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(Dix heures du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus. Présentation de motions non annoncées.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai la motion suivante à
présenter. Attendu que le député du district
électoral de Papineau, M. Roméo Lorrain, a été
empêché d'occuper son siège durant la présente
session pour cause de maladie.
Attendu que les quelques jours d'absence de certains autres
députés sont aussi imputables à la maladie ou à un
engagement public ou officiel.
Cette Chambre recommande: a) Que l'indemnité parlementaire
relative à la présente session soit payée en entier
à Roméo Lorrain; b)Que les dispositions du deuxième
paragraphe de l'article 84 de la Loi de la législature ne soient pas
appliquées pour la présente session.
M. le Président, juste un mot à l'appui de cette motion.
Je comprends qu'à chaque fin de session, ici, il a fallu faire une telle
motion. J'ai été 13 ans député à Ottawa et,
à la fin de chaque session, il y avait une telle motion. En 1963,
à Ottawa, on a amendé la loi: on a abrogé l'article 6 et
on l'a remplacé par ce qui suit: « Un député doit,
au moyen d'une retenue sur son indemnité de session, contribuer au fonds
de revenu consolidé pour 6% du montant... » Non, je me trompe
d'article, c'est la page précédente.
M. JOHNSON: 36.
M. LESAGE: Oui, excusez-moi: 1)Une déduction de $60 par jour est
faite sur l'indemnité de session pour chaque jour au-delà de 21
ici c'est 10 ou le sénateur ou le député
n'assiste pas à une séance de la Chambre dont il fait partie, si
cette Chambre siège ce jour-là. Mais dans le cas d'un membre des
deux Chambres, élu ou nommé après le commencement d'une
session, aucun jour d'une session antérieure à cette
élection ou à cette nomination ne compte comme l'un desdits 21
jours. 2) Chaque jour de la session où il n'y a pas eu de séance
de la Chambre pour cause d'ajournement. a) Ou un sénateur ou un
député est empêché pour cause de maladie
d'être présent; b) Ou un sénateur ou un
député n'a pas assisté à une séance de la
Chambre dont il fait partie en raison d'un engagement public ou officiel, doit
être considéré comme un jour de présence à
cette session.
J'en ai causé avec le chef de l'Opposition, avec mes
collègues quelques collègues de ce côté-ci de la
Chambre et de l'autre côté de la Chambre, et j'ai l'intention,
à la prochaine session, de présenter un amendement similaire pour
éviter ces motions qui doivent être présentées
à la fin de chaque session, des motions du genre de celle que je viens
de proposer.
M. JOHNSON: M. le Président, cette motion, nous l'appuierons
après en avoir étudié la portée. Il est exact que
plusieurs députés ont été absents pour cause de
maladie cette année, entre autres le député de Papineau.
D'autres l'ont été moins longtemps, mais d'une façon assez
notoire, entre autres le député de Maskinongé et je sais
personnellement qu'il a été très malade. Par ailleurs, le
député de Verdun, le député de Rouyn-Noranda et le
député des Deux-Montagnes plus récemment ont
été affligés de maladie, d'une maladie qui les a tenus
éloignés pendant plus que dix jours. Je crois qu'il est
raisonnable et équitable que l'on corrige la situation par la
présente motion mais, comme le premier ministre, j'espère qu'on
en fera une provision statutaire l'an prochain.
Evidemment, maintenant que les indemnités ont été
augmentées, c'est notre élémentaire devoir à tous
d'être en Chambre, sauf pour des raisons sérieuses et
établies sérieusement: la maladie en est une évidemment. A
cause de l'évolution du rôle du député, la
délégation à certaines fonctions en est une autre raison
qui, à mon sens, devrait être acceptée mais là il
faudra y prévoir. Je laisse ces remarques à la réflexion
du premier ministre. Il faudra prévoir une formalité pour
établir ces délégations afin que ça ne devienne pas
trop rapidement une excuse pour certains députés et que ça
ne devienne pas un embarras pour ceux qui ont la responsabilité de
donner des délégations.
M. le Président, pour ces raisons, et à cause surtout de
la promesse que, l'an prochain, le corps de cette résolution sera
placé dans un statut, je considère qu'il est de mon devoir
d'appuyer la motion.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée
Présentation de motions non annoncées. Présentation
de bills privés. Présentation de bills publics.
M. LESAGE: « A ».
M. Laporte propose la première lecture d'une « Loi
concernant les municipalités de l'Ile Jésus et la ville des Iles
Laval ». Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. LESAGE: Non, première lecture.
M. LE PRESIDENT: Première lecture? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance?
M. LESAGE: Non, à la présente séance, M. le
Président. J'ai eu une conférence avec le chef de l'Opposition et
une couple de ses collègues et nous pourrons, si les autres
députés y consentent, évidemment, prendre la
deuxième lecture de ce bill aujourd'hui. Mais il est entendu que la
troisième lecture ne viendra que demain, à l'heure qui
conviendra.
M. DOZOIS: Même après-midi.
M. LESAGE: Après les crédits du secrétariat,...
M. DOZOIS: Très bien.
M. LESAGE: ... avant les crédits du ministère des
Finances.
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'il y a consentement que la deuxième
lecture sera à la même séance?
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Adoptée. Affaires du jour.
M. BELLEMARE: M. le Président, une question au ministre des
Affaires municipales; est-ce qu'il a l'intention de faire connaître
à cette Chambre, tel qu'il l'avait dit dans son discours sur le bill 42;
« la Loi de la Régie des eaux du Québec », le nom de
ceux qui feront partie de cette nouvelle régie? Est-ce qu'il a
l'intention de faire connaître ces noms avant la fin de la session?
M. LAPORTE: Je ne peux pas dire que je doute que ce soit impossible, je
sais que ça va être absolument impossible parce que, sauf erreur,
le bill n'est pas encore sanctionné. Il va l'être demain, je
pense. Et nous allons, immédiatement après, nous atteler à
la tâche de recruter les gens les plus compétents que nous
pourrons trouver pour ces très importantes fonctions.
M. BELLEMARE: Le ministre n'a pas personne en vue?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour!
M. LAPORTE: Je n'ai pas eu le temps de répondre.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a, au nom de certains
députés de l'Opposition, des motions à partir de l'item 27
jusqu'à l'item 32 inclusivement. Comme il est possible que la session
soit terminée demain, j'aimerais m'assurer que le gouvernement va donner
suite à ces motions le plus tôt possible et il est probablement
prêt à répondre à quelques questions. Disons que je
vais permettre au premier ministre de « vider son sac » avant de
lui poser d'autres questions.
M. LESAGE: M. le Président, je suis disposé ce matin,
c'est-à-dire je suis disposé, j'ai des réponses à
des questions et des documents à déposer en réponse
à des motions. On remarquera cependant qu'il y a plusieurs questions qui
sont du 15 juillet, et même après cette date, et j'ai
déjà expliqué que c'était la période des
vacances dans les ministères. Demain matin, j'aurai probablement
d'autres réponses, d'autres documents à déposer. Quant aux
questions qui resteront, je les étudierai avec la Chambre, une par une,
et, dans les cas où il y aura lieu de le faire, je proposerai de
transformer la question en motion pour production de documents afin que le
gouvernement soit lié, n'est-ce pas, à produire les
réponses au début de la prochaine session.
M. JOHNSON: Evidemment, il y a une motion en mon nom qui est
datée du 29 juillet. A première vue, cela a l'air un peu exigeant
que d'espérer avoir une réponse aujourd'hui.
M. LESAGE: Bien oui!
M. JOHNSON: Mais, il s'agit d'un document dont la production a
été promise dans cette Chambre le 30 mai ou autour du 30 mai
1963.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Est-ce qu'on pourrait attendre que la
Chambre...
M. JOHNSON: Que l'item soit appelé?
M. LE PRESIDENT: Que l'item soit appelé.
M. JOHNSON: Tout à coup il n'est pas appelé, M. le
Président.
M. LESAGE: Je viens de le dire.
M. LE PRESIDENT: Le premier ministre vient justement de dire, en
répondant à la question du chef de l'Opposition, qu'il avait
l'intention d'appeler tous les item et de décider dans chaque cas.
M. BELLEMARE: M. le Président, au ministre ah pardon!
M. LESAGE: M. le Président, demain, j'ai promis que nous
prendrions item par item.
M. JOHNSON: D'accord!
M. LESAGE: Et j'ai demandé à mon chef de Cabinet, ce
matin, à 9 heures mois le quart, de s'enquérir auprès de
tous les ministères concernés sur chaque question et sur chaque
motion et il doit me remettre, dans le cours de l'après-midi, des notes
complètes.
M. BELLEMARE: M. le Président, une question au ministre du
Travail. Nous apprenons, ce matin, avec beaucoup de satisfaction et de joie,
que le conflit à « La Presse » va subir un nouvel essai de
règlement. Est-ce que le ministre a encore sur les lieux le même
médiateur, le juge Ouimet, qui doit essayer de régler entre les
deux parties ce problème qui est aujourd'hui un problème
considérable au point de vue ouvrier?
M. FORTIN: Jusqu'à nouvel ordre, c'est encore le juge Ouimet qui
est médiateur choisi par les parties.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre est au courant qu'ils
siègent, aujourd'hui?
M. FORTIN: Non, parce que quand je me suis levé, ce matin, je
n'ai pas eu le temps de lire mes journaux, je ne le sais pas.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. BELLEMARE: Ah! ce n'était pas dans les journaux.
M. JOHNSON: M. le Président, pour éviter une intervention,
demain, je voudrais donner une chance au premier ministre de nous communiquer
des nouvelles, si toutefois il en a et s'il juge que ce n'est pas à
l'encontre de l'intérêt public de les communiquer, concernant un
problème d'une extrême importance, celui de l'aciérie, un
complexe sidérurgique dans la province.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'intention de m'occuper de ce
problème dès mon retour de la conférence interprovinciale.
On comprendra que je n'ai pas eu une minute pour étudier un dossier, je
n'ai signé que les lettres les plus importantes.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne voudrais pas m'attirer le
reproche que je me suis déjà attiré: « Si vous aviez
posé la question, vous auriez eu une réponse ». Alors, je
m'assure que...
M. LESAGE: Bien oui! Je n'ai rien de nouveau à dire.
M. JOHNSON: ... le premier ministre ait toutes les occasions de faire
connaître à la Chambre les nouvelles qui l'intéressent.
En regardant l'agenda, ce matin, le feuilleton, on se rend compte que,
même si on a introduit de nouveaux bills depuis quelques jours, il n'y en
aura pas pour le commerce du livre. Est-ce que j'ai tort de conclure ainsi?
M. LESAGE: Répondant directement à la question du chef de
l'Opposition, c'est non, il n'a pas tort.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: Numéro 24.
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose la troisième lecture...
M. LESAGE: Je m'excuse, M. le Président, numéro 6,
question de M. Majeau, réponse pour M. Courcy. Numéro 8, question
de M. Majeau; la réponse est volumineuse, je fais la suggestion
habituelle pour qu'elle soit transformée en motion pour production de
document et j'ai une copie du document pour le député de
Joliette.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. BELLEMARE: Les miennes...
M. LESAGE: Un instant. Numéro 11 M. Bernatchez, la réponse
est également volumineuse je fais la même suggestion et je
dépose le document et j'en remets une copie à M. Bernatchez.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 16. Question de M. Bernatchez réponse
pour M. Pinard. Numéro 24.
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose la troisième lecture du bill
numéro 67, « Loi sur la discrimination dans l'emploi. Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: M. le Président, très brièvement et
peut-être pour clarifier certains propos que j'ai tenus hier soir, et que
j'ai dû improviser, je voudrais résumer en 11 points les critiques
que l'Opposition a à l'encontre de ce bill, dont elle accepte le
principe mais qu'elle critique parce que il n'est pas au point et voici
comment.
Premièrement, à cause de la définition du mot
discrimination nous estimons que la loi serait difficile d'application.
Deuxièmement, la loi elle-même exerce une discrimination
sociale en faisant une distinction entre emploi modeste et haute fonction.
Troisièmement la loi est une insulte aux races noir, jaune, rouge
ou brune en décrétant par sa définition du mot
salarié que ce n'est pas de la discrimination d'écarter les gens
de ces races des hautes fonctions.
Quatrièmement, la loi peut-être considérée
comme une insulte aux Canadiens français en décrétant
également par sa définition du mot salarié que ce n'est
pas exercer de la discrimination envers les Canadiens français pour un
Anglo saxon que de les écarter des hauts emplois de contremaître
ou autres emplois plus élevés.
Cinquièmement, la loi peut être considérée
comme une insulte aux femmes en décrétant toujours par sa
définition du mot salarié que ce n'est pas de la discrimination
de ne pas vouloir de femmes dans les hautes fonctions.
Sixièmement,, ce n'est pas une loi complète et
véritable contre la discrimination, car sa portée est très
restreinte la loi ne s'appliquant qu'en matière d'emploi et de relations
ouvrières.
Septièmement, la loi ne couvre même pas toute la population
des salariés puisqu'elle laisse de côté les petits
employeurs de cinq salariés et moins ainsi que les hôpitaux,
collèges, corporations municipales scolaires religieuses et une foule
d'autres.
Huitièmement, la loi ne s'applique pas aux domestiques de
maison.
Neuvièmement, les sanctions pour violation de la loi ne sont pas
assez sévères.
Dixiêmement, on veut empêcher les poursuites en exigeant la
permission écrite du ministre pour pouvoir poursuivre. On
rétablit sous une forme mitigée une institution que le ministre
des Richesses naturelles était heureux d'immoler dans cette Chambre
avant-hier quand il a présenté le bill amendant la Loi de
l'Hydro.
Onzièmement, elle ne s'attaque pas cette loi à la forme la
plus répandue et la plus néfaste de discrimination,
discrimination pour opinion politique, alors que dans la convention
internationale, on tenait compte de cette raison de discrimination sur le
même pied que le sexe, la race, l'origine et les autres facteurs
mentionnés dans la loi.
Pour toutes ces raisons M. le Président, je considère
comme je l'ai dit en Comité plénier que cette loi devrait
être retirée afin d'être réécrite dans
l'optique que j'ai expliquée hier et de manière à corriger
les défauts que j'ai énumérés extensivement
aujourd'hui et pour cette raison nous voterons, nous serions prêts
à accepter la loi évidemment si le gouvernement insiste mais sur
division.
M. FORTIN: M. le Président, le chef de l'Opposition a
énuméré brièvement les objections qu'il avait
déjà formulées hier, je crois lui avoir répondu. Je
voudrais simplement souligner ceci, c'est qu'il faut faire la distinction entre
l'énonciation d'un principe et l'application d'un principe. Ce n'est pas
tout dans un texte de loi d'émettre un principe. Il faut songer
également qu'il sera invoqué par différentes personnes et
ce que nous avons voulu établir dans ce texte de loi, ce sont des
dispositions por empêcher que des gens abusent du principe et se servent
de ce texte de loi pour exercer des vengeances ou de la persécution et
principalement, lorsque je songe, par exemple, aux domestiques de maisons ou
institutions charitables, je crois que tout le monde acceptera qu'on ne peut
pas imposer à des familles de race ou de religion différente
l'obligation d'employer des domestiques qui ne partageraient pas leur opinion
religieuse.
En ce qui concerne la distinction entre les employés à des
postes supérieurs et des employés à des postes de moindre
importance, évidemment le chef de l'Opposition lui donne une
interprétation qui n'est pas recherchée
dans le texte de loi. Nous avons cru que lorsqu'il s'agit de
l'administration de compagnies et de postes supérieurs, de postes
d'importance, nous devons permettre aux directeurs de ces corporations, aux
propriétaires de ces entreprises, nous devons leur permettre de choisir
des gens qui partagent leur opinion et leur croyance dans la direction de leurs
entreprises.
En ce qui a trait à la discrimination pour opinions politiques,
je crois qu'il faut tenir compte des lois existantes dans notre province et
spécialement des dispositions du Code de la Loi du Service civil. Je
crois que tout le monde accepte ici dans la province de Québec que les
fonctionnaires et les employés du gouvernement ne fassent pas de
politique et c'est pour être conforme à cette disposition de la
Loi du Service civil que nous avons enlevé le mot opinion politique qui
d'ailleurs ne se retrouve pas dans aucun texte de loi des autres provinces et
dans celles du Canada.
M. JOHNSON: Le ministre me permet une question. L'article 60 qui
défend à un fonctionnaire de faire de la politique,
c'est-à-dire qui prévoit des sanctions à un fonctionnaire
qui fait de la politique, son existence n'est pas une raison valable quand il
s'agit de promotion. On sait que certains fonctionnaires en entrant en
fonctions, certaines opinions politiques, on sait, par exemple, quand M.
René Tremblay a été nommé sous- ministre qu'il
arrivait directement d'un poste de trésorier de la
fédération libérale. Une loi qui contiendrait une
défense de discrimination pour opinions politiques, s'appliquerait au
moins lorsqu'il s'agit des promotions. Evidemment, l'exemple est mal choisi, il
était rendu au sommet, il était sous-ministre, mais il y en a
d'autres. On aurait pu au moins prévoir que dans les promotions, les
opinions politiques ne doivent pas être un prétexte de
discrimination. Evidemment, avec le syndicalisme chez les fonctionnaires, on a
des chances que cette discrimination s'atténue petit à petit et
tant mieux. Mais on manque une belle chance en tout cas, de mettre dans une loi
des principes que l'on a prêchés avec beaucoup
d'éloquence.
M. FORTIN: M. le Président, au point de vue juridique c'est bien
simple. Si lorsque cette loi sera sanctionnée, elle vient après
la Loi du Service civil, s'il y a une disposition dans cette loi qui est
contraire à la Loi du Service civil, c'est cette loi qui va l'emporter.
Or, si nous mettons opinion politique et que nous regardons l'article 2, c'est
marqué qu'aucun employeur ne pourra exercer de discrimination dans la
mise à pied et le renvoi. Or si en vertu de l'ar- ticle 60 de la Loi du
Service civil, le gouvernement voulait congédier un employé parce
qu'il ' a fait activement de la politique, il pourrait nous répondre:
« Messieurs, vous ne pouvez pas me mettre dehors à cause de mes
opinions politiques, prenez la loi que vous venez d'adopter, vous ne pouvez pas
faire de discrimination pour opinions politiques. » Alors c'est pour
ça que nous avons enlever opinions politiques, comme d'ailleurs c'est
enlevé dans les textes de loi des autres provinces, pour être
conforme à la Loi du Service civil.
M. LE PRESIDENT: La motion de troisième lecture sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Adoptée sur division. M. Laporte propose la
deuxième lecture du bill No 69: « Loi concernant la cité de
Québec ».
M. LAPORTE: M. le Président, c'est une affaire très
simple. Le Consulat français s'est porté acquéreur d'un
immeuble sur le Champ de batailles, l'avenue des Braves, qui fait partie du
parc des Champs de batailles, en vertu de l'article 541 de la charte de la
cité de Québec, il est interdit de construire quoi que ce soit
dans un rayon de 100 pieds, sans l'approbation de la Commission des champs
debataille. Le Consulat français a obtenu toutes les approbations et de
la Commission des champs de bataille et de la cité de Québec, et
du service d'Urbanisme de la ville de Québec, mais pour permettre la
construction de la chancellerie, en arrière de la résidence, il
était nécessaire qu'il y ait une loi spéciale. Nous
adoptons ou nous proposons à la Chambre cette loi spéciale,
à la demande de la ville de Québec, et à la demande du
Consulat français.
M. DOZOIS: M. le Président, étant donné que la
ville de Québec a présenté la demande, que cette ville n'a
pas d'objection, que la Commission des champs de bataille autorise cet accroc
aux règlements de zonage pour ce secteur de la ville de Québec,
nous n'avons pas d'objection à ce bill.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture est
adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Cham-
bre se forme en Comité plénier pour étudier le bill
69. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du Comité plénier): Alors,
bill 69, article 1 adopté. Article 2, adopté.
M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport à la
Chambre que le comité a adopté le bill 69.
M. HYDE (président): Troisième lecture?
Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LESAGE: Alors, No 22.
M. LE PRESIDENT; M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme de nouveau en Comité des subsides. Cette
motion sera-t-elle adoptée?
M. BELLEMARE: M. le Président, je voudrais avant d'aller en
subsides, très rapidement, pendant quelques minutes, dire à la
Chambre, faire à la Chambre certaines remarques qui se termineront par
une motion, comme vous vous en attendez, et au sujet du parlementarisme. M. le
Président, nous avons entendu pendant plusieurs années le chef du
gouvernement, préconiser dans la province un nouveau parlementarisme, un
nouvel esprit qui devait guider nos politiciens engagés dans la vie
publique, et qui devait produire comme résultat plus de liberté
au point de vue de nos institutions parlementaires, et plus de liberté
au point de vue d'expression de nos opinions, et la franchise dans les
discussions qu'il devait y avoir dans ce nouveau parlementarisme. Le premier
ministre avait raison, je crois, puisque nous vivons une nouvelle
époque, puisque nous sommes à un tournant de notre histoire et,
de bonne foi, je crois, il avait préconisé cette théorie,
qui après 25 ans, qui à tous les 25 ans évolue
énormément dans tous les parlements. Si vous considérez
l'époque de 1923 jusqu'à 1935, vous verrez qu'à
l'époque, les gouvernements du temps ont évolué
énormément; lorsqu'est arrivé à l'administration
provinciale un nouveau gouvernement en 1936, et surtout de 1944 à
1960.
Une nouvelle équipe est arrivée en 1960,
préconisant une liberté d'expression au point de vue
parlementarisme. Nous en sommes, M. le Président, nous avons
été très heureux d'entendre ces théories, mais nous
avons été surpris, énormément surpris de constater
que les paroles n'ont pas toujours été suivies des actes que la
Législature s'attendait de voir poser.
C'est en effet le 16 janvier 1964 que la Chambre votait, adoptait la
résolution du comité des onze, formant les dix grands
comités de la Chambre, les comités permanents, Comité des
privilèges et élections, Comité des règlements,
Comité des comptes publics, Comité des chemins de fer,
Comité de l'agriculture, de l'immigration et de la colonisation,
Comité de l'industrie et du commerce, Comité des relations
industrielles, Comité du Code municipal, Comité des bills
privés en général, et Comité des bills publics en
général.
La Chambre donc votait l'institution de ces comités,
comités qui, en vertu des règlements sont bien définis
dans chacune de leur attribution, devaient siéger à la demande de
la Chambre. Et pour ce faire chacun des comités était
composé de députés des deux côtés, de la
droite et de votre gauche, pour en faire partie. Je voudrais simplement ici
vous dire qu'en vertu de cette motion, en vertu de cette décision de la
Chambre, les comités ont été formés, et en
particulier un comité qui avait fait l'objet de plusieurs grands
discours dans l'Opposition de nos honorables amis, celui du Comité des
comptes publics.
Et ce Comité des comptes publics qui devait siéger,
à la demande même du premier ministre, et à la demande des
gens de l'Opposition, a en effet siégé cinq heures et demie sur
un budget de $1,500,000,000.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève un
point d'ordre. Je ne crois pas que nous puissions à ce moment-ci
discuter de ce problème du Comité des comptes publics, parce
qu'il est ajourné le Comité des comptes publics. Et si on
s'oppose à l'ajournement, on pouvait, je pense bien qu'à ce
moment-là on pouvait s'oppose à l'ajournement du Comité
des comptes publics, et faire tous les discours qu'on pouvait faire s'opposant
à l'ajournement du Comité des comptes publics. Mais malgré
ça, ç'a été ajourné en bas, je crois qu'on
ne peut pas recommencer la discussion sur ce problème-là.
M. LE PRESIDENT; J'avais compris que le député de
Champlain était simplement pour discuter des procédures en
général. Je crois qu'il doit comprendre qu'il n'a pas le droit de
critiquer la manière dont on a procédé devant les
comités,...
M. BELLEMARE: Absolument pas.
M. LE PRESIDENT: ... ni les affaires qui
sont devant les comités, et tant qu'il discute
généralement de l'emploi qu'on fait des comités, je crois
qu'il pourrait continuer.
M. BELLEMARE: Je vous remercie, M. le Président, et d'ailleurs
ça sera très bref. C'est simplement pour attirer l'attention de
la Chambre qu'en vertu d'une décision qui avait été
unanimement reconnue ici en Chambre, le comité des onze avait
institué ces comités, et je disais simplement que les
séances du Comité des comptes publics avaient duré cinq
heures et demie sur un budget de $1,500,000,000. Je dis que la décision
qui a été prise le 14 juillet d'ajourner le comité
était une décision qui, à mon sens, d'ailleurs vous avez
pu vous-même, M. le Président, constater tout ce qui s'est
écrit à la suite de cette décision dans les journaux, tous
les commentaires qui en ont été faits et je dirai...
M. LE PRESIDENT: Oui, mais c'est maintenant que je suis obligé
d'interrompre le député de Champlain. Quand Il veut amener devant
la Chambre quelque chose qui est devant un comité de la Chambre, la
Chambre n'a pas connaissance officiellement, même du fait que le
comité est ajourné. Alors on ne peut pas le discuter devant la
Chambre.
M. BELLEMARE: M. le Président, la formation du Comité des
comptes publics, et si vous consultez ceux qui dans notre Parlement font
surtout loi, parce que vous avez ces grands auteurs reconnus en droit
parlementaire, et surtout qui donnent, comme Bourinot, Beauchesne et surtout
Campion.
Lorsqu'ils parlent des comptes publics, ils disent que c'est un des
comités les plus importants de la Chambre et que ce Comité
devrait siéger continuellement afin d'assurer au gouvernement la
meilleure protection et la plus effective possible. Surtout, vous trouverez
dans Bourinot tout un chapitre consacré spécialement à la
fonction et à la véritable mission que doit accomplir le
Comité des comptes publics. Et c'est justement...
M. LAPORTE: Est-ce que c'est sur le point d'ordre, ça, M. le
député?
M. BELLEMARE: Pardon?
M. LAPORTE: Parce que je veux parler sur le point d'ordre soulevé
par le procureur général.
M. BELLEMARE: Ah! bien non. D'ailleurs le procureur
général, la décision a été rendue.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LAPORTE: M. le Président, j'invoque le règlement. De
deux choses l'une: ou bien donc nous avons le droit de prendre connaissance de
cette motion, en préparation, du député de Champlain,
même si nous n'avons aucun rapport de ce que le comité a fait, ou
bien donc nous n'en avons pas le droit. Si nous n'avons rien devant nous, alors
il est interdit de parler de la convocation ou de la non-convocation ou du
travail du Comité de comptes publics parce qu'en fait il est
ajourné au 30. Et si nous avons le droit de prendre connaissance, on
doit invoquer immédiatement que c'est un débat qui a
déjà eu lieu au cours de la présente session et qu'on ne
peut y revenir. Si on nous réfère, ce matin, à ce qui
s'est passé devant le Comité des comptes publics, ce
débat-là a déjà eu lieu en entier mais je
prétends que, de toute façon, il n'y a rien devant nous, que nous
sommes devant un comité ajourné et que nous ne pouvons que
prendre connaissance d'un rapport et que cette Chambre n'a absolument pas
connaissance officiellement de ce qui est devant le Comité de comptes
publics. Dans les deux cas, M. le Président, c'est irrecevable.
