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(Onze heures quatorze minutes)
M. LEBEL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Changements au diagramme
M. LE PRESIDENT: On me permettra de signaler immédiatement
quelques changements au diagramme de la Chambre. Désormais, je
reconnaîtrai les honorables députés suivants dans l'ordre
qui va suivre: L'honorable ministre de l'Education occupera le fauteuil
actuellement occupé par l'honorable ministre d'Etat à la
Santé. L'honorable ministre d'Etat à la Santé occupera le
fauteuil actuellement occupé par l'honorable ministre d'Etat au
Bien-Etre et à la Famille. L'honorable ministre d'Etat au Bien-Etre et
à la Famille occupera le fauteuil actuellement occupé par
l'honorable ministre d'Etat à l'Education. L'honorable ministre d'Etat
à l'Education occupera le fauteuil actuellement occupé par
l'honorable député de Lotbinière. L'honorable
député de Lotbinière occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Rouyn-Noranda.
L'honorable député de Rouyn-Noranda occupera le fauteuil
actuellement occupé par l'honorable député de Roberval.
L'honorable député de Roberval occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Bourget. L'honorable
député de Bourget occupera le fauteuil libre à
côté de celui de l'honorable député de Berthier.
L'honorable député de Notre-Dame-de-Grâce occupera
le fauteuil actuellement occupé par l'honorable député de
Rimouski, l'honorable député de Bourassa ayant manifesté
l'intention de conserver son fauteuil.
M. TREMBLAY (Bourassa): Merci, M. le Président.
M. HOUDE: Le numéro 108.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Rimouski occupera
le fauteuil actuellement occupé par l'honorable député de
Jacques-Cartier. L'honorable député de Jacques-Cartier occupera
le fauteuil actuellement occupé par l'honorable député
d'Argenteuil. L'honorable député d'Argenteuil occupera le
fauteuil actuellement occupé par l'honorable député
d'Olier. L'honorable député d'Olier occupera le fauteuil
actuellement occupé par l'honorable député de
Saint-Laurent. L'honorable député de Saint-Laurent occupera le
fauteuil actuellement occupé par l'honorable député de
Gouin. L'honorable dépu- té de Gouin occupera le fauteuil
actuellement occupé par l'honorable député de Taillon.
L'honorable député de Taillon occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Fabre. L'honorable
député de Fabre occupera le fauteuil actuellement occupé
par l'honorable député de D'Arcy-McGee. L'honorable
député de D'Arcy-McGee occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Huntingdon. L'honorable
député de Huntingdon occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député d'Outremont. L'honorable
député d'Outremont occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Jeanne-Mance. L'honorable
député de Jeanne-Mance occupera le fauteuil actuellement
occupé par l'honorable député de Laurier. L'honorable
député de Laurier occupera le fauteuil qui fut occupé par
l'honorable député de Dorion.
M. LEVESQUE (Laurier); Titre de la dernière pièce; vous
êtes un champoin au domino.
M. BELLEMARE: A côté de la porte. M. LE PRESIDENT:
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
L'honorable député de Portneuf.
M. PLAMONDON: M. le Président, pour M.
Croisetière...
M. MALTAIS (Saguenay): On se donne la main, ça s'aime.
UNE VOIX: Non, non, c'est un volume.
Comité ad hoc sur le bill 290
M. BELLEMARE: M. le Président, si vous me le permettez, hier
soir, un comité ad hoc a siégé sur le bill 290. Il avait
été proposé que le bill soit référé
au comité des relations industrielles, qui pourrait, entre les sessions,
siéger pour entendre les parties qui ne s'entendaient pas. Durant la
nuit, il s'est produit un événement assez heureux. Les parties
ont semblé d'accord sur presque tous les amendements à être
apportés. Je demanderais à la Chambre de permettre à ce
comité de siéger cet après-midi, vers trois heures trente,
après la présentation des honorables nouveaux
députés qui prendront place dans cette Chambre.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais purement et simplement
donner avis qu'il est possible qu'à ce moment-là je demande le
remplacement de certains membres du comité ad hoc par d'autres
députés de ce côté-ci de la Chambre, et cela
s'appliquera peut-être en premier lieu à celui qui vous parle.
M. BELLEMARE: D'accord. M. LE PRESIDENT:
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics»
L'honorable chef de l'Opposition.
Maladie de M. Bertrand
M. Jean Lesage
M. LESAGE: M. le Président, la nouvelle de la maladie du premier
ministre qui nous est parvenue hier matin, nous a remplis d'inquiétude
et, à un moment donné, d'angoisse. Cette angoisse s'est
dissipée, cependant. Je n'ai pas à rappeler la raison de cette
angoisse. On n'a qu'à songer à la série
d'événements tragiques qui sont survenus au cours des dix
années pendant lesquelles j'ai assumé la direction du parti
libéral.
Il n'y a pas de comparaison à faire avec les
événements qui sont survenus, car nous avons été
heureux d'apprendre qu'un repos pas très prolongé permettrait au
premier ministre de reprendre l'exercice de ses fonctions, et nous en sommes
fort heureux. Il n'en reste pas moins que tous ces événements, y
compris ce qui est survenu au premier ministre depuis lundi, démontrent
l'immensité de la tâche de premier ministre du Québec.
Malgré tous les efforts de décentralisation du travail, le
fardeau reste toujours trop lourd pour un homme. Ce fardeau, il n'est pas
seulement constitué de travail, mais aussi d'inquiétudes, de
responsabilités souvent angoissantes, angoisses accrues par des
difficultés internes et externes. Il n'y a pas de doute que l'agitation
qui se fait autour de certaines questions, les manifestations, celle du 5
décembre et peut-être celle d'aujourd'hui, brisent et massacrent
même la résistance d'un homme.
Les pressions qui s'exercent constamment de toutes parts sur un premier
ministre, sont de nature à miner le moral et le physique. Je comprends,
peut-être mieux que tout autre en cette Chambre, ce qui est arrivé
à M. Bertrand.
Je veux l'assurer en mon nom et au nom de tous mes collègues de
ce côté-ci de la Chambre de notre amitié sincère
où il pourra peut-être trouver un peu de réconfort. Ce
réconfort, nous voudrions aussi qu'il soit ressenti par madame Bertrand,
sa distinguée épouse, et par les membres de sa famille. Nous lui
offrons nos meilleurs voeux de prompt retour à la santé et nous
espérons qu'il pourra reprendre le harnais avec, peut-être, une
plus ferme détermination de la part de certains de ses collègues
de le décharger d'une partie de son fardeau.
M. BELLEMARE: C'est l'expression... M. René
Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre du Travail me le permet, je
voudrais dire très sincèrement aussi...
M. BELLEMARE : Je tiens à laisser s'exprimer les chefs, c'est
certain.
M. LEVESQUE (Laurier): ... du côté des indépendants.
Sans la moindre prétention, le chef de l'Opposition ne parle pas pour le
député de Laurier. Ce qui ne veut pas dire que je ne suis pas du
même avis que lui. Je voudrais dire très sincèrement
à quel point je suis peiné, comme nous le sommes tous, de la
maladie qui vient de frapper le premier ministre et de l'épreuve qu'elle
inflige à ses collègues du gouvernement qui ont
déjà été si lourdement frappés
récemment.
Très simplement, je voudrais dire aussi en priant le leader du
gouvernement de lui transmettre ces propos et ainsi qu'à sa famille, que
nous souhaitons tous un prompt et complet retour à la santé du
député de Missisquoi, un retour à son fauteuil dans cette
Chambre aussi.
Et, rejoingnant le chef de l'Opposition, je voudrais simplement ajouter
ceci: Tout en étant confiant que le chef du gouvernement reviendra
bientôt à son poste, je suis de nouveau frappé, comme vous
l'êtes tous, de la charge écrasante et vraiment inhumaine que ce
poste impose à celui qui le détient.
On vit à une époque où tout le monde rêve de
loisirs et où la plupart des gens réussissent à s'en
procurer toujours davantage, mais où, en revanche, les dirigeants
s'épuisent partout, de plus en plus, comme des hommes traqués,
souvent. Et, ce fardeau excessif, peut-être nulle part n'est-il plus
insupportable qu'à la direction du gouvernement québécois.
Aux pressions constantes et que, paraît-il, il faut considérer
normales, du leadership politique
et des problèmes administratifs de plus en plus complexes d'une
société qui, ici comme ailleurs, est en mutation permanente,
s'ajoute la désuétude lamentable de notre appareil parlementaire
exécutif et des institutions politiques dans lesquelles le Québec
s'est enfermé.
On a, depuis longtemps, l'occasion de le noter de diverses
façons. Récemment, on a eu l'occasion de souligner les
résultats trop fréquemment tragiques de cette situation. Alors,
à nouveau, avec l'espoir qu'on finira par agir avec détermination
pour corriger cette situation, je souhaite, avec confiance, que la maladie du
premier ministre ne soit qu'une conséquence, pas trop grave et surtout
passagère, de cette même situation.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: C'est l'expression d'une très profonde gratitude
que je voudrais manifester, ce matin, à l'endroit du chef de
l'Opposition et du chef du Parti québécois pour leur
témoignage à l'endroit de notre premier ministre et du chef de
notre parti. Inutile de vous répéter combien, nous aussi,
particulièrement ceux qui vivaient près de lui, nous avons
été traumatisés par cette nouvelle.
Pour celui qui vous parle, M. le Président, c'est une dure
épreuve, remplie de questions pour l'avenir. Mais, fort de
l'expérience vécue, connaissant mes collègues et les
sentiments qui les animent, je peux vous redire, ce matin, que tous ensemble
nous formons autour de notre chef et du premier ministre un groupe uni et
solidaire qui partage avec tout le reste de la province cette terrible maladie
et cette nouvelle épreuve.
Je remercie très sincèrement l'honorable chef de
l'Opposition pour le témoignage vibrant et sincère qu'il a bien
voulu lui adresser. Je sais combien, lui aussi, ayant vécu cette vie
terrible d'être le premier citoyen d'une province comme la nôtre,
connaît ces responsabilités, surtout, ces lourdes épreuves
et les décisions immenses qu'il est obligé de prendre à
chaque instant de la journée.
Je remercie aussi l'honorable député de Laurier pour la
manifestation de sympathie et de bons voeux qu'il vient de témoigner. Je
suis sûr que c'est, encore là, un nouvel exemple que cet apostolat
de la présence que s'imposent tous les jours les hommes publics n'est
pas compris dans certains milieux. Plus que ça, nous sommes souvent la
cible de critiques, de caricatures, de propos amers qui sont tenus à
l'endroit des hommes publics.
Si nous, nous avons peut-être l'écorce plus dure pour
porter ces rudes accusations et ces traitements un peu différents, nos
familles reçoivent, elles aussi, ces mêmes accusations, et voient
ces mêmes caricatures; elles les voient à l'endroit de
l'époux, et elles en sont suffoquées. Je remercie très
sincèrement tous et chacun. Au nom de cette Chambre, je formule des
voeux très sincères à l'honorable M. Bertrand pour un
prompt rétablissement et pour un prompt retour dans cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Un instant. Je dois signaler aux membres de cette
Chambre qu'il me faudrait leur consentement unanime pour laisser d'autres
députés émettre des voeux. Quant à moi, je suis
bien disposé à les entendre, mais on comprendra aussi, je pense,
qu'on pourrait retarder considérablement notre travail parlementaire, si
plusieurs députés voulaient émettre des voeux à ce
moment-ci de nos procédures.
M. TREMBLAY (Montmorency): M. le Président, je ne voulais
qu'exprimer moi aussi, dans l'atmosphère générale qui
règne actuellement en cette Chambre à la suite de la maladie du
premier ministre, mes sentiments de sympathie à son égard...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Montmorency): ... etyjoin-dre enfin mes voeux de prompt
rétablissement.
M. LE PRESIDENT: Une remarque vient de m'être faite à
l'effet que j'ai accordé cette permission à l'honorable
député de Laurier. Si j'ai fait erreur, je pense qu'on ne
m'obligera pas à en faire plusieurs. Je suis capable d'admettre
modestement une erreur ou un oubli, mais j'espère bien qu'on ne
considérera pas mes oublis comme des précédents.
Directive demandée
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, pourrais-je vous demander
une directive par rapport au règlement? Quand le chef de l'Opposition
officielle, reconnu par les règlements et par la loi, s'exprime dans
cette Chambre
sauf avis contraire de quelque député que ce soit
dans l'Opposition il parle en leur nom à tous. A ce
moment-là., quels sont, par rapport à une question comme
celle-ci, mais qui peut se reproduire à l'occasion, sur des sujets
beaucoup plus brûlants, les droits individuels des députés
pour lesquels ne parle pas le chef de l'Opposition?
M. MALTAIS (Saguenay): II faut un mandat du peuple.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que, sur plusieurs points et sur
celui-ci en particulier, le règlement est muet. A ce moment-là,
il faut que le président s'en remette aux traditions. Je pense qu'on
comprendra que ma courte expérience à cette tribune ne me permet
pas d'avoir parcouru toute la tradition et tous les précédents.
Disons que je me mettrai à la tache d'une façon plus intensive
à l'époque des fêtes. J'espère revenir plus
documenté sur ces questions.
M. BELLEMARE: Article 7, M. le Président.
M. LESAGE: Le ministre d'Etat à l'Education...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on me permettrait, avant la période
des questions...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: ... de communiquer les messages reçus du Conseil
législatif?
M. LESAGE: Le leader de la Chambre avait déjà
appelé un numéro du feuilleton. Il fallait donc que je me
lève.
Messages du Conseil législatif
« Conseil
législatif, le 12 décembre 1968.
M. LE PRESIDENT: Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement le bill suivant:
Bill no 88 intitulé: Loi de l'Université du
Québec.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. » « Conseil législatif, le 12
décembre 1968. »
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill no 91 intitulé: Loi concernant les pouvoirs d'emprunt de la
Bishop's University;
Bill no 287 intitulé: Loi du ministère du Travail et de la
Main-d'Oeuvre.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. »
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill no 288 intitulé: Loi du Conseil consultatif du travail et de
la main-d'oeuvre.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. »
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail propose que les
amendements soient maintenant lus et agréés.
M. BELLEMARE: Je crois que le chef de l'Opposition a lu le changement
qui est intervenu. C'est que les honorables conseillers législatifs,
pour respecter les règles de la langue, ont voulu que le mot consultatif
soit traduit en anglais par le mot « advisory ».
M. LESAGE: Advisory.
M. BELLEMARE: S'il vous plaît.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Questions et réponses
Régionale Lignery
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre d'Etat
à l'Education a été avisé d'une situation que l'on
me décrit comme alarmante à la régionale Lignery, et plus
particulièrement à l'école polyvalente
Romain-Robidoux?
M. MORIN: Je n'ai pas été avisé de cette
situation.
M. LESAGE: Je ferai donc parvenir au ministre d'Etat à
l'Education une copie du télégramme que j'ai reçu au
moment où j'arrivais en Chambre. C'est la raison pour laquelle je n'ai
pas pu lui donner avis de ma question ce matin.
M. MORIN: Très bien.
M. LESAGE: La régionale Lignery, c'est à Laprairie.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Affaires municipales.
M. LUSSIER: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
rapport annuel de la Société d'habitation du Québec.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
Bill 290
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, je voudrais juste poser
une question d'éclaircissement de dernière heure au ministre du
Travail et de la Main-d'Oeuvre à propos du bill no 290. Hier soir, comme
on le sait, ça s'est réglé très vite. Hélas,
je suis arrivé cinq minutes en retard et c'était
déjà fini. Le ministre du Travail et de la Main-d'Oeuvre dit que
le comité va siéger cet après-midi. Vu l'avalanche
je ne veux pas insister là-dessus, nous les avons tous lus de
télégrammes qui expliquent la difficulté et l'urgence de
la situation, de la part aussi bien des employeurs que des travailleurs de
l'industrie de la construction, est-ce que le fait que le comité
siège de nouveau cet après-midi implique que le gouvernement a
l'intention d'essayer d'acheminer, non seulement d'essayer mais de
réussir à acheminer ce bill vers l'adoption définitive
avant la fin de la session?
M. BELLEMARE: Vous savez, pour une fois, ce n'est pas avec moi qu'on se
chicane.
M. LEVESQUE (Laurier): Non.
M. BELLEMARE: C'est entre les parties...
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais si...
M. BELLEMARE: II faut absolument trouver un compromis honorable. Hier,
nous avons passé toute la journée à entendre l'un et
l'autre, à questionner, requestionner et refaire des textes pour trouver
ce compromis.
Ayant pour ma part passé toute la matinée à
l'hôpital, l'après-midi au conseil des ministres et au caucus, je
n'ai pu voir les amendements qu'on avait apportés à mon bill. Je
ne pouvais sûrement pas me lancer dans sa défense et essayer de
l'expliquer; je ne l'avais pas vu tel qu'on avait voulu l'amender. Devant ces
faits, j'ai pensé, vu que les parties ne s'entendaient pas, qu'il
conviendrait peut-être de le référer au comité des
relations industrielles entre les sessions. Et au début de
février, si la session commence à ce moment-là, nous
aurions pu adopter le bill. On nous a laissé entendre qu'il y aurait
probablement entente ce matin. J'ai dit que s'il y avait réellement
entente et qu'on faisait réellement quelque chose, j'étais
d'accord, mais que si c' était pour se chicaner et discuter sur la place
publique, sans en arriver à une entente, nous allions nous aussi avoir
du mal à nous faire une idée. Le gouvernement a son idée.
Il ne veut pas imposer une loi de force parce qu'elle ne sera pas
respectée. Nous allons donc tenter cet après-midi de nous
entendre et si nous pouvons trouver des moyens d'entente, nous siégerons
cet après-midi et ce soir s'il y a lieu. Si nous trouvons un modus
Vivendi acceptable pour tout le monde, nous acheminerons le bill pour qu'il
soit adopté durant cette session.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Richmond.
Institutions privées
M. LAFRANCE: Le ministre du Travail et le ministre associé
à l'Education ont laissé entendre, mardi, qu'ils allaient,
peut-être, présenter ce matin la loi-cadre des institutions
privées. Est-ce l'intention du gouvernement de présenter ce
projet de loi ce matin?
M. BELLEMARE: II devrait être au feuilleton. On est à
réimprimer le bill 56. On a refondu les deux bills ensemble. Dès
que nous l'aurons, cela apparaîtra au feuilleton comme avis. Je pense
qu'à ce moment-là nous allons, d'accord avec la Chambre, le
référer au comité de l'éducation pour que toutes
les parties soient entendues.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mercier.
Bill de la ville de Montréal
M. BOURASSA: Une question au ministre des Finances. Quand le projet de
loi sur la ville de Montréal sera-t-il discuté? Pourrait-il dire
s'il contiendra de bonnes nouvelles pour les contribuables
montréalais?
M. DOZOIS: Il est en appendice.
M. BOURASSA: Quand sera-t-il discuté?
M. DOZOIS: On doit attendre la procédure
normale de cette Chambre et nous attendons l'impression du bill
aujourd'hui même.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Hull.
Intégrité du territoire
M. PARENT: J'aurais une question à poser au leader de la Chambre.
Le 13 novembre il acceptait une motion pour production de documents, à
la suite du dépôt de cette motion le 29 mars. J'ai la feuille
où l'on dit que la motion est acceptée, mais les documents
demandés n'ont pas encore été déposés.
M. BELLEMARE: C'est au sujet de la commission?
M. PARENT: Oui, la commission d'étude sur
l'intégrité du territoire. La motion a été
acceptée le 13 novembre; cela fait un mois.
M. BELLEMARE: On a dit, à ce moment-là, qu'on acceptait de
déposer une partie des documents. Pour le reste, comme c'était un
comité tripartite, il fallait l'autorisation des autres personnes. Si la
première partie n'est pas déposée, j'en prends avis et je
vais en faire parvenir une copie non seulement au député, mais
aussi à la Chambre.
Numéro 7.
Bill 293
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières propose la deuxième lecture de la Loi modifiant la
loi des associations coopératives.
L'honorable ministre des Institutions financières.
M. GABIAS: L'honorable lieutenant-gouverneur de la province a pris
connaissance de ce bill et il en recommande l'étude par la Chambre.
Ce projet de loi fait suite à des demandes
répétées et raisonnables du Conseil de la
coopération du Québec, des fédérations et des
associations coopératives du Québec. Peut-être que ce
projet de loi et je le reconnais n'accorde pas tous les
amendements réclamés à la Loi des associations
coopératives par les coopérateurs et par le Conseil de la
coopération du Québec. Je me permettrai de souligner à
cette Chambre que, si tous les amendements réclamés ne sont pas
contenus dans ce projet de loi, c'est à cause de différentes
raisons qui, je l'espère, seront considérées comme
valables. L'amendement principal que l'on réclamait était qu'un
individu puisse devenir membre d'une association de coopératives. Ceci
réclamait une foule d'amendements au texte existant et aurait
peut-être eu comme effet de changer la nature même de la
coopérative. Il y a deux théories qui divisent en profondeur ceux
qui s'intéressent à la Loi des associations
coopératives.
Il y a ceux qui veulent moderniser et j'en suis ceux qui
veulent que nos associations coopératives bénéficient de
privilèges ou de droits qui leur seraient consentis par la loi de
façon que le mouvement de la coopération puisse
s'épanouir, progresser et vivre à l'heure de 1968.
Pour cette année, nous avons jugé à propos
d'apporter trois amendements qui consistent en fait en deux amendements majeurs
réclamés depuis assez longtemps. Le conseil supérieur, les
fédérations, les associations et même les unions
ouvrières réclamaient ces amendements. Nous les présentons
en cette Chambre. J'espère que, vu l'unanimité qui existe entre
les mouvements qui s'intéressent aux associations coopératives,
ce projet de loi sera adopté à l'unanimité par cette
Chambre.
Que l'on nous reproche de ne pas aller assez loin, nous sommes d'accord
pour cette année. Mais j'entends bien et j'en informe la Chambre
l'an prochainavec l'autorisation du conseil des ministres
présenter un projet de loiqui,cette fois, donnera entière
satisfaction à nos mouvements de coopérateurs.
Nous étudierons ces amendements en comité. Je n'ai pas
l'intention de faire une longue démonstration. Qu'il me suffise
d'assurer les associations coopératives que le ministère, dont
j'ai la direction, ne fait pas que s'intéresser verbalement aux
coopératives mais que notre ministère s'intéresse
très activement aux mouvements coopératifs dans cette province et
que nous entendons aider ce mouvement à obtenir les droits qu'il
réclame afin que le mouvement coopératif joue le rôle
très important qu'il a déjà joué dans cette
province et qu'il continuera à jouer, au point de vue économique
et social.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: Depuis plusieurs mois déjà, les membres les
plus actifs du mouvement coopératif au Québec,
particulièrement les dirigeants
du Conseil de la coopération du Québec, ont insisté
auprès du gouvernement pour obtenir des modifications à la Loi
des associations coopératives.
Le mouvement coopératif demandait que priorité soit
accordée en autant que les modifications suggérées
étaient concernées, à trois points spécifiques.
Premièrement, l'on demandait que lors de la liquidation d'un
société coopérative, le solde soit remis après que
le ministre ou le lieutenant-gouverneur en conseil a obtenu l'avis du conseil
de la coopération, à une autre association coopérative ou
à une fédération d'associations coopératives. Le
bill prévoit que telle procédure sera suivie.
C'est excellent, parce qu'il est arrivé des cas où,
à l'occasion de la réorganisation d'une coopérative, les
membres d'une coopérative locale en majorité en ont
profité pour liquider la coopérative, se partager les
réserves et recommencer en neuf sans avoir l'avantage du fonds qui avait
été accumulé.
Il arrive de plus que, la plupart du temps, au moment de la dissolution
d'une coopérative, les membres ne sont plus les mêmes qu'au moment
de la formation, ou encore, ce ne sont pas les membres qui l'étaient
lorsque la réserve s'est accumulée.
Dans le cas des compagnies limitées, ce qui arrive, lorsque des
surplus s'accumulent, lorsqu'il y a des réserves, en plus de la
distribution des dividendes, c'est que la valeur aux livres des actions
augmente, quand ce n'est pas la valeur sur le marché, ce qui n'est pas
le cas, quand il s'agit de coopératives.
M. GABIAS: C'est ça.
M. LESAGE: Beaucoup ont de la difficulté à comprendre
comment une telle procédure je vise celle qui est proposée
par le bill est justifiée en équité. Mais c'est
pour les raisons que je viens de donner. Je crois qu'elle est absolument
justifiable. Je suis heureux que le gouvernement, sur la recommandation du
ministre, ait accepté d'apporter à la loi cette modification.
