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(Dix heures du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
M. KENNEDY: M. le Président, je fais motion que, vu que le bill
No 128 intitulé; « Loi concernant la compagnie d'assurance
Provinces unies » a été retiré, les droits
ordinaires que les promoteurs de ce bill ont payés leur soient
remboursés après déduction des frais d'impression et de
traduction.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. BERTRAND: Adoptée.
M. KENNEDY: Pour M. Blank, je fais motion que, vu que le bill No 181
intitulé: « Loi concernant Dorchester Development Limited et
certains immeubles et droits de passage » dans le quartier de St-Antoine
de la ville de Montréal a éré retiré les droits
ordinaires et additionnels que les promoteurs de ce bill ont payés leur
soient remboursés après déduction des frais d'impression
et de traduction.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LAPORTE: « A ».
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la première lecture d'une Loi
modifiant le Code civil.
M. LESAGE: Ce projet de loi qui est prêt pour distribution, je
demande de le distribuer, a pour objet de remplacer les articles 981 O a 981 R
du Code civil par de nouvelles dispositions qui élargissent
considérablement le champ de placement permis aux administrateurs de
biens d'autrui. Par ailleurs, le projet comporte que l'administrateur ne sera
plus exempt de responsabilité du seul fait que les placements qu'il fait
sont conformes à la loi. Il devra dans tous les cas agir avec la
prudence requise d'un bon père de famille. Chacun sait que, depuis
plusieurs années, l'on se plaint que les placements qui sont
actuellement permis aux administrateurs de biens d'autrui sont trop restreints.
Il s'agit là d'un problème extrêmement complexe. Si d'une
part il peut être souhaitable de permettre des placements dont la valeur
est susceptible de s'accroître de façon correspondante à la
dévaluation de la monnaie, il faut d'autre part empêcher dans la
mesure du possible que les biens sous administration servent à des fins
spéculatives. Le problème se complique davantage du fait que la
grande variété de situations qui peuvent se présenter; il
faut songer non seulement à l'administration de successions importantes
qui sont ordinairement confiées à des compagnies de fideicommis
mais peut-être surtout aux successions plus humbles de l'homme de la rue
qui ont peut-être davantage besoin de la protection de la loi.
Devant l'importance de la question, j'ai cru qu'il n'était pas
opportun de proposer l'adoption de ce projet au cours de la présente
session. Il importe que tous les intéressés aient
l'opportunité, sur une question comme celle-là, de nous faire
part de leurs commentaires ou suggestions.
Nous avons donc l'intention de former d'ici peu, tout de suite
après la session, un comité d'experts et de fonctionnaires qui
sera chargé de recevoir les représentations de tous ceux que le
problème peut intéresser, pour ensuite faire rapport au conseil
des ministres. J'Invite plus particulièrement le Barreau, la Chambre des
notaires, les compagnies de fiducie et les courtiers, à étudier
le problème et à transmettre leurs représentations au
comité. Je pense, par exemple, que devraient faire partie du
comité, Me Yves Pratte et M. Robert De Coster, le président de la
Régie des rentes, probablement un notaire, peut-être un courtier
également. Ce sera un comité d'étude qui pourra recevoir
les représentations, faire rapport au conseil des ministres et alors le
bill 60, tel qu'il est distribué ce matin, en définitive, devient
un document de travail. Nous l'avons souvent fait aux fins de session et cela a
prouvé être une méthode très utile. Il est bien
entendu, je le répète, que ce n'est qu'un document de travail qui
pourra être modifié à la lumière des
représentations que nous recevrons et des études qui seront
faites par les membres du comité. Cependant, je proposerai que ce projet
de loi soit lu en deuxième lecture. Et en comité, je proposerai
des amendements, amendements qui seront de nature à mettre en vigueur
l'article 5 immédiatement. L'article 5 ajoute des hypothèques,
non, pardon! je me reprends.
L'article 5 ajoute les hypothèques consenties
en faveur de l'Office du crédit agricole du Québec
à l'énumération de celles qui ne sont pas éteintes
après trente ans de la date de l'enregistrement. Cela arrive très
fréquemment, et c'est assez coûteux pour le cultivateur,
l'obligation de renouveler l'enregistrement et toute la documentation
officielle après trente ans. Alors, c'est pour éviter des
dépenses à nos cultivateurs. Le deuxième amendement qui
sera adopté sera l'ajouté, dans l'énumération de
981-0 du Code civil, d'un sous-paragraphe L, pour permettre des placements dans
des obligations ou autres titres de créances garantis par le transport
à un fiduciaire d'un engagement du gouvernement de la province, du
Canada ou d'une province canadienne de verser chaque année des
subventions suffisantes pour l'acquittement des intérêts et du
principal à l'échéance. Jusqu'à présent nous
avons pu vendre ces émissions dans le cas des hôpitaux, par
exemple. C'est le cas que l'on veut prévoir surtout et, parce qu'il y
avait un doute, il arrivait souvent qu'il n'était pas facile de
négocier un taux d'intérêt avantageux. Avec cette garantie
qui sera donnée par 981-0 et cette permission, cela permettra un
écoulement plus facile des obligations des hôpitaux qui sont
garanties par des subventions gouvernementales.
Le bill 60 est prêt pour distribution ainsi que les amendements et
j'ai l'intention d'apporter en comité de façon à ce que
seulement ces deux parties du bill viennent en vigueur immédiatement, le
reste du bill étant un document de travail à être
étudié par tous les intéressés qui pourront faire
leurs représentations au comité que je viens de mentionner.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée?
M. BERTRAND: Adoptée. M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance? Même séance?
M. LESAGE: Même séance.
M. LE PRESIDENT: Même séance avec le consentement
unanime...
M. LAPORTE: B.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la première lecture d'une loi
modifiant la Loi de la Législature et la Loi de l'exécutif.
M. LESAGE: M. le Président, j'avais dit hier que les deux bills,
le bill 60 que je viens de lire et le bill 85 dont je propose la
première lecture étaient à la traduction et à
l'impression, à la suite de changements faits après une nouvelle
considération par le Conseil des ministres mardi. Ce projet de loi est
assez bref. Il était prêt pour distribution. L'autre projet sera
prêt pour distribution plus tard dans la journée, probablement
vers la fin de l'après-midi ou le début de la soirée.
M. BELLEMARE: Réimpression.
M. LESAGE: Pas une réimpression. Une impression. Il n'a jamais
été lu en première lecture.
M. BELLEMARE: Bien oui, je comprends, mais...
M. BERTRAND: II a été imprimé.
M. LESAGE: II a été imprimé, mais nous avons pu
jeter, brûler, n'est-ce pas, la première impression parce que
n'ayant pas été lu en première impression parce que
n'ayant pas été lu en première lecture...
M. BERTRAND: Très bien.
M. LESAGE: ... ce n'est pas une réimpression, c'est le bill.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture est
adoptée? Adoptée.
LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First reading
of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, même séance?
M. LESAGE: Même séance.
M. LE PRESIDENT: Même séance. Sidbec
M. LESAGE: M. le Président, le discours du Trône
annonçait qu'à la demande du gouvernement, la
Société générale de financement du Québec a
constitué, sous le nom de Sidbec, une compagnie destinée à
doter la province d'un
complexe sidérurgique. Je cite le discours du Trône:
« Vous serez appelés à sanctionner les arrangements
financiers en voie de négociation à ce sujet. »
La direction de Sidbec a poursuivi activement l'organisation de ses
services et les études préparatoires à la
définition finale du projet. Il ne paraît pas cependant que Sidbec
doive envisager de financement important avant 1966. Il existe actuellement un
accord entre la Société générale de financement et
Sidbec en vertu duquel la première est prête à avancer
à la seconde les fonds nécessaires à ses opérations
courantes jusqu'au 31 décembre de la présente année.
Les fonds avancés par la Société
générale de financement proviennent de la souscription de $5
millions que le gouvernement a faite à son capital-actions. Comme le
gouvernement ne sera appelé d'ici la prochaine session à faire
aucune avance de fonds, ni à garantir aucun engagement de Sidbec, ni non
plus à avancer des fonds à la Société
générale de financement pour les fins de Sidbec, il ne
paraît pas opportun de présenter un projet de loi à la
présente session.
Il va sans dire que le gouvernement est tenu continuellement au courant
du développement de la situation de manière à ce que
l'intérêt public soit protégé. Et c'est afin de
mieux s'en assurer qu'il sera bientôt représenté
directement au conseil d'administration de Sidbec. Je puis ajouter, M. le
Président, qu'à la suite d'une conversation
téléphonique avec M. Gérard Filion ce matin, il me dit que
les membres du conseil d'administration de Sidbec, les 5 membres, inviteront la
semaine prochaine, lors de leur assemblée, MM. Jean Deschamps,
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce, et Michel Bélanger,
sous-ministre adjoint au ministère des Richesses naturelles, à
faire partie du conseil d'administration de Sidbec
Quand il sera dans l'intérêt public de le faire, le
gouvernement fournira aux membres de la Législature et, partant,
à tous les citoyens les informations dont ils auront besoin pour
débattre le problème en toute connaissance de cause et pour
porter un jugement. En attendant, je puis assurer la Chambre et le public que
le complexe sidérurgique s'annonce sous d'heureux auspices et
s'avérera une étape importante dans l'expansion industrielle de
la province à condition, évidemment, de la voir, cette
étape, avec le réalisme qu'exigent toutes les grandes entreprises
vraiment sérieuses, qu'elles soient collectives on individuelles.
En faisant cette mise en garde, celle que je viens de faire, je pense
à des rumeurs et aussi à certains articles de journaux qui, la
semaine dernière, ont pris ça et là une taille absolument
exagérée, par exemple, on a parlé d'informations
forcément vagues sur des pourparlers en cours. Nous avons vu en moins de
48 heures, par exemple, nos investissements sidérurgiques passer de $200
et quelques millions à 1 milliard. Si enivrante soit-elle, je dois dire
à regret que l'annonce d'une expansion aussi vertigineuse me parafl pour
le moins un peu prématurée.
Quant à nous, je répète simplement qu'en temps et
lieu, dès qu'il sera complété, nous soumettrons à
cette Chambre et à la population le dessin précis et
détaillé de Sidbec que nous avons confiance de bien adapter
à ce qui doit être la vocation de notre sidérurgie, celle
de constituer en tenant compte à la fois de nos espoirs et de nos
moyens, un nouveau et puissant accélérateur pour tout le secteur
industriel du Québec.
M. BERTRAND: M. le Président.lepremier ministre me permettra
probablement une couple de questions?
M. LESAGE: Certainement.
M. BERTRAND: En temps et lieu, déclare-t-il, il mettra la Chambre
et le public au courant avec plus de détails relativement au
progrès de la sidérurgie. Qu'entend-il par en temps et lieu?
Prochainement ou dans un an.
M. LESAGE: Quand je serai prêt. Quand le temps sera mûr.
M. BERTRAND: Est-ce que le premier ministre c'est une autre
question ne croit pas que les renseignements de première main
fournis à la Chambre et au public empêcheraient justement que ne
se répandent des rumeurs sur le statut de Sidbec et également sur
les activités futures de Sidbec?
M. LESAGE: Ce seraltpire, M. le Président. Dans mon jugement ce
serait pire.
M. BERTRAND: Même avec des renseignements de première main,
basés sur les rapports?
M. LESAGE: Oui, M. le Président.
M. BERTRAND: Deuxièmement, M. le Président...
M. LESAGE: C'est en pleine évolution, ce
n'est pas le temps de faire la spéculation et surtout de la
nourrir.
M. BERTRAND: Est-ce que le premier ministre ne croit pas que des
renseignements officiels émanant du gouvernement ne seraient pas
plutôt de nature à tuer des canards?
M. LESAGE: Non.
M. BERTRAND: Et à endiguer le flot de rumeurs au sujet d'une
entreprise importante pour toute la collectivité.
M. LESAGE: M. le Président, je crois que la meilleure
façon de tuer les ailes aux canards était de faire la
déclaration que j'ai faite ce matin, et que tous renseignements
additionnels que je pourrais donner au cours de l'évolution actuelle de
Sidbec ne pourraient que donner lieu à la naissance de nouveaux canards
aux ailes plus larges et les canards n'en seraient que plus sauvages.
M. BERTRAND: Une autre question, M. le Président, faire la
déclaration.
M. LESAGE: Ils deviendraient presque des outardes.
M. BERTRAND: La déclaration du premier ministre...
M. LESAGE: Je ne vais à la chasse nulle part.
M. BERTRAND: Une autre question. La déclaration du premier
ministre ne nous éclaire pas sur ce point.
M. LESAGE: Je n'avais pas l'intention de le faire non plus.
M. BERTRAND: Est-ce que Sidbec doit être une entreprise d'Etat,
une entreprise mixte, est-ce que le premier ministre peut nous
répondre?
M. LESAGE: J'ai déclaré exactement la décision qui
avait été prise. J'ai dit que Sidbec, les administrateurs de
Sidbec, avaient déjà prévu l'augmentation du nombre des
administrateurs de cinq à sept et que messieurs Deschamps et
Bélanger seraient invités la semaine prochaine à faire
partie de l'administration de Sidbec comme représentants du
gouvernement.
M. BERTRAND: Représentants avec participation minoritaire?
M. LESAGE: M. le Président, Ils seront représentants du
gouvernement dans Sidbec, dans le conseil d'administration de Sidbec.
M. BERTRAND: Et cette représentation, dans l'entreprise de
Sidbec, est-elle minoritaire?
M. LESAGE: Cela, la question ne se pose pas, M. le Président.
M. BERTRAND: Je prends note que le premier ministre ne veut pas
répondre et encore...
M. LESAGE: Non, je dis que la question ne se pose pas.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BERTRAND: Encore une fois, M. le Président, on laissera le
public sous l'impression de quelle entreprise s'agit-il d'Etat ou mixte, ou
privé? Personne n'aura, après plusieurs mois, de réponse
au sujet de ce problème important.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, Affaires du jour.
M. BERTRAND: M. le Président... M. LESAGE: Je ne vois pas
de...
M. BERTRAND: Vous m'aurez permis ces quelques questions, je pense...
M. LESAGE: Je me demande: qu'est-ce que je peux avoir dit pour faire
fâcher le député de Missisquoi?
M. BERTRAND: ... qu'il s'agit d'un problème
d'intérêt public. Je n'ai pas abusé de questions dans ce
domaine...
M. LESAGE: Mais non.
M. BERTRAND: ... et il est heureux qu'après la persistance et la
persévérance du chef de l'Opposition, nous ayons enfin...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BERTRAND: ... un commencement de réponse.
M. LAPORTE: Pensez-vous que c'est par plaisir que l'on ne répond
pas?
M. LE PRESIDENT: II n'est pas question que le député de
Missisquoi...
M. LAPORTE: Apparemment, il y a rien que ça.
M. BELLEMARE: Vous allez la désappré-cier.
M. LAPORTE: Mais vous pensez rien qu'à ça.
M. BELLEMARE: Non, mais on vous prévient.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. J'étais simplement pour
rappeler au député de Missisquoi...
M. BERTRAND: C'est fini.
M. LE PRESIDENT: ... que ce n'était pas une question,
c'était...
M. BERTRAND: Des commentaires.
M. LE PRESIDENT: ... un commentaire et c'était certainement,
comme les faits ont prouvé que c'était de nature à
soulever un débat, A ce stade des procédures, on peut poser des
questions, mais les questions doivent être précises, questions
urgentes de nature publique et générale. Affaires du jour.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre, je pense...
M. BINETTE: M. le Président, le député de Champlain
m'avait posé une question avant hier concernant les
intérêts qui étaient chargés par certaines
commissions scolaires sur le 25% de différence qu'ils n'avaient pas
payé à ces commissions scolaires lors du paiement de leur compte
de taxe. J'avais répondu à ce moment-là que les
instructions étaient les suivantes: les commissions scolaires devaient
charger le compte en entier, le cultivateur devait le payer en entier, et
ensuite on lui remboursait le 25% par le versement de l'octroi. Alors la
réponse que j'avais donnée à ce moment-là
était exacte, il n'y a rien de nouveau à ajouter à ce que
j'ai dit.
J'avais eu également une autre question du chef de l'Opposition
qui se lisait comme suit; « Le ministre suppléant de l'Education
peut-il nous informer relativement à ces certificats d'étude en
retard? Est-ce qu'on a fini de corriger les examens? » Sa question
était double, « est-ce qu'on a fini de corriger les examens?
» A cette première partie delaques-tion je réponds oui, les
examens sont tous corrigés. La deuxième partie de la question
était; « Est-ce que les résultats sont au moins
expédiés, sinon arrivés? » A cette question, la
réponse se divise en trois. Premièrement, les résultats
pour les catholiques français sont tous expédiés, sauf
pour les 10e année, mais je dois faire remarquer que pour les
lOeannée, dans ces cas, il n'y a aucun examen de reprise.
Deuxièmement chez les anglo-catholiques, tous les résultats ont
été expédiés hier. Troisièmement, chez les
protestants, les Anglais protestants, les résultats de 12e année
sont distribués et les résultats des 10e et 11e année le
seront cette semaine, c'est-à-dire d'ici la fin de semaine, soit
à la même date que l'an passé. Maintenant il faut remarquer
que la grève des postiers a créé des ennuis pour
l'expédition de ces résultats...
M. BELLEMARE: Heureuse faute!
M. BINETTE: ... mais le ministère communique par
téléphone et par l'intermédiaire de ses inspecteurs les
résultats aux intéressés.
M. BELLEMARE: Felix culpa! M. le Président, je remercie le
ministre de sa réponse qu'il a faite à ma question. Me
permettra-t-il de lui poser une question supplémentaire? Le
chèque est fait au nom de l'intéressé, du
cultivateur...
M. BINETTE: Et de la commission scolaire.
M. BELLEMARE: ... et de la commission scolaire. Alors le ministre est
d'avis que le cultivateur doit payer ses taxes en entier et la commission
scolaire doit lui émettre un autre chèque pour le
remboursement.
M. BINETTE: La commission scolaire peut endosser le chèque tout
simplement...
M. BELLEMARE: Oui.
M. BINETTE: ... et le remettre au cultivateur.
M. BELLEMARE: Je pense qu'il faudrait qu'il émette un autre
chèque.
M. BINETTE: Non, du moment que la commission scolaire, si le cultivateur
a payé en entier son compte de taxe, alors à ce moment-là
la commission scolaire lui rembourse le montant de l'octroi, s'il ne l'a pas
payé elle encaisse tout simplement le montant de l'oc-
troi qui est payé. C'est le cas que le député de
Champlain m'a soumis. C'était la question de $0.75 du
député de Champlain.
M. BELLEMARE: Comment? $0.75
M. BINETTE: C'était une question de $0.75
M. BELLEMARE: Ah! non, la remarque que vient de faire le ministre va
amener un débat.
M. BINETTE: Si un cultivateur paie $100 de taxe il reçoit $25
d'octroi, $25 à 6% pour six mois ça fait $0.75 ça fait une
question de $0.75.
M. BELLEMARE: Ici, M. le Président, voici un cultivateur à
qui on a chargé $1.20.
M. BERTRAND: La réponse fournie au chef de l'Opposition... Je
remercie le ministre suppléant. Maintenant, quant à
l'expédition des résultats, à cause de la grève des
postiers, est-ce qu'on a pris les moyens de les faire parvenir...
M. BINETTE: Oui, je l'ai dit dans ma réponse.
M. BERTRAND: ... à Montréal en particulier...
M. BINETTE: A Montréal, il n'y a pas de problème.
Maintenant ici, j'ai dit dans ma réponse, tantôt, que le
ministère communiquait directement avec les inspecteurs et prenait les
dispositions nécessaires à cette fin.
M. BERTRAND: ... aux élèves.
M. BINETTE; Maintenant ceux qui étaient dans le courrier, il n'y
avait aucune possibilité de les récupérer.
M. BERTRAND: II y en avait qui avaient été malles et qui
sont arrêtés à Montréal.
M. BINETTE: Exactement.
M. BERTRAND: Est-ce que l'on a la liste de ceux-là?
M. BINETTE: Je présume que nous avons la liste de ce qu'on a
expédié.
M. BERTRAND: Est-ce qu'on peut trouver un moyen de leur faire parvenir
les mêmes résultats d'une manière plus directe?
M. BINETTE: S'il y a lieu, oui.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LAPORTE: Numéro 6.
M. LE PRESIDENT: M. Loubier, bill 85.
M. LOUBIER: M. le Président, le bill 85 nous est parvenu à
la dernière heure et nous avons dû, sous pression, en prendre
connaissance et en faire une étude plus ou moins approfondie. Mais il ne
faudrait pas croire dans le public que la sanction du bill, même si
ça n'apparaît pas avoir une importance à cause de la
dernière heure de sa présentation, il ne faudrait pas croire dans
le public que ça ne va pas entraîner des répercussions
très profondes sur les plans individuel, familial, social et
économique.
Les liqueurs alcooliques, par la fabrication, par la distribution, par
la consommation ont un rayonnement, une influence très marqués et
prépondérants dans notre vie communautaire. Une
législation à ce sujet rejoint les intérêts de
l'individu, les intérêts de la famille, les intérêts
de la société et les intérêts du gouvernement. Une
législation, quelle qu'elle soit, au sujet de la réglementation
de la vente, de la consommation ou de la distribution des liqueurs alcooliques
doit évidemment être bien mûrie, doit être aussi
réaliste que possible et doit atteindre l'objectif supérieur que
s'est tracé le législateur.
M. le Président, évidemment, hier, simplement en passant,
j'écoutais le ministre de la Famille et du Bien-être social qui,
depuis plusieurs années, alors même que j'étais
étudiant, avait retenu mon attention pour les luttes farouches qu'il
menait contre ce qu'il qualifiait de fléau social: l'alcoolisme. Le
ministre, depuis quelques années, a intensifié cette croisade, a
profité de tous les médiums d'information, de plusieurs
conférences, pour continuer cet apostolat et tenter de convaincre la
plus grande partie de la population de la menace constante chez un peuple
qu'est l'alcoolisme.
Mais hier, je dois avouer, M. le Président, en toute
honnêteté que le ministre m'a déçu. Cela me faisait
penser à mon temps de collège, alors que nous avions des
dissertations et sur un sujet donné. Et après la correction, le
professeur se présentait et disait: M. Untel, c'est dommage, vous aviez
une belle rédaction, c'était littérairement
élégant, bien. Mais vous avez passé à
côté du sujet, je vous donne zéro.
M. LAPORTE: Zéro.
M. LOUBIER: Alors, hier, le ministre au lieu de discuter de la
législation soumise...
M. LAPORTE: C'est parce que le correcteur n'est pas impartial.
M. LOUBIER: ... au lieu de traiter de ce sujet avec ses
répercussions, a parlé encore une fois d'un thème qui lui
est cher, du problème de l'alcoolisme. M. le Président, ce
thème, par la noblesse des sentiments qu'il a exprimés, la
façon pondérée avec laquelle il a procédé,
était bien dans le contexte. Mais seulement il n'a pas traité le
sujet donné et il fallait discuter des répercussions de la
législation soumise et tenter, soit par des suggestions...
M. KIERANS: Discutez le bill vous-même. Discutez le bill.
M. LAPORTE: Vous avez zéro jusqu'ici.
M. ALLARD: II n'a pas commencé encore, attendez donc... S'il y a
des interruptions, ça va... Fermez-vous la « boîte
».
M. LOUBIER: Le ministre du Revenu sait fort bien que, dans une
dissertation, il y a un préambule et on ne donne pas zéro pour le
préambule; c'est sur le noeud du sujet qu'on accorde zéro ou
non.
M. KIERANS: On ignore tout simplement.
M. ALLARD: Ou... quoi?
M. KIERANS: On l'ignore, le préambule.
M. LOUBIER: Le ministre peut ignorer ce qui fait son affaire, seulement
nous autres, on peut tout de même traiter d'un sujet de la façon
qu'on pense qu'il doit être traité et si ça ne fait pas
l'affaire du ministre, si ça le chatouille, évidemment qu'il peut
avoir une réaction qui peut être explosive mais que le ministre
attende donc qu'on finisse de discuter du projet. Et le ministre a toute
liberté, du moins on l'espère, de son côté, de
pouvoir émettre sa thèse.
Mais, M. le Président, devant le discours du ministre du
Bien-Etre social et de la Famille qui nous a parlé encore une fois des
méfaits de l'alcoolisme, il aurait fallu l'entendre discuter surtout et
principalement de ce qu'il pensait du bill 85 et donner plus de force à
sa décision de demeurer solidaire même si durant de nombreux mois,
à travers tout la province, il a donné l'impression et
pratiquement l'assurance à toutes les sociétés
antialcooliques de tempérance ou d'abstinence que tant et aussi
longtemps qu'il serait dans le Cabinet, jamais il n'accepterait une
législation de nature à ouvrir davantage les avenues, à
favoriser davantage la consommation des boissons alcooliques et ceci a eu comme
conséquence que tous ces groupements, toutes ces associations, se sont
donnés en pleine confiance à la parole du ministre. Et je pense
bien qu'hier, ils ont été fort désappointés de
l'attitude que le ministre a prise et j'ai l'impression que, dans le peuple, on
dira que le ministre a immolé sur l'autel du compromis son
intransigeance d'hier.
Mais la réaction dans le peuple, après la
présentation de ce bill, a été que personne ne retirait de
satisfaction de la passation de ce bill.
Il est bien évident que les consommateurs ne sont pas satisfaits
du bill. Nous avons vu la réaction spontanée des hôteliers
qui ne sont pas satisfaits du bill. Nous avons été
informés par des personnes faisant partie de sociétés ou
de groupements antialcooliques qu'ils n'étaient pas satisfaits de ce
bill. Or, dans l'ensemble, comme conclusion pratique, nous pouvons
déduire facilement que personne ne semble satisfait de la passation de
ce bill. Tout le monde en attendait tellement qu'on a été
déçu de voir qu'il était le fruit des compromis, qu'il
était le fruit des équivoques et que le bill ne remplirait
certainement pas le rôle auquel on l'avait destiné et auquel aussi
on avait donné l'impression qu'il serait le bill enlevant l'hypocrisie
dans la loi et permettant une liberté bien ordonnée.
M. le Président, au lieu de l'hypocrisie aujourd'hui, nous
aurons, à mon sens, d'après les articles du bill, un bill
où va régner en maître la discrétion, où va
avoir une place d'honneur la discrimination et où nous aurons la
tolérance avec un grand « T » et ça me fait penser,
nous pouvons déduire qu'avec cette discrimination, cette
discrétion et cette tolérance nous aurons notre loi DDT dans la
province.
Nous aurons cette loi « légicide » nous avons le DDT
pour les petites bebites eh bien nous aurons notre loi DDT pour le
problème de la consommation, de la distribution de l'alcool.
Discrimination, M. le Président, c'est que ce bill, à mon sens,
peut être qualifié de discriminatoire parce que le ministre de la
Justice, dans son discours, mentionnait qu'à l'heure de 1965, dans le
contexte social actuel, nous pouvions dire que la population était
devenue adulte, que la population avait acquis une certaine maturité et
que c'est pour cela qu'on assouplissait la loi. Assouplissement de la loi pour
les deux tiers de la population, soit l'île de Montréal,
l'île Jésus, ville de Sherbrooke, ville de Hull, ça pour
les deux tiers, dans l'es-
prit du ministre de la Justice, deux tiers de la population du
Québec sur un territoire donné, ont acquis cette maturité
et cette phase adulte, mais pour le tiers demeurant de la population, on n'a
pas atteint cette maturité. Dans des Villes de 40,000, 30,000, 35,000,
25,000 de population, 15,000 de population, on n'a pas, dans l'esprit du
ministre, cette maturité que possède la région de
Montréal ou certaines villes, comme Sherbrooke et Hull. Objectivement,
M. le Président, je pense que c'est une lacune permettant de dire que
cet article est discriminatoire pour une foule d'hôteliers,
discriminatoire aussi parce qu'elle tranche en deux la population du
Québec, d'un côté de la barricade il y a la
maturité, de l'autre côté il n'y a pas de maturité.
M. le Président, discrétionnaire, lorsque nous considérons
à la lecture, l'article mentionnant qu'il pourra être émis
et accordé des permis touristiques et des permis pour fins sportives,
nous sommes en lieu, M. le Président, de nous poser plusieurs points
d'interrogation. Comment va-t-on pouvoir tirer la ligne, comment va-t-on
pouvoir établir des normes justes et équitables, des
critères sérieux pour déterminer que telle zone ou tel
territoire donné sera touristique? Imaginons pour un instant, le
touriste qui part avec des amis pour faire le tour de la Gaspésie.
Evidemment qu'une partie importante du territoire gaspésien est devenue
un sanctuaire pour les touristes, mais l'individu qui part du nord de
Montréal par exemple et qui est rendu à Cap St-Ignace ou dans le
comté de Bellechasse ou à Rivière-du-Loup on ne peut pas
dire que c'est le début de la Gaspésie, la Rivière-du-Loup
et, à ce moment-là, qui va établir que ce sera un
territoire touristique? Là ça deviendra la discrétion de
la Régie des alcools ou encore des directives qui pourront être
données par le ministre de la Justice pour les fins sportives, ce sera
le même phénomène qui va se produire. On jugera à
propos dans tel et tel événement sportif, d'accorder un permis.
Dans d'autres cas, on jugera que les raisons soumises ne sont pas assez
sérieuses et ne cadrent pas avec quoi? Avec la discrétion.
Or, M. le Président, je pense que c'est une lacune grave, qui
obligera ceux qui voudront se procurer de tels permis, touristiques ou pour
fins sportives, à aller consulter les procureurs pour qu'on fasse, en
leur nom, des démarches à cet effet, à dépenser des
sommes rondelettes, à faire des courbettes devant monsieur Untel ou
monsieur Untel et c'est pour ça que je juge que la discrétion
aura une place d'honneur et ouvrira les pèlerinages vers Québec,
les démarches parfois indues, injustifiées et injustifiables,
auprès de procureurs. Et nous aurons, à ce moment-là,
comme je le disais précédemment, la discrétion dans ce
genre de permis.
A mon sens, le bill qui a été soumis, le bill 85, est un
effort qu'a voulu faire le gouvernement, mais l'effort qu'il a fait n'est pas
couronné de succès. Ma théorie sur la loi du dimanche, M.
le Président, c'est que si, dans les régions
métropolitaines de Montréal, de l'île Jésus, de
Sherbrooke et de Hull, si dans l'esprit du législateur, le fait d'ouvrir
les bars, de permettre la consommation sans repas et de donner à tous
ces gens-là la possibilité de s'accorder certains verres le jour
du dimanche, le jour du Seigneur, comme le disait le ministre de la Justice, si
à ce moment-là on croit que c'est avantageux et que ça
répond aux exigences du milieu, je trouve injustifiable que les motifs
qui ont poussé les législateurs à proposer cette loi aient
fait de la province, aient divisé la province en deux secteurs
permettant à un coin de la province de jouir de tous les
privilèges et à l'autre coin de la province de ne pas en jouir.
Le ministre comprendra qu'à ce moment-là, ce n'est pas du tout un
argument suggestif, mais simplement l'objectivité de cette opinion
m'ap-paraît évidente. Si c'est mal dans tel secteur et si c'est
défendu, prohibé de prendre de la boisson le dimanche, invoquant
le jour du Seigneur ou d'autres facteurs familiaux ou individuels, si c'est mal
dans tel coin, le même mal existe dans l'autre coin de la province. Et si
on le permet dans un coin de la province, permettons-le dans l'autre coin de la
province. Et si on veut ne pas le permettre dans un coin particulier de la
province sur un territoire donné et pour une population spéciale,
qu'on ne le donne à nulle part.
Mais, j'ai l'impression que cette loi décevante ne peut
personnellement avoir l'appui de celui qui parle et je voterai contre.
M. ALLARD: M. le Président,...
UNE VOIX: Cela a été entendu avec le leader de la
Chambre.
M. ALLARD: ... il a été entendu tout à l'heure,
avec le leader de la Chambre, que nous aurions l'opportunité de passer
immédiatement, étant donné que nous devons nous rendre au
comité des comptes publics. D'ailleurs, je n'en ai que pour quelques
minutes. Ces amendements à la Loi de la Régie des alcools, M. le
Président, nous arrivent, comme on l'a dit, dans une loi de
dernière heure, qu'il nous faut nécessairement étudier en
toute vitesse, dans les derniers jours de la session. Et je me demande pourquoi
on
n'a pas pu réussir à présenter ces amendements
avant une période aussi tardive.
Il y a quelques années, on parlait, au lendemain de la Loi de
1961, d'apporter des amendements. Le procureur général du temps,
l'Honorable Lapalme, était prêt à faire certains
changements et même il proférait des menaces en disant que cette
loi à l'avenir aurait des dents.
Par après, l'honorable René Hamel, qui était
procureur général, à l'occasion du débat de l'an
dernier sur la Régie des alcools, a admis qu'il y avait certains
changements à apporter et qu'il devait y voir immédiatement. Un
an et demi s'est passé depuis ce temps, et on a eu un nouveau procureur
général. Je me demande si on va le garder longtemps étant
donné qu'il semble que ce soit une position excessivement difficile
à conserver, tant à Québec qu'à Ottawa, et ici,
dans une période de 5 ans, on est rendu au troisième. A tout
événement...
M. LE PRESIDENT: Bill 85.
M. ALLARD: M. le Président, les nouveaux amendements à la
Loi des liqueurs s'ouvrent à mon sens assez largement par une
multiplication des permis, surtout les épiceries de la campagne. Et je
me demande ce que dirait un ancien député de Montmagny, qui
siègeait de ce côté-ci de la Chambre en 1947, lorsqu'il
accusait le gouvernement d'alors d'être un gouvernement de malfaiteurs
spéculant sur la vente des permis des liqueurs. Eh bien! je voudrais
connaître son impression aujourd'hui et je crois qu'il crierait beaucoup
plus fort et amènerait peut-être beaucoup plus d'arguments que
nous l'avons fait de notre part.
M. le Président, à mon sens, les amendements tels
qu'apportés étendent les heures de vente, premièrement;
suppriment les repas en certains endroits, deuxièmement, et multiplient
les débits, troisièmement. Tout cela, dit-on, pour la rendre plus
réaliste, c'est-à-dire plus large, plus ouverte et je me demande
ce qu'il va rester à faire pour la rendre encore plus large. Si d'autres
changements interviennent, nous aurons une loi « wide opened », si
vous me permettez l'expression, 24 heures par jour, 7 jours par semaine. Le
ministre de la Justice a dit au cours de son exposé: « Les
tolérances sont terminées. » Moi, je dis que les
tolérances sont peut-être terminées, mais que la
tolérance est systématisée. Et si on a appelé dans
le passé « tolérance » le régime qui existait
il y a quelques années on a beau torturer le dictionnaire pour trouver
un autre terme applicable à la situation actuelle.
Dans l'avenir, au Québec, on pourra boire sec, on pourra boire
sur le bord des piscines, au théâtre, à l'Expo, au squash,
au curling, aux courses, à la pêche, à la chasse, partout
on pourra boire continuellement. Et je vous fais une prédiction que, si
la révolution tranquille se poursuit, on enseignera peut-être
avant longtemps dans les écoles du ministre de l'Education comment boire
selon les normes pédagogiques.
M. HARDY: Ce serait bon, c'est parfait!
M. ALLARD: Et je me demande, M. le Président, à quoi vont
servir les campagnes de sobriété, la propagande du
ministère de la Famille et du Bien-Etre social et celle du
ministère des Transports et Communications. A mon sens, M. le
Président, on joue sur deux tableaux; on prêche d'une part la
tempérance et, d'autre part, on multiplie les débits de boisson
et les occasions d'y consommer de telles boissons. Et comment comprendre
l'attitude du ministre de la Justice lorsqu'on le connaît comme un grand
logicien? Réellement, je doute des raisons qu'il a données et je
crois qu'il a dû se torturer pour en arriver...
M. WAGNER: Aucunement.
M. ALLARD: ... à dire que les amendements ont un double but. Et
je me permettrai de rappeler ce qu'il disait; « Premièrement,
assurer un respect plus grand du jour du Seigneur par les restrictions
évidentes qu'elle comporte, notamment quant aux salles à manger
». Respect du jour du Seigneur en augmentant les occasions de consommer
des liqueurs alcooliques; respect! M. le Président, j'en suis, mais pas
dans ce sens-là. Restrictions! lorsqu'on augmente en certains endroits
les possibilités d'avoir à sa disposition, par les licences
d'épiceries, dans les plus petites municipalités de la province,
toutes les possibilités des grandes villes.
Favoriser deuxièmement, disait-il, la modération
grâce à une loi raisonnable, juste et logique. Je dois conclure
que la modération se réalise dans l'élargissement. Je
crois qu'il procède par antithèse ou du moins par contraste.
Raisonnable? Evidemment, le coeur a des raisons que la raison ne connaît
pas. Juste? Juste pour qui, comment? Et logique? Dans quel sens? C'est ce que
le ministre a oublié de nous expliquer. Le fait d'ouvrir plus grandes
les portes, doit-il laisser passer moins de monde?
Les possibilités actuelles, vous le savez, M.
le Président, sont énormes, les possibilités sont
répandues partout à travers la province. Il ya des hôtels,
des restaurants, des permis d'épicerie, des magasins de liqueurs
à satiété et dans la Beauce uniquement, nous avons
à l'heure actuelle deux commissions des liqueurs et nous avons des
épiceries dans presque toutes les municipalités; celles qui n'en
avaient pas vont pouvoir, avec la nouvelle loi, en obtenir. Dans la seule ville
de St-Georges, population d'environ une dizaine de mille, il existe 71
espèces de permis. Est-ce qu'on est restreint, est-ce qu'on manque de
quelque chose?
On parle, je veux bien le croire, de liberté, mais je crois qu'on
s'en va vers la licence avec l'émission de toutes ces licences. Et quant
je repasse une certaine déclaration, faite par le ministre de la Famille
et du Bien-Etre social à Acton-Vale devant un groupe de Lacor-daires, le
29 avril 1965, qui était rapportée dans le Courrier de
St-Hyacinthe, voici ce qu'il disait: « Avant 1960, lorsque je passais
devant les hôtels le dimanche et que je voyais une centaine d'automobiles
stationnées là, je me disais: si nous pouvons être au
pouvoir, ça va changer. Aujourd'hui, « continue le ministre,
» je m'aperçois que ç'a changé. Il y a 400 voitures
dans les terrains de stationnement où il y en avait 100 avant 1960
« et il concluait en disant: » C'est un déshonneur pour le
Québec. »
Eh bien, M. le Président, si avant 1960 c'était grave,
après 1960 c'est pire et qu'est-ce que ça sera après 1965?
Avec les nouveaux amendements, une journaliste a trouvé le moyen de
prétendre qu'on avait dû, par simple délicatesse, entourer
les amendements de conditions et de restrictions pour ne pas provoquer la
démission du ministre du Bien-Etre. Eh bien, au moins, M. le ministre,
je crois que vous avez rendu un certain service, parce que n'eût
été votre menace de démission, je me demande qu'est-ce
qu'auraient été ces amendements qu'on se proposait de
présenter. Il y a un autre ministre qui n'est pas ici ce matin, le
ministre des Richesses naturelles, qui déclarait à un moment
donné que la multiplication des débits de boissons dans la
province était devenue un véritable suicide économique. Eh
bien, j'aimerais savoir maintenant, avec les nouveaux amendements, s'il ne
pourra pas ajouter, au suicide économique, un suicide physique
aussi.
Mais à quoi doit-on tous ces amendements? Est-ce à
l'évolution, à la mode ou à la vie moderne?
Peut-être, mais je dis que ce sont de pauvres excuses, avec de tristes
conséquences.
En certains milieux, on invoque le tourisme; on a même joué
la note sympathique de notre hospitalité. Mais devons-nous sacrifier,
comme le disait un journaliste, à leur soif, le respect du dimanche, la
paix locale, la sécurité sur nos routes et la vertu même de
tempérance? Les touristes sont-ils plus mal reçus chez nous le
dimanche que dans les autres provinces où il existe une prohibition
complète? Quand on va aux Etats-Unis, dans certains Etats, en Ontario,
au Nouveau-Brunswick, nous sommes des touristes et nous devons nous satisfaire
des lois qui existent et je tiens à dire que nous ne sommes pas plus
malheureux, que nous ne pouvons pas être des touristes mécontents
parce qu'il y a certaines restrictions le dimanche.
Les amendements, à mon sens, M. le Président, multiplient
les occasions de consommer cette boisson et la consommation, selon mon opinion,
elle est normale, on peut en user, mais il est peut-être plus facile d'en
abuser, et c'est justement à cet abus que le gouvernement n'a pas le
droit d'exposer les citoyens. La société, le gouvernement, comme
le disait dernièrement un éditorialiste, doit les protéger
contre eux-mêmes en ne semant pas trop les occasions de boire. Le
gouvernement et le ministre de la Justice prennent, à mon sens, un grand
risque, ils en porteront toute la responsabilité. La législation
a pour but de préserver le bien commun et doit penser aux
problèmes qui découlent d'une loi comme celle-là. On
prône la liberté de boire, c'est vrai, mais il y a aussi la
liberté de ne pas boire, et je crois que c'est cette dernière qui
maintenant est le plus en danger.
M. KIERANS: Mr. Speaker, I have very few words to say about this bill
because it is my own belief that in the last analysis the success or the
failure of this bill will depend on the attitude of each one of us towards it,
on the attitude of each citizen of the province of Quebec. The Minister of
Family and Social Welfare has his feet too firmly planted on the ground ever to
wish for outright prohibition. He knows that no bill can successfully contain
that which the people themselves want and of course we have the experience, the
great experience, the terrible experience of our neighbourgs to the South when
they attempted what turned out to be impossible.
In all that he has said about the abuses of alcoholism, about the
dangers, the illness and the distress, family and social, to which alcoholism
can lead, with all of this I fully agree. I do however distinguish and place a
rather different emphasis on it, I do not believe that the abuses of a
particular people are thereby the reason for a drastic curtailing of individual
inclinations. None of us are wholly virtuous and
none of us are wholly evil and I think the bill recognizes this fact as
we attempt as the Minister of Justice declared, to create a bill and to
supervise a bill that can be administered. After that assurance, we must depend
and with the same faith as the Minister of Family and Social Welfare on
education and the desire of our people to observe the law.
My main purpose in speaking however is to make quite clear my own
position with respect to all that my collegue and seat mate has said over the
years. When he has said that he would find it very difficult to accept any
enlargement of the articles of the previous law, he was a man, a man greatly
needed in the province, a man of integrity, a man of conviction and a man of
very deep feeling. But he is now a greater man, he is a man of perseverance,
and a man of conviction, integrity and feeling who adds perseverance, who says
that he will not quit, that he will pursue his aims, and what are those
aims?
Those aims are the moderation, the health, the welfare, the good sound
climate in the province of Quebec, a temperate climate when he says that he
will not quit, that he will continue the fight for these things, that these are
his ideas, then he is a greater man than he ever was.
I admire him for his convictions, for his integrity. I admire him even
more for his perseverance and his continuing persistance to fight for all that
he holds to be valid and true.
M. GOSSELIN: M. le Président, je manquerais certainement à
mon devoir si je ne me levais pas en cette Chambre pour exprimer ma
déception à la présentation de ce bill portant le
numéro 85. Il y a déjà quelques années, lorsqu'on a
présenté une loi dans cette Chambre pour amender l'ancienne loi
de la Régie des liqueurs, on nous avait dit que l'on voulait donner
à cette loi un essai loyal, on nous a dit que l'on voulait voir, en
somme, ce qu'apporterait la nouvelle loi.
Voici, maintenant, que quelques années sont passées et
nous sommes à même de faire l'inventaire des résultats
apportés par les amendements de la loi de 1961 ou 1962. Tous les membres
de cette Chambre qui se sont levés pour parler sur ce bill jusqu'ici ont
tous été unanimes à reconnaître que le fléau
de l'alcoolisme en cette province, monte de façon effarante. Tous nous
sommes unanimes à reconnaître que le fléau de l'alcoolisme
cause de plus en plus de dégâts dans notre société
québécoise. Cependant, il ne semble pas que personne d'en- tre
nous veuille prendre les moyens draconiens pour enrayer ce fléau
montant.
J'ai bien l'intention, au cours de ces quelques remarques, d'être
très objectif et je ne voudrais pas chercher noise à qui que ce
soit en cette Chambre. Cependant, j'aurais aimé que certaines gens qui
ont prêché certaines attitudes les maintiennent jusqu'à la
fin. Pour ma part, je trouve que la loi que l'on nous présente
aujourd'hui va causer un préjudice encore plus considérable
à la petite industrie hôtelière de la province de
Québec, parce que l'on veut faire des différences entre certains
groupes, entre certaines régions de la province de Québec Et ce
qui me frappe le plus, c'est lorsque l'on permet, par exemple, aux grandes
agglomérations comme Montréal, Québec,
Trois-Rivières, Sherbrooke ou autres, de vendre presque à bar
ouvert le dimanche et qu'on ne le permet pas ailleurs. Qu'est-ce qu'il va en
résulter, en somme?
Je sais bien, parlant par expérience chez moi, M. le
Président, je peux vous dire que nous sommes à quelques milles
seulement de Sherbrooke et nous verrons immédiatement un exode de toute
notre jeunesse qui s'en ira boire le dimanche après-midi à
Sherbrooke ou encore dans les autres grands centres. M. le Président, je
demande que ce bill soit amendé de façon à ce qu'il y ait
prohibition complète dans toute la province de Québec, dimanche.
Et j'apporte, à l'appui de cette thèse, le raisonnement suivant.
J'ai visité, l'automne dernier, l'Ile du Prince Edouard et les provinces
Maritimes, et le dimanche, j'y étais en touriste et le dimanche, il n'y
avait aucun moyen pour que nous puissions nous procurer de la boisson et bien
plus, il ne s'en servait pas dans aucun restaurant. Or, si l'on veut invoquer
le fait que l'on reste ouvert le dimanche pour desservir le touriste, je dis
que c'est un argument qui porte à faux parce que certainement, ce ne
sont pas les touristes qui sont les plus grands buveurs dans la province de
Québec. Et de plus, puisque l'on dit aussi, dans un autre argument,
lorsqu'on se sert des statistiques, que 83% de la boisson dans la province de
Québec est consommée à domicile, on ne devrait pas rester
ouvert le dimanche pour un minime 17% de la population qui pourrait aller
consommer de l'alcool dans les établissements le dimanche.
M. le Président, je demande que cette loi soit rappelée,
que cette loi soit retournée de façon à l'amender pour
qu'elle soit plus juste envers toutes les parties de la société
et surtout pour que le dimanche soit respecté pleinement, si nous
voulons aussi que la situation de l'alcoolisme ne s'en aille pas en aggravant,
il va falloir prendre des moyens draconiens, et je
propose que nous les prenions immédiatement. Ce sont les quelques
remarques que j'avais à faire. Nous aurons au cours de l'étude
des différents articles l'opportunité de nous prononcer à
nouveau sur ces articles et c'est pourquoi je termine ces quelques
remarques.
M. WAGNER: M. le Président, exerçant mon droit de
réplique...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a d'autres députés qui
voudraient parler sur la motion de deuxième lecture?
M. WAGNER: Exerçant mon droit de réplique, je veux tout
simplement souligner à cette Chambre, en réponse aux remarques
faites par divers membres de cette Chambre, à quel point nous
procédons avec une extrême prudence dans les modifications
suggérées et je voudrais profiter de l'occasion pour souligner
que c'est le sens profond des remarques apportées par le ministre du
Bien-Etre et de la Famille.
Il considère, et à bon droit, que dans un domaine aussi
délicat, nous ne devons pas perdre de vue les principes qui guident le
législateur dans les amendements qu'il apporte et je me permets de
souligner plus particulièrement à ce sujet, tout en reconnaissant
la bonne foi et la conscience du ministre de la Famille et du Bien-Etre, je me
permets de souligner une phrase que l'on relit ce matin dans un editorial de M.
Ryan. Ce n'est pas souvent que j'ai l'occasion d'appeler à ma ressousse
les éditorialistes du Devoir. J'en profite ce matin et avec beaucoup de
joie. Il nous dit ceci et je cite: « Le législateur observe
d'ailleurs dans son effort de libéralisation une prudence iiu'il
convient de signaler. Il établit une distinction importante entre les
centres urbains et les centres de moindre importance. A mesure que se
poursuivra l'urbanisation de notre société, cette distinction
deviendra sans doute plus fragile mais dans une matière aussi
délicate que celle-ci, le législatuer doit suivre prudemment
plutôt que devancer sans discernement l'évolution des moeurs et
des coutumes. L'établissement d'un régime plus libéral
pour Montréal, Québec, Trois-Rivières, Sherbrooke et Hull
apparaît comme une décision censée. Le maintien de normes
plus sévères pour les autres centres apparaît,
jusqu'à nouvel ordre, comme correspondant à une
réalité sociologique importante. »
Je ne pouvais trouver de meilleure phrase pour résumer notre
pensée sur ce sujet, répondre adéquatement à ce que
certains membres de l'Opposition ont déclaré ce matin et re- dire
que nous avons devant nous des amendements qui font de la loi une loi
réaliste, juste, logique et prudente.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LAPORTE: Vote.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Sur la motion de deuxième lecture du bill numéro 85, loi
modifiant la Loi de la Régie des alcools. Je comprends que c'est un vote
libre, d'après ce qui a été déclaré
hier...
M. LESAGE: Vote libre.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont en faveur de la motion de
deuxième lecture veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Bédard, Pinard, Laporte, Lesage,
Courcy, Wagner, Arsenault, Saint-Pierre, Dionne, Brown, Kierans, Lafrance,
Lalonde, Cournoyer, Lévesque (Bonaventure), Fortin, Morissette, Binette,
Beaupré, Turpin, Boulais, Lechasseur, Roy, Coiteux (Duplessis), Harvey,
Fortier, Lavoie (Laval), Blank, Maheux, Collard, Vaillancourt, Crépeau,
Fournier, Baillargeon, Ouimet, Kennedy, Dallaire, Hébert, Mailloux,
McGuire, O'Farrell, Bernier, Trépanier, Lacroix, Godbout, Dupré,
Martin, Hardy, Hanley.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Elle, Bertrand, Bellemare, Johnston,
Boudreau, Russell, Gosselin, Raymond, Allard, Loubier, Majeau, Gagnon, Lavoie
(Wolfe).
M. LE GREFFIER: Pour 49 Contre 13 Yeas 49 Nays 13
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est
adoptée.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai voté malgré
l'absence du chef de l'Opposition parce que c'était un vote libre et que
je suis convaincu qu'il aurait voté pour la deuxième lecture.
M. BERTRAND: M. le Président, étant donné qu'il
n'appartient pas au premier ministre, par une déclaration, de dire
comment le chef
de l'Opposition aurait voté. Il appartiendra au chef de
l'Opposition de faire une déclaration s'il y a lieu. Le vote
était libre.
M. LESAGE: Non, non, mais j'ai...
M. BERTRAND: ... le chef de l'Opposition, on le sait, estabsent pour une
raison sérieuse...
M. LESAGE: Bien oui, j'ai dit ma conviction.
M.BERTRAND: ...il ne peut pas faire de déclaration, il
n'appartient pas au premier ministre de faire de remarques.
M. LESAGE: Je ne comprends pas que le député de Missisquoi
se fâche, j'ai dit ça en souriant.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LESAGE: A cause de la
liberté du vote.
M. LE PRESIDENT: M. Wagner propose (que le bill numéro 85,) que
je quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plênier pour étudier le bill 85. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du comité plénier): Bill 85,
article 1.
M. HARDY: M. le Président, à titre de représentant
d'un comté dont un vaste secteur de l'économie est directement
relié à l'industrie touristique, je voudrais, en comité,
à l'occasion de l'étude de l'article 1 de ce projet de loi,
émettre quelques brèves considérations.
Je voudrais tout simplement dire que l'aspect économique de ce
projet de loi m'intéresse, mais je voudrais également dissiper le
fait, l'impression qui pourrait être créée, à savoir
que je considère que l'aspect économique est le seul aspect qui
doit entrer en ligne de compte dans l'étude d'un semblable projet de
loi. Et surtout, je voudrais dire que lorsqu'on parle de l'aspect
économique, il ne s'agit pas de dire que l'on veut favoriser des
individus, des particuliers...
M. BELLEMARE: M. le Président, j'invoque le règlement.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Je suis très intéressé à
entendre l'honorable député. D'ailleurs, j'ai beaucoup de
sympathie pour l'honorable député qui est un véritable
gentleman dans cette Chambre et qui s'y comporte d'une manière
très discrète et fort habile. Mais je voudrais lui rappeler qu'en
vertu du règlement, .
M. LAPORTE: Quel article?
M. BELLEMARE: ... il aurait pu faire son discours en deuxième
lecture et qu'actuellement, on est obligé, d'après le
règlement, en comité plénier, d'étudier article par
article et faire les commentaires sur les articles les uns après les
autres.
Actuellement, c'est le point de vue économique, c'est le point de
vue de toute la loi. Je n'ai pas d'objection à ce que si l'honorable
député veut faire son discours en troisième lecture, nous
l'entendions avec beaucup de plaisir. Mais là, actuellement, il est
question d'étudier article par article. Il aurait bien pu le faire en
deuxième lecture s'il n'avait pas, probablement, reçu instruction
de le faire à ce moment-ci.
DES VOIX: Ah, ah!
M. BELLEMARE: Je pense, M. le Président, qu'il était bien
préparé, ce matin pour le faire en deuxième lecture, mais
on lui a dit d'attendre ou plutôt de le faire à l'occasion de
l'étude en comité plénier. Je pense que si l'honorable
député veut faire son discours en troisième lecture,
d'ailleurs il aura l'avantage de le faire, la loi va suivre son cours normal et
maintenant pour que le règlement soit respecté, en comité
plénier, M. le Président, on doit suivre les articles, article
par article.
M. LAPORTE: II est clair, M. le Président, que le
député de Terrebonne, pourra, à un certain moment de la
loi, faire son discours. S'il pouvait le faire en deuxième lecture, il
peut le faire en comité. Il y a certainement un des articles de la loi
qui se rapporte à ce dont il veut parler.
Il a décidé de faire ce discours qui porte sur quelques
articles de la loi, qui va durer quelques minutes seulement, en une seule fois.
Je comprends difficilement l'attitude, qui risquerait d'être
étroite, du député de Champlain, lui qui, disons, et je
pourrais me porter le même jugement sur moi, est un peu moins scrupuleux
quand c'est lui-même qui aborde les articles. Est-ce qu'on doit
entreprendre l'étude de ces articles-là en voulant faire
respecter le règlement de la façon la plus stricte? Je trouve que
c'est une mauvaise tactique. Nous devrions donner une certaine latitude
à ceux qui voudront parler; c'est un bill sur lequel
personne n'a abusé du droit de parole. Alors, je fais appel
à la bonne volonté du député de Champlain pour
qu'il n'insiste pas sur son point d'ordre, autrement je devrai bien à
regret faire respecter de la façon la plus rigoureuse le
règlement sur les autres articles aussi.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. HARDY: M. le Président, évidemment je n'ai pas la
longue expérience parlementaire du député de Champlain,
mais je crois comprendre que, lors de l'étude en comité d'un
projet de loi, à l'article 1, il existe une coutume qui veut que les
députés jouissent d'une certaine latitude. Maintenant, si je n'ai
pas le consentement pour poursuivre mon discours, je pourrai le faire à
un autre moment.
M. BELLEMARE: Je voudrais dire à l'honorable député
que je n'ai pas d'objection, seulement je tiens à attirer l'attention du
président sur ce fait-là, qu'en vertu de 342 et 343, vous avez
là, M. le Président, les directives du règlement.
Maintenant, je veux être très obligeant à l'endroit du
député qui semble avoir un discours, comme il l'a dit,
préparé, je n'ai pas d'objection à ça, mais je
pense bien qu'à ce moment précis de l'étude en
comité... Pardon?
M. COURNOYER: Ce ne sera pas long.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas d'objection, pas du tout, mais je tiens
à souligner qu'on manque au règlement à ce moment-ci.
M. LE PRESIDENT: Alors, je comprends qu'il y a consentement unanime.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LAPORTE: Oui, dès le moment qu'on est unanime.
M. HARDY: Alors, je remercie le député de Champlain.
Alors, je voulais tout simplement dire que, lorsque je parle de l'aspect
économî.que qui doit être envisagé lors de
l'édu-de de cette question, il n'est certainement pas dans mon esprit de
vouloir favoriser des intérêts particuliers et de permettre
à des individus de profiter d'une loi pour augmenter leur commerce comme
tel. Mais quand je parle de l'aspect économique, je veux dire que la Loi
de la Régie des alcools touche d'une façon directe l'ensemble de
l'industrie touristique, donc touche d'une façon directe le bien
économique d'un large secteur de la communauté
québécoise. Et quand je considère, par exemple, mon
comté en particulier, je suis obligé de constater que, dans la
partie nord du comté de Terrebonne, 90% de la population vit directement
ou indirectement de l'industrie touristique. Or, il appartient à cette
industrie de pouvoir mettre tout en oeuvre pour donner aux touristes ce
à quoi normalement ils s'attendent, ce à quoi normalement ils ont
droit. Et je pense que la loi actuelle permet, dans une certaine mesure,
à ceux qui sont responsables, à ceux qui exploitent des
établissements dans le domaine touristique, va leur permettre d'offrir
à leurs clients, aux visiteurs, ce à quoi ils ont droit.
Je considère qu'il est tout à fait normal pour quelqu'un
qui, le jour du dimanche, après avoir fait des activités
sportives, il est tout à fait normal que cette personne s'attende, lors
de son retour à son hôtel, de pouvoir prendre une consommation
sans être obligé de prendre un repas. Je trouve que c'est tout
à fait logique, c'est tout à fait normal et c'est pourquoi je dis
que la loi actuelle répond à ce besoin dans ce
sens-là.
Evidemment, il y a un autre aspect aussi très important qu'on
doit envisager, c'est le problème social que pose l'alcoolisme. Cela, ce
problème-là, j'en suis très conscient et non seulement
moi, mais je sais que les véritables hôteliers en sont
également conscients. Et je voudrais corriger cette fausse impression,
qui existe dans là population, que ceux qui exploitent des
établissements hôteliers, ceux qui exploitent des salles à
manger ont comme principal but, comme principal motif, de vendre de la boisson.
Le principal but d'un véritable hôtelier, c'est de recevoir, avec
toute l'hospitalité possible, les gens qui viennent nous visiter. Et il
ne faut pas oublier que ces gens-1à sont, dans notre province, ce sont
des ambassadeurs, ce sont eux qui sont chargés de recevoir les
étrangers, ce sont eux qui nous représentent et ils le font,
d'une façon générale, d'une façon merveilleuse et
je pense qu'il faut reconnaître cela, il faut leur donner ce
crédit.
Le problème social que pose l'alcoolisme, je considère que
ce n'est pas avec des lois qu'on peut le corriger, c'est un problème
infiniment plus profond, c'est avec l'éducation d'abord qu'on peut
corriger ce problème, et je voudrais bien brièvement, ici, citer
quelques considérations de M. Charles de Koninck docteur en philosophie,
ancien doyen de la faculté de philosophie de l'université Laval,
un laique qui était également un spécialiste en
théologie et qui a été appelé à travailler
dans une commission au Concile, et M. de Koninck disait: « Une des
qualités de la bonne loi es,: d'être possible, selon la
nature, selon la coutume du pays, adaptée au temps et lieu. Une loi qui
ne tient pas compte de ces circonstances et qui ne peut pas de faire respecter
est une mauvaise loi, alors je pense que le projet de loi actuel répond
à ce principe fondamental de ce que doit être une bonne loi. C'est
un principe fondamental reconnu par tous les juristes qu'il faut que les lois
soient conformes et s'adaptent aux circonstances sociales. Ce ne sont pas les
lois qui créent les circonstances sociales, mais ce sont les
circonstances sociales qui créent les lois ou qui doivent inspirer les
lois. » Alors, je pense que le présent projet de loi répond
à ces deux critères essentiels: d'abord, permettre à
l'industrie touristique de remplir son véritable rôle dans notre
province, et deuxièmement elle répond aussi à ce
problème social parce qu'elle ne permet pas que des abus se commettent
dans le domaine de l'alcoolisme.
On a dit que c'était une loi mal faite. Le chef de l'Opposition,
hier, a dit que c'était une loi mal faite eh bien je considère M.
le Président je ne veux pas revenir sur le passé je
considère qu'il est inutile de ressasser les vieilles choses, mais il y
a quand même un critère qu'il faut bien envisager, c'est que dans
le domaine de législation comme dans tout autre domaine, il n'y a pas de
génération spontanée et le présent projet de loi
que nous avons devant nous, il est tel qu'il est parce qu'il y a eu des
précédents de posés antérieurement, et parce que
c'est une domaine excessivement difficile, parce que c'est un domaine
excessivement complexe, parce que c'est un domaine qui a fait appel à
une foule de notions, il est impossible d'arriver en un court laps de temps
avec une loi parfaite, et je dis que si le gouvernement
précédent, au lieu de laisser pourrir la situation avait
plutôt...
M. BELLEMARE: A l'ordre.
M. HARDY; ... présenté une loi, eh bien la loi que nous
aurons actuellement serait plus parfaite et il y aurait eu plus de temps, mais
parce qu'on a laissé pendant trop longtemps la situation telle qu'elle
était, parce qu'on n'est pas arrivé plutôt à
corriger cette situation, eh bien, il est normal qu'aujourd'hui en 1965, que
nous ne soyons pas plus avancés que nous le sommes dans ce domaine. Mais
je continue à prétendre que le projet de loi est un juste
équilibre entre différentes tendances extrêmes, qu'il
constitue un bon pas vers la perfection et je suis persuadé que le
gouvernement actuel continuera à étudier la situation afin de
pouvoir améliorer encore cette loi.
Pour ma part, je me réserve le droit, parce que je continue
à étudier ces problèmes de concert avec les principaux
intéressés, et je me réserve le droit de continuer
à faire des recommandations et des suggestions au gouvernement afin que
cette loi devienne plus parfaite. Mais ce n'est pas en se croisant les bras, ce
n'est pas en votant contre cette loi, ce n'est pas en demeurant inactif que
l'on arrivera à une loi plus parfaite, mais c'est en essayant chaque
année d'étudier ce problème à la lumière des
circonstances que nous pourrons y arriver. Et je voudrais bien je dis
que je me réserve le droit de faire des suggestions à l'avenir
et je voudrais immédiatement soumettre au procureur
général une de ces suggestions.
Je pense qu'il y aurait lieu, je pourrais faire la suggestion au
moment de l'étude de l'article, si le député de Champlain
le préfère
M. LE PRESIDENT: Ce serait préférable.
M. HARDY: Alors, c'étaient les quelques considérations que
je voulais faire devant cette Chambre, je dis que cette loi n'est pas parfaite,
mais elle est un pas dans la bonne voie et j'espère qu'à
l'avenir, on pourra la rendre plus parfaite, toujours en ayant comme objectif
d'une part le problème social que constitue l'alcoolisme et d'autre part
le problème également que constituent les services que nous
devons donner à ceux qui nous visitent, aux touristes.
M. LE PRESIDENT: A l'article 1, prenons les paragraphes.
M. BELLEMARE: J'ai quasiment envie, M. le Président, de faire mon
discours, parce que je n'en ai pas fait en deuxième lecture.
M. LAPORTE: Il va être meilleur en troisième. Je vais me
lever pour vous rappeler à l'ordre et puis après ça je
vous laisserai faire.
M. BELLEMARE: Mais je voudrais dire au ministre, à l'honorable
leader de la Chambre que j'ai une tout autre préoccupation parce qu'on
m'a confié un travail très difficile et puis avec le temps
très limité qu'on a pour étudier à fond tous ces
bills qui sont contentieux, je vais essayer de m'acquitter du mieux possible au
point de vue surtout de l'intérêt public, avec toute
l'objectivité que me connaît le ministre de la Justice, du devoir
très difficile qui m'incombe de discuter article par article tout en
n'étant pas un légiste. Je suis un homme qui a travaillé
pour voir un peu le fond des articles et toutes les objections que j'y ferai ne
seront dictées que par un motif très digne et surtout
celui de voir améliorer la loi si c'est possible. On dit dans
l'article, les paragraphes a, b, c, et f sont amendés pour permettre la
vente et la fabrication du cidre qu'on appelle léger ou fort selon qu'il
contient 7%, je pense, d'alcool en volume ou moins de 7%. Le cidre contenant 2
1/2% d'alcool en volume n'est pas considéré comme un cidre au
sens de la présente loi.
M. WAGNER: C'est-à-dire que le cidre fort est celui qui contient
plus de 7% d'alcool.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. WAGNER: Mais pas plus de 13%.
M. BELLEMARE: Oui, on se comprend bien. Tout ce qui est en bas de 2 1/2%
dans le cidre ne sera pas considéré comme cidre au sens de la
présente loi.
M. WAGNER: C'est exact. M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BELLEMARE: Les cultivateurs pourront continuer, chez eux, dans leur
maison, je pense sans persécution aucune, d'avoir leur provision de
cidre sans être obligé de le vendre et de le racheter. Il faudrait
bien se comprendre.
M. WAGNER: C'est bien entendu.
M. BELLEMARE: Parce qu'il y a là, je pense, un danger assez
grand. Plusieurs pomiculteurs ont présentement dans leur cave des
provisions de cidre qui leur appartiennent depuis plusieurs années et je
pense que ça serait une mauvaise politique que d'aller faire des razzias
si, à un moment donné, dans une fête de famille on sortait
les bouteilles de cidre et puis même si on fêtait un peu tard la
nuit je voudrais bien être compris et puis qu'on arrivait,
on disait; « II n'y a pas d'estampe de la commission sur la bouteille
». Cela serait du cidre qui aurait peut-être plus de 7% aussi, mais
je ne voudrais pas qu'il y ait de ce-côté-là une
persécution ou de la discrimination au point de vue des cultivateurs qui
en ont produit depuis plusieurs années. C'est, je pense, l'avis de
l'honorable ministre de la Justice.
M. WAGNER: Dans ce domaine-là nous allons continuer à agir
avec ce que nous croyons être de l'intelligence.
M. BELLEMARE: Bon, alors voici un paragraphe de réglé.
Dans le paragraphe d, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: d.
M. BELLEMARE: ... d, oui, on enlève le jour férié,
on enlève de la définition les mots « jours
fériés et les jours d'élections fédérale,
provinciale, municipale ou scolaire ». D'ail'eurs on y pourvoit, je
pense, à l'article 28 de la loi du présent bill.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Mais je dis, je suis aussi bien de faire ma critique tout
de suite en partant, que lorsque arrivera l'application de cette loi-là
dans une ville où le chambardement des quartiers va se faire, une grande
ville, par exemple, comme le Cap-de-la-Madeleine où il y a plusieurs
quartiers. Lors des élections scolaires ou municipales, il peut arriver
à un moment donné que pendant l'exercice de la fonction du
commissaire ou de l'échevin, il y ait une élection et à ce
moment-là il y aurait élection dans le quartier. Mais là
on dit: « On pourra laisser ouverts tous les autres établissements
», si j'ai bien lu l'article 28...
M. WAGNER: Y compris, évidemment, ceux dans le quartier.
M. BELLEMARE: Bien oui.
M. WAGNER: Oui, ça c'est entendu.
M. BELLEMARE: ... c'est ça que je trouve actuellement qui ne
devrait pas être. Je crois que la loi prévoyait autrefois avec
justesse que ça devrait fermer parce qu'à ce moment-là, le
ministre est certainement au courant de la tradition qui existe chez nous, un
peu partout dans la province, dès que les établissements sont
ouverts s'il y a dans un quartier une élection, bien ça peut
porter préjudice et enflammer l'enthousiasme de certaines gens. Je fais
ces remarques au ministre en disant que la loi générale qui
était là ne devrait pas, à mon sens, être
changée, même quand il s'agit d'élection dans des
quartiers. Cela devrait rester.
