y a pas de décision de prise dans ce
sens-là; ça viendra en temps et lieu, ces
décisions-là.
M. PINARD: Oui, oui. On nous demande de voter une loi organique, et le
gouvernement n'est pas prêt à présenter sa loi.
M. BEAULIEU: Nous n'avons pas été saisis du projet. La
régie fera des recommandations...
M. PAUL: C'est la régie qui va avoir juridiction; ce n'est pas le
gouvernement.
M. PINARD: Oui, oui. Je comprends. En disant le gouvernement, je parle
de la régie.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Est-ce qu'il y a d'autres
articles sur lesquels on voudrait revenir avant l'article 55?
M. PAUL: On est rendu à l'article 82.
M. LESAGE: Moi, j'aurais bien voulu savoir le chapitre de la
régie d'exploitation, c'est là-dedans comme cela? pourquoi
le gouvernement tient à donner à cette régie le pouvoir
d'exploiter des pistes de course. Je n'en vois pas la nécessité,
pas du tout. Je trouve que c'est une erreur, une mauvaise politique, pour les
raisons que j'ai données en deuxième lecture et que je ne
répéterai pas.
M. BEAULIEU: Le gouvernement, comme je l'ai dit dans le passé,
n'a aucunement l'intention d'acheter demain matin des pistes de course. Le
pouvoir est accordé à la régie, il pourrait arriver qu'au
lieu de laisser aller une piste de course qui est à vendre, pour
mauvaises affaires, en des mains louches, ce soit le devoir d'un
gouvernement....
M. LESAGE: Vous allez trouver preneurs... M. BEAULIEU: Non, non...
M. LESAGE: Une piste de course abandonnée, je vous garantis que
vous n'aurez pas de misère à la vendre.
M. BEAULIEU: Il pourrait arriver, dans d'autres cas, où il y
aurait intérêt pour le gouvernement et la population...
M. LESAGE: Le député de Joliette va être acheteur
tout de suite.
M. BEAULIEU: Un instant, il pourrait arriver que, dans
l'intérêt de la population et du gouvernement, une piste
déficitaire doive demeurer ouverte; disons, par exemple, que la piste de
Sherbrooke serait déficitaire, pourrai-sons touristiques, des raisons de
perception de taxes, jusqu'à...
M. LESAGE: Là, je commence réellement à
craindre!
M. PINARD: On vous volt venir!
M. BEAULIEU: Le gouvernement aurait peut-être intérêt
à garder, à ce moment-là...
M. LESAGE: Bon, c'est ça qui est dangereux.
M. BEAULIEU: Pourquoi c'est dangereux?
M. LESAGE: Certainement, c'est dangereux. Je ne vois pas pourquoi le
gouvernement exploiterait des pistes de course déficitaires,
premièrement.
Deuxièmement, je ne vois pas pourquoi le gouvernement, par le
truchement d'une régie d'exploitation, viendrait en concurrence avec
l'entreprise privée. Je suis contre ce principe-là.
M. BEAULIEU: Alors, vous êtes contre la SGF!
M. LESAGE: Non, pas du tout, M. le Président. Le ministre des
Finances vient de prouver qu'il n'a pas très bien saisi les buts de la
SGF, lorsqu'elle a été fondée. La SGF a fait certaines
choses, depuis ce temps-là, et je ne suis pas tellement d'accord. Mais,
disons que je ne crois pas que le gouvernement, dans un domaine comme celui-ci,
doive, en principe, concurrencer l'entreprise privée.
M. BEAULIEU: Non. M. LESAGE: Erreur.
M. BEAULIEU: Je crois que le pouvoir doit être laissé dans
la loi, mais il n'est pas, c'est clair, de l'intention du gouvernement de
concurrencer actuellement, à moins de changements extraordinaires, pour
des raisons extrêmement graves, le domaine des courses avec l'entreprise
privée. Actuellement, on peut dire que la plupart je n'ai pas
fait d'enquête personnelle mais, selon le consensus
général, la plupart des pistes sont très bien
administrées, sont dirigées d'une façon honnête et
compétente. Le gouvernement n'a pas l'intention...
M. LESAGE: Il y a des gens honnêtes et compétents qui sont
prêts à en administrer d'autres. Cela, nous le savons parce
que...
M. BEAULIEU: Et le gouvernement...
M. LESAGE: ... nous avons été bloqués. On n'a pas
pu leur permettre d'aller plus loin.
M. BEAULIEU: Le gouvernement n'a pas l'intention d'ouvrir de nouvelles
pistes de course lui-même...
M. LESAGE: J'espère!
M. BEAULIEU: ... pour aucune considération.
M. LESAGE: Bon, très bien. Maintenant, est-ce que le ministre, au
sujet des jeux et loteries, est prêt à faire une
déclaration à l'effet que, dans ce domaine-là, si des
casinos sont ouverts, si des jeux sont permis, ce sera réellement la
société d'exploitation qui, exclusivement, pourra administrer des
casinos, etc. la régie ne donnant des permis que dans les cas
d'organisations charitables, de foires ou expositions provinciales, ou encore
dans les cas d'organisations de loisirs?
Mais, en dehors de cela, ne pas aller donner des permis d'exploitation
de maisons de jeux à des particuliers, par patronage politique, c'est
cela qui me fait peur.
