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(Seize heures cinq minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Affaires du jour.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que vous avez annoncé
un changement dans les places en Chambre?
M. LAPORTE: Une promotion non annoncée.
M. LESAGE: Est-ce que je dois comprendre que le député
d'Arthabaska fait maintenant partie du conseil des ministres...
M. GARDNER: Non, je regrette, mais...
M. LESAGE: ... et qu'il a acquis la priorité même sur le
ministre de l'Education ou sur le ministre de la Justice?
M. LAPORTE: Nous allons répéter au premier ministre qu'il
ne doit jamais s'absenter.
M. LESAGE: Le premier ministre prend un grand risque lorsqu'il
s'absente, ceux qui ont des aspirations ne se gênent pas pour les faire
valoir.
M. GARDNER: II paraît que je n'ai pas droit de parole d'ici, mais
quand même Je ne vaux pas le ministre du Travail.
M. LESAGE: C'est pourquoi j'en profite.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable ministre de
l'Education.
Questions et réponses
Financement des institutions privées
M. CARDINAL: Le 2 décembre dernier, le chef de l'Opposition a
commencé une série de question concernant le financement des
institutions privées, en vertu de ce qui était, au moment du
dépôt de la loi, le projet de loi no 56. Il y avait deux
questions; j'y reviens.
Première question que je cite pour la bonne compréhension
de la réponse: « M. Lesage: M. le Président, sous toute
réserve, pourrais-je demander au ministre de vérifier cette
information que J'ai eue à l'effet que, pour l'année scolaire
1966-1967, le service du financement du ministère aurait établi
à $726 le coût moyen par élève au niveau secondaire?
Je sais bien que le ministre ne peut pas me répondre tout de suite comme
cela, il va vérifier et il pourra me répondre
éventuellement. »
M. le Président, il aurait été utile que le chef de
l'Opposition indique la source où il avait puisé le chiffre de
$726 mentionné dans la question. Cependant, grâce à
l'efficacité des services du ministère de l'Education, nous avons
pu retracer le chiffre dans un exposé présenté par M.
Sylvester White, directeur général du financement, au colloque de
la faculté des sciences de l'éducation, à l'automne 1967,
sous le titre: « Bilan économique de la démocratisation de
l'enseignement. » Cet exposé a été publié
dans un ouvrage intitulé: « L'école pour tous », aux
éditions Beauchemin, 1968. Le chiffre de $726 est mentionné
à la page 158 de cet ouvrage.
Je ne sais pas si c'est la même source, mais, enfin, je l'ai
retrouvé là.
M. LESAGE: C'est la même source, mais par personne
interposée.
M. CARDINAL: Le montant ainsi indiqué comme étant le
coût moyen de l'enseignement au niveau secondaire en 1966-1967
constituait, à cette époque, une estimation tenant compte de
toutes les dépenses de fonctionnement des commissions scolaires, il ne
s'agissait pas seulement des dépenses normalisées, mais des
dépenses totales. L'estimation englobait donc les dépenses
inadmissibles aux subventions, aussi bien que les dépenses
admissibles.
Par ailleurs, le coût moyen ainsi estimé comportait
et ceci est un point important des dépenses de transport.
Le chef de l'Opposition lui-même a rappelé que je les avals
exclues lors du débat en deuxième lecture. Elles ne sont pas
considérées aux fins de l'application des articles 14 et 17 de la
loi qu'il a lui-même cités.
On peut évaluer à $50 le coût par
élève au secondaire de ce qui n'est pas applicable pour les fins
de la loi. Ce montant est donc à déduire de $726. Quant aux
normes des commissions scolaires, le chef de l'Opposition l'avait
demandé, j'ai une copie à sa disposition. Si on veut bien la lui
remettre, s'il vous plaît.
Il y avait une deuxième question, M. le Président, qui se
lisait comme ceci: « Deuxièmement, est-il exact que le ministre ou
ses collaborateurs, lors des discussions sur le bill 56,
devenu chapitre 67 des lois de 1968, aurait déclaré que
l'on majorerait de 10% le coût moyen dans le secteur public, étant
donné qu'il s'agissait du coût moyen de l'année
précédente et que l'augmentation prévue était de
10% par année dans le coût? »
La majoration de 10% du coût moyen dans le secteur public
s'applique, maintenant que la loi est adoptée, non pas pour
l'établissement du montant des subventions mais uniquement pour fixer le
maximum des frais de scolarité qu'une institution subventionnée
garde le droit d'exiger de sa clientèle.
A ce sujet, je relirai l'article 14 de la loi, dans son dernier
paragraphe : « Telle institution qui pourrait être admissible
à cette subvention ne doit pas exiger de ses élèves des
frais de scolarité et autres frais afférents supérieurs
à la différence à combler pour atteindre le coût
moyen mentionné au premier alinéa. La loi dit: plus 10% de ce
coût moyen ».
C'est là que cette intervention qui aurait été
faite a été placée, en fait, dans la loi. Je continue
cependant: « Donc, en vertu de la Loi de l'enseignement privé, une
institution peut réclamer la différence entre les 60%, dans le
cas d'institutions reconnues, ou les 80%, dans les cas d'institutions reconnues
d'intérêt public, du coût moyen qu'elles reçoivent en
vertu de l'article 14 et de l'article 17 de la loi, et ceci forme ce qu'on a
appelé dans le public les 110% du coût. Le supplément de
10% avait, entre autres, pour justification, le fait que le calcul du
coût moyen devait s'effectuer sur l'année
précédente. Il assurait également une marge de
sécurité dans le cas d'institutions qui pourraient avoir des
difficultés particulières de financement ». On en a vu
l'exemple la semaine dernière.
Il ne semblait pas prudent de fixer exactement, au coût moyen de
l'enseignement dans le secteur public, le montant total des revenus auxquels
aurait eu droit une institution subventionnée. Quand la loi parle de
coût moyen, il s'agit toujours du coût moyen par
élève tel que calculé pour l'année scolaire
précédente, pour les établissements publics de même
catégorie, selon les normes en vigueur pour l'approbation des budgets de
ces établissements.
La loi dit aussi clairement que l'institution pour être admissible
à la subvention, ne doit pas exiger plus que ce que je viens de
lire.
J'ajouterai, M. le Président, si vous me le permettez, un
commentaire sur le fond de cette question. Nous avons déjà
mentionné, devant cette Chambre, qu'au fur et à mesure que la loi
s'applique, nous découvrons, il faut l'avouer, certains problèmes
d'application. Sans être long, je vais quand même faire un
commentaire qui pourrait peut-être nous éclairer.
On s'était donc demandé s'il était exact que le
ministre ou ses collaborateurs, lors des discussions sur le bill 56, devenu le
chapitre 67, avait mentionné ce chiffre de 10%. C'est exact. Je ne peux
cependant pas savoir qui, de mes collaborateurs ou de moi, l'aurait
mentionné. Cela a été attribué au ministre,
à ce moment-là. Il est exact qu'il a été question,
lors de l'étude de la Loi de l'enseignement privé, de cette
majoration. Mais, il faut bien se rappeler que c'est strictement, maintenant
que la loi est adoptée, à propos de la limitation des droits de
scolarité qu'est intervenue la référence à une
majoration du coût moyen.
Je ne rappelle pas les articles que j'ai lus tantôt, qui
l'indiquent clairement. Je vous rappelle, M. le Président, que cette loi
avait été adoptée à l'unanimité en cette
Chambre, à la suite d'études devant la commission permanente de
l'Education, qui était alors le comité.
Je ne rappelle pas le dernier paragraphe de chacun de ces articles, mais
disons que cette disposition de la loi a pour but de fixer une limite aux frais
de scolarité que peut exiger une institution privée
subventionnée à même les fonds publics. Il a
été jugé que les frais de scolarité devraient
d'abord permettre de combler la marge entre le coût moyen dans le secteur
public et la subvention par élève, établie à 80% ou
à 60% du coût moyen dans le secteur public pour l'année
précédente.
Toutefois, comme cette marge de 20% ou de 40% à combler se
définit par rapport au coût moyen dans le secteur public pour
l'année précédente, une majoration de 10% de ce coût
a été prévue à la fois pour les fins de la
détermination d'un maximum que peut exiger de ses élèves
l'institution privée au titre des droits de scolarité, et
à la fois pour ne pas créer ce que j'appellerai des comparaisons
qui seraient boiteuses entre le secteur public et le secteur privé.
Cette limitation, avec cette majoration de 10% le législateur l'a
voulue pour assurer que les institutions privées soient largement
financées à même les fonds publics, mais sans avoir carte
blanche pour fixer les frais de scolarité à exiger des
élèves de façon qu'elle ne puisse pas, par ce moyen,
concurrencer indûment les institutions du secteur public et, d'autre
part, établir des précédents de nature à introduire
de graves déséquilibres dans le financement de
l'éducation.
Notons une chose en passant. En appliquant cette loi, nous n'avons pas
exigé que, dans le secteur privé, les conditions de travail
soient nécessairement les mêmes que celles qui prévalent
dans le secteur public à la suite des négociations.
Il y avait donc là une différence et en même temps
un impondeérable.il fallait nécessairement
une limitation des frais de scolarité et un certain tampon. Ce
sont les deux explications véritables des deux derniers alinéas
des articles 14 et 17.
Au moment de la préparation de la loi, il avait
été, en un certain moment, envisagé de soumettre les
institutions privées aux exigences des conventions collectives. Cela
avait été discuté, si l'on fait écho au journal des
Débats du temps. Cette mesure n'a pas été retenue en
raison principalement de ce qui avait été invoqué devant
la commission, soit l'autonomie des institutions privées
vis-à-vis de leurs enseignants. Faudrait-il revenir sur cette question?
Il faudra certainement réétudier cette question; c'est le moins
que je puisse dire.
Nous avions longuement discuté aussi, dans cette Chambre et
à la commission, de la fonction de concurrence entre les deux secteurs
et de la fonction de complémentarité aussi. Des discussions
techniques avaient eu lieu sur ce sujet, il appartient à l'Etat, si vous
voulez, de veiller à ce qu'entre les deux secteurs, public et
privé, ne s'établisse pas de déséquilibre. Ce sont
les réponses précises et les commentaires généraux
que je peux donner à cette question tout en rappelant au chef de
l'Opposition que c'est la première année que cette loi s'applique
et qu'encore une fois, au fur et à mesure qu'elle s'appliquera, nous
verrons les problèmes concrets qui se poseront.
Au ministère, présentement, nous sommes à
réétudier en fonction des demandes qui sont faites, qui sont
parfois contradictoires, selon qu'il s'agit du groupe qui représente
l'enseignement public ou du groupe qui représente l'enseignement
privé; nous sommes à étudier ce qui nous paraîtrait
les meilleurs solutions en fonction de cette loi ou éventuellement,
selon les désirs de cette Chambre, les modifications que le gouvernement
pourrait juger nécessaires.
M. LESAGE: M. le Président, lors des premières
réponses que le ministre m'a données la semaine dernière
sur ce sujet, ou peut-être il y a une dizaine de jours, il a donné
les chiffres précis du coût moyen de l'enseignement par
élève dans les écoles du secteur public à chacun
des trois niveaux. Lorsque je lui ai demandé si on avait bien tenu
compte, dans l'établissement de ces coûts, de toutes les
dépenses d'investissement, d'immobilisation, le ministre m'a
répondu, mais pas d'une façon complètement assurée,
sujet à vérification.
Il croyait possible que, dans le cas des polyvalentes en particulier qui
faisaient l'objet d'une attention plus spéciale, des versements aient
été faits ou des engagements pris au moment de la construction et
qu'ils n'aient pas été calculés dans
l'établissement de la moyenne du coût par élève dans
le secteur public.
Jeudi dernier, j'ai rappelé au ministre les déclarations
qu'il avait faites lors de l'étude du bill 56. Il s'en souvient; il
avait dit que les investissements, les dépenses affectées au
service de la dette et toutes les immobilisations seraient calculés dans
l'établissement du coût moyen. Il avait dit qu'il n'y avait que
deux exceptions: le transport il l'a répété tout
à l'heure et le coût per capita des étudiants. Le
ministre n'a pas donné de clarification sur ce point. Est-ce que le
ministre réserve la clarification pour plus tard? En effet, si
réellement, comme il me l'a dit la semaine dernière où il
y a dix jours, il y a des montants d'investissements dont on n'a pas tenu
compte dans l'établissement du coût moyen dans le secteur public,
premièrement, on ne donne pas suite à ce que le ministre avait
annoncé lors de l'étude du bill 56 et, deuxièmement, je
considère qu'on traite le secteur privé avec
inéquité ou absence d'équité, si l'on veut.
M. CARDINAL: M. le Président, je ne me souviens pas exactement si
Je n'ai pas donné certains de ces faits une journée où,
pour cause d'ailleurs, le chef de l'Opposition était absent. De toute
façon, si on revoyait le journal des Débats de la semaine
dernière, on trouverait peut-être cette réponse,
Je confirme que, dans l'établissement de la subvention aux
institutions privées, lorsqu'on a fait la comparaison avec le secteur
public, l'on n'a pas compris certaines dépenses d'immobilisation au sens
où la question a été posée.
M. LESAGE: Du secteur public?
M. CARDINAL: Oui, je le confirme. J'ai mentionné, l'an
passé, et en deuxième lecture et devant la commission, que le
service de la dette était compris; je ne pense pas que ceci soit
contradictoire avec l'affirmation que je viens de faire. C'est une question
d'interprétation de la loi telle qu'elle est rédigée
actuellement. Mais, maintenant que la loi s'applique c'est ce que je
voulais dire tantôt; je vais être plus clair l'un des points
qui est notre souci présentement au ministère de l'Education,
c'est cette façon dont la commission consultative a, dans ses
règlements, appliqué les dispositions de la loi.
L'on sait que l'application de cette loi dépend d'une
décision du ministre, il est vrai, mais après que les
règlements et les critères eurent
été établis par cette commission consultative
créée, si je ne me trompe pas, au mois de février dernier,
à la direction générale, particulièrement, de
l'élémentaire et du secondaire. C'est là que se pose le
problème.
A la suite des questions posées en Chambre et à la suite
de certaines remarques que nous avions eues de l'Institution privée,
nous avons constaté, disons, enfin, ce trou entre
l'interprétation qu'on pouvait donner de la loi et l'application qui en
était faite en fonction des règlements qui viennent la
compléter. J'assure les membres de cette Chambre que nous
étudions présentement de très près cette question
au ministère de l'Education, et nous prendrons les dispositions
nécessaires si l'on constate qu'il y a vraiment, comme l'affirme le chef
de l'Opposition, iniquité.
M. LESAGE: Disons que je ne veux pas dire iniquité mais absence
d'équité, absence de justice.
M. CARDINAL: Justement, je ne dis pas ça dans un sens... Je pense
que de la façon dont le chef de l'Opposition a posé' sa question
et a formulé ses commentaires, il était de très bonne
humeur, il l'a fait de très bonne foi et je lui réponds de la
même façon. Ce sont des choses qu'on ne peut pas corriger du jour
au lendemain. Au ministère, j'ai demandé de me faire rapport sur
cette question, et dans une des réponses que j'ai données la
semaine dernière, il y avait une référence, d'ailleurs,
à cette étude qui a été entreprise au
ministère. J'assure donc le chef de l'Opposition et les membres de cette
Chambre que non seulement nous nous penchons ce qui est une tournure de
style sur le problème, mais que nous l'étudlons de
très près et que nous revisons le travail qui a été
accompli par la commission consultative. En disant ceci, il n'y a aucun
blâme envers cette commission qui a fait un travail excellent,
rapidement, dans des conditions difficiles et avec une nouvelle loi qui n'avait
pas été rodée encore. Alors, je ne dis pas que la semaine
prochaine je serai prêt à donner une réponse à la
suite de cette étude, mais j'assure les membres de cette
assemblée que nous verrons, au ministère, à corriger la
situation si elle mérite correction.
M. LESAGE: Une question seulement. Je voudrais suggérer au
ministre de demander à cette commission consultative de faire le calcul
suivant: Si l'on tient compte de toutes les immobilisations au secteur
élémentaire et secondaire pour les écoles publiques, quels
seront les chiffres correspondant, premièrement, au coût moyen par
élève de $717 au secondaire et, deuxièmement, au
coût moyen par élève de $385 à
l'élémentaire?
Je pense que ma question est très précise. C'est un calcul
qui peut se faire assez rapidement, non seulement par la commission
consultative, mais par les services comptables ou financiers, comme on les
appelle, du ministère de l'Education. Il me semble que,
là-dessus, le ministre pourrait nous répondre la semaine
prochaine, avant que nous nous quittions pour célébrer la
Noël.
M. CARDINAL: M. le Président, avec grand plaisir. La question est
très précise. Je remercie le chef de l'Opposition de ne pas
demander la réponse pour demain parce que, même si elle est
précise, elle demande des calculs compliqués.
M. LESAGE: D'accord.
M. C ARDIN AL: J'ajoute un dernier commentaire. C'est que, même si
nous faisons cette étude, non seulement pour cette question, mais pour
la question d'Immobilisation, il faudra tenir compte d'un fait que j'ai
mentionné lorsque nous avons commencé à discuter en
Chambre de cette question. C'est qu'entre les années soixante et
aujourd'hui certaines institutions privées ont fait des dépenses
d'immobilisation très importantes qui peuvent se comparer difficilement
aux dépenses normalisées, dans la construction dans le secteur
public. De même, qu'il ne faut pas en arriver à une solution qui
ne soit pas équitable, disons, pour les institutions privées, il
ne faudrait pas assurer une prime, non plus, vis-à-vis du secteur public
aux institutions privées. C'est en tenant compte de ces
pondérations que la commission consultative et la direction
générale de l'élémentaire et du secondaire
étudieront cette question. Quant à celle qui vient d'être
posée, la semaine prochaine, avant que nous nous quittions, j'apporterai
en cette Chambre la réponse demandée.
M. LESAGE: Je voudrais bien que le ministre donne la réponse sur
une base strictement mathématique, sans pondération, quitte
à nous dire de quelle façon il juge équitable de
pondérer, mais après nous avoir donné le chiffre exact
pour chaque niveau, élémentaire et secondaire.
M. CARDINAL: Mol, je fais la distinction entre les deux choses. La
question est censée poser un problème purement
mathématique.
M. LESAGE: C'est ça.
M. CARDINAL: Si on changeait l'hypothèse de travail, quelle
serait la réponse?
M. LESAGE: C'est ça.
M. CARDINAL: Le problème plus large suppose des jugements de
valeur d'une situation donnée.
M. LESAGE: C'est ça.
M. CARDINAL: Evidemment, je divise la question du chef de l'Opposition
et le problème général.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
Polyvalente de Courville
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, ma question s'adresse
au ministre de l'Education. Dans mon comté, à la régionale
Orléans, il se présente un problème qui devient de plus en
plus aigu, soit le problème de l'exiguïté et du manque de
locaux scolaires.
Nos enfants vont suivre des cours « sur des quarts » et la
population est croissante. Ma question est la suivante: Pour la construction de
la polyvalente de Courville, les plans et les soumissions sont
demandés...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Je veux signaler à l'honorable député de
Montmorency que, lorsque le président se lève, il intervient
ordinairement pour mettre fin à une question.
L'honorable député de d'Arcy-McGee.
Conflit à la compagnie Daly & Morin
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre du Travail, dont nous regrettons tous l'absence. Est-ce
que nous pouvons savoir s'il demeure un espoir de règlement du conflit
patronal-ouvrier à la compagnie Daly à Morin dont les
employés devaient se réunir ce midi pour étudier une offre
que la partie patronale a qualifiée de finale?
M, PAUL: M. le Président, disons que je prends note de la
question et, si c'est possible, nous tâcherons de répondre demain,
après consultation avec les officiers supérieurs du
ministère du Travail.
Vente par l'Hydro-Québec de sa machinerie
lourde
M, LESAGE: M. le Président, le ministre des Richesses naturelles
n'est pas à son siège, mais je voudrais quand même lui
donner avis, par l'intermédiaire du ministre de la Justice, d'une
question que je voulais lui poser aujourd'hui et que je pourrai lui poser
demain; c'est la suivante. Pourrait-il nous dire définitivement pourquoi
l'Hydro-Québec vend à un rythme accéléré sa
machinerie lourde de construction si véritablement une décision
n'a pas été prise en ce qui touche la construction de Manicouagan
3, soit par les forces de l'Hydro ou par le secteur privé de
l'entreprise?
M. PAUL: Je ferai part à l'honorable ministre des Richesses
naturelles de la question posée par l'honorable chef de
l'Opposition.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, ma question de tout
à l'heure est importante, urgente...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois signaler à l'honorable
député de Montmorency que sa question est l'une de celles qui ne
sont pas recevables. Il y a quantité de décisions qui ont
été rendues par mes prédécesseurs et par
moi-même à cet effet. Lorsqu'il s'agit d'un projet purement local,
qu'il s'agisse de voirie ou de construction d'école, je pense que, s'il
fallait que nous permettions cette question, nous aurions beaucoup de
difficulté à progresser dans nos travaux parlementaires.
M. LAFRANCE: M. le Président, je crois qu'il y a quelques
précédents, il est arrivé assez souvent que des
députés se sont levés pour poser des questions...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois signaler à l'honorable
député de Richmond que les questions qui ont été
permises relevaient des CEGEP, mais on comprendra facilement, Je pense, que
s'il faut que je laisse certains députés parler de l'état
des routes dans leur comté ou de la construction d'une école
primaire ou secondaire, nous n'en finirons jamais. C'est pour cela que le
règlement a été construit de façon à
permettre une question urgente et d'intérêt
général.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, cela fait quatre ans
que cette question est...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordrel Ma décision est rendue, et
l'honorable député de Montmorency, comme tous les autres
députés, voudra bien se soumettre.
M. PAUL: Affaires du jour. Voici, M. le Président, il avait
été convenu vendredi, lors de l'ajournement des travaux, que nous
appellerions dans l'ordre suivant les articles 10, 12 et 4. On nous a
signalé qu'il y aurait peut-être avantage à ce que nous
débutions par l'article 4, et c'est pourquoi Je vous inviterais à
appeler la deuxième lecture du bill 75.
M. LESAGE: Avec l'entente qu'à huit heures cependant...
M. PAUL: Qu'à huit heures nous pourrons étudier ces deux
projets de loi-là.
M. LESAGE: Avant de continuer... M. PAUL: Avant de continuer...
M. LESAGE: Avant de continuer avec le gros bill de Montréal.
M. LAPORTE: Puis-je préciser, M. le Président, que c'est
à ma demande etpour me rendre service que le leader parlementaire, le
ministre et le chef de l'Opposition ont accepté ce changement. Je
voudrais remercier cette Chambre.
Bill 75 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales propose
la deuxième lecture de la Loi de la communauté urbaine de
Montréal.
L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. Robert Lussier
M. LUSSIER: L'honorable lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce bill, il en recommande l'étude à la
Chambre.
M. le Président, notre époque se caractérise par
une urbanisation intense et rapide. Les agglomérations urbaines
grouperont, dans une dizaine d'années, 80% de la population totale de la
province de Québec.
L'ampleur de la poussée urbaine actuelle est la traduction
concrète de notre pays, de son entrée dans l'ère
d'activités secondaires et tertiaires d'une façon plus soutenue:
l'urbanisation. Je prends cette citation dans le rapport publié par
l'Union des municipalités du Québec, à la page 6,
publié en septembre 1969. L'urbanisation, qui est le processus
d'évolution de nos systèmes sociaux, économiques et
politiques, est un phénomène universel qui provoque une constante
évolution de notre structure économique sociale.
Cette évolution ne doit pas être paralysée par une
structure politique immuable et inadaptée. C'est ce que disaient des
gens, après une réunion d'une journée au congrès de
l'union des municipalités, et ceci a été voté
à l'unanimité.
Cette poussée urbaine implique des équipements collectifs
considérables, de plus en plus perfectionnés et
diversifiés et nécessite des surfaces très étendues
pour s'y développer. Elle s'accommode mal du morcellement des
municipalités qui divisent arbitrairement des angglo-mérations
qui constituent en fait une même entité urbaine.
Cette urbanisation transforme sous nos yeux le visage de nos villes,
villes qui se touchent, villes qui se confondent. Elles deviennent partie
intégrante d'une agglomération urbaine, de telle sorte qu'elles
se présentent, aujourd'hui, ces agglomérations, comme des
entités très réelles, il faut les doter d'une
autorité régionale, et i cause des obligations qu'engendre une
agglomération urbaine il faut que nous puissions lui donner des pouvoirs
de telle façon qu'elle s'administre efficacement et à bon
marché.
L'ensemble des agglomérations est assez évident.
L'agglomération québécoise comporte plus de trente
municipalités; celle de Montréal, 29 municipalités; et
celle de l'Outaouais, 32. Les limites des villes n'étant plus aux
dimensions des difficultés, cette inadaptation des structures
municipales favorise la centralisation de ces pouvoirs
délégués vers Québec si nous ne prenons pas garde
de prendre nos responsabilités, et de restructurer ce monde municipal
dont les structures ne sont plus adéquates.
Il n'y a qu'un pas pour les citoyens qui résident dans ces
municipalités lorsqu'on constate que, parce qu'il existe un
morcellement des autorités au niveau de ces agglomérations
urbaines, les gens ne peuvent prendre leurs respon-sablités municipales
comme ils le doivent de demander, parce que ces services sont plus
où moins bien administrés à cause de ces faits, que ces
pouvoirs ou ces juridictions provinciales déléguées aux
municipalités ne puissent être prises de la bonne façon,
que ces pouvoirs, que ces juridictions soient reprises par le gouver-
nement de la province, par le gouvernement provincial.
