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(Onze heures de la matinée)
M. PAUL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecutre et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics. Affaires du jour.
Questions et réponses
Négociations à Manic
M. LESAGE: Est-ce que l'honorable ministre du Travail pourrait nous
faire rapport sur les difficultés à Manicouagan-Outardes?
M. BELLEMARE: M. le Président, de longues séances de
conciliation se sont tenues au ministère du Travail jusqu'à
avant-hier soir. Les représentants du syndicat ont décidé
de retourner à Manic pour aller chercher un mandat auprès des
deux grandes assemblées. Nous avons demandé à la partie
patronale Cordner Hubert & Bond de revenir demain au ministère du
Travail afin de rencontrer de nouveau la partie syndicale. Il y a eu un
rapprochement assez...
M. LESAGE: Sensible.
M. BELLEMARE: ... sensible, bien qu'il y ait encore un différend
assez notoire, mais on semble se diriger dans une bonne voie.
M. LESAGE: A quand les assemblées? M. BELLEMARE: A quoi
les...
M. LESAGE: A quand les assemblées? Quand se tiennent les
assemblées?
M. BELLEMARE: Ce soir. Il y a deux assemblées prévues pour
ce soir, une à Outardes-4 et une à Manic: les heures? je ne le
sais pas trop, mais on nous assure qu'ils doivent revenir demain avec un mandat
bien clair pour continuer les négociations. Et quant à la
compagnie des Comptoirs forestiers, nous avons pensé que, dimanche, nous
pourrions rencontrer ses représentants de nouveau pour continuer avec
eux les négociations, parce qu'un implique l'autre, c'est sûr.
M. LESAGE: Alors, tout le monde est à la table, c'est le cas de
le dire.
M. BELLEMARE: Sûrement, même le ministre qui veille
tard.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable député
d'Abitibi-Est.
Achat de bois
M. CLICHE: L'Office des producteurs de bois de Rimouski a dû
demander au ministre d'intervenir pour que toute la production soit
achetée par la compagnie Fraser ou une autre compagnie de la
région. La production totale a été de 15,000 cordes et,
selon la correspondance que je reçois, seulement 5,000 cordes sont
acceptées par la Compagnie Fraser.
Le ministre a le pouvoir d'intervenir et de forcer la compagnie à
acheter la différence, le surplus. Est-ce qu'il est intervenu à
la suite des communications qu'il a reçues des membres de l'Office?
M. GOSSE LIN: Oui, M. le Président, à de nombreuses
reprises l'Office des producteurs de bois de Rimouski a communiqué avec
moi et j'ai également eu une entrevue avec les producteurs et par la
suite, M. le Président, j'ai mandaté M. Roland Deschamps, mon
sous-ministre, pour faire certaines démarches auprès de la
compagnie Fraser.
Cepandant, M. le Président, il y aurait une assez longue histoire
pour faire comprendre exactement toute la situation dans laquelle nous nous
trouvons avec cela. Certaines affirmations faites par l'Office ne sont pas
reconnues par la compagnie, à l'effet qu'il n'y a jamais eu d'entente
que pour un montant de 5,000 cordes et qu'il n'a jamais été
question de l'excédent de 10,000 cordes. Je sais que par l'article 41,
je crois, ou le chapitre 41 j'aurais les pouvoirs de forcer la compagnie Fraser
à acheter cette différence. Cependant, dans le dilemme où
nous nous trouvons vis-à-vis de la compagnie Fraser, avec d'abord la
non-reconstruction de son usine à Cabano et les pourparlers en cours
pour essayer de résoudre le problème de Cabano, pour le moment,
j'ai jugé qu'il était préférable de laisser les
choses où elles en étaient jusqu'à ce que j'aie les outils
en main, c'est-à-dire les lois que j'ai présentement devant cette
Chambre pour trouver une solution. J'espère, M. le Président, que
si ces lois-là sont acceptées aujourd'hui, dès le
début de la semaine prochaine j'aurai les outils nécessaires
pour
résoudre à la fols non settlement le problème de
Cabano, mais aussi le problème du Syndicat des producteurs de bols de
Rimouski.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy McGee.
Dossiers médicaux
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ma question s'adresse à
l'honorable ministre des Transports et Communications et je lui en ai
donné préavis. Elle concerne les cas où le renouvellement
du permis de conduire est différé afin que des renseignements
supplémentaires d'ordre médical soient obtenus.
Est-ce que le ministre peut informer cette Chambre des mesures qu'il
entend prendre pour mieux sauvegarder le caractère confidentiel du
dossier médical de tout citoyen devant l'évidence que je lui ai
soumise que cette sauvegarde a pu dernièrement laisser à
désirer?
En corollaire, est-ce que le ministre accepterait la suggestion que
toute formule médicale envoyée par son ministère à
un citoyen soit accompagnée d'une enveloppe de retour adressée
spécifiquement au comité consultatif médical de son
ministère et marquée « strictement confidentiel
»?
M. LIZOTTE: Je remercie tout d'abord mon collègue, le
député de D'Arcy-McGee qui a bien voulu me donner un avis de la
question qu'il allait me poser. Il a poussé la délicatesse encore
plus loin ce matin, il m'a donné le texte de cette question. Je l'en
remercie.
En réponse à cette question, je dois dire ceci que non
seulement dernièrement mais de tout temps, l'évidence
était à l'effet que la sauvegarde du secret professionnel
n'existait pas dans ce ministère. En effet, le directeur du bureau des
véhicules-automobiles recevait les certificats médicaux. Sur
réception des certificats médicaux, lui, qui n'était
même pas médecin les étudiait et il portait un jugement
à savoir s'il devait donner, après son étude bien entendu,
le certificat ou le refuser. Devant cet état de choses, nous avons
décidé de nommer un bureau médical composé de cinq
médecins de différentes carrières médicales, et,
dorénavant, ces dossiers seront soumis pour étude à ce
bureau médical, et ce sont les médecins qui se prononcent si oui
ou non celui qui a fait une demande de permis peut ou non conduire une
automobile en vertu de son cas pathologique.
Ceci nous l'avons fait afin de sauvegarder le secret professionnel et
aussi dans l'intérêt de la population. Il y en a qui avaient des
dossiers. qui avaient été étudiés de façon
à leur enlever leur permis et qui au point de vue médical
devaient avoir leur permis, nous le leur avons accordé. Depuis environ
trois mois, au-delà de 2,000 cas ont été
étudiés.
De plus, à la suggestion de ce bureau médical, nous avons
décidé de nommer un médecin à plein temps
attaché comme directeur médical au service des
véhicules-automobiles,de sorte qu'à partir de la fin du mois, le
directeur médical au bureau des véhicules-automobiles recevra,
comme le désire exactement le député de D'Arcy-McGee, tous
les communiqués, certificats médicaux, qui viendront des
médecins à qui nous en demanderons, et c'est lui-même qui
cataloguera les différents cas, qui les dirigera du côté du
comité médical. De cette façon, tout ce qui regarde le
côté médical dans le cas de la demande de permis sera
manipulé par des médecins qui sont obligés au secret
professionnel. J'espère que ça répond à la demande
du député.
M. GOLDBLOOM: Je remercie le ministre de sa réponse, et je lui
demande de bien vouloir insister auprès de tous ses collègues sur
l'importance de la sauvegarde du secret professionnel, surtout avec la venue
prochaine de l'assurance-maladie.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable ministre d'Etat aux
Travaux publics.
Rapport annuel des Travaux publics
M. RUSSELL: Au nom de M. Lafontaine, je dépose le rapport annuel
des Travaux publics pour l'année 1965/66.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre.
Lettre au premier ministre du Canada
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais communiquer à
cette Chambre le texte d'une lettre que j'adressais, le 8 août, au
premier ministre du Canada: « Monsieur le premier ministre, «
Depuis son accession au pouvoir, le présent gouvernement du
Québec, conformément à son programme politique, a pris
officiellement position sur la question des pensions de vieillesse. Dans la
déclaration que f ai présentée à la
conférence fédérale-provinciale de septembre dernier, f ai
indiqué que, tenant compte des dispositions de la constitution actuelle
du Canada,
de la nécessité d'intégrer les programmes de
sécurité sociale à l'intention des personnes
âgées et des devoirs particuliers de notre gouvernement envers le
développement socio-économique du Québec, notre
gouvernement envisageait d'assumer, contre compensation fiscale
adéquate, V entière responsabilité du programme de la
sécurité de la vieillesse, actuellement administré par le
gouvernement du Canada. « Dans le discours du Trône de
décembre dernier, le gouvernement a,en conséquence,
annoncé son intention de légiférer dans ce domaine, ainsi
que dans celui, qui lui est connexe, du revenu minimum garanti. « Au
cours du débat parlementaire qui a suivi ce discours, j'ai, en
substance, précisé que nous rechercherions une compensation
fiscale qui serait fondée non pas sur le rendement des impôts
actuellement perçus dans le Québec pour les fins de la
sécurité de la vieillesse et du programme connexe du revenu
garanti, mais seulement sur les sommes que les Québécois
retireraient si les mesures fédérales continuaient de s'appliquer
au Québec. Nous voulions ainsi que le principe de la redistribution des
revenus entre les citoyens du Canada soit maintenu inchangé quant
à ses effets. Au cours du même débat, j'ai également
dit que nous tenions à la transférabilité complète
des prestations de sécurité sociale tant en général
que dans le cas particulier des mesures touchant la vieillesse. « Nos
fonctionnaires ont donc étudié les divers aspects administratifs,
financiers et sociaux, de mise en oeuvre d'une telle politique. Il en est
résulté des projets précis sur lesquels, lors de
réunions du cabinet, mes collègues et moi avons eu l'occasion de
nous prononcer. J'ai pensé que le temps était maintenant venu
d'entreprendre, entre votre gouvernement et le nôtre, les discussions qui
s'imposent à ce propos. « Nos positions respectives en cette
matière pourraient, en premier lieu, être explorées par des
fonctionnaires de votre gouvernement et du nôtre et les discussions
amorcées à ce niveau. Si cette façon de procéder
vous agréait, vous pourriez demander à vos fonctionnaires de
prendre contact à ce sujet avec monsieur Claude Morin, sous-ministre des
Affaires intergouvernementales du Québec. « La méthode que
je me permets de vous proposer me paraît susceptible de fournir les
meilleurs résultats. J'ose penser qu'elle vous conviendra, car je la
formule avec l'espoir qu'elle permettra à nos deux gouvernements de
trouver un terrain d'entente plus rapidement que ce ne serait le cas au milieu
de débats publics fondés sur l'interprétation des termes
utilisés dans des projets de loi qui auraient déjà
été déposés. Cela éviterait de soulever, de
part et d'autre, des expressions d'opinions opposées et de provoquer une
controverse qui ne nous semble ni nécessaire, ni opportune. «
Comme nous avons pu nous en rendre compte, en décembre 1966, lors du
discours du Trône et du débat qui a suivi, la question dont je
traite ici intéresse grandement non seulement le gouvernement et
l'Opposition, mais aussi tous les citoyens du Québec Je me propose donc
de rendre la présente lettre publique aussitôt que vous aurez eu
l'occasion d'en prendre connaissance. « Je vous prie, monsieur le premier
ministre, d'agréer l'expression de mes sentiments les meilleurs.
»
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. JOHNSON: M. le Président...
Budget supplémentaire no 2
M. DOZOIS: M. le Président, un message de l'honorable
lieutenant-gouverneur, signé de sa main.
M. LE PRESIDENT: « Cabinet du lieutenant-gouverneur,
Québec. Message de Son Honneur le lieutenant-gouverneur de la province,
M. Ilugues Lapointe. « L'honorable lieutenant-gouverneur de la province
de Québec transmet à l'Assemblée législative le
budget supplémentaire de dépenses no deux pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1968, conformément aux
dispositions de l'article 54 de l'Acte de l'Amérique du Nord britannique
1867, et recommande ce budget à la considération de la
Chambre.
Hugues Lapointe, Hôtel du gouvernement, Québec. Le 10
août 1967. »
M. DOZOIS: M. le Président, je propose que le message de Son
Honneur le lieutenant-gouverneur ainsi que le budget supplémentaire no
deux qui l'accompagne soient référés au comité des
subsides.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
L'honorable ministre des Finances propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Comité des subsides
M. LEBEL (Président du comité des subsides):
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! « Conseil exécutif»,
article 15.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre des Finances
ou le premier ministre pourrait nous donner des explications plus
détaillées que celles qui apparaissent à l'article que
nous étudions concernant la dépense proposée pour obtenir
la coordination mentionnée?
M. JOHNSON: Voici. Il s'agit d'un montant pour mettre en place et
commencer à faire opérer les structures du futur ministère
de la Fonction publique.
Nous aurions évidemment préféré
présenter à cette Chambre un projet de loi concernant la
création du ministère de la Fonction publique.
Il existe plusieurs avant-projets. Nous avons siégé de
longues heures sur les principes d'abord et ensuite sur la formulation et il
nous est apparu impossible de pouvoir déposer un projet de loi et de le
faire voter par cette Chambre dans un temps normal. Il nous faudra donc nous
résigner à remettre l'étude de ce projet peut-être
à janvier ou décembre, je ne le sais pas encore. Nous devons
aussi consulter les syndicats et nous allons leur demander un mémoire
sur certains principes. Alors, il y a par ailleurs une direction
générale des relations du travail dirigée par M. Raymond
Gérin qui s'occupe, elle, de l'exécution ou de la mise en
application des conventions collectives. Mais le travail qui sera soumis au
nouveau ministère est plus considérable, ce n'est là qu'un
aspect, celui de la mise en application.
Il y a aussi tout le problème des négociations.
Deuxièmement, le problème de recherche, ce qu'on a appelé
le « pay research bureau » et troisièmement les relations
entre tous les ministères et ce qui restera de la fonction publique
elle-même, organisme d'examen, organisme de classification. Tout cela
reste a décider. Or, il nous faut tout de suite nommer auprès de
l'exécutif un personnel de haute direction qui, lui, pourra faire appel
à des employés déjà en place. Nous devrons
probablement engager quelques personnes à honoraire et nous avons cru
qu'un montant maximum de $200,000 serait suffisant.
M. LESAGE: Combien de ces experts, de ces personnes veut-on engager pour
ce travail de recherche?
M. JOHNSON: Bien voici, il y aura d'abord à amener auprès
de l'exécutif un expert qui sera peut-être éventuellement
le futur sous-ministre...
M. LESAGE: Cela en fait un!
M. JOHNSON: ... pas nécessairement. Nous devrons aussi faire
effectuer des travaux, m'a-t-on dit, auprès de certains experts en
relations industrielles. Nous devrons aussi commencer immédiatement le
travail en vue du renouvellement des conventions collectives. Le contrat
à la Régie des alcools, par exemple, expire au mois d'octobre, je
crois, ou décembre et, évidemment, la Régie des alcools
paie ses propres avocats et je sais que l'avocat qui a déjà
négocié la première convention, Me Paul Renaud, est
déjà à l'oeuvre. Ses services ont été
retenus par le présent gouvernement pour préparer le
renouvellement.
M. LESAGE: Cela ne justifie pas les $200,000. M. JOHNSON: Pardon? M.
LESAGE: Cela ne justifie pas les $200,000. M. JOHNSON: Non, non.
M. LESAGE : M. Renaud est payé par la Régie des
alcools.
M. JOHNSON: D'accord, c'est ce que je viens de dire. Cependant, comme
les négociations à la Régie des alcools peuvent avoir des
répercussions sur le reste de la masse salariale, nous aurons
certainement besoin d'engager auprès de l'exécutif quelqu'un qui
représentera tout le secteur des fonctionnaires. Nous devrons
peut-être ajouter des fonctionnaires à ceux qui sont
déjà en place et dont les services seront utilisés,
particulièrement dans le domaine de la recherche et de
l'évaluation. On ne m'a pas donné de noms, je regrette. On m'a
dit tout simplement qu'en toute prudence il faudrait ajouter $200,000, ce qui
ne veut pas dire qu'on va le dépenser au complet.
M. LESAGE: Non, non, c'est d'un vague extraordinaire. Je suis
très surpris de voir que le premier ministre ne soit pas en
mesure...
M. JOHNSON: M. le Président, c'est exactement de la même
catégorie de vague que le vague qu'on nous avait dans le temps
donné lorsqu'on nous avait demandé de voter $1,500,000 pour
engager un nombre X de personnes qui devaient
s'occuper de la mise en place du Régime de retraite du
Québec.
M. LESAGE: Non, c'était assez précis.
M. JOHNSON: A ce moment-là, on n'avait aucune évaluation
précise, on avait donné des chiffres globaux et ça
totalisait $1,500,000. Et nous avions alors approuvé le gouvernement de
prendre cette initiative, c'est-à-dire de se préparer d'avance et
nous avions réservé nos questions pour le budget, pour
l'étude des crédits selon la formule normale.
Celui qui a fait l'évaluation en vue de ce travail est
actuellement en vacances. Il n'a laissé aucun document relativement
à ce montant de $200,000...
M.LESAGE: C'est un aveu.
M. JOHNSON: Non, non, c'est...
M. LESAGE: Le premier ministre n'est pas en mesure de justifier...
M. JOHNSON: Non, nous en avions discuté avant son départ,
et...
M. GERIN-LAJOIE: Cela vaut la peine que la Chambre soit
informée.
M. JOHNSON: Je comprends que c'est vendredi encore.
M. LESAGE: Ce n'est pas une question de vendredi.
M. JOHNSON: C'est un mauvais jour, le vendredi.
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire avec le vendredi. Que le premier
ministre donne donc des explications précises. Il est d'un vague
absolument incompréhensible.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est aussi clair que ce qu'avait
donné le premier ministre du temps au sujet d'une somme de
$1,500,000.
Il y a actuellement des fonctionnaires en place que nous pourrons
utiliser. Si l'aménagement des locaux n'est pas suffisant dans
l'édifice ici, nous devrons peut-être tout de suite leur
établir un bureau. Nous savons que de toute façon il faudra leur
organiser un personnel de bureau comprenant une dizaine de secrétaires
et un gérant de bureau et nous sommes tout de suite rendu à un
montant d'environ $75,000.
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas pour un an complet.
M. JOHNSON: M. le Président, nous serons obligés aussi de
payer du temps supplémentaire aux employés déjà
engagés dans d'autres activités. Troisièmement, nous
devrons engager des gens à honoraire. Quatrièmement, nous devrons
faire appel aux services d'experts. Cinquièmement, ces experts, ce
personnel de cadre devra probablement voyager. Sixièmement, quand ce
personnel voyagera, il sera obligé de manger et de faire des comptes.
Septièmement, c'est plus précis que ce que je n'ai jamais pu
obtenir du gouvernement antérieur.
M. LESAGE: Ah oui!
M. LEFEBVRE: M. le Président, ce qui nous inquiète un peu
de ce côté-ci de la Chambre quand le premier ministre fait part de
projets que nous croyons très vagues en dépit de ce qu'il dit et
qui concernent la fonction publique, c'est que nous pouvons difficilement
oublier certains discours du ministre du Travail à l'occasion de la
discussion de ses crédits et en d'autres circonstances. Pour ma part, je
m'inquiète de savoir et j'aimerais bien que le premier ministre
nous réponde clairement là-dessus si les projets auxquels
il vient de faire vaguement allusion modifieront en quelque façon les
fonctions actuellement dévolues & la Commission de la fonction
publique.
M. JOHNSON: Il est évident que lorsque nous aurons un
ministère de la fonction publique, la Commission de la fonction publique
sera, elle, considérablement modifiée. Mais il est évident
aussi que d'ici à ce que la loi soit changée, le gouvernement n'a
pas l'intention de la violer.
M. LEFEBVRE: Ni directement ni indirectement.
M. BERTRAND: Il est difficile de violer indirectement.
M. JOHNSON: Troisièmement, je dirai, pour dissiper
l'inquiétude du député d'Ahunstic que contrairement
à l'ancien gouvernement, nous nous préparons en vue du
renouvellement du contrat afin qu'il n'y ait pas ce beau désordre que
nous avons connu à l'occasion des premières négociations
parce qu'on n'avait pas prévu la mise en place d'un mécanisme ni
pour la négociation.
La preuve nous l'avons eue hier, nous avons dû passer le bill 22
pour réparer une quinzaine d'erreurs qui ont été
faites...
M. LESAGE: Que nous avions présenté. C'est un bill que
nous avions présenté, mais qui a été amputé
par la loi actuelle.
M. JOHNSON: ... par le gouvernement antérieur. Ce bill 22
évidemment reproduisait, en très grande partie, dans sa presque
totalité...
M. LESAGE: C'est vous qui l'avez amputé, le bill 22.
M. JOHNSON: ... le bill 5, le bill de la session de 1966.
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: Mais le bill 5 réparait une quinzaine d'oublis qu'on
avait faits en 1965.
M. LESAGE: Pas nécessairement des oublis.
M. JOHNSON: Mais le plus grave oubli qu'on a fait, c'est de ne pas avoir
mis en place un mécanisme d'application... Je ne parle pas pour le
moment de la négociation qui a été faite dans les
circonstances que l'on connaît, à la mitaine, de nuit,
improvisée, à n'importe quel prix quelquefois. Lorsqu'on
était bien fatigué, on lâchait n'importe quoi, on n'avait
aucune norme, on n'avait aucun document de base, aucune statistique. On a fait
ça à l'oreille avec l'Intention évidente de prévoir
des élections, et le gouvernement qui a suivi a dû ramasser les
pots cassés, mettre en application une convention collective qui n'avait
pas été préparée et pour son application il n'y
avait aucun mécanisme de prévu sauf sur le papier, le directeur
de la direction générale des relations de travail ayant
démissionné au mois de mars. C'est la situation dans laquelle
nous nous sommes trouvés, et nous avons dû régler sept
conflits dans le domaine public ou parapublic. Tout ça aurait pu
être prévu, et c'est ce que nous allons faire avec un montant de
$200,000.
M. LESAGE: M. le Président, je dois vous dire que le premier
ministre vient de rendre un hommage exceptionnel à deux des hommes qui
pourtant sont pour lui, encore à l'heure actuelle, de ses conseillers
les plus intimes et de ceux en qui il a le plus confiance. M. le
Président, au mois de janvier 1966, j'avais en cette Chambre,
donné les éléments d'une poli- tique salariale du
gouvernement, et les éléments de cette politique, je les avais
donnés après consultation avec mes collègues et
après avoir consulté particulièrement un conseiller
économique et financier du gouvernement que le premier ministre actuel
tient en haute estime et haute considération.
Ce conseiller a continué de nous aviser tout au long des
négociations avec le syndicat des fonctionnaires. Les
négociations avec le syndicat des fonctionnaires se sont poursuivies
normalement. Un des conseillers juridiques du gouvernement, qui a
continué à être consulté et qui est encore
consulté par le gouvernement actuel et en qui le premier ministre a une
très grande confiance, a pris charge comme conseil des
négociations pour la partie patronale, c'est-à-dire le
gouvernement du Québec.
Il y a eu des séances de nuit? Certainement qu'il y en a eu des
séances de nuit, comme il y en a la plupart du temps au cours de toutes
les négociations patronales-syndicales, parce qu'on essaie d'en arriver
dans le plus bref délai possible à une entente entre les parties.
Combien de fois le ministre actuel du Travail a-t-il dû lui-même,
comme négociateur ou plutôt comme...
M. JOHNSON: Médiateur.
M. LESAGE: ... médiateur de dernier ressort, siéger de
nuit avec les parties. C'est normal, c'est son devoir, et je ne vois pas que le
premier ministre ait des reproches à nous faire de ce
côté-là. Nous-mêmes ici à l'Assemblée
législative, nous avons siégé très tard le soir.
Nous avons siégé une nuit même au cours de la
présente session. Il est nécessaire de faire le travail, d'avoir
les consultations continues qui s'imposent suivant les circonstances. C'est
cela que nous avons fait.
C'est cela que nous avons fait en vue d'en arriver à la signature
des deux conventions collectives, l'une avec les fonctionnaires, l'autre avec
les ouvriers. Et nous avons réussi. Nous avions mis en place l'embryon
des structures pour la mise en application de la convention collective. Il y a
eu un changement de gouvernement: que le gouvernement ne se plaigne pas, il
n'avait qu'à prendre les dispositions nécessaires. Si les choses
ont traîné, c'est à cause du gouvernement actuel qui ne se
décide jamais dans rien, et nous en avons eu la preuve encore ce
matin.
M. BERTRAND: Mon Dieu!
M. LESAGE: Ce n'est qu'à la dernière mi-
nute de la session qu'on décide de jeter de la poudre aux yeux,
en écrivant une...
M. LOUBIER: Comme vous autres.
M. LESAGE: ... lettre au premier ministre du Canada pour faire semblant
qu'on s'occupe d'un problème dont on a annoncé le
règlement dans le discours du Trône.
M. BELLEMARE: Cela, M. le Président, c'est prêter des
motifs, et l'honorable chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Ce ne sont pas des motifs.
M. BELLEMARE: ... est complètement en dehors du débat: il
est complètement hors d'ordre.
M. LESAGE: Je n'ai pas besoin de donner d'exemples, M. le
Président. Toute la population reconnaît que le gouvernement
actuel a l'art de laisser pourrir les problèmes dans l'espérance
qu'ils se régleront seuls. C'est ce qu'il a fait, c'est sa
philosophie...
M. BELLEMARE: C'est faux.
M. LESAGE: ... c'est ce qu'il a fait dans le domaine des relations du
gouvernement avec ses employés et, aujourd'hui, le premier ministre a le
culot de vouloir nous en jeter la responsabilité sur les épaules,
alors que c'est nous qui, à la fin...
M. BERGERON: Ce n'est pas gentil.
M. LESAGE: ... de mars 1966, immédiatement avant les
élections, avons négocié avec les syndicats et
signé des conventions collectives qui ne sont pas parfaites, je l'admets
c'était très difficile, c'étaient les
premières conventions collectives avec des dizaines de milliers
d'employés mais tout étant bien considéré,
je crois que nous pouvons dire, sans crainte de nous tromper, que c'est d'une
façon très expéditive que nous avons procédé
et que nous avons pu en arriver à un règlement satisfaisant pour
les parties, sans qu'il y ait de délais inexplicables ou abusifs. Et je
suis surpris d'entendre le premier ministre, ce matin, accuser le gouvernement
d'alors d'avoir consenti de trop fortes augmentations aux fonctionnaires.
DES VOIX: Ah!
M. LESAGE: M. le Président, c'est ce que le premier ministre
vient de déclarer. Il a dit qu'au cours des séances de nuit, nous
avions concédé et concédé sur les questions de
salaire. Le reproche que le premier ministre vient de faire au gouvernement
précédent, c'est d'avoir donné justice aux fonctionnaires.
Cela donne aux fonctionnaires et à tous les salariés du
Québec une idée de la philosophie du gouvernement actuel et du
premier ministre en particulier dans le domaine des relations
patronales-ouvrières.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Malhonnête.
M. LESAGE: C'est un conservateur, un conservateur à tous
crins...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Malhonnête.
M. LESAGE: ... un champion de l'entreprise privée et du monopole,
M. le Président.
M. BERGERON: Vous en allez-vous à Ottawa en fin de semaine?
Mo LESAGE: Il n'a jamais su reconnaître les droits des
syndiqués et des employés et il refuse de les reconnaître
ce matin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! A l'ordre!
Je pense que tout le monde conviendra qu'il va manquer de fil
tantôt pour relier toutes ces considérations de part et d'autre
à l'article 15. Alors, j'inviterais les députés d'un
côté comme de l'autre de la Chambre à revenir aux cadres
exacts de l'article 15.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: Je comprends que le ministre du Travail soit
préoccupé de l'affirmation du premier ministre à l'effet
que nous avions fait trop de concessions aux fonctionnaires.
Cela tout de même c'est le premier ministre qui l'a dit dans son
intervention pour tenter de justifier la somme de $200,000.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ce n'est pas ça qu'il a dit. Il n'a pas
dit ça, ce n'est pas vrai.
M. LESAGE: C'est lui qui l'a dit. Et je
comprends que le ministre du Travail soit en très mauvaise
position, lui, un syndiqué, un membre d'une fraternité et
joliment embarrassé de la frappe en Chambre que vient de lui donner son
chef politique.
M. BELLEMARE: Si, ils vous ont battu...
M. LESAGE: Je comprends le ministre du Travail et il a toute ma
sympathie dans les circonstances. Il faudra comme d'habitude qu'il raccommode
les choses.
M. BELLEMARE: On va faire ça chez nous.
M. LESAGE: Le premier ministre ne nous a pas donné d'explications
satisfaisantes en ce qui concerne la proposition de dépense de cette
somme de $200,000 qui ne pourra être dépensée clairement
qu'à partir du 1er septembre ou même plus tard,
c'est-à-dire sur une période de sept mois, on peut dire dans
l'ensemble sur six mois. Or, avec $200,000 l'on peut pour une période de
six mois engager un très grand nombre de fonctionnaires, on peut les
faire voyager beaucoup, les faire manger beaucoup et on peut engager plusieurs
experts à honoraire. Mais le premier ministre n'a pas justifié la
dépense et, de plus, je dirai qu'il y a une différence
fondamentale entre la proposition que j'avais faite pour établir les
structures du régime de retraite, le régime des rentes, et la
proposition que nous avons devant nous. Dans le cas du régime de
retraite, tout le monde savait exactement quel serait le régime de
retraite. Il avait été exposé et en principe et en
détails lors d'une conférence fédérale-provinciale
qui avait eu lieu de nombreux mois auparavant Tout le monde savait où
nous allions. Tout le monde savait les catégories d'employés
qu'il faudrait Et tout le monde savait quelle sorte de préparation l'on
devait faire. Tandis qu'aujourd'hui, nous n'avons aucune idée de ce que
sera le rôle du ministère de la Fonction publique. Nous n'avons
aucune idée de ce qu'en seront les structures. Nous ne savons pas
jusqu'à quel point ce ministère rendra dépendant du
gouvernement, et du gouvernement directement, l'emploi et le renvoi des
fonctionnaires. Nous ne savons rien. Nous ne connaissons même pas la
philosophie qu'il y a à la base de l'institution d'un ministère
de la Fonction publique, et le premier ministre nous dit qu'il veut
dépenser $200,000 en vue de préparer...
M. BERGERON: C'est du verbiage pur et simple.
M. LESAGE: ... la mise en place d'un ministère de la Fonction
publique dont nous ne connaissons pas le rôle, dont le premier ministre
lui-même admet ne pas être sûr complètement du
rôle.
M. BERGERON: Restez calme! Vous êtes meilleur.
M. LESAGE: Dans les circonstances, il nous est impossible de voter en
faveur de cette somme de $200,000.
M. JOHNSON: Eh bien, vous venez d'assister à une scène qui
vous est coutumière, qui vous le serait davantage si vous aviez, de 1960
à 1966, occupé un siège de choix comme nous.
M. BELLEMARE: Il est bien régulier.
M. JOHNSON: C'est agréable pour les députés de
recevoir au-delà de leur indemnité cette faveur d'une
démonstration d'éloquence un peu mordante, très
mélodramatique, d'un genre joliment désuet un peu mais quand
même, au moins une fois par semaine, le vendredi. Le chef de l'Opposition
a dû cependant, pour se lancer en orbite, partir d'une fausse
prémisse, m'attri-buer des propos que je n'avais pas tenus. Je ne l'ai
pas accusé d'avoir trop payé les fonctionnaires, je l'ai
accusé d'avoir, par manque de cadre, par manque de préparation
dans les structures, par manque d'études appropriées,
lâché des choses tout simplement sous pression de chefs d'ouvriers
sans se donner la peine d'étudier les répercussions sur le reste
du domaine public et parapublic.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre me permet une question?
M. BERTRAND: Il a la parole.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M.LEFEBVRE: Soyez calmes, messieurs, j'ai demandé au premier
ministre s'il permettait une question. Il pourrait être assez grand pour
décider lui-même.
M. JOHNSON: Non, je vais lui répondre tout de suite, qu'il aura
l'occasion de parler. Nous sommes en comité.
M. LEFEBVRE: Je parlerai après, je vous ai demandé la
permission.
M. JOHNSON: M. le Président, je songeais à ce
moment-là, entre autres, à cet épisode qui reste
célèbre dans les annales des relations
patronales-ouvrières, la nuit des millions.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: Il y avait un chef ouvrier du nom de M. Marchand,
président de la CSN, qui disait: « Moi, je vais le faire
lâcher! » Et il appelait le premier ministre qui faisait les cent
pas dans son boudoir et, une fois par heure, le premier ministre lâchait
un million.
M. LESAGE: A quel moment?
M. JOHNSON: M. Marchand s'est toujours vanté de faire marcher le
chef de l'Opposition et il me semble que, même dans nos relations avec la
France, M. Marchand fait marcher le chef de l'Opposition, chef du parti
libéral.
M. LESAGE: A quoi le premier ministre fait-il allusion?
M. JOHNSON: Les négociations, laissez-moi vous décrire de
quelle façon elles se font,
M. LESAGE: Quelles négociations?
M. BERTRAND: Il va vous décrire tout ça.
M. JOHNSON: Une table groupant les négociateurs des
hôpitaux de Montréal d'une part et les négociateurs du
gouvernement d'autre part. Et là, les pauvres négociateurs du
gouvernement, devant M. Marchand de la CSN, étaient obligés de
plier car il y avait un appel direct de M. Marchand au premier ministre qui ne
savait pas du tout où on en était rendu. D'accord, un autre
million. A trois heures du matin, un autre million. Quatre heures du matin, un
autre million. Cinq heures du matin, un autre million. C'était la
période artisanale.
M. LESAGE : C'est absolument faux. Le premier ministre divague.
M. JOHNSON: M. le Président, cela a changé.
M. LESAGE: C'est absolument faux! M. BERTRAND: Non, c'est
authentique.
M. JOHNSON: Cela a changé et je dois dire qu'un des bons discours
prononcés en cette Chambre a été celui qu'a fait l'ancien
premier ministre au mois de janvier alors qu'il a expliqué la politique
salariale qu'entendait suivre à l'avenir le gouvernement, et je
reconnais qu'il a utilisé les services de deux excellents conseillers
que nous avons gardés, en qui nous avons confiance et qui continuent de
nous servir.
Mais, M. le Président, toute la négociation de la
convention collective avec les fonctionnaires s'est faite sans autre
préparation que l'excellent travail de ces messieurs appuyés par
quelques fonctionnaires qui fournissaient des chiffres.
M. LESAGE: De nombreux fonctionnaires.
M. JOHNSON: Mais c'était tellement bien préparé
qu'à un moment donné, on cherchait 5,000 fonctionnaires et on ne
les trouvait plus. Il y avait tout un groupe qu'on ne trouvait plus. On l'avait
écarté, celui-là. Nous ne voulons pas que cela se
répète. Si en octobre 1965, le gouvernement du temps avait
demandé une somme de $100,000, $200,000 ou $300,000 pour préparer
des équipes de négociation, établir des
données...
M. LESAGE : Nous en avions des équipes.
M. JOHNSON: ... étudier la répercussion des
échelles de salaires des diverses catégories les unes sur les
autres dans le secteur public et parapublic...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et tout ça vis-à-vis du secteur
privé...
M. LESAGE: C'était prévu au budget principal parce que
nous les avions, les équipes.
M. JOHNSON: ... si on avait monté ce genre d'organisation...
M. LESAGE: C'était fait.
M. JOHNSON: ... on aurait, je le crois sincèrement,
évité quelques erreurs, entre autres celles que nous avons
dû réparer, et on aurait évité quelques anomalies.
Demandez aux fonctionnaires eux-mêmes s'ils sont satisfaits du genre de
résultats qu'ils ont obtenus lors de la première
négociation. Nous leur avons dit, et je pense qu'ils l'ont compris, du
moins c'est le cas de leurs dirigeants: Ne vous en faites pas, c'est une
première convention collective, nous allons tenter de procéder
d'une façon plus scientifique, nous serons mieux préparés.
Et c'est en vue d'avoir un meilleur contrat, tant
pour le gouvernement que pour les fonctionnaires, que nous demandons ce
matin des crédits qui nous permettront de préparer le travail au
lieu de l'improviser. C'était de l'improvisation, quelquefois brillante,
chacun safaçon. M. le Président, dans la grève des
hôpitaux, par exemple, j'aurais pu lâcher $5 millions de plus que
$21 millions, sortir de mon bureau et les^photogra-phes auraient pris une belle
photo, là, du président de la CSN et moi nous tenant par le cou
ou en-dessous du bras et déclarer comme l'ancien premier ministre: J'ai
réglé la grève.
Cela faisait bien. Moi, le premier ministre, j'ai réglé la
grève. Ce n'est pas comme ça que cela marche aujourd'hui. Quand
on a des négociateurs, ils savent ce qu'ils sont autorisés
à offrir et ils s'en tiennent à ça. Le premier ministre ne
les brûle pas comme l'ancien premier ministre a brûlé
d'excellents négociateurs...
M. LESAGE: C'est faux.
M. JOHNSON: ... qui ont même démissionné de
certaines fonctions car ils ont été désavoués.
Pourquoi? Pour que le premier ministre, chef du parti libéral, ait sa
photo dans les journaux comme étant le sauveur. Il y en a un...
M. LESAGE: Non, c'était pour éviter une grève
générale des fonctionnaires, et nous avons réussi à
l'éviter.
M. BELLEMARE: A l'ordre! A l'ordre! M. JOHNSON: M. le
Président...
M. LESAGE: Je souhaite au premier ministre qui aura à
négocier, d'avoir autant de succès que nous en avons eu dans nos
négociations.
M. JOHNSON: Et pour que ce soit très clair dans le journal des
Débats, il était évident que le souhait que vient de faire
le chef de l'Opposition était d'une sincérité
grimaçante. M. le Président...
M. LESAGE: Une question de privilège. Je ne crois pas que le
premier ministre ait le droit de parler de sincérité
grimaçante alors qu'en toute honnêteté je lui ai
souhaité de ne pas avoir de grève des fonctionnaires et de faire
tout en son possible pour l'éviter. J'espère qu'il tiendra un
autre langage que celui qu'il tient maintenant s'il veut réussir
à régler une grève avec les fonctionnaires, une
grève appréhendée. Parce qu'il n'est pas très
sérieux ce matin, le premier ministre.
M. JOHNSON: Il arrive très souvent que le chef de l'Opposition
dise: Je sais qu'on ne peut pas reproduire un sourire dans le journal des
Débats...
M. BERTRAND: On ne peut pas reproduire une grimace non plus.
M. JOHNSON: Alors, quand on veut parler de l'expression contraire qui
est la grimace, il faut bien que j'emploie le mot et que je le dise.
Là où c'est assez subtil, cette déviation du
débat, occasionnée par l'intervention du chef de l'Opposition,
c'est qu'il voudrait laisser croire que nous demandons $200,000 pour mettre en
place le ministère de la Fonction publique. Ce n'est pas ça.
C'est pour mettre en place des mécanismes de renouvellement de
conventions qui, elles, normalement relèveraient d'un ministère
de la Fonction publique s'il était créé.
M. LESAGE: Ce n'est pas ce que vous avez dit au début.
M. JOHNSON: Non?
M. DOZOIS: Certainement.
M. JOHNSON: Non? J'ai dit et je le répète, nous avons
l'intention d'établir un ministère de la Fonction publique. Nous
aurions voulu avoir un projet de loi à soumettre à la Chambre,
cela n'a pas été possible, mais cela viendra à la
prochaine session ou lors du prolongement de la présente session. Mais
en attendant, une des fonctions de ce ministère, ce sera la
négociation des contrats. Or, nous voulons mettre en place un
mécanisme, sans attendre la nouvelle loi, qui permettra une meilleure
préparation à ce renouvellement des contrats, entre autres, pour
la Régie des alcools, octobre ou décembre 67: pour les
fonctionnaires, 26 mars 1968: les hôpitaux, juillet 68: enseignants,
juillet 68: SPEQ, les agents, la police, SPE, et évidemment tous les
problèmes qui découlent de ces conventions collectives.
La direction générale de la fonction publique qui est,
comme on le sait, sous la responsabilité de M. Gérin, continuera
son travail dans le domaine de l'application. Mais le personnel que nous allons
mettre en place fera appel et à M. Gérin et à des
technocrates déjà au service du gouvernement ainsi qu'à
quelques personnes de l'extérieur. Il devra avoir un personnel de
secrétariat, peut-être des locaux, et comme je l'ai dit
tantôt des dépenses de voyage. En somme il fallait que le chef de
l'Opposition nous fasse une colère, ce matin.
M. LESAGE: Non, ça, ce n'est pas une colère. M. BELLEMARE:
Vous ne vous voyez pas. M. LESAGE: Tout de même!
M. BELLEMARE: Vous ne vous voyez pas faire.
M. LESAGE: Tout de même!
M. JOHNSON: C'est peut-être une déformation,
évidemment.
M. LESAGE: C'est le premier ministre qui est déformé dans
son jugement.
M. JOHNSON: L'habitude se crée, M. le Président.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): C'était la répétition de
son prochain spectacle.
M. JOHNSON: Je m'ennuyais, depuis quelques semaines, des sorties du chef
du parti libéral. Cela lui fait du bien: ça le défoule et
ça lui fait oublier les chicanes de nuit qu'il a eues avec le
président de la Fédération libérale...
M. LESAGE: Chicane de quoi?
M. JOHNSON: ... et avec tous les autres qui l'entourent. En somme que le
chef de l'Opposition...
M. LESAGE: Je n'ai pas eu de chicane.
M. JOHNSON: ... retienne bien ceci: son meilleur ami dans cette Chambre,
c'est encore moi, pas ceux qui sont à côté de lui.
M. LESAGE: Cela ne va pas, de ma part, jusqu'à la confiance
absolue, même si je suis prêt à réciproquer.
M. GERIN-LAJOIE: On connaît la ruse du premier ministre ; on ne se
laissera pas prendre comme ça!
M. LEFEBVRE: Justement, le premier ministre est un homme fort habile,
mais si j'étais lui je m'inquiéterais...
M. JOHNSON: Non.
M. LEFEBVRE: ... parce que, vers la fin de la session, il en perd. Au
début de la session, il permettait toujours les questions...
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LEFEBVRE: ... il était détendu et, maintenant, il ne
les permet plus.
M. BERTRAND: Il l'est encore!
M. LEFEBVRE: Au début de la session, le ministre du Travail,
à tout bout de champ, faisait « brou brou brou »: il a
cessé au bout de quelques semaines, il s'améliore. Le ministre du
Travail s'améliore, le premier ministre baisse. Si j'étais...
M. BELLEMARE : Non, non, je n'ai pas entendu ça moi!
M. LEFEBVRE: ... vous, je m'inquiéterais.
M. JOHNSON: Pour un homme de lettres, vous auriez dû dire: Le
ministre du Travail s'améliore, le premier ministre se
détériore.
M. LEFEBVRE: J'accepte volontiers votre suggestion.
M. JOHNSON: Il me semble que si j'avais été professeur,
moi, c'est ce que j'aurais dit.
M. LEFEBVRE: Je n'accepte pas d'être considéré comme
un homme de lettres.
M. LESAGE: Le député de Chicoutimi n'est pas très
heureux!
M. LEFEBVRE: M. le Président, je pense qu'à moins que les
mots aient complètement perdu leur sens...
M. JOHNSON: Oui.
M. LEFEBVRE: ... même si le premier ministre est très
habile à noyer le poisson, il ne pourra pas, ce matin, faire croire
à la province qu'il n'a pas dit, à deux reprises, que les
employés d'hôpitaux étaient payés trop cher.
M. BELLEMARE: Ah! Ah! M. JOHNSON: Du tout.
M. LEFEBVRE: C'est ce qu'il a dit, de même que les fonctionnaires,
puisqu'il a dit que l'ancien premier ministre avait laissé tomber comme
ça des millions en trop. Ceci veut dire, ou bien les mots n'ont pas de
sens...
M. JOHNSON: Pas à la bonne place!
M. LEFEBVRE: Pardon?
M. JOHNSON: Pas à la bonne place!
M. LEFEBVRE: Alors, à quelle place aurait-il fallu les placer? Le
premier ministre ne peut pas déclarer comme ça, tout de go:Des
millions ont été déposés à la mauvaise
place...
M. GERIN-LAJO1E: Aux mauvais employés!
M. LEFEBVRE: ... aux mauvais employés, mais quels sont ceux qui
sont trop payés? M. le premier ministre, j'attends votre
réponse.
M. BERTRAND: Il va vous répondre. M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE
VOIX: Ah ! il le sait.
M. JOHNSON: Un ancien membre de la Commission des écoles
catholiques de Montréal, devenu subitement directeur de
l'éducation des adultes, au cours de la même séance, par un
concours...
M. LEFEBVRE: Vous l'avez déjà raconté,
celle-là!
M. JOHNSON: ... de circonstances plutôt que par un concours de la
fonction publique, le député d'Ahuntsic me demande à quel
endroit...
M. LEFEBVRE: Le ministre de l'Education a honte.
M. JOHNSON: ... les $5 millions sont tombés. Ce serait assez
difficile pour moi de dire à quel endroit. Même le premier
ministre, ministre des Finances ne savait pas où il les laissait tomber.
Tout ce qu'il voulait, c'était se débarrasser des pressions de M.
Marchand, lui faire plaisir et ça m'a l'air que ça continue.
Il veut lui faire plaisir, même dans nos relations
franco-québécoises de ce temps-ci. Est-ce qu'il faut en conclure
que M. Lesage est à la remorque de M. Marchand? Qu'est-ce qui se passe
dans le domaine des relations fédérales-provinciales du parti
libéral?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: Je m'excuse, je pense que je me suis trompé de
ministère, M. le Président
M. TREMBLAY (Bourassa): Il est perdu!
M. JOHNSON: Non, ce que j'ai reproché à l'ancien premier
ministre, c'est la méthode ar-tisanele et paternaliste...