M. BEAULIEU: Clairement, M. le Président, si le gouvernement
arrivait à la conclusion, j'ai bien dit si le gouvernement arrivait
à la conclusion qu'il doit y avoir de telles maisons, casinos, jamais
l'entreprise privée n'en sera propriétaire. C'est une
déclaration.
M. LESAGE: N'ajoutez plus rien.
M. LAFRANCE: Moi, j'aimerais bien...
M. LESAGE: Je n'ai pas envie que vous mettiez un « si »
après votre phrase.
M. BEAULIEU: Non, si on en donne. On en donne peut-être quand
même.
M. LAFRANCE: Moi je ne vois pas, M. le
Président je regrette de différer d'opinion avec le
chef de l'Opposition pourquoi n'étendrions-nous pas cela aux
pistes de courses aussi. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement n'en
exploiterait pas, si c'est aussi avantageux que ça. Pourquoi est-ce que
l'Etat n'en profiterait pas?
M. LESAGE: Je ne parle pas des pistes de courses...
M. PAUL: On fait confiance aux entreprises privées,
M. BEAULIEU: Non, mais tant que c'est bien administré, le
gouvernement n'a pas l'intention d'agir.
M. LESAGE : Sur chaque gageure aux pistes de courses, l'Etat, le
ministre du Revenu se sert bien.
M. PAUL: Oui.
M. BEAULIEU: Seulement $17 millions par année.
M. PINARD: Est-ce que la régie va émettre des permis pour
l'exploitation de pistes de chiens? En Floride, ce sont les chiens chauds qui
courent.
M. BEAULIEU: il ne pourra pas y avoir de pari. Il peut y avoir des
courses de chiens, mais il n'y aura pas de pari.
M. LESAGE: II pourra y avoir des paris mutuels.
M. BEAULIEU: Je ne sais pas qui va y aller ce matin-là, juste
pour voir des petits chiens courir.
M. LESAGE: Oui, puis pas même le droit de donner de prix.
M. BEAULIEU: Bien, des prix au...
M. LESAGE: Mais pas aux pauvres chiens.
M. PAUL: Aux chiens.
M. LESAGE: Pas au propriétaire du chien, regardez, non, aux
chiens non plus, regardez le code criminel.
M. BEAULIEU: Oh là, je ne discuterai pas sur vos... Il n'y en
aura pas, à part ça.
M. LESAGE: Regardez le code criminel. Vous pourriez avoir un jeu de
jai-alai, parce que ce serait un sport, et donner des prix aux gagnants.
M. BEAULIEU: Oui; là, c'est évident.
M. LESAGE: ... et donner des prix aux gagnants, pas de pari mutuel,
donner des prix aux gagnants, mais vous ne pouvez pas donner des prix dans les
cas de courses d'animaux.
M. BEAULIEU: On pourrait leur donner un salaire.
M. PINARD: C'est une équipe amateur.
M. LESAGE: Vous pouvez donner des prix, s'il y a une exposition de beaux
toutous.
M. BEAULIEU: Ah oui, ça serait beau.
M. LESAGE: C'est différent. Ce ne sont pas des courses.
M. MALTAIS (Limoilou): M. le Président, lorsque le chef de
l'Opposition a énuméré tout à l'heure la
série de personnes ou d'organismes que devrait permettre...
M. LESAGE: J'oubliais de vos organisateurs? UNE VOIX: Du parti
indépendantiste.
M. MALTAIS (Limoilou): Est-ce que le chef de l'Opposition incluait
là-dessus les loteries? Il a parlé de casinos, de maisons de
jeux...
M. LESAGE: Des loteries; je crois qu'il appartient au gouvernement du
Québec d'établir la loterie, et sitôt que les loteries
seront permises, ça ne doit être permis que pour des fins
charitables, les loisirs ou encore...
M. PAUL: C'est ça.
M. LESAGE: ... la troisième chose que j'ai mentionnée, les
foires et expositions agricoles; d'ailleurs, les foires et expositions
agricoles, ce n'est pas le cas des loteries.
A qui le ministre des Institutions financières veut-il permettre
de faire des loteries? Y a-t-il un organisateur de son comté qui est mal
pris?
M. BERTRAND: II voulait...
M. PAUL: M. le Président, vous n'avez pas le droit de
prêter des intentions. L'honorable
chef de l'Opposition n'a pas le droit de prêter des intentions.
C'était pour s'informer si lare-marque du chef de l'Opposition ne se
limitait qu'aux loteries et courses.
M. LESAGE: Ah non, non, non! Loterie dans le sens de l'article 179,
dernier alinéa, où il est dit que loterie comprend les jeux.
M. PAUL: Ah ça, c'est 168. M. BEAULIEU: Article 179.
M. LESAGE: Article 179. Pas 79a), 179, je crois que c'est le dernier
alinéa de l'article. C'est bien ça?
M. BEAULIEU: Adopté. Article 55.
M. LESAGE: C'est...
M. PAUL: C'est 179a) cinquièmement.
M. LESAGE: Article 179a)« C'est le dernier, oui, c'est 5e,
l'avant-dernier.