Alors, il n'y a qu'un pas à demander par les citoyens à
l'Etat provincial pour qu'il récupère une responsabilité
qu'il avait voulu confier aux organismes décentralisés.
L'institution de communauté urbaine se propose de réagir contre
cette tendance pour rendre à l'autonomie locale toute sa valeur.
Cette urbanisation rapide qui ébranle les vieilles structures
municipales inadaptées monte en épingle cette poussière de
ville plus ou moins considérable où la communauté humaine
fondée sur des intérêts solidaires n'a plus de moyen
d'expression suffisant.
Brièvement, je voudrais analyser les conséquences de
l'inadaptation des structures des municipalités dans ces
agglomérations urbaines.
Je pourrais débuter par des aspects d'ordre général
et aussi parler, en deuxième lieu, des difficultés au point de
vue strictement de l'île de Montréal, agglomération
montréalaise.
Quatre aspects dans les généralités. Tout d'abord
un urbanisme difficile, une infrastructure où les équipements
sont souvent irrationnels et coûteux; troisièmement, des
disparités financières importantes entre ces différentes
entités municipales et, quatrièmement, il existe, à cause
de ce fractionnement d'autorité dans l'Intérieur d'une
agglomération urbaine, une dissolution de nos responsabilités
démocratiques.
Un urbanisme difficile. Le découpage devenu artificiel d'un tissu
urbain homogène, le morcellement trop fréquent et arbitraire des
zonages entraînent un véritable gaspillage des sites et des sols
où, en outre, ne sont pas ménagés des espaces suffisants
pour les équipements collectifs, les voies de circulation, etc. et les
espaces verts.
L'urbanisation, la croissance des agglomérations se sont, en
effet, réalisées d'une façon empirique par le remplissage
en taches d'huiles des villes subsistantes dans le tissu urbain ou à la
périphérie immédiate de la ville initiale en fonction des
hasards des disponibilités de terrains.
Les centres tendent à s'en trouver asphyxiés pendant que
foisonnent les banlieues désordonnées. Il est difficile d'aller
contre cette tendance, car certaines municipalités disposent d'espaces
pour s'étendre, mais n'ont pas les ressources pour s'équiper
alors que la situation est inverse pour les villes du centre.
Un plan d'urbanisme d'ensemble qui ne serait pas accompagné d'une
formule de coopération organisant une solidarité
financière serait donc condamné à l'échec total ou
partiel comme cela a été fréquemment le cas.
Des réseaux d'infrastructures et des équi- pements souvent
irrationnels, peu rentables et mal Implantés, le caractère
déficient de ces réseaux et équipements ne constituent pas
non plus de bonnes conditions de base pour un urbanisme et un
aménagement harmonieux.
En effet, une gestion rationnelle des services tout comme la
réalisation des équipements que requiert la croissance
s'accommodent mal des limites municipales et supposent une collaboration
très étroite des municipalités composant aujourd'hui
l'agglomération appelée à lui être associée
demain.
Le caractère irrationnel de certains réseaux trop rarement
dessinés en fonction des critères physiques et fonctionnels, leur
trop faible capacité ou dimensions, certains doubles emplois et des
carences en d'autres domaines conduisent à une mauvaise utilisation des
moyens financiers et techniques, qui tourne parfois à une
véritable dilapidation dont une caricature est fournie par des conduites
d'amenée d'eau allant en sens inverse dans une même rue
séparant deux municipalités.
L'ossature en équipement et infrastructure, qui est le corollaire
de la condition d'un bon urbanisme, est ainsi à la mesure de celui-ci,
c'est-à-dire trop incohérente, il importe que les divers
équipements soient conçus et exécutés en fonction
les uns des autres, faute de quoi d'onéreux hiatus en réduisent
l'efficacité. Des disparités financières importantes, sont
destinées à s'accroître encore si l'on n'y apporte pas
remède. Ces graves disparités financières viennent
aggraver l'intensité des difficultés signalées. Les
charges et profits de l'urbanisation n'étant pas redistribués au
sein de l'agglomération, certaines municipalités
commerçantes ou industrielles bénéficient de revenus et de
taxes foncières très accrues tandis que d'autres, qui abritent
les clients des commerces ou la main-d'uvre des industries des
premières, sont contraintes de recourir à une fiscalité
écrasante ou à se priver d'équipement
élémentaire.
Le morcellement urbain et technique s'en trouve augmenté. Quel
que soit le parti d'urbanisme à tirer du lieu, chaque
municipalité veut un petit morceau de zone industrielle ou
d'activités accompagnant une zone d'habitation aussi petite que
possible. Les municipalités candidates à la ville-dortoir
devenues ainsi le repoussoir de la municipalité-dortoir sont rares. Sur
le plan humain, ce bilan s'aggrave par une diminution des
responsabilités collectives au sein d'un ensemble d'autorités que
ces disparités rendent antogonistes. Devant un tel état de
choses, dont ils ne perçoivent pas clairement les raisons, les citoyens
risquent de se détourner des affaires municipales.
La démocratie locale s'affaiblit et, à cette
baisse de pression démocratique, correspond la tentation de la
centralisation évoquée précédemment. Ce
problème des grandes agglomérations est ressenti en termes
analogues dans tous les pays a un stade d'évolution comparable au
nôtre. C'est pourquoi il importait de nous pénétrer de
notre état de fait ici dans différentes agglomérations
québécoises et de la nécessité urgente qui s'impose
de donner aux agglomérations la possibilité de maîtriser le
phénomène urbain, de participer à la mise en oeuvre de
cette géographie volontaire en faisant coïncider des
solidarités de fait avec une structure de droit tout à la fois
fonctionnelle et organique, susceptible de permettre l'exercice d'une autonomie
à part entière.
Il s'agit là d'une adaptation inéluctable à des
faits universels. La formule de la communauté urbaine possède
cette exigence. Si nous parlons plus particulièrement des
problèmes particuliers au niveau de l'agglomération
montréalaise, personne ne peut nier qu'il existe, à l'heure
actuelle et, en fait, depuis de nombreuses années, des problèmes
dont la solution dépasse les frontières de la capacité
financière d'une seule ville, la ville de Montréal.
L'inégalité et l'absence d'uniformité des
rôles d'évaluation des diverses municipalités posent chaque
année de sérieux problèmes aux commissions scolaires et
aux organismes qui doivent répartir entre plusieurs municipalités
le coût de services communs ou de travaux faits en commun ou tout
simplement, dans le cas, par exemple, de la Commission des écoles
catholiques de Montréal ou du Protestant School Board of Greater
Montreal imposer une taxe aux citoyens de plusieurs municipalités.
On a utilisé jusqu'à maintenant, pour pallier les
inégalités et les injustices criantes que constitue l'application
d'un taux de taxe unique à des évaluations qui varient
considérablement par rapport à la valeur marchande ou la
répartition des dépenses sur cette base, la procédure
d'uniformisation ou de balancement des rôles, et ce aussi bien à
la Corporation du Montréal métropolitain qu'aux commissions
scolaires catholiques et protestantes.
Ce procédé, vous le savez, consiste à ajouter aux
évaluations locales un pourcentage de correction, de façon
à ramener la moyenne des évaluations d'une municipalité
à un pourcentage prédéterminé par rapport à
la valeur marchande, de façon à mettre toutes les
municipalités sur le même pied.
Il s'agit là d'un procédé rudimentaire basé
sur des données aussi aléatoires que le niveau moyen d'un
rôle par rapport à la valeur réelle et qui, par la force
des choses, ne prend en considération qu'un échantillonnage
très peu nombreux des priorités avec pour résultat des
réponses aussi aléatoires que les prémisses de ces
réponses. Réponses tellement aléatoires en fait qu'il
n'était pas rare de voir le niveau moyen du rôle
d'évaluation d'une municipalité par rapport à la valeur
marchande fixée à des pourcentages différents par
l'égalisation de la Corporation du Montréal métropolitain
et par les commissions scolaires. Cette procédure a d'ailleurs pour
résultat, parce qu'elle est basée sur des moyennes, de ne pas
rendre justice au citoyen dont l'évaluation est de beaucoup
inférieure ou supérieure à la moyenne et qui la voit
augmenter ou diminuer du pourcentage moyen pour les fins du paiement de sa taxe
scolaire à la commission scolaire catholique ou la commission scolaire
protestante.
Personne non plus ne doutera aujourd'hui de la nécessité
impérieuse de planifier d'avance le développement et
l'aménagement du territoire, de façon à tirer le plus
possible pour le bénéfice des citoyens des ressources et des
vocations particulières des diverses parties du territoire. Qui
soutiendra aujourd'hui que cette planification nécessaire peut se faire
par 29 municipalités différentes cantonnées chacune dans
le cadre étroit de ses frontières juridiques qui sont souvent le
résultat de simples accidents de l'histoire et résulter en un
tout cohérent et ordonné pour l'ensemble de l'ile de
Montréal?
Qui soutiendra que les municipalités de l'île de
Montréal, pour moderniser leurs procédés administratifs,
doivent se doter de 29 modèles de types différents
d'équipement, de traitements des données ou, au contraire,
s'abstenir de se doter de tels équipements pour la seule raison
qu'aucune, sauf peut-être deux ou trois, n'a les moyens de se payer les
équipements perfectionnés qui répondraient vraiment
à ses besoins? Peut-on sérieusement affirmer que
l'élimination de la pollution de l'air peut se faire avec succès
au moyen de 29 efforts dispersés et parfois même divergents quand
ils ne sont pas carrément opposés ou même inexistants?
Qui peut affirmer que l'acheminement rapide de la circulation automobile
sur les grandes voies de communication aux heures de pointe est un
problème strictement local qui se résoudra localement? Qui peut
ignorer, après les luttes continuelles que se livrent depuis plusieurs
années la ville de Montréal et ses banlieues au sujet des
égouts collecteurs et des usines d'épuration luttes qui
ont pour effet de paralyser dans des procédures judiciaires l'exercice
par la Régie des eaux d'une juridiction que tous considèrent de
première importance en matière de pollution des eaux
qui
peut ignorer, dis-je, que seule la présence d'une autorité
publique régionale dotée de pouvoirs et de moyens d'actions
suffisants permettra d'apporter au problème de la pollution des eaux de
la région de Montréal une solution globale et
définitive.
Oui prétendra aujourd'hui, alors que le crime et la violence ne
connaissent même plus de frontières nationales, que l'action des
corps de police municipaux ne doit pas pouvoir s'étendre, lorsque les
circonstances l'exigent, en dehors des cadres limités des
frontières municipales? Qui peut soutenir, après les tragiques
événements du 7 octobre dernier à Montréal, qu'une
coordination institutionnalisée entre les divers corps de police
municipaux ne constitue pas une nécessité essentielle pour le
maintien de l'ordre public et de la sécurité des citoyens? Qui
ignorera la nécessité d'une action concertée dans les
domaines de la coordination des services de protection contre l'incendie, de la
santé publique et de la disposition des ordures? Ce sont là
précisément les fonctions que le gouvernement vous demande, en
adoptant le projet de loi 75, de confier à la communauté urbaine
de Montréal.
En effet, nous attendons la coopération de l'Assemblée
nationale pour que ce projet soit adopté le plus tôt possible, et
pour que l'agglomération urbaine de Montréal puisse profiter le
plus tôt possible d'un organisme régional avec une autorité
régionale pour régler ces problèmes en suspens depuis de
trop nombreuses années. Nous aurions pu demander à la
Législature de voter peut-être d'autres mesures. Nous aurions pu
demander une coopération intermunicipale plus poussée ou encore
la fusion totale de toutes les municipalités. Nous avons voulu
résister à ces deux options. En effet, la coopération
municipale a été essayée à plusieurs reprises, et
dans divers domaines, mais, nous insistons, entre un nombre restreint de
municipalités. Ainsi, à titre d'exemple, nous pouvons citer
diverses ententes intermunicipales et d'assistance dans le domaine de la lutte
contre les incendies, et la réalisation en commun par les
municipalités de Dorval et de Pointe-Claire des travaux de drainage du
bassin du fossé Denis. Il s'agit là cependant d'ententes
très limitées, qui rendent des services et que le projet de loi
no 75 n'entend pas empêcher, en autant qu'elles n'ont pas d'incidence sur
des territoires plus étendus que ceux des municipalités qui
désirent conclure de telles ententes. En effet, l'ensemble des
municipalités de la région de Montréal n'ont jamais
réussi à s'entendre toutes ensemble à l'échelle de
la région pour la réalisation en commun d'un grand projet.
Si nous regardons un instant la petite histoire, nous pouvons nous
rendre compte que l'ère du volontariat à 100% intermunicipal
s'est soldée par beaucoup plus de luttes stériles et de
procédures diverses des requêtes contestées à
la Régie des eaux aux divers bills privés que par des
réussites concrètes. En fait, si nous voulons regarder la
situation de façon réaliste, nous en viendrons vite à la
conclusion que l'ère du volontariat à 100% intermunicipal est
dépassée.
D'autre part, le gouvernement est d'opinion que la fusion totale des
municipalités, dans l'état actuel des choses et de l'opinion sur
l'île de Montréal, irait contre la volonté d'une partie
importante de la population et méconnaîtrait le sens profond et la
raison d'être de la municipalité locale. Si nous regardons
l'histoire de toutes les municipalités, nous nous rendons compte que la
municipalité est née au moment où un groupe de personnes
vivant sur un territoire donné et partageant une certaine
communauté d'intérêt de de caractère
socio-économique et autres, ont décidé de se doter
d'institutions politiques locales répondant à leurs besoins et
capables, dans toute la mesure du possible, de fournir à leurs
contribuables certains services.
Nous croyons que les caractéristiques humaines sont aussi
nécessaires aujourd'hui qu'autrefois au bon fonctionnement de la
démocratie des municipalités et à l'accomplissement des
fins pour lesquelles elles ont été constituées, celles de
servir leurs citoyens.
Nous croyons que la proximité des citoyens et de leurs
administrations locales constitue la meilleure garantie possible de la
démocratie et de l'efficacité de l'administration locale.
Aussi, croyons-nous que c'est avec la plus grande prudence que la
Législature doit intervenir pour limiter la juridiction des
administrations locales et uniquement quand la chose est indispensable au
bien-être des citoyens. Le projet de loi numéro 75 ne modifie
aucune frontière municipale et laisse subsister partout où la
chose est possible, la juridiction locale.
Ceci ne signifie pas que, dans l'esprit du gouvernement, les
frontières municipales actuelles sont intouchables. Au contraire, nous
sommes parfaitement conscients que plusieurs frontières municipales qui
avaient autrefois leur raison d'être sont devenues aujourd'hui
parfaitement artificielles et ne correspondent plus à aucune
réalité concrète.
Mais nous croyons que ce sont des administrateurs de la nouvelle
communauté qui seront le plus en mesure de déterminer,
après étude, à la lumière de leur
expérience, quelles sont ces
frontières désuètes qui ne correspondent plus
à aucun facteur géographique ou humain et comment elles devraient
être réaménagées.
Aussi, le projet impose-t-il ce devoir à la communauté. Le
gouvernement a opté pour la seule solution qui lui paraissait pratique,
précisément parce qu'elle respecte à la fois les
impératifs de la régionalisation sous une seule administration
dotée de pouvoirs et de moyens d'action, des services essentiellement
régionaux, tout en respectant l'existence des municipalités
locales etleur autonomie complète dans les matières purement
locales, soit la coordination institutionalisée.
Le gouvernement est, de plus, d'avis, M. le Président, que la
mise en place d'un organisme métropolitain dans la communauté,
doté de pouvoirs et de moyens d'action à la mesure des
problèmes qu'il aura à résoudre, rendra possible dans la
région de Montréal l'installation de grands services publics
indispensables à l'accélération du développement
industriel de cette région, qui constitue déjà le coeur du
Québec industriel et un pôle d'attraction à nul autre
pareil pour le développement économique du Québec.
C'est un fait connu que le climat politique serein et la présence
de gouvernements locaux, efficaces et fonctionnant dans l'harmonie, constituent
des facteurs qui attirent les investissements.
Quel industriel ira investir des millions à un endroit où
des querelles de clocher et des luttes internes stériles au sein du
pouvoir politique local risquent de paralyser le développement de
l'industrie, d'en limiter la croissance ou d'en paralyser le
fonctionnement?
Le projet de loi numéro 75 veut fournir à Montréal
et à ses banlieues une institution politique efficace, où chacun
sera représenté équi-tablement, qui ne sera pas
susceptible d'être détournée dans ses buts pour servir une
municipalité ou un groupe de municipalités au détriment
d'une autre, où les querelles stériles d'autrefois seront
remplacées par une discussion ouverte devant l'opinion publique, au sein
d'une même assemblée, des problèmes communs, afin d'en
arriver à des solutions positives.
Le gouvernement croit que les problèmes intermunicipaux de la
région de Montréal ont fait l'objet d'assez de discussions
publiques et de commissions d'étude pour que les problèmes soient
maintenant aérés et qu'ils soit temps de passer à
l'action. Qu'il suffise simplement de rappeler la commission Paquet, le
comité d'étude Croteau, la commission Blier, la commission
provinciale d'urbanisme LaHaye, la CCI, le Conseil de coordination de
l'île de Montréal qui, à deux reprises, ont
présenté des rapports. Nous avons aussi obtenu des villes de
banlieue des commentaires sur les avant-projets; nous avons, de plus,
rencontré les dirigeants de ces villes de banlieue et de la ville de
Montréal, et nous croyons bien que les consultations qui ont
donné lieu à la rédaction de ce projet de loi et aussi
à des amendements que nous apporterons avant le comité
plénier ont été extrêmement importantes et
nombreuses.
Les affaires de la communauté urbaine proposée seront
dirigées par un comité exécutif et un conseil. La
composition du comité exécutif est de sept membres de
Montréal et cinq des banlieues. La composition du conseil, soit 52
conseillers de Montréal et 28 délégués des
banlieues, plus le maire de Montréal, correspond à peu
près parfaitement au partage de la population et de l'évaluation
qui constituent le critère de participation aux dépenses entre
Montréal et les banlieues.
Le comité exécutif est chargé de la mise à
exécution des décisions du conseil et, de ce chef, est
responsable en premier lieu de l'administration de la communauté. Le
pouvoir de réglementer et de prendre toutes les décisions
importantes, y compris les emprunts et l'approbation des budgets, se situe au
conseil. Les décisions du conseil sont prises à la
majorité des voix des membres présents. Cette majorité
devant toutefois comporter le vote favorable d'au moins le tiers des
représentants présents de Montréal, et le vote d'au moins
le tiers des représentants présents des banlieues.
Par conséquent, malgré la majorité des
représentants de Montréal au conseil, les banlieues y jouissent
en fait d'un droit de veto. Nous sommes cependant certains que la
majorité de Montréal ne mettra pas des représentants de
banlieue dans l'obligation d'utiliser ce droit de veto, et que les
représentants des banlieues, en considérant d'abord et avant tout
l'intérêt de l'ensemble de la population de la communauté,
considéreront ce droit de veto comme une simple précaution du
législateur plutôt que comme une arme qu'il est possible
d'utiliser couramment.
Vous me permettrez ici, M. le Président, d'exposer dans les plus
grandes lignes les principales fonctions que le projet de loi no 75 entend
confier à la communauté urbaine. La comm unauté urbaine
obtient juridiction sur certains services et certaines fonctions dès
l'entrée en vigueur de la loi, et peut obtenir Juridiction sur d'autres
services et fonctions lorsque l'ensemble des municipalités, par un
règlement du conseil de la communauté adopté à la
majorité des membres de ce conseil, majorité qui devra comporter
le vote d'au moins la moitié des conseillers de Montréal et la
moitié des membres du conseil
désignés par les banlieues, aura décidé que
la communauté est prête à assumer cette juridiction. Ce
règlement doit être approuvé par le lieutenant-gouverneur
en conseil.
Voici les fonctions immédiates, les fonctions de premier temps de
la communauté urbaine: l'évaluation: l'uniformisation des
rôles d'évaluation des municipalités,
l'établissement des normes applicables à toutes les
municipalités en matière d'évaluation, et fabrication,
selon ces normes, d'un rôle d'évaluation pour l'ensemble du
territoire de la communauté.
Elle aura aussi comme fonction immédiate de préparer
l'établissement d'un schéma d'aménagement du territoire de
la communauté: Etablissement et exploitation d'un service
centralisé de traitements des données. Elimination de la
pollution de l'air. Réglementation de la circulation sur les grandes
voies de communication et synchronisation des feux. Usine régionale de
production d'eau potable. Usine régionale d'épuration des eaux.
Aqueducs et égouts intermunicipaux. Coordination des services policiers
dans la mesure où la chose est nécessaire à une protection
policière efficace et de qualité pour l'ensemble du territoire de
la communauté. Possibilité d'intégration par étapes
des divers services policiers municipaux.
Les trois dernières fonctions de premier temps sont la
coordination des services d'incendie, la disposition des ordures et la
santé publique. Les fonctions transférables à la
communauté: lorsque la communauté aura décidé
d'exercer une juridiction sur des fonctions additionnelles, elle obtiendra
juridiction sur les matières suivantes; Les loisirs à
caractère régional, construction de centres d'habitation
subventionnés, dans le cas où la chose est nécessaire
à une meilleure protection contre l'incendie pour l'ensemble de la
population, possibilité d'intégration par étapes des
services d'incendie locaux.
A l'entrée en vigueur de la loi, les municipalités ne
perdent pas immédiatement leur juridiction sur les matières qui
sont attribuées à la communauté. Les municipalités
perdent juridiction sur ces matières au fur et à mesure que la
communauté exerce sa juridiction et dans la mesure où elle
l'exerce. Dans les trois mois de l'entrée en vigueur de la loi, la
communauté urbaine doit, pour ce qui est de l'évaluation
uniformisée et après normalisée, nommer un commissaire
à l'évaluation. A compter de cette nomination, les
évaluateurs municipaux sont soumis, dans l'exécution de leurs
tàches, à la surveillance, au contrôle et à la
directive du commissaire. Dans les six mois de sa nomination, le commissaire
doit établir des principes, nor- mes et modalités
d'évaluation applicables à l'ensemble du territoire de la
communauté, et ceux-ci doivent être homologués par le
conseil dans les deux mois suivants. Ils deviennent alors obligatoires pour
toutes les municipalités, avec, pour résultat, la normalisation
des rôles.
Le commissaire à l'évaluation, par l'entremise des
estimateurs locaux, là ou ils existent, dépose le rôle
d'évaluation des banlieues entre le 15 août et le 1er octobre
1971, et le rôle d'évaluation de la ville de Montréal le
1er mars 1972. L'ensemble de ces rôles constitue le rôle
d'évaluation de la communauté. Par la suite, ce rôle
d'évaluation composé du rôle des banlieues et du rôle
de Montréal est déposé tous les cinq ans avec revision
annuelle. La revision des rôles d'évaluation et l'audition des
plaintes sont faites par un bureau de revision de la communauté,
composé de membres permanents et de membres à temps partiel, avec
droit d'appel à la cour Provinciale, de façon à assurer un
règlement rapide des plaintes.
Pour les évaluations inférieures à $35,000, le
bureau de revision doit siéger dans chaque municipalité et en
dehors des heures normales de travail. Les membres du bureau de revision de
Montréal deviennent des membres permanents du bureau de revision de la
communauté. Le bureau de revision doit être constitué au
plus tard le 15 août 1971.
La communauté se voit aussi imposer l'obligation
d'établir, dans les trois ans de l'entrée en vigueur de la loi
proposée, un schéma d'aménagement de son territoire,
comprenant les affectations du sol et les densités de population, le
tracé des grandes voies de communication, la nature et l'emplacement des
équipements urbains, la nature et le tracé approximatif des
services d'utilité publique.
Ce schéma est adopté, à titre indicatif, par
règlement de la communauté.
La communauté se voit confier la responsabilité de mettre
sur pied, à titre de service aux municipalités, une centrale de
traitement des données et de réaliser l'intégration des
équipements existants.
La communauté se voit aussi confier la compétence de
réglementer de façon à contrôler et
éventuellement à éliminer la pollution de l'air.
La communauté se voit, de plus, confier la compétence de
réglementer la circulation, la vitesse, le stationnement, la
signalisation, les sens uniques sur les grandes voies de circulation et de
veiller à la synchronisation des systèmes mécaniques de
contrôle de la circulation de façon à faciliter cette
circulation sur les grandes artères.
La communauté urbaine de Montréal se voit,
enfin, confier, sous réserve de la juridiction de la Régie
des eaux, la responsabilité d'établir des normes minimales de
construction d'aqueduc, d'égouts et d'ouvrages de traitement des
eaux.
Elle a la responsabilité de déterminer si un projet
municipal de construction d'usine de traitement de l'eau, d'aqueduc ou
d'égouts a des incidences intermunicipales et, si oui, d'ordonner les
modifications qui s'imposent au projet, en en payant évidemment le
coût.
Elle peut exécuter aussi, sur ordonnance de la Régie des
eaux, les ouvrages de traitement des eaux ainsi que des aqueducs et des
égouts nter municipaux.
Après avoir acquis des usines de traitement de l'eau, des
conduites maîtresses d'aqueduc et de conduites maîtresses
d'égouts, elle doit fournir de l'eau aux municipalités et
recevoir leurs eaux-vannes.
La communauté se voit aussi confier la responsabilité
d'établir des centres régionaux de disposition des ordures et
d'ordonner aux municipalités qui possèdent déjà de
tels centres de les mettre à la disposition des autres
municipalités moyennant compensation équitable approuvée
par la Commission municipale de Québec.