M. BERTRAND: Paternaliste.
M. JOHNSON: ...avec laquelle se faisaient les négociations.
M. LEFEBVRE: On va vous en parler de l'artisanat tantôt!
M. JOHNSON: C'était peut-être, à ce
moment-là, presque inévitable, mais si toutefois ça
l'était, c'était parce que précisément on n'avait
pas organisé une coordination des services de gestion de personnel et de
relations de travail. Si on avait eu, à ce moment-là, un pareil
mécanisme on n'aurait pas été obligé de recourir ni
à l'influence, ni au prestige, ni à l'éloquence, ni aux
millions dont disposait le ministre des Finances du temps. On aurait pu faire
des négociations sur une base scientifique, évidemment, avec une
intervention, si nécessaire, à la dernière minute.
Je voudrais dire: c'est une question de tempérament. Je connais
un homme bouillant comme le ministre du Travail, un homme qui a de la
prestance, qui a tout ce qu'il faut, lui, pour épater aussi bien que le
député de Louis-Hébert, mais qui enraie des grèves
chaque semaine sans se faire photographier à l'occasion du
règlement. Il a cette humilité de laisser à ses
fonctionnaires la responsabilité et le mérite d'avoir
réglé des grèves au lieu de toujours vouloir se parer des
plumes du paon.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je croyais que nous parlions
sérieusement des crédits ce matin et non pas de l'humilité
relative des membres de cette Chambre. A mon avis ça n'a rien a voir...
et je pense que le premier ministre est fort mauvais juge dans ces
matières. Seulement il a parlé d'artisanat. Alors, moi, il y a
une chose qui me frappe à propos des méthodes artisanales, c'est
qu'à deux reprises au moins, je lui ai vu découvrir les motifs
d'un geste du gouvernement après coup. On aura l'occasion d'en discuter
à propos d'un autre bill qui, j'espère, finira par être
discuté en cette Chambre. Le premier ministre a découvert deux
jours après, quel était l'objectif principal du bill 67. Ce
n'était pas marqué, ni dans le bill, ce n'était pas dit
dans le discours du ministre de l'Education, mais on en reparlera, M. le
Président, je suis bien d'accord.
Mais au sujet des crédits de $200,000, le premier ministre a dit
en toutes lettres,il se relira
dans le journal des Débats, il a dit en toutes lettres que ces
crédits visaient à mettre en place le futur ministère de
la fonction publique.
UNE VOIX: Non, structure.
M. LESAGE: Vous vous relirez.
M. LEFEBVRE: Or, vous vous relirez, quand il a été
pressé de questions par le chef de l'Opposition et à juste titre
parce que encore une fois, les déclarations du gouvernement sur cette
question sont fort délicates et ses actions encore plus
inquiétantes, je n'ai pas à faire allusion au fait qu'on a voulu
doubler certaines fonctions pour s'écarter des règlements de la
fonction publique et le reste, tout le monde connaît le dossier du
gouvernement sur ce point et beaucoup de gens dans la province sont inquiets de
l'attitude du gouvernement.
Or, le premier ministre dit: J'ai besoin de $200,000 pour mettre en
place les structures et préparer la venue du futur
ministère...
M. BERTRAND: Non.
M. LEFEBVRE: Vous lirez dans le journal des Débats, c'est ce que
vous avez dit.
M. LESAGE: Oui.
M. LEFEBVRE: Vous ne pouvez tout de même pas en dedans de quinze
minutes dire noir et blanc et affirmer à chaque fois que vous dites noir
puis la fois suivante que vous dites blanc et vous reprendre quinze minutes
après, ce n'est pas possible. Or, moi, j'ai confiance au journal des
Débats, vous vous relirez, vous avez dit ça. Et par la suite,
pressé de questions, vous avez dit: Il s'agit simplement de se
préparer à négocier les contrats. Or, moi, je ne veux pas
ce matin faire un long discours...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas rien que ça. Il y a aussi des
recherches à faire...
M. BERTRAND: Il l'a dit.
M. JOHNSON: ... un « Pay Research Bureau », on sait ce que
c'est.
M.LEFEBVRE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Bon, il y en a un embryon actuellement...
M. LEFEBVRE: Mais je vous dis, M. le Président...
M. JOHNSON: ...pour compléter ces cadres-là, et cela ne
touche pas du tout à l'embauchage. C'est de l'étude des
statistiques, des salaires, d'évaluations, des avantages ancillaires ou
des bénéfices marginaux, c'est le travail de comparaison avec ce
qui se fait dans les autres provinces, dans les autres Etats, un travail de
comparaison avec ce qui se fait dans le secteur privé, c'est de
l'évaluation quant à la législation que nous avons
actuellement du régime de retraite et du régime
complémentaire...
M. LEFEBVRE: Il recommence.
M. JOHNSON: ... c'est tout ça que ces gens-là doivent
faire...
UNE VOIX: Il est reparti.
M. JOHNSON: ... pour être en mesure, lorsqu'on négociera,
d'avoir des données sûres et, deuxièmement, comme je l'ai
déjà annoncé, nous espérons en venir au point
où nous pourrons offrir ces données aux employeurs et aux
employés de la province de Québec. Il y a une foule de conflits
ouvriers qui seraient évités dans cette province si on
remplaçait la démagogie par la vérité. Si on
donnait des salaires exacts...
M. GERIN-LAJOIE: Il est temps. M. JOHNSON: ... des
bénéfices... M. LESAGE: D'accord, mais faites-le.
M. JOHNSON: M. le Président, on discute à l'oeil, au
piffomêtre, on joue ça par oreille...
M. GERIN-LAJOIE: On s'en rend compte.
M. JOHNSON: ... et on affirme dans les journaux...
M. LESAGE: C'est vrai.
M. JOHNSON: ... toutes sortes de choses...
M. LESAGE: A la petite journée, à la petite semaine, c'est
le gouvernement actuel.
M. JOHNSON: ... au sujet d'une loi, sans savoir ce qu'il y a
réellement dans la loi en prenant malheureusement trop souvent la parole
de gens qui ont intérêt à déformer les paroles des
ministres et du premier ministre. Le gouvernement, je m'en fais un reproche,
c'est de ma faute, le gouvernement, lui, ne se donne pas la peine de faire la
même sorte de publicité, il n'a pas
encore développé ce genre de complexe qui consiste
à dialoguer par la voie des journaux, par des moyens démagogiques
au lieu de le faire sur des données précises et d'homme à
homme.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je remercie le premier ministre
d'avoir répété ce qu'il avait dit
précédemment, mais je maintiens que la contradiction demeure dans
ses explications, et ce qui personnellement me froisse je n'étais
pas en cette Chambre aux dates auxquelles il a fait allusion mais ce que
personnellement je n'aime pas, M. le Président...
UNE VOIX: Vous auriez dû l'être.
M. LEFEBVRE: Est-ce qu'on pourrait, messieurs, s'il vous plaît
finir la session sans se forcer la gorge? Moi, cela ne me fait rien, je peux
crier, je suis capable de hurler, mais c'est tellement plus
agréable...
M. BERGERON: Cela vous va bien aussi.
M. LEFEBVRE: Allez vous promener si vous êtes fatigué.
M. JOHNSON: Essayez donc de penser. M. LEFEBVRE: M. le
Président...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Je ne sais pas s'il peut penser en
parlant.
M. LEFEBVRE: ... ce qui me froisse un peu, c'est de voir l'attitude
carrément partisane du premier ministre quand il fait allusion à
la mise en place des structures nécessaires au sein du gouvernement pour
la négociation avec les gens de la fonction publique. Il sait
très bien mais bien sûr il n'en parle pas il sait
très bien que la syndicalisation des employés de la fonction
publique, cela a commencé à une date précise et qu'il y a
dix ans, il eût été difficile d'exiger du gouvernement les
mécanismes qui sont devenus nécessaires aujourd'hui. Il sait
très bien que l'ancien gouvernement, dès que le
phénomène de la syndicalisation s'est produit, a amorcé la
mise en place de ces mécanismes, mais il devrait savoir parce
qu'il faisait partie lui du gouvernement antérieur dans quel
état se trouvait la fonction publique depuis dix ou quinze ans. Je ne
veux pas faire de l'histoire ancienne, mais s'il cessait, au lieu de
défendre ses politiques, de toujours attaquer l'ancien gouvernement.
Moi, j'ai toujours pensé qu'en politique c'était le rôle de
l'Opposition de criti- quer le gouvernement, et non pas le rôle du
gouvernement de faire continuellement l'historique des gouvernements
antérieurs. Or, lé premier ministre, à jets
répétés, reprends toujours le même refrain, et le
refrain qu'il a débité ce matin ne trompera personne dans la
province qui est au courant de la façon dont les choses ont
évolué. L'ancien gouvernement, il est vrai, n'avait pas
complété la mise en place des structures nécessaires. Il
ne l'a jamais nié à ma connaissance. Aucun représentant de
l'ancien gouvernement ne l'a nié. Le premier ministre le sait. Or ce
matin, il arrive et dit: Fini l'artisanat, nous on va être
sérieux. Moi, je vais poser simplement une question au premier ministre.
S'il est si sérieux je ne trouve pas qu'il en a donné la
preuve dans la façon dont il a défendu ce matin le $200,000
mais s'il est si sérieux, veut-il dire à cette Chambre
pourquoi le gouvernement n'a pas encore nommé les juges additionnels
qu'il avait promis de nommer pour les griefs dans la fonction publique?
M. JOHNSON: C'est une bonne question. La réponse est facile,
c'est qu'il fallait passer la loi qui vient d'être passée.
Drôle de coïncidence, il y a eu, paraît-il, une loi qui
augmentait la juridiction de la cour Provinciale, ce que le
député savait ou ne savait pas. Et j'explique au
député, pour être très explicite, que l'augmentation
de juridiction de $200 jusqu'à $1,000 a eu normalement la
conséquence de charger et de surcharger les rôles...
M. LESAGE: Non, non...
M. JOHNSON: ... des juges de la cour.
M. LESAGE: Cela fait longtemps.
M. JOHNSON: Oui, oui, mais le transfert...
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: ... s'est fait à l'occasion de la mise en application
du nouveau code, le premier septembre 1966.
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Alors tous les juges provinciaux ont été plus
retenus, rivés évidemment à leur besogne, ils se sont mis
à l'ouvrage. Ils en ont sué un coup, les juges de la cour
Provinciale. Alors, il fallait augmenter le nombre. Cela a été
fait par la loi présentée par le ministre...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... de la Justice. Nous avons l'intention d'en nommer le
plus vite possible. Nous cherchons des candidats...
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que cela manque?
M. JOHNSON: Oui, oui, mais pour une fois c'est sérieux
ça.
M. LESAGE: Même avec une augmentation de salaire?
M. JOHNSON: Ce n'est plus une blague. M. CHOQUETTE: Me
permettriez-vous...
M. JOHNSON: Si les députés de l'Opposition ont de bonnes
suggestions à faire, le gouvernement n'a pas l'intention de
nommer...
M. LESAGE: Que le gouvernement prenne ses responsabilités.
M. JOHNSON: ... seulement des gens qui ont oeuvré dans le parti
de l'Union Nationale...
M. LESAGE: Ah bon!
M. JOHNSON: ... nous cherchons les meilleurs, nous cherchons...
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, c'est la nomination de
Laganière par le parti libéral et combien d'autres.
M. JOHNSON: Combien d'autres? UNE VOIX: Combien d'autres?
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le premier ministre veut avoir une liste? On
la lui enverra.
M. JOHNSON: Combien d'autres? De mémoire.
M. GERIN-LAJOIE: De mémoire, que le premier ministre nous donne
des explications sur ses projets.
UNE VOIX: La mémoire est courte.
M. JOHNSON: Oui, la mémoire est courte et la liste aussi, parce
qu'il y a le juge Laganière, point.
M. LESAGE: Non, non, il y en avait deux ou trois.
M. JOHNSON: Qui donc?
M. LESAGE: Il y en avait deux ou trois. Si le député de
Verdun était ici, il pourrait vous le dire.
M.JOHNSON: Qui donc?
M. LESAGE: Je sais qu'il y en a deux ou trois.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Celui du bas de laine à
Jonquière.
M. JOHNSON: Celui du bas de laine à Jonquière, ce
n'était pas un bleu.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai donné le nom d'une personne qui a
oeuvré très activement dans l'Union Nationale. A part ça,
il y en a qui n'avaient oeuvré dans aucun parti et qui ont
été nommés par le gouvernement libéral, et un bon
nombre.
M. JOHNSON: Je dis tout de suite à cette Chambre que nous allons
nommer des gens de trois catégories. Des gens qui ont oeuvré dans
l'Union Nationale, des gens qui n'ont jamais fait de politique et des gens qui
ont même oeuvré dans le parti libéral.
UNE VOIX: Cela, ça va être accidentel.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'il va y en avoir qui ont oeuvré dans
d'autres partis politiques?
M. JOHNSON: Est-ce qu'il reste d'autres NPD?
M. PINARD: Vous avez dit quatre et vous avez nommé trois
catégories. Il a dit quatre catégories.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Dans les trois factions du parti
libéral.
M. JOHNSON: Ah oui, on m'y fait songer. Il faudrait peut-être
qu'on fasse une distinction, ce qui ferait quatre, puisqu'il y a les deux
factions du parti libéral. Alors, nous choisirons ces juges...
M. LESAGE: Il faudrait peut-être ajouter
aussi les sympathisants de l'Union Nationale qui oeuvrent dans le parti
conservateur.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais aussi en profiter pour
que ce soit clair... est-ce que c'est hors d'ordre, M. le Président? M.
le Président, je ne permettrai pas qu'on vous insulte. Si vous voulez
être conservateur au fédéral, c'est votre affaire. Si vous
ne voulez pas être conservateur au fédéral, c'est encore
votre affaire. Je ne m'en occupe pas et si je disais à un
député...
M. GERIN-LAJOIE: La réponse à la question du
député d'Ahuntsic, voulez-vous nous allons y revenir, M. le
Président?
M. JOHNSON: Si je disais à un député d'être
conservateur ou de ne pas l'être, je m'en occuperais. Alors, il sont
libres comme l'air.
M. LEFEBVRE: C'était dans le livre du maître ça,
autrefois.
M. JOHNSON: Le livre du maître, oui. Alors je ne voudrais pas, M.
le Président, que le député d'Ahuntsic se méprenne
sur le sens de ce que j'ai dit. Nous avons rencontré des
représentants du syndicat qui ont eu les services de cinq juges, en
théorie. En pratique, il y en a deux qui ont travaillé pour la
peine et nous avons donné l'assurance au syndicat qu'il en aurait quatre
ou cinq à sa disposition. Nous sommes à la recherche de gens qui
aiment ce genre de travail et qui s'y connaissent.
Ce ne sont pas tous les juges qui aiment entendre des griefs ou qui s'y
connaissent là-dedans, mais je crois que j'en ai quelques-uns. Il serait
tentant de donner leurs noms publiquement, mais il faudrait quand même
que je les consulte avant. Si nous pouvons décider ces gens-là,
les fonctionnaires seront très heureux de se rendre compte qu'il y a
d'excellents juges qui s'occupent d'eux.
M. LEFEBVRE: Mais il ne faudrait pas que vous vous vantiez d'être
vite, vite, vite, parce que ça, c'est un tout petit problème,
puis ça prend du temps à le régler.
M. JOHNSON: Oui, mais la loi nous barrait. Vous savez, on n'est pas
à la Commission des écoles catholiques où on peut changer
les règlements, prendre un commissaire, le nommer tout de suite a un
poste. On ne peut pas. Il y a des lois à suivre ici.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. LESAGE: C'est le vendredi des mémères.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je suis très content
d'apprendre que le gouvernement a attendu l'adoption d'une loi pour nommer les
juges en question, parce que je craignais tout dernièrement que le
gouvernement ait pris l'habitude de nommer les gens et de faire passer les lois
après.
M. JOHNSON: Dans quel cas ça, donc? M. GERIN-LAJOIE: Le bill
67.
M. JOHNSON: On n'a pas nommé qui que ce soit en vertu du bill 67.
On a annoncé une candidature probable.
DES VOIX: Oh!
M. BELLEMARE: Adopté.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, le premier ministre nous a fait
faire lui-même un très long détour en partant d'une
question du chef de l'Opposition. Le chef de l'Opposition a demandé au
premier ministre des détails sur les $200,000 et le premier ministre
nous a engagé dans une longue discussion dont certains
éléments étaient sans doute intéressants, mais dont
plusieurs éléments étaient vraiment des digressions et des
hors-d'oeuvres dans le débat. Quand le gouvernement nous demande de
voter $200,000, je pense qu'il devrait être en mesure de nous dire au
moins verbalement la façon dont il entend dépenser cette somme.
Le nombre de fonctionnaires à tel niveau, de fonctionnaires à tel
niveau, ça fait tant de dollars. Je pense que n'importe quel ministre
des Finances et n'importe quel ministre, quand il a à préparer un
budget en collaboration avec ses fonctionnaires, se fait donner un
détail des sommes qui en arrivent éventuellement à un
total. Je pense, M. le Président, qu'il faut déplorer très
fortement le fait que le premier ministre se montre nettement incapable de nous
fournir ce détail.
Il nous dit que le fonctionnaire principalement responsable de la
préparation de ce budget de $200,000, avec qui le premier ministre a dit
avoir discuté de la question, est actuellement absent et n'a pas
laissé au premier ministre les documents qui lui seraient
nécessaires pour informer la Chambre en détail.
Je dis que c'est ou bien de l'inconscience ou bien du mépris du
parlement. Je pense qu'en fait nous avons là une autre indication d'un
gouvernement qui va à la petite journée et qui met des sommes
à peu près, sans vraiment savoir où il
va. Je pense que c'est là une situation particulièrement
grave. Il s'agit d'une petite somme et il devrait être très simple
de nous donner le détail sur lequel on s'est appuyé pour faire
une pareille demande à la Chambre. Je n'en dis pas davantage, mais je
pense que c'est suffisamment clair, après ce long débat de trois
quarts d'heure, que le gouvernement nous fait une demande de fonds sans
être en mesure de nous fournir le détail de cette demande.
M. DOZOIS: Le député de Vaudreuil-Soulanges a la
mémoire courte. Je me rappelle qu'en cette Chambre, lors de
l'étude des crédits du ministère des Affaires municipales,
deux ans de suite, le ministre des Affaires municipales du temps demandait un
crédit assez substantiel, au-delà de $100,000, pour créer
un service de recherche au ministère des Affaires municipales.
M. LESAGE: On savait quoi. C'était pour un service de
recherche.
M. DOZOIS: Pour un service de recherche. M. LESAGE: Mais lionne sait pas
pourquoi.
M. DOZOIS: Et je lui ai demandé, deux ans de suite, quel
était le personnel qu'il voulait constituer dans ce service de recherche
et, chaque fois, il disait: C'est difficile à trouver. Nous allons faire
notre possible pour trouver le personnel qu'il faut pour constituer un service
de recherche, mais il ne nous a jamais dit en détail combien
d'ingénieurs, d'économistes ou d'urbanistes il voulait engager
pour ce service de recherche.
M. LESAGE: C'étaient des recherchistes.
M. DOZOIS: Des recherchistes, mais il disait: On ne le sait pas. Nous
allons faire notre possible pour constituer le service de recherche. Deux ans
de suite, il nous demandait un montant global sans nous fournir de
détails. L'objet de ce crédit, c'est évident que nous
allons trouver des gens spécialisés dans ce domaine, le premier
ministre l'a dit, et, globalement, ce crédit est estimé à
$200,000 pour jusqu'à la fin de l'exercice. C'est une chose qui se
présente constamment dans un budget et on pourrait relever dans le
journal des Débats presque dans tous les ministères, à
l'occasion de la discussion des crédits, de telles discussions que
l'ancien gouvernement a tenues en cette Chambre. En particulier, l'ancien
député de Saint-Hyacinthe était spécialiste de
cette façon de procéder.
M. LESAGE: Pas du tout. M. BELLEMARE: Adopté. M. LESAGE: Sur
division.
M. LE PRESIDENT: Adopté sur division. Education, article 40.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le ministre des Finances va nous donner des
explications. Nous aimerions savoir à quoi cette somme va être
affectée. Privément, le ministre des Finances nous a donné
certains renseignements, mais pour le journal des Débats et pour le
public, j'aimerais que le ministre l'explique, quitte à ce que je pose
des questions supplémentaires.
M. DOZOIS: Lors de la préparation du budget de l'exercice en
cours, la question de l'achat du collège Saint-Laurent et d'autres
édifices connexes au collège Saint-Laurent était en
discussion. Mais, comme les pourparlers n'étaient pas terminés,
il n'y a pas eu de crédits pour faire face aux obligations qui
découleraient de cette transaction. La transaction a été
conclue après que le budget eût été
déposé en cette Chambre. A la suite de cette transaction, nous
sommes obligés de verser, au cours de l'exercice en cours, une somme de
$2 millions. Or, à l'article «Immobilisations » du
ministère de l'Education, sans toucher le moindrement au programme
établi par le budget, nous prévoyons qu'il y aura une
disponibilité d'environ $1 million ou $1,400,000. Comme nous aurons
à verser $2 millions pour l'achat du collège Saint-Laurent, nous
demandons un crédit supplémentaire de $1 million pour pouvoir
effectuer ce versement.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre des Finances ou le ministre de l'Education
pourrait-il nous dire si le gouvernement envisage l'acquisition par le
gouvernement d'autres institutions privées d'enseignement?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, non,ex-cepté que là
où des CEGEP seront établis, il n'est pas impossible qu'il y ait,
à ce moment-là, acquisition par le gouvernement et ensuite
location au CEGEP lui-même, car on sait que dans ce domaine, en vertu du
bill 21, c'est en fait le gouvernement qui devra assumer les obligations,
garantir les montants requis pour payer s'il y a acquisition d'immeubles.
M. GERIN-LAJOIE: Pour enchaîner sur ce que le ministre vient de
nous dire, dans les cas
où la création de CEGEP a été
annoncée pour septembre, comme Chicoutimi, Jonquière et autres
endroits, est-ce que le ministre, ou son ministère, sont
déjà engagés dans la négociation d'acquisition
d'immeubles?
M. BERTRAND: D'abord, on sait que des corporations ont été
formées, et les membres de la mission ont invité sans
délai ceux qui ont été nommés de bien vouloir nous
faire connaître, sans trop de délai, quelle attitude on entendait
prendre à la suite de rencontres avec les institutions
concernées. Pour le moment, je n'ai pas de rapport à ce
sujet.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que la négociation pour l'acquisition ou
le transfert d'immeubles, dans des cas comme ceux que j'ai mentionnés,
se ferait par la corporation du CEGEP avec les institutions privées
existantes sans la présence du gouvernement ou est-ce que cela se ferait
par le gouvernement ou de quelle autre façon? Est-ce que le gouvernement
serait engagé dans la négociation?
M. BERTRAND: Disons que cela se ferait en coopération avec la
corporation et notre direction du financement et de l'équipement car il
est clair premièrement, qu'à ce moment-là, avant
d'acquérir, des expertises s'imposent. Deuxièmement, on doit
faire un examen complet de l'actif et du passif, tenir compte des subventions
gouvernementales qui ont pu être versées à ces
institutions, et je tiens à rassurer la Chambre que, dans ce domaine,
nous prendrons toutes les précautions nécessaires, comme nous les
avons prises d'ailleurs lorsqu'il s'est agi de l'acquisition de
l'Académie de Québec, comme nous les avons prises
également lors de l'acquisition du collège Saint-Laurent.
M. GERIN-LAJOIE: Nous avons parlé depuis quelques instants des
endroits où il y a des corporations de CEGEP de décidées,
est-ce que le ministre nous a dit ou a voulu nous dire qu'il n'y a,
actuellement, aucune négociation entre le gouvernement je vais
préciser ma question entre le gouvernement et les institutions
privées pour des acquisitions directes sans l'existence de corporations
de CEGEP comme dans le cas du collège Saint-Laurent? Est-ce qu'il y en a
d'autres que le collège Saint-Laurent qui sont en
négociation?
M. BERTRAND: A l'heure actuelle, à ma connaissance, non.
D'ailleurs, les crédits additionnels que nous demandons le
ministre des Finances l'a bien indiqué c'est au sujet du
collège Saint-Laurent.
M. GERIN-LAJOIE: Je comprends ça. Je demande s'il y a d'autres
négociations. Je pense que nous sommes en droit de le demander.
M. BELLEMARE: Ils sont en train de faire tout le budget.
M. GERIN-LAJOIE: Non, ce n'est pas tout le budget: c'est qu'il y a des
développements et je pense que nous devons le demander.
M. BERTRAND: Admis. D'autre part, le député conviendra
avec moi que lors de l'étude du budget supplémentaire et, en
particulier de cet article, je n'ai pas demandé à mes
fonctionnaires des renseignements pouvant couvrir toutes les activités
gouvernementales en matière d'acquisition d'immeubles.
M. LEFEBVRE: M. le Président, la question que j'aimerais poser au
ministre se réfère à une déclaration qu'il a
déjà faite. Alors, je suppose qu'il aura, à ce moment-ci,
les informations. Est-ce que, dans le cadre de ces crédits
demandés en vue de négocier l'achat d'immeubles, il pourrait
déclarer clairement à cette Chambre s'il y aura ou s'il n'y aura
pas de CEGEP à Montréal en septembre?
M. BERTRAND: La question est hors d'ordre. S'il y a lieu, je ferai en
temps et lieu une déclaration.
M. LE PRESIDENT: Article 40 adopté? Adopté.
M. LEFEBVRE: Vous n'êtes pas vite.
M. BERTRAND: Pas vite non. C'est votre opinion,
M. LE PRESIDENT: Industrie et Commerce.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre serait en mesure de nous expliquer
comment il se fait qu'il en coûterait $500,000 pour démolir le
pavillon du Québec? $500,000.
M. BELLEMARE: Pour le reconditionner, pour le mettre...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Cela coûterait $325,000 pour le démolir et
puis...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: ... et $175,000 de récupération, pour le
rendre utilisable d'une manière pratique.
M. PINARD: Permanente.
M. BELLEMARE: Merci! C'est mon dictionnaire. Pour le rendre permanent,
cela coûterait $500,000.
M. LESAGE: Oui, mais, les informations que j'ai eues par écrit du
ministre des finances sont à l'effet que le coût de la
démolition serait de $325,000.
M. BELLEMARE: C'est ce que j'ai dit. M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: C'est ce que je viens de dire.
M. BERGERON: Oui, oui.
M. LESAGE: Est-ce que je pourrais finir ma phrase? $325,000 net et qu'il
y aurait récupération de $175,000.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: Alors, c'est $325,000 net en tenant compte d'une valeur de
récupération de $175,000. Ce qui veut dire, d'après le
français que j'ai appris, que cela coûterait$500,000 pour le
démolir. C'est cela que je ne comprends pas.
M. BELLEMARE: Le chef de l'Opposition ne sait pas prendre mon
témoignage.
M. LESAGE: Ce n'est pas ça.
M. BELLEMARE: Je lui dis que cela coûterait $325,000, et je vais
le lire pour vous montrer...
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: ... qu'il lit, mais qu'il ne saisit pas le sens.
M. LESAGE: Vous allez voir. Tout le monde va comprendre.
M. BELLEMARE: Le coût net de démolition serait de $325,000
en tenant compte d'une valeur de récupération de $175,000.
M. LESAGE: Alors, cela veut dire$500,000.
M. BELLEMARE: Le coût de conversion pour en faire un
édifice permanent serait de $500,000.
M. LESAGE: D'après le français que j'ai appris, cela
coûte $500,000 pour le démolir: on récupère
$175,000. Le coût net, c'est $325,000.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que le chef de l'Opposition veut savoir?
M. LESAGE: Je veux savoir comment il se fait que cela coûterait
$500,000 pour démolir un édifice.
M. BELLEMARE: Il y a un comité qui a fait, avec des experts, des
gens qui connaissent la construction...
M. LESAGE: $500,000!
M. BELLEMARE: Cela coûterait au moins, dans le bas mot, $325,000
pour démolir cet édifice.
Nous disons à la Chambre qu'il faut prévoir un
crédit de $500,000 d'ici la fin de l'exercice financier pour que si une
décision est prise par les autorités que l'on ait en main les
montants voulus pour réaliser le projet.
M. LESAGE: J'ai compris tout ça. La seule chose qui me
préoccupe c'est ceci: Est-ce que le ministre a en main des rapports
d'experts en démolition disant que ça coûterait $500,000
brut pour démolir l'édifice? Où est-ce que c'est que le
chiffre de $175,000 de récupération, $325,000 net, d'où
est-ce que ça vient? Est-ce que le ministre a obtenu des rapports
d'experts?
M. BELLEMARE: M. le Président, nous avons au pavillon du
Québec un commissaire général, M. Octeau, qui a fait
à son sous-ministre, M. Bélanger, et au comité qui est
chargé de l'étude très particulière de cette
affaire un rapport écrit. M. le Président, je suis en mesure ce
matin de dire à la Chambre que ce sont les prévisions incluses
dans ce rapport que je donne à la Chambre.
M. LESAGE: Qui sont les membres de ce comité? M. Octeau, ce n'est
pas un entrepreneur en construction.
M. BELLEMARE: Il y a M. Octeau qui en fait partie, M. Letendre, M.
Bélanger. C'est M.
Bélanger, mon sous-ministre, qui préside à ces
délibérations. Ils ont fait un rapport après avoir
consulté les experts en cause.
M. LESAGE: Oui mais qui?
M. BELLEMARE: Ceux qui ont été invités à
donner leur opinion.
M. LESAGE: Oui, mais d'où viennent les chiffres de $325,000 et de
$175,000? Ils viennent du comité, de M. Octeau?...
M. BELLEMARE: M. Bélanger. M. BERTRAND: M. Bélanger.
M. LESAGE: ... mais quels sont les experts en démolition qui ont
été consultés?
M. JOHNSON: Le contrat n'est pas donné, si c'est ça qui
inquiète le chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Non mais il a fallu qu'ils soient consultés. On ne
prend pas dans son imagination un chiffre de $500,000 de dépenses brutes
pour la démolition, de $175,000 de récupération. Il a
fallu consulter au moins un expert. Je demande qui a été
consulté.
M. BELLEMARE: Plusieurs, plusieurs,et plusieurs.
M. LESAGE: Non mais qui?
M. BELLEMARE: Nombreux. Et ça, M. le Président, ce sont
des rapports qui nous sont faits. Nous les avons au dossier et sous la
signature d'un homme responsable qui est le sous-ministre de l'Industrie et du
Commerce, M. Michel Bélanger, qui était en place, qui avait la
confiance du gouvernement...
M. LESAGE : Ce n'est pas un expert en démolition!
M. BELLEMARE: Je ne mets pas en doute ce que lui, mon
représentant officiel, celui qui doit voir à l'exécution
des ordres qui sont donnés par la loi que j'ai à mettre en
application, c'est-à-dire la loi de l'Industrie et du Commerce,
ministère qui m'est dévolu.Je demande à mes
fonctionnaires, je demande à ceux qui ont la responsabilité de
faire les enquêtes, de voir les intéressés, de consulter
ceux qui sont en mesure de donner des prix et, après de longues
discussions, après avoir vu ces gens qui sont là pour les
conseiller, on fait un rapport au minis- tre sous la signature du
sous-ministre, et ça c'est un document qui vaut la peine d'être
consulté et le ministre prend le rapport. Je n'ai pas le temps d'aller
dans tous les détails pour savoir s'il va falloir une grue de telle
grandeur ou une grue plus courte pour démolir la partie est ou la partie
sud. Je n'ai pas le temps d'aller mesurer si la vitre est plus grande ou plus
petite. Je n'ai pas le temps d'aller voir si c'est du terrazo ou si c'est de
l'asphalte. Cela les spécialistes en construction, tout ça...
M. LESAGE: Alors pas d'explication. Alors sur division.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas nouveau, M. le Président, d'entendre
les gens qui ne veulent pas comprendre.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté.
M. BELLEMARE: Ils en ont eu trop la!
M. JOHNSON: A ce propos-là, tout simplement pour confirmer ce que
vient de dire le ministre, f ai été étonné du fort
montant que l'on demandait et j'ai demandé à M. Bélanger,
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, de me faire parvenir une copie du
rapport et j'ai rencontré M. Bélanger pour d'autres
problèmes et il m'assure qu'il faut bien $500,000. Il nous avait
d'ailleurs dit ça il y a assez longtemps...
M. BELLEMARE: Au début.
M. JOHNSON: ... et ça nous a inquiétés, si pour un
seul pavillon, celui du Québec, il nous en coûtait $500,000 soit
pour l'aménager, soit pour le démolir et qu'il nous en
coûtait d'après une estimation de M. Bélanger,
préparé sous sa responsabilité, $165,000 par année
pour l'entretien seulement, ça nous ouvre les yeux. Imaginez ce que
coûterait l'entretien du pavillon des Etats-Unis, du pavillon de la
Russie, du pavillon de la France. De ce temps-ci les pays semblent
disposés à donner leur pavillon, mais il faut prendre bien garde
que ce ne soit des cadeaux de Grecs. Qui va payer?
On a lancé toute sorte de projets en l'air. Il y a un bon
père qui vient de gagner un prix Nobel qui a dit qu'il verrait
très bien à Montréal une deuxième université
de la paix. Lui-même avait consacré tout le revenu du prix Nobel
à une université de la paix en Belgique, c'est splendi-de, c'est
gentil, mais c'est $50,000. Une université de la paix, si on s'imagine
que ça va prendre toute l'île Sainte-Hélène, moi je
n'ai pas d'objection avec tous les bâtiments qui sont là, mais qui
va payer? C'est là le problème.
M. GERIN-LAJOIE: C'est seulement un édifice à Bruxelles en
Belgique.
M. JOHNSON: Je le sais, mais on est parti de là pour dire que ce
serait magnifique si on en avait une deuxième à l'île
Sainte-Hélène, les proportions quand même, alors les
proportions, le fédéral...
M. GERIN-LAJOIE: C'est pour une université française de
Montréal qu'il serait important de prendre une décision.
M. JOHNSON: Le fédéral a évidemment des projets, M.
Pearson s'est montré extrêmement sympathique à un centre
international quelconque. Le fédéral songerait, certains
directeurs de la corporation songent par exemple à faire une
université à l'endroit, le fédéral serait d'accord.
Est-ce que ça ne serait pas une bonne façon pour le
fédéral d'entrer dans ce domaine-là? C'est une autre
affaire. Il y a aussi de très beaux projets du maire de Montréal
et du président de l'exécutif, mais de toute façon
ça va coûter cher et qui va payer? J'ai rencontré M.
Winters, je dois le rencontrer de nouveau.
L'Expo nous a même demandé de faire une rencontre au sommet
entre M. Pearson, moi-même et les autorités de la ville afin que
nous établissions des lignes de négociation. En somme, tout le
monde a des projets, c'est normal. Nous sommes disposés à les
étudier tous, mais il y a une chose qui ne me part jamais de
l'idée, c'est que j'ai dans le gouvernement un ministre des Finances
qui, lui, a une manie: Combien cela coûte? Combien cela va coûter?
Et qui va payer? Alors il faut d'abord ces ententes-là.
M. BERTRAND: C'est normal.
M. JOHNSON: C'est malcommode, et quand il nous manque à la
première ronde, il nous rattrape comme président de la
trésorerie. Et là, ça bloque pour vrai. Alors, vous voyez
que nous sommes d'accord et qu'il serait dommageable à mon sens que cela
ne serve pas au moins à un parc avec quelques édifices pour des
fins spécifiques, université ou autres. Nous ne fermons aucune
porte, mais de là à accepter à l'aveuglette, sans savoir
ce que cela va coûter fes-tina lente quitte à nous
faire accuser de ne pas aller assez vite, nous allons prendre notre temps et
savoir où nous allons avant de dire oui. On a tenté de nous faire
dire oui à divers projets, à nous faire accepter certains
pavillons...
M. PINARD: Ne nous brusquez pas.
M. JOHNSON: ... mais après avoir connu par le ministre...
M. PINARD: Ne vous cassez pas les jambes.
M. JOHNSON: ... de l'Industrie ce que cela coûtait pour le seul
pavillon du Québec, au chapitre de l'entretien, de l'aménagement
pour des fins permanentes, nous hésitons. Le système
d'égout et d'aqueduc a été conçu pour deux ans
seulement. Alors, tout est à refaire. Les terrains appartiennent
à qui? Ce n'est même pas éclairci entre les parties. Une
partie appartiendrait au fédéral. La ville de Montréal a
fait du remplissage mais elle n'a pas obtenu ses titres de la province. Je ne
sais pas si elle les a obtenus d'Ottawa. Les règlements internationaux
prévoient que les pays exposants doivent remettre le terrain dans les
conditions où ils l'ont pris. Cela voudrait dire qu'ils sont
obligés de démolir sauf si le propriétaire du terrain les
en exempte. Alors tout ça va se régler ces jours prochains. Si on
peutfermer, comme disaitl'au-tre, si on peut fermer la session pour ouvrir le
gouvernement, on pourra prendre des décisions comme gouvernement.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, c'est fort inquiétant ce
que le premier ministre vient de nous dire. Il nous a parlé du
fédéral, il nous a parlé de la ville de Montréal,
il nous a parlé des autorités nationales qui ont des pavillons,
il nous a parlé des problèmes au sujet des terrains, mais il ne
nous a pas parlé de son gouvernement.
Ce qui nous intéresse, nous autres, c'est ce qu'en pense le
gouvernement de l'Etat du Québec, dont nous voulons tous être
fiers et en lequel nous mettons tous une grande confiance, savoir ce qu'il va
faire. Or, tout ce que le premier ministre vient de nous dire ne nous apporte
pas un brin de lumière sur les intentions du gouvernement du
Québec dont nos amis d'en face ont aujourd'hui la
responsabilité...
M. BERTRAND: Vous n'avez rien compris.
M. GERIN-LAJOIE: C'est ça qu'on veut savoir. Qu'il ne nous parle
pas des intentions présumées d'Ottawa puis de tout ça.
M. BERTRAND: Il n'a rien compris.
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce que le gouvernement du Québec va
faire? Quels sont les moyens qu'il prend pour en arriver à une
décision puis une décision rapide? C'est le 27 octobre que la
démolition doit commencer. Il y a des contrats qui commencent...
M. BERTRAND: Il n'a rien compris.
M. GERIN-LAJOIE: ... qui sont sur le point d'être donnés,
pour la démolition de certains pavillons nationaux, alors qu'est-ce que
le gouvernement du Québec entend faire?
M. JOHNSON: Le gouvernement du Québec prendra une décision
quand il aura obtenu les chiffres, le coût...
M. GERIN-LAJOIE: Qu'est-ce qu'il fait pour obtenir les chiffres?
M. JOHNSON: Il les a demandés, il les attend et il espère
les avoir.
M. GERIN-LAJOIE: Il les a demandé à qui?
M. JOHNSON: Aux autorités qui sont compétentes en la
matière, il y a ... Non, évidemment, on va comprendre qu'on ne
donne pas de détails, on a raison...
M. PINARD: Auriez-vous pu estimer le tout à $700,000?
M. JOHNSON: ... de poser la question.
M. GERIN-LAJOIE: On ne donne pas les noms si on ne veut pas, mais le
genre de groupe de personnes.
M. BELLEMARE: On a un dossier épais de même.
M. JOHNSON: Il y a un comité...
M. BELLEMARE: Voyons donc, est-ce qu'il pense qu'on fait ça
à l'aveuglette?
M. JOHNSON: Il y a un problème de réglé, c'est
celui de la Ronde. Les autorités fédérales et provinciales
avant nous ont accepté...
M. GERIN-LAJOIE: Il y a une nouvelle corporation pour ça, c'est
réglé.
M. JOHNSON: ... qu'une nouvelle corporation soit formée pour
opérer pendant deux ans la Ronde avec tout ce qu'il y a là
d'équipements, d'amusements et tout ce qu'on voudra et cette
décision a été prise avant nous et la ville, le 1er
janvier 1970 pourra décider si oui ou non elle prend à son compte
la Ronde.
C'est habile de la part de la ville, je ne la blâme pas, elle va
voir comment ça se déroule, quelle est l'expérience et
à ce moment-là les gouvernements fédéral et
provincial auront payé. Je crois que ça valait la peine de tenter
cette expérience, je ne la critique pas pour le moment. Quant à
l'île Notre-Dame, quant à l'agrandissement de l'île
Sainte-Hélène et la cité du Havre, nous avons un
comité à l'oeuvre auquel nous sommes représentés,
le fédéral est représenté, la ville de
Montréal, et ils sont à compiler tous les chiffres
nécessaires afin que nous en arrivions à une décision au
sommet.
M. LESAGE: Une heure.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté.
M. LESAGE: Non. c'est en vertu des règlements.
M. GERIN-LAJOIE: Bien, voyons donc! on veut avoir des
renseignements.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le comité suspend ses travaux
jusqu'à trois heures cet après-midi.
Reprise de la séance à 3 h 15 p.m.
M. LEBEL (Président du comité plénier):Industrie et
Commerce, article 3.
M. LESAGE: A moins que mes collègues aient d'autres questions:
pour ma part: sur division.
M. LE PRESIDENT: Article 3 adopté. Article 11.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. GERIN-LAJOIE: Il y a de l'opposition de la part du ministre?
M. BELLEMARE: Non, mais on a été tellement tatillon ce
matin. Je pense que le ministre a le droit de répondre. On a
été tellement soupçonneux qu'il est temps qu'on
établisse la vérité.
Cela fait des semaines et des semaines qu'on dit qu'on joue à la
cachette. On est prêt à collaborer, on dit ça partout dans
les journaux, on essaie de faire voir qu'on est de bons collaborateurs et,
durant toute une matinée on a fait perdre le temps de la Chambre
inutilement...
M. LESAGE: Parlez à votre chef.
M. BELLEMARE: Pourquoi? Pour essayer de tuer le temps pour gagner du
temps pour d'autres raisons. On n'est pas sans le savoir. Voulez-vous savoir le
pourquoi des $100,000 de plus?
M. GERIN-LAJOIE: Non. On voudrait savoir pourquoi on retarde le
débat, selon le ministre.
M. JOHNSON: Parce que vous n'avez pas d'idée.
M. BELLEMARE: Parce que vous attendez d'autres éditoriaux.
M. GERIN-LAJOIE: Le ministre est bien conscient de la valeur de son
bill.
M. BELLEMARE: Ce matin, sur des choses qui se sont faites dans ce
parlement depuis que le parlement existe, des montants qu'on a demandés
spécifiquement avec une appellation bien spécifique
décrivant au Conseil exécutif pourquoi, un lot de questions qui
n'étaient certainement pas des questions utiles, nécessaires
surtout quand le premier ministre a expliqué dans une
brève réponse de quoi il s'agissait on arrive ensuite sur
l'éducation. On rentre dans un autre débat sans avoir, selon les
règlements, le droit d'intervenir. Absolument. On fait tout un
débat sur les CEGEP.
UNE VOIX: N'insultez pas le président.
M. BELLEMARE: De bonne grâce, le ministre a répondu. On a
entrepris le ministre de l'Industrie et du Commerce en pensant qu'il ne pouvait
pas répondre. On a dit: Il ne sait rien. Voté sur division. Il
sait quelque chose, le ministre. Il va vous le prouver qu'il sait quelque
chose.
M. PINARD: Il a préparé sa colère durant le
repas.
UNE VOIX: Il est temps.
M. LESAGE: C'est prémédité, ça.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas prémédité du tout, mais
je n'aime pas ça me faire passer des bois. Nous faire dire qu'on demande
de l'argent absolument pour rien.
M. LESAGE: Je n'ai pas dit ça.
M. GERIN-LAJOIE: On a demandé des explications, et c'est notre
devoir.
M. BELLEMARE: M. le Président, des explications. Une Opposition
qui a voté $100 millions dans l'espace de vingt minutes! $100 millions
dans l'espace de vingt minutes dans un ministère. Imaginez-vous ! Pour
un budget supplémentaire de $4 millions, toute une matinée et une
partie de l'après-midi, vous allez voir. Regardez-les bien faire dans la
voirie: ils se sont préparés et consultés et ils vont
faire ça tout l'après-midi.
M. LAPORTE: Cane passera pas dans vingt minutes.
M. BELLEMARE: $100 millions dans vingt minutes I
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait une question?
DES VOIX: Non!
M. LEFEBVRE: Mais laissez-le donc répondre! Est-ce que vous
permettez une question?
M. BELLEMARE: Certainement!
M. LEFEBVRE: Vous voyez! Laissez-le répondre, il est assez grand
pour ça. M. le ministre, je voudrais simplement savoir si vous trouvez
que vous n'en avez pas déjà assez de deux ministères. Vous
voudriez mener l'Opposition en plus?
M. BELLEMARE: Mener l'Opposition, c'est la dernière pensée
de ma vie. Parce qu'elle est tellement difficile à mener, ça
prend beaucoup de chefs! C'en est un qui fait partie d'un autre groupe,
ça! La troisième bande! C'est un des instigateurs du
Mont-Tremblant. C'était lui, ça! Oui, cela n'a pas seulement
tremblé, cela s'est ébranlé.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je ne doute aucunement que vous
nous accorderez la même liberté que vous accordez au ministre du
Travail dans la discussion.
M. BELLEMARE: Bien, quelle question stupide vous m'avez posée,
aussi!
M. LESAGE: Ah! M. le Président, il insulte le
parlementarisme.
M. BELLEMARE: Je retire « stupide » et je dis quelle
question qui manque d'intérêt public m'avez-vous posée !
Parce que ce n'est pas d'intérêt public de mener l'Opposition.
M. LEFEBVRE: Ce n'est pas de l'intérêt public de mener
l'Opposition?
