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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. PAUL (Président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions.
Comité préliminaire
M. LE PRESIDENT: A l'article « Présentation de rapports de
comités élus», je voudrais communiquer le message suivant
à la Chambre: J'ai l'honneur de faire part à la Chambre que, pour
faire suite à la résolution adoptée le 3 août 1967,
le comité préliminaire de sept membres, chargé de
préparer les grandes lignes d'un plan de travail pour le comité
devant être institué pour étudier les moyens
d'améliorer le travail de l'Assemblée législative, s'est
réuni le 8 août 1967. Etaient présents à la
réunion les honorables députés Bellemare,
Fréchette, Hyde, Laporte, Paul et Plamondon. Le comité a choisi
M. Paul comme président et a fixé le quorum à huit
membres. Votre comité recommande premièrement la refonte
complète des règlements de l'Assemblée législative;
deuxièmement, la permission de s'adjoindre des experts pour une
orientation de la marche à suivre dans son travail de refonte des
règlements: troisièmement, la permission de siéger les
jours où la Chambre ne tient pas de séance et après la
prorogation.
Le tout respectueusement soumis,
Rémi Paul, président.
M. LE PRESIDENT: Ce rapport est-il adopté? Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer que les
députés suivants fassent partie du comité: MM.
Fréchette, Plamondon, Lebel, Bergeron, Théoret, Demers et
Bellemare.
M. LAPORTE: M. le Président, pour compléter ce
comité, j'ai l'honneur de proposer que les députés
suivants en fassent partie: MM. Cliche, Hyde, Laporte, LeChasseur, Lefebvre et
Pinard.
M. LE PRESIDENT: Ces motions sont-elles adoptées?
Adopté.
Présentation de bills privés.
Comité des bills publics
M. JOHNSON: M. le Président, au chapitre «
Présentation de rapports de comités élus », vous me
permettrez de présenter le rapport du comité des bills publics en
général qui rapporte avec des amendements les bills 249 et
250.
M. LE PRESIDENT:
Présentation de bills publics. Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, B.
M. LESAGE: Pas de présentation de bills publics?
M. JOHNSON: Oui, B. M. BERTRAND: B.
Bill no 87
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose la
première lecture d'une loi concernant la commission scolaire
régionale Maisonneuve. Cette motion est-elle adoptée?
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. BERTRAND: Le préambule de la loi et la loi qui sera
distribuée dans quelques instants, indiquent l'objet du bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. JOHNSON: M. le Président, il apparaît en appendice
l'avis concernant le bill au nom de M. Gosselin, Loi modifiant la loi des
terres et forêts, ainsi que deux autres dans le même domaine. Ces
lois sont prêtes, elles sont déjà imprimées. Si on
voulait les passer immédiatement en première lecture, cela
permettrait peut-être aux députés d'avoir un peu plus de
temps pour étudier ces bills.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai aucune objection à ce
que les projets de loi soient dis-
tribués dès maintenant. Cependant je dois consulter mes
collègues demain matin au sujet de ces projets de loi dont le premier
ministre a eu l'amabilité de me faire parvenir les épreuves.
J'aurais préféré que la première lecture ait
lieu demain, quitte à consentir après consultation avec mes
collègues à une deuxième lecture la même
journée si nécessaire.
M. JOHNSON: Je n'ai pas d'objection, quoique la première lecture
n'engage pas l'Opposition. Le consentement à la première lecture
ne comporte aucun assentiment de qui que ce soit, sauf évidemment le
gouvernement qui dépose le projet et je n'y verrais pas
d'inconvénient à ce qu'on adopte aujourd'hui, quitte à
n'appeler la deuxième lecture que lorsque nous aurons
épuisé presque tous les autres éléments.
M. LESAGE: Ah non, pas du tout. Il est fort probable que nous serons
prêts à étudier en deuxième lecture au moins un ou
deux de ces bills demain. Si le premier ministre me donne sa parole qu'il ne
cherchera pas demain à forcer la présentation d'aucun de ces
bills en deuxième lecture, je n'ai aucune objection à ce que la
première lecture ait lieu maintenant.
Mais comme je lui ai dit, il est fort possible, probable même, que
nous serons prêts à procéder en deuxième lecture sur
certains de ces bills dès demain.
M. JOHNSON: Evidemment si nous avions épuisé l'ordre du
jour demain, il faudrait peut-être en arriver là ou ajourner au
lendemain si l'Opposition le permettait.
M. LESAGE: J'en serais fort surpris.
M. JOHNSON: Je ne suis pas dans les secrets de l'Opposition...
M. LESAGE: C'est peu probable.
M» JOHNSON: Et je ne me plains pas non plus. L'Opposition a droit
de ne pas consentir à la première lecture et nous n'insistons
pas.
M. GERIN-LAJOIE: Nous sommes prêts à accepter la
première lecture.
M. LESAGE: Nous sommes prêts. Si lepremier ministre est prêt
à nous dire dès maintenant qu'il ne forcera la deuxième
lecture d'aucun de ces bills demain, je n'ai aucune objection à la
première lecture aujourd'hui.
M. JOHNSON: Demain.
M. LESAGE: Très bien. J'ai voulu collaborer; on voit l'attitude
du premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: Une collaboration à sens unique.
M. LESAGE: Non, non. Pas du tout.
M. JOHNSON: Ah! Le chef de l'Opposition est toujours prêt à
collaborer, pourvu qu'on fasse exactement ce qu'il veut, seulement ce qu'il
veut, qu'on s'engage...
M. LESAGE: Non, pourvu que les droits de l'Opposition soient
protégés. Or, c'est notre droit de ne pas consentir à la
première lecture aujourd'hui.
M. JOHNSON: Afin de m'assurer que tous les députés de
l'Opposition seront complètement renseignés et qu'ils ne seront
pas à la merci des seuls renseignements que pourrait leur fournir leur
chef, je vais appeler la première lecture aujourd'hui, afin qu'ils aient
le texte des projets de loi.
M. LESAGE: Bon! Eh bien! Il lui fallait tout de même une porte de
sortie.
M. LAPORTE: Et avec la collaboration de l'Opposition.
M. LESAGE: Le consentement de l'Opposition.
Bill no 88
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, le ministre des Terres et
Forêts propose la première lecture d'une loi modifiant la Loi des
Terres et Forêts. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. JOHNSON: On pourrait aussi, pour l'information des membres du caucus
demain, adop-
ter en première lecture, peut-être, la loi au nom du
député de Nicolet, Loi modifiant la Loi dos syndicats
professionnels...
M. LESAGE: Oui, oui, d'accord.
M. JOHNSON: ... de façon que le texte puisse être
publié dans les journaux, au cas où on aurait des
représentations à faire, ce qui est fort peu probable. Alors,
première lecture du bill, M. le Président.
Bill no 89
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Terres et Forêts propose
la première lecture d'une loi modifiant la Loi pour prévoir une
exploitation rationnelle de certains territoires forestiers. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
M. LESAGE: C'est sur ce bill surtout que j'ai des doutes.
Bill no 90
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Terres et Forêts propose
la première lecture d'une loi modifiant la Loi concernant l'acquisition
de certains territoires forestiers. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Bill no 86
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation propose la première lecture d'une loi modifiant la Loi des
syndicats professionnels. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente.
Affaires du jour.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Chambly.
M. LAPORTE : Je voudrais vous demander la permission de revenir sur le
sujet de la collaboration du gouvernement avec l'Opposition et des droits de
l'Opposition.
Le 6 juin 1967, le premier ministre faisait voter par cette Chambre une
motion décrétant qu'à l'avenir, les ordres du jour
inscrits au nom du gouvernement auraient préséance sur tous les
autres, et l'argument que le premier ministre nous fournissait à
l'époque, c'était qu'il était traditionnel, à la
fin de la session, qu'une telle motion soit adoptée afin de hâter
les travaux de cette Chambre.
Or, non seulement nous n'étions pas à la veille de la fin
de la session, mais le gouvernement avait encore en réserve un
très grand nombre de projets de loi fort importants. La
conséquence pratique de la motion du premier ministre a
été de laisser presque complètement en veilleuse les
questions inscrites au nom des députés ainsi que les motions pour
production de documents.
Je voudrais donc protester, au nom de l'Opposition, contre l'attitude
prise par le gouvernement depuis le 6 juin, attitude qui contredit les paroles
tenues alors par le premier ministre et attitude qui, à toutes fins
pratiques, est une négation des droits des membres de l'Opposition qui
ne demandent pas des renseignements pour le simple plaisir d'inscrire des
motions ou des questions au feuilleton de cette assemblée, mais posent
ces questions et inscrivent ces motions pour remplir le devoir strict qui est
le leur, se renseigner.
Vous constaterez qu'il y a encore au feuilleton une question du 24
janvier 1967, posée par le chef de l'Opposition. Nous sommes au 9
août.
M. BELLEMARE: Le député est au courant, nous lui avons
fourni la raison. Une lettre a été envoyée par M.
Guérin de la trésorerie, donnant les raisons majeures.
M. LAPORTE: M. Guérin a envoyé une lettre disant qu'il
était complexe de répondre à cette question, mais depuis
le 24 janvier 1967 jusqu'au 9 août, le gouvernement a certainement eu le
temps de répondre complètement a cette question, ou il l'aurait
eu s'il en avait eu le désir.
M. BELLEMARE: Il l'a dit, le 27 juin.
M. LAPORTE: Bon. Il y a une question du député de
Matapédia, datée du 25 janvier. Il y a des questions
datées du 15 mars.
M. JOHNSON: Je voudrais Invoquer le règlement. Il est
évident qu'à ce stade, n'importe quel député peut
poser des questions relativement à la marche des travaux de la Chambre.
Mais de là à faire un grand discours, un grand débat,
à utiliser une heure, je pense que ce n'est pas du tout dans l'esprit du
règlement. Onpeut s'informer, mais non soulever un débat sur cet
aspect du problème. Autrement, nous serions toujours en débat,
avec l'humeur qu'ont certains députés. Je suis prêt
à répondre aux questions relativement aux travaux de la Chambre,
mais je ne crois pas qu'on doive en faire un débat.
M. LAPORTE: Je ne sais pas quel genre d'interprétation le premier
ministre entend donner à l'article 114 du règlement qui donne le
droit de demander ou de donner des renseignements sur la conduite des travaux
de la Chambre. Les renseignements que j'ai l'intention de donner sont à
l'effet que les députés de l'Opposition sont traités comme
gens peu importants par le gouvernement de la province de Québec.
M. BERTRAND: Le député de Chambly me permet-il une
intervention?
M. LAPORTE: Certainement.
M. BERTRAND: Il a référé aux questions 3 et 4,
c'est-à-dire celles de M. Tessier de Rimouski. J'avais alors
déclaré que, lors de l'étude des prévisions
budgétaires, il me ferait plaisir de répondre à ces
questions. Or, lors de l'étude des prévisions budgétaires,
aucune question ne m'a été posée à ce
sujet-là. Le député de Rimouski n'était pas
présent et lorsque c'est revenu en Chambre et que les prévisions
ont été adoptées, aucune des questions qui sont là
ne m'a été posée par le député de Rimouski
qui, à ce moment-là, pouvait le faire.
M. LAPORTE: Le ministre de l'Education je le remercie pour son
intervention établit clairement devant cette Chambre qu'il y a
des réponses à ces questions.
Si le député de Rimouski a choisi d'obtenir des
réponses par écrit, c'est son privilège. C'est assez
curieux de voir manoeuvrer le gouvernement.
M. BERTRAND: Elles ne sont pas régulières.
M. LAPORTE: Très souvent, lorsqu'on pose des questions
verbalement en cette Chambre, on se fait répondre: Inscrivez-les au
feuilleton. On les inscrit au feuilleton et ils disent: Posez-les
verbalement.
Alors, M. le Président, il faudrait que le gouvernement se
décide, parce que, d'une façon ou de l'autre, il arrive que l'on
n'a pas de réponse.
Si on se reporte au 12 avril, deux questions du député des
Iles-de-la-Madeleine; le 18 avril, question du député de
Louis-Hébert; deux questions du député de
Louis-Hébert, le 19 avril; le 25 mai, le 7 juin, le 13 juin, mois de
juillet. Nous sommes rendus au 9 août et depuis une période que je
ne saurais plus évaluer en jours ou en semaines, nous n'obtenons plus de
réponses à nos questions.
Ce que je voudrais également souligner et qui est très
important, vous avez, à compter de la page 10 du feuilleton, des motions
pour production de documents. Le gouvernement pourrait très facilement
comme nous en avions pris l'habitude alors que nous avions la
responsabilité du pouvoir faire adopter ces motions et produire
les documents lorsqu'ils seront prêts. La motion du 3 mars de M. Pinard
demandant une copie du rapport qui a été remis je pense
qu'une copie a été déposée entre les mains de M.
Pinard, une seule. Si on prend la motion numéro 34 de M. Lesage
demandant que soit présentée une adresse pour qu'une copie de
tout arrêté ministériel adopté en 1967 concernant
l'aménagement d'une salle de conférence de presse dans
l'édifice B... Le 25 avril, M. Courcy, dépôt de documents;
16 mai, M. Courcy, dépôt de documents; 19 mai, M. Lesage,
dépôt de documents. Et ainsi de suite pour au moins une douzaine
de motions, dont la plus ancienne date du 3 mars et la plus récente date
déjà d'il y a près de 2 mois, le 14 juin 1967.
La question que je veux poser, soit au premier ministre ou au leader
parlementaire du gouvernement en Chambre est la suivante: Est-ce que c'est
l'intention du gouvernement de donner des réponses aux questions que
nous posons? Est-ce que c'est l'intention du gouvernement d'adopter les motions
pour production de documents que nous avons inscrites au feuilleton de
l'Assemblée législative ou si nous devrons conclure
définitivement que la motion du 6 juin du premier ministre était
faite pour museler les députés de l'Opposition?
M. JOHNSON: Commençons d'abord par la fin. Il n'est pas et il n'a
jamais été dans l'intention du gouvernement de museler
l'Opposition. Plus POpposition parle, plus le gouvernement gagne et nous
n'aimerions pas qu'elle cesse de parler.
M. LEDUC (Taillon): Si cela dépend de nous autres...
M. JOHNSON: Donc, ils ne seront pas muselés. Deuxièmement,
nous avons l'intention de répondre à toutes les questions qui
sont régulières dans leur formulation, et auxquelles il n'est pas
jugé d'intérêt public de ne pas répondre.
Troisièmement, nous avons l'intention comme cela a
été fait dans le passé d'adopter des motions, et
même après l'ajournement des travaux de la session nous pourrons
transmettre les documents comme c'était la coutume.
M. le Président, il y a toute une série de ces
réponses qui sont prêtes. Il y a aussi des documents en
préparation pour répondre au désir de certains
députés qui ont formulé leur désir et leur besoin
par des motions.
Quant à certaines autres questions, on ne sera pas surpris de
nous entendre dire qu'elles sont irrégulières, des questions qui
demandent des intentions du gouvernement, qui demandent s'il existe des raisons
particulières pour retarder tel projet ou qui demandent si le
fonctionnement d'une école à un endroit va empêcher
l'établissement d'une autre ailleurs ou le fonctionnement d'une autre
école, toutes des questions qui ne sont pas dans l'ordre, selon nous, M.
le Président vous jugerez en temps et lieu mais auxquelles
on aurait répondu volontiers à l'occasion des crédits
comme ce fut le cas pour le ministre de l'Education. On aurait pu discuter de
ces problèmes même si la façon de les formuler, entre
autres la question numéro 3 et la question numéro 4 ne semblent
pas être régulières.
Quant à d'autres questions, elles ont reçu, elles, lors de
l'étude des crédits, elles, des réponses partielles ou
complètes mais aussi complètes en tout cas que le
désiraient les membres de l'Opposition. C'est tout ce travail qui est au
point, le député de Champlain a déjà une foule de
documents. Nous devons ce soir, dès que nous aurons un moment, continuer
le travail et je pense que demain on sera servi à souhait.
Je ferai remarquer aussi à cette Chambre que les crédits
ayant été adoptés depuis déjà un mois et
demi, le budget ayant été voté au complet, plusieurs des
questions perdaient de leur urgence. Et quant à la question...
M. LAPORTE: C'est un joli aveu ça!
M. JOHNSON: ... numéro 1 au nom du chef de l'Opposition, nous
avons tellement de fois donné l'explication en Chambre que je n'ai pas
l'intention de faire perdre le temps des honorables membres de
l'Assemblée législative en répétant au long les
raisons qui nous ont été fournies par le conseil de la
trésorerie. Qu'il me suffise de vous rappeler que la formulation de la
question était telle que la période de temps nécessaire
pour répondre à cette question extrêmement longue, ce n'est
pas nous qui le disons, ce sont les fonctionnaires compétents et que le
coût est astronomique. Je crois qu'on a mal formulé la
question...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... cela aurait simplifié énormément
les choses mais, le chef de l'Opposition ayant fait son nid, nous n'avons pas
à discuter de cette formulation. Donc, l'Opposition sera servi à
souhait mais qu'on ne vienne pas dire que nous avons voulu museler
l'Opposition. Au contraire nous avons voulu donner plus de temps à
l'étude des lois et la meilleure preuve que nous en avions besoin c'est
qu'il reste encore des lois d'intérêt public à passer.
M. LESAGE: C'est normal, autrement nous ne serions plus en session.
M. JOHNSON: M. le Président, avec un peu de bonne volonté,
de compréhension et de bonne humeur tout va s'arranger et on regrettera
d'avoir porté de si graves accusations avec des motifs si peu
probants.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, il est bien difficile de ne pas
être d'accord avec le député de Chambly lorsqu'il dit que
le gouvernement veut museler l'Opposition. En effet...
M. JOHNSON: M. le Président, sans invoquer formellement le
règlement.
M. LESAGE: En effet...
M. JOHNSON: Bien s'il faut que je l'invoque je vais l'invoquer. Nous ne
devons pas faire un débat sur les travaux de la Chambre, M. le
Président.
M. LESAGE: Non, mais j'ai des choses à dire, f ai le droit de les
dire en vertu de l'article 114.
M. LAPORTE: Le droit du député de Louis-Hébert, en
vertu de l'article 114, existe comme celui de n'importe quel autre
député.
M. JOHNSON: Oui, mais pas de faire un débat sur...
M. LESAGE: Il n'y a pas de débat.
M. JOHNSON: ... le supposé retard ou sur le musellement.
M. LESAGE: Ah, certainement!
M. JOHNSON: Si on a des questions à poser sur la marche des
travaux, elles seront bien accueillies. Mais je ne crois pas qu'il y ait lieu
de faire un débat sur ce sujet.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que, si vous ne répondez pas, il
n'y aura pas de débat.
M. LESAGE: M. le Président, l'article 114 dit: « 2.
Immédiatement après l'expédition des affaires courantes et
avant que la Chambre entame les affaires du jour, un député peut
je passe des lignes attirer l'attention du gouvernement sur le
retard a déposer des documents demandés, à répondre
à des questions inscrites au feuilleton, ainsi que sur l'état
incomplet de dossiers déposés; demander ou donner des
renseignements au sujet de la conduite des travaux de la Chambre ou au sujet de
quelque autre affaire d'intérêt public. »
Il est clair que je puis faire des commentaires pour ce qui est de la
réponse ou de la non-réponse aux questions posées au
feuilleton, de même que sur le fait que le gouvernement n'appelle pas
pour examen les motions pour production de documents. Pour ce qui est de la
question numéro 1, je suppose, après ce qu'a dit le premier
ministre, que la réponse...
M. JOHNSON: Cela a été fait, M. le Président.
M. LESAGE: ... n'est pas parmi celles que le premier ministre vient de
déclarer prêtes. Je me demande réellement si le
gouvernement a l'intention de répondre éventuellement à
cette question. Oui ou non.
M. JOHNSON: La réponse est oui.
M. LESAGE : Je prends acte de la déclaration qu'il y aura une
réponse à la question numéro 1. Il est question
sérieusement de terminer les travaux de la Chambre cette semaine et
aussi je ne comprends pas cette déclaration du premier ministre à
l'effet que plusieurs réponses sont prêtes. C'est aujourd'hui
mercredi, c'est la journée choisie par le gouvernement, suivant la
coutume, pour donner des réponses aux questions et produire les
documents demandés. J'espère que les ministres, aussitôt
que vous appellerez les affaires courantes, seront en mesure de répondre
à des questions et de produire les documents demandés.
Une chose est certaine, c'est qu'il est inconcevable par exemple que les
questions numéros 7, 8, 9 des 18 et 19 avril soient restées sans
réponse jusqu'au 9 août. Ce sont des questions sur des faits bien
précis, très précis en fait. Il est passablement
inconcevable qu'aucune réponse n'ait encore été
donnée. Est-ce que le gouvernement, et je pose la question au premier
ministre, a intérêt à retarder les réponses à
ces questions?
M. JOHNSON: Non.
M. LESAGE: Les réponses sont faciles à donner, il n'y a
pas d'excuse d'avoir attentu au-delà de trois mois...
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: ... pour donner ces réponses.
M. JOHNSON: Oui.
M. CHOQUETTE: Vous ne comprenez pas bien.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Ce sont des questions faciles qui demandent des
réponses faciles. Et je demanderais au premier ministre et à ses
collègues de faire un effort pour que les réponses aux questions
soient données d'ici la fin de la semaine et que les documents dont on
demande la production soient produits d'ici la fin de la semaine afin que
personne en cette Chambre ou au Québec soit sous l'impression que le
gouvernement a quelque chose à cacher.
M. BERGERON: Cela, c'est fort! C'est pour vous permettre de vous
entendre!
M. JOHNSON: Nous ferons les efforts nécessaires pour satisfaire
les députés, mais nous ne sommes pas du tout inquiets que le
Québec interprète de la même façon que l'Opposition
la situation qui a été exposée.
M. LESAGE : Soyez bien prudent. Votre affaire ne va pas bien.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: M. le Président,...
M. LESAGE: Vous devriez faire certains sondages.
M. BELLEMARE: ... quand j'entends le chef de l'Opposition prêter
des motifs et des intentions au gouvernement...
M. LESAGE: Non, je ne l'ai pas fait, je m'en suis bien gardé.
M. BELLEMARE: Oui. Je vais aller voir dans les dossiers de 1964,
à la session qui a été ouverte le 14 janvier. On va voir
ce que ces honorables messieurs faisaient avec l'Opposition, ces grands
démocrates, ces hommes, M. le Président, qui voulaient tout
produire...
M. GRENIER: Les très purs.
M. BELLEMARE: ... ces gens qui répondaient aux questions le
lendemain matin. Nous allons prendre les statistiques officielles de la
Législature.
M. COURCY: Pas de débat
M. BELLEMARE: ... et nous allons nous apercevoir, que le 31
juillet...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Qui ça à l' ordre? Voulez-vous vous taire un
peu? Cela fait mal, hein!
M. LESAGE: Ah non!
M. BELLEMARE: Cela commence à chauffer.
M. LESAGE: Nous avons répondu aux questions.
M. COURCY: Il n'y a pas de débat là-dessus.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. CADIEUX: Les pions qui rient n'étaient même pas
là en 1964.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! De peur de soulever un débat, puis-je
demander la collaboration de tous les honorables députés afin de
permettre à l'honorable ministre de compléter les remarques ou
les réponses qu'il se propose de donner aux questions soulevées
par l'honorable député de Chambly et l' honorable chef de
l'Opposition, sachant à Pavance qu'il connaît parfaitement les
conclusions ou les dernières phrases de Particle 114,
deuxièmement, de notre règlement?
L'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est effrayant. En 1967, le
gouvernement qui se cache, qui ne veut pas répondre! La population va
les juger, il doit y avoir quelque chose qui ne va pas disent-ils. Comment se
fait-il qu'en 1964, M. le Président, session commencée le 14
janvier, le 31 juillet, la dernière journée, il y avait encore,
au feuilleton de l'Assemblée législative, 17 questions qui
n'avaient reçu aucune réponse? M. le Président, j'en
avais, pour ma part, une, deux, trois, quatre; M. Majeau en avait une, deux,
trois, quatre.
M. LESAGE: Il n'y en avait pas du mois de janvier.
M. BELLEMARE: M. Bernatchez en avait une, deux, trois quatre.
M. LESAGE: Il n'y en avait pas du mois de janvier.
M. BELLEMARE: M. Guillemette en avait une, et, M. le Président,
plus que ça...
M. LESAGE: Il n'y en avait pas du mois de janvier.
M. BELLEMARE: M. le Président, il a parlé trop vite encore
une fois, M. le Président, on vient de vérifier...
M. GRENIER: Vous allez avoir de l'Oppposition.
M. LESAGE: Il n'y en avait pas du mois de janvier.
M. BELLEMARE: Il y avait une motion de production de document, le 6 mars
et le 31 juillet on avait pas répondu. Le 6 mars, M. le
Président! il n'est pas difficile de le croire.
M. LESAGE: Je vous dis qu'il n'y en avait pas de janvier.
M. BELLEMARE: M. le Président, il y en avait du mois de mai. Le
13 mai, pas de réponse.
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas du mois d'avril ni du mois de
janvier ça.
M. BELLEMARE: Et ça, M. le Président,
ce sont les grands démocrates, les purs, ceux qui n'ont rien
à se reprocher. C'est effrayantl Nous y étions dans l'Opposition,
M. le Président
M. LESAGE: Vous les avez eues, d'accord?
M. BELLEMARE: Quand je les vois se lever...
M. CADIEUX: Vous avez été bien traités. M.
BELLEMARE: ... et, M. le Président.. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: Vous les avez eues, les réponses.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puis-je rappeler à tous les
honorables députés que celui qui a la parole a le droit de
s'exprimer, conformément aux dispositions de notre règlement. Je
suis sûr que tous prendront bien garde sur ce point délicat de
soulever un débat
L'honorable ministre.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne soulève pas de
débat, je fais des constatations. Je constate qu'ils se lèvent
dans l'Opposition pour reprocher au gouvernement ce qu'ils ont fait, eux qui se
lèvent..
M. LESAGE: Qu'est-ce qui s'est passé au 31 juillet?
M. BELLEMARE: ... aujourd'hui pour dire: Dans notre temps, on
répondait Oui, regardez donc à la dernière journée,
M. le Président, cela ne peut mentir. La dernière journée,
nous aussi nous avions besoin de documents pour notre travail; nous aussi, nous
avions hâte d'avoir des réponses. Le 22 janvier, une motion est
restée sur le feuilleton: la Fulton-Favreau, comme on Pa appelée.
Ils ont oublié de l'appeler, celle-là.
M. GRENIER: La gueuse!
M. BELLEMARE: Pendant toute la session. La motion Fulton-Favreau,
l'avez-vous appelée celle-là?