L'autre modification concerne les restrictions ou les limites, ou encore
les règles sévères imposées dans le cas des
coopératives de consommation et s'appliquant seulement à ces
dernières. Il faut, à l'heure actuelle, pour être membre
d'une coopérative de consommation, acheter au moins cinq parts, et ces
parts ont une valeur de $10. Je comprends qu'il est très difficile, dans
certains milieux, de convaincre des personnes qu'il leur faut d'abord verser
$50 avant d'être membre d'une coopérative de consommation.
Je pense que le gouvernement est tout à fait justifié de
faire disparaître ces restrictions, pour rendre justice au mouvement
coopératif.
Il y avait cependant un troisième point auquel le conseil de la
coopération attache beaucoup d'importance. Le ministre ne sera pas
surpris que j'aie reçu, comme c'est l'habitude, copie du
télégramme qui a été adressé au premier
ministre et au ministre des Institutions financières par plusieurs
citoyens, des fédérations de coopératives, le conseil de
la coopération, etc.,: « Le bill 293, d'accord, mais le jugeons
incomplet et déplorons l'absence de dispositions permettant aux
individus de devenir membre d'une fédération. Situation d'urgence
à cet égard. Projet en cours à Montréal compromis
dans le cas de la fédération des magasins CoOp. »
Je sais personnellement qu'il y a à Montréal un projet
considérable qui ne pourra, en pratique, se réaliser, parce que
l'amendement n'aura pas été apporté à cette session
à la loi des associations coopératives. Ce ne serait pas
créer un précédent que d'apporter cet amendement
maintenant, d'autant plus que le gouvernement actuel, à la
présente session, a accordé non pas ce privilège, mais ce
droit, dans le cas de la Coopérative fédérée. Il
s'agit du bill 171, qui a été adopté par
l'Assemblée législative le 4 juillet 1968.
A l'article 15, il est dit: « Peuvent être
sociétaires: b) un producteur qui exerce l'activité d'un
agriculteur. » A l'article 14, « La société se
compose des détenteurs de ses actions ordinaires de qualification ou de
classe A, souscrites et payées suivant la loi et les règlements
de la société. »
A l'article 15, on dit qu'un producteur qui exerce l'activité
d'un agriculteur peut être sociétaire. A l'article 16: « Est
sociétaire, une association, un producteur ou un groupement de
producteurs. » A l'article 17: « Pour devenir sociétaire: c)
un producteur ou un groupe de producteurs est tenu de souscrire le nombre
d'actions ordinaires de qualification déterminé par le conseil
d'administration de la société. »
Donc, trois articles très simples. On a pu, dans le cas de la
Fédérée, permettre à des individus d'être
membres d'une fédération de coopératives. Là est le
problème. Les individus peuvent être membres de
coopératives, mais en vertu de la Loi des associations
coopératives, seules peuvent être membres d'une
fédération de coopératives, des coopératives et non
pas des individus ou encore des institu-
tions. Lorsque je parle d'individus, évidemment, je dois inclure
des corporations, des sociétés commerciales ou encore des
sociétés sans profit.
M. VINCENT: Des personnes.
M. LESAGE: II s'agit de personnes au sens juridique. Pourtant, on l'a
fait dans le cas de la Fédérée. Cela aurait
été aussi simple de le faire ici; cela aurait résolu un
problème et aurait certainement permis aux mouvements coopératifs
de prendre une nouvelle ampleur et d'être mieux en mesure de faire face
à la concurrence.
Il est extrêmement difficile d'établir, dans les villes,
parmi les classes moyennes, des coopératives de consommation. Il est
clair que le moyen de faire concurrence, c'est de pouvoir recruter des
individus comme membres d'une fédérée. Parce que seule une
fédération de coopératives ou une
fédérée c'est un terme que je crois pouvoir
employer peut avoir les reins assez forts pour mettre sur pied, tout
d'abord, à coups de centaines de mille dollars c'est le cas que
j'ai en tête, le cas urgent dont je parle un établissement
qui puisse entrer en concurrence avec les établissements existants.
Encore une fois, le retard apporté par le gouvernement se
justifie difficilement, surtout, lorsque nous avons entendu le ministre
déclarer qu'il serait disposé à recommander au
gouvernement d'apporter cette modification à la prochaine session. Il y
a plusieurs mois que c'est en discussion. Cela aurait pu être fait
maintenant. Il aurait dû le recommander au gouvernement, à moins
qu'il ait rencontré, parmi ses collègues, une résistance
acharnée, pour une raison qu'il nous aurait laissé entendre
tantôt, lorsqu'il a déclaré lui-même que, parmi les
raisons du retard, il y avait celle-ci: c'est qu'un tel amendement aurait eu
pour effet de changer la nature même de la formule coopérative.
Mais, comme il l'a laissé entendre aussi, s'il ne l'a pas dit
directement, il faut que l'institution coopérative soit en mesure de
progresser et, pour progresser, il faut qu'elle soit mise en état...
M. GABIAS: D'accord.
M. LESAGE: ... de faire face à la concurrence, même si, en
commercialisant ses opérations, elle devenait éventuellement
sujette à taxation. Nous avons l'exemple des coopératives dans
l'Ouest. J'ai ici le rapport de 1966 des Federated Cooperatives Limited.
A la page 42, il appert qu'en 1966, le « membership of Federated
Cooperatives Limited, as of October 31st, 1966 s'établissait comme suit:
a) Cooperatives which procure for their members'needs, 478; b) Other
cooperative organizations, 72; c) Non-profit institutions such as school units,
municipalities, colleges, hospitals, which buy for their own consumption, 82.
Total membership, 632 ».
C'est pour cela que lorsque je parlais tout à l'heure
d'individus, je disais qu'il y a aussi les personnes dans le sens juridique du
mot. Il est clair que la clientèle d'institutions comme les
hôpitaux, les pensionnats, les foyers, est une clientèle qui peut
être recherchée par les coopératives, mais elle ne peut
normalement être recherchée que s'il s'agit d'une
coopérative qui a les reins assez forts pour subvenir aux besoins d'une
telle clientèle.
C'est ce qui se fait dans l'Ouest avec succès et je ne vois pas
pourquoi on n'adopterait pas immédiatement une telle politique ici, au
Québec. La preuve est faite que l'on peut garder au mouvement
coopératif son caractère coopératif, tout en lui
permettant certaines dérogations à la pureté du principe.
On l'a fait pour laCoopérative fédérée; on le fait
dans l'Ouest pour toutes les coopératives. Je ne vois pas pourquoi, par
des a-mendements qui seraient très simples, on ne le ferait pas
dès maintenant pour les associations coopératives du
Québec.
Je pense que ce serait à l'avantage de tous. On reproche souvent
au mouvement coopératif de ne pas suffisamment participer,
financièrement et autrement, à la promotion de l'essor
économique du Québec, à ce qu'on appelle souvent l'essor
économique des nôtres. Voici une occasion que nous aurions de
faire un grand pas en avant. Je n'aurais donc aucune objection à ce que
l'étude du projet de loi soit remise i demain afin que, d'ici là,
le ministre puisse apporter les modifications additionnelles qui permettraient
de répondre par l'affirmative à la demande du mouvement
coopératif et en particulier du Conseil de la coopération.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Ahunstic.
M. Jean-Paul Lefebvre
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne voudrais ajouter qu'un mot
à la suggestion que vient de faire le chef de l'Opposition. Il a, comme
à l'habitude, fait une démonstration et une argumentation
convaincantes.
M. GABIAS: Les compliments qui commencent.
M. LEFEBVRE: J'espère que le ministre responsable des
Institutions financières et proposeur du bill no 293 aura
écouté attentivement le chef de l'Opposition. Compte tenu
également des représentations qui lui ont été
faites, j'espère qu'il acceptera cette suggestion que l'honorable chef
de l'Opposition faisait en terminant son discours, à savoir de retarder
d'une journée les procédures d'adoption de ce bill afin que le
gouvernement puisse tenir compte de cette réclamation
particulière au sujet du droit des personnes d'adhérer en tant
que membres réguliers à des fédérations
coopératives.
M. le Président, si j'ai tenu à dire un mot seulement sur
cette question, c'est qu'ayant été moi-même associé
de très près au mouvement coopératif pendant plusieurs
années, je pense que je suis particulièrement
préparé à mesurer le caractère raisonnable et juste
de la demande des coopérateurs concernant cette question.
J'ai également dans ce projet un intérêt plus
immédiat, en tant que citoyen puisque je suis informé que l'un
des magasins coopératifs que songe à établir la
Fédération des magasins Co-Op se trouverait situé dans le
comté que j'ai l'honneur de représenter en cette Chambre.
Or, je pense que nous conviendrons tous, alors que l'on parle tellement
ces années-ci de la nécessité de protéger le
consommateur, qu'il est important d'assurer à côté
de ces grandes chaînes de magasins qui se développent et qui,
certes, rendent des services à la population, à côté
aussi des commerces indépendants, qui maintiennent une certaine
concurrence à l'endroit de ces chaînes - la croissance du secteur
coopératif en particulier dans le domaine de l'alimentation et, d'une
façon plus générale, de la distribution des biens de
consommation. Il est certain que quiconque a le moindrement
étudié cette question de l'implantation des coopératives
de consommation, en particulier dans les grandes villes, conviendra qu'il est
extrêmement difficile de construire de telles institutions sur les bases
traditionnellement utilisées dans des milieux plus restreints. Je vois
que l'honorable ministre acquiesce à ce fait.
M. GABIAS: Quand vous avez de bonnes suggestions, je suis toujours
d'accord.
M. LEFEBVRE: Je pense, si le ministre est d'accord avec ce point de vue
et d'accord avec l'importance de ne pas étouffer dans l'oeuf les
tentatives qui se font présentement, à Montréal en
particulier, pour permettre l'expansion du mouvement coopératif dans le
secteur de la consommation, il me semble que le ministre, aidé de ses
conseillers juridiques, devrait trou- ver le moyen d'adopter dès
maintenant, à tout le moins l'amendement nécessaire pour couvrir
les cas spécifiques. Je pense - et je sais que je me ferai
peut-être disputer par le chef de l'Opposition, qui a une grande
expérience en matière de législation...
M. GABIAS: ... ce matin. Oh non!
M. LEFEBVRE: Je pense que, peut-être, le chef de l'Opposition
aurait quelque réticence à la suggestion que je formule. Quant
à moi, qui n'ai pas la même expérience que lui en
matière de législation, et peut-être pas la même
rigueur, je me satisferais d'un amendement qui couvrirait à tout le
moins la situation actuelle, quitte à ce que, dans une refonte des lois
concernant la coopération, l'on songeât à des formules plus
définitives. Mais, encore une fois, j'insiste pour que la suggestion du
chef de l'Opposition soit prise en considération. Le ministre admettra
que sur ce point, nous faisons le débat dans un esprit de
coopération, puisque nous en discutons justement ce matin.
J'espère donc que le ministre ne se sentira aucunement
gêné, après mûre réflextion, de prendre en
considération, pour une fois une fois n'est pas coutume - les
recommandations sages, prudentes, modérées et raisonnables qui
lui viennent de ce côté-ci de la Chambre. J'espère que,
dans sa réplique, le ministre voudra nous annoncer qu'il accepte en
effet de considérer, d'ici demain, la possibilité d'apporter un
tel amendement au bill 293.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Laurier.
M. René Lévesque
M. LEVESQUE (Laurier): M. le Président, puisque le
député d'Ahuntsic a ajouté quelques propos à la
deuxième lecture, je n'avais pas l'intention d'insister. Mais je crois
qu'il vient de souligner - je suis d'accord avec lui l'importance de ne
pas traiter cette question-là, pas plus que n'importe quelle autre de
même substance, à la va-vite, dans le « rush » des
dernières heures de la session.
Il y a des problèmes non seulement importants, mais urgents, dont
la solution est attachée à ce projet de loi, de même
qu'à celui qui, d'ailleurs, l'accompagne, et qui est également
présenté par le ministre des Institutions financières. On
pourrait dire aussi que ces deux-là, comme le bill 290, dont on parlait
tout à l'heure, traitent de questions plus urgentes, dont l'urgence est
en tout cas plus évidente, et surtout, a des chances d'être plus
féconde que certains autres
projets moins mûris, dont l'utilité collective est
infiniment moins claire et qu'on prétend, tout de même, imposer
à cette Chambre à la dernière minute.
Il serait inexcusable à mon avis de préférer ces
autres projets s'il en est. Je ne veux pas entrer dans d'autres domaines, M. le
Président, c'est simplement une hypothèse.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Il serait inexcusable de préférer
ces autres projets, s'il en est, à des questions comme celles que
traitent le bill 293. Le temps qu'on a devrait suffire, sinon il faudrait le
prendre ailleurs pour régler ces problèmes-là. C'est
pourquoi, je suis d'accord avec la suggestion faite conjointement par le chef
de l'Opposition et le député d'Ahuntsic, parce qu'il semble y
avoir étant son voisin a Montréal, je le sais, c'est dans
le même quartier il semble y avoir une lacune très grave
dans le bill 293, tel qu'il est. L'ensemble est bon, je suis sûr que tout
le monde le votera. Enfin, je suis sûr, je n'ai pas à
présumer de choses comme ça mais je présume quand
même que tout le monde sera d'accord sur le principe du bill sauf que,
dans ce projet de loi, il y a le ministre l'a à peu près
avoué, d'ailleurs,...
M. GABIAS: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... un trou extrêmement important. Si j'ai
bien entendu le ministre tout à l'heure, il a fait un petit lapsus qui
me permet peut-être de corriger il me dira si je me trompe
quand il a parlé de la demande principale faite par les
représentants des coopérateurs dans ce projet de loi mais qui ne
se trouve pas dans le projet tel que rédigé. Le ministre a dit
qu'on demandait qu'un individu puisse...
M. GABIAS: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): ... faire partie d'une association
coopérative, sauf qu'il s'agit d'une fédération en fait,
et non d'une association. Bon.
M. GABIAS: Si j'ai mentionné que c'était l'amendement
principal que demandaient les coopératives, j'ai certainement fait un
lapsus parce que si le député me permet, dans tous les
télégrammes que nous avons reçus, avant que nous
déposions le projet de loi 293, il n'était question que des deux
amendements que nous soumettons et ce n'est que ce matin que nous avons
reçu des télégrammes demandant et insistant sur ce
troisième amendement.
M. LESAGE: Est-ce que...
M. LEVESQUE (Laurier): Je suis surpris enfin» Si le chef de
l'Opposition a une question à poser, c'est peut-être la
même.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre veut dire par là que cet
amendement, cette modification, n'a pas été discutée entre
les dirigeants du mouvement coopératif et ses fonctionnaires?
M. GABIAS: C'était compris dans le mémoire
présenté...
M. LESAGE: Ah oui.
M. GABIAS: ... mais je dis que les deux priorités ont
semblé être pour les coopérateurs, ce que nous accordons,
puisque dans leur télégramme c'est inscrit.
M. LEVESQUE (Laurier): Si le ministre permet, c'est son
interprétation. Ce n'est pas exactement ce que je crois, de même
que les gens...
M. GABIAS: Ce sont des faits.
M. LEVESQUE (Laurier): ... de même que l'Opposition officielle,
j'ai appris, enfin le ministre est propriétaire et en toute
propriété on ne lui conteste pas son interprétation, mais
ce n'est pas celle qu'on a reçue. C'est que la demande la plus
importante et qui est devenue de plus en plus importante parce qu'elle
est accrochée à un projet précis qu'évoquait le
député d'Ahuntsic c'est justement de permettre cette
insertion des personnes au sens juridique, c'est-à-dire des individus
dans les fédérations et non plus simplement au niveau des
associations. Je rappellerai même au ministre, il doit s'en souvenir ou
du moins ses fonctionnaires le savent que, si je suis bien renseigné, on
a demandé plus que ça. On est prêt à accepter moins,
mais on avait demandé plus, et je crois que c'est terriblement
justifiable qu'on ait demandé également que des institutions ou
des corporations puissent aussi, faire partie des fédérations, de
la fédération en question, mais de façon
générale, je ne vois pas pourquoi ce ne serait pas une des
mutations nécessaires de tout le mouvement coopératif.
Le ministre a simplement répondu ceci, en évoquant cette
demande. D'abord un argument
qu'il a lui-même escamoté parce qu'il n'est pas très
fort, et il s'en rendait compte, c'est que ç'aurait exigé une
foule d'amendements. Bien, mon Dieu, c'est pour ça qu'on est là.
Je veux dire, le Parlement existe pour ça. Quand c'est
nécessaire, des amendements, c'est le travail du Parlement, de dire que
ça en exige, par définition. Ce n'est pas un argument.
D'ailleurs, le ministre le savait.
Il a dit ensuite et c'est le seul que j'ai retenu à part
ça et que le chef de l'Opposition et le député d'Ahuntsic
ont diversement notés que, ça amènerait un changement dans
la nature des institutions coopératives. Bien, c'est jusqu'à un
certain point très vrai, mais est-ce que le ministre n'est pas d'accord
puisqu'il l'a dit lui-même dans la phrase suivante: Si on veut le
progrès véritable et surtout dans ce progrès qui donne la
chance au mouvement coopératif de se mettre à l'heure de
l'économie d'aujourd'hui et non pas à l'économie
artisanale ou villageoise d'autrefois un changement de nature de ce
genre-là y est commandé.
Si, d'une part, nous sommes ici pour faire des amendements, c'est le
travail du Parlement et c'est le devoir du ministère de les
préparer à temps. Evidemment, ce n'est pas une excuse de dire
qu'il ne nous reste pas beaucoup de temps, que c'est la fin de la session. Si
c'est le travail du ministère, ayant su, par les dossiers qui ont
été présentés il y a déjà quelque
temps, que c'était une demande essentielle, qui est justifiée;
si, d'autre part, le ministre admet que ce changement de nature est
nécessaire si on veut véritablement le progrès du
mouvement coopératif dans le Québec, à ce
moment-là, j'avoue que je ne vois pas très bien pourquoi on
n'accepterait pas la suggestion qui a été faite par le chef de
l'Opposition, à laquelle je me rallie d'emblée, qui serait de
prendre le temps, d'ici à demain, de faire les amendements requis - ils
ont dû d'ailleurs être quelque peu pensés - au moins pour
les personnes, si on n'est pas prêt, ce qui serait normal, à
adjoindre aussi d'une façon ou de l'autre des groupes comme les
corporations ou des entités, si vous voulez, morales et non plus
seulement physiques comme des corporations ou des institutions. Il faut faire
bien attention de ne pas escamoter simplement, parce qu'on pourrait dire qu'il
ne reste pas beaucoup de temps, une question comme la suivante d'ailleurs dans
l'autre bill qui touche peut-être la seule partie non publique, non
étatique de l'économie québécoise dont, comme
peuple, on puisse avoir une certaine fierté et même une
fierté certaine, c'est-à-dire ce qu'on a créé dans
le secteur coopératif. C'est presque un miracle que ce soit venu chez
nous, dans une société aussi dépourvue
économiquement non seulement de biens, mais même d'information.
C'est quand même autour du principe du bill, M. le Président, et
ça va être très rapide.
M. LE PRESIDENT: Je souligne tout simplement à l'honorable
député de Laurier que c'est autour du bill, mais que je ne
voudrais pas que ce soit trop loin.
M. LEVESQUE (Laurier): Nous n'irons pas dans l'histoire, sauf pour
évoquer ceci, qui est relié à la demande qu'il faut faire.
Et je crois, M. le Président que si vous avez deux minutes de patience,
vous allez le voir. Ce mouvement coopératif, donc, dans tous ces
secteurs a été d'abord et c'est le miracle du mouvement
coopératif québécois, le seul dans ce domaine qu'on ait
réussi comme miracle - le fruit du désir de solidarité et
d'émancipation, au moins local, d'une foule de simples citoyens de chez
nous, souvent, la plupart du temps, de citoyens très humbles au point de
vue économique, et le fruit d'un leadership qui leur est venu d'abord
d'une poignée de pionniers qui n'étaient pas tellement pris au
sérieux chez nous, et de leur ténacité, à tous,
dans un milieu, dans une société où on ne s'est pas
donné beaucoup de modèles à ce point de vue de
ténacité et de volonté. C'est de là qu'est issu ce
mouvement que nous avons aujourd'hui. Par regroupement, ces unités
locales ou à peine régionales se sont ensuite donné
laborieusement ces organisations centrales plus fortes, les
fédérations, qui leur ont permis d'acquérir l'ensemble de
ce qu'il leur aurait été absolument impossible d'acquérir
seules, c'est-à-dire la compétence des équipes de gestion,
etc. Or, ces organismes sont la seule promesse de la transformation
nécessaire du progrès - qu'évoquait le ministre du
mouvement coopératif. Seulement, il faut les adapter au monde
d'aujourd'hui, qui est un monde de grandes entreprises et de vie
économique compliquée, dominée de plus en plus par de gros
organismes. Si on ne permet pas aux fédérations
coopératives, qui sont ces gros organismes en puissance, de
pénétrer dans un milieu économique aussi difficile et
aussi dominé déjà par les gros, comme Montréal,
à ce moment-là, on joue avec les gens et on leur dit: Vous allez
le faire autrement et nous vous reverrons plus tard. En pratique, seul
l'amendement que demandait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEVESQUE (Laurier): J'ai presque ter-
miné, M. le Président, je voulais conclure. En pratique,
seul. Le ministre du Travail a presque un instinct mécanique. Il a dit:
A l'ordre! mais j'ai presque fini.
M. BELLEMARE: Je n'ai rien dit.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah! bon, d'accord.
M. BELLEMARE: Quand j'ai vu le Président se lever, je pensais que
vous ne l'aviez pas vu.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous voulez être sûr que trop fort ne
casse pas, oui. En pratique, il me semble que seul l'amendement que demandaient
et que demandent encore, autant qu'on sache, les coopérateurs, peut
rendre possible cette insertion coopérative, surtout dans le domaine de
la consommation, dans un milieu comme Montréal. A moins de demander
à des gens de chez nous, de notre milieu, plus d'héroïsme et
plus de lucidité qu'on en demande à tous les autres et alors, si
on ne veut pas leur demander cet effort extraordinaire de créer d'abord,
à dix, douze, vingt personnes, une petite association, avec la
difficulté effroyable que ça demande pour exister
vis-à-vis de toutes les concurrences d'un milieu métropolitain
comme Montréal.
Avant de recevoir l'appui valable de la fédération qui est
assez puissante pour leur permettre d'exister, à toutes fins
pratiques... De toute façon, on a évoqué un cas sur lequel
je n'insisterai pas, mais qui est très près du coin, d'où
je viens à Montréal, celui du projet des magasins
coopératifs que connaît le ministre et qui peut-être
compromis, si on n'accepte pas cet amendement au projet de loi.
Il y a des précédents. Nous en avons évoqué
deux: la Fédérée et ce qui se passe dans l'Ouest Je crois
qu'en Ontario du moins, c'est ce qu'on m'a dit la United Co-Op ou
Cooperated, étant unie sous forme de fédération, peut
également faire adhérer des individus. Si, d'une part, il y a un
projet qui peut être compromis et que, d'autre part, tous les
précédents sont là et prouvent que le mouvement
coopératif a besoin de cela pour se donner la force nécessaire
dans le monde d'aujourd'hui, dans un grand complexe comme Montréal, le
ministre ne pourrait-il pas considérer qu'on pourrait comme l'a
proposé le chef de l'Opposition différer la
deuxième lecture de cette loi très importante pour tout un
groupe de gens qui, chez nous, travaillent durement dans le domaine
économique jusqu'à demain au plus tard, parce
qu'entre-temps un amendement pourrait sans doute être
préparé?
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture.
M. Clément Vincent
M. VINCENT: Sans vouloir faire précéder les quelques
remarques que j'ai à faire de plusieurs arguments que j'aurais à
exposer devant cette Chambre en faveur du mouvement coopératif en
général; sans, non plus, démontrer l'importance que ces
institutions ont acquise depuis plusieurs années dans la province de
Québec; sans vouloir, enfin, faire des comparaisons entre le mouvement
coopératif tel qu'il existe ou a existé dans la province de
Québec et les coopératives des autres provinces, je voudrais tout
simplement faire quelques remarques au sujet de ce bill 293 modifiant la Loi
des associations coopératives.