L'enlèvement des ordures demeure strictement local.
La communauté se voit confier la responsabilité
d'organiser, avant le premier janvier 1972, un service de santé pour
l'ensemble de son territoire et d'exercer toute la juridiction municipale en
matière de santé et d'inspection des aliments.
La communauté se voit aussi imposer la responsabilité de
préparer et d'adopter, avant le premier janvier 1973, un plan
d'intégration totale ou partielle dans la mesure où cette
intégration est nécessaire pour fournir à la population,
au plus bas coût et avec la plus grande efficacité possible, les
services municipaux suivants: estimations, traitement des eaux, santé,
traitement des données, pollution de l'air, disposition des ordures.
Ce plan doit prévoir les étapes d'une telle
intégration et les modalités de transfert des fonctionnaires
à l'emploi de la communauté de façon que ces
fonctionnaires ne reçoivent pas de la communauté des traitements
inférieurs ou des bénéfices sociaux d'une valeur
inférieure à ceux qu'ils reçoivent des
municipalités.
Elle devra aussi garantir l'emploi et certaines conditions de travail
des employés actuels des villes qui sont intéressées dans
la communauté urbaine de Montréal.
Ce plan doit, pour entrer en vigueur, faire l'objet d'audiences
publiques par la Commission municipale de Québec, qui fait rapport au
lieutenant-gouverneur en conseil, et être approuvé par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Le gouvernement croit que cette façon de procéder laisse
à la communauté toute la souplesse requise, tout en comportant
l'assurance que les droits acquis de tous les fonctionnaires des
municipalités, syndiqués ou non, seront pleinement et
entièrement sauvegardés.
La communauté sera en mesure, dans son étude, d'examiner
les implications de ces transferts de personnel sur les régimes
d'avantages sociaux des municipalités qui couvrent d'autres personnes
que les employés transférés et de les prendre pleinement
en considération dans l'élaboration des plans
d'intégration.
Le projet de loi prévoit le remplacement de la Commission de
transport de Montréal par une Commission de transport de la
communauté urbaine de Montréal qui est administrée par
trois commissaires, dont un président nommé par le gouvernement
et un commissaire nommé par les représentants de la ville de
Montréal et un troisième nommé par les
représentants des autres municipalités desservies par la nouvelle
commission de transport. Le territoire de la commission de transport est
étendu pour comprendre toutes les municipalités de l'île de
Montréal, la ville de Longueuil, 1'île Bizard. Les biens que la
Commission de transport de Montréal détenait pour la ville de
Montréal, dont ceux du métro, sont maintenant détenus par
la Communauté urbaine de Montréal.
L'exploitation du métro et de tout le réseau de transport
en commun de l'ancienne commission est confiée à la nouvelle qui
s'occupera aussi d'exploiter le prolongement des lignes de métro et le
transport actuel. Les responsabilités de construire des lignes de
prolongement du métro reviennent à la Communauté urbaine
de Montréal. Les municipalités peuvent en appeler à la
Régie des transports des décisions de la commission fixant les
tarifs de transport. Elles pourront également en appeler à la
régie si la commission abolit ou modifie des circuits de transport
existants ou refuse d'en établir de nouveaux.
Les déficits de la Commission de transport de Montréal
seront partagés entre les municipalités desservies sur la base de
l'évaluation des immeubles imposables de leur territoire, mais tous les
budgets et les emprunts de la nouvelle commission devront être
approuvés par la Communauté urbaine de Montréal. La
commission pourra de plus conclure des ententes avec la ville de Laval pour le
prolongement du métro.
Ce projet de loi no 75 crée aussi un conseil de
sécurité publique a qui sont confiées des fonctions
importantes en matière de protection policière pour l'ensemble du
territoire de la communauté. Le conseil est formé d'un
président qui doit être un juge nommé par le gouvernement;
les deux autres membres sont le directeur général de la
sûreté du Québec et le directeur du service de la police de
la ville de Montréal. Le conseil peut s'adjoindre les personnes dont il
a besoin pour remplir adéquatement ses fonctions. Le conseil de
sécurité publique est chargé d'étudier les besoins
et les problèmes policiers de la communauté et de recommander les
mesures susceptibles d'assurer aux citoyens la meilleure protection
policière possible. Il a trente jours, à compter de la nomination
de son président, pour prescrire des normes de coordination de tous les
services de police de la communauté urbaine.
Jusqu'à ce que ces normes entrent en vigueur, tous les corps de
police municipaux de la communauté sont tenus de se prêter une
assistance immédiate en cas d'urgence sur toute l'étendue du
territoire si l'un des chefs de police municipaux en fait la demande. Lorsque
la chose est nécessaire pour la sécurité du public, le
conseil peut permettre aux policiers d'une municipalité d'agir dans tout
autre ville de la communauté. Dans la mesure où la chose est
nécessaire à la fourniture, à l'ensemble de la population
de la communauté, d'une protection policière efficace et de
qualité au plus bas coût possible, le conseil de
sécurité doit, après étude, préparer un plan
d'intégration partielle ou totale des forces policières des
villes de la communauté et prévoir les étapes de cette
intégration.
Le plan est soumis à la communauté pour approbation et il
doit être transmis à la Commission municipale de Québec qui
tiendra des audiences publiques et fera rapport aux autorités
provinciales qui, en définitive, doivent approuver tout plan
d'intégration avant qu'il entre en vigueur. La communauté peut
mettre à la disposition des corps de police des municipalités
différents services dans des domaines particuliers comme ceux de
l'identité judiciaire, du désamorçage des explosifs et des
enquêtes en matière criminelle. Le coût de la protection
policière de l'ensemble du territoire de la communauté est
réparti entre toutes les municipalités sur la base de la valeur
des immeubles imposables de leur territoire comme d'ailleurs le coût des
autres dépenses de la communauté urbaine.
M. le Président, dans l'ère de violence et de
criminalité que nous traversons, non seulement au Québec et au
Canada, mais un peu partout dans le monde occidental, la question de la
protection policière en milieu urbain constitue l'une des
priorités de tous les gouvernements. Qui dit protection policière
ne veut pas dire Etat policier ou Etat totalitaire. Le respect des droits de
l'homme et des libertés fondamentales constitue, croyons-nous, une des
bases sur lesquelles reposent le respect d'une population dans les forces
policières qui la servent et, à long terme, l'efficacité
et le juste rôle social des forces policières.
Par ailleurs, la tâche de diriger avec efficacité un nombre
de policiers comme celui qui se trouve sur l'îlede
Montréal, soit environ le double de la Sûreté du
Québec, est quasi surhumaine. Aussi, croyons-nous que la présence
d'un conseil de sécurité publique, responsable de la protection
des personnes et des biens, saura assurer l'efficacité administrative et
policière des forces de protection publique du territoire de la
communauté, dans un juste respect des droits des citoyens et sans
ingérence extérieure d'aucune nature.
Le projet de loi prévoit que les dépenses de la comrru
nauté seront partagées entre les municipalités de son
territoire sur la base de l'évaluation des biens imposables de chacune,
évaluation établie selon les mêmes normes et avec les
mêmes bases. Ce critère de répartition des dépenses
faites en commun fonctionne déjà pour la corporation de
Montréal métropolitain et pour la répartition des
déficits d'exploitation de l'actuelle Commission de transport de
Montréal. Ce critère qui, incidemment, correspond grosso modo
à celui de la population, a été retenu comme étant
le seul critère à appliquer, parce qu'il était,
jusqu'à preuve du contraire, celui qui le colle le plus à la
réalité des diverses municipalités et aussi à la
capacité de payer.
Le projet de loi prévoit que les budgets et emprunts, tant de la
communauté que de la Commission de transport, doivent être
adoptés par le conseil avec la majorité comprenant le tiers de
votes de Montréal et le tiers des votes des banlieues, comme pour toutes
les autres mesures adoptées par le conseil.
Le projet de loi prévoit des subsides de l'ordre de $22 millions
répartis sur trois ans. Ces subsides versés par le trésor
provincial comportent une subvention d'établissement et de départ
pour la communauté de $1 per capita pour 1970 et de $1 per capita pour
1971, ainsi qu'une subvention d'opération de $3 per capita pour chacun
des exercices financiers de 1970, 1971 et 1972 de la communauté. Nous
croyons que ces subsides aideront, dans une large mesure à calmer les
appréhensions de certains, qui ap-
préhendaient un brusque accroissement des coûts par suite
de la mise en place de la communauté, et allégeront, de
façon substantielle le fardeau fiscal créé par la mise en
place d'un organisme métropolitain devenu essentiel.
Nous ne voyons pas pourquoi, à long terme, la communauté,
loin de coûter plus cher aux citoyens, n'allégerait pas leur
charge fiscale à services égaux, en évitant des
dédoublements de coûts et en permettant la réalisation
d'économies d'échelle.
Nous ne saurions promettre aux citoyens de la région de
Montréal que le coût des services qu'ils exigeront de la
communauté ira en décroissant, quelle que soit la qualité
des services qu'ils exigeront de la communauté. La triste
réalité veut que tout service se paie et que plus on demande un
service de qualité, plus on le paie cher. Nous croyons cependant
fermement que la communauté pourra offrir aux citoyens des services de
qualité à meilleur compte, dans l'ensemble, que ne pourrait
procurer la somme des efforts isolés des 29 municipalités de la
région de Montréal, ou bien, tout simplement, des services que 29
municipalités isolées sont carrément incapables de leur
offrir.
Nous avons confiance que les élus qui siégeront au conseil
et au comité exécutif de la communauté sauront faire le
nécessaire pour s'acquitter pleinement de la tâche qui leur sera
confiée pour le plus grand bien des citoyens de cette région de
Montréal.
Le gouvernement du Québec, pour sa part, par la subvention de
l'ordre de $22 millions qu'il prie cette Assemblée d'accorder à
la communauté urbaine de Montréal, témoigne de
l'importance qu'il attache à la solution des problèmes
métropolitains de la région de Montréal et de la confiance
qu'il place tant dans la nouvelle institution que dans les hommes qui seront
appelés à diriger ses destinées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. Pierre Laporte
M. LAPORTE: Le ministre des Affaires municipales vient d'utiliser, pour
défendre le projet de loi no 75, bon nombre d'arguments qui avaient
été utilisés sous un autre gouvernement pour justifier la
création de la ville de Laval. Et j'ai vu à ce moment-là
toute une opposition partir en guerre contre ces arguments et utiliser, pour
tenter de gagner quelque faveur politique, les arguments les plus
démagogiques.
Je suis content qu'après si peu d'années le ministre, qui
est membre d'un parti, qui a par- couru toute la province de Québec pour
suggérer aux citoyens que ce que Pierre Laporte avait fait, au point de
vue municipal dans la province de Québec, c'était un
véritable hold-up sur l'autonomie des municipalités, je suis
content de voir qu'un ministre de ce gouvernement vienne si publiquement et si
totalement défaire tout ce que l'on avait édifié dans ce
sens.
La différence, c'est que, moi qui ai défendu ces
idées quand j'étais au gouvernement, je n'ai pas changé
d'idée. Je continue de prétendre que la création d'une
communauté urbaine pour la région de Montréal c'est une
chose nécessaire. Mais je vais dire au ministre que la façon dont
il nous la propose, que les événements qui se sont passés,
depuis quelques mois seulement, nous inquiètent. Voilà un
ministre qui, vraiment, n'a pas fini de nous étonner, et je le dis dans
le sens le plus mauvais du mot. Pour un homme d'une certaine corpulence, c'est
vraiment un artiste de la pirouette.
Je vais vous donner trois exemples afin de vous illustrer par quelle
sorte de ministre des Affaires municipales sont conduites actuellement les
municipalités de la province de Québec. Trois volte-face
majeures.
Le 11 juin 1969, le ministre des Affaires municipales déposait un
avant-projet de communauté urbaine, document no 199, et l'on nous disait
à l'époque que c'était là le fruit du travail
intense, du travail réfléchi d'une équipe spéciale
de travail.
Ce projet, après que le ministre eût déposé,
au cours des deux dernières années, un certain nombre de textes
qui avaient été présentés ou préparés
par ses prédécesseurs, c'était vraiment le premier enfant
spirituel authentique du ministre.
Mais, moins de six mois plus tard c'était le 11 juin et
nous sommes le 8 décembre le ministre renie sa
progéniture. Il nous revient avec un enfant adoptif qu'il est
allé chercher on voudrait bien qu'il nous dise où, et qui n'a
plus que de lointaines ressemblances avec le sien. Entre le document de travail
199 et le bill 75, le ministre a changé d'idée sur des
problèmes fondamentaux. Nous voulons savoir pourquoi.
Deuxième volte-face: la commission parlementaire permanente sur
les Affaires municipales devait siéger le 16 septembre 1969 pour
entendre ceux qui avaient des représentations à faire quant
à la communauté urbaine de Montréal. Le ministre
lui-même avait fixé la date de cette séance de travail et
il avait tenu à ce qu'on le sache d'avance pour que chacun ait le temps
de se bien préparer.
En réalité, jM. le Président, c'est le ministre qui
a eu, lui, le temps de changer d'idée, il re-
fuse aujourd'hui de donner audience aux intéressés,, Je
lui soumets que c'était tellement connu, tellement public que la
commission parlementaire sur les Affaires municipales devait siéger que
la Dominion Textile faisait parvenir un mémoire qui a été
reçu par M. Bonin, secrétaire des commissions, en 50 exemplaires,
distribué à tous les membres de la commission parlementaire des
Affaires municipales ainsi qu'aux députés de la région de
Montréal membres de cette Assemblée nationale.
La troisième volte-face est à trois volets, M. le
Président. Le 28 février 1969, au début de l'année,
M. le ministre, s'adressant à la Chambre de commerce des jeunes de
Montréal, déclarait: « Nous avons la ferme intention
et le premier ministre vient de le confirmer de créer au cours de
l'année, pour l'ensemble du territoire de l'île de
Montréal, un organisme régional qui regroupera, par
étapes, certains services municipaux qui ont acquis un caractère
régional. » Mais, le 24 septembre 1969, le même ministre,
sur le même sujet, et s'il vous plaît après avoir
consulté le conseil des ministres, annonçait que le projet de
Communauté urbaine de Montréal serait retardé
jusqu'à la prochaine session, en raison, disait le ministre, « de
la complexité du problème particulier de Montréal
» Je vous réfère, M. le Président, au journal
La Presse, du jeudi 25 septembre 1969: « Communauté urbaine de
Montréal remise à plus tard. »
Le même ministre, qui, le 28 février, déclarait que
c'était sans faute cette année, déclarait, le 25
septembre, que c'était sans faute l'an prochain. Est-ce que nous avons
atteint la limite des revirements, M. le Président? Voici que le
même ministre, sur la même question, nous arrive avec un projet
entièrement nouveau»
Là, les membres de l'Assemblée nationale devraient tous se
donner la main pour l'adopter à la vapeur. Les Communautés
urbaines de Québec et de Hull, disait le ministre, auront
préséance. Or, voici que, là aussi, il a changé
d'idée et que les Communautés urbaines de Québec et de
Hull, non seulement n'ont plus préséance, mais viennent en
dernier lieu, après celle de Montréal.
M. le Président, voilà vraiment un ministre qui ne change
pas d'idée facilement et qui n'est pas susceptible telle met
d'être le jouet des pressions qui peuvent s'exercer sur lui! Ensom-me,
c'est véritablement un homme fiable! Le ministre des Affaires
municipales est devenu, et haut la main, le symbole du « credibility gap
» du gouvernement actuel. A elles seules, ces trois pirouettes
justifieraient un renvoi du projet de loi devant une commission parlementaire
pour que les maires et les conseillers municipaux, trompés à
trois reprises, puissent demander des explications au gouvernement.
Non pas des explications dans le cabinet du ministre, en l'absence des
députés de l'Opposition et de la presse, mais des explications
publiques, devant un comité parlementaire.
Les maires et les conseillers municipaux de la banlieue de
Montréal ont le droit de savoir pourquoi le ministre leur a dit qu'ils
seraient entendus devant une commission et qu'il a changé d'idée;
pourquoi il leur a proposé un projet de loi l'été dernier
et qu'il a changé d'idée depuis, sous quelle pression, et
exercée par quelles personnes. Ils doivent savoir pourquoi il a promis
que le projet de loi ne serait déposé qu'au cours de la prochaine
session et que maintenant on nous demande de l'adopter en toute vitesse.
Les citoyens ont droit à une explication, à une
explication sérieuse; car il est inquiétant pour une province
d'avoir une telle girouette à la direction d'un ministère.
Comment les municipalités vont-elles croire le ministre, quand il fera
des déclarations publiques? Quelle crédibilité peut-on
attacher aux politiques que le ministre énonce continuellement aux
quatre coins de la province, maintenant qu'on constate qu'il change
d'idée comme d'autres changent de chemise?
Je n'ai pas d'objection au principe du projet de loi, c'est une
émanation de la commission d'étude des problèmes inter
municipaux de l'Ile de Montréal, la commission Blier, dont toutes les
recommandations, à une seule exception près, avaient
été approuvées parle commissaire nommé par la ville
de Montréal, M. Lucien Saulnier, et par le commissaire nommé par
les municipalités de banlieue, M. Dawson, maire de la ville de
Mont-Royal. Il y aura certainement lieu de discuter certaines modalités
et l'Opposition ne s'en privera pas. Mais le point capital, pour l'instant,
c'est qu'une modification aussi profonde ne s'installe pas, même si elle
est souhaitable, sans que les intéressés aient été
entendus devant une commission parlementaire.
Si le ministre persiste à refuser de convoquer les parties devant
une telle commission, je lui dis à lui que ce sera pire que du «
duplessisme », car, même aux jours les plus dictatoriaux de l'Union
Nationale, jamais M. Duplessis n'a fait voter un projet de loi de ce genre sans
consulter publiquement les intéressés. Je vais lui citer quelques
exemples: les amendements importants de la Commission métropolitaine de
Montréal, la Corporation de Montréal métropolitain, la
première fusion d'une municipalité sur l'île Jésus,
la création de la Corporation intermunicipale de l'île
Jésus.M. Duplessis,
on le sait, ne tenait pas souvent compte des avis que ces gens-là
lui donnaient, mais, au moins, il prenait la peine de les consulter.
La ville de Laval, créée alors que j'étais
ministre, a donné lieu à des consultations d'une ampleur presque
sans précédent. Pour couronner le tout, le comité des
bills privés avait siégé pendant plusieurs jours pour
entendre jusqu'au dernier tous ceux qui avaient voulu s'exprimer. Je pourrais
bien dire, comme le ministre aujourd'hui, que, particulièrement dans le
cas de la ville de Laval, il y avait eu des études nombreuses, des
référendums, des mémoires, toute sorte de consultations.
Il y avait eu, dans les journaux de la région de Montréal,
à grandeur de page, de la publicité, et tout le monde pouvait
affirmer qu'il était au courant de l'ensemble du problème.
Quand même, le gouvernement de l'époque a trouvé
qu'il était normal, simplement démocratique, de convoquer le
ministre, celui qui prenait la responsabilité de ce projet de loi,
devant le comité des bills privés, et il devait y avoir là
100, 150 ou 200 personnes. Le ministre n'est pas intervenu une seule fois avant
de s'être informé si tous les gens qui étaient dans la
salle s'étaient exprimés. C'est moi-même qui ai dit
à plusieurs reprises; Est-ce qu'il y en a d'autres qui veulent parler?
Et c'est seulement après que tous les maires, tous les citoyens, tous
ceux qui ont voulu s'exprimer, les représentants des corps publics, tous
ceux-là qui s'étaient exprimés, que le ministre
afinalement défendu son projet de loi.
Pourquoi ce traitement différent pour l'Ile de Montréal,
alors que les projets de communauté urbaine de Québec et de Hull
ont été déférés à des commissions
parlementaires?
Pourquoi ce refus de donner la parole aux citoyens, alors que le
même gouvernement, sur le bill 85, avait lui même demandé
que le projet soit étudié par une commission, à cause,
disait la motion du ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre, de
l'intérêt public et général qu'éveillait ce
projet de loi?Le bill 75 éveille-t-il moins d'intérêt?
Pourquoi refuser aux Montréalais de toute l'île le droit
d'être entendus, lorsque les mêmes citoyens de la même
île sont déjà assurés d'être entendus pour le
bill 62 sur la restructuration scolaire? Vous voyez ce paradoxe inacceptable?
Bill 62, restructuration scolaire de l'fle de Montréal, le bill est
déjà déféré à une commission
parlementaire; Bill 75, restructuration municipale de Montréal, on dit:
Non, vous ne serez pas entendus sur ce projet de loi.
Faudra-t-il conclure que le gouvernement veut volontairement retarder
l'adoption du bill 62? Ou, alors, faut-il conclure que le même
gouvernement craint, vu ses indéfendables volte-face sur le bill 75, de
rencontrer les villes de banlieue? Le refus de renvoyer ce projet de loi
à une commission parlementaire serait un déni de justice, un
véritable coup de force et aussi une nouvelle violation du programme
politique de l'Union Nationale, qui se faisait une telle gloire, en 1966, de
presser sur son coeur les municipalités et les corps
intermédiaires.
M. le Président, on refuse maintenant de les inviter devant une
commission parlementaire. On aime mieux les inviter aux
cérémonies vieillottes de l'ouverture de la session, car,
là, on est sûr qu'ils n'ont pas le droit de parole.
Personnellement, je n'ai pas d'objection à l'adoption de ce projet de
loi en deuxième lecture. Mais, je n'accepte pas les déclarations
faites par le ministre à l'effet qu'il ne déférera pas le
bill à une commission parlementaire. Je n'accepte pas que le ministre
nous dise qu'il a rencontré personnellement les maires de la
région de Montréal. Et les autres citoyens? Et les membres de
l'Opposition? Quand et comment auront-ils le droit d'aller eux aussi
contre-inter-roger les maires qui vont venir, leur demander si les gens ont
véritablement été consultés; si le chef de police
de Montréal est au courant de ce qui s'en vient; si le directeur de la
police provinciale a été mis au courant, avant que la loi ne soit
votée, de la création de cette commission?
M. le Président, c'est inacceptable. Le principe même de ne
pas le déférer, et l'explication que le ministre pourrait nous en
donner à l'effet qu'il a déjà rencontré les maires
rend la chose encore plus inacceptable, parce qu'il accepte, en somme, le
principe de la consultation. Il ne peut le refuser complètement. Mais
c'est lui, M. le ministre, qui déclare qui il va rencontrer et qui il ne
rencontrera pas. Cela devient encore plus inacceptable.
Motion d'amendement
M. LAPORTE: Pour toutes ces raisons, je propose, appuyé par le
député de Robert-Baldwin, que la motion en discussion soit
amendée et ça va vous rappeler une certaine motion sur un
certain bill 85, M. le Président en remplaçant tous les
mots après le mot « que » par les suivants: « La
Chambre est d'avis que, vu l'intérêt public et
général qu'éveille dans la province le bill 75, Loi de la
communauté urbaine de Montréal, a) Que le paragraphe 1 de
l'article 536 du règlement, qui exige que tout bill public soit lu deux
fois avant d'être amendé ou renvoyé à un
comité, soit suspendu, b) Que ce susdit
bill soit déféré à la commission des
Affaires municipales et que cette commission soit autorisée à
siéger pendant que la Chambre est en séance et même les
jours où la Chambre ne tient pas de séance avec pouvoir
d'entendre des témoins, d'envoyer chercher les personnes, pièces
ou dossiers dont elle aura besoin et de faire rapport à la Chambre
».
M. Arthur-E. Séguin
M. SEGUIN: M. le Président, J'ai le devoir et le plaisir
d'appuyer la motion du député de Chambly. Ce matin, le ministre
rencontrait les maires et les représentants des différentes
municipalités venant de la région de Montréal.
Tous, excepté le représentant de la ville de
Montréal, ont demandé, au nom de leurs concitoyens, d'être
entendus par la commission parlementaire des Affaires municipales. Sans
hésitation et avec beaucoup d'insistance, chacun de ces
représentants a répété, sans ambiguïté,
sa demande de pouvoir être entendu normalement, comme il se fait
habituellement dans un cas semblable, par la commission parlementaire.
Le ministre fait grand état de ses rencontres avec les
représentants de la région de Montréal, et je dois dire
que c'est vrai qu'il les a rencontrés en deux occasions. Pour la
première fois, le 24 octobre, à l'occasion d'une réunion
convoquée la veille, soit le 23. Cette réunion s'est tenue
à Montréal, à neuf heures, le vendredi soir 24 octobre
dernier.
Le but, disait-on, de cette rencontre était de faire part aux
municipalités de la région de Montréal d'un projet de
régionalisation pour la sécurité de cette région.
Le ministre a expliqué aux représentants réunis que le
cabinet avait pris une décision à cet effet. Ce n'est
qu'après certaines questions de la part des différents
représentants des municipalités que le ministre aurait consenti
à discuter un projet de loi.
A ce moment-là, c'était le projet 199. Et il en a
discuté très vaguement sans vouloir s'engager, comme il le
disait, dans un débat autour d'un problème aussi important.
Le député de Chambly, tout à l'heure, a
mentionné que déjà la commission municipale avait
été appelée à siéger, le 16 septembre, pour
discuter ce premier projet, l'enfant du ministre, le projet 199.
Cette assemblée n'a pas eu lieu. Elle a été contre
mandée et on n'a plus entendu parler du bill 199 jusqu'à la
semaine dernière, lorsque le ministre il y aune dizaine de jours
nous a présenté son nouveau projet, soit le bill 75. La
première rencontre a eu lieu le 24 octobre 1969 entre les maires de la
région de Montréal et le ministre des Affaires municipales pour
discuter de la régionalisation des forces policières de la
sécurité.