M. LESAGE: Ce n'était pas une motion. M. GRENIER: La maudite!
M. BELLEMARE: Elle y était depuis le mois de janvier. Ah non, ah
non...
M. LESAGE : Ce n'était certainement pas une motion pour
production de documents, M. le Président
M. BELLEMARE: ... on ne l'a pas appelée. Là, on se
scandalise, M. le Président
M. LESAGE: Ce n'était pas une motion pour production de
documents.
M. BE LLE MARE : Ce n' était pas pour le gouvernement
c'était surtout pour empêcher l'Opposition de les taquiner et d'en
parler ici,de la Fulton-Favreau, parce qu'on connaît l'attitude prise
lors d'un congrès par le chef de l'Opposition du temps.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
Tous conviendront qu'une discussion aujourd'hui sur la portée
constitutionnelle de la formule Fulton-Favreau retarderait
énormément et risquerait de nous empêcher de proroger
peut-être les Chambres à la fin de la semaine.
M. CADIEUX: Mille mots, 1,000 Motels.
M. BELLEMARE: L'article 2 dit que mes remarques doivent être
brèves et faites de façon à ne pas provoquer de
débat; je vais baisser le ton, c'est le ton qui les fatigue.
M. CADIEUX: Non, non, c'est le député qui nous
fatigue.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que c'est que vouloir museler l'Opposition?
Est-ce que c'est déposer des documents quand ils nous sont
demandés ou inscrire à l'ordre du jour le 22 janvier, dans le
feuilleton de l'Assemblée législative, une motion portant sur un
sujet que vous venez de mentionner, je ne veux pas le rappeler, et là on
n'avait plus le droit d'en parler? Une question constitutionnelle de cette
sorte, on n'avait plus le droit d'en parler. M. le Président, sept mois
de session, pas un mot, pas d'appel! Non, non, je baisse le ton, M. le
Président, Chaque fois qu'on voulait commencer une discussion sur
l'autonomie, sur la constitution, on disait: Non, non, il y a une motion; vous
n'avez pas le droit, le règlement, l'article s'applique. Fulton-Favreau.
Non, je n'en parle pas, mais l'honorable député de Chambly dit :
Motion adoptée le 6 juin, d'accord. Qu'est-ce qui est arrivé
depuis le 6 juin, si on regarde le rapport qui est fait dans les
procès-verbaux de l'Assemblée législative?
UNE VOIX: Vous avez option.
M. BELLEMARE: Il y a eu plusieurs séances. Il y a eu des
démissions de député aussi, mais on n'en parlera pas. Il y
a eu plusieurs séances, des séances importantes. Nous avons
siégé les 7, 8 et 9 juin. Nous avons siégé les 13,
14, 15, 16 juin. Nous avons travaillé aussi les 20, 21, 22, 23 juin.
Nous avons siégé les 26, 27, 28, 29 juin. Il y a eu un
ajournement jusqu'au 12 juillet. Remarquez, du 29 juin au 12 juillet,
ajournement et, ensuite, on est revenu les 12, 13, 14; nous avons
siégé les 17, 18, 19 et 21 juillet et, là encore,
ajournement jusqu'au 3 août. Je n'ai pas parlé du ll
août.
M. LESAGE: En 1965, le feuilleton était vide.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: A la fin de la session 1965, le feuilleton était
vide.
M. BELLEMARE: M. le Président, pas la dernière
journée que j'ai dite, le 31.
M. LESAGE: Non, mais nous avons vidé le feuilleton la
dernière journée.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça qui est de la
démocratie.
M. LESAGE: Oui, M. le Président, nous l'avons vidé la
dernière journée.
M. BELLEMARE: Je dis que, le 31 juillet, c'était encore au
feuilleton de l'Assemblée législative.
M. LESAGE: J'invoque le règlement. M. LE PRESIDENT: A l'ordre! M.
BELLEMARE: M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!Puis-je inviter les honorables
députés à ne pas soulever de débat sur cette
question amenée préalablement, par l'honorable
député de Chambly? Je crois que nous avons tous
intérêt à collaborer pour passer, si possible, rapidement
aux affaires du jour. L'honorable chef de l'Opposition a fait un rappel au
règlement.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai fait un rappel au
règlement pour bien rappeler les paroles que j'ai dites. J'ai dit qu'il
était important, M. le Président, je pense...
M. BELLEMARE: Il n'a pas le droit...
M. LESAGE: Il est important, M. le Président, que je situe ce que
j'ai dit, étant donné ce que...
M. BELLEMARE: ...de commenter mon discours en vertu d'un article de
notre règlement.
Il n'a pas le droit de le faire sans ma permission, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Non, M. le Président, sans ma permission. Et je ne
vous la donne pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je suis sûr que le fait de vouloir
préciser certaines déclarations faites antérieurement dans
cette Chambre ne peut nécessairement donner ouverture à un rappel
au règlement, quoique notre règlement précise qu'on peut
toujours se lever pour préciser le point exact de la déclaration
faite. Si c'était cet aspect ou cette question que voudrait soulever
l'honorable chef de l'Opposition, je suis sûr que nous pourrions
suspendre temporairement les dispositions de l'article 200 pour lui donner
l'occasion de faire toute déclaration de précision, après
que l'honorable ministre du Travail aura complété ses
remarques.
M. LESAGE: J'invoque mon privilège.
M. BELLEMARE: Non, non, M. le Président, sauf...
M. LESAGE: J'invoque mon privilège et je dois l'invoquer
dès l'Instant qu'il a été violé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: L'article 193, ce n'est pas ça, pas du tout. Une
question de privilège ce n'est pas cette sorte d'intervention, faire
indirectement ce qu'on ne peut pas faire directement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Tous conviendront, avec l'expérience
acquise en cette Chambre, que l'Orateur doit céder la parole à
celui qui soulève une question de privilège.
M. LESAGE: Le privilège est très simple, c'est que j'ai
pressé le gouvernement, et le premier ministre en particulier, de donner
des réponses aux questions d'ici la fin de la session. J'ai bien
mentionné qu'il était question que nous prorogions cette semaine
et j'ai incité le gou-
vernement à répondre aux questions avant la fin de la
session. Or, en 1964 et 1965, nous avons répondu avant la fin de la
session.
M. BELLEMARE: Bon, si ce n'est pas un manquement au règlement,
qu'est-ce que c'est?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Tous conviendront qu'il est assez difficile
pour le président de pouvoir deviner à l'avance quelle sera la
portée des déclarations...
M. BELLEMARE: Quand on le connaît!
M. LE PRESIDENT: Je dois tenter de reconnaître la même
mesure d'application du règlement à l'égard de tous les
honorables députés, et c'est pourquoi je laisse la parole
à l'honorable ministre du Travail.
M. BELLEMARE: Il dit qu'ils avaient répondu à tout
à la dernière journée. Qui dit qu'on ne fera pas pareil?
Qui lui dit qu'on ne fera pas pareil, qu'on n'aura pas tout répondu
à la dernière journée?
M. LESAGE: Engagez-vous à le faire.
M. BELLEMARE: Attendez, on n'a pas besoin de vos conseils, on va diriger
ça, nous autres aussi. Donc, je dis: deux interruptions, deux
ajournements de la session depuis le 6 juin, ajournement du 29 juin au 12
juillet, ajournement du 21 juillet au 3 août. Il faudrait tenir compte de
ces faits-là. Cela n'a pas été dit. Il y a eu 26
séances, 26 séances au maximum, depuis le 6 juin. Pour revenir
à la question no 1, j'ai ici un document interministériel, un
document confidentiel qui m'est fait à moi, personnellement, par M.
Gilles Guérin de la trésorerie et qui admet, après toutes
les démarches que nous avons faites pour répondre à la
question No 1 du 24 janvier, nous nous en sommes occupés et M.
Guérin m'écrit, le 27 juin: « En raison de la confusion
susceptible d'être créée par le projet de réponse
préparé par mon bureau, je comprends qu'il y a lieu de clarifier
toute cette question. Ce travail sera assez laborieux et ne pourra être
exécuté au cours des heures régulières de bureau,
car ces recherches devront être effectuées concurremment par les
bureaux de personnel et les services de paye du gouvernement ». Est-ce
que c'est la faute du gouvernement? Est-ce qu'on doit porter l'odieux de
l'accusation que viennent de porter le chef de l'Opposition et le
député de Chambly? Je dis: Non. Nous avons en main un document
qui prouve que nous avons fait l'impossible pour nous ren- dre à la
demande de l'honorable chef de l'Opposition. Question du 24 janvier d'accord,
mais ici, le 27 juin, M. Gilles Guérin de la trésorerie dit que
c'est une question extrêmement compliquée, que ce travail est
assez laborieux, qu'il ne pourra s'exécuter au cours des heures
régulières. Je ne pense pas que l'Union Nationale, le
gouvernement, n'aie rien à cacher, et nous allons faire l'impossible,
comme nous l'avons fait jusqu'à maintenant pour répondre avec
diligence et surtout promptitude, véracité et
honnêteté à toutes les questions qui nous furent
posées.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: Article 24. Les institutions financières,
comité plénier.
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme en comité plénier
pour l'étude du bill 80, Loi du ministère des institutions
financières, compagnies et coopératives.
M. FRECHETTE: (président du comité plénier)
M. JOHNSON: M. le Président, à la deuxième lecture,
f avais invité les députés de l'Opposition à nous
faire des suggestions, particulièrement à Pencontre de la
formulation des pouvoirs spéciaux que nous demandons par les articles 3,
4 et 5 et j'avais moi-même exprimé certaines hésitations
à insister pour l'adoption selon cette formulation.
Au cours de l'étude en comité plénier, nous avons,
après des représentations du député d'Outremont,
certaines représentations du chef de l'Opposition, décidé
de suspendre l'adoption ou l' étude, si l'on veut, des articles 3, 4 et
5 et nous avons de nouveau invité des députés à
nous faire des suggestions.
N'ayant pas reçu de suggestion complète mais...
M. LESAGE: Nous avons des propositions précises.
M. JOHNSON: ... me rappelant des bribes de suggestions, celles faites
par le député de Westmount, celles faites par le
député d'Outremont et surtout celles faites par le chef de
l'Opposition, nous avons, après quelques heures d'étude encore,
formulé d'une façon différente les articles en question.
Nous croyons avoir réussi de cette façon à rencontrer
certaines des objections. Nous aurions je l'avais dit hier
préféré n'avoir pas à édicter des clauses
semblables mais il nous faut quand même certains
pouvoirs qui n'existent pas dans certaines des lois. Et voilà
pourquoi, f ai l'honneur de vous soumettre les amendements.
Je pense avoir trouvé ici quelques jeux complets, il y en a
trois, quatre, cinq,
M. le Président, nous nous sommes inspirés, à
l'article 3, des pouvoirs accordés dans la Loi des valeurs
mobilières.
M. LESAGE: Ce sont les mêmes pouvoirs que ceux qui existent dans
la Loi des valeurs mobilières?
M. JOHNSON: D'accord. Nous avons gardé l'article 36 de la Loi des
valeurs mobilières et nous avons gardé d, de l'article 4.
M. LESAGE: Oui. Est-ce que, pour accélérer les...
M. JOHNSON: Si le chef de l'Opposition me permet... On aura noté
que l'objection principale apportée par le chef de l'Opposition c'est
qu'il fallait en quelque sorte se fixer un but, qu'il y ait un motif
précis pour lequel on intervient et que cela ne soit pas seulement un
caprice.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Alors, cette formulation évidemment restreint
l'activité du ministre, et ce-lui-ci doit se servir de ses pouvoirs
seulement s'il veut se rendre compte si un acte frauduleux ou une infraction
à la Loi qu'il est chargé d'appliquer a été commise
ou est sur le point de l'être. Alors, je crois que cela répond, en
très grande partie, à la critique du chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre aurait objection à ce
que nous suivions la procédure suivante: Le député
d'Outremont, le député de Bonaventure, le député de
Gatineau et moi-même, avec le député de Westmount, nous
voudrions jeter un coup d'oeil un peu plus attentif sur les amendements
proposés. Le premier ministre lui-même, j'en suis sur, conviendra
qu'il s'agit d'une affaire assez complexe.
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. LESAGE: Alors, je pense qu'au point de vue de l'emploi du temps de la
Chambre, nous pourrions y gagner si le comité rapportait
progrès.
M. JOHNSON: Quel bill pourrait-on étudier dans l'intervalle?
M. LESAGE: Ce que le premier ministre avait annoncé comme premier
ordre, c'était les amendements apportés par le Conseil
législatif au bill 52. Alors, cela peut durer un certain temps, mais
cela ne peut pas être très long. Pendant l'étude de ces
amendements par le comité plênier, nous pourrions mes
confrères et moi examiner les amendements que vient de
déposer le premier ministre, et nous y gagnerions certainement au point
de vue temps.
M. JOHNSON: Nous pourrions prendre le bill concernant la Régie
des alcools?
M. LESAGE: Non, le député de Verdun n'est pas
arrivé. J'avais dit hier que je ne voulais pas que le bill de la
Régie des alcools passe aujourd'hui. Mais c'était entendu que
c'était les amendements au bill 52. C'est le premier article
annoncé par le premier ministre hier soir.
M. JOHNSON: Oui, mais j'ai bien pris garde de dire que ce n'était
pas nécessairement dans l'ordre donné. Question de dossier.
M. LESAGE: Le député de Verdun vient d'arriver.
M. JOHNSON: Magiquement, il est apparu.
M. LESAGE: Oui, mais jusqu'à ce moment-ci, il n'était pas
arrivé.
M. JOHNSON: La baguette magique.
UNE VOIX: Le député de Richmond aussi.
M. JOHNSON: Alors, je ne...
M. LESAGE: Parce que le premier ministre hier avait dit le bill...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a réellement besoin de temps, oui ou
non?
M. LESAGE: Dans l'agenda, il y avait les amendements au bill 52
ce que le premier ministre a dit hier soir le bill 91 concernant...
M. BERTRAND: 81.
M. LESAGE: 81 et ensuite...
M. BERTRAND: La Régie des alcools.
M. LESAGE: ... le bill 80.Et lorsque le premier ministre a dit: La
Régie des alcools, j'ai dit: Non, je ne crois pas que nous soyons
prêts demain. Si on veut relever le journal des Dé-
bats, on le verra. Et ensuite 67. Alors je voudrais d'abord avoir le
temps de consulter mes confrères sur les amendements
déposés, et je voudrais par la suite avoir quelques instants avec
le député de Verdun.
M. JOHNSON: Combien de temps?
M. LESAGE: Oh! Dans l'espace d'une demi-heure, il n'y a pas de doute que
je serai prêt. Si on étudie les amendements au bill 52, nous
serons prêts immédiatement après.
M. JOHNSON: Oui, mais on a d'autres... M. LESAGE: Tout de suite
après.
M. JOHNSON: On pourrait prendre l'article 27. On n'est pas prêt?
Bill 81.
M. BERTRAND: Bill 81.
M. LESAGE: Pardon? L'article 81 ça c'est...
M. BERTRAND: C'est relié à 981-0.
M. LESAGE: Il faut que je sois ici.
M. BERTRAND: Le député, M. Bourassa, pourra être
ici.
M. BELLEMARE: Le député de Mercier. M. BERTRAND: Le
député de Verdun?
M. JOHNSON: Alors, pour accommoder l'Opposition...
M. BERTRAND: M. Fraser.
M. LESAGE: Article 91, la bibliothèque nationale du
Québec? Cela a été annoncé hier soir.
M. JOHNSON: Nous pourrons retourner... Le sous-ministre est absent pour
des raisons très valables.
M. LESAGE: Oui, mais le ministre est certainement capable de se
défendre seul.
M. JOHNSON: Oui, il est capable de prendre seul toute
l'Opposition...
M. LESAGE: Ah!bien là...
M. JOHNSON: ... n'importe quand, n'importe où, à la radio,
à la télévision ou sur les « hustings ».
M. LESAGE: Un pareil David ne devrait pas avoir peur de présenter
son projet de loi. N'importe quand, n'importe où, excepté
maintenant.
M. JOHNSON: Non, le ministre a un engagement à quatre heures.
M. LESAGE: Ah oui! il est décoré.
M. JOHNSON: Alors voici, on est prêt à procéder sur
quatre lois, et l'Opposition n'est pas prête. On écouterait
même le député de Huntingdon.
M. BERTRAND: Il n'est pas là.
M. LESAGE: Si c'est là votre solution, allez-y!
M. BERTRAND: Alors appelez donc l'article 22.
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, faites rapport.
M. LESAGE: Quelle est l'objection à présenter les
amendements au bill 52? C'est ça que le premier ministre a
annoncé hier soir comme premier article.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on est prêt? Moi je suis prêt.
M. LESAGE: Les amendements au bill 52, bien sûr.
M. JOHNSON: On est prêt.
M. LESAGE : Je n'ai qu'à demander au député de
Chambly et au député de Gouin de descendre.
M. BERTRAND: Ce n'est pas à nous de les trouver. Où
sont-ils?
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et qu'il demande la permission de siéger
à nouveau.
Amendements au bill no 52
M. PAUL (président): Quand le comité pourra-t-il
siéger à nouveau? A la même séance. L'honorable
Secrétaire de la province propose l'examen des amendements du Conseil
législatif au bill 52 intitulé, Loi du cinéma.
L'honorable Secrétaire de la province.
M. LESAGE: Est-ce que le Secrétaire désire que l'examen se
fasse en Chambre ou en comité?
M. GABIAS: Comité.
M. LE PRESIDENT: L'honorable Secrétaire de la province propose
que je quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en
comité plénier pour l'étude des amendements du Conseil
législatif au bill 52 intitulé, Loi du cinéma. Cette
motion est-elle adoptée? Adopté.
M. GABIAS: Les amendements, M. le Président, c'est à
l'article 22.
UNE VOIX: Vous les avez trouvés?
M. GABIAS: Article 22 où on retranche le mot « exploitation
». C'est un amendement du Conseil en date du 28 ou 29 juin dernier.
Adopté?
M. BELLEMARE: Adopté.
M. MICHAUD: M. le Président, est-ce que les deux amendements
peuvent être soumis simultanément ou bien...
M. JOHNSON: Oui, ils sont reliés l'un à l'autre,
même le troisième.
M. MICHAUD: Oui, parce que l'un enchaîne l'autre.
M. JOHNSON: En somme on distingue entre le permis d'installation et le
permis d'exploitation. Je crois que c'est là où il faut tirer la
ligne et quel que soit le propriétaire, qu'il soit Canadien,
Américain ou Français, Français du Canada ou Canadien
français...
M. LAPORTE: Qu'il soit libre ou pas libre. M. MICHAUD: Français
d'Amérique.
M. JOHNSON: Libre ou pas libre, séparé ou non, statut
particularisé ou non...
M. LAPORTE: Faut-il qu'il soit...
M. JOHNSON: ... quel que soit le propriétaire, il y aura un
permis et il devra obtenir un permis d'exploitation qui lui est annuel. Et
c'est là que l'action du gouvernement peut s'exercer graduellement, sans
casser les vitres, mais amener les exploitants à respecter les objectifs
généraux, et j'entends par là la déconcentration de
la culture et deuxièmement le respect des goûts d'une certaine
région de façon à ce que l'exploitation du cinéma
en plein air ne soit pas un moyen additionnel de polluer l'atmosphère,
ne soit pas un moyen de nous éloigner de la culture, mais que ça
devienne plutôt un moyen de faciliter l'accès à la
culture.
En somme, c'est une expérience que nous tenterions de cette
façon-là. Nous avons, comme on s'en souvient, à la
suggestion du député de Gouin, exigé des statistiques qui
nous permettront d'établir quels sont les films, leur qualité, la
langue et le nombre de personnes qui y assistent. De cette façon, nous
aurons enfin les éléments qui nous permettront de bâtir une
politique.
M. MICHAUD: Les amendements ont-ils été
rédigés par le Conseil législatif à la suite d'une
demande du gouvernement ou s'il s'agit d'une propre initiative du Conseil?
M. JOHNSON: C'est le genre de questions qui ne se posent pas. Il arrive
qu'entre le Conseil législatif et l'Assemblée législative
il y ait quelquefois des conciliabules. Cela a été le cas par
exemple au sujet de 981-0. Le leader parlementaire du gouvernement et le leader
de l'Opposition au Conseil législatif ont rencontré les officiers
légistes pour soumettre des amendements qu'ils avaient l'intention de
proposer et le ministre ou un sous-ministre les a rencontrés. En somme,
il y a une coopération de bon aloi, une coopération
extrêmement intéressante entre les deux Chambres et qui croise les
lignes de parti sans difficulté quant il s'agit du Conseil
législatif. Si je pouvais avoir la même coopération dans
cette Chambre, que ce serait donc agréable.
M. LAPORTE: M. le Président, j'étais sur le point,
justement en sens inverse de la conclusion du premier ministre, de regretter,
dans le cas spécifique qui nous est soumis, cette collaboration qui a
existé entre le gouvernement et le Conseil législatif, puisque
quelles que soient les intentions que le gouvernement a voulu enfermer dans le
texte qui nous est soumis, la conclusion à notre avis est que, loin de
bonifier le bill 52, cet amendement augmente l'arbitraire.
Cet amendement rend les exploitants éventuels de
ciné-parcs complètement à la merci d'une administration
qui, qu'elle le veuille ou non, est influencée par la politique ou a
dans son sein des gens qui sont soumis à l'élection qui n'accorde
à peu près aucune protection efficace dans le domaine de la
canadianisation ou de l'internationalisation des films qui nous
seront montrés dans ces ciné-parcs, ou, si l'on veut, qui
ne répond à peu près pas au danger que nous avons
tenté d'expliquer au gouvernement quant à
l'américanisation graduelle des citoyens de la province de
Québec. « Le lieutenant-gouverneur en conseil, dit l'amendement,
peut délivrer un permis annuel d'exploitation à toute personne
qui est propriétaire d'un ciné-parc ou qui a obtenu du
propriétaire le droit de l'exploiter » et je souligne les
mots qui vont suivre « et qui établit à sa
satisfaction qu'elle est en mesure de respecter les conditions d'exploitation
que le lieutenant-gouverneur en conseil établit par
règlement,
M. le Président, je n'ai pas l'intention de quereller inutilement
le gouvernement sur l'adjectif annuel. Nous avons dans d'autres domaines des
permis qui sont renouvelables d'année en année, ce qui
généralement donne au gouvernement un droit, non pas de regard
sur l'administration, mais un contrôle quant au respect de la loi. Mais
dans le cas actuel, disons que c'est un recul sur ce qu'était la loi
quand elle a été présentée au Conseil
législatif. Celui qui voulait exploiter un ciné-parc obtenait un
permis « spécial ». Le permis est maintenant « annuel
». Si le permis était annuel et que l'on avait prévu une
procédure acceptable pour l'émission de ce permis, nous n'aurions
pas d'objection, parce que ce serait un moyen de contrôle. Mais
actuellement, d'après le système que l'on nous propose, c'est le
lieutenant-gouverneur en conseil...
M. JOHNSON: Par règlements.
M. LAPORTE: Par règlements, règlements qui peuvent
être modifiés n'importe quand, je ne dirai pas selon la fantaisie,
mais selon le goût et...
M. JOHNSON: Les besoins de la population.
M. LAPORTE: ... les besoins et aussi selon les changements d'opinion des
ministres qui peuvent se succéder, parce que je pense bien que si la loi
du cinéma est administrée par le ministre actuel ou par un autre
membre du cabinet actuel ou par un autre député, il est possible
que l'on n'envisage pas une politique de cinéma de la même
façon.
Donc, le premier danger, c'est la mobilité des règlements.
Mobilité des règlements qui est d'autant plus dangereuse que la
personne qui sera appelée à recommander au lieutenant-gouverneur
en conseil l'émission du permis sera la même personne qui sera
appelée à recommander au lieutenant-gouverneur l'approbation des
règlements. Alors, afin que je ne me lance pas dans un débat
inutile, puisque le ministre fait signe que non, pourrait-il m'expliquer si ce
n'est pas le même ministre qui va proposer les règlements et qui
va proposer l'approbation des... Alors, qu'est-ce que c'est?
M. JOHNSON: Pas nécessairement.
M. LAPORTE: Bien, pas nécessairement, pourquoi?
M. JOHNSON: Voici, pour éviter...
M. LAPORTE: Oui, nous ne sommes pas ici pour vous « tirer des
jambettes ».
M. JOHNSON: ... une grande dissertation inutile, voici comment
fonctionne ce mécanisme. Le Conseil législatif a
été impressionné par certains arguments qu'ont
apportés dans le débat les députés de l'Opposition,
entre autres le député de Dorion et...
M. LAPORTE: Ah ça, ce n'est pas secret. M. JOHNSON: Et, M. le
Président...
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre que l'impression accrue est
assez récente?
M. JOHNSON: Non, non, cet amendement a, évidemment,
été voté au Conseil législatif, le 29 juin.
M. LAPORTE: Oui.
M. JOHNSON: C'est avant le 24 juillet.
M. LAPORTE: C'est avant le 24 juillet.
M. JOHNSON: C'est drôle, mais c'est ainsi que ça
fonctionne.
Et le Conseil législatif, impressionné donc par des
arguments de certains députés de l'Opposition, notamment par ceux
du député de Dorion, a trouvé une formulation que je
trouve très intéressante, quant à moi, en tout cas. Ce
sont des hommes d'affaires là, ils ont dit: Que ce soit un
Américain ou n'importe qui qui soit propriétaire, ce n'est pas
là le problème. Le problème, c'est l'exploitation et le
lieutenant-gouverneur pourrait par règlement établir quel est le
genre d'exploitation qui doit être adopté dans telle ou telle
région, car ça peut varier par région. Il y a une
condition statutaire; il faut que le requérant établisse,
à la satisfaction du lieutenant-gouverneur, qu'il est en
mesure de respecter les conditions d'exploitation. En somme, pour
être bien clair, il faudra que le requérant puisse établir
qu'il aune source d'approvisionnement de films. Deuxièmement, il devra
indiquer la qualité, le genre, la langue des films qui seront
exhibés et ça ne peut pas être, évidemment, les
mêmes critères quand il s'agit du comté de Huntingdon ou
quand il s'agit du comté de Chicoutimi.
M. MICHAUD: Les conditions d'exploitation.
M. JOHNSON: Bien c'est tellement complexe et tellement mouvant; on est
dans un domaine tellement nouveau que, selon la vieille méthode
adoptée depuis des siècles, on procède d'abord par
règlement. On établit, en somme, certaines structures et,
ensuite, on leur donne l'état de statuts et on réduit la
discrétion du lieutenant-gouverneur en conseil. C'est tout ce qu'il y a
là-dedans.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le premier ministre me permettrait une
interruption?
