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(Seize heures trois minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
M. PAUL: M. le Président, qu'il me soit permis de faire motion
pour que le nom de M. Roy soit substitué à celui de M. Bertrand
comme membre de la commission des Richesses naturelles.
M. BERTRAND: C'est parce que ce soir, M. le Président, si vous
devez continuer à siéger, j'ai accepté un engagement,
celui d'assister à un dîner régimentaire. Je devrai y
être présent.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. BERTRAND: C'est pour la séance de tantôt et celle de ce
soir, mais j'irai quand même, tantôt, durant quelques minutes.
Sanction de lois
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur d'informer la Chambre que, le vendredi
12 décembre 1969, à quatre heures trente minutes de
l'après-midi, au cabinet du lieutenant-gouverneur, en présence du
président de l'Assemblée nationale, du premier ministre, du chef
de l'Opposition et du secrétaire de la Chancellerie, il a plu à
l'honorable lieutenant-gouverneur de sanctionner les lois suivantes: 10, 26,
71, 72, 74, 78, 79, 80, 82, 83, 84, 85, 87, 88, 89, 94, 95, 96, 104 et 237.
M. LESAGE: Nous est-il permis de féliciter la présidence
de son sens de l'expédition des affaires?
M. LE PRESIDENT:
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. BERTRAND: A.
Bill 90
Loi concernant la fusion de la ville de Québec
et de ville Les Saules
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la première lecture de la Loi concernant la fusion de la ville de
Québec et de ville Les Saules. L'honorable ministre des Affaires
municipales.
M. LUSSIER: M. le Président, avec votre permission, je
déposerai un projet de loi qui contient trois articles. Ce projet de loi
ratifie les règlements de fusion adoptés par les deux villes
respectives: Québec et Les Saules.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LESAGE: Si je comprends bien, la seule raison qui nécessite
l'adoption d'un tel projet de loi est que les deux villes ne sont pas
conti-guê's. Autrement, les deux villes auraient pu procéder
à l'adoption d'un règlement et à la fusion volontaire,
sans avoir à demander l'approbation de la Législature.
M. BERTRAND; C'est cela.
M. LUSSIER: M. le Président, c'est exact.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: M. le Président, il y a, en appendice, une loi
concernant les caisses d'établissement, au nom de M. Maltais. On
pourrait peut-être en appeler la première lecture.
M. LESAGE: Si le projet de loi est imprimé, il y aurait avantage
à le faire.
M. BERTRAND: Oui, il est imprimé.
Bill 91 Loi concernant les caisses
d'établissement
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières propose la première
lecture de la Loi concernant les caisses d'établissement.
L'honorable ministre des Institutions financières.
M. MALTAIS (Limoilou): II s'agit d'un projet de loi qui aurait pour but
de régulariser une situation qui existe actuellement. Les caisses
d'établissement avaient été d'abord créées
en vertu de la Loi des syndicats coopératifs. Donc, pour toutes fins
économiques.
Or, depuis qu'elles sont encadrées dans la Loi des caisses
d'épargne et de crédit et depuis la Loi du courtage immobilier,
elles ne peuvent opérer, en matière de courtage immobilier, que
relativement à l'établissement de cultivateurs. Or, depuis un
certain nombre d'années, nous savons que leur champ d'activité
s'est élargi assez considérablement, a dépassé ces
cadres des cultivateurs pour rendre service aux fils de cultivateurs qui
allaient s'établir à proximité, dans le même
district que la caisse et également aux gens qui travaillaient dans les
environs, qui étaient mêlés à l'économie
locale, de sorte que, dans Chicoutimi par exemple, il y a une caisse qui, sur
8,000 membres, a seulement 2,000 de ses membres qui sont de vrais cultivateurs.
Alors, en vertu de la loi qui les régit actuellement, les caisses
d'épargne et de crédit d'établissement ne peuvent pas
établir des fils de cultivateurs qui ont délaissé la terre
ou enfin des fils de bûcherons, et des bûcherons même,
à cause de la loi. Il s'agit de donner une extension à la loi, de
permettre aux caisses d'établissement d'agir en vertu de la Loi du
courtage immobilier et de s'en prévaloir.
C'est une disposition transitoire jusqu'à ce qu'une loi vienne
pour tenter de trouver une façon d'opérer peut-être plus
régulière à l'intérieur de cadres plus normaux pour
ces institutions.
M. LESAGE: Est-ce que l'Association des courtiers en immeuble de la
province de Québec a été mise au courant du projet de loi
et, dans l'affirmative, quelle a été la réaction?
M. MALTAIS (Limoilou): Je ne pourrais répondre à cette
question très précise, et je ne voudrais non plus anticiper
sur... Je sais que des représentations ont été faites, je
ne pourrais dire ici qu'elles ont été faites au nom et engageant
l'Association des courtiers en immeubles, mais des représentations ont
été faites sur le plan individuel sûrement auprès du
surintendant du courtage immobilier et qui est parfaitement au courant
lui-même de cette loi qui s'en vient.
A ce niveau-là, au niveau du surintendant en courtage immobilier,
il y a eu des pourparlers. Je ne voudrais pas m'engager plus avant, parce que
la question est très précise et, à ce moment-ci, je ne
puis répondre par un oui catégorique.
M. LESAGE: J'ai posé la question sans avoir été mis
au courant par qui que ce soit, il est évident que l'on veut
reconnaître comme courtiers en immeubles ces caisses
d'établissement. J'ai vu le projet de loi parce qu'à la demande
du premier ministre, un légiste m'a fait parvenir une épreuve. Je
l'ai lu, et je me suis demandé si les courtiers en immeubles n'auraient
pas d'objections et s'il n'y aurait pas lieu de les entendre. C'est pour
ça que j'ai posé la question à ce moment-ci.
M. MALTAIS (Limoilou): Je remercie le chef de l'Opposition. C'est une
question qui est très opportune, et je vais communiquer
immédiatement avec les personnes responsables pour obtenir une
réponse que je pourrai transmettre tout à l'heure au chef de
l'Opposition.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on pourrait également appeler en
première lecture le projet de loi des chiropraticiens?
M. LESAGE: Il n'y a pas tellement de différence avec le projet de
loi no 10 de mars 1966.
M. BERTRAND: Je donnerai la note explicative.
M. LESAGE: Il n'y en a pas beaucoup, sauf un droit d'appel.
Bill 286 Loi des chiropraticiens
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, au nom de l'honorable
ministre de la Santé, propose la Loi des chiropratlciens.
M. BERTRAND: La note explicative dit
textuellement ceci: Ce projet propose une législation
fondée sur les recommandations de la commission royale d'enquête
sur la chiropraxie et l'ostéopathie. Vous voyez que ce n'est pas
compliqué.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance ou à une séance subséquente.
Questions et réponses
Le Repos du Vieillard
M. LESAGE : Vendredi, j'avais posé une question au ministre de la
Santé. Il n'était pas à son siège, et j'avais
demandé que l'on considère ma question comme avis de question.
C'était au sujet de l'incendie du foyer Le repos du vieillard; à
Notre-Dame-du-Lac, et ma question était basée sur la copie d'une
lettre adressée au ministre de la Santé par M. Lepage de la CSN
à Rimouski, le 9 décembre 1969.
Le ministre de la Santé n'est pas à son siège, mais
les journaux de fin de semaine ont apporté un élément
nouveau. J'ai dit vendredi que ce qui était allégué dans
la lettre de la CSN était de nature à nous troubler. Disons que
les nouvelles qui ont été rapportées par l'hebdomadaire
Québec-Presse et qui sont rapportées dans au moins un quotidien
de ce matin seraient inquiétantes si elles étaient
fondées. Je n'ai pas l'intention de répéter ce qu'on
allègue dans cet article que plusieurs députés ont sans
doute lu, mais il semble qu'il y aurait eu parmi les employés de M.
Tardif, du foyer le Repos du vieillard, un employé non
rémunéré qui était logé, qui faisait de
menus travaux et qui aurait déjà été
condamné pour incendiat.
M. BERTRAND: J'ai vu ça dans le journal, moi aussi.
M. LESAGE: Oui. Disons que cela m'inquiète. J'aimerais bien
qu'enquête soit faite. Si l'on met ensemble tous les renseignements qui
semblent nous provenir de diverses sources, c'est un peu inquiétant.
C'est clair que je ne puis pas me porter garant de la véracité
des faits. Comme ceux qui sont en cette Chambre, je n'ai pu que lire ce qu'on a
allégué. Mais je pense que le ministère de la Justice ou
le ministère de la Santé sont bien placés pour
vérifier ces faits.
M. PAUL: Effectivement, M. le Président, depuis quelques jours
ces faits ont été portés à ma connaissance et
déjà l'enquête est en cours aux fins de vérifier cet
article qui a paru dans Québec-Presse et qui a été
commenté par le journal Le Devoir de ce matin, à la page trois.
Rien n'est négligé, M. le Président, pour contrôler
toutes ces déclarations. Mais disons qu'au point de départ, nous
avons affaires à un minus habens ce qui peut compliquer quelque
peu sa déclaration ou ses déclarations mai sl'enquête
est menée avec beaucoup de rapidité dans ce cas aux fins de
découvrir le bien fondé, s'il y a lieu, de cette rumeur qui peut
laisser planer toutes sortes de doutes au sujet du malheureux incendie de la
maison des vieillards.
M. LESAGE: M. le Président, il a dû être assez facile
aux fonctionnaires du ministère de la Justice de vérifier au
moins un point, c'est: Est-ce que l'individu en question logeait bien au Repos
du vieillard et, deuxièmement, est-ce qu'en fait il avait un dossier
d'incendiat?
M. PAUL: M. le Président, beaucoup de détails ont
été contrôlés, mais je crois que, tant et aussi
longtemps que l'enquête n'aura pas été
complétée, et je suis sûV que les honorables
députés conviendront qu'il est nécessaire de garder un
certain silence sur certains aspects du problème jusqu'à ce que
l'enquête soit complétée, et nous espérons qu'elle
le sera très rapidement.
M. LESAGE: Est-ce qu'une enquète du coroner doit avoir lieu?
M. PAUL: Oui. Indépendamment de cela, il y a une enquête
qui est menée par le ministère de la Justice, par des agents de
la Sûreté du Québec.
M. LESAGE: II y a une enquête par le ministère de la
Justice, il y a une enquête par le ministère de la Santé
ou le ministère de la Famille et du Bien-Etre, je ne sais pas
lequel des deux il y a une enquête par le commissaire des
incendies, je suppose?
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: II doit y avoir une enquête du coroner
également?
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LESAGE: Est-ce qu'on doit procéder bientôt et rapidement
à l'enquête du coroner?
M. PAUL: Disons que je n'ai pas vérifié, M. le
Président, l'enquête du coroner; je dois aller aux informations
pour donner une réponse dès demain.
M. LESAGE: S'il y avait moyen d'avoir demain la réponse la plus
complète possible. On peut s'imaginer que des nouvelles comme
celles-là ne sont pas de nature à apaiser les craintes de ceux
qui ont des parents dans des institutions comme celles-là. Je pense
qu'il est du devoir du gouvernement je vous le dis en tout respect, M.
le Président de tenter de poser des gestes de nature à
effacer ou à faire disparaît tre les craintes bien
compréhensibles de ceux qui ont des êtres chers dans des
institutions du genre de celle du Repos du vieillard.
Grève à la compagnie Daly à
Morin
M. BERTRAND: M. le Président, le député de
Jacques-Cartier m'avait posé une question au sujet de Daly à
Morin. Je devais aujourd'hui, à la suite de renseignements qui m'ont
été fournis par le ministère du Travail, donner une
réponse, mais je préfère attendre à demain,
étant donné que le ministre du Travail a communiqué
aujourd'hui avec M. Daly et qu'il doit avoir d'autres nouvelles,
peut-être demain matin. Je préfère retarder à demain
la réponse que je devais fournir au député de
Jacques-Cartier.
Enseignants de La Motte
M. CARDINAL: M. le Président, si vous permettez, vendredi
dernier, le chef de l'Opposition a eu la gentilhommerie et la courtoisie de me
donner avis d'une question en me donnant copie d'un télégramme.
J'ai vérifié de nouveau à mon cabinet et en aucun moment
je n'ai reçu de télégramme, ni des enseignants, ni de la
commission scolaire de La Motte. Je ne sais pas si c'est une extension de la
circonscription de Louis-Hébert, mais de toute façon...
M. LESAGE : Une agence de perception.
M. CARDINAL: ... j'ai eu une réponse. Devant cet avis que m'a
donné le chef de l'Opposition, je suis revenu au ministère, et la
commission scolaire locale de La Motte recevait ce matin un
télégramme de la Direction générale du financement
du ministère de l'Education l'informant que des subventions
d'équilibre budgétaire et de transport lui seront versées,
dans les jours qui vont suivre, pour un montant totalisant $19,885.
J'ai même, dans ce télégramme, fait indiquer que si
entre-temps la commission scolaire rencontrait des difficultés
financières, la direction générale du financement du
ministère lui offrirait son aide afin de lui faciliter des arrangements
avec la banque locale.
On me permettra, M. le Président, étant donné la
façon dont cette question a été posée, de souligner
les points suivants: Lorsque j'ai rencontré plus de 1,500
représentants des commissions locales et régionales à leur
congrès récent, je les ai entretenus pendant un temps assez long
et j'ai signifié que nos relations, c'est-à-dire celles des
commissaires, du ministère et du ministre devraient être des
relations de partenaires et qu'on devrait autant que possible éviter ce
qui pourrait paraître des pressions qui peuvent ou qui pourraient
être interprétées comme étant des pressions de
nature politique.
Je n'accuse évidemment personne dans ce cas. Je voudrais
simplement rappeler aux commissions scolaires que, lorsqu'elles sont dans des
situations semblables, je m'attends à ce qu'elles communiquent le plus
rapidement possible avec mon cabinet, même de façon à ce
que nous puissions agir rapidement. Cette fois-ci, nous avons eu la
collaboration immédiate du chef de l'Opposition pour nous informer de
cette situation. Il n'y a certainement pas de blâme dans le commentaire
que je fais. Cest encore une invitation de plus aux commissions scolaires
à agir comme partenaires et non pas comme groupes de pression
vis-à-vis du ministère de l'Education qui est au service du
public, au service des commissions scolaires, au service de toute sa
clientèle.
M. LESAGE: M. le Président, il y en a qui pourraient conclure des
remarques du ministre que c'est la commission scolaire de La Motte qui avait
fait des pressions sur le chef de l'Opposition pour qu'il soulève la
question en Chambre. Je voudrais qu'il soit bien compris que c'est
l'Association des enseignants du Nord-Ouest québécois qui a
communiqué avec moi et non pas la commission scolaire. Au contraire,
l'association soulignait le fait que le président de la commission
scolaire de La Motte est le vice-président de la
fédération des commissions scolaires du Québec.
C'était loin d'être une pression par une commission scolaire;
c'était un blâme indirect contre une commission scolaire.
M. CARDINAL: M. le Président, raison de plus pour ce que je viens
de dire, vu qu'on s'adresse à ce niveau.
M. LESAGE: D'accord.
Route reliant le parc Forillon aux Etats-Unis
M. MASSE: II y a quelque temps, le député de
Gaspé-Sud m'adressait une question au sujet de l'information qui aurait
été transmise par des représentants du gouvernement du
Canada concernant une contribution de plusieurs millions pour la construction
d'une route, en Gaspésie, reliant le parc Forillon à la
frontière des Etats-Unis.
Concernant cette question, je dois informer la Chambre et ainsi
répondre au député de Gaspé-Sud que les
responsables de l'Office d'aménagement de l'Est du Québec n'ont
jamais été officiellement informés de cette offre qu'un
ministre du gouvernement canadien aurait faite dans le territoire. Nous
aimerions bien recevoir, de la part des représentants du gouvernement du
Canada, de plus amples informations concernant cette affaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Deux-Montagnes.
Aéroport international
M. BINETTE: M. le Président, vers la fin de novembre ou au
début de décembre, le Conseil économique régional
des Laurentides faisait parvenir au premier ministre une résolution
concernant l'aéroport international. Si vous me le permettez, pour
rafraîchir la mémoire du premier ministre, je ne lirai que la
conclusion. J'ai passé les huit considérants.
On concluait, dans cette résolution, à ceci: « Nous
demandons instamment que le gouvernement du Québec accepte
officiellement, publiquement et sans autre délai, le choix
définitif de Sainte-Scholastique pour l'aéroport International de
Montréal. »
Le premier ministre a-t-il reçu cette résolution?
Qu'a-t-il répondu au Conseil économique régional des
Laurentides?
M. BERTRAND: II faudrait que je vérifie, M. le
Président.
M. BINETTE: M. le Président, le premier ministre serait-il assez
bon, vu qu'il s'agit de documents publics, s'il a répondu, de
déposer devant l'Assemblée nationale une copie de la lettre qu'il
a envoyée au Conseil économique régional?
M. BERTRAND: Ce qui se produit très souvent là-dedans,
c'est que le secrétaire exécutif a pu accuser réception du
mémoire, disant qu'il était porté à ma
connaissance.
M. BINETTE: M. le Président, le ministre des Affaires municipales
a-t-il l'intention de faire siéger incessamment la commission des
Affaires municipales sur le problème de l'aéroport
international?
M. LUSSIER: M. le Président, la réponse a
été donnée à maintes reprises et l'honorable
député de Deux-Montagnes pourra vérifier dans le journal
des Débats.
M. BINETTE: M. le Président, je considère que le ministre
des Affaires municipales prend l'affaire trop légèrement et qu'il
s'agit d'une question...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BINETTE: M. le Président, le ministre des Affaires municipales
pourrait-il nous dire si les officiers de son ministère ont eu des
rencontres avec les officiers du ministère des Transports et des
Communications fédéral concernant l'aéroport
international?
M. LUSSIER: M. le Président, il faudrait que l'honorable
député précise sa question.
M. BINETTE: Le ministre sait-il ce qui se passe dans son
ministère?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BINETTE: Le ministre pourrait-il dire si ses officiers ou les membres
du Bureau d'aménagement ont eu des rencontres avec les officiers
supérieurs du ministère des Transports et Communications
fédéral concernant l'aéroport international? C'est
simple!
M. LUSSIER: M. le Président, cette question n'est pas assez
précise; elle est trop vague pour que je puisse y répondre.
M. BINETTE: M. le Président, le ministre s'intéresse-t-il
à cette question?
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâces.
Déclaration de M. Masse en Louisiane
M. TETLEY: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre délégué à la Fonction
publique. C'est au sujet d'une déclaration qu'il a faite en Louisiane
récemment. Je cite
le Journal La Presse de Montréal d'aujourd'hui: « M. Marcel
Masse a déclaré samedi que le Québec a les ressources
humaines nécessaires pour aider la Louisiane à mettre en vigueur
un programme destiné à faire revivre la langue française.
Nous avons les experts, nous avons les professeurs, nous avons les techniciens,
a déclaré M. Masse. »
Ma question est la suivante: Si nous avons les professeurs, pourquoi ne
pas les envoyer aux écoles protestantes anglophones de la province de
Québec, surtout à Montréal?
M. MASSE: M. le Président, nous n'avons pas d'objection.
M. TETLEY: M. le Président, J'accepte avec très grand
plaisir la réponse du ministre, parce que cela fait longtemps que le
peuple anglophone...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TETLEY: Je ne parle pas du Protestant School Board of Greater
Montreal; je suis cent pour cent d'accord avec le premier ministre. Voici une
belle occasion. Je suis très content de sa réponse, si le
ministre a des professeurs.
M.BERTRAND: Trois.
Bill 75 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur la motion de l'honorable
ministre des Affaires municipales proposant la deuxième lecture du
projet de loi no 75.
L'honorable député de Jacques-Cartier.
M. BERTRAND: M. le Président, auparavant, la commission des
Richesses naturelles doit continuer à entendre les commissaires à
la Chambre 81-A. Demain matin, également, il y aura les comités
des bills publics et privés pour l'étude de deux projets de loi
à dix heures.
M. PAUL: M. le Président, comme il est probable que cette
commission n'a pas reçu l'autorisation de siéger pendant que la
Chambre siège, je crois qu'il serait nécessaire que le
consentement unanime soit donné.
M. BERTRAND: Merci, nous serons dans l'ordre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Jacques-Cartier.
M. Noël Saint-Germain
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, en 1954 la commission Paquet
étudiait depuis deux ans le problème métropolitain de
l'île de Montréal. Cette étude a amené le
décès de la commission métropolitaine et la
création, en 1959, de la Corporation du Montréal
métropolitain que l'on veut maintenant enterrer par le bill 75 pour
créer, une troisième fois, un organisme métropolitain dont
on peut présager le décès I plus ou moins brève
échéance.
Au fond, le bill 75 s'attaque aux problèmes déjà
étudiés par la commission Paquet, avec une phraséologie
modifiée, mais avec les mêmes vices de forme et de
modalités d'application.
Pourquoi, M. le Président, ces études n'ont-elles pas
apporté la création d'organismes capables de résoudre
globalement, et d'une façon stable, les problèmes de
coopération intermunicipale? Eh bien, c'est que les résultats de
ces études, comme le bill 75 d'ailleurs, ont tous souffert de la
même carence et du même vice. Cette carence et ce vice communs, M.
le Président, c'est que Montréal, doté de services
municipaux dont l'administration est énorme, souvent inefficace et
toujours difficilement contrôlable, a trop souvent vécu, en plus,
au-delà de ses moyens, criant constamment famine et voyant surtout, dans
des législations comme le bill 75, le moyen et l'occasion de refiler aux
banlieues le renflouement de ses coffres vides.
Montréal a toujours affirmé et affirme encore qu'elle est
en mesure de rendre les services municipaux plus efficaces pour les banlieues
que les banlieusards ne peuvent le faire pour eux-mêmes. Affirmation
gratuite à tous les points de vue, à quelques exceptions
près. On n'a jamais pu prouver ces « avancés » par
des études scientifiques, comptables et objectives. Parlons de
l'aqueduc, par exemple. Quelles sont les municipalités qui ne sont pas
alimentées en eau dans la région de Montréal? A-t-on
prouvé que l'administration de l'aqueduc coûtait moins cher par
citoyen à Montréal que dans les autres villes de la banlieue?
A notre connaissance, y a-t-il une menace de manque d'eau dans une
municipalité de la région montréalaise? Montréal
vend de l'eau à plusieurs municipalités, c'est vrai. Nous a-t-on
expliqué qu'elle la vendait à perte ou à profit?
On m'a révélé, de source compétente, que
l'eau coûtait $0.09 par 1,000 gallons à la cité de
Montréal et qu'elle la revendait à un prix moyen de $0.17, soit
un profit aussi intéressant que celui de la Régie des alcools du
Québec,
qui est une des bonnes sources de revenus du gouvernement provincial.
S'il y a des problèmes communs dans ce domaine, on aimerait bien les
analyser. Les études du bill ne nous ont fourni aucune précision
dans ce domaine. Aucun maire n'est venu se plaindre au comité de la
Chambre qu'il manquait d'eau chez lui et qu'il avait besoin du bill 75 pour
solutionner son problème d'eau. Pourquoi est-il si important
d'étudier ce problème, tout à fait hypothétique
d'ailleurs, avant les Fêtes? Il n'y a aucune urgence dans ce domaine en
ce moment.
Parlons d'un autre service municipal, soit le problème des
égouts. Il n'existe, à ma connaissance, aucun problème
urgent en ce domaine sur l'fle de Montréal. Si, demain, on avait une
pluie torrentielle, est-ce que les citoyens de l'fle risqueraient d'être
innondés par un manque d'égout? Pourquoi l'urgence de
régler ce problème tout à fait hypothétique, et
toujours avant Noël? Parlant du problème des eaux usées, je
sais pertinemment que la Régie des eaux étudie actuellement le
problème des eaux usées mais qu'elle hésite dans ses
recommandations parce qu'elle sait fort bien qu'il s'agit d'une
responsabilité provinciale, fédérale et même
internationale dans notre situation.