M. PAUL: C'est ça.
M. LESAGE: Au présent article, le système de loterie
comprend un jeu; alors, quand on dit loterie, on dit tout.
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 55, adopté. Article 56?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 57, adopté. Article 58,
adopté. Article 59...
M. LESAGE: Article 59, vous avez un amendement, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté avec l'amendement. Article 60,
adopté. Article 61, adopté. Article 62, adopté. Article
63, adopté. Article 64, adopté. Article 65...
M. LESAGE : Ce sont des dispositions de 63 et de 64, qu'on a vues il n'y
a pas tellement longtemps dans un projet de loi.
M. PAUL: Soquip et Rexfor, surtout Rexfor.
M. LE PRESIDENT: Article 65, article 66, adoptés. Article 67,
adopté. Article 68, adopté.
Article 69, adopté. Article 70, adopté. Article 71,
adopté. Article 72, adopté. Article 73, adopté. Article
74, adopté. Article 75, adopté. Article 76, adopté.
M. LESAGE: Ce sont les lois non applicables que nous rappelons.
M. BEAULIEU: C'est ça.
M. LESAGE: Les lois anticonstitutionnelles.
M. BEAULIEU: De 1934 et 1950.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 77, adopté.
Là, 11 y a un nouvel article après l'article 77. Est-ce que ce
nouvel article est également adopté? Adopté. Article 78
devenu article 79, adopté. Article 79 devenu article 80, adopté.
Article 80 devenu article 81, adopté. Article 81 devenu article 82,
adopté. Article 82 devenu article 83, adopté. Article 83 devenu
article 84, adopté. Article 84 devenu article 85, adopté.
M. le Président, J'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté le bill 86 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre des Finances propose
que les amendements soient maintenant lus et agréés. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. PAUL: No 6. Troisième lecture, oui. Troisième
lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Finances propose la troisième lecture du projet de loi 86. Cette motion
sera-t-elle adoptée? Adopté.
M.PAUL: No 6.
M. LE PRESIDENT: Considération du quatorzième rapport de
la Commission des bills privés et des bills publics. De nouveau en
comité.
Bill 249
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre!
M. COURNOYER: Nous avons apporté deux amendements à la
suite de la suspension.
M. LESAGE: Apporté? Vous espérez que nous allons les
apporter?
M. COURNOYER: Nous sommes confiants. M. BERTRAND: Nous avons
suggéré... M. COURNOYER: Nous avons discuté...
M. LESAGE: II va falloir que vous appreniez vite le langage
ministériel, d'après les indiscrétions qui sont parvenues
à mes oreilles.
M. COURNOYER: N'ayez pas peur, j'ai des facilités pour apprendre,
surtout quand il s'agit d'oreilles.
M. LESAGE: II va falloir que vous appreniez à dire un «
nous » épiscopal.
M. PINARD: Surtout le mot consacré.
M. COURNOYER: Nous avons discuté, et à la suite de ces
discussions nous avons des suggestions à faire à cette
commission. La première suggestion comporte la réclamation
possible de dommages-intérêts par ceux...
M. LESAGE: La meilleure façon c'est de nous faire parvenir des
copies de l'amendement. Vous ne pensez pas que le brigadier Gau-vreau a assez
souffert jusqu'à la dernière minute de la session? Cela me fait
de la peine. C'est un de mes amis.
M. PAUL: Il n'y est pas le brigadier. M. LESAGE: II n'a pas voulu
m'écouter.
M. COURNOYER: Le premier amendement est à l'article 3. A cet
article, nous introduisons, après le paragraphe qui a déjà
été suggéré comme amendement: « Tout droit de
passage qui existe ou qui peut exister sur les ruelles décrites aux
annexes b) et c) continue d'exister jusqu'à ce que le droit de passage
qui le remplace puisse s'exercer et que les travaux d'aménagement en
soient terminés avec un revêtement de même qualité
que celui qui le remplace i la satisfaction du directeur du service des travaux
publics de la ville de Montréal. Ce dernier atteste de ces faits au
moyen d'un avis sous seing privé au registrateur de la division
d'enregistrement de Montréal qui doit enregistrer ledit avis. » A
la suite de ce paragraphe, nous aurions: « Tous
dommages-intérêts qui pourraient être subis par ces tiers
par suite de ce remplacement peuvent, à la demande de ces derniers,
être établis par les tribunaux compétents par une action
qui sera prescrite à l'expiration de six mois à compter de la
date de l'enregistrement de l'avis prévu à l'alinéa
précédent. »
M. LESAGE: Vous ne trouvez pas ça un peu court, six mois?
M. PAUL: Un an, est-ce que cela conviendrait?
M. LESAGE: Oui, mettez donc un an.
M. BERTRAND: Oui, la prescription la plus courte, d'habitude, dans le
code civil, c'est un an.
M. LESAGE: Un an, c'est normal.
M. COURNOYER: Va pour un an. Au lieu de six mois, ce serait «
à l'expiration d'un an à compter de la date de l'enregistrement
».
M. LESAGE: C'est cela. Mais, tout ce que je dis là, que c'est
sous protêt
M. COURNOYER: Oui, toujours.
M. BERTRAND: Vous jouez la partie sous protêt.
M. LESAGE: Oui, c'est cela.
M. COURNOYER: Le deuxième amendement serait un nouvel article qui
se situerait à la fin, avant l'article de mise en vigueur de la loi. Cet
article...