M. JOHNSON: Pourquoi pas?
M. CHOQUETTE: Vous parlez de conditions d'exploitation et vous dites que
ces conditions d'exploitation seraient déterminées par
règlement. Je veux bien, moi, que les conditions d'exploitation soient
déterminées par règlement, mais je ne vois pas, dans les
pouvoirs accordés par l'article 22A du projet de loi, où il est
loisible d'établir des conditions d'exploitation d'un ciné-parc.
Je pense que les hommes d'affaires du Conseil législatif ont
oublié cet aspect-là. Il me semble que c'est
élémentaire. Moi, je veux bien suivre le premier ministre dans
son raisonnement. Il est nécessaire de fixer les conditions
d'exploitation des ciné-parcs. Je suis d'accord jusqu'à un
certain point, mais encore faut-il qu'on puisse l'établir par des
règlements qui s'appliquent à toute la province et que ça
ne soit pas des règlements arbitraires qui s'appliquent à
monsieur Un tel ou des exigences qu'on impose à une personne au moment
où elle arrive au renouvellement de son permis annuel.
M. LAPORTE: M. le Président... M. JOHNSON: Oui.
M. LAPORTE: ... j'avais posé une question au premier ministre et
au Secrétaire de la province. Le premier ministre a fait un
détour pour parler d'autre chose, mais il n'a pas ré- pondu
à ma question. Alors, j'ai, comme je l'imaginais bien,
vérifié une autre fois et il est clair que la personne qui va
recommander les permis annuels, le Secrétaire de la province, est la
même personne qui va proposer au lieutenant-gouverneur en conseilles
règlements. En effet, en vertu de l'article 34 de la Loi sur les vues
animées, article qui n'a pas été modifié, la mise
à exécution de la présente loi est confiée au
Secrétaire de la province. Donc, c'est clair, c'est évident que
c'est la même personne qui va agir sur les deux plans, proposer les
règlements et demander l'émission des permis annuels.
Je trouve que, du point de vue administratif, c'est une chose qui est
difficilement acceptable. D'autant plus difficilement acceptable qu'on dit plus
loin que la personne qui voudra le renouvellement ou V émission de son
permis annuel devra établir « à la satisfaction du
lieutenant-gouverneur en conseil », c'est-à-dire, à toutes
fins pratiques, à la satisfaction du Secrétaire de la province,
qu'elle est en mesure de respecter les conditions d'exploitation. Même si
cette personne fait la preuve la plus totale, la plus convaincante, à
l'effet qu'elle est en mesure de respecter les conditions d'exploitation
établies par le lieutenant-gouverneur en conseil, absolument rien dans
la rédaction qui est devant nous n'empêche le Secrétaire de
la province et là je ne me réfère pas
spécialement au député des Trois-Rivières, je parle
en termes généraux du Secrétaire de la province
rien n'empêcherait le Secrétaire de la province de dire: Ce n'est
pas établi à ma satisfaction. Nous sommes dans l'arbitraire le
plus total. Permis annuel émis par la même personne qui fait la
réglementation, ou proposé par la même personne qui propose
la réglementation, et obligation pour la personne qui demande
l'émission du permis de satisfaire à une condition qui est
strictement personnelle, donner satisfaction au ministre. On peut toujours
dire, en dépit de n'importe quelle preuve: Je ne suis pas satisfait.
Je dis, en dernier lieu, que ceci ne contribue à peu près
pas, avant que nous n'ayons vu la réglementation, à
résoudre le problème qui a été évoqué
par le député de Gouin, par le député d'Outremont,
par le député de Dorion qui a particulièrement
impressionné le premier ministre; mais je lui dirai qu'en retour, en
dépit de cette impression profonde, je serais personnellement
extrêmement surpris que l'amendement tel que proposé impressionne
favorablement le député de Dorion. Je serais surpris.
M. JOHNSON: Il va falloir que vous appreniez à ne plus parler en
son nom.
M. LAPORTE: Je ne parle pas en son nom. J'ai encore le droit
d'être surpris.
M. BELLEMARE: Cela ne veut pas dire que vous allez partir une chicane
encore.
M. JOHNSON: Une deuxième surprise.
M. LAPORTE: J'aime mieux être satisfait que surpris.
M. GABIAS: Vous l'étiez avant...
M. LAPORTE: Je dis au premier ministre que l'objectif qu'il veut
atteindre peut être louable, que l'objectif qu'il nous propose
répond théoriquement à certains arguments de l'Opposition;
mais le moyen qu'il nous suggère, j'ai tenté de le lui
démontrer sur le ton le plus calme qui soit, est extrêmement
dangereux, et lui, qui à plusieurs reprises nous a au moins verbalement
exprimé l'avis qu'il fallait sortir la politique de toutes ces choses
où c'est toujours dangereux qu'elle y soit, il crée de toute
pièce un mécanisme qui nous y replonge jusqu'au cou. Toutes ces
choses nous amènent à conclure qu'encore une fois, il n'y a pas
d'urgence,il n'y a pas péril en la demeure, il ne se construira pas de
ciné-parcs en 1967, nous sommes rendus à la mi-août. Le
gouvernement devrait remettre ceci sur le métier, attendre encore
quelques mois, sans que nous ayons à ce sujet de reproches nouveaux
à lui faire, pour nous arriver avec une régie du cinéma.
Nous n'aurions pas d'objection au permis annuel. Nous n'aurions pas d'objection
à ce que les normes doivent être respectées par des
propriétaires de ciné-parcs, mais à la condition que nous
ayons une régie du cinéma qui, elle, serait indépendante
du gouvernement, qui mettrait le gouvernement à l'abri de pressions
bonnes ou pas bonnes, politiques ou pas politiques, culturelles ou non
culturelles, qui peuvent s'exercer sur une administration élue...
M. CHOQUETTE: Monétaires ou non monétaires.
M. LAPORTE: Nous avons la preuve maintenant que, si le gouvernement veut
véritablement atteindre Pobjectif qu'il nous propose, nous allons F
encourager cette fois-ci à ne pas aller vite, ce qui va probablement
surprendre le premier ministre.
J'Inviterais ou le Secrétaire de la province ou le premier
ministre à nous dire quelle urgence il y a de voter cela au cours de la
session actuelle. Pourquoi faire une expérience quand cela nous reporte
à des années en arrière au point de vue administratif?
Autant retirer l'amendement, préparer une véritable régie
du cinéma qui, elle, pourra aller encore plus loin que ce que propose le
gouvernement, mais nous aurons la certitude de l'indépendance. Et quand
le bill sera prêt avec une régie du cinéma, nous serons
infiniment heureux de dire au Secrétaire de la province qu'il aura
contribué à établir une véritable politique de
cinéma dans la province de Québec. Avec l'amendement qu'il
propose, nous ne pouvons malheureusement que lui dire qu'il contribue à
rendre encore plus mauvais un projet de loi qui nous avait paru
déjà fort désagréable.
M. MICHAUD: Je suis certain pour ma part que le gouvernement
bousculé un peu, enfiévré par des événements
récents, auxquels le règlement m'interdit de faire allusion, n'a
pas mesuré tout le caractère nocif des amendements que le Conseil
législatif nous propose. Nous avions déjà une loi que, par
gentillesse, une fois n'est pas coutume, j'appellerais très imparfaite
et voilà que le Conseil législatif, sur la recommandation du
gouvernement ou sur sa propre initiative, ce Conseil législatif donc,
que d'aucuns considèrent comme une sorte d'aréopage de la sagesse
ou inner sanctum de la raison, nous propose des amendements qui, loin de
bonifier la loi qui a fait l'objet des débats ici à
l'Assemblée législative, la mutile davantage.
La loi sur le cinéma était déjà enfin
je l'ai dit et je l'ai répété - infirme et la voilà
avec ces amendements-là encore plus mutilée. Vous connaissez
l'amour presque déraisonné que j'ai à l'endroit du
règlement. Aussi, mes propos vont strictement se limiter sur le texte
même des amendements proposés par le Conseil législatif. En
quoi les amendements proposés par la Chambre haute sont-ils irrecevables
et inacceptables?
Premièrement, le Conseil législatif va, ce me semble,
à l'encontre même des intentions du gouvernement, intentions qui
étaient clairement exprimées dans le discours du trône lors
de l'inauguration de la session parlementaire, lorsque celui-ci nous
annonçait l'avènement heureux de la démocratie de
participation et l'ardeur de la consultation des corps intermédiaires.
Or le texte dit ceci: premièrement, retrancher au début de la
sixième ligne ce qui suit, « d'exploitation ». Or, il est
clair qu'en favorisant l'adoption de ce premier amendement qui vise
essentiellement à enlever aux autorités locales toute
recommandation pertinente à l'exploitation des ciné-parcs, il est
clair que le gouvernement va contre lui-même- C'est-à-dire,
qu'il
approuve une chose qu'il a annoncée dans le discours du
trône et qui est infirmée par ce propre amendement puisque
à toutes fins pratiques, cette recommandation du Conseil
législatif vise à priver les autorités locales du droit de
suggestion ou du pouvoir ou du privilège de recommandation pour ce qui
concerne l'exploitation des ciné-parcs. Le simple mot exploitation
retranché de ce premier paragraphe, retranché du texte tel
qu'adopté par l'Assemblée législative, prive, ça,
c'est clair, les autorités municipales du droit et du pouvoir de
recommandation sur l'exploitation des ciné-parcs.
J'avoue moi ne pas saisir très bien le sens de cette
recommandation du Conseil législatif et à moins que le
gouvernement, que le Secrétaire de la province ou que le premier
ministre me dise pourquoi l'on enlève le droit ou le privilège ou
la faveur ou la possibilité aux autorités locales de
suggérer ou d'avoir un certain droit de recommandation sur
l'exploitation, j'avoue que je resterai dans l'imprécision et je
considérerai ce premier amendement comme parfaitement inutile. Moi, je
le renverrais, et je crois que le gouvernement devrait le faire, je le
rejetterais sans autre forme de procès ou de discussion.
Au reste, si on arrive au deuxièmement, plus la réflexion
se prolonge et plus l'analyse se serre autour du texte des amendements
proposés par le Conseil législatif là, je ne veux
pas faire de procès d'intention mais plus je vois poindre l'hydre
au casque pointu du patronage qui pourrait se profiler à
l'arrière plan de ces amendements du Conseil législatif.
Déjà, par l'omission du mot « exploitation »,
la Chambre haute lève une barrière. Les notables de notre
système constitutionnel donnent en fait l'impression, à ce
premier amendement, de passer la commande; mais on verra comment, au
deuxième amendement, ils livrent la marchandise. « Le
lieutenant-gouverneur en conseil peut retournons au texte,
déjà un premier arbitraire, il n'est pas tenu
délivrer un permis annuel » - seconde restriction qui a
été évoquée par le député de Chambly
« permis annuel d'exploitation à toute personne qui est
propriétaire d'un ciné-parc ou qui a obtenu le droit de
l'exploiter et qui établit à sa satisfaction retenons bien
les mots « à sa satisfaction », troisième arbitraire
qu'elle est en mesure de respecter les conditions d'exploitation
je souligne encore conditions d'exploitation, quatrième arbitraire,
puisqu'il s'agit de conditions qu'on se garde bien de définir et de
soumettre à Papprobation de l'Assemblée législative
que le lieutenant-gouverneur établit en conseil par règlement.
» Cinquième et dernier arbitraire qui laisse au gouvernement
actuel, sans aucun contrôle de l'Assemblée législative, le
soin de régir, de changer, de modifier, de policer l'une des formes les
plus dynamiques de la culture populaire au Québec.
Chacun de ces arbitraires que je viens de signaler et il y en a
cinq pris individuellement peut peut-être se justifier comme le
permis annuel, mais alignés dans le même texte législatif,
dans moins de sept lignes, collés les uns aux autres, le premier
remorquant le second est lié au troisième qui s'apparente au
quatrième dont l'affiliation est évidente avec le
cinquième, voilà qui constitue, à mon sens, le plus
magnifique chèque en blanc qu'une assemblée
délibérante puisse donner à un gouvernement qui
cela c'est mon opinion est déjà trop porté par son
histoire et par son instinct au trafic de la puissance politique et aux
ambitieux calculs électoraux. Or, en nous opposant aux amendements du
Conseil législatif...
M. JOHNSON: M. le Président, j'invoque le règlement. Si je
croyais que ces propos devaient être publiés, je voudrais tout
simplement dire que le député d'abord n'a pas le droit de nous
imputer des motifs; deuxièmement, il porte des accusations en l'air;
troisièmement, il réédite des propos qu'il a tenus, qu'il
a écrits depuis dix ou quinze ans; quatrièmement, il n'est pas
encore recyclé, et, cinquièmement, que...
M. MICHAUD: Pour faire pendant à mes cinq arbitraires.
M. JOHNSON: Ce n'est pas digne d'un député qui veut
discuter sérieusement d'un projet de loi. Le député
devrait y songer deux minutes. Ce n'est pas le propriétaire du fonds qui
va établir la qualité de la culture. Ce n'est pas le
propriétaire des aménagements d'audio qui va non plus assurer le
caractère culturel ou le contenu culturel des représentations.
C'est le lieutenant-gouverneur en conseil qui, par règlement, peut
tenter un premier pas dans cette direction, et l'Opposition pourra à
loisir critiquer lorsque la session sera de nouveau convoquée, et c'est
ainsi que le progrès se fera dans un domaine tout à fait
nouveau.
Il n'est pas incompatible avec l'adoption immédiate de la
présente loi, il n'est pas du tout incompatible que nous apportions Pan
prochain des améliorations à la loi. Mais Pon comprendra que le
lieutenant-gouverneur en conseil a, lui, l'occasion d'entendre des
représentations, non seulement du Secrétaire de la province et du
ministre des Travaux publics, qui peuvent
être Intéressés par les premiers premis, ni encore
du ministre des Affaires municipales à cause de l'intervention des
municipalités; il y aura là aussi le ministre de l'Education et
le ministre des Affaires culturelles qui pourront discuter de ces
règlements.
Et c'est pour ça que c'est le lieutenant-gouverneur en conseil et
je réponds en même temps au député de Chambly. Ce
n'est pas uniquement le Secrétaire provincial quel qu'il soit, mais le
groupe de ministres qui devra prendre ses responsabilités en tenant
compte des divers aspects du problème.
M. MICHAUD: M. le Président, je ne voudrais pas que le premier
ministre prenne trop à mal mes propos, mais en nous opposant aux
amendements du Conseil législatif, en priant le gouvernement de ne pas
cautionner le texte qui fait l'objet de la présente discussion, j'ai
l'impression que l'Opposition lui rend service. Vous allez admettre que rares
sont les oppositions qui ont la générosité et la grandeur
d'âme de vouloir soustraire le pouvoir politique aux éventuelles
occasions de pécher. Or, la cascade d'arbitraire qui est incluse dans le
texte proposé par le Conseil législatif concourt, selon moi,
à créer un état permanent de tentation d'arbitraire, de
tentation de spéculer sur d'éventuels abus du pouvoir.
Or, si le gouvernement, s'appuyant sur sa majorité
évidemment, il peut tout faire force l'adoption de ces
amendements, il y a gros à parier que demain, peut-être dans un
mois, dans un an ou un peu plus tard, il ne pourra peut-être pas
s'éviter de furieux et d'âpres débats sur les conditions
ultérieures d'exploitation des ciné-parcs. Alors il devrait,
à tout le moins, solliciter un peu plus la collaboration de
l'Assemblée législative dans la définition des conditions
d'exploitation des ciné-parcs. Connaissant les intérêts et
connaissant les appétits qui s'affairent autour de cette question, le
gouvernement doit s'imposer à lui-même des restrictions, des
limites, des garde-fous de sorte qu'il n'ait pas la tentation, et ça
c'est humain, de spéculer sur trop d'arbitraire trop à la
portée de la main. Des restrictions qui pourraient être, ou bien
l'approbation par l'Assemblée législative des règlements
ou des conditions d'exploitation des ciné-parcs ou bien, par exemple, le
renouvellement par tacite reconduction du permis d'exploitation du
ciné-parc, bien entendu si l'exploitant se conforme aux
règlements et aux conditions d'exploitation qui auront été
préalablement définis par l'Assemblée
législative.
Or, M. le Président, devant le danger, dan- ger réel pour
tous les gouvernements, devant le danger réel des amendements
proposés par le Conseil législatif à la loi sur le
cinéma, il serait plus raisonnable de différer l'adoption de
cette loi à une prochaine session ou en tout cas à quelques mois.
Le député de Chambly l'a dit. J'aimerais avoir les commentaires
ou du Secrétaire de la province ou du premier ministre là-dessus.
Rien ne presse à l'heure actuelle et puis déjà l'on sent
même dans le souffle de la canicule, l'haleine de l'hiver. Or, j'ai
l'impression que le prétexte que l'on a invoqué pour faire
adopter la loi, c'est-à-dire l'Exposition universelle, ça le
gouvernement lui-même l'infirme en appelant l'étude des
amendements du Conseil législatif quarante jours et plus après
que la loi ait été adoptée en troisième lecture par
l'Assemblée législative. Donc, il n'y a pas d'urgence, ça
c'est clair. Le gouvernement l'admet puisqu'il a retardé pendant une
période considérable l'adoption de la loi, la présentation
des amendements du Conseil législatif.
Au reste, le gouvernement sait bien, d'après tous les
débats qui ont entouré ça, il se garde bien de l'exprimer
ouvertement, qu'il est un peu en porte-à-faux parce que cette loi,
mutilée par les amendements au Conseil législatif, est encore
plus défigurée et constitue, en tout cas c'est mon impression,
une blessure profonde au nationalisme du gouvernement, une cicatrice dont il
pourrait porter la marque. C'est ce qu'on veut lui éviter.
Pour toutes ces raisons, M. le Président, parce que les
amendements du Conseil législatif dans leur forme et teneur, loin de
corriger la loi...
M. JOHNSON: Et voilà le député Robespierre devenu
sanguinaire!
M. MICHAUD: ... les amendements l'hypothèquent, l'enlaidissent,
parce que ces amendements tendent à multiplier l'arbitraire au lieu de
chercher à le circonscrire. Parce que ces amendements réduisent
à la portion congrue le droit de contrôle de l'Assemblée
législative, le pouvoir de définir les conditions d'exploitation
des ciné-parcs, parce qu'en fait ces amendements privent
l'Assemblée législative qui, elle seule est souveraine.
Elle seule est l'incarnation et le dépositaire de la
souveraineté nationale. Parce qu'ils pourraient conspirer contre
l'intérêt du Québec, parce qu'ils appellent au lieu de les
freiner les possibles abus du pouvoir ce qui est la tentation
éternelle de tous les gouvernements parce qu'enfin, ils
cautionnent une loi fondamentale-
ment mauvaise, ces amendements ne peuvent être acceptés par
des hommes qui ont l'arbitraire en horreur et dont les premières
fidélités doivent aller aux intérêts
supérieurs du peuple québécois. En l'occurrence, je crois
que l'assemblée législative devrait rejeter sans autre forme de
procès et de discussion ce texte qui me semble nocif et
préjudiciable aux intérêts de la collectivité
québécoise.
M. CHOQUETTE: M. le Président, je serai bref...
M. JOHNSON: Bon.
M. CHOQUETTE: ... étant donné...
M. JOHNSON: Voilà l'homme des droits de l'homme.
M. CHOQUETTE: ... que mes collègues, le député de
Chambly et le député de Gouin, ont expliqué avec
intelligence et avec précision la position de l'Opposition sur les
amendements apportés par le Conseil législatif. Je dois,
cependant, admettre que malgré la confusion...
M. JOHNSON: C'est dangereux les intermissions,
M. CHOQUETTE: Non, non, je dois, cependant, admettre, malgré la
confusion de la rédaction de l'amendement qui nous est apporté,
que le gouvernement a fini par percevoir ce que l'Opposition avait tenté
de lui expliquer et que cette lueur d'intelligence...
M. ROY: Le voilà parti à « ostiner »
l'autre.
M. CHOQUETTE: ... qui a réussiàfaire son chemin dans le
cerveau des membres ministériels...
M. JOHNSON: C'est une revalorisation du Conseil législatif.
M. CHOQUETTE: Bien ça, c'est assez difficile tout de même.
Par contre, je suis obligé de constater qu'en 1947 le gouvernement de
l'Union Nationale de l'époque adoptait une loi interdisant le
cinéma en plein air. Cette loi, c'est le chapitre 29, sanctionnée
le 20 mars 1947, et c'est à la suite de l'adoption de ce projet de loi
que le cinéma en plein air dans la province de Québec a toujours
été interdit jusqu'à l'actuelle législation.
Or, l'actuelle législation érige un système de
permis d'exploitation et nous suivons le gouvernement sur ce point-là,
en ce sens que, pour des considérations qui ont été
expliquées par mes collègues, il est nécessaire, je pense,
de créer ces permis d'exploitation. Mais là où est le
danger, c'est que les permis d'exploitation sont entièrement
laissés à la discrétion du conseil des ministres. Par
conséquent, comme l'ont si bien dit tout à l'heure mes
collègues, l'émission des permis d'exploitation deviendra une
décision purement politique et on ne saura pas quels sont les facteurs
réels qui auront pesé dans la décision du gouvernement. Je
n'ai pas besoin d'en dire plus long que ça sur le sujet parce que je
suis parfaitement compris.
Comme le disait tout à l'heure le député de
Chambly, la seule manière de corriger ce soupçon que tout le
monde aura à l'égard du conseil des ministres, c'est de confier
l'émission des permis à une régie composée d'hommes
qui seront des fonctionnaires, qui seront indépendants de la politique.
Autre raison qui, semble-t-il, milite en faveur d'une régie, c'est,
comme le disait tout à l'heure le député de Gouin, qu'il
n'y a pas urgence actuellement à adopter l'amendement proposé par
le gouvernement et tout ce système de ciné-parcs. Il n'y a pas
urgence du tout actuellement. On n'aura pas de ciné-parcs au mois de
décembre.
M. JOHNSON: L'admission des enfants au cinéma.
M. CHOQUETTE: Je dis qu'il y a des parties de la loi qui valent la peine
d'être adoptées. La classification, je suis d'accord. L'admission
des enfants au cinéma, je suis d'accord. Cela, il y a
intérêt à l'adopter actuellement, parce que c'est un
perfectionnement dans notre système de cinéma ou de
contrôle du film qui apportera une amélioration immédiate.
Mais adopter les amendements que nous propose le gouvernement, quant à
la réglementation des ciné-parcs, c'est inutile à l'heure
actuelle. Cela ne deviendra utile qu'au cours du mois de janvier ou de
février de l'année prochaine. Par conséquent, comme le
disait tout à l'heure le député de Chambly, pourquoi ne
pas prendre le temps de faire un projet de loi, d'instituer cette régie
du cinéma, comme le disait tout à l'heure le député
de Chambly?
Pourquoi ne pas prendre le temps nécessaire de faire un projet de
loi, d'instituer cette régie du cinéma qui surveillera tant
l'aspect de la distribution que l'aspect de la production, avec toutes les
responsabilités dont ont parlé mes collègues et en
particulier aussi le député de Dorion dans ses interventions
remarquées
sur ce fait-là? Eh bien, pourquoi ne pas créer cette
régie-là, prendre la peine de faire un travail qui a du bon
sens?
Mais, M. le Président, et j'arrive à mon dernier argument.
Quant le gouvernement de l'Union Nationale a interdit le cinéma en plein
air, qu'est-ce qu'elle a fait? Elle a privé les exploitants de salles de
cinéma, des gens qui sont dans l'industrie du cinéma, du droit
normal de faire ce commerce en plein air. Or, je soumets que les premiers qui
auront droit de se voir émettre ces permis d'exploitation de
ciné-parcs, qui seront en nombre limité puisque c'est
évidemment l'intention du projet de loi, que les premiers qui auront une
option, un premier droit d'être favorisés par l'émission de
ces permis, ce sont ces exploitants de salles de cinéma qui, depuis
1949, ont été privés du droit d'exploiter des salles de
cinéma en plein air.
Et je ne pense pas que le Conseil des ministres soit plus habile
à juger qui, dans l'industrie du cinéma, est le plus
méritoire pour se voir accorder ce genre de permis. Au contraire, M. le
Président, je pense qu'une régie du cinéma avec des gens
qui connaissent l'industrie du cinéma, avec des gens qui sont des
spécialistes de l'industrie du cinéma, serait en bien meilleure
position pour déterminer: Eh bien, nous émettrons un permis
à M. untel, et à M. untel, parce qu'ils ont exploité une
salle à Granby ou ailleurs dans une petite ville et qu'ils n'ont pas pu
jouir du droit de faire du cinéma en plein air jusqu'à ce jour
à cause de cette loi adoptée en 1947.
Actuellement, M. le Président, je n'ai pas besoin de le savoir,
d'ailleurs je le sais, il se fait des pressions de la part de certaines
personnes qui n'ont jamais été dans l'industrie du cinéma,
pour rentrer dans le domaine des ciné-parcs.
M. GABIAS: Oui ça?
M. CHOQUETTE: Je ne suis pas pour nommer personne.
M. GABIAS: Nommez-les.
M. CHOQUETTE: Il y a des gens chez qui cette loi a déjà
suscité des appétits.
M. JOHNSON: C'est évident.
M. CHOQUETTE: C'est normal. Tout le monde a lu dans les journaux qu'il y
aura des permis de ciné-parcs en nombre limité, et les
appétits s'excitent à l'heure actuelle. Le conseil des ministres
sera pris avec la responsabi- lité de déterminer qui aura ce
permis de ciné-parc.
Je pense, M. le Président, que le premier ministre prend une
lourde responsabilité en passant ce texte de loi. Il s'expose pour
l'avenir et il expose les membres de son gouvernement pour l'avenir. C'est la
raison pour laquelle ma suggestion, c'est-i-dire celle des membres de
l'Opposition, c'est que tous les articles au sujet des ciné-parcs soient
retirés du bill et reportés pour être
réétudiés à une date ultérieure dans une loi
beaucoup plus complète que celle qui nous est
présentée.
M. MICHAUD: Cela vous aide.
M. GABIAS: Adopté.
M. JOHNSON: Amendement adopté.
M. MICHAUD: M. le Président, est-ce que je pourrais poser une
question au premier ministre?
M. JOHNSON: Oui, oui.
M. MICHAUD: Les conditions d'exploitation, est-ce qu'on peut vous
demander si cela va porter sur le contingentement et sur la programmation?
M. JOHNSON: Evidemment.
M. MICHAUD: Vous n'avez pas une petite idée de ce que cela
pourrait être? Vous ne pouvez pas soumettre ça à un...
M. GABIAS: Cela va être publié.
M. MICHAUD: Cela va porter sur le contingentement.
M. JOHNSON: Ce sera dans les règlements.
M. MICHAUD: ... sur la programmation et sur la
propriété.
M. JOHNSON: C'est pour faire une distinction entre le terrain,
l'aménagement mécanique audio- visuel...