M. BELLEMARE: Non, pas du tout, car elle n'est pas « menable
»! M. le Président, est-ce qu'on veut des renseignements sur le
budget supplémentaire de l'Industrie et du Commerce?
M. LESAGE: L'article 3 a été adopté sur division,
si je comprends bien. Pour ce qui est de l'article 11, j'aimerais bien savoir
de quelle façon ce montant de subventions de $100,000 sera divisé
entre les conseils économiques régionaux.
M. BELLEMARE: M. le Président, le sous-ministre, M.
Bélanger, a préparé une lettre qu'il m'a adressée
à la suite des entrevues qu'il a eues avec M. Parenteau du Conseil
d'orientation économique du Québec, demandant que toute cette
partie des subventions faites aux conseils régionaux soit
transportée sous sa juridiction.
M. Parenteau a écrit un mémoire que j'ai ici en main,
donnant les raisons qui motivaient une augmentation de $100,000 dans les
différentes régions.
Nous avons déjà prévu au budget un montant de
$100,000. Il est question présentement d'ajouter encore $100,000 pour
prévoir dans certaines régions ou sous-régions des
subventions plus substantielles.
M. LESAGE: Il n'y a pas de doute que ça va être cela.
M. BELLEMARE: Dans les régions...
M. LESAGE: Quelles régions et sur quelle base?
M. BELLEMARE: C'est le Conseil qui décidera de
l'opportunité de distribuer les subventions. Il y le Conseil
économique régional du Nord-Ouest québécois, le
Conseil économique régional du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le
Conseil économique régional des Cantons de l'Est, le Conseil
économique régional de l'Ouest du Québec incorporé,
le Conseil d'orientation économique du Bas Saint-Laurent, le Conseil
régional d'expansion économique de la Gaspésie et des
Iles-de-la-Madeleine, le Conseil économique régional de
Lanaudiêre, le Conseil d'aménagement et d'expansion de la
Côté du Sud, l'Association pour l'aménagement rural du
comté de Brome, l'Office de développement régional
d'Etchemin, le Conseil économique du comté de Portneuf, le
Conseil économique du comté de Labelle, le comité
provisoire du Conseil économique régional des Bois-Francs. Et
cela s'établit à un montant de base fixe de $15,000 et un dollar
souscrit dans la région pour chaque dollar de subvention qu'on peut leur
accorder jusqu'à concurrence de $10,000, plus $0.50 par dollar
additionnel, jusqu'à concurrence de $5,000.
M. LESAGE: $0.50 par dollar.
M. BELLEMARE: $0.50 par dollar.
M. LESAGE: Par dollar souscrit localement.
M. BELLEMARE: Localement, jusqu'à un maximum de $5,000. Cela ne
doit jamais dépasser $30,000.
M. LESAGE: Ce qui fait un plafond de $30,000.
M. BELLEMARE: De $30,000 dans chacun des cas. Alors, si le chef de
l'Opposition le savait, pourquoi me le demande-t-il?
M. LESAGE: C'était pour les conseils régionaux.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça.
M. LESAGE: M. le Président, si je le savais c'est grâce aux
bons offices du ministre des Finances. Les renseignements que le ministre des
Finances m'a donnés ne sont pas entre les mains de mes collègues
et n'apparaissent pas au journal des Débats. La réponse que vient
de me donner le ministre s'applique aux conseils régionaux. Quelle est
la règle pour les conseils sous-régionaux?
M. BELLEMARE: M. le Président, la règle pour les conseils
sous-régionaux c'est $16,000 qui doit être une subvention pouvant
atteindre le maximum. Ce n'est pas $30,000 celui-là, $16,000 et qui
pourra se décrire un peu de la même façon,
c'est-à-dire que, dans les conseils régionaux sans limite,
c'est-à-dire $8,000, $6,000, $4,000 et $4,000. Aux conseils
économiques en formation, les subventions pourront être
accordées aux différentes organisations qui font leur preuve, on
peut aller de $3,000 à $6,000, et ça c'est dans plusieurs
régions déjà. Nous avons d'excellentes raisons de croire
que quelques-uns vont se terminer.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre ne convient pas qu'il était
important qu'il donne ces renseignements à la Chambre et au public?
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai tout donné ça
lors de l'étude de mon budget. Il est regrettable que le chef de
l'Opposition...
M. LESAGE: Le ministre demande un montant additionnel.
M. BELLEMARE: Oui mais toutes ces explications que l'on fournit sont des
explications qu'on a données ici même en Chambre pendant
l'étude de mon budget. L'honorable député de Bonaventure
dont la gentilhommerie est reconnue dans cette Chambre m'a posé toutes
ces questions-là pour éclairer l'Opposition. Je pensais qu'il
l'avait fait. J'ai été obligé de le répéter
aujourd'hui.
M. LESAGE : Nous l'avons refait.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE : Nous l'avons fait de nouveau.
M. BELLEMARE: Vous l'avez fait pourquoi?
M. LESAGE: Parce qu'il y aune demande de budget
supplémentaire.
M. BELLEMARE: Parce que vous êtes engagé avec
l'horloge.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: C'est un débat d'horloge, ça!
M. LESAGE : Mais c'est une obsession chez le ministre de l'Industrie et
du Commerce! L'horloge devient une obsession pour le ministre!
M. BELLEMARE: Non, non.
M. GERIN-LAJOIE: Il nous sourit!
M. BELLEMARE: Le ministre a déjà siégé!
M. LESAGE: Est-ce qu'il est déchoqué?
M. BELLEMARE: Je connais ça de la stratégie!
M. LESAGE : S'il est déchoqué on peut adopter son article,
M. le Président.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LESAGE : Si le ministre est déchoqué on peut adopter
l'article.
M. BELLEMARE: Oui, d'accord, sans division, par exemple.
M. LESAGE: Pas de division sur celui-là. M. BELLEMARE: Pardon? M.
LESAGE: Pas de division.
M. BELLEMARE: Pas de division, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Alors, retirez ça...
M. GERIN-LAJOIE: Sur division.
M. LESAGE: Non, non, l'article 3 a été adopté sur
division, l'article 11, pas de division.
M. LE PRESIDENT: Article 11, adopté.
M. BELLEMARE: Prépare-toi là!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Voirie.
M. BELLEMARE: Je vais gager $1 avec n'importe qui que ça va durer
jusqu'à cinq heures.
M. LESAGE: Bien, si vous continuez à parler.
M. BELLEMARE: Non, non, pas moi. M. GERIN-LAJOIE: Est-ce qu'on gage? M.
BELLEMARE : A cinq heures moins cinq. M. LESAGE : Oui, $1 n'importe quand.
UNE VOIX: Moi, je ne gagerais pas parce que j'ai gagé...
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas hâte d'entendre mon discours, c'est
ça? Sur le bill 67.
M. LAPORTE : Pour le discours du ministre, j'ai assez hâte que je
vais gager $2 avant cinq heures.
M. BELLEMARE: Voirie.
M. LE PRESIDENT: Voirie, article 2. Adopté?
M. LOUBIER: Adopté. Article 3, adopté. M. LESAGE: Un
instant.
M. PINARD: Bon, est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi il
demande $800,000 de budget supplémentaire pour l'article «
entretien de routes » au sous-article « matériaux
»?
M. LAFONTAINE: Si le député pouvait parler plus fort.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer pourquoi il
demande $800,000 de budget supplémentaire?
M. LAFONTAINE: M. le Président, ce montant supplémentaire
servira à payer les matériaux pour les travaux d'entretien
d'été et d'hiver, le gravier concassé, la pierre
concassée, de l'huile abat-poussière, chlorure de calcium,
chlorure de sodium, béton bitumineux pour rapiéçage et
tous les autres matériaux routiers utilisés pour l'entretien et
la réparation des routes. L'usage plus intensif de l'huile
abat-poussiere, 110 milles sur les routes de Chibougamau, et la plus grande
utilisation de chlorure de calcium ont dépassé les
prévisions du début de la saison. De plus, le plus grand nombre
de milles entretenus durant l'hiver ainsi que l'ouverture récente de
plusieurs centaines de milles d'autoroute nous obligent à
réquisitionner une plus grande quantité de chlorure de sodium
pour l'hiver prochain. L'état constaté des routes au printemps
nous a aussi obligés à faire un rapiéçage plus
intensif des routes pavées d'où l'achat d'une plus grande
quantité de béton bitumineux pour rapiéçage. Quant
aux routes de gravier, des apports de gravier et de pierre concassée ont
dû être faits sur une plus grande échelle.
Pour toutes ces raisons, nous croyons devoir demander une somme
additionnelle de $800,000.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire de quelle
façon il partage la dépense du $800,000?
DES VOIX: Ah!
M. PINARD: Non, mais puisqu'il est question d'entretien des chemins
d'été, alors est-ce que le ministre pourrait nous dire
globalement quelle somme représente cette dépense pour
l'entretien d'été par rapport aux matériaux qu'il aura
à acheter pour l'entretien d'hiver?
M. LAFONTAINE: Suivant les besoins, M.le Président.
M. PINARD: Bien, M. le Président, ce n'est quand même pas
une réponse. Le ministre nous donne comme raison de la demande de son
budget supplémentaire...
UNE VOIX: Posez des questions intelligentes.
M. PINARD: ... que c'est pour pourvoir à l'entretien des chemins
d'été, et il donne comme réponse que c'est plutôt
pour l'achat de matériaux pour l'entretien des chemins durant l'hiver.
Alors je voudrais quand même avoir une réponse logique de la part
du ministre.
M. LOUBIER: Le béton bitumineux, ce n'est pas pour l'hiver.
M. PINARD: Bien voyons, enfin... M. LOUBIER: Voyons.
M. PINARD: ... il y a le chlorure de calcium, on peut l'utiliser
certainement l'été comme abat-poussière sur les
chemins...
M. LOUBIER: Le concassé aussi l'hiver.
M. PINARD: ... on peut l'employer également durant l'hiver sur
les routes pour les déglacer.
M. LOUBIER: Le concassé aussi...
M. PINARD: Je donne seulement un article a titre d'exemple.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai consulté les hauts
fonctionnaires qui m'entourent, qui sont des experts, et les hauts
fonctionnaires me disent qu'il est assez difficile d'établir un
pourcentage exact. Evidemment, quand on emploie du chlorure de calcium et de
l'huile abat-poussière, c'est parce qu'il fait beau, qu'il n'a pas plu,
et on n'emploie plus d'huile abat-poussière. Quant au chlorure de
calcium ou au chlorure de sodium pour emploi d'hiver pour les chemins,
évidemment s'il ne neige pas pendant un mois, s'il n'y a pas de glace
sur les chemins pendant un mois, on n'en met pas.
Mais s'il neige tous les jours, on est obligé d'en mettre plus.
Le député de Drummond devrait savoir ça, lui qui a
été ministre de la Voirie pendant six ans.
M. PINARD: Bien oui, mais c'est justement parce que j'ai F
expérience de cette question que je pose au ministre des questions qui
m'appa-raissent tout à fait logiques, mais je demande des
réponses logiques.
M. LAFONTAINE: M. le Président, si le député de
Drummond est capable de prévoir la température pour les mois
à venir, je lui donnerai une prévision des quantités, tant
pour l'entretien d'été que pour l'entretien d'hiver.
M. PINARD: J'admets avec le ministre qu'il est assez difficile de
prévoir quelle température il fera le mois prochain...
M. GRENIER: Assoyez-vous donc qu'on parle de choses
sérieuses.
M. PINARD: ... cependant, des estimations sont quand même
préparées par des ingénieurs qui connaissent leur
métier. Ils sont à même de déterminer quel montant
doit être engagé pour l'achat de matériaux servant à
l'entretien d'été et à l'entretien d'hiver.
M. LAFONTAINE: M. le Président, ce sont des prévisions
budgétaires et s'il s'avère dans le futur que nos
prévisions budgétaires sont dépassées, je me ferai
un devoir d'aller rencontrer le ministre des Finances et de lui prouver
à nouveau que nous avons besoin d'une somme additionnelle et je pense
bien que lui qui est un homme comprêhensif aura un bon regard pour le
ministre de la Voirie.
M. LE PRESIDENT: Article 2,adoptê?
M. PINARD: Pour l'équipement, M. le Président, est-ce que
le ministre pourrait nous expliquer pourquoi il revient devant la Chambre pour
demander un budget supplémentaire de $200,000 à titre de location
d'équipement? C'est pour procéder à quelle sorte de
travaux? A quel endroit? Et quelle est la nature des travaux qu'il veut
exécuter?
M. LAFONTAINE: M. le Président, dans cet article,
évidemment, quand on parle d'équipement, il est question aussi de
camions et de camionneurs, ce qui, auparavant, apparaissait à un autre
article, mais à cause de la Régie des rentes, il a fallu
restructurer la présentation du budget et le camion qui apparaissait
auparavant à l'article « salaires » apparaît
aujourd'hui à l'article « outillage ». Cela est une des
raisons, M. le Président, et c'est la première année que
cela se fait. Jamais dans le passé nous n'avons pu déterminer au
ministère de la Voirie quel était le pourcentage payé en
salaire ou le pourcentage payé pour le camionneur. Alors, les chiffres
que nous avons présentés au budget au commencement de
l'année étaient des chiffres approximatifs. Nous les corrigeons
avec l'estimation budgétaire qui est devant la Chambre. Cela comprend
aussi la location d'outillage qu'il nous faut forcément louer de
l'extérieur pour fins d'entretien d'été et d'hiver. Dans
certaines divisions de la province, l'outillage dont dispose le
ministère est nettement insuffisant. Il nous faut louer à
l'extérieur pour procéder au bon entretien de nos routes.
L'outillage ainsi loué consiste surtout en camions pour transport de
matériaux, grattes mécaniques,rouleaux pour
rapiéçage, etc.
M. PINARD: Alors, de qui le ministre entend-il louer l'équipement
pour lequel il demande un budget supplémentaire de $200,000?
M. GRENIER: Question insignifiante.
UNE VOIX: C'est ridicule.
M. PINARD: De qui le ministre entend-il louer l'équipement pour
lequel il demande un budget supplémentaire de $200,000?
M. LAFONTAINE: M. le Président, on les loue de personnes qui
possèdent de l'outillage.
M. PINARD: Oui, je comprends. Alors, le ministre a lui-même
cité le chiffre de l'inventaire quant à la valeur de
l'équipement possédé par le ministère comme
étant de $23 millions à $24 millions. Est-ce qu'il est en mesure
d'affirmer que tout l'outillage que possède le ministère dans
tous les garages de voirie de la province est mis en contribution pour les
travaux d'entretien et de construction, ou si ce n'est pas plutôt
l'encouragement à des entrepreneurs locaux, la location de l'outillage
des entrepreneurs locaux, plutôt que l'utilisation de l'outillage du
ministère de la Voirie? Est-ce que le ministre pourrait répondre
à cette question-là?
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai dit, au cours de la session,
lors de l'étude de mes prévisions budgétaires, que lorsque
je suis arrivé au ministère de la Voirie c'était un
fouillis administratif et cela en était un.
Pour le corriger, nous avons nommé deux fonctionnaires du
gouvernement provincial, deux ingénieurs de district, M. Lacroix et M.
Leca-valier, qui sont de vieux ingénieurs du ministère, leur
demandant de faire une étude pour savoir où on est rendu au
ministère de la Voirie.
Evidemment, il y a énormément de renseignements qui
existent dans tous les coins mais qui n'ont jamais été
canalisés. Nous tentons présentement de placer le
ministère de la Voirie au 20e siècle. C'est aussi simple que
ça, M. le Président, et je sais que présentement dans la
province, tant que nous n'aurons pas fait l'inventaire de la machinerie, nous
ne saurons pas où nous allons. J'ai dit au cours de l'étude des
crédits de mon ministère que la location de la machinerie par les
divisions coûtait $2 ou $2.25 l'heure. Ce n'est pas vrai qu'une gratte
mécanique coûte $2.25 l'heure. Mais c'est compté au budget
du ministère de la Voirie à $2.25 l'heure, ce qui veut dire qu'il
y a une mauvaise comptabilité quelque part. On a des renseignements,
mais on ne les a pas canalisés. Il va falloir dorénavant, sous
peu, quand j'obtiendrai le rapport des experts que nous avons nommés,
que lorsqu'une gratte mécanique travaille dans un comté, dans une
division, son coût soit computé au budget d'entretien du
comté, sans quoi on déséquilibre toute la chose. On dit
que la machinerie du ministère coûte $2.25 l'heure. C'est faux.
Elle coûte peut-être $30 ou $35, on ne le sait pas. La
dépréciation, où est-ce dans le budget de la Voirie, on ne
le sait pas.
C'est pour ça que nous avons pris deux ingénieurs
compétents, des gens qui connaissent le fonctionnement du
ministère de laVoirie, des gens qui connaissent le fonctionnement des
di- visions et qui ont reçu présentement pour mandat de tenter de
clarifier une situation qui aurait dû être clarifiée
beaucoup plus tôt. Le député de Drummond me dit: Est-ce
bien sûr que toute la machinerie est occupée à 100%? Non,
je ne suis pas sûr, parce que présentement dans certains coins, je
suis moralement convaincu qu' il y a trop de machines, puis dans d'autres coins
pas assez. Cela^c'est l'héritage libéral que j'ai
reçu,
M. PINARD: Alors, en prenant les réponses que vient de faire le
ministre de laVoirie, il est assez évident qu'il confond la question que
je lui ai posée avec un autre problème. A tout
événement, ce que je veux lui dire, c'est que s'il est
déjà convaincu que l'utilisation de l'outillage du
ministère de la Voirie pour des travaux exécutés par le
ministère à la journée coûte plus cher qu'il ne
coûterait si le ministre procédait par location de l'outillage
pour faire exécuter les mêmes travaux par l'entreprise
privée, à ce moment-là il s'ensuit logiquement qu'il
devrait choisir la formule de location d'outillage ou d'appel d'offres pour
l'exécution de contrats, de travaux qui aujourd'hui sont
exécutés par l'outillage du ministère avec les ouvriers du
ministère. Mais ce que je ne comprends pas, c'est qu'il contredit
lui-même l'affirmation qu'il vient de nous faire en Chambre.
Il la contredit dans les faits, parce que nous assistons aujourd'hui
à une recrudescence des travaux en régie comme on les appelle,
c'est-à-dire faits à la journée. Cela contredit
formellement ce que vient de déclarer le ministre.
Il a de plus en plus recours aux travaux à la journée
plutôt que de faire préparer des plans et devis, préparer
des appels d'offres, et confier à l'entreprise de construction les
travaux qu'il fait exécuter à la journée.
M. LAFONTAINE: M. le Président, un point d'ordre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: A l'ordre! Nous sommes présentement à
l'article 27.
M. LESAGE: C'est ça, « location d'équipement
».
M. LAFONTAINE: C'est tout simplement sur l'entretien et le
député de Drummond est en train de m'entraîner dans un
débat qui comprend le budget d'immobilisation. Ce sont deux choses
complètement différentes et ça prouve que l'ancien
ministre n'a rien compris pendant les six ans qu'il était au
ministère de la Voirie.
M. PINARD: Je pense bien que si vous m'avez écouté
attentivement, je suis bien resté à l'article qui est
actuellement en discussion.
M. LAFONTAINE: L'entretien, M. le Président.
M. PINARD: Nous parlons de location d'outillage pour des travaux
d'entretien. Alors, je viens d'expliquer que le ministère possède
pour au-delà de $24 millions d'outillage et le ministre m'a
répondu qu'il n'était pas certain que tout l'outillage du
ministère servait à l'exécution de travaux de voirie.
C'est ce que tout le monde a compris et c'est là-dessus que je
veux m'expliquer. Je dis que le ministre a de plus en plus recours à la
location d'outillage.
M. LAFONTAINE: Pas pour l'entretien. M. PINARD: Les chiffres sont
là.
M. LAFONTAINE : On n'est pas sur la construction.
M. PINARD: Vous avez demandé un budget annuel plus
considérable que celui de l'an passé et vous revenez devant la
Chambre pour demander un budget additionnel de $200,000...
M. LAFONTAINE : Je soulève un point d'ordre.
M. PINARD: ... pour procéder à des travaux d'entretien
alors que le ministre vient d'affirmer qu'il n'est pas sûr que tout
l'outillage de la voirie sert à l'exécution de travaux
d'entretien à travers la province.
M. GRENIER: Verbiage!
M. PINARD: Alors, que le ministre soit logique, qu'il fasse
sérieux.
M. LAFONTAINE: J'invoque le règlement.
M. PINARD: Qu'il l'utilise aux endroits où il n'est pas
utilisé et il n'aura pas besoin de demander un budget
supplémentaire de $200,000 pour procéder aux travaux d'entretien
de voirie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CADIEUX: Fermez ça, ces enfants-là! Ce sont des vrais
voyous!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE : De vrais enfants d'école! Ce sont des petits enfants
à l'école.
M. BELLEMARE: J'en appelle au règlement. L'honorable
député de Beauharnois vient d'adresser aux membres de ce
côté de la Chambre, et vous l'avez entendu, l'expression qui est
antiparlementaire. Il vient de dire: Voyou! Je demande a votre
présidence de lui demander de retirer ce mot-là. Ce n'est pas
parlementaire.
M. LIZOTTE: Il se regardait dans le miroir.
M. BELLEMARE: Si c'est pour vous autres, je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Je serais porté à croire que l'honorable
député a dit: Voyons. Parce que je ne peux pas croire qu'un
député va employer le terme « voyou ».
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Si l'honorable député prétend
avoir employé le mot « voyou » il le sait encore mieux que
moi et je l'inviterais à le retirer.
M. CADIEUX: Ce n'était pas adressé à tous les
députés, mais j'ai bien dit « voyou », et je le
retire. Mais je le redirai en dehors de la Chambre.
M. BELLEMARE: Je ne permettrai pas que le député ajoute ce
qu'il vient de dire là. Ce n'est pas parlementaire de dire « voyou
» en Chambre, ce n'est pas gentilhomme de le répéter en
dehors.
M. CADIEUX: Cela concerne votre conduite, de l'autre
côté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LIZOTTE: Qu'il retire sans condition.
M. CADIEUX: Pas la vôtre, mais celle des autres.
M. BELLEMARE: Il ne prouvera qu'une chose, peut-être ce que bien
des gens de son comté pensent de lui.
M. CADIEUX: Ne vous inquiétez pas.
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. CADIEUX: C'est beaucoup mieux ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas d'un gentilhomme du tout de dire ce qu'il a
ajouté à la fin.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Voirie.
M. LAFONTAINE : Tous les dires du député de Drummond
s'adressent à des travaux pris à même l'article 6 du
budget, c'est-à-dire de l'immobilisation. Il est très rare que
nous louons de l'équipement pour entretenir les chemins
l'été.
M. LESAGE : Vous demandez $200,000.
M. LAFONTAINE : Très rarement. J'ai dit tout à l'heure que
je demandais $200,000 c'est à cause non seulement des grattes
mécaniques, l'ancien ministre de la Voirie a fait dévier le
débat, j'ai dit que c'était pour du camionnage, je peux
peut-être répéter.
M. LESAGE: Pour l'entretien.
M. LAFONTAINE: Le chef de l'Opposition n'était pas ici.
M. LESAGE: Oui, j'étais ici.
M. LAFONTAINE: Non.
M. LESAGE : J'ai très bien compris.
M. LAFONTAINE: Le chef de l'Opposition n'a certainement pas compris.
M. LESAGE: Le ministre de la Voirie ne me voyait pas, j'étais
juste ici en arrière de la Chambre.
M. LAFONTAINE : Le chef de l'Opposition n'a pas le sens des nuances.
M. LESAGE: Le ministre de la Voirie a déclaré
qu'autrefois...
M. BELLEMARE: Il n'a pas le droit d'interrompre.
M. LE PRESIDENT: Je comprends qu'hier on m'a signalé qu'en
comité on pouvait dialoguer, mais je peux difficilement permettre que
plusieurs personnes monologuent en même temps parce que je n'ai pas le
pouvoir d'entendre plusieurs députés en même temps.
J'espère bien qu'on laissera terminer l'intervention de l'honorable
ministre quitte ensuite à intervenir.
M. LESAGE: J'ai très bien compris qu'autrefois c'est à
l'article « salaires » que l'on trouvait le paiement des locations
de camions tandis qu'aujourd'hui c'est à l'article «
équipement ». C'est l'explication que le ministre a donnée
tantôt.
M. LAFONTAINE: Très bien, mais je poursuis en disant ceci: j'ai
dit que les outillages ainsi loués consistent surtout en camions pour
transport de matériaux, grattes mécaniques, rouleaux pour
rapiéçage, etc. et le député de Drummond a saisi
l'occasion pour commencer à parler de l'équipement du
ministère. Je tiens à dire au député de Drummond
qu'en tant que je suis concerné, à première vue, je sais
qu'il est plus économiquement rentable de prendre des camions de
l'entreprise privée de préférence à ce que le
ministère ait une équipe de camions et le gouvernement n'a pas
l'intention de faire concurrence à l'entreprise privée. Ce n'est
pas son rôle. Deuxièmement, l'ancien ministre a parlé des
travaux qu'on fait aujourd'hui à la journée et qui sont
augmentés, relativement à l'an passé.
C'est vrai, mais ça, c'était l'article 6 et non pas
l'article 2. Parce que ça regarde l'immobilisation et non pas
l'entretien. Maintenant, si on veut parler de la rentabilité de
l'équipement de la Voirie, on aurait peut-être des cas à
soumettre au député de Drummond, l'ancien ministre de la
Voirie.
M. ALLARD: Je voudrais donner l'assurance que le montant demandé
pour location de machinerie va s'appliquer, comme le député le
sait très bien, uniquement dans les cas où il y a un manque de
machinerie de la part de la Voirie et que, contrairement à certaines
informations qui ont été fournies, dans aucun des cas, dans
quelque comté que ce soit, on a mis de côté de la
machinerie de la Voirie pour employer de la machinerie de particuliers. C'est
le premier point que je tiens à établir et, deuxièmement,
je tiens à ce qu'il sache très bien que toute la machinerie sera
employée pour la construction ou l'entretien de voirie et non pas, comme
il l'a déjà fait lui-même, sur des terrains privés,
soit des pistes de course.
M. PINARD: M. le Président, je ne répondrai pas à
l'insinuation malveillante...
M. ALLARD: Ce n'est pas une insinuation. C'est une affirmation que je
suis en mesure de prouver, que le député connaît
très bien.
M. PINARD: Je sais très bien de quoi le ministre vient de
parler.
M. ALLARD: Il y a assez longtemps que vous en faites des insinuations
dans votre feuille de choux, à toutes les semaines, sur le journal. Vous
inventez des choses malhonnêtes à l'endroit de certains membres de
cette Chambre.
M. LESAGE: M. le Président, le mot malhonnête est un peu
fort en Chambre et en comité même.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que l'honorable ministre a un peu
dépassé sa pensée en employant l'expression
malhonnête, et je sais que, de bonne grâce, il voudra bien la
retirer.
M. ALLARD: M. le Président, je vais avoir
l'honnêteté de retirer le mot qui a dépassé ma
pensée, et j'espère que l'ex-ministre, le député de
Drummond, aura aussi l'honnêteté, dans son journal, de
rétracter certaines faussetés qu'il a insinuées.
M. PINARD: M. le Président, je veux répondre à la
première partie des remarques faites par le ministre d'Etat à la
Voirie. Alors, je pense que, s'il n'est pas sûr qu'il y a plus
d'équipement loué des entrepreneurs dans chacun des comtés
de la province, dans chacune des divisions, alors, je l'invite très
fortement à faire le tour de la province, de visiter les divisions de
voirie, il va s'apercevoir qu'il y a beaucoup d'outillage qui est resté
dans les garages et hangars du ministère de la Voirie. Donc, il y a plus
d'équipement que jamais...
M. ALLARD: Sur un point d'ordre, M. le Président.
M. PINARD: ... qui est loué des petits entrepreneurs qui sont
amis du régime en place.
M. ALLARD: M. le Président, sur un point d'ordre, le
député de Drummond, comme toujours, affirme des faussetés
parce qu'il est mal informé. Qu'il prenne dont la peine de
vérifier sur les lieux ce qu'il avance avant d'aller
répéter dans la province ces insinuations que je
répéterais encore une fois peut-être pas
honnêtes.
M. PINARD: M. le Président, je pense que c'est très
honnête, la suggestion que je viens de faire au ministre d'Etat à
la Voirie. Je lui demande de visiter les divisions de voirie. Il constatera si
oui ou non, il reste beaucoup d'outillage dans les garages du
ministère.
M. LOUBIER: Les avez-vous visités?
M. PINARD: Il verra aussi, par contre, s'il n'y a pas un peu trop
d'équipement loué à l'extérieur pour
satisfaire...
M. LOUBIER: Les avez-vous visités?
M. PINARD: ... des entrepreneurs de comtés, pour satisfaire leurs
besoins, leurs exigences parce que tout le monde sait que les entrepreneurs de
voirie de la province ne sont pas contents du gouvernement actuel.
M. LOUBIER: Les avez-vous visités, ces
établissements-là?
M. PINARD: Il y a même eu des mémoires
présentés au premier ministre et au ministre de la Voirie disant
que, du fait de la diminution considérable des crédits
accordés au ministère de la Voirie, à l'article
immobilisations, du fait que les travaux de construction ont diminué
très fortement dans la province, ils demandent qu'au moins le ministre
de la Voirie compense par une augmentation du budget des travaux d'entretien.
Alors, c'est peut-être ça, l'explication que le ministre devrait
nous donner pour justifier le budget supplémentaire qu'il demande aux
Chambres de voter aujourd'hui. Alors, ce seraient des explications que tout le
monde comprendrait, mais qu'il ne recoure pas aux faux-fuyants pour ne pas
donner la véritable raison de sa demande de budget supplémentaire
aujourd'hui.
M. LOUBIER: Les avez-vous visités, ces entrepôts-là?
Placotage.
M. LAFONTAINE: L'ancien ministre de la Voirie, quand il pose une
question attaque à peu près vingt sujets. On va commencer par en
vider un. Il parle de la rentabilité de la machinerie qui appartient au
ministère. Il dit que, présentement, il y a de la machinerie qui
est à ne rien faire, chose qui est inexacte. Mais s'il y a de la
machinerie qui est à ne rien faire présentement dans les
divisions, j'aime mieux la laisser dans les divisions que de l'envoyer gratter
des pistes de course, comme l'ancien ministre l'a fait dans le comté de
Drummond.
J'ai le dossier ici, sur mon bureau. Si le député de
Drummond veut que je lui fasse une rétrospective, il se rendra compte
que la niveleuse, dans le comté de Drummond, grattait la piste de course
depuis 1961 et qu'il y avait certains propriétaires de chevaux de course
qui donnaient des ordres. J'ai un document ici, signé par M. Armand
Laplante je vois que le député de Drummond lève les
deux mains en
l'air la lettre est datée du 20 mars 1967, adressée
au chef du contentieux du ministère: « Pour faire suite à
mon téléphone que nous avons eu ensemble ce matin, j'accepte et
je consens de donner par arrangement au ministère de la Voirie, pour des
ouvrages de «grader » qui auraient été faits sur la
piste de courses de Drummond depuis 1961. Je sais que le montant que je vous
offre est beaucoup moindre que le montant demandé, soit $530. Les
raisons qui me permettent de vous offrir consciencieusement la somme de $250 en
paiement final sont: A plusieurs reprises, la niveleuse de la Voirie a
été demandée à mon insu par certains
propriétaires de chevaux de course qui allaient faire leur entrafnement
sur cette piste et demandaient à faire niveler le terrain, toujours
à mon insu ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: M. le Président, le ministre a choisi de parler de
cette question-là. Je trouve qu'il l'a amenée de façon
très mesquine, mais ça, je vais l'oublier.
UNE VOIX: Ne parlez pas de mesquinerie.
M. PINARD: Qu'on me donne la même liberté...
M. JOHNSON: Parlez-en dans votre journal.
M. PINARD: Qu'on me donne la même liberté d'expliquer
exactement ce qui s'est passé. Je demande d'abord au ministre de me dire
qu'il vient de lire, la lettre de M. Laplante.
M. LOUBIER: Il l'a dit tantôt.
M. LAFONTAINE: J'ai dit que la lettre que j'ai lue est une lettre
envoyée par M. Laplante, le 20 mars 1967. Nous avons commencé
à réclamer de M. Laplante $30. M. Laplante a refusé de
payer $30. Nous avons continué, mais je dois vous dire...
M. PINARD: M. le Président, je proteste.
M. LAFONTAINE: ... que lorsqu'on a commencé à
réclamer $30, ce n'était pas dans le temps de l'Union
Nationale...
M. PINARD: M. le Président, je proteste, c'est une question de
règlement.
M. LAFONTAINE: ... c'était dans le temps du parti
libéral...
M. PINARD: Je formule un point d'ordre.
M. LAFONTAINE: ... parce qu'un journal avait sorti ça, dans le
temps des élections.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: M. le Président, est-ce que je pourrais savoir du
ministre si c'est vrai ou faux que le ministre de l'époque, celui qui
vous parle en ce moment, n'a pas été celui qui a ordonné
une enquête dans toute cette affaire et qui a ordonné aux
officiers du ministère de réclamer le plein montant de la valeur
des services rendus à celui qui exploitait la piste de course, M.
Laplante? Que le ministre le dise, en toute vérité.
M. LAFONTAINE: J'ai entendu, tout à l'heure, le
député de Drummond parler de la mesquinerie du
député de Labelle, le ministre de la Voirie.
M. PINARD: Oui, oui.
M. LAFONTAINE: Je demande à Dieu de ne pas avoir celle que le
député de Drummond a.
M. PINARD: Alors, j'aimerais que la Chambre sache que tout ce que vient
de déclarer le ministre actuel de la voirie au sujet de l'utilisation
d'une niveleuse sur la piste de course de Drummondville, l'a été
à mon insu et sans ma permission.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Lorsque la chose a été portée à
mon attention...
M. GRENIER: Vous êtes un moyen ambleur.
M. PINARD: ... j'ai donné des instructions très
sévères au cantonnier d'avoir à cesser d'utiliser la
niveleuse pour les fins de l'exploitant de la piste de course, parce que
c'était contraire aux règlements du ministère et j'ai
ordonné aux officiers de procéder à une enquête pour
savoir qui, par hasard, aurait donné la permission au cantonnier
d'utiliser la niveleuse sur la piste de course, après les heures
régulières de travail. Ce que le rapport d'enquête
démontre fort bien, c'est que j'ai donné instruction aux
officiers de calculer la valeur des services rendus par le ministère sur
cette piste de course et j'ai fait réclamer le plein montant de la
valeur des services rendus à M. Laplante.
Je sais qu'à l'époque il a offert un montant qui a
été refusé. J'ai demandé qu'on lui charge le plein
montant de la valeur des services rendus. Alors je ne sais pas ce qui est
arrivé par la suite, l'élection a eu lieu, et je suis parti du
ministère. C'est au ministre actuel de dire ce qui s'est passé et
de le dire le plus clairement possible pour qu'on ne doute pas de mon
honnêteté dans cette affaire, car le ministre sait fort bien que
tout cela a été fait à mon insu. Le rapport l'indique.
Qu'il le lise au complet, et on verra que l'ancien ministre de la Voirie n'a
rien eu à faire, de près ou de loin, dans cette affaire. Et pour
bien replacer les personnes et les choses dans leur véritable contexte
sur le plan politique puisque le ministre a semblé vouloir faire croire
tantôt que M. Laplante était un de mes organisateurs politiques,
eh bien c'est tout le contraire. M. Laplante n'a jamais été un
organisateur politique pour le parti libéral. Au contraire il a
été un organisateur politique pour l'Union Nationale. Alors, ce
n'est pas une façon de régler les choses que d'amener cette
question devant la Chambre comme l'a fait tantôt le ministre de la
Voirie. Je ne me suis pas occupé de savoir si M. Laplante était
rouge ou bleu à l'époque. J'ignorais que le ministère
utilisait la niveleuse pour des fins privées. J'ai réclamé
le paiement à M. Laplante. Je ne sais pas si le paiement a
été fait, c'est au ministre de nous le dire maintenant.
Voilà le devoir que j'avais à accomplir et je l'ai accompli. Je
pense que le ministre n'a pas de griefs contre moi sur cette question. Le
dossier indique très bien ce qui s'est passé.
M. LAFONTAINE: M. le Président, toute cette mise en scène
origine d'une question du député de Drummond qui s'offusque que
de la machinerie reste dans les garages. Moi, je dis qu'il n'y en a pas qui
reste dans les garages, M. le Président. Il continue à insinuer
qu'il y en a qui reste dans les garages et puis il dit : Le ministre loue
ce n'est pas lui qui est mesquin ah! non le ministre, lui, il
loue de la machinerie de ses petits amis. Je dis ceci, M. le Président,
on utilise au maximum la machinerie du ministère, mais quand on arrive
avec une niveleuse mécanique comme dans le comté de Labelle
l'autre fois, c'est tellement bien structuré, les garages sont tellement
bien organisés qu'en plein centre de Mont-Laurier les deux roues avant
de la gratte ont tombé. Voilà le fouillis qu'on a
récolté du ministère de la Voirie tel
qu'organisé.
M. LESAGE: Vous avez eu un an!
M. LAFONTAINE: Avec les entraves administratives que vous tentez de
mettre au ministre de la Voirie par vos amis qui sont restés au
gouvernement...
M. LESAGE: Quoi?
M. LAFONTAINE: Je m'adresse au chef de l'Opposition, par les entraves
qui...
M. LESAGE: Les entraves?
M. LAFONTAINE: ... viennent du parti libéral, leurs petites
enquêtes dans les corridors, les coups de téléphone qu'on
donne, les pressions qu'on fait sur des personnages: Nous allons revenir au
pouvoir.
M. LESAGE: Le ministre de la Voirie vient de déclarer qu'il
s'adressait particulièrement au chef de l'Opposition.
DES VOIX: Lequel?
M. LESAGE: Il n'y en a qu'un en cette Chambre, et c'est celui qui vous
parle, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Il a soutenu en définitive que le chef de l'Opposition
avait des conversations dans les corridors du parlement, qu'il avait des
conversations téléphoniques avec des fonctionnaires...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: ... pour nuire à l'administration au ministère
de la Voirie. Je nie avoir eu quelque conversation que ce soit en ce qui
concerne l'administration de la Voirie, avec quelque fonctionnaire que ce soit.
Je nie également avoir téléphoné à quelque
fonctionnaire de la Voirie que ce soit, du haut en bas de l'échelle.
C'est ma question de privilège et je demande...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: ... que le ministre retire son accusation et qu'il
cesse...
M. JOHNSON: Qui vous envoie les arrêtés
ministériels?
M. LESAGE: ... de dire qu'il s'adresse à moi.
M. JOHNSON: Qui vous envoie les arrêtés
ministériels?
M. LESAGE: L'accusation du ministre de la Voirie c'est d'avoir eu des
conversations dans les corridors avec des fonctionnaires, d'avoir eu des
conversations téléphoniques avec des fonctionnaires de la voirie
pour nuire à l'administration du ministère de la Voirie. Je nie
formellement avoir eu quelque conversation que ce soit avec les fonctionnaires
du ministère de la Voirie, soit dans les corridors, soit au
téléphone.
M. LAFONTAINE: M. le Président,l'article 285,19 ièmement
m'oblige à prendre la parole du chef de l'Opposition...
M. LESAGE î D'ailleurs, le ministre sait fort bien qu'il ne peut
porter d'accusations.
M. LAFONTAINE: ... qui est avocat et emploie vis-à-vis moi, M. le
Président, une arme, mais j'ai vu le premier ministre sortir, et le
premier ministre est parti chercher les documents qu'on lira tout à
l'heure en Chambre pour le bénéfice de l'honorable chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, l'accusation portée par le
ministre de la Voirie était claire. C'était d'avoir eu des
conversations téléphoniques...
M. LAFONTAINE: M. le Président, l'accusation portée par le
ministre de la Voirie...
M. LESAGE: ... pour nuire à l'administration au ministère
de la Voirie, et je dis que c'est faux.
M. LAFONTAINE: ... est portée contre le parti libéral.
L'accusation portée par le ministre de la Voirie est portée en
face du parti libéral, en Chambre, devant le chef de l'Opposition, pas
à Rivière-du-Loup, comme il l'a fait encore la semaine
passée, quand ses adversaires n'y sont pas et qu'il va prétendre
que si le parti libéral avait été au pouvoir, la route
transcanadienne aurait été finie en 1967. Mensonge
éhonté, M. le Président!
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque mon privilège. La
déclaration que f ai faite à Rivière-du-Loup c'est que la
route transcanadienne aurait été terminée au cours de 1967
entre Saint-Nicolas et Montmagny, et c'est la vérité.
M. LOUBIER: Ah non!
M. LAFONTAINE: Je regrette...
M. LESAGE: C'est ça que j'ai déclaré, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Je regrette, ce n'est pas sérieux.
M. LOUBIER: Il y a deux viaducs qui ne sont même pas faits dans
Bellechasse.
M. LESAGE: ... dans Bellechasse.
M. LOUBIER: Il y a deux viaducs qui ne sont même pas faits dans
Bellechasse et ça aurait été prêt en 1967? Voyons
donc, soyez donc sérieux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Vous n'aviez qu'à les faire l'année
dernière.
M. LOUBIER: Voyons donc
M. LESAGE: Nous les aurions faits,nous.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je comprends que tous les
députés sont très pressés et qu'ils ont hâte
de finir la session, mais je pense que ça ne nous avancera pas de parler
trois ou quatre en même temps. Je les invite donc au calme.
UNE VOIX: C'est le gouvernement qui retarde les travaux dans le
moment.
M. LAFONTAINE: M. le Président, ici dans le Soleil du 7
août 1967, ça ne fait pas tellement longtemps: « La route
numéro 2 est un véritable goulot de bouteille », Jean
Lesage. Je le sais, c'est après six ans d'inactivité
libérale que nous avons hérité de la situation telle
qu'elle existe. Le chef de l'Opposition disait: Les plans du gouvernement
libéral prévoyaient le parachèvement de la route
transcanadienne en 1967...
M. LESAGE: Non, non. M. PINARD: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: ... mais l'immobilisme du gouvernement actuel...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: C'est faux, M. le Président. C'est faux. Small
wood avait raison.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'invite la Chambre à revenir
à l'article 2.
M. PINARD: Alors est-ce que le ministre a des explications à nous
donner sur le montant de $2 millions qu'il demande au budget
supplémentaire pour les services contractuels?
M. LAFONTAINE: M. le Président,la déclaration du chef de
l'Opposition allait plus loin que ça et disait que...
M. PINARD: M. le Président...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Ah, vous ne voulez pas avoir la vérité, M.
le Président! Je ferai une déclaration ministérielle
demain sur les affirmations du chef de l'Opposition.
M. PINARD: M. le Président, je répète ma question
parce que le ministre...
M. LESAGE: Qui vult Jupiter perdere, primo dementat
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Est-ce que le ministre aurait des explications à nous
donner sur les $2 millions qu'il demande comme budget supplémentaire
à l'article services contractuels?
M. LAFONTAINE: M. le Président, est-ce que le
député de Drummond veut que je continue sur le dossier des
courses? Parce que je l'ai ici résumé dans un document. Parce que
tout à l'heure le député de Drummond m'a dit..
M. PINARD: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Je soulève un point d'ordre,M. le
Président.
M. LAFONTAINE: Il voulait poser une question, je vais lui dire
quand...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Si le ministre veut vider la question, je vais la vider avec
lui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: On va vider la question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Oui, si le député de Drummond veut la
vérité...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Avec la même liberté d'expression,
cependant.
M. LAFONTAINE: C'est lui qui a commencé sur le sujet, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Nous sommes au sous-paragraphe 8 de
l'article 2.
M. PINARD: Je voudrais savoir si le ministre va répondre à
la question que je lui ai posée ou s'il entend répondre sur
d'autres choses à propos desquelles je ne l'ai pas
questionné.
M. LAFONTAINE: Laquelle, M. le Président?
UNE VOIX: Les $2 millions.
M. LAFONTAINE: Les $2 millions ou la piste de course?
M. PINARD: Est-ce que le ministre a décidé d'être
sérieux?
M. LAFONTAINE: Les $2 millions ou la piste de course?
UNE VOIX: Les $2 millions...
M. LAFONTAINE: La piste de course, M. le Président, c'est
location d'outillage et c'est pertinent au débat.
M. PINARD: M. le Président..
M. LAFONTAINE: C'est location d'outillage, pour entretien, à part
ça.
M. PINARD: ... je voudrais avoir la même liberté de
réponse que le ministre...
M. LAFONTAINE: Pour entretenir des pistes de course.
M. PINARD: ... a pour m'accuser de toutes sortes de choses qui ne sont
pas prouvées.
M. LAFONTAINE: Non, je ne vous ai pas accusé, mais je
rétablis simplement les faits parce que le député de
Drummond m'a demandé de le faire. Je vais lui établir les faits,
s'il le veut. Maintenant, s'il veut passer à un autre article, je n'ai
pas d'objection.
UNE VOIX: Les $2 millions, pourquoi? M. PINARD: Est-ce que le
ministre...
M. LAFONTAINE: Cela ne m'intéresse pas les pistes de course.
M. PINARD: ... pourrait nous dire si avant 1960 la « gratte
» n'était pas utilisée pour la même piste de course
alors que c'était le même personnage qui exploitait la même
piste de course et que tout cet arrangement-là a été fait
entre...
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: ... celui qui avait la « gratte » et le
propriétaire de la piste de course?...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: M. le Président...
M. PINARD: Non, je l'ai appris une fois que l'enquête a
été faite, à ma demande. C'est comme ça que je l'ai
appris.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Qu'on cesse donc de porter des accusations à la
légère, surtout...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. PINARD: ... quand le dossier indique clairement que le ministre de la
Voirie, à l'époque, n'a absolument rien eu à faire dans ce
domaine.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je pense que l'incident des
pistes de course est terminé.