M. JOHNSON: M. le Président, sur le point d'ordre soulevé
par le ministre des Affaires municipales, vous me permettrez de différer
d'opinion avec lui. La Chambre est toujours maîtresse de ses
procédures et des procédures de ses comités. Admis que le
règlement prévoit certaines modalités pour l'exercice de
ce contrôle. Mais je crois qu'il faut admettre, au départ, que la
Chambre a préséance sur tout comité. La Chambre peut se
plaindre qu'un comité ne fait pas rapport. La Chambre peut se plaindre,
quand on porte à sa connaissance certains faits du comité, peut
se plaindre de ces faits. La Chambre est maîtresse entière et est
maîtresse indiscutée de toutes les procédures de tous et
chacun de ses comités.
Or, le député de Champlain veut conclure par une motion,
une motion qui contiendra, dans son opinion, un reproche au gouvernement de
n'avoir pas fait telle ou telle chose ou d'avoir fait telle ou telle chose. Je
crois que le député, je partage votre opinion là-dessus,
n'a pas le droit de référer à des discussions qui ont
été faites, mais il ne l'a pas fait encore! Il n'a pas le droit
de critiquer certaines déclarations qui ont pu être faites
là, mais il a droit, comme membre de cette Chambre, de prier la Chambre
de faire quelque chose, de donner des ordres à un comité et il a
le droit, je le soutiens, d'exprimer une opinion, quant à la marche,
à l'absence ou à la présence de rapport.
M. LE PRESIDENT: Avant que le chef de l'Opposition ait pris la parole
sur le point d'ordre soulevé par le ministre des Affaires municipales,
j'étais simplement pour dire que le ministre des Affaires municipales
avait exprimé plus amplement, plus en détail, exactement ce que,
moi, j'avais essayé d'indiquer au député de Champlain
quelques minutes auparavant. ... Il n'y a pas question et je crois que je
devrais demander au député de Champlain de m'indiquer la nature
de la motion qu'il voudrait amener devant la Chambre. Et je serais prêt
à entendre la motion et il pourra prendre la parole après. Mais
si je trouve que la motion qu'il veut proposer est contre le règlement
alors je ne peux pas lui permettre de continuer d'en discuter. Mais il n'a pas
le droit d'amener devant la Chambre quelque chose qui est devant un
comité de la Chambre. Le chef de l'Opposition prétend que la
Chambre est maîtresse des affaires et là-dessus je suis d'accord
mais il m'a posé, une couple de fois, la question: « Est-ce que la
Chambre ne pourrait pas ordonner à un comité de faire rapport?
»
Et là-dessus j'attire l'attention des députés sur
l'article 474 du règlement, sous le chapitre qui concerne des
instructions qu'on pourrait donner aux comités. Ce sont des dispositions
générales qui traitent de tous les comités.
Article 474 Premier paragraphe: « Il n'est pas permis de
proposer: 1 Des instructions qui autorisent un comité à
faire ce qu'il a déjà le pouvoir de faire ou qui lui enjoignent
de ne pas faire ce qu'il n'a pas le pouvoir de faire.
Je crois que le règlement est précis là-dessus et
je demande encore au député de Champlain qui avait
commencé son exposé en parlant généralement du
droit parlementaire, du système parlementaire, là-dessus il
pourrait certainement continuer mais quand il voudra arriver pour critiquer des
décisions qui ont déjà été prises en Chambre
ou des procédés qui sont devant un comité de la Chambre et
qui ne sont pas déjà rapportés à la Chambre c'est
là que je suis obligé de l'arrêter.
M. BELLEMARE: M. le Président, si vous me permettez. C'est parce
que j'avais lu l'article 473 qui dit: « Des instructions peuvent
être données à un comité, soit pour l'autoriser
à faire à ce qu'il n'a pas le pouvoir de faire en vertu de
l'ordre de renvoi ou en vertu du règlement. » Et je me suis dit,
en vertu de ce règlement qui est bien spécifique je crois que
l'objet de ma motion avait une base solide.
Mais je ne voudrais pas être long. Je termi- nerai dans quelques
instants. Je voulais simplement dire à cette Chambre que si
véritablement on veut revaloriser dans la province de Québec le
véritable parlementarisme, si on veut donner aux députés
la véritable tâche qui est la leur, celle d'être des
législateurs et non pas tomber dans un autre domaine qui a
été énormément critiqué et en dehors de
cette Chambre et dans cette Chambre par le parti au pouvoir. Il faut de toute
nécessité que l'on recommence aujourd'hui à les
reconnaître ces droits. Ce n'est pas le règlement. Ils sont tous
écrits dans le règlement. Qui va nous les donner? C'est celui qui
dans la province de Québec exerce le pouvoir. Et celui qui exerce le
pouvoir s'il empêche un de ces membres à exercer son droit de
véritable parlementaire avec à l'appui chacun des
règlements qui lui sont donnés, je me demande qu'est-ce que vaut
notre tâche d'être dans cette Chambre des députés
élus pour une circonscription électorale. Nous sommes ici, comme
l'a préconisé le gouvernement en face de nous, des
législateurs. Et des législateurs, si nous voulons
véritablement revaloriser notre parlementarisme, il faut que les
articles du règlement s'appliquent et le règlement dit qu'il y
aura des comités permanents même des comités
spéciaux qui siégeront. Et justement parce que des instructions
peuvent être données à un comité en vertu de 473, je
dis que le Comité permanent des comptes publics devait siéger. Et
c'est justement pour exercer un privilège à un droit qui...
Et c'est justement pour exercer un privilege, un droit qui nous
appartient à nous, législateurs, de scruter les dépenses
de l'administration que nous disons que nous regrettons infiniment, et c'est ma
motion: Je propose, secondé par le député Ducharme, que la
motion en discussion soit amendée en retranchant tous les mots
après « que » et en les remplaçant par les mots
suivants; « La Chambre, tout en étant prête à voter
les subsides nécessaires à l'administration de la Province,
regrette que le gouvernement ait réduit au silence le Comité des
comptes publics. »
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vrai.
M. LE PRESIDENT: Alors, je crois que je suis obligé de dire que
la motion est irrecevable. Il n'est pas question que le gouvernement ait fait
quelque chose. C'est le règlement qui prévoit mais,
là-dessus, je n'ai pas l'intention de prendre la responsabilité
moi-même, de prendre la décision. Je vais laisser à la
Chambre d'étudier la...
M. BERTRAND (Missisquoi): On peut bien procéder au vote tout de
suite. Vous pouvez demander le vote sur la motion, tout de suite.
M. HAMEL (St-Maurice): Vote, vote!
M. LE PRESIDENT: Ou sur la motion ou sur la légalité de la
motion?
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non, sur la motion elle-même.
M. LE PRESIDENT: Moi, je pense, sur la légalité de la
motion et je laisse la Chambre...
M. JOHNSON: M. le Président, s'il s'agit de la
légalité de la motion, je voudrais bien avoir l'occasion d'en
discuter.
M. BERTRAND (Missisquoi): On va prendre le vote sur la motion.
M. JOHNSON: Mais si c'est sur le fond, M. le Président, je n'ai
pas l'intention d'insister, la motion est claire en soi; c'est un reproche au
gouvernement...
UNE VOIX: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Sur le fond?
M. JOHNSON: ... d'avoir réduit au silence le Comité des
comptes publics.
M. BELLEMARE: Vous l'avez voté, le fond.
M. BERTRAND (Missisquoi): Que l'on vote le fond
immédiatement.
M. BELLEMARE: C'est le même vote que lorsqu'on a
déjà...
M. LE PRESIDENT: Est-ce qu'on est prêt à voter sur le fond
de la motion?
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont en faveur veuillent bien dire
« oui ».
DES VOIX: Oui, oui, oui...
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien dire
« non ».
DES VOIX: Non, non, non, non...
M. BERTRAND (Missisquoi): Redemandez donc encore, on va les battre!
M. LE PRESIDENT: Je considère que les « non » ont
emporté. Alors, la motion est rejetée.
UNE VOIX: Plus fort, plus fort; a été battue.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'en appelle de votre
décision.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas ma décision. C'est la
décision de la Chambre.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, il n'y a pas eu cinq
personnes qui se sont levées.
DES VOIX: Voyons, voyons!
M. LE PRESIDENT: Qu'on appelle les députés.
UNE VOIX: Il est trop tard.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela va durer cinq minutes.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Sur la motion d'amendement
proposée par le député de Champlain tous ceux qui sont en
faveur de la motion d'amendement veulent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elle, Dozois, Bertrand
(Missisquoi), Bellemare, Ducharme, Johnston, Boudreau, Lafontaine, Bernatchez,
Russell, Somerville, Gosselin, Raymond, Charbonneau, Allard, Majeau, Gagnon,
Gauthier.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veulent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Lapalme, Bédard, Lalonde,
Gérin-Lajoie, Hamel (St-Maurice), Bertrand (Terrebonne), Arsenault,
Saint-Pierre, Cliche, Dionne, Brown, Lafrance, Couturier, Levesque (
Bonaventure), Laporte, Mme Kirkland-Casgrain, Parent, Binette, O'Reilly,
Turpin, Lechasseur, Roy, Coiteux (Duplessis), Lavoie (Laval), Harvey,
Morissette, Collard, Vaillancourt, Laroche, Boulais, Coiteux (L'Assomption),
Ouimet, Crépeau, Fournier, Théberge, Fortier, Lacroix, Kennedy,
Brisson, Hébert, Mailloux, McGuire, Cadieux, Beaupré, Godbout,
Dupré, Martin, Hanley.
M. LE GREFFIER: Pour 19 Contre 49 Yeas 19 Nays 49
M. LE PRESIDENT: La motion d'amendement est rejetée, la motion
principale sera adoptée si je pouvais avoir le consentement unanime de
la Chambre pour revenir aux affaires courantes pour présenter le premier
rapport du comité qui est établi pour étudier les
règlements de la Chambre. Est-ce que j'ai le consentement unanime?
M. LESAGE: Oui. M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: J'ai l'honneur de présenter le premier rapport
du comité qui a été établi pour étudier
l'opportunité d'amender le règlement de l'Assemblée
législative. » Le Comité institué pour
étudier l'opportunité d'amender le règlement de
l'Assemblée législative a l'honneur de présenter son
premier rapport. Le Comité a choisi comme président M. Richard
Hyde et a prié le bibliothécaire de la législature M.
Jean-Charles Bonenfant d'agir comme secrétaire. M. Antoine Lemieux
greffier de la Chambre et M. Sénécal assistant-greffier ont
été priés de participer aux délibérations.
Le Comité a tenu trois séances, les membres du Comité
recommandent à l'unanimité que disparaissent l'étape de la
résolution. A cette fin, ils ont préparé un mémoire
dans lequel sont suggérés les amendements qu'il faudrait
opérer au Règlement de l'Assemblée, amendements qui
pourraient être adoptés immédiatement afin qu'ils puissent
être appliqués dès le début de la prochaine
session.
Les membres du Comité demandent au gouvernement d'étudier
la possibilité d'une action législative, dès le
début de la prochaine session, pour éliminer les bills
privés réglant des problèmes de droit civil, comme les
bills concernant les testaments et les contrats, les bills de changement de
noms et les bills d'admission dans les chambres professionnelles.
Les membres du Comité suggèrent que l'Assemblée
étudie la possibilité, à la prochaine session, de
déléguer à un comité spécial l'étude
des crédits d'un ou deux ministères, sans que cette
délégation ne fasse disparaître aucun des privilèges
de la Chambre ou d'un comité plénier.
M. LE PRESIDENT; « Bien qu'en vertu de la motion adoptée le
1 février 1964, le comité soit autorisé à
siéger « même après la prorogation », ses
membres suggèrent qu'un comité soit de nouveau formé au
début de la prochaine session pour continuer d'étudier
l'opportunité d'amender le Règlement de l'Assemblée
légis- lative et les meilleures façons d'améliorer le
travail parlementaire.
Respectueusement soumis,
(Signé) J.R.Hyde, le Président.
Alors, annexé au rapport, on trouvera le procès-verbal de
la troisième réunion qui rapporte des décisions qui ont
été prises ainsi qu'un projet qui suggère les amendements
nécessaires à apporter au Règlement pour éliminer
l'étape de la résolution. Egalement annexée, il y a une
formule ou un projet de motion, si la Chambre est consentante, et je comprends
que le ministre des Affaires municipales serait prêt à proposer la
motion et que le député de Missisquoi serait prêt à
la seconder, que si la Chambre est consentante à adopter cette motion,
ça ferait disparaître l'étape de la résolution et
que cette motion pour faire disparaître l'étape de la
résolution prenne force et effet le 1er septembre 1964,
c'est-à-dire pour la prochaine session de la Législature.
M. LESAGE: Voici, je comprends cependant que l'étape de la
résolution ne disparaît pas pour les bills des subsides.
M. LE PRESIDENT: Non, c'est prévu dans les amendements.
M. JOHNSON: Est-ce que, M. le Président, c'est par une
résolution, une motion qu'on peut amender le Règlement?
M. LE PRESIDENT; Oui, c'est marqué dans les premiers
articles.
M. BERTRAND (Missisquoi): Sur une motion préalablement
adoptée.
M. JOHNSON: Comme, par souci professionnel, nous aimerions, plusieurs
d'entre nous, lire au moins les amendements, est-ce qu'on pourrait remettre
ça à demain?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LAPORTE: Je pensais que vous vouliez en prendre connaissance, quant
à moi...
M. JOHNSON: On veut en prendre connaissance. On vient tout de même
tout juste de recevoir le rapport.
M. LESAGE: Je viens d'en prendre connaissance, c'est la raison de la
remarque que j'ai faite.
M. LAPORTE: Alors disons, dans ce cas-là, M. le Président,
que je donne avis, si la Chambre y consent unanimement, de cette motion et que,
demain, on en reparlera, on l'étudiera demain.
M. JOHNSON; J'ai bien confiance en vous, M. le Président, et aux
honorables membres du comité, mais il reste qu'en principe on n'aime pas
à signer sans lire, ou à voter sans avoir compris.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je vous demanderais,
pour ajouter aux propos du chef de l'Opposition, que des copies soient
préparées pour tous les députés, de manière
à ce que tous puissent connaître exactement la teneur du
rapport.
M. LE PRESIDENT: Je pourrais facilement...
M. LESAGE: M. le Président, je fais prendre les dispositions
à cet effet pour que ce soit distribué cet après-midi.
M. LE PRESIDENT: Alors la motion pour que la Chambre se forme en
Comité des subsides est adoptée? Adoptée.
M. BEDARD (président du Comité des subsides):
Secrétariat de la province, page 119, article 1er.
M. BELLEMARE: M. le Président, nous sommes heureux de saluer,
pour la première fois, le ministre dans ses nouvelles fonctions au
secrétariat de la province, et comme nous le savons très bien
préparé, puisque ça fait plusieurs semaines qu'il
attend,...
M. ARSENAULT: Plusieurs mois.
M. BELLEMARE: ...il voudra peut-être nous donner, avant de
commencer, les grandes lignes de la réorganisation qu'il a faite dans
son personnel, dans son ministère, et les nouvelles additions qui sont
venues s'ajouter durant l'année à ce ministère?
M. ARSENAULT: M. le Président, je serai très bref. Le
Secrétariat de la province comprend évidemment l'administration
de « La loi des compagnies », ce qui veut dire la rédaction
des lettres patentes. Nous avons actuellement à peu près 3,000
nouvelles demandes de lettres patentes par année. L'enregistrement,
ça veut dire le service du registraire. Nous avons les archives
officielles, c'est-à-dire le classement des lettres patentes. Le service
de « La loi des renseignements sur les compagnies »,tels que
rapports annuels. Il y a 300,000 corporations, compagnies dans la province.
« Le service d'inventaire des documents de tous les ministères
», ça c'est un nouveau service, service d'inventaire des documents
de tous les ministères, un nouveau service qui a été
placé sous la direction de M. Antoine Roy. Ensuite l'Imprimeur de la
Reine, qui édite la Gazette officielle et aussi les impressions, la
reliure et la distribution des statuts du Québec. « La nouvelle
refonte des statuts », ce qui est quelque chose de nouveau pour laquelle
il y a un montant de prévu au budget, et « La distribution et la
vente des publications gouvernementales ». Service nouveau
également, parce que nous avons centralisé la distribution et la
vente de toutes les publications gouvernementales.
Il y a ensuite, M. le Président, « Le bureau de la censure
du cinéma », qui autrefois relevait du procureur
général et a été transféré au
secrétariat. Il y a « l'Office du film », il y a «
l'Office d'informations et publicité », ce qui est un service
nouveau comprenant la rédaction, la publicité, la coordination de
l'information, la documentation, de même que « Le service des
publications » qui était autrefois connu sous le nom de service
des impressions. Il y a ensuite « Le service de la traduction » qui
est un nouveau service, c'est-à-dire la coordination de la traduction,
des travaux de traduction de tous les ministères, la revision des
textes, l'impression des textes, la distribution des textes. Il y a ensuite
« La Commission des loyers», il y a « La Commission des
valeurs mobilières ». Il y a « Le Service des
coopératives » qui est un nouveau service que nous avons
établi au ministère. « L'administration des lois des
associations coopératives, des caisses d'épargne et de
crédit ». Il y a 1,500 caisses d'épargne et de
crédit dans la province. « L'administration des lois des syndicats
coopératifs », il y a 650 syndicats coopératifs dans la
province, « L'administration des lois spéciales concernant
certains syndicats coopératifs ». « L'établissement
des registres des coopératives », ainsi de suite. Il y a ensuite
« Le service du centenaire de la Confédération », ce
qui également est un nouveau service.
Comme on vient de le voir, M. le Président, le gouvernement a
confié plusieurs responsabilités nouvelles au Secrétariat
de la province,en ces derniers mois, tel que, et je résume:
L'Organisation fonctionnelle de l'Office de l'information et publicité;
la réorganisation du bureau de censure qui a été
transféré du ministère du
procureur général au Secrétariat de la province, la
création d'un service des coopératives, la création d'un
service du centenaire de la Confédération, et enfin la
création d'un service de la traduction qui sert tous les
ministères et travaille en étroite collaboration avec l'Office de
l'information et publicité. Par contre, l'on sait que le service du
Tourisme est allé au nouveau ministère qui a été
créé qui porte le nom de: « Tourisme, Chasse et Pêche
».
M. BELLEMARE: Je remercie le ministre de ces informations. Il y a aussi
le service de Documentation, il y a aussi le service des Renseignements aux
compagnies, des coopératives, il y a, je sais que le ministre, il y a
plusieurs services autres, d'ailleurs qui apparaissent dans son rapport annuel
de 1962-1963, et dans lequel sont contenus presque tous les renseignements
qu'il vient de nous dire, sauf les nouveaux services qui ont été
transférés, comme le bureau de censure du cinéma et de
l'Office du film, ainsi que le nouveau service de publicité, de
documentation.
M. le Président, dans le service de l'administration, il y a des
hauts officiers comme le sous-ministre M. Douville, comme le sous-ministre
adjoint, M. Lucien Darveau. Est-ce qu'il y a d'autres sous-ministres depuis le
dernier budget 1963?
M. ARSENAULT: Oui, M. le Président, il y a le nouveau
sous-secrétaire, adjoint suppléant de la province, René
Montpetit.
M. BELLEMARE: Montpetit.
M. ARSENAULT: René Montpetit.
M. BELLEMARE: M. René Montpetit est arrivé au
ministère depuis combien de temps?
M. ARSENAULT: Au Secrétariat de la province ou à l'emploi
du gouvernement?
M. BELLEMARE: Non, non, au Secrétariat de la province.
M. ARSENAULT: Au secrétariat de la province, au mois de juin, je
crois, l'an dernier.
M. BELLEMARE: Bien, il n'était pas là au dernier
budget?
M. ARSENAULT: Il n'était pas là au dernier budget,
non.
M. BELLEMARE: Alors il est arrivé là soit en juillet,
août, septembre...
M. ARSENAULT: Juin. M. BELLEMARE: En juin?
M. ARSENAULT: En juin, il est arrivé d'abord comme directeur de
l'Office...
M. BELLEMARE: Comment?
M. ARSENAULT: Il est arrivé d'abord comme directeur, je crois, de
l'Office d'information et subséquemment il a été
nommé sous-secrétaire adjoint suppléant.
M. BELLEMARE: Quand a-t-il été nommé là?
M. ARSENAULT: Je crois que c'est au mois d'octobre, novembre.
M. BELLEMARE: M. le sous-ministre, M. Douville, si je me fie aux comptes
publics, ici que nous avons, le sous-ministre retirerait $15,000, M. Darveau
$12,800. Est-ce qu'il y a eu augmentation?
M. ARSENAULT: Oui, il y a eu des augmentations depuis ce
temps-là. Je crois que le sous-ministre Douville a $18,000 et...
M. BELLEMARE: Parce que je pense, est-ce que le ministre me permettrait
de dire combien...
M. ARSENAULT: ... M. Darveau $16,000.
M. BELLEMARE: $16,000 M. Darveau et M. Douville?
M. ARSENAULT: M. Douville $18,000, M. Darveau $16,000 et M. Montpetit
$14,000.
M. BELLEMARE: Vous n'avez pas besoin de nous dire toute la
compétence que possède ces deux hommes que je connais
parfaitement bien, M. Douville d'abord et M. Darveau que j'ai eu le plaisir de
connaître depuis quelques années que je suis au Parlement, et
combien ces hommes méritent énormément à cause de
leur expérience et surtout à cause de la fidélité
que ces gens mettent au service de la province. Leur vaste expérience a
apporté chacun dans leur domaine, M. Douville dans un domaine bien
particulier et M. Darveau dans un autre, ont apporté un concours
généreux et surtout, ils ont fait leur marque dans chacune de
leur sphère. Je n'ai pas besoin de vous dire combien ces hommes
méritent, et nous sommes heureux de voir qu'ils reçoivent un
salaire qui répond à la
compétence qu'ils exercent.
M. Montpetit, je le connais un peu moins. M. Montpetit avait une
expérience dans l'Information, le ministre pourrait peut-être nous
dire ça?
M. ARSENAULT: Si M. Montpetit?
M. BELLEMARE: Si M. Montpetit avait de l'expérience dans
l'information?
M. ARSENAULT: C'est sa profession, il a été journaliste
pendant un très grand nombre d'années.
M. BELLEMARE: Il venait de?
M. ARSENAULT: Bien, il venait du ministère de la Jeunesse qui est
aujourd'hui le ministère de l'Education.
M. BELLEMARE: Mais c'était un journaliste de carrière?
M. ARSENAULT: Oui, de carrière. C'était un journaliste de
carrière
M. BELLEMARE: Ses fonctions présentement comme sous-ministre
adjoint, comme sous-secrétaire de la province...
M. ARSENAULT: Sous-secrétaire adjoint suppléant.
M. BELLEMARE: Adjoint?
M. ARSENAULT: Adjoint suppléant.
M. BELLEMARE: Puis M. Darveau est devenu sous-secrétaire sans
être adjoint...
M. ARSENAULT: Non...
M. BELLEMARE: ... parce que dans sa définition ici...
M. ARSENAULT: M. Darveau est sous-secrétaire adjoint.
M. BELLEMARE: Adjoint, M. Darveau aussi?
M. ARSENAULT: M. Douville est sous-secrétaire, M. Darveau
sous-secrétalre adjoint et M. Montpetit sous-secrétalre adjoint
suppléant.
M. JOHNSON: Suppléant.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire qu'il est le troisième
diacre?
M. ARSEAULT: Oui.
M. BELLEMARE: Dans la hiérarchie, il est le sous du sous!
M. ARSENAULT: Il a fallu ajouter ce qualificatif-là parce que la
loi...
M. BELLEMARE: Vous avez besoin d'arrêter d'en nommer!
M. ARSENAULT: ... ne nous permettait pas d'avoir deux
sous-secrétaires adjoints.
M. BELLEMARE: Est-ce que M. Darveau s'occupe spécialement,
strictement seulement des affaires de compagnies? Je crois qu'au point de vue
légal...
M. ARSENAULT: M. Darveau s'occupe d'un grand nombre de choses, mais
c'est surtout son domaine.
M. BELLEMARE: La partie légale?
M. ARSENAULT: La partie légale est surtout son domaine.
M. BELLEMARE: M. le sous-ministre Douville s'occupe spécialement
de l'administration?
M. ARSENAULT: De l'administration. M. BELLEMARE: Et M. Montpetit,
lui?
M. ARSENAULT: Et M. Montpetit de l'Office du film, l'Office
d'information, la publicité, tout ce domaine.
M. BELLEMARE: Tout ce qui s'appelle la publicité?
M. ARSENAULT: C'est ça.
M. BELLEMARE: Est-ce que M. Montpetit a un service particulier dans
l'organisation, est-ce qu'il a un bureau avec des employés,
c'est-à-dire il a son bureau, je crois, sur la Grande-Allée?
M. ARSENAULT: Oui, mais M. Montpetit n'a pas son bureau sur la
Grande-Allée, M. Montpetit a son bureau ici voisin du mien et voisin des
bureaux des autres sous-secrétaires adjoints. Mais le personnel de
l'informa-
tion et de la publicité est précisément sur la
Grande-Allée dans un nouveau local.
M. BELLEMARE: Vous avez un item spécifique cette année
dans le budget pour l'Office d'information et de publicité, à
l'article 5, alors là on pourrait peut-être reparler de...
M. ARSENAULT: Oui.
M. BELLEMARE: ... M. Montpetit et de ses employés. M. le
Président, quant à moi, je serais bien prêt à
accepter l'Administration, 1, est-ce qu'il y a d'autres collègues?
DES VOIX: Non.
M. LE PRESIDENT: Article 1, adopté. Article 2.
M. BELLEMARE: « Frais de bureau «.Article 3, « Frais
de bureau ». Article 4, « Matériel... «
Réceptions, frais de représentations... » Est-ce que le
ministre va être moins généreux pour recevoir les grands
chefs?
M. ARSENAULT: « Frais de représentation ».
M. BELLEMARE: Parce qu'il ne faut pas qu'il oublie son titre noble parce
que je vois que dans les « Réceptions » il diminue de
$4,000, dans les réceptions est-ce que c'est le premier ministre qui va
payer à sa place? Parce que je sais que depuis qu'il y a eu des
difficultés entre sa tribu et les Hurons qui sont allés à
Tour, ç'a été un sale tour à jouer au ministre des
Affaires culturelles...