A ce moment-là, on avait demandé au ministre s'il avait
l'intention, dans le cas du projet de loi 199 qui était le seul à
avoir été soumis à ce moment-là, d'accepter que les
différents représentants puissent se présenter devant la
commission pour se faire entendre et la réponse avait été
affirmative. Changement subit depuis ce temps-là. Pourtant, il n'y a pas
tellement de jours qui se sont écoulés depuis que nous avons
entendu, avec une certaine satisfaction, que nous aurions l'occasion de faire
valoir nos commentaires et de poser nos questions au ministre.
M. LUSSIER: M. le Président, sur une question de
privilège. J'ai laissé le leader de l'Opposition poursuivre son
texte, même si j'aurais pu intervenir, mais je ne peux laisser passer
cette affirmation du député de Baldwin. Il dit qu'à cette
occasion on m'avait posé une question. Je me souviens fort bien que je
lui avais répondu dans ce sens-ci: « S'il y ades raisons
sérieuses et si les gens font valoir qu'il est absolument
nécessaire de le faire, à ce moment-là, nous prendrons une
décision. Je n'avais pas répondu par une affirmation ou par un
« non » catégorique.
M. SEGUIN: Je remercie le ministre de ses précisions. C'est
à la suite des commentaires qui avaient été faits de part
et d'autre que cette question avait été posée. Peut
importent les mots que le ministre aurait employés à ce
moment-là, je pense et je l'affirme de mon siège
que les 29 ou 30 représentants des municipalités qui assistaient
à cette rencontre étalent convaincus qu'ils auraient l'occasion
de faire valoir les bonnes raisons que, ce soir-là, ils n'avaient pas pu
apporter.
D'ailleurs, ce n'était pas la place. Il se faisait
déjà tard, si vous vous en souvenez. La rencontre avait
été prévue pour neuf heures. Nous avons
débuté vers neuf heures et quart et déjà, à
onze heures trente, tout était terminé. Ce n'était pas
là, je pense, l'occasion de discuter la restructuration municipale pour
la région de Montréal.
M. LUSSIER: C'est ce soir-là que vous avez nommé sept
représentants pour discuter, faire des études et venir rencontrer
le ministre et le premier ministre?
M. SEGUIN: Je pense que le ministre aura l'occasion de...
M. HYDE: C'est à la suite de consultations publiques.
M. SEGUIN: Je pense que le ministre aura l'occasion de relever mes
propos. En ce qui concerne les sept représentants, j'en ai parlé
ce matin à l'assemblée des maires à la salle 91 et j'ai
fait, d'ailleurs, une mise au point qui a été reconnue par toute
l'assistance.
Le ministre a dû accepter, puisqu'il a dit, à ce
moment-là, qu'il avait l'impression que les sept avaient un mandat quasi
plénipotentiaire pour négocier. Tel n'était pas le cas.
Ces représentants-là ont été nommés par les
représentants des municipalités pour rencontrer le ministre, pour
dialoguer avec le ministre, pour ensuite retourner au conseil ou au groupement
général et faire part des vues du ministre à ce
groupe-là.
M. le Président, tous les maires de la région de
Montréal, sans exception, s'accordent à reconnaître le
principe du projet de loi 75. Partons de là d'une façon bien
positive, et disons-le clairement, une fois pour toutes, qu'il n'y a pas de
débat, qu'il n'y a pas de discussion, qu'il n'y a pas d'opposition au
principe. Tout le monde reconnaît la nécessité de cette
régionalisation, mais on demande à ces
représentants-là des détails économiques et
financiers, que le ministre n'a pas le droit de refuser, n'a pas le
privilège de refuser. Ces représentants de la région de
Montréal, de par leur mandat, dans chacune de ces municipalités,
n'ont pas le droit d'engager leur ville ou leur municipalité sans
connaître toutes les implications et sans être en mesure de rendre
compte à leurs concitoyens des effets qu'aurait telle loi ou tel projet
sur la population.
Chacun de ces représentants a été élu
à un moment donné dans l'histoire pour représenter une
ville, administrer cette ville, mais ils n'ont jamais eu de mandat pour changer
cette structure; du moins, ils n'ont pas le privilège de le faire sans
connaître tous les menus détails qu'impliquerait l'application
d'un tel projet de loi. Il ne s'agit pas ici de ne pas accepter une
responsabilité. Ils l'acceptent quotidiennement, la
responsabilité d'administrer leur municipalité mais ils n'ont pas
le droit d'engager leur ville dans une telle restructuration sans
connaître à fond tout le détail, toutes les implications
financières, économiques, sociales ou autres que tel projet
pourrait apporter à la région.
Il ne s'agit aucunement de bloquer un projet de régionalisation,
je le disais tout à l'heure, mais plutôt de permettre aux
législateurs nous tous ici dans cette Assemblée nationale,
nous tous qui devrons bientôt nous prononcer sur ce projet de loi
II s'agit que la portée totale et globale du projet soit connue de
chacun des législateurs ici, non seulement de ceux de la région
de Montréal, même si ça les intéresse plus
directement, mais de chacun de nous ici présents, peu importe l'endroit
que nous représentons, car on aurait dit que ce projet pourrait fort
bien servir de modèle pour d'autres projets de
régionalisation.
Alors, il faut que chacun ici, chaque membre de cette Assemblée,
soit bel et bien au courant avant de voter; et la seule manière dont
nous pourrions être mis au courant, c'est d'entendre les
représentants des municipalités de cette région qui nous
feront part, peut-être de leurs craintes, peut-être de leurs
aspirations. On posera certainement des questions de part et d'autre et au
gouvernement et aux représentants de la ville de Montréal; on
posera des questions, par exemple à savoir où tout cela va nous
conduire sur une période d'années.
Il est peut-être bon de faire cette législation, mais il
faut quand même voir dix, quinze, vingt ans en avance avant de se
prononcer sur une régionalisation aussi totale et complète, comme
on le projette présentement. Qui paiera, et pourquoi, pour les
différentes phases, pour les différents services? Quand on parle
de régionalisation de parcs, est-ce qu'on entend le parc Angrignon, le
parc Lafontaine, l'île Sainte-Hélène; est-ce Terre des
hommes, est-ce le jardin botanique, le golf municipal; est-ce l'île
Bizard qui sera convertie en parc? Qu'on nous le dise. On ne le sait pas. On ne
peut pas « s'embarquer ». On ne peut pas donner un chèque en
blanc ni une carte de crédit à la ville de Montréal, ni
à une autre ville. Si chacune des municipalités est
appelée à signer un contrat, il me semble que c'est tout juste et
naturel que chaque membre, chaque partie de ce contrat, chaque membre qui sera
appelé à signer ce contrat ou à reconnaître ce
projet de loi devrait pour le moins savoir ce qu'il signe.
C'est juste et c'est normal. C'est pour ça que j'insiste
tellement, M. le Président, pour que la commission des Affaires
municipales puisse siéger pour entendre, justement, tous ces faits. Les
généralités du projet, les explications du ministre ne
font que nous convaincre que ce projet a été
préparé à la hâte, ne font que nous convaincre qu'on
voudrait le passer à la hâte.
M. le Président, en agissant de cette façon dans de telles
circonstances, nous pourrions bien offrir aux citoyens de la région de
Montréal un projet qui leur serait très néfaste,
néfaste pour la bonne administration de toute cette région.
Je demande la suspension, il est six heures, M. le Président.
M. PAUL: A huit heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit
heures ce soir.
Reprise de la séance à 20 h 2
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
M. SEGUIN: Je demande l'ajournement du débat sur
l'amendement.
M. PAUL: M. le Président, nous devons étudier ce soir un
projet de loi inscrit au nom de l'honorable ministre du Revenu et cette
étude doit commencer incessamment, à moins que l'honorable
député de Westmount ne soit pas prêt. Alors, nous pourrions
peut-être appeler l'article 10.
Bill 82 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu propose la
deuxième lecture de la Loi modifiant la loi de l'impôt sur les
corporations.
The honorable minister of Revenue.
M. Raymond Johnston
MR. JOHNSTON: Mr. President, the honorable lieutenant governor has
acquainted himself with the bill and recommends its study before the House.
The Bill 82, An act to amend sub-section 3 of section 3 of the
Corporation Tax Act, has been requested by the Federation of Canadian Insurance
Companies and this is applicable throughout Canada. Now, with the exception of
British Columbia and Quebec, no legislation has been passed as yet but subject
to the proclamation of this Act, the measures will be changed, at the earliest
convenience, this would be January 1st, 1970, to make these changes in the
collection of the 2% on all insurance premiums payable on insurance in
Quebec.
The amendments proposed to the Corporation Tax Act is refering to
taxation on premiums of insurance company to be applied throughout the Canadian
Provinces. This amendment is proposed in order that the responsibility for
levey-ing the tax rests in the first place, with the insurance company,
notwithstanding the fact that it may insure part of the risk with another
company.
This modification would consist only in changing the method of
collection which would be uniform for all the Provinces. As insurance companies
throughout the country would have changed their administrative policy regarding
the computation of this tax. It is a matter of urgency that the Act be modified
accordingly in order that the Revenue department can notify the Provinces and
the insurance companies for the implementation as of the 1st of January
1970.
May I point out that sub-paragraphs 5 and 6, sub-section 3, section 3,
of the Corporation Tax Act which has to do with reinsurance is abrogated.
I would like to recommend the study of this bill.
MR. LESAGE: Mr. Speaker, I understand that this bill has been introduced
at the request or the suggestion of the insurance companies, so that there is
uniformity across Canada as to the method of collecting insurance taxes. I
realize that it will not change the balance of revenue at all and that the
revenues will be exactly the same. I wonder if it is not safer as a matter of
fact and easier to collect all the taxes from the company who underwrites the
insurance and to leave it to that company to see that it is reimbursed for the
taxes paid by any company with which it has a contract of reinsurance.
MR. JOHNSTON: Right.
MR. LESAGE: I agree that for the sake of uniformity, to make it easier,
it is a good move. However, I do not see why it should not be said that the act
will come into force on the 1st of January 1970. I have never liked and I do
not like to leave to the lieutenant governor in council, unless it is
absolutely necessary, the date of enforcement of any act.
M. LE PRESIDENT: Cette motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Revenu propose que je quitte
maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plé-nier pour l'étude du bill 82.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
MR. HYDE: Mr. Chairman, perhaps the Minister could make it clear once
again. Did he say that only British Columbia and Quebec have adopted a
legislation or the only ones who have not?
MR. JOHNSTON: The only two provinces that have not.
MR. HYDE: So the other provinces have all adopted a similar
legislation?
MR. JOHNSTON: Yes, they have all.
MR. HYDE: They are waiting for us?
MR. JOHNSTON: They are walting for Quebec.
MR. HYDE: The Leader of the Opposition referred to the fact that it was
his impression that there will be no change in the balance of revenues or
balance of taxes collected in the province. Would the Minister have anything to
say on that? Has he any figures as to what he would expect as a result of this
change? Would there be an increase in revenue or a decrease in revenue or does
he feel that the change will balance out against those that were not paid
before and those that will be paid in the future?
MR. JOHNSTON: Mr President, from the information which I have received
within the Department, we will still receive the same amount of money that we
have been receiving in the past because the insurer was responsible for all
insurance in Quebec which he carried himself and when he passed on any of this
insurance to another company regardless if it was outside of the Province or in
another country he was responsible for paying and of course if he passed on any
of this insurance to a company in Quebec, the Quebec company is paying.
It is Just a matter of accountancy which is to simplify the accounting
of the tax on the premiums. The compagnies have asked for this
modification.
MR. HYDE: Yes, but there will be a change, there will be some premiums
that will become taxable in Quebec as a result of this change, that were not
taxable and paid to Quebec previously. On the other hand there will be others
that were taxable in Quebec and will now be payable in another province where
the original insurance took place.
MR. JOHNSTON: No, I am sorry, but at all times these premiums were
taxable. The only thing is this: The primary insurance company taking the risk
would pass on certain parts of the risk to other companies. For all companies
outside of Quebec, the tax had to be paid by the primary insurer. Any portion
of the risk given to a company in Quebec, the company in Quebec had to pay the
tax on the premium. So, therefore, it does not change the matter of the amounts
whatsoever. The same amount will be collected, but now it will be collected
from who- ever is the primary insurance company taking a risk.
MR. TETLEY: Mr. President, I have a question for the Minister. In
Montreal there are many a number of reinsurance companies who are reinsuring
premiums on policies written for example in New Brunswick. Under the new law no
tax will be paid because it is only the prime producer who pays. Suppose, for
example, there are I can give you a good example certain barges
in the harbour of St. John, New Brunswick. Canadian Reassurance Company, we
will say, reinsures them in Montreal, because there are no reinsurers in New
Brunswick. Will not that be a loss of premium to Quebec?
MR. JOHNSTON: No, because actually this is only a tax on insurance
policies which are derived from properties or persons in the Province of
Quebec.
MR. TETLEY: Was not the previous tax on reinsurance written in Quebec as
well?
MR. JOHNSTON: Yes, just in Quebec, on properties in Quebec.
MR. TETLEY: And the next question is: What total sum are we talking
about? How many hundreds of thousands of millions of dollars of revenue is this
2% tax on premiums?
MR. JOHNSTON: We are talking about approximately $19 millions.
MR. TETLEY: And is that on every premium of every type of insurance?
MR. JOHNSTON: Yes.
MR. TETLEY: Including life, fire, marine?
MR. JOHNSTON: Life, fire, automobile, marine, all types.
MR. TETLEY: Every premium pays 2% tax. MR. JOHNSTON: 2% tax.
MR. HYDE: Well then, Mr. Chairman, the Minister's answer to the Member
for N.D.G. contradicts, I think, the answer he gave me, that there will be a
balancing. That the actual premiums on all the policies, say for last year, the
taxes will not be exactly the same on each individual policy, but they will
balance out, ac-
cording to the Minister, to an equivalent amount under the new
system.
MR. JOHNSTON: Yes, you may say so but this is one of the reasons why we
are trying to bring this in as effective the 1st of January 1970.
MR. HYDE: ... yes, I follow...
MR. JOHNSTON: ... there will be uniformity from now on; we would be
taking tax in piecemeal here from one company there from another, and at the
same time, there would not be any jungle because whether it will be applying to
automobile or whether it is applying to life or some other type of insurance.
It will be much more easier in the accounting, and this is why it has been
asked of us to set this up in this way by the insurance companies.
MR. HYDE: I do not want the Minister to get the idea that we are
questioning the soundness. What we are trying to get clear on is the fact, and
we do not have figures, we have to take the Minister's assurance that he has
studied the whole matter sufficiently to be able to say that a possible loss on
one premium last year will be made up by the premium on another policy on
insurance placed directly in Quebec, which might, thereafter, be reinsured in
another province where it would have been taxable under the old system.
Presumably he would have been able to get a credit in Quebec, but we want to
know that the Minister has satisfied himself, as a result of the application of
the proposition contained in the bill, that there will be no decrease in
revenue for the province.
MR. JOHNSTON: Mr. President, that is quite correct.
MR. TETLEY: Mr. President, one last question that I have, is the rate
uniform across Canada, 2%, in every province?
MR. JOHNSTON: Yes, it is.
MR. TETLEY: And B.C. is the only province that has not adopted this law
of taxation merely on initial premiums not reinsurance?
MR. JOHNSTON: Right.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Article 1 adopté.
MR. HYDE: On clause 2 then, would the Minister like to answer the
question that the
Leader of the Opposition asked him in his speech on second reading as to
why he feels it necessary to have this Act come into force on proclamation
rather than as he said himself that he would like to have the Act come into
force on the 1st of January.
MR. JOHNSTON: Actually, I would like to make that amendment, really,
because we had mentioned the fact that we would like much rather have this
method for the 1st of January 1970.
MR. HYDE: I would be glad to second the Minister's amendement then.
MR. JOHNSTON: I would like it too.
MR. HYDE: It has to come into force on the 1st of January 1970.
MR. JOHNSTON: Yes. On the 1st of January 1970.
MR. HYDE : The Minister will perhaps agree to second the amendment of
the Member for Chambly on the other bill?
MR. JOHNSTON: Not at present.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Alors, article 2, tel
qu'amendé, adopté?
M. RUSSELL: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): M. le Président, j'ai
l'honneur de faire rapport que le comité a adopté le bill 82 avec
un amendement qu'il vous prie d'agréer.
M. LEBEL (président): L'honorable ministre du Revenu propose que
l'amendement soit maintenant lu et agréé. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre du Revenu
propose la troisième lecture du bill 82. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
Adopté.
Bill 85 Deuxième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture de la
Loi prolongeant la loi pour favoriser la conciliation entre locataires
et propriétaires. L'honorable ministre de la Justice.
M. Rémi Paul
M. PAUL: C'est une loi de routine que l'Assemblée nationale est
appelée à voter ce soir. Je dis de routine, parce qu'elle est
devenue « permanemment » annuelle depuis 1951 aux fins d'assujettir
certaines catégories de loyers à cette loi connue comme
étant la Loi prolongeant la loi pour favoriser la conciliation entre
locataires et propriétaires. Sans doute, l'Assemblée serait
intéressée à connaître une certaine évolution
qui s'est produite dans l'application de cette loi surtout après
l'adoption du bill 12, dont la sanction remonte au 3 mars 1968. Avant le 3 mars
1968, 69 municipalités étaient régies par cette loi de
conciliation entre locataires et propriétaires. Si nous nous
référons à l'article 35 de la loi, nous verrons la liste
des municipalités assujetties à cette loi.
Or, le 7 mars 1968, nous avons adopté le bill 12, qui permettait
aux municipalités de s'imbriquer, de joindre cette loi pour
protéger les locataires pour des périodes qui ne devaient pas,
cependant, être plus éloignées que le premier mai 1968 pour
l'application de la loi. Lorsque le bill 12 a été voté, 54
municipalités sur 69 ne firent rien, alors que 15 autres
municipalités décidèrent de prolonger ou de modifier le
terme d'application de la loi qui était en vigueur le premier mai
1951.
Nous avons quinze municipalités qui ont prolongé
l'application de la loi. La majorité décréta, par
résolution du conseil, que cette loi s'appliquerait dans leur territoire
seulement pour les logements construits avant le 7 mars 1968. Deux
municipalités retardèrent cependant jusqu'au premier
décembre pour changer l'application de la loi dans les limites de leur
territoire. C'étaient les municipalités de ville de Malartic et
de ville de Val d'Or.
Subséquemment, M. le Président, nous avons eu un certain
nombre de municipalités qui sont venues demander que la loi s'applique
dans leur territoire. Nous avons 19 de ces nouvelles municipalités et
comme, avant le bill 12, sanctionné le 7 mars 1968, il y avait 69
municipalités soumises à l'application de la loi, 19 sont venues
se joindre en 1968, puis quatre subséquemment, et une, la
dernière, en 1969, nous n'avons qu'une municipalité, c'est la
cité d'Alma. Un arrêté en conseil a été
adopté le 19 novembre 1969. On sait qu'en vertu du bill 12, une
municipalité doit faire sa demande avant le 1er novembre pour que la loi
s'applique dans les limites de son territoire.
Il y en a seulement une qui, en fait, s'est conformée aux
dispositions de la loi pour soumettre son territoire à l'application de
la Loi de la régie des loyers.
Encore là, M. le Président, on remonte dans le cas d'Alma
à tout loyer construit avant le 7 mars 1968. Il y a quatre
municipalités qui ont informé officiellement la Commission des
loyers de leur désir de se joindre aux municipalités qui sont
déjà régies par la loi favorisant la conciliation entre
locataires et propriétaires.
Il y a, cependant, quatre municipalités qui ont demandé
qu'une enquête administrative soit faite pour que les logements soient
soustraits à l'application de la loi. Par exemple, la ville de
Drummondville a demandé que les loyers soient soustraits à
l'application de cette loi; il y a également la ville de Shawinigan, la
ville de Tracy et la ville de Laprairie.
On m'a Informé que, pour le cas de Drummondville, l'enquête
était à se compléter. Pour ce qui est des trois autres, la
demande n'a été présentée que récemment.
Voici ce qui se produit. Lorsque, par exemple, une municipalité demande
que son territoire soit soustrait à l'application de la loi,
immédiatement la Commission des loyers fait, sur place, l'enquête
qui s'impose aux fins de déterminer quelle peut être la situation
du logement dans le territoire de cette ville. S'il arrive qu'il n'y apas de
logement libre ou à peu près, c'est évident qu'en
soustrayant ce territoire à l'application de la loi nous verrions une
hausse assez vertigineuse des loyers dans certains cas. La Commission des
loyers, à ce moment-là, ne recommande pas que le territoire
donné soit soustrait à l'application de la loi.
Cette année, nous demandons que les dispositions de la loi soient
prolongées jusqu'au 31 mars 1971. Le projet de loi ne comporte pas de
question nouvelle, sauf qu'il s'agit de changer les termes de l'application
pour prolonger d'une année cette conciliation entre locataires et
propriétaires, dans les territoires qui sont soumis à
l'application de la loi.
Voilà, M. le Président, en résumé, la
justification de la présentation de cette loi. Nous avons voulu qu'elle
soit présentée immédiatement parce qu'il aurait
probablement été trop risqué d'attendre à la
prochaine session. En effet, il faut qu'une certaine publicité soit
faite autour de cette loi afin de permettre et aux propriétaires et aux
locataires de donner les avis qui s'imposent, les uns pour demander une
augmentation de loyer, les autres pour que le bail régissant telle
location soit prolongé.C'est pourquoi, M. le Président, je
demande que notre Assemblée vote la deuxième lecture de ce projet
de loi portant le numéro 85.
M. LESAGE: M. le Président, nous n'avons aucune objection de
principe à l'adoption de ce projet de loi. Comme l'a dit le ministre de
la Justice, il s'agit d'une politique suivie par tous les gouvernements, en
principe j'entends, depuis 1951. Je crois que la situation est telle qu'il y a
lieu de la renouveler, à cause de la hausse du coût de la vie, la
hausse du coût des logements pour un grand nombre de personnes, dans
certaines villes. S'il fallait que ce qu'on appelle le plafond des loyers, pour
les logements construits avant le 1er mars 1968 ou 1967, soit
enlevé...
Est-ce bien la date? C'est plus tôt que ça.
M. PAUL: La loi originale prévoit le 1er mal 1951.
M. LESAGE: En 1951, c'est ça.
M. PAUL: Mais excepté qu'il y a un certain nombre de
municipalités qui ont gelé, en quelque sorte, les loyers
construits avant le 7 mars 1968.
M. LESAGE: C'est ça. Alors, je crois que c'est absolument
essentiel si nous voulons protéger certains locataires et c'est
justifié dans les circonstances.
Il a été un temps où il y avait toujours, en annexe
ou en appendice au projet de loi, la liste des municipalités auxquelles
la loi s'appliquait au moment où elle entrait en vigueur. Je pense que,
pour les intéressés, ce serait une excellente chose. Je voudrais
me permettre de suggérer au ministre de donner, dans une espèce
d'appendice à la loi, lorsque le projet de loi sera
réimprimé parce qu'on le réimprime toujours pour la
sanction, tel que sanctionné je suggérerais que la liste
des municipalités soit donnée. La liste des municipalités
sur le territoire desquelles la loi s'applique. il serait peut-être bon
d'ajouter en note ce que le ministre vient de nous dire au sujet des quatre
municipalités qui sont en instance de retrait. Ce n'est peut-être
pas l'expression absolument juste, mais je pense que nous nous comprenons.
Il me semble que, pour les praticiens du droit pour tous ceux qui sont
Intéressés, c'est a peu près le seul moyen de savoir
quelles sont les villes où il y a application et les villes où il
n'y a pas application. Cela ne coûte pas très cher et ça
peut être très utile. Je pense que si on le faisait chaque
année pour chaque projet de loi semblable, ce serait une bonne
chose.
Enfin, il importait d'adopter cette loi dès maintenant, si
possible, étant donné que certains avis peuvent être
donnés à partir du 1er décembre de l'année
précédant le 1er mal suivant ou le 31 mars, la fin de l'exercice
financier. Alors, c'est ce qui permet, dans le projet de loi actuel, de
reconnaître les avis donnés depuis le 1er décembre comme
valables et d'éviter que les gens soient obligés d'en envoyer un
second.
Nous sommes au 8 décembre. C'est une date appropriée, et
je pense que le gouvernement a bien fait et que nous faisons bien, nous, de
n'apporter aucun délai à l'adoption de la loi.
M. PAUL: A moins que d'autres collègues ne veuillent participer
au débat de deuxième lecture...
M. le Président, je note avec beaucoup d'intérêt la
recommandation de l'honorable chef de l'Opposition qui, sur le plan pratique,
donnera beaucoup de satisfaction aux procureurs qui seront appelés
à donner des avis juridiques quant aux modalités de l'application
de cette loi. Mais, il serait peut-être bon, cependant, de mettre une
note, à l'intention des procureurs, à l'effet qu'en tout temps,
les municipalités peuvent se retirer en suivant les
formalités.
On ne peut pas entrer en tout temps, parce que les municipalités
qui voudraient maintenant...
M. LESAGE: Les procureurs sont censés connaître la loi.
M. PAUL: Oui.
M. LESAGE: Alors, c'est moins important de donner une note disant que
les municipalités peuvent se retirer en tout temps, parce que c'est la
loi...