Tout d'abord, comme on le sait, à l'approche de la fin d'une
session, tous les ministre font des pressions auprès du conseil des
ministres ou du gouvernement pour apporter devant l'Assemblée
législative des amendements ou encore des projets de
législation.
A ce moment-ci, nous avions deux possibilités, soit d'apporter un
projet complet, fruit des expériences acquises au ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation par notre division des coopératives
et par nos fonctionnaires qui sont appelés, tous les jours, à
travailler avec les coopératives dans la province de Québec.
Projet complet d'amendement, fruit également des études de la
commission royale d'enquête, qui a fait des propositions concrètes
en ce qui concerne le mouvement coopératif dans la province. Projet
d'amendement complet, fruit du travail du nouveau ministère des
Institutions financières, qui s'occupe maintenant du mouvement
coopératif dans la province. Par la suite, nous aurions eu, comme cela a
été fait par le nouveau ministère, à regarder les
suggestions du Conseil supérieur de la coopération, celles de la
Coopérative fédérée et, en plus, les suggestions
importantes des coopératives régionales qui existent dans la
province.
C'est donc dire qu'on aurait trouvé là une foule de
renseignements qui se seraient traduits par une série d'amendements
qu'on aurait inclus dans un projet complet présenté au cours de
cette session.
Donc, les possibilités qui se présentaient étaient
les suivantes: Est-ce que nous apportons ce projet au complet ou, plutôt,
allons-nous demander à la Législature d'apporter deux amendements
qui sont de toute urgence à ce moment-ci?
J'en ai discuté avec le ministre des Institu-
tions financières, que je remercie, au nom des
coopératives et en mon nom personnel, car ces amendements sont
exigés depuis déjà plusieurs mois. Puis, nous avons
convenu qu'il faudrait nous rencontrer de nouveau avec nos officiers, reprendre
le rapport de la commission royale d'enquête, avoir même les
commentaires des coopératives sur ce rapport. J'ai même
suggéré au ministre des Institutions financières que,
lorsqu'on nous apportera cette série d'amendements au complet, nous
puissions même être appelés à siéger en
comité pour entendre les remarques des personnes
intéressées.
Je crois donc qu'il est de toute urgence que nous apportions ces deux
amendements proposés aujourd'hui par l'honorable ministre des
Institutions financières et que nous acceptions ce que l'honorable
ministre nous mentionnait tout à l'heure, qu'à la prochaine
session, l'autre série d'amendements soit amenée. Je fais une
suggestion ici, dans cette Chambre, pour que les prochains amendements qui
seront amenés puissent être discutés en comité, un
comité quel qu'il soit où nous pourrions entendre les
représentants des coopératives ou les représentants
d'autres organismes.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre me permet une
question?
M. VINCENT: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Une simple question. On parle d'amendements
nombreux, etc. Est-ce que le ministre pourrait dire simplement,
numériquement, combien il y aurait d'amendements, en gros, afin qu'on
voie l'ampleur de la tâche que cela représentera?
M. VINCENT: Cet avant-midi, nous avons des suggestions de la part des
députés de l'Opposition. D'autres suggestions nous sont
également venues de la commission royale d'enquête...
M. LEVESQUE (Laurier): Je ne veux pas faire perdre le temps du ministre.
L'amendement dont il a été question jusqu'ici comme d'une des
demandes principales, c'est-à-dire la présence des personnes, au
sens de la loi, dans une fédération, ça
spécifiquement...
M. VINCENT: En ce qui concerne les individus?
M. LEVESQUE (Laurier): Oui, ça spécifiquement, qu'est-ce
cela demanderait?
M. VINCENT: Spécifiquement, cet amendement fut apporté
lors de la discussion de la charte ou du bill de la Coopérative
fédérée. C'est un amendement qui, à mon sens, a
été accepté par le ministère de l'Agriculture et de
la Colonisation. J'admets, avec le chef de l'Opposition et avec les autres
députés qui ont parlé, que cet amendement pourrait
être apporté dans la série d'amendements qui viendront.
Maintenant, quels sont les désirs ou les vues des coopératives
locales, de la Coopérative fédérée? Je sais que,
lorsque nous en avons discuté avec la Coopérative
fédérée, il était nécessaire que ceci se
fasse, car, pour devenir membre du conseil d'administration de la
Coopérative fédérée, il fallait absolument
être un sociétaire, être membre d'une coopérative
locale. Si quelqu'un n'était pas membre d'une coopérative
locale...
M. LESAGE: Ce n'est pas la raison principale, voyons.
M. VINCENT: C'était quand même une des raisons, et par la
suite...
M. LESAGE: Voyons, c'est enfantin.
M. VINCENT: C'était l'une des raisons pour lesquelles un
administrateur de la Coopérative fédérée devait
être membre d'une coopérative locale.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas la raison principale. Que le ministre
de l'Agriculture n'essaie pas de tromper les gens.
M. VINCENT: Je mentionne les raisons pour lesquelles nous avons
apporté ce changement dans les amendements à la nouvelle loi de
la Coopérative fédérée. L'une des raisons
était celle-ci, et les autres raisons qui s'ajoutaient...
M. LESAGE: Beaucoup plus importantes. Les autres raisons étaient
les principales. Si on essaie de nous faire croire que la seule raison...
M. VINCENT: Mais j'ajoute aux raisons qui ont été...
M. LESAGE: ... pour justifier les amendements apportés à
la loi de la Coopérative fédérée...
M. VINCENT: M. le Président...
M. LESAGE: ... ce n'est pas ce que vient de dire le ministre. Tout de
même, c'est un écran de fumée, ça.
M. VINCENT: ... je n'ai pas dit que c'était la principale raison.
C'est le chef de l'Opposition qui l'a ajouté. J'ai dit: L'une des
raisons, en ce qui concerne la Coopérative fédérée,
en plus d'être nécessaire dans une coopérative que,
maintenant, un producteur puisse devenir membre de la Coopérative
fédérée.
Il y avait une autre raison: par exemple, un administrateur de la
Coopérative fédérée qui n'était pas membre
d'une coopérative locale ne pouvait pas avoir un poste dans le bureau de
direction. C'était une des raisons. Il y en a beaucoup d'autres.
M. le Président, je demande à la Chambre d'agréer
ces amendements au bill no 293, parce qu'il faut de toute
nécessité que ces amendements soient adoptés dès la
présente session. Si le ministre des Institutions financières a
bien voulu présenter cette législation, c'est justement parce
qu'elle était nécessaire, mais nous devrons, dès la
reprise de la prochaine session, présenter une autre série
d'amendements. Ma suggestion est que ceci soit apporté devant le
comité, car plusieurs personnes veulent se faire entendre. J'ai
reçu hier un appel téléphonique d'un directeur ou
gérant de magasin d'une coopérative d'alimentation qui me
demandait, s'il lui serait possible, lorsque nous apporterions des amendements,
de se faire entendre, soit devant le comité ou devant les ministres
concernés.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre me permettrait-il une
question? Etes-vous d'accord?
M. VINCENT: Oui.
M. LEFEBVRE: Dans le cas spécifique de la
Fédération des magasins Co-Op, sans parler des autres revisions
ou des autres amendements qui pourraient être apportés, le
ministre ne croit-il pas qu'il serait au moins techniquement possible, et
même facile d'apporter un seul amendement touchant uniquement le cas de
la Fédération des magasins Co-Op, pour accorder à cette
fédération exactement les mêmes droits qui ont
été reconnus à la Coopérative
fédérée? Je sais qu'il connaît très bien la
loi de la Coopérative fédérée. Ne croit-il pas
qu'il y a moyen de faire la même chose pour le cas spécifique de
la Fédération des magasins Co-Op?
M. VINCENT: II serait techniquement possible d'apporter d'autres
amendements...
M. LEFEBVRE: Non, sur celui-là...
M. VINCENT: ... tel l'amendement suggéré par l'honorable
député. Mais, si nous apportons cet amendement, il faudrait
confirmer qu'il serait encore techniquement possible d'apporter d'autres
amendements qui pourraient nous être demandés par le
ministère de l'Agriculture, par nos officiers, par d'autres
ministères, par le ministère des Institutions financières
ou par d'autres députés de cette Chambre.
M. LEVESQUE (Laurier): Il va être possible jusqu'à la fin
du monde d'amender les lois. Nous le savons. Mais un amendement, est-ce la fin
du monde? Un amendement qui est demandé par les coopérateurs?
M. VINCENT: Ce n'est pas la fin du monde, un amendement.
M. LEVESQUE (Laurier): Alors, pourquoi le noyer dans tous les autres
amendements possibles? Nous le savons, qu'ils sont possibles.
Honnêtement.
M. LACROIX: Si cet amendement est valable pour la Coopérative
fédérée, pourquoi ne serait-il pas valable pour ces
coopératives-là?
M» VINCENT: Quand nous avons discuté de ces amendements
avec la Coopérative fédérée, nous avons
apporté un changement complet à toute la législation de la
Coopérative fédérée. Nous sommes allés en
comité. C'était un bill privé de la Coopérative
fédérée.
M. LESAGE: Il n'y a que trois articles, je les ai cités
tantôt. C'est tout. C'est très simple.
M. VINCENT: Différents articles ont été
changés.
M. LESAGE: Nous pourrions avoir un bill modifié demain matin.
M. VINCENT: Nous pourrions avoir un bill modifié, apporter
d'autres amendements.
M. LESAGE: Très facilement.
M. VINCENT: En ce qui me concerne, nous avons discuté d'une
série d'amendements.
M. LESAGE: Le gouvernement a ses responsabilités et...
M. GABIAS: Oui.
UNE VOIX: Nous allons les prendre, nos responsabilités.
M. LESAGE: ... je suis certain que M. Darveau serait en mesure de
préparer des modifications pas très considérables pour le
gouvernement.
M. LEVESQUE (Laurier): II a fallu moins de temps que ça pour
faire le bill no 85. C'est la dernière version.
M. VINCENT: A mon sens, le gouvernement, à l'heure actuelle,
prend ses responsabilités. Nous proposons à cette Chambre le bill
293 avec les amendements qui, croyons-nous, sont nécessaires à
l'heure présente. Nous reviendrons plus tard avec une autre série
d'amendements. Je demande donc l'appui de la Chambre pour ce bill no 293.
M. LACROIX: Toujours plus tard.
M. GABIAS: M. le Président, j'ai l'intention d'utiliser mon droit
de réplique.
M. LE PRESIDENT: Je dois faire remarquer aux membres de la Chambre que
l'intervention de réplique de l'honorable ministre mettra fin au
débat de deuxième lecture.
L'honorable ministre des Institutions financières.
M. Yves Gabias
M. GABIAS: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'attention et beaucoup d'intérêt les remarques du chef
de l'Opposition, du député de Laurier et du député
d'Ahuntsic.
En principe, je suis d'accord avec ce qu'ils recommandent. Sur les
moyens, je suis moins d'accord, comme sur les exemples que l'on nous
fournit.
Le chef de l'Opposition nous dit que ce serait très simple
d'arriver avec des amendements qui seraient la reproduction de ceux qui ont
été apportés à la Société
coopérative fédérée des agriculteurs l'an
passé. Vous n'avez qu'à reproduire trois articles que vous
retrouvez dans le bill 171, et le truc est joué.
M. LEFEBVRE: Transposition, pas reproduction.
M. GABIAS: Le chef de l'Opposition est beaucoup mieux renseigné
qu'il ne le laisse entendre...
M. LEFEBVRE: La transposition.
M. GABIAS: ... lorsqu'il nous demande par un petit truc,
d'intégrer ces trois articles dans la loi concernant les associations
coopératives.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça que j'ai suggéré.
M. GABIAS: Nous sommes en présence, M. le Président, d'un
bill privé, d'une loi spéciale qui concerne uniquement la
Fédérée et où uniquement cette association ou cette
société coopérative, était affectée par les
amendements apportés au bill 171. C'était donc facile de cerner
les implications de ces amendements. Il était facile de savoir et de
connaître exactement la portée des amendements au bill 171
lorsqu'on reconnaissait qu'un producteur pouvait être sociétaire.
Seuls ceux qui étaient touchés ou seule la Coopérative
fédérée était touchée par ces amendements,
et ses membres seulement étaient affectés.
Mais lorsqu'on nous demande d'inclure dans le projet de loi 293 le droit
à un individu d'appartenir ou d'être considéré comme
un sociétaire dans une association coopérative, dans une
société, dans une association ou dans une
fédération...
M. LESAGE: Non, non, il ne demande pas d'être membre d'une
société.
M. GABIAS: ... ou dans une fédération. M. LESAGE:
Fédération.
M. GABIAS: Nous touchons à ce moment à une loi
générale qui est le chapitre 292, et c'est
précisément à cause des implications qu'apportaient ces
amendements ou cet amendement qu'il nous a été impossible avec
sûreté de les inclure dans le bill 293.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre permettrait une question?
M. GABIAS: Certainement.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre admet que, dans ce chapitre 292
intitulé « Associations coopératives », seuls les
articles 110 à 122, c'est-â-dire douze articles traitent des
fédérations de coopératives?
M. GABIAS: Oui...
M. LESAGE: Ce n'est que douze articles.
M. GABIAS: Il y a douze articles qui concernent la
fédération»..
M. LESAGE: Qu'il faut examiner, ce n'est pas toute une loi. Ce sont
douze articles.
M. GABIAS: II y a douze articles qui concernent en particulier les
fédérations, mais le chef de l'Opposition reconnaîtra
également qu'il peut y avoir, dans les cent trente quelques articles du
chapitre 292, d'autres articles qui vont être affectés, outre les
douze qu'il mentionne.
M. LESAGE: Lesquels?
M. GABIAS: Bien, je ne sais pas, mais il peut y en avoir.
M. LESAGE: Comment il se fait que le ministre ne le sait pas?
M. GABIAS: Bien, je ne suis pas omniscient comme le chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: Non, mais tout de même, c'est son devoir de regarder la
loi.
M. GABIAS: Quand on entend le chef de l'Opposition nous donner comme
exemple dans le bill 171, trois petits articles à ajouter et le truc est
joué. C'est le même chef de l'Opposition qui, cinq minutes
après, nous dit...
M. LEFEBVRE: M. le Président...
M. GABIAS: ... il admet qu'il y a 22 articles qui concernent les
fédérations.
M. LESAGE: Non, M. le Président. J'invoque le
règlement.
M. GABIAS: C'est le même chef de l'Opposition.
M. LESAGE: J'invoque le règlement. M. GABIAS: Vous voyez le
sérieux... DES VOIX: A l'ordre!
M. GABIAS: ... du chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M» le Président, j'invoque le
règlement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition sur un point de
règlement.
M. LESAGE: J'ai dit que, dans le cas de la Fédérée,
il s'était agi d'amendemsnts apportés à trois articles
seulement.
M» GABIAS: C'est ça.
M. LESAGE: J'ai dit que, dans le cas de la loi des associations
coopératives...
M. GABIAS: M. le Président, j'ai laissé le chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Je veux rétablir les faits, M. le
Président.
M. GABIAS: J'ai laissé le chef de l'Opposition faire son
discours...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: J'ai le droit. Je n'ai pas parlé de 22 articles, je
veux rétablir les faits.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GABIAS: J'avais, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable chef de l'Opposition a
invoqué le règlement, et c'est son privilège. Il a
invoqué le règlement pour rectifier les faits. Comme il a
usé de son droit de parole et qu'il ne pourrait plus maintenant
rectifier les faits si vraiment ceux-ci n'ont pas été
interprétés comme ils auraient dû l'être, il lui est
permis de rectifier, et nous devons l'entendre. Je me propose d'intervenir si
ça dépassait ce cadre-là.
M. LESAGE: Je vais être très bref, M. le Président.
D'abord je n'ai pas mentionné 22 articles j'en ai
mentionné douze non pas qu'il fallait modifier, mais qu'il
faudrait examiner.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. GABIAS: Après cette savante... M. LESAGE: ...
déclaration véridique.
M. GABIAS: ... intervention du chef del'Op-position, je disais que, pour
le chef de l'Opposition, c'était un petit truc d'amender la loi
générale, au chapitre 292, de prendre trois petits articles du
chapitre 171, de les y inclure et le truc était joué. C'est ce
qui ressortait de son intervention principale. Mais là, il corrige.
M. LESAGE: Je n'ai pas corrigé, c'est vous qui avez...
M. GABIAS: Déjà, il revient à laloi
générale et dit qu'il est possible que tout le chapitre
concernant les fédérations...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GABIAS: ... devrait faire l'objet d'une étude quant à
l'amendement proposé. J'ai ajouté qu'il est possible que d'autres
articles de cette loi générale, puissent être
affectés. Le chef de l'Opposition me dit; « Nommez-les. » Je
ne peux pas les nommer, je n'en ai pas fait l'étude personnellement, pas
plus que le chef de l'Opposition ne l'a fait. Il n'est pas en mesure de dire
comme chef de l'Opposition que ces amendements-là n'auront
pas d'effet sur d'autres articles que les douze qu'il mentionne. C'est parce
qu'il n'en a pas fait l'étude.
M. LEFEBVRE: M. le Président, le ministre me permettrait-il une
question?
M. GABIAS: C'est précisément pour cela que nous ne sommes
pas prêts à inclure, à la vapeur, comme cela s'est trop
souvent fait, du temps où l'Opposition était au pouvoir, à
la vapeur, à la dernière minute, sans connaître les
conséquences qu'il y a à apporter des amendements à une
loi générale...
M. le Président, c'est par sagesse...
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que le ministre me permet
une question?
M. GABIAS: ... que nous ne voulons pas... M. LESAGE: C'est du «
taponnage »! M. GABIAS: ... « taponner »...
M. LESAGE: Vous voulez dire que vous « taponnez ».
M. GABIAS: Nous ne voulons pas « taponner », comme le
demande le chef de l'Opposition.
M. LEFEBVRE: Le ministre pourrait me répondre.
M. GABIAS: II reconnaît que le projet de loi est bon.
UNE VOIX: Chacun votre tour.
M. GABIAS: II reconnaît que les amendements...
M.LEFEBVRE: Mais c'est conforme au règlement.
M. GABIAS: Il reconnaît que les amendements...
M. LEFEBVRE: Le ministre me permettrait-il une question?
M. GABIAS: Tout dépend si c'est une question qui aidera...
M.LEFEBVRE: Je veux sauver...
M. GABIAS: ... la Chambre. Je vais en donner l'opportunité au
député d'Ahuntsic, parce que cela ne lui arrive pas souvent. Mais
si c'est pour faire perdre le temps de la Chambre, je crois qu'il ne devrait
pas poser sa question.
M. LE PRESIDENT: Nous le saurons après avoir entendu le
député d'Ahuntsic.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je vous remercie. Je voudrais
justement ramener le débat plus au sérieux. Je pense que je
rendrai service au ministre. Ma question est la suivante: Est-ce que le
ministre ne conviendra pas, en toute bonne foi, sans chercher noise ou chicane
à qui que ce soit, qu'il y a une différence entre un amendement
qui concernerait toutes les fédérations coopératives et un
amendement spécifique pour régler un problème
donné? Ce n'est qu'un préambule. La question est bien simple.
M. GABIAS: Je comprends votre question. Si le député avait
voulu être patient, je lui aurais répondu.
UNE VOIX: Il n'a même pas posé sa question.
M. GABIAS: Il veut un amendement spécial pour les
coopératives.
M. LEFEBVRE: Pour la Fédération des magasins Co-Op.
M. GABIAS: La Co-Op.
M. LEFEBVRE: Cela ne sert à rien de lancer des injures.
M. GABIAS: Je voulais dire, avant que le député fasse son
intervention, que nous allons examiner cet angle-là...
M. LEFEBVRE: Aujourd'hui?
M. GABIAS: A savoir si véritablement, un groupe, une association
de coopératives ou une fédération seraient durement
affectés par le fait que nous n'introduisons pas l'amendement
général réclamé...
M. LEFEBVRE: Alors, là, le ministre...
M. GABIAS: ... et que, si l'on pouvait apporter un amendement
particulier pour couvrir un cas...
M. LEFEBVRE: Le ministre s'améliore.
M. GABIAS: Non, il ne s'améliore pas. Celui qui vous parle a
toujours été conciliant et aimable avec les gens d'en face.
M. LACROIX: Il a l'humeur égale, il est toujours
fâché.
M. GABIAS: M. le Président, chaque parti a sa croix. Le parti
libéral a la sienne.
M. LACROIX: Nous ne pouvons pas tous faire une belle mort.
M. GABIAS: Je crois qu'il ne faudrait pas détériorer le
climat coopératif qu'il y avait ce matin.
M. LEFEBVRE: C'est justement.
M. GABIAS: Nous devrions le maintenir. Je suis d'accord, en principe, je
le répète, avec les amendements ou l'amendement
réclamés par l'Opposition ou les membres indépendants du
côté d'en face. A cause des implications graves qu'un tel
amendement apporterait à la loi générale, j'admets que
nous ne sommes pas prêts, cette année, à l'apporter.
Le député d'Ahuntsic, bien qu'il ait avisé cette
Chambre qu'il n'était pas assuré du concours du chef de
l'Opposition...
M. LEFEBVRE: Ne « charriez » pas, on discute
sérieusement.
M. GABIAS: ... a osé... Ah, quand on parle du chef de
l'Opposition, ce n'est pas sérieux!
M. LEFEBVRE: Non, non, c'est très sérieux, mais vous
étirez mes propos.
M. GABIAS: M. le Président, j'avais cru que le
député d'Ahuntsic...
M. LESAGE: C'est, sans doute, ce que l'on appelle un
coq-à-l'âne.
M. GABIAS: Je suis certain que le coq, c'est vous, et que l'âne,
ce n'est pas moi.
M. LESAGE: Non, mais ça vous ressemble.
M. LEFEBVRE: M. le Président, si je croyais que le ministre a
voulu traiter le président d'âne, j'invoquerais le
règlement, mais je suis sûr qu'il regardait dehors.
M. GABIAS: Les ressemblances, M. le Président...
UNE VOIX: C'est une pure coïncidence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je compte sur un certain mouvement
coopératif pour revenir au bill 293.
M. GABIAS: M. le Président, le député d'Ahuntsic a
fait une suggestion. Nous allons l'étudier et, s'il y a lieu,
après avoir consulté le mouvement coopératif, mes
officiers supérieurs qui s'occupent en particulier du mouvement
coopératif et les légistes, nous pourrions, en troisième
lecture, apporter l'amendement suggéré par le
député d'Ahuntsic, pourvu que ça ne cause pas
préjudice aux autres mouvements coopératifs et que ça
corrige un cas particulier qui souffrirait de ne pas bénéficier
d'un tel amendement dans la présente loi.
A la suite des informations supplémentaires qui ont
été fournies par le ministre de l'Agriculture, je demande que la
deuxième lecture soit votée, si possible, à
l'unanimité. Même si tous les amendements désirés
n'y sont pas contenus, je crois sincèrement que le bill 293 apporte des
amendements qui aideront grandement le mouvement coopératif.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Insitutions financières
propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude du bill 293. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (président du comité plénier).
M. BELLEMARE: Est-ce qu'on peut suspendre les travaux de la Chambre
maintenant? On pourrait recommencer à trois heures.
M. LESAGE: Bien, le ministre des Institutions financières a
parlé de la possibilité d'apporter une modification en
troisième lecture. Normalement, c'est en comité que ça se
fait Alors, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux rapporter progrès
et aller en comité demain pour ce bill.
M. BELLEMARE: Demain ou cet après-midi?
M. LESAGE: Demain, après que le ministre aura
considéré l'opportunité d'apporter une modification dans
le sens qu'il vient de mentionner. Il a dit qu'il le ferait à
l'étape de la troisième lecture. Or, l'étape au cours de
laquelle nous pouvons apporter des amendements à un bill, c'est
réellement l'étape du comité.
M. GABIAS: On sait tout cela, M. le Président. Simplement, cela
arrive couramment dans cette Chambre, de consentement unanime, et avec le
privilège de revenir en comité, s'il y a discussion. Je pense que
le chef de l'Opposition, s'il ne veut pas se chicaner sur les mots...
M. LESAGE: Je ne veux pas me chicaner.
M. GABIAS: ... devrait se rendre... C'est évident que c'est en
deuxième lecture, lors de l'étude du comité, qu'on apporte
des amendements. Tout le monde sait ça.