Par le bill 75, on veut apporter des éléments de solution
aux eaux usées. Très bien. Mais le lac Saint-Louis, par contre,
ne sera pas dépollué par le fait même, car les eaux
polluées du lac viennent en grande partie de la rivière
Outaouais, aussi bien polluée par la province de Québec que par
la province d'Ontario, et ces eaux nous viennent aussi des Grands Lacs,
pollués aussi bien par les Etats-Unis que par le Canada. Est-ce que la
province de Québec a des projets immédiats en collaboration avec
l'Ontario et avec les Etats-Unis par l'intermédiaire du gouvernement
canadien pour solutionner les problèmes des eaux en amont de
Montréal? La province a-t-elle des projets immédiats pour
solutionner les problèmes de la pollution des eaux en aval de
Montréal? Si on ne traite pas les eaux en amont et en aval de
Montréal, c'est peine perdue. Le problème de la pollution
s'étend à travers la province entière. C'est un
problème provincial.
Est-ce la politique du gouvernement de se décharger de ses
obligations en ce domaine et de faire porter sur le dos des contribuables
montréalais les frais de sa propre politique en ce domaine? Et si le
gouvernement ne montre que peu d'empressement à régler ce
problème de la pollution à la longueur du fleuve, pourquoi les
membres de cette Chambre doivent-ils résoudre ce problème par le
truchement du bill 75 concernant la région de Montréal, et ce
toujours avant No'e'l?
Si l'on parle du problème des policiers, est-ce que les maires de
banlieue se sont plaints que leurs citoyens manquaient de protection? Nous
ont-ils prouvé que le crime était plus florissant dans la
banlieue qu'à Montréal même? Il est curieux de constater
que les média d'information nous apprennent quotidiennement que les
crimes se commettent habituellement à Montréal et que la
pègre agit surtout dans les limites de la grande cité. Y a-t-il
eu un seul maire devant la commission de cette Chambre qui s'est
déclaré impuissant devant le crime et la pègre dans sa
municipalité? On dit que le corps policier de Montréal est le
plus efficace. C'est pourtant dans ses limites que le crime est le plus
florissant, et ce nonobstant le fait que Montréal a deux fois plus de
policiers que la banlieue. Ce fait nous est rapporté par le
comité des maires des municipalités de banlieue ey il n'a jamais
été démenti. Si l'on étendait la juridiction du
corps policier de Montréal à toute l'île, je me pose la
question: Est-ce que le crime et la pègre, circonscrits à la
ville de Montréal, ne déborderaient pas dans toute l'fle?
Ce sont des questions, M. le Président, qu'il faut
sérieusement se poser. Les événements du 7 octobre ont
laissé une population de 1,200,000 personnes sans protection. Tout le
monde se souvient des actes de vandalisme qui en ont résulté.
Veut-on voir la même situation arriver dans toute l'fle de
Montréal? A la suite de ces événements malheureux, quelle
autorité nous a donné la garantie qu'ils ne se
répéteraient pas? M. le Président, si Montréal est
dans une position désavantageuse au point de vue de sa
sécurité, pourquoi plonger dans la même situation l'fle
toute entière? Les citoyens de mon comté, eux, les connaissent
bien, leurs policiers. Ce sont de braves types, de bons pères de
famille. Ce sont les types qu'on salue dans la rue parce qu'on les
connaît personnellement. Nos policiers ont eu leurs moments difficiles.
Ils ont, eux aussi, reçu leurs coups bas, mais jamais les policiers,
chez nous, nous ont laissé tomber. Ils n'ont jamais laissé tomber
la population. Ils ont constamment fait face à leurs obligations. Si ce
sont là les avantages que le bill 75 veut apporter à la
population que je représente, n'êtes-vous pas de mon avis que je
doive les refuser?
Lorsque j'entends le ministre et monsieur le président de
l'exécutif dire que la fusion des corps policiers apportera un
surcroît de protection aux banlieues, ce sont des affirmations tout
à fait gratuites basées sur aucune observation et sur aucune
étude des faits. S'il y a des problèmes de coopération,
qu'on les résolve,
mais certainement pas de cette façon. Si Montréal fournit
aux coprs policiers des municipalités que je représente une
certaine aide, je suis assuré que les maires et les échevlns de
mon comté sont prêts à dédommager Montréal
pour la totalité de ces frais que cela pourrait représenter. Le
comble, M. le Président, c'est que tout cela doit se faire avant
Noël.
Je pourrais très bien continuer à argumenter de la sorte
sur chacun des services communautaires décrits par le bill 75. Le
ministre des Affaires municipales s'est évertué, dans le
passé, à démocratiser la Loi des cités et villes en
invoquant une participation plus large et plus directe du contribuable. Il a
permis, entre autres par des amendements à la Loi des cités et
villes, une procédure plus simple pour les citoyens en vue de leur
permettre de s'exprimer par référendum sur l'acceptation ou le
refus des règlements d'emprunt.
Le bill 75 fait fi de toutes ces politiques du ministre des Affaires
municipales. Comment peut-on comprendre la volte-face de la politique du
ministre des Affaires municipales qui, parle bill 75, refuse à une
population de 700,000 habitants le droit qu'elle a en vertu de la Loi des
cités et villes qui prévaut actuellement pour toutes les
cités et villes de la province de Québec? Le bill 75 permet
à la communauté urbaine de contracter des emprunts
jusqu'à, échéance de 50 ans sans la participation directe
du citoyen qui voit sa propriété hypothéquée
d'autant et sans qu'on ait à lui demander aucunement son avis.
C'est là, M. le Président, la mesure la plus
rétrograde et la plus antidémocratique qui aura jamais
été acceptée par cette Chambre envers les citoyens de
banlieue qui doivent répondre du remboursement de ces emprunts et qui
les garantissent par leur propriété. C'est par des amendements de
dernière minute qu'on oblige la Communauté urbaine de
Montréal à publier dans les deux langues les avis de
règlement, et c'est dans les deux langues que les citoyens de la
banlieue de Montréal apprendront qu'ils ont perdu leur droit d'exiger un
référendum sur tout règlement d'emprunt grevant leur
propriété. Ceci est une négation totale, de la part du
ministre des Affaires municipales, de toute la politique énoncée
depuis qu'il est en charge du ministère.
On cache, à mon avis, derrière ce bill, la plus belle
fumisterie dont ait été témoin cette Chambre. Pour ne pas
divulguer l'incapacité financière de la ville de Montréal
à honorer ses obligations et également pour cacher
l'incapacité financière du gouvernement à venir à
sa rescousse et à prendre ses responsabilités dans la
région de Montréal, on se sert du principe sacro- saint du
civisme des citoyens de la région de Montréal et du fait qu'ils
sont prêts à collaborer à la solution des problèmes
de la communauté pour leur imposer, sans étude suffisante, ce
bill qui fera naître un monstre administratif qui deviendra vite
incontrôlable et qui doublera je dis bien, M. le Président
les taxes municipales pour les gens de la banlieue en moins de cinq
ans.
Un grand nombre de problèmes intermunicipaux ont
déjà trouvé une solution adéquate par les
mécanismes déjà existants.
On pourrait résoudre encore d'autres problèmes si la
province voulait prendre ses responsabilités, car il y a
déjà en place des organismes qui peuvent résoudre la
plupart de nos problèmes municipaux. Pour énumérer ces
organismes, il y a la Régie des eaux, la Régie des services
publics, les cours municipales, la commission municipale, sans compter le
ministère de la Santé qui délègue trop souvent
à Montréal des responsabilités qui lui incombent, de
même que les autres ministères connexes. Pour résoudre les
problèmes résiduels, est-il vraiment nécessaire de
créer ce monstre administratif qui doublera je le
répète les taxes municipales de la région
métropolitaine, du moins, pour les banlieusards et qui, en peu
d'années, grèvera et hypothéquera pour des centaines de
millions de dollars les propriétés des résidents, sans que
ceux-ci aient un droit de vote ou un mot à dire dans tout ce qui
pourrait être emprunté. On pourrait résoudre ces
problèmes, simplement en modifiant la charte de la corporation de
Montréal métropolitain et en lui octroyant les pouvoirs
nécessaires.
Ce bill si important, qui contient presque 400 articles, on lui a
apporté, encore vendredi, au-delà de 100 modifications. Je
conclus, M. le Président, en disant que c'est une arme excessivement
dangereuse, si ce projet de loi est appliqué sans qu'on ait fait
l'Inventaire des services communautaires de l'Ile de Montréal et les
études appropriées et sans qu'on connaisse et qu'on étudie
profondément ses implications et ses modalités d'application.
Amendement
M. SAINT-GERMAIN: C'est la raison pour laquelle je propose,
appuyé par le député de Baldwin, que la motion en
discussion soit amendée en remplaçant tous les mots après
le mot « que » par les suivants: « La Chambre est d'avis que
le bill no 75, intitulé Loi de la communauté urbaine de
Montréal ne soit pas lu immédiatement parce que le gouvernement a
négligé de fournir les renseignements nécessaires
et, en particulier, les informations d'ordre financier qui permettraient
de juger des implications dudit bill. »
UNE VOIX: Est-ce que c'est adopté?
M. PAUL: M. le Président, je soumets respectueusement que cette
motion doit être rejetée en vertu des dispositions du paragraphe 2
de l'article 557 qui dit: « Cet amendement ne peut contenir
d'exposés de motifs. »
Tout ce que l'honorable député de Jacques-Cartier aurait
pu demander, c'est que ce projet de loi soit retardé pour son adoption
en deuxième lecture à trois ou six mois. Mais, lorsqu'il nous
arrive avec un texte tel que celui qui nous est soumis, je crois qu'il enfreint
dangeureuse-ment et d'une façon exclusive et de renvoi sa
propre motion en vertu des dispositions de l'article 557.
Je soumets respectueusement, M. le Président, que pour toutes ces
raisons cette motion devrait être rejetée, d'autant plus que le
gouvernement s'est rendu de bonne grâce à la demande de
l'Opposition. L'honorable ministre des Affaires municipales avait pensé
envoyer peut-être ce projet devant une commission ou la réunion
des maires, après la deuxième lecture. A la suite des demandes
qui ont été faites par l'Opposition, l'honorable ministre des
Affaires municipales a consenti à ce que ce projet de loi soit
déféré à la commission des Affaires municipales
où on a eu deux complètes séances d'information.
Je crois, M. le Président, que les informations que désire
obtenir le député de Jacques-Cartier, il pourra sûrement
les obtenir lorsque l'étude de ce projet de loi sera faite en
comité plénier. Pour ce qui est des implications dudit bill, je
crois que ceux qui ont suivi avec intérêt et assiduité
toutes les séances de la commission des Affaires municipales ont pu se
rendre compte de quelle façon le gouvernement a l'intention de
procéder pour l'adoption de cette loi. Je soumets respectueusement que
pour toutes ces raisons la motion de l'honorable député de
Jacques-Cartier devrait être rejetée.
M. HYDE: M. le Président, pour répondre,
premièrement, aux derniers propos du leader du gouvernement,
c'était précisément l'argumentation du
député de Jacques-Cartier, en présentant sa motion, que
même avec les deux jours de séance que nous avons eus devant la
commission des Affaires municipales, tout ce qui est sorti de ces
réunions, c'était exactement le manque total d'information de la
part des maires et des organismes intéressés au projet de
loi.
Tous se sont plaints qu'ils n'avaient pas eu le temps de se
préparer, de demander qu'on leur fournisse les chiffres
nécessaires. Même le ministre des Affaires municipales conviendra
que devant la commission elle-même on parlait de cinq différentes
séries de chiffres. Personne n'était capable d'arriver à
un consensus sur les chiffres que l'on devait utiliser.
Le ministre avait une série de chiffres; la ville de
Montréal avait une série de chiffres; on avait d'autres chiffres
officiels publiés par le ministère des Affaires municipales et
différentes municipalités avaient d'autres séries de
chiffres. Ce n'étaient pas du tout les mêmes chiffres, M. le
Président.
C'est précisément le but de la motion du
député de Jacques-Cartier d'obtenir ces informations avant que
l'on puisse étudier intelligemment un bill qui comporte de telles
complications.
En ce qui concerne le règlement lui-même, le leader de la
Chambre a cité l'article 557, paragraphe 2, évidemment: «
Cet amendement ne peut contenir d'exposé de motifs ». Mais ce
n'est pas en vertu de l'article 557 que la motion d'amendement est faite. Ce
n'est pas en vertu de l'article 557 que la motion d'amendement est faite, c'est
en vertu de l'article 558 que vous connaissez très bien vous-mêmes
et que le ministre de la Justice connaît très bien aussi parce
qu'il a rendu des décisions là-dessus. Je pourrais vous
référer aux journaux de 1967, à la page 766, où le
ministre de la Justice, à ce moment-là président de la
Chambre, avait accepté le principe d'une motion rédigée en
ce sens.
Aussi récemment que le bill 63, on avait le même texte
rédigé en vertu des termes de l'article 558 qui prévoit
que: « Sauf les amendements mentionnés dans l'article 557, (qu'a
cité le ministre) nul amendement ne peut être proposé sur
une motion de deuxième lecture, si ce n'est sous la forme d'une
résolution se rattachant directement au sujet du bill et
énonçant quelque raison particulière de ne pas lire
immédiatement le bill ».
Le but de l'amendement proposé par le député de
Jacques-Cartier... Je me permets M. le Président, d'attirer votre
attention particulièrement sur la note no 1 de l'article 558: « La
résolution proposée peut énoncer quelque principe qui est
contraire à un principe fondamental, à la portée politique
ou aux dispositions essentielles du bill ou qui en diffère, peut
exprimer quelque opinion sur des circonstances qui se rattachent à la
présentation ou au progrès du bill; peut affirmer toute
opposition au progrès du bill; je souligne ceci peut
demander qu'on fournisse de
plus amples renseignements au sujet du bill en institutant des
comités ou des commissions, ou en déposant des documents ou
d'autres renseignements ».
La motion du député de Jacques-Cartier est exactement dans
ce sens-là. Il semble que ce ne soient pas tous les
députés en Chambre qui s'intéressent au bill de
Montréal. Les députés qui s'y intéressent et
surtout les maires et les personnes qui sont affectées par le bill, ont
demandé, depuis le dépôt du bill et surtout depuis nos
séances en comité plénier, toutes sortes de
renseignements, mais personne n'est en mesure de les leur fournir. C'est
exactement la motion du député. Au moins, nous avons le droit de
discuter du manque d'information concernant ce bill avant qu'on nous demande de
voter la deuxième lecture d'approbation de principe. Pour toutes ces
raisons, puisque le bill 63 vous avez accepté la même motion ainsi
que pour le bill de Radio-Québec, je ne crois pas que les
règlements aient été changés depuis ce
moment-là. Je soumets que l'amendement proposé par le
député de Jacques-Cartier est parfaitement conforme à nos
règlements.
M. LE PRESIDENT: A moins que d'autres députés ne veuillent
intervenir sur la question de règlement, je suspendrai la séance
durant cinq minutes au plus afin de vérifier le journal des
Débats en le confrontant avec la motion qui m'a été
présentée.
(Reprise de la séance)
Décision sur l'amendement
M. LE PRESIDENT: Je dois immédiatement déclarer que la
motion, à mon humble avis, est irrecevable, et j'invite les honorables
députés à écouter les brefs commentaires que je
dois faire sur cette motion.
Me serait-il permis de dire que, sur le sens du mot « parce que
», je ne partageais pas entièrement l'opinion de mon honorable
prédécesseur. Nous avons, en effet, étudié à
maintes reprises le sens de « parce que » et nous avons,
précisément aujourd'hui, je pense, le véritable exemple du
« parce que » qui équivaut à une condition. Je dois
ajouter qu'à l'exemple de certains prédécesseurs j'ai
même consulté deux philosophes. J'en viens à la conclusion
que le mot « parce que », ici, n'entraîne pas ce genre de
cause qui serait la « causa causans » dont parlent nos savants
confrères devant les tribunaux, mais une cause conditionnelle. Si on
veut bien porter attention, on réalisera facilement que le « parce
que », ici, pourrait être changé par un « si »
très facilement. De plus, dois-je ajouter que l'apparence de cause que
l'on trouve ici n'en est pas vraiment une. En effet, dans le travail normal de
la Chambre, les informations demandées peuvent être fournies,
parce que nous n'avons pas franchi encore la motion de deuxième lecture.
Nous avons encore à franchir l'étape du travail en comité
et, enfin, la troisième lecture. C'est dire que, d'ici l'étude du
projet de loi en entier, ces explications dont on allègue l'insuffisance
pourraient être fournies.
M. HYDE: Je comprends qu'on n'a pas le droit d'en appeler de votre
décision. C'est plutôt, si je comprends bien, la rédaction
de l'amendement qui n'est pas correcte. Je ne crois pas que vous
suggériez qu'on devrait complètement éliminer l'article
558. Est-ce qu'on pourrait vous demander comment on devrait rédiger cet
article qui a été accepté maintes fois pour le bill
63?
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Westmount m'a
référé, tout à l'heure, à une motion que
j'ai eu le temps de vérifier avec les officiers de la Chambre. Voici ma
réponse à l'honorable député de Westmount. Je lui
suggère de bien vérifier les deux motions, et je suis convaincu
qu'il va y trouver une différence assez remarquable. Je parle ici de la
motion qui a été présentée par l'honorable chef de
l'Opposition, lors du projet de loi 63.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
M. Gaston Tremblay
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, j'ai assisté
aux séances de la commission parlementaire des Affaires municipales
concernant le bill 75. J'y ai assisté de façon silencieuse. Cela
m'a permis d'y apprendre beaucoup, et je me suis rendu compte de l'absence de
politique globale qu'aurait dûinstituer le ministère des Affaires
municipales dans ce qui semblait être une amorce de
régionalisation, ici au Québec. Je me suis rendu compte qu'il ne
s'agissait, en fait, que d'un transfert de compétence, soit de
compétences locales vis-à-vis et à l'avantage de la ville
de Montréal, soit de compétences qui étaient d'ordre
provincial vis-à-vis de la ville de Montréal.
Alors, je me suis rendu compte à l'analyse des statistiques, des
commentaires qui se sont faits dans les journaux et qui se sont faits un peu
partout à travers cette province, concernant un projet qui touche 30% de
la population du Québec, un projet qui, par ses répercussions,
pose des prémisses dans nos administrations publiques, je me suis rendu
compte, dis-je, que les municipalités de la banlieue de Montréal
possédaient en majorité tous les éléments voulus
pour donner des services adéquats à leur population et que ce qui
manquait à ces municipalités qui possédaient les services,
c'était l'argent, la finance; c'était surtout la question
fiscale, et c'est constamment revenu à la surface, cette question
financière de nos municipalités.
Mon attention a été attirée il y a quelques jours
par un article de la Presse fait par Florian Bernard qui résume assez
bien la situation dans son titre: L'année pour nos municipalités
se termine par un déficit de $6 1/4 millions. Les villes du
Québec sont globalement acculées à une impasse
financière. Cette impasse financière, à quoi l'attribuer?
Est-ce que c'est dû, dans beaucoup de municipalités, au manque de
structure régionale? Je ne le pense pas. Je pense que cette situation de
déséquilibre qui existe actuellement dans le domaine municipal
est due à un manque de revenus. Et je ne cache pas que le gouvernement
actuel du Québec ait pris en considération cette question du
revenu et cette question de la fiscalité qui, pourtant, est la question
primordiale et la question la plus importante dans toutes nos administrations
municipales. Donnons à chacune des municipalités ou à la
majorité des municipalités du Montréal
métropolitain les revenus nécessaires et les sommes d'argent
nécessaires, et je vous dis qu'elles mè- neront à bonne
fin tout plan que nous voudrons bien leur soumettre et tout plan qu'elles
voudront bien élaborer. C'est là la question primordiale.
Actuellement, on se demande et on s'est beaucoup posé la question
à savoir si, avec le bill 75, il ne s'agit pas de renflouer la situation
financière de Montréal qui a d'excellents services, mais qui, par
contre, sont très onéreux. Lorsque nous faisons la comparaison
des services de Montréal vis-à-vis de certaines
municiaplités de banlieue, nous nous rendons compte que le même
service aussi adéquat est donné par ces
municipalités de banlieue et parfois à un coût beaucoup
moindre. Cette centralisation dont on a voulu faire profiter Montréal
actuellement, est-ce que les résultats en seront
bénéfiques? Ce que les différentes municipalités
n'ont pas pu réaliser une à une, si vous voulez, parce qu'elles
n'avaient pas les revenus pour le réaliser, comment voulez-vous qu'une
grande agglomération puisse le réaliser sans des revenus
additionnels? Et, ces revenus additionnels, il faudra aller les chercher dans
la poche du contribuable qui a déjà des revenus: logement, loyer;
pour celui-là, la question ne se pose pas tellement, il peut, en fait,
augmenter le prix de la location de ses propriétés. En ce qui
concerne le propriétaire de la maison individuelle, celui de la
banlieue, le problème est d'autant plus crucial qu'il a souvent des
charges de famille très importantes et très imposantes. Ce
problème,
Montréal représentera une très grande
agglomération à ce moment-là, elle décidera en
fonction du bien commun, soit, mais le fera-t-elle toujours sans
discrimination? Est-ce qu'il n'y a pas certaines priorités qui
s'appliqueront davantage à la grande ancienne métropole
qu'à ses villes de banlieue? Ces municipalités de banlieue
n'ont-elles pas actuellement plus de services qu'elles ne pourraient en obtenir
d'une grande agglomération comme le Montréal
métropolitain? Est-ce que le Montréal métropolitain pourra
fournir ces services avec une rapidité ou avec une efficacité
aussi grande qu'aujourd'hui? On ne s'est pas posé tellement ces
questions. On a parlé du corps de police de Montréal, et ce fut
le point tournant des discussions qui ont eu lieu. J'accepte bien que
Montréal soit très bien organisée et puisse donner des
services parfois assez rapides aux municipalités de banlieue, services
qu'elles ne peuvent se donner elles-mêmes à cause du peu
d'importance de leur population.
Mais, M. le Président, ces municipalités de banlieue,
lorsqu'elles auront besoin des services rapides de la police, il y a toujours
cette question de distance, il y a tout de même une disparité
géographique, si vous voulez, et nous
avons ces problèmes dans le Québec métropolitain
qui sont à peu près les mêmes questions de délai, de
temps, pour répondre aux services.
Alors, je ne pense pas que cela puisse se réaliser de donner des
services à toutes ces municipalités de banlieue et à tout
le monde en même temps, avec une égale
célérité et une égale efficacité,
malgré l'efficacité que pourra avoir l'organisation très
centralisée que représentera le Montréal actuel.
M. le Président, la majorité de ces municipalités
de banlieue sont, disons-le, dans un état relatif de bonne
administration financière. Une majorité de ces
municipalités se financent par elles-mêmes et sans recevoir de
subventions provinciales. Le mot « subvention » semble très
souvent un mot magique pour faire passer des lois, telles que le bill 75, par
exemple. Mais, en définitive, ces subventions ne signifient pas un
revenu permanent. C'est un revenu de courte durée pour ces
municipalités. Il faudra bien qu'un jour ou l'autre la grande
agglomération de Montréal trouve des revenus chez les
résidents. Il faudra enfin qu'elle puisse taxer cette population. Alors,
le problème ne sera pas résolu, et il faudra en revenir,
toujours, à cette fameuse question de fiscalité et cette question
de revenus additionnels.
M. le Président, je me demande si le ministre a lu avec attention
le mémoire soumis au gouvernement du Québec, en date du mois de
mai 1969, intitulé: La fiscalité municipale et les relations
municipales-provinciales. Je vous dirai qu'on y trouve là des
idées, je pense, magnifiques, des idées qui ont été
pensées par un groupe d'hommes intelligents, un groupe d'hommes
d'expérience, un groupe d'hommes en place qui, je pense, sont bien au
courant de la réalité municipale, ici, au Québec. Cette
réalité municipale n'est pas toujours rose pour tous les
administrateurs municipaux qui doivent, en fait, avec une pénurie de
moyens, donner un maximum de services.