M. ARSENAULT: Cela signifie tout simplement, M. le Président, que
le Secrétaire de la province est un homme très économe,
ça ne coûte pas cher pour les réceptions. Il s'arrange avec
beaucoup moins qu'avant.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ce que disent les gens et le ministre n'a pas
le droit de dire ça en Chambre. Il passe pour un homme
généreux, et il ne devrait pas dire qu'il est mesquin.
M. ARSENAULT: Ah! je n'ai pas dit mesquin.
M. BELLEMARE: Ah! bien oui, économe.
M. ARSENAULT: Econome ça ne veut pas dire mesquin.
M. BELLEMARE: Il a quand même les deniers de l'Etat pour en faire
un tableau d'honneur, M. le Président, dire: « Je ménage
».
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, j'espère bien que le grand
chef va continuer la tradition et qu'il recevra, qu'il gardera...
M. ARSENAULT: Le député de Champlain aimerait bien
ça être grand chef lui aussi.
M. BELLEMARE: Adopté, M. le Président. M. ARSENAULT: Il en
parle souvent.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté. Article 2: « Imprimerie
de la Reine ».
M. LACROIX: On va vous envoyer à l'étage de...
M. BELLEMARE: M. le Président, « L'imprimeur de la reine
» vous avez là une augmentation extraordinaire. Vous avez
peut-être dans ça un item spécifique, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Refonte des statuts.
M. BELLEMARE: Refonte des statuts en bas; $215,000.
M. ARSENAULT: Oui, ça c'est à l'item... M. LE PRESIDENT:
La page 126.
M. BELLEMARE: $450,000 refonte des statuts. M. le Président,
l'imprimeur de la Reine, c'est là qu'on doit parler des impressions,
qu'on a des impressions que fait le ministère.
M. ARSENAULT: Non il y a le service, et puis toutes les impressions plus
loin.
M. BELLEMARE: Le service d'où?
M. ARSENAULT: Il faut s'entendre là. Ici on peut parler des
impressions des statuts et de l'impression de la « Gazette Officielle
» et des statuts. Le $450,000 c'est pour les statuts, oui. Mais tout de
même l'imprimeur de la Reine, qui voit à l'impression de la
« Gazette officielle ».
M. BELLEMARE: Oui, oui, ça c'est d'accord, c'est le même
montant que l'année passée, $5,000 de plus, s'occupe aussi
d'impres-
sions, reliures, distribution des statuts du Québec, $2,000
meilleur marché. Maintenant, M. le Président, dans les salaires
il y a une petite diminution, j e ne sais pas pourquoi, il y a une diminution
de $30,000.
M. ARSENAULT: Oui, bien voici pourquoi, M. le Président. Je crois
que j'ai les renseignements ici. D'abord vous avez remarqué qu'il y a
une augmentation de $94,900 à l'administration.
M. BELLEMARE: Oui.
M. ARSENAULT: C'est parce que ça, j'aurais dû donner cette
explication-là je m'en excuse, c'est à cause du personnel des
nouveaux services des coopératives, et du personnel du service de
sélection des archives et du ministère, M. Antoine Roy et
d'autres qui font... Par contre à l'Imprimeur de la Reine, vous avez
$34,800 de moins parce qu'il s'agit du transfert du personnel du «
Journal des débats » à l'Assemblée
législative.
M. BELLEMARE: Ah! oui. M. le Président, je vois «
Impression de la distribution de la « Gazette Officielle » $215,000
». Le ministre doit demander des soumissions publiques pour un montant
aussi considérable que l'impression de la « Gazette Officielle
».
M. ARSENAULT: M. le Président, il n'y a pas de soumissions
publiques pour l'impression de la « Gazette Officielle ».
M. BELLEMARE: Pardon?
M. ARSENAULT: Il n'y a pas de soumissions publiques.
M. BELLEMARE: C'est sur invitation.
M. ARSENAULT: Pardon?
M. BELLEMARE: C'est sur invitation.
M. ARSENAULT: Non, ce n'est pas sur invitation, et il y a «
L'Action Catholique » et Charrier & Dugal sont les deux seuls
imprimeurs d'abord il faut que ce soit imprimé à
Québec, c'est entendu ce travail-là est un travail qui doit
être exécuté par des imprimeurs de Québec
maintenant des demandes, des appels de soumissions sont faits dans tous les cas
de travaux d'impression, sauf dans ceux-là, parce qu'il n'y a que deux
ateliers à Québec qui sont outillés de façon
à effectuer ce travail, et il n'y a que Charrier & Dugal et «
L'Action Catholique » qui ont, à part des linotypes qui...
M. BELLEMARE: Non.
M. ARSENAULT: ... ont les monotypes, l'équipement...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. ARSENAULT: Oui, oui. Il y a seulement deux imprimeurs à
Québec qui ont une série de monotypes capable d'effectuer ce
travail-là M. le Président, et les prix sont revisés par
l'Imprimeur de la reine, M. Lefebvre et nous sommes très satisfaits.
D'ailleurs la question est venue, ce n'est pas la première fois que la
question est venue devant nous, je crois, lors de l'étude du dernier
budget du Secrétariat, je crois...
M. BELLEMARE: Non. Devant l'Orateur.
M. ARSENAULT: Non, non.
M. BELLEMARE: Le budget de l'Orateur.
M. ARSENAULT: Le chef de l'Opposition avait soulevé cette
question-là. Alors moi j'ai la même réponse à
donner, c'est que sous le régime précédent il n'y avait
pas de soumissions pour aucun des travaux d'impression, et sous le
régime actuel il n'y a que deux exceptions, ce sont ces
deux-là.
M. BELLEMARE: Oui, c'est d'accord.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je vois à l'item 2, sous item 4,
$450,000 pour la refonte des statuts. Est-ce que je dois comprendre que l'on
est en train de procéder à l'impression des volumes de la refonte
des statuts de la province?
M. ARSENAULT: Oui, M. le Président.
M. BERTRAND (Missisquoi): Parce que les statuts ont déjà
été refondus en 1941 et...
M. ARSENAULT: 1941.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... tous ceux qui s'intéressent de
près à la législation, qui doivent la consulter ont
hâte que la refonte des statuts soit faite, et que les statuts soient
imprimés et distribués, mis en vente de manière à
ce que les avocats, les juges, les parlementaires, les journalistes puissent
consulter en 4, 5 ou 6 volumes tous ces statuts que nous avons accumulés
depuis 1941, et qui comportent autant de volumes qu'il y a eu d'années
depuis 1941. A quelle date pouvons-nous espérer les recevoir?
M. ARSENAULT: La composition est commencée et nous attendons. Je
crois que ce travail sera terminé certainement en dedans d'un an et
très probablement au printemps ou au cours de l'été
prochain. C'est un travail très considérable, un très gros
travail.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que le ministre peut me dire combien de
volumes nous aurons? A l'heure actuelle, les statuts de 1941 comportaient cinq
volumes.
M. ARSENAULT: C'est impossible à déterminer
actuellement,
M. BERTRAND (Missisquoi): A qui sont confiés ces travaux? A quel
imprimeur?
M. ARSENAULT: Charrier & Dugal, M. le Président.
M. BERTRAND (Missisquoi): Charrier & Dugal, au complet?
M. ARSENAULT: Au complet, oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce qu'il y a eu une demande de soumissions
dans ce cas-là?
M. ARSENAULT: Non, M. le Président.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce qu'on a demandé à
d'autres journaux, d'autres imprimeurs, « L'Action » et les autres
dans la province?
M. ARSENAULT: Non, ça ne peut pas se faire par d'autres
imprimeurs dans la province. Les deux plus gros ateliers ici dans la
région, je le répète, c'est Charrier & Dugal et
« L'Action ». Même « Le Soleil » n'a plus
d'atelier d'impression. Il faisait des impressions autrefois. Et c'est Charrier
& Dugal qui, jusqu'ici, a fait les statuts depuis quatre ans, les statuts
ordinaires, et c'est à Charrier & Dugal que ce contrat a
été attribué.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais le ministre admettra qu'il doit y avoir
d'autres imprimeurs dans la province de Québec?
M. BELLEMARE: Il y en avait avant. Cela se faisait avant.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il y en avait d'autres avant. Et le ministre
admettra aisément que, lorsqu'il s'agit de sommes aussi
élevées, l'on devrait s'adresser ou donner l'occasion à
d'autres imprimeurs dans la province de Québec de présenter une
soumission. Dans le cas qui nous intéresse ce matin, il n'y a pas eu
d'abord de demande de soumissions publiques par la voix des journaux.
M. ARSENAULT: M. le Président, c'est absolument nécessaire
que ce soit des spécialistes...
M. BELLEMARE: Oui mais il y en avait des spécialistes avant.
M. ARSENAULT: ... et les spécialistes dans ce domaine-là
sont extrêmement rares...
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. ARSENAULT: Il y a « L'Action » et il y a Charrier &
Dugal dans la région immédiate. Il y en a peut-être
à Montréal. Mais il faut nécessairement que ce soit
effectué par un imprimeur qui est à la portée de nos
officiers et du personnel, afin de voir à ce que les corrections se
fassent le plus rapidement possible. Cela ne peut pas se faire par
courrier.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président,...
M. ARSENAULT: Et je tiens à assurer le député de
Missisquoi que les officiers du ministère, le sous-secrétaire de
la province et le sous-secrétaire adjoint, y ont vu, en collaboration
avec M. Lefebvre et le Service des achats, parce que c'est le Service des
achats qui place cette commande-là. La commande des impressions n'a pas
été placée par nous. Le premier ministre pourrait
être interrogé sur cette question-là. Ce n'est pas nous qui
décidons quel imprimeur effectuera nos Impressions. Cela relève
de l'exécutif du Service des achats. Mais, de toute façon, je
suis convaincu que les sous-ministres, le sous-secrétaire et le
sous-secrétaire adjoint, de même que l'Imprimeur de la Reine, ont
vu à ce que les prix pour l'exécution de ce travail-là
soient très raisonnables.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je ne discute pas de
la compétence de Charrier & Dugal. Je ne discute pas de la
qualité des travaux d'impression de Charrier & Dugal. Je soumets le
point suivant: il s'agit d'un montant important qui représente
près d'un demi-million. Il est clair que les travaux de cette nature
doivent être effectués par des imprimeurs compétents, des
imprimeurs bien préparés qui sont capables de fournir au gou-
vernement des services de première qualité. Ce n'est pas
là qu'est le point. Le point est le suivant: à qui fera-t-on
croire qu'il existe seulement un ou deux imprimeurs dans la province de
Québec qui possèdent la compétence (qui sont bien
préparés), l'honnêteté, l'intégrité,
et qui sont capables de fournir des travaux de pareille qualité? A qui
fera-t-on croire ça?
M. le Président, on a souventparlé d'adopter des
méthodes les meilleures pour garantir à la population de la
province de Québec que l'administration des biens publics s'effectue
suivant les meilleures règles de contrôle. Je suis d'avis qu'en
vertu de ce principe il est clair que l'on ne doit pas laisser à la
discrétion d'un homme, le plus honnête soit-il, le plus
intègre soit-il lui laisser la discrétion de choisir tel ou tel
imprimeur. Ou l'on accepte le principe des soumissions publiques, ou on le
rejette. Si on le rejette, c'est la discrétion qui s'exerce, c'est la
discrétion personnelle et on pourra toujours dans ce domaine, attaquer
la personne qui l'exerce, lui prêter des motifs, lui prêter des
intentions, qu'elle favorise un tel ou un tel parce qu'il a une certaine
tendance que je ne qualifierai pas, mais que l'on devine. Il y a des amis
politiques. Dans tous les cas où la réglementation est possible,
dans tous les cas où elle est possible le jeu de la discrétion
personnelle doit disparaître.
On dira c'est une prise de position intransigeante? A la lumière
de tous les événements que nous avons traversés, à
la lumière de tous les propos que l'on a tenus sur la bonne
administration de la chose publique, je pense qu'il existe dans la province,
qu'il existe dans la Chambre un désir, parfois manifesté
unanimement suivant l'angle où on se place, et parfois fortement
discuté, que l'on applique, dans toute la mesure du possible, d'abord,
à l'aide de lois qui prévoient des soumissions publiques et
deuxièmement, à l'aide de réglementations découlant
de lois, les critères qui doivent servir pour l'administration au
Service des achats comme dans tous les autres ministères.
Tant qu'on n'aura pas voulu s'asseoir autour d'une table et discuter de
ces choses, non pas en voulant tenter de protéger un tel ou un tel, mais
les envisager objectivement, accepter les lois qui s'imposeront, la
réglementation qui s'imposera, même si elles doivent faire mal
à ceux-là qui, par habitude et tradition, se sont toujours
accoutumés à compter sur la discrétion des hommes de
gouvernement, des premiers ministres, des ministres, des députés,
des intermédiaires, des organisateurs politiques.
A quoi bon se voiler la face? A quoi bon se lancer des flots d'injures,
de part et d'autre? Tant qu'on n'aura pas voulu, tous les députés
de cette Chambre, à quelque parti qu'ils appartiennent, s'asseoir autour
d'une table et examiner le problème objectivement, mais ayant en vue,
tous et chacun, compte tenu de la faiblesse des hommes, mais voyons! On n'est
pas aveugle. Mais tant qu'on n'aura pas voulu essayer de trouver les moyens,
les meilleurs, comme par exemple on le fait dans l'industrie, comme on le fait
dans la grande industrie, où l'on veut la meilleure utilisation possible
des fonds publics, où l'on veut éviter la critique qui est
toujours possible. Tant et aussi longtemps que l'on laisse un homme, quel qu'il
soit, on notera que je ne fais pas de personnalité: ce n'est pas en
s'attaquant les uns les autres, en bas ou en haut du ventre, ce n'est pas de
cette manière que nous allons régler ou tenter de régler,
d'adopter les mesures qui s'imposent, consciemment et
délibérément, en vue d'assurer une meilleure
administration de la province; ce n'est pas en se voilant la face et puis en se
lançant des injures personnelles qu'on va réussir. Mais quand on
voudra s'asseoir autour de la table et discuter d'une manière objective,
je pense qu'il y aura moyen de trouver, de proposer ou l'adoption de lois ou de
réglementations qui assureront au peuple de la province de Québec
que ses députés, ses administrateurs font de leur mieux et se
dégagent totalement de la discrétion personnelle.
J'ai voulu faire à cet item, ces quelques remarques qui
pourraient s'appliquer dans d'autres ministères. Le montant qui est
présenté ce matin est important, le ministre en convient. Il
allègue que ce sont d'excellents imprimeurs, compétents. Je ne le
nie pas que ces gens-là présentement des travaux d'excellente
qualité. Je ne le nie pas. Mais, ce n'est pas là qu'est ma
proposition, c'est que, dans ce domaine comme dans les autres, dans toute la
mesure du possible où l'on peut faire disparaître la
discrétion personnelle, recherchons les moyens d'atteindre ce but et je
pense qu'ainsi nous aurons mieux mérité du peuple que de nous
lancer de part et d'autre, des injures et des insultes.
M. ARSENAULT: M. le Président, j'abonde absolument dans le sens
du député de Missisquoi. Il a parfaitement raison. Nous
approuvons entièrement le but auquel il tend. Evidemment, ses remarques
ne s'adressent pas au secrétaire de la province parce que ce n'est pas
le secrétaire de la province qui décide. Ses remarques
s'adressent plutôt, ou auraient plutôt dû s'adresser au
premier ministre de la province, mais lorsque le budget du Conseil
exécutif...
M.BERTRAND (Missisquoi): Si le ministre me permet, j'ai justement...
M. ARSENAULT: Oui, oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... fait allusion à cela, tantôt.
Je ne veux pas que les critiques que Je formule le ministre les prenne pour
lui, pour ses voisins, ou pour d'autres. Ce sont des remarques
générales et j'ai déclaré qu'elles pouvaient
s'adresser à d'autres ministères. J'aurai l'occasion, je l'ai
fait ici à cause de l'importance de l'item, nous aurons l'occasion d'y
revenir sur les crédits du Conseil exécutif ou sur d'autres.
M. ARSENAULT: Seulement, tout de même, je ne voudrais pas M. le
Président, que l'excellente présentation du député
de Missisquoi laisse la Chambre sous une fausse impression. Il a raison: nous
voulons de l'excellent travail, que le travail soit bien exécuté,
c'est un travail très important et qu'il soit exécuté au
prix le plus favorable possible pour la province. C'est également notre
but. Dans les cas où un grand nombre d'imprimeurs pourraient, ici
à Québec, exécuter ce travail-là, le
député de Missisquoi aurait absolument raison. Je crois que, dans
un cas comme celui-là, nous serions tenus à faire des appels de
soumissions publiques. Mais lorsque des spécialistes qui sont capables
d'exécuter un tel travail sont limités au nombre de deux...
M. JOHNSON: Non!
M. BELLEMARE: Ah non!
M. ARSENAULT: ... les risques que nous prendrions que ça
coûte plus cher à la province...
M. JOHNSON: Ah non, non. M. BELLEMARE: Non.
M. ARSENAULT: ... que ça coûte plus cher à la
province et nous croyons... Oui, oui!
M. JOHNSON: Les statuts, ça ne presse pas, ça, on peut
envoyer ça à l'extérieur.
M. ARSENAULT: Ecoutez, à la longueur d'année, si vous me
le permettez, M. le Président, prenez les questions de plans d'asphalte,
la question des plans. Les entrepreneurs qui ont des plans d'asphalte,
lorsqu'il y en a deux dans une région; des soumissions publiques sont
appelées, qu'est-ce qui arrive? Il arrive qu'avec la demande de
soumissions publiques...
M. BELLEMARE: Les statuts peuvent aller dans la province.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le ministre prend un autre chemin,
là.
M. ARSENAULT: ... le prix est plus élevé... M. BELLEMARE:
Voyons donc.
M. ARSENAULT: ... que le prix qui est décidé par le
ministère.
M. BELLEMARE: Dans la province de Québec, il y en a bien plus que
deux.
M. ARSENAULT: Bien oui,... voyons donc, il y en a plus que deux dans la
province.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Un à la fois... M. LAFONTAINE: Est-ce
que le ministre...
M. ARSENAULT: ... alors, nous croyons M. le Président que dans ce
cas-ci la compétence de l'imprimeur de la Reine équivaut à
une demande de soumissions publiques, parce que...
M. JOHNSON: Quelle est bonne!
M. ARSENAULT: Elle est bonne. Certainement elle est bonne surtout parce
qu'elle est vraie.
M. BERTRAND (Missisquoi): Très mauvaise impression!
M. ARSENAULT: La compétence de l'imprimeur de la Reine
équivaut dans ce cas-ci à une demande de soumissions publiques et
nous croyons que l'imprimeur de la Reine aide la province à faire
exécuter ce travail grâce à ses connaissances, parce que
c'est lui qui contrôle toutes les impressions des travaux de la Chambre,
et que grâce à son expérience, aide la province à
économiser des montants très considérables, que nous ne
pourrions pas économiser si nous demandions des soumissions publiques,
dans ces cas-là. Parce qu'il n'y a que deux spécialistes à
Québec, il y aurait danger que ces deux spécialistes soient de
connivence pour présenter dans des prix élevés une
quotation élevée en disant bien écoute dans l'autre cas on
s'arrangera pour que tu sois moins élevé que moi.
Non, non, je pense M. le Président que le député de
Missisquoi a raison, nous partageons son point de vue, nous différons
d'opinion quant au moyen à l'atteindre et si un jour il devenait celui
qui devait décider de l'allocation de tels
contrats, je lui prédis d'avance, avec l'expérience que
nous avons de l'administration de la chose publique depuis quatre ans, qu'il ne
pourra pas dans l'intérêt de la province procéder
autrement.
M. BERTRAND (Missisquoi): Précis. Ce qu'il y a de comique, un peu
drôle, le ministre dit le député de Missisquoi a raison.
J'émets une proposition, absolument objective, il dit il a raison...
M. ARSENAULT: Dans le but à atteindre.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... c'est ça l'ennui aujourd'hui, c'est
qu'on dit aux gens vous avez raison, et on fait exactement le contraire...
M. ARSENAULT: Vous ne savez pas de quel moyen.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... Et c'est ainsi que les gens dans la
province, que le peuple finit par porter des jugements que l'on appelle
peut-être sommaires, mais des jugements que l'on doit appeler des
jugements populaires et qui sont fondés. On dit comment les croire?
Comment croire les propos des hommes politiques? Ils viennent nous voir puis
sur les « haustings » tout ça est beau, les principes et
dès qu'ils ont l'occasion de les appliquer ah, vous avez raison, vous
avez raison... Comme disait ce bonhomme: « Faites ce que je vous dis de
faire, mais ne faites pas ce que je fais, » le contraire,
« Faites ce que je vous dis, et moi je ferai ce que je veux. » Vous
prêchez d'une manière et vous pratiquez d'autre chose, et je le
déclare ce n'est pas seulement parce que nous sommes aux crédits
du Secrétaire provincial que je fais cette déclaration-là.
Il est temps je le répète si on veut que le peuple croit vraiment
non seulement dans ses institutions parlementaires, mais ait foi un peu dans
ceux qui administrent. Il est temps qu'on adopte les méthodes les plus
rigoureuses quand le ministre dit on n'en a que deux à Québec. Il
dit on a besoin de ces travaux-là immédiatement, la refonte des
statuts dans le cas qui nous intéresse. La refonte des statuts, c'est du
travail de longue haleine. On le dit, on en a pour un an encore...
M. ARSENAULT: Ce n'est pas de longue haleine pour un an avec un travail
comme celui-là.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ah! c'est déjà commencé.
Il y en a d'autres imprimeurs non seulement dans Québec, il y en a dans
la cité de Montréal. Il y a des gens compétents là
aussi, quand il s'agit de travaux qui vont atteindre, dépasser, un demi
million, il me semble que l'on doit faire appel à tous les imprimeurs
compétents dans ce domaine-là quand il s'agit de contrats aussi
importants...
J'invite le ministre, je n'ai pas l'intention d'en parler longtemps,
j'invite le ministre non seulement à dire que nous avons raison, mais
à mettre en pratique ce qu'il accepte, ce qu'il admet comme étant
des principes de bonne administration devant s'appliquer autant dans le domaine
des impressions que dans les autres domaines importants de l'administration
provinciale. Cessons de prêcher et pratiquons, autrement,
taisons-nous.
M. BELLEMARE: M. le Président, je suis bien d'accord avec le
député de Missisquoi dans ses justes remarques à l'endroit
du ministre ce matin, et je les trouve bien situées, parce que ces
honorables messieurs, et particulièrement le secrétaire de la
province, était un de ceux qui avec le programme libéral en main,
se promenait en 1960 pour dire; « Soumissions publiques partout,
soumissions publiques partout », et M. le Président, je n'ai pas
besoin d'aller bien loin dans le programme que ces honorables messieurs
avaient, on pouvait lire « dans les affaires publiques, il y aura des
demandes de soumissions, fini le favoritisme, fini la part aux amis, fini ce
qu'on appelle du patronage ». Ces honorables messieurs, avec le programme
libéral en main, s'en viennent sérieusement au Conseil des
ministres et là pour épater la province passent un
arrêté ministériel, arrêté ministériel
qui a fait du tapage dans la province, puisque tout contrat en haut de $50,000,
$25,000 d'abord au début, devait être par demande de soumissions
publiques. Ah! quelle publicité dans les journaux, combien les gens ont
dit; « Voici des gens sérieux! Enfin on va respecter
l'intérêt public! Demandes de soumissions publiques! », et
c'était bien noté dans l'arrêté ministériel,
premier item, deuxième item, troisième item, tout ce qui
dépasse $25,000.
Quelques mois plus tard, après avoir pris contact avec
l'administration et des difficultés que ça apportait dans
certains domaines, il y a eu un nouvel arrêté ministériel.
Là, on a dit dans le nouvel arrêté ministériel;
« C'est difficile quand il s'agit de $25,000, mettons donc ça
à $50,000, là à $50,000 on va être mieux, on va
pouvoir administrer sagement, rendre justi-
ce aux deniers qui nous sont confiés et à la province
à qui on a promis que rien ne sera fait sans soumissions publiques, pas
de contrats, dans aucun domaine ». Encore dans les Journaux un gros
tapage, un gros « bi » pour dire: « Mes amis, le gouvernement
libéral y va dans la question des soumissions publiques ».
Maintenant, voici un exemple, et ce matin, l'honorable
député de Missisquoi dans une intervention bien marquée,
sans passion, et surtout avec la logique, le bon sens d'un administrateur, dit
au ministre; « Voici un cas typique de patronage, voici après le
patronage en gants blancs, voici un autre patronage en gants veloutés
» parce que le ministre se cherche des raisons, des raisons que vous avez
pu entendre, c'est mon expérience de dire dans les circonstances,
qu'après avoir consulté les qualifications d'un imprimeur, c'est
le meilleur, vous n'avez pas besoin de soumissions, c'est le meilleur. Oui
c'est le meilleur, peut-être au point de vue politique, au point de vue
ami, mais comme le dit si bien le député de Missisquoi, il y en
avait d'autres dans la province de Québec, que nous connaissons,
à part les deux mentionnés par le ministre.
M. ARSENAULT: Il n'y en a pas.
M. BELLEMARE: Mais il n'y avait pas de danger, M. le Président,
qu'on demande des soumissions publiques, et le ministre dit: « C'est
impossible autrement ». Est-ce que le ministre a déjà
été à Ottawa? De passage?
M. ARSENAULT: Ah! oui, j'ai été déjà.
M. BELLEMARE: Il a été de passage à Ottawa pendant
un certain temps, il s'est rendu compte que dans cette juridiction là,
M. le Président, même en ce qui concerne l'Imprimeur de la Reine,
rien ne se fait sans demande de soumissions publiques, rien, le ministre le
sait M. le Président. Vous n'avez qu'à consulter les comptes
publics du Dominion et...
M. ARSENAULT: Je ne connais pas la politique fédérale.
M. BELLEMARE: M. le Président, quand un ami ou n'importe quel
soumissionnaire n'est pas le plus bas soumissionnaire, on n'accorde pas la
soumission. Le ministre le sait, il a fait des démarches autant comme
autant, pas pour la compagnie Fargo, le camionnage Fargo, parce qu'il
connaît ça Fargo lui, mais pour une autre compagnie. Il est
allé, M. le Président, demander lui-même, essayer avec des
amis pour chan- ger, ils ont dit: « Non, c'est la soumission la plus
basse », et c'est de même que ça se passe à Ottawa.
Pourquoi ne pas appliquer ce principe-là chez-nous? On arrive sur un
item important et quand on parle de $450,000 dans l'imprimerie, c'est la valeur
pour un contrat, c'est la valeur de $7,000,000 à $8,000,000 dans la
Voirie.