M. LESAGE: Bon, alors?
M. GABIAS: Pourquoi remettre ça à demain?
M. LESAGE: Oui, oui, mais...
UNE VOIX: Allez-vous avoir le temps de...
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, nous allons rapporter
progrès et, à trois heures, nous reviendrons, nous demanderons,
peut- être, la permission de la Chambre pour introduire...
M. LESAGE: Ah, j'ai compris qu'à trois heures il y aurait la
cérémonie traditionnelle de présentation des
députés nouvellement élus.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: Après ça bien nous continuerons le travail.
M. BELLEMARE: Le comité ad hoc siégera sur la loi 290.
M. LESAGE: Après la cérémonie.
M. BELLEMARE: Après la cérémonie.
M. LESAGE: Si j'ai des changements à apporter quant...
M. BELLEMARE: Aux noms. M. LESAGE: ... aux membres... M. BELLEMARE: Oui,
oui.
M. LESAGE: ... du comité, je le ferai savoir au ministre,
après la présentation des deux députés.
M. BELLEMARE: Alors, je dois attendre pour changer, j'en ai...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Très bien. Alors, rapportez progrès, M. le
Président.
M. FRECHETTE (président du comité plé-nier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
à nouveau.
M. LEBEL (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance?
La Chambre suspend ses travaux jusqu'à trois heures cet
après-midi.
Reprise de la séance à 15 h 13
M. LEBEL (président): A l'ordre, messieurs!
Présentation de MM. Cardinal et Tetley
M. BELLEMARE: M. le Président, je fais motion pour que les
travaux normaux de la Chambre soient suspendus à cause des
événements qui vont se produire d'ici quelques minutes.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
J'ai l'honneur d'informer la Chambre que f ai reçu du
président général des élections les certificats
d'élection suivants: « A l'Orateur, « Assemblée
législative de Québec, « Hôtel du Gouvernement,
« Québec. « Monsieur,
Je certifie que conformément à un bref d'élection
émis le 16 octobre 1968, et adressé à M. Jean-Paul
Gauthier, gérant, domicilié à Saint-Théodore, M.
Joseph-Jean-Guy Cardinal, notaire, a été, ainsi qu'il appert du
rapport qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu
député du collège électoral de Bagot à
l'Assemblée législative de Québec, en remplacement de
l'honorable Daniel Johnson, avocat, décédé. »
« A l'Orateur, « Assemblée législative de
Québec, « Hôtel du Gouvernement, « Québec.
« Monsieur,
Je certifie que, conformément à un bref d'élection
émis le 16 octobre 1968, et adressé à M. Hector Langlois,
avocat, domicilié à Montréal, M. William Tetley, avocat, a
été, ainsi qu'il appert du rapport qui se trouve dans les
archives de mon bureau, élu député du collège
électoral de Notre-Dame-de-Grâce à l'Assemblée
législative de Québec, en remplacement de M. Eric Kierans,
démissionnaire. »
M. BELLEMA.RE: M. le Président, j'ai l'honneur de vous
présenter Jean-Guy Cardinal, député du collège
électoral de Bagot. M. Cardinal a prêté et souscrit sur le
rôle le serment prescrit par la loi. Il réclame maintenant le
droit de siéger.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'honneur de vous
présenter William Tetley, député du collège
électoral de Notre-Dame-de-Grâce. M. Tetley a prêté
et souscrit sur le rôle le serment prescrit par la loi. Il réclame
maintenant le droit de siéger.
Mr. President, I have the honour to present to you Mr. William Tetley,
member elect for the electoral division of Notre-Dame-de-Grâce, who has
taken and subscribed on the roll the oath required by law and now claims the
right to take his seat.
M. BELLEMARE: J'ai cru entendre, ce matin, que l'honorable
président de cette auguste assemblée nous ferait un accueil fort
sympathique à la fin de nos travaux aujourd'hui.
M. le Président, j'aurais quelques changements à apporter
quant à la composition du comité qui doit siéger cet
après-midi au sujet du bill 290. Je proposerais que le nom de M. Gabias
soit remplacé par celui de M. Murray.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée? Adopté. A
l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, en ce qui concerne le même
comité ad hoc pour l'étude du bill 290, je propose que le nom de
M. Lesage soit remplacé par celui de M. Cliche, et celui de M. Bourassa
par celui de M. Maltais (Saguenay).
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. BELLEMARE: Il va être sûrement utile.
M. MALTAIS (Saguenay): Le ministre du Travail me connaît.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je vous demanderais de
retourner en comité plénier pour le bill 293 et durant
l'étude de ce bill... Pardon?
M. LESAGE: Est-ce que le ministre va apporter les modifications qu'il
nous a laissé espérer?
M. BELLEMARE : Nous allons suivre l'ordre de la Chambre et, en temps et
lieu, nous y verrons.
M. LESAGE: « En temps et lieu ». C'est encore à la
model Je pensais que, maintenant, c'était: « On y verra
».
M. BELLEMARE: M. le Président, avec la permission de la Chambre,
le comité ad hoc siégera à la chambre 81,
immédiatement pour étudier le bill 290.
M. LE PRESIDENT: Alors, de nouveau en comité plénier pour
l'étude du bill 293.
Comité plénier
M. FRECHETTE (Président du comité plénier): A
l'ordre! Bill 293. Article 1.
M. LESAGE: Je vais profiter de l'étude de l'article 1 pour
demander au ministre des Institutions financières s'il a eu l'occasion,
depuis la suspension de la séance, à une heure moins quart,
d'étudier la possibilité d'apporter certaines modifications dont
nous avons longuement discuté ce matin. Je n'ai pas l'intention de
reprendre la discussion, à ce moment-ci.
M. GABIAS: M. le Président, le chef de l'Opposition sait, par
expérience, que le présent gouvernement agit vite et bien. Nous
avons le plaisir de soumettre cet amendement dont je fais parvenir deux copies
au chef de l'Opposition et une copie au greffier.
Cet amendement deviendrait l'article 5 du bill 293. Ladite loi est
modifiée en insérant, après l'article 120, le suivant,
120-A: « La fédération des magasins Co-Op, après
avoir adopté un règlement spécial à cet effet, peut
aussi admettre comme membre toute personne autre qu'une association. Ce
règlement détermine les conditions d'adhésion,
d'admission, d'éligibilité, de représentation et de
participation. »
Je crois, M. le Président, que cela rencontrera les vues unanimes
de cette Chambre. Cet amendement corrige, d'abord, une situation de fait
à la Fédération des magasins Co-Op, qui veut que,
déjà, un immeuble soit en construction et que des projets soient
mis à exécution. Or, ce projet serait placé dans une
situation défavorable si l'amendement que je propose n'était pas
accepté.
Je comprends que le chef de l'Opposition je ne dis pas que ce
n'est pas avec raison aurait préféré qu'un tel
droit soit donné à l'ensemble des fédérations ou
des associations coopératives. Je puis assurer le chef de l'Opposition
et cette Chambre que, dès le début de la prochaine session -
alors que nous aurons été capables de mesurer toutes les
implications qu'un tel amendement aurait si on le donnait à toutes les
fédérations d'associations coopératives nous serons
en mesure de nous rendre d'abord aux demandes des fédérations et
du Conseil supérieur de la coopération également.
L'amendement que nous soumettons cet après-midi fait suite à une
suggestion, en premier lieu, des magasins Co-Op, que nous connaissons bien
à travers la province. Il fait suite aussi à un écho du
chef de l'Opposition, à un écho du député
d'Ahuntsic et également à un écho du député
de Laurier. C'est un problème que nous connaissions, mais je le redis,
sur lequel on n'avait pas assez insisté pour que nous le
considérions comme une priorité. Mais, ce matin, nous avons
convenu qu'il s'agissait d'une priorité, et nous avons réuni les
cerveaux les plus compétents en cette matière pour qu'à
l'occasion de l'ajournement, le présent amendement soit
rédigé. J'informe la Chambre que le Conseil supérieur de
la coopération est satisfait de cet amendement...
M. LESAGE: Je le pense bien.
M. GABIAS: ... que tout le monde est satisfait de l'amendement.
J'espère qu'il pourra être à la satisfaction des membres de
l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, ce serait une belle occasion, pour le
député d'Ahuntsic, le député de Laurier et celui
qui vous parle, de dire des méchancetés, mais je n'ai pas
l'intention de le faire...
M. GABIAS: Allez-y, allez-y.
M. LESAGE: ... je ne veux pas gaspiller le climat. Le climat est
excellent, cet après-midi, et j'ai bien l'intention de ne rien faire
pour lui enlever de sa sérénité. Tout de même, il
est remarquable que le ministre ait admis implicitement que ce n'est que
lorsque le gouvernement est poussé dans ses derniers retranchements,
qu'il arrive à la dernière minute avec des solutions empiriques
pour éteindre les feux, pour voir au plus pressant. Jamais une
étude approfondie n'a été faite en temps utile. Mais c'est
assez sur ce sujet. Je crois qu'il était de mon devoir de le dire, et le
député d'Ahuntsic, qui est présentement à une
séance de comité, l'aurait sans doute dit à ma place, si
je ne l'avais pas dit.
M. GABIAS: Vous étiez moins loin.
M. LESAGE: Disons, pour le moment, M. le Président, que cette
modification suggérée au
projet de loi par le ministre des Institutions financières
règle le cas le plus urgent et peut-être des cas parmi les plus
urgents. Il appartiendra évidemment aux fonctionnaires du
ministère d'examiner toute la loi puisque ça n'a pas
été fait, et particulièrement les articles que j'ai
mentionnés ce matin. Il leur appartiendra de voir de quelle façon
on pourrait apporter à ces articles, ou peut-être d'autres
articles de la loi, suivant ce que disait ce matin le ministre, les
modifications qui feront qu'une personne, au sens juridique du mot, ou encore,
si ce n'est pas possible, une personne physique puisse devenir membre à
part entière d'une fédération de coopératives.
Et je retiens l'assurance du ministre que nous aurons cette
réponse très tôt après le début de la
prochaine session.
M. GABIAS: Article 1, adopté.
M. le Président, je me permets de remercier le chef de
l'Opposition de ne pas avoir sauté trop haut à l'occasion des
remarques qui ont été adressées à l'Opposition.
J'aurais tout de même préféré qu'il insiste
davantage sur la célérité du gouvernement à se
rendre à une demande qui était juste et normale, à mon
sens, et qui réglait un problème aigu qui, si je ne m'abuse,
existait du temps où le chef de l'Opposition était le chef du
gouvernement. Mais passons sous silence toutes ces carences qui ont pu exister
autrefois et adoptons, dans la joie de l'unanimité, l'article 1 du bill
293.
M. LESAGE: D'accord, M. le Président, mais si je puis exprimer un
espoir, espérons que nous aurons le même succès lorsque
nous étudierons le bill 294.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté.
M. GABIAS: Cela dépend de ce qui sera suggéré.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. M. GABIAS: Article 3,
adopté. M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. M. GABIAS: Articles 4
et 5, adoptés.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Article 4, adopté. L'article 5,
c'est l'amendement?
M. GABIAS: Oui.
M. LE PRESIDENT: L'article 5 devient donc l'article 6.
Adopté.
M. FRECHETTE (Président du comité plé-nier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté le bill 293 avec un amendement qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): Le bill amendé se-ra-t-il
agréé? Agrée.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Institutions financières propose que le bill soit lu une
troisième fois.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Oui, avant que le ministre ne change d'idée.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. GABIAS: On vient de me reprocher de ne pas changer assez souvent
d'idée et maintenant, on me reproche de le faire trop souvent.
M. LESAGE: Vous êtes sur la bonne voie, et nous voulons que vous y
restiez.
M. GABIAS: C'est vraiment une bonne opposition.
Bill 294
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières propose la deuxième lecture de la Loi modifiant la
loi des caisses d'épargne et de crédit.
L'honorable ministre des Institutions financières.
M. Yves Gabias
M. GABIAS: M. le Président, on pourrait à
l'unanimité me dispenser de la formule sacramentelle.
Il s'agit d'une loi modifiant la Loi des caisses d'épargne et de
crédit. Depuis fort longtemps, le Conseil de la coopération du
Québec, les caisses d'épargne et de crédit et les
fédérations réclamaient qu'on ajoute à leurs
pouvoirs, de telle sorte que les fédérations de caisses
d'épargne et de crédit obtiennent des pouvoirs additionnels de
placement, notamment l'acquisition, à certaines conditions,
d'actions
de banques d'épargne, de compagnies de fidéi-commis, de
compagnies d'assurance et de sociétés industrielles ou
commerciales.
Aujourd'hui, nous nous rendons à ces demandes. On pourra,
à la lecture de ce projet de loi, se rendre compte que les conditions
sont assez sévères.
UNE VOIX: Un peu, oui!
M. GABIAS: Mais, bien que sévères, ces conditions sont
agréées par les fédérations. Je ne sache pas
à moins que les fédérations aient été
timides et elles n'ont pas l'habitude de l'être qu'on se plaigne
de ce projet de loi d'aucune façon, parce que nous n'avons reçu
aucune protestation.
Au contraire, fe ferais rougir les gens d'en face, si je leur faisais
part de tous les compliments qui nous ont été
adressés.
M. LACROIX: Soyons modeste.
M. GABIAS: Parce que nous sommes modestes de nature, nous dispenserons
cette Chambre de toute ces louanges, mais nous voulions tout de même
qu'elle sache qu'il y a unanimité chez les fédérations
pour le projet de loi que nous soumettons. Bien entendu, et c'est bien humain.
On aurait peut-être préféré que la loi donne des
ouvertures plus larges, que la loi donne des pouvoirs plus étendus,
c'est tout à fait normal.
Tout individu, toute association réclame souvent plus pour
recevoir moins ou réclame plus sachant que le législateur, dans
sa sagesse, n'accordera que les pouvoirs requis et nécessaires. Inutile
d'insister ainsi que nous le pourrions, M. le Président, pour faire
l'éloge des caisses d'épargne et de crédit dans la
province. Nous pourrions faire l'éloge des pionniers de ces caisses
d'épargne et de crédit qui ont sensibilisé une population
à ces problèmes d'épargne, à ces problèmes
de placement et qui ont considérablement aidé dans les
régions les plus éloignées de notre province, au
développement économique et je dirais même au
développement culturel et social de la population de ces endroits.
Le mouvement est tellement connu que je n'insisterai pas sur les
mérites des pionniers non plus que sur les mérites des
continuateurs des pionniers et des mérites de ceux qui sont intimement
et activement mêlés au domaine des caisses d'épargne et de
crédit.
Mais le gouvernement actuel a reconnu que ces institutions avaient
acquis la maturité suffisante, avaient le personnel compétent
suffi- sant pour obtenir les droits qu'on leur accorde dans ce bill 294. Je
pourrais, M. le Président, vous lire une série de
télégrammes. Dans chacun de ces télégrammes, on
réclame l'amendement ou les amendements contenus dans le bill 294. Tous
nous disent qu'il s'agit d'un pouvoir nécessaire au
développement, à l'épanouissement, au progrès de
nos caisses d'épargne et de crédit. Tous s'accordent
également pour que ce pouvoir que l'on accorde dans le bill 294 soit
limité à l'an 1970. Et cela, parce que la commission Parizeau
à ce moment aura fait son rapport sur la refonte de toutes ces lois qui
concernent les caisses d'épargne et de crédit, qui concernent
également toutes les institutions financières, possiblement les
compagnies et les coopératives. C'est dans l'attente de ce rapport,
rapport qui doit être remis au cabinet, au conseil des ministres au cours
de l'hiver 1969, que nous présentons ce projet de loi, pour corriger
temporairement une situation mais une situation qui sera de nouveau
améliorée à la suite du rapport Parizeau de la commission
Parizeau et à ce moment-là il nous sera possible de soumettre
à cette Chambre un projet de loi refondant ou amendant en profondeur ces
lois concernant les institutions financières, coopératives et
compagnies.
Le bill 294 est donc présenté à la suite de
demandes unanimes et réitérées des
fédérations concernées. Il est également
déposé parce qu'il s'agit d'une nécessité pour
assurer le développement de ces institutions et parce que nous sentons
que ces caisses d'épargne et de crédit, de même que les
responsables de ces institutions ont besoin de la coopération du
gouvernement, et de droits additionnels. C'est avec plaisir et empressement que
le gouvernement actuel fait suite aux demandes de ceux qui s'intéressent
aux caisses d'épargne et de crédit. Nous espérons que ce
projet de loi sera adopté à l'unanimité par les membres de
cette Chambre.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mercier.
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: Très brièvement, pour enchaîner sur les
remarques du ministre et puisqu'on aura certainement l'occasion, au cours de la
discussion en comité, de formuler certaines suggestions, il faut,
évidemment, se féliciter que le gouvernement ait finalement
cédé aux représentations qui lui étaient faites de
la part des caisses populaires pour répondre à des situations qui
exigeaient des gestes immédiats. Il était nécessaire de
présenter ce projet
de loi pour permettre à un instrument important du
développement économique du Québec de répondre
à des besoins nouveaux, dans des conditions nouvelles.
Outre de pouvoir répondre aux besoins de crédit de leurs
membres ce qui a été fait avec succès, depuis un
très grand nombre d'années comme l'a, d'ailleurs, souligné
le ministre les caisses populaires et les caisses d'épargne
tiennent à participer davantage au développement industriel.
Déjà, elles y ont participé, assez indirectement,
d'accord, grâce à l'appui qu'elles ont apporté au
gouvernement du Québec en achetant des titres de la province qui ont
permis des investissements publics. Il faut l'admettre et le signaler, à
cette occasion, ce concours des caisses populaires dans l'achat des titres de
la province a été extrêmement précieux et il l'est
d'autant plus à l'heure actuelle que les marchés financiers sont
de plus en plus difficiles. Dans la mesure où ce concours diminue la
dépendance vis-à-vis des circuits financiers extérieurs
à la collectivité canadienne-française, il faut constater
qu'ils sont un apport extrêmement utile au financement de nos
investissements publics.
On a parfois reproché aux caisses populaires de ne pas investir
davantage ou d'une façon plus positive et plus directe dans le
développement industriel du Québec. Je pense que, lorsqu'on l'a
fait, on a oublié que les textes législatifs limitaient
singulièrement la volonté de ces institutions de vouloir
participer à ce développement industriel. En conséquence,
il était injuste de leur reprocher de ne pas y participer assez.
Une autre raison peut justifier la présentation de ce projet de
loi qui permettra, entre autres, aux caisses populaires d'investir sous forme
d'actions: c'est qu'aujourd'hui, avec le taux d'inflation que nous connaissons
un taux d'inflation qui se situe à environ 4% par an si on
veut protéger la croissance des portefeuilles de quelque institution que
ce soit, il est absolument vital que ces institutions puissent avoir une
liberté de manoeuvre plus grande qui leur permette d'investir davantage
sous forme d'actions. Il est, en effet, reconnu que ce sont les placements sous
cette forme qui constituent une plus grande protection contre l'inflation.
Il est donc justifié, à plusieurs titres, de donner aux
caisses populaires des reponsabilités accrues. Ces
responsabilités pourront contribuer à répondre à la
première priorité actuelle au Québec, c'est-à-dire
créer de nouveaux emplois. C'est donc une mesure importante et
opportune. Elle est d'autant plus opportune que nous constatons depuis quelque
temps l'accélération d'une situation qui exis- tait
déjà, c'est-à-dire la vente de plusieurs de nos
entreprises, c'est-à-dire des entreprises appartenant à des
Québécois francophones, à des intérêts
américains ou à des intérêts étrangers.
Il est essentiel, plus que jamais, de fournir des instruments aussi
efficaces que possible aux Québécois, non seulement pour stimuler
leur développement économique, mais pour essayer d'avoir une part
plus grande dans les centres de décision.
L'objectif de ce bill, je pense l'avoir démontré, et
d'ailleurs le ministre et notre parti, nous sommes d'accord là-dessus,
est donc vital et important. C'est pourquoi son application doit être
faite de la meilleure façon. Nous sommes d'accord sur les objectifs,
mais nous constatons qu'il y a dans ce bill des inconvénients ou des
faiblesses qui nous apparaissent inadmissibles. Quelles que soient les raisons
qui peuvent les expliquer ou les excuser, on peut quand même
difficilement admettre que le ministre ait un pouvoir discrétionnaire,
du moins apparemment, pour autoriser des transactions éventuelles des
caisses populaires.
Il ne faut pas avoir une expérience tellement grande des affaires
pour réaliser comment cette disposition sur laquelle nous aurons
l'occasion de revenir en comité plénier, et qui donne ce pouvoir
discrétionnaire ou capricieux au ministre, pourra être
préjudiciable aux négociations que pourront avoir les caisses
populaires avec des entreprises. Car ces entreprises ou ces parties se
trouveront elles aussi à examiner les conditions dans lesquelles les
transactions pourront être faites. Elles pourront constater très
facilement ce pouvoir discrétionnaire du ministre qui, à mon
sens, introduit dans ce circuit économique des éléments
extrinsèques ou étrangers qui peuvent singulièrement, dans
des cas concrets, même si, sur papier, on ne peut le réaliser
immédiatement, nuire à la bonne marche ou à la
réalisation des objectifs que nous voulons rechercher avec ce projet de
loi.
C'est pour moi une entrave sérieuse, et qu'il y aura lieu de
discuter tantôt. Ce projet de loi permet donc de diversifier les
placements, de favoriser un développement économique dans des
secteurs possiblement nouveaux, de favoriser une meilleure utilisation des
économies. Il est donc juste de constater que les caisses populaires
pourront ainsi constituer un instrument plus efficace au service du
Québec.
Au même titre que la Société générale
de financement, que la Caisse de dépôt ou que
l'HydroQuébec, mais dans un cadre évidemment différent,
les caisses populaires pourront remplir une fonction essentielle en regard de
nos prio-
rités. D'autant plus que l'un de ces quatre principaux
instruments au service de notre collectivité, la Caisse de
dépôt, est de moins en moins en mesure de diversifier ses
placements, puis-qu'à cause de la situation financière du
gouvernement, elle a près des trois quarts de son portefeuille sous
forme d'émissions du gouvernement ou de sociétés
gouvernementales. C'est une raison de plus pour permettre à des
institutions comme les caisses populaires de pouvoir diversifier davantage
leurs placements.
Le gouvernement du Québec doit donc soutenir cette recherche de
nouveaux objectifs, d'autant plus que les intérêts des caisses
populaires coïncident étroitement avec ceux de la
collectivité où elles agissent.
Somme toute, ce bill, moyennant certaines modifications dans son
application, ce bill peut constituer un nouveau départ pour les caisses
populaires et leur permettre de remplir les fonctions qu'elles veulent assumer
et qui sont conformes à nos priorités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition. Je voudrais faire
remarquer à la Chambre que l'intervention-réplique de l'honorable
ministre mettra fin au débat de deuxième lecture et le signaler
aux membres de la Chambre qui désirent intervenir.
L'honorable chef de l'Opposition.
M. Jean Lesage
M. LESAGE: Je m'empresse d'apporter une très modeste contribution
parce que je ne crois pas pouvoir ajouter beaucoup à ce qui a
été dit par l'honorable député de Mercier. Il
s'agit, à mon sens, au point de vue de la technique législative,
d'un projet de loi qui est un expédient. Je parle au point de vue de la
technique législative. Je constate que le ministre des Institutions
financières l'admet.
M. GABIAS: Admis.
M. LESAGE: Ce que je ne comprends pas très bien, c'est que,
depuis des mois et des mois, on a laissé entendre aux autorités
des fédérations et des unions de caisses que la loi serait
modifiée à la présente session pour leur permettre une
plus grande liberté de manoeuvre dans leurs investissements.
Elles ont besoin de cette liberté de manoeuvre tout le
monde est d'accord car ces institutions se font dire de plus en plus que
les capitaux considérables qui sont réunis à leur enseigne
sont loin d'exercer l'influence dynamique à laquelle on pourrait
s'attendre pour l'avancement et la consolidation de l'économie
québécoise et je pense qu'on peut l'ajouter
particulièrement du secteur francophone.
