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(Onze heures de la matinée)
M. PAUL (président): Qu'on ouvre les portes. A l'ordre,
messieurs!
Présentation de pétitions. Lecture et
réception de pétitions. Présentation de rapports de
comités élus. Présentation de motions non
annoncées. Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. BELLEMARE: C.
Bill no 51
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances, pour l'honorable
premier ministre, propose la première lecture d'une loi de
l'assurance-dépôts du Québec. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. LESAGE: Explications.
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances.
M. DOZOIS: Ce projet de loi a pour but de constituer une régie de
l'assurance-dépôts qui garantira, à toute personne qui
dépose de l'argent dans une institution financière au
Québec, le paiement à échéance du montant de son
dépôt et des intérêts jusqu'à concurrence de
$20,000. Les institutions financières ainsi visées sont les
banques, les caisses d'épargne et de crédit, les compagnies de
fidéicommis et toute autre institution admise par règlement. Les
institutions autres que les banques ne pourront solliciter ni accepter des
dépôts d'argent du public dans la province à moins de
détenir un permis de la régie. De plus, aucun individu n'aura
droit de solliciter des dépôts d'argent du public dans la
province. Le régime de garantie prévu par ce projet de loi
s'applique également aux dépôts d'argent faits à
l'extérieur du Québec à une institution qui détient
un permis et à une banque pourvu qu'elles assurent ces
dépôts auprès de la régie.
Le bill prévoit aussi que les institutions détentrices de
permis devront gérer leurs affaires de la façon prescrite par les
règlements et fournir à la régie tousles renseignements
qu'elle pourra requérir en la forme déterminée par les
règlements. Les infractions à la loi sont passibles, dans le cas
des corporations et de leurs préposés, d'une amende de $1,000
à $25,000 et de $5,000 à $50,000 pour chaque récidive dans
les deux ans. Ces amendes sont de $200 à $2,000 pour les infractions
commises par des individus et de $500 à $10,000 pour chaque
récidive dans les deux ans.
Ce bill est sous presse. Il sera distribué aux membres de la
Chambre cet après-midi, au début de la séance, mais je
fais parvenir immédiatement une épreuve de ce bill au chef de
l'Opposition.
M. LESAGE: Est-ce que le ministre des Finances consentirait à
dire aux députés si le paiement d'une prime est prévu par
les institutions assurées?
M. DOZOIS: Non, M. le Président, il n'y a pas de paiement de
prime de prévu: c'est un service public que nous offrons aux citoyens de
la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée? Adopté.
GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture de ce bill à une
séance subséquente. Affaires du jour. L'honorable
député de Gouin.
Questions et réponses
Admission à l'Expo
M. MICHAUD: M. le Président, en l'absence du ministre de la
Famille et du Bien-Etre social, ma question s'adresse au ministre d'Etat
à la Famille et au Bien-Etre social et, conformément aux espoirs
soulevés, il y a quelques semaines, par le premier ministre, est-ce que
le ministre a une déclaration à faire en marge de l'admission
à l'Exposition universelle des économiquement faibles et des
défavorisés?
M. BELLEMARE: Vous avez déjà rendu votre décision
sur cette question. Je pense que c'est une répétition.
D'ailleurs...
M. MICHAUD: Pardon? Il n'y a jamais eu de décision rendue
là-dessus.Il y a eu une réponse du premier ministre.
M. LE PRESIDENT: Si ma mémoire est fidèle, l'honorable
ministre de la Santé, de la Famille et du Bien-Etre social avait
annoncé à la Chambre qu'une communication serait faite un peu
plus tard, quant à cette question qui avait été
posée.
M. MICHAUD: C'est le premier ministre qui avait fait une
déclaration.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Huntingdon.
Pensions des mères nécessiteuses
M. FRASER: J'ai une question pour le ministre de la Santé. Est-ce
la politique du gouvernement de réduire les pensions des mères
nécessiteuses dans le cas où le conjoint reçoit une
pension de vieillesse augmentée?
M. LOUBIER:Il n'est pas ici.
M. BELLEMARE: M. le Président, nous allons prendre note de la
question, mais je puis dire au député que ce n'est pas
l'intention du gouvernement d'agir ainsi.
M. FRASER: Mais c'est déjà fait, monsieur... DES VOIX:
C'est déjà fait.
Déduction des allocations familiales
M. LESAGE: Pour ajouter des renseignements sur ce point, est-ce qu'il me
serait permis de demander au ministre du Travail, de l'Industrie et du Commerce
de prendre note également de la question suivante: Est-ce que les
récipiendaires d'allocations familiales provinciales, qui sont en
même temps récipiendaires d'autres allocations que celles qui ont
été mentionnées par le député de Huntingdon
seront dans la situation où les paiements reçus en allocations
familiales provinciales seront considérés comme devant être
déduits de leurs revenus pour fins de paiement des allocations?
Et, deuxièmement, est-ce qu'une entente a été prise
avec le gouvernement fédéral, particulièrement en ce qui
concerne les paiements d'allocations, à ce sujet, aux veuves de 60
à 65 ans ainsi que les paiements d'assistance-chômage? Et, enfin,
est-ce que les allocations familiales provinciales sont
considérées comme non imposables au point de vue de l'impôt
fédéral sur le revenu?
M. BELLEMARE: Bien voyons!
M. LESAGE: Bien, ce sont des questions que les gens se posent. Alors, je
demande qu'on les prenne en note ces questions pour que l'on répondre et
qu'on renseigne la population à ce sujet.
M. BELLEMARE: Très bien, M. le Président, nous en avons
pris note.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. L'honorable député de
Drummond.
Foyers d'accueil
M. PINARD: Puisque nous sommes dans la même veine, au chapitre des
prestations de sécurité sociale, est-ce qu'il y aurait
possibilité de savoir des autorités du ministère de la
Santé les motifs qui ont poussé le ministère à
augmenter le prix de la pension payable par les pensionnaires de ce qu'on
appelle communément les foyers d'accueil aux vieillards?
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas que je ne veuille pas
répondre, mais on saisit l'occasion que le ministre n'est pas à
son siège...
M. PINARD: Non, non, je suis prêt à retarder...
M. BELLEMARE: Lorsque le député... D'ailleurs, le ministre
est bien prêt à répondre: il a tout un dossier que nous
avons vu au Conseil des ministres. Une directive générale a
été apportée. Quand le ministre sera ici, l'honorable
député pourra certainement lui poser toutes les questions...
D'ailleurs, aux questions qui ont été posées et par le
député de Huntingdon et par le député de
Louis-Hébert. Certainement que le ministre est prêt à
répondre. Alors, qu'on attende donc sa venue et on donnera toutes les
explications.
M. PINARD: Alors, M. le Président, je prends note que j'aurai le
droit de poser la question au titulaire.
M. BELLEMARE: Certainement, certainement.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BELLEMARE: M. le Président, le comité des subsides va
siéger en deux comités ce matin.
M. LAPORTE: M. le Président, il faut voir si la motion est
adoptée d'abord.
M. BELLEMARE: On était déjà en comité de
subsides, M. le Président.
M. LESAGE: Non, non, non.
M. BELLEMARE: Oui, nous sommes allés en comité de
subsides.
M. LAPORTE : Cela ne fonctionne pas comme cela.
M. LESAGE: Non, non, c'est tous les jours qu'il faut revenir: j'ai mon
discours, là, prêt, alors.
M. GABIAS: Il n'y a personne dans les galeries.
Comité des subsides
M. LE PRESIDENT: L'honorable ministre des Finances propose que la
Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette motion
est-elle adoptée? Adopté.
M. BELLEMARE: Merci infiniment. Cela fait depuis le 18 avril que je me
prépare à mes examens, puis, tous les soirs, je reviens sur mes
questions et réponses.
M. LAPORTE: C'est un bon moyen de bloquer ça, de préparer
des examens si longtemps.
M. BELLEMARE: Je ne sais pas si vous avez déjà
passé des examens, mais c'est terrible. Alors, nous allons faire la
motion pour aller en comité des voies et moyens et, si les honorables
messieurs de l'Opposition veulent bien accepter, en vertu de 380, nous pourrons
nous séparer en deux comités.
M. LAPORTE: Faites la motion.
M. BELLEMARE: Le comité du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche siégera à la chambre 81 et celui de l'Industrie et du
Commerce siégerait ici en Chambre. Alors, M. le Président, je
propose que la Chambre siège en comité.
M. LEBEL (Président du comité des subsides): La motion
est-elle adoptée?
M. PINARD: Le ministre garde les honneurs de la Chambre.
M. BELLEMARE: C'est parce que c'est presque indispensable que j'y
sois.
M. PINARD: Vous soignez votre publicité. M. LAPORTE: Cela finit
là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Adopté.
M. BELLEMARE: Parce qu'il y en a qui pourraient s'en aller.
M. LESAGE: Est-ce que le ministère de l'Industrie et du Commerce
voudrait passer ses crédits à huis clos?
M. BELLEMARE: Ah non, non, pas avec l'ancien ministre, puis avec le
député des Iles-de-la-Madeleine.
Tourisme, Chasse et Pêche à la chambre 81 en bas, et non
pas à la salle 321.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le ministre de l'Industrie
et du Commerce m'excuserait? Je voudrais aller préparer quelques
questions à son intention.
M. BELLEMARE: Est-ce que je pourrais avoir une avant-première? M.
le Président, c'est très bien.
Crédits de l'Industrie et du Commerce
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, nous allons passer
à l'article 4 qui n'est pas encore complètement
épuisé.
M. BELLEMARE: Nous avions pensé que c'était fait.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais il y a encore quelques
questions,,
M. BELLEMARE: D'accord.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais demander au ministre de
l'Industrie et du Commerce si dans...
M. LEBEL (Président du comité des subsides): L'article 4
n'est pas adopté? Adopté.
M. BELLEMARE: Il est adopté mais que voulez-vous? Aucune
objection.
M. BOURASSA: Etant donné l'importance du développement de
l'industrie au Québec et les mesures qui ont été prises
par le gouvernement libéral durant son administration,
particulièrement pour ce qui a trait à la Société
générale de financement, je voudrais demander au ministre de
l'Industrie et du Commerce s'il aurait des précisions à apporter
sur l'aide à l'industrie au Québec en rapport avec la
Société géné-
rale de financement, puisqu'il en était fait mention dans le
discours sur le budget.
M. BELLEMARE:Il serait peut-être opportun, M. le Président,
et dans l'ordre à ce moment-ci que je puisse d'abord préciser les
relations qui existent entre le ministère et la Société
générale de financement. On sait déjà qu'il n'y a
aucun lien juridique entre le ministère et la Société
générale de financement, entreprise mixte où le
gouvernement du Québec détient environ le tiers des actions
souscrites à la Société générale de
financement, sauf les dispositions spéciales de sa charte, et qui est
régie par les règles ordinaires qui gouvernent toutes les
sociétés à capital-action? Le gouvernement a le droit, de
par la loi de la Société générale de financement,
d'élire trois des membres du conseil d'administration sur douze.
Les administrateurs désignés par le lieutenant-gouverneur
en conseil sont M. Parizeau, M. Thibodeau et M. MacKing. Comme l'a
mentionné l'honorable ministre des Finances dans son discours sur le
budget, le gouvernement dans le courant de l'année facilitera à
la Société générale de financement l'obtention de
ressources financières additionnelles...
M. BOURASSA: Est-ce que vous pourriez être un peu plus
précis?
M. BELLEMARE: ... pour lui permettre de mieux remplir son rôle.
Oui, dans quelques petites minutes.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BELLEMARE: Je comprends le désir de l'honorable
député de connaître quelque chose qui lui est intimement
lié par d'autres liens.
M. BOURASSA: Pas du tout, c'est bien plus lié au progrès
de la province.
M. BELLEMARE: Ah oui, d'accord. D'ailleurs, on en parlera
discrètement. Il est clair que nous attachons beaucoup d'importance au
succès de la Société générale de
financement. C'est pourquoi au ministère nous entretenons des relations
officieuses, mais très étroites, avec la direction de la
Société. On pourrait même dire que notre sous-ministre, M.
Bélanger, est continuellement en rapport avec elle et assiste même
à plusieurs réunions. Nous avons même eu ici au bureau des
réunions auxquelles j'ai pris part et où nous avons
discuté des problèmes urgents et des problèmes
nécessaires. C'est d'ailleurs pourquoi l'honorable ministre des Finances
a inscrit au budget une note tout à fait particulière d'une aide
financière.
On ne pourrait s'attendre à rien de moins de notre
ministère, puisque la Société générale de
financement a pour premier but de susciter et de favoriser la formation et le
développement d'entreprises privées là où
l'entreprise publique n'est pas assez dynamique. Les contacts entre les
fonctionnaires du ministère, le ministre et la direction de la
Société générale de financement sont très
fréquents. Le ministère a mis à la disposition du
directeur général de la Société
générale de financement un local qui lui sert de
pied-à-terre lors de ses visites hebdomadaires à Québec.
Il vient toutes les semaines. Je pense que vous connaissez le président,
l'ancien sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, M. Deschamps, qui est un
directeur général excellent.
J'en profite pour souligner toute l'estime que nous avons pour M.
Deschamps. Il a pris charge de la direction à un moment où
plusieurs entreprises nouvelles créées par la
Société rencontraient des difficultés inévitables,
mais sérieuses, particulièrement en ce qui concernait leur mise
en marche, leur départ, leur bon fonctionnement, l'organisation de leur
organigramme, de leurs structures qui étaient justement assez
déficientes, et M. Deschamps a fait là un travail d'une grande
rentabilité. J'ai été à même
d'apprécier le sérieux qu'il apporte à la lourde
tâche qu'il a généreusement acceptée. Sans bruit, en
identifiant les problèmes un à un, il est en train d'accomplir un
travail de géant avec l'appui, sûrement, de ses collaborateurs et
de son conseil. Qu'il me soit permis, M. le Président, de vous dire
combien nous avons de l'amitié et même de la reconnaissance pour
un homme d'un tel calibre et qui obtient un tel succès dans ses
activités.
Il ne m'appartient pas de parler au nom de la Société
générale de financement, mais je ne crois pas dévoiler de
secret en disant par exemple que l'avenir de la Société de
montage automobiles Sorna est maintenant beaucoup plus encourageant qu'il ne
l'était il y a quelques mois à peine. J'en dirai justement un mot
dans quelques minutes.
M. BOURASSA: D'accord.
M. BELLEMARE: Pour ma part, je me ferai un devoir de transmettre
à monsieur Deschamps les diverses remarques et suggestions faites en
cette Chambre sur les questions qui sont du ressort de la
société. Quant à l'attitude du gouvernement
vis-à-vis la Société générale de
financement, disons simplement que nous enten-
dons voir fructifier l'investissement que nous y avons fait et que nous
suivons de près la situation: que l'intérêt que nous lui
portons sera manifesté par des gestes très concrets.
M. le Président, cette déclaration ce matin a pour but,
d'abord d'établir nos relations avec la Société
générale de financement, dire à l'honorable
député de cette Chambre que nous sommes heureux de fournir
certaines précisions, certains renseignements nécessaires, mais
que nous ne pouvons pas aller trop loin dans les informations que nous pouvons
fournir à cette Chambre, parce que c'est compétitif et la
Société générale de financement qui groupe un
nombre assez considérable de compagnies maintenant, a besoin justement
de cette discrétion que nous lui accordons de plein gré. Je n'ai
pas besoin de vous dire non plus que la Société
générale de financement a connu plusieurs difficultés, en
particulier la grève qui a éclaté à Sonia et qui a
produit réellement au début d'une industrie comme celle-là
des effets imprévisibles. Nous sommes très heureux maintenant de
pouvoir dire à cette Chambre que, sous l'instigation de M. le directeur
général, la Société Soma a repris
énormément de vigueur et d'espoir.
Nous avons, à la demande des autorités françaises,
eu un entretien particulier avec monsieur Benson d'Ottawa, le ministre, qui a
consenti à accorder à la société certaines
déductions au point de vue de taxation pour une somme d'environ
$100,000, et cette exemption de taxe accordée, la société
générale de Paris, la Renault et Peugeot ont accordé eux
aussi en plus du montant déjà souscrit, un montant additionnel.
Le premier montant était de l'ordre de $150,000 et, avec $100,000 que
nous avons maintenant, déduction probable du fédéral, avec
le montant qui vient s'ajouter de la société Peugeot et Renault,
je pense que nous pouvons peut-être arriver avec un déficit qui
sera beaucoup moindre et envisager les cinq premières années des
opérations de la société avec une meilleure chance de
succès.
Je pense que ce sont des difficultés inhérentes. Nous
avons aussi une grève présentement dans une autre usine qui
appartient à la Société générale de
financement, c'est Sogefor. Alors, M. le Président, je ne voudrais pas
rentrer dans le bilan. Le député doit avoir reçu, je
pense, le bilan de la Société générale de
financement. Est-ce que le député de Bonaventure a reçu le
bilan de la Société générale de financement? Je
pense qu'on l'a fait parvenir à tout le monde.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Peut-être.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député de Bonaventure a le
bilan de la société ?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, oui.
M. BELLEMARE: S'il y avait d'autres questions d'intérêt
public, je serais bien disposé à répondre, malgré
que, comme je l'ai dit tout à l'heure dans mon texte, il existe des
relations très étroites, mais cela n'apparaît pas au
budget. Nous sommes bien disposés quand même à
répondre à toutes les questions.
M. BOURASSA: Je voudrais tout simplement signaler au départ, que
l'intérêt que je porte à cette question est
évidemment directement lié à un problème que je
considère essentiel au développement économique de la
province. La question des sociétés mixtes m'a toujours
intéressé. J'ai fait l'examen de telles sociétés
qui existent dans plusieurs pays comme le Mexique, l'Italie, l'Angleterre, et
je considère qu'au Québec, il est extrêmement important de
donner tout l'encouragement possible à de telles sociétés
parce que c'est l'un des rares moyens dont dispose la collectivité
canadienne-française pour accroître d'une façon
substantielle son pouvoir économique.
Même si le ministre de l'Industrie et du Commerce n'était
évidemment pas sérieux dans la remarque qu'il a faite sur
l'intérêtpersonnel que je pouvais avoir à défendre
cette question, je voudrais simplement signaler d'une façon aussi ferme
que possible que, même si très indirectement je pouvais être
lié à la question de la SGF, je le fais purement et simplement
à titre de député et vu l'intérêt particulier
que je porte aux questions économiques.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. BOURASSA: Je me demande si le ministre de l'Industrie et du Commerce
ne pouvait être un peu plus précis dans la question de Soma. Il a
dit que la situation était bien améliorée. Au dernier
bilan on prévoyait un déficit de $600,000 sur une base annuelle.
Est-ce que ça veut dire que pour la prochaine année on
prévoit l'effacement de ce déficit ou un déficit beaucoup
moindre et s'il y avait moyen de dire dans quelle mesure?
M. BELLEMARE: Le député m'excusera si je l'ai
attaqué personnellement tout à l'heure, ce n'est pas ça
que je voulais faire, c'est que j'ai voulu indirectement répondre par
une boutade. Je connais son honnêteté, je ne la discute pas
même.
Ceci dit, M. le Président, dans l'intérêt public, je
pourrais dire en quelques mots... J'ai ici une lettre du directeur
général qui me donne des prévisions pour l'administration
de Soma pour la prochaine année. Je ne crois pas qu'il soit dans
l'intérêt public de la lire. Seulement, si l'honorable
député veut en prendre connaissance personnellement, je n'ai pas
d'objection parce que, à cause de bien des implications qui peuvent
survenir, il serait peut-être hasardeux pour nous et pour la compagnie de
dévoiler ces chiffres.
M. BOURASSA: Parce qu'il y avait une certaine...
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection de dire, par exemple, je pense,
qu'il est important de vous signaler que... Non, je ne pense pas, M. le
Président. Je ne voudrais pas...
M. BOURASSA: Non, mais c'est qu'il y a eu une certaine inquiétude
qui a été...
M. BELLEMARE: En tout cas aujourd'hui, ça va beaucoup mieux et
nous avons espoir. Est-ce que ça satisfait le député?
Je n'ai pas d'objection à lui laisser lire la lettre, à
lui personnellement ou à d'autres députés, mais...
M. BOURASSA: Non, si je vous demande ça c'est parce qu'il y a eu
de l'inquiétude dans le public à l'occasion de l'affaire de Soma,
alors je donnais l'occasion au ministre de pouvoir répondre.
M. BELLEMARE: Oui. Vous savez, d'abord le marché lui-même
s'est beaucoup amélioré. L'état de la production aussi.
Dans Soma, on a eu une meilleure participation des ingénieurs qui sont
venus activer notre production. Cela étant réglé, on a eu
par contre une grève qui a fait monter les salaires: mais, par contre,
la société Peugeot-Renault, après une entente, a bien
voulu consentir à certaines conditions, dont j'ai expliqué tout
à l'heure la teneur, à participer pour un montant que le
député verra dans la lettre. Soma a obtenu du gouvernement
fédéral une déduction de certains impôts qui sont
normaux, mais qui étaient chargés à la compagnie, ce qui
représente encore un montant assez considérable. C'est ce que
demandait la société Peugeot-Renault pour pouvoir y aller d'une
deuxième tranche de sa participation.
Alors, la première tranche, celle d'Ottawa en moins, et la
deuxième tranche de la société Peugeot-Renault font que,
dans l'ensemble, avec nos méthodes de production qui sont
activées maintenant par une meilleure technique, on pense qu'il y aura
peut-être un déficit beaucoup moindre que celui qu'on
envisagent.
M. BOURASSA: Dans l'exposé que le ministre a fait tantôt,
il a fait mention d'une somme qui serait accordée cette année
à la Société générale de financement, et il
a référé à cet égard au discours du ministre
des Finances. Est-ce qu'on doit conclure que, pour ce qui a trait à la
Société générale de financement, on se limitera
purement et simplement à donner une somme d'argent ou peut-être
qu'il sera possible qu'on fasse des changements de structure? Parce que vous
savez que, présentement, la Société générale
de financement peut investir dans l'industrie et aussi elle peut faire des
prêts à des entreprises. Donc, ce sont deux domaines qui
parfois...
M. BELLEMARE: M. le Président, ça c'est une politique qui
relève strictement du ministre des Finances, et il n'est pas de mon
ressort d'en discuter. Seulement, tout le monde sait que la
Société générale de financement, à un moment
donné, a été appelée par le gouvernement à
financer, pour un montant d'au-delà de $2 millions, l'achat de certains
terrains à Bécancour, et cela a paralysé la
société royalement pour certains mois.
Aujourd'hui, on est rendu à une échéance et le
ministre des Finances déclarera en temps et lieu quelle sera la
participation gouvernementale dans ça. Mais, quant à prêter
de l'argent, je pense que nous avons une loi, nous, qui va être inscrite
très prochainement, qui est prête maintenant, qui est actuellement
devant le comité de législation et qui pourra, à son
dépôt, amener d'autres explications de la part du ministre au
sujet de l'application de cette nouvelle loi du crédit en faveur des
industries.
M. BOURASSA: Est-ce qu'on peut dire qu'avec l'adoption de cette loi, la
fonction, l'entreprise de prêts de la SGF pourrait être...
M. BELLEMARE: Non. Elle sera strictement privée. On a deux
théories différentes. L'honorable député de Mercier
et le député de Champlain prêchent deux théories qui
sont bonnes. Lui, il prêche la théorie des entreprises mixtes.
Moi, je défends l'entreprise privée. Je suis un traditionnaliste,
peut-être, mais il y a une chose qu'il ne faut pas oublier: l'entreprise
privée, c'est encore le « motto », je le
répète, de tout le dynanisme économique d'une province,
d'un pays. On a nos voisins qui ont 200 millions
de population qui, à l'aide de l'entreprise privée, ont
connu un grand succès. Quand l'entreprise privée n'est pas assez
dynamique dans un secteur ou qu'elle a besoin, à un moment donné,
de recevoir une injection, d'accord, aucune objection d'y participer comme
société mixte, mais seulement lorsque c'est nécessaire et
évident.
M. BOURASSA: Si vous me permettez. M. BELLEMARE: Là, on va
partir.
M. BOURASSA: Seulement pour quelques minutes, tant le parti
libéral que moi-même, personne n'est opposé à
l'entreprise privée comme telle, mais pour le progrès
économique des Canadiens français, nous considérons et
nous avons considéré qu'il était essentiel d'avoir une
aide de l'Etat qui peut, sous une forme excellente, prendre la forme
d'entreprise mixte. J'ai donné de nombreux exemples dans d'autres pays
où la croissance économique a été accrue, a
été accélérée, par la présence de ces
entreprises mixtes et je ne pense pas qu'il y ait contradiction entre favoriser
le développement normal, ne pas entraver le développement de
l'entreprise priyée, et, par ailleurs, stimuler ou encourager par tous
les moyens possibles l'accession des Canadiens français au pouvoir
économique avec des entreprises mixtes, comme la Société
générale de financement.
M. BELLEMARE: Chose certaine, c'est que... D'ailleurs, le
député a parfaitement raison et nous en sommes. C'est pourquoi
nous allons, cette année, avoir un crédit industriel, une
incitation financière pour supporter certaines organisations
industrielles qui sont peut-être un peu faibles. Le gouvernement ne se
refuse pas à cela. Au contraire, vous allez voir dans la loi qui va
être déposée, notre participation, mais c'est un pouvoir
supplétif que le gouvernement a. Il n'a pas le droit, sauf dans certains
cas, comme la Société générale de financement qui a
pris la responsabilité dans plusieurs compagnies, de les acheter, de les
organiser, d'avoir des parts, d'avoir une participation quelconque dans les
sociétés, ce qui fait qu'aujourd'hui, cette société
mixte, malgré des difficultés du départ, on est
très heureux de voir... On ne cherche pas à la détruire,
à priver les gens des moyens pour avancer, au contraire. Nous savons que
c'est nécessaire et nous l'avons dit, là où ça
manque de dynamisme, la Société générale pourra
certainement faire du bien, surtout les entreprises mixtes à ce
point-là.
M. CADIEUX: Le ministre tantôt nous a par- lé d'une lettre
qu'il avait reçue de M. Deschamps, qu'il préférait garder
confidentielle dans l'intérêt public. Est-ce qu'on pourra
questionner tantôt le député de Saint-Hyacinthe qui vient
de la lire et lui demander le contenu de cette lettre?
M. BELLEMARE: Je n'en fais pas undrame à ce point-là.
C'est trop sérieux. Il y a des millions d'engagés actuellement.
Seulement, si le député de Beauharnois veut la lire, je n'ai pas
d'objection. Elle n'est ni personnelle ni confidentielle: elle est simplement
adressée au ministre pour lui fournir certaines explications qui sont
venues à la suite d'entretiens que nous avons eus pour empêcher
Soma et d'autres...Il faut qu'on se rende compte où ça va. Cela a
été dans les attributions de ma responsabilité comme
ministre de voir exactement où était le problème. Je m'en
suis occupé et, à ce moment-là, le directeur
général s'est permis de m'écrire quelques lettres pour me
dire exactement la situation. C'est ce que j'ai voulu répondre.
Je n'ai rien à cacher, mais seulement je pense que dans
l'intérêt de tout le monde, on ne pourrait pas divulguer ces
lettres-là pour que la presse... Ce sont des choses d'administration, de
régie interne.
M. CADIEUX:Il me fera plaisir d'en prendre connaissance.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. CADIEUX:Il me fera plaisir d'en prendre connaissance.
M. BELLEMARE: Je n'ai aucune objection.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, j'aimerais m'associer
au ministre de l'Industrie et du Commerce sur les remarques qu'il a
formulées au sujet du directeur général de la
Société générale de financement avec lequel j'ai eu
le plaisir de travailler justement dans le domaine particulier de la promotion
industrielle. Je suis très heureux de voir qu'une société
aussi importante pour le Québec comme le mentionnait le
député de Mercier, soit dirigée par un homme de la
compétence de M. Deschamps.
Je voudrais également souligner l'importance que j'attache, comme
d'ailleurs l'a mentionné le député de Mercier, au
rôle que doit jouer la Société générale de
financement dans l'économie québécoise. Je crois que le
gouvernement dans son ensemble, et le ministère de l'Industrie et du
Commerce en particulier, doivent apporter une collaboration très
sérieuse et très
efficace au travail de la Société.Il ne faudrait pas que
la Société générale de financement, une fois
qu'elle a accepté d'incorporer dans son organisation diverses
industries, soit prise seule à faire face à des
difficultés considérables et inhérentes au fait que
souvent la Société générale de financement arrive
à un moment critique de la vie d'une industrie. Et c'est pourquoi je
crois que le gouvernement et le ministère de l'Industrie et du Commerce
doivent apporter leur collaboration presque quotidienne au travail de la
société, sans pour cela intervenir dans l'administration de la
société elle-même il y a des gens compétents
là-dedans pour y voir mais pour répondre d'une
façon très attentive aux demandes que peuvent formuler ceux qui
ont la direction de la société. Je crois que le gouvernement doit
être très sensible aux voeux exprimés par la
société et c'est dans ce sens un peu que si j'ai bien
compris la Société générale de financement
va se diriger plutôt, maintenant qu'on annonce une nouvelle loi de
financement, soit vers la gestion plutôt que vers le financement. Il
semblerait, d'après les remarques du ministre en réponse à
la question du député de Mercier, que la Société
générale de financement d'après ce qu'en dit le
ministre et s'il traduit une politique gouvernementale va se dissocier
du financement des entreprises pour plutôt se consacrer à
l'administration des entreprises qu'elle a déjà absorbées.
C'est un peu ce que j'ai lu entre les lignes. J'aimerais bien que le ministre
puisse préciser sa pensée dans ce domaine-là.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas du tout la même chose. La
Société générale de financement va continuer son
oeuvre, va continuer de financer et d'essayer d'administrer les compagnies dans
lesquelles elle possède une part et elle va continuer aussi, si
l'occasion lui est fournie en certaines circonstances, d'agrandir son
portefeuille.
M. BOURASSA: Est-ce qu'elle va continuer à prêter à
des entreprises?
M. BELLEMARE: Comme elle le fait. M. BOURASSA: Alors...
M. BELLEMARE: On ne change pas la charte. On ne change pas la structure.
Pas du tout. Elle continue exactement...Il n'y a rien de changé. Ce que
l'honorable ministre des Finances a annoncé, c'est une aide
additionnelle que nous allons, cette année, lui accorder pour justement
lui permettre...
M. BOURASSA: On n'envisage pas de changer la structure...
M. BELLEMARE: Ah! pas du tout. La Société
générale de financement administre plusieurs compagnies
maintenant...
M. BOURASSA: Mais si on formait une filiale, une société
de prêts qui pourrait être une filiale de la SGF, vous ne pensez
pas qu'elle pourrait prêter encore davantage?
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas le même but. Ce qu'on va
atteindre...
M. BOURASSA: C'est parce que ce n'est pas le même but?
Actuellement, il y a des buts qui sont...
M. BELLEMARE: Non, ce qu'on veut atteindre...
M. BOURASSA: ... acheter des entreprises et prêter à des
entreprises, ce n'est pas la même chose.
M. BELLEMARE: Si le député veut me permettre de lui dire
ceci: Il existe dans la province par exemple, la Loi des fonds industriels, qui
opère présentement par le municipal, ça ne dérange
pas du tout la Société générale de financement,
bien sûr. Je dis qu'actuellement nous envisageons dans la nouvelle loi la
possibilité d'apporter à l'économie générale
et surtout à des industries qui en ont besoin une certaine vigueur, de
capitalisation nouvelle, le nécessaire. Est-ce que le
député connaît bien le rouage de la société
générale d'expansion d'Ottawa?
M. BOURASSA: Oui.
M. BELLEMARE: La Banque d'Expansion d'Ottawa?
M. BOURASSA: Oui, ils prêtent.
M. BELLEMARE: Bon, alors, ça ne dérange pas du tout la
société...
M. BOURASSA: Oui, ce que la Société générale
de financement prête à des entreprises qu'elle ne possède
pas, elle ne peut pas s'en servir pour acheter des entreprises ou faire de la
fusion dans des secteurs donnés.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. BOURASSA: Alors, si vous créez une so-
ciété de crédit industriel qui va prêter
à des entreprises, est-ce que cette fonction-là de la
Société générale de financement ne vient pas...
M. BELLEMARE: Le député me met dans une situation assez
précaire. Je ne voudrais pas lui annoncer le fond de la loi. Lorsqu'il
la verra il va dire: Je comprends pourquoi maintenant le ministre de
l'Industrie et du Commerce ne pouvait pas répondre totalement à
ma question. Nous allons apporter quelque chose de neuf dans cette
loi-là, quelque chose qui va faire du bien à toute
l'économie et à ce moment-là le député va
dire: Terre! terre!
UNE VOIX: $5 millions.
M. BELLEMARE: Nous avons certainement une politique avant-gardiste qui
va être bien appréciée du député qui est un
grand économiste et qui va l'apprécier. Je dis qu'actuellement on
m'a demandé de parler en quelques mots de la Société
générale de financement. Là,on m'entraîne dans un
autre débat que j'aurai le plaisir de faire dans cette Chambre lorsque
la Loi des crédits industriels viendra. Nous le ferons avec beaucoup de
plaisir. D'accord? Merci.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, avant de laisser le
sujet, cependant, j'aimerais à souligner ceci, c'est que le ministre
dit: Cette loi va apporter un bien considérable à toute
l'économie.
M. BELLEMARE: La Loi du crédit? M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et en même temps, du même
souffle, il parle de $5 millions, j'espère que l'économie du
Québec n'est pas à cette dimension.
M. BELLEMARE: M. le Président, le député de
Bonaventure qui connaît mes officiers il a travaillé avec
eux sait bien qu'ils ont de la prévision. Le député
de Bonaventure n'a pas lu la loi. Quand il va la voir, il va être heureux
de voir que ses anciens employés, ceux qui ont rodé la loi, le
comité, le « brain trust » du ministère de
l'Industrie et du Commerce, ont fait énormément de travail et
vont produire une loi qui va être merveilleuse. Je ne dis pas que le $5
millions va répondre à tous les besoins économiques,
non...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Une aide précieuse, c'est
ça.
M. BELLEMARE: ... mais vous allez voir qu'avec toute la loi, la
manière qu'elle va être présentée, la manière
qu'elle va s'appliquer, la manière qu'elle va être rodée,
la manière que durant une certaine période d'années elle
va opérer, c'est certain qu'elle va rendre d'immenses services.
M. BOURASSA: Pour conclure, je veux dire que je voulais simplement
signaler au ministre et là-dessus il m'a répondu
qu'actuellement la Société générale de financement
avait au moins deux fonctions, peut-être trois si l'on considère
l'aide qu'elle peut apporter dans l'administration, soit acheter des
entreprises et faire des prêts. Or, le ministre a répondu qu'il
n'était aucunement question de changer la structure de la
Société générale de financement pour qu'elle cesse
de faire des prêts et qu'elle utilise cet argent...
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. BOURASSA: ... plutôt pour acheter des entreprises. Il veut
qu'elle garde ces deux fonctions-là, même s'il y a une certaine,
peut-être pas contradiction, mais divergence.
M. BELLEMARE: Le ministre des Finances.
M. DOZOIS: M. le Président, si vous le permettez, je voudrais
rappeler au député de Mercier qui ne siégeait pas en cette
Chambre lorsque la Loi de la Société générale de
financement a été votée, que nous avons posé des
questions à ce moment, au gouvernement qui présentait cette loi
et que nous avons demandé, entre autres, si la Société
générale de financement aiderait la moyenne et la petite
industrie. Mais on nous a répondu que ce ne serait pas le rôle de
la Société générale de financement, et que la
Société générale de financement devait limiter son
action, à bâtir dans la province de Québec de grandes
entreprises.
Je ne sais pas si le journal des Débats existait à cette
époque, mais on n'a qu'à se rappeler, si on veut
peut-être que les journaux ont rapporté ce débat je
m'en rappelle fort bien, et c'est pour ça que nous, dans notre
programme, nous voulons, en plus de la Société
générale de financement, créer un fonds industriel pour
aider la petite et la moyenne entreprise. Le montant de $5 millions est un
montant ini-
tial et, lorsqu'il sera épuisé ou s'il n'est pas
suffisant, la loi prévoira comment ce montant peut être
augmenté. Ou, s'il faut revenir devant les Chambres, nous reviendrons
pour faire augmenter ces montants.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce a raison, il n'est pas dans
notre intention de changer le rôle de la Société
générale de financement. Elle existe, nous pensons qu'elle a
rendu d'excellents services et qu'elle doit continuer à en rendre, et
j'ai annoncé dans le discours du budget que nous verrons et ces
mesures seront annoncées en temps opportun à fournir
l'aide financière nécessaire pour que la Société
générale de financement continue son action dans la province de
Québec tout en tenant compte de sa formation, comment elle est
constituée, parce qu'il ne faut pas oublier en somme que le gouvernement
n'est qu'un actionnaire minoritaire dans cette société: il y a
également les caisses populaires et il y a le public qui détient
des actions. Or, le gouvernement ne veut pas laisser tomber la
Société générale de financement. Au contraire, nous
pensons qu'elle a sa place dans notre économie, qu'elle doit continuer
son oeuvre, qu'elle doit continuer à exercer les pouvoirs que la loi lui
donne, et je peux assurer les membres de cette Chambre qu'en temps opportun
nous annoncerons de quelle façon la Société
générale de financement pourra compter sur l'aide efficace,
l'aide financière du gouvernement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je désire
remercier le ministre des Finances d'avoir apporté ces
précisions. Quand l'on sait que c'est plutôt de son
ministère que du ministère de l'Industrie et du Commerce que
viendront les fonds nécessaires...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... et les annonces qui les accompagneront en
temps utile, eh bienl c'est une assurance qui est bienvenue. Maintenant, pour
revenir à cette autre institution qui viendra compléter ce
tableau, c'est-à-dire ce fonds que la loi créera bientôt,
qu'il me soit permis et je ne veux pas que ce soit
considéré comme un doute sur la compétence des
fonctionnaires du ministère de l'Industrie et du Commerce,
fonctionnaires avec lesquels j'ai travaillé avec beaucoup de plaisir et
d'intérêt dans le passé mais connaissant, disons
certaines tendances déjà vieilles, je puis l'admettre, du
gouvernement que nous avons devant nous, j'espère que ces tendances ne
renaîtront pas et que nous n'aurons pas un crédit industriel qui
soit teinté de...
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant que je finisse ma phrase.
M. BELLEMARE: Je vous vois venir!
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'espère que je n'ai pas
déjà touché...
M. BELLEMARE: On a prévu ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Un crédit industriel qui ne soit pas
teinté, disons, de ces reflets du passé qui seraient de nature
à inquiéter ceux que la loi doit aider. Je ne précise pas
davantage...
M. DOZOIS: Ce ne sera pas teinté du passé de 1960 à
1966?
M. BOURASSA: C'est ça qui nous rend inquiets!
M. DOZOIS: Pourquoi nous prêter des intentions? On est capable
d'être aussi objectifs que vous.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je ne prête pas
d'intentions, mais je suis prêt cependant, si le ministre des Finances
l'exige, à revenir sur le crédit industriel d'avant 1960, je ne
tiens pas à y revenir, mais sur le genre de subventions et d'octrois
directs qui existaient à la petite industrie et qui étaient
souvent teintés de ces choses que je n'ai pas pu qualifier étant
interrompu par le ministre de l'Industrie et du Commerce qui avait très
bien compris la situation et qui me disait en d'autres mots que cela ne serait
pas le cas. C'est pourquoi je ne tiens pas à revenir sur du
réchauffé, mais cependant je crois que c'est mon devoir, comme
député de cette Chambre d'attirer l'attention sur ce danger. Et
après mon stage au ministère de l'Industrie et du Commerce, je
crois qu'il est important pour moi, comme d'ailleurs le ministre prétend
que, dans le domaine du travail, la médecine présentive est de
beaucoup meilleure...
M. BELLEMARE: C'est vrai aussi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... alors je crois que, dans ce domaine-ci,
la médecine préventive s'applique et je crois que le ministre est
d'accord avec moi sur le fait qu'il faudra, avec ses officiers, trouver
justement des barèmes...
M. BELLEMARE: Ah bien, c'est ça, c'est dans la loi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... qui mettront ce fonds à l'abri de
toutes teintes auxquelles je référais.
M. BELLEMARE: Le député a parfaitement raison, je suis
d'accord à 100%. Cela a été prévu d'ailleurs parce
qu'on a fait une analyse complète depuis que les subventions existent
jusqu'à la dernière journée. Nous avons constaté
nous aussi... au ministère, on a dit: Dans la loi il va y avoir des
barèmes. Et ces barèmes seront, pour tout le monde. Alors nous
allons si vous le permettez, M. le Président, laisser ça de
côté. Nous sommes à côté de la question du
budget, nous aurons le temps de discuter amplement cette loi-là
d'ailleurs et, si vous vouliez, pour avancer, puisque nous voulions finir ce
midi, revenir au budget...
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je suis d'accord, mais je ne retire
absolument rien de ce que j'ai dit. La seule chose que j'aime souligner, c'est
que le ministre me donne toutes les assurances et, le connaisant comme je le
connais, j'en suis satisfait. J'ai dit ces choses avec grande
objectivité...
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... et avec le simple souci d'aider d'une
façon réaliste...
M. BELLEMARE: Nous serons encore ici tous les deux...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je l'espère bien.
M. BELLEMARE: ... pendant l'application de la loi et je sais qu'il ne me
manquerait pas si je ne le faisais pas.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BELLEMARE: Alors l'article 6, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'article 5.
M. CADIEUX: M. le Président, à l'article 5, on parle de
direction du commerce et j'ai constaté avec beaucoup de plaisir que cet
article-là apparaît depuis quelques années. Aupara- vant,
je crois qu'on a négligé énormément de s'occuper du
commerce de détail dans la province de Québec et on sait,
d'après les statistiques, qu'il y a tout de même 75,000
commerçants au détail qui embauchent environ 330,000
personnes.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député fait une discussion
générale de tous les articles ou bien...
M. CADIEUX: Oui, discussion générale.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection, mais seulement si...
M. CADIEUX: Parce qu'en fait, il n'y a rien...
M. BELLEMARE: ... on s'entend pour faire une discussion
générale sur tout l'article, d'accord, on va permettre ça,
je n'ai pas d'objection au départ.
M. CADIEUX: Je veux faire une discussion générale sur
l'article parce que les sous-articles ne portent pas tellement à
confusion.
M. BELLEMARE: Mais s'il faut revenir après ça sous-article
par sous-article: administration, frais de bureau, salaires, publicité,
information, exposition... mais si on est d'accord avec l'Opposition pour faire
une discussion générale, moi je n'ai pas d'objection, nous allons
passer tous les sujets, mais il faudrait s'en tenir à l'entente.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je crois que, dans
l'article en question, nous pourrions immédiatement adopter les
sous-articles et revenir à la fin à la discussion
générale.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors passons immédiatement aux
traitements et salaires.
M. BELLEMARE: Traitements, oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors sous-article 1, adopté.
M. BELLEMARE: Sous-article 1, adopté, oui. Sous-article 2.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Sous-article 2, salaires, adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sous-article 3.
M. BELLEMARE: Sous-article 3, frais de voyage.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. BELLEMARE: Frais de
bureau.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 4, adopté. Article 5.
M. BELLEMARE: Matériel...
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 5. Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Pourquoi la diminution?
M. BELLEMARE: Dans quoi donc?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Au sous-article 5.
M. BELLEMARE: M. le Président, le sous-ministre me montre un
chiffre de l'année dernière qui n'a pas été atteint
et qu'il a été obligé de remettre au fonds
consolidé et c'est plus objectif avec le montant que nous avons
là. Nous allons certainement pouvour couvrir toutes les dépenses.
C'était la première année...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il n'y a pas de diminution des
dépenses...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... il y a simplement un chiffre plus
réaliste.
M. BELLEMARE: Plus réaliste. D'ailleurs, le chiffre qui avait
été suggéré à l'honorable
député dans le temps, c'était le première
année... et comme il n'a pas été atteint, nous sommes
capables cette année avec ce montant-là de pouvoir
réaliser tous les impératifs.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 6, adopté? M. LEVESQUE
(Bonaventure): Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Sous-article 7, adopté?
M.BAILLARGEON: Au sous-article 7, peut-il expliquer la différence
en moins de $18,000? C'est quand même 20% de moins pour les expositions
et cependant c'est une méthode connue qui donne beaucoup de
résultats pour l'industrie les expositions et les missions commerciales
et industrielles. C'est 20% de moins en 1967.
M. BELLEMARE:Il y a une raison bien simple. L'honorable ministre du
temps avait prévu pour l'Exposition un montant de $90,000 que nous
n'atteindrons sûrement pas l'année prochaine, parce qu'il n'y aura
pas d'Exposition universelle et nous n'avons pas besoin de ces $18,000
là qui ont été pris spécialement à
même ce budget-là pour combler le déficit
d'opération de l'Expo. Alors...
M. BAILLARGEON : Oui, mais de la façon dont l'article est
rédigé, « Exposition, missions commerciales et
industrielles », je ne crois pas que cela puisse s'appliquer seulement
à l'Expo 1967. Je comprends que ce sont des expositions un peu partout,
auxquelles vous participez en tant que ministère du Commerce?
M. BELLEMARE: Oui, très bien.
M. BAILLARGEON: Ce n'est pas à cause de l'Exposition de 1967
qu'on ne va pas ailleurs.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député veut comprendre? Il y a
35 missions...
M. BAILLARGEON: Certainement que je veux.
M. BELLEMARE: ... à Montréal à l'occasion de
l'Expo, $35,000. S'ils viennent.
M. BAILLARGEON: Ah bon!
M. BELLEMARE: Toutes ces missions-là, les 35 missions viennent
chez nous, nous allons les recevoir, nous allons exposer chez nous et nous
n'aurons pas besoin d'aller dans ces pays-là pour faire nos missions,
elles vont être accomplies.
M. BAILLARGEON: C'est bien, d'accord.
M. LACROIX: Est-ce que le ministère prévoit des missions
commerciales au point de vue des pêcheries par exemple pour que les
fonctionnaires du ministère puissent se rendre à
l'extérieur du pays, même de l'Amérique, pour trouver des
débouchés ou pour amener des pêcheurs se familiariser avec
les méthodes de pê-
che qui peuvent exister ailleurs et qui seraient
préférables aux nôtres?
M. BELLEMARE: Je n'aurais pas d'objection, lorsque viendra l'article des
pêcheries, qu'on en discute. Le sous-ministre des pêcheries est
ici...
M. LACROIX: C'est d'accord.
M. BELLEMARE: ... si l'honorable député veut reporter sa
question, nous allons lui donner même plus qu'il demande, parce que nous
allons...
M. LACROIX: C'est la première fois que cela arriverait.
M. BELLEMARE: Nous allons lui fournir des explications, comment sont
organisés les déplacements, comment sont organisés les
différents cours de formation, puis comment vont voyager, mais surtout
des gens vont venir d'ailleurs pour nous aider à développer ce
secteur.
M. LACROIX: Très bien.
M. BELLEMARE: Nous lui donnerons ça dans le secteur des
pêcheries maritimes.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté, parfait, sous réserve
de discussion générale.
M. LE PRESIDENT: C'est bien. M. BELLEMARE: D'accord.
M. CADIEUX: Alors, je disais donc, M. le Président, que les
commerçants au détail dans le Québec sont au nombre de
75,000, et 330,000 personnes dépendent de ces
commerçants-là. Ce n'est pas la première fois que je
déplore le peu d'intérêt que le gouvernement porte aux
commerçants de détail. Je suis très satisfait que, depuis
quelques années, il y ait au moins un article qui s'appelle «
direction du commerce » et qui apparaît au budget. C'est quelque
chose de relativement nouveau, mais je voudrais qu'on dépense un peu
plus pour la recherche, pour le commerce au détail et pour l'aide aux
commerçants.
Vous savez que les commerçants au détail, depuis quelques
années surtout, se voient obligés de préparer des rapports
mensuels, hebdomadaires : impôt provincial, impôt
fédéral, régime des rentes, assurance-chômage,
assurance-maladie dans certains cas, retenue syndicale, et tous ces fardeaux
sont exclusivement sur le dos des commerçants au détail. Je n'ai
pas les chiffres exacts, mais je sais que les commerces au détail de la
province de Québec remettent à l'administration provinciale des
centaines et des centaines de millions provenant de la taxe de vente
perçue par des commerçants au détail.
J'ai eu l'occasion d'en parler devant des groupes de commerçants
à Montréal. D'ailleurs, quelques revues l'ont mentionné.
Le Quincaillier, en date de décembre 1966, faisait état d'une
suggestion que je faisais et que je voulais faire au gouvernement provincial,
soit d'augmenter à 4% la commissions sur la taxe de vente qui est
perçue par les commerçants au détail. On sait que, dans le
moment, les commerçants au détail qui perçoivent la taxe
de vente ont 2% du total. Je disais que je demanderais au ministre de
l'Industrie et du Commerce d'augmenter ce taux à 4% et de mettre un
plafond, ce qui pourrait aider les petites et les moyennes entreprises de
détail.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député voudrait
répéter cela? J'étais occupé avec le
sous-ministre.
M. CADIEUX: Le ministre sait que l'on perçoit la taxe de vente au
détail. Depuis quelque temps on en perçoit encore plus, 8% au
lieu de 6%. Je n'ai pas besoin de dire que je ne suis pas d'accord avec cette
augmentation...