M. MICHAUD: L'aménagement physique.
M. JOHNSON: ... du stationnement et de tous ces
problèmes-là. L'Opposition avait une façon de
régler cela, c'était que le propriétaire du terrain
là, et des poteaux, et des appareils d'audio soit une compagnie
canadienne à 75% ou en majorité.
M. GABIAS: Majoritaire.
M. MICHAUD: Des intérêts prépondérants.
M. JOHNSON: Cela c'était le gros amendement. Seulement le
député de Dorion a dit: Ce qui est important, ce n'est pas le
contenant, mais le contenu. Alors qui va s'occuper du contenu?
M. MICHAUD: M. le Président, est-ce que le premier ministre me
permettrait de lui donner une petite explication?
M. JOHNSON: Non. L'Assemblée législative, au début
c'est le cabinet...
M. MICHAUD: Le premier ministre ne me permet pas d'ajouter une
explication.
M. JOHNSON: ... qui va consulter les gens qui connaissent ça, qui
va entendre le point de vue du Secrétaire de la province, qui va
entendre le point de vue du Ministre des Affaires culturelles, du ministre de
l'Education,qui consultera les corps intermédiaires.
Qu'on tente l'expérience si on veut débuter quelque part,
c'est le temps et je crois que cet amendement nous en fournit l'occasion. Nous
ne voulons pas non plus avoir... On voudrait mettre des normes dans la loi,
qu'on essaie donc, juste pour s'amuser là, de formuler les normes qui
s'appliqueraient à toute la province. Il faut débuter et, au fur
et à mesure de l'expérience acquise, des représentations
que nous aurons, des politiques du ministère des Affaires culturelles,
des politiques du ministère de l'Education, nous pourrons en venir, M.
le Président, je pense, à établir une série de
règlements qui seront convenables.
Je ne veux pas allonger le débat, mais le député de
Gouin disait que ça serait une décision politique, parce que
c'est une décision du cabinet. Toutes les décisions du cabinet
sont des décisons politiques dans un certain sens. Toutes les
décisions du cabinet, comme du ministrre, en matière
d'éducation sont des décisions politiques. On prend tout le
domaine de l'éducation, à partir de la maternelle jusqu'à
l'université inclusivement, à certains points de vue, et on
laisse ça a un homme et à un cabinet. Parce qu'il s'agirait de
films dans ces ciné-parcs, on aurait peur de laisser ça au
cabinet. M. le Président, qu'on soit logique. Est-ce qu'on veut que ce
soit le cabinet, qui doit répondre à l'Assemblée
législative, ou si on veut que ce soit une régie qui ne
répond à personne? Qu'on se décide!
Il va falloir faire la distinction entre le pouvoir de suggestion des
corps intermédiaires et la responsabilité des hommes politiques,
de ceux qui sont élus, qui forment le cabinet et qui doivent
répondre devant l'Assemblée législative. On ne peut pas
laisser tous les domaines à une régie. Si on est prêt
à laisser toute la responsabilité du cinéma à une
régie de gens complètement indépendants qui ne
répondent pas à la Chambre on devrait être prêt, du
même coup, à laisser tout le domaine de l'éducation
à une régie qui ne répondrait pas à la Chambre.
Cela, c'est drôlement plus important.
On me dira, c'est parce que ça coûte cher, mais ce n'est
pas une excuse.
M. CHOQUETTE: Dans le domaine de la radio et de la
télévision, ils ont une régie, avec un appel au gouverneur
général à Ottawa.
M. JOHNSON: Oui, puis ça va bien aussi. DES VOIX: Cela va
bien.
M. CHOQUETTE: Est-ce que ça n'irait pas plus mal si
c'était seulement le ministère qui décidait?
M. JOHNSON: Je me demande si ça pourrait aller plus mal que
ça va là. On sait qu'il y a toute une série de
règlements, on sait dans quelle pagaille on se trouve à certains
moments, mais disons que le gouvernement est reconnaissant au Conseil
législatif d'avoir entendu, jusque dans l'autre Chambre, des plaidoyers
éloquents qui l'ont convaincu d'apporter cet amendement qui, quant
à nous, nous va à titre d'expérience, quitte à en
améliorer la formulation. Et toute cette politique, d'ailleurs, est en
préparation dans le domaine du cinéma.
M. MICHAUD: Une autre question, est-ce que le premier ministre...
M. JOHNSON: Est-ce que je pourrais tout de suite, pendant que j'y songe,
répondre à un autre argument? Pourquoi le passer tout de suite?
Il y a des règlements à préparer: ce sera prêt pour
la saison prochaine. Si on attend au mois de janvier de février ou de
mars, on ne sera pas prêt pour la saison prochaine. Enfin, qu'il y ait
des appétits, bien sûr. C'est tout de même le groupe qui
vient nous voir, qui vient voir nos gens en disant: Les libéraux nous
avaient promis ça. Passez-vous ça. Je dis: On verra. Il y aura
des règlements.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Oui, oui. Cela devait grouiller et tout le inonde
s'était compromis.
M. MICHAUD: Des affirmations gratuites.
M. JOHNSON: Un l'avait remis à l'un, l'autre à
l'autre.
M. MICHAUD: Prouvez-le, voyons! des affirmations gratuites.
M. GABIAS: Il y en a même qui ont acheté des terrains. Oui,
oui.
M. JOHNSON: Il y en a qui ont acheté des terrains à haut
prix; ensuite, la Voirie les a rachetés; c'a été...
DES VOIX: Ah!
M. JOHNSON: ... des pistes de course.
M. BELLEMARE: Des gens influents.
M. MICHAUD: Les terrains de course, là, c'est un autre
débat.
UNE VOIX: Pas de notre temps.
M. JOHNSON: Si on veut entrer là-dedans, on n'en finira plus.
M. LAPORTE : Cela ne sera pas beau.
M. MICHAUD: Le premier ministre pourrait-il nous dire...
M. JOHNSON: Je vous dis que tous les gouvernements, tous les jours, sont
tentés. Je savais ça avant l'intervention du député
de Gouin.
M. MICHAUD: Oui, mais c'est très bien de vous le rappeler.
M. JOHNSON: C'est formé de gens qui disent leur Notre Père
: Délivrez-nous de la tentation.
M. MICHAUD: Du mal.
M. GABIAS: Le député de Gouin a peur de succomber. Nous
autres, nous n'avons pas peur. Nous ne succomberons pas.
M. MICHAUD.: Le député de Gouin est conscient d'avoir
l'humilité de ses faiblesses. Ce que le Secrétaire de la province
n'a pas.
M. ROY: Cela ne vous a pas étouffé jusqu'à
maintenant.
M. JOHNSON: Excellent amendement.
M. MICHAUD: Le premier ministre, lorsqu'on lui parle de conditions
d'exploitation, dit: Oui, ça comprendra le contingentement et la
programmation. Or, pour établir les règlements, est-ce que le
premier ministre prévoit une structure consultative? Parce que j'imagine
que ce ne sera pas le Conseil des ministres, il n'y a pas beaucoup de ministres
qui vont au cinéma.
M. JOHNSON: Non, je pense que ça relève des
ministères des Affaires culturelles et de l'Education.
M. MICHAUD: Il y aura une structure consultative...
M. JOHNSON: Ils ont chacun 37 ou 40 comités qui gravitent autour
d'eux. Les Affaires municipales, quant au terrassement, oui.
DES VOIX: Adopté.
M. CHOQUETTE: Sur division.
M. ROY: Comme l'Opposition, sur division.
M. MICHAUD: Sur farouche division.
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de faire rapport que le comité
rapporte sans amendement les amendements du Conseil législatif.
M. PAUL (Président): L'honorable Secrétaire de la province
propose que les amendements du Conseil législatif au bill 52 soient
maintenant lus, reçus et agréés. Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: De nouveau en comité pour le bill 80.
Bill 80
M. LE PRESIDENT: La Chambre se forme de nouveau en comité
plénier pour l'étude du bill 80, Loi du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives.
M. LEBEL (Président du comité plénier): Bill
80.
M. CHOQUETTE: En attendant que le chef de l'Opposition arrive, on me
permettra peut-être de faire une mise au point...
UNE VOIX: Un autre qui tient le temps.
M. CHOQUETTE: C'est pour tenir le temps un peu, mais c'est pour
répondre à... Le premier ministre, en présentant les
amendements qu'il a présentés, a laissé entendre que je
n'avais, à la suite des critiques que j'avais formulées à
l'égard des articles 3,4 et 5 du projet de loi, que je n'avais fait
aucune suggestion.
M. JOHNSON: Non.
M. BERTRAND: Ce n'est pas ça qu'il a dit.
M. CHOQUETTE: Or, j'ai suggéré de biffer ces trois
articles. J'ai suggéré que l'on adopte un mode d'enquête
similaire à celui qui existe dans les commissions d'enquête et ce
matin même, je travaillais à mon bureau, en train de
rédiger un amendement, et j'étais loin de penser que le
gouvernement arriverait si rapidement avec des amendements qui sont conformes
je pense, aux vues de l'Opposition.
Je laisse la parole au chef de l'Opposition qui...
M. JOHNSON: Ah, lui c'est un vite.
M. LESAGE: Pardon?
M.ROY: Dites bonjour!
M. JOHNSON: Article 3.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: J'avais une question à poser. Est-ce que, sur le bill
52, le rapport a été fait à la Chambre?
M. BERTRAND: Oui, sur division. M. ROY: Comme l'Opposition.
M. LAPORTE: Nous sommes divisés du gouvernement.
M. LESAGE: Nous sommes divisés du gouvernement, clairement, et il
y a de quoi à part ça.
M. BERGERON: Surtout entre vous autres. UNE VOIX: Il y a de quoi
à part de cela. M. ROY: D'ailleurs, c'est notre sécurité.
M. BELLEMARE: Qui vous a dit cela?
M. LAPORTE: Vous ne pouvez plus vous diviser, il ne reste plus de
monde.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté? M. JOHNSON:
Adopté.
M. LESAGE: Alors, comme je l'ai dit au cours d'une conversation avec le
premier ministre, les amendements proposés par le premier ministre aux
articles 3, 4, 5 et 12 nous semblent donner un minimum de garanties, garanties
qui ont été requises au cours du débat de deuxième
lecture et du débat en comité hier, particulièrement par
le député d'Outremont.
Les dispositions des nouveaux articles 3, 4 et 5 sont mutatis mutandis
les mêmes que les dispositions de la Loi des valeurs mobilières,
articles 36 et suivants. Nous croyons que le gouvernement a été
sage de donner ces sauvegardes à l'entreprise privée. S'il y
avait eu moyen de trouver des sauvegardes additionnelles en ce qui concerne les
compagnies qui ne s'occupent pas particulièrement de transactions
financières, c'eût été préférable et
je comprends l'extrême difficulté qu'il y a de tenter de
différencier entre les deux genres de compagnies, tant dans leur
définition respective que dans l'application d'une procédure
différente pour chacun des groupes.
Dans les circonstances, nous sommes disposés à
agréer les modifications apportées cet après-midi par le
premier ministre aux articles 3, 4, 5 et 12.
M. LE PRESIDENT: Les articles 3, 4, 5 et 12, adoptés?
M. LESAGE: Tel que...
M. LE PRESIDENT: Tel qu'amendés.
M. CHOQUETTE: Simplement une réflexion. Je pense qu'étant
donné l'adoption des articles 3, 4, 5 et 12, il devient
nécessaire de faire une modification à la dernière phrase
de l'article 9, tel que nous l'avons adopté. La dernière phrase
se lit: « il possède les pouvoirs conférés aux
ministres par l'article 3. »
M. LESAGE: Ce sont les pouvoirs du sous-ministre.
M. CHOQUETTE: Et cet article traite des pouvoirs du sous-ministre.
M. JOHNSON: Non, il faudrait indiquer ici, je pense bien, « il
possède les pouvoirs confé-
rés aux ministres par les articles 3, 4 et 5 » afin qu'il
ne soit pas obligé de prêter serment et de faire des
enquêtes. On sait que dans tous les ministères, le sous-ministre a
les mêmes pouvoirs que le ministre.
M. LESAGE: C'est ce que je viens d'expliquer.
M. JOHNSON: « par les articles 3,4 et 5. »
M. LE PRESIDENT: La motion par amendement est-elle adoptée?
Adopté.
M. JOHNSON: Par l'article 12 évidemment, il faudrait...
M. LESAGE: ... amputer les dernières...
M. JOHNSON: ... d'un membre inutile.
Alors, si on veut, on devrait amender aussi l'article 25, la
présente loi entrera en vigueur sur proclamation.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'honorable premier ministre voudrait
répéter l'amendement?
M. LESAGE : La présente loi entrera en vigueur sur
proclamation.
M. BERTRAND: Sur proclamation. M. JOHNSON: Selon le...
M. LESAGE: Le premier ministre aime toujours à se garder de
grandes marges de sécurité.
M. JOHNSON: Le problème, c'est de trouver des hommes.
M. LESAGE: D'accord. Je l'ai dit en deuxième lecture.
M. JOHNSON: Il y a des « raids » non pas intersyndicaux.
M. LESAGE: Intergouvernementaux.
M. JOHNSON: Il y a eu des « raids »
intergouvernementaux.
M. LESAGE: Universitaires?
M. JOHNSON: Là, je reçois le contre-coup des « raids
» que l'ancien premier ministre à faits à Ottawa pendant un
bout de temps.
M. LESAGE: Vous êtes mal vu. J'espère que...
M. JOHNSON: Le premier ministre a déménagé
d'Ottawa...
M. LESAGE: J'espère qu'à Ottawa il n'y a pas des
universités qui font la même chose.
M. JOHNSON: Pardon!
M. LESAGE: J'espère que les universités ne font pas de
« raids » chez les hauts fonctionnaires.
M. JOHNSON: Je ne jure de rien. Alors, si on voulais...
M. LESAGE: C'est le ressac.
M. JOHNSON: La présente loi entrera en vigueur à la date
fixée par proclamation du lieutenant gouverneur en Conseil.
M. LEBEL (président du comité plénler): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 80 avec les amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. PAUL (président): L'honorable premier ministre propose que les
amendements adoptés par le comité soient maintenant lus,
reçus et agréés. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. JOHNSON: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement, l'honorable premier ministre propose
la troisième lecture du bill 80, Loi du ministère des
Institutions financières, Compagnies et Coopératives. Cette
motion est-elle adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: 28, M. le Président.
Bill no 83
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
deuxième lecture du bill 83, Loi modifiant la loi de la Régie des
alcools.
L'honorable ministre de la Justice.
M. BERTRAND: M. le Président, quelques mots seulement pour
exposer l'à-propos de ce projet de loi, bill 83, qui modifie la Loi de
la Régie des alcools.
Premièrement, disons quant à l'administration de la
régie elle-même, et deuxièmement quant aux heures de
fermeture et certains autres articles, aux présomptions par exemple qui
étaient imposées aux propriétaires d'hôtels
relativement aux offenses commises par des mineurs, par les hôteliers qui
acceptaient dans leur hôtel des personnes âgées de moins de
vingt ans.
Premièrement, au sujet de l'administration. On aura noté
au bill que dorénavant, la Régie des alcools dans sa partie
administrative, relèvera du ministre des Finances. La Régie des
alcools est une entreprise excessivement importante. On n'a qu'à
examiner le rapport annuel de l'administrateur, que j'ai fait distribuer
dès le début de la session, pour l'année 1965-66, pour
réaliser combien cette entreprise, disons quasi gouvernementale, doit
s'occuper d'un domaine vaste.
Si on constate par exemple qu'au cours de l'année 1965 il y a eu
pour $114,584,000 de ventes, et pour l'année 1966, $160,728,712. On n'a
qu'à examiner le rapport pour se rendre compte qu'une entreprise comme
celle-là ne peut certainement pas être laissée aux soins
d'un administrateur seul ou d'un administrateur adjoint. Nous croyons que le
temps est venu, étant donné certains événements que
nous avons connus, d'organiser cette régie dans sa partie commerciale
par l'institution d'un conseil d'administration, et je n'entrerai pas dans les
détails. On retrouve aux articles du bill que nous étudierons
tantôt en comité plénier comment cette corporation sera
formée, comment et de qui elle sera composée. Disons que le
président en sera le directeur général qui remplace
Padministrateur et qu'il y aura également un directeur
général adjoint. En plus, quatre autres personnes formeront avec
ce directeur général ce que l'on appelle le conseil
d'administration.
Il y a de plus et nous donnons suite en cela à une
recommandation du rapport Smith que la régie ne pourra
dorénavant acheter, louer ou vendre des immeubles de quelque
façon que ce soit sans être autorisée par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
Les députés ont eu l'occasion de prendre connaissance du
rapport Smith. Je n'ai pas l'intention d'entrer dans les détails. Les
journaux, la presse en général a donné une large
publicité à ce rapport, et on y note, en particulier à la
page 66, ce paragraphe que je cite: « Que la loi impose à ceux qui
sont chargés de l'administration des biens publics,un fardeau
excessivement lourd quant au soin à apporter, et dans l'accomplissement
de leur mandat il n'est pas simplement suffisant qu'ils ne fassent rien de
contraire à la loi.
Ils sont tenus de prendre tous les soins et d'exercer toute la diligence
raisonnable pour sauvegarder et promouvoir les intérêts
confiés à leur administration. « Cette
commission,déclara l'honorable juge Smith, serait négligente et
infidèle envers le serment solennel qu'elle a prêté si elle
évitait le devoir peu agréable d'exprimer, comme elle l'a fait,
son opinion sur la question de savoir si oui ou non l'administrateur et ses
conseillers, de qui il avait le droit de demander l'aide et les conseils, ont
exercé toute la diligence, l'attention et la compétence
raisonnable pour sauvegarder les intérêts de la régie en
rapport avec les transactions de ville d'Anjou et de ville La-Salle
».
M. le Président, l'administrateur avait-il un fardeau trop
lourd?
Le conseil des ministres et le cabinet ont cru qu'il était
important que ce conseil d'administration dont nous suggérons la
formation par le bill soit institué de manière que les charges
aussi lourdes qui ont un rayonnement aussi vaste à travers le
Québec ne soient plus dorénavant supportées seulement par
une ou deux personnes, mais qu'il y ait autour d'un directeur
général, d'un directeur général adjoint, un groupe
d'hommes d'affaires qui puissent agir avec lui, et non seulement le conseiller,
mais examiner les problèmes qui se posent dans l'administration d'une
entreprise d'une aussi grande importance. Voilà, les quelques remarques
que j'avais à faire sur l'aspect commercial de la régie.
Deuxièmement, il y a aussi, et on le sait depuis que des
amendements ont été apportés à la Loi de la
régie des alcools, des demandes nombreuses parvenues, tant sous l'ancien
gouvernement que depuis que nous sommes là, pour que les restrictions
qui s'appliquent quant aux heures de fermeture des établissements, dans
les restaurants et les bars. La loi actuelle indique qu'on peut, dans certains
cas, dans des restaurants et au sujet des bars, dans les villes de 50,000
âmes et plus et dans un rayon de 5 milles de ces villes, rester ouvert
alors que, dans les villes avoisinantes où la population est moindre, on
ne peut jouir du même pouvoir qui est accordé par la loi à
ces villes que je viens d'indiquer.
Nous croyons que c'est, dans un cas comme celui-là, respecter la
démocratie dans des centres moins populeux que ceux que la loi indique
à l'heure actuelle que de soumettre l'approbation de tel permis à
l'autorité municipale locale. Le conseil municipal, dans des plus
petites villes, sera en mesure de juger s'il est opportun ou non que la
régie des alcools permette d'élargir
la loi. C'est un principe qui reconnaît à ces petites
villes, à leurs conseils municipaux un droit que nous croyons important.
Il y a des petites villes où on n'en veut pas de pareil permis.
L'autorité municipale, en un cas comme celui-là, même s'il
y a demande formulée par les citoyens ou hôteliers, refusera tout
simplement l'adoption. Et si, par ailleurs, le conseil municipal décide
que, dans telle ville ou là population est moindre que 50,000
âmes, l'on doit accorder pareille autorisation, à ce
moment-là, on adoptera une résolution, et cette
résolution, comme la loi l'indique je ne veux pas entrer dans les
détails, nous aurons l'occasion d'y revenir tantôt cette
résolution ne pourra pas être révoquée avant deux
ans.
Nous respectons là, nous le croyons, le droit qu'ont les citoyens
dans ces petites villes qui ne réagissent pas tout à fait comme
les citoyens des autres villes, le droit de manifester à leur conseil
municipal leur désapprobation. On pourra en discuter, on pourra
différer d'opinion avec nous, mais nous avons cru que c'était la
manière la plus sage de résoudre un problème qui est
difficile, auquel le gouvernement précédent a eu à faire
face et qu'il n'a pas résolu.
Deuxièmement, au sujet de ce que j'appelais tantôt ce
fardeau de la preuve dans le cas des poursuites à l'endroit des
propriétaires d'hôtel qui admettent ou chez qui les jeunes
âgés de moins de vingt ans se rendent, nous avons voulu appliquer,
dans la loi, le principe établi par la cour d'Appel dans un jugement
portant le numéro 1762 de la cour d'Appel, cause de J.-Henri Dancose
appelant contre la Régie des alcools. A l'époque, l'honorable
Georges-Emile Lapalme intimé, jugement rendu par les honorables juges
Casey, Badeaux et Rivard. Et je me permets de citer ce jugement C'est l'opinion
du juge Casey qui a été entérinée par ses deux
collègues, messieurs les juges Badeaux et Rivard. « Appellant,
déclare le jugement, appeals from his conviction at Montréal in
the Court of Session on April 27th, 1962,on a charge laid under section 99 of
the Quebec Liquor Board act, 1941. By this section, it is forbidden for
any permit holder to admit any person under 20 years of age to any room where
alcoolic beverages are sold except a dining room or restaurant. It Is of the
essence of any offense under this section that knowledge actual or presumed of
the permit holder be established. This burden was not discharged by the
prosecution and for this reason, this appeal should be maintained ».
Fin de la citation de ce jugement du juge Casey, qui a été
accepté par ses deux collègues, comme je l'ai dit
tantôt.
Voilà un principe, M. le Président, que nous
insérons dans la loi. De plus, il y avait ce fardeau de la preuve qui
était imposé, nous le croyons en toute honnêteté,
injustement aux propriétaires d'hôtel, d'établir
l'âge de la personne âgée de moins de vingt ans qui
fréquentait son établissement. Nous avons cru que c'était
injuste. Sachant un peu comment cela se passe dans la plupart des hôtels,
je sais qu'en bien des milieux la réputation des hôteliers est
mauvaise auprès de la population. Le jugement que l'on porte contre eux
est-il bien ou mal fondé? Il y a des cas, et c'est clair, où une
meilleure classification des hôtels et des auberges servira grandement
à la population, aucun doute. Mais de là à
prétendre que parce que l'on exerce la profession d'hôtelier, l'on
devient nécessairement un homme vicieux, un homme qui cherche à
faire boire les autres, je crois que c'est porter là un jugement
sommaire, un jugement injuste. Il y a plusieurs responsabilités dans le
domaine de l'application de toute loi de la Régie des alcools. Il y a
d'abord la responsabilité des parents; il y a la responsabilité
des jeunes.
Il y a la responsabilité, j'en conviens, de la surveillance par
la police des hôtels, des auberges et de tous les endroits où l'on
sert de la boisson mais que l'on impute que l'on dirige nos attaques à
l'endroit des hôteliers seulement, je crois que c'est là
être injuste.
On sait aujourd'hui combien il est difficile de déceler
l'âge des jeunes. Et le propriétaire d'hôtel, quel qu'il
soit, n'est pas toujours là. Il y a des employés et il arrive
très souvent, malgré une vérification la plus
honnête et la plus raisonnable possible, qu'il puisse se glisser dans
l'hôtel des jeunes âgés de moins de vingt ans. A ce
moment-là, l'hôtelier, comme tout autre citoyen, si ces
employés ou lui-même ont fait tout ce qui est raisonnable pour se
rendre compte de l'âge des personnes qui sont présentes, pourra
à ce moment-là se disculper devant les tribunaux.
M. le Président, plusieurs autres suggestions nous avaient
été apportées. Plusieurs mémoires nous ont
été présentés tant au ministère du Tourisme
qu'au ministère de la Justice. Nous avons cru pour le moment que nous ne
pouvions pas aller plus loin, du moins pour cette année. J'ai
parlé tantôt de classification d'hôtels, c'est un
problème dont l'actuel premier ministre a souvent discuté en
cette Chambre. Le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, en
coopération sans aucun doute avec le ministre de l'Industrie et du
Commerce, verra enfin à dresser, après un examen sérieux
et complet, non seulement une liste, mais à préparer des
règlements qui permettront de bien cataloguer les hôtels,
les auberges dans la province de Québec
L'industrie touristique est importante chez nous, on le sait. Il est
important que nous ayons des hôtels bien tenus, des hôtels qui
peuvent fournir aux touristes et à ceux qui voyagent des accomodations
ou une accomodation complète tant au point de vue du logement que de la
nourriture.
M. le Président, je n'ai pas voulu entrer dans plus de
détails, j'aurai l'occasion tantôt de le faire en comité
plénier. Voilà les quelques remarques que j'avais à faire
sur ce projet de loi tant au point de vue de la régie commerciale qu'au
sujet des amendements que nous y apportons en ce qui a trait à
l'extension des heures de fermeture, au fardeau de la preuve et aux
présomptions que devait supporter le propriétaire
d'hôtel.
Cette loi n'est pas complète. Cette loi, je le sais, ne
répondra pas à toutes les demandes qui avaient été
formulées par des associations. Cette loi ne répondra pas entre
autres à ceux-là qui nous ont demandé de diminuer
l'âge d'admission des jeunes. Nous croyons que le temps du moins n'est
pas venu. Que l'on fixe comme âge 20 ans, il y en a qui disent pourquoi
pas 18 ans? Je reconnais en toute honnêteté que c'est une
règle arbitraire. Mais pour le moment du moins, le gouvernement n'a pas
voulu toucher à ces aspects de la loi, et c'est pourquoi en terminant je
propose simplement l'adoption en deuxième lecture du bill 83.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Verdun.
M. WAGNER: Au grand plaisir de mes amis d'en face et peut-être
à leur grand soulagement, j'ai l'intention de faire le plus bref
discours de cette session.
M. BERTRAND: Ce sera peut-être votre meilleur.
M. WAGNER: D'abord pour ne pas être accusé de prolonger
indûment la session, et ensuite pour établir de façon bien
claire qu'il est possible, en toute objectivité, malgré les
différences politiques, dans une optique dénuée de parti
pris, d'être d'accord sur les bonnes choses.