Dans un mémoire que j'ai reçu, et qui est sans doute un
texte similaire pour le moins à un mémoire qu'a reçu le
gouvernement, je lis ce qui suit: « Pour atteindre une telle influence,
il faut de toute nécessité que disparaissent les obstacles
juridiques restreignant le champ de manoeuvre des caisses en matière
d'investissement. Actuellement, ce n'est que pas les canaux étroits des
prêts hypothécaires ou par le truchement de la
Société générale de financement qu'une partie des
capitaux des caisses peut être dirigée vers des entreprises
créatrices de nouveaux emplois. Toutes les autres avenues leur sont
pratiquement fermées. Et ce n'est bien souvent qu'en usant de mille
stratagèmes il m'en vient plusieurs à l'esprit en lisant
cette phrase ou en obtenant de peine et de misère un article ad
hoc dans un projet de loi particulier que les caisses parviennent à
acquérir des titres de propriété et de contrôle sur
certaines corporations financières susceptibles de prolonger leurs
propres actions. « Il s'impose que la situation soit
régularisée j'insiste là-dessus et que les
caisses d'épargne et de crédit puissent diversifier
l'éventail de leurs placements, de manière à être en
mesure d'utiliser les outils voulus pour participer de plein droit à la
mise sur pied, à l'achat ou à la consolidation d'entreprises
financières, commerciales ou industrielles. « Evidemment, nous
reconnaissons que l'exercice des pouvoirs ainsi réclamés devrait
être soumis à certaines règles de prudence. Et c'est dans
cet esprit, d'ailleurs, que nous jugeons à propos de n'en faire
bénéficier, surtout au début, que les
fédérations, et selon des modalités bien précises.
»
Nous pouvions nous attendre à ce que la loi elle-même
détermine ces modalités. En fin de compte, par l'expédient
législatif que constitue le bill 294, le gouvernement demande un
blanc-seing. Le gouvernement laissera au ministre des Institutions
financières une discrétion absolue de juger si une demande
d'autorisation faite par une fédération de caisses tombe sous le
coup de règlements que nous ne connaissons pas, qui sont à
édicter.
C'est donc dire que c'est non seulement au gouvernement que nous donnons
un blanc-seing, mais c'est au ministre.
Le ministre nous demande par ce bill une
discrétion absolue qui se superpose à un blanc-seing
donné au gouvernement. Je dis que c'est une technique législative
contraire à notre système parlementaire. Aussi bien demander
purement et simplement aux législateurs la permission de
légiférer à leur place. C'est à ça que
revient le bill. On me répondra: La loi ne s'appliquera que jusqu'en
1970. Cela n'enlève rien au vice de fond, du projet de loi. Au
contraire, ça nous sert à démontrer que le gouvernement
lui-même est conscient que c'est une législation à
proscrire - une méthode de législation à proscrire -
puisqu'on ne veut se servir de cet expédient que jusqu'en 1970. Quelle
est alors la garantie que peuvent avoir les intéressés de ce que
sera la situation après 1970?
Si des décisions sont prises, en vertu de règlements
à édicter et que ces règlements sont contredits par une
loi à venir en 1970, quelle sera la situation de ceux qui auront agi en
vertu des règlements existant d'ici 1970? On me répondra sans
doute : Eh bien! mon Dieu, nous verrons à protéger les droits
acquis, comme nous le ferions, s'il y avait des changements à la
législation. Mais le Parlement, comme tel, n'aura pas la
responsabilité qu'il aurait s'il avait lui-même
édicté les conditions en vertu desquelles les caisses
d'épargne et de crédit peuvent détenir des actions ou des
intérêts dans des institutions financières.
Pourtant, il me semble que la volumineuse législation qui existe
en ce qui concerne les investissements dans des sociétés
financières, commerciales ou industrielles, par ceux qui ont charge de
l'administration des biens d'au-trui, est bien connue. C'est par la loi et non
par des règlements que la loi fédérale des banques
détermine les pouvoirs des banques dans ce domaine. C'est 14, 15, 16
Elizabeth II, chapitre 87, loi fédérale. Les banques
d'épargne du Québec, c'est le chapitre 93, du même statut
fédéral. La caisse de dépôt et de placement, c'est
13, 14 Elizabeth II. chapitre 23, loi provinciale, où les pourcentages
sont tous Indiqués, pourcentage de l'avoir que l'on peut investir dans
des compagnies à fonds social, pourcentage et conditions de
l'investissement à faire dans chacune de ces sociétés.
L'article 981-0 du code civil, qui a été amendé
à la dernière session est très précis
également au paragraphe i).
Il me semble que le ministre, ses fonctionnaires et disons-le donc tout
de suite, le comité des institutions financières - c'est comme
ça qu'il s'appelle, n'est-ce pas? - qui avait été
créé, il y a déjà longtemps par le gouvernement
antérieur, auraient pu en se basant non seule- ment sur ces
textes, mais sur l'expérience de ces institutions: les banques, les
banques d'épargne, la Caisse de dépôt et placement, les
fiduciaires, les tuteurs, les curateurs, de même que sur la vieille
expérience acquise en vertu de 981-0 du code civil
déterminer des conditions que nous aurions aimé voir dans le
projet de loi à l'étude.
Evidemment, on a, en fin de session, décidé, encore une
fois, d'éteindre un feu, comme je le disais tantôt, et on arrive
avec un projet de loi préparé suivant une technique
législative absolument contraire aux règles les plus
élémentaires de notre système parlementaire. Je le
regrette infiniment, parce que j'ai la conviction bien nette qu'on aurait pu
procéder autrement.
On ne se sert que d'un seul critère dans le bill; il faut qu'une
fédération ait un actif de $2,500,000, et c'est tout. Tout le
reste sera décidé par le gouvernement et par le ministre. Oui, le
ministre peut bien se taper l'estomac du plat de sa main, en disant: C'est moi,
c'est moi, le roi qui déciderai. C'est ça qui est mauvais; c'est
ça qui comporte un risque pour le présent et pour l'avenir. Je
pourrais être méchant, mais je ne le serai pas.
M. GABIAS: Allez, allez.
M. LESAGE: Non, je ne le serai pas. Je ne ferai pas de
personnalité.
M. GABIAS: Je ne vous reconnaîtrai pas. M. LESAGE: Je dis, M. le
Président... M. GABIAS: Je ne vous reconnaîtrai plus.
M. LESAGE: ... que, même avec toute la science financière
du ministre, même avec son immense expérience dans ce
domaine...
M. BOURASSA: Son objectivité,
M. LESAGE: ... il y a risque d'erreurs...
M. LACROIX: C'est impossible.
M. LESAGE: ... (au pluriel) qui peuvent avoir des conséquences
graves. Il est clair que les institutions, qui agiront avec la permission du
ministre en vertu de règlements que nous ne connaissons pas, prendront
des risques pour l'avenir. J'espère que ces risques ne seront pas trop
forts.
Lorsque nous serons en comité, comme le disait le
député de Mercier, nous aurons des remarques à faire et
des modifications à propo-
ser. Nous espérons que le ministre montrera le même
degré de compréhension qu'il a montré cet
après-midi, à l'occasion de l'étude du bill 293 en
comité.
M. GABIAS: M. le Président, j'ai l'intention de me
prévaloir de mon droit de réplique, à moins que d'autres
députés de l'Opposition ou de ce côté-ci ne
désirent parler.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'honorable député de
Portneuf.
M. Marcel Plamondon
M. PLAMONDON: M. le Président, j'aimerais juste prendre quelques
minutes pour manifester mon approbation face à l'acceptation et à
la présentation de ce bill, surtout en ce moment où on reproche
très souvent à nos Canadiens français leur faible
participation au financement de nos diverses institutions et où l'on
constate qu'une très large part de nos capitaux sont investis dans les
sociétés d'épargne et de crédit.
Ces institutions ont pris une place très importante dans notre
économie. C'est pourquoi je crois qu'il est nécessaire que l'on
participe davantage au développement industriel et économique de
notre province en permettant à ces institutions d'acquérir des
actions ordinaires de compagnies.
Par le fait même, c'est une participation accrue des nôtres
au contrôle et à l'administration de ces
sociétés.
Bien sûr, ce bill ne règle pas le problème d'une
façon définitive. On ne préjuge pas des recommandations
qui seront faites à la suite des études en cours, mais, en
attendant, nous permettons à ces institutions de prendre une action
précise. Avec toute la prudence qui s'impose en pareil cas, je pense que
le bill assurera un essor considérable et accru à nos
entreprises, par la participation qu'elles pourront apporter à leur
financement, et, par le fait même, par le contrôle qu'elles
assumeront et par leur participation à l'administration des compagnies
qui sont à la base de notre développement industriel et
économique.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières.
M. Yves Gabias
M. GABIAS: M. le Président, il ressort bien clairement des
discours prononcés tant par le député de Portneuf que par
le chef de l'Opposi- tion et le député de Mercier, que vous
êtes en présence d'une excellente loi.
M. BOURASSA: Simplifiez un peu.
M. LACROIX: A quelques exceptions près.
M. GABIAS: Mais, que voulez-vous, on cherche le pou dans la veilloche de
foin.
M. BOURASSA: Le député de Trois-Rivières, cela?
M. GABIAS: II est clair que je peux être le pou dans le veilloche
de foin de l'autre côté, mais ce n'est pas cela qui importe.
M. LACROIX; Cela ne pique pas fort.
M. GABIAS: Je pense que ce qui importe... Non, mais c'est fatigant, par
exemple,... c'est d'apporter un correctif temporaire à une loi contre
laquelle existaient de nombreuses critiques, des critiques fondées. En
écoutant le chef de l'Opposition cela ne le surprendra
peut-être pas j'ai retrouvé plusieurs de mes arguments.
Lorsque nous avons préparé ce projet de loi...
M. LESAGE: Je n'ai pas pris cela pour l'admission que le ministre a
faite.
M. GABIAS: Oui, oui. Plusieurs des arguments soulevés par le chef
de l'Opposition, je les ai soutenus en face du comité des institutions
financières parce que, comme le chef de l'Opposition, je savais que les
compagnies de fidéicommis n'ont pas de limite quant aux participations.
Je savais que, pour les banques, c'est 10%. Je savais également que
c'était 30%, dans d'autres cas...
M. LESAGE: La Caisse de dépôt.
M. GABIAS: ... que l'on trouve dans la loi des assurances. Je demandais
pourquoi ne pas inclure un pourcentage dans le projet de loi que nous sommes en
train de préparer. Il y avait d'autres limitations que j'aurais
aimé trouver et lire dans la loi. Mais nous sommes présentement
à préparer la refonte de ces dispositions législatives
concernant les placements des institutions financières, y compris les
caisses d'épargne et de crédit, et on m'a fait comprendre qu'il
serait peut-être encore plus désavantageux, pour les caisses
d'épargne et de crédit, d'augmenter le nombre des limitations,
à cause de ce projet de refonte qui est en préparation.
En fait, on insiste parce que le ministre aurait beaucoup de pouvoirs.
Cela paraît faire beaucoup de pouvoirs pour une seule personne. On oublie
cependant que des règlements devront être adoptés,
déposés devant l'Assemblée législative,
publiés, et que ces règlements tiendront évidemment compte
des recommandations que nous font les mouvements d'épargne et de
crédit.
Le chef de l'Opposition a lu un extrait du mémoire qui avait
été présenté à l'honorable premier ministre,
en 1967, je crois, où on demandait les pouvoirs que nous retrouvons dans
le bill 294. Ce mémoire comprenait également des projets
d'amendements suggérés. Vous verrez, M. le Président,
qu'à l'article 106, on demandait d'accorder à une
fédération le pouvoir de déposer à toute banque.
Elle pouvait également déposer à une compagnie de fiducie,
à une autre fédération et à une caisse, à la
condition qu'elles aient leur siège social dans les limites de la
province.
A 106-b du même mémoire, on suggérait qu'une
fédération puisse également faire les placements suivants:
dans les fonds ou obligations du gouvernement du Canada, de la province de
Québec, et vous en avez toute une série. Vous aviez 106-c, 106-d
et 106-e où on fixait à 15% de leur actif total le montant dont
ces institutions pouvaient disposer en actions ordinaires ou autres, comme on
l'accorde dans le présent projet de loi.
Mais malgré toutes les objections que j'ai fait valoir, avec la
même compétence que le chef de l'Opposition, on n'a pas voulu...
Ce n'est pas moi qui ai voulu cela, M. le Président; quoiqu'on veuille
me prêter des intentions, ce n'est pas moi qui ai voulu avoir ce pouvoir
qu'on suppose discrétionnaire. Je fais part à cette Chambre d'une
lettre qui a été adressée à l'honorable
Jean-Jacques Bertrand, premier ministre du gouvernement du Québec.
« Monsieur le premier ministre, « Le comité d'étude
sur les institutions financières a été saisi il
s'agit d'une lettre écrite le 9 décembre 1968 d'un projet
à l'effet de donner aux caisses d'épargne et de crédit le
pouvoir d'acheter des actions ordinaires de compagnies. A cette occasion, on a
soulevé la question d'une refonte complète des pouvoirs de
placement des caisses d'épargne et de crédit. « Etant
donné que le rapport du comité d'étude sur les
institutions financières va comporter plusieurs recommandations
spécifiques à ce sujet, les membres du comité
suggèrent que l'on se contente, pour le moment, d'autoriser les
fédérations des caisses d'épargne et de crédit dont
l'actif dépasse $2,500,000 à acheter des actions ordinaires sous
la surveillance et le contrôle du ministre des Institutions
financières au cours de la plus courte des deux périodes soit
deux ans ou, le cas échéant, d'ici à ce que soient
modifiés les pouvoirs généraux de placement des caisses
d'épargne et de crédit.
Il va de soi que les actions qui auraient été
achetées au cours de cette période pourront être
gardées par les fédérations des caisses quoi qu'il
advienne. « Veuillez agréer, monsieur le premier ministre,
l'expression de mes sentiments dévoués et respectueux,
« Jacques Parizeau, président,
« Comité d'étude sur les
institutions financières. »
Ce n'est qu'après réception de cette lettre, M. le
Président, que j'ai consenti qu'un tel pouvoir me soit accordé
dans le bill 294. Il est clair qu'il s'agit d'un pouvoir exorbitant du droit
commun. Comme l'a dit le chef de l'Opposition il s'agit d'une
législation qui apporte un accroc à la technique
générale de nos lois, mais il est également clair que nous
sommes en présence d'un projet de loi qui veut, au lieu de geler, au
lieu d'empêcher les institutions financières de se
développer d'ici à ce que le rapport Parizeau nous soit soumis,
d'ici à ce que la loi générale soit refondue.
Nous voulons en protégeant toujours le public, que ces
institutions puissent progresser et entrer dans un champ d'action qui leur a
été refusé jusqu'ici. Je crois que M. Parizeau et que le
comité des institutions financières dont les membres sont
des gens sérieux, des gens compétents qui veulent le
progrès et le développement de nos caisses d'épargne et de
crédit n'ont pas signé une telle lettre à la
légère et ont bien réfléchi avant de recommander au
premier ministre de cette province que la législation
présentée contienne des dispositions qui permettent à nos
caisses d'épargne et de crédit d'utiliser des pouvoirs
nécessaires d'ici à 1970. Je n'aurais pas voulu, pour un seul
instant, être le complice de personnes qui auraient
préféré ne rien faire plutôt que de présenter
une loi comme nous le faisons, non pas à la vapeur, mais connaissant
tous les événements et bien conscients que nous rendons service
aux caisses d'épargne et de crédit, à ceux qui oeuvrent
dans ce domaine et à l'économie de la province de
Québec.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Institutions
financières propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la
Chambre se forme en comité plénier pour l'étude du bill
294.
Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Comité plénier
M. FRECHETTE (Président du comité plénier): Article
1.
M. LESAGE: Si le comité n'a pas d'objection, est-ce qu'à
l'article 1 nous ne pourrions pas étudier séparément 106
a) et 106 b)?
M. GABIAS: Oui.
M. BOURASSA: Le ministre des Institutions financières, dans son
exposé, a mentionné que les caisses populaires ou les
institutions concernées étaient totalement d'accord avec le bill.
Est-ce qu'il a reçu le télégramme à l'effet qu'il
semblait y avoir une restriction?
M. GABIAS: Lequel?
M.BOURASSA: Un télégramme qui a été
envoyé hier.
M. LESAGE: Adressé au premier ministre et au ministre des
Institutions financières.
M. BOURASSA: Puis-je lire le télégramme?
M. GABIAS: Oui. Par qui?
M. BOURASSA: Je vais vous le dire. « Apprécions la
présentation du bill 294 permettant aux fédérations des
caisses d'épargne et de crédit de participer davantage au
développement économique du Québec; toutefois, aurions
préféré connaître les modalités d'exercice de
ce pouvoir. La Fédération de Québec des unions des caisses
populaires. Par M. Charron, directeur général. »
M. GABIAS: C'est un voeu pieux.
M. BOURASSA: La Fédération de Montréal des caisses
populaires.
M. GABIAS: Oui, je l'ai.
M. BOURASSA: Comment le ministre peut-il sérieusement
interpréter ça comme un voeu pieux, puisqu'on signale, d'une
façon expresse et au moment opportun, qu'on est sérieusement
inquiété par cette modalité? Les arguments que le ministre
des Institutions financières a apportés tantôt ne sont pas,
à mon sens, convaincants. J'ai signalé, au cours de mon
exposé, que tous ceux qui ont à négocier doivent examiner
toutes les conditions. Mettez-vous à la place de n'importe quelle
entreprise qui aura à négocier avec les caisses populaires. Si
elles voient que le député de Trois-Rivières est
nécessairement dans le portrait, j'imagine qu'elles pourront avoir un
certain scepticisme.
M. GABIAS: Pourquoi?
M. BOURASSA: Parce qu'il s'agit d'un pouvoir discrétionnaire,
d'un pouvoir inconditionnel qui est accordé au ministre pour accepter
les transactions. Quelles sont les limites?
M. GABIAS: Les règlements.
M. BOURASSA: Ils ne sont pas encore adoptés. Ils ne sont pas
soumis. D'ailleurs, on va en discuter tantôt. Il reste à voir
quand les règlements seront soumis.
M. GABIAS: Ce ne sera pas long.
M. BOURASSA: Mais, au rythme des promesses gouvernementales, quand vous
dites que ce n'est pas long...
M. GABIAS: Le député de Mercier semble oublier que, ce
matin, on a fait une demande et que, cet après-midi, nous sommes
arrivés avec l'amendement.
Le député a-t-il la mémoire aussi courte? N'est-il
pas satisfait? Quand on se rend à ses demandes, n'est-il pas
satisfait?
M. LESAGE : Un amendement rétréci à un point
précis.
M. GABIAS: Nous allons avoir des règlements précis sur des
points précis.
M. LESAGE: Rétrécis? J'espère que non.
M. GABIAS: Pas rétrécis mais précis.
M. LESAGE: Votre amendement de ce matin est rétréci.
M. GABIAS: Précis.
M. BOURASSA: Je pense que le ministre, à moins qu'il nous donne
la garantie que les règlements seront soumis... Quand le ministre dit
que ce n'est pas long, c'est combien de temps? Demain, après-demain? Au
début de la semaine prochaine? Le ministre pourrait-il répondre
à cette question? Quand les règlements seront-ils...
M. GABIAS: Bien, je vais consulter mes officiers supérieurs. Je
crois que, d'ici quinze jours, ces règlements seront adoptés et
seront publiés disons la première semaine de janvier, dans la
Gazette officielle, à moins que mes officiers soient d'avis contraire.
Je sais qu'une partie de ces conditions qu'on aurait voulu voir publier dans la
loi, étaient prêtes et j'étais de cet avis. On semble
oublier, dans les rangs de l'Opposition, que j'étais de leur avis, que
l'on devait mettre ces conditions dans la loi. Ce sont les membres du
comité des institutions financières qui nous ont demandé
de ne pas le faire.
M. BOURASSA : On n'examine pas les arrière-pensées du
ministre.
M. GABIAS: Ce n'est pas une arrière-pensée, je viens de
lire la lettre que... je vais la déposer, si vous le désirez. Je
déposerai une copie de cette lettre...
M. LESAGE: Je l'ai lue, elle apparaît...
M. BOURASSA: On parle de surveillance, je crois.
M. GABIAS: Je vais la déposer. Je n'ai pas l'original mais, en
tout cas...
M» LACROIX: Me permettez-vous une question? Dans la lettre de M.
Parizeau, que le ministre a lue, on parle de surveillance, « sous la
surveillance du ministre des Institutions financières ». Je crois
qu'il y a une marge entre la surveillance du ministre des Institutions
financières et les règlements qui donnent au ministre
lui-même, qui édlctent des règlements qui peuvent aller
jusqu'à l'extrême. Je pense que la lettre de M. Parizeau ne dit
pas qu'on veut demander au ministre d'avoir tous les pouvoirs. On y consent
à ce que le ministre exerce une surveillance dans les transactions
à être faites.
M. GABIAS: Si le député des Iles-de-la-Madeleine veut
écouter comme il le faut: « Sous la surveillance et le
contrôle du ministre des Institutions financières ». Ce
n'est pas moi qui ai inventé cela. C'est parce que les membres du
comité nous disent; Nous ne voulons pas que, par la loi, la
Législature préjuge à l'avance des conditions que nous
pourrons, nous, dans notre rapport, recommander. Ce qu'on n'a pas ajouté
dans la lettre, c'est que nous devrions être extrêmement prudents.
Je prends l'engagement devant cette Chambre d'être extrêmement
prudent, sans, pour cela, dire qu'on ne fait rien.
M. BOURASSA: Ce sont là de vrais voeux pieux.
M. GABIAS: Le député de Mercier doit prendre ma parole,
d'abord en Chambre, pas pieusement ni méchamment. Il doit la prendre
purement et simplement.
M. BOURASSA: Le ministre dit: Je vais être prudent.
M. GABIAS: Nous allons être très prudents. Les officiers
supérieurs des institutions financières, leurs conseillers, nos
conseillers je pense que c'est faire injure aux
fédérations d'épargne et de crédit que de laisser
croire que ces gens-là ne sont pas sérieux, qu'ils ont
présenté des projets qui ne sont pas sérieux...
M. BOURASSA: La façon dont le ministre parle, c'est assez pour
qu'ils le prennent pas au sérieux et s'inquiètent des
modalités.
M» GABIAS: C'est la façon dont le
député...
M. LACROIX: On a confiance aux gens des fédérations. C'est
au ministre qu'on n'a pas confiance.
M. GABIAS: ... de Mercier vient de parler.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre me permet une question qui
pourrait être une suggestion?
M. GABIAS: Oui, je sais que le député de Laurier va avoir
des suggestions heureuses.
M. LEVESQUE (Laurier): Ecoutez, c'est une loi spéciale que nous
avons devant nous et c'est là tout le coeur de la loi. C'est pour cela
qu'en deuxième lecture, cela ne servait à rien d'ajouter au
consentement unanime qui se dessinait, si tout le monde est d'accord que cela
ajoute,
tout en servant un cas spécifique, un principe important
d'extension c'est dans l'article 1 du rôle du mouvement
coopératif dans l'économie. Il y a longtemps que cela aurait
dû être fait. Cette autorisation du ministre, on le sait aussi,
tombe dans le discrétionnaire dans la loi, d'une façon que le
ministre lui-même admet. Il donne des raisons. On sait que cela peut
viser des cas spécifiques. Autrement dit, on a bien l'intention de
l'approuver, soit en rectifiant certaines choses ou peut-être aussi en
permettant de conclure des opérations nécessaires au mouvement
des caisses populaires. On veut leur permettre soit de rectifier des choses qui
ont été faites plus ou moins en contournant les entraves, soit
peut-être d'aller plus loin.
Il se peut aussi qu'il y ait d'autres opérations qui pourraient
essayer de passer et qui seraient peut-être moins recommandables, sous le
couvert d'une loi. Je crois que c'est ça qui est la raison principale.
Il reste que tout est laissé à la discrétion d'un homme.
Est-ce que la surveillance et le contrôle qu'évoquait le
comité d'étude des institutions financières ne pourraient
pas au moins aller il me semble que dans des cas importants et tous les
cas qui peuvent arriver dans cette loi sont importants au moins à
un arrêté en conseil, c'est-à-dire comme les
règlements eux-mêmes, mais chaque cas devenant au moins l'objet
d'une étude par le cabinet au complet, c' est-à-dire avec
l'autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil et non pas du ministre
seul?
M. LESAGE: J'irais plus loin que ça, M. le Président. Dans
les lois actuelles, toutes celles que j'ai mentionnées, le cadre dans
lequel des investissements peuvent être effectués se trouve dans
la loi. Il appartient aux gens sérieux comme la fédération
des caisses de porter un jugement, à savoir si la transaction qu'ils
vont faire est à l'intérieur des cadres de la loi. Il appartient
à ceux qui ont la surveillance de ces lois de prendre les
procédures nécessaires si une institution dépasse les
cadres de la loi. Il n'est jamais question d'obtenir l'autorisation soit du
ministre, soit du lieutenant-gouverneur en conseil, pour agir à
l'intérieur des cadres de la loi. Du moment qu'on agit à
l'intérieur des cadres de la loi, on peut agir.