Le ministre aura du trouble avec ça. Parce que quand arrive le
temps des élections, voulez ou ne voulez pas, la lutte se fait en deux
camps et si je lis l'article 28 on voit dans cet article qu'il est question:
« Lorsqu'il y a des élections municipales ou scolaires dans un
quartier seulement d'une municipalité qui en a plusieurs ou dans
quelques-uns des quartiers, mais non dans la majorité, là on peut
laisser ouvert, on peut vendre des boissons alcooliques dans la
municipalité. »
M. WAGNER: Ce qui se passait, c'est que dans l'ancienne loi
c'était limité au quartier d'après l'interprétation
d'un jugement de la cour.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. WAGNER: Alors évidemment que c'est illusoire parce qu'un
individu peut très bien sortir du quartier et aller acheter sa provision
ailleurs.
M. BELLEMARE: Mais je pense que le ministre je ne veux pas dire
qu'il fait erreur mais la politique suivie lors des élections de
quartier dans notre région, je ne peux pas parler d'ailleurs, mais dans
notre région, elles sont partielles, à Shawinigan ou bien
à Grand-Mère ou bien même chez nous au Cap-de-la-Madeleine
ou aux Trois-Rivières, quand il y avait une élection dans un
quartier, tout fermait et puis on était assez sévère,
ça protégeait énormément le vote. A ce
moment-là on ne discutait pas si c'était un quartier ou l'autre,
on fermait partout. Je pense que la loi que l'on élargit actuellement va
amener sûrement des critiques et surtout des difficultés.
M. WAGNER: C'est en regard évidemment de l'interprétation
qui avait été donnée par ce jugement de la cour
Supérieure.
M. BELLEMARE: Oui, je n'ai pas lu le jugement vous comprendrez bien que
je ne me suis pas intéressé à ça.
M. WAGNER: Je puis vous en faire part.
M. BELLEMARE: Mais je vous fais part de mon expérience...
M. WAGNER: Je prends note de ces remarques-là.
M. BELLEMARE: ... et je dis à l'honorable ministre de la Justice
qu'il me semble que c'était bien avant, qu'on ferme partout quand il y a
une élection dans un quartier.
M. WAGNER: Bien.
M. BELLEMARE: Maintenant à l'article E, là on modifie
complètement d'abord la définition du mot « repas ».
Est-ce qu'il n'y a pas une erreur dans le bill quand on dit! l'article 15, en
remplaçant le paragraphe 15 par le suivant 15? Est-ce que ce n'est pas
plutôt l'article 14?
M. LE PRESIDENT: Dans la loi, 14.
M. BELLEMARE: Dans la loi puis même dans les amendements qui ont
été sanctionnés le 6 juin 1962 parce que dans les
amendements du 6 juin 1962, hormis que l'on aurait peut-être fait sauter
un paragraphe. Parce que la loi qu'on a ici, la loi qui nous a
été remise, la Loi des liqueurs, ici, c'était bien
l'article 14. Et quand il y a eu amendement l'an passé, le 6 juin 1962,
c'était bien encore l'article 14 qu'on a modifié et ici on dit on
modifie l'article 15. A l'article 15 il est question de résidence.
M. WAGNER: Non, c'est parce que, dans la loi actuelle, on a
ajouté en 1962 la définition du mot « administrateur
» et par conséquent cette définition-là apparaissait
au numéro 14. Et donc le numéro 15 est réservé pour
la définition. Alors ce que vous avez en main, je pense que vous n'avez
pas là ce texte complet de la loi.
M. BELLEMARE: Moi, j'ai la loi d'abord, la loi de 9-10 Elizabeth II,
chapitre 86, c'était bien, l'article 14 était la...
M. WAGNER: Oui, mais si le député de Champlain avait en
main une copie des statuts refondus 1964, il verrait que l'on a
déjà ajouté ce paragraphe et que par conséquent le
numéro 15 est bien le numéro 15.
M. BELLEMARE: Parce qu'actuellement on dit: on modifie en retranchant de
ce paragraphe, d'ailleurs au début on dit: Statuts refondus 1964. Bien
ça je ne l'ai pas les Statuts refondus 1964, mais ici dans la loi
c'était le 15, en tous cas continuons, là je viens de saisir le
point de vue du ministre. Mais la définition actuelle comprenait
d'après l'amendement apporté trois services, c'était
défini par l'amendement apporté en 1962, sanctionné le 6
juin, que « repas » est composé d'au moins trois services.
Et je lis aujourd'hui en remplaçant, « repas » un ensemble
d'aliments suffisants pour constituer le déjeuner, le dîner d'une
personne.
M.WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Cela dépend de la grosseur du client.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Cela dépend de la faim du client, ça
dépend aussi s'il est au régime il ne prendra peut-être
qu'un biscuit soda, pour lui ça sera son déjeuner et puis pour
son dîner
s'il est au régime il ne prendra peut-être seulement qu'un
verre de lait avec une « toast » ou un sandwich.
M. WAGNER: Je pense bien que, quant au député de
Champlain...
M. BELLEMARE: Ou un sandwich.
M. WAGNER: ... et quant à moi, ça ne suffit pas.
M. BELLEMARE: Ah! non, c'est sûr. Malgré que l'honorable
ministre serait peut-être surpris de ce que je peux manger dans une
journée. En tout cas, c'est une question personnelle. Je dis qu'il peut
y avoir là un danger d'interprétation, simplement ça.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: On dit que ce qui peut convenir à un
déjeuner pour un individu, on dit: « ... peut constituer le
déjeuner d'une personne. »
M. WAGNER: Cela devient suggestif.
M. BELLEMARE: Suggestif. Moi, pour un déjeuner, une tasse de
café le matin, ça me comble. Mais peut-être que pour un
autre, deux bons verres de gin avec une tasse de café, c'est son
déjeuner. A ce moment-là, pour lui, c'est son déjeuner.
Pour son dîner, peut-être un sandwich et trois bons verres de
scotch, alors il a dîné. Peut-être que c'est ça. Je
dis au ministre qu'il y a peut-être un danger d'interprétation.
C'est bien suggestif.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Je comprends que le ministre va être obligé
de faire comme j'ai lu le discours de l'honorable ministre de la Famille
faire une éducation assez profonde, pas seulement sur ceux qui
consomment mais sur les hôteliers. Et, ici, arrive une suggestion que je
veux faire à l'honorable ministre. J'ai dans mon texte une suggestion
que j'ai trouvée formidable.
M. WAGNER: Oui?
M. BELLEMARE: Ah! j'ai trouvé quelque chose en or. Alors la
suggestion, c'est celle-ci: que l'honorable ministre de la Justice qui a
l'administration de la Loi de la Régie des alcools, convoque trente
jours après la sanc- tion de la loi, en deux réunions
différentes, tous les détenteurs de permis, une à
Montréal et l'autre à Québec, et que l'honorable ministre
aille lui-même avec ses officiers, leur donner l'explication de la loi et
ce qu'il entend voir se faire observer. Je pense que énormément
de gens, qu'ils viennent de la Gaspésie, de Malartic, de l'Abitibi ou
d'aiileurs, n'ont jamais lu la loi, n'ont jamais su ce que c'était que
la définition d'un repas, sauf de ce que untel lui a dit, un autre lui a
rapporté. On a fait dans des réunions des associations des
hôteliers de la province, en particulier j'ai lu un document
dernièrement qui leur donnait certaines grandes lignes
générales quant à l'application de la Loi des liqueurs,
mais encore là, c'est primaire. Je dis que si l'honorable ministre,
lui-même, à titre d'éducation populaire et de protection
pour ceux qui ont investi des sommes considérables dans cette industrie
touristique et pour les protéger et pour protéger tout le monde,
dit: Nous allons tenir, deux réunions, une a Québec, une autre
à Montréal et nous allons inviter tous les détenteurs de
permis et à ce moment-là, nous allons leur expliquer article par
article et en leur remettant la loi ce que c'est que la Loi des liqueurs
aujourd'hui et ensuite, se prêter de bonne grâce à un forum,
aux questions qui pourront être posées, je pense que cette
suggestion-là serait peut-être bienvenue dans le programme
d'éducation que recommande présentement l'honorable ministre.
Moi, je trouve la nouvelle définition, même si elle me semble
élémentaire et suggestive, comme dit le ministre, plus
rationnelle, je la trouve plus rationnelle, mais qu'on l'explique à
l'hôtelier, qu'on l'explique aux détenteurs de permis. C'est de
là que vient souvent l'imbroglio. La bonne foi des gens, il faut en
faire une partie importante dans l'application de cette loi-là mais
combien de gens ne sont pas instruits? Ils sont heureux d'avoir des permis mais
vous allez leur demander: qu'est-ce qu'est la définition d'une chambre
ou la définition de la régie elle-même ou d'un repas? Cela
est ma suggestion, si l'honorable ministre...
M. WAGNER: C'est une excellente suggestion. Je dois dire au
député de Champlain que nous avons déjà
accepté cette suggestion-là puisque, depuis deux jours, j'ai eu
des forums assez inattendus avec plusieurs représentants, soit de
l'Association des hôteliers et autres et je pense que je me suis
prêté de bonne grâce aux explications qu'ils m'ont
demandé de fournir. D'autre part, vous comprenez qu'il y a un danger
à ce que le législateur devienne le conseiller juridique...
M. BELLEMARE: Non pas ça.
M. WAGNER: ... et indique l'interprétation qu'il faut donner
à la loi. Ces associations ont déjà à leur service
des conseillers juridiques très compétents, mais je n'ai pas
d'objections à donner, non pas des directives, mais peut-être des
conseils, aux membres de la Régie afin que l'on cherche des moyens
d'information et que l'on informe...
M. LAFRANCE: Très bien.
M. WAGNER: ... de mieux en mieux tous les intéressés de la
portée de ces amendements, et de cette façon-là, nous
ferons oeuvre d'éducation et nous éviterons, nous
législateurs, de remplir les deux rôles d'aviseurs légaux,
de législateurs, et de donner une interprétation qui
peut-être ne sera pas l'interprétation donnée par les
tribunaux...
M. BELLEMARE: Pardon?
M. WAGNER: ... par les tribunaux.
M. BELLEMARE: Ah oui.
M. WAGNER: Il est bien possible.
M. BELLEMARE: Mais, est-ce que le ministre me permettrait? Je pense
que... Le ministre me dit qu'il s'est prêté de bonne grâce,
il était obligé, il les avait ici, proche. Il aurait
été difficile de s'en échapper.
M. WAGNER; Ah oui, mais...
M. BELLEMARE: Je vous garantis qu'il n'est pas le seul, d'ailleurs, qui
les a rencontrés. Mais 20 personnes...
M. WAGNER: Cela me faisait plaisir.
M. BELLEMARE: ... 20 personnes autorisées, M. le ministre, je
comprends, M. le Président, 20 personnes autorisées pour
représenter 4,500 détenteurs, il y en a toujours 4,480 qui ne le
savent pas.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Qui ne sont pas ici. Il est question d'une grosse
affaire.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Et puis d'une affaire im- portante. Il y a
énormément de gens qui veulent suivre la loi qui veulent
l'interpréter selon le ministre, et le ministre y gagnera
énormément à, je ne dis pas jouer le rôle
d'éducateurs. Ah! M. le Président, c'est vrai qu'on est des
législateurs, mais quand je retourne chez nous, moi, dans ma population,
c'est dans le restaurant, dans la « barber shop », c'est sur la rue
que je rencontre les gens, il me semble que là, il se fait un contact
intime...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: ... et c'est là qu'on communie à leurs
idées bien mieux, M. le Président, que de recevoir des
délégations des fois qui nous interprètent un
intérêt privé qu'un a en main puis qu'il veut voir
réalisé. Alors le ministre lui même, lui-même,
ça serait mon Dieu! faites-vous en des amis. D'ailleurs, le ministre y
gagnerait, à prime abord, je ne fais pas de reproches au ministre, je
lui ai déjà dit privément. Il a l'air rigide, puis quand
on le connaît intimement, c'est un excellent garçon. Il a un coeur
magnanime, puis il comprend les problèmes, je suis allé le voir
quelques fois, mais seulement, hum! monsieur, celui qui l'approche,
monsieur...
M. WAGNER: II ne faut jamais juger par les apparences.
M. BELLEMARE: Alors le ministre y gagnerait d'aller lui-même
rencontrer en deux réunions particulières tous les
détenteurs puis leur dire: « Messieurs voici, c'est votre ministre
de la Justice qui a l'application de la loi qui vient avec ses experts, qui
vient vous donner ça ».
M. WAGNER; Excellente suggestion.
M. BELLEMARE: Merci. Alors, M. le Président, si mes autres
collègues...
M. BOUDREAU: M. le Président, à l'appui de ce que vient de
dire mon collègue de Champlain, je crois que sa suggestion
représente un aspect des plus importants de la présente loi, la
vente des boissons le dimanche, et sa suggestion cadrerait dans ce programme
d'éducation qu'on doit faire et qu'il est nécessaire de faire
à ceux qui ont l'autorisation de vendre des boissons alcooliques le
dimanche. Vous savez que le dimanche c'est la journée où les
routes sont pleines d'automobiles, qui circulent dans tous les sens. Il y a des
automobilistes qui ne sortent pas de la semaine, mais qui le diman-
che sont, se croient obligés de circuler sur toutes les routes de
la province et dans nos quartiers particulièrement. Quand on a
été témoin d'accidents graves qui se sont produits et qui
ont été faits et produits par des gens qui étaient en
boisson, on est porté, à ce moment-là, à maudire
l'alcool et ceux qui le vendent. J'ai été moi-même
témoin d'accidents pénibles, graves, causés par des gens
en boisson qui ne sortaient pas de la semaine et qui le dimanche trouvaient le
moyen de se procurer de la boisson et qui ont été les
responsables d'accidents graves arrivés ce jour-là. Eh bien! je
vous dis qu'on n'est pas favorable à la distribution de l'alcool quand
on a encore ça dans l'esprit. La loi présente à
différentes sections, différents aspects.
Il y a quelques aspects où on pourrait se prononcer pour, mais
ils sont englobés dans l'ensemble de la loi et il arrive qu'on est
obligé de voter contre cette loi -là pour le surplus d'aspects
que nous voudrions voter contre. Mais il est des aspects sur lesquels on
pourrait être en faveur de la loi.
Alors, c'est la raison. L'année dernière, je me rappelle,
ou l'année dernière ou l'année où la loi a
été passée, je me rappelle d'avoir été en
faveur d'un article qui permettait la vente de boisson dans les champs de
course à l'occasion d'organisation de champs de course. Mais comme tout
est englobé dans la loi et que je suis contre la majorité des
articles de la loi, je suis forcément obligé de voter contre la
loi.
Mais je dis encore que le gouvernement doit porter une attention
particulière à cette journée du dimanche. Je crois qu'on
devrait être sévère davantage pour ceux qui font des abus
ce jour-là et qui mettent la vie des gens en danger.
Je crois qu'il y a là tout un programme d'éducation
à faire et qu'on devrait se servir des aspects de la loi, se servir des
moyens dont on dispose pour contrôler la vente des boissons le dimanche
et faire en sorte d'anéantir, d'annuler tous ces accidents qui sont dus
à la boisson..
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté.
M. BELLEMARE: S'il y en a d'autres de mes collègues... je suis
prêt à accepter 1.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté.
M. WAGNER: Bien.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. BELLEMARE: 2, M. le Président. Le ministre va peut-être
trouver ma critique un peu sèche mais je dis que je suis surpris de voir
qu'on abaisse le nombre des régisseurs de cinq à trois. Oui.
Voici ma critique maintenant. Cela, ce sont mes préliminaires, comme on
dit. De cinq à trois. Parce qu'on augmente considérablement les
pouvoirs de l'administrateur qui, lui, pourra on le verra plus tard
délivrer certains permis.
Alors là, je m'inquiète et je dis au ministre que notre
critique, en 1962, était justifiée lorsqu'on disait; «
Votre gérant là, l'administrateur va devenir un homme omnipotent.
Il va devenir un homme qui va avoir un pouvoir plus haut que celui des
commissaires... »Et c'est ce qui se produit. Je dis qu'un gérant
dans une municipalité peut être un excellent soutien, un aide
efficace pour l'administration mais ne doit pas être ... remplacer ni le
maire, ni les échevins. C'est peut-être une comparaison qui est
boiteuse. Mais je reviens à l'application de la loi. Là, on
baisse le nombre des régisseurs à trois, on enlève la
vice-présidence et on dit: « Maintenant, dans la loi, il va y
avoir un administrateur avec beaucoup plus de pouvoirs qui, lui, aura le droit
de délivrer des permis dans des sections spéciales. Je crains, M.
le Président, que le ministre va se créer un problème de
bureaucrate. J'ai extrêmement de respect, le ministre le sait, pour
l'administrateur d'aujourd'hui. Il me semble que vous faites un travail
difficile.
M. WAGNER: Un mot là...
M. BELLEMARE: Oui, oui, certainement.
M. WAGNER: Un mot en réponse à cette remarque du
député de Champlain. Il faut d'abord constater que la
Régie, actuellement, a normalement moins de travail qu'elle en avait
lors de sa création, lors de la passation de cette nouvelle loi de la
Régie des alcools.
A ce moment-là, il s'agissait de réorganiser tout le
domaine des alcools en regard des nouvelles lois et il s'agissait de donner des
nouveaux permis. Il fallait évidemment organiser un système qui
soit conforme à la nouvelle loi. Mais aujourd'hui, après 4 ou 5
ans, les devoirs sont plus restreints et il n'y a pas cette urgence de 5
membres à plein temps à la Régie des alcools. D'autre
part, le caractère administration ou administratif de la Régie
des alcools est certainement devenu plus accentué et les pouvoirs qui
sont donnés à l'administrateur sont limités à ce
domaine de l'administration, particulièrement les pouvoirs concernant le
permis de fabricants...
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. WAGNER: ... les fabricants. Alors, de cette façon-là,
nous n'empiétons pas dans le domaine des régisseurs qui sont
à plein temps, mais nous réservons à un gérant la
partie commerciale, la partie financière, la partie administrative,
comme il se doit. Alors, je pense bien, que, dans les circonstances, il n'y a
pas lieu, pour le député de Champlain ou pour qui que ce soit, de
s'inquiéter de cette tendance à la Régie des alcools.
M. BELLEMARE: Non, je dis simplement ceci, que je trouve que... Et c'est
là que je ne partage pas le point de vue du ministre quand il dit:
« Il y a beaucoup moins d'ouvrage. » II y a beaucoup plus
d'ouvrage, beaucoup plus. Voici, laissez-moi terminer, beaucoup plus d'ouvrage
et ce serait justement le temps à ces 5 administrateurs de faire la
sélection, de la commencer, de l'étudier, d'aller visiter,
d'aller la faire cette sélection tant recommandée par les
associations qui la demandent depuis tant d'années. La sélection
des établissements, là ils auraient de l'ouvrage et
immensément d'ouvrage parce que la province est grande; faire la
sélection des permis, faire la sélection des
établissements,...
M.WAGNER: Oui, mais elle va se faire. M. BELLEMARE: ... la
catégoriser... M. WAGNER: La cataloguer.
M. BELLEMARE: La cataloguer, catégoriser.
M. WAGNER: Pour que cesoitcatholique...
M. BELLEMARE: Cataloguer bon, mais je dis que là ils feraient une
oeuvre merveilleuse et leur temps serait à plein temps, ils rendraient
service à la province. Maintenant, l'administrateur dit: pouvoir de
délivrer, oui, oui, permis d'administrateur. Mais pourquoi
l'administrateur seul va pouvoir donner, lui, un permis de brasserie? C'est
dans la loi. Cela n'a pas de bon sens que l'administrateur lui-même, de
son chef, puisse sans passer par les membres de la Régie donner un
permis de brasserie. Et c'est ça la loi. Si je monte le ton là,
c'est parce que je me..., mais je dis simplement qu'il y aurait pour les
administrateurs, pour les régisseurs, énormément d'ouvrage
s'ils demeurent à 5. D'abord, il faudrait qu'il en reste au bureau et
les autres pourraient cataloguer tous les autres établissements, aller
voir et puis les cataloguer selon la véritable catégorie et
là vous auriez après ça une loi bien plus parfaite, une
loi d'application bien moins difficile. Parce que je suis convaincu que la
plupart des membres, des régisseurs n'ont jamais vu les
établissements. La plupart, ils ne les ont jamais vus. Ils ont des
photographies, ils ont des données, grandeur, largeur, épaisseur,
bon...
M. WAGNER: Non, je suis pas mal convaincu que ce ne sont pas des
habitués de ces établissements, ça c'est entendu.
M. BELLEMARE: Bien non, donner une licence juste à
côté d'une église, il y a toujours une limite! Bon, en tout
cas, M. le Président, c'est mon point de vue.
M. WAGNER: J'en prends note, parfait. M. BELLEMARE: L'article 2.
M. RUSSELL: En parlant des administrateurs ici, est-ce que les licences
d'épiceries, c'est donné par l'administrateur ça?
M. WAGNER: Non, non, par la Régie.
M. RUSSELL: Bon. Un administrateur peut donner une licence pour
fabrication? Quoique pour une licence d'épicerie on est obligé
d'aller devant les régisseurs, et une licence de fabrication,
l'administrateur donne ça à...
M. BELLEMARE: Bien, l'administrateur donne, lui, des permis des postes
de commerce, des brasseurs, des brasseries, des entrepôts, des
distillateurs, des fabricants de vin, fabricants de cidre, ça, ça
va dépendre de l'administrateur lui-même. Mais les autres vont
aller devant la régie. C'est bien plus important, il me semble, quand
c'est question de milliards, de millions et de millions, que ce soit soumis aux
régisseurs.
M. LE PRESIDENT: Deux, adopté?
M. BELLEMARE: Un instant, un instant, le ministre, là...
M. WAGNER: Non, je voudrais simplement souligner que dans la nouvelle
loi, il faut référer toujours aux statuts refondus. Or, les
statuts refondus, à partir de l'article 19, c'est-à-dire que du
sous-article 19 du paragraphe 11, ces permis de brasseurs, permis
d'entrepôts, permis de distillateurs, permis de fabricants devin. Cela ne
comprend pas permis de postes de commerce, comme on l'a cité.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais est-ce que le ministre a lu l'article 31?
L'article 31: « L'administrateur exerce seul les pouvoirs de la
Régie...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: ... concernant les permis mentionnés 19, 20, 21,
22, 23, 24, et à l'article 11... »
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Bon. Alors c'est là qu'arrive, c'est
l'administrateur qui va délivrer les permis de commerce, les permis de
brasseries, les permis d'entrepôts, les permis de distillateurs, de
fabricants de vin, de fabricants de cidre, c'est lui seul qui va les exercer
ces pouvoirs-là, ce n'est plus la Régie, il est question de
millions là à investir.
M. WAGNER: Pas les permis de commerce, parce que, dans la refonte de la
loi, 19 est devenu 18, alors cet item de permis de poste de commerce a
été enlevé, c'est simplement ce que je veux souligner au
député de Champlain,
M. BELLEMARE: Oui, l'affaire du commerce, je donne au ministre, oui
c'est vrai, je donne raison au ministre, mais quand ça regarde le
reste...
M. WAGNER: D'accord.
M. BELLEMARE: ... c'est l'administrateur qui va tout délivrer. Et
là il est question de millions, les régisseurs n'auront rien
à dire. Je trouve que vous surchargez votre gérant, votre
administrateur.
M. WAGNER: Ah! il a de bonnes épaules.
M. BELLEMARE: Ah ça! je ne voudrais pas que la critique que je
fais ce matin devant l'administrateur qui, lui, n'a pas le droit deparole, soit
prise en mauvaise part. C'est pour bonifier la loi, au point de vue
objectif...
M. WAGNER: C'est dans cet esprit-là que nous l'acceptons.
M. LE PRESIDENT: Article 2 adopté. Article 3.
M. BELLEMARE: Cela, M. le Président, c'est l'article de
concordance parce qu'on enlève la vice-présidence. Est-ce qu'il y
a une raison particulière d'enlever la vice-présidence.
M. WAGNER; Non, il n'y a pas de raison particulière. Ce qui
arrive, c'est que...
M. BELLEMARE: A cause du salaire?
M. WAGNER; ... non, c'est que le vice-président était juge
de la cour des Sessions, il est retourné à ses fonctions, alors
comme il n'y a pas de vice-président actuellement, nous ne voyons pas
d'obligation, d'utilité à en nommer un.
M. BELLEMARE: Vous pensez sûrement qu'il n'y en aura pas un autre
qui aimerait ça, ce salaire-la?
M. WAGNER: II n'y a pas de changement de salaire.
M. BELLEMARE: Non, mais le titre de vice-président.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre peut nous donner le nom des
régisseurs maintenant, des trois régisseurs?
M. WAGNER: Oui, il y a le juge Dugas.
M. BELLEMARE: Le juge Dugas.
M. WAGNER: M. Thomas, le Dr Levesque...
M. BELLEMARE: Dr Levesque.
M. WAGNER: C'est tout.
M. BELLEMARE: Mademoiselle Choquette?
M. WAGNER: Non, non. Le juge Choquette siège...
M. BELLEMARE: II est rendu au Bien-Etre social.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Alors, les trois membres de la commission seront
maintenant l'honorable juge Dugas, M. Thomas, et le Dr Ruben Levesque, hein,
c'est ça?
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Maintenant, l'article 3, je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. BELLEMARE: No 3 adopté. M. LE
PRESIDENT: No 4.
M. BELLEMARE: No 4, M. le Président, juste un instant; ah bien!
ça, c'est pourqu'on abaisse le quorum de 3 à 2.
M. WAGNER: Oui. C'est logique.
M. BELLEMARE: Comme l'ancienne loi, s'il n'y a pas entente, on revient
devant le Régie, hein?
M. WAGNER: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Aucune objection. No 5, là, M. le Président,
c'est pour encore un article de concordance parce qu'on a supprimé la
vice-présidence et on dit plutôt: les régisseurs, on ne
parle plus du président.
M. WAGNER: C'est ça, exactement.
M. BELLEMARE: Le président est considéré
sûrement comme un régisseur.
M. WAGNER; Oui, oui.
M. BELLEMARE: Alors je pense que c'est dans la bonne note, ça
aussi. Je n'ai pas d'objection à ça.
M. LE PRESIDENT: No 6.
M. BELLEMARE: Alors, 6 eh bien! là, M. le Président, on
inclut les nouveaux permis.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Ceux du théâtre, permis de fabricants de
cidre et puis ceux de l'Exposition, permis de fabricants de cidre fort, cidre
léger...
M. WAGNER: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que le ministre peut nous
dire s'il y aura une réglementation qui sera publiée dans la
Gazette Officielle concernant les prescriptions pour sa- voir de quoi doit
être fait un cidre fort, de quoi doit être fait un cidre
faible?
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Ce sera fait par un arrêté en conseil?
M. WAGNER: Par arrêté en conseil.
M. BELLEMARE: Publié dans la Gazette Officielle?
M. WAGNER: Publié dans la Gazette Officielle.
M. BELLEMARE: Pour avertir tous les gens. M. WAGNER: Oui.
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait
expliquer quelles vont être les normes pour celui qui a à se
conformer pour obtenir un permis pour la fabrication du cidre?
M. WAGNER: Cela va être expliqué en même temps que
les règlements vont être rendus publics.
M. RUSSELL: Ce sera passé dans la Gazette Officielle.
M. LE PRESIDENT: No 6 adopté. No 7.
M. BELLEMARE: Article 7, M. le Président, on change les quatre
premières lignes du premier alinéa par les suivantes: « Les
permis de salle à manger autorisent à servir des boissons
alcooliques, sauf la bière en fût pour consommation pendant les
repas ». Et on dit maintenant: « Le permis de salle à manger
autorise la vente des boissons alcooliques, sauf la bière en fût
pour consommation sur place à l'occasion d'un repas ».
M. WAGNER: C'est une concordance avec l'article 75 qui parlait à
l'occasion d'un repas...
M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER: ... tandis que l'article 12 parle de pendant le repas.
M. BELLEMARE: II y a deux choses dans ça qui me surprennent,
qu'on fait disparaître. D'abord: « et les clients qui
l'accompagnent et dans l'endroit où ça doit être
consommé. » On
fait disparaître ça. On disait: « pendant les repas
que prennent les clients ».
M- WAGNER: On dit actuellement: « Pour consommation sur place
».
M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER: Alors c'est évidemment que...
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça on dit: « pour consommation sur
place à l'occasion d'un repas » mais dans l'ancienne loi on
disait: « dans la pièce de l'établissement
désigné par le permis ».
M. WAGNER: Oui mais, ça demeure, ça. M. BELLEMARE: Cela
reste, ça. M. WAGNER: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Bon c'est vrai, vous avez raison. Très bien.
M. RUSSELL: La description du repas.
M. BELLEMARE: La description du repas, c'est à l'article 6.
M. WAGNER: On l'a vue tout à l'heure, la description du
repas.
M. GOSSELIN: M. le Président, antérieurement je crois
qu'il était clairement défini que ce devait être une
pièce spécialement aménagée pour salle à
manger. Si je comprends bien, à la lecture de cet article-là
maintenant, toute personne pourra servir de la boisson à l'occasion d'un
repas dans ce qui peut servir à la fois de grill et, à deux
heures et demie de l'après-midi, on aura tout simplement
enlevé...
M. WAGNER: Non, non, l'ancienne loi n'est pas changée sur ce
point-là.
M. HARDY: Le deuxième alinéa de l'article 12 reste tel
quel.
M. WAGNER: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. BELLEMARE: Une minute, ça c'est l'article 8...
UNE VOIX: Article 8 est adopté.
M. BELLEMARE: ... on clarifie le texte, mais on permet là la
vente du cidre dans les restaurants pendant les repas.
M. WAGNER: Oui, c'est ça. M. BELLEMARE: On ajoute ça. M.
WAGNER; Exactement.
M. BELLEMARE: C'est sûr que ça va être dans la loi
maintenant.
M. WAGNER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9.
M. BELLEMARE: Là, M. le Président, il y a deux choses.
D'abord, on permet la vente du cidre dans les bars. Je n'ai aucune objection
qu'on en prenne, ça va devenir légal; d'ailleurs, ce n'est pas si
mauvais. Deuxième chose, mais par contre là il y a une nouvelle
disposition dans la nouvelle loi. C'est qu'on permettra la vente des boissons
alcooliques aux abords des piscines en dehors de l'endroit où le permis
a été émis pour en vendre, ou bien dans un motel de 50
chambres et plus. C'est-à-dire que, supposons que la piscine est
bâtie sur une rue passante, bien exposée à la vue de tout
le monde, là on permet dans la loi maintenant qu'on puisse servir en
dehors du bar ou en dehors du lounge des boissons alcooliques tout le tour des
piscines.
M. WAGNER; C'est normal, je pense bien que c'est normal.
M. TREPANIER: ... d'une rue publique qui est très passante.
M. BELLEMARE: Cela attire.
M. TREPANIER: On ne peut pas situer là une piscine
actuellement.
M. BELLEMARE: Bien le député a voyagé,
j'espère, et puis...
M. TREPANIER: Oui.
M. BELLEMARE: ... il a vu de bien belles piscines, moi aussi j'en ai
vues, pas si loin ici à Québec, il y en a une qui n'est pas
située extrêmement loin de la route publique.
Je ne m'acharne pas à ça plus qu'il ne le faut, mais je
dis qu'on aurait peut-être pu garder
l'ancienne loi. Est-ce que le ministre a reçu de la part de
l'Association des hôteliers des demandes à ce sujet-là?
M. WAGNER: II y a eu des représentations qui ont
été faites par plusieurs personnes intéressées.
M. BELLEMARE: Est-ce que l'Association des hôteliers l'a
recommandé?
M. WAGNER: Là, je ne pourrais pas vous le dire. On me dit que
oui. Maintenant il y aurait peut-être lieu de clarifier par exemple le
terme « adjacente » parce qu' « adjacente »,
d'après le dictionnaire, ça peut vouloir dire « près
de... »
M. BELLEMARE: Contiguë...
M. WAGNER: ... contiguë' tandis que si la piscine est située
à 25 ou 30 pieds...
M. BELLEMARE: Dix verges.
M. WAGNER: ... ou 50 pieds, bien ça ne vaudrait pas. Alors on
pourrait changer et avoir les termes « sur le terrain de l'hôtel
».
M. BELLEMARE: Alors qu'est-ce qu'on change?
M. WAGNER: On modifie « adjacente » par « sur le
terrain de ».
M. BELLEMARE: Un instant que je me retrouve. « Adjacente »,
bon ça, on change ça pour?
M. BOUDREAU: Sur le terrain.
M. BELLEMARE: Sur le terrain...
M. LE PRESIDENT: De l'hôtel ou du motel.
M. WAGNER: De l'hôtel ou du motel.
M. BELLEMARE: Sur le terrain de l'hôtel ou du motel? Ou au
motel?
M. LE PRESIDENT: Ou du motel. Moi, je comprends le français.
M. BELLEMARE: Bon. Adopté. Article 10, c'est qu'on va permettre
de vendre dans les tavernes maintenant le cidre léger.
M. WAGNER: C'est ça.
M. LAPORTE: C'est un léger amendement.
M. BELLEMARE: Ah bien, c'est parce qu'il y a du cidre fort.
M. LAPORTE: Ah, celui-là, n'y touchez pas.
M. BELLEMARE: C'est plus grave. Alors l'article 10, si mes
collègues n'ont pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Article 11.
M. BELLEMARE: II y a là plusieurs... deux changements toujours.
D'abord on va permettre la vente en bouteille du cidre dans les
épiceries.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Cela, c'est normal. Je pense que c'est bien normal. Mais
ce sera le cidre fort ou le cidre faible ou léger?
M. LE PRESIDENT: Léger, seulement
M. BELLEMARE: Léger. Bon. On permet aussi l'émision dans
cet article-là de permis d'épicerie dans les municipalités
de 1,000 âmes alors qu'actuellement la population maximum doit être
au moins, je pense, 2,000...
M. WAGNER: Deux mille.
M. BELLEMARE: ... 2,000 âmes. Puis on permet, même s'il y a
déjà un permis qui est donné dans une auberge qui, lui, a
un permis d'épicerie, on dit: bien à côté on va en
donner un autre.
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Maintenant sur ça je voudrais vous dire ma
conception pure et simple, sans critique malicieuse. Celui qui est dans
l'épicerie, qui fait son commerce avec l'épicerie, à mon
sens investit de l'argent pour être un bon épicier.
Et celui qui a seul comme recours pour vivre à l'hôtel son
commerce à lui, c'est l'hôtellerie, à lui plus qu'à
n'importe quel autre, il devrait avoir la préséance d'avoir ce
permis d'épicerie, parce que lui il est dans la ligne. Quand il s'agira
de deux causes en présence pour décider si l'un ou l'autre doit
l'avoir, il me semble que celui qui est dans l'hôtellerie, celui qui fait
tous les sacrifices d'argent pour maintenir un service pas seulement de
repas,
mais service d'hôtellerie à coucher et à recevoir et
dès qu'il arrive un personnage important, tout de suite on court
à l'hôtel et on dit: « Pouvez-vous recevoir M. Untel?
» Il ne va pas à l'épicerie. Il va à l'hôtel
qui est fait pour ça. Mais qu'on lui laisse donc l'avantage à lui
plus qu'à un épicier, il me semble, d'avoir un permis de
délivrer de la bière ou des spiritueux. Vous allez permettre la
vente aussi des jus en bouteille dans les magasins où la vente de la
bière sert à des fins éducationnelles dans cet
article-là même dans les oeuvres sociales ou dans des
établissements à base charitable.
M. WAGNER: Le cidre léger.
M. BELLEMARE: C'est léger. Je ne parle pas du cardinal moi
là.
M. LALONDE: J'avais mal saisi.
M. BELLEMARE: C'est justement à cause... le ministre vient de me
comprendre. Sociale, charitable et fins éducationnelles. Alors je sais
qu'on a sur cet article-là fait valoir certaines remarques que je tiens
aujourd'hui à répéter en Chambre que ce qui est dans le
domaine éduca-tionnel, social et charitable, que même si on permet
la vente du cidre léger en bouteille qui n'est pas dangereux
peut-être, qui est bien bénin, c'est une intrusion qui me semble
dangereuse dans ces établissements-là.
M. GOSSELIN: J'aimerais sur cet article, appuyer aussi ardemment que
possible le député de Champlain dans les quelques remarques qu'il
fait, et je trouve que le gouvernement, une fois de plus, fait un faux pas en
abaissant la population de 2,000 à 1,000 pour émettre un permis
d'épicerie.
M. WAGNER: Je peux dire au député de Compton que les
suggestions qui nous ont été faites par plusieurs organisations
étaient à l'effet qu'on devait baisser à 500, mais nous
avons jugé qu'il était plus prudent, plus raisonnable, plus sage
de limiter à 1,000 plutôt qu'à 500.
M. GOSSELIN: Mais voici. Il y a quelques années, je me sers
toujours de l'expérience qui existe chez nous. Dans ma
municipalité, à East-Angus, il y avait deux hôteliers qui
donnaient un très bon service d'hôtel et il y avait une
très bonne cuisine également et souvent ces
hôteliers-là ont dit qu'ils pouvaient maintenir leur cuisine
même si elle n'était pas payante parce qu'ils avaient la licence
d'épicerie et qu'ils pouvaient en faire la distribution de la
bière.Cet à- côté leur permettait, même si ce
n'était pas payant de garder la cuisine, l'à-côté
qu'ils avalent en vendant la bière leur permet de maintenir un cuisinier
et d'avoir une bonne cuisine pour pouvoir desservir le public voyageur et les
touristes. Or, ce qui est arrivé c'est qu'on a donné sept permis
d'épicier licencié dans East-Angus maintenant, et aujourd'hui,
nos hôteliers qui voulaient demeurer strictement dans le domaine de
l'hôtel ont été obligés de transformer leurs
établissements, d'avoir une salle de danse, d'avoir des spectacles pour
venir à bout de maintenir leurs établissements, et de vivre.
Or, dans d'autres petites municipalités, la même chose se
présente et ils pourraient antérieurement avant cette loi,
à venir jusqu'à aujourd'hui, le peu de bière qu'ils
vendaient leur permettait de maintenir leur salle à diner. Maintenant on
leur donne le coup de grâce en plus de cela, par cette même loi, on
ne leur permettra pas non plus de continuer un peu comme ils le faisaient
antérieurement de vendre de la boisson le dimanche, alors là on
est aussi bien de dire qu'on les abolit complètement par cette loi.
Alors je dis, M. le Président, que si l'on veut avoir de bons
établissements, si on veut que nos hôteliers soient en mesure
financièrement parlant d'améliorer leur établissement, il
faut en même temps leur donner les moyens nécessaires pour y
arriver. Or, si on baisse à la population de 2,000 à 1,000 bien
c'est la disparition tout simplement de tous nos bons petits hôtels que
nous avons dans nos régions. Je dis qu'on devrait maintenir à
2,000 de population cet article.
M. WAGNER: Bien.
M. RUSSELL: C'est qu'il y a un autre point dans ça, il faut
penser à ceci, sérieusement dans la plupart de ces petites
municipalités où il n'y a pas d'heures de fermeture. Ces
magasins-là sont ouverts sept jours par semaine à toute heure du
jour. Quel est le contrôle qu'on va avoir là-dessus? Voyez-vous le
travail de la police des liqueurs d'essayer à suivre ça ce
stratagème-là? Toutes les petites municipalités vont avoir
droit, ou les épiceries dans les petites municipalités auront
droit d'avoir un permis. Une place où il y a 1,000 âmes, il y a
deux petits magasins, il y a 20, 10, 15 maisons, ils cont avoir deux permis et
là il y a un hôtel dans le centre qui est situé ià,
aucun contrôle sur les heures de fermeture, même je trouvais
qu'à 2,000 c'était être excessivement
généreux, parce qu'il y a beaucoup de municipalités de
2,000 âmes qui n'ont pas de service locaux, n'ont pas d'heures de
fermeture, n'ont pas de service de
police pour contrôler là et je trouvais que c'était
excessivement généreux. Aujourd'hui, on dépasse encore
ça, et on a 1,000. Cela n'a pas de bon sens, et je pense qu'on fait
là une grave erreur. Le ministre devrait reconsidérer ça
et même dire que s'il n'y a pas moyen de mettre 3,000 et 4,000 c'est
encore recommandable. C'est là un des points dangeureux dans
l'augmentation de la distribution de la boisson. Il faut penser à une
chose, plusieurs de ces gens-là, on prend la jeunesse en bas de vingt
ans qui ont accès à la boisson c'est souvent là qu'ils
l'obtiennent. C'est souvent là qu'ils l'obtiennent.
M. WAGNER: S'ils ne l'ont pas là, Ils vont aller à la
paroisse voisine.
M. RUSSELL: Bien admettons, que s'ils viennent dans une
municipalité où il y a du contrôle, qu'il y a un service de
policiers locaux, et il y a des heures de fermeture, ça va être
moins dangereux que des petites municipalités rurales avec un magasin,
deux, trois maisons où il n'y a pas de contrôle parce que
là, il faut admettre lorsqu'on parle d'une municipalité de 1,000
âmes c'est une municipalité rurale, ça comprend tous les
cultivateurs, il faut admettre ça, ce n'est pas un village de 1,000
âmes.
Cela va être répandu, des licences de vente de boissons,
à travers la province, dans tout le rural. Et sur quels critères
nous allons nous baser pour les émettre? Cela veut dire qu'un magasin
qui a deux, trois tablettes d'épicerie va pouvoir obtenir un permis.
C'est ça? Celui qui vend de la boisson où il n'y a pas de
contrôle, il n'a rien à perdre, lui. Il n'a pas de commerce
d'hôtellerie. Il se fait prendre, ça lui coûte $50, il perd
sa licence et ce n'est pas grave. C'est tout ce qu'il a à perdre? Tandis
que l'hôtelier, il a quelque chose à perdre. Il a un commerce
à maintenir. Il a une place qui est dispendieuse à administrer.
Il doit être plus respectueux des lois et surveiller son affaire. Je
pense qu'en permettant d'émettre des permis à des petites
municipalités comme ça, on va encourager les buvettes sur place,
dans des hangars, en arrière, comme ça se produit à
certaines places.
Le ministre devrait reconsidérer cet article et je pense que nous
devons l'amender immédiatement.
M. WAGNER: Bon!
M. HEBERT: M. le Président, un mot seulement s'il vous
plaît sur cet article. J'ai déjà eu l'occasion d'en
discuter plusieurs fois et de faire des suggestions au ministre de la Justice
concernant les permis d'épicerie dans les petites localités.
Je suis moi-même le représentant d'un comté rural
qui compte plusieurs petites localités. Et voici ce qui se
présente. Je considère que, lorsque le ministre a apporté
un renouveau dans cet article de la loi, il avait parfaitement raison puisque
nous avons des municipalités qui comptent 2,500 de population et
où il est permis aux épiciers qui résident dans ces
municipalités d'obtenir des permis de la Régie des alcools. D'un
autre côté, dans la paroisse voisine, il va y avoir 1,200 de
population ou il va y avoir 1,400 de population, et les épiciers ne
peuvent obtenir de permis.
Alors, ce qui se produit, c'est que votre épicier, par exemple,
qui fait du porte en porte, qui voyage d'une paroisse à l'autre, eh
bien, les gens dans la paroisse voisine disent: « Eh bien, je ne peux
plus acheter à mon épicerie chez moi puisque l'épicier
voisin, il vient vendre dans ma paroisse, l'hôtelier peut avoir un
permis. Alors il perd son commerce... le type qui reste dans la même
paroisse perd son commerce d'épicerie parce qu'il ne peut pas avoir le
même privilège que le type voisin qui exerce un commerce identique
au sien, qui peut obtenir un permis d'épicerie. Alors, à ce
moment-là, c'est une concurrence déloyale qui existe envers les
épiciers et je crois que l'article modifié que nous avons
actuellement, est une mesure juste envers les épiciers de toutes les
localités.
M. RUSSELL: M. le Président, je ne peux pas admettre le
raisonnement du député, parce que le rôle peut se renverser
sur l'autre sens. A l'heure actuelle, vous prenez dans la ville de Waterloo.
Ils en ont des licences. Ils ont des heures de fermeture. A six heures, les
magasins ferment. Et à l'heure actuelle, avec la nouvelle loi, on pourra
émettre un permis d'épicerie à Warden, qui est à
deux milles plus loin. Donc, à sept heures, ou huit heures ou neuf
heures ou dix heures, lui, il n'a pas d'heure de fermeture, il ferme à
onze heures ou minuit. Les gens pourront partir et puis aller à Warden
chercher de la bière.
Donc, les rôles se renversent, et je crois là que c'est un
régime qui, peut-être pas là particulièrement, mais
dans bien d'autres petites municipalités rurales, c'est là que
notre jeunesse va se diriger et je pense que le ministre de la Famille pourrait
insister auprès de son collègue et lui demander d'amender cet
article-là et de le remettre à 2,000. S'il y avait moyen de
l'augmenter de nouveau à 5,000, comme il était avant, ce serait
encore mieux.
M. WAGNER: Article 12.
M. BOUDREAU: M. le Président, je ne suis pas un avocat, mais je
me demande si l'article, devant les tribunaux, ne pourrait pas prêter
à confusion. On parle de bouteilles de bière, on parle de
bouteilles de cidre, on sait qu'il y a des boissons qui ne peuvent pas
être servies autrement qu'en bouteille; il s'agit des bons vins et des
boissons. Mais vous savez qu'aujourd'hui on fait une campagne énorme,
une campagne intense afin de remplacer les bouteilles par des canettes ou des
contenants en plastique. Et je me demande s'il n'y aurait pas là une
confusion devant les tribunaux.
M. WAGNER: Non, je ne crois pas qu'il y ait un juge qui veuille
interpréter différemment une canette de bière, puis une
bouteille de bière, je ne pense pas.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre, pour terminer sur cet
article-là, le...
M. LAPORTE: Si je peux me permettre pour dire que
l'interprétation des tribunaux... autrefois il était dit dans le
Code qu'on ne pouvait pas saisir le cheval qui servait à quelqu'un, dont
quelqu'un se servait pour gagner sa vie. Quand sont arrivés les premiers
camions, évidemment, il y a un bonhomme qui s'est fait saisir en disant:
« Bien, ce n'est pas un cheval, puis le Code dit cheval. » Alors,
lorsqu'on est allé devant les tribunaux, le juge a dit: « Ce n'est
pas le cheval qu'on voulait protéger, évidemment, c'est le
monsieur qui gagne sa vie. » Donc, étant donné que les
choses se sont modifiées, l'interprétation de la loi c'est que le
camion n'était pas saisissable plus que le cheval.
M. BOUDREAU: Cela n'a rien changé dans les termes.
M. LAPORTE: Ils ont continué à boire de la bière
aussi...
M. WAGNER: Alors, l'article 11.
M. LAPORTE: Non, les termes n'ont pas changé, mais
l'interprétation peut changer.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais dire que je partage
sur le quantum qui vient d'être changé, je partage
énormément l'avis de mes collègues, parce que je trouve
que peut-être les municipalités se développent assez
rapidement, mais je suis prêt à accepter l'article, si mes
honorables amis...
M. WAGNER: Article 12.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12?
M. HANLEY: ... Mr. President, on article 12, section 19-B, would the
minister have any objection of including health clubs within, notwithstanding
certain restrictions enclosed in this bylaw a club permit may be granted to a
golf club, squash curling, yatch club. The reason I make this request, Mr.
President, is that I am a member of many health clubs, but in this one
particular club there are 250 members senior executives senior executives
etc... There is a city zoning there and the reason why the city was zoned is
because a representative did not want a tavern within the territory. The city
administration has no objection of a private club. And I am wondering if all
private health clubs, 90% of health clubs have liquor licences. There happens
to be one that is located in a zone that has been in an area that has been
rezoned for a purpose to eliminate the opening of a tavern. Now the board has
jurisdiction of issuing permits to various categories of clubs even regardless
of the by-laws of a municipality. Would the Minister have any objection of
adding the word « health club »? It is up to the board to make a
study and to issue or reject the application.
M. WAGNER: No, I do not think it would be healthy to have a drink in a
health club. I think the member for Ste-Anne will notice that we made a few
changes in this article in order to cover curling clubs and squash clubs and
tennis clubs and so on. I think we have just about exhausted the...
M. HANLEY: But I repeat 90% of the health clubs have licences within the
city. And here is one of the most important health clubs within the city, where
you have the most important group of business executives meeting there.
M. WAGNER: May be it is one of the most important for the simple reason
that it has no permit.
M. HANLEY: Well, they want a license, they have asked me to make
representations concerning the amendment to the Act.
M. WAGNER: I have made a note of the suggestion.
M. HANLEY: Who does not follow?
M. WAGNER: I have made a note of the suggestion.
M. LE PRESIDENT: On ne comprend pas.
M. HANLEY: It is a private club, it is a private membership club. All
right, Mr. President, within the same zoning area, within the Wilder Shopping
Center is illegal to sell alcoholic beverages. There is a restaurant fully
licensed within the Wilder Shopping Center, I refer to the Wilderton health
club. Well this is where I am on the spot as a Member of Parliament,...
M. WAGNER: I have made a note...
M. HANLEY: They say: you are a member, you are a member of Parliament.
We wouldlike to have this opportunity of having a beverage within our own
private institution and we are deprived of this but within the same house,
within the same shopping center, there is afully licenced restaurant in a zone
that is zoned illegal for the sale of alcoholic beverages. This is what I am
faced within public life. This is what I did not want to bring up today and I
brought it up very delicately to try and have the word « health clubs
» included within this article, within this section. Therefore, I would
not have to bring to the attention of the Minister this injustice because I am
accused of this injustice as a member of this Parliament.
M. WAGNER: I think this is...
M. HANLEY: And I do not want to say one word within this Parliament
today that is going to jeopardize the licence holder, not one word. I think it
should be there, and Mr. Minister, the amendment that was brought in at the
City Council meeting was brought in late at night, the last night, no one was
concerned when they spoke about taverns and the administrators in Montreal
would not object that health clubs be included. But health clubs in principal
are licenced, and every hotel in every area of Montreal but because of this
instance this club here is deprived of the same privileges of 90% of other
similar organizations within the city and health clubs, I don't think you would
be creating a principle or « un précédent ». It has
already been established, except in territories where there is a zone. Now, I
am sure that no administrator, whether he has been a municipal or provincial
administrator, would not object to have a licence been granted too in a zone
that is commercial. This however is a shopping center, that is far being
residential. And within the shopping center there are licenced
establishments.
M. WAGNER: I think that I have got the point.
M. HANLEY: Yes, you have the point, but how about the law?
M. LAPORTE: How about the drink?
M. WAGNER: Thank you very much. M. le Président, on pourrait
peut-être demander l'ajournement.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai deux remarques à faire
sur l'article 11, si on le permet, on peut arrêter là, j'ai deux
remarques à faire.
M. WAGNER: Iln'estpasadopté, l'article 11? M. BELLEMARE: Est-ce
l'article 11 ou 12? M. WAGNER: On est rendu àl'article 12.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça, l'article 12, je fais erreur. Si
vous voulez me permettre deux remarques, ça ne sera pas très
long, sur l'article 12.
M. LAPORTE: Je voulais proposer l'ajournement, autrement on va manquer
l'heure de l'apéritif.
UNE VOIX: Ce sera bien utile.
M. BELLEMARE: Ne craignez pas.
UNE VOIX: Le cidre.
M. LAPORTE: A deux heures?
M. BELLEMARE: Deux heures?
M. LAPORTE: A deux heures, deux heures et quart.
M. BELLEMARE: Donnez-nous une chance. M. LAPORTE: Cela vous va, deux
heures?
M. BELLEMARE: Deux heures et quart toujours, pour nous permettre, il
faut que je regarde un peu les textes.
M. LE PRESIDENT: No 12 est adopté, là?
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LAPORTE: La séance est suspendue jusqu'à deux heures et
quart.
M. BLANK: (président du comité plénier): M. le
Président, le comité n'a pas fini de siéger et demande la
permission de siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? Même
séance? Même séance.
M. LAPORTE: Même séance. Alors, je propose la suspension de
la séance jusqu'à deux heures et quart.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à deux
heures et quart.
Reprise de la séance à 2 h 23p.m.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais avoir le
consentement unanime de la Chambre pour que nous retournions à l'item
« Rapport de comités élus », « Rapport du
comité des bills privés. »
M. BERTRAND: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Présentation de rapports de comités
élus.
M. BEAUPRE: J'ai l'honneur de déposer le 23e et dernier rapport
du comité des bills privés en général.
M. LESAGE: C'est le rejet du bill.
M. LE PRESIDENT: Le rapport est lu et agréé?
Adopté.
M. BELLEMARE: Je voudrais simplement savoir. J'ai entendu dire pendant
l'heure du dîner que l'honorable premier ministre avait dit que j'avais
fait perdre le temps du comité ce matin.
M. LESAGE: Non, non. J'ai dit que c'était M. Ross Goodwin. Je me
suis repris. J'ai retiré mes paroles. La langue m'a fourché.
M. BELLEMARE: Je pensais avoir été une fois de plus...
M. LESAGE: Non, je m'en suis excusé.
M. BELLEMARE: La fois que je suis pour le projet.
M. LESAGE: Je m'en suis excusé.
M. BELLEMARE: Très bien. La minute que j'ai plaidé
l'affaire. Je plaidais pour le projet. D'ailleurs, j'ai entendu dire que
l'honorable M. Bertrand...
M. LESAGE: D'ailleurs, ça va très bien. Le bill 55.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose la troisième lecture du bill
55 « Loi de la fonction publique. »
M. LESAGE: Tout simplement, quand nous aurons terminé
l'étude du bill 55 en troisième
lecture, je proposerai l'étude du budget supplémentaire.
Parce qu'il faudrait que je sois libre pour quelque temps. Il y a seulement
quelques item, trois ou quatre item.
Je n'ai pas l'intention de répéter tout ce que j'ai dit
à satiété en deuxième lecture et lors de
l'étude en comité sur le sujet. Cependant, à cause de
l'importance que l'on a apportée, au cours de la discussion en
comité, au mémoire de la Centrale syndicale nationale, de la CSN,
je voudrais simplement dire ceci. Ce sera très bref. Le postulat sur
lequel repose tout ce mémoire c'est que la convention collective serait
la seule et unique loi qui doive régir la fonction publique, et si l'on
veut bien étudier à fond le mémoire, on voit qu'il est
inspiré de ce postulat. Comme si tout le statut des fonctionnaires
devait se ramener à une entente entre le gouvernement employeur et ses
employés. Or, cela est faux en principe.
Dire que tout le statut doit être décidé entre les
parties, c'est nier le rôle de cette Chambre, le rôle souverain de
cette Chambre, en matière de dépenses des deniers publics, dans
une saine démocratie, et je le soutiens, le statut de la fonction
publique est certainement une matière de politique publique, et par
conséquent c'est au Parlement qu'il appartient de fixer les principes
directeurs. Et ces principes sont d'une telle importance qu'il appartient aux
représentants du peuple de les exprimer sans équivoque. C'est
reconnu partout dans le monde, partout dans le monde. Comme question de fait,
je le répète, le bill 55 est à l'avant-garde de tous les
systèmes de fonctions publiques en Amérique du Nord en avant de
celui de la Suède même, et en pratique, bien en avant de celui de
l'Angleterre, et, en pratique, bien en avant de celui de la France et de la
Belgique. Et, justement, parce que c'est la responsabilité des
représentants du peuple d'exprimer les principes sans équivoque,
le projet de loi numéro 55 est nécessaire afin d'édicter
les droits et les obligations des fonctionnaires et de préciser les
structures de la gestion du personnel de l'Etat.
Bien sûr que les droits syndicaux vont permettre aux
fonctionnaires de négocier avec le gouvernement, bien sûr, il
s'agit là d'un principe important, mais qui ne doit pas, jamais, nous
faire perdre de vue d'autres principes fondamentaux qui existent. Et j'en donne
trois: Premièrement; toute personne a le droit de présenter sa
candidature à un emploi pour lequel elle se prétend
qualifiée. Nous avons affaire aux payeurs de taxes de la province. Toute
personne, on ne peut pas la priver de ce droit, a le droit de présenter
sa candidature au poste pour laquelle elle se croit qualifiée. On ne
peut pas laisser ça aux syndicats, ça c'est un principe
fondamental qu'il ne faut jamais perdre de vue et surtout le laisser bien
implanté dans notre matière grise quand on étudie les
clauses du bill. Le droit de tout citoyen qui doit être respecté,
qu'on ne peut pas, nier, abroger ou atrophier par une convention
collective.
Deuxièmement: deuxième principe. La définition des
critères d'éligibilité doit être faite par un
organisme indépendant de l'employeur proprement dit, c'est-à-dire
par la Commission de la fonction publique indépendante de l'employeur.
Nous prenons les assurances de l'indépendance dans les termes
mêmes du bill 55.
Et c'est elle, cette Commission, qui détermine les exigences
requises en matière de formation académique, d'expérience,
de personnalité et de tous les autres facteurs pertinents comme
pré-requis à l'admissibilité. On ne peut pas laisser dire
par une convention collective, qui serait forcée sous menace de
grève, que c'est l'ancienneté qui prime. On n'a pas le droit de
brimer les droits des citoyens. On n'a. pas le droit. Nous sommes les
représentants du peuple ici. Ce n'est pas le secteur privé. C'est
le secteur public. Et c'est ça qu'on oublie chez les gens des syndicats.
C'est qu'on a affaire à l'administration de la chose publique, de notre
Etat, l'Etat du Québec.
Troisième principe: C'est ce même organisme impartial
assisté de jury qui évalue, selon les critères que je
viens de mentionner, la compétence relative des candidats qui se
présentent au concours de nomination ou d'avancement. Cela ne peut pas
être négocié. On ne négocie pas le patronage. Les
syndicats ne viendront pas faire de patronage dans la fonction publique au
moment où nous débarrassons la province du patronage. Jamais, M.
le Président.
Enfin, l'article 39 du projet établit, lui par exemple, un
principe qui est destiné à sauvegarder l'Intérêt des
agents de l'Etat en posant l'objectif des concours d'avancement, pourvu que cet
intérêt soit subordonné c'est bien l'article 39
à l'Intérêt général tel que je l'ai
exposé il y a un instant. C'est pourquoi nous laissons à la
commission impartiale le soin de juger en quels cas elle doit faire appel au
grand public pour satisfaire les besoins des gens qualifiés que lui
demandent les ministère.
M. le Président, je le répète, nous sommes à
l'avant-garde. Il est inconcevable pour moi, je regrette, ça
dépasse mon entendement, que nous recevions autre chose de la part des
syndicats que des félicitations pour avoir été si loin. Je
me suis fait reproché parles fonctionnaires depuis quinze jours le fait
que nous accordions
le droit de grève, alors que partout la population est
montée contre les grèves, et c'est contre des employés du
gouvernement syndicables que j'ai défendu les syndicats et que j'ai
défendu le fait que nous leur accordions le droit de grève. Et on
vient se plaindre? M. le Président, évidemment la situation que
j'occupe en est une où l'on se fait attaquer toujours des deux
côtés. On va toujours trop loin ou pas assez loin. C'est vrai en
toute matière oupres-que. Mais non. Cela ne fait rien. Cela n'a pas
d'importance. Ce qui compte, M. le Président, c'est d'avoir la
satisfaction qu'on accomplit son devoir.
La satisfaction qu'on pose les actes qui sont de nature à donner
à l'administration de la province de Québec, de notre Etat du
Québec, l'armature administrative qui va permettre les succès que
nous envisageons pour elle. Voulons-nous que le Québec ait un plus
grand, de plus en plus grand, degré d'autonomie? Il faut que nos gens,
nos administrateurs soient prêts. Ils ne le sont pas, M. le
Président, ils ne le sont pas tous. Il y a beaucoup de travail à
faire; ce travail, il ne doit pas se faire dans les luttes syndicales, il doit
se faire sous l'égide de la justice sociale que c'est notre devoir
à nous, les députés de cette Chambre,
d'établir.
Nous ne sommes pas dans le secteur privé où l'on est
habitué aux luttes entre employeurs et employés, où les
employés demandent plus pour avoir moins et où les employeurs
offrent moins pour donner moins que ce que demandent les syndicats. Ce n'est
pas ce jeu-là qu'on joue ici; ici, nous sommes des hommes qui sont les
représentants du peuple, qui avons prêté un serment
d'office que nous devons respecter. Nous n'avons pas le droit de jouer le jeu
du marchandage; on ne négocie pas la loi. A nous de prendre nos
responsabilités, sans crainte des critiques.
Pour ma part, M. le Président, je le répète, j'ai
la conscience que j'ai fait mon devoir, tout mon devoir; que je protège
la population du Québec et que le bill que je propose est de nature
à améliorer la structure administrative du Québec.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
reprendre les arguments que nous avons apportés hier, qui ont
déjà été énoncés par le chef de
l'Opposition et que nous avons repris lors de l'étude de tous et chacun
des articles, de toutes les modalités de ce bill. Le premier ministre
est surpris de ne pas recevoir de félicitations...
M. LESAGE: Non, ce n'est pas ça, je n'ai pas utilisé le
mot félicitations.
M. BERTRAND: II aurait aimé que les syndicats...
M. BELLEMARE: On n'a pas dit un seul mot.
M. LESAGE: Je n'ai pas utilisé le mot félicitations, ce
n'est pas vrai.
M. BELLEMARE: On n'a pas dit un seul mot, personne, j'espère que
le premier ministre va écouter.
M. BERTRAND: II aurait aimé que les syndicats le
remercient...
M. LESAGE: Oui, mais qu'on ne me fasse pas dire des choses que je n'ai
pas dites.
M. BERTRAND: ... de soumettre à la Chambre le bill que nous
étudions aujourd'hui en troisième lecture. Le premier ministre
connaît les problèmes du pouvoir aujourd'hui, il l'exerce...
M. LESAGE: Aujourd'hui? Cela fait des années que je les
connais.
M. BERTRAND: II n'y a pas lieu, M. le Président, pour lui de s'en
plaindre.
M. LESAGE: Cela fait 20 ans que je les connais, je n'ai jamais
été dans l'Opposition.
M. BELLEMARE: A l'ordre. M. le Président, je vous demande de
faire respecter le règlement.
M. BERTRAND: II est parti de loin dans ce domaine du syndicalisme dans
la fonction publique. Il ne faut pas être surpris delà
réaction des syndicats. Il a commencé par dire au tout
début, lorsque ce problème s'est agité devant l'opinion
publique, que la Reine ne négociait pas avec ses sujets. Voilà le
climat dans lequel, M. le Président, a été marquée
l'origine du syndicalisme dans la fonction publique provinciale. Le premier
ministre est surpris de l'attitude des syndicats et de l'Opposition. M. le
Président, je n'ai pas l'intention de revenir sur les arguments qu'il a
apportés et qui ne présentent absolument rien de nouveau; et j'ai
l'intention de mettre l'accent sur ceci.
Tous, nous admettons qu'il s'agit d'une loi importante, tous nous
admettons qu'il s'agit d'une initiative nouvelle, tous nous devons convenir au
départ, que les parties sont de bonne foi, que les syndicats sont de
bonne foi, autrement le climat des relations futures entre le
gouvernement et le syndicalisme sera excessivement mauvais.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. BERTRAND: L'attitude du premier ministre, lorsque nous avons
demandé que nous allions devant le comité des relations
industrielles, démontre qu'il ne voulait pas rencontrer face à
face le président des fonctionnaires et les représentants de
CSN...
M. COITEUX (Duplessis): Un mémoire...
UNE VOIX: Des mémoires d'un pouce d'épais.
M. MORISSETTE: Un peu de respect de la vérité.
M. BERTRAND: Voilà le climat dans lequel nous avons
été placés pour étudier ce projet.
M. BELLEMARE: Je n'ai pas dit un mot.
M. BERTRAND: Nous avons alors apporté des arguments à
l'appui de notre demande de référer le bill au comité des
relations industrielles. Nous l'avons fait pour une foule de proj ets de loi,
de moindre importance pour la collectivité
québécoise que le bill qui est devant nous, nous sommes
allés au comité, à plusieurs reprises, et nous avons
étudié les projets, article par article, permettant à
ceux-là qui ont des points majeurs, d'opinions différentes, de
les plaider, de se faire entendre, conservant toujours pour les
députés, l'obligation de juger et de voter suivant leur
conscience sur le bien ou le mal fondé des représentations faites
par tous les groupes intéressés qui ont pu se présenter
devant les différents comités auxquels ont été
référés les projets de loi.
Voilà, M. le Président, ce qui s'appelle du dialogue. Et,
même si nous étions à la fin d'une session longue et
laborieuse, nous de l'Opposition, nous étions prêts à
utiliser ce mécanisme et à nous rendre au comité des
relations industrielles pour permettre à ceux-là qui s'opposent
avec vigueur et qui le font de bonne foi, malgré toutes les intentions
que l'on veut leur prêter, nous étions prêts à
prolonger s'il y avait lieu, les travaux parlementaires pour leur permettre
d'être écoutés et de discuter avec eux tous les points
litigieux du présent projet de loi, l'ancienneté, la
confidentialité, le problème des agents de la paix et tous les
autres, M. le Président, qui sont à l'heure ac- tuelle objet de
conflit entre la politique gouvernementale et le point de vue des principaux
intéressés, le syndicat des fonctionnaires de la province de
Québec et de ceux qui l'ont appuyé dans sa lutte pour faire
pénétrer le syndicalisme dans la fonction publique
provinciale.
M. le Président, qu'est-ce que le premier ministre répond
à cela? On répond: nous ne voulons pas que le patronage syndical
entre dans la fonction publique. Voyez-vous le climat, M. le Président?
Voyez-vous l'atmosphère que l'on prépare aux négociations
futures entre d'un côté le syndicat des fonctionnaires qui,
malheureusement eux, ont été trop souvent dans le passé,
les victimes de ce que l'on a appelé le patronage politique dans la
fonction publique.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. MORISSETTE: Vous parlez avec connaissance de cause.
M. BERTRAND: M. le Président, on les accuse avant les rencontres
autour de la table de négociation, de préparer leur
présence avec, dans l'esprit, l'idée d'implanter du patronage
syndical. Voilà les arguments que le premier ministre trouve pour
répondre au grief formulé par le chef de l'Opposition, par mon
collègue de Champlain et par moi-même sur le bill lors de
l'étude en comité plénier. Il aurait été si
facile pour le premier ministre de porter les accusations qu'il vient de
laisser planer sur les syndicats qui rechercheraient le patronage syndical, de
leur dire en face au comité des relations industrielles de
manière à ce que ces gens puissent répondre, de
manière à ce que ces gens puissent établir leur bonne foi.
Non, M. le Président, le premier ministre a dit non, il a dit non hier.
Je suis convaincu qu'il va de nouveau dire non à la motion d'amendement
que j'aurai dans quelques instants l'honneur de présenter. Il dit non,
il est le seul du côté du gouvernement à prendre position.
Sans doute prépare-t-il le député de Chambly, leader de la
Chambre, pour une réponse. Tant mieux. On va connaître le point de
vue d'un autre de nos collègues.
M. LAPORTE: Vous n'avez pas le droit de présumer de mes
intentions.
M. BELLEMARE: Je connais le coup de patin.
M. LAPORTE: Vous connaissez le coup de patin?
M. BELLEMARE: Patin.
M. BERTRAND: Nous utilisons, M. le Président, les moyens que les
règles parlementaires nous permettent pour inviter le gouvernement, pour
inviter le premier ministre en particulier à reconsidérer cette
attitude négative qu'il a prise hier à l'endroit de ce bill. Nous
lui demandons non pas de soumettre la Chambre au contrôle de quelque
syndicat que ce soit, la Chambre est souveraine, les députés sont
souverains dans la mesure des attributions que leur confère notre
juridiction constitutionnelle, c'est clair. Ce n'est pas éviter de
prendre ses responsabilités que de demander d'être
éclairé davantage, de connaître d'abord le point de vue de
ceux-là qui s'objectent avec vigueur et qui le font de bonne foi
malgré tout ce que l'on a pu laissé entendre à leur sujet.