Le 4 août 1965, le gouvernement antérieur présentait
le bill 85. Le bill 85 apportait à la Loi des alcools du Québec
des amendements qui démontraient la maturité que le Québec
voulait donner à sa loi. A ce moment-là, lors de la
présentation du bill, nous disions dans cette Chambre que les
modifications suggérées faisaient de cette loi une loi
réaliste, une loi logique, une loi adulte.
L'expérience a maintenant été faite. La loi a
été mise à l'essai. Et aujourd'hui, le gouvernement,
à bon droit, avec raison, livre au public d'autres amendements conformes
à l'esprit du bill 85. Des amendements qui sont la suite logique des
réformes déjà apportées et qui constituent le
prolongement normal, bénéfique, sage, d'une législation
qui était excellente au départ, qui est bonifiée davantage
aujourd'hui et qui est susceptible à l'avenir d'être
corrigée de nouveau.
Que l'on étende aux districts ruraux les privilèges
octroyés aux centres urbains, et cela avec le consentement des conseils
municipaux, c'est-à-dire des personnes en autorité qui sont les
plus près de la population locale, je dirai, pour emprunter un
vocabulaire cher au premier ministre actuel, d'accord. Que l'on veuille
à l'aérogare de Dorval, vendre des boissons alcooliques,
d'accord. Que l'on facilite la procédure de poursuites pénales en
suivant les règles normales du fardeau de la preuve, d'accord. Enfin,
que l'on entérine dans une loi une des suggestions de la commission
Smith pour une meilleure sauvegarde des intérêts du public, encore
une fois, d'accord. Cependant, je me pose une question. Je me demande pourquoi
on n'a pas profité de la loi pour suivre en même temps d'autres
suggestions contenues également dans le rapport Smith, et je me permets
de référer la Chambre aux pages 65 et 66 du rapport de la
commission d'enquête sur l'acquisition d'immeubles par la Régie
des alcools du Québec.
Je cite en partant du bas de la page 65: « Cependant, il est clair
que le fait pour le vrai vendeur Cangro Bermuda Limited de choisir les Bermudes
pour passer les actes de vente, nonobstant le fait qu'il était
nécessaire que quatre notaires de Montréal se rendent aux
Bermudes à cette fin, fut hâté par le désir de ceux
qui allaient recevoir le profit, de garder l'anonymat, ce qu'ils ont pu
accomplir en se servant de la Loi des Bermudes, en vertu de laquelle les
compagnies dites exemptées sont constituées en corporation et par
suite de la protection et des privilèges accordés à ces
compagnies. »
Et le deuxième paragraphe que je veux lire, et c'est le dernier,
je cite: « Que les vendeurs de la propriété de Ville
Lasalle aient eu pour atteindre leur but les raisons les poussant à
faire passer les actes aux Bermudes, nous n'en doutons pas et nous
suggérons de bien considé-
rer la possibilité de modifier la Loi pour exiger que tous les
actes de vente, de propriétés immobilières situées
dans la province de Québec soient passés dans les limites de
cette province pour être valides. »
Je soulève tout simplement la question. Je présume que le
gouvernement voudra peut-être attendre la présentation d'une autre
loi pour y incorporer des amendements conformes à cette suggestion du
juge Smith, mais je laisse le tout à la discrétion du
gouvernement.
Quant à la possibilité de laisser aux conseils municipaux
des diverses régions de la province, en dehors des grands centres
urbains, de décider si oui ou non ils doivent prendre avantage des
largesses de la nouvelle loi, je conçois facilement que des
difficultés vont être soulevées. J'en nomme deux.
Premièrement, il me semble qu'il va exister quand même et
peut-être d'avantage une certaine discrimination. Une discrimination qui
continuera de régner selon les régions qui seront favorables ou
ne seront pas favorables à la présente loi.
Deuxièmement, une autre difficulté qui peut sauter aux
yeux, c'est que la nouvelle loi deviendra peut-être plus difficile
d'application du fait d'un tel morcellement de juridiction. Mais, là
encore, je n'insiste pas, je suggère tout simplement au ministre de la
Justice qu'il est bon que ces problèmes soient signalés à
ses officiers et ces problèmes qui seront possibles, pourront quand
même trouver des solutions. M. le président, parce que je suis
convaincu que le bill 83 constitue un corollaire naturel, juste et
équitable de la réforme substantielle déjà
apportée dans ce domaine des alcools par le gouvernement
antérieur, c'est avec plaisir que nous voterons en faveur du principe de
la loi.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Beauharnois.
M. CADIEUX: Devant autant de bonne volonté de la part du ministre
de la Justice, et du député de Verdun en face du bill 83, je
n'aurai également que quelques brèves remarques à faire.
En 1965, on vient de nous le rappeler, nous votions dans cette Chambre le bill
85 qui, selon l'avis de tous, était un premier pas et même un pas
de géant, si on s'en rapportait à l'ancienne Loi de la
Régie des alcools. Aujourd'hui, on nous apporte une nouvelle loi, le
bill 83 et je n'ai pu faire autrement que de l'approuver presque en son
entier.Vous connaissez la situation géographique du comté de
Beauharnois, nous étions situés aux limites fixées par la
loi, le Bill 85.
Après avoir fait l'essai de cette loi, je crois que nous ne
pouvons faire autrement aujourd'hui que d'applaudir et d'approuver le bill
83.
De plus, j'ai eu à rencontrer, à maintes reprises, des
propriétaires d'hôtels et d'établissements
licenciés. Je suis entièrement d'accord avec le ministre de la
Justice pour dire qu'il ne s'agit pas, dans tous les cas, de personnes qui
veulent transgresser la loi et ne veulent pas la faire observer. Je suis
d'accord également pour que le fardeau de la preuve à l'avenir,
en ce qui concerne les gens qui fréquentent les établissements
licenciés et qui sont âgés de moins de vingt ans, soit
reporté, non pas dans tous les cas, sur le propriétaire de
l'hôtel, mais sur la personne qui ira à l'encontre de la loi.
Mais, parce que j'ai souvent discuté avec l'ex-ministre de la
Justice des problèmes particuliers de mon comté, parce que j'ai
souvent discuté avec des membres de cette Chambre, avec plusieurs
personnes venant de toutes les parties de la province, je me demande pourquoi
il ne serait pas temps d'établir cette carte je n'irai pas
jusqu'à dire, obligatoire mais volontaire dont pourraient se
servir tous ceux qui fréquentent les établissements
licenciés.
M. BELLEMARE: Il y a eu un vote à Montréal, un
référendum.
M. CADIEUX: Je ne veux pas m'en rapporter selon l'interruption du
ministre de l'industrie et du Commerce, que je n'interromps jamais d'ailleurs
à ce qui a été décidé ou voté
par référendum dans diverses parties de la province. Mais je me
pose une question pour aujourd'hui, en 1967. Est-ce qu'il ne serait pas temps
de penser à instituer cette carte volontaire? La preuve serait beaucoup
plus facile à faire et le fardeau je voudrais bien que le
ministre de l'Industrie et du Commerce laisse écouter le ministre de la
Justice serait beaucoup moindre pour les propriétaires
d'hôtels si on avait cette carte d'identité volontaire.
Alors, c'est la suggestion que je vous fais et que je fais à
cette Chambre: que soit instituée cette carte d'identité
volontaire. Je tiens à souligner en terminant que j'approuve
entièrement et les propos du ministre de la Justice et les propos de
l'ex-ministre de la Justice. Pour ces raisons, je voterai en faveur du bill
83.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de D'Arcy-McGee.
M. GOLDBLOOM: M. le Président, je serai
extrêmement bref. Je voudrais dire simplement ceci. Le bill que
nous avons devant nous apporte des améliorations utiles à notre
régime de la distribution et de la vente des boissons alcooliques.
Mais, tout en étant en faveur d'un régime sain, logique et
équitable, onpeut en même temps avoir certaines inquiétudes
au sujet de l'abus de ces boissons. J'espère que le gouvernement, tout
en apportant ces améliorations qui sont quand même un
élargissement de la distribution de ces boissons, renforcera la campagne
d'éducation en ce qui concerne l'abus des boissons alcooliques, sachant,
comme nous le savons tous, que ces abus contribuent au crime en
général, aux accidents de la route, à la
délinquance juvénile, et à la désagrégation
de l'unité familiale en particulier. Je saisis l'occasion du
débat sur ce bill pour attirer l'attention du gouvernement sur le fait
que vraiment nous n'avons pas fait assez dans ce domaine d'éducation du
public quant à l'abus de l'alcool.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture de ce bill
est-elle adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE GREFFIER: Deuxième lecture de ce bill. Second reading of
this bill.
M. BERTRAND: Comité.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour l'étude du bill 83, Loi modifiant la Loi de la
Régie des alcools. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. FRECHETTE (Président du comité plénier): Bill
83, article 1.
M. BERTRAND: Article 1, M. le Président. Il s'agit tout
simplement...
M. LESAGE: Oui, ça marche!
M. BERTRAND: ... d'un amendement à l'article 2. Alors,
adopté?
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE : L'article 2, c'est un amendement à l'article 28.
M. BERTRAND: Alors « administrateur » est remplacé
par les mots « directeur général ». A l'article 3,
concordance...
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. J'en suis à
l'article 2, seulement. Juste un instant. Oui, oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté. Article 3.
M. LESAGE: Article 3, c'est d'accord. Article 4, c'est d'accord.
M. BERTRAND: Un instant. D'accord?
M. LESAGE: Article 4, c'est d'accord. Article 5.
M. BERTRAND: Il ne faudrait pas aller trop vite pour que j'aie le temps
de vous suivre.
M. LESAGE: Non, c'est l'article 5.
M. BERTRAND: Article 5. Je vous l'ai expliqué tantôt, M. le
Président, le député de Verdun en a parlé, le
député de Beauharnois en a parlé, nous sommes d'accord
là-dessus. Il s'agit de permettre, là où une
résolution du conseil aura été adoptée, que l'on
serve des boissons aux mêmes heures qui sont permises dans les villes de
50,000 âmes et dans un rayon de cinq milles de ces mêmes
villes.
M. LESAGE: Mais est-ce que le ministre ne craint pas la discrimination
et les difficultés de l'application de la loi? Parce que vous pouvez
avoir une municipalité qui adopte une résolution alors que toutes
les municipalités voisines qui l'entourent n'adoptent pas telle
résolution. Alors, évidemment, ça crée des
difficultés. On sait ce qui s'est produit avec la loi Scott, et
c'était à l'échelle des comtés. La, nous allons
l'avoir à l'échelle des municipalités. Est-ce que le
ministre a sérieusement... Bien non, je ne parle pas de la loi. Je suis
bien prêt à répondre au ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. BELLEMARE: Je ne vous ai pas parlé du tout!
M. LESAGE: Lorsqu'en 1965 nous avons proposé la loi, le bill 85,
nous l'avons proposé dans
les circonstances du temps et à ce moment-là, même
le chef de l'Opposition d'alors, pour bien marquer combien les opinions
étaient divisées, avait annoncé que ses
députés étaient libres de voter comme ils l'entendaient.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce s'en souvient.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. LESAGE: Parce qu'il n'y avait pas unanimité, c'était
très difficile de faire l'unanimité. Mais l'on sait que c'est par
l'expérience des faits que l'on peut améliorer les lois.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: Alors, depuis 1965, depuis deux ans, l'opinion publique a
fait son chemin et aujourd'hui il est possible d'étendre l'application
de la loi en dehors des villes de Québec, de Montréal et des
municipalités de plus de 50,000 âmes. A ce moment-là, nous
hésitions et l'Opposition aussi hésitait, puisque les opinions
étaient partagées et que le chef de l'Opposition lui-même
avait déclaré que le vote serait libre. Aujourd'hui, une plus
grande unanimité s'est faite. Elle s'est faite en partie aussi à
cause de l'émission des permis de tourisme.
M. BERTRAND: En vertu de 75-K.
M. LESAGE: Oui, pour les jours fériés et
l'expérience s'est acquise, en dehors des villes de 50,000 âmes,
beaucoup à cause de l'émission des permis en vertu de 75-K.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Je comprends que des permis pourront continuer à
être émis en vertu de 75-K...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: ... dans les municipalités qui n'auront pas
adopté la résolution prévue à l'article 5 du
bill.
M. BERTRAND: Exactement. M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: Mais, dans les circonstances, le pas à faire
étant si minime, n'y aurait-il pas lieu de ne pas exiger la
résolution du conseil municipal, d'étendre l'application de la
loi à la province? En d'autres termes, que nous prenions nos
responsabilités nous-mêmes sans nous en décharger sur les
conseils municipaux respectifs? Je n'affirme pas ex cathedra, on voit mon ton
sous forme interrogative. Je me demande si, pour éviter la
discrimination et les difficultés d'application de la loi, le temps
n'estpas mûr pour ça.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas mûr.
M. BERTRAND: Je ne crois pas.
M. LESAGE: Je pose la question au ministre.
M. BERTRAND: La question que le chef de l'Opposition vient de poser,
nous l'avons posée, et nous avons cru que, comme il l'a dit...
M. LESAGE: J'en suis certain.
M. BERTRAND: Ah! peut-être pas dans les mots qu'il a
utilisés...
M. LESAGE: Non, mais je suis certain qu'elle s'est posée au
conseil des ministres.
M. BERTRAND: Elle l'a été. Sans révéler les
secrets, des choses qui se passent au conseil des ministres, elle l'a
été et elle l'a été également en dehors des
séances du conseil des ministres.
M. LESAGE: Elle l'avait été en 1965. M. BELLEMARE: Un
caucus.
M. BERTRAND: Nous avons cru, M. le Président, que, de même
que l'on a commencé dans des villes où il y avait une population
de 50,000, on a élargi ensuite à un rayon de 5 milles, nous avons
cru qu'il était préférable étant donné, et
c'est évident pour n'importe quel citoyen du Québec qui voyage un
peu à travers nos différentes régions, qu'il y a tant de
mentalités différentes... La province est immense, il y a des
comtés ou des villes où on ne veut pas du tout que
l'hôtelier ouvre le dimanche. J'en ai dans ma région, il y en a
dans plusieurs régions du Québec. Nous avons donc cru qu'il
était sage de procéder de cette manière. D'abord, comme le
notait avec à-propos tantôt le député de Verdun, le
conseil municipal décidera par voie de résolution sioui ou non
dans sa petite ville l'on doit ouvrir dans les restaurants et dans les bars
comme on le fait dans des villes de 50,000 de population en vertu de la loi
actuelle.
Des amendements aux lois sont adoptés presque chaque
année. Si nous constatons que l'amendement apporté ne
répond pas au but que nous poursuivons, nous verrons à l'amender.
Et de
plus, si dans ces endroits-là on s'aperçoit qu'en fait
à ouvrir aux heures indiquées dans la loi il n'y a pas d'abus,
qu'il y a une évolution de la mentalité chez nos gens, nous
changerons la loi.
M. LESAGE: C'est ça. Vous avez le même langage que le
ministre de la Justice en 1965.
M. BERTRAND: Alors voilà, M. le Président, la
réponse que nous nous sommes donnée à la question que nous
nous étions posée, c'est celle que j'apporte à la
même question qui vient d'être posée par le chef de
l'Opposition.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LESAGE: Vous répondez par les mots qu'avait utilisés le
ministre de la Justice en 1965 au début de ses remarques.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. BERTRAND: Alors c'est donc dire que, pour vous, la réponse est
excellente.
M. LESAGE: Je la comprends en tout cas. Disons que je la comprends.
M. BELLEMARE: Cela, c'est bon. La solidarité
ministérielle.
M. VAILLANCOURT: Advenant qu'une municipalité passe une
résolution pour permettre la vente des boissons alcooliques dans sa
municipalité et, par la suite, si elle voit que certains hôteliers
font des abus, est-ce qu'elle peut passer une résolution pour rescinder
la dite résolution?
M. BERTRAND: Oui, on le voit dans la loi, la résolution est
valable pour deux ans.
M. BELLEMARE: Deux ans seulement.
M. BERTRAND: Deux ans. Et à part ça, il ne faut pas
l'oublier, l'hôtelier est obligé de respecter la loi. Si
l'hôtelier commet des infractions à la loi de la Régie des
alcools, à ce moment-là, si à la suite de l'infraction,
une plainte est portée, qu'une condamnation intervient et que la
sanction imposée par la cour et le juge, c'est la suspension du permis,
résolution du conseil ou pas de résolution du conseil, le permis
sera suspendu, Dieu sait combien il y a eu de cas, surtout au sujet de
certaines infractions, où le juge a dû imposer la suspension du
permis.
M. VAILLANCOURT: Alors, cela va faire double surveillance.
M. BERTRAND: Pas nécessairement. M. VAILLANCOURT:
Indirectement.
M. BERTRAND: Pas nécessairement, parce que la validité de
la résolution pour deux ans, cela n'a rien à faire avec cela.
M. LE PRESIDENT: Article 6?
M. LESAGE: A l'article 6, pourrais-je en profiter pour demander au
ministre de la Justice ses commentaires sur la recommandation du rapport Smith
voulant que les transactions de la régie soient nécessairement
passées au Québec?
M. BERTRAND: Voici, tantôt, je n'ai pas voulu utiliser mon droit
de réplique, je savais que cela reviendrait. D'abord, M. le
Président, je soumets ceci: C'est qu'indépendamment de cela, il
me semble, étant donné que l'on savait comme on en parle
à la page 36 du rapport que les actes seraient passés aux
Bermudes... Page 36. Je note tout simplement: « Mayer témoigna que
ce fut seulement une couple de jours avant la passation des actes qu'il fut
avisé qu'ils seraient passés aux Bermudes et qu'on lui demanda
d'avertir les vendeurs en conséquence. » Page 37, je continue:
« Les avocats de la régie demandèrent une opinion sur le
titre de propriété au bureau des notaires McLean & Cie. Cette
opinion, qui fut reçue le 10 novembre et qui est énoncée
dans la lettre produite comme exhibit C-4, contient l'alinéa suivant:
Nous suggérons qu'il serait prudent de vérifier l'existence de
toutes les corporations apparaissant dans la chaîne des titres, y compris
la compagnie ven-deresse, subsêquemment aux actes récemment
enregistrés, soit après le 2 novembre 1965, et de vous assurer
ensuite si elles ont obtenu un permis extraprovincial au cas où ce
serait des compagnies étrangères. »
Et le rapport continue.
Je déclare donc ceci, M. le Président, qu'étant
donné, lorsqu'on lit le rapport, la première transaction à
Ville D'Anjou, transaction que l'on met de côté, pour certaines
raisons, on n'a qu'à lire entre les lignes. A ce moment-là, si on
a été aussi prudent, on a cru l'être en n'effectuant pas la
transaction au sujet de Ville D'Anjou, pourquoi n'a-t-on pas exercer la
même prudence lorsqu'il s'est agi de la transaction avec Ville LaSalle?
Et surtout, j'imagine un peu qu'étant administrateur, étant
avocat, conseiller ou notaire au courant de toutes ces transactions fort
compliquées, il me semble que lorsqu'on dit que nous allons aller passer
un contrat aux Bermudes que ça devrait éveiller l'attention des
gens. Sur ce problème, M. le Président, voilà
ma réponse, une première réponse. La
deuxième c'est que lorsque le député de Verdun avec raison
tantôt a noté la recommandation du juge Smith que l'on retrouve
à la page 66, j'en ai causé avec les officiers de mon
ministère et nous avons cru qu'il était à propos de
confier l'examen de ce problème à l'Office de revision du code
civil, quant aux actes de vente, de propriétés
immobilières, situées dans la province de Québec, à
l'effet que ces actes soient passés dans les limites de cette province
pour être valides.
M. LESAGE: C'est soumis à la Commission de revision du code
civil. Très bien. C'est ça la réponse que je voulais.
M. BERTRAND: Oui, je pense que c'est là une attitude raisonnable
dans les circonstances. Nous ne mettons pas de côté la suggestion,
mais nous la faisons étudier par ceux-là qui à l'heure
actuelle s'intéressent de très près à la revision
de notre code.
M. LESAGE: Cette réponse à ma question est directe et
satisfaisante.
M. BERTRAND: Mais j'aimais à fournir également l'autre
réponse.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6 adopté. Article 7
adopté? Article 7...
M. LESAGE: Un instant.
M. BERTRAND: C'est de la concordance.
M. LESAGE: Oui, ça va ça. Article 7. 8, concordance. 9,
concordance. 10, concordance. 11 concordance plus Dorval, nous sommes d'accord.
12, concordance. 13, concordance. 14 concordance. 15, concordance. 16, c'est
l'abolition de la présomption de même que 17. 18, concordance. 19,
concordance. 20, concordance. 21, concordance. 22, c'est encore sur la question
d'âge, c'est pour déplacer le fardeau de la preuve.
Article 23, concordance; article 24, encore le fardeau de la preuve;
article 25, concordance; article 26, ce sont les dispositions transitoires,
articles 27 et 28.
M. BELLEMARE: Un instant.
M. BERTRAND: A la demande de plusieurs députés, de
plusieurs personnes, je voudrais soumettre un amendement au sujet des
épiceries. Je vais donner un exemple. Cela s'appli- querait à
l'article 18 de la loi actuelle. Il faudrait insérer après
l'article 1 du bill l'amendement suivant qui ferait disparaître les mots
suivants: « sous réserve des dispositions de l'alinéa
précédent le permis d'épicerie ne peut être
exploité que dans une cité ou une ville ou dans une
municipalité dont la population est d'au moins 1,000 âmes. Pour
les fins du présent article, on doit compter avec la population d'une
municipalité celle d'une municipalité conti-gù'e faisant
partie de la même paroisse religieuse. » Et la population, on le
sait, c'est celle qui est établie en vertu du dernier recensement
fédéral de 1961. Il y a une foule de cas qui ont
été portés à mon attention. Je vais donner un
exemple très frappant.
M. LESAGE: Un instant. Est-ce que le ministre me donnerait deux minutes?
Je voudrais bien avoir le volume des Statuts refondus.
M. BERTRAND: Avec plaisir.
M. LESAGE: Parce que j'ai fait photocopier la loi par mon bureau, mais
malheureusement, il me manque dix pages. Et dans les dix pages se trouve
l'article 18.
M. LESAGE: En 1965, c'est 14 15 Elizabeth II. « Le permis
d'épicerie autorise à la suite d'une commande donnée
à cet effet au magasin ou par téléphone la vente en
bouteilles de la bière... » Quelle serait la nature de
l'amendement?
M. BERTRAND: La nature de l'amendement serait ni plus ni moins de faire
disparaître cette limitation de 1,000. Je vais donner quelques exemples.
J'en ai plusieurs. Il y a, à l'heure actuelle, une ville dans le
comté d'Abitibi-Est qui a été incorporée
récemment, Lebel-Quévillon.
Il y a une population de 3,500. A ce moment-là, on demande un
permis, en 1961, cette ville n'existait pas. On ne peut pas accorder de permis.
Il y a d'autres endroits, je vais donner un autre exemple, endroits de
villégiature où dans le cours de l'année, il peut exister
là où y vive une population de 600 à 700 personnes. Durant
Pété, c'est 10,000. On ne peut pas accorder de permis
d'épicerie. Par contre, on en a accordé quand même dans
certains cas. J'ai eu un exemple, entre autres, chez moi où à
l'époque, on avait accordé un permis d'épicerie et puis un
autre requérant se présentant devant la Régie à une
autre époque plaide, demande le permis et on lui dit: Vous ne pouvez pas
obtenir de permis chez vous parce que la
population en vertu du recensement fédéral n'est pas de
1,000. Le procureur déclare au président: Vous en avez
accordé un déjà. Le président dit: Si on en a
accordé un, on va l'enlever. Cela a pris huit mois avant qu'il
l'enlève.
M. LESAGE: Le procureur, le deuxième requérant avait
peut-être trop parlé.
M. BERTRAND: Oui, mais f ai eu des cas, et combien. Nous avons une
Régie, un corps quasi judiciaire.
M. LESAGE: D'accord. Quant à nous, que le gouvernement prenne ses
responsabilités. Nous ne nous opposerons pas à ce que le minimum
de population de 1,000 tombe.
M. BERTRAND: Tombe. Très bien, et nous allons, si vous me le
permettez, préparer...
M. LESAGE: ... rédiger l'amendement.
M. BERTRAND: ... l'amendement Voici comment se lirait
l'amendement...
M. LESAGE: ... à quel alinéa?
M. BERTRAND: ... insérer après l'article 1 du bill. M. le
Président, je vous le remettrai tantôt
M. LESAGE: Ah! du bill.
M. BERTRAND: ... le suivant qui deviendrait l'article 2 et tout le
numérotage va changer en conséquence.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: « L'article 18 de la dite loi modifiée par
l'article 11 de la dite loi 13, 14, Elisabeth II, chapitre 19 est de nouveau
modifiée en retranchant le troisième alinéa », celui
dont f ai donné lecture, et les articles 2 à 26 du bill
deviendraient les articles 3 à 27.
L'ancien article 27, devenant 28, serait modifié en
remplaçant dans la première ligne les nombres 16, 17 et 24 par
les suivants: 17, 18 et 25. L'ancien article 28, devenant 29, serait
remplacé par le suivant: « La présente loi entre en vigueur
le jour de sa sanction à l'exception des articles 1, 4, 5, 7, 9, 10 et
11 du paragraphe A de l'article 1, et des articles 13 à 16, 19, 22, 24,
26, qui entreront en vigueur à la date qui sera fixée par
proclamation du lieutenant-gouverneur en conseil. »
Je m'excuse, M. le Président, de vous avoir lu un tel texte, mais
c'est ainsi que l'on doit procéder apparemment si on veut qu'il y ait de
l'ordre dans les lois, même si cela paraît désordonné
quand on le dit.
M. LESAGE: M. le Président, un mot seulement. J'avais
causé ce matin avec le député de Richmond. Il avait
l'intention d'intervenir...
M. BELLEMARE: Etait-il bien « chaud »?
M. LESAGE: ... dans le sens de l'intervention du député de
d'Arcy-McGee.
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. JOHNSON: Quel bord a-t-il pris?
M. LESAGE: Il voulait demander que le gouvernement intensifie sa lutte
contre l'alcoolisme.
M. BERTRAND: J'allais lui dire un mot.
M. LESAGE: Il désirait avoir l'assurance du ministre de la
Justice qu'il y aurait en fait une telle intensification de la lutte.
M. BERTRAND: J'avais d'ailleurs l'intention de le faire, pour
répondre aux remarques très brèves du député
de d'Arcy-McGee, en même temps qu'à une question qui m'avait
été posée hier à la sortie de cette Chambre par le
député de Richmond, question d'ailleurs qui m'a été
posée en présence du ministre de la Santé.
Le ministre de la Justice est chargé de l'application d'une loi.
Le ministre de la Santé, d'autre part, et le ministre de la Famille et
du Bien-Etre, veut intensifier cette campagne d'éducation qui s'impose.