M. BELLEMARE: Le député ne veut pas de chicane?
M. CADIEUX: Non, non. J'ai dit d'ailleurs...
M. BELLEMARE: C'est vous autres qui avez commencé. Pas de
chicane.
M. CADIEUX: Alors, le gouvernement permet au commerçant de
retenir 2% du total de la taxe de vente qu'il perçoit. Si l'on
perçoit $2,000 par mois, ça donne $40 au commerçant, s'il
en perçoit $4,000 ça donne $80. Je voulais suggérer que le
gouvernement augmente cette commission de 2% à 4%. Justement à
cause de tous les fardeaux nouveaux qui sont sur le dos des commerçants
au détail. Je les ai énumérés tantôt et on
pourrait plafonner ça pour des commerçants qui perçoivent
jusqu'à $4,000 ou $5,000 par mois.Il ne s'agit pas d'aider les
très grandes entreprises qui ont les moyens d'avoir des comptables
agréés, des avocats à leur disposition, un personnel
expérimenté, mais je parle des commerçants qui emploient
un, deux, trois, cinq, dix et vingt personnes. Ces commerçants-
là, M. le Président, sont obligés d'être
vendeur, acheteur et gérant à la fois, de faire la remise des
impôts hebdomadaire et mensuel et si le montant de la taxe perçue
n'est pas arrivé à temps au gouvernement provincial, gare aux
amendes et on en sait quelque chose.
Il faut absolument que tout soit fait dans les délais
prévus. Il y a par-dessus cela depuis quelque temps et je l'ai dit
tantôt le régime des rentes.Il y a une contribution de la part du
commerçant au détail.Il lui faut donc faire un autre rapport.Il y
a de plus en plus de commerçants qui retiennent des montants pour de
l'assurance-maladie. Dans plusieurs cas maintenant, les commerçants ont
des retenues syndicales. Alors, cela a augmenté considérablement
les frais des petits commerçants qui se sentent depuis quelque temps un
peu étouffés. C'est en leur nom que je suggère au
ministère de considérer cette suggestion-là de voir
à leur donner un peu plus pour le travail qu'ils font pour le
gouvernement.
M. BELLEMARE: Cela va au ministre du Revenu.
M. CADIEUX: Mais je voudrais que la suggestion vienne du
ministère de l'Industrie et du Commerce puisque je parle des commerces.
Le ministre des Finances...
M. BELLEMARE: Non, non, pas lui, le ministre du Revenu.
M. CADIEUX: Le ministre du Revenu. Vous lui ferez le message. Mais, tout
de même, je crois que ce serait très bien vu...
M. BELLEMARE: Très bien.
M. CADIEUX: ... ça encouragerait énormément les
petits commerçants. J'ai eu l'occasion de dire aussi qu'on a tellement
parlé du contrôle de notre économie par les Canadiens
d'expression française: je ne sais pas si on est tous au courant,
que le commerce au détail est le seul domaine où nous
sommes réellement présents. Les Canadiens d'expression
française au Québec contrôlent à peu près 80%
à 90% des entreprises de détail. Ils en contrôlent plus que
70% des mises de fonds. Alors c'est la seule place où on est
présent, et je crois que c'est dans ce domaine-là qu'on est le
moins aidé. Donc si l'on veut parler de contrôle d'économie
par notre groupe ethnique, je me demande s'il n'y aurait pas lieu
d'étudier et de mettre un peu plus au budget pour cet article-là,
afin que des études soient faites dans le plus bref délai, pour
aider les commerçants au détail. Cela m'amène à
parler aussi, M. le Président du comité interministériel
qui a été formé il y a déjà plus d'un an
pour étudier l'uniformisation des heures d'ouverture et de fermeture qui
s'appelle la commission Rameau, qui a déposé son rapport il y a
cinq mois et qui a entendu je crois 86 groupements environ, dont 76 se sont
prononcés fermement en faveur d'une réglementation uniformisant
les heures d'ouverture et de fermeture des commerces au détail. Et on a
recommandé que ce soit une loi provinciale.
Je n'ai pas besoin, M. le Président, de vous dire que j'ai
reçu à ce sujet-là des centaines et des centaines de
lettres, j'ai reçu des pétitions qui contiennent des milliers de
signatures, et j'ai à peine trois ou quatre personnes ou groupements qui
ne sont pas d'accord avec les conclusions du rapport Rameau.
On sait tous pertinemment que, dans ce domaine-là, c'est
l'anarchie complète. Des éditoriaux ont été
écrits, et je me réfère à un éditorial de M.
Roger Champoux de La Presse, le 2 juillet 1966, qui explique très bien
la situation. Je peux peut-être parler d'un comté que je connais
plus, le comté de Beauharnois, où il y a deux villes avec des
réglementations: Beauharnois et Valleyfield. Il y a onze
municipalités où il n'y a pas de réglementation et
à un pied de Valleyfield, un centre d'achat peut aller s'installer, peut
ouvrir ses portes six soirs par semaine sans que personne ne dise un mot et
n'ait à dire un mot, tandis qu'à Valleyfield, il y a une
réglementation. Nous ne pouvons pas ouvrir nos portes plus tard que dix
heures le vendredi soir et je parle en connaissance de cause parce que
je dois avouer que j'ai tenté l'expérience ouvrir à
certains soirs où ce n'était pas permis, et j'ai dû payer
l'amende: une première amende un premier soir, le double le
deuxième soir et le quadruple le troisième soir. Et ce
n'était pas le même maire qui était là dans le
temps.
M. BELLEMARE: Pas quadruple la troisième fois?
M. CADIEUX: Cela se multipliait par deux. $20, $40 et $80. Cela faisait
quatre fois le montant du premier soir. Mais j'ai tout de même
tenté l'expérience pour savoir ce que ça donnerait.
M. BELLEMARE: $1 la première fois, $2 la deuxième
fois.
M. CADIEUX: Cela dépend peut-être du juge aussi. Cela a
commencé par $20, je pourrai vous montrer mon chèque, si vous
voulez. Le juge a
peut-être été plus sévère que pour
d'autres, mais tout de même ça ne règle pas le
problème, et je crois que le ministre, s'il n'est pas au courant, il
devrait l'être de tout le problème parce que, depuis le temps
qu'on en parle dans cette Chambre...
M. BELLEMARE: Le député n'a pas le droit de dire que le
ministre n'est pas au courant.
M. CADIEUX: J'ai dit qu'il devait certainement être au
courant.
M. BELLEMARE: Oui, certainement.
M. CADIEUX: C'est ce que je voudrais faire comprendre aux
députés de cette Chambre. Je voudrais faire comprendre à
ceux qui ne sont pas sensibilisés au problème du commerce de
détail, que nous subissons de graves injustices. Les gens quittent nos
commerces installés dans les villes pour aller dans les centres d'achat.
Je n'ai rien contre les centres d'achat, mais je voudrais qu'ils observent la
loi comme nous l'observons et que ce soit la même loi pour tout le monde.
Parce qu'en fin de compte le commerçant au détail joue un
rôle très important dans la vie sociale, dans la vie
économique de sa municipalité, de son comté et de sa
province. C'est lui qui prend souvent la direction de différents
groupements comme la chambre de commerce, le jeune commerce, le club Rotary, le
club Richelieu, etc. c'est à lui qu'on fait appel. Chaque association
fait appel aux commerçants au détail pour différentes
souscriptions, pour aider un peu tout le monde, pour des choses qui sont
très louables et qui ont certainement besoin d'aide. On ne se rend pas
et on ne vas pas visiter les établissements qui sont dans des centres
d'achat parce qu'on sait qu'on ne rencontrera pas le propriétaire, on ne
rencontrera qu'un gérant qui lui n'est pas autorisé à
souscrire pour quoi que ce soit. En général, il ne prendra pas
une part active à la vie sociale de sa municipalité et c'est
ainsi que les commerçants installés dans les villes où il
y a une réglementation se sentent très lésés par
l'anarchie qui existe dans le moment à travers la province de
Québec quant à l'uniformisation des heures d'ouverture et de
fermeture des magasins.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, hier, en répondant
à une question me disait que le comité de l'Industrie et du
Commerce siégerait bientôt pour étudier le rapport Rameau,
réentendre certaines autres associations qui se présenteront
devant ce comité. Je voudrais que ce « oui » veuille dire la
semaine prochaine parce que je crois que, par la voix d'un com- merçant,
c'est tout près de 75,000 autres qui crient au secours et qui disent que
ça ne peut plus durer comme ça, même si certains commerces,
comme l'a expliqué hier le ministre, qui sont dans des campagnes
retirées voudraient pouvoir ouvrir leurs portes le dimanche. J'ajouterai
là-dessus que ça ne relève pas du gouvernement provincial
de légiférer pour l'ouverture ou la fermeture du dimanche. Il y a
déjà une loi fédérale dans ce sens-là, et
aucun commerce ne peut ouvrir ses portes le dimanche à part les
restaurants et ceux qu'on connaît bien.
Mais je voudrais qu'on s'occupe immédiatement de ce
cas-là. Je voudrais qu'une loi soit présentée à
cette session-ci, quitte à siéger une journée de plus. Et
je crois que mes collègues seraient d'accord, du moins de ce
côté-ci de la Chambre, pour faire durer la session une
demi-journée ou une journée de plus pour étudier justement
un nouveau projet de loi.
M. BELLEMARE: Parlez moins et on va aller plus vite.
M. CADIEUX: Si je parle autant que ça, c'est parce que cela fait
longtemps que j'en parle au ministre.
M. BELLEMARE: Ah oui! mais je vais vous répondre: Ce ne sera pas
long.
M. CADIEUX: Il y a longtemps que j'en parle au ministre. Je lui ai
même posé la question huit fois dans cette Chambre. Six fois, il
n'a pratiquement pas voulu me répondre: une fois, il ne m'a pas
répondu, et ce n'est qu'hier qu'il m'a dit...
M. BELLEMARE: Non, non. Ah! il n'est pas juste, là, lui, de dire
ça.
M. CADIEUX: Bien, la septième fois, en tout cas, vous n'avez
même pas répondu.
M. BELLEMARE: J'ai trop conscience de mon rôle.
M. CADIEUX: Pardon. La septième fois, vous n'avez pas
répondu, vous n'avez pas daigné répondre, vous avez
causé avec votre voisin et vous n'avez pas répondu à ma
question. Si je prends...
M. BELLEMARE: J'ai répondu.
M. CADIEUX: Si je prends deux ou trois minutes du temps du ministre,
c'est pour le convaincre encore plus qu'il est urgent qu'une telle
loi soit présentée à cette session-ci. Il est
urgent que les commerçants au détail se sentent appuyés.
L'ancien gouvernement a été à la base de la Commission
Rameau, l'ancien gouvernement, avec l'ancien ministre de l'Industrie et du
Commerce, le ministre des Affaires municipales et les autres membres du
gouvernement, tous étaient d'accord pour qu'on se presse dans ce domaine
et pour qu'on y mette un peu d'ordre. Alors, en résumé, M. le
Président, je voudrais que le ministre de l'Industrie et du Commerce
étudie ma suggestion qui est d'augmenter, de 2% à 4%, la
commission que les commerçants retiennent pour percevoir la taxe de
vente, et on pourrait y mettre un plafond. Disons qu'il ne s'agirait que des
commerçants qui font des remises maximales d'environ $5,000 par mois.
Alors, cela aiderait toutes les petites et moyennes entreprises. Et ma
deuxième suggestion, c'est que le ministre, dès cette session-ci,
nous présente une projet de loi pour l'uniformisation des heures
d'ouverture et fermeture des commerces au détail.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous ne sauriez croire à
quel point je voudrais féliciter le député de son
intervention de ce matin, pour la deuxième partie. La première
partie ne relève pas du ministre de l'Industrie et du Commerce. C'est
impossible. C'est le ministère du Revenu qui doit décider de la
modalité d'application de ce procédé de donner une
commission de...
M. CADIEUX: Mais quand vous voulez être bon avocat, vous pouvez
l'être.
M. BELLEMARE: Je ne dis pas que je... M. CADIEUX: Vous pourriez lui en
parler.
M. BELLEMARE: Nous verrons. Mais je voudrais sincèrement...Je ne
veux pas partir de chicane ce matin, mais le ministre des Finances m'en souffle
une.
M. LACROIX: On nous a toujours dit que c'est vous qui meniez au cabinet,
ça fait que...
M. BELLEMARE: Ah, non, non, non! Je suis l'homme le plus tranquille, M.
le Président.Je n'ôte jamais mon veston comme un autre faisait
avant moi. Je ne fais pas pleurer les femmes. C'est arrivé
déjà au Conseil des ministres. Je dis que non. L'ancien
gouvernement a déjà baissé les commissions dans la
perception de certaines taxes. Cela, c'était avant qu'on arrive. Le
gouvernement libéral, de 1960 à 1966, a baissé les
commissions à la perception de certaines taxes. On n'entre pas dans la
chicane, ce matin. Ce n'est pas ça, on a affaire au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Quant à celui du Revenu, le
député a fait une suggestion. Nous la discuterons. Je ne dis pas
que nous y apporterons une solution demain matin, mais nous la discuterons.
Sur la deuxième partie de son intervention, il est temps, dans la
province, qu'on sache si on est pour ou contre ce rapport Rameau et si
l'opinion publique est assez éveillée. Je félicite le
député. Cela fait plusieurs interventions qu'il fait dans cette
Chambre. Je serais très heureux d'entendre d'autres membres du parti de
l'Opposition répéter la même chose. On recherche
actuellement partout cette unanimité d'expression. Nous sommes tous
conscients du problème et un problème extraordinaire qui nous a
été apporté par les années, par les faits. Il n'a
pas été réglé. Il était là, le
problème, avant qu'on arrive, il y a neuf mois. Exactement pareil. On
n'a pas bâti plus de centres d'achats parce que le rapport Rameau s'est
fait. Il s'est justement fait sur ça.
Alors, le gouvernement libéral a pensé organiser un
comité interministériel pour connaître les faits: nous les
avons. Première étape d'un grand problème. Je
félicite le député de revenir à la charge: c'est
sûr et certain que nous sommes de son idée. Nous aussi, nous la
recherchons la solution: comme lui, nous la voulons et nous désirons
qu'il y ait de l'ordre. Nous avons voulu premièrement, déposer le
rapport, nous n'étions pas obligés de le faire. Nous l'avons
rendu public, spécialement pour que tous les organismes puissent en
prendre connaissance. On n'impose à personne une législation,
sans qu'on soit bien préparé à l'accepter. A une
deuxième étape, nous l'avons rendue publique, nous lui avons
donné une diffusion dans toute la province. Nous en avons envoyé
à différents organismes pour qu'ils se rendent bien compte de ce
que le comité ministériel recommandait. A cette étape, les
journaux en ont fait état. On a reçu au ministère, comme
l'on s'y attendait, de nombreuses lettres « pour » et de nombreuses
lettres « contre ». Et ce n'est pas ce que pense l'honorable
député de Beauharnois. Les lettres qui viennent « contre
» ne sont pas celles auxquelles pense le député, qui
viendraient des gros centres d'achats ou des grosses compagnies. Je ne veux
nommer personne.
M. CADIEUX: Vous avez parlé de centres éloignés
tantôt ici, de villages éloignés.
M. BELLEMARE: ... mais elles viennent de
gens que l'on pourrait peut-être léser si notre
législation était trop formaliste. Vous savez, c'est un
problème extrêmement difficile. D'ailleurs, comme dit le
député, une étude a été faite par des gens
sérieux, qui ont produit le rapport Rameau, qui ont entendu 86
groupements. Il y a eu des « pour », il y a eu des « contre
», et puis ils ont fait un bon rapport, mais la juridiction est
municipale, l'enquête,... Un instant, une minute seulement, je vais vous
donner le temps...
M. CADIEUX: ... mais c'est parce que c'est sur un point.
M. BELLEMARE: ... on demande dans le rapport que l'application de la
nouvelle régie qui est suggérée soit mise sous la
juridiction du ministère de l'Industrie et du Commerce. Il y a une foule
de choses auxquelles il faut penser dans ça. Il y a des heures pour
certains commerces plutôt que d'autres, certains commerces
d'alimentation, par exemple...
M. CADIEUX: ... les pharmacies.
M. BELLEMARE: ... avec une épicerie puis une quincaillerie, un
vendeur d'habits, un vendeur de télévisions. Il y a ensuite, les
lois du travail, les décrets. Il faut faire attention parce qu'il y a
des décrets qui s'appliquent, quant aux heures de travail. Ils sont
là les décrets qui fixent maintenant le nombre d'heures dans
chaque région et ils sont signés ces décrets-là, en
application. Il y en a plusieurs dans la Loi du travail, qui sont
administrés par nous.Il y a ensuite le consommateur qui, lui, à
cause de son travail, à cause des conditions de vie d'aujourd'hui qui
sont différentes... L'honorable député sait, lui qui vit
dans une région où il y a énormément de
villégiature, que bien des gens disent: Bien, aujourd'hui il fait beau,
on profite de la plage, on ira magasiner ce soir: ça change dans la
population la tradition qui veut qu'on ouvre à sept heures ou à
huit heures le matin puis qu'on ferme à six heures, ça change
énormément.
La population, pour 61% d'après les statistiques officielles, ne
reste pas dans les villes l'été: 61% des gens voyagent, sortent
des villes, s'en vont en camping ou en dehors, c'est 61% pour qui le
système de vie est changé. Alors, le consommateur, lui, dit:
Bien, autrefois, ça s'appliquait comme ça, aujourd'hui ça
s'applique de même. Cela ne peut pas être mathématique,
c'est impossible et c'est pourquoi, au cours de la troisième phase, nous
avons pensé, quand la publicité sera faite et que tout le monde
aura été sensibilisé au problème, aura lu les
différentes recommandations, les cinq grandes recommandations qui sont
faites, les lois-cadres, l'administration, la régionale, les
décrets, les cinq grandes recommandations du rapport Rameau, que
là le comité de la Chambre qui est formé d'hommes
compétents... Vous avez neuf membres du parti libéral qui en font
partie: vous avez, par exemple, M. Baillargeon qui est un industriel: vous avez
l'opinion, par exemple, de M. Brisson qui est un comptable...
M. BAILLARGEON: Merci pour la publicité: j'en ai
bénéficié.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, vous avez M. Cadieux qui est un
industriel.
Vous avez M. Harvey, qui est un ancien comptable. Vous avez M. Houde,
qui s'occupe de loisirs et de camping. Vous avez M. Lacroix qui est comptable
aussi je crois, ce qu'on nous a dit...
M. LACROIX: Il sait compter jusqu'à deux!
M. BELLEMARE: ... en tout cas c'est un pêcheur. Vous avez M.
Maltais, un avocat distingué, et vous avez M. Germain qui est un
maître, qui est un homme très intéressant, qui
connaît les choses municipales. Ces gens-là font neuf sur douze au
comité de l'Industrie et du Commerce qui va siéger, et là
nous allons faire une vaste publicité à tous ceux qui voudront
venir nous aider à obtenir l'unanimité. C'est ça que nous
recherchons. Nous ne voulons pas faire ce que souvent les honorables messieurs
d'en face nous reprochent, de faire de la dictature, nous ne voulons pas
imposer une loi cadre et dire: « Vous allez rester dans ces
cadres-là. »
Non, nous recherchons plutôt en démocratie l'opinion de
tout le monde et nous voulons qu'en sortant de ce comité-là tous
les législateurs, indépendamment des partis, puissent faire
l'unanimité sur la base d'une loi raisonnable après avoir entendu
tous ceux qui auront des représentations à nous faire.
Je pense que le député doit être
félicité d'avoir attiré l'attention de la Chambre
continuellement. Le ministre continue d'y penser, même s'il n'en parle
pas tous les jours, et continue de recevoir les lettres. Toutes les fois que le
député me rencontre: « Puis mon comité? »
C'est bon, il y pense. Je comprends que, dans l'Opposition, des fois on a du
temps libre mais au pouvoir on en a moins souvent. Mais d'un autre
côté c'est très bien, nous sommes d'accord, nous voulons
une solution au problème.Il est immense, il est complexe. Nous voulons y
apporter notre meilleur dévouement, mais je
pense que la manière dont nous avons procédé, c'est
la meilleure, la plus démocratique. Le rapport publié, les gens
en prennent connaissance, deuxième étape ils vont voir les
difficultés inhérentes. La presse je remercie les
journaux, la télévision qui ont fait une grande publicité
à ce rapport. D'ici à quelque temps, dès que nous pourrons
sensibiliser l'opinion publique, nous allons siéger au comité de
l'Industrie et du Commerce et, à ce moment-là, nous inviterons
tous les gens à venir déposer leurs objections ou leur
assentiment.
M. CADIEUX: Je voudrais bien que mon opinion soit bien comprise. Je ne
prends pas position pour la fermeture...
M. BELLEMARE: Je ne dis pas que vous allez être national, ce n'est
pas ça que je veux dire.
M. CADIEUX: Je ne prends pas position pour la fermeture, je prends
position pour l'uniformisation des heures d'ouverture et de fermeture.
M. BELLEMARE: C'est tout le problème.
M. CADIEUX: C'est parce que le ministre tantôt dit: « Les
gens se déplacent, la situation a changé, le mode de vie n'est
plus le même...
M. BELLEMARE: C'est vrai.
M. CADIEUX: ... d'accord et, justement, dans le rapport Rameau c'est
qu'on permettrait aux commerçants au détail d'ouvrir deux soirs
par semaine plutôt qu'un, pour les commerçants qui sont dans les
villes. Justement, le rapport Rameau s'est rendu compte de ça et
là si on appliquait les recommandations du rapport Rameau ça veut
dire qu'à Valleyfield, Saint-Hyacinthe, Sherbrooke, toutes ces
villes-là, même Montréal, au lieu d'avoir le droit d'ouvrir
seulement le vendredi soir il y aurait également le jeudi soir. Alors,
on s'est rendu compte de ça et je tiens à répéter
que tout ce qui m'intéresse là-dedans c'est que ce soit uniforme.
Très bien de diviser par région. Il y a des régions qui
n'ont pas les mêmes problèmes, c'est sûr, que la
région de Montréal, comme en Abitibi, en Gaspésie, dans
les Cantons de l'Est, dans les Laurentides: et d'ailleurs c'est prévu
dans le rapport.
Il y a une autre chose que je voulais dire au ministre. Est-ce que le
ministre comprend bien pourquoi certains conseils municipaux sont si
intéressés à ce qu'il n'y ait pas de loi dans ce
sens-là? C'est que, je l'ai dit tantôt, à un pied d'une
ville on peut ouvrir un centre d'achat et là le centre d'achat
s'installe dans une municipalité où il n'y a pas de
réglementation et où le conseil municipal n'en veut pas parce
qu'il va retirer des taxes et une taxe foncière et le conseil vient
à bout de faire comprendre aux gens de la municipalité que, si on
laisse installer ce centre d'achat à un pied, disons, de la cité
de Salaberry-V alleyfield, on ira chercher tant de milliers de dollars par
année de revenus supplémentaires en taxe foncière et on
pourra peut-être diminuer la taxe foncière des
propriétaires.
Il y a tout de même tout une autre population qui souffre de cette
injustice et je crois que cet attrait-là qui est présenté
devant ces conseils municipaux qui sont contre une réglementation nuit
énormément aux commerces qui sont installés dans le moment
dans les villes.
M. BAILLARGEON: Juste un mot. Vous avez demandé de
connaître l'opinion des gens, vous voulez que l'on vous dise ce que les
commerçants dans nos comtés respectifs pensent du
problème. J'ai eu des remarques, j'ai eu des lettres: j'ai
rencontré des commerçants dans mon comté où il
existe des centres d'achat importants et, chose curieuse, ce sont les petits
commerçants qui louent des espaces pour exercer le commerce de vente au
détail, qui sont en faveur des réglementations, des conclusions
du rapport Rameau, et ils vont se montrer favorables aux réglementations
que le gouvernement voudra bien leur imposer.
Je comprends que certains centres d'achat, dans ma région en tout
cas, sont la propriété de grandes entreprises, mais pour avoir un
centre d'achat complet, ces gens-là sous-louent à des petits
commerçants. Je ne pense pas au commerce des bijoux, par exemple, mais
il y a des commerces de ce genre-là dans mon comté et à
l'intérieur même d'un grand centre d'achat, ces petits
commerçants sont favorables à l'idée et, pour
l'information du ministre, je lui donnerai le tableau...
M. BELLEMARE: D'accord.
M. BAILLARGEON: ... le nom des personnes...
M. BELLEMARE: D'ailleurs, l'honorable député fait partie
du comité.
M. BAILLARGEON: Oui.
M. BELLEMAREs Et là, je pense qu'il va prévenir ces
gens...
M. BAILLARGEON: A l'intérieur des centres d'achat..
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BAILLARGEON: ... les petits commerçants sont favorables.
M. BELLEMARE: Adopté. Je voudrais signaler l'arrivée du
nouveau président, l'honorable député de L'Assomption.
M. LUSSIER (président): Merci. Article 5, adopté. Article
6.
M. BELLEMARE: M. le Président, à l'article 6, l'honorable
député de Bonaventure, l'autre jour, avait parlé de
statistiques. Je n'ai pas besoin de vous dire que sa question était bien
faite et que, surtout, lui qui avait vécu longtemps au ministère,
était peut-être plus préparé que moi pour y
répondre, mais s'il veut la reposer, je serais bien prêt à
répondre.
UNE VOIX: Alors, le bureau de la statistique...
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, si on veut passer
article par article...
M. BELLEMARE: Traitements, oui, d'accord. Article 1, administration,
salaires...
UNE VOIX: Adopté.
M. BELLEMARE: Deuxième.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. On peut adopter jusqu'à
l'article 6, à l'article 6, il y a une diminution assez
considérable.
M. BELLEMARE: Un instant. M. le Président, j'ai ici une
description des montants qui ont été dépensés
durant l'année. Si l'honorable député voulait la consulter
je peux bien lui prêter le document que j'ai ici devant moi
il va s'apercevoir que nous n'avons pas pu dépenser ce
montant-là. Nous avons codifié dans notre livre de rapports tout
ce qui a été prévu pour la dépense et nous n'avons
pas pu dépenser ce montant-là. Le montant qui est demandé
cette année est beaucoup plus réaliste: c'est pourquoi je n'ai
pas d'objection à montrer ces détails-là. Alors, ce qui
arrive, M. le Président, c'est qu'à la mécanographie,
l'honorable député sait combien ils sont débordés
de travail, ils ne peuvent pas faire notre travail, c'est pourquoi on est
obligé de prendre d'autres disposi- tions. Mais je pense que ce
montant-là est beaucoup plus réaliste, cette année,
d'après tous les officiers qui sont ici.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre vient de mentionner qu'il
était difficile pour le ministère d'obtenir les services du
centre mécanographique. Est-ce que le ministre songerait à
équiper son ministère pour les besoins...
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... propres, immédiats du
ministère?
UNE VOIX: Pas pour l'instant.
M. BELLEMARE: Non, on ne prévoit pas ça. On va en dehors.
On donne le travail, comme faisait l'honorable député. Il va
à l'université, lui aussi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien.
M. BELLEMARE: C'était un bon client pour l'ancien ministre.
M. LE PRESIDENT: Sous-article 7, adopté? M. BELLEMARE: M. le
Président...
M. BAILLARGEON: M. le Président, si vous me permettez, M. le
ministre, vous avez là une augmentation de $86,000 à $119,000,
une augmentation de l'ordre de 35%, est-ce que...
M. BELLEMARE: Dans les délégations, sous-article 7?
M. BAILLARGEON: Au sous-article 7, oui, « publicité et
information », vous avez une augmentation de l'ordre de 35%.
Voudriez-vous me donner une justification de cette différence?
M. BELLEMARE: Non, mais il est à sept. Ah! c'est le sous-article
7.
M. BAILLARGEON: Article 6, je m'excuse: sous-article 7 de l'article
6.
M. BELLEMARE: Six, septièmement. Un instant. M. le
Président, il y a une augmentation pour cette année, c'est
vrai.Il y a d'abord l'Annuaire du Québec qui va nous demander $
65,000.Il y ai le Répertoire des manufactures qui demande $18,000: la
revue Statistiques, $13,500: le Répertoire des municipalités,
$8,500: le Répertoire des commissions scolaires,
$12,000: la Caractéristique des travailleurs, $7,000, c'est un
travail particulier: l'Annuaire agricole que l'on fait chez nous, $6,000:
l'Etude des finances municipales, $3,000.
M. BAILLARGEON: Quel rapport avec les chiffres que donne l'honorable
ministre?
M. BELLEMARE:Il y a, M. le Président, il y a...
M. BAILLARGEON: Qu'est-ce qui fait la différence?
M. BELLEMARE: C'est qu'il y a $20,000 à cause de la grève
des fonctionnaires qu'on est obligé de reporter cette année.
M. BAILLARGEON: Ah bon!
M. BELLEMARE: Cela, je pense bien que le député va le
comprendre sans explication.
M. BAILLARGEON: Oui.
M. BELLEMARE: L'Annuaire de l'année devra être payé
sur ce budget-ci. Il y a $20,000 de plus à cause de la grève qui
est arrivée et qui a paralysé tous les services. J'espère
bien qu'on n'entrera pas dans les détails.
M., BAILLARGEON: Non, ce que je voulais savoir, c'était
d'expliquer grosso modo la différence...
M. BELLEMARE: C'est à cause des $20,000. Je ne voulais pas le
dire. Alors, il y a $20,000 qui vont être payés sur le
budget...
M. BAILLARGEON: ... la différence de l'augmentation de
$33,000.
M. BELLEMARE: Le député sait comment cela fonctionne. Je
n'ai pas pu avoir les rapports. Alors, là, ils sont à
l'impression, et cela va coûter $20,000 de plus cette année...
M. BAILLARGEON: D'accord.
M. LACROIX: Avant de passer à un autre article, j'aurais une
question à poser au sujet des statistiques des pêcheries
maritimes. Est-ce que le ministre préfère qu'on attende
l'étude des pêcheries?
M. BE LLE MARE : Oui, certainement, on passera tout le paquet. Je n'ai
aucune objection.
M. LACROIX: C'est bien.
UNE VOIX: Vous avez un paquet à nous passer?
M. BELLEMARE: Non, non, pas un paquet, mais excusez le mot.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je posais en effet
une question, il y a déjà trois semaines, je pense bien, alors
que nous commencions l'étude des crédits. Je posais, dis-je, une
question au ministre de l'Industrie et du Commerce qui veut bien y
répondre aujourd'hui, relativement au système de
comptabilité nationale. Est-ce que le ministre pourrait nous donner
maintenant quelques détails à ce sujet?
M. BELLEMARE: Oui, certainement. M. le Président, d'abord le 29
novembre dernier, j'annonçais la publication de l'étude sur les
échanges des biens et des services entre Québec et le monde
extérieur, de même que celle des études sur l'estimation
des paiements faits à des non-résidents par les
sociétés oeuvrant au Québec. Cela a paru dans la revue que
le député a dû voir. Plus récemment, le 15 mars
dernier, dans un communiqué annonçant la publication du
numéro de mars de la revue Statistiques, qui est ici, le
député a dû le voir, nous soulignons qu'il y avait
là un tableau des relations industrielles entre le secteur de la
construction et les autres secteurs qui étaient énormément
améliorés, sur lesquels nous avions des statistiques assez
précises.
C'est notre intention maintenant de continuer à publier, à
tous les mois si possible, dans la revue Statistiques, au fur et à
mesure que les diverses études vont progresser, ce qui dans l'ensemble
va former un système de comptabilité économique qui va
donner le véritable portrait du Québec.
Je pense que, lors de la première question que m'a posée
l'honorable député, j'étais moins préparé
qu'aujourd'hui, mais il est sorti, depuis ce temps-là, à mon
ministère, les...
M. LACROIX: Beaucoup de travail de recherches.
M. BELLEMARE: Oui monsieur! pas seulement moi, il y en a d'autres aussi
qui en ont trouvé. Il y a une chose que j'aurais dû
connaître, en tout cas. Nous avons maintenant ici en main, M. le
Président...
M. CADIEUX: On ne peut pas être parfait...
M. BELLEMARE: ... certaines copies qui pourraient être fort
utiles. D'ailleurs, j'ai dit que je renseignerais la Chambre. Je serais bien
disposé à en donner quelques copies. Nous allons en donner
à mes collègues aussi.
Vous allez trouver là, M. le Président, la
réponse... Si on peut en faire faire d'autres ou si... Vous allez voir,
M. le Président...
M. BAILLARGEON: J'aimerais en avoir une copie.
M. BELLEMARE: ... par des tableaux comment cela a fonctionné. Je
laisse maintenant le soin à l'honorable député... Mais,
ça m'avait bien intrigué, puis ç'a attiré mon
attention.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Evidemment, il est assez difficile à
ce moment-ci avec le peu de temps que nous avons à notre disposition de
prendre connaissance de ce document. J'espère pouvoir y revenir au cours
de la session dans une autre occasion qui me serait fournie, mais...
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ...qu'il soit dit simplement pour le moment
que j'attache beaucoup d'importance à ce travail qui nous permettra de
connaître l'économie du Québec d'une façon plus
scientifique et particulièrement l'interdépendance... Nous ne
pouvons pas, je crois, au Québec plus qu'ailleurs vivre en vase clos et
on peut se demander jusqu'à quel point nous avons besoin de ces
communications avecle monde extérieur et quelle est la dimension de
l'interdépendance du Québec et des autres provinces et des autres
pays. Je crois que ce travail nous permettra de nous bien situer et c'est un
travail éminemment important.
M. BELLEMARE: Très bien. Adopté. M. LE PRESIDENT: Article
7.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Maintenant, sur l'article 7, est-ce que le
ministre...
M. BELLEMARE: Je suis bien prêt à discuter des deux
budgets, celui qui est passé et le présent, mais si le
député a quelques questions d'administration, je suis prêt
à répondre pour l'administration qui a été
faite.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est une autre procédure. Je ne me
rappelle pas dans des cas semblables...
M. BELLEMARE: Cela a été transféré par
ordres en conseil.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Cela a été
transféré par la loi il y a un mois... La responsabilité
de la Direction générale des agences a été
transportée aux Affaires intergouvernementales, il y a environ quoi?
Deux ou trois semaines. Maintenant, quelle est la procédure? Le greffier
pourrait peut-être nous le dire...
M. BELLEMARE: C'est que nous nous sommes entendus...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si les crédits doivent être
discutés maintenant ou s'ils devront être discutés d'une
façon plus générale lorsque les crédits du
ministère des Affaires intergouvernementales seront
étudiés.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député voudrait me permettre?
Lors de l'adoption de l'arrêté ministériel, d'abord du bill
lui-même, j'ai fait mes représentations, le député
le sait. En tout cas, pas de discussion. L'arrêté
ministériel a été passé et puis on s'est entendu
à ce moment-là que vu que c'étaient nos officiers qui
avaient préparé le budget, c'étaient nos officiers qui
pouvaient répondre le plus facilement. Nous sommes bien prêts
à répondre à toutes les questions. Ce sera un article
terminé. Si l'honorable député veut procéder comme
ça, je n'ai pas d'objection.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y aurait peut-être un comité
qui se chargerait particulièrement des affaires intergouvernementales,
des questions que l'on aimerait poser à ce moment-là. Les
crédits viendront et le fait que nous ayons discuté cet article
au point de vue administratif empêchera peut-être...
M. BELLEMARE: Je n'ai aucune objection, lorsque le nouveau sous-ministre
des Affaires intergouvernementales M. Morin sera ici, que le
député lui pose toutes les questions qu'il voudra. Nous allons
nous entendre ensemble. Mais s'il y avait quelques questions quant au budget
que nous avons maintenant transporté, nous sommes bien prêts.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Sous la réserve que vient de faire le
ministre de l'Industrie et du Commerce et qui sera enregistrée au
journal des Débats, je prends sa parole, mais tout de même, ce
sera consigné. Si nous avons quelques questions d'ordre administratif,
nous les poserons immédiatement, quitte à revenir sur la question
des principes et de l'orientation des agences avec la nouvelle
administration.
M. BELLEMARE: Sur ça, je suis bien d'accord: il est bien entendu
que nous sommes prêts à discuter de ce qui apparaît au
budget, sous réserve simplement de certaines questions qui sont
opportunes quant à la projection pour l'avenir et de la nouvelle
politique que maintiendra le ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'accord. M. BELLEMARE: C'est bien.
Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure):Il y aurait peut-être lieu ici de
distinguer, car il y a une partie importante des activités de ces
agences qui sont du domaine particulier du ministère de l'Industrie et
du Commerce et qui le demeurent C'est un peu comme la structure qu'il y a au
gouvernement fédéral maintenant. J'imagine bien que les
ambassades sont de la responsabilité du ministère des Affaires
extérieures et que le ministère du Commerce conserve l'initiative
des politiques en matière commerciale. De la même façon,
j'imagine, le ministère de l'Industrie et du Commerce conservera
l'initiative des politiques économiques et conservera, si je ne m'abuse,
la responsabilité de diriger les conseillers économiques
affectés aux agences.
M. BELLEMARE:Il y a trois des conseillers économiques qui vont
demeurer à New-York.Il y en a deux à Paris, il y en aura deux
à Londres et il y en aura un à Milan. Ils seront directement
reliés, comme conseillers économiques, à notre
ministère. Les traitements bien entendu, seulement les traitements. Le
restant, la politique générale...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais la politique économique, la
politique du ministère de l'Industrie et du Commerce sera transmise par
le ministre?
M. BELLEMARE: Au comité intergouvernemental après. Mais
les directives que nous donnerons à nos agents c'est directement de nous
qu'ils les recevront quant à activer leur travail et leur propagande et
leur travail dans la progression des différents secteurs
économiques de promotion industrielle.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Autrement dit, pour que l'on se comprenne
très bien, il y a des conseillers économiques attachés aux
diverses agences, aux délégations en général, et le
ministère continuera d'avoir la responsabilité de ces personnes
où qu'elles se trouvent dans le système des agences, que les
instructions seront émises par le ministère de l'Industrie et du
Commerce directement à ses conseillers économiques et que le
ministère de l'Industrie et du Commerce conservera toute autorité
en matière de promotion industrielle. Les rapports seront faits
directement entre le ministère et les conseillers économiques et
ce n'est qu'au point de vue de la politique générale et ce n'est
qu'au point de vue clérical et administratif qu'entrera en jeu
l'administration même du ministère des Affaires
intergouvernementales.
M. BELLEMARE: Vous vous êtes aperçu, M. le
Président, que l'ancien ministre connaît bien le ministère,
surtout l'activité qui s'y déroule. C'est exactement ça.
Nous avons voulu garder ce secteur particulier qui regarde la promotion
industrielle que nos conseillers économique vont prendre et puiser pour
qu'il y ait une corelation entre nos différents agents chez nous qui
sont nos chefs de ministères, nos chefs de service, nos
directeurs-généraux pour qu'on sache où on va quant
à la politique générale de l'économie et aussi
à l'installation chez nous de nouvelles industries pour qu'on puisse
leur transmettre véritablement le pouls économique du
Québec.
M. BAILLARGEON: M. le Président, vous me permettez de demander
à l'honorable ministre, pendant qu'on va discuter les articles 7,
« direction générale des agences » et tous les
articles des agences, on peut discuter des questions relatives au commerce.
M. BELLEMARE: Non, non, pas là.
M. BAILLARGEON: Je veux dire les questions relatives aux agences qui
vont continuer de relever du ministère du Commerce, seulement au point
de vue du commerce.
M. BELLEMARE: Si le député veut avoir certaines
explications quant au commerce extérieur...
M. BAILLARGEON: Oui, oui.
M. BELLEMARE: ... les directives que nous donnons, d'accord. Mais si
ça regarde spécifiquement le commerce, notre direction
générale du commerce, c'est l'article 4.
UNE VOIX: Article 5.
M. BELLEMARE: 5. C'est bien différent.
M. BAILLARGEON: A l'intérieur des agences.
M. BELLEMARE: A l'intérieur des agences.
M. BAILLARGEON: A New-York, à Milan, à Paris, à
Londres. Seulement, parler des questions relatives au commerce...
M. BELLEMARE: Oui, que l'honorable député me cite un
exemple et je vais lui répondre.
M. BAILLARGEON: Au point de vue de l'exportation, par exemple, au point
de vue de l'importation, l'avantage qu'on a d'avoir des
délégués commerciaux qui représentent le
Québec. Vous permettez que je vous donne un exemple. C'est une
expérience personnelle que j'ai vécue pour vous en montrer
l'importance...
M. BELLEMARE: Ecoutez bien. On n'ira pas plus loin. Je vois la question
du député, maintenant...
M. BAILLARGEON: Non.
M. BELLEMARE: Non, c'est que tout le commerce, importation comme
exportation, nous n'y touchons pas. Cela relève exclusivement du
fédéral, mais nous le dirigeons. Nous prenons tous les moyens
pour le rendre plus facile. Les approches du ministère de l'importation
et de l'exportation qui sont les autorités fédérales dans
ce domaine, pour qu'il n'y ait pas de problème. Si c'est un
problème d'Importation et d'exportation. On n'a pas la politique
générale. On ne peut pas empêcher le coton d'entrer ou de
ne pas entrer.
M. BAILLARGEON: Je comprends parfaitement le problème que pose le
ministre. Ce que je veux dire, c'est que la présence d'agents
commerciaux à l'étranger aide les industriels du Québec
énormément.
M. BELLEMARE: Oui, oui. D'accord.
M. BAILLARGEON: Et je voudrais vous donner un exemple que j'ai
vécu moi-même...
M. BELLEMARE: D'accord, d'accord.
M. BAILLARGEON: Vous avez référé au fait que je
suis gérant d'une industrie établie dans le Québec et, en
même temps, je suis président d'une compagnie établie
à Toronto. Or, à l'automne 1965, une compagnie de Londres a
demandé au ministère du Commerce fédéral,
à
Londres, de se mettre en contact avec des fabriquants du Canada. Chose
curieuse, la compagnie de Toronto a reçu la demande d'information. Je
suis président de la compagnie. La compagnie que je dirige au
Québec n'a pas reçu de demande. Alors, voyez l'importance pour
nous d'avoir des agents à l'étranger on n'est bien servi
que pas soi-même c'est que le représentant à Londres
j'ai visité votre bureau en janvier 1966 et,
évidemment, les demandes d'information pour exporter à
l'étranger nous viennent directement par votre ministère
grâce aux agents établis à différents postes, comme
à Londres. Je suis allé en Angleterre en janvier 1966, j'ai
été très étonné de constater que la
compagnie de Toronto avait reçu une demande d'une grande maison
anglaise.
Alors, je dis qu'on devrait accentuer ce service et l'étendre
à d'autres pays.
M. BELLEMARE: D'accord, je suis très heureux de la remarque de
l'honorable député. D'ailleurs, durant l'année qui vient
de se terminer, l'honorable député de Bonaventure avait
prévu au budget plusieurs démonstrations et expositions en
dehors. Nous avons particulièrement eu celle de Louisville qui a
été un exemple fantastique de la collaboration que peuvent
apporter nos conseillers économiques. Un seul marchand qui est
allé exposer ses produits à cette grande foire, à
l'exposition de Louisville, est revenu avec des commandes pour $2 millions.
M. BAILLARGEON: ... de meubles, c'est une industrie du meuble.
M. BELLEMARE: ... de meubles. Il est revenu, à cause justement de
nos conseillers économiques qui ont dirigé, organisé
toutes ces choses-là. Cette année, comme je l'ai dit tout
à l'heure à notre député, nous allons faire
ça chez nous.
M. BAILLARGEON: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Nous allons faire ça chez nous. Les 35
délégations qui viendront du monde entier vont être
reçues. Nous allons pouvoir, avec nos conseillers économiques,
leur montrer ce qu'on est capable de produire et c'est important surtout, quand
c'est Paris, quand c'est New-York, quand c'est Londres. Et je puis vous dire
ici que sans vouloir décerner ce matin de médailles ou de
diplômes de compétence, nous avons dans toutes les agences des
gens extrêmement bien préparés. M. Chartier c'est un
vieux routier à New-York, M. Chapdelaine, à Paris, fait un
travail.
M. BAILLARGEON: M. Turner à Londres.
M. BELLEMARE: Non, c'est MM. Beauregard et Turner.
M. BAILLARGEON: M. Beaugrand.
M. BELLEMARE: MM. Beaugrand et Turner et puis M. Roberge qui est le
délégué général, qui fait un travail
splendide. Il a le flegme des Anglais. Je ne sais pas si vous le connaissez. Je
l'ai vu siéger ici pendant quelques années et j'ai eu bien du
plaisir à le revoir quelques années après, lui comme
délégué général, puis moi comme ministre. A
Londres, ce sont MM. Beaugrand et Turner, à Milan c'est M. Lafranco qui
est notre délégué général et maintenant M.
Marcel Bergeron, que tout le monde connaissait et qui vient ici du
ministère. A New-York, c'est M. Dansereau, M. Wright et M. Caron que
connaissait bien le député. On lui donne une belle promotion,
maintenant qu'il a fini sa loi des institutions financières, du
crédit industriel. On a pensé que M. Caron pourrait aller faire
un stage à New-York, avec la compétence qu'il a. Il a
accepté d'ailleurs, ça va nous faire une très belle
nomination. Alors, nous le dirigeons vers New-York à la
délégation pour être conseiller économique. Et,
à Paris, c'est M. Hyndman, que tout le monde connaît, et M.
Papineau.
M. BAILLARGEON: Patrick Hyndman. M. BELLEMARE: Très bien.
M. BAILLARGEON: Avez-vous une idée de la fréquence des
contacts, des demandes qui nous sont faites à des différents
bureaux, la demande des gens situés dans les pays où nous sommes
représentés qui veulent soit entrer en contact avec nous pour
importer du Canada ou soit avoir des références pour exporter ici
ou pour acheter au pays. A Londres, vous avez mentionné messieurs
Beaugrand et Turner que je suis allé rencontrer, ils font un très
bon travail...
M. BELLEMARE: Nous avons tous les mois un rapport qui nous est
adressé par nos agences et, spécifiquement, dans ce rapport est
contenu tout le travail de ces conseillers économiques, de leurs
rencontres, de leurs projections, de leurs demandes et des propositions qui
pourraient être faites comme nous de la province de Québec. Nous
avons ici même, au ministère, tout un organigramme qui est
formé et qui fournit tous les renseignements de l'exportation. Cela est
fantastique. Il y a chez nous un rouage mathématique où personne
ne se pile sur les pieds. Jamais personne ne vient contrecarrer le travail d'un
autre mais il y a un agencement de production qui est énorme et
ça ne paraît pas. C'est un des ministères de
l'administration qui mérite aujourd'hui d'être revalorisé
à cause des sommes extraordinaires qui lui sont consacrées et je
le dis avec plaisir. Il y a là, au point de vue économique, des
cerveaux extraordinaires qui, sans apparat, avec beaucoup de discrétion,
et sans payer publiquement des huit colonnes, font un travail extraordinaire
pour l'économie du Québec. J'en appelle au témoignage de
l'ancien ministre qui connaît ces hommes, qui, discrètement, font
un travail extraordinaire.
M. BAILLARGEON: Oui, on n'en doute pas.
M. BELLEMARE: Non, mais j'en profite ce matin.».
M. BAILLARGEON: C'est admis ça!
M. BELLEMARE: ... pour leur rendre un grand témoignage de vive
appréciation, parce qu'ils font un travail extraordinaire.
M. BAILLARGEON: Tout le monde admet ça.
M. BELLEMARE: Vous avez par exemple ici, simplement, juste une minute,
vous avez, par exemple, un rapport de la délégation
générale pour les mois de janvier et février. Ce sont des
rapports de ce genre que nous recevons dans lesquels tout est donné,
tout est expliqué et sur lesquels nous puisons, nous, nos renseignements
pour notre orientation dans la vie économique.
M. BAILLARGEON: M. le Président, tout ce que vous dites est
admis, je pense bien, par les députés de ce côté-ci
de la Chambre, qu'il y ait un organigramme, que tout soit organisé
parfaitement, que vous ayez les cadres nécessaires, que vous ayez les
compétences nécessaires pour mettre en contact les importateurs
et les exportateurs. Mais tout cela ne servira à rien si on n'a pas
d'affaires présentées de part et d'autre dans les agences. Est-ce
que le ministère ne pourrait pas entreprendre la publication, sur une
base mensuelle, des occasions d'affaires qui se présentent dans les
différentes agences?
Est-ce que vous n'avez pas, comme par exemple à Ottawa, où
l'on a le Commerce extérieur, publication mensuelle Foreign Trade
en anglais qui est très bien faite et qui met les importateurs au
courant du travail des agences?Il ne faut pas penser seulement au
manufacturier, il faut penser aux agents manufacturiers qui sont les
intermédiaires entre les exportateurs européens et les
importateurs ici au Québec.
M. BELLEMARE: On en a pour les manufacturiers. Le député
sait ça. Cela paraît tous les trois mois...
M. BAILLARGEON: Oui.
M. BELLEMARE: ... sur une rubrique spécifique et c'est la
fabrication sous licence.
M. BAILLARGEON: Monsieur le ministre, vous permettez que je vous donne
un exemple...