M. le Président, c'est pourquoi secondé par mon collègue,
le député de Yamaska, j'ai l'honneur de proposer que tous les
mots après que dans la motion en discussion soient retranchés et
remplacés par les suivants: « Le bill 55 intitulé Loi de la
fonction publique soit référé au comité des
relations industrielles pour permettre aux personnes et organismes
intéressés à ce bill d'être entendus. »
M. LAPORTE: Très brièvement, M. le Président,
parlant sur la motion d'amendement du député de Missisquoi, je me
permettrai de souligner d'abord l'une des premières paroles qu'il a
prononcées sur la bonne foi réciproque des deux parties. Je me
propose, puisque mon intervention doit forcément se limiter à
l'amendement, de revenir ajouter quelques autres considérations lorsque
nous reprendrons l'étude en troisième lecture.
Et je me permettrai à ce moment-là d'insister sur cette
partie de son intenvention, la bonne foi réciproque des deux parties que
j'admets, que je veux exposer dans le sujet qui retient actuellement notre
attention et qui a une importance capitale, ne serat-ce que par l'ordre de
grandeur des chiffres puisqu'il s'agit non seulement de l'administration d'un
gouvernement dont personne ne va nier l'importance, celui de la province de
Québec, ordre de grandeur également du nombre des fonctionnaires,
de citoyens, de vies humaines qui sont intéressés par le projet
de loi que nous étudions en troisième lecture. Je me permettrai
d'y revenir tout à l'heure.
Référer le bill au comité de la fonction
publique...
M. BELLEMARE: Non, non, non.
M. LAPORTE: ... des relations industrielles, excusez-moi. Comité
des relations industrielles. Je ne pense pas qu'une telle motion puisse
être votée seulement pour le plaisir de faire plaisir. Il faut
savoir, lorsque la référence sera terminée, quel objectif
nouveau nous aurons atteint. Essentiellement, le comité des relations
industrielles a été créé pour permettre à
ceux qui sont intéressés dans des questions de relations
industrielles, que ce soit le patronat ou la partie syndicale ou des ouvriers,
même individuellement, de venir s'exprimer. Or, dans le cas actuel, ce
problème a été étudié depuis, à
quelques jours près, un an, par un comité conjoint formé
de représentants nommés par le gouvernement et de
représentants nommés par ceux-là même qui sont
intéressés au problème, les fonctionnaires.
Ce comité a scruté l'ensemble de la question, a
présenté un rapport qui n'est pas unanime, mais un rapport
minoritaire. Deuxièmement, le projet de loi a été
étudié, déposé, l'opinion publique s'en est saisi.
Il y a eu à la suite du dépôt du projet de loi, à la
suite des rencontres qui ont duré un an entre cette espèce de
comité paritaire formé de représentants du patron et de
représentants des employés, il y a eu le dépôt du
bill. Lorsque des objections se sont manifestées, elles se sont
cristallisées autour de six points particuliers; on les connaît.
Je ne prolongerai pas inutilement le débat en y revenant. Il y a
eu,à la suite de cette prise de position de l'opinion publique,
particulièrement celle tout à fait raisonnable, tout à
fait acceptable des syndicats, ils avaient le droit de prendre position
puis ils l'ont fait, aucun problème il y a eu rencontre directe
entre celui qui est le président du syndicat et celui qui est le premier
ministre de laprovince de Québec officieuse mais quand
même qui a permis d'étudier clairement certains problèmes
précis. Deuxième étape.
Et il y a eu une troisième étape. Si nous étions
encore dans le vague sur la nature des représentations des premiers
intéressés, les fonctionnaires, si nous nous posions encore des
questions sur ce qu'ils vont exprimer devant le comité des relations
industrielles, il serait raisonnable que nous acceptions une motion comme celle
qui nous est présentée cet après-midi. Mais nous avons
reçu, tous tant que nous sommes, non seulement un document, mais deux
documents qui nous donnent l'opinion des intéressés, l'opinion
directe sur tous les articles du projet de loi, fort bien expliquées
dont la lecture m'a paru très intéressante et qui m'a fait
réfléchir sur bien des points. A la suite
de ces représentations, à la suite de l'arrivée de
ces documents, le gouvernement a décidé d'apporter certains
amendements à la loi, certains amendements qui ne satisfont pas
complètement les réclamations qui étaient formulées
dans les mémoires que nous avons reçus.
Cela, c'est la situation au moment où le député de
Missisquoi nous propose une motion de référence à un
comité de la Chambre. Je lui pose la question: qu'est-ce que va changer
la convocation de ce comité et l'audition? Si au lieu d'atteindre un
objectif fort louable, qu'il recherche sans doute je connais sa bonne
foi c'est-à-dire, d'amener le gouvernement à revoir
certaines positions; s'il arrivait que ce soit le contraire qui se produise,
devant la décision du gouvernement, explicable aussi, défendable,
on peut ne pas partager son opinion au gouvernement; mais, si devant la
décision du gouvernement de ne pas aller plus loin pour l'instant, si au
contraire la convocation du comité des relations industrielles allait
faire se durcir les positions de part et d'autre...
M. BERTRAND: J'en doute.
M. LAPORTE: Cela, c'est dangereux. Actuellement, nous avons atteint la
limite des négociations de part et d'autre. Il y a eu des amendements
et, encore une fois, je ne tenterai pas de prétendre que les syndicats
sont satisfaits à 100%, je sais fort bien que non, ayant moi-même
rencontré, hier après-midi, les principaux
intéressés. Je le sais, mais je dis que nous sommes en face d'une
situation de fait. Pour cette année, c'est ça. On verra tout
à l'heure quel chemin a été parcouru. Ce n'est pas le
sujet de l'amendement. Je pose simplement deux questions qui devraient en faire
réfléchir plusieurs. Est-ce que nous avons intérêt
actuellement à dire: Messieurs, c'est la loi? Est-ce que nous allons
tenter, vous d'une part, qui êtes les employés de l'Etat à
qui nous faisons la confiance de permettre le droit de grève, à
qui nous faisons la confiance de permettre le syndicalisme, à qui nous
faisons la confiance de permettre la négociation collective... Vous
êtes d'une part, vous, et d'autre part, il y a le gouvernement. Voici un
projet de loi qui vous fait cette confiance-là. Nous allons ensemble en
faire l'expérience et puis nous allons avoir, c'est arrivé une
fois, c'est arrivé deux fois, c'est arrivé trois fois, sur des
sujets beaucoup moins importants que celui-là... Je me rappelle que
l'Opposition, si on me permet une digression, avait dit sur la loi de
l'assurance-édition: ça ne donnera pas le résultat que
vous attendez. On a constaté au bout d'un an que c'était
vrai.
On a modifié. Cela n'est pas interdit. On dit: « Faisons
loyalement, de part et d'autre, l'expérience. » Cela, c'est la
situation. C'est sur ça qu'on doit insister. Je pose la question: est-ce
que le fait de référer tout le problème de nouveau au
comité des relations industrielles, ça va contribuer à
créer ce climat-là ou si ça va rendre la situation qui est
déjà délicate, si ça va la rendre encore plus
difficile? Je me pose la question. Et la réponse, je crois, c'est que
devant cette suggestion de convoquer le comité, je suis inquiet;
ça va, loin de faire avancer le débat, ça va permettre de
cristalliser les positions de chaque côté, de les durcir et ce
n'est pas le moment de le faire. Je dis, deuxièmement, que nous avons
étudié la question. Je me réfère encore une fois
à la bonne foi des deux parties. Nous avons consulté de droite et
de gauche, nous avons rencontré les parties intéressées et
le gouvernement a pris une décision. Je ne crois pas que, dans les
circonstances, il soit souhaitable que nous reprenions tout le débat
devant un comité parlementaire qui va devenir peut-être une foire
d'empoigne entre l'Opposition, le gouvernement et les syndicats. Ce n'est pas
Indiqué dans les circonstances, c'est pour ça que, demandant au
gouvernement de faire, demandant aux syndicats de faire loyalement
l'expérience de ce produit très nouveau que nous proposons,
sachant de ma part que le gouvernement va en faire, lui, l'expérience
aussi loyalement que possible, je n'ai pas l'impression que ce serait
acceptable de voter pour cet amendement et c'est pour ça que je me
prononcerai contre.
M. LE PRÉSIDENT: Avant que le député de Champlain
prenne la parole, sur la forme de l'amendement, je crois que je devrais attirer
l'attention de la Chambre, que le principe général pour les
amendements, c'est que ce soit rattaché à la motion
principale.
Et, je crois que la formule générale pour une motion
semblable ce serait de dire que les mots soient retranchés et
remplacés par les mots suivants: « Le bill 55 intitulé Loi
de la fonction publique ne soit pas lu maintenant, mais
référé au comité. »
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Alors, c'est simplement pour les
procès-verbaux...
M. LESAGE: Vous avez raison, je suis d'accord.
M. LE PRESIDENT: L'amendement à l'amendement est
agréé.
M. LESAGE: Je renonce au point de règlement que vous venez de
corriger.
M. BERTRAND: Avec une conscience scrupuleuse, M. le Président, on
est prêt à accepter l'amendement.
M. LESAGE: Comme on dit en anglais: I waive.
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: Moi je pense aux procès-verbaux de la Chambre
qui rapportent un amendement qui n'est pas conforme aux règlements.
M. LESAGE: Oui, mais nous tenons à voter sur le fond de
l'amendement.
M. BERTRAND: C'est-à-dire, qui est permis par les
règlements.
M. LESAGE: Oui, oui, c'est très bien, c'est corrigé.
M. LE PRESIDENT: Pas dans cette formule-là.
M. LESAGE: Cela va être corrigé dans la forme.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste deux mots sur l'amendement
présenté par l'honorable député de Missisquoi,
concernant 1.' convocation du comité des relations industrielles pour
entendre les intéressés nous donner leur opinion concernant le
bill 55 de la fonction publique. Les arguments employés par l'honorable
député de Missisquoi sont à l'effet premièrement
que nous aurions intérêt à partir d'un bon pied;
deuxièmement qu'un dialogue entre les intéressés
rapporterait énormément plus au point de vue de la
législation, et, troisièmement, l'honorable député
de Missisquoi prétend avec raison que nous n'avons pas eu tous les
renseignements voulus; à ça on répond, l'honorable leader
de la Chambre dit, pour le parti ministériel: « Mais qu'est-ce que
ça va nous donner? Nous avons eu tous les renseignements possibles. Il y
a eu d'abord l'étude de la loi faite entre le premier ministre et le
président du syndicat qui se sont vus officieusement... »
M. LESAGE: Qui ça? Je n'ai pas dit qui j'avais vu.
M. BELLEMARE: Ah non! mais le leader l'a dit.
M. LESAGE: Non. Non.
M. BELLEMARE: Le leader l'a dit. Le président de la grande
centrale, se sont vus officieusement.
M. LAPORTE: En tous les cas, qu'est-ce que ça peut faire?
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: Je l'ai vu hier soir, à l'heure du souper.
M. BELLEMARE: ... le premier ministre n'était pas ici en Chambre
quand l'honorable député de Chambly a parlé. Il dit; Nous
avons apporté, à la suite de cette entrevue, des amendements.
Donc la loi était perfectible, puisqu'il y a eu onze amendements en
partant. « Deuxièmement, le climat serait débalancé
si nous allions peut-être mettre en face l'un de l'autre, ces deux
groupes, qui auraient pour effet peut-être de raidir les relations qui
devront exister. » M. le Président, je rappelle à
l'honorable leader de la Chambre ceci, que nous avons vécu ici, depuis
quelques années des expériences similaires, que le gouvernement,
sur l'étude de certaines législations, s'est raidi, a
commencé par dire jamais. Ensuite de ça, il a dit non. Le
comité, nous ne siégerons pas. La loi va passer telle quelle, et
nous avons vu, après plusieurs interventions, M. le Président, en
particulier dans le bill 54, le Code du travail, que le Code du travail,
après avoir été édicté, revisé et
refait trois fois, a été au bout de quatre mois descendu,
renvoyé au comité des relations industrielles pour y entendre les
intéressés qui avaient déjà travaillé
dessus, qui avaient déjà présenté des
mémoires, qui avaient déjà donné leur opinion. Nous
sommes allés au comité des relations industrielles, nous y avons
siégé trente-deux heures de temps, pour entendre les
intéressés et, à la suite de ces trente-deux heures
d'ouvrage bien fait, dans un bon climat, objectivement, nous sommes revenus en
Chambre, et le gouvernement a apporté tout un Code du travail
revisé, tout un code nouveau revisé, puisque 41 articles ont
été refaits, 41.
A la suite des propositions faites par l'honorable premier ministre en
Chambre et le ministre du Travail, le Code du travail a été
soumis à la Chambre. L'Opposition a fait valoir, à ce
moment-là, des objections sur certaines des clauses qu'apportait le
ministre du Travail. Le gouvernement a dit: « Non. Pour aucune
considération. On en a entendu trente-deux heures de temps. Il n'y a
plus rien à y faire. Les censeurs ont parlé, on les a entendus.
C'est réglé. » Le
dimanche qui a précédé la passation du Code du
travail, les syndicales, les syndiqués ont tenu ici même à
Québec une grande assemblée. Ils ont étudié la
nouvelle revision du Code du Travail. Ils ont fait à ce moment-là
des représentations véhémentes au gouvernement. Ce qui a
amené, M. le Président, le gouvernement à changer pour la
cinquième fois certains articles importants qui sont maintenant dans le
Code du travail. Et ce n'est pas bon d'entendre les intéressés?
Et ça peut changer le climat? Et ça peut raidir les relations
industrielles entre employeurs et employés? Voyons donc! L'attitude du
gouvernement, et en particulier celle de l'honorable premier ministre, est
rétrograde. Il nous ramène à des années noires
où le patronat ne voulait pas, à ce moment-là, transiger
avec les syndicats, où l'on avait pour argument, exactement comme le
premier ministre, l'argument de détruire dans l'opinion publique la
centrale, le syndicat. On disait: « Ils font ci... ils produisent des
actes, ils sont des barbares. » Exactement, M. le Président, comme
ça!
M. LAPORTE: L'amendement, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE: Oui, oui, l'amendement.
M. LAPORTE: L'amendement, s'il vous plaît!
M. BELLEMARE: Et, M. le Président, je reviens à
l'amendement parce que ça en est, si on voulait les entendre, c'est
là que le climat aurait été beaucoup plus serein.
M. COURNOYER: De quelle période parlez-vous?
M. BELLEMARE: Et c'est là... la période de Taschereau. Et
c'est là, M. le Président... Quand M. Taschereau disait: «
Venez dans la province de Québec, les industriels des autres provinces,
c'est ici que les salaires sont les plus bas et que les ouvriers se vendent
meilleur marché. » Taschereau en 1928.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieursl M. LAPORTE: L'amendement, s'il
vous plaît.
M. BELLEMARE: L'amendement, M. le Président, c'est ceci: le
climat aurait été cent fois meilleur. Et c'est là que les
positions ne se seraient pas raidies. Si on les avait entendus. Si on pouvait
les entendre encore aujourd'hui, il est encore temps. C'est gens-là sont
de bonne foi, ils recherchent une seule et unique chose, rendre service
à une collectivité en respectant les droits acquis. Et cette
collectivité aujourd'hui, c'est un employeur qui s'appelle le
gouvernement. Et les employés sont des fonctionnaires et des ouvriers
qui ont besoin de se syndiquer en 1965, mais qui doivent aussi avoir dans la
législation certains pouvoirs.
Et je dis et je répète que si on les avait entendus au
comité des relations industrielles, probablement que certains chefs
syndicaux, avec certaines explications qui leur ont été
données, auraient peut-être laissé tomber certains
amendements. Si on leur avait dit comme le leader de la Chambre a dit tout
à l'heure: « Essayons, et s'il y a lieu d'amender, nous
amenderons. » Cela, c'est le terme de la conciliation. C'est le terme
employé dans les négociations. Ce n'est pas de l'arbitraire comme
on veut l'établir actuellement. Le climat est mauvais, c'est sûr,
et il va être encore plus mauvais. Pensez-vous que des gens aussi
désintéressés que les syndicats actuellement qui ont fait
oeuvre de bien depuis qu'ils ont commencé l'organisation du
fonctionnarisme, vont laisser tomber les arguments qu'ils ont en main? Non. On
devrait les entendre. On devrait les entendre sur quelques points. Il n'y en a
pas une centaine. C'est l'ancienne loi. Sur 70 articles il y en a 61 de
l'ancienne loi. Il en reste à peu près vingt-deux qui sont des
nouveaux. Sur les 22 il y en a certainement plus que la moitié qu'on
accepte, que les syndicats acceptent. Il resterait quelques modalités
peut-être, certaines formes à amener, et c'est là qu'on
aurait rendu le climat favorable. Mais l'on dit: « Non ». On dit:
« Cela ne siègera pas, c'est une perte de temps. »
Eh bien, M. le Président, je félicite le
député de Missisquoi d'avoir apporté son amendement et je
sais que le gouvernement va revenir sur sa décision et va permettre, va
voter pour.
M. HANLEY: Mr. President, very briefly. I have been associated with the
working class going back to the early and the late 30's. I have witnessed
capitalism and the industrialists exploit the working class. I have witnessed
municipal and superior governments exploit the working class and I do not
intend to-day to scuttle or desert the people, the class of society who drafted
me into public life in the late 30's. I remember the years when our civil
servants were paid wages that were not sufficient to purchase the necessities
of life for their families.
M. LE PRESIDENT: We are on an amendment.
M. HANLEY: And I am on the amendment in order to state that I am for the
motion and against the amendment. And I want to give a few reasons. I do not
want to delay for further study bill 55, that is one reason that I am against
the amendment; another reason why I am against the amendment is that I think
that bill 55 is a good bill for our civil servants.
Mr. President, we are elected public representatives. Unfortunately, I
could not attend the meeting of the Syndicat last night because I only received
the telegram at nine thirty this morning. But I remember the day in the 1930's
when there were no syndicates and very few if any labour unions...
M. LE PRESIDENT: I am afraid the member for Ste. Anne's, who has perfect
right to say what he is saying now on the motion for third reading, but he is
not addressing himself to the amendment which is simply to... all we are
deciding at the present moment is whether the bill should be referred to a
committee. That is the only thing that is under discussion. The member says he
is not in favor of that, he is in favor of the bill; when it comes time for the
main motion, the member will still have his right to speak on the main motion
for third reading, but he cannot speak generally on the bill at this time.
M. HANLEY: Mr. President, so I will not delay the adoption of the bill;
I will try to conclude within the framework of the amendment. This amendment
will not serve any purpose to expedite or to improve the conditions of our
civil servants. The amendment will not, at least, give some consideration to a
percentage of authority to the taxpayers of this Province and not only their
civil servants. I am 90% for our civil servants in voting against this
amendment, but I am 10% for the taxpayers who are going to be responsible for
the survival of our civil servants. And I would ask the leaders of this
movement to be patient, this amendment will not improve the original bill,
there are some clauses that this amendment may affect, there is always another
session for further amendments. And therefore, in going along against this
amendment, I would also ask the leaders of the labour movement, before they
take drastic actions against the welfare of our citizens, to take very serious
precautions before taking such serious and sometimes unqualified moves.
Mr. President, I had a similar amendment in the late 1940's when I had
to stand up and be counted against an amendment.
And at that time, Mr. President, I took my stand in order to assist the
labour movement and their leaders against strike action of certain categories
of Civil Servants within our province and I am still elected, 20 years later
after that stand, by the labour class of the province of Quebec. In conclusion,
Mr. President...
M. CREPEAU: Order!
M. HANLEY: Pardon? Est-ce que le député a quelque
chose?
M. LESAGE: That is all right. Go on!
M. HANLEY: In conclusion, Mr. President, sometimes when people say
louder it is very difficult to get your point through the skulls of some very
difficult and stubborn people and I am not referring to members. Therefore in
conclusion the reason why I am voting against the amendment it is not going to
help the Labour movement and it is not going to help our Civil Servants, I am
going to vote for the bill, if anyone calls to my attention between now and the
next session that there should be further amendments and I think they are
justified, concerning the taxpayers and our Civil Servants, I will give every
consideration to such amendments.
M. COURNOYER: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement sera-t-elle
agréée?
DES VOIX: Vote!
M. LE PRESIDENT: Même vote que ce matin?
M. LESAGE: Non, non, vote. 66 à 0 contre. Oui il faut voter, on
va compter ce vote-ci, on va en prendre un, les autres on verra.
M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: Parce qu'autrement il faudrait prendre 66 à 0
contre...
M. BELLEMARE: Ah! non, c'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
Sur l'amendement proposé par M. Bertrand,
concernant le bill 55. Que tous ceux qui sont en faveur de l'amendement
veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Bertrand, Elie, Bellemare, Ducharme,
Johnston, Boudreau, Bernatchez, Guillemette, Russell, Somerville, Gosselin,
Lizotte, Raymond, Allard, Loubier, Majeau, Gagnon, Gauthier, Lavoie
(Wolfe).
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Pinard, Laporte, Courcy, Wagner,
St-Pierre, Cliche, Dionne, Brown, Kierans, Lafrance, Lalonde, Cournoyer,
Couturier, Levesque (Bonaventure), Fortin, Morissette, Binette, Beaupré,
Turpin, Boulais, Lechasseur, Roy, Coiteux (Duplessis), Harvey, Fortier, Lavoie
(Laval), Blank, Vaillancourt, Coiteux (L'Assomption), Crépeau, Fournier,
Théberge, Baillargeon, Ouimet, Kennedy, Dallaire, Brisson,
Hébert, Mailloux, McGuire, O'Farrell, Bernier, Trépanier,
Lacroix, Godbout, Dupré, Martin, Hardy, Hanley.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LE GREFFIER: Pour: 19, contre; 50 Yeas: 19, Nays: 50
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée. Sur la
motion principale de troisième lecture.
M. LESAGE: Même vote renversé.
M. GOSSELIN: M. le Président, nous étudions
déjà depuis plusieurs heures le bill 55, Loi de la fonction
publique. Tous les collègues de l'Opposition qui ont parlé sur
cette loi ont apporté une collaboration et une aide très
précieuse au gouvernement afin de la bonifier. Et j'ai l'honneur,
présentement, M. le Président, de proposer, secondé par le
député de Huntingdon, M. Somerville, que tous les mots
après « que », dans la motion en discussion soient
retranchés et remplacés par les suivants; « le bill 55
intitulé Loi de la fonction publique soit retourné au
comité plénier avec instruction de l'amender de façon que
l'appel en cas de destitution ou de révocation des employés soit
entendu devant un tribunal ou devant la Commission des relations de travail du
Québec. »
M. LESAGE: Même vote.
M. LE PRESIDENT: Le même amendement que j'avais
suggéré.
M. LESAGE: Oui, même correction, même vote.
M. BERTRAND: Voici, M. le Président, si vous me permettez. Nous
avons examiné le formulaire et étant donné que, dans ce
cas-ci, c'est que le bill est retourné, nous avons suivi exactement le
texte du formulaire.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. BERTRAND: Pour le premier, vous aviez raison, mais pour celui-ci, je
pense que vous avez tort.
M. LESAGE: De toute façon, même vote.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré, la motion est
rejetée. Motion de troisième lecture.
M. LESAGE: Adoptée, même vote renversé. M. LE
PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. RUSSELL. On ne peut pas dire le même vote, le président
n'a même pas regardé ce qu'était la motion, peut-être
que le gouvernement, s'il l'avait discutée, l'aurait
acceptée.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. RUSSELL. Il me fait plaisir quand même d'appuyer, à la
suite des propos tenus par le député de Missisquoi et le
député de Champlain, de proposer, secondé par le
député de Gaspé-Nord, que tous les mots après
« que » dans la motion en discussion soient retranchés et
remplacés par les suivants: « le bill 55, intitulé Loi de
la fonction publique, soit retourné au comité avec instruction de
l'amender de façon que les gardes-chasse, gardes-pêche, les
gardiens de prison, les inspecteurs de transport et des autoroutes et autres
préposés à des agents de paix bénéficient
des mêmes droits dont jouissent les policiers et les pompiers en vertu du
Code du travail.
M. LESAGE: Même vote.. Rejeté, même vote.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré sur l'amendement.
M. LESAGE: Même vote enregistré. M. BERTRAND: Même
vote enregistré.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée. A l'ordre,
messieurs.
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, je propose, secondé
par M. Georges Gauthier, député de Roberval, que tous les mots
après « que » dans la motion en discussion soient
retranchés et remplacés par les suivants: « le bill 55,
intitulé Loi de la fonction publique, soit retourné au
comité plénier avec instruction de l'amender afin de le diviser
de manière à ce que; 1) une section générale
s'applique au statut de tous les employés du gouvernement, 2) une autre
section définisse les fonctionnaires non aptes à faire partie du
syndicat. 3) une dernière section s'applique à tous les
employés apte à faire partie du syndicat.
M. BELLEMARE: Avez-vous lu les journaux ce matin?
M. LESAGE: Rejeté. Même vote enregistré.
M. BELLEMARE: On va vous en envoyer une copie.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: Je l'ai ici.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GAGNON: Lorsqu'une loi est déposée en Chambre, je crois
qu'il est du devoir...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. DES VOIX: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: J'espère qu'avec tous ces amendements que les
députés concernés ont envoyé des copies à M.
le greffier. Alors sur l'amendement du député de Wolfe,
même vote renversé...
M. LESAGE: Non, pas renversé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré. La motion est
rejetée.
M. GAGNON: M. le Président, lorsqu'une loi est
présentée en Chambre, je crois qu'il est du devoir de
l'Opposition d'essayer de la guérir des maux qui l'affligent. J'ai donc
l'honneur de proposer, secondé par mon collègue, le
député de Shefford, M. Russell, que tous les mots après
« que », dans la motion en discussion, soient retranchés et
remplacés par les suivants: « le bill 55 intitulé Loi de la
fonc- tion publique soit retourné au comité plénier avec
instruction de l'amender de façon que, seuls, les fonctionnaires et
employés, à titre strictement confidentiel dans les relations
entre l'employeur et l'employé, soient exclus des unités de
négociation.
M. LESAGE: Même vote, rejeté. Même vote
enregistré. Même chose.
M. GAGNON: Ma motion aussi? M. LESAGE: Même chose.
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée. La motion de
troisième lecture.
M. LESAGE: Même vote renversé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: M. le Président, nous avons accordé à
l'étude de cette loi du bill 55 de la fonction publique plusieurs heures
d'étude très consciencieuses, malgré que ce bill
très important nous fût amené dans les derniers jours d'une
session qui a été fort active. Je n'ai pas besoin de vous dire
que l'épuisement, que la fatigue, que la nervosité, dans certains
cas, ont peut-être amené certains débats acrimonieux
pendant l'étude de certains articles. Mais je pense qu'à la fin
de l'étude d'un bill aussi important, il est bon, de rappeler à
cette Chambre que nous avons participé de notre mieux à la
rédaction. Et surtout, par des amendements qui ont été
apportés cet après-midi, nous avons bien voulu montrer au
gouvernement notre vif désir de collaborer afin de donner à ce
bill qui est dans la province, et qui restera dans nos statuts, un bill
extrêmement important puisqu'il groupera tous les fonctionnaires
provinciaux qui sont sujets à la négociation collective.
Je dis que ce bill arrive à la suite de longs débats. Il
faut rendre ici témoignage et surtout attirer l'attention de cette
Chambre sur les mérites immenses qu'ont eu les employés civils
d'abord de fonder une association des employés. Ce n'était pas
facile, surtout dans le climat, et ici je veux être bien objectif, qui
existe depuis de nombreuses années au parlement provincial. Mais
malgré ça, on a réussi à établir des bases
et à jeter des jalons pas par pas, pied par pied et on est venu à
avoir des organisations qui ont produit des effets très heureux puisque
nous sommes aujourd'hui en face d'un bill que le gouvernement nous
amène,
qui s'appellera demain la Loi de la fonction publique. Cette loi de la
fonction publique, si le comité qui a pris part aux
délibérations hier soir s'en est rendu compte, il y a des
articles qui sont, à mon sens, d'une importance extraordinaire. Et c'est
pourquoi, il y en a un en particulier, à la suite de tous les honorables
députés qui ont présenté des amendements;
amendements sur la confidentialité, amendements sur les secteurs qui
devraient être indiqués, amendements sur les nominations et les
suspensions, amendements sur les agents de la paix, amendements à
l'effet que nous avons voulu être très objectifs, pas pour
embêter le gouvernement, mais afin de lui donner encore une chance, une
opportunité, afin d'user de tous les moyens légaux mis à
la disposition de l'Opposition, afin de convaincre le gouvernement d'apporter
certaines modifications qui auraient sûrement amélioré la
loi et qui auraient avec quel avantage surtout, amélioré le
climat dans lequel demain les syndicats ouvriers auront à rencontrer le
patron, c'est-à-dire, l'employeur qui est, dans les circonstances, le
gouvernement...
L'honorable premier ministre a eu, pendant l'étude de ce bill,
des phrases malheureuses.
Je ne le lui reproche pas, M. le Président. Je sais combien il
peut être fatigué à la fin d'une grande session où
il a fourni un travail extraordinaire, c'est vrai, mais, M. le
Président, pourquoi décharger sa colère, décharger
sa fatigue...
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. J'ai
deux arguments pour demander au député de ne pas continuer dans
la veine dans laquelle il s'engage actuellement, la première c'est que
la meilleure façon de ne pas insister, c'est peut-être de ne pas
rappeler l'incident et deuxièmement en vertu du règlement en
troisième lecture, le député doit s'en tenir strictement
au contenu du bill.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre...
M. LESAGE: J'ai ce qu'il faut pour répondre.
M. BELLEMARE: Ah! moi aussi. J'espère bien. Le premier ministre,
je pense bien, ne me fera pas choquer, hein? Et si c'est une menace, si c'est
une menace, pour une fois il va rencontrer un mur.
M. LALONDE: Un quoi? Un boeuf. M. BELLEMARE: S'il a des...
UNE VOIX: Troisième lecture du bill.
M. BELLEMARE: Je n'aime pas les manières du premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. BELLEMARE: Attaquez-moi
pas.
M. LESAGE: Bien oui, mais laissez-moi tranquille.
M. BELLEMARE: Laissez-nous vous juger, nous autres aussi, sur les
paroles que vous avez prononcées hier soir, M. le Président,
quand il a dit...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
UNE VOIX: Asseyez-vous. M. BELLEMARE: Oui, je vois, je pense bien. M. LE
PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LAPORTE: J'invoque le règlement. M.
BELLEMARE: Merci, frère directeur.
M. LAPORTE: Le député a employé avec raison la
première partie de son discours à dire que sur le ton calme il
n'a pas envenimé les débats. Est-ce que je peux lui demander
nous sommes à la fin de la session, tout le monde est
fatigué, le règlement lui demande de s'en tenir au contenu du
bill est-ce que je peux faire appel à sa bonne volonté
pour en finir? Troisième lecture, troisième en haut de la page.
Bon, on va lire ça au député...
M. BELLEMARE: Ah oui, ah oui, c'est sûr. M. CREPEAU: Après
vingt-deux ans. M. LAPORTE: Bon, on va lire ça au député,
M. BELLEMARE: Paquet de singes.
M. LAPORTE: « Le débat - article 572 -le débat sur
toute motion de troisième lecture d'un bill public peut porter sur
l'ensemble et les détails du bill, mais il doit être restreint au
contenu de celui-ci ». C'est normal qu'il en soit ainsi puisque le
principe a déjà été voté en deuxième
lecture puisqu'en comité nous avons
accepté ou refusé tous les articles du bill et que
là c'est le produit fini, alors s'il faut recommencer le débat de
deuxième lecture puis le débat du comité on n'en finira
plus. Alors je fais appel au député de Champlain, tout en
célébrant avec plaisir le vingt-deuxième anniversaire de
son entrée dans la vie publique, si lui-même veut respecter un
règlement qu'il connaît: très bien.
M. BELLEMARE: Mon Dieu qu'il m'a fait oublier, je remercie le leader, je
vais revenir de bonne humeur...
M. LAPORTE: J'ai hâte devoir la suite.
M. BELLEMARE: Je vais revenir de bonne humeur, puis je vais changer mon
ton qui a l'air agressif mais qui l'est pour le besoin de défendre, je
n'ai pas été habitué à un petit ton doucereux.
Toute ma vie j'ai gardé le même ton, il est peut-être pas
agréable pour certaines personnes, mais, dans le fond c'est simplement
la force de mes convictions qui sortent. Alors, M. le Président, je
redeviens donc serein et je dis que ce bill qui est un bill très
important, un bill qui rendra d'immenses services à la classe des
fonctionnaires et des ouvriers qui font partie comme employés de cette
province... et je dis M. le Président que nous ne devons pas, à
l'aurore de cette nouvelle phase, où les employés civils vont
activement participer aux conventions collectives, nous ne devons pas, M. le
Président, je pense, créer le climat qui a déjà
existé quand le patronat, il n'y a pas si longtemps, une dizaine
d'années, nous faisait à nous les misères extraordinaires
pour se syndiquer. M. le Président, il ne faut pas rappeler je crois ces
années, je les rappelle, ces années, simplement pour dire qu'il
ne faudrait pas employer vis-à-vis du syndicat les méthodes qui
ont été discutées et réprouvées dans le
passé et que les années n'ont même pas encore fait
oublier...
M. SAINT-PIERRE: Effacer.
M. BELLEMARE: L'attitude que prend le chef du gouvernement ressemble
presque mot pour mot à certaines expressions que, moi, j'ai entendues
quand j'étais parmi les grévistes, quand j'étais parmi
ceux qui se syndiquaient. J'entendais certains patrons me dire presque
textuellement des choses que j'ai entendues aujourd'hui. On essayait de nous
discréditer, nous qui marchions vers la liberté syndicale.
Nous qui demandions d'être reconnus. Mais, à ce
moment-là, j'entendais des paroles qui m'ont fait mal et qui me sont
restées marquées; « Le syndicat ne vous mènera nulle
part.»
UNE VOIX Ah, puis c'est certain.
M. BELLEMARE: « Le syndicat ne mènera pas à l'usine.
Le syndicat ne viendra pas régenter nos affaires. Le syndicat ne fera
pas de patronage dans mon usine. Je l'ai entendu ça, M. le
Président, il y a dix ans passés, quinze ans passés. Et je
l'entends aujourd'hui, après une évolution de quinze ans dans le
domaine syndical, dans le domaine ouvrier. Et je réprouve cette attitude
qui n'est pas conforme à la philosophie de 1965. Car nous avons
vécu ces heures terribles, ces jours noirs d'un syndicalisme, quel que
soit le parti politique. Mais je dis que nous ne devons pas les revivre. Et le
climat qu'on est en train de vouloir établir dans cette province, nous y
conduit droit, là. Tout droit.
M. BERNIER: C'est le même discours qu'il a fait ce matin.
M. BELLEMARE: Et, M. le Président, je pense que lorsqu'on aura
rencontré les unités syndicales, les différentes sections,
les différentes catégories d'employés qui se seront
syndiqués et qui demanderont la reconnaissance d'une convention
collective, je pense qu'à la table on devrait chasser de son esprit ce
complexe que les syndicats veulent tout mener, que les syndicats veulent faire
leur patronage. Non, mon Dieu Seigneur! Qu'on l'a entendue cette chanson du
patronage! On a promis de l'abolir et encore les corridors sont remplis de
patro-neux. A tous les jours, à toutes les semaines, on s'enfarge dans
des patroneux.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! UNE VOIX: On change pour une
fois!
M. LACROIX: Au deuxième étage, c'est très bien.
M. BERNIER: Ce sont des anciens « chums » qui viennent nous
voir.
M. LE PRESIDENT: Je crois que le député pourrait discuter
du bill sans parler généralement de la question de patronage. On
a eu toute une discussion sur ce bill en deuxième lecture traitant du
sujet au complet. Aujourd'hui, on discute la troisième lecture. Et le
débat est restreint au bill lui-même, au contenu du bill et
même, comme le député le sait parfaitement, il
n'a pas même droit de discuter des amendements qui ont
déjà été décidés par la Chambre sur
la motion de troisième lecture.
M. BELLEMARE: Vous avez parfaitement raison, M. le Président.
J'ai pris garde de ne ne pas entrer dans les amendements, pas du tout. Je n'ai
signalé aucun amendement. J'ai voulu simplement répondre à
l'honorable premier ministre qui, il y a à peu près dix minutes,
un quart d'heure, nous a parlé de patronage dans dix ans, à tue
tête: « Jamais le syndicat ne mènera le patronage dans la
province de Québec. » Bien ça, c'est une incidence.
Je reviens, M. le Président, au bill, à la
troisième lecture, et je dis que lorsque l'on emploie des moyens, des
petits moyens de finasserie pour empêcher les syndicats d'atteindre les
ouvriers, que l'on est encore vingt ans en arrière. On n'a pas la
philosophie de 1965...
M. LACROIX: Ils étaient cinquante ans en arrière en
1960!
UNE VOIX: On a regagné trente ans...
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que je pourrais demander
à l'honorable député de se lever et puis de parler?
M. CREPEAU: Assoyez-vous donc pour qu'il se lève!
M. BELLEMARE: Des moyens de finasserie, des petits moyens...
UNE VOIX: Vous ne pensez pas que vous faites perdre un peu de temps
à la Chambre?
M. BELLEMARE: ... donner des ordres pour que les
télégrammes ne soient pas distribués, pour que les
députés n'assistent pas à la séance, à une
convocation. C'en est de l'esprit antisyndical. C'en est ça des preuves:
c'est...
M. CREPEAU: C'en est ça...?
M. BELLEMARE: ... vers cet esprit qu'on se dirige.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement.
Voyez-vous, M. le Président, là ça c'est en dehors du
sujet. Nous pourrions facilement répondre à cette assertion
fausse du député de Champlain...
M. BELLEMARE: Non.
M. LAPORTE: ... quant au télégrammes...
M. BELLEMARE: Non, non.
UNE VOIX: Vous avez raison.
M. LAPORTE: M. le Président, ce n'est pas la discussion et on va
se laisser entraîner dans des considérations qui n'ont rien
à voir avec le projet de loi.
Une bonne chicane va s'ensuivre, ça n'aura rien
réglé du tout. Est-ce que je peux demander, M. le
Président, que le député de Champlain s'en tienne au
règlement et discute de la troisième lecture du bill qui est
actuellement à l'étude?
M. BELLEMARE: Le bill 55, M. le Président, arrive, tout le monde
l'a constaté, les journalistes en ont parlé, les
éditorialistes ont écrit des articles amers condamnant le
gouvernement d'apporter un bill de cette importance-là, à la
dernière minute. Nous avons donné nos raisons, nous avons
expliqué pourquoi nous n'acceptions pas, M. le Président,
certains articles d'un bill de la fonction publique qui est composé de
61 articles de l'ancienne loi du service civil. Nous avons fait une lutte que
nous avons crue nécessaire, nous avons épuisé tous les
moyens mis à notre disposition pour essayer de faire comprendre au
gouvernement qu'il faisait fausse route dans quelques domaines, qu'il
établissait un mauvais climat. Et, surtout, nous nous sommes battus avec
la dernière énergie pour essayer de faire comprendre au
gouvernement que lorsqu'il prohibait, dans les nominations et les promotions,
l'ancienneté, le gouvernement à ce moment-là se rendait
d'abord un mauvais service, rendait un mauvais service à ceux qui se
destinent à la fonction publique et surtout décourageait ceux
qui, pendant des années, ont milité dans certains
ministères pour se créer un avenir et aussi en même temps
rendre service à leur province.
Et, M» le Président, c'est avec la dernière
véhémence que je me suis levé dans cette Chambre, que j'ai
protesté contre cette prohibition totale. On ne veut pas
reconnaître comme critère important, pas le seul, mais comme un
des critères importants, l'ancienneté, lorsqu'il s'agira
d'établir des listes d'éligibilité. On ne veut même
pas le reconnaître lors des unités de négociations; non, M.
le Président, on dit: prohibition totale. Cela, je pense que le
gouvernement n'a pas raison. Le gouvernement en 1965 n'a pas la philosophie
qu'il faudrait avoir et surtout pour rendre service à ces vieux
serviteurs de la province, nommés par qui? Peut-être par
d'autres
gouvernements. Indépendamment, s'ils ne sont pas
compétents, M. le Président, vous n'aurez pas besoin de faire
respecter, vous n'aurez pas besoin de prendre comme critère
l'ancienneté Mais s'il y a compétence égale, s'il y a
compétence, s'il y a expérience et s'il y a ancienneté, M.
le Président, au moins gardez-la comme critère dans les
unités de négociations. Non, M. le Président, prohobition
totale. Il n'est pas question d'une porte entrouverte, c'est non,
catégoriquement non, et écrit en toutes lettres, sauf, dit-il,
dans l'amendement, pour les ouvriers, à compétence égale,
ce critère sera considéré.
Sauf pour les ouvriers, mais pour les fonctionnaires, pour ceux qui
auront accumulé des fonctions importantes, des responsabilités
administratives, ceux qui auront porté la responsabilité des
décisions qui auront été prises soit par un comité
interministériel ou par le comité exécutif de la province
concernant le ministère, ces hommes de responsabilité, non! Pas
possibilité de reconnaissance d'ancienneté. On le prohibe dans
toute nomination, dans toute promotion. Je dis au gouvernement que ce n'est pas
juste; le gouvernement va-t-il comprendre que je ne cherche personne, je n'ai
personne à recommander, ni à faire « promoter, », ni
à faire nommer? Je j'ai aucun nom dans ma tête. Mais je suis
objectif en disant au gouvernement: Dieu sait combien c'est criminel de punir
un homme compétent parce qu'il est sénior, parce qu'il a une
ancienneté et de faire passer un arrivé, un tout dernier. C'est
dans un ministère, M. le Président, rendre souvent un bien
mauvais service au ministre titulaire.
M. le Président, je dis et je répète que ce
critère devrait rester, qu'on devrait le conserver, comme on l'a
conservé partout dans les unités de négociation à
travers toute la province. Le principe de l'ancienneté, même les
employeurs les plus réactionnaires au mouvement ouvrier, même ceux
qui nous menaçaient d'expulsion, même ceux qui nous faisaient
chanter, et je pourrais vous en parler en connaissance de cause,
même ceux-là, ces employeurs les plus réfractaires,
acceptent et acceptaient l'ancienneté, M. le Président. Et je
défie le gouvernement de me donner une seule convention collective parmi
tous les employeurs de la province de Québec qui ait refusé
l'ancienneté comme critère. Un des critères, pas le seul.
Critère de l'expérience, critère de la bonne
volonté, critère de la bonne foi, critère de la
compétence et critère, aussi, de l'ancienneté.
M. le Président, aucun employeur, le plus ré- fractaire
soit-il au mouvement syndical et j'en connais des employeurs qui ont
été réfractaires aucun de ceux-là n'a fait
des objections, M. le Président, à la loi, à la
reconnaissance de l'ancienneté comme critère. Non, M. le
Président, il y a là un motif que je ne veux pas essayer
d'exploiter, mais que je soupçonne. Je dis et je répète
que ce n'est pas juste pour un père de famille qui a femme et enfants,
qui a des obligations, qui a mérité pendant 25 ans par un travail
laborieux, consciencieux, honnête, qui a réellement bien servi son
ministre, quel qu'il soit, qui lui a donné toute la confiance, toute la
loyauté, tout le désintéressement et tout le
dévouement, comme un bon employé fait lorsqu'il est à
l'emploi d'un employeur, lorsque vient une promotion, lorsqu'il est question
d'une nomination, eh bien, que l'on arrive et que l'on dise: critère de
l'expérience, critère de la bonne conduite, critère de la
compétence et c'est tout.
Mais, M. le Président, l'employé quipendant des
années a mérité dans ce ministère dira: mais, M. le
ministre, messieurs les membres de la Commission de la fonction publique, mais
qu'est-ce que vous faites de mes années de service? Oh, ça ne
compte pas, ça, onne compte pas ça, nous autres, ce n'est bon
à rien, ce n'est pas un critère, ça. Vous auriez pu
n'être qu'un an et puis ça aurait fait pareil. Non, M. le
Président, ce n'est pas ça. M. le Président, dans ma
compagnie, le Canadien Pacifique, dns toutes les sphères des loges
à laquelle appartiennent les unions ouvrières, que ce soit les
« trainman », les serre-freins, que ce soit les cheminots, les
ingénieurs, les chauffeurs ou les autres, il y a, à la tête
mémo de nos contrats, la reconnaissance, comme un des critères de
l'ancienneté, et Dieu sait comment les critères, non, non, mais
comment on le considère par exemple. Ici dans la loi, on le prohibe, on
le défend.
M. SAINT-PIERRE: On ne le défend pas.
M. BELLEMARE: On le défend, M. le Président. Je dis donc,
M. le Président, en terminant: vous n'êtes pas
généreux, certain. Il y a des députés que je
connais qui devraient me comprendre mieux que ça.
M. SAINT-PIERRE: C'est difficile...
M. BELLEMARE: M. le Président, j'aidonc l'honneur de
proposer...
DES VOIX: Ah, ah!
M. BELLEMARE: Secondé par M. le député de
Missisquoi...
M. SAINT-PIERRE: Il est présent? Il n»est pas
présent.
M. BELLEMARE: ... que tous les mots « après que »
dans la motion en discussion soient retranchés et remplacés par
les suivants: « Le bill 55, intitulé Loi de la fonction publique
soit retourné au comité plénier avec instruction de
l'amender de façon que l'ancienneté soit un des critères
pour la nomination ou lapromotion des fonctionnaires ».
M. LAPORTE: Même vote, même vote enregistré.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré. La motion
d'amendement est rejetée.
M. LAPORTE: M. le Président, parlant sur la troisième
lecture du bill 55, vous me permettrez dans le plus court délai possible
d'exprimer mon point de vue, d'élaborer un peu sur certains propos que
j'avais commencé d'exprimer sur l'amendement du député de
Missisquoi. Le député de Missisquoi a d'abord insisté sur
la bonne foi des deux partis en présence, et c'est sur ce premier point
que je voudrais asseoir les quelques remarques que j'entends faire.
Nous admettons sans restriction la bonne foi des fonctionnaires, la
bonne foi des syndicats qui les groupent, leur désir vrai d'atteindre
les objectifs qui sont essentiels dans le fonctionnarisme, c'est-à-dire
le choix (chasser toutes les influences extérieures qui peuvent
influencer de quelque façon). Deuxièmement, la
sécurité de l'emploi; troisièmement, les droits ordinaires
qui sont accordés aux autres employés dans la province de
Québec, sauf certaines exceptions.
Nous admettons que les syndicats sont absolument de bonne foi parce
qu'ils réclament ces choses et c'est avec plaisir personnellement que
j'ai pris connaissance des textes, des divers documents qui nous ont
été envoyés, et que j'ai rencontré certaines
personnes en autorité avec qui j'ai eu l'occasion d'étudier ce
problème. Mais l'on voudra bien, dans la même mesure, imaginer que
les membres du gouvernement actuel sont également de bonne foi
lorsqu'ils proposent un projet de loi qu'ils sont les premiers à ne pas
trouver parfait, mais qui leur apparaît d'abord comme un progrès
réel sur tout ce qui a existé dans la province de Québec
jusqu'ici et, deuxièmement, comme un projet de loi garantissant certains
droits fondamentaux essentiels.
Je ne pense pas qu'il se trouve une seule personne pour imaginer que le
Conseil des ministres se soit réuni pour dire: « Qu'est-ce qu'on
pourrait bien inventer qui déplairait? » Je pen- se qu'on va au
moins croire suffisamment en notre sérieux et nous accorder, à
nous aussi, notre part de bonne foi pour croire que, lorsque nous avons
étudié les diverses prescriptions qui composent le bill 55, nous
avons tenté de trouver ce qui nous apparaissait, dans les circonstances,
le mieux. L'on se souviendra que, personnellement, je me suis toujours
prononcé, non seulement en théorie, non seulement quand je
n'avais plus l'occasion d'intervenir, non seulement lorsque je pouvais me
lever, étant dans l'Opposition maintenant, pour dire: « Nous
devrions faire telle chose ». J'ai eu l'occasion de me prononcer en
faveur du syndicalisme, et l'on est venu me demander dans mon ministère:
« Est-ce que nous pourrions faire du recrutement? » J'ai dit tout
de suite: avec plaisir, et le plus rapidement possible, à la condition
évidemment que ce ne soit pas pendant les heures de travail. J'ai cru et
je crois encore que c'était normal que ces messieurs se syndiquent, que
c'est un droit fondamental pour des travailleurs.
Je voudrais bien, compte tenu de ceci, que l'on nous accorde cette bonne
foi que j'accorde aux autres, ce qui me permettra si dans quelques ou plusieurs
années nous nous retrouvions dans l'Opposition, de pouvoir affirmer des
positions que je n'aurai pas défendues quand j'étais au
pouvoir.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre a fait...?
M. LAPORTE: J'ai fait une allusion au député de Champlain.
Bien oui, mais ce n'est pas parce que vous différez d'opinion avec moi
qu'il faut m'interrompre.
M. BELLEMARE: Non, mais je pense...
M. LAPORTE: J'ai simplement dit, et je vais répéter pour
qu'on se comprenne bien: je ne voudrais pas, si un jour je suis dans
l'Opposition, être dans la situation de prôner des principes que je
n'ai pas défendus quand j'étais au pouvoir.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre vient de, je
soulève un point d'ordre, le ministre vient de m'imputer des...
M. LACROIX: Ce ne sont pas des motifs, ça.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre vient de porter une
accusation contre moi qui n'est pas juste et qui n'est pas vraie. Je tiens
à dire à l'honorable ministre qu'il n'a jamais assisté
à aucun caucus de l'Union nationale où
j'ai pris position nette et franche en plusieurs circonstances,
où j'ai fait entendre ma voix, et ici en Chambre. J'ai encore dans mes
dossiers les dates et les discours que j'ai prononcés en faveur de la
classe ouvrière pour revendiquer certains droits et en particulier
lorsqu'il a été question d'amendement aux accidents du
travail.
M. LAPORTE: Alors, je m'excuse d'avoir été absent ces
jours-là.
M. BELLEMARE: Bien, je suis arrivé un petit peu, je suis
arrivé avant vous un peu.
M. CREPEAU: Ce jour-là.
M. LAPORTE: Apparemment, j'ai manqué toutes ces
occasions-là. M. le Président, je dis donc que nous avons
déclaré que nous étions en principe en faveur du
syndicalisme chez les fonctionnaires et qu'est-ce que contient le bill 55? On
s'est ingénié jusqu'ici et je pense que c'est le
rôle normal de l'Opposition à dire ce qu'il ne contenait
pas. Je me demande même si c'était conforme aux règlements
de l'Assemblée législative, puisque l'on a parlé de tout
excepté de ce qu'il y a dans le bill. On va peut-être essayer d'en
dire quelques mots. Et je dirai après, comme je n'ai pas l'intention
d'essayer de farder la vérité, à masquer mes positions,
dire après coup ce que je pense de l'ensemble de cette
législation. L'on doit reconnaître qu'il y a pour l'ouvrier cinq
droits fondamentaux. Il y a d'abord le droit d'association, il y a le droit
d'accréditation, le droit de négocier une convention collective,
la retenue syndicale on se souvient les batailles considérables
que la retenue syndicale a provoquées dans le monde ouvrier et le
droit de grève.
Mais, si on prend le bill 55 et les événements qui l'ont
précédé, le gouvernement actuel n'a même pas attendu
que le bill 55 soit voté, pendant même que nous discutions ce que
nous avons jugé normal, quelques-uns de ces droits-là ont
été reconnus et mis en application. Les fonctionnaires ont le
droit d'association, il est reconnu depuis plusieurs mois déjà
par le gouvernement actuel et sans vouloir en faire une question politique, je
voudrais bien qu'on n'oublie pas totalement que c'est le gouvernement actuel
qui l'a reconnu.
Deuxièmement, c'est le gouvernement actuel qui a ordonné,
à la suite de certaines rivalités entre deux groupes syndicaux,
la tenue d'un vote pour savoir lequel des deux serait accrédité
et, immédiatement après, non seulement cette accréditation
a été reconnue, mais elle est sanctionnée par le bill 55.
Je voudrais bien qu'on ne l'oublie pas complètement.
Le droit de négociation, c'est un des droits fondamentaux, il est
reconnu. Sans doute a-t-on insisté dans l'Opposition pour dire qu'il
n'est pas reconnu à certaines classes de fonctionnaires, c'est vrai.
Approximativement 2,000 sur 30,000 ou 35,000, 36,000?
M. BERTRAND: 35,000 à peu près.
M. LAPORTE: Bon. Alors 2,000, et je voudrais bien également que
l'on n'oublie pas de signaler que 33,000 fonctionnaires de la province de
Québec ont maintenant le droit de négociation avec l'employeur,
ce qui n'existait pas avant. C'est un des droits fondamentaux.
Est-ce que nous aurions dû aller plus ioin? Peut-être. Je
suis de ceux qui ne sont pas vigoureusement opposés à ce qu'on
aille plus loin, d'accord, mais je voudrais bien également que,
lorsqu'on présente une situation, qu'on la présente
complètement. Les 33,000 qui ont le droit de négociation, c'est
nouveau. Je ne voudrais pas qu'on l'oublie complètement quand on discute
du bill 55. La retenue syndicale, est-ce ç'a été l'objet
d'une bataille pour que la retenue syndicale soit faite pour tous les
fonctionnaires qui sont membres de leur nouvelle association? Est-ce qu'il a
fallu que nous passions une loi, que le bill 55 soit sanctionné? Pas du
tout. Dès le départ, le gouvernement a accepté la retenue
volontaire et révocable, et tous ceux qui ont voulu que le gouvernement
retienne, à même les salairies payés, la cotisation
syndicale, c'est le gouvernement qui l'a fait. Et le droit de grève? On
a soulevé certaines protestations parce que le droit de grève
était trop limité.
Eh bien! nous avons retenu cette protestation et nous avons
amendé pour que les conditions ne soient pas seulement le choix de la
partie patronale, que s'il n'y a pas entente sur certaines conditions de
grève, qu'un organisme indépendant, la Commission des relations
de travail, serve d'arbitre. Le droit de grève existe même pour
les fonctionnaires. Là encore, il serait important qu'on s'en rappelle
quelquefois puisque certaines personnes prétendent que c'est une loi
rétrograde. Je suis prêt à reprendre mon siège pour
qu'on nous dise dans quel pays, sauf la Saskatchewan, dans quel pays le droit
de grève existe. Je crois que nous aurons trop des cinq doigts d'une
main pour les énumérer, ces pays, dont quelques-uns sont, du
point de vue social, des pays qui passent pour très avancés.
Est-ce que nous aurions dû aller plus loin dans le droit de grève?
Peut-être. Il aurait fallu d'un coup abattre toutes les digues et
accorder le droit de grève à tout le monde? Cela peut se
discuter. C'est une discussion plausible. Est-ce qu'on doit oublier que la
majorité
des fonctionnaires, en vertu de la loi 55 proposée par le
gouvernement, accorde le droit de grève moyennant certaines
conditions?
Ce sont les cinq choses fondamentales qui sont contenues dans le projet
de loi et qui, apparemment, n'ont pas fait de la part de l'Opposition, l'objet
de leur préoccupation pendant l'étude de la troisième
lecture. Sans vouloir réétudier les amendements qui ont
été proposés, l'ancienneté pourrait être dit
un critère, a dit le député, c'est vous qui avez
consacré à ça une partie de votre intervention.
M. BELLEMARE: Le vote a été pris. Le vote a
été pris sur tous les amendements. Le président s'est
prononcé tout à l'heure.
M. BERTRAND: Si le leader me permet, le président de la Chambre a
justement attiré l'attention tantôt du député de
Champlain, qu'il n'avait pas le droit de reprendre tous et chacun des
amendements et d'y faire allusion.
M. LAPORTE: Très bien. Je voudrais bien que l'on note que ce
n'est pas mon désir d'aborder ces problèmes-là.
J'étais prêt à aborder le problème de
l'ancienneté, j'étais prêt àaborder le
problème de la révocation.
M. BELLEMARE: C'était de parler sur les amendements, au lieu de
les adopter, vous les avez...
M. LAPORTE: Faire 25 discours au lieu d'un.
M. BELLEMARE: C'était de lefaire. Cétait votre devoir.
Vous connaissez la loi et les règlements, surtout vous.
M. LAPORTE: Je dis que je vais résumer mon opinion sur l'ensemble
des amendements sans m'y référer. Je dis que le projet de loi
n'est pas parfait. J'en suis le premier conscient. Mais je voudrais bien
également que l'on soit conscient que ce projet de loi, pour la
première fois dans l'histoire de la province de Québec,
reconnaît aux fonctionnaires... pour eux, ça doit être assez
nouveau aussi. Il ne faut pas imaginer que tout le monde a perdu la
mémoire en même temps et le même jour. Le
député de Champlain n'a pas besoin de me regarder, je n'irai pas
plus loin que ça.
M. BELLEMARE: J'ai compris.
M. LAPORTE: Vous m'avez compris? Bon. Je pense que tout le monde a
compris.
M. BELLEMARE: Et il y a longtemps.
M. BERTRAND: II a une très bonne mémoire.
M. LAPORTE: Je dis que je suis convaincu que tous les fonctionnaires
n'ont pas perdu la mémoire en même temps et qu'ils se rendent
compte que, pour eux, ce sont des droits fondamentaux et très nouveaux
et que si c'est ça qui s'appelle une loi rétrograde, ils auraient
été fort heureux d'avoir une loi rétrograde comme
ça il y a dix ans ou quinze ans.
Ce n'est pas une loi parfaite; les discussions que nous avons eues avec
les syndicats nous ont permis d'apporter certaines améliorations,
d'autres seront peut-être nécessaires. Il est évident que
je ne considère pas cette loi-là, pas plus que n'importe quelle
loi dans la province de Québec, comme un monument définitivement
entré dans nos statuts et qu'on ne doit plus jamais modifier. Ce n'est
pas mon opinion, pas du tout. Je dis que nous nous mettons en route avec le
bill 55, avec les choses dont j'ai parlé, que je ne veux pas
répéter, les droits fondamentaux, que nous allons, de la part du
gouvernement et de la part des fonctionnaires, voir ce que ça donne. Il
y a suffisamment place pour passablement de travail d'ici quelques mois. La
simple négociation entre d'une part les négociateurs des
syndicats et d'autre part ceux du gouvernement va occuper une place très
importante, en temps et en négociation, parce que c'est du droit
nouveau. Ce n'est pas facile, quand on agit avec un groupe de 35,000 personnes
réparties dans des classes extrêmement différentes les unes
des autres, qui toutes en même temps accèdent à ces droits
fondamentaux qui leur avaient été interdits jusqu'à
très récemment.
Je dis donc, M. le Président, que je ne suis pas personnellement
à cent pour cent satisfait de ce projet de loi. C'est bien rare qu'un
ministre puisse se lever pour dire qu'il est satisfait à cent pour cent
d'un projet de loi. Je ne crois pas que ce soit le cas du ministre de la
Famille et du Bien-Etre social pour la Loi des alcools, pas plus que pour le
procureur général qui pourrait se lever et dire: «
Messieurs, j'ai atteint à cent pour cent de satisfaction ». Pas du
tout. Nous franchissons une étape extrêmement importante. Tous,
nous sommes à la disposition de ceux qui veulent continuer, après
l'adoption du projet de loi, des négociations pour atteindre de
nouvelles étapes, mais je pense qu'il y a lieu, non pas de se glorifier
de ce que nous avons fait nous avons tout simplement l'impression
d'avoir essayé de faire
notre devoir tout simplement... Et je voudrais, ce sera le mot de
la fin, je voudrais que nous tentions honnêtement l'expérience du
bill 55. Nous allons voir que certaines craintes ne se réaliseront pas.
La crainte de l'ancienneté? Mais pourquoi est-ce que la Commission du
service civil s'en servirait comme d'une arme contre les fonctionnaires? Ce
n'est pas sa fonction; c'est simplement que dans certains cas, il ne faudrait
pas que ce soit l'argument « ça ne peut pas ». Je pourrais
tourner complètement à l'envers un argument qui nous a
été apporté hier quand on a dit: un jeune homme s'en vient
dans la fonction publique, puis s'il se dit: si j'en ai un, quand même
que je serais très ancien, je n'ai pas de chance d'avancer parce que
ça n'est pas un critère, je n'entre pas dans le fonctionnarisme.
Cela peut être exactement le contraire. J'imagine un jeune homme,
professionnel ou non, qui entre, qui passe à la fonction publique et qui
se dit: moi, peut-être que j'ai plus de facilités, je vais avoir
la même compétence qu'un autre, mais je suis plus agressif, j'ai
plus le sens de l'organisation, puis parce que l'autre a une journée de
plus que moi, je n'aurai pas la promotion, je n'entre pas dans le
fonctionnarisme. Cela peut se tourner exactement à l'envers. Ce ne sont
pas des critères que l'on puisse discuter et avoir une réponse
définitive. Il faut se fier à la bonne foi et au bon jugement des
gens. C'est bien clair...
M. BELLEMARE: C'est ça que notre amendement disait...
M. LAPORTE: Ah oui, votre amendement disait: « à
compétence égale ». puis ça, ça ne se peut
pas.
M. BELLEMARE: Vous avez voté contre... Non, non, ça ce
n'est pas vrai, non, jamais, je n'ai jamais dit ça, il n'a pas lu
l'amendement...
M. LAPORTE: ... et quand vous parlez... On ne peut pas parler des
amendements, je discute d'une façon générale.
M. BERTRAND: ... un des critères.
M. LAPORTE: ... Quand on dit à part ça que ça peut
devenir un facteur de patronage... ou le gouvernement veut et peut en faire,
parce que j'aimerais qu'au lieu de parler de patronage on s'enquière
comment ça fonctionne la Commission du service civil.
Si le ministre des Affaires municipales, et je sais qu'il y a de mes
gens qui sont actuellement dans cette salle, peut faire entrer qui il veut
comme il le veut au ministère, jamais! Je pense que je ne connaissais
pas un seul des bonshommes qui ont été engagés chez nous.
Pensez-vous que ça nous intéresse, quand on a des budgets
limités, de faire entrer des bonshommes seulement parce qu'ils sont de
nos amis et qui ne pourront pas donner le rendement qu'on attend de nos gens?
Mais pensez-vous que c'est possible? Et si un gouvernement encore une fois veut
faire du patronage et peut le faire, avec une Commission qui est faible, est-ce
que vous pensez que la clause de la compétence égale peut
l'arrêter? Qui est-ce qui va établir qu'ils sont également
compétents? C'est une question de jugement ça aussi, c'est une
question de jugement ça. Quand même on mettra ça dans une
loi, ça n'empêche pas ce qui doit être empêché,
le patronage. Pour l'empêcher, il faut des listes
d'éligibilité puis des examens et qu'on me nomme actuellement,
dans le fonctionnarisme, des postes qui ne sont pas sujets à des
examens, et qu'on me nomme une liste d'éligibilité qui peut
être signée par un ministre, si ça n'a pas
été à la suite d'un concours, et que le citoyen, que le
monsieur ou la dame a été placé sur une liste
d'éligibilité, et ça nous l'étendons jusqu'aux
ouvriers. Cela peut freiner là aussi un patronage qui est inadmissible,
inacceptable.
Mais est-ce qu'on va prétendre, là aussi, que, dans des
choses qui sont humaines, il n'y a pas eu depuis quelques années un
progrès immense par la réforme des cadres, par la réforme
de la procédure? Et nous disons actuellement sans doute que la
Commission était jusqu'ici protégée, comme elle l'est dans
le bill actuel, parce que ça prend un vote des deux Chambres pour
révoquer, mais on ne peut même plus baisser le salaire. Nous
atteignons presqu'au maximum de l'indépendance de ces gens-là,
ils peuvent complètement, le verbe qui me vient n'est pas parlementaire,
se moquer ou ne pas s'occuper du gouvernement, et c'est normal. Mais que d'une
part on ne vienne pas voter en faveur de textes comme celui-là, et
brandir encore l'épouvantail du patronage.
Nous sommes tous d'accord, dans toute la mesure du possible, pour le
faire disparaître. Je crois qu'avec le bill 55, avec la présence
des syndicats, il n'y en avait pas avant pour freiner ça, aujourd'hui
ils vont avoir l'oeil ouvert, puis j'espère que c'est leur devoir
je sais qu'ils vont le faire à part ça avec
efficacité surveiller qu'il n'y ait pas de patronage. Pensez-vous que
dans un ministère, s'il arrivait qu'une promotion soit accordée
à quelqu'un de moins qualifié, parce qu'on a voulu favoriser
quelqu'un que nous n'en entendrions
pas parler? Mais ces gens-là sont là pour surveiller ces
choses-là. L'opinion publique est là pour nous surveiller, nous
disons qu'il ne faut pas mettre des freins inutiles dans la loi, qu'il faut
imaginer que nous avons créé une Commission de la fonction
publique qui a toutes les garanties possibles d'indépendance et dans sa
nomination et dans son traitement, que nous transigeons entre gens de bonne foi
qui ont maintenant des syndicats pour faire valoir leurs points de vue de
façon bien plus efficace, que c'est un premier pas, très
important, et que la discussion reste ouverte pour les années à
venir et que, en terminant, je voudrais que la bonne foi du gouvernement, qui
est acceptée par le député de Missisquoi, la bonne foi des
syndicats qui est acceptée par tout le monde, que ces bonnes fois se
conjuguent pour mettre loyalement à l'épreuve cette loi, quitte,
lorsque le moment viendra, à apporter des améliorations, à
faire les changements qui s'avéreront nécessaires. Pour toutes
ces raisons, je trouve que ce n'est pas une loi complète, mais je trouve
que c'est une bonne loi qui avance singulièrement la cause du
fonctionnarisme dans la province de Québec.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LALONDE: Vote.
M. BERTRAND: Vote enregistré et renversé.
M. LE PRESIDENT: Même vote enregistré et
renversé.
M. LESAGE: Enregistré et renversé.
M. LE PRESIDENT: Oui. Adopté en troisième lecture.
M. LESAGE: En comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides, cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
Budget supplémentaire
M. BEDARD (président du comité des subsides):
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce que le premier
ministre...
M. LESAGE: Un instant. C'est le ministre des Finances là.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre des Finances ne nous avait pas dit
que ce bill serait étudié seulement vendredi, tandis que
le...
M. LESAGE: Oui, mais j'avais des raisons...
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre me permet de finir?
M. LESAGE: J'avais des raisons particulières.
M. BELLEMARE: Bon, un instantl Parce que le chef de l'Opposition a
certaines questions à poser sur le budget et il devrait être ici
demain.
M. LESAGE: Bien, il est trop tard!
M. BELLEMARE: Alors, je pense que le premier ministre nous avait
donné sa parole...
M. LESAGE: Je n'avais pas donné de parole. J'avais dit que...
j'avais donné le programme...
M. BELLEMARE: Il nous avait dit que le bill serait étudié
vendredi après-midi, quand les bills seraient rendus au Conseil
législatif et durant ce temps-là, quand toute la
législation serait passée, on pourrait... D'ailleurs, il n'y a
que quelques questions. Cela ne sera pas extrêmement long. Le chef du
gouvernement peut accorder ça au chef de l'Opposition qui sera ici
demain et je pense que vous allez bien vous entendre. Cela ne sera pas long.
Alors je pense que ce serait, dans les circonstances...
M. LESAGE: M. le Président, c'est parce que j'avais des raisons
particulières de les passer aujourd'hui parce que demain...
M. BELLEMARE: Oui, mais il est arrivé, le voyage...
M. LESAGE: Oui, mais il faut que je complète le discours du
Trône de la fin de la ses-sign. J'avais oublié ça et puis,
évidemment, je suis le ministre des Finances, il m'appartient de passer
les budgets supplémentaires. Il n'y a pas grand chose là-dedans,
comme il dit. Je suis certain que le député de Champlain a
toute l'imagination qu'il faut pour me poser les questions auxquelles je
peux répondre.
M. BELLEMARE: Non, non. J'ai vu les questions, mais seulement, M. le
Président, ce n'est pas à moi à les poser.
M. LESAGE: Si vous avez des questions, posez-les!
M. BELLEMARE: Non, non, non. Je pense que le chef de l'Opposition a son
statut dans cette Chambre, et c'est à...
M. LESAGE: D'accord!
M. BELLEMARE: ... lui que revient, je pense, le...
M. LESAGE: Oui, mais on va les passer sous réserve des questions
du chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Bien non!
