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(Dix heures du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions, présentation de rapports de comités
élus, présentation de motions non annoncées,
présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LESAGE: M. le Président, le Régime de rentes du
Québec exige que tout participant au régime ait un numéro
d'assurance sociale, par proclamation le lieutenant-gouverneur en conseil vient
de fixer la date à compter de laquelle la demande de numéro
d'assurance sociale doit être faite.
L'obligation de demander un numéro s'applique à tout
particulier Sgê de 18 ans ou plus qui exécute un travail
visé par le régime et à qui un tel numéro n'a pas
déjà été attribué. La Régie des
rentes est chargée de l'attribution des numéros.
Le fait de ne pas avoir de numéro d'assurance sociale peut
entraîner des conséquences sérieuses. En effet, aucune
contribution versée au Régime des rentes ne pourra être
portée au compte d'un participant qui n'aura pas de numéro
d'assurance sociale. Imppossible de porter ces versements à son
crédit s'il n'a pas de numéro en vertu du système
mécanographique autrement dit. La Régie des rentes ne pourra donc
déterminer le montant de la rente de retraite et des autres prestations
auquel un tel participant pourrait avoir droit en vertu du régime. En
d'autres termes, le travailleur salarié ou à son compte qui
n'aura pas de numéro d'assurance sociale devra quand même verser
des contributions mais il ne pourra recevoir de prestations.
Un grand nombre de citoyens du Québec ont déjà un
numéro d'assurance sociale. C'est le cas en particulier de ceux qui ont
fait la demande à titre personnel et de ceux qui contribuent
actuellement à l'assurance-chômage. Ce numéro est valide
pour les fins du Régime des rentes du Québec.
Ceux qui ont déjà un tel numéro ne doivent donc pas
en demander un nouveau car ce geste, à ce moment-ci, pourrait être
cause d'erreurs graves.
Seules les personnes qui n'ont pas encore demandé un
numéro ou celles qui ont perdu leur carte d'assurance sociale doivent
présenter une demande à la Régie.
Selon les renseignements que me communi- que le président de la
Régie des rentes, M. Robert De Coster, cet organisme procède
présentement à la distribution d'une documentation
appropriée relative à l'attribution des numéros
d'assurance sociale à travers le public.
Les employés doivent demander leur numéro d'assurance
sociale par l'intermédiaire de leurs employeurs qui auront reçu
de la Régie des rentes les formules nécessaires. Une fois ces
formules remplies et remises aux employeurs, ceux-ci les retourneront à
la Régie.
Quant aux travailleurs à leur compte, ils doivent demander leur
numéro d'assurance sociale directement à la Régie des
rentes, boulevard Laurier, Québec. Vers la mi-septembre, la Régie
leur expédiera les formules nécessaires qu'ils devront remplir et
lui retourner, à la Régie.
Les personnes qui n'auraient pas reçu de formules de demande
pourront les obtenir aux endroits qui leur seront désignés en
temps et lieu par les moyens ordinaires d'information.
Relativement au numéro d'assurance sociale, le gouvernement que
je dirige se prépare à conclure une entente avec les
autorités fédérales aux termes de l'article 213 de la Loi
du Régime de rentes.
En vertu de l'entente projetée, le Québec utilisera pour
les fins du Régime de rentes le système de numéro et de
carte d'assurance sociale déjà utilisé pour les fins de
l'assurance chômage et qui servira aussi pour celles du Régime de
pensions du Canada.
Le gouvernement apportera ainsi à un problème
extrêmement complexe une solution simple et économique qui
représente en outre l'avantage de ne pas faire obstacle à la
mobilité de la main-d'oeuvre.
Grâce à cette entente, les travailleurs du Québec,
tout en participant à un Régime de rentes authentlquement
québécois, pourront aussi sans avoir à utiliser un autre
numéro d'assurance sociale participer au Régime de pensions du
Canada s'ils vont occuper un emploi dans une autre province.
Nous éviterons ainsi la multiplication des numéros et les
complications qui en résulteraient pour les citoyens en
général et les employeurs en particulier. D'autre part, cette
mesure permettra de réduire considérablement les frais
d'administration du Régime de rentes du Québec, chose
évidemment tris importante à considérer, pour ceux qui
recevront des prestations.
Je dois préciser que les nouvelles cartes d'assurance sociale
distribuées par la Régie des rentes seront
légèrement différentes de celles distribuées
jusqu'à maintenant par la Commis-
sion d'assurance-chomage. Ce sera une feuille d'érable et non les
armoiries du Canada.
M. BELLEMARE: Ah! bon.
M. LESAGE: Les différences, à part celle-là, sont
mineures et n'affectent aucunement la validité des cartes
déjà en circulation.
Il n'est pas possible, à l'heure actuelle, d'échanger les
anciennes cartes contre des nouvelles, et cela à cause du surcroît
de travail que va requérir la distribution des cartes à ceux qui
n'en ont pas dans le moment.
Les détenteurs d'anciennes cartes, comme le député
de Champlain et moi j'en ai une, moi aussi seront avisés
en ternes opportun du moment où il leur sera loisible de procéder
à cet échange.
L'entente que le Québec va conclure avec Ottawa sera renouvelable
tous les ans, au gré des parties intéressées. Il sera
possible d'y mettre fin le 31 mars de chaque année, sur préavis
d'un an, si le gouvernement du Québec vient à juger plus
avantageux d'établir son propre système de numéro
d'assurance-sociale. Ainsi, l'autonomie du Québec est pleinement
sauvegardée.
Je désire déposer copies des deux arrêtés
ministériels qui sont à la base de la déclaration que je
viens de faire. Il y en a deux copies de chacun, une copie pour les archives et
une copie pour le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Je sais qu'il n'est pas dans la tradition de cette Chambre
de permettre à l'Opposition de faire des commentaires sur des
déclarations ministérielles. Je regrette que cette tradition
n'existe pas, car la déclaration du premier ministre, ce matin, me porte
à vous faire plusieurs commentaires dont je devrai m'abstenir.
Cependant, je pourrais les faire sous forme de questions et je voudrais
tout de suite poser la question au premier ministre: pourquoi, alors que j'ai
soulevé le problème depuis au-delà d'un an, soit au mois
de février 1964, je crois, on n'a pas pris les mesures
nécessaires pour avoir une carte provinciale de l'Etat du Québec
qu'Ottawa aurait accepté pour fins de transférabilité dans
tout le reste du Canada?
M. LESAGE: M. le Président, ma réponse est bien simple,
elle est contenue d'abord dans les raisons que j'ai données dans ma
déclaration et qui est complète sur le sujet et,
deuxièmement, les arrêtés ministériels sont
datés du 3 août 1965.
M. JOHNSON: M. le Président, le gouvernement...
M. LESAGE: Et la Régie des rentes, les membres de la Régie
des rentes sont entrés en fonction le 1er août.
M. JOHNSON: M. le Président, d'autres départements
auraient pu y voir. C'est, d'ailleurs, le premier ministre qui, dans cette
Chambre...
M. LESAGE: M. le Président, l'autre département y a vu.
J'ai donné toutes les raisons, on peut le dénoncer avec avis d'un
an. L'entente, on peut la dénoncer avec avis d'un an, j'ai donné
toutes les raisons. La question du député est superflue. Toutes
les raisons ont été données dans la déclaration que
j'ai faite.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a
déjà déclaré dans cette Chambre; nous travaillons;
il y a un groupe de fonctionnaires qui ont reçu le mandat
d'étudier la possibilité d'établir une carte provinciale.
C'est sur la déclaration qui date d'un an.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai donné la réponse
de ce comité dans la déclaration que je viens de faire. Tout est
là, tout est complet, il n'y a rien à ajouter.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est la période des
questions, je présume.
M. LESAGE: Bien, ça a l'air d'être commencé comme
ça.
M. JOHNSON: M. le Président, l'item numéro 1...
M. LESAGE: Ah! oui.
M. JOHNSON: ... qui apparaît au nom du premier ministre: motion de
M. Lesage, qu'une humble adresse soit présentée à Sa
Majesté la reine dans les termes suivants...
M. le Président, il s'agit, comme vous le savez, de la formule
qui devrait être baptisée désormais Favreau-Lesage. Est-ce
que...
M. LESAGE: II a décidé d'être
désagréable jusqu'à la fin. C'est bien diable, hein? Pas
moyen.
M. BELLEMARE: Soyez donc patient jusqu'à la fin.
M. LESAGE: Bien, je le suis mais, enfin...
M. COURCY: Cela ne se corrige pas! M. JOHNSON: Le premier
ministre...
M. LESAGE: Pour moi, c'est tellement ancré là...
M. JOHNSON: ... a-t-il l'intention, lorsque nous nous réunirons
de nouveau probablement à l'automne, d'utiliser le même truc de
procédure pour nous empêcher de parler de la fameuse formule?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai employé aucun truc de
procédure. La formule a fait des progrès considérables.
J'examinais, ce matin, une copie de feuilleton du mois de mai; c'était
l'item 43; ce matin, c'est le numéro 1.
M. BERTRAND: Cet item-là, ça le fait mourir. Une
mortalité à retardement.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. BERTRAND: Elle est morte à retardement.
M. JOHNSON: ... on pourra dire, à juste titre, que c'est le seul
item qui est mort avec la fin de la session. Je voudrais demander au premier
ministre s'il a pris les mesures nécessaires pour que le Parlement
britannique, lorsqu'il aura à se prononcer sur une adresse de
l'Assemblée législative, soit également informé de
l'autre aspect du problème, afin de pouvoir se prononcer en toute
connaissance de cause.
M. LESAGE: Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai
déjà dit sur le sujet, M. le Président. J'ai
été questionné hier là-dessus, j'ai répondu
pleinement.
M. JOHNSON: Le premier ministre voudrait-il nous dire s'il a reçu
des nouvelles du cheminement ou de l'acheminement de l'Adresse de
l'Assemblée législative à Sa Majesté la reine
concernant les pouvoirs du Conseil législatif?
M. LESAGE: Comme je l'ai dit hier, par les journaux.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le Cabinet de
Grande-Bretagne a des conseillers juridiques, qui travaillent plus vite que les
conseillers juridiques du premier ministre?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieursl Un message du Conseil
législatif.
M. JOHNSON: M. le Président, avant que vous lisiez le message,
j'avais d'autres questions à poser.
M. LE PRESIDENT: Pas maintenant. Sur le même sujet?
M. JOHNSON: Non.
M. LE PRESIDENT: Pas sur le même.
M. JOHNSON: Non, je vais changer de sujet. J'arrive à Sidbec
là.
M. LE PRESIDENT: Très bien!
M. LESAGE: J'ai fait une déclaration complète, hier.
M. BELLEMARE: M. le Président, au ministre de l'Agriculture,
est-ce que M. Nolasque April a démissionné comme
président?
M. COURCY: Pas encore, M. le Président. M. BELLEMARE: Pas encore?
M. COURCY: Non.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il a fait son option?
M. COURCY: Pas encore, M. le Président.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il doit la faire prochainement?
M. COURCY: Possiblement, M. le Président.
M. BELLEMARE: Alors, c'est sûr qu'il va démissionner?
M. COURCY: Peut-être, M. le Président.
M. BELLEMARE: Ah! ça c'est bon! La, il s'est fait prendre. Le
ministre du Travail...
UNE VOIX: ... ne peut pas faire ça.
M. BELLEMARE: Le ministre du Travail
a déclaré en cette Chambre qu'un comité avait
été formé et qu'on étudiait, que l'honorable juge
Bastien étudiait, considérait la possibilité de
donner...
M. LESAGE: Un salaire...
M. BELLEMARE: Merci, monsieur le premier. D'établir un salaire
minimum...
M. LESAGE: Minimum...
M. BELLEMARE: ... de $1 de l'heure.
M. LESAGE: C'est ça!
M. BELLEMARE: Est-ce que le rapport... ?
M. LESAGE: Non!
M. BELLEMARE: Non, non, le ministre du Travail sait tout ça.
M. LESAGE: Il n'est pas arrivé encore.
M. BELLEMARE: Non, non, mais le ministre... donnez-lui donc un petit peu
de valeur, à votre ministre.
M. LESAGE: D'accordl Bon!
M. BELLEMARE: Que son nom paraisse dans les journaux...
M. LESAGE: Nous en avons parlé, hier.
M. BELLEMARE: Que son nom figure dans les journaux!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! M. BELLEMARE: Alors, M. le
Président... M. FORTIN: Il s'en vient! Il s'en vient!
M. BELLEMARE: Non, non, mais le ministre... c'est le temps de faire une
déclaration: Oui, il se fait un gros travail et puis je vous garantis
que ça avance et puis les ouvriers vont être contents, puis
ça va être probablement ces jours-ci, c'est sous étude.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre!
M. BELLEMARE: Une autre. M. le Président...
M. FORTIN: M. le Président, je suis certain que les ouvriers vont
encore, une autre fois, être contents. Le travail est pratiquement
terminé. Il y a seulement le point final à mettre au bout de la
phrase.
M. BELLEMARE: Bon! Au moins, vous allez avoir quelque chose dans les
journaux, vous.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordrel
M. BELLEMARE: Une autre question, M. le Président, au ministre du
Travail. Est-ce que la conciliation que fait présentement M.
Bérubé, du ministère du Travail, dans le différend
qui oppose actuellement les plombiers-électriciens contre la
corporation, est-ce que ç'a trouvé une solution?
M. FORTIN: Je peux dire qu'il s'est fait du travail depuis neuf heures
ce matin et qu'il va continuer à s'en faire.
M. BELLEMARE: Comme dernière question, pour cette session, au
ministre du Travail. Est-ce que le ministre a en main le nombre de
grèves depuis le 1er janvier 1965?
M. FORTIN: Si le député de Champlain m'avait
prévenu de sa question, j'aurais apporté des chiffres avec
moi.
M. BELLEMARE: Est-ce que...
M. FORTIN: Je ne peux pas lui dire à l'heure actuelle qu'on... De
mémoire, je crois, que dans le mois de juin, c'était treize ou
quatorze.
M. BELLEMARE: Ah! non, non. Depuis le 1er janvier.
M. FORTIN: Ah! depuis le 1er janvier? M. CREPEAU: Quelle année?
M. BELLEMARE: 1965.
M. FORTIN: Je sais qu'en février et en mars il n'y avait aucune
grève dans la province de Québec.
M. BELLEMARE: Ah! il y en avait deux. Deux qui ont été
réglées.
UNE VOIX: Demandez-le au premier ministre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! DES VOIX: A l'ordre, à
l'ordrel
M. FORTIN: M. le Président, si le député de
Champlain a la réponse, je n'ai rien à lui dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordrel Je crois que...
M. FORTIN: Posez votre question au feuilleton!
M. BELLEMARE: Ah! oui, ah! oui. Message du Conseil
législatif
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Un message du Conseil
législatif. « Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement le bill suivant:
Bill No 82 intitulé: « Loi de l'aide aux invalides.
»
Bill No 83 intitulé: « Loi de l'assistance aux personnes
âgées. »
Bill No 84 intitulé: « Loi des allocations aux aveugles.
»
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LESAGE: 82 et 84.
M. LE PRESIDENT: 82, 83, 84.
M. LESAGE: 82, 83, 84.
M. LE PRESIDENT: Sans amendement.
M. LESAGE: Oui. Mais 82 avait déjà été
amendé ici.
M. LE PRESIDENT: Oui, c'est ça!
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: Alors, M. le Président, la troisième lecture de
la Loi des alcools.
M. JOHNSON: M. le Président, une question d'intérêt
public. Le ministre intérimaire de l'Education a donné une
réponse hier, et je l'en remercie, mais je reçois des
représentations, ce matin, que j'essaie de formuler sous forme de
questions.
Les reprises devant avoir lieu lundi prochain, n'y aurait-il pas
possibilité d'accorder un délai aux élèves qui ont
échoué à des examens et qui ont reçu un avis de ces
échecs hier seulement? J'espère que le ministre pourra voir
à ce qu'il y ait un délai accordé tant pour ceux que je
viens de mentionner que pour ceux qui n'ont pas encore reçu le
résultat de l'examen.
M. BINETTE: M. le Président, en réponse à la
question du chef de l'Opposition, je dois dire que le ministère de
l'Education est un des premiers intéressés à cette
question des examens et il prendra tous les moyens nécessaires à
sa disposition pour qu'aucun élève ne subisse de préjudice
à cause de ces erreurs qui ont été commises dans les
questions et à cause du retard à faire parvenir les
résultats d'examens. Les officiers du ministère étudient
la possibilité de donner à ceux qui doivent avoir des reprises la
chance nécessaire pour se préparer. Maintenant, s'il y a une
déclaration à faire dans ce sens-là, elle sera faite en
temps et lieu pour informer les étudiants concernés,
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Numéro 2. M. Wagner propose la
troisième lecture du bill numéro 85, « Loi modifiant la Loi
de la Régie des alcools ».
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais simplement dire
à cette Chambre que nous avons étudié très
sérieusement hier tous les articles de la loi du bill 85 concernant la
Loi de la Régie des alcools. Nous avons fait au ministre des suggestions
et nous lui avons demandé,certains collègues, s'il n'y aurait pas
possibilité de changer la formulation de certains articles. M. le
Président, ce matin, à la suggestion de mon collègue, le
député de Shefford, je propose un amendement bien bénin
qui rencontrera sûrement les vues de l'honorable ministre de la Justice
concernant l'article 11. Et ceci, M. le Président, je propose,
secondé par le député de Shefford, M. Russell, que les
mots après « que » dans la motion en discussion soient
retranchés et remplacés par les suivants: « Le bill
intitulé loi modifiant la Loi de la Régie des alcools soit
retourné au comité plénier avec instructions de l'amender
de façon à retrancher le paragraphe « b » de
l'article 11 ».
M. LESAGE: « b »?
M. BELLEMARE: « b » de l'article 11. L'ancienne loi donnait
2,000, puis là on le met à 1,000 dans les municipalités
rurales.
M. LESAGE: Bien oui, mais vos députés sont contre
ça?
M. BELLEMARE: Un instant, M. le Président, s'il y en a qui ont
à parler, ils peuvent le faire.
M. LESAGE: Bon bien, vote. Vote, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Sur la motion d'amendement proposée par M. Bellemare concernant
le bill 85, que tous ceux qui sont en faveur de l'amendement veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Messieurs Johnson, Elie, Bertrand, Bellemare,
Ducharme, Johnston, Guillemette, Russell, Somerville, Gosselin, Raymond,
Loubier, Majeau.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre l'amendement veuillent
bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT; MM, Bédard, Laporte, Lesage, Courcy,
Wagner, Arsenault, Saint-Pierre, Cliche, Dionne, Brown, Lafrance,
Lâlonde, Cournoyer, Couturier, Levesque (Bonaventure), Fortin,
Morissette, Binette, Beaupré, Turpln, Boulais, Roy, Colteux (Duplessis),
Harvey, Fortier, Lavoie (Laval), Blank, Maheux, Collard, Vaillancourt, Coiteux
(L'Assomption), Crépeau, Baillargeon, Ouimet, Brisson, Hébert,
Mailloux, McGuire, O'Farrell, Lacroix, Godbout, Dupré, Martin, Hardy,
Hanley.
Pour 13 Contre 45
Yeas 13 Nays 45
M. LE PRESIDENT: La motion est rejetée. La motion de
troisième lecture.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement, en
troisième lecture, je voudrais avoir l'occasion de replacer le
débat dans l'optique où il devrait l'être, à mon
point de vue.
M. LAPORTE: On ne savait même pas qu'il était
déplacé.
M. JOHNSON: Oui, M. le Président, il y a des
députés, il y a particulièrement un ministre qui fait du
strabisme quand il s'agit de comprendre la loi et de l'appliquer. Il est indis-
cutable que le projet de loi que nous avons devant nous élargit
considérablement les facilités de consommer de la boisson. Quant
à la disposition que nous avons tenté de faire rayer par
l'amendement du député de Champlain, secondé par le
député de Shefford, on peut facilement se rendre compte que,
maintenant, la Régie pourra accorder entre 600 à 800 nouveaux
permis. Si ça ne constitue pas un élargissement de la loi, je ne
comprends plus rien aux mots.
Deuxièmement, comme on l'a expliqué je n'y
reviendrai pas on facilite la consommation de la boisson d'une
façon très évidente dans d'autres articles qui ont
été critiqués par certains députés de cette
Chambre lors de l'étude de la loi en comité. Deuxièmement,
dis-je, on élargit la loi quand il s'agit des cabarets, quand il s'agit
des bars dans la cité de Montréal et dans l'île
Jésus, à toutes fins pratiques, sous une forme ou sous une autre
et dans toutes les villes de plus de 50,000 soient Hull, Trois-Rivières
et Sherbrooke. C'est clair, M. le Président, que l'on permettra une plus
grande consommation, ou du moins, pendant de plus longues heures.
L'effet de ces dispositions c'est d'exercer une discrimination envers
les hôteliers et je parle des hôteliers qui tiennent de
véritables hôtels au sens sérieux du mot, discrimination
envers tous les hôteliers dans le reste de la province et une
discrimination envers les citoyens qui n'habitent pas ces grandes villes.
M. Le Président, on raisonne comme si les touristes devaient se
tenir dans les grandes villes le dimanche. Alors, que sous prétexte de
favoriser le tourisme, on devrait, au moins, s'arranger pour que les gens ne
soient pas obligés de demeurer dans les grandes villes, les dimanches et
fins de semaine et dans leur période de vacances, s'ils veulent
bénéficier de certains privilèges qu'accorde la loi pour
ces grandes villes. C'est une discrimination donc, envers les hôteliers.