M. le Président, en ce qui concerne ce mémoire, que chacun
des membres de cette Chambre aurait intérêt à lire avec
attention, on y parle beaucoup de fiscalité. D'ailleurs, le
mémoire porte surtout sur la fiscalité et on y propose
même, en fait, la nécessité d'un comité permanent
municipal-provincial sur la fiscalité. Peut-être qu'il y a des
études qui ont été faites par le ministère. Je ne
pense pas que l'on se soit attardé suffisamment à ces
problèmes de fiscalité qui sont en eux-mêmes des
problèmes de revenus. Chacune des municipalités pourrait
réaliser davantage. Ce ne sont pas les moyens techniques et ce n'est pas
la compétence non plus chez chacun de ces administrateurs qui manquent.
Ce sont les revenus qui sont insuffisants.
Alors, M. le Président, le gouvernement n'aurait-il pas dû,
même si nous avons des rapports financiers, tels les rapports Carter, au
fédéral, le rapport Bélanger, au provincial, et
différents autres rapports qui ont parlé beaucoup de la situation
financière de nos municipalités, le gouvernement n'aurait-il pas
dû, dans le présent projet de loi, le bill 75, attacher beaucoup
plus d'importance à la question fiscale et à la question des
revenus? Que ce soit une grande municipalité qui administre, que ce soit
plusieurs petites municipalités, le problème reste entier et il
reste le même: la nécessité d'avoir des fonds pour
améliorer et créer des services. Il reste là, il est
entier, le problème.
Alors, M. le Président, quand on fait l'analyse de la situation
financière des municipalités du Québec, on
s'aperçoit, et cela très rapidement, que la dette a
augmenté de façon considérable et même très
rapidement en l'espace de quelques années, en l'espace de dixans. La
dette des municipalités est passée de $825 millions à
$2,083,000,000. Cette dette des municipalités constitue, actuellement,
une charge écrasante pour chacune des municipalités de la
région métropolitaine de Montréal. Vous savez à
quel taux sont rendus, en fait, les emprunts. Vous savez que ces
municipalités peuvent emprunter à des taux exhorbitants de 9
1/4%, 9 1/2% et parfois, dans certains cas, 9 3/4%. D'ailleurs, en fait, on
peut citer le récent emprunt du ministère des Richesses
naturelles, soit l'Hydro-Québec, qui est à un coût
pratiquement prohibitif. Et dans la situation actuelle, pour les
municipalités, cela signifie un retour en arrière, cela signifie
que les municipalités ne peuvent plus apporter les progrès qui
sont nécessaires à la population.
Cela a eu des répercussions même sur notre économie,
à l'échelle provinciale, ici. Comment voulez-vous que le secteur
privé puisse progresser lorsque le secteur public accapare à des
taux déraisonnables la finance publique, la finance que nous pouvons
retirer par emprunt?
M. le Président, mémoire de mai 1969 parlait aussi d'une
banque municipale du Québec, en citant l'exemple de banques municipales
qui existent dans d'autres pays. En Belgique, d'abord, il y a une banque
communale qui s'intéresse tout spécialement aux
municipalités et qui leur prête à des taux raisonnables,
suivant des normes et critères savamment établis. En Hollande, la
même banque existe aussi. Dans vingt autres pays du monde, il existe une
banque qui s'occupe de prêts aux municipalités, qui retire son
argent soit des banques natio-
nales de chacun de ces pays, soit par des emprunts à des
particuliers, à des compagnies de finance ou à des banques
privées.
Alors, je pense qu'ici au Québec, avant de présenter le
bill 75, le bill 76 et le bill 77, il aurait fallu faire une analyse
très poussées de la situation financière de nos
municipalités pour trouver des moyens qui puissent les sortir de cette
impasse dans laquelle elles se trouvent actuellement et contre laquelle elles
ne peuvent rien faire. Donnons de l'argent à nos municipalités et
je sais qu'elles sauront bien se régionaliser d'elles-mêmes, se
donner des services adéquats et donner les services requis à leur
population respective.
Je voudrais aussi parler d'un autre problème qui peut exister
à l'échelle municipale. M. le Président, j'ai reçu
cette année, comme depuis deux ou trois ans, une analyse
budgétaire des municipalités du Québec Cette étude
est très bien faite; elle nous donne beaucoup de renseignements et j'en
félicite le Bureau de la statistique du Québec et le
ministère de l'Industrie et du Commerce. Cependant, quoique cette
analyse budgétaire nous fournisse beaucoup de renseignements et
d'informations précieuses, je pense que ce n'est pas encore assez et que
nous pourrions, en fait, l'améliorer. Ainsi, le gouvernement, surtout le
ministère des Affaires municipales, pourrait fournir à nos
administrations municipales, que ce soit dans la région urbaine et
métropolitaine de Montréal ou dans les autres régions, des
normes et des critères d'administration. Nous en avons, des normes et
des critères d'administration, mais elles sont insuffisantes
actuellement et elles ne répondent peut-être pas toujours au
développement et à l'expansion moderne de nos
municipalités.
Ces critères et ces normes devraient, je crois, être
établis. Je pense même que le ministère fait des recherches
sur des normes et des critères possibles à demander aux
différentes municipalités et aux municipalités de la
région de Montréal comme aux autres. Ces normes et ces
critères nous permettraient de définir beaucoup mieux le champ
des responsabilités. J'ai remarqué que ce projet, le bill 75
actuel, ne règle pas tellement de problèmes. On nous
énumère une série de responsabilités que nous
connaissons bien, mais sans définir bien catégoriquement le champ
de ces responsabilités, de telle façon qu'un jour ou l'autre,
dans le Montréal métropolitain... Actuellement, lorsque nous
avons ce qu'on appelle de la confusion, de la pagaille et des malentendus, on
sait que ces malentendus et cette pagaille, parfois, partent de mauvaises
informations ou de mauvaises définitions des charges et des
responsabilités.
Je pense que la situation va s'aggraver parce que tout ce dont on parle
ici, dans le bill 75 c'est la question primordiale c'est de la
sécurité publique. On y pourvoit, on va sûrement
l'améliorer, mais il y a beaucoup d'autres questions dont on parle
aussi. On parle de l'évaluation municipale.
N'aurait-il pas été préférable, tel que cela
a été proposé dans un autre mémoire de l'Union des
municipalités en date de novembre 1969, de créer une régie
de l'évaluation à l'échelle provinciale de façon
que toutes nos municipalités du Québec soient sur une même
base en vue d'établir des critères et des responsabilités
suivant les possibilités de chacune de ces municipalités?
Je me demande si nous n'aurions pas dû, à l'occasion du
bill 75 ou d'une loi-cadre, en prévoir toute une politique globale
municipale à l'échelle du Québec. Cela aurait permis
à toutes nos municipalités d'y voir plus clair.
Mais actuellement le bill 75 donne à Montréal des droits.
Je pense bien qu'il confirme Montréal comme la grande
municipalité, et qui deviendra bientôt la seule
municipalité. Vous savez le danger d'une grande municipalité:
lorsque ça va mal dans une grande municipalité, c'est toute la
collectivité qui en souffre. Mais lorsque ça va mal dans une
petite municipalité de moindre importance, les autres
municipalités tout au moins n'en souffrent pas. Il y a eu des
événements malheureux à Montréal, mais les
municipalités alentour n'ont pas eu à souffrir de cet état
de choses. Si la situation financière devient mauvaise à
Montréal d'ici quelques années, tout le monde en supportera le
poids, tout le monde en sera malheureux et tout le monde aura à payer
son écot, alors que maintenant, chaque municipalité supporte son
mal. Si elle est mal administrée, au bout de quatre ans elle peut
changer son maire et son conseil municipal, et de façon très
aisée si elle le désire, tandis que dans une très grande
municipalité, je ne vois pas par quel mécanisme
démocratique on pourrait facilement et aisément en faire changer
une administration qui est bien implantée et qui a des structures
puissantes, qui a des appuis puissants à tous les points de vue.
Je pense qu'on a centralisé à l'extrême.
Montréal deviendra une deuxième province au sein de la province
de Québec. C'est une deuxième province que nous sommes en train
de créer et puis, en définitive, elle accaparera des services que
même le ministère des Affaires municipales, actuellement, et
d'autres ministères ne remplissent pas. On l'a bien vu, par exemple, au
point de vue de la santé publique. Mont-
réal a pris en charge des responsabilités qui,
originellement, n'étaient pas de son ressort; elle y a
répondu.
Petit à petit, je pense bien que cette communauté urbaine
que nous sommes en train de créer, demain pourra peut-être dicter
au gouvernement et au ministère des Affaires municipales,
peut-être des lignes de conduite que le ministère ne sait pas
encore, actuellement, élaborer pour ces mêmes
municipalités.
Nous avons des schémas d'aménagement, nous parlions des
compétences de la municipalité. Je viens de parler
d'évaluation. En ce qui concerne les schémas
d'aménagement, c'est la même chose aussi. Traitement des
données et facturation des comptes de taxes. Je ne pense pas, il ne me
semble pas qu'il aurait fallu faire une loi pour relever ces
problèmes-là parce qu'il y a plusieurs municipalités qui
se sont organisées dans ce sens, qui sont très bien
organisées. J'ai moi-même visité plusieurs
municipalités de la banlieue de Montréal et j'ai vu là
toute l'organisation la plus à jour, en fait, au point de vue municipal,
au point de vue évaluation, schéma d'aménagement,
traitements des données, et facturation des comptes de taxes, etc.
Les problèmes de la pollution de l'air. C'est la même
chose, c'est un problème que je considère à
l'échelon des gouvernements supérieurs, que ce soit
fédéral que ce soit provincial, que ce soit à
l'échelon des deux gouvernements, ce problème devrait être
résolu et devrait être traité, et les dépenses qui
s'imposent à la suite de la pollution de l'air devraient être
effectuées soit par le gouvernement supérieur, soit par le
gouvernement provincial.
En ce qui concerne les problèmes de circulation, je pense que
cela aurait été très facile pour le gouvernement
provincial d'établir des normes, des lois, des règlements qui
seraient appliqués a chacune de ces municipalités sans avoir pour
ça encore une fois, à créer une grande communauté
urbaine qui deviendra plus tard incontrôlable.
M. le Président, ce projet, qui sera suivi de deux autres, 76 et
77, j'y ai vu certains principes directeurs qui se ressemblaient. Par contre,
le premier diffère des deux autres, parce qu'il ne détermine pas
une politique globale de nos municipalités, ici au Québec. Je
pense que c'est un malheur. Et je pense que le gouvernement aurait dû,
à l'occasion de la présentation de ce bill, pour les
municipalités qui en avaient les possibilités, établir des
sources de revenus qui sont requises pour le progrès de nos
municipalités.
Il aurait dû aussi, peut-être, discuter de ces sources de
revenus, de cette fiscalité. A chaque congrès de l'Union des
municipalités auquel j'ai assisté en tant que maire, on a
parlé de la ques- tion fiscale et on a parlé du champ de
taxation. Actuellement, le champ de taxation foncier est occupé par les
commissions scolaires et par les municipalités. Je pense qu'on devrait
donner aux municipalités un champ exclusif de prélèvement
de sources de revenus et de taxes.
Je pense que ça aurait peut-être été
là la bonne occasion, parce qu'au niveau scolaire actuellement, dans le
Montréal métropolitain, on apporte aussi de grandes modifications
au point de vue des structures.
Est-ce que ce sera un chambardement? Je ne le sais pas. Mais, tout de
même, à l'occasion des changements très importants et
peut-être même inquiétants de ces structures administratives
que nous avons ici au Québec depuis 100 ans, n'y aurait-il pas eu lieu
de profiter de cette étape que nous traversons actuellement pour
établir des champs de taxation? Je pense que ça aurait
été facile, à l'occasion des bills 62 ou 75, de dire:
Vous, les municipalités, vous aurez le champ de taxation foncière
et vous, les commissions scolaires, vous pourrez profiter d'autres champs
détaxation, vous pourrez appliquer votre champ de taxation à
d'autres sources de revenus. Je trouve que c'est actuellement tout à
fait injuste pour le propriétaire. C'est toujours le propriétaire
je parle aussi du petit propriétaire de maison unifamiliale
c'est toujours celui-là qui est frappé, continuellement,
que ce soit au point de vue scolaire ou que ce soit au point de vue municipal.
11 faut absolument soulager ce propriétaire de cette charge
écrasante qu'est notre système fiscal ici au Québec. On
peut le changer, nous faisons un chambardement complet, tant au point de vue
des structures scolaires qu'au point de vue des structures municipales.
Il aurait été temps de modifier, dans la région de
Montréal, ce champ de fiscalité, ç'aurait
été facile, même.
Nous allons nous retrouver demain, après avoir adopté une
loi aussi importante que le bill 75, avec des problèmes aussi
considérables et des problèmes fiscaux qui ne seront pas
réglés, des problèmes de revenus qui ne seront pas
réglés pour le Montréal métropolitain, tout comme
ça ne l'était pas pour les municipalités de banlieue avant
le bill 75.
Alors, Je demanderais au gouvernement, parce que les bills 75, 76 et 77
ne prévoient aucun mécanisme, de faire des études
sérieuses sur la question de la fiscalité, des sources de revenus
et du financement à long terme.
Le financement à long terme de nos municipalités,
ça se fait dans d'autres pays du monde, ça se fait dans 20 pays.
Pourquoi ici au
Québec n'aurions nous pas, nous aussi, une banque de financement
municipal? Prenons l'argent à la Banque du Canada, qui pourrait nous
prêter l'argent à un faible taux d'intérêt, comme
ça se fait pour les pays étrangers. Vous savez que le
gouvernement et la banque du Canada ont prêté des sommes d'argent
importantes à des pays étrangers, et cela sans
intérêt ou à un très faible taux
d'intérêt. Pourquoi ne pas élaborer pour les
municipalités un remède et ce qui pourrait être une
solution aux problèmes qui existent actuellement? Les problèmes
qui existent, il faut bien l'avouer, il faut l'admettre, c'est une question de
piastres et de cents, c'est une question de revenus.
Cette question de revenus, le bill 75 ne la règle pas, et le
problème va rester entier. Les municipalités de banlieue, que ce
soit Montréal ou d'autres municipalités, pourraient très,
très bien régler leurs problèmes, si on leur permettait
d'avoir les sommes d'argent nécessaires.
M. le Président, ce bill 75 marque, de la part du gouvernement,
un effort. Et tout effort est louable, lorsqu'il tend à apporter une
solution à des malaises, à des bobos, à des ennuis qui
existent. Dans la région métropolitaine de Montréal, on ne
peut pas dire que ces problèmes n'existent pas, ils existent
réellement.
Cependant, je ne suis pas tout à fait satisfait de la teneur du
bill 75, et j'aurais espéré que ce bill 75 apporte de solutions
plus globales et permette à nos municipalités de sortir enfin du
marasme qui existe actuellement.
M. le Président, je vous remercie de votre bonne attention.
M. PAUL: L'honorable député me permettrait-il une
question?
M. TREMBLAY (Montmorency): Oui.
M. PAUL: J'ai suivi avec beaucoup d'attention toute son argumentation.
L'honorable député peut-il nous dire, avant de reprendre son
siège, s'il est pour ou contre le principe du bill?
M. TREMBLAY (Montmorency): Je vous le dirai au moment du vote, M. le
ministre.
M. LE PRESIDENT (M. Féchette): L'honorable député
de Saint-Laurent.
M. Léo Pearson
M. PEARSON: M. le Président, la coordination des services de
l'île de Montréal est, à mon sens, nécessaire,
urgente avant qu'il ne soit trop tard.
Personne ne doute de cette nécessité. A mon sens, toutes
les études ont été faites à ce sujet. Je suis
d'accord avec le gouvernement quand il dit: Finies les études, c'est le
temps d'agir. Cependant, une législation semblable ne se fait ou n'a de
chances de réussir qu'à deux conditions: Premièrement,
après une consultation sérieuse ou au moins en ménageant
une consultation satisfaisant la majorité; deuxièmement, sous
l'autorité du gouvernement provincial qui établit une
échéance des discussions, de l'entente, et qui tranche les
hésitations, si elles devaient se prolonger indûment.
Or, la plupart des maires sont venus dire que la consultation n'a pas eu
lieu, ou si peu. Ces maires ne sont pas convaincus qu'ils ont eu l'occasion
d'apporter leur collaboration, laissant planer l'impression que le bill a
été composé ou préparé au-dessus de leurs
têtes, en cercle fermé, à Montréal autant, sinon
plus, qu'à Québec. Des indices leur donnent l'impression que ce
bill est le fruit d'un marchandage entre la ville de Montréal et le
gouvernement. Pour qui a assisté aux séances de la commission
municipale, il était facile de constater que le président du
comité exécutif ne voyait aucun défaut au bill; il l'a
défendu avec vigueur, émotion, conviction et même avec un
certain zèle.
Ou bien le ministre des Affaires municipales et le président du
comité exécutif se sont curieusement devinés. Pourquoi
cette hâte, cette urgence? Que peuvent faire quelques mois de plus quand
on attend depuis vingt ou vingt-cinq ans, si ces quelques mois ou ces quelques
semaines permettent la discussion, l'entente, la décision acceptable par
la majorité? L'unanimité est impossible à atteindre, mais
lorsqu'elle s'oppose, on doit se poser des questions.
Comment peut-on justifier une loi qui punit, pour ainsi dire, les
populations dynamiques et récompenser les populations les moins
dynamiques, pour ne pas dire passives? A titre d'exemple, Saint-Laurent, qui
recevra le moins des 29 municipalités de l'île, devra payer le
plus cher à cause de ses $560 millions d'évaluation parce que la
ville de Saint-Laurent est la deuxième ville industrielle de la
province; parce que sa population a accepté le bruit des avions, des
aéroports; parce que ses administrateurs ont fait la promotion de
l'industrie; parce qu'aujourd'hui la ville fournit 43,000 emplois tandis que
d'autres qui n'ont rien fait ou se sont contentées d'organiser des
villes-dortoirs, qui n'ont pas, ou si peu, invité l'industrie se
retrouvent les principaux bénéficiaires de la nouvelle loi.
Cette loi, jusqu'à un certain point, récompen-
se la médiocrité et punit le dynamisme parce qu'elle tient
compte surtout de l'évaluation, ignorant en grande partie des individus
qui composent ces municipalités, au point que dans le bill original
Saint-Laurent n'avait pas plus le droit au chapitre que les villes les plus
petites.
En quoi consistent les frais dispendieux de l'intégration, par
exemple des services policiers: Il y a des questions qu'on se pose, M. le
Président; je prends simplement cet exemple-là.
Premièrement, en équipement nouveau il ne semble pas. En
augmentation du personnel à l'intérieur des municipalités
de banlieue? J'en doute. Alors, en quoi, sous quelle amélioration
dispendieuse pouvons-nous retracer les $8 millions engagés sous cet
article, dont environ $1 million uniquement pour la cité de
Saint-Laurent dont les services de police et d'incendie sont très bien
organisés? Bref, M. le Président, le principe du bill est
excellent, il est nécessaire, il est urgent. Le moment est venu d'agir,
cependant la méthode laisse songeur. Un changement de structure aussi
draconien ne s'opère qu'après réflexion, calcul, prudence.
Un retard de quelques semaines ou de quelques mois permettrait de perfectionner
ce bill et ne serait pas dramatique.
J'attends personnellement les amendements du ministre pour voir si ce
bill sera acceptable ou non. Aussi, je réserve mon jugement après
la réception et l'évaluation de ces amendements pour
vérifier s'ils correspondent aux objectifs visés tout en
conciliant l'accord de la majorité. Je souhaite la réalisation
d'une communauté urbaine, mais j'espère qu'elle coordonnera les
ressources des 29 municipalités sans détruire ce qu'elles ont
bâti, sans abuser de leurs citoyens.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
de Notre-Dame-de-Grâce.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, je me lève afin d'appuyer la
Loi de la Communauté urbaine de Montréal, mais j'ai quelques
regrets comme mon voisin et collègue, l'honorable député
de Saint-Laurent. Evidemment, il nous faut à Montréal une
communauté urbaine, il nous faut une telle communauté, parce que
les 29 municipalités n'ont presque aucune coordination et aussi parce
que la ville de Montréal paye depuis longtemps plusieurs dépenses
communautaires ou dépenses que les gouvernements devaient payer,
c'est-à-dire que le gouvernement de la province et celui d'Ottawa.
Donc, comme tout le monde, j'appuie le grand principe du bill 75. Mais,
j'ai quelques soucis, quelques regrets, parce que je crois que le bill aide
plutôt l'administration de Montréal que les électeurs, les
contribuables ou les citoyens de Montréal.
Comme plusieurs députés ici en Chambre, je suis le
représentant des électeurs de Montréal, des citoyens de
Montréal, et Je dois les protéger de leur administration
municipale autant que je les protège de toute autre autorité,
soit provinciale ou fédérale. Le bill 75 me semble aider
plutôt l'administration que le peuple. Par exemple, en comité,
j'ai posé une question à M. le président du comité
exécutif de Montréal au sujet des dépenses de l'Expo, et
sa réponse a été à l'effet que l'Expo ne tombait
pas dans la communauté urbaine. Mais si, en vertu du projet de loi 75,
Montréal recevait plusieurs millions de dollars on me dit $6
millions des municipalités de banlieue, il faudrait que cet
argent qui est dû depuis longtemps soit mis à la disposition des
électeurs, des contribuables de Montréal. Mais non! J'ai
l'impression que cet argent sera plutôt versé au déficit de
l'Expo, aux Jeux olympiques ou autres projets de grandeur de
Montréal.
Je suis en faveur de l'Expo qui nous coûte chaque année
environ $5 millions ou $6 millions. Je crois que l'Expo est un projet
communautaire qui doit tomber dans la communauté urbaine parce que c'est
un moyen de trouver de l'emploi pour les citoyens du Montréal
métropolitain, de toute la province. Les $6 millions de déficit
de l'Expo sont en effet un moyen d'enrayer le chômage 5 Montréal.
Nous dépensons aujourd'hui au ministère de la Famille et du
Bien-Etre $400 millions et plus, mais je crois que les $6 millions de l'Expo
nous aident autant que les $400 millions ou plus dépensés par le
ministère de la Famille et du Bien-Etre social. Donc, je favorise
l'Expo, mais je ne favorise pas le système d'un chèque en blanc
ou, comme on dit en anglais d'un « blank cheque ». Il ne faut pas
donner l'argent à l'administration du Montréal
métropolitain ou l'administration de Montréal.
Je crois que le bill 75 est un bon projet de loi, mais que la
communauté urbaine manque clairement et nettement de contrôle, car
nous savons tous qu'elle est contrôlée par le comité
exécutif de Montréal, en vertu du projet 75. Il n'y a pas assez
de contrôle.
D'autre part, nous savons tous que Montréal a payé, depuis
longtemps, les dépenses de nature communautaire au sujet de la
santé, de la police, des grandes routes etc. Donc, je dois approuver le
bill 75.
M. le Président, je trouve que le bill 75 a une
lacune évidente qui doit être corrigée. La
municipalité de Montréal-Ouest n'a que 6,600 citoyens; celle de
Hampstead n'a que 7,000 citoyens. Chacune de ces municipalités
aura,quand même, un vote au grand conseil de la communauté
urbaine. Notre-Dame-de-Grâce, qui se trouve entièrement dans la
ville de Montréal, n'aura que trois votes, malgré le fait qu'elle
compte 110,000 citoyens. Nous avons suggéré à plusieurs
reprises un amendement. Il faut que le principe de la représentation au
conseil de la communauté urbaine soit modifié.
Il y a une autre lacune dans la loi 75. Je crois que, pour l'avenir, un
conseil de quartier comme celui de Notre-Dame-de-Grâce doit avoir autant
de pouvoirs et de privilèges que celui de Montréal-Ouest ou de la
ville de Hampstead.