Nous en sommes au sous-paragraphe 8 de l'article 2.
M. LAFONTAINE : M. le Président, si vous me permettez, le dossier
des pistes de courses est pertinent au débat. M. le Président, je
regrette...
M. COURCY: M. le Président...
M. LAFONTAINE : J'ai répondu à la demande posée par
le député de Drummond...
M. COURCY: Ah! quel respect!
M. LAFONTAINE: ... relativement à la location d'outillage...
M. LOUBIER: D'éclaircir ça.
M. LAFONTAINE: ... d'éclaircir ça. Je ne partirai pas
d'ici aujourd'hui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Mais si...
M. LAFONTAINE: Je suis peut-être loin du chef de l'Opposition,
mais j'ai compris ce que le chef de l'Opposition vient de dire. Beaucoup moins
que lui, M. le Président...
M. COURCY: Si le ministre peut le nier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A moins que ma mémoire ne fasse
gravement défaut, j'ai cru entendre que nous passions au sous-paragraphe
8. Naturellement je ne peux me référer dès maintenant au
journal des Débats, mais il est assez clair, je pense, que nous en
étions au sous-paragraphe 8 et si le sous-paragraphe 7 est
adopté, nous ne pouvons, en vertu de nos règlements y revenir
à moins qu'il y ait le consentement unanime de la Chambre.
M. PINARD: Alors est-ce que le ministre pourrait répondre
à la question que je lui ai posée tantôt? Pourquoi
demande-t-il $2 millions de budget supplémentaire à l'article
intitulé services contractuels?
UNE VOIX: ... de courses...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Cela est brillant.
M. LAFONTAINE : M. le Président, vous avez changé, nous
sommes rendus aux $2 millions, mais avant d'attaquer les $2 millions, je veux
simplement vous préciser quelque chose, M. le Président, c'est
que...
M. PINARD: M. le Président...
M. LAFONTAINE: ... tout à l'heure on a attaqué un
paquet...
M. PINARD: Je formule un point d'ordre.
M. LAFONTAINE: M. le Président, simplement pour vous dire ceci.
Puis il n'est pas question des terrains de courses, il était question
d'un autre sujet qu'on a soulevé, et j'ai pris une note. On a
parlé des employés de la Voirie, M. le Président, qui se
plaignaient. J'ai ici la réponse...
M. PINARD: De la Voirie.
M. LAFONTAINE : Le ministre de la Voirie a dit que les employés
de voirie ne sont pas contents. La preuve, c'est que les syndicats ont fait une
plainte au premier ministre et au ministre de la Voirie.
M. PINARD: ... je n'ai jamais parlé de ça.
M. LAFONTAINE: J'ai ici la réponse, M. le Président. Si le
ministre de la Voirie veut en savoir quelque chose...
M. PINARD: Je formule un point d'ordre. J'aimerais quand même
qu'il soit bien...
M. LAFONTAINE : De toute façon, simplement parce que quand
même, M. le Président, je n'ai pas l'intention d'éterniser
le débat. On va passer à un autre article, mais je n'aime pas par
exemple que le député de Drummond dans une phrase apporte quinze
sujets différents avec des insinuations, M. le Président.
UNE VOIX: C'est de l'obstruction systématique.
M. LAFONTAINE: Oui, malveillante. Alors les $2 millions, M. le
Président, c'est pour faire des couches d'usure...
M. ALLARD: La question...
M. LAFONTAINE : Oui, c'est pour faire des couches d'usure, M. le
Président...
M. PINARD: Vous devriez le calmer, cela lui ferait du bien.
M. ALLARD: Est-ce que sa question... M. CHOQUETTE: Il l'a posée
six fois.
M. LAFONTAINE: Qu'est-ce que c'est la question?
M. CHOQUETTE: Les $2 millions c'est pour faire quoi?
M. LAFONTAINE : Ce n'est certainement pas pour engager des
contremaîtres...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ALLARD: M. le Président, ce n'est pas pour déboiser
dans Montréal non plus.
M. LAFONTAINE : C'est pour poser des couches d'usure sur les grandes
routes de la province...
M. ALLARD: Quel sérieux.
M. LAFONTAINE: ... qui ont souffert d'anémie pendant six
ans...
M. ALLARD: ... et de...
M. LAFONTAINE: ... et présentement on se promène à
la grandeur de la province... je pense bien que l'Opposition libérale le
sait comme nous le savons, qu'il y a certaines routes qui ressemblent à
une peau d'éléphant, M. le Président, tellement le pavage
est oxydé. Alors c'est un strict minimum. Comme strict minimum, on
aurait peut-être pu en demander beaucoup plus que ça, mais tout de
même on va au plus urgent et ces $2 millions que nous demandons vont nous
permettre de mettre des couches d'usure sur à peu près 150 milles
de routes.
M. LESAGE: 150 milles de routes.
M. LAFONTAINE: Il y a la route 3, la route 58 dont le
député d'Abitibi m'a parlé la semaine passée...
M. LESAGE : Oui.
M. LAFONTAINE: Il m'a dit: Ce n'est pas moi qui va te blâmer si
t'es capable d'aller chercher un budget supplémentaire pour
ça.
M. LESAGE: Combien de milles? Est-ce que, sur la route 3, c'est de la
reconstruction ou du pavage d'usure?
M. LAFONTAINE: Couche d'usure, M. le Président.
M. LESAGE: Sur la route 3, est-ce pour mettre une couche de pavage
d'usure, ou s'il y a de la reconstruction et du gravelage?
M. LAFONTAINE: M. le Président, c'est pour mettre une couche
d'usure.
M. LESAGE: Sur combien de milles?
M. LAFONTAINE: Combien de milles? Environ quinze milles de long.
M. LESAGE: C'est près de...
M. LAFONTAINE : Un peu partout dans les sections les plus mauvaises,
à partir de Beauharnois jusqu'à...
M. LESAGE: Bien, Lévis. Cela se rend jusqu'à
Saint-Nicolas.
M. LAFONTAINE: On passe par Verchères.
M. LESAGE: Lévis. Lévis.
M. LAFONTAINE: Lotbinière.
UNE VOIX: Placotage, placotage.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Chambly.
M. LAFONTAINE: Chambly, Huntingdon, c'est dans le fond une route qui
traverse les comtés...
M. LESAGE: Quel est le coût du mille?
M. LAFONTAINE: Cela varie, M. le Président, suivant la distance,
entre $10,000 et $15,000 le mille.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! $10,000 et $15,000?
M. LAFONTAINE: $10,000 et $15,000 le mille suivant la
distance»
M. LESAGE: Malheureusement, j'ai de la difficulté à
comprendre à cause du bruit, mais quand il s'agit de regraveler une
route, ça coûte combien le mille?
M. LAFONTAINE: Cela, ce n'est pas re-graveler une route...
M. LESAGE: Je le sais.
M. LAFONTAINE: ... c'est une couche d'usure et une couche d'usure
coûte entre $10,000 et $15,000 le mille à poser suivant la
distance de l'usine d'asphalte.
M. LESAGE: C'est de l'asphalte ça, mais quand il s'agit de poser
une couche de gravier, de recharger un chemin, ça coûte combien le
mille?
M. LAFONTAINE: Là, ce n'est pas ça, ce sont des couches
d'usure.
M. LESAGE: Il n'y a pas de gravelage?
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas de gravelage là-dedans, c'est
simplement des couches d'usure.
UNE VOIX: L'Opposition est perdue.
M. LESAGE: M. le Président, c'est que...
M. BERGERON: C'est que cinq heures n'est pas arrivé.
M. LESAGE: ...l'explication qui m'a été donnée par
le ministre des Finances parle de rechargement de gravier et non seulement de
couches d'usure.
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'ai dit tout à l'heure
que j'avais demandé beaucoup plus: on m'a donné cela. Alors, ce
qui presse le plus ce sont des couches d'usure. Le gravier, il sera toujours
possible d'en mettre l'année prochaine, mais ça c'était
urgent et si on ne posait pas ces couches d'usure cette année-ci, le
pavage était fini et ça obligeait le ministère de la
Voirie à reconstruire ces sections. A ce moment-là, cela aurait
coûté beaucoup plus, parce que construire une route, M. le
Président, ça varie, évidemment, suivant les normes de la
route, disons de $40,000 le mille jusqu'à $800,000 le mille quand c'est
une autoroute. Mais disons que ça se situe aux alentours de $40,000
à $75,000 suivant le roc, le terrain glaiseux, du sable.
M. LESAGE: Très bien. Ce n'était pas difficile de me
répondre.
M. LAFONTAINE: Bien, c'est ça, mais vous me dites que le ministre
des Finances vous avait dit que...
M. LESAGE: Bien oui, bien oui, je l'ai ici par écrit.
M. PINARD: M. le Président, à même les $2 millions
qui sont demandés, le ministre pourrait-il nous dire combien il entend
consacrer pour les travaux de couches d'usure? Sur le montant de $2 millions,
combien entend-il dé-
penser pour procéder à des travaux de couches d'usure?
M. LAFONTAINE: $2 millions, M. le Président, qu'on vous
demande.
M. PINARD: Ah oui! est-ce que l'explication que nous avons obtenue du
ministre des Finances était complète?
M. LAFONTAINE: Bien oui, écoutez, est-ce que c'est le ministre
des Finances qui répond ou si c'est le ministre de la Voirie? Le
ministre de la Voirie vous dit: C'est $2 millions comme couches d'usure. La
conversation que l'ancien ministre de la Voirie ou le chef de l'Opposition ont
pu avoir avec le ministre des Finances, je n'en sais rien. Lorsque j'ai
demandé au ministre des Finances de m'accorder un budget
supplémentaire, il était question de faire du rechargement de
gravier, des couches d'usure, des traitements de surface pour le montant qui
est indiqué là, M. le Président. Nous avons demandé
un budget supplémentaire plus élevé, nous l'avons
réduit, mais, avec les $2 millions, nous pouvons faire du rechargement
de gravier, des couches d'usure puis des traitements de surface. Si, demain
matin, je décidais de changer d'idée, à même les $2
millions, je pourrais faire $2 millions de gravier. Vous me demandez ce que je
vais faire avec le $2 millions: je vous dis que nous allons faire presque
exclusivement des couches d'usure. Le député de Drummond qui a
été ministre de la Voirie devrait savoir que l'article en
question me permet de faire des rechargements de gravier, des couches d'usure,
et des traitements de surface. Je comprends mal qu'il pose des questions
semblables.
M. PINARD: M. le Président, lorsque j'étais ministre de la
Voirie, je m'arrangeais pour donner les bonnes explications au ministre des
Finances, lorsqu'il se présentait devant la Chambre pour demander un
budget supplémentaire.
M. ALLARD: Des explications! Du verbiage pendant une heure.
M. LOUBIER: Le budget.
M. PINARD: Alors, le ministre des Finances actuel nous a donné
comme explication un document qui a été remis par le ministre des
Finances au chef de l'Opposition, document dont je fais lecture. « A la
suite d'un inventaire des conditions d'état des routes de la province,
le ministère a demandé au gouvernement d'augmenter les
crédits, pour fins de traitements de surface, couches d'usure et de
rechargement de gravier, de $4 millions à $6 millions. De l'avis du
ministère, il est essentiel de procéder immédiatement
à ces travaux si l'on veut empêcher une
détérioration qui pourrait exiger la reconstruction totale d'un
bon nombre de routes. » Donc, les explications valables, quant à
nous, puisque j'ai en main le document en provenance du ministre des Finances
qui a dû, lui, l'obtenir du ministère de la Voirie, c'est que les
$2 millions demandés à l'article « services contractuels
» devraient servir non seulement pour permettre au ministère de
procéder à des travaux de couches d'usure, mais également
à des travaux de rechargement de gravier sur les routes ainsi
qu'à des travaux de traitement de surface.
Alors ma question est celle-ci. Combien, à même les $2
millions sera-t-il dépensé pour l'exécution de ces travaux
qu'on appelle communément couches d'usure?
M. DOZOIS: Le député de Drummond devrait comprendre que,
quand on fait voter un crédit en Chambre, si on ne donne pas toutes les
explications sur ce pourquoi le crédit pourra être employé,
on ne pourrait peut-être pas l'employer pour certaines fins. Sur $2
millions, même si on veut dépenser seulement $1,000 pour du
gravier, il faut le faire voter en conséquence: mais le ministre vient
de vous dire comment il employerait ce crédit. Même s'il peut
l'utiliser pour du gravier, il vient de dire que la très grande
majorité de ce crédit sera utilisé pour des couches
d'usure. Il est évident que, s'il a besoin d'acheter seulement pour $100
de gravier, il faut qu'on le vote pour ces fins-là autrement, on ne
pourra pas l'utiliser même pour $100 de gravier.
M. PINARD: Je comprends très bien que maintenant le ministre peut
avoir changé d'opinion et qu'il est d'opinion qu'il faut dépenser
les $2 millions totalement pour l'exécution de travaux de couches
d'usure.
M. LAFONTAINE: Voyons donc!
M. DOZOIS: Il a dit que la très grande majorité des
crédits seraient dépensés pour des travaux de couches
d'usure.
M. LAFONTAINE: Si le député de Drummond me permet, je vais
lui expliquer quelque chose.
M. PINARD: J'avais la parole.
M. LAFONTAINE: Bien oui, autrement dit, vous êtes encore en train
de travailler contre l'heure, l'horloge, c'est ça que vous attendez
encore.
M. BERGERON: Prenez votre temps.
M. PINARD: Plus nous recevrons des réponses exactes, moins les
questions seront longues et moins elles seront nombreuses.
Il y avait un document émanant du ministère des Finances
sur lequel nous avions raison de nous baser pour poser les questions que nous
avons posées et il arrive que le ministre de la Voirie donne des
explications totalement contradictoires avec les explications qui sont
contenues dans le document que nous avons entre les mains. Cette fois, nous
savons que la grande majorité de la somme des $2 millions sera
dépensée pour permettre au ministère de procéder
à des travaux de couches d'usure. Très bien. C'est une bonne
raison.
M. LAFONTAINE: L'affaire est très simple. Si le
député de Drummond me permet.
Il va comprendre complètement. On s'en va avec une route, disons
la route No 3, dans une section donnée, un « paver » qui met
trois pouces d'asphalte. Si on ne met pas de gravier sur l'accotement, c'est
dangereux pour les accidents. On va faire une couche d'usure sur la route, mais
aussi nous allons transporter un peu de gravier. Mais ça, c'est
accessoire. C'est l'accotement, et l'article que l'on vote est fait pour
ça. Quand on dit qu'on pose une couche d'usure, c'est évident que
c'est pour de l'asphalte principalement, et les accotements deviennent
secondaires. Mais je vois mal qu'on paverait le centre sans mettre une couche
à côté de trois pouces, les gens se tueraient.
M. PINARD: Je sais tout ça.
M. LAFONTAINE: Evidemment, je sais que le député de
Drummond est beaucoup plus spécialiste dans les pistes de course que
dans les couches d'usure.
UNE VOIX: Cela, il connaît ça.
M. PINARD: Le ministre doit savoir que je sais tout ça.
M. LAFONTAINE: Cela ne paraît pas.
M. PINARD: C'est que normalement le bud- get d'entretien se divise en
trois sections, surtout pour l'entretien d'été: les traitements
de surface, les couches d'usure, les rechargements de gravier. Comme
l'explication qui nous est donnée dans le document parlait des trois
articles, il était normal que je pose des questions sur les trois
articles et que je demande au ministre combien, à même les $2
millions, sera dépensé pour les travaux de couches d'usure, pour
les travaux de traitement de surface et pour les travaux de rechargement de
gravier. Le document nous indique que c'est pour les trois à la fois. Le
ministre nous dit maintenant: Ce n'est pas pour les trois à la fois,
c'est simplement pour les couches d'usure et la très grands
majorité de la somme de $2 millions peut être utilisée
à cet effet.
M. DOZOIS: Adopté.
M. PINARD: J'ai très bien compris. Le ministre n'a pas besoin de
faire de dessin.
M. LAFONTAINE: Je pense que le député n'aurait jamais pu
passer son cours d'ingénieur.
M. PINARD: Maintenant, est-ce qu'on pourrait savoir à quel
endroit cette somme de $2 millions sera dépensée? Est-ce qu'il
s'agit de dépenser tout près de $2 millions pour faire des
couches d'usure sur une seule route ou sur plusieurs routes? A plusieurs
endroits de la province ou à quelques endroits seulement?
M. LAFONTAINE: Même si le ministre de la Voirie à l'heure
actuelle est un ingénieur, il marche, il prend des décisions sur
la recommandation de ses ingénieurs. Nous avons nommé deux
ingénieurs analystes, deux ingénieurs qui étaient
ingénieurs de district. Ils sont en train de faire au ministère
de la Voirie ce qui n'a jamais été fait dans le passé,
c'est-à-dire faire l'inventaire de notre réseau routier. Il
n'existe pas, notre inventaire. Il existe, mais il est morcelé.
L'inventaire n'est pas fait, l'inventaire de la machinerie n'est pas fait. Nous
allons procéder sur la recommandation de nos ingénieurs. Il y a
quelque chose de changé au ministère de la Voirie.
Tous les chefs de service ont une rencontre une fois par semaine pour
établir les rouages de l'agenda de la semaine pour tenter que cela
marche de la façon la plus rentable au ministère de la Voirie.
Cela n'existait pas avant. Autrement dit, il y a une cogestion de la part des
hauts fonctionnaires du ministère avec le ministre de la Voirie. Le
ministre de la Voirie prend aujourd'hui des décisions beaucoup mieux
éclal-
rées que l'ancien ministre en avait auparavant. C'est ça
qui est changé.
M. PINARD: Absolument pas.
M. LAFONTAINE: Les couches d'usure dans la province de Québec
seront faites à tous les endroits où les ingénieurs le
recommanderont dans les limites du $2 millions. C'est évident qu'on
pourrait peut-être en dépenser $5 millions, $6 millions, $7
millions, mais c'est à la demande des ingénieurs. J'ai une liste
ici. Je peux peut-être annoncer que probablement nous allons en faire
dans l'Abitibi-Est, dans Argenteuil, dans Arthabaska, dans Beauharnois, dans
Brome, dans Chambly. J'ai une liste à donner. Je peux aussi donner une
partie de l'inventaire.
M. PINARD: Enfin non, je ne demanderai pas au ministre à quel
endroit précisément, mais dans combien de comtés?
Avez-vous une liste, le total du nombre de comtés où des travaux
semblables vont être effectués?
M. LAFONTAINE: La liste que j'ai se totalise à $5 ou $6 millions.
On est obligé de la comprimer encore pour marcher d'après les
possibilités financières de la province. Mais nous faisons notre
possible pour donner le meilleur service de voirie possible à la
population, au peuple. On va au plus urgent.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si la somme de $2
millions demandée en budget supplémentaire va servir à
payer des travaux déjà exécutés ou si ça
servira à payer des travaux qui seront exécutés
prochainement?
M. LAFONTAINE: Non, M. le Président, je dois même dire au
député de Drummond que notre budget n'est pas encore
complètement engagé, mais nous prévoyons en engager plus
pour être capable de faire une planification. Tant que je n'ai pas su que
j'avais $2 millions, j'étais un peu mal pris avec le solde du budget qui
me restait. Est-ce que je fais ça ou ça? Si on a deux millions de
plus, on va en faire un peu plus long. C'est justement pour ça que nous
avons demandé un budget de $2 millions, même si le budget n'est
pas tout engagé.
M. PINARD: La somme de $2 millions demandée devrait
raisonnablement être dépensée vers quelle époque?
Est-ce que ce sont des travaux qui vont être amorcés très
bientôt?
M. LAFONTAINE: M. le Président, le plus tôt possible en
tant que je suis concerné.
M. ALLARD: Adopté.
M. PINARD: Il y a un autre article. On demande $1 million à titre
de subventions pour les travaux municipaux. Est-ce que le ministre pourrait
nous donner des explications sur cette dépense de $1 million?
M. ALLARD: Disons que nous avons présentement au ministère
de la Voirie pour peut-être $10 millions de demandes de subventions pour
les municipalités. Alors, nous tentons d'améliorer un peu la
situation, et le ministre des Finances a eu la condescendance d'accepter la
proposition du ministre de la Voirie, et je le remercie au nom de toutes les
municipalités de la province de Québec.
M. LESAGE: C'est du pavage principalement dans des rues...
M. LAFONTAINE: M. le Président, ce peut être du gravelage
ou du pavage dans les rues.
M. LESAGE: Dans les rues des municipalités?
M. LAFONTAINE: Dans les rues des municipalités. Autrement dit, ce
sont des travaux qui se font sur des chemins que le ministère de la
Voirie n'a pas à son entretien.
M. LESAGE: Ordinairement des rues. M. ALLARD: Adopté.
M. LAFONTAINE: Ce peut être des rues,ce peut être des
chemins, ce peut être des routes. Ce n'est pas nécessairement
seulement des rues.
M. PINARD: Est-ce que le ministre pourrait nous dire si la somme de $1
million qu'il demande en budget supplémentaire pour le paiement de
subventions aux municipalités sera distribuée aux
municipalités qui en ont fait la demande au cours de 1965/66, parce que
tous les ans, il y a une avalanche de demandes des municipalités pour
ces subventions de cette nature. Alors, est-ce que c'est pour payer des
engagenemts déjà pris par le ministère puisqu'il en
restait, je pense, envers les municipalités ou s'il s'agit de nouveaux
engagements pris par le ministère actuel envers les municipalités
qui ont fait la demande de subventions?
M. LAFONTAINE: Disons que nous avons respecté les engagements du
parti libéral. Nous payons encore des engagements du parti
libéral.
M. LAPORTE: Ce ne sont pas les engagements du parti libéral. Ce
sont les engagements du gouvernement de la province de Québec.
M. LAFONTAINE: Bien oui, mais je dis du parti libéral parce qu'on
a refusé, moi, après 1960, de respecter un engagement pris par
l'Union Nationale. J'ai un dossier ici...
M. LAPORTE: Cela ferait encore un bien long débat, ça.
C'est correct.
M. LAFONTAINE: On pourrait partir un autre débat, mais je tiens
à dire au député de Drummond qu'en 1960, lorsqu'il a
été nommé ministre de la Voirie, il n'a pas
respecté les engagements de son prédécesseur tandis que je
peux lui assurer, aujourd'hui, avoir respecté tous les engagements que
l'ancien ministre de la Voirie avait pris, parce que c'étaient des
engagements du gouvernement...
UNE VOIX: Des engagements du gouvernement, du parti
libéral...
M. LAFONTAINE: ... même faits la veille de l'élection, le 3
juin, par télégramme, dans le comté de Bellechasse...
M. LESAGE: Correct.
M. LAFONTAINE: ... par un ancien sous-ministre de la Voirie.
M. LAPORTE: Est-ce qu'ils ont fait des travaux?
M. LAFONTAINE: Le télégramme...
M. LAPORTE : C'est lui qui retarde ses crédits.
M. LAFONTAINE: ... a été distribué partout par le
candidat libéral dans Bellechasse le dimanche...
M. LESAGE: M. le Président, adopté.
M. LAFONTAINE: Il avait assez peur. Il fallait gagner le comté de
Bellechasse.
DES VOIX: A l'ordre!
M. LAFONTAINE: Par télégramme, on a donné une
subvention...
M. LACROIX: Vous parlez de choses que vous ne connaissez pas.
M. LAFONTAINE: ... à deux heures et trente -quatre, de
l'apres-midi. Le télégramme est signé par le
sous-ministre.
M. LACROIX: Vous parlez à travers votre chapeau.
M. LAFONTAINE: ... parce que probablement ils ont pensé que
c'était une autre journée. C'était marqué: «
Lettre suivra. » Il était aussi bien d'écrire la lettre
tout de suite, parce que le samedi, la Voirie ne travaille pas et le dimanche
non plus. Mais il y avait une chose qui était importante, on votait le
dimanche.
M. LESAGE: Adopté?
M. LAFONTAINE : Oui, le candidat était un nommé
Lacroix.
M. LESAGE: Recommencez.
M. ALLARD: Il a été battu malgré ça.
M. LACROIX: C'était un honnête homme.
Il y avait une différence avec le député
actuel.
M. PAUL (président): A l'ordre!
M. LOUBIER: Lui qui s'est présenté trois fois à des
conventions dans Bellechasse et même les libéraux de Bellechasse
n'en voulaient pas, imaginez-vous donc!
M. LACROIX: Vous êtes encore malhonnête...
M. LOUBIER: Tous ceux qui le connaissaient dans Bellechasse...
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que les
résolutions adoptées par le comité des subsides soient
maintenant lues, reçues et adoptées. Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. DOZOIS: M. le Président, je comprends que le chef de
l'Opposition consent à ce qu'on inscrive toute la procédure pour
suspendre les débats en cours du comité des voies et moyens, la
proposition d'aller en comité des voies et moyens et la
présentation du bill.
M. LESAGE: Ce sera les trois lectures.
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Entendu.
M. HYDE: Que le ministre des Finances souligne la
coopération...
M. DOZOIS: Oui, eh bien, admettons que c'est une coopération qui
va raccourcir de cinq minutes le débat qui a duré trois heures et
demie.
M. LESAGE: Eh bien! cela dépend. Nous pourrions faire des motions
de non confiance. Si nous voulions réellement faire de l'obstruction, ce
serait le temps.
M. PINARD: On verra si ce sont des travaux d'élection.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose la
première lecture, la formation du comité, la réception du
rapport des comités, la 2e lecture préalable et la 3e lecture du
bill 92, Loi octroyant à Sa Majesté les deniers requis pour les
dépenses du gouvernement pour l'année financière se
terminant le 31 mars 1968 et pour d'autres fins du service public. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: Vingt-quatre.
Messages du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Qu'il me soit permis de communiquer à
cette Chambre deux messages reçus du Conseil législatif. «
Conseil législatif, le 11 août 1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants)
Bill 22 intitulé, Loi concernant certains organismes du
gouvernement du Québec:
Bill 89 intitulé, Loi modifiant la Loi pour prévoir une
exploitation rationnelle de certains territoires forestiers:
Bill 91 intitulé, Loi de la bibliothèque nationale du
Québec.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. » « Conseil législatif, le 11 août
1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements, qu'il la prie
d'agréer, les bills suivants:
Bill 80 intitulé, Loi du ministère des institutions
financières, des compagnies et coopératives:
Bill 81 intitulé, Loi modifiant certaines dispositions
législatives concernant les placements de biens.
Attesté, Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. »
M. BERTRAND: Bill 83.
M. LE PRESIDENT: Bill 81, Loi modifiant certaines dispositions
législatives concernant les placements de biens, et bill 80, Loi du
ministère des institutions financières.
M. BERTRAND: Bill 81, il s'agit d'un amendement mineur « dans les
douze mois » au lieu de « l'année ».
M. LESAGE: Le bill 81, ce sont des changements de rédaction
seulement. Bill 83, nous n'avons pas reçu le message.
M. JOHNSON: Le bill 35, l'avez-vous?
M. LE PRESIDENT: Les amendements adoptés par le Conseil
législatif sur les bills 80 et 81 sont-ils reçus et
adoptés?
M. LESAGE: Oui.
M. LESAGE: Bill 35, est-ce qu'on pourrait aller en comité?
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement de M. Ilyde
à la motion de M. Bertrand proposant que le bill 67 intitulé, Loi
modifiant la charte...
M. JOHNSON: Non, non, permettez, M. le Président.
M. LESAGE : Nous allons prendre quelques minutes en comité pour
le bill 35.
M. JOHNSON: D'accord. On pourra de consentement revenir à...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: ... on pourra, de consentement, entreprendre l'étude
des amendements au cours de la séance.
M. LESAGE: Au bill 35, nous allons aller en comité. J'ai quelques
explications à demander.
M. JOHNSON: D'accord.
M. BERTRAND: Bill 83.
M. LESAGE: Pour le bill 83, le message ne nous est pas parvenu, je
crois.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE : Ah! c'est vous qui l'avez?
Message du Conseil législatif
« Conseil
législatif le 11 août 1967.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec certains amendements qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill no 83 intitulé Loi modifiant la loi de la Régie des
alcools.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif. »
M. LESAGE: Changement de rédaction.
M. BERTRAND: Il s'agit tout simplement d'amendements de concordance et
on remplace, dans un des alinéas a l'article 13 amendant l'article 93,
le mot « administrateur » par les mots « le conseil
d'administration » et les autres sont des amendements de concordance.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Les amendements adoptés par le Conseil
législatif sur le bill 83 sont-ils reçus et agréés?
Adopté? Adopté.
M. LESAGE: D'accord. M. JOHNSON: Numéro 24, M. le
Président.
Bill no 67
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement de M. Ilyde
à la motion de M. Bertrand proposant que le bill 67 intitulé, Loi
modifiant la charte de la Commission des écoles catholiques de
Montréal soit maintenant lu la deuxième fois, lequel amendement
se lit comme suit: Que la motion en discussion soit amendée en
retranchant le mot « maintenant » et y ajoutant les mots «
dans trois mois »,
L'honorable ministre du Travail, de l'Industrie et du Commerce.
M. Maurice BellemareM. BELLEMARE: M. le Président, ma
très courte intervention d'hier soir m'a valu une large publicité
de la part des journalistes de la télévision, de la radio et
c'est probablement à cette suite que j'ai reçu de nombreux
témoignages de félicitations, télégrammes et
téléphones pour me louer et me féliciter d'avoir
montré l'inaction du parti libéral depuis... Je voudrais dire que
ma modestie en a été...
M. PINARD: Eloges par lui-même! M. LAPORTE: Purement
offensée!
M. BELLEMARE: ... et je n'ai pas besoin de vous dire que cette question
que nous considérons comme une question très importante aurait
dû recevoir de la part des membres de l'Opposition un autre traitement
que celui que nous lui faisons subir présentement.
On a essayé d'en faire un espèce de bill de fin de session
pour montrer la vigueur extraordinaire de l'Opposition qui a été
pendant toute sa durée assez faible. Les journaux l'ont reconnu, les
éditorialistes ont dit: Quelle sorte d'Opposition terrible qui nous a
déçus, et maintenant a la fin de la session, sentant venir les
quelques heures qui restent, on a voulu faire une cause type, d'un bill, pour
essayer de prouver qu'ils sont vigoureux. Mais n'allez pas croire, c'est le
vieil âge et ils ont sûrement subi, dans l'opinion publique, le
jugement qu'ils méritaient. Non! remettre à trois mois, comme
disait l'honorable député de Westmount... Je disais hier dans ma
brève intervention que nous avons pris une attitude, nous avons
apporté ce bill à la Chambre, nous l'avons soumis à
l'étude: il subit présentement sa deuxième lecture afin de
connaître l'opinion de ces législateurs, de ces hommes qui sont
ici pour rendre jugement. Nous avons apporté aussi des modifications,
des amendements et nous les avons distribués à tout le monde sans
aucune arrière pensée. Nous avons dit: Voici, nous agissons en
plein jour, nous avons, comme des bons administrateurs, comme un gouvernement
responsable de la chose publique, nous avons dit: Voici les faits. Nous avons,
sur la suggestion de l'Opposition, apporté aussi certains amendements
que nous avons cru nous aussi, comme parlementaires, devoir coopérer et
nous avons sûrement prouvé notre bonne foi.
Il ne s'agit pas de faire une chicane quand il s'agit d'un domaine aussi
important que celui de l'éducation. D'ailleurs, M. le Président,
vous avez vu personnellement et vous avez dû les lire, les commentaires
qui ont été faits dans les journaux annonçant la
convocation d'un comité tout spécial composé d'un nombre
de membres
fort représentatifs représentant plusieurs secteurs de
l'administration des commissions scolaires de Montréal, des parents et
de divers autres groupements. C'est démocratique. Nous n'avions pas
besoin, je pense, de le faire. La loi l'autorisait sans ça, mais nous
avons voulu prouver notre bonne foi et je pense que dans ces domaines de
restructuration, de régionalisation et surtout de
démocratisation, nous avons prouvé à la province que nous
étions excellemment bien orientés, surtout bien
intentionnés. Nous n'avons pas voulu nous imposer à personne et
c'est faux de répéter, comme on a essayé de le faire
croire pendant un débat qui a duré quelques heures, que nous
étions mal intentionnés.
Je suis fier, de mon siège, aujourd'hui, de rendre un
témoignage bien mérité à cet homme extraordinaire
qu'est le ministre de l'Education. Il a fait un travail de géant. Il
s'est donné tout entier, comme un véritable apôtre,
à l'éducation, sans rechercher la publicité, lui donnant
son temps, son coeur, sa santé au détriment de bien d'autres
choses qu'un ministre peut s'accorder au point de vue des joies familiales.
Il a travaillé. Il a prouvé, pendant ces vingt
années qu'il a passées ici en cette Chambre, son
honnêteté intellectuelle et parlementaire. Il a agi de bonne foi
et nous lui rendons de la part de toute la population, un témoignage
qu'il mérite sincèrement.
Ce comité sera à l'oeuvre immédiatement, puisque le
mandat est expressément...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Oui, je sais, M. le Président, je reviens à
trois mots... à trois mois.
M. LAPORTE: Trois mots en dehors du sujet.
M. BELLEMARE: M. le Président, jelaisse les trois mois. J'aurai
l'occasion, lors d'une autre motion qui est entre les mains d'un
député libéral de dire ce que je pense d'une autre motion
qui s'en vient. Je n'ai pas besoin de vous dire que mon information est bonne
et j'avais pensé le dire tout de suite, mais maintenant que je connais
la teneur de l'autre motion qui s'en vient, je vais réserver mon droit
de parole et je n'entrerai pas dans le sujet que j'allais attaquer. Mais nous
avons, je pense, prouvé notre honnêteté comme de bons
parlementaires, comme un bon gouvernement. Nous avons agi de bonne foi et nous
sommes de ceux qui veulent le plus coopérer dans la province afin de
donner à Montréal, à toute la population de
Montréal un véritable sens au mot « démocratisation
» et non seulement poser des gestes dans de grands rapports, de grands
écrits, mais agir. Agir dans le sens voulu, désiré,
attendu depuis plusieurs années par les associations et
particulièrement les parents.
Nous allons faire un travail gigantesque et vous verrez, M. le
Président, lorsque nous accomplirons ces oeuvres bienfaisantes dans le
domaine éducationnel, l'Opposition nous critiquer, encore et dire: Mais
ce n'est pas parfait, ce n'est pas ça que vous devriez faire. Mais
qu'importe, nous allons travailler dans un esprit de construction. Nous allons
travailler dans un esprit de restructuration. Nous allons demander l'aide de
tous les corps intermédiaires qui voudront coopérer avec nous
afin d'atteindre ce but. Ce n'est pas une chicane qui doit être faite sur
la place publique quand il s'agit de l'éducation de nos enfants, qu'ils
soient de Montréal ou de Saint-Jean-des-Piles, qu'ils soient du
comté de Lotbinière ou du comté de Matapédia.
C'est une politique générale d'avancement qu'il s'agit
d'établir pour le plus grand bénéfice de ceux qui ont
besoin aujourd'hui de cette éducation nécessaire. Nous n'avons
pas, comme ce fut le cas dans bien des législations qu'avait faites
précédemment le gouvernement de l'Union Nationale, mis la hache
comme ils l'ont fait eux en 1960...
UNE VOIX: A l'ordre!
M. BELLEMARE: ... dans des législations qu'on avait
établies. Non, nous avons respecté...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je voudrais saisir l'occasion qui se
présente pour inviter les honorables députés qui
participeront au débat à relire ou à se rappeler les
dispositions de l'article 272 qui traite de la pertinence des remarques avec
l'amendement ou la motion à l'étude. Actuellement je sais
qu'il est difficile de le faire, mais, autant que possible, nous devons et j'en
ai l'assurance tous les honorables députés collaboreront
en ce sens pour que les remarques se rapportent exclusivement à
l'opportunité ou non de retarder l'étude du présent bill
à trois mois. Et lorsque nous aurons disposé de cette question,
s'il y a d'autres amendements ou d'autres motions qui viennent se greffer
à l'amendement principal, à ce moment-là, nous pourrons
traiter du sujet prévu par l'amendement ou la motion. Alors, à
l'avance, je remercie tous les honorables députés qui voudront
collaborer. Je demande leur indulgence si je suis quelques fois ou si je serai
dans l'obligation de leur rappeler ces dispositions assez imperatives de notre
règlement,
M. BELLEMARE: M. le Président, lex, dura lex, je me soumets.
M. LESAGE: Dura lex sed lex!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Qu'il me soit permis de rappeler à
l'honorable ministre du Travail que seulement le français et l'anglais
sont tolérés dans cette Chambre.
M. BELLEMARE: Mutatis mutandis dans nos règlements, on va faire
abolir ça. On va faire enlever ça dans nos règlements, M.
le Président.
M. LESAGE: Une chose qui irait bien au ministre du Travail, c'est
« Ego nominor leo ».
M. BELLEMARE: Ah oui! ça, c'est instruit. M. LESAGE: Je m'appelle
le lion. M. BELLEMARE: Ook elabon polin...
M. LESAGE: Ah! cela, c'est en grec. C'est en grec.
M. PINARD: Est-ce que le ministre peut continuer la phrase?
M. GERENT-LAJOIE: Il connaît ça, le grec.
M. BELLEMARE: C'est de valeur, M. le Président, je continue dans
le français le plus pur possible à dire que ce que nous
recherchons, je le crois, tout le monde dans ce parlement, tous ceux qui ont
véritablement l'idée aujourd'hui d'aider la jeunesse de demain
à se parfaire et à obtenir dans la société un
avancement et connaître un climat meilleur dans les positions et dans les
professions vers lesquelles ils se dirigeront. Nous voulons tous collaborer et
nous l'avons fait. Nous avons, en vertu de la motion de trois mois,
prouvé que, lorsqu'il a été question dans cette Chambre du
bill 60, nous avons collaboré. Cela n'a pas été fait en
vertu d'un amendement à trois mois, mais nous l'avons offert notre
collaboration la plus entière afin d'assurer dans la province, justement
ce que nous recherchons tous, d'abord pour le plus grand bénéfice
de nos enfants, une meilleure éducation, une meilleure instruction et un
meilleur avenir.
M. le Président, je sais que les honorables amis d'en face font
ça seulement pour essayer d'étirer le temps. Je le sais, mais
vous ne devriez pas faire ça, ce n'est pas bien. Non, M. le
Président, ce n'est pas bien. Tout le monde s'en aperçoit dans la
province. Même il y a des édi- toriaux qui ont été
écrits. « L'Opposition fait de l'obstruction systématique
». Il y en a qui ont écrit ça. Ce n'est peut-être pas
bien vrai, mais il y en a qui ont écrit ça. Ce n'est pas bien, M.
le Président. Je sais que dans le parti uni de l'Opposition qui reste,
il y a des membres qui ne suivent pas les directives de leur chef. Cela on
connaît ça. On sait lesquels, mais ceux au moins qui restent avec
lui, ils devraient le suivre et surtout prendre ses avis. Je sais que le chef
de l'Opposition est obligé de faire cette opposition
systématique. Il est forcé par certains de ces
députés. Je le sais, ça. J'entends parler en
arrière. Les gens me disent: Il voudrait bien finir, lui aussi, mais il
y en a qui ne veulent pas.
Ils sont partis, ils veulent réellement continuer le
débat, mais je dis au chef de l'Opposition: Faites donc un
maître...
M. LEFEBVRE: Est-ce que le ministre du Travail me permet une
question?
M. BELLEMARE: Allez voir, et puis dites donc à vos
députés: C'est dans l'intérêt public, nous
allons...
M. LEFEBVRE: Vous êtes complètement hors d'ordre, me
permettez-vous une question?
M. BELLEMARE: Si je suis hors d'ordre, vous n'êtes pas dans
l'ordre, vous non plus.
M. LEFEBVRE: Non, non, mais je veux vous poser une question qui va vous
y ramener.
M. BELLEMARE: Alors, je vais revenir au sujet: vous poserez une question
tout à l'heure.
M. LEFEBVRE: Non, mais je vous la pose avant.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LEFEBVRE: Je veux vous poser une question pour vous aider à
préciser une pensée que vous avez exprimée tout à
l'heure.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LEFEBVRE: Est-ce que vous permettez la question?
M. BELLEMARE: Certainement. Certainement.
M. LEFEBVRE: Ah, c'est bien. Alors, M. le Président, je veux
être sûr d'avoir bien enten-
du et bien compris. J'ai cru entendre que le ministre avait dit que les
problèmes d'éducation ne devaient pas se discuter sur la place
publique, est-ce que j'ai bien compris le ministre?
M. BELLEMARE: Quand je dis sur la place publique, c'est-à-dire de
ne pas faire de la politique partisane.
M. LEFEBVRE: Ah!
M. BELLEMARE: De ne pas faire de la politique partisane. Le
député d'Ahuntsic n'était pas ici, mais l'honorable
député de Vaudreuille sait, si on avait voulu, à un moment
donné, pendant les années qu'on a été dans
l'Opposition, faire de la partisanerie avec certains bills de
l'éducation... jamais, jamais. Les crédits, par centaines de
millions, sont passés devant la Chambre. Pour coopérer avec le
pouvoir, nous avons consenti à l'étude de ces crédits dans
une atmosphère sereine, une merveilleuse collaboration. Aujourd'hui que
l'on continue d'appliquer dans la province un certain nouveau mode d'action,
nous demandons aux membres de l'Opposition de ne pas s'ériger en
opposition systématique contre quelque chose en quoi nous croyons, nous
au pouvoir, et qui avons la responsabilité d'agir. Nous voulons
démocratiser, nous voulons moderniser, nous voulons restructurer, mais
dans un ordre de choses raisonnables, par étapes bien pensées et
nous voulons nous y appliquer en vertu des amendements dont je n'ai pas le
droit de parler, mais dans un temps limité. Cela doit s'accomplir
très rapidement. Pourquoi s'acharner à faire une pression,
à développer des fronts communs, pourquoi ça? Pour sortir
d'un mauvais pas un parti politique? Je dis que c'est impensable de ces
honorables messieurs. Je dis que c'est impensable: une motion à trois
mois, c'est ni plus ni moins qu'une sentence de mort, un enterrement de
première classe, comme dit mon collègue.
M. le Président, nous voulons véritablement faire quelque
chose. Si, à l'attaque qui s'était dessinée en vertu du
bill 60, nous avions voulu faire de l'obstruction quant à l'application
des 55 régionales, nous aurions pu dire: Mais le ministre qui
présente son bill n'a devant lui aucun document précis, sauf le
rapport Parent. Non, nous avons fait confiance au gouvernement et il a parcouru
la province, il est allé partout prêcher la politique qu'il
préconisait. Eh bien, ça prouve que l'opinion publique, à
ce moment-là, n'était pas prête, puisque le ministre
lui-même s'est déplacé avec une équipe de son
personnel pour aller dire à tout le monde ce qu'é- taient
véritablement les normes qu'il recherchait. Est-ce que l'Opposition
d'alors a fait un débat par une opposition systématique en
disant: Non, vous cherchez un autre but: nous allons vous tenir jusqu'à
la dernière des extrémités, afin de dire dans les journaux
de demain à la radio et à la TV on les a tenus jusqu'à la
dernière minute?
Bien, ce n'est pas un bon principe parlementaire. M. le
Président, j'ai vécu dans cette Chambre pendant plusieurs
années, j'ai vu des débats très acerbes, j'ai vu des
prises de position par certains partis politiques qui n'ont rien donné.
M. le Président, si vous me le permettez, simplement parce qu'à
cet âge-là vous étiez peut-être très jeune, je
me souviens d'une prise de position par un parti politique qui était
dans l'Opposition du temps concernant l'Iron Ore. Nous avons été
neuf semaines en Chambre, jour, et nuit, à faire passer l'Iron Ore et
qu'est-ce que c'a prouvé? Que nous avions raison. Le
développement gigantesque de la province, les centaines de milliers de
nouveaux emplois, les capitaux par milliards qui ont été investis
chez nous.
Non, M. le Président, je vous demande de me laisser revenir
à mes trois mois mais je dis qu'actuellement, ceux qui vont se
discréditer le plus dans l'opinion publique, ce ne seront pas ceux qui
ont consenti aujourd'hui de bonne grâce à apporter des amendements
sérieux, ce ne sont pas ceux qui, après avoir consulté
leurs collègues, avoir consulté les experts ont
décidé de certains nouveaux amendements, non. Il y a là
tout un champ d'activités qu'il faut remplir véritablement, qu'il
faut se décider d'occuper et pour ça, nous le
répétons et le ministre l'a dit, le premier ministre l'a
répété: Nous sommes en faveur de la
démocratisation, de la restructuration de la commission scolaire de
Montréal. Nous voulons y pourvoir, nous voulons donner aux enfants un
meilleur quotient, nous voulons réellement faire avancer
l'éducation et la développer comme il se doit à
Montréal. C'est pour ça. Il y aura un comité qui y
pourvoira, un comité qui n'a pas un mandat très long, bien plus
que trois mois. Un mandat qui est très court, qui devra fournir
immédiatement aux Chambres pour que nous puissions agir, les notions et
surtout les détails qui nous manquent et dont nous avons besoin.
J'ai donc, je demande encore une fois à l'honorable
député de Vaudreuil-Soulanges et à ceux qui prendront la
parole d'ici à demain matin, pardon, d'ici à ce soir...
UNE VOIX: Vous avez l'air préparé.
M. BELLEMARE: Je m'excuse, c'est un lapsus.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que je pourrais demander au ministre par votre
entremise si le ministre leader de la Chambre...
M. BELLEMARE: A fini?
M. GERIN-LAJOIE: ... vient de nous annoncer véritablement le
programme gouvernemental pour ce soir?