Que tous soient lacordaires, on sait que c'est impossible; que nos gens
pratiquent la tempérance, c'est possible, la sobriété
c'est possible et que des campagnes soient organisées en vue de faire
connaître aux gens les problèmes de l'alcoolisme, les dangers et
que l'on fasse davantage l'éducation de nos jeunes et de notre
population en général dans ce domaine, nous sommes tous d'accord.
Le député de Montmagny, ministre de la Santé et de la
Famille et du Bien-Etre, indiquait hier au député de Richmond
qu'il avait l'intention d'intensifier cette campagne d'éducation de
manière à bien renseigner nos gens et à les mettre en
garde au sujet d'un problème qu'a soulevé tantôt le
député de D'Arcy-McGee. Nous ne sommes pas ici pour faire la
réclame pour les vendeurs de boisson, nous sommes ici pour voter
des lois les plus sages, les plus raisonnables et répondant le
mieux aux besoins de notre époque et à la mentalité de
notre milieu. C'est, je crois, ce que nous avons fait aujourd'hui en apportant
les amendements à la loi de la Régie des alcools et quant
à la campagne d'éducation, que l'on soit assuré que le
ministre de la Famille et du Bien-Etre social prendra ses
responsabilités.
M. DOZOIS: M. le Président, je voudrais ajouter, comme ministre
des Finances, que le député de Richmond de même que le
député de D'Arcy-McGee peuvent compter sur ma plus entière
collaboration, non seulement comme ministre responsable de la partie
commerciale de la Régie des alcools mais en tant que ministre des
Finances qui étudie les crédits du ministère de la
Santé, en particulier pour ce poste de la lutte à
l'alcoolisme.
M. LESAGE: Pour payer les pots cassés!
M. LAPORTE: Quand vient la perception des impôts...
M. PINARD: Cela va être proportionné au volume de vente
accru.
M. LESAGE: Pour une fois, c'est le président qui nous
retarde.
M. PINARD: Donnez des permis en masse.
M. FRECHETTE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté le bill 83 avec des amendements qu'il vous prie
d'agréer.
M. PAUL (président): L'honorable ministre de la Justice propose
que les amendements adoptés par le comité plénier soient
maintenant lus, reçus et agréés. Cette motion est-elle
adoptée?
M. LESAGE: Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté. M. LESAGE:
Troisième lecture.
Troisième lecture
M. LE PRESIDENT: De consentement unanime, l'honorable ministre de la
Justice propose la troisième lecture du bill 83, Loi modifiant la loi de
la Régie des alcools. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. JOHNSON: Il est six heures, M. le Président.
M. LESAGE: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire quel sera
l'ordre des travaux ce soir?
M. BERTRAND: Oui, on vient d'appeler l'article 27, bill 81.
M. LESAGE: Bill 81. M. BERTRAND: Out
M. LESAGE: Est-ce que nous étudierons ensuite le bill 91?
M. JOHNSON: Le bill 91, c'est quoi donc? M. BERTRAND: La
bibliothèque, je pense. M. LESAGE: Affaires culturelles. M. JOHNSON: Pas
ce soir.
M. TREMBLAY (Chicoutimi): Demain, demain.
M. LESAGE: Il devrait être de retour, Il a reçu son cadeau,
c'était à seize heures.
M. JOHNSON: Nous pourrons peut-être nous payer la friandise d'un
bout de discours du député de Huntingdon. Disons que nous allons,
pour changer d'expression, appeler ça une mignardise.
M. LESAGE: Non, il n'y a pas de changement, c'est toujours comme
ça sur les menus du premier ministre.
M. JOHNSON: Je voudrais bien aussi, je pense qu'il y a un bill à
mon nom...
M. BERTRAND: Loi des...
M. JOHNSON: Des organismes du gouvernement.
M. BERTRAND: ... organismes gouvernementaux.
M. LESAGE: Bill 22. Est-ce que le premier ministre a l'intention d'y
apporter des modifications?
M. JOHNSON: J'attends d'autres renseignements. Non, je ne crois pas. Et
demain, nous
serions même prêts sur des lois des Terres et Forêts,
mais je comprends que le chef de l'Opposition doit attendre la visite du
député d'Abitibi-Est.
M. LESAGE: Le député d'Abitibi-Est doit être ici
demain matin.
M. JOHNSON: Et on pourrait peut-être étudier la grosse loi
du ministre de l'Agriculture, qui réduit, comme on l'a vu...
M. LESAGE: Celle-là, je pense, nous n'aurions pas d'objection
à l'étudier ce soir, d'après ce que m'a dit le
député d'Abitibi-Ouest.
M. JOHNSON: Très bien. Alors, le ministre de l'Agriculture est
occupé ailleurs, mais je pense bien que nous pourrons ici...
M. LESAGE: D'après ce que m'a dit le député
d'Abitibi-Ouest, ce sera très rapide.
M. JOHNSON: Et demain nous siégerons à...
M. LESAGE: A onze heures.
M. JOHNSON: Cela va, à onze heures.
M. LESAGE: Alors, cela veut dire que le bill 67 ne viendra que
demain.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on pourrait le prendre à dix heures ce
soir?
M. LESAGE: Il faudrait tout de même aller refaire nos forces.
M. LAPORTE: Ce n'est pas tellement quand on va le prendre, c'est quand
on va le laisser qui nous intéresse !
M. BERTRAND: On le prendra à la onzième heure.
M. JOHNSON: Je comprends que l'Opposition a besoin d'avoir quelques
éditoriaux pour lui donner des arguments et...
M. LESAGE: Ou encore les éditorialistes ont peut-être
besoin de nos réactions.
M. LAPORTE: Il ne se passe rien.
M. JOHNSON: C'est une collaboration dans les deux sens.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à huit heures ce soir.
Reprise de la séance à 8 h 5 p.m.
Bill no 81
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable ministre de la Justice propose
la deuxième lecture du bill 81, Loi modifiant certaines dispositions
législatives concernant les placements de biens.
L'honorable ministre de la Justice.
M. BERTRAND: M. le Président, étant donné la nature
du bill qui doit, je crois, s'étudier en comité plénier
beaucoup plus facilement, je n'ai pas de discours à prononcer en
deuxième lecture et j'en demande l'adoption immédiate.
M. LESAGE: Pourrais-je simplement demander au ministre de dire, en guise
de discours de deuxième lecture, où en sont les pourparlers
à l'autre endroit en ce qui concerne le bill 35?
M. BERTRAND: Etant donné que je suis membre de l'Assemblée
législative et non pas du Conseil législatif, je me demande si
à ce moment-ci il serait à propos de dire ce que l'on a accompli
de l'autre côté. D'après les renseignements que l'on m'a
fournis, l'étude du bill n'est pas terminée. D'autre part, je
puis, je crois, me permettre de déclarer que les amendements que l'on
doit soumettre ne semblent pas être des amendements majeurs. C'est
à peu près tout ce que je pourrais déclarer jusqu'à
présent, étant donné les dernières rencontres,
parce que l'on peut être sûr qu'à ce moment-là, les
conseillers législatifs ont communiqué avec celui qui agissait
comme membre du comité formé par l'ancien gouvernement pour
l'étude des amendements à suggérer à la loi du
placement des biens d'autrui en vue de connaître exactement le pourquoi
des changements que nous avions apportés.
M. LESAGE: Les renseignements du ministre de la Justice concordent avec
ceux que j'avais obtenus à l'effet que les amendements que pourrait
apporter le Conseil ne seraient pas de nature à affecter le bill 81.
M. BERTRAND: Et d'ailleurs, à supposer que les amendements...
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: ... seraient de nature à l'affecter
considérablement, à ce moment-là si les amendements
suggérés par le Conseil ne sont pas agréés par
nous, une procédure est permise.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: A supposer que les amendements soient agréés
par nous, ce bill que nous soumettons, le bill 81, une fois adopté, il
n'y a pas de problème.
Si le chef de l'Opposition, qui semble avoir à peu près
les mêmes renseignements que j'ai obtenus, est prêt, je propose la
deuxième lecture du bill 81.
M. LESAGE: D'accord, très bien.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. BERTRAND: En comité plénier.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose que je
quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour étude du bill 81, intitulé Loi modifiant
certaines dispositions législatives concernant les placements de biens.
La motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LEBEL (Président du comité plénier): Bill
81.
M. BERTRAND: L'article 1 amende l'article 9 de la Loi des
sociétés coopératives agricoles, chapitre 124, Statuts
refondus de 1964; le paragraphe c) est remplacé par le suivant: Le
paragraphe c) actuel de la Loi des coopératives se lit comme suit:
« Placer ses fonds disponibles suivant l'article 981-0 du code civil ou
en prêts consentis à la Société coopérative
fédérée des agriculteurs de la province de Québec.
»
M. LESAGE: Le seul changement, c'est pour limiter a) à g).
M. BERTRAND: C'est qu'on limite, et on pourra placer seulement suivant
le nouveau 981-0.
M. LESAGE: a) à g). M. BERTRAND: a) à g).
M. LESAGE: C'est-à-dire qu'on exclut l'achat d'actions
privilégiées et d'actions ordinaires.
M. BERTRAND: C'est ça. Alors, nous nous entendons très
bien sur la portée de l'amendement.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 1 adopté. Article 2.
M. LESAGE: Un instant, c'est un peu plus complexe.
M. BERTRAND: A l'article 2, il s'agit d'un amendement à Particle
21 de la Loi des valeurs mobilières, chapitre 274 des Statuts refondus
de 1964. On remplace le paragraphe a) par le suivant.
Le paragraphe a) se lit à l'heure actuelle comme suit je
lis le début de l'article 21 de la loi actuelle « Aucun
enregistrement n'est requis de l'émetteur de valeur mobilière
dans le cas des titres suivants: a) ceux dans lesquels les fonds
possédés en fidéicommis peuvent être placés
en vertu des dispositions du code civil ». Alors nous remplaçons
ce paragraphe a) par le suivant, celui qui est dans la loi: « Les
obligations ou autres titres de créance qui sont visés au
paragraphe a) et c) ainsi qu'au paragraphe 1 du paragraphe e) de l'article
981-0 du code civil », tel que nous l'avons amendé.
M. LESAGE: Cela marche.
M. BERTRAND: S'il n'y a pas de problème, on peut dire que a) est
adopté.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Quant à b), au sujet du même article 21, de la
Loi des valeurs mobilières, nous remplaçons le paragraphe c),
lequel paragraphe c) se lit, suivant la loi actuelle, et je cite: « Les
billets à ordre ou effet de commerce payables à demande ou
échéant au plus tard à un an de leur date par le texte que
nous retrouvons dans le paragraphe b) ». Le pourquoi de cet amendement,
c'est que l'on a voulu peut-être par une traduction plus ou moins
parfaite, j'en conviens, appliquer ce que l'on retrouve dans la Loi des valeurs
mobilières de l'Ontario, laquelle loi s'intitule « Securities Act
Revised Statutes of Ontario 1960 », chapitre 363 et qui a
été modifiée en 1963 par 11, 12 Elizabeth II, chapitre
131, article 10, paragraphe 6 et je lis le paragraphe: « Negotiable
promissory notes or commercial paper answering not more than one year from the
date of issue, provided that each such note or commercial paper treated to an
individual as a denomination or principal amount of not less than fifty
thousand dollars. »
Alors, cet amendement nous a été suggéré
par la Commission des valeurs mobilières du Québec.
C'est donc dire que pour cette catégorie d'effets de commerce,
aucun enregistrement ne sera requis. Cela limite ce qui autrefois
n'était pas limité.
M. LESAGE: Je suis bien d'accord. Ceci n'est pas évidemment un
amendement de concordance à cause de 981-0...
M. BERTRAND: Non, non.
M. LESAGE: C'est un amendement qui est une restriction
apportée...
M. BERTRAND: Exactement.
M. LESAGE: ... à la suite des accidents qui se sont produits dans
le cas de certaines institutions financières, et je crois que
l'amendement est parfaitement justifié.
M. BERTRAND: Des accidents, et j'ajouterai, malheureux...
M. LESAGE: Oui, malheureux.
M. BERTRAND: ... pour un grand nombre de personnes dans la province de
Québec.
M. LESAGE: D'accord.
M. CHOQUETTE: Institution financière on-tarienne?
M. BERTRAND: Pardon!
M. CHOQUETTE: Ontarienne?
M. BERTRAND: Qui a profité...
M. LESAGE : Eh bien, il y en a une québécoise et...
M. BERTRAND: Qui a profité de certaines situations que l'on veut
corriger.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2,adopté? Adopté. Article 3.
M. BERTRAND: Article 3. L'article 3, c'est un amendement à
l'article 8 de la Loi des compagnies de fidéicommis, chapitre 287,
Statuts refondus de 1964 et où nous remplaçons les deux premiers
alinéas de l'article 8 par celui que l'on retrouve dans le bill.
L'article 8 de la Loi des compagnies de fidéicommis étendait le
pouvoir de placement de ces compagnies au-delà de l'article 981-0 tel
qu'il existait. Or, les prescriptions de cet article ayant été
élargies par le bill 35, cette extention particulière n'est plus
nécessaire et un simple renvoi aux articles 981-0 et suivants du code
civil est suffisant. C'est pourquoi les deux alinéas que l'on retrouve
dans la Loi des compagnies de fidéicommis et qui sont très longs,
sont remplacés par ce nouveau texte abrégé. Il n'y a pas
de problème.
M. LESAGE: Non.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4.
M. BERTRAND: L'article 4, c'est au sujet de Particle 14 de la Loi des
associations coopératives, chapitre 292. Statuts refondus 1964. Il
s'agit la...
M. LESAGE: Même chose que dans le cas de l'article 1.
M. BERTRAND: C'est ça. Etant donné... M. LESAGE:
D'accord.
M. BERTRAND: ... que l'on autorisait ces institutions à placer
leurs fonds dans les valeurs énumérées à Particle
981-0, comme il n'a pas paru à propos d'autoriser ces institutions
à placer dans des actions de compagnies, le renvoi est réduit aux
paragraphes a) à g) de l'article 981-0, laissant de côté
les paragraphes h) et i) qui s'appliquent aux actions.
M. LESAGE: La même chose que dans le cas de Particle premier.
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 4, adopté.
M. BERTRAND: Article 5, c'est exactement le même principe.
M. LESAGE: Ce sont les assurances; c'est le cas de la Loi des
assurances.
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: L'article 39.
M. BERTRAND: Admis.
M. LESAGE: Fonds de réserve.
M. LE PRESIDENT: Article 5,adopté?
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît.
M. BERTRAND: Article 6...
M. LESAGE: Alors, article 5.
M. BERTRAND: Article 5, adopté?
M. LESAGE: Oui, ça va. C'est que je voulais lire l'article 39. Je
l'ai lu, ça va.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté. Article 6.
M. BERTRAND: Article 6. Il s'agit, M. le Président, de l'article
36 de la Loi des corporations de cimetières catholiques romains,
chapitre 308, Statuts refondus 1964. Il est abrogé. L'article 36 de
cette loi stipulait spécifiquement que les administrateurs de biens
d'autrui pouvaient faire des placements dans les bons et obligations de ces
corporations. Ceci se trouvant couvert de façon satisfaisante par le
sous-paragraphe 1 du paragraphe d) de l'article 981-0, cette mention
particulière n'est plus nécessaire et nous pouvons donc abroger
l'article 36.
M. LESAGE: Vous avez dit...
M. BERTRAND: J'ai dit qu'elle n'était plus nécessaire.
M. LESAGE: Non, un instant. La référence que le ministre
de la Justice a faite.
M. BERTRAND: J'ai référé à 981-0, ceci est
couvert par le sous-paragraphe 1 du paragraphe d) de Particle 981-0 où
l'on parle des obligations ou autres titres de créance émis par
une corporation constituée au Canada. Il y a...
M. LESAGE: D'accord.
M. BERTRAND: ... un premier, deuxième et troisième
alinéa.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 6 adopté? Adopté. Article 7.
M. BERTRAND: Article 7, c'est exactement le principe que nous avons
appliqué tantôt pour l'article 5.
M. LESAGE: Parce que l'article 5... M. BERTRAND: Très bien.
Article 8... M. LE PRESIDENT: Article 7 adopté.
M. BERTRAND: ... la loi entrera en vigueur à la date qui sera
fixée par proclamation.
M. LE PRESIDENT (du comité): Article 8 adopté?
Adopté. M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité a adopté sans amendement le bill 81.
Troisième lecture
M. BERTRAND: M. le Président, j'ai l'honneur de proposer la
troisième lecture du bill.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de la Justice propose la
troisième lacture du bill 81, Loi modifiant certaines dispositions
législatives concernant les placements de biens. Cette motion est-elle
adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, régionale de
Maisonneuve.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on est prêt pour la régionale de
Maisonneuve?
M. LESAGE: Le préambule explique la nécessité du
bill.
M. BERTRAND: Maintenant j'ai les documents...
M. LESAGE: C'est comme un bill privé.
M. BERTRAND: J'ai tous les documents ici...
M. LESAGE: J'en suis convaincu.
M. BERTRAND: ... et j'ai, si l'on veut,les contrats chez l'officier
légiste. Je voudrais, voici...
M. LESAGE: Il faut aller en comité, allons donc en
comité.
Bill no 87
M. BERTRAND: Je propose la deuxième lecture du bill 87, Loi
concernant la Commission scolaire régionale Maisonneuve.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre
de l'Education propose la deuxième lecture du bill 87, Loi
concernant la commission scolaire régionale Maisonneuve. Cette motion de
deuxième lecture est-elle adoptée? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. BERTRAND: Alors en comité.
Comité plénier
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre de l'Education propose que je
quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour étude du bill 87, Loi concernant la Commission
scolaire régionale Maisonneuve. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. LEBEL (président du comité plénier): Bill
87.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai pas l'intention de lire
tout le préambule de cette loi qui en explique exactement le pourquoi et
la portée. Toutefois, je crois répondre à la question que
le chef de l'Opposition voulait me poser...
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: ... pourquoi ce bill?
M. LESAGE: Bien, pourquoi ce bill? Le préambule le dit...
M. BERTRAND: Oui, mais...
M. LESAGE: Ma question, c'était plutôt quelle est la valeur
de l'immeuble?
M. BERTRAND: C'est justement là le pourquoi de « gré
à gré ou par expropriation ».
M. LESAGE: Je comprends, mais... M. BERTRAND: Les affaires...
M. LESAGE: ... quel a été le prix payé pour le
terrain?
M. BERTRAND: J'aurais aimé avoir le contrat pour donner plus de
précision, si vous n'avez pas d'objection, je vais faire venir le
contrat.
M. LESAGE: Bien il y a eu un prix pour le terrain puis les
propriétaires ont construit un immeuble commercial ou industriel.
M. BERTRAND: C'était un immeuble qui devait être bâti
pour des fins commerciales. En fait, la construction n'est pas
terminée.
M. LESAGE: Elle n'est pas terminée? M. BERTRAND: Elle n'est pas
terminée. M. LESAGE: Du tout?
M. BERTRAND: Si elle avait été terminée, pour des
fins commerciales, on comprendra bien qu'à ce moment-là, on
n'aurait pas pu en permettre l'acquisition pour des fins scolaires.
M. LESAGE: Si c'était pour de l'enseignement technique et si
c'était du genre d'une industrie, ça peut s'aménager.
M. BERTRAND: Non. Lorsqu'on est venu me rencontrer il y a
déjà quelques semaines, je ne dirai pas quelques semaines, j'ai
demandé au président de la commission scolaire régionale,
M. Bernard Lafortune, devant le problème qui m'était soumis
à l'effet que l'on avait besoin de locaux pour loger 850
élèves qui devront suivre les cours de formation professionnelle
et ce, dès septembre, octobre prochain, en autant qu'on aura pu terminer
l'édifice.
Je lui ai demandé: Est-ce qu'il y a d'autres édifices? On
m'a répondu non. J'ai fait vérifier par les officiers de mon
ministère et, dans ce secteur, il n'y en a pas. Or, le problème
qui se posait, on le voit a la lecture du préambule, c'est qu'il s'agit
dans ville Laval d'un secteur commercial et industriel et l'on ne pouvait pas
utiliser cet édifice pour des fins scolaires. C'est la raison des
amendements que nous apportons à la Loi des fonds industriels, à
la charte de la ville de Laval, de même qu'au contrat dans lequel il est
bien indiqué que cela doit être utilisé pour des fins
commerciales, conformément àla Loi des fonds industriels.
Alors, devant les représentations qui nous ont été
faites, devant l'urgence de ce problème, j'ai accepté de
présenter le présent projet de loi à la Chambre, croyant
répondre au désir légitime des commissaires de la
commission scolaire régionale Maisonneuve et nous avons obtenu la
coopération des autorités municipales qui ont adopté,
à une séance du conseil exécutif, de même qu'au
conseil municipal, le texte suivant. Je devais recevoir demain par livraison
spéciale le texte complet, mais j'ai demandé, dès cet
après-midi, au maire de la ville de Laval de
bien vouloir me transmettre par télégramme ce texte que je
vais lire. Nous l'avons reçu aujourd'hui le 9, à cinq heures
dix-sept. « Honorable Jean-Jacques Bertrand, « Ministre de
l'Education, « Hôtel du Gouvernement. « M. le ministre,
« Pour faire suite à nos récentes conversations et tel
qu'alors vous me le demandiez, j'inclus à la présente un extrait
du procès-verbal d'une séance du comité exécutif de
Laval, ainsi que les minutes de l'assemblée du conseil municipal se
rapportant au sujet que nous avons discuté. Je soumets le tout à
votre bienveillante attention et vous prie de croire à ma haute
considération. «Province de Québec, ville de Laval, extrait
du procès-verbal d'une séance du comité exécutif
tenue le mardi 7 août 1967, à dix-neuf heures trente.
Recommandations, commission scolaire régionale Maisonneuve. «
Considérant que la commission scolaire régionale Maisonneuve
devra en septembre accepter 9,000 élèves et ne dispose de locaux
que pour en accommoder 6,945: ils ont d'autres locaux en vue à
part ceux-là « Considérant qu'il y a urgence pour
ladite commission scolaire d'acquérir les locaux nécessaires pour
parer à cette situation; « Considérant qu'une bâtisse
est présentement érigée dans le parc industriel de ville
de Laval, de grandeur suffisante pour accommoder près de 850
élèves; « Considérant que la Loi des fonds
industriels ne permet pas à ladite commission scolaire d'acquérir
ladite bâtisse; « En conséquence, il est résolu
à l'unanimité qu'une recommandation soit faite au conseil
d'aviser l'honorable ministre des Affaires municipales ainsi que l'honorable
ministre de l'Education à l'effet que la ville de Laval n'a aucune
objection à ce que la Loi des fonds industriels soit amendée de
manière à permettre à la commission scolaire
régionale Maisonneuve d'acquérir une bâtisse située
dans le parc industriel de la ville de Laval. » « Province de
Québec, ville de Laval, extrait du procès-verbal de la
séance du conseil municipal à ville de Laval, tenue le 7
août 1967. Acquisition bâtisse, parc industriel, commission
scolaire régionale Maisonneuve. « Considérant que la
commission scolaire régionale Maisonneuve devra en septembre accepter
9,000 élèves et ne dispose de locaux que pour en accommoder
6,945: « Considérant qu'il y a urgence pour ladite commission
scolaire d'acquérir les locaux nécessaires pour parer à
cette situation; « Considérant qu'une bâtisse est
présentement érigée dans le parc industriel de Ville de
Laval de grandeur suffisante pour accommoder près de 850
élèves; « Considérant que la Loi des fonds
industriels ne permet pas à ladite commission scolaire d'acquérir
ladite bâtisse; « En conséquence, sur rapport du
comité éxécutif, il est proposé par M. André
Lagarde appuyé par M. André Vaillancourt, et résolu
à l'unanimité d'aviser l'honorable ministre des Affaires
municipales ainsi que l'honorable ministre de l'Education à l'effet que
la Ville de Laval n'a aucune objection à ce que la loi des fonds
industriels soit amendée de manière à permettre à
la commission scolaire régionale Maisonneuve d'acquérir une
bâtisse située dans le parc industriel de la Ville de Laval.
» Et c'est signé: le maire de Ville de Laval, Jacques
Tétreault. »
La Ville de Laval, M. le Président, a adopté tant à
l'éxécutif qu'au conseil municipal, ces résolutions dont
je viens de donner lecture, à la suite d'une lettre qui avait
été adressée au maire de la ville en date du 27 juillet
1967, qui reproduit les faits que je viens de citer dans les deux
résolutions et du conseil éxécutif et du conseil
municipal, lettre signée par M. Bernard Lafortune, président.
Je dois dire, M. le Président, que j'ai fait préparer par
les officiers de mon ministère une estimation du coût de la
bâtisse, et le prix qui était demandé m'a rapidement
invité à mettre dans la loi de gré à gré ou
par expropriation.
M. LESAGE: Plutôt expropriation.
M. BERTRAND: Oui. On m'a demandé tantôt quel avait
été le coût du terrain. Le coût du terrain tel qu'il
appert au contrat passé devant Me Lucien Renaud, qui est cité
dans le préambule de la loi, a été de $59,133.
M. LESAGE: L'édifice qui est en construction était-il
destiné à une usine, à un commerce ou à
l'entreposage?
M. BERTRAND: D'après les renseignements que j'ai, M. le
Président, il était destiné à un commerce.
M. LESAGE: A un commerce. Le ministre est satisfait, le ministre et ses
hauts fonctionnaires sont satisfaits, et la bâtisse peut être
terminée, sans transformations trop coûteuses pour en faire une
école d'enseignement professionnel?
M. BERTRAND: La bâtisse, dans l'état où elle se
trouve à l'heure actuelle, peut être parachevée pour les
fins que j'ai indiquées tantôt.
M. LESAGE: Un achat...
M. BERTRAND: Comme je l'ai dit, j'ai délégué
là-bas un officier du ministère qui est allé se rendre
compte sur les lieux de l'état de la bâtisse, du coût
approximatif, de l'estimation de la bâtisse. Il m'a fait rapport et,
deuxièmement, a représenté dans l'état où la
construction se trouvait à l'heure actuelle on pourrait sans aucun
doute, en la complétant bien entendu, l'utiliser comme école.
M. LESAGE: Si l'acquisition par la régionale se faisait de
gré à gré, est-ce que je dois comprendre que le contrat ne
peut être signé sans l'approbation du ministre de l'Education?
M. BERTRAND: A ce moment-là, je crois qu'ils sont obligés
de soumettre l'acquisition au ministre pour approbation. Ils sont
obligés.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre peut nous assurer, peu importe les
dispositions législatives ou les règlements existants, qu'il
verra dans ce cas-ci que l'acquisition de gré à gré ne
puisse se compléter sans qu'il y ait eu l'occasion de donner son
avis?