Je note que Notre-Dame-de-Grâce a déjà un conseil de
citoyens, a déjà plusieurs organismes municipaux et qu'en effet
Notre-Dame-de-Grâce et bien d'autres quartiers de Montréal sont
prêts je parle de Mercier, un autre exemple, Laurier, etc.
à adopter un système d'arrondissement.
Mr. President, I find this subject of enormous importance and I would
like to sum up what I have said in French, particularly as so many of my
electors are of the English language.
There are four main conclusions that I would like to draw to your
attention. Firstly, the principle of bill 75 is excellent. We have waited for
years for an urban community, urban government or metropolitan government and
many other forms of the same thing in Montreal. We have been waiting for this
form of government for years, because Montreal has been paying an unjust
excessive share of the cost of government.
We have been waiting for this form of government for years because we
require cooperation and coordination on the Island of Montreal. Police forces
that stop at borders, riots that take place within ten feet of police who are
unable or unwilling to act, fires that take place on the other side of a street
without protection. Urban government is necessary, this cannot be denied.
Secondly, however, Mr. President, we must not give the new urban
government a blank cheque. We must give no one a blank cheque. We, as the
representatives of the people, have no authority to give excessive undemocratic
rights to any other persons. We have no authority to take those rights
ourselves and equally we have no authority to give those rights away. I am
afraid that bill 75 is giving too much away.
Thirdly, Mr. President, I believe we must control the individual
municipalities, not merely the urban community. The urban community must have
more control on budget and money saved by this urban community must not be used
for principle of « grandeur », as said in French « une
politique de grandeur ». And lastly, Mr. President - I see my time is
terminating - I believe firmly in the borough system for Greater Montreal. Many
areas are ready for it and this must come and we must be prepared for it in the
very near future.
M. LESAGE: M. le Président, pourrais-je vous demander de
constater qu'il est 6 heures?
M. PAUL: Jusqu'à 8 heures, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à 8 heures,
ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 30
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE; M. le Président, je pense bien qu'il serait oiseux de
reprendre point par point tout ce qu'il a été discuté lors
des séances de la commission des Affaires municipales.
Nous y avons entendu les autorités de la ville de
Montréal, les autorités des villes de banlieue, les
représentants du Front commun des employés municipaux.
Déjà, à ce moment-là, de nombreuses modifications
avaient été suggérées au projet de loi par le
ministre des Affaires municipales. Corrections qui, pour la plupart, à
ce moment-là, en étaient de rédaction, malgré qu'il
y en avait un certain nombre de substance.
Après les séances de la commission des Affaires
municipales, le ministre nous a distribué ce que j'appellerai,
même si c'est un peu surprenant, une consolidation d'amendements,
d'amendements modifiés et de nouveaux amendements que j'ai pu regarder,
en fin de semaine. J'ai l'intention de faire quelques commentaires sur des
points qui me sont apparus importants, sans pour autant, comme je l'ai dit
dès le début de mes remarques, tenter de faire une revue de tout
ce qui s'est dit et encore moins de tout ce qui s'est pensé lors des
séances de la commission permanente des Affaires municipales.
Disons, qu'avec plusieurs de mes collègues, devant ce projet de
loi et devant ceux de Québec et de l'Outaouais, malgré que devant
celui de Québec, en particulier, je me sens peut-être un peu moins
bousculé.
J'aurais aimé pouvoir donner à toutes les facettes d'un
problème que je sais aigu, que je sais vieux, que je sais ancien, le
degré d'étude et de réflexion qu'hélas il ne semble
pas que nous puissions lui accorder à ce moment-ci.
Le principe de l'établissement d'un gouvernement supramunicipal,
d'un gouvernement régional à Montréal, nous en sommes.
Comme je sais ce qui tracasse le ministre des Richesses naturelles, je vais lui
laisser le plancher pour deux minutes.
M. ALLARD: Je remercie le chef de l'Opposition. D'ailleurs, je l'avais
prévenu. Je voudrais demander le consentement de cette Chambre pour
déposer un rapport du comité d'étude sur
l'écrasement des pylônes Micoua-Laurentides qui a
été déposé effectivement ce matin à la
commission des Richesses naturelles.
M. LESAGE: M. le Président, le fait que je ne fasse pas de
remarque sur le document en question n'implique en aucune façon que j'en
admette quelque partie que ce soit.
M. ALLARD: Je ne me demande pas cela.
M. LESAGE: Je disais que le principe de l'établissement d'un
gouvernement régional ou métropolitain à Montréal
et à Québec avait été reconnu par la
majorité, je pense bien, depuis longtemps. Pour ma part et je
répète ce que j'ai dit en commission j'ai bien
essayé, pendant les six années où j'ai eu la
responsabilité de la direction des affaires publiques ici au
Québec, d'obtenir et à Montréal et à Québec
mais peut-être plus à Montréal qu'à
Québec à ce moment-là le degré de consensus
nécessaire pour l'établissement d'un tel gouvernement
métropolitain.
La chose n'a pas été possible. Depuis 1966, des
études se sont multipliées. Le gouvernement a
déposé un avant-projet dans le cas de Montréal, un autre
dans le cas de Québec et aussi un troisième dans le cas de
l'Outaouais. Dans le cas de Québec et de l'Outaouais il y eut, pour
étudier cet avant-projet, des séances de la commission permanente
des Affaires municipales. Il a alors été loisible aux
autorités municipales des deux régions de Québec et de
l'Outaouais d'exprimer leurs opinions sur l'avant-projet. Dans le cas de
l'avant-projet de Montréal, il n'a pas été
étudié en commission. Cela, sans doute si je me trompe le
ministre pourra me reprendre était dû au fait que cet
avant-projet avait été rejeté unanimement par tous les
intéressés, qu'il s'agisse des autorités de la ville de
Montréal ou des autorités des villes de banlieue.
Devant ce rejet, le ministre s'est ravisé. Egalement, je crois
bien aussi, face aux critiques qui avaient été exprimées
lors des études en commission sur les bills de la Communauté
urbaine de Québec et de la Communauté urbaine de l'Outaouais. Le
ministre, dis-je, s'est ravisé et les projets de loi, non pas les
avant-projets de loi, mais les projets de loi 75, 76 et 77 qu'il a
présentés suivent de beaucoup plus près les
recommandations de la commission Blier. Cela est certainement vrai,
particulièrement dans le cas de Montréal, malgré que sur
les principes fondamentaux on peut dire que c'est la même chose en ce qui
touche du moins la Communauté urbaine de Québec. Je n'ai pas eu
suffisamment de temps encore pour approfondir le bill 77.
Qu'on veuille faire reconnaître le principe du gouvernement
métropolitain à Montréal et à Québec, je
suis d'accord là-dessus. Je répète qu'il y a longtemps que
je suis convaincu de la
nécessité d'un tel gouvernement. Mais que l'on veuille
brusquement, à la fin d'une session, nous faire adopter dans un temps
record des structures déterminées, des modalités
déterminées, un système qui comporte des implications
financières que personne à mon sens n'a encore expliqué
avec précision... C'est différent.
Je comprends très bien mes collègues représentant
en particulier des comtés qui contiennent des villes de la banlieue de
Montréal. Je les comprends parfaitement lorsqu'ils se demandent comment
les dépenses accrues qu'on ne peut déterminer avec exactitude et
dont on ne peut déterminer le partage avec exactitude, comment ces
coûts accrus vont se réfléter sur les contribuables des
municipalités de banlieue de leur comté, contribuables à
qui, évidemment, ils sont redevables.
J'aimerais bien que le ministre, dans sa réplique, soit beaucoup
plus précis qu'il ne l'a été sur les implications
financières du projet qu'il nous présente. J'aimerais bien qu'il
nous dise aussi exactement que possible ce qu'il va en coûter aux
contribuables de l'île de Montréal. En commission, il nous a
parlé du coût de la première année, du coût de
la deuxième année, il s'est aventuré un peu quelques fois
dans le coût de la troisième année. Cela va assez bien
parce qu'à ce moment-là, il est prévu que, durant cette
période, il y aura des subventions provinciales, pour défrayer
une partie du coût de l'établissement. Mais après? Est-ce
que ce n'est pas le devoir des députés de cette Chambre
d'analyser les coûts accrus non seulement à court terme mais
également à plus long terme, surtout lorsque les subventions
d'établissement seront épuisées.
J'aurai l'occasion tantôt de reparler des subventions, mais pour
le moment, je répète, peut-être en d'autres termes, mais je
répète ce qu'ont dit, parce qu'ils le ressentent
profondément, des députés de cette Chambre qui nous font
part de l'inquiétude de leurs commettants. D'ailleurs, cette
inquiétude s'est manifestée à la commission permanente des
Affaires municipales. Tous les maires se sont inquiétés,
même les maires, qui, d'après leurs propres calculs ou leur propre
estimation, verraient leurs municipalités moins affectées que
d'autres, se demandent ce qui va arriver après-demain, dans trois ans,
dans quatre ans. Ils ne le savent pas. Le ministre pourra bien me
répondre: A chaque jour suffit sa peine, nous verrons dans le temps.
Mais, ce n'est pas le rôle du bon administrateur et du bon
législateur de se dire: Au diable l'avenir! Nous vivons pour le
présent, nous administrons pour le présent. C'est notre devoir de
tenter, peut- être pas de percer complètement l'avenir mais d'au
moins d'estimer, de tenter de jauger quelles sont les conséquences, plus
favorables ou moins favorables, de tel ou tel aspect de la législation
que nous avons devant nous.
Certains points ont été discutés en commission. Je
ne reviens pas sur tous les points. L'aspect financier semble bien être
celui qui a le plus préoccupé les intéressés. Il y
en a d'autres qui ont préoccupé ceux qui ont paru devant
nous.
Au conseil de sécurité, on s'est demandé si les
municipalités de banlieue ne devraient pas être
représentées. Le ministre nous a apporté c'est
vendredi, je crois un amendement qui aurait pour effet d'avoir un
conseil de sécurité de quatre membres dont un représentant
les municipalités de banlieue. Depuis ce temps, aujourd'hui, j'ai
reçu du conseil inter municipal des associations de pompiers de l'fle de
Montréal copie d'une résolution. Comme c'est la première
occasion que j'ai de la mentionner, je le fais dès maintenant.
Cette résolution se lit comme suit: « Composition du
conseil de sécurité publique. Il devrait comprendre deux
personnes versées en matière de protection incendie dont la
tâche consisterait à prendre, avec le président du conseil
de sécurité, toutes les décisions relatives à la
protection incendie et également à prendre, avec le
président et tous les autres membres du conseil de
sécurité, les décisions portant sur les questions qui
concernent à la fois les services d'incendie et de police. Cela
comporterait des amendements aux articles 198, 199, 202 et 203. »
Je comprends qu'on pourra répondre que, dans le cas de la police,
il s'agit de l'intégration des services, alors que, dans le cas des
incendies, il s'agit purement de la coordination. Mais, il est certain qu'en
comité plénier nous aimerons entendre le ministre sur ce point.
Nous aimerons savoir ce qu'il pense de la suggestion de ce conseil
intermunicipal des associations de pompiers.
Une représentation que j'avais faites lors de l'étude de
la motion du député de Chambly, pour renvoi au comité,
c'était d'inclure, parmi les services qui devaient devenir des services
métropolitains ou intermunicipaux, ceux de la commission des services
électriques de la ville de Montréal. Le ministre m'a remis,
vendredi, un projet d'amendement qui, à première vue, me semble
bien satisfaisant, mais que nous pourrons étudier en comité
plénier, lorsque nous arriverons à cet article.
Un des points qui ont été discutés assez longuement
à la commission permanente des Affaires municipales, c'est la
représentativité, la force relative de la représentation
de chaque
municipalité de banlieue à Montréal. J'avais, ici
en Chambre, lors du débat sur la motion du député de
Chambly, suggéré que l'on suive au conseil de la
communauté de Montréal la même règle que le ministre
suggérait lui-même, dans son projet de loi no 76, pour la
communauté urbaine de Québec.
A moins que Je ne me trompe, et je ne crois pas me tromper, après
que le maire de Montréal-Nord eut repris en commission la suggestion que
j'avais faite ici en Chambre, les autorités de la ville de
Montréal et les autorités des villes de banlieue se sont
montrées plutôt favorables à l'acceptation de ce principe
et à sa mise en application mutatis mutandis pour la communauté
urbaine de Montréal.
J'aimerais bien, lorsque le ministre répliquera, qu'il nous donne
l'assurance qu'il a trouvé une façon d'appliquer à la
communauté urbaine de Montréal le système
pondéré de représentation qu'il suggère
lui-même, dans le projet de loi 76, pour la Communauté urbaine de
Québec.
Qu'il se souvienne d'un des arguments que j'avais mis de l'avant.
Pour une petite municipalité, le fait d'avoir voix au chapitre,
prenons par exemple la municipalité de Kirkland, au conseil de
Communauté urbaine de Montréal, alors qu'il y a 6,000 de
population, au même titre que Verdun qui a 90,000, devient, à mon
sens, un obstacle psychologique à toute fusion possible. Et tout le
monde, la plupart des gens que je connaisse, ceux qui s'occupent d'affaires
municipales, admettent que, de plus en plus, il sera bon, si les conditions
sont acceptables, que les petites ou trop petites municipalités se
fusionnent.
J'ai mentionné un point ici en Chambre, que j'ai
répété en commission, et je n'ai pas semblé
réveiller beaucoup d'écho. Je ne sais pas s'il y avait des
raisons particulières, si on voulait ménager les
susceptibilités de quelque groupe ou de quelqu'un, mais, moi, je ne vois
pas, je ne conçois pas qu'au conseil de la Communauté urbaine de
Montréal et de Québec j'épargne du temps, vous
voyez, je plaide les deux qu'on choisisse un président
d'assemblée à chaque réunion. C'est la première
fois, à mon sens, que l'on suggère qu'un corps public soit
dirigé de cette façon.
Même ici, à nos commissions parlementaires à nous,
alors que nous pouvons, la plupart du temps, garder la continuité en
changeant de président, nous prenons bien soin, à la commission
de l'Assemblée nationale au début de chaque session, de
recommander pour chaque commission permanente un président.
Il peut arriver qu'il soit remplacé, s'il est absent. Il peut
arriver qu'en cours de route,s'il est nommé ministre, il soit
remplacé par un autre, mais la procédure, c'est de nommer un
président, au moins pour la session. Or, voici que nous allons avoir un
corps très important, le conseil de la communauté urbaine, il n'y
aurait pas de continuité à la présidence de cette
assemblée que l'on veut souveraine dans les matières de sa
compétence? Où serait la continuité dans le respect des
règles de procédures? C'est la première fois que je vois
ça.
Je ne sais pas qui a eu cette idée saugrenue d'avoir un
président pour chaque réunion. Y a-t-il quelqu'un à
ménager? On semble bien gêné de discuter ça. Quand
j'ai voulu en parler, ç'a été la conspiration du silence
à la commission des Affaires municipales. Y a-t-il des raisons graves
pour lesquelles on n'agirait pas comme des hommes raisonnables? Je crois que si
le président du conseil de la communauté représente la
ville de Montréal, on devrait également avoir un
vice-président, mais qui devrait être choisi parmi les
représentants des villes de banlieue. La même règle qu'au
comité exécutif, la même règle. Personne n'a
à prendre ombrage de la présidence du président du conseil
de la communauté. Nous avons ce système ici à
Québec. Il y a un maire, président de l'exécutif. Nous
avons un président du conseil. Un président du conseil
nommé pour le terme, pour quatre ans. Ce président du conseil
remplit au conseil de ville de Québec le rôle que vous remplissez
ici, M. le Président; il préside les délibérations
du conseil. C'est lui qui, de séance en séance, applique les
règles de procédure suivies à l'hôtel de ville de
Québec.
Pourquoi, au niveau de la communauté urbaine, ne
procéderait-on pas suivant les règles normales des
assemblées délibérantes? Je ne comprends pas.
J'espère que le ministre va m'expliquer. Craint-il que des
présidents de communautés urbaines aussi importantes que celles
de Montréal et de Québec puissent porter atteinte à son
prestige à lui? Je voudrais bien qu' il nous réponde.
Maintenant, pour ce qui est de cette espèce de veto, bien, ce
sera la moitié au lieu du tiers à l'avenir. Je pense que c'est
une garantie supplémentaire. Mais, à ce moment-là, dans
les cas où un délai est imparti au conseil pour prendre certaines
décisions, il est fort possible que le conseil n'en arrive pas à
telle décision dans le temps imparti. Alors, suivant le texte original,
il aurait appartenu au ministre de prendre seul la décision.
Le ministre a reçu des représentations de celui qui vous
parle, M. le Président, et de certains autres à l'effet que
c'était peut-être un désir involontaire d'omnipotence qui
lui ré-
pugnerait. Aussi a-t-il suggéré une modification à
l'effet que sa puissance omnipotente consiste à recommander au
lieutenant-gouverneur en conseil l'acceptation de sa volonté
définitive.
Mais, je ne crois pas que ce soit suffisant. Comme nous l'avons
plaidé en com mission, nous croyons que, dans ces
circonstances-là, c'est à l'Assemblée nationale qui
a décrété l'intégration, dans le cas de la police,
par exemple, qui a décrété que telle chose doit se faire
dans tel délai c'est à l'Assemblée nationale qu'il
appartient, si telle chose n'a pas été faite dans le délai
imparti, de prendre la décision qui aurait dû être prise par
le conseil de la communauté.
On dira: L'Assemblée nationale ne sera peut-être pas en
session. Cela ne fait rien parce que le lieutenant-gouverneur en conseil a le
droit, en vertu du texte du projet de loi, de prolonger le délai qui est
imparti pour faire telle ou telle chose lorsque ce délai est
précisé dans la loi elle-même. C'est donc dire que le
lieutenant-gouverneur en conseil pourrait prolonger le délai jusqu'au
moment où l'Assemblée nationale pourrait se prononcer au lieu et
place du conseil de la communauté.
Donc, vote pondéré, président permanent,
c'est-à-dire pour la durée du terme du mandat du conseil de la
Communauté urbaine; les pouvoirs, que le ministre voulait s'arroger,
qu'il voudrait maintenant donner au lieutenant-gouverneur de prendre des
décisions au lieu et place du conseil de la Communauté urbaine,
devraient être laissés à l'Assemblée nationale.
Maintenant, nous en arrivons à certains autres points
peut-être un peu plus particuliers mais dont je pense bien pouvoir
traiter sans avoir à me référer directement à des
articles du projet de loi. Ainsi, par exemple, lorsqu'il s'agit de la
destitution ou de la réduction de traitement de tout fonctionnaire ou
employé de la communauté urbaine. On mentionne qu'il faut le vote
de la majorité absolue des membres du comité exécutif. Je
dis que l'on devrait accorder la même protection, non seulement comme le
veut le projet de loi, à ceux qui sont des salariés au sens du
code du travail, mais à tous les fonctionnaires qui sont assujettis
à un contrat collectif de travail afin de pouvoir couvrir le cas des
contremaîtres, des ingénieurs, des architectes et des cadres. Je
pense que c'est une erreur qu'il y a moyen de corriger, et que le ministre le
fera de bonne grâce.
Maintenant, il y a une chose que je n'ai pas très bien
comprise.
Pourquoi le ministre a apporté un amendement soustrayant de la
compétence de la communauté les services de taxis qui
apparaissent dans le projet de loi imprimé, où il est dit que la
communauté urbaine aura compétence sur les services de taxis dans
toute l'île de Montréal?
Or, le ministre a apporté une modification, c'en est une de
celles qui nous ont été remises vendredi matin, à l'effet
que les services de taxis étaient soustraits du projet de loi et ne
seraient plus de la compétence de la communauté urbaine; j'avoue
que je ne comprends pas très bien pourquoi. Sans doute le ministre
voudrait-il nous l'expliquer.
Pour ce qui est de la Commission de transport, nous avons eu en bas,
à la commission des Affaires municipales, une assez longue discussion.
Finalement, reconnaissant qu'au moins sur ce point le projet n'était pas
tout à fait mûr, réalisant bien qu'il y avait des dangers
à se lancer dans une aventure sans trop savoir où elle pourrait
conduire, on a suggéré à la commission, qui a
accepté en principe, que les dispositions touchant la Commission de
transport de Montréal, ses pouvoirs d'acquisition de gré à
gré ou par expropriation des système de transport existants, eh
bien que toutes ces dispositions n'auraient pas d'effet avant le 1er septembre
1970, afin que tous les intéressés d'ici ce temps-là
puissent examiner l'ensemble de la question.
Et, un des problèmes qu'il soulève, c'est le suivant:
Est-ce qu'il y a lieu de donner à la Commission de transport de
Montréal le pouvoir d'acquérir de gré à gré
ou par expropriation, ou bien s'il y a lieu de lui imposer l'obligation
d'acquérir? C'est toute la différence du monde. C'est
peut-être une question à laquelle il est difficile de
répondre à Montréal, beaucoup plus facile de lui
répondre à Québec, à cause du nombre de compagnies
qu'il y a à Québec et à cause d'autres services existants
je ne sais pas jusqu'à quel point ça peut affecter
Montréal comme le transport des écoliers et
également les services de tourisme « sightseeing ».
Veuillez croire, M. le Président, que si je m'en rapporte
à des recommandations de certaines commissions qui ont fait rapport au
gouvernement sur la situation du transport en commum dans la région
métropolitaine de Québec et sur la façon de régler
le problème, ce n'est pas parce que je me transpose physiquement et
intellectuellement dans la discussion du projet de loi 76, pas du tout. C'est
parce que je crois que les principes et les recommandations qui apparaissent au
rapport Vandry et au rapport Lacasse devraient être étudiés
à fond par tous ceux qui sont intéressés au
règlement du problème sur l'île de Montréal.
Ainsi, le rapport Vandry recommande la formation d'un organisme
métropolitain de
transport par une loi du gouvernement provincial. L'on veut consolider
tous les transports en commun pour planifier leur développement, et l'on
rejette la possibilité de planification par l'entreprise privée.
Cela veut donc dire que, si l'on veut consolider tous les transports en commun,
planifier leur développement, il n'y a qu'un moyen, c'est une commission
des transports comme celle que l'on se propose d'établir pour
Québec et qui existe déjà à Montréal mais
qui doit avoir clairement juridiction, compétence,
propriété même de tous les services.
Le rapport Lacasse va un peu plus loin et je cite la page 87 de ce
rapport: « Compte tenu de tous les facteurs étudiés, le
comité est d'avis que le seul moyen d'améliorer le transport
urbain dans la région de Québec consiste à confier
à une commission publique de transport la responsabilité de
l'intégration et de l'administration des services. Il faut bien
comprendre que, même si elle n'est viable qu'à long terme,
l'exploitation du transport en commun de l'agglomération
québécoise ne devrait pas connaître de déficit au
cours des prochaines années. Il serait donc avantageux que la commission
puisse profiter de cette période pour procéder à la
réorganisation et à la stabilisation financière des
services qu'elle offre à la région ».
Je souligne en passant que le président de l'exécutif de
Montréal, au cours des séances de la commission des Affaires
municipales, a déclaré qu'il n'y aurait pas de déficit
à la Commission de transport de Montréal cette année. Ce
serait donc la même situation que pour Québec, pour autant que
l'aspect financier est concerné.
Je continue à citer le rapport Lacasse: « Compte tenu des
recommandations que nous formulons, la commission devra, plus
spécifiquement, avoir les pouvoirs requis pour jouir du monopole
d'exploitation dans le domaine du transport en commun dans tout le territoire
à desservir, ce qui comprend les services de transport urbain, le
service des traversiers entre Québec et Lévis, le transport des
écoliers, le transport touristique (sight-seeing) et les voyages
spéciaux ou à charte-partie ». Je pourrais continuer dans
les détails, mais je ne crois pas qu'il soit nécessaire de le
faire, à ce moment-ci. Evidemment, le rapport Lacasse recommandait que
la commission des transports de Québec ait juridiction ou
compétence sur le service des traversiers entre Québec et
Lévis, mais c'était dans l'optique d'une communauté
urbaine dont les villes de la rive sud auraient fait partie, comme le proposait
l'avant-projet no 200.