M. LESAGE: D'accord. Je l'ai lu. Cela va bien, c'est une bonne
idée. Nous les numéroterons quand nous y arriverons.
M. COURNOYER: Est-ce que, pour les besoins de la procédure, Je
dois le lire ou si c'est comme cela que cela se passe d'habitude? Est-ce que
c'est correct que je l'aie soumis ou si je dois le lire pour les besoins des
députés?
M. LESAGE: Eh bien, vous en aurez plus long dans le journal des
Débats.
M. COURNOYER: Eh bien, dans ce cas-là. UNE VOIX: Vous
renoncez?
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, l'article tel
qu'amendé, adopté?
M. PAUL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Sur division.
M. PAUL: Sur division.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 4, adopté.
Article 5, adopté? Article 6.
M. LESAGE: Article 5, sur division.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 5 sur division.
M. LESAGE: Ah oui. C'est l'extinction des servitudes.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, adopté sur
division. Article 7, adopté. Article 8, adopté.
M. COURNOYER: II y a un nouvel article 9, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'article 9 actuel devient
l'article 10.
Le nouvel article 9, adopté? Un instant, cela ne sera pas
long.
M. BERTRAND: Prenez votre temps, M. le Président.
M. PAUL: Nous ne sommes pas pressés, M. le Président.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): II n'y a pas de problème
du côté des annexes?
M. PAUL: Non, elles ont été bien annexées.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 249 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable premier ministre propose que
les amendements soient maintenant lus et agréés. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
De consentement unanime, l'honorable premier ministre propose la
troisième lecture du projet de loi. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
Pendant que je suis debout, j'aimerais signaler aux honorables
députés qu'il y aura sanction de bills immédiatement
après cette séance-ci et que Son Excellence le
lieutenant-gouverneur viendra à l'Assemblée nationale pour la
prorogation.
Prorogation de la session M. Jean-Jacques
Bertrand
M. BERTRAND: M. le Président, il sied qu'à ce moment-ci,
même si je dois être très court et n'oublier personne, je
remercie tous ceux et celle qui ont collaboré avec nous, les membres de
l'Assemblée nationale, afin que nous puissions accomplir tous nos
travaux parlementaires.
Je voudrais en particulier adresser à notre doyen, le
député du comté de Champlain, ministre du Travail, nos
meilleurs voeux d'un complet rétablissement. Il nous a manqué
durant cette fin de session, depuis octobre. Il avait l'habitude d'être
constamment en Chambre, à l'oeuvre et à l'épreuve, et je
n'ai pas besoin de rappeler toutes ses qualités, que tous les
collègues apprécient chez lui, et l'admiration que nous lui
portons tous. J'espère qu'il pourra continuer, comme il en a
exprimé le désir, à vaquer à ses occupations. J'ai
été infiniment heureux de faire appel à lui pour que,
durant les quelques jours de repos que je prendrai, le député du
comté de Champlain agisse comme premier ministre intérimaire du
Québec.
Je crois également qu'il est de mon devoir, et un devoir bien
agréable, d'exprimer au leader parlementaire, le député du
comté de Maskinongé, ministre de la Justice, tous nos profonds
remerciements. En quelques mots seulement, il est assidu, il est ponctuel, il
est dévoué, il est compétent, et quelle énergie
inlassable! Il entre au Parlement le matin à six heures et demie,
déjeune d'habitude avec moi vers huit heures et sort de ce Parlement
à des heures indues. Que ceux-là qui prétendent que les
députés et les ministres ne font rien le suivent!
M. le Président, je lui exprime, et je le sais, au nom de toute
la Chambre, l'expression de notre admiration et de nos remerciements
très bien sentis.
A tous les collègues de la Chambre, à tous ceux-là
qui ont joué un rôle, qui ont participé aux travaux des
commissions, qui ont été ponctuels, assidus à leur
travail, j'exprime également ma reconnaissance et ma gratitude, en
particulier à ceux de la droite avec qui nous avons essayé
d'améliorer ah, sans doute, nous sommes loin encore de la
perfection un peu les méthodes parlementaires.
Merci a mes collègues ministres qui m'ont secondé,
appuyé, qui ont travaillé avec moi durement. Nous voyons,
à la fin de cette session, le couronnement d'efforts collectifs et d'une
solidarité ministérielle dont je remercie tous et chacun de mes
collègues ministres.
M. le Président, il y a des gens qui, des deux côtés
de la Chambre, s'appellent les whips. Ils ont un rôle excessivement
ingrat. Notre whip en chef et ceux qui travaillent avec lui, de même que
celui de l'Opposition, ont une tâche excessivement difficile. Je les
remercie de l'avoir accomplie dans la bonne humeur, dans un esprit de
camaraderie. Je les remercie aussi d'avoir réussi à convaincre,
parfois, ceux-là qui tentaient de s'égarer.
M. le Président, hier, j'ai fait l'éloge de celui qui est
en face de moi, le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Comme le dirait le député de Bellechasse, j'ai
eu mon voyage.
M. BERTRAND: Je n'y reviendrai pas; je n'ai rien à retirer de ce
que j'ai dit hier.