M. BELLEMARE: Voyez-vous, vous avez ici, pour chacune des agences qui
sont à la disposition de tous ceux qui veulent le consulter,
l'implantation de nouvelles entreprises. Un guide comme ça est fait dans
chacune des agences: les projets d'implantation, les investissements,
réalisations, la fabrication des projets sous licence, les agences, les
commerces d'exportation, les visites industrielles, les missions en Europe pour
Québec et les expositions, etc., etc. Tout ça pour chacune des
agences. Nous avons un critère bien spécifique, une
classification, et c'est pourquoi, quand arrive chez nous une demande, on
pèse sur tel bouton, là arrive tel document. On dit: Monsieur,
voici, c'est ça que vous recherchez, on vous le donne. C'est
fantastique, le député sait ça.
M. BAILLARGEON: Oui, je comprends, M. le Président, c'est
fantastique, on pèse sur un bouton puis ça vient, ça c'est
bien.
M. BELLEMARE: Puis, c'est vrai, aussi.
M. BAILLARGEON: Je comprends, monsieur le ministre, mais ce que je veux
savoir... Donnons un exemple spécifique, un manufacturier est
établi, disons dans les Midlands et dans l'industrie du textile en
Angleterre. Il veut exporter au Québec, il se présente à
l'agence...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. BAILLARGEON: ... il rencontre soit M. Beaugrand, soit M. Turner qui,
lui, envoie cette demande d'informations au ministère, à
Québec.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. BAILLARGEON: De quelle façon les industriels
éventuellement intéressés par la demande spécifique
qui a été faite par l'intermédiaire de votre bureau
à Londres, de quelle façon les importateurs au Québec,
soit les importateurs manufacturiers, soit les agents manufacturiers, de quelle
façon peuvent-ils con- naître cette demande d'informations pour
pouvoir y répondre et éventuellement entrer en contact avec
l'exportateur?
M. BELLEMARE: Tout de suite, M. Beau-grand recevant cette demande, la
communique au bureau de l'exportation à Ottawa et M. Beau-grand
communique avec nous autres pour nous avertir de la chose. Comme c'est un
problème fédéral, nous avons la
responsabilité...
M. BAILLARGEON: Non, ce n'est pas un problème
fédéral.
M. BELLEMARE: Ecoutez, si le député comprend toute...
M. BAILLARGEON: Non, il me semble que ce n'est pas un problème
fédéral, c'est un problème de contact entre un homme qui
veut vendre, qui veut trouver un acheteur au Québec.
M. BELLEMARE: Je ne peux pas dire au député combien on s'y
intéresse, mais il faut respecter aussi les cadres: les cadres
constitutionnels que nous ne pouvons pas briser. Nous ne sommes que des
délégations, nous ne sommes pas des ambassades. Nous n'avons que
le pouvoir de délégation. Il faut bien se comprendre, et nous
apportons d'ailleurs à tous les cas une attention toute spéciale.
Que le député nous fasse confiance...
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Une minute, je vais demander quelque chose à ces
honorables messieurs. Messieurs, est-ce qu'on peut adopter l'article des
délégations?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député serait d'accord pour
les deux autres petits sous-articles qui restent...
M. LE PRESIDENT: Sept, adopté.
M. BELLEMARE: ... parce qu'après ça, nous pourrions
peut-être... il ne reste que deux sous-articles concernant des
dépenses diverses.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Nous pouvons adopter 7.
M. BELLEMARE: Huit, nous allons le garder, ce sont les
pêcheries.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Nous pouvons adopter 7, 12 et 13.
M. BELLEMARE: Subventions? M. LEVESQUE (Bonaventure): Non.
M. BELLEMARE: Douze et 13. Bon, les honoraires, nous avons les
mêmes noms, les mêmes...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce ne sera pas long, mais il y a
peut-être quelques...
M. BELLEMARE: Alors nous allons garder 8, 9, 10 et 11.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et 14.
M. BELLEMARE: Quatorze, d'accord. Quatorze, oui, ce sont des choses
d'immobilisation. D'accord. Deux heures et trente, est-ce que ça
ira?
M. LE PRESIDENT: Le comité suspend ses travaux jusqu'à
deux heures et trente, cet après-midi.
Reprise de la séance à 2 h 43
p.m.
M. LEBEL (président du comité des subsides): A l'ordre!
Industrie et Commerce, article 8.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): L'article 8, on le garde pour la fin.
C'était entendu comme ça.
M. BELLEMARE: Oui, oui, d'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est-à-dire 8 et 14.
M. BELLEMARE: Oui, vous voulez qu'on passe tout de suite à 11?
Non pas 11, une minute.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Article 9. M. LE PRESIDENT: Article 9.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Article 9, « conseil de la recherche
scientifique ».
M. BELLEMARE: Oui. Conseil de recherche.
M. BOURASSA: Pour ce qui a trait à la recherche, je me demande si
le ministre de l'Industrie et du Commerce pourrait donner à cette
Chambre ses intentions pour aider la recherche dans la province de
Québec. Je signalais au cours de mon discours sur le budget que, dans
plusieurs autres provinces, on accordait 150% aux entreprises pour des
dépenses qui étaient faites pour la recherche, alors qu'au
Québec on n'accordait que 100%, pénalisant ainsi les entreprises
du Québec qui faisaient des dépenses de recherches. Alors, je me
demande si le ministre de l'Industrie et du Commerce pourrait nous donner
certaines informations là-dessus sur les mesures que le gouvernement
entend prendre pour aider la recherche dans la province de Québec,
étant donné son extreme importance pour le développement
économique.
M. BELLEMARE: Je dois dire d'abord à l'honorable
député, que je suis très sensible à cette
intervention qu'il fait cet après-midi et qui nous fournit l'occasion de
donner certains renseignements fort utiles pour le public. D'ailleurs, si
ça n'a pas été fait avant, nous ne voulons blâmer
personne. Il y avait au moins une bonne intention de procéder à
la session 1966 mais à cause des élections qui sont
intervenues... Le bill 6 et le bill 7 avaient été
préparés pour
le Conseil de la recherche et aussi en même temps le centre de
recherches. Nous avons depuis plusieurs mois repris ce travail et nous avons
fait étudier tous les aspects possibles avec les critiques que nous
avions préparées contre ces deux projets de loi, et nous sommes
arrivés à l'entente au sein du ministère après
avoir formé un grand conseil, après avoir formé un
comité spécial ad hoc pour étudier ces grandes questions
et savoir si, on devait faire seulement un seul bill dans lequel seraient
compris et le centre et la commission et le conseil de la recherche.
Tous ont dit: Nous en sommes venus à une entente finale que ce
devrait être deux choses distinctes. Alors, le bill qui concerne le
centre de recherche est maintenant prêt. Il a été
préparé. Nous avons puisé dans le bill 7
énormément de matière qui était bien faite et bien
préparée. Nous avons préparé tout ce qu'il faut
pour le présenter à la Chambre. Il est présentement devant
le comité interministériel pour la législation.Il serait
peut-être difficile pour moi cet après-midi d'en donner les
détails.
Il y aura sûrement deux bills bien distincts. Ce qui concerne le
Centre de recherche, est fait pour rendre service au gouvernement, aux
individus et aussi aux compagnies, pour centraliser tout le centre de
recherche. Parce que, dans le centre de recherche... Le député me
fera grâce des termes bien précis parce que je n'ai pas cette
formation classique que j'envie à ceux qui l'ont...
M. BOURASSA: Vous vous défendez très bien.
M. BELLEMARE: ... il y a la science pure, la recherche pour la science
pure, la science impure, les sciences pas pures et les sciences ordinaires. Il
y a quatre ou cinq catégories de recherche et, dans ce centre, il s'agit
d'établir aussi quels seront les pouvoirs, les devoirs et les
responsabilités du centre, quels seront aussi ceux qui seront
appelés à contribuer, comment sera financé le centre et
quelles seront les matières de ses travaux. Pour ce qui est du projet de
législation pour le conseil, il est lui aussi presque terminé
parce qu'on ne peut pas, je pense, produire l'un sans l'autre. Mais l'autre,
celui du conseil de la recherche est encore plus difficile. Mais je
félicite le député d'en parler: ça nous fournit
l'occasion de dire que, dans la province de Québec, il se fait quelque
chose présentement.Il s'en est fait aussi à cause des
implications que nous avons apportées à l'Hydro avec son centre
de recherche qui a été bien vu de tous les média
d'information et surtout qui est appelé à jouer un rôle
très important. Plu- sieurs se sont demandé: Est-ce que ce sera
le même, est-ce que ce sera connexe? Non ce sera une chose à
part.
Le centre de recherche que nous allons établir dès cette
année, comme le Conseil de la recherche, sont des choses autonomes.
J'espère bien que nous pourrons communiquer à la Chambre, et
j'aurai l'occasion, lors de l'étude de ce projet de loi, pouvoir fournir
aux honorables députés toutes les indications nécessaires
sur cette politique de recherche que nous poursuivons avec beaucoup
d'espoir.
M. BOURASSA: M. le Président, puisque le ministre de l'Industrie
et du Commerce a parlé du Centre de recherche industrielle de
l'Hydro-Québec, je pense que tous sont d'accord en cette Chambre pour
signaler l'importance très grande de ce centre de recherche, et je pense
qu'il n'est que juste de mentionner que les premiers efforts dans ce sens ont
été faits en 1964, alors que le député de Laurier
était ministre des Richesses naturelles. Mais j'avais posé une
question au ministre. Je comprends qu'il peut être difficile pour lui,
à ce stade-ci, de donner une réponse précise, mais je me
demande, en regard des efforts qui doivent être faits pour encourager la
recherche dans les entreprises du Québec, si le ministre de l'Industrie
et du Commerce a l'intention de recommander au ministre des Finances des
changements à la législation, changements qui permettraient aux
entreprises du Québec, comme je le disais tantôt, de
bénéficier des mêmes avantages fiscaux que les entreprises
de la plupart des autres provinces du Canada en pouvant déduire 150% des
dépenses qui sont faites pour la recherche. Actuellement, les
entreprises du Québec sont pénalisées dans un domaine
aussi essentiel et aussi important que la recherche, alors que nous avons une
faiblesse économique relative par rapport à d'autres provinces.
Je pense qu'il est assez difficile de justifier ce traitement inégal
pour nos entreprises.
M. BELLEMARE: Si l'honorable député veut me permettre
d'être sur ce point assez réservé, quand viendra
l'étude des deux bills du Centre et du Conseil de la recherche, il va
s'apercevoir que personne dans le Canada ne pourra avoir une meilleure loi que
la nôtre. C'est difficile cela fait deux fois aujourd'hui que je
suis placé dans la même situation non non pas que je ne
veuille pas renseigner la Chambre, mais il y a présentement trois bills
qui seront présentés, deux pour la recherche et un autre pour les
crédits industriels, et ce sont
deux législations sur lesquelles nous allons, avec le bill
lui-même, fournir toutes les indications, toutes les informations.
Je ne voudrais pas continuer pour rien, parce que je serai appelé
à donner un peu les pouvoirs et les conditions, comment le centre vat-il
fonctionner, quelle va être la participation que nous demanderons aux
différents secteurs de l'industrie et du commerce, quelles seront les
implications sur la vie économique, quelle sera la projection pour cinq
ans avenir, comme d'ailleurs, le Conseil de recherche, comment va-t-il
être constitué? Quels seront ses responsabilités et ses
devoirs?
M. BOURASSA: Est-ce qu'il va être question des différents
secteurs de la recherche? Des priorités à établir?
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. BOURASSA: Parce qu'il y a certains secteurs où nous
pouvons...
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est dit dans chacun des cas. Nous allons
séparer: scientifique, commercial, industriel.
M. BOURASSA: Même au sein de ces catégories-là?
M. BELLEMARE: Même au sein de ces catégories-là: le
textile, le cuir...
M. BOURASSA: D'accord.
M. BELLEMARE: ... les produits chimiques, la métallurgie. Dans
ces secteurs-là, il va y avoir aussi des sous-articles.
M. BOURASSA: C'est prévu dans le...
M. BELLEMARE: C'est très bien fait, ç'a été
fait par nous autres, d'ailleurs.
M. BOURASSA: Bien, vous avez dit que vous aviez apporté des
changements alors ce sont les changements que vous allez apporter qui
m'inquiètent.
M. BELLEMARE: Non, non, nous avons pris tout ce qu'il y avait de bon
dans l'autre, c'est sûr.
M. BOURASSA: C'est votre jugement, ça.
M. BELLEMARE: Et nous avons amélioré
considérablement. D'ailleurs, vous allez voir comment... et nous serons
même prêts à prendre les bonnes suggestions du
député.
M. BOURASSA: Ah, vous avez déjà fait ça!
M. BELLEMARE: Nous en avons ramassé une surtout lorsqu'il a
parlé à Montréal, il y a un mois et demi, et nous avons vu
là une indication nouvelle et dans un article, il va se
reconnaître.
M. BOURASSA: Une autre fois?
M. BELLEMARE: Franchement, il est sur le chemin du progrès.
M. LACROIX: C'est malheureux qu'il ne soit pas de votre
côté, vous en auriez un bon!
M. BELLEMARE: Mais il n'est pas dit qu'il va y rester.
M. LACROIX: Cela me surprendrait énormément qu'il soit un
transfuge!
M. BELLEMARE: J'en ai déjà vu d'autres.
M. SEGUIN: Le ministre m'intéresse énormément dans
ses commentaires sur le centre de recherche qu'on voudrait
développer.
M. BELLEMARE: Là où ça va être situé?
M. SEGUIN: Pardon.
M. BELLEMARE: Là où ça va être situé
à Pointe-Claire?
M. SEGUIN: Non, non, tant mieux, on peut vous fournir un terrain.
M. BELLEMARE: Je pensais que c'était l'endroit que vous
cherchiez.
M. SEGUIN: Non! excepté que je voudrais que le ministre
précise peut-être, sans le placer dans une camisole de force,
qu'il précise peut-être un peu plus, tout en parlant recherche, si
ce centre comprendra aussi la section très importante qui est
reliée à la recherche, c'est-à-dire le
développement. Est-ce que nous parlons d'un centre de recherche et de
développement, « R and D » comme on dit couramment, parce
que sans le développement, la recherche pure et simple ne nous avancera
pas tellement, il s'agira d'avoir le complément à cela.
M. BELLEMARE: Je comprends le député.
D'ailleurs, il est aussi très important, ce secteur du
développement possible. Mais je pense que lorsque nous aurons le bill en
main, que la Chambre sera appelée à le discuter, nous pourrons
peut-être, de part et d'autre, faire des suggestions et si ce n'est pas
parfait, bien on nous aidera, peut-être en attirant notre attention.
Mais, je pense que le député va sûrement être
très satisfait de la manière dont nous voulons le soumettre
présentement.
M. SEGUIN: Je pense que les technocrates et les experts du
ministère sont très au courant de ce que je dis.
M. BELLEMARE: Ah oui, ah oui.
M. SEGUIN: Et je vous assure à l'avance qu'ils sont bien au
courant de cette question de « Research and Development », de
recherche et de développement.
M. BELLEMARE: Merci.
M. SEGUIN: C'est que je voudrais qu'on comprenne les deux en même
temps afin d'avoir un travail complet et d'arriver à quelque chose de
réellement constructif.
M. BELLEMARE: D'accord, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 10.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je voudrais bien que le ministre puisse nous
donner quelques indications.
M. BELLEMARE: Oui, certainement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y a une diminution d'abord dans le
montant. Est-ce parce que c'est encore là un montant plus
réaliste ou est-ce qu'on a cessé de considérer certains
experts comme pouvant aider le ministère? Et deuxièmement, est-ce
qu'il y a une nouvelle orientation qui pourrait justifier d'autres genres
d'honoraires?
M. BELLEMARE: Non. Le député sait que, dans chacun des
articles, nous avons, à la dernière page du budget, ce que nous
appelons nous autres, dans le détail dans la direction par
exemple, de l'industrie, je prends ça en particulier les
honoraires professionnels. Par exemple, il y a le service de consultation, il y
a des journées d'étude qui sont dispensées aux industriels
à travers la province, trente cliniques à $600 chacune,
$18,000.Il y a des honorai- res payés à des spécialistes
des laboratoires privés pour des travaux imposés par la
rédaction des spécifications et des normes, travaux qui peuvent
être faits à l'intérieur des cadres mêmes de notre
ministère, $2,500.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait donner le
chiffre de l'an dernier et le chiffre de cette année pour les
mêmes articles?
M. BELLEMARE: Je pourrais facilement, oui, si le député...
Voyez-vous, d'abord, dans le bureau de la statistique, article 6, vous avez
là les honoraires d'experts et frais de déplacement c'est le
bureau de la statistique de Québec.Il y a $15,000 pour le laboratoire
d'économétrie, faculté des sciences sociales de Laval.
L'université Laval a mis sur pied un centre de travaux en
économétrie qui nous permet de centraliser certains travaux,
autrefois à des consultants privés, c'était $15,000
l'année passée: c'est le même prix. A la division de la
production, par exemple, il y a dix enquêteurs surnuméraires
ils ne relèvent pas de la fonction publique qui collectent
sur place des données. Il y avait neuf enquêteurs en 1966: cette
année, il va y en avoir un de plus, c'est le même montant, plus un
employé: $52,000 contre, l'année passée, $47,000, je
crois. Alors, pour l'annuaire et les revues statistiques $5,000 pour
l'année passée, $5,000 cette année. C'est le même
montant d'engagement de consultation, $7,000 en 1966: cette année, il
tombe à $5,000. La réduction des coûts tient au travail du
personnel plus hautement qualifié ainsi qu'à la division des
textes et des tableaux statistiques. C'est pour ça qu'il y a $2,000 de
moins. Alors, il y a pour ça $75,000.
Je viens de vous parler de la direction générale des
industries, c'est le bureau de recherches économiques maintenant. Vous
avez, frais d'honoraires: consultant pour la deuxième étape du
modèle économétrique à court terme par la compagnie
Automatec, c'est le même prix: l'année passée $10,000,
$10,000 cette année. Le consultant pour les travaux sur l'atlas du
Québec par Jean Rousseau, c'est le même prix $500. Consultant pour
recherches sous le facteur de localisations industrielles qu'on avait
commencées et qu'on continue, $5,000. Consultant pour l'étude des
séries chronologiques servant à l'établissement des
indicateurs à travers la province au point de vue économique,
$5,000.
Le consultant sur l'organisation d'un programme à l'intention des
petites et moyennes industries, ça c'est terminé.Il y a $1,000
cette
année qui reste, alors ça fait $23,000.Il y a une
disponibilité de $1,500 aux recherches au cas où il arriverait
une incidence. Le sous-ministre m'informe que, sur les montants votés
l'an passé, on a remis cette année $30,000 au fonds
consolidé de la province.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, c'est la réponse.
M. BELLEMARE: Bon, mais j'aimais mieux donner des détails.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, ça va.
M. BELLEMARE: Le député connaît bien les tableaux
que j'ai cités là. Alors, adopté?
M. LE PRESIDENT: Adopté, article 10. Article 11.
M. BELLEMARE: Article 11, subventions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre pourrait nous dire
comment se divisent les subventions, quel pourcentage va du côté
des pêcheries maritimes et quel pourcentage va dans le reste du
ministère?
M. BELLEMARE : Pour les pêcheries maritimes, il y a $854,500, et
pour le commerce $305,000, qui se divisent en toutes sortes d'articles que
connaît bien le député. Je n'ai pas d'objection à en
donner la liste. D'ailleurs, c'est bien important de dire ça
les subventions qui sont données aux conseils économiques
régionaux ne sont payées que sur la recommandation du Conseil
d'orientation économique du Québec.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BELLEMARE: Et elles sont revisées deux fois l'an, et c'est
à la suite de cette revision que nous payons les subventions annuelles
aux conseils régionaux. J'ai vu une critique l'autre jour dans un
journal, et je pensais que c'était ça que le député
voulait me souligner, mais ce n'est pas fait par le ministère, ce n'est
pas discrétionnaire. Nous n'avons aucun pouvoir pour dire : Tu vas en
avoir plus ou tu vas en avoir moins. C'est le Conseil d'orientation
économique qui, lui, après son enquête dans le conseil
économique régional, accorde ou refuse la subvention, ou donne
plus ou moins selon un barème bien établi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Dans ce cas- là, je ne voulais pas
poser de question, mais puisque le ministre en parle, c'est exact, sauf que le
ministre a toujours le pouvoir de distribuer ces subventions.Il n'est pas
obligé, il a convenu, il a accepté...
M. BELLEMARE: Ah non, non!
M. LEVESQUE (Bonaventure): La loi ne l'oblige pas, il n'y a pas de
loi...
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. LEVESQUE (Bonaventure): En vertu de quelle législation?
M. BELLEMARE: Non, on ne touche pas à ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): En vertu de quelle législation?
M. BELLEMARE: En vertu de tout ce qui ressort au ministère, qu'il
n'y a pas d'arbitraire.Il n'y a pas de discrétionnaire.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je comprends, mais je dis simplement que le
ministre a, d'après la loi du ministère de l'Industrie et du
Commerce et d'après la loi du budget, toute autorité, car il n'y
a aucun barème de prévu dans aucune législation que je
connaisse. Le ministre a entière autorité de distribuer les
subventions...
M. BELLEMARE: Ah! oui, oui, c'est ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... aux conseils économiques
régionaux. Mais, je sais, parce que cette décision-là a
été prise alors que j'étais le titulaire du
ministère, que nous avions convenu dans le temps de ne donner de
subventions qu'après recommandation du Conseil d'orientation
économique...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... qui est en relation directe avec les
divers conseils économiques régionaux. Nous l'avons fait
volontairement, le ministre continue la même politique...
M. BELLEMARE: On ne touche pas à ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... mais je tiens simplement à faire
cette parenthèse que rien n'empêche le ministre d'agir
autrement.
M. BELLEMARE: C'est parce que l'article
disait dernièrement. Le ministre se sert de son pouvoir
discrétionnaire pour donner plus ou moins à telle région.
L'occasion ne m'a pas été fournie de nier ça, et c'est
pourquoi je ne touche pas à ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien.
M. BELLEMARE: Les recommandations nous sont faites par le Conseil
d'orientation économique, je ne les vois pas, je vois la signature que
je mets au bas d'un CT, c'est tout ce que je vois au sujet du paiement. Je ne
participe pas, ni pour en donner plus ni pour en donner moins.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Une fois le budget adopté, le pouvoir
est discrétionnaire, mais le ministre ne s'en sert pas d'une
façon discrétionnaire.
M. BELLEMARE: Jamais.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bon, ça va.
M. BELLEMARE: Jamais, ni pour ça ni pour autre chose.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si le ministre accepte cette
procédure, nous pourrions mettre de côté les subventions
aux pêcheries...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ...pour revenir lorsque les pêcheries
seront appelées, et si le ministre voulait nous donner simplement une
nomenclature de la partie du $300,000.
M. BELLEMARE: Sur les $305,000,presque tout s'en va justement aux
conseils économiques régionaux. Il y a $100,000 en partant qui
sont distribués et souvent on n'en a pas assez. En partant c'est le gros
article. Ensuite, il y a le COSE, ça, nous ne sommes pas capables de
l'enlever, le Centre d'organisation des scientifiques et des entreprises. Tout
de suite en partant, il y a $75,000: mais on en récupère une
partie. Le député sait ça, qu'on récupère
une partie...
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'Ottawa.
M. BELLEMARE: Mais il y a $75,000 qui s'en vont. Ensuite, il y a la
Fédération du détail et des services du Québec,
cela a toujours été établi, $45,000. Il y a, dans les
grosses subventions, le Conseil des économistes de langue
française cette année, parce que le congrès mondial de
tous les économistes de langue française du monde se tient
à Montréal pendant l'Expo. Là on leur a accordé
$20,000. Le restant, ce sont de petites subventions: Fédération
des Chambres de commerce du Canada, $5,000 ou $6,000: pour les cours que donne
présentement la Chambre de commerce de la province de Québec, on
verse $10,000, comme on donne aussi des subventions à la chambre
elle-même de $5,000: il n'y a rien je pense, à la
Fédération des chambres du Canada français, l'alliance
entre Québec et la France. Non, je ne vois pas, je peux bien donner
toute la nomenclature, il n'y a rien...
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'avais tout simplement une autre question
là-dessus, c'est celle-ci. Nous avions convenu, il y a un an ou deux, de
favoriser la tenue d'un congrès de la Chambre de commerce
internationale, est-ce que le ministère a été avisé
que...
M. BELLEMARE: C'est fait, c'est déjà donné. M.
LEVESQUE (Bonaventure): C'est donné.
M. BELLEMARE: C'est donné: $25,000 puis $25,000. C'est fait,
c'est $50,000, c'est donné.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et cela a été pris à
même le budget de 1966/67.
M. BELLEMARE: 1966/67,$25,000: 1967/68, $25,000.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien.
M. BELLEMARE: Oui, on ne pouvait pas défaire ça. On ne
peut pas toucher à ça d'ailleurs.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Il y avait une lettre d'intention, et je me
demandais si on y avait donné suite.
M. BELLEMARE: J'ai tout respecté ce qu'il y avait d'écrit.
Il y en avait même une, je vous dis que cela m'a forcé...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je dois comprendre qu'on revient à
l'article 8?
M. BELLEMARE: Oui, oui. Est-ce qu'on revient à 8 et 14?
M. LE PRESIDENT: Huit et 14 vont de pair. M. LEVESQUE (Bonaventure):
C'est 8.
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 8.
M. BELLEMARE: Maintenant, 8 se divise en plusieurs autres: en
recherches, etc. Est-ce qu'on pourrait s'entendre par exemple pour faire une
discussion sur le sous-article 1, le sous-article 2, ou si vous aimez mieux
prendre tout l'article et discuter dans l'ensemble? Il y a dans cet
article-là, six grandes divisions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Plus ce que nous avions
réservé.
M. BELLEMARE: Bien, plus le 14, les immobilisations.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et, en plus, les statistiques du
côté des pêcheries, plus...
M. BELLEMARE: Les statistiques et les subventions.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... les subventions du côté des
pêcheries.
M. BELLEMARE: Ah! ça, je n'ai aucune objection. Maintenant, c'est
la méthode de travail que je voudrais adopter au début pour ne
pas faire de redondances et...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien voici, si on pouvait peut-être
passer les sous-articles un par un, simplement pour voir les chiffres, ensuite
on laisserait la discussion en général sur les
pêcheries.
M. BELLEMARE: D'accord. Alors on prend tout de suite le sous-article 1,
« Recherches, traitements ».
M. LACROIX: Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Salaires?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Frais de bureau, de voyage?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. BELLEMARE: Matériel?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Matériaux et fournitures?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Automobiles?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Autres dépenses?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Article 2: Centre biologique, sous-article 1, «
traitements ».
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que l'on pourrait, à ce
moment-ci, donner quelques détails sur la contribution
fédérale, avant de passer au Centre biologique? Il y a une
contribution fédérale dans le domaine de la recherche. Comment
est-elle basée?
M. BELLEMARE: Un instant.Il y a, en collaboration avec le gouvernement
fédéral, la station biologique marine, comme les laboratoires
techniques, d'ailleurs, qui effectuent des projets d'expansion des
pêches. Un laboratoire régional qui relève de la station de
biologie marine de Grande-Rivière est situé à
Cap-aux-Meules, aux Iles-de-la-Madeleine, effectue des travaux sur le homard et
les pétoncles, deux ressources très importantes pour les
Iles-de-la-Madeleine. Le directeur de la station de biologie marine est le Dr
Alexandre Marcotte dont le traitement annuel est de $13,500: sa
secrétaire est Mlle Reine Debunton dont le traitement annuel est de
$2,750.
Maintenant, est-ce que le député voudrait obtenir d'autres
renseignements sur ce service de recherche ou bien si...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, sur quoi est basée la
contribution fédérale et quelles sont les normes pour l'obtention
de cette assistance fédérale?
M. BELLEMARE: Le député sait - il l'a fait lui-même,
je ne voudrais pas lui dire que c'est par négociation que ça se
fait ce n'est pas rigide comme les subventions de tous les autres plans
conjoints. Cela a toujours été, par entente, depuis qu'il y a une
contribution du Canada à la recherche, surtout pour le domaine
biologique.
Vous savez, dans le temps du député, la contribution est
déjà partie de 50% et elle est montée à 55%: la
contribution fédérale a même monté une année
à 71% et puis, à un moment donné,
l'année suivante, elle a baissé à 63%, mais,
actuellement, la participation fédérale peut varier, selon les
travaux qui sont entrepris, entre 50% et 100%.Il y a des fois qu'on a eu 100%,
surtout lorsqu'il s'est agi d'un problème bien spécifique et qui
pouvait rendre service aux pêcheries maritimes du Canada. Là on a
eu une contribution. Le député a déjà, lui, par des
échanges, par un dialogue, et puis par des ententes,
réalisé que ce n'est pas tout à fait aussi
catalogué que les plans conjoints, tant pour cent dans telles occasions:
ça varie. Nous avons, nous aussi, fait des ententes qui varient, qui
sont des fois en montant ou en descendant, selon l'intérêt
biologique de la recherche qui est en cause.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre a eu des
communications récentes avec le gouvernement fédéral, et
particulièrement avec le ministère fédéral des
Pêcheries, sur un programme de recherche qui pourrait intéresser
le Québec d'une façon particulière, sur les structures qui
existent de part et d'autre, sur le danger de dédoublement qu'il y a ou
qu'il pourrait y avoir, vu que les deux gouvernements font des études
qui souvent se chevauchent. Y a-t-il eu des discussions, par exemple, sur
l'opportunité d'avoir un centre de recherche des pêcheries sur le
campus universitaire de Laval? Y a-t-il eu des négociations ou des
discussions au sujet des recherches qui se font à Grande-Rivière,
par exemple, en Gaspésie, autant du côté
fédéral que provincial? Y a-t-il eu, autrement dit, de ces
pourparlers qui auraient pour but et comme conséquence peut-être
une meilleure programmation, une meilleure coordination des efforts qui se font
de ce côté?
M. BELLEMARE: D'abord, la question de l'honorable député
est multiple...
M. LACROIX: En escalier.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de vous dire qu'avant le 5 juin, il y
avait eu des pourparlers, d'ailleurs. On a trouvé des pièces, des
bribes de débuts de lettres: il y en avait une entre autres qui
commençait: « Mon cher ministre, je vous accuse réception
et je vous assure de ma présence ». Cela, ça voulait tout
dire. On dit: Pourquoi est-ce qu'il y va? Alors, là, on ne le savait
pas. On s'est mis à chercher partout: c'était pour des recherches
biologiques.
Bref, d'abord la première réponse, c'est qu'il y a
actuellement des recherches qui se font très intensément par le
gouvernement fédéral, quant aux limites territoriales.
Il y a déjà des procès en cours. C'est un autre
aspect de la question, mais elle fait partie quand même d'un tout et
justement à cause d'une certaine province qui, elle, a fait des
représentations et qui conteste publiquement devant les tribunaux la
validité du point de vue fédéral. Nous autres aussi
ça nous a mis sur le « stand by ». Le député,
qui est bien au courant du cas, sait exactement la portée de mon
intervention. Je ne peux pas aller plus loin pour tout de suite à cause
des causes sub ju-dice et surtout de l'intérêt majeur qu'auraient
aujourd'hui d'autres nations d'avoir une déclaration du ministre des
pêcheries de la province de Québec quant à la
localisation.
L'autre question, en ce qui concerne les recherches. Nous avons
actuellement des pourparlers qui sont demeurés au statu quo pour bien
des raisons. On accepte difficilement à Ottawa notre point de vue sur
certains sujets d'étude que nous poursuivons seuls, que nous payons
seuls. Le député sait ça, il en a fait lui-même. Le
fédéral voulait l'entraîner dans l'examen de certaines
choses et il a dit: On n'a pas d'affaire là. Mais le ministre du temps,
avec le ministère, a continué quand même à faire des
recherches qui ont été sûrement très fructueuses, et
nous nous en sommes... Merci. Cela allait bien pourtant.
M. LAPORTE: Je m'en viens mettre la chicane.
M. BELLEMARE: On va dire comme l'autre jour: « A la porte
»
M. LAPORTE: Ah! « Belle mort ».
M. BELLEMARE: Nous avons par exemple, avec certains octrois du
fédéral dans la recherche, découvert de nouvelles
productions. Exemple, celles qui étaient entreprises quand je suis
arrivé. Je ne l'ai pas fait, moi. Je suis arrivé, et
c'était déjà commencé: celle du homard à
l'Ile d'Anticosti qui a été superbe, qui nous laisse beaucoup
d'espoir. Ce n'est pas moi qui ai fait ça. Je suis arrivé et tout
était fait par ceux qui avaient la responsabilité. Comme quand je
partirai, d'autres prendront mes bonnes actions et hériteront de mes
mauvaises.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que le ministre songe à partir
bientôt?
M. BELLEMARE: C'est une bien bonne question. Pour la pêche, je
suppose? Non. Que le député se rassure, j'aime
énormément ce ministère-là.
M. LEVESQUE (Bonaventure): S'il avait à choisir entre le
ministère de l'Industrie et du Commerce, je me demande s'il a le choix,
mais enfin, s'il avait le choix.
M. BELLEMARE: Je garderais les deux. Cela se complète,
excepté pour les pêcheries, c'est un autre domaine. Mais Industrie
et Commerce, ça représente pas mal les investissements, les
patrons, le travail, les centrales syndicales, et tout ça, on n'est pas
trop mal placé pour porter un bon jugement. Alors je continue.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Si vous continuez dans ce sens-là,
pour être logique, il faudrait être premier ministre et vous auriez
toute l'affaire.
M. BELLEMARE: Ah non. Je ne me prends pas pour un autre, moi. Loin de
moi cette pensée.
M. LAPORTE:Il se prend pour deux autres.
M. BELLEMARE: Je dis donc que j'ai trouvé à mon
arrivée cette expérience qui avait été
préparée par des recherches et des travaux qui avaient
été subventionnés en grande partie par le gouvernement et
le fédéral. Mais nous avons cette année continué
ces recherches et nous les avons intensifiées d'une manière
particulière parce que les pêcheurs nous ont demandé
à un moment donné d'étendre les périodes, les
saisons, seulement.Il faut faire bien attention pour ne pas tuer la poule qui
pond de si bons oeufs. Au contraire. Là, ils ont trouvé une
manne, alors ils ont dit: Deux semaines de plus, trois semaines de plus, un
mois de plus. On a dit: Attends un peu, hein? On va regarder ça bien
froidement le ministère, les biologistes on a dit: On
peut, dans certaines circonstances, à cause du mauvais temps,
peut-être. Alors, on a mis une limite. Cela est dû aux recherches
qui ont été faites. Comme par exemple dans les pétoncles.
Bien, il se développe présentement une grosse industrie de ce
côté. Une industrie qui a été faite à base de
recherches où la province est intervenue. Surtout, les biologistes ont
travaillé énormément pour trouver un nouveau
marché.
Vous allez avoir, cette année, un homme qui a une industrie
privée, qui est venu nous voir et qui a acheté des bateaux, deux
bateaux, qui va nécessairement développer cette
pêche-là d'une manière particulière. Vous avez
ensuite la pêche aux crevettes qui va se déve- lopper, en
particulier à Matane, cette année, qui va apporter un
marché extraordinaire. Je pense bien que le député des
Iles le connaît, M. Soucy, qui est en train de s'organiser avec des
bateaux pour faire cette nouvelle pêche-là.
M. LACROIX: En ce qui concerne les pétoncles...
M. BELLEMARE: Vous avez, M. le Président, à part
ça...
M. LACROIX: Est-ce que le ministre me permettrait une question? En ce
qui concerne les pétoncles, quel est celui qui fait construire des
bateaux pour faire spécialement cette pêche?
M. BELLEMARE: Non, pas construire.Il est venu nous voir pour avoir des
bateaux. Ce n'est pas terminé. Parce que nous avons quelques bateaux qui
sont un peu vieillis et qui feraient peut-être l'affaire pour le moment.
Mais ce n'est pas terminé. C'est un bon marché qui se
développe intensément. Vous savez qu'actuellement, je n'ai pas
besoin de vous dire que dans ce domaine de recherche justement, qui est
très important, nous allons cette année encore pousser plus loin
et s'il y a moyen d'intensifier par l'engagement de nouveaux biologistes...
mais ce sont des hommes rares, extrêmement rares. Vous savez comme c'est
difficile de trouver un biologiste. Surtout avec certaines organisations qui
les paient très cher.
M. LACROIX: En ce qui concerne la pêche aux pétoncles, je
crois que l'honorable ministre doit être au courant que, l'an
passé, les prix pour ce produit ont diminué sensiblement et que
la quantité capturée a également diminué de
beaucoup. Et je crois...
M. BELLEMARE: Pas tellement que ça.
M. LACROIX: ... qu'il s'agit là d'une pêche que le
gouvernement devrait réserver aux pêcheurs côtiers parce
que, il y a deux ans et l'année passé, des représentations
spéciales ont été faites au ministère afin qu'une
saison soit définie pour la pêche aux pétoncles. C'est
à la suite des représentations qui ont été faites
par les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine, et par celui qui vous parle,
qu'une saison de pêche a été fixée à compter
du 10 juillet pour permettre aux pêcheurs de homards de prolonger leur
saison de travail actif et naturellement, l'an passé, les bancs de
péton-
cles ont rendu beaucoup moins que l'année
précédente. La valeur des produits a été moindre
également. Et si on permet aux pêcheurs hauturiers ou à des
organisations très spécialisées de s'adonner à
cette pêche, j'ai l'impression très nette qu'à ce
moment-là nous détruirions complètement la capacité
de travailler des pêcheurs côtiers et si on permet aux
pêcheurs côtiers d'avoir des gréements qui soient valables,
ceux qui ne seront pas capables de les acheter, par le prêt maritime ou
d'une autre façon, le gouvernement leur venant en aide, c'est sûr
qu'à ce moment-là, on libérera le Service du Bien-Etre
social et on permettra aux pêcheurs de gagner leur vie et celle de leur
famille en allant en mer, chose qu'ils préfèrent d'ailleurs
à tout autre travail, à toute autre source de revenus.
Mais, pour en revenir à la recherche, est-ce que le
ministère a des projets spécifiques pour l'année en cours
en ce qui concerne la recherche aux environs des Iles-de-la-Madeleine en
particulier?
M. BELLEMARE: D'abord, est-ce que le député me permet de
revenir un peu sur l'affaire des pétoncles?
M. LACROIX: Parfait.
M. BELLEMARE: Vous savez. Ce n'est pas facile, les pétoncles. Si
on fermait complètement, il n'y a pas besoin de vous dire qu'il y a
d'autres provinces qui fermeraient leurs côtes. Nous ne sommes pas loin
d'une province qui, elle aussi, pourrait nous fermer son entrée. Le
député le sait. Alors, il faut vivre. Et à part ça,
les douze mille, ce n'est pas encore défini. C'est ce que je disais
à l'honorable député tout à l'heure, cela fait
partie de la recherche. Le fédéral essaie, mais nous, nous avons
notre point de vue.
M. LACROIX: D'ailleurs, la question de la limite territoriale n'entre
pas en ligne de compte dans le moment car ce sont des pêcheurs canadiens
qui viennent.
M. BELLEMARE: D'accord, mais nous allions, mon cher monsieur, dans une
autre province et fermerions la nôtre, nous aurions des
difficultés ailleurs. Le député dit qu'il y a eu une
baisse, d'accord. C'est sûr que le marché est tombé. Non
seulement là. Il est tombé dans le cas de la plie, du maquereau,
de la morue...
M. LACROIX: C'est celui de la ville qui a pris l'avantage.
M. BELLEMARE: Oui, surtout le vôtre.
M. LACROIX: C'est votre vertu qui en souffre.
M. BELLEMARE: Avez-vous d'autres annonces à faire?
M. LACROIX: Je ne veux pas faire de concurrence.
M. BELLEMARE: Alors, je dis donc que nous avons certainement
intensifié cette recherche de ce côté-là, et, quand
le député parle du service social, je vous garantis que s'il y a
un homme qui est sensibilisé à ça c'est bien notre
sous-ministre, puis le sous-ministre de la Famille et du Bien-être
social, M. Guay, qui, lui aussi, voudrait bien essayer de soulager le
ministère de la Famille et du Bien-être social de plusieurs cas
difficiles. Mais c'est difficile d'agencer ça pour qu'au numéro
suivant on passe tout de suite aux homards, tout de suite au numéro
suivant on passe aux pétoncles, puis tout de suite au numéro
suivant on passe aux maquereaux, c'est difficile. Alors, dans les
circonstances, je pense qu'il y a des projets de recherches, c'est sûr,
nous en avons faits l'an passé. On a fait au Centre de la
Grande-Rivière des expériences à la lumière. Je ne
sais pas si le député est au courant: nous avons eu des
succès très considérables, surtout pour la pêche aux
harengs.
M. LACROIX: On a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver
aux expériences qui ont été faites dans d'autres pays au
point de vue...
M. BELLEMARE: ... oui, mais je dis que je ne suis pas déçu
de ce que nous avons obtenu jusqu'ici.
M. LACROIX: Avec raison.
M. BELLEMARE: Nous avons, l'an passé, pour la première
fois, essayé le système de la pêche à la
lumière et nous avons fait à ce moment-là des pêches
extraordinaires. Il y a une technique à observer, parce que ce n'est pas
facile. Il y a toutes sortes d'éléments qu'il faut
contrôler: savoir se poster, avoir les détecteurs qu'il faut et,
à ce moment-là, je vous garantis que lorsqu'on a plusieurs
facteurs, plusieurs éléments qui nous aident, on fait des prises
superbes. Je vous garantis que nous avons fait une couple d'expériences
qui ont été relatées par... Alors, ç'a
été fantastique. Maintenant, dans le bureau des recherches, il y
a aussi, cette an-
née, le relevé des algues marines pour un montant de
$5,000 pour le fédéral, $5,000 pour le provincial. Cela c'est un
projet, il a réussi: il y a un essai de pêche aux filets maillants
pour poissons rouges: vous savez, le poisson rouge, c'est comme tous les rouges
c'est assez difficile à capturer.
M. HARVEY: C'est bon.
M. BELLEMARE: Cela prend un filet maillant spécial.
M. HARVEY: C'est du bon poisson. M. BELLEMARE: Comment? M. HARVEY: C'est
délicieux.
M. BELLEMARE: Seulement qu'à en parler vous savez ce que c'est
qu'un poisson.
M. HARVEY: Avez-vous déjà pris une truite qui est bleue?
Elle n'est plus bonne.
M. BELLEMARE: Non?
M. HARVEY: Il faut la jeter.
M. LACROIX: Mais je pense que le ministre n'est pas tout à fait
au courant parce que le poisson rouge n'est pas tellement difficile à
prendre. Cette année, on en a pris des millions de livres.
M. BELLEMARE: M. le Président, je retire ça, je ne veux
pas de chicane, vous savez.
M. HARVEY: Vous retirez ça, d'accord?
M. BELLEMARE: Je veux seulement continuer à dire...
M. HARVEY: D'ailleurs, le bon sang n'est jamais bleu.
M. BELLEMARE: M. le Président, non,non, je continue, ça va
bien, là, notre affaire...
M. HARVEY: Est-ce que vous avez une assemblée?
M. BELLEMARE: Nous avons un bon esprit et on va continuer.
M. HARVEY: Revenez au bercail.
M. BOURASSA: Le député de Joliette est
réveillé.
M. BELLEMARE: Alors, les installations de sondeuses sur les barques
côtières, on va avoir ça cette année, on fait des
expériences sur ça. Est-ce que le député veut que
je lui lise?
M. LACROIX: Oui, parce que je veux revenir à la question
précise que je posais au ministre. Est-ce que le ministère
à des projets spécifiques de recherches autour des îles,
soit par l'utilisation de nouveaux équipements de pêche, de
nouveaux agrès ou par la recherche de nouvelles sortes de poissons
à exploiter?
M. BELLEMARE: Oui, quand on parle par exemple de chaluts
semi-pélagiques pour poissons de fond, cela regarde spécialement
les îles.
Il y a cette année un montant très considérable
à la disposition du bureau de recherches pour s'occuper de ça. Il
y a ensuite la pêche aux lumières qui va être
intensifiée cette année, pour un montant de $38,000. Il y a aussi
les repérages du poisson par hélicoptère, les
agrès, le matériel de pêche pour les bateaux côtiers.
Il y a là encore une somme de $10,000. Et, ensuite, l'épuration
des coques, c'est encore une grosse amélioration. Il y a l'essai de
transformation des produits nouveau, c'est une autre affaire. La machine
à éviscérer le poisson à bord des chalutiers,
$10,000. C'est notre programme pour l'année. Il y a aussi les
expériences mécaniques de la production des « bloaters
» aux Iles-de-la-Madeleine. Cela regarde précisément le
comté que représente le député, les
expériences de mécanisation de la production des « bloaters
»...
M. LACROIX: Est-ce qu'on a l'intention de procéder en plusieurs
endroits à la mécanisation.
M. BELLEMARE: Je ne pense pas. Le sous-ministre me dit que nous ne
pouvons pas répéter ça à plusieurs endroits.Il faut
que ça se fasse à un endroit précis, et si ça ne
donne pas le succès qu'on attend on le refait à un autre endroit.
Je pense que c'est la logique même. Il y a ensuite la ligne de production
des poissons salés à Blanc-Sablon. C'est une autre
expérience à Blanc-Sablon. Nous sommes allés là,
l'été passé, je pense qu'il y a une expérience
à faire là et puis ensuite, il y a aussi la transformation du
hareng et puis du maquereau, pour en faire des bons garçons. En plus de
ça, il y a un autre « divers et imprévus » pour
d'autres choses qui peuvent nous arriver.
Maintenant, c'est un montant considérable, et le gouvernement
fédéral contribue pour un montant de $143,500. La province
contribue pour un montant de $84,500, ce qui fait un quart de million,
seulement en recherches pour notre province.
M. LACROIX: Mais, comme je le mentionnais, le 16 février, au
cours de l'allocation que j'avais l'occasion de prononcer, lors du débat
sur l'adresse en réponse au discours du Trône, est-ce qu'il se
fait quelque chose du côté du gouvernement provincial, comme le
mentionnait tout à l'heure le député de Bonaventure, pour
que le service des recherches fédéral fasse également du
travail dans le golfe et particulièrement aux alentours des
Iles-de-la-Madeleine, parce qu'il est beaucoup mieux équipé pour
faire ce travail que ne l'est le ministère de l'Industrie et du Commerce
provincial?
M. BELLEMARE: Le sous-ministre me donne une Information que je transmets
à la Chambre, c'est que le gouvernement fédéral ne tient
pas à nous avoir au comité. On trouve ça assez
délicat: il a son comité des représentants de
l'université Laval, des représentants de l'université
McGill de Montréal et des manufacturiers, des producteurs, des hommes
d'affaire, des gens de l'université de Montréal, des trois
universités et nous n'avons jamais été, ni avant moi, ni
aujourd'hui, requis d'en faire partie. Le sous-ministre me dit que d'autres
ministres avant moi ont essayé de faire des représentations. Ils
font leur travail, eux autres, seuls: ils s'occupent de leur champ d'action. Je
ne dis pas que le député n'a pas un tantinet raison, mais c'est
extrêmement difficile parce qu'ils nous répondent: Bien vous avez
notre contribution. Quand ils regardent notre affaire, à nous, nous
avons nos moyens d'action et nous n'avons pas besoin, à ce
moment-là, de référer à eux. Si vous voulez prendre
vos recherches, nous sommes prêts à y participer pour un montant
qui varie de 50% à 100%, comme je l'ai expliqué tout à
l'heure.
M. LACROIX: Maintenant, quand les résultats des
expériences sont connus, les travaux de recherches...
M. BELLEMARE: Du fédéral ou du provincial?
M. LACROIX: Du provincial. M. BELLEMARE: D'accord.
M. LACROIX: Etant donné que la province de Québec est la
seule province qui assume la responsabilité entière de ses
pêcheries commerciales, le gouvernement fédéral ne vient
pas participer à nos travaux. Je crois qu'il y aurait lieu pour le
ministre responsable de l'In- dustrie et du Commerce de continuer. Quant
à nous, nous espérons que le fédéral revisera ses
positions et qu'il viendra nous aider. Mais en tout cas, quand on n'essaie pas,
il n'y a pas moyen de réussir.
M. BELLEMARE: Demandez ça à votre voisin.
M. LACROIX: Mais de toute façon, pour l'avenir, lorsque les
résultats des expériences ou des recherches seront connus, est-ce
qu'il y aurait possibilité de faire parvenir ces informations-là
aux pêcheurs et aux députés des comtés qui sont
intéressés? Je voudrais vous citer un exemple: il y a deux ans
c'est au mois de juillet 1965 j'étais aux
Iles-de-la-Madeleine en vacances avec ma famille pour une période de
quelques semaines et étant au quai de Cap-aux-Meules, les pêcheurs
sont venus me trouver et ont dit: Regardez, voici quatre bateaux de l'Ile du
Prince-Edouard et de la Nouvelle-Ecosse qui arrivent avec des pétoncles
et puis nous autres, on est ici et puis on n'est pas capable d'aller en
chercher, on n'est pas gréé pour ».
M. BELLEMARE: Il y a quatre ans?
M. LACROIX: Non, c'est en 1965, au mois de juillet 1965. A ce
moment-là, j'ai dit: Depuis 1963, j'ai des réunions
fréquemment, presque tous les mois, avec les gérants de
coopératives, les associations de pêcheurs et je demande toujours
s'il n'y a pas de possibilités de développer d'autres
pêches et vous ne m'avez jamais entretenu de la possibilité de
développer la pêche aux pétoncles aux alentours des
Iles-de-la-Madeleine. J'ai rencontré les gérants de
coopératives et là on m'a informé que le ministère
avait fait parvenir à un gérant seulement, je crois, le
résultat des recherches.