Evidemment, si j'entre dans ces détails, vous pourrez
m'arrêter avec raison, M. le Président, parce que je toucherai
directement au projet de loi de la Communauté urbaine de Québec.
Nous y reviendrons, mais le ministre sait ce que je pense. Le cadeau de Grecs
de la traverse de Lévis, nous les Québécois, nous n'en
voulons pas. C'est leur bébé; c'est leur promesse
électorale à nos gens en face de nous, qu'ils en aient soin,
qu'ils le nourrissent et qu'ils nous foutent la paix.
M. LUSSIER: II est bien nourri.
M. LESAGE: C'est aux gens de Lévis et les gens de Lévis y
tiennent, d'ailleurs. J'ai en face de moi un honorable ami ami dans le
sens d'ami qui est originaire de Lévis et qui ne voudrait pas
voir les Québécois avoir la haute main sur son traversier.
Je pense que le député de l'Islet, qui est originaire de
Lévis, ça...
M. LIZOTTE: Je vais le défendre jusqu'à la mort.
M. LESAGE: Oui, je le sais, il y tient! Nous voulons le laisser aux
concitoyens de sa ville natale.
Alors, M. le Président, les rapports de ces deux commissions,
commission Vandry et commission Lacasse, disent que le seul moyen d'avoir un
système de transport ordonné dans une agglomération qui
est une communauté urbaine, une agglomération
métropolitaine, c'est d'avoir l'unité de propriété,
l'unité de commandement, l'unité de direction. Dans le rapport
Lacasse, on recommande même l'intégration des services d'autobus
scolaires et d'autobus touristiques. C'est donc dire que, d'ici le 1er
septembre 1970, dans le cas de Montréal, il faudra en venir à une
décision rapide. Dans le cas de Québec, je pense que nous ne
devrions pas attendre étant donné que tout le problème a
été tellement étudié à fond par deux
commissions qui en viennent aux mêmes conclusions après des
études approfondies sur le sujet.
M. le Président, j'ai commencé en parlant de coûts,
en parlant de fiscalité, je terminerai sur le même sujet. J'ai
parlé de l'inquiétude des représentants en cette Chambre
des comtés oft il y a des villes de banlieue. J'ai parlé de
l'inquiétude et des questions que se posent les maires des
municipalités de banlieue ou encore que se sont posées devant
nous leurs représentants à la commission des Affaires
municipales.
Je dis que le ministre doit être beaucoup plus précis dans
les estimations qu'il va nous
donner des coûts, non seulement pour l'an prochain, pour dans deux
ans, mais des coûts estimés suivant des projections
précises qui auraient dû être faites. Si elles ont
été faites, que le ministre nous le dise et peut-être
sera-t-il plus facile de comprendre le problème dans ses moindres
détails. De toute façon, je crois que l'on devrait retenir une
suggestion qui a été faite par le maire de Montréal, c'est
qu'une partie des subventions d'établissement de la Communauté
urbaine de Montréal devrait être directement appliquée aux
coûts accrus des services de police intégrés sous la
direction du conseil de sécurité de la communauté
urbaine.
Dans le cas de Québec, qu'est-ce qui coûte le plus cher?
C'est le bureau d'assainissement des eaux. Le gouvernement consacre $11,500,000
au bureau d'assainissement des eaux pour la région de Québec.
Parce qu'il consacre $11,500,000, un montant qu'il applique, qu'il
détermine pour telle fin, pour aider les municipalités de la
région de Québec, il donne par tête des subventions
d'établissement qui sont beaucoup moins élevées
qu'à Montréal. Je dis, M. le Président, que les maires des
banlieues de Montréal, les contribuables, se sentiraient sur un terrain
plus solide si, au moins, une bonne partie des subventions
d'établissement était appliquée directement aux
coûts accrus des services policiers intégrés sur l'Ile de
Montréal, il n'est pas un seul représentant des autorités
municipales qui n'ait pas déclaré être favorable à
cette suggestion. Oh, il y en a beaucoup qui préféraient la
non-intégration des forces de police. Ils disaient qu'ils ne croyaient
pas que l'intégration était nécessaire.
Mais, quand je leur ai demandé, face à
l'intégration comme solution alternative préférable:
Croyez-vous à l'application d'un montant déterminé
à prendre sur les subventions d'établissement pour les frais
d'intégration des forces policières? Tous m'ont répondu
oui.
Ce que les gens de banlieue à Montréal craignent le plus,
c'est le coût de l'intégration des forces policières. Ce
que les gens de la région de Québec craignent le plus, c'est le
coût du bureau d'assainissement des eaux. Dans le cas de Québec,
comme on dit en anglais, « an amount is ear-marked », on applique
directement un montant à prendre sur les subventions et on diminue les
subventions d'autant.
Qu'on suive le même régime à Montréal, mais
cette fois-ci, pour ce qui inquiète le plus les gens, parce que c'est ce
qui comparativement coûte le plus cher, en coûts accrus j'entends,
qu'on le fasse pour la Communauté urbaine de Montréal en autant
que les services policiers intégrés sont concernés.
M. le Président, j'avais l'intention de ne parler que quelques
minutes, j'avais dit que je n'essaierais pas de faire le tour des discussions,
d'en faire un résumé, si vous voulez, qui ont eu lieu à la
commission parlementaire des Affaires municipales.
J'ai prolongé mes remarques au-delà de ce que j'aurais
désiré; disons que nous nous sentons bousculés. Ce n'est
un secret pour personne que la fin de la présente session est harassante
pour tout le monde, et pas mal pour celui qui vous parle. J'aurais bien
aimé être capable d'analyser en comité plénier, mais
longuement, très longuement, même au prix de retourner devant la
commission des Affaires municipales pour poser des questions aux
intéressés, J'aurais bien voulu être capable de donner
à chacune des facettes du problème un degré d'attention et
de réflexion qu'hélas je ne pourrai pas donner parce que, d'ici
peu, nous serons en comité plénier et la machinerie, pas
infernale, mais la machinerie de notre règlement nous forcera à
procéder article par article. Moi, je ne crois pas au « filibuster
». Je crois aux discussions, mais je me sens tellement plus à
l'aise, et mes collègues aussi pensent la même chose, quand nous
pouvons donner à des problèmes dont les solutions peuvent
affecter une population de deux millions, dans le cas de Montréal, et de
plusieurs centaines de mille personnes, dans le cas de Québec, quand
nous pouvons leur donner la réflexion qui est requise et surtout quand,
au fur et à mesure de l'étude, il nous est loisible d'avoir avec
les intéressés et avec ceux qui s'y connaissent des consultations
nombreuses, répétées, qui nous éclairent et qui
nous permettent parfois de tenter d'éclairer nos collègues.
Je regrette donc que ces bills extrêmement importants nous
arrivent à la fin d'une session, mais ma conviction est tellement
profonde de la nécessité d'une communauté urbaine de
Montréal et d'une communauté urbaine de Québec que je
voterai pour le principe du projet de loi.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
d'Outremont.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, comme mes collègues, je
vous dirai que j'aborde l'étude de ce projet de loi en deuxième
lecture avec des sentiments très mêlés, très
partagés.
En effet, devant un projet de cette envergure qui nous arrive dans les
conditions où le gouvernement nous le présente, il est difficile
d'apprécier la valeur du projet de loi, ses conséquences sur le
plan administratif et financier, de peser ses aspects et d'un autre
côté de peser dans la
balance toutes les circonstances étranges qui motivent le
gouvernement à présenter cette législation à la fin
extrême de la session, alors que les consultations qui ont
précédé le projet de loi ont été nettement
insuffisantes, alors que les auditions des personnes intéressées
directement devant une commission parlementaire ont été
limitées, il est difficile, dis-je, de faire la part de l'importance de
la Communauté urbaine pour la région métropolitaine, d'une
part, de son importance comme structure administrative et juridique, de son
importance au point de vue financier et, d'un autre côté, de
mettre dans l'autre plateau de la balance cet autre aspect qui est la
façon tout à fait spéciale avec laquelle le ministre des
Affaires municipales nous apporte le projet en question.
Parce que nous soupçonnons que derrière ce projet de loi
se profilent toutes sortes d'intérêts, peut-être
légitimes, mais d'intérêts que l'on n'a pas eu le temps ou
le loisir d'apprécier à leur juste valeur et à leur juste
importance. Par exemple, il est incontestable que la ville de Montréal,
dans la période actuelle, vit des difficultés financières
et que, par conséquent, elle a un intérêt immédiat
à pousser sur le gouvernement pour obtenir ce projet de loi. Il est, de
plus, incontestable que le gouvernement provincial a un intérêt
immédiat à se débarrasser du problème à la
faveur de l'intérêt montréalais dans cette
législation pour éviter des dépenses qui, naturellement,
incombent au gouvernement du Québec, en particulier dans le domaine de
la santé et dans le domaine policier. Je ne reviendrai pas sur cet
aspect qui avait été exploré par mon collègue, le
député d'Olier, j'allongerais inutilement mon discours.
Mais, d'autre part, il faut bien admettre qu'à côté
de ces intérêts qui, en quelque sorte, sont le moteur
derrière ce projet de loi intérêts que je ne juge
pas, mais que je constate à côté, dis-je, de ces
intérêts, il y a quand même une nécessité qui
est ressentie depuis longtemps, c'est la création d'un organisme
régional dans l'île de Montréal.
J'essaie donc de faire la part des choses et j'essaierai
d'écarter de mon raisonnement tous les aspects secondaires qui me
causent quelque malaise en abordant l'étude du projet de loi pour me
contenter de l'analyser selon son importance et suivant les conséquences
qu'il peut avoir.
D'accord pour la communauté urbaine, mais je dis que nous ne
sommes pas d'accord pour créer un autre gouffre financier pour les
contribuables de la région de Montréal. D'accord sur la
communauté urbaine, mais nous nous interrogeons et je m'interroge
sérieusement sur l'opportunité de l'intégration des forces
policiè- res dans la région de Montréal, étant
donné que, suivant les estimations du ministre, il s'agit là
d'une dépense totale de $50 millions et que nous savons que ces
estimations sont sujettes à grossir au fur et à mesure que
l'intégration se fera. D'accord sur la Communauté urbaine, mais
est-il opportun de procéder à l'intégration des forces
policières, et là je ne parle pas de l'aspect financier, je parle
de l'efficacité de la police dans la région de
Montréal.
Voilà, M. le Président, en quelque sorte, je pense,
l'endroit où se trouve toute l'ambiguïté de ce projet de
loi. C'est dans son aspect policier, c'est dans l'aspect de la dépense
qui sera occasionnée par l'intégration des forces
policières, c'est dans l'opportunité de procéder à
l'intégration de tous ces corps de police qui se trouvent actuellement
dans la région de Montréal.
Par conséquent, il est possible, M. le Président, et c'est
ma position personnelle dans ce débat, d'être, d'une part
favorable à la création d'un organisme régional, telle la
communauté urbaine, avec certains pouvoirs inter municipaux et
même intramunicipaux, mais, d'un autre côté, de se poser des
questions très sérieuses et de douter de l'opportunité de
procéder à l'intégration des forces policières,
à la fois pour des motifs financiers et pour des motifs
d'efficacité policière.
Je désire citer tout d'abord un texte qui me semble tout a fait
pertinent à ce débat, et je tire ce texte du: « Report of
the Role Commission on Metropolitan Toronto », rapport de M. Carl
Goldenberg, qui avait été désigné commissaire par
la province d'Ontario et qui est en date de 1965.
Que disait M. Goldenberg au sujet des problèmes administratifs et
financiers qui résultent d'une intégration de certaines
activités municipales comme les activités policières?
À la page 26 de son rapport, il s'exprime comme suit: «
With respect to the Toronto application, the Board found many obvious
advantages in total amalgamation » là, il continue en
disant que la ville de Toronto avait proposé la fusion totale des
villes, et il continue comme ceci: « the Board found however that
these manifest advantages » c'est-à-dire
l'intégration de toutes les villes « were outweighed by
serious objections. First it concluded that amalgamation would result in
immediate and prolong administrative confusion of the most serious kind.
Secondly, it foresaw a substantial increase in taxation due to the practical
necessity of bringing all suburban wage and salary scales and working
conditions up to city levels. In addition, demands for improved ser-
vices in the suburbs equal to those in other areas would prove
difficult, if not impossible, to resist. The evidence showed that per capita
cost in general tempt to increase with the size of the municipality.
»
Je tire de cette constatation, M. le Président, faite à
l'occasion d'une demande de fusion de plusieurs municipalités, une
règle qui s'impose en matière de fusion ou d'intégration
totale des forces policières dans l'Ile de Montréal.
C'est-à-dire qu'en vertu des règles que nous connaissons
très bien, lorsqu'il y a fusion ou amalgamation, il y a un nivellement
des conditions de travail qui se fait au degré le plus
élevé des conventions collectives.
Par conséquent, les contribuables de la région de
Montréal peuvent s'attendre, normalement, à ce que les conditions
de travail des policiers qui subiraient l'intégration seront celles de
la convention collective la plus avantageuse dans la région de
Montréal. Par conséquent, de ce seul fait, il y aura une
augmentation du coût annuel de l'opération des forces
policières intégrées dans la ville de Montréal et,
par conséquent, des répercussions fiscales immédiates, non
seulement sur les contribuables des municipalités de banlieue mais sur
les contribuables de la ville de Montréal elle-même.
Je dis, par conséquent, que toute la théorie de
l'intégration des forces policières qui se trouve contenue dans
ce projet de loi ouvre la porte à des excès sur le plan des
dépenses alors que, dans une période comme celle que nous vivons
actuellement et au moment où les contribuables du Québec et, en
particulier, de Montréal et de la région sont surtaxés,
que le gouvernement n'a tout simplement pas le droit de procéder
à l'aveuglette et de se lancer dans un processus d'intégration
qui risque d'avoir des conséquences financières
désastreuses pour tous les contribuables de l'île de
Montréal.
Premier danger, par conséquent: danger au point de vue financier
et au point de vue administratif.
Il y a un second danger. On tient pour acquis que l'intégration
des forces policières sur l'Ile de Montréal est un objectif
auquel il faut viser. On considère qu'il s'agit là d'un
idéal qu'il faut réaliser pour combattre le crime qui, dit-on,
n'a pas de frontière. Je dois dire que c'est un peu le sens d'un certain
nombre d'observations que j'ai entendues à la commission des Affaires
municipales, lorsque nous avons entendu M. Saulnier et les autres personnes qui
venaient représenter la ville de Montréal et le Front commun des
policiers et des autres employés municipaux.
Mais, je veux vous citer une autorité, il me semble que cette
autorité vient de haut. L'autorité que je veux citer, c'est le
chef Saint-Pierre de la Sûreté du Québec qui, au colloque
récent sur l'administration de la justice, s'exprimait comme suit:
« Comment cette coordination doit-elle se faire? Plusieurs ont
certainement des idées sur le sujet. Déjà, il y a un
projet de Communauté urbaine de Montréal, puis de Québec
et de Hull. Déposer le projet de loi, c'est déjà un grand
pas de fait. « Personnellement, je ne suis pas au courant des
modalités; j'en ai pris connaissance dans les journaux. Je ne crois pas
à la nécessité de l'unification des forces
policières. Au contraire, j'y verrais de grands dangers. Peut-on
s'imaginer toutes les forces policières en grève? Ces corps
policiers pourraient garder leur autonomie, tout en étant sous la
juridiction d'un conseil de sécurité publique qui pourrait
intervenir dans les cas d'entraide, lors de manifestations ou autres urgences.
Il pourrait certainement exister une intégration quelconque dans
certains services, à savoir: sécurité, crime
organisé, vol à main armée, etc, mais ces
communautés urbaines seront insuffisantes. Il faut penser à tous
les corps policiers de la province. »
Par conséquent, le chef Saint-Pierre lui-même dit qu'il met
en doute la théorie de l'intégration absolue des forces
policières sur l'Ile de Montréal. Donc, sur le plan du travail
policier, sur le plan de l'efficacité des corps policiers, on peut
mettre en doute la théorie qui est sous-jacente au projet de loi
présenté par le gouvernement, en plus des raisons
financières que j'ai fait valoir tout à l'heure en discutant de
la possibilité et de la probabilité que l'intégration
occasionne l'accroissement des coûts de la force policière totale
dans la métropole de Montréal. Le ministre de la Justice veut-il
poser une question?
M. PAUL: Le député me permettrait-il une question?
M. CHOQUETTE: Sans doute.
M. PAUL: Ai-je bien compris lorsque l'honorable député a
mentionné que ce serait l'intégration absolue des forces
policières dans tout Montréal?
M. CHOQUETTE: Le ministre de la Justice a mal compris parce que j'ai
simplement voulu soulever la question de l'opportunité de
l'intégration. J'ai voulu soulever le problème de
l'intégration.
M. PAUL: Pas absolue?
M. CHOQUETTE: Non. J'ai voulu dire que, dans le domaine de la
coordination ou de l'intégration des forces policières, il peut y
avoir différentes solutions au problème. L'intégration
absolue n'est pas nécessairement la meilleure solution au
problème du travail policier.
M. PAUL: Très bien.
M. CHOQUETTE: Je dis si le ministre me permet de l'ajouter
que, dans l'état actuel des choses, la Chambre est insuffisamment
renseignée pour voter un projet de loi comme celui-ci qui conduit
directement à l'intégration absolue des forces policières
dans la métropole de Montréal. En somme, étant
donné les circonstances dans lesquelles le bill nous arrive,
étant donné l'absence de préparation, l'absence
d'étude en profondeur de la question, la Chambre est incapable de voter
ce projet de loi en connaissance de cause. Vu que, sur le budget total de la
communauté urbaine, que le ministre des Affaires municipales
prévoyait être de $70 millions, il y a $50 millions qui sont
censés aller au service de la police.
Par conséquent, M, le Président, en votant pour ce projet
de loi, on vote pour $50 millions dont on peut douter. Je veux dire qu'on vote
pour un projet de loi qui va impliquer une dépense de $50 millions sur
$70 millions sans avoir les renseignements requis, et tout ça à
cause de la hâte du gouvernement à tenter de régler des
problèmes immédiats. Maintenant, M. le Président, il y a
un autre argument, je pense, à l'encontre de l'intégration
immédiate des forces policières dans lîle de
Montréal. Je cite encore le rapport Goldenberg à la page 61. On
sait qu'à Toronto on a procédé à
l'intégration des services de police des municipalités qui
composent le Toronto métropolitain, mais justement M. Goldenberg dans
son rapport a fait état du fait qu'il y a un danger à cette
intégration, dans ce sens que, lorsqu'un corps policier est
centralisé en quelque sorte à un niveau très
supérieur, il n'est plus en relation, en contact avec la population, il
n'a plus, en quelque sorte, de relations immédiates avec la population
locale. A la page 61 l'auteur s'exprime comme suit: « While I do not
recommend the division of the police function between metro and area
municipalities, I suggest that more effort should be made to improve
relationships between the police force and the municipalities. There is value
in identification of the policemen with citizens of the locality which he
serves. » Et là il continue en s'appuyant sur un mémoire
qui lui avait été présenté lors des auditions de sa
commission.
En somme, je dis donc qu'en votant ce projet de communauté
urbaine et en acceptant l'idée générale de la
communauté, on nous demande de donner un vote ambigu; moi je ne suis pas
d'accord pour voter pour l'intégration ou pour certains modes de
coordination des forces policières de Montréal et de l'île
de Montréal, parce que je ne suis pas renseigné et que le
gouvernement n'a apporté aucune autorité pour dire dans quel sens
cela devrait être fait.
Evidemment, dans le projet de loi, on confie le mandat de faire des
recommandations à la commission de sécurité publique. Mais
il faut noter que cette commission de sécurité publique est une
commission de la communauté urbaine. Par conséquent, tout
naturellement les personnes qui seront nommées à cette commission
de la communauté urbaine vont être portées à vouloir
donner le plus de pouvoirs possibles à la communauté. Je dis
qu'il y a un très grand danger à ce que les recommandations au
sujet de la coordination ou de l'intégration des forces de police
à Montréal soient faites par une commission de la
communauté elle-même, il aurait fallu, à mon avis, que la
commission qui devait faire des recommandations sur la coordination ou
l'intégration des forces de police, tant sous l'aspect du travail
policier que sous l'aspect financier, soit une commission totalement
indépendante de la communauté urbaine créée par le
bill 75. A ce moment-là, on aurait été sûr d'obtenir
l'opinion impartiale de personnes de l'extérieur qui ne feraient pas
partie plus tard du conseil de sécurité public, parce que les
personnes qui vont faire rapport en vertu du bill 75 sont des personnes qui
vont demeurer en poste à la commission de sécurité
publique, et on connaît la propension des fonctionnaires et des
administrateurs à toujours grossir leurs services pour se donner de
l'importance. Alors ne comptez pas sur les futurs membres de cette commission
de sécurité publique pour dire: Nous ne procéderons pas
à l'intégration ou nous allons limiter la coordination à
un aspect purement limité.
En somme, le gouvernement est en train de créer un organisme qui
va se donner de l'importance, qui va se grossir, qui va vouloir occuper le
champ législatif que l'on est prêt à lui confier, que non
seulement on est prêt à lui confier, mais qu'on le force presque
à adopter. Quand on lit les articles au sujet du conseil de
sécurité publique, le futur conseil de sécurité
publique est en quelque sorte le dictateur au moins dans la période
initiale de la communauté urbaine.
Je ne sais pas si, du côté gouvernemental, on se rend
compte du risque sur le plan financier et du risque sur le plan policier. Je
dis
que si le gouvernement voulait être raisonnable, il dirait:
D'accord, créons la communauté urbaine et confions-lui la plupart
des pouvoirs qui peuvent être dans l'article 112, parce que je reconnais
que la plupart des pouvoirs de l'article 112 méritent d'être
administrés par une autorité supérieure qui est une
émanation des municipalités composantes et qu'il y a probablement
même dans certains de ces pouvoirs des économies à
réaliser pour chacune des municipalités. Enfin, je n'ai pas
besoin d'en indiquer certaines, mais il y en a sûrement. Par exemple,
l'établissement d'un schéma d'aménagement pour toute
l'île, c'est d'accord, il faut que ce soit établi par une
autorité supérieure. Ou bien le traitement des données,
c'est la même chose.
En somme, je dis qu'il aurait fallu, si le gouvernement veut absolument
insister pour adopter son projet de loi et créer cette
communauté, retirer du bill 75 tout ce qui est relatif à
l'intégration des forces policières et instituer une commission
séparée composée d'hommes que nous respectons et que la
population respecte, et qu'une fois les recommandations de cette commission
déposées devant le gouvernement ou devant la Chambre, le
gouvernement apporte les modifications requises pour qu'on procède soit
à la coordination, soit à l'intégration si cela est
recommandable. En somme, je pense que, pour régler un problème
immédiat, le problème financier de la ville de Montréal,
on se dépêche de créer un autre problème qui, sur
une longue période, ne bénéficiera pas aux contribuables
de Montréal qui au contraire, va non seulement faire du tort aux
contribuables des banlieues, mais va finalement écraser les
contribuables de la ville de Montréal même.
Maintenant, je pense également que dans cette façon de
voir les choses, il aurait été utile de voir la communauté
urbaine fonctionner dans certains domaines où les conséquences
financières ne peuvent pas être désastreuses comme, par
exemple, dans les pouvoirs autres que le pouvoir policier. A ce
moment-là, on aurait vu un peu le fonctionnement, on aurait vu comment
les municipalités se seraient arrangées entre elles et avec
Montréal, parce que ce sera sans doute là le principale
problème, on aurait expérimenté et on n'aurait pas
immédiatement confié à cet organisme, on n'aurait pas mis
entre ses mains un outil extrêmement dangereux qui est justement
l'intégration des forces policières.