On arrive aujourd'hui devant le ministre et on dit: voici un ami
politique, nous disons que c'est un ami politique, parce que nous le
connaissons, il apparaît aux comptes publics à quatre ou cinq
places différentes, favorisé d'au-dessus de un million pour la
même année d'administration, sans soumissions publiques, et
aujourd'hui, dans le budget que nous votons, tout de suite, à l'item des
statuts on dit: on lui a donné déjà le contrat sans que
l'argent soit voté, le contrat est donné, et vous n'appelez pas
ça du patronage, vous, M. le Président.
Voyons donc, c'est ridicule à sa face même, les
députés ici en Chambre, ont entendu leurs sornettes, à
travers la province, dans leurs discours claironnants, retentissants, et
aujourd'hui l'honorable ministre arrive, tout candidement, « vous savez,
mes chers messieurs, mes collègues, nous ne pouvons pas faire autrement,
nous avons à choisir entre notre ami et notre conscience, puis nous
prenons notre ami, c'est décidé, nous ne pouvons pas faire
autrement, il n'y en a pas d'autres ». Un peu plus par les principes, par
les promesses électorales. M. le Président, le Secrétaire
de la province doit être bien malheureux ce matin...
M. ARSENAULT: Oh oui.
M. BELLEMARE: De voir que l'Opposition lui reproche de faire du
patronage, lui qui ne connait pas ça, il n'a pas d'aptitudes pour en
faire, lui qui n'aime pas ça, non plus,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Il prend toutes les mesures pour ne pas succomber à
la tentation.
M. LE PRESIDENT: Il me semble que le député doit se rendre
compte qu'actuellement ses propos d'abord, non seulement sont
antiparlementaires, parce que ça impute constamment des motifs, mais il
sait ou devrait savoir que les impressions de statuts, comme les autres
impressions dont il est question à cet article, ne relèvent pas,
en autant que le choix de l'imprimeur est concerné, comme ç'a
été expliqué dès le début, du
Secrétariat provincial...
M. BELLEMARE: Ah oui, ah oui. M. JOHNSON: Ce contrat-là
relève...
M. LE PRESIDENT: C'est ce que j'ai compris...
M. BELLEMARE: M. le Président, à la page 622, Imprimeur de
la Reine, refonte des statuts, $450,000 accordés par le ministre
lui-même qui l'a déclaré dans cette Chambre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre. M. ARSENAULT: Non,
non!
M. LE PRESIDENT: Je dis que les contrats d'impression, y compris celui
mentionné à l'article 4: Refonte des statuts, relève du
service des achats, et que c'est le service des achats qui, par la
procédure qui est connue, demande les prix et accorde, octroie les
contrats, de ce ministère-là comme des autres, alors je ne crois
pas que ce soit l'occasion pour le député de Champlain de
continuer dans cette veine qui constituait tout simplement à ridiculiser
un ministre de la Couronne et à lui imputer des motifs. Je crois que,
oui, je suis sérieux...
M. BELLEMARE: Oh non.
M. LE PRESIDENT: ... quand je dis que le député
était actuellement à ridiculiser un ministre de la Couronne, et
à lui imputer des motifs.
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je demande au député qui a le
droit de le faire, de critiquer objectivement comme l'a fait le
député de Missisquoi d'ailleurs, et de faire toutes les
suggestions qu'il voudra, mais de s'en tenir au moins à l'esprit, sinon
à la lettre durèglement.
M. BELLEMARE: M. le Président, vous m'avez imputé des
motifs...
M. LE PRESIDENT: Non. J'ai constaté les faits, c'est tout.
M. BELLEMARE: Je ne veux pas me moquer du ministre, pas du tout, je veux
dire qu'il a des qualités, ce n'est pas rire du ministre que de dire
qu'il a des qualités, et puis ce n'est pas une impression parce qu'on
est justement dans les impressions, ce n'est pas une impres- sion que j'ai,
simplement, M. le Président, quand je vérifie le budget du
comité exécutif, pour en venir à ce que vous dites, je
m'aperçois qu'au service des impressions, au service des achats,
impressions, il y a $590,000.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le député sait que dans tous
les ministères les achats d'une façon générale,
à quelques très rares exceptions, sont attribués au
crédit budgétaire du ministère, mais que les achats sont
faits, et le contrat donné par le service des achats, est-ce que le
député sait ça?
M. JOHNSON: Sauf celui-là peut-être, le ministre nous a dit
que c'était l'Imprimeur de la Reine qui remplaçait le
système de soumissions, c'est lui qui regardait ça, l'Imprimeur
de la Reine.
M. ARSENAULT: M. le Président, ce que j'ai dit, j'ai dit que la
compétence de l'Imprimeur de la Reine, parce que l'Imprimeur de la Reine
est compétent...
M. JOHNSON: Mais est-ce qu'il a un mot à dire dans l'octroi du
contrat?
M. ARSENAULT: Il est consulté par le service des achats.
M. JOHNSON: Il est consulté par le service des achats?
M. ARSENAULT: Oui, parce qu'il connaît le travail, il
connaît surtout les prix. Il connait les prix, par exemple, lorsque c'est
trop, les prix sont trop élevés, il avise le service des achats
dans ce cas-là. Maintenant, ce n'est pas l'Imprimeur de la Reine qui
donne ce contrat-là, c'est le service des achats.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne veux pas m'éterniser
sur cet item, mais le député de Missisquoi a certainement eu
raison d'attirer l'attention de la Chambre, et je pense que ce que nous avons
dit ce matin donnera au ministre à penser qu'en vertu des
arrêtés ministériels qui sont passés, par son
gouvernement, qui s'appliquent à lui comme à d'autres, ces
arrêtés ministériels devraient être effectifs,
même quand il s'agit, dans un ministère comme le sien, de
l'Imprimeur de la Reine.
M. ARSENAULT: Quels arrêtés ministériels?
M. BELLEMARE: L'arrêté ministériel de février
et de juin 1961.
M. ARSENAULT: 52 pour la Voirie, 25 pour les Travaux publics...
M. BELLEMARE: Pas seulement pour la Voirie, pour toute demande de
Travaux publics, toute demande. Certainement, Travaux publics, Voirie, toute
demande des services publics, toutes!
M. ARSENAULT: Non.
M. BELLEMARE: Ah bien, ça... C'est sûr. Le ministre ne les
a pas lus, je vais lui en envoyer une copie. J'en ai quelques copies, je vais
lui en envoyer une.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, pour compléter
ce que j'ai dit, quand l'Imprimeur de la Reine, homme, je pense, qui est
considéré comme compétent, sera venu au sein d'un
comité dont j'ai parlé tantôt et où on pourra
discuter de ça, et quand l'Imprimeur de la Reine se basant sur son
expérience et sa compétence viendra publiquement devant un
comité me dire: « il n'y a pas d'autre moyen de procéder
que le moyen que nous utilisons, » quand l'Imprimeur de la Reine sous son
serment d'office comme fonctionnaire, viendra déclarer devant un
comité, comité des comptes publics ou un autre, qu'on ne peut pas
dans ce domaine demander de soumissions publiques, quand l'Imprimeur de la
Reine sera venu nous dire ça, et tous les autres renseignements que nous
aurons pu lui demander pour établir qu'il n'y a pas moyen de
réglementer dans ce domaine-là, qu'il n'y a pas moyen d'adopter
une loi, de respecter le principe des soumissions publiques, à ce
moment-là, je changerai peut-être d'opinion. Et le ministre voudra
admettre que même, si on veut prendre sa parole, que j'aimerais mieux
poser les questions à l'Imprimeur de la Reine lui-même,
plutôt que d'obtenir des réponses par l'entremise du ministre.
C'est là qu'est le problème, et j'espère qu'une autre
année nous aurons l'occasion d'éclaircir ces points là, et
que dès le début de la prochaine session, le comité des
comptes publics agira en conséquence.
M. JOHNSON: Si le ministre me le permet, il est évidemment
acculé à un raisonnement, très serré du
député de Missisquoi, que j'endosse pleinement, et par les
raisonnements que lui apporte le député de Champlain. Mais, je
pense que le ministre est allé un peu loin, et je ne peut pas laisser
passer une affirmation comme celle-ci. C'est mieux de faire surveiller
ça par l'Imprimeur de la Reine que de demander des soumissions parce
qu'il y aurait danger de connivence. Imaginez que c'est lui qui fait retomber
sur les épaules de M. Paul Charrier et des directeurs de l'Action ce
doute que ces deux personnes sérieuses pourraient être de
connivence pour frauder la province pour charger plus cher.
M. BERTRAND (Missisquoi): Pour comploter.
M. JOHNSON: M. le Président, ça serait un complot, et je
vais rapporter au premier ministre que c'est son secrétaire qui a
laissé planer un tel doute sur la personne de Paul Charrier...
M. BELLEMARE: C'est ça,
M. JOHNSON: ... ami intime du premier ministre, confident du premier
ministre qui dès le lendemain des élections s'est vu attribuer
tous les contrats d'Impression de bills et d'autres du même genre, sans
demande de soumissions ni publiques, ni sur invitation. Et voici que le
secrétaire provincial nous dit: il faut les guetter ces gars-là,
il faut guetter Paul Charrier, il faut guetter la compagnie qui publie «
L'Action », quotidien catholique, parce que ces gens-là pourraient
comploter, pourraient pa-queter des soumissions, c'est pour ça qu'on
n'en demande pas, c'est pour ça qu'on demande l'opinion de l'Imprimeur
de la Reine. Et puis, évidemment, c'est tellement clair, pour les bills
on est pressé, pour la « Gazette Officielle » on est
pressé aussi peut-être, quoique l'on a moins de raison, et il faut
se limiter à des imprimeurs de Québec, admis. Mais les statuts,
ça ne presse pas, ça peut prendre quelques jours de plus pour le
transport.
Le ministre dit: « Vous voyez, je compare ça au plan
d'asphalte dans les régions ». Mais, c'est le transport de
l'asphalte, du plan aux travaux qui fait la différence. Il est
évident que si on prend un entrepreneur qui est 300 milles à
$0.05 la tonne-mille, ça fait cher pour le transport, il ne pourra
arriver dans les prix. Mais le transport du contrat des statuts une fois
imprimés, un bon fourgon un couple de fourgons puis c'est
réglé; quelques $100 et l'affaire est réglée.
$400,000...
M. BELLEMARE: $450,000.
M. JOHNSON: ... $450,000, un seul contrat. Il y a des dizaines
d'imprimeurs dans la pro-
vince qui sont équipés pour le faire. Aucune demande de
soumissions publiques et pas même une demande de soumissions, pas
même une demande de prix, pas même une demande de soumissions sur
invitation comme on le dit. C'est ça le portrait exact, c'est un exemple
parfait, j'allais dire de « bon patronage » selon la
définition du ministre de la Voirie, il va falloir adopter un nouveau
vocabulaire et dire que, dans ce cas-là, c'est du patronage « Bona
».
M. BELLEMARE: « Bona fide ».
M. ARSENAULT: M. le Président, juste un mot. Voici trois hommes
qui ont été membres d'un Cabinet, d'un gouvernement, qui n'a
jamais demandé de soumissions publiques. Voici le chef de l'Opposition,
le député de Missisquoi et le député de Champlain
qui ont fait partie d'un gouvernement qui n'a jamais demandé de
soumissions publiques. Or, dans le cas...
M. JOHNSON: Mais sur invitation, souvent!
M. ARSENAULT: ... de la Voirie. Ah! sur invitation. Parlons de «
sur invitation. Dans le cas, puisque le député de Champlain, M.
le Président, a ouvert le champ, je voudrais avoir l'occasion de
répondre très brièvement.
M. BELLEMARE: Certainement.
M. ARSENAULT: Dans le cas de la Voirie, tous les travaux de voirie sont
exécutés à la suite d'appels de soumissions publiques,
sauf dans les cas de montants inférieurs à $50,000 alors que
c'est « sur invitation », afin de conserver au moins ces petits
travaux de voirie-là à des gens de la région. Pour les
Travaux publics, le minimum c'est $25,000. Pour les travaux d'impression, ces
soumissions publiques dans tous les cas, sauf deux exceptions. Et je suis
surpris de voir le député de Champlain surtout d'essayer... je ne
voudrais pas dire à nuire, mais enfin à intervenir dans les
revenus d'un journal que nous estimons beaucoup, « L'Action, je ne
voudrais pas prêter des intentions au député de
Champlain,...
M. BERTRAND (Missisquoi): « L'Action ».
M. ARSENAULT: ... il a constamment parlé de Charrier & Dugal
mais on dirait que c'est par Charrier & Dugal qu'on voudrait atteindre
à « L'Action », on en voudrait au gouvernement parce que
« L'Action » publie la « Gazette Officielle ».
M. BELLEMARE: M. le Président, je soulève un point
d'ordre.
M. ARSENAULT: On voudrait enlever la « Gazette Officielle »
à « L'Action »!
M. BELLEMARE: A l'ordre, M. le Président.
M. ARSENAULT: C'est ça qu'on veut faire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. BELLEMARE: M. le Président, vous m'avez défendu
d'interpréter les motifs et les impressions. Le député est
justement à manquer au règlement 285, l'article 285 du
règlement; il nous prête des motifs! Et vous savez, M. le
Président, vous avez rendu tout à l'heure une décision
à ce sujet-là. Le ministre n'a pas le droit de faire
ça.
M. ARSENAULT: M. le Président, le député de
Champlain...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, parlant sur le point
d'ordre, le ministre n'a pas le droit de vouloir soulever le problème de
religion.
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. BERTRAND (Missisquoi): Il laise entendre qu'on attaque «
L'Action catholique ».
M. ARSENAULT: Non, non.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il veut laisser croire qu'on veut attaquer la
religion. Pourquoi soulever des mythes comme ceux-là? Si le ministre n'a
pas de meilleurs arguments que de se couvrir du titre du journal «
L'Action», quotidien catholique pour défendre sa thèse, il
est mieux de s'asseoir et de ne pas continuer à argumenter. Il
dénote ainsi la faiblesse de toute son argumentation et, M. le
Président, je vous demanderais de le rappeler à l'ordre.
M. ARSENAULT: M. le Président, sous l'Union nationale...
M. BELLEMARE: Votre décision, M. le Président, sur le
point d'ordre!
M. ARSENAULT: Bien voyons donc!
M. LE PRESIDENT: Bien, on va voir s'il continue.
M. ARSENAULT: On attaque le secrétaire de la province et puis on
ne veut pas que le secrétaire de la province se défendre.
M. LE PRESIDENT: Un instant. Le député de Champlain a
soulevé un point d'ordre à l'effet que le député,
secrétaire provincial, lui imputait des motifs dans son argumentation.
Alors j'attends de savoir ce que le député a à dire avant
de savoir s'il peut continuer dans cette veine.
M. BERTRAND (Missisquoi): Qu'il ne nous impute pas de motifs!
M. ARSENAULT: M. le Président, sous l'Union nationale, revenons
donc au bon sens, l'Union nationale a accordé pendant des années
et des années l'impression de « La Gazette officielle »
à « L'Action » et puis ça c'était bien.
C'était bien. L'Union nationale encourageait un journal de chez nous qui
mérite de vivre, qui mérite d'être propagé dans la
province et qui mérite d'être encouragé.
Lorsque nous sommes arrivés au pouvoir, nous avons
continué à laisser « L'Action » publier « La
Gazette officielle ». Et le député de Champlain et le chef
de l'Opposition et le député de Missisquoi savent que si, demain,
nous faisons l'appel de soumissions publiques pour l'impression de « La
Gazette officielle », c'est un petit imprimeur inconnu, peut-être
de l'Ontario puisqu'ils parlent de soumissions publiques, qui aurait la
publication. D'abord ça ne peut pas se faire parce qu'il faut que ce
soit imprimé ici même à Québec et nous serions
certains, et puis le député de Champlain le sait, que, du moment
que des soumissions publiques vont être appelées pour l'impression
de « La Gazette officielle », un imprimeur quelconque, obscur, qui
ne pourra pas donner le service que peut fournir l'imprimerie de «
L'Action » va obtenir le contrat. Est-ce que c'est ça que
l'Opposition veut ? Bien, voyons!
M. JOHNSON: Pourquoi? « La Gazette officielle » ou les
statuts?
M. ARSENAULT: On tourne autour. On parle de Charrier & Dugal, mais
on voudrait faire perdre le travail que l'on accorde à « L'Action
»...
M. BELLEMARE: « La Gazette officielle » et les status
refondus, $450,000.
M. ARSENAULT: D'abord ce n'est pas $450,000...
M. BELLEMARE: Non, c'est marqué $450,000.
M. ARSENAULT: ... dans le $450,000 il y a au moins $50,000 à
$75,000 pour...
M. BELLEMARE: De commissions!
M. ARSENAULT: ... les frais professionnels, les frais de revision,
ensuite il y a un montant très considérable pour la reliure, tout
ça.
M. JOHNSON: Qui est-ce qui fait la reliure?
M. ARSENAULT: Et, je le répète, il y a deux ateliers
à Québec, il n'y en a que deux qui...
M. BELLEMARE: Voyons donc!
M. ARSENAULT: ... qui sont pourvus de monotypes. Il n'y a pas un homme
du côté de l'Opposition qui peut dire le contraire. Il n'y a rien
que deux ateliers qui sont pourvus de monotypes qui soient capables de faire ce
travail-là, un travail d'experts, c'est « L'Action » et
Charrier & Dugal. Il y avait « Le Soleil » mais « Le
Soleil » s'est départi...
M. BELLEMARE: Chabot? Pauvre vous!
M. ARSENAULT: Laissez donc les choses comme c'est là. L'Union
nationale a fait quelque chose de bien en accordant des contrats à
« L'Action ». Nous continuons ça. Que l'Opposition nous
laisse donc continuer d'encourager un bon journal de chez nous.
M. JOHNSON: « L'Action » vient de se trouver un ami
embarrassant!
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: Ce n'est pas étonnant, M. le Président, que
ce grand journaliste qui était autrefois nationaliste bleu soit devenu
ministre rouge.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Il a le tour sur les patins, essayer de dévier la
flèche qui lui est lancée pour dire; « Ah bien, c'est vous
autres, vous parlez contre « L'Action ». « Ce n'est pas
ça qu'on dit. Le ministre essaie de s'en sortir, mais
on ne le laissera pas aller. Ah non! Ce n'est pas ce qu'on a dit au
ministre. On a dit qu'actuellement, toute l'argumentation du
député de Missisquoi, du chef de l'Opposition et de
moi-même, c'est sur la refonte des statuts de la province donnée
sans soumission, $450,000. Si le ministre est si favorable à «
L'Action », pourquoi ne pas l'avoir donné à elle?
Pourquoi?
M. JOHNSON: C'est un beau contrat.
M. BELLEMARE: Ah, ç'a aurait été un beau cadeau. Et
tout le monde aurait été content; nous autres aussi, on n'aurait
pas parlé ce matin.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela aurait été un acte de
piété.
M. BELLEMARE: Cela aurait été un acte de
piété fervente. Et ce matin, nous autres, ça aurait
été un acte de générosité que de
féliciter le ministre. Il n'y a pas de danger, M. le Président,
il parle... Vous l'avez entendu, il parle de « L'Action »
catholique...
M. JOHNSON: Pour donner le contrat...
M. BELLEMARE: ... pour se cacher derrière un autre. C'est avec le
journal « L'Action » catholique qu'il se cache, puis il fait du
patronage en arrière!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. BELLEMARE: Ah non, c'est vrai, c'est défendu par le
règlement. Je dis que le point que nous discutons ce matin, et j'ai
terminé, je dis que le ministre prêche une doctrine, prêche
la vertu et, comme le dit le chef de l'Opposition, pratique le vice.
Alors, juste un instant, je voudrais, sur le remboursement, faire
remarquer au ministre qu'il y a un remboursement de $160,000. Cela ça
vient de « La Gazette Officielle » qui se vend?
M. ARSENAULT: « La Gazette Officielle »?
M. BELLEMARE: Le $160,000 de remboursement là, que je vois
là, cela vient d'où, ça?
M. ARSENAULT: C'est la vente et les annonces qui contribuent à
faire baisser ça.
M. BELLEMARE: Non, mais l'année passée, $160,000?
M. ARSENAULT: Les annonces...
M. BELLEMARE: C'est que le ministre a donné à la Chambre
un document public, ici, le Rapport annuel du secrétaire de la province,
puis il dit... (On vient de lui remettre « L'Action »
catholique!)
M. ARSENAULT: C'est pour recevoir mon exemplaire avant vous autres!
M. BELLEMARE: Vous allez être abonné pour l'année,
là gratuitement! Je vois $160,000 de remboursement, et à la page
26 du Rapport annuel du secrétaire de la province je vois ceci: «
Les recettes de « La Gazette Officielle » du Québec au cours
de l'exercice 1962-1963, justement celui-là, ont rapporté
$171,117.47, dont $146,762.90 provenant d'annonces payées par le public
et $17,775.42 encaissés à l'item abonnements et vente de «
La Gazette ». »
M. ARSENAULT: Oui.
M. BELLEMARE: Mais là on retrouve $160,000 quand, dans son
rapport, il dit qu'il a récupéré $171,117.44.
M. ARSENAULT: Bien oui, c'était des prévisions
budgétaires. Cela, ici,...
M. BELLEMARE: Non, non. Cela, c'est le rapport officiel ici qui
apparaît dans le rapport 1963-1964; remboursement, $i60,000 et, ici, dans
son rapport, je trouve $171,117.
M. ARSENAULT: C'était une estimation des revenus. Le
député de Champlain le sait! C'était une estimation des
revenus l'an dernier, comme le $200,000 est une estimation des revenus cette
année. Et, notre estimation a été dépassée
de $11,000 et peut-être que l'estimation que nous en faisons cette
année sera également dépassée C'était une
estimation, tout simplement.
M. LE PRESIDENT: Article 2, adopté Article 3, « Bureau de
censure du cinéma ».
M. BELLEMARE: C'est le bureau de la censure.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, je n'ai
personnellement que quelques questions... (On va ajourner tout de suite,
jusqu'à une heure). Alors, séance suspendue jusqu'à une
heure et demie.
UNE VOIX: Une heure et demie?
M. BERTRAND (Missisquoi): Une heure et demie.
M. LE PRESIDENT; La séance du comité est suspendue
jusqu'à une heure trente.
Reprise de la séance à 1 h 40 p.m.
M. BEAUPRE (président du Comité des subsides): A l'ordre,
messieurs, article 3.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président au moment de
l'ajournement à l'item 3, « Bureau de censure », j'avais
commencé à poser certaines questions au ministre, d'abord, avant
de discuter d'aucun des sous item j'aimerais connaître l'attitude du
ministre, du gouvernement à l'endroit de ce qu'on l'on appelle la
censure du cinéma. Personnellement, je dois l'avouer, j'ai hâte
que l'on parle de régie du cinéma, plutôt que de bureau de
censure, plus ou moins bien organisé.
Premièrement, est-ce que le ministre a des nouvelles à
nous donner au sujet d'un projet de loi qui serait en voie de
préparation ou qui serait préparé et qui n'a pas
été soumis à l'attention de la Chambre cette
année?
Deuxièmement en vue de l'élaboration, de la
prépration de ce projet de loi, sur quel rapport le ministre ou le
gouvernement s'est-il basé? Il y a eu le rapport Régis
premièrement qui a prêté flanc suivant certains milieux
à une interprétation assez nuancée. Il y avait des gens
qui y étaient favorables et d'autres totalement et radicalement
défavorables au projet soumis par le comité Régis. On le
trouvait trop large, on a dit que si le Rapport Régis servait à
l'élaboration d'un projet de loi, qu'en fait il n'y aurait plus aucun
contrôle du cinéma dans la province de Québec. C'est
matière d'opinion M. le Président. Je demande au ministre d'abord
sur quel rapport on s'est basé? Le rapport Régis, le rapport
présenté je pense par le comité catholique du
cinéma, le ministre a peut-être le rapport et enfin sur le dernier
rapport qui vient d'être présenté l'hiver dernier (un
instant, on vient de le monter à mon bureau, on a
dépouillé mon pupitre puis on a tout apporté mes rapports
en haut) le mémoire du comité de civisme et de moralité
publique du diocèse de Québec qui a été
présenté au gouvernement de la province et qui proposait une
régie du cinéma du Québec, rapport présenté
le 20 février 1964? Alors sur quel rapport se ba- sera-t-on pour
élaborer le projet de loi ou si le projet de loi a été
élaboré sur quel rapport on s'est basé pour le
préparer?
Troisièmement, quels sont à l'heure actuelle, les
critères appliqués par le bureau de censure en vue de la
classification des films et quels sont les normes que l'on applique pour les
annonces d'abord, la publicité dans les journaux et deuxièmement
pour les films eux-mêmes? Et le ministre est-il satisfait du travail
effectué par le bureau surtout si on examine les critiques nombreuses
qui ont été publiées je n'ai pas l'intention d'en donner
la nomenclature, on sait que dans les journaux, dans les revues, la revue
« Relations » en particulier, il y a eu des articles qui
déclaraient ni plus ni moins qu'il n'y avait absolument aucun
contrôle d'aucune nature et que l'on montrait sur nos écrans dans
les salles de cinéma de la province de Québec, des films,
même à des jeunes, surtout à des jeunes, des films
immoraux, films qu'on aurait dû réserver, pour le moins, à
des adultes.
Alors je pense avoir, M. le Président, résumé assez
bien les questions que je voulais soumettre à l'attention du ministre,
il a dû en prendre note, il pourra me répondre. Il est clair que
le mot censure est toujours un mot honni, on n'aime pas parler de censure dans
aucun domaine, dans le domaine de la littérature, dans le domaine du
cinéma, mais il est clair d'autre part que pour le bon ordre, il faut
qu'il y ait, je dirais, une régie composée de gens
compétents, de gens versés en la matière qui verront au
moins à préparer, d'une manière bien ordonnée, bien
étudiée, une classification des films, lesquels films pourront
être réservés pour des gens d'âges différents,
suivant la teneur, la qualité du film.
Je pense qu'à l'aide des quelques questions que je viens de
poser, le ministre pourra nous faire connaître la politique du
gouvernement, et nous faire connaître également les projets
s'il y en a un qui existe que nous pourrions étudier d'ici
à l'an prochain, d'ici à la prochaine session et s'il n'est pas
prêt, continuer à l'élaborer de manière à ce
que l'an prochain, nous puissions étudier un projet de loi qui pourvoira
à la constitution d'une véritable régie du cinéma
dans la province de Québec.
M. ARSENAULT: M. le Président, le gouvernement actuel depuis
1960, a sérieusement songé à cette question, très
complexe, très épineuse, de la Régie du cinéma.
S'il faut l'appeler par son nom actuel, la réorganisation de la censure
du cinéma sous l'administration actuelle, a commencé plus
précisément en 1961.