Je l'ai dit et je le répète, je n'au aucune espèce de
sympathie, aucune espèce de considération sérieuse envers
ces gens qui s'intitulent « hôteliers » et qui se limitent
à tenir, ce qu'on a appelé dans le language populaire, des
« beer joints ». Je n'ai aucune sympathie envers ces gens qui n'ont
ni cuisinier, ni locaux convenables pour servir des repas, qui refusent dans la
plupart des cas, de servir des repas, mais qui voudraient opérer
librement des grands « grills », selon l'expression populaire,
pouvant recevoir, 200, 300, 400, 500 et même jusqu'à 800
personnes. Salles insalubres, dans bien des cas, où s'engouffrent pour
tout un après-midi, une jeunesse désoeuvrée...
M. LE.SAGE: ... une soirée.
M. JOHNSON: ... et la soirée, M. le Président. Mais quand
il s'agit des véritables hôteliers à la campagne, en dehors
des grandes villes, on devrait les traiter sur le même pied que les
véritables hôteliers, et les ca-baretiers des grandes villes
mentionnées dans la. loi, où qui bénéficieront de
ces privilèges par suite des dispositions de la loi. M. le
Président, je pense bien que mon plaidoyer ne convaincra pas le
gouvernement, mais je voudrais faire ressortir l'illogisme qu'il y a, et
traiter une loi d'hypocrite et ensuite de maintenir l'hypocrisie pour tout le
reste de la province, sauf Montréal, Québec et trois autres
grandes villes. M. le Président, les citoyens qui résident en
dehors de ces municipalités comme les véritables hôteliers
qui opèrent dans des municipalités autres que celles que j'ai
mentionnées tantôt, doivent être considérés
comme des citoyens à part entière. Et la loi est mauvaise parce
qu'elle crée deux classes de citoyens.
Les gens qui sont en ville, eux, peuvent boire librement le dimanche
sans repas, mais les gens qui sont à la campagne, les gens de la
région de Chicoutimi, les gens du Bas du îleuve, les gens de
l'Ouest de la province, de l'extrême ouest de la province, les gens de
l'Abitibi, les gens de La Tuque, ces gens-là ne peuvent pas se conduire
comme du monde; il faut faire des prohibitions pour eux. On aurait dû
traiter tout le monde sur le même pied, on aurait dû, M. le
Président, donner les mêmes droits à tout le monde et ne
pas laisser à la discrémination de la Régie la
distribution de ces permis pour fins touristiques et sportives.
M. le Président, je m'arrête. Cependant, je voudrais faire
une dernière suggestion. Le problème de la fréquentation
des endroits licenciés le dimanche en est un sous un aspect particulier,
celui de la jeunesse. Quand il s'agit des touristes, quand il s'agit des
familles, des pères et mères avec leurs enfants, quand il s'agit
de gens qui ont atteint une certaine maturité, il ne devrait pas y avoir
de restriction et qu'on ouvre complètement partout dans la province
ça ne crée pas de problème. Ce qui crée un
problème, c'est cette jeunesse. Mais pourquoi se tient-elle" dans les
grills? Pourquoi veut-elle y aller et pourquoi, maintenant qu'on lui
défendra l'accès dans les hôtels le dimanche, ira-t-elle
boire sur les terrains de camping ou ailleurs? Pour une grande raison, c'est
qu'on a failli à la tâche d'organiser de véritables loisirs
dans la province.
M. LESAGE: Cela n'a rien à voir avec le bill.
M. JOHNSON: M. le Président, je demande, en terminant, que le
gouvernement, par un comité interministériel dans lequel devront
siéger le ministre de la Famille, le ministre de la Jeunesse et le
ministre du Tourisme, fasse une étude et obtienne le plus tôt
possible un véritable plan de développement des loisirs.
M. LESAGE: Vous n'avez pas le droit d'être là-dedans vous,
le procureur général.
M. JOHNSON: C'est bien beau, M. le Président, c'est bien beau de
blâmer les jeunes. Mais soyons réalistes, les parents ne peuvent
pas les garder à la maison...
M. LESAGE: J'ai prédit...
M. JOHNSON: ... ces jeunes de vingt ans, le dimanche.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Les crédits du ministère de la Famille et du
Bien-être social sont adoptés depuis longtemps et ça n'a
absolument rien à faire avec la discussion en question.
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement...
M. LESAGE: Mais...
M. JOHNSON: ... en relation avec cette loi,...
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition est comme un jeune vicaire qui ne
sait pas comment terminer son sermon, ça fait deux fois qu'il dit
« en terminant ».
M. JOHNSON: ... à l'occasion de cette loi... M. le
Président...
M. LESAGE: Qu'il arrive donc à la vie éternelle! Cela va
régler le cas.
M. JOHNSON: M. le Président, je suis prêt à donner
ma bénédiction au premier ministre! Même l'absolution!
M. LESAGE: Cela ne vaudra pas grand chose!
M. LAPORTE: On ne parle pas d'eau bénite là!
M. LE PRESIDENT: Bill 85, à l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, le problème, comme je l'ai
déjà dit dans cette Chambre,
est un problème sociologique et la loi est mal faite parce
qu'elle n'est pas le fruit d'une étude sérieuse des conditions
sociales de notre population et on ne règlera pas le problème par
cette loi. Au contraire, on crée des injustices envers les
hôteliers bona fide bien organisés, on donne une discrétion
trop grande à la Régie, quant aux permis pour fins touristiques
et sportives, et on élargit indûment la loi malgré toutes
les promesses solennelles qui ont été faites par celui qui a la
responsabilité de surveiller les intérêts de la famille et
de la jeunesse. M. le Président, loi mal faite, loi mal pensée,
loi discriminatoire, loi que nous ne pouvons accepter.
M. LESAGE: M. le Président, loi bien faite, loi adulte pour gens
adultes, loi qui permet...
M. JOHNSON: Rien du tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... que l'application en soit facilitée, loi
raisonnable. Ce sont là les commentaires qui ont été
recueillis au sujet de cette loi. Le chef de l'Opposition est seul à
avoir raison contre tous, comme d'habitude, comme le plus souvent, et c'est,
d'ailleurs, comme ça qu'il ne gagne jamais ses élections. Quand
on a toujours raison contre tout le monde, évidemment, et que le tout le
monde ne pense pas comme soi, que la majorité des gens est d'opinion
contraire, on n'a pas grand chance, il ne s'est pas donné de chance ce
matin parce qu'il n'y a aucun doute que le projet de loi qui est devant la
Chambre constitue un progrès marqué,..
M. JOHNSON: Permettra au libéraux de promettre la licence dans
les petites municipalités...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... pour gagner leurs élections.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment...
M. JOHNSON: Promesses pour gagner leurs élections. Promesses de
permis.
M. LESAGE: ... la politique et la partisa-nerie n'ont absolument rien
à faire avec cette loi, au contraire...
M. JOHNSON: On avait saturé...
M. LESAGE: ... au contraire...
M. JOHNSON: ... les grandes municipalités, là, on va
pouvoir en promettre aux petites places.
M. LESAGE: ... c'est justement pour rendre applicable cette loi que,
lorsque discutant ce projet de loi avec la procureur général,
nous nous demandions exactement ce que nous devions faire pour qu'elle soit
raisonnable et pour qu'elle soit applicable, la question que je me suis
posée, à moi, devant lui, a été la suivante;
« Qu'est-ce qu'un homme normal fait la dimanche? » Qu'il soit chez
lui, à Québec, à St-Paul de Montmagny, à
St-Pamphile ou qu'il soit en visite ailleurs avec sa famille ou avec des amis,
que fait-il au point de vue des boissons alcooliques? C'est ça la
question. C'était la première question a se poser et profitant de
l'expérience que j'ai, profitant de ce que j'ai constaté,
profitant de ce que j'ai lu tous les lundis dans les journaux au sujet des
accidents d'automobiles le dimanche...
M. JOHNSON: C'est illogique. Là tout le monde va se rendre
à Trois-Rivières prendre un coup, puis...
M. LESAGE: ... j'en suis venu...
M. JOHNSON: ... ils reviendront « paque-tés », puis
ils feront des accidents.
M. LESAGE: ... M. le Président, je regrette...
M. LAPORTE: Est-ce que c'est le deuxième droit de parole en
troisième lecture?
M. JOHNSON: Excusez.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne veux pas imiter le premier
ministre et l'interrompre.
M. PINARD: C'est bien parti pour ça. M. JOHNSON: Je m'excuse.
M. LESAGE: Evidemment, le chef de l'Opposition a toujours le
privilège d'aller fumer une cigarette derrière le
trône...
M. JOHNSON: Merci.
M. LESAGE: ... je ne l'oblige pas, mais qu'il ne pense pas qu'il va
être impoli s'il quitte son siège.
M. BELLEMARE: C'est ça qui arrive quand vous vous en allez,
vous.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: C'est ça qui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Quand Je m'en vais, j'ai des téléphones
à faire, j'ai beaucoup de travail administratif à faire en plus
de celui de la Chambre, on sait ça.
M. BELLEMARE: Parce que quand je parle, j'aime ça quand vous
êtes là.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition s'est plaint d'un point qui à
trait au bill. A part ça, il a parlé des loisirs, ça rien
à faire avec ça. C'est de la discrémination à
l'endroit des hôteliers de campagne. M. le Président, il n'y a pas
de discrémination à l'endroit des hôteliers de
campagne.
Il s'est plaint lui-mêne, au cours de ses remarques, du fait que,
dans les campagnes, dans ce qu'il a appelé des « beer joints
», les jeunesses moi, je lui dirai qu'il n'y a pas seulement les
jeunesses je dirai qu'il y a les hommes de la paroisse, du village, y
compris les jeunes qui s'attardent, le dimanche, avec un semblant d'olive ou de
jus de tomates ou de biscuits, qui s'attardent à partir de l'heure
où l'établissement est ouvert et qui en sortent, le soir, quand
ils ferment, sous prétexte d'avoir pris un repas. C'est ça! Le
raisonnement qui était le nôtre est le suivant...
M. JOHNSON: Qui a imposé ça?
M. LESAGE: C'est une erreur. C'est le Conseil législatif.
M. JOHNSON: Non, non! C'est l'Assemblée législative.
M. LESAGE: Pour ça, oui,... M. JOHNSON: Bon!
M. LESAGE: ... pas pour les cabarets. Ce qui était important,
c'est que les endroits pour manger soient, la semaine comme le dimanche, des
endroits pour manger; des restaurants et des salles à dîner; et
que les endroits pour boire soient les bars et qu'en fin de semaine, les salles
à manger et les restaurants ne tournent pas en bars ouverts pour devenir
ce qu'a appelé le chef de l'Opposition, des « beer joints ».
C'était ça le principe et puis il fallait que ce soit applicable.
Orr il arrive que, dans les villes, les salles à manger ont
des bars. Je connais des grands hôtels de Montréal, j'y vais quand
je suis à Montréal en fin de semaine. Le bar est ouvert à
certaines heures; à d'autres heures, il ne l'est pas. La semaine, le bar
est ouvert, la salle à manger est ouverte. Si je suis avec ma femme, je
puis arrêter au bar pour prendre une consommation avant d'aller manger.
Si je suis avec ma jeune fille et mon enfant, je puis aller directement
à la salle à manger et si ma femme et moi nous désirons
prendre un cocktail, nous avons le droit. Ma fille et mon fils n'ont pas le
droit d'en boire. C'est facile; ça, c'est la vie normale. C'était
ce principe-là qu'il fallait consacrer, de voir à ce que ce soit
normal partout.
Or, ce n'est pas normal dans trop d'endroits de la province de
Québec, dans les villes de moins de 50,000 âmes; c'est aussi
simple que ça. C'est qu'on avait tourné en buvettes ce qui est
censé être des salles à manger ou des restaurants
d'hôtel, où il n'y avait pas de permis de bar. Et il était
impossible, ou pratiquement, de faire observer la loi, à cause de la
difficulté qu'il y avait de préparer des causes contre ceux qui
violaient la loi. Alors, il y avait un moyen bien simple c'était de
dire: « Très bien, comme des gens normaux. Vous voulez avoir un
verre avant de manger, le dimanche? Bien, vous l'aurez le midi; de midi et demi
jusqu'à trois heures, de midi à trois heures. Vous voulez prendre
deux cocktails, monsieur? prenez-en deux. Vous voulez prendre du vin en
mangeant? prenez-en. Vous voulez une liqueur fine après? prenez-la.
Mais, à trois heures et demie, il n'y a plus rien sur la table ».
Et puis si, entre trois heures et demie et puis cinq heures et demie, il y a de
la boisson sur la table, la cause est faite. Voyez-vous la différence?
La cause est faite!
On va les faire disparaître, les « beer joints »,
c'est pour ça que la loi est faite comme ça. Remarquez, M. le
Président, lisez les journaux le lundi. Où ont lieu les
accidents? autour des « beer joints », des petits canots; pas dans
les grandes villes, pas sur les grandes routes, lisez les journaux, le
lundi.
M. JOHNSON: On verra.
M. LESAGE: Dans les rangs de campagne
où on revient du « beer joint ». L'expression vient
du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: C'est consacré, c'est connu.
M. LESAGE: Vous l'avez consacré ce matin.
M. JOHNSON: Non, je n'ai pas ces pouvoirs divins.
M. LESAGE: II n'y a rien de divin là-dedans, il y a
peut-être du vin, mais il n'y a rien de divin.
M. BERTRAND: II y a de la bière aussi.
M. LESAGE: Pour ce qui est de l'ouverture des bars, on dit; les grandes
villes, on parle de tourisme, mais la Régie des alcools a exercé
judicieusement jusqu'à prient nous n'avons eu aucune plainte
son pouvoir d'accorder des permis d'ouverture des bars de quatre heures
à huit heures le dimanche pour fins sportives ou touristiques pour la
période déterminée au permis, période de
l'année déterminée au permis, nous l'étendons de
trois heures à dix heures et ça, c'est à travers la
province, ce n'est pas que dans les villes.
M. JOHNSON: Mais il faudra aller voir M. Ruben Levesque et puis y
retourner...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, il n'est pas
nécessaire de voir M. Ruben Levesque, il suffit de faire la preuve que
l'on tient convenablement un endroit touristique, que l'on a un bar
légalement avec une salle à manger et on aura le droit de servir.
Et des endroits comme les hôtels du nord de Montréal, par exemple,
où le tourisme est une industrie à l'année pourront voir
leurs bars ouverts de trois heures de l'après-midi à dix heures
du soir, ou onze heures, à dix heures du soir. Ceux qui voudront manger
le midi et qui veulent boire le midi, ils boiront le midi à table, mais
s'ils décident de prendre un coup l'après-midi, ils prendront le
coup à l'endroit où un coup se prend, c'est dans un bar, ce n'est
pas dans une salle à manger. Autrement, on tourne les salles à
manger et les restaurants dans nos campagnes en buvettes ouvertes. C'est
là le scandale. Je pourrais vous nommer des endroits, je ne sais combien
de fois, dix fois, les doigts de ma main, où j'ai vu des centaines
d'automobiles ramassées en plein dimanche autour d'un soi-disant
restaurant, d'un soi-disant hôtel et où l'on buvait toute la
journée, où on avait tourné en enfreignant une loi qu'il
nous était presque impossible de faire appliquer, où on tournait,
dis-je, un endroit où on est censé manger en un endroit où
on se saoule. C'est vrai ça, je l'ai vu. Inutile de se fermer les yeux
devant la vérité nue, devant la vérité toute crue,
c'est ça la vérité. Il fallait prendre les moyens. Et il
est nécessaire que la Régie ait discrétion dans l'octroi
de ces permis, parce que la situation varie d'un endroit à un autre.
Impossible par la loi de prévoir toutes les situations. L'on sait par
exemple que les hôtels de percé en Gaspésie sont ouverts
deux mois, deux mois et demi, qu'il y a des bars. Les hôtels de
Gaspé, c'est la même chose, pour le tourisme. Ils obtiendront le
permis de bar le dimanche, pour les touristes, durant la période du
tourisme. Mais l'hôtel le dimanche ne deviendra pas une buvette où
les gens de l'endroit, les citoyens vont se saouler.
C'est ça. C'est ça qui est raisonnable. C'est une loi
raisonnable pour des gens raisonnables.
M. JOHNSON: On prend pour acquit que les gens de Montréal peuvent
être raisonnables et ceux de Gaspé ne peuvent pas
l'être.
M. LESAGE: Je regrette infiniment. Ce n'est pas ça du tout. C'est
l'aménagement des lieux qui compte. A Montréal, les lieux sont
aménagés. A la campagne, c'est le chef de l'Opposition qui a dit
qu'ils n'étaient pas aménagés. On n'est pas
organisé pour faire la cuisine. Il n'y a pas de chambre
d'hôtel...
M. JOHNSON: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit.
M. LESAGE: ... et on tourne un soi-disant restaurant ou salle à
manger en buvette, je le sais, je l'ai vu. Il a raison, le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai fait une distinction. Il
y a à la campagne et dans les petites villes des hôtels
extrêmement bien tenus, d'aussi bonne qualité que les hôtels
de Montréal et des autres villes où l'on donne un tas de
privilèges et on les refuse à ces hôtels-là. Je ne
plaide pas pour les « beer joints ».
M. LESAGE: Si le chef de l'Opposition a des causes à faire valoir
devant le tribunal, qu'il aille les faire valoir, mais nous
légiférons dans la marge du possible. Est-ce que je vais
être obligé de répéter encore le refrain qu'il n'y
a
rien de parfait dans ce monde? C'est la quatrième fois que nous
l'amendons, la Loi de la Régie des alcools. Nous faisons un
honnête effort pour reconnaître des pratiques courantes au lieu de
se fermer les yeux devant les pratiques courantes et pour empêcher les
abus que nous connaissons. Nous savons où ils se sommettent ces
abus-là. Je n'ai pas le droit dr parler de l'amendement de tantôt.
C'est encore un moyen de provoquer des abus, l'amendement proposé par le
député de Champlain. Qu'on soit raisonnable. On a dit qu'on
voulait un vote libre. Si on n'avait pas corrigé hier le « cinq
heures » pour les salles à manger à la campagne, pour le
remettre à cinq heures et demie, j'aurais moi-même demandé
de revenir sur l'article et j'aurais proposé un amendement
moi-même sous peine d'être battu en Chambre. Il faut que les
inspecteurs et la Sûreté aient une période suffisante
où il n'y a pas de boisson sur la table, là les causes y sont
faites. Et ceux qui hippo... M. le Président, je...
M. JOHNSON: Je ne termine pas le mot. M. LESAGE: Je retire le mot
« hippo ». M. BERTRAND: Hippopotame.
M. JOHNSON: Ilippodrome. Ce sont des noms de course.
M. LESAGE: C'est un mot « hippo ».
Et ceux qui prétendent voter contre cette loi, j'en connais qui
vont voter contre, parce qu'elle était trop large ou parce qu'elle
n'était pas assez large, parce que leurs petits amis n'étaient
pas protégés, parce qu'ils seraientpris par la police.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est prêter des motifs.
M. GOSSELIN: C'est ridicule.
M. BERTRAND: Ne prêtez pas de motifs.
M. LESAGE: C'est ça la vérité. ... les raisons que
j'ai données, qu'on a voté contre la loi.
M. GOSSELIN: Tout votre raisonne ment jusqu'à date est
parfaitement ridicule. Il est simpliste.
M. BELLEMARE: Je soulève un point d'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas dit un seul mot du débat.
M. LESAGE: Oui mais c'est moi qui ai la parole.
M. BELLEMARE: Je soulève un point d'ordre. Le premier ministre
vient de prêter des motifs à tous les membres de l'Opposition, des
motifs inqualifiables, injustes. Je demande que vous demandiez à
l'honorable premier ministre de retirer ça. Il n'a pas le droit de dire
ce qu'il a dit tout à l'heure à l'endroit des membres de
l'Opposition...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LESAGE: C'est un
collectif...
M. BELLEMARE: ... qu'on a des systèmes à favoriser ou
qu'on attend des faveurs. Ah non, il n'a pas le droit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Ah non! non, il n'a pas le droit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, j'essayais de rendre une décision et
le député de Champlain a continué à discuter. C'est
évident que le premier ministre n'a pas visé le
député de Champlain ni aucun député
individuellement, il a parlé des gens. Il n'y a pas de question de
règlement, c'est le premier ministre qui a la parole. A l'ordre,
messieurs.
M. LESAGE: C'était un vote libre, je n'ai pas parlé de
l'Opposition.
M. JOHNSON: J'invoque le règlement. Le premier ministre a dit,
vous ne l'avez peut-être pas compris...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. J'ai rendu la décision, si
le chef de l'Opposition veut discuter, il a le droit d'en appeler, mais il n'a
pas le droit de discuter sur le problème.
M. JOHNSON: J'en appelle à votre décision. M. LALONDE:
Vote.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Que tous ceux qui sont en faveur du maintien de la décision
veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Bédard, Pinard, Laporte,
Courcy, Wagner, Saint-Pierre, Cliche, Dionne, Brown, Lafrance, Lalonde,
Cournoyer, Couturier, Morissette, Binette, Beaupré, Turpin, Boulais,
Lechasseur, Roy, Harvey, Fortier, Lavoie (Laval), Blank, Maheux, Collard,
Vaillancourt, Coiteux (L'Assomption), Crépeau, Fournier,
Théberge, Brisson, Ouimet, Baillargeon, Kennedy, Hébert,
Mailloux, McGuire, O'Farrell, Bernier, Lacroix, Godbout, Dupré, Martin,
Hardy, Hanley.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuille bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elle, Bertrand, Bellemare,
Ducharme, Johnston, Lafontaine, Guillemette, Russell, Somerville, Gosselin,
Lizotte, Raymond, Allard, Loubier, Majeau, Gagnon, Cloutier, Gauthier.
M. LE GREFFIER: Pour 48 Contre 19 Yeas 48 Nays 19
M. LE PRESIDENT: La décision est maintenue, c'est le premier
ministre qui a la parole.