M. PAUL: C'est cela.
M. LESAGE: ... que de donner la liste de ceux qui sont en instance de
retrait.
M. PAUL: Je verrai à ce que ce soit imprimé, M. le
Président. D'un autre côté, je voulais signaler que
certaines municipalités, au moment où le procureur sera
appelé à donner une opinion, que certaines municipalités
pourront se prévaloir des dispositions de retrait.
Mais, je vais...
M. LESAGE: On peut vérifier par laGazette officielle.
M. PAUL: Je pense, M. le Président, qu'il y aurait avantage, pour
l'information du public en général, qu'on publie également
en annexe à cette loi, la liste des municipalités qui sont
assujetties à cette loi.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE SECRETAIRE ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en comité
plénier pour l'étude du projet de loi 85.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier): A
l'ordre! Bill 85, article 1.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 2.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 3.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): Adopté. Article 4.
M. LESAGE: Les articles 4, 5, 6, 7, 8 et 9 adoptés, quant
à moi, à moins que mes collègues aient des remarques
à faire.
M. FRECHETTE (président du comité plénier):
Articles 4, 5, 6, 7, 8 et 9, adoptés.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que votre
comité a adopté le bill 85 sans amendement.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice, du consentement
unanime de la Chambre, propose la troisième lecture du bill 85.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. PAUL: M. le Président, article 4.
Bill 75
Motion d'amendement (suite)
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur la motion de
deuxième lecture de la Loi de la Communauté urbaine de
Montréal.
L'honorable député de Robert-Baldwin.
M. Arthur-E. Seguin
M. SEGUIN: M. le Président, je disais donc, avant l'ajournement
du débat, que le ministre des Affaires municipales se devait de fournir
aux représentants des villes de l'île de Montréal tout
d'abord des détails ou des précisions sur ce qu'il en
coûtera aux citoyens pour les nouveaux services,
régionalisés et tels que conçus par le projet de loi no
75, et que les représentants de ces villes ne pouvaient prendre une
décision selon leur mandat, tant qu'ils n'auront pas l'information
nécessaire pour justifier leur décision en vue de
l'intérêt public et commun en leur juridiction.
Les représentants, comme je le disais tout à l'heure,
n'ont pas le droit ni le pouvoir de compromettre de quelque façon que ce
soit leur responsabilité publique. C'est exactement ce qu'ils feraient,
s'ils prenaient une décision maintenant ou devenaient signataires d'un
pacte qui pourrait bien être dommageable à leur
municipalité, sans mentionner les problèmes immenses qui
pourraient être créés pour toute la communauté
montréalaise.
Quand le ministre des Affaires municipales a le privilège de
changer sa politique et ses décisions; quand le ministre juge bon de
rejeter sans explication le projet de loi 199 et qu'il reconnaît
lui-même les grandes complexités du problème du
Montréal métropolitain; quand le ministre trouvait
nécessaire, utile et juste de faire siéger la commission
parlementaire des Affaires municipales en septembre rencontre qui, on le
sait, a été contremandée pour étudier le
projet 199 avec les intéressés; quand on peut se permettre un
doute sérieux sur l'identification des vrais parrains du bill; quand les
municipalités se demandent pourquoi la hâte de ces derniers jours
pour faire adopter un projet de loi unique en son genre; quand les
municipalités peuvent s'enquérir de la vraie raison
derrière cette pression, sinon nouvelle, au moins soudaine et
amplifiée; quand les municipalités ont au moins le droit
d'examiner le vêtement de beaucoup plus près avant de l'endosser;
quand on peut, en toute justice, s'opposer à fournir un chèque en
blanc à des personnages pour le moment anonymes, mais tout de même
loquaces;
quand les municipalités ont le droit de savoir si, malgré
le projet de loi et toutes ses assurances, le président et d'autres
officiers de l'exécutif de la communauté ne sont pas
déjà nommés ou pour le moins choisis; quand la grande
responsabilité d'un ministre des Affaires municipales est de voir au
mieux-être non pas d'une, de deux ou de trois municipalités de la
province, mais de toutes les municipalités sous sa juridiction; quand le
ministre demande des raisons sérieuses pour convoquer la commission
parlementaire des Affaires municipales et qu'il en avait au moins 29 de ces
raisons et de ces demandes sérieuses, ce matin, à la salle 91;
quand le ministre a reçu une demande de chacune de ces
municipalités pour être entendue; quand il est nécessaire
que certains documents, financiers et autres, soient à la disposition du
législateur avant qu'il puisse prendre une décision; quand, dans
chaque agglomération canadienne, telles que les régions de
Toronto, Winnipeg, Niagara, Ottawa-Carleton, des mois, sinon des années,
ont été utilisés pour étudier, amender et discuter
leur projet respectif, le tout chaque fois appuyé de sérieuses
recherches, de rapports, et des plus récents documents.
Est-il normal, M. le Président, que nous de cette
Assemblée, dans cette province de Québec, nous soyons en mesure
de nous décerner cette grande sagesse de vouloir et de pouvoir fixer le
sort de la grande agglomération urbaine, la plus grande du Canada, avec
ses problèmes uniques et différents des autres? Pouvons-nous
fixer le sort, même pour un temps limité, de cette région
métropolitaine sans entendre les experts, les hommes d'expérience
pratique et sages surtout que sont nos administrateurs locaux? Nous nous devons
d'entendre, en ce qui concerne la sécurité métropolitaine,
les opinions de M. Gilbert de la sécurité de Montréal,
celles de M. Saint-Pierre, directeur de la sécurité du
Québec et celles des membres de la commission de sécurité
du Québec
Est-ce que dans l'intérêt du public ces personnes expertes
et connaissantes en matière de sécurité ne doivent pas
être interrogées par les membres de la commission parlementaire
des Affaires municipales? Est-ce que le ministre trouve normal que la
région de Montréal et ses citoyens soient traités
autrement en ce qui concerne leur gouvernement local que les citoyens de la
ville ou de la région de Québec, ainsi que ceux de la
région de Hull?
Or, devant le refus du ministre de rappeler cette commission municipale
pour entendre les réclamations, les commentaires, les avis et les
opinions de ces gens et de ces personnes expertes, je me demande s'il n'y a pas
autre chose que nous ne connaissons pas qui devrait être apporté
à ce moment. Je me demande si la communauté urbaine
métropolitaine n'a pas le droit d'être traitée de la
même façon qu'est traité ce même secteur lorsqu'il
s'agit, avec le bill 62, de la restructuration scolaire. Est-ce que les onze
municipalités scolaires ne deviendront pas éventuellement, dans
trois ans ou dans cinq ans, la nouvelle structure, toujours provisoire, dans la
région de Montréal? Autant de questions auxquelles nous demandons
des réponses ou, du moins, des opinions de la part du ministre qui
à cette date ne nous les a pas encore fournies.
M. le Président, à cause de toutes ces demandes et des
télégrammes reçus, pour les raisons contenues dans de
multiples notes et commentaires j'en ai une pleine serviette
à cause de toutes ces questions que se posent, dans toute la
région de Montréal, tous les administrateurs des
municipalités, je demanderais fortement, sans émotion, dans tout
le calme voulu, que le ministre des Affaires municipales, dans toute sa
sagesse, puisse entendre ces voix et ces demandes sincères,
sérieuses. Tel qu'il l'a dit autrefois, en date du 24 octobre, lorsqu'il
s'agissait de demandes sérieuses pour convoquer la commission.
C'étaient là ou ce devaient être là les
raisons qui le porteraient à convoquer la commission parlementaire des
Affaires municipales. Je lui demande de considérer les demandes qui lui
ont été faites et répétées ce matin à
force messages, lettres, télégrammes, appels
téléphoniques, non seulement par les administrations des
différentes localités, mais encore par des associations: chambres
de commerce, associations locales, employés municipaux, employés
des forces constabulaires. Toutes ces personnes qui font cette demande
d'être entendues sont pour le moins, je pense, des gens sérieux,
et autant de raisons très sérieuses pour que le ministre puisse
reconsidérer une décision prise au préalable et qu'il
invite ces personnes et tous ceux qui voudront et devront être entendues
à comparaître devant cette commission qui siégera aux dates
que le ministre voudra bien fixer.
Pour ces raisons et, comme je le disais tout à l'heure, beaucoup
d'autres raisons que je ne mentionnerai pas en cette occasion, il me fait
plaisir d'appuyer la demande officielle transmise par le député
de Chambly, à savoir que nous suspendions la deuxième lecture,
que nous passions outre, pour le moment, à l'article 529 et que la
commission parlementaire puisse siéger, même en dehors des heures
de session.
M. PAUL: Je n'ai pas l'intention d'interve-
nir officiellement dans le débat de deuxième lecture, mais
c'est pour faire une recommandation...
M. SEGUIN: C'est l'amendement. Nous ne sommes pas en deuxième
lecture.
M. PAUL: Nous sommes en deuxième lecture, mais sur une motion
d'amendement. Je n'ai pas l'intention d'intervenir dans le débat, mais
c'est pour faire une suggestion à la Chambre à l'effet que nous
pourrions débattre le projet de loi sans tenir compte de la restriction
que nous apporte l'amendement qui aurait pour effet de discuter
immédiatement des avantages de référer ce projet
immédiatement au comité avant que nous puissions adopter la
deuxième lecture de ce projet de loi. Nous pourrions peut-être,
dans le cours des remarques, soutenir la motion de l'honorable
député et également prononcer des discours comme si cette
motion n'était pas présentée. La nuit porte conseil, et
nous verrons demain ce qui pourra être fait.
Je disais que nous pourrions continuer l'étude sans que nous
soyons liés par les règles de la pertinence du débat de la
motion présentée par l'honorable député de
Chambly.
M. LESAGE: Nous pouvons rester liés par les règles de la
pertinence du débat et discuter de toutes les raisons pour lesquelles
nous croyons que le projet de loi doit être étudié en
commission avant la deuxième lecture. Il y a le principe du bill qui est
enjeu, très bien, mais il y a tous les principes complémentaires
qui peuvent faire l'objet du débat de deuxième lecture. Une
discussion de tous ces principes accessoires, du moment qu'on ne se
réfère pas aux articles du bill, ce qu'on ne peut pas faire ni en
deuxième lecture ni sur la motion d'amendement qui est à
l'étude présentement, du moment qu'on n'en discute pas, on peut
traiter des principes du bill. Nous étudions un bill de 373 articles, je
comprends que le grand principe, c'est la formation de la communauté
urbaine, mais il y a des modalités là-dedans qui constituent des
principes. Ainsi, par exemple, la question de savoir si le ministre, dans les
cas où un temps déterminé est imparti pour faire telle
chose et que le ministre, lorsque la chose n'est pas faite, peut prendre le
lieu et place du conseil de la communauté urbaine pour décider,
c'est un principe ça. Il y a d'autres principes qui peuvent être
discutés. Justement, l'argument, c'est que ces principes sont tellement
importants qu'il faut absolument avoir l'opinion des intéressés
sur la question. C'est très large. On peut s'en tenir aux principes
très facilement sans déborder. J'ai donné quelques
exemples, mais on pourrait multiplier pendant deux heures, si l'on veut.
M. PAUL: II y avait un autre point...
M. SEGUIN: M. le Président, il y a encore cette question: ayant
parlé sur l'amendement, est-ce que je viens de perdre mon droit de
parole à parler sur le principe?
M. LESAGE: Non, pas du tout.
M. PAUL: ... qui était le suivant, c'est la recevabilité
de la motion. Pour le moment, je n'en discute pas, parce que je sais...
M. LESAGE: Le 9 octobre 1969...
M. PAUL: Cela a déjà été...
M. LESAGE: ... sur le bill de Radio-Québec.
M. PAUL: Oui.
M. LESAGE: Le 9 octobre. Le ministre de la Justice...
M. PAUL: Mais il y a des points, M. le Président...
M. LESAGE: ... pourra examiner et les procès-verbaux et le
journal des Débats.
M. PAUL: J'inviterais aussi l'honorable chef de l'Opposition à
regarder le procès-verbal cinq, les règlements sessionnels. Il y
a aussi d'autres points qui peuvent être soulevés...
M. LESAGE: Oui, mais il y a, jusqu'à présent, deux
députés qui se sont prononcés et, très
bientôt, il y en aura trois autres.
M. PAUL: Je dis, M. le Président, que, pour le moment, je n'ai
pas l'intention de soulever cette question parce que, ce soir, après la
séance, nous verrons à discuter avec l'honorable ministre des
Affaires municipales, du bien-fondé de la motion soulevée par
l'honorable député de Chambly. C'est pourquoi, M. le
Président, je faisais tout simplement cette remarque à la
Chambre, afin que vous puissiez mettre de côté les règles
de la pertinence du débat pour que la discussion progresse, nonobstant
la motion d'amendement présentée par l'honorable
député de Chambly.
M. LESAGE: M. le Président, sur le point d'ordre, je
voudrais...
M. PAUL: Je ne l'ai pas soulevé.
M. LESAGE: Je voudrais, par le truchement du point d'ordre qu'a
suggéré le ministre de la Justice, en profiter pour faire
remarquer à mes honorables collègues d'en face que si le projet
de loi était référé à la commission des
Affaires municipales avant deuxième lecture, au lieu d'une étude,
article par article, ce serait une discussion sur les principes sous-jacents.
C'est une chose dont il faut se souvenir.
M. HYDE: Cela sauverait trois semaines de notre temps, M. le
Président.
M. SEGUIN: M. le Président, c'était simplement pour
demander au ministre de la Justice, qui est le leader parlementaire, s'il ne
serait pas avantageux d'attendre à demain matin pour rencontrer les
ministres, puisque la nuit porte conseil. Je pense qu'il y a avantage que vous
attendiez jusqu'à demain.
M. PAUL: C'est parce qu'on veut savoir si vous allez être capables
de nous convaincre.
M. HYDE : Le ministre est déjà convaincu, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT; L'honorable député de Bourget.
M. Paul-Emile Sauvageau
M. SAUVAGEAU: M. le Président, après une période
d'hésitations et de tâtonnements qui dure depuis une vingtaine
d'années, période au cours de laquelle les gouvernements qui se
sont succédé à Québec ont reçu et entendu
toutes les expressions d'opinions possibles sur la formation d'un gouvernement
métropolitain qui doit être créé pour l'île de
Montréal; après avoir consulté les rapports de tous les
comités d'étude et de toutes les commissions qui ont
été créés pour examiner ce problème, le
ministre des Affaires municipales dépose enfin un projet de loi et le
gouvernement se décide d'agir.
Comme député de l'île de Montréal, je n'ai
aucune hésitation à m'associer aux actes qu'il faut poser de
toute urgence pour donner suite aux propositions du ministre des Affaires
municipales. Comme il l'a dit lui-même, le temps du verbiage et des
palabres est terminé. J'écoutais, il y a deux semaines, un des
candidats à la direction du parti libéral, Me Robert Bourassa,
tenir les mêmes propos, à l'effet que nous vivions à une
époque où le public attend des gouvernements des actes plus que
des étu- des. Or, nous avons devant nous un projet de loi, je le
répète, où les études, les examens et les analyses
forment une masse littéraire et de rhétorique impressionnante. Le
temps est donc venu d'agir, et l'action que le public de l'île de
Montréal attend, il l'attend de l'Assemblée nationale et non de
quelque comité que ce soit.
Le projet de loi retient les suggestions qui ont été
faites par les banlieues de l'Ile de Montréal; il retient aussi celles
qui ont été faites par la ville de Montréal et, à
cet égard, il mérite d'être étudié et
adopté par l'Assemblée nationale elle-même. Le temps est
venu, encore une fois, de prendre nous-mêmes les responsabilités
qui nous appartiennent à nous et à personne d'autre.
Après tout, que pourrions-nous attendre d'une autre étude?
D'abord que la représentation de la ville de Montréal est trop
grande, alors qu'en fait elle est moindre que ce qu'elle pourrait être si
on donnait à la représentation démocratique tout son sens,
mais les autorités de la ville de Montréal sont assez
compréhensives pour ne pas insister sur ce point sur lequel elles
pourraient, encore une fois, insister avec raison.
La crainte que l'on peut formuler à l'effet que la ville de
Montréal pourrait abuser de sa représentation est non
fondée. Toute l'histoire de la ville de Montréal démontre
à quel point elle a mis ses services à la disposition des
banlieues, et que c'est son existence même qui a permis l'expansion des
banlieues.
De plus, gardons toujours à l'esprit les responsabilités
qui sont les nôtres et que nous devons prendre. Nous sommes mieux
placés que quiconque pour modifier cette loi, ici même, sans
consultation si, par impossibilité, la ville de Montréal abusait
des droits qui sont nettement les siens.
On pourrait arguer que la représentation des banlieues,
étant donné le nombre de citoyens qui habitent chacune des
banlieues, n'est pas complètement démocratique et qu'il faudrait
procéder d'abord à un regroupement. Je dis et j'affirme que cela
est une impossibilité pratique absolue et qu'il vaut mieux appliquer
cette loi qui prévoit Justement une obligation pour le Conseil de la
communauté de faire des recommandations pour modifier les
frontières de certaines municipalités. Je n'ai aucun doute que
les administrateurs municipaux de toutes les villes de l'île de
Montréal se montreront à la hauteur de leur tâche et feront
les recommandations appropriées, dans les délais prescrits par
cette loi, pour assurer justement le regroupement que souhaitent avec raison
les banlieues.
J'ai lu, dans certains journaux, qu'on s'Inquiète de la formation
du Conseil de sécurité publique qui est prévu par la loi
et qu'on aimerait que, tout de suite, d'autres personnes que les deux
directeurs de police et le juge, qui sont mentionnés dans cette loi,
soient nommées membres de ce Conseil de sécurité publique.
Je ferai d'abord observer que rien ne s'objecte à cela puisque la loi
prévoit que ces trois personnes peuvent s'adjoindre toute autre personne
qui peut les aider dans leur tâche. Je crois que c'est là la seule
bonne façon de procéder, et n'oublions pas, M. le
Président, que les corps de police de Montréal et de la
Sûreté du Québec possèdent toujours des informations
qui sont de nature hautement confidentielle, et que les législateurs ont
l'obligation de bien mesurer les dispositions des lois qu'ils votent afin
qu'elles n'aient jamais pour effet de poser des entraves et des embûches
aux tâches que doivent exécuter ceux qui sont chargés de la
sécurité du public.
Pour résumer, même sous ce chapitre, les banlieues ont,
comme la ville de Montréal, les mêmes garanties, pas plus et pas
moins. Il ne faut pas s'étonner que le directeur du service de la police
de Montréal soit membre de cette commission. Tout le monde sait ce que
ce corps de police représente au point de vue de la
sécurité des citoyens. En d'autres mots, le directeur du service
de la police de Montréal doit être présent, et la
présence d'autres directeurs de police n'est pas exclue.
C'est donc, à mon sens, une disposition extrêmement
réaliste dans les circonstances, et nous serions mal venus d'y apporter
quelque modification que ce soit. J'ajoute, pour terminer, M. le
Président, que non seulement on ne doit pas s'effrayer de la
représentation démocratique que nous donnons à
Montréal, mais on doit s'en réjouir et on doit l'assurer de cette
représentation, si nous voulons que l'organisme fonctionne.
Je donne comme preuve de ce que je viens de dire l'expérience de
la Commission métropolitaine de Montréal et celle de la
Corporation du Montréal métropolitain. Dans le premier cas, on
avait reconnu la place que Montréal devait occuper au sein de
l'organisme. Malgré les pouvoirs très réduits qu'avait la
commission métropolitaine, cela ne l'a pas empêchée de
sortir de la faillite trois municipalités de banlieue. C'est parce que
la ville de Montréal était représentée comme elle
devait l'être que cela fut possible. Et c'est, encore une fois, parce que
la ville de Montréal était représentée comme elle
devait l'être que la construction du boulevard Métropolitain a pu
être entreprise. En regard de cela, depuis qu'on a enlevé à
Montréal la place qu'elle devait occuper au sein de l'organisme
métropolitain Je parle maintenant de la Corporation de
Montréal métropolitain rien, absolument rien, ne s'est
fait depuis 12 ans. Cest donc la ville de Montréal qui peut donner
à toute l'île de Montréal ce mouvement d'entraînement
qui a pour effet d'assurer aux citoyens de toute l'île de Montréal
les meilleurs services et un plus grand bien-être. Cest notre devoir de
mettre sur pied l'organisme qui pourra travailler au mieux-être des
citoyens.
Je répète qu'en mon nom de député de l'fle
de Montréal et je sais que je parle au nom de l'immense
majorité des citoyens de toute l'fle de Montréal je n'ai
aucune hésitation à adopter ce projet de loi, étant
conscient que, ce faisant, je travaille au progrès de la région
de Montréal et à celui de tout le Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Outremont.
M. Jérôme Choquette
M. CHOQUETTE: M. le Président, je me lève pour soutenir la
motion présentée par le député de Chambly et
appuyée par le député de Robert-Baldwin. Je tiens à
dire immédiatement que, dans mon esprit, en tout cas, et dans celui de
ceux qui ont présenté et appuyé la motion, celle-ci ne
représente pas une opposition absolue à la création d'un
organisme régional dans la région de Montréal. Elle est
faite dans l'intention de savoir quel organisme régional doit
ê-tre créé à Montréal et, en second lieu, si
cet organisme régional doit être créé avec le
consentement et l'accord des intéressés, c'est-à-dire des
29 municipalités et de la population de 2 millions qui s'y trouve.
Par conséquent, il ne suffit pas, pour justifier le renvoi de la
motion présentée par mes honorables collègues, de dire que
cela fait suffisamment longtemps que l'on palabre sur la question et que la
nécessité d'un organisme régional à Montréal
s'impose à toute personne qui est au fait, un tant soit peu, des
réalités municipales. Il ne suffit pas, par conséquent,
d'utiliser ces arguments pour rejeter la motion présentée, parce
que cette motion, en réalité, permettrait d'élucider et de
clarifier la position des intéressés dans l'organisme
éventuel qui présidera aux problèmes intermunicipaux et,
même, Je dirais plus qu'intermunicipaux parce que la compétence
accordée au futur organisme va jusque dans les pouvoirs intramunicipaux
des municipalités de l'fle de Montréal.
Par conséquent, il est absolument impératif, je crois,
d'obtenir l'opinion des intéressés pour
qu'ils nous indiquent si le projet de loi, l'habit que l'on veut leur
faire porter leur convient, convient à leur stature, convient à
leurs dimensions, il faut donc que le Parlement, quand il sera appelé
à voter sur ce projet de loi, le soit en toute connaissance de
cause.
Je ne vois pas d'autres personnes qui soient plus aptes à nous
donner les renseignements, les faits et l'opinion des citoyens qu'ils
représentent dans chacune de ces municipalités que les
autorités municipales de chacune des villes intéressées,
qui devraient, je le soumets, être appelées à la barre
d'une des commission de la Chambre et, en particulier, de la commission des
Affaires municipales.
En deuxième lieu, il va sans dire que, dans cette période
de démocratie de participation, dans cette période où
justement et je citerai tout à l'heure des textes émanant
du ministre des Affaires municipales lui-même sur cette question
le ministère des Affaires municipales cherche à entretenir et
à cultiver un dialogue avec les organismes locaux, avec les
municipalités, dans les questions de régionalisation, dans les
questions de regroupement municipal, dans les questions de rénovation
urbaine, ce n'est pas parce qu'on arrive devant le plus important projet de loi
qui ait jamais affecté la communauté montréalaise, qu'il
faille mettre de côté, au nom de ces mêmes principes,
l'audition des intéressés devant la commission de la Chambre.
Or, comme le ministre de la Justice nous invitait tout à l'heure
à le convaincre, ainsi que ses collègues, de la
nécessité d'entendre les personnes et les corporations
intéressées, je vais utiliser la documentation qui émane
du ministre lui-même et de son ministère.
Dans un numéro de Municipalités 69, revue qui est
publiée par le ministre des Affaires municipales, qui, je le
présume, est publiée non seulement avec son autorisation mais qui
en somme, ...enfin, reflète la pensée du ministre - c'est le
numéro, de juillet et août 1969, qui portait sur les
communautés urbaines on dit: « Une solution moderne
à des besoins nouveaux je lis cet article qui, je crois, devrait
inciter le gouvernement à donner suite à la motion que nous avons
présentée et qui est intitulé: « Les maires des
zones métropolitaines face à leurs problèmes communs. Afin
de résoudre les problèmes sans cesse plus aigus que posent nos
agglomérations plurimunicipales, le phénomène de la
croissance urbaine, le ministre des Affaires municipales du Québec a
inscrit la mise en place d'organismes métropolitains au rang de ces
priorités. Cependant, avant d'implanter de nouvelles structures, le
ministre s'est montré soucieux d'associer les élus municipaux
à cette entreprise en les invitant à participer à une
série de séances de travail. « C'est ainsi que, dans les
régions métropolitaines de Québec et de Hull, le ministre
a réuni les maires accompagnés d'un des membres de leur conseil
municipal à plusieurs reprises depuis au-delà de six mois.
« Le thème de discussion de chaque assemblée était
suggéré dans un document de travail préparé par le
ministère. Des séances de consultation ont aussi
débuté dans les régions du Saguenay et du Lac-Saint-Jean,
plus particulièrement dans l'agglomération du haut Saguenay une
trentaine de personnes, maires et conseillers se sont rendus au centre
d'apprentissage de Chicoutimi, etc.. « Ce dialogue intermunicipal doit
éventuellement conduire à la formation d'un organisme
régional. Cet organisme s'inspirera de ceux de Québec,
Montréal et Hull, dont les avant-projets de loi ont été
rendus publics. « Le souci majeur du ministre est d'instaurer un dialogue
fécond entre les différentes parties concernées
directement par la mise en place éventuelle d'une communauté
urbaine ou régionale, etc... »
L'article se termine dans la même veine, en faisant état du
grand souci du ministre des Affaires municipales et de son ministère de
voir le dialogue exister avant la création d'organismes régionaux
en matière municipale.