M. BELLEMARE: Non, c'est un lapsus. Je me suis échappé
parce que, l'autre soir, je ne pensais pas siéger et j'ai
siégé. Là, je sais que tous ceux qui vont adresser la
parole vont le faire dans un bon esprit et que nous allons revenir au bon sens.
Nous allons revenir à l'acte de foi qu'il faut poser devant un
gouvernement sérieux, un gouvernement qui veut réellement faire
quelque chose, devant un ministre strictement honnête, un ministre qui a
prouvé qu'il n'est pas là pour débâtir personne, qui
n'est pas là pour débâtir ni les oeuvres ni les hommes mais
qui est là pour assurer un système selon un grand rapport qui a
été fait, qui a duré des années et que nous
essayons d'appliquer le plus concrètement possible.
Je dis donc en terminant que cette motion de non confiance, cette motion
qui a certainement comme mobile de remettre à plus tard et de faire
mourir le bill ne devrait pas être adoptée par cette Chambre.
M. JOHNSON: Il a été convenu entre le chef de l'Opposition
et moi-même qu'à ce moment-ci nous pourrions interrompre la
séance, aller en comité pour discuter des amendements
apportés par le Conseil au bill No 35.
Amendements au bill no 35
M. LESAGE: C'est entendu. Nous avons eu cette entente. J'attire votre
attention sur le fait cependant que le député de
Vaudreuil-Soulanges était debout pour participer au débat sur la
motion du député de Westmount lorsque le premier ministre a
signalé l'entente intervenue.
M. LE PRESIDENT: De consentement, le député de
Vaudreuil-Soulanges pourrait demander et obtenir l'ajournement du
débat.
L'honorable ministre de la Justice propose l'examen des amendements du
Conseil législatif au bill 35 intitulé Loi concernant le
placement des biens d'autrui.
M. BERTRAND: En comité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour l'étude des amendements adoptés par le
Conseil législatif au bill 35, Loi concernant le placement des biens
d'autrui. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. BERTRAND: Quels sont les articles sur lesquels il voudrait obtenir
plus d'informations.
M. LESAGE: Je voudrais demander au ministre, peut-être au ministre
des Finances, ce qu'il pense des amendements restrictifs apportés par le
Conseil. Le premier amendement restrictif concerne le paragraphe d, à
l'article 2, d de 981-0, et concerne les obligations comportant
évidemment hypothèque. Et l'on exige que l'hypothèque soit
de premier rang. Est-ce que le ministre ne trouve pas que c'est un peu trop
limitatif?
M. BERTRAND: On avait indiqué placement sur hypothèque
tout simplement et on a voulu préciser de premier rang.
M. BOURASSA: Mais si c'est couvert à 75%?
M. LESAGE: Bien oui, mais est-ce qu'on ne pense pas que c'est trop
restrictif?
M. BERTRAND: Quand il s'agit d'obligations, on exige exactement ce qu'on
exigeait dans l'autre cas. Que ce soit de premier rang.
M. LESAGE: Evidemment, si le gouvernement en prend la
responsabilité, c'est très bien, mais c'est une restriction peu
ordinaire dans le placement des biens.
M. BERTRAND: C'est exactement, oui... je le retrouve à la page 3
du bill, paragraphe 2, lorsqu'il s'agit...
M. LESAGE: Oui, mais c'est dans le cas des hypothèques. Ici, nous
sommes dans le cas des obligations.
M. BERTRAND: ... d'une hypothèque de premier rang. Alors, on
applique exactement la même règle quand il s'agit d'obligations.
On le trouve à la page 3.
M. LESAGE: Enfin, je laisse au gouvernement sa responsabilité,
mais je trouve que c'est
être joliment conservateur. Les amendements 981-0 sont
apportés pour élargir le champ des placements permis et si on
apporte des restrictions constamment, à chaque détour, des
restrictions nouvelles...
M. BERTRAND: Oui, mais disons que ce ne sont pas des restrictions
majeures. Le bill est au Conseil, on le sait, depuis passablement longtemps. Il
a été examiné par le leader de l'Opposition au
Conseil...
M. LESAGE: Bien oui, je sais ça.
M. BERTRAND: ... et le leader du gouvernement.
M. LESAGE: Nous ne sommes pas nécessairement de la même
opinion lorsqu'il s'agit du placement des biens, le leader de l'Opposition au
Conseil et moi.
M. BERTRAND: Non, je l'admets, mais cela a été long,
laborieux et les informations qu'on m'a transmises étaient qu'on voulait
aller encore beaucoup plus loin que ça, que le leader libéral au
Conseil législatif voulait être encore beaucoup plus conservateur
qu'on ne l'a été.
M. LESAGE: Le leader libéral au Conseil législatif sait
que je ne partage pas son opinion là-dessus.
UNE VOIX: Nous sommes à l'Assemblée
législative.
M. LESAGE: Après tout, c'était un bill du gouvernement et
le gouvernement était prêt...
M. BERTRAND: D'autre part, je l'ai déclaré, voilà
un bill qui et le chef de l'Opposition le sait avait fait l'objet
d'études par un comité. Il avait lui-même apporté un
bill. C'est un bill qui a une longue histoire. Et nous avons, à l'heure
actuelle, l'Office de revision du Code civil qui pourra, s'il y a lieu,
reprendre ce problème-là et à l'occasion de la revision,
eh bien, grand Dieu, nous pourrons l'amender.
M. LESAGE: Je suis sûr que les préoccupations de ceux qui
revisent le Code civil se portent beaucoup moins sur 981-0 que sur les aspects
de « civilisme » du Code.
M. BERTRAND: Mais disons que le problème pourrait être
quand même réexaminé par...
M. LESAGE: Oui, mais c'est bien restrictif. UNE VOIX: Il y a un autre
article.
M. LESAGE: Oui, on y arrive. Alors, sur division celui-là.
M. BERTRAND: Les autres sont des amendements mineurs de concordance.
M. LESAGE : De premier rang, il y en a deux.
Alors, au sous-paragraphe 3 du paragraphe d de 981-0. Au lieu d'exiger
que les dividendes...
M. BERTRAND: Oui, au lieu de retenir...
M. LESAGE : On exige qu'un dividende d'au moins 4% de la valeur
comptable ait été gagné et versé. Alors que dans le
texte du bill tel que nous l'avons adopté ici à
l'Assemblée législative, il s'agissait d'un rendement net
seulement. Il n'était pas nécessaire que ce soit totalement
versé, une partie pouvait être allée à la
réserve.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE : Alors, je crois que là-dessus, le
député de Mercier a des...
M. BOURASSA: Encore là, cela restreint de façon qui peut,
dans certains cas, être abusive, des possibilités de ceux qui ont
des placements à faire. Parce qu'on se trouve à créer un
obstacle dans la politique de la compagnie elle-même. Il peut être
fort profitable et avantageux pour une compagnie de ne pas distribuer des
dividendes durant un certain nombre d'années, pour des raisons
d'investissement, pour des raisons de modernisation, qui en fin de compte se
trouve à solidifier et a renforcir l'entreprise. Alors, si on exige un
versement des dividendes, on se trouve à décourager cette
incitation au renforcement ou à l'augmentation de la productivité
de l'entreprise, qui peut résulter du fait que les dividendes ne sont
pas distribuées mais plutôt réinvesties dans
l'entreprise.
Alors, je pense que cet amendement était superflu et se trouve
à être nocif pour ceux qui veulent placer des biens dans des
entreprises dynamiques, mais qui, pour toutes sortes de raisons que je viens de
mentionner, ne versent pas de dividendes.
M. LESAGE: Je trouve cela bien mauvais.
M. BERTRAND: A la suite de certaines expériences qu'on a connues
dans plusieurs domaines, est-ce qu'il n'est pas... je ne suis pas prêt
à faire une grosse bataille...
M. LESAGE: Oui,mais si un rendement net...
M.BERTRAND: ...pour combattre cet amendement qui est
suggéré. Alors, dans les circonstances, même si ça
restreint, c'est une restriction qui peut être de nature prudente.
M. LESAGE: Oui, mais c'est un rendement net. Si un rendement net de 4%
pendant cinq années précédant l'acquisition, c'est une
jolie garantie ça. Une très grosse garantie.
M. BERTRAND: C'est nouveau.
M. LESAGE: Une entreprise qui a 4% de rendement net...
M. BERTRAND: D'autre part, le chef de l'Opposition conviendra qu'avant,
on ne pouvait pas le faire.
M. LESAGE: D'accord.
M. BERTRAND: C'est déjà...
M. LESAGE: C'est le gouvernement qui présente...
M. BERTRAND: C'est déjà un premier pas que de le
permettre. Et que le conseil ait jugé à propos chacun son
opinion ils ont manifesté celle-là. Je ne suis pas
prêt, quant à moi, a combattre très longtemps
là-dessus, à envoyer un message au conseil pour leur dire que
nous n'accepterons pas l'amendement étant donné qu'il y a des
travaux qui s'effectuent par l'Office de revision du code civil. Pour le
moment, quant à moi, je suis prêt et le gouvernement est
prêt à l'accepter.
M. LESAGE : Si le gouvernement prend sa responsabilité, on va la
lui laisser.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. JOHNSON: M. le Président, on va comprendre que, comme l'a dit
le ministre de la Justice, il faut être prudent de ce temps-ci. On a
appris par les journaux de ce matin qu'une autre institution était en
panne, c'est l'Alliance Crédit. Je ne dévoile rien.
L'assemblée des actionnaires, tenue hier, a refusé un
règlement qui prévoyait une réorganisation de la
capitalisation.
Il y a longtemps, évidemment, que les détenteurs d'actions
ordinaires ont renoncé à ne jamais récupérer leur
capital. Ilier, à tout événement, pour des raisons qui
m'ont été expliquées, l'Assemblée n'a pas
approuvé le projet de réorganisation, ce qui amène la
conséquence suivante: les fiduciaires de Montreal Trust, les
détenteurs de billets garantis pour un montant de $59,600,000 prendront
possession de tousles actifs de la compagnie, le 21 août. Evidemment, les
onze ou douze catégories d'actions communes et
privilégiées, les détenteurs d'obligations ordinaires, les
détenteurs d'obligations subordonnées ne sont pas en très
bonne position. Nous devons dire publiquement que, dès la fin
février 1966, M. Gérard Gingras, avait démissionné
d'une compagnie de placement pour tenter de réorganiser la compagnie
Alliance Crédit. Il n'a pas réussi dans la tâche qu'on lui
avait confiée et il est possible qu'il se perde entre $20 millions et
$25 millions, sinon $30 millions d'investissements.
M. LESAGE: Pas M. Gingras. M. JOHNSON: Pardon? M. LESAGE: Pas M.
Gingras. M.JOHNSON: Non, non.
M. LESAGE: Non, mais de la façon que le premier ministre...
M. JOHNSON: De gens qui avaient investi dans des actions ordinaires
communes.
M. LESAGE: De la façon dont le premier ministre avait construit
sa phrase...
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: ... on pouvait croire que c'était M. Gingras qui avait
perdu $25 millions.
M. JOHNSON: M. Gingras n'a jamais été aussi riche que
ça.
M. LESAGE: Non, je sais.
M. JOHNSON: Alors, les investisseurs dans une foule de ces titres seront
lavés. A cause des renseignements qui nous ont été fournis
nous soumettrons au cabinet la proposition qu'une enquête soit
menée sur les transactions d'actions de cette compagnie. Une
enquête ne réglera pas le problème d'Alliance
Crédit, mais nous permettra, pour l'avenir, de prévoir certaines
réglementations qui, je l'espère, éviteront de pa-
relis désastres pour les épargnants. C'est à regret
que nous sommes obligés de faire cette annonce, mais nous croyons qu'il
est de notre devoir, pour le bien de tout le secteur privé, que la
lumière éclate sur certaines transactions de cette compagnie et
que l'on établisse des règlements plus sévères et
une surveillance plus adéquate. C'est l'attitude prise par d'autres
gouvernements dans d'autres juridictions, entre autres en Ontario, à
l'occasion de pareils désastres et nous voulons bien, nous aussi,
améliorer notre législation, notre réglementation et notre
surveillance.
Alors, vous voyez, M. le Président,pourquoi le conseil, entre
autres messieurs les leaders, deux hommes d'expérience, ait cru bon de
restreindre des placements à des compagnies qui ont fait leur preuve et
que l'on appelle communément dans le milieu les « blue chips
».
M. BOURASSA: Ils peuvent faire leur preuve sans verser de
dividendes.
M. JOHNSON: Je comprends, mais c'est toujours extrêmement
dangereux et, comme on le sait, en vertu de l'article 981-0, il s'agit toujours
de biens d'autrui, de biens qui sont gérés pour autrui. Lorsqu'un
citoyen, librement,investit dans une compagnie qui n'a jamais payé de
dividendes, qui a fait des profits, mais n'a jamais payé, c'est son
affaire.
Mais lorsqu'un fiduciaire et fiduciaire est employé ici
dans le sens le plus large du mot lorsqu'un fiduciaire a à
administrer les biens d'une succession, des biens qui souvent sont
dévolus à une veuve ou à des enfants, le fiduciaire doit
être prudent, il ne faut pas l'exposer à prendre des risques pour
d'autres.
Alors je crois que, malgré cette restriction, il faut cette
année accepter l'amendement du Conseil et, lorsque notre
ministère des institutions financières, des Compagnies et des
Coopératives aura une certaine expérience, nous pourrons à
ce moment-là apporter les amendements qui s'imposent et, s'il y a lieu,
élargir la discrétion, si l'on veut, des administrateurs de biens
d'autrui.
M. BERTRAND: Maintenant, je dois dire, M. le Président...
M. LESAGE: J'étais justement... M. BERTRAND: Très
bien.
M. LESAGE: Sur ce point, j'étais justement pour dire que ce qui
vient de s'effondrer, parce qu'il y a déjà longtemps qu'Alliance
Crédit était branlant, ce qui vient de s'effondrer ne nous sert
pas tant d'avertissement en ce qui concerne les placements à faire en
vertu de 981-0, c'est plutôt une justification et comment!
de donner au gouvernement les pouvoirs qu'il a obtenus en vertu du bill
créant le ministère des institutions financières. Cela, je
suis d'accord.
Maintenant, le premier ministre dit: Maintenant nous allons avoir de
l'expérience, nous allons voir comment le ministère des
institutions financières va pouvoir surveiller ces institutions
financières, il faut bien que je le répète. Je suis bien
d'accord, mais il y a, nous en avons eu la preuve cette semaine, des fonds
mutuels qui sont en très bonne santé, même des fonds
mutuels du Québec, et évidemment les fonds mutuels qui, sont
basés sur l'augmentation, l'accroissement capital, ces fonds mutuels ne
produisent pas un rendement de 4% par année qui est versé et
pourtant quand on administre une succession, on cherche à diversifier
les placements de façon à ce que l'accroissement capital compense
pour l'augmentation du coût de la vie, étant donné que les
placements à taux d'intérêt fixe ne peuvent pas eux
compenser pour l'augmentation du coût de la vie. C'est un principe qui
est reconnu quand on place des biens, et ça vaut aussi dans le placement
de biens d'autrui.
M. JOHNSON: On me permettra, M. le Président, de regretter que
l'on ne puisse pas cataloguer les fonds mutuels. Il est évident que le
principe des fonds mutiels est excellent, même si on ne paie pas de
dividende équivalent à 4%, il y a là un accroissement du
capital qui est extrêmement intéressant, participation en somme du
petit épargnant...
M. BOURASSA: C'est-à-dire le dividende est taxable...
M. JOHNSON: ... à l'accroissement des affaires, au
développement économique d'une région, d'un pays, et
même une participation au développement des richesses naturelles.
Mais tous les fonds mutuels ne sont pas tous dans le même état de
santé. On sait l'inquiétude qui a régné aux
Etats-Unis pendant un bout de temps au sujet, peut-être pas de la
qualité des fonds mutuels comme de la commission un peu exorbitante que
l'on payait, et ç'a même provoqué une enquête, comme
on le sait, aux Etats-Unis.
Au Canada, nous n'avons pas encore malheureusement de mécanisme,
je ne parle pas seulement de Québec, mais au Canada, qui nous
permettrait, comme c'est le cas aux Etats-Unis pour certaines valeurs,
d'établir des cotes.
Le jour où, par une coopération de toutes les provinces et
le fédéral nous pourrons établir une sorte de cote des
valeurs, des « trip-alleys » des 3A, des 2A ou des A simples,
à ce moment-là, nous pourrons permettre aux exécuteurs
testamentaires de placer les fonds qu'ils ont à administrer dans des
valeurs dont l'état de santé aura été
vérifié par un organisme québécois ou un organisme
pancanadîen en coopération avec la province de Québec.
M. le Président, pour le moment, il vaut mieux jouer prudent.
« The Prudent Man Rule ».
M. LESAGE: Oh non, non, la « Prudent Man Rule » permet des
placements dans des compagnies bien choisies.
M. BERTRAND: Mais je pense bien que le chef de l'Opposition est capable
de saisir le sens de mes propos.
M. JOHNSON: Le chef de l'Opposition a marqué exactement le point,
là, lorsqu'il a dit qu'il était urgent d'avoir un
ministère des institutions financières...
M. LESAGE: C'est-à-dire que le gouvernement ait les
pouvoirs...
M. JOHNSON: ... et de lui donner les pouvoirs que nous avons
demandés, car il n'y a actuellement personne qui puisse surveiller,
même les gens prudents ou qui devraient l'être en vertu de la loi.
Alors, quand nous serons mieux organisés, nous pourrons
libéraliser cette loi et contredire le leader libéral au Conseil
législatif.
M. LESAGE: Bien, le gouvernement...
M. BERTRAND: M. le Président, je voudrais ajouter, à ce
que j'ai déclaré tantôt, ceci: C'est que, quand le Conseil
législatif a commencé l'examen de ce projet de loi, le
président du comité qui avait été formé pour
la préparation du projet de loi est allé rencontrer les membres
du conseil pour leur expliquer exactement la nature des amendements qui
étaient apportés. Je dois dire qu'à ce moment-là,
il me faisait rapport et que si on nous avait rapporté du conseil tous
les amendements que le conseil proposait, on aurait été mieux de
mettre le bill de côté. C'est aussi simple que cela et je tiens
à remercier, quant à moi, le président du comité
qui, me faisant rapport et me tenant au courant des délibérations
a au moins expliqué aux conseillers qu'il y avait des points majeurs sur
lesquels nous ne pouvions pas reculer.
M. BOURASSA: Je voudrais juste signaler, M. le Président, que le
gain de capital n'est pas imposable, alors que le dividente l'est. C'est pour
ça qu'un grand nombre de compagnies préfèrent ne pas
verser les dividendes pour augmenter la valeur-comptable de l'action et c'est
sous cet angle qu'on peut dire que ceux qui vont faire les placements d'autrui
peuvent être gênés par cette prescription de la loi.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: Le troisième amendement.
M. BOURASSA: Les actions privilégiées entièrement
acquittées. On a ajouté: Emises par une corporation
constituée au Canada. Cela se défend peut-être fort bien,
mais il reste que cela restreint la mobilité du capital.
Deuxièmement, il faut constater que les transactions financières
entre le Canada et les Etats-Unis augmentent considérablement ces
années-ci et, à cause de l'étroitesse du marché
canadien, il est très avantageux pour des investisseurs de pouvoir
acheter des actions aux Etats-Unis et de faire aussi des transactions
financières qui en raison de cette prescription de la loi pourraient
être limitées.
M. BERTRAND: Etant donné qu'on avait appliqué cette
règle pour les obligations, on l'a appliquée également
pour les actions. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Amendement numéro 3 adopté?
Adopté.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: L'amendement numéro 4, il y a un seul point. Je ne
sais pas si dans l'amendement au bill il y a cette coquille. On parle de 971-0
au lieu de 981-0...
M. BERTRAND: A quelle page?
M. LESAGE: Page 823 du procès-verbal.
M. JOHNSON: Page 3.
M. LESAGE: Page 823 du procès-verbal. Bien c'est-à-dire
l'épreuve du procès-verbal.
M.JOHNSON: Mais il s'agit de quel article? M. BERTRAND: Au sujet de quel
article?
M. LESAGE: De 981-S.
M. BERTRAND: S?
M. LESAGE: S, oui.
M. BERTRAND: C'est bien 981-S ici...
M. LESAGE : Oui, oui, c'est très bien. J'attire l'attention sur
une erreur, une coquille qui s'est glissée dans le... non pas dans
l'amendement mais dans la transcription de l'amendement dans le
procès-verbal. C'est pour le président.
M. BERTRAND: Alors voulez-vous le corriger. Très bien. Alors
amendement adopté.
M. LESAGE: Oui.
M. LEBEL (Président du comité plénier):M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité rapporte
sans amendement les amendements du Conseil législatif au bill 35.
M. PAUL (président): L'honorable ministre de la Justice propose
l'agrément des amendements adoptés par le Conseil
législatif sur le bill 35, intitulé Loi concernant le placement
des biens d'autrui, cette motion est-elle adoptée? Adopté.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Qu'il me soit permis de communiquer à cette
Chambre un message reçu du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 11 août 1967.
Ordonné que le greffier reporte à l'Assemblée
législative le bill no 92 intitulé Loi octroyant à Sa
Majesté les deniers requis pour les dépenses du gouvernement pour
l'année financière se terminant le 31 mars 1968, et pour d'autres
fins du service public et informe cette Chambre que le Conseil
législatif l'a voté.
Attesté Léonard Parent greffier associé du Conseil
législatif »
M. BERTRAND: Article...
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement. Suis-je
dispensé de donner lecture.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Je suis dispensé. L'honorable
député de Vaudreuil-Soulanges.
Reprise du débat sur la motion Hyde M. Paul
Gérin-Lajoie
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, j'ai écouté avec
beaucoup d'intérêt les paroles prononcées dans l'ensemble
avec bonhommie et d'une façon agréable par notre ami et
collègue le député de Champlain, tout à l'heure sur
ce bill 67 et plus spécifiquement sur la motion relative à ce
bill qui est actuellement devant la Chambre.
J'ai reconnu évidemment le grand coeur et les grands sentiments
de notre ami le député de Champlain lorsqu'il nous a
demandé en particulier de nous abstenir de toute partisanerie et plus
spécifiquement de faire un acte de foi.
M. le Président, je pense bien que je n'ai pas a faire de
discours, ni d'exposé quelconque sur cette question d'acte de foi. Je
pense bien que le député de Champlain sera le premier à
reconnaître que les membres de cette Chambre et d'ailleurs qu'ils
siègent d'un côté ou de l'autre de cette Chambre ont le
devoir d'analyser les projets de loi et les propositions qui sont devant eux
à leur mérite et que les membres de cette Chambre ne doivent
faire aucun acte de foi envers qui que ce soit, envers le gouvernement, envers
le parrain d'un bill ou à l'égard de tout autre projet qui est
devant la Chambre. Nous avons le devoir de les examiner, ces projets, à
leur mérite.
Nous devons manifester de la bonne foi, ce qui est toute autre chose.
Nous avons le devoir bien sûr de donner le bénéfice de tout
doute aux parrains des bills et à ceux qui font des discours et nous
n'avons pas bien sûr le moindre droit en vertu de notre règlement
de prêter la moindre intention et encore moins la moindre intention
malsaine ou mesquine au parrain d'un bill.
Mais ceci dit, M. le Président, c'est le devoir de tous les
députés de cette Chambre, et en particulier des membres de
l'Opposition, d'analyser les projets de loi et les résolutions qui sont
devant la Chambre à la lumière des textes que nous avons et du
contexte dans lequel ces projets nous sont soumis...
Le député de Champlain a fait appel à l'Opposition
pour qu'elle ne s'oppose pas systématiquement au projet de loi qui est
actuellement devant nous et Il a même laissé entendre qu'une
opposition le moindrement soutenue pourrait avoir le caractère d'une
partisanerie politique.
Je suis sûr que le député de Champlain n'a
pas voulu accuser l'Opposition ou qui que ce soit de partisanerie en
pareille matière. Mais au cas où il se trouverait quelques
personnes en cette Chambre ou en dehors de cette Chambre qui auraient pu
entretenir quelques doutes à ce sujet, à la suite des paroles du
député de Champlain, je m'empresserai d'ajouter que, si une
accusation de partisanerie était portée contre les membres de
l'Opposition à l'occasion du débat qu'ils poursuivent sur le bill
67, cette accusation n'atteindrait pas seulement les membres de l'Opposition
qui siègent en cette Chambre, mais elle atteindrait du même coup
tous les groupes et toutes les personnes qui, à travers la province, ont
manifesté ou manifestent en ce moment de l'opposition et une opposition
très ferme au projet de loi No 67.
On sait en effet qu'un bon nombre de groupements qui se sont
réunis sous le titre de « Front commun » ont
manifesté par écrit au gouvernement, ont manifesté
publiquement en conférence de presse leur opposition au bill 67, tel
qu'originairement soumis et au bill 67 tel que le gouvernement se propose de
l'amender à la suite des projets d'amendements rendus publics par le
ministre de l'Education.
Le Conseil central de la CSN de Montréal, le Conseil du travail
de la FTQ de Montréal, l'Alliance des professeurs de Montréal, le
comité conjoint des associations de parents font partie de ce front
commun qui a manifesté une pareille opposition, une opposition semblable
est manifestée de la part de la Federation of English Speaking Catholic
Teachers et aussi de l'Association des éducateurs du centre
administratif de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. Je note aussi le nom de l'Association des Instituteurs
catholiques de Verdun qui se sont joints à tous ces groupes. Dans les
circonstances, je pense bien que l'Opposition ne pourrait être en aucune
façon accusée de partisanerie sans que l'accusation porte contre
tous et chacun de ces groupements en même temps.
Le député de Champlain, ministre du Travail, ainsi que de
l'Industrie et du Commerce nous a dit, dans sa première intervention,
hier soir, sur cette motion de remise à trois mois, qu'il faut
régler le problème dès maintenant et non pas dans trois
mois. Eh bien, je dois dire que nous, de ce côté-ci de la Chambre,
sommes bien convaincus que c'est ce qu'il faut faire. C'est ce que nous avons
soutenu âprement lorsque le bill 67 a d'abord été
discuté en cette Chambre, les 17 et 18 juillet, et c'est ce que nous
croyons encore aujourd'hui. A l'occasion de cette motion de remise à
trois mois, je dois, dès le début et au nom de tous et de chacun
de mes collègues de ce côté-ci de la Chambre, insister sur
le fait, tel que for- mulé par le député de Champlain
lui-même,que le problème scolaire de Montréal et en
particulier le problème de la restructuration scolaire de l'Île de
Montréal, le problème de la démocratisation scolaire du
territoire de la CECM, l'organisation de tout un réseau d'écoles
secondaires polyvalentes, tout cela doit être réglé sans
délai, sans attendre trois mois et encore moins sans attendre trois ans.
C'est dès maintenant qu'il faut le régler.
Mais là où je dois me séparer du
député de Champlain, c'est que précisément notre
point de vue, et avec la plus profonde conviction, je dois dire qu'à
notre avis, le bill 67 ne règle, mais ne règle en aucune
façon aucune parcelle du problème scolaire aussi défini
dans la région du grand Montréal.
Et c'est précisément parce que le bill 67, tel qu'il
serait amendé en vertu des projets annoncés par le ministre de
l'Education, ne réglerait pas un iota du grand et aigu problème
scolaire sur l'île de Montréal que nous, de ce
côté-ci de la Chambre, disons qu'il faut, et qu'il faut hors de
tout doute, remettre ce bill à trois mois. Eh bien, oui, nous
étudions une motion de remise à trois mois, ce qu'il ne faut pas
oublier. Cette motion a été présentée en cette
Chambre alors que nous avions devant nous le bill 67 tel qu'originairement
présenté en première lecture par le ministre de
l'Education. Depuis lors, nous avons pris connaissance de projets d'amendements
qui ont été rendus publics par le ministre de l'Education.
M. LE PRESIDENT: Je suis sûr qu'avec toute l'expérience que
je reconnais à l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges,
il consentira, comme d'ailleurs l'oblige à le faire le règlement
de la Chambre, à discuter de tous ces amendements en temps opportun.
Malheureusement, pour le moment, Il doit se conformer aux dispositions de 272
quant à la pertinence de la motion présentement à
l'étude.
M. GERIN-LAJOIE: Bien sûr que... Je note avec plaisir la
présence en cette Chambre du ministre d'Etat à l'Education dont
nous avions commencé à nous ennuyer.
M. MASSE: M. le Président...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas juste pour le député qui
accomplit des fonctions publiques et qui est chargé actuellement
d'accueillir dans la capitale et même à Montréal les
personnages qui nous visitent. Ce n'est pas juste. L'honorable
député de Vaudreuil-Soulanges sait qu'il a une mission bien
particulière et je pense
que ce sera noté demain dans le journal des Débats cette
Intervention-là. Ce n'est pas juste de dire ça de l'honorable
député.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, je pense bien que les
petits grognons, à l'arrière, à votre droite, pourraient
s'abstenir de telles observations. Je note...
M. MASSE: Question de privilège, M. le Président. Je tiens
à dire que je suis en Chambre, suivant avec intérêt les
débats et j'y suis régulièrement sauf lorsque j'ai des
raisons officielles d'être à l'étranger ou à
l'extérieur et que, de toute façon, je n'ai pas demandé
des congés pour m'absenter comme d'autres députés l'ont
fait dernièrement.
M. GRENIER: Un point d'ordre, M. le Président. A ce que le
député de Vaudreuil-Soulanges vient de lancer à mon
égard, je dois dire que j'ai le droit quant à son discours de
soutenir que c'est mesquin, que c'est petit, que c'est à la hauteur du
parti libéral.
M. LAPORTE: Il n'avait pas dit...
M. CADIEUX: Cela, c'est le grognon de tout à l'heure.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, M. le Président, si un
député a jugé que le chapeau lui allait, je n'ai pas
d'objection à ce qu'il le coiffe. Je suis heureux de l'intervention
faite dans un très bon esprit par le ministre de l'Industrie et du
Commerce et j'accepte aussi de très bonne grâce les observations
faites par le ministre d'Etat à l'Education. J'ai fait mes observations
avec le sourire en disant que j'étais heureux de le revoir parmi nous,
mais je n'ai rien à redire sur ses absences et sur la façon dont
il représente la province dans l'accomplissement de ses fonctions.
On remarquera tout de même que c'est le député
ministre d'Etat lui-même qui a noté sa présence d'une
façon qui n'était pas très intelligible et qui a
provoqué chez moi cette observation.
Je m'en tiens donc, pour suivre votre invitation et votre mise au point,
à cette motion de remise à trois mois. Mais évidemment, je
pense bien ne pas me tromper en croyant qu'il s'agit de remettre à trois
mois non pas seulement le bill tel qu'originairement soumis mais
qu'effectivement, ce sera le bill tel qu'amendé à la suite de ce
que nous a annoncé le ministre de l'Education dans la mesure où
les amendements annoncés par le ministre de l'Education affectent le
principe même du bill.
C'est tout ce que j'ai eu en vue, M. le Président, et je ne veux
en aucune façon discuter des amendements, mais simplement souligner que
le bill, même amendé sans entrer dans la discussion de ces
amendements nous invite de façon aussi péremptoire qu'il y
a trois semaines à désirer et proposer cette remise à
trois mois. Parce que le bill, même avec les amendements proposés
par le ministre de l'Education, est absolument inacceptable, parce qu'à
notre avis, il manifeste de façon patente l'impréparation du
gouvernement, son manque de compréhension des véritables
problèmes scolaires à Montréal et son incompétence
totale à faire face à une situation devenue très
aiguë pour la jeunesse de Montréal.
Cette remise est d'autant plus nécessaire depuis les
événements survenus après le 18 juillet et à la
suite des amendements proposés par le ministre de l'Education.
Tout d'abord, les événements survenus depuis le 18
juillet. Je ne référerai ici qu'à la lettre de Son
Eminence le cardinal Paul-Emile Léger, archevêque de
Montréal, au premier ministre de la province, en date du 23 juillet,
lettre par laquelle Son Eminence demande au gouvernement de modifier la
disposition légale qui accorde à l'archevêque de
Montréal le droit de nommer trois commissaires. Permettez-moi de
rappeler ici quelques interventions faites en cette Chambre le 17 juillet et
qui toutes touchent très directement à cette lettre du cardinal
archevêque de Montréal, qui rend d'autant plus nécessaire
que le 17 juillet, la remise du projet de loi à trois mois. Si je me
réfère à la page 4796 du fascicule de nos débats,
je lis ceci comme partie de l'intervention que je faisais alors dans cette
Chambre: « Mais, M. le Président, du côté du
gouvernement, on n'a pas jugé à propos de nous dire si
l'archevêque avait été consulté à ce sujet,
sauf que, lorsque le député d'Ahuntsic a posé la question,
le ministre de l'Education a fait un signe de tête à l'effet que
cette consultation n'avait pas eu lieu. Mais, M. le Président, est-ce
qu'on a la moindre indication, à l'heure actuelle, que
l'archevêque de Montréal consentira à nommer trois membres
de cette commission ainsi constituée de neuf membres, dont six
nommés par le gouvernement. On demande aujourd'hui aux
législateurs d'adopter un projet de loi en vertu duquel trois
commissaires sur neuf seront nommés par l'archevêque de
Montréal, et on n'est pas en mesure de dire à cette Chambre si
l'archevêque de Montréal nommera trois commissaires. Si
l'archevêque ne nomme pas ces trois commissaires, on se trouvera en face
d'une commission composée de six membres. Ce seront les six
créatures du gouverne-
ment, six personnes nommées par le gouvernement, dont deux
à plein temps comme le président et le vice-président, qui
administreront seuls la Commission des écoles catholiques de
Montréal. »
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-Soulanges me
permettrait-il une question? Qu'appelle-t-il une créature du
gouvernement? Qu'est-ce que c'est une créature du gouvernement?
M. GERIN-LAJOIE: Le mot n'est peut-être pas tout à fait
juste, mais ce que j'entends par une créature dans ce cas-ci, c'est une
institution qui est entièrement sous le contrôle direct du
gouvernement parce qu'elle se trouve constituée de personnes dont la
nomination dépend exclusivement du gouvernement. C'est ce que j'ai en
vue, M. le Président.
M. BERTRAND: Si on me permet, une fois nommé, un commissaire
nommé par le gouvernement, d'après lui, demeure-t-il une
créature du gouvernement?
M. GERIN-LAJOIE: Il demeure une créature du gouvernement, M. le
Président, et à ce sujet, il y a plusieurs facteurs qui entrent
en ligne de compte, je ne voudrais pas reprendre le débat de fond, mais
pour répondre très brièvement a la question du ministre de
l'Education, je dirai que, premièrement, dans le choix que le
gouvernement fera des personnes qu'il se propose de désigner comme
membres de la commission, il y aura possibilité, évidemment,
d'avoir un contrôle très soutenu sur la commission en question et,
en deuxième lieu, le nombre de personnes qui pourront être
nommées par le gouvernement a une très grande importance.
Je pense que d'avoir trois personnes nommées par le gouvernement,
sur neuf, ça n'a pas la même signification. C'est beaucoup plus
grave, six sur neuf, je me répète, je corrige, d'avoir six
personnes nommées par le gouvernement sur neuf plutôt que d'en
avoir trois sur sept, je pense que la situation n'est pas la même. Et si
ça devenait neuf sur neuf, c'est encore beaucoup plus grave. Alors, M.
le Président, je continue.
M. BERTRAND: Je voudrais corriger, si on me permet. Ce n'était
pas trois sur sept, c'était quatre que le gouvernement nommait.
M. GERIN-LAJOIE: Quatre sur sept, en effet.
M. BERTRAND: Quatre. Alors, il faudrait toujours respecter la
vérité.
M. GERIN-LAJOIE: C'est quatre sur sept, c'est un lapsus comme le
ministre de l'Industrie en a eu un peu plus tôt dans l'après-midi.
Je continue la citation, M. le Président, toujours tirée de la
page 4796 mais un peu plus loin, toujours tirée de mon discours à
ce moment-là. « Je pense que c'est une autre manifestation de
mépris de parlement que nos amis d'en face manifestent à l'heure
actuelle. On nous demande d'aporter un projet de loi dont on ne sait pas s'il
sera le moindrement applicable, dont on ne sait pas si d'autres personnes mises
en cause par le projet de loi seront disposées à collaborer
à sa mise en oeuvre. »
M. BERTRAND: M. le Président, je soulève un point d'ordre.
Je n'ai aucune objection à ce que le député de Vaudreuil
parle sur la motion de M. Ilyde, qu'il parle pendant toute son heure mais on le
note immédiatement, il est en train de relire des textes de
débats qui paraissent au journal des Débats et qui ont
déjà été prononcés.
M. LESAGE: Qu'est-ce que ça peut faire?
M. BERTRAND: Alors c'est donc...
M. BELLEMARE: Il a parlé sur le principe.
M. BERTRAND: ... de la répétition.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président...
M. BELLEMARE: Bien intelligent!
M. LESAGE: C'est vrai.
M. LE PRESIDENT: Je conviens que la ligne de démarcation est
assez difficile et tous en conviendront ainsi. Pour appliquer cette disposition
de l'article 272 de notre règle ment il ne faut pas oublier que la
motion présentement àl'étude est à l'effet de
reporter le présent bill, soit le bill 67, à une période
de trois mois. Je verrais mal d'empêcher certains honorables
députés de justifier le pourquoi, de donner les raisons pour
lesquelles telle étude ou adoption devrait être reportée
à trois mois. D'un autre côté, et c'est là la
difficulté qui m'incombe et c'est pourquoi je compte sur une grande
collaboration de tous, il ne faudrait pas que nous nous arrêtions sur le
principe du bill parce que c'est là la motion de deuxième lecture
du bill 67. Pour ce qui est des
avantages ou des arguments que peut apporter un opinant, il peut
toujours se référer à des arguments préalablement
exposés pour soutenir son point de vue mais dans tout ce débat
veuillez croire que je suis beaucoup plus à l'aise quand on donne ou
justifie les arguments qui pourraient permettre l'adoption ou le refus de la
motion présentement à l'étude.
Ces paroles ne s'adressent pas nécessairement à
l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges, mais je voudrais
saisir une autre fois l'occasion, pour que tous les honorables
députés comprennent la difficulté qui se présente
dans l'application et l'interprétation de cet article 272. D'un autre
côté, je suis sûr que tous désirent faire une
étude intelligente et progressive du bill présentement à
l'étude.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je suis bien conscient de la
situation et de la signification des remarques que vous venez de faire: j'en
tiendrai sûrement compte. Alors avant de passer à la
réponse du premier ministre, je ne citerai que trois lignes, à la
page 4797 maintenant des Débats, tirées, encore ici, de mon
allocution. Je disais ceci: « Mais je pense que le gouvernement place les
membres de cette Chambre dans une situation absolument intolérable,
absolument inacceptable en les forçant à se poser des questions
comme celle que je viens de soulever. Et ces questions sont d'autant plus
pertinentes que si l'archevêque pouvait être en droit de se
demander s'il devait procéder à la nomination de commissaires en
vertu du régime existant, il sera d'autant plus dans une situation
l'invitant à se poser une pareille question lorsqu'il sera appelé
à nommer trois commissaires seulement sur un total de neuf. »
Alors, M. le Président, nous manifestions justement notre
inquiétude et nous nous posions des questions très
sérieuses au sujet de la participation de l'archevêque de
Montréal au nouveau régime proposé par le gouvernement. Et
le premier ministre répondait ceci, pour autant que ça puisse
constituer une réponse. Je tire cette citation de la page 4817 des
Débats: « Si le député de Vaudreuil-Soulanges a cru
bon d'affirmer qu'il devait être discret, à plus forte raison le
chef du gouvernement se doit-il d'être discret dans ces matières.
Disons que nous avons de bonnes raisons de croire qu'il n'y aura aucune
objection, une fois ces gens en place, à ce qu'il y ait évolution
vers une véritable démocratisation. »
Eh bien, M. le Président, je pense que ce n'était vraiment
pas là une réponse à la question, mais justement le
gouvernement n'était pas en mesure de répondre à la
question que je po- sais parce qu'il semble bien qu'il n'y avait pas eu la
consultation dont je parlais et que le gouvernement nous présentait un
projet de ici dont il ne savait pas s'il serait applicable. Je pense, M. le
Président, que c'était une très bonne raison pour proposer
la remise à trois mois. Et je pense qu'à la suite de ce que le
ministre de l'Education nous a annoncé, nous nous trouvons dans une
situation où la remise à trois mois s'impose encore
davantage.
En effet, le 17 juillet, le ministre de l'Education nous disait avec
force que la bonne marche de la CECM exige des administrateurs à temps
plein et, précisait-il, au moins un président et un
vice-président à temps plein. Voilà que maintenant on nous
dit qu'il suffira d'un président à temps plein. Le premier
ministre, de son côté, nous disait, avec la force oratoire qu'on
lui connaît, qu'il fallait sortir le problème scolaire de
Montréal de la phase des comités de coordination et passer
à l'action. Or, voilà qu'on nous propose maintenant, en vertu du
projet de loi, un nouveau comité ou conseil d'étude, le
cinquième, le sixième, le septième, on ne sait plus
exactement.
M. le Président, tout cela pour dire encore une fois qu'il faut
bien remettre à trois mois ce bill 67 parce que, vous demandiez
où je m'en allais, parce que vraiment le gouvernement ne sait pas
où il s'en va.
M. LESAGE: Très bien.
M. GERIN-LAJOIE: Le gouvernement a besoin d'un délai
supplémentaire que nous évaluons en gros à trois mois pour
se brancher, pour faire des études, pour consulter, mais nous arriver
cette fois-là en cette Chambre avec un projet de loi qui apporte une
solution au problème plutôt que de simplement nous proposer de
nouvelles études et en attendant que ces études soient
complétées, la mainmise du gouvernement sur la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
Remise à trois mois, dis-je, parce que le gouvernement ne sait
pas où il va. Disons, M. le Président, qu'à la suite d'une
première attaque subie par le bill autour du 13 ou du 12 juillet 1967,
le gouvernement se retire dans un premier retranchement, et c'est le premier
ministre ou le ministre de l'Education qui y procédait en
annonçant le choix de M. Joseph Pagé au poste de nouveau
président de la CECM. Premier retranchement, dis-je, le gouvernement
espérait-il faire je ne sais pas si c'est parlementaire, vous me
le direz si cela ne l'est pas, M. le Président le gouvernement
espérait-il de la sorte faire gober à la population un bill
autrement
inacceptable en désignant comme titulaire à la
présidence un haut fonctionnaire, respecté sans doute, mais dont
la nomination à une telle fonction est fort discutable et
discutée? Je n'en sais rien, mais ce que je constate c'est
qu'après avoir présenté un bill, le gouvernement se
retranche dans cette position où il se croit obligé de
désigner avant même l'étude du bill, la personne qui
occupera, pour commencer, la fonction de président.
Jamais on n'a vu une pareille chose. Quand on a voulu nommer des
personnes spécifiques à des postes, M. le Président, quand
on a vu donner les noms de ces personnes à la Chambre, au public,
à une occasion comme celle-là, on a inscrit les noms dans la loi:
mais je pense qu'on n'a jamais procédé d'une pareille
façon.
Remise à trois mois, M. le Président, parce que le
gouvernement a manifesté qu'il ne savait pas où il allait en se
plaçant dans une deuxième position de retranchement à la
suite des critiques qui continuaient contre son bill les 17 et 18 juillet.
En effet, M. le Président, c'est le premier ministre
lui-même qui annonçait le 18 juillet, en dehors de
l'Assemblée législative, à la suite du long débat
que nous avions eu ici, pendant tout un après-midi...
M. JOHNSON: Non, non.
M. GERIN-LAJOIE: ... une soirée et une nuit, M. le
Président, qui annonçait en conférence de presse ce que
j'appelle son régime de 1970. En effet, M. le Président...
M. BELLEMARE: Vous avez siégé deux heures et quarante
minutes. Vous avez été absent de la Chambre trois heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GERIN-LAJOIE: En effet, M. le Président, on constate dans le
journal La Presse du 19 juillet que le premier ministre atenu une
conférence de presse le 18, dans l'après-midi et qu'il a
annoncé ce que j'appelle ce régime de 1970. M. le
Président, c'est sur la remise à trois mois...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GERIN-LAJOIE: ... de façon bien plus précise que ce que
le ministre de l'Industrie a fait tout à l'heure.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je me demande actuellement si l'honorable
député, en commentant une situation de fait, justifiée ou
non, ça ne me regarde pas, peut faire certains rattachements à la
nécessité de reporter l'étude du bill présentement
à l'étude. Je crois qu'il ne faut pas perdre de vue que nous
devons analyser la motion présentement à l'étude en
essayant de donner les raisons d'une situation qui devrait exister, tout en
glissant certainement sur certains faits qui sont actuellement connus, mais
encore là je crois qu'il faut autant que possible apporter des arguments
pour justifier de reporter à une date postérieure la
présentation d'un tel bill. Encore une fois, j'ai, autant que possible,
consulté les auteurs sur cette ligne de démarcation et si par
hasard les honorables députés jugent que mes invitations et mes
demandes ne sont pas conformes à leur propre interprétation, il
faudra m'excuser à l'avance parce que je veux dans la mesure du
possible, avec la collaboration de tous, m'en rapporter à l'application
de cet article 273. Je crois que tout à l'heure par erreur, j'ai
signalé 272 et j'espère qu'autant que faire se peut on essaiera
de respecter les dispositions de cet article impératif de notre
règlement.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je me plie bien volontiers
à vos observations et à votre invitation. Vous comprendrez que
l'une des difficultés dans lesquelles nous sommes, c'est que la remise
à trois mois que nous demandons, ce n'est pas seulement du bill
originaire tel qu'il a été présenté en
première lecture, mais c'est de tout le paquet que nous propose le
gouvernement: le bill originaire, les déclarations du ministre de
l'Education, du premier ministre ainsi que les amendements pour autant qu'ils
touchent au principe même du bill. C'est tout cela qu'il s'agit de
remettre à trois mois. On n'a pas à discuter de quelque chose qui
est déjà dépassé c'est-à-dire le bill
initial tout seul. Et ce que je dis, M. le Président, au surplus, c'est
que cette remise à trois mois s'impose parce qu'il nous apparaît
clairement aujourd'hui, le 11 août 1967, que le gouvernement ne sait pas
où il va. Le bill 67 tel qu'originairement soumis était
inacceptable pour les raisons que nous avons déjà
exposées.