Le 6 juillet 1961 devait marquer le grand départ avec
l'établissement de la réorganisation de ce bureau de censure,
avec l'établissement, comme le député de Missisquoi l'a
signalé, du comité provisoire pour l'étude de la censure
du cinéma du Québec, dont le mémoire est connu sous le nom
du rapport Régis, du nom de l'un de ses membres les plus
éminents. L'immense intérêt qui a été
soulevé dans la province par cette étude a incité
plusieurs autres organismes a présenter à leur tour, des
mémoires au gouvernement.
Il y a eu, par exemple, « L'Office catholique national de
techniques de diffusion » qui a rédigé un mémoire
très documenté sur la censure des films dans la province, il est
significatif que sur plusieurs points la pensée de cet organisme rejoint
celle des rédacteurs du mémoire du comité provisoire,
c'est-à-dire du comité Régis. Je pourrais également
citer des mémoires qui ont été présentés au
gouvernement par Les Industries théâtrales unies du Québec,
ainsi que le mémoire du comité de Ciné-club de
l'archidiocèse de Québec et en particulier, un mémoire non
seulement très bien documenté, mais très impressionnant,
qui nous a impressionnés très favorablement, très
fortement, présenté par un ancien collègue de cette
Chambre, l'honorable Yves Prévost, président du «
Comité de civisme et de moralité publique de
l'archidiocèse de Québec. »
Nous avons reçu aussi, je crois, des représentations de
divers autres organismes, mais là, je cite les principaux organismes qui
nous ont soumis des mémoires à part la commission Régis.
Et nous croyons que cet effort de réflexion collective nous conduit
à la phase finale, c'est-à-dire à la présentation
prochaine la plus prochaine possible, ce qui serait la prochaine session, nous
l'espérons, d'un projet de loi, d'un projet de légistation.
Ce projet de loi, en autant que les officiers du ministère sont
concernés, est complété, a été fait et
refait sous la très habile direction de M. Lucien Darveau. En de
multiples circonstances, on peut dire qu'il a été refait une
bonne douzaine de fois, en consultation avec M. Guérin, qui est
actuellement le président de l'Office de la censure, du bureau de la
censure, avec des officiers de son entourage, et avec la participation que je
pourrais appeler active de représentants de cette commission
Régis, de représentants de l'Office catholique national, de
représentants des industries théâtrales du Québec,
et également de représentants de « Comité de civisme
et de moralité publique du diocèse de Québec » ,que
nous avons reçu en de très multiples circonstances; et nous
croyons avoir réussi à rédiger un texte qui n'est
peut-être pas parfait, qui n'est pas encore complété, qui
n'a pas encore été soumis à l'attention du comité
de Législation du ministère, parce que les officiers, les
aviseurs légaux du conseil exécutif sont présentement
à l'étudier et on sait que la session a été longue,
on sait que de nombreux projets très importants ont été
étudiés et adoptés par cette Législature, et s'il
est un projet de loi que j'aurais aimé voir adopté à cette
Législature, c'est bien celui qui constituera vraisemblablement, sujet
à l'approbation du comité de Législation, sujet à
l'approbation du Conseil, une véritable régie du cinéma
dans la province où le mot « censure » et je m'accorde avec
le député de Missisquoi là-dessus, où le mot
« censure » sera aboli, pour être remplacé par un mot
plus démocratique, plus adulte. Eh bien, mes chers, excusez-moi je me
croyais dans mon comté.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mes chers paroissiens!
M. ARSENAULT: L'honorable député de Missisquoi...
M. JOHNSON: Mon cher Paul Charrier!
M. ARSENAULT: Voulez-vous qu'on revienne sur cet article-là?
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais oui. M. ARSENAULT: J'aimerais donc
ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce soir, on aura l'occasion...
M. ARSENAULT: Et nous avons, lorsque la censure, lorsque le bureau de
censure a été transféré du ministère du
procureur général au Secrétariat de la province, bien
avant que nous ayons procédé à l'étude de ce projet
de loi que j'espère, nous serons en mesure de soumettre à
l'attention de la Législature à la prochaine session, nous avons
tout de même fait quelque chose en vue d'essayer à donner une
nouvelle orientation. L'honorable député de Missisquoi, l'une de
ses trois questions, je le crois, sur quelle norme nous appuyons-nous?
M. BERTRAND (Missisquoi): A l'heure actuelle?
M. JOHNSON: Il n'y en a pas.
M. ARSENAULT: Il n'y en a pas, oui, M. le Président, il y en a.
Le député de...
M. JOHNSON: Expliquez-nous ça.
M. ARSENAULT: Le député de Bagot croit qu'il n'y en a pas
parce qu'il n'y en avait jamais eu dans son temps, mais il y en a.
M. JOHNSON: Cela c'est pas exact, je vous parlerai tantôt.
M. ARSENAULT: Il y en a. Le premier point sur lequel nous appuyons
fortement, c'est le souci de justice et d'équité parce que nous
croyons qu'il faut respecter les oeuvres et les juger dans leur ensemble, les
oeuvres cinématographiques, dans leur ensemble, et non pas sur un aspect
particulier, pour une scène particulière, conséquemment le
bureau de censure, actuellement, ne coupe jamais les films, mais ses
décisions s'expriment par une acceptation totale du film ou un refus du
film.
Deuxièmement, par le respect d'une société en
pleine évolution qui est la société présente au
Québec, société actuelle au Québec,
société qui est en pleine évolution, la nôtre,
société qui exige de tenir compte du pluralisme linguistique chez
nous, et religieux de notre population. Cela signifie que les censeurs s'en
rapportent désormais aux normes de moralité des pays
chrétiens d'occident, ce sont là les normes qui sont
appliquées, les nouvelles normes qui sont appliquées depuis que
je suis au Secrétariat de la province, depuis plutôt que la
censure relève du Secrétariat de la province.
S'il est vrai que le Québec est exposé à des film
plus adultes, le bureau actuel n'en continue pas moins à appliquer la
loi, et les refus qu'il oppose aux oeuvres indéfendables à tous
les plans attestent de son souci d'observer les normes de la morale sociale
d'Occident. Et au surplus le bureau a aussi le souci de protéger la
jeunesse des oeuvres qui seraient incompatibles avec la préparation
morale et psychologique des adolescents.
Pour être pleinement équitable, étant donné
la nature de la production cinématographique mondiale, il est certain
que l'adoption de palier d'âge s'imposerait avec urgence, et en cela je
rejoins avec énormément de facilité la proposition de
l'honorable député de Missisquoi. Il nous faudra des paliers
d'âge, et il faudra prendre les moyens, les mesures, dans la nouvelle
législation, ou dans les règlements qui s'inspireront de la
nouvelle législation, pour que ces paliers d'âge-là soient
observés.
Mais un des facteurs principaux du malaise qu'a signalé
l'honorable député de Missisquoi à notre attention,
et c'est peut-être le facteur principal, vient de la
publicité éhontée de certains exploitants, en dépit
des avertissements formels du bureau de censure, de mes officiers, des
officiers supérieurs de mon administration et du secrétaire de la
province, et qui a continué d'être déversée dans les
journaux. Un contrôle extrêmement rigoureux en vertu de l'article
31 de la loi de 1925 est actuellement en vigueur. Une réunion
spéciale du bureau a été convoquée à cet
effet il y a déjà plusieurs mois, et a passé une
résolution qui prévoit un contrôle très strict de la
publicité dans les journaux, publicité des films dans les
journaux, publicité le plus souvent trompeuse de la part de certains
exploitants, de certains fabricants de films.
Tous les distributeurs ont reçu une lettre spéciale les
avisant qu'ils doivent soumettre pour approbation toute publicité au
bureau de censure du cinéma de Québec, et tous les moyens
légaux ont été pris, sont pris, et seront pris si
nécessaire pour mettre finà cette publicité malsaine qui
constitue une véritable insulte à la population de cette
province.
Il y a eu, je crois que le député de Missisquoi le
reconnaîtra, une très grande amélioration depuis que nous
avons pris des mesures, que nous avons été forcés de
prendre de telles mesures pour empêcher cette publicité malsaine
dans nos journaux.
Et comme dernière étape, diverses normes que nous avons
appliquées, je viens de signaler, les principales que je viens de
signaler à votre attention, eh bien, c'est la nouvelle
législation qui sera présentée à l'attention de
cette Chambre le plus tôt possible.
Si je pouvais ajouter quelques mots pour donner des détails sur
les mesures administratives que nous avons prises, je pourrais dire que
l'évolution du bureau de censure, qui s'achemine vers une
évolution encore plus complète par cette législation qui
sera présentée, nous l'espérons, à la prochaine
session.
Eh bien! l'évolution du Bureau de censure sous l'administration
actuelle répond à une volonté très nette du
gouvernement de réformer er profondeur ce service. Nous avons
commencé par la nomination, en 1963, de M. André Guérin
à la présidence de cet organisme, le Bureau de censure, en
même temps qu'à la direction de l'Office du film. Cette mesure que
nous avons prise, nommer un président du Bureau de censure qui soit en
même temps le directeur de l'Office du film, traduit
l'intérêt du gouvernement à l'endroit du cinéma et
de la censure du cinéma. Cette étape majeure, je crois, fut
également marquée, comme je l'ai rappelé, par le transfert
du Bureau de censure, à ce moment-là du procureur
général au secrétarait.
Depuis lors, le Bureau de censure, depuis un an qu'il est sous la
direction du secrétariat de la province a connu une évolution
accélérée et des structures nouvelles ont
été mises en place progressivement, conformément aux
directives que j'ai données, appuyé en cela par le Conseil des
ministres. Le 14 août 1963, par exemple, nous avons procédé
à la nomination, à titre permanent, de M. Pierre Saucier qui est
très bien connu, très avantageusement bien connu dans la
province, avec la double responsabilité de censeur et de directeur de
l'information; cela survenait au même moment où nous avons aboli,
nous avons procédé à l'abolition du mandat des censeurs
à temps partiel. Il n'y a plus de censeurs à temps partiel, ce
sont des censeurs permanents.
Nous avons continué à réorganiser le bureau et
l'autorité y est maintenant diffusée selon un système de
responsabilité décroissant, système pyramidal qu'on
appelle, et nous avons créé un Service des relations publiques.
La censure qui, jusque là, vivait pour ainsi dire, dans une
espèce de clandestinité la censure du cinéma,
répond désormais à toutes les demandes des grands moyens
d'information et du public.
Nous avons appliqué et nous appliquons rigoureusement le
contrôle de la publicité faite aux films dans les journaux, en
particulier à partir du mois de février 1964, ce qui a
nécessité l'établissement d'un service nouveau et distinct
de publicité aux journaux au sein de cet organisme de la censure. Nous
avons également réorganisé l'inspection, sur une base
permanente, l'inspection des cinémas dans la province, afin de voir ce
qui se dit, ce qui s'y fait, ce qu'on y fait, avec la nomination, au cours de
l'automne 1963, des premiers inspecteurs régionaux. Nous avons
divisé la province en un certain nombre de régions et nous avons
nommé des inspecteurs régionaux, nommés d'après
leurs « qualifications », d'après leur compétence,
d'après leur expérience et d'après leur
classification.
Nous avons également attaché beaucoup d'importance au
cinéma pour enfants qui constitue un chapitre très important de
la censure. Le cinéma pour enfants bénéficie du travail
diligent de Mme Nancy Côté qui est bien connue aussi et qui est
assistée de Mme Florence Martel, qui se sont toutes deux
employées avec beaucoup de zèle à assurer
l'efficacité de ce service.
Je crois avoir rappelé en quelques mots ce que nous nous sommes
efforcés de faire dans les cadres de la loi de 1925 afin de
procéder à la réorganisation et à donner une
nouvelle orientation à ce que nous avons appelé jusqu'ici la
censure de cinéma dans l'intérêt public, dans
l'intérêt de la population de la province.
A la prochaine session, nous espérons, comme je l'ai dit, qu'un
projet de loi sera présenté. Nous avons déjà fait
beaucoup, de progrès dans cette voie; c'est une question
extrêmement complexe. J'entendais l'honorable député de
Missisquoi dire qu'il a reçu des représentations? Nous en
recevons, nous aussi, et nous sommes assurés que jamais il ne sera
possible de présenter à cette Chambre un projet de loi ou de
prendre des mesures telles qui nous vaudront que des approbations unanimes de
tout le monde.
Vous avez, d'un côté, certains organismes; vous avez,
d'autre côté, les producteurs de films et ce que nous nous
efforçons de faire, c'est de tendre à un juste milieu, à
protéger notre jeunesse, à envisager cette question d'un point de
vue adulte et à accomplir notre devoir, comme nous croyons l'avoir
accompli, depuis que cet organisme important, extrêmement difficile
à manier, a été placé sous notre juridiction.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je remercie le ministre des renseignements
qu'il vient de nous fournir et j'espère que nous aurons, l'an prochain,
un projet de loi concernant la régie du cinéma. Dans ce domaine,
il a parlé comme moi du mot « censure ». Il est clair que la
meilleure censure, c'est encore celle que l'on s'impose. Mais, dans le domaine
du cinéma et dans certains autres domaines, il est nécessaire, je
pense, pour le bon ordre, pour le bien commun, qu'il existe une régie
qui voit à la classification des films.
Quant à moi, M. le Président, sur l'item 3 je n'ai pas
d'autre question à poser mais je crois qu'un de mes collègues qui
a, en particulier, examiné l'aspect publicité dans les journaux,
aspect du problème que le ministre vient de toucher, lui aussi, au sujet
de ces annonces faites dans les journaux et qui souvent annoncent beaucoup plus
au client que le client n'en trouve dans le cinéma. Alors j'ai un
collègue qui a l'intention de soulever ce problème et je lui
cède volontiers la parole.
M. LOUBIER: M. le Président, les remarques faites par le
député de Missisquoi peuvent fort bien servir d'introduction
à l'exposé que je voulais faire de ce problème de la
censure ou de la non-censure au Québec et des implications que ça
peut apporter au point de vue liberté ou autres facteurs qui
déterminent parfois nos gens à prendre des mesures pour bonifier
ou améliorer la situation.
J'ai voulu replacer dans le cadre juridique cet aspect et regarder un
peu en arrière pour voir l'évolution, si évolution il y a
eu, subie dans le domaine de la censure pour les films.
La censure est régie, comme on le sait, par la Loi des vues
animées que l'on retrouve dans les statuts refondus 1941, au chapitre
55. La loi a été amendée par 2 George VI, 1938, chapitre
77. Comme cette loi n'a été proclamée en vigueur qu'en
1945, on n'en apas tenu compte lors de la refonte des statuts en 1941. Il faut
donc référer aux statuts de 1938 d'abord puis aux autres
amendements suivants: en 1947, chapitre 29, où on a
légiféré sur les représentations en plein air; en
1949, chapitre 25, où il est question de réglementation;
1952-1953, chapitre 17, la censure des films télévisés, et
1960-1961, chapitre 19, admission des enfants.
S'il est vrai que le Bureau de censure était trop
sévère avant 1960, il est également de
notoriété publique que, depuis 1961, il n'existe plus,
pratiquement, aucune censure dans la province de Québec. C'est chose
courante que de voir, dans nos cinémas, les films les plus immoraux. Les
pays derrière le Rideau de fer en profitent même parfois pour nous
inonder de propagande. Bref, c'est la pagaille dans la censure des films.
Depuis 1961, la santé morale de nos jeunes est laissée
entre les mains des moralistes nouvelle vague et des amoraux.
Comme nous l'avons vu plus haut, la Loi de censure n'a pas subi
énormément d'amendements depuis 1925. Cette Loi vieillotte n'en a
pas moins rempli son but même si parfois on l'a appliquée trop
sévèrement.
La Loi de censure visait et vise principalement les points suivants:
premièrement l'admission des enfants au cinéma,
deuxièmement la censure des films, troisièmement la censure des
affiches, quatrièmement la censure des annonces de journaux et
cinquièmement, la censure des films télévisés.
Disons tout de suite que les affiches et annonces de journaux n'ont jamais
été suivies de bien près. Il y eut parfois des sursauts de
surveillance dus à des critiques répétées mais sur
une période de 40 années, je ne crois pas qu'on ait
incommodé beaucoup les propriétaires de journaux ou les agences
de publicité.
En revenant aux item mentionnés tout à l'heure,
premièrement l'admission des enfants au cinéma, jusqu'à
l'incendie du théâtre Palace, à Montréal en 1927, je
crois que les enfants de moins de 16 ans accompagnés d'un parent ou d'un
gardien pouvaient entrer au cinéma et voir tous les films sans
exceptions. Et la référence est, en vertu du statut refondu du
Qué- bec, 1925, article 2. Ces mêmes enfants pouvaient aller au
cinéma non accompagnés d'un parent ou d'un gardien s'il
s'agissait, par exemple, d'un film spécial pour les enfants.
Après l'holocauste de 1927 au Palace, on amenda la Loi des vues
animées et par XVIII, Georges V, chapitre 60, on défendit au
moins de 16 ans d'entrer dans les cinémas accompagnés ou non. La
seule exception était les séances de vues données dans les
collèges.
En pratique, certains enfants de moins de 16 ans assistaient tout de
même au cinéma s'ils avaient le moindrement de stature ou si le
propriétaire du cinéma était âpre au gain.
Puis, ce fut l'avènement de la télévision. Les
cinémas firent des pertes d'argent, les assistances diminuant
généralement dans la province de 25% à 30%. Les
réalisateurs se mirent donc à créer des films pour enfants
et on fit pression avec succès sur l'autorité pour admettre les
enfants à ces films spéciaux nonobstant la Loi.
En fin, en 1961, par IX, X, Elisabeth II, chapitre 19, on permit
l'entrée des moins de 16 ans au cinéma à certaines
conditions. A) si l'entrée était gratuite et la
représentation donnée dans un collège. B) Si
l'entrée était gratuite, donnée avant 6 h P.M. dans une
salle paroissiale ou autre salle semblable et si l'on n'y montrait que des
films approuvés spécialement pour les enfants, par le bureau de
censure. C) Dans les salles ordinaires, approuvées par le Bureau pourvu
que les enfants aient au moins 10 ans et qu'on y montre des films
spécialement approuvés.
Ce bill 97 a été approuvé unanimement en
deuxième et troisième lecture et l'Opposition n'avait pas
d'objection de principe à cette Loi, présumant que le Bureau de
censure serait composé de véritables censeurs et non pas de
libres penseurs.
Après avoir lu le rapport du comité provisoire
formé par le gouvernement en juin 1961, avec les parents, l'Opposition
avait raison de s'inquiéter de la qualité morale des films qu'on
présenterait à nos enfants.
Nous reviendrons, d'ailleurs, sur ce rapport d'experts.
Donc, aujourd'hui, les plus de 16 ans peuvent voir toutes les
saletés projetées dans les cinémas depuis 1961. Les moins
de 16 ans peuvent voir les saletés que les amoraux leur permettent de
voir.
Le deuxième item: la censure des films. Tout à l'heure,
j'ai exposé qu'actuellement, nous n'avions pas de bureau efficace qui
remplissait son rôle comme il devait le faire. Les jeunes gens les plus
larges, les moins scru-
puleux parfois reviennent écoeurés de certaines
séances de films. On a même vu des parents qui se
déclaraient modernes, des avant-gardistes des progressistes,
s'inquiéter de la tournure que prenait le système de censure.
Il y a encore des parents qui pensent à la santé morale de
leurs enfants parmi les gens de la droite et qui se mettent à
réfléchir quand ils voient leurs jeunes filles ou leurs jeunes
garçons de 16, 17, 18 ans courir les films classés «
à proscrire » et se raconter en cachette les saletés qu'ils
ont vues sur l'écran. Je ne voudrais pas porter la responsabilité
morale des nouveaux censeurs du parti actuel non plus que celle des ministres
responsables de leur maintien à la tête du Bureau de censure.
N'a-t-on pas vu l'Association des chefs de police supplier le procureur
général et le gouvernement actuel de modifier leur système
de censure? « Relations », sous la plume du révérend
père Cousineau, s'est élevé contre l'absence totale de
censure au Québec dans son numéro de février 1964, et plus
récemment, « L'Action », sous la signature du Dr.
Louis-Philippe Roy, demandait au gouvernement de mettre immédiatement de
l'ordre à la censure. Il faut, je crois, remercier ces protestataires
d'élever la voix et souhaiter aussi que ceux dont ils prennent la place
aient le courage de protester publiquement à leur tour.
Il est question aussi dans cette loi, cette loi précitée,
de la censure des affiches, de la censure des annonces de journaux. La Loi de
censure vise encore les affiches sur la place publique et les annonces dans les
journaux. Là encore, la politique du libre arbitre, de la grande
liberté a prévalu. On a donné aux distributeurs de films
toute la latitude nécessaire pour exciter la curiosité sexuelle
des jeunes et les attirer à voir les immondices. Il suffit de regarder
les annonces dans certains journaux pour se rendre compte que c'est à
l'appétit sexuel que l'on fait appel pour vendre, au sens
péjoratif du mot, les films aux jeunes gens.
Bref, la publicité des films était si révoltante
que les censeurs avant-gardistes ont dû, sous la pression je ne sais pas
de quelle autorité religieuse, aviser les publicistes que, à
l'avenir, ils devraient soumettre toute leur publicité au Bureau de
censure. C'est un pas de fait, mais un pas de côté et non pas un
pas d'avant. Si l'on veut régler la question de la censure, c'est aux
films eux-mêmes qu'il faut s'attaquer et non pas seulement à la
publicité. Même s'il n'y avait aucune publicité des films,
le mal existerait quand même si les films étaient pourris.
Que le premier ministre et le procureur général aient donc
je courage d'élever la voix, de prendre leurs responsabilités et
d'éviter à leurs enfants et aux nôtres les spectacles
écoeurants qu'on montre dans nos cinémas depuis qu'ils ont
nommé le nouveau Bureau de censure. Ils vont s'éviter les
blâmes de l'autorité religieuse, de l'autorité des parents,
et peut-être; aussi les reproches de leurs propres enfants dans quelque
temps.
Qu'on ne se méprenne pas! L'Opposition n'entend pas faire de la
petite politique avec ce sujet aussi grave, aussi important pour l'avenir des
jeunes. Nous ne voulons être que l'écho fidèle des milliers
de parents qui s'insurgent contre le peu de considération que semble
donner l'autorité civile à la santé morale des enfants et
des jeunes gens! Nous n'entendons pas prendre la place de l'autorité
religieuse, loin de là! Nous voulons être purement et simplement
les mandataires des parents qui ne cessent de demander l'épuration des
films au Québec.
Que penser de la censure des films télévisés? Ce
qu'il y a de plus déprimant pour les parents qui ont à coeur de
bien élever leurs enfants, c'est qu'au moyen de la
télévision on permet à l'immoralité de s'infiltrer
dans les foyers pour y venir gâter jusqu'au coeur même tous les
petits enfants qui s'y trouvent. Y a-t-il, M. le Président, un
père de famille en cette Chambre ayant des enfants de moins de seize
ans, qui n'a pas été gêné, à une
époque ou à l'autre, devant sa toute jeune fille lors de la
présentation de certains films et spectacles à la
télévision.
Je ne veux pas ici, il faut être honnête, blâmer le
gouvernement provincial pour les films télévisés qui sont
immoraux. Il existe bien des dispositions dans notre loi adoptée en 1953
exigeant la censure de ces films, mais il y a de forts doutes qu'elle soit
inconstitutionnelle. Il faut l'admettre. En 1956 ou 1957, le gouvernement
fédéral a offert au Bureau de censure de soumettre les films
à la censure provinciale. Comme il aurait alors fallu une armée
de censeurs, le Bureau de censure ou le gouvernement s'est contenté,
à l'époque, de donner certaines normes qu'il voulait que Radio
Canada suive durant la présentation des films
télévisés. En pratique, il n'y eut à peu
près pas de films immoraux à Radio Canada qui étaient
imposés à la censure dont Québec pouvait s'accommoder
jusqu'à ce qu'il soit possible d'organiser un système de censure
plus élaboré des films télévisés des 8mm,
des 16mm.
Dans ce domaine, il y aurait lieu de faire une entente avec Ottawa pour
la censure des films télévisés, d'ailleurs à
Ottawa, un député récemment, soulevait justement la
question. Mais que vaut la censure si les censeurs igno-
rent la loi et les règlements? Il existe actuellement des
règlements de censure et les censeurs ne les suivent pas, probablement
sous le prétexte qu'ils sont vieillots, ayant été
édictés en 1931. Les principes de moralité sont immuables.
A remarquer que les règlements de censure suggérés par
« l'office catholique national des techniques de diffusion » sont
sensiblement les mêmes que ceux qui ont été
édictés en 1931. D'ailleurs si les règlements actuels ne
vont pas de pair avec la vie moderne, suivant l'opinion du gouvernement, il
n'en tient qu'à ce dernier d'en édicter de nouveaux, il a ce
pouvoir en vertu de l'article 23 de la Loi des vues animées, au chapitre
55. Cet article a été amendé par 13, George VI, chapitre
25, article 4. Donc, le gouvernement en a le pouvoir actuellement. Et nous
arrivons à ce fameux rapport que le gouvernement Lesage s'est
empressé d'enterrer parce qu'il était ridicule, mais dont les
conslusions n'en ont pas moins été appliquées par M.
Lapalme et ses successeurs, car illégalement depuis au moins le 20
février 1962, date où le rapport Régis a été
déposé en Chambre par M. Lapalme, on a pratiquement cessé
de censurer les films.
M. LE PRESIDENT: On ne nomme pas en Chambre un député par
son nom.
M. LOUBIER: Je m'excuse M. le Président. Et dans le temps, le
procureur général n'a jamais voulu commenté ce rapport,
suivant sa propre expression, la question de la censure des films,
c'était de la dynamite. Si nous lisons le fameux rapport, nous y
rencontrons certaines affirmations pour le moins étranges, on verra
qu'on a même eu recours aux raisonnements entortillés, obscurs et
sophistiqués du moraliste pour déclarer que la censure de 1960
ainsi que « La Loi des vues animées, » telle
qu'appliquée, est immorale et nous retrouvons ceci aux pages 28 et 29 du
rapport, qu'elle est nuisible à l'éducation morale, que la
supres-sion de l'érotisme pour la censure conduit à un
raffinement de l'érotisme, que l'on retrouve encore à la page 39
que les censeurs humains ne sont que des hommes sur lesquels les tentations
exercent secrètement un attrait et qui ont mal à renoncer
à l'érotisme, phrase que nous retrouvons à la page 42 du
rapport, qu'une bonne conscience de surface n'est que trompeuse et du ressort
de l'imposture et de la tartufferie, page 44 du rapport.