M. LESAGE: N'ajoutez rien.
M. BERTRAND: Absolument rien, il a travaillé, il a porté
un fardeau très lourd, mais il l'a porté allègrement avec
quelques-uns de ses collègues. Je l'en remercie profondément.
Et vous, M. le Président et M. le vice-président, vous
avez été tous deux d'une patience exemplaire. Vous avez su
comprendre nos mouvements d'humeur, surtout en des circonstances excessivement
difficiles. Je n'ai pas besoin d'indiquer, M. le vice-président à
l'occasion de quel projet de loi; vous avez vécu là une
expérience unique. A vous deux, qui avez accompli cette besogne avec
impartialité et avec indulgence, j'exprime les remerciements de toute la
Chambre.
Il y a les bénédictins, ceux qui s'appellent les
légistes. Ce sont eux qui, avec nous du comité de
législation et sans nous, la plupart du temps, ont préparé
et élaboré ces projets de loi.
Tout paraît bien facile quand c'est déposé ici sur
la table. Mais, combien d'heures, combien de dimanches, combien de samedis,
combien de jours de congé ont-ils consacrés à cette
tâche? Je sais que je me fais l'écho de tous les membres du
conseil des ministres et de la Chambre pour exprimer aux légistes,
à toute cette équipe valeureuse, talentueuse, les remerciements
de tous les députés.
M. le Président, on craint toujours d'oublier des gens. Je
voudrais parler du secrétaire de l'assemblée, de ses adjoints, de
tout ce personnel qui est relié au fonctionnement du parlementarisme: le
journal des Débats, les fonctionnaires de ce parlement, tous ceux qui
travaillent, je les englobe tous; les pages et, grand dieu! pourquoi les
oublier, les journalistes qui exercent un dur métier également et
qui sont l'objet de critiques comme nous le sommes. Je pense que l'on peut leur
demander, à l'occasion, comme ils nous le demandent, une certaine
indulgence. Nous l'aurons pour vous, messieurs, dans la mesure où vous
voudrez bien nous l'accorder.
M. le Président, voilà les sentiments que je voulais
exprimer en cette fin de session. Pour mol, les années se suivent et ne
se ressemblent pas. C'est donc dire qu'on ne connaît jamais l'avenir.
L'an dernier, je n'étais pas ici. Je vous avoue honnêtement que je
ne pensais pas y revenir. La Providence a été bonne, je la
remercie. Je souhaite à tous mes collègues, à tous les
membres de cette assemblée, un repos bien mérité, le
retour au foyer dans une atmosphère familiale chaude, où nous
avons besoin de nous retremper. Je souhaite à tous des Fêtes
agréables, un joyeux Noël, une bonne et heureuse année.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, je pourrais presque reprendre mot
pour mot ce que vient de dire le premier ministre. J'ai eu l'occasion, Mer,
d'exprimer mes sentiments profonds à l'égard de mes
collègues. Je voudrais aujourd'hui dire combien j'ai été
heureux d'oeuvrer au cours de cette session. Surtout depuis l'automne, à
cause de certaines absences inévitables, j'ai eu à travailler
beaucoup plus étroitement avec le premier ministre, le
député de Champlain et le ministre de la Justice pour
l'organisation des travaux de la Chambre.
J'ai encore accumulé de l'expérience et disons que j'ai pu
connaître plus intimement le premier ministre et le ministre de la
Justice. Quant au ministre du Travail, il y a longtemps que notre
intimité nous a permis de nous porter des coups qui ont toujours
été facilement oubliés. J'ai été
enchanté de travailler avec eux. Ce que j'ai bien
apprécié, c'est leur franchise. Leur franchise et leur ouverture
d'esprit. J'ai été le dépositaire de bien des confidences
que je ne crois avoir jamais trahies. Je pense que, sur une base comme
celle-là, on peut organiser les travaux de la Chambre d'une façon
beaucoup plus efficace. Je m'en réjouis.
M. le Président, je vous félicite, ainsi que
le député de Sherbrooke. C'est vrai que vous avez
été impartial, indulgent et compréhensif, comme le
député de Sherbrooke. Je ne crois pas qu'il y ait un seul
député de l'Opposition qui n'endosserait pas totalement ce
compliment qui est peut-être un peu rare venant de l'Opposition vers les
présidents de l'assemblée.
J'ai eu l'occasion de travailler avec mes whips et surtout, comme nous
les appelons, nous, les assistants-whips, les « whippets ».
Etant donné que le whip, M. Laporte, n'a pas pu être ici
comme nous aurions voulu, surtout cet automne, je les remercie, moi aussi, non
pas, comme le premier ministre, d'avoir empêché des
députés de s'égarer, parce que nous avons eu nos
oppositions circonstantielles, mais d'avoir empêché, quelques fois
seulement nos députés de s'évader.
J'ai bien apprécié mon travail avec eux. Je veux remercier
plus particulièrement celui qui est assis à ma droite, dont
l'expérience, l'amitié, l'affection même m'ont
énormément aidé, le député de Drummond s'est
beaucoup dévoué avec moi cet automne.