Comme on n'avait pas de bateaux équipés pour ça, il
a demandé à des unités de pêche de
l'Ile-du-Prince-Edouard et du Nouveau-Brunswick de venir faire de la
prospection, de venir travailler. Et la compagnie Gordon Pew, voyant la
coopérative centrale réussir avec cette pêche, a elle aussi
fait venir des bateaux de la Nouvelle-Ecosse pour faire cette
pêche-là.Il y a quelques semaines, le ministère a sorti un
communiqué à l'effet que la pêche auxpétoncles avait
rapporté $240,000 aux pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine.
L'information est inexacte puisque la très grande partie de ces sommes
est allée à des pêcheurs de l'Ile-du-Prince-Edouard, du
Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Ecosse. Et nos pêcheurs
n'étaient pas
équipés et nous avons eu toutes les difficultés du
monde à nous procurer les agrès de pêche qu'il fallait pour
pratiquer cette pêche.
L'an passé, nos pêcheurs ont voulu s'équiper, mais
nous avions de la difficulté à obtenir le financement de ces
agrès. C'est pourquoi quand on a commencé, on ne veut pas fermer
le golfe, on ne veut pas empêcher les autres de venir pratiquer la
pêche aux pétoncles autour des Iles, mais en délimitant la
saison de pêche le 10 juillet, on élimine un grand nombre de
pêcheurs qui sont retenus dans leur province par la pêche aux
homards. Et ça donne presque l'exclusivité aux pêcheurs des
Iles-de-la-Madeleine.
Mais de toute façon, dans l'avenir, M. le Président, je
voudrais que le ministère envisage la possibilité, aussitôt
que les résultats des recherches seront connus, de transmettre ces
résultats aux pêcheurs, aux associations de pêcheurs, aux
gérants de coopératives, aux industries intéressées
dans la transformation du poisson et également aux députés
qui représentent ces circonscriptions, ce qui leur permettra de pouvoir
aider plus efficacement leurs commettants.
M. BELLEMARE: D'abord, M. le Président, il y a trois grandes
questions que vient de me poser l'honorable député. La
première, comment se fait-il que ce soient les bateaux de
Ile-du-Prince-Edouard qui sont venus ramasser le poisson? Cela se comprend,
c'est que ce sont les bateaux du fédéral qui, à ce
moment-là, par leur service d'océanographie, et d'hydrographie,
ont pu déceler les bancs. On a envoyé le message à M.
Turbide, le président de la coopérative, on n'était pas
équipé à ce moment-là, on n'avait pas de bateaux:
ils ont envoyé la même Information aux autres qui étalent
prêts. Alors, à ce moment-là, ils ont passé puis ils
ont ramassé les poissons, les pétoncles, et ils les ont
déchargés. Vous avez raison, mais vous admettez vous aussi que
c'est difficile de s'organiser. On n'a pas besoin, je pense, d'aller bien loin
pour connaître les finances de nos coopératives et les moyens
d'action qu'on a dans ça. On est limité, extrêmement
limité, parce qu'on a une industrie de pêche qui, même avec
les subventions que donne la province, est aux limites de la possibilité
de payer, puis d'encaisser.
L'autre grande question, c'est: Comment se fait-il que la statistique du
ministère était fantastique...
M. LACROIX: $240,000.
M. BELLEMARE: ...$240,000.C'estbiensûr que c'est vrai, c'est
indéniable. Cela a été dé- barqué là.
On ne dit pas que c'est seulement la pêche qui a été au
bénéfice des pêcheurs des Iles, mais on dit, par exemple,
ç'a été débarqué là. Personne ne peut
nier ça.
M. LACROIX: Si vous voulez lire le communiqué, je crois qu'il dit
que ce fut une manne pour les pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: Bien écoutez, ils ont eu leur part, peut-être
pas tout le gâteau, mais le député ne peut pas certainement
contredire que ces 240,000 livres ont été
débarquées là aux Iles.
M. LACROIX: Très bien.
M. BELLEMARE: Bon, alors ça, c'est une information qui est
moitié vrai, qui s'explique.
La troisième question, c'est que, dans la pêche aux
pétoncles, le député sait qu'on ferme le banc durant la
pêche aux homards. Le député sait ça. Qu'est-ce que
vous voulez, on le ferme! Alors, c'est déjà une protection qu'on
accorde, c'est une protection qui semble justifiée et pour le
pêcheur et pour tout le monde.
Qu'est-ce que vous voulez? Dans ça comme dans d'autres choses, on
aura toujours de la matière à critique puis à
perfectionnement. C'est impossible de faire des miracles et de changer du jour
au lendemain toute une organisation aussi considérable que
celle-là, surtout là où des intérêts
différents, divergents sont en cause. C'est fantastique, M. le
Président, les accointances qu'il y a dans le marché du poisson.
Je n'avais jamais réalisé, avant de m'y mettre jusqu'aux
dernières lignes, combien ce marché-là est sensible. Il
est exposé à tous les vents et il cause aussi des
préjudices à tout un secteur de notre économie qui est,
lui, sans défense. Qu'est-ce qu'on peut faire contre le vent? Qu'est-ce
qu'on peut faire contre le manque de hareng dont, à un moment
donné, on n'a plus? Qu'est-ce qu'on peut faire contre le marché
lui-même? Qu'est-ce qu'on peut faire contre un voisin qui, lui, est mieux
outillé depuis 20 ans? Qu'est-ce qu'on peut faire contre un trust que
connaît le député, trust qui régit la
transformation, l'expédition et le marché lui-même et sur
lequel nous n'avons aucun contrôle, sauf d'essayer par notre pouvoir
supplétif d'y apporter quelques panacées?
C'est difficile. Le député vit intensément ce ce
problème-là, mais nous aussi nous le vivons intensément.
Mais nous apportons, dans l'étude de ces problèmes, surtout par
la recherche, tel qu'on vient de le démontrer, notre meilleur
dévouement, selon ce qu'on peut produire et ce qu'on peut
désirer.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permet une question?Il a
référé à un trust qui existe et avec lequel le
député des Iles-de-la-Madeleine semblerait familier, suivant le
ministre. Est-ce que des démarches ont été faites à
l'égard de ce trust qui nuit aux activités des pêcheurs?
Est-ce que vous avez fait des rapports à la commission d'enquête
sur les coalitions à Ottawa?
M. BELLEMARE: Le député, je vais lui expliquer ça
en deux mots. Il y a trust et trust. Nous vivons à côté des
provinces maritimes qui, elles, ont axé leur économie en grande
partie sur les pêcheries. Terre-Neuve, il n'y a pas si longtemps, avant
de connaître le développement des usines de papier à
St-Jean et ailleurs, avant de connaître l'aventure de Brinco,
était une province à 90% basée sur l'économie
maritime, même sur les pêcheries. La Nouvelle-Ecosse depuis des
années travaille avec les subventions fédérales à
bâtir aussi un marché de pêcheries. Le Nouveau-Brunswick
s'occupe aussi en grande partie de pêcheries maritimes et nous sommes,
nous, un petit secteur extrêmement limité à
côté de ces grands marchés et nous sommes obligés de
répondre à la concurrence, à la transformation et aux prix
qui nous amènent des problèmes immenses, parce qu'au-dessus de
tout ça, il y a les marchés et les marchés sont
contrôlés souvent par les Etats-Unis, par certaines grandes
puissances des Etats-Unis qui elles disent: Oui, bien demain matin, c'est tant.
Qu'est-ce que vous voulez qu'on y fasse? Elles vont établir à un
moment donné le prix du poisson rendu f.o.b. telle place, il faut le
prendre. On a peut-être six ou sept cent mille livres de poisson
entreposées à un moment donné. On l'a produit, on l'a
payé.
M. CHOQUETTE: Mais je pensais que le ministre référait
à l'existence d'un trust dans le domaine de la pêche ici au
Canada.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire que non. C'est une organisation. Je
sais bien ce que veut dire un monopole...
M. CHOQUETTE: Un monopole.
M. BELLEMARE: ... la loi des monopoles, je la connais bien, mais je dis
qu'actuellement, ce n'est pas... j'ai peut-être dit le mot trust pour
donner plus...
M. CHOQUETTE: Plus d'image. M. BELLEMARE: ... d'image à...
M. LACROIX: Ah! c'est une grosse organisation.
M. BELLEMARE: C'est terrible! Il faut vivre dans ça, il faut
être intimement lié à ça, comme nous le sommes
depuis quelques mois, pris avec ces problèmes difficiles, pour se rendre
compte combien ont du mérite ces pêcheurs-là, combien on
doit les aider, combien on doit faire l'impossible pour revaloriser et leur
métier et leur prestige parce qu'ils vivent dans une situation difficile
à côté de grandes organisations.
C'est pourquoi nous n'avons rien négligé de tout ce qui
était humainement possible pour mettre à leur disposition des
avantages financiers, et même d'autres avantages matériels.
M. LACROIX: Tout à l'heure pour revenir seulement un
instant sur la question de la pêche aux pétoncles je
mentionnais au ministre qu'autant que possible il fallait réserver cette
pêche aux pêcheurs côtiers, c'est pour éviter que ...
d'ailleurs, je crois que le ministre est au courant, beaucoup de
propriétaires de chalutiers ont fait application pour demander...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LACROIX: ... de faire presqu'exclusivement cette pêche, parce
que leurs chalutiers étaient désuets ou n'étaient plus
rentables dans la pêche hauturiêre. Mais, il demeure que si on
donnait la permission à un, deux, trois ou quatre pêcheurs
hauturiers, surtout quand la pêche à la morue diminue, vers le
milieu de juillet jusqu'à la fin de septembre, à ce
moment-là, les gens, au lieu d'aller chercher du poisson rouge, iraient
aux pétoncles, puis on irait au bout du banc de pétoncles
très rapidement. C'est uniquement dans ce but-là que je
mentionnais à l'honorable ministre de réserver cette pêche
aux pêcheurs côtiers.
Pour revenir sur le sujet de la sécurité que l'on doit
assurer aux pêcheurs, je dois encore demander à l'honorable
ministre de faire des pressions pour qu'avec les autres ministres des
pêcheries des provinces maritimes il fasse des représentations
très fermes vis-à-vis le gouvernement fédéral pour
que, comme je le mentionnais le 16 février dernier, un office
d'entreposage et de mise en marché soit créé pour la
pêche un peu comme celui qui existe pour le blé dans l'Ouest. A ce
moment-là, nos pêcheurs pourraient obtenir une
sécurité que jamais les subventions gouvernementales provinciales
ne pourront leur assurer.
M. BELLEMARE: M. le Président, je suis bien heureux d'entendre le
député parler de marché et surtout de faire un «
pool », d'établir par les autorités fédérales
un office. M. Smallwood en 1964 si vous relisez le rapport qui a
été fait à la conférence
fédérale-provinciale, vous allez trouver ça dans le volume
tome n, pages 214 et 215, je ne me souviens pas au juste, mais vous allez
trouver ça là recommandait justement d'avoir une
régie, un marché et c'est M. Eric Kierans, qui était notre
représentant, qui s'est battu contre, qui a dit que ça n'avait
pas de bon sens, que le petits que nous étions, nous étions pour
disparaître. Alors, je ne sais pas si l'honorable député
veut contredire l'honorable député de Notre-Dame-de-Grâce:
personnellement, je trouve que je serais contre. Je ne veux pas discuter
l'opinion des autres, mais, personnellement, je serais contre, parce qu'il y
aune foule de détails et de choses qui sont incontrôlables par
nous. Nous serions embarqués, nous serions pris dans une galère
où nous n'aurions presque rien à dire. Et puis on serait
obligé d'accepter ... Au moins aujourd'hui, on peut en sortir. On dit:
On n'a pas besoin de vous autres, on fera ce qu'on voudra, si on paye, on
paiera chez nous, on ne paiera pas pour les autres. Et puis, c'est ce qui
arrive: demain, si on était pris dans un « pool », il
faudrait que même les sommes qu'on paierait en subsides aillent dans le
« pool » pour aider tout le monde. On est contre ça. On dit
que si, demain, on a un problème, on va le régler chez nous et je
pense qu'on est capable de prendre des dispositions. Si j'élève
la voix, ce n'est pas parce que je suis choqué. Je ne voudrais pas
changer le ton, ça va trop bien, mais ce sont...
M. LACROIX: Vos convictions.
M. BELLEMARE:... mes convictions profondes. Je vis intensément ce
problème-là, surtout de ce temps-ci, et puis je peux vous dire
que tout ce qui regarde la recherche, particulièrement ces
différentes organisations qui essayent de nous entraîner dans des
organisations sur lesquelles on n'aura aucun contrôle, je ne suis pas
prêt, demain matin, à donner mon assentiment
M. LACROIX: Je n'ai pas lu le rapport mentionné tout à F
heure par l'honorable ministre, disant quelles auraient été les
opinions émises par le député de
Notre-Dame-de-Grâce. Je le ferai certainement dans un avenir
rapproché. Quant aux craintes du ministre en ce qui concerne un office
d'entreposage et de mise en marché, je crois qu'à l'heure
actuelle, il faut se rendre tout de même à l'évidence que,
pour chaque dol- lar de produits finis qui sort de l'usine qui est mis sur le
marché, il en coûte $1 et davantage au gouvernement, et nos
pêcheurs reçoivent un prix qui ne leur permet pas toujours de
s'assurer le strict minimum vital.
Il y a là une lacune, il y a là un manque à gagner
qu'il faut essayer de résoudre de quelque façon. Prenez par
exemple l'an passé, s'il y avait eu un office d'entreposage et de mise
en marché, nous aurions pu préparer une quantité beaucoup
plus grande, mais seulement...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas dans les recherches, là, on s'en va
vers autre chose.
M. LACROIX: Au point de vue de l'office...
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection. Ce sera discuté, ce sera
fait.
M. LACROIX: A quel article voudriez-vous qu'on reporte cette
discussion?
M. BELLEMARE: On peut bien le finir, si le député n'en a
pas pour trop longtemps.
M. LACROIX: Je n'en ai pas pour longtemps... M. BELLEMARE: D'accord,
finissons-le.
M. LACROIX: J'ai perdu un peu le fil de mes idées, je m'excuse.
Je dis que, si on avait eu un office de mise en marché et d'entreposage
l'an dernier, nous aurions pu préparer du hareng fumé en
quantité beaucoup plus considérable parce que la demande a
été assez forte au cours de l'hiver. Les prix étaient
bons, et nous ne pouvions pas en fournir. Nous aurions pu préparer du
maquereau salé, du filet de maquereau, parce que le marché
était assez ferme au cours de l'hiver et nous n'en avions pas. Mais nous
ne pouvions pas permettre aux pêcheurs d'aller en capturer parce que nous
n'étions pas capables de l'acheter. Au moment de la saison de
pêche, les marchés n'étaient pas favorables. Mais s'il y
avait eu un office d'entreposage et de mise en marché, un peu dans le
genre de celui du blé, nos pêcheurs auraient été en
mer travailler, gagner leur vie, le gouvernement aurait assuré la mise
en marché et l'entreposage, les produits se seraient
écoulés au cours de l'hiver, et nos pêcheurs auraient eu un
salaire convenable. Mais là, ils n'ont pas pu travailler parce que nous
n'avions aucun organisme qui aurait permis d'entreposer ces quantités de
poissons préparés. C'est pourquoi, au cours de l'étude du
bill 10 et je sais que les règlements ne permettent pas d'y
revenir je demandais
à ce moment-là que les montants que le gouvernement
pouvait garantir, au lieu d'être portés à $500,000 soient
portés à $750,000, ce qui aurait permis à nos organismes
de pouvoir emprunter, payer les pêcheurs et mettre en entreposage ces
quantités de poissons qu'il a fallu laisser à la mer.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas une situation nouvelle. En partant du
principe que ce n'est pas nouveau, nous ne pouvons pas tout régler dans
l'espace de dix mois, ça c'est sûr. Je continue en expliquant au
député qu'actuellement son principe porte à faux.
Aujourd'hui, demain, la pêche va commencer, dans quatre ou cinq jours les
bateaux vont être en mer, nos entrepôts sont pleins à
craquer de poissons congelés qu'on n'a pas pu vendre à cause de
l'état du marché. Je l'ai dit tout à l'heure et je le
répète: C'est un des secteurs de l'économie le plus
sensible sur lesquels on n'a aucun pouvoir et, même dans un pool, on
pourrait encore moins contrôler ni le marché, ni la
qualité. On a des milliers de tonnes de produits congelés qu'on
n'est pas capable de passer actuellement à cause du marché qui a
pris une dégringolade gigantesque. Tout le monde sait ça. C'est
cela le problème. Cette année, on retourne en mer dans quatre ou
cinq jours, on a des stocks qui ne sont pas vendus.Il va falloir certainement
et le député s'apercevra qu'on est bien attentif devant ce
problème d'ici quelque temps, il y aura une nouvelle qui
paraîtra, que j'annoncerai ici en Chambre pour essayer de trouver une
solution provinciale à notre problème, sans attaquer les
marchés parce que demain matin, si on allait annoncer une politique
quelle qu'elle soit, il faudrait faire attention pour ne pas avoir une surtaxe
à l'autre bout.
Le député fait bien, je ne le blâme pas, c'est
sûr, parce qu'il constate le fait, lui aussi.Il a vécu
intensément ce problème. Je ne le blâme pas de dire ce
qu'il vient de répéter, de prôner. Je ne pense pas que ce
soit la solution. La solution est dans l'organisation, dans la recherche plus
approfondie, dans l'éducation que l'on fournit, dans la formation
professionnelle qu'on a présentement, dans le rodage de nos instruments
de travail, dans la recherche des agrès, des filets maillants et
d'autres choses qu'on a trouvées depuis quelque temps. Cela a
avancé notre industrie.Il n'y a pas si longtemps, des filets maillants,
personne n'en voulait. Le député le premier disait que ce
n'était pas bon.
Et, aujourd'hui, il est prêt à en acheter pour tous ses
pêcheurs. Vous savez que ça change.Il n'y a pas si longtemps de
ça. Alors, qu'est-ce que vous voulez, on évolue, mais on
évolue avec l'argent qui est disponible pour nous autres et pour le bien
de toute la communauté.
M. LACROIX: Mais, quant à parler de propositions qui portent
à faux, je crois que celle du ministre porte encore plus à faux
que la mienne, parce qu'il dit que l'avenir de nos pêcheries est dans la
recherche, dans l'utilisation de nouvelles méthodes de pêche etc.
Même avec nos méthodes désuètes, nous ne pouvons pas
aller pêcher parce que nous ne pouvons pas vendre notre produit. Nous ne
pouvons pas l'entreposer.
M. BELLEMARE: Ah oui, oui, mais écoutez, là. Cela peut
arriver là parce que j'ai dit pourquoi il y a eu une baisse
considérable dans le prix du poisson. C'est dû à un «
stockage » extraordinaire, c'est sûr, mais nous escomptons bien
que, d'ici quelques mois, la situation va redevenir normale et nous avons lieu
de croire que c'est vrai grâce aux rencontres que nous avons
déjà eues et aux renseignements qui nous sont donnés par
des gens bien placés pour nous les fournir à l'occasion. C'est
une situation extrêmement temporaire, nous le souhaitons d'ailleurs,
parce que ce ne serait pas vivable.
M. LACROIX: Dans le domaine de la recherche, le ministre peut compter
sur la collaboration des pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine, qui sont les
meilleurs dans la province, et également sur le député
dont je ne vous donnerai pas l'appréciation,
M. BELLEMARE: S'il était permis de faire des
félicitations, je ne serais pas gêné d'en faire à
mon sous-ministre qui travaille très bien et à tous les officiers
qui me secondent, parce qu'ils en méritent. Le député fait
son travail, il est élu pour ça. Et puis, s'il ne fait pas bien
son ouvrage, il sait ce qui l'attend. Il a tellement peur de se faire battre
que c'est un stimulant. Cela ne dérange pas. Alors, M. le
Président, si vous voulez, nous allons adopter ces recherches...
M. LACROIX: Moi, ce n'est pas que j'aie peur, mais je sais que vous
allez travailler bien fort pour ça...
M. BELLEMARE: Ah, non. J'ai assez de mon comté.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le ministre me permettrait une question? J'ai
écouté avec beaucoup d'intérêt les éloges
qu'il faisait des hauts fonctionnaires du ministère de l'Industrie et du
Commerce. De toute évidence, le ministre n'a
pas l'intention de réclamer une purge au sein de son
ministère.
M. BELLEMARE: M. le Président, d'abord, en vertu d'un article du
règlement, il est complètement hors d'ordre. C'est une chose qui
s'est passée en dehors de la Chambre et ce n'est pas...
M. CHOQUETTE: Je ne réfère à rien. J'ai simplement
demandé...
M. BELLEMARE: C'est effrayant comme je comprends...
M. CHOQUETTE: Non, mais le ministre comprend trop de choses.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président... recherche,
adopté.
M. CHOQUETTE: Non, je voulais simplement demander au...
M. BELLEMARE: Mais j'ai tout compris.
M. CHOQUETTE: Vous ne voulez pas répondre à la
question?
M. BELLEMARE: Je dis que je suis très heureux des services
extraordinaires que me rendent mes officiers dans l'intérêt des
pêcheurs et de toute l'économie maritime.
M. LE PRESIDENT: Alors, ça va? Adopté.
M. LACROIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Centre biologique.
M. BELLEMARE: Pardon? Un instant... Centre biologique. Alors, je
l'ai.
M. LE PRESIDENT: Traitements.
M. BELLEMARE: Traitements, adopté. Salaires?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. BELLEMARE: Frais de voyage.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. BELLEMARE: Frais de bureau. M.
LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Matériel, articles de bureau.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M. BELLEMARE:
Matériaux, fourniture. M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M.
BELLEMARE: Automobiles, entretien. M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. M.
BELLEMARE: Service de protection? M. LEVESQUE (Bonaventure): Un instant... M.
BELLEMARE: Oui, oui, d'accord.
M. LEVESQUE (Bonaventure):Il y a des crédits non requis pour
1967/68.
M. BELLEMARE: Oui, $4,200.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Détails, s'il vous plaît.
M. BELLEMARE: Il y a $4,200 qui n'ont pas été requis
l'année passée... Nous avions, l'année passée,
gelé un montant particulier pour une certaine dépense qui n'a pas
été faite et nous l'avons retourné au fonds
consolidé de la province. C'est pour ça qu'il apparaît
là comme montant non requis.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Mais il était cependant
désigné spécifiquement, si on a pris la peine de
l'inscrire comme crédit non requis.
M. BELLEMARE: Au mois de septembre, dans la revision que nous avions
faite sur ce montant là, il a été question que nous
n'avions pas besoin de ce $4,200 qui a été retourné au
fonds consolidé.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, mais où apparaît-il dans
l'ancien budget?
M. BELLEMARE: M. le Président, il se définit bien dans le
grand total de $333,000 que nous avons ici reporté par division.
M. LEVESQUE (Bonaventure): $323,000.
M. BELLEMARE: Vous avez $323,000 là qui se rapporte bien à
tous les articles. Et c'est à même ces montants-là qu'il y
a eu...Exactement
là, où, je ne pourrais pas fournir l'explication au
député. Je pourrais peut-être prendre sa question en note
et lui donner exactement, là où nous avons
récupéré ce montant-là.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, parce que ce n'est pas une
procédure régulière.
M. BELLEMARE: D'accord, non, non, ça, nous allons le prendre en
note. Nous allons fournir le renseignement. Aujourd'hui, le bureau est
fermé et le comptable n'est pas là.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'accord, ça va.
M. BELLEMARE: Très bien. Service de la protection, le traitement,
le salaire.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Les voyages.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Les frais de bureau.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Le matériel.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Les fournitures et approvisionnements, les
véhicules-automobiles et bateaux.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est une dépense nouvelle?
M. BELLEMARE: Oui, c'est un petit bateau de patrouille, comme celui
qu'avait acheté, il y a quelques années, le ministre qui m'a
précédé. Nous avons trouvé que c'était le
vrai modèle approprié pour nos officiers de protection et nous en
avons mis un autre, cette année, sur le budget, exactement comme celui
qui avait...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce un bateau qui a été
« repossédé » par le ministère?
M. BELLEMARE: Non, non, c'est un bateau complètement neuf. C'est
un 48 pieds, complètement neuf, comme celui qui avait été
construit à Lévis. Je pense que c'est le Gaspé I ou le
Gaspé IL
M. LEVESQUE (Bonaventure): Est-ce que la construction est
commencée?
M. BELLEMARE: Oui, depuis le 1er avril je pense. Il est en construction:
il sera probablement en service au cours de l'été. Le
député sait que nous avions sur la patrouille plusieurs bateaux
qui étaient désuets, et particulièrement celui qui nous
revenait du ministère des Terres et Forêts, le Feu-Follet, qui
avait été... C'était tellement drôle... A un moment
donné, on me dit: Le ministre, vous allez venir faire l'inspection de la
basse Côte-Nord. Nous avons un bateau extraordinaire. Alors, je n'ai pas
besoin de vous dire que, pour mon arrivée, ils avaient poli le bateau
puis ils avaient mis de la peinture partout, mais en me promenant sur les
ponts, à un moment donné, mon pied passe à travers une
planche. Il y avait à peu près ça d'épais de
peinture pour cacher le trou, c'était un vieux bateau qui avait
été « repossédé », remis en service,
que nous avions repris pour notre protection, et je vous garantis que ce
n'était pas un bateau neuf, ce n'était pas un cadeau. Alors,
c'est pour ça que nous avons...
M. LACROIX: Ils ont dû trouver qu'il y avait un ministre
pesant!
M. BELLEMARE: Oui, oui pas mal, deux tuques.
M. LEFEBVRE: Vous n'avez pas accusé les hauts fonctionnaires
d'avoir voulu vous noyer au moins?
M. BELLEMARE: Non, non, pas le mien surtout, le sort en était
jeté. Savez-vous ce que ? ai fait? A un moment donné, la mer
était tellement difficile que je me suis même attaché au
mat. Je ne sais pas si le député a déjà
visité les installations de la basse Côte-Nord. Je pense que le
député y est allé plusieurs fois, mais cela vaut la peine
d'être vu, c'est fantastique ce que c'est instructif puis ce qu'on y
regagne à visiter sa province!
M. LEFEBVRE: Vous nous inviterez quand vous aurez votre bateau neuf.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, on va avoir quelque chose de très bien:
ça, c'est un bateau de patrouilleurs. On verra tout à l'heure,
plus loin, qu'il y a un bateau qui va servir de bateau amiral pour tous nos
officiers, tout costumés, comme dirait l'honorable M. Bona.
M. LACROIX: Est-ce que le ministère a l'intention
d'acquérir, dans un avenir prochain,
soit dans le cours des prochaines années, on sait que la
construction d'un bateau ne peut pas procéder très rapidement
un bateau qui soit plus considérable pour le service de la
protection, un bateau qui serait plus fort que le Feux Follets et le BB Doyle,
ou les autres, pas un chalutier-école, mais un bateau qui serve
uniquement à la protection?
M. BELLEMARE: On l'a dans les immobilisations de cette année.
M. LACROIX: Oui.
M. BELLEMARE: On l'a cette année, le député a
dû voir ça.
M. LACROIX: Dans l'immobilisation il y a $2,650,000...
M. BELLEMARE: On va en parler tout à l'heure...
M. LACROIX: ... on n'en a pas les détails.
M. BELLEMARE : On a un bateau qui va être très rapide, qui
va servir aux officiers de la protection pour répondre à un
s.o.s., pour se rendre très rapidement sur le lieu d'un désastre,
d'une tempête, n'importe quoi, au secours des bateaux...
M. LACROIX: Pour le touage, par exemple?
M. BELLEMARE: Tout ça! Pour le touage et tout le reste.
M. LACROIX: C'est parce qu'à l'heure actuelle nous manquons
énormément...
M. BELLEMARE: Vous avez raison. D'ailleurs, on s'est fait donner un
montant par le conseil de la trésorerie, sur notre budget
d'immobilisations. Vous allez le voir, on va en parler tout à
l'heure...
M. LACROIX: C'est parce qu'étant donné qu'on traite en ce
moment du service de la protection, je ne voudrais pas que rendus à
l'article « immobilisation » on oublie...
M. BELLEMARE: Non, non.D'ailleurs,dans les immobilisations, on n'est pas
cachotiers et puis on va vous dire à quoi vont servir les
immobilisations qu'on va faire. Et ça, M. le Président, c'est un
montant de $250,000... En tout cas, cette année une partie et puis
l'année prochaine l'autre partie.
M. SEGUIN: Pour remplacer les garde-cotes?
M. BELLEMARE: Pardon?
M. SEGUIN: Pour remplacer les garde-côtes?
M. BELLEMARE: Non, non, pas pour remplacer les garde-côtes. On a
déjà nos officiers de protection qui veillent à
l'application de nos lois.
M. SEGUIN: Quand vous avez parlé de vitesse et puis d'aller au
secours des gens...
M. BELLEMARE: Bien, c'est-à-dire que vous avez des bateaux, par
exemple, des pêcheurs qui ont, à un moment donné, du
trouble en mer, des gens des Iles-de-la-Madeleine, alors on leur porte secours:
ils envoient un s.o.s. et puis on se porte à leur secours, le plus
rapidement possible.
M. SEGUIN: Très bien.
M. LACROIX: Il y a lieu, je crois, de féliciter les officiers du
service de la protection qui ont fait un travail extraordinaire avec les petits
bateaux qu'ils avaient à leur disposition, et il est grand temps que le
gouvernement intervienne.
M. BELLEMARE: D'accord. D'ailleurs, ils sont très heureux de la
décision qui a été prise et puis ils m'ont prié de
me féliciter.
M. LACROIX: Je suis certain que vous n'avez pas manqué de le
faire. Pendant que nous sommes sur le service de la protection, j'aimerais
demander à l'honorable ministre si le service de la protection a
préparé un rapport concernant la chasse aux phoques. Nous avons
eu au cours du printemps, et depuis quelques années, surtout depuis le
fameux film de M. Serge Deyglun sur la chasse aux phoques dans le golfe qui
intéresse particulièrement les Iles-de-la-Madeleine... En
passant, je crois qu'il est temps que la population de la province sache que,
dans ce film-là, il y avait des scènes truquées et qu'on a
payé un pêcheur pour dépecer un phoque vivant et on a
présenté ce film-là non seulement dans la province de
Québec et au Canada dans des pays étrangers. Et nous avons
passés pour des sauvages qui agissaient de façon
extraordinairement cruelle quand il s'agissait de la chasse aux phoques.
Je crois que c'est une chose contre laquelle
nous devons protester très énergiquement. Quand à
moi, la chasse est toujours cruelle, et aux centaines de lettres que je
reçois des bonnes personnes qui s'intéressent à la
Société protectrice des animaux, je réponds invariablement
que la chasse est cruelle mais que, pour les phoques comme pour le rat
musqué ou le vison qu'elles portent, probablement que les animaux ne
sont pas passés au chloroforme avant d'être tués. Mais je
ne crois pas, par exemple, qu'on puisse permettre à une personne
qu'elle s'appelle Serge Deyglun ou autrement de présenter un
film qui ne donne pas exactement la situation et qui a causé un tort
considérable à la population des Iles-de-la-Madeleine et qui a
nuie énormément également au commerce de la fourrure de
phoques, des loups-marins des Iles. Pour nous, aux Iles-de-la-Madeleine, le
commerce des phoques est d'une importance très grande, et je crois qu'il
y aurait lieu car je sais que le chef du service de la protection qui
connaît très bien le problème a paru à la
télévision et a certainement dû préparer un rapport
que le ministère devrait rendre public ce rapport afin de
protéger la bonne renommée des chasseurs de phoques des
Iles-de-la-Madeleine.
M. BE LLEMARE : M. le Président, j'ai moi-même vu le film,
j'ai lu les articles et je pense qu'on a dramatisé sur ce sujet, comme
dit l'honorable député. Pour ce qui est strictement du
ministère de l'Industrie et du Commerce et des pêcheries
maritimes, nous avons un pouvoir délégué. C'est Ottawa
qui, par sa législation, nous demande d'exercer sur les pêcheurs
côtiers l'application d'une partie de la loi. Nous le faisons avec
beaucoup d'attention, parce que nous ne voulons pas non plus détruire
une industrie qui est certainement nécessaire à une partie
importante de cette région.
Je peux dire à l'honorable député que, cette
année, la chasse a été assez bonne puisqu'une seule
coopérative a présentement en main au-delà de $100,000 de
peaux, une seule coopérative. Cela commence à être un
effectif. Mais qu'on dramatise le sujet, M. le Président, je suis
parfaitement d'accord. Mais, entre ça puis former un comité de
surveillance, un comité d'experts, je pense que c'est encore là
des moyens de bord. Vous savez, on ne changera pas la nature humaine, pas plus
sous le meilleur gouvernement au monde que sous l'ancien.
M. LACROIX: Ce n'est pas celui d'aujourd'hui, le meilleur.
M. BELLEMARE: Même avec toutes les meilleures dispositions que
pourrait prendre la police, les meilleurs règlements qu'on pourrait
édicter, l'application sensée, bien ordonnée, des
règlements, ça ne changera pas les humains à un moment
donné d'être portés à se laisser prendre à
toutes sortes de pièges de publicité. Et c'est arrivé.Il
reste que, moins on en parlera, moins on extériorisera ce document,
mieux ce sera pour tout le monde. La chasse à la baleine, la chasse au
maquereau, la chasse à l'orignal, la chasse aux perdrix, ces pauvres
petites « bibittes » qu'on tue, cela aussi, M. le Président,
on pourrait le dramatiser. A un moment donné, le député a
fait son intervention, je suis d'accord.Il avait le droit de la faire, pleine
ment d'accord. Mais il ne faudrait pas non plus essayer de bâtir toute
une commission d'enquête ou de publicité à ce
sujet-là. On pense que, lentement, tout va rentrer dans l'ordre.Il y a
peut-être eu des excès, actuellement c'est peut-être l'autre
extrême qui se produit. Laissons passer un peu les choses. Je pense que,
graduellement, à cause de la loi fédérale à la
suite de cette intervention qu'a signalée l'honorable
député, le fédéral a établi une certaine
surveillance.
M. LACROIX: Cela a amené des modifications majeures.
M. BELLEMARE: Oui, une certaine surveillance édictée par
un autre gouvernement que le nôtre sur laquelle nous n'avons aucun
contrôle. Je pense que, pour l'instant, ce serait de bon aloi d'essayer
de ne pas empirer les choses, essayer de vivre avec celles qu'on a dans le
respect de la loi et faire attention pour ne pas aller trop loin.
M. LACROIX: Si j'ai voulu soulever le sujet... M. BELLEMARE: Ah non!
d'accord.
M. LACROIX: ... c'est parce que je voudrais également que
l'honorable ministre et ses hauts fonctionnaires suivent toujours de
près la politique fédérale qui est promulguée
concernant...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LACROIX: .. la chasse au phoque, parce qu'à cause
justement de ce film et de la publicité qui a été faite
autour de la chasse au phoque, le gouvernement fédéral a
apporté des modifications très importantes.
Aujourd'hui, la pêche est beaucoup plus contrôlée.
Mais, de toute façon, ce que je voudrais prévenir, c'est que,
dans quelques semaines, le gouvernement fédéral étudiera
de nouveau sa législation concernant la chasse aux phoques.
Je voudrais que le ministère de l'Industrie et du Commerce soit
présent pour pouvoir défendre les intérêts des
pêcheurs des Iles-de-la-Madeleine qui sont également chasseurs de
phoques, afin qu'on ne les prive pas de ces revenus à cause de quelques
hurluberlus qui font des représentations. Si nous n'intervenons pas pour
demander au gouvernement de maintenir dans des conditions à
déterminer ce qui est tout à fait normal mais on
doit essayer... Quant à moi, je veux combattre la disparition de la
chasse, comme le voudrait certaines organisations.
M. BELLEMARE: Le député signale à l'attention du
comité une idée particulière. D'accord, nous surveillons
la législation fédérale, nous la surveillons tellement que
nous avons fait des représentations quand il s'est agi de la rendre plus
sévère, et on a obtenu à ce moment-là que les
cinquante mille pris dans le golfe ne seraient pas compris pour le chasseur
dans ses propres prises. Cela, c'est nous qui l'avons obtenu. Tout ce que peut
prendre le chasseur, ses prises à lui, ne sont pas contenues dans le
cinquante mille. C'est déjà un bon résultat.
M. LACROIX: J'espère qu'on continuera dans la même
voie.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LACROIX: Egalement, je verrai votre sous-ministre pour en discuter
aussi pour demander de réinstaller la pêche à la «
tralle » pour les pêcheurs côtiers.
M. BELLEMARE: Mon sous-ministre serait bien honoré de vous
recevoir.
M. LACROIX: Je n'irai pas voir le ministre lui-même, car il est
tellement occupé.
M. BELLEMARE: Ah! cela ne fait rien. Savez-vous qu'il n'y a pas
d'antichambre chez nous? Cela est peut-être rare.
Neuf, huit, « véhicules-moteurs »: 9, « autres
dépenses », « service de la réfrigération
».
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté. Troisièmement.
M. BELLEMARE: « Traitements, » « salaires, »
« frais de voyage, » « frais de bureau, » «
matériel...
M. LACROIX: Les salaires des employés d'entrepôts
frigorifiques ont-ils été améliorés
dernièrement?
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est la convention collective qui
est en vigueur. Je ne peux pas dire à l'honorable député
combien nous avons été obligés de suivre la convention
collective. C'est pourquoi, M. le Président, il va falloir avant
longtemps qu'une décision finale soit prise dans l'opération de
ce secteur des pêcheries qui, en bien des circonstances, est
complètement inutile. Je suis très heureux que l'honorable
député me fournisse l'occasion de faire cette déclaration.
J'ai moi-même fait le tour de tous les endroits, de toutes les
municipalités où l'on a des entrepôts frigorifiques. Je
suis entré, j'ai été voir les cellules, j'ai
été voir les casiers. M. le Président, je suis revenu
extrêmement déçu, en plein temps de la pêche, de voir
les entrepôts vides, complètement vides, sauf les casiers pour les
personnes qui ont du boeuf, qui ont de la viande congelée, qui gardent
toutes sortes de choses excepté du poisson, qui paient une certaine
contribution pour avoir des casiers. C'est fantastique tout le long de la
côte, de voir ces entrepôts-là qui coûtent à la
province $20,000 ou $25,000 par année, qui ne rapportent peut-être
pas $900 de location. C'est fantastique, surtout quand on voit cette
année l'échelle de salaire que nous oblige à payer la
convention collective.
Vous avez par exemple des gens qui gagnaient $3,629 en 1966 et qui vont
gagner cette année $4,822.
M. LACROIX: Cela, c'est avec une licence R1?
M. BELLEMARE: Comment?
M. LACROIX: Est-ce que c'est le détenteur d'un permis, d'une
licence R1 en réfrigération?
M. BELLEMARE: Non, ça, ce sont simplement... Les RI, M. le
Président, ils partent de $3,629 pour monter à $5,451.
M. LACROIX: Ce n'est pas un salaire exagéré, ce sont des
ingénieurs en réfrigération.
M. BELLEMARE: Un instant, M. le Président, je ne parle pas
d'exagération, je dis la différence qu'il va falloir les payer
pour entreposer quoi? De la viande. Ce n'est plus pour rendre service aux
pêcheurs. Le poisson est ramassé tous les jours. La boëtte
est apportée tous les matins. On peut facilement en trouver à
quelques milles et si ces entrepôts frigori-
fiques que nous avons la responsabilité de garder, d'entretenir
et de payer, coûtent à la province presque...
M. LACROIX: $1,700,000.
M. BELLEMARE: ... une minute. Quelque $2 millions, $1,704,000. M. le
Président. Je suis bon prince, je ne voudrais jeter l'alarme dans le
coeur de personne, surtout de ces gens qui ont besoin de retirer des salaires,
mais c'est fantastique quand on regarde ce qui se passe. Comme nous sommes les
administrateurs des biens qui appartiennent à tout le monde, il faut
mettre de côté la « sensiblerie »,puis agir comme de
véritables administrateurs. J'ai vu personnellement l'honorable
député de Bonaventure au sujet d'un entrepôt, je lui ai
demandé son avis. Il m'a dit: Qu'est-ce que vous voulez, c'est vrai,
nous l'avons fermé, nous en avons fermé plusieurs autres
l'année passée, nous allons en fermer d'autres cette
année. Cela nous coûte pour un entrepôt frigorifique, cette
année, $9,600 pour la peinture, puis des réfections à la
toiture. Quand, M. le Président, dans la même bâtisse, on ne
reçoit pas $500 de contribution.
M. LACROIX:Il faut retourner à la source. Pourquoi ces
entrepôts frigorifiques-là ont été construits?
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LACROIX: Aujourd'hui, ces entrepôts-là sont en trop
grand nombre en Gaspésie, mais seulement je le renouvelle
à l'actuel ministre, comme je l'ai déjà dit à
l'ancien, celui qui siège à ma gauche, à votre
fonctionnaire qui se trouve à votre droite s'il y en a trop en
Gaspésie, vous pourriez peut-être en transporter une couple aux
Iles-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: On a des avions spécialement faits pour ça,
là. Je vais vous en envoyer. Si on pouvait les prendre et les
transporter, on vous les enverrait, certain, mais on ne prendra sûrement
pas, mon cher monsieur, celui de Sainte-Thérêse-de-Colombier,
parce qu'il n'irait pas loin dans les airs.Il ne pourrait pas porter beaucoup
de poids.
Mais c'est fantastique, tous ces entrepôts-là M. le
Président, ça coûterait, demain matin, pour les refaire
$100,000. Cela coûterait à la province $100,000 pour les
reconditionner. C'est un problème auquel il va falloir faire face. C'est
vrai que plusieurs députés vont trouver ça dur,
pénible pour leur population qui se voit privée de certaines
positions, mais nous ne le faisons pas dans un mauvais esprit, nous ne le
faisons pas en vue de punir quelqu'un. Je ne connais personne, puis je ne tiens
à savoir le nom de personne. Seulement, c'est un principe que j'applique
comme bon administrateur. C'est bon, on paye, ce n'est pas bon, ce n'est pas
utile, la province n'a pas le droit d'investir $2 millions pour avoir à
son service des gens qui ne travaillent pas. Je n'ai pas besoin de vous
raconter des choses fantastiques qui me sont arrivées pendant mon voyage
de visite de ces entrepôts frigorifiques-là. Il m'en est
arrivé des bonnes, extraordinaires. J'entre à un moment
donné dans un entrepôt frigorifique.Il y avait un « bed
» dans l'office, puis, là, il y avait un homme bien étendu
avec son chapeau sur les yeux, il faisait la bonne vie hein! D'accord, pas de
reproche à ce qu'un homme de temps en temps...
M. LACROIX: C'est l'entrepôt qui le surveillait.
M. BELLEMARE:Il y avait une courroie qui tournait dans le vide, clac,
clac, clac. J'ai dit qu'est-ce qui se passe là? On entre et je dis:
Est-ce vous qui avez soin de la courroie là? Il dit: Oui, qu'est-ce
qu'elle a? J'ai dit: Elle a qu'elle frappe sur le mur là, puis ça
fait quelques minutes. Ah, ce n'est pas dangereux, qu'il dit, elle va
arrêter, elle va casser tout à l'heure.
Il me dit: Qui que vous êtes, vous? Moi, j'ai dit : Ah, je suis
venu visiter ça en passant. Oui, bien il dit: Ton nom? Je m'appelle
Bellemare. Bellemare, il a fait une espèce de saut.
M. LACROIX: Vous lui avez fait peur à lui aussi.
M. BELLEMARE: Non, ça ce n'était rien qu'un avertissement:
je l'ai réveillé.
Alors, là, quand je lui ai dit mon nom, puis que je lui ai dit ce
que je faisais, pas besoin de vous dire, monsieur, qu'il avait des sanglots
dans la voix. Non, c'est rendu...
M. LACROIX: Vous auriez pu la replacer la courroie, puis ne pas
déranger le gars.
M. BELLEMARE: Non, j'ai replacé le gars. Il est sorti du «
bed », je t'en garantis.
C'est pas bien bien utile, cette affaire-là. J'ai dit: Le maire
aimerait que ça sorte. Vous n'avez pas d'objection? Il a dit: Oui, oui,
ce soir?
Cela nous repose un peu de parler de ces beaux voyages de temps en
temps, mais il y a là un impératif auquel il va falloir
répondre cette année en partie. Nous allons en fermer une
certaine quantité qui ne sont plus utiles, qui ne rendent plus
service. Comme disait le député, pour les fins pour lesquelles
ils ont été établis dans le temps, c'était
nécessaire. On n'avait pas l'organisation des camions qui prenaient le
poisson tous les jours. On n'avait pas cette organisation des boettes qu'on a
plus fréquemment maintenant.
M. LACROIX: Puis-je ramener le ministre à ma question? Est-ce que
les salaires ont été améliorés? Est-ce qu'il y
aurait possibilité d'avoir une liste des salaires pour les
différentes fonctions dans les entrepôts frigorifiques?
M. BELLEMARE: Une liste des salaires?
M. LACROIX: Oui. Par exemple, savoir pour chaque fonction quel est le
salaire actuel des employés? Est-ce que ce serait possible pour le
ministre de nous les fournir?
M. BELLEMARE: Ce n'est pas nous autres, c'est la convention qui nous les
donne.
M. LACROIX: Est-ce qu'il y aurait possibilité que le ministre me
fasse parvenir une liste?
M. BELLEMARE: Non, pas nous autres. Le député peut
s'adresser à la direction générale des relations du
travail, M. Raymond Gérin, vous allez l'obtenir là.
M. LACROIX: Je m'adresserai là. Cela aurait été
tellement facile pour vous de nous la fournir.
M. BELLEMARE: D'accord. Mais pourquoi?
M. LACROIX: Cela va prendre trois semaines, un mois avant que je ne
l'obtienne de l'autre bord. Chez vous, j'aurais pu l'avoir dans cinq
minutes.
M. BELLEMARE: Merci de nous féliciter à ce
point-là. Comme nous sommes heureux de le constater tous les deux.
M. LACROIX: Nos bons fonctionnaires.
M. BELLEMARE: Pourquoi faire de la peine à ces honorables
messieurs qui sont là aujourd'hui publiquement presque pour faire
appliquer la convention? Ils vont dire: De quoi se mêle le ministre?
Encore de la dictature. Alors, le député connaît bien les
moyens d'action et il va faire ça gentiment. S'il ne les obtient pas, le
sous-ministre le fera avec beaucoup de plaisir. Mais demandez-lui avant s'il
s'est adressé là-bas. C'est la liste que nous avons cette
année dans les salaires qui en général partent de $3,600
pour monter... Il y en a un particulièrement... Je vais vous donner
ça, c'est fantastique. Je ne nommerai pas le type. A
Rivière-au-Renard, un homme qui, de $3,629.14, monte, avec
l'augmentation 1967-68 décidéepar la convention collective,
à $6,394. Fantastique! Quand on connaît le type, on sait ce qu'il
fait, fantastique. Un autre qui part de $3,629 et qui monte à
$6,080.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Le ministre me permettra je ne l'ai
pas interrompu, jusqu'à maintenant mais lorsqu'il parle, je ne
voudrais pas qu'il y ait de confusion dans ceux qui pourraient lire le journal
des Débats. Lorsqu'on a parlé de certains entrepôts qui
n'étaient pas utiles, qui avaient fait leur temps ou qui n'avaient pas
les mêmes raisons d'être qu'autrefois, il ne faudrait pas
immédiatement arriver avec Rivière-au-Renard, comme exemple,
parce que, s'il y a un endroit en Gaspésie qui est actif et où il
y a un avenir particulièrement important dans le domaine des
pêches et où des entrepôts frigorifiques sont absolument
essentiels, c'est bien là.
M. BELLEMARE: Et j'ajouterai Paspébiac.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je voyais que le ministre avait une bonne
parole à réciproquer.
M. BELLEMARE: Rivière-au-Renard, c'est important, mais
d'après le ministre, Paspébiac aussi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): En effet.
M. BELLEMARE:Il y a une place qui s'appelle Cap-aux-Meules aussi qui est
bien importante.
M. LACROIX: Et comment!
M. BELLEMARE: Nous verrons ça tout à l'heure. Quant aux
salaires, non, je dis qu'à Riviêre-au-Renard, il se
développe un complexe extraordinaire qui sera terminé dans le
courant de l'année. On a eu un désastre là. Nous en
parlerons tout à l'heure dans l'immobilisation. Une tempête
terrible, une marée qui a emporté tous nos travaux et qui a
retardé énormément les quais, tout ce qui avait
été commencé est parti, ça nous a retardés
certainement de deux mois et demi. Vous savez ce que c'est qu'un
raz-de-marée, c'est fantastique. On avait des pylônes qui
étaient entrés jusqu'à 35 pieds, des pylônes de
ciment qui avaient certainement deux pieds de diamètre. Tout ça a
été emporté.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre pourrait nous dire combien le
ministère entend fermer d'entrepôts frigorifiques cette
année?