Je ne sais si le théologien le père Régis a
dicté toutes ces phrases, mais le rapport était quand même
signé. Les commissaires spécifient bien que le rapport
n'étudie pas le cas des enfants de 3 à 6 ans, page 47. On dit
encore, l'enfant en général exerce une censure personnelle et sa
moralité est souvent plus vigilante et plus stricte que celle de
l'adulte. Suivent des recommandations en nombre imposant et entre autes, les
suivantes:
A)la catégorie (D) avec réserve ne doit s'appliquer
qu'à de rares films, particulièrement difficiles, exemple:
« Les liaisons dangereuses », « La vérité
», etc.
B) en ce qui concerne les affiches, que le rôle de la régie
se limite à surveiller les abus. Le conseiller technique du
comité était M. Maurice Leroux. Le premier ministre a
été tellement satisfait du rapport que quelque temps après
la publication, il a appelé M. Leroux à faire partie de son
cabinet particulier, pendant un certain temps.
Alors, M. le Président, lorsque l'on regarde les journaux de
1963, que j'avais pris la peine dans le temps de découper entre autres,
je n'ai qu'à me référer, par exemple, à «
Relations » du mois de février 1964, sous la plume du père
Jacques Cousineau, où le Père Cousineau dit, par exemple: «
Je prends le supplément hebdomadaire d'un quotidien montréalais
et en son numéro du 26 octobre 1963, voici la liste des films qui
étaient présentés dans les théâtres de
Montréal: lo) le film, « Trop jeune pour aimer », le
commentaire qui accompagnait cette photographie, cette image, c'était
ceci: mère à 16 ans, le drame d'une jeunesse cynique et
révoltée qui n'est pas toujours seule coupable. Deuxième
film présenté « Les lâches vivent d'espoir » et
le commentaire sur le film: un film audacieux, vous serez choqués ou
enthousiasmés, mais vous ne resterez pas indifférents. Le
troisième film « Striptease », le commentaire; les jeunes de
moins de 18 ans ne sont pas admis, septième semaine de
représentation. Un autre film « The Strippers », le
commentaire était: l'histoire d'une fille et des hommes qui l'ont
poussée à devenir effeuilleuse.
Il y a treize films que le Père Cousineau a retracés dans
la même fin de semaine à Montréal dans les
différents théâtres, où la note prédominante
était sur l'éveil et l'appel de la sexualité, ou de la
sensation ou des scènes immorales. Eh bien, M. le Président, sans
être taxé de pharisaisme, de purisme ou de moraliste, je crois
qu'il est de notre devoir, non seulement d'attirer l'attention du gouvernement,
et non seulement d'accepter les remarques que faisait tout à l'heure le
ministre nous disant: « eh bien on a fait, la première phase a
été amorcée, nous nous dirigeons vers une autre phase,
» mais comme question de fait actuellement, c'est un tollé dans la
province, non pas
seulement des autorités religieuses, mais des ligues de parents,
des associations comme les chefs de police, etc, c'est un tollé
général devant ce flot de films amoraux et immoraux qui sont
montrés dans tous nos cinémas.
Eh bien, M. le Président, le film doit être un instrument
dont le but serait l'enrichissement spirituel ou l'enrichissement social de
l'homme, et qui en même temps peut servir aussi de détente. Mais
actuellement, ce qu'il y a de terrible, c'est que nos cinémas deviennent
des écoles de vice. Quand je regarde par exemple un ministre du
gouvernement qui part en campagne dans la province de Québec, et qui
nous dit que la publicité sur la bière à la
télévision est un instrument diabolique, qui pourrit toute notre
société, je trouve que ce même ministre devrait avoir le
courage de s'attaquer à un problème beaucoup plus grave et une
publicité qui s'attaque au coeur même de la société,
et qui frappe directement toutes les valeurs sociales, religieuses ou autres
valeurs immuables, base d'une société saine, bien
éclairée, forte, et qui assure à un peuple cette
renommée d'être consciencieux de ses devoirs, et respectueux des
valeurs les plus fondamentales. Et vous me permettrez de terminer avec une
remarque que l'on retrouve dans « l'Osservatore Romano », qui dit
ceci, et je cite: « Et pourtant la liberté de circulation a
été hélas assurée à des produits qui ne le
méritaient pas. » Il faut que l'on reconnaisse une fois pour
toutes, que ceux qui veulent combattre honnêtement la pornographie n'ont
d'aucune façon l'arrière pensée d'étouffer aucune
idée, aucune critique, et il faut aussi que l'on cherche des formes
légales et administratives aptes à assurer sérieusement la
défense de la société contre ceux qui veulent s'enrichir
au détriment de l'art et de la santé morale.
M. JOHNSON: Vous me permettrez, M. le Président, après les
interventions bien mesurées, sérieuses, de mes deux
collègues, d'ajouter quelques témoignages au dossier afin
d'établir, selon mon opinion, on est libre de la partager ou non, que
dans le domaine du cinéma, de son contrôle, de sa classification,
de sa censure, le gouvernement actuel, après quatre ans, en est encore
à planifier. Après avoir détruit les structures, qui
étaient critiquées, peut-être à bon droit, on a,
après quatre ans, encore un vide que le ministre va s'appliquer à
combler, du moins il nous l'a promis, mais il reste que la population en a
souffert et est-il nécessaire de faire appel à tous les
témoignages. J'en ai ici des dizaines, tous les témoignages qui
ont été publiés, je ne le crois pas, je me contenterai
quant à moi de verser au dossier un écrit d'un
éditorialiste bien connu, M. Lorenzo Paré, au journal «
L'Action », qu'affectionne évidemment le secrétaire
provincial d'une façon toute particulière. Cet éditorial
qui est d'une haute inspiration morale et d'une très grande tenue
littéraire, a paru le 14 novembre 1963 et était intitulé:
« Tout converge ». Hier soir, dit M. Paré,
écrit M. Paré, un instituteur laïque d'une
municipalité voisine nous téléphone pour protester. Il
vient d'entendre une chanson innommable à la radio. Le relâchement
des moeurs chez mes élèves de onzième année devient
incontrôlable nous dit-il. Est-ce surprenant, notre société
baigne dans une luxure qui a pris l'ampleur d'une offensive systématique
de subversion morale. Quelques jours plus tôt, continue M. Paré,
c'est le curé de l'une de nos belles paroisses bourgeoises, oui,
à Québec, non pas à Montréal ou à Chicago,
qui se désespère. « Nos écoliers de 14 ou 15 ans
s'enivrent. Hier, une fille de 14 ans a échappé son sac sur le
trottoir. Quand on l'a ramassé, il dégouttait de gin car le
« flask » avait été cassé. « Vous ne
voulez pas le croire ? continue M. Paré. Regardez autour de vous, voyez
les statistiques! 37% des criminels chez nous sont des jeunes de 16 à 19
ans et ils deviennent récidivistes dans une proportion de 60%. La
délinquance juvénile s'accroît au rythme de 10% par
année. Si les chiffres ne vous disent rien, regardez le
défilé tragique de notre jeunesse devant les Cours de
bien-être social dont les magistrats sont débordés. Cette
misère des jeunes ne vous suffit pas? Lisez les journaux, les viols qui
se multiplient, les automobiles qu'on vole en série, les brigandages des
bandes organisées par des fils à papa, des fillettes qui font du
pouce et les jeunesses en auto qui font la chasse. « Cela ne vous
éclaire pas encore sur la décadence de nos moeurs? continue M.
Paré. Vous ne connaissez donc pas, à Québec, tel
restaurant qui se spécialise en homosexuels et en lesbiennes, dont la
multiplication est épidémique, ni telle taverne qui réunit
son ramassis de dévoyés sexuels, ni tel hôtel qui est un
centre de racolage? N'essayez plus de détourner la tête,
prétextant que cette pourriture s'étale ailleurs, bien loin de
vos foyers! Elle est installée dans la province de Québec, au
coeur de notre catholique cité. Elle est à votre porte.
»
Offensive systématique de subversion morale, nous disait le
professeur (c'est toujours M. Paré qui écrit) qui s'angoissait de
la transformation pour le pire qu'il constate chez ses élèves.
Peut-on en arriver à d'autres conclusions ? L'assaut porte à la
fois sur tous les
fronts au Québec, sur celui des institutions comme sur celui des
idées, sur la religion comme sur les moeurs. Tout se tient et tout
converge. « Ainsi, la rage publicitaire du cinéma atteint-elle
désormais l'hystérie de l'immoralité. Elle ne fait que
suivre les mollesses théologiennes qui ont conclu, dans l'abstrait des
vanités intellectuelles, à l'élimination des censures. Ces
mêmes tièdes, déjà vomis pourtant par le
Maître, sont encore ceux qui, dans l'abstrait des mêmes
vanités, ont conclu à l'inutilité d'un journal
authentiquement catholique comme « L'Action ». Or, « L'Action
» est le seul et unique quotidien au Québec qui refuse aujourd'hui
la publicité pornographique des cinémas et des cabarets. «
Notre journal y perd une centaine de milliers de dollars. Il continuera
à refuser cet argent qui est une semence de
dégénérescence et il continera à mépriser
les quolibets des tièdes. « Offensive systématique, le
déversement continuel de la chanson bestiale à la radio
privée et étatique, les audaces perverses qui sont monnaie
courante à Radio-Canada et la moralité glorifiée de ses
vedettes. Pourquoi le réseau français de notre
télévision nationale sème-t-il si méthodiquement le
scandale dont on ne voit presque jamais l'équivalent au réseau
anglais, ni même aux Etats-Unis? Pourquoi, là encore, la
délinquance des idées accompagne-t-elle celle des moeurs? «
Et cette ordure que le ministre des Postes, à Ottawa, avec la connivence
passive du procureur général de la province de Québec,
laisse circuler jusque dans nos maisons! Combien de fois « L'Action
» a-t-elle supplié les autorités de faire leur devoir? Au
nom de quelle liberté démocratique s'en lave-t-on les mains?
« Offensive systématique? Deux de ces feuilles immondes sont sous
nos yeux. L'une et l'autre s'affichent ouvertement et vocifèrent leurs
invitations à l'avilissement. Et l'une et l'autre s'attaquent
simultanément à la foi du Québec aussi bien qu'à
ses moeurs. « Des centaines d'évêques ont la frousse
», dit une manchette. Une page voisine offre publiquement des photos qui,
même à Paris, ne circulent que dans le secret des bouges. «
Admirez ces beaux corps voluptueux, explorez-les à votre aise quand
ça vous tente. » Le cynisme du mal ne connaît plus d'autre
bornes au Québec que la veulerie des tolérances. « Tout se
tient et tout converge. Tout converge vers la désintégration de
notre peuple. Que restera-t-il, en effet, du peuple canadien français
quand il aura aliéné les valeurs qui ont fait sa force et qui,
seules, peuvent expliquer sa survivance? A quoi serviront les milliards
versés pour l'éducation des jeunes quand on tue leur
caractère, quand on annihile en eux les sources spirituelles et la
dignité morale qui font l'homme? Comment peut-on être «
maîtres chez nous » si le citoyen n'est plus maître de soi?
Pourquoi rêver d'indépendance nationale quand on pervertit
jusqu'au sens de la liberté individuelle? « Une
collectivité livrée à l'immoralité, à
l'alcoolisme, à la paresse et à l'irresponsabilité porte
sur elle tous les stigmates historiques de la mort. « Le Québec
conclut M. Paré , quoi qu'en disent les tièdes et
malgré ses faibles ses, était un reste d'Israël dans
l'universelle paganisation du monde. Tout se passe chez nous comme si les
forces déchaînées du mal s'étaient soudain
concentrées sur ce reste. « Offensive systématique de
subversion idéologique et morale, pour ne pas en discerner les signes il
faut être de ces aveugles que Dieu veut perdre. Signé: Lorenzo
Paré. »
M. le Président, c'est à dessin que j'invoque le
témoignage de l'un de nos meilleurs éditorialistes, d'un homme
qu'on ne peut pas taxer d'étroitesse d'esprit, d'un homme qui a le
courage, très souvent, de ses convictions et qui, évidemment, n'a
pas peur des quolibets de certains de nos faux intellectuels en mal de tout
condamner.
En quoi ça se rattache à la censure? On l'a vu dans
certains paragraphes de cet éditorial: la censure ce n'est pas facile.
C'est évident, qu'on l'appelle censure ou classification. Le but est le
même, en somme. Ce qu'on veut, quand on reconnaît la
nécessité de la classification ou de la censure, c'est un certain
contrôle sur la distribution des films. Est-ce que nous sommes les seuls
à l'avoir? Non. Je lisais avec beaucoup de curiosité la colonne
de Dorothy Kilgallen dans « The Gazette » l'autre jour alors
qu'elle mentionnait qu'à New York la censure n'avait pas encore
approuvé la circulation d'un film qui, dit-elle, est déjà
approuvé à Montréal et sera montré au festival.
Contre quoi veut-on protéger à New York quand ça passe
même à Montréal?
M. le Président, il doit y en avoir qui sont heureux dans la
province. Enfin, on s'est montré plus libéral, plus large, on
s'est montré plus dégagé, plus, je dirais, plus
évolué que n'importe où ailleurs en Amérique depuis
quatre ans. On a ouvert les écluses et on l'a fait
systématiquement, sans se cacher, on l'a fait sans se donner des airs
hypocrites. Il y en a qui sont d'avis, même certains théologiens
auxquels réfère M. Paré, même certains
théolo-
glens qui ne se gênent pas pour condamner la censure,
prêcher la liberté complète. Ce ne serait pas la
première fois qu'il y a des théologiens qui font des erreurs.
L'Eglise de Rome a passé son temps à corriger les
théologiens qui étaient dans l'erreur. C'est une question
d'interprétation, une question d'opinion.
Je constate seulement que, depuis quatre ans, systématiquement,
de propos délibéré, on a ouvert complètement la
porte à tout ce qu'il y a d'abus flagrants en matière de film au
point où on a soulevé une tempête de protestations, comme
l'a démontré le député de Bellechasse dans un
« papier » très bien préparé, dans un discours
solidement charpenté. C'est M. Maurice Leroux lui-même, dans le
temps président du Bureau de la censure, qui déclarait en 1963:
« La censure n'a mis les ciseaux dans aucun film. » Il s'en
vantait. Encore une fois, il a droit à son opinion mais je crois, en
songeant au bien-être de la population et en essayant de refléter
l'opinion prévalente chez les gens sérieux, je crois qu'on est
allé trop loin, que M. Leroux était engagé sur une
mauvaise pente. Je ne sais pas ce que fera M. Guérin. Je n'ai que des
félicitations à faire au ministre pour la nomination du dernier
censeur, M. Tellier, qui est un homme d'une valeur indiscutable.
Mais il reste un fait que je dois constater, faire constater par la
population: le gouvernement libéral dans ce domaine, par son omission,
pas nécessairement par les actes du secrétaire de la province
actuel, mais par les omissions du procureur général qui en avait
dans le temps la responsabilité, le gouvernement de la province de
Québec doit porter devant la population la responsabilité d'un
état chaotique, d'un état qui voisine le marasme dans ce
domaine-là et ça vient rejoindre d'autres records établis
par l'administration actuelle. On ne sera pas surpris d'entendre le chef de
l'Opposition parler ainsi, mais je voudrais bien que le ministre se rende
compte que je ne parle pas ainsi pour des fins uniquement politiques. Je parle
ainsi parce que, comme d'autres parents, j'ai de l'expérience, comme les
parents que je connais dans nos cercles d'amis: nous avons des
inquiétudes sur la portée du film. Le film que l'on voit dans les
théâtres, dans les cinémas, ça pourrait se
contrôler un peu mieux.
Il reste l'autre catégorie, les films que l'on voit à la
télévision et là on n'a pas juridiction, paraît-il.
D'abord, disons là-dessus que ça n'a pas de bon sens. On devrait
avoir juridiction. Il faut prendre les moyens pour l'avoir, cette juridiction,
sur les films qui sont donnés à la télévision et
l'une des raisons, c'est que la télévision est un moyen
d'éducation tellement plus efficace que toutes les remontrances des
parents. Qu'on ne se fasse pas d'illusions, les parents! Que les maîtres
cessent de se prendre pour d'autres! Les parents et les maîtres n'ont
pas, par leurs efforts combinés, une influence aussi grande que la
télévision sur l'éducation des enfants en
général.
Cela, M. le Président, c'est le point névralgique de toute
l'affaire. J'ai déjà proposé dans cette Chambre, je ne
fais que le rappeler, un conseil de la télévision dans la
province de Québec. Le ministère de l'Education devrait se
mêler de ces choses-là. Je suis toujours le dernier à
recommander l'intrusion du gouvernement dans un domaine mais je crois qu'il n'y
a pas d'autre moyen de mettre fin à la déformation morale et
intellectuelle de nos enfants par le moyen de la télévision,
qu'en demandant au ministère de l'Education de s'en occuper, de former
un conseil, de prendre ses responsabilités, d'écouter
évidemment les suggestions du Conseil supérieur de
l'éducation, si jamais il est formé, de prendre les instructions
et les recommandations d'un conseil spécial peut-être qui, en
relation, avec les organismes du ministère de la Famille
étudierait la place et la portée de la télévision
dans l'éducation de nos enfants.
Est-il nécessaire de vous rappeler ce petit incident qui illustre
bien la force de la télévision? Mme Unetelle ou Mme Untel qui
essaie de convaincre sa petite fille de 15, 16, 17 ans qu'elle ne doit pas
commencer à boire dans ses sorties. Pensez-vous qu'elle va
réussir si, comme j'en ai été témoin moi-même
à la télévision, il y a une animatrice bien connue qui
nous montre un panel dont la majorité des participants trouvaient que
c'était bon de prendre un coup à 16, 17 ans pour une petite fille
et nous montrait des interviews, et je l'ai dit à l'animatrice
elle-même ce que je dis en Chambre et je lui ai dit que j'en parlerais en
Chambre, alors que je sais, de connaissance certaine, que le triage des
témoignages recueillis chez les jeunes a été fait de telle
sorte que l'immense majorité était en faveur de la boisson, de
prendre même une brosse à l'âge de 16, 17 ans.
Et ceux parmi les jeunes interviewés qui ont donné des
opinions raisonnables, des opinions qui avaient l'air conformiste dans le
milieu, mais que je trouve, moi, très justes en fonction de ma notion de
l'éducation des enfants, ceux-là ont été
systématiquement éliminés. C'est ce que les Anglais
appellent une émission « slanted ». Et cela ç'a plus
d'influence que toutes les remontrances de la mère, que toutes
les remontrances du bonhomme. Pensez-vous que c'est Mme Unetelle de la
rue Panet ou de St-Sauveur ou de la Grande-Allée qui va gagner quant
à la télévision des petites filles du même âge
guidées par une animatrice connue et populaire viennent dire que c'est
excellent de prendre un coup?
Evidemment la conclusion de la petite fille c'est de dire à sa
mère: « T'es arriérée, moi je vais faire comme les
autres ». Ceux qui élèvent des enfants le savent,
l'argument toujours le plus difficile, l'argument suprême qui nous est
toujours apporté par nos enfants: « Comment ça se fait que
je ne peux pas y aller? Toutes mes petites amies y vont ». Cela c'est le
gros problème de tous les pères de famille et de toutes les
mères de famille. « Tu veux pas que j'aille entendre les Beatles?
Comment ça se fait toutes mes amies y vont »? M. le
Président, c'est un argument difficile à contourner pour les
parents. C'est extrêmement délicat. Je ne me plains pas trop.
Evidemment dans mon métier ce n'est pas moi qui ai cette
responsabilité, malheureusement c'est la mère qui doit porter
tout le fardeau. Mais, il arrive de temps en temps qu'en Cour d'appel je
siège et je doive maintenir la plupart du temps, je vous l'avoue des
décisions.
Alors que le ministre nous rassure. Au moins il va réparer le
dégât que ses prédécesseurs dans cette
responsabilité ont causé par un manque de politique, par une
omission politiquement coupable et par peut-être un trop grand
désir de n'écouter qu'un son de cloche. Quand on parle de la
censure, je suis le premier à admettre que c'est difficile. J'ai eu une
expérience personnelle pendant plusieurs mois. C'est extrêmement
délicat. Il y aura toujours de la place pour de la critique même
dans l'Etat de New Yord.
M. le ministre actuel semble vouloir mettre de l'ordre dans la maison.
Souhaitons qu'il répare le plus tôt possible les
dégâts que ses prédécesseurs depuis 1960 ont
causés dans ce domaine. Et quant à la censure des films de la
télévision, il me semble que le ministre devrait, en coordination
avec le ministre de la Famille, obtenir des autorités compétentes
dans le gouvernement une opinion ou des suggestions quant à la
manière de mettre le grappin sur ce domaine vital et ce domaine qui
touche à la compétence provinciale. On me dire, je prends les
devants.
Il y a un jugement du Conseil de la Cour Suprême au moins, du
Conseil privé, je crois aussi, du Conseil privé disant que les
ondes étaient de la compétence fédérale. On a rendu
ce jugement en se basant évidemment sur cette clause de l'article 91,
les communications interprovinciales sont de juridictions
fédérales. Or, les ondes, ça traverse les
frontières des provinces donc, c'est le fédéral qui a
juridiction.
Mais, depuis ce jugement, je prétends qu'il y a lieu de tenter
une revision parce que depuis ce jugement, l'éducation, je veux dire la
radio et la télévision ont pris un aspect éducationnel
qu'ils n'avaient pas à ce moment-là. Personne ne
soupçonnait, à ce moment, tous les développements
fantastiques que nous avons aujourd'hui et le rôle important que tient la
télévision dans l'éducation des enfants et de la masse et
des adultes, tout le monde, justifierait le gouvernement de tenter une revision
de ce jugement et j'irais, moi, aussi loin que de promettre, en mon nom
personnel de voter pour une Loi qui même s'il fallait risquer qu'elle
soit soumise aux tribunaux, voter pour une loi qui mettrait la main sur ce
contrôle, qui mettrait la main sur ce contrôle, qui mettrait un
grappin sur la télévision, au moins sur la censure des films et
des émissions à portée éducationnelle parce que
l'éducation relève clairement des provinces.
M. LE PRESIDENT: Article 3, adopté. Article 4.
M. RUSSELL: M. le Président, j'aurais une question. Est-ce qu'il
y a un M. Belzil qui vravaillerait à la censure? Si oui, quel est son
salaire, son occupation? M. Belzil?
M. ARSENAULT: Sur la censure? Quelle est la question?
M. RUSSELL: Est-ce qu'il y a un M. Belzil qui travaillerait à la
censure?
M. ARSENAULT: Oui.
M. RUSSELL: Quel est son salaire?
M. ARSENAULT: Il est inspecteur, M. Alfred Belzil.
M. RUSSELL: Oui.
M. JOHNSON: Son prénom?
M. ARSENAULT: Pardon? Alfred Belzil?
M. RUSSELL: Alfred Belzil.
M. ARSENAULT: Oui.
M. RUSSELL: Son salaire?
M. ARSENAULT: Il a $6,000 par année.
M. RUSSELL: $6,000. A quelle date a-t-il commencé?
M. ARSENAULT: Ah, il a commencé à la Censure, M. Belzil,
au mois...
M. COURNOYER: Il a commencé la première journée
qu'il a travaillé.
M. ARSENAULT: Ou oui, la première journée qu'il a
travaillé, mais c'est un peu vague. Il a dû commencer vers le
premier octobre, je crois dans l'année.
M. RUSSELL: En octobre 1963.
M. ARSENAULT: Pardon?
M. RUSSELL: 1963?
M. ARSENAULT: 1963.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. ARSENAULT: Est-ce que le député s'objecterait à
cette nomination? Non?
M. RUSSELL: Pardon?
M. JOHNSON: A quelle date a-t-il été nommé?
M. ARSENAULT: Il me semble que c'est au mois d'octobre.
M. LE PRESIDENT: Article 4, « Office du film ».
M. JOHNSON: Est-ce que moi, je m'objecte sur la nomination?
M. ARSENAULT: Pardon?
M. JOHNSON: Qui moi?
UNE VOIX: Qu'est-ce que le ministre a dit...
M. ARSENAULT: Non, non, je posais la question au
député...
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre voudrait que je m'objecte ?
M. ARSENAULT: Pardon?
M. RUSSELL: Est-ce que le ministre voudrait que je m'objecte?
M. BERTRAND (Missisquoi): Il est trop tard.
M. ARSENAULT: Non, non.
M. RUSSELL: Il est trop tard, d'ailleurs.
M. JOHNSON: Mais non, mais si le ministre n'a pas d'objection, s'il veut
nous soumettre toutes ses nominations d'inspecteurs on s'objectera ou on
approuvera. Ce serait une bonne manière de prouver qu'il n'y a pas de
patronage. Je suis certain que dans le cas de M. Belzil ce n'est pas une
nomination politique.
M. ARSENAULT: Bien ça, c'est bien une preuve qu'il n'y a pas de
politique.
M. RUSSELL; ... à la censure ça?
M. JOHNSON: C'est un cas clair, de nomination d'un « bleu »,
indiscutablement. Ah, le ministre paie les dettes qu'il devait du temps qu'il
était « bleu »!
M. CADIEUX: Ah, c'est du patronage.
M. LE PRESIDENT: Article 4, « Office du film ».
M. JOHNSON: L'Office du film, ça va avec l'Office de
publicité?
M. BERTRAND (Missisquoi): Item 4 et 5.
M. JOHNSON: 4 et 5. Qui est-ce qui est directeur de l'Office du
film?
M. ARSENAULT: Bien, c'est le même que celui qui est... bureau de
censure, c'est M. Guérin...
M. JOHNSON: Ah bon, on a transféré cette juridiction
récemment?
M. ARSENAULT: Non. Lorsque M. Guérin a été
nommé, il a été nommé en même temps
président de l'Office du film et directeur de...
M. JOHNSON: Ah bon! Est-ce qu'on se lance dans de nouvelles aventures
où si on est au « statu quo » dans l'Office du film
là? Evidemment, ce n'est pas un status facile, l'Office du film
provincial quand on sait qu'il y a un mastodonte qui s'appelle l'Office
national du
film. Quel est le rôle exact là? l'Office du film, comment
le ministre entrevoit-il la planification complète du travail de
l'Office du film?
M. ARSENAULT: Bien, je pourrais peut-être mieux répondre au
chef de l'Opposition en lui disant ce que fait, ce qu'à fait par exemple
l'Office du film, en quelques mots, ce qu'a fait l'Office du film. C'est
ça que le chef de l'Opposition voudrait savoir peut-être. D'abord,
il y a les projections cinématographiques qui se font par l'Office du
film. Il y a eu, au cours de l'an dernier, 67,966 projections
cinématographiques dont 59,400 dans Québec et dans les autres
provinces et 8,504 aux Etats-Unis.