Aux autres de mes collègues qui je voulais employer le mot
fidélité, mais j'ai eu peur que ce soit mal compris ont
travaillé intimement avec moi au cours des sessions et au cours de cette
session en particulier, merci du fond du coeur. J'ai eu l'occasion d'oeuvrer
avec les légistes. J'en avais eu l'occasion pendant six ans. J'ai eu
l'occasion, grâce justement à la confiance du premier ministre et
du ministre de la Justice, qui m'ont accordé de travailler avec les
légistes, surtout avec M. Normand, M. Rioux, des hommes que je
connaissais, des compétences, et je joins mes félicitations, mes
compliments à ceux du premier ministre. Ils le méritent et ils le
méritent beaucoup.
M. le secrétaire général, MM. les adjoints, le
président me permet sans doute de m'adres-ser directement à vous
pour vous remercier de votre attitude, et vous me permettrez bien de me
féliciter d'être près de vous.
M. le Président, et à nos amis de la tribune de la presse,
je leur dois beaucoup, ils m'ont beaucoup aidé dans ma vie. Ils ont
rarement été méchants, tellement rarement et si peu! Il
n'y a pas de doute qu'ils ont une responsabilité considérable
lorsqu'ils ont à rapporter au public les débats de la Chambre. Si
le premier ministre a eu à se plaindre, à un moment donné,
hier, de certains rapports pas exacts, même aujourd'hui, je dois dire que
j'ai feuilleté, tantôt, certains quotidiens, et que c'est avec un
souci d'exactitude que les propos du premier ministre et les miens, au sujet du
bill 92, ont été rapportés dans les quotidiens
d'aujourd'hui.
Alors, Je tenais à souligner ce fait, parce que, de la même
façon qu'à un moment donné on peut se plaindre des
journalistes, je pense qu'à un autre moment il faut rendre à
César ce qui appartient à César ou, comme feu mon
père le disait: II faut rendre à César ce qui appartient
à Benjamin. Le Christ avait dit aux Juifs d'autrefois, quand ils avaient
payé le tribut à César: « II faut rendre à
César ce qui appartient à César », mais les Juifs
étaient tentés de dire: II faut rendre à César ce
qui appartient à Benjamin. C'étaient les impôts.
Aux pages, à tous ceux qui nous aident, qui nous assistent,
encore une fois, merci. Les membres de mon personnel j'en vois dans la
galerie je les remercierai en groupe, mais je tiens à dire
jusqu'à quel point ils m'ont été dévoués,
jusqu'à quel point ils m'ont aidé. C'est vrai que, comme le
disait hier le député de Drummond, je suis un tyran, mais, quand
même, je devais être un tyran un peu endurable.
Alors, à tous, mes voeux. Quand je reviendrai, je siégerai
pas loin d'ici, pas loin du tout.
M.BERTRAND: Dans le même parlement?
M. LESAGE: Ah oui, mais pas loin dans la même Chambre. Cela me
fera plaisir d'avoir une autre perspective. Cela fait déjà deux
que j'ai; alors, ça m'en donnera une troisième.
M. BERTRAND: Une troisième dimension!
M. LESAGE: Une troisième dimension. Je voudrais à tous,
mais plus particulièrement au premier ministre, offrir mes voeux, mes
sentiments d'amitié et lui demander de présenter, de la part de
nos épouses et de notre part, à la première dame du
Québec, nos hommages respectueux.
Alors, M. le Président, à vous, à tous ceux que
nous avons énumérés, le premier ministre et moi, à
leur famille, à vos familles, un joyeux Noël, une bonne et heureuse
année. On va vieillir un peu, mais, quand même, le temps des
Fêtes ou, comme on le dit dans la chanson, le temps du jour de l'An,
c'est agréable, c'est gai d'être avec les nôtres.
M. le Président Gérard Lebel
M. LE PRESIDENT: Même s'il est un peu tard, je pense qu'on
m'accorderait une minute, parce que je n'ai pas abusé du droit de parole
cette année. Je voudrais remercier très sincèrement et
avec émotion tous les collègues de la Chambre, les chefs en
tête, les leaders parlementaires, tous les collègues, enfin les
fonction-
naires ayant à leur tête le secrétaire de
l'Assemblée nationale et ses adjoints, tout mon personnel en or, et
comme je n'ai pas l'habitude de parler, je pense qu'on aura sûrement
compris mon message, et je vous remercie»
M. BERTRAND: On va aller de l'autre côté, M. le
Président. Oui, nous allons nous y rendre pour la sanction et nous
reviendrons, et je..,
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux, disons que nous
pourrons sonner les cloches...
M. LESAGE: Ce serait mieux. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PAUL: M. le Président, il y a une coutume qui est nouvelle
cette année; comme nous n'avons plus de Conseil législatif, il y
aurait lieu d'adopter une motion pour que ce soit la volonté, le
désir de l'honorable lieutenant-gouverneur de la province de
Québec que cette Législature soit prorogée sine die, et
cette Législature est en conséquence prorogée sine
die.
Alors, nous pourrions adopter dès maintenant cette
motion-là, pour qu'elle soit inscrite...
M. BERTRAND: Sanctionnée.
M. CARDINAL: Si vous voulez un ancien membre du Conseil
législatif pour l'appuyer...