M. BELLEMARE: Oui certainement. Plusieurs.
M. LACROIX: Plusieurs avec un « S»?
M. BELLEMARE: Avec un grand « P ». Alors, «
matériaux, véhicules moteurs »...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: « Véhicules moteurs ».
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui, adopté.
M. BELLEMARE « Véhicules moteurs », huit: neuf,
« service de la boëtte ».
M. LEVESQUE (Bonaventure): Oui.
M. BELLEMARE: Dix, « autres dépenses ».
M. LACROIX: L'honorable ministre pourrait-il me dire si l'entrepôt
frigorifique dont la construction avait été autorisée par
l'ancien ministre, pour lequel des demandes de soumission avalent
été faites et pour lequel le gouvernement fédéral
avait accepté d'apporter sa contribution, soit l'entrepôt
frigorifique de Fatima, projet numéro 24062 qui a été
approuvé en février 1966, que le gouvernement
fédéral...
M. BELLEMARE: M. le Président, le député n'a pas
besoin de faire de discours.
M. LACROIX: Non, je ne fais pas de discours, mais je...
M. BELLEMARE: Je l'avais bien prévu, celui-là. D'ailleurs,
nous étions bien prêts à y répondre. Nous n'avons
pas voulu donner suite à cause des recommandations de l'honorable
monsieur Sauvé qui nous a dit dans le rapport du BAEQ que ce
n'était pas nécessaire.
M. LACROIX: Je voudrais bien voir la lettre, la recommandation du
député fédéral qui dit que l'entrepôt
frigorifique de Fatima n'est pas un entrepôt frigorifique
nécessaire.
M. BELLEMARE: M. le Président, M. Sauvé a dit... Quand
nous sommes allés à la bénédiction de la flotte, au
mois d'août, je pense, le 7 ou le 8 août...
M. LACROIX: Le 24 juillet.
M. BELLEMARE: Le 24 juillet?
M. LACROIX: L'an passé?
M. BELLEMARE: Le 24 juillet... A ce moment-là, M. Sauvé,
dans un discours qu'il a fait, et qui était écrit, que nous avons
au dossier, a dit: « Nous espérons que les recommandations qui
sont faites dans le BAEQ seront respectées par le gouvernement
provincial. » Cela est écrit. A partir de ce moment-là, je
lui ai dit, moi: « Mais vous avez dit tout à l'heure, en
discutant: Qu'est-ce qu'on va faire de Fatima? »Il répondit:
« Les recommandations sont là. » Et nous avons exactement
suivi les recommandations du BAEQ, lequel dit que ce n'est pas
nécessaire qu'il y ait un entrepôt de ce genre-là à
Fatima.
M. LACROIX: J'ai l'impression, M. le Président, que le
ministère accepte les projets qui font son affaire et suit les
recommandations du BAEQ...
M. BELLEMARE: Ah non.
M. LACROIX: ... et que lorsque ça vient un peu en
contradiction...
M. BELLEMARE: Je ne permettrai pas, à ce stade-ci, surtout parce
qu'on s'en va...
M. LACROIX: N'élevez pas la voix!
M. BELLEMARE: ... vers des immobilisations qui vont prouver qu'on ne
choisit pas ce qu'on veut et qu'on ne met pas de côté ce qu'on
veut... Non. Ce n'est pas discrétionnaire. Nous voulons de bonne foi les
applications de la politique du BAEQ. Nous allons d'ailleurs vous le prouver
dans quelques minutes par les investissements et surtout les immobilisations
que nous allons faire cette année. Nous ne réaliserons pas toutes
les recommandations mais déjà, nous allons vous prouver qu'il y a
une tranche Importante que nous allons réaliser cette année. Mais
que le député ne vienne pas nous prêter de ces sortes
d'intentions mauvaises. Non, pas à moi, qui ai trop prouvé
à ce jour que je n'ai rien à me reprocher. Pas un seul mot,
pas
une seule lettre, pas une seule recommandation parce qu'elle
était parfaite. Jamais à mon ministère.
L'honorable député peut chercher, pendant les onze mois
que j'ai cumulé mes fonctions, ni dans l'engagement, ni dans le choix
des sites, ni dans l'organisation des industries, ni dans les allocations de
bateaux, ni dans les prêts consentis aux pêcheurs, nulle part il
trouvera un geste, un acte, une parole, ni même une signature de ma
part.
M. LACROIX: Ce n'était pas mon intention, mais M. le
Président, avec votre permission, cependant, je ferai remarquer à
l'honorable ministre que le projet d'un entrepôt frigorifique à
Fatima n'est pas mentionné dans le rapport du BAEQ. Comme, d'ailleurs,
dans ce même rapport, il n'est pas fait mention, non plus, des
espèces pélagiques au point de vue des pêcheries. Elles
existent quand même. Dans le cas de Fatima, c'est la municipalité
la plus populeuse des Iles-de-la-Madeleine et je vous assure que, pendant
quatre ans, j'ai fait de nombreuses interventions auprès de votre
prédécesseur et de vos fonctionnaires pour demander la
construction d'un entrepôt frigorifique dans la municipalité de
Fatima. Et je reviens à ce que je vous disais tout à l'heure, il
y a trop d'entrepôts frigorifiques en Gaspésie, je l'admets
volontiers. Et à ce moment-là, je le disais à votre
prédécesseur et je le disais à votre sous-ministre: Si
vous avez trop d'entrepôts frigorifiques en Gaspésie, nous, nous
en manquons aux Iles-de-la-Madeleine.
Parce qu'il faut bien se situer là. Au début de
décembre jusqu'à la fin d'avril, et comme cette année
encore plus tard, nous ne pouvons avoir aucune communication avec le reste de
la province de Québec ou, si vous voulez, avec les provinces maritimes
autrement que par l'avion. Et on dit: Les entrepôts frigorifiques servent
à loger des légumes, à loger de la viande...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LACROIX: ... ou n'importe quoi, très bien, mais seulement ce
sont pour des familles de pêcheurs. Dans l'Abitibi, là où
il y a des colons, on ne va pas demander au ministère de l'Industrie et
du Commerce de leur bâtir des entrepôts frigorifiques, parce que
cela relève du ministère de l'Agriculture et de la
Colonisation.
M. BELLEMARE: Ils n'en bâtissent pas plus. M. LACROIX: Mais quand,
par exemple, nous demandons pour notre population de pêcheurs, un
entrepôt frigorifique qui leur permet d'entreposer à l'automne,
avant la fermeture de la navigation, les produits nécessaires pour leur
subsistance au cours de l'hiver, parce que chez nous, nous sommes quatre ou
cinq mois isolés, eh bien, à ce moment-là, il n'appartient
pas au ministère de l'Agriculture et de la Colonisation de construire
les entrepôts frigorifiques. Ceci appartient au ministère de
l'Industrie et du Commerce qui a la responsabilité des pêcheries
et partant des pêcheurs.
L'entrepôt frigorifique de Fatima est une chose essentielle, parce
que nous avons là des familles nombreuses qui doivent aller louer des
cases à Havre-aux-Maisons ou à Cap-aux-Meu-les, quand elles
peuvent s'en procurer, pour pouvoir entreposer, au mois de novembre, des
produits nécessaires à un prix qui soit plus abordable
plutôt que de l'acheter l'hiver quand ils doivent ajouter au prix normal
les frais de transport par avion pour le beurre et bien d'autres aliments. Et
c'est pourquoi l'entrepôt frigorifique de Fatima est une
nécessité et en plus, si nous avions là, à Fatima,
un entrepôt frigorifique, il y a également un grand nombre de
pêcheurs qui pourraient en profiter, parce qu'à l'heure actuelle,
ça ne leur est pas possible de partir de chez eux, d'aller à
Havre-aux-Maisons à l'Etang-du-Nord ou à Cap-aux-Meules pour
chercher la boette nécessaire pour aller à la pêche.
S'ils avaient leur entrepôt frigérifique où la
boette serait entreposée, il serait possible pour ces pêcheurs
d'exercer leur métier pendant une période plus longue. Je crois
que cet entrepôt-là était nécessaire et qu'il l'est
encore. C'est un projet qui avait été approuvé par le
gouvernement fédéral, par le ministère des Forêts,
c'est un projet qui avait été nécessairement
approuvé par le ministère de l'Industrie et du Commerce, alors
qu'il était dirigé par le député de Bonaventure, et
ce projet demeure encore nécessaire. Je soutiens que, même si ce
n'est pas uniquement pour faire l'entreposage de poissons, ça sert tout
de même pour l'entreposage de produits nécessaires à la vie
des pêcheurs. Lorsque vous visitez les entrepôts frigorifiques
l'été, il n'est pas surprenant que vous ne trouviez pas de
poisson congelé pour les familles parce que, l'été, ils
mangent le poisson frais et ils attendent au mois de novembre avant de faire
glacer le poisson qui sera nécessaire pour la consommation pendant
l'hiver. Et l'été, il est sûr que les entrepôts
frigorifiques ne servent pas comme ils servent pendant l'hiver. Mais c'est un
besoin impérieux pour la population de Fatima, tout comme c'est un
besoin impérieux
également pour la population anglaise de l'île de
l'Entrée d'avoir également son entrepôt frigorifique qui
soit de dimension plus petites, si vous voulez, parce qu'il y a là
seulement une soixantaine de familles, mais il est nécessaire puisque,
chez nous aux Iles-de-la-Madeleine, nous sommes toujours isolés pendant
quatre à cinq mois l'hiver, et ça nous place dans une situation
tout à fait particulière.
Voilà pourquoi cet entrepôt frigorifique-là, ce
projet-là doit revenir à la surface et on doit procéder le
plus tôt possible à sa construction et je continuerai à
faire des représentations auprès du ministère, pour qu'un
autre entrepôt frigorifique, de dimension réduite, soit construit
à l'île de l'Entrée pour desservir la population qui est
isolée, à dix milles et demie de Cap-aux-Meules, et qui n'a aucun
contact pendant l'hiver. Bien des fois, il faut faire venir du secours pour
pouvoir sortir des malades: il n'est pas possible de s'imaginer que cette
population-là puisse vivre si elle n'a pas la possibilité
d'entreposer, l'automne, les produits dont elle aura besoin pour se nourrir
pendant l'hiver.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
que je suis fortement impressionné par le discours si bien fait de
l'honorable député qui défend son point de vue avec
beaucoup de conviction.
Je le félicite, c'est son devoir, c'est son rôle. Il
accomplit actuellement parfaitement son mandat. Ses électeurs lui ont
fait valoir certaines raisons d'avoir un entrepôt frigorifique à
Fatima, et à l'île de la Grande-Entrée, d'accord. Il y a
des raisons qu'il a données, cet éloignement pendant plusieurs
mois de l'année. Je suis bien sensibilisé à ce point
devue-là.Il y a aussi notre devoir à nous, pour le moment du
moins, de considérer les décisions très sérieuses
que nous avons prises et que nous devons maintenir. Quand on regarde la carte
des Iles-de-la-Madeleine et qu'on voit où est située Fatima et
qu'on sait qu'à quelques milles de là à Cap-aux-Meules, il
y a un entrepôt frigorifique...
M. LACROIX: Il n'y a pas de casiers loués à
Cap-aux-Meules.
M. BELLEMARE: Et, tout de suite après ça, il y en a un
autre...
M. LACROIX: A l'Etang du Nord.
M. BELLEMARE: ... l'Etang du Nord, il y a ici à l'Etang du Nord
un entrepôt frigorifique et ici à Cap-aux-Meules. Nous croyons, M.
le Président, que pour ce qui regarde véritable- ment l'industrie
pour laquelle sont bâtis les entrepôts frigorifiques, ça ne
nécessite pas pour Fatima la même organisation. Le
député ajoute à ça: « Mais nous pourrions
même en plus de ça bénéficier nous autres aussi de
certains casiers qui rendraient service ». D'accord, c'est bien
souhaitable, si c'était réalisable. Mais il y a des gens qui sont
bien plus versés que moi dans la question, qui ont pris des heures et
des heures pour étudier l'ensemble d'un grand problème, celui
d'une planification, celui de la production, celui des prévisions
générales pour l'avenir des différents moyens de donner
aux Iles-de-la-Madeleine et à la Gaspésie un plan uniforme. Le
plan du développement a coûté des millions en étude
au BAEQ. Il y a, à la page 91 justement, des recommandations qui
s'appliquent spécifiquement à Fatima. C'en est des gens qui ont
été payés, des experts bien plus que moi, qui suis un
homme qui ne connaît pas ça à fond, je m'emploie
actuellement à me renseigner avec tout ce que je peux prendre
d'informations auprès des sous-ministres et puis ce que je peux
récolter en faisant une étude très approfondie des
problèmes. Mais, je ne peux pas croire que des hommes payés
spécifiquement pour étudier un plan...
M. LACROIX: Mais où dans le plan voyez-vous qu'ils sont contre la
construction d'un entrepôt frigorifique à Fatima?
M. BELLEMARE: M. le Président, quand il est question des
nouvelles usines, ils recommandent: « Avec les objectifs de longue
période, nous avons souligné la nécessité d'une
consolidation complète des unités de production de la pêche
hauturière, insistant sur les avantages d'une centralisation des
opérations de la flotte de pêche ainsi que des services et des
équipements requis. Des usines actuelles sont dispersées à
la grandeur des Iles. Leur capacité de production est insuffisante pour
répondre aux exigences d'un développement de la pêche
hauturière, et leur localisation n'est pas toujours fonctionnelle
». Ils recommandent même dans le rapport de centraliser encore plus
que ce qu'il y a actuellement, et le député s'ait ce qu'ils
veulent faire. Je n'ai pas donné mon approbation...
M. LACROIX: Oui.
M. BELLEMARE: ... et, d'ailleurs, je dirai un autre mot tout à
l'heure dans les immobilisations. On voulait centraliser encore plus que
ça aux Iles, bien plus. Il y a centralisation et puis il y a bon sens.
Surtout, quand ça n'existe pas et qu'il faudrait bâtir, quand on a
déjà des
problèmes extraordinaires pour faire face à des
immobilisations qui sont nécessaires est-ce que je puis retarder
actuellement un grand projet que nous voulons pour Paspébiac? Est-ce que
je peux retarder ça? Je ne peux pas faire ça, M. le
Président, c'est un des gros problèmes que nous avons. Qu'est-ce
que vous voulez?
Le député du comté de Bonaventure serait
certainement choqué contre moi si je ne répondais pas demain
à un impératif qu'il y a d'étendre son service de
glacière. Il va falloir absolument que j'en aide quelques-uns.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Diviser pour régner.
M. BELLEMARE: Non, non, non, on me prête des intentions, je n'ai
jamais pensé à ça. Mais le député de
Bonaventure a un problème chez lui, c'est un problème difficile.
Il va falloir le régler cette année. Est-ce que le
député des Iles-de-la-Madeleine va être contre Bonaventure?
Il ne peut pas être contre, M. le Président, il faut absolument de
l'argent pour cela.
M. LACROIX: Je ne suis pas contre personne, mais je suis pour les
Iles-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: Bien, moi aussi, je suis pour les Iles. Mais, d'un autre
côté, le député de Bonaventure c'est un homme qui a
certainement pensé au comté de Bonaventure,
particulièrement à Paspébiac. Il a établi là
des industries...
M. LACROIX: Il avait même pensé aux Iles-de-la-Madeleine,
il avait accepté le projet que vous avez remis en question.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas sûr que c'était final.
M. LACROIX: Oui. M. BELLEMARE: Non.
M. LACROIX: Les soumissions ont été demandées.
M. BELLEMARE: Non, non, demandées, mais ce n'est pas ça
qui est dans le dossier. Un instant, j'ai des petites nouvelles fraîches
pour vous.
M. LACROIX: S'il n'y avait pas eu l'accident du 5 juin, je peux vous
dire que l'entrepôt frigorifique serait en opération à
l'heure actuelle.
M. BELLEMARE: Bien, je dis, M. le Président, tout cela, ça
ne se serait pas réalisé. C'est clair, et puis l'honorable
député qui est votre voisin pourrait vous dire la même
chose. Le député, qui était ministre des pêcheries
maritimes, pourrait vous dire qu'il a dit à ce moment-là, dans un
mémo qu'il a transmis au bureau, que ce n'était pas une
priorité. Et cette priorité là, nous l'avons
respectée.
M. LACROIX: Supposons que j'aurais fait rétablir la
priorité.
M. BELLEMARE: Quand, dans dix ans, vous reviendrez au pouvoir ou quinze
ans, je ne sais pas. Alors, M. le Président, le temps passe, c'est bien
agréable...
M. LACROIX: Non, mais je veux revenir là-dessus, M. le
Président.
M. BELLEMARE: ... mais je dis pour terminer que même si le
député insiste, nous allons l'entendre, mais il n'est pas
question actuellement, surtout dans la consolidation du plan du BAEQ que nous
avons commencé à appliquer, de commencer à déroger
aux recommandations fondamentales. Cela, je suis trop bien
protégé aujourd'hui par un plan de développement qui est
très bien fait et qui a justement un chapitre spécial qui porte
le titre: le plan des Iles-de-la-Madeleine, spécialement fait pour les
Iles-de-la-Madeleine. Je ne suis pas pour commencer à donner le mauvais
exemple et à manquer aux recommandations. Je ne peux pas faire
ça, M. le Président.
M. LACROIX: M. le Président, quand à la page 91, on parle
des nouvelles usines de filetage et de relocalisation de celles qui existent en
fonction du centre de pêche, on ne parle pas du tout du problème
des entrepôts frigorifiques comme on l'entend dans le cas de celui qu'on
veut faire construire à Fatima. Il s'agit des entrepôts
frigorifiques comme il y en a un à Aurigny, comme il y en a un à
l'Etang-du-Nord, comme il y en a un à Havre-aux-Maisons, comme il y en a
un également à la Grande-Entrée.
Quand on parle de la concentration, et je crois que dans la
pensée du ministre, il mêle les entrepôts frigorifiques qui
servent à la congélation du poisson où on a des
congélateurs à plaques pour faire la congélation du
poisson pour la mise sur le marché. Quant aux entrepôts
frigorifiques dont il est question, comme celui de Fatima, ces entrepôts
frigorifiques servent à l'entreposage de la boëtte et servent
à la conservation des ali-
merits servant à la population. Et je voudrais ici relever...
M. BELLEMARE: Le député dit bien aux aliments de
consommation autres que le poisson.
M. LACROIX: Certainement.. M. BELLEMARE: D'accord.
M. LACROIX: ... mais je voudrais vous mentionner l'anecdote que l'ancien
ministre me rapportait, car il s'agit, en plus du poisson, des autres aliments,
il me disait, prenant les mêmes arguments que l'actuel ministre:
ça coûte énormément cher l'opération d'un
entrepôt frigorique et ça nous coûterait moins cher
d'acheter des frigidaires aux familles que de construire un entrepôt
frigorique et puis de l'opérer.
Je suis parfaitement d'accord avec vous, mais si vous voulez acheter des
congélateurs, des frigidaires qui seraient de grandeur convenable pour
permettre d'emmagasiner, si vous voulez, les aliments nécessaires pour
une période de quatre à cinq mois pour une famille de dix ou
douze enfants, vous aurez un autre problème majeur, c'est qu'il n'y aura
plus déplace pour loger les enfants dans la maison, il va falloir que
vous leur construisiez une maison pour loger la famille. Et c'est
pourquoi...
M. BELLEMARE: Pour le frigidaire.
M. LACROIX: Oui, les frigidaires naturellement, ça en prendrait
plusieurs et ça prendrait la place de la famille.
M. BELLEMARE: J'ai compris.
M. LACROIX: C'est vrai, autrefois on s'en servait dans le temps des
élections des frigidaires, on va peut-être reconnaître
ça dans quatre ans. De toute façon, les entrepôts
frigorifiques de Fatima et de l'Ile-d'Entrée doivent être
considérés comme une priorité et en vous rendant à
cette demande légitime, des résidents de Fatima et de
l'Ile-d'Entrée, le ministre ne passera pas du tout à
côté des recommandations du rapport du BAEQ et, d'ailleurs, je
constate que l'honorable ministre a un peu évolué en ce qui
concerne les recommandations du BAEQ parce que, le 22 février, on lisait
dans la Presse et je cite: M. Bellemare a expliqué que les
fonctionnaires de son ministère avaient travaillé en
coopération avec les conseils économiques régionaux afin
de dépouiller le rapport BAEQ pour en appliquer les recommandations les
plus im- portantes d'une façon rationnelle.
Il a cependant précisé qu'il ne partageait pas, comme ses
fonctionnaires, toutes les recommandations du rapport du BAEQ.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas compris la dernière.
M. LACROIX: Il a cependant précisé qu'il ne partageait
pas, comme ses fonctionnaires toutes les recommandations du rapport du
BAEQ.
M. BELLEMARE: Je n'ai jamais dit ça.
M. LACROIX: C'est dans la Presse du 22 février.
M. BELLEMARE: Cela finit là.
M. LACROIX: Et, de toute façon, M. le Président, je...
M. BELLEMARE: Le député me connaît assez...
M. LACROIX: ... me permets d'insister encore, l'entrepôt
frigorifique de Fatima avait été accepté par le
ministère provincial et il a été accepté par les
autorités d'ARDA à Ottawa. Le gouvernement fédéral
contribuait $50,000 pour un total de coût de construction de $100,000, ce
qui fait que la province avait $50,000 à dépenser pour la
construction de cet entrepôt frigorifique. C'est un investissement
nécessaire, parce que la population de Fatima est une population de
pêcheurs. Ils ont droit également, comme les autres
municipalités des îles, d'avoir leur entrepôt frigorifique
pour pouvoir y placer, en plus du poisson, les aliments nécessaires.
Et, quand vous mentionnez que sur l'île du Cap-aux-Meules il y a
un entrepôt frigorifique à l'Etang-du-Nord, c'est vrai. Mais
à l'entrepôt frigorifique de l'Etang-du-Nord, il n'y pas de casier
disponible pour la population de Fatima. A l'entrepôt frigorifique de
Cap-aux-Meules il n'y a pas de casier pour la population et quant à
celui de Havre-aux-Maisons, les quelques casiers qui seraient disponibles, la
population ne peut s'en prévaloir, parce que pour plusieurs qui n'ont
pas d'automobile, ils doivent prendre un taxi pour partir de Fatima et aller
à l'entrepôt frigorifique de Havre-aux-Maisons, ce qui devient
assez onéreux, vous le comprendrez. C'est pourquoi la construction d'un
entrepôt frigorifique à Fatima devient une nécessité
et devrait être considérée par le ministre comme une
priorité et, à ce moment-là, le ministre répondrait
aux espérances de la population, car s'il
s'en rapportait à ses paroles qu'il prononçait à
Cap-aux-Meules le 24 juillet dernier, à l'occasion de la
bénédiction de la flotte de chalutier, le ministre...
M. BELLEMARE: J'ai fait un beau discours.
M. LACROIX: ... disait la meilleure partie, il ne l'a pas
réalisée par exemple.
M. BELLEMARE: Non.
M. LACROIX: Il disait: La population des Iles-de-la-Madeleine recevra de
celui qui vous parle une attention tout à fait particulière et il
ajoutait à celui qui parle actuellement, vous aurez plus avec moi que
vous avez eu avec celui qui m'a précédé.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas ça que j'ai
dit.
M. LACROIX: Il vous reste à le prouver.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça que j'ai dit. J'ai dit que, pour
porter votre croix, vous aurez, mon cher monsieur, un ministre qui va vous
être sympathique.
M. LACROIX: Vous devriez penser que, par ce signe tu vaincras,
Lacroix.
M. BELLEMARE: Oui, mais...
M. LACROIX: Pour faire une belle mort, c'est bien mieux de se mettre au
pied de la croix.
M. BELLEMARE: Il y a des gens qui ne la portent pas, ils la trament. M.
le Président, on pourrait argumenter tout l'après-midi sur ce
sujet-là. Je n'ai pas d'objection, c'est très intéressant.
L'honorable député fait bien son devoir, je suis bien d'accord,
mais seulement pour tout de suite...
M. LACROIX: J'ai fait le mien, faites donc le vôtre.
M. BELLEMARE: Je le fais de mon mieux. Ce n'est pas toujours facile, M.
le Président, dire non, c'est courageux, surtout ne pas se cacher pour
le dire.
M. LACROIX: Surtout dans le côté de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Ce que je dis, c'est devant le député, mes
actions comme mes paroles, je suis bien franc et je le dis là.
Si c'était humainement possible, si c'était
réalisable, il n'y aurait pas un non. Ce serait Hormidas Langlais qui me
demanderait, je dirais non.
M. LACROIX: Il ne le demandera pas dans le moment, parce que j'ai eu 600
voix de majorité.
M. BELLEMARE: Non, non, pas plus lui. En voilà une raison pour
avoir un entrepôt frigorifique.
M. LACROIX: Cela marchait de même autrefois.
M. BELLEMARE: M. le Président, on l'a le chat. L'avez-vous vu
sortir d'un coup sec? Houp! 600 voix de majorité pour un
entrepôt.
M. LACROIX: J'ai eu 1,947 voix de majorité. Il a fallu qu'il y en
ait à quelque part.
M. BELLEMARE: On l'a eu. J'ai eu 600 voix de majorité, c'est pour
ça que j'ai un entrepôt. Voyons !
M. LACROIX: Ah non, mais je ne l'avais pas eu à ce
moment-là, mais je l'ai demandé pareil.
M. BELLEMARE: M. le Président, on ne fera pas de chicane, mais
vous l'avez vu sortir, le chat J'ai eu 600 voix de majorité, il me faut
un entrepôt.
M. LACROIX: Ce n'est pas 600 voix de majorité que j'ai eu, je
m'excuse, c'est 1,947.
M. BELLEMARE: Non, non, mais à Fatima? M. LACROIX: A Fatima j'en
ai eu pas mal. M. BELLEMARE: Vous m'avez dit 600.
M. LACROIX: Oui, quelque chose d'approchant.
M. BELLEMARE: C'est ça: 600 voix, l'entrepôt: un
entrepôt, 600 voix.
M. LACROIX: Quelque chose dans tous les cas.
M. BELLEMARE: Ah vous avez fait votre campagne sur ça? C'est
effrayant!
M. LACROIX: Non, non, j'ai parlé seulement de ce que j'ai
réalisé. Mon discours était déjà long.
M. BELLEMARE: Je comprends que, quand ce ne sont pas des
entrepôts, alors pas de chicane.
C'est non pour cette année, c'est clair, ce n'est pas parce que
c'est dictatorial, c'est parce que c'est recommandé par tous les hommes
de talent qui ont fait ces plans qui ont préparé ces
développements. C'est oui, pour toutes sortes d'autres choses qu'on va
être capable de réaliser, si, plus tard, nous avons à
revenir sur notre décision, dans l'intérêt public nous le
ferons.
M. LACROIX: Mais, dans le rapport du BAEQ dans le temps, il n'est pas
question de ça.
M. BELLEMARE: M. le Président, quand il est question, comme le
dit si bien le député, de faire autre chose que de la
pêche, la fin pour laquelle les entrepôts frigorifiques sont
institués, bâtis puis recommandés, c'est pour la
pêche, et incidemment...
M. LACROIX: Et pour les pêcheurs.
M. BELLEMARE: Non, non, non. Et, incidemment, si à l'occasion de
la construction d'un entrepôt frigorifique on peut le faire servir
à d'autre chose, s'il est établi spécifiquement pour les
pêcheurs, pour la pêche, d'accord. Mais, qu'on n'aille pas comme
argument majeur dire: Ecoutez là, on m'a donné quatre mois par
année, il faut leur réserver des provisions, ça prend un
entrepôt frigorifique chez nous pour l'alimentation, ça c'est un
problème qui est autre que celui des pêcheries. Actuellement, nous
autres, nous sommes dans les pêcheries maritimes et nos sommes sont
votées pour venir en aide aux pêcheurs, mais à la
pêche.
M. LACROIX: Mais, M. le Président, si le ministère de
l'Industrie et du Commerce qui a la responsabilité des pêcheries,
et partant des pêcheurs, se récuse et dit que ce n'est pas sa
responsabilité, à quel ministère devrons-nous nous
adresser?
M. BELLEMARE: A quel ministère s'adressent les gens
d'Abitibi?
M. LACROIX: Quand ce sont des colons, ils s'adressent au
ministère.
M. BELLEMARE: A quel ministère s'adressent les gens de
Shefferville? Il n'y en a pas. Qu'est-ce que vous voulez, pas plus à la
Colonisation qu'il peut y en avoir dans les départements de Murdochville
ou ailleurs. Qu'est-ce que vous voulez? Ce sont les conditions sine qua non aux
gens qui ont accepté de vivre là. Qu'est-ce que vous voulez? Il
ne faut pas changer un était de fait. Alors, parce que ça s'est
fait en Gaspésie pendant des années, parce que ça se
répète encore pour une proportion moindre aux
Iles-de-la-Madeleine, parce que là, il y a des endroits comme
Cap-aux-Meules, comme Grand-Etang, comme d'autres endroits, où il y a
nécessité d'avoir des frigos. Là on s'en sert actuellement
pour d'autres choses et après, bien après, et quand il s'agit de
décider si on doit bâtir un entrepôt frigorifique qui va
coûter...
M. LACROIX: $100,000.
M. BELLEMARE: $125,000. Alors, si on devait dépenser tant
d'argent pour que la pêche spécifiquement qui représente
actuellement dans ce secteur-là seulement 24%, il y en aurait besoin
pour 25% et que 76% serait pour de l'alimentation et des produits de la maison,
ça je n'ai pas l'ombre d'un doute, je n'ai pas de misère à
le décider. Je n'ai pas de misère à décider, je dis
que, dans les sommes que j'ai à dispenser, ç'a été
non quand je suis arrivé, pas plus parce que c'était le
député qui s'appelait Lacroix, Bellemare, Rivard ou
Lévesque.
Mais ç'a été: non, parce que c'était un faux
principe et que le BAEQ est venu renforcer ma décision. On n'est pas
pour décider tout l'après-midi.
M. LACROIX: Je veux rétablir ceci: quand l'honorable ministre dit
qu'à Shefferville ou dans l'Abitibi ces cas-là ne se
présentent pas, c'est qu'autrefois, en Gaspésie, les
entrepôts frigorifiques étaient nécessaires à cause
de l'isolement pendant la période de l'hiver. Aujourd'hui, cette
situation n'existe plus, parce que les routes sont ouvertes à la
circulation et qu'il est possible, dans toutes les municipalités de la
Gaspésie, d'avoir une liaison, de communiquer avec les autres parties de
la province par la route. Quant à nous, aux Iles-de-la-Madeleine, nous
sommes complètement isolés de la fin de novembre à la fin
d'avril et parfois jusqu'au milieu de mai et notre situation
géographique ne changera pas, je ne crois pas.
Les besoins de la population sont là et dans le cas des
pêcheurs, il sont sous la responsabilité du ministère de
l'Industrie et du Commerce, et je ne crois pas qu'il soit logique de
se décharger des responsabilités sur d'autres
ministères. Il appartient au ministère de l'Industrie et du
Commerce d'assurer à la population de Fatima et à la population
des pêcheurs en général, qu'il assumera ses
responsabilités. Lorsque le ministre dit catégoriquement: Non, je
crois qu'il rend une réponse prématurée. Il ne trouvera
rien dans le plan de développement proposé par les études
du Bureau d'aménagement de l'Est du Québec qui vienne appuyer sa
thèse, parce qu'il n'est absolument question, nulle part, ni dans le
plan, de la question des entrepôts frigorifiques servant à
l'entreposage de la bouëtte, du poisson nécessaire à la
consommation pour les familles des pêcheurs et également à
l'entreposage des aliments nécessaires pour la période
d'isolement qui dure au moins quatre mois. Je tiens encore une fois à
demander à l'honorable ministre d'étudier à nouveau cette
demande, de ne pas dire un non catégorique et de bien étudier la
situation.Il s'apercevra que, dans ce domaine comme dans bien d'autres, aux
Iles-de-la-Madeleine, nous sommes dans une situation bien particulière.
Il y a toujours des cas d'exception, parce que vous ne trouvez nulle part dans
la province une situation comme nous en connaissons une aux
Iles-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: Juste un mot. Je ne voudrais pas soulever de débat:
c'est déjà assez long. C'est que le député a dit
que j'avais peur de prendre mes responsabilités.
M. LACROIX: Je m'excuse. Si mes paroles ont pu laisser entendre
ça, je m'excuse, ce n'était pas mon intention de le dire, mais je
dis que la responsabilité des pêcheurs est celle du ministre.
M. BELLEMARE: C'est la responsabilité du ministre du Commerce de
l'Industrie et s'il ne veut pas prendre ses responsabilités... C'est ce
qu'il a dit. Je ne voudrais pas laisser passer ça, parce que j'ai trop
conscience de l'immense tâche qui m'échoit pour refuser de cette
façon... J'ai accepté, j'essaie de m'en acquitter de mon mieux,
ce n'est pas agréable de décider en certaines circonstances, mais
il y a aussi mon serment d'office, il y a aussi les recommandations qui me sont
faites par tous ceux qui sont en lieu de juger, mais j'essaie, dans
l'intérêt public, de prendre mes responsabilités.
M. LACROIX: Certainement que je n'ai pas prononcé ces paroles
dans le sens que vient de le dire l'honorable ministre.
M. BELLEMARE: Le député relira ça demain. Il aura
du regret.
M. LACROIX: Je ne crois pas l'avoir dit dans le sens que le ministre l'a
compris, mais je veux rectifier immédiatement la situation. Ce que je
voulais dire, c'est que la responsabilité des pêcheurs est la
responsabilité du ministère de l'Industrie et du Commerce et que,
dans ce cas, on ne doit pas transférer les responsabilités, en ce
qui concerne l'entrepôt frigorifique, au ministère de
l'Agriculture et de la Colonisation ou à tout autre ministère. La
responsabilité doit demeurer au ministère de l'Industrie et du
Commerce, et je parlais de la responsabilité du ministère et non
du ministre.
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'aimerais ajouter un mot seulement. Je ne
veux pas éterniser le débat sur un sous-article, malgré
l'importance du sous-article en question.
Mais j'aimerais en toute justice, pour le député des
Iles-de-la-Madeleine et en toute justice pour le ministre de l'Industrie et du
Commerce d'aujourd'hui, dire que si j'avais avec moi les dossiers auxquels
j'avais accès autrefois, je trouverais probablement, si ma
mémoire est fidèle, une certaine hésitation dans le cas de
Fatima et de longues études et des pourparlers assez en profondeur,
disons, avec les officiers.
Je crois que je trouverais également que nous en étions
venus à la conclusion que les arguments apportés par le
député des Iles-de-la-Madeleine arguments dont la valeur a
été reconnue il y a un Instant par le ministre lui-même
que ces arguments ont fait pencher la balance dans le cas de Fatima. Et
je crois que, lorsque nous avons demandé des soumissions, et
c'est ce que vient de dire le député des Iles-de-la-Madeleine,
chose qui n'a pas été contredite je crois qu'à ce
moment-là, nous ne pouvions pas demander des soumissions sans avoir pris
cette décision. C'est logique. Je crois que nous en sommes venus
à cette conclusion devant la force des arguments apportés par le
député des Iles-de-la-Madeleine qui ne faisait que traduire les
sentiments et les besoins des Madelinots et, particulièrement, de la
population de Fatima.
Il faut évidemment faire cet effort de concentration et
d'abstraction jusqu'à un certain point pour se reporter aux conditions
particulières qui existent aux Iles-de-la-Madeleine,
particulièrement dans la période d'hiver.Il faut se rappeler
qu'il s'agit des îles qui sont le joyau du golfe mais en même temps
qui sont,
à certaines périodes de l'année, perdues un peu
dans le golfe.Il faut se rappeler que les moyens de communication sont
extrêmement difficiles, et particulièrement dans la période
d'hiver. Et c'est un moyen dispendieux de communication que celui de l'avion.
Dans les circonstances, la demande formulée par le député
des Iles-de-la-Madeleine a semblé nous ébranler.
Je crois que le ministre a raison d'étudier d'une façon,
disons très serrée, cette demande, justement à cause de la
situation générale des entrepôts à travers la
province de Québec. Et je comprends que c'est avec une certaine
sévérité et un grand souci d'objectivité qu'il ne
veut pas dire oui à toutes les demandes du genre qui peuvent venir de
l'Est du Québec alors qu'il y a déjà un problème du
côté du nombre d'entrepôts qui existent et qui ont
été construits alors que la pêche côtière
était intensive et que les besoins étaient probablement
différents de ceux d'aujourd'hui. Lorsque ces entrepôts ont
été construits le long des côtes, c'était le moment
de la pêche côtière intensive, c'était le moment
où ces entrepôts étaient une nécessité
vitale.
Je comprends que le ministre puisse réagir de la façon
dont il réagit. Mais je me demande si, après avoir de nouveau
pesé et sous-pesé les arguments apportés par celui qui a
cette responsabilité de parler au nom des Madelinots, si en revisant de
nouveau la situation, à la lumière des arguments apportés
par le député, et à la lumière, évidemment,
des connaissances des fonctionnaires qui conseillent le ministre, à la
lumière, évidemment, de l'objectivité que peut apporter le
ministre pour se rendre compte du budget qu'il a à sa disposition, je me
demande si ce non qui est assez catégorique aujourd'hui ne pourrait pas
être traduit, comme on dit en anglais: « Don't say no: say may be
».
C'est dans ce sens que je veux faire ces remarques et tout simplement
pour dire que je crois que le ministre aurait avantage et que la population que
nous sommes appelés à servir aurait peut-être une meilleure
justice si l'on reconsidérait, je ne dis pas si l'on changeait
d'opinion, mais au moins si l'on reconsidérait cette décision
afin d'en arriver peut-être à une décision qui serait de
nature assez exceptionnelle, mais qui serait également la suite de
conditions exceptionnelles.
M. le Président, je vais immédiatement, avant de reprendre
mon siège, pendant que j'y suis, parler de cette situation des
entrepôts frigorifiques à travers la Gaspésie et à
travers l'Est du Québec en général. Le ministre a
parlé d'entrepôts frigorifiques qui étaient trop nombreux,
non seulement à cause du nombre, mais à cause de leur
utilité. J'en conviens, mais si on doit procéder à la
fermeture de quelques entrepôts, je crois que le facteur humain doit
être une considération.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... dont on tienne compte.
M. BELLEMARE: Lentement.
M. LEVESQUE (Bonaventure):Il faut que cela se fasse sans... justement,
comme le dit le ministre, lentement...
M. BELLEMARE: ... très lentement.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... il faut que cela se fasse en tenant
compte de la situation des familles.
M. BELLEMARE: Cela, c'est vrai.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... et que l'on tienne compte
également qu'il y a des situations qui sont quelquefois de nature
temporaire. A un moment donné, la pêche côtière peut
disparaître d'un endroit, mais on a déjà vu la pêche
reprendre à certains endroits où ça avait diminué
dans le passé. Je sais, et le ministre le sait également, qu'on
s'est dirigé vers la centralisation dans le domaine des pêcheries,
on fait le transport par camions et il y a des centres de pêche qui
fonctionnent d'une façon assez considérable en fabriquant, en
manufacturant des produits semi-finis à un rythme considérable.
Mais cela n'empêche pas qu'il faille tenir compte du caractère
temporaire de certaines diminutions de prises à certains endroits. Ceci
c'est un deuxième élément parce que le premier
élément, je le répète, c'est
l'élément humain.
Troisièmement, le service au public. Je crois que, même si
en général, on peut dire qu'il y a une profusion
d'entrepôts, il y a des endroits où les entrepôts sont trop
petits: il faudra agrandir.Il y a même des entrepôts qui ont
disparu à la suite d'incendies et qu'il faudra reconstruire. Le ministre
sourit.
M. BELLEMARE: Je sais duquel il veut parler.
M. LEVESQUE (Bonaventure):Il a deviné. Alors, je n'ai pas besoin
de préciser, et je ne voudrais pas répéter un discours
comme celui que vient de faire le député des Iles-de-la-Madeleine
pour deux raisons, parce que je ne pourrais pas expliquer d'une façon
aussi éloquente
que lui les besoins qui sont également sérieux dans le cas
auquel je réfère. Et, deuxièmement, je ne voudrais pas,
non plus, prendre le temps de la Chambre pour répéter des
arguments qui sont également sérieux pour que l'entrepôt
auquel je réfère sans le nommer, et que le ministre de
l'Industrie et du Commerce a reconnu, sans l'avoir lui-même
nommé,., bien, je voudrais que ces considérations, qui sont les
nôtres j'espère, soient de nature àfavoriser la
reconstruction d'entrepôts lorsqu'ils sont nécessaires et
lorsqu'ils sont disparus à la suite d'incendies. Alors, dans les
circonstances, j'aimerais bien donner l'occasion au ministre maintenant de
résumer la situation pour les entrepôts frigorifiques. C'est une
question très importante pour l'Est du Québec.
En même temps, il aurait l'occasion peut-être de mentionner
deux cas spécifiques, celui dont a parlé le député
des Iles-de-la-Madeleine et celui auquel j'ai référé d'une
façon, évidemment, très discrète.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est tellement discret, c'est
quasiment chez eux. D'abord Fatima, nous n'avons pas d'objection, pas du tout.
Si quelqu'un pouvait nous prouver que c'est faisable, que c'est
réalisable dans l'intérêt public. Nous sommes prêts
à demander au BAEQ, au Conseil d'orientation économique, de
refaire une nouvelle étude bien spécifique sur le cas de Fatima.
Si, à ce moment-là, on pouvait être justifié, je
n'ai absolument pas d'objection mais, vu les dispositions prises jusqu'à
maintenant, on est au début de l'application d'un grand programme de
développement. On ne peut pas, je pense, partant surtout avec les
possibilités que nous avons, mettre de côté toutes ces
recommandations qui prêchent plutôt l'unification, la planification
et la consolidation de ces entreprises, de ces usines. Alors je n'ai pas
d'objection. Nous allons demander au BAEQ, au conseil d'orientation, à
M. Parenteau, de réétudier le cas. Je suis bien ouvert, mais,
pour le moment c'est non, parce que je suis obligé de prendre ce que
j'ai devant moi pour administrer. Si quelqu'un vient me convaincre, me prouver
qu'il y a intérêt public de le faire, pensez-vous que je suis
assez dépourvu de bon sens pour dire non? Alors, premier point de
réglé.
Deuxième cas, les entrepôts frigorifiques, d'accord. Le
député sait et d'ailleurs nous l'avons
étudié ensemble tout le secteur des entrepôts
frigorifiques qu'il faut fermer et nous avons bien pris la précaution de
ne pas fermer deux entrepôts frigorifiques de suite, en tout cas que se
produirait ce qu'a dit tout à l'heure le député, le retour
dans la pêche hauturière.
Nous avons aussi considéré que dans certains secteurs l'on
peut recycler facilement les personnes qui sont en travail présentement
ailleurs. Comme ils font partie de la convention collective, ils ont des droits
acquis, c'est la séniorité qui existe.Il faudra à ce
moment-là profiter aussi du décès de certaines personnes.
A un moment donné la personne décède, c'est un
entrepôt qui est là à « vivoter » à un
moment donné on ne le remplace pas. Un feu arrive, passe à
travers un entrepôt frigorifique qui était pas mal moins
nécessaire, il était devenu surtout une dépense
considérable, il rapportait $22 par année de revenu, ce
n'était pas bien cher.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Ce n'est pas le même.
M. BELLEMARE: J'ai reçu justement une délégation
d'une trentaine de personnes qui sont venues me voir et m'ont fait des
représentations très au point au sujet de cet entrepôt
brûlé. Nous avons considéré, nous leur avons dit:
« Oui, nous allons immédiatement nommer un comité qui va
faire une étude et qui va aller chez vous, avec les fonctionnaires de
mon ministère, entendre vos raisons. Vous, vous prétendez que
vous en avez besoin pour la pêche, vous vous dites que vous n'avez pas de
boëtte, vous dites que ce n'est pas normal d'attendre le matin ou le soir
pour l'entrepôt. On va aller voir ça sur les lieux ». J'ai
fait nommer un comité que ces gens-là ont accepté et nous
avons envoyé ces gens-là au travail. Je ne sais pas si c'est le
même mais je pense que c'est le même. Ils nous sont revenus...
M. LEVESQUE (Bonaventure): On parle de Saint-Godefroy.
M. BELLEMARE: C'est ça. Ils nous sont revenus avec un rapport
très volumineux, très bien fait, recommandant au ministre de
maintenir sa décision. A la suite de ce rapport de ce comité,
j'ai demandé personnellement au sous-ministre de s'en occuper encore
pour rendre justice à la population, pour voir, à vérifier
si chacune des déclarations était bien personnelle. On a fait
l'impossible jusqu'à maintenant...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Lorsque le ministre dit: « maintenir sa
décision »...
M. BELLEMARE : C' était de ne pas construire, c'était
ça qu'on leur avait dit dans le temps.
Ils étaient venus nous voir pour demander la reconstruction. On a
dit: D'accord, vous avez des faits nouveaux, vous nous donnez des preu-
ves qu'il y a nécessité, d'accord, on est bien ouvert, on
va aller voir ça. On a formé un comité de trois membres
qui sont allés sur les lieux, qui ont vérifié, qui ont
parlé, qui ont discuté, qui ont questionné, puis qui ont
fait un volumineux rapport. L'ensemble de toutes les déclarations, c'est
qu'ils sont à deux pas d'un service qui peut être fait facilement
par les camions et qui peut rendre les mêmes services que si on
reconstruisait.
Alors là, c'est certain que la chicane va commencer, vous allez
voir, dans quelques minutes. Je puis dire à l'honorable chef de
l'Opposition qu'il n'y a personne dans les galeries.
M. LESAGE: Non, c'était pour savoir si le député de
Champlain pouvait grimper.
M. BELLEMARE: Ah oui. Laissez-nous finir, là, ça va bien,
j'espère...
M. LESAGE: Je cherchais les échelles.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, est-ce qu'on accepte le
numéro...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Bien voici, j'espère qu'on a tenu
compte dans cette question-là, évidemment, de tous les facteurs;
qu'on en tiendra compte encore...
M. BELLEMARE: On est encore ouvert.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Encore ouvert, ça va.
M. BELLEMARE: Si le député peut nous donner une bonne
raison qui contredirait tout ce qu'on a dans l'enquête...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien.
M. BELLEMARE: ... on est ouvert. Le sous-ministre m'a encore dit: Nous
réétudierons de nouveau l'affaire. Il n'y a pas l'ombre d'un
doute: on ne veut pas, au contraire, léser dans leurs droits acquis des
gens qui en auraient besoin, pas plus qu'à Fatima.
M. LEVESQUE (Bonaventure): D'accord. M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LACROIX: Pas encore. Dans le rapport sur les pêcheries du
Québec, on mentionne et je sais qu'il y a eu des études de faites
pour l'approvisionnement en eau potable de l'entrepôt frigorifique de
Havre-Aubert. L'an passé, le ministère des Richesses naturelles a
envoyé ses représentants pour faire une étude pour
l'approvisionnement en eau de l'usine de Havre-Aubert et en même temps
aussi pour la population de Havre-Aubert et du Bassin. Est-ce que le
ministère a en vue la réalisation d'un projet quelconque pour
l'approvisionnement en eau potable de l'entrepôt frigorifique et
également de l'usine de la compagnie Gordon Pew?
M. BELLEMARE: Voici, nous avons, comme le sait le député,
plusieurs projets d'aqueduc pour des usines. D'ailleurs, nous en reparlerons.
Nous avons réalisé celui de Rivière-au-Renard, je pense,
qui était un des gros réseaux qui avait besoin d'être mis
en plan immédiatement, à cause de l'installation d'un complexe
considérable. Nous avons à Havre-Aubert continué des
études. Est-ce que le député pourrait...
M. LACROIX: Pardon?
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça, parce que je ne voudrais pas, c'est
pour lui particulièrement, M. le Président, ça pourrait
peut-être...
M. LACROIX: Je m'excuse.
M. BELLEMARE: Nous avons continué des études qui avaient
été commencées pour Havre-Aubert.
M. LACROIX: Oui.
M. BELLEMARE: Le ministère des Richesses naturelles a
été prévenu, on a fait des travaux, des études de
recherche qui ne sont pas terminés dans le moment. Nous avons
l'intention de lui demander de continuer cette année pour essayer de
trouver la solution. Elle est difficile à Havre-Aubert.
M. LACROIX: D'accord.
M. BELLEMARE: Le député connaît la raison
fondamentale qui nous empêche, pour le moment, avec tous les techniciens
d'aller plus, loin, mais nous allons essayer de passer ce mur pour aller
chercher de l'eau potable. C'est très difficile.
M. LACROIX: C'est juste parce qu'on voudrait profiter du travail du
ministère de l'Industrie et du Commerce et également de celui du
ministère des Richesses naturelles pour essayer de touver une solution
à notre problème d'approvisionnement en eau potable pour les
municipalités de Havre-Aubert et du Bassin en même
temps.
M. BELLEMARE: Il y a déjà une solution partielle.
M. LACROIX: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Pour la glace et puis l'eau potable.
M. LACROIX: Oui.
M. BELLEMARE: Cela, c'est déjà réalisé.
M. LACROIX: Oui, mais seulement on veut aller plus loin.
M. BELLEMARE: Ah oui, je sais bien. M. LACROIX: Très bien.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Alors, le Service de la
réfrigération, c'est adopté.
M. BELLEMARE: Oui, merci.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Service des constructions,
également.