M. LESAGE: Bien oui!
M. BELLEMARE: Bien pourquoi...
M. LESAGE: Sous réserve des questions...
M. BELLEMARE: ... pourquoi ne pas respecter votre parole? Vous avez
dit...
M. LESAGE: Mais je n'ai pas donné ma parole. Qu'on me laisse
tranquille avec ma parole.
M. BELLEMARE: C'est vous qui avez dit aux députés... Ne
vous choquez pas pour rien, c'est pire!
M. LESAGE: Bien oui. Bien oui, mais laissez-moi tranquille.
M. BELLEMARE: Demain, ça va être tout à recommencer.
Il va dire: « Je n'ai pas dit ça ».
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Le premier ministre...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit: « Je n'ai pas dit ça. »
J'ai dit que j'avais annoncé... Est-ce que l'on peut me permettre, M. le
Président...
M. BELLEMARE: Ah oui! certainement! M. LESAGE: Bon. Cela va prendre un
ins- tant. J'avais annoncé, c'est vrai, que nous garderions ça
pour la fin. Mais simplement que j'ai réalisé qu'à la fin,
je serai pris. Alors, à deux heures et quinze cet après-midi,
lorsque nous nous sommes réunis, j'ai avisé la Chambre, les
membres de la Chambre, que nous entreprendrions, contrairement à ce que
j'avais dit hier... Je n'ai pas dit que je n'avais pas dit ça. J'ai dit
à deux heures et quanrt: « Contrairement à ce que j'ai dit
hier, nous étudierons les...
M. BERTRAND: Si le premier ministre me permet, le député
de Champlain, je n'étais pas au courant, personnellement, mais si le
chef de l'Opposition demain, peut poser les questions qui
l'intéressent...
M. LESAGE: Bien oui, il les posera.
M. BERTRAND: ... sur le budget supplémentaire, je ne pense pas
que mes collègues aient aucune objection à ce que nous
procédions, avec l'étude, mais sous la réserve...
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND: ... que le chef de l'Opposition puisse poser toutes et
chacune des questions qui l'intéressent...
M. LESAGE: Toutes les questions qu'il voudra!
M. BERTRAND: ... en marge du budget supplémentaire.
M. LESAGE: Certainement, avec grand plaisir! Il fera cela sous les
ordres du jour demain matin, et je lui répondrai.
M.BERTRAND: Je n'étais pas au courant du tout.
M. LESAGE: Bien, non, mais je lui répondrai aux ordres du jour
demain avec l'Orateur au fauteuil. C'est bien facile.
M. LE PRESIDENT: Alors, Agriculture,article 4, «
Aménagement de la ferme » $3,500,000.
M. LESAGE: Voici, M. le Président, si l'on regarde au
détail l'on verra qu'il y a en fait, $6 millions dont $2,500,000 de
contribution fédérale. Il s'agit de subventions pour les
cultivateurs. Le total est de $6 millions. Le total brut. Il y a $1 million que
l'on doit additionner aux $900,000 déjà votés pour ceux
qui ont souf-
fert de l'excès de pluie dans la résion du Saguenay-
Lac-St-Jean et la région du Nord-Ouest. Lors du premier budget
supplémentaire il y avait $1,200,000: $300,000 pour les pomlculteurs et
$900,000 pour l'achat de graines, pour le remboursement des achats de graines
ce printemps pour les cultivateurs du Saguenay-Lac-St-Jean et du
Nord-Ouest.
Nous ajoutons $1 million. Lors de la conférence
fédérale-provinciale, mercredi le 21 juillet, le matin, avant les
réunions de la conférence, j'ai eu une entrevue alors que
j'étais accompagné du ministre de l'Agriculture, mon
collègue, avec le ministre fédéral de l'Agriculture, M.
Hayes. Nous avons discuté, et du problème de l'excès de
pluie l'année dernière, en 1964, dans ces régions, et du
problème de la sécheresse qui a fait manquer les récoltes
de foin en 1965. A la suggestion de l'UCC, nous avons discuté ces deux
problèmes avec le ministre fédéral de l'Agriculture, M.
Hayes, dans son bureau. Il nous a dit qu'il prenait l'affaire en
considération, qu'il examinerait la question et nous avons appris par la
suite sa réponse qui était à l'effet qu'il était
disposé à recommander au gouvernement central, qui depuis ce
temps l'a accepté, le paiement de la moitié des dommages pour
lesquels nous rembourserions les cultivateurs sous forme de subvention pour
l'achat de foin et de grains de provende pour 1965, c'est-à-dire la
moitié de $5 millions pour le moment, mais que pour ce qui était
des pertes subies dans la région de Saguenay-Lac St-Jean et le
Nord-Ouest québécois en 1964, les experts du gouvernement
fédéral considéraient que le montant de $900,000 qui
était déjà prévu à notre budget à
nous, le premier budget supplémentaire, était d'après les
calculs faits par les fonctionnaires fédéraux, cette somme de
$900,000 était suffisante.
J'en ai discuté avec les autorités du ministère de
l'Agriculture du Québec et nous avons décidé que,
malgré la prétention d'Ottawa, les cultivateurs du Saguenay-Lac
St-Jean et du Nord-Ouest québécois seraient suffisamment
compensés par les subventions de $900,000 au total versées par le
gouvernement de la province. Après, nous avons, dis-je,
considéré, après étude des réclamations qui
ont été faites, que nous devions évaluer la compensation
raisonnable à $1 million de plus que le $900,000, ce qui fait
$1,900,000. En comptant le $1 million qu'il y a d'inclus dans le $6 millions.
Quant au $5 millions, évidemment il s'agit d'un montant pour compenser
la perte de la récolte de pointe. Il nous est impossible de
déterminer à l'heure actuelle quelle sera cette perte exactement,
mais nous avons $5 millions et au fur et à mesure que nous verrons
jusqu'à quel point les pluies que nous avons eues depuis ce temps
peuvent avoir permis une seconde récolte ou peuvent avoir permis une
meilleure récolte de grain, nous verrons jusqu'à quel point ce
montant est suffisant. Et ça nous permettra tout de suite de verser des
subventions à ceux qui ont fait des pertes de façon à
éviter que les cultivateurs vendent leurs animaux et qu'ainsi nous ayons
une diminution de notre industrie laitière dans le Québec.
Alors, à nouveau, ce sont des montants d'urgence et en
réalité c'est la raison de ce budget supplémentaire.
Nous aurions puprocéderpar mandat spécial, attendre
après la fin de la session, mais nous avons tenu à ce que les
députés en prennent connaissance dès maintenant, et
sachent ce que nous faisions, ce que nous leur proposions de faire, quoi, au
risque d'un déficit au compte ordinaire, pour aider les cultivateurs du
Québec.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, je remercie le premier ministre
des explications qu'il nous a données au sujet de l'utilisation de ce
budget supplémentaire et surtout sur laparti-clpation du gouvernement
fédéral.
M. LESAGE: Je le sais parce que j'étais présent.
M. BERNATCHEZ: Je comprends que ce budget supplémentaire est
proposé pour venir en aide à deux groupes de cultivateurs
éprouvés...
M. LESAGE: Un en 1964.
M. BERNATCHEZ: Un en 1964.
M. LESAGE: Et l'autre...
M. BERNATCHEZ: Les autres, ce printemps.
M. LESAGE: Mais il y en a peut- être dans le Nord-Ouest qui ont
été éprouvés par les deux.
M. BERNATCHEZ: Oui.
M. LESAGE: Je ne suis pas en mesure de vous le dire, on ne le sait pas.
Pour 1965, nous ne savons pas exactement.
M. BERNATCHEZ: Parlons des troubles météorologiques 1964
et 1965, 1964 c'est de la pluie et en 1965 c'est de la sécheresse.
M. LESAGE: Bien oui, les cultivateurs sont toujours mal pris, je le
sais.
M. BERNATCHEZ: J'aimerais, M. le Président, que le premier
ministre nous donne, si possible, plus de renseignements: quels sont les
normes, les barèmes qui ont déterminé la décision
des autorités d'offrir cette subvention, disons, pour les cultivateurs
éprouvés par la sécheresse, de confiner cette subvention,
cette aide, seulement qu'à un certain nombre de comtés? J'ai ici
une déclaration qui a été faite le 22 juillet, à la
suite précisément de la conférence, de l'entrevue dont
parlait tout à l'heure le premier ministre, et le porte-parole du
gouvernement provincial, le Dr Ernest Mercier, parlant au nom du ministre de
l'Agriculture, M. Courcy, déclara qu'environ 15 comtés, depuis
Pontiac, sur la rivière Ottawa, jusqu'à ceux du Richelieu,
à l'est de Montréal en profiteraient, laissant entendre par
là la décision que, pour ce qui est de subvention, d'aide aux
cultivateurs éprouvés par la sécheresse, l'aide du
gouvernement ne serait limitée qu'à ces 15 comtés.
Je sais que la sécheresse a peut-être sévi avec plus
de gravité dans certaines régions de Montréal, mais la
sécheresse a également sévi dans plusieurs autres
comtés de la province, notamment, nous avons fait... les cultivateurs du
comté de Nicolet, les cultivateurs de Lotbinière, les
cultivateurs de la Beauce, de Bellechasse, de quantité de comtés
de la région de Québec, Yamaska, Victoriaville, Arthabaska, ont
subi des pertes considérables dues à la sécheresse qui a
caractérisé le début de la saison de
végétation, ce printemps, à la fin de mai et au mois de
juin, alors que les prairies, les pâturages, s'en sont ressentis
énormément et la récolte de foin est diminuée pour
le moins de 40 à 50% dans les comtés que je viens de
signaler.
Il y a également cette sécheresse, M. le Président,
qui a été néfaste, non seulement aux cultivateurs qui
s'occupent de grande culture, qui font de l'élevage. Il y a par exemple
dans certaines régions horticoles, notons en passant la région de
l'Ile d'Orléans, la région de Bellechasse et certaines autres
régions du disctrict de Québec, Montmorency, où les
cultivateurs retirent des revenus importants de la vente des fraises. La
récolte de fraises a été totalement nulle cette
année et, non seulement la récolte a été nulle,
mais encore les fraisières ont subi des dommages très
considérables chez certains. Les cultivateurs qui vont être
obligés de recommencer l'organisation de leur fraisiêre. Alors,
à même ces crédits, il serait, il est certainement à
propos de renouveler les recommandations que nous avons faites au cours de la
session, attirant l'attention du ministre de l'Agriculture sur l'urgence de
venir en aide à ces cultivateurs pour réorganiser leur
fraisière. Dans
Lotbinière, nous avons un certain nombre de cultivateurs qui
soutirent un profit, un revenu appréciable de la culture de la fraise,
et qui m'ont écrit et j'ai répondu à ces gens: le ministre
de l'Agriculture nous avait dit qu'il était à étudier une
politique d'aide pour permettre la réorganisation des
fraisières.
Alors, avant de voter ces crédits, j'aimerais que le ministre
nous donne de plus amples renseignements. Comme le soulignait tout à
l'heure le premier ministre, cette somme de $6 millions que nous sommes
appelés à voter, sera, d'après les informations fournies,
utilisée uniquement en faveur des cultivateurs éprouvés,
soit par des pluies de 1964 dans certaines régions et certains
comtés dans la province de Québec où les cultivateurs ont
souffert de la sécheresse ce printemps.
M. LESAGE: Oui, c'est d'accord. Evidemment, si ça arrive,
l'année n'est pas finie, on y verra, on étudiera les pertes. On
n'est pas en mesure de les évaluer à l'heure actuelle, mais nous
savons, par exemple, que les plus durement atteints sont les exploitants de
troupeaux laitiers. Cela, je pense que le député de
Lotbinière...
M. BERNATCHEZ: D'accord,
M. LESAGE: ... va être d'accord avec moi, ça on le sait. Et
puis on sait qu'avec $5 millions, on ne paiera pas plus que ce qu'ils ont
perdu, et puis là c'est facile d'établir, c'est-à-dire
pour les troupeaux laitiers et puis les boeufs de boucherie, les animaux de
boucherie, le rendement de grain et de foin dans les zones
éprouvées, qui est d'environ 50% de ce qu'il aurait dû
être, et l'aide de $5 millions, l'aide est de $30 la tonne pour l'achat
des moulées et puis $15 la tonne pour l'achat de foin. Cela, c'est
l'aide, c'est la base du $5 millions.
M. ALLARD: Basé sur la valeur de chacun.
M. LESAGE: Oui, oui sur la perte, au fur et à mesure qu'on peut
évaluer la perte, parce qu'on ne veut pas que les gens vendent leurs
animaux, on n'est pas pour détruire l'industrie laitière. On va
au plus pressé, c'est ça. Pour ce qui est de l'évaluation
des pertes des horticulteurs comme ceux de l'île d'Orléans, bien
nous ne l'avons pas l'évaluation de ces pertes, mais nous allons au plus
pressé pour empêcher que les gens vendent leurs troupeaux laitiers
et puis qu'on détruise l'industrie laitière ou encore l'industrie
de l'éle-
vage du boeuf à boucherie dans la province et puis, là,
ça presse. Il faut qu'ils les nourrissent, leurs animaux, il faut qu'ils
les nourrissent cet automne tandis que les marchands de fraises, les
commerçants, excusez-moi, les horticulteurs, eux, c'est la compensation
d'une perte, tandis que dans le cas des autres il faut qu'ils achètent
tout de suite le fourrage.
M. ALLARD: Ce n'est pas le même problème.
M. LESAGE: Ce n'est pas le même problème. La compensation
des pomiculteurs pour les pertes de l'an dernier, elle est venue cette
année après évaluation parce que c'était une perte
subie. Mais ici, il s'agit d'aller au plus pressés et puis
d'empêcher... Alors, je ne dis pas que c'est final, je n'ai jamais
prétendu que c'était final. Je dis que je profitais de la
présence des députés ici pour aller au plus pressé,
tout de suite, pour éviter que l'industrie laitière ou
l'industrie de l'élevage ne souffre. C'est la raison. Maintenant, pour
ce qui est des pertes qui auront été subies au cours de
l'année eh bien, comme d'habitude, les agronomes feront des rapports,
mais nous ne les avons pas. Dans le cas des pomiculteurs, nous avons attendu
d'avoir les rapports et après que nous eussions obtenu les rapports nous
avons voté dans le premier budget supplémentaire une somme de
$300,000. Cela, ça s'évalue après la perte mais ici nous
savons qu'ils ont besoin tout de suite. C'est pour ça notre raison
d'agir autrement dans ce cas-ci.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BERNATCHEZ: M. le Président, pour compléter les
remarques du premier ministre, je voulais parler des cultivateurs
intéressés à l'élevage, soit laitier ou de
boucherie...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BERNATCHEZ: ... pour maintenir leurs troupeaux...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BERNATCHEZ: ... les aider. Je soulève ce point afin
d'éviter que, dans le public, il y ait une mauvaise
interprétation.
M. LESAGE: Ah! non, non.
M. BERNATCHEZ: Dans le public actuellement...
M. LESAGE: II ne faut pas.
M. BERNATCHEZ: ... ce qui a été publié dans le
journal on parle de 15 comtés. Voyez-vous: « Quinze comtés
du Québec recevront une assistance de $5 millions. »
M. LESAGE: Bien oui, mais ce n'est pas moi qui ai écrit
ça. Et puis il n'a pas été question de ça.
M. BERNATCHEZ: C'est la déclaration du sous-ministre de
l'Agriculture qui est rapportée dans le Devoir. Or, je voudrais que le
ministre profite de ces crédits pour rassurer les cultivateurs d'autres
comtés qui ont souffert des mêmes inconvénients de la
sécheresse et qui sont eux aussi dans l'alternative de diminuer leurs
troupeaux, s'ils ne trouvent pas à acheter à bon compte la
nourriture nécessaire pour maintenir ces troupeaux.
En ce qui concerne les pertes subies par les horticulteurs,
particulièrement dans les dommages occasionnés aux
fraisières, dans ce domaine, il y a également une décision
importante à prendre dès le mois d'août, dès ce
mois-ci. Les spécialistes, les cultivateurs qui font de la fraise et qui
sont obligés de tout renouveler leur fraisière, doivent faire ces
travaux au cours du mois d'août. Alors, ils seraient très
intéressés de connaître l'opinion du gouvernement, à
savoir s'ils pourront compter sur l'aide du gouvernement pour acheter les
plants nécessaires à la reconstruction de leur
fraisière.
M. LESAGE: II faut qu'on sache quelles sont les pertes subies, bon. Ce
n'est pas évalué.
M. BERNATCHEZ: Bien, je veux prendre la déclaration du premier
ministre à l'effet que ce n'est pas évalué, mais la
question se pose...
M. LESAGE: M. le Président, comme ministre des Finances, je ne
peux pas inscrire dans le budget une perte dont je n'ai aucune idée.
Qu'est-ce que vous voulez? A moins qu'il s'agisse d'une matière
absolument urgente, comme dans le cas du fourrage pour les animaux laitiers et
les animaux de boucherie, c'est tout. Mais quand on a le malheur de donner
jusqu'au coude, on demande jusqu'au bras, si on donne jusqu'au bras, on nous
enlève le corps, c'est toujours la même chose.
M. BERNATCHEZ: Non, M. le Président, il est peut-être
difficile de voter, de prévoir le montant...
M. LESAGE: Ce sont les payeurs de taxe qui paient pour ça. Moi,
j'ai un rôle comme ministre des Finances, qu'est-ce qu'on veut? C'est
désagréable, j'aimerais bien mieux dire oui à tout le
monde tout de suite.
M. BERNATCHEZ: Nous l'admettons, M. le Président, il est
très difficile de prévoir les montants exacts qu'il faut voter
pour venir en aide à ceux...
M. LESAGE: Bien oui, quand on ne sera pas en session, j'ai des mandats
spéciaux.
M. BERNATCHEZ: Mais, si le premier ministre...
M. LESAGE: Tout ça, j'aurais fort bien pu attendre à lundi
prochain puis passer un mandat spécial pour éviter la discussion.
Au lieu de ça, j'ai soumis l'affaire.
M. BERNATCHEZ: Non, M. le Président, ça permet au
gouvernement de prendre connaissance de l'ampleur du problème et de
rassurer...
M. LESAGE: Bien oui, je suis d'accord, mais qu'on ne me demande pas de
faire des promesses, je n'en ferai pas.
M. BERNATCHEZ: Non, mais on pourrait tout de même...
M. LESAGE: Je n'en ferai pas. Je vais considérer l'affaire
à son mérite, lorsqu'elle me sera présentée en
blanc et en noir, je suis un homme pratique, moi.
M. BERNATCHEZ: Mais, M. le Président, je suis d'avis que...
M. LESAGE: Je suis responsable vis-à-vis les payeurs de taxe et
j'ai bien l'intention de me décharger de mes responsabilités
suivant mon serment d'office.
M. BERNATCHEZ: Le ministre de l'Agriculture est certainement au courant
des pertes que les...
M. LESAGE: Oui, mais ce n'est pas en blanc et en noir devant le ministre
des Finances.
M. BERNATCHEZ: Alors, pourquoi ne pas profiter de la présentation
de ce budget pour dire; il n'y a pas de sommes prévues pour les
sinistrés, les cultivateurs éprouvés par la
sécheresse et qui ont perdu leur fraisière, mais nous vous
conseillons de voir votre agronome, nous autorisons les agronomes à
enquêter et à faire rapport au ministre?
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai pas besoin de conseiller aux
cultivateurs de nous demander.
M. BERNATCHEZ: Bien, à l'heure actuelle, la décision et le
budget, l'intention du ministre et du gouvernement de venir en aide...
M. LESAGE: J'ai dit que j'allais...
M. BERNATCHEZ: ... semble limiter définitivement.
M. LESAGE: Bien oui, mais je l'ai dit. Bon.
M. LE PRESIDENT: Ministère de la Justice, artice 2, officiers de
justice, $250,000.
M. LESAGE: Ah! c'est très simple, c'est pour augmenter le
personnel des cours de Magistrat, à la suite du transfert de la cour
Supérieure des causes dont les montants sont inférieurs à
$500.
M. BELLEMARE: Les augmentations des juges...
M. LESAGE: L'augmentation du personnel se fait sentir principalement...
non, non, les juges, c'est statutaire.
M. BELLEMARE: Mais les augmentations... M. LESAGE: Statutaire, les
juges.
M. BELLEMARE: ... qui ont été données
dernièrement?
M. LESAGE: Statutaire, les juges. Là, c'est l'augmentation du
personnel...
M. BELLEMARE: Quand on les a votés les statutaires, les
juges...
M. LESAGE: Cela n'apparaît pas au budget.
M. BELLEMARE: II n'y en avait pas dans le budget?
M. LESAGE: Non, il n'y en a pas, ça n'apparafl pas,
l'augmentation n'apparaît pas dans les budgets, c'est dans les statuts.
Bon.
Dans le budget, ce qui apparaît c'est le montant qui est
nécessaire pour payer le personnel additionnel qu'il va falloir engager
dans les di-
verses cours de magistrat, principalement dans les districts de
Montréal, de Québec et de Richelieu, par suite du fait que le
nombre des causes va augmenter considérablement parce que la juridiction
de la Cour de magistrat est élevée de $200 à $500. Alors,
évidemment, les greffes devront avoir plus de personnel, ça va de
soi. Cela c'est $250,000. Il reste $124,000 pour l'administration des palais de
justice et des prisons. C'est pour l'engagement de gardiens temporaires, pour
les prisons et aussi l'engagement. Nous en avons besoin, et l'engagement de
gardiens de la nouvelle prison de New-Carlisle.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Ministère de la Santé,
article 17.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LESAGE: Cela c'est pour l'achat...
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LESAGE: Un instant, j'aime mieux donner des explications.
M. BELLEMARE: Adopté. On est satisfait.
M. LESAGE: J'aime mieux donner les explications dès maintenant,
ça va éviter des questions peut-être par le chef de
l'Opposition demain matin.
M. BELLEMARE: Il n'aura pas le temps de les lire.
M. LESAGE: Il s'agit purement et simplement d'une entente qui est
intervenue entre l'archevêque d'Ottawa, le ministre de la Santé et
moi-même, la semaine dernière, au sujet de l'achat de
l'édifice de la Fraternité sacerdotale à Hull pour la
somme de $1 million afin d'en faire un hôpital pour chroniques et
convalescents. Mgr Lemieux a hérité de tout le problème
des dettes, des immeubles de la Fraternité sacerdotale, un petit
problème de $14 millions. Alors, nous avons besoin dans la région
de Hull d'un édifice pour en faire un hôpital pour chroniques et
convalescents et nous allons transformer, après acquisition, qui sera
faite aussitôt le budget voté et la loi sanctionnée, nous
allons acquérir pour $1 million d'après l'entente intervenue
entre Mgr Lemieux et moi-même et le coût de transformation sera de
$250,000 dont $150,000 d'après notre évaluation pourra être
dépensé au cours de la présente année fiscale.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Tourisme, Chasse et pêche, article
4.
M. LESAGE: Il s'agit, comme je l'ai dit l'autre jour, d'une erreur qui a
été commise, erreur cléricale commise par les services de
comptabilité au sujet des augmentations rétroactives au 5
novembre 1964 pour ce qui est des employés classés de la fonction
publique au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. On
a voté $12 millions quelque chose et on a besoin de ce $45,000 pour la
rétroactivité de paiement de ces employés.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Travaux publics.
M. LESAGE: Là il s'agit de l'édifice principalement de
l'édifice Branly pour centraliser les services du ministère des
Affaires municipales dans l'édifice Branly sur le boulevard Charest du
côté sud du boulevard Charest, presque en face de l'édifice
de la mécanographie de mon ministère. Deuxièmement, pour
loger les bureaux de différents ministères qui sont actuellement
dans le quadrilatère Conroy, Lachevrotière, St-Amable,
St-Cyrille, qui doit être démoli incessamment pour faire place au
prochain édifice qui logera le ministère de l'Education qui sera
situé sur le boulevard St-Cyrille à l'ouest des édifices
de la Voirie et de l'Agriculture.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Voirie. M. BERTRAND: Un instant.
M. LESAGE: Voirie, c'est sur l'immobilisation.
M. BERTRAND: Sur les travaux publics, le premier ministre me permettra
tout simplement ceci, ça n'est pas dans le budget supplémentaire
mais j'en profite.
Je suis, et avec les députés d'Iberville et de Saint-Jean,
à sa disposition comme à la disposition du ministre des Travaux
publics au sujet du problème du pont de Noyan...
M. LESAGE: Ah oui.
M. BERTRAND: II n'a qu'à le noter.
M. LESAGE: Ah je le connais très bien, je pourrais en parler, je
peux en discuter et je suis bien d'accord. Nous n'avons pas le droit
d'exproprier; seul le gouvernement fédéral a le droit
d'exproprier. Tout ce que nous pouvons
faire, c'est de négocier l'achat. Et, la semaine dernière,
j'ai dit au ministre des Travaux publics de bien vouloir entreprendre les
négociations nécessaires avec des propriétaires pour
procéder à l'achat dudit pont et je suis sûr que mon
collègue doit procéder. Je suis parfaitement au courant de tout
le problème juridique. Il y a deux versions. Ottawa a une version
juridique qui aurait pour effet, si on l'accepte, de faire rejeter la
responsabilité complètement sur le gouvernement du Québec
alors qu'en fait il s'agit d'un ouvrage qui a été
décrété par Ottawa, être à l'avantage du
Canada. Cela, le député de Missisquoi le sait, et comme cet
ouvrage a été décrété être à
l'avantage de l'ensemble du Canada et que la concession a été
donnée dans cette perspective, tant et aussi longtemps que le
fédéral n'exproprie pas lui-même ou ne passe pas une loi
pour décréter que cet ouvrage n'est plus à l'avantage du
Canada, au point de vue constitutionnel, nous ne pouvons pas exproprier. Il n'y
a qu'une chose que nous pouvons faire, c'est de négocier un achat et
c'est exactement ce qu'a entrepris de faire le ministre des Travaux publics
à la suite d'une dernière entrevue que j'ai eue avec lui la
semaine dernière sur le sujet. Je connais le dossier parfaitement.
M. BERTRAND: Je ne discuterai pas de l'entente...
M. LESAGE: Non, non, vous savez, je suis sûr, qu'il y a une
question juridique très délicate.
M. BERTRAND: Au nom de tous ceux qui sont venus d'ailleurs rencontrer la
semaine dernière le ministre des Travaux publics, nous avons eu
l'occasion d'exposer notre point de vue et nous avons alors
déclaré au ministre des Travaux publics que les trois
députés de la région; St-Jean, Iberville et Missisquoi
étaient prêts à coopérer dans toute la mesure du
possible...
M. LESAGE: Mais...
M. BERTRAND: ... parce qu'il s'agit de négociations...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BERTRAND: ... le premier ministre conviendra avec moi qu'à
certains moments le ministre des Travaux publics nous avait mis sous
l'impression que le problème était réglé avec
Ottawa...
M. LESAGE: Non, il ne l'est pas.
M. BERTRAND: ... il avait lui-même fait une déclaration en
Chambre. Je demande au premier ministre...
M. LESAGE: II ne l'est pas.
M. BERTRAND: ... de s'occuper de ce problème personnellement, de
manière à ce que les négociations qui doivent avoir lieu
soient entamées le plus rapidement possible. Il y a urgence, et voici
pourquoi...
M. LESAGE: Ah je sais.
M. BERTRAND: ... je termine...
M. LESAGE: Allez, allez, je ne suis pas pressé.
M. BERTRAND: ... c'est une route importante et le pont devrait, en
autant que possible, être construit pour l'Expo universelle de
1967...
M. LESAGE: Je le sais.
M. BERTRAND: ... il est important, c'est une voie d'accès qui
vient des Etats-Unis et l'on sait que l'on attend, à l'occasion de
l'Expo de 1967, des milliers et des milliers de visiteurs des Etats-Unis.
J'espère que nous aurons une décision qui ne tardera pas et qui
sera à l'avantage de toute notre région et également de la
Métropole du Canada.
M. LE PRESIDENT: Voirie, Article 7, « Route transcanadienne
».
M. LESAGE: Bien, je pense que les explications ont été
données dans les journaux. Il s'agit de la construction,
c'est-à-dire des expropriations, pour la partie est-ouest de la route
transcanadienne sur l'Ile de Montréal. Il ne saurait être question
de commencer les travaux avant 1968, mais quand même, d'après les
experts du ministère de la Voirie et les autres experts, et pour me
servir de l'expression du ministre de la Voirie, il y a une explosion
dangereuse dans la montée de l'évaluation des immeubles au centre
de Montréal, et en expropriant maintenant, nous a-t-on dit, au lieu
d'attendre en 1968, cela peut nous coûter à moitié
prix.
Il s'agit de construire la route transcanadienne à partir de
l'échangeur Turcot, en longeant les voies du Pacifique Canadien au sud,
dans ce qu'on appelle communément la« glen»,
dans le comté de Ste-Anne, et dans St-Henri d'abord, ensuite
Ste-Anne pour rentrer en tunnel à peu près à la rue Guy et
sortir en contrebas, à la place Viger. Les expropriations devant
être faites pour le moment jusqu'à ce qui est communément
appelé la place Radio-Canada, à Papineau et Dorchester,
c'est-à-dire du côté sud de la place Radio-Canada.
Maintenant place Radio-Canada, au sud pas Dorchester, qu'est-ce que c'est la
rue? Notre-Dame, Craig excusez-moi et Papineau les expropriations seront faites
nous les évaluons à peu près à $35 millions nous
croyons devoir payer cette année à peu près $10 millions,
la ville de Montréal devra payer à peu près $5 millions,
parce qu'elle doit payer les expropriations pour le coût des accès
et des voies de service lorsque la route est en contrebas, nous calculons que
nous paierons $10 millions l'an prochain, $10 millions dans deux ans pour les
expropriations. Nous revendrons ce que l'on appelle en anglais les « air
rights » après que nous aurons creusé les tunnels pour
construire les tunnels à trois voies dans chaque direction, au coeur de
l'île de Montréal en passant par exemple sous la nouvelle place
Bonaventure. C'est un projet formidable, qui va coûter au noins $175
millions en tout auquel évidemment le fédéral va
participer, parce qu'il s'agit de la route transcanadienne, mais qui est
devenue nécessaire à Montréal pour la circulation rapide
de l'est à l'ouest et de l'ouest à l'est de la ville, alors que
le boulevard Métropolitain déjà ne suffit presque plus aux
besoins de la circulation rapide à travers l'île de
Montréal. Ai-je besoin de vous dire que si je n'avais pas comme ministre
des Finances été convaincu qu'il était dans
l'intérêt de la province d'exproprier maintenant à cause du
danger d'explosion des prix, je n'aurais pas accepté d'inscrire au
budget cette dépense additionnelle en immobilisation de $10 millions
à un moment où le marché des obligations passe à
travers une période extrêmement difficile pour ce qui est des
emprunteurs et à long et à court terme.
M. LAFONTAINE: Si je comprends bien l'explication du premier ministre,
le montant de $10 millions est complètement pour l'expropriation de
l'emprise de la route transcanadienne.
M. LESAGE: Pour partie du coût... M. LAFONTAINE: Partie du
coût. M. LESAGE: Le coût est évalué...
M. LAFONTAINE: M. le Président, j'admets ceci...
M. LESAGE: ... $35 millions.
M. LAFONTAINE; Oui, partie du coût, je remarque ici dans les
détails route transcanadienne, construction ponts compris.
M. LESAGE: Bien non, c'est pour l'expropriation seulement, j'ai
dit...
M. LAFONTAINE: Alors l'explication, oui, mais si...
M. LESAGE: ... qu'il n'était pas question de commencer la
construction avant 1968...
M. LAFONTAINE: ... ici dans le cahier, mais dans le cahier ici
construction entre parenthèses, ponts compris...
M. LESAGE: Bien oui, non compris.
M. LAFONTAINE: ... Dans le trajet que le premier ministre a
donné, il n'y a pas de ponts du tout.
M. LESAGE: Pardon?
M. LAFONTAINE: Il n'y a pas de ponts dans le trajet que le premier
ministre a donné.
M. LESAGE: Je n'ai pas parlé de ponts, j'ai parlé de
tunnels.
M. LAFONTAINE: Je vois ici là, dans le budget
supplémentaire, des dépenses numéro 2, 1965/66, à
la page 9. Détail...
M. LESAGE: Oui.
M. LAFONTAINE: 7, « Route transcanadienne » construction (
ponts compris).
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est... M. LAFONTAINE: Alors, ça
laisse...
M. LESAGE: C'est parce que nous sommes...
M. LAFONTAINE: Alors, ça laisse comprendre qu'il y aura des ponts
dans le...
M. LESAGE: C'est parce que nous sommes obligés de toujours
conserver le même libellé que dans le budget principal. Cela ne
veut pas
dire qu'il y a des ponts. Puis, il se pourrait fort bien qu'à un
moment donné on inscrive un montant ou c'est un pont seulement.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, le comité a adopté des résolutions et
demande la permission de siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance. A la prochaine séance.
M. BELLEMARE: A la prochaine séance. M. LESAGE: A la prochaine
séance. M. BERTRAND: A la prochaine séance. M. LAPORTE: Prochaine
séance.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que les résolutions soient
maintenant lues et agréées. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Oui. Il est entendu que, sur les ordres du jour, demain, si
le chef de l'Opposition a des questions à me poser, je lui
répondrai. Il y a exception, M. le Président.
M. BERTRAND: Nous l'avons adopté tantôt là.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'on fait le comité des...
M. LESAGE: Bien oui, tout ça.
M. LE PRESIDENT: Tout et le bill...
M. LESAGE: Oui. Le bill c'est le bill 88, je crois. Alors, comité
des voies et moyens. Première, deuxième, troisième
lecture.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première, deuxième,
troisième lectures. First, second and third reading of this bill.
M. LESAGE: Non, non, c'était rien que... Ils n'apparaissent plus
au feuilleton.
M. LE PRESIDENT: Cela paraît...
M. LESAGE: Non, je n'en ai plus besoin. Du moment que le ministre des
Finances déclare qu'il n'en a plus besoin, les item disparaissent... .i.
LAPORTE: Cela fait...
M. LESAGE: ... je ne puis plus m'en servir.
M. LAPORTE: S'il dit qu'il n'en a plus besoin, on ne peut plus s'en
servir.
M. LESAGE: Je suis obligé de faire une motion nouvelle pour les
reformer.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement et qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill No 91 intitulé: « Loi concernant la Loi
électorale. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, il s'agit d'un amendement d'une
portée très considérable.
M. LESAGE: C'est 89.
M. LAPORTE: L'article 1, le seul d'ailleurs de la loi, se lisait comme
suit; « Le paragraphe b de l'article de la Loi électorale est
abrogé et le Conseil législatif nous propose dans sa sagesse;
L'article 132 de la loi électorale est modifiée en retranchant le
paragraphe b. » Alors, comme nous sommes convaincus que nous atteindrons
les mêmes fins, quelle que soit la rédaction, je propose que nous
agréions.
M. BERTRAND: Cela prouve que la rédaction n'était pas
irréversible.
M. LAPORTE: Ah, monsieur!
M. LE PRESIDENT: La motion d'agrément sera-t-elle
adoptée?
M. BERTRAND: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LAPORTE; M. le Président, je propose que cette Chambre
rescinde la motion de troisiè-
me lecture du bill 56, « Loi modifiant la Loi des pensions »
et que nous retournions en comité plénier pour l'amender. J'en ai
causé ce matin au député de Missisquoi. Il s'agit de la
loi modifiant la Loi des pensions et il a été constaté
après coup que nous avions oublié d'inclure un certain nombre de
fonctionnaires, particulièrement ceux de la Régie des eaux du
Québec, l'administrateur de la municipalité de la Côte-Nord
du golfe St-Laurent et les employés du syndicat national du rachat des
rentes seigneuriales. Tous les employés de la Régie des eaux
étaient laissés en dehors. L'administrateur de laCôte-Nord
du St-Laurent étant fonctionnaire, mais il n'est pas... il reste un ou
deux employés à la Régie des rentes qui n'étaient
pas couverts. Le bill était rendu au Conseil législatif où
il avait été voté en première lecture. Comme il
s'agit d'un bill financier, d'un « money bill », il ne saurait
être amendé au Conseil législatif d'où
nécessité de revenir ici.
M. BELLEMARE: Adopté, adopté.
M. LAPORTE: Bon, le comité pour la troisième lecture et
envoyez un message à ces messieurs du Conseil législatif.
M. LE PRESIDENT: Alors, le comité plénier est
rapporté et le bill est adopté en troisième lecture, de
nouveau en, troisième lecture. Troisième lecture.
M. LAPORTE: Oui, oui, troisième lecture, adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LAPORTE: Alors, bill 85 en comité, la Loi de la Régie
des alcools.
M. LE PRESIDENT: La Chambre de nouveau en comité plénier
pour le bill numéro 85, loi modifiant la Loi de la Régie des
alcools.
M. BEDARD (président du comité plénier): Article
12?
M. BELLEMARE: Oui, je voudrais d'abord remercier les officiers du
ministère de la Justice qui m'ont fait parvenir une codification de la
Loi de la Régie des alcools qui va me rendre service. Nos
références vont pouvoir être dans le même sens
lorsque nous parlerons. A l'article numéro 12, M. le Président,
on a corrigé un texte qui était bien inadéquat et bien
« mêlâil-lé » comme on dit en bon «
canayen ». Je pense que la définition aujourd'hui, la
rédaction actuelle, même malgré la correction on dit, par
exemple, que la rédaction, et qu'elle pourrait être
interprètée comme permettant la vente de la boisson en
bouteilles. Est-ce que je me trompe, M. le Président? Le ministre
pourrait me dire si, tel que rédigé, ah non, aujourd'hui tel que
rédigé c'est là qu'était l'imbroglio et puis comme
elle est là, elle est claire.
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Bon, c'est ça. Maintenant, vous accorderez des
permis à des clubs, très bien ça, adopté,
très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 13?
M. BELLEMARE: Treize, M. le Président, on spécifie que
tous ceux qui ont un permis de banquet peuvent maintenant, non seulement
servir, mais vendre des alcools...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Mais le ministre ne pense pas que la loi actuelle
réservait ce privilège seulement aux détenteurs de
Québec et de Montréal? Maintenant, là, et à
certaines conditions. Est-ce que l'article couvre toutes ces
conditions-là actuellement? M. le Président, est-ce que le
ministre est convaincu que toutes les conditions sont bien couvertes par
l'article quand il dit: « ... en retranchant le deuxième
alinéa qui disait: « lorsque les profits... », non, c'est
correct ça. « ... s'occupant des oeuvres sociales... », bien
ça c'était parce que ça s'appliquait à
Montréal et à Québec, «... mais ce permis peut
être accordé nonobstant les restrictions, prohibitions
imposées par un règlement municipal. » Là, M. le
Président, on ajoute: « pouvoir vendre à ceux qui assistent
dans les banquets? » Le ministre prétend-il que ça peut
porter à confusion?
M. WAGNER: Non, je ne crois pas.
M. BELLEMARE: Non, même selon les règlements
municipaux?
M. WAGNER: Même là.
M. RUSSELL: Voici un point. Est-ce que l'exploitant d'une salle de danse
qui, le samedi soir, a une salle et qui charge tant d'entrée aux
citoyens, peut obtenir un de ces permis-là pour vendre de la boisson
à la salle pour cette soirée-là ou si c'est exclusivement
pour...?
M. WAGNER: Exclusivement pour des banquets.
M. RUSSELL: Pour des banquets. Est-ce qu'on a une façon de
vérifier ou suivre ces choses-là afin que ce soit... ?
M. WAGNER: C'est un permis spécial comme détenteur.
M. RUSSELLL C'est un permis spécial? M. WAGNER: Oui, oui.
M. RUSSELL: Mais si un exploitant d'une salle de danse peut sortir le
permis au nom de quelqu'un, qui dit qu'il fait un banquet, puis...
M. WAGNER: Non, non.
M. BERTRAND: M. le Président, est-ce que je pourrais attirer
l'attention du ministre sur le problème suivant? Lors de la
rédaction du rapport annuel, là je regarde rapidement, il serait
peut-être à propos d'indiquer le nombre de permis de banquet que
l'on a accordés durant l'année.
M. BELLEMARE: Cela l'était autrefois. M. WAGNER: Très
bien.
M. BERTRAND: Et je note ici, du moins, je ne le trouve pas dans le
rapport 1963/1964.
M. WAGNER: Alors, si ça n'est pas inclus pour cette
année...
M. BERTRAND: Oui, je demanderai...
M. WAGNER: ... je ne l'ai pas devant moi, mais je vais demander aux
membres de la Régie...
M. BERTRAND: ... qu'on nous indique le nombre de permis de banquets que
l'on accorde...
M. WAGNER: ... de voir à ce que ce soit inclus, l'an
prochain.
M. BERTRAND: ... au cours de l'année.
M. WAGNER: Oui, certainement, c'est excellent.
M. BELLEMARE: Très bien. C'est la même remarque qui
s'applique, M. le Président, aux articles 14, 15, 16, que je voudrais
faire main- tenant. Puisque la Régie va permettre à des personnes
désignées par un détenteur d'exploiter, dans son
hôtel, sous son nom, des permis de salle à manger, des permis de
restaurants, des permis de bars, des permis de tavernes ou de cabarets, est-ce
que le ministre est bien sûr que, lorsqu'une descente sera faite, qu'une
action sera prise, que ça n'embêtera pas d'une manière bien
étrange, les poursuites, parce que supposons par exemple que
l'hôtel qui s'appelle l'Ambassadeur, j'ai par exemple, je connais le
propriétaire, il me donne l'avantage d'opérer une salle à
dîner, je prends un permis et j'opère dans son hôtel,
l'Ambassadeur, qui a déjà une taverne, j'opère ma salle
à dfiier...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: ... sous mon nom.
M.WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: J'enfreins les règlements de la loi des liqueurs,
de la Régie des alcools et on me fait une descente. A ce
moment-là, la cause est prise, est faite au nom de Maurice Bellemare,
propriétaire de l'hôtel l'Ambassadeur.
M. WAGNER: Non, non. M. CLICHE: A Paris?
M. BELLEMARE: Ilein? A Paris, eh bien! là, je reste ici à
l'hôtel l'Ambassadeur. Ah! sur le boulevard Haussmann, le ministre est
allé là? Ah! eh bien! je lui parlerai d'un bon souvenir que j'ai
de l'hôtel...
M. CLICHE: Le député y est allé aussi? M.
BELLEMARE: Oh oui, oh oui! Deux fois. M. LAPORTE: Voulez-vous qu'on se
retire?
M. BELLEMARE: Non, non,je lui dirai ça à lui.
La poursuite va être intentée contre le
détenteur...
M. WAGNER: Du permis...
M. BELLEMARE: ... de l'hôtel.
M. WAGNER: C'est ça. Non, non, du permis de banquets ou du permis
de...
M. BELLEMARE: Non non, du permis de l'opération de la salle
à dîner.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: C'est ça que je dis qui est dangereux. M. le
Président, ça arrivera dans quelques cas spécifiques et
là, quand le mécanisme de la poursuite se présentera, se
fera, on l'intitulera: Ilotel l'Ambassadeur, on ira voir le nom du
propriétaire, puis on dira, M. un tel, et si à la Cour, un avocat
qui est supposé être habile, dit: Monsieur, la cause est mal
portée, elle va être retirée.
M. WAGNER: Non, non, vous pouvez être certain que toutes les
précautions vont être prises pour que la poursuite soit bien
intentée.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose, M. le ministre, dans
ça? Ce sera difficile d'intenter une cause pour un type qui est
sous-détenteur.
M. WAGNER: Je ne vois pas de difficultés. Tout simplement, des
directives spéciales et précises seront données aux
officiers de police avant de préparer ces causes-là.
M. BELLEMARE: Mais, dans tous les cas. M. WAGNER: Dans tous les cas,
exactement.
M. BELLEMARE: Parce que, dans tous les cas...
M. WAGNER: Etre extrêmement prudents. M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER: S'ils veulent que les causes réussissent.
M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER: Cela, c'est entendu.
M. BELLEMARE: Oui, parce que, advenant le cas où une cause aurait
été mal prise, un bref de sommation aurait été
émis, que la plainte aurait été mal
consignée...
M.WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: ... et en arrivant en Cour, eh bien! il va être
débouté. Je ne connais pas ça, la procédure, mais
il me semble que c'est un peu comme ça que ça se produit.
L'avocat se lève et il dit: monsieur, la cause est mal produite, c'est
pas à lui ça. Ah! Dieu, laRégie des alcools perd sa
cause.
M. WAGNER: On va y voir. M. BELLEMARE: Très bien.
M. BERTRAND: Le ministre me dira, ça va permettre ça,
disons, je suis propriétaire d'un hôtel. Dans mon hôtel je
pourrai louer ma salle à manger à une autre personne qui pourra
exploiter le permis de salle à manger à son nom.
M. WAGNER: Oui.
M. BERTRAND: C'est le but que l'on poursuit.
M. WAGNER: Exactement.
M. BERTRAND: Et dans tous les autres domaines, restaurants, bars,
tavernes ou cabarets.
M. WAGNER: Oui, exactement.
M. BELLEMARE: Est-ce que dans la statistique qui sera produite à
ce moment-là dans le rapport de la Régie des alcools, on tiendra
compte de ces différents détenteurs?
M. WAGNER: Evidemment, il faudra en tenir compte si on veut que la
statistique révèle exactement la situation. Il fallait qu'on en
tienne compte.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre de la Justice me permettrait une
suggestion?
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Dans l'émission du permis, pour que ce soit bien
clair, pourquoi ne pas signaler: Ilôtel Ambassadeur, propriétaire
Maurice Bellemare, détenteur du permis de salle à manger M.
Untel? Là, celui qui va arriver avec son permis, il va savoir
qu'à l'hôtel Ambassadeur, le propriétaire c'est Untel, mais
le détenteur du permis, il va être marqué en-dessous pour
la salle à dîner c'est M. Untel.
M. WAGNER: Oui, moi je trouve que c'est une suggestion remplie de bon
sens, et puis je vais certainement en faire part aux membres de la
régie.
M. BELLEMARE: Merci infiniment.
M. RUSSELL: Est-ce qu'ils vont écouter le ministre?
M. WAGNER: Ah! ça je ne le sais pas, par exemple, je ne garantis
rien parce que vous savez que la régie est un organisme
indépendant et puis on ne se mêle pas de ses affaires, mais
peut-être qu'en donnant des conseils qui viennent du député
de Champlain, elle nous écoutera davantage.
M. BELLEMARE: Surtout, quand je connais le ministre avec son
autorité qui est assez ferme. Si le ministre tire l'oreille un peu
à la régie, on va l'entendre, il n'aura pas besoin de se servir
du peu de prestige qu'a le député de Champlain.
M. RUSSELL: Un ministre ça aide un peu.
M. BELLEMARE: Ici, M. le Président, à l'article 17
est-ce que vous avez autre chose? Article 17, M. le Président, on
abaisse de 500,000 à 50,000 la population requise dans un rayon de 15
milles...
M. WAGNER: Voulez-vous suspendre, juste un instant? Je pense qu'il y
aurait lieu de proposer un amendement à cet article-ci.
M. RUSSELL: Très bien.
M. BELLEMARE: ... C'est au ministre que vous devriez dire ça, le
whip là, c'est lui qui nous a demandé de suspendre nos travaux
pour apporter un amendement.
M. WAGNER: A l'article 25.
M. BELLEMARE: Article 26.
M. WAGNER: L'article 25 de la loi.
M. BELLEMARE: Ah! bon, permis de bateaux.
M. WAGNER: Oui, oui, nous désirons proposer un amendement qui
n'est pas tout à fait rédigé. On l'a gardé en
suspens...
M. BELLEMARE: On ne l'a pas ici.
M. WAGNER: Non, non, ce n'est pas dans la nouvelle loi, on peut
peut-être garder en suspens...
M. BELLEMARE: Mais, d'ailleurs on y touche.
M. WaGNER: ... parce que les chiffres vont changer, l'article 18
deviendra l'article 19, etc.
Alors nous gardons en suspens l'article 25 de l'ancienne loi.
M. BELLEMARE: Mais est-ce qu'on y touche aux bateaux dans l'article 27,
je pense, article 27-A. L'article 27 paragraphe A, on y touche.
M. WAGNER: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Mais là, vous nous dites de suspendre l'article
25...
M. WAGNER: C'est un nouvel article que nous allons ajouter.
M. BELLEMARE: D'accord. Alors, il y aurait un nouvel article
après l'article 25.
M. WAGNER: C'est-à-dire que, dans la nouvelle loi, l'article 17
deviendra l'article 18.
M. BELLEMARE: Ah! bien oui. L'article 17 deviendra l'article 18, oui je
comprends. Mais, pour ma refonte, article 17 c'est ça, un nouvel
article. Cela concernera l'article 25.
M. WAGNER: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Concernant l'article 25. Admis. Bon maintenant l'article
17.
M. LE PRESIDENT: Cela devient article 18, maintenant.
M. BELLEMARE: Non, non, on ne le dit pas ça, on ne le dira pas
tout de suite pour ne pas changer tous les articles. Vous les changerez
à la fin.
M. WAGNER: On y reviendra tout à l'heure.
M. BELLEMARE: Vous les changerez à la fin pour ne pas tout
changer ça, parce qu'il va peut-être y en avoir d'autres qu'on va
enlever, surtout des gros articles qui vont sauter tout à l'heure. On
abaisse de 500,000 la population à 50,000, qui sont requises dans un
rayon de 15 milles, l'endroit où un permis de piste de course est
exploité. Est-ce qu'on fait mention d'une piste de course, pas loin de
Montréal, qui, actuellement... ... Si c'est pour couvrir un cas
particulier, pourquoi de 15,000, pourquoi pas 17,000? On couvre un cas
particulier, c'est sûr.
M. WAGNER: Pour couvrir les pistes de courses existantes. On me signale
qu'il y en a à Hull, il y en a à Trois-Rivières
également.
M. BELLEMARE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 18.
M. BELLEMARE: A l'article 18, on crée une nouvelle
catégorie de permis, les permis de théâtres,...
M. WAGNER; Oui.
M. BELLEMARE: ... c'est-à-dire que ceux qui iront aux concerts,
qui iront voir des spectacles sur scène ou bien des ballets, des «
mops », pas des « mops », des ballets pourront avoir le
plaisir de se rafraîchir, pourvu que ça soit adjacent.
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Le ministre n'a pas envie de changer le mot «
adjacent »?
M. WAGNER: Non.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il peut y avoir de nombreuses demandes de permis
de cette sorte dans la province? Est-ce que la ministre prévoit...
M. WAGNER: Je ne crois pas.
M. BELLEMARE: ... des demandes considérables?
M. LE PRESIDENT: Place des Arts, puis Comédie Canadienne.
M. WAGNER: La seule place que nous voyons actuellement c'est la Place
des Arts, je n'en vols pas d'autre. Il pourrait peut-être y en avoir.
M. BELLEMARE: Si, par exemple, le mont Orford qui est un endroit reconnu
ou la villa Musica, par exemple, de St-Jean-des-Piles, dans le comté de
Laviolette, qui a une popularité extraordinaire maintenant, pour donner
des concerts en plein air, des pièces artistiques, même si la
population n'était pas de 2,500, je pense, les municipalités
organisées, alors elles auraient le droit, elles, d'avoir un permis pour
le théâtre.
M. WAGNER: En autant qu'il s'agit d'un théâtre qui
rencontre les termes de la définition du théâtre. C'est
fort possible.
M. BELLEMARE: Même s'il y avait un règlement de prohibition
dans la paroisse?
M. WAGNER: Ah bien, non!
M. BELLEMARE: II faudrait qu'il y ait un règlement, comme on
appelle ça, un référendum.
M. WAGNER: D'ailleurs, c'est un excellent endroit au mont Orford, je
pense bien que le député de Missisquoi est d'accord»
M. BERTRAND: II y a un permis au Club de golf et, à l'heure
actuelle, je ne crois pas que les Jeunesses Musicales du Canada soient
organisées pour recevoir un permis.
M. BELLEMARE: Alors, le ministre nous dit qu'il y aurait probablement un
seul cas à couvrir, celui de la Place des Arts.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 19.
M. BELLEMARE: A l'article 19, on refait l'alinéa pour bien
déterminer qu'un fabricant de vins peut vendre du vin maintenant, est-ce
que c'est vrai? En dehors, à l'extérieur de la province?
D'après l'article.
M. WAGNER: Oui, oui, certainement.
M. BELLEMARE; C'est ça que ça couvre?
M.WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: C'est pour qu'un fabricant de vins puisse vendre. L'ancien
article disait lui, l'article 37...
M. LE PRESIDENT: Article 19 adopté?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 20.
M. BELLEMARE: A l'article 20, on donnerait un permis de fabricant de
cidre fort, on donnera des permis de fabricant de cidre fort, le
détenteur pourra vendre du cidre à l'extérieur de la
province lui aussi, c'est ça?
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: Même du cidre faible? Non, pas léger.
M. WAGNER: Non, non, le cidre fort.
M. BELLEMARE: Adopté. La, c'est la question du permis
après ça, on donnera aussi des permis de fabricant de cidre
léger...
M. WAGNER: C'est tout dans la même ligne.
M. BELLEMARE: ... enfin ils pourront vendre du cidre léger
à la Régie, aux épiceries et ceux qui sont
autorisés à vendre de la bière dans les tavernes, par
exemple, c'est ça?
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: C, on donnera des permis d'entrepôt aux fabricants,
ça c'est le permis d'entrepôt pour les fabricants.
M. WAGNER: Exactement.
M. BELLEMARE: Pas d'objection.
M. BERTRAND: M. le Président, je n'ai pas de long discours
à faire, mais sur les articles au sujet du cidre, à plusieurs
reprises en Chambre, venant d'une région où la pomiculture est
à l'honneur, dans le comté de Missesquoi, j'ai
réclamé l'établissement d'une cidrerie.
Je suis heureux, même si j'ai voté contre la mesure en
deuxième lecture parce qu'il y avait d'autres modalités que je ne
pouvais pas accepter, je suis heureux d'approuver le principe de
l'établissement d'une cidrerie d'Etat, sous le contrôle de
l'Etat...
M. COURNOYER: Très bien.
M. BERTRAND: ... et deuxièmement, quant aux permis qui devront
être accordés, de la manière qu'on le fait dans le bill, je
pense que c'est raisonnable, c'est satisfaisant et ça répondra
à l'attente des pomiculteurs de ma région. Le comté de
Mlssisquoi est le deuxième, je pense, dans le domaine de la pomiculture,
un des plus gros producteurs. Cela ne veut pas dire que toute la récolte
des pommes ira pour le cidre, mais voilà un débouché
nouveau que l'on trouvera aux pommes de nos pomiculteurs et cela les aidera
également et leur fournira une occasion d'augmenter leurs revenus.
M. le Président, ce problème-là date de plusieurs
années, le ministre de l'Agriculture nous l'avait annoncé
à plusieurs reprises. Je suis heureux qu'une décision ait
été prise et j'ose croire qu'il ne tardera pas trop à ce
que s'érige cette cidrerie d'Etat. S'il y a des profits à
réaliser avec une entreprise semblable, comme on le constate dans le
domaine des brasseries, de la bière et des autres compagnies, je ne vois
pas pourquoi l'Etat, qui peut, cette fois, prendre l'initiative dans ce
domaine, ne la pren- drait pas et ne la conduirait pas bien. A la condition
toutefois que, s'il y a une entreprise d'Etat, j'espère que l'on saura
choisir les gens les mieux préparés, les mieux qualifiés,
les plus compétents, des administrateurs excellents pour qu'une
première initiative de l'Etat dans ce domaine ne s'avère pas un
fiasco. Ce qui serait très mauvais, et pour le gouvernement, et,
disons-le, pour l'Etat du Québec Alors, j'approuve le principe et
j'approuve dans ce domaine, étant donné l'attitude que j'ai prise
en deuxième lecture, j'ai cru de mon devoir que je devais intervenir
à ce stade-ci pour exprimer une opinion et ne pas me défiler
devant les prises de position que j'ai déjà soutenues en Chambre
en matière d'établissement de cidrerie et de vente des
produits.
M. LE PRESIDENT: Adopté. 21?
M. BELLEMARE: L'article 21, c'est de la concordance mais tournée
à l'envers un peu. On a pris l'ancien article 42 dans la formule F, la
section F, on a un peu interchangé les phrases. On disait justement
à la dernière partie de F « ... produire le permis requis
par la loi réglementaire de l'hôtellerie dans cette province
». Cela devient « F », F, a: on répète la
partie de F, mais on ajoute par exemple à F, b « ...
établir qu'il est propriétaire ou locataire de
l'établissement ou le permis sera exploité ou qu'il est
spécialement autorisé par le propriétaire ou locataire de
l'établissement à demander le permis. S'il lui est
accordé, à l'exploiter à son propre compte dans les
pièces et établissement désignés par sa demande.
»
Le ministre pourrait-il nous donner une explication pourquoi il ajoute
« quand déjà on a obtenu le permis ou quand on a
déjà produit tout le détail du permis qui nous est
donné par le ministère du Tourisme de la Chasse et de la
pêche dans lequel est contenu tous ces détails? C'est là
que je ne comprends pas la duplication de l'article.
M. WAGNER: C'est pour clarifier tout simplement.
M. BELLEMARE: Le ministre va dire: « Trop fort, casse pas.
»
M. WAGNER: Non.
M. BELLEMARE: Mais on a déjà obtenu au ministère du
Tourisme de la Chasse et de la pêche un permis qui nous donne, si on est
propriétaire ou locataire, si on va exercer dans telle partie de la
maison.
Cela, ça nous est dit dans notre permis, Tourisme, Chasse &
Pêche. On nous demande de le produire, on le produit pour obtenir notre
permis comme requérant, et après ça, après avoir
établi qu'on est propriétaire ou locataire, on nous dit dans le
F,b, là, vous allez être obligé de faire une autre preuve
comme quoi vous allez opérer comme propriétaire ou locataire,
même quand le permis qui nous vient du Tourisme, Chasse & Pêche
nous est donné. Je trouve que c'est de la bureaucratie. On achale, on
achale pour rien. Bien on achale, ce n'est pas le mot, on importune pour rien
ces pauvres types qui sont là pris à savoir si...
M. WAGNER: Ce qui peut arriver, c'est que le permis du ministère
du Tourisme, Chasse & Pêche peut être donné aux
propriétaires seulement et l'autre permis de la Régie pour, par
exemple, l'opération d'une salle à dîner, peut être
donné à un concessionnaire.
M. BELLEMARE: ... oui, mais à ce moment-là, il est
obligé d'aller là pour obtenir son permis quand même.
M. WAGNER: Oui, d'accord.
M. BELLEMARE: La loi dit, dans Tourisme, Chasse & Pêche, que
si vous êtes détenteur d'un permis pour un concessionnaire dans un
établissement, il faut que vous ayez les normes qui sont exigibles.
M. WAGNER: Oui, mais il faut quand même s'assurer que les deux
étapes ont été accomplies.
M. BELLEMARE: Bon, je ne fais pas de chicane, trop fort, casse pas, mais
je trouve que là on donne des charges...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: ... exagérées. Un instant, pas trop vite.
22.
Ah! ça c'est du nouveau ça, 22, 22 et 23. Je ne serai pas
contre. On fixe la date maintenant. Là on fixe la date quand va
commencer le cinq mois. On ne la fixait pas avant. Vous aurez cinq mois de
villégiature qui pourraient commencer en janvier pour aller en juillet?
Mais là on fixe la date. Cela je suis d'accord, si mes collègues
n'ont pas d'autres...
M. LE PRESIDENT: Adopté, 24.
M. BELLEMARE: Le gouvernement dans 24, a-t-il besoin d'argent? Le
ministre va comprendre pourquoi je lui demande ça. Il dit dans son
article pas trop mal fait, je te dis qu'on lui sent du Kierans rendu en-dessous
là? C'est à la mode de Kierans.
M. WAGNER: C'est bien ça.
M. BELLEMARE: On dit que, s'il y a un refus de renouvellement, pour se
faire entendre, il faudra qu'il aille payer.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Voyez-vous l'illogisme? Puis que s'il est entendu, il perd
son argent, il perd son dépôt, si c'est refusé, il perd
tout ça. Cela, ce n'est pas bien. On lui donne un droit d'appel, on dit:
« Vous allez pouvoir maintenant vous faire entendre, avant qu'on prononce
contre vous, l'annulation de votre permis. » On dit: « vous allez
avoir un droit d'appel », on est content, bon. Puis tout de suite
à la fin de l'article, on dit: « Mais, pour demander le
renouvellement d'un permis refusé, il faudra qu'avant que vous veniez
vous faire entendre, vous ayez payé votre permis ». Puis, si on le
perd, on perd notre argent aussi, il n'y a pas de remise.
M. WAGNER: Non, le but, l'objet de cet article...
M. BELLEMARE: Le ministre va comprendre ça?
M. WAGNER: Non, non, je comprends ce que le député de
Champlain dit, mais je voudrais simplement expliquer...
M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER: ... que pour révoquer un permis, il doit y avoir une
audition publique...
M. BELLEMARE: II doit y avoir?
M. WAGNER: ... une audition publique.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est très bien il peut se faire
entendre, c'est la première partie.
M. WAGNER: Alors, dans le cas où le détenteur du permis
n'a pas payé ce qui est dû, pourquoi obliger la Régie
à tenir une audition publique? Alors, dans ce cas-là, la
Régie peut révoquer le permis, c'est le seul objet de
l'article.
M. BELLEMARE: Oui, mais le ministre l'explique, comme je l'ai
compris.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Mais à un moment donné je me suis mis
à gratter ça...
M. WAGNER: Ah, je savais que vous aviez compris.
M. BELLEMARE: ... je me suis mis à gratter ça, puis j'ai
dit sur l'autre côté maintenant?
M. WAGNER: Oui, oui, vous avez raison.
M. BELLEMARE: Ils ne m'entendront pas si je n'ai pas payé. Je ne
pourrai pas être entendu, c'est vrai? C'est ça que l'article dit
aussi. Vous ne pourrez pas venir vous faire entendre si vous n'avez pas
payé. Je pense qu'il manque un peu de clarté, ça ne doit
pas être du Pratte ça, cela doit être du Pigeon, ça.
Cela doit être de la pigeonnerie ça. Parce que Pratte, à
mon ens, aurait été bien plus clair que ça. Il ne se
serait pas dédit lui dans le deuxième paragraphe, de ce qu'il
avait dit dans le premier. Jamais! Parce que là il déclare
qu'elle ne sera pas entendue, elle ne sera pas tenue, elle ne dit pas qu'elle
ne sera pas entendue, mais elle ne sera pas tenue de l'entendre, elle peut
dire: « Bien vous n'avez pas payé votre renouvellement, vous ne
serez pas entendu.
M. WAGNER: C'est révoqué, c'est ça.
M. BELLEMARE: C'est ça que je trouve un peu arbitraire.
M. RUSSELL: L'émission des nouveaux permis.
M. WAGNER: Pardon?
M. RUSSELL: C'est un peu comme l'émission des nouveaux
permis.
M. WAGNER: C'est ça.
M. RUSSELL: Ce qui arrive avec les nouveaux permis, on fait une demande,
on fait un dépôt, et puis là on est refusé.
M. WAGNER: Oui.
M. RUSSELL: II y a une pression qui se fait, on dit: bien, faites votre
demande à nouveau, faites votre dépôt. A ce
moment-là, le demandeur s'en va se faire entendre avec son avocat, puis
là ce qui arrive, avant de se faire entendre, on dit: c'est
refusé. L'avocat n'a même pas le droit de parler, il est juste mis
de côté. On l'oublie. Cela c'est de la façon qu'on a
procédé dans certains cas dont on m'a informé.
M. WAGNER: Oui.
M. RUSSELL: Le propriétaire perd bien son argent.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: M. le Président, est-ce qu'il n'y aurait pas
plutôt un moyen de lui donner, à ce monsieur qui va être
notifié que son renouvellement ne sera pas donné, de l'entendre,
là il y a il ne sera pas tenu...
M. WAGNER; Le simple fait qu'il n'a jugé à propos de payer
ce qui est dû après un an, il me semble que c'est une indication
que ce bonhomme-là ne veut pas se faire entendre, c'est entendu, il
n'est pas intéressé.
M. BELLEMARE: Bien il peut avoir des présomptions.
M. WAGNER: II n'est pas intéressé.
M. BELLEMARE: II peut avoir des présomptions.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: L'article 25, M. le Président, juste un instant
s'il vous plait, pas trop vite là. C'est l'article 67, ça, M. le
Président, je pense que c'est un bon article qui fait actuellement que
la personne munie de ce permis, quand la Régie remet à la
personne qui en était... ça c'est de la concordance pure et
simple.
M. LE PRESIDENT: Article 26.
M. BELLEMARE: Là, M. le Président, je comprends mal le
ministre. Par l'article 54 du bill, on donne... l'article 54, monsieur, c'est
la base de décision de la Régie. Cela c'est la base même de
l'article, mais dans l'article en question, l'article 26, qui modifie 72, je
comprends mal pourquoi cet effet rétroactif de la loi a porté si
loin, au 13 avril 19560. Est-ce que réellement on veut couvrir une
illégalité qui...
M. WAGNER: Le 13 avril...
M. BELLEMARE: ... une illégalité qui date depuis ce
temps-là, puis qui n'aurait pas été payé couverte
lors de la passation de la loi, l'entrée en vigueur de la loi...
M. WAGNER; Le 13 avril 1960 c'est la date de la sanction de la loi.
M. BELLEMARE: Oui, la loi de la sanction qui est devenue
inopérante.
M. WAGNER: Or la loi, telle qu'elle existe actuellement, l'article
72...
M. BELLEMARE: Oui.
M. WAGNER; ... prévoit pour les droits payables sur les demandes
de permis, sur la délivrance et le transfert, mais non pas sur les
renouvellements. Or c'est l'objet de cet amendement, pour couvrir
également les renouvellements.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'était tout à fair
différent, celui qui existait le 13avrill961.
M. WAGNER: Oui, mais...
M. BELLEMARE: C'était la date de la sanction de la loi
actuelle.
M. WAGNER: On n'avait pas prévu.
M. BELLEMARE: Puis ça concernait le transport à ce
moment-là...
M. WAGNER: Oui, on n'avait pas prévu les renouvellements à
ce moment-là. C'est pour corriger cette situation-là tout
simplement, pour que les arrêtés en conseil, qui prévoient
les renouvellements, soient légaux, rencontrent les exigences de la loi
tout simplement.
M. BELLEMARE: II n'est pas question de... M. WAGNER: Ah! il n'y a pas
de...
M. BELLEMARE: II n'y a pas de question de recollecter ou de...
M. WAGNER: Ah non! non, non absolument pas.
M. BELLEMARE: ... de recharger, de retaxer...
M. WAGNER: Du tout, du tout.
M. BELLEMARE: Le ministre est bien clair.
M. WAGNER: Ah oui! c'est parfaitement clair.
M. BELLEMARE: Parce qu'avec un effet rétroactif comme on met dans
la loi...
M. WAGNER; Ah non! non, non, non..,
M. BELLEMARE: ... ça devient un pouvoir discrétionnaire au
13...
M. WAGNER: Je ne suis pas entiché des effets
rétroactifs.
M. BELLEMARE: Je ne lui prête pas de mauvaises intentions, ni
à l'administrateur, mais des fois il peut être conseiller par des
gens là à la Kierans...
M. LE PRESIDENT: Article 27.
M. COURNOYER: II est chanceux, il collecte lui.
M. BELLEMARE: Ah oui, ah oui! un bon presse citron. Bon.
M. LAPORTE: Certainement.
M. LE PRESIDENT: Article 26 adopté, adopté
M. BELLEMARE: Ah oui! oui, certainement, certainement.
M. LE PRESIDENT: Article 27.
M. BELLEMARE: Certainement, vous êtes de notre bord.
M. HARDY: L'article 27, j'aurais un amendement à proposer,
appuyé par mon collègue le député de Berthier
à l'effet d'ajouter au paragraphe de l'article 75, après les mots
« la cité de Québec ou dans un rayon de cinq milles de
cette ville, » les mots « ou de l'île de Montréal ou
de l'île Jésus. » Egalement au paragraphe e_ de l'article
75, changer les mots « de midi à deux heures et demie » par
« de midi à trois heures » et changer « cinq heures et
demie » par « cinq heures ».