Ici, comme on n'est pas prêt pour toutes sortes de raisons
invoquées par le ministre, à déterminer dans la loi le
cadre, on dit que ce cadre sera déterminé par règlements,
que ces règlements seront publiés. Une fois les règlements
publiés, n'appartiendrait-il pas aux institutions elles-mêmes sans
avoir à obtenir une autorisation absolument discrétionnaire soit
d'un minis- tre, soit du lieutenant-gouverneur en conseil, de prendre leurs
responsabilités et d'agir? Il me semble que ce serait ça la
façon normale de procéder.
Il s'agirait d'enlever dans le premier alinéa de l'article 106A,
troisième, quatrième et cinquième lignes, les mots «
avec l'autorisation du ministre des Institutions financières, compagnies
et coopératives » et d'enlever dans le deuxième
alinéa la première ligne, de ne faire qu'un seul alinéa
avec l'article 106A et ça se lirait; « Toute
fédération dont l'actif total excède $2,500,000 a le
pouvoir d'acquérir et détenir des actions ordinaires anciennement
acquittées d'une corporation conformément aux règlements
adoptés à cette fin en vertu de l'article 106B et aux conditions
qui y sont déterminées. »
Alors, on procéderait d'une façon absolument normale.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le chef de l'Opposition me
permet...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Je suis parfaitement d'accord, mais vu que
c'était une espèce de compromis...
M. LESAGE: Je pensais bien que l'ancien ministre, le
député de Laurier, serait d'accord avec l'amendement que je viens
de suggérer. C'est une procédure beaucoup plus normale.
M. LEVESQUE (Laurier): Non seulement je suis d'accord, mais c'est la
chose qui devrait être faite puisqu'il s'agit d'une loi qui donne trop de
discrétion. D'un autre côté, à supposer que le
ministre se soit engagé, soit tenu on est devant une loi
spéciale qui a ce caractère terriblement arbitraire que prennent
presque nécessairement les lois spécifiques. Il s'agit de
régler un cas. Il s'agit peut-être de régler quelques cas.
Le principe que sous-entend le règlement de ces cas, à mon humble
avis, est un principe extrêmement valable tout le monde l'a admis
en deuxième lecture, ceux qui ne disaient mot consentaient, ce dont je
suis seulement vu que c'est une loi très spécifique, on
voit très bien l'intention de ce contrôle ou de cette surveillance
pour employer les termes du comité d'étude sur les institutions
financières.
On veut régler un cas, mais on fait une loi. Et la loi pourrait
permettre que d'autres cas spécifiques qui n'ont pas
nécessairement la même valeur vis-à-vis du gouvernement ou
de l'intérêt public de la population, se glissent par les fentes
qui pourraient toujours rester.
C'est toujours le problème que posent, je crois, ces
damnées lois, parfois nécessaires, qui sortent, qui sont
exorbitantes, si on veut, de la législation normale.
Mais tout en étant forcément d'accord avec le chef de
l'Opposition sur le fait que les règlements devraient le prévoir,
et en étant surtout d'accord avec le député de Mercier,
sur le fait que les règlements devraient être, dans un cas comme
celui-ci, déposés en même temps que la loi, de façon
à ce que tout le monde sache ce qu'on vote en cette Chambre
autrement, on vote quelque chose aveuglément il me semble que,
normalement, le ministre devrait avoir ses règlements et les
déposer afin que nous sachions ce que ça implique.
Mais à supposer que le ministre, tenant en main la
majorité en cette Chambre, décide de ne pas aller aussi loin que,
normalement, il devrait aller, est-ce que, au moins, ça ne devrait pas
aller Dieu sait que je n'insiste pas au lieutenant-gouverneur en
conseil et non pas dans le cabinet d'un seul homme?
M. LESAGE: Comme demande subsidiaire.
M. LEVESQUE (Laurier): Ah! très subsidiaire.
M. GABIAS: Quand le chef de l'Opposition et le député de
Laurier s'entendent en cette Chambre, M. le Président, je commence
à être méfiant. Mais ce n'est pas par caprice...
M. LEVESQUE (Laurier): Il va même m'arriver d'être d'accord
avec vous, si je crois que c'est dans l'intérêt
québécois.
M. LACROIX: Là, ce serait inquétant. Ce serait
conservateur, mais à l'extrême.
M. LEVESQUE (Laurier): Assis où je suis, je ne peux plus
être partisan.
M. GABIAS: M. le Président, le député des
Iles-de-la-Madeleine ne devrait pas parler de conservateur, parce que c'est
justement son chef qui affiche du conservatisme cet après-midi. Il ne
veut pas de nouveau dans la loi.
M. LACROIX: II n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas
voir.
M. GABIAS: Il veut que nous restions accrochés aux vieilles
formules...
M. LACROIX: Il n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas
entendre.
M. GABIAS: ... légales.
M. BOURASSA: M. le Président.,.
M. GABIAS: Il veut retourner à ses vieilles formules.
M. LACROIX: Le ministre devrait faire attention...
M. GABIAS: Nous, nous en cherchons une nouvelle.
M. LACROIX: Il devrait discuter plus sérieusement.
M. GABIAS: Nous voulons libéraliser le chapitre 293 en
présentant le bill 294.
M. le Président, ce n'est pas par caprice que nous avons
rédigé, tel qu'il est soumis à cette Chambre, l'article
106-a. Il est exact que nous entendons corriger deux situations en
particulier.
M. LESAGE: Oui, nous les connaissons, mais le ministre n'a pas besoin
d'un pouvoir discrétionnaire pour ça.
M. GABIAS: Non, M. le Président, nous entendons corriger deux cas
en particulier.
M. LESAGE: Oui, je les connais, et le ministre n'a pas besoin de
pourvoirs discrétionnaires pour ça.
M. GABIAS: Il en a besoin, M. le Président. M. LESAGE: Non,
non.
M. GABIAS: Pour les ratifier, ces deux cas.
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessaire. M. GABIAS: Oui.
M. LESAGE: Faites vos règlements en conséquence.
M. GABIAS: Je regrette, M. le Président, mais je sais ce dont je
parle.
M. LESAGE: Moi aussi.
M. GABIAS: J'en ai besoin. J'ai également besoin de ce pouvoir
discrétionnaire pendant une période bien limitée au cas
où, comme l'a dit le député de Laurier, il existerait une
ou
deux autres situations semblables, qui ne sont pas présentement
à ma connaissance. Elles ne le sont pas. Mais nous ne voulons pas, et
c'est le but du législateur, pendant cette période d'un an et
demi, être aux prises avec une foule de demandes, être aux prises
avec une loi générale qui permettrait à toutes les caisses
d'épargne et de crédit d'entrer dans ce champ d'action de l'achat
d'actions ordinaires.
Aussi longtemps que la refonte à laquelle fait allusion le
président du comité des institutions financières n'aura
pas été déposée, la seule discrétion que
nous aurons pendant cette période sera probablement celle de refuser,
sauf si on nous apporte des cas aussi favorables que les deux auxquels je fais
allusion.
C'est pourquoi le comité a insisté pour que ce soit le
ministre des Institutions financières qui exerce la surveillance et le
contrôle. Ce pouvoir discrétionnaire va disparaître avant
deux ans. Aussitôt que le rapport du comité Parizeau aura
été soumis au Conseil exécutif et aussitôt que le
projet de loi aura été préparé, la Chambre sera
saisie de ce nouveau projet de loi.
Le pouvoir discrétionnaire contenu dans le bill 294 sera
heureusement disparu.
M. BOURASSA: Je suppose que vous appliquez les recommandations d'un
rapport qui a été fait. Or, l'expérience démontre
que beaucoup de rapports et beaucoup de recommandations de rapports restent sur
les tablettes.
M. GABIAS: Mais pas celui-là.
M. LEVESQUE (Laurier): Est-ce que le ministre je n'ai pas
très bien saisi si sa réponse était purement philosophique
ou si c'était positif ou négatif refuse globalement
l'amendement qui a été proposé?
M. GABIAS: A la suggesion du comité Parizeau,
M. LEVESQUE (Laurier): Le comité Parizeau dit: Surveillance et
contrôle du ministre. Je pense bien que le ministre, qui ne se prend pas
pour un autre, sait très bien que, dans ce cas-là, il est une des
parties intégrantes d'un gouvernement qui comporte plusieurs hommes et
dont la forme normale de décision est le Conseil exécutif.
M. GABIAS: Oui.
M. LEVESQUE (Laurier): Je dois que, dans un sens, c'est pour la
protection même du ministre, parce qu'il va y avoir des cas
spécifi- ques on le sait; ne nous racontons pas de romances
qui pourront être très importants à juger. Alors,
comme le font les règlements il n'y en aura quand même pas
une avalanche; cela on le sait, mais il peut y en avoir est-ce qu'au
moins ça ne pourrait pas être avec l'autorisation du
lieutenent-gouverneur en conseil?
M. BOURASSA: Pourquoi le ministre s'opposerait-il à
ça?
M. GABIAS: Parce que je me base et que je me fie sur la recommandation
du comité Parizeau.
M. LEVESQUE (Laurier): Non, mais le ministre m'a peut-être mal
compris. Ce que je voulais dire, c'est que, quand le comité...
M. GABIAS: C'est parce que je me fie à ce
comité-là.
M. LEVESQUE (Laurier): ... dit ça, il veut dire le Conseil
exécutif. Le ministre ne se prend pas pour tout le conseil, je le sais
bien.
M. GABIAS: Non, non.
M. LEVESQUE (Laurier): Le comité écrivait
nécessairement vite et, quand on dit le ministre enfin, il suffit
d'avoir passé un peu par là ça peut vouloir dire
tout le gouvernement ou le ministre, peu importe. Bon. Le ministre en soi n'est
qu'une partie intégrante du gouvernement. Pourquoi
interpréterait-il comme étant une recommandation qui s'adresse
à lui personnellement ce qui ne veut pas nécessairement dire
ça dans le rapport? Pourquoi le Conseil exécutif au complet,
c'est â-dire le lieutenant-gouverneur en conseil, ne devrait-il pas
donner l'autorisation? En fait, c'est dans l'intérêt même du
ministre, parce que ça va être des cas spécifiques.
M. GABIAS: Je le sais fort bien, M. le Président; c'est une
objection que j'ai soulevée. Le comité a été, non
pas induit en erreur, au contraire; il a insisté pour que je prenne
cette responsabilité.
M. LEVESQUE (Laurier): C'est flatteur, mais ça peut être
écrasant.
M. GABIAS: Et ce n'est qu'après... On m'a même tordu les
poignets, M. le Président.
DES VOIX: Ah!
M. GABIAS: Quoi qu'en pense l'Opposition.
Parce que, à ce moment, j'assume une responsabilité que,
normalement, je ne devrais pas assumer.
M. LEVESQUE (Laurier): Justement, le ministre...
M. GAB1AS: Oui, je le conçois, mais on m'a demandé de
l'assumer, M. le Président.
M. LEVESQUE (Laurier): Vous devriez la partager.
M. GABIAS: Et, comme...
M. LESAGE: Le ministre n'a pas les poignets cassés, c'est
clair.
M. GABIAS: Non, non, parce que j'aiplus de résistance que
ça.
M. LESAGE: Ils n'ont pas tordu fort.
M. GABIAS: Mais, M. le Président, je le répète
sérieusement, c'est à la demande expresse du comité que
j'ai finalement accepté cette responsabilité qui sera surtout
et j'en préviens la Chambre et les mouvements d'épargne et
de crédit une discrétion de refuser, pas autre chose,
d'ici à ce que le projet de refonte soit remis entre nos mains, et
déposé devant cette Chambre.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre n'a-t- il pas dit tout à
l'heure aussi que les règlements qui sont évoqués
déjà à l'article 1 ne sont pas prêts?
M. GABIAS: La majeure partie des règlements sont prêts, M.
le Président; c'est pourquoi je crois honnêtement que ces
règlements seront publiés d'ici à quinze jours. La majeure
partie sont contenus dans un projet que nous avions préparé au
ministère. Quoi qu'en dise le chef de l'Opposition, nous avions un
projet de préparé depuis assez longtemps et ça n'a pas
été...
M. LESAGE: Depuis très longtemps et il y a longtemps qu'il est
discuté.
M. GABIAS: Depuis assez longtemps.
M. LESAGE: Et puis il y a longtemps, à part ça, qu'il est
discuté avec les gens des caisses populaires.
M. GABIAS: Depuis assez longtemps.
M. LESAGE: Or, le gouvernement n'aboutit pas, comme d'habitude.
M. GABIAS: Voyons donc, M. le Président! M. BOURASSA: ... des
numéros spéciaux.
M. GABIAS: Le chef de l'Opposition a été agréable,
plus ou moins, mais, là, il commence à être
désagréable.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais honnêtement...
M. GABIAS: Je me demande bien pourquoi.
M. LEVESQUE (Laurier): ... pourquoi ne les déposez-vous pas,
puisque vous avez un projet depuis longtemps, afin qu'on sache, au moins en
partie, ce sur quoi on vote?
M. GABIAS: Oui, mais c'est ça. Quand il sera complet, nous allons
le publier, d'ici à quinze jours, à moins qu'il y ait des
événements imprévus.
M. LEVESQUE (Laurier): Comme quoi?
M. GABIAS: Les seules possibilités, c'est que les officiers
supérieurs s'absentent ou ne soient pas présents mais, à
part cela, il n'y a aucune autre possibilité que cela dépasse 15
jours.
M. BOURASSA: M. le Président, je ne veux pas poursuivre
indéfiniment la discussion...
M. GABIAS: Non, j'espère.
M. BOURASSA: Mais je veux simplement signaler au ministre que tout ce
qu'il apporte à l'appui de son point de vue, ce sont des arguments
d'autorité. Il y a eu une suggestion très modérée,
de la part du député de Laurier, disant que ce pourrait
être le lieutenant-gouverneur en conseil, au lieu que ce soit purement et
simplement le ministre. Le ministre le refuse, en disant tout simplement: On
m'a suggéré de faire cela.
M. GABIAS: Non, on m'a supplié,
M. BOURASSA: Quand on connaît la lenteur d'application, de
façon générale, de tous les rapports qui sont faits
le ministre ne sera pas surpris, si je lui dis que, dans le cas du
présent gouvernement, c'est encore pire on peut se demander si
cet article-là n'a pas
plus de conséquence que lui-même prétend qu'il en
a.
M. LESAGE: M. le Président, comme le dit le député
de Mercier, l'argument du ministre n'est pas très fort. C'est un
argument d'autorité qui revient à peu près à
ceci.
M. GABIAS: Oui, oui.
M. LESAGE: Je suis sûr de détenir la vérité
parce qu'à moi, elle m'a été révélée.
C'est à peu près cela, c'est son argument.
M. GABIAS: C'est à peu près cela.
M. LESAGE: C'est là son argument. Je voudrais demander au
ministre combien il y a de fédérations dont l'actif total
dépasse $2,500,000.
M. GABIAS: Je peux répondre.
M. LESAGE: Certainement.
M. GABIAS: J'ai ici la liste des fédérations.
M. LESAGE: Non, je n'ai pas besoin des noms. Est-ce bien onze?
M. GABIAS: Douze...
M. LESAGE: II y en a douze?
M. GABIAS: Douze et peut-être treize. Depuis le rapport du 31
janvier 1968, concernant la Fédération des caisses
d'économie du Québec, qui était tout près de
$2,500,000.
M. LESAGE: Oui, mais pour les caisses d'épargne et de
crédit, c'est onze.
M. GABIAS: Oui.
M. LESAGE: Alors, inutile d'insister sur les amendements proposés
à l'article 106-a). Alors, sur division.
M. LE PRESIDENT: Article 106-a) adopté sur division.
M. LESAGE: A l'article 106-b) le ministre n'a-t-il pas l'impression
qu'il manque quelque chose dans les règlements?
M. GABIAS: Oui.
M. LESAGE: Il faudrait bien ajouter que si le
lieutenant-gouverneur...
M. GABIAS: Le mot « inspecteur ».
M. LESAGE: Non, je suis rendu moins loin que cela. J'allais
suggérer au ministre de remplacer le mot « vérificateur
«parlemot « inspecteur » parce que, d'après la loi,
quand il s'agit de fédération, ce sont des inspecteurs et non des
vérificateurs.
M. GABIAS: C'est cela. Des inspecteurs ou des vérificateurs.
M. LESAGE: De toute façon, je suppose que cela va se faire. Cela
peut se faire tout de suite. Au paragraphe e): « L'étendue de la
vérification que doivent faire les inspecteurs de toute
fédération... » au lieu de « vérificateurs
».
M. GABIAS: ... faire les vérificateurs ou inspecteurs de toute
fédération ».
M. LESAGE: Mais ce ne sont pas des vérificateurs, ce sont des
inspecteurs.
M. GABIAS: Mais, il y a des vérificateurs, à cause de la
loi fédérale.
M. LESAGE: Ce sont des inspecteurs.
M. GABIAS: L'article 41-e). Il faudraitqu'il y ait concordance.
M. LESAGE: C'est le ministre, là, qui plie l'échine devant
le pouvoir central.
M. GABIAS: Non, non.
M. LESAGE: M. le Président, la remarque que je voulais faire est
la suivante: II me semble qu'il manque, dans 1'énumération faite
à l'article 106-b), des catégories de sujets sur lesquels les
règlements doivent porter, la proportion du total des actions d'une
corporation qu'une fédération peut acquérir et
détenir. On parle bien de la quote-part de l'actif de la
fédération qui peut être investie dans des actions de
corporations...
M. GABIAS: Oui.
M. LESAGE: Mais on ne dit pas quelle est la proportion des actions d'une
corporation donnée qui peut être acquise par une
fédération. C'est le genre de limitation que l'on trouve dans
plusieurs lois concernant les investissements, quand il s'agit de l'argent des
tiers. C'est le cas de l'article 981-o). C'est le cas de la Caisse de
dépôt et de placement, des compagnies d'assurances, etc.
M. GABIAS: A ce sujet, précisément, les études de
la commission Parizeau sont très sérieuses dans ce domaine.
Nous savons consulté les membres de la commission pour
suggérer un pourcentage...
M. LESAGE: II faudrait...
M. GABIAS: ... d'actions dans une institution donnée...
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: ... soient acquises par...
M. LESAGE: Nous disons la même chose, mais j'ajoute qu'il faudrait
que le lieutenant-gouverneur en conseil ait le pouvoir de faire des
règlements à ce sujet-là.
M. GABIAS: II peut y en avoir.
M. LESAGE: Non, pas en vertu de 106 b). Lisez 106 b) et ce n'est pas
mentionné. C'est un oubli. Lisez-le.
M. BOURASSA: Un autre oubli.
M. LESAGE: Lisez 106 b). Vous allez constater que ce n'est pas
mentionné. Le ministre lui-même vient de dire qu'il va falloir
déterminer cette proportion. Or, il ne demande pas à la
Législature le pouvoir de le déterminer par règlement.
M. GABIAS: Bien c'est... On ne lit pas de la même façon,
106 b) dit: « Le lieutenant-gouverneur en conseil peut adopter des
règlements... »
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: « ... pour déterminer, pour les fins de
l'article 106 a) et l'acquisition d'actions ordinaires... »
M. LESAGE: Oui.
M. GABIAS: « ... b), les corporations ou les catégories de
corporations dont une fédération peut acquérir et
détenir des actions. »
M. LESAGE: Oui, mais nous sommes en droit strict. Le ministre sait
ça, et à moins qu'un pouvoir ne soit strictement donné
d'éditer tels règlements, le lieutenant-gouverneur en conseil ne
pourra pas en faire.
M. GABIAS: On l'a.
M. LESAGE: Non! Je parle de la proportion des actions d'une corporation
donnée que peut détenir une fédération. Cela c'est
dans les autres lois qu'on a mentionnées. Je ne reviens pas
là-dessus. Mais si le lieutenant-gouverneur ne veut pas ce pouvoir,
est-ce que ça signifie qu'il est prêt à laisser les
fédérations acquérir 100%, le contrôle absolu de
certaines compagnies et à leur discrétion, sans que ce soit
réglementé?
M. GABIAS: Oui, ça va jusque là dans l'étude qui
est faite, par l'autorité des institutions,
M. LESAGE: Non, ça ce n'est pas sérieux. Tout de
même!
M. GABIAS: Bien c'est très sérieux.
M. LESAGE: La réponse du ministre n'est pas sérieuse.
M. GABIAS: C'est très sérieux.
M. LESAGE: Je pense que le ministre aurait avantage à avoir ses
fonctionnaires avec lui. Il répondrait mieux aux questions
posées.
M. GABIAS: Ah, M. le Président, ça ne m'intimide pas, les
remarques...
M. LESAGE: Mais ça n'a pas de bon sens la réponse du
ministre.
M. GABIAS: ... du chef de l'Opposition. Cela a été
étudié, M. le Président, et c'est à la demande du
comité que nous n'incluons pas le pourcentage d'actions d'une
institution donnée qui pourrait être acquise...
M. LESAGE: Est-ce que le ministre a une lettre?
M. GABIAS: ... par une fédération, ça peut
être 5%, ça peut être 10%, ça peut être
30%...
M. LESAGE: 100%.
M. GABIAS: Cela peut être 40%, ça peut être 50%, M.
le Président.
M. LESAGE: Cela peut être 100%aussi.
M. GABIAS: Bien il n'a pas été question de
100% exactement, mais ça peut être plus que 30% et, dans
certains cas, il peut être possible que ce soit 75%.
M. LESAGE: M. le Président, je pense que le ministre n'a pas
compris. Il ne pourra pas...
M. GABIAS: Ah peut être que c'est le chef de l'Opposition qui ne
comprend pas.
M. LESAGE: II ne pourra pas déterminer le pourcentage parce qu'il
ne demande pas le pouvoir de le faire.
M. BOURASSA: C'est seulement 100%.
M. GABIAS: On le demandera, M. le Président, on l'indiquera dans
le règlement ou dans les conditions...
M. LESAGE: Vous ne pourrez pas, C'est ça.
UNE VOIX: Vous n'aurez pas le droit de le faire.
M. LESAGE: Vous ne demandez pas le pouvoir de le faire. Est-ce que le
ministre va comprendre? Je veux lui rendre service.
M. GABIAS: M. le Président, oui, oui, oui! Mais le chef de
l'Opposition n'a pas lu l'article 106-a). Qu'il le lise donc comme il faut et
il verra que la dernière ligne c'est « et aux conditions qui y
sont déterminées ».
UNE VOIX: A 106 d). M. GABIAS: Bon, alors...
M. LESAGE: ... M. le Président, c'est justement, c'est le
ministre et non le lieutenant-gouverneur en conseil par réglementation
qui déterminera ça. Et je dis que c'est très mauvais non
seulement comme législation, mais comme pratique. Qu'on laisse dans ce
domaine-là l'entière discrétion au ministre. C'est
inacceptable. Absolument inacceptable.
M. GABIAS: Alors soyez contre, c'est tout.
M. BOURASSA: C'est important que le ministre réalise que,
d'après la loi qui nous est soumise, il peut seulement autoriser des
achats de 100%. Est-ce que le ministre réalise que, d'après cette
loi-là, c'est seulement 100% qu'il pourra accepter? Et c'est ça
que je veux lui faire comprendre. Ce n'est pas pour rien...
M. GABIAS: C'est l'interprétation que le député
donne.
M. BOURASSA: ... que les caisses populaires ont envoyé un
télégramme. Vous invoquez toujours le comité comme
argument autorité. Nous, nous avons des arguments ici bien précis
que nous vous soumettons. Tout ce que vous répétez, ce sont les
avis qui vous ont été donnés par le comité. Nous,
on a un télégramme, on a des arguments bien précis et bien
concrets à vous soumettre.
M. GABIAS: J'ai écouté les arguments du chef de
l'Opposition et du député de Mercier. Ce sont des arguments
d'autorité qu'ils donnent: C'est ça que vous devriez comprendre.
C'est ça qui devrait être fait.
M. BOURASSA: Vous vous donnez le pouvoir...
M. GABIAS: Sur quoi se base-t-on?
UNE VOIX: Sur la loi.