M. BELLEMARE: Oui, service des constructions, d'accord, article 5.
Article 6, l'économie maritime.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Service de l'économie maritime, si on
veut passer aux traitements et salaires.
M. BELLEMARE: Traitements.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Adopté.
M. BELLEMARE: Salaires. Frais de voyage. Frais de bureau.
Matériaux, fournitures, transformation. Surveillance, classification.
Autres dépenses.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté?
M. LESAGE: Un instant. Au sous-article 6, quelle est la raison de la
diminution de $90,000 dans les dépenses prévues aux
matériaux et fournitures, transformation, entretien et
réparations des chantiers, des rampes de lancement et des bateaux? C'est
à 6-6, 8-6-6...
M. BELLEMARE: Oui monsieur.
M. LESAGE: Article 8 sous-article 6,sous-sous-article 6.
M. BELLEMARE: On n'a pas utilisé l'année passée
tout...
M. LESAGE: Ce n'est pas une raison.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que le chef de l'Opposition
veut me faire passer un degré, ou bien...
M. LESAGE: Non, pas du tout, mais simplement, c'est parce que j'ai
entendu alors que j'étais ailleurs le ministre donner exactement la
réponse qu'il vient de donner à une question similaire à
celle que je viens de poser.
M. BELLEMARE: Oui, puis?
M. LESAGE: Je trouve que ce n'est pas une raison qui justifie une
diminution de crédit. On sait que, l'an dernier, le gouvernement a
établi un régime d'austérité, un régime de
conservatisme dans les dépenses. Alors je me demande pourquoi il est
nécessaire de continuer ce régime aux dépens des
pêcheurs qui sont une des catégories de professionnels du
Québec qui ont le plus besoin d'aide du gouvernement.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous avez vu arriver la
chicane...
M. LESAGE: Bien non.
M. BELLEMARE: ... sans raison aucune, offre un spectacle...
M. LESAGE : Un instant, vous grimpez dans les rideaux.
M. BELLEMARE: ... il emmène dans la Chambre un mauvais esprit. Je
ne sais pas pourquoi il dit austérité.Il n'a pas pris la peine de
savoir pourquoi bien des fois, dans les livres, pourquoi c'était fait.
Non, non:austérité!immobilisme! la chicane! S'il savait, M. le
Président, pourquoi.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: C'est qu'il y a un nombre considérable de vieux
bateaux que nous avons mis cette année au rancart, que nous ne
réparerons pas, et qui vont coûter $90,000 de moins. Est-ce bien
cette situation-là?
M. LESAGE: Oui, mais est-ce qu'il ne vaudrait pas mieux dépenser
$90,000 pour avoir des bateaux neufs, pour augmenter la flotte...?
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, il y a dans cet article
$90,000 de moins de dépenses à ce sous-article, parce que cela
provient du fait que des vieux bateaux ont été mis au rancart en
1966 et 1967 et qu'une partie des coûts de réparation qui avait
été faite spécifiquement et qui avait été
demandée l'année passée, et qui ont été
dépensés, n'ont pas besoin de l'être cette année,
parce qu'on n'a pas que ça à faire. On a prévu un certain
nombre de réparations, réparations utiles, nécessaires,
mais on n'a pas besoin de $90,000 pour rien. Voyez-vous comment sont ces
gens-là? C'est fantastique. Quand on administre la province avec
beaucoup de parcimonie, avec un sens appliqué des
responsabilités, on fait un budget, non ça...
austérité! immobilisme!Il veut une chicane absolument.Il n'en
aura pas. J'ai décidé qu'il n'en aura pas.
M. LESAGE: M. le Président, combien de bateaux ont
été mis au rancart et à quel prix ont-ils
été vendus, s'ils ont été vendus, ou à quel
prix les pièces ont-elles été vendues? Et, de quelle
façon les ventes se sont-elles faites?
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a neuf bateaux qui ont
été mis au rancart. Les dates, les noms, les adresses...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Tout ça, tranquillement pas vite, la couleur, la
grandeur, la hauteur...
M. LESAGE: Ce n'est pas nécessaire. Je veux savoir quels sont les
principes qui...
M. BELLEMARE:Il y a neuf bateaux mis au rancart, qui n'ont pas encore
été mis en vente. Ils le seront dès le printemps, comme
nous faisons certains des budgets...
M. LESAGE: De quelle façon?
M. BELLEMARE: Par soumissions publiques. Et ils seront vendus à
ce moment-là, comme cela se fait normalement, avant moi, et cela se fera
demain encore.
M. LESAGE: Oui très bien. Je voulais être sûr que les
bateaux seraient vendus après une demande de soumissions publiques. Mais
est-ce qu'ils sont vendus pour les morceaux ou s'ils sont vendus pour qu'ils
puissent servir encore?
M. LAPORTE: Est-ce qu'ils sont vendus comme bateaux ou comme
sous-marins?
M. BELLEMARE: Est-ce que le chef de l'Opposition parle du
St-Barnabé?
M. LESAGE: Non, non. Mais c'est parce que le ministre a dit que
c'étaient des bateaux qui ne valaient plus rien. Alors, on les vend.
Est-ce qu'on les vend pour ce qu'on appelle communément la « scrap
» ou bien si on les vend pour qu'ils soient encore utilisés pour
la navigation, et la pêche?
M. BELLEMARE:Il arrive ce qui devait arriver. On a
espéré...
M. LAPORTE: Vous avez espéré, vous avez
espéré.
M. BELLEMARE: ... On était tellement dans une bonne
atmosphère...
M. LESAGE: Mais c'est encore une bonne atmosphère.
M. BELLEMARE: ... on s'est laissé emporter par une longue
dissertation. On aurait pu les terminer, on aurait tout fait.
M. LAPORTE: Moi, j'ai songé à descendre quand j'ai entendu
en haut que le pied du ministre, avait passé à travers le pont du
bateau. J'étais inquiet pour lui, je voulais redescendre pour vous
voir.
M. BELLEMARE : Les murs ont des oreilles. Qu'importe, puisqu'il s'agit
d'être de bonne humeur.
M. LESAGE: C'est parce que le leader et moi étions prêts de
l'appareil de radio.
M. BELLEMARE: Bien oui.
M. LAPORTE: Nous ne voulions pas manquer ça.
M. BELLEMARE: Ah oui, je sais que vous êtes
intéressés à ce que je dis. Vous avez assez hâte de
me « poigner ».
Mais, M. le Président, je continue et je dis qu'il arrive dans ce
domaine des choses assez extraordinaires. Je suis bien heureux que le
chef de l'Opposition me fournisse l'occasion de donner certains
détails, parce qu'il sera question tout à l'heure dans les
immobilisations de certaines choses. Vous avez par exemple un
développement nouveau qui se fait dans la recherche des crevettes,
nouveau... Est-ce que le chef de l'Opposition m'écoute, là?Il n'a
pas l'air.
M. LAPORTE: Ah oui, il écoute d'une oreille et il lit de
l'autre!
M. BELLEMARE: Ah bien ça, il ne pourra pas comprendre.Il va
peut-être m'entendre mais il ne me comprendra pas.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Il arrive dans les vieux bateaux qu'on met sur les «
slavel » que souvent, des gens sont intéressés à
faire un prix... Vous avez l'expérience de la recherche des crevettes,
chose qui nous est arrivée à un moment donné. A
brûle-pourpoint un nommé Soucy, avec un bateau qui lui
appartenait, a décidé à un moment donné de faire,
à la suite de certaines données qui lui avaient été
fournies par le fédéral sur les recherches
hydro-océaniques... là, il a dit:Il y a des bancs de crevettes
alentour de Matane, il est allé expérimenter ça puis il a
eu du succès. Alors, cette année...
M. LESAGE: Autour de Matane?
M. BELLEMARE: Dans l'océan, pas dans l'océan...
M. LESAGE: Dans l'estuaire de la rivière?
M. BELLEMARE: Non, non, dans le fleuve Saint-Laurent. Ce qui est
arrivé, l'endroit je pense que c'est 99.02 soustrait 2.44, ça
c'est l'endroit exact. Alors je pense que là, c'est situé.
M. LESAGE: Vous parlez de longitude et de latitude, ça se
comprend oui.
M. BELLEMARE: C'est ça, nord-sud. Alors à 2.44, M. le
Président, il a trouvé des crevettes. Là, il s'est dit
:Nous allons aller voir maintenant notre ministère et nous allons
essayer d'acheter de ses bateaux qui, pour la pêche en haute-mer, ne
fonctionnent pas, qui sont mis au rancart.Il est venu nous voir, nous avons
étudié très attentivement sa demande et après
plusieurs rencontres, il a décidé d'acheter trois bateaux.
M. LESAGE:Il n'y a pas eu de demande de soumissions?
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: Alors quand le ministre a dit tantôt qu'il continuerait
à procéder comme dans le passé, il va vendre de gré
à gré.
M. BELLEMARE: Un instant. Le chef de l'Opposition me fait penser
actuellement à un avocat qui défend une cause dans un certain
endroit.Il cherche à mettre le client, pas le client...
M. LESAGE: Le témoin.
M. BELLEMARE: ... le témoin en boite.
M. LESAGE: Il y est dans la boite.
M. BELLEMARE: Ah oui, il est dans la boite, certainement.
M. LESAGE:Il a les deux pieds dedans tout seul.
M. BELLEMARE:Il y a des fois qu'il serait mieux d'être ici. M. le
Président, voici une industrie nouvelle qui se développe chez
nous. On paie souvent des subventions, on donne dans des zones
désignées des subventions fédérales, provinciales
et fédérales pour certains nouveaux investissements. On a
pensé que...
M. LESAGE: Pour Matane, c'est vrai.
M. BELLEMARE: ... pour Matane, là aussi, pour d'autres endroits
et particulièrement là, on a pensé qu'en prenant ces
bateaux que nous avons vendus aux mêmes conditions que l'on vend des
bateaux neufs en les plaçant sur le crédit maritime et en prenant
sur leurs pêches une proportion de 14% de prise, plus 20% si on y ajoute
d'autres améliorations, on pouvait à ce moment-là...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Allant jusqu'à 20%. Pas plus.
M. BELLEMARE: Non, non, allant... 6% de plus. On a dit à ce
moment-là: On peut probablement faire une expérience qui ne sera
pas trop coûteuse à la province et qui va peut-être
rapporter énormément et comme c'est assez difficile, assez
critique parce que ça n'a pas été
expérimenté encore nulle part. On a pensé que
ces bateaux-là pouvaient nécessairement, à cause
des réparations considérables qu'il y avait à faire,
être mis à leur disposition à tout risque.
M. LESAGE: Comment a été la cueillette des crevettes?
M. BELLEMARE: Cela va commencer. Ils sont six, les trois bateaux
là, c'est cette année qu'on a fait ça. Ce n'est que depuis
que nous sommes arrivés que nous nous occupons de ça,
M. LESAGE: La cueillette des crevettes est-elle commencée?Il n'y
en a pas eu encore?
M. BELLEMARE: Voyons donc! Les bateaux ne sont pas encore sortis, voyons
donc!
M. LESAGE: Bien non, non, j'étais intéressé de
savoir si c'avait été bon.
M. BELLEMARE: A quelle heure...?
M. LESAGE: Non, non, je voulais savoir purement et simplement s'il
savait. Je trouve que c'est une excellente initiative, et je voulais savoir si
elle avait été tentée ou si elle allait être
tentée.
M. BELLEMARE: Non, c'est cette année que ça débute
là.
M. LESAGE: Si je n'avais pas posé ma question initiale, toutes
ces déclarations intéressantes du ministre, la Chambre n'aurait
pas eu l'avantage de les entendre.
M. BELLEMARE: Cré qu'il est fin!Il n'y en a pas deux pareils.Il a
décidé de ne pas faire accepter mes crédits avant six
heures.Il a décidé ça: C'est le temps, je vais
arrêter ça, cette affaire-là, ça va bien.
M. LESAGE: D'accord.
M. BELLEMARE: Alors, là c'est 250,000 livres de crevettes
l'année passée et on s'attend au triple cette année avec
l'organisation et ça va commencer dans le mois de mai, la date
précise, je ne peux pas la donner, dans une couple de semaines. Est-ce
que ça satisfait l'honorable député?
M. LESAGE: Je suis très heureux de ces nouvelles-là.
M. LACROIX: Le ministre a oublié de men- tionner seulement une
chose, c'est que pour ces expériences, les études ont
été entreprises il y a déjà plusieurs plusieurs
mois...
M. BELLEMARE: Est-ce que j'ai dit que c'était moi qui avait
créé les crevettes?
M. LACROIX: Elles auraient moins de pattes. Mais les bateaux dont le
ministre a parlé et dont le ministère disposerait, est-ce que ce
sont des chalutiers qui sont repris pour les dettes?
M. BELLEMARE: Non. Ce sont trois bateaux qui sont actuellement en rade
à Gaspé, qui nous ont été remis, à un moment
donné, par les pêcheurs et qui sont actuellement à
Gaspé sur la rade, à côté de l'usine.Il y en a cinq
ou six qui sont actuellement au rancart et, au lieu de les vendre, comme disait
l'honorable chef de l'Opposition pour la « scrap », on a
trouvé une occasion merveilleuse de les faire...
M. LESAGE: De les faire continuer l'expérience suivant la
politique établie.
M., BELLEMARE: Avec le système établi.
M. LACROIX: Est-ce que le ministre voudrait nous dire? Les bateaux qui
sont repris pour les dettes, le capitaine qui était à la
direction de ce bateau, dans l'avenir, ne pourra pas obtenir un nouveau bateau,
tant et aussi longtemps qu'il sera endetté à l'endroit du
gouvernement?
M. BELLEMARE: Voulez-vous recommencer?
M. LACROIX: Les bateaux qui sont abandonnés, et que le
ministère reprend pour les dettes, le capitaine qui était
à la direction de ce bateau, selon la politique actuelle du
ministère, ne pourra jamais obtenir un nouveau chalutier, tant et aussi
longtemps qu'il sera endetté à l'endroit du ministère.
Est-ce que le ministère entend continuer cette politique ou s'il va
améliorer ses règlements de façon à permettre
à ces pêcheurs qui, s'ils ont laissé des dettes,
après plusieurs années d'opération de leur chalutier, ne
sont pas responsables seuls de cette situation...
M. BELLEMARE: La réponse, c'est oui. Nous allons continuer cette
politique: autrement, pour ceux qui sont déjà endettés
avec nous autres, ce n'est pas pensable de récupérer, c'est
impossible. Pour ce qui est des bateaux que nous
avions au rancart, ce sont des bateaux que nous avions repris de
certains pêcheurs qui ne peuvent pas rencontrer leurs paiements: nous les
avons repris. Nous avons fixé un prix maximum de $25,000 pour chacun des
bateaux, pour Soucy qui va nous payer, comme je l'ai expliqué tout
à l'heure. Mais en ce qui concerne les dettes déjà
contractées, lorsqu'un bateau est repris, à ce moment-là,
il ne faut pas que le système soit changé, autrement, on s'en va
nulle part.
M. LACROIX: Je dois dire au ministre que je ne puis pas partager son
opinion pour les raisons suivantes: quand on a commencé la construction
des chalutiers c'est en 1952, 1953, vers ce temps c'était
complètement nouveau. Des capitaines ont été placés
à la tête de chacun des chalutiers et, naturellement, les bateaux
étaient plus ou moins fonctionnels.Il est arrivé que les bateaux
ont dû être modifiés, on a dû apporter des corrections
coûteuses soit que le moteur était trop puissant ou qu'il
était, plus souvent qu'autrement, pas assez puissant. Il a fallu
apporter des transformations et, pendant toute cette période
d'acclimatation, cette période d'essai, cette période de
transition, c'est le pêcheur, le capitaine, qui a payé pour les
expériences que le gouvernement menait.
Chaque fois qu'on modifiait le chalutier, chaque fois qu'on devait, par
exemple, augmenter la capacité du moteur pour permettre une utilisation
plus rationnelle, le financement était porté au compte du
capitaine. Et je crois que c'est tout à fait injuste. Vous avez, par
exemple si vous vous en rapportez aux chalutiers d'acier on a
réalisé que les chalutiers de 78 pieds ne donnaient pas le
rendement qu'on espérait. On s'est aperçu que ce chalutier devait
être allongé pour pouvoir permettre une meilleure utilisation. Le
gouvernement a retourné les chalutiers d'acier aux chantiers maritimes
et on a fait rallonger les bateaux de quatre pieds pour les porter à 82
pieds.
Mais le gouvernement, ayant reconnu sa part de responsabilité, et
les chantiers maritimes également, a assumé complètement
le coût des réparations pour ces cas-là. Mais pour les
pauvres pêcheurs qui ont commencé en 1952, 1953, 1954, 1955 avec
des chalutiers qui n'étaient pas à point et ce n'était pas
la faute du gouvernement, ce n'était pas non plus la faute des chantiers
maritimes parce qu'on débutait, mais le capitaine, lui, par exemple, a
travaillé avec un bateau qui n'était pas fonctionnel. Il a
donné le meilleur de lui-même ainsi que les membres de son
équipage et quand le bateau est rendu inutilisable, il doit le remettre
au gouvernement, et il reste avec une dette.
Il demeure un fait, c'est que le capitaine est un homme
compétent, est un homme travailleur. Mais parce qu'on lui a mis entre
les mains un outil de travail qui n'était pas adéquat, il a
dû s'endetter. Tant et aussi longtemps qu'il aura une dette à
l'endroit du gouvernement, il ne pourra jamais obtenir un nouveau chalutier. Je
crois que si le gouvernement persiste dans cette ligne de conduite, très
bientôt, nous verrons au fur et à mesure que les bateaux viennent
à échéance, quand leur période d'utilisation est
terminée, complétée, nous n'aurons pas de capitaines qui
pourront avoir la responsabilité personnelle d'un chalutier parce qu'ils
seront tous endettés.
Je crois que le gouvernement, à l'heure actuelle, devrait
repenser sa décision pour les cas des capitaines qui sont dans cette
situation-là. Et, pour l'avenir, le gouvernement devrait entrevoir un
moyen de financement en subsides pour les capitaines de façon à
ce que le bateau puisse se payer pendant la période utile du navire.
Tout à l'heure, l'honorable ministre a dit qu'il voulait respecter dans
sa presque totalité les recommandations du plan de développement,
j'aimerais lui poser la question suivante: Est-ce que le ministère de
l'Industrie et du Commerce accepte les propositions contenues dans le plan pour
le financement des chalutiers?
M. BELLEMARE: D'abord, M. le Président, j'ai vu dans la
déclaration du député, son intervention, il n'a pas
nommé de cas spécifique, mais il a fait tout le tour du cas sans
le nommer.
M. LACROIX: Non, j'y reviendrai à ce cas-là, tout à
l'heure. Ce n'est pas ce cas-là que je veux mentionner.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est presque pareil. C'est presque ça,
en toutes lettres.
M. LACROIX: Non, dans le cas du Gérard-Diane, il ne s'agit pas...
dans le cas du capitaine Thériault, son bateau a été
détruit par un incendie.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LACROIX: Et il y a eu le partage du produit des assurances: ça
on en reparlera dans deux minutes.
M. BELLEMARE: Ce qui est bien sûr, M. le Président, c'est
que nous avons actuellement une flotte très considérable. Je n'ai
pas besoin de dire cela au député qui connaît le montant
des investissements qui ont été faits à date.
M. LACROIX: C'est 169 chalutiers, je crois?
M. BELLEMARE: Pardon.
M. LACROIX: 169 chalutiers il y en a 169?
M. BELLEMARE: C'est une longue liste qui représente aussi une
capitalisation assez considérable. Le gouvernement a voulu apporter son
aide et surtout trouver la solution la plus pratique pour répondre
à la pêche moderne, non seulement parce qu'il fallait changer de
bateaux et parce qu'il fallait aussi s'adapter à ce que les autres
provinces fournissaient aux pêcheurs. Alors, nous autres aussi quand un
habit se porte à Halifax avec trois boutons, on aime bien à
Québec à porter un habit avec trois boutons. Quand les bateaux
ont été améliorés dans la Nouvelle-Ecosse, dans
Terre-Neuve et dans le Nouveau-Brunswick, nous autres aussi, on a
amélioré les nôtres en conséquence. Dans la
Nouvelle-Ecosse comme dans Terre-Neuve, il y a eu, comme dit le
député, certains bateaux qui ont été repris,
refaits, mais qu'est-ce que vous voulez, c'est comme une automobile qu'on
s'achète. Quand on s'achète une automobile, on ne sait pas quelle
sorte de voiture on a. Ce n'est pas de la faute souvent de la compagnie qui,
elle, a dessiné des plans pour qu'elle soit bonne. Il s'agit de
l'assemblage qui produit une mauvaise automobile. Cela arrive dans tous les
domaines. Quelqu'un s'achète chez un cultivateur une trayeuse qui
fonctionne très bien ailleurs, à un moment donné, il va en
frapper une qui fonctionne très mal. Il va aller sur le marché
des produits agricoles, des machines aratoires, il va y avoir une
moissonneuse-batteuse qui coûte $1,200, $1,500, $1,800 pour couper le
foin, pour le « baller », puis l'arranger en balles, à un
moment donné, il en achète une, il est pris avec. La compagnie
vient, fait des ajustements, il est obligé de payer, c'est à lui,
c'est son risque. Dans les bateaux, c'est exactement la même chose. Le
ministre qui m'a précédé a fait deux expériences
sur quelques bateaux en particulier. Il le sait, on a commencé
l'installation d'un bateau qui levait du devant, il s'en allait en mer puis ce
n'était pas bien, mais c'est le ministre qui a dit: Cela n'a pas de bon
sens, vous allez refaire ça. Alors, ils ont ramené le bateau, ils
l'ont refait deux fois, il n'a jamais été meilleur, mais ils sont
venus à bout de trouver un genre de bateau qu'on a appelé les
chalutiers qui sont assez bien faits aujourd'hui et qui sûrement
rencontrent les besoins. Que les gens aient des bateaux moins payants et qu'ils
aient de la difficulté à les payer?
Il y en a d'autres, par exemple, qui ont des bateaux et qui paient bien.
Cela, le député le sait. On n'a qu'à vérifier ici
la liste des paiements qui se font tous les ans à même les prises
et le député va s'apercevoir qu'il y en a dans ça qui
rencontrent leurs obligations, très bien. Qu'il y ait des cas
d'exception, là comme ailleurs...
M. LACROIX: Des capitaines qui ont obtenu des bateaux, des chalutiers en
1953, 1954,1955, combien ont payé leur bateau par leurs prises?
M. BELLEMARE: Ah! ça, M. le Président, 1953, 1954, 1955
qui ont payé leur bateau? Pas un seul.
M. LACROIX: C'est là qu'on se dirige vers une situation sans
issue, parce que ces bateaux-là sont à la veille de ne plus
être bons pour la pêche. Le gouvernement a décidé que
tous les capitaines, au moment de la mise au rancart des bateaux, ne pourraient
plus posséder un chalutier. A ce moment-là, nous avons un grand
nombre de capitaines qui ont acquis une expérience valable et,
aujourd'hui, ils ne pourront plus aller là, parce que le gouvernement ne
veut pas les autoriser à acquérir un autre chalutier et les
financer. Nous allons nous trouver tout à l'heure, aux
Iles-de-la-Madeleine, avec une flotte de pêche inutilisable.Il y aura les
unités de pêche que les usines de transformation voudront bien
acheter. On aura certainement un surplus de capitaines et un déficit de
poissons dans les usines.
M. BELLEMARE: M. le Président, d'abord, il y a, dans le rapport
du BAEQ, tout un chapitre concernant les Iles-de-la-Madeleine pour les
ex-patrons. Le député a dû voir, à la page 140, que
le cas des ex-patrons de pêche, encore endettés envers l'Etat du
Québec, puisse être réexaminé. « Actuellement
les pêcheurs armateurs dont le navire a été mis au rancart
et sur lequel pèsent encore des dettes envers l'Etat du Québec ne
peuvent plus avoir recours à l'aide de la province pour acquérir
un autre bateau à moins qu'ils ne le soldent d'abord la balance à
payer. Nous recommandons qu'un comité soit formé pour examiner le
cas des pêcheurs qui voudraient achetés un nouveau bâtiment.
Notre proposition est fondée sur les facteurs suivants... Là, il
y a six paragraphes pour expliquer comment procéder.
Même si nous ne suivions pas ces rapports du BAEQ, il existe un
fait indéniable: c'est que ces gens-là, qui étaient
autrefois propriétaires
de bateaux, ont une grande expérience et, justement, sont
recherchés par les équipages..»
M. LESAGE: Si le ministre savait...
M. BELLEMARE: ... à meilleur prix qu'ils gagnaient quand ils
avaient leur propre bateau: ça c'est indéniable, à cause
de l'expérience qu'ils ont. On ne dit pas que la recommandation du BAEQ
n'est pas valable, mais on dit, par exemple, qu'à cause de leur
expérience ces gens-là sont recherchés par ceux qui ont
des bateaux présentement, à des prix qui dépassent ce
qu'ils gagnaient eux-mêmes quand ils avaient leur propre bateau. C'est
tous les jours qu'on voit se produire ces événements-là.Il
y a aussi la formule que suggère le BAEQ pour les anciens
propriétaires de bateaux. Je ne dis pas que nous fermons la porte, mais
nous avons une situation qui, sincèrement, mérite une
considération particulière.
M. LACROIX: Pour passer à un autre sujet, concernant le partage
des indemnités payées par les compagnies d'assurances lorsqu'un
chalutier est détruit, soit pour une raison ou pour une autre, et dans
le cas que je veux mentionner je l'ai déjà soumis à
l'honorable ministre il s'agit du cas du Gérard-Diane, qui
était la propriété du capitaine Sarto Thériault. Le
bateau a été détruit par un incendie dans le golfe et les
assurances ont payé la somme de $57,536 au ministère.
Et, d'après la clause 12 de la convention de prêt qui
intervient entre le gouvernement et le capitaine-propriétaire, le
partage de l'indemnité doit être fait selon le pourcentage des
remises qui ont été effectuées par le
capitaine-propriétaire pendant l'utilisation du bateau. Dans le cas du
bateau Gérard-Diane, le ministère ne suit pas les directives de
l'article 12 de la convention de prêt. Le gouvernement a pris le prix de
vente original, soit $65,000, plus les prêts additionnels pendant la
durée du bateau, $42,914, et il a déduit le versement initial
plus le subside qui a été payé par le gouvernement
fédéral et à diminué également les retenues
qui ont été faites à même la valeur, le pourcentage
des captures brutes. Et il reste qu'après avoir travaillé pendant
de nombreuses années, le capitaine-propriétaire devrait encore au
gouvernement $16,106.55.
La première observation que je voudrais faire, c'est que dans le
montant des prêts additionnels, il y a une somme de $16,304.85 qui
n'était pas censée être un prêt du ministère
mais qui devait être une dépense que le ministère assumait
à cause du fait le sous-minis- tre se rappelera très bien
du cas que le bateau n'était pas utilisé et au
ministère on prétendait que le capitaine ne fournissait pas un
effort valable. Je m'étais rendu aux Iles, j'avais rencontré
l'employeur pour qui le pêcheur travaillait et j'avais rencontré
le capitaine lui-même pour lui demander ce qui se passait.Il m'avait
dit:Il n'est pas possible d'aller en mer parce que quand je pars avec mon
chalutier et que je veux pêcher, lorsque je rencontre une concentration
de poissons et que je tends mon chalut, le bateau s'arrête, le moteur
n'est pas assez fort.
Et, de retour à Québec, j'avais mentionné
ça, j'avais fait des représentations au ministre et au
sous-ministre et on avait compris qu'il s'agissait réellement d'un
citron et que le moteur n'était pas assez puissant pour le chalutier. On
avait ramené le chalutier au chantier maritime et on avait fait des
réparations de l'ordre $25,000 ou $26,000, mais il y a $16,000 qui ne
devraient pas être un prêt, qui devaient être assumés
par le gouvernement. Mais de tout ça, il reste que, tout de même,
d'après l'article 12 de la convention de prêt, étant
donné qu'il y a eu $20,000 de remboursement effectué par les
retenues faites à 14% de la valeur des captures, le gouvernement aurait
dû tenir compte de ce fait, Et non seulement M. Thériault ne
devrait pas la somme de $16,000 au ministère, mais le ministère
devrait remettre une partie de l'indemnité au capitaine
Thériault.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai eu l'occasion, après
l'avis que m'a donné bien gentiment le député des Iles
d'examiner bien attentivement tout le problème de l'officier
Thériault du bateau Gérard-Diane. J'ai ici des pièces qui
pourraient sûrement être produites et qui prouveraient que ce n'est
pas tout à fait les faits avancés par l'honorable
député qui, je crois, est renseigné seulement d'un
côté. D'abord, le prêt lui-même a été de
$107,914.13.
M. LACROIX: De ce montant de $107,000, le montant de $16,000 normalement
ne devait pas être un prêt...
M. BELLEMARE: Un instant. J'ai ici un document qui prouve que les
$16,304.85 ont été entièrement investis par le
gouvernement. J'ai ici la preuve.
M. LACROIX: Mais portés au compte du capitaine.
M. BELLEMARE: Non, jamais, c'est là l'erreur du
député, jamais. Plus que ça, on a été
obligé de payer $1,500 pour assurer le bateau, il ne l'avait pas
assuré. On aurait tout perdu...
M. LACROIX: Mais c'est...
M. BELLEMARE: ... on a été obligé de lui
prêter, à lui, $1,500 pour assurer son bateau: autrement on aurait
tout perdu.
M. LACROIX: Oui, mais cela a été porté au compte du
capitaine.
M. BELLEMARE: Bien, l'assurance l'a été, mais il ne
voulait pas l'assurer, lui.
M. LACROIX: Très bien, admis, passons.
M. BELLEMARE: Pas passons, c'est vrai ça. Cela commence à
être pas mal critique, quand c'est rendu là.
M. LACROIX: Mais c'est clair que le gars...
M. BELLEMARE: Mais, à ce moment-là, on est obligé
de refinancer tout le prêt. C'est une autre affaire que le
député ne dit pas. Les $1,500, le bateau n'était seulement
pas assuré. Il a fallu faire venir le type, refinancer
complètement, puis lui imposer l'obligation d'assurer le bateau en lui
fournissant $1,500. Cela, c'est dans le dossier. Je peux le donner au
député pour qu'il le consulte.
M. LACROIX: Ce sont des faits que je n'ignore pas, mais dans les
$42,000, j'ai mentionné qu'il y a eu des prêts additionnels de
$42,000 et si le gouvernement a été obligé de financer les
$1,500 pour les assurances, le capitaine ne tentait pas de partir avec le
bateau et de l'utiliser sans l'assurer. C'est parce que le capitaine
n'était pas capable d'assumer cette charge, parce qu'il avait eu un
bateau avec lequel il a toujours eu beaucoup de difficultés à
travailler.
M. BELLEMARE: Le député a dit tout à l'heure que
les $16,304, lui avaient été chargés c'est faux, c'est
le...
M. LACROIX: Bien, si c'est faux...
M. BELLEMARE: ... gouvernement qui l'a payé, puis on a tout ce
qu'il faut pour se défendre devant n'importe quelle cour de justice:
nous sommes prêts à ça. Nous ne voulons pas, surtout avec
le Gérard-Diane, ouvrir une porte et un précédent.
M. LACROIX: Oui, mais cela ne répond pas à ma question, M.
le ministre.
Ce à quoi je voudrais une réponse, c'est que la clause 12
de la convention de prêt stipule que le gouvernement doit partager
l'indemnité payée par les assurances, selon un mode prévu
qui est très clair et ça n'a pas été
respecté dans le cas du bateau Gérard-Diane.
M. BELLEMARE: M. le Président, il n'y a jamais eu de part
payée. On dit payé par une part, payé par l'autre part. Il
n'a jamais eu sa part payée dans les assurances. C'est toujours la
province qui l'a assumée, cette part-là, en la payant à sa
place dans le refinancement. D'ailleurs, nous avons fait regarder par tous nos
avocats et par le contentieux du ministère puis en dehors pour avoir une
opinion légale sur le cas du Gérard-Diane, et nous sommes
actuellement, avec l'opinion légale que nous avons, entièrement
protégés. Nous ne voulons pas en faire un cas de martyr ni un cas
type, mais simplement dire à l'honorable député qu'il y a
des choses qu'il n'a pas dans son dossier, mais que nous avons, sur les
investissements, sur les prêts, sur les assurances et sur la
manière de distribuer.
M. LACROIX: Maintenant, le ministre dit qu'il ne veut pas faire un cas
d'espèce avec le bateau Gérard-Diane.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LACROIX: Après lui avoir soumis le cas il y a
déjà quelques semaines lors du début de l'étude des
crédits du ministère, je suis allé aux Iles où j'ai
rencontré le président et le secrétaire de l'Association
des pêcheurs hauturiers et je recevais hier une copie d'une lettre
concernant un cas semblable, soit celui du bateau Lady Adèle, qui a
été détruit par le feu également. La lettre est
datée du 7 mars 1966. Je demanderais au ministre de relever dans les
dossiers, il constatera que c'est une lettre qui est adressée par M.
Germain Giroux, directeur du service d'économie maritime à M.
P.-E. Mathieu, comptable en chef au ministère. « Cher monsieur.
Pour donner suite à la lettre que vous adressait M. René
Brousseau le 25 janvier dernier sur le sujet précité, voici le
mode de partage de cette indemnité en conformité avec la clause
12 de la convention de prêt du 10 janvier 1959. Dû au
ministère par M. Desraspe, le propriétaire du Lady Adèle,
prix de vente $65,000, prêt additionnel $34,000. Ce qui faisait $99,000.
Mais si vous vouliez rien que quelques minutes là, même s'il est
dépassé six heures.
M. BELLEMAEE: Très bien.
M. LACROIX: Moins le versement initial...
M. BELLEMARE: Il a brûlé le 24 mai 1965.
M. LACROIX: Oui. Et la dette - le prix de vente plus les frais
additionnels se chiffraient à $99,084. Les remboursements par
retenues étaient de l'ordre de $13,771.39, ce qui laissait un dû
au ministère de $71,559.77, au moment du désastre.
L'indemnité qui a été payée par la compagnie
d'assurance était de $57,536. Le capital a été
remboursé comme suit: on a remis 27.8% au pêcheur, soit $15,995,
parce qu'on a procédé en conformité avec la clause 12 de
la convention de prêts, qui a été passée le 10
janvier 1959. La part du ministère a été de 72.2%,
$41,541. C'est pourquoi le chèque a été partagé de
cette façon et je crois que ce qui a prévalu au moment du
désastre du chalutier Lady Adèle, les avis légaux qui ont
été donnés à ce moment-là, devraient
être valables dans le cas du Gérard-Diane et que le partage de
l'indemnité devrait se faire conformément à la clause 12
de la convention de prêt.
Je crois que si j'avais eu des renseignements au moment où j'en
ai parlé au ministre, je les lui aurais remis, mais j'ai reçu une
photocopie de cette lettre hier ou avant-hier seulement. Je demanderais au
ministre d'apporter une attention tout à fait particulière
à la solution de ce problème.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député va m'en envoyer une
copie?
M. LACROIX: Avant de terminer, une question très importante
concernant l'attribution d'un chalutier à un pêcheur. Est-ce que
ce serait possible que votre ministère établisse une
réglementation précise qui établirait des normes
équitables qui permettraient à une personne de savoir si elle
remplit les conditions voulues pour se voir octroyer un chalutier? On a convenu
de quelques minutes et on adopterait les crédits.
M. BELLEMARE: On va finir.
M. LACROIX: On va finir dans deux minutes. Comme dans le cas du
prêt agricole, une personne qui veut prendre avantage de la loi du
crédit agricole sait quelles conditions elle doit remplir. Est-ce qu'il
y aurait possibilité que, dans le cas d'une personne qui veut se porter
acquéreur d'un chalutier, on établisse une réglementation
qui soit précise pour qu'une per- sonne sache si elle peut, oui ou non,
se voir attribuer un chalutier et pour éviter toute discrimination?
Je proposerais que ces normes soient établies après une
étude entre les producteurs, l'Association des pêcheurs
hauturiers, les capitaines et le ministère. Je crois que ce serait
apporter là une amélioration considérable à la
législation actuelle.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, si le député... On va terminer,
c'est sûr, mais on pourra peut-être se revoir tous les deux.
L'arrêté ministériel est bien fait dans ce sens-là.
Vous n'avez qu'à le lire et vous allez voir que, dans
l'arrêté ministériel, il y a tout ce qu'il faut pour
réaliser ça.
M. LEVESQUE (Bonaventure): L'économie maritime, il y a deux
articles qui sont une partie, subventions de 11...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... qui a été gardée et
14, immobilisations. Peut-être, avant de terminer, que le ministre
pourrait nous donner la lecture de la liste des subventions et des
immobilisations, au moins les plus importantes.
M. BELLEMARE: Dans les subventions, M. le Président, c'est un peu
comme l'année passée, il n'y a presque pas de différence.
Le montant, d'ailleurs, le dit. Il n'y a pas beaucoup de différence. Les
pêcheurs unis du Québec pour l'usine de
Rivière-aux-Renards, $80,000: trois tranches d'une subvention globale de
$400,000 que vous aviez faite, payable en cinq versements annuels. Alors, c'est
la même chose. Les pêcheurs unis pour le transport du poisson sur
la côte, $32,000, c'est la même chose. Le Saint-Lawrence Products
aussi, pour son transport sur la route de Saint-Hilaire, $115,000.
Saint-Lawrence Products, améliorations majeures à l'usine de
transformation du poisson à La Tabatière même, pour l'usine
à farine, $25,000: le Coast product Inc. Rivière-au-Tonnerre,
pour le transport du poisson encore, $11,000. Parmi ceux-là, il y a un
subside aux filets maillants, qui existait déjà, $50,000.Il y a
ensuite l'assistance qui date de plusieurs années, de $70,000 à
la pêche côtiêre. C'était établi bien avant
moi.Il y a les $30,000 pour l'assurance maritime de la flotte
côtière. Cela existe, ce sont les plus gros montants qui forment
un total...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Et pour les immobilisations?
M. BELLEMARE: Les immobilisations sont des projets. Le détail
complet, c'est surtout les grands projets que nous avons déjà
envisagés. Il y a une grosse immobilisation pour finir
Rivière-aux-Renards.Il y a du dragage qui doit être fait à
Havre-Aubert. Je ne veux pas engager la responsabilité du gouvernement,
parce qu'il peut arriver, à un moment donné, des faits qui me
dérangent. On ne peut pas annoncer ça...
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est normal.
M. BELLEMARE: ... comme une politique générale, mais on
l'a dit tout à l'heure, on continue ce dragage à
Havre-Aubert.
Nous continuons aussi à compléter à Cap-aux-Meules
certaines installations frigorifiques que nous allons penser. Nous allons
à Newport surtout développer cette usine de glace qui est
nécessaire: elle est trop petite, il faut l'agrandir parce que l'usine
de Newport prend des proportions considérables. Nous allons aussi
prévoir une alimentation bien particulière pour l'usine de glace
de Paspébiac.
M. LEVESQUE (Bonaventure): Très bien, très bien.
M. BELLEMARE: ... pas d'objection.
M. LESAGE: Mais oui, mais c'est la résidence du
député de Bonaventure.
M. BELLEMARE: Mais à Havre-Aubert, comme disait le
député qui manquait tout à l'heure, il va y en avoir parce
qu'on va agrandir... une modernisation totale de frigorifiques à
Havre-Aubert. Nous allons aussi, à Grande-Entrée, avoir la
construction d'une usine, spécialement une usine de glace. Nous allons
à Paspébiac encore, c'est effrayant, prévoir un abri
mobile pour la construction de bateaux, et nous en avons...
M. LESAGE: Qui retarde l'adoption de ces crédits?
M. BELLEMARE: Ah, mon Dieu!
M. LE PRESIDENT: Huit, adopté. Quatorze adopté?
Adopté.
DES VOIX: Très bien.
M. BELLEMARE: J'ai oublié, M. le chef de l'Opposition, la cale
sèche de 1,000 tonnes, à Paspébiac.
M. BELLEMARE: Une autre, une autre.
M. LESAGE: M. le Président, je comprends que nous ne sommes pas
en Chambre, mais tout de même afin que nous puissions prendre les
dispositions qui s'imposent, est-ce que le premier ministre serait en mesure de
nous dire à ce moment-ci quel sera l'ordre des travaux de la Chambre
demain. Ceci afin d'aider le travail d'étude des prévisions
budgétaires du ministère du Travail qui va débuter
à huit heures, ou huit heures et quart, je ne sais pas.
M. JOHNSON: Je comprends. Le député de Champlain est
prêt à procéder en qualité de ministre de
Travail.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Dès ce soir.
M. LESAGE: Oui, oui, mais je parle de demain.
M. JOHNSON: Ministère de la Justice demain, immédiatement
après le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. LESAGE: Non, mais je pense que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche est à la veille de terminer...
M. JOHNSON: On achève.
M. LESAGE: ... d'après les informations que je viens d'avoir.
M. BERTRAND: Maintenant, voici, M. le Président, vous allez
comprendre que mes fonctionnaires... Hier, on m'avait assuré que
ça ne pouvait pas venir aujourd'hui,on avait parlé d'un
troisième comité...
M. LAPORTE: Il n'y a rien à faire.
M. BERTRAND: ... je pourrai dès demain matin... mes
fonctionnaires vont être ici, et nous pourrons commencer en bas au
comité immédiatement.
M. LESAGE: Oui, ça c'est en comité, mais je voulais dire
en Chambre, lorsque nous aurons terminer l'étude des crédits du
ministère du Travail, si nous les terminons.
M. BELLEMARE: Je suis bien disposé, M. le Président, je ne
veux pas demander grâce, mais depuis deux jours je souffre d'un
malaise...
M. LESAGE: Oui, je sais...
M. BELLEMARE: ... je suis extrêmement fatigué. Si on avait
pu...
M. LESAGE: Vous libérer pour demain? M. LAPORTE: Ajournons
à ce soir.
M. BELLEMARE: J'aurais peut-être demandé d'ajourner
plutôt à demain matin.
M. LAPORTE: Ajournons à demain. M. LESAGE: L'étude de vos
crédits? M. BELLEMARE: Oui, parce que...
M. LESAGE: Alors, est-ce que nous pourrions...
M. BELLEMARE: ... j'aurais peut-être besoin de quelques heures de
repos.Il y a des fonctionnaires qui sont difficiles à atteindre pour
d'autres ministères.
M. LESAGE: Qui a la parole dans le débat sur le discours du
budget?
M. BELLEMARE: C'est le ministre du Travail. C'est moi.
M. LAPORTE: Ajournons à demain.
M. LESAGE: Mon idée n'est pas très brillante.
M. BELLEMARE: Je pense que si je pouvais atteindre, d'ici huit heures,
les fonctionnaires du ministère du Travail, on pourrait peut-être
commencer, quitte...
M. LESAGE: On peut commencer à huit heures et demie.
M. BELLEMARE: Oui et, puis, quitte...
M. LESAGE: On fera ce qu'on pourra et puis nous ajournerons à dix
heures.
M. LAPORTE: A neuf heures et demie.
M. LESAGE: Nous allons apporter des pilules!
M. BELLEMARE: J'en ai.
M. JOHNSON: Disons que, si le sous-minis- tre n'atteint pas ses
fonctionnaires, nous pourrons reprendre le débat sur le budget.Il
achève, son temps expire...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LAPORTE: Cinq, six minutes.
M. JOHNSON: ... cinq, six minutes. On en aurait de prêts du
côté de l'Opposition.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Je sais qu'il y en a plusieurs de prêts du
côté de...
M. BELLEMARE: Ah! ça, ça me conviendrait, parce que j'ai
une dissertation qui n'est pas très longue à faire au sujet de
l'honorable député de Mercier.
M. LESAGE: Alors, disons donc que ce soir ce sera le débat sur le
budget. Alors, le ministre, à huit heures et quart, dans ce
cas-là, pourra terminer son intervention dans le débat sur le
discours du budget et nous continuerons. Je suis sûr qu'il y a des
députés ministériels qui ont l'intention de parler et nous
pourrons reprendre l'étude des crédits du ministère du
Travail, demain matin.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LESAGE: Est-ce que ça convient au premier ministre?
M. JOHNSON: Cela va! Huit heures.
M. LE PRESIDENT (M. Lebel, président du comité des
subsides): M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le
comité n'a pas fini de délibérer et demande la permission
de siéger à nouveau.
M. PAUL (Président): Quand le comité pourra-t-il
siéger?
M. JOHNSON: Même séance.
M. LE PRESIDENT: Même séance. L'honorable ministre des
Finances propose l'adoption de certaines résolutions adoptées par
le comité. Cette motion est-elle adoptée? Adopté.
M. LAPORTE: Adopté.
M. JOHNSON: Alors, à huit heures.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! La Chambre suspend ses travaux
jusqu'à huit heures, ce soir.
Reprise de la séance à 8 h 14 p.m.
Débat sur le budget
M. PAUL (président): A l'ordre! Reprise du débat sur la
motion de M. Dozois proposant que M. le Président quitte maintenant le
fauteuil et que la Chambre se forme de nouveau en comité des voies et
moyens. L'honorable ministre du Travail, du Commerce et de l'Industrie.
M. Maurice Bellemare
M. BELLEMARE: M. le Président, comme mon temps est bien
limité, cinq minutes, c'est sept minutes...
M. BOURASSA: Je vous donne dix minutes.
M. BELLEMARE: Vous pouvez me donner dix minutes? ah c'est
agréable, c'est merveilleux. Ma mise en scène va être
meilleure, ça va être moins brutal.
M. BOURASSA: Cela peut prendre dix minutes avec les interruptions.
M. BELLEMARE: Ah! d'accord. Jeudi le 30 mars 1967, M. le
Président, la Chambre avait le grand avantage et le plaisir d'entendre
l'intervention qu'avait faite le député de Mercier en
réponse au discours du ministre des Finances. Il avait pris la
relève au pied-levé parce que l'honorable chef de l'Opposition
était hospitalisé à ce moment-là. Il a dit bien des
choses que j'ai d'ailleurs prouvé avec statistiques en mains, mais il y
en a une en particulier qu'il m'a donc été agréable de
relire, surtout après avoir pris les renseignements très
sérieux que j'ai ici devant moi.
Il disait donc, M. le Président, à la page 1876: «
En 1961, les impôts ont été augmentés de $19
millions. Avec la baisse des exemptions, je tiens à souligner
qu'à cause du système actuel cette hausse de taxe frappait
considérablement plus les contribuables fortunés que les petits
contribuables. On a aussi augmenté de $25 millions, il y a deux ans, en
imposant des taxes sur les biens non nécessaires comme les cigarettes et
les biens d'hôtellerie qui, en bonne partie, peuvent être
considérés comme une consommation de luxe. »
Imaginez-vous, le fumage, le luxe, le gars qui travaille la nuit puis...
M. BOURASSA: J'ai dit: en bonne partie.
M. BELLEMARE: Bon, c'est très bien. «Et on a aussi
augmenté la taxe sur la gazoline, de quelques cents des petites
brindilles de cents donc, si l'on additionne toutes les augmentations
d'impôt que l'honorable parti libéral a fait pendant six ans, on
arrive à environ $70 millions pour six ans alors que les hausses
d'impôt du gouvernement actuel au cours de la présente
année se chifferont à $138 millions, soit deux fois plus que nous
du parti libéral pendant six ans. »
Déclaration au texte. M. le Président, quels sont les
faits? Les faits, c'est qu'ils ont augmenté pendant six ans les taxes
pour un montant de $589 millions.
UNE VOIX: Prouvez les faits maintenant.
M. BELLEMARE: Soixante-dix millions, dixit le député de
Mercier, un homme d'une grande compétence, qui aspire à de hauts
postes que nous lui souhaitons, dans vingt ans. Soixante-dix millions, nous du
parti libéral: nous n'avons pas taxé plus que ça, M. le
Président. Ah non, non, nous avons tout compté.
M. le Président, l'augmentation du fardeau fiscal des
Québécois en raison des hausses de taxe entre 1960 et 1966, pour
chacun des exercices financiers de 1961 à 1966 compris, sont de l'ordre
de $589 millions.
Première année, 1961/62, impôt sur les profits des
corporations, $19,000,802. Impôt sur les repas d'hôtellerie,
$1,000,084. (Voir annexe page 2595)
M. BOURASSA: Est-ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce me
permettrait une question?
M. BELLEMARE: Certainement.
M. BOURASSA: Lorsque vous faites ces calculs, est-ce que vous calculez
les hausses de taxe, les hausses des taux d'impôt ou les hausses de
revenu?
M. BELLEMARE: Non, les hausses de taxe.
M. BOURASSA: Les hausses de revenu ou les hausses de taux?
M. BELLEMARE: Non, non, les hausses de taxe.
M. BOURASSA: De rendement ou de taux?
M. BELLEMARE: Non, non, les hausses de taxe.
M. BOURASSA: De rendement?
M. BELLEMARE: Non, non, je dis que ce sont des hausses de taxe. J'ai
calculé la hausse de taxe.
M. BOURASSA: Ce n'est pas pareil, franchement.
M. BELLEMARE: Ah non, non, c'est sur ce que les contribuables vont payer
de plus.
M. BOURASSA: De plus. M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BOURASSA: Bien oui, mais c'est le rendement,,
M. BELLEMARE: De plus, comparativement à ce qu'ils payaient de
moins.