Egalement au paragraphe...
M. BELLEMARE: Un instant, est-ce que l'honorable député
j'ai eu une distraction voudrait me répéter les
heures pour Montréal?
M. HARDY: J'ai ici des copies.
M. BELLEMARE: Des copies, ah! bon.
M. BERTRAND: Avez-vous des copies?
M. LAPORTE: Ils sont en train de les distribuer là.
M. BELLEMARE: « Cré diable »,c'est quasiment la
dactylo du procureur général.
M. WAGNER: Pardon?
M. BELLEMARE: Ce sont les caractères du procureur
général. Est-ce que cela a été écrit
là?
M. LAPORTE: Je n'ose pas dire qu'il y a seulement une sorte de
clavigraphe.
M. BELLEMARE: Non, non, mais j'ai déjà eu une note aussi,
ce sont les mêmes caractères.
M. PINARD: Ça, ce sont les lettres de félicitations.
M. WAGNER: C'est un bon caractère.
M. BELLEMARE: Et au paragraphe G, je reconnais d'où cela
vient.
M. HARDY: ... ajouter après les mots, « ou dans un rayon de
cinq milles de cette ville », les mots « ou de l'île de
Montréal ou de l'ûe Jésus » et, enfin, remplacer le
sixième alinéa du paragraphe L de la Loi de la Régie des
alcools par un autre paragraphe qui place tous les établissements qui
détiennent un permis dans la même catégorie des tavernes,
par rapport à la réglementation de fermeture. Alors, pour ce qui
est de l'amendement concernant le rayon de cinq milles de l'île de
Montréal et de l'Ûe Jésus, c'est tout simplement parce que
le contexte sociologique et les circonstances qui prévalent dans les
cinq milles du rayon de l'îlede Montréal et de l'Ûe
Jésus sont les mêmes...
M. BELLEMARE: M. Johnson...
M. HARDY: ... et ce qui était déjà prévu
dans la loi: les cinq milles de la ville de Québec. Pour ce qui est de
l'étendue des heures pour servir le repas le dimanche, c'est tout
simplement qu'il y a des cas particuliers. Personnellement, je connais des cas
dans le comté de Terrebonne, dans les grands établissements
hôteliers où on sert des repas jusqu'à deux heures et demie
et même trois heures. Alors, il était normal que, pour respecter
le principe de cette loi, que, pendant la période où des repas
sont servis, l'on puisse servir des boissons alcooliques.
M. BELLEMARE: M. le Président, sur l'article en
général d'abord, deux mots et ensuite de cela, je ne reviens
plus. Sur l'amendement, je n'ai pas d'objection à l'amendement, pas du
tout.
Est-ce que mes collègues en ont? Sur l'article amendé et
l'article en général deux mots; d'abord, on supprime les cabarets
de Québec puis les jours fériés de deux heures du matin,
les jours fériés de six heures à minuit, pas de repas!
Ça, c'est sûr, on supprime les cabarets. Ailleurs, pas de
changement, c'est sûr ça! Le jour férié de deux
heures à deux heures, le jour férié de boisson, c'est
défendu, c'est d'accord, ça.
Maintenant, M. le Président, le ministre pense-t-il que c'est le
meilleur moyen qu'il ait trouvé pour rendre justice à tout le
monde qui, dans ce domaine de l'hôtellerie, mériterait
d'être traité de la même façon?
M. WAGNER: Non, non, je suis prêt à admettre
immédiatement que ce ne sont peut-être pas les meilleurs
amendements, les amendements les plus souhaitables mais que, dans les
circonstances, dans le contexte sociologique actuel, c'est certainement deux
pas de l'avant et je pense bien que, pour le moment, c'est une loi qui est
raisonnable et satisfaisante, pour le moment...
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre...
M. WAGNER: ... c'est loin d'être une loi parfaite mais je reprends
ici, c'est que le ministre des Affaires culturelles disait à propos
d'une autre loi.
M. BELLEMARE: Je voudrais simplement attirer l'attention sur certaines
modalités d'application de la loi qui vont causer des injustices
flagrantes à des individus qui ont la même mentalité, qui
vivent dans le même patelin et puis qui ont une rivière à
traverser.
Ils n'auront pas, eux, vivant dans une municipalité de 30,000
âmes juste la rivière à traverser, juste une rivière
qui les sépare. D'un côté de la rivière on a le
permis, on a les heures, on peut vendre, et, juste l'autre bord de la
rivière, on a une population de 30,000, par exemple, et là c'est
défendu. On a hôtelleries, on a bars, on a organisation, on
finance tout ça. Je trouve là qu'on a la même
mentalité, on vit dans le même régime économique. On
a un peu tous les mêmes habitudes. On vit tous dans la même
tradition et, tout d'un coup, là, il va arriver un couteau, on va dire
ici là, vous autres, tous les hôteliers, vendez. Mais de l'autre
côté de la rivière là, juste le pont à
traverser, 30,000 de population, hôtels, bars, toute organisation faite,
vous autres, vous n'avez pas le droit. Il y a là une anomalie. Je ne
demande pas qu'on répande ça dans des municipalités
rurales où c'est peut-être plus difficile, mais je dis que le
ministre c'est le cas particulier que je veux signaler, je lui ai dit
hier ça cause un préjudice extraordinaire.
C'est-à-dire que tous ceux qui sont de ce côté-ci de la
rivière vivant dans une grande ville, étant dans la même
circonscription presque électorale, puis-qu'au fédéral
c'est la même circonscrption générale, vivant ensemble,
dans les usines pour travailler, puis l'échange des ouvriers d'une ville
à l'autre... Les amis sont les amis, les parents sont les... Et on va
arriver, quand il va s' agir de l'application de la Loi du dimanche, on va
dire: « Vous autres, vous avez des établissements, vous
méritez que vous vendiez. » L'autre, qui a fait des
dépenses et puis qui a les mêmes responsabilités, une ville
de 30,000 âmes, non. Alors tous ces gens-là vont s'en aller
à Trois-Rivières pour faire, non seulement leurs affaires, ils
vont même à confesse à Trois-Rivières des fois,
tellement c'est proche. C'est peut-être des péchés qu'ils
ne veulent pas confesser aux pères.
M. WAGNER: C'est pourtant bien au Cap-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: pardon?
M. WAGNER: C'est pourtant bien au Cap-de-la-Madeleine.
M. BELLEMARE: Ah! ça!
M. LAPORTE: Ses péchés locaux on confesse ça
ailleurs habituellement! C'est parce que le curé ne nous connaît
pas, l'autre côté.
M. BELLEMARE: Moi, j'ai bien plus de misère à regretter
sincèrement ce que je fais avec bien du « fun ». Je vous le
garantis, f ai de la misère à avoir le ferme propos, des
fois.
M. PINARD: Eh, c'est un grave aveu ça, là!
M. BELLEMARE: Oui.
M. PINARD: C'est lourd de conséquence!
M. BELLEMARE: C'est le ferme propos que j'ai de la misère
à avoir!
M. PINARD: Vous allez traîner ça longtemps!
M. BELLEMARE: Pardon?
M. COURNOYER: Vous allez traîner ça longtemps!
M. BELLEMARE: Dans lé purgatoire!
M. LAPORTE: Cela, c'est un aveu qui a paru dans le journal des
Débats.
M. BELLEMARE: pardon?
M. LAPORTE: Un aveu qui est dans le journal des Débats!
M. BELLEMARE: Ah! non, je vais le faire ôter demain. Ah, je
connais ça, moi aussi, maintenant.
M. LAPORTE: Ah! il connaît ça!
M. PINARD: Ah! vous avez la « twist »!
M. BELLEMARE: Ah oui! Est-ce qu'il n'y a pas un moyen, pour des cas
particuliers comme celui-là, que le ministre aurait une
discrétion, un administrateur, où la Régie pourrait avoir
une discrétion pour dire: « Bien voici un cas patent où je
pense...
UNE VOIX: ... dans des cas particulier là...
M. BELLEMARE: Pardon? On dit, à Québec: cinq milles tout
le tour de la ville. On court à Québec Mais il y a d'autres cas
comme le nôtre. Il y en a d'autres. Mais ça, c'en est un typique
et je trouve que le ministre, à mon sens, devrait trouver la solution.
Il est bien ami avec les Révérends pères que je... pour
lesquels j'ai beaucoup d'estime...
M. WAGNER: Ah! bien, je vais en causer avec eux!
M. BELLEMARE: Les Révérends Pères Oblats.
M. WAGNER: Je vais en causer avec eux!
M. BELLEMARE: Oui. Je ne sais pas si le ministre...
UNE VOIX: II est sorti des Pères.
M. BELLEMARE: Des Pères! A un moment donné, M. Duplessis
leur a rendu visite aux pères Oblats, en 1944, après les
élections du bloc populaire contre le parti libéral et le parti
de l'Union nationale.
Alors, je n'ai pas besoin de vous dire que le Révérend
Père Magnan, que connaissent très bien notre excellent ami, le
ministre de la Justice et le député de Missisquoi, se fendait le
lendemain en félicitations; combien nous sommes heureux de vous recevoir
puis vous êtes un grand premier ministre et puis alors, je n'ai pas
besoin de vous dire que l'honorable M. Duplessis se levait pour répondre
à ces merveilleuses salutations d'amitié puis de
fidélité, de loyauté, il dit: « Mon cher Père
supérieur », dit-il, « il y a deux sortes de pères
Oblats pour moi, il y a les pères « au bloc » puis les
pères Oblats... » ils avaient tous votés « bloc
» cette année-là. Ah, bien, j'espère bien qu'on ne
rapportera pas cela dans le journal des Débats. Merci, mademoiselle.
Incidemment, je soumets le cas parce que...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: ... le ministre ou l'administrateur devrait trouver une
solution pour couvrir des cas comme celui-là.
Est-ce que, M. le Président, le ministre pourrait nous... avant
de lui poser ma dernière question...
M. LESAGE: Moi, je trouve, M. le Président, que cela n'a aucun
sens d'accorder... nous avons une bonne méthode de rendre la loi
applicable parce qu'il y aura un temps, le dimanche après-midi,
où il n'y aura pas... s'il y a de la boisson sur la table, la cause sera
faite.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ça...
M. LESAGE: ... et là-dessus je ne broncherai pas, cinquante
mille, Trois-Rivières, c'est une ville de 50,000 âmes, c'est
tout...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas du tout...
M. LESAGE: ... Quant à moi, si on cherche à amender,
j'aime autant dire tout de suite, quelle que soit l'opinion de ceux qui sont de
côté-ci ou de l'autre côté de la Chambre, je n'irai
pas plus loin que l'extension de la demi-heure qu'on m'a demandée.
Autrement je voterai contre.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est dans un climat très
serein, sans aucune acrimonie...
M. LESAGE: Ah, il n'y a pas d'acrimonie.
M. BELLEMARE: ... que nous avons discuté jusqu'à date de
la loi et je pense que nous avons fait progrès. Si le premier ministre
vient pour faire du trouble...
M. LESAGE: Je ne viens pas pour faire du trouble!
M. BELLEMARE: ... vient pour nous donner des directives...
M. LESAGE: Je peux tout de même donner mon opinion.
M. BELLEMARE: ... M. le Président, ce n'est pas du tout, M. le
Président, ce qu'on était à discuter. Pas du tout. La
demi-heure et l'heure de fermeture puis d'ouverture à deux heures, deux
heures et demie, ce n'est pas ça, pas du tout.
On disait, M. le Président, et le ministre de la Justice le sait,
on faisait des représentations claires et nettes. On ne demandait
même pas l'extension de la loi, mais on disait qu'il y avait des
anomalies à certains endroits...
M. LESAGE: En tout cas, j'ai dit ce que j'avais à dire.
M. BELLEMARE: Merci, puis bon voyage!
M. LESAGE: Malheureusement pour le député de Champlain, je
ne serai pas loin.
M. BELLEMARE: Mon Dieu, pourvu que vous ne serez pas « icitte
».
M. LESAGE: Je vais être ici.
M. BELLEMARE: Laissez-nous faire de l'ouvrage constructif.
M. LESAGE: Non, je ne vous laisserai pas aller trop loin, on
élargit assez la loi sans ça.
M. BELLEMARE: Ne vous vantez pas, mon cher monsieur...
M. LESAGE: Vous aviez voté contre la loi parce que vous la
trouviez trop sévère.
M. BELLEMARE: Ne vous vantez pas, ne vous vantez pas là, M. le
Président, puis allez donc vous reposer! Bon, laissez-nous
tranquilles.
M. LESAGE: Je ne m'en vais pas me reposer, je m'en vais travailler pour
vous.
M. BELLEMARE: Bon, très bien, allez travailler, allez travailler,
puis laissez-nous travailler. Il y a toujours une limite, là. Il va me
faire perdre patience, moi qui avais pris une résolution de ne pas me
choquer.
M. BERTRAND: Le calme est revenu.
M. BELLEMARE: Bon, voyez-vous là comment...
M. LAPORTE: C'est vrai que le député est calmé.
M. BELLEMARE: pardon?
M. LAPORTE: II dit que le calme est revenu.
M- BELLEMARE: Oui, c'est effrayant comme il me met dans tous mes
états.
M. BERTRAND: Je pense que « bon voyage » est parti.
M. LAPORTE: Remarquez que ça en prend toujours deux, c'est pour
ça que vous êtes généralement le
deuxième.
M. BELLEMARE: Merci. Seulement je pense que j'ai adopté une
méthode de perfectionnement...
MM. PINARD ET LAPORTE: Oui, il faut qu'on travaille.
M. BELLEMARE: Oui, oui, j'ai amélioré mon caractère
à 40%.
M. COURNOYER: Au contact des bons caractères.
M. BELLEMARE: Bien, le vôtre par exemple, celui du ministre des
Affaires culturelles...
M. LAPORTE: Ah, ne me faites pas choquer! M. LE PRESIDENT: Article 27,
adopté?
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je voudrais entendre le
ministre sur les villes limitrophes, comme ça, qui sont juste voisines
d'un grand centre qui vont avoir un permis et puis qu'on va traiter
différemment une ville de 30,000 âmes, bien
différemment.
M. WAGNER: Bien, M. le Président, il est difficile,
évidemment, d'ajouter quoi que ce soit à ce que j'ai
déjà dit. L'amendement qui a déjà été
agréé prévoit une correction, notamment, quant aux villes
qui se trouvent à 5 milles de distance de Montréal, de
Québec ou de l'île Jésus. C'est déjà une
amélioration considérable...
M. BELLEMARE: Pas Montréal?
M. WAGNER: ... Et d'autre part, quant aux injustices qui pourront en
résulter, eh bien, tout ce que je puis dire c'est; faisons donc un essai
loyal de cette loi et nous verrons, d'après l'expérience, ce qui
en sortira et nous l'améliorerons, s'il y a lieu de l'améliorer,
à la lumière de l'expérience qui en sera faite.
M. BELLEMARE: Est-ce que durant cette période de temps-là,
l'honorable ministre de la Justice va voir les pères Oblats chez
nous?
M. WAGNER: Ah oui, ah oui.
M. BELLEMARE: Oui, vous voulez aller leur en parler?
M. WAGNER: Je les vois souvent, d'ailleurs.
M. BELLEMARE: Le 15 août?
M. WAGNER: Peut-être, peut-être.
M. BELLEMARE: Très bien, c'est dimanche prochain.
M. WAGNER: Ah non, je serai en voyage.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je n'ai pas d'objection
à adopter cet article-là.
M. LE PRESIDENT: Article 27, adopté. Article 28?
M. RUSSELL: M. le Président, c'est juste une question; j'aimerais
savoir sur quel critère se basent le ministre ou la Régie pour
fermer tous les hotels qui, dans le passé, ont opéré dans
des régions de moins de 50,000 de population?
On va prendre la ville de Granby qui a des hôtels bien
organisés, et si je comprends bien la loi, ils ne pourront plus
opérer maintenant le dimanche, ils seront fermés le dimanche.
M. WAGNER: Non, pas du tout, c'est pas ce que la loi dit.
M. RUSSELL: Pardon?
M. WAGNER: Ce n'est pas ce que la loi dit. Ces hôtels-là
vont demeurer ouverts...
M. RUSSELL: Dans la salle à diher seulement.
M. WAGNER: Oui, dans la salle à dîner.
M. RUSSELL: Dans la salle à dîner seulement.
M. WAGNER: A moins que...
M. RUSSELL: Dans le passé, on sait que c'étaient des
petits sandwiches dans le « grill ».
Voici, ce que j'aimerais que le ministre nous explique, c'est
pourquoi...
M. WAGNER: S'il y avait des petits sandwiches dans le « grill
», c'était illégal, vous le savez comme moi.
M. RUSSELL: C'était illégal, mais ils ont tous
opéré dans la province à peu près
illégalement. Aujourd'hui on en ferme un certain groupe et on laisse un
autre groupe ouvert.
M. WAGNER: Cela, c'est...
M. RUSSELL: Je voudrais savoir sur quel critère on se base pour
laisser des hôtels opérer dans Montréal, dans la banlieue
de Montréal, dans l'île Jésus et dans les places
environnantes, comme dans Québec, dans Trois-Rivières et dans
Sherbrooke, et fermer tous les autres dans le reste de la province. Est-ce que
le ministre pourrait nous expliquer sur quel critère on se base?
M. WAGNER: Je pense que je l'ai déjà expliqué.
M. BELLEMARE: II est six heures, M. le Président, est-ce que le
ministre a...
M. WAGNER: Non, non, je n'ai pas d'autres remarques à faire.
M. RUSSELL: Pas d'autre réponse?
M. WAGNER: Est-ce qu'on peut ajourner jusqu'à sept heures et
demie?
M. BELLEMARE: Sept heures et demie.
M. LAPORTE: Sept heures et demie. Est-ce qu'il est adopté
celui-là?
M. BELLEMARE: Oh, moi je n'ai pas d'objection.
M. LAPORTE: Alors, on passe au suivant. A sept heures et demie, ce
soir.
M. LE PRESIDENT: Alors, la séance est...
M. LAPORTE: Et si on termine ça, on revient aux trois lois, oui,
oui, les lois sociales, après ça les libraires.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à sept
heures et trente.
Reprise de la séance à 7 h 36
p.m.
M. BEDARD (président du comité plénier); A l'ordre,
messieurs.
M. WAGNER: M. le Président, avant que nous commencions la
discussion en comité plénier sur les articles qui n'ont pas
encore été étudiés, je voudrais faire une
précision dans l'amendement qui a été
suggéré. Nous devons faire les corrections suivantes: dans le
sous-paragraphe d) il faudrait rayer les mots « ou de l'île
Jésus ».
M. BELLEMARE: Un instant, nous allons prendre l'amendement d'abord.
Sous-paragraphe d).
M. WAGNER: Sous-paragraphe d)...
M. BELLEMARE: « Pour l'exploitation d'un permis de salle à
manger ou de restaurant... »
M. WAGNER: ... la quatrième ligne...
M. BELLEMARE: ... etc., « dans l'ûe de Montréal,
l'ûe Jésus »...
M. WAGNER: La quatrième ligne, plus loin.
M. BELLEMARE: ... « la cité de Québec ou dans un
rayon de cinq milles de cette ville ou de l'ûe de Montréal ou de
l'ûe Jésus...»
M. WAGNER: Bon, alors ces mots-là « ou de l'île
Jésus » doivent être rayés. Dans le sous-paragraphe
e) il s'est glissé une erreur quant à l'heure de fermeture. Il
faudrait lire dans la dernière ligne...
M. LESAGE: « L'heure de réouverture ».
M. WAGNER: ... « l'heure de réouverture », il
faudrait lire dans la sixième ligne du sous-paragraphe e) « de
cinq heures trente de l'après-midi à dix heures du soir »
au lieu de « cinq heures », dans le texte. Il faudrait lire la
même heure mentionnée dans le texte original.
M. LE PRESIDENT: Alors, cinq heures trente.
M. LESAGE: Cinq heures et demie tel que dans le texte du bill.
M. LE PRESIDENT: D'accord.
M. WAGER: Dans le sous-paragraphe g) il faudrait retrancher dans la
troisième et quatrième ligne les mots « ou de l'île
Jésus ». Et enfin dans le sous-paragraphe j) il faudrait
retrancher les mots « ou de l'île Jésus » que l'on
trouve à la quatrième ligne du sous-paragraphe j).
M. BELLEMARE: Mais à la première ligne il en est question
aussi, à la deuxième ligne...
M. WAGNER: Oui, mais ça, c'est d'accord.
M. BELLEMARE: Pour exploitation d'un permis de bar, bon, d'accord.
M. WAGNER: Cela, c'est d'accord. Alors on s'en tient à la
quatrième ligne du sous-paragraphe j). C'est tout ce que j'avais
à préciser.
M. LE PRESIDENT: Alors les amendements sont adoptés?
Adoptés. Correction à. l'article 28.
M. BELLEMARE: Article 28. Article 27, est-ce que le député
a quelque chose à dire?
M. WAGNER: Je pense que l'article 27 avait été
adopté.
M. RUSSELL: Je voulais savoir du ministre sur quel critère
s'est-on basé pour dire; «L'ûe de Montréal,
Québec et les villes de 50,000 de population ».
M. WAGNER: Oui, j'avais déclaré à ce
moment-là au député, que nous avons donné des
explications à ce sujet-là et qu'il n'y a pas lieu d'y revenir.
Article 28.
M. LE PRESIDENT: Alors article 28.
M. BELLEMARE: Voici, l'article 28, c'est là qu'arrive l'argument
de ce matin où je disais à l'honorable ministre que lorsqu'il y
aura des élections partielles, des élections de quartier dans une
ville comme le Cap-de-la-Madeleine, on arrivera au quartier
intéressé et la tradition établie depuis de nombreuses
années, depuis toujours, c'est que ça ferme, ça ferme
complètement. Ce n'était pas si mauvais, M. le Président,
au contraire, je trouve que ça aidait à garder sereine la
journée des élections et évitait un nombre
considérable d'abus. Là on dit que lorsqu'il y aura des
élections dans un quartier ou s'il y a la majorité des quartiers
en élection, là on fermera, la majorité. Je pense que le
ministre de la Justice ferait mieux de reviser cet article-là parce que
nos coutumes électorales...
M. LESAGE: Au Cap?
M. BELLEMARE: Partout.
M. LESAGE: Au Cap, pas ailleurs. Les plaintes que nous avons eues sont
à l'effet que dans certaines villes ça devenait ridicule
lorsqu'il n'y avait qu'une élection de tout fermer dans la ville.
M. BELLEMARE: M. le Président, prenez la ville de Drummondville,
un centre important, alors il y a une élection dans le quartier
St-Joseph...
M. LESAGE: Pour un commissaire d'école. M. BELLEMARE: Oui, mais
justement. M. LESAGE: Bien alors?
M. BELLEMARE: Il y a une élection dans St-Joseph, c'est mauvais,
le premier ministre devrait se rendre de bonne grâce à cette
argumentation.
M. LESAGE: Bien, ça ne me fait rien. M. BELLEMARE: Cela ne vous
fait rien.
M. LESAGE: Ce sont des représentations que j'ai
reçues.
M. BELLEMARE: Non, non, que le premier ministre comprenne que ça
change le climat.
M. LESAGE: Je comprends.
M. BELLEMARE: Que dans la ville de Shawinigan, on a un exemple, il y a
eu une élection partielle dans Shawinigan-Sud...
M. LESAGE: Convainquez le ministre de la Justice.
M. BELLEMARE: Alors je dis au ministre de la Justice qu'on devrait
rester à la tradition qui veut qu'on ferme, dès qu'il y a
élection scolaire ou municipale, partielle ou un quartier ou deux.
M. LESAGE: On m'avait dit que ça avait l'air fou pour une
élection de commissaires d'écoles dans une ville importante de
tout fermer ce jour-là.
M. BELLEMARE: Un instant.
M. LESAGE: II y a des touristes qui passent et puis, ouf, tout est
fermé parce qu'il y a une élection de commissaires
d'écoles, c'est fou.
M. BELLEMARE: Non, non, il y a plus que ça. Le premier ministre
sait qu'il y a plus que ça. Cela change, ça débalance tout
le système.
M. LESAGE: Bien non.
M. BELLEMARE: Oui, oui, j'en ai l'expérience...
M. LESAGE: Vous faites un drame.
M. BELLEMARE: ... je vis de nombreuses expériences, et je sais
que lorsqu'il y a une élection partielle dans un quartier, c'est
dangereux si dans les autres quartiers il y a bar ouvert. Non, non, le premier
ministre devrait se rendre à notre point de vue.
Alors, M. le Président, ce qui arrive c'est bien facile, ce qui
va arriver c'est que l'organisation va placer tous ses quartiers d'organisation
dans le quartier où il n'yapas d'élection et là, ça
va être bar ouvert. Et imaginez-vous le tralala que ça va causer?
Ah oui, ah oui ! Un petit amendement, un petit acte de
générosité.
M. LESAGE: On ne fait pas d'élection avec la boisson, voyons
donc!
M. BELLEMARE: Bien mon Dieu, Seigneur du bon Dieu!
M. LALONDE: C'est vrai.
M. BELLEMARE: Seigneur, je ne suis pas comme ce publicain.
M. LESAGE: Je n'ai pas dit, ça.
M. BELLEMARE: C'est ça que vous dites.
M. LESAGE: Je dis que c'est passé de mode.
M. BELLEMARE: Ah mon Dieu, Seigneur! que le premier ministre ne vit donc
pas sur la terre. Mon Dieu, Seigneur! que je connais donc encore des faits
récents que je pourrais citer à l'honorable premier ministre
où ça a été des organisateurs politiques reconnus
qui distribuaient ça au dix onces. Le premier ministre, si je lui
donnais les noms, il dirait: « Cela n'a pas de bon sens qu'untel ait fait
ça. » Oui. Alors, c'est en 1965 que ça arrive. Ah! c'est
épouvantable.
M. LESAGE: Vous savez bien que ça ne se fait plus.
M. BELLEMARE: J'ai convaincu que l'honorable ministre de la Justice, je
sais que l'administrateur me dirait oui tout de suite, lui.
M. LESAGE: Cela ne se fait plus, ces choses-là.
M. BELLEMARE: Ilaie! Ste-Anne! Le premier ministre a laissé
depuis longtemps...
M. LESAGE: Pourquoi ternir la réputation de la province?
M. BELLEMARE: Il ne voit pas ça. Bonjour! je me souviens de ses
cris-là. C'est effrayant, l'Opposition...
M. LESAGE: Non, non.
M. BELLEMARE: C'est vieux jeu ça. Je ne tomberai pas dans
ça. Je redeviens sérieux et je dis à l'honorable premier
ministre...
M. LESAGE: Moi aussi, je suis sérieux.
M. BELLEMARE: ...je dis à l'honorable premier ministre que
ça, c'est mauvais, archimauvais.
M. LESAGE: C'est de vos affaires.
M. BELLEMARE: On ne devrait pas, quand il y a des élections, la
tradition veut...
M. LESAGE: Arrangez-vous avec le procu-reur-généraL
M. BELLEMARE : ... dans notre peuple canadien, quand il y a des
élections, çaferme. C'est normal, ça rouvre à sept
heures, très bien. Après la fermeture des « polls »,
très bien. Mais, que pendant l'élection...
M. LESAGE: Mais le procureur-général... M. BELLEMARE: Le
ministre de la Justice.
M. LESAGE: ... lui, ça ne peut pas s'appliquer, chez lui, c'est
la prohibition à Verdun.
M. BELLEMARE: Imaginez-vous, voyez-vous l'honorable conseiller
législatif lui, il interviendrait. Je dis à l'honorable ministre
de la Justice que ce n'est pas correct. Franchement, l'honorable ministre de la
Justice est humain et il va comprendre ça. Pourquoi donner aux humains
plus de chance d'être mauvais quand on peut leur donner tant de chances
d'être bons? La vertu, ça périt, savez-vous où? Dans
le danger. La vertu aujourd'hui, je vous en garantis ça a besoin
d'être renchaussé à tous les jours, parce que sans
renchaussage, ça ne vaut pas grand chose.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre de la Justice se rend de bonne
grâce à ma suggestion?
M. WAGNER: Non, c'est ce que je veux dire au député de
Champlain, c'est justement parce que je veux être humain que je ne vois
pas que nous puissions dire que tous les quartiers seront fermés parce
qu'il y aura une élection d'un syndic ou d'un commissaire dans un
quartier. Je ne vois pas pourquoi on devrait pénaliser tous les
quartiers d'une municipalité parce qu'à un endroit en particulier
on fait une petite élection.
Alors, c'est dans le but d'être humain que je dis au
député de Champlain qu'il faudrait garder cet amendement.
M. BELLEMARE: Moi, qui avais souhaité d'être avocat pour
aller plaider devant l'honorable juge. Je pense que j'aurais perdu mes
causes.
M. LESAGE: Ah! bien vous avez des bonnes causes, des fois. Pas
celle-là.
M. BELLEMARE: Ah! celle-là serait bonne, mais les arguments ne
sont peut-être pas assez prenants. Mais d'un autre côté, M.
le Président, je renouvelle ma protestation...
M. LESAGE: Vous allez en appel.
M. BELLEMARE: ... et je dis, M. le Président, que l'amendement a
pour effet, sûrement, aura sûrement des mauvais
résultats.
M. LESAGE: On verra.
M. LE PRESIDENT: Alors, article 28 adopté. Article 29.
M. BELLEMARE: Article 29, M. le Président, c'est un nouvel
article...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: On peut établir une ci-
drerie, une distillerie ou une fabrique de vin. Cela, M. le
Président, on donne à l'administrateur, monsieur, le pouvoir
d'établir une brasserie. Pourquoi...
M. LESAGE: Cidrerie.
M. BELLEMARE: ...non, non,non, une brasserie! On donne à
l'administrateur, à l'article 29, le pouvoir d'établir, de donner
un permis de brasserie...
M. LESAGE: Donner un permis de brasserie?
M. BELLEMARE: Ah! oui, mais c'est terrible!
M. LESAGE: Mais, il l'a le pouvoir.
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis que l'administrateur...
Moi, il ne l'a pas toujours lu! M. le Président, on lui donne le pouvoir
d'établir une brasserie, pourquoi donc? J'espère que
l'honorable...
M. LESAGE: Ils ne vendent pas de boisson dans les brasseries.
M. BELLEMARE: ... que l'administrateur comprend bien
l'objectivité de mes remarques. Ce n'est pas à la personne de
l'administrateur que je m'attaque, mais, personnellement, j'ai beaucoup
d'estime pour lui, mais c'est au principe...
M. LESAGE: Non, non, non! Là, vous vous trompez, faites
attention, là.
M. BELLEMARE: Article 29, c'est 29-88, le nouvel article... ?
M. LESAGE: Allez-y, oui!
M. BELLEMARE: Article 29, c'est ça, oui.
M. LESAGE: Bien, oui.
M. BELLEMARE: « La Régie peut, en outre, établir,
exploiter dans la province, des usines ou autres établissements pour la
fabrication du cidre et des autres produits ou sous-produits des pommes ou pour
la fabrication de vin ou d'alcool.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... « à cette fin, la Régie
possède, entre autres pouvoirs, ceux d'une corporation... Elle peut
acquérir, construire... acheter ou autrement acquérir...
transformer... faire connaître, etc. la Régie ne peut exercer les
pouvoirs prévus à l'article...
M. LESAGE: Il n'y a pas de brasserie là-dedans. C'est le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. BELLEMARE: Avec l'autoristion. M. WAGNER: C'est un autre article.
M. BELLEMARE: Article 29, qui est un nouvel article...
M. LESAGE: Bien, oui.
M. BELLEMARE: Bon, bon, bon, bon! Vous avez raison, on ne lui donne
pas...
M. LESAGE: C'est l'article 31.
M. BELLEMARE: ... on ne lui donne pas... Non, non, c'est-à-dire
que la Régie n'a pas le pouvoir, elle, de donner un permis de brasserie.
C'est le contraire. Mon argument...
M. LESAGE: Vous n'étiez pas dedans, là.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas le temps, ce n'est pas là que
ça va.
M. LESAGE: Ce n'est pas dans l'article. M. BELLEMARE: Mais ça va
revenir. M. LE PRESIDENT: Alors 29, adopté?
M. BELLEMARE: Mais pourquoi l'administrateur, M. le Président,
on...
M. LESAGE: C'est pour ça que je m'amusais.
M. BELLEMARE: ... donne, indirectement on va donner à
l'administrateur, c'est sûr, si la Régie ne peut pas le
faire...
M. LESAGE: Bien oui, un permis de brasserie c'est pour faire, pas pour
vendre de la bière, c'est pour en fabriquer.
M. BELLEMARE; Une minute.
M. LESAGE: Ils n'ont pas le droit d'en vendre.
M. BELLEMARE: La Régie n'a pas le pouvoir d'émettre un
permis de brasserie, mais ça sera l'administrateur qui l'aura.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Alors, mon argument est bon. Pourquoi...
M. LESAGE: C'est du commerce.
M. BELLEMARE: ... l'administrateur possède-t-il lui des pouvoirs
aussi étendus?
M. LESAGE: Parce que, il faut que quelqu'un les ait.
M. BELLEMARE: Quand il s'agit de millions, c'est l'administrateur seul;
quand il s'agit d'une « pimerie », c'est la Régie...
M. LESAGE: C'est le commerce. Oui, mais quand il s'agit de débit,
c'est la Régie, quand il s'agit de commerce c'est l'administrateur.
M. BELLEMARE: Non, non, ce sont des pouvoirs qu'exerce l'administrateur,
M. le Président, dans un domaine excessivement, à éventail
extraordinaire.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Ah! oui.
M. LESAGE: Brasser de la bière, pas en faire boire.
M. BELLEMARE: Ah! mon Dieu Seigneur du bon Dieu, quelle patience !
M. LE PRESIDENT: Il n'en est pas question à l'article 29.
M. BELLEMARE: Non, il est question que la Régie seule peut, M. le
Président, établir une cidrerie, une distillerie, une fabrique de
vin, quand il s'agira, M. le Président..
M. LESAGE: Bien oui, c'est évident.
M. BELLEMARE: ... d'un permis pour une brasserie, ça sera
l'administrateur et non pas la Régie.
M. LESAGE: Certainement. La Régie c'est un tribunal pour
l'émission des permis, le commerce il est fait pas l'administrateur,
c'est clair, puis une brasserie, c'est un endroit où on brasse de la
bière, ce n'est pas un endroit où on en débite.
M. BELLEMARE: M. le Président, supposons, par exemple, que je
décide...
M. LESAGE: Qu'il ne me contredise pas, supposons que le
député de Champlain, là, s'il veut réfléchir
deux minutes...
M. BELLEMARE: Oui, j'ai bien de la misère, je suis
fatigué.
M. LESAGE: Non, non, juste deux minutes. Il ne s'agit pas de permis. Les
permis pour où l'on peut boire de la boisson, sont émis par la
Régie après audition. L'administrateur n'a pas d'affaires
à cela. Quand il s'agit du commerce des alcools, soit pour la
fabrication ou la vente, dans des endroits où on ne peut pas prendre la
boisson, là, ça regarde le commerce des alcools, et donc
l'administrateur.
La séparation a été faite il y a deux ans, trois,
ans.
M. LE PRESIDENT: Article 29, adopté. M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: En 1962. C'est fait depuis 1962, cette
division-là.
M. BELLEMARE: Non, ça va plus loin que ça! Cela va plus
loin que ça!
M. LESAGE: Bien non, non!
M. BELLEMARE: La Régie perd encore des plumes à l'article
31. On va voir ça dans quelques minutes.
M. LESAGE: C'est du commerce!
M. BELLEMARE: Non. M. le Président, le premier ministre a
donné son point de vue et je n'ai pas dit un mot.
M. LESAGE: Bon, j'écoute.
M. BELLEMARE: On va voir ça dans quelques minutes, à
l'article 31, que la Régie perd des plumes.
M. LESAGE: Bien oui!
M. BELLEMARE: On a commencé par lui donner un panache et puis
là, on lui arrache ça deux par deux...
M. LESAGE: Bien oui, mais dans les endroits où l'on peut
boire...
M. BELLEMARE: ...pour donner à un gérant pour donner
à un administrateur plus de pouvoir, plus de discrétion, plus
d'arbitraire.
M. LESAGE: Ce n'est pas des endroits où l'on peut boire!
M. BELLEMARE: Parce qu'on va dire à l'article 31 que les
brasseurs, que les entrepôts, que les distillateurs, que les fabriques de
vin et de cidre ça, ça ressort de l'administrateur. Ce
n'était pas ça l'article 31 avant...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Et je dis là, M. le Président, qu'à
l'article 29, je l'ai justement là: la Régie peut établir
une cidrerie. Très bien. Nous en sommes. Distillerie ou une fabrique de
vin. Mais on ne lui donne pas, à la Régie, par exemple, le
pouvoir d'établir une brasserie. Supposons que je m'appelle O'Malley et
que je décide de construire une brasserie, « Brasserie O'Malley
», supposons que c'est ça. Supposons que je m'appelle « La
Brasserie O'Malley »...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Cela n'existe pas, je ne pense pas, mais en tout
cas...
M. LESAGE: Bien oui, ça existe.
M. BELLEMARE: Cela existe-t-il?
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: C'est un nom que...
M. LESAGE: L'édifice est construit sur le boulevard Charest,
à Québec.
M. BELLEMARE: Ah! c'est un nom que je prenais à tâton. Mais
en tout cas...
M. LESAGE: Bien oui, mais vous avez beaucoup d'esprit d'invention!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!. M. BELLEMARE: Supposons
que...
M. LESAGE: Cela s'adonne à tomber sur le réel!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, si on veut finir ça.
M. BELLEMARE: Mon Dieu, je ne pensais pas être...
M. LESAGE: Vous êtes bon! Vous êtes pas mal bon, n'est-ce
pas!
M. BELLEMARE: Alors, je décide d'organiser une brasserie, qui va
s'appeler O'Malley.
UNE VOIX: Il va s'applaudir!
M. BELLEMARE: Je vais m'adresser, pas à la Régie, pas au
régisseur. Ha non...!
M. LESAGE: Il n'a jamais su qu'il y avait une brasserie qui s'appelle
O'Malley et puis ça s'adonne qu'il prend ce nom-là.
M. BELLEMARE: Bien, c'est parce que je pensais à M. O'Malley dans
les pensions. On va en parler tout à l'heure. O'Malley dans les
pensions. J.T. O'Malley. Cela m'est venu comme ça. Alors...
M. LESAGE: Cela m'est venu comme ça!
M. BELLEMARE: Alors cela s'appelle O'Malley, et je me présente
devant la Régie, c'est une affaire de plusieurs millions..»
M. LESAGE: Cela doit être l'Esprit-Saint... C'est l'Esprit-Saint
qui vient de vous éclairer.
M. BELLEMARE: Ah! je l'invoque, parce que je sais que j'ai des
déficiences. Mais, M. le Président, je m'appelle O'Malley et je
décide de me bâtir une brasserie. Je m'en vais à la
Régie, la Régie dit: « Non, non. Cela, tu vas voir
l'administrateur. » Et il s'agit là de millions et ça va
être décidé par un homme, par un seul homme, de bonne foi
je n'attaque pas l'administrateur Ah non! Je ne dis pas qu'il n'y
aura pas à ce moment-là, l'administrateur ne recevra pas de la
visite. Cela ça peut arriver ça. Un homme poli, il est toujours
ouvert, la porte est...
UNE VOIX: Ah oui!
M. BELLEMARE: ... ouverte. M. Power, c'est un homme charmant. Il dit:
« Bonjour M. O'Malley, ça va bien puis... bon.,. « puis, il
est accompagné des fois, M. O'Malley. Cela peut arriver qu'il soit
accompagné d'un gros
monsieur de la politique. C'est important. Alors l'administrateur me
regarde puis il regarde le gars qui est avec moi, puis il dit: «
Hé, c'est important ça. » Et puis il dit: « Qui est
avec vous dans votre affaire de O'Malley Bien j'ai des petits
intérêts d'un monsieur un tel là qui vient de
Trois-Rivières, mais qui reste maintenant à Québec, j'ai
un monsieur qui était autrefois, qui travaillait chez Chinic, mais
maintenant c'est un bon vendeur, mais il a fait des affaires, monsieur, un peu
comme entrepreneur général. J'ai un autre monsieur qui autrefois
était un comptable agréé, maintenant qui pourrait
peut-être faire bien l'affaire dans notre compagnie. J'ai après
ça, peut-être, un autre monsieur qui était un des anciens
bras droit de la Fédération libérale et qui fait partie de
ma compagnie. Ce sont tous du bon monde. » L'administrateur, dit: «
Bien honoré de voir ce consortium. » C'est important et puis c'est
représentatif. « Oui, oui, est-ce que je peux faire quelque chose
pour vous aider? Bien, il s'agirait d'un permis. Ah oui, oui, bien, vous savez,
vous connaissez les procédures normales cela serait peut-être bien
intéressant d'en parler peut-être à monsieur
Létourneau, (à un M. Létourneau de Québec que je ne
connais pas là). Il vous dirait comment faire peut-être pour
être, au point de vue financier, bien placé. » Alors, M.
Létourneau est consulté par téléphone ou bien par
une petite visite, là on dit après ça: « Bien, on a
vu M. Létourneau. Oui, ah bon! Vous êtes bien sûr
d'avoir la lumière verte maintenant, vous allez bâtir? Oui, mais
il est question de bâtir, mais on ne voudrait pas bâtir trop,
trop... »
M. LE PRESIDENT: Si on revenait à l'article là!
M. BELLEMARE: Bien, c'est pour dire, M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: Il n'est même pas question de brasserie.
M. BELLEMARE: Vous avez raison, parfaitement raison.
C'est pour dire, M. le Président, pour faire une histoire courte,
c'est que l'administrateur qui est un homme bien sincère, puis bien
dévoué, honnête, puis rempli de talents, il est pris des
fois devant des grosses délégations. Tandis que s'il y a trois
pour décider les choses comme celle-là, c'est plus
embêtant, c'est ça que je veux faire valoir. Pourquoi ce pauvre
homme, qui est un humain, pourquoi des situations aussi difficiles de dire
non?
M. LAPORTE: Tous les ministres sont pris comme ça.
M. BELLEMARE: Oui, mais ce ne sont pas tous les ministres qui
résistent.
M. LAPORTE: On a tous des budgets de...
M. BELLEMARE: Ce ne sont pas tous les ministres qui résistent, il
y en a qui succombent.
M. LAPORTE: Des ministres?
M. BELLEMARE: Des ministres qui succombent.
M. LAPORTE: A la tâche.
M. BELLEMARE: A la tache...
M. LE PRESIDENT: Alors 29, les cidreries.
M. BELLEMARE: ... à la tache aussi.
M. LAPORTE: Ah non, non, pourquoi vous voulez les tacher comme
ça?
M. BELLEMARE: Détacher, oui. Celui qui vend son âme au
diable, je ne sais pas quelle sorte de tache il a, lui.
M. LAPORTE: Qui vend son âme au diable?
M. BELLEMARE: Oui, comme le député de Richmond qui a vendu
son âme au diable, c'est un déshonneur...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: ... il ne s'est pas jeté en bas de la montagne, on
lui a dit: « Jette-toi en bas de la montagne. » II a dit: «
Non, je garde mes honneurs. » Il a vendu son âme au diable...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: II a vendu son âme au diable, puis il a voté
pour le bill.
M- LE PRESIDENT: L'article 29 est-il adopté?
M. LAPORTE: Etiez-vous son témoin?
M. BELLEMARE: Ah non, je n'appartiens pas à cette
confrérie-là, moi. Non, non, pas...
M. LAPORTE: Ah! je ne sais pas. Si vous voulez, on va laisser le diable
chez lui, puis on va rester dans le bill parce que ça pourrait faire des
querelles désagréables.
M. BELLEMARE: Non, non, mais je dis par exemple qu'on n'a pas le droit
de vendre son à me au diable pour garder les honneurs.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que l'article 29 est adopté?
M. BELLEMARE: Bien non, M. le Président, juste un instant, je
finis. Je finis, je finis. Je dis, M. le Président, que pour
établir une brasserie...
M. LE PRESIDENT: Non, il n'est pas question de brasserie à
l'article 29,
M. BELLEMARE: Bon, c'est bien, Alors, M. le Président, la
Régie peut établir une cidrerie, une distillerie ou une fabrique
de vin. Est-ce que le ministre, sur cet article puisqu'il est question
d'établissement de cidrerie est au courant des démarches
qui ont été faites? Est-ce que je peux demander ça au
ministre de la Justice?
M. WAGNER: Quoi?
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre de la Justice est au courant des
démarches qui ont été faites, avec une grosse
coopérative agricole de l'industrie laitière dans les environs de
Montréal, pour acheter leur fabrique pour établir une cidrerie
là?
M. WAGNER: Je sais qu'il y a des démarches qui sont faites, entre
autres par certaines coopératives, mais aucune décision n'a
été prise encore à cet effet-là.
M. BELLEMARE: Est-ce que, parmi les coopératives, il y aurait
celle de Montréal?
M. WAGNER: Je ne pourrais pas préciser.
M. BELLEMARE: Non, Moi, je rends le témoignage à
l'honnorable ministre de la Justice qui a une mémoire prodigieuse, il
s'en sert rarement pour répondre à notre question.
M. LAPORTE: C'est pour ça qu'elle est parfaite, c'est parce qu'il
ne l'a pas utilisée beaucoup. Elle est complète.
M. BELLEMARE: II va pouvoir s'en servir longtemps parce que c'est
sûr et certain qu'il n'en abuse pas.
M. LE PRESIDENT: Article 29, adopté?
M. BELLEMARE: M. le Président, je dis donc que la Régie
devra obtenir la permission du lieutenant-gouverneur en conseil, par exemple
avant d'établir une cidrerie ou une distillerie. Est-ce que le ministre
de la Justice peut nous dire si ça s'établira cette année
ou durant l'année, la veille des élections ou en 1966 ou en
1967?
M. WAGNER: Le plus tôt possible.
M. BELLEMARE: Le plus tôt possible. J'avais autrefois, M. le
Président, été bien heureux quand l'honorable M. Duplessis
m'avait répondu à une lettre qui était bien importante,
sur laquelle j'anticipais une réponse définitive. J'étais
très heureux quand il m'a répondu: « Mon cher
député, vous trouverez ci-inclus ma réponse. Elle est
catégorique. Je vous en donnerai l'explication le plus tôt
possible. » Je n'avais rien su. Là, comme je suis là, je ne
sais pas si le plus tôt possible, c'est cette année ou ce serait
l'année bissextile ou une autre année.
M. WAGNER: Si je savais exactement quand, évidemment je dirais au
député de Champlain la date précise.
M. BELLEMARE: Oui, c'est sûr parce qu'il n'a pas de secret pour
moi, c'est sûr.
M. WAGNER: Bien non.
M. BELLEMARE: Ah, garanti. Alors, M. le Président,
adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 29, adopté.
M. BELLEMARE: Article 30, M. le Président, le 30 c'est un article
qui vient pour faire une correction, je pense?
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BELLEMARE: Cela vient pour faire une correction parce que le prix
doit être indiqué sur la bouteille et la Régie par le mot
« elle ». Je pense que c'est un article pour faire une correction
de forme. Est-ce que je me trompe ou bien est-ce que...?
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: C'est l'article 92, M. le Président, qui disait,
dans la deuxième, troisième et quatrième ligne, les mots
« le prix doit être indiqué sur la bouteille et la
Régie par elle ». Voyez-vous, là?
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BELLEMARE: C'est une correction, je pense, de forme.
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Il n'y a rien de contentieux dans ça, si mes
collègues n'ont pas d'objection, adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. No 31.
M. BELLEMARE: L'article 31. Bon, ah là, par exemple, on y est.
L'administrateur, M. le Président, exerce seul, 93 a. Si vous voulez
bien me permettre, nous allons lire avant d'entrer dans le sujet, ça va
être très court, j'espère bien qu'on va en finir de
très bonne heure ce soir, parce que ça va bien.
Nous allons lire 93 pour entrer dans le débat qui ne sera pas
long mais qui va être très compréhensible. « Aux fins
du commerce des boissons alcooliques, l'administrateur dont il est question
dans 93 a peut adopter, pour la Régie, les règlements qu'il juge
nécessaires: a) A sa régie interne: personnel, dépenses
générales, etc; b) A la conduite de ses affaires, des
cédules, puis en fin de compte les heures d'ouvrage; c) A la
manière d'effectuer la livraison des boissons alcooliques qu'elle vend,
empaquetées avec du papier rouge ou du papier barré;
Ça, c'est lui qui décide ça. A ses emprunts: si les
membres de la Régie ne peuvent pas tout percevoir à cause des
différents magasins, s'il leur manque de l'argent à un certain
moment, eh bien, il aura le droit de recourir, lui, à des emprunts. Il
aura le droit, lui, d'adopter des règlements pour réglementer
tous ces emprunts. Il aura le droit aussi de réglementer toute sa
comptabilité, savoir combien ça coûte, combien est-ce qu'il
donne à Ottawa en taxes, comment M. Kierans reçoit de plus depuis
1960 pour la boisson. Cela, l'administrateur va calculer ça, il va dire
la boisson est augmentée depuis que les libéraux sont au pouvoir,
en 1960...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: ... d'au moins $1 la bouteille. Bon. A l'inventaire des
biens qu'elle a en sa possession. Les règlements adoptés en vertu
des paragraphes d) et f) du présent article entrent en vigueur
lorsqu'ils sont approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil
à la date qu'il détermine.
Maintenant, 93 a arrive. Là, M. le Président, à
part de donner tous ces pouvoirs de réglementation, on donne à
l'administrateur le seul pouvoir, le pouvoir discrétionnaire, le pouvoir
unilatéral de donner des permis de brasseur, des permis
d'entrepôt, des permis de distillateur, des permis de fabricant, de vin
et de cidre. Malgré toute la compétence que puisse avoir un bon
administrateur, malgré toutes les garanties d'honnêteté que
puisse avoir un tel homme, je dis, et j'avais averti dans le temps, en 1962, le
6 juin, on trouvera ça dans les journaux, j'avais dit à
l'honorable ministre dans le temps: vous faites une erreur colossale»
L'administrateur, j'en suis, mais pour régir les choses administratives,
seulement, mais pas dans le domaine des emprunts, pas dans le domaine de
l'administration quand il s'agira de délivrer des permis et surtout de
surveiller l'émission des permis qui devront être donnés.
Et ça arrive aujourd'hui. Aujourd'hui, M. le Président, on donne
à un administrateur un champ d'action extraordinaire; on dit qu'il sera
le seul à décerner des permis de brasseur, d'entrepôt, de
distillateur, de fabricant de vin et de cidre.
M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire que ce n'est pas
contre l'administration d'aujourd'hui que je m'élève, c'est
contre les pouvoirs qu'on lui confère. Je prétends qu'une
Régie autonome, bien constituée, une Régie qui a comme
fonction d'être le mandataire, le mandaté des autorités
gouvernementales, elle devrait conserver ce pouvoir d'émettre ces permis
et après audition publique. Il y a dans ce domaine autant de
compétition que dans d'autres, autant, et en baissant le ton, je dis
à l'honorable ministre, pour ne pas qu'il pense que c'est dans un esprit
« choquatif »...
M. LESAGE: Oh non, non. M. WAGNER: Pas du tout. M. BELLEMARE: Que le
ministre...
M. LESAGE: ... c'est parce que aussi vous ne saisissez pas l'importance
qu'il y a entre... la différence entre l'émission des permis
où l'on consomme de la boisson et des permis où on la fabrique,
où on ne peut pas la consommer.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce n'est pas ma philosophie, le
premier ministre a le droit d'avoir la sienne lui en ce qui concerne
l'administrateur.
M. LESAGE: Oui, oui, très bien.
M. BELLEMARE: Moi, c'est contre l'administrateur et ses fonctions que
j'en ai, non pas l'administrateur comme individu...
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: ... mais l'administrateur qui vient « gros Jean pas
devant »...
M. LESAGE: Comment « gros Jean, par devant »?
M. BELLEMARE: ...gros Jean par devant, et je dis à l'honorable
premier ministre...
M. LESAGE: Il est bien plus grand Jean par devant, que gros Jean par
devant.
M. BELLEMARE: ... oui, très bien, c'est moi qui est gros et c'est
lui qui est grand...
M. LESAGE: Ah oui!
M. BELLEMARE:... et je dis à l'honorable premier ministre que
peut-être un jour il aura des difficultés terribles...
M. LESAGE: Avec qui? Avec mon administrateur?
M. BELLEMARE: ... en augmentant les pouvoirs... Non, il peut mourir,
l'honorable monsieur...
M. LESAGE: Ah non! il en n'a pas envie, pas une saprée miette,
regardez-donc, ça?
M. BELLEMARE: Bien, ecoutez-donc, vous savez, un accident, c'est si vite
arrivé. Il pourra peut-être en avoir un autre qui soit moins bien
discipliné et qui n'écoute pas toujours le premier ministre. Cela
pourra peut-être arriver.
M. LESAGE: II n'a pas besoin de m'écouter.
M. BELLEMARE: Non? Vous êtes parti pour dire, il
m'écoute...
M. LESAGE: Non, il n'a pas besoin de m'écouter...
M. BELLEMARE: ... puis vous avez reviré, vous avez dit: «
II n'a pas besoin ». Je vous ai vu partir.
M. LESAGE: Je n'ai pas besoin de lui dire quoi faire. Il est assez
intelligent.
M. BELLEMARE: Bon. Mais je dis que ces pouvoirs qui deviennent... c'est
l'autorité dans l'autorité, c'est l'Etat dans l'Etat...
M. LESAGE: Avec le lieutenant-gouverneur...
M. BELLEMARE: ... c'est le gérant, nommé depuis dix ans ou
cinq ans qui mène le maire puis qui mène les échevins.
C'est l'homme omnipotent. C'est l'homme qui, un jour, se croyant tout-puissant,
passe par-dessus un maire élu, passe par-dessus les autorités et
donne, de son chef, des ordres. Ah ça va bien!
M. LESAGE: Vous allez passer par-dessus l'heure, vous.
M. BELLEMARE: Ah! ça va bien, ça va bien, bien.
M. LESAGE: ... vous allez passer par-dessus l'heure, vous?
M. BELLEMARE: Si le premier ministre ne m'interrompt, là,
ça va bien aller.
M. LESAGE: Je n'interromps pas, mais vous passez par-dessus l'heure.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je dis donc que ces
pouvoirs de l'administrateur sont trop vastes, que je demande à
l'honorable ministre, avant d'accepter cet article, s'il n'y aurait pas
possibilité de laisser à la Régie le soin d'entendre tous
ces honorables messieurs qui voudront se prévaloir d'un permis de
brasseur, d'entrepôt, de fabricants de vins ou de cidre ou de
distillerie.
M. LE PRESIDENT: Trente et un, adopté? M. LESAGE:
Adopté.
M. BELLEMARE: Ah bien je n'ai pas de réponse...
M. LESAGE: Adopté. Je vous ai répondu.
M. BELLEMARE: Trente-deux. Cela, M. le Président, je trouve que
c'est bien l'article 99. Une minute...
M. LE PRESIDENT: Trente-deux, adopté.
M. BELLEMARE: ... une minute, j'ai le droit de dire pourquoi je le
trouve bien. C'est si peu souvent que je peux dire quelque chose qui va faire
plaisir au gouvernement. Je trouve qu'il est bien parce qu'on refait l'article,
puis il va être plus compréhensible. Je trouve qu'on le rend plus
clair. « Toute personne peut être requise de prouver qu'elle est
âgée au moins de 20nans ». C'est important, ça,
lorsqu'elle désire acheter des boissons alcooliques, pour être
admise dans une pièce où on vend des boissons. Et j'ajoute
à ça que la loi serait plus parfaite, si, à l'occasion de
l'émission de la carte d'assurance sociale, qui va devenir obligatoire,
si à l'occasion de l'émission de la carte d'assurance sociale,
prévue dans les bills que nous venons d'adopter, sur les rentes, sur le
Régime de rentes. S'il y avait dans cette carte qui nous a
été remise, l'âge du détenteur, la date de
naissance. Ici, vous avez une carte d'assurance sociale qui vient d'être
émise. Cette carte d'assurance sociale qui est aujourd'hui obligatoire,
que nous devons porter sur nous, qui est une carte qui nous donne notre
numéro d'assurance sociale, avec notre nom, à laquelle on a
ajouté un duplicata, il aurait été si facile, à ce
moment-la, d'inscrire la date de naissance de l'individu. Et, lorsqu'un jeune,
en vertu de l'article 32, serait entré dans un débit de boisson
et qu'on aurait douté de son âge, on aurait dit à cet
individu: « Monsieur, voulez-vous vous identifier? Avez-vous une preuve
comme quoi vous avez 21 ans? » II dirait: « Oui, monsieur. Voici ma
carte d'assurance sociale ». La date de naissance étant
marquée, et ne pouvant pas être changée, ceci aurait
été un bon moyen...
M. LESAGE: Attendez que je fasse ma déclaration sur les cartes
d'assurance sociale demain matin, et vous verrez...
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il va y avoir une date de naissance?
M. LESAGE: Pardon?
M. CREPEAU: Le permis de conduire!
M. LESAGE: Les cartes d'assurance-sociale ne porte qu'un numéro
et le nom.
M. BELLEMARE: Oui, et puis le sceau du Dominion.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Ce sont les armoiries de mon pays.
M. BELLEMARE: Du Canada.
M. LESAGE: Ce n'est pas un Dominion.
M. BELLEMARE: Non, mais du Canada.
M. LESAGE: Mais de mon pays.
M. BELLEMARE: Du Canada.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Bon, bien c'est ça que je dis.
M. LESAGE: Mais pas du Dominion.
M. BELLEMARE: Mais du Canada.
M. LESAGE: Cela n'existe pas, le Dominion.
M. BELLEMARE: Mais du Canada.
M. LESAGE: Les armoiries de mon pays.
M. BELLEMARE: Du Canada.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Ah, on dit la même chose.
M. LESAGE: Mais mon pays, moi, c'est le Canada.
M. BELLEMARE: Mais vous êtes instruit vous, c'est pas pareil!
M. LESAGE: Ah, allez donc.
M. BELLEMARE: Bon, pourquoi essayer de me prendre en défaut?
M. CREPEAU: Le député de Champlain... M. BELLEMARE: Alors,
M. le Président... M. CREPEAU: Le permis de conduire...
M. BELLEMARE: Demain, M. le Président, le premier ministre va
nous annoncer que sur sa carte d'assurance-sociale il a mis deux petites
îleurs de lys, de chaque côté...
M. LE PRESIDENT: En attendant...
M. BELLEMARE: ... le premier ministre va nous annoncer cela demain,
qu'on a ajouté deux petites îleurs de lys à travers les
armoiries de mon pays, le Canada. On va avoir deux petites îleurs de
lys.
M. LESAGE: Que cela soit dans le bill.
M. BELLEMARE; Non, non, mais c'est parce que...
UNE VOIX: Qui est-ce qui a dit cela?
M. BELLEMARE: C'est le premier ministre qui a dit cela, il y avait des
îleurs de lys sur la...
M. LESAGE: Je n'ai pas dit cela.
M. BELLEMARE: Non? Ah, j'ai cru comprendre cela. Alors, M. le
Président, je dis que, pour établir, on a rendu l'article...
M. LESAGE: Ecoutez, je n'ai pas parlé de îleurs de lys.
M. BELLEMARE: Ah, mais je sais bien que, demain matin...
M. LESAGE: Si vous êtes allé vous promener dans les
îleurs, c'est bien de vos affaires.
M. BELLEMARE: Demain, demain vous allez le dire comme cela. Demain vous
allez le dire parce qu'il va y en avoir une autre. On sait qu'il va y avoir une
autre carte, puis il va y a-voir des îleurs de lys.
M. LESAGE: Cela je l'ignore s'il y a des îleurs de lys.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je dis donc que l'article
32 est un article qui est refait pour le rendre plus clair, mais qui aura
encore énormément, oui, oui, qui aura énormément de
difficultés.
M. WAGNER: Si le député de Champlain le permet, je lui ai
fait tenir une copie d'un amendement...
M. BELLEMARE: Vous l'avez fait parvenir?
M. WAGNER: ... qui servira à clarifier l'article 32.
M. BELLEMARE: Je ne l'ai pas eu.
M. WAGNER: Je pense que vous l'avez sur votre bureau, là. Alors,
je suggère que l'article 32, qui devient maintenant l'article 33, parce
que nous avons ajouté un autre article, devrait se lire comme suit:
« L'article 99 de ladite loi est modifié: A, en remplaçant
dans les cinquième et sixième lignes du premier
alinéa...
M. BELLEMARE; Arrêtez donc là.
M. WAGNER: ... les mots « ou dans un restaurant » par les
mots « dans un restaurant, un bateau, un wagon de chemin de fer ou un
avion » et B, en remplaçant le deuxième alinéa par
le suivant: « Toute personne peut être requise de prouver qu'elle
est âgée d'au moins 20 ans lorsqu'elle désire acheter des
boissons alcooliques ou être admise dans une pièce où il se
vend des boissons alcooliques, sauf s'il s'agit d'une salle à manger,
d'un restaurant, d'un bateau, d'un wagon de chemin de fer ou d'un avion
».
M. RUSSELL: M. le Président, est-ce que le ministre ne pourrait
pas ajouter les salles de banquet, à l'occasion d'un banquet où
il y a un permis de vendre de la boisson.
M. LESAGE: C'est dans les permis spéciaux, ça.
M. RUSSELL: Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen de l'ajouter?
M. LESAGE: Ah, ce sont les permis spéciaux, c'est bien
ça.
M. RUSSELL: C'est un permis spécial, ça? M. LESAGE: Il n'y
a pas de difficulté. M. RUSSELL: ...
M. LESAGE: Bien ça, c'est pris à table. M. RUSSELL: A
l'occasion...
M. WAGNER: Cela devient une salle à manger.
M. LESAGE: Cela va de soi, ça, il n'y a pas de difficulté,
non, non. Mais lorsqu'il y a un banquet de 25ième, de 50ième
anniversaire de mariage, tous les enfants sont là, c 'est entendu qu'on
peut servir de la boisson.
M. RUSSELL: Mais souvent ce n'est pas nécessairement un banquet
où l'on se met à la table, c'est souvent une soirée au
cours de laquelle on fête quelqu'un...
M. LESAGE: Ah, bien, là!
M. RUSSELL: ... il n'y a pas de banquet, à cette
occasion-là, il y a des jeunes, on va obtenir un permis spécial,
puis on vend de la boisson.
M. LESAGE: Ah, oui, mais ça, qu'est-ce que vous voulez, je ne le
sais pas, ce sont des choses que j'ignore. J'ignore totalement de quel cas il
peut s'agir. J'ai été à des banquets de 50ième
anniversaire, des banquets de 25ième anniversaire...
M. COURCY: Un mariage, un enterrement de vie de garçon, par
exemple.
M. LESAGE: ... des endroits où l'on buvait seulement...
M. RUSSELL: Seulement à un enterrement de vie de garçon
par exemple, ça se fait fréquemment, ça se fait à
un 25iême anniversaire de mariage, ça se fait durant une
soirée, il n'y a pas de banquet...
M. COURCY: II n'y a pas de repas.
M. RUSSELL: ... il n'y a pas de repas et à ce moment-là on
a un permis. On va permettre la vente et il y a des jeunes qui vont aller
là, c'est bien normal qu'il y en ait, ce sont des enfants, soit de la
famille ou des amis...
M. COURCY: C'est un permis spécial, ça.
M. RUSSELL: ... et il n'y a aucune malice. Ils ne prennent pas de
boisson mais légalement, ils n'ont pas le droit d'être là
s'il se vend de la boisson. C'est simplement pour éviter des
problèmes, des troubles...
M. WAGNER: Oui, oui.
M. RUSSELL: ... et des difficultés à la police qui a
à interpréter la loi ou l'appliquer.
M. WAGNER: Je comprends.
M. LOUBIER: Est-ce que le procureur général, le ministre
de la Justice, a eu le temps de prendre une attitude au sujet de la proposition
que lui avait suggérée le chef de l'Opposition, à savoir
d'étudier la possibilité, pour les gens d'en bas de vingt ans, de
dix-huitans, de pouvoir jouir de privilèges qui sont accordés en
vertu de la loi?
M. WAGNER: Non, non, nous avons bien re- marqué que le chef de
l'Opposition ne s'était pas prononcé. C'était une
suggestion...
M. LOUBIER: Oui, oui.
M. WAGNER: ... à l'étude. Il avait émis
l'idée que la suggestion pouvait être
considérée...
M. LOUBIER: Par des sociologues.
M. WAGNER: ... par des sociologues et les autres personnes.
M. LESAGE: Nous avons considéré, et puis la réponse
est non.
M. LOUBIER: C'est non.
M. WAGNER: J'ai déjà donné la réponse.
M. LOUBIER: D'accord,
M. BELLEMARE: C'est commode d'avoir un assistant que vous n'êtes
pas obligé de payer.
M. LESAGE: Pardon.
M. BELLEMARE: Je dis que, pour l'honorable ministre de la Justice, c'est
commode d'avoir un assistant qu'il n'est pas obligé de payer.
M. LESAGE: Oui, mais nous l'avons considérée, la
question...
M. BELLEMARE: C'est comme dans une cause...
M. LESAGE: ... et nous en sommes venus à une conclusion
négative.
M. BELLEMARE: Laissez donc faire le ministre; il est compétent.
Si c'était le ministre de la Santé, je ne dirais rien...
M. LESAGE: Ah!
M. BELLEMARE: ... mais avec le ministre de la Justice, je suis
convaincu, je crois qu'il est capable...
M. LALONDE: Pourquoi ça? Vous n'aimez pas ça lorsque vous
vous sauvez des coups de marteau, vous?
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LALONDE: Vous êtes prêt à assommer les autres, par
exemple.
M. BELLEMARE: Non, je n'ai rien dit.
M. LESAGE: Laissez donc le ministre de la Santé tranquille, pour
l'amour du bon Dieu!
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président...
UNE VOIX: Adopté.
M. BELLEMARE: ... dans la Loi, on disait qu'il y avait une obligation de
loi, là il peut,
M. LE PRESIDENT: Article 33 adopté. 34?
M. BELLEMARE: Article 33, M. le Président, dans l'article
33...
M. LE PRESIDENT: Article 33 qui deviendra 34.
M. BELLEMARE: Bien oui, c'est d'accord, mais restons sur les articles
numérotés, là.
M. LESAGE: Bien, c'est le rapport.
M. BELLEMARE: C'est une concordance, non! C'est encore un nouvel article
ça. On défend formellement à un détenteur de permis
là de garder dans son établissement des bouteilles qui ne sont
pas étiquetées...
M. LESAGE: Bien...
M. BELLEMARE: ... non, non, non, c'est une concordance 33...
M. LESAGE: Une concordance. M. BELLEMARE: ... c'est 34... M. LE
PRESIDENT: Article 33.
M. BELLEMARE: ... 34, M. le Président, c'est que l'on
défend à un détenteur de garder dans son
établissement des bouteilles qui ne sont pas étiquetées.
Le danger, il vient, M. le Président, du cidre, c'est là qu'il y
a danger. Je pense, au moins, pour les premiers six mois, il va y avoir du
cidre qui ne sera peut-être étampé partout. Il ne faudrait
peut-être pas être trop, trop...
M. LESAGE: II va falloir commencer par le fabriquer, ce
cidre-là.
M. BELLEMARE: II y en a. Ah! le premier le sait qu'il y en a. Ah! il y
en a dans sa cave, il sait qu'il est bon.
M. LESAGE: Moi, non.
M. BELLEMARE: Du cidre, non?
M. LESAGE: Non, je n'en ai pas.
M. BELLEMARE: Eh!
M. COURCY: C'est illégal.
M. LESAGE: Non! Une fois en passant à Rougemont...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... chez quelqu'un, on m'avait offert du cidre qui
était délicieux...
M. BELLEMARE: C'était un vrai champagne.
UNE VOIX: La cave était là, M. LESAGE: Hein?