Depuis ce temps, le premier ministre a annoncé qui Il allait
nommer à la présidence de la Commission des écoles
catholiques, nous disons que même là c'est inacceptable, il faut
une remise à trois mois. Après ça, le premier ministre se
retire dans un deuxième retranchement et annonce ce que j'appelle son
régime de 1970, tel que publié dans la Presse du 19 juillet. Je
dis que même dans ce deuxième retranchement, le bill est
inacceptable et il doit être remis à trois mois. Je dis que,
même quand on
trouve le premier ministre et le gouvernement dans un troisième
retranchement, c'est encore inacceptable, et le bill dolt être encore
remis à trois mois et ce troisième retranchement, c'est celui
où le gouvernement se place avec les amendements dont le ministre de
l'Education a donné connaissance à cette Chambre et à la
population et par lesquels il propose en particulier la création d'un
conseil de restructuration scolaire de Montréal et la réduction
du délai originairement prévu pour quatre ans et qui est
réduit à trois ans.
Je dis que même, dans ce troisième retranchement, le
gouvernement propose à cette Chambre un projet de loi qui est
inacceptable dans une telle forme. Je dis que le gouvernement, même avec
le délai de trois semaines qu'il a eu depuis le début de la
discussion en deuxième lecture, le 17 juillet 1967, n'a pas
trouvé les moyens de rendre son projet de loi acceptable. Comme ce
délai de trois semaines s'est avéré absolument insuffisant
pour permettre au gouvernement d'abord de faire les consultations
nécessaires auprès des corps nécessaires, pour faire les
travaux qui s'imposaient au sein du gouvernement, au sein du ministère
de l'Education, comme ce délai de trois semaines s'est
avéré également insuffisant pour permettre au gouvernement
de se brancher sur un nouveau projet qui règle vraiment les
problèmes de la réorganisation scolaire à Montréal,
pour le bien de la jeunesse, pour le bien de la population adulte, eh bien,
nous disons, puisque ce délai de trois semaines s'est
avéré nettement et clairement insuffisant, c'est maintenant un
délai de trois mois qu'il faut donner au gouvernement. Un délai
de trois mois, pendant lequel nous ne serions pas normalement en session, un
délai de trois mois pendant lequel le gouvernement pourrait se pencher
sur ce problème comme un problème vraiment d'urgence, comme un
problème vraiment aigu, comme un problème dont il sent vraiment
pour lui, comme parti politique, les implications politiques et qu'il
déciderait de résoudre d'une bonne façon.
A la satisfaction de la jeunesse et de la population adulte, comme il a
su à l'occasion, s'attaquer à des problèmes d'urgence, en
particulier dans des situations de grève, quelles que fussent les
grèves. Je ne veux pas revenir sur d'autres débats et d'autres
questions qui se sont présentées depuis un an, mais le
gouvernement actuel a démontré, depuis quinze mois, qu'il a la
responsabilité de l'administration de la province, que quand il est
vraiment acculé au pied du mur, quand il est vraiment acculé
à une situation impossible où il y a une pression
considérable et soutenue de l'ensemble de la population, qu'il fait face
à la musique et qu'il trouve des situations qui comportent au moins des
éléments de solution. J'ai confiance qu'avec un délai de
trois mois, avec la bonne volonté que le gouvernement consentirait sans
doute à y mettre et avec la collaboration cette fois ce que le
gouvernement n'a pas jugé à propos de demander et d'obtenir au
sujet du bill 67 avec la collaboration des corps intermédiaires,
il pourrait rédiger un nouveau bill 67. Celui-là serait, nous
l'espérons, susceptible de résoudre au moins une partie des
problèmes scolaires tels qu'ils se posent actuellement à la
grandeur de la région métropolitaine de Montréal.
UNE VOIX: Vous avez hâte de partir.
M. BELLEMARE: Cela paraît que vous avez dormi pendant toute la
session. Vous commencez à vous réveiller.
UNE VOIX: Ils ont hâte de partir.
M. LAPORTE: Laissez-faire, vous n'aurez pas le temps de vous endormir.
Vous n'avez pas fini, mes petits gars.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE : La grosse batterie! Tranquille, ce n'est pas
énervant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Pour éviter toute méprise,
j'ai cru croire que les applaudissements étaient à l'endroit du
président.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, sur une question de
privilège, est-ce que vous m'en laissez un petit morceau, de ces
applaudissements-là?
M. LE PRESIDENT: Je n'ai jamais été fort dans le partage.
Alors, la Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit heures ce soir.
Reprise de la séance à 8 h 7p.m.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, lorsque nous avons suspendu la
séance à six heures, je venais d'exposer pendant quelques minutes
les raisons qui, à mon avis, rendent d'autant plus nécessaire,
aujourd'hui qu'il y a trois semaines, la remise du bill 67 à trois
mois.
En effet, les événements qui se sont
déroulés depuis le 17 ou le 18 juillet rendent aussi
nécessaire et je disais même plus nécessaire
aujourd'hui qu'à cette époque la remise du bill à trois
mois pour permettre au gouvernement de procéder aux consultations qui
s'imposent avec les corps intermédiaires, avec tous ces corps qui ont
fait un front commun contre le bill 67, conseil central de Montréal de
la CSN, la FTQ, l'Alliance des professeurs, le Comité conjoint des
parents de Montréal. De telles consultations seraient de nature à
permettre au gouvernement de rédiger un nouveau bill, entièrement
nouveau, qui ne soit pas un bill de transition, qui ne soit pas un bill qui
donne au gouvernement une entière mainmise sur la Commission des
écoles catholiques de Montréal, un bill qui ne soit pas
simplement un instrument pour créer un nouveau comité
d'étude.
J'aimerais expliciter davantage certains aspects de ce que j'exposais
avant le souper et j'aimerais dire très brièvement et sans
m'at-tarder à toute l'analyse du bill parce que ce n'est pas le
moment pour le faire, bien sûr que sous les apparences
peut-être d'une amélioration, les amendements annoncés par
le ministre de l'Education au bill 67 rendent le bill encore plus inacceptable
qu'il ne l'était dans sa forme originale ce qui, encore une fois, rend
la remise à trois mois d'autant plus impérieuse.
Tout d'abord, les amendements rendent la mainmise du gouvernement sur la
CECM encore plus absolue qu'elle ne l'était au mois de juillet en
augmentant de six à neuf le nombre des commissaires et, en
deuxième lieu, alors qu'au mois de juillet, lorsque nous avons
étudié le bill, on pouvait espérer qu'un nouveau
régime de régionalisation scolaire et de démocratisation
pour le territoire de la CECM pourrait se réaliser.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je regrette de demander à l'honorable
député de bien réaliser que personnellement comme tous les
honorables députés d'ailleurs, nous ne sommes pas encore
informés des amendements que se proposerait d'apporter le gouvernement
par la voix de l'honorable ministre de l'Education, parce qu'ils n'ont pas
encore été signalés d'une façon officielle. Je
comprends qu'ils ont été inscrits au journal des Débats,
mais disons qu'ils ne sont pas encore introduits pour étude
particularisée. Je comprends que l'honorable député a tout
simplement l'idée de glisser sur ce sujet. Je regrette, je suis en
quelque sorte lié par l'interprétation du règlement, non
pas selon la lettre, mais selon son esprit: c'est pourquoi c'est tout
simplement un rappel de prudence que j'ose faire à l'honorable
député.
M. GERIN-LAJOIE: Alors, je remercie M. le Président. Il a
très bien compris que je ne voulais que glisser sur la question des
amendements.
M. BELLEMARE: Habile!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, si on appelle habileté
le fait de se soumettre à la décision du président...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ce que j'ai ditl
M. GERIN-LAJOIE: ... je veux bien qu'on qualifie d'habileté
l'attitude que je prends.
M. BERTRAND: Après avoir enfreint les règlements.
M. LESAGE: Non, mais c'est du respect, de la soumission.
M. BERTRAND: Le respect le plus absolu!
M. BELLEMARE: Attendez l'autre membre de phrase, vous allez voir!
M. LESAGE: Attendez mon discours!
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je pense bien que personne ne
veut jouer sur les mots. Le ministre de l'Education nous a informés des
amendements qu'il avait l'intention de proposer formellement à la
Chambre, précisément pour que, selon l'expression du premier
ministre lui-même, nous ne donnions pas de coups d'épée
dans l'eau à l'occasion du présent débat. C'est dans cette
perspective que j'ai pensé qu'il valait mieux discuter la motion qui est
actuellement devant nous comme si le bill 67, déjà rendu public,
comportait les amendements que le ministre de l'Education a portés
à l'atten-
tion de cette Chambre. De toute façon, M. le Président, je
suis entièrement d'accord avec ce que vous aviez le goût de me
dire que peu importe qu'il s'agisse des amendements ou du bill originaire, nous
n'avons pas à ce stade-ci à discuter le fond du bill qui est
devant nous, mais à discuter de la remise à trois mois. Je me
conforme donc à votre désir et j'insiste sur le fait tout
simplement que le bill, tel que nous l'avons devant nous, et sans entrer dans
les détails, est tout à fait inacceptable dans sa forme actuelle
et qu'une remise à trois mois s'impose pour permettre au gouvernement de
reviser ses positions et de faire une nouvelle étude de la situation au
moyen des consultations dont j'ai parlé il y a quelques moments et plus
longuement avant le souper.
Ce bill est inacceptable à cause de la mainmise qu'il donne au
gouvernement par la nomination de tous les commissaires, par le délai
qu'il impose avant de permettre ou d'assurer la régionalisation scolaire
à Montréal, le délai qu'il impose avant d'assurer au
territoire actuel de la CECM un régime vraiment représentatif:
tout cela est aussi inacceptable et nous amène à exiger une
revision complète du bill dans les prochains mois parce qu'on a
même l'impression que, si ce bill était adopté, cela
constituerait indirectement un rejet d'une partie des recommandations de la
commission Parent ou de l'esprit qui anime le rapport Parent.
Je donnerai quelques détails de plus au sujet de cette
affirmation qui paraîtra peut-être assez surprenante à
quelques-uns d'entre nous. Mais je pense que le fait pour le gouvernement dans
le projet de loi tel qu'il est actuellement devant nous, avant la revision que
le gouvernement en fera pendant les prochains trois mois, est tout à
fait inacceptable surtout si l'on tient compte de la lettre que Son Eminence le
cardinal archevêque de Montréal adressait au premier ministre en
date du 23 juillet.
Et on me permettra de ne rappeler qu'un paragraphe de cette lettre,
c'est le dernier et j'en donne lecture, il est très court: « Au
moment où le législateur s'apprête à adopter une
nouvelle loi concernant la CECM. il nous paraît opportun de lui demander
de modifier la disposition légale qui accorde à
l'archevêque de Montréal le droit de nommer trois commissaires.
Nous suggérons que le législateur recherche une nouvelle formule
qui, par le mode de désignation qu'elle définit, réponde
aux aspirations démocratiques des parents et qui assure aux commissaires
ainsi nommés une représentation numérique aussi importante
que par le passé. Le changement que nous demandons sera sans doute en
accord avec l'intention exprimée par le ministre de l'Education...
M. BERTRAND: Merci de votre salut.
M. GERIN-LAJOIE: ... de démocratiser davantage et de
réorganiser les structures scolaires dans le territoire de l'île
de Montréal. »
Tout d'abord il est donc clair que le cardinal archevêque
n'escomptait pas que le gouvernement s'emparerait des nominations
abandonnées par l'archevêque. Bien au contraire il
suggérait qu'un mode de désignation démocratique en faveur
des parents remplace le mode de nomination par le représentant de
l'Eglise.
Et, en deuxième lieu, j'aimerais, comme Son Eminence, m'en
reporter au désir exprimé par le ministre lui-même au
moment de sa courte intervention ou présentation du bill en
deuxième lecture. Intention exprimée par le ministre de
démocratiser davantage et de réorganiser les structures scolaires
dans le territoire de l'île de Montréal.
Eh bien, M. le Président, connaissant les grandes
capacités du ministre de l'Education et du conseil des ministres en
général, connaissant la grande capacité des fonctionnaires
dont le ministre de l'Education est entouré, j'ai confiance qu'un
délai de trois mois serait suffisant pour permettre au ministre, et au
gouvernement dans son ensemble, de présenter à cette Chambre un
tout autre bill que le bill 67 actuel, un bill qui établirait les
nouvelles structures scolaires à Montréal. D'abord une
régionalisation pour l'ensemble de lile et, deuxièmement, un
système vraiment démocratique qui donne une voix directe aux
parents dans le cadre du territoire de la CECM qui est actuellement
privé de ce privilège.
M. le Président, je pense que ce délai de trois mois
devrait être suffisant. Si le ministre et ses collègues nous
disent tout à l'heure que trois mois n'est pas suffisant, que c'est six
mois qu'il faudrait pour permettre au gouvernement de préparer un
nouveau projet de loi dans cette perspective, pour atteindre les objectifs
auxquels Son Eminence réfère dans sa lettre et dont nous avons
parlé jusqu'à maintenant, tout au long du débat, eh bien,
bien sûr que de ce côté-ci de la Chambre tout en
déplorant un délai aussi long que six mois, sûrement que
nous serions disposés à accorder un délai de cette
longueur au gouvernement, lui laissant ainsi, disons jusqu'à l'hiver
prochain, au mois de janvier ou février, pour préparer son
nouveau projet de loi qui pourrait alors être adopté et qui
permettrait la mise en place des nouvelles structures pour qu'elles soient en
vigueur au mois de septembre 1968.
M. BERTRAND: Le député de Vaudreuil-
Soulanges me permettra une courte interruption. Il dit qu'on pourrait
peut-être dire six mois, c'est cela, mais la motion c'est trois mois.
Alors il y a de l'illogisme quelque part.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je suis sûr que le
ministre de l'Education a très bien compris. C'est une motion de remise
à trois mois et non pas à six mois et j'ai dit que si le
gouvernement s'opposait à cette remise à trois mois comme le
ministre de l'Industrie et du Commerce l'a indiqué tout à l'heure
et que le ministre de l'Education nous disait trois mois ce n'est pas
réaliste, ce n'est pas possible de bâtir une loi pour
répondre aux objectifs proposés par le député de
Vaudreuil-Soulanges, par l'Opposition, par le cardinal archevêque de
Montréal, par l'Alliance des professeurs et par un grand nombre d'autres
organismes. Ce n'est pas possible de préparer un tel projet de loi en
dedans de trois mois, mais peut-être que si l'Opposition faisait une
motion pour six mois que nous serions disposés à l'accepter, mais
si le ministre de l'Education nous dit cela tout à l'heure, je pense que
je peux présumer l'acceptation de mes collègues de ce
côté-ci de la Chambre et que devant une telle proposition du
ministre de l'Education ou de l'un de ses collègues, le
député de Westmount retirerait sa motion de remise à trois
mois et consentirait à ce qu'on lui substitue une motion de remise
à six mois. Alors, M. le Président...
M. BELLEMARE: Attendez.
M. GERIN-LAJOIE: Est-ce que le député de Champlain m'a dit
quelque chose?
M. BELLEMARE: J'étais à écrire, et j'étais
à écrire des notes.
M. BERTRAND: Il est en train d'écrire, attendez...
M. BELLEMARE: Attendez, cela ne presse pas.
M. GERIN-LAJOIE : Alors, M. le Président, je pense qu'il faut
ajouter à ce que je viens de dire qu'un délai de trois ans pour
assurer la régionalisation et la démocratisation scolaire
à Montréal, c'est un délai qui n'a aucune justification,
un an et demi pour de nouvelles études, un an et demi pour permettre au
gouvernement de se fixer et de nous présenter un autre projet de loi,
tout ça, M. le Président, c'est un ensemble de délais qui
sont absolument inacceptables et qui devraient paraître inacceptables
à nos amis d'en face qui ont dit les uns après les autres: Je
m'en reporte aux paroles du premier ministre lui-même, aux paroles du
député de Champlain, un délai tout à fait
inacceptable parce que l'époque de l'étude, l'époque des
comités, l'époque des conseils c'est fini, M. le
Président, il est temps de passer à l'action, ça
fait...
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: Cela diminue de ferveur.
M. GERIN-LAJOIE: ... ça fait des mois, ça fait des
années, M. le Président que le milieu étudie toute cette
question. Quand je dis « le milieu », je veux dire les commissaires
d'écoles eux-mêmes, quand je dis « le milieu », je
veux dire les parents structurés dans des associations à
Montréal, je veux dire l'Alliance des professeurs, je veux dire la
commission Parent elle-même, je veux dire les experts engagés par
la Commission des écoles catholiques de Montréal ou par d'autres
groupements. C'est ainsi qu'on peut se référer aux études
Henripin et Bourassa de 1963. On peut se référer, atout cela, M.
le Président, pour montrer qu'un délai de trois ans c'est trop
long et qu'il faut ramener ça à trois mois, M. le
Président. Référons à ces comités locaux et
à ce comité métropolitain constitués dans le cadre
de l'Opération 55 à Montréal et qui ont produit ce
volumineux rapport que le ministre de l'Education nous a fait distribuer il y a
maintenant quelques mois, quelques semaines...
M. GRENIER: Motion.
M. GERIN-LAJOIE: ... Je me réfère au rapport Parent qui a
été rendu public au mois de mai 1966. Nos amis d'en face se
souviendront qu'ils ont été les premiers à nous demander
de nous exprimer, de formuler nos opinions au sujet des recommandations de la
commission Parent au mois de mai, au mois de juin 1966. Mais, M. le
Président, voilà quinze mois que le gouvernement a la
responsabilité de l'administration de la province. Voilà seize ou
dix-sept mois que ce rapport voilà au moins 16 mois que ce
rapport est public est-ce que le gouvernement n'est pas en mesure de se
brancher. Et finalement, c'est le ministre de l'Education actuel qui au cours
de l'hiver qui vient de se terminer, constituait le comité de
coordination scolaire de la région métropolitaine de
Montréal. Mais, M. le Président, on propose par le projet de loi
de constituer un autre conseil, un autre comité, ce que nous disons de
ce côté-ci de la Chambre, c'est exactement ce que le premier
ministre et
ce que le député de Champlain ont dit: « C'est fini,
la population en a assez de ces études ».
M. LEDUC (Taillon): Il faut que ça bouge.
M. GERIN-LAJOIE: Le gouvernement a actuellement entre les mains tout ce
qu'il lui faut pour prendre une décision sur l'orientation à
donner à l'organisation scolaire de Montréal. M. le
Président, nous disons qu'avec le rapport Parent, avec les études
préalables du rapport Parent...
M. GRENIER: Motion.
M. GERIN-LAJOIE: ... avec les études préalables au rapport
Parent, qu'avec le comité de coordination scolaire de la région
métropolitaine de Montréal, avec les travaux effectués par
tous ces organismes, avec les recommandations faites par tous ces organismes et
avec l'aide de ses fonctionnaires compétents, des représentants
des corps intermédiaires, des commissaires d'écoles de
Montréal.
Trois mois, c'est plus qu'il n'en faut au gouvernement pour faire un
projet de loi qui aurait de l'allure, qui donnerait à la population
montréalaise une nouvelle structure administrative au point de vue
scolaire et qui permettrait à la population de Montréal, les
jeunes et les adultes, de bénéficier enfin de la réforme
scolaire à l'image du reste de la province.
Je pense que cette remise à trois mois s'impose également
pour dissiper des doutes, à moins que le ministre et le gouvernement ne
jugent à propos de dissiper ces doutes à un stade
ultérieur de l'étude de ce bill. Je vous avoue cependant
qu'à la lecture du projet de loi tel que modifié, je conserve
avec mes collègues l'impression qu'il limite considérablement le
type de réforme scolaire que le Conseil de la restructuration scolaire
pourrait proposer au gouvernement.
En effet, nous avons l'impression, à lire ce projet de loi, que
le conseil n'aurait pas la liberté de proposer une constitution de
divers organismes ayant des pouvoirs formulés et structurés
différemment de ce que c'est actuellement dans la Loi de l'Instruction
publique. C'est une question, bien sur, sur laquelle nous pourrons revenir en
comité lorsque nous étudierons les articles du bill, mais,
à l'heure actuelle, je pense que je me dois de souligner cette question,
au moins de façon générale, parce qu'ainsi formulée
et ainsi considérée la question en est une vraiment de principe,
celle de savoir si par ce projet de loi, on écarte la réalisation
de toutes ou d'une partie des re- commandations de la commission Parent.
En effet, le gouvernement ne s'est pas prononcé sur les
recommandations de la commission Parent en ce qui concerne la région de
Montréal, pas plus qu'en ce qui concerne le reste de la province. Et
c'est une question de principe capitale que celle de savoir si vraiment le
gouvernement a décidé de procéder à une
réforme scolaire à Montréal en mettant de
côté des réformes proposées par la commission Parent
et en imposant au nouveau conseil de proposer au gouvernement des
recommandations qui ne sortiraient pas complètement du cadre de la Loi
actuelle de l'instruction publique.
Je n'insiste pas davantage sur cet aspect parce que je conviens que nous
pouvons le faire en détail lors de l'étude en comité. Je
pense qu'il est important, à ce moment-ci, de signaler une remise
à trois mois qui permettrait précisément de tenir compte
des recommandations de la commission Parent dans la rédaction d'un
nouveau bill 67 et de réaliser ainsi dans la région
montréalaise la réforme scolaire sensiblement de la même
façon que cela s'est fait dans le reste de la province ou en allant
encore plus loin qu'on ne l'a fait dans le reste de la province, parce qu'en
dehors de l'île de Montréal, lorsqu'on a procédé
à l'opération 55 et à la constitution des commissions
scolaires régionales, on n'avait pas encore le volume IV du rapport
Parent. Il était par conséquent impossible d'en tenir compte.
Aujourd'hui, heureusement, nous avons ce volume du rapport Parent: il est
public depuis 15,16 ou 17 mois et il est possible au gouvernement tout autant
qu'à la population d'en tenir compte.
Le délai de trois ans que le gouvernement nous propose est
absolument inacceptable pour les diverses raisons que j'ai mentionnées
au sujet des divers aspects de la réforme scolaire à
Montréal. On pourrait peut-être dire: Mais qu'est-ce qui se passe
dans l'intervalle, pendant ce délai de trois mois?
Le gouvernement nous a dit qu'à son avis cela a
été le sens des paroles du premier ministre, le sens des paroles
du ministre de l'Education le projet de loi s'imposait pour mettre en
marche la réforme scolaire à Montréal. Nous disons que le
bill 67, dans sa forme originale ou sa forme amendée, ne met rien en
marche, augmente le nombre de commissaires nommés par le gouvernement et
crée un nouveau comité. Ce que nous disons, c'est que, pour trois
mois, mettons le projet de loi de côté, mettons-le sur la table de
travail mais, sérieusement cette fois-là. Pendant ce temps le
mandat des commissaires actuels de la CECM con-
tinuera. On salt qu'il ne vient pas à échéance
avant le 1er juillet 1969.
D'autre part, il y a deux vacances à la Commission des
écoles catholiques de Montréal a l'heure actuelle. Le
gouvernement peut les remplir immédiatement. Le président actuel,
M. André Gagnon, s'est déclaré publiquement disposé
à céder la présidence, ce qui permettrait la nomination
d'un président à temps plein si le ministre de l'Education en
exprimait le désir aux commissaires de la Commission des écoles
catholiques de Montréal. C'est donc dire que, pendant cette
période de trois mois, la Commission des écoles catholiques de
Montréal continuerait à fonctionner. Pendant cette
pério-de^ le gouvernement pourrait avoir une influence très
considérable sur la marche de cette commission parce qu'elle serait
constituée, entre autres, de deux membres que le gouvernement nommerait
à ce moment-ci, par conséquent selon son choix, selon les
objectifs qu'il entretient au sujet de la réorganisation scolaire
à Montréal. Le ministre de l'Education et le premier ministre
nous ont parlé de leur projet de nommer M. Joseph Pagé à
la présidence des Ecoles catholiques malgré les oppositions
qui...
M. BELLEMARE: A l'odre! Je pense que votre temps est terminé
depuis deux minutes.
M. GERIN-LAJOIE: ... ont été manifestées à
cette nomination. Si c'est le désir persistant du gouvernement de faire
une telle nomination, le gouvernement n'aurait qu'a exprimer aux commissaires
actuels le désir que M. Pagé prenne la présidence. Tout
cela pourrait se réaliser dès maintenant au cours de la
période de trois mois de sorte que la commission continuerait a
fonctionner, de sorte que la commission pourrait subir l'impulsion que voudrait
lui donner le gouvernement et en particulier le ministère de
l'Education. Mais en procédant de cette façon, au moins,
malgré la certaine répugnance que nous pourrions avoir à
voir le gouvernement procéder ainsi à l'époque actuelle
alors que nous voulons avoir la démocratisation et la
régionalisation sans tarder, au moins, la population aurait raison de se
dire: Bien, au moins, le gouvernement et le parlement ne sont pas allés
jusqu'à consigner dans un texte de loi un régime provisoire pour
trois ans et au moins le gouvernement nous donne l'assurance que dans un
délai de trois mois et non pas de trois ans, il se présentera de
nouveau devant le parlement et, cette fois-là, il le fera avec un projet
de loi destiné à établir immédiatement, sans
délai, la régionalisation scolaire sur l'île et la
démocratisation sur le territoire de la CECM et cela après avoir
procédé aux diverses consultations dont j'ai parlé tout
à l'heure.
M. le Président, je pense que...
M. BELLEMARE: Je soulève un point de règlement. Comme il y
a encore plusieurs autres députés qui vont adresser la
parole...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'ai bien remarqué que l'honorable
député a encore une demi-minute à parler et si c'est le
point d'ordre qu'a l'intention de soulever l'honorable ministre du Travail, je
crois que nous pourrions convenir que le député de
Vaudreuil-Soulanges achève ses remarques.
M. GERIN-LAJOIE: J'ai eu la prudence de m'informer avant de commencer
à parler combien Il me restait de temps et M. le Président et le
greffier m'ontdlt qu'il me restait 28 minutes.
M. BELLEMARE: Non, non. Il vous en restait 23 et cinq minutes de
grâce.
M. GERIN-LAJOIE: A tout événement, c'est le
président qui décide. Alors, ma demi-minute, M. le
Président.
M. BELLEMARE: Cinq minutes de grâce. M. LESAGE: Ne te laisse pas
faire. DES VOIX: Vote. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ALLARD: Je pense que le temps du député est
expiré, moins 215.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: Non, il est toujours sur sa demi-minute.
M. LE PRESIDENT: Comme mes connaissances en comptabilité ne sont
pas certaines, alors, j'ai cru bon de demander à mes collaborateurs
immédiats de tenir compte du temps de chacun des honorables
députés. J'ai constaté que j'avais peut-être
été injuste à l'endroit de l'honorable
député de Vaudreuil-Soulanges parce que je me suis permis de lui
voler quelque temps. Comme c'est le propre de l'avocat de toujours restituer,
j'ai cru de mon devoir de lui accorder un temps additionnel que nous avons
fixé mes collaborateurs immédiats, les officiers
supérieurs, les conseillers et nous avons alors informé
l'ho-
norable député de Vaudreuil-Soulanges qui nous avait
posé la question. Alors, si tous convenaient qu'une demi-minute, trois
quarts de minute...
M. BELLEMARE: Non, non. Vous avez dit une demi-minute, tout à
l'heure.
UNE VOIX: Trente secondes.
M. BELLEMARE: Cela fait déjà deux minutes de
ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Alors, disons qu'environ une demi-minute
sera le temps suffisant pour permettre à l'honorable
député de terminer.
M. LAPORTE: Mais en mesure anglaise, c'est moins.
M. GER1N-LAJOIE: M. le Président, jamais on n'aura vu une telle
unanimité dans la province de Québec contre un projet de loi.
Jamais on n'aura vu l'unanimité de tous les...
M. BELLEMARE: A l'ordre! A l'ordre! La motion, trois mois.
M. GERIN-LAJOIE: Jamais on n'aura vu une telle unanimité pour
exiger la remise d'unbillà trois mois. Jamais on n'aura vu une telle
unanimité de la part des éditorialistes, de la part des journaux
de langue anglaise, de la part des journaux de langue française.
M. le Président, vous m'avez donné une demi-minute et
j'aimerais bien pouvoir l'utiliser...
UNE VOIX: Elle est déjà passée.
M. GERIN-LAJOIE: ... sans interpellation comme on le fait
actuellement.
UNE VOIX: Fini.
M. GRENIER: Cela a été bon.
M. BELLEMARE: Combien est-ce qu'il en reste?
M. GERM-LAJOIE: Le député j'oublie toujours son nom
du comté de Grenier pourrait au moins aller à sa place
pour interpeller les orateurs.
M. LE PRESIDENT: Je présume que les honorables
députés sont tous désireux de parler. Alors, quelques
secondes de patience et nous pourrons céder la parole à un autre
si on a l'intention de continuer le débat sur la motion de l'honorable
député de Westmount. A moins qu'on dispose immédiatement
de cette motion par le vote.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, jamais on n'aura vu une telle
unanimité chez les éditorialistes et chez les journaux de langue
française, chez les journaux de langue anglaise, jamais on n'aura vu une
telle unanimité englobant la CSN, la FTQ, les organismes de professeurs,
les organismes de parents. Je pense que devant une telle unanimité,
c'est le devoir, non seulement de l'Opposition, mais c'est le devoir de ce
parlement de prendre des dispositions pour que le bill 67 soit
substantiellement modifié.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de
Saint-Laurent.
M. Léo Pearson
M. PEARSON: Pourquoi une remise à trois mois? Parce que les
citoyens de Montréal ont le droit et non pas seulement le
privilège de s'exprimer sur le sujet.
M. BERTRAND: Oui et avec plaisir. Nous allons vous écouter.
M. PEARSON: Pardon?
M. BERTRAND: Nous allons vous écouter.
M. PEARSON: Bon, d'accord.
M. LAPORTE: Ils avaient déjà commencé.
M. PEARSON: Que Montréal, à cause de son caractère
particulier, qui est l'objet de mon développement, n'acceptera pas qu'on
lui passe par-dessus la tête, qu'on l'ignore, qu'on lui dise: Faites-nous
confiance, faites un acte de foi. Montréal, par lui-même, veut
savoir où il va.
Il lui répugne de se laisser conduire par la main paternelle du
gouvernement, ce que d'autres régions peuvent peut-être accepter
de bon coeur. C'est cette entité particulière de Montréal,
cette personnalité, ce caractère de Montréal, que je veux
illustrer pour démontrer la nécessité de reporter à
trois mois l'étude du bill pour que la population de Montréal ne
soit pas frustrée du droit élémentaire d'être
consultée ou au moins que le gouvernement prenne le temps de la
convaincre, cette population qu'il sait où il va ou bien où il
s'en va, ce qui est loin d'être réalisé, car trois mois
c'est bien court.
M. le Président, s'il y a dans le Canada deux nations, deux pays
qui sont le Québec et les autres provinces canadiennes, au Québec
il existe également deux provinces: Montréal ou la région
de Montréal et le reste de la province.
DES VOIX: Ah!
M. PEARSON: C'est mon opinion. Ecoutez, ceux qui ne sont pas de la
même opinion n'ont qu'à dépenser les mêmes efforts
dont ils se servent pour interrompre pour essayer de prouver le contraire,
c'est aussi simple que ça.
M. BERTRAND: Le séparatisme à l'intérieur de la
province...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je présume que l'honorable
député n'a pas l'intention de détailler plus longtemps
cette thèse, cette théorie, cette déclaration, parce qu'il
doit, et j'en suis sûr qu'il le connaît très bien, il doit
se rappeler cet article de notre règlement qui nous impose autant que
possible une pertinence dans les remarques que l'on désire exprimer avec
la motion présentement à l'étude. Alors je suis sûr
que l'honorable député voudra bien collaborer avec tous ses
collègues pour que le tout se passe autant que possible suivant les
dispositions impératives de notre règlement sur ce sujet.
M. PEARSON: Très bien. M. le Président, comme le
Québec à l'intérieur de la Confédération,
Montréal, dans le cadre de la province de Québec, veut lui aussi
s'exprimer, s'affirmer, s'épanouir. Montréal ne demande pas de
traitement de faveur, il n'en a jamais demandé d'ailleurs, mais
réclame tout simplement l'élémentaire justice, justice que
le gouvernement a accordée à l'Association des parents
catholiques du Québec lors de l'étude du bill 21, à la
Voix des parents catholiques de la régionale Louis-Hémon et
autres. Montréal est une ville progressiste, cosmopolite, ouverte sur le
monde, elle regarde vers l'avenir, vers l'extérieur...
M. LOUBIER: A l'ordre!
M. PEARSON: Ecoutez! Je suis en train d'établir, M. le
Président, la différence entre la mentalité des gens de la
région de Montréal et l'ensemble de la province.
M. LOUBIER: Le président est debout!
M. LE PRESIDENT: Je suis sûr que cette étude ethnographique
est des plus intéressante, mais je regrette d'être dans
l'obligation de rap- peler à l'honorable député qu'il se
doit d'exposer ses remarques dans le cadre du texte même de la motion de
l'honorable député de Westmount qui est à l'effet de
reporter l'adoption de cette loi, du bill 67, à une période de
trois mois, et donner les raisons pour lesquelles telle motion devrait
être adoptée par cette honorable Chambre. L'occasion serait mal
choisie d'analyser ethniquement les éléments constitutifs de la
population scolaire ou adulte de Montréal parce qu'à ce
moment-là je crois que les remarques ne seraient pas conformes à
la motion présentement à l'étude.
M. PEARSON: M. le Président, je ne sais pas si je suis hors
d'ordre, je vais essayer de montrer d'une certaine façon les deux
différences de mentalité qu'il peut y avoir entre Montréal
et certaines autres régions de la province, la
représentativité de Montréal...
M. LOUBIER: Ce n'est pas ça.
M. ALLARD: Sur un point d'ordre, M. le Président. Je pense qu'en
deuxième lecture...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je serais fort intéressé par
la théorie que désirerait développer le
député, mais, encore là, il se doit d'exposer ou
d'exprimer son point de vue sur la nécessité de cette Chambre de
reporter l'adoption du bill 67 à une période de trois mois. Je
suis sûr qu'il pourra, avec l'intelligence que je lui connais, se
conformer à ces dispositions qui lient non seulement le
président, mais tous les honorables députés de cette
Chambre.
M. PEARSON: M. le Président, voici ce que j'ai dit dans mon
préambule. J'ai dit que Montréal, à cause de son
entité particulière, n'acceptera pas de faire un acte de foi. Ce
qui veut dire que Montréal doit être convaincue par le
gouvernement ne doit avoir l'occasion elle-même de s'exprimer. C'est
simplement cette thèse que je veux développer, essayer de montrer
l'entité particulière de Montréal en fonction de ce
bill.
M. ALLARD: Vous n'êtes pas sur la motion. M. PEARSON: C'est sur la
motion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis sûr que l'honorable
député conviendra qu'il ne s'agit pas d'exprimer des idées
pour justifier ou non la foi qu'on doit avoir dans le gouvernement ou pas. Il
s'agit plutôt pour lui de donner des raisons pour lesquelles, dans une
période de temps donnée, le gouvernement serait susceptible
d'a-
dopter une législation qui pourrait convenir a sa thèse.
Mais sa thèse, il ne peut l'exposer pour en faire sa pierre angulaire.
Il doit plutôt exposer les raisons de temps qui sont nécessaires
et justifiables pour retarder l'adoption du projet de loi présentement
à l'étude.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, je dois vous demander une
directive pour la Chambre, s'il vous plaît. Je pense que, si j'ai bien
compris le député, il veut étayer la thèse qu'avec
un délai de trois mois le gouvernement pourrait tenir compte davantage
de la situation particulière de Montréal. Je pense que le
député pourra peut-être préciser cet
aspect-là en faisant son exposé, mais que c'est dans cette
perspective qu'il s'adressait à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Je n'ai aucun doute qu'il y a des justifications pour
considérer que Montréal peut avoir une mentalité autre que
le reste de la province, mais, actuellement, il faut que l'honorable
député se conforme à cet article 273. J'ai bien
spécifié, dans le cours du débat de l'après-midi,
que c'était assez difficile pour moi: à l'avance, je me suis
excusé de l'interprétation, peut-être erronée, que
je pourrais faire de ce règlement relativement au sujet traité
par un opinant, mais, encore là, tous conviendront qu'il ne s'agit pas
de faire, ou de tenter de faire, de bonne foi, j'en suis sûr,
indirectement ce que le règlement empêche de faire
directement.
M. PEARSON: M. le Président, voici en somme mon argument
principal. A cause de tout l'historique et de l'entité
particulière de la région de Montréal, ce que j'ai dit
dans mon préambule tantôt, Montréal n'acceptera pas de
faire un acte de foi. C'est pourquoi je demandais tantôt... J'essaie de
prouver...
M. ALLARD: M. le Président, qu'on s'en tienne à la
motion.
M. LOUBIER: Il récidive.
M. PEARSON: S'ils me laissaient finir, M. le Président. J'essaie
de prouver pourquoi Montréal, dans l'espace de trois mois... Soit qu'on
entende les gens de Montréal, soit que le gouvernement, à
l'intérieur de ces trois mois-là, puisse réussir à
prouver à Montréal qu'il sait lui-même où il veut
aller avec son bill 67. Si ce n'est pas suffisant, M. le Président, je
m'en rendrai à votre décision, mais c'est mon argument
principal.
M. LE PRESIDENT: Alors, voici, il ne s'agit pas pour l'honorable
député de pouvoir détailler d'une façon conforme
à notre règlement, pourquoi Montréal ne pourrait pas, mais
il s'agirait plutôt de savoir ou de donner des raisons pourquoi le
gouvernement devrait. Alors, il y a, à ce moment-là, je crois,
une différence d'interprétation.
Je regrette d'être dans l'obligation de m'en rapporter à
cette interprétation du règlement, et je suis sûr que
l'honorable député, avec toute la gentilhommerie que je lui
connais, voudra collaborer avec la présidence pour tâcher
d'éviter le plus de chocs possible et surtout pour que ses remarques
soient tout à fait pertinentes aux débats.
M. BELLEMARE: Le député de Vaudreuil-Soulanges vous
faisait remarquer tout à l'heure... vous demandait une directive. Je
vous soumets bien humblement qu'à la deuxième lecture l'honorable
député est intervenu, et on retrouve ça à la page
4822 du journal des Débats, le 17 juillet 1967, et a
développé cette thèse que Montréal était la
vache à lait de la province. Il a eu tout le temps de prouver que
c'était une bonne vache à lait. D'ailleurs, vous le lirez avec
beaucoup d'attention et vous allez vous apercevoir que la thèse qu'il
développe là, c'est un principe de fond et je crois qu'il y
aurait lieu de le faire continuer dans la vocation de Montréal qui n'est
pas seulement d'être une vache à lait, comme il le disait, je cite
ses mots...
M. GERIN-LAJOIE: Sur le point de règlement soulevé par le
député de Champlain, je pense évidemment c'est bon
de rire à l'occasion mais au cas où le
député de Champlain aurait été
sérieux...
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas le droit de me prêter toutes ces
intentions. J'ai été très sérieux, sauf pour la
dernière partie. C'est mon collègue qui a changé de place
et qui est venu me distraire par une phrase que je n'ai pas voulu dire et qui
m'a porté à rire. Je suis très sérieux. L'honorable
député, en deuxième lecture, a établi sa
thèse. Nous l'avons écouté, et c'est dans le journal des
Débats. Il a eu tous les avantages de le faire. Là, il
développe exactement ce qu'il a fait en deuxième lecture et je ne
pense pas, comme vous l'avez dit si sagement, que nous devrions continuer
à l'entendre. Nous sommes bien heureux de l'entendre s'il parle sur la
motion Hyde pour remettre à trois mois. D'accord, c'est un jeune et
brillant député de l'Opposition qui ira loin chez
eux, mais ça ne fait rien, je suis persuadé que nous
allons l'entendre s'il continue à parler.
M. LE PRESIDENT: Je suis sûr que l'honorable député
de Saint-Laurent, dès le début de mes remarques a saisi
l'invitation que je lui faisais et encore là, je suis sûr
qu'à la période où nous sommes rendus ce soir, nous
pourrons autant que possible collaborer pour pouvoir véritablement
rapporter progrès de nos travaux à une heure raisonnable.
M. PEARSON: M. le Président, je vais me plier... En somme, mon
manque d'expérience politique fait que je vais reporter à un peu
plus tard... Si j'avais un peu plus d'expérience, je pourrais
répéter une fois de temps en temps « trois mois » et
patiner à gauche et à droite et finir par passer mon
discours.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas sorti, non, non, le député
d'Outremont... j'ai suivi à la lettre le règlement.
M. CHOQUETTE: Le préfet de discipline de la Chambre. C'est vous
ça.
M. BELLEMARE: Oui. Cela serait peut-être bien utile que vous en
ayez un chez vous.
M. CHOQUETTE: Occupez-vous de la discipline de votre côté
et laissez faire notre côté.
M. BELLEMARE: On se console en vous voyant.
M. LACROIX: ... l'Union Nationale...
UNE VOIX: Ce n'est pas ça que disait M. Aquin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Il serait regrettable que la Chambre soit
obligée de prendre un délai de trois mois pour l'étude de
ce bill. Alors, je n'ai aucun doute que tous voudront bien manifester de la
patience, de la courtoisie, de la coopération, et ainsi je suis
sûr que nous terminerons nos travaux ce soir, satisfaits d'avoir
réellement pu rapporter progrès.
M. PEARSON: Alors, M. le Président, je dis tout simplement ceci,
c'est que je reporterai à un petit peu plus tard, une fois que j'aurai
réussi à incorporer les moyens de faire comme les plus anciens,
à glisser quand même les arguments que je pourrai avoir.
Tantôt M. le ministre du Travail a mentionné que j'avais
parlé de Montréal comme vache à lait.
Disons que je l'ai exprimé un peu différemment. Je
n'emploie plus ce terme-là, j'ai changé. Vous savez, dans une
semaine, on change un peu.
M. BELLEMARE: Continuez, continuez,
M. PEARSON: Mais, c'est un peu différent. Alors, je reviendrai un
peu plus tard parce que j'ai l'impression qu'on n'a pas fini de discuter sur le
bill 67.
M. BELLEMARE: Ah non! Ah non!
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. Victor C. Goldbloom
M. GOLDBLOOM: J'ai terminé mon discours en deuxième
lecture...
M. LACROIX: ... ces gars-là, c'est effrayant.
M. GOLDBLOOM: Ileureusement, M. le Président, que je suis
pédiatre, parce que je constate que j'ai affaire à des
enfants.
M. LACROIX: Les dents n'ont pas poussé jeune par exemple.
M. GOLDBLOOM: Je disais que j'avais terminé mon discours en
deuxième lecture en demandant au gouvernement de repenser son malheureux
bill 67. Maintenant, le député de Westmount par sa motion, dont
je le félicite, me permet et je l'en remercie de
renouveler ma demande au gouvernement de le repenser et de prendre trois mois
pour le faire.
Cette motion donnerait au gouvernement trois mois de réflexion.
Maintenant, le dictionnaire donne la définition de réflexion
comme suit Action de l'esprit qui revient sur ses pensées pour les
examiner et les comparer. Or, au cours des trois prochains mois, je demande au
gouvernement d'ouvrir son esprit afin de revenir sur ses pensées pour
les examiner et les comparer.
M. GRENIER: Vous êtes optimiste.
M. GOLDBLOOM: Les comparer à ses propres déclarations de
principe énoncées à maintes et maintes occasions
antérieures: de les examiner à la lumière de ces
principes, à la lumière de l'opinion publique qui se montre
nettement défavorable au projet de loi que nous avons devant nous...
M. ALLARD: M. le Président...
M. GOLDBLOOM: Et je pourrai, pour faire plaisir à l'honorable
ministre du Travail, de l'Industrie et du Commerce, des règlements de la
Chambre et de l'historique des Débats...
UNE VOIX: Alouette!
M. GOLDBLOOM: ... citer les messages que j'ai reçus
personnellement, les déclarations publiées par plusieurs
organismes importants et même des êditoriaux, cela lui fera
particu-lèrement plaisir et d'examiner ses pensées
à la lumière de ses propres intentions, intentions qu'il a en
quelque sorte cachées pour les révéler en dehors de cette
Chambre dans un geste étrange qui bordait le mépris de
l'Assemblée législative. Ces intentions, je n'ai quand même
pas le droit de les mettre en doute: mais le gouvernement a le devoir non
seulement d'énoncer clairement ses intentions, clairement et sans
équivoque, mais aussi de les incorporer textuellement dans son projet de
loi.
Je souligne qu'aucune déclaration, même si elle est faite
dans cette enceinte, n'a force de loi. Or, il ne suffit pas que le gouvernement
énonce ses principes par des déclarations, il faudrait que ses
intentions soient clairement écrites en noir sur blanc. Dans l'espace de
trois mois, il y aura sûrement la possibilité de nous offrir un
meilleur texte de loi que celui que nous avons devant les yeux.