Je pense qu'à ce moment-là on aurait créé
l'organisme, mais on aurait été prudent quant aux
résultats financiers, quant aux résultats administratifs et quant
à l'expérience future. D'autant plus que, comme je le disais tout
à l'heure, ce projet de loi nous arrive sans être appuyé
par des autorités. Je sais bien que la commission Prévost a
recommandé, je pense, à un moment donné,
l'intégration ou la coordination des forces policières dans un de
ses volumes, mais il n'y a pas d'étude très
détaillée dans ce domaine. Je n'ai pas une confiance absolue aux
membres de la commission Prévost dans ce domaine parce que ce ne sont
pas des policiers. Je préférerais avoir l'opinion d'un monsieur
comme M. Saint-Pierre ou du chef Gilbert ou de chefs de police locaux de la
région de Montréal avant de passer un jugement. En somme, je dis
que, sur le papier, ç'a a l'air très bien de dire: On va
intégrer les forces policières. Mais on sait très bien, et
tous les administrateurs le constatent tous les jours, que ce qui est beau sur
le papier souvent s'avère désastreux dans la
réalité.
Maintenant, on parle d'intégration des coûts des corps de
police, et c'est un peu le sens du bill 75. On intègre les coûts
des corps de police, mais on n'intègre pas les revenus des
municipalités. En somme, on dit: On met ensemble toutes les
dépenses des municipalités en matière policière,
mais que fait-on des revenus et que fait-on des situations particulières
de chacune des municipalités? Toutes les municipalités ne
retirent pas les revenus des mêmes sources. Certaines retirent plus en
taxe d'affaires, plus en impôt différent de l'impôt foncier.
Par conséquent, il y a là un problème d'ordre financier
qui peut être créé par ce projet de loi.
On ne se préoccupe donc pas de la situation propre à
chaque municipalité au point de vue du rendement fiscal. Et que fait-on
des municipalités où pompiers et policiers sont les mêmes?
Il est bien beau de dire: Nous allons intégrer ou coordonner les
activités des policiers dans les différentes
municipalités, mais il y a des municipalités où les
policiers sont à la fois des policiers et des pompiers. Par
conséquent, ce problème n'est pas résolu.
En somme, Je ne vois pas comment on pourra le résoudre, sinon en
forçant les municipalités à faire une dépense
supplémentaire pour se doter de services de pompiers distincts de leurs
services policiers. Entre autres, il y a la ville de Beacons field qui est dans
ce cas-là et qui a un service de policiers qui sont à la fois
policiers et pompiers.
M. le Président, je pense donc qu'il aurait été
sage de notre part de faire une motion pour scinder ce bill. Nous aurions pu
voter sur le principe de la communauté, mais distinguer le principe de
l'intégration ou de la coordination des forces policières. Je
pense qu'il aurait été en quelque sorte opportun, pour clarifier
la situation et la discussion sur ce projet de loi, de
distinguer, d'une part, la création d'une communauté,
d'une autorité régionale, et l'intégration des forces de
police. Mais je m'abstiendrai de faire cette motion étant donné
qu'il sera possible à l'Opposition de soulever de nouveau ce
problème en comité et de le présenter, peut-être,
d'une autre façon. Cela évitera, évidemment, de prolonger
ce débat indûment.
Maintenant, on me dira que la ville de Montréal a des
problèmes de coûts policiers et que, par conséquent, il est
peut-être opportun que la ville fasse partager ces coûts par les
municipalités environnantes. A ceci, je réponds que M. Saulnier
disait qu'il y avait $6 millions à aller chercher ailleurs que dans les
goussets des contribuables de Montréal. La contribution prévue de
la province est de $8 millions. Personnellement, étant donné les
problèmes financiers de la ville de Montréal, je n'aurais pas
d'objection, et les municipalités de banlieue n'en auraient pas, non
plus, à ce que le gouvernement du Québec fasse cadeau de $8
millions à la ville de Montréal pour la dépanner de ses
problèmes financiers. Je n'aurais pas d'objection parce que je sais
très bien qu'il est plus important d'avoir l'opinion d'une commission
indépendante sur la coordination ou l'intégration
éventuelle des forces policières que d'y procéder
immédiatement et de créer toutes les conditions requises pour que
les coûts augmentent à une vitesse vertigineuse et que ce soit
tous les contribuables qui en subissent les conséquences.
Evidemment, ceci est un domaine qui appartient au gouvernement. C'est
une suggestion que je fais. Le gouvernement l'acceptera ou la refusera, mais je
la fais pour montrer qu'avec les maires de banlieue qui se sont exprimés
je sympathise avec la situation financière de la ville de
Montréal. Sans aucun doute, cette ville a besoin d'aide à l'heure
actuelle. Mais ce n'est pas parce que Montréal a besoin d'aide qu'il
faut aller endetter sûrement, comme on le fait par ce projet de loi,
toutes les banlieues de la région de Montréal, plus les
contribuables de la ville même de Montréal.
M. le Président, je laisse ce sujet et je passe maintenant
à un autre aspect du projet de loi que je traiterai brièvement;
c'est la représentation au sein du conseil et au sein de
l'exécutif de la future communauté urbaine.
Personnellement, je considère que le projet de loi aurait
dû créer un conseil où il y aurait eu égalité
de représentation entre les municipalités de banlieue et la ville
de Montréal. Les municipalités de banlieue étant au nombre
de 27, elles auraient pu avoir 27 représentants à ce conseil et
la ville de Montréal aurait pu en avoir 27. En effet, si l'on prend
l'expérience de la ville de Toronto, cela a été ça
le point de départ du Toronto métropolitain en 1953. A
l'époque où le grand Toronto se composait de treize villes, on a
procédé de cette façon. On a donné
égalité de représentation à la ville de Toronto
proprement dite et aux banlieues environnantes. Plus tard, on est passé
à un système plus démocratique, du moins plus
représentatif de la population et l'on a augmenté la proportion
des banlieues, parce que la population avait changé.
Pour éviter la méfiance qui va nécessairement venir
du rôle prépondérant et déterminant que l'on donne
à la ville de Montréal en vertu de ce projet de loi, au point de
départ, on aurait dû, au sein du conseil, créer
l'égalité de la représentation entre Montréal et
les banlieues.
On me dira que c'est peut-être contraire aux principes
démocratiques, mais ce n'est pas nécessairement contraire aux
principes démocratiques, parce que les principes démocratiques
n'exigent pas qu'il y ait nécessairement la représentation par
nombre ou par population ou par chiffre de population. Au contraire, si l'on se
place dans l'optique que l'on est en train de créer une
confédération des municipalités, il n'y a nulle objection
à ce qu'il y ait égalité entre Montréal et les
banlieues.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre le député
d'Outremont, mais je dois lui signaler que le temps qui lui était
réservé est maintenant expiré.
M. CHOQUETTE: Si la Chambre me permet, je vais terminer en deux
minutes.
M. PAUL: Deux minutes?
M. CHOQUETTE: Deux minutes. Je n'aurais pas eu d'objection à ce
qu'à l'exécutif on donne plus de voix à la ville de
Montréal, parce que je me rends parfaitement compte que c'est la ville
de Montréal qui va prendre le leadership dans le domaine de la
Communauté urbaine de Montréal. Et par conséquent,
même si au sein du conseil j'aurais été favorable à
l'égalité de la représentation, il me semble qu'au sein de
l'exécutif il aurait été acceptable aux
municipalités d'avoir plus de voix venant de la ville de
Montréal.
M. le Président, le maire Drapeau, qui nous a adressé la
parole longuement à la commission, nous disait que d'ici peu il
reviendrait devant le Parlement pour demander des amendements à ce
projet de loi parce que, disait-il, il est complètement imparfait, et je
suis tout à fait d'accord avec lui. Le projet de loi est tellement
imparfait
qu'il est Incontestable que, à très brève
échéance, on reviendra devant le Parlement pour y demander des
amendements.
Dans ces conditions-là et vu que, naturellement, une
communauté urbaine est une chose qui est « évolutive
», et j'emploie le terme entre guillements parce que c'était la
terminologie du maire Drapeau, je pense qu'on aurait dû commencer par un
système confédératif entre les différentes villes,
quitte à donner à Montréal le leadership naturel qui lui
revient à cause de sa grande population. A ce moment-là, on
aurait été plus sûr de faire un succès avec la
Communauté urbaine de Montréal qu'avec l'optique qui
préside à sa rédaction actuelle et aux nombreux
amendements présentés par le ministère des Affaires
municipales.
En d'autres termes, je pense qu'avec ce projet de loi, en l'imposant
dans les conditions actuelles, en créant ce danger financier qui
résulte de la coordination ou de l'intégration des forces
policières, avec la représentation telle qu'elle est
créée au sein du conseil et de l'exécutif, on crée
toutes les conditions nécessaires à la suspicion entre les futurs
partenaires dans cette communauté urbaine que tout le monde veut
être un succès en définitive.
Est-ce que le ministre des Affaires municipales est d'accord?
M. DEMERS: C'est suffisant.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. Victor-C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'ai pas l'Intention de
retarder longtemps l'étude du projet de loi, j'aurai quelques mots
à dire seulement. Le bill 75 est trop complexe pour me permettre d'avoir
une seule et simple réaction à son endroit. Par
conséquent, j'ai plusieurs réactions qui, dans leur ensemble, si
j'en pèse le pour et le contre, sont plutôt positives.
En ce disant, j'exprime non seulement mon attitude personnelle, mais
également celle des deux municipalités de banlieue que j'ai
l'honneur de représenter. Chacun des maires m'a dit qu'il trouve dans ce
projet de loi des éléments qui, à ses yeux, sont vraiment
excellents.
J'ai bien pris soin, cependant, de faire allusion au pour et au contre,
et je dois dire que les réactions négatives portent sur des
aspects très importants du projet de loi.
Deux choses surtout retiennent l'attention des municipalités de
banlieue, l'augmentation du fardeau financier de leurs citoyens et le manque de
renseignements et surtout de chiffres pour justifier les décisions et
préciser les effets que comporte ce projet de loi.
On dit que le fardeau financier est actuellement mal réparti dans
la région métropolitaine, que la ville de Montréal en
supporte une trop forte proportion et que les municipalités de banlieue
s'en tirent à bon compte. Je ne suis pas un expert financier, mais je
dois dire que, d'après les renseignements qui me sont fournis, surtout
de municipalités de banlieue où les citoyens ont souvent pris des
engagements financiers assez importants et ne se trouvent pas facilement en
mesure d'y ajouter, ces réactions sont des réactions
d'hésitation qui sont fort compréhensibles.
Je prends l'exemple d'une des deux municipalités que je
représente. On dit, selon les chiffres qui ont été
présentés, que le coût des services policiers serait
augmenté de $350,000 à $780,000; que celui des services de
santé sauterait de $15,000 à $100,000. Le gouvernement
répond qu'il y aura des subventions spéciales pour aider à
traverser cette période difficile. Mais si l'on fait les calculs, on
trouve que, pour faire face à une augmentation de plus d'un demi-million
de dollars, il y aurait une subvention de $88,000 par année. Or, on
comprend fort bien que ces municipalités, tout en ayant une attitude
positive, soient un peu hésitantes devant la précipitation avec
laquelle le gouvernement semble vouloir apporter ce projet de loi.
Selon l'autre municipalité et je veux souligner que ce
n'est que demain soir que le conseil municipal aura eu l'occasion de se
réunir et de se pencher sur les effets possibles du projet de loi sur sa
propre juridiction dans l'autre municipalité, dis-je, selon des
calculs faits par le ministre, le coût total serait à peu
près celui que l'on connaît en ce moment, mais selon d'autres
chiffres, il serait augmenté de $100,000.
Devant ces imprécisions, devant cette confusion de chiffres,
devant ce manque de chiffres, il me semble que l'on aurait pu accorder un peu
plus de temps à l'étude du projet de loi, et c'est nettement la
réaction des citoyens de banlieue.
Je fais miens quelques mots que j'ai trouvés ce matin dans
l'éditorial du quotidien montréalais, The Gazette,
éditorial intitulé « Why such curious haste with bill 75?
» « Regional government must not be delayed. But thoroughness is
not delay. Frankness is not delay. Patience is not delay. The invitation of
informed comment is not delay. The seaking of the greatest possible goodwill
and co-operation is not delay. « But the bill originating so strangely;
based
upon unknown and undisclosed research; sheltered from full discussion;
and rushed by with such oddly impulsive haste that could end in a failure that
would be the biggest and most serious delay of all. »
Je n'ai fait qu'exprimer certaines réticences que
j'éprouve et qu'éprouvent mes concitoyens à l'endroit de
ce projet de loi. J'ai déjà dit, en parlant sur une motion
d'amendement, que j'avais l'intention d'appuyer le projet de loi, de voter pour
son principe en deuxième lecture.
Je conclus en réitérant cette intention, mais en exprimant
aussi mon grand regret que le gouvernement n'ait pas procédé
d'une façon tout à fait différente pour permettre à
tous les intéressés de s'exprimer et d'influencer la
pensée gouvernementale de façon à nous apporter enfin un
meilleur projet de loi que celui que nous avons devant nous en ce moment.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Maurice.
M. Philippe Demers
M. DEMERS: M. le Président, n'étant pas résident de
Montréal ou de la banlieue, mais ayant, comme certains collègues,
participé durant seize heures à la commission parlementaire des
Affaires municipales, je me permets de faire quelques remarques à
l'endroit du bill 75, qui nous a été proposé par le
ministre des Affaires municipales à qui je m'en voudrais de ne pas
offrir mes félicitations pour l'efficacité de son travail et la
patience qu'il a manifestée à vouloir bitir quelque chose de bien
pour la collectivité montréalaise.
De la commission des Affaires municipales, je retiens deux choses. C'est
qu'il y avait deux clans complètement opposés: d'une part,
l'exécutif de la ville de Montréal qui avait fait des
études sérieuses, le ministère des Affaires municipales et
le gouvernement; d'un autre côté, un groupe de maires de banlieue
qui étaient tous pour le principe du bill, mais qui ce qui m'a
surpris encore davantage lorsqu'ils en arrivaient aux modalités,
trouvaient des objections sans pouvoir préciser exactement là
où étaient ces objections. On a invoqué la
précipitation du gouvernement en ce sens. Je trouve que ce n'est pas
précipiter les choses. Depuis quinze ans, nous étudions le
régime de la Communauté urbaine de Montréal et,
aujourd'hui, on apporte une solution.
Les maires de banlieue nous ont donné la triste impression qu'ils
étalent tous pour cela et qu'ils rejoignaient Petula Clark dans sa
chanson où tout le monde veut aller au ciel sans mourir. Ils veulent
tous du bill, mais ils ne veulent pas payer. Les gens qui ont contribué
sérieusement de leurs deniers à améliorer leur
municipalité ne seront pas pénalisés, en ce sens qu'ils
ont bâti quelque chose dans leur ville. Ceux qui, depuis plusieurs
années, ne paient rien et qui bénéficient du prestige de
Montréal paieront quelque chose mais, ils n'ont rien payé
à ce jour.
On voit une foule de municipalités qui ont une évaluation
de $0.41 ou de $0.61 et qui ne paient rien. Ces gens-là, il est
évident qu'ils contribueront. Mais, lorsque le maire et le
président du conseil exécutif, M. Saulnier, viennent nous dire
que ça coûtera peut-être $0.15, ce n'est pas un chiffre
astronomique et, avec la compensation que donnera le gouvernement, ça ne
ruinera personne.
C'est pourquoi, M. le Président, en deuxième lecture, je
voterai pour ce projet de loi. Je félicite, encore une fois, le ministre
des Affaires municipales, qui en dépit de tout a décidé de
donner à Montréal un gouvernement métropolitain qui
donnera satisfaction à tout le monde et qui permettra de faire un pas de
plus. Je veux, par la même occasion, souhaiter que, dans la région
de la Mauricie, un jour, on en vienne à cette communauté urbaine
qui nous permettra de fusionner les services qui sont éparpillés
aux quatre coins de la région pour bâtir quelque chose, nous
autres aussi, qui se tiendra. Je souhaite qu'il n'y ait pas de
répétition de ce qui s'est passé ici et que nous
puissions, au moins, Jouir d'une efficacité qui pourra rendre service
à la collectivité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Robert Lussier
M. LUSSIER: M. le Président, je n'utiliserai que très
succintement mon droit de réplique, car, en comité, il nous sera
donné d'aborder les différents sujets que les honorables
députés d'en face se sont presque continuellement
répétés de l'un à l'autre. Deux questions surtout
sont revenues très fréquemment; d'abord,celle du financement de
cet organisme régional. La deuxième, ç'a été
de dire et de répéter que le gouvernement procédait
à la hâte et bousculait les gens pour l'adoption de ce projet de
loi.
Pour ce qui est du financement de ce nouvel organisme régional,
j'ai la forte impression que, lors du comité plénier, il en sera
question. Je pense bien que ce serait faire perdre inutilement le temps de la
Chambre que d'aborder ce sujet actuellement.
Comme je le disais tout à l'heure, je suis sûr que lorsque
nous serons en comité plénier nous traiterons de nouveau de ce
sujet. Par contre, je voudrais essayer de dé montrer très
suc-cintement que le gouvernement ne procède pas à la hâte,
qu'il procède au contraire avec beaucoup de circonspection. Je veux
uniquement me référer en premier lieu et les
énumérer aux nombreuses études qui ont
été laites.
Je rappelle la commission Paquet, la commission Croteau, la commission
Blier, les rapports et les études faits par le CCI, le Conseil de
coordination intermunicipal, qui groupe la majorité des banlieues. A
deux reprises, ces gens ont fait des études et des rapports. Le rapport
Sylvestre, le rapport de l'urbaniste en charge de la ville de Montrél,
Henri Lash, le rapport Lemay no 1, le rapport Lemay no 2, le rapport La Haye.
Je pense bien que cette simple énumération vous prouve que des
études enpro-fondeur ont été faites depuis des
années et que, dans ces études, nous recueillons une foule de
renseignements qui sont encore très pertinents aujourd'hui.
De plus, entre 1955 et 1969 au ministère, nous avons eu 200
mémoires qui ont été présentés. Le plan
témoin, Horizon 2000, lors de sa présentation, a fait l'objet
d'études avec le ministère et les gens de la ville de
Montréal et, de temps en temps, des villes de banlieue aussi, un examen
et des études très approfondies; ce qui veut dire que nous avons
eu des contacts avec la ville de Montréal et des villes de banlieue,
avec des gens qui faisaient les études et qui étaient au courant
des faits. Nous avons eu, à maintes reprises, des communications avec
les villes de banlieue, avec les conseillers juridiques de ces villes de
banlieue ainsi qu'avec des dirigeants, de temps à autre, au sujet d'un
futur organisme métropolitain.
Il y a eu, en plus, ce qu'on appelle le groupe de travail au sujet de la
Commission de transport de Montréal qui a été formé
le 16 août 1968, qui a travaillé d'arrache-pied pour
connaître les meilleures et les nouvelles modalités d'une
commission de transport et aussi pour connaître le milieu de
l'agglomération urbaine de Montréal le mieux possible. Il y a eu
aussi le dépôt des avant-projets 199, 200 et 201; ce qui veut dire
ceux de la ville de Montréal, de l'île de Montréal, de
Québec et de Hull. Les principes étaient sensiblement les
mêmes. Nous avons eu deux auditions publiques à la commission
permanente des Affaires municipales. Après ces deux auditions publiques,
la deuxième étant sensiblement la même que la
première, les gens revenant sur les mêmes points, nous avons cru
inutile de procéder à une audition, à cette époque,
à la com- mission municipale, de l'avant-projet de Montréal, car
les principes, nous les avions connus soit à cause de ces auditions
publiques ou soit encore des publications, des déclarations et des
contacts personnels ainsi que des négociations, c'est-à-dire du
dialogue avec les différents intéressés de la ville de
Montréal. L'Union des municipalités, en plus, a cru bon, lors de
son congrès, de consacrer une journée pour former deux
comités: Un comité spécialement composé de gens de
la ville de Montréal pour étudier la Communauté urbaine de
Montréal, il a fait rapport de cette journée d'étude. Je
pense bien que ceci s'ajoutant à tous les rapports, les études,
les consultations, les auditions publiques, les déclarations, les
rencontres, la publication des avant-projets et le projet de loi actuel
ressemble, dans ses grandes lignes, à cet avant-projet je pense
bien que nous n'avons rien bousculé.
Au contraire, nous avons mis le public au courant et le public qui a
bien voulu se renseigner, bien voulu s'informer, eh bien, aujourd'hui il est
renseigné et il est bien informé. Il faut aussi noter que ce
projet de loi a été adopté en première lecture le
28 novembre de cette année. D'ici quelques jours, ça fera trois
semaines que cet avant-projet est devant nous. Nous avons été, en
plus, devant une commission des Affaires municipales pendant deux jours et le
ministre, ses principaux collaborateurs ainsi que les députés et
les ministres de Montréal ont, pendant une journée, avec
messieurs les maires et le comité des sept, entendu leurs commentaires
et leurs récriminations au sujet de ce projet de loi. Nous avons aussi
entendu, lors d'une journée, messieurs les membres du Front uni des
employés.
J'ai voulu résumer le plus brièvement possible toutes les
consultations, toutes les études et aussi la façon dont nous
avons procédé. Après tout ce temps, M. le
Président, je crois bien que personne ne peut affirmer que nous avons
bousculé qui que ce soit, que nous avons procédé à
la vapeur. Au contraire, nous y sommes allés d'une façon ferme,
d'accord, mais nous avons laissé aux gens, aux élus du peuple,
aux députés, aux municipalités, aux populations et aux
différents corps intéressés le temps de faire leurs
commentaires, tout le temps voulu. Je pense bien que l'efficacité, la
fermeté, on ne doit pas confondre ces deux choses et dire que nous avons
procédé en bousculant les personnes. Ce sont les remarques que
j'avais à faire en réplique en deuxième lecture. Comme je
le disais tout à l'heure, nous aurons l'occasion en comité
plénier de revenir sur un bon nombre de sujets que les membres de
l'Opposition ont abor-
dés lors de leurs discours de deuxième lecture.
M. HYDE: Avant de terminer, M. le Président, est-ce que le
ministre voudrait répondre simplement à une question? Quel
inconvénient le ministre prévoit-il si on n'adopte pas la loi
définitivement cette semaine et si on donne une chance aux
intéressés, aux maires qui sont venus plaider leur cause devant
nous pendant deux jours? Quel inconvénient y a-t-il, quelle est
l'urgence de l'adopter aujourd'hui au lieu de donner quelques semaines, deux
mois peut-être, à ces messieurs pour étudier la loi qui est
devant nous seulement depuis trois semaines? Quelle est l'urgence d'adopter
cette loi cette semaine?
M. LUSSIER: M. le Président, je pense bien que, de toute
façon, c'est hors d'ordre, mais quand même je répondrai
à cette question. Nous avons été devant une commission
permanente. J'ai écouté très attentivement tous les
discours de messieurs les gens de l'Opposition et aucun fait nouveau ne nous a
été présenté, surtout depuis que nous sommes
revenus, excepté peut-être quelques interventions qui ont pu nous
apporter quelques faits nouveaux ou appuyer surtout sur certains points qui
à leur avis pouvaient être améliorés.
Dans les conditions actuelles, connaissant depuis de nombreux mois ce
que les gens peuvent penser, je pense bien qu'il est tout à fait inutile
d'attendre plus longtemps pour aller en comité plénier.
M. LESAGE: M. le Président, j'aurais une question à poser
au ministre et je voudrais bien qu'il comprenne que le fait de poser une
question au ministre après son intervention n'est pas une violation du
règlement. Je crois que nous avons le droit de poser des questions si
elles sont pertinentes, mais le ministre est libre de répondre ou de ne
pas répondre. Je pense que c'est ça le règlement. Je
voulais demander au ministre s'il a préparé des amendements,
d'autres amendements au bill et, s'ils sont prêts, je peux poser ma
question autrement.
Sur trois points particuliers: la représentation
pondérée au conseil, la présidence continue au conseil,
l'application de montants précis pour le coût additionnel de
l'intégration de la police, est-ce que le ministre est prêt
à accepter les suggestions qui ont été faites en principe?