M. BELLEMARE: Le cidre de la province de Québec...
M. LESAGE: Non, non, mais je pense que le monsieur chez qui
j'étais avait une bonne cave.
M. BELLEMARE: Alors, j'ai dit au ministre qu'il faudrait
peut-être...
M. LOUBIER: Du cidre de Corneille.
M. BELLEMARE: ... Ça ne doit pas être difficile à le
porter!
M. RUSSELL: C'était en 1959, je pense.
M. BELLEMARE: On va y penser. Alors, sauf lorsqu'il s'agit des bons.
D'accord 34...
M. LE PRESIDENT: Article 34 adopté. 35.
M. BELLEMARE: Article 35, c'est une concordance avec l'article 9...
M. WAGNER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté, article 36.
M. BELLEMARE: Cela, c'est une correction que nous a dit le ministre de
la Famille, c'est une correction qui aurait du être faite l'année
passée, qui n'a pas été faite. Elle est
faite cette année et on est bienheureux. Article 102, alors, il
est question des salons. Adopté.
M. WAGNER: Ici également, si le député de Champlain
me permet, il faudrait amender enlever le terme « adjacente
»...
M. BELLEMARE: Oui, je trouvais ça aussi, parce que ça peut
être comme dans les piscines.
M. WAGNER: ... ça pourrait se lire sur le terrain de
l'hôtel ou du motel.
M. BELLEMARE: Sur les terrains... M. WAGNER: Sur le terrain.
M. BELLEMARE: ... « sur le terrain de l'hôtel...
M. RUSSELL: De l'hôtel ou du motel. »
M. BELLEMARE: ... ou du motel. Sur le terrain, très bien
de...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: ... l'hôtel ou du motel, très bien. Article
36, M. le Président, c'est une correction qui aurait du être fait
l'année passée ça hein, 102 en ce qui regarde le mot
« salon ».
M. WAGNER: Salon.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté. 37.
M. BELLEMARE: Article 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, cela c'est toute
de la concordance qui vient avec les changements qui ont été
apportés dans les articles 11, dans les articles 17, dans les articles
21, dans les articles 27, c'est la concordance qui arrive directement avec les
articles 40, 41, 42, 43, 44.
M. WAGNER: Le député de Chamblain a bien
étudié sa leçon.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: C'est ça, hein?
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Article 45, M. le Président, là c'est
l'article 123, on complète les pouvoirs de réglementation du
Lieutenant-gouverneur en conseil, surtout en ce qui concerne le cidre...
M. WAGNER: Exactement.
M. BELLEMARE: ... directement, cela n'était pas prévu,
ça.
Et puis à l'article 123a on donne maintenant aux inspecteurs et
aux enquêteurs de la Régie des pouvoirs qu'ils avaient quant au
site, les mêmes pouvoirs qu'ils ont pour faire les enquêtes
concernant toutes les boissons alcooliques. Article 46.
M. LE PRESIDENT: Article 45 adopté. Article 46.
M. BELLEMARE: Pas trop vite là. Pour dire comme le premier
ministre, j'ai de la misère à me suivre. Mais la meilleure du
premier ministre, c'est quand il a dit: « M. l'Orateur, je viens de
m'interrompre ». Celle-là, c'était la meilleure. Article
46, M. le Président. D'abord, dans l'article 46, M. le Président,
a) en insérant après le paragraphe 1 du premier alinéa;
« vend ou a en sa possession des bouteilles qui contiennent des boissons
alcooliques », ça c'est une concordance avec l'article que nous
avons étudié ce matin?
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: L'article b) lui, on le refait complètement parce
qu'on clarifie la disposition qui défend d'encaisser des chèques
de salaires, surtout dans les établissements sans permis. Cela, c'est
encore bien pire. Et puis aux chèques de salaire qu'il est
défendu d'encaisser, on ajoute maintenant parce qu'on avait toute
une catégorie de chèques qu'on n'avait pas le droit de changer
et puis là, depuis quelque temps, bien on ajoute les
chèques d'allocation familiale et puis surtout les chèques
d'assistance sociale. Le ministre de la Famille, c'est lui qui a dû
obtenir ça, c'est sûr et certain qu'il a dû plaider pour
ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Maintenant, M. le Président, on profite aussi de
l'occasion pour spécifier que quant à l'échange des
chèques... Cela, on est bien strict sur ça et puis je pense que
c'est une très bonne habitude...
M. WAGNER: C'est nécessaire.
M. BELLEMARE: ... que d'empêcher cette politique qui depuis
quelques années était en vogue dans certaines tavernes en
particulier d'échanger les chèques, de charger $0.20,$0.25 et
puis ça causait du préjudice aux familles. Cela, je suis
sûr que c'est le ministre de la Famille qui a obtenu ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 47.
M. BELLEMARE: Article 47, M. le Président, c'est l'article 126. A
l'article 126, a) et b), on prévoit par exemple les infractions à
un règlement de la Régie ou du lieutenant-gouverneur en conseil
concernant la fabrication et la vente. Ce n'était pas prévu pour
le cidre. C'est ça qui arrive et puis on enlève une peine
extraordinaire, l'emprisonnement pour toutes les offenses.
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: II n'y aura plus d'emprisonnement.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Et puis on va bien plus loin que ça, M. le
Président, on dit que ceux qui sont devant les cours, qui auraient pu
être condamnés, bien ils vont sortir, il n'y en aura plus. Ils
n'auront pas besoin de scier les barreaux. Cela, je pense que ça va
loin. Mais...
M. LACROIX: Rivard n'aura pas besoin d'arroser.
M. BELLEMARE: Non, non, il ne joue plus au hockey, non plus. Il a une
autre sorte de jeu, le domino. On substitue une amende de $500 à $1,000
pour la deuxième infraction et puis de $1,000 à $2,000 pour les
infractions subséquentes. Maintenant, M. le Président, je
voudrais bien demander au ministre de la Justice les infractions pour
lesquelles on enlève la prison. C'est pour ceux qui vendent en bas de 20
ans, ceux à qui on vend de la boisson en bas de 20 ans, ça c'est
sûr. Et puis aussi dans les causes en instance.
M. WAGNER: Ce sont les infractions prévues à l'article
126...
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. WAGNER: ... du texte actuel.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: On a suspendu les jugements depuis quand? Est-ce qu'on parle
de la prison, là?
M. WAGNER: Oui.
M. JOHNSON: On se souvient qu'à la dernière session, le
député de Beauce avait apporté dans le débat sur
les crédits du procureur général un dossier
extrêmement éloquent pour établir que cette loi
n'était pas observée, cette prescription de la loi n'était
pas observée par les juges, sans évidemment mentionner que bien
des avocats passaient les procédures en douce et le juge ne s'apercevait
pas tout le temps qu'il s'agissait d'une deuxième offense. Le
député de Beauce a même prouvé que, dans certains
cas, les instructions avaient été données
spécifiquement, les plaintes mentionnaient en détail les offenses
antérieures. En somme, il a démontré que la loi
était ouvertement violée ou inobservée, pour être
plus exact, par la magistrature.
Depuis ce temps-là, il s'est trouvé plusieurs causes de
deuxième offense ou de troisième qui justifaient ou qui auraient
justifié à plus forte raison le juge de condamner le contrevenant
à la prison. Il y a combien de jugements de cette nature dont
l'exécution a été suspendue?
M. WAGNER: On m'informe qu'environ 70 de ces causes ont
été suspendues.
M. ALLARD: Le ministre de la Justice peut-il me dire si, à ce
moment-là, il tient compte de toutes les causes de la province ou de
certains districts? Parce que mes informations sont à l'effet que pour
le seul district de Beauce il y aurait 20 à 25 causes en suspens et je
suis informé qu'à Québec il y en aurait au-delà
d'une centaine pour la ville et le district de Québec.
M. WAGNER: Je n'ai pas le détail pour le district de Beauce, mais
on m'assure que le nombre est d'environ 70 pour la province
M. ALLARD: Pour la province.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 48.
M. JOHNSON: Non, non. Alors ces jugements n'ont pas été
exécutés ou bien donc si les jugements ont tout simplement
été pris, n'ont pas été rendus, les causes prises
en délibéré seulement?
M. WAGNER: Il semble que les jugements n'ont pas été
exécutés.
M. JOHNSON: Même si les juges avaient condamné à la
prison certains contrevenants?
M. WAGNER: C'est-à-dire que ces jugements-là où les
causes sont en suspens.
M. JOHNSON: Ah bon. Les causes sont en suspens.
M. WAGNER: Oui.
M. JOHNSON: Les jugements ne sont pas rendus?
M. WAGNER: Non.
M. JOHNSON: Ou les sentences ne sont pas...
M. WAGNER: C'est ça.
M. JOHNSON: ... rendues, si on veut être très exact.
M. WAGNER: Je m'excuse, je me suis mal exprimé tout à
l'heure.
M. JOHNSON: Vous savez de la part d'un ex-juge, je m'attends à
beaucoup plus de précisions que du député de
Duplessis.
M. WAGNER: Je puis vous donner des précisions dans les causes
où j'ai siégé, mais pas dans les causes de la
Régie.
M. JOHNSON: Non, non, mais il s'agit bien de jugements rendus, mais de
sentences... jugements de culpabilité, mais de sentences non
imposées encore ou de sentences suspendues, ou de pardons
accordés par le ministère. Comment a-t-on traité ces
causes-là?
M. WAGNER: II n'est pas question de pardon, ce sont des causes en
suspens où les jugements n'ont pas été rendus encore.
M. JOHNSON: Bon. Et ç'a été fait en vue d'un
amendement à la Loi des liqueurs qui n'obligerait plus le juge a
condamner le contrevenant à la prison? C'est ça exactement?
M. WAGNER: Cela a été fait sur les représentations
des parties devant le juge.
M. JOHNSON: Le procureur général, main- tenant ministre de
la Justice, a-t-il autorisé ses représentants, ceux qu'on appelle
les substituts, à accepter les remises de mois en mois depuis un an?
M. WAGNER: Je ne me souviens pas d'avoir donné des autorisations
à cet effet-là, d'avoir donné des directives à cet
effet-là. On me laisse savoir que les causes en suspens sont des causes
qui ont été initiées avant que j'arrive aux fonctions que
j'occupe.
M. JOHNSON: Mais le ministre de la Justice, alors qu'il était
procureur général ou depuis qu'il a accédé à
ce haut poste de ministre de la Justice, a-t-il en aucun temps
déclaré à ses officiers qu'il avait l'intention d'amender
la loi de façon à faire disparaître la prison?
M. WAGNER: Je l'ai déclaré non seulement à mes
officiers, mais je l'ai déclaré publiquement en plusieurs
occasions...
M. JOHNSON: A quelle date?
M. WAGNER: ... disant que je trouvais que cet emprisonnement que l'on
prévoyait à l'article était injuste et qu'il devait
disparaître. C'est pour ça que nous avons un amendement
aujourd'hui que nous présentons à la Législature.
M. JOHNSON: Et c'est depuis cette déclaration, on a lieu de le
présumer, que les juges ont accepté plus facilement d'accorder
des remises, en appliquant avec humanité la loi. M. le Président,
cet incident...
M. WAGNER: II faudrait souligner au chef de l'Opposition que ces
remises-là ont été demandées par les procureurs de
la défense.
M. ALLARD: De?
M. WAGNER: Par les procureurs de la défense, les procureurs des
accusés.
M. JOHNSON: Mais les procureurs de la Couronne ne s'y objectaient pas
avec véhémence.
M. WAGNER: Les procureurs de la Couronne se soumettent aux
décisions des juges.
M. JOHNSON: Avaient-ils instruction d'accélérer les
causes, d'insister pour que les causes passent?
M. WAGNER: Il n'y a pas eu d'acharnement particulier en ce qui concerne
ces offenses-là.
M. JOHNSON: Vous voyez là un cas extrêmement clair
où le ministre de la Justice a été obligé de
ramollir. Disons, il s'est rendu compte qu'on ne pouvait pas appliquer la loi
ou qu'on ne devait pas l'appliquer. Et, en vue d'un amendement qu'il avait
l'intention de proposer, ses avocats de la Couronne, n'ont, dans plusieurs
causes, fait aucune objection remise et le député de Beauce me
fait part que dans le district qu'il connaît particulièrement
bien, c'était devenu automatique, de mois en mois, de remettre les
causes sans aucune objection de la part des représentants du ministre de
la Justice. En somme, on a fait la tolérance indirecte, si l'on veut,
depuis un an.
M. WAGNER: Si vous voulez vous en prendre aux jugements des juges, vous
pouvez bien le faire.
M. JOHNSON: Je vais poser une question au ministre de la Justice. S'il
avait été là, lui, sur le Banc, qu'est-ce qu'il aurait
fait le ministre de la Justice?
M. WAGNER: Je me garde bien de répondre aux questions
hypothétiques.
M. JOHNSON: Ah! oui. La prudence commande que le ministre ne
réponde pas à cette question. Le ministre approuve-t-il la
conduite des juges qui ont agi ainsi?
M. WAGNER: Je n'ai pas ni le mandat, ni l'autorité pour critiquer
les juges ou porter jugement sur eux.
M. JOHNSON: C'est une absolution générale, en somme.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition n'a pas le droit de dire que le
ministre de la Justice vient de donner une» absolution
générale. Il a dit qu'il n'avait pas d'autorité sur les
juges quant à leur décision, et il a raison. Il est des
procureurs-généraux, des ministres de la Justice et des premiers
ministres qui ne téléphonent jamais aux juges.
M. ALLARD: Non, mais...
M. JOHNSON: Mais Ils font une déclaration disant: « On va
amender la loi. » Et pendant ce temps-là, laissent leurs
procureurs, leurs représentants, jouer le jeu. On rend la loi, à
toutes fins pratiques, rétroactive. C'est ça.
M. LESAGE: C'est marqué. C'est dit.
M. JOHNSON: D'abord, en soi, la rétroactivité, ça
été souvent condamné souvent dans cette Chambre par
l'Opposition du temps. Mais il arrive des cas où il faille accorder la
rétroactivité. On sait que la loi générale, c'est
qu'une personne qui commet un acte est passible des peines prévues dans
la loi au moment où son acte a été posé. En
conséquence, normalement, ceux qui ont enfreint la loi et qui se
trouvaient dans les conditions d'être condamnés
nécessairement à la prison, auraient dû, à moins de
cet amendement, et le seraient, à moins que l'amendement ne soit
rétroactif, condamnés à la prison. Il arrive des cas
où c'est nécessaire de le faire, comme il peut arriver des cas
où on ne devrait pas, après qu'une offense a été
commise, ajouter des peines, ajouter des sanctions, soit dans la loi
elle-même, soit par le jeu d'une autre loi, peines et sanctions qui ont
un effet rétroactif, en ce sens qu'au moment où l'acte a
été posé, que ce soit une offense réelle ou une
offense technique, les conséquences étaient
déterminées. Et je trouve qu'il serait mauvais, qu'il est mauvais
de passer des lois qui imposent des peines additionnelles, pour des actes
posés avant la passation de ces lois, actes qui devraient rendre le
contrevenant passible, tout simplement, de la peine prévue au moment de
la commission de l'acte.
Et je pense que le ministre comprend mon raisonnement, et je pense que
le premier ministre me comprend aussi; comme on peut être injuste en
n'accordant pas, dans certains cas, la rétroactivité, on peut
être infiniment plus injuste en ajoutant par une autre loi une peine
additionnelle à celle qui est prévue dans une loi pour la
commission d'un acte et qui rend le contrevenant évidemment susceptible
de cette peine et non pas de celle qui pourrait être ajoutée. M.
le Président, je voulais tout simplement faire cette constatation, et je
sais que le ministre doit lui aussi avoir certains principes qui le guide dans
la législation et j'aimerais bien avoir son opinion sur ce sujet.
M. WAGNER: Très bien, adopté. M. LESAGE:
Adopté.
M. ALLARD: Une minute, une minute, j'ai une question, qu'il
réponde.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 47 adopté.
M. ALLARD: Est-ce que le ministre de la Justice est en mesure de
répondre?
M. LESAGE: Adopté.
M. WAGNER; Oui, j'ai dit ce que j'avais à dire.
M. LE PRESIDENT: Article 47.
M. ALLARD: Adopté, on n'a pas accepté.
M. LESAGE: Menacez-moi pas.
M. ALLARD: Une minute. M. le Président, demandez donc au premier
ministre d'attendre...
M. LESAGE: Menacez-moi pas.
M. ALLARD: Non, non, on ne fait pas de menace.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. ALLARD: Ce n'est pas le fait que vous ayez dit: adopté,
qu'automatiquement c'est fini, c'est le président qui doit
régler, pas le premier ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
n'ai jamais prétendu que le fait que j'aie dit; adopté, que
ça voulait dire que c'était adopté. Tout ce que j'ai fait,
j'ai dit que ça ne m'impressionnait pas de voir le député
de Beauce me faire des menaces du doigt.
M. ALLARD: Bien le premier ministre a dit « adopté »,
puis il s'est imaginé que c'était adopté.
M. LESAGE: J'ai précisé hier la façon de
procéder.
M. JOHNSON; M. le Président, le règlement vous impose
formellement...
M. LESAGE: On dit; adopté et quelqu'un dit « non »,
et c'est réglé ce n'est pas adopté.
M. JOHNSON: ... de dire les mots suivants « cet article
adopté ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: On a réglé tout ça en votre absence.
M. JOHNSON: Vous n'avez, oui j'ai vu ça, M. le Président,
que le premier ministre avait même manqué à sa parole au
sujet du budget supplémentaire.
M. LESAGE: Non, non, j'ai... Non, j'ai demandé la permission
à la Chambre à deux heures et demie.
M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: A deux heures et demie, cet après-midi.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: J'ai demandé, j'ai dit que...
M. JOHNSON: Je vais lire ça, moi.
M. LESAGE: ... j'ai dit, à deux heures et demie cet
après-midi, avant que nous entreprenions l'étude en
comité, j'ai déclaré qu'après la troisième
lecture, c'est-à-dire l'étude en troisième lecture du bill
de la fonction publique, j'ai dit quel'ordre était changé, et
qu'immédiatement après la troisième lecture nous
entreprendrions l'étude des crédits et on a souligné que
peut-être vous auriez des questions à poser et alors j'ai
accepté de répondre demain aux ordres du jour aux questions
supplémentaires que pourrait avoir le chef de l'Opposition, à
toutes les questions concernant le budget, et j'ai gardé le budget sur
mon pupitre dans mon petit bureau pour l'apporter demain matin ici pour
être en mesure de répondre aux questions du chef de
l'Opposition.
M. LAPORTE: Le Conseil législatif le voulait comme ça, le
bill.
M. BELLEMARE: Ah! ils n'ont pas d'affaires à ça «
pantoute ».
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! messieurs. Article 49.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre va-t-il
prétendre que le seul droit que j'avais au moment de la
présentation du budget supplémentaire c'était de poser des
questions?
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas moi qui ai soulevé ça,
ce sont les députés de l'Opposition qui ont dit que le chef de
l'Opposition aurait peut-être des questions à poser, alors j'ai
dit: très bien il me les posera.
M. BELLEMARE: Ah! j'ai pas dit peut-être...
M. JOHNSON: En vertu du règlement, au moment où le premier
ministre apporte le budget supplémentaire, j'ai...
M. LALONDE: Bien, vous êtes arrivé, puis on vous
entend.
M. JOHNSON: ... aussi d'autres droits, comme tous les
députés de cette Chambre, entre autres celui de faire une
motion...
M. LESAGE: Ils existaient ces droits-là, cet
après-midi.
M. JOHNSON: ... de non confiance.
M. LESAGE: Oui, mais ils existaient, cet après-midi, ces
droits-là.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre avait
donné sa parole en Chambre...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: ... que le budget supplémentaire...
M. LESAGE: Je n'avais pas donné ma parole. M. JOHNSON: ...
viendrait vendredi...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, nous sommes en comité.
M. JOHNSON: ... vendredi, il a profité de mon absence...
UNE VOIX: Ce n'est pas flatteur pour celui qui vous a
remplacé.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que le chef de l'Opposition pourra
se réserver cette partie-là pour demain matin quand on sera aux
ordres du jour, nous sommes actuellement à l'article 48 du bill
85...
M. LAPORTE: Mais, quand vous n'êtes pas là, vous êtes
représenté...
M. LE PRESIDENT: ... et j'ai demandé...
M. LAPORTE; Vous ne devriez pas comme ça décrier la
qualité de celui qui vous remplaçait de façon à
ce...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. A l'ordre, j'ai demandé si
l'article 48 était adopté? Article 48 est-il adopté?
M. JOHNSON: M. le Président, c'est une vieille tactique...
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 49. M. BERTRAND: Diviser pour
régner.
M. JOHNSON: ... la tentative dediviserpour régner...
M. JOHNSON: II y a quatre ans que j'essaie ça moi, entre le
ministre des Richesses naturelles et le premier ministre, et je n'ai pas encore
réussi.
M. LESAGE: Et ça ne marche pas! Cela ne marche pas
ensemble...
UNE VOIX: Cela ne marche pas!
M. JOHNSON: Mais ç'a l'air que ça s'améliore, mon
plan. Avec la déclaration du ministre, hier soir...
M. LESAGE: C'est le contraire!
M. JOHNSON: ... qui demande à la CSN de lui aider à
pousser sur le gouvernement. Je pense que mon plan de division au Cabinet
commence à réussir.
M. LESAGE: Je n'ai rien à vous dire!
M. LAPORTE; Bercez-vous d'illusions et puis amorcez des
élections!
M. JOHNSON: Ah, ça s'en vient!
M. LE PRESIDENT: Alors, l'article 47, adopté?
M. LALONDE: Un bon rêve.
M. JOHNSON: M. le Président, vous devez demander à chaque
article: « Cet article est-il... »
M. LE PRESIDENT: Je demande si l'article 47 est adopté.
M. JOHNSON: Non, M. le Président. M. LE PRESIDENT: Bon, allez-y.
M. LESAGE: D'accord, allez-y.
M. JOHNSON: Parce que le ministre de la Justice n'a pas répondu
à ma question, qui était un peu longue.
M. LESAGE: Oui, pas mal.
M. JOHNSON: Mais il y a des précédents aux longues
questions. Et on pourra relire les questions du député de
Chambly. M. le Président, le ministre croit-il que cette
Législature a le droit de rendre cette disposition
rétroactive?
M. WAGNER: Oui, je le crois.
M. JOHNSON: En vertu de quel principe constitutionnel ou de quel
principe de droit? Alors qu'il y aura un moyen pour le ministre de la Justice
d'obvier aux inconvénients que pourrait créer l'application de la
loi dans l'Etat, c'est-à-dire au moment où la loi a
été violée, et au moment où le jugement aurait
dû être rendu, le ministre aurait pu accorder des pardons. Mais en
vertu de quel principe peut-il rendre rétroactive cette disposition
qu'il nous demande de voter àl'article47?
M. WAGNER: En vertu de quel principe ne le pourrions-nous pas?
M. JOHNSON: Pardon?
M. WAGNER; En vertu de quel principe ne pourrions-nous pas le rendre
rétroactif?
M. JOHNSON: M. le Président, je me servirai de cet argument
fulgurant...
M. WAGNER: Non, mais je m'en reporte à l'expérience du
chef de l'Opposition. Il a eu, dans le passé, l'occasion...
M. JOHNSON: ... que je retournerai au ministre de...
M. WAGNER: ... de passer des lois rétroactives.
M. JOHNSON: Pas souvent! Pas souvent! M. WAGNER: Pas souvent,
mais...!
M. JOHNSON: Mais cela a été tellement critiqué,
c'était mauvais, c'était désastreux.
M. WAGNER: II y a eu des cas pas mal célèbres.
M. ALLARD: Bien oui, mais c'était mauvais! M. JOHNSON: Lequel,
entre autres?
M. WAGNER: On a mentionné le cas de M. Picard?
M. ALLARD: Bien oui, mais pourquoi répéter un geste qui
était mauvais?
M. LAPORTE: Je me souviens qu'on avait dit...
M. ALLARD: Le passé est le passé. Là, c'est du
présent qu'on parle!
M. LAPORTE: Je me souviens qu'on avait dit que l'université de
Sherbrooke fêtait son centenaire. Elle était fondée depuis
deux ans. Alors, on a dit oui......une loi rétroactive.
M. JOHNSON: M. le Président, à voir la façon dont
se comporte le ministre des Affaires municipales, il veut se prendre
rétroactivement pour le chef du parti. Qu'il attende donc que le chef
actuel s'en aille à Ottawa.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! A l'ordre! L'article 47 est-il
adopté?
M. LESAGE: Encore des illusions! Mais comment est-ce que ça se
fait que le chef de l'Opposition ait été si peu de temps à
Couchi-ching?
M. JOHNSON: C'est parce que j'avais hâte de revenir voir le
premier ministre!
M. LESAGE: Ah! je pensais qu'il avait été prêcher le
séparatisme et puis que ça n'a pas marché.
M. JOHNSON: Non, mais plusieurs Anglo-canadiens ont bien aimé
est-ce que je dois dire ça au premier ministre publiquement?
son discours où il a dit qu'il écraserait les
séparatistes avec un geste, M. le Président...
M. LESAGE: Aux élections, oui! Aux élections!
M. JOHNSON: Ah! non, mais le geste était de même...
physiquement là...
M. LESAGE: Bien, voyons donc!
M. PINARD: Avez-vous pensé que vous vous feriez écraser
à la même occasion?
M. JOHNSON: Les gens disent; « C'est... » M. LESAGE: Vous
savez bien que c'est la
même chose qui va vous arriver aux prochaines
élections!
M. JOHNSON: M. le Président, du moment que ce sera en haut de la
ceinture et non pas avec des faux certificats, je ne me plaindrai pas!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! Est-ce qu'on peut revenir
à la loi?
M. LESAGE: Applati! Applati du haut en bas!
M. JOHNSON: M. le Président, le reste du Canada dit; «
Enfin, on a un « strong man » qui va mettre ces nationalistes, ces
extrémistes et ces séparatistes à la raison, car c'est
tout mêlé ça. Du moment qu'on a l'air d'être un peu
indépendantiste, là, on est des extrémistes...
M. LESAGE: Non, j'ai dit... je m'excuse,...
M. LAPORTE: On ne vous attendait pas avant onze heures!
M. JOHNSON: Mon arrivée est rétroactive!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs! L'article 55 est-il
adopté?
M. JOHNSON: Non.
M. LE PRESIDENT: C'est le dernier.
M. JOHNSON: Je voudrais comprendre pourquoi le ministre a
décidé d'absoudre...
UNE VOIX: Je m'imaginais qu'il avait... premier ministre...
M. JOHNSON: ... rétroactivement toute une catégorie de
gens. M. le Président, nous avons été critiqué
quand il s'agissait d'une loi rétroactive concernant une seule personne.
Et là ça concerne des centaines...
M. LE PRESIDENT: 70.
M. JOHNSON: ... ou au moins des dizaines de personnes. Pendant que la
loi était en vigueur, le ministre de la Justice chargé de la
faire appliquer, ne l'a pas fait appliquer.
Il a toléré que ses représentants n'insistent pas
pour que les causes soient entendues, ou si les juges étaient trop
occupés il n'a pas pris les mesures nécessaires pour faire des
nominations en assez grand nombre afin que toutes les causes soient entendues
dans un délai raisonnable. En somme, il a été complice de
ces retards, il a été un complice conscient, un complice qui n'a
aucune excuse à cause de son expérience d'ancien juge, d'ancien
avocat de la Couronne. Il l'a fait, M. le Président, je veux bien le
croire, pour des bons motifs, mais c'est arrivé à d'autres de le
faire pour des bons motifs.
Mais ce qu'il y a de plus mauvais le ministre en conviendra avec
moi c'est de rendre une sentence rétroactive et cette
année, par exemple, passer une loi qui rend plus lourd le fardeau de la
peine qu'on impose pour un acte, une offense technique commise au moment
où cette peine n'était pas prévue. M. le Président,
j'aimerais que le ministre de la Justice soit imbu de ce principe et nous aide
en temps et lieu, s'il y a lieu, à ce que la justice soit humaine,
c'est-à-dire qu'elle ne se serve pas, que le gouvernement ne se serve
pas de la rétroactivité pour alourdir des peines, lui qui se sert
de la rétroactivité pour alléger certaines peines.
Quant au fond, M. le Président, je suis porté à
coopérer, à comprendre pourquoi le gouvernement le fait,
même si ça contredit toute la campagne du député de
Richmond qui, pendant des années, s'est fait dans toute la province,
à la radio, à la télévison, sur les tribunes, dans
des congrès de Lacordaires, le proposeur du changement de la loi afin
qu'il y ait une prévision imposant automatiquement la prison à
celui qui devient un récidiviste. Et aujourd'hui, on change la loi et le
ministre de la Famille, lui, dit: « Je vote pour le ministre...
M. LALONDE: ... Ne soyez donc pas jaloux, voyons donc!
M. JOHNSON: ... j'ai confiance au ministre de la Justice. » M. le
Président, je ne comprends rien.
UNE VOIX: Ce n'est pas nouveau.
M. JOHNSON: Je ne comprends rien à cette attitude du ministre de
la Famille qui a décerné un certificat à son
collègue, le ministre de la Justice, même si le ministre de la
Justice, par l'amendement qu'il nous demande de passer, contredit toute la
carrière antialcoolique du ministre de la Famille. M. le
Président, c'est du « masochisme » que de remercier celui
qui vient de nous saborder. Je ne comprends pas du tout le député
de Richmond et je lui fournis une occasion d'expliquer publiquement, M. le
Président, comment il peut se réjouir que le député
de Verdun lui ait ainsi coupé le sifîlet, comme on dit dans le
comté de Richmond, com-
ment il peut remercier son bourreau qui vient évidemment de
saborder toute la carrière politique du député de
Richmond.
M. LE PRESIDENT: Article 47, adopté?
M. JOHNSON: Non, M. le Président. Il y a quelques dispositions.
Le ministre de la Justice, s'il avait été avocat de la Couronne,
croyez-vous, M. le Président, qu'il aurait été complice
pour la remise des causes en vue d'un amendement éventuel?
UNE VOIX: Au feuilleton.
M. JOHNSON: Quand il était juge, M. le Président,
aurait-il laissé faire de telles manigances devant lui? Et le
voilà, rendu ministre de la Justice, et il permet ça.
UNE VOIX: Ah! Ah!
M. BERTRAND: II ne l'aurait pas toléré.
UNE VOIX: C'est effrayant.
UNE VOIX: La politique adoucit.
UNE VOIX: Adopté.
M. BERTRAND: On ne l'a pas toléré.
UNE VOIX: C'est effrayant.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de la Justice, qui
était autrefois en chaire, est descendu au confessionnal.
M. WAGNER: Il est encore en chair.
M. JOHNSON: Il s'humanise et commence à comprendre que les
humains, ce sont des humains et tant qu'il y aura des hommes, il y aura de
« l'hommerie », comme disait dans sa grande sagesse l'ancien
titulaire de ce poste, M. le Président.
Je voudrais faire quelques remarques tantôt, en troisième
lecture. Je ne voudrais pas être accusé de retarder la fin de la
session, je trouve qu'on a fait beaucoup de progrès aujourd'hui, M. le
Président...
UNE VOIX: Cela va bien quand vous n'y êtes pas.
M. JOHNSON: Je ne voudrais pas être complice que des montants
fantastiques soient adoptés comme ceux d'hier, comme ceux du budget
supplémentaire, sans...
M. LESAGE: 9... M. JOHNSON: ... question. M. LAPORTE: Complicel M.
LESAGE: Sans question? M. JOHNSON: Sans question.
M. LESAGE: Oh non. Le $6 millions pour les cultivateurs, nous l'avons
longuement discuté...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a pour Ba-got?
M. LE PRESIDENT: L'article 47 est-il adopté?
M. JOHNSON: Il est peut-être meilleur que je croyais.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. L'article 47 est
adopté.
M. LESAGE: Je peux répondre oui tout de suite.
M. LE PRESIDENT: L'article 48 est-il adopté? Article 48.
M. BELLEMARE: M. le Président, je reviens à mes chaudrons,
comme Machiavel? et je dis que l'article 48, lorsqu'on l'examine, c'est une
concordance...
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BELLEMARE: A l'article 49, par exemple, mon collègue a
certainement une bonne observation à faire à l'honorable
ministre.
M. LE PRESIDENT: Allez-y.
M. BELLEMARE: A l'article 49, M. le Président, il y a un danger,
je l'ai dit au début de la loi, que là on récupère
dans toutes les propriétés privées, chez tous les
cultivateurs, tout le cidre qui existe déjà. On dit: «
saisir, sans mandat, tout cidre fabriqué contrairement aux
règlements adoptés en vertu de 123. » Cela va loin, M. le
Président et c'est discrétionnaire: « saisir sans mandat
tout le cidre ». Si un cultivateur qui a dans sa cave un peu de cette
liqueur qu'il a fabriquée pendant des années pour sa famille, il
n'en a jamais vendu, mais pour sa famille, on va aller là sans mandat,
et puis on va faire une razzia, on va saisir tout son bien
parce qu'il n'est pas... c'est l'article de la loi, M. le
Président.
M. WAGNER: Oui. Juste son cidre.
M. BELLEMARE: Comment?
M. WAGNER: Juste son cidre.
M. BELLEMARE: Je ne comprends pas.
M. WAGNER: Seulement son cidre.
M. BELLEMARE: Seulement que son cidre, après oui. Mais
écoutez, M. le Président, je voudrais avoir une
déclaration de l'honorable ministre de la Justice comme quoi il n'y aura
pas de discrimination en partant.
M. WAGNER: Il n'y en aura pas, ça c'est sûr. M. BELLEMARE:
Il n'y en aura pas? M. WAGNER: Non.
M. BELLEMARE: Parce qu'il ne faut pas léser, surtout là,
sans mandat...
M. WAGNER: Non, non.
M. BELLEMARE: ... on va rentrer chez les propriétaires, chez les
cultivateurs.
UNE VOIX: Article 50?
M. LE PRESIDENT: Alors, article 50. Est-ce qu'il y a des remarques
à 50?
M. BELLEMARE: Oui, 50, M. le Président. Là j'ai...
à 50 on vient de faire une trouvaille, on a dit dans l'ancien texte
là, l'article 159 disait: « vendue ». Mais là, on dit
maintenant: posséder de la mauvaise boisson ou en transporter. A
ça, M. le Président, on ajoute comme cas particulier: l'amende ou
la prison doit être doublée. Est-ce que c'est ça? Est-ce
que je me trompe ou bien si c'est bien ça, l'article?
M. WAGNER: C'est pour que la pénalité soit la même
pour ceux qui vendent et pour ceux qui transportent. Il y avait une distinction
auparavant.
M. BELLEMARE: Oui, il y avait ceux qui vendaient et ceux qui
possédaient...
M. WAGNER: Oui.
M. BELLEMARE: Cela ce n'était pas compris dans la loi.
M. WAGNER: C'est ça, exactement.
M. BELLEMARE: Ceux qui transportaient, ce n'était pas
compris...
M. WAGNER: Non, c'est pourquoi on dit...
M. BELLEMARE: Et là on dit qu'il y a une double punition, une
double amende.
M. WAGNER: Oui, double amende.
M. BELLEMARE: Double amende et double prison. C'est ça? Si j'ai
bien compris la loi, c'est ça, hein?
M. WAGNER: C'est ça, oui.
M. BELLEMARE: Double amende, double prison. Pour ces deux cas-là,
transporter et puis posséder.
M. WAGNER: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: L'article 51, M. le Président, concordance, je
pense qu'il n'y a rien de spécial...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: ... si mes collègues n'en ont pas.
M. LE PRESIDENT: Article 52.
M. BELLEMARE: L'article 52, c'est l'Exposition..
M. WAGNER: L'Exposition.
M. BELLEMARE: C'est l'Exposition internationale...
M. CREPEAU: Etes-vous pour ça, vous?
M. BELLEMARE: Si.je suis pour l'Exposition...
UNE VOIX: Oui, pour l'Exposition.
M. LE PRESIDENT: Article 53?
M. BELLEMARE: Cela, M. le Président,
c'est un article qui est comme l'article corollaire à l'article
47 qu'on a voté tout à l'heure, ça?
M. WAGNER: Oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: ... même les personnes dont les causes sont
actuellement pendantes bénéficieront, elles aussi, vont
bénéficier de l'exemption de la prison?
M. WAGNER: En somme c'est pour unejus-tice
élémentaire.
M. BELLEMARE: Je ne veux pas entrer dans le débat qui a lieu tout
à l'heure,...
M. WAGNER: ... vraiment?
M. BELLEMARE: ... je ne suis pas un légiste, je suis un «
breakman ». La ligne droite.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: ... mais il y a une chose...
M. WAGNER; ... un homme de bon sens. M. BELLEMARE: Cinquante... Pardon?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Je vous garantis qu'il faut être bon «
breakman » des fois, pour être... malgré qu'on est de bons
« breakmen »...
M. LE PRESIDENT: 54.
M. BELLEMARE: S'il vous plaît, M. le Président, je
regrette, juste un instant. 54, c'est la même chose que l'article 26?
M. WAGNER: ... C'est ça.
M. LE PRESIDENT: ... est-ce qu'on revient à l'article 16?
M. BELLEMARE: ... mais c'est. Un instant. Je voudrais bien que
l'honorable ministre me répète que c'est cet article 54 qui,
actuellement est ici là, comme à présent, a effet depuis
le 13 avril 1960.
M. WAGNER: Avril 1960.
M. BELLEMARE: ... que cet article a un effet rétroactif seulement
pour ce qui n'était pas considéré comme
légal...
M. WAGNER: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... mais que ça n'a pas de
rétroactivité quant à l'exigence des droits qui pourraient
être perçus à cause de l'application de la loi.
M. WAGNER: C'est sûr...
M. BELLEMARE: ... il n'y aura pas une deuxième perception?
M. WAGNER: ... C'est sûr...
M. BELLEMARE: ... ni un rajustement pour aller chercher la
différence?
M. WAGNER; ... non, non, ça c'était avant...
M. BELLEMARE: ... même si elle est rétroactive au 13 avril
1960?
M. WAGNER: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. WAGNER: ... Alors on revient au...
M. BELLEMARE: M. le Président, il y avait à l'article
25...
M. LE PRESIDENT: 17.
M. BELLEMARE: Article 17...
M. WAGNER: Oui...
M. BELLEMARE: ... je comprends qu'avec l'amendement qui est
apporté, la loi est modifiée pour ajouter à la ligne du
premier aliéna, pour faire la concordance avec les heures d'ouverture et
de fermeture, apporté à l'article 33...
M. WAGNER: ... mais il y a plus. L'article 25 est modifié dans la
troisième ligne du premier aliéna. Après le mot «
vente »...
M. BELLEMARE: Service.
M. WAGNER: ... on ajoute les mots, « ou le service. »
M. LE PRESIDENT: D'accord? Adopté. Alors, tous les articles 7 et
suivants changent de numéros. En plus le nouvel article 54, l'an-
cien 53, il faudra lire l'article 48 au lieu de 47. D'accord? On va
référer à l'article 48 de la présente loi et
à l'article 54 qui devient 55, on devra dire l'article 27 au lieu de 26
de la présente loi.
M. WAGNER: C'est ça. M. LE PRESIDENT: Cela va? M. WAGNER:
Très bien. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. HYDE: M. Wagner propose que les amendements soient maintenant lus et
agrées. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Troisième lecture.
M. BELLEMARE: Non, demain. Demain, demain. Non, non, demain. Je dis que
je pense...
M. LESAGE: ... je dis que je pense...
M. BELLEMARE: ... je dis que jepense que demain. On a fait
énormément de travail aujourd'hui...
M. LESAGE: mais oui...
M. BELLEMARE: ... on a quelques amendements demain...
M. LESAGE: ... ah bon, très bien...
M. BELLEMARE: ... alors, j'espère que le premier ministre va
comprendre... Pardon?
M. LAPORTE: On est prêt à vous les battre tout de
suite.
M. JOHNSON: ... nous autres on veut les débattre...
M. LESAGE: Bon, bien je vais aller à mon ouvrage...
Messages du Conseil législatif
M. HYDE (président): Messages du Conseil législatif.
« Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, sans amendement, le bill suivant:
Bill No 56 intitulé: « Loi modifiant la Loi des pensions.
»
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, sans amendement, le bill suivant:
Bill No 57 intitulé: « Régime de retraite des
enseignants. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, sans amendement, les bills
suivants:
Bill No 81 intitulé: « Loi relative au remplacement de
programmes conjoints par un abattement fiscal. »
M. JOHNSON: Il n'a pas été amendé
celui-là?
M. LE PRESIDENT: Non, sans amendement.
Bill No 86 intitulé: « Loi modifiant la Loi des
électriciens et installations électriques. »
Bill No 87 intitulé; « Loi modifiant la Loi des
maîtres-électriciens. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
» « Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, sans amendement, les bills
suivants:
Bill No 119 intitulé: « Loi concernant le Club Canadien.
»
Bill No 163 intitulé: « Loi modifiant la charte de la
Commission des écoles catholiques de Trois-Rivières. »
Bill No 171 intitulé: « Loi concernant les Soeurs de la
Charité de la ville de Lévis. »
Bill No 172 intitulé: « Loi concernant la cité de
Longueuil ».
Bill No 173 intitulé: « Loi concernant le titre de Dominion
Lime Ltd. et Carrière Dulude Limitée Dulude Quarry
Limited, sur certains immeubles dans la paroisse de Saint-Bruno. »
Bill No 184 intitulé: « Loi autorisant Jean Boileau
à vendre certains immeubles. »
Bill No 186 intitulé: « Loi concernant les
commissaires d'écoles pour la municipalité du
Cap-de-la-Madeleine dans le comté de Champlain. »
Bill No 195 intitulé: « Loi modifiant la Loi créant
l'Office d'Electricité Municipale de Cap-Chat et de
Sainte-Anne-des-Monts. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
Tous sans amendement. « Conseil législatif, le 5 août
1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, avec des amendements, et qu'il l'a prie
d'agréer le bill suivant:
Bill No 20 intitulé: « Code de procédure civile.
»
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE; M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Avec des amendements.
M. BERTRAND: Bill No 20.
M. LAPORTE; ... il s'agit de 1, 2, 3, 4, 5, 6, 19, 26, 35, amendements
qui, pour la plupart sont de la nature suivante: « Article 1, remplacer
article 1 par le chiffre 1 « le présent cas entrera en vigueur le
jour de sa promulgation » au lieu de « le présent code sera
exécuté » en remplaçant dans la dernière
ligne, premier alinéa, le mot « au sens », par les mots
« selon les prescriptions », alors ces amendements ont
été étudiés par les conseillers juridiques du
gouvernement, je les ai soumis au député de Missisquoi qui
faisait partie du comité ad hoc qui a étudié le Code de
procédure civile et je suis prêt à proposer que la Chambre
agrée aux amendements du Conseil législatif au bill No 20.
M. BERTRAND: Puis-je suggérer immédiatement je sais
que le bill 20 entrera en vigueur seulement sur proclamation puis-je
suggérer immédiatement, comme on en avait parlé
déjà au comité, qu'il y ait un tiré à part
des statuts, cette année, au sujet du bill 20...
M. LAPORTE: Cela me paraît raisonnable.
M. BERTRAND: ... de manière à ce que nous l'ayons, comme
nous avons déjà eu la charte de Montréal, dans un
tiré à part des statuts, il y a quelques années, et
même s'il n'est pas promulgué immédiatement, je
suggérerais qu'il soit envoyé aux juges, plusieurs ont
exprimé l'opinion que, s'ils l'avaient avant ils pourraient se
familiariser premièrement; deuxièmement, aux avocats, qu'il soit
distribué et de même qu'aux étudiants en Droit de
dernière année, parce qu'ils vont passer leurs examens en vertu
de l'ancien Code, mais d'autre part, dès leur entrée en pratique,
ils seront obligés d'étudier ou de mettre en pratique le nouveau
Code.
M. LAPORTE: D'accord. M. WAGNER: D'accord.
M. JOHNSON: Quand a-t-on l'intention de proclamer le nouveau Code?
M. LAPORTE: Ah, ça, évidemment, le lieutenant-gouverneur
en conseil prendra sa décision.
M. JOHNSON; Je comprends, mais le ministre se rend compte de...
M. LAPORTE: Le chef de l'Opposition se rend compte...
M. JOHNSON: ... de l'importance de la suggestion faite par le
député de Missisquoi.
M. LAPORTE: Je comprends.
M. WAGNER; Mais, certainement avant six mois.
M. JOHNSON; Du jour au lendemain on se ramasse avec ce
Code-là.
M. LAPORTE: Le chef de l'Opposition se rend compte que cela ne se fera
pas.
M. WAGNER: D'ailleurs, il y a des lois connexes qui doivent être
apportées, cela ne peut pas être proclamé avant le mois de
février prochain certain.
M. JOHNSON: Février?
M. BERTRAND: Non, mais je suggère quand même qu'on
l'envoie.
M. WAGNER: Qu'on le distribue à l'avance, très bien.
M. BERTRAND: Qu'on le distribue et surtout, je dirais, dans les
universités aux étudiants de dernière année.
M. LE PRESIDENT: Alors, la motion d'agrément des amendements
sera-t-elle adoptée?
M. BERTRAND: Adoptée. M. LE PRESIDENT: Adoptée.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements et qu'il la prie
d'agréer le bill suivant;
Bill No 58 intitulé; « Loi modifiant la Loi des assurances.
»
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE; Pour la Loi des assurances, il s'agit de remplacer le mot
« annuellement » par les mots « chaque année »
et remplacer à deux fois les mots « qui n'a pas payé
» par les mots « qui est en défaut de payer ». Alors,
je propose que nous en terminions ce travail très important de la
Chambre Haute et nous agréons, agréions, leurs amendements.
M. BERTRAND: Nous acceptons sans acte de violence.
M. JOHNSON; Le ministre ne devrait pas prendre un tel ton
ironique...
M. LAPORTE; Non.
M. JOHNSON: ... ils ont corrigé là deux importants
articles qui...
M. LAPORTE; Comment peut-on m'accuser, moi, d'avoir pris un ton
ironique? Jamais jamais, je proteste.
M. JOHNSON; Bon.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas comme le restant de ces individus.
M. LE PRESIDENT: La motion d'agrément est-elle adoptée?
Adoptée.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement, qu'il la prie
d'agréer, le bill suivant;
Bill No 106 intitulé: « Loi changeant le nom de Mount Sinai
Sanatorium en celui de Mount Sinai Hospital et modifiant sa charte. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: Un instant. Le chef de l'Opposition fait preuve d'une
impatience.
M. JOHNSON: C'est un sujet important.
M. LAPORTE: Oui, oui, il s'agit de modifier la Loi de Mount Sinai
Hospital. Et nous avions, nous, à l'Assemblée législative
décrété que, à l'article 2, le siège social
de la dite corporation est situé dans le village de Préfontaine.
Le Conseil législatif a constaté que le village de
Préfontaine n'existait pas et il a décidé que le
siège social serait dans Ste-Agathe-Sud, M. le Président. Je
propose que nous acceptions l'amendement.
M. BERTRAND: J'allais là, quand j'étais petit gars.
DES VOIX: Vote, vote. M. LAPORTE: Vote.
M. LE PRESIDENT: La motion d'agrément sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif. « Conseil
législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements, qu'il la prie
d'agréer, les bills suivants;
Bill No 129 intitulé: « Loi modifiant la charte de la
cité de Trois-Rivières. »
Bill No 130 intitulé; « Loi modifiant la charte de la
cité de Hull. »
Bill No 145 intitulé: « Loi concernant certaines fiducies
constituées au bénéfice d'employés de Drummond,
McCall & Co., Limited. »
Bill No 157 intitulé; « Loi constituant en corporation
Tifereth Beth David Jerusalem et autorisant la vente à son profit d'un
immeuble donné en fiducie. »
Bill No 158 intitulé: « Loi constituant la ville et la
municipalité scolaire de Lebel-sur-Quévillon. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, dans la charte de la cité de
Trois-Rivières, à l'article 22, on oblige la publication dans un
journal anglais. Alors, on ajoute « circulant dans le territoire de la
cité ». Et ensuite on insère des articles que, quant aux
élections qui auront lieu tous les quatre ans, le premier lundi
juridique de novembre, le mandat du conseil en fonction lors de l'entrée
en vigueur de la présente loi est prolongé de quelques jours, du
19 septembre 1966 jusqu'à l'élection générale de
novembre. Il y a donc prolongation du 19 septembre au mois de novembre. Et dans
la cité de Trois-Rivières, il y a une pension pour les
échevins, pension contributive ou contributoire de $1,500 et une pension
pour le maire également, avec contribution du maire. Et on change le
numérotage de deux articles du bill. Quant à la cité de
Hull, on avait créé un système administratif analogue
à celui de Québec et de la ville de Laval et on avait dit qu'au
Conseil législatif, nous demanderions à la ville de
prévoir la création d'un organisme, un office du personnel.
Alors, on ajoute dans la loi, exactement ce qu'il y avait dans la ville de
Québec. L'autre amendement, c'est de la concordance. On enlève
des mots. Dans les autres cas, ils ne votent pas. 145: certaines fiducies
constituées au bénéfice de Drummond, McCall Limited. Le
Conseil législatif, à l'article 1 qui valide.
La fiducie établie par convention sous seing privé est
déclarée valide et légale et on ajoute les mots suivants:
« et en vertu de ces conventions ledit fiduciaire a été
investi pour les fins y mentionnées de tous les droits, titres et
intérêts de ladite société commerciale et de ses
associés dans les 750 actions ordinaires du capital action de Drummond
et Al. and Co. Ltd une valeur nominale de $100 chacune, selon une
précision... pour que le texte soit plus clair. Dans le Tifereth David
Jérusalem et autorisant une loi constituant une corporation on ajoute
à l'article 8, je pense que c'est un pouvoir bancaire, ouvrir un ou
plusieurs comptes de banque à toute banque ayant une charte pour faire
affaires au Canada ou dans une de ses succursales. On biffe les mots «
une de ses succursales » et à l'article 13 on précise une
restriction en ajoutant les mots « restriction stipulée dans
l'acte de donation et concernant l'usage d'aliénation de l'immeuble
donné ». Et enfin Lebel-sur-Quévillon on se souviendra que
nous avions retranché temporairement les pouvoirs que demandait la ville
pour exproprier des « claims », des permis de mise en valeur et des
concessions minières des baux miniers. Nous avions dis: « Il est
nécessaire que nous consultions le ministère des Richesses
naturelles pour savoir si ceci ne vient pas en contradiction avec les
prescriptions de la société d'exploration minière du
Québec que nous venons de créer ». La consultation a eu
lieu, il n'y a aucune opposition, on a donc replacé dans le bill les
dispositions au sujet de ces « claim s » et on renumérote
les articles 25 à 30. M. le Président, je propose que
l'Assemblée législative agrée tous ces amendements du
Conseil législatif.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. PINARD: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LAPORTE: Le no 5, le bill 82 en comité.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est de nouveau en comité
plénier sur le bill No 82.
M. BEDARD (Président du comité plénier): Bill 82,
article 4.
M. BELLEMARE: L'article 4.
M. LESAGE: Nous étions à l'article 4.
M. BELLEMARE: M. le Président, je pense que, je vais dire au
premier ministre l'article 4 je n'ai pas d'objection.
M. LESAGE: Un instant, j'ai un amendement, moi.
M. BELLEMARE: Oui, mais il y a aussi... C'est d'accord.
M. LESAGE: A l'article 4-C... M. BELLEMARE: Oui, oui.
M. LESAGE: ... on dit: « Il ne doit pas se trouver en tant que
malade dans un sanatorium pour tuberculeux, un hôpital pour malades
mentaux, un hospice pour vieillards ou une institution pour le soin des
incurables, ni se trouver en tant que malade ou résider sauf
règlement contraire dans un hôpital ». Alors nous voulons
transporter le cas des hospices de vieillards
et d'Institutions pour le soin des incurables dans la deuxième
partie de l'article ce qui est beaucoup plus généreux. Alors
l'amendement, le paragraphe C serait remplacé par le suivant...
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre...
M. LESAGE: Je n'en ai qu'une copie. « Il ne doit pas se trouver...
si on me suit on va comprendre tout de suite. « Il ne doit pas se trouver
en tant que malade dans un sanatorium pour tuberculeux ou un hôpital pour
malades mentaux » seulement ça « ni se trouver en tant que
malades ou résider sauf règlement contraire » est-ce qu'on
voit là? C'est parce qu'on pourra donner plus...
M. BELLEMARE: Oui, vous ne serez pas limité par la loi
fédérale.
M. LESAGE: C'est ça. Quand ils se trouvent dans un hôpital,
une clinique, un hospice pour vieillards, une institution pour le soin des
incurables ou une institution de bienfaisance privée ou publique.
M. BELLEMARE: Le premier ministre donne une démonstration de ce
que disait l'autre jour le chef de l'Opposition, quand c'est fait par nous
autres, pour nous autres...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... c'est encore beaucoup mieux.
M. LESAGE: Bien oui mais là on peut le faire.
M. BELLEMARE: Oui mais là on peut le faire mais on suit presque
mot à mot la loi fédérale.
M. LESAGE: Oui mais ce n'est pas nous qui sommes les auteurs.
M. BELLEMARE: Il se trouverait que cette partie-là vous la
transférez dans la deuxième partie...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... et qui va être, en vertu des lois sociales,
rémunérée, payée...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... par des octrois où l'on contribue à
100%.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: C'est sûr, ça je comprends ça.
M. LESAGE: Bon!
M. BELLEMARE: Mais je dis que c'est un exemple frappant.
M. LESAGE: Oui, mais nous avons fait les lois, n'est-ce- pas.
M. BELLEMARE: Je comprends. M. LESAGE: Il n'y en avait pas. M.
BELLEMARE: Je comprends.
M. GAGNON: Je voudrais tout simplement attirer l'attention de
l'honorable premier ministre sur le paragraphe D.
M. LESAGE: Oui.
M. GAGNON: Dans le revenu permissible, prenons le cas de la personne
mariée avec son conjoint qui est de $2,220.
M. LESAGE: Oui.
M. GAGNON: Or, dans le calcul du revenu permissible, on considère
que l'évaluation de la propriété égale 5% de son
revenu.
M. LESAGE: Ah ça!
M. GAGNON: Oui. Mais lorsque l'on tombe dans une municipalité qui
a très peu d'évaluation, disons que ça ne joue pas un gros
rôle, mais une propriété d'égale valeur dans une
municipalité où l'évaluation est à 100% de sa
valeur réelle, bien le type peut être privé d'un revenu
permissible de $300, $400 et même $500.
M. LESAGE: Oui, mais ça va être vite réglé,
cette affaire-là...
M. GAGNON: Enlevez ça, au moins.
M. LESAGE: ... comme je l'ai dit, c'est temporaire, nous allons passer
une loi qui va être unique pour les cas d'assistance sociale et ce sera
basé sur le besoin. D'ailleurs, lorsqu'il y a besoin, lorsque les
règles de D s'appliquent
d'une façon tellement sévère que le besoin n'est
pas comblé, à l'heure actuelle, nous comblons autrement en vertu
de la Loi de l'assistance publique, mais nous allons refaire toute la loi
à la prochaine session pour avoir une loi unique.
M. GAGNON: Dès qu'on modifie...
M. LESAGE: Cela pressait parce que nous devons payer
complètement, rétroactivement à partir du 1er janvier,
c'est nous qui payons depuis le 1er janvier, il faut le passer à cette
session-ci.
M. GAGNON: C'est ça.
M. LESAGE: Et nos experts au ministère de la Famille et du
Bien-être sont à préparer un projet de loi unique. Mais,
pour le moment, il est important que nous payions et cela que nous soyons
autorisés par la Chambre à payer rétroactivement depuis le
1er janvier puisque nous retirons 44% depuis le 1er janvier sur l'impôt,
de l'impôt sur le revenu des particuliers.
M. GAGNON: Mais à ce moment-là c'est dire que la pension
d'allocation de 60, 65 versée par Québec tombera à 64 ans
à partir du 1er janvier...
M. LESAGE: Pardon?
M. GAGNON: ... et qu'Ottawa va tomber à...
M. LESAGE: Non, non. 69 ans, pas 64...
M. GAGNON: Oui, oui, mais par Ottawa, mais Québec ne recule pas
la sienne entre 60 et 65?
M. LESAGE: Non, 69 ans. Cela c'est pour les pensions, là on
anticipe, c'est l'autre bill, c'est le numéro 83... l'âge
là.
M.GAGNON: Très bien.
M. LESAGE: 69 ans au fédéral sans évaluation des
ressources à partir du 1er janvier 1966 qui sera payé aux
personnes de 69 ans.
M. GAGNON: C'est ça.
M. LESAGE: S'il y a des besoins supplémentaires, nous ferons pour
les personnes de 69 ans et plus ce que nous faisons maintenant pour les
personnes de 70 ans et plus. C'est-à-dire le paiement d'allocations
supplémentaires.
M. GAGNON: C'est ça.
M. LESAGE: Et j'ai annoncé de plus qu'à partir du 1er...
c'était l'intention du gouvernement de présenter un projet de loi
pour payer les services professionnels de médecins pour les personnes
qui recevaient l'assistance. Alors l'on voit que c'est une autorisation
rétroactive au 1er janvier, donnée au Trésor du
Québec, de verser des allocations.
M. GAGNON: Et j'imagine qu'à la prochaine session, le premier
ministre veut dire que toute la loi touchant les vieillards, les
invalides...
M. LESAGE: Une loi.
M. GAGNON: ... sera refondue avec des amendements.
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: A l'article 5, M. le Président, je voudrais faire
remarquer ceci: lorsque le bénéficiaire d'une allocation
équivalente établit sa résidence dans la province,
l'allocation qui lui est payée,s'il réunit es conditions...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Et c'est là qu'arrive mon point, des alinéa
A, B. et C qui viennent d'être changés en partie...
M. LESAGE: Cela ne fait rien, c'est très bien.
M. BELLEMARE: ... à cause même de l'autre partie.
M. LESAGE: Cela ne fait rien ça, c'est très bien. C'est
vérifié, oui, oui, M. Morin et M. Bernard ont
vérifié, puis ça marche.
M. BELLEMARE: Bien, je ne suis pas bien sûr pour le C
là.
M. LESAGE: Bien voyons. Oui, oui, ça marche.
M. BELLEMARE: C'est l'autre loi. M. LESAGE: Oui, ça
fonctionne.
M. BELLEMARE: Très bien. Maintenant l'article 6.
M. LESAGE: La réciprocité fonctionne.
M. BELLE MARE: Tant mieux, mais je dis que j'ai un doute parce que,
justement, c'est complètement dans l'autre secteur, de l'autre loi.
M. LESAGE: Bien, oui! Mais ça marche quand même.
M. BELLEMARE: ... à cause de la réciprocité qui va
s'établir. Là on dit que s'il réunit les
conditions..»
M. LESAGE: Pourquoi tant parler pour que ce soit à pleins
journaux demain, s'il vous plaît? Oui, ça marche.
M. BELLEMARE: Oui, très bien. Pour que ça se sache, on ne
le dira pas..
M. LESAGE: Bien, oui.
M. BELLEMARE: J'ai regardé ça. J'ai trouvé
ça et j'ai dit: « Je suis bon. »
M. LESAGE: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Article 5 adopté. Article 6?
M. BELLEMARE: L'autonomie, M. le Président!
M. LESAGE: Cela marche.
M. BELLEMARE: Très bien, très bien. Bon, je ne dis plus
rien. Mais ça ne fait rien, je vois ça pareil.
M. LESAGE: Moi aussi, je vois clair et je ne le dis pas. C'est pour
ça que je ne parle pas non plus.
M. LE PRESIDENT: Article 6?
M. BELLEMARE: En tout cas, je n'en parle plus, bon! Article 6.
L'allocation qui est déduite selon les sections a), b), c), est-ce que
c'est le même barème qui s'établit en vertu de cette loi
dans les autres provinces...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... parce qu'il y a entente, je pense,
interprovinces...
M. LESAGE: Oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: ... pour établir les mêmes
barèmes...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... quant aux déductibilités...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... concernant le montant..,
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... qui se trouve à être payé...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... qui sous le régime...
M. LESAGE: Exactement.
M. BELLEMARE: ... de la surveillance à des gens d'Ottawa...
M. LESAGE: D'accord.
M. BELLEMARE: ... qui viennent à un moment donné pour
dire: « Monsieur, nous établissons un barème.
M. LESAGE: Bien oui, mais avec la période de transition, c'est
fini.
M. BELLEMARE: C'est ça. Mais seulement elle ne va seulement
qu'à 1970.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Oui à 1970. On ajoute l'assistance
médicale.
M. BELLEMARE: Oui, mais celle-là va à 1970.
M. LESAGE: Un instant, je l'ai. J'ai ça ici. Le 31 mars 1970.
M. BELLEMARE: Oui, c'est ça. M. LESAGE: Les invalides.
M. LE PRESIDENT: Article 6 adopté. Article 7?
M. BELLEMARE: A l'article 7, c'est que
pour une considération jugée insuffisante par la
commission. C'est toujours, je comprends, vu que le mot « commission
» est défini, la Commission des allocations sociales
duQuébec, sans aucun contrôle, pour cette partie-là.
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: Je comprends toujours que, pour une considération
jugée insuffisante par la commission, soit dans le but de qualifier
l'invalide là...
M. LESAGE: Oui, ça c'est la commission.
M. BELLEMARE: ... ça c'est le corps de l'article. Je comprends
que d'après la définition que nous avons au début du mot
« commission », c'est toujours la Commission des allocations
sociales du Québec.
M. LESAGE: Bien sûr. Cela ne peut pas être autre chose.
M. BELLEMARE: Mais sans contrôle, cette fois-là.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Aucun.
M. LESAGE: Non.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8?
M. GAGNON: Un instant. Je crois que si on voulait faire une loi
complètement sociale, au lieu du chiffre cinq ans, on mettrait le
chiffre trois ans. Il y a dans certains cas...
M. LESAGE: On va prendre ça en note pour l'an prochain.
M. GAGNON: Pour l'an prochain? Mais cette année, là...
M. LESAGE: Pour la loi générale.
M. GAGNON: Mon collègue, M. Bellemare, appelle ça des
gestes de condescendance. Il n'y a pas possibilité...
M. LESAGE: On va prendre en note, pour la loi
générale.
M. GAGNON: Cela, ça aiderait beaucoup. M. LE PRESIDENT:
Adopté. Article 8?
M. BELLEMARE: Pas d'objection à cet article.
M. LE PRESIDENT: Article 9?
M. BELLEMARE: Là, c'est le droit d'appel, le droit de recours qui
peut être entendu. La commission peut décider...
M. LESAGE: Je m'en suis servi souvent, moi.
M. BELLEMARE: Cela, ça arrive souvent et je pense que, ici...
M. LESAGE: Quand j'étais député
fédéral, ça marchait.
M. BELLEMARE: Oui?
M. LESAGE: Vous étiez au pouvoir dans ce temps-là. Les
gens de Montmagny et de l'Islet venaient me voir.
M. BELLEMARE: C'était un bon sujet à patronage.
M. LESAGE: Ce n'était pas dupatronage.
M. BELLEMARE: Bien non! C'est de rendre service aux gens. On appelle
ça souvent du patronage.
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas du patronage.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai la parole.
M. LESAGE: La preuve que ce n'est pas du patronage. J'étais
député libéral fédéral...
M. BELLEMARE: Oui, oui, oui.
M. LESAGE: ... je présentais des cas à la commission, et
j'obtenais justice.
M. BELLEMARE: J'allais dire que je ne fais pas de patronage, mais je
fais, moi aussi, des recommandations...
M. LESAGE: Certainement.
M. BELLEMARE: ... comme député dans mon comté.
M. LESAGE: Des représentations.
M. BELLEMARE: Des représentations, et je
dis à la commission dans telle circonstance, je crois que vous
pourriez peut-être changer votre décision à cause des
facteurs que je vous soumets et puis c'est arrivé dans bien des cas. Je
ne dis pas que c'est mauvais, au contraire.
M. LESAGE: J'ai toujours prétendu que le député de
Champlain aurait fait un excellent avocat. Il a toutes les dispositions.
M. BELLEMARE: Merci. Je suis fatigué, et les compliments ne me
font plus rien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 10?
M. BELLEMARE: L'article 10, M. le Président, c'est de suspendre,
si je comprends bien, « peut suspendre »...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: ... le versement d'allocation à tout
bénéficiaire qui, sans raison valable, refuse de se soumettre aux
mesures de formation, réadaptation de traitement.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Là, j'ai une objection.
M. LESAGE: Mais ç'a toujours existé.
M. BELLEMARE: Je comprends que c'est la loi qui parle. Oui, je comprends
ça, mais je fais simplement une déclaration, puis je passe.
M. LESAGE: Oui, très bien. Oui, oui.
M. BELLEMARE: Je dis, M. le Président, que c'est difficile
souvent pour un invalide, parce qu'il y a souvent, sa volonté est
atrophiée à ce moment-là puis il n'a pas nos
réflexes. On lui dit; bien, vous allez vous soumettre à tel
traitement, ça va vous rendre service, vous allez subir tel
système de réadaptation, vous allez vous perfectionner, puis vous
allez être mieux. Mais à ce moment-là, on perd notre temps
puis je voudrais faire comprendre que ce n'est pas de la mauvaise
volonté de la part des invalides, parce qu'à ce moment-là
leur jugement est atrophié par leur maladie, ils subissent un complexe
qui ne peut pas sortir de leur idée, comme quoi ils sont invalides,
impotents, alors c'est pour ça que je dis que la Commission devrait
être extrêmement large avant de suspendre le versement d'une
allocation.
C'est arrivé dans un cas particulier et j'ai dit à
l'honorable ministre du Bien-être et de la Famille: il me semble que ce
n'est pas juste et je rends témoignage à l'honorable ministre qui
s'est rendu de bonne grâce et la Commission a changé sa
décision. Mais si, M. le Président, cette personne invalide ne
m'avait pas trouvé sur son chemin, elle aurait été
privée par une décision qui aurait été arbitraire
d'une pension qu'elle avait réellement méritée. Mais il
faut se rendre compte à ce moment-là, quand le malade, quand
l'invalide subit ce complexe qui est terrible, que toute sa personne, toutes
ses réactions qu'il a ne sont pas les nôtres. On va lui dire des
choses, on va essayer de les lui faire comprendre par les sentiments, par la
raison il ne raisonne pas comme nous autres. Alors, c'est pour ça que je
demande d'être extrêmement large et je dis que cet
article-là devrait être mis en cause seulement dans des cas
exceptionnels.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 11.
M. BELLEMARE: Article 11, je n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Article 12.
M. BELLEMARE: Article 12, ça c'est très bien, c'est
« tenu à sa subsistance sans charge de la Commission peut
statuer... » très bien ça.
M. LE PRESIDENT: Article 13.
M. BELLEMARE: Article 13, une minute. Bien oui, l'allocation est due au
début du mois, c'est sûr pour le mois écoulé, mais
elle est versée au cours du mois...
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est parce que, s'il meurt pendant le mois,
elle est due.
M. BELLEMARE: Oui, ça j'ai compris ça. Et puis je trouve,
M. le Président, que c'est juste...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: ... ce que je ne trouve pas juste des fois, c'est le
retard qu'on apporte à faire parvenir...
M. LESAGE: Bien ça dépend de la grève des
postiers.
M. BELLEMARE: C'est le mécanisme qui ne va pas.
M. LESAGE: Cela dépend de la grève des postiers.
M. BELLEMARE: Non, non, non, c'est le mécanisme qui n'est pas bon
et le mécanisme,...
M. LESAGE: C'est la grève.
M. BELLEMARE: ... voici, M. le Président, une personne
décède, le 3 du mois, le chèque arrive le 2 du mois de
septembre suivant, c'est-à-dire que le 3 du mois d'août, le
chèque arrive le 2 septembre, à ce moment-là,
immédiatement, la famille écrit à la Commission et leur
dit, nous sommes les exécuteurs testamentaires, et vous allez nous
adresser le chèque à nouveau, mais au nom de l'exécuteur
testamentaire, madame François-Xavier Lemieux. Mais là il se
passe un autre mois avant que le chèque arrive...