Vous savez comme moi que le chemin de l'enfer est pavé de bonnes
intentions, et je crains que ce n'est sur ce chemin que le gouvernement nous
entraîne avec ce projet de loi. C'est dans ce sens que je trouve que le
gouvernement n'est pas conséquent avec lui-même. Il rejette la
proposition de l'Opposition, qu'il prenne trois mois d'étude pour
améliorer sa loi, mais il demande trois ans pour étudier
davantage ce qui a déjà été
étudié.
On n'établit pas la démocratie en l'abolissant. Au moins,
pas dans un pays aussi évolué et démocratisé que le
nôtre. Il ne faudrait au gouvernement même pas trois mois de
réflection pour saisir le fait indéniable que son projet de loi
remplace le régime actuel par un autre moins démocratique, et que
celui proposé par les amendements qu'il a fait circuler est encore pire
à cet égard.
On n'établit pas la démocratie en l'abolissant, mais le
gouvernement se vante que notre province est la plus démocratique de
notre pays et nous demande de lui faire confiance.
Le gouvernement a lui-même qualifié cette mesure de
transitoire. Les régimes transitoires sont parfois nécessaires
même inévitables, mais je n'y crois pas en principe. Le
transitoire devient trop facilement le permanent. Je pense à ces
édifices à Ottawa érigés pendant la guerre.
M. ALLARD: Ce n'est pas dans la motion. La motion!
Qu'il s'en tienne à la motion: trois mois et un mois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Tous conviendront qu'on ne peut pas, pour
rester dans les limites de la discussion permise par le règlement, faire
appel constamment à l'expression trois mois, et veuillez croire
qu'autant que possible, j'essaie de suivre l'argumentation de chacun des
honorables députés qui veulent discuter de la motion
présentement à l'étude, et je crois que ma tâche
serait plus facile, la compréhension plus rapide si les honorables
députés, dans leur ardeur à vouloir participer au
débat ne venaient pas en quelque sorte déranger mon entendement.
C'est pourquoi je me permettrai d'inviter les honorables députés
à collaborer avec moi pour que je sois encore plus ouvert et plus
éveillé au respect intégral dans toute la mesure du
possible de la règle de la pertinence des débats.
M. GOLDBLOOM: Ayant déclaré que le transitoire devient
souvent le permanent, j'allais très brièvement citer l'exemple de
certains bâtiments qui, ayant été construits comme
bâtiments temporaires, servent encore aux mêmes fins un quart de
siècle plus tard.
Si le transitoire devient facilement le permanent, Il peut devenir aussi
le prolongé comme le mandat de certaines commissions d'enquête, et
il s'agit dans les amendements dont le gouvernement nous parle d'une autre
commission d'enquête. Je reviendrai là-dessus.
Or, je peux, sans mettre en doute les intentions du gouvernement,
manquer de confiance dans le résultat de ce qu'il nous propose, manquer
de confiance dans ce projet de loi comme moyen d'arriver à
l'échéance que nous désirons tous, la
démocratisation du système scolaire de la ville de
Montréal.
Je suis convaincu que trois mois de travail sérieux suffiraient
pour permettre au gouvernement de rédiger une loi définitive qui
créerait un vrai régime démocratique de participation.
Que ce régime soit mixte, comprenant une majorité de
membres élus, une minorité de membres nommés par le
gouvernement, cette idée serait éminemment discutable dans le
sens le plus positif du mot. Je n'ai pas d'opinion bien
arrêtée là-dessus. L'étude, pendant trois
mois, pourrait sûrement arriver à une formule convenable dans ce
sens.
Mais pour envisager une telle possibilité, on serait
obligé d'inviter une autre juridiction à nommer, à la
Commission, des représentants d'office: celle de la ville de
Montréal. Après tout, M. le Président, le gouvernement
municipal de la métropole a un vif intérêt dans ce domaine
et ce sont les citoyens de Montréal qui paient la note pour
l'éducation de leurs enfants et qui contribuent, en outre, à
combler le déficit de la plupart des autres commissions scolaires de la
province.
Dans l'espace de trois mois, des consultations utiles, loyales avec les
autorités de la métropole permettraient d'envisager la
participation essentielle de ce gouvernement au régime scolaire de son
territoire. Nous avons le spectacle contradictoire d'un gouvernement qui se
plaint du traitement qu'il reçoit des mains du gouvernement
fédéral, mais qui sert le même traitement aux
municipalités. Je me rappelle le célèbre poème de
Samuel Butler dont le refrain, après chaque stance, consiste en ces
mots: « O God, O Montreal: O God, O Montreal! »
M. BERTRAND: Ainsi soit-il.
M. GOLDBLOOM: Je suis convaincu que trois mois de consultations avec les
autorités de la métropole permettraient une solution
intéressante au problème scolaire de tout le territoire. Le
gouvernement a-t-il le courage de mettre de côté son bill pour
trois mois et de tenter ce que je viens de suggérer? Je crains que non,
mais c'est encore une fois la malheureuse histoire de la vache à
lait.
Que le gouvernement prenne donc trois mois pour convaincre la ville de
Montréal qu'il a un rôle à jouer dans l'administration
scolaire de son territoire. Est-ce que le gouvernement est sérieux quand
il prétend que la ville de Montréal n'est pas prête pour la
démocratie au niveau de l'administration scolaire? Il lui faudrait plus
de trois mois pour m'en convaincre. Mais, en moins de trois mois, le
gouvernement pourra chercher et s'acquérir la collaboration non
seulement des parents, mais aussi des corps intermédiaires qui, il y a
quelques mois à peine, lui étaient si chers qu'il voulait les
faire siéger à l'autre bout de notre corridor
législatif.
Il faut que ça démarre à Montréal, dit le
premier ministre. Or, il faut adopter une mauvaise loi. Je dis non. Ce n'est
pas le démarrage dont on a besoin et on pourrait en trouver un meilleur
dans l'espace de trois mois.
Non seulement nous demande-t-on d'adopter une mauvaise loi, on nous
demande de sanctionner une nouvelle étude de ce qui a déjà
été étudié plus d'une fois.
Le député de Vaudreuil-Soulanges a donné une
bibliographie de ces études. Cette étude ne devrait même
pas durer trois mois, mais, ce que le gouvernement nous propose durerait une
année et demie, et par la suite, le gouvernement prendrait une autre
année et demie pour en étudier le résultat.
Il y a une conclusion qui s'impose, M. le Président, c'est que
l'Union Nationale, n'en déplaise au ministre du Travail, était
trop occupée au cours de la dernière campagne
électorale,.,
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ALLARD: La motion! Non, non. Babou-nage en dehors de la motion. Il va
s'en tenir à la motion. On s'est fait « baver » une nuit de
temps, vous allez, vous en tenir à la motion certain.
M. LE PRESIDENT: Cette dernière partie des remarques de
l'honorable député avec le fond de la motion présentement
à l'étude... Je me permettrai de lui rappeler, sachant qu'il
pourra collaborer pour que ses remarques fort intéressantes puissent
continuer à être dans la légalité.
M. GOLDBLOOM: Disons d'abord que j'ai l'impression que le gouvernement
n'a pas suffisamment étudié le rapport Parent et je lui demande
de prendre trois mois pour l'étudier davantage.
Il faut que ça démarre à Montréal, il faut
adopter une mauvaise loi. En février, il fallait que les enfants
rentrent en classe, or il fallait adopter une mauvaise loi.
Qu'est-ce qu'on enlève? demande le premier ministre? On
enlève pour trois ans, la possibilité pour les citoyens de
Montréal de choisir leurs propres administrateurs scolaires. On
restreint la démocratie en promettant de la libérer un jour.
C'est une loi à l'instar du bill 25 qui, lui aussi, restreignait la
démocratie en promettant de la redonner un jour. Mais nous avons assez
de ces carottes tendues par l'Union Nationale.
Trois mois, trois mois pendant que le gouvernement nous fait croire ou
cherche à nous faire croire que nous allons encourager, par ce bill, la
démocratisation de la Commission des écoles catholiques de
Montréal. C'est un drôle d'encouragement.
Le gouvernement n'est pas sans savoir que, déjà, dans la
ville de Montréal, et, dans l'es-
pace de trois mois, j'espère qu'une solution aura
été apportée à ce problème des
actions ont été intentées contre des commissions scolaires
par des citoyens qui sont prêts à aller jusque là, pour
obtenir le droit de vote au niveau de l'administration scolaire.
Trois mois? Déjà le gouvernement propose des amendements
à sa loi. Avec plus de temps, il pourrait en apporter de vrais qui
changeraient la loi en quelque chose d'utile et d'intéressant. Trois
mois? Parce qu'il reste encore des équivoques à dissiper. On ne
demande pas au gouvernement d'entreprendre les travaux d'Hercule, ni même
de subir les supplices de Tantale. On lui demande simplement d'accorder trois
mois à la rédaction d'une meilleure loi, avec le rapport Parent
pour sa lecture de chevet et le Conseil supérieur de l'Education pour
son conseiller de l'aube.
Je ne voudrais pas que l'âme de l'administration scolaire de la
ville de Montréal soit vendue au diable pour les trois prochaines
années,
M. ALLARD: La motion, s'il vous plaît, Sur un point d'ordre, la
motion se lit comme suit: « Que la motion en discussion soit
amendée en retranchant le mot « maintenant », et en ajoutant
les mots « dans trois mois ». Les considérations politiques,
partisanes, mesquines, que le député est en train de faire ne
relèvent pas de la motion. Je demande qu'il s'en tienne à la
motion. Cela fait cinquante-deux fois qu'il nous répète dans
trois mois, pour ajouter des flèches partisanes à tout bout de
champ; mais il n'a pas discuté encore la motion strictement, telle
qu'elle est présentée.
M. LAPORTE: Celui qui vous a précédé au fauteuil il
y a quelques minutes et qui était un autre vous-même a
déclaré tout à l'heure qu'il ne suffit pas, pour justifier
une intervention du gouvernement, que celui qui parle néglige pendant
une minute ou deux de répéter tous les trois mots, pendant trois
mois. » Le député de D'Arcy-McGee jusqu'ici a exactement
respecté le règlement, c'est-à-dire qu'il s'en est tenu
très strictement à la motion. Il a donné jusqu'ici, et de
façon fort réglementaire, des arguments qui, à son avis,
justifieraient le ministre de l'Education et le gouvernement de reporter
à trois mois l'étude de ce projet de loi. Les arguments qu'il
apporte à l'effet qu'une étude plus approfondie pendant trois
mois pourrait davantage faire respecter les droits des citoyens de
Montréal et permettre de donner satisfaction à tous les
intéressés sont parfaitement conformes au règlement et je
vous prierais de l'inviter à continuer son discours.
M. LE PRESIDENT: Serait-il permis, toutefois, auparavant, de rappeler
à l'honorable député que le fait de répéter
« trois mois » à toutes les phrases ne l'autoriserait tout
de même pas, je pense, à trop s'éloigner de la motion
elle-même. J'invite les honorables députés de part et
d'autre à garder le calme qui, je pense, fera progresser davantage cet
intéressant débat.
M. LEFEBVRE: M. le Président, un mot simplement, une
réflexion sur le point d'ordre, parce que, au cas où ce
débat...
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! UNE VOIX: Un vote! M. LOUBIER: La
décision est rendue! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: La décision est readue! Il n'y a plus de point
d'ordre, voyons donc! Comme notaire, vous ne savez pas ça!
M. BINETTE: Il soulève un point d'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que la Chambre... J'autorise
maintenant l'honorable député de D'Arcy-McGee à continuer,
tel que l'a demandé l'honorable leader de l'Opposition. Le
député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je remercie le
député de Beauce de m'avoir rappelé le texte de la motion.
J'essaierai, comme je l'ai fait jusqu'à ce moment, de rester dans les
lignes de cette motion, mais je dis au député de Beauce que, si
ça lui fait mal d'entendre des flèches partisanes dans cette
Chambre, il ne devrait pas relire le discours prononcé par le ministre
du Travail il y a quelques heures.
M. ALLARD: M. le Président, sur un point d'ordre. Le
député de D'Arcy-McGee, intentionnellement veut faire de la
politique partisane sur cette question et voudrait prêter des intentions
au ministre du Travail qui n'a nullement, en aucune manière, agi de la
façon qu'il le fait depuis une demi-heure.
M. LEFEBVRE: M. le Président, sur le point d'ordre et avant que
le... J'ai ici le texte du discours de l'honorable ministre. Je ne vous
infligerai pas d'en lire long, mais deux paragraphes. La Chambre jugera.
UNE VOIX: Voyons donc!
M. ALLARD: A l'ordre! A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Je parle sur un point d'or-drel
M. BELLEMARE: M. le Président, un point d'ordre!
M. LEFEBVRE: M. le Président, j'ai soulevé un point
d'ordre!
M. LACROIX: Il n'a pas commencé aie soulever son point d'ordre
encore.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LACROIX: Il a bien raison de ne pas vouloir l'entendre.
M. BELLEMARE: Vous allez le ravaler, certain!
M. LE PRESIDENT: Je pense qu'il est du devoir du président de
donner la parole à celui qui invoque le règlement sur un point de
règlement et je le ferai, autant que ce sera demandé et que ce
sera permis par nos règlements. Pour le moment, je donne la parole
à l'honorable ministre du Travail.
DES VOIX: Ah, ah!
M. LEFEBVRE: M. le Président, puis-je vous demander de quel droit
le ministre du Travail a priorité sur le député
d'Ahuntsic?
M. BELLEMARE: M. le Président, si l'honorable
député n'est pas content, il peut en appeler de la
décision.
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Ce serait le temps de compter combien il y en a en
Chambre. Je n'ai pas osé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Combien y a-t-il de libéraux qui sont en
congé et qui ne siègent pas à leur place? Où
sont-ils les libéraux, ce soir?
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Assoyez-vous!
M. BELLEMARE: Comptez-les les députés libéraux
là. Vous allez voir que dans l'opinion publique...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEDUC (Taillon): Sont-ce vos affaires, cela, où ils sont?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! UNE VOIX: Ah, mon Dieu
Seigneur!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Avant que je puisse me prononcer sur le
contenu du point de règlement invoqué par l'honorable ministre du
Travail, je pense qu'il faudra au moins l'entendre.
M. BELLEMARE: Ecoutez là, vous. Après, ce sera vous qui
aurez les coups. C'est le député de D'Arcy-McGee qui a la
parole.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je crois avoir soulevé un
point d'ordre, c'est-à-dire que je parlais sur le point d'ordre
soulevé par le député de Beauce. Je pense que si chacun
veut retrouver son calme, on admettra qu'il est quand même assez
difficile pour les députés de ce côté-ci de la
Chambre...
M. BELLEMARE: En vertu de quel article du règlement parle
l'honorable député sur le point d'ordre? En vertu de quoi?
M. LEFEBVRE: M. le Président...
M. BELLEMARE: M. le Président, je veux savoir sur quel point de
règlement il parle.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Oui, mais il y a un point d'ordre qui a été
soulevé...
M. BERTRAND: Par le député de Beauce.
M. LESAGE: ... par le député de Beauce et il parle sur le
point de règlement, c'est normal.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Laissez donc parler le député de
D'Arcy-McGee.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Qu'on me permette d'entendre l'honorable
député d'Ahuntsic pour voir si vraiment il a raison.
M. BELLEMARE: Certain que ça n'ira pas, jamais!
M. LEFEBVRE: M. le Président, à deux ou trois reprises, le
député de Beauce s'est levé et il n'a pas cité de
numéro de règlement. Il a simplement attiré votre
attention sur le fait qu'à son avis l'orateur ne s'en tenait pas au
contenu de la motion. Et à plusieurs reprises, le ministre du Travail a
fait la même chose. Nous en avons assez de nous faire faire la morale par
le ministre du Travail!
M. BELLEMARE: M. le Président, en vertu de l'article 272 et
273...
M. COURCY: A l'ordre!
M. BELLEMARE: ... c'est sur cela que le député a
basé le point d'ordre. L'honorable député ne parle pas sur
272 ni 273.
M. COURCY: Le bel exemple!
M. LEFEBVRE: Le ministre du Travail se lève à tout bout de
champ alors qu'il n'a pas la parole!
M. BELLEMARE: D'Arcy-McGee...
M. LEFEBVRE: M. le Président, on a dit que de ce
côté-ci de la Chambre, le député de D'Arcy- McGee
avait fait de la politique partisane. J'ai voulu lire une phrase du ministre
mais il n'est même pas capable de réentendre une de ses phrases
parce qu'il en a honte!
M. BELLEMARE: Je suis bien plus courageux qu'un député qui
va s'étendre loin d'un bill 25.
M. LACROIX: Ah bon, ça y est!
M. BELLEMARE: J'en connais un qui aurait dû être ici pendant
le bill 25. Cela aurait été courageux.
M. LEFEBVRE: M. le Président, sur quel point de règlement
parle-t-il, lui, actuellement?
M. BELLEMARE: Oui, pourquoi n'étiez-vous pas ici pendant le bill
25? Où étiez-vous, vous et votre courage? Où
étiez-vous?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: Taisez-vous donc!
M. BELLEMARE: Où étiez-vous? Vous auriez dû
être ici pendant le bill 25. Où étiez-vous?
M. CHOQUETTE: J'invoque le règlement. Le ministre du Travail
devrait retirer ses paroles, il n'a pas le droit d'imputer des motifs à
l'absence d'un député en cette Chambre.
M. LESAGE: De quel droit...
M. CHOQUETTE: Surtout quand c'est faux!
UNE VOIX: Il était là.
M. BELLEMARE: Un député absent.
M. CHOQUETTE: Non, il était présent.
M. BELLEMARE: C'est un avocat...
M. CHOQUETTE: Il était ici.
M. BELLEMARE: C'est un avocat. C'est un avocat et c'est un
député absent. Je suis bien content de voir que vous ne le voyez
pas. Un député absent! Elle est bonne!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Est-ce que j'ai le droit ou non de lire?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Je vous pose la question: Est ce que j'ai le droit ou si je
n'ai pas le droit de lire le texte?
UNE VOIX: Alors, continuez donc votre comédie.
M. LACROIX: Le député de Champlain...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je pense que sur le point d'ordre, il y a eu
suffisamment d'échanges de part et d'autre et que maintenant... A
l'ordre! Il y aurait lieu d'entendre maintenant l'honorable
député de D'Arcy-McGee.
M. LESAGE: M. le Président, le député d'Ahuntsic a
demandé la parole sur le point de règlement soulevé par le
député de Beauce et je comprends que vous lui refusez le droit de
parole.
M. BELLEMARE: Non, M. le Président.
M. LESAGE: Un instant! Je demande une directive.
M. BELLEMARE: Il a porté une accusation contre le
député de Champlain en disant qu'il n'était pas assez
courageux pour réentendre sa phrase. C'est cela, M. le Président,
l'accusation qu'il a portée.
M. LESAGE: C'est une directive que je demande, M. le Président.
Est-ce que je comprends que le député d'Ahuntsic ne peut
intervenir sur le point de règlement soulevé par le
député de Beauce?
M. LE PRESIDENT: C'est que le point d'ordre a été,
à mon avis, largement discuté et je crois que dans
l'intérêt de nos travaux et dans l'intérêt de la.
Chambre en général, il y aurait lieu d'entendre maintenant
l'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. BIENVENUE: M. le Président... DES VOIX: Vote, vote! M.
LOUBIER: Obstruction enfantine. UNE VOIX: Qu'on appelle les
députés.
M. LESAGE: M. le président, est-ce que vous me permettriez, je
vous ai demandé une directive...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... vous m'avez répondu que le député de
D'Arcy-McGee avait la parole...
M. LOUBIER: Bien non.
M. LESAGE: ... j'en étais satisfait.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça du tout.
M. LESAGE: ... et j'ai repris mon siège.
M. BELLEMARE: Vous avez dit, M. le Président, dois-je comprendre
que vous avez enlevé le droit de parole au député?
L'orateur a dit, M. le Président, appelez-en de la décision.
M. LAPORTE: Si vous me permettez, M. le Président...
UNE VOIX: Vote!
M. LEFEBVRE: J'en ai appelé de la décision.
M. LAPORTE: M. le Président, nous ne permettrons certainement pas
au gouvernement de nous imposer des votes sur des choses.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LAPORTE: ... sur lesquelles nous n'avons pas décidé
d'en appeler de votre décision, pour nous accuser ensuite de faire de
l'obstruction. Si le gouvernement veut demander le vote sur votre
décision, c'est à lui de le faire, pas à nous.
M. BERTRAND: M. le Président, il y a eu une demande de
vote...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Par le député d'Ahuntsic.
M. BERTRAND: ... par le député d'Ahuntsic...
M. BELLEMARE: Le député d'Ahuntsic l'a demandé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BERTRAND: Si le député d'Ahuntsic dit qu'il ne demande
pas le vote, alors que le député de D'Arcy-McGee continue son
discours, c'est tout.
M. LEFEBVRE: Par esprit de coopération et pour éviter de
retarder indûment le débat, je retire mon appel.
M. BELLEMARE: Le courageux! Le courageux!
M. LOUBIER: Vous êtes renié par les autres à ce
moment-là. Ils ne veulent pas vous suivre. Vous êtes trop
insignifiant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député de
D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, ce qu'il y a de plus cocasse dans
cette affaire, c'est que j'étais sur le point d'achever mon discours.
Merci mes amis.
M. LOUBIER: Ah mon Dieu!
M. GOLDBLOOM: Je disais, M. le Président, que je ne voudrais pas
que l'âme de l'administration scolaire de la ville de Montréal
soit vendue au diable pour les trois prochaines années. Je crois, M. le
Président, que dans l'es-
pace de trois mois, on pourra lui trouver un vrai sauveur.
Je termine en citant ce qui est paru dans la Presse d'aujourd'hui...
« que le grand ami du peuple, M. Johnson, et son ministre de l'Education,
M. Bertrand, s'accordent une période de réflexion
supplémentaire. Elle ne saura manquer de leur être
bénéfique ». J'endosse, M. le Président, en mon nom
et au nom de tous les députés qui siègent de ce
coté de la Chambre, l'expression de ces sentiments, parce que je crois
qu'ils représentent les sentiments de la forte majorité des
citoyens non seulement de la région métropolitaine qui est
directement impliquée, mais de toute la province.
Je crois, M. le Président, qu'il y a obstruction et il y a
défense de principe. Ce qui parait pour un côté de la
Chambre de l'obstruction, parait de l'autre côté de la Chambre
comme la défense la plus sincère et la plus nécessaire des
principes qui sont en jeu ici et je suis heureux d'avoir pu contribuer à
cette défense.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Brome.
M. Glendon l'. Brown
M. BROWN: Mr. Speaker, I would like to tell you that I fully agree with
the amendment of the Member for Westmount to delay for three months the
application of the law that is the law we are discussing, because the delay
will allow public opinion to have a chance to coagulate so as to have a new
bill that will take into consideration the true feelings of our citizens who
will pay a large part of the costs, including the salary of those serving on
the Commission, and appointed by the ruling party presently controlling the
Government. The people with this delay will be able to recognize the fact that
the present bill 67 is an extension of an antiquited situation that denies the
fundamental right of taxation with representation. It is strange that the
present administration seems to be following the steps engineered by Napoleon
in tieing up the population of France so that they gradually lost their rights
that they fought to maintain and establish in the Revolution.
Is this possible in la Belle Province? We have just heard the words of
Charles de Gaulle, echoing the theme songs of the French and American
Revolutions of freedom, equality and fraternity. Ilis reiterations of Quebec
Libre resemble the Holy Trinity. Ilow could we ignore the fundamental right of
taxation and representation? Taking three months to consider...
M. PROULX: Three months.
M. BROWN: ... these things. Surely, the amendment proposed by the Member
for Westmount would allow solid thought and study to negate this oppression and
unfair legislation that negates the freedom of the people that area unit that
means that one third of the population of Quebec who pay taxes for education of
children have no direct word in the election of those who manage their hard
earned cash to educate their children. It is something like milking a cow!
M. GOSSELIN: Not again. The poor cow is going to be dried from now
on.
M. BROWN: .. are we bovine enough to stand for this regimentation?
Three months study, three months of contemplation and study, three months of
contact with those who this affair touches would in fact head off an embroglio
that occurred with bill 25. The take over attitude of the Government was at the
time barefaced larceny of the rights of the teachers within the community. Then
the Lieutenant Governor in Council appeared in the bill so much that it
obliterated any signs of the people's right to exert the will of the voter. It
is curious to note that the Government that would like to appear in the
immaculate white robes of in-nocency where they play lip-service to democracy
in their prediction of their intentions at the start of the session. These
theories advanced at the start of the session would lead anyone to believe that
the intentions of the Government were for more democracy and cooperation and
these are some other things that I feel our people would consider in this three
month cooling off period and I quote from the policy of the Government: «
Things like « participating democracy » , « cooperation of
our citizens », « rights of minorities », « need for
interdépendance », « share the management of their common
interests ». And I quote from education the idea that was given in the
speech from the Throne, and I quote, and this is what we should consider in
this three month cooling off period: « Education is rightly one of the
main concerns of the Quebec community. It is the Government's wish, this
Government 's wish, that, this become truly a community effort, truly a
community effort ».
Now, I feel that the people of the Province of Quebec reading the
intention of the Government that says the Government's wish that this becomes
truly a community effort, they can feel no part of this in the present bill and
that is why they should be allowed to put their ideas in front of this
Government graphically during the next three months...
M. BELLEMARE: Three months.
M. BROWN: ... through the close cooperation of our concern and with
respect for the fundamental rights of the parents and children. There could not
be anything more clear that the intention of the Government was given in the
speech from the Throne and I would like to repeat it. Because this is the
important part of our debate tonight, and this is the important part of taking
time to look over the situation cooly and from a constructive point of view.
When the Government says and I repeat:Education is rightly one of the main
concerns of the Quebec community. This is a quotation of your speech from the
Throne. « It is the Government's wish that this become truly a community
effort through the close cooperation of all concerned and with respect for the
fundamental rights of parents and children. » The only way that this can
become a reality is through the amendment proposed by the Member from
Westmount, and I think we should keep this in mind.
Now, other thoughts to show you the thought of the Government must be
along the same lines as I am arguing: « render it more effective and also
more democratic » « A farmer's chamber of commerce to insure
democratic representation, » the sound is the ring of democracy and
democratic... and here we find the bill that is exactly diametric to the whole
idea put forward by the Government. « You will be asked to consider
various measures designed to impress the administration of justice and to
insure greater respect for civil liberties and human rights. » There is
no part of these declarations whatsoever in a bill that insist that the
taxpayer has no right to express his opinion although he is paying the shot. Oh
yes, there is the usual platitudes to Mr. John Q. Public, but in fact, this
present regime has taken more steps to usurp the prerogatives of the individual
citizen than any other regime in the last hundred years. Is this intentional?
Do they intend to spearhead this drive for control of the people by insisting
at first they tie the teachers' rights and then they abrogate the rights of the
citizen to elect those that should control the destiny of the schools in
Montreal.
M. LE PRESIDENT: Order!
M. BROWN: These are things that we must consider...
M. LE PRESIDENT: Order! May I recall the Honourable Member that we are
discussing now a motion moved by the Honourable Member for Westmount, and I am
sorry to invite him to discuss strictly the matter in discussion, it is
unlawful at this time of our debate to make a review of all of our system of
education. It is the reason why, with his large experience, that he can make
his remarks in regarding with the amendment moved by the Honourable Member for
Westmount.
M. BROWN: I am extremely sorry if I have over stepped the bounds of
discretion in your mind but I am merely establishing the fact that the
amendment by the Member for Westmount allows a cooling off period of three
months and that some of the thoughts that must occur in our mind during these
three months and in the minds of the people of the Province of Quebec and the
people of Montreal are some of the things that I have mentioned in the speech
that I have given.
Il is a fundamental right during these three months to think over those
most important things that we do have in the bill. This is the idea of the
amendment from the Member for Westmount, and if I have overstepped the bounds,
Sir, I excuse myself very much.
Our forefathers in America laid down the simple tenet that those who pay
have the right to say. This regime in essence perpetrates a system, a
specialized department,and this is the bill and this is the thing that people
should think about in these three months for specialized motives. They ignore
the work of two commissions who have ground out a working formula to place
education in the Province of Quebec on a base that would give us a great
advantage in competing at far in the race for greater expansion.
In this modern world of to-day, with our great resources and our great
potential, we, Canadians, must have a system of education to compete in world
matters and this is one of the keys to thinking for three months. We have to
compete with the world and we do and we have to comptete with our neighbors,
then all of us should put our thoughts together in this coming three months and
make sure that we have a system and a law to protect the...
M. LE PRESIDENT: May I invite the Honourable Member to abstain to
discuss the problem of education across the Province. But surely he is well
informed that he can discuss the problem of education in Montreal, in
connection with the amendement we are discussing and moved by the Honourable
Member for West-
mount. And he has no right at this time of our debate to discuss the
problem of education across the Province and I am sure that he will collaborate
with the Chair to pass through this period of our work and I invite him to
respect the rule 273 of our ruling book.
M. BROWN: Pardon me, Mr. Speaker, I am very sorry.
M. BELLEMARE: Very, very sorry! Three months.
M. BROWN: In a situation such as we are in there and that is at this
bill and the discussion during the time that we are allocated to discuss it,
there is universal opposition to this measure. Let us consider the valid
approach of the majority of those interested in schools and schooling in the
city of Montreal. The taxpayer, the parents, our legislators, the teachers'
organizations, the administrators, the students, the vast majority feel that
representation chosen by the taxpayer should have a say in the affairs of
education outside of laying the cash on the line. I mean giving money is fine,
but it is almost the responsability of the citizen to also give advice and to
work for the benefit of education for the city of Montreal.
There are those that say we are merely extending a « statu quo
» that past regimes had given us. They also say that this surely is only
the Catholic School Commission of Montreal, but from the indications of certain
legislation passed during the last few months, we can depend on a creeping
paralysis of taxation without representation. If we allow it to spread in the
Catholic School Commission in Montreal, it will necessarily spread further,
because things do not maintain themselves, they spread from center to center
and force the taxpayer to shell out without having the right to discuss at his
level. To-day Montreal, to-morrow perhaps Quebec, next it will be Sherbrooke
and the...
M. BELLEMARE: Very sorry...
M. BROWN: ... people can only rely on a general election to stop this
mutation of democracy.
M. BELLEMARE: The Honourable Member will repeat. Very sorry, Mr.
Speaker.
M. BROWN: Now this, Mr. Speaker, is not just a problem, education and
money dealing with education...
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. BROWN: ... It is not just a problem of the city of Montreal.
M. LE PRESIDENT: There is the point. M. BELLEMARE: Very sorry.
M. LE PRESIDENT: The honorable member cannot discuss the situation of
education across the Province. We are discussing a special thing for CECM of
Montreal and I am sure that he is able to make his remarks in relation with the
amendment. Ile has no right to discuss the problem of taxation across the
Province,
He can explain his view about the opportunity to invite some people to
discuss the situation of education in Montreal, but he is obliged to contain
his remarks in relation with the amendment moved by the honorable member for
Westmount. I am sure that at other steps of our discussions he would be able to
make his speech, but by the rules he is obliged to discuss only the amendment
moved by the honorable member for Westmount.
M. BELLEMARE: Very, very sorry!
M. BROWN: Thank you, Mr. Speaker. I'il try to do my best in staying
within the rules laid down by yourself and honor them.
M. BELLEMARE: In the rules. M. BROWN: Every day...
M. BELLEMARE: Oh! You forget. Don't forget to say, that Is just at the
end.
M. BROWN: The fact of the matter is that during the last ten years in
Montreal...
M. BELLEMARE: Three months, not ten years.
M. BROWN: The last ten years in Montreal... M. BELLEMARE: No. Three
months.
M. BROWN: ... there has been an increasing amount of taxation for
education laid on the shoulders of the individual taxpayer there. During this
time, there has been absolutely no voting on the School Commission governing
the Catholic School Commission. It seems that this fundamental right is finally
being felt and very hardly so by the taxpayers in the Catholic School
Commission who produce the dollars for education. It seems only sensible
that in this day and age, when we are continually talking of democratic ideals
and democracy at work, the best union of people in our Province who contribute
a great deal to the revenue of the Province aswell as the Catholic
SchoolCommission, should be able to express their ideas and should know
when the law goes through that they will have a direct connection to be ableto say something about their hard-earned dollars that have been placed on
the line and that will be placed on the line.
The three months thatthe member for Westmount proposes,
would give time for the Government, its experts and its commissions to
meet with those who are affected. It is high time that consideration be given
to the collaboration and cooperation of those who are directly affected.Democracy at its best could then permeate thethinking of the
Department.Once that the people have given their ideas, you will find
that the people will appreciate finally having a say in their
destinies.
It is for these reasons, Mr.Speaker, and these reasons only that
I entreatthe members of the Government toconsider the amendment
proposed by the honourablemember for Westmount, which would give time
to have a decent Act that would fully represent democracyhere in Quebec
for the City of Montreal and it's Catholic School Commission.
M. LE PRESIDENT: L'honorabledéputé de Jeanne-
Mance.
M. Aimé Brisson
M. BRISSON: M. le Président,depuis quelques jours et
quelques heures, nous discutons une motion afin que le gouvernement retarde de
trois mois l'étude en deuxième lecture du bill 67. Cette motion a
pour but de donner le temps au gouvernement d'entendre les opinions des
personnes intéressées à l'étude de ce bill et qu'il
puisse s'expliquer.
Durant cette période, le gouvernement pourra former un
comité et recevoir toutes les associations intéressées qui
veulent éclairer le gouvernement dans l'étude de ce bill, soit
par leurs études, études qui ont sans doute coûté de
nombreuses heures de travail ou soit par leurs idées très
réfléchies, idées mûries à la suite de
discussions et de réunions.
M. le Président, très nombreux sont ceux qui veulent se
faire entendre et il y a entre autres des centrales ouvrières et des
syndicats tel que la FTQ, la CSN et d'autres. L'Association des parents et
maîtres, l'Alliance des professeurs, la Corporation des enseignants du
Québec, la Chambre de Commerce, les chambres de commerce de
Montréal, les associations des propriétaires et des locataires
qui, en somme, représentent les contribuables, en plus, de nombreux
autres corps intermédiaires.
Est-ce que le gouvernement ou le premier ministre ou le ministre de
l'Eau cation ont le droit de refuser à toutes ces personnes le
privilège de se faire entendre?
M. GRENIER: Une question de privilège.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suppose que l'honorable
député veut invoquer Particle 235, premièrement.
M. GRENIER: Justement.
M. LE PRESIDENT: Alors je lui répondrai que l'utilisation des
notes généreuses est subordonnée à l'appétit
de celui qui parle.
M. BRISSON: Pourquoi, M. le President, ces personnes veulent-elles se
faire entendre et exigent-elles de se faire entendre? Pourquoi elles aussi
demandent-elles cette période de trois mois? Comme vous le savez, depuis
au-delà de 100 ans jamais les contribuables de la ville de Montreal
n'ont été consultés pour ce qui a traità
leur commission scolaire mais ils ont toujours payé. Ces paveurs de taxe
versent à la Commission des écoles catholiques de Montréal
a chaque année près de $110 millions, soit environ 80?!. du
budget total. La population de la ville de Montréal représente le
tiers de toute la population du Québec et jamais elle n'a
été consultée. Les parents de ces 235,000
élèves qui fréquentent la CE CM n'ont jamais eu un mot
à dire concernant l'administration de leur commission scolaire ou
l'éducation de leurs enfants sauf depuis l'étude du bill 60
à certaines occasion. Aujourd'hui, conscients de leur devoir ils veulent
prendre une part active à l'éducation de leurs enfants et
à l'administration de la commission scolaire et le gouvernement n'a pas
le droit de leur refuser de s'exprimer devant lui car c'est un droit naturel et
réel qu'ont les parents de voir à l'éducation de leurs
enfants. Tous ces gens ont raison de revendiquer leurs droits et de s'exprimer.
Ils veulent prendre leurs responsabilités, ils sont conscients que la
Commission des écoles catholiques de Montréal est le plus grand
organisme de ce genre au Québec et même au Canada. Ils sont
conscients que même les plus petites commissions scolaires sont
gouvernées par des commissaires élus par des ci-
toyens, c'est-à-dire par le peuple. Ils savent que le budget de
leur commission scolaire est d'environ $130 millions: ils savent
également que le budget de la ville de Montréal est de $135
millions. Ils savent, ces gens, que les personnes qui administrent leur ville
sont des personnes élues par eux et au nombre de 45 conseillers
divisés en 15 secteurs.
M. le Président, ces gens sont assez brillants pour élire
leurs représentants à la ville. Ils veulent également
élire leurs représentants à la Commission scolaire...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre]
M. BRISSON: ... et c'est pourquoi ils veulent s'exprimer et qu'ils
demandent également cette période de trois mois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GRENIER: Vous sautez un paragraphe!
M. LE PRESIDENT: Tous conviendront que la période qui nous
intéresse aujourd'hui c'est la période de trois mois, mais je
crois que l'honorable député quand il nous intéresse dans
ses propos sur le système administratif de la ville de Montréal
sur le budget même de la ville de Montréal.
Je crois que ces remarques, quoique fort intéressantes, ne
peuvent être aussi intéressantes que celles qu'il a
précédemment faites et qui étaient tout à fait
conformes à l'article 273 de notre règlement. Je suis sûr
qu'il conviendra qu'il serait beaucoup plus avantageux pour lui de continuer
dans cette ligne de la légalité et du respect intégral du
règlement dans laquelle il s'était engagé depuis le
début de ses remarques.
M. BRISSON: Eh bien, M. le Président, tous ces gens de la ville
de Montréal veulent élire démocratiquement leurs
représentants à la commission scolaire et, comme je le disais,
c'est pourquoi ils veulent se faire entendre devant les représentants du
gouvernement ou devant un comité qui sera formé et qui agira
pendant cette période de trois mois. Je pense que le gouvernement doit
accorder à tous ces intéressés l'occasion de se faire
entendre. Devant la volonté du tiers de la population du Québec,
devant la volonté de ces parents et de ces contribuables, devant toutes
ces pressions qui sont venues de toutes parts, le gouvernement doit retarder
l'adoption du bill 67 et former ce comité afin d'écouter la voix
de toutes ces personnes.
Le gouvernement n'a pas le droit d'ignorer toute la population du
Québec ou de s'en ficher, même s'il a été élu
pour cinq ans, M. le Président.
M. ALLARD: La motion.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Mon intervention n'est pas pour rappeler les
dispositions de l'article 273 de notre règlement, mais plutôt
celles de notre article 285, section 19, qui empêche un honorable
député de prêter des intentions, des mobiles au
gouvernement ou à tout autre collègue dans cette Chambre.
M. BRISSON: M. le Président, ce que je voulais dire, c'est que
les gens de la ville de Montréal pensent que le gouvernement se fiche
d'eux parce qu'il ne veut pas les entendre.
M. ALLARD: A l'ordre!
M. BRISSON: Evidemment...
M. ALLARD: « Maintenant ou trois mois ».
M. BELLEMARE: C'est un discours écrit.
M. ALLARD: Il n'a pas le droit, M. le Président.
M. BRISSON: Alors, M. le Président...
M. BELLEMARE: Un vieux député comme lui.
M. BRISSON: ... s'il fallait regarder les notes copieuses du ministre du
Travail, parfois, je vous dis que ce serait long.
M. BELLEMARE: Un vieux député comme lui, ça fait
longtemps qu'il est ici.
M. BRISSON: Un jeune député.
M. LOUBIER: Il saute les paragraphes, il ne respecte ni les points ni
les virgules.
M. BRISSON: De plus, M. le Président, nous travaillons tous
ensemble pour revaloriser la fonction de député et le
parlementarisme afin que...
M. ALLARD: Ce n'est pas la motion.
M. BRISSON: ... le peuple ait confiance en ses dirigeants...
M. GRENIER: La motion.
M. BRISSON: ... et croie en leur autorité. Il ne faudrait pas,
à cause d'un seul coup de tête, que le peuple croie que le
gouvernement veut s'approprier du bien public pour en disposer à sa
guise.
M. ALLARD: Ah! Ah!
M. BRISSON: Et, M. le Président...
M. LOUBIER: Voyons donc.
M. BRISSON: ... je vous dis ceci...
M. BERTRAND: Je soulève un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT : A l'ordre!
M. BERTRAND: Vous l'avez noté, alors...
M. LE PRESIDENT: Qu'il me soit permis de rappeler à l'honorable
député que cette dernière partie de ses remarques n'est
aucunement pertinente avec la portée même de la motion
présentement à l'étude aux fins de retarder de trois mois
l'adoption de ce bill et de permettre telle ou telle chose. Je suis sûr
que l'honorable député, avec toute l'expérience acquise
dans cette Chambre, conviendra facilement avec tous de la
nécessité pour lui de s'en reporter autant que possible à
ce respect de notre article 273. C'est bien l'article 273 dont il s'agit, au
cas où les honorables députés en ignoreraient la
portée et la teneur.
M. BRISSON: Eh bien, M. le Président...
M. LOUBIER: Il est plus fin que ça d'habitude. Qui est-ce qui a
écrit ça?
M. BRISSON: Ce n'est certainement pas vous. M. LOUBIER: Ah non!
M. BRISSON: M. le Président, ce délai de trois mois est
nécessaire.
M. LOUBIER: Ce n'est pas lui ça.
M. BRISSON: Pourquoi?
M. LOUBIER: Il est gentil d'habitude.
M. BRISSON: Parce que nous, qui sommes évidemment du peuple, nous
entendons ce qui se dit dans la rue, nous entendons ce que les élec-
teurs répètent et déjà des craintes existent. Ces
craintes, qu'elles soient bonnes ou mauvaises, qu'elles soient réelles
ou imaginaires, sont exprimées par le peuple du Québec. C est
pourquoi, devant ces craintes que le peuple exprime, nous avons besoin de ce
délai de trois mois afin qu'un comité soit formé. Et ces
craintes, eh bien, en voici quelques-unes: ils ont peur que la CECM devienne
une officine du parti au pouvoir et je dois vous dire...
DES VOIX: A l'ordre!
UNE VOIX: M. le Président, sur un point d'ordre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BRISSON: ... lorsque le gouvernement ou bien en exprime en
exerçant un contrôle complet...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. ALLARD: M. le Président, sur un point d'ordre. Le
député a été averti au moins trois fois de s'en
tenir à la motion telle que présentée...
M. LOUBIER: Il ne faut pas imputer de motifs.
M. ALLARD: La motion a été présentée par le
député de Westmount. C'est le député de Westmount
qui a fait le lit. Vous êtes obligé de le respecter, je comprends
que c'est difficile de s'en tenir exactement à la motion qui porte sur
deux mots, « maintenant ou dans trois mois. » M. le
Président, je vous demanderais pour la troisième fois de demander
au député de s'en tenir strictement à la motion. Ce qu'il
a fait depuis cinq minutes, c'est de vous écouter lorsque vous l'avez
rappelé à l'ordre et de continuer à lire le texte qu'il a
entre les mains qui est probablement la composition d'un autre.
M. BRISSON: Ah, M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. GERIN-LAJOIE: Sur le point de règlement, M. le
Président, je pense bien que vous me permettrez de répondre au
député de Beauce. Je pense qu'il est tout à fait dans
l'ordre pour un député de cette Chambre, particulièrement
pour le député qui utilisait son droit de parole, d'expliquer
pourquoi un délai de trois mois est nécessaire, et comment un tel
délai pourrait être utilisé. Tout ce que le
député vient de faire dans
les quelques moments qui ont précédé l'Intervention
du député de Beauce, c'est d'expliquer que, pendant ce
délai, le gouvernement doit prendre les dispositions pour modifier le
projet de loi de sorte que les craintes du peuple dont a parlé le
député pourraient être dissipées. C'est tout ce que
le député a fait.
M. BELLEMARE: Il y a trois fois qu'il est rappelé à
l'ordre!
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: Il y a une grande différence, je crois, M. le
Président, et vous allez l'admettre, à faire ce que l'honorable
député de Vaudreuil-Soulanges vient d'établir et de
prêter des intentions au gouvernement comme le député vient
de le lire dans son discours écrit...
M. BRISSON: Je ne prête aucune intention au gouvernement, M. le
Président.
M. BELLEMARE: M. le Président, je pense qu'il y a là un
discours écrit et qui prête des intentions formelles au
gouvernement. Je pense, M. le Président, que cela n'est pas permis en
vertu des règlements. C'est ça notre intervention.
M. LAPORTE: M. le Président, parlant sur le point d'ordre,
j'aurais simplement deux remarques à faire. La première est
à l'effet que la motion que nous étudions actuellement doit quand
même accorder au député qui adresse la parole une latitude
minimum pour expliquer ce que sont, à son avis, les raisons qui
justifieraient le gouvernement ou les députés de cette Chambre de
voter en faveur de cette motion d'ajournement de trois mois. il faut quand
même qu'on ne limite pas, et à mesure que le débat va se
poursuivre, la tentation du gouvernement de le limiter va augmenter, c'est
normal, mais il faudrait quand même que le député puisse au
moins prononcer d'autres paroles que les mots « maintenant ou dans trois
mois. »
Et deuxièmement, c'est la deuxième fois dans cette
Chambre, au cours des quelques derniers jours qu'un député laisse
entendre que le texte ou les notes qu'utilise un député de
l'Opposition auraient été préparés par un autre. La
première fois, c'est le premier ministre qui avait dit, parlant du
député de Charlevoix, qu'il voulait bien savoir sur quel
clavigraphe avait été écrit le discours du
député de Charlevoix. Or, ce texte était de sa main, et je
me souviens que le premier ministre s'était excusé de sa
remarque. C'est exactement le même cas dans le cas du
député de Jeanne-Mance. Ce sont des notes qu'il a
rédigées de sa main et j'inviterais le député de
Beauce à se montrer...
M. ALLARD: Probablement.
M. LAPORTE: ... aussi gentilhomme que le premier ministre et de retirer
ce qu'il a dit.