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Sanction de lois
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai l'honneur d'informer la Chambre
qu'aujourd'hui, vers 13 h 45, au cabinet du lieutenant-gouverneur, en
présence du président de l'Assemblée nationale, du premier
ministre, du chef de l'Opposition et du secrétaire de la chancellerie,
il a plu à l'honorable lieutenant-gouverneur de sanctionner les lois
suivantes: 75, 76, 77, 81, 86, 90, 91, 92, 93, 249, 285 et 287. En attendant la
venue de Son Excellence le lieutenant -gouverneur, nous pourrions
peut-être suspendre.
La Chambre est suspendue à loisir, et nous sonnerons de nouveau
les cloches.
Discours de prorogation
M. LE LIEUTENANT-GOUVERNEUR: Madame et messieurs de l'Assemblée
nationale,
En prorogeant la quatrième session de la 28e Législature,
je tiens à vous remercier du travail que vous avez accompli pour le
bénéfice de tous vos concitoyens.
Sauf pendant les vacances estivales, vous avez été presque
continuellement à la tâche depuis le 25 février. Nos
sessions tendent maintenant à se prolonger pendant l'année
entière, ce qui reflète l'importance croissante des affaires de
l'Etat québécois.
L'Assemblée nationale est sans doute le plus précieux de
nos instruments collectifs. Il est bon qu'elle soit constamment au service de
la communauté humaine dont elle est, pour toutes les matières qui
sont de son ressort exclusif, la plus haute expression politique.
Par ailleurs, vous avez mis à l'épreuve, au cours de cette
session, de nouvelles règles de procédure et de nouvelles
méthodes de travail qui vous ont permis d'accélérer la
marche de vos travaux et d'atteindre un plus haut degré
d'efficacité sans amoindrir pour autant les droits des élus du
peuple. Vous avez ainsi contribué à rendre plus fonctionnel notre
appareil législatif et à maintenir le Québec à
l'avant-garde dans le domaine de la réforme parlementaire.
Madame et messieurs de l'Assemblée nationale, je vous souhaite un
joyeux Noël et une bonne et heureuse année. Que Dieu bénisse
le Québec et tous ceux qui l'habitent!
Madam and Gentlemen of the National Assembly,
In proroguing the fourth session of the 28th Legislature, I must express
my thanks for the work which you have accomplished for the benefit of all your
fellow citizens.
Except during the summer holidays, you have been attending to your
duties almost continually since the 25th of February. Our sessions now tend to
prolong themselves throughout the whole year, a fact which reflects the growing
importance of the affairs of the state of Quebec.
The National Assembly is undoubtedly the people's most valuable means of
action. It is proper that the Assembly be constantly at the service of the
population, whose foremost political voice it is in all matters under its
exclusive jurisdiction.
During this session, moreover, you have tested new rules of procedure
and methods of work; these enabled you to perform your duties more quickly and
to attain a higher degree of efficiency, without in any way diminishing the
rights of the people's elected representatives.
In this way you helped to render our legislative structure more
functional, and to assure
Quebec's continuing leadership in the field of parliamentary reform.
Madam and Gentlemen of the National Assembly, I wish you a Merry
Christmas and a
Happy New Year. May Gold bless Québec and all who live here !
(Fin de la séance: 13 h 59)
DEPUTES DE L'ASSEMBLEE NATIONALE
District-électoral
Nom
Profession
Affiliation politique
Abitibi-Est Lucien Cliche Avocat Lib.
Abitibi-Ouest Alcide Courcy Agronome Lib.
Ahuntsic Jean-Paul Lefebvre Administrateur scolaire Lib.
Argenteuil Zoël Saindon Médecin Lib.
Arthabaska Roch Gardner Professeur U.N.
Bagot Jean-Guy Cardinal Notaire U.N.
Beauce Paul-E. Allard Agent U.N.
Beauharnois Gérard Cadieux Commerçant Lib.
Bellechasse Gabriel Loubier Avocat U.N.
Berthier Guy Gauthier Médecin U.N.
Bonaventure Gérard-D. Levesque Avocat et homme d'affaires
Lib.
Bourassa Georges E. Tremblay Marchand industriel Lib.
Bourget Paul-Emile Sauvageau Homme d'affaires U.N.
Brome Glendon-Pettes Brown Cultivateur Lib.
Chambly Pierre Laporte Avocat et journaliste Lib.
Champlain Maurice Bellemare Serre-freins U.N.
Charlevoix Raymond Mailloux Homme d'affaires Lib.
Châteauguay George Kennedy Comptable agréé Lib.
Chauveau François-Eugène Mathieu Comptable
agréé U.N.
Chicoutimi Jean-Noël Tremblay Professeur U.N.
Compton Claude-G. Gosselin Commerçant U.N.
District électoral
Nom
Profession
Affiliation politique
D'Arcy-McGee Victor-C. Goldbloom Médecin Lib.
Deux-Montagnes Gaston Binette Notaire Lib.
Dorchester Paul-Henri Picard Assureur-vie U.N.
Dorion Mario Beaulieu Notaire U.N.
Drummond Bernard Pinard Avocat Lib.
Dubuc Roch Boivin Médecin U.N.
Duplessis Henri-L. Coiteux Ingénieur forestier Lib.