Dans l'affirmative, les amendements sont-ils prêts et, dans ce cas,
est-il disposé à nous en faire prendre connaissance?
M. LUSSIER: Je me demande pourquoi le chef de l'Opposition me pose cette
question avant d'aller en comité plénier.
M. LESAGE: Ce sont des renseignements que je demande. Nous avons le
droit de demander ça avant de donner un vote en deuxième lecture,
puisqu'il s'agit de principes que nous considérons comme fondamentaux
dans le projet de loi. Deuxièmement, si les amendements sont
prêts, nous voulons être en mesure de les étudier ce soir
afin d'être prêts à les discuter demain. Pourquoi essayer de
nous prendre par surprise? On ne joue pas à un jeu de cache-cache. Il y
a eu déjà des centaines d'amendements.
M. LUSSIER: Il n'est pas question de prendre quiconque par surprise. Je
pense que la deuxième lecture est terminée et que nous devons
passer immédiatement en comité plénier.
M. LESAGE: Elle n'est pas terminée, nous n'avons pas
voté.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. LESAGE: Nous n'avons pas voté, et je demande des
renseignements qui vont permettre à certains de mes collègues de
voter et de déterminer leur vote. Ce sont des questions fondamentales,
et je ne vois pas pourquoi le ministre ne répondrait pas à ces
questions.
M. CHOQUETTE: Est-ce que je pourrais poser une question au ministre?
M. LESAGE: Bine, j'aimerais bien avoir une réponse à la
mienne, d'abord.
M. LUSSIER: Je ne crois pas devoir répondre à cette
question immédiatement.
M. LESAGE: Malgré que je sois pour le principe, je dois
déclarer qu'étant donné l'attitude du ministre je me vois
forcé de voter contre.
DES VOIX: Moi aussi.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LESAGE: Non. Vote.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Vote sur la deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Que les honorables députés qui
sont en faveur de la motion de deuxième lecture veuillent bien se
lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Fréchette, Paul, Lizotte, Allard,
Russell, Loubier, Cardinal, Maltais (Limoilou), Cloutier, Boivin, Beaulieu,
Boudreau, Mathieu, Lussier, Gauthier (Roberval), Lavoie, Sauvageau, Plamondon,
Gauthier (Berthier), Gagnon, Théor^tt, Demers, Léveillé,
Desmeules, Croisetière, Hamel, Roy, Leduc (Laviolette), Martel, Grenier,
Bousquet, Cournoyer, D'Anjou, Bergeron, Picard (Dorchester), Shonner,
Crôteau, Gauthier (Trois-Rivières).
M. LE PRESIDENT: Que les honorables députés qui sont
contre la motion de deuxième lecture veuillent bien se lever.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: MM. Séguin, Pinard, Lacroix, Hyde,
Binette, Choquette, Mailloux, Saint-Germain, Goldbloom, Pearson, Tetley.
M. LE SECRETAIRE: Pour: 38 Contre: 11 Yeas: 38 Nays : 11
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée. A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, en l'absence du premier ministre, je
n'ai pas voté. Si j'avais voté, j'aurais voté contre le
projet de loi pour protester contre l'attitude dictatoriale du ministre.
UNE VOIX: Ah c'est fort! Très fort! M. GRENIER: Pas lui, un
dictateur!
M. PAUL: M. le Président, j'aimerais bien qu'on inscrive un peu
au journal des Débats l'atmosphère qui prévaut en ce
moment-ci parce que je crois que l'expression employée par l'honorable
chef de l'Opposition: « attitude dictatoriale » pourrait
peut-être prêter à confusion.
Alors, j'ai voulu faire tout simplement cette remarque,
considérant que c'était plutôt une flèche
d'amitié que de protestation de la part du chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, si c'était une flèche
d'amitié, c'était en même temps une expression de
déception.
M. ROY: Une fléchette.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre, messieurs! Bill 75, article 1.
UNE VOIX: Adopté.
M. CHOQUETTE: Sur l'article 1, M. le Président, le sous-article
d), le territoire de la communauté, est-ce que le ministre a pris en
considération les représentations qui ont été
faites par le maire de l'île Bizard? Celui-ci a été
particulièrement éloquent devant la commission et, quant à
moi, il m'a impressionné par son argumentation. J'ai noté que la
situation de l'île Bizard, au point de vue géographique, est
exceptionnelle dans ce sens qu'elle ne fait pas partie de l'île de
Montréal proprement dite et que les conditions locales, aupoint de vue
de la valeur des propriétés, au point de vue des moyens des
habitants de cette île-là, ne leur permettraient que très
difficilement l'intégration à la communauté urbaine. Je ne
suis évidemment pas un expert dans la situation de l'île Bizard,
mais je voudrais savoir quelle est l'opinion du ministre. Est-ce qu'il ne pense
pas qu'il devrait faire une exception dans ce cas-là et écarter
l'île Bizard de la communauté?
M. THEORET: M. le Président, je regrette de prendre la parole
avant le ministre, mais j'ai écouté religieusement le discours de
l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys vendredi passé,
alors qu'elle a dit qu'elle avait une propriété
d'été à l'île Bizard et qu'elle différait
totalement d'opinion avec le maire de l'île Bizard...
M. CHOQUETTE: M. Patry.
M. THEORET: ... M. Patry, le docteur Patry pour l'appeler par son nom.
L'honorable député de Marguerite-Bourgeoys a donné tous
les arguments; le député de Robert-Baldwin, dont fait partie
l'île Bizard, pourra faire valoir ses arguments aussi, mais je
réfère aux
arguments de l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys.
Personnellement, il y a des arguments que je connais à l'effet que l'Ile
Bizard devra faire partie de la Communauté urbaine de
Montréal.
L'île Bizard, depuis toujours, fait partie de la communauté
urbaine de Montréal. L'île Bizard vit, souffle et existe de par la
Communauté urbaine de Montréal. J'espère que l'honorable
député de Robert-Baldwin, dont dépend l'île Bizard,
partagera mon opinion. Quand j'ai posé quelques questions, la semaine
passée, au maire de l'île Bizard, il m'a répondu bien
honnêtement qu'il n'avait pas les services voulus dans cette partie qui
s'appelle le village, etc. Je crois personnellement, à l'instar de
l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys, que l'île
Bizard ne vit pas actuellement au même rythme que l'île de
Montréal. Il y a eu des aménagements considérables sur
l'île Bizard. Actuellement, il y a deux terrains de golf, un terrain de
18 trous et un autre de 27 trous. Et le maire, à qui je posais la
question à savoir quel était le nombre de cultivateurs dans
l'île Bizard, m'a répondu: 5% de l'île. Je crois qu'il a
été encore généreux en disant 5% des cultivateurs
qui occupent l'île. C'est une île qui a été vendue
à des agents d'immeubles. C'est une île qui est en pleine
exploitation. C'est une île qui a besoin de tous les services
actuellement et c'est une île merveilleuse, une île qui est le
jardin de 111e de Montréal. J'espère que le député
de Robert-Baldwin collaborera... Pardon?...
M. CHOQUETTE: Est-ce un dépotoir ou un jardin? A la commission,
vous avez dit que c'était un dépotoir. Aujourd'hui, un
dépotoir; le lendemain, un jardin.
M. THEORET: Je ferai remarquer au député d'Outremont qu'il
ne fait pas la différence entre le village qui est pollué au
complet et le reste de l'île Bizard. Le député d'Outremont
est-il déjà allé à l'île Bizard?
M. CHOQUETTE: Non, et je fais remarquer que je n'ai fait aucune
affirmation; j'ai demandé la position du ministre qui avait
analysé les arguments proposés par le maire de l'Ile.
M. THEORET: Ici, en comité, j'espère que j'ai le droit
d'exprimer mon opinion. Je connais l'fle Bizard tout particulièrement.
Alors, le dépotoir dont j'ai parlé, c'est quelques acres à
l'entrée de l'fle Bizard qui ont besoin d'être
développés. Le reste de l'fle Bizard devrait être
préservé. L'fle Bizard vit et souffre par l'fle de
Montréal. Je m'associe entièrement à l'idée du
député de Marguerite-Bourgeoys qui a sa résidence
d'été dans l'fle Bizard et qui a exprimé les mêmes
opinions que moi.
M. LUSSIER: Alors, M. le Président, après consultation
avec mes collègues de Montréal, avec mon collègue de
Papineau, qui connaît bien la région, et aussi après, comme
on vient de le mentionner, le discours du député de
Marguerite-Bourgeoys, nous ne voyons pas de raison d'exclure l'île Bizard
du territoire de la Communauté urbaine de Montréal. D'autant plus
que, pour le schéma d'aménagement,pour le futur plan directeur,
le plan routier, elle est très collée. Il y a un cours d'eau peu
large qui la sépare de l'fle de Montréal. Cette fle est
appelée à s'urbaniser très tôt, et cette partie de
territoire doit faire partie d'une région. Nous croyons qu'elle est
beaucoup plus apparentée à celle de Montréal qu'à
toute autre.
Alors, pour toutes ces raisons-là: protection contre l'incendie,
police, comme le député de Marguerite-Bourgeoys l'a
démontré, je pense que nous sommes amplement justifiés de
garder l'fle Bizard à l'intérieur du territoire de la
communauté urbaine.
M. SEGUIN: M. le Président, je regrette en entendant le ministre
donner ses explications qu'il ait cru bon de consulter Montréal,
d'abord, et le député de Papineau ensuite, pour savoir ce qu'il
devait faire de l'fle Bizard. Malheureusement, il n'a jamais cru bon de
consulter le représentant du comté de Robert-Baldwin. L'île
Bizard fait certainement partie de mon comté. Je regrette l'attitude
qu'a prise le ministre à cette occasion en voulant ignorer celui qui
représente ce secteur, surtout quand il y a un problème qu'on
reconnaît en ce qui concerne l'fle Bizard.
J'ai entendu le député de Papineau...
M. LUSSIER: Je pense bien que le député de Robert-Baldwin
exagère un peu. Lorsqu'il a voulu me rencontrer ou qu'il a eu des
remarques à me faire sur tel ou tel sujet, il me les a faites. Devant la
commission parlementaire, il a fait les remarques qu'il a bien voulu faire.
Ici, nous sommes en comité plénier; il peut les faire. L'fle
Bizard faisait partie de l'avant-projet. Le maire de l'fle Bizard a
été convoqué toutes les fois que nous avons
convoqué les maires, il n'y a jamais eu de protestation de la part de
l'île Bizard, excepté lors de la séance de la commission
municipale. Alors, vous avez eu amplement de chance de me dire ce que vous
aviez à me dire avant aujourd'hui. Ne venez pas dire que j'ai
refusé de vous rencontrer ou de discuter de l'fle Bizard avec vous.
M. SEGUIN: Je n'ai pas porté d'accusation au ministre; j'ai
simplement fait un commentaire. Je vols que le ministre retourne ce commentaire
comme si j'avais porté une accusation. Je regrette si le ministre s'est
trouvé piqué par ce que j'ai pu dire.
L'île Bizard, M. le Président, comme on l'a dit et
répété à l'occasion des audiences de la commission
parlementaire, est une île dans la région de Montréal.
M. THEORET: II y a de l'eau tout le tour, c'est une île.
M. SEGUIN: Il est reconnu que c'est peut-être le seul secteur dans
toute la région de Montréal, qui soit presque à sa
totalité rural, exception faite, si vous voulez, des deux terrains de
golf qui existent et du vieux village décrit, peut-être pas de la
manière la plus favorable par le député de Papineau.
J'aurais pensé peut-être qu'en cette occasion, et surtout
puisque cette loi devient en vigueur le 1er janvier, on aurait pu trouver une
formule, tout en incorporant l'Ile Bizard au territoire, pendant un an ou deux,
enfin le temps qu'il aurait fallu, on aurait pu assigner la ville de Pier
refonds, par exemple, qui se trouve voisine, comme ayant des
responsabilités pour aider les services des incendies et de la
police.
Déjà, la ville de Pierrefonds, par l'entremise de
Sainte-Geneviève, fournit de l'eau; peut-être pas en
quantité suffisante, mais elle en fournit. J'aurais pensé qu'on
aurait pu trouver une formule pour permettre une assimilation graduelle ou sur
une période de temps donnée. On reconnaît
immédiatement, si on connaît ce territoire-là, que les
besoins de l'île Bizard ne sont pas du tout les mêmes, besoins
Immédiats ou dans un avenir très rapproché, que ceux
d'autres municipalités qui se trouvent sur l'Ile de Montréal.
On aurait pu trouver une formule pour qu'au lieu de frapper l'Ile Bizard
à ce moment-ci de toutes sortes de responsabilités
financières. Je pense aux anciens de l'Ile. Les parents du
député de Papineau y demeurent encore, il y en a des
Théorét dans ce coin-là! Il y en a encore qui sont
fermiers, je le pense; d'autres sont peut-être rentiers.
M. THEORET: II y a plusieurs libéraux parmi eux.
M. SEGUIN: Sûrement. Nous essayons d'en augmenter le nombre. C'est
dans cet esprit-là surtout que je fais mon intervention à ce
moment-ci au sujet de l'Ile Bizard. Non pas pour la retirer totalement de la
communauté, mais pour voir si on ne pourrait pas trouver une formule en
discutant. Même, si un représentant du ministère pouvait
visiter les lieux pour voir exactement ce qu'il en est, je pense qu'il
conviendrait que ce n'est pas bon, dans ce cas-là, de frapper ainsi
à mesure que la communauté urbaine se fera sentir.
M. LUSSIER: J'aimerais que le député précise
pourquoi il n'est pas bon qu'elle appartienne à la communauté
urbaine. Pourquoi dites-vous qu'il n'est pas bon qu'elle appartienne à
la communauté urbaine?
M. SEGUIN: Dans le cas, par exemple, de la répartition du
coût de la police, d'après le bill ils seront appelés
à payer leur quote-part sur la même base que les autres villes,
les municipalités de l'Ile. Je ne crois pas que l'île Bizard ait
cette capacité. On dit que cette ville-là est à la veille
d'être en pleine expansion. C'est justement à ce moment-là
qu'une ville ou un village vous le savez, M. le ministre, vous qui avez
été maire a le plus besoin de ses pouvoirs d'emprunt. Il
ne faut pas qu'elle soit surtaxée à ce moment-là.
M. LUSSIER: M. le Président...
M. SEGUIN: Je cite le cas de la police, mais je pense que...
M. LUSSIER: ... vous avez uniquement cité le cas de la police, en
avez-vous d'autres?
M. SEGUIN: II y en a d'autres.
M. LUSSIER: Vous avez d'autres raisons, lesquelles?
M. SEGUIN: Prenez, par exemple, la construction d'un acqueduc à
ce moment-ci; cela peut être très difficile. Ils seront
obligés de suivre les mêmes données que celles de la
communauté sur tous les rapports, sur la construction et sur absolument
tout. Je me demande si c'est le temps de le faire.
M. LUSSIER: M. le Président, au point de vue de la construction
d'acqueduc...
M. SEGUIN: C'est la Régie des eaux.
M. LUSSIER: ... c'est la Régie des eaux, oui. Ce sont les
ingénieurs. Cela prendra une raison très spéciale pour
traverser ce cours d'eau. C'est possible, mais si la Régie des eaux
déci-
dalt que leur acqueduc doit être intermunicipal, que ces gens
soient à l'intérieur de la communauté urbaine ou pas, si
la régie décide que ce doit être intermunicipal, il faudra
qu'elle soit intermunicipale. A mon avis, ce n'est pas une raison qui ferait
que nous devons l'exclure.
Si, au point de vue du génie, il faut que le maître
acqueduc passe dans deux ou trois municipalités, c'est la régie
qui décide cela.
Ce serait beaucoup mieux qu'il appartienne à la communauté
urbaine, parce que c'est elle qui va s'occuper de bâtir cet aqueduc
intermunicipal ou semi-régional et qui va s'occuper de cotiser. Et les
conduites secondaires vont être uniquement à la charge et à
la responsabilité de la municipalité locale, c'est-à-dire
l'île Bizard. Pour ce qui est du service de police, lorsqu'on parle de
police, les gens parlent toujours de finance. Je pense bien que lors d'un
article de ce projet de loi nous discuterons de finance, et je pense bien que
nous aurons alors des réponses pour l'fle Bizard.
Si c'est la seule chose qui tracasse monsieur le député,
je pense bien qu'il y a d'autres façons...
M. SEGUIN: Je ne voudrais pas, M. le ministre, entraîner le
débat là-dessus, mais le ministre a posé une question:
Est-ce que c'est la seule chose qui tracasse le député? Voici, la
destruction des ordures pour une autre situation où eux n'ont pas le
problème des autres. Si la communauté urbaine décide, par
exemple, de construire des incinérateurs, les Bizaillons seront
obligés, je le crois bien, en toute justice, de payer leur part; ils
n'en ont pas besoin, ils ont des endroits sur l'fle où ils peuvent, pour
le moment, faire du « sanitary land field », du remplissage. Je ne
sais pas si c'est sanitaire, en tout cas.
M. DEMERS: Enfouissement.
M. SEGUIN: Le service d'ordinateur, leur part à payer comme les
autres municipalités pour ce service-là à Montréal,
pour le moment ce n'est pas nécessaire, ils n'ont pas de quoi
réellement alimenter une machine. C'est quelque chose qui va occuper un
commis pendant une soirée pour monter tout ça.
Il y a tous ces problèmes-là, puis il y a toutes les
charges qui s'ensuivent qui sont beaucoup plus élevées que
nécessaires.
M. THEORET: M; le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention le député de Baldwin. Je m'en remets au
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a sa maison
d'été là et qui connaît quand même la
situation.
Je pense que le député de Baldwin a quand même fait
les représentations qu'il fallait, je ne dirai pas au point de vue de la
prochaine élection, ç'aurait l'air mesquin. Mais quand il a dit
qu'il fallait protéger la section rurale...
M. SEGUIN: J'ai perdu dans l'fle Bizard, et je ne sais pas ce qui va
arriver la prochaine fois.
M. THEORET: Je ne l'ai pas dit. J'ai dit: Je ne le dirai pas. Je ne l'ai
pas dit.
M. SEGUIN: Vous avez bien fait de ne pas le dire.
M. CHOQUETTE: II est sûr de gagner.
M. SEGUIN: Ne mettez pas des mots dans ma bouche, quand même!
M. THEORET: Quand on a dit qu'au point de vue rural on voulait
protéger les cultivateurs, il n'en reste plus, M. le
député de Robert-Baldwin. Vous êtes député de
ce comté, il n'en reste plus de cultivateurs. Il en reste quatre sur 60.
Le député de Marguerite-Bourgeoys l'a dit, il n'en reste plus.
Quand vous parlez des ordures, c'est un problème dans l'fle Bizard, et
Je suis au courant de la situation, parce que j'y vais. Quand j'ai parlé
de dépotoir la semaine dernière à la commission des
Affaires municipales, je savais ce dont je parlais, c'est parce que, dans le
village, c'est une question urgente. Alors, il est extrêmement urgent,
comme disait l'honorable député de Marguerite-Bourgeoys, qu'on
s'occupe de l'fle Bizard. Quand on a parlé de la police, on a dit qu'il
n'y avait aucune police, que c'était la police provinciale qui devait y
aller. Quand on a parlé des services d'eau et d'égout, on a dit
qu'il n'y avait aucun service d'eau et d'égout. C'est une population
urbaine et qui est en train de s'urbaniser. Alors, quand même, arriver
à une situation, arriver à comprendre la situation qui existe
là, je crois qu'au point de vue de l'honnêteté, comme
député, vous avez fait les représentations qui
s'imposaient. Mol, j'ai fait les miennes au point de vue de la
représentation, au point de vue des services qui s'imposent dans l'fle
Bizard, et là-dessus je suis appuyé par un de vos
collègues.
Quand même, on admettra que l'fle Bizard est partie
intégrale et intégrante de l'fle de Montréal. On a, et le
chef de l'Opposition a demandé, la semaine dernière, quelles sont
les voies d'accès de l'fle Bizard. Il y a un pont qui traverse l'fle de
Montréal. Je dois le dire, parce que maintenant on est rendu trop loin,
on
semble oublier ça. Il y a un pont qui traverse de l'île
Bizard a l'île de Montréal. De l'autre côté, du
côté nord, on s'y rend par un traver-sier où il faut
attendre des heures et des heures. La ville de Montréal et l'île
Bizard ne forment qu'un tout. J'espère qu'on ne perdra pas encore ici
à la demande du député de Baldwin, l'heure et demie qu'on
a perdue en commission.
La preuve a été faite que ça faisait partie de
l'Ile de Montréal et qu'il était urgent de leur donner les
services requis par le développement. D'ailleurs les gens qui sont
arrivés actuellement dans l'île Bizard, et je parle en
connaissance de cause, voudraient que l'île Bizard fasse partie, au point
de vue des services, de l'île de Montréal.
M. LUSSIER: Je peux ajouter quelque chose, c'est que vous savez que
selon le projet de loi, article 100, les municipalités entre elles, avec
ou sans la communauté, peuvent faire des ententes intermunicipales.
Pierrefonds pourra donc faire des ententes avec l'île Bizard au besoin au
point de vue des égouts, de l'aqueduc, de la disposition des ordures
ménagères. Cela ne lui enlève pas le droit de...
M. SEGUIN: Avez-vous dit à l'article 5?
M. LUSSIER: A l'article 100. « One hundred ».
M. SEGUIN: Du moment qu'on tiendra compte de cette possibilité
d'arrangement...
M. LUSSIER: A l'intérieur du bill, il y a des
possibilités.
M. SEGUIN: Je demanderais ou suggérerais qu'on regarde cette
situation d'un peu plus près, quoi qu'en dise le député de
Papineau. Sur ce même article 1, même secteur, est-ce que le
ministre pourrait me dire ou pourrait dire à la Chambre quelle a
été la raison ou les raisons qui ont fait que dans la subdivision
du territoire, surtout pour la section ouest de l'île, on aurait
enlevé Dorval de ce secteur pour le placer dans l'autre secteur plus
à l'est quand, depuis son existence, la coopération qui a
toujours existé entre les deux villes voisines, soit Dorval et
Pointe-Claire, a été des meilleures, il y a même des
travaux de drainage qui s'accomplissent avec la plus grande coopération
entre les deux villes. Dorval s'est toujours considérée comme
étant jumelle, si vous voulez, de la ville de Pointe-Claire et ici,
lorsque arrive cette subdivision, on fait une distinction et on place Dor- val
dans un secteur autre que celui de l'ouest. Est-ce que je pourrais avoir des
explications sur ce changement de la tradition?
M. LUSSIER: C'est une question de population, il y a cinq secteurs.
Lorsque nous avons pensé qu'il était bien d'avoir une
représentation au comité exécutif de 7-5, et que dans la
plupart de nos rapports et de nos études nous avions indiqué deux
représentants pour le centre, il fallait diviser le restant du
territoire et trois facteurs principaux ont été
considérés: la population, l'évaluation et
l'étendue du territoire. Le secteur de l'ouest, le secteur 4 est le
secteur qui contient le moins de population et qui contient le moins
d'évaluation. Nous avons considéré de plus que
c'était un secteur qui progresserait encore assez rapidement, et sa
représentation est plus élevée, en fait, par rapport
à tous les autres secteurs.
M. PEARSON: Avant qu'on aille plus loin au sujet de l'Ile Bizard
je n'ai pas de maison d'été ni de parenté dans l'île
Bizard seulement pour mon information, le ministre a mentionné
qu'il avait tracé une ligne arbitraire...
M. LUSSIER: Pardon, je n'ai jamais parlé de ligne arbitraire.
M. PEARSON: Une ligne quelconque, alors, enlevez le mot «
arbitraire ». Vous avez tracé une ligne quelconque pour la
Communauté urbaine de Montréal. J'aimerais savoir pour quelle
raison on a tracé cette ligne en incluant l'Ûe Bizard et en
exluant peut-être l'Ûe Perrot, l'île Jésus ou la rive
sud. Est-ce que le ministre a des projets éventuels pour une nouvelle
communauté dans ces régions?