M. LESAGE: Troisième lecture. M. LAPORTE: Même vote.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LESAGE: Même vote. M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré. Adopté
troisième lecture.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill No 63 intitulé: « Charte de la ville de Laval
».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, le Conseil législatif a
apporté des amendements très importants au bill 63, charte de la
ville de Laval. Plutôt que de lire les amendements, si l'on me
permettait, il y en a dix, qui se rapportent tous à deux sujets,
je préférerais résumer les sujets plutôt que
de lire ce qui serait fastidieux et probablement moins intelligible. Il y a
deux choses fondamentales. Le Conseil législatif décrète
que l'élection aura lieu le 21 novembre 1965, alors que dans le bill tel
qu'envoyé à la Chambre Haute, les élections avaient lieu
le premier dimanche de novembre en 1966.
Et deuxièmement, la charte de la ville de Laval n'entrera en
vigueur que le soir des élections, le 21 novembre 1965, et toute
l'élection serait organisée par la commission municipale qui,
à toutes fins pratiques, serait substituée aux
municipalités actuellement existantes pour la préparation de
l'élection.
Six jours après la proclamation de l'élection des deux
tiers des conseillers élus...
M. JOHNSON: Au moins!
M. LAPORTE: ... au moins des deux tiers, première
assemblée du conseil. S'il n'y a pas quorum, l'assemblée est
reportée à une date à être fixée par les
échevins qui sont présents et ainsi de suite, de remise en
remise, ad infinitum. Et si la chose se produit, la ville tombe en tutelle;
c'est la Commission municipale qui l'administre. C'est le menu que ces
messieurs de la Chambre Haute nous retournent.
M. le Président, quant à la date des élections,
j'ai donné à cette Chambre à maintes reprises, de
même qu'au comité des bills privés, les raisons qui nous
avaient amenés à fixer la première élection
générale au premier dimanche de novembre de l'année 1966.
J'ai invoqué le témoignage de mes principaux conseillers disant
que greffer une élection générale sur la période de
fusion des municipalités, de tous les services, de toutes les
administrations, ce serait risquer des inconvénients très
sérieux. Et j'ai déclaré à plus d'une reprise que
personnellement, j'aurais vivement préféré que
l'élection eût lieu plus tôt. J'ai assumé toute ma
responsabilité à ce sujet. Je me suis fait dire par plusieurs
personnes, par des journaux,
que c'était un procédé antidémocratique.
J'ai maintenu mes positions à la demande expresse des hauts
fonctionnaires de mon ministère. Nous sommes aujourd'hui en
présence d'une décision qui n'est pas de nous, qui satisfait mon
désir de tenir des élections et qui infirme l'opinion de mes
hauts fonctionnaires et j'accepte la décision du Conseil
législatif.
Le Conseil législatif est au courant de tout ce qui s'est dit sur
ce bill. Il est parfaitement au courant de la situation qui va être
créée sur l'île Jésus. J'accepte les
élections au mois de novembre 1965. Je veux qu'on sache que si ça
cause des inconvénients, des problèmes, la responsabilité
en sera au Conseil législatif qui a ignoré l'opinion
éclairée de mes principaux conseillers. Mais, personnellement, je
suis très heureux et je veux qu'on sache que la décision vient de
l'autre Chambre. L'élection va avoir lieu au mois de novembre 1965.
J'accepte. Oui.
M. JOHNSON: C'est pour ça qu'ils l'ont passé. Le ministre
avait dit qu'il serait heureux d'avoir des élections.
M- LAPORTE: Je comprends, je suis convaincu du désir du Conseil
législatif de m'être totalement agréable et je sais que
ça va aller jusqu'à la fin de l'étude, par exemple, ce
désir-là.
M. JOHNSON: Non, pas sur!
M. LAPORTE: Ah bon! Ce désir, c'était juste pour
l'élection.
M. JOHNSON: Je ne suis pas sur!
M. LAPORTE: Ah, moi non plus je ne suis pas sûr! On va voir
ça quand ça va surir tout à l'heure, là.
M. JOHNSON: Cela va surir?
M. LAPORTE: Cela va sûrir quand ils vont devenir surs. M. le
Président, l'élection, d'accord. Tout le reste est totalement
inacceptable. Totalement inacceptable. Je vais vous donner simplement des
raisons qui n'ont rien à voir avec les divergences de vues que nous
pouvons avoir politiquement... Il faudrait reprendre des chapitres complets de
ce projet de loi. Je vais simplement vous donner quelques exemples pour dire
que ça n'est pas mûri, que ce sont des amendements
rédigés sur le coin d'un bureau, rapidement, de bonne foi mais
par quelqu'un qui n'a pas eu le temps d'étudier la situation.
Ils ordonnent es élections le 21 novembre, puis ils ne
créent pas la ville; les conseils municipaux continuent d'exister, mais
ils ont oublié qu'il y a trois municipalités qui ont des
élections le premier lundi de novembre, cette année. Ce qui veut
dire que les trois municipalités, Ste-Rose et deux autres, m'a-t-on dit,
vont tenir leurs élections le 1er novembre, et elles vont retourner aux
urnes le 21 pour créer une autre ville. Cela, c'est la situation qu'on
nous propose. Puis on nous dit: « Bien, mon Dieu, amendez les amendements
afin de prévoir ça. » C'est ça, puis le reste, on
dit: « II y a 14 municipalités actuellement, on va tenir une
élection le 21 novembre, mais ce n'est pas les municipalités qui
vont organiser ça, c'est la Commission municipale ». L'on
crée une nouvelle jurisprudence pour la Commission municipale; on va lui
faire mettre les doigts dans les élections, imaginez-vous. Puis on va
être les seuls sur l'île Jésus, dans le climat qu'on
connaît.
Alors, au lieu que ce soient les gens de l'île qui prennent leurs
responsabilités, on va dire: c'est la Commission municipale! On va la
traîner devant les tribunaux! S'il y a des choses dont on n'est pas
content, on va dire: c'est la Commission municipale; on va trouver un excellent
moyen de passer ses responsabilités à un autre, puis sa
colère sur le dos d'un autre. Personnellement, je n'accepte pas que la
Commission municipale de Québec, qui est un arbitre et un juge, à
bien des points de vue, devienne l'organisateur d'élections surtout dans
le climat actuel de l'Ûe Jésus; ce serait lui faire courir des
risques inutiles. Les gens de l'Ûe Jésus, on nous a dit qu'on les
défranchisait, qu'on les considérait trop enfants pour mener
leurs propres affaires, parce qu'on suggère actuellement deux choses: de
leur enlever le contrôle de leurs élections, puis s'ils n'ont pas
quorum, de leur enlever le contrôle de la ville. C'est ça qu'on
nous suggère actuellement. Je me demande où est la logique dans
ça. Cela, c'est un argument d'ordre pratique; il n'est pas normal et il
n'est pas juste, il est imprudent de créer pour la Commission municipale
ce nouveau rôle. Je demande au Conseil législatif, qui y a
pensé, de concourir avec nous, pour ne pas créer pour la seule
fie Jésus ce précédent dangereux. La Commission
municipale, elle a de l'ouvrage autant qu'elle peut en faire; qu'on ne
l'embarque par comme organisateur d'élections. D'ailleurs, l'amendement
se lit, le premier paragraphe de l'amendement, c'est que
l'élection de la ville sera organisée par la Commission
municipale. Un peu plus, puis on écrivait dans ça qu'ils seraient
des honnnetes travail-
leurs d'élections, les gens de la Commission municipale.
Ce n'est pas le plus grave, M. le Président. C'est que le Conseil
législatif nous envoie un amendement qui est de nature d'un «
money bill », et ça c'est inacceptable, ce n'est pas de sa
juridiction. L'on me répondra, dans quelques minutes, qu'on a pris soin,
à même l'article, d'ajouter un dernier paragraphe: « Les
dépenses occasionnées par l'organisation et la conduite de cette
élection seront à la charge de la ville. » Et de quelle
ville? Elle n'existe pas. Elle va venir au monde le soir de l'élection.
Ce qui veut dire, techniquement, légalement, ce qui veut dire que c'est
la Commission municipale qui, à partir de maintenant jusqu'à la
tenue de l'élection, va mettre ses hommes, son personnel, les gens qu'il
faudra embaucher...
M. COURNOYER: Son chef de police.
M. LAPORTE: ... à la disposition de la ville de Laval; avec quel
argent? Voté par qui? Qui est-ce qui va payer? Les gens de la Commission
municipale à compter de demain matin. Est-ce que c'est la ville de
Laval? Elle n'existe pas, elle n'existe pas! Qui est-ce qui va payer à
partir de demain?
M. JOHNSON: La Commission municipale pourra se faire rembourser par la
ville, ah! oui, ah! oui.
M. LAPORTE: Ah! ça là, ce remboursement-là; mais
demain comment la Commission municipale va-t-elle rembourser? Comment le
Conseil législatif peut-il ordonner à la ville de de Laval de
rembourser de l'argent alors que la ville... La Commission municipale,
et je parle au chef de l'Opposition, va dépenser de l'argent
demain matin, voté par qui? Est-ce que c'est un « money bill
» ou si ce n'est pas un « money bill » ça? Avec quoi
paie-t-elle demain matin? Avec de l'argent que les Chambres ont voté
pour le ministère des Affaires municipales?
M. LESAGE: Ils n'ont pas le droit.
M. LAPORTE: Si on accepte l'amendement du Conseil législatif, on
dépense demain matin...
M. LESAGE: Ils n'ont pas le droit.
M. LAPORTE: L'argent voté par les Chambres; et le Conseil
législatif, n'a aucune juridiction sur ça. Je dis donc que pour
des raisons pratiques, que pour des raisons d'ordre juridique, il s'agit d'un
« money bill » et que cet amendement est absolument
inacceptable.
M. le Président, l'autre amendement, pour vous montrer comme
c'est rédigé trop rapidement, ça été
rédigé et on a l'impression, non pas pour améliorer, mais
pour régler un problème. On a dit, il ne faut pas... on va
arranger ça comme ça, c'est plein de trous, en anglais on dit des
« loop holes ». On dit par exemple à la deuxième page
de l'amendement no 3; « Au surplus, on parle de l'élection,
la commission municipale s'occupe de tout au surplus les dispositions de
la charte de la ville, applicables à ces élections,
régiront cette première élection. » Est-ce qu'il
s'agit de la charte de chacune des quatorze villes de l'île Jésus
ou s'il s'agit de la charte de la ville de Laval? Imaginez la commission
municipale qui s'en va faire le tour des quatorze greffiers, des quatorze
municipalités, pour organiser selon les listes électorales, qui
ne seront pas nécessairement semblables et faites de la même
façon dans les quatorze municipalités, pour faire élire le
maire puis les échevlns d'une nouvelle ville.
Quelles sont les concordances? Est-ce que les listes électorales
peuvent être prêtes partout en même temps? Il n'y a personne
qui le sait, c'est impossible à vérifier, on a simplement
constaté qu'il y a trois élections qui s'en viennent au
début de novembre, mais ça on n'a pas pensé à
ça, ils vont voter deux fois dans trois semaines; c'est peut-être
pour augmenter la démocratie sur l'Ile Jésus, je ne le sais
pas.
Alors, M. le Président, s'il s'agit des chartes des quatorze
villes, imaginez-vous le problème pour la commission municipale. S'il
s'agit de la ville de Laval qu'on va créer, on ne prévoit aucune
procédure, ça c'est exclu de la loi des cités et villes,
on ne prévoit aucune procédure pour la revision des listes
électorales, c'est pas prévu, on a oublié ça. C'est
pour ça que je dis qu'il faudrait reprendre les amendements, et je les
ai soumis ce matin à mes conseillers juridiques, et ils ont dit: «
II faudrait rédiger une vingtaine d'amendements nouveaux seulement pour
donner un effet légal à ceux-là, pour faire la concordance
avec ce qu'on voudrait. On voudrait que l'élection soit faite par la
Commission municipale, on voudrait que trois élections n'aient pas lieu
et puis on voudrait que les quatorze villes organisent, chacune à sa
façon, ça prendrait une vingtaine d'amendements pour donner force
de loi à ça.
On dit après ça, l'amendement No 4: « La
première assemblée du conseil de ville a lieu sans convocation
à l'hôtel de ville de la ci-devant cité de Chomedey
à huit heures du soir, le sixième jour qui suit celui, je
voudrais bien que la Chambre écoute bien ceci le sixième
jour qui suit celui où les deux tiers des candidats à
l'échevinage ont été proclamés
élus ». Quand même qu'ils ne sont pas tous
proclamés élus, ça, ils siègent quand même.
Il faut qu'ils surveillent..
M. LESAGE: Pas de convocation.
M. LAPORTE: ... de jour en jour, pas de convocation, mais il faut qu'ils
surveillent tous les jours pour savoir quand est-ce que le sixième jour
va arriver, parce qu'ils ne sont pas nécessairement tous
proclamés élus en même temps.
Si tous les candidats demandent un recomptage judiciaire, eh bien!
là, ça peut durer des semaines avant que la première
séance du conseil ait lieu.
M. LESAGE: Pas d'administration.
M. LAPORTE: Si par suite... là, ils se réunissent, le
sixième jour...
M. JOHNSON: ... s'il y a des contestations aux sièges, qui va
administrer, si tous les élus...
M. LESAGE: C'est prévu.
M. LAPORTE: C'est la Loi des cités et villes qui s'applique
partout. On ne sort cela de la loi des cités et villes, c'est ça
qui est le problème.
M. LESAGE: C'est ça.
M. LAPORTE: C'est ça le problème. C'est la loi des
cités et villes toujours.
M. LESAGE: Le bill tel que présenté au conseil, c'est la
loi des cités et villes qui s'applique.
M. JOHNSON: Si les élections de chacun des conseillers du maire
étaient contestées ou si on demandait...
M. LESAGE: Ils siègent.
M. JOHNSON: ... un recomptage.
M. LESAGE: Ils siègent, en vertu de la loi des cités et
villes, mais on les sort de la loi des cités et villes ici. Suivant les
amendements du conseil...
M. JOHNSON: Je répondrai tantôt.
M. LAPORTE: Oui, oui. Alors, M. le Président, l'on ajoute...
là le conseil se réunit, ils ont tout calculé ça,
le sixième jour là, ils se sont achetés des machines
calculatrices et ils arrivent. Si par suite d'absences, il n'y a pas quorum
à cet assemblée, les échevins présents l'ajournent
à une date ultérieure, au même endroit et à la
même heure, sans avis de convocation, et. .
M. LESAGE: Même s'il n'y a pas quorum.
M. LAPORTE: ... ainsi de suite jusqu'à ce qu'un quorum soit
formé. Eh bien! M. le Président, ce n'est pas juste drôle,
c'est dangereux, parce qu'il suffit... si on faisait des élections dans
l'absolu, là, on a employé l'autre jour le mot angélisme,
si on était dans le département des anges, là cela se
pourrait...
M. LESAGE: Cela, ça se pourrait à
St-Michel-Archange...
M. LAPORTE: Cela pourrait peut-être, mais dans le climat de l'Ile
Jésus, je crois que c'est un euphémisme que de dire qu'il y en a
qui sont pour et qu'il y en a qui sont contre la formation de la nouvelle
ville.
R suffirait qu'une majorité d'échevins élus contre
décident de ne jamais se présenter et la ville ne sera jamais
réellement formée. Elle tombe en tutelle, parce que là on
ajoute ceci: Dans l'intervalle... ça, l'intervalle, c'est
à mesure qu'ils attendent pour avoir le quorum dans l'intervalle,
la Commission municipale de Québec administre les affaires de la ville
avec tous les pouvoirs qu'elle possède en pareille occurence. Elle n'en
a aucun pouvoir en pareille occurence, ça, on l'a oublié; on n'a
pas le pouvoir pour ça. On a le pouvoir d'administrer une ville, dans un
seul cas, lorsqu'elle a fait défaut financièrement, lorsqu'elle
ne fait plus honneur à ses obligations. Et les pouvoirs qu'on a en
l'occurence, ça « n'occure » pas, on n'en a pas, M. le
Président, en vertu de la Loi de la commission municipale de
Québec. Je dis donc que même, si nous avions des pouvoirs, nous
accordons à des échevins la possibilité de bloquer
complètement l'administration de la ville simplement en ne se rendant
pas aux réunions, puis de faire tomber la ville en tutelle. Cela, c'est
de la vraie démocratie. Les gens votent, et ceux qui sont élus
décident de ne pas se présenter; là, la commission
municipale s'empare de la ville puis en fait des choux et des raves. C'est
absolument inacceptable, du simple point de vue du bon sens, puis du point
de
vue de l'administration démocratique. Je dis donc que nous sommes
en présence d'amendements sur un point précis: des
élections au mois de novembre 1965. D'accord. Quant au reste, je veux
bien croire que ces messieurs de la Chambre haute ont voulu améliorer le
projet de loi, mais je veux simplement leur dire qu'en tentant de
l'améliorer, ils ont créé beaucoup plus de
problèmes qu'ils n'en ont réglés, ça je voudrais
qu'on sache ça; en plus de nous envoyer un « money bill »
sur lequel ils n'ont absolument aucune autorité.
M. LESAGE: ... ils n'ont pas le droit de faire ça.
M. LAPORTE: M. le Président, pour toutes ces raisons, je dois
dire que nous allons accepter des élections au mois de novembre et
même là, ils ont décidé que les élections
avaient lieu le 21 novembre 1965.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LAPORTE: Le 21 novembre 1965. Oui, oui, le 21 novembre. Et même
là, ce n'est pas acceptable parce que la prochaine élection a
lieu dans quatre ans, et que pour qu'il y ait une élection le 21
novembre 1965, il faudrait faire de la concordance dans trois ou quatre
articles de la loi. Alors, nous disons donc que nous allons amender cet
amendement du Conseil législatif, simplement pour remplacer dans la Loi,
le chiffre 1966 par 1965. On disait, nous autres, que la prochaine
élection aura lieu le premier dimanche de novembre 1966, on va mettre
1965, ça va être encore plus démocratique parce que c'est
trois semaines plus tôt. On améliore leurs améliorations
là. Alors, M. le Président, pour toutes ces raisons, je propose,
secondé par M. Lesage, qu'un message soit envoyé au Conseil
législatif pour l'informer que l'Assemblée agrée, en
partie, les amendements que le Conseil législatif a apporté au
bill 63, intitulé: « Charte de la ville de Laval » comme
suit: L'amendement numéro 1, est agréé, on dit simplement,
au lieu de dire, à la sanction de la loi, c'est marqué: «
Les citoyens des villes forment ». Alors ça c'est simplement un
amendement sans conséquence. L'amendement numéro 2 est
agréé et en le modifiant de façon qui se lise comme suit:
L'article 5 du bill est remplacé par le suivant; L'article 17 de la Loi
des cités et villes est remplacé pour la ville par le suivant:
« La première élection générale du maire et
des échevins a lieu le premier dimanche de novembre 1965 ». Les
amendements aux numéros 3, 4, 5, 6 et 7.
M. LESAGE: ... c'est ça le « money bill »...
M. LAPORTE: ... que j'ai décrits sommairement tout à
l'heure...
M. LESAGE: ... un « money bill ».
M. LAPORTE: ... sont retranchés, l'amendement numéro 8 est
agréé, parce qu'à un endroit nous avions mis la
cité de Laval, alors que partout c'est la ville de Laval. Ils ont saisi
au vol cette erreur, et nous agréons. Comment?
M. JOHNSON: C'est l'amendement numéro 6?
M. LAPORTE: Numéro 8, c'est l'amendement numéro 8. Cela
m'a fait de la peine comme ça quand...
M. JOHNSON: ... mais voici, c'est une copie que le ministre m'a fait
parvenir...
M. LAPORTE: ... ah! bien, j'ai les amendements, peut-être que dans
la Loi, peut-être. Ah! ils ont condensé en 8. Alors, c'est
ça. L'amendement du bill numéro 6...
M. JOHNSON: J'aurais pu laisser le ministre s'avancer puis
démontrer que son amendement, sa proposition était inapplicable
et qu'elle était évidemment tout à fait hors d'ordre, si
j'avais voulu prendre la même sorte d'arguments que le ministre...
M. LAPORTE; Comment? Quelle sorte d'argument ai-je pris?
M. JOHNSON: Des arguments du genre de ceux que j'aurais pu prendre.
M. LAPORTE: Ah, non je vais être obligé de recommencer,
vous n'avez rien compris. Alors, vous lirez ça dans le journal des
Débats.
M. LESAGE: C'est normal.
M. LAPORTE: Vous lirez ça dans le journal des Débats. J'ai
simplement, très sérieusement...
M. LESAGE: Vous lirez ça demain.
M. LAPORTE: ... déclaré que l'élection nous
l'acceptons, que le « money bill » nous le recevons...
M. LESAGE: Nous le refusons.
M. LAPORTE: ... nous le refusons et que les autres amendements sont
inapplicables. C'est tout ce que j'ai plaidé, c'est tout ce que j'ai
plaidé. M. le Président, je vais faire les amendements ici,
sous-amendements parce qu'il faut que ça concorde avec ça et je
propose que ce message soit envoyé au Conseil législatif.
M. JOHNSON: M. le Président, il faut féliciter le Conseil
législatif d'avoir sauvegardé un droit fondamental, un droit
élémentaire, celui des contribuables d'élire leurs
représentants, soit le maire et leurs échevins. Je ne reviendrai
pas sur les arguments que nous avions apportés lors de l'étude de
ce bill aux différents stades, en deuxième lecture, en
comité des bills privés et en troisième lecture.