M. LESAGE: Cela ne me surprend pas.
M. BELLEMARE: ... Ces cas-là, M. le Président, voici ce
que je suggère au premier ministre. Une expérience que j'ai
vécue moi, depuis des années, je trouve qu'il serait bien plus
facile... Il y a maintenant des bureaux régionaux à
côté de chacune des résidences presque des
pensionnés, à la présentation du certificat de
décès de la personne pensionnée, l'officier du bureau
régional pourrait immédiatement faire le rapport et le
chèque pourrait revenir immédiatement changé à la
personne sans attendre le mois...
M. LESAGE: Non. Au point de vue administratif et contrôle
budgétaire, c'est impossible.
M. BELLEMARE: Bon! encore une affaire qui n'a pas de bon sens.
M. LESAGE: Non, non, je ne dis pas que ça n'a pas de bon sens, je
dis qu'au point de vue contrôle budgétaire et contrôle de la
dépense, c'est impossible.
M. BELLEMARE: Moi, je suis perdu dans ces affaires de
contrôle...
M. LESAGE: Je dis que c'est impossible.
M. BELLEMARE: Ce que je comprends, c'est la misère des gens.
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. BELLEMARE: Ils attendent pendant deux mois pour recevoir un
chèque dont ils ont absolument besoin, c'est ça que j'ai besoin
de comprendre...
M. LESAGE: Ah oui, mais c'est...
M. BELLEMARE: Le premier ministre saisit mon point de vue. Il
décède le 3...
M. LESAGE: Je le saisis très bien.
M. BELLEMARE: ... le 4 septembre il n'a pas d'argent, il ne rentre pas
d'argent encore, ça va aller au 4 octobre avant que le chèque
puisse revenir.
M. LESAGE: Il est mort.
M. BELLEMARE: Tandis, je ne dis pas, il est mort, mais la famille
là, ceux qui restent, qui attendent...
M. LESAGE: Bien oui, mais à ce moment-là, elle a le droit
à une autre pension.
M. BELLEMARE: Elle a le droit à quoi? M. LESAGE: A une autre
pension.
M. BELLEMARE: Oui, elle a droit à l'assistance sociale aussi,
ça je sais ça.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Seulement quand on compte ses sous...
M. LESAGE: Les bureaux régionaux versent des montants dans des
cas d'urgence, c'est prévu pour ça, en attendant que se
règlent ces cas-là.
M. BELLEMARE: Oui, mais ça serait tellement facile de
dire,...
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas facile.
M. BELLEMARE: ... même au contrôle budgétaire.
M. LESAGE: Je vous donnerai un cours.
M. BELLEMARE: Très bien. Alors je ne convaincrai pas le premier
ministre.
M. LESAGE: Bien oui!
M. BELLEMARE: Ma suggestion est « fall ball ». Un autre
« flat ».
M. LESAGE: Non, non, ce n'est pas un autre « flat ».
M. LE PRESIDENT: Adopté. 14.
M. BELLEMARE: Article 14, M. le Président. « dont le
montant excède celui auquel il a droit doit immédiatement...
» Cela, c'est bien difficile!
M. LESAGE: Ah! Bien, il exprime... bien il fait... cela a toujours
existé, tout ça.
M. BELLEMARE: Bien, mettons qu'il reçoit, à un moment
donné, $85. Il dit qu'il est pauvre et qu'il a bien besoin d'argent. Il
dit: « Le gouvernement doit m'avoir fait un cadeau. »
M. LESAGE: Oui, mais c'est dur.
M. BELLEMARE: Bien oui, mais il le sait seulement lorsqu'il l'a bien
dépensé son montant.
M. LESAGE: Bien oui! Bien vous savez ce qui arrive dans ce
cas-là.
M. BELLEMARE: Bien, on le fait payer $1 par mois.
M. LESAGE: Bien oui!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Ou $0.50 des fois.
M. LESAGE: Des fois $0.251
M. LE PRESIDENT: 15.
M. BELLEMARE: $0.50 par six mois. 15, cela c'est d'accord ça. A
Sa Majesté, oui, c'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 16.
M. BELLEMARE: 16. $25 à $100, des frais. Cela c'est d'accord!
D'ailleurs là, vous allez avoir des poursuites. C'est d'accord
ça, emprisonnement d'au moins...
M. LE PRESIDENT: 17.
M. BELLEMARE: Une minute. Une minute. Le 16, M. le Président,
donnez-moi une petite minute là, ... on ôte l'emprisonnement, mon
cher monsieur, pour ceux qui vendent de la boisson sans licence et puis on
laisse la prison pour ces pauvres gens.
M. LESAGE: Oui, mais c'est une option, purement et simplement.
M. BELLEMARE: Bien oui, oui, une option. Si on vient d'enlever la prison
pour ceux qui vendent de la baboche.
M. LESAGE: C'est à défaut de permis. M. BELLEMARE: Bien
oui, oui, mais...
M. LESAGE: Je regrette. A défaut de paiement dans la Loi de
là Régie des alcools, c'est la prison aussi, voyons!
M. BELLEMARE: Bien oui, mais ceux qui ont le droit de prendre de la
boisson avec du vin là...
M. LESAGE: C'est à défaut de paiement. C'est toujours la
même chose. C'est standard en tout.
M. BELLEMARE: Et pour cespauvres gens-là on laisse la prison.
M. LESAGE: C'est le standard dans toutes les lois.
M. BELLEMARE: C'est la loi fédérale, je le sais.
M. LESAGE: Non, non. C'est standard. Ce sont des lois provinciales,
ça.
M. BELLEMARE: C'est de la dictature!
M. LESAGE: Toutes les lois sont faites comme ça!
M. BELLEMARE: C'est la loi fédérale quand même. Elle
a été copiée.
M. LESAGE: Ah!
M. BELLEMARE: Continuons! Choquez-vous pas, choquez-vous pas!
M. LESAGE: C'est donc de valeur. Il y a toutes les dispositions...
M. LE PRESIDENT: 17.
M. BELLEMARE: Je sais ça!
M. LESAGE: S'il avait fait son cours de droit.
M. BELLEMARE: M. le Président, 1095 jours qui ont
précédé de la dernière date suivante. Imaginez-vous
le gars qui va compter ça.
M. LESAGE: Oui. Trois ans, monsieurs. M. BELLEMARE: Oui, mais c'est
ça...
M. LESAGE: Trois fois, trois fois trois cent solxante-et-cinq jours.
M. BELLEMARE: Pourquoi est-ce qu'il y a 1095 jours ici?
M. LESAGE: Mais c'est trois... par après il peut y avoir une
année bissextile...
M. BELLEMARE: A cause de la fraction de la « cenne »!
M. LESAGE: Il peut y avoir eu une année bissextile!
M. BELLEMARE: Oui, la fraction de la « cenne ». Cela, je
comprends ça!
M. LESAGE: Ce n'est pas la fraction de la « cenne ». C'est
pour le calcul.
M. BELLEMARE: D'accord! M. LE PRESIDENT: 18.
M. BELLEMARE: C'est d'accord! ... pour renverser une telle contribution,
le lieutenant gouverneur en Conseil peut adopter... c'esttrès bien...
les règlements...
M. LE PRESIDENT: 19.
M. BELLEMARE: Maintenant, M. le Président, tous ces
règlements-là qui sont adoptés par le
lieutenant-gouverneur en conseil sont publiés dans la Gazette
Officielle.
M. LESAGE: Bien oui, bien oui! Tout le monde les connaît. Je pense
qu'ils sont bien connus de tout le monde.
M. BELLEMARE: Oui, surtout des députés qui pratiquent.
M. LESAGE: Bien, oui!
M. BELLEMARE: Qui pratiquent comme députés.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Je pratiquais plus quand j'étais rien que
député...
M. BELLEMARE: Je connais des députés qui ont des bureaux
ouverts.
M. LESAGE: Oui, je pratiquais plus quand j'étais simple
député.
M. LE PRESIDENT: 20.
M. BELLEMARE: Dans les circonstances justifiant ou exigeant la
suspension du versement d'une allocation... de la reprise du paiement.
M. LESAGE: M. le Président, c'est K ça. M. LE PRESIDENT:
19 K. M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: K là. M. le Président, c'est bien difficile
à définir...
M. LESAGE: ... le bar existe...
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est ça. Mais surtout à
définir là. Les circonstances à définir.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Quand la Commission voudra dire, par exemple, il est
capable de travailler...
M. LESAGE: Oui, oui...
M. BELLEMARE: Il y a une circonstance impossible, dans son jugement il a
dit que non, lui.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Bien là, là, on applique ça.
M. LESAGE: Très bien!
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté 20. Adopté.
M. BELLEMARE: Il doit être content, le ministre de la Famille
d'avoir une loi de même.
M. LE PRESIDENT: 21, adopté 22, adopté.
M. BELLEMARE: Le chapitre 225, statuts refondus, là, c'est pour
ça que vous le...
M. LESAGE: 64.
M. BELLEMARE: 64 est abrogé.
M. LESAGE: Oui, c'était celui qui nous attachait à la loi
fédérale.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est 64 qui... M. LESAGE: Je l'ai ici.
M. BELLEMARE: Non, non, ce n'estpas que je veux savoir... je le sais. Je
veux demander au premier ministre si nous allons avoir les Statuts refondus
1964 bientôt?
M. LESAGE: Bien, oui. M. BELLEMARE: Non, non, les statuts là...
M. LAPORTE: Aussitôt qu'ils vont être prêts. M. LESAGE: D'ici
une semaine dix jours. M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Si le député le veut le chapitre 225, je peux
lui en faire cadeau.
M. BELLEMARE: Je l'ai ici.
M. LESAGE: Ah! bon, si vous l'avez.
M. BELLEMARE: Dans la loi ordinaire.
M. LESAGE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Va me le chercher...
M» LESAGE: Tiens, je vais vous le donner.
M. BELLEMARE: Merci. On n'en a jamais trop de papier... Moi, j'ai une
place pour mettre ça.
M. LESAGE: Cela me fait plaisir de me dépouiller!
M. BELLEMARE: Ah! mon Dieu, quel désintéressement! Merci
infiniment.
M. LAPORTE: Afin de repouiller...
M. LESAGE: C'est le leader du gouvernement en Chambre qui vient me faire
la chicane maintenant qu'on s'entend!
M. BELLEMARE: Lui?
M. LESAGE: Oui.
M. LAPORTE: J'ai dit qu'il se dépouille pour vous repouiller!
M. LESAGE: Bien oui, il veut m'insulter!
M. BELLEMARE: S'il pouvait se dépouiller de son vieil homme.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill 82 avec un
amendement.
M. LESAGE: 3, troisième lecture.
M. HYDE (Président): Pour M. Lafrance, M. Lesage propose que
l'amendement soit maintenant lu...
M. LESAGE: Moins d'ouvrage. Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: ...et agréé, cette motion sera t'elle
adoptée?
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas d'objection à
accepter... juste... j'ai un mot à dire en troisième
lecture...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Cela va être deux minutes.
M. LESAGE: Oui, le chef de l'Opposition me l'a dit, oui.
M. LE PRESIDENT: L'amendement est adopté.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai juste un mot à dire en
troisième lecture, en vertu de l'article 4 de la loi que nous venons de
voter en comité. Je voudrais simplement ne pas répéter les
arguments que j'ai employés l'autre jour pour demander au gouvernement
d'augmenter les pensions aux invalides, mais j'ai l'honneur, M. le
Président, de proposer, secondé par le député de
Yamaska que tous les mots après « que » dans la motion en
discussion soient retranchés et remplacés par les suivants:
« Le bill 82 intitulé « Loi de l'aide aux invalides »
soit retourné au comité plénier avec l'instruction de
l'amender à l'article 3 dudit bill de façon à pourvoir au
versement d'une allocation mensuelle de $100 à tout invalide
réunissant les
conditions requises par la loi. » Alors, M. le
Président,...
M. LE PRESIDENT: Alors, je ne crois pas que le député de
Champlain serait surpris si je déclarais...
M. LESAGE: Non, non, il est irrégulier évidemment,
dépenses d'argent.
M. LE PRESIDENT: Dépenses d'argent, alors c'est
irrégulier.
M. LAPORTE: Vous pourriez peut-être trouver l'article du
règlement, vous-même?
M. LESAGE: D'ailleurs, le chef de l'Opposition m'a avisé que
l'amendement venait...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... et nous avons bien compris tous les deux qu'il
était à l'encontre des règlements, et nous avons compris
que le député de Champlain tenait à avoir plus de
publicité qu'il en avait eue la dernière fois.
M. BELLEMARE: Non, non, M. le Président,...
M. LESAGE: Voyons donc, bien tâchez d'en rire, vous en avez eu
moins...
M. BELLEMARE: J'en ris à gorge déployée...
M. LESAGE: Vous en avez ri l'autre jour, c'est vous-même qui avez
attiré mon attention.
M. BELLEMARE: M. le Président, je tiens à faire une
rectification, c'est que le lendemain...
M. LESAGE: Cela a bien été.
M. BELLEMARE: ... le journal a fait une grande déclaration...
M. LESAGE: Bon! Avec qui vous étiez-vous arrangé?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre. A l'ordre.
M. LESAGE: Rejeté.
M. BELLEMARE: Vote, vote.
M. LESAGE: pas de vote, voyons!
M. BELLEMARE: Non?
M. LE PRESIDENT: L'article 155...
M. LESAGE: Sur divison, sur division...
M. BELLEMARE: Sur division.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. LE PRESIDENT: ... sur l'article 155, la motion est irrecevable.
M. LESAGE: Non, du moment que ça apparaît aux
procès-verbaux, que vous avez présenté la motion, puis
qu'elle a été déclarée
irrégulière.
M. BELLEMARE: Lorsque je serai vieux, je vais relire ça,
M. LESAGE: Bon, très bien, troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adoptée?
M. BELLEMARE: Adoptée. M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill,
M. LESAGE: Alors, bill, projet de loi numéro 83.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lafrance, M. Lesage propose la deuxième
lecture du bill numéro 83, « Loi de l'assistance aux personnes
âgées ». Son Excellence....
M. LESAGE: C'est la même loi, en comité, M. le
Président, en comité.
M. LE PRESIDENT: Son Excellence, Est-ce que Son Excellence a
approuvé?
M. LESAGE: Oui. Son Honneur le lieutenant-gouverneur, mis au courant des
dispositions de la présente loi, en recommande l'étude aux
députés de la Chambre.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LE PESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 83. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas d'objection si le
premier ministre n'a pas de question sur l'amendement.
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: J'ai une question à lui poser. Nous allons adopter
les articles, sauf l'article 21 qui est nouveau.
M. LESAGE: On va aller en comité là.
M. BELLEMARE: En comité.
M. BEDARD (président du comité plénier)
M. LESAGE: Non, je n'ai pas d'amendement ici.
M. BELLEMARE: Alors là il y a, dans le chapitre 226 du statut
refondu de cette année, c'est modifié?
M. LESAGE: Oui. Quel article?
M. BELLEMARE: Article 21.
M. LESAGE: Un instant. Article 21, oui.
M. BELLEMARE: Alors, j'ai...
M. LESAGE: Chapitre 226 en remplaçant « Loi des foyers pour
couples âgés ».
M. BELLEMARE: Oui. On change le titre. « Loi des foyers pour
couples âgés » là, c'est dans le chapitre 226,
ça.
M. LESAGE: Ah! oui, c'était pour une autre loi ça.
M. BELLEMARE: Bien oui, c'est pour ça que je voudrais que le
premier ministre nous explique.
M. LESAGE: Dans la refonte, cette loi-là...
M. BELLEMARE: Si j'allais m'asseoir là, le premier ministre
n'aurait pas besoin de me le répéter.
M. LESAGE: Ah! oui, voici, c'est que la Loi des foyers pour couples
âgés reste, à elle seule, sous ce titre, dans les statuts
refondus.
M. BELLEMARE: Oui, mais, ah! elle est complètement
dégagée...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Chapitre 226 qui la contenait...
M. LESAGE: C'est un nouveau chapitre des statuts refondus.
M. BELLEMARE: ... et puis vous la sortez du chapitre des... des
personnes âgées...
M. LESAGE: Oui, pour que ce soit une loi en elle-même.
M. BELLEMARE: Vous en faites en 1964 un nouveau chapitre
complètement...
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: ... sous le nom de « couples, des foyers pour
couples âgés »...
M. LESAGE: Sous le nom de loi, oui, oui, c'est ça.
M. BELLEMARE: Mais pourquoi faire disparaître, M. le
Président, en retranchant les titres des sections ainsi que des articles
de 1 à 11? Des définitions?
M. LESAGE: C'est pour, bien oui, mais c'est parce que...
M. BELLEMARE: Cela ne concerne pas les foyers? On fait disparaître
à ce moment-là en retranchant les titres des sections...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... ainsi que tous les articles de 1 à 11.
M. LESAGE: Oui. Quand la loi a été faite, quand la refonte
a été faite, on l'a combinée avec l'autre, alors il a
fallu changer le titre. Elles ont été refondues ensemble.
M. BELLEMARE: Une minute.
M. LESAGE: Là, on les sépare, maintenant, ce sont des
chapitres différents. C'est la technique ça, des statuts
refondus.
M. BELLEMARE: Mais, si je garde la loi dans laquelle était
incorporé le chapitre 226 des statuts refondus, le 226 de 1964 à
cette année...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... de 1 à 11, il est question des conventions il
est question avec la province doit renfermer, etc.
M. LESAGE: II faut les ôter. Il faut enlever de 65 à 70 ans
parce que l'année prochaine ça va être de 65 à 69
ans, dans deux ans, ça va être de 65 à 68 ans.
M. BELLEMARE: Ah oui, ça je comprends ça.
M. LESAGE: C'est pour ça qu'il faut enlever ça. C'est dans
le bill, ça. Il faut faire cette correction-là. On sait que
l'âge de réception de la sécurité, la pension de la
sécurité, de la vieillesse baisse d'un an chaque année
jusqu'en 1970. En 1970, il n'y en a plus.
M. BELLEMARE; Jusqu'en 1970. Mais ce que j'ai de la misère S
comprendre, pourquoi on retranche toutes les sections, tous les titres des
sections.
M. LESAGE: C'est parce que nous n'en avons plus besoin. Il en reste rien
qu'une.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: C'est la loi séparée.
M. BELLEMARE: Adoptée.
M. LESAGE: C'est la technique de la refonte.
M. LE PRESIDENT: No 3 adopté? Adopté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill 83.
M. HYDE (président): Troisième lecture.
M. BELLEMARE: M. le Président, je n'ai pas besoin de vous dire
que j'avais, à l'occasion de la passation de ce bil1
très important, une motion à faire que je propose,
secondée par le député de Shefford, M. Russell, que tous
les mots: « après que » dans la motion en discussion, soient
retranchés et remplacés par les suivants: « Que les bills
intitulés: loi de l'assistance aux personnes âgées soient
retour- nés au comité plénier avec instruction d'amender,
l'article 3 dudit bill, de façon à pourvoir au versement d'une
allocation mensuelle de $100 à toute personne réunissant les
conditions requises. »
M. LE PRESIDENT: Alors, pour les mêmes raisons,
M. LESAGE: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... l'article 155 du règlement dit que je
déclare que...
M. LESAGE: Oui, c'est bien, je vais verser ça à mon
dossier, ça va être un souvenir impérissable dans mes
dossiers. Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: C'est rejeté. M. LESAGE: Alors, le bill 84.
M. LE PRESIDENT: Oui, oui, la motion est rejetée sur la
décision de...
M. LESAGE: Non, non, l'amendement est présenté,
déclaré irrégulier.
M. LE PRESIDENT: Irrégulier. Alors, la motion de troisième
lecture est adoptée? Troisième lecture.
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Alors, les aveugles. Bill 84.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lafrance, M. Lesage propose la deuxième
lecture du bil! No 84; Loi des allocations aux aveugles. Son honneur...
M. LESAGE: Oui, Son Honneur le lieutenant-gouverneur, après avoir
pris connaissance des dispositions du bill 84 en recommande l'étude
à la Chambre. Nous pouvons aller en comité, c'est la même
chose, même technique, même amendement rejeté,
déclaré irrégulier en troisième lecture. C'est
correct?
M. BELLEMARE: Un instant, M. le Président.
M. LESAGE: II n'y a rien de spécial dans ce bill.
M. BELLEMARE: Non, non, c'est l'affaire des aveugles, il n'y a rien de
spécial dans ça, mais M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, adoptée. Le
comité a adopté?
M. LESAGE: Même amendement. Même chose, pareille.
DES VOIX: L'amendement.
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est pas ça qui va arriver dans le
journal des Débats demain, non, non...
M. LESAGE: Ce ne sera pas dans le journal des Débats, mais dans
le procès-verbal, ça y sera.
M. BELLEMARE: Ah oui, mais le journal des Débats existe.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LESAGE: Lisez votre
amendement.
M. BELLEMARE: M. le Président, c'est pour ça que je le
lis.
M. LESAGE: Nous sommes en troisième lecture, il va lire son
amendement.
M. le Président, en lisant votre amendement il va être au
journal des Débats.
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais, à l'occasion
de cette loi très importante, la loi des pensions, des allocations aux
aveugles.
M. LESAGE: Nous sommes en troisième lecture.
M. BELLEMARE: ... présenter un amendement des plus progressifs en
faveur de ces pauvres aveugles. J'ai l'honneur de proposer, secondé par
le député de Compton, M. Gosselin, que tous les mots «
après que » dans la motion en discussion, soient retranchés
et remplacés par les suivants: le bill 84, intitulé: « Loi
des allocations aux aveugles soit retourné au comité
plénier avec instruction d'amender l'article 3 dudit bill de
façon à pourvoir au versement d'une allocation mensuelle de $100
à tout aveugle, réunissant les conditions requises.»
M. LE PRESIDENT: ... Alors pour les mêmes raisons et le même
article du règlement, je déclare que l'amendement est
irrecevable.
M. LESAGE: Troisième lecture.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture, adoptée?
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE GREFFIER-ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LAPORTE: Numéro 7.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard propose la deuxième lecture du bill
numéro 66: « Loi modifiant la Loi des panneaux-réclame et
affiches ». Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LE PRESIDENT: Bill 66. Il n'a pas été question de
retirer ce bill et d'en présenter un autre?
M. PINARD: II a été réimprimé et j'ai
apporté tout à l'heure un amendement.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas le même titre?
M. PINARD: Bill 66, réimpression.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est le même titre?
M. PINARD: Non, le titre a été changé pour: «
Loi de la publicité le long des routes ».
M. LE PRESIDENT: II est question de retirer ce bill et
présenter...
M. PINARD: Oui, M. le Président,...
M. LAPORTE: On changera ça en comité, le titre.
M. PINARD: Bien, le premier bill qui a été
déposé était: « Loi concernant les
panneaux-réclame ». Il a été réimprimé
et il porte le nouveau titre et il devient le bill avec le titre suivant:
« Loi de la publicité le long des routes ». Je ne sais pas
s'il faut retirer le premier bill, oui, si le chef de l'Opposition ne voit pas
d'objection.
M. JOHNSON: Il faudrait retirer le bill...
M. PINARD: Le bill réimprimé porte le titre: « Loi
de la publicité le long des routes ».
M. JOHNSON:.- et on agrée à la motion de première
lecture, on donne notre consentement passé en deuxième lecture
à la même séance.
M. PINARD: C'est ça.
M. JOHNSON: ... et on demande au ministre de nous expliquer quels
changements majeurs il y a.
M. PINARD: Bien, nous voulons rendre la loi plus sévère et
nous demandons aussi des pouvoirs accrus pour nous permettre de
réglementer la publicité le long des routes.
Nous avons augmenté la distance prescrite, de façon
à faire disparaître des abords d'une route commerciale, des
panneaux qui auraient été installés illégalement en
vertu des dispositions de l'ancienne loi ou qui seront installés
illégalement en vertu des dispositions de celle que nous discutons ce
soir.
Nous demandons des pouvoirs accrus pour permettre au ministère de
la Voirie de réglementer l'installation de panneaux-réclame,
d'affiches, même à l'intérieur des limites des
municipalités. Nous avons tout de suite convenu qu'il y aurait des
difficultés quant à l'application des dispositions
législatives et de la réglementation. Cependant, même si
nous admettons que certaines cités et villes ont adopté des
règlements concernant les conditions d'installation ou
d'établissement de panneaux-réclame, d'annonces, d'affiches, il
reste que bien souvent les municipalités ne se donnent pas la peine de
faire appliquer le règlement de sorte que nous avons assisté,
depuis, c'est-à-dire cette année, à une
prolifération des panneaux-réclame qui, nous devons l'admettre
franchement, sont beaucoup plus laids que beaux.
Ils sont en quelque sorte une disgrâce, surtout quand on
considère les investissements considérables qui ont
été faits par les gouvernements et par le gouvernement actuel
dans le domaine routier. Et je pense que nous avons raison, en 1965, de vouloir
protéger les investissements routiers qui ont été faits et
que nous avons au moins le droit de demander l'appui de la population en
général, des annonceurs, des entreprises qui se
spécialisent dans la publicité, nous avons droit de leur demander
une très étroite coopération afin que le Québec
prenne un visage nouveau et que nous puissions conserver la beauté de
nos paysages, la beauté naturelle de nos paysages, que nous puissions
conserver la beauté de certaines entrées de nos
municipalités qui, bien souvent, sont déguisées,
principalement par ces panneaux-réclame.
Alors ce sont des dispositions d'ordre général. Je ne
voudrais pas être obligé, dans les remarques préliminaires
que je veux faire, je ne voudrais pas être obligé de
détailler les explications; nous le ferons au fur et à mesure que
nous étudierons les articles du bill. En somme, une disposition aussi
qui sera sans doute appréciée par les publicitaires, par les
propriétaires ou les locataires des panneaux-réclame, par les
commerçants. Eh bien, nous donnons un moratoire de dix ans à ceux
qui ont installé, légalement il va s'en dire, des
panneaux-réclame en bordure des routes de la province.
Et je pense qu'avec un moratoire de dix ans, nous pouvons admettre tous
ensemble que cette période de dix ans peut être la période
de survie des panneaux-réclame en général. Il faut
établir, je pense bien, une catégorie de panneaux-réclame
selon qu'ils sont construits sur une structure d'acier ou sur une structure de
bois. Evidemment, la vie de ce panneau-réclame peut être plus ou
moins longue selon que la structure est plus solide ou mieux entretenue. Je
pense que la disposition qui donne un moratoire de dix ans est suffisante. Nous
avons consulté des experts en la matière, nous avons
consulté ceux qui seront plus directement visés par les
dispositions nouvelles de ce bill, et même s'il y a eu quelques critiques
sur certaines dispositions du bill que nous allons présenter, je pense
que dans l'ensemble, tous sont d'accordpour dire que le bill arrive à
son heure et puis que c'est un besoin réel, qui s'est fait sentir dans
le Québec, comme partout ailleurs dans le monde.
Ce n'est pas une situation particulière au Québec ou
à l'Amérique du Nord. Ceux qui ont voyagé un peu,
même en Europe, ont constaté la même situation et tous les
pouvoirs publics, dans le monde, veulent agir dans le même sens que
Québec agit présentement, ils veulent faire disparaître ces
laideurs le long de nos routes qui, non seulement sont des laideurs en soi,
mais ils sont aussi des causes de dangers réels pour l'automobiliste qui
est distrait, alors que partout où nous construisons des routes plus
rapides, plus larges, plus confortables, plus luxueuses, plus reposantes pour
l'automobiliste, eh bien! nous laissons proliférer des choses qui
constituent des dangers réels, qui attirent le regard du conducteur qui,
bien souvent le distraient, alors que lui augmente constamment sa vitesse sur
les routes.
Vitesse légale, dans bien des cas, mais nous sommes surpris qu'il
y ait une courbe ascen-
dante dans le nombre des accidents annuellement, partout dans le monde.
Il faut rechercher les causes, une des causes, sinon la principale, eh bien!
est précisément ce que je viens d'expliquer: la distraction du
conducteur, sa fatigue où à un moment donné il est
attiré plus particulièrement par une annonce qu'il voit le long
des routes.
Alors nous ne voulons pas faire de discré-mination envers qui que
ce soit, mais je pense qu'en général il faut prêter aux
législateurs des Intentions honnêtes où nous devons
admettre que le législateur ne caresse aucune envie de vengeance contre
qui que ce soit. Mais je pense que le bill rendra service à la
communauté et que, dans les dispositions du bill, il n'y a rien qui
puisse mettre réellement en danger l'entreprise légitime, qu'elle
soit publicitaire ou qu'elle soit d'une autre nature.
M. JOHNSON: M. le Président, ou les budgets de voirie ont
été distribués et sont généreux ou on
s'attend à de nouveaux budgets. Le ministre a fait un discours
certainement bien au point, mais je pense que ce n'est pas un discours
emballant même si le sujet est bien intéressant. Une loi de ce
genre, contrairement à ce que certains députés de la
droite ont souvent déclaré, une loi de ce genre nous l'approuvons
en principe. Nous aurons quelques remarques à faire. Qu'il me suffise de
dire au ministre que toute la population sera heureuse de voir les
autorités passer à l'action quand il s'agit d'embellir les abords
de nos routes et si le ministre nous déclare qu'il a besoin des pouvoirs
que prévoit cette loi nous sommes d'accord car nous recherchons nous
aussi, comme la population en général, une amélioration
qui s'impose depuis quelques années surtout dans ce domaine. Evidemment,
ça va faire mal à quelques-uns, quelques gros
intérêts ne seront pas heureux. Je pense bien que le ministre a
dû avoir des pressions assez considérables, mais il reste que le
bien commun exige que l'on fasse des abords de la route des endroits
agréables à l'oeil et nous votons avec plaisir pour le principe
de cette loi.
M. GAGNON: M. le Président, un instant. Je voudrais simplement
attirer l'attention du ministre, adopter une loi à certains moments ce
n'est pas difficile mais la mettre en application c'est plus difficile à
certains moments. Dans ma région, j'ai vu un endroit où il y
avait placé en bordure du chemin mais très bien placé ou
un service d'ambulance était annoncé ce qui est urgent sur nos
routes, et quand les employés du ministère ont passé, ils
ont tout enlevé, ç'a disparu et même la personne
intéressée m'en a parlé. J'ai dit: « Fais la
réclamation au ministère de la Voirie. Un service d'ambulance, on
ne place pas ça à un mille dans le champ. » Alors c'est
pour vous dire qu'il y a des fois il faut du discernement et puis si je peux
donner un deuxième conseil au ministre en ce qui a trait des fois
à la distraction des chauffeurs, enlever les panneaux-réclame, il
faudrait qu'il inscrive dans son projet de loi les « shorts »
également.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier le bill 66. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BROWN (président du comité plénier): Bill 66,
article 1. Adopté. Article 2.
M. JOHNSON: Un instant, M. le Président. Article 2, ça va,
M. le Président. You may call three.
M. LE PRESIDENT: Article 3.
M. JOHNSON: M. le Président, je présume que ces distances
ont été établies après une étude ou au moins
après une consultation avec des experts? Ce n'est pas au hasard qu'on a
fixé 200 pieds, 300 pieds, 600 pieds...
M. PINARD: A quel article êtes-vous? M. JOHNSON: Article 3.
M. PINARD: C'est parcequej'aimeraisvous dire que l'article 2 sera
amendé. Nous faisons disparaître le sous-paragraphe b. Nous
garderons le sous-paragraphe a seulement, nous biffons complètement le
sous-paragraphe b et nous apportons un amendement à l'article 6. Alors
je vais l'envoyer tout de suite au chef de l'Opposition.
M. JOHNSON; Oui, j'aimerais mieux l'avoir parce que j'aurais des
remarques a faire relativement à l'article 2. Je me demandais
précisément si l'article 2, paragraphe d, prévoyait le cas
des produits agricoles.
M. PINARD; Est-ce que le chef de l'Opposition pourrait
répéter sa question, s'il vous plaît?
M. JOHNSON: Je me demandais si le paragraphe d de l'article 2
prévoyait le cas des produits agricoles?
M. PINARD: Tout produit...
M. JOHNSON: Je pense que c'est plus clair avec la nouvelle
rédaction, puisque l'on mentionne « produits et services »
au pluriel-
M. PINARD; C'est ça, au pluriel. D'ailleurs, c'était une
des demandes d'amendement qui a été faite par l'Association des
manufacturiers canadiens et la Canadian Advertising Association et nous nous
sommes rendus à cette suggestion de la part de ces associations.
M. LE PRESIDENT: L'article 2, ça va?
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 3?
M. JOHNSON: Le ministre m'a répondu que c'étaient des
suggestions faites par l'Association...
M. PINARD: Pas nécessairement, c'est que les officiers en loi et
ceux qui étaient chargés de l'application de l'ancienne loi des
panneaux-réclame ont vu les carences de la loi des
panneaux-réclame et ont suggéré fortement d'augmenter la
distance prescrite où un panneau peut être légalement
installé. Et je pense que c'est un besoin réel et que nous devons
agir dans le sens des amendements qui sont proposés dans le nouveau bill
en discussion.
M. JOHNSON: C'est peut-être l'occasion de rappeler au ministre que
l'ouverture de l'autoroute des Cantons de l'Est, par exemple, a eu comme effet
de nuire à plusieurs commerces, particulièrement à des
commerces de restaurant.
Je ne voudrais pas que le ministre s'imagine que je plaide pour des
intérêts privés contre l'intérêt
général, je crois qu'il s'agirait d'intérêt
général que l'autorité, l'Office des autoroutes, mette au
point un système de panneaux qui permettraient pour l'usage des gens qui
empruntent l'autoroute, de détecter assez d'avance quelles sont les
sorties qui conduisent à tel ou tel établissement, pouvant servir
de la nourriture ou fournir des services relativement aux véhicules.
C'est commode pour le voyageur et ça tuera un peu moins vite le commerce
légitime de certains restaurateurs. Je songe particulièrement
à un restaurant d'excellente réputation, établi sur la
route numéro 1, pas très loin de St-Pie, et qui évidemment
a perdu le gros de sa clientèle. S'il y avait...
M. PINARD: A cause de quoi?
M. JOHNSON: Bien à cause de l'autoroute. L'autoroute, les gens ne
savent pas par quelle sortie, ils pourront se rendre à ce restaurant
qu'ils connaissent très bien. Alors, s'il y avait un genre de panneau,
un panneau évidemment réglementaire, c'est-à-dire un
panneau préparé par les spécialistes pour l'autoroute qui
ne déparerait pas le paysage, mais panneau qui permettrait à
certains établissements, dans certaines conditions, d'annoncer. Cela
peut se faire on l'a vu dans d'autres pays le long des
autoroutes. Le moins qu'on pourrait faire, pour le moment, ce serait d'indiquer
au moins qu'à telle sortie, il y a « Food and services »
restaurant et poste d'essence et de service pour votre véhicule.
Actuellement pour se rendre à un restaurant particulier, M. le
Président, il faut le savoir par où sortir, il faut être
familier, très familier avec les lieux, et même j'ai pris la peine
l'autre jour d'observer très attentivement tout le parcours de
l'autoroute des cantons de l'Est.
Ce n'est pas du tout à point comme signalisation pour indiquer
aux gens où ils peuvent se rendre en sortant par telle ou telle sortie.
Je pense que tout ça n'est pas au point encore, sur l'autoroute des
Cantons de l'Est..
M. PINARD: Non, ce n'est pas terminé.
M. JOHNSON: C'est loin d'être terminé! Et je demanderais au
ministre d'insister auprès de l'autoroute pour que l'on en vienne
à établir une signalisation qui serait, à la fois à
l'avantage du public voyageur et des restaurateurs et autres
propriétaires qu'on ne veut pas indûment léser,
j'espère, avec ces nouveaux parcours.
M. PINARD: Je prends bonne note des suggestions faites par le chef de
l'Opposition et j'aimerais lui dire que j'arrive d'un voyage aux Etats-Unis
où j'ai pris la peine de voir ce qui s'est fait là-bas. J'ai
visité certaines routes secondaires de certains Etats américains
et les Interstates, la 95, la 105, la 87 et aussi les « throughways
» ou les « parkways », les « turnpikes » et j'ai
vu là-bas ce qui s'est fait Sur les routes secondaires il n'y
a pas de problème, c'est parce que la réglementation
permet l'installation de restaurants, de stations de service, il n'y a pas de
problème sur les routes ordinaires ou secondaires aux Etats-Unis, pas
plus qu'il n'y en aura dans Québec. Maintenant nous arrivons quand
même sur l'« interstate » aux Etats-Unis, ou sur les «
throughways », eh bien, là, les corporations ont pris la peine de
bien servir le public voyageur, quand même. A toutes les distances
variant de 27 à 37 milles, il y a une affiche de la même couleur
partout, que ce soit sur 1' « interstate » ou sur les «
throughways » le « turnpike » sur fond bleu avec lettres
blanches, affiches de même dimensions qui indiquent « Foods service
»...
UNE VOIX: « Gas, foods »
M. PINARD: « Gas, food and lodging » Et là, c'est
bien annoncé assez longtemps à l'avance pour tout de suite faire
comprendre à l'automobiliste qu'il peut prendre patience et qu'il sera
capable de trouver l'endroit où il veut arrêter finalement pour
prendre de la gazoline ou pour se restaurer ou pour se reposer. Il y a, en plus
de ça aussi, il y a des panneaux qui indiquent et sur 1' «
instertate » et sur les « throughways » les « rest
areas » pour permettre au conducteur qui est fatigué et qui est
sujet à l'hypnose de la route et qui peut-être dans une situation
de danger et qui est même dans une situation où il pourrait causer
un accident, eh bien, il sait qu'à une certaine distance il pourra
trouver un chemin de déviation de « l'interstate »ou du
« throughway » où il pourra aller se reposer dans un
boisé où il trouvera tout ce qu'il faut pour se restaurer, l'eau
et les tables aussi.
S'il a un panier à pique-nique dans son auto, avec sa famille, il
pourrait manger, et s'il ne veut pas aller nécessairement au restaurant.
Alors, c'est précisément ça que nous voulons instaurer
dans le Québec et nous avons eu une réunion cette semaine
à mon bureau, les officiers de mon ministère, le sous-ministre,
M.
Branchaud, M. Bureau, M. Perron du service de la circulation, avec le
président de l'Office des autoroutes et ses officiers, et nous avons
discuté précisément cette question de doter nos autoroutes
dans le Québec de ces facilités que nous trouvons partout aux
Etats-Unis, soit sur le système d'interstates ou sur les turnpikes ou
les thruways ou les garden parkways.
Alors, je pense bien que ça aussi c'est un besoin, à
Québec comme ailleurs. Nous avons demandé aux ingénieurs
de préparer des plans et devis et de prévoir ces zones de repos
pour permettre à l'automobiliste de se reposer et de ne plus être
dans une situation de danger pour lui-même ou pour les autres. Nous
prévoirons aussi des endroits ou l'automobiliste pourra trouver le
restaurant et la station de service et, possiblement aussi ce n'est pas
une certitude dans le moment parce qu'il faudra peut-être faire des
études plus poussées sur la rentabilité de motels
où l'automobiliste pourra coucher. Aux Etats-Unis, évidemment, il
faut admettre que 1a circulation est beaucoup plus dense que chez nous. Alors,
nous évaluerons la nécessité de cette facilité au
point de vue de l'automobiliste.
Alors, je ne sais pas si cette réponse satisfait le chef de
l'Opposition, c'est un peu, en résumé, ce que le ministère
de la Voirie et l'Office des autoroutes vont donner au public voyageur dans le
territoire du Québec à l'avenir.
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Quatre?
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Cinq?
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Six, il y a un amendement.
M. PINARD: Oui.
M. JOHNSON: Que dit l'amendement?
M. LE PRESIDENT: Les deux dernières lignes du deuxième
alinéa...
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... « indiquant l'endroit où se trouve un
établissement commercial » sont remplacées par « qui
indiquent l'endroit où se trouve un établissement commercial ou
qui sont placés sur un immeuble pour identifier le propriétaire
ou l'occupant de la construction qui y est érigée, indiquer la
profession, l'art ou le commerce ou l'industrie qu'il y exerce, de même
que les produits ou services qui font l'objet de ce commerce ou de cette
industrie».
M. JOHNSON: M. le Président,...
M. PINARD: Je l'ai fait parvenir au chef de l'Opposition l'amendement
tantôt.
M. JOHNSON: C'est bien.
M. le Président, pourquoi le gouvernement se donne-t-il ce
pouvoir, au lieu de rendre cette disposition statutaire comme on le
prévoyait à l'article 2? Là, M. le Président, on la
rend discrétionnaire, c'est le gouvernement qui va encore décider
qui va avoir un droit exhorbi-tant de la loi que nous sommes en train
d'étudier, qui pourra, malgré cette loi, dirigée contre
les affiches le long des routes, bénéficier d'une exception. Je
n'aime pas, M. le Président....
M. PINARD: J'aimerais faire remarquer au chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: ... cette législation ou ce genre de
législation, on aurait dû laisser la disposition, à
l'article 2. Je croyais que la nouvelle rédaction tendait seulement
à clarifier la portée des expressions prévues à
l'article 5, à l'article 2, paragrapeh b, mais c'est plus loin que
ça, M. le Président. Après avoir défendu toute
affiche à l'article 3, on arrive à l'article 6, deuxième
alinéa, et l'on dit: « le Lieutenant-gouverneur en conseil peut
également faire des règlements pour permettre, aux conditions
qu'il fixe, et nonobstant les articles 3 et 5, des affiches qui indiquent
l'endroit où se trouve un établissement commercial ou qui sont
placées sur un immeuble pour identifier le propriétaire ou
l'occupant de la construction qui est érigée, indiquer la
profession, l'art, le commerce ou l'industrie qu'il y exerce de même que
les produits ou services qui font l'objet de ce commerce ou de cette industrie.
» En somme, on fait une loi générale, on dit: aucune
affiche nulle part, aucune exception à part ça, sauf les
exceptions que le Lieutenant-gouverneur voudra bien autoriser.
M. le Président, ce n'est pas de la bonne législation,
qu'on me comprenne bien, ce n'est pas une critique contre celui qui
rédige la loi, c'est une critique contre ceux qui ont demandé aux
rédacteurs de la loi de faire telles exceptions. Je critique ceux qui
ont conçu la loi, ceux qui veulent encore garder le contrôle, le
patronage, la directive des gens.
On a une loi, dans l'état actuel et dans le projet qui nous est
soumis, qui respecte les droits acquis sans que personne ne soit obligé
de se trader au bureau du gouvernement ou d'engager un avocat qui ira plaider
sa cause auprès du gouvernement ou d'un de ses officiers ou un de ses
ministres. Je ne comprends pas la nécessité de cet amendement et
je demande au ministre de nous donner des détails et des justifications
à une telle disposition discrétionnaire.
M. PINARD: M. le Président, d'abord, l'article 2b, bien,
était tellement restrictif que nous avions des plaintes, et avec raison,
et nous préférions obtenir le pouvoir de réglementer en
apportant l'amendement à l'article 6 pour permettre, par
réglementation, à certaines conditions que le ministère
prescrira selon les catégories d'affiches ou de panneaux-réclame
qu'on a installés ou selon le genre de produits qu'on voudra annoncer.
Eh bien, à certaines conditions, il y aura permissibilité ou
permission à celui qui voudra annoncer de le faire à certaines
conditions. C'est beaucoup moins restrictif que ce qui était
indiqué à l'article 2b. Je pense que ce l'est beaucoup moins. Le
chef de l'Opposition semble se surprendre que nous demandions le pouvoir de
réglementer. Il n'y a rien de surprenant là-dedans. C'est une
réglementation qui est en vigueur en Ontario; je pense qu'il y a
seulement un article dans la Loi organique et tout le reste se fait par
réglementation en ce qui concerne l'affichage, l'Installation de
panneaux-réclame le long des routes en Ontario. Et sans avoir fait
d'études plus poussées, je pense que j'ai raison, cependant, de
dire, que dans la plupart des Etats américains, on procède
également par réglementation. Dans le cas des « thruways
» où ce sont des corporations à péage, eh bien, les
corporations ont demandé le pouvoir i la Législature, des
pouvoirs suffisants pour être capables de réglementer la
publicité le long des routes. Et je pense que c'est beaucoup plus souple
que de se replier sur une disposition législative qui parfois ne nous
permet pas d'atteindre les buts désirés, les buts voulus. C'est
pourquoi nous demandons le droit de réglementation.
L'expérience a été faite ailleurs au pays, par
d'autres provinces du pays et notamment en Ontario, dans la plupart des
états américains, et je pense que cela a rendu un fier service et
à la population et à l'autorité législative et
également aussi à ceux qui devaient se soumettre à ces
restrictions.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne suis pas satisfait des
explications. C'est un domaine que je connais, je sais les gros
intérêts qui font pression sur les gouvernements afin qu'on ne
soit pas si sévère. Je sais que des gens extrêmement
pesants font le lobbying du gouvernement actuel, comme ils faisaient le
lobbying de l'ancien gouvernement, du moment qu'il s'agissait de toucher aux
affiches. J'étais heureux de voir qu'on les coupait, sauf que j'aurais
aimé qu'on clarifie l'article 2, paragraphe B, pour y inclure clairement
le cas des produits agricoles. Mais le ministre se donne, par l'article
6, le moyen de contourner le but extrêmement louable de la loi.
Mais, à tout événement, lorsque les règlements
seront publiés dans la Gazette Officielle, nous les scruterons et nous
verrons avec quelle habileté le lieutenant-gouverneur en conseil a
autorisé, en termes théoriques et abstraits, certaines affiches.
En tout cas, le gouvernement aura l'occasion d'exercer ses talents de
subtilité, et je recommande au ministre de consulter le ministre des
Affaires municipales, qui pourra certainement rédiger des
règlements assez entortillés qui couvriront un cas
spécial, sans que le grand public s'en rende compte.
M. LAPORTE: Je ne peux pas répondre parce que je ne suis pas
à mon siège.
M. JOHNSON: C'est mieux, ça.
M. PINARD: M. le Président, je pense que nous devons prêter
des intentions honnêtes au législateur, à moins de preuve
du contraire. Et ce n'est pas prouvé, même pas par le chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Oui, mais pourquoi...
M. PINARD: Je voudrais faire comprendre au chef de l'Opposition
ici...
M. JOHNSON: ... pourquoi faire une loi ensuite pour donner le pouvoir au
lieutenant-gouverneur en conseil de faire toute une série
d'exceptions?
M. PINARD: Je vais essayer de répondre à l'argument du
chef de l'Opposition. Si je ne vois pas en quoi la réglementation
établie par le lieutenant-gouverneur en conseil pourrait donner des
pouvoirs plus amples que ceux qui auraient pu être donnés par
l'article 2B, par exemple. Au contraire, ayant plus de souplesse par le pouvoir
de réglementation, nous pourrons peut-être édicter des
prescriptions plus sévères dans le cas de certaines annonces qui
ne rempliraient pas les vues du ministère de la Voirie, quant à
la grandeur, quant à la façon de l'installer, quant au genre
d'annonce lui-même, au genre de publicité que l'on veut faire,
quant à l'éclairage.
Tandis que nous aurions pu être beaucoup plus prisonniers dans un
texte de loi restrictif, mais qui n'aurait donné aucune souplesse au
ministère et à ceux qui seront chargés d'appliquer les
dispositions législatives ou les règlements.
M. LE PRESIDENT: Article 6, adopté. 7.
M. JOHNSON: Tout bâti, c'est un mot accepté, ça,
bâti?
M. PINARD: Bâti?
M. JOHNSON: C'est la structure...
M. PINARD: C'est la structure qui contient l'affiche publicitaire, le
collant, si vous voulez.
M. JOHNSON: Comme ils disent à Drummondville le « frame
».
M. PINARD: Oui, oui. On a eu un jugement rendu par la Cour des sessions
de la paix qui a ordonné au propriétaire de l'affiche d'enlever
le collant, ce qui constituait en somme l'affiche, mais le jugement n'a pas
ordonné au propriétaire d'enlever le panneau, le « frame
». Alors aujourd'hui les moutons sautent dans le trou, la structure est
restée en place, alors je trouve cela un peu disgracieux.
M. RUSSELL: C'est dangereux pour les moutons.
M. LE PRESIDENT: Article 7 adopté. 8.
M. JOHNSON: 8, je ne sais pas si le ministre qui a pratiqué le
droit, est de mon avis, mais il me semble que cet article est trop
sévère et il est à l'encontre de tous les principes
jalousement conservés en matière de législation. L'article
se lit comme suit; « Lorsqu'une infraction à la présente
loi ou au règlement est commise les personnes suivantes sont passibles
des peines édictées par l'article 9: a) le propriétaire ou
occupant du terrain où l'affiche est placée ou le bâti
érigé; b) la personne qui a fait placer cette affiche ou
ériger ce bâti; c) le propriétaire de cette affiche ou de
ce bâti ».
M. le Président, que l'on rende passible des peines
édictées à l'article 9 la personne qui a fait placer une
affiche ou ériger un bâti, cela va de soi; que l'on rende passible
des dites peines le propriétaire de cette affiche ou de ce bâti,
ça ne va pas si clairement de soi.
Il me semble qu'on ne devrait pas attrapper le propriétaire de
l'affiche ou du bâti qui aura donné des instructions à une
compagnie d'ériger à tel endroit, en respectant la loi et les
règlements, l'affiche ou le bâti mais qui,
effectivement, l'aurait installé contre la loi. En somme, on veut
rendre responsable des actes posés par une personne, par un mandataire,
on veut rendre responsable le mandant, même s'il n'y a pas fautes et, ce
qui est encore plus discutable, c'est qu'on veut rendre le propriétaire
ou l'occupant d'un terrain où l'affiche est placée passible des
peines, même s'il n'a eu rien à faire dans l'acte qui constitue
une infraction à la présente loi, même si l'affiche ou le
bâti ont été érigés à l'insu du
propriétaire ou de l'occupant du terrain. Il me semble, M. le
Président, qu'encore là on va trop loin. Il me semble que de la
façon dont l'article est rédigé et je veux bien
accepter la discussion, je ne me prétends pas, moi, une cour de
dernière instance il me semble que de la façon dont
l'article est rédigé, il n'y ait aucun moyen de défense
pour le propriétaire ou l'occupant du terrain où l'affiche est
placée ou encore où le bâti est érigé. Il me
semble que ce n'est pas de la bonne législation. Le ministre devrait
amender sa loi pour la rendre plus conforme aux principes que nous avons
toujours tenté de respecter dans nos législations
provinciales.
M. PINARD: M. le Président, le chef de l'Opposition se scandalise
pour rien; il y avait la même disposition à l'article 9a de la Loi
des panneux-réclame.
M. JOHNSON: Bien il est temps de la changer.
M. PINARD: Je ne vois pas en quoi le chef de l'Opposition se
scandalise...
M. JOHNSON: Non, mais ce n'était pas moi qui rédigeait les
lois dans le temps.
M. PINARD: Bien, je comprends mais en prenant l'exemple donné
tantôt par le chef de l'Opposition, qu'est-ce qu'on va faire du
propriétaire du terrain sur lequel une affiche a été
installée illégalement, à son insu? Eh bien, c'est clair
que ça ne fera pas sonaffaire,au propriétaire, de voir qu'un
tiers vient installer sur son terrain, sans sa permission ou à son insu,
une affiche publicitaire, un panneau-réclame. La première chose
qu'il va faire, il va essayer de rejoindre celui qui a fait installer ou qui a
installé...
M. JOHNSON: Oui, mais si le propriétaire est absent, si le
propriétaire ne le sait pas...
M. PINARD: ... Il va dénoncer probablement au ministère de
la Voirie?
M. JOHNSON: Ilein?
M. PINARD: Laissez-moi argumenter un bout, je ne vous ai pas
dérangé.
M. JOHNSON: Je pose les problèmes.
M. PINARD: II va dénoncer aux officiers du
ministère...
M. JOHNSON: Ecoutez, je pose l'hypothèse très simple d'un
propriétaire qui est absent.
M. PINARD: Oui, mais on va se servir...
M. JOHNSON: ... bonhomme de Montréal qui est propriétaire
d'un terrain dans Témiscouata. C'est une corporation qui a des
réserves. C'est un cultivateur qui a abandonné sa terre depuis
longtemps. Quelqu'un est allé placé une affiche là sans
qu'il le sache, lui ne s'en est pas rendu compte, il n'a pas eu le temps d'y
aller encore. C'est dangereux.
M. PINARD: C'est un cas d'exception. M. JOHNSON: Non, non.
M. PINARD: Le type qui va venir nous dire au ministère...
M. JOHNSON: Exception non. On a un ministre de la Justice qui nous a dit
évidemment il peut changer d'opinion la loi c'est la loi
et les règlements c'est les règlements et les règlements
il faut qu'ils soient « suis », comme ils disent dans le
comté de Québec, dans certaines paroisses.
Alors, avant l'accession du député de Verdun au poste de
procureur général et de ministre de la Justice, j'avais moins
peur d'une disposition semblable, le procureur général, le
député d'Outremont ou le député de St-Maurice ou le
député de Montmagny autrefois, le député de
Trois-Rivières n'auraient jamais autorisé une poursuite. Mais
là on a un procureur général qui dit: la loi c'est la loi,
et tenez-vous bien. Il y a une affiche sur tel terrain, même si le
propriétaire ne le savait pas, même s'il n'a rien, rien fait pour
autoriser, même s'il était totalement ignorant de l'existence de
cette affiche ou de ce bâti...
M. LAPORTE: S'il y a personne qui trouve le propriétaire, s'il
est disparu, comme vous dites?
M. PINARD: Dans la majorité des cas...
M. JOHNSON: Non, le ministre a une maison, posons l'hypothèse,
à Gaspé, il n'y ira pas
à tous les jours là, il n'a pas de jet lui, en tout cas il
n'y a pas de piste pour les jets.
M. PINARD: On a pensé que vous l'aviez utilisé, ce soir,
pour revenir si vite de Cou-chiching.
M. JOHNSON: II n'y a pas de danger que je me risque avec le pilote, pas
le pilote, mais avec quelqu'un qui est sous la juridiction de mes adversaires,
sauf si mes adversaires voyagent avec moi.
M. LACROIX: Est-ce qu'il y en a qui vont prendre le risque?
M. JOHNSON: II y en a plusieurs qui ont pris ça dans le
passé, mais vous ne le prenez pas.
M. PINARD: C'est en hélicoptère que c'est dangereux,
surtout.
M. LAPORTE; Vous êtes bien plus en sécurité avec
nous autres parce qu'on veut absolument vous garder.
M. JOHNSON: Cela, M. le Président, c'est un compliment
douteux.
M. LAPORTE: Douteux? Ah oui, c'est dit comme ça.
M. PINARD: Cela dépend de l'heure où c'est dit.
M. JOHNSON: Non, non, je crois qu'on devrait amender la loi. En tout
cas, le ministre prendra sa responsabilité et je suis sûr
que...
M. PINARD: Voici, c'est que dans la majorité des cas sinon dans
tous les cas il y a passation d'un bail entre le propriétaire du terrain
et la société...
M. JOHNSON: Oui, on sait ça.
M. PINARD: ... ou l'individu qui veut installer ou qui installe un
panneau-réclame.
M. JOHNSON: On sait ça. Ce n'est pas une coutume de s'installer
sans permission.
M. PINARD: Que le chef de l'Opposition nous prête suffisamment
d'intelligence pour ne pas poursuivre à l'aveuglette dans ce
cas-là. Et probablement que le propriétaire qui ne sera pas
satisfait de voir installer un panneau-réclame sur son terrain, à
son insu ou sans sa permission, va prendre les moyens de dénoncer l'acte
illégal et il sera très satisfait que nos officiers agissent dans
les circonstances.
M. LE PRESIDENT: Article 8 adopté? Article 9?
M. PINARD: Article 9 adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. M. JOHNSON: Article 10. M. LE PRESIDENT:
Article 10? M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 11? M. JOHNSON: Oh! la, la! Pourquoi dix ans?
M. LE PRESIDENT: Un délai de dix ans.
M. PINARD: J'ai expliqué tantôt le moratoire de dix
ans.
M. LAPORTE: C'est ce qui a été accordé à
Montréal. Le bill privé à Montréal.
Montréal, dix ans.
M. PINARD: Dix ans dans le bill de Montréal. M. LE PRESIDENT:
Adopté. M. JOHNSON: Très bien.
M. PINARD: Un instant, s'il vous plaît. C'est qu'à il, je
voudrais apporter un léger amendement. C'est à la dernière
ligne, au lieu du mot « rénové » dans le texte
anglais « renewed », alors, barrer « renewed » et
mettre « renovated ».
M.BERTRAND: Bien oui, je pense bien.
M. JOHNSON: Le ministre est rendu bilingue.
M. BERTRAND: Un lettré!
M. PINARD; Je ferais remarquer au député de Westmount que
c'est l'Office de la langue anglaise qui nous a suggéré
l'amendement.
M. BERTRAND: Oxford. Pas si mal. Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 12?
M. JOHNSON: Cela va.
M. LE PRESIDENT: Article 12 adopté. Article 13 adopté.
Article 14, adopté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill No 66 avec des
amendements.
M. LE PRESIDENT: M. Pinard propose que les amendements soient maintenant
lus et agréés. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée. Troisième lecture.
M. PINARD: J'aimerais dire au chef de l'Opposition que si j'obtenais son
consentement, pour permettre au Conseil législatif de travailler un peu
et de prendre connaissance...
M. BERTRAND: Ils ont de l'ouvrage.
M. LAPORTE: Non, mais ils l'auraient demain matin.
M. PINARD: Nous pourrions l'adopter en troisième lecture ce soir
pour qu'ils puissent l'obtenir à temps demain matin.
M. RUSSELL: Ils n'ont pas un « shift » de nuit, eux
autres?
M. BERTRAND: Une équipe de nuit.
M. JOHNSON: Puisque le ministre me demande un consentement, nous allons,
en vertu du principe de l'échange de bons procédés...
M. BERTRAND: D'échanges mutuels de services rendus.
M. JOHNSON: Nous allons lui demander aussi un consentement pour soulever
un cas que j'étais en train d'oublier.
M. LAPORTE: Relativement à ce bill?
M. JOHNSON: Relativement à ce bill. On m'informe, par exemple,
que sur la route 2, à quelques milles de Québec, il y a des
kiosques d'information qui dirigent des gens vers certains endroits en donnant
de fausses informations. Je sais que ça n'est pas facile de demander
ça au ministre de la Voirie. Mais il reste que des établissements
sont lésés parce que certains préposés aux
informations, dans des kiosques, soit du gouvernement, soit d'entreprises
privées, donnent de fausses indications, raccourcissent les distances
afin d'inciter les gens I aller dans telle direction plutôt que dans
l'autre, lorsqu'ils se cherchent un gîte où encore un restaurant.
Je sais que ça ne dépend pas du ministre, mais dans la mesure ou
il s'agit des panneaux-réclame, le ministre devrait attirer l'attention
de ses officiers pour que l'on n'induise pas le public voyageur en erreur et le
ministre pourra passer l'information au ministre du Tourisme et lui demander de
faire enquête. S'il a besoin de détails, je les fournirai
volontiers, privément.
M. PINARD: Je dois dire franchement que c'est la première fois
que j'entends parler d'une pareille situation...
M. JOHNSON: Moi aussi, c'était la première fois.
M. PINARD: ... aux abords des routes provinciales.
M. JOHNSON: Moi aussi.
M. PINARD: Ce que je puis dire au chef de l'Opposition, c'est que de
plus en plus, nous nous sommes entendus, au ministère du Tourisme de la
Chasse et de la Pêche et au ministère de la Voirie, pour que le
ministère du Tourisme ait l'exclusivité de l'information le long
de nos routes et qu'il y ait installation de kiosques et engagement d'un
personnel qualifié pour que l'automobiliste puisse recevoir de
façon adéquate les informations qui lui sont nécessaires
pour se diriger d'un endroit à un autre et pour obtenir les services
dont il a besoin en cours de route, que ce soit au point de vue logement, au
point de vue restauration, au point de vue service. Je pense qu'en 1965, il est
temps que le Québec se dote de ces instruments pour faire la preuve que
le Québec est non seulement une belle province à visiter, mais
qu'il y a un accueil généreux et que le gouvernement dote son
système routier d'installations capables de rendre service au public
voyageur et surtout aux touristes.
M. LAPORTE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture adoptée.
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
Message du Conseil législatif
M. LE PRESIDENT: Message du Conseil législatif.
« Conseil législatif, le 5 août 1965.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec un amendement et qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill No 74. intitulé: « Loi modifiant la Loi des
hôpitaux. »
Attesté Henri Fiset greffier du Conseil législatif.
»
M. LAPORTE: M. le Président, on connaît la teneur du bill
74. Je vais relire, pour l'information des députés, le paragraphe
1: « Le lieutenant-gouverneur en Conseil peut, après consultation
avec le Bureau provincial de médecine et le conseil d'administration de
l'Association des hôpitaux du Québec et celui de la Commission
générale des hôpitaux catholiques de la province de
Québec, faire des règlements généraux pour les
diverses classes d'hôpitaux comcernant un remplaçant et le reste.
» Alors, c'était pour autoriser le lieutenant-gouverneur à
faire des règlements. On sait quel débat ce bill a
suscité, surtout chez les médecins. L'amendement que nous propose
le Conseil législatif est celui-ci, Article 2, la présente loi
entrera en vigueur le 60ème jour après sa sanction. Ce qui
reviendrait à dire qu'hôpitaux et médecins auraient 60
jours après la sanction du projet de loi pour tenter de trouver une
entente qui respecte trois choses, premièrement, que ce soit une entente
vraie entre hôpitaux et médecins; deuxièmement, que
l'entente couvre tout le terrain et troisièmement, que l'entente soit
conforme à la Loi des hôpitaux. Nous jugeons que, non seulement
c'est un amendement acceptable, c'est un excellent amendement qui va donner 60
jours de sursis pour que les parties en viennent à une entente sans que
le gouvernement n'intervienne ce qui ferait, on l'imagine bien, notre
affaire.
Alors, je propose que nous acceptions l'amendement du Conseil
législatif.
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée? Adoptée.
M. LAPORTE: Numéro 10, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la deuxième lecture du bill
numéro 90 « Loi de l'accréditation des libraires ».
Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LAPORTE: M. le Président, très briè- vement, Son
Excellence le lieutenant-gouverneur, informé de la teneur de ce projet
de loi, en recommande la prise en considération par la Chambre.
M. PINARD: Merveilleux! Merveilleux! UNE VOIX: Très bien!
M. LAPORTE: Je suis convaincu que ce n'est pas parce que je m'en
souviens mais c'est parce que je m'en souviens à cette heure-ci.
M. le Président, il s'agit d'une loi pour accorder
l'accréditation aux libraires de la province de Québec qui se
conformeront à la réglementation qui est prévue par le
bill 90.
Pourquoi le gouvernement présente-t-il cette loi? C'est une autre
des recommandations du rapport Bouchard qui est mise en application. L'on se
souviendra que le rapport Bouchard est resté célèbre
surtout par un certain chapitre, mais que l'on a oublié dans maints
milieux que le rapport Bouchard faisait des recommandations quant à la
diffusion du livre et suggérait en particulier que l'on vienne en aide
aux éditeurs et que l'on vienne en aide aux libraires.
Faut-il rappeler que le livre est le moyen le plus complet que nous
ayons de communications entre humains? C'est par le livre que les
pensées, que les découvertes de l'art, que la philosophie, que la
science, peuvent se répandre, et l'on pourrait ajouter qu'Userait
évidemment oiseux de penser que le monde extrêmement
transformé dans lequel nous vivons actuellement aurait pu atteindre
même une fraction de cet épanouissement sans la présence du
livre, sans cette découverte de Gutenberg, qui est probablement la
découverte la plus riche que l'humanité ait connue. Avec le
livre, on a dit qu'il n'y a pas de frontières. Même des auteurs
qui étaient derrière le rideau de fer ont réussi, par des
moyens souvent héroïques, à faire connaître leur
pensée dans le monde entier. On n'a qu'à se rappeler le nom de
Boris Pasternak, en Russie. L'idéologie circule dans le monde entier,
même dans des milieux où on la voudrait concentrer l'information
entre les mains de certains informateurs officiels, et que le livre ne
connaît pas non plus de frontières politiques.
M. le Président, le livre a une valeur infiniment plus importante
que cela.
L'on se souviendra qu'il n'y a pas tellement longtemps encore, la
culture populaire était une chose inconnue, que la littérature,
que l'art, que la poésie, que la musique, puisqu'il faut assimiler
l'écriture musicale à l'ensemble
de ces moyens de culture, restaient l'apanage d'une toute petite
élite de ceux qui étaient autour de quelques grands bienfaiteurs,
on a qu'à penser à certains rois et à certains grands
bienfaiteurs, on a qu'à penser à certains rois et à
certains grands dramaturges, certains auteurs, ou qui avaient eux-mêmes
suffisamment de biens pour être eux-mêmes des collectionneurs.
C'est par le livre qu'on a réussi à décentraliser la
culture qu'il est de plus en plus possible, que l'on parte du livre très
dispendieux, le livre d'art, jusqu'à ce qui est très
répandu actuellement et qu'on appelle le livre de poche qui se vend
très bon marché. Ce moyen de culture a été mis dans
le monde entier à la disposition de millions et de millions de gens qui,
par la seule présence de ces livres, chez certains dépositaires,
chez certains libraires, ont été amenés à
pénétrer dans un monde qu'ils ignoraient presque
complètement, à se donner une culture qui leur a
été facilitée grâce à la présence du
livre.
Pour que le livre se répande, il faut évidemment on
m'excusera de ces rapports simplistes il faut des auteurs, il faut des
gens qui et là je nous ramène dans notre propre milieu ~
qui écrivent des livres. Le gouvernement s'est préoccupé
des auteurs. Nous avons actuellement, au ministère des Affaires
culturelles, des bourses nombreuses, bourses de perfectionnement, bourses
d'aide à la création, qui ont permis à certains auteurs,
achats de livres qui ont permis à nombre d'auteurs de s'exprimer.
Il faut également des éditeurs. Le rapport Bouchard
parlait de l'importance de venir en aide aux éditeurs. L'an dernier ou
il y a deux ans, le gouvernement présentait une loi
d'assurance-édition, loi qui fut amendée cette année pour
lui faire donner tous les fruits, lui faire produire tous les fruits que nous
en attendions et qui vient directement en aide à l'édition.
Quatorze livres ont été publiés l'an dernier qui ne
l'auraient probablement pas été sans l'assurance-édition,
et nous espérons que ce moyen, cette assistance que nous accordons aux
éditeurs et indirectement aux auteurs, sera de plus en plus
utilisée dans la province de Québec.
Il faut également dans ce réseau qui prend la
pensée et la conduit jusqu'au consommateur, jusqu'au lecteur, il faut
des libraires.
Il faut des libraires qui travaillent dans un milieu qui s'appelle
librairie et qui ne peut pas être n'importe quel magasin de n'importe
quoi. Parce que si on a voyagé un peu, si on s'intéresse le
moindrement aux choses culturelles, l'on se rend compte qu'une librairie, dans
un milieu, dans une ville, au milieu d'une collectivité, ce n'est pas
seulement un magasin où l'on vend peu ou beaucoup de livres, c'est un
centrede culture. Un libraire compétent, un libraire professionnel qui
connaît bien sa profession, c'est aussi efficace dans son milieu que
pourraient l'être progressivement les centres de culture que nous nous
apprêtons à construire dans le Québec.
C'est évidemment un centre de diffusion du livre, c'est un
endroit où les auteurs sont non seulement vendus par leurs livres mais
sont connus du public, parce que chez des gens, comme certaines grandes
librairies de Québec, de Montréal, on lance des auteurs, on leur
permet de rencontrer le public, la critique, et ça fait de ces
librairies des centres de vie culturelle assez intense. L'Etat, nous pensons, a
donc une responsabilité envers le libraire et la librairie. La raison
d'être de la librairie, je le dis en trois minutes, la fonction ce n'est
pas seulement d'écouler quelques livres, mais fondamentalement elle a la
responsabilité de faire connaître une production internationale,
une production qui est variée, qui est considérable; elle doit
faire des investissements relativement importants et qui se renouvellent sans
cesse. On parle facilement, dans notre commerce, de matières
périssables. Je me souviens qu'un auteur de chez nous qui s'appelait
Gérard Filion avait publié un volume qui était
intitulé: « Denrées périssables ». Or, il
arrive que, dans notre milieu...