Ensuite ça me rappelle qu'il y a un film qui se tourne encore
à Porto-Rico m'a-t-on rapporté, il y a un de mes amis qui
allé à Porto-Rico et il y a un film que les Porto-Ricains
voyaient il y a quelques mois, qui leur décrivait la personnalité
de l'honorable M. Duplessis, et disait aux Portoricains que le premier ministre
de la province c'était l'honorable Maurice Duplessis. C'est un film qui
nous a échappé, qui est en circulation, mais...
M. JOHNSON: Ah, je suis certain qu'il vous a échappé.
M. ARSENAULT: Ces pauvres censeurs.
M. JOHNSON: Si c'est un film qui vantait M. Duplessis, ça a
été certainement involontaire de votre part.
M. ARSENAULT: C'est pour vous dire que. Ah non, il a été
mis en circulation, il a été probablement mis en circulation
avant 1960, mais c'est pour vous dire que c'est bien important. C'est vous dire
que cet Office du film voit à la circulation de films non seulement dans
la province, non seulement dans les autres provinces, mais aussi dans les
autres pays. Il y a eu par exemple, au-delà de 4,000,600 spectateurs de
films qui ont été projetés au cours de l'an dernier, et il
y a eu 699 diffusions dont 518 aux Etats-Unis, presque toutes les diffusions
ont été aux Etat-Unis. Ensuite l'Office du film s'occupe
également de la production de films, l'an dernier, nous avons au cours
du derniers exercice, nous avons produit huit films, l'un intitulé
« signaux routiers », l'autre « la Mauricie », un autre
film intitulé « Ma province, mes chansons », ça il
s'agit d'un film sur les chansons et les tableaux folkloriques du
Québec. Un autre film sur la présence cultu- relle au
Québec, la présence de la forêt, dialogue avec la terre,
ainsi de suite. Maintenant ça c'est le rôle de l'Office du film de
faire circuler des films cinématographiques, des films à travers
la province et d'en produire, d'en acheter également, et d'en produire
pour faire, pour informer les autres provinces, la population des autres
provinces et des Etats-Unis sur les aspects du Québec.
M. LAFONTAINE: Est-ce que le ministre pourrait nous dire quel est le
montant d'argent qu'il prévoit dépenser en collaboration avec le
ministère de la Voirie pour la fabrication du film sur le pont Sir
Louis-Hyppolite Lafontaine de Boucherville...
M. ARSENAULT: Oui. Oui. Le film sur le pont de Boucherville est
exécuté en coopération avec le ministère de la
Voirie, et nous n'en sommes qu'à la prise de vues actuellement et nous
ne croyons pas que le montant que nous allons déboursé cette
année pour ce film dépasse $16,000 c'est le montant que nous
avons, mais nous prévoyons par exemple un déboursé total
d'environ $90,000 qui...
M. LAFONTAINE: Si je comprends bien le ministre dit que la
dépense de son ministère ne dépassera pas beaucoup
$16,000.
M. ARSENAULT: Pour cette année.
M. LAFONTAINE: Du ministère du Secrétaire de la
Province.
M. ARSENAULT: Pour cette année. Pour l'année 196...
M. LAFONTAINE: Et non pas du ministère de la Voirie. Est-ce que
le ministre pourrait m'indiquer dans quel sous item?
M. ARSENAULT: C'est le ministère de la Voirie.
M. LAFONTAINE: Ah, c'est le ministère de la Voirie.
M. ARSENAULT: Oui, oui.
M. LAFONTAINE: Or le ministre n'a pas de budget...
M. ARSENAULT: Le ministre non, non, le Secrétariat n'a pas de
budget pour la fabrication de films, ce sont les ministères qui ont le
budget, et ces films-là sont exécutés sous notre
surveillance.
M. LAFONTAINE: Le film est exécuté sous la surveillance du
Secrétariat de la Province.
M. ARSENAULT: Oui.
M. LAFONTAINE: Mais payé par le ministère de la
Voirie.
M. ARSENAULT: Par le ministère concerné.
M. LE PRESIDENT: Adopté. 5 « Office d'information et de
publicité » Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président... M. ARSENAULT: A 5?
M. JOHNSON: ... est-ce qu'il y a d'autres ministres qui se font faire
d'autres films? Qui se font...
UNE VOIX: Affaires culturelles.
M. JOHNSON: Mais pas sur le ministre? Pas sur le ministre? Pas la
biographie du ministre, pas une apologie du ministre? Le film des...
M. ARSENAULT: Est-ce qu'on est sur 4 ou 5 M. le Président?
M. LE PRESIDENT: 5 « Office d'information »
M. JOHNSON: Non, sur le, une question supplémentaire sur l'item
4.
M. ARSENAULT: Quel est. Oui, oui, oui, le chef de l'Opposition demande
si nous allons faire d'autres films?
M. JOHNSON: A part de celui de la Voirie?
M. ARSENAULT: Oui. Oui, nous allons faire un film sur la région
de Charlevoix, nous allons en faire un sur la bonne alimentation à
l'école, nous allons...
M. BELLEMARE: Ah non, le chef de l'Opposition a demandé sur
d'autres ministères, d'autres ministres ont demandé à
l'Office?
M. ARSENAULT: Ah! quel ministère, c'est la Santé. Ah,
quels ministères, c'est bien facile, il y a le film de Boucherville
d'abord, ça, c'est la Voirie, il y a un film sur la région de
Charlevoix, c'est le Tourisme, Chasse et Pèche, sur la région, le
film sur cette région de Charlevoix un film sur la bonne alimentation
à l'école, ministère de la Santé. Quatre
séries de diapositives sur le Nouveau Québec, Richesses
naturelles, un film sur la sécurité du chasseur, encore Tourisme,
Chasse et Pêche, un film sur la prévention des feux de
forêts, évidemment Terres et forêts. Ce sont les films que
nous envisageons.
M. LAFONTAINE: Est-ce que ces films sont fabriqués directement
par le ministère ou que le ministère donne...
M. ARSENAULT: Directement par le ministère, il n'y a aucun de ces
films-là qui n'a été donné, qui ne sera
donné par contrat.
M. LE PRESIDENT: 5 « Office de l'information et de
publicité »
M. JOHNSON: Mais, j'en connais un moi qui est en train, qui en voie
d'exécution en dehors du ministère, un film, je pense que le
ministre fait erreur. On a chargé certains cinéastes, certaines
compagnies de faire pour la province certains films n'est-ce pas?
M. ARSENAULT: Pas dans ceux-ci M. le Président, pas dans les
nouveaux. Dans les précédents peut-être, pas dans les
nouveaux.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LAPALME: De quel film le chef de l'Opposition veut-il parler?
M. JOHNSON: Le film dont on a parlé l'année
dernière en Chambre, ou sur les crédits du ministre. Sur les
crédits des Affaires culturelles?
M. LAPALME: Il y a un film qui a été fait, qui n'est pas
encore lancé, qui s'appelle « Présence culturelle du
Québec » texte d'Alain Grandbois, images de Desmarteaux, le film
n'est pas encore sur le marché, nous l'avons visionné à
différentes reprises, pour ma part, je l'ai vu deux ou trois fois, je ne
sais pas exactement quand ça sera terminé, mais ça n'est
pas sur les estimations budgétaires pour l'année qui s'en vient,
mais c'est sur les estimations de l'an dernier, je crois que le coût
total est d'environ $30,000, le tout sous la juridiction du ministère du
secrétariat, mais payé, je crois, à même les
crédits que les Affaires culturelles ont dans ce domaine. Je crois que
c'est ainsi. Le film, d'ailleurs avant d'être lancé, si je me
souviens bien, sera montré ici, de la même façon qu'on a
mon-
tré hier soir, est-ce que c'est hier qu'on a montré un
film sur la forêt, ou si c'est ces jours ici, on n'a pas montré un
film sur la forêt?
M. JOHNSON: Oui.
M. LAPALME: Ce film « Présence culturelle du Québec
» est purement et simplement une affirmation culturelle.
M. LE PRESIDENT: 5 « Office d'information et de publicité
».
M. BELLEMARE: M. le Président, il y a une augmentation de
$273,000 avec les crédits de l'année passée, $273,000
d'augmentation avec les crédits de 1963-64.
M. LE PRESIDENT: Ce serait peut-être mieux de les prendre par
ordre...
M. BELLEMARE: Est-ce que M. le Président, le ministre peut nous
donner des informations globales.
M. JOHNSON: Voici, j'avais averti le secrétaire de la province
que nous aurions plusieurs questions à poser sur un service relativement
nouveau pour connaître sa composition, sa juridiction, ses
réalisations jusqu'ici, et ses plans pour l'avenir. D'abord sa
composition, avec ses structures, deuxièmement sa juridiction.
M. ARSENAULT: De l'office d'information et de publicité, la
structure de cet office est composée, comme vous le voyez, de six
services: le service de la publicité, surtout de la publicité
payée, dirigé par M. Major, vous avez le service de la
coordination, le service de la coordination consiste à coordonner les
directeurs d'information des divers ministères, le travail des
directeurs d'information des divers ministères, le service de la
documentation, celui des publications qui était l'ancien service des
impressions, qui porte aujourd'hui le nom des publications, et je crois que
c'est tout, et évidemment vous avez l'administration qui serait le
sixième.
Maintenant, le chef de l'Opposition me pose une question sur un domaine
qu'il connaît très bien, et je tiens à le remercier d'avoir
bien voulu accepter notre invitation devenir à l'inauguration officielle
de la maison de l'information. Je crois pouvoir affirmer que la population du
Québec, à l'heure présente, n'a jamais été
aussi bien informée sur tout ce qui touche la politique et
l'activité de son gouvernement. Ceci résulte, tout d'abord, M. le
Président, de ce que nos moyens d'information, nos journaux, nos revues,
nos postes de télévision, nos postes de radio comprennent bien
leur rôle de diffusion, de l'information gouvernementale, et s'organisent
de mieux en mieux pour remplir cette importante fonction, cette importante
tâche. Ceci résulte également de ce que le gouvernement lui
aussi a compris et comprend son devoir de faire connaître, par
l'entremise de ces moyens d'information, ce que le public a le droit de savoir
touchant l'administration de la chose publique chez-nous au Québec. Je
sais que tous les membres, et je ne fais aucune exception, que tous les membres
de cette Assemblée législative, à quelque parti politique
qu'ils appartiennent, je sais et je crois qu'ils partagent la philosophie que
nous avons adoptée à l'information officielle,
c'est-à-dire renseigner tout le monde dans toute la mesure du possible,
sur les lois et les services gouvernementaux, et cela de façon
absolument objective.
Il faut distinguer entre ce qui est publicité, entre ce qui est
propagande et ce qui est information. Publicité, on considère
publicité ce qui est ordinairement des annonces payées, ça
c'est de la publicité. Nous avons un département, un service de
cette publicité, qui est sous la direction de M. Gaétan
Major.
Il faut également distinguer entre ce qui est propagande et
information. La propagande n'est pas ce que nous faisons au Service
d'information et de publicité, parce que la propagande veut dire une
action concertée, une action organisée, en vue de propager une
idée, de propager une doctrine. Nous ne faisons pas ça. Nous
faisons de l'information, c'est-à-dire que nous faisons connaître
tout simplement les actes administratifs d'un gouvernement, non pas les actes
d'un ministre en temps que député, ou les actes d'un
député, non! Tout simplement, les actes administratifs d'un
gouvernement. Or, l'information officielle, pour nous, de la façon dont
nous nous efforçons de la diriger, qu'il s'agisse d'informer le public,
consiste pour nous à communiquer la nouvelle, toute la nouvelle et rien
que la nouvelle, comme on dirait: la vérité, toute la
vérité et rien que la vérité.
M. JOHNSON: En excluant le parjure.
M. ARSENAULT: Sans « window-dressing». Et le gouvernement,
s'il veut que continue de prévaloir ce climat de liberté dont
jouit actuellement la province de Québec, se doit de tenir la population
bien au fait de sa politique et des implications de celle-ci dans la vie de
chacun. Jamais le gouvernement ou le Service d'information et de
publicité de la province ne doit se
permettre de commentaires, jamais dans la circulation de sa nouvelle;
jamais il ne doit ajouter quoi que ce soit qui puisse sentir l'apologie d'une
politique.
Nous nous efforçons donc de maintenir, non seulement de
maintenir, mais d'intensifier, si faire se peut, le dialogue par
l'intermédiaire de notre Service d'information et la presse
écrite et parlée. Nous faisons tout pour donner à tous les
journalistes accès à la documentation gouvernementale afin de
simplifier, de faciliter leur travail des journalistes et de faire sentir
à chacun qu'il est l'égal de tous.
L'information officielle ne tolère absolument aucune
discrimination entre grands et petits journaux, entre chaînes dé
stations ou postes privés. Non content de reconnaître le droit des
journaux et autres moyens d'information d'être mis au courant de tout ce
qui se passe au gouvernement, nous leur reconnaissons le droit de commenter et
de critiquer librement,
Si le chef de l'Opposition a eu le temps de parcourir quelques-uns de
nos commentaires de presse, il pourra convenir, je crois, avec moi que,
même dans nos propres publications, nous ne nous gênons pas pour
reproduire des commentaires qui sont défavorables au gouvernement et qui
sont défavorables à certains ministres du gouvernement. C'est
comme ça que nous entendons l'information dans la province de
Québec.
M. BELLEMARE: Mais, si le ministre le permet, quand ils rapportent ces
faits-là, les journaux, il dit: « Tel journal a dit ça.
» Tandis que, dans les autres commentaires, il cite tout l'article; il
nous renvoie chercher le journal, il faut le lire.
M. ARSENAULT: Oh c'est pas un peu, hein? M. BELLEMARE: Oh oui.
M. ARSENAULT: Ce n'est pas de la dramatisation que le
député de Champlain fait là?
M. BELLEMARE: Oh non, non, je les lis à toutes les semaines, je
les reçois...
M. ARSENAULT: Evidemment, le député sait que je ne vois
pas à ces choses-là moi-même. Et je n'interviens aucunement
dans le travail de l'Office, je ne suis pas intervenu, je n'interviens pas et
je serais très heureux de recevoir, de la part de qui que ce soit en
cette Chambre, et cela inclut tous les députés de l'Opposition,
les commentaires ou les suggestions qui, comme dirait le bon père La
Fontaine, par- tent d'un bon naturel, d'un naturel comme nous le reconnaissons
souvent à l'honorable député de Champlain.
M. BELLEMARE: Merci!
M. ARSENAULT: Mais nous demandons aux journalistes de ne pas prendre
leurs nouvelles pour une page éditoriale ou une chronique. Nous leur
demandons de distinguer entre les deux, entre ce qui est la nouvelle et ce qui
est du commentaire. Dans l'ensemble, je puis dire que nous n'avons qu'à
nous louer de nos relations avec les moyens d'information et du traitement
qu'ils accordent à nos communiqués. Nous constatons chez eux une
attitude positive, un souci constant de s'améliorer, de nous aider
aussi, à nous améliorer au Service de l'information. Mais il y a
une chose, avant de reprendre mon siège, M. le Président, que je
voudrais faire, c'est de signaler ici l'heureuse initiative que viennent de
prendre deux de nos quotidiens du Québec « Le Soleil » et
« L'Evénement » par l'inauguration de cours d'initiation au
journalisme, ces semaines dernières.
M. JOHNSON: « L'Action » n'en donne pas.
M. ARSENAULT: « Le Soleil » et « L'Evénement
» et ça viendra peut-être pour « L'Action ». Non
seulement pour former leurs propres journalistes, mais encore pour contribuer
à l'amélioration du journalisme canadien-français en
général. Et en cela je crois que nous devons, de
l'Assemblée législative, féliciter le
vice-président et directeur général du « Soleil
» et de « L'Evénement », M.A.F. Mercier, ainsi que les
MM. Gilbert de cette très heureuses initiative qui, nous le souhaitons,
sera copiée par d'autres journaux, y inclus « L'Action
».
Je crois que cela donne une réponse assez satisfaisante je
l'espère à la question du chef de l'Opposition. Quant aux
structures du personnel elles consistent en un sous-secrétaire adjoint
suppléant, M. René Montpetit, ensuite nous avons comme chef,
directeur du service d'information M. Hubert Potvin, nous avons ensuite M.
Gaétan Major qui est directeur de la publicité, M. Claude Poulet
qui est le coordonnateur, et je crois que cela répond...
Maintenant je crois que c'est le député de Champlain qui
s'est étonné de l'augmentation paraît-il du budget...
M. JOHNSON: Oui.
M. ARSENAULT: ... mais l'honorable chef de l'Opposition pourra voir que
nous avons
$100,000 d'augmentation pour le budget, à la page 124 vous voyez
au budget, uniquement au budget de publicité, l'an dernier alors que
nous avions des estimations de $400,000, vous voyez là tout de suite
$500,000, vous voyez là $100,000 d'augmentation. Il s'agit là de
publicité payée pour les annonces des autres ministères
comme la Santé, les Travaux publics, la Voirie, ainsi de suite, mais qui
est inscrit à notre budget pour le compte des autres ministères.
Alors vous avez tout de suite là une centaine de mille piastres, et Je
pourrais dire que le bureau lui-même, l'Office d'information et de
publicité, avec la réorganisation que cela demande, la
réorganisation de notre service de publication, par exemple, où
nous centralisons toutes les publications du gouverne men sous un même
toit, ce qui demande du personnel, un personnel accru, ne coûte
qu'environ $75,000 par année, et d'ailleurs nous avons fait ça
sans augmentation de budget cette année, c'est absolument le même
budget que nous avions l'an dernier quant à l'information et à la
publicité.
Quant aux directeurs d'information, aux chefs d'information qui sont
aujourd'hui connus sous le nom d'agents d'information des autres
ministères, ils apparaissent au budget des autres ministères.
M. JOHNSON: Il est bien exact, M. le Président, de conclure que
« L'Office d'information et de publicité » est
divisée en deux services dont l'un, la publicité, s'occupe du
placement des annonces pour tous les ministères ainsi que de la
rédaction, je présume, de ces annonces, de la surveillance de la
rédaction de ces annonces.
M. ARSENAULT: Oui.
M. JOHNSON: Et le service d'information, lui, s'occupe de documentation,
de recueillir la documentation...
M. ARSENAULT: C'est ça.
M. JOHNSON: ... de la digérer, de la classer et de la mettre
à la disposition des divers services du gouvernement et des
députés, je présume.
M. ARSENAULT: Oui, aussi. Et ensuite le service des impressions qui est
devenu le service des publications pour tous les ministères.
M. JOHNSON: Ah bon. M. le Président, j'ai assisté en effet
à la demande pressante du ministre à l'inauguration officielle de
la maison de l'information, et j'ai eu l'occasion à ce mo-
ment-là en offrant mes voeux de déclarer quel était,
à mon point de vue, le rôle de cet organisme.
Vous me permettrez, c'est très bref, de rappeler ce que j'avais
dit dans le temps, ou de rappeler au moins les passages les plus significatifs
et les plus au point. Je disais, entre autres, que le mécanisme de la
démocratie risque d'être faussé dans la province de
Québec si le gouvernement ne reconnaît pas le rôle
véritable de l'Opposition auprès de l'opinion publique, et ne lui
fournit pas des moyens plus efficaces de renseigner les citoyens sur certains
aspects de l'administration. Sans mettre en doute la compétence et
l'objectivité des responsables de l'Office, j'exprimais la croyance
qu'il faudra prévoir, j'exprimais l'espoir, plutôt, qu'il faudra
prévoir immédiatement une législation qui pourrait leur
servir de guide.
J'avais déjà préconisé une pareille loi pour
protéger la liberté de la presse et pour éviter les abus
toujours possibles de fonctionnaires trop zélés surtout parmi
ceux qui sont chargés de la conception de la publicité et de
l'information. Il est à ma connaissance que dans certains pays, par
exemple, une réglementation sévère régit toute
l'information et toute la propagande gouvernementale afin d'éviter que
l'opinion publique ne soit surprise. L'objectivité del'information est
essentielle au service de la démocratie, je pense que tout le monde
l'admettra en 1964 dans une société évoluée comme
la nôtre, la démocratie bien comprise ne peut signifier que la
participation étroite et constante du peuple à
l'élaboration des politiques qui le concerne.
Mais comment le peuble pourrait-il participer aux décisions
à prendre si on ne lui présente qu'une image tronquée et
déformée des faits? Un excellent moyen de pratiquer cette vertu
consisterait à donner le même traitement et la même
diffusion aux idées de l'Opposition qu'à celles du gouvernement.
On le sait, le rôle de l'Opposition n'est pas seulement de critiquer, en
fait tous les députés ministériels aussi bien que les
députés de l'Opposition ont le devoir de scruter les actes du
gouvernement et de se faire les gardiens de la démocratie.
La mission principale de l'Opposition, M. le Président, telle que
je la conçois, c'est d'offrir des alternatives, des idées neuves,
des solutions de rechange, c'est un rôle d'avant garde un rôle
d'exploration mais faut-il encore qu'on lui fournisse les moyens et le
personnel voulu pour bien remplir ce rôle. J'avais rappelé dans le
temps, le ministre s'en souviendra peut-être, que l'information
officielle est par définition une information payée par le peuple
et qu'il s'ensuit
que le peuple qui paie a le droit de connaître les deux
côtés de la médaille. Autrement, comment pourrait-il rendre
un jugement sain et participer efficacement à l'élaboration des
politiques.
M. le Président, le gouvernement a décidé de se
lancer dans l'information officielle. Le ministre a voulu marquer un
désir non équivoque de ne pas confondre information et
propagande. C'est extrêmement difficile de tirer la ligne entre
l'information et la propagande, c'est aussi difficile que de tirer la ligne
entre le parti libéral et le gouvernement ou l'Union nationale et
l'Opposition. Quand est-ce que le gouvernement ou un ministre du gouvernement
qui parle fait de l'information ou parle comme ministre et non pas comme membre
d'un parti politique? C'est donc difficile de discerner où commence et
où arrête le rôle du ministre et le rôle du membre du
parti.
Il en va ainsi pour l'information officielle. M. le Président, je
ne veux pas condamner un service qui ne commence qu'à fonctionner mais
comme je l'ai dit au ministre, et comme je l'ai dit au responsable du service,
je considère qu'il est de mon devoir d'être extrêmement
vigilant, de regarder pousser cet enfant-là et de détecter le
plus tôt possible les défauts de conformation et de comportement
qui pourraient être dommageables à la population.
Alors, j'ai frappé chanceux ou j'ai frappé malchanceux,
disons plutôt que c'est l'office lui-même qui a été
malchanceux, l'office d'information relativement à cette inauguration
des bureaux, de ces bureaux dans un communiqué du 15 avril, disait ceci:
« L'honorable Jean Lesage, premier ministre du Québec, a
présidé aujourd'hui à l'ouverture officielle des bureaux
de l'Office de l'information et de publicité du Québec
situés à 710 est, Grande Allée. Outre M. Lesage, le
secrétaire de la province, l'honorable Bona Arsenault ainsi que
plusieurs ministres et hauts fonctionnaires de l'Etat provincial ont
assisté à l'inauguration ». Pas un mot du chef de
l'Opposition, ce n'est pas important ça. Le premier ministre, le
secrétaire, plusieurs ministres et les hauts fonctionnaires.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vrai, ça m'a frappé moi
aussi.
M. JOHNSON: On a mal commencé, c'est peut-être trop
d'efficacité, on avait préparé le communiqué avant
que le ministre ne m'invite et le ministre ne m'a invité qu'à la
dernière minute pour des raisons que je n'ai pas à discuter ou,
en tout cas il a manqué de coordination quelque part, on aurait dû
savoir que le chef de l'Opposition était invité. Vous savez ce
n'est pas que j'y tienne tellement à être mentionné mais
tout de suite au départ il faut surveiller ça
l'objectivité.
J'ai lu certains des communiqués...
M. ARSENAULT: Le chef de l'Opposition me permettrait-il juste une
observation?
M. JOHNSON: Oui.
M. ARSENAULT: Il a parfaitement raison et j'en profite pour m'excuser de
ce « mischap » comme on dirait en anglais. Le communiqué a
été fabriqué avant la réunion et le chef de
l'Opposition, je ne sais pas s'il avait été invité par
lettre mais j'ai tenu à me rendre à son bureau pour lui
transmettre une invitation personnelle. Je dois lui dire qu'il y avait en cette
circonstance-là, une situation assez délicate pour un chef de
parti, pour le chef de l'Opposition. Nous avons fortement
apprécié sa générosité et la petite
scène que le chef de l'Opposition a faite, moi je l'ai faite
déjà depuis très longtemps à celui qui était
responsable de ce communiqué il me dit: « On ne savait pas, on ne
pensait pas qu'il allait venir ». Bien j'ai dit; « Vous ne pensez
pas » mais le communiqué avait été
rédigé deux ou trois jours à l'avance et je n'ai pris
connaissance de ce communiqué-là que lorsqu'il nous a
été remis lors de l'inauguration à laquelle assistaient le
premier ministre et le chef de l'Opposition.
Mais si le nom du chef de l'Opposition n'est pas apparu dans le
communiqué, sauf erreur, je crois qu'il a paru dans les journaux qui ont
rapporté la nouvelle, parce qu'il y avait des journalistes
là.
M. JOHNSON: Photos! M. le Président, je dois ajouter qu'on a
réparé ça. On m'a fait parvenir des photos, une
excellentephoto...
M. ARSENAULT: J'ai même une photo du chef de l'Opposition dans mon
bureau et qui date de...
M. JOHNSON: ... une photo prise avec le premier ministre et
évidemment on peut, si on a un peu le sens de l'observation,
déceler les grands sentiments qui nous animaient...
M. ARSENAULT: De nouveau je m'en excuse. J'ai été
blessé de cette...
M. JOHNSON: ... l'un et l'autre et les sentiments que ne pouvaient
cacher certaines des personnes en arrière-plan. Mais à tout
événe-
ment, ce sont des bonnes photos en ce sens qu'elles sont vivantes. Mais
je dois ajouter, et le ministre a raison, que M. Montpetit s'est excusé
après coup. Mais là on a un exemple de planification trop
parfaite. La planification de la nouvelle, ça c'est dangereux.
M. ARSENAULT: Tout nouveau système...
M. JOHNSON: Ce n'est plus de la nouvelle. Ce n'est plus de la
planification. C'est du cui-slnage de nouvelle autrement, et c'est là le
grand danger qui guette l'Office.
M. le Président, est-il nécessaire de vous donner bien des
preuves? Le ministre dit: « On veut être objectif. Ils ont les
instructions d'être objectifs. » J'ai ici sous la main une annonce
parue dans un périodique, ou une publication du bureau central des Clubs
4-H, Québec, « Notre monde 4-Il », février 1964. Une
annonce signée, libellée ainsi, il y a évidemment
l'écusson de la province: « Message du ministre de la Jeunesse:
mobilisation des énergies. » Et c'est signé:
Paul-Gérin-Lajoie.