M. LESAGE: Vous ne le pourriez pas. Tout ce que vous avez le droit de
faire, c'est de discuter les amendements. Vous ne pourriez pas revenir sur les
arguments de principe, vous pouviez discuter seulement les amendements.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre prétend qu'il y
a, dans les amendements du Conseil législatif, des omissions, des
irrégularités et d'autres défauts que je pourrais ramasser
sous une seule expression, qu'il y a dans ces amendements, dis-je, des
prévisions qui sont inapplicables et deuxièmement, qu'il s'agit
d'un « money bill ». Disposons tout de suite de cette question de
« money bill ». C'est le gouvernement qui a décidé de
créer une nouvelle ville. C'est le gouvernement qui a formé la
commission Sylvestre, commission qui a étudié pendant $70,000.
C'est le gouvernement qui a apporté un bill, non pas un bill selon les
procédés ordinaires des bills privés concernant les
municipalités, mais un bill public. C'est le gouvernement qui est
responsable de la conception, de la grossesse, et je dis, M. le
Président, qu'il doit aussi se charger normalement de l'accouchement,
qu'il doit payer les frais de gésine. La Commission municipale est
précisément formée pour prévoir ce genre de travail
et c'est tellement vrai qu'a l'occasion du bill concernant la ville de Renaud,
c'est la Commission municipale qui a été chargée
d'organiser et de surveiller le référendum et là, le
ministre voudrait aujourd'hui se prévaloir d'un grand principe de droit
britannique, voudrait s'objecter aux amendements du Conseil...
M. LESAGE: ... Bien... C'est votre premier ministre qui l'avait
fait.
M. JOHNSON: ... en disant, M. le Président...
M. LESAGE: II a le droit de le faire.
M. JOHNSON: ... il s'agit d'un «moneybill ». Je dis
d'abord...
M. LESAGE: Oui, c'est évident.
M. JOHNSON: ... qu'il ne s'agit pas d'un « money bill »,
parce que...
M. LESAGE: On va voir ça tantôt.
M. JOHNSON: ... la Commission municipale pourra se faire rembourser.
M. LESAGE: Mais non, il ne comprend rien, le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: La Commission municipale aura...
M. LESAGE: Est-ce que...
M. JOHNSON: ... à son service...
M. LESAGE: Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait...
M. JOHNSON: ... aura à son service...
M. LESAGE: ... régler le cas tout de suite?
M. JOHNSON: ... d'ici aux élections...
M. LESAGE: Est-ce qu'il veut régler le cas tout de suite?
M. JOHNSON: M. le Président, que le premier ministre me laisse
terminer mon intervention.
M. LESAGE: parce que je peux lui régler son cas dans deux minutes
en le référant aux estimés budgétaires.
M. JOHNSON: Très brièvement, M. le Président, que
le premier ministre prenne patience...
M. LESAGE: Non, non, je peux régler votre cas dans deux
minutes.
M. JOHNSON: ... M. le Président, le conseil, dans ses
amendements, a prévu que les employés des municipalités
actuelles seront dis-
ponibles au service de la Commission municipale, donc pas de
déboursés pour la Commission municipale...
M. LAPORTE: Et le délégué de la commission?
M. JOHNSON: ... M. le Président, le délégué
de la commission occupera une partie de son temps au téléphone
à donner des ordres à l'un ou l'autre des greffiers, l'un ou
l'autre des officiers des municipalités déjà payés
et qui vont demeurer sur la liste de paie des conseils municipaux actuels. Les
déboursés qui devront être faits le jour de
l'élection pour payer les officiers chargés de surveiller
l'élection le jour même, de faire fonctionner le mécanisme
de l'élection, ces officiers-là ne sont payés
qu'après leur travail accompli...
M. LAPORTE: Tiens!
M. JOHNSON: ... et à ce moment-là...
M. LAPORTE: C'est ça que vous plaidez?
M. JOHNSON: ... la ville aura été formée et la
ville, c'est pour ça que le Conseil le dit dans un de ses amendements,
c'est la ville qui...
M. LAPORTE: M. le Président... M. JOHNSON: ... devra payer...
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question? Est-ce que le chef de l'Opposition plaide sérieusement que la
dépense faite le jour de l'élection ne constitue pas un «
money bill », si c'est payé trois semaines après?
M. JOHNSON: M. le Président, c'est une dépense qui est
faite, qui est prévue ici dans les amendements comme une dépense
de la ville.
M. LAPORTE: Oui, mais est-ce que la dépense naît le jour
où elle est faite ou le jour où elle est payée?
M. JOHNSON: M. le Président elle naît le jour où\
elle est faite...
M. LAPORTE: Bon.
M. JOHNSON: ... et la ville peut quand même, si on lui en donne
les pouvoirs, payer le compte des officiers qui ont fait fonctionner le
mécanisme en vue de sa création, M. le Prési- dent, on
donne spécifiquement ce pouvoir à la nouvelle ville de payer les
officiers qui auront fait l'élection. M. le Président, «
money bill »...
M. LESAGE: Evidemment.
M. JOHNSON: ...en deux circonstances...
M. LESAGE: Ah, ah! je vous l'expliquerai tantôt. Vous ne voulez
pas que je vous l'explique tout de suite, je peux vous régler votre cas
dans deux minutes.
M. JOHNSON: ... à Ottawa, Ottawa, Canada...
M. LESAGE: je peux vous régler votre cas dans deux minutes.
M. JOHNSON: ... la majorité libérale au Sénat a
amendé ou bloqué des « money bill »...
M. LESAGE: Bloquer, ils ont le droit.
M. JOHNSON: M. le Président, en deux circonstances à
«Ottawa...
M. LESAGE: Ils ont droit de bloquer la dépense d'argent, ils
n'ont pas le droit d'en proposer, c'est cela qu'il ne comprend pas.
M. JOHNSON: ... M. le Président, dans deux circonstances, Ottawa,
le Sénat d'Ottawa, composé d'une très forte
majorité libérale...
M. LAPORTE: Bien non parlez donc du bill, Seigneur de la vie.
M. JOHNSON: Bien oui, je replace les faits.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que ça change à la Constitution
qu'il y ait une majorité libérale?
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LAPORTE: Discutez donc du projet de loi.
M. JOHNSON: ... M. le Président, ça change ceci...
M. LAPORTE: Ça change quoi?
M. JOHNSON: ... ça change que, à Ottawa lorsqu'une
majorité libérale du Sénat a bloqué deux bills d'un
gouvernement conservateur, le gouvernement conservateur n'a pas pris
prétexte de partisanerie politique, n'a accusé personne de ce
genre d'affaire et a accepté que le Sénat manoeuvre, que le
Sénat amende des lois, des-
dites lois « money bill » ou lois d'ordre financier. M. le
Président, en deux circonstances...
M. LAPORTE: Mais est-ce que quelqu'un...
M. JOHNSON: ... et nous avons maintenant l'inverse...
M. LAPORTE: ... doute du droit de bloquer un bill? mais si le
Sénat, avec sa majorité libérale, avait proposé des
dépenses additionnelles, est-ce que cela aurait été
constitutionnel?
UNE VOIX: Non.
M. LAPORTE: C'est ça qu'on se demande. C'est ça le
problème qu'on discute.
M. JOHNSON: M. le Président, le Sénat, en deux
circonstances, entre autres, sur une question d'accise...
M. LAPORTE A bloqué.
M. JOHNSON: ... non, il a amendé, sur une question d'accise, le
Sénat a amendé la loi, et c'était clairement un «
money bill ». M. le Président, le premier ministre...
M. LESAGE: Ils n'ont pas le droit de proposer des dépenses
d'argent vous le savez aussi bien que moi.
M. JOHNSON! Le premier ministre qui connaît le
précédent...
M. LESAGE: Oui, je le connais, mais il ne s'applique pas du tout, parce
que ça ne proposait pas une dépense d'argent...
M. JOHNSON: Le premier ministre...
M. LESAGE: ... il faut une résolution.
Ce n'est pas pour rien qu'on fait une prière toutes les fois
qu'on se lève sur une deuxième lecture quand il s'agit d'un
« money bill. »
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre pourra expliquer
en quoi le précédent concernant la loi des accises n'a pas
d'application...
M. LESAGE: Bien non, ça n'a rien à faire avec
ça.
M. JOHNSON: ... dans la présente cause. Mais le principe est le
même, il s'agissait de « money bill... »
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... le Sénat, à ce moment-là a fait des
amendements,...
M. LESAGE: Bien oui, ils ont le droit.
M. JOHNSON: ... et le gouvernement conservateur a accepté cet
état de fait. La tradition est en train de se créer, M. le
Président, dans ce domaine. Quant à des élections,
c'est-à-dire quant au deuxième aspect du problème des
imperfections ou un manque de disposition, de concordance, ce sont là
des points mineurs, des problèmes qui peuvent se régler, des
amendements peuvent être proposés dans cette Chambre pour rendre
le bill...
M. LESAGE: Non, non.
M. JOHNSON: ... conforme à la loides cités et
villes...
M. LESAGE: Confortable pour l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, la Chambre pourrait faire ces
amendements ou le Conseil législatif, lui, pourrait entrer...
M. LESAGE: Il ne les a pas faits.
M. JOHNSON: ... ces amendements de concordance si toutefois ce que dit
le ministre des Affaires municipales est exact. M. le Président, le
ministre des Affaires municipales, de bonne foi je veux bien le croire,
s'avance quelques fois dans l'interprétation de la loi et il n'est pas
toujours sur la bonne voie, il n'est pas toujours sur la voie juste, sur la
voie légale. Le ministre des Affaires municipales a accepté
certains des amendements et avec raison, le Conseil a corrigé des
provisions qui étaient tout à fait, disons qui manquaient tout
à fait d'à propos. On a corrigé des erreurs flagrantes que
l'Assemblée législative avait faites mais je prétends, M.
le Président, que le Conseil nous rend un excellent service, à
nous les citoyens de la province de Québec, en prenant les moyens
nécessaires pour que le droit élémentaire de tous les
contribuables d'élire leurs représentants soit respecté.
Or, M. le Président, dans le bill tel qu'envoyé au conseil, on
nommait le conseil. Personne de ceux qui sont en fonction actuellement, aucun
des maires d'aucune des municipalités, aucun des échevins
d'aucune de ces villes n'a reçu le mandat d'administrer une plus grande
ville. Aucune de ces personnes n'a reçu le mandat d'organiser des
élections au sens large du mot.
M. LESAGE: Et nous leur donnons.
M. JOHNSON: Et ce qui est le plus raisonnable c'est que ce soit la
Commission municipale qui, lorsqu'elle a créé, lorsqu'elle a eu
des difficultés lors de la création de la ville de Chomedey a
pris sur elle d'organiser, de surveiller le référendum.
Pourquoi...
M. LESAGE: Une lettre du sous-ministre c'est tout.
M. LAPORTE: En vertu d'une loi votée par la Chambre.
M. LESAGE: En vertu d'une proposition du ministre, sur proposition d'un
ministre.
M. JOHNSON: ... la Commission municipale n'aurait-elle pas cette
responsabilité d'organiser les élections dans l'île
Jésus précisément pour la raison qu'a invoquée le
ministre des Affaires municipales, le climat particulier qui empreint
actuellement cette partie de notre province.
M. LAVOIE (Laval): Est-ce que le chef de l'Opposition me permettrait de
faire une remarque? Si je me rappelle bien en 1961 ce n'est pas la Commission
municipale qui avait un droit de regard sur le référendum de
Renaud mais c'était le sous-ministre à la suite d'un...
M. LESAGE: Sous-ministre des Affaires municipales.
M. LAVOIE (Laval): ...ordre de l'Assemblée législative par
l'entremise du comité des bills privés.
M. LESAGE: Exactement. M. BERTRAND: Ah!
M. JOHNSON: M. le Président, les modalités, je ne m'en
souviens pas. J'ai de bonnes raisons de croire que les intéressés
doivent s'en souvenir un peu plus, mais il reste que c'est le principe, pour
une situation d'urgence, pour une situation particulière, c'est le
ministre des Affaires municipales qui a pris en main le problème. La
vraie manière démocratique de régler ce problème,
c'est que le ministrefasseici, immédiatement, en Chambre, ce qu'il croit
être les démarches essentielles pour que ça ne soit pas un
money bill venant du Conseil. Nous sommes prêts à collaborer avec
le ministre pour qu'il propose immédiatement un amendement à
l'ef- fet que c'est la Commission municipale qui aura à organiser les
élections.
M. LESAGE: Alors, le chef de l'Opposition vient d'admettre.
M. LAPORTE; Je prends acte de l'admission.
M. JOHNSON: M. le Président, ce n'est pas une question
d'admission...
M. LESAGE: Bien oui, vous venez d'admettre que c'est un « money
bill ».
M. JOHNSON: J'ai dit: si.
M. LAPORTE; Très bien, si.
M. LESAGE: Avec si on va à Paris. Allez-y.
M. BELLEMARE: Avec ça on reste là.
M. LESAGE: Ah! vous allez rester là longtemps, si vous
réussissez à vous faire élire.
M. BERTRAND: Bien, voyons donc.
M. JOHNSON: Quelle discussion! Je sais que le premier ministre travaille
très fort pour nous faire battre...
M. LAPORTE: Oh non!
M. JOHNSON: II a déjà désigné d'office mon
adversaire...
M. LESAGE: D'office?
M. JOHNSON: ... il lui a déjà donné un mandat.
M. LESAGE: Je ne suis pas au courant.
M. JOHNSON: Le bonhomme s'en vantepar-tout dans le comité; j'ai
reçu de M. Lesage, personnellement...
M. BERTRAND: La bénédiction apostolique.
M. LAPORTE: Ce doit être le même mandat que Marcel
Thivierge, ça...
M. JOHNSON: Ah non!
M. LESAGE: Je ne sais même pas son nom.
M. LAPORTE: Celui-là, c'est sérieux?
M. JOHNSON: Attention, c'est un homme habitué dans les «
jets ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: C'est un homme très habitué dans les «
jets ».
M. LESAGE: Je ne sais pas de quoi il s'agit.
M. JOHNSON: Ah! je ne veux pas révéler les secrets du
parti libéral.
M. LESAGE: Je n'ai pas de secret.
M. LAPORTE; D'autant plus qu'apparemment vous paraissez être le
seul à le connaître...
M. LESAGE: Vous êtes le seul à le connaf-tre, parce que
j'ignore totalement de quoi le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON; En tout cas, on reprendra le compte un autre jour, M. le
Président.
M. LAPORTE: C'est ça.
M. JOHNSON: Je disais donc que, si le ministre attache autant
d'importance à cet aspect et s'il est vrai qu'il veut
véritablement des élections démocratiques et s'il est vrai
que le climat étant extrêmement tendu sur l'île
Jésus, il faille prendre des précautions pour que les
élections soient tenues...
M. LAPORTE: C'est la loi générale comme pour tout le
monde. Pourquoi les stigmatiser, vos amis de l'île Jésus?
M. LESAGE: Est-ce qu'ils ont peur des élections?
M. LAPORTE: C'est la loi générale.
M. JOHNSON; M. le Président, non, les gens de l'île
Jésus, M. Payette en tête, ne demandent pas la lune, ils demandent
seulement le droit élémentaire pour les propriétaires et
autres voteurs de l'île...
M. LAPORTE: De voter. M. LESAGE: De voter.
M. JOHNSON: ... le droit élémentaire d'élire leurs
représentants et de le faire.
M. LAPORTE: On accepte.
M. JOHNSON: Et de le faire, M. le Président, en toute
liberté...
M. LESAGE: On le fait.
M. JOHNSON; Et non pas sous...
M. LESAGE: Comment saoule? Ils ne sont pas saouls!
M. JOHNSON: ... l'administration politique de la machine la plus
efficace, la plus diaboliquement efficace, M. le Président, la
machine...
M. LAPORTE: Ce n'était pas assez choquant, il a fallu quelque
chose à côté.
M. JOHNSON: ... d'un maire de l'île Jésus que tout le monde
connaît. M. le Président est-ce qu'on veut...
M. LAVOIE (Laval): Nommez-le.
M. LAPORTE: Vous êtes sur la voie, continuez.
M. JOHNSON: La première poule qui chante, c'est celle qui a
pondu.
M. LESAGE: Vous le haïssez donc bien. M. JOHNSON: M. le
Président... M. LESAGE: Vous le haïssez doncbien. M. JOHNSON:
Non.
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il vous a fait, cet homme-là?
M. JOHNSON: Quel homme?
M. LESAGE: Celui que vous venez d'attaquer. Un maire de l'île
Jésus, est-ce M. Payette?
M. LAPORTE: J'ai crû reconnaître M. Payette.
M. JOHNSON: M. le Président, le maire de Chomedey...
M. LESAGE: Ah bon! M. le Président... M. JOHNSON: ... qui a des
intérêts...
M. LESAGE: ... j'invoque une question de privilège.
M. JOHNSON: Qu'on me laisse continuer. Qui a des
intérêts...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAFONTAINE: II commençait une phrase, cela n'a rien à
voir avec le passé.
M. JOHNSON: Non, mais je commençais une phrase, c'est un
début de phrase.
M. BERTRAND: Voyons donc.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: J'invoque une question de privilège. Tant que le chef
de l'Opposition n'a pas identifié celui dont il a traité
l'organisation de diaboliquement efficace, je n'ai pas dit un mot, mais
là il vient de le désigner et c'est un député de
cette Chambre. M. le Président, je demande que le chef de l'Opposition
retire ses paroles.
M. JOHNSON: Je retire « diaboliquement».
M. LESAGE: Très bien, c'est très efficace. Et ça va
l'être.
M. JOHNSON: Il faut cesser de jouer à la cachette avec la
population. Le maire de Laval, le député de Laval et maire de
Chomedey...
M. CREPEAU: L'ex-futur maire.
M. JOHNSON: Le maire de Chomedey, c'est de notoriété
publique,...
M. LESAGE: Pas de personnalité!
M. LAPORTE: Ce n'est pas dans les amendements ça! C'est de
notoriété publique, mais ce n'est pas dans les amendements.
M. JOHNSON: Le maire de Chomedey, c'est de notoriété
publique, organise...
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre que l'amendement complote pour
l'éliminer? Cela n'a pas rapport à ça dans
l'amendement.
M. JOHNSON: ... des élections...
M. LAPORTE: Soupe au lait. Bien oui, et M. Payette aussi.
M. JOHNSON: ... dans toutes et chacune des municipalités. Et si
on veut avoir des précisions...
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire avec l'amendement.
M. JOHNSON: ... je suis prêt à vider le problème ce
matin.
M. LAPORTE: Vous ne viderez rien du tout parce qu'encore une fois, vous
allez être confondu comme d'habitude, ce n'est pas dans l'amendement. II
n'y est pas question de ça, pas du tout.
M. JOHNSON: Le ministre a demandé tantôt: «
Voulez-vous qu'on élimine le maire? »
M. LAPORTE: C'est pas ça. C'est simplement un raisonnement que
j'ai fait pour dire: « Vous parlez du maire, c'est hors d'ordre, à
moins que vous ne prétendiez que le Conseil législatif a fait ces
amendements-là pour l'éliminer. » Je ne crois pas que ce
soit le cas. Alors il ne peut pas en être question.
M. JOHNSON: Le maire de Chomedey...
M. LESAGE: Voulez-vous le laisser tranquille?
M. JOHNSON: ... aura le droit, comme tout autre, de se
présenter.
M. LAPORTE: Certainement.
M. JOHNSON: ... et, s'il est élu, il aura l'appui de la
population et pourra faire taire ces critiques. Il pourra être muni enfin
d'une autorité morale dont il a besoin pour intégrer, faire ce
travail extrêmement difficile d'intégrer les municipalités.
Ce sont les interruptions qui nous amènent à prendre un ton un
peu violent.
M. LESAGE: Vous êtes encore couché avec votre Lagarde et on
le sait.
M. JOHNSON: Le premier ministre...
M. LESAGE: Bien, oui! Mais parlez-nous donc des amendements.
M. JOHNSON: ... est extrêmement injuste.
M. CREPEAU: C'est vous qui venez de l'être injuste.
M. JOHNSON: Non, je dis...
M. LESAGE: Parlez des amendements.
M. JOHNSON: Je dis que les amendements, c'est précisément
pour permettre au futur maire, quel qu'il soit, même le maire de
Chome-dey...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... d'avoir l'appui de la population pour faire cette
opération extrêmement délicate de l'intégration de
quatorze municipalités. Et deuxièmement, c'est pour assurer
l'honnêteté des élections, pour qu'il n'y ait aucun doute,
pour qu'il n'y ait aucune manoeuvre, qu'il n'y ait pas
répétition, dans l'île Jésus, de certaines
manoeuvres regrettables qui se sont passées ailleurs. Et c'est pour
ça que nous demandons que ce soit la Commission municipale.
M. LESAGE: Vous n'avez pas le droit de le demander.
M. JOHNSON: C'est une agence de surveillance. Je dis que, même si
nous n'avions pas le droit de le demander, nous suggérons que le
ministre se lève et dise: « Oui, la Commission municipale va
s'assurer que les élections vont être tenues dans l'ordre, que les
élections seront menées proprement et qu'on n'aura pas, on ne
s'exposera pas...
M. LESAGE: Le ministre des Finances va vous répondre.
M. JOHNSON: ... à des scènes dont ont été le
théâtre certaines municipalités de la banlieue de
Montréal autrefois.
M. LESAGE: Bien, oui! Mais qu'est-ce que ça vient faire dans
ça?
M. JOHNSON: Les arguments que peut apporter le ministre des Finances
comme les arguments qui ont été apportés par le ministre
des Affaires municipales je fais abstraction des petits amendements de
concordance qui pourraient être facilement réglés ne
sont pas des arguments qui sont de nature à me convaincre qu'on veut
réellement respecter la démocratie sur l»Ûe
Jésus.