Je pose la question au ministre, M. le Président. Cette
philosophie qu'il exprimait dans: « Municipalités 69 » ne
s'applique-t-elle qu'aux régions de Hull et de Québec ou du
Saguenay? La même philosophie ne devrait-elle pas s'appliquer à la
région montréalaise qui, au point de vue importance
numérique et économique, est évidemment beaucoup plus
considérable que les régions que j'ai mentionnées tout
à l'heure.
Un autre document émanant du ministère et dont je tirerai
une référence est « Le manuel d'information sur le
regroupement des municipalités ».
Or, à la page 20 de ce document, le ministère
énonce l'importance de l'information et de la participation de la
population. Je ne lierai que deux ou trois paragraphes de ce document: «
Les lois qui permettent le regroupement municipal imposent aux conseils
municipaux l'obligation d'informer la population au moyen d'avis de motion ou
encore en publiant ou en affichant les règlements ou les requêtes.
Les citoyens peuvent donc s'opposer aux démarches entreprises par les
conseils municipaux. Mais, ce que nous proposons comme démarche au cours
de cette étape dépasse le minimum d'information requis par la
loi. « Il est en effet important que les conseils
municipaux fournissent aux citoyens l'occasion de prendre connaissance
de tous les aspects du problème en examinant les avantages et les
inconvénients du regroupement. Les municipalités
concernées par un projet de regroupement pourront ainsi franchir une
étape importante de leur développement avec la participation de
leurs citoyens. » Plus loin: « En effet, si, au cours d'une
réunion publique d'information, un certain nombre de citoyens s'opposent
au regroupement, on peut, avant de recourir aux procédures officielles
d'opposition prévues par la loi, proposer aux participants de former un
groupe d'étude. » Suivent, M. le Président, les
recommandations du ministère quant à la formation des groupes
d'étude en matière de regroupement municipal.
Evidemment, lorsque nous sommes à discuter du bill 75, nous ne
sommes pas devant un projet de regroupement, mais on admettra que nous sommes
dans le même ordre d'Idées et que, par conséquent, la
philosophie exprimée dans ce Manuel d'information sur le regroupement
des municipalités s'applique autant en matière de création
d'un organisme régional aussi puissant que celui que nous a
proposé le ministre dans son projet de loi.
Je cite également un article de M. Paul Saurlol publié
dans Le Devoir du jeudi 12 juin 1969. Dans cet article, il citait le ministre
des Affaires municipales, M. Lussier, lorsque celui-ci avait
déposé son projet 199, classé comme tel dans les documents
sesslonnels.
M. Lussier avait dit ceci à ce moment-là: «Il s'agit
d'un avant-projet qui fera l'objet d'une étude approfondie. Une telle
législation ne pourrait être efficace que si elle faisait l'objet
d'un accord sincère des parties concernées et que si on en
faisait un essai loyal. » C'était une citation du ministre des
Affaires municipales. Je retiens de cette citation évidemment «
l'accord sincère des parties concernées. » Or, le ministre
doit être en mesure de se rendre compte qu'à l'heure actuelle il
n'a pas l'accord des parties concernées puisque au fond il n'a tenu que
deux séances d'information avec le maires et les conseillers des
municipalités et que, justement ce matin, on lui a dit qu'on
n'était pas d'accord et qu'il fallait que le projet de loi aille devant
une commission de façon à donner l'occasion aux
intéressés de s'y exprimer.
Les seuls qui s'y sont opposés sont les autorités de la
ville de Montréal contre les 27 autres municipalités. Où
se trouve, dans tout cela, le style onctueux du ministre des Affaires
municipales qui parle « d'un accord sincère des parties
concernées »? Je dis que cet accord n'existe pas et que, par
conséquent, si l'on veut clarifier l'atmosphère, qu'a
soulevée la méthode adoptée par le ministre des Affaires
municipales et le gouvernement d'empêcher les élus du peuple de
s'exprimer sur ce projet de loi, il est absolument nécessaire que le
gouvernement vote en faveur de la motion présentée par
l'Opposition.
Sinon, le gouvernement sera, à juste titre, accusé d'agir
d'une façon antidémocratique, de bafouer les droits de 27
municipalités et d'une population de 700,000 habitants de ces
dernières municipalités. Voilà des arguments, en somme,
qui traitent de l'aspect démocratique.
Mais, il y a plus. Si on se reporte aux opinions qui ont
été exprimées à l'extérieur, et là je
citerai, dans les principaux journaux de Montréal, les vues qui ont
été exprimées par des éditorialistes sur le
sujet.
Le journal The Gazette, qui s'est prononcé en faveur du principe
d'une autorité régionale sur ceci, tout le monde est
d'accord disait néanmoins, dans un éditorial du jeudi 4
décembre 1969, ce qui suit: « No one suggests that the delay in
passing the bill should be long and indefinite. It should not be allowed to
become an opportunity for stalling and delay, but a postponement until after
Christmas, until some time early in the new year would extend an appreciated
courtesy to the municipalities and open the way to possible improvements
».
Je présume que l'éditorialiste avait à l'es-pris
que, dans l'intervalle, dans le délai qu'il recommandait, il y aurait
des consultations, des discussions et même des auditions des parties
intéressées au projet de loi. Il y aurait un échange de
vues, en somme, pour permettre d'arriver à un consensus dans la
région de Montréal sur le projet de loi. Il poursuivait son
éditorial: « This would be better done by setting up a committee
of the Quebec House to which suggestions might be made by the municipalities
concerned. This procedure would be preferable to a debate in which other
motives or considerations might enter in ». Je présume qu'il
laissait entendre qu'il était préférable d'obtenir
directement l'avis des municipalités, plutôt que de laisser les
législateurs discuter de la question, jusqu'à un certain point,
dans le vague.
M. Paul Saurlol, dans un éditorial récent, en date du 2
décembre 1969, s'exprimait comme suit au sujet du projet de loi
présenté par le ministre des Affaires municipales: « Or,
cette garantie accordée aux villes satellites risque d'être en
partie inopérante, à cause des pouvoirs exorbitants donnés
au comité exécutif, où Montréal disposerait d'une
majorité sans veto possible ». L'éditorialiste
réfère évidemment,
à ce moment-là, au comité exécutif, tel que
constitué par le projet de loi, où la ville de Montréal a
sept représentants tandis que les banlieues n'ont que cinq
représentants. Il n'y a pas de droit de veto et on sait quelle est
l'importance du comité exécutif par rapport au conseil, dans le
projet de loi présenté par le ministre. Je continue la citation:
« Ce n'est pas facile, dans un projet de loi aussi considérable
(373 articles) et aussi complexe, de voir exactement quel contrôle le
conseil aura en pratique sur l'exécutif, mais certains articles, qui
sont d'une importance majeure dans le projet de loi, soulèvent des
doutes sérieux. C'est un sujet sur lequel nous reviendrons...
»
Donc, cet éditorialiste, M. le Président, qui est un
expert en matière municipale, qui a déjà été
membre d'au moins une commission, la commission LaHaye, qui est un
spécialiste de ces questions, exprime des doutes sérieux sur ce
projet de loi.
Ne faudrait-il pas entendre les intéressés?
Le Star disait, dans un éditorial du 1er décembre :
« But, though there can be no quarrel with the principle of the bill
introduced in Quebec City on Friday, it includes so many features and affects
so many aspects of urban living that it must be submitted to thorough study
before each of its particular components can be understood and approved or
disapproved ».
Je pense que cette citation est très au point.
L'éditorialiste ici énonce qu'il faut que ce projet de loi soit
étudié d'une façon approfondie, parce que, dit-il, on ne
peut pas percevoir à l'heure actuelle les conséquences du projet
de loi et les implications des 373 articles qui le composent. En quelque sorte,
devant un projet de loi de portée aussi considérable et d'une
telle complexité, il est quand même nécessaire d'avoir les
vues des parties, des intéressés et des experts pour, à un
moment donné, concevoir quel sera dans la pratique cet organisme
régional que l'on veut créer et avoir une idée des
conséquences financières qui résulteront de cette
législation et qui seront supportées par les quelque deux
millions de contribuables de la région métropolitaine de
Montréal.
Je dis que, si le gouvernement ne voulait pas, dans ces
conditions-là, entendre les intéressés, il agirait
à la légère; il agirait, M. le Président, sans
jugement et il pourrait être taxé d'irresponsabilité.
Je pense que la décision sur la motion présentée
par mes collègues est évidente, et je ne vois pas pourquoi le
gouvernement cherche la nuit pour trouver conseil et au fond pour venir nous
avertir demain qu'il consent à la proposition qui a été
faite.
Maintenant, quant à la portée du projet de loi, on n'a
qu'à lire les articles pertinents du projet je ne les citerai
pas, parce que je pense que je n'en ai pas le droit à ce stade des
discussions mais on n'a qu'à référer aux parties du
projet de loi qui concernent l'étendue des pouvoirs
conférés à la future Communauté urbaine de
Montréal, on admettra que, lorsque l'on fait la lecture de tous ces
pouvoirs à la section 7 du projet de loi, si la communauté devait
exercer sa compétence, non seulement celle fixée dans le premier
article qui traite de sa juridiction, mais également dans le
deuxième article qui traite de sa juridiction dans la même
section, on doit admettre qu'il ne restera qu'un rôle extrêmement
secondaire aux municipalités qui composeront la communauté
urbaine. Je veux dire que cette section du projet de loi aboutit normalement
à un transfert de pouvoirs d'une telle étendue de la part des
municipalités qui existent actuellement dans la région de
Montréal à la future communauté urbaine que l'on peut
sérieusement se poser la question si les municipalités vont
garder des pouvoirs quelconques, une raison d'être quelconque, en somme
si elles ne seront pas appelées à disparaf-tre à plus ou
moins brève échéance.
Je sais qu'il y en a qui sont favorables à cela. Je sais que des
gens que je respecte sont favorables à cette évolution naturelle,
pensent-ils, des choses. Sans entrer dans le mérite de la question, je
dis qu'il faut quand même se demander ce que l'on veut que la
région de Montréal devienne. Est-ce que l'on veut garder des
municipalités qui aient certains pouvoirs par rapport à ceux qui
seront conférés à la communauté urbaine ou est-ce
qu'on veut, au fond, créer toutes les conditions nécessaires
à la disparition inéluctable des municipalités
composantes? Il faut quand même se poser la question honnêtement
pour pouvoir y répondre, enfin chacun pour soi, suivant son jugement,
suivant son optique. Par conséquent, ce n'est pas une question facile
à résoudre. Je pense qu'à ce point de vue l'importance du
projet de loi doit quand même inciter le gouvernement quand je
pose le problème de cette façon à au moins demander
l'avis des intéressés, à ne pas se contenter de l'avis de
la ville de Montréal et à entendre les représentants de
ces 27 municipalités qui représentent quand même 700,000
habitants et également des biens qui, au point de vue foncier, se
chiffrent dans les milliards de dollars. Compte tenu de cette
possibilité, je dis qu'il est impératif que le projet de loi soit
soumis à un examen non pas superficiel, non pas à un examen
où on limiterait en quelque sorte le temps mis à la disposition
des intéressés, mais un examen où l'on
donnerait toute la latitude voulue sans encourir des délais qui
seraient de nature dilatoire. Notre propos n'est pas d'Inciter les
intéressés à retarder l'adoption de ce projet de loi,
parce qu'il est évident qu'il est devenu nécessaire de
créer un organisme métropolitain ou un organisme régional,
mais c'est toujours la même question qui revient: Quelle sorte
d'organisme métropolitain? Quelle sorte d'organisme régional?
Quel sera le rôle des municipalités composantes une fois que
l'organisme sera créé? Voilà des questions que l'on doit
se poser sérieusement à l'heure actuelle. Si le gouvernement
pense qu'il peut en quelque sorte « passer ce Québec »
à 2 millions de personnes de la population montréalaise sans
avoir l'avis officiel des principaux corps intéressés,
c'est-à-dire des municipalités, je pense qu'il fait fausse route
sur le plan électoral.
Je note finalement que, parmi les pouvoirs qui seront concentrés
au niveau de la communauté urbaine, il y en a trois qui ont des
implications financières assez immédiates. Ceci me paraît
assez clair.
Il y a d'abord le pouvoir relatif à la coordination ou à
l'intégration des forces policières. C'est un des principaux
objets du bill et cela a été l'un des principaux arguments
invoqués par le ministre des Affaires municipales dans sa
présentation du projet de loi. Tout le monde admettra que
l'Intégration ou la coordination des forces policières, cela
comporte des conséquences financières extrêmement lourdes
pour les intéressés. Et la ville de Montréal je ne
discute pas du bien-fondé de l'affirmation qu'elle pourrait faire dans
ce sens-là peut se plaindre qu'elle est obligée de
supporter, en quelque sorte, un fardeau indu par rapport aux
municipalités environnantes. Elle pourrait dire qu'il faudrait que le
coût soit réparti sur l'ensemble des contribuables de la
région métropolitaine.
Mais, là encore, il ne faut pas se contenter de simples
Impressions pour voter un projet de loi qui aura des conséquences
fiscales et économiques sur les contribuables des villes environnantes,
il faut avoir des chiffres, il faut savoir quel sera le résultat de
cette action que l'on veut entreprendre au plan de la coordination ou de
l'Intégration des forces de police.
La même chose s'applique au domaine du transport, puisque la
commission de transport devient un organisme régional dépendant
de la communauté urbaine; la même chose s'applique à Terre
des hommes parce qu'évidemment Terre des hommes offre un problème
financier. Ce sera sans doute un parc régional dans la conception que
l'on s'en fera à la communauté urbaine. Serait-il dans l'ordre
que tout le monde supporte le coût que cela représente?
Mais, il faut discuter ces questions-là à leur
mérite et ne pas essayer de les passer sous la couverte aux
contribuables des petites municipalités. Je pense, par
conséquent, que nous avons droit et que les contribuables de
Montréal ont droit à une discussion très ferme,
très franche et très sincère, pour employer le langage du
ministre des Affaires municipales, pour en arriver à un accord
sincère, comme il dit encore, de tout le monde sur la formule
proposée.
Alors, ces arguments-là, l'Importance des pouvoirs
délégués à la future communauté urbaine, me
semblent militer en faveur d'une audition devant le comité
parlementaire.
Maintenant, il y a un autre aspect qui me semble lié à ce
que Je viens d'exprimer, mais qui milite également en faveur de
l'audition des parties, c'est l'importance prépondérante de la
ville de Montréal dans l'organisme qui est proposé par le
gouvernement. Actuellement, il n'y aurait, je pense, que les na'lfs ou les
ignorants pour ne pas voir que le rôle de la ville de Montréal
sera absolument prépondérant et déterminant. Encore
là, je ne discute pas du bien-fondé de l'opinion des
autorités de la ville de Montréal que cela devrait être la
situation. Mais, je demande, au moins, que l'on en discute. Je demande au moins
qu'on discute de la composition de l'exécutif et du conseil que l'on
créera et que l'on analyse l'importance des participants à cette
future communauté urbaine pour en arriver à un équilibre
qui représente la justice pour toutes les parties
intéressées.
M. le Président, je n'Insiste pas plus longtemps sur cet aspect
de mon argumentation, parce que j'y avais déjà fait
référence tout à l'heure en disant que l'exécutif,
qui aura un rôle majeur dans le projet du gouverne ment, sera
dominé par une majorité venant de la région de
Montréal et qu'il n'y a pas de pouvoirs de veto au niveau de
l'exécutif comme il peut y en avoir au niveau du conseil en vertu du
projet de loi.
Il y a finalement le fait que le projet de loi nous propose au fond un
régime à long terme pour la région métropolitaine.
J'ai souligné tout à l'heure qu'il s'agissait quand même
d'une région importante. Je n'ai pas besoin d'insister sur ça.
Mais, il est certain qu'en présentant ce projet de loi et en
créant cette institution de la communauté urbaine nous ne
légiférons pas pour six mois, un an, deux ans, cinq ans, nous
créons un régime gouvernemental.
Nous créons une administration permanente qui va fixer la
direction des affaires municipales, des affaires économiques, des
affaires fiscales dans la région de Montréal.
Par conséquent, nous demander de légiférer à
la légère sans avoir entendu les parties, c'est, en quelque
sorte, nous demander de faire un
acte de fol dans le ministre des Affaires municipales et le gouvernement
actuel, chose que nous refusons, M. le Président. Nous refusons non
seulement à cause du gouvernement, mais à cause de toute
l'atmosphère qui préside à la présentation de ce
projet de loi. On a l'impression que tout cela est « cloak-and-dagger
» comme on dit, et qu'il y a des choses là-dedans que nous ne
sommes pas censés comprendre, mais nous ne sommes pas satisfaits et nous
voulons comprendre. C'est pour cela que nous voulons que les maires et les
conseillers des municipalités soient entendus.
M. le Président, que dire du problème de
l'intégration du personnel des différentes municipalités?
Voilà un problème considérable quand on parle de la
coordination et de l'intégration des policiers. On sait que tous vivent
dans des régimes de conventions collectives différentes avec des
conditions de travail différentes. On sait très bien ce qui se
produira, ce sont toujours les meilleures conditions de travail qui
prévalent lorsqu'il y a une fusion ou une intégration. Je n'ai
pas nécessairement d'objection à cette
réalité-là. Cela comporte quand même un coût
économique qui devra être supporté par les contribuables.
Je veux dire que, par exemple, je ne vois pas les policiers de la ville
d'Outremont ou de la ville de Beaconsfield sacrifier leurs conditions de
travail parce qu'il y aurait une fusion. Alors, ils refuseront une
réduction des avantages qu'ils retirent de leur convention et, au
contraire, ce sont les policiers des autres villes qui exigeront des conditions
égales à celles de la ville d'Outremont ou de la ville de
Beaconsfield.
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse d'interrompre l'honorable
député d'Outremont, mais c'est mon devoir de lui signaler que le
temps qui lui était réservé est maintenant
expiré.
M. CHOQUETTE: M. le Président, si la Chambre me le permet, Je
termine en trois minutes. M. le Président, est-ce qu'il y a finalement
urgence à voter ce projet de loi et à ne pas aller en
comité? Il y a une urgence relative, dirais-je, mais il n'y a pas une
urgence absolue, il n'y a pas de cataclysme qui s'est produit à
Montréal ou qui menace de se produire dans un avenir immédiat.
Par conséquent, compte tenu de l'importance du projet de loi et du fait
qu'il aura une portée très considérable sur l'histoire de
la métropole du Canada et de toutes ses banlieues, il est absolument
impératif que l'on prenne le temps nécessaire à
l'étude du projet et que, par conséquent, le gouvernement envoie
le projet devant le comi- té des Affaires municipales pour y entendre
les parties intéressées.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourassa.
M. Georges-E. Tremblay
M. TREMBLAY (Bourassa): M. le Président, si J'interviens à
l'étape de cette motion, c'est sûrement pour appuyer la motion
proposée cet après-midi par le député de Chambly
à l'effet que ce bill soit renvoyé au comité parlementaire
des Affaires municipales.
M. le Président, c'est drôle qu'à la fin de chaque
session, nous avons toujours un cadeau. Cette année, notre cadeau de
Noël, c'est le bill 75 présenté par le député
de l'Assomption. Si c'était seulement les députés qui
avaient à accepter ce cadeau, je crois qu'on pourrait prendre cela assez
facilement, mais il s'agit de toute une population. Sans vouloir corriger le
député d'Outremont, j'ai fait une étude, hier, avec des
citoyens, et cela représente une population de 800,000 personnes avec 26
municipalités. Le cadeau qu'on nous fait c'est qu'on nous donne un bill
avec un regroupement, on peut appeler cela un regroupement, on peut appeler
cela une annexion à longue haleine, je ne sais, il y aurait beaucoup de
mots pour dire cela, le fameux bill 75 qui se lit: « Loi de la
communauté urbaine de Montréal ».
M. le Président, je vois très mal que le ministre aille
rencontrer les maires j'imagine qu'en coulisse il les a
rencontrés plusieurs fois mais par contre, dans les
municipalités il n'y a pas seulement les maires, il y a aussi les
échevins et les contribuables. Je crois que les échevins
j'en ai moi-même rencontré plusieurs et je sais que le
maire préside les assemblées, mais par contre les échevins
ont certainement des décisions à prendre et à faire face
à l'électorat de leur ville.
Qu'est-ce qu'on voit? Ce sont des rencontres de MM. les maires, mais MM.
les échevins, je crois que ce serait la première des choses, si
on veut référer ça à la commission parlementaire,
de donner aussi la chance aux représentants des villes de venir
s'expliquer à la commission et de donner leur version, ce qu'ils pensent
du fameux bill 75.
Avec ce bill, comme on peut le voir, je vols très mal de quelle
façon on peut faire fonctionner tout ce qu'il y a dans ce bill,
même avec trois ans ou quatre ans. Je le vois très mal. Quand on
prend les villes qui sont organisées, je comprends que certaines sont
peut-être moins organisées, disons que je vais parler pour la
ville
où je demeure, où j'ai certaines connaissances. Alors,
quand on prend les loisirs de ces villes-là, de quelle façon cela
va être intégré au sein de la communauté urbaine?
Dans notre cité, nous avons un budget de $400,000 pour les loisirs.
Est-ce que nos services vont être diminués ou vont-ils être
augmentés? On n'a aucune garantie dans ce bill.
Vous allez prendre les bibliothèques. On a une
bibliothèque dans la ville. Quelles sont les garanties que nous allons
avoir les mêmes services? On ne le dit pas dans le bill de M. le
député de L'Assomption. Le système de facturation. Quand
on dit système de facturation, cela veut dire la taxe d'eau, tous les
permis de construction, tout permis, c'est-à-dire taxes d'eau, taxes
fonctières, taxes scolaires, taxes spéciales. OÙ cela
va-t-il être centralisé? Par qui? De quelle façon? On ne
nous le dit pas. Combien ça va coûter? Est-ce qu'on va
économiser de l'argent? Le député de l'Assomption a
oublié de nous dire ça. Il ne veut même pas venir en
commission pour nous le dire, il veut passer ça vite. Je me demande qui
pousse derrière ça. Certainement quelqu'un de pesant.
La rénovation urbaine, la ville de Montréal-Nord a 80,000
de population. Nous sommes capables de négocier nos affaires.
Réseau routier de l'Ile de Montréal. Je veux parler encore de ma
ville. C'est clair, je la représente. Je suis ici pour ça. Le
boulevard Pie IX. Quand Montréal a construit le boulevard Pie IX, en
bas, Saint-Michel, dans le temps, et Montréal-Nord ont
accédé. Le réseau routier, le boulevard Henri-Bourassa,
Montréal l'a fait, Montréal-Nord l'a fait. Maintenant, c'est
Montréal qui ne l'a pas fait à l'est, rivière de Prairies.
Il va falloir pousser dessus, je crois que le député de
l'Assomption pourra le lui dire. Le boulevard Gouin, tous les boulevards qui
traversent notre ville, on a suivi les plans des autres villes. Ils ne sont pas
arrivés dans un entonnoir quand ils sont arrivés chez nous. Quand
on parle des villes urbaines, on pense toujours qu'on rentre dans un petit
village, dans la campagne. On ne rentre pas dans un entonnoir. On demeure dans
les mêmes règles que les autres villes. Le boulevard Lacordaire
à Montréal-Nord. La ville pale, pas avec les subventions du
gouvernement, la ville paie avec la ville de Saint-Léonard, on a
payé le tunnel qui a coûté près de $1 million et qui
est terminé, il y a deux semaines.
Comment faire fonctionner toutes ces choses-là? Comment faire
fonctionner les collets blancs, les collets bleus et réintégrer
ça? Si on enlève la facturation des villes, de quelle
façon on va réintégrer ça dans les villes? Vous
avez vu, on vient d'annexer Saint-Michel. Vous avez vu tout le brouhaha.
Combien de personnes ont été défavorisées avec
ça? Les travailleurs qui ont été
défavorisés. Ceux qui travaillent pour la ville. Ils ont
été réintégrés, il y avait un poste à
une place. Ils n'ont pas été capables d'accéder à
ce poste-là, par toute sorte de choses qu'il faut savoir, il y en a
peut-être qui avaient des postes, par habitude, non pas peut-être
par instruction, mais par habitude, ils faisaient leur travail avec les
années d'expérience. Ils n'ont pas été capables
d'accéder après. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On met beaucoup de
familles sur le pavé.
Les policiers maintenant. Qu'est-ce qui arrive des policiers? Le
député d'Outremont l'a cité, je ne resterai pas longtemps
là-dessus. Montréal-Nord a 90 policiers. Vous savez comme moi que
les policiers dans une ville, qu'on prenne les policiers de
Montréal-Nord et qu'on les envoie à Pointe-aux-Trembles. Comment
pensez-vous, s'il y a un vol dans une Industrie, que le policier, combien de
temps ça lui prend à connaître le secteur et savoir
oû aller, il se promène avant, et qu'est-ce qui arrive? Sur le
plan du feu, c'est la même chose. Ce sont les services standards qu'il
faut donner à une ville. Avec tous ces changements, qu'est-ce qui arrive
de nos gens? On ne leur donne même plus les services qu'ils
possédaient avant. Mais, est-ce que le député de
l'Assomption, le ministre excusez-moi, monsieur est-ce qu'il nous
dit quels services on va donner à ces gens-là? Il ne nous le dit
pas. Tout ce qu'il nous dit: C'est le bill et il faut que ça se fasse.