M. BOURASSA: C'est une hausse de rendement.
M. BELLEMARE: Passez-moi les tables, puis laissez faire...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Comme tous les honorables
députés, je suis intéressé à entendre ce que
dit l'honorable ministre, alors c'est pourquoi je n'ai aucun doute que lui seul
pourra nous faire part de ses remarques et de son discours.
M. BOURASSA: M. le Président, je voudrais simplement...
M. BELLEMARE: Tempus fugit, M. le Président...
M. BOURASSA: ... signaler à cetteChambre qu'il y a une
différence entre la hausse d'un taux d'impôt et de son rendement.
Si on calcule ce que la taxe de vente de l'Union Nationale va rapporter dans
quatre ans, on peut approcher un milliard de dollars.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis qu'en 1960, sans la hausse
de taxe, on payait un tel montant et, en 1961/62, après la hausse, on a
payé $19,802,000 à cause de la hausse. L'impôt sur la vente
au détail, qui a été fait en 1961/62, a coûté
$14,936,000. La hausse de l'impôt sur le revenu des particuliers,
à ce moment-là, a coûté $20 millions de plus, ce qui
fait un total pour cette année, la première année de
l'honorable régime libéral, de $55,822,000 de plus.
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que vous me permettrez une
autre question?
M. ROY: Laissez-le donc finir. M. BOURASSA: Bien, d'accord.
M. BELLEMARE: Non, non, non. D'ailleurs, je sais que le
député va me laisser le temps de finir.
M. BOURASSA: Oui, oui, certainement, il n'y a pas de doute
là-dessus. Si le ministre lit le premier discours du budget, il verra
quelles sont les augmentations d'impôt. Quant à l'augmentation de
la taxe de vente, il a été prouvé, du moins il est
cité dans le rapport Bélanger, que l'uniformisation de la taxe de
vente en 1964 a signifié une hausse d'impôt de $7 millions, alors
que le rendement était considérablement inférieur à
celui de 1961. Or, il est impossible qu'elle ait signifié une hausse de
$14 millions, parce que la taxe existait déjà dans les centres
commerciaux les plus importants. Alors, c'est simplement un changement.
M. BELLEMARE: M. le Président, le député sait, il
va sûrement l'admettre, que lorsque l'imposition s'est faite, comme il
l'a dit, il a ramassé, à ce moment-là, tous les ruraux qui
ne payaient pas et, à partir de ce point-là... Ecoutez, M. le
Président, là ça va devenir un vrai débat, une
assemblée contradictoire et puis je n'ai peut-être pas moi, toutes
les qualités pour plaider avec un expert, surtout qui a travaillé
au rapport Bélanger. Je n'ai pas eu le temps de tout fouiller le rapport
Bélanger, mais... Je dis, M. le Président, non. Hausse de taxe du
parti libéral en 1961/62 de $55,822,000, hausse de taxe.
M. BOURASSA: On ne peut pas accepter ça.
M. BELLEMARE: ... En 1962/63, M. le Président, je prends les
textes de l'honorable député, il peut être gentil.Il dit:
Si on additionne toutes les augmentations d'impôt du parti
libéral, on arrive à $70 millions. Je dis que c'est faux.
M. BOURASSA: J'ai dit que je prenais les augmentations annoncées
dans le budget. J'ai pris l'augmentation annoncée dans le budget du
ministre des Finances et j'ai comparé les augmentations annoncées
dans les différents budgets. C'est la comparaison que j'ai faite. Si on
prend la croissance naturelle et si on fait la même chose avec l'annonce
de l'augmentation de taxe du ministre des Finances on peut arriver, au bout de
quatre ans, à un milliard, au bout de 8 ans à deux ou trois
milliards.
Chose certaine, la comparaison qui est faite est fausse.
M. BELLEMARE: Chose certaine, c'est que ce n'est pas $70 millions dans
six ans. C'est $589 millions, de plus. En 1962-63, c'est $64,332,000 de
plus.
M. BOURASSA: Les détails?
M. LESAGE: Je regrette, mais c'est $79 millions, si l'on compte le
revenu à chaque année d'imposition, et c'est ça qui compte
de la même façon que les $138 millions d'augmentation de taxe de
vente sera beaucoup plus élevé l'année prochaine.
M. BELLEMARE: Dans l'opération comptable, il faut d'abord prendre
pour acquis que l'imposition qui est faite avec l'augmentation du surplus de la
population qui paie elle aussi dans l'augmentation représente aussi un
surplus, d'accord. Mais dans l'opération comptabilité que nous
avons faite, nous disons que le parti libéral, dans le temps, lui, a
imposé directement sans le surplus qui nous est produit par
l'augmentation régulière de la population nous a amené $57
millions en 1961-62 nous a amené en 1962-63, $64 millions, en 1963-64,
$80 millions, en 1964-65, $128 millions,en 1965-66,$176 millions et en 1966-67,
$183 millions, ce qui fait un total de $589 millions d'augmentation de taxes.
Cela a été le parti le plus taxeux depuis la
confédération.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Qu'est-ce que j'ai fait encore?
M. LE PRESIDENT: Je suis obligé de répondre à
l'honorable ministre du Travail que l'échéance de son temps est
arrivée et, à moins qu'il ne reçoive le consentement
unanime de la Chambre, je devrai reconnaître un autre honorable
député.
M. BELLEMARE: J'en avais des bonnes.
M. LAPORTE: Nous n'avons pas d'objection mais, pour sa propre
santé, il ne faudrait pas que ce soit trop long.
M. LESAGE: Je vais donner mon consentement, mais je vais lui demander de
faire simplement un petit calcul et il va s'apercevoir que, dans l'espace de
deux ans et demi, l'Union Nationale aura atteint en augmentation de taxes un
montant plus élevé que le chiffre qu'il vient de mentionner pour
six ans.
M. BOURASSA: Je voudrais poser une question.
M. BELLEMARE: Un à la fois. Je vais justement répondre au
chef de l'Opposition.
M. LESAGE: Faites votre calcul. Ne comptez pas par coeur.
M. BELLEMARE: L'Union Nationale a été au pouvoir pendant
seize ans d'affilée, pas une taxe. On a vécu sur le budget, on
n'en a pas imposé une seule. Ils arrivent au pouvoir, ils en imposent
pour $589 millions pendant six ans.
M. TREMBLAY (Bourassa): Qui a imposé l'impôt
provincial?
M. BELLEMARE: Sans augmentation de taxes et, je répète,
sans aucune augmentation de taxes, je le répète, bien
étiqueté.
M. BOURASSA: Je voudrais poser juste une question.
M. BELLEMARE: Oui, c'est bien.
M. BOURASSA: Le ministre du Travail a donné plusieurs chiffres
annuellement. Moi-même j'avais donné des chiffres basés sur
les budgets annuels, il a donné des chiffres qui contredisent ceux que
j'ai donnés. Est-ce qu'il y aurait moyen d'avoir des détails?
Est-ce qu'il aurait objection à déposer les détails de ces
chiffres pour qu'on puisse les confronter honnêtement?
M. BELLEMARE: Je n'ai aucune objection à lui montrer et à
les publier. On va le mettre dans les journaux. Allez-vous être content?
Je ne voulais pas montrer le véritable visage du parti libéral
aussi taxeux, mais c'est quand on s'est mis à chercher qu'on a
trouvé ça. On a dit: c'est-y effrayant! $589 millions!
M. BOURASSA: Est-ce que je peux demander: En 1965/66, comment
arrivez-vous à 190 millions?
M. BELLEMARE: M. le Président... UNE VOIX:Il a
additionné.
M. BELLEMARE: M. le Président, à la demande du
député de Mercier, je vais prendre
quelques minutes, je vais m'en servir encore, je vais m'en faire faire
une autre copie et ce sera intéressant, demain, dans les journaux. Quand
les libéraux vont voir ça, ils vont dire: Comment, il ne nous
avait pas dit ça. $589 millions. On a été seize ans au
pouvoir, on a bâti des ponts, des écoles, on a construit des
hôpitaux dont vous vous êtes servi pour appliquer
l'assurance-hospitalisation.
M. BOURASSA: Donnez-moi les détails, s'il vous plaît.
M. BELLEMARE: On a construit 3,200 écoles. On a bâti un des
plus beaux réseaux de voirie, on a fait du drainage, on a accordé
des crédits agricoles...
DES VOIX: Oh, là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puis-je faire un appel d'excellente
collaboration à tous les honorables députés pour qu'un
seul puisse parler à la fois?
M. BELLEMARE: Et tout ça, M. le Président, on ne l'avait
pas promis sans augmentation de taxe. Mais on n'en a pas imposé une
seule pendant seize ans. Pas une!
M. BOURASSA: M. le Président, là, c'est trop, quand
même. Ah là, il y a des limites!
M. BELLEMARE: Laquelle?
M. BOURASSA: Les hausses sur la taxe de la gazoline, quand
même.
M. BELLEMARE: Ah bien, non.
M. BOURASSA: La taxe sur la gazoline a été
augmentée de sept ou huit cents.
M. BELLEMARE: Ah, bien non. C'est le fédéral qui
l'imposait.
M. BOURASSA: Bien, voyons.
M. BELLEMARE: Cela a été simplement un changement.
M. BOURASSA: La taxe sur la gazoline a été
augmentée de sept ou huit cents.
M. BELLEMARE: Bien non, M. le Président. Le fédéral
l'imposait. On ne l'a pas taxé, le peuple. On l'a pris à leur
place. Ils taxaient...
M. TREMBLAY (Bourassa): L'impôt provincial, c'est vous qui avez
commencé.
M. BELLEMARE: ... eux autres. On ne vous l'augmente pas, on la prend,
nous autres, qu'on a dit. On a récupéré des droits qui
nous appartenaient. Voyons donc, le député doit comprendre
ça. C'est évident.
M. TREMBLAY (Bourassa): Je pourrais poser une question à
l'honorable ministre? Est-ce qu'il voudrait nous dire quels réseaux
routiers ils ont bâtis pendant seize ans?
M. BELLEMARE: Comment?
M. TREMBLAY (Bourassa): Le réseau routier que vous avez fait
pendant seize ans, lequel? Est-ce qu'on pourrait savoir lequel? Dans vos seize
ans?
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
qu'il était présent, lui, quand on a fait l'ouverture de
l'autoroute. C'est nous qui l'avions bâtie, le lendemain matin des
élections de 1960.Il y était, lui...
M. TREMBLAY (Bourassa): 26 milles. M. BELLEMARE: Qui est-ce qui l'a
faite?
M. TREMBLAY (Bourassa): Oui, 26 milles, dans cinq ans !
M. BELLEMARE: Première autoroute. La première autoroute
qui s'est bâtie, c'est l'Union Nationale dans la province de
Québec qui l'a bâtie. Le boulevard Talbot qui sert à toute
une région, qui l'a fait? Le tour de la Gaspésie, qui l'a
bâti?
M. TREMBLAY (Bourassa): Là, vous en oubliez. Les milles... Vous
avez oublié...
M. BELLEMARE:Il est venu au monde en 1960.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Il a pris connaissance des faits en 1960.
M. TREMBLAY (Bourassa): Non, c'est parce que vous avez oublié les
milles de chemin dans les campagnes. Vous savez, un mille à la fois,
vous avez oublié ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: Non, non, mais on n'a pas tout fait, on vous en a
laissé, mais vous n'en avez pas fait beaucoup.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BOURASSA: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
répondre à ma question sur les détails?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre! Je comprends que les dispositions
de notre article 286 permettent de poser une ou quelques questions à
l'opinant. Mais, d'un autre côté, il ne faudrait pas non plus
qu'on ait l'impression que, présentement, la Chambre siège en
comité ou encore, que nous assistons à une assemblée
contradictoire.
M. BOURASSA: On n'a pas répondu à ma question.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je comprends...
M. BOURASSA: Les détails de la réponse.
M. LE PRESIDENT: Je comprends que l'honorable député peut
espérer une réponse, mais il conviendra qu'il doit recevoir celle
qu'on croit bon de lui donner et il ne peut protester.
UNE VOIX: C'est tellement vague.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne peux pas lui faire plaisir
tout le temps, c'est impossible.
M. BOURASSA: Non, M. le Président, je demande au ministre...
M. BELLEMARE: Oui, je vais vous donner tout le tableau.
M. BOURASSA: ... juste une année.
M. BELLEMARE: ... je vais vous le donner le tableau au complet.
M. BOURASSA: ... est-ce qu'il y aurait moyen de savoir le détail
pour l'année 1965-66?
M. BELLEMARE: Certainement, on va vous donner le tableau.
M. BOURASSA: Donnez-le en Chambre pour que je puisse vous
répliquer sur...
M. BELLEMARE: Non, non, vous avez perdu votre droit de parole.
M. DOZOIS: Vous n'avez pas le droit de réplique...
M. BELLEMARE: Vous avez perdu votre droit de parole, vous reviendrez sur
d'autres choses.
M. BOURASSA: Vous en profitez!
M. BELLEMARE: Je suis un « peureux » oui? J'ai bien l'air
d'un « peureux ». M. le Président, voyons, voyons voir si...
personne va croire ça que je suis un « peureux ».
M. BOURASSA: Bon, oui, mais alors donnez les détails sur
1965-66.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! à l'ordre! UNE VOIX: Cela n'a pas de
bon sens.
UNE VOIX: Nous ne sommes pas ici pour les journaux.
M. BELLEMARE: Ah bien, le député était rendu tout
de suite là après son discours, de l'autre côté pour
aller porter son texte, n'oubliez pas ça.
UNE VOIX: Nous allons dactylographier ça, nous autres aussi, on
connaît ça.
M. BOURASSA: Donnez les détails.
M. BELLEMARE: M. le Président, je vais lui donner la feuille
complète, tout ça, par année.
M. BOURASSA: Une année, 1965-66.
M. BELLEMARE: Année par année avec des tableaux
comparatifs.
M. BOURASSA: Une année, 1965-1966.
M. BELLEMARE: Oui, mais M. le Président, là.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puis-je demander aux honorables
députés de bien vouloir suivre les règles prévues
dans notre règlement pour que nos travaux soient progressifs? D'un autre
côté, ceux qui n'ont pas eu encore l'opportunité de
participer au discours sur le budget pourront le faire et ceux qui ont
déjà eu cet
avantage pourront retenir leurs arguments et leur intérêt
jusqu'à l'occasion prochaine, soit de l'étude des crédits
et à l'occasion de l'étude particulière d'un bill. Ainsi,
nous pourrons dans l'esprit et le texte de notre règlement, rapporter le
progrès et permettre à d'autres députés qui ont
hâte de prendre part au débat de le faire, si possible,
également ce soir.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais essayer de terminer
dans le plus grand calme possible, mais tout en admettant que ce qu'à
dit l'honorable député de Mercier dans son discours du 30 mars
n'était pas exact. Je ne dis pas qu'il ne s'est pas placé pour
essayer de protéger le parti dans l'Oppostion. Non, il a fait un effort
louable mais, d'un autre côté, ce n'est pas suffisant. Ce qui
compte aussi c'est la vérité vraie, mais la vérité
vraie c'est que ç'a été des taxeux, eux autres.
M. BOURASSA: Ce n'est pas avec des chiffres comme ça que vous
pouvez parler.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, j'ai essayé, moi, personnellement de
poser une couple de questions à l'honorable député
à ce moment-là. Il m'a dit: Ecoutez là, comprenez que
c'est mon premier discours.
M. BOURASSA: Non, non, je n'ai pas dit ça, j'ai accepté
toutes vos questions.
M. BELLEMARE: Oui, vous ne m'avez pas répondu du tout, moi, je
vous ai dit que c'était pour payer votre politique de grandeur.
M. BOURASSA: J'ai dit que ça avait réduit le chômage
de moitié, ç'a été ma réponse.
M. BELLEMARE: Ah Sainte-Anne!
M. BOURASSA: Bien, je vous rappelle les faits.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis donc que nous avons devant
nous, une opposition qui est en mal de reproches au gouvernement.
Dans un esprit constructlf, avec un ministre des Finances hors pair, le
gouvernement est extrêmement bien préparé, un homme qui
fait des opérations sans douleur, je n'ai pas besoin de vous dire qu'on
a passé tous sur la table d'opération.Il a été bien
préparé au grand rôle qu'il accomplit aujourd'hui et c'est
avec fierté que nous le lui disons tous en cette Chambre. Même les
gens de l'Opposition, qui le critiquent, reconnaissent sa grande
compétence, sa grande valeur et surtout son intégrité
à donner à la province un système de taxation, un
système économique qui soit le reflet d'une administration saine
pour qu'on puisse, quand on représente des ministères comme le
mien à l'Industrie et au commerce et qu'il est question
d'investissements, recevoir les gens qui viennent pour déposer, pour
investir leur argent, avoir en main une situation claire, une situation bien
précise. Les gens savent avec le gouvernement de l'Union Nationale
où l'on va, et tout le monde est heureux de constater aujourd'hui,
même les investisseurs des autres pays, qu'il y a de l'ordre dans la
province de Québec et ça, ça compte. Cela compte d'autant
plus qu'en Nouvelle-Ecosse, au Nouveau-Brunswick, à Halifax, à
Vancouver ou bien aux Etats-Unis ou en Europe il y a, une récession au
point de vue d'argent. Tout le monde a vécu ça sur les
marchés de New-York et d'ailleurs et, durant cette période
difficile le gouvernement de l'Union Nationale, avec un ministre des Finances
comme celui que nous avions, avec un premier ministre qui s'est tenu debout,
qui est allé rencontrer les hommes d'affaires, a montré le
véritable visage de la province de Québec et aujourd'hui il y a
une lueur d'espoir chez nous, même au temps difficile que nous
traversons. Nous avons passé, malgré tous les désirs
véhéments de certaines personnes de nous voir faillir. Nous
sommes restés au devoir et nous avons accompli notre tâche et nous
l'accomplirons encore avec vaillance, avec détermination, avec
dévouement pour le plus grand bien de toute notre population.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Ahuntsic.
M. Jean-Paul Lefebvre
M. LEFEBVRE: M. le Président, mes commentaires dans le cadre de
ce débat sur le discours du budget porteront sur trois points
principaux: la situation du consommateur dans notre économie
d'aujourd'hui, la politique de main-d'oeuvre et la législation du
travail. Comme le ministre des Finances l'a rappelé, le discours du
budget c'est l'occasion pour le gouvernement de faire connaître sa
philosophie sociale et politique et c'est pourquoi c'est l'occasion pour
l'Opposition de critiquer cette philosophie sociale et politique.
Cependant, M. le Président, avant de passer à quelques
critiques que je veux formuler et avant d'offrir des suggestions sur, à
mon avis, des omissions importantes dans ce discours du budget, je voudrais
d'abord féliciter le ministre
des Finances pour le ton qu'il a utilisé dans son discours. Je
crois qu'il a droit à la considération de la Chambre pour le ton
de son discours. Je pense également qu'il doit être
félicité d'avoir emprunté au député de
Mercier, comme on l'a dit déjà à quelques reprises, une
excellente idée et, quant à moi, je trouve qu'il est normal
qu'une opposition aguerrie ne craigne pas d'offrir des suggestions, qu'elle se
réjouisse que le gouvernement s'en empare. Une opposition digne de ce
nom doit toujours avoir suffisamment d'idées pour en donner
quelques-unes en cours de route et qu'il lui en reste suffisamment.
J'aimerais aussi féliciter le ministre des Finances d'avoir, dans
le discours du budget, mentionné l'intérêt du gouvernement
pour le problème du logement des personnes âgées. De ce
côt-ci de la Chambre, nous attendons avec beaucoup d'intérêt
les projets précis qui suivront cette promesse contenue dans le
discours. Egalement, je me réjouis du fait que le ministre des Finances
ait convenu d'établir la gratuité dans ces nouveaux
collèges d'enseignement général et professionnel dont tout
le monde souhaite la création imminente.
Je regrette cependant, premièrement, que le ministre des Finances
et le gouvernement n'aient pas jugé à propos d'indiquer les
étapes que le gouvernement entend suivre dans l'établissement de
la gratuité scolaire.
Je pense, quant à moi, que tous les membres de cette Chambre
devront s'intéresser, à l'avenir, à la possibilité
de budgets quinquennaux et que la notion de budgets annuels est
périmée, dans le contexte d'une économie qui doit
être de plus en plus planifiée.
Je veux regretter aussi, M. le Président, que, dans ce discours
du budget, on n'ait pas d'une part, je le répète, indiqué
les étapes vers la gratuité scolaire complète et que,
d'autre part, l'on n'ait pas non plus indiqué le rythme de
développement de ces SEGEP où l'on a annoncé la
gratuité de l'enseignement. Et j'aimerais ici ouvrir une brève
parenthèse, même si le ministre de l'Education n'est pas à
son siège, je constate que le ministre d'Etat, lui, y est. Il
n'écoute pas dans le moment, mais je suppose qu'il lira le journal des
Débats.
J'aimerais m'inquiéter un peu du fait que le rythme de
développement des SEGEP ne semble pas assez
accéléré, du moins à mon goût, et au
goût, je pense, des citoyens du Québec et me scandaliser aussi du
fait qu'on ait semblé dans les projets connus laisser entièrement
de côté la région métropolitaine. Je ne veux pas
allonger le discours sur ce point: je sais que nous aurons l'occasion, lors du
débat sur le bill 21, de discuter plus amplement, mais si je le men-
tionne dès ce soir, M. le Président, c'est justement, au-dessus
de toute politique partisane, pour attirer l'attention du gouvernement sur ce
qui m'apparaît être une lacune grave et pour lui permettre de
rajuster son tir avant que le bill 21 ne revienne pour la deuxième
lecture devant la Chambre.
Si donc l'on veut bien considérer cette portion de l'île de
Montréal, que j'ai l'honneur de représenter en cette Chambre,
avec mon collègue le député de Bourassa, si l'on
considère le seul quadrilatère borné à l'est par le
boulevard Pie IX, à l'ouest par la voie du Pacifique canadien, au sud
par le boulevard Métropolitain et au nord par la rivière des
Prairies, l'on constatera que ce quadrilatère comprend 178,094
personnes. On sait aussi que les enfants ouïes jeunes, garçons et
filles de 17, 18 et 19 ans, sont au nombre de 7,563. On sait également
que le niveau de scolarité de la population adulte dans ce district de
Montréal est plus élevé qu'à peu près
n'importe où ailleurs, sauf dans le comté de mon collègue
d'Outremont. Egalement, je mentionne que la population scolaire de niveau
secondaire dans ce territoire est déjà de 11,268
élèves.
Ces quelques chiffres, à mon avis, suffisent abondamment à
démontrer l'absolue nécessité d'un SEGEP dans ce
territoire. Si l'on ajoute à cela le fait qu'une requête est
déjà rendue au ministère de l'Education, appuyée
par le collège St-Ignace et par l'Institut de technologie Laval,
réclamant la création d'un tel SEGEP, je comprendrais mal, pour
ma part, que le ministère de l'Education ne revise pas ses plans et
n'envisage pas la création immédiate d'un tel collège,
dès septembre 1967, sur le territoire auquel j'ai fait allusion,
puisqu'en effet c'est probablement l'un des endroits dans la province où
la rentabilité économique d'un collège d'enseignement
général et professionnel sera la plus élevée et ce
serait également l'occasion de faire dans des conditions excellentes une
expérience pilote qui servira à la généralisation
des SEGEP sur l'ensemble du territoire de l'île de Montréal.
M. le Président, pendant que je fais cette brève
parenthèse sur l'éducation à Montréal, j'aimerais
également attirer l'attention du gouvernement sur l'urgence de la
régionalisation scolaire à l'intérieur de l'île de
Montréal et, à ce moment-là, je parle des niveaux
élémentaire et secondaire et sur l'urgence de reviser les lois
qui, actuellement, régissent les institutions d'enseignement public sur
l'île de Montréal. En particulier, je sais que le gouvernement
devra bientôt procéder à la nomination de deux
commissaires, membres de la Commis-
sion des écoles catholiques de Montréal et, en attendant
la refonte de la législation, refonte que je viens de souhaiter, il me
semblerait normal que le gouvernement songe à modifier la loi qui
régit la CECM pour qu'au moins une femme puisse être du nombre des
nouveaux commissaires. Il est en effet assez étonnant et inadmissible,
à mon avis, que les femmes soient excluses par le texte même de la
loi de ce poste qui les concerne très certainement et où une
femme, qualifiée pour la tâche, pourrait rendre à la
communauté montréalaise un service excellent.
Au chapitre des regrets, M. le Président, je crois de mon devoir
de regretter que le gouvernement ait jugé opportun de tirer son revenu
principal revenu en ce qu'il croyait avoir besoin pour la
réalisation de son budget 1967/68 de cette fameuse augmentation
de la taxe de vente, augmentation de 2%, comme tout le monde le sait. Avec ceux
de mes collègues qui ont déjà mentionné ce fait, je
partage l'opinion que le gouvernement eut pu trouver de meilleures
façons, de trouver les mêmes sommes et pour en mentionner
quelques-unes, le gouvernement eut pu élargir d'abord la base de la taxe
de vente en l'étendant à certains services qui ne sont pas
actuellement couverts par cette législation. Il aurait pu
peut-être relever légèrement la courbe de l'impôt sur
le revenu de façon que les riches en paient un peu plus.
Il aurait pu surtout songer à des taxes de luxe et songer d'une
façon toute spéciale et ceci me rapprochera de mon propos
principal pour ce soir songer je pense à une taxe sur la
publicité qui est probablement l'un des plus grands luxes, l'une des
plus grandes exagérations de notre économie
nord-américaine. A cela, l'économie québécoise
n'échappe aucunement, comme tous les membres de cette Chambre le savent
fort bien.
Je regrette également, M. le Président, que le ministre
des Finances n'ait pas profité de son discours du budget pour annoncer
le rajustement des allocations aux accidentés du travail. Je sais bien
je remercie le ministre du Travail de porter attention je sais
bien, M. le Président, que cette loi n'est pas financée à
même le revenu des taxes mais, il me semble que le discours du budget
étant l'occasion et je cite presqu'au texte, le ministre des Finances
à ce moment-ici, a l'occasion pour le gouvernement de faire
connaître sa politique sociale et économique. Il m'aurait
semblé heureux qu'à cette occasion le gouvernement nous annonce
ce qu'il avait l'intention de faire, comme il a plusieurs fois promis de le
faire quant au rajustement des allocations aux accidentés du travail de
même que des indemnités aux invalides permanents par suite d'un
accident de travail.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député me permet juste...?
M. LEFEBVRE: Bien sûr.
M. BELLEMARE: J'ai déjà annoncé en Chambre, ici et
en dehors de la Chambre, qu'une loi est en préparation pour rajuster
toutes les pensions, toutes les indemnités et même pour corriger
le différentiel trop considérable qui existe à cause de
l'inflation, entre une pension payée et payée sur un
barème de 60% dans le temps qui aujourd'hui est différent
à cause aussi du taux. Dans le temps on payait 60% sur $2,000,
aujourd'hui on paie 75% sur $5,000. Il va y avoir un rajustement total. La loi
est prête, il reste seulement au comité à l'étudier,
mais il fallait que je la soumette d'abord au conseil supérieur du
travail. Elle a passé le stade du Conseil supérieur du travail,
je ne sais pas si l'honorable député a été mis au
courant, mais le stade suivant, c'est le comité interministériel
et elle doit venir prochainement en Chambre.
M. LEFEBVRE: Je remercie le ministre d'avoir informé la Chambre.
J'avouerai, M. le Président, que j'étais personnellement au
courant des renseignements qu'il a transmis, mais je voulais raffermir sa vertu
et lui mentionner que, dans l'opinion des membres de l'Opposition, nous
trouvons toujours que le gouvernement pourrait aller un peu plus vite. Alors on
ne manque pas une occasion de...
M. BELLEMARE: C'est comme certaines personnes un peu plus haut
aussi.
M. LEFEBVRE: M. le Président, avant d'aborder l'essentiel de mes
commentaires, j'aimerais souligner j'imagine que cela concernerait le
ministre des Finances j'aimerais souligner un problème qui,
à mon avis, est d'un intérêt général pour la
population.
On me dira que c'est une chose qui aurait pu être faite sous
l'ancienne administration, et j'en conviendrai volontiers. D'ailleurs, ce n'est
pas une chose compliquée, c'est simplement la nécessité
à mon avis, qui saute aux yeux, d'établir à
Montréal un magasin des publications du gouvernement, où un
citoyen peut aller acheter n'importe quel bill qui est soumis à la
Chambre, n'importe quel texte de loi.Il peut aller acheter également, ou
s'abonner au journal des Débats. Evidemment, les membres de cette
Chambre savent très bien que le gouvernement fédé-
ral depuis quelques années, a établi sur la rue
Ste-Catherine ouest la librairie de l'Imprimeur de la Reine, et je pense que
cette librairie rend de grands services aux citoyens. Il me semble absolument
invraisemblable que le gouvernement du Québec n'ait pas un service
équivalent pour les Montréalais. Beaucoup de personnes sont
ennuyées parce qu'elles ne peuvent pas se procurer facilement les textes
de loi ou les autres textes législatifs.
Au nom des citoyens, de l'intérêt public, j'invite
instamment le gouvernement à bien vouloir prendre les mesures pour
combler cette lacune-là qui existe depuis longtemps j'en conviens
volontiers et qu'il serait d'autant plus à propos de
résoudre le problème maintenant.
M. le Président, lorsqu'on parle de réfléchir sur
ce qu'est la situation de l'économie québécoise, et sur ce
que devrait être la politique sociale du gouvernement du Québec,
je m'étonne pour ma part que l'on ne trouve pas de moyens de traiter de
façon adéquate du problème des consommateurs. Tous les
membres de cette Chambre savent qu'il y a cinquante ans, les travailleurs, en
tant que producteurs, étaient exploités d'une façon
générale. Je n'ai pas besoin de faire ici un cours sur l'histoire
du mouvement ouvrier. On sait par exemple qu'à Montréal, en 1890,
il y avait des apprentis qui étaient battus, ou mis au cachot lorsque,
dans l'exécution de leur travail, ils commettaient quelque mal
façon ou lorsqu'ils étaient en retard à leur travail.
Evidemment, notre société a fait des progrès
énormes sur ce temps-là, grâce en particulier à la
solidarité des travailleurs eux-mêmes qui ont édifié
des organisations syndicales, grâce à la pression de l'opinion qui
a amené les législateurs à passer des lois de protection.
De nos jours, le travailleur, en tant que producteur, le salarié, est
il faut en convenir beaucoup mieux protégé qu'il ne
l'était il y a quelques décennies. Mais il y a une chose assez
étrange qui se développe et, semble-t-il, les pouvoirs publics
sont lents à s'en rendre compte. C'est le fait qu'il y a un nouvel
esclave dans notre société, et cet esclave c'est le consommateur.
Peut-être certains trouveront-ils que mes propos sont
exagérés, que le terme esclave que j'emploie est
exagéré. A ce moment-là, je les convie à regarder
plus près autour d'eux comment les choses se passent dans des milliers
et des milliers de familles populaires qui sont les victimes de ceux qu'on a
appelés les requins de la finance. Je les invite à mesurer les
méfaits de l'abus du crédit à la consommation, du
coût exorbitant de certains modes de crédit, et je mentionne une
chose que tous les membres de la Chambre savent déjà sans doute,
c'est qu'actuellement le crédit à la consommation ou les emprunts
pour les petits salariés peuvent coûter de 6% à 35% ou 40%,
selon qu'on va à une bonne ou à une mauvaise adresse.
Si l'on ajoute à ce coût exorbitant de l'emprunt et du
crédit à la consommation à ce coût tout à
fait ruineux pour les familles ouvrières ou les familles rurales de
revenu modeste, si l'on ajoute à cela les multiples formes de la vente
sous pression, si on ajoute la publicité trompeuse ou extravagante, si
l'on ajoute l'utilisation des enfants eux-mêmes pour rejoindre les
parents, on constate que le revenu, si péniblement gagné dans un
grand nombre de familles, est en fait dépensé d'une façon
qui ne convient absolument pas à la satisfaction des besoins de cette
famille.
On a évalué, M. le Président, qu'en 1965 seulement
les consommateurs canadiens auraient pu épargner de $300 millions
à $450 millions s'ils avaient pratiqué de façon plus sage
et plus éclairée le crédit à la consommation. Ce
$300 millions à $450 millions, c'est l'écart entre un
intérêt normal sur un emprunt ou sur un achat à
tempérament et l'intérêt excessif que les consommateurs ont
en fait déboursé.
M. le Président, mon hypothèse c'est que, dans beaucoup de
familles, le coût inutile du crédit représente autant,
sinon plus, que le montant des allocations familiales que le ministre des
Finances a annoncé dans son discours et c'est pour cela que tout en me
réjouissant du fait que le gouvernement du Québec ait
établi un système d'allocations familiales, c'est pour cela que
je ne peux comprendre qu'on ait laissé de côté un
problème aussi important que celui-là.
Devant une situation analogue, M. le Président, le gouvernement
de l'Ontario et j'ai ici le texte de ces bills le gouvernement de
l'Ontario, dis-je, est en voie de faire adopter par sa Législature
plusieurs législations visant d'abord à la création d'un
office de protection des consommateurs, visant à réglementer la
publicité, visant à obliger les prêteurs à indiquer
de façon claire et précise, en pourcentage et en argent, le
coût réel d'un prêt ou d'un achat à
tempérament.
La législation qui est actuellement devant la Chambre en Ontario
prévoit également que les consommateurs ont deux jours de
répit pour annuler un contrat qui a été sollicité
à domicile. Voilà quelques exemples qui montrent qu'en un autre
parlement, on s'est déjà intéressé de près
à ce problème des consommateurs.
Je ne sais pas si le ministre des Finances en
a pris connaissance, mais également en une autre juridiction, au
gouvernement fédéral, une commission d'enquête de la
Chambre des communes et du Sénat a recommandé, il y a quelques
mois, la création d'un système de prêts garantis au
bénéfice des petits salariés. Selon ce système, un
salarié gagnant $4,000 ou moins pourrait emprunter jusqu'à $1,500
avec la garantie du gouvernement. Il pourrait donc le faire à un taux
d'intérêt minimal.
Je pense que c'est le gouvernement du Québec qui devrait
établir un tel système puisque, d'abord, nous possédons au
Québec un réseau exemplaire, le meilleur au Canada, le plus
répandu, le mieux implanté sur l'ensemble du territoire, nous
possédons dis-je, un réseau de caisses populaires qui se
répartissent dans toutes les régions du Québec et, comme
on le sait, ces caisses populaires, coopératives d'épargne et de
crédit, tombent sous la juridiction de l'Etat du Québec. Il
serait normal, je pense, que le gouvernement du Québec soit le premier
gouvernement au Canada à adopter ce système de prêts
garantis au bénéfice des petits salariés. Bien sûr,
on me dira que déjà les caisses populaires font des prêts
pour des sommes fort importantes au total, des petits prêts aux
consommateurs. En fait, selon les derniers chiffres fournis pas le mouvement
des caisses populaires Desjardins, on peut estimer à au-delà de
$250 millions les prêts effectivement consentis aux petits
salariés, prêts sur billets. Ce pendant, il est bien clair que
l'établissement d'un système de prêts garantis par l'Etat
augmenterait de façon très considérable la
liquidité de nos caisses populaires et sans qu'il en coûte
grand-chose à la province, rendrait à des milliers et à
des milliers de familles un service énorme, parce qu'encore une fois, je
le répète, je suis absolument convaincu que, dans beaucoup de
familles ouvrières, la dépense inutile en intérêt
usuraire représente plus que le montant des allocations familiales que
le ministre des Finances adressera à cette famille.
Nous vivons, il est vrai et le ministre du Travail, de
l'Industrie et du Commerce aime à le répéter très
souvent nous vivons dans un contexte de libre entreprise. Et, bien
sûr, en Amérique du Nord, ce contexte a une emprise
sérieuse et il faudrait être assez naïf pour croire que du
jour au lendemain, on va chambarder cela. D'ailleurs, personne, je pense, en
cette Chambre en tout cas, ne recommande un chambardement véritable de
notre système économique. Cependant, le fait que nous ayons
toujours fait les choses d'une certaine façon ne veut pas dire que cela
soit satisfaisant et de nos jours, dans le contexte d'une économie
planifiée, il est certain que l'on ne peut pas laisser à la libre
entreprise toutes les libertés qu'elle s'est accoutumée à
prendre. Par exemple, il ne fait aucun doute dans mon esprit que la
publicité est devenue complètement abusive et que le droit ou le
prétendu droit des producteurs ou des fournisseurs de services de toute
nature est actuellement dans bien des cas en flagrante contradiction avec le
droit du consommateur, avec le droit du petit salarié à une
certaine protection, et je pense qu'il ne suffit pas pour l'Etat de se
préoccuper de l'augmentation ou de la croissance globable de
l'économie.Il importe pour lui de contrôler le fait au
bénéfice du faible et je répète qu'il serait temps
que le gouvernement du Québec adopte des mesures appropriées pour
protéger le consommateur.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député me permet rien qu'une
demande d'explication?
M. LEFEBVRE: Bien sûr.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député ce soir, dans
l'intervention qu'il vient de faire, surtout dans la dernière partie,
voudrait que le gouvernement du Québec réglemente la
publicité des industriels quant aux biens de consommation?
M. LEFEBVRE: Non, j'ai mentionné...
M. BELLEMARE: Non mais par les droits aux consommateurs, le
député dit que le gouvernement devrait réglementer la
liberté de l'annonce.
M., LEFEBVRE: C'est juste.
M. BELLEMARE: C'est ça que le député dit?
M. LEFEBVRE: Oui, oui. Je dis deux choses. Premièrement, je dis
qu'il n'est pas normal que le producteur ou ceux qui ont de la publicité
à faire, ceux qui ont quelque chose à vendre, puissent exercer
une liberté absolument totale, comme c'est le cas actuellement.
M. BELLEMARE: Est-ce que le député dit qu'on devrait
limiter le droit à la concurrence et à la presse?
M. LEFEBVRE: Non, non. Le ministre ne comprend pas.
M. BELLEMARE: Ah! je ne comprends pas. C'est pour ça que je veux
que vous l'expliquiez à nouveau.
M. LEFEBVRE: Je vais lui expliquer plus simplement. M. le
Président, tout ce que je prétends et j'ai donné
des exemples concrets par exemple, dans le domaine du prêt, il est
évident que les méthodes de publicité utilisées
pour attirer les petits salariés à aller faire un emprunt de
$500, $600, $1,000, ces méthodes sont malhonnêtes dans certains
cas, parce que les annonces ne disent pas tout,, Les contrats qu'on fait signer
sont faits de telle façon que le type ne sait même pas ce qu'il
signe et, à ce moment-là, ce n'est pas un problème. Les
contrats ne sont pas contraires à la loi. Juridiquement, il est
évident que ce sont des contrats faits de façon parfaite.
D'ailleurs, souvent il sont rédigés par des avocats. Des avocats,
cela fait toutes sortes de choses, hein?
M. BELLEMARE: Ah bon! c'est une recommandation?
M. LEFEBVRE: Même de la politique. Mais je dis, dans ce cas
précis, par exemple, il est bien clair que l'Etat se doit d'intervenir
pour protéger le consommateur. J'ai fait allusion brièvement
à d'autres exemples. Je trouve pour ma part qu'il devrait être
défendu, par exemple, à une entreprise, de s'adresser aux
enfants, et là je fais allusion à une chose qui n'est pas de
juridiction provinciale, mais vous avez sans doute tous vu à la
télévision des annonces où, à l'occasion des
Fêtes, on disait aux enfants: « Si votre père vous aime, il
va vous acheter telle sorte de robot ou telle sorte de jouet géant
». Là, je ne sais pas quoi, des camions et autres. Alors, on dit:
« Si votre père vous aime, demandez-lui ça et il ne pourra
pas vous le refuser ». Je trouve qu'il y a quelque chose d'immoral
à ce que la publicité soit dirigée vers l'enfant. C'est un
exemple...
M. DOZOIS: Est-ce que le député d'Ahunt-sic me permettrait
juste une remarque à ce sujet?
M. LEFEBVRE: Certainement.
M. DOZOIS: Je voudrais informer le député que cette
question fait actuellement le sujet de discussions au cours de
conférences fédérales-provinciales.Il y a juridiction
mixte dans ce domaine. Il est certain que les taux d'intérêt
relèvent du gouvernement fédéral et, lors de la
dernière conférence fédérale-provinciale, sur ce
sujet, au nom de la province de Québec, j'ai eu l'occasion de faire des
suggestions en vue d'apporter des modifications im- portantes de façon
que la personne qui fera des emprunts, surtout auprès des petites
compagnies de prêts ou même de petits prêts, si vous voulez,
de grandes compagnies, que l'emprunteur sache exactement à quoi il
s'engage. Toute cette question est sous étude, et je peux informer le
député d'Ahuntsic que toutes les provinces s'intéressent
à cette question qui est importante et cause vraiment des embarras
à un grand nombre de citoyens.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je remercie le ministre de ses
commentaires, mais, comme je le lui ai souligné, je peux lui fournir le
texte des bills de la Législature de l'Ontario. Alors, c'est signe que
le gouvernement ontarien fait plus que de s'intéresser d'une
façon lointaine. La législation est peut-être
déjà votée au moment où je parle. Et ce que je
souhaiterais pour ma part et je suis content de voir que le ministre des
Finances s'y intéresse je souhaiterais que le gouvernement du
Québec...
M. DOZOIS: Je vais ajouter seulement ceci, M. le Président, c'est
que les provinces ont été grandement intéressées,
les autres provinces, du fait que la province de Québec, dans le domaine
de la vente à tempérament, a une législation qui est
beaucoup plus à jour et plus avancée que toutes les autres
provinces. Les autres provinces à qui nous avons distribué des
copies des exigences de la loi provinciale sur les ventes à
tempérament, ont été grandement intéressées
aux dispositions que comporte cette loi.
M. CHOQUETTE: Mais est-ce que le ministre connaît la
législation du Massachusetts à ce sujet? Elle est bien plus
avancée que celle de la province de Québec.
M. DOZOIS: J'ai parlé des provinces canadiennes, M. le
Président.
M. LEFEBVRE: Alors, je pense que le gouvernement devrait et tant
mieux s'il le fait au cours de la présente session
préparer des législations dans l'orientation que j'ai
mentionnée.
J'ai fait quelques suggestions bien précises,
premièrement, concernant la réglementation de la publicité
et des méthodes de prêts, mais aussi, quand à l'institution
d'un système de prêts garantis. Si le ministre, en une autre
circonstance, voulait informer la Chambre de son opinion personnelle ou de
l'opinion du gouvernement quant à l'établissement d'une telle
législation, pour ma part, j'en serais bien heureux. Je crois pouvoir
dire à cette Chambre qu'à mon avis les caisses populaires
seraient bien disposées à coopérer avec le gouvernement
dans
l'établissement d'un tel système de prêts garantis
qui, encore une fois, serait peut-être la façon la plus pratique
de sortir des milliers et des milliers de familles des griffes des requins de
la finance.
M. le Président, je signale également à l'attention
du premier ministre, même s'il n'est pas là, que le
président des Etats-Unis, un autre M. Johnson, vient justement de nommer
une personne, qu'on dit être une ancienne comédienne, comme sa
conseillère particulière concernant les problèmes des
consommateurs. Et on a crée au sein du gouvernement américain
tout un secrétariat visant à la protection des consommateurs.
J'invite les membres de cette Chambre qui ne connaîtraient pas
déjà les travaux de Kenneth Galbraight sur ce problème
à en prendre connaissance. Bien que ce soir je n'aie pas le temps de
m'allonger plus longuement sur ce point, je souligne que le problème de
la protection du consommateur dans notre économie moderne est un
problème de toute première importance, du moins à mon
avis, car il serait bien inutile que tant de luttes faites par le mouvement
ouvrier, par exemple, pour obtenir la protection du droit d'association, pour
obtenir un niveau de vie convenable, que tant de luttes soient annulées
parce qu'on n'aura pas eu l'intelligence de protéger ce revenu, une fois
qu'il a été acquis. Et il est illusoire de penser qu'un individu
isolé dans une société de consommation comme celle
où l'on vit puisse s'assurer à lui-même une protection
adéquate. C'est le role de l'Etat, je pense, de le faire. M. le
Président, j'aimerais passer...
M. BELLEMARE : M. le Président, c'est bien
désagréable d'interrompre le député.
M. LEFEBVRE: Non, non, pas du tout, ce n'est pas
désagréable.
M. BELLEMARE: ... mais je voudrais simplement lui demander s'il est au
courant qu'il existe au ministère de l'Industrie et du Commerce tout un
secteur qui s'occupe spécialement de ça.
M. LEFEBVRE: Certainement, l'étiquetage des produits et tout
ça?
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LEFEBVRE: L'étiquetage des produits, vous voulez dire?
M. BELLEMARE: Ah! non, non, bien plus que ça. Les enquêtes
aux consommateurs, les rapports qui sont faits quotidiennement par nos
délégués industriels et régionaux, les rapports
mensuels qui nous sont faits par le « Boarding Trade » et
complètement rodés avec tout un organisme bien fait, qui
est au ministère de l'Industrie et du Commerce. J'invite l'honorable
député à rencontrer, à ce sujet-là, M.
Raymond Dufour.
M. LEFEBVRE: Je connais M. Dufour.
M. BELLEMARE: ... qui est un homme extraordinaire.
M. LEFEBVRE: Je connais M. Dufour et M. Robidas aussi, je pense qui est
là.
M. BELLEMARE: M. Robidas, qui est à Montréal,...
M. LEFEBVRE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... représente le comité intermunicipal et
fait affaire directement avec nous, qui est payé par nous.
M. LEFEBVRE: Mais, M. le Président, si le ministère de
l'Industrie et du Commerce est si bien organisé au point de vue de la
protection des consommateurs, est-ce qu'il accepterait de nous dire pourquoi
son ministère est resté entièrement muet dans la querelle
des timbres-primes par exemple, qui constituent un mode d'exploitation?
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est une question?
M. LEFEBVRE: Oui, oui, c'est ma question.
M. BELLEMARE: Nous avons au ministère à ce
moment-là été inondés de télégrammes.
Je n'ai pas besoin de vous dire que, là, j'ai réuni
l'état-major. J'ai dit: Bien messieurs, il y a un gros danger.Il va
falloir prendre une décision. Et, justement, on a à ce
moment-là nommé une personne complètement responsable pour
approcher ces personnes, et nous avons rencontré la présidente
générale, Madame...
M. LEFEBVRE: Madame Grenier.
M. BELLEMARE: ... Grenier avec tout l'organisme. Nous avons pris une
décision assez importante, et nous lui avons fait part de ce qu'on
voulait faire au ministère. Elle est partie enchantée du
ministre.
M. LEFEBVRE: Je sais que le ministre est un charmeur!
M. BELLEMARE: ... enchantée. M. le Président, le
député en serait jaloux.
M. LEFEBVRE: Oui. En tous cas, malgré toute ma bonne
volonté...
M. TREMBLAY (Bourassa): ... oui, mais ça fait un tout petit peu
plus bas, ôtez un pouce.
M. LEFEBVRE: ... malgré toute ma bonne volonté, je ne peux
pas encore être tout à fait épaté des
réalisations du ministère de l'Industrie et du Commerce
concernant la protection du consommateur et...
M. BELLEMARE : Ah non, ce n'est pas parfait. D'ailleurs, c'est pour
ça qu'on va y rester, c'est sûr»
M. LEFEBVRE: Le ministre conviendra... Alors, continuez puis, en temps
et lieu, on prendra la relève.
M. BELLEMARE: D'accord, ah ça va prendre du temps!
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, je voudrais justement passer
à un domaine qui intéresse beaucoup l'autre aspect du
député de Champlain, c'est-à-dire le ministre du Travail.
Incidemment, les rumeurs veulent que le ministre du Travail convoite le
ministère de la Fonction publique. Mais, je ne sais pas, après la
définition qu'en a donnée le député de Montmorency,
peut-être qu'il est moins intéressé. Quant à nous,
nous voudrions bien qu'il reste au ministère du Travail assez longtemps
pour que nous puissions connaître la médecine
préventive.
M. BELLEMARE: Ah! bien ça, demain, je vais vous sortir toutes mes
sortes de pilules et puis leur numéro.
M. LEFEBVRE: D'accord, c'est bien.
M. BELLEMARE: Il y en a des petites et puis des grosses.
M. LEFEBVRE: Alors, M. le Président, j'arrive au problème
de la main-d'oeuvre. Le ministre des Finances nous a dit qu'il allait doubler
les crédits prévus pour l'éducation des adultes, et je
dis: bravo! Par ailleurs et, demain, nous aurons l'occasion d'en
discuter plus longuement: pour ce soir, je ne peux qu'en discourir, puisque
nous ne sommes pas à l'époque de la discussion sur les
crédits je ne puis comprendre, quant à moi, que le
ministre du Travail ait décidé d'aggraver le
phénomène de la double taxation en matière de placement,
phénomène sur lequel j'avais attiré son attention lors du
débat sur le discours du Trône.
En effet, non seulement le ministre du Travail a laissé persister
une certaine double taxation qui existait avant lui je le concède
volontiers mais il a grandement accru cette double taxation, puisqu'il a
prévu, au-delà du million et quelques dollars déjà
inscrits pour le service de placement, $600,000 additionnels pour la direction
générale de la main-d'oeuvre. Or, quand on regarde de près
et j'ai ici la définition des tâches pour le personnel que
se propose de recruter et que recrute actuellement le ministre du Travail
il est facile de constater que ces officiers de placement ont une
définition d'âge qui coïncide exactement avec ce que font des
employés actuellement payés par le gouvernement du Canada
à même les deniers des contribuables du Québec, comme des
contribuables des autres provinces.