Au contraire, on veut jusqu'au bout perpétuer cette impression
que cette ville a été créée et mise au monde par le
gouvernement actuel pour une personne en particulier, et ça c'est
mauvais. La façon de corriger cette impression, c'est d'ordonner des
élections, de voir à ce qu'elles soient honnêtes, qu'elles
soient propres et, pour ça, le Conseil législatif, et j'en suis,
a confiance en la Commission municipale. C'est un témoignage envers un
organisme du gouvernement, témoignage amplement mérité
jelecrois, M. le Président; c'est un mandat qu'on veut donner à
un organisme dont c'est précisément le but principal, celui de
maintenir l'ordre dans les municipalités et de parer aux situations qui
peuvent survenir, les situations exceptionnelles. Or, en voici une situation
exceptionnelle! Et la Commission municipale devrait avoir cette
responsabilité. Quant à moi, M. le Président, je vote
contre, je voterai contre la proposition du député de Chambly et
je...
M. LESAGE: On s'en doutait.
M. JOHNSON: ... j'aimerais que ces amendements, sauf s'il y a lieu
quelques amendements de concordance, si c'est bien sérieux, soient
intégrés à la loi appelée le bill 63, charte de la
ville de Laval.
M. LESAGE: M. le Président, je m'en tiens, comme premier ministre
et ministre des Finances, qui doit voir au respect des règles
constitutionnelles et parlementaires, à l'amendement numéro 3
concernant l'article 6, qui dit: « l'article 6 est remplacé par le
suivant » et je vais immédiatement au 4e alinéa; «.
Pour les fins de cette élection, la commission nommera un officier
rapporteur Commission municipale pour être son
délégué ou un de ses délégués. Elle
nommera aussi les sous-officiers rapporteurs dont elle jugera les services
nécessaires et exercera généralement les pouvoirs
attribués par la loi au Conseil, au maire et aux officiers de la ville,
pour l'organisation et la conduite des élections générales
subséquentes ». Et l'on dit plus loin; « Les dépenses
occasionnées par l'organisation de la conduite de cette élection,
seront à la charge de la ville ».
M. le Président, le Conseil législatif, sans
l'autorisation essentielle du lieutenant-gouverneur, propose un engagement de
deniers publics. On n'a pas le droit, personne ne peut proposer non seulement
une dépense, mais un engagement de deniers publics. Et la preuve; que
l'on prenne mes estimations budgétaires de 1965/66. Qu'on prenne
à la page 58; école d'enseignement spécialisé;
autres dépenses $32,530,000, moins la contribution du gouvernement du
Canada et remboursement. On n'aurait pas le droit d'engager ce qui doit
être remboursé par le gouvernement du Canada, à moins que
ce soit dans les estimations budgétaires. Et c'est pour ça que
nous sommes obligés de voter le montant brut
et non le montant net. C'est clair, ce n'est pas pour rien que c'est
fait comme ça! C'est parce que, seul un ministre de la Couronne a le
droit d'engager le crédit de la province. Seul! Et la preuve, elle est
à la page 58, elle est à la page 59, elle est à la page
60, à la page 61 et à combien d'autres! A la page 63 des
crédits budgétaires. Si on ne votait que des montants nets, nous
ne pourrions dépenser que des montants nets, non pas les montants qui
seraient remboursés. Nous ne pourrions même pas les engager. C'est
élémentaire, M. le Président, c'est totalement
irrégulier. Seul un ministre de la Couronne peut faire ça.
Seul!
Le Conseil législatif n'a pas le droit, l'Opposition n'a pas le
droit. Un simple député n'a pas le droit. Cela ne peut être
fait qu'avec un ministre de la Couronne qui se lève et qui dit que c'est
sur la recommandation du lieutenant-gouverneur qu'il le soumet à la
Chambre. Ce n'est pas pour rien. Cela se comprend. C'est aussi simple que
ça. Je n'ai pas besoin d'aller plus loin, ça ne vaut pas le
papier sur lequel c'est écrit, ces amendements-là.
M. BERTRAND: M. le Président, le premier ministre soulève
le problème du principe de dépense des fonds publics...
M. LESAGE: Des engagements des dépenses.
M. BERTRAND: Des engagements pour la dépense des fonds publics
que seul le ministre de la Couronne peut, à la suite d'un message du
lieutenant-gouverneur, proposer que cette dépense soit
agréée par la Chambre. Immédiatement, M. le
Président, supposons que j'accepte le principe; je dis: le ministre de
la Couronne est en Chambre, le ministre de la Couronne a déjà,
lorsqu'il s'agit de l'intérêt public et en particulier dans le
même territoire, appliqué ce principe. Il considérait
à ce moment-là de son devoir, à l'occasion d'un autre
problème municipal, de faire dépenser des fonds publics pour
telle fin.
De plus, le ministre a déjà exercé ce pouvoir au
sujet des problèmes municipaux de la même île. Il a, l'an
dernier, fait voter de l'argent pour la publicité...
M. LAPORTE: M. le Président, est-ce que j e peux poser une
question?
M. BERTRAND: Oui.
M. LAPORTE; D'abord, c'est absolument hors d'ordre.
M. BERTRAND: Oui, oui!
M. LAPORTE: Est-ce que le député de Missisquoi croit que
le Conseil législatif a le droit de faire cela, lui? Il n'y a personne
qui doute que j'ai le droit de faire. Mais est-ce que le Conseil peut nous
forcer à faire ça.
M. BERTRAND: J'ai dit, sur la question de principe et dès le
début de mon argumentation, si j'accepte la proposition du premier
ministre, je dis qu'il y a, et je crois que l'intérêt public est
concerné, il y a dans les amendements du Conseil législatif une
indication claire, une suggestion au moins.
M. LAPORTE: D'accord! Mais telle que faite est-ce qu'elle est
ultra-vires ou non?
M. BERTRAND: Une suggestion, et c'est mon argument, au ministre de la
Couronne s'il croit qu'il doit absolument proposer une dépense d'argent,
il est ici en Chambre, il peut se faire autoriser et la Chambre va
immédiatement l'autoriser, et l'Opposition va concourir avec le ministre
pour que les fonds soient immédiatement votés. Et pourquoi? Le
chef de l'Opposition l'a déclaré tantôt, et j'y reviens,
parce que c'est là qu'est tout le problème. Ce problème de
la fusion des municipalités de l'île Jésus, et j'ai suivi
attentivement et très objectivement toutledé-bat qui a
entouré ce problème; l'origine, un acte du ministère, la
formation de la Commission. Deuxièmement, la loi, un acte du
ministère, et le chef de l'Opposition avait raison de dire; «
Lorsque le temps arrive de mettre au monde la municipalité, il
appartient à l'autorité qui l'a conçue, qui en a
élaboré tout l'enfantement de l'accoucher à la fin.
» Et le ministre disait tantôt: « Nous pourrions, c'est la
Loi des cités et villes, procéder comme dans une élection
ordinaire. » Le ministre sait fort bien que la situation dans l'île
Jésus est une situation extraordinaire parce qu'il a
procédé par un bill extraordinaire, à une situation
spéciale.
Il a utilisé des moyens spéciaux et il doit aller jusqu'au
bout, être logique et accepter, comme il l'a fait d'ailleurs, que
l'élection ait lieu immédiatement, à la date convenue, au
mois de novembre; et deuxièmement, que tout cela, pour donner les
meilleures garanties possible d'un scrutin absolument honnête et
régulier et normal, dans une situation qu'il reconnaît
lui-même comme extraordinaire et tendue, qu'il accepte que cela soit fait
sous l'autorité de la Commission municipale de Québec qui nous
fournit les meilleures garanties d'impartialité, d'objectivité et
d'une élection absolu-
ment conforme aux meilleures règles démocratiques.
M. le Président, je crois que le ministre qui a
démontré, depuis le début de l'élaboration de cette
loi, l'intérêt qu'il y apporte, le souci de bien réussir
cette fusion, je crois que le ministre devrait accepter. Nous avons
été prêts, je l'ai déclaré, lorsque des fonds
ont été requis pour faire connaître aux gens de l'île
Jésus le résultat de la Commission Sylvestre, nous lui avons
voté, si mon souvenir est bon, une somme de $50,000. Et la
publicité s'est faite pour faire l'éducation des gens...
M. LAPORTE: Est-ce que je dois comprendre...
M. LE PRESIDENT: A l'amendement.
M. LAPORTE: D'abord l'amendement, est-ce que j'ai entendu $50,000?
M. JOHNSON: C'est ce qui a été voté. M. BERTRAND:
C'est ce qui a été voté.
M. LE PRESIDENT: L'amendement, à l'ordre..,
M. BERTRAND: Bon. Je n'entrerai pas, mais je voulais tout simplement le
donner comme exemple. En conclusion, M. le Président, si le gouvernement
prétend que les amendements du Conseil sont illégaux, ultra-vires
et dépassent les pouvoirs constitutionnels du Conseil législatif,
je demande au ministre de la Couronne, responsable des Affaires municipales
dans la province de Québec, responsable devant l'opinion publique de
l'enquête Sylvestre, de la présentation du projet de loi qui
prévoit la fusion, je lui demande d'être logique et de conduire
jusqu'au bout ce projet, d'en assurer sa réalisation dans l'harmonie et
d'assurer que les règles démocratiques seront sauvegardées
entièrement sous le contrôle d'une autorité, qui n'a aucun
intérêt direct dans l'élection des
intéressés, objective, et je pense qu'il aura ainsi
créé un climat qui fera que cette fusion et la naissance de la
ville de Laval deviendra, comme il l'a souhaité, un succès, et
que cette nouvelle ville s'acheminera vite sur la voie du progrès.
C'est la dernière étape, et je demande au ministre de la
Couronne qui, lui, de cela, il n'y a aucun doute, a l'autorité, par un
message du lieutenant-gouverneur, de prier la Chambre de lui voter les fonds
publics. Le ministre le reconnaît, il a l'autorité pleine et
entière; il lui suffit de dire oui: l'élection a lieu et elle a
lieu, deuxièmement, sous l'égide d'une autorité
indépendante, capable d'assurer que les règles du jeu
démocratique seront respectées.
M. le Président, j'espère que le ministre va
reconsidérer son attitude et nous inviter immédiatement ou,
après quelques instants d'ajournement, s'il y a lieu, pour que la
Chambre lui fournisse, s'il persiste dans l'opinion que le Conseil, n'ayant
aucune autorité, ce soit la Chambre qui les vote, pour que la Chambre
lui vote les crédits nécessaires en vue qu'il puisse abattre la
besogne qu'il a, lui-même, assumée, et qu'il doit mener à
terme.
M. LAVOIE (Laval): M. le Président, deux mots sur les
amendements. A la suite des insinuations du chef de l'Opposition et du
député de Missisquoi, à l'effet que la Commission
municipale garantirait l'honnêteté ou la probité d'une
future élection, j'avais l'intention tout à l'heure, durant leur
discours, de leur demander à l'un ou à l'autre, où, dans
le bill, où se trouve, dans le bill, un article d'exception qui
permettrait au conseil provisoire en fonction d'organiser, comme ils l'ont
insinué eux-mêmes, une élection qui serait plus ou moins
malhonnête? Où, dans la loi, dans le bill 63, y a-t-il une loi
d'exception qui permettrait des provisos spéciaux pour une telle
exception?
M. JOHNSON: M. le Président, je regrette...
M. BERTRAND: S'il veut qu'on recommence l'étude du bill.
M. JOHNSON: ... je regrette d'interrompre le député, mais
je dois ici invoquer le règlement. Il déforme peut-être
involontairement nos propos. C'était en réponse au ministre des
Affaires municipales qui a dit: « A cause du climat sur l'Ile
Jésus ». C'est le ministre qui nous a dit qu'il y avait là
une situation particulière...
M. BERTRAND: Exceptionnelle.
M. JOHNSON: ... exceptionnelle, comme le dit le député de
Missisquoi, et nous disons qu'à une situation exceptionnelle...
M. CREPEAU: Ce n'est pas un point du règlement.
M. JOHNSON: ... doivent correspondre des remèdes
exceptionnels.
M. LE PRESIDENT: Alors, les amendements...
M. LAPORTE: M. le Président, étant donné qu'il
s'agit d'une question constitutionnelle que je juge très importante, je
demande un vote enregistré.
M. LESAGE: Extrêmement grave. M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Le même vote qu'on a pris ce matin?
M. LESAGE: Non, enregistré, M. le Président,
spécialement pour ce cas-ci,
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
M. JOHNSON: ... attendu qu'il s'agit d'un principe démocratique,
moi aussi je tiens à ce que ce soit enregistré.
M. CREPEAU: Vote, vote.
M. JOHNSON: Plus de discours.
M. BERTRAND: II peut y avoir un conflit entre deux principes, j'aime
mieux le principe démocratique que le principe du « Moneybill
».
UNE VOIX: C'est la constitution...
M. LESAGE: C'est la constitution qui est en jeu.
UNE VOIX: La constitution? M. LALONDE: Vote!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Question devant la Chambre
proposée par le ministre des Affaires municipales: qu'un message soit
envoyé au Conseil législatif pour l'informer que
l'Assemblée agrée en partie les amendements que le Conseil
législatif a apporté au bill 63 intitulé Charte de la
ville de Laval comme suit: premièrement l'amendement No 1 est
agréé. Deuxièmement, l'amendement No 2 est
agréé, mais en le modifiant de façon qu'il se lise comme
suit; « L'article 5 du bill est remplacé par le suivant, No 5,
l'article 17 de la Loi des cités et villes est remplacé par le
suivant, Article 17, la première élection générale
du maire et des échevins a lieu le premier dimanche de novembre 1965.
Troisièmement, les amendements No 3, 4 et 5 sont retranchés.
Quatrièmement, l'amendement No 6 est agréé.
Cinquièmement, les amendements No 7, 8 et 9 sont retranchés.
» Que tous ceux qui sont en faveur de la motion veuille bien se
lever.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: MM. Lesage, Bédard, Pinard,
Laporte,Wagner, Saint-pierre, Dionne, Brown, Lalonde, Cournoyer, Fortin,
Morrissette, Binette, Beaupré, Turpin, Boulais, Lechasseur, Roy, Coiteux
(Duplessis), Harvey, Lavoie (Laval), Blank, Collard, Vaillancourt, Coiteux
(L'Assomption), Crépeau, Fournier, Théberge, Baillargeon, Ouimet,
Kennedy, Brisson, Hébert, Mailloux, McGuire, O'Farrell, Bernier,
Trépanier, Lacroix, Godbout, Dupré, Hardy, Hanley.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: MM. Johnson, Elie, Bertrand, Bellemare,
Ducharme, Johnston, Lafontaine, Gosselin, Lizotte, Raymond, Allard, Loubier,
Cloutier, Gauthier.
M. LE GREFFIER: Pour 43 Contre 14 Yeas 43 Nays 14
M. LE PRESIDENT: Cette motion est adoptée.
M. LESAGE: Aux armes!
M. BERTRAND: Je réponds: présent.
UNE VOIX: La liberté!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: L'avant-garde s'en va de l'autre côté.
M. BERTRAND: présent!
M. COURNOYER: Ci-devant Capet! Les Capétiens.
M. LESAGE: M. le Président, je dépose, à la demande
du député de Champlain, l'ordre en conseil No 1052 du 26 mai 1965
concernant la classification spécifique du personnel enseignant du
Conservatoire de musique et d'art dramatique de la province de
Québec.
M. COURNOYER: II est rendu acteur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. COURNOYER: Vous êtes rendu acteur. Messages du Conseil
législatif
M. LE PRESIDENT: Messages du Conseil législatif à
l'Assemblée législative le 26 août 1965. «
Ordonné, Que le greffier rapporte à l'Assemblée
législative le bill No 88 intitulé: « Loi octroyant
à Sa Majesté des deniers requis pour les dépenses du
gouvernement pour l'année financière se terminant le 31 mars
1966, et pour d'autres fins du service public et informe cette Chambre que le
Conseil législatif l'a voté.
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 6 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement le bill suivant;
Bill No 55 intitulé; « Loi de la fonction publique
».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 6 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill No 66 intitulé: « Loi de la publicité le long
des routes ».
Bill No 90 intitulé: « Loi de l'accréditation des
libraires ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
Démission d'un député
M. LE PRESIDENT: II est de mon devoir de communiquer à la Chambre
un avis que je reçois ce matin, daté Québec, le 6
août 1965, adressé à moi comme président de
l'Assemblée législative. « Monsieur l'Orateur,
Je soussigné, Antonio Talbot, donne par les présentes ma
démission comme député du district électoral de
Chicoutimi à l'Assemblée législative. Cette
démission a été signée en présence de M.
Antonio Elle, député du district électoral de Yamaska
à l'Assemblée législative de Québec et de M.
Maurice Bellemare, député du district électoral de
Champlain à l'Assemblée législative de Québec.
Signé: Antonio Talbot, député de Chicoutimi, en
présence de Antonio Elle, député de Yamaska et
signé Maurice Bellemare, député de Champlain. »
M. LESAGE: M. le Président, item No 3. Je propose, secondé
par le ministre de la Voirie que l'ordre adopté par la Chambre, hier,
référant au comité plénier le bill 89, soit
révoqué afin qu'il me soit possible de présenter un
amendement comportant la dépense de deniers.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LESAGE: M. le Président, je propose que l'ordre de seconde
lecture du bill 89 donné hier, le 5 août, soit
révoqué.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LESAGE: M. le Président, je présente un amendement pour
ajouter un article 17, au bill 89, et pour que les articles 17 et 18 deviennent
les articles 18 et 19. L'amendement se lit comme suit: « Le paragraphe 2
de l'article 110 de ladite loi ne s'applique pas à Antonio Talbot pour
des actes commis avant sa démission donnée le 6 août 1965.
»
Son Honneur le lieutenant-gouverneur, mis au courant de cet amendement,
en recommande la considération à la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Alors, je comprends que c'est la motion de
première lecture et de deuxième lecture du bill tel
qu'amendé.
M. LESAGE: Deuxième lecture du bill tel qu'amendé, en
comité, sur le bill tel qu'amendé.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est
adoptée.
M. JOHNSON: C'est en comité que nous pourrons examiner en
détail...
M. LESAGE: Oui, en effet j'ai quelque chose, j'ai à justifier
l'amendement, je vais le faire en comité.
M. JOHNSON: Ce sera en comité?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 89. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 89,
article 1.
M. BELLEMARE; L'article 1, c'est l'article 19 qui est amendé dans
le chapitre 6 de la Loi de la législature, section 3, et qui porte
maintenant le nombre des députés de 95 à 108. Aucune
objection.
M. LESAGE: Non, parce que l'article 18 dit que cet article entrera en
vigueur à la date de la dissolution de la présente session.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté. Article 2.
M. BELLEMARE: A l'article 2, M. le Président, c'est l'article 48
qui donne à l'Orateur de l'Assemblée législative une
indemnité de $10,000 au lieu de $8,000 et des frais de
représentation de $2,000 au lieu de $1,000. Aucune objection.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. BELLEMARE: C'est l'article 92 de la Loi de la législature qui
est amendé pour donner à chacun des députés,
conseillers législatifs et députés...
M. LESAGE: II n'y a pas de changement pour les conseillers.
M. BELLEMARE: C'est de $ 10,000 à $12,000. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. BELLEMARE: A l'article 93, il y a un paragraphe que je voudrais
demander à l'honorable premier ministre, on remplace 92 le salaire
très bien, 93 par exemple, là on dit que l'indemnité,
très bien.
M. LESAGE: II n'y a plus de session de moins de trente jours.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça. Mais aux fins de l'indemnité,
des allocations, une personne qui, immédiatement avant une dissolution
de l'Assemblée législative y était député,
est censée continuer de l'être jusqu'à la date des
élections générales suivantes. Est-ce que c'est le cas,
est-ce un changement? Cela n'existait pas dans la Loi de la
législature.
M. LESAGE: Non bien évidemment, parce que nous étions
payés tant par session.
M. BELLEMARE: Tant par session.
M. LESAGE: Tandis que là, il n'y a pas de solution de
continuité. Jusque et exclusivement au jour de l'élection, le
député est payé et à partir du jour de son
élection, le député est payé. Par
conséquent, pour le député réélu, il n'y a
pas de solution de continuité.
M. BERTRAND: Parfait.
M. BELLEMARE: Est-ce que je peux comprendre que si cette
personne-là était nommée au Conseil
législatif...
M. LESAGE: Elle est payée jusqu'au jour où elle est
appelée au Conseil législatif.
M. BERTRAND: A ce moment-là.
M. BELLEMARE: Mais est-ce que son année de session compterait au
complet?
M. LESAGE: Les conseillers législatifs sont payés à
l'année maintenant, eux aussi. A partir de sa nomination.
M. BELLEMARE: Cette session-là compterait...
M. LESAGE: II n'y a plus de session, c'est par année.
M. BELLEMARE: C'est par année, très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: L'article 94, on change le 7e pour annuellement.
M. LESAGE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Article 3 adopté? Article 4?
M. BELLEMARE: Là, au lieu de $50 c'est $60.
M. LESAGE: A la place de $50.
M. BELLEMARE: Je dis à l'honorable premier ministre qu'hier soir
j'ai vivement apprécié les déclarations qu'il a faites
quant à l'assiduité des membres. C'est, je pense, une obligation
pas seulement que morale, mais une obligation d'un gentilhomme qui
reçoit un mandat...
M. LESAGE: Son serment d'office.
M. BELLEMARE: Oui, son serment d'office, ou qui reçoit un mandat
de ses électeurs, d'être présent et je suis un de ceux qui
voudraient voir appliquer cet article le plus intégralement possible.
Vouse ne sauriez croire combien j'en souffre personnellement de me faire dire
à l'extérieur: « On est allé à
l'Assemblée législative et on n'a pas vu beaucoup de
députés. » Les gens visitent les galeries...
M. LESAGE: Mais là, il y en a qui sont allés
dîner.