M. BELLEMARE: ... il en est resté sur les tablettes!
M. LAPORTE: ... les livres, oui, sont des denrées
périssables. Il en est resté.
M. BELLEMARE: ... c'est sûr.
M. LAPORTE: ... il en est resté sur les tablettes...
M. BELLEMARE: ... il l'a dit, lui-même...
M. LAPORTE: ... et c'est d'ailleurs le cas de la grande majorité
de nos auteurs, parce qu'ici, quand un auteur atteint un tirage de 2,000, de
3,000, c'est déjà important.
Alors que lorsque vous allez dans un milieu où il y a des
millions de lecteurs, comme en France, vous atteignez facilement, si on est un
prix Goncourt, cent mille, cent cinquante mille, et ce qui veut dire qu'un
auteur peut beaucoup plus facilement vivre de sa plume.
M. BELLEMARE: Le ministre avait été plus chanceux!
M. LAPORTE: Le ministre? Oui, il avait été plus chanceux,
je... Ma modestie va m'empêcher de citer le chiffre exact.
M. BELLEMARE: Cinquante, cinquante quelque mille!
M. LAPORTE: Quand on ne donne pas le chiffre, généralement
les gens imaginent toujours plus, c'est ce que vient de faire le
député!
M. BELLEMARE: Non, non. M. LAPORTE: Vingt-six mille.
M. BELLEMARE: Vingt-six mille? Puis il y avait eu une
réimpression.
M. LAPORTE: Ah! Il a eu, il y a eu... Hein? Si ce n'était pas, si
on ne parlait pas de culture et de livres, je dirais qu'il y a eu
sept-s-édi-tions. Non, il y a eu G ou 7 éditions, je pense.
M. BELLEMARE: Avec Zézette.
M. LAPORTE: Hein?
M. BELLEMARE: Avec Zézette.
M. LAPORTE: Ah! oui, c'est ça. Alors, le rôle...
M. BELLEMARE: II est dans ma bibliothèque.
M. LAPORTE: Il est dans votre bibliothèque?
M. BELLEMARE: Ah, oui, ah oui.
UNE VOIX: Première édition.
M. LAPORTE: Dans la mienne aussi!
M. BELLEMARE: Il est juste à côté de celui de
Normand Hudon.
M. LAPORTE: Oui. Pas la tête... M. BELLEMARE: Les caricatures. M.
LAPORTE: « A la potence ».
M. BELLEMARE: « A la potence ». Les deux, pardon, pas de
commentaires!
M. LAPORTE: Alors, M. le Président,...
M. BELLEMARE: Ce sont des denrées périssables.
M. LAPORTE: Revenons... Hein?
M. BELLEMARE: Ce sont des denrées périssables.
M. LAPORTE: M. le Président, revenons à nos libraires qui
ont également pour mission d'élargir le plus possible le choix de
ceux qui vont les voir. C'est une des fonctions essentielles très
importantes d'un libraire de contribuer à former son client, à
lui dire: bien vous êtes peut-être au courant d'une production
nouvelle, d'un auteur nouveau, d'une chose que nous venons de recevoir. Alors,
dans un centre, il contribue de façon très précise
à élargir les horizons intellectuelles de sa clientèle. Il
contribue à une chose qui est peut-être, si l'on fait abstraction
de la culture elle-même, une des choses les plus importantes qu'on puisse
réclamer dans une communauté, c'est la faculté pour une
personne de décider elle-même de sa culture. Si vous n'avez pas de
libraire, si vous n'avez pas la facilité, par un libraire bien
équipé, de connaître la pensée des autres auteurs,
des autres pays du monde, auteurs français, auteurs anglais, traductions
de certains auteurs d'autres pays, vous êtes nécessairement
limités à la production qu'il y a autour de vous, et, pour
employer des termes savants, ça empêche une personne de
s'auto-déterminer culturellement.
Il est limité et ça facilite à ce moment-là,
dans un pays, où serait complètement absents les libraires,
ça pourrait permettre facilement à une équipe d'hommes,
avec de la propagande bien organisée, d'enrégimenter presque
complètement tout un peuple. Donc c'est une fonction essentielle du
libraire d'apporter dans le milieu culturel, non seulement une
variété, mais d'aérer la culture d'un pays en amenant des
sources qui viennent d'autres endroits.
M. le Président, je n'ai pas besoin d'insister auprès des
membres de cette Chambre sur l'importance du libraire et de la librairie, j'ai
simplement fait ce préambule, que j'ai voulu le plus bref possible, pour
expliquer que le gouvernement, qui est déjà venu en aide aux
auteurs, qui est venu en aide aux éditeurs, commence une
troisième phase dans l'aide générale à la diffusion
du livre dans la province de Québec, vient cette année en aide
aux libraires. Nous allons avoir, à l'avenir, des libraires
accrédités, ce qui veut dire que ces libraires recevront d'un
service gouvernemental, sur la recommandation d'une commission consultative, un
certificat d'accréditation, à certaines conditions qui seront
essentiellement de trois ordres: Premièrement, qualités du
libraire: deuxièmement, qualités du local; troisièmement,
qualité du
« stock » de livres que le libraire offrira à sa
clientèle.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas une profession fermée?
M. LAPORTE: Ce n'est pas une profession fermée. M. le
Président, c'est en partant de là que le gouvernement veut aider
les libraires. Nous avons pris la décision probablement d'en envoyer un
certain nombre se perfectionner en France, nous allons accorder, parmi les
achats du gouvernement, probablement certaines concessions aux libraires; mais
avant de pouvoir les aider, nous voulons faire une planification de ceux qui
méritent le nom de libraire, parce que ce sont chez eux des agents de
culture et les autres qui conserveront le droit de vendre du livre je
pense aux pharmaciens, je pense aux magasins généraux, je pense
à tous ces centres de distribution de livres de poche,
particulièrement. Mais les autres seront les libraires
accrédités. La fonction la plus importante à laquelle nous
pensons c'est l'achat du manuel scolaire.
Je suis en pourparlers actuellement, ou disons, nous sommes
actuellement, au ministère, en pourparlers avec le ministère de
l'Education afin de voir à ce qu'à l'avenir, compte tenu du
budget de la province de Québec, les manuels scolaires qui sont une
source normale de profit pour les libraires en France, en Angleterre et dans la
plupart des pays dont j'ai ici les dossiers, que ces achats puissent être
faits par le truchement des libraires accrédités. Je dis donc que
nous posons ce soir le geste fondamental, celui de départager les
libraires entre ceux qui seront accrédités et ceux qui ne le
seront pas. Ensuite, le gouvernement aura les gens nécessaires pour
commencer à mettre à exécution la politique à
laquelle il pense pour compléter son effort pour la diffusion du livre
dans la province de Québec. Je suis donc infiniment heureux... je pense
que la Chambre va faire progresser le niveau culturel du Québec en
votant cette loi-là, et je suis très heureux de la
présenter à l'Assemblée législative.
M. BERTRAND: M. le Président, les quelques propos que j'ajouterai
à ceux qui viennent d'être prononcés par le leader du
gouvernement ne diront pas tout le bien que je pense du livre, des libraires et
du rôle excessivement important de ces derniers dans la diffusion du
livre et partant dans la diffusion de la culture. Les livres, pour moi comme
pour plusieurs, constituent des amis précieux. Il n'y a pas un moment
où une personne puisse trouver de l'ennui lorsque n'ayant pas d'amis,
étant éloignée des autres, elle peut trouver un livre
où elle puise tant d'enseignement. Le livre joue un rôle
important, et l'Etat a certes un rôle à jouer dans ce domaine en
vue d'aider ceux-là qui jouent dans notre société le
rôle de libraires. M. le Président, j'arrête là ces
propos étant donné que nous sommes à la onzième
heure.
M. LESAGE: C'est vrai, c'est le cas de le dire.
M. BERTRAND: Et je m'en rapporte immédiatement à la loi.
Le bill crée un service du livre, et le ministre en conviendra
qui n'a que les pouvoirs de conseiller et d'étudier.
Et, deuxièmement, il organise un système
d'accréditation des librairies. Il ne parle, en fait, que des
obligations qu'auront les libraires, des renseignements qu'ils devront fournir,
des conditions qu'ils doivent remplir et des honoraires qu'ils doivent payer en
enfin les activités qu'ils ne peuvent exercer. On ne mentionne pas les
droits et les avantages que comportera le bill. Seule une disposition leur
accorde un titre en exclusivité, le titre de libraire
accrédité. Et à la lecture du bill, pour le moment, c'est
le seul avantage.
On peut supposer que le gouvernement prendra d'autres initiatives, le
ministre en a annoncées afin d'assurer quelques avantages à ces
libraires, autrement le bill serait inutile. On se rappelera, et le ministre
l'a mentionné, que le rapport Bouchard recommandait de réserver
aux libraires accrédités la vente de manuels scolaires et la
fourniture aux organismes subventionnés par le gouvernement,
collèges, bibliothèques, écoles, etc.
Est-ce que le gouvernement s'apprêterait à entrer dans ce
domaine? Quelques-uns des propos du ministre laissent entendre que oui. Le
rapport Bouchard a été déposé le 31 décembre
1963 et tous se souviendront que l'on a à l'époque fait une
publicité tapageuse autour du rapport. Je n'entre pas dans les
détails et dans les pseudo-scandales que l'on aurait découverts
à l'époque. Mais le rapport suggérait une régie du
livre et pour le moment du moins on ne crée qu'un service. On
suggérait également de contrôler les prix des livres
canadiens et de créer une maison de gros du livre de langue
française, propriété de l'Etat. Le bill, on n'a
qu'à le lire, ne dit absolument rien de tout cela, il ne fait comme je
l'ai dit tantôt qu'accréditer des libraires et leur donner un
titre.
Espérons toutefois que cette initiative sera fructueuse par le
rôle que pourra se préparer à jouer le comité
consultatif auprès du lieu-
tenant-gouverneur en Conseil et en particulier auprès du ministre
des Affaires culturelles. Même si, pour le moment, le bill ne recelle pas
plus d'avantages que ceux que j'ai pu souligner, nous approuverons la mesure et
nous espérons que ce bill ne marquera qu'une première
étape dans l'application des autres recommandations du rapport
Bouchard.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. LAPORTE: Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme en comité plénier pour étudier
le bill 90. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (Président du comité): Bill 90. Article 1?
M.BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 2 ?
M. BERTRAND: Article 2, est-ce que le ministre a prévu à
même son budget des Affaires culturelles le salaire de ce directeur?
M. LAPORTE: C'est-à-dire que le directeur sera nommé en
vertu de la Loi de la fonction publique, et les crédits seront pris
à même les crédits réguliers de cette année
au ministère des Affaires culturelles.
M.BERTRAND: Ce directeur sera-t- il nommé à la suite d'un
concours ou directement par le lieutenant-gouverneur?
M. LAPORTE: J'imagine que ça va être à la suite d'un
concours. Personnellement, je pense bien que la Commission de la fonction
publique a des règles précises quant à cela et j'imagine
que ça va être à la suite d'un concours.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 3?
M. BERTRAND: Les membres de ce comité consultatif vont être
nommés, c'est-à-dire, ce comité va être
constitué par le ministre avec représentation de nos
sociétés?
M. LAPORTE: Imaginez en gros, sans que ce soit auteur, éditeur,
libraire, librairie et consommateur, imaginez quelque chose a peu près
dans ça et que les consommateurs, cela inclut évidemment les
grands acheteurs comme les commissions scolaires, comme certains corps publics
et également ça peut-être un citoyen qui s'intéresse
particulièrement aux livres et, on l'imagine surtout, comme les grands
acheteurs de livres, les grands consommateurs, comme je l'imagine.
M. BERTRAND: Est-ce que c'est l'intention du ministre de les nommer le
plus tôt possible après la sanction de la loi?
M. LAPORTE; Je ne crois pas que leur nomination dépasse deux
semaines après la sanction du bill.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 4.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 5.
M. LAPORTE: Est-ce que nous sommes sur 4?
M. BERTRAND: Ces dépenses-là sont-elles payées
à même le budget du ministère des Affaires culturelles?
M. LAPORTE: Oui, à même les dépenses de voyage du
ministère.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 7.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 9.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 10.
M. BERTRAND: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 11. M. BERTRAND: Adopté.
M. BEDARD (président du comité plénier): M. le
Président, le comité a adopté le bill numéro
90.
M. HYDE (président): Troisième lecture? Troisième
lecture adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LAPORTE: Le bill 89.
M. LESAGE: Deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que le bill 89, loi modifiant la Loi
de la législature et la loi de l'exécutif soient maintenant lu
une deuxième fois.
M. LESAGE: M. le Président, Son Honneur le lieutenant-gouverneur,
mis au courant des dispositions du projet de loi, en recommande la
considération à la Chambre. M. le Président, si je me
lève à ce moment-ci pour proposer la deuxième lecture de
ce projet de loi, ce n'est pas pour en hâter l'adoption, parce que je
voudrais que nous ayons deux jours pour y penser et que la population sache
bien les raisons qui motivent le principe de ce bill.
Alors, après la deuxième lecture, je ne demanderai pas que
nous étudiions le bill en comité ce soir, mais que nous en
reportions l'étude en comité demain, à demain.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce qu'on va... je ferai une motion
d'ajournement.
M. LESAGE: De cette façon... M. BELLEMARE: C'est ça!
M. LESAGE: Non, non, onpeutbienl'adopter en deuxième lecture.
Non, non, je me suis entendu avec le chef de l'Opposition.
M. BELLEMARE: Ah! Ah bon!
M. LESAGE: Nous allons l'adopter en deuxième lecture et demain,
nous l'étudierons article par article sérieusement, en expliquant
l'objet et les conséquences de chacun des articles.
M. BERTRAND: Parfait! M. BELLEMARE: Parfait!
M. LESAGE: Mais il y a les principes généraux qui doivent
être énoncés, à l'appui du projet de loi, et je
crois qu'il est de mon devoir de le faire dès ce soir, afin que la
population, prenant connaissance des principes généraux qui
motivent le principe du bill, puisse suivre après cela...
M. BELLEMARE: Pour finir? Une journée? UNE VOIX: Non!
M. LESAGE: ... suivre après cela les raisons de chacun des
articles du projet de loi. Le projet de loi, d'abord, fixe sur une base
annuelle et non sur une base sessionnelle, l'indemnité et les
allocations des conseillers législatifs et des députés.
L'indemnité des députés est portée de $10,000
à $12,000 par année et leur allocation pour
déboursés inhérents à leur fonction, de $5,000
à $6,000 par année. C'est-à-dire que je propose que le
salaire des députés de l'Assemblée législative du
Québec, l'indemnité et l'allocation, soit la même je
n'aurais pas dû employer le mot « salaire », mais le mot
« la rémunération » l'indemnité et allocation
soit la même que celle des députés à la Chambre des
Communes. Et également sur la même base c'est-à-dire sur
une base annuelle. Et pourquoi cela?
Il y a de multiples raisons. Je vais d'abord dire pourquoi il est devenu
nécessaire que ce soit sur une base annuelle. Nous sommes rendus, dans
quelques minutes, au 6 août; nous siégeons depuis le mois de
janvier. Il est probable qu'il faudra revenir au mois de septembre, probable,
possible de toutes façons qu'il faille revenir au mois de septembre. Si
nous revenons au mois de septembre, et que nous avons le paiement à tant
par jour pour une session spéciale, on pourra être porté
à nous critiquer, d'autant plus qu'en vertu de notre système
actuel de pensions, il suffit de 10 sessions ou 10 années pour que le
droit à la pension de député soit ouvert.
M. BELLEMARE: Dix sessions parlementaires.
M. LESAGE: C'est ça. S'il était nécessaire d'avoir
une session au mois de septembre, il serait donc possible pour ceux qui ont
été élus pour la première fois en 1960, celui qui
vous parle, d'avoir droit à une pension après deux
élections seulement.
M. BELLEMARE: S'il y a des élections en 1967.
M. LESAGE: Oui, oui, ce serait possible, parce que le terme du
présent parlement...
M. BELLEMARE: Le 5 janvier 1968. M. LESAGE: Le 5 janvier 1968... M.
BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: ... les brefs ne pourraient être émis que le 5
janvier 1968.
M. BERTRAND: Mais, pas en hiver.
M. LESAGE: Non, non, mais enfin c'est ça, comme on en a vu. Il y
a eu des élections le 31 janvier, le 31 mars...
M. BELLEMARE: Bien oui, M. Taschereau.
M. LESAGE: ... en d'autres juridictions et mérne ici...
M. BELLEMARE: M. Taschereau. M. LESAGE: Même ici.
M. BERTRAND: Ce serait bien un beau cadeau!
M. LESAGE: Oui, oui, je sais, mais enfin c'est déjà
arrivé. On ne sait jamais ce qui peut se produire.
M. BELLEMARE: Les élections à Shawinigan.
M. LESAGE: Alors, ça me répugne, moi, personnellement,
parce qu'ici, après tout, de tous ceux qui ont été
élus en 1960 et qui pourraient avoir un droit à la pension
après deux élections seulement, celui qui aurait la plus grosse
pension, c'est bien celui qui vous parle.
Et, alors, je suis bien placé pour dire ce que j'en pense, et je
pense que ça répugne, ce n'est pas juste qu'après deux
élections seulement un député ait droit à une
pension, ce n'est pas normal. Je me souviens très bien qu'en 1946 ou
1947, quand j'étais député à la Chambre des
Communes, lorsque le Secrétaire de la province actuel, avait
lancé, lui, qui connaissant bien l'assurance et les fonds de pension,
cette idée d'une pension pour les députés, qu'il avait
étudiée, fait étudier à fond avec le surintendant
des assurances fédérales, les officiers du ministère des
finances, j'avais moi-même participé aux discus- sions et
après de nombreuses études, nous en é-tions venus à
la conclusion que, normalement, sauf quelques exceptions, un
député qui ne siège que deux parlements, je ne parle plus
de mon cas, parce que moi ça fait vingt ans que je suis en politique, un
député qui commence à faire de la politique, là, et
qui siège deux parlements, peut après deux parlements, retourner
à ses occupations habituelles et refaire sa vie. Et mon
expérience me dit, par exemple, qu'après trois parlements, il n'y
a plus moyen...
M. BELLEMARE: Même pas...
M. LESAGE: ... ni pour l'avocat, ni pour le médecin, de refaire
sa clientèle, c'est fini.
M. BERTRAND: C'est difficile.
M. LESAGE: C'est à ce moment-là qu'il a besoin d'une
pension.
M. BERTRAND: C'est bien difficile.
M. LESAGE: Et après deux parlements, c'est peut-être
justifiable dans certains cas, mais pas d'une façon
générale. Alors, je crois qu'il est nécessaire que le
droit au fonds de pension soit basé sur les années, tout en
protégeant évidemment les droits acquis, ce qui si on
applique la loi le 1er septembre, comme on veut le faire
empêcherait celui qui vous parle et ceux quiont été
élus en 1960, d'avoir un droit à leur pension avant une prochaine
élection générale. Cela, c'est un des effets du bill,
c'est un effet important.
M. BELLEMARE: Si le premier ministre décidait en 1968.
M. LESAGE: Que je décide n'importe quand, ce ne sera pas
possible.
Du moment que la loi entre en vigueur le 1er septembre, qu'il n'y a pas
de session spéciale d'ici le 1er septembre, et je n'en prévois
pas de toutes façons...
M. BELLEMARE: ... ah oui! oui, je comprends...
M. LESAGE: ... ça ne sepeutpas...
M. BELLEMARE: ... je comprends. Les sessions ne compteront pas...
M. LESAGE: ... non les sessions ne compteront plus...
M. BELLEMARE: ... ça va graduellement...
M. LESAGE: ... les sessions ne comptent plus. Il n'y a plus de session
spéciale...
M. BELEMARE; ... il y a des amendements qui sont faits pour
ça...
M. LESAGE: ... les députés sont à la disposition,
sont disponibles pour la Chambre à l'année longue,
c'est-à-dire que les courses vers les fins de session, nous pouvons
espérer les voir disparaître.
M. BELLEMARE: Tant mieux.
M. LESAGE: Nous pouvons espérer avec ce système de
paiements à l'année, voir le jour où, vivant une vie
normale, les députés pourront passer une partie de
l'été avec leur femme et leurs enfants. Puis ça c'est
important! J'en ai souffert...
M. BELLEMARE: Tout le monde...
M. LESAGE: Non, non, mais j'en ai souffert depuis vingt ans. Je n'en
souffre plus maintenant parce que je demeure à Québec. Mais j'ai
été treize ans, treize ans député à Ottawa,
et pendant des étés, à part d'être
séparé de ma famille toute l'année, je l'étais
même l'été. Il y a une session où nous avons
siégé jusqu'au 31 août, en 1946. Ce n'était pas
raisonnable. Nous étions à ce moment-là à Ottawa,
sous le système du paiement sessionnel. Je me souviens très bien
de cette année 1946, 31 août. Nous pourrons donc suspendre les
sessions après la fin des classes, les reprendre au mois de septembre.
Faire une vie de gens normaux. Comme les autres, recevoir, les
députés recevront leurs rénumérations à
l'année pour un travail qu'ils font à l'année et à
plein temps. Je ne connais pas de député dans cette Chambre qui
ne soit pas occupé à l'année. Plus longtemps il est ici,
plus longtemps il est absent de son comté, plus s'accumulent les
problèmes qui l'attendent dans son comté, plus il a de cas
à régler, plus il a de personnes à recevoir.
Il doit se faire une cédule pour recevoir ces gens. Il en a pour
tout l'automne cette année, si on a une session spéciale, pour
reprendre son retard à cause de la session depuis le mois de janvier,
s'il veut s'occuper de ses électeurs, s'il veut leur expliquer comme je
le faisais quand j'étais député au fédéral,
aller visiter ses électeurs dans chaque paroisse pour leur expliquer
et c'est son devoir, en la critiquant ou en l'approuvant, ça n'a
pas d'impor- tance la législation adoptée au cours de la
session. Je le faisais et il y a des députés qui le font des deux
côtés de la Chambre, nombreux. Ma méthode, moi,
c'était d'aller à la messe dans une paroisse différente
tous les dimanches et après la messe, je rencontrais les gens à
l'école ou à la salle paroissale, je tenais les gens au courant
de ce qui se passait. Et quand je faisais cela, je remplissais mon devoir de
député Je recevais mes électeurs parce que même les
députés fédéraux ont de la visite, ils en ont
beaucoup moins que les députés provinciaux, qu'ils soient au
pouvoir ou dans l'Opposition...
M. BELLEMARE: Cela dépend du député provincial.
M. LESAGE: Ils en reçoivent aussi. Pardon?
M. BELLEMARE: Cela dépend un peu du député
provincial, s'il a le tour de lui en envoyer un peu, là.
M. LESAGE: Bien voici, je pense que...
M. BELLEMARE: C'est curieux, moi, si j'étais
député, si j'étais député...
M. LESAGE: ... quand j'étais député de
Montmagny-l'Islet, M. Rivard ne m'en envoyait pas, et je n'en envoyais pas
à M. Rivard puis nous étions tous les deux
débordés.
M. BELLEMARE: Oui, mais le mien, je le tiens occupé!
M. LESAGE: Non, non. Mais je tiens à dire que...
M. BELLEMARE: Je lui donne des lettres.
M. LESAGE: Non, je n'ai jamais fait cela. Je n'ai jamais joué ce
jeu-là malgré qu'en temps d'élection, M. Rivard et moi
nous...
M. BELLEMARE: Vous vous envoyiez des petites cartes roses.
M. LESAGE: ... nous enguirlandions.
M. JOHNSON: Non, mais le premier ministre écrivait pour...
M. BELLEMARE: Quand ils avaient...
M. JOHNSON; ... faire remettre les comptes des médecins ou des
hôpitaux.
M. LESAGE: Mais oui, pardon?
M. JOHNSON: Le premier ministre écrivait pour avoir les...
M. LESAGE: Certainement, je m'occupais de mes gens, moi. Je n'avais pas
besoin de passer par M. Rivard, moi. Les gens venaient me voir pour faire des
représentations à certains départements provinciaux,
j'écrivais aux personnes responsables et je présentais le cas.
J'étais député libéral fédéral, les
personnes avaient confiance, je n'avais pas besoin de passer par M. Rivard.
J'écrivais directement, mais ça n'a rien à faire
avec...
M. BELLEMARE: Non, ça ne sert à rien.
M. LESAGE: ... on m'a détourné du sujet important que je
traitais...
M. BELLEMARE: C'est ça. Excusez-moi.
M. LESAGE: ... ce que je veux dire c'est qu'un député,
à l'ouvrage à l'année et en Chambre et dans son
comté...
M. BELLEMARE: Quand un député veut travailler.
M. LESAGE: ... bien oui, mais ordinairement, ils veulent travailler
parce que, s'ils veulent être réélus, il faut qu'ils
travaillent, c'est clair. C'est une augmentation de $3,000 par année,
c'est plus élevé, évidemment, que les indemnités
des députés provinciaux de toutes les autres provinces, mais
c'est égal je le répète à
l'indemnité des députés fédéraux. Mais le
Québec n'est pas une province, comme les autres..»
M. BELLEMARE: Attaboy!
M. LESAGE: ... dans ce domaine-là, non plus. Nous siégeons
beaucoup plus longtemps que l'on siège dans les autres provinces. Il y a
bien des raisons pour cela. C'est que nous avons nos propres programmes, c'est
que nous initions nos propres programmes, alors que les autres provinces
suivent Ottawa...
M. BERTRAND: On n'a pas un premier ministre comme les autres.
M. LESAGE: ... se fient à Ottawa pour la perception de leurs
impôts, pour l'établissement d'un régime de rentes, ils se
fient à Otta- wa, c'est-à-dire sur ce qu'Ottawa a emprunté
de Québec, dans le cas du régime de rentes.
M. BELLEMARE: Emprunté de Québec? M. LESAGE: Oui, le plan
de pension.
M. BELLEMARE: Ah! oui, je pensais que c'était les emprunts que le
premier ministre faisait en Colombie.
M. LESAGE: Je pense que le député de Champlain est un peu
fatigué, ce soir, je lui pardonne de ne pas comprendre tout de suite, il
est plus brillant que cela d'habitude.
M. BELLEMARE: Non, c'est parce que je voulais vous parler des emprunts
en Colombie.
M. LESAGE: Non, mais je pense qu'il s'agit d'un cas très
sérieux. J'ai ici, devant moi, un éditorial du journal Le Soleil,
du mercredi le 14 juillet. Ça m'arrive très peu souvent de lire
des éditoriaux en Chambre...
M. BELLEMARE: Mais vous devriez lire celui du Nouvelliste, il a
été formidable.
M. LESAGE: Je remercie le député de Champlain, je le lirai
avec plaisir. Il va nous le lire, sans doute, s'il l'a?
M. BELLEMARE: Ah! je l'ai certain. Il est à mon bureau.
M. LESAGE: L'on dit; « Si dans le passé », parlant
n'est-ce pas de cette augmentation de $15,000 à $18,000 comme d'une
chose possible pour les députés provinciaux,
l'éditorialiste anonyme dit ceci; « Si dans le passé le
public n'a jamais fait obstacle à une amélioration du traitement
des députés, on peut se demander quelle serait sa réaction
à une nouvelle hausse de leur indemnité parlementaire ».
Sans doute se trouvera-t-il des voix pour protester et dire que nos
députés sont déjà très bien payés,
trop bien payés même et qu'on devrait songer plutôt à
améliorer le sort des petites gens. Cela ça se dit à
chaque fois. Mais la réponse est excellente ici. « Ce raisonnement
a été celui d'une minorité chaque fois que nos
députés se sont voté une augmentation de traitement mais
vaut-il la peine qu'on s'y arrête? Ce ne sont pas les quelques centaines
de mil'iers de dollars, moins de $300,000 alors que l'augmentation des
fonctionnaires va coûter au-delà de $15 millions pour cette
année seulement, qui amélioreront les conditions de vie des
moyens et des petits sa-
lariés et qui affecteront la situation financière de la
province ». C'est vrai.
Il y a par contre tel'ement d'autres considérations dont il
faille tenir compte pour apprécier l'opportunité de mieux
rémunérer nos députés. Et là on fait la
comparaison avec les députés des autres provinces et on
élabore sur les arguments que. j'ai donnés il y a un instant, on
parle de la durée des sessions au Québec qui est beaucoup plus
longue qu'ailleurs, qui inévitablement sera toujours de plus en plus
longue, ne peut pas raccourcir parce que le volume des affaires, le volume de
ce qui doit se transiger ici au parlement de Québec augmente non
seulement avec l'augmentation de la population et la croissance
économique mais il augmente aussi au fur et à mesure que nous
prenons des responsabilités, que nous socialisons n'ayons pas peur du
mot. C'est ce que nous faisons dans le bon sens du mot, que nous essayons
d'établir par la perception des impôts et la redistribution du
revenu une meilleure égalité de niveau de vie minimum pour la
population. Dans d'autres provinces, on laisse le fédéral seul
chargé, presque seul, chargé de cette fonction. Ici nous en
assumons la responsabilité, et cette responsabilité, elle ne
pourra aller qu'en augmentant.
L'année prochaine, dans deux ans, dans trois ans, nous serons
appelés à siéger toute l'année, sauf
peut-être une vacance à Pâques, une vacance aux Fêtes
et une vacance l'été, des choses normales pour que les gens aient
le temps de voir leurs électeurs, de s'occuper de leur comté et
de s'occuper aussi de leur famille un peu, c'est normal. Il n'est pas
raisonnable que nous travaillions sous vapeur, comme nous travaillons
constamment. Il n'est pas normal que nous soyons épuisés, je le
confesse, comme nous sommes épuisés à ce moment-ci, et je
ne suis pas le seul, il y a de mes collègues qui le sont, le chef de
l'Opposition l'est, le député de Missisquoi, le
député de Champlain. Ce n'est pas normal qu'on s'épuise
comme ça. Nous n'avons pas le droit de prendre le risque de raccourcir
nos jours de cette façon. Tout cela, parce que c'est mal
organisé, parce qu'il faut que les députés, à cause
de leurs obligations, aillent essayer de gagner de l'argent qui dans les mines,
qui dans l'assurance, qui dans le droit, qui dans la médecine. Ce n'est
pas normal, qui dans la comptabilité, avec les obligations d'un
député à l'heure actuelle, j'exclus mon cas, mais j'inclus
le chef de l'Opposition et les ministres. Les dépenses inhérentes
aux fonctions sont telles, le coût du logement à Québec est
tel, pendant ces longues sessions, qu'il lui est impossible d'arriver avec
$15,000 par année. Je vis à Québec et je sais qu'avec
$15,000 par année un député ne peut pas joindre les deux
bouts, s'il n'a pas d'autre source de revenu, et je m'exclus, je parle de tous
les autres.
A moins d'avoir des revenus personnels ou de pouvoir compter sur du
travail en dehors de la session, il n'y a pas de député qui
puisse vivre avec comme seul revenu $15,000 par année à l'heure
actuelle, à cause des obligations qu'il a, il n'y en a pas, ce n'est pas
vrai. Je suis bien placé pour dire ce que je dis, parce que moi, je
gagne plus. ... Pensez-vous qu'il est raisonnable que le député
de Champlain ou le député de Missisquoi, le député
de Missisquoi par exemple je ne veux pas faire de personnalité
qui a une famille nombreuse, qui demeure loin d'ici, qui passe ses
semaines ici, pensez-vous que cet homme-là puisse arriver à
joindre les deux bouts, lui, un professionnel avec $15,000 par année?
Non. Il ne peut pas arriver. C'est injuste, absolument injuste. Si nous voulons
avoir en Chambre des hommes de qualité, si nous voulons garantir
l'intégrité des députés, ça c'est important
aussi, si nous voulons leur enlever les tentations, il est nécessaire de
leur donner au moins un minimum vital, et quand j'évalue ce minimum
vital à $18,000, je ne prétends pas être
généreux, au contraire.
Pour les hommes qui sont obligés d'avoir les connaissances dont
les députés en général doivent faire preuve en
cette Chambre, non. Ce n'est pas assez. Si en 1945, au lieu de me lancer dans
la politique, moi, j'avais continuer à pratiquer le droit comme je le
pratiquais, intensément, je ne me gêne pas de le dire, sans fausse
modestie, avec succès, pensez-vous que je ne gagnerais pas plus que ce
que je gagne aujourd'hui? Je gagnerais trois fois ce que je gagne, trois fois
au moins et j'aurais de l'argent de côté. Je n'en al pas. Avec mon
salaire, je joins les deux bouts à peine, à peine. Je l'ai dit
l'autre jour, c'est vrai. Imaginez-vous ce que c'est pour un
député. Moi, je suis payé comme premier ministre. Il est
vrai que, comme tel, j'ai des obligations plus fortes, j'ai des obligations
plus grandes, je suis obligé de faire des dépenses plus
considérables et plus nombreuses.
Mais si je donnais, si j'avais donné depuis vingt ans que je suis
en politique ailleurs qu'en politique, la somme de travail que j'ai
donnée en politique, je serais passablement riche, passablement riche.
Qu'on y pense à ça aussi. Parce que si l'on veut attirer dans la
politique des hommes qui vont se dévouer à la politique, sans se
faire traiter de fous comme ça m'est
arrivé de me faire traiter d'être un fou, de faire de la
politique, bien, il faut que les gens soient payés convenablement et
suivant ce qu'ils pourraient gagner s'ils ne faisaient pas de politique.
Combien de fois me suis-je fait dire: bah! foutez donc tout ça
là, vous pourriez gagner trois fois, quatre fois plus en dehors, vous ne
feriez pas casser vos fenêtres, vous ne vous feriez pas enguirlander
à la journée, vous auriez la paix, vous feriez de l'argent, vous
seriez riche. Je me suis fait dire ça combien de fois. Et combien de
députés se sont fait dire ça, combien de ministres,
combien d'anciens ministres se sont fait dire ça? C'est vrai. Cela prend
peut-être de la folie pour avoir du dévouement mais, parodiant
et je m'en excuse les Ecritures, eh bien si c'est d'être un
fou, que de faire de la politique de se dévouer pour sa province, je
suis un fou. Il y en a bien des fous dans cette Chambre. Il y en a beaucoup qui
sont fous dans cette Chambre. M. le Président, qu'est-ce qui reste d'un
salaire de $18,000 quand on a enlevé les impôts? Qu'est-ce qui me
reste moi après qu'on a enlevé les impôts, les
déductions à la source, que nous avons payé les
domestiques, qu'il a fallu payer pour les réceptions que je dois donner
parce que je suis premier ministre?
Qu'est-ce qu'il reste quand il a fallu payer pour m'habiller, pour
habiller spécialement les membres de ma famille, particulièrement
mon épouse?...
M. BELLEMARE: A cause de la situation que vous avez.
M. LESAGE: ... à cause de la situation que j'occupe...
M. BELLEMARE: Le double. M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il me reste? M.
BELLEMARE: La « braquette »! M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Etre sur la « braquette ». C'est
sûr!
M. LESAGE: Bien oui! Sur la « braquette » c'est ça!
Comme on dit.
M. BELLEMARE: On dit ça par chez nous... M. LESAGE: Bien,
oui!
M. BELLEMARE: « Tu n'es pas dans la « braquette ».
M. LESAGE: Or, il y va, M. le Président, de la
nécessité de reconnaître qu'il faut que les
députés soient payés. Qu'il ne faut pas que nous ayons
l'air de courir après l'obtention de notre indemnité. Il faut
donc que le salaire soit convenable, l'indemnité et la
rémunération soient convenable, qu'elles soient réparties
à toutes l'année pour qu'aucun soupçon n'existe quand nous
convoquons une session spéciale, qu'aucun soupçon n'existe quand
nous décidons d' aller plus ou moins rapidement suivant les
circonstances.
M. BELLEMARE: Sans être accusé de faire de
l'obstruction.
M. LESAGE: Les accusations d'obstruction ou de trop grande vitesse, les
deux.
M. BELLEMARE: Oui, celle-là on l'a eue!
M. LESAGE: Mais nous l'aurons encore! Quand nous siégerons
à l'année, fini. Mais, il faut qu'on soit payé comme des
gens qui travaillent à l'année. Si c'est devenu une fonction
à l'année, ça doit être un paiement pour une
fonction à l'année, et ça doit être une
rémunération qui tienne compte de toutes les circonstances que
j'ai mentionnées et de celles que j'oublie, et qui seront sans doute
mentionnées par le chef de l'Opposition ou le député de
Champlain ou encore par le chef de l'Opposition et le député de
Champlain qui, eux aussi, ont une longue expérience de la vie politique.
De ses jours de gloire et de ses jours de déboires.
M. BELLEMARE: Surtout notre femme, c'est ça! Notre épouse,
c'est ça!
M. LESAGE: Oui, ça, oui! Des jours de gloire qui souvent
deviennent des jours d'angoisse. Cela ne se paie pas. Il ne demande pas de
rémunération pour ça, mais c'est ça quand
même. Il faut le vivre. Il faut vivre comme je l'ai vécu pour
savoir qu'est-ce que c'est que la politique, savoir qu'est-ce que c'est que de
se donner, puis d'avoir l'impression d'être im-compris.
Cela ne se pale pas, ça. Ce n'est pas une raison qu'on peut
invoquer; mais au moins il faut que les députés aient la
sécurité financière minimum, et je considère
qu'à $18,000, c'est un strict minimum. Pourquoi la loi pren-dra-t-elle
effet le 1er septembre? D'abord, pour éviter le paiement spécial
d'une session spéciale, s'il y en a une cet automne, comme c'est
possible. Deuxièmement, l'on m'a représenté avec raison
que s'il y avait des élections au mois de mai l'an prochain, ou au mois
de juin,
les députés, s'ils continuaient d'être payés
sur une base sessionnelle, même sans augmentation, recevraient plus
qu'ils recevraient sur une base annuelle si la loi prenait effet au 1er
janvier. C'est vrai?
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: $1,500 pendant 5 mois, ça fait $7,500 au lieu de
$15,000, c'est ça. Alors, si la loi ne venait pas en application le 1er
septembre et qu'il y avait des élections au mois de juin...
M. BELLEMARE: Onze mois.
M. LESAGE: ... les députés y perdraient, il y a une
période de transition qu'il faut couvrir. Si les élections ont
lieu au mois de septembre, ils perdent encore un peu. Non, là ils ne
perdent plus, là ils ne perdent plus. Au mois de septembre, ils ne
perdent plus.
M. BELLEMARE: Au mois de juillet, ils gagnent $500.
M. LESAGE: Bien oui, mais ils ne perdent plus...
M. BELLEMARE: A partir de juillet. M. LESAGE: Cela prend 12 mois.
M. BELLEMARE: A partir de juillet, $500 de plus.
M. LESAGE: A partir de septembre, ils ne perdent plus parce que
ça prend 12 mois si on paie au mois. Si les élections ont lieu en
septembre, oui, ça prend dix mois pour $15,000, mais cela en prend 12
pour $18,000, pour $18,000 ça en prend 12, Alors, c'est pour cela que la
loi, pour ces raisons que la loi entre en vigueur le 1er septembre, parce qu'il
serait normal qu'il y ait des élections l'an prochain.
C'est normal qu'il y en ait.
M. BERTRAND: Très normal.
M. LESAGE: II n'y a pas de cachette à se faire, c'est normal
qu'il y en ait l'an prochain.
M. BERTRAND: Avez-vous une date?
M. LESAGE: Non.
M. BERTRAND: On ne peut pas suggérer...
M. LESAGE: Non, non, le chef de l'Opposition a dit là je
ne suis plus sérieux pour deux minutes le chef de l'Opposition a
dit que ce serait cet automne. Non, on va attendre à l'an prochain.
M. BELLEMARE: A l'automne? M. LESAGE: L'an prochain.
M. BELLEMARE: Vous avez quasiment dit ça.
M. LESAGE: Si c'est au mois de juin, les députés y
perdront un peu...
M. BERTRAND: C'est un beau mois. M. LESAGE: Ils y perdront un peu. M.
BERTRAND: Un beau mois.
M. LESAGE: Si c'est au mois de septembre, ce sera égal.
M., BERTRAND: Oh, c'est beau à l'automne. M. LESAGE: Je n'en
dirai pas plus que ça. M. BERTRAND: Les feuilles changent... M.
BELLEMARE: Les feuilles dansent!
M. LESAGE: Fin de septembre, c'est rouge, les feuilles sont
rouges...
UNE VOIX: Oui, mais ça tombe aussi, ça... M. BERTRAND:
Cela tombe... M. LESAGE: Non, non...
M. LAPORTE; ... il n'y a plus de bleu,c'est bleu, les gens sont...
M. LESAGE: Revenons...
M. BERTRAND: Plus elles rougissent, plus elles tombent.
M. LESAGE: Revenons au sérieux.
M. BELLEMARE: Ils sont secs comme des galettes.
M. LESAGE: Pour les députés qui demeurent en dehors de la
ville de Québec... on a créé
un précédent en Ontario en 1965 par le bill 80, 13-14
Elizabeth II 1965, où l'on paie $0.10 du mille au député
vivant en dehors de la ville de Toronto...
M. BELLEMARE: Ah oui, à partir de... excusez-moi. Pourquoi de
Toronto?
M. LESAGE: Je parle de la législature de l'Ontario. C'est
à Toronto.
M. BELLEMARE: C'est vrai que je suis fatigué.
M. LESAGE: Alors, si l'on veut je dirai de Queen's Park.
M. BELLEMARE: Queen's Park.
M. LESAGE: L'endroit est bien déterminé dans la loi, c'est
Queen's Park dans la loi on-tarienne, sauf pour ceux qui demeurent dans la
région métropolitaine de Toronto; $0.10 du mille aller-retour
pour 15 voyages par année à partir de leur place de
résidence.
Ici, nous avons dû tenir compte de plusieurs facteurs. Il y a le
fait que, pour ce qui est des fonctionnaires provinciaux, lorsqu'ils voyagent
en automobile, pour une période qui les amène dans une autre
ville pendant plusieurs jours, c'est-à-dire trois, quatre ou cinq
jours...
Supposons qu'un inspecteur du ministère du Revenu va à
Montréal pour une semaine avec sa voiture. Il se rend directement
à Montréal, passe la semaine à Montréal, revient de
Montréal avec sa voiture; il est payé $0.06 du mille parce qu'il
aurait pu prendre le train. Alors, il nous faut, nous, tenir compte de ce
facteur. Alors, c'est pour cela que pour les députés de
l'île de Montréal, de l'île Jésus, ceux qui demeurent
dans un certain rayon, là, je ne sais pas trop comment on a
établi la règle, Trois-Rivières et à moins de dix
milles de la gare de Trois-Rivières. Ah non, le député de
Champlain est avisé de ça depuis longtemps, il m'a dit que
c'était raisonnable...
M. BELLEMARE: ... très bien, j'ai dit que je n'avais aucune
objection...
M. LESAGE: ... non...
M. BELLEMARE: ... c'est juste pour tout le monde...
M. LESAGE: ... non, je l'en ai avisé puis il m'a dit que
c'était très raisonnable...
M. BELLEMARE: ... j'aurais pu donner ma « notice »...
M. LESAGE: ... les mêmes règles s'appliquent pour les
employés civils, les fonctionnaires: $0.06 du mille. Rien pour les
députés des comtés contigus à la ville de
Québec. Il y en a deux. Il y en a un qui est le vice-président de
la Chambre puis l'autre, mon adjoint-parlementaire au ministère des
Finances. Le député de Lévis, puis le député
du comté de Québec.
M. BELLEMARE: ... Québec.
M. LESAGE: Et les autres qui n'en ont pas sont le député
de St-Sauveur, le député de Québec-Centre, le
député de Québec-Est et moi. Les autres; $0.10 du mille.
Et prenons le cas par exemple, du député du comté de
Duplessis qui, réellement, ne peut se rendre chez lui qu'en avion. Et
$0.10 du mille aller-retour ne paie pas tout à fait le coût de son
billet d'avion.
M. BELLEMARE: Ce qui fait $120.
M. LESAGE: ... ne paie pas tout à fait le coiît de son
billet d'avion.
M. BELLEMARE: $120, aller-retour?
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. LESAGE: Je l'ai questionné. Non, non ce n'est pas $120 de
Québec à Sept-Iles. C'est combien de milles?
M. LAPORTE: En tout cas, continuons. M. RUSSELL: 48.
M. LESAGE: Bien, il va recevoir à peu près $80. Ce n'est
pas $120. Il n'y a pas 600 milles de Montréal. Bien oui, il y a 600
milles de Montréal, 450 milles de Québec. Alors c'est $90. C'est
à peu près ça le prix du billet aller-retour. C'est ce
qu'il m'a dit.
Et je n'ai pas de raison de croire qu'il ne m'a pas dit la
vérité. Le député des Iles-de-la-Madeleine paie,
ça lui coûte cher, mais oui, ça lui coûte très
cher.
M. GAGNON: Gaspé-Sud. M. LESAGE: Gaspé-Sud. M. BELLEMARE:
Pourquoi?
M. LESAGE: Gaspé-Sud.
M. CREPEAU: Témiscamingue.
M. BELLEMARE: Non, mais les Iles-de-la-Madeleine, pourquoi...
M. LESAGE: Le maire de Gaspé, c'est 500 milles,
Gaspé-Nord...
M. GAGNON; Trois cent milles.
M. LESAGE: Trois cent milles. Il est obligé de voyager en
automobile. Le Dr Théberge, le député de
Témiscamingue, c'est une tragédie on en a parlé combien de
fois ici en Chambre.
M. BELLEMARE: Il y a le député de Noran-da, aussi.
M. LESAGE: Noranda.
M. JOHNSON: Le député de Pontiac.
M. LESAGE: Tous.
M. JOHNSON: C'est joliment loin.
M. LESAGE: Alors, plus ils sont loin, plus ils reçoivent, cela
fait une espèce de péréquation, et nous l'empruntons, et
cette fois-ci c'est nous qui l'empruntons, non pas d'Ottawa, mais d'Ontario,
une idée de péréquation. Reste l'augmentation des
ministres, du président de la Chambre et du chef de l'Opposition. Cette
augmentation, dans le cas de vous, M. le Président, dans le cas du chef
de l'Opposition et dans le cas des ministres, sauf celui qui vous parle, est de
$2,000 par année d'indemnité et de $1,000 par année
d'allocation.
M. BELLEMARE: L'Orateur vous l'avez remonté de...
M. LESAGE: $2,000, plus $1,000. M. BELLEMARE: $1,000.
M. LESAGE: $2,000 plus $1,000, la même chose que le chef de
l'Opposition, même chose que pour les ministres.
M. BELLEMARE: Je ne sais pas si je vais voter pour cela!
M. LESAGE: Ah! M. le Président, soyons sérieux.
M. LE PRESIDENT: Pas dans les détails du bill...
M. LESAGE: Soyons sérieux.
M. BERTRAND: Savez-vous, c'est un homme de décision.
M. LESAGE: Parce que je sais que ni le chef de l'Opposition, je ne vous
ai pas questionné, M. le Président, mais la déduction est
facile, je sais que ni le chef de l'Opposition, ni les ministres, avec leurs
obligations, ne peuvent arriver. Je connais des ministres qui ont des jeunes
enfants et qui sont obligés de garder leur maison dans leur
comté, d'avoir une résidence à Québec, il y en a
même qui louent des résidences d'été, je le sais. Il
le faut, s'ils veulent que leur femme et leurs enfants soient près deux.
Et les ministres, ce n'est plus comme ça pu être autrefois, alors
que les ministres en dehors des sessions venaient une fois par semaine à
Québec.
Etre ministre dans le gouvernement que je dirige, c'est d'avoir de
l'ouvrage sept jours par semaine...
M. BELLEMARE: C'est péché.
M. LESAGE: ... sept jours. Pour celui qui vous parle c'est sept
jours.
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas le droit de vous reposer?
M. LESAGE: ... je travaille certainement tous les dimanches, bien
voyons.
M. BELLEMARE: Non, mais ce sont des exceptions.
M. LESAGE: Je n'arriverais pas si je ne travaillais pas le dimanche.
M. BELLEMARE: Oui, mais dîtes-le pas si vous vous en
confessez.
M. LESAGE: Bien non, ce n'est pas du travail servile.
M. BELLEMARE: Bien oui, servir un parti.
M. BERTRAND: Plus les six autres péchés.
M. LESAGE: Non, non, c'est de servir la province...
M. BELLEMARE: En tous les cas.
M. LESAGE: ... pas de servir un parti quand je travaille le dimanche. Je
connais bien des évoques qui travaillent le dimanche et qui
préparent leur discours le dimanche, ils ont droit de le faire, ils
préparent leur sermon le dimanche, ils ont droit de le faire...
M. GAGNON: Les curés travaillent aussi.
M. LESAGE: ... j'ai le droit de préparer mon travail de la
semaine le dimanche et il faut bien que je le prépare le dimanche. Ce
n'est pas le lundi que j'ai le temps de le faire.
M. BELLEMARE: L'apostolat de la présence d'un
député le dimanche, c'est pareil.
M. LESAGE: Bien oui, les dimanches d'un député dans son
comté, je ne connais cela...
M. BELLEMARE: Je suis obligé.
M. LESAGE: ... j'ai eu ma maison d'été à Berthier
en bas, puis les dimanches c'était le confessionnal toute la
journée...
M. BELLEMARE: II faut se rendre dans les paroisses où l'on est
invité.
M. LESAGE: Oui, oui, et à part de cela... M. BELLEMARE: Les
fonctions publiques.
M. LESAGE: ... je l'ai dit tantôt. Alors dans le cas du premier
ministre l'augmentation est de $4,000 il est taxable au complet,
c'est-à-dire que dans la pratique elle se trouve un peu moindre que
celle qui est accordée aux ministres et au chef de l'Opposition et au
président de la Chambre parce que si je reçois $2,000 taxable le
« take home pay » est moindre que le $1,000 non taxable, à
cause de l'impôt que je paie au-dessus de 50%, alors je n'ai pas voulu
étant donné que je réside à Québec que
et que de plus j'avais à présenter moi-même le
projet de loi demander à la Chambre d'augmenter les allocations
non taxables dans mon cas. Le salaire, l'indemnité totale dans mon cas
sera de $40,000 avec l'indemnité parlementaire alors que
l'indemnité totale du premier ministre du Canada est de $45,000, plus
une maison, plus une maison d'été, plus les serviteurs.
M. BELLEMARE: Plus deux chars.
M. LESAGE: Bien ça, la voiture est à ma disposition.
M. BELLEMARE: Ah! et puis un avion.
M. LESAGE: Bien les avions sont les avions du ministère des
Transports.
M. BELLEMARE: A Ottawa.
M. LESAGE: A Ottawa c'est au ministère des Transports comme ici.
Le premier ministre du Canada n'a pas d'avion à sa disposition pas plus
que le premier ministre du Québec. II y a des avions du ministère
des Transports fédéral comme il y a des avions du
ministère des Transports de la province.
M. BELLEMARE: II y en a un qui lui a été
réservé...
M. LESAGE: pardon, je le sais dans le Jet Star, j'ai vu des voyages de
fonctionnaires. Voyons! Même chose qu'ici, même système,
c'est le même système. D'ailleurs j'ai vu le premier ministre du
Canada voyager au Yukon et non pas en Jet Star, Cela dépend des
circonstances. Il est revenu d'Angleterre au Yukon de la Force de l'Air du
Canada et non pas avec le Jet Star.
M. BELLEMARE: II a été hospitalisé pendant deux
jours de temps.
M. LESAGE: Bien ça, écoutez, je ne parle pas du premier
ministre du Canada comme Lester B. Pearson. Je parle de ce que le premier
ministre du Canada, ce que c'est. Les ministres fédéraux sont
payés même avec l'augmentation ici donnée aux ministre
provinciaux, les ministres provinciaux ont autant de travail qu'eux vont
être payés plus cher que les ministres provinciaux. Le chef de
l'Opposition au fédéral qui n'a pas plus de travail que le chef
de l'Opposition au provincial va être payé plus cher que le chef
de l'Opposition de la province même avec l'augmentation accordée
au chef de l'Opposition de la province, et ce sont là les comparaisons
qui peuvent et doivent se faire. C'est sur ce plan-là que les
comparaisons doivent se faire. La responsabilité, la charge, la somme de
travail le temps dépensé. Si ça vaut tant à Ottawa
ça vaut autant ici. Pour les députés ce sera la même
chose, pour vous M. le Président, pour le chef de l'Opposition, pour les
ministres, pour le premier ministre ce sera moins que pour le président
de la Chambre des communes que pour le chef de l'Opposition à Ottawa,
que pour les ministres à Ottawa et et que pour le premier ministre
à Ottawa. Cela sera moins.
Je soutiens donc, M. le Président, que c'est absolument
raisonnable. Nous serons critiqués, il n'y a pas de doute. Mais on nous
dira que nous nous servons bien, que nous sommes des gens repus, que nous
sommes des gens gâtés, que nous nous servons nous-mêmes, que
nous puisons dans la caisse du peuple qui a faim. Ça va tout se dire
ça, mais tout ça, ce n'est pas vrai.
Ce que je demande à la Chambre, c'estl'exer-cice de son jugement
pour que les députés et ceux qui ont des fonctions
administratives ou des fonctions de direction, puissent accomplir leurs
fonctions dans une certaine sérénité acquise par une
compensation minimum, au point de vue de sa quantité et aussi par une
compensation qui les garantisse contre les tentations, et aussi par une
compensation qui nous permette de dire qu'à partir de maintenant, les
députés, à l'année, seront à la disposition
du peuple chaque jour de chaque année, soit en Chambre, soit dans leur
comté. C'est devenu aujourd'hui une fonction à plein temps, et
les rémunérations que je propose sont des
rémunérations raisonnables pour des hommes qui doivent porter la
responsabilité que nous devons tous porter, quel que soit notre
rôle en cette Chambre, elles sont raisonnables. Et je ne voudrais pas
être accusé de mesquiner lorsqu'il s'agit de ceux que je vois
travailler autour de moi.
Il y a une chose, c'est que si les présences cette année
ont été observées, ont été tenues, et qu'il
y aura des déductions de faites, évidemment avec
l'augmentation accordée, ce sera encore plus sévère
la déduction sera de $60 par jour d'absence au lieu de $50,
c'est-à-dire en proportion de l'augmentation et de plus, les moyens de
contrôle des présences seront établis, sans que pour cela
le caractère d'indépendance du député subisse
quelque degré que ce soit d'humiliation.
M. le Président, j'espère que le chef de l'Opposition
secondera les raisons que je viens de donner, et sera d'accord sur le principe
du bill avec tous les députés de cette Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, même s'il est minuit et deux,
vous me permettrez, très brièvement, de parler sur le principe de
cette loi. Le premier ministre, comme vous l'avez souligné bien à
point, est entré dans les détails du bill, mais c'était,
je crois, convenable qu'il le fasse afin que chacun de nous et,
particulièrement les journalistes, aient le temps de
réfléchir surles modalités de cette loi. J'ai souvent
été accusé de faire durer les sessions et, quand je
constatais que le Secrétaire de la province y allait même de
statistiques pour établir que j'étais responsable en bonne partie
de la longueur des sessions, je vous assure que je n'étais pas heureux.
Oisons que ce soir ma conscience est un peu libérée et il s'en
trouvera peut-être, même chez les députés
libéraux pour dire: Si on a eu une augmentation, ça dépend
du chef de l'Opposition, et des statistiques du Secrétaire de la
province.
M. le Président, la genèse de la loi est toute
différente. Le premier ministre nous a informés un jour, en
causant avec quelques collègues et avec moi, qu'il avait l'intention
d'augmenter l'indemnité parlementaire et de la placer sur la base
annuelle. Nous avons, à ce moment-là, demandé le temps de
réfléchir et de consulter, car cette base annuelle constitue un
changement radical, et nous assistons aujourd'hui à un tournant qui aura
probablement de très grandes conséquences dont nous ne pouvons
pas, pour le moment, mesurer toute l'ampleur.
M. le Président, je n'ai pas l'intention de développer
longuement cet aspect du problème, sauf que je voudrais ajouter aux
propos du premier ministre et vous comprendrez que je le fasse plus
modestement, moi, avec peut-être moins de talent oratoire, avec beaucoup
plus de simplicité, je voudrais ajouter quelques considérations
aux propos que le premier ministre vient de verser au journal des
Débats. Il a couvert tout le terrain, sauf peut-être un aspect
assez important, celui de la santé. Je vous confesserai, M. le
Président, que mes collègues et moi, surtout ceux qui avaient
servi dans le Cabinet, ont subi un traumatisme au moment de la mort subite d'un
homme qui avait consacré vingt-cinq ans de sa vie et qui était
l'image même de la santé, de la jeunesse et de la vigueur,
l'honorable Paul Sauvé, fauché, comme l'on sait, à peine
cent jours après avoir accédé au poste de premier
ministre.
A ce moment-là, il s'en est trouvé plusieurs parmi nous
qui avaient grande envie de démissionner, de changer le cours de leur
carrière. Nous avons, nous nous sommes rendus compte, comme plusieurs
d'entre vous, M. le Président, d'entre les membres, dis-je, du parti au
pouvoir que la politique était une mangeuse d'hommes.
Et il m'arrive de ce temps-ci, M. le Président, de revoir
certains anciens collègues qui ont consacré dix, quinze, vingt,
vingt-cinq anst trente ans de leur vie et qui sont actuellement
à la merci d'une modeste pension de $3,600. Et la politique, en plus
d'être une mangeuse d'hommes, on le sait, gâte son homme en ce sens
qu'il est extrêmement difficile pour qui que ce soit qui a
été député pendant quatre ans, et à plus
forte raison huit ans, douze ans, quinze
ans, de s'adapter à un autre genre d'activité. Et pour
ceux qui sont avocat, il y aune différence notable entre le contact
humain que donne la politique et le contact avec des dossiers bien froids et
quelquefois poussiéreux.
Donc, lorsque nous nous lançons en politique, nous
décidons pour longtemps l'orientation de notre vie et ce qu'il y a de
plus cruel, nous imposons les conséquences de cette orientation à
notre épouse et à nos enfants.
Je disais donc que je vois, de ce temps-ci, des anciens collègues
qui ont consacré quinze, vingt, vingt-cinq ans, tout près de
trente ans à la vie politique alors que les salaires ou les
indemnités étaient modestes, réduits pratiquement à
cette position peu enviable d'un revenu qui n'est pas à la hauteur des
services qu'ils ont rendus. Et c'est là une des grandes cruauté
de la politique. C'est peut-être l'une des justifications les plus
appropriées à une augmentation, c'est l'instabilité et
l'insécurité du métier.
M. le Président, je n'ai pas besoin d'insister. Tout le monde
peut facilement placer des noms lorsque je réfère à ces
anciens collègues.
Nous travaillerons à l'année. Pour le premier ministre,
pour les ministres et pour le chef de l'Opposition, ce n'est pas nouveau
puisque, de par nos fonctions respectives, nous nous devons de consacrer tout
notre temps à la politique.
Quant à nos collègues qui ne sont pas dans le Cabinet ou
qui n'occupent pas mon poste, M. le Président, j'en connais plusieurs
qui consacrent la presque totalité de leur temps, et je vous fais part
d'un petit secret; un député d'Opposition qui cherche à se
faire réélire doit s'occuper de son affaire, croyez-moi. Nous
n'avons pour induire les électeurs à voter pour nous aucun autre
moyen que, M. le Président, que notre personnalité, notre
dévouement et, dans quelques cas, l'espoir peut-être...
M. LAPORTE: C'est le minimum.
M. JOHNSON: ... l'espoir peut-être qu'un jour nous serons de
l'autre côté de la Chambre. M. le Président, quant à
moi cet espoir se précise. Le premier ministre a dit tantôt, et je
dois relever ses propos, que j'avais annoncé les élections pour
l'automne, ce n'est pas tout à fait exact.
M. LAPORTE: Non?
M. JOHNSON: J'ai dit que je ne serais pas surpris que le premier
ministre déclenche des élections à l'automne.
M. LAPORTE: Vous n'avez pas dit quel automne.
M. JOHNSON: Parce qu'il y avait des gens aussi sérieux que le
député de Chambly, j'ai plus tard précisé en
disant: « C'est possible que ça vienne avant l'an nouveau. »
A ce moment-là, j'avais de bonnes raisons de le croire, mais depuis la
conférence fédérale-provinciale, disons que je suis un peu
moins sûr. Mais j'ai quand même ce doute d'une possibilité
d'élections à l'automne et je ne voudrais pas que ceux qui
m'entourent et qui travaillent très fort en dehors comme à
l'intérieur du Parlement, se laissent endormir par les propos du premier
ministre qui a l'air de dire ce soir: « C'est certain qu'on n'aura pas
d'élection en 1965. »
M. LAPORTE: J'ai dit que c'est certain qu'on en aurait...
M. JOHNSON: II ne l'a pas dit, il est trop prudent pour le dire, il est
trop renard pour...
M. LESAGE: Ah, merci!
M. JOHNSON: ... se lier à une pareille phrase.
Donc, lorsque le premier ministre nous a annoncé cette nouvelle,
nous avons délibéré et nous avons accepté cette
modification extrêmement importante qui consiste à nous placer
dorénavant sur la base d'employés à l'année. Il est
vrai que les sessions sont de plus en plus longues, pour plusieurs raisons,
dont le développement de la province, et le plus grand rôle que
doit jouer l'Etat dans toutes les activités d'une province.
M. le Président, c'est un autre tour que le premier ministre
vient de me jouer. Il nous apporte à la dernière minute une loi
extrêmement importante et, si je parlais plus longtemps, le
Secrétaire de la province me sortirait encore des statistiques pour
prouver que j'ai allongé les sessions, que j'ai fait perdre le temps de
la Chambre et, sans d'autres commentaires, je voudrais, pour rendre la
politesse au premier ministre, verser au dossier un excellent article
puisé dans le Nouvelliste du 13 juillet sous la signature de M.
Paul-Emile Plouffe, dont j'extrais quelques passages plus
particulièrement au point.
M. Plouffe, et je cite son écrit, dit, entre autres, ceci:
« Au seul point de vue du logement, les dépenses du
député sont le double de celles du citoyen ordinaire, sa fonction
l'oblige à des activités sociales onéreuses, il doit
partager,
comme un proche parent, les événements heureux et
malheureux qui arrivent à ses commettants et pendant ce temps, ses
affaires personnelles périclitent, faute de ne pouvoir s'en occuper?
« Mais il y a davantage, les partis, avec l'approbation de la population,
recherchent des candidats hautement qualifiés qui résisteront aux
tentations du patronage, des hommes d'affaires décidés à
diriger la province comme une entreprise privée. » Et un peu plus
loin, M. Plouffe conclut, par ces propos: « La population du
Québec doit se faire un point d'orgueil de bien payer ses
députés, à ce moment, elle pourra exiger qu'ils le fassent
dans des conditions plus humaines, s'ils doivent siéger à
l'année, ils le feront de bon coeur, en s'assurant un répit au
moins durant la saison estivale. »
M. le Président, nous sommes tous conscients, j'en suis certain,
que ce projet de loi, s'il apporte certains avantages aux
députés, impose en même temps des obligations dont tous et
chacun de nous voudrons s'acquitter consciensieusement. Il serait
indécent, indécent que des députés s'engageant
à travailler à l'année pour le gouvernement avec la
rénumération prévue au bill 89 ne soient pas assidus
à l'Assemblée législative ou dans les comités.
De plus en plus nous devrons avoir recours, d'un côté comme
de l'autre de la Chambre, à tous les députés non seulement
pour étudier la législation mais j'espère dans un avenir
très prochain, même assister à l'élaboration de la
législation. Car si nous voulons que la démocratie survive, si
nous voulons qu'il ne nous arrive pas ici ce qui est arrivé à
d'autres pays, il va falloir que les députés se mettent au
courant des projets de loi, même au stade de l'élaboration de ces
projets de loi et qu'ils y apportent une contribution réelle. De plus en
plus les technocrates prennent de l'importance et il en faut. Et Dieu merci, le
gouvernement en a trouvé d'excellents autour de lui. Mais, ce qu'il faut
de plus en plus, ce sont des députés et des ministres qui peuvent
traduire les données des technocrates en législation, qui
respectent véritablement les caractéristiques d'une
démocratie, d'une saine démocratie. Et pour en arriver là,
il va falloir un travail plus sérieux, plus assidu par des gens qui
consacreront beaucoup de temps non seulement à vanter une
législation ou à la critiquer, mais même à
travailler à son élaboration.
M. le Président, à cause de l'heure tardive et à
cause évidemment du sujet particulier qui ne demande pas de critiques
particulières, je vais essayer d'en trouver, je vais essayer de trouver
des raisons d'apporter certains amendements pour améliorer la loi
c'est de mon devoir M. le Président, à cause de l'heure
tardive, je n'ai pas l'intention de faire des remarques plus longtemps, je
voudrais tout simplement dire que demain, article par article, nous apporterons
la contribution des lumières du député de Champlain qui a
étudié le bill, ligne par ligne, virgule par virgule...
M. BERTRAND: Tous les députés l'ont
étudié.
M. JOHNSON: ... et de quelques autres collègues et que demain, je
suggérerai quelques amendements, d'ordre mineur, qui contribueront
à clarifier cette législation.
M. LE PRESIDENT: La motion en deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill, second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme en comité plénier pour étudier
le bill 89.
M. LESAGE: Nous considérons que le comité a
rapporté progrès.
M. LE PRESIDENT: Le comité a rapporté progrès.
Troisième lecture à la prochaine séance.
M. LAPORTE: M. le Président, je suis certain qu'après les
propos que nous avons entendus, nous sommes tous plus disposés que
jamais à exécuter le travail qui reste à faire. Demain,
nous étudierons d'abord la troisième lecture de la loi sur les
alcools. Nous étudierons en comité la loi de la
législature et en troisième lecture. Ensuite nous entreprendrons
l'étude, en deuxième lecture en comité et en
troisième lecture, de la loi des compagnies de fidéicommis et, en
dernier lieu, l'amendement au Code civil, l'article 180, 0.
UNE VOIX: 181.
M. LAPORTE: ... et si nous ne terminions pas le travail demain, nous
ajournerons à mardi et, de semaine en semaine, jusqu'à ce que
nous puissions terminer.
M. JOHNSON: M. le Président, il est entendu aussi que je pourrai
poser quelques questions...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Je voudrais donner avis au premier ministre qu'il s'agira
surtout, évidemment, de l'Agriculture. Je voudrais avoir des
précisions, c'est mon intention, sur les comtés...
M. LESAGE: II n'y en a pas.
M. JOHNSON: ... qu'on a mentionnés...
M. LESAGE: Ah! oui, mais c'est par erreur.
M. JOHNSON: ... le sous-ministre parlant au nom du ministre...
M. LESAGE: C'est une erreur.
M. JOHNSON: ... lors d'une entente à Ottawa...
M. LESAGE: C'est une erreur.
M. JOHNSON: ... et je voudrais aussi poser des questions sur les
modalités...
M. LESAGE: Je les ai données, cet après midi.
M. JOHNSON: ... je vais relire les modalités...
M. LESAGE: Je les ai données, cet après-midi. Quant aux
comtés c'est par erreur qu'on a parlé de 15 comtés
seulement, en tout cas...
M. JOHNSON: J'aurais des questions...
M. LESAGE: ... ce sont les comtés où les dommages
causés...
M. JOHNSON: ... à poser sur les fraises et les framboises...
M. LESAGE: Ah! non les fraises et les framboises on en a discuté,
c'est une autre, ça.
M. LAPORTE: On chantera ensemble.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. messieurs.
M. LESAGE: Si le chef de l'Opposition veut bien lire demain matin, la
discussion avec le député de Lotbinière...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: ... nous avons couvert justement les points qu'il vient de
mentionner.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Dans les autres questions.
M. LAPORTE: Voulez-vous porter cela au député de
Champlain?
M. LESAGE: M. le Président, j'aurai mon dossier, j'ai
gardé le dossier ici.
M. LAPORTE: Avant que le député de Champlain finisse son
cigare, je vais proposer l'ajournement ce matin à dix heures.
M. LE PREISDENT: La Chambre est ajournée à ce matin
à dix heures.