Je dis que, jusqu'à plus ample information, je trouve
complètement inacceptable que le gouvernement ait décidé
d'accroître ses activités dans le domaine précis du
placement, et, là, je ne parle pas de la politique de main-d'oeuvre
d'une façon générale, je parle déplacement,que le
gouvernement ait décidé d'accroître ses activités
dans ce domaine-là, de dédoubler ce que fait déjà
le gouvernement fédéral sans à ma connaissance ni
à la connaissance de cette Chambre ni à la connaissance de
personne à mon avis avoir négocié au
préalable quelque forme d'entente que ce soit avec le gouvernement
fédéral de façon à éviter la double
taxation. Je crois, pour ma part, que le gouvernement aurait été
bien mieux avisé de mettre toute son énergie à
l'orientation professionnelle, dans l'aspect du recyclage et de
l'éducation permanente de la politique de main-d'oeuvre. Ce sont des
aspects qui ne sont pas couverts actuellement par le gouvernement
fédéral et qui sont strictement de juridiction provinciale. Et,
à ce propos, M. le Président... Tantôt, j'ai permis des
questions au ministre du Travail...
M. BELLEMARE: C'est très bien.
M. LEFEBVRE: ... mais j'aimerais bien dire ce que j'ai à dire et,
demain, on aura l'occasion de dialoguer ensemble sur ce point.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LEFEBVRE: Mais, avant d'aller plus loin et pour être sûr
que le ministre du Travail ne force pas trop son coeur ce soir, je vais lui
donner de la matière à lire, parce que j'ai reçu du
ministre du Travail de Belgique un document assez imposant sur la politique de
main-d'oeuvre, sur le congé-éducation, une chose que le ministre
du Travail a qualifiée d'utopie lorsque je lui en ai parlé au
début de la session. J'attirerai l'attention du ministre du Travail non
seulement sur les textes de loi du parlement belge, que je viens de lui faire
remettre, mais aussi, bien sûr, sur un bill qu'il doit très bien
connaître, le bill C-278 qui a été voté, il y a
quelques jours, par le parlement fédéral et qui prévoit
exactement un système de congé-éducation selon deux
modalités: d'une part, le paiement d'un salaire à plein temps
pour les travailleurs sous-employés non seulement sans emploi, mais pour
les travailleurs sous-employés et, d'autre part, le remboursement des
heures de travail consacrées à temps partiel aux études.
Donc ce que le ministre a qualifié d'utopie, c'est déjà
une loi au parlement fédéral, c'est une loi que j'ai hâte
de voir appliquer dans la province par suite d'une entente entre le
gouvernement du Québec et celui du Canada, entente qui tarde
malheureusement à être signée comme elle avait tardé
lors de la loi précédente.
Le ministre se souviendra que, pendant six mois malheureusement, les
chômeurs du Québec ont reçu des prestations bien moindres
que celles auxquelles ils auraient eu droit si le gouvernement avait
été plus rapide dans la signature de cette entente. Et j'insiste
auprès du ministre du Travail pour que la même chose... ah je
regrette, mais il me démentira quand il aura droit de parole. J'affirme
que ce que je dis est vrai.
M. BELLEMARE: Non.
M. LEFEBVRE: Et j'insiste pour que la même chose ne se reproduise
pas, M. le Président. Mes sources d'information sont excellentes, et je
sais qu'à Montréal actuellement il y a des gens qui organisent
des cours au bénéfice des travailleurs sans emploi ou
sous-employés, cours, dont l'organisation retarde parce que le
gouvernement du Québec n'a pas encore établi les modalités
de l'entente à signer avec le gouvernement fédéral, en
vertu du bill C-278.
M. BELLEMARE: Quand a-t-il été adopté? M. LEFEBVRE:
Le bill a été adopté il y a trois jours, mais le ministre
sait très bien que le gouvernement...
M. BELLEMARE: Combien de jours?
M. LEFEBVRE: Trois ou quatre jours. Mais le ministre sait très
bien une chose, il ne me prendra pas avec ça parce que j'ai lu le
Hansard mot à mot. Le ministre sait très bien que le gouvernement
fédéral avait procédé par voie
d'arrêté ministériel et que le budget du ministère
fédéral de la main-d'oeuvre prévoyant tous les
crédits nécessaires à l'application de la loi, les
ententes pouvaient en fait être négociées avant que la loi
elle-même ne soit signée par le gouvernement.
M. BELLEMARE: Non.
M. LEFEBVRE: Ah oui. Le ministre peut relire, j'ai les
numéros...
M. BELLEMARE: Non, non. Ce n'est pas ça que la loi dit.
M. LEFEBVRE: Est-ce que le minstre a le temps de lire le Hansard?
M. BELLEMARE: Je n'ai pas besoin de lire le Hansard, ce n'est pas
ça que la loi dit.
M. LEFEBVRE: Je vous dis que c'est ça qui peut se faire.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ce que la loi dit.
M. LEFEBVRE: Et je vous dis que plusieurs provinces avaient
déjà signé leurs ententes et que les cours en vertu de la
nouvelle loi ont pu être organisés avant que la loi
elle-même ne soit votée. J'ai les numéros ici, 24, 25 et 26
avril. M. le Président...
M. BELLEMARE: A la suite de l'intervention...
M. LEFEBVRE: ... de toute façon, l'important... je ne veux pas
chercher a ennuyer le ministre, je cherche à rendre service aux
travailleurs et j'invite le ministre à régler ce
problème-là aussi vite que possible.
M. BELLEMARE: Est-ce le ministre du Travail qui doit signer?
M. LEFEBVRE: Ah bien ça, quand vous aurez réglé vos
disputes entre le Travail et l'Education...
M. BELLEMARE: Non, non, un instant.
M. LEFEBVRE: Il faut que ce soit le gouvernement...
M. BELLEMARE: Le grand monsieur là-bas va me dire ça. Vous
allez me dire ça là, vous, le grand député.
M. LEFEBVRE : Bien oui, qu'est-ce que vous voulez savoir?
M. BELLEMARE: Quel est le ministre qui doit signer?
M. LEFEBVRE: Ah ça, c'est le gouvernement du Québec qui
décide, je ne suis pas au gouvernement.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LEFEBVRE: Bien, il n'y a pas de non, non, c'est oui, oui.
M. BELLEMARE: Non, non. M. LEFEBVRE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Un instant. Demain, demain.
M.LEFEBVRE: Préparez-vous bien. M. BELLEMARE: Soyez ici.
M. LEFEBVRE: Préparez-vous bien. Alors, M. le Président,
indépendamment de... remarquer que c'est fort important ce dont on
discute là, mais encore une fois mon souci principal, ce n'est pas
d'embêter le ministre. J'espère qu'il me croit et que la Chambre
me croit. Mon souci, c'est de voir le problème de l'éducation des
adultes se régler. Et j'aimerais citer à ce point de vue un
chiffre que j'ai eu l'occasion de mentionner ailleurs déjà, un
chiffre avec lequel je n'arrive pas à me réconcilier, j'ai
mauvaise conscience chaque fois que je pense à ça. Depuis dix
ans, dans le Québec, on a formé des gars et des filles à
qui on a fait suivre ce qu'on appelle le cours général
secondaire. Cela, c'est le cours qui ne mène à rien. Bon. Il en
est sorti 45,000. Vous voyez que je ne fais pas de politique partisane. Vous
pourriez me dire, ils sortaient sous les libéraux, d'accord. Ce n'est
pas une question de bleus et de rouges, c'est une question de problème
fondamental, à mon avis, pour la société
québécoise. On n'a pas réussi à aller assez vite
dans la réforme de l'enseignement. J'espère que maintenant on ne
va pas faire machine arrière, soit dit en passant, parce qu'il faut
accélérer. En tout cas, pendant dix ans, on a produit 45,000 gars
et filles qui sont sortis du cours secondaire par ce cul-de-sac de la section
générale et je dis que, dans la politique de main-d'oeuvre que le
ministre du Travail et le ministre de l'Education sont en train de
négocier présentement, ils devraient trouver le moyen de
rappeler...
M. BERTRAND: Avez-vous un radar?
M. LEFEBVRE: Ils devraient trouver le moyen...
M. BELLEMARE: Nous parlions du roi d'Ethiopie.
M. LEFEBVRE: ... c'est ça... en priorité de ramener
à l'école ces 45,000 gars et filles qu'on a induits en erreur,
qu'on a lancés dans la vie sans la préparation suffisante. Eux,
les pauvres, ils se sont dit: On va être bons, on va avoir une
éducation secondaire. Mais tout le monde sait que ça ne
mène à rien, que quelqu'un qui sort d'une onzième
générale n'est pas préparé à autre chose que
de porter les commandes dans une épicerie. Or, ces jeunes-là, il
faut les ramener à l'école et ils devraient être les
premiers à bénéficier du bill C-278 lorsque les
ministères québécois et fédéral auront
réussi à s'entendre sur les méthodes de réalisation
de ces politiques.
M. le Président, j'aimerais, très brièvement pour
conclure, toucher un troisième point qui intéresse aussi le
ministre du Travail et c'est celui de la législation ouvrière. Le
ministre a beaucoup parlé de médecine préventive. Demain,
dit-il, il va nous révéler le contenu de sa pilule magique. J'ai,
quant à moi, bien hâte...
M. BELLEMARE: Je vais vous donner des dates et des faits.
M. LEFEBVRE: Demain, d'accord. M. BELLEMARE: Oui.
M., LEFEBVRE: Alors, j'espère, M. le Président, je
passerai la nuit éveillé, dans l'attente de cette grande
nouvelle. Mais...
M. BELLEMARE: Choquez-vous pas en rêve.
M. LEFEBVRE: ... quoi qu'il en soit, je pense que le ministre permettra
qu'on lui fasse
quelques modestes suggestions quipeut-être seraient de nature
à compléter la médecine qu'il nous prépare
déjà. Premièrement...
M. BELLEMARE: Qui est déjà en force.
M. LEFEBVRE: ... je me réjouis évidemment, de la
création imminente d'un ministère de la Fonction publique. Je
crois que c'est bon, je crois que c'est nécessaire et de ce
côté-ci de la Chambre, évidemment, nous allons surveiller
de très près la façon dont le gouvernement voudra jeter
les bases de ce nouveau ministère, surtout après les
déclarations récentes auxquelles j'ai fait allusion tout à
l'heure et qui sont un peu de nature à nous inquiéter.Il n'y a
aucun doute, M. le Président, que le ministère de la Fonction
publique, c'est important. Mais ce que je veux souligner surtout -et je pense
que tous les observateurs des problèmes de relations
patronales-ouvrières dans le Québec tomberont facilement d'accord
avec moi là-dessus - c'est que la chose la plus dangereuse actuellement
concernant les conflits de relations de travail dans la fonction publique,
c'est le risque de politisation automatique des conflits. Je pense que la
meilleure façon d'éviter la politisation automatique du moindre
conflit dans les relations de travail à l'intérieur de la
fonction publique, c'est, de la part de l'Etat, d'admettre qu'en tant
qu'employeur, il doit, d'une certaine façon, se traiter lui-même
comme un autre employeur et qu'il doit, au besoin, accepter que ses relations
avec ses employés puissent être l'objet d'une forme valable de
médiation, comme la chose se pratique dans l'entreprise
privée.
M. le Président, je ne veux pas rappeler des conflits très
douloureux qui ont déchiré l'opinion dans le Québec ces
derniers temps, mais je pense que ces commissions de prévention des
conflits du travail dont j'avais parlé dans le débat sur le
discours du Trône, où j'avais, à ce moment-là,
indiqué un peu les modalités d'implantation de telles
commissions, je crois et c'est surtout l'idée sur laquelle
j'aimerais insister ce soir auprès du ministre du Travail et du
gouvernement - je crois que ces commissions de prévention des conflits,
il faudrait les prévoir comme pouvant intervenir tout aussi bien dans
les conflits entre le gouvernement en tant qu'employeur et ses employés,
que dans les conflits qui divisent un employeur privé d'avec ses
employés.
Et, si vous vous souvenez, à une certaine époque, lors
d'un débat mémorable, le chef de l'Opposition avait
proposé au gouvernement l'établissement d'une commission de
médiation qui eût pu intervenir entre le gouvernement et les
enseignants à propos de ces fameuses, et désormais
célèbres, directives du 14 octobre.
A ce moment-là - je ne veux pas revenir, M. le Président,
sur ce débat, mais je pense, qu'indépendamment de ce cas, qu'on
ne peutpas rediscuter indéfiniment, - je pense qu'à l'avenir le
gouvernement devrait être conscient de la nécessité pour
lui en tant qu'employeur, de se comporter d'une certaine manière comme
un autre employeur et non pas comme le super-interlocuteur à qui on doit
parler comme à Dieu le père, sans qu'aucune tierce personne ne
puisse intervenir pour faciliter la compréhension, alors que chacun sait
très bien que, dans les conflits de relations
patronales-ouvrières, très souvent, les éléments
humains ont une grande importance. Très souvent, les oppositions de
personnes ou les préjugés entre personnes ont une grande
importance. Voilà pourquoi ce rôle de médiation, que les
commissions de prévention de conflits pourraient jouer, est essentiel
dans la fonction publique. Autrement nous allons vers une politisation des
relations de travail dans la fonction publique et ceci peut avoir des
conséquences sociales et politiques, évidemment, de très
grande envergure. Mais, je trouve - et c'est là peut-être un grief
que j'aimerais faire au ministre des Finances, qui, à la page 56 de son
discours, au lieu de regarder en avant, a regardé en arrière et a
dit: Bien, le gouvernement qui nous a précédés a
peut-être eu tort d'accorder tant de libertés à ses
fonctionnaires avant d'avoir mis en place les mécanismes, etc. Je suis
sûr que le ministre se rappelle bien de son texte là-dessus.
Eh bien, M. le Président, je pense que c'est une réaction
qu'il ne faut pas avoir. Je ne crois pas qu'il faille regretter les
libertés que ce parlement a jugé à propos d'accorder dans
le passé. Je trouve, quant à moi, que ce parlement ne devrait pas
restreindre les libertés mais qu'il devrait bien sûr
améliorer les mécanismes qui sont de nature à
éviter les conflits et ça, tout le monde le souhaite, c'est bien
évident.
Une autre suggestion que j'aimerais faire au ministre du Travail...
M. DOZOIS: Il ne faudrait pas citer seulement cette phrase-là. Il
faudrait citer le paragraphe en entier. C'est fort injuste.
M. LEFEVBRE: Ah oui? Je peux vous le lire.
M. DOZOIS: C'est fort injuste.
M. LEFEBVRE: M.le Président, je vais le
lire et je laisse la Chambre... je n'aime pas... vous avez dit fort
injuste...
M. DOZOIS: Oui, de citer seulement une phrase du paragraphe.
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'aime pas demander au ministre
de retirer ses paroles mais je ne voudrais pas qu'il utilise des termes comme
ça trop souvent. Je vais lire le texte, la Chambre jugera.
M. BELLEMARE: Quelle page?
M. LEFEBVRE: Page 56. « Le précédent gouvernement me
semble avoit été imprudent d'accorder à tout le secteur
public le droit aux négociations collectives et le droit de
grève, sans avoir d'abord donné à sa trésorerie une
aisance suffisante et à son administration les organismes de
négociation et d'application des conventions collectives. Lorsqu'on
ouvre toute grande la porte à l'exercice de pressions syndicales aussi
fortes que celles que nous avons connues, il est illusoire de s'imaginer que
l'on pourra régler les conventions avec des augmentations nominales de
salaire. Il faut dans ces conditions disposer au moins de certaines
réserves financières. » Je ne pense pas avoir
été injuste à l'endroit du ministre.
M. DOZOIS: Très bien. Là, c'est très bien.
M. LEFEBVRE: En tout cas si, je l'avais été, vous devriez
être satisfait. Or, je dis, M. le Président, que cette attitude
révélée dans... je ne suis pas d'accord avec cette
attitude-là, je trouve qu'il vaut mieux regarder en avant. C'est un fait
que le droit d'association dans la fonction publique, ça crée des
problèmes, c'est bien évident, mais je pense qu'il faut nous
habituer à vivre avec ces libertés, non pas nouvelles mais qui
ont toujours existé et que la société d'aujourd'hui
reconnaît parce qu'elle est plus civilisée que celle d'il y a
quelque temps et je pense que la solution,encore une fois,c'est de trouver les
réponses aux dangers que peuvent présenter certaines situations
explosives. Par exemple, pour ma part, sans me prononcer d'une façon
catégorique, je trouve que le gouvernement pourrait étudier et
que la Chambre pourrait étudier la possibilité que les services
essentiels dans la fonction publique soient définis dans la loi. Pour ma
part, je me rallierais à cette hypothèse de travail à une
condition bien sûr, c'est qu'un projet de loi à cet effet soit
soumis au comité parlementaire et que l'on permette à tous les
intéressés de se faire entendre. Il est possible...
M. BELLEMARE: C'est déjà soumis, cette
législation-là, au Conseil supérieur du travail c'est
là probablement que le député est allé chercher son
information, mais ce n'est pas ainsi que ça va peut-être se
produire et tandis que je suis debout, est-ce que le député me
permettrait rien qu'une question? Est-ce que le député est bien
au courant que la Direction générale des relations du travail
existe au sein même de l'organisme des fonctionnaires pour l'application
de la... On ne peut pas dire que ça, c'est politisé. M. Raymond
Gérin, l'ancien sous-ministre du Travail, qui est le directeur
général, je ne peux pas voir de quelle couleur politique il est
ni M. Lefebvre qui est l'ancien directeur du personnel à l'Industrie et
Commerce et qui fait partie de la direction générale. Je ne sais
pas où l'honorable député va chercher ses renseignements,
parce qu'à la direction générale justement, on s'emploie
à faire ce que le député dit.
M. LEFEBVRE: Non mais, M. le Président, on aura peut-être
l'occasion demain de compléter...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LEFEBVRE: ... notre dialogue là-dessus, mais ce que j'ai dit,
c'est qu'il était nécessaire dans la fonction publique, comme
dans l'entreprise privée, à mon humble avis, qu'il y ait
possibilité de l'intervention d'une tierce personne dans les conflits.
Or, la Direction générale des relations de travail, il est bien
évident que ce n'est pas une tierce personne.
M. BELLEMARE: Mais pourquoi?
M. LEFEBVRE: Bien voyons, ce sont des fonctionnaires, ces
gens-là...
M. BELLEMARE: Bien, voyons donc?
M. LEFEBVRE: ... ce sont des gens qui représentent la partie
patronale, ça ne peut pas être des gens qui sont neutres.
M. BELLEMARE: Voyons donc, M. le Président!
M. LEFEBVRE: Bien voyons, ça ne touche pas du tout à leur
intégrité personnelle, M. le Ministre, j'en pense le plus de bien
au monde de ces gens-là, je veux bien, mais je vous dis tout simplement
que si vous prétendez que le directeur général des
relations de travail dans la fonction publique est un arbitre dans un conflit
entre le gouvernement et ses employés, je ne vous comprends pas.
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas ça que je dis.
M. LEFEBVRE: Bien, c'est ça que vous avez l'air de dire.
M. BELLEMARE: Je dis que, justement, pour vivre la convention...
M. LEFEBVRE: M. le Président, je n'ai pas d'objection à ce
que le ministre parle à condition que...
M. BELLEMARE: Ah oui, c'est vrai, vous avez raison, vous avez
parfaitement raison ce n'est pas agréable.
Je suis à relire mon discours de tout à l'heure et c'est
haché d'interventions, et il n'y a rien de plus
désagréable.
M. LEFEBVRE: C'est purement une question de minutage.
M. BELLEMARE:Il n'y a rien de plus désagréable que de
relire ça: c'est fantastique.
M. BOURASSA:Il fallait vous contredire, c'étaient des
faussetés.
M. BELLEMARE: Ah, Seigneur ! C'est tellement vrai. C'est exactement...
Demain, demain.
M. LEFEBVRE: Est-ce que vous auriez l'amabilité, M. le
Président, de me dire combien il me reste de temps, compte tenu des
interruptions?
M. SAUVAGE AU: Onze minutes.
M. LEFEBVRE: Onze minutes. C'est merveilleux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LEFEBVRE: Est-ce le député de Bourget qui tient le
temps?
M. LE PRESIDENT: Pour l'information de l'honorable député,
je puis lui dire qu'à dix heures moins vingt, il devra terminer ses
remarques, à moins du consentement unanime de la Chambre, mais je dois
me fier à l'horloge que j'ai devant moi.
M. LEFEBVRE: C'est très bien, j'aurai terminé à dix
heures moins vingt.
Dans le cas de ces quelques remarques sur la législation du
travail, j'aimerais aussi invi- ter le ministre du Travail et le gouvernement
à songer très sérieusement à la modernisation du
Conseil supérieur du travail. Si le ministre veut bien comparer la Loi
du Conseil supérieur du travail avec la loi qui régit le Conseil
supérieur de l'éducation, il trouvera, je pense, toutes les
réponses à ce que devrait être son action, s'il veut rendre
le Conseil supérieur du travail vraiment efficace, comme il l'a
lui-même déclaré à plusieurs reprises. J'ai
déjà, en cette Chambre...
M. BELLEMARE: Ils travaillent comme ils n'ont jamais
siégé.
M. LEFEBVRE: Je pense que le ministre est bien au courant, n'est-ce pas,
que plusieurs souhaiteraient voir le conseil être libre d'étudier
les sujets de son choix, libre de publier ses recommandations et plusieurs
souhaiteraient également...
M. BELLEMARE: Sauf de faire de la politique au sein du ministère
avec la CIC. Je suis contre ça.
M. LEFEBVRE: Le ministre n'a pas digéré ça.
M. BELLEMARE: Je ne peux pas permettre de faire de la politique. C'est
le seul oasis de paix qu'on a entre les employeurs et les employés: les
centrales syndicales, on ne politisera pas ça. Certain.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Puis-je rappeler...
M. BELLEMARE: Merci. Je me suis aperçu que j'ai manqué au
règlement.
M. LEFEBVRE: Je pense, quant à moi, que le Conseil
supérieur du travail devrait avoir exactement la même
liberté que le Conseil supérieur de l'éducation. S'il veut
faire des recommandations qui déplaisent à M. le ministre, il
devrait en avoir le droit. C'est, du moins, mon avis et je pense
également que le président du Conseil supérieur du travail
devrait être un fonctionnaire ayant rang de sous-ministre.
Voilà les quelques suggestions que je voulais transmettre
concernant la législation du travail.
Je vais terminer mes remarques par une statistique qui ne fera pas
plaisir aux membres qui siègent à votre droite, mais je tire, de
la patience que j'ai manifestée depuis le début de la session,
sans avoir jamais interrompu, à ma connaissance, une seule fois un
honorable dépu-
té de l'autre côté, le droit le plus absolu à
rappeler ces statistiques afin que plus jamais à l'avenir elles ne
soient valables. On a beaucoup parlé dans les journaux de
l'atmosphère des débats depuis le 18 avril, et c'est vrai que
ç'a été désagréable. Vous avez
vous-même, le 19, cité le nombre d'interruptions dont cette
Chambre avait été témoin.Il n'y a qu'une chose que vous
avez omise et je ne vous en fais pas grief peut-être
n'était-ce pas à vous de le rappeler mais vous avez
oublié de donner le partage entre les deux côtés de la
Chambre. Vous avez parlé de 131 interruptions, mais vous n'avez pas dit
qu'il en était venu 90 de votre droite et 41 de votre gauche.
Encore une fois, ce n'est pas de gaieté de coeur que je le fais,
et je terminerai d'ailleurs par une suggestion très constructive. Je
voudrais surtout dire que, durant les 33 premiers jours de la session, le
député de Mégantic a interrompu 255 fois, le
député de Frontenac 141 fois et le député de
Joliette, 61 fois. A la suite de ces spectacles, il y a des journalistes qui
ont émis l'opinion, à mon avis, complètement
irréalisable, qu'on devrait faire passer un test d'aptitudes aux gens
qui veulent se présenter pour solliciter l'honneur de siéger en
cette Chambre. Je ne suis pas d'accord avec cette suggestion.
M. GRENIER: Vous n'auriez pas réussi le test. Sûrement
pas.
M. MICHAUD: 262.
M. LEFEBVRE: Vous avez noté vous-même l'intelligence de la
remarque, n'est-ce pas? Vous remarquerez que je n'ai pas qualifié, j'ai
mentionné des chiffres. Je me suis abstenu de faire quelque qualificatif
que ce soit, parce que je trouve complètement ridicule que des hommes,
censés raisonnables, se comportent comme l'ont fait le ministre des
Affaires culturelles et un bon nombre d'autres depuis ces derniers temps.
Je veux terminer et je me restreindrai. Je serais capable, moi aussi,
évidemment, de crier des injures. Il n'y a rien de plus simple. Mais je
trouve cela tellement dégradant que j'espère...
M. GRENIER: Arrêtez d'en dire.
M. LEFEBVRE: ... ne jamais succomber à cette tentation. Mais ce
que je veux suggérer à cette Chambre, dans le cadre de la
revalorisation de la fonction parlementaire, ce serait peut-être
l'hypothèse suivante. Moi, je crois que, si tous les membres de
l'Assemblée législative, qu'ils siègent du
côté du gouvernement ou du côté de l'Opposition,
étaient tenus en vertu de la loi de réunir périodiquement
les citoyens de leur comté, disons tous les mois ou toutes les six
semaines, pour discuter avec eux des travaux parlementaires, pour leur rendre
compte de ce qui s'est accompli à l'Assemblée législative,
ceci obligerait tous les membres de la Chambre à suivre les
débats un peu mieux, les obligerait à comprendre les
législations qui sont discutées et éliminerait
forcément, de quelque côté de la Chambre qu'ils
siègent, ceux qui ne peuvent ni comprendre, ni expliquer. Je vous
remercie, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député de Bourget.
M. Paul-Emile Sauvageau
M. SAUVAGEAU: M. le Président, longtemps on a dit que la
population du Québec avait une vocation agricole. Je suis d'accord pour
dire que c'était beaucoup exagéré. Je ne dis pas non plus
que la population entière n'a plus la vocation agricole. Il est
difficile pour un citadin d'aborder un sujet tellement éloigné de
ses préoccupations habituelles. Il y a des choses qui sont quand
même intrigantes. On a répété à maintes
reprises que le cultivateur de chez nous était l'électeur
choyé de l'Union Nationale, bien que cette affirmation semble
légère, si on considère le sort qu'on a toujours
réservé à l'agriculture dans le passé. Le ministre
actuel de l'Agriculture tente par tous les moyens de revalosiser chez nous le
rendement de l'agriculture: pour que les efforts que fait le ministre soient
bien compris de tout le monde, il faudrait que le citadin accorde quelques
moments de réflexion aux nombreux problèmes qu'a à
affronter l'agriculteur. Nous contribuons largement à ajouter aux
difficultés de l'agriculture chez nous. Nous construisons nos villes
sans nous soucier de conserver autour d'elles des jardins agricoles. Nous
éloignons le cultivateur de plus en plus loin et nous demeurons tout
surpris de voir que notre table est inondée presque à
l'année longue de primeurs en fruits et légumes des autres
provinces ou de l'étranger.
Je suis bien en faveur que l'on édifie dans notre province un
complexe sidérurgique, mais tout d'abord il serait urgent de nous
nourrir par nos propres moyens. Un pays qui peut suffire à se nourrir
est un pays riche. Mais ce n'est pas exactement notre cas. Le jour où
notre gouvernement a pensé d'établir une politique prioritaire
dans tous les domaines, il a agi sagement. Car il concevait que, dans une
éco-
nomie qui se voulait moderne, l'agriculture tenait une place vitale.
Tout doit être bien équilibré. En tenant compte que le
premier besoin de l'homme est tout d'abord de se nourrir. Accordons à
nos cultivateurs tous les moyens nécessaires pour faciliter
l'établissement d'exploitations agricoles rentables. Intensifions
l'enseignement de toutes les branches de l'Agriculture. Que les lauréats
de notre mérite agricole ne reçoivent plus seulement une
médaille mais qu'ils soient aussi invités à faire
connaître le secret de leur succès à leurs collègues
de la province par des tournées de conférences ou autres
moyens.
La France, en particulier, est un pays minuscule comparé à
notre province et pourtant, dans ce pays, on a mis sur pied, avec la
collaboration du gouvernement, une politique agricole qui lui permet de nourrir
les pays voisins.
Il serait utile que nous envoyons à l'étranger nos
cultivateurs les plus compétents afin qu'ils puissent rapporter chez
nous des expériences fructueuses des autres. Une agriculture
prospère exploitée avec des méthodes modernes sera
toujours un gage de richesses, un tremplin qui nous permettra de
prospérer ailleurs parce que nous serons certains de pouvoir manger. Le
ministre de l'Agriculture et de la Colonisation peut-être assuré
que, pour un, je reconnais les efforts énergiques qu'il déploie
pour apporter aux cultivateurs de chez nous, la reconnaissance et
l'encouragement d'un gouvernement qui reconnais que l'agriculture demeurera
toujours l'industrie de base de notre prospérité
économique dans tous les domaines où l'homme moderne exerce ses
talents.
M. le Président, je vous parlerai des grèves. Le
législateur a accordé le droit de grève à la
fonction publique à la dernière session. Je crois que
c'était un geste qu'il fallait poser, parce qu'il était anormal
que des salariés, même si l'employeur est l'Etat, soient
privés d'un droit démocratique qui appartenait déjà
aux autres travailleurs des secteurs privés. Nous avons
été depuis un an secoués par trois grèves
importantes qui touchent justement le secteur public. La grève des
employés d'hôpitaux, la grève des instituteurs et celles
des fonctionnaires de la ville de Montréal. Certains
éléments de la population ont reproché aux
législateurs de ne pas avoir retiré le droit de grève
à ses serviteurs publics. Je crois qu'il était nécessaire
que le gouvernement, le législateur, et la population en
général, soient sensibilisés aux grands problèmes
sociaux que l'évolution actuelle nous apporte.
La grève des instituteurs aussi bien que celle des fonctionnaires
municipaux de Mont- réal ont permis de mesurer toute l'ampleur des
problèmes complexes que le gouvernement, et ce, à tous les
niveaux, doit affronter. Ces grèves ont permis de situer l'urgence pour
les dirigeants publics de structurer ses services en fonction des nouveaux
impératifs sociaux qui se projettent dans l'éducation aussi bien
que dans les conditions de vie de la population en général. Les
syndiqués ont appris que la grève est une arme nécessaire
pour obtenir les revendications valables mais qu'elle ne doit être
utilisée que lorsque tous les dialogues possibles sont
épuisés au niveau de l'Etat patron. Ensuite, il ne reste plus
qu'à porter devant l'opinion publique les problèmes en litige
sans passion,' et avec l'objectivité de serviteur de l'Etat, conscient
de l'importance de leurs responsabilités vis-à-vis la population.
Les dernières grèves ont peut-être été des
expériences malheureuses mais elles auront apporté la prise de
conscience nécessaire pour les dirigeants publics de se mériter
davantage la confiance de leurs employés et pour les syndiqués,
une arme aussi redoutable que la grève ne doit être
utilisée que dans des situations où les principes sont en
jeu.
Dans la grève des instituteurs, le gouvernement actuel a
laissé aux syndiqués leur liberté d'exercer leurs droits
de grève que pour bien démontrer à la population qu'il
avait le plus grand respect des lois qui sont établies. Il n'est
intervenu que lorsqu'il a senti que la population voulait qu'il apporte une
solution valable au conflit, tout en respectant les droits des instituteurs
aussi bien que le droit à l'éducation de nos enfants. Je crois
que le bill 25 a donné aux instituteurs le statut professionnel qu'ils
cherchaient, le traitement qu'ils méritent présentement et qu'il
saura apporter dans l'avenir toutes les facilités voulues pour que
l'éducation continue à s'améliorer dans la voie des
intérêts de nos enfants aussi bien qu'il tendra à leur
apporter un corps professoral de plus en plus compétent.
La grève des fonctionnaires de Montréal a permis à
notre ministre du Travail de faire amorcer, entre les deux parties, l'ouverture
de nouvelles discussions qui ont apporté un règlement
satisfaisant. La métropole du pays vers laquelle le monde entier se
tourne à l'occasion de l'Expo 67 se devait d'apporter une solution
rapide à une grève malheureuse dans laquelle les malentendus qui
avaient été soulevés étaient surtout dus à
l'absence de dialogue réaliste qu'à des griefs sérieux de
la part des employés. Le gouvernement n'a pas voulu intervenir
directement parce qu'il était conscient que l'administration de la
métropole possédait toute la com-
pétence voulue pour respecter le droit de ses employés
tout en prenant en considération les intérêts de ses
contribuables.
Les employés d'hôpitaux ont certainement posé un
geste très osé en décrétant un arrêt de
travail au cours de l'été dernier. Le gouvernement actuel
héritait d'une situation de faits dont il n'était pas responsable
mais dont les impératifs étaient très graves parce qu'ils
compromettaient la santé de nos malades et, dans certains cas, leur vie
même.
Nous devons souligner ici le travail d'urgence que le personnel des
cadres des hôpitaux ont dû remplir pour suppléer à la
défection des employés paramédicaux» Un gouvernement
ne peut régler une grève d'une telle envergure, simplement par un
coup de baguette. Avec l'Union Nationale nous avons une démocratie
nouvelle qui laisse à tous le soin de méditer sur les gestes
qu'ils ont décidé de poser. Un gouvernement totalitaire aurait
apporté une solution rapide au conflit, mais au mépris le plus
complet des droits démocratiques.
La société a fait une expérience cruelle des
secousses que peuvent subir des travailleurs qui font l'apprentissage d'une
nouvelle arme syndicale. Le gouvernement a, dans les circonstances, avec toute
la grande sympathie et le souci qu'il avait de sauvegarder la santé
publique, apporté au conflit des solutions qui s'imposaient en nommant
un médiateur compétent qui régla le conflit en quelques
jours. Les employés des hôpitaux ont repris le travail avec la
conviction que le gouvernement avait, dans les circonstances, agi dans les
meilleurs intérêts de tous.
M. le Président, dans tous les pays du monde où le
tourisme rapporte beaucoup au trésor public, on apporte au voyageur tous
les agréments pour que son séjour au pays soit agréable
partout. On exige que les routes qu'il traverse soient toujours bien
entretenues et que les haltes pour le boire, le manger ou le gîte soient
toujours excellentes. On s'efforce de susciter dans chaque région de
l'intérêt pour les choses historiques et aussi d'améliorer
l'hôtellerie de façon à inviter le touriste qui s'y
arrête durant quelque temps pour en faire profiter l'économie
locale.
Notre gouvernement a intensifié l'établissement de
terrains de camping à travers toute la province. Il étudie
actuellement la revision de la loi sur les spiritueux afin d'aider davantage
l'industrie hôtelière. Il met en vigueur les lois de l'affichage
sur les routes et surtout celle qui interdit les cimetières de vieilles
carcasses près de nos routes provinciales.
Le bureau du tourisme de la province se doit de remplir le rôle de
coordinateur avec les offi- ces du tourisme de Montréal et de
Québec afin d'empêcher le chevauchement de certaines
manifestations de caractère similaire. Il faudrait qu'il encourage les
autorités de la vieille capitale et ses hommes d'affaires à
mettre sur pied un organisme qui verrait adonner à Québec une
salle de congrès propre aux groupements parapolitiques qui,
actuellement, doivent se diriger ailleurs, faute d'espace disponible.
Je comprends ici, M. le Président, que la ville de Québec
fait beaucoup pour le tourisme. Le bureau du tourisme provincial doit aussi
encourager la tenue d'événements régionaux en prenant bien
soin que ces manifestations se situent à des périodes
différentes et en toutes les saisons possibles. Nous félicitons
la ville de Québec dont le carnaval d'hiver est devenu un
événement assez important pour dépasser de beaucoup nos
frontières provinciales. La traversée du lac Saint-Jean, les
petites pêches de Ste-Anne-de-la-Pérade, le carnaval du bon vieux
temps à Chicoutimi sont autant d'événements qui
mérient d'être soulignés et développés
davantage.
L'Etat a le devoir d'intervenir dans tous les domaines de la
réglementation afin de promouvoir l'industrie du tourisme, mais il
faudrait également que la population collabore davantage en
évitant que les abords de nos routes, de nos villages et de nos villes
conservent leurs cachets originaux. Ce ne sont pas des enseignes de mauvais
goût, qui sont encore trop nombreuses le long de nos routes, qui aideront
le touriste à trouver notre province intéressante. Il serait
nécessaire que toutes les municipalités de la province
collaborent davantage avec notre ministère du Tourisme pour redonner
à l'ensemble de notre province son visage français. La ville de
Québec, siège du seul gouvernement français
d'Amérique, mérite de recevoir à ce sujet toute notre
attention.
Cette année verra, à l'occasion de l'Expo, une affluence
considérable de visiteurs. Préparons-nous à les recevoir
cordialement et surtout agissons pour qu'ils reviennent à nouveau. La
vieille capitale est le berceau de la civilisation française en
Amérique. Soulignons le fait davantage, conservons à cette ville
d'allure européenne son cachet particulier qui saura intéresser
le visiteur. Insistons davantage sur son passé glorieux. Il n'y a pas eu
que la bataille des Plaines d'Abraham à Québec: il y a aussi les
vieilles institutions religieuses qui ont rayonné dans toute
l'Amérique. Il y a eu Frontenac, Mgr de Laval, des écrivains, des
poètes, des artistes, des hommes politiques de grande renommée,
qu'il faut aussi exploiter pour le visiteur. Nous félicitons les
administrateurs de
la ville de Montréal qui ont mis sur pied, l'an passé, un
office d'embellissement pour ajouter un peu de beauté là
où il n'en existait pas.
Montréal aussi a un grand passé comme carrefour de tous
les explorateurs et missionnaires qui sont allés à la
conquête de l'Ouest. Les Américains ont élevé des
monuments à La Motte-Cadillac, Le Moyne, La Salle, Joliette, Marquette,
Duluth et autres et nous en entendons vaguement parler dans nos manuels
d'histoire. Pas plus loin qu'au siècle dernier, l'oeuvre de ces premiers
explorateurs était continuée par Fraser et Mackenzie et,
pourtant, c'est, pour eux aussi, presque le silence chez nous.
Restaurons, embellissons, affichons avec intelligence. Soyons
hospitaliers et les visiteurs seront heureux de venir chez nous, parce que nous
serons différents d'eux et que nous éveillerons leur
curiosité.
Et je crois bien que le touriste ne sera pas indifférent à
la beauté de nos Québécoises. Le gouvernement de l'Union
Nationale sera toujours heureux de développer davantage l'industrie
touristique en autant que la population sera consciente que cette industrie est
celle qui exige le moins d'investissements peut-être, mais beaucoup de
finesse et surtout de bon goût.
Le ministère du Tourisme, par sa politique de revision des
privilèges accordés à certains groupes provinciaux
étrangers, a fait lever l'aurore d'une nouvelle politique qui donnera
à notre population, et souvent la plus défavorisée, la
possession publique de son patrimoine national. Et nous espérons que les
efforts de ce ministère seront appuyés par les deux
côtés de cette Chambre afin que nous puissions réaliser
davantage dans l'avenir.
M. le Président, depuis de nombreuses années, nous devons
affronter un problème urbain qui, de jour en jour, prend plus d'ampleur
et se pose chez nous comme l'un des plus sérieux problèmes de nos
problèmes sociaux. Ce grand problème de notre milieu urbain est
celui de l'habitation pour l'homme d'aujourd'hui et celui des
générations qui suivront.
Nous avons chez nous depuis toujours fait les louanges de la famille.
Nous avons demandé à l'homme du Québec de donner à
sa province des enfants, mais jamais nous sommes-nous sérieusement
préoccupés de leur donner un habitat convenable. Nous
rencontrons, aujourd'hui encore, des propriétaires qui se refusent
à louer leur logis à de braves pères de famille, sous
prétexte qu'ils ont trop d'enfants. Dieu sait si la famille nombreuse
aujourd'hui se fait de plus en plus rare. Un peuple qui n'aime plus les enfants
est un peuple en train d'agoniser. Je me demande si, devant
l'égoïsme et l'indifférence de plusieurs
éléments de notre population, nous n'en sommes pas rendus
à ce point.
Je tiens ici à féliciter le ministre des Finances qui a
été l'inspirateur des habitations Jeanne-Mance. Ce n'est
peut-être pas, aux yeux de quelques-uns, des habitations idéales,
mais c'est certainement beaucoup mieux que celles qui n'ont jamais
été construites par ceux qui les critiquent. Ce complexe
domiciliaire a quand même apporté dans un quartier
délabré une grande part de propreté et de dignité
humaine. Démolir, rebâtir, restaurer, rénover, ne doit pas
se faire à la légère. On doit toujours tenir en ligne de
compte, les besoins, les habitudes et les désirs des habitants des zones
à rajeunir.
M. le Président, ici, je voudrais faire une demande au premier
ministre à l'effet que, depuis six ans, on a exproprié à
travers la province de nombreuses propriétés sans tenir compte de
dédommager les locataires de ces propriétés qui souvent
n'avaient même pas les moyens de déménager dans d'autres
demeures. On a payé les propriétaires, on a payé tout le
monde, mais les locataires de ces secteurs n'ont jamais reçu un sou en
dédommagement pour les expropriations, et je fais le voeu que le premier
ministre prenne bien soin, non pas seulement pour l'avenir, mais aussi
rétroactivement des personnes qui, au cours des derniers six ans, ont
été expropriées et ont dû déménager et
s'endetter pour se reloger dans d'autres propriétés.
M. CHOQUETTE: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. SAUVAGEAU: Non.
M. CHOQUETTE: Vous ne me permettez pas une question?
M. SAUVAGEAU: Non, non, non.
M. CHOQUETTE: Est-ce que c'est seulement depuis six ans...
M. SAUVAGEAU: Non, non, non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je regrette, mais l'honorable
député ne permet pas de question.
M. SAUVAGEAU: Il est bien répandu que le peuple
québécois à cause de ses origines paysannes se
défend de vouloir vivre dans des maisons en hauteur.
Je crois bien que cet avancé va pour les hommes de ma
génération et celle qui m'a précédée. La
génération qui me suit n'a peut-être pas les mêmes
conceptions de la vie urbaine, c'est pourquoi on devrait tenter pour satisfaire
les goûts de tous et chacun de viser à construire des complexes
domiciliaires mixtes dans lesquels se retrouveraient tous les types de
logements. Il faudrait aussi toujours construire dans une très grande
proportion en fonction de la famille et toujours avec des formules
financières qui permettraient qui prendraient en considération
les obligations sociales du chef de famille. Ces habitations à formules
mixtes empêcheraient la ségrégation des
générations. Nous en sommes rendus dans notre belle province
à séparer tout le monde.
Autrefois on se limitait aux deux sexes, aujourd'hui, ça touche
les enfants, les parents, les vieux. Les enfants ne savent plus ce que c'est
que la vieillesse, car les vieux sont en pension ailleurs, les vieux oublient
qu'ils ont été enfants, les parents se préparent à
vieillir en répétant que les enfants les font mourir.
C'est une société bien malade que celle qui se refuse
à apporter des remèdes nécessaires à la promotion
de ses valeurs sociales. Le remède quasi universel à nos tares
sociales se résume à notre population la plus
défavorisée tous les avantages d'une condition de vie plus
humaine en lui offrant l'avantage de bien se loger suivant ses moyens et ses
besoins.
Nous aurons toujours dans notre société des individus qui
vivront en marge des lois établies mais le taux de la criminalité
pourrait être considérablement diminué si nous nous
efforcions d'éliminer davantage les quartiers désuets de nos
villes qui sont assez souvent des endroits qui invitent à la
misère et à l'oisiveté. J'ai tout le respect possible pour
ces vieux résidants de quartiers vétustés qui s'occupent
de leurs vieilles maisons et qui les tiennent propres et salubres, mais j'en ai
beaucoup moins pour certains requins séraphiniques qui laissent leur
propriété délabrées et qui exploitent honteusement
les gagne-petit.
Ce sont eux des vrais ennemis de la société, et ce sont
eux que l'on devrait mettre à raison et leur appliquer impitoyablement
toutes les rigueurs des règlements municipaux. Le gouvernement de
l'Union Nationale a l'intention d'établir une loi favorisant la
restauration de s vieux quartiers urbains. M. le Président, soyez
assuré que ce projet recevra de la part de la population de
Montréal et, je suis sûr, de toutes les autres villes de la
province tout l'encouragement nécessaire pour que nous donnions
le plus tôt possible à la population de nos villes des habitations
salubres auxquelles elle adroit. L'Union Nationale est le parti du peuple, il a
bien la ferme intention de la prouver en agissant que dans les
intérêts les plus impérieux de notre population de la
province.
M. le Président, il y a des choses qui dépassent assez
souvent l'imagination de l'homme moyen et devant lesquelles il se pose des
questions. Nous aimons à vanter chez nous les qualités de nos
femmes et nous les tenons en très haute estime pour ne pas dire
davantage pour plusieurs d'entre nous. On m'a communiqué une demande de
promoteur de match de lutte qui demandait l'autorisation de présenter
à Montréal des spectacles avec des lutteuses en vedette. Ce
promoteur était tout fier de mentionner que d'autres villes de la
province présentaient des spectacles semblables et que tout le monde en
était enchanté.
Je suis complètement d'accord avec les syndicats qui nous disent
le slogan: Pour la femme, à travail égal, salaire égal.
Mais je n'irai pas aussi loin lorsqu'il s'agit de « lutteuses
».
M. CHOQUETTE Qu'est-ce que vous pensez du « roller derby
»?
M. SAUVAGEAU: Je ne veux pas poser au bigot, loin de là. Je
considère trop la femme pour lui permettre de s'exhiber dans un
rôle qui lui fait perdre toute son exquise féminité. La
commission athlétique de Montréal ne permet pas que de tels
matchs soient présentés dans sa ville et pourtant,
Montréal ne sollicite pas le prix de vertu.
Je me demande pourquoi de telles manifestations disgracieuses sont
permises dans certaines villes de la province, et même dans la capitale.
Ces exhibitions ne sont même pas du sport...
On va les laisser rire et on continuera après.
J'admire une athlète féminine comme Nancy Greene, qui ira
chercher le championnat de ski, mais jamais je n'admettrai que l'on permette
à une femme de perdre sa féminité dans des spectacles
disgracieux. Je reste toujours étonné aussi que notre
réseau national de télévision, Radio-Canada, persiste
à nous présenter son match sur roulettes où des vedettes
féminines... encore une fois, on a fait preuve de mauvais goût
dans l'exploitation des charmes féminins, s'il peut en exister quand on
voit des participantes se bousculer comme des ivrognes en foire.
Je crois que Radio-Canada est avant tout un organisme qui se doit de
nous présenter
à son réseau de télévision des programmes
seulement divertissants et éducatifs. Remarquez bien que je ne
désire pas enlever à nos partenaires une parcelle de leurs
droits. Le rôle de la femme est trop important dans notre
société moderne pour qu'on la laisse perdre sa dignité aux
mains d'individus qui se servent de ses charmes pour la commercialiser
légalement. La femme a le droit comme l'homme de pratiquer des sports,
mais il faudra voir à ce que les sports professionnels qui s'infiltrent
partout, jouissant d'une liberté d'agir presque sans contrôle, ne
prennent pas prétexte de tout pour arrondir leur mise aux dépends
des participants et des spectateurs.Il faudra qu'un jour le législateur
se préoccupe de légiférer dans le domaine des sports afin
d'y mettre de l'ordre en attendant que les villes et les municipalités
de la province, qui ont le pouvoir de réglementer, prennent toutes les
mesures possibles pour qu'il ne se commette pas d'abus et que surtout l'on ne
prenne pas la femme athlète comme prétexte pour présenter
des spectacles disgracieux. Le gouvernement actuel pourrait intervenir si, au
niveau inférieur, on ne sait pas prendre ses responsabilités.
M. LE PRESIDENT: L'honorable député d'Huntingdon.
M. LESAGE: Est-ce qu'il n'y a pas de conseil des ministres?
M. JOHNSON: Je n'avais pas invité le chef de l'Opposition, mais
c'est vrai.
M. LESAGE: Non, je sais. C'est parce que le ministre du Travail s'est
plaint qu'il était plutôt malade cet après-midi. Etant
donné qu'il y a du conseil des ministres et qu'il doit être
là, je ne veux pas être responsable d'une rechute.
M. JOHNSON: Would the Honourable Member ask for the adjournment of the
debate?
M. FRASER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que la motion de l'honorable
député de Huntingdon d'ajourner le débat est
adoptée? Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, je propose l'ajournement de la
Chambre à demain, onze heures, alors que l'Opposition pourra attaquer le
ministre du Travail, qui défendra ses crédits et à l'autre
comité des crédits, les prévisions du ministre de la
Justice, puisque Tourisme, Chasse et Pêche est terminé depuis six
heures dix, ce soir. Demain, en comité des subsides, donc, onze
heures.
M. LE PRESIDENT: La Chambre ajourne ses travaux à demain matin,
onze heures.
ANNEXE Référer à la version PDF page 2595