M. LUSSIER: On a de la difficulté à entendre l'opinant,
mais si j'ai bien compris la question, c'est: Est-ce qu'il y a des projets de
communautés urbaines pour d'autres territoires que ceux de l'île
de Montréal?
M. PEARSON: Si vous le voulez, je vais répéter. J'ai cru
entendre à la commission que le ministre a dit, à un moment
donné, qu'il fallait bien tracer une ligne quelque part. Alors, sur quoi
s'est-on basé, justement, pour établir cette ligne-là qui
délimite la Communauté urbaine de Montréal, et en exclure
tout ce qu'il pouvait y avoir à l'extérieur? Est-ce
qu'éventuellement le ministre a des projets pour établir d'autres
communautés urbaines, par exemple, à l'île Jésus ou
sur la rive sud ou à l'île Perrot?
M. LUSSIER: Je pense bien, M. le Président, que le fleuve
Saint-Laurent et la rivière des Prairies sont des frontières
géographiques très naturelles. Lorsque nous avons parlé de
l'île Bizard, nous avons dit qu'elle était uniquement
séparée, pas par le Saint-Laurent, ni par la rivière des
Prairies, mais par un cours d'eau d'une largeur très minime.
D'après nous, cette partie de territoire, tout à lait à
côté de l'île de Montréal, était très
apparentée par sa vocation au territoire de l'île de
Montréal. C'est la raison pour laquelle nous avons tracé la ligne
à cet endroit.
M. SAINT-GERMAIN: M. le Président, au sujet de l'île
Bizard, si ma mémoire est bonne, il me semblait qu'il s'était
fait un certain consensus à la commission pour garder l'île Bizard
dans la communauté urbaine, cependant, c'était simplement pour se
soumettre à l'établissement d'un schéma
d'aménagement. Est-ce que le ministre a considéré qu'il
serait possible, pour ce qui regarde l'établissement d'un schéma
d'aménagement, que l'île Bizard puisse être incluse dans la
communauté urbaine? Pour ce qui regarde le reste, est-ce qu'il ne
pourrait pas remettre à plus tard, l'intégration complète
et se contenter, au début, d'une intégration partielle
seulement?
M. LUSSIER: Non, si on va à l'article 112, on voit tous les
services qui vont être mis en commun au niveau régional. C'est
toujours la même réponse; l'île Bizard fait partie presque
intégrante de l'île de Montréal et c'est pour cela que
c'est inclus. Elle va s'urbaniser de plus en plus. Elle a déjà
commencé à s'urbaniser et son urbanisation, selon nos
prévisions et des études: Horizons 2000, etc., et ce que nous
pouvons posséder au ministère, va se faire encore très
rapidement. C'est pour ces raisons qu'il faut qu'elle soit incluse pour tous
les services qui sont devenus régionaux.
M. SANT-GERMAIN: Il m'a semblé, tout de même, qu'à
part ce service-là il n'y avait pas de nécessité
immédiate et qu'il ne serait même pas dans l'intérêt
de l'île Bizard, d'une, façon immédiate, d'être
incluse dans la communauté urbaine, c'était l'avis de son maire,
du moins.
M. THEORET: M. le Président, j'écoute les
députés avec beaucoup de respect. Quand même, j'aimerais
savoir si on est dans l'Opposition d'une façon intégrante, comme
l'île Bizard appartient à l'île de Montréal. Comme je
l'ai noté tantôt, le député de Marguerite-Bourgeoys
a dit, il y a quelques jours, vendredi sa mai- son d'été
est là et je pense bien qu'elle connaît l'île Bizard
qu'elle différait d'opinion avec le maire. Depuis quelques minutes, nous
entendons certains députés qui ne connaissent probablement pas le
problème. Ils ont droit à leur opinion, mais, quand même,
j'aimerais que, dans l'Opposition, on tire tous du même
côté. Les honorables députés de l'Opposition se
demandent, si l'île Bizard, oui ou non, fait partie de la
communauté de Montréal.
Le chef de l'Opposition a posé une question pertinente lors de
l'étude en commission, il a demandé s'il y avait des moyens de
communication avec l'île de Montréal. Alors, les moyens de
communication, on les a établis. J'espère que le
député de Saint-Laurent et celui de Jacques-Cartier savent qu'il
y a qu'un moyen de communication directe avec l'île de Montréal,
c'est le pont. De l'autre côté, sur la partie nord, c'est un
traversier. Alors, les gens vivent avec l'île de Montréal. C'est
une île urbanisée. La plupart des terrains ont été
vendus à des « subdiviseurs » et, aujourd'hui, on revient
encore avec la même kyrielle de questions.
Alors, je me demande où ils veulent en venir, M. le
Président.
M. PEARSON: M. le Président...
M. THEORET: Et c'est la question franchement que je me pose. L'honorable
député de Marguerite-Bourgeoys a dit qu'elle, demeurant
là, différait d'opinion avec le maire et qu'elle espérait
que l'île Bizard ferait partie de la Communauté urbaine de
Montréal,
M. PEARSON: M. le Président...
M. LESAGE: M. le Président, je retiens, de l'intervention du
député de Papineau, que son évangile ce sont les
déclarations du député de Marguerite-Bourgeoys.
M. THEORET: C'était l'évangile...
M. LESAGE: Et quand nous arriverons aux autres articles du bill, je
verrai bien quelle est son attitude, et je ne manquerai pas de lui rappeler ce
que son évangile dit sur chaque question.
M. PEARSON: M. le Président...
M. THEORET: J'espère qu'on fera la même épitre
considérant que l'évangile sera accepté.
M. PEARSON: M. le Président, au sujet de
l'île Bizard, le député de Papineau semble
s'Inquiéter sur une expression d'opinion. Ce n'est pas une question
d'opinion. Ne connaissant pas l'île Bizard, nous avons entendu le maire
de l'île Bizard exprimer une opinion...
DES VOIX: Ah bon!
M. THEORET: Cela règle la question.
M. PEARSON: Ecoutez une minute, on a tout de même le droit de
poser des questions.
M. THEORET: Le député aurait peut-être avantage
à s'approcher, peut-être ne sait-il pas qu'il peut parler d'un
autre siège...
M. PEARSON: Je suis au courant que je peux m'approcher, mais vous
m'entendez d'ici? Je ne fais que poser des questions. Nous avons entendu une
version, celle du maire de l'île Bizard tout simplement, et puis je pose
des questions pour savoir ce qu'il en est.
M. TETLEY: M. le Président, j'ai souvent visité
l'île Bizard, disons des centaines de fois pendant huit ans et...
M. ROY: Cela fait plusieurs fois par année ça.
M. TETLEY: Non, ce n'est pas une question d'ami...
M. CHOQUETTE: Une question bizarre.
M. THEORET: J'espère que vous connaissez ma parenté.
M. TETLEY: Je crois que oui. Je les admire, mais je me demande s'ils
admirent leur député, franchement, et la position qu'il a
prise.
M. le Président, l'île Bizard c'est une région
très rurale et c'est un paysage très, très rural. Chambly,
Longueuil, Saint-Lambert sont de vraies villes. Longueuil a même le
métro et est une partie en effet du grand Montréal. Mais dire que
ce petit village et ce paysage doivent être une partie intégrante
du grand Montréal, de la communauté urbaine, à mon
idée, c'est une erreur grave. Le ministre a dit: Donnez-nous des
raisons. Je vais vous donner une raison. C'est parce que ce pays rural doit
marcher par étapes, et il faut donner un sursis, disons, de cinq ans ou
deux ans ou trois ans parce que la lancer en plein milieu de Montréal,
lorsque Chambly, Longueuil et Saint-Lambert sont considérées par
le ministre comme des endroits ruraux, c'est incroyable. En effet, c'est
très bizarre, selon l'expression du député
d'Outremont.
Je crois que le comté de Papineau fait plus partie du grand
Montréal que l'île Bizard...
M. THEORET: M. le Président, sur une question de
règlement. Je ne voudrais pas qu'on emploie le mot « bizard
» à n'importe quelle sauce. Je dirai au député de
Notre-Dame-de-Grâce que le mot « bizard » s'écrit avec
un « d » et que le fondateur de l'île Bizard s'appelait
Jacques Bizard et qu'il était un officier du régiment de
Carignan.
Alors, il ne faudrait pas, quand même, pour faire des mots
d'esprit faciles, dire qu'il s'agit de choses bizarres. Etant originaire de
là, quand même, je ne voudrais pas qu'on m'affuble de ce
dénominateur commun. Alors, vous savez, Bizard, avec un d, c'est une
grande famille française et de la noblesse. Je demanderais au
député de Notre-Dame-de-Grâce de le respecter.
M. LESAGE: Mais l'histoire est parfois bizarre, aussi.
M. THEORET: L'histoire, oui.
UNE VOIX: C'est la théorie du député.
M. TETLEY: Voici d'autres raisons, il faut garder ce pays historique tel
qu'il est, sans changement.
M. ROY: C'est ce qu'on dit dans Notre-Dame-de-Grâce quand on vous
réélit.
M. TETLEY: Oui, et on a voté pour moi. M. ROY: Oui, oui, c'est
ça.
M. TETLEY: Le député parle toujours du
député de Marguerite-Bourgeoys. Il a parlé aussi des
investisseurs. Le député de Papineau est notaire, calé en
droit, à ce qu'on m'a dit. Nous avons demandé que ces personnes
viennent devant la commission des Affaires municipales. Vous n'avez pas le
droit de citer en Chambre des personnes que vous n'avez pas voulu entendre.
Moi, je suis un témoin direct qui connaît l'île Bizard et je
crois que c'est une erreur grave de mettre l'île Bizard aujourd'hui dans
la Communauté urbaine de Montréal.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté?
M. CHOQUETTE: M. le Président, Je note que, dans l'article 1, on
définit le conseil de sécurité publique dont on traite par
la suite, aux articles, Je pense, 196 et suivants. Maintenant, je voudrais
faire des suggestions au gouvernement dans le sens de celles que J'ai
présentées en deuxième lecture, à l'effet que toute
la question de la coordination et de l'intégration des forces
policières des différentes villes de l'Ile de Montréal
soit retirée du bill et confiée, pour un rapport, à une
commission qui serait indépendante de la communauté urbaine. Le
ministre me lance un regard médusé. Je ne comprends pas ce qu'il
veut dire.
M. LUSSIER: Je ne suis pas médusé, J'écoute. Ne
pensez pas que vous me médusez.
M. CHOQUETTE: Non, mais c'est peut-être son regard habituel.
M. LUSSIER: A moins que vous n'ayez un pouvoir de médisance.
M. CHOQUETTE: Non, Je n'ai pas dit un regard «
médisé »; j'ai dit un regard médusé ou un
regard...
M. LUSSIER: Interrogateur?
M. CHOQUETTE: ... interrogateur. Tout à l'heure, le ministre
était en Chambre, lorsque j'ai prononcé mon discours. J'ai voulu
souligner, si le ministre ne l'a pas compris, le grand danger qu'offre,
à mon avis, une solution hâtive du problème de
l'organisation policière sur toute l'île de Montréal. Je
considère qu'un organisme indépendant de la communauté
urbaine serait beaucoup plus apte à donner une solution
économique et efficace au problème, quitte à ce que, plus
tard, nous amendions la loi que nous pourrons adopter en matière de
communauté urbaine pour confier des pouvoirs spécifiques à
la communauté quant à la coordination ou à
l'intégration des forces de police.
Mais, pour le moment, je considère qu'il est
prématuré de se lancer à l'aveuglette dans cette
intégration qui comporte des risques financiers très
considérables et qui ne garantit pas non plus l'efficacité de la
lutte contre le crime. A-lors, si le ministre y consent et si le ministre de la
Justice est d'accord, j'aimerais remettre mes observations sur ce sujet lorsque
nous arriverons à la partie du projet de loi qui traite de la
création de la Communauté urbaine et n'en pas traiter
immédiatement à l'article qui définit ce conseil de
sécurité publique.
M. LUSSIER: ... l'article 1.
M. LESAGE: D'ailleurs, peut-être qu'à ce moment-là
le ministre sera plus à l'aise et plus disposé à diviser
les montants des subventions pour assurer aux municipalités que
l'augmentation due au coût de l'intégration des forces
intégrées de police sera payée à même les
subventions et qu'un montant précis sera prévu. Comme on le fait
d'ailleurs pour l'assainissement des eaux dans le bill de Québec. A ce
moment-là, la discussion sera peut-être moins longue.
M. LUSSIER: M. le Président, je comprends mal le chef de
l'Opposition de me dire que je suis mal disposé. Au contraire, je suis
très bien disposé et je ne comprends pas que vous disiez que je
ne suis pas bien disposé.
M. LESAGE: Vous ne l'étiez pas tantôt M. LUSSIER: Ah
non!
M. CHOQUETTE: Vous étiez très agressif tout à
l'heure.
M. SEGUIN: M. le Président.
M. LUSSIER: Une minute, je vous demande pardon.
M. PAUL: M. le Président, c'est parce qu'ils ne connaissnet pas
le ministre.
M. LESAGE: II est très immobile, c'est le moins que l'on puisse
dire.
M. LUSSIER: Ah bon, je vais trop vite. Ha-tez-vous lentement, ne faites
pas ci...
M. LESAGE: Si vous nous dites demain matin que vous avez pris des
décisions de ce côté-là, ça peut vous
aider.
M. SEGUIN: M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais
demander aussi cette même réserve qu'a demandée le
député d'Outremont au sujet des discussions sur le conseil de
sécurité. Cela pourrait peut-être être porté
à l'article 196, là où nous touchons à ce fait.
M. LUSSIER: Prenons l'article dans ce cas-là...
M. LESAGE: Suspendez le paragraphe.
M. SEGUIN: Du moment que nous avons une
entente. C'est parce qu'à ce moment-là, je pense pouvoir
faire part au ministre d'informations résultant d'une analyse qui a
été faite au sujet des services de police...
M. SEGUIN: ... et d'incendie. J'aurai aussi des suggestions sur une
politique de normalisation et de subventions. Je pourrai alors faire parvenir
au ministre et je pourrai déposer, si nécessaire, les
informations que j'ai ici au sujet d'une attitude ou d'une façon tout
autre de voir à une certaine normalisation des policiers et des
pompiers.
M. LUSSIER: Une normalisation des policiers et des pompiers?
M. SEGUIN: Retranchez les pompiers, si vous voulez. Mais au moment de
parler du conseil de sécurité, j'aurai des chiffres à
faire parvenir au ministre qui donneront un autre aperçu. C'est
peut-être une façon que le ministre et ses conseillers n'ont pas
eu l'occasion d'envisager ou n'ont pas pu envisager à l'occasion de la
rédaction de la loi.
M. PAUL: Suspendu, M. le Président
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Le paragraphe g) est suspendu.
Article 2, adopté?
M. CHOQUETTE: Je voudrais poser une question juridique au ministre qui
pourra certainement m'éclairer. Pourquoi dit-on une corporation publique
et non pas une corporation municipale? La même question, en fait,
s'applique à l'article 3 où l'on dit que la corporation de la
communauté est une corporation au sens du code civil.
M. LUSSIER: Je vais sortir mon code civil. M. CHOQUETTE: Non,
mais...
M. LESAGE: II n'est pas gros, votre code civil.
M. LUSSIER: Est-ce cela au moins?
M. LESAGE: J'ai l'impression que c'est un résumé.
M. LUSSIER: M. le député d'Outremont...
M. THEORET: Quelle est la question du député
d'Outremont?
M. LESAGE: II y a plusieurs personnes qui ont fait des
représentations à l'effet...
M. LUSSIER: ... je ne jouerai pas à l'avocat...
M. LESAGE: ... que la corporation devrait être une corporation au
sens de la Loi des cités et villes.
M. LUSSIER: II y a un article à la fin qui réfère
à tout cela.
M. LESAGE: Une corporation municipale au sens de la Loi des cités
et villes.
M. LUSSIER: J'essaie de vous redire la réponse de mes conseillers
juridiques à la question que je leur avais posée.
M. CHOQUETTE: Je félicite le ministre de son sens critique...
M. LUSSIER: Le code... Regardez donc celai J'aime bien voir rire le chef
de l'Opposition.
M. LESAGE: C'est peut-être parce que je m'amuse à vos
dépens.
M. LUSSIER: Je pense que vous n'êtes pas méchant à
ce point-là. Au sens du code civil ou de l'autre code...
UNE VOIX: L'autre code, c'est le vôtre? UNE VOIX: Le code de la
route.
M. LUSSIER: En tout cas, il n'y a pas de différence. Quel
article?
M. CHOQUETTE: Non, je ne suis pas très éclairé.
M. LUSSIER: En plus, si vous lisez l'article 349, vous serez plus
éclairé. « La communauté est une municipalité
au sens de la Loi du ministère des Affaires municipales, etc., Statuts
refondus... de la Loi de la Commission municipale... de la Loi sur la fraude et
la corruption dans les affaires municipales... de la Loi de l'interdiction de
subventions municipales... » II y a un amendement aussi... la Loi de
l'hygiène publique, la Loi de la Régie des eaux et une
corporation municipale au sens du code du travail.
M. CHOQUETTE: Cela ne répond peut-être pas
entièrement...
M. LUSSIER: Vous ne voulez toujours pas que je vous donne un cours sur
les codes?
M. CHOQUETTE: Je veux bien. Je suis tout oreilles quand le ministre
parle.
M. LUSSIER: Pardon?
M. CHOQUETTE: Je suis tout oreilles.
M. LUSSIER: Oui, mais pas dans le code.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre a terminé son cours?
M. LUSSIER: Ah oui, il n'est pas long. UNE VOIX: Il a été
court!
M. CHOQUETTE: Non, mais je comprends que l'article 349 vient en quelque
sorte ajouter des précisions aux articles 2 et 3,...
M. LUSSIER: Oui.
M. CHOQUETTE: ... précisions qui sont utiles. Le ministre a
raison de citer cet article-là. Ce qui me semble manquer, comme
peut-être le signalait le chef de l'Opposition il y a quelques instants,
c'est que la future communauté urbaine soit une corporation municipale
au sens de la Loi des cités et villes; le ministre n'est pas sans
ignorer que la Loi des cités et villes contient beaucoup d'articles qui
sont utiles pour diriger le fonctionnement de la future corporation.
Je me demande, si on ne place pas cette référence à
la Loi des cités et villes dans le texte de loi, si à un moment
donné les administrateurs de la future communauté urbaine ne se
trouveront pas démunis de règles qui pourraient leur être
utiles dans la conduite des affaires de la communauté urbaine.
C'est-à-dire qu'il y aurait en quelque sorte une espèce de trou
béant de règlements qui devraient se trouver à une loi
générale. Je donne un exemple.
Prenez la charte de la ville de Montréal, c'est un document
très imposant, aussi imposant que la Loi des cités et villes,
elle comporte, je pense, plus de 1,000 articles. Evidemment, dans la charte de
la ville de Montréal, on n'est pas obligé de dire: La ville de
Montréal est une corporation municipale au sens de la Loi des
cités et villes, parce que tout ce qu'on trouverait dans la Loi des
cités et villes se trouve dans la charte de la ville ou est
modifié pour s'adapter à la situation spécifique de la
ville de Montréal. Mais, dans le cas actuel, je me demande sion en aura
assez avec les références qui se trouvent à l'article
349.
M. COURNOYER: ... pas possible. Je pose la question à un autre
avocat qui...
M. CHOQUETTE: Non, mais remarquez que Je ne prétends pas
être un expert en droit municipal.
M. COURNOYER: Moi non plus, d'ailleurs.
M. CHOQUETTE: Si je pose la question au ministre, c'est beaucoup plus
pour m'instruire.
M. COURNOYER: Mais, moi, je vous pose une question: Est-ce qu'il y
aurait possibilité de confusion en disant que c'est une corporation
municipale et en même temps une corporation en vertu de la Loi des
cités et villes, et donner, peut-être toujours, à la
communauté urbaine des pouvoirs que le projet de loi n'a aucunement
l'intention de donner à la communauté urbaine?
M. CHOQUETTE: Je suis d'accord avec le député de
Saint-Jacques à savoir que ça pose un problème. Est-ce que
la solution au problème ne serait pas de dire que la Loi des
cités et villes s'applique à la communauté urbaine en
autant que c'est compatible avec les fonctions de la communauté et les
dispositions du présent projet de loi.
M. LUSSIER: Si nous avions référé directement
à la Loi des cités et villes, il y aurait eu beaucoup de
contradictions entre les deux lois et il y aurait eu aussi de nombreux articles
qui ne se seraient pas appliqués. Lorsque les articles de la Loi des
cités et villes pouvaient s'appliquer, nous les avons reproduits tels
quels dans le présent projet de loi. Il y a des articles de la Loi des
cités et villes que nous avons reproduits tels quels; souvent, cela
explique la grosseur du bill. Nous n'avons pas voulu référer,
lorsque nous aurions pu le faire, à la Loi des cités et villes ou
à d'autres lois. Nous avons aimé mieux les reproduire ici pour
avoir un petit catéchisme complet.
M. CHOQUETTE: Alors, on peut dire que c'est sut generis, n'est-ce
pas?
M. COURNOYER: C'est ça.
M. CHOQUETTE: C'est-à-dire que cette communauté urbaine,
c'est un organisme sui generis. Est-ce que c'est bien ça que le ministre
a dit?
M. LUSSIER: En latin?
M. CHOQUETTE: Oui, en latin.
M. THEORET: Si le député d'Outremont me le permet. Quand
on dit qu'« elle est investie des pouvoirs généraux
», c'est-à-dire qu'elle peut transiger, composer, compromettre,
etc. Il s'agit des pouvoirs généraux. L'article est bien clair,
d'ailleurs; on référera à l'article 346 pour autant que
des pouvoirs spéciaux seront concernés. On dit, en plus «
et des pouvoirs particuliers que la présente loi lui confère
». Ce sont les pouvoirs de la loi générale des
corporations.
M. CHOQUETTE: Tels qu'ils se trouvent au code civil.
M. LUSSIER: Adopté?
M. CHOQUETTE: Oui, sous réserve.
M. LUSSIER: Un cours accéléré et, demain, je serai
bon. Alors, l'article 4 est adopté?
M. LESAGE: Non, il est onze heures.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas fini de
délibérer et qu'il demande la permission de siéger
à nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siègera-t-il?
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas fini de
délibérer et demande la permission de siéger à
nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance.
M. PAUL: M. le Président, demain matin il y aura réunion
de la commission des bills privés et des bills publics, à dix
heures, à la chambre 81. La Chambre se réunira à onze
heures, demain en matinée, pour, après la période des
questions, continuer l'étude en comité plénier du projet
de loi 75. Demain soir, à huit heures, nous suspendrons l'étude
de ce projet de loi pour entreprendre en deuxième lecture l'article 5 du
feuilleton du jour, le bill 81, Loi concernant les régimes
supplémentaires de rentes établis en vertu de décrets de
convention collective. J'ai communiqué avec l'honorable Maurice
Bellemare, ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, qui sera ici demain
soir. Ensuite, nous pourrions passer à l'étude de l'article A qui
figure au feuilleton de ce jour. Je regrette, je ne sais pas le numéro
du projet par coeur, Loi concernant la fusion de la ville de Québec et
de la ville des Saules. Ensuite, nous pourrions entreprendre avec le
consentement unanime de la Chambre, vu que demain nous passerons à la
première lecture de ce projet de loi, la Loi modifiant la loi de la
Régie de l'électricité et du gaz. Quatrièmement, la
loi inscrite au nom de l'honorable ministre des Institutions
financières, Loi concernant les caisses d'établissement. Si nous
avions le temps, nous pourrions commencer l'étude de la deuxième
lecture du projet de loi sur les loteries et courses.
Alors, M. le Président, je propose l'ajournement de la Chambre
à demain, en matinée, à onze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain, onze heures.
(Fin de la séance: 23 h 3)