M. BERTRAND: Le ministre a dit au président de la commission
scolaire régionale qu'étant donné les informations qu'il
avait obtenues, il n'y aurait aucune autorisation d'achat de gré
à gré à moins que le prix ne soit l'équivalent ou
à peu près de ce que les collaborateurs Pont estimé et,
même là, je dois déclarer que je verrai à faire
faire tout probablement, ou à recommander à la régionale
de faire préparer une autre expertise. Mais disons que pour le moment,
ça va beaucoup plus vers l'expropriation que vers le gré à
gré.
M. LESAGE: Bien. Je suis satisfait des garanties que le ministre nous
donne. Après ce qui s'est passé ailleurs, je pense qu'il faut
être bien prudent...
M. BERTRAND: Oui.
M. LESAGE: ... dans Pacquisition d'immeubles et je suis sûr que le
ministre en est conscient, surtout dans un cas comme celui-ci où il y a
une nécessité absolue d'obtenir rapidement de l'espace. J'ai
communiqué avec l'ancien maire de Laval, député de Laval
qui m'a fait part de l'urgente nécessité de l'acquisition de
locaux et qui a mentionné que l'achat proposé, à son sens
était nécessaire mais, évidemment, si les conditions sont
acceptables. Alors, je suis, quant à moi, satisfait des garanties que le
ministre donne. Il s'agit ici en définitive d'un bill de la nature d'un
bill privé. S'il n'y avait pas eu urgence, je suis sûr que le
ministre aurait conseillé à la régionale de
présenter un bill privé.
M. BERTRAND: Et d'ailleurs, s'il n'y avait pas eu urgence à ce
stade-ci de la session, je leur aurais dit: Attendez à l'an
prochain.
M. PINARD: A titre d'information le ministre vient
d'établir qu'il s'agit là d'un cas d'urgence pourrait-il
nous dire à quel moment le ministère a recours aux écoles
préfabriquées? Est-ce qu'il y a des situations qui sont analogues
à celle qui vient d'être décrite par le ministre et qui
justifient le ministère d'avoir recours aux écoles
préfabriquées?
M. BERTRAND: Disons que dans les cas absolument urgents, comme on l'a
fait avant moi, nous le faisons aujourd'hui lorsque l'urgence est telle,
à la suite, par exemple, de visites sur les lieux par nos
collaborateurs, lorsque l'urgence est telle qu'il devient absolument
nécessaire de bâtir suivant le mode de construction
préfabriquée, nous l'utilisons. Mais dans toute la mesure du
possible, nous préférons, s'il y a lieu, plutôt louer des
locaux temporairement. On le fait dans le cas des écoles d'arts et
métiers, des écoles d'initiation au travail. Là où
la polyvalente ou l'école régionale n'est pas construite, on loue
des locaux plutôt que de bâtir ces constructions que l'on appelle
préfabriquées.
M. PINARD: Est-ce que le ministre a l'intention d'accorder un
caractère permanent à l'école dont on vient de discuter ou
si un peu plus tard le ministère s'engage à retourner
l'établissement à son ancienne vocation?
M. BERTRAND: Cette école dont la commission scolaire
régionale se portera acquéreur est sans doute appelée
à faire partie d'une manière permanente de la commission
scolaire.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2, adopté.
M. LEBEL (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport
que le comité a adopté sans amendement le bill 87.
M. BERTRAND: Si on n'a pas d'objection... Troisième lecture
M. PAUL (président): L'honorable ministre de l'Education propose
la troisième lecture du bill 87, Loi concernant la Commission scolaire
régionale Maisonneuve. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
Bill no 86
M. JOHNSON: Le bill 86, loi modifiant la Loi des syndicats
professionnels.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre pour et au nom de
l'honorable ministre de l'Agriculture et de la Colonisation propose la
deuxième lecture du bill 86. Loi modifiant la Loi des syndicats
professionnels. Cette motion est-elle adoptée?
M. BELLEMARE: Adopté. M. LESAGE: Une minute.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement,
l'UCC, dans ses mémoires, depuis quelques années, plus
particulièrement cette année, pages 5, 6 et 7, demandait pour
être plus exact un amendement à la Loi des syndicats
professionnels pour des raisons que je puis donner à cette Chambre en
citant textuellement le mémoire. « L'UCC s'inquiète des
conséquences que peut avoir sur les syndicats qui lui sont
affiliés l'amendement apporté par le bill 53, 13-14 Elizabeth Il,
en 1965, à la Loi des syndicats professionnels au chapitre de la
cotisation syndicale. Répétons ici cet amendement: « Le
droit d'entrée doit être de $1 ou plus, et la cotisation ne doit
pas être moindre de $1 par mois ». Soulignons de plus cet
amendement a fait disparaître les mots « pour les syndicats de
salariés » qui précédaient le texte amendé,
généralisant ainsi la disposition. Cet amendement n'a pas tenu
compte d'une situation qui est particulière aux agriculteurs. Les
agriculteurs, pour la défense de leurs intérêts, doivent
adhérer à deux types de syndicats. Le premier, celui que l'on
connaît depuis une quarantaine d'années, est un syndicat qui
s'emploie à défendre les intérêts de l'agriculteur
comme chef d'une exploitation agricole. Il a le plus souvent une juridiction
territoriale limitée à la paroisse pour tenir compte du milieu
physique et social ou l'entreprise s'exerce. Le second, plus nouveau, est un
syndicat qui s'emploie à défendre les intérêts des
agriculteurs comme producteurs d'un produit particulier qu'il écoule sur
un marché déterminé. Il a le plus souvent une juridiction
territoriale qui correspond soit aux besoins de l'alimentation de l'acheteur de
ce produit, soit à une région économique assez
homogène. Cette adhésion à deux types de syndicats
amène aussi l'adhésion à plusieurs syndicats du second
type. « Le premier type de syndicat peut s'accommoder d'une cotisation
à taux fixe, tandis que le second s'en accommode mal, et qu'une
cotisation variable selon la quantité des produits vendus par chacun est
un mode plus équitable et plus pratique. Quand on fait l'addition des
cotisations syndicales qu'un agriculteur est de la sorte appelé à
payer en appliquant les normes édictés par la Loi des syndicats
professionnels, on arrive à un déboursé
considérable. L'esprit de la Loi des syndicats professionnels n'est
sûrement pas de rendre prohibitif l'exercice du droit d'association.
Pourtant, dans sa présente rédaction, elle a cette
conséquence pour les agriculteurs. Il serait sage et opportun que le
législateur tienne compte de cette situation. L'insertion à
l'endroit approprié des mots « à l'exception des syndicats
d'exploitants agricoles ou de producteurs de produits agricoles corrigerait la
situation ».
Voilà ce que nous demandait l'UCC. Nous avons dit à ses
représentants que le gouvernement ferait suite à leur demande.
Nous avons préparé plusieurs projets. Nous les avons soumis comme
avant-projets, si l'on veut, aux autorités de l'UCC et, finalement,
après certaines consultations, nous en sommes venus à une
formulation qui a reçu l'approbation de cet organisme, sous la signature
de son premier vice-président, M. Albert Alain.
Et M. Alain nous disait: « En vue de remédier à la
situation pour le moins anormale dans laquelle se trouvent placés les
syndicats d'exploitants et de producteurs agricoles, à la suite de
l'amendement apporté à la Loi des syndicats professionnels par le
bill 53 en 1965, l'UCC accepte dans les circonstances l'amendement tel que
ci-après formulé à la Loi des syndicats professionnels.
Dans le cas de syndicat groupant des exploitants ou producteurs agricoles, la
cotisation ne doit pas être moindre de $6 par année ».
Voilà, M. le Président, que nous avons trouvé une
solution à un problème qui ne paraît peut-être pas
important à ceux qui ne connaissent pas le domaine agricole, mais le
ministre de l'Agriculture qui est absent ce soir à cause
d'en-
gagements qu'il ne pouvait remettre comme l'ancien ministre et
les députés ruraux qui connaissent les activités de l'UCC
savent qu'il s'agit là d'une demande raisonnable. Nous en avons
profité également pour corriger une anomalie ou un oubli, si l'on
veut, dans la loi, lorsqu'elle a été refondue. Je pourrai
l'expliquer en comité plénier, si l'on préfère.
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessaire. De fait, nous sommes
parfaitement d'accord et nous sommes disposés à accepter la
deuxième lecture, à considérer que nous sommes
allés en comité et à voter la troisième
lecture.
Comité plénier et troisième lecture
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre, pour et au nom de
l'honorable ministre de l'Agriculture, propose la formation du comité
plénier, la réception du rapport du comité plénier
et la troisième lecture du bill 90, loi modifiant la Loi des syndicats
professionnels. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, 25.
Bill no 67
M. LE PRESIDENT: La reprise du débat sur l'amendement de M. Hyde
à la motion de M. Bertrand.
M. BERTRAND: C'est cela, 25.
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement de M. Ilyde
à la motion de M. Bertrand, proposant que le bill 67, intitulé
Loi modifiant la charte de la Commission des écoles catholiques de
Montréal, soit maintenant lu la deuxième fois. Cet amendement se
lit comme suit: Que la motion en discussion soit amendée en retranchant
le mot « maintenant » et en ajoutant les mots « dans trois
mois ».
M. LESAGE: M. le Président, une question de règlement. Il
a été entendu, à six heures, que le bill 67 ne serait
étudié que demain.
M. JOHNSON: Non, peut-être ce soir.
M. LESAGE: Non, j'ai ici le texte au journal...
M. JOHNSON: Il est seulement neuf heures moins dix.
M. BELLEMARE: Au débat d'hier soir.
M. LESAGE: Alors, à la page R/5802; je lis la transcription:
« M. Lesage: Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire quel sera
l'ordre des travaux ce soir? « M. Bertrand: Oui, on vient d'appeler
l'article 27, bill 81. « M. Lesage: Bill 81. « M. Bertrand: Oui.
« M. Lesage: Est-ce que nous étudierons ensuite le bill 91?
« M. Johnson: Le bill 91, c'est quoi donc? « M. Bertrand; La
bibliothèque, je pense. « M. Lesage: Affaires culturelles. «
M. Johnson: Pas ce soir. « M. Tremblay (Chicoutimi): Demain, demain.
« M. Lesage: Il devrait être de retour, il a reçu son
cadeau, c'était à seize heures. « M. Johnson: Nous pourrons
peut-être nous payer la friandise d'un bout de discours du
député de Huntingdon. Disons que nous allons, pour changer
d'expression, appeler ça une mignardise. « M. Lesage: Non, il n'y
a pas de changement, c'est toujours comme ça sur les menus du premier
ministre. »
(Je faisais allusion, évidemment, au menu des dîners du
premier ministre, ici au café du parlement). « M. Johnson: Je
voudrais bien aussi... Je pense qu'il y a un bill à mon nom... «
M. Bertrand: Loi des... « M. Johnson: Des organismes du gouvernement.
« M. Bertrand: ... organismes gouvernementaux. « M. Lesage: Bill
22. Est-ce que le premier ministre a l'intention d'y apporter des
modifications? « M. Johnson: J'attends d'autres renseignements. Non, je
ne crois pas. Et demain, nous serions même prêts sur des lois des
Terres et Forêts, mais je comprends que le chef de l'Opposition doit
attendre la visite du député d'Abitibi-Est. « M. Lesage: Le
député d'Abitibi-Est doit être ici demain matin. « M.
Johnson: Mais on pourrait étudier peut-être la grosse loi du
ministre de l'Agriculture qui réduit, comme on l'a vu... « M.
Lesage: Celle-là, je pense, nous n'aurions pas d'objection à
l'étudier ce soir, d'après ce que m'a dit le député
d'Abitibi-Ouest. « M. Johnson: Très bien. Alors, le ministre de
l'Agriculture est occupé ailleurs, mais je pense bien que nous pourrons
ici... « M. Lesage: D'après ce que m'a dit le dépu-
té d'Abitibi-Ouest, ce sera très rapide. « M.
Johnson: Et demain nous siégerons à... « M. Lesage: A onze
heures. « M. Johnson: Cela va, à onze heures. « M. Lesage:
Alors, ça veut dire que le bill 67 ne viendra que demain. « M.
Johnson: Est-ce qu'on pourrait le prendre à dix heures ce soir? «
M. Lesage: Il faudrait tout de mime aller refaire nos forces. « M.
Laporte: Ce n'est pas tellement quand on va le prendre, c'est quand on va le
laisser qui nous intéresse. « M. Bertrand: On le prendra à
la onzième heure. « M. Johnson: Je comprends que l'Opposition a
besoin d'avoir quelques éditoriaux pour lui donner des arguments et...
« M. Lesage: Ou encore les éditorialistes ont peut-être
besoin de nos réactions. « M. Laporte: Il ne se passe rien.
« M. Johnson: C'est une collaboration dans les deux sens. « M. le
Président: A l'ordre! La Chambre suspend ses travaux jusqu'à huit
heures ce soir».
Il est clair de la conversation que je viens de lire qu'il ressort que
le bill 67 devait être étudié demain matin et c'est...
DES VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE: ... tellement vrai, M. le Président, que le
député de Vaudreuil-Soulanges, le député d'Ahuntslc
entre autres m'ont dit à la suite de cet échange: « Mais il
est clair que le bill 67 ne viendra pas ce soir. Est-ce que nous pouvons
prendre congé pour être ici demain ma-tion à onze heures?
J'ai dit: C'est entendu, nous avons quatre bills à passer ce soir. Parce
qu'en outre des trois que nous venons d'adopter il y a le bill 22 qui a
été annoncé pour ce soir mais il est clair, à la
lecture que je viens de faire, que le bill 67 doit être
étudié demain et j'espère que le premier ministre ne vient
pas essayer de nous surprendre. C'est le moins que je puisse dire.
M. JOHNSON: M. le Président, tout de même il n'y a
pas...
M. LESAGE: Il appert clairement que le bill 67 devait être
étudié demain et c'était tellement clair que ceux qui ont
entendu la conversation, comme le député de Vaudreuil-Soulanges
et le député d'Ahuntsic ont pris congé ce soir et
c'était le député de Vaudreuil-Soulanges...
M. BERGERON: Restez en Chambre comme nous autres!
M. LESAGE: ... qui devait prendre la parole immédiatement
après le député de Champlain qui a la parole sur la motion
d'amendement du député de Westmount.
M. BERGERON: Restez en Chambre, faites comme nous autres!
M. LESAGE: J'étais en Chambre, c'est moi qui ai participé
à la conversation.
M. BERGERON: Dites à vos gars de rester en Chambre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! L'honorable premier ministre.
M. JOHNSON: M. le Président, hier... M. BELLEMARE: A l'ordre!
M. JOHNSON: ... nous avons fait exception aux règles
ordinairement suivies pour la production d'amendements. Nous les avons rendus
publics et ce geste donnait suite à une communication d'avant-hier
à l'ancien ministre des mêmes amendements. Je crois que le
député de Vaudreuil-Soulanges les a entre les mains depuis deux
jours bientôt...
M. LESAGE: Ce n'est pas la question.
M. JOHNSON: ... et deuxièmement hier soir j'avais
annoncé...
M. LESAGE: Ce n'est pas la question, j'ai donné congé
à mes gens.
M. JOHNSON: ... que nous étudierions le bill 67 aujourd'hui. A
six heures, nous avons pris nos précautions en disant qu'après
ces lois on pourrait peut-être prendre le bill...
M. LESAGE: Non, ça n'a pas été dit!
M. JOHNSON: ... est-ce qu'on pourrait prendre le bill à dix
heures ce soir?
M. LESAGE: Le premier ministre a dit ça en farce!
M. JOHNSON: Il faudrait tout de même aller refaire nos forces, a
dit le chef de l'Opposition. Or, il est neuf heures moins cinq; nous pouvons
encore, tout en ajournant à une heure...
M. LESAGE: Amenez le bill 22 et puis il va être dix heures.
M. JOHNSON: ... raisonnable.
M. LESAGE: Amenez le bill 22 que vous annoncez et puis il va être
dix heures au moins quand on va finir.
M. JOHNSON: M. le Président, le chef de l'Opposition ne devrait
pas plaider qu'il est pris par surprise. Nous avons distribué les
amendements. Si nous n'avions pas distribué les amendements on pourrait
continuer le débat, à plus forte raison maintenant qu'on a les
amendements, qu'on peut faire d'autres discours basés sur les
connaissances additionnelles qu'apportent ces amendements, je ne vois pas
pourquoi nous ne profiterions pas du temps que nous avons, pendant une heure,
une heure et demie, pour continuer le débat, quitte à ajourner
à une heure raisonnable, comme je l'ai dit.
Il n'est pas question de faire une autre veillée d'armes. Je
pense...
M. LESAGE: Il y a le bill 22 puis il y a le débat sur le
budget.
M. JOHNSON: Je pense que le bill 67 est assez important. On est assez
renseigné, on peut prendre position, on peut débattre, c'est le
droit de l'Opposition de le faire, aussi longtemps que l'on voudra, mais...
M. LESAGE: Le premier ministre est de mauvaise foi.
M. JOHNSON: ... c'est le droit du gouvernement aussi d'appeler le bill
pour que finalement il soit adopté un de ces jours.
M. LESAGE: C'est de la mauvaise foi, ça.
M. LAPORTE: M. le Président, le premier ministre nous permettra
de dire que nous avons nettement l'impression d'avoir été
attirés dans un guet-apens. M. le Président, à six heures
ce soir, ni le ministre de l'Education, ni le premier ministre, par les propos
qu'ils ont tenus en Chambre et qui sont consignés au journal des
Débats, ni surtout par les attitudes qu'ils ont prises, non seulement ne
nous ont pas donné l'impression que le bill 67 pourrait être
appelé ce soir, mais nous ont nettement donné l'impression qu'il
n'en serait pas question ce soir.
A la lumière de ce qui a précédé, de ce qui
s'est dit avant six heures, le député de Vaudreuil-Soulanges et
le député d'Ahuntsic, qui ont passé une grande partie de
la journée à étudier les amendements au bill 67, ont
décidé ce soir ou de continuer le travail ou de s'absen- ter
parce qu'il n'était pas question, ni directement ni indirectement, que
nous abordions ce soir le bill 67. J'ai eu l'occasion de dire cet
après-midi que nous ne devons pas nous donner les uns les autres, ou
donner à la population de la province de Québec l'impression que
nous tentons de nous « tirer des jambettes » ou de nous attirer
dans des guets-apens. Ce n'est pas comme ça que la vie parlementaire
doit s'imaginer ou s'interpréter.
M. BERTRAND: M. le Président, le député de Chambly
utilise à l'heure actuelle des propos qui imputent des motifs lorsqu'il
dit que nous aurions voulu attirer l'Opposition dans un guet-apens. Si on relit
on me le permettra si on relit les propos tenus
tantôt...
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux faire remarquer
au ministre qu'il est en train d'interrompre mon intervention?
M. BERTRAND: Alors on nous prête des motifs, M. le
Président, qui sont absolument mal fondés et qui sont contraires
aux règles de cette Chambre.
M. ALLARD: On nous accuse de mettre des pièges à ours. Il
avait peur de ça.
M. BERTRAND: Le député de Chambly connaît
suffisamment les règlements pour savoir qu'on n'a pas le droit d'imputer
des motifs aux députés, au premier ministre pas plus qu'au
député de Missisquoi.
M. LAPORTE: M. le Président, je constate que non seulement le
gouvernement nous a donné l'impression à six heures qu'il n'avait
pas l'intention d'appeler le bill 67, mais le seul argument qu'on trouve
actuellement, c'est qu'en prétendant ça on impute des motifs au
gouvernement. La seule défense que j'ai trouvée jusqu'ici, c'est
de se cacher derrière le règlement pour dire: Oh, ne
prétendez pas qu'on a tenté de vous attirer dans un guet-apens
parce que ce serait nous prêter des motifs.
M. JOHNSON: M. le Président, il est bien évident que ces
gens ne sont pas prêts. Malgré tout, ils devraient être
prêts à prendre n'importe quel des projets de loi qui sont au
feuilleton.
M. LESAGE: Voyons!
M. JOHNSON: Nous n'insisterons pas, nous ne voulons pas...
M. LESAGE: Je pense bien.
M. JOHNSON: ... s'arrêter une heure sur cette affaire, c'est du
temps perdu.
Encore une fois, faibles comme nous sommes, ayant pour les
opprimés, M. le Président, des sentiments de tendresse,
sachant...
M. LESAGE: C'est sa méthode habituelle de sortir d'un
faux-pas.
M. JOHNSON: ... les épreuves dont était... M. BELLEMARE:
Non, non.
M. JOHNSON: S'il y avait une question de faux-pas...
M. BELLEMARE: Si le chef de l'Opposition prend ça sur ce
ton-là.
M. JOHNSON: Ils ne sont jamais prêts, M. le Président, ce
n'est pas de valeur.
M. LAPORTE : On est quoi?
M. LESAGE: M. le Président, si le premier ministre...
M. JOHNSON: Ils ne sont pas prêts il ne sont jamais prêts,
ils ne sont pas en Chambre...
M. LESAGE: M. le Président, si le premier ministre...
M. JOHNSON: ... il y en a un seul qui pourrait parler là-dessus.
C'est une motion d'obstruction; il y en a d'autres...
M. LESAGE: Le premier ministre a annoncé l'étude du bill
22 pour ce soir.
M. JOHNSON: ... peuvent remplir du temps M. le Président.
M. LESAGE: Bien, écoutez...
M. LAPORTE: Si c'est l'objectif que recherche le premier ministre, ce
n'est pas compliqué ça.
M. JOHNSON: Non, non, mais c'est l'objectif que...
M. LAPORTE: Si c'est l'objectif que veut le premier ministre...
M. JOHNSON: ... l'Opposition a démontré.
M. LAPORTE: ... s'il veut avoir une autre nuit de session jusqu'à
quatre heures du matin, je n'ai pas d'objection.
M. JOHNSON: D'ailleurs...
M. LAPORTE : Ce ne serait peut-être pas une façon de faire
notre preuve.
M. JOHNSON: Pourquoi avons-nous besoin du député de
Vaudreuil-Soulanges quand la parole est au député de
Champlain?
M. LESAGE: C'est parce que c'est le député de
Vaudreuil-Soulanges...
M. LAPORTE: Il ne parlera pas toute la nuit.
M. LESAGE: Il a été entendu, au caucus ce matin, que le
député de Vaudreuil-Soulanges parlerait immédiatement
après le député de Champlain. Maintenant, si le premier
ministre veut occuper le reste du temps, c'est facile. Il y a le bill 22, il y
a le bill 91. Quant au bill 91, il nous a avisés avant six heures que
nous ne l'étudierions pas ce soir, pas plus que le bill 67, mais le
premier ministre a dit que nous étudierions le bill 22 et nous sommes
prêts. Il a annoncé aussi la continuation du débat sur le
budget et nous sommes également prêts.
M. JOHNSON: Eh bien, M. le Président,...
M. BELLEMARE: C'est drôle que le chef de l'Opposition donne des
congés à ses députés.
M. JOHNSON: Oui.
M. BELLEMARE: Cela est fantastique.
M. LESAGE: Non, non.
UNE VOIX: Restez en Chambre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. JOHNSON: M. le Président, évidemment, devant le
spectacle d'une Opposition qui est aussi aguerrie, aussi prête, pour lui
aider à oublier ses problèmes, nous allons prendre un bon
soporifique et appeler l'article 22.
Débat sur le budget
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur la motion de M. Dozois,
proposant que le président quitte maintenant le fauteuil et que la
Cham-
bre se forme de nouveau en comité des voies et moyens.
L'honorable député d'Huntingdon.
M. Kenneth Fraser
M. FRASER: M. le Président, j'ai seulement quelques mots brefs
pour finir mon discours. Before the budget was presented, we were given an
economic report on which the budget was based. This mass of documents that was
made available to us contained an impressive amount of statistics that showed
progress in 1966. It clearly indicated that the very large investments in the
Province paid dividends. Public investments are important in any province, but
this is more important in Quebec because not only did we have a lot of catching
up to do, but we also have to find ways and means to stimulate private
investments, to encourage industrial development. We will have to find
productive jobs for a growing and better educated labor force. The budget does
nothing to even recognize this problem and if anything discourages investment
by reducing demand through the increase of the sales tax. The Minister of
Finance, in preparing his budget, was thinking like a politician rather than an
economist. I have no quarrel with the Minister's choice to give education
priority. We need educated people, they are an important ingredient to our
industrial development.
But hand in hand with the development in education there has to be the
creation of many many jobs. If we cannot find satisfactory employment for our
young people, they will go elsewhere. There is no mistake, a young and better
educated labour force is mobile, and if they cannot find employment in Quebec,
we are bound to lose the cream.
Speaking with an important industrialist in Huntingdon, he told me that
private investment in Quebec will not rise until the Government can create a
climate of confidence, at least give the impression that it knows where it is
going. Another prerequesite to industrial development is to find ways and means
to improve the climate on the labour front. The power struggle within and
between the union movement can result in discouraging private investment and
thus create unemployment.
Since the liberal Government under Mr. Lesage assumed to share the
responsibility of not wasting our human ressources, it is the duty of the
present Government to discharge the responsibility. I submit, Mr. Speaker, that
the budget as presented by the Minister of
Finance will not do it. Mr. Speaker, the Minister has accomplished
several things with his budget, he has achieved special status for Quebec, it
has become the most heavily taxed province in Canada. Ile has no doubt solved
the problem of immigration by encouraging immigrants to settle elsewhere than
in Quebec. Ile has pulled the sheep's skin from the Union Nationale Government
and disclosed the wolfish 8% tax that will eat up many of the hopes of the
people who voted them into power.
Thank you, Mr. Speaker. Those are mine.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La motion est-elle adoptée?
M. MARTEL: M. le Président, je demande l'ajournement de ce
débat.
M. LE PRESIDENT: La motion d'ajournement est-elle adoptée?
M. JOHNSON: On pourrait prendre... M. BELLEMARE: Le bill 67.
M. BERTRAND: Le député de Chambly a l'air prêt.
M. LAPORTE: Je suis prêt à ajourner quand la Chambre le
décidera.
M. BERTRAND: Il était tout souriant. Pour moi, le
député de Chambly a changé d'idée et il veut que
nous attaquions ce soir l'article 25 reprenant le débat sur l'amendement
de M. Ilyde.
M. LESAGE: Bien non.
M. LAPORTE: Je suis prêt à entreprendre le débat sur
la création de la bibliothèque nationale du Québec mais
j'imagine que comme le député de Vaudreuil-Soulanges, le ministre
des Affaires culturelles est en Chambre.
M. BELLEMARE: Il n'est pas loin.
M. LAPORTE: On peut peut-être entreprendre ce bill.
M. BERTRAND: Il était entendu qu'il n'y serait pas.
M. LESAGE: Il était entendu que le député de
Vaudreuil-Soulanges n'y serait pas non plus.