On pousse.
Maintenant, pour intégrer ces gens-là au plan de pension,
vous savez comme moi que ç'a été un problème
à Saint-Michel, c'est tout petit, il y a 26,000 habitants, de quelle
façon cela se fera-t-il? Ce n'est pas dit dans le bill. Je crois que le
ministre lui-même ne le sait pas parce que c'est assez difficile,
ça prend quelqu'un qui s'y entend assez bien et quelqu'un qui pourra
payer. Je reviendrai à ça plus loin.
Qui paiera, M. le Président? Le gouvernement du Québec
donne un montant de $22 millions en trois ans. Soit $4 par tête. On sait
qu'à Toronto, qui a la communauté urbaine, ç'a
coûté $7.50 par tête pour cette communauté, et le
gouvernement du Québec donnera $4 soit $22 millions pour la
Communauté urbaine. Alors, qui paiera? C'est simple, c'est le petit
propriétaire, le locataire, le petit salarié. Ce ne sera
certainement pas le député de l'Assomption, il ne demeure pas sur
l'île de Montréal. Ce pourra être le ministre de l'Industrie
et du Commerce, par exemple, lui, va en payer une petite part de ça.
Mais son voisin, lui, il est assis tranquille. Ce n'est pas avec des
piqûres contre la grippe
qu'on va guérir ça, c'est avec l'argent des contribuables
de la ville de Montréal.
Prenons l'aspect de la représentation. Toronto et les banlieues,
quand la loi a été passée, il y avait une
représentation de 12 personnes pour Toronto et de 12 personnes pour les
banlieues. Maintenant, d'après ce qu'on m'a rapporté hier, la
ville de Toronto a 12 représentants, et les villes de banlieue ont 20
représentants. Alors, ça ne se ressemble pas beaucoup. On n'a
certainement pas étudié les règlements de la banlieue de
Toronto. Ici, dans ce catalogue, j'appelle ça un catalogue,
ça ressemble à un catalogue de chez Eaton, un peu il n'y a
pas les mêmes règles qu'à Toronto. Toronto, dans un cas
semblable, peut certainement mieux subvenir à ses besoins que nous
pouvons le faire ici au Québec, surtout avec les années
difficiles que traverse la province.
Je crois que quelque chose a incité le ministre à nous
amener ce projet de loi-là. On dit: un rouleau à vapeur, mais moi
ça me fait penser à un coup de fusil; ça va plus vite
qu'un rouleau à vapeur. Il nous amène ce projet de loi-là,
juste avant les fêtes, comme cadeau. Peut-être que c'est
arrivé le 7 octobre parce que nous savons tous les problèmes
survenus à Montréal quand les policiers ont décidé
de quitter le travail le matin du 7 octobre.
M. le Président, si on fait l'intégration de tous les
policiers de l'île de Montréal, au moins le 7 octobre nous avions
les policiers de banlieue dont on a pu se servir, qui étaient sur les
lieux une heure après là où on en avait besoin. Nous
avions au moins ceux-là, ils ne faisaient pas partie de la même
association syndicale. La ville de Montréal a pu au moins utiliser les
policiers des villes de banlieue. Alors, je crois que si la ville de
Montréal a eu des problèmes qu'elle a pu régler le jour
même ou le lendemain, je ne crois pas que ce soit aux villes de banlieue
d'intervenir.
Maintenant, on dit que la ville de Montréal a payé pour
les villes de banlieue. Je reviens toujours au bill, c'est pour que vous
compreniez mon objection à envoyer ce bill aux parlementaires.
On a dit que les villes de banlieue ont été
favorisées par la ville de Montréal. Nous pourrions en discuter
pendant plusieurs jours. Je vais prendre l'exemple de la Place des Arts. A ce
moment-là, j'étais conseiller municipal de la municipalité
de Montréal-Nord, on a payé notre part pour la Place des Arts au
prorata de notre évaluation.
Lors de la construction du métro, durant la dernière
année que j'ai été conseiller municipal à
Montréal-Nord, nous avons payé un compte de $445,000, qui a
certainement augmenté cette année.
Quand la Commission des transports a eu des déficits, il n'y a
pas eu de discussion, on a envoyé le compte et nous l'avons payé;
les propriétaires de banlieue ont été taxés en
conséquence et ils ont payé.
En 1965, on a décidé d'augmenter l'eau de 50%. On a dit
l'eau vaut tant, et nous Pavons payée.
Sur le plan de l'urbanisme, je l'ai dit tout à l'heure, je pense
que les villes de l'île de Montréal suivent pas mal la
règle, c'est la même chose partout sur l'fle de
Montréal.
Je pense qu'aujourd'hui le public peut se choisir des
représentants; ils peuvent se renseigner et s'y connaître sur ces
domaines-là, avec tout le bagage qu'on peut avoir à un
hôtel de ville ou qu'un ministre possède. Ce qui me surprend du
ministre des Affaires municipales, avec tous les fonctionnaires qui l'entourent
et qui entourent les hommes politiques, c'est que ses fonctionnaires lui aient
proposé de présenter ce bill.
Il y a une chose dans le bill qui a attiré mon attention, je dois
vous l'avouer. Remarquez bien qu'il y en a peut-être d'autres, mais je
crois que sur ce point de l'évaluation, les mêmes normes devraient
exister sur toute l'île de Montréal. Je crois que cela devrait
être fait. Nous n'aurions pas eu besoin du bill 75. Le ministre aurait pu
adopter une loi et faire exercer une surveillance par le ministère des
Affaires municipales. Je crois que nous en serions venus à une entente
et que l'évaluation aurait été uniformisée.
Maintenant, le coût de la communauté urbaine sera
chargé, il y a les $22 millions que le ministre paiera au nom du
gouvernement, soit $8 millions, $8 millions, $6 millions pour trois ans. La
différence sera chargée aux municipalités au prorata de
l'évaluation des villes. Qui paiera? Ce sont les villes. Qui paiera tous
les salaires? D'ailleurs, vous le savez comme moi. Si J'interviens si fort
sur papier, on peut me dire beaucoup de choses, seulement, je m'informe
toujours à savoir qui paiera c'est pour savoir qui va payer. Qui
va payer? C'est le petit contribuable. Le gros, il peut payer.
Dans le bill 199 on voyait dans l'avant-projet du ministre, avant
qu'il change d'Idée $35,000 pour le président et $12,000
pour les autres membres du comité exécutif. Sur ce bill-ci, je ne
le sais pas. J'ai cherché, mais je n'ai pas trouvé quels salaires
seront payés. Ce ne sera sûrement pas moins, si cela avait
été moins, ç'aurait été marqué, parce
qu'il aurait été fier de dire; On sauve $10,000. Tous ces
membres-là, combien cela coûtera-t-il à la po-
pulation? C'est une des raisons pour lesquelles nous demandons au
ministre de bien vouloir retourner son bill à la commission
parlementaire.
Le ministre nous apporte ce bill. Depuis trois semaines, nous avons eu
le bill 63, sur lequel il y a eu beaucoup de discussions et aussi d'autres
bills, il sait fort bien que les députés n'ont pas eu le temps
d'intervenir et de rencontrer les citoyens de leur comté. Il nous
apporte ce bill afin de l'adopter sous pression, au rouleau à vapeur,
comme on dit. Je vois cela très mal, et je suis sûr que la
population ne peut pas accepter qu'un gouvernement adopte un projet de loi
aussi sérieux que le bill 75 sans avoir consulté la
population.
Hier, j'ai siégé avec un comité de citoyens de
Montréal-Nord. Il y avait un peu moins de 200 personnes, disons 180
personnes, qui y ont assisté. Je ne vous dirai pas tous les
détails qui ont été discutés. Si je peux avoir la
chance d'aller en commission, le ministre sera convaincu qu'il faut que les
gens soient plus au courant de ce bill. A l'article 5, hier après-midi,
une résolution a été proposée et secondée
par les citoyens de Montréal-Nord qui demandaient qu'un
référendum soit tenu dans toutes les municipalités pour
six mois, c'est-à-dire du 1er Janvier au 1er juillet. Que les
cités et villes tiennent des référendums afin de demander
d'expliquer à la population ce qu'il y a dans ce bill et que les gens
sachent pourquoi ils votent, que ce soit pour ou contre.
C'est une façon... Je crois que le gouvernement, en 1966, au
moment des élections, parlait de référendum assez souvent
et même après les élections; on parlait de
démocratie, je crois que feu l'ancien premier ministre M, Johnson avait
cette parole-là assez facile, la démocratie et les
référendums. En ce qui concerne le ministre, Je n'ai pas suivi
ses déclarations, il change tellement souvent de sujet et d'Idée
que, lorsque je le lis, je suis tout mélangé, parce que ce n'est
jamais la même chose. Il n'a pas tellement de suite.
Je ne peux pas savoir ce qu'il a dit, mais l'ancien premier ministre qui
a fait gagner l'Union Nationale aux dernières élections
était pour ça, les référendums. A cet article, j'ai
vu qu'il demandait un référendum, alors je fais la suggestion. Le
ministre peut prendre la suggestion, il peut dormir là-dessus ce soir
avec tout son poids, il pourra peser ça au fond, avoir un bon poids sur
la pensée, alors...
UNE VOIX: Cela se compare pas mal, c'est assez égal.
M. TREMBLAY (Bourassa); Alors, M. le Président, c'est clair que
Je demande comme tous ceux de ce côté-ci de la Chambre que ce bill
soit déféré à la commission parlementaire pour que
tous les gens, les unions ouvrières ou tous ceux qui auront quelque
chose à dire, les échevlns, les maires, aient la chance de venir
s'expliquer et de dire ce qu'ils pensent. Encore là, M. le ministre
pourra peser ça.
La dernière raison que Je peux vous donner, c'est que, quand on
voit l'annexion qui a été faite à Laval, qui a
été faite en pleine figure, qui est arrivée au monde, ils
ont tenu des référendums, mais par contre ils ont
décidé que c'était pour le bien de l'île
Jésus. Quand je vois aujourd'hui le bill 75 que le gouvernement nous
présente, bien, M. le Président, je vais être obligé
de vous le dire sincèrement, c'est un bill hypocrite, c'est une
façon hypocrite de passer l'annexion. Soyons donc assez forts, car on ne
peut pas passer à côté, quand le gouvernement dit; On va
vous donner ce bill-là, et ce bill-là, il n'y a jamais un
président de comité avec ses hommes qui va pouvoir
l'exécuter, parce que les conseils de ville vont être encore
là et ça va être la chicane. Le gouvernement va dire
à ce moment-là; Vous ne pouvez pas vous arranger; bien, nous,
nous allons vous arranger, et c'est ça, l'annexion.
Alors, il ne faut pas s'en cacher, c'est clair et pur, mais j'aimerais,
s'il peut me prouver que l'annexion, c'est bon pour tous les citoyens de la
ville de Montréal, à ce moment-là, s'il me le prouve, je
serai le premier à voter pour ça. C'est là-dessus que je
termine. Maintenant, je demande encore une fois que MM. les ministres le
leader parlementaire a certainement quelque chose à dire
là-dedans Je vous demande de bien vouloir renvoyer ce bill
à la commission parlementaire.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Montmorency.
M. Gaston Tremblay
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, le bill 75 marque le
début d'une révolution dans nos structures municipales ici au
Québec. Et je vois là un bill très important auquel il
faudra porter beaucoup d'attention.
C'est pour cette raison que je me lève en cette circonstance pour
appuyer la motion qui a été faite en vue de reporter ce bill
à la commission parlementaire des Affaires municipales. Lorsque l'on
fait l'analyse de ce bill, lorsqu'on en analyse le contenu, lorsque l'on voit
la constitution de cette communauté urbaine que l'on veut créer,
l'on pense, en fait, au gigantisme
auquel se réfèrent souvent nos populations, à ces
superorganisations qui centralisent à l'extrême, qui
éloignent le citoyen de l'autorité, qui l'éloignent des
sources de décision et qui l'empêchent de participer pleinement I
cette vie démocratique dont on parle tant et dont on veut tant ici au
Québec. En regardant ce bill 75, surtout en ce qui concerne le
comité exécutif, je me dis, en définitive, que tous les
pouvoirs seront entre les mains de la principale ville de l'île de
Montréal, soit Montréal.
C'est Montréal qui contrôlera cette communauté
urbaine, et cela pratiquement sans aucune erreur possible. Au comité
exécutif, sept membres de la ville de Montréal sur douze
représenteront la ville de Montréal et auront aussi tous les
pouvoirs de décision. Pour ce qui est du conseil de la communauté
urbaine, sa composition même nous démontre aussi la
prédominance de la ville de Montréal, 53
délégués sur 81. Alors, Je comprends bien les maires de la
banlieue de Montréal qui eux aussi sont mandatés par le peuple,
qui représentent des populations, qui elles aussi vivent sur l'île
de Montréal, qui elles aussi ont leur mot à dire
démocratiquement, qui exigent que leur maire et leur conseil municipal
prennent position.
Je pense que nous devrions accorder aux représentants élus
et mandatés des différentes municipalités de la banlieue
de Montréal cette possibilité de faire entendre leur
argumentation. Je crois que ces maires et ces conseillers pourront apporter un
élément positif dans le perfectionnement de la présente
loi. Cette loi est sûrement un pas en avant dans le changement de
structures. Cependant, il faut bien faire attention à ne pas aller trop
vite. En effet, en créant de ces superorganisations, en centralisant
à l'extrême, on crée parfois beaucoup plus de
problèmes qu'on n'en résoud. Presque toujours, lorsque toutes les
étapes ne sont pas définitivement arrêtées, cela
crée de la confusion que le peuple ne comprend pas et que les
représentants du peuple eux-mêmes ne peuvent expliquer.
Cette Communauté urbaine de Montréal a, tout de
même, besoin d'être, sinon repensée, tout au moins,
réétudiée sous ses divers aspects. On peut admettre que la
communauté, sous beaucoup d'aspects, apportera des innovations dans
l'administration municipale, qu'elle favorisera et simplifiera l'administration
à certains égards. Mais, sous d'autres aspects, chacune de ces
municipalités de banlieue, qui ont déjà, depuis de
nombreuses années, depuis des décades, une administration qui
leur est propre, qui ont déjà des structures établies qui
répondent déjà aux besoins de leurs résidents et de
leurs contribuables, a beaucoup à offrir à l'île de Mont-
réal même et à l'ensemble communautaire que nous allons
créer. Je pense que nous devons tenir compte de leurs
recommandations.
On cite ici, en ce qui concerne les compétences de la
communauté, l'évaluation, par exemple. Je ne crois pas qu'il y
ait tellement de municipalités ou de représentants municipaux qui
s'opposent, en fait, à une évaluation qui soit normalisée
pour toutes les municipalités de l'Ûe de Montréal et
même dans la province. Le traitement des données, c'est encore un
impératif de nos administrations modernes qui est accepté par
tous. En ce qui concerne la pollution de l'air, les municipalités se
sentent peut-être dépassées en ce domaine. Est-ce que c'est
réellement le rôle d'une municipalité, si grande soit-elle,
telle Montréal ou si c'est un problème à l'échelle
nationale ou à l'échelle provinciale? Il y a sûrement,
avant de s'engager dans des frais considérables en vue de
prévenir et de combattre cette pollution de l'air, lieu de faire une
analyse assez sérieuse des responsabilités des gouvernements
supérieurs sur cette question.
En ce qui concerne les autres aspects de la compétence de la
communauté, que ce soit au point de vue des aqueducs, des
égoûts, de la pollution des eaux, de la disposition des ordures
ménagères, on voit que chacune des municipalités de
l'île de Montréal est bien organisée, lorsque l'on fait
l'étude de ses services. J'ai ici l'analyse budgétaire des
municipalités du Québec, pour l'année 1969-1970. Je me
rends compte que la majorité de ces petites municipalités de
banlieue, de ces moyennes municipalités de banlieue et de ces grandes
municipalités de banlieue a des administrations qui sont en
général beaucoup plus économiques que la grande
municipalité de Montréal.
Par exemple, je vois ici que Montréal dépense per capita
$210.37. On dit souvent: Les services donnés par Montréal sont
beaucoup plus efficaces et beaucoup meilleurs. Certes, peut-être, sous
certains aspects, oui, mais il y a d'autres municipalités qui, elles,
sont aussi bien organisées. On parlait tout à l'heure de la ville
de Laval. A Laval, ça coûte, per capita, pour administrer cette
municipalité, $149.59 par tête. Vous avez Montréal-Nord,
sixième poste, $122. On se rend compte, en fait, que ces
municipalités offrent aussi d'excellents services à leurs
concitoyens, à leurs électeurs, à leurs contribuables. Il
n'est pas toujours bon de créer des superorganismes et de créer
le gigantisme. Il faut y penser deux fois. Les maires de ces
municipalités peuvent nous donner des solutions auxquelles nous n'avons
peut-être pas pensé dans la rédaction de cette loi.
On a parlé beaucoup du coût. Vous savez que
le contribuable du Québec, actuellement, que ce soit sur l'Ile de
Montréal ou ailleurs dans le Québec, est saturé de taxes,
que ce soit au point de vue municipal, que ce soit au point de vue scolaire,
que ce soit au point de vue provincial, etc., que ce soit taxes directes ou
indirectes, le contribuable est saturé. Celui qui est le plus
écrasé par ces taxes, je pense, est surtout le
propriétaire de maison unifamiliale qui a très souvent à
ses charges une famille relativement nombreuse. Alors, ce père de
famille, ce petit propriétaire, qui n'a pas de revenu, a à
supporter, lui, seul, toutes ces augmentations de taxes foncières, et
elles sont nombreuses. Toutes les municipalités du Québec en
arrivent à des hausses de taxes causées par l'inflation,
causées, en fait, par la hausse du coût des services.
Je pense bien qu'avant d'élaborer et de mettre en application une
telle loi, il faudra établir des étapes, il faudra le faire sur
plusieurs années. Il faudra réfléchir sérieusement
à ces délais que nous devrons établir. On parlait tout
à l'heure de rénovation urbaine, on parlait d'épuration
des eaux, on par lait d'aménagements de réseaux routiers, etc. De
toute façon, ça va demander des millions, des centaines de
dollars per capita de taxes nouvelles. Est-ce que notre population est capable?
Est-ce que les hausses de revenus de ces citoyens, de ces contribuables,
peuvent suffire en fait à ces hausses de taxes? Il faudra y penser. Si
cela correspond à un essor économique dans la province et dans la
région de Montréal, soit. Les citoyens, habituellement,
n'hésitent pas à payer leurs taxes lorsqu'ils ont les revenus
suffisants.
Il faut penser aux disparités qui peuvent exister aussi sur
l'île de Montréal comme elles existent ici, partout au
Québec. Certaines municipalités, on l'a dit tout à
l'heure, sont plus riches, font plus de dépenses que d'autres
municipalités où les disparités, tant sociologiques
qu'économiques, sont grandes, il y a des municipalités où
le revenu moyen peut être de $6,000 par année, par exemple, du
salarié. Dans d'autres municipalités, il peut être de
$10,000 ou $12,000 ou $15,000. Ces gens-là peuvent payer des taxes,
peuvent faire face, enfin, aux conditions nouvelles créées par un
nouveau palier de gouvernement sur l'Ile de Montréal. Ils pourront
facilement dire, tout en espérant une plus grande efficacité de
services: Eh bien, nous acceptons ce gouvernement supramunicipal; enfin, nous
sommes indifférents, parce que nous sommes capables de payer. Mais je
pense surtout à ce petit contribuable: lui, il s'inquiète, il se
dit: Est-ce que nos gouvernants, est-ce que nos parlementaires, est-ce que nos
dirigeants vont penser à nous? Est-ce qu'ils vont élaborer une
politique qui soit à la mesure de nos capacités de payer? Je
pense bien que c'est là une de nos responsabilités, à
nous, ici, parlementaires, d'y penser aussi, de penser au porte-monnaie de ces
petites gens, penser au porte-monnaie de ces pères de famille.
M. le Président, sans vouloir m'étendre sur cet amendement
que l'Opposition officielle a présenté et que j'accepte et que
J'appuie, je voudrais aussi, peut-être, en ce qui concerne lés
autorités municipales... Vous savez, on interprète assez souvent
l'attitude des autorités municipales, et on le fait parfois d'une
façon assez radicale et assez catégorique sans aller au fond des
choses. On dit: Ah! ce sont des gens qui ont l'esprit de clocher! Ce sont des
gens qui ne veulent pas évoluer! Ce sont des gens qui vivent dans un
petit milieu, dans un petit contexte restreint! Ce n'est pas toujours ça
et ce n'est pas ça. Ces maires des municipalités de banlieue, que
ce soit de la banlieue de Montréal ou ailleurs, ici, à
Québec, ils ont des responsabilités vis-à-vis de leurs
contribuables. Ils sont très près du contribuable. Ils doivent
tenir compte de leurs dires. Ils doivent tenir compte de leurs recommandations.
Ils sont plus près des malaises. Ils peuvent plus facilement comprendre
des situations qu'à des paliers supérieurs on ne voit pas
toujours. Cela les rend prudents dans l'acceptation d'innovations. Cela les
rend très prudents. Je pense que c'est leur devoir que de l'être
parce qu'ils ont à protéger les intérêts de ceux qui
les ont élus.
M. le Président, on a parlé aussi de la protection
publique.
Le corps de police de la ville de Montréal est un des meilleurs
au Canada, d'accord. Tout de même, les autres municipalités ont
aussi leur système de protection publique. Leur système est sans
doute aussi bon, mais peut-être à un coût moindre. Alors, je
pense bien qu'il faudra tenir compte de ces disparités qu'il peut y
avoir dans l'administration de chacune de ces municipalités.
Il faut le dire et il faut l'avouer: Il y a des municipalités de
banlieue qui s'administrent à un coût beaucoup moindre que les
grandes municipalités, il faut dire qu'elles y voient de plus
près, parce que les autorités, les maires et les conseillers sont
beaucoup plus près de leurs subalternes, de leurs officiers et de la
population. Alors, ces municipalités-là réussissent
parfois à boucler leur budget et à maintenir à un strict
minimum les dépenses per capita, les dépenses globables. Ces
municipalités-là
seront englobées dans un grand tout où, enfin, tous et
chacun deviendront de célèbres anonymes c'est une
façon de parler et n'auront plus à intervenir. Vous savez
que c'est assez difficile pour un citoyen qui se sent lésé ou,
tout au moins, qui se sent victime d'injustice de recontrer M. le maire Drapeau
de Montréal ou M. le maire d'une très grande municipalité.
Dans une municipalité de dimension réduite, de 25,000 ou 50,000
habitants, le citoyen peut facilement avoir accès à ces
administrateurs. Il peut leur parler, il peut avoir un contact avec eux.
Je ne pense pas que cela soit le cas dans ces superorganisations, dans
ces organisations qui peuvent facilement devenir des monstres administratifs et
des tours de Babel. Il est très facile de mettre sur pied des
structures; c'est parfois très impressionnant et cela parait toujours
bien au premier abord. Mais lorsqu'on regarde en arrière, deux ou trois
ans plus tard, on se rend compte que c'est la pagaille, très souvent, la
confusion et, en définitive, l'inefficacité. On l'a vu; on a
déjà eu certaines expériences dans ce domaine.
Alors, l'appréciation que pourront nous donner ces maires des
municipalités de banlieue de Montréal, j'y crois, M. le
Président. Je sais qu'elle sera positive. Je sais aussi qu'ils sauront
peut-être apporter des éléments nouveaux. Je ne me leurre
pas en le disant; Je trouve cette loi beaucoup plus draconienne que le bill 76,
ici à Québec. Nécessairement, sous certains aspects,
j'accepte beaucoup mieux le bill 76 que le document sesslonnel 200, mais, en
lisant le bill 75, je me suis rendu compte qu'on avait peut-être
ménagé très peu les municipalités de banlieue de
Montréal.
Le conseil exécutif a beaucoup trop de pouvoir. En fait, ce
pouvoir est concentré entre les mains des dirigeants de Montréal
même. Le conseil lui-même, par le bill 75, contrairement à
celui de Québec, a très peu de pouvoir; ce pouvoir réside
encore entre les mains des représentants de Montréal. On a
parlé du droit de veto. Savez-vous que le droit de veto du tiers des
représentants, je n'y crois pas beaucoup, étant donné la
représentation qui est très majoritaire, en fait, pour
Montréal.
M. le Présdent, si ce bill 75 a pour effet de réduire le
gaspillage, s'il a aussi pour effet de réduire l'empirisme sur certaines
questions municipales, s'il peut faire disparaître l'asphyxie qu'on
prétend exister dans certaines banlieues, soit, mais est-ce que cela
sera réellement le cas? On a parlé de solidarité
financière et des ressources. Je sais qu'il y a des municipalités
qui sont actuellement en ex- cellente situation financière. Elles
peuvent emprunter, peut-être, à des taux inférieurs
à ceux des plus grandes municipalités qui ne savent plus
actuellement où se jeter pour se procurer l'argent nécessaire
à leur immobilisation et à leur capitalisation.
On veut améliorer la situation financière de ces
très grandes municipalités qui, il faut le dire, en certaines
circonstances, ont agi de façon extravagante. Est-ce justice, en
définitive, de faire régler à l'avenir ces extravagances
passées par des municipalités de banlieue? C'est une question que
je me pose, il y a aussi une question de justice sociale, à ce
moment-là.