M. BINETTE: Le ministre n'est pas sérieux.
M. GABIAS: Sur absolument rien. Sauf qu'il faudrait prendre leur parole
comme étant la bonne.
M. LESAGE: Mais non!
M. GABIAS: Il n'y a pas de: Mais non!
M. LESAGE: C'est le texte.
M. GABIAS: Le texte de loi est très clair, si on veut le lire
comme il faut.
M. LEVESQUE (Laurier): Le ministre me permet-il?
M. GABIAS: Si vous voulez, je vais finir de répondre.
M. LEVESQUE (Laurier): Il s'agit d'une question qui, peut-être,
aiderait à la réponse; je ne le sais pas.
M. GABIAS: Bien, je ne le sais pas! Je vais finir tout de même et
vous pourrez poser la question par la suite. Les gens de l'Opposition ont un
langage très libre en disant: Le ministre ne comprend rien; le ministre
devrait lire. Ce sont des trucs qui sont très bien connus dans
cette enceinte, mais le ministre ne se laissera pas prendre par de tels
propos. J'espère que le public, non plus, ne se laissera pas prendre par
de tels propos. Ce sont des trucs usés, des trucs qui n'ont plus leur
raison d'être entre gens sérieux. Je demanderais à
l'Opposition de revenir à un ton sérieux et de discuter comme il
convient la loi.
M. LESAGE: Les capacités et les connaissances du ministre seront
jugées par ceux qui l'entendent.
M. GABIAS: Qu'ils discutent sensément! Nous sommes ouverts aux
propositions, mais pas aux accusations qui sont lancées de cette
façon. Si l'on croit que nous serons le moindrement intimidés par
de telles réflexions!
M. LEVESQUE (Laurier): Il y a une question d'information que je voulais
poser au ministre. Même si les fonctionnaires ne sont pas là; ils
sont toujours utiles dans des lois techniques comme celle-là, quelle que
soit, par ailleurs la compétence d'un ministre. Le ministre parlait tout
à l'heure d'un projet de règlement à peu près
complet qui a servi et qui doit sûrement être dans son dossier. La
question passablement spécifique que posait le chef de l'Opposition, est
la suivante: Quelle est la proportion d'actions d'une corporation ou d'une
institution quelconque qui est prévue? Y a-t-il un mécanisme
prévu? C'est peut-être quelque part dans le projet de
règlement. C'est peut-être déguisé comme une des
possibilités des alinéas qui sont là, mais ça ne
paraît franchement pas dans les alinéas tels qu'ils sont
écrits.
Pendant que j'y suis, je suis sûr que le ministre corrigera ce qui
me semble être une erreur, à la fin. Vu qu'il y a des urgences; on
le sait, puisqu'il y a des choses en marche à propos de cas
spécifiques. A la fin, au dernier paragraphe, cela a l'air d'impliquer
qu'il faut que les règlements soient déposés devant la
Chambre. Or, la Chambre va être prorogée d'ici quelques jours. Le
ministre dit que les règlements ne seront prêts que dans quinze
jours probablement, peut-être au début de janvier. D'après
le ministre du Travail, la session ne reprendra peut-être pas avant
février. Dieu sait ce qui peut arriver! Il peut y avoir des
délais, on ne sait jamais. Les plus beaux plans des souris et des
hommes, surtout en politique, ça change à l'occasion.
Si la session devait retarder, pourquoi mettre « la
Législature », puisque, dans d'autres lois éminemment plus
importantes j'ai devant moi la Loi prévoyant les règlements
de la Régie de l'assurance-dépôts on dit: «
Ces règlements seront soumis à l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil et entrent en vigueur à la date de leur
publication dans la Gazette. » Cela suffit normalement, si la loi est
approuvée. Comme vous prévoyez qu'il y aura l'approbation du
lieutenant-gouverneur en conseil et qu'ils doivent être publiés
dans la Gazette officielle, ça doit être une erreur d'avoir mis
« la Législature », parce qu'il y a une incertitude
là. Si ce n'est pas nécessaire dans une loi aussi importante que
l'assurance-dépôts, pourquoi serait-ce nécessaire ici? Cela
doit être un oubli.
M. GABIAS: C'est la nouvelle formule qui est employée. Il est
clair que ces règlements vont entrer en vigueur dès leur
publication.
M. LEVESQUE (Laurier): Ce n'est pas clair, comme c'est écrit.
M. GABIAS: Cela a été bien vérifié. Il est
clair que nous ne pourrons pas les déposer devant la Législature
avant la prochaine session, mais ils seront en vigueur dès leur adoption
et dès leur publication dans la Gazette officielle.
M. LEVESQUE (Laurier): Mais pourquoi ne le dit-on pas?
M. LESAGE: Ce n'est pas ce que dit l'article. L'article dit qu'ils vont
être en vigueur dès leur adoption, mais, puisqu'on en est au
dernier alinéa je reviendrai tantôt sur le sujet que nous
discutions il faudrait bien que les règlements soient
publiés sans délai dans la Gazette officielle du
Québec.
Us ne peuvent pas être déposés sans délai en
Chambre si nous ne sommes pas en session. Ils peuvent être
déposés à l'ouverture de la session, seulement lorsque la
Chambre siège. Ce qui importe, c'est que les intéressés
soient au courant des règlements et, par conséquent, il faut dire
que les règlements seront publiés sans délai dans la
Gazette officielle de Québec et déposés devant la
Législature. Si on veut bien examiner la construction de la phrase,
c'est la publication dans la Gazette officielle qui doit être faite sans
délai pour que les intéressés en prennent connaissance
tout de suite. Il peut arriver le ministre l'a dit que la session
ne soit pas en cours.
M. GABIAS: Ils vont être publiés sans délai.
M. LESAGE: S'ils doivent être publiés sans délai,
qu'on le dise. Je suggère que le dernier alinéa de l'article 106
b) proposé soit modifié de façon qu'il se lise comme suit:
« Ces règle-
ments sont publiés sans délai dans la Gazette officielle
de Québec et déposés auprès de la
Législature. »
M. GABIAS: Sans délai. M. le Président, est-ce que vous
avez pris note de la correction à apporter au sous-paragraphe 1?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. GABIAS: ... Ajouter « ou inspecteur. »
M. LE PRESIDENT: Inspecteur, oui.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre est d'accord pour la publication sans
délai?
M. GABIAS: Ah!, je n'ai pas d'objection. Si cela peut satisfaire
l'Opposition.
M. LESAGE: Pour plaire au ministre, nous allons garder la même
rédaction. Cela va être un peu ampoulé mais disons: «
Ces règlements sont déposés sans délai
auprès de la Législature... « il faut commencer par la
publication » ... sont publiés sans délai dans la Gazette
officielle et déposés auprès de la Législature
». C'est la meilleure formule. Cela va?
UNE VOIX: Les règlements?
M. LESAGE: Oui. Pour revenir à la question que nous discutions,
avant d'apporter cet amendement au dernier alinéa, est-ce que dans les
projets de règlements qui sont à l'étude depuis
déjà un bon moment il n'y avait pas justement une proposition
à l'effet que, dans la loi projetée on puisse lire quelque chose
comme ceci; « ... une fédération ne peut détenir
plus de 30% des actions ordinaires d'une même entreprise, sauf dans le
cas des banques et des banques d'épargne de Québec, et des
compagnies de fi-déicommis ou sociétés de fiducie?
»
M. GABIAS: On tiendra compte des recommandations de l'Opposition.
M. LESAGE: J'ai posé une question précise. Est-ce que dans
le projet de loi qui a été discuté entre les hauts
fonctionnaires du ministère d'une part, et les têtes dirigeantes
des fédérations de caisses d'autre part, il n'y avait pas un
paragraphe qui aurait pu se lire dans les termes que je viens
d'énoncer?
M. GABIAS: De mémoire, je ne m'en souviens pas.
M. LESAGE: Le ministre doit avoir le document devant lui?
M. GABIAS: Je ne crois pas.
M. BOURASSA: Bien voyons! Vous êtes venu ici comment? Avec
quoi?
M. GABIAS: Concernant le règlement? Non.
M. LESAGE: Le ministre n'a pas ce document devant lui?
M. GABIAS: Bien, je ne sais pas, quel est le document?
M. LESAGE: Ah! ce n'est pas moi qui en ai parlé. C'est le
ministre qui a référé à ce document à
plusieurs reprises en disant qu'un projet avait été
étudié sérieusement et continuait à être
étudié sérieusement. Ce projet-là, le ministre doit
l'avoir devant lui.
M. GABIAS: Le chef de l'Opposition fait erreur. Tout à l'heure,
j'ai lu les recommandations du mémoire et là, on me fait lire un
projet de réglementation que je n'ai pas. Le chef de l'Opposition
connaît le règlement; il réfère à un
document, je lui demanderais de le déposer.
M. LESAGE: Je ne suis pas un ministre, M. le Président.
M. GABIAS: Je lui demanderais de déposer le document.
M. LESAGE: Un ministre a cette obligation. Que le ministre lise le
règlement. Il ne s'applique pas à un simple
député.
M. BINETTE: M. le Président, si le ministre ne veut pas accepter
ce que le chef de l'Opposition vient de dire concernant la proportion, est-ce
que lui, dans sa tête, il a quelque chose qu'il prévoit? Quelle
est la proportion des parts d'une compagnie que le ministre prévoit
qu'une fédération peut acheter?
M. GABIAS: Suivant les pouvoirs qui nous sont accordés...
M. BINETTE: Est-ce que ça peut aller jusqu'à 100%?
M. GABIAS: ... chaque cas sera étudié
individuellement.
M. BINETTE: Est-ce que ça peut aller jusqu'à 100%?
M. GABIAS: S'il faut aller jusqu'à 30%, nous irons à 30%;
si ça va à 20%, nous irons à 20%.
M. BINETTE: Est-ce que ça peut aller jusqu'à 100%? C'est
la question que je pose au ministre.
M. G ABIAS: Tout dépendra de l'étude qui sera faite par
les personnes très compétentes en la matière...
M. BINETTE: Est-ce que ça peut aller jusqu'à 100%, oui ou
non?
M. GABIAS: ... et suivant les rapports qui nous seront remis.
M. BINETTE: Est-ce que ça peut aller jusqu'à 100%?
J'aimerais avoir une réponse, oui ou non?
M. GABIAS: M. le Président, je n'ai pas à répondre
à de telles questions. Que le député continue ses
hypothèses tranquilles et qu'il y réponde lui-même.
M. BINETTE: Non, c'est une question tout à fait logique que je
pose au ministre, à savoir si une fédération peut, avec
les...
M. GABIAS: C'est une hypothèse à laquelle je n'ai pas
à répondre.
M. BINETTE: ... pouvoirs que le ministre aurait ici...
M. GABIAS: Je n'ai à répondre à aucune de ces
hypothèses.
M. BINETTE: ... acheter jusqu'à 100% des parts, des actions d'une
corporation. C'est simple de répondre oui ou non.
M. BOURASSA: On veut voir si c'est dans les pouvoirs du ministre, et
vous dites que c'est une hypothèse.
M. GABIAS: Adopté, M. le Président.
M. BINETTE: Le député de Trois-Rivières n'est pas
sérieux.
M. BOURASSA: C'est une faiblesse qui doit étonner ceux qui
l'entendent.
M. GABIAS: Article 106 b) adopté, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3, adopté.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le comité a
adopté avec un amendement le bill 294 qu'il vous prie
d'agréer.
M. LEBEL (président): Le bill amendé sera-t-il
agréé?
M. LESAGE: Sur division. M. LE PRESIDENT: Sur division.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre des
Institutions financières propose que le bill 294 soit lu une
troisième fois. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. GABIAS: M. le Président, je demanderais l'ajournement de la
Chambre. Présentement, il y a un comité qui siège en bas,
à la chambre 81. Nous devons également avoir une réunion
du cabinet, et je crois que, suivant les informations qu'on vient de nous
rapporter, le comité continuera à siéger à la
chambre 81 une partie de la soirée, sinon toute la soirée.
M. LESAGE: M. le Président, nous ne sommes pas prêts
à accepter l'ajournement de la Chambre. Nous avons du travail
extrêmement sérieux et important à accomplir.
Apparaît au feuilleton, pour deuxième lecture, le bill 85.
Nous sommes prêts à entamer la discussion du bill 85 en
deuxième lecture, soit le principe. Je me perds en conjectures sur les
raisons qui peuvent motiver le gouvernement de ne pas procéder
immédiatement à l'étude de ce projet de loi en
deuxième lecture. C'est un projet de loi d'une importance que je n'ai
pas besoin d'expliciter. Il s'agit de la protection des droits d'une
minorité, droits qui ont été bafoués par une
commission scolaire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois malheureusement interrompre
l'honorable chef de l'Opposition. Qu'il s'oppose à la motion
d'ajournement, pour ma part, je suis bien disposé à entendre son
argumentation. Il conviendra toute-
fois, je pense, qu'il appartient à un ministre ou au premier
ministre d'appeler un texte de loi plutôt que tel autre. A ce
moment-là, on conviendra que si je laisse s'engager un débat sur
un bill en particulier, il faudrait probablement aussi que, ce
précédent étant invoqué, je laisse un débat
s'engager sur d'autres bills, sur un projet de loi comme, par exemple, celui de
la ville de Montréal, et d'autres lois. Par conséquent,
l'honorable chef de l'Opposition conviendra que je ne peux sûrement ici
laisser faire de commentaires, en particulier sur une loi quin'apas
été appelée.
M. LESAGE: Très bien, M. le Président, mais je ne pourrai
pas demander que l'on procède à l'étude de la Loi
concernant la ville de Montréal, puisque ce projet de loi n'appert
qu'à l'appendice du feuilleton. Ce n'est pas devant la Chambre, pas
même pour première lecture.
J'ai une autre raison, une raison sérieuse, que je n'aurais pas
voulu être obligé d'invoquer, mais que je suis forcé de
mentionner dans les circonstances.
Au cours d'une conversation téléphonique avec le premier
ministre, hier midi, alors que ce dernier m'a téléphoné de
sa chambre d'hôpital, je lui ai demandé qui proposerait la seconde
lecture, qui s'occuperait du bill 85. Il m'a répondu que ce serait le
ministre de l'Education. Nous avons, à ce moment-là, causé
du fait que le ministre de l'Education entrerait en Chambre pour la
première fois, et y siégerait pour la première fois, cet
après-midi.
La conclusion de notre conversation sur ce point, c'est que, cet
après-midi, nous entreprenions l'étude du bill 85, bill dont la
deuxième lecture serait proposée par celui qui a
été nommé, hier, vice-premier ministre.
D'ailleurs, hier, à l'ajournement, le leader de la Chambre
confirmait, non pas ce que j'appellerai une entente, mais la conclusion
tirée de la conversation que j'avais eue avec le premier ministre, hier
midi.
Nous sommes prêts à procéder aux travaux de la
Chambre. Le gouvernement n'est pas prêt, comme d'habitude...
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE : Il n'est jamais prêt. Depuis le début de la
session, le gouvernement nous arrive toujours, à la dernière
minute, avec des lois qui ne sont pas autre chose que des
expédients.
M. BERGERON: Soyez donc sérieux! Soyez donc sérieux!
M. LESAGE: Pas autre chose que des expédients, M. le
Président.
M. BERGERON: Soyez donc sérieux! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: C'est le gouvernement de l'incohérence, un
gouvernement qui ne sait pas où il va, parce qu'il est
profondément divisé, parce que le parti de l'Union
Nationale...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Qu'est-ce qu'il en est de votre
côté?
M. LESAGE: ... est profondément divisé dans ses rangs, et,
d'ailleurs, les premiers...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La démagogie qui commence.
M. LESAGE: ... à élever la voix comme saint Pierre...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): La démagogie qui commence avec le chef
de l'Opposition.
M. LESAGE: ... sont les plus grandes causes de division dans le
parti.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Essayez donc de prouver ce que vous dites
là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Démagogue et malappris.
Toutes les accusations que porte le chef de l'Opposition...
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. TREMBLAY (Chicoutimi): ... actuellement, nous prouvent que c'est un
démagogue et un malappris.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Oh! M. le Président, j'invoque le règlement. Le
ministre de la Culture vient d'accuser celui qui vous parle d'être un
démagogue. Il vient de le dire en des termes non équivoques.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non équivoques, si, si.
M. LESAGE: Bon! II l'a admis lui-même. M. le Président,
ai-je besoin d'insister auprès de vous pour que vous demandiez au
député de Chicoutimi de retirer ses paroles? C'est un langage qui
n'est pas parlementaire.
M. LE PRESIDENT: J'invite l'honorable ministre des Affaires culturelles
à retirer cette expression.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président, j'admets que j'ai
employé des expressions non parlementaires. Disons que le chef de
l'Opposition n'est ni démagogue, ni malappris. Je prends sa parole pour
ce qu'elle vaut, mais je vais m'empresser de la repasser à un
brocanteur.
UNE VOIX: C'est pire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, je demande que ses dernières
paroles soient retirées.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demande à l'honorable ministre des
Affaires culturelles de retirer ses paroles sans condition et sans faire un
long discours.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Mais, M. le Président, j'ai
retiré mes paroles sans condition. J'ai dit, tout simplement, que je
retirais mes paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai dit que le chef de l'Opposition n'est ni
un démagogue ni un malappris, que j'étais obligé de
prendre sa parole et que je la prenais pour ce qu'elle vaut. C'est la parole
d'un brocanteur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: C'est encore pire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demanderais à l'honorable ministre
des Affaires culturelles de bien vouloir retirer ses paroles et de les retirer
dans les termes les plus courts, les plus précis et les plus concis, de
retirer l'expression démagogue.
M. HOUDE: Dis-le plus fort.
M. LESAGE: Je ne suis pas satisfait.
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel Si l'honorable ministre dit qu'il les a
retirées, je considère qu'il les a retirées. On ne peut
tout de même pas douter de sa parole. J'étais déjà,
debout lorsque cet incident s'est produit...
M. LESAGE: M. le Président, avant que vous alliez plus loin sur
la décision que vous venez de rendre à l'effet que vous
êtes satisfait de la façon dont le député de
Chicoutimi a retiré ses paroles, je considère qu'il ne les a pas
retirées, M. le Président. Il ne les a pas retirées sans
condition, il a ajouté l'insulte grossière à l'injure.
M. LE PRESIDENT: Je pense avoir déjà donné, lors
d'une décision antérieure, mon opinion sur ce point. J'ai assez
souvent accepté qu'un député se lève et dise: Je me
rends à votre décision. Au lieu d'employer la formule
sacramentelle: Je retire mes paroles. Je n'ai pas l'intention d'exiger des
formules très sévères et très strictes.
Si on dit: M. le Président, je les retire, ou je les ai
retirées, ou je me rends à votre décision, je pense qu'on
devrait être satisfait d'une ou l'autre de ces formules.
M. LESAGE: M. le Président, je voudrais examiner le feuilleton.
Il suffit d'examiner le feuilleton du jour pour constater que nous avons encore
beaucoup de pain sur la planche. Il n'y a certainement aucune raison, aucune
excuse qui justifient à ce moment-ci l'ajournement de nos travaux.
Nous sommes le 12 décembre. Il y a des projets de loi importants
devant nous. Nous sommes ici prêts à en discuter. On nous a dit du
côté gouvernemental qu'on serait prêt à en discuter
cet après-midi. Non seulement du côté gouvernemental,
fait-on preuve encore une fois d'hésitation, d'insouciance,
d'incohérence...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est faux. Absolument faux encore une
fois.
M. LESAGE: ... mais on manque aux ententes prises, M. le
Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est faux, M. le Président, c'est faux
ce que dit le chef de l'Opposition.
M. LESAGE : On manque à la parole donnée par le leader du
gouvernement.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Le chef de
l'Opposition est encore dans l'erreur. Il dit encore des sottises et des
choses malhonnêtes.
M. LESAGE: M. le Président, je demande que le
député de Chicoutimi retire ce qu'il vient de dire.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je retire, M. le Président, le terme
malhonnête, mais vous savez de quelle façon je qualifierais en
dehors de cette Chambre les propos d'un homme qui n'a jamais respecté
ses paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, tout de même! Mais, s'il est
malade, M. le Président, s'il vous plaît...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'est le chef de l'Opposition qui a
été malade longtemps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): On sait de quelle façon il se traitait,
avec quel remède.
M. LESAGE: II est malade.
M. CADIEUX: C'est un grand malade.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puisqu'on sent le besoin de continuer les
travaux, j'espère qu'on ne restera pas ici jusqu'à six heures
pour assister à un dialogue de la qualité de celui qu'on vient
d'entendre, et je demanderais qu'on revienne le plus rapidement possible
à l'étude de la motion qui est devant la Chambre. C'est le
privilège du chef de l'Opposition de contester la motion, toute motion
étant débattable.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il a menti. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas son vrai visage de mentir.
M. LESAGE: C'est encore antiparlementaire.
M. FOURNIER: II est malade. Ce n'est pas nouveau.
UNE VOIX: S'il était un homme, au moins! UNE VOIX: Elle est
indisposée.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce genre d'injure ne m'atteint pas, monsieur,
parce qu'elle est à votre niveau. Le crapaud ne peut que baver, on sait
ça.
M. HOUDE: Vous êtes les deux à la fois, vous.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Tiens, le batracien qui parle.
M. HOUDE: Les deux à la fois. Petite Jeannette!
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Article 3, deuxième lecture du bill 44, Loi modifiant
la loi de l'instruction publique. C'est en plan. On m'a dit qu'on n'en
proposerait pas l'adoption à cette session-ci. Article 4, bill 53, Loi
de l'Office de développement et d'aménagement du Québec.
On m'a dit encore, du côté gouvernemental, qu'on ne proposerait
pas l'adoption de cette loi en deuxième lecture à la
présente session. Article 5, bill 89, Loi des heures d'affaires des
établissements commerciaux, au nom du ministre de l'Industrie et du
Commerce. Le premier ministre lui-même m'a dit que le gouvernement ne
procéderait pas à la deuxième lecture de ce bill à
la présente session. Article 6, je le passe pour le moment. Article 7,
deuxième lecture de la Loi modifiant la loi des associations
coopératives. Ce bill a été adopté en
deuxième et en troisième lecture.
M. GABIAS: C'est ça.
M. LESAGE: Article 8, deuxième lecture du bill 294, Loi modifiant
la loi des caisses d'épargne et de crédit, M. Gabias. Ce bill a
été adopté aujourd'hui en deuxième et en
troisième lecture. Il reste donc, au feuilleton, l'article no 6,
deuxième lecture du bill 85, Loi modifiant la loi du ministère de
l'Education, la loi du Conseil supérieur de l'éducation et la loi
de l'instruction publique. Nous sommes prêts à procéder et
nous considérons important et urgent de procéder à
l'étude de ce projet de loi. Je n'ai pas besoin de rappeler tout ce que
le premier ministre a dit au sujet de ce projet de loi. Je n'ai pas besoin de
répéter tout ce qui s'est écrit, tout ce qui s'est dit. Ce
projet de loi revêt une importance considérable. Je
considère que nous devons procéder avec les travaux de la
Chambre. Il reste un article. Allons-y.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: Je ne pense pas qu'il y ait lieu d'étirer un
débat sur une motion comme celle-là. Je crois, cependant, qu'il
est important que les attitudes des membres de cette Chambre soient clairement
exprimées. Quant à nous de l'Opposition, nous voulons
établir de façon très claire notre attitude collective au
sujet de la motion d'ajournement qui a été proposée par
l'honorable ministre des Institutions financières.
Je dois exprimer mon grand étonnement qu'une motion comme
celle-là soit proposée à ce moment-ci, de façon
tout à fait inattendue, sans aucun préavis sur le plan personnel
entre le leader parlementaire du gouvernement et le chef de l'Opposition, comme
cela se fait normalement.
Nous nous serions attendus, à tout le moins, que le ministre des
Institutions financières, en faisant une telle proposition, nous donne
des explications, des raisons pour ajourner ainsi les travaux de la Chambre et
perdre trois quarts d'heure avant le dfher et toute une soirée de
délibérations.
M. GABIAS: Un quart d'heure.
M. GERIN-LAJOIE: Ce n'est... Pardon?
M. GABIAS: Un quart d'heure. Pas trois quarts d'heure avant le
dîner.