M. JOHNSON: Le sous-ministre des Affaires culturelles n'est pas bien
aujourd'hui.
M. LESAGE: Le ministre, d'après ce que m'a dit le premier
ministre cet après-midi, n'avait besoin de personne pour passer son
bill.
M. JOHNSON: Il n'avait besoin de personne pour rencontrer
l'Opposition.
M. LAPORTE: C'est-à-dire que l'on pourra dire au sous-ministre
que s'il n'est pas bien demain, il n'est pas nécessaire qu'il vienne en
Chambre pour ce bill. Le ministre des Affaires culturelles, je l'aiderai s'il
faut répondre aux questions.
M. LESAGE: Et le bill 22?
M. BERTRAND: Etant donné que vous connaissez à peu
près tout, vous pourriez peut-être remplacer le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. LAPORTE: Je n'en suis pas encore là. UNE VOIX: Cela s'en
vient
M. JOHNSON: L'article 29, si on veut. Est-ce que l'on est
réellement prêt à prendre le bill 22?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Peut-être que je devrai ajourner le comité
plênier, mais nous pourrons au moins entendre la deuxième
lecture.
Bill no 22
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose la deuxième
lecture du bill 22, Loi concernant certains organismes du gouvernement du
Québec. L'honorable premier ministre.
M. JOHNSON: Ce bill a un triple objet Premièrement, il tend
à corriger une erreur qui a été commise lors de la refonte
de la Loi de la fonction publique. Deuxièmement, il s'agit de rendre la
Loi de la fonction publique applicable aux employés de certains
organismes qui sont mentionnés dans la loi et, troisièmement, de
modifier certaines dispositions de la Loi de la fonction publique.
L'erreur commise en 1965, lors de la refonte de la Loi de la fonction
publique est la suivante. L'ancienne loi, dite Loi du service civil,
énumérait à l'article 2, paragraphe 7, quels
étaient les organismes dont les fonctionnaires faisaient partie du
service civil. Dans la refonte de 1965, l'on a supprimé cette
énumération pour dire que les fonctionnaires d'un organisme dont
la loi ordonne que les fonctionnaires ou employés soient nommés
ou rémunérés suivant la Loi du service civil ou la
présente loi font partie de la fonction publique, mais l'on avait
oublié que la Loi de la régie de l'électricité et
du gaz, la Loi du crédit agricole, la Loi du salaire minimum, la Loi des
accidents du travail.
M. LESAGE: Nous avons présenté un bill, que le premier
ministre soit honnête.
M. JOHNSON: La Loi des accidents du travail, la Loi de la Régie
des transports, la Loi de la Régie des services publics ne mentionnaient
pas que les employés étaient nommés ou
rémunérés suivant la Loi du service civil. Par
conséquent, depuis la sanction de la Loi de la fonction publique le 6
août 1965, les fonctionnaires des organismes ci-dessus ne font plus
partie de la fonction publique et n'ont pas le droit de
bénéficier des avantages de la loi. En somme, c'est une autre
loi, une deuxième ce soir qui pourrait être intitulée, Loi
pour réparer les omissions ou les erreurs du gouvernement
antérieur mais nous avons été plus modestes et nous le
sommes en disant que le gouvernement antérieur avait quand même
été sensibilisé à ce problème, qu'il avait
présenté le bill numéro 5...
M. LESAGE: C'est ça. Nous l'avions présenté tout de
suite en 1966.
M. JOHNSON: ... de 1966 et que le gouvernement antérieur aurait
éventuellement adopté ou fait adopter cette loi dans la forme
actuelle ou dans une forme modifiée. Il reste en principe que le
gouvernement antérieur était prêt à corriger ses
erreurs et nous continuons le travail. On sait que l'une des
conséquences de ces omissions dans la refonte de la loi en 1965, c'est
la portée que peut avoir cette omission sur les conventions collectives
mais nous avons donné l'assurance au syndicat que la loi serait
présentée et qu'elle couvrirait tout ce qu'il faut couvrir
rétroactivement...
M. LESAGE: Qu'est-ce que c'est tout ce qu'il faut couvrir?
M. JOHNSON: ... On a noté que les employés de certaines
agences du gouvernement, certains services ne sont pas couverts, ne sont pas
syndicables et nous avons pour cela des raisons
que nous croyons bonnes, entre autres, quand il s'agit du service de
conciliation entre locateurs et locataires et de la protection civile.
M. LESAGE: Quelle objection à la protection civile?
M. JOHNSON: Quant au service de conciliation entre locateurs et
locataires, on sait qu'il s'agit là d'un organisme qui essentiellement
est un organisme temporaire. On me dira évidemment que c'est du
temporaire permanent...
M. CHOQUETTE: Depuis 15 ans.
M. JOHNSON: ... qui dure depuis 15, 16 et 17 ans mais c'est quand
même temporaire en ce sens que toute municipalité, ce que le
député d'Outremont ne savait pas, peut, n'importe quand, demander
d'être soustraite de la juridiction de cette loi. C'est-à-dire que
demain ou après-demain, théoriquement, il peut arriver que toutes
les municipalités nous demandent d'être soustraites de la
juridiction de cette loi et il n'y aurait plus d'employés. Alors, c'est
en soi un domaine où nous ne croyons pas que nous devions faire
fonctionner tout le mécanisme de la Loi de la fonction publique.
Quant à la protection civile, voilà, par sa nature,
à notre opinion, un domaine où on devrait, M. le
Président, avoir une certaine liberté je ne parle pas de
l'engagement mais où on devrait avoir des employés qui
sont parfaitement libres, qui n'ont qu'un seul maître et qui, en aucune
occasion, dans aucune circonstance imaginable, puissent se croire
obligés, par exemple, de faire une grève. Nous trouvons, à
notre opinion, que la protection civile participe de la nature de la police et
de l'armée. Il s'agit d'un service d'urgence et nous voyons mal qu'un
service d'urgence puisse nous créer des problèmes, lorsque,
précisément, nous en avons besoin. Quelle que soit la
grève en cours, il est toujours possible que l'autorité ait
besoin de cadres et d'hommes qui, eux, se mettent au service de l'Etat pour,
précisément, assurer les services d'urgence.
Je n'ai pas du tout l'intention de prolonger ce débat. C'est le
bill de l'année dernière, sauf quant à ces deux organismes
et nous aimerions bien adopter le plus tôt possible ce projet de loi.
Quant à nous, nous en proposons la deuxième lecture
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: L'honorable chef de l'Opposition.
M. LESAGE: M. le Président, les arguments invoqués par le
premier ministre pour ne pas avoir inclus dans le bill 22 les fonctionnaires de
la protection civile, alors qu'ils l'étaient par le bill 5
présenté à l'hiver 1966...
M. JOHNSON: La protection civile? M. LESAGE: Oui, c'est à
l'article 3.
M. JOHNSON: Mais, la conciliation n'y était pas.
M. LESAGE: Non, non. Mais c'était l'article 3 du bill 5 , ces
arguments sont peu impressionnants. Dans le cas de la protection civile, le
premier ministre ne peut pas invoquer l'argument qu'il a mis de l'avant dans le
cas des fonctionnaires qui sont employés en vertu de la Loi de
conciliation entre locataires et locateurs. Car les employés de la
protection civile peuvent avoir à remplir des fonctions en cas
d'urgence...
M. JOHNSON: C'est cela, la protection civile.
M. LESAGE: ... mais, la nature de leur fonction n'est pas temporaire. On
ne peut pas invoquer, dans le cas des employés de la fonction publique,
ce que l'on invoque dans le cas des employés de la Régie des
loyers par exemple. Non pas que f admette l'argument dans le cas de la
Régie des loyers.
L'argument du premier ministre, c'est que n'importe quelle
municipalité peut, par simple résolution, décider que la
loi de la conciliation entre locataire et locateur ne s'appliquera plus dans
les limites des municipalités, et à ce moment-là,
évidemment, les fonctionnaires ne sont plus nécessaires. Dans le
cas de la protection civile, c'est bien différent. D'autant plus que les
employés deviennent fonctionnaires sans l'être en vertu de la Loi
de la fonction publique après que leur engagement a été
approuvé au conseil de la trésorerie.
M. le Président, l'effet principal, quant aux employés de
la Protection civile, c'est que ces employés sont privés du fonds
de pension, n'ont pas le droit de contribuer au fonds de pension et ne peuvent
espérer obtenir une pension. L'argument employé par le premier
ministre à l'effet qu'ils accomplissent des fonctions d'urgence et
qu'ils ne pourraient faire la grève ne vaut pas parce qu'en incluant les
employés de la Protection civile dans le bill 5, le but du gouvernement
précédent n'était pas de leur donner le droit de
grève, mais bien de leur permettre
de contribuer au fonds de pension de la fonction publique et ainsi
d'avoir droit à une pension, ce qui est l'élémentaire
justice.
Si le gouvernement actuel croit qu'il n'y a pas lieu de
considérer comme des employés de la fonction publique les
fonctionnaires de la Protection civile, le moins qu'il pourrait faire, c'est de
faire adopter une disposition spéciale afin que les employés de
la Protection civile puissent bénéficier du système de
pension de la fonction publique. Le premier ministre a dit tout à
l'heure qu'il était possible que ce projet de loi n'aille pas plus loin
ce soir qu'au stade du comité. Je lui demanderais de reviser l'opinion
qu'il a exprimée en ce qui concerne les employés de la
Régie des loyers et mon collègue d'Outremont en dira un
mot de reviser également l'opinion qu'il a donnée en ce
qui concerne les employés de la Protection civile.
Je lui rappelle l'article 3 du bill 5 en vertu duquel ces
employés devenaient des fonctionnaires au même titre que les
autres qui sont régis par la loi de la fonction publique. Si le
gouvernement tient mordicus, pour la raison que je n'admets pas mais pour la
raison qu'a donnée le premier ministre il y a quelques instants,
à ce que ces employés ne tombent pas sous le coup de la loi de la
fonction publique, au moins qu'il leur donne justice en prévoyant une
disposition spéciale leur permettant de contribuer au fonds de pension
et ainsi de bénéficier du fonds de pension.
Le premier ministre pourrait facilement, en consultation avec le
ministre des Finances et les hauts fonctionnaires de ce dernier,
préparer la modification nécessaire pour donner au moins cette
protection aux employés de la Protection civile.
Je suis sûr que le premier ministre et ses collègues
voudront réfléchir sur le sujet, examiner les suggestions que je
viens de faire et, au stade du comité, apporter au bill que nous
étudions présentement des modifications dans le sens que j'ai
suggéré, particulièrement en ce qui regarde les
employés de la Protection civile. Pour ce qui est des fonctionnaires de
la Régie des loyers, je laisse au député d'Outremont le
soin de plaider leur cause et de demander au premier ministre d'apporter les
amendements nécessaires au stade du comité.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! DES VOIX: Votre siège.
M. CHOQUETTE: M. le Président, c'est une raison purement
théorique que le gouvernement avance pour refuser aux employés de
la Régie des loyers le droit de tomber, comme tous les autres
employés du gouvernement, sous la Loi de la fonction publique. En effet,
on sait que la législation en vertu de laquelle ces personnes sont
employées du gouvernement provincial, c'est-à-dire la Loi de la
conciliation entre les locataires et les propriétaires, existe depuis
plus de quinze années. C'est-à-dire que nous avons une classe
d'employés au service du gouvernement provincial, accomplissant, dans
certains cas, depuis plus de quinze ans une fonction pour le
bénéfice du gouvernement, qui ne tombent pas sous le
régime de la Loi de la fonction publique.
M. le Président, lorsqu'un état de choses, dure depuis
quinze ans et lorsque, avec le bon sens que nous avons, avec les connaissances
que nous avons de la situation du logement dans la province de Québec
actuellement, il nous est impossible de prévoir que la crise du logement
va se régler incessamment et, au contraire, il est beaucoup plus
sensé de prévoir que la crise du logement va continuer à
se perpétuer, étant donné les fort petites mesures
apportées par le gouvernement actuel pour la régler et
étant donné les conditions dans lesquelles se trouvent les
locataires, eh bien, à ce moment-là, l'argument qu'il s'agit
là d'une régie temporaire tombe entièrement devant les
faits qui nous éclatent en pleine face et qui doivent nous porter
à inclure ces employés-là sous le régime de la
fonction publique.
Il arrive fréquemment que les services du gouvernement soient
modifiés. A ce moment-là, on n'en profite pas pour expulser de la
fonction publique ou de l'emploi du gouvernement ces employés dont les
services ne sont plus requis dans un service qui est terminé; on les
verse dans un autre service. Je présume que le gouvernement de la
province de Québec, comme tout bon employeur, s'il devait chose
improbable et impossible dans l'état actuel des choses supprimer
la Régie des loyers...
Eh bien, le gouvernement, comme bon employeur qu'il se doit
d'être, garderait ses employés de l'Etat et les verserait dans
d'autres services du gouvernement. Par conséquent, M. le
président, je ne vois pas pourquoi on crée une catégorie
à part de ces personnes et surtout quand on sait qu'en vertu de la loi
de la Fonction publique, la permanence dans un emploi au service du
gouvernement de la province de Québec est acquise après six mois.
C'est ça la règle, la permanence est acquise dans un emploi
après six mois d'emploi continu ou dans une promotion c'est la
même chose, après six mois la permanence est acquise.
Alors, nous avons ici une classe d'employés qui, pour certains,
peuvent être au service du gouvernement de la province depuis bien des
années, et jamais ils n'auront acquis la permanence, jamais ils ne
bénéficieront des avantages de la protection de la loi de la
Fonction publique, de même que de la pension qui s'attache a cette
permanence.
Et qu'est-ce que cette classe d'employés quand nous regardons la
loi de la Fonction publique, parce que nous savons qu'en vertu de la loi de la
Fonction publique, il y a trois classes d'employés reconnues. Il y a les
occasionnels, ceux qui sont employés à l'occasion pour certains
travaux, il y a les saisonniers et il y a les permanents. Il est clair que les
employés de la Régie des loyers ne sont pas des occasionnels, ils
sont employés en permanence. Ils ne sont pas des saisonniers, ils ne
travaillent pas pour le gouvernement à la saison, et par contre on ne
leur donne pas en réalité la permanence dans leur emploi.
Eh bien, je dis, M. le Président, que les raisons
théoriques avancées par le gouvernement ne peuvent pas tenir
devant la réalité, ne peuvent pas tenir devant ce que nous
constatons au sujet de la nécessité du contrôle des loyers
qui continuera pendant longtemps à se faire sentir dans la province de
Québec, et je dis que c'est un déni de justice que de refuser
à cette catégorie d'employés les bénéfices
et les avantages de la loi de la Fonction publique.
M. GABIAS: M. le Président, nous pourrions discuter longuement
sur l'exposé du député d'Outremont, mais une fois de plus,
le député d'Outremont vient de démontrer a cette Chambre
qu'il ne connaît rien dans l'administration de la Régie des
loyers.
M. CHOQUETTE: Toujours aimable. M. GABIAS: Bien voici, la
vérité...
M. CHOQUETTE: Avec son amabilité habituelle...
M. BELLEMARE: Vous avez des expressions qui le sont bien peu, vous
aussi.
M. GABIAS: La vérité a ses droits en cette Chambre, et
quand je dis qu'il ne connaît rien à l'administration de la
Régie des loyers, c'est exact. Tous les employés l'ont
été occasionnels. Alors, lorsque le député
d'Outremont soulève...
M. CHOQUETTE: Vous ne trouvez pas que l'occasion est longue quand cela
dure dix ans?
M. GABIAS: Bien, cela a été bien écourté en
1960, parce qu'en 1960 il y avait des employés qui étaient
là depuis 1951, et cela a été écourté dans
une proportion de 90%...
M. CHOQUETTE: Parlez-nous donc de votre purge à la Régie
des loyers, de la vôtre.
M. GABIAS: ... en 1960 et par la suite, il y a eu, si ma mémoire
est exacte, une quinzaine de bureaux qui ont été fermés
à la suite d'une résolution adoptée par une
municipalité concernée.
Depuis 1966, 4 ou 5 bureaux ont été fermés. Alors,
M. le Président...
M. CHOQUETTE: Il en reste combien?
M. GABIAS: Alors, M. le Président, il doit en rester une
quinzaine de bureaux à travers la province et déjà il y a
d'autres demandes qui sont devant les commissaires. Maintenant, il y a quelques
employés surnuméraires qui ont été engagés
en vertu du bill 20, qui relève de la Régie des loyers,
également les employés engagés en vertu du bill 19, ces
gens-là ont été engagés et nous leur avons dit que
c'était pour une période bien limitée. Tous vont
être traités de la même façon ce sont des
employés occasionnels, M. le Président et lorsque le
député d'Outremont veut que ces employés soient des
permanents, je trouve qu'à ce moment il nous demande de poser un geste
qui ne sera pas un geste de bonne administration et les raisons
invoquées par le premier ministre en faveur de l'exclusion de ces
employés sont justes et raisonnables si nous regardons, M. le
Président, la bonne administration de la province.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture du bill 22
est-elle adoptée?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. JOHNSON: Tout simplement à titre d'information, si on me
permet, non pas à titre de réplique, nous allons examiner ce
problème de l'accessibilité à la pension pour certaines
catégories d'employés, mais le problème est plus complexe
qu'il n'en a l'air à première vue quand il s'agit des
employés de la Protection civile, car le chef de l'Opposition s'en
souvient peut-être, il y a trois catégories, quatre
catégories d'employés. Il y a d'abord ceux que l'on
considère
permanents qui doivent être couverts qui devraient l'être
par la Loi de la fonction publique, ceux-là sont au bureau central a
Québec ou à
Montréal ou en dépendent directement, ils sont au nombre
de 88 et leur traitement est remboursé à 75% par le
fédéral. Cela c'était le mémoire qui avait
été envoyé au chef du gouvernement dans le temps.
Cette catégorie-là pourrait peut-être avoir
accès au fonds de pension...
M. LESAGE: Non seulement au fonds de pension mais cette catégorie
pourrait tomber sous le coup de la Loi de la fonction publique, je crois.
M. JOHNSON: Oui, oui. Peut-être tous les autres avantages...
M. LESAGE: Parce qu'après tout c'est du personnel de cadre, il
n'y a pas danger de grève dans ces cas-là.
M. JOHNSON: Ceux de la deuxième catégorie sont ceux qui
peuvent avoir une fonction à caractère permanent mais qui ne
dépendent pas directement du bureau central. Il s'agit d'employés
payés à 75% par le fédéral, 15% par le provincial,
10% par le municipal. Or étant donné que les municipalités
contribuent dans le traitement de ces employés, il arrive que les maires
faisant partie du comité d'un groupe de municipalités veulent
bien avoir leur mot à dire pour l'engagement et le congédiement
de ces personnes, même si de façon indirecte ils sont
influencés par le coordonateur de groupe qui lui relève du bureau
central. Cette façon de procéder ne sera plus possible si ces
employés font partie de la Fonction publique. Alors il y a cet aspect du
problème qu'il faut évidemment soupeser quand il s'agit de
prendre une décision.
D'autre part, comme la Protection civile est essentiellement un
organisme de coordination, surtout au niveau des municipalités, il est
nécessaire d'avoir l'accord et l'appui des maires qui n'ont jamais
renoncé à payer leurs 10% et qui veulent avoir, en retour de ces
10%, un mot à dire, et avec raison. Il faut une bonne coopération
des municipalités si on veut établir un service de protection
civile efficace. Il y a ceux qui ont un emploi à caractère
permanent et qui dépendent directement de la municipalité; c'est,
entre autres, le cas des employés de la ville de Montréal. En
effet, celle-ci administre directement, sous contrôle du bureau central,
les montants alloués pour les fins de protection civile. C'est la ville
de Montréal qui engage les employés et qui voit à tout. Je
ne sais pas si elle les intègre à son service de pension, oui ou
non. Et la ville administre entièrement les fonds; 75% venant du
fédéral, 15% du provincial et elle fournit sa part, 10%.
M. LESAGE: Si le premier ministre me permet, ceux qu'il est important de
couvrir sont ceux qui sont considérés comme des employés
provinciaux.
M. JOHNSON: Je devrais ajouter ici que, d'après ce
mémoire, les employés de la Protection civile sous la juridiction
de la municipalité de Montréal participent à tous les
bénéfices sociaux accordés aux employés
réguliers de la ville de Montréal.
M. LESAGE: Bien oui, je parle de ceux qui sont en réalité
des fonctionnaires nommés par la province.
M. JOHNSON: Il y a enfin une quatrième catégorie, ceux qui
ont des fonctions à caractère temporaire. Dans cette
catégorie, nous retrouvons les pompiers auxiliaires, les policiers
auxiliaires et les employés des différentes associations
rattachées au service du secours d'urgence, etc. Alors, je voulais faire
songer à cet aspect du problème et il est fort probable que nous
devrons attendre au début de la reprise de la session ou de la prochaine
session pour accrocher au système de pension ces employés. Nous
allons, d'ici ce temps-là, demander une étude sérieuse,
détaillée...
M. LESAGE: Est-ce qu'on ne pourrait pas faire ça d'ici à
demain?
M. JOHNSON: ... et, de toute façon, nous verrons à ce que
ce soit rétroactif. Alors, il n'y aura pas de conséquences
fâcheuses pour aucun de ces employés. Je retiens la suggestion,
cependant, je doute que nous puissions y donner suite demain.
M. LESAGE: Mais n'y aurait-il pas moyen, au moins, de couvrir les
quelques 80 employés des bureaux à Montréal et à
Québec, qui sont permanents?
M. JOHNSON: Je vais examiner ça ce soir.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est-elle
adoptée? Adopté.
M. LESAGE: En comité. M. JOHNSON: En comité.
M. LESAGE: Le comité pourra rapporter progris.
M. LE PRESIDENT: L'honorable premier ministre propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour l'étude en comité plénier du
bill 22, Loi concernant certains organismes du gouvernement du Québec.
Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: Pourriez-vous faire rapport, M. le Président?
M. LEBEL (président du comité plénier): M. le
Président, f ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a pas
fini de délibérer et demande la permission de siéger
à nouveau.
M. PAUL (président): Quand le comité pour-ra-t-il
siéger de nouveau? Prochaine séance.
M. JOHNSON: Article 25, M. le Président.
M. LESAGE: Le bill 25, de triste mémoire, vous l'avez
adopté par la force de votre majorité. Je n'ai pas le feuilleton
devant moi.
M. LE PRESIDENT: Reprise du débat sur l'amendement de M.
Ilyde.
M. LESAGE: J'ai soulevé un point de règlement et le
premier ministre y a agréé.
M. JOHNSON: Alors, nous allons ajourner à demain
après-midi à 2 h 30. Nous avons du cabinet demain.
M. LESAGE: Vous aviez dit 11 h demain. Parce qu'à 6 h, vous aviez
dit 11 h.
M. JOHNSON: Des problèmes, c'est normal qu'il y ait des
problèmes.
M. LESAGE: Bien oui! s'il n'y en avait plus, on n'aurait pas besoin
d'être ici personne.
M. JOHNSON: S'il n'y avait pas eu de graves problèmes, nous
n'aurions pas été élus.
M. LESAGE: Mais, comme les problèmes s'accumulent et ne se
règlent jamais, évidemment c'est la raison pour laquelle nous
serons bientôt réélus.
M. JOHNSON: Il reste que nous sommes prêts à régler
celui de la commission des écoles ce soir et personne n'est prêt
de l'autre côté.
M. LESAGE: Non, vous n'êtes pas prêts à le
régler du tout.
M. JOHNSON: Ils sont en congé.
M. BELLEMARE: Congé du frère supérieur.
M. LESAGE: Peut-être que le député de
Vaudreuil-Soulanges est sorti avec le ministre des Affaires culturelles qui
n'est pas ici pour présenter le bill 91.
M. BELLEMARE: Oh! demain matin, une nouvelle dans les journaux.
M. JOHNSON: Qu'on arrête de faire des insinuations qui pourraient
être dommageables au député de Chicoutimi qui est en train
de faire la cour à une célibataire membre du cabinet à
Ottawa et, comme les choses vont bien, de grâce!
M. LESAGE: Est-ce qu'il y a moyen d'assister au spectacle?
M. BELLEMARE: Spectacle son et lumière.
M. LESAGE: Etant donné un prix d'entrée très
élevé pour avoir connaissance d'une séance au cours de
laquelle le ministre des Affaires culturelles courtise le secrétaire
d'Etat à Ottawa...
M. JOHNSON: Cela doit être une vraie course. Seulement pour en
faire le tour, c'est déjà un problème.
M. LAPORTE: Cela dépend. Qui est-ce qui court?
M. JOHNSON: En toute honnêteté je dois dire à cette
Chambre que j'ai beaucoup d'estime pour le député de quel
comté déjà?Ministre dans le cabinet fédéral
que j'ai eu l'occasion de rencontrer lors d'une réunion de la commission
du centenaire. Extrêmement intéressant. Et les derniers potins,
c'est que le député de Chicoutimi est un rival sérieux
depuis qu'elle a rencontré le Secrétaire de la province, elle ne
veut plus regarder d'autres personnes.
M. GABIAS: Question de privilège.
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que l'honorable Secrétaire de
la province ne veut pas arrêter la marche de nos travaux?
M. GABIAS: Si cela peut aider la province, M. le Président.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai beaucoup d'estime, comme je le
disais, et j'espère que tout cela sera rapporté dans le
même esprit qui a présidé à ces blagues. Je ne sais
pas comment c'est venu sur le tapis, mais il reste que... J'ai l'impression que
c'est encore la faute du chef de l'Opposition qui a commencé à
nous demander... qui a commencé à répandre des rumeurs. En
tout cas, moi, je défends mes membres du cabinet, et je vous jure...
M. LAPORTE: C'est de l'ouvrage, hein?
M. LESAGE: Il faut en défendre un, il faut accuser l'autre.
M. JOHNSON: Il reste que le député du comté de
Niagara est une personne extrêmement agréable et on raconte
à son sujet des mots d'esprit qui mériteraient d'être
rapportés. Mais je lui laisse le soin de les publier un jour. Elle en a
fait quelques-uns devant moi qui m'ont bien reposé, des propos solennels
du chef de l'Opposition.
M. LAPORTE: Pour les travaux de la Chambre demain, est-ce qu'on peut
espérer que le gouvernement va enfin amener le bill 67 demain?
M. LE PRESIDENT: Dois-je comprendre que c'est le consentement
unanime?
M. JOHNSON: Oui, cela ne sera pas remis à trois mois.
M. BERTRAND: Ileureusement qu'on a le sens de l'humour.
M. LE PRESIDENT: Alors, la Chambre ajourne ses travaux à demain
après-midi, deux heures trente.