M. BELLEMARE: Je comprends ça, mais prenons comme acquit que
l'Assemblée législative c'est l'endroit où le
député doit se tenir pour faire son travail
législatif.
M. LESAGE: Oui, mais ne prenons pas ce moment-ci, là, parce que
j'ai conseillé à la moitié de mes député
d'aller dîner et aux autres de revenir.
M. BELLEMARE: Le premier ministre sait ce que je veux dire. Ce n'est pas
ça. C'est que l'Assemblée législative doit être un
foyer de travail intense au point de vue de législation, et tous les
députés devraient y être présents. Ce n'est pas
seulement que l'ouvrage d'un député de travailler une
législation, de l'étudier, d'essayer de la comprendre et
d'essayer de l'améliorer. Je dis que sur cet article là, jamais
je ne ferai objection à ce qu'il soit plus sévère
même. Je comprends qu'il y a des cas de maladie, je comprends qu'il y a
des cas de délégation officielle qui vont être inclus dans
la loi. C'est nouveau ça. Quand celui qui aura un certificat
médical ou qu'il aura été malade ou que son absence sera
justifiée par une activité officielle, ça j'en suis, c'est
nouveau dans la loi. C'est bien que ça y soit, on a ajouté ces
mots-là, j'en suis.
M. le Président, à la suite du premier ministre, du chef
de l'Opposition, je demande à tous les députés de quelque
parti qu'ils soient, c'est un travail important celui de la législation,
celui d'être ici dans cette Chambre pour participer à la
confection des lois. M. le Président, j'ai une question à poser
à l'honorable premier ministre,...
M. LESAGE: Excusez-moi.
M. BELLEMARE: Tous les mois, nous signons, en bas, une formule...
M. LESAGE: Oui, oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: Est-ce que la formule va demeurer, est-ce qu'elle va nous
être envoyée pour la signer...
M. LESAGE: A tous les mois.
M. BELLEMARE: La formule va nous être envoyée...
M. LESAGE: Ah oui, oui,... toutes les fois qu'il y a session.
M. BELLEMARE: Ah non, non, on va être payé annuellement
là.
M. LESAGE: Non, vous allez être payé tous les mois.
M. BELLEMARE: Oui, mais alors le chique va nous être envoyé
directement à la maison?
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Alors comment procéder pour faire remplir la
feuille qu'on est censé signer?
M. LESAGE: Bien oui, mais quand on n'est pas en session.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il va y avoir un appariteur?
M. LESAGE: Quand il n'y a pas de session vous n'avez pas de feuille
à signer.
M. BELLEMARE: Non, non, non, mais M. le Président, le premier
ministre me comprend, est-ce que nous serons obligés d'aller en bas
quand même pour signer cette feuille-là?
M. LESAGE: Durant la session, il faudra la signer.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y aura un appariteur en Chambre pour tenir
les présences et les absences?
M. LESAGE: Je vais y voir à ça. M. BELLEMARE: Pardon? M.
LESAGE: J'y verrai à ça.
M. BELLEMARE: Ah bon, ça c'est une chose que je tiendrais bien
à savoir.
M. LESAGE: Bien, je ne pense pas que ça fatigue le
député de Champlain, il est ici tous les jours.
M. BELLEMARE: Ah non, j'ai manqué deux fois puis c'était
pour...
M. LESAGE: Quand bien même j'aurais un appariteur pour guetter ses
présences et ses absences, je n'en ai pas besoin, je peux faire
ça moi-même.
M. BELLEMARE: J'ai bien...
M. LESAGE: Je peux faire ça moi-même, il a
été absent deux jours. Puis moi, une journée.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais en tous les cas.
M. LESAGE: Et moi une journée, ce n'est pas difficile.
M. BERTRAND: Si le député de Champlain me le permet, je
pense que nous avons droit à dix jours motivés.
M. LESAGE: Oui, certainement sans avoir à donner de raisons.
M. BELLEMARE: La loi est là.
M. BERTRAND: Il ne faudrait pas prendre pour acquit...
M. LESAGE: Oui.
M.BERTRAND: On a droit à dix jours, sans que ça tombe sous
le coup...
M. LESAGE: Certainement.
M. BERTRAND: ... de l'article qui prévoit maladie ou
activités officielles.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BERTRAND: Il ne faut pas l'oublier. Il ne faut pas aller à
l'extrême.
M. BELLEMARE: Je suis d'accord, je dis ça parce que tout le monde
est au courant...
M. LESAGE: Oui, mais j'ai manqué une journée, vous, deux,
mais on a droit à dix.
M. BELLEMARE: Ah oui, on est correct.
M. LESAGE: On est correct. Nous sommes corrects.
M. HANLEY: M. le Président, je ne laisse pas l'article passer
sans commentaire. Ce sont les contribuables de chaque comté qui payent
par leurs taxes pour leur député. Le député comme
tel a un travail à faire. Je considère ça comme de
l'ouvrage officiel. Par exemple, oh pardon, je n'ai pas vu le
député de Champlain, il fait quelques remarques pour quelques
raisons contre quelques députés. Et je vais dire que comme
député de Ste-Anne, je n'ai aucune autre occupation. Aucun autre
salaire n'entre chez moi. Je reçois seulement mon indemnité comme
député ou homme public. Et je respecte mes amis chez moi. Quand
il y a des décès et des enterrements j'y vais. Et je sais quand
j'étais étonné chez moi. Je respecte la famille comme
député, et je ne perds pas des heures et des jours, des semaines
et des mois ici avec les députés de l'Opposition qui veulent une
petite politique comme des champs de roses aujourd'hui.
M. BELLEMARE: Je soulève un point d'ordre, M. le
Président. Je demande que le député qui vient de prononcer
ces dernières paroles ce n'est pas parlementaire, je pense qu'il
dépasse sa pensée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordrel
M. BELLEMARE: Je pense, M. le Président, que le
député a fait une injure.
M. LE PRESIDENT: I understand that the
Member has not finished his speech but he should know that according to
our rule, he is not allowed to speak of a Member of whatever party In this
House to say that he is here just to make « une petite politique ».
So I ask him to withdraw those words.
M. HANLEY: If there has been or had been any Members in this
House...
M. LE PRESIDENT: Oh! I simply ask the Member to withdraw...
M. HANLEY: I shall abide by the President as I always abide by the
decisions of the Chair... But, Mr. President...
MR. PRESIDENT: The member has not withdrawn it?
M. HANLEY: I have withdrawn it. I abide by the decision of the
Chair.
MR. PRESIDENT: So, you withdraw it.
M. HANLEY: That is right! Mr. President, it has been brought to my
attention by many visitors from United States, some, not many, as some of our
tax payers that a member is much better off in his county than seating here
reading newspapers and pay no attention to Legislation. This also has been
brought to my attention. And I am directed by my tax payers in my county, and I
will do what my tax payers in my county want me to do. And I will always be in
my county when there is a person or a family in trouble and I consider that
business and that is the only business that I am engaged for. The Honourable
Member of Champlain, is he able to get up and say he has no other occupation,
other than being an elected public representative, that he has no other income
from any source other than being an elected member? Can the member from
Cham-plain get up and tell us that he could live on...
M. BELLEMARE: M. le Président,...
M. HANLEY: ... with the indemnity that is paid to a member of this House
if he did not have some other source of income...? therefore...
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a toujours une limite! Le
député n'est jamais en Chambre et puis quand il vient c'est
toujours pour faire des « shows ». Et puis il va venir nous jeter
l'injure à la figure, lui, surtout, mon cher monsieur le
Président,...
M. HANLEY: Cela va bien! Cela va bien! M. BELLEMARE: II nous insulte. M.
HANLEY: Cela va bien!
M. BELLEMARE: Lui dont la réputation pourrait être mise en
doute.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HANLEY: Arrêtez! Arrêtez! oui! M. le Premier ministre,
bienvenue. Oui, avec sa réputation. Arrêtez... les voleurs qui ont
collecté pour le parti de l'Union nationale entre 1940 et 1960.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! A l'ordre!
M. HANLEY: Oui, car j'ai demandé à la police
d'arrêter le voleur, le collecteur...... ..... qui vend de la boisson
sans licence; oui, il est le voleur qui...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! I call the member of St-Anne's for the last
time. We are here to discuss...
M. BELLEMARE: Voulez-vous que je vous parle de l'enquête
Caron?
MR. PRESIDENT: I require...
M. BELLEMARE: Comment est-ce quevous avec fait, vous?
M. HANLEY: Oui, oui. MR. PRESIDENT: Order.
M. HANLEY: Vous voulez discuter là! Vous voulez discutez
de...
MR. PRESIDENT: Order.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
MR. PRESIDENT: If the member has anything to say on article 4 I will be
glad to listen to him but not on personalities. That's enough.
M. HANLEY: Je n'ai pas fini encore. I am not through! Sit down, boy.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. HANLEY: Je n'ai pas fini encore, M. le Président. Sit down
boy, I am not through.
M. BELLEMARE: ... vous ne permettrez pas à un
député d'entrer dans ce domaine-là. Si vous êtes, je
pense... je suis sûr, M. le Président, que vous allez faire suivre
les règlements au député de Ste-Anne.
M. LESAGE: Oui, je pense que je viens de réussir juste par un
geste de la main, là.
M. BELLEMARE: Bien, oui! Mais il y aune limite. On n'est pas ici pour se
faire insulter, personne...
M. LESAGE: Non, non!
M. BELLEMARE: On est dans une période difficile et je pense
que...
M. LESAGE: Oui, oui...
M. BELLEMARE: ... il ne faut pas avoir d'incident avec personne à
la fin d'une session.
M. LESAGE: Je suis sûr que le député de Ste-Anne va
s'en tenir maintenant « strictly to the section ».
M. HANLEY: Mr. President, first...
M. BELLEMARE: Mettez-le sous votre contrôle.
M. LESAGE: If he will have the dialogue with me I will explain to him
why this is there.
M. HANLEY: Oh no I am not objecting why it is there.
M. LESAGE: Well, all right then.
M. HANLEY: I am just objecting to the roundabout yellow, underground
tactics of the speaker insinuating. And when he got up he men-tionned the
member for Ste-Anne's was seldom in the House. I brought that up, did I not?
So, I am right.
M. LE PRESIDENT: So, I do not understand the point.
M. HANLEY: Order is right. Now the deputy of Champlain mentionned the
« enquête Caron». Is he ready to retract?
M. LE PRESIDENT: Order! Order! DES VOIX: Please! Please!
M. HANLEY: Is he ready to retract?
DES VOIX: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: I asked twice already the deputy of Ste-Anne's to come
to order and discuss the article. If you have anything to say on the article, I
am quite willing to listen to him. But if not, I will say it is agreed.
M. HANLEY: I have said, Mr. President,... all I have said for now but I
guarantee the tax payers of Quebec that I will go out on a campaign and I will
show them corruption in my twenty-five years in public office.
I will show them in my way from 1940 to 1960 how money was collected
for...
M. LE PRESIDENT: Order! This is the last time I...
M. BELLEMARE: Je vais l'arranger.
M. LESAGE: Non, non, ne l'arrangez pas, je vais l'arrêter. Mais
faites attention. Il peut vous arranger, c'est un boxeur.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: M. le Président, l'article...
M. LE PRESIDENT: 4 est-il adopté?
M. LESAGE: Adopté? Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre a annoncé
hier soir, et nous souscrivons à cette intention, non, mais le premier
ministre a annoncé hier soir qu'on serait beaucoup plus
sévère...
M. LESAGE: Mais oui.
M. JOHNSON: ... et je pense que... non, non, je ne veux pas soulever de
débat, je pense qu'il faudrait, après entente entre les
parties...
M. LESAGE: Oui, c'est ce que j'avais l'intention de faire.
M. JOHNSON: ... après entente les parties, adopter un
système.
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: II faudrait...
M. LESAGE: C'est facile à arranger.
M. JOHNSON: ... disons, oui, a titre de suggestion...
M. LESAGE: II existe un Sénat.
M. JOHNSON: ... que le chef du parti ou le whip en chef...
M. LESAGE: II existe, il existe un système très discret au
Sénat qui fait que la règle est appliquée
sévèrement.
M. JOHNSON: Mais pour définir ce qui est une mission officielle,
il faudrait quand même que...
M. LESAGE: Oui, nous allons nous entendre.
M. JOHNSON: ... ça soit...
M. LESAGE: Cela est laissé à interprétation. A
Ottawa, c'est assez suggestif.
M. JOHNSON: Je pense qu'il faudrait être sérieux quant aux
présences de députés.
M. LESAGE: Oui, oui, nous allons nous entendre.
M. JOHNSON: Extrêmement sérieux. M. LESAGE: Nous allons
nous entendre.
M. JOHNSON: Avec cette rémunération, il faut y voir
et...
M. LESAGE: D'ailleurs... M. JOHNSON: ... l'Opposition
M. LESAGE: ... on verra, on verra par la motion que je vais
présenter à la fin de la session, au sujet de l'indemnité
de la présente session que nous allons retrancher les montants à
un très grand nombre de députés qui n'ont pas donné
des raisons de maladie ou de...
M. JOHNSON: D'activités! M. LESAGE: ... d'activités...
M. JOHNSON: D'activités officielles.
M. LESAGE: ... officielles pour des absences qu'ils ont
déclarées eux-mêmes.
M. JOHNSON: Qu'ils ont déclarées eux-mêmes.
M. LESAGE: Eux-mêmes.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: 4 adopté, 5.
M. BELLEMARE: Cinq, M. le Président, c'est l'article 96. On
remplace c'est nouveau, ça, on remplace par la proposition
qu'a suggérée l'honorable premier ministre pour les
dépenses des allocations prévues pour chaque
député, en plus de quinze voyages. Cela je n'ai pas d'objection,
est-ce qu'il va y avoir une fixation de...
M. LESAGE: Oui, pardon? M. BELLEMARE: ... par le...
M. LESAGE: C'est à l'article. Déterminé par le
greffier de l'Assemblée législative.
M. BELLEMARE: Le « track milage », comme on appelle.
M. LESAGE: Cette allocation est payable d'après la distance
déterminée par le greffier de l'Assemblée.
M. BELLEMARE: Est-ce que ça va être le « track milage
» ou bien...
M. LESAGE: C'est ça. C'est le « track milage ».
M. BELLEMARE: Celui du « road milage ». C'est pour...
M. LESAGE: Un instant.
M. BELLEMARE: Le « road milage », c'est plus court.
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: C'est plus court.
M. LESAGE: Dans le cas, si on me permet, dans le cas du $0.06, c'est le
« rail milage » et dans le cas du $0.10, c'est le « road
milage ».
M. BELLEMARE: « Road ». M. LE PRESIDENT: Adopté.
Six.
M. BELLEMARE: Bon, le six, M. le Président, on exclut de ces
allocations-là, par exemple, les membres, comme vous avez dit hier soir,
les membres de l'Exécutif.
M. LESAGE: Oui, oui, et le chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE: 97, M. le Président, ça vient annuellement
là, c'est de la concordance ça.
M. LE PRESIDENT: Cela va?
M. BELLEMARE: Pour trente jours, c'est très bien. A la fin du
trente jours, au lieu d'être pour chaque session qui dure plus de trente
jours et les sessions disparaissent, les petites sessions comme on les appelle,
disparaissent. Très bien, sept.
M. LE PRESIDENT: 7.
M. BELLEMARE: 7, c'est encore... ça c'est de la concordance... ce
qui concerne le chef de l'Opposition...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... et 8, M. le Président...
M. LESAGE: C'est cequej'aiannoncéhier...
M. BELLEMARE: Oui, oui, très bien, j'ai trouvé ça
là.
M. LE PRESIDENT: Neuf.
M. BELLEMARE: Neuf, M. le Président, c'est l'article 100.
On ajoute; « Si l'état comprend des jours où le
conseiller législatif ou le député a été
absent pour cause de maladie, l'état doit mentionner », on ajoute
tout ce paragraphe-là...
M. LESAGE: Et...
M. UNE VOIX: ... était inévitable.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Absences, non?
M. LESAGE: Non. Et on comprend pourquoi.
C'est surtout dans le cas des activités officielles. Supposons
par exemple que je délègue M. God-bout c'est parce que je
le vois actuellement le député de Québec-Est pour
aller me représenter...
M. BELLEMARE: A Paris.
M. LESAGE: Non, non, ça va être bien plus simple que
ça.
M. BELLEMARE: II aimerait ça.
M. LESAGE: Non, non, oui, mais je le délègue, non
ça ne peut pas être cet exemple-là, parce que
évidemment que dans ce cas-là.
M. BELLEMARE: Pour des funérailles, on suppose.
M. LESAGE: Evidemment que l'absence est inévitable; mais je le
délègue pour me représenter un mardi durant la session
à une cérémonie à huit heures du soir, et il en
profite pour dire; eh bien je suis, j'ai des activités officielles, je
ne viens pas cet après-midi; il faut qu'il y soit l'après-midi,
parce que son absence dans l'après-midi ne serait pas inévitable.
C'est l'exemple.
M. BELLEMARE: Seulement, le premier ministre à ce
moment-là, va-t-il compter la séance de l'après-midi et la
séance du soir dans...
M. LESAGE: Non, c'est la journée. M. BELLEMARE: C'est la
journée. M. BERTRAND: Une séance par jour. M. LE PRESIDENT:
Adopté.
M. BELLEMARE: No 10, M. le Président, c'est l'article 102
là, on enlève chaque session pour faire une concordance, pour
dire; les sessions, maintenant. Cela, c'est correct.
M. LE PRESIDENT: No 11.
M. BELLEMARE: No 11, c'est l'article 104. Sont prélevés
mensuellement sur chaque versement, ça c'est pour faire la concordance
avec l'article que nous avons accepté tout à l'heure pour...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... les députés, les conseillers
législatifs.
M. LESAGE: Les contributions. M. LE PRESIDENT: Article 12.
M. BELLEMARE: La même chose à l'article 12, M. le
Président, concordance.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté. No 13.
M. BELLEMARE: No 13, M. le Président, c'est 107, pour ajouter:
« de plus de trente jours ou » on ajoute ça et c'est
important dans cet article-là « pour le calcul de la
pension ou de la dernière année ». Cela je trouve que c'est
un bon amendement.
M. LE PRESIDENT: Adopté. No 14.
M. BELLEMARE: No 14, M. le Président, c'est 109, c'est de la
concordance.
M. LESAGE: Le No 12, ce sont des droits acquis, ça.
M. BELLEMARE: pardon?
M. LESAGE: Le dernier alinéa, le b) là, c'est pour la
protection des droits acquis.
M. BELLEMARE: Oh oui, ça c'est sûr, pour les
années.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: C'est bien ça.
M. LES PRESIDENT: No 14.
M. BELLEMARE: No 14, c'est 109, c'est la concordance pour les
Conseillers législatifs qui ont atteint l'âge de 75 ans.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Là, ce n'est plus dix sessions parlementaires, ce
sont les années.
M. LESAGE: C'est la même chose.
M. BELLEMARE: On ajoute aux fins du présent article: « une
session parlementaire tenue avant le 1er septembre 1965 est comptée
comme un an ». Cela, c'est correct.
On arrive maintenant à l'article...
M. LE PRESIDENT: No 15.
M. BELLEMARE: L'article 15 c'est l'article 119, ah oui, là c'est
encore la concordance pour enlever; tout Conseiller législatif qui
atteint sa démission après avoir atteint l'âge de 75 ans,
et on ajoute à l'article:« afin de pourvoir, aux fins du
présent article une session parlementaire tenue avant le 1er septembre
1965 compte pour une année ».
M. LE PRESIDENT: No. 16.
M. BELLEMARE: No 16 c'est 121, on enlève, c'est une concordance,
on enlève: « à chaque session » pour dire que c'est
annuel.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Nouvel article 17.
M. LESAGE: M. le Président, l'article, il s'agit de l'article
110, oui.
M. BELLEMARE: Est-ce que je pourrais en avoir une copie?
M. LESAGE: L'article 110, paragraphe 2 se lit comme suit: « Un
conseiller législatif ou un député trouvé coupable
de trahison ou d'un acte criminel commis et visé, commis pendant la
durée de ses fonctions et visé à la partie 3 ou à
la partie 7 du Code criminel ou une conspiration pour commettre un tel acte
perd tout droit à la pension prévue à la présente
loi et n'a droit qu'au remboursement prévu au paragraphe 1,
déductions faites de tout versement de pension qu'il a pu toucher avant
sa condamnation ».
J'ai, M. le Président, étudié à fond le cas
de l'ancien député de Chicoutimi. Je m'en suis personnellement
fait une question de conscience et j'en suis venu à la conclusion que le
député de Chicoutimi avait été la victime d'un
système. A la suite d'une enquête personnelle que j'ai faite, j'en
suis venu à la conclusion que si l'ancien député de
Chicoutimi ne recevait pas sa pension en vertu de l'amendement que je propose,
il serait dans une situation désastreuse. C'est pour moi une question
d'humanité et une question de conscience. Et c'est sous ma
responsabilité de premier ministre que je recommande à la Chambre
l'adoption de cet amendement, et je le fait suivant ma conscience.
M. JOHNSON: M. le Président, vous comprendrez que pour un chef de
parti, il est des jours très difficiles. Et c'est avec infiniment de
regret que j'ai appris ce matin que le député de Chicoutimi avait
donné suite à un projet qu'il
m'avait cependant annoncé dès que le jugement de la cour
d'Appel a été connu...
M. LESAGE: ... un instant, c'est sub judice, j'ai
évité...
M. JOHNSON: M. le Président, je ne parlerai pas, je n'entrerai
pas dans le domaine du sub judice. Je déclare tout simplement que c'est
avec extrêmement de peine que j'ai constaté ce matin qu'il avait
donné suite à une décision prise il y a déjà
quelque temps.