M. BERTRAND: M. le Président, parlant sur le point d'ordre, que
le député utilise les notes qu'il voudra, quant à moi,
cela ne me fait rien, mais au moins qu'il ne prête pas et qu'il n'impute
pas de motifs au gouvernement, c'est tout. C'est là le point
d'ordre...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BERTRAND: ... et c'est là-dessus, M. le Président,
quant à moi...
M. BELLEMARE : Il faudrait que vous soyez Inconscient.
M. BERTRAND: ... qu'il fasse le discours dans les limites que lui permet
le règlement relativement à la motion en discussion, mais qu'il
n'impute pas de motifs au gouvernement.
M. LAPORTE: M. le Président, je voudrais simplement demander au
député s'il aurait et j'en suis certain la
gentilhommerie de faire ce qu'avait fait le premier ministre relativement au
député de Jeanne-Mance.
M. ALLARD: M. le Président, lorsque j'ai parlé du texte du
député de Jeanne-Mance, j'ai « probablement. » Disons
que je n'ai pas affirmé à ce moment-là
catégoriquement que le député se servait d'un texte
préparé à l'avance, je l'ignore.
Disons que je retire le mot « probablement » et qu'il n'en
est plus question. A tout événement, j'espère que, de
toute façon, le député va s'en tenir à la motion.
J'entends le député de Chambly nous dire qu'on ne peut pas se
limiter à deux mots: j'ai moi-même, il y a trois ans,
essayé de discuter sur une motion mais j'ai été
haché continuellement par le député de Chambly de
même que par le chef de l'Opposition, dans le temps premier ministre et
je n'ai jamais pu dire deux mots de suite sur ma motion, parce qu'il s'est
acharné à m'en tenir aux mots.
M. LAPORTE: M. le Président...
M. BRESON: Je ne sais qui allonge le débat là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je remercie d'abord l'honorable
député de Beauce de l'invitation qu'il m'a faite de m'en reporter
au texte de la motion. Je dois dire que ce n'est pas moi qui est mal
placé dans le lit du texte qui est présentement à
l'étude: ce sont les honorables députés, puisque le
règlement lui-même impose certaines restrictions à la
liberté de parole ordinaire que tout honorable député peut
employer dans la discussion d'un bill. Lorsque l'honorable député
de Chambly soulève le droit que peut avoir un député de
parler d'autre chose que de trois mois, j'en conviens. D'ailleurs, je ne crois
pas que l'on puisse jusqu'ici, peut-être au mécontentement de
quelques-uns, dire que j'ai usé d'une interpréation rigoureuse de
cet article et je me rappelle que, préalablement, j'ai bien
mentionné que j'avais l'intention de m'en reporter beaucoup plus
à l'esprit qu'au texte de l'article 273.
Pour ce qui est des remarques de l'honorable ministre de la Justice, je
les trouve parfaitement fondées. D'ailleurs, je suis sûr que
l'honorable député de Jeanne-Mance conviendra que, sous le
couvert de prêter à la population des sentiments, il ne peut,
à ce moment-là lui-même les partager. Il y a
peut-être une façon de le faire, mais je crois que la route sur
laquelle s'engageait l'honorable député de Jeanne-Mance serait
tout à fait irrégulière, parce qu'à ce
moment-là, les arguments et les raisons apportés
s'éloigneraient énormément de la pertinence de la question
à l'étude actuellement.
M. BRISSON: Eh bien! M. le Président, comme je le disais, je
donne ce que le peuple exprime depuis trois ans.
M. LOUBIER: Il vient de le dire là. Ayez donc le courage de
prendre vos propres paroles.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Justement parce que le peuple peut avoir des
idées, ce n'est peut-être pas l'occasion choisie pour nous faire
part de ces réactions, sans doute fort intéressantes. Il faut
toujours garder à l'esprit que le débat consiste à
analyser les avantages ou non que pourraient offrir si la motion
était adoptée le fait de reporter à une
période de trois mois le bill présentement en discussion et
surtout à nous donner des raisons, des arguments qui pourraient
justifier et convaincre les honorables députés de se prononcer
sur les avantages d'une telle motion. Je suis sûr que l'honorable
député conviendra qu'il ne peut, à ce moment-ci, discuter
de la réaction, de la portée, de l'appréciation du
principe du bill tel qu'il se propose de le faire, parce qu'à ce
moment-là je crois bien humblement je puis me tromper que
l'honorable député viendrait à analyser le principe du
bill 67.
M. BRISSON: Eh bien! M. le Président, je dis que cette
période de trois mois est un minimum nécessaire afin que toutes
ces craintes soient dissipées et qu'après consultation, ce bill
soit amendé en conséquence. Ces craintes que partage une partie
du peuple québécois, elles sont sérieuses. Evidemment, je
ne veux pas dire que l'Union Nationale a l'intention de faire ce que le peuple
craint, mais, quel que soit le parti au pouvoir, je dis que le peuple du
Québec ou du moins le peuple de la ville de Montréal a peur que,
par le bill 67, ce soit l'ingérence politique à
l'intérieur de l'administration.
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LOUBIER: Voyons donc! M. LE
PRESIDENT: A l'ordre!
M. LOUBIER: Vous n'êtes pas capable de penser par vous-même!
Est-ce que c'est bien vos idées à vous?
M. LE PRESIDENT: A ce moment-là, je crois que l'honorable
député apporte des arguments de troisième lecture sur le
bill, contrairement aux dispositions, je crois que c'est 572 et 573, quant
à la portée du bill. Il ne faut pas oublier une chose, nous ne
pouvons actuellement étudier ni le principe ni la portée: nous
devons envisager l'opportunité et la nécessité de reporter
à trois mois l'étude du bill qui est présentement à
l'étude.
M. BRISSON: Eh bien, M. le Président, que voulez-vous, cette
période de trois mois est nécessaire pour que le peuple puisse
être consulté et, en consultant le peuple, le gouvernement
éloignera toutes ces craintes et de cette façon
l'élec-torat aura l'esprit tranquille. Pour l'ingérence politique
que craint le peuple j'y reviendrai.
DES VOIX: A l'ordre! A l'ordre! M. LOUBIER: Voyons donc!
M. BRISSON: Cette période de trois mois, en plus des
consultations qui auront lieu, permettra au gouvernement ou à son
comité de prendre...
M. GOSSELIN: Faites changer l'aiguille sur votre tourne-disque.
UNE VOIX: C'est accroché là!
M. BRISSON: Vous devriez changer d'aiguille dans l'élevage...
votre profession. M. le Président, cette période de trois mois,
en plus des consultations qui auront lieu, permettra au gouvernement ou
à son comité de prendre en considération les
différentes études faites dans le passé tel que le rapport
Parent ou autres projets où des centaines de commissaires, d'officiers
et autres personnes ont travaillé durant de longues heures. Si les
renseignements qu'on m'a donnés sont exacts, M. Pagé
lui-même aurait un projet prêt actuellement...
DES VOIX: Voyons donc! M. LOUBIER: Voyons donc!
M. BRISSON: ... projet qui, apparemment aurait été
conçu après maintes consultations et maintes heures de travail et
où l'île de Montréal serait divisée peut-être
en cinq ou six régions.
M. DOZOIS: A l'ordre!
M. BRISSON: Ces études, ces projets peuvent sûrement servir
de base afin de doter la commission scolaire de l'île de Montréal
d'un système de décentralisation pour que les gens
concernés puissent enfin élire eux-mêmes leurs
dirigeants.
M. DOZOIS: A l'ordre!
M. BRISSON: Tout le matériel recueilli durant ces trois mois
servira à rédiger un rapport ou un projet qui, comme le veut le
ministre de l'Education, aura pour effet, premièrement, d'assurer une
plus grande démocratisation quant à la représentation aux
commissions scolaires et à la réorganisation de Montréal.
Et comme le veut le ministre de l'Education, elle aura pour effet de permettre
le regroupement de certaines commissions scolaires. Tout ce matériel
réuni permettra d'organiser une structure administrative
métropolitaine comme le veut le ministre de l'Education. Elle permettra
également de décentraliser...
DES VOIX: Voyons donc!
M. BRISSON: C'est exactement ce que vous avez dit, l'administration
pédagogique.
M. LOUBIER: Voyons donc!
M. BRISSON: Cette période de trois mois nous donnera tout
ça.
M. ALLARD: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Je crois que l'honorable député ne peut
pas analyser la portée d'un projet de loi qui dans cet espace de trois
mois pourrait être adopté. Il faut que l'honorable
député analyse les raisons, le pourquoi, la
nécessité qui amènerait le gouvernement ou les honorables
députés à accepter ce principe d'un délai de trois
mois nécessaire pour actuer une législation de nature à
répondre à certains besoins, mais non pas de discuter quels
pourraient être les avantages d'une législation qui pourrait
être adoptée dans ce délai de trois mois. Je crois que le
gros des arguments qui ont été jusqu'ici soulevés sont
surtout ceux qui prouvent la nécessité d'un délai afin que
certaines situations, que certaines questions puissent être
analysées.
Mais je suis sûr que l'honorable député, lorsqu'il
veut parler à ce moment-là des conséquences d'une
législation possible, irait au fond du problème et ce deviendrait
alors des arguments de deuxième lecture d'un bill dont la Chambre n'est
pas saisie où certains arguments pourraient être soulevés
à l'étude au fond même de la deuxième lecture du
bill 67.
M. BRISSON: Eh bien, M. le Président, durant ces trois mois, pour
satisfaire le ministre de l'Education, nous pourrions étudier et
déterminer les pouvoirs confiés aux nouvelles structures que nous
pourrions donner à la nouvelle commission scolaire ou aux nouvelles
régionales de Montréal. Nous pourrions étudier, afin de
déterminer la qualité des électeurs et le sens de leur
éligibilité, tout ça pour satisfaire le ministre de
l'Education. Nous pourrions également, durant ces trois mois,
étudier et déterminer le financement des commissions scolaires et
enfin, comme le désire tant le ministre de l'Education, ces trois mois
permettraient d'établir des liens plus étroits entre le ministre
de l'Education et les commissions scolaires de la métropole ou de la
région de l'île de Montréal.
M. le Président, le gouvernement nous demande trois ans pour
étudier tout ça, mais nous, nous ne lui demandons que trois mois
parce que nous sommes convaincus que dans cette période de trois mois,
il saura tout faire et il saura évidemment nous donner un projet, ou un
rapport qui permettra de mettre en branle cette nou-
velle administration des commissions scolaires sur l'île de
Montréal. M. le Président, le premier ministre dit: Il est temps
que quelqu'un s'occupe de Montréal. Il dit: Est-ce déraisonnable
de nommer au moins deux personnes à temps plein pour s'occuper du budget
et du fonctionnement de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, un budget qui est de l'ordre de $135 millions? Le premier
ministre a dit également: Est-il préférable de conserver
le système boiteux actuel de commissaires qui se réunissent une
fois par semaine? Le premier ministre a fait ces mentions durant l'étude
de cette motion. Il a dit également: Attendre trois mois, qu'est-ce que
ça va donner de plus aux 300,000 enfants? Et finalement, il a dit: La
réforme doit se faire.
A cela, je dis que ce n'est pas une période d'attente de trois
mois de plus qui va faire sentir aux gens de Montréal que personne ne
s'occupe d'eux. Trois mois de plus pour en arriver à un système
qui aura l'approbation des gens intéressés, des personnes qui
actuellement se sentent bafouées par le gouvernement, des personnes qui
se sentent lésées dans leurs droits, des parents, des enfants qui
vont attendre pendant ces trois mois. Qu'est-ce que ça leur
enlève de précieux, à ces enfants, cette période de
trois mois? Regardons plutôt ce que cela va donner aux parents, aux
contribuables, au peuple et ce que cela va donner aux enfants de la Commission
scolaire de Montréal.
Si le premier ministre est inquiet de l'administration de la Commission
des écoles catholiques de Montréal, ce n'est pas le fait
d'adopter en toute hâte un bill boiteux qui va régler la
situation. Il n'a qu'à nommer ou suggérer aux commissaires de la
Commission des écoles catholiques de Montréal de nommer un
administrateur ou un directeur général avec pouvoir de
s'adjoindre les personnes qualifiées dont il aura besoin. Et si le
premier ministre n'a confiance qu'en M. Pagé, qu'il le nomme ou qu'il le
recommande aux commissaires.
Evidemment, si je parle un peu fort, c'est pour réveiller les
députés ministériels. Comme vous le savez, M. le
Président, il y en a plusieurs qui dorment: ils sont fatigués,
nous les comprenons. Mais ils n'ont pas fini.
Nous n'endurerons pas, nous ne voulons pas que le peuple ne se fasse pas
entendre simplement parce qu'ils veulent dormir.
M. LOUBIER: Il faudrait monter dans les galeries, tout le monde dort
partout.
M. BRISSON: Pourquoi vouloir précipiter l'adoption de ce bill et
ignorer la population du
Québec? Les postes vacants des commissaires qui ont
démissionné pourraient être comblés par
l'élection ou la nomination de personnes...
M. FRECHETTE: Trois mois.
M. BRISSON: ... qui serait faite par ces commissaires existants durant
cette période de trois mois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable député conviendra
que, dans ce délai de trois mois, le mode d'administration des
écoles catholiques de Montréal ne pourrait être
changé. C'est pourquoi je l'inviterais encore bien aimablement à
se conformer aux règles de la pertinence du débat, et
sûrement qu'il peut recevoir de sages conseils des gens
d'expérience qui lui permettront de soulever ou de nous donner des
raisons tout à fait sérieuses, fondées, des arguments, des
justifications qui permettraient à la Chambre de rallier la motion
présentée par l'honorable député de Westmount.
M. BRISSON: Eh bien, M. le Président, j'accepte avec plaisir vos
conseils, vos suggestions et vos remarques. Mais je dois vous dire que durant
cette période de trois mois qu'ils pourront étudier tout
ça et que les commissaires qui ont démissionné pourraient
être facilement remplaçables pour cette période de trois
mois parce que même les commissaires pourraient nous aider, pourraient se
faire entendre devant le comité qui serait formé durant cette
période de trois mois, et même les nouveaux commissaires
nommés pourraient venir éclairer le gouvernement sur la situation
de la Commission des écoles catholiques de Montréal.
Son Excellence, le cardinal Paul-E mile Léger archevêque de
Montréal...
M. FRECHETTE: Son Eminence qu'on dit. UNE VOIX: Son Excellence, c'est de
Gaulle.
M. BRISSON: Alors, je dis que son Eminence le cardinal Paul-Emile
Léger, archevêque de Montréal a suggéré aux
législateurs de rechercher une nouvelle formule pour désigner les
trois commissaires qu'il nommait selon la loi afin de répondre aux
aspirations démocratiques des parents et non afin de remettre entre les
mains du gouvernement l'administration totale de la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
Durant ces trois mois, nous pourrions étudier tout ce qui est
nécessaire, nous pourrions prendre connaissance de tout le
matériel qui déjà
fait l'objet de longues études. Comme je le disais, durant ces
trois mois, le gouvernement pourrait être éclairé avec
toutes ces études qui ont été faites. A la suite de
ça on pourrait nous présenter un bill qui réellement
répondrait aux aspirations des contribuables et des électeurs de
la ville de Montréal. Je pense que le gouvernement n'a pas le droit
je le répète n'a pas le droit de refuser à
tous ces gens de se faire entendre. Ces gens ont le droit de se faire entendre,
et nous demandons aux députés ministériels de voter en
faveur de cette motion afin de donner justice à ces gens et afin de dire
à ces gens que le gouvernement les considère.
Une dernière fois, je demande au ministre de l'Education, au
premier ministre, à tous les députés ministériels
de nous accorder ce délai de trois mois afin que tout rentre dans
l'ordre et que le peuple du Québec soit satisfait. Je fais
spécialement appel aux députés de l'île de
Montréal, c'est-à-dire le député de comté de
Saint-Henri, le député du comté de Saint-Jacques, le
député du comté de Sainte-Marie, lui qui connaît les
ouvriers, qui connaît également la situation de la Commission des
écoles catholiques de Montréal.
Je fais appel également au député de Maisonneuve,
lui qui connaît les syndicats, lui qui s'est toujours vanté de
favoriser les syndicats. Je fais également appel au député
de Bourget, lui qui connaît l'administration municipale. Je fais appel
également au député du comté de Lafontaine, lui qui
connaît les hommes d'affaires.
Eh bien, je demande à tous ces députés, M. le
Président, de faire comprendre à leurs collègues que le
retard du bill 67 est nécessaire. Eux qui connaissent réellement
le problème de la Commission des écoles catholiques de
Montréal et qui savent également quelle sera la portée
néfaste du bill 67 s'il est voté tel que
présenté...
M. LOUBIER: Pas si fort.
M. BRISSON: ... je leur demande de convaincre leurs collègues et
de cette façon d'éviter le massacre de la Commission scolaire de
l'île de Montréal.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Mercier.
DES VOIX: A l'ordre!
M. Robert Bourassa
M. BOURASSA: M. le Président, Il est évident qu'à
titre de député d'un comté qui fait par- tie de la
région de Montréal et donc qui est assujetti à la
juridiction de la Commission des écoles catholiques de Montréal,
je suis intéressé d'une façon toute spéciale au
problème du bill 67 et à la motion qui est présentement
devant vous.
Je suis heureux de constater que le ministre du Travail, de l'Industrie
et du Commerce est de retour à son siège, et je me permettrai de
faire quelques remarques sur l'intervention qu'il a faite hier et au cours de
l'après-midi.
M. le Président, le ministre du Travail reprochait, dans un geste
à mon sens assez inélégant, au député de
Jeanne-Mance le fait d'avoir des notes copieuses. Mais je pense qu'à la
suite de son Intervention de cet après-midi, il est tout à fait
mal placé pour faire des reproches sur le fondé ou la substance
des interventions.
M. CHOQUETTE: C'est vrai, c'est vrai.
M. BELLEMARE : M. le Président, est-ce que c'est la motion de
trois mois?
M. BOURASSA: Je vous demande une décision, M. le
Président...
M. BELLEMARE: Est-ce une intervention sur la motion à trois
mois...
M. LESAGE: C'est le droit des députés ! Jamais je ne
croirai!
M. BELLEMARE: ... ou si c'est une attaque personnelle que fait le
député?
M. LESAGE: Il vous répond. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CHOQUETTE: Il a le droit de vous répondre.
M. LE PRESIDENT: Je suis sûr que l'honorable député
conviendra qu'il est dangereusement éloigné...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... de la motion présentement à
l'étude, et...
M. BELLEMARE: Arrêtez-vous, parce que vous allez voir...
M. LE PRESIDENT: ... je n'ai aucun doute qu'il voudra bien revenir
à l'étude du bill en question. Et quand je dis dangereux, ce
n'est pas
dans le sens du mot, mais disons dans le sens je ne voudrais pas
que mes paroles aient une interprétation désagréable
c'est plutôt dangereux dans le sens d'être très,
très éloigné du sujet présentement à
l'étude, et je suis sur que l'honorable député voudra bien
se conformer à cette directive de la Chambre.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais obtenir un
éclaircissement sur votre directive? J'ai l'intention de participer
à ce débat et...
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas le droit de parole!
M. LESAGE: Je demande...
M. BELLEMARE: Le chef de l'Opposition a perdu son droit de parole. Oui,
monsieur! Nous le lui prouverons dans le temps...
M. LESAGE: ... respectueusement une directive...
M. LE PRESIDENT: Je suis sûr que tout député peut,
à un moment donné, poser une question à la
présidence.
M. BELLEMARE: Vous avez perdu votre droit de parole sur la motion
d'ajournement.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre qu'il
faut éviter autant que possible de répondre au discours du
député de Champlain? Parce que ce dernier a été
totalement hors d'ordre tout l'après-midi et toute la soirée?
M. BELLEMARE: Cela, M. le Président, c'est la directive que vous
venez de donner à l'autre indirectement. Lui qui a perdu son droit de
parole...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Je n'ai pas perdu mon droit de parole.
M. BELLEMARE: Oui, nous vous le prouverons par le règlement.
Regardez les textes.
M. LESAGE: Quand?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: On va vous prouver ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Tous conviendront que...
M. BELLEMARE: Est-ce que je peux discuter sur une motion
d'ajournement?
M. LE PRESIDENT: Tous conviendront que si la présidence avait
interprété d'une façon littérale, avec des
oeillères, la portée exacte du débat présentement
en cours, je crois que la présidence aurait été
désagréable autant d'un côté que de l'autre de la
Chambre.
Je le répète pour la troisième fois: autant que
possible je veux m'en reporter à l'esprit plutôt qu'au texte
même de l'article 273 et cet après-midi, je me rappelle fort bien
qu'à deux ou trois reprises...
M. BELLEMARE: Six fois.
M. LE PRESIDENT: ... l'honorable ministre du Travail a senti que je me
levais puisque, d'un regard discret, il me disait: M. le Président, je
sais fort bien que je ne peux pas discuter de cette question. Et c'est pourquoi
je crois qu'on ne peut pas interpréter mes interventions comme
étant des défenses ou des empêchements de répondre
aux arguments qui peuvent être soulevés d'un côté
comme de l'autre de la Chambre, mais au contraire, on peut toujours se
référer à une opinion, à un point de vue
exprimé, toujours en se rappelant cependant pour la bonne marche de nos
travaux il faut autant que possible se conformer aux prescriptions quasi
impératives de l'article 273.
M. BOURASSA: M. le Président, je disais donc dans cette
discussion de la motion de trois mois et me référant au discours
prononcé par le ministre du Travail qu'il était mal placé
pour faire des reproches au député de Jeanne-Mance. En effet,
j'ai écouté attentivement le ministre du Travail et je dois dire
que je n'ai trouvé absolument rien de convainquant dans ce qu'il a dit
pour rejeter ou voter contre cette motion.
En fait, je me demande si je ne pourrais pas dire sans vouloir blesser
le ministre du Travail que l'ampleur de son ton, que la force de sa voix
étaient inversement proportionnelles à la substance des
affirmations ou de son exposé.
M. BELLEMARE: Cela c'est permis. M. LESAGE: Faites-le
répéter.
M. BELLEMARE: Très bien, j'en prends bonne note.
M. BOURASSA: M. le Président, j'ai fait simplement une
constatation que j'essaierai maintenant de démontrer. Le ministre du
Travail a dit qu'il fallait moderniser, qu'il fallait restructurer la
Commission des écoles catholiques de Montréal. Mais je ne vois
pas comment on peut lier d'une façon moindrement nécessaire ou
substantielle la restructuration, pour employer son expression, de la
Commission des écoles catholiques de Montréal ou la modernisation
avec le projet de loi qui est devant nous.
Je pense que d'aucune façon, quel que soit l'angle que nous
considérons le projet de loi, nous ne pouvons pas en conclure que la
Commission des écoles catholiques de Montréal sera
modernisée ou sera mieux restructurée.
M. LOUBIER: Voyons donc!
M. BOURASSA: M. le Président, s'il y a une chose importante
actuellement dans la province de Québec et par accession dans la
région de Montréal, c'est bien l'éducation de la jeunesse.
S'il y a un facteur qui peut nous permettre à nous du Québec de
pouvoir reprendre ou de pouvoir jouer véritablement notre rôle
actuellement dans la Confédération, c'est bien d'avoir une
jeunesse qui soit bien éduquée et qui réponde aux
exigences du marché.
Or, à titre de député d'un comté qui
nécessairement se trouve au centre de Montréal et dont les
besoins en éducation sont énormes, je ne peux que
m'intéresser et défendre aussi fermement que possible les besoins
d'éducation de la région de Montréal.
M. GRENIER: Trois mois.
M. BOURASSA: M. le Président, si nous suggérons la motion
qui est devant vous présentement, je pense que c'est une façon
à mon sens peut-être la plus modérée de demander au
gouvernement de reviser sa position. Nous demandons simplement que durant trois
mois le gouvernement revise ou reconsidère un problème que nous
considérons extrêmement important.
Je ne pense pas que l'Opposition demande une chose extravagante au
gouvernement. Je pense que c'est tout à fait raisonnable, en face de
toutes les protestations que nous avons connues depuis quelques mois et
quelques semaines, de demander au gouvernement en se faisant le porte-parole,
non seulement de la population, mais de tous ses corps intermédiaires,
de demander au gouvernement de reviser ou de reconsidérer sa
position.
Et le ministre du Travail, M. le Président, au cours de son
exposé n'a pas voulu voir dans le geste de l'Opposition, le souci du
bien commun de la région montréalaise, souci du bien commun qui
se trouve quand même appuyé d'une façon exceptionnelle et
d'une façon continue par tous les corps intermédiaires, qu'il ne
peut quand même pas accuser de partisanerie. Le ministre du Travail a
voulu voir dans l'attitude de l'Opposition tout simplement un geste de
politique partisane.
Comme il le disait lui-même au cours de son intervention sur cette
motion, le combat et la lutte que nous menons ici, aujourd'hui et ces jours-ci,
est simplement pour camouffler ce qu'il appelait, et ce qui à mon sens,
sont des prétendues divisions au sein du parti libéral.
M. le Président, si nous combattons et si nous voulons forcer par
des moyens démocratiques le gouvernement à reviser sa position,
c'est parce que nous avons conscience que ce problème-là est
vital pour la population montréalaise, et qu'il est absolument
nécessaire que les représentants de cette population puissent
faire voir à l'opinion publique et en l'occurrence au gouvernement
l'importance de reviser et de reconsidérer leur position dans cette
matière.
Pourquoi trois mois? Ceci permettrait, M. le Président, au
gouvernement d'examiner la situation. Entre autres dans la question des
subventions. Vous savez, M. le Président, qu'actuellement les
commissions scolaires de la province de Québec, sauf celles de
Québec et de Montréal sont sujettes à un régime de
subventions d'équilibre budgétaire, c'est-à-dire que
toutes les commissions scolaires reçoivent des subventions en fonction
d'un taux normalisé. C'est-à-dire qu'elles soumettent au
ministère de l'Education leurs dépenses, et si ces
dépenses rencontrent les normes établies, le ministère de
l'Education accorde une subvention d'équilibre budgétaire dans la
mesure où un taux accepté et normalisé se trouve à
être appliqué par cette commission scolaire.
M. le Président, il faut rendre hommage au ministre de
l'Education et à son équipe d'avoir établi dans la
province de Québec l'un des systèmes qui à mon sens est le
plus fructueux, le plus juste et le plus équitable dans le domaine de la
fiscalité scolaire. Il a rétabli l'équité dans un
secteur où il y avait d'énormes disparités.
Je n'ai pas, M. le Président, à vous souligner les
différences énormes qui existaient dans les taux d'imposition
entre les différentes commis-
sions scolaires actuellement dans la province. Mais grâce à
des efforts continus et qui n'étaient pas toujours faciles, le
gouvernement et le ministère de l'Education, sous l'administration
précédente ont réussi une certaine uniformisation qui
permet à tous les étudiants ou à tous les jeunes de la
province, d'obtenir une éducation suffisante qui est indépendante
des ressources fiscales locales. Il est évident que la ressource fiscale
locale par excellence étant l'impôt foncier comme la richesse
immobilière varie énormément d'une région à
l'autre, si on n'appliquait pas le système en question, il y avait des
risques certains que des régions plus pauvres au point de vue rendement
de l'impôt foncier, c'est à-dire au point de vue immobilier, se
trouvaient nécessairement ou pouvaient se trouver à souffrir de
la situation.
M.BERTRAND: Je formule un point d'ordre. M. BELLEMARE: Cela ne fait
rien.
M. BERTRAND: Les propos que tient le député de Mercier
sont fort intéressants, mais par contre, je crois qu'ils sont absolument
hors d'ordre.
Ils ne sont pas dans les cadres de la motion qui est présentement
devant la Chambre. On y est revenu à plusieurs reprises ce soir
c'est la motion du député de Westmount le bill doit-il
être étudié maintenant ou reporté dans trois mois?
Alors, je vous prierais de demander au député de Mercier de
respecter les règlements et de fournir les raisons pour lesquelles ce
bill devrait être reporté à trois mois.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai écouté tout
à l'heure cet autre vous-même, président de la Chambre, et
j'ai pris une note de la directive qu'il a donnée aux
députés. Le président nous a dit tout à l'heure
qu'il était dans l'ordre de donner les avantages qu'il y avait de
reporter le bill à trois mois. Je soumets respectueusement que c'est
exactement ce que fait le député de Mercier à l'heure
actuelle. Il dit tous les avantages qu'il y aurait...
M. BERTRAND: Le chef de l'Opposition ne peut pas dire ça sans
rire.
M. LESAGE: ... pour le gouvernement à obtenir ce délai de
trois mois afin de repenser le bill et de repenser à toutes les
améliorations qu'on pourrait apporter au système à
Montréal.
M. DOZOIS: Il était en train de discuter d'impôt foncier
tout à l'heure.
M. LOUBIER: Il parle d'impôt foncier scolaire et de ses
avantages.
M. LESAGE: C'est ça.
M. LOUBIER: Il vient de découvrir qu'il y a des avantages
là-dedans.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GERIN-LAJOIE: Le réaménagement sur le territoire
métropolitain.
M. LOUBIER: Il rit lui-même: regardez-le faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. COURCY: Relisez ce que le ministre du Travail a dit quand il parlait
de la motion.
M. LEDUC (Taillon): Prenez donc votre fauteuil.
M. COURCY: Mais là on règle le cas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! J'invite l'honorable député de
Mercier à continuer, mais en ne créant pas une nouvelle
jurisprudence.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense bien, sans avoir
l'expérience que vous avez, que je puis expliquer les avantages d'un
système de subvention qui pourrait être étudié et
examiné par le gouvernement durant cette période de trois mois
pour voir s'il ne pourrait pas s'appliquer à la Commission des
écoles catholiques de Montréal et annuler, dans une très
large partie, les effets des pouvoirs arbitraires, dans un sens, qui sont
présentement accordés au gouvernement dans cette nomination par
lui-même des commissaires.
M. le Président, ce système de subvention, à mon
sens, mérite sérieusement d'être examiné pour son
application à Montréal et à Québec parce qu'il se
trouve à constituer un contrôle indirect de la part du
gouvernement, sans, d'autre part, entraver l'autonomie des commissions
scolaires. En effet, les commissions scolaires, dans ce système de
subvention, peuvent toujours dépenser des montants qui excèdent
les dépenses normalisées...
M. LOUBIER: Voyons donc!
M. LE PRESIDENT: De crainte de prendre une décision qui ne soit
pas juste en faveur de l'honorable député de Mercier, j'ai pris
connais-
sance du bill 67 lui-même et je ne vois, même au fond du
bill, rien qui se rattache aux propos qu'il tient actuellement. Alors, je
l'inviterais à bien vouloir serrer de plus près le texte de la
motion qui est devant la Chambre.
M. GERIN-LAJOIE: M. le Président, est-ce que je peux vous
demander une directive? L'un des objets du bill est précisément
de donner au gouvernement un contrôle plus immédiat que dans le
passé sur la marche des affaires scolaires à Montréal. Or,
le député de Mercier, à l'heure actuelle, émet
l'opinion qu'avec un délai de trois mois le gouvernement pourrait
envisager d'autres moyens que le ministère de l'Education pourrait
utiliser pour contrôler les opérations de la Commission des
écoles catholiques de Montréal et de façon, à ce
moment-là, plus démocratique. Alors, je me demande, si, vu sous
cet angle, M. le Président, vous ne permettriez pas au
député de Mercier d'exposer plus en détail cette autre
façon qui pourrait être analysée par le gouvernement
pendant les prochains trois mois pour lui permettre de contrôler les
opérations de la Commission des écoles catholiques de
Montréal de la même façon qu'il contrôle les
opérations des autres commissions scolaires, au lieu de maintenir
à Montréal un régime différent.
M. BELLEMARE: M. le Président, comme vous serez appelé
à donner une directive, je voudrais bien qu'aussi
l'interprétation qu'en donne l'honorable député de
Vaudreuil-Soulanges soit retenue mais aussi ce qui est écrit dans nos
règlements et surtout la jurisprudence qui est établie depuis de
nombreuses années par les rappels qui se sont faits dans les
différentes décisions qui ont été rendues par les
orateurs précédents, confirment que selon les règlements
on ne peut pas faire indirectement ce qu'on ne peut faire directement. La
thèse que développe le savant, l'intelligent, le superbe
député de Mercier, le spécialiste, le grand
spécialiste, pourrait être tenue à Sorel et ailleurs. Vous
serez appelé à donner, j'espère, une directive qui sera
conforme, quand on connaît votre grande expérience sur la
jurisprudence rendue dans cette Chambre par les orateurs
précédents et surtout l'application de nos règlements qui
sont assez stricts. L'orateur qui vous a précédé tout
à l'heure a donné une directive assez claire à plusieurs
députés qui ont eu l'occasion de se prononcer sur cette motion et
qui ont été respectueux de l'ordre, et le député de
Mercier ne peut pas certainement continuer dans la voie qu'il a entreprise.
M. LE PRESIDENT: Je pense que tout le monde conviendra que la motion
actuellement à l'étude est une motion incluse dans un
débat, une motion incidente et, par conséquent, elle ne pourrait
sortir complètement du bill 67. Si je laissais l'honorable
député de Mercier élaborer et détailler dans le
même sens qu'il le fait présentement, ce serait lui permettre de
suggérer la matière d'un autre bill, car je ne vois rien dans le
bill 67 qui nous permettrait de laisser continuer l'honorable
député de Mercier dans la même direction.
M. BOURASSA: Vous me permettrez bien peut-être de défendre
la position que j'ai prise en parlant des subventions.
M. BELLEMARE: A l'ordre! Votre décision est rendue. Si on n'est
pas content qu'on en appelle.
M. BOURASSA: Je veux simplement expliquer ou justifier pourquoi je parle
de subventions.
M. BELLEMARE: Vous avez rendu votre décision. A l'ordre!
M. LEDUC (Taillon): Qui est le président?
M. LE PRESIDENT: Je sais que l'honorable député de Mercier
est assez soucieux des règlements pour savoir qu'à la demande
même de l'honorable député de Vaudreuil-Soulanges, j'ai
donné une opinion sur ce point et je l'inviterais maintenant à
passer à un autre sujet.
M. BOURASSA: Je puis certainement passer à un autre point, mais
qui se trouve relié à celui que je viens de traiter et je pense
bien que ce point-là se trouve définitivement et clairement dans
l'objet du débat. Ce sont les pouvoirs qui sont accordés aux
commissaires de la Commission des écoles catholiques de Montréal.
La suggestion que je faisais, et que je demande au gouvernement de
considérer durant les prochains mois, se trouvait à
réduire ou à annuler une partie des risques que peuvent comporter
vis-à-dis l'opinion publique un gouvernement omnipotent en
assujettissant les commissions scolaires de la province...
M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): A l'ordre! Il s'insulte lui-même.
M. BOURASSA: ... en assujettissant les commissions de Québec et
de Montréal aux mêmes normes que les autres commissions scolaires
de la province, et je voulais simplement dire que, dans un tel système,
les commissaires d'école de Montréal et de Québec, si
c'était appliqué également à Québec, se
trouveraient à rendre compte à la face de l'opinion publique de
Montréal des extravagances qui pourraient survenir dans leur
administration. Parce que, dans le système actuel que nous connaissons
dans les autres commissions scolaires, il est impossible aux commissaires
d'école de dépasser ou d'excéder les normes qui sont
fixées par le ministère de l'Education sans avoir à rendre
compte à la population de la commission scolaire en question. Donc, si
les commissaires d'école de la région de Montréal, dans
toutes les dépenses qui excèdent les normes et les
critères établis par le ministère de l'Education devaient
justifier ces excès qui peuvent prendre origine de deux façons:
que ce soit pour des services additionnels qui ne sont pas admis ou qui ne sont
pas justifiés par le ministère de l'Education ou que ce soit par
une mauvaise administration qui fait que les coûts augmentent par rapport
à ce qui existe ailleurs. Je pense que si les commissaires
d'école de la région de Montréal devaient justifier ces
excès aux normes étaolies par le ministère de l'Education
il est évident que nous aurions là un moyen et, je pense, une
sécurité additionnelle qui permettrait à l'opinion
publique de voir la bonne ou la mauvaise administration des commissaires
d'école.
M. le Président, je ne vois pas en quoi il peut y avoir quoi que
ce soit d'excessif pour l'Opposition de demander que le gouvernement
considère durant trois mois cette question. Je suggère, pour ma
part, ce moyen de faire en sorte que les commissaires d'écoles de la
région de Montréal ne puissent pas, sous l'autorité ou
sous l'Influence ou certains diraient même l'Interférence du
gouvernement, prendre des décisions qui sont contraires à la
population de Montréal. Quelle que soit la bonne foi qu'on veuille bien
accorder au gouvernement et en particulier au ministre de l'Education à
l'occasion de ce débat sur le bill 67, on ne peut pas faire autrement
que de se poser des questions sur les intentions véritables du
gouvernement.
M. PROULX: Insinuation, insinuation.
M. BOURASSA: M. le Président, je fais simplement me poser des
questions: je pense que la formule est bien modérée. Lorsqu'on
voit, M. le Président, que tous les corps... Pardon?
M. BERTRAND: Après vous être posé des questions,
allez-vous y répondre?
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il va attendre les réponses de son
chef.
M. BOURASSA: J'aimerais bien y répondre, M. le Président,
mais je me demande si les réponses seraient à l'avantage du
ministre de l'Education.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Il attend que son chef lui dise oui ou
non.
M. LEDUC (Taillon): Tiens, tiens, tiens, il est revenu,
celui-là.
M. BOURASSA: Ah, M. le Président, on peut parler au
député de Chicoutimi de son ancien chef...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez-y!
M. BOURASSA: ... pour qui il faisait des éloges dithyrambiques
dans un discours du 25 septembre 1961.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Motion, motion. Je peux bien
répéter mon discours avec toutes les nuances que j'y avais mises,
parce que, moi, je ne me dédis pas quand j'approuve quelqu'un. Je ne
suis pas comme vous qui faisiez la guerre contre votre chef...
M. BOURASSA: Je conseillerais au député d'être
prudent.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Non, je pourrais dire ceci, M. le
Président, en invoquant le règlement, que, contrairement au
député de Bourassa, moi, je ne combine pas contre mon chef dans
des chambres d'hôteL
M. BOURASSA: M. le Président...
M. LEDUC (Taillon): Qu'est-ce que vous faites, vous, dans les chambres
d'hôtel?
UNE VOIX: Cela, c'est direct.
M. BOURASSA: Question de privilège. Je pense que je peux bien
poser...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PROULX: Cela ne lui a pas donné de chance: il est mal
pris.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Ah, pas du tout, pas du tout
M. TREMBLAY (Chicoutimi): J'ai oublié d'ajouter qu'il est
allé s'excuser au lac Beau-port.
M. BOURASSA: M. le Président, le député de
Chicoutimi accumule mensonges sur mensonges. Je n'ai jamais été,
premièrement, au lac Beau-port, à la résidence du
député de Louis-Hébert. Et deuxièmement...
M. PROULX: Quel restaurant?
M. BOURASSA: ... m'accuser de conspirer contre mon chef, alors que je
considère...
M. PROULX: C'est peut-être fondé.
M. BOURASSA: ... que le chef que nous avons est le premier dans
l'histoire du Québec à avoir fait vivre la province à
l'heure du 20e siècle.
UNE VOIX: Mettez ça dans votre pipe.
M. BERTRAND: Oui, vous avez blessé son humilité
gravement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Le premier ministre Mercier.
M. LESAGE: Ce qui est extraordinaire, c'est que ça blesse mon
humilité et c'est le député de Missisquoi qui en
rougit.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Ah, c'est l'ivresse de l'éloquence.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, si le député
de...
M. GER1N-LAJOIE: On pourrait demander le genre d'ivresse que
connaît le député de Chicoutimi.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Eèèèèè!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. PINARD: Vous allez être en forme ce soir!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! UNE VOIX: La motion. M. MASSE : La motion.
M. PROULX: Beauport.
M. BOURASSA: M. le Président, si le député de
Chicoutimi veut que je lui parle de son ancien chef, le plus
antiquébécois des hommes politiques dans l'histoire du
Canada...
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Allez-y. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: Si le député de Chicoutimi veut que je lui
rappelle...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Même si le député de Chicoutimi
permettait que vous parliez de son ancien chef, le règlement ne le
permet sûrement pas, alors je voudrais que vous passiez outre.
M. BOURASSA: M. le Président, je reviendrai aux débats,
j'aurai sûrement l'occasion de rappeler au député de
Chicoutimi les paroles qu'il a prononcées sur une mesure qui a nui au
Québec.
M. TREMBLAY (Chicoutimi) et DES VOIX: A l'ordre!
UNE VOIX: La motion.
M. BOURASSA: Sur une mesure qui a fait perdre des centaines de millions
au Québec, lui qui défend actuellement la province, qu'il relise
ses discours de septembre 1961.
M. TREMBLAY(Chicoutimi): M. le Président, j'invoque le
règlement.
M. LEDUC (Taillon): Tiens! Tiens!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): L'approbation que j'ai donnée à
mon chef a peut-être aidé le beau-père de l'honorable
député.
M. BOURASSA: Oh! M. le Président!
M. HOUDE : Lui, au moins, il peut avoir un beau-père.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Enfin, la motion!
M. HOUDE: Lui, peut avoir un beau-père.
M. PAUL (Président): Je comprends qu'après une
journée aussi lourde de travail il semblerait qu'avec un peu de
collaboration, peut-être que l'honorable député de Mercier
pourrait compléter ses remarques. Je ne sais pas quelles sont les vues
collectives de cette Chambre pour l'ajournement de nos travaux, mais
peut-être que nous pourrions collaborer pour pouvoir permettre à
l'honorable député de terminer ses remarques, ou du moins, pour
qu'il puisse nous faire part d'une partie importante. Et,
éventuellement, je crois que nous pourrions peut-être d'ici
quelques minutes, dans le recueillement le plus complet, envisager une heure
convenable pour l'ajournement de nos travaux.
M. BOURASSA: M. le Président, je pense que je dois soulever une
question de privilège devant l'inélégance des propos du
député de Chicoutimi.
M. GOSSELIN: A l'ordre!
M. BOURASSA: Mon beau-père n'a pas eu besoin du plus
antiquébécois des hommes politiques pour être l'un des
rares Canadiens français à réussir en affaires.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Approbation à l'entreprise
privée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CADIEUX: Le député de Chicoutimi n'aura jamais de
beau-père.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): M. le Président. J'invoque le
règlement, question de privilège. Je ne veux pas faire un sort
aux paroles de cette tomate écrasée qui git derrière les
banquettes de l'Opposition. Je veux simplement souligner, en posant la question
de privilège, que j'ai posé tout simplement une question à
l'honorable député de Mercier en pensant que son beau-père
avait été aidé par beaucoup
d'anticanadiens-français, s'il se réfère aux mi- nistres
libéraux et aux premiers ministres libéraux qui l'ont
aidé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Peut-être qu'il y aurait avantage
à laisser la parenté pour venir à l'étude de la
motion présentement à l'étude.
M. BOURASSA: Je suis entièrement d'accord, M. le
Président. Je ne suivrai pas le député de Chicoutimi dans
ses calomnies sur calomnies. C'est un terrain où il excelle, mais je
vais revenir au problème qui intéresse la population
montréalaise et qui inquiète surtout la population
montréalaise, en face...
M. BERTRAND: Le député de Mercier me permet-il? Etant
donné, M. le Président, qu'il est onze heures, est-ce que je
pourrais suggérer au député de Mercier de demander
l'ajournement du débat?
M. BOURASSA: D'accord, M. le Président. M. BERTRAND: Merci.
M. LE PRESIDENT: Alors le consentement est donné pour que
l'honorable député de Mercier ajourne le débat.
M. BERTRAND: Et maintenant demain...
M. LE PRESIDENT: Il est de coutume de par la tradition que le
collègue de pupitre d'unpropo-seur ici en cette Chambre soit inscrit
comme étant le secondeur de la motion.
M. BELLEMARE: Il perd son droit de parole!
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je dois comprendre que
nous nous ferons dire demain que le député d'Outremont a perdu
son droit de parole parce qu'il a secondé la motion?
M. LE PRESIDENT: Non parce qu'il l'a secondée d'une façon
passive et l'honorable député qui connaît parfaitement son
règlement sait fort bien qu'il y a une note dans notre règlement
qui dit, aux alentours de l'article 265, que le fait de seconder assis une
motion d'ajournement ne constitue pas comme étant une intervention dans
le débat.
M. BERTRAND: On ne soulèvera aucun point là-dessus, M. le
Président, et...
M. LAPORTE: M. le Président, je connaissais fort bien ce
règlement. C'est parce que j'ai
entendu le ministre du Travail dire qu'il perd son droit de parole.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est dans un autre article que
l'honorable député de Chambly lira, ceux qui perdent leur droit
de parole ce sont ceux qui font des interventions comme en a fait le
député de Louis-Hébert. Cela, on verra ça.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai purement et simplement
demandé une directive au président de la Chambre.
M. BELLEMARE: Non, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A chaque jour suffit sa peine.
M. BELLEMARE: M. le Président,ajournement à neuf heures et
demie demain matin.
M. LESAGE: Quelle heure?
M. BELLEMARE: Neuf heures trente.
M. LESAGE: Non, il faut le consentement unanime, M. le Président.
C'est onze heures, on ne peut pas ajourner à une heure antérieure
à onze heures du matin.
M. BELLEMARE: Très bien, M. le Président, nous acceptons
onze heures.
M. BERTRAND: Nous avons suggéré neuf heures trente...
M. BELLEMARE: Nous avons voulu voir...
M. BERTRAND: ... si on ne l'accepte pas, nous allons respecter le
règlement et nous reviendrons à onze heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain
avant-midi onze heures.