Fabre Gilles Houde Directeur d'éducation Lib. physique
Frontenac Fernand Grenier Professeur U.N.
Gaspé-Nord François Gagnon Gérant U.N.
Gaspé-Sud J.-Arthur-Guy Fortier Médecin chirurgien
Lib.
Gatineau Roy Fournier Avocat Lib.
Gouin Yves Michaud Journaliste L.-IND.
Hull Oswald Parent Administrateur professionnel Lib.
Huntingdon Kenneth Fraser Cultivateur Lib.
Iberville Alfred Croisetière Expéditeur U.N.
Iles-de-la-Madeleine Louis-Philippe Lacroix Comptable Lib.
Jacques-Cartier Noël St-Germain Optométriste Lib.
Jeanne-Mance Aimé Brisson Comptable agréé Lib.
Jean-Talon Henri Beaupré Avocat Lib.
Joliette Pierre Roy Assureur-vie U.N.
Jonquière Gérald Harvey Comptable Lib.
Kamouraska Adélard D'Anjou Industriel U.N.
Labelle Fernand Lafontaine Ingénieur U.N.
Lac St-Jean J.-Léonce Desmeules Entrepreneur U.N.
Lafontaine Jean-Paul Beaudry Industriel U.N.
L'Assomption Robert Lussier Médecin U.N.
Laurier René Lévesque Journaliste Ind.
Laval (siège vacant depuis le 24 octobre 1969)
Laviolette André Leduc Négociant en gros U.N.
Lévis Jean-Marie Morin Professeur U.N.
Limoilou Armand Maltais Avocat U.N.
L'Islet Fernand Lizotte Médecin U.N.
Lotbinière René Bernatchez Agronome U.N.
Louis-Hébert Jean Lesage Avocat Lib.
Maisonneuve André Léveillé Secrétaire
exécutif U.N.
Marguerite-Bourgeoys Claire Kirkland-Casgrain Avocate Lib.
Maskinongé Rémi Paul Avocat U.N.
Matane Jean Bienvenue Avocat Lib.
Matapédia Bona Arsenault Journaliste et homme Lib. d'affaires
Mégantic Marc Bergeron Avocat U.N.
Mercier Robert Bourassa Avocat et économiste Lib.
Missisquoi Jean-Jacques Bertrand Avocat U.N.
Montcalm Marcel Masse Professeur U.N.
Montmagny Jean-Paul Cloutier Comptable U.N.
Montmorency Gaston Tremblay Médecin Ind.
Napierville-Laprairie Laurier Baillargeon Industriel Lib.
Nicolet Clément Vincent Cultivateur U.N.
N.-D.-de-Grâce William Tetley Avocat Lib.
Olier Fernand Picard Industriel Lib.
Outremont Jérôme Choquette Avocat Lib.
Papineau Roland Théorêt Notaire U.N.
Pontiac Raymond Johnston Marchand U.N.
Portneuf Marcel-R. Plamondon Courtier d'assurance agréé
U.N.
Richelieu Maurice Martel Pharmacien U.N.
Richmond J.-Emilien Lafrance Agent d'immeubles Lib.
Rimouski Maurice Tessier Avocat Lib.
Rivière-du-Loup Gérard Lebel Avocat U.N.
District électoral
Nom
Profession
Affiliation politique
Robert Baldwin Arthur-E. Séguin Entraîneur Lib.
Roberval J.-Georges Tremblay Garagiste U.N. dit Gauthier
Rouville Paul-Yvon Hamel Agent d'affaires U.N.
Rouyn-Noranda P.-Antonio Flamand Professeur IND.
Saguenay Pierre Maltais Avocat Lib.
Sainte-Anne Francis dit Frank Hanley Agent Ind .
Sainte-Marie Jean-Jacques Crôteau Avocat U.N.
Saint-Henri Carmine dit Camille Martellani Entrepreneur
spécialisé U.N.
Saint-Hyacinthe Denis Bousquet Professeur U.N.
Saint-Jacques Jean Cournoyer Avocat U.N.
Saint-Jean Jérôme Proulx Professeur IND.
Saint-Laurent Léo Pearson Instituteur Lib.
Saint-Louis Harry Blank Avocat Lib.
Saint-Maurice Philippe Deniers Vétérinaire U.N.
Saint-Sauveur Francis Boudreau Comptable U.N.
Shefford Armand Russell Industriel U.N.
Sherbrooke Renald dit Raynald Fréchette Avocat U.N.
Stanstead Georges Vaillancourt Commerçant Lib.
Taillon Guy Leduc Publicitaire Lib.
Témiscamingue Gilbert Théberge Chirurgien dentiste
Lib.
Témiscouata Montcalm Simard Industriel U.N.
Terrebonne Hubert Murray Ingénieur conseil U.N.
Trois-Rivières Gilles Gauthier Avocat U.N.
Vaudreuil-Soulanges F.-Edouard Belliveau Notaire U.N.
Verchères Guy LeChasseur Avocat Lib.
Verdun Claude Wagner Avocat Lib.
Westmount J.-Richard Hyde Avocat Lib.
Wolfe J.-Benoît-René Lavoie Agent d'affaires U.N.
Yamaska Paul Shooner Marchand U.N.
Lib. Libéral
U.N. Union Nationale
Ind.Indépendant