Vous comprendrez que je sois en faveur de l'amendement. Je connais plus
de détails sur la condition physique, je dis bien, physique et
financière, d'un homme qui a été député de
cette Chambre depuis 1937, que je ne devrais en donner publiquement pour une
simple raison de décence. Je voudrais cependant dire que le geste qui
est posé ce matin par le proposeur de l'amendement en est un qui doit
être classé parmi ceux que le coeur inspire et que la raison
guide.
Quant au député de Chicoutimi, je pourrais en parler
longuement mais je m'en abstiendrai sauf pour quelques paroles bien senties.
Voici un homme avec qui je travaille depuis 1946 et le chef du parti a des
raisons que tout le monde connaît de se sentir affecté par
certaines décisions.
Je crois, M. le Président, que la manière de rendre
hommage au député de Chicoutimi, d'une façon
discrète et à l'intérieur de ce que permet le
règlement, c'est tout simplement de lire une déclaration
qu'il a remise ce matin à la presse, déclaration dans laquelle on
reconnaît l'homme, le grand homme qu'est l'ex-député de
Chicoutimi.
Je cite; « Après avoir servi ma province et mes
compatriotes durant plus d'un quart de siècle comme
député, comme ministre de la Couronne et pendant une année
comme chef intérimaire de mon parti en consacrant à ces diverses
tâches le maximum de mes forces et de mon rendement, j'ai le regret
d'annoncer à mes électeurs et à tous mes amis dont
j'apprécie hautement la constante fidélité, que je viens
de faire parvenir ma démission au président de l'Assemblée
législative comme représentant du comté de Chicoutimi.
« personne n'ignore les tribulations dont j'ai été l'objet
depuis deux ans. Ces épreuves m'ont valu des protestations d'estime si
touchantes et si nombreuses que je ne regrette en rien les sacrifices que je me
suis imposés au service des miens, sans égard aux
conséquences qui pourraient en résulter pour moi et pour les
membres de ma famille. Bien que tous les juges qui ont eu à se prononcer
sur les pour- suites intentées contre moi aient déclaré
que je n'avais personnellement profité d'aucun avan-tabe et que je
n'avais pas fait perdre un sou à la province dans l'exercice de mes
responsabilités, bien que l'un d'entre eux ait écrit que plus il
lisait la preuve, plus il demeurait convaincu de ma parfaite
honnêteté et de ma parfaite honorabilité, il va de soi que
je ne puis me laisser imputer aucune offense, même purement technique.
« J'ai donc donné instruction à mes procureurs de faire le
nécessaire pour porter ma cause devant la cour Suprême.
Malheureusement, on sait que ces procédures d'appel sont le plus souvent
très longues. Dans les circonstances où je me trouve, je ne suis
pas en mesure de rendre à mes électeurs de Chicoutimi tous les
services qu'un député pourrait normalement leur rendre,
même comme membre de l'Opposition. « C'est donc en songeant au
bien-être et aux meilleurs intérêts de mes électeurs
que j'ai décidé de donner ma démission comme
député de Chicoutimi. Leur fidélité, qui ne s'est
jamais démentie pendant 27 ans et qu'aucune épreuve ne peut
ébranler, si j'en juge par les témoignages de confiance qui me
parviennent encore quotidiennement de tous les coins de ce beau comté,
me récompense largement de tout ce que j'ai fait pour eux.
J'apprécie également à leur juste valeur les marques
d'amitié qui me parviennent de toute part, même de personnes que
je n'ai pas l'honneur de connaître. « A tous ces amis, connus ou
inconnus, à tous mes électeurs de même qu'à tous mes
collègues et au Chef de l'Opposition, j'adresse mes remerciements les
plus cordiaux. A tous ceux qui pourraient être tentés de
s'éloigner de la vie publique à cause des ennuis, des tracas,et
des vicissitudes auxquelles elle expose parfois ceux qui s'y dévouent,
je tiens à rappeler que, bien au-dessus des personnes, il y a la
province et la communauté québécoise que je continuerai,
pour ma part, quoiqu'il arrive, d'aimer de toute mon âme et de servir de
mon mieux. » Antonio Talbot.
Notre parfait gentilhomme et l'homme de coeur.
M. LESAGE: Adopté.
M. BELLEMARE: Le 18, ce sont des concordances à la loi de
l'Exécutif.
M. LESAGE: Oui, mais c'est ce que j'ai annoncé hier. Exactement
ce que j'ai dit en deuxième lecture...
M. BELLEMARE: Seulement, je voudrai? demander à l'honorable
premier ministre s'il y a une refonte de la loi de l'Exécutif comme il y
en a une, ici de la Loi de la législature.
M. LESAGE: Oui, je la lui donne avec plaisir. M. BELLEMARE: Merci.
M. LESAGE: C'est-à-dire que je n'en ai qu'une copie...
M. BELLEMARE: Je me suis adressé à son bureau puis on
devait m'en faire parvenir, M. Prémont...
M. LESAGE: Ah, je m'en excuse, il faut comprendre...
M. BELLEMARE: ... alors si le ministre veut me donner deux
minutes...
M. LESAGE: ... tous les employés de l'Exécutif et de mon
bureau ont été bousculés depuis...
M. BELLEMARE: ... oui, oui, je ne vous fais pas de reproche,
écoutez bien...
M. LESAGE: Ils m'ont trouvé « bousculant. »
M. BELLEMARE: Oui, mais l'article 6... M. le Président, est-ce
que le premier ministre, pour le...
M. LESAGE: Je n'ai plus ma copie.
M. BELLEMARE: Ah non, je comprends.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: D'accord!
M. LE PRESIDENT: 8, adopté.
M. LESAGE: Bien non... c'est la copie.
M. LE PRESIDENT: 19.
M. BELLEMARE: Non, c'est la copie du... c'est la copie.
M. LE PRESIDENT: 19, adopté.
M. LESAGE: Bien, ça c'est la mise en vigueur.
M. BELLEMARE: En vigueur sauf pour le nombre des députés,
l'article 1.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill numéro 89
avec un amendement.
M. HYDE (président): M. Lesage propose que l'amendement soit
maintenant lu et agréé.
M. LESAGE: M. le Président, il n'y a pas eu d'amendement.
L'amendement...
M. BEDARD (président du comité plénier):
Très bien! Excusez-moi!
M. LESAGE: ... a été inclus en deuxième
lecture.
M. HYDE (président): Troisième lecture.
Adoptée.
M. BERTRAND: Troisième lecture. M. LE PRESIDENT:
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Le projet de loi concernant les compagnies de
fidéicommis, bill 59.
M. JOHNSON: Est-ce que le premier ministre veut terminer le travail
avant...
M. LESAGE: Ah il n'y a pas d'avant. M. JOHNSON: On continue.
M. LESAGE: J'ai envoyé mes gens dîner. Ils vont revenir.
Les autres iront, mais moi je vais m'en passer, comme d'habitude. Cela m'est
déjà arrivé plusieurs fois cette semaine.
M. BERTRAND: Vous irez après.
M. JOHNSON: Je vais aller prendre un sandwich.
M. LESAGE: Oui, vous...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a le droit de manger en Chambre, M. le
Président?
M. LESAGE: Non, non. Si on avait le droit, je le ferais.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la deuxième lecture du bill
numéro 59, « Loi mo-
difiant la Loi des compagnies de fidéicommis. »
M. LESAGE: On va aller en comité. C'est du technique. C'est de la
technique.
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture adoptée?
M.BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 59.
M. LESAGE: Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 59.
Article 1.
M. LESAGE: M. le Président, comme j'ai plusieurs modifications,
...projet de loi... non des modifications...
M. BERTRAND: Avez-vous des amendements?
M. LESAGE: Des amendements que je vais proposer.... L'article 1.
M. BERTRAND: Avez-vous des copies de...? M. LESAGE: Il s'agit de
l'article 8.
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre m'en enverra une copie?
M. LESAGE: Ah oui.
M. BELLEMARE: C'est pour mes dossiers.
M. LESAGE: Ce sera un souvenir pour ses anciens jours!
M. BELLEMARE: Ah! il faut marquer la date.
M. LESAGE: Oui. D'ailleurs, nous allons avoir ces statuts quand,
monsieur...?
M. BELLEMARE: 64?
M. LESAGE: D'ici la fin du mois.
M. LESAGE: Alors, l'article 8 de la loi est celui qui...
M. BERTRAND: ... ah! oui. C'est à cause...
M. LESAGE: ... article 5 de la loi, qui exige que les actions
soient$100. Cinq, troisièmement, que la compagnie projetée, je
lis le texte actuel « Que la compagnie projetée possède un
capital-actions permanent et souscrit d'au moins $ 250,000 divisé en
actions, d'une valeur au pair de $100 chacune dont $100,000 au moins ont
été versés par les souscripteurs du capital en
fidéicommis pour la compagnie, dans une banque légalement
constituée ». Alors, là on verra que c'est la même
chose. Mais, pour éviter que les compagnies de difucie viennent avec des
bills privés nous demander ce que nous accordons là, nous leur
avons dit: nous allons passer une loi générale. C'est la partie
deux de la Loi des compagnies.
M. BERTRAND: L'amendement est accepté. L'article est
accepté.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Pour ce qui est de l'article 2 et de l'article 3, j'ai fait
distribuer n'est-ce pas...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: ... les amendements. Il s'agit de l'article 8 de la loi.
L'article 8 de la loi qui est celui qui, actuellement, donne les pouvoirs de
placements. Nous avions dans le bill original prévu que ce serait 981-0,
parce que nous croyions pouvoir élargir 981-0 d'une façon
définitive, suivant l'amendement qui va venir tantôt.
M. BERTRAND: ... il ne vient pas...
M. LESAGE: ... or, comme nous le restreignons et que nous le soumettons
pour étude, nous ne pouvons plus procéder de cette
façon-là. Alors, nous nous contentons purement et simplement
d'ajouter à l'article 8 des restrictions pour éviter les conflits
d'intérêts, restrictions qui sont exactement les mêmes que
celles que nous avons édictées unanimement à 558N de la
Loi de Assurances, de la loi modifiant la Loi des Assurances, le bill 58. C'est
mot à mot.
M. BERTRAND: Mais le premier ministre peut même verser
l'amendement pour qu'on le rapporte au journal des Débats, qu'il ne
prenne pas le trouble de le lire...
M. LESAGE: Oui. Non, non, je ne le lira pas.
M. BERTRAND: Non, non, mais on pourra le reproduire au journal des
Débats.
M. LESAGE: Oui, oui. On pourrait reproduire au journal... A ce
moment-ci, on pourrait reproduire au journal des Débats, les amendements
proposés...
M. BERTRAND: C'est ça.
M. LESAGE: ... Voulez-vous aller porter à...
M. BERTRAND: ... comme si vous les aviez vus...
M. LESAGE: ... comme s'ils avaient été vus.
M. BERTRAND: C'est ça. (Voir appendice)
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 2, adopté.
M.BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: Et quant à... L'article 3 devient l'article 4.
M. LESAGE: Trois.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Oui, et l'article 3 modifie la loi en ajoutant, après
l'article 8, le suivant, 8-A: « les administrateurs d'une compagnie
enregistrée qui ont autorisé ou approuvé un placement
».
M. BELLEMARE: II y est...
M. LESAGE: ... mais il y est, d'ailleurs. Il y est dans le bill
imprimé.
M. BERTRAND: II est dans le bill.
M. LESAGE: Il est dans le bill imprimé. C'est la Loi des
assurances 158, paragraphe « o », sous-paragraphe 2. C'est
textuellement ce que nous avons adopté en Chambre.
M.BERTRAND: Alors, c'est à cause de l'adoption de cet amendement
dans la Loi des assurances...
M. LESAGE: ... même chose...
M. BERTRAND: ... que le premier ministre amende la Loi des compagnies de
fidéicommis?
M. LESAGE: Oui, pour donner la... M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: ... même garantie que dans le cas de la Loi des
assurances...
M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: ... et l'article 3 qui conserve l'entrée en vigueur,
évidemment devient...
UNE VOIX: ... le numéro 4...
M. LESAGE: ... l'article numéro 4...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: A l'ordre, maintenant.
M. BLANK (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le bill 59 a
été adopté par le comité plénier avec les
amendements et demande la permission de siéger à nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il?
M. LESAGE: Même séance.
M. LE PRESIDENT: Même séance.
M. LESAGE: Oui, oui, même séance.
M. LE PRESIDENT: Vous siégez à nouveau même
séance?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Il y a des amendements?
M. LESAGE: Oui il y a des amendements.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité a adopté les
amendements?
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que les amendements soient maintenant
lus et agréés.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LESAGE: Adopté. Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est la même séance?
M. LESAGE: Pardon!
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le comité a complété
ses travaux?
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Pas besoin de siéger?
M. LESAGE: Oui, il faut siéger de nouveau sur le bill du Code
civil, nous avons complété nos travaux sur le projet de
loi...
M. LE PRESIDENT: Alors ce comité plénier est
terminé.
M. LESAGE: Oui, il va y en avoir un autre.
M. LE PRESIDENT: Un autre bill. Troisième lecture du bill...
M. BERTRAND: Oui. Adopté.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Alors deuxième lecture du bill 60, « Loi
modifiant le Code civil ».
M. BERTRAND: Le premier ministre a déjà fourni des
explications à ce sujet et nous allons étudier.
M. LESAGE: Non, nous allons aller en comité puis je
distribuerai...
M. BERTRAND: ... les amendements.
M. LESAGE: Oui, je vais distribuer des documents, les amendements et le
bill tel qu'il apparaîtra une fois amendé.
M. BERTRAND: D'accord. M. LESAGE: Alors en comité.
M. LE PRESIDENT: La deuxième lecture adopté?
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte mon fauteuil pour que
la Chambre se forme en comité pour étudier le bill 60. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Adopté. Alors j'ai donné hier les explications.
M. le Président, qui faisaient qu'il y avait lieu... Alors l'on verra
que j'ai distribué les amendements, le bill, les amendements et le bill
tel qu'il apparaîtra une fois amendé.
M. BELLEMARE: Est-ce que vous en auriez une autre copie, parce...
M. LESAGE: Ah oui, certainement.
M. BELLEMARE: ... que j'ai, non mais un amendement dans
l'amendement.
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: Cette feuille est complète.
M. LESAGE: C'est complet, ça va être le bill tel qu'il va
paraître.
M. BELLEMARE: Parce que je le remet à un de mes...
M. LESAGE: Je vais vous en donner tant que vous allez vouloir en
avoir.
M. BELLEMARE: Non, non, parce que j'ai un avocat qui suit cela.
M. LESAGE: Bien oui, mais je vais vous les envoyer.
M. BELLEMARE: J'en ai seulement un.
M. LESAGE: Je vais vous en envoyer un autre. Donnez-lui en un
paquet.
M. BELLEMARE: Non.
M. LESAGE: Je suis généreux.
M. BELLEMARE: Je vois ça. Je vais en prendre un.
M. LESAGE: Alors nous faisons l'essentiel, n'est-ce pas, exactement les
deux choses que j'ai mentionnées hier. Nous permettons, nous
ajoutons un sous-paragraphe L à l'article 981, un paragraphe L
c'est-à-dire, un paragraphe L, à l'article 981 0 du Code civil
pour permettre le placement, et ce que j'ai de mieux à faire c'est de le
lire. L'explication est complète, c'est une répétition de
ce que j'ai dit hier, dans des obligations ou autres titres de créance
garantis par le transport à un fiduciaire d'un engagement du
gouvernement de la province, du Canada ou d'une province canadienne de verser
chaque année des subventions suffisantes pour l'acquittement des
intérêts et du principal à échéance, c'est le
cas des hôpitaux.
M. BERTRAND: Ça m'a l'air très normal.
M. LESAGE: Maintenant l'amendement c'est que les articles 2, 3 et 4 sont
retranchés pour cette année mais cela demeure à
l'étude, comme document de travail; des articles 5 et 6 deviennent 2 et
3 et alors là on voit l'article 2 à la loi, au projet de loi tel
qu'amendé.
Et tout ce que cela fait, c'est d'ajouter « ni aux
hypothèques consenties en faveur de l'Office du crédit agricole
du Québec afin d'éviter des frais d'enregistrement nouveaux
après trente ans aux cultivateurs. » Et trois, c'est
l'entrée en vigueur.
M. BERTRAND: J'ai...
M. LESAGE: Et je l'avais expliqué, je l'avais expliqué
hier.
M. BERTRAND: Oui, j'ai vu l'article et tout me semble satisfaisant.
M. LESAGE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de vous faire rapport que le bill 60 est
adopté avec des amendements.
M. Lesage propose que les amendements soient maintenant lus et
agréés. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Troisième lecture.
M. BERTRAND: Si le premier ministre me le permet, je l'ai bien compris
hier. Et le bill tel qu'il a été présenté reste
comme document de travail.
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: Et va être transmis... M. LESAGE: Oui, je vais nommer
un comité.. M. BERTRAND: Un comité.
M. LESAGE: ... et je vais annoncer la formation du comité
publiquement et je réinviterai je l'ai fait hier et je
réinviterai les corps intéressés à faire leurs
représentations au comité, qui tiendra des séances
probablement au comité des bills privés de l'Assemblée
législative. Nous pourrons entendre le Barreau, les compagnies de
Fiducie, etc.
M. BERTRAND: Et la date de ces séances sera annoncée
publiquement?
M. LESAGE: Sera annoncée par les membres du comité et
annoncée publiquement.
M. BERTRAND: Très bien.
M. LESAGE: Parce que nous désirons...
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. LESAGE: ... avoir l'opinion des intéressés sur la
question.
M. BERTRAND: Je pense que l'initiative est heureuse.
M. LESAGE: M. le Président, nous avons épuisé
l'agenda sauf l'item...
M. LE PRESIDENT: La troisième lecture est adoptée?
M. LE GREFFIER ADJOINT: Oui, adoptée.
M. LESAGE: ... sauf l'item auquel nous ne pouvons toucher pour les
raisons exprimées dans le discours du Trône et je fais la motion
suivante: « Attendu que le député du district
électoral de Papineau, M. Roméo Lorrain, et le
député du district électoral de Maskinongé, M.
Germain Caron, ont été empêchés d'occuper leur
siège durant la présente session pour cause de maladie...
M. BERTRAND: C'est vrai.
M. LESAGE: Eux, sont dans un paragraphe séparé, parce
qu'ils ont été absents toute la session. Et c'est suivant la
coutume d'ailleurs, suivant la loi qu'on vient d'adopter.
M. BERTRAND: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Comme on avait fait pour M. Lapalme.
M. LESAGE: Oui, suivant la loi qu'on vient d'adopter.
M. BERTRAND: D'ailleurs, la loi...
M. LESAGE: Oui, oui, la loi est là. « Attendu que les
quelques jours d'absence de certains autres députés sont aussi
imputables à la maladie ou à un engagement public ou officiel,
cette Chambre recommande, a) que l'indemnité parlementaire relative
à la présente session soit payée en entier à MM.
Roméo Lorrain et Germain Caron et que les dispositions du
deuxième alinéa de l'article 95 de la Loi de la
législature, Statuts refondus 1964, chapitre 6, ne soient pas
appliquées pour la présente session ». Ce qui veut dire que
M. Gabias par exemple recevra son indemnité parce qu'il a
siégé...
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Ce qui veut dire que M. Gabias, entre autres, va recevoir son
indemnité.
M. BELLEMARE: Son indemnité. M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: La journée de la magnanimité!
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: La journée de la magnanimité !
M. LESAGE: J'ai le coeur à la bonne place, moi.
M. BELLEMARE: Ah! je l'ai toujours dit. Très bien...
M. BERTRAND: La séance est suspendue.
M. BELLEMARE: Vous permettrez, M. le Président, devant le geste
que vient de poser l'honorable premier ministre pour mon voisin des
Trois-Rivières, mon collègue du district électoral de
Trois-Rivières, de remercier très sincèrement l'honorable
premier ministre.
M. BERTRAND: La séance est suspendue?
M. LESAGE: M. le Président, je suggère que la
séance soit suspendue jusqu'à ce que le sergent d'armes nous
rappelle par la sonnerie des cloches.
M. BERTRAND: Nous pourrons, durant ce temps prendre...
M. BELLEMARE: Une bouchée.
M. BERTRAND: ... un peu de nourriture.
M. BELLEMARE: Une bouchée.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue « sine minute
».
M. BERTRAND: « Sine minute ».
M. LESAGE: Elle est suspendue jusque...
M. LE PRESIDENT: Pas sine die.
M. LESAGE: ... jusqu'à ce que les cloches sonnent.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue.
Reprise de la séance à 4 h 45 p. m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Messages du Conseil
législatif
M. LE PRESIDENT: Messages du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 6 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants;
Bill No 59 intitulé: « Loi modifiant la Loi des compagnies
de fidéicommis ».
Bill No 60, intitulé: « Loi modifiant le Code civil
».
Bill No 89 intitulé: « Loi modifiant la Loi de la
Législature et la Loi de l'Exécutif ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 6 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement et qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill No 85 intitulé: « Loi modifiant la Loi de la
Régie des alcools ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, le Conseil législatif a
apporté un seul amendement à la Loi de la Régie des
alcools. C'est à l'article 75, l'article 28 du bill, qui traite de la
vente des boissons alcooliques à divers endroits et à diverses
heures. L'Assemblée législative avait étendu à
l'île de Montréal, à 5 milles autour de l'île de
Montréal, ce qui avait été accordé à
Québec, 5 milles autour de Québec; le Conseil législatif
ajoute « l'île de Montréal ou de ses îles »,
c'est-à-dire les îles qui sont en périphérie de
Montréal, l'île Jésus en particulier. Alors, je propose que
la Chambre agrée cet amendement du Conseil législatif.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Comité de la Constitution
M. LAPORTE: M. le Président, comme on le sait, le comité
parlementaire de la Constitu- tion, formé à l'unanimité
par l'Assemblée législative le 7 juin 1963, a obtenu une
prolongation de son mandat par l'Assemblée législative le 3
février 1965, lorsque celle-ci adopta à l'unanimité une
résolution qui se lit comme suit: « Qu'un comité
spécial soit institué avec pouvoir d'entendre des témoins
et de requérir la communication de toute pièce et de tout dossier
jugés nécessaires en vue de la détermination des objectifs
à poursuivre par le Canada français, dans la revision du
régime constitutionnel canadien, et des meilleurs moyens d'atteindre ces
objectifs, ledit comité devant faire rapport à la Chambre au
cours de la présente session. Que ledit comité spécial
soit autorisé à siéger pendant que la Chambre est en
séance et les jours où elle ne tient pas de séance.