Maintenant, on a parlé de dilution et d'affaiblissement des
responsabilités collectives. M. le Président, c'est dans les
municipalités moyennes et dans les petites municipalités qu'on
les retrouve ces responsabilités collectives. Elles ne sont pas
diluées; elles sont entières. La participation des citoyens,
lorsque les conseils municipaux savent répondre à leurs
concitoyens, est intégrale. On l'a et on le sent dans ces
municipalités moyennes.
Dans les grandes municipalités, dans les grands organismes, elles
n'existent pas, et il faut le dire. Cette participation démocratique
peut être représentée par certains corps
intermédiaires, mais je n'y crois pas tellement à cette
représentation démocratique par l'entremise des corps
intermédiaires, encore une fois, parce que, bien souvent, en
définitive, ces corps intermédiaires vont se baser sur des
rapports donnés par des experts, des penseurs. Or, lorsqu'on fait la
lecture de ces rapports de penseurs, d'experts, d'analystes de toute sorte, on
se rend compte que, bien souvent, leurs conclusions se contredisent. Pour citer
seulement un exemple dans la région de Québec, je regardais
l'autre jour cette pile de documents impressionnants que nous avons sur le
Québec métropolitain depuis une douzaine d'années, et je
vous avoue que j'avais deux piles de documents d'à peu près trois
pieds de hauteur correspondant à ces études. Je vous avouerai
qu'à mon grand scandale, j'ai trouvé plusieurs rapports dont les
expertises se contredisaient. C'est pour ça qu'il faut en revenir enfin
à la consultation auprès de ceux qui vivent réellement les
problèmes. Les maires des municipalités les vivent, ces
problèmes; les maires des municipalités de banlieues de
Montréal, ils les vivent, ces problèmes; ils connaissent
réellement ce qui peut accrocher dans l'administration, quelle qu'elle
soit.
Je pense que j'ai déjà été suffisamment
long. J'endosse et j'appuie cette motion, et j'espère que le
gouvernement se rendra en définitive aux
demandes des maires des municipalités de banlieues de
Montréal et de l'Opposition.
M. LE PRESIDENT (M. Fréchette): L'honorable député
de Westmount.
M. J.-Richard Hyde
M. HYDE: M. le Président, j'ai l'intention de parler de la motion
d'amendement qui est devant la Chambre. Je crois et j'espère que vous
n'allez pas m'accuser d'avoir, dans le passé, trop pris le temps de
cette Chambre en discutant différents projets de loi. Sur la motion
même de deuxième lecture, j'aurais très probablement
décidé de ne pas parler, parce que, comme cela a
été dit plusieurs fois, depuis le commencement de ce
débat, c'est mon impression que tout le monde est d'accord sur le
principe de base de ce bill 75, c'est-à-dire qu'il faut trouver une
solution au problème qui existe depuis déjà trop longtemps
sur l'île de Montréal.
Mais quand on r éfléchit simplement pour quelques minutes
à la suggestion faite par le député de Chambly, à
sa motion qui demande même qu'on suspende notre règlement, pour
écouter les personnes intéressées à ce bill
même avant qu'il reçoive sa deuxième lecture devant cette
Chambre, je ne vois pas comment le ministre et le gouvernement pourraient
s'obstiner à ne pas accepter cette suggestion et refuser de
démontrer leur bonne volonté, même leur plaisir, à
recevoir non seulement les maires et les administrateurs des différentes
municipalités de l'île de Montréal, mais tous les corps
intermédiaires, chambres de commerce, le Board of Trade, tous les gens,
même les associations d'employés concernés, qui sont
inquiétés par certains aspects du bill.
Je ne comprends pas pourquoi le gouvernement a décidé,
à ce stade de nos procédures des travaux de la Chambre, d'amener
ce bill avec une exception tellement grave à la règle qui a
été acceptée dans tout autre cas d'un bill semblable,
certainement depuis que je suis député ici.
Cet après-midi, le député de Chambly a
mentionné, M. le Président, deux projets de loi qui ont
été étudiés en comité durant le temps de M.
Duplessis, celui précisément qui a constitué l'actuelle
Corporation du Montréal métropolitain. Cet organisme, qui a
été créé après une longue étude
devant le comité des bills privés en 1957 ou 1958 je n'ai
pas la date exacte, mais c'est vers ce temps-là et même
après toutes les études qui ont été faites par le
comité, avec tous les espoirs qu'on avait de part et d'autre, du
gouvernement, de l'Opposition, de Montréal, même et des villes de
la banlieue dans le temps, tous ces espoirs se sont avérés, je
dirais inutiles; on n'a pas réussi à régler tous les
problèmes. Même avec tous les amendements qui ont
été apportés à cette loi depuis 1957 ou 1958, on
n'a pas été capable de trouver la solution à la
communauté urbaine de Montréal.
Mais, parlons du présent, le système de renvoyer des bills
devant des commissions de la Chambre pour étude avant l'adoption ou en
deuxième lecture ou en troisième lecture. Prenons le cas
même du bill 63, où on a fait toute une bataille sur la même
motion, qui a été renvoyée, dans le cas du bill 63, mais
pour la très bonne raison que les séances d'étude avaient
été faites il y a quelques mois, au début de
l'année, pour le bill 85. Je crois que tout le monde admet que tout ce
que nous pourrions avoir à dire sur ce bill-là a
été dit devant la commission de la Chambre; dans le cas du bill
63, il n'y avait pas de bonne raison d'insister pour recommencer les
études devant une commission de la Chambre.
Prenons le cas du bill 10, concernant les régimes matrimoniaux,
la société d'acquêts. Imaginez-vous, si on avait
été obligé d'étudier un bill comme celui-là
devant la Chambre et devant un comité plénier de la Chambre, on
n'aurait jamais été capable d'amener un bill aussi, je ne dirai
pas parfait, parce qu'on ne produira jamais un bill parfait, mais au moins un
bill qui pourra satisfaire la grande majorité de la population.
C'était la même chose pour le bill 26, la Loi de l'aide
sociale, On a épargné du temps à la Chambre, on a
peut-être passé des heures et des heures devant la commission
spéciale pour entendre les personnes qui ont une connaissance de
l'affaire, ça nous a aidé à arriver à la bonne
solution de ces problèmes en Chambre.
Soudainement, on décide qu'avec le bill 75 il n'est pas.
nécessaire d'écouter les personnes intéressées. Je
crois que je devrais faire un autre appel au ministre. Je lui suggère
qu'au lieu de passer 3, 4 ou 5 jours ou même des semaines en Chambre pour
discuter des questions de procédure et de la manière dont on
devrait étudier le bill, on devrait accepter immédiatement
d'envoyer le bill devant la commission, même en lui fixant une limite,
quatre, cinq jours ou une semaine pour étude. Je crois que tout le monde
serait consentant et accepterait une certaine limite de temps pourvu qu'elle
soit raisonnable.
Comme le disait le chef de l'Opposition, dans son intervention sur la
suggestion du leader du gouvernement il y a quelque temps, qu'un bill
semblable qui contient environ 370 articles et dont une bonne
partie d'entre eux sont de nature tellement technique qu'ils vont demander
toutes sortes d'explications et de chiffres de la part du ministre soit
discuté en comité plénier, je crois que cela
démontre un manque de réalisme pour le moins.
Même si la commission n'avait pas d'autres résultats,
même si on convoquait la commission des Affaires municipales, la
commission des bills publics et des bills privés ou n'importe quelle
commission de la Chambre, et qu'on convoquait les personnes
intéressées, même si elles venaient, et même si on ne
faisait pas de changements majeurs dans le bill, au moins le ministre aurait la
satisfaction, après, d'avoir donné à ces personnes et
à ces organismes la chance de dire qu'au moins ils ont eu leur «
day in court », comme on dit en anglais.
Même aujourd'hui, Je comprends que le ministre a
déjà accepté d'apporter certains amendements. Je dois
comprendre, d'après les journaux, qu'il a déjà
rencontré certains organismes représentant les employés
municipaux de la ville de Montréal et que le ministre a
déjà accepté d'apporter certains amendements même
avant que le bill ne soit présenté en deuxième lecture. Je
crois que cela a toujours été l'habitude en cette Chambre suivant
laquelle si le ministre a des amendements qu'il a l'intention d'apporter au
bill, il devrait profiter de l'occasion pour nous en fournir le texte
aussitôt que possible pour qu'au moins, même si nous n'allons pas
devant une commission de la Chambre, l'Opposition ait le temps de les
étudier.
C'est vrai, comme le disait le ministre, que nous, de l'Opposition,
avons souvent critiqué le gouvernement pour son manque d'action.
Le ministre dit que le temps du verbiage est maintenant terminé
et que c'est le temps de passer à l'action. Je crois, M. le
Président, qu'il a mal choisi le bill et le sujet pour passer à
une telle action. Si je voulais sortir un peu du règlement et de la
discussion devant la Chambre, je pourrais bien suggérer à M. le
ministre et aux membres du gouvernement plusieurs domaines dans lesquels ils
pourraient très rapidement et très efficacement, pour le bonheur
de la province, passer à l'action, mais je ne crois pas que ce serait
dans l'ordre à ce moment-ci.
Tout ce que je voudrais suggérer au ministre, en
référant à ses propos concernant le temps de passer
à l'action, c'est que ce n'est pas en passant à l'action qu'on
devrait enlever les droits des gens affectés par le bill qui est devant
la Chambre. Il y a tellement d'aspects à ce bill, M. le
Président; il y a des aspects qui soulèvent la question de
« no taxation without representation », mais on pourrait au moins
suggérer, qu'avant de procéder à l'étude de tels
principes devant la Chambre on donne une chance aux intéressés de
se faire entendre et de faire leurs représentations devant une com
mission de la Chambre.
Je regrette infiniment l'absence, pour des raisons très valables,
du premier ministre aujourd'hui. J'avais peut-être la fausse impression,
mais personnellement, j'avais l'impression jeudi dernier, quand
le chef de l'Opposition avait posé la question de façon
très précise au premier ministre sur cette question de
référence du bill 75 devant une commission de la Chambre,
j'avais, dis-je, à ce moment l'impression très nette que le
premier ministre lui-même était très sympathique à
cette suggestion. Il nous a quittés un peu en laissant l'impression
qu'il était pour voir le ministre des Affaires municipales pour essayer
de convaincre son collègue du cabinet du bien-fondé de la
suggestion du chef de l'Opposition dans le temps. Je ne voudrais pas reprendre
tous les propos du ministre qui ont été cités par le
député d'Outremont, mais, le 11 juin, M. le Président,
quand le ministre a déposé devant la Chambre le document de
travail, le projet de loi no 199, il a dit lui-même, et je le cite en bas
de la page 2,700 et en haut de la page 2,701; « M. Lussier: Puis-je
déposer le document » et ainsi de suite. « D'autres copies
seront imprimées d'ici quelques jours pour être distribuées
aux membres de la Chambre et à tous les intéressés
», le ministre a continué: « La commission des Affaires
municipales est à la disposition de l'Assemblée nationale, elle
siégera... » Il n'a pas dit, à ce moment-là que la
commission des Affaires municipales pourrait siéger.
Il a dit: Elle siégera et entendra des intéressés,
et nous nous entendrons avec les membres de l'Opposition pour fixer des dates.
Alors, il n'était pas question de « peut-être » ou de
« probablement »; c'était définitif à ce
moment-là que le comité siégerait et qu'il entendrait les
intéressés sur le projet de loi.
Je ne voudrais pas reprendre tous les propos du ministre depuis ce
moment, les revirements, les pirouettes dont a parlé le
député de Chambly cet après-midi, mais je trouve que c'est
très difficile de comprendre l'attitude du ministre aujourd'hui
après toutes ses déclarations lorsqu'il dit qu'il ne pourrait pas
accepter la suggestion de convoquer les personnes intéressées
pour faire valoir leur point de vue sur le projet de loi 75. On a
déjà fait des séances publiques pour le bill de la
Com-
munauté urbaine de Québec, on a eu des séances
publiques pour le projet de loi de Hull; le seul sur lequel on n'a pas fait des
séances publiques, c'est celui de Montréal, celui que l'on
étudie actuellement. Devant les demandes que l'on entend partout dans la
province, la Presse du 1er décembre, à l'exemple du bill 62, je
ne voudrais pas reprendre tout ce qui a été dit là-dessus,
mais il est évident que bien des principes concernant le regroupement,
la réorganisation prévue par le bill 62, une autre loi qui a
été référée à une commission de la
Chambre pour que les gens puissent venir s'exprimer et améliorer le
texte de loi. A l'exemple du bill 62, la banlieue veut témoigner devant
la commission parlementaire. C'était le journal La Presse du 1er
décembre; au 4 décembre, la banlieue ne s'est pas
contentée de témoigner, « la banlieue part en guerre contre
certaines dispositions du projet de loi ».
Le député d'Outremont a déjà cité des
extraits des éditoriaux de la Gazette et du Montreal Star; je n'ai pas
l'intention de les lire, mais j'espère que le ministre va étudier
soigneusement l'éditorial qui a paru, entre autres, dans le Montreal
Star, le vendredi 5 décembre, qui, je crois, donne dans quelques
paragraphes toutes les raisons pour lesquelles il devrait accepter la motion
faite par le député de Chambly. Comme exemple des informations
que cette commission de la Chambre pourrait ou devrait recevoir, je me
réfère simplement au rapport de la commission Blier
malheureusement, j'ai seulement le texte anglais en main le rapport qui
a été présenté en décembre 1964. Pour vous
donner une idée des matières dont on aurait besoin devant une
commission ou devant..., ça pourrait être amené devant la
Chambre, mais vous pouvez vous-même, M. le Président, imaginer la
difficulté qu'on pourrait avoir à discuter et à traiter de
ces sortes d'informations devant un comité plénier de la
Chambre.
Je prends simplement le tableau des appendices, reproduit dans le
rapport Blier.
Premièrement, « percentage of the net debt as compared with
the standardized taxable valuation and per capita debt »,
c'est-à-dire, M. le Président, toutes les comparaisons des dettes
des municipalités. Il faut se rappeler qu'on ne peut pas simplement
prendre le rapport Blier et l'appliquer à la situation qui existe
aujourd'hui, parce que le rapport est daté de 1964 et que les derniers
chiffres là-dedans sont de 1963, au plus tard.
Deuxièmement, « net debt per capita, excluding the portion
of the debt payable by companies. »
Troisièmement, « Theoretical period for total redemption of
the debt. »
Voilà des informations, M. le Président, dont la Chambre
ou le comité plénler de la Chambre, suivant l'argumentation du
ministre, auraient besoin pour porter un jugement sur le bien-fondé de
certains des articles de la loi. Ce sont ces chiffres-là qu'on pourra
avoir devant une commission de la Chambre, beaucoup plus facilement qu'en
comité plénier ou devant la Chambre elle-même.
Alors, il y a toute une liste d'informations techniques dont on aurait
besoin pour se former un jugement sur le bien-fondé de plusieurs des
articles de la loi. On ne pourra jamais y arriver de manière
satisfaisante devant la Chambre elle-même ou, même, je le soumets,
devant le comité plénier de la Chambre. Pour toutes ces raisons,
M. le Président, j'espère que le ministre va accepter notre
suggestion, de bonne grâce, et se rendre au désir unanime des
maires des différentes municipalités et de plusieurs corps
intermédiaires qui ont exprimé le désir de venir devant la
commission afin d'exprimer leurs points de vue sur certains articles du bill.
Même si ce n'était que pour trois ou quatre Jours, peut-être
pour une semaine on pourrait peut-être même étudier
en Chambre d'autres projets de loi ce ne sera pas une perte de temps
pour la Chambre et cela donnera satisfaction à tous ces gens qui sont
tellement intéressés à ce que la Communauté urbaine
de Montréal, le jour où la loi sera adoptée, soit un plein
succès. Merci, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. William Tetley
M. TETLEY: M. le Président, je me lève afin d'appuyer la
motion de l'honorable député de Chambly. Pardon?
M. LESAGE: Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâce me le permettrait? M. le Président, ce n'est
pas tellement un point de règlement, mais c'est au sujet des affaires de
la Chambre. Est-ce que le ministre a bien saisi la suggestion qui a
été faite par le député de Westmount à
l'effet que, s'il avait des amendements de prêts...
M. LUSSIER: Oui.
M. LESAGE: ... il ferait bien de les déposer ce soir? Cela
pourrait peut-être réussir à raccourcir certaines parties
des débats.
M. LUSSIER: Je vais vérifier.
M. LESAGE: Si le ministre peut le faire avant onze heures, tant
mieux.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. J'attends avec impatience les
amendements de l'honorable ministre des Affaires municipales.
M. THEORET: On va être patient!
M. TETLEY: J'espère qu'il va aussi accepter notre suggestion, la
suggestion et la motion de l'honorable député de Chambly,
appuyé par le député de Robert-Baldwin, à l'effet
que le bill 75 soit renvoyé à la commission des Affaires
municipales.
M. le Président, en appuyant la motion de renvoi ou
d»étude, en même temps je voudrais dire que j'approuve le
grand principe du bill 75. Je ne veux pas de grand délai, je veux une
étude profonde, mais pas de délai. Le comté de
Notre-Dame-de-Grâce se trouve entièrement dans la ville de
Montréal et, c'est clair, entièrement sur l'île de
Montréal. Donc, les électeurs de Notre-Dame-de-Grâce n'ont
qu'une seule loyauté, c'est envers la ville de Montréal, mais ils
ont aussi un grand intérêt à savoir si c'est pour leur bien
de devenir membres de la Communauté urbaine de Montréal. Mon
devoir, ce n'est pas de protéger la banlieue, de parler pour la
banlieue, ni de parler pour les élus de Montréal, mais de parler
pour les électeurs de Notre-Dame-de-Grâce. Est-ce que ce
bill-là va aider les électeurs de Notre-Dame-de-Grâce?
M. le Président, il faut, sur l'île de Montréal, des
taxes égales, un partage juste des pouvoirs, mais quand et comment?
C'est pourquoi il faut étudier avec soin ce bill 75. Il faut de la
coordination sur l'île de Montréal, mais, encore une fois, quand
et comment? C'est pourquoi j'approuve une étude du bill.
Dans le cas du bill 62, le gouvernement a décidé
et, je crois, avec raison d'étudier ce bill à la
commission de l'Education. Non seulement les maires ou le président du
comité exécutif de Montréal ont le droit de rencontrer le
ministre, mais tout le monde a le droit de présenter des
mémoires, d'être convoqués, de parler, d'être
questionnés par tous les députés, de discuter et de
dialoguer dans le vrai sens de démocratie afin de trouver un vrai
partage des pouvoirs de l'éducation pour Montréal. Pourquoi pas
le même système pour le partage des pouvoirs municipaux? Pourquoi
tout simplement les maires des 28 municipalités et le maire ou le
président du comité exécutif de Montréal? Pourquoi
pas les associations de propriétai- res? Le comté de
Notre-Dame-de-Grâce a une association a « community council
» une association de la communauté.
Peut-être cette association veut-elle présenter un
mémoire ou veut-elle présenter ses idées. Qui en a le
droit9 Tout simplement les élus municipaux, ou aussi les
électeurs? Nous, les députés à la Chambre, est-ce
que nous aurons simplement le droit de questionner le ministre en comité
plénier? Nous voulons aussi le droit de transquestionner les élus
du peuple, les maires des banlieues et les membres du comité
exécutif de Montréal.
Le comté de Notre-Dame-de-Grâce a 110,000 habitants, autant
que la province de l'île-du-Prince-Edouard, mais
Notre-Dame-de-Grâce n'a que trois conseillers municipaux. Peut-être
ces trois conseillers municipaux ont-ils des idées claires et nettes
à nous donner ou peut-être voulons-nous les transquestionner au
sujet du fameux bill 75.
M. le Président, dans le bill 75, il y a certaines
irrégularités que personne ne peut accepter, et sur lesquelles je
voudrais poser des questions aux responsables, y compris l'honorable ministre
des Affaires municipales, et aussi les représentants municipaux, les
conseillers de Montréal, les maires de banlieues. Par exemple, comme je
viens de le dire, Notre-Dame-de-Grâce a 110,000 habitants mais, suivant
le fameux bill 75, n'aura droit qu'à trois membres du Conseil
général de la communauté urbaine. La ville voisine,
Montréal-Ouest, qui n'a que 6,000 habitants 6,000, pas 110,000
aura un représentant au Conseil général de la
communauté urbaine.
Je voudrais poser des questions, je voudrais des explications claires et
nettes, parce que, pour moi, c'est inacceptable que les citoyens de
Notre-Dame-de-Grâce soient représentés par trois
conseillers, lorsque des voisins et je dis des voisins à
un pied de distance ont droit à un représentant par 6,000
personnes. Et pourquoi pas des quartiers ou des arrondissements comme en
France, comme à Paris ou à Londres, pourquoi pas a «
borough system »?
Notre-Dame-de-Grâce est une entité géographique
pure, claire et nette. Notre-Dame-de-Grâce a deux journaux.
Il y a tout un esprit, des équipes de football, de baseball, de
hockey, de tout. C'est, en effet, une espèce de municipalité.
Mais, avec la Communauté urbaine, Notre-Dame-de-Grâce n'aura pas
les mêmes droits que Westmount, Mont-Royal ou Montréal-Ouest. Je
voudrais poser des questions aux responsables à ce sujet, des questions
d'ordre pratique. Le député de Bourassa a déjà
soulevé quelques-unes de ces questions.
Chaque fois que Montréal annexe une municipalité, comme la
ville de Saint-Michel, c'est toujours une municipalité endettée.
Avant que Montréal annexe d'autres municipalités, les citoyens de
Notre-Dame-de-Grâce voudraient être certains que les villes ne sont
pas en faillite, mais sont assez riches, que ça ne va pas, encore une
fois, occasionner à Notre-Dame-de-Grâce et à
Montréal des dépenses énormes. N'oubliez pas, M. le
Président, que Montréal est, comme nous le savons tous, le
champion des payeurs de taxes. Nous avons toujours eu ce championnat.
Je crois que c'est un drôle de mariage, le bill 75. La
cérémonie aura bientôt lieu et, après, nous allons
signer le contrat de mariage; mais vous savez que le contrat de mariage doit
être signé avant. Avant de signer le contrat de mariage, il faut
connaître tous les faits économiques et financiers.
Je note, à la fin, qu'en effet l'Intérêt des
électeurs n'est pas le même que celui des maires et des
conseillers municipaux. C'est très possible que l'intérêt
des maires qui, peut-être, veulent protéger leur position soit
à l'encontre des intérêts des électeurs. Si le
ministre convoque les maires et le président du comité
exécutif de Montréal qui est un homme de valeur, je l'admets,
c'est bien possible que ces personnes-là discutent les
intérêts des villes qu'ils croient importants, mais c'est à
nous, les élus du peuple, de protéger les électeurs, il
nous faut ce droit, cette occasion d'interroger, de contre-interroger, de
vérifier, de trouver les chiffres.
La démocratie ne passe pas dans les couloirs du Parlement, cela
se passe dans le Parlement et aux commissions du Parlement. Je m'objecte
à la procédure qui veut que ce soit discuté ailleurs, il
faut que ce soit discuté ici. Les conseillers municipaux, les
présidents du comité exécutif, tous doivent être ici
devant nous, les élus du peuple.
Je termine en citant un éditorial du samedi 15 mars 1969 du
journal L'Action. C'est un bon article. C'est très intéressant
parce que l'auteur, M. Odilon Arteau, cite le ministre des Affaires
municipales: « Mais il y a aussi des réticences qui s'expliquent.
En tout cas, les administrateurs locaux et les citoyens ont amplement le droit
de se poser des questions, c'est un problème qui les touche de
près. » C'est une citation de l'honorable ministre des Affaires
municipales à un discours qu'il avait fait à Lévis
quelques jours avant.
L'auteur continue: « Qui qu'on soit, il ne faut pas agir avec trop
de précipitation car il s'agit d'une décision de vaste
portée et d'un geste qui demeure assez complexe: créer au
Québec un palier nouveau de gouvernement qui ait les pouvoirs voulus
tout en respectant l'autonomie des agglomérations constituantes, etc
».
A mon avis, il faut appuyer la motion de l'honorable
député de Chambly, il faut que le bill 75 soit
étudié dès demain devant les élus du peuple et que
tout le monde ait le droit de présenter ses idées. Merci.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Saint-Laurent.
M. PEARSON: M. le Président, il est onze heures.
M. LESAGE: Demandez l'ajournement.
M. PEARSON: Je demande l'ajournement du débat.
M. LE PRESIDENT: La motion est-elle adoptée? Adopté.
M. PAUL: Demain, M. le Président, nous pourrions siéger
à onze heures de la matinée pour continuer l'étude de
l'amendement proposé par le député de Chambly sur le bill
75, mais il est possible que dans le cours de la journée il y ait une
motion d'ajournement du débat. Dans le cas d'une telle
éventualité, nous pourrions passer à l'article 8,
deuxième lecture du bill 74, Loi modifiant de nouveau le code de
procédure civile; ensuite, le bill 83, Loi concernant le registre
central des régimes matrimoniaux; l'article 11, Loi modifiant de nouveau
la loi de la Régie des alcools du Québec; enfin, de nouveau en
comité plénler sur le bill 71, Charte du centre de recherche
industrielle du Québec.
M. LESAGE: La faune?
M. PAUL: Nous ne Jouerons pas dans les fleurs demain, M. le
Président.
M. LESAGE: Non, ce sont plus souvent des fauves que des fleurs.
M. PAUL: Alors, M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain matin, onze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain matin onze
heures.
(Fin de la séance: 22h 57)