M. GERIN-LAJOIE: De 5 h 15 à 6 heures?
M. GABIAS: Ah! oui, je pensais que vous parliez du lunch.
M. GERIN-LAJOIE: Nous nous trouverions à perdre, selon la
proposition du ministre, trois quarts d'heure avant le dîner et toute la
soirée qui aurait normalement été consacrée
à nos délibérations, en particulier sur le bill 85 qui est
un bill d'une grande importance, de nature à donner lieu sûrement
à une longue étude ou, enfin, à une étude
sérieuse de la part des membres de cette Chambre.
Que le gouvernement ait des raisons pour proposer l'ajournement, eh
bien! nous n'en savons rien. Je pense bien qu'il est absolument anormal et je
dirais même que c'est est-ce exagéré de m'exprimer
de la sorte? la manifestation d'un certain mépris des membres de
cette Chambre que de proposer ainsi un ajournement, sans nous donner des
raisons qui, au moins, de prime abord, paraissent valables pour procéder
de cette façon.
M. GABIAS: C'est arrivé souvent de votre temps, très
fréquemment.
M. GERIN-LAJOIE: Ce que je dis, c'est que je trouve fort étonnant
et absolument inacceptable qu'on nous propose, à nous les membres de
cette Chambre, d'accepter une motion d'ajournement sans nous donner de
raison.
On nous demande de voter, ou enfin d'acquiescer, au moins, à une
motion d'ajournement, sans nous donner de raisons. Et ce n'est un secret pour
personne que le gouvernement vise à ce que la session se termine
à la fin de la présente semaine.
M. BERGERON: Voyons!
M. GERIN-LAJOIE: Je dis que ce n'est un secret pour personne, parce que
cela a été exprimé publiquement en cette Chambre par le
leader gouvernemental à un moment donné au début de la
semaine, et nous, de l'Opposition, étions évidemment bien
disposés à mettre tout en oeuvre pour atteindre cet objectif, si
toutefois cet objectif pouvait être obtenu tout en nous permettant
d'accomplir d'ici là notre devoir en ce qui concerne tous les projets de
loi et toutes les responsabilités qui nous incombent.
Dans les circonstances, vraiment, je pense qu'il est absolument
inacceptable pour nous d'acquiescer à la motion d'ajournement. Je ferai
donc la proposition suivante, que je ne mettrai pas sous forme de motion
d'amendement, au ministre des Institutions financières: Si, toutefois,
le gouvernement a besoin de certains moments de réflexion pour mettre au
point certains travaux, si le gouvernement désire que certains autres
travaux soient terminés et qu'à ce moment précis où
nous sommes, les représentants du gouvernement qui sont en Chambre ne
sont pas en mesure de procéder à l'étude du bill 85, eh
bien, pourquoi le gouvernement ne proposerait-il pas tout simplement la
suspension de la séance jusqu'à huit heures ce soir?
Nous aurions perdu trois quarts d'heure, une demi-heure avant le souper.
Ce serait désagréable, mais enfin, ce ne serait pas aussi grave
que perdre complètement toute la soirée de huit heures à
dix ou onze heures ce soir. Dans les circonstances, je dois m'opposer, appuyant
en cela le chef de l'Opposition, à la motion d'ajournement, ajoutant que
si le ministre voulait substituer à sa motion d'ajournement une motion
de suspension de nos travaux jusqu'à huit heures ce soir, je pense que
mes collègues de l'Opposition seraient d'accord pour acquiescer à
cette demande modifiée de la part du gouvernement.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que j'ai bien com-
pris que l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges n'en
faisait pas une motion d'amendement?
M. GERIN-LAJOIE: Non, je n'en fais pas une motion d'amendement.
J'en fais simplement une suggestion au proposeur de cette motion. Si
toutefois le proposeur voulait substituer à sa propre motion une motion
selon les termes de cette suggestion, eh bien nous serions disposés
à ce moment-là à l'accepter.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
M. DOZOIS: M. le Président, je pense qu'il y a des membres de
cette Chambre qui ont la mémoire un peu courte. Nous sommes à la
veille de proroger une session qui a duré, comme vous le savez, depuis
le mois de février jusqu'au mois de juillet, si ma mémoire est
fidèle. Cette session a été reprise, après des
événements que l'on connaît, le 22 octobre et nous voici
rendus au 12 décembre, après un travail sessionnel très
lourd. Je crois que ceux qui prétendent qu'il n'y a rien eu de fait dans
cette Chambre ne sont pas réalistes et que personne ne va croire une
telle affirmation.
La législation qui a été adoptée en cette
Chambre depuis le 22 octobre a été une législation
considérable, substantielle et importante. Je pense que personne ne peut
nier une telle affirmation. De plus, tout le monde est au courant de
l'événement triste qui nous arrive. Le gouvernement est
frappé de cette façon deux fois en l'espace de quelques mois.
Fort heureusement, cette deuxième situation est moins grave que la
première. Je trouve, M. le Président, que c'est un manque de
coopération légitime...
M. GERIN-LAJOIE: Donnez des raisons!
M. DOZOIS: ... de la part de l'Opposition d'insister, de ne pas voter
une motion d'ajournement proposée conformément aux
règlements, et j'estime que l'Opposition devrait tenir compte des
circonstances.
D'ailleurs, lorsqu'on lit les journaux de l'Assemblée
législative, le journal des Débats, et que l'on regarde ce qui se
passe habituellement dans les derniers jours d'une session...
Il est évident que nous en sommes aux derniers jours. Il est
arrivé très souvent dans le passé et ceux qui
siègent dans cette Chambre depuis plusieurs années se le
rappelleront que, de 1960 à 1966, dans les derniers jours de la
session, il est arrivé fréquemment que la Chambre se soit
ajournée à loisir. Des séances qui commençaient
à deux heures et à deux heures et trente, trois heures, la
Chambre ajournait parce que certains travaux n'étaient pas
prêts.
Je ne me rappelle pas exactement c'est en 1964 ou en 1965
l'ancien gouvernement avait un projet de loi qui était urgent, qui
devait être adopté avant la prorogation, qui n'était pas
terminé. L'Opposition avait accepté d'ajourner ses travaux
malgré que nous aussi nous avions hâte de retourner dans nos
foyers, car ces sessions se prolongeaient, on s'en rappelle, au mois de juillet
et au mois d'août. Nous avons eu deux sessions qui ont été
prorogées, de mémoire, je pense, le 6 ou le 5 août.
Nous avons l'intention de terminer cette session demain ou samedi au
plus tard. Si c'est nécessaire, nous siégerons la semaine
prochaine. Nous avons un bill assez important à terminer, à
étudier, bill qui nous a causé... je dois l'avouer, je
dirai pourquoi demain, lorsque nous étudierons cette question
très importante de la ville de Montréal nous avons
également un budget supplémentaire.
Je me suis absenté de cette Chambre cet après-midi, M. le
Président, précisément pour mettre le point final à
ce budget supplémentaire. C'est difficile, mais ce n'est rien de
nouveau. Un budget supplémentaire, l'ancien gouvernement en a
présenté un la veille de la prorogation en 1965.
M. LESAGE: Ce n'est pas de ça qu'on discute.
M. DOZOIS: Mais on discute tout simplement, M. le
Président...
M. LESAGE: Il y a de l'ouvrage au feuilleton, on ne parle pas des bills
de demain.
M. DOZOIS: De l'ouvrage au feuilleton, on sait fort bien que les bills
44 et 53 ont été étudiés au comité de
l'éducation, si je me rappelle bien, et qu'il est convenu qu'on en
présente un autre pour les remplacer. Je crois que c'est...
M. LESAGE: Cinquante-six.
M. DOZOIS: ... le député qui aposé la
question...
M. LESAGE: Cinquante-six et soixante et un. Oui, c'est demain ça,
mais aujourd'hui il y en a un bill pour deuxième lecture au
feuilleton.
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Pourquoi ne procède-t-on pas?
M. DOZOIS: Pourquoi? Parce que le gouvernement a des travaux à
terminer précisément pour ces séances qui s'annoncent
demain et samedi.
Il a jugé à propos de soumettre aux membres de cette
Chambre, que la Chambre devrait maintenant s'ajourner à demain.
M. LESAGE : II n'y a pas de raison.
M. DOZOIS: II n'y en a peut-être pas pour le chef de l'Opposition,
mais, comme le chef de l'Opposition n'est plus premier ministre...
M. ROY: Qu'il aille à ses cours de recyclage.
M. DOZOIS: ... le gouvernement pense, lui, qu'il n'est que raisonnable,
dans les circonstances, précisément en vue de pouvoir terminer
cette session d'ici deux ou trois jours au plus tard, le gouvernement
prétend et pense qu'il est important pour nous de proposer cette motion
d'ajournement. Je soumets qu'elle devrait être adoptée.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je regrette de dire qu'ayant
entendu l'honorable ministre des Finances, et avec toute l'estime que j'ai pour
lui, je suis plus inquiet que je ne l'étais avant qu'il ne se
lève. Le bill 85 est un bill qui a été inscrit au
feuilleton. J'ai devant moi La Presse d'aujourd'hui. Le titre de l'article
principal en est: M. Cardinal annonce que le bill 85 sera étudié
dès cette session...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je dois réitérer les remarques
que j'ai faites au cours de l'intervention de l'honorable chef de l'Opposition.
La motion qui est devant la Chambre est débattable, mais je pense qu'on
ne peut se permettre de faire un commentaire sur un bill en particulier qui n'a
pas été appelé par le gouvernement.
On peut fort bien argumenter à l'effet qu'il y a un programme
législatif qu'il faut étudier, mais je pense qu'on ne peut pas,
à ce moment-ci, faire des commentaires sur un bill donné.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je n'avais pas l'intention de
faire des commentaires sur le bill, mais bien sur les intentions du
gouvernement de procéder ou de ne pas procéder à ce qui
reste sur le feuilleton. L'honorable chef de l'Opposition a fait état de
ce qui reste à étudier par cette Chambre. Il est clair que ce qui
reste consiste en un projet de loi auquel je viens de faire allusion, un projet
de loi qui touche les intérêts de la ville de Montréal, sur
lequel l'honorable ministre des Finances ne semble pas prêt à
procéder immédiatement, et un budget supplémentaire sur
lequel, également, il a dit qu'il n'est pas prêt à
procéder immédiatement. Donc, de notre coté, nous nous
opposons à l'ajournement de la Chambre, parce que nous croyons que l'on
devrait appeler le seul bill qui est prêt et qui est d'importance et
d'intérêt provincial. Nous ne voudrions pas faire perdre le temps
de la Chambre. Si je suis inquiet, c'est devant les intentions du gouvernement
en ce qui concerne ce bill. Après tout, dans le même journal, le
premier ministre de la province dit que nous ne pouvons attendre les
résultats de l'enquête royale, parce qu'il y a des
problèmes spécifiques à régler et que le projet de
loi en question a été établi pour les résoudre.
M. LE PRESIDENT: Je dois signaler à l'honorable
député de D'Arcy-McGee qu'on s'engagerait ici sur un débat
d'un tout autre ordre. Il semble qu'on ne serait plus devant une motion
d'ajournement, mais que l'on discuterait d'un bill ou des
événements qui ont entouré un bill en particulier.
Je n'ai pas d'objection, je le répète, à ce que
l'on dise qu'il faille procéder jusqu'à six heures et ensuite
reprendre ce soir, pour passer à travers du programme législatif
qui apparaît pour cette session-ci, mais je pense qu'on ne pourrait pas
entreprendre des commentaires sur un bill en particulier.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je dirai simplement ceci: Le
gouvernement nous propose d'ajourner nos travaux jusqu'à demain. Il nous
reste des choses sérieuses à faire. De notre côté,
nous sommes prêts à les faire. La population de la province attend
de nous que certaines choses soient réglées; nous avons des
choses à dire là-dessus. Nous ne serons peut-être pas tous
d'accord dans cette Chambre sur les moyens à prendre. Il y aura sans
doute des débats au cours desquels des modifications seront
proposées à des projets de loi, mais, M. le
Président...
M. HYDE: M. le Président, sur la question de règlement, il
semble que parler du bill 85, cela énerve les membres du
gouvernement.
M. ROY: Lentement, vos membres de l'Assemblée
législative.
M. HYDE: M. le Président, le député de D'Arcy-McGee
a fait référence à ce bill 85. Le chef de l'Opposition a
fait la même chose et je suis certain que chaque député,
quand il considère la motion qui est devant la Chambre, pense au bill
85, un bill sur lequel tout le monde attend une décision de nous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HYDE: J'allais simplement non pas parler du bill mais attirer votre
attention sur un article du règlement qui prévoit les
débats qu'on peut faire sur les motions d'ajournement de la Chambre.
C'est l'article 274, sur les cas, où l'ajournement de la Chambre est
proposé par motion principale. C'est ce que le ministre a fait. Il a
fait une motion principale simplement pour ajourner la Chambre sans donner
aucune raison. Mais il l'a fait par motion principale.
Il n'y avait rien devant la Chambre. Alors quand la motion d'ajournement
est faite à ce moment-là, la discussion peut porter sur toutes
les questions d'administration, sauf celles qui requièrent une mesure
législative ou qui ne peuvent être soulevées que par une
motion directe. Tout ce que le député de D'Arcy-McGee exprime,
c'est donc son inquiétude qu'on ne procède pas aux travaux
normaux de la Chambre. Le chef de l'Opposition a fait un relevé de tout
ce qui reste au feuilleton. Il n'est pas nécessaire de le refaire. Mais
tout ce qu'il reste à faire devant la Chambre, c'est l'étude du
bill 85. Le député de D'Arcy-McGee, tout ce qu'il a fait, a
été de demander, comme les autres députés de ce
côté de la Chambre l'ont fait auparavant, quelles sont les raisons
qui motivent le gouvernement de ne pas procéder avec le feuilleton qu'on
a actuellement. Nous attendons toujours des explications du côté
du gouvernement, sur les raisons pour lesquelles on ne procède pas
normalement aux affaires du jour. C'est tout ce que le député de
D'Arcy-McGee voudrait poser comme question.
M. GOLDBLOOM: Je terminerai en disant simplement ceci: Nous avons du
travail à faire. Nous, de notre côté, nous sommes
prêts. Il y a des choses sérieuses à discuter. Il y a des
citoyens de cette province qui attendent de nous des décisions sur des
questions importantes. Si le gouvernement n'est pas prêt à
procéder pour régler ces questions, la population en jugera.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province.
M. PAUL: La motion de l'honorable ministre des Institutions
financières peut, dans les circonstances, se comparer à une
motion que tout député en cette Chambre pourrait présenter
en vertu de l'article 188 de nos règlements. Si l'honorable
Secrétaire de la province a présenté cette motion, c'est
parce que l'intérêt public est en jeu, et je vais m'expliquer.
M. le Président, l'honorable ministre des Finances vient de faire
référence à certains événements malheureux
qui ont placé cette Chambre, et spécialement les honorables
députés qui siègent à votre droite, dans une
situation un peu confuse. Tout d'abord, après le décès de
l'honorable Daniel Johnson, nous avons quand même continué le
travail sessionnel dont la date de reprise avait été fixée
au 22 octobre. Grâce à la collaboration des honorables
députés d'en face, de nombreux comités ont tenu des
séances pratiques et une législation très
intéressante a été adoptée par cette Chambre. Il y
a même actuellement un comité qui siège pour l'étude
du bill 290, où le travail est mené avec beaucoup
d'efficacité, mais qui est surtout prolongé par la
présence des représentants de la CSN, et de la FTQ et d'autres,
qui ont des représentations à faire, ce qui empêche
certains députés d'être présents en cette Chambre
cet après-midi.
Des événements imprévus et regrettés de
tous, j'en suis sûr, ont été portés à la
connaissance des honorables députés de cette Chambre hier matin
lorsque nous avons été informés de l'indisposition
temporaire de l'honorable premier ministre. Il nous a donc fallu dans les
circonstances...
M. LESAGE: C'est lui qui m'a dit que nous procéderions à
l'étude du bill 85 cet après-midi. Il m'a dit cela de
l'hôpital.
M. PAUL: Si l'honorable chef de l'Opposition se réfère
à une conversation qu'il a eue avec l'honorable premier ministre avant
son hospitalisation...
M. LESAGE: Non. De sa chambre d'hôpital hier midi, le premier
ministre m'a dit au cours d'une conversation téléphonique que
nous procéderions a l'étude du bill 85 en deuxième lecture
cet après-midi.
Le ministre du Travail, leader du gouvernement, l'a confirmé hier
soir et l'a annoncé pour aujourd'hui. De plus, au cours d'une
conversation téléphonique ce matin, le leader du gouvernement en
Chambre m'a dit que nous procéderions à l'étude du bill 85
cet après-midi et il a voulu discuter avec moi d'autre chose au sujet du
bill 85 comme devant se produire cet après-midi. Je n'insiste pas sur
les détails.
M. PAUL: Je remercie l'honorable chef de l'Opposition de ne pas insister
sur les détails. Mais une chose est certaine, c'est que si cette motion
a été présentée par l'honorable ministre des
Institutions financières, elle ne l'a pas été pour le
plaisir de la chose. Il faut comprendre qu'il y a encore deux
législations... Est-ce que l'honorable député de
Beauharnois a une question à me poser?
M. CADIEUX: Non, je voulais applaudir au départ du
député de Chicoutimi.
M. PAUL: Si cette demande a été formulée, c'est
parce qu'il y a des bills qui ont des répercussions possibles sur
l'économie de notre province, et spécialement pour un grand
nombre de citoyens de la province, soit les habitants de la ville de
Montréal.
Vous comprendrez que l'honorable ministre des Finances a besoin
d'exposer à ses collègues du cabinet les implications possibles
de cette législation qui sera sûrement étudiée
demain devant cette Chambre.
Il y a également la question du budget supplémentaire que
doit présenter l'honorable ministre des Finances. Je crois qu'il a
prévenu l'honorable chef de l'Opposition à cet effet. Encore
là, il va de soi que ces mesures doivent être analysées et
étudiées au cabinet.
Il reste le bill 85. Je me permets de différer d'opinion avec mon
honorable ami, le député de Westmount, lorsqu'il croit que ce
bill peut créer une certaine nervosité lorsque, d'une
façon directe ou indirecte, un honorable collègue y fait une
référence.
Nous soumettons que ce bill pourrait facilement, sans porter
préjudice aux droits de qui que ce soit, être reporté
à demain pour son étude et l'analyse de sa
présentation.
Devant tous ces faits, je comprends trop l'esprit humain de nos
honorables amis pour douter un seul instant que cette demande ne soit pas
fondée sur des impératifs de consultations que les membres du
cabinet doivent avoir, en vue de présenter, d'ici la fin de cette
session, une législation qui comportera des données et des
justifications de telle législation.
C'est pourquoi, M. le Président, je n'ai aucun doute que tous les
honorables députés, en ce moment, dans leur conscience, dans le
plus intime d'eux-mêmes, comprennent cette demande. Les
événements ont nécessairement bouleversé la marche
normale et prévue de nos travaux, par suite de l'hospitalisation de
l'honorable premier ministre. Cette demande pose sur la tête de celui qui
remplit ces fonctions des responsabilités qui lui commandent de
consulter ses collègues, afin que cette dernière étape de
nos travaux puisse être aussi effective, se terminer avec la
collaboration et la bonne entente qui a marqué cette session,
spécialement, M. le Président, depuis que vous avez l'honneur
d'occuper les responsabilités et le fauteuil que vous occupez
présentement.
Alors, M. le Président, voilà pourquoi l'honorable
ministre des Institutions financières a présenté cette
motion. Voilà pourquoi nous donnerons des explications et, je dirai
plus, des justifications qui permettront aux honorables députés
de comprendre le pourquoi de cette motion. J'assimilerais moi, cette motion,
comme je le disais au début de mes remarques, à un
caractère d'intérêt public, et on pourrait le comparer
à l'article 188, en raison des implications que les législations
futures peuvent avoir sur l'économie du Québec ou sur un groupe
important de ses citoyens.
Pour toutes ces raisons, je n'ai aucun doute que la Chambre se rendra de
bon gré à cette motion de l'honorable député des
Trois-Rivières.
M. LESAGE: Vote, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. CARDINAL: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président...
DES VOIX: Encore un peu, encore un peu.
UNE VOIX: Cela vous fait bien mal!
UNE VOIX: On va faire une procession pour le ministre de
l'Education.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! J'ai l'impression que les
nouveaux députés seront mal impressionnés, si le dialogue
continue comme ça à profusion.
L'honorable ministre de l'Education.
M. CARDINAL: M. le Président, mes collègues ont
déjà donné les raisons qui militent en faveur de la motion
d'ajournement qui a été faite. Le débat autour de cette
demande raisonnable n'avance en rien, je pense, les travaux de la Chambre.
Les travaux de cette Chambre exigent une certaine
collégialité. L'on comprendra que les
responsabilités, que j'ai dû assumer en si peu de temps,
exigent, comme on l'a mentionné, que je consulte mes collègues,
que je réunisse le cabinet et que j'étudie très
sérieusement la situation avec eux.
L'on a, dans les interventions que j'ai entendues cet après-midi,
utilisé un bill qui se rapporte à des questions fondamentales
pour des fins qui sont probablement politiques, mais non pas de grande
politique.
M. LESAGE: C'est votre bill! M. CARDINAL: L'intention... M. LESAGE:
C'est votre bill! M. CARDINAL: M. le Président... M. FOURNIER: C'est le
vôtre!
M. CARDINAL: M. le Président, l'intention du gouvernement est
d'étudier sérieusement ce bill. Le gouvernement entend le faire
de façon telle que le peuple du Québec puisse le juger. Le
gouvernement a du travail à compléter. Ce travail de fin de
session se fait normalement comme dans les autres cas. Ce n'est pas la
première fois qu'en fin de session une semblable motion d'ajournement
est faite dans les derniers jours. Elle devrait être normalement
reçue et je pense que les motifs que l'on a invoqués à
l'appui de cette demande justifient entièrement cette Chambre d'accepter
cette motion.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Que les honorables députés qui sont en faveur de la motion
d'ajournement veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Bellemare, Fréchette, Johnston,
Vincent, Dozois, Lizotte, Gosselin, Gabias, Tremblay (Chicoutimi), Masse,
Allard, Russell, Lafontaine, Paul, Maltais (Limoilou), Cloutier, Cardinal,
Boivin, Mathieu, Lussier, Beaudry, Charbonneau, Morin, Lavoie (Wolfe),
Bernatchez, Flamand, Gauthier (Roberval), Sauvageau, Gauthier (Berthier),
Gagnon, D'Anjou, Léveillé, Desmeules, Grenier, Martel, Roy, Leduc
(Laviolette), Demers, Picard (Dorchester), Martellani, Bousquet, Simard,
Proulx, Croisetière, Plamondon, Théorêt, Bergeron, Murray,
Shooner, Hamel, Gardner, Hanley, Lévesque (Laurier), Tremblay
(Montmorency).
M. LE PRESIDENT: Que les honorables députés qui sont
contre la motion d'ajournement veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: MM. Gérin-Lajoie, Séguin, Pinard,
Courcy, Levesque (Bonaventure), Lafrance, Lacroix, Brown, Hyde, Cliche, Mme
Kirkland-Casgrain, Binette, LeChasseur, Harvey, Lavoie (Laval), Blank,
Beaupré, Cadieux, Fournier, Vaillancourt, Kennedy, Mailloux,
Théberge, Maltais (Saguenay), Lefebvre, Bienvenue, Choquette, Fraser,
Goldbloom, Houde, Pearson, Picard (Olier), Saint-Germain, Tetley, Tremblay
(Bourassa).
M. LE GREFFIER: Pour: 54 Contre: 35 Yeas: 54 Nays : 35
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée. L'honorable chef de
l'Opposition.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, en l'absence du premier ministre, je
me suis abstenu de voter. Si j'avais voté, j'aurais voté contre
la motion.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, j'ai l'honneur de demander
l'ajournement de la Chambre à demain matin, onze heures. Le
comité ad hoc sur les relations industrielles du travail, sur le bill
290, siégera quand même ce soir à huit heures.
M. BLANK: Qu'est-ce qu'il y a, demain?
M. BELLEMARE: Demain, il y a d'abord ce qui est en avis au feuilleton.
Nous allons probablement terminer nos travaux sur la loi de la construction.
Nous avons le budget supplémentaire qui doit venir. Il y a les
amendements au Conseil législatif. Il y a une foule d'autres choses qui
sont prévues.
M. LAVOIE (Laval): Le bill 85, qu'est-ce qu'il devient?
M. BELLEMARE: Bien, ne vous faites pas de bile.
M. LE PRESIDENT: La Chambre s'ajourne à demain matin, onze
heures.
(18 h 18)