« Que tous les témoignages entendus et tous les mémoires,
dossiers et documents reçus depuis sa formation par le comité
spécial institué le 7 juin 1963, voir page 474 des journaux de
l'Assemblée législative de 1963, soient remis au comité
spécial dont la formation est proposée par la présente
motion et fassent partie de ses archives. « Que messieurs Allard,
Beaupré, Belle-mare, Bertrand, Brown, Dozois, Fournier,
Gérin-Lajoie, Gervais, Hardy, Johnson, Lapalme, Laporte, Lévesque
(Montréal-Laurier) et Mo-rissette forment ledit comité
spécial. « A titre de président du comité
parlementaire de la constitution-je parle au nom de M. Gérin-Lajoie,
j'ai l'honneur de présenter un rapport sommaire sur le travail
accompli par le comité au cours des douze derniers mois. Au cours de
cette période, le comité parlementaire de la constitution a tenu
douze réunions publiques au cours desquelles il a entendu et
interrogé les personnes et organisations qui lui ont soumis des
mémoires, leur faisant part de leurs opinions sur les problèmes
étudiés par le comité. « Le comité directeur,
constitué de sept de ses quinze membres, a, pour sa part, tenu trois
réunions de travail depuis le mois de juillet 1964. Deux de celles-ci
furent consacrées à l'audition à huis-clos d'experts en
droit constitutionnel canadien. Au cours de la dernière année, le
comité a pris connaissance d'une étude préparée par
le personnel du ministère des Affaires
fédérales-provinciales sur la part du Québec dans les
dépenses et les revenus du gouvernement fédéral pour les
années 1960-1961, 1961-1962 et 1962-1963. Ce rapport a été
déposé à l'Assemblée législative et rendu
public à cette occasion. « Le comité a commencé
à recevoir les études techniques qu'il avait commanditées
au-
près de l'Institut de recherche en droit public de
l'université de Montréal. Plusieurs autres études doivent
lui parvenir d'ici la fin de l'année. Ces membres ont pris connaissance,
à titre individuel, d'études portant notamment sur la
capacité internationale des Etats fédérés, sur les
pouvoirs extra-territoriaux du Canada et du Québec, sur le plateau
continental et la zone contigue à la mer territoriale, sur les eaux
territoriales et sur les eaux intérieures du Québec, sur
l'intégrité du territoire québécois et sur
l'opportunité de créer un district fédéral
canadien. On peut constater que le travail entrepris par le comité
parlementaire de la constitution est loin d'être terminé et qu'il
n'est donc pas en mesure de fournir un rapport définitif au cours de la
présente session. « Il se propose de consacrer ses efforts, au
cours de la prochaine année, à l'examen détaillé
des études techniques et déjà reçues et de celles
qu'il compte recevoir au cours des prochains mois et à l'audition
d'experts. »
C'est le rapport, M. le Président, du comité parlementaire
de la constitution. Je propose, secondé par M. Bertrand, qu'afin de
permettre au comité parlementaire de terminer les travaux qui
découlent du mandat qui lui a été confié le 3
février 1965 cette Chambre est d'avis que le comité
spécial institué avec pouvoir d'entendre des témoins et de
siéger même les jours où la Chambre ne tient pas de
séance, et après la prorogation en vue de la détermination
des objectifs à poursuivre par le Canada français dans
lare-vision du régime constitutionnel canadien et des meilleurs moyens
d'atteindre ces objectifs, continue ses travaux et fasse rapport à la
Chambre au cours de la prochaine session.
M. JOHNSON: Est-ce que l'expression « est d'avis » est
suffisante pour donner vie à la...
M. LAPORTE: C'est la même motion que l'an dernier. Nous ne nous
faisons pas d'illusions, ça autorise simplement l'auditeur
à...
M. JOHNSON: Payer.
M. LAPORTE: ... payer, parce qu'il faudra qu'au début de la
prochaine session, nous ayons une motion pour faire revivre et que les dossiers
soient versés au comité.
M. BERTRAND: D'ailleurs, la motion est unanime.
M. LAPORTE: Oui, d'accord.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée.
M. JOHNSON: D'accord. M. LESAGE: Suspension.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue pour quelques
minutes.
M. LAPORTE: M. le Président, le conseil législatif...
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Un message du Conseil
législatif. « Conseil législatif, le 6 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il agrée le message de l'Assemblée
législative l'informant qu'elle agrée en partie les amendements
que le Conseil législatif a apportés au bill No 63
intitulé: « Charte de la ville de Laval ».
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, je pense qu'à toutes fins
pratiques ceci va clore la session commencée le 21 janvier 1965. L'on me
permettra, puisque le premier ministre a dû s'absenter pour aller
accueillir le lieutenant-gouverneur qui va proroger la session dans quelques
minutes, et terminant ma première session comme leader du
gouvernement...
M. GOSSELIN: Félicitations!
M. LAPORTE: ... de souhaiter à tous non pas de bonnes vacances
parce que je ne voudrais pas que la population ait l'impression que nous allons
en vacances, je crois que la plupart d'entre nous prendront quelques jours de
repos et retourneront à d'autres travaux qui nous attendent depuis
plusieurs semaines.
Je voudrais signaler que, si la session de 1965 a été plus
longue dans le temps, elle a été plus courte en séances.
L'an dernier nous avions commencé le 9 janvier et nous avions
terminé le 31 juillet. Cette année, nous avons commencé le
21 janvier, nous terminons le 6 du mois d'août, mais l'on remarquera que
le nombre et la durée des ajournements a été plus grand
que l'an dernier.
A Pâques, nous avons pris deux semaines au lieu de dix jours. La
Chambre s'est ajournée pour la conférence
fédérale-provinciale. Si bien
que nous avons 95 séances en 1965, comparé à 120
l'an dernier. Nous avons donc réussi avec un menu parlementaire sans
précédent, par le nombre de lois et par l'importance des lois,
à raccourcir sensiblement la durée de la session.
Je crois que c'est, en bonne partie, grâce au travail beaucoup
plus considérable que nous avons confié cette année
à des comités. Nous y avons trouvé deux avantages, celui
de faire plus ratidement plus de travail, puis nous avons réussi
à intéresser un plus grand nombre de députés parce
que tous ont fait partie d'un et même de deux et de trois comités
restreints, où il leur a été loisible de faire du travail
plus profitable. J'en suis très heureux, je crois que c'est un excellent
début de mettre en marche ce que l'on a appelé la revalorisation
du rôle du député, qui doit contribuer de plus en plus au
travail du législateur.
Je voudrais remercier tous les députés qui ont fait partie
des divers comités, de leur bon travail, et je voudrais dire aux membres
del'Oppo-sition que j'ai apprécié leur collaboration pendant
cette session. Nous nous sommes à diverses reprises taloches assez
rudement, mais je pense que si nous faisons le bilan de la session, nous avons
les uns et les autres, chacun dans son optique, travaillé à
l'avancement du bien commun de la province de Québec.
Je voudrais dire à tous les députés que,
personnellement, j'ai été extrêmement heureux du travail
qu'ils m'ont permis d'accomplir et je voudrais dire que nous aurons une
certaine nostalgie durant les premiers jours à ne pas nous retrouver ici
quotidiennement. Cela me rappelle un peu le temps de collège, lorsque
nous souhaitions ardemmentles vacances, mais que, pendant les quelques premiers
jours, nous avions une sorte de nostalgie des confrères, de cette
atmosphère très particulière qui était le
collège. C'est un peu la même chose pour nous, nous sommes presque
tous devenus les uns pour les autres des amis. A tous ces gens, mes souhaits de
bonnes vacances, bon travail et les remerciements pour le travail immense qui a
été accompli au cours de la session.
Si vous permettez, je m'excuse, juste un mot, Monsieur le
Président. Je voudrais que mes dernières paroles soient pour vous
présenter au nom de toute la Chambre je n'en ai pas le moindre
doute nos remerciements et nos hommages pour la façon patiente,
impartiale et si compétente avec laquelle vous avez
présidé nos délibérations.
M. JOHNSON: M. le Président, au risque de fournir de la
matière additionnelle aux statistiques du Secrétaire de la
province, je veux très brièvement offrir, au nom de mes
collègues de l'Opposition et en mon nom personnel, les voeux de bon
congé à tous les députés de cette Chambre et
à vous, M. le Président, qui les méritez tout
spécialement, des vacances qui seront reposantes, car vous avez sans
doute dû souffrir beaucoup cette année. Et c'est avec une
très grand maîtrise de votre tempérament, dû*
à votre îlegme britannique sans doute, que vous avez pu, quelques
fois, garder le contrôle de vos nerfs alors que la Chambre devenait un
peu mouvante ou indocile. Ce sont là des euphémismes. Je voudrais
noter aussi qu'il s'agit de la première session où nous avons
expérimenté la présence en Chambre d'un leader
parlementaire du gouvernement. En vertu du vieil adage anglais que vous
connaissez bien: « Give the devil his due », je pense...
M. LAPORTE: J'aime autant ne pas entendre la suite.
M. JOHNSON: ... je pense qu'il est séant d'offrir des
félicitations au leader parlementaire qui a abattu une besogne et qui a
conduit d'un bras un peu trop ferme des fois, M. le Président, les
délibérations de cette Chambre.
Je dois dire à son acquis qu'il n'a jamais manqué à
la parole qu'il m'avait donnée quant à l'ordre des travaux de la
Chambre, sauf quand il a dû obéir. Disons tout de suite que le
travail qu'il a abattu a sans doute placé le député de
Chambly plusieurs verges en avant de ses concurrents dans la course pour la
cheffe-rie et pour la succession...
M. LAPORTE: Etes-vous encore dans les compliments là?
M. JOHNSON; ... pour la succession du premier ministre actuel qui doit,
comme on le sait, émigrer bientôt vers d'autres cieux...
M. LAPORTE: Après les élections, cet automne.
M. JOHNSON: On vient de manquer une belle chance d'en faire.
M. LAPORTE; Vous ne nous avez pas aidé. M. BERTRAND: On
était prêts.
M. LAPORTE: Vous étiez prêts? C'est vrai. Ce sont ceux qui
ne sont pas éligibles qui ne l'étaient pas.
M. JOHNSON: M. le Président, je me sou-
haite, comme chef du parti libéral, le député de
Chambly. Comme il fait semblant de souhaiter, comme chef de l'Opposition, le
député de Bagot.
M. LAPORTE: Je vous garantis que c'est sincère.
M. JOHNSON: Dans un cas comme dans l'autre. M. le Président, dans
un cas comme dans l'autre, c'est la même sincérité, sauf
que moi je ne donnerais pas ma garantie, car elle vaudrait. M. le
Président, il reste que le leader parlementaire a abattu une besogne
considérable. Il doit admettre aussi qu'il a eu une coopération
exceptionnelle de la part de l'Opposition, non seulement de la part de celui
qui vous parle, mais de tous mes collègues, particulièrement ceux
qui ont accepté de siéger sur de très nombreux
comités et qui ont abattu une besogne extraordinairement importante
vis-à-vis des législations dont l'étude a
été ainsi faite plus sérieusement, même si
l'étude durait moins longtemps.
M. le Président, je voudrais remercier ces collègues, je
n'en nomme pas de peur d'être injuste, vous les avez vus à
l'oeuvre, vous connaissez leurs mérites et je décernerai en temps
et lieu les médailles, les lauriers et les couronnes.
Mais pour le moment, M. le Président, je voudrais aussi faire
quelques considérations sur la session. Elle a été longue.
Il est vrai qu'elle a compris moins de séances que l'année
dernière. Cependant, il faut tenir compte que les comités ont
siégé en même temps que siégeait la Chambre, je
pense qu'il s'est abattu dans cette période de temps, plus de besogne
qu'il ne s'en était abattu l'année dernière.
M. le Président, je voudrais dire aussi qu'elle a
été importante, à cause particulièrement de cette
Législation sur le régime de rentes universelles, une
Législation dont nous nous étions faits les proposeurs
vis-à-vis l'opinion publique et les propagandistes enthousiastes
à l'occasion de l'élection de 1962.
Je regrette, pour ma part, que le gouvernement n'ait pas
décidé de faire de Sidbec, un complexe sidérurgique
étatique, je regrette qu'on ait négligé de
présenter certains projets qu'on avait promis, mais je sais que le
gouvernement s'empressera dès le début de la prochaine session de
corriger certaines omissions. Quant à Sidbec, ça fera l'objet
d'un débat, en temps et lieu.
M. le Président, je ne voudrais pas terminer ce court la'ius sans
apporter une mention spéciale, à un groupe d'hommes qui doivent
nous écouter toute la journée, ou lire le journal des
Débats et ensuite essayer de comprendre et essayer de résumer. Je
voudrais rendre un hommage très sincère à tous les membres
de la Galerie de la presse. Je voudrais rendre un hommage à tous et
chacun d'eux sans faire aucune exception. M. le Président, il a pu
arriver que dans le feu du combat, alors que j'étais assailli par une
foule de problèmes que l'on connaît ou que l'on soupçonne,
il a pu m'arriver dans ces circonstances d'avoir des moments d'impatience,
d'avoir des mots qui dépassaient ma pensée, mais ils savent bien,
tous ces journalistes, que je les aime bien.
M. LAPORTE; Ah ça, oui!
M. JOHNSON: Que j'ai pour eux un faible et 3 ceux qui ont
été châtiés je leur dis: « Qui aime bien,
châtie bien ». M. le Président,..
M. LAPORTE: ... je voudrais que vous ne l'oubliez pas quand ce sont eux
qui vous châtient.
M. JOHNSON: M. le Président, ils savent que je ne leur en veux
pas, même quand ils mettent du tigre dans leurs écrits, et je
voudrais bien leur faire part que je n'ai pas de rancune, mais que des fois,
des fois je dis la vérité à leur sujet, comme ils ne se
gênent pas pour la dire à notre sujet.
Mais, blague à part, tout le monde constate le travail de
géant qu'abattent ces gens, et je comprends qu'ils soient aussi
quelquefois sujets à faire des erreurs. Mes meilleurs voeux de bonnes
vacances à ces messieurs et j'espère qu'après un repos,
ils reviendront imbus de tout ce sens de l'objectivité qu'on souhaite
chez eux; la perfection que les politiciens ne peuvent atteindre, ils
voudraient bien la voir réaliser chez les journalistes.
M. COURNOYER: M. le Président, vu l'absence du premier ministre,
l'absence du doyen du Cabinet, je me vois obligé de faire un aveu
terrible, je crois que je suis le doyen du Cabinet présent ici. Alors,
j'ai l'impression que c'est un devoir agréable et c'est un devoir
peut-être un peu difficile, parce que j'ai beaucoup d'affection et
d'amitié pour le ministre des Affaires municipales, de lui dire combien,
nous, ses collègues, avons apprécié, comme vous
d'ailleurs, la grande collaboration qu'il a apportée à la marche
des débats dans cette Chambre, et je crois bien que, si le premier
ministre était ici, il se serait fait un grand plaisir de dire tout le
bien qu'il pense de lui,
et je crois me faire l'interprète de tous les membres du Cabinet,
de tous les députés pour lui dire notre admiration, notre estime
et notre confiance.
Maintenant, le chef de l'Opposition a exprimé des... Pardon?
M. GOSSELIN: II y a un étranger à la porte. M. JOHNSON:
Qu'il attende, qu'il attende.
M. GOSSELIN: Qu'il attende. Il y a un étranger à la
porte.
DES VOIX: Qu'il attende.
M. JOHNSON: A tout événement, j'en ai dit beaucoup!
M. GOSSELIN: En somme, nous sommes souverains...
M. JOHNSON: Mais vis-à-vis la reine...
M. COURNOYER: II y a juste une phrase que je veux ajouter, c'est que le
chef de l'Opposition a dit tantôt, évidemment, il ne pouvait pas
manquer une occasion, devant cette noble galerie, comme dirait Cyrano de
Bergerac, pour lancer de nobles plaisanteries, il a dit: « Enfin le
gouvernement a approuvé des lois que nous avions
préconisées. » Eh bien! nous, comme le peuple, nous disons:
« Enfin, Malherbe vint ». Alors, nous sommes venus, et c'est comme
cela que les lois se sont appliquées et que nous les avons votées
et puis je me joins à monsieur le ministre, le leader de la Chambre,
pour dire mon affection personnelle à tous les membres de cette Chambre,
mon amitié, et pour leur souhaiter, évidemment, de bonnes
vacances, un bon repos et puis de continuer tous notre travail comme nous
l'aimons.
M. JOHNSON: J'espère que ce n'est pas le baiser de
l'amourette.
M. COURNOYER: C'est une interruption, hein!
M. JOHNSON: Permettez-nous juste un mot pour...
M. COURNOYER: Je n'ai pas fini. M. JOHNSON: ... pour...
M. COURNOYER: Vous aurez interrompu jusqu'à la fin.
M. JOHNSON: ... offrir des remerciements au nom de tout le monde, j'en
suis certain, à un personnel qui travaille d'une façon
exceptionnellement...
M. LAPORTE: Ça, c'est bien.
M. JOHNSON: ... le personnel du journal des Débats, à
partir de l'éditeur en passant par les techniciens que l'on voit
constamment ici, et je laisse à ceux qui sont plus jeunes de faire les
compliments aux dames, et j'espère qu'ils pourront traduire très
élégamment ce que je pense intérieurement.
M. COURNOYER: Alors, j'ai été interrompu. Alors, je
voulais terminer, juste un mot.
Il est évident que je pense bien que l'on doit dire un mot
d'admiration et d'estime pour le premier ministre. Je pense bien qu'il n'y a
pas un député dans cette Chambre qui va dire qu'il ne fait pas
son possible. Et je crois qu'il est un exemple, un exemple d'abord pour ses
ministres et un exemple pour tous les membres de cette Chambre pour son
assiduité et son esprit de travail. Et surtout, je crois, il a un
orgueuil pour sa province, je crois que le mot orgueuil n'est pas un
péché capital dans le cas qui nous intéresse. Je pense
bien aussi que tous les journalistes s'accordent à le dire, qu'à
chaque fois qu'ils ont accompagné le premier ministre soit à
Ottawa ou à Winnipeg, ils vont vous le dire dans des conversations
privées, ils étaient orgueilleux d'être
représentés par un homme comme lui. Alors, nous aussi, c'est avec
beaucoup d'affection, c'est avec beaucoup d'amitié et d'estime que je
lui dis, au nom des membres du Cabinet, enfin de tout le monde, je crois,
même le chef de l'Opposition le reconnaît, parce que je pense bien
que dans le fond ils l'aiment le premier ministre, pour lui dire combien nous
apprécions tout le dévouement, même au détriment de
sa santé, parce que sa santé semble assez dure à
émouvoir, mais tout de même pour lui dire combien nous
apprécions la somme de dévouement qu'il consacre pour la province
et également pour lui dire combien il est courtois pour ses ministres et
également pour les membres de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: Faites entrer le messager. Let the messenger in.
L'HUISSER DE LA VERGE NOIRE: M. l'Orateur, Son Honneur l'honorable
lieutenant-gouverneur désire la présence des membres de cette
Chambre à la salle du Conseil législatif.
Mr. Speaker, it is the honour the Honourable Lieutenant-Governor's
pleasure that the mem- bers of this House do attend immediately the Legislative
Council Chamber.
( Note de l'éditeur: Les membres de la Chambre suivent alors le
Président pour aller entendre la prorogation de la session par le
lieutenant-gouverneur dans la salle du Conseil législatif.
Députés et conseillers législatifs ne reviendront en
Chambre qu'à la prochaine session.) APPENDICE
BILL 59
Loi modifiant la Loi des compagnies de fidéicommis
Modifications 1. L'article 2 est remplacé par les suivants:
« 2. L'article 8 de ladite loi est modifié en ajoutant
l'alinéa suivant: « Les pouvoirs prévus au présent
article sont en outre soumis aux restrictions suivantes: 1. Une compagnie ne
peut, à même les deniers qu'elle détient en une des
qualités mentionnées dans le paragraphe 7 de l'article 2, faire
un prêt: a) à un membre de son conseil d'administration, au
conjoint ou à l'enfant de ce membre; b) à un actionnaire qui
possède plus de vingt-cinq pour cent des actions de la compagnie et, si
cet actionnaire est un particulier, au conjoint ou à l'enfant de cet
actionnaire; c) à une corporation sous la dépendance directe ou
indirecte des personnes visées aux sous-paragraphes a ou b, de l'une ou
de plusieurs d'entre elles. 2. Une compagnie ne peut acquérir ni
détenir des actions, obligations ou autres titres de créance
d'une corporation à qui elle ne peut faire un prêt en vertu du
paragraphe 1. » « 3. Ladite loi est modifiée en ajoutant,
après l'article 8, le suivant: « 8a. Les administrateurs d'une
compagnie enregistrée qui ont autorisé ou approuvé un
placement qui n'est pas conforme aux dispositions de l'article 8 sont, par ce
seul fait et sans autre preuve de faute, solidairement responsables des pertes
résultant de tel placement. » 2. L'article 3 devient l'article
4.______________