Alors écoutez-moi comme on peut être objectif, et comment
on peut oublier qu'on est libéral, quand on parle uniquement comme
ministre. « Depuis quelques années, le gouvernement s'est
appliqué à forger les rouages d'une administration moderne
adoptée aux besoins d'aujourd'hui, et capable d'amener le Québec
à l'épanouissement. La plupart de ces mécanismes sont ou
seront bientôt en place, Société générale de
financement, caisse de retraite, conseil d'orientation économique,
aménagement rural, assurance-hospitalisation, code de travail et le
reste. En éducation également après des mois de discussion
et d'étude, le gouvernement possède aujourd'hui l'instrument
d'une réforme en profondeur. Nous sommes donc à pied d'oeuvre et
c'est maintenant qu'il va falloir travailler intensément. Que ceux qui
croient que tous nos problèmes sont désormais résolus se
détrompent, la révolution tranquille du Québec ne fait que
commencer et elle deviendra de plus en plus exigeante. Dans la mobilisation de
toutes les énergies qui va devenir nécessaire il faut que les
jeunes soient à l'avant-garde. C'est pourquoi je les exhorte à
profiter pleinement des outils que nous forgeons actuellement à leur
intention, notamment dans le secteur de l'éducation. Qu'ils
acquièrent la meilleure formation possible, qu'ils apportent au grand
oeuvre tout l'enthousiasme de leur âge.
La tâche est exigeante mais demain ils pourront se glorifier
d'avoir bâti un Québec à la mesure des besoins et des
aspirations de son peuple. »
Paul Gérin-Lajoie.
M. le Président, il y a de ces paragraphes qui sont sortis
directement des discours de la campagne de 1962, directement.
M. HEBERT: C'est la vérité.
M. JOHNSON: Les grandes réalisations du parti libéral,
société générale de financement, caisse de
retraite, conseil d'orientation économique, aménagement
régional, assurance-hospitalisation, code du travail et le reste.
On parle de révolution tranquille, des thèmes
électoraux, strictement électoraux. Et ça c'est dans une
annonce payée par les contribuables sous la signature du ministre Paul
Gérin-Lajoie. Et c'est censé être passé par le
service dont le ministre nous dit qu'il a les instructions d'être de
l'information, et non de la propagande. Conclusion, c'est que le gouvernement,
le service ne suit pas les instructions du ministre, ou les instructions ne
sont pas rendues chez le ministre.
Au sujet de la publicité, j'ai l'intention l'an prochain, j'en
avertis le ministre, de l'interroger surtout sur la distribution des annonces
à travers la province. Mais il y a des choses qui paraissent mal.
Journal: « L'Information, Abitibi-Est » avril 1964, volume 2, No 4.
Journal où éditorialise M. Cliche, le ministre des Terres et
Forêts. Ah, puis il ne se gêne pas, c'est son droit. C'est encore
le ministre-là. Il ne se gêne pas pour attaquer le chef de
l'Opposition. C'est son affaire. Je ne m'en plains pas. Il a un journal. Il a
des intérêts dans le journal, c'est son affaire. Mais là
où je trouve ça moins fin, et surtout tellement moins en
conformité avec ce que le ministre nous dit être ses instructions,
c'est que le ministère des Terres et Forêts a eu une belle grande
annonce avec le portrait, cette fois-ci, du ministre. Tantôt c'est le
politicien, mais là c'est le ministre. Quand c'est le politicien, lui il
paie pour faire vivre son journal probablement comme tous ceux qui en ont un.
Mais quand c'est le ministre, bien c'est la province qui paie. De sorte que
celui qui est propriétaire du journal et qui doit payer les
déficits, a des déficits moins gros à payer parce qu'il a
parlé à celui qui est ministre, et le ministre a vu à ce
que les contribuables mettent une annonce dans le journal. C'est, on prend dans
la poche du ministre...
M. ARSENAULT: Si le chef de l'Opposition me permet juste un mot...
M. JOHNSON: ... l'argent des contribuables, pour le mettre dans la poche
du ministre propriétaire du journal.
M. ARSENAULT: Cette annonce n'a jamais été payée,
ni par le ministère des Terres et Forêts, ni par le
Secrétariat. C'est une annonce qui a été publiée
tout simplement par le journal mais qui n'a pas été payée
par le gouvernement.
M. JOHNSON: C'est donc la matrice que j'ai vue dans d'autres journaux
qui n'ont pas l'habitude de publier des annonces pour rien. Même
disposition, écusson de la province, même cadrage.
M. ARSENAULT: C'est possible, mais je suis sûr...
M. JOHNSON: C'est formidable comme cela ressemble à une annonce
qui a paru dans le journal le « Devoir », où l'on n'a pas
l'habitude de donner des annonces pour rien, dans le « Devoir ». Je
ne pense pas. Alors, M. le Président, il faudrait...
M. ARSENAULT: Non, cette annonce-là, le ministre des Terres et
forêts s'en vient justement...
M. JOHNSON: Oui, je crois qu'il s'en vient.
M. ARSENAULT: J'en ai entendu parler de ça, et je
prévoyais cette question-là, je m'en suis informé
auprès du ministre des Terres et Forets qui m'a affirmé que ni
son ministère ni le Secrétariat de la province...
M. JOHNSON: Du moment que le ministre est revenu, je voudrais
répéter. Je n'ai pas à relire les débats, la
transcription. J'ai ici un journal. Sous l'angle de la distribution des
annonces, je demandais des explications au ministre relativement à une
annonce parue dans un journal qui s'appelle « L'information Abitibi-Est
» dont on me dit que c'est le journal du ministre ou dans lequel il y
aurait certains intérêts, en tout cas, du journal dans lequel le
ministre écrit des éditoriaux et ne se gêne pas pour
attaquer le chef de l'Opposition: c'est de son affaire, il a le droit, je ne me
plains pas. Mais, ce dont je me plains, c'est que la même personne
prendrait de l'argent des contribuables et ferait payer des annonces
impressionnantes.
M. CLICHE: Premièrement, ce n'est pas mon journal. C'est le
journal de l'organisation libérale du comté, dans lequel
j'écris des éditoriaux. J'ai discuté, lors d'un
éditorial, de l'attitude que prenait le chef de l'Opposition à
l'endroit du comté que je représente. Pas une discussion
injuste...
M. JOHNSON: J'aimerais mieux ne pas entrer là-dedans.
M. CLICHE: ... mais j'ai discuté d'ailleurs, j'avais
soutenu le même point de vue en Chambre à un moment donné,
lorsque le chef de l'Opposition, à cette occasion-là et à
d'autres reprises, avait maintenu que les octrois que nous recevions, les
subventions, les sommes alloués au comté pour travaux de
colonisation étaient excessifs par rapport au reste de la province.
C'est ce que j'ai commenté dans un éditorial que j'ai
signé moi-même et je maintiens ce que j'ai écrit
là.
Quant à l'annonce qui a paru, c'est à mon insu.
Evidemment, sans aucune autorisation soit du ministère des Terres et
Forêts ou soit du secrétaire de la province et, évidemment,
sans qu'aucune facture n'ait été envoyée, ou aucun compte
n'ait été envoyé par la suite au gouvernement en
général ou soit au secrétaire de la province ou au
ministère des Terre et Forêts.
Comme je suis ministre des Terres et Forêts, l'organisation
libérale du comté a pensé que le message devait passer
dans le journal. Les message a été publié gratuitement par
le journal
M. JOHNSON: M. le Président, je prends la parole du ministre,
mais je demande au secrétaire de la province: est-ce que ce n'est pas la
matrice...
M. CLICHE: L'explication est très simple à ce
sujet-là. L'annonce a été publiée dans la
région, dans les hebdomadaires de la région et les journaux sont
tous publiés par la même imprimerie, l'imprimerie « Le Bon
Fonds Limitée » et c'était déjà
composé. On s'est servi de la « mat » et on l'a
appliquée sur le journal en question, à mon insu et
gratuitement.
M. JOHNSON: Il serait temps que l'Association libérale du
comté soit avertie qu'elle ne peut pas, à l'insu du ministre
insérer des annonces, mettre sa signature...
M. CLICHE: Gratuitement, c'est de l'information à la
population.
M. JOHNSON: Quand au fond de l'article, je ne veux pas entrer dans un
débat avec le ministre, mais je dirai que le ministre a fait une erreur
grossière dans son éditorial au deuxième paragraphe:
« Le chef de l'Opposition écrivait le ministre
critiquait comme à l'habitude la politique du gouvernement et se
plaisait à dire
que notre comté et celui d'Abitibi-Ouest recevaient trop et que
ces deux comtés avalaient le budget du ministère. »
M. CLICHE: C'est ça!
M. JOHNSON: Je n'ai jamais dit que ces comtés-là
recevaient trop. J'ai dit que les autres n'en recevaient pas assez. Mais la
meilleure manière d'établir si, oui ou non,...
M. CLICHE: Les autre n'en recevaient pas assez parce que nous en
recevions trop. C'était la prétention du chef de
l'Opposition.
M. JOHNSON: Non, non!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. JOHNSON: Le ministre est assez intelligent pour connaître la
différence entre les deux. Quand on a $1 à dépenser et
puis qu'on met $0.90 à la même place et qu'on en laisse crever
$0.10 autres, il y a de deux choses l'une: ou on ne vote pas assez d'argent ou
on distribue mal l'argent qu'on a voté.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté?
M. JOHNSON: En passant, M. le Président, un autre exemple pour le
moment, et ce n'est que trois exemples sur une série que j'aurais pu
apporter, ce sont les annonces dans un supplément du journal « Le
Devoir ». Qu'est-ce que ça doit coûter, ça, au
gouvernement de la province de remplir à pleine page les journaux avec
des annonces! Vous voyez les annonces, M. le Président? Et vous voyez
l'objectivité...
M. ARSENAULT: Quelle date?
M. JOHNSON: 11 juin 1964, « Le Devoir », page 32: le
ministère des Richesses naturelles, l'écusson de la province.
Voici le texte bien objectif. M. le Président: « L'exploitation et
l'utilisation des richesses naturelles du Québec, principalement
l'hydro-électricité et les ressources minérales au
bénéfice de notre population, a toujours été la
préoccupation primordiale du ministère que « je »
dirige. « Maintenant que l'hydro électricité peut jouer son
rôle de force motrice dans notre économie et conformément
à la politique du présent gouvernement, le ministère des
Richesses naturelles oriente ses études sur la mise en valeur,
l'exploitation et la transformation de nos richesses naturelles. René
Lévesque, ministre. »
M. le Président, je crois que ma mémoire me sert
très bien, le ministre ne pourra retracer aucune annonce avant 1960
rédigées en style direct avec le « je » du ministre
et le gouvernement ne peut relever aucune annonce publiée avec les fonds
des contribuables avant 1960 où il y avait une apologie aussi
indiscrète que celle que j'ai lue tantôt sous la signature du
ministre de la Jeunesse.
Objectivité d'une information? On se limite à
l'information et on évite la propagande. La population jugera. Et
puisque ça peut détendre un peu M. le Président et prouver
en même temps mon point, je dirai au ministre que en autant que possible,
il devrait surveiller la rédaction de certaines annonces qui portent un
peu au ridicule. Je vous lis seulement une annonce en vers,
celle-là...
M. ARSENAULT: Cela nous arrive des ministères, ces
textes-là.
M. JOHNSON: En?
M. BELLEMARE: Vous avez un Office de publicité pour voir à
ça pour contrôler.
M. JOHNSON: Des torrents et des mines. M. le Président je
voudrais avoir l'apparence du député de Québec-Est pour
lire de la poésie. J'ai envie de lui demander de me lire ça!
Ecoutez-moi ça, de la belle poésie, c'est dans une annonce
payée ça. Cela c'est payé par les contribuables; «
Ainsi que l'oeil humain sait capter la lumière,
Le peuple du Québec a su capter ses eaux.
Les torrents maîtrisés font jaillir de la terre.
Ses richesses minières, son or, tous ses métaux.
C'est beau M. le Président, Oui, c'est beau, c'est touchant.
Force jaillissante, dispensatrice d'énergie électrique, eau qui
donne la vie à l'or, à l'argent, au zinc, au fer, au plomb,
rencontre de deux forces de notre économie, la richesse immobile dans
ces galeries souterraines est sortie de sa gangue sous la poussée de
cette puissance impalpable et bienfaitrice, la force hydro
électrique.
M. GOSSELIN: Avez-vous son adresse à cet auteur là?
M. JOHNSON: M. le Président, les prochaines strophes, je ne suis
pas tellement opposé à ce qu'on les ait publiées,
même si la rime n'est pas toujours riche et la cadence
réguliè-
re, parce que en somme c'est une apologie des oeuvres de l'Union
nationale: « Beauharnois, Bersimis, Carillon, Manicouagan, noms des
grands barrages de l'Hydro Québec d'où nait la prodigieuse
puissance de l'énergie électrique...
M. BERTRAND (Missisquoi): Un soir au fond des bois...
M. JOHNSON: « Murdockville...
M. BERTRAND (Missisquoi): Un soir au fond des bois.
M. JOHNSON: « Murdockville, Rouyn-Noranda, Chibougamau, Matagami,
noms des villes minières du Québec, sous-sol regorgeant de
précieux métaux, terre pétrie de richesses dormantes mines
que l'énergie électrique aide à devenir, force hydro
électrique, clé colossale qui ouvre à notre monde les
portes d'un gigantesque progrès. Développement minier,
énergie électrique, deux forces alliées
inséparables, la richesse de l'une se réalisant sous l'impulsion
de la puissance qui se nomme chez nous HydroQuébec.
M. le Président...
M. BELLEMARE: $700 pour la page.
M. JOHNSON: $700 mettez en, c'est probablement $1,000.
UNE VOIX: Combien?
M. JOHNSON: Ce n'est peut-être pas la responsabilité, ce
n'est peut-être pas encore coordonné, dis-je la
reponsabilité du ministère, mais je pense qu'il y a un peu
d'intempérance dans les annonces, dans le coût des annonces,
l'argent des contribuables. Je pense qu'on y va un peu fort. A tout bout de
champ, on lit des sections spéciales de grands journaux, de grandes
publications remplies d'annonces qui paraissent venir du gouvernement où
de ses organismes, qui viennent du gouvernement et de ses organismes.
Je ne sais pas pour quel montant, je n'ai pas le temps aujourd'hui de
poser une foule de questions. Comme je l'ai dit tantôt, ces questions
viendront l'an prochain si le ministre voulait bien avectir son personnel en
conséquence. On sait que c'est un travail assez considérable.
Propagande, information, je veux croire le ministre quand il parle, des
instructions qu'il a données d'éviter de tomber dans la
propagande lorsqu'on fait de l'information. Mais, la meilleure propagande est
quelquefois de l'information bien faite. La méthode la plus subtile de
faire de la propagande c'est de ne pas paraître en faire, et quand on
donne, un ramassis de divers journaux sur un événement, le triage
peut être l'occasion de tripotage de l'opinion et de l'information. Le
triage est dangereux et il doit être fait par des hommes imbus d'un grand
sens de l'objectivité. Je ne dois pas M. le Président...
M. ARSENAULT: Non, non, mais est-ce que je peux juste poser une
question. Est-ce que le chef de l'Opposition a dans l'idée notre revue
de presse?
M. JOHNSON: Oui. oui.
M. ARSENAULT: C'est parce que elle n'est envoyé qu'aux
députés et aux chefs des ministères. C'est tout. C'est une
revue de presse qui ne va pas à l'extérieur.
M. JOHNSON: Je remercie le ministre, d'abord, je le remercie de nous
faire parvenir ces documents et c'est là mon dernier point. Comment
voulez-vous que la partie soit égale quand le gouvernement se fait voter
un million et demi, quand divers organismes, diverses corporations de la
Couronne dépensent des millions de dollars en publicité et que
l'Opposition est munie de clavigraphes seulement. L'Opposition n'a même
pas une machine duplicatrice fournie par le gouvernement, il faut que nous nous
arrangions pour les acheter nous-mêmes, à même les fonds que
nous recueillons.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'a n'a pas de sens.
M. JOHNSON: Nous sommes limités dans la consommation du papier,
à des quantités illimitées pour deux occasions: les
discours sur le Budget et le discours sur l'Adresse. Nous sommes limités
en ce sens que le gouvernement refuse de nous fournir des stencils, de l'encre
à duplicata. Nous devons acheter le papier à duplicateur, sauf
dans deux occasions mentionnées tantôt, nous devons payer, trouver
les moyens de payer nous-mêmes le papier à photocopie, le prix des
acides, ce qui dans une année, même avec des moyens, même
avec une propagande très restreinte, nous coûte des centaines de
dollars, et sans parler de tous les messages...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que le chef de l'Opposition me
permettrait, si réellement il n'a pas à sa disposition les
machines et le papier dont il vient de parler, je lui de-
manderais d'attirer mon attention et je verrai le président de la
Chambre.
M. JOHNSON: Je remercie le premier ministre.
M. LESAGE: Ce n'est pas le secrétaire de la province qui peut le
fournir, c'est la Législature.
M. JOHNSON: Oui, mais je parle en relations...
M. LESAGE: Oui, j'ai très bien compris. Si lechef de l'Opposition
a des plaintes à faire j'aimerais qu'il attire mon attention par
écrit.
M. JOHNSON: C'est bien. Je remercie le premier ministre et je verrai
à lui faire parvenir on va le laisser faire son voyage un
mémoire de la situation telle qu'elle est, de la situation telle que
nous voudrions la voir, dans les limites raisonnables. Nous admettons qu'il y a
eu, quant au personnel de l'Opposition, qu'il y a eu de grandes
améliorations, et je dois le dire publiquement.
M. LESAGE: Je n'ai pas parlé du passé, M. le
Président.
M. JOHNSON: Non, non, je le dis, les Anglais disent: « Give the
devil his dues ».
M. LESAGE: Tout de même!
M. JOHNSON: « Rendez à César ce qui revient à
César », rendez à Alexandre ce qui revient à
Alexandre et rendez à Jean ce qui revient à Jean. M. le
Président j'admet qu'il y a eu...
M. LESAGE: Mon père a toujours eu une expression que j'ai
trouvée intéressante...
M. BELLEMARE: Suave.
M. LESAGE: Suave oui, « Rendez à César ce qui
appartient àBenjamin», pensez-y comme il faut.
M. BERTRAND (Missisquoi): Partagez.
M. JOHNSON: M. le Président, je reconnais donc qu'il y a eu du
progrès, mais que nous sommes donc limités quand nous
considérons toutes les armes qu'a le gouvernement en main, dont
l'utilisation pourrait être volontairement ou involontairement
dirigée en faveur du parti dans une très forte proportion, sans
que nous puissions rien y faire. Alors, c'est là l'inégali-
té des forces en présence. Et en terminant, je voudrais attirer
l'attention du ministre sur un moyen d'aider beaucoup à l'information
objective et d'une manière plus efficace que par son office
d'information. C'est de favoriser la diffusion par les moyens ordinaires,
c'est-à-dire, par la radio, la TV et les journaux.
Il faudrait, à mon sens, le plus tôt possible, donner des
facilités à la TV et à la radio, d'enregistrer et de
filmer. M. Sauvé avait commencé à faire aménager
une salle et elle n'a pas..., le gouvernement a changé et ce plan a
été mis de côté, et on devrait donner aux journaux
plus de facilité aux journalistes, aux membres de la Galerie de la
presse, plus de facilité, plus de locaux et il y a une chose que
j'aurais aimé faire, je dévoile mes plans en public, si nous
avions eu la faveur de l'électorat, au mois de novembre 1960, la
première chose que je faisais, M. le Président, c'était
une bibliothèque un centre de documentation au service des journalistes
de la Galerie de la presse...
M. LESAGE: Ils l'ont.
M. JOHNSON: ... avec un ou deux préposés ou l'accès
à telle chose, mais avec un ou deux préposés à la
recherche. On demande l'impossible aux journalistes. Je le réalise
aujourd'hui. Quelques fois on est injuste, mais ils sont obligés,
après que nous avons jasé pendant toute une journée, et
Dieu sait que c'est fatiguant de se relire des fois, ils sont obligés de
relire tout ça, et essayer de digérer et de réduire
ça, et manquant de notre expérience et de nos connaissances en
législation, il faudrait normalement qu'ils puissent faire des
recherches, voir quelle a été la loi originaire, quelles ont
été les amendements, dans quel sens tel gouvernement a
amendé la loi et tel autre l'a réamendée. Ils n'ont pas le
temps de faire ça, et même s'ils avaient le temps, ils n'ont
peut-être pas la préparation. Pour certains d'entre eux, il me
semble que la solution, l'une des contributions, dis-je, à une plus
grande information, à une meilleure information objective, ce sont de
meilleurs facilités pour la radio et la TV et de meilleures
facilités de recherches et de meilleurs locaux pour tous les
préposés, tous les mandatés auprès de la tribune de
la presse.
M. BELLEMARE: M. le Président, je fais une remarque, une
dernière remarque pour attirer l'attention du ministre sur un document
qui nous est remis aux députés, qui a bien mauvaise
publicité dans la province parce que d'abord, les indications, ça
nous provient du
ministère de l'Agriculture et de la Colonisation. En premier
lieu, c'est une mauvaise couleur, une couleur de deuil, deuxièmement, on
photographie le parlement, et en-dessous on marque: « Mesure d'assistance
». Je trouve que ce n'est pas un terme qui est choisi dans la
correspondance qui est envoyée pour dire qu'on a des mesures
d'assistance, de secours direct, des mesures d'assistance qu'on a pour les
cultivateurs, on pose le parlement, puis on imprime: « Mesure
d'assistance », je trouve que c'est un non sens, que le papier du
ministère de la Colonisation soit intitulé: «
Ministère de l'Agriculture et de la Colonisation », j'en suis,
mais qu'on ne dépeigne pas sur une lettre circulaire, même une
lettre du ministère, le parlement de Québec avec « mesure
d'assistance ». Je trouve que...
M. LESAGE: Je demande au secrétaire de la province d'attirer
l'attention du ministre de l'Agriculture sur ce point.
M. ARSENAULT: Oui, parce que si nous nous occupons de polygraphie, nous
ne censurons pas...
M. LESAGE: Non, non, je comprends. M. BELLEMARE: Mais c'est...
M. ARSENAULT: Je le dirai avec plaisir au ministre de l'Agriculture.
M. BELLEMARE: Franchement, ce n'est pas de bon goût. Que le
ministère ait sa publicité, très bien, comme tous les
autres ministères, avec le sceau de la province, ministère de la
Colonisation et de l'Agriculture, très bien, mais qu'on aille leur
faire, ça ressemble à une carte mortuaire...
M. ARSENAULT: C'est le parlement, le soir, c'est pour ça
que...
M. BELLEMARE: Comment?
M. ARSENAULT: C'est le parlement photographié le soir.
M. BELLEMARE: Mais les cultivateurs l'ont vu dans le jour.
M. LE PRESIDENT: Article 5 adopté? Article 6: « Service de
traduction ».
M. BELLEMARE: C'est nouveau, ça, M. le Président, $50,000
pour le service de traduction?
M. ARSENAULT: Oui.
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est le service de traduction pour tous les
ministres ou bien...
M. ARSENAULT: Tous les ministères.
M. BELLEMARE: Alors les discours qui vont être fait ici en Chambre
vont tous être traduits?
M. ARSENAULT: Mais non.
M. BELLEMARE: Parce qu'il y en a qu'on ne comprend pas.
M. ARSENAULT: Cela c'est un service de traduction à la
disposition...
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7: « Conciliation entre
locataires et propriétaires ».
M. BELLEMARE: Combien a coûté le rapport de l'enquête
ordonnée par le ministère sur la situation du logement dans les
cités de Montréal, de Québec, de Verdun, de Sherbrooke, de
St-Michel, de Trois-Rivières, de Hull, de Lachine, de Outremont et de
Westmount? Document qui a été produit en 1963 et signé
par, le 1er mai,...
M. ARSENAULT: Ces rapports-là ont été
effectués par nos employés, par les employés de la
Régie, et ça n'a rien coûté autre que les frais de
voyages.
M. BELLEMARE: M. le Président, je ne veux pas chicaner le
ministre, mais je vois dans ce document que j'ai parcouru assez rapidement,
mais qui est fort intéressant, il y a là une faute de statistique
fort intéressante, mais M. le Président, je crois que cette
enquête a été menée par les membres de la
Régie, qui sont le président, M. Ross, par M. Mongrain qui
était dans le temps un commissaire...
M. ARSENAULT: Quelle enquête? Trois-Rivières?
M. BELLEMARE: Pardon, c'est marqué de Trois-Rivières,
oui.
M. ARSENAULT: Celle de Québec? M. BELLEMARE:
Trois-Rivières. M. ARSENAULT: Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: M. Prévost et M. Kierans. M. ARSENAULT: Oui. M.
BELLEMARE: M. J.-P. Emmett... M. ARSENAULT: Emmett Kierans, oui.
M. BELLEMARE: Alors, M. le Président, je pense, ce rapport, le
ministre peut nous dire combien il a coûté à la province
parce qu'il y a sûrement des documents qui sont bien intéressants,
mais je pense que si on regarde toute la production de ce document, c'est un
document qui a dû être dispendieux, alors, il a été
déposé ici, au Secrétariat de la province, en
décembre 1963.
M. ARSENAULT: Décembre 1963, oui.
M. BELLEMARE: C'est-à-dire qu'il a dû passer sur l'exercice
financier qui se termine.
M. ARSENAULT: Oui. Je le répète, M. le Président,
ce rapport n'a rien coûté parce qu'il a été
effectué par nos employés, en collaboration je crois avec les
officiers de la cité de Québec et de tous les membres de la
Commission qui avaient été nommés, par la ville de
Québec pour enquêter sur la situation du logement, et si je me
souviens bien aussi des représentants de l'Université Laval qui
s'étaient occupés, des sociologues de l'Université Laval
qui s'étaient occupés de cette question, et le seul coût
qui est imputable à la confection de ce rapport, ce sont les
dépenses de voyages qui ont pu être occasionnées à
ce sujet-là.
M. BELLEMARE: M. le Président, Ross a encore $16,000?
M. ARSENAULT: Oui, $16,000, mais il a son salaire de juge.
M. BELLEMARE: M. Kierans, $9,000?
M. ARSENAULT: C'est ça.
M. BELLEMARE: C'est le même prix.
M. ARSENAULT: Kierans n'a pas été augmenté.
M. BELLEMARE: Il n'a pas été augmenté.
M. ARSENAULT: Les indemnités n'ont pas été
augmentées.
M. BELLEMARE: M. Mongrain a reçu $5,625...
M. ARSENAULT: M. Mongrain n'est pas...
M. BELLEMARE: ... parce que lui, M. Mongrain c'est l'année qu'il
a terminée.
M. ARSENAULT: Il n'a pas été remplace. Il n'a pas
été remplacé.
M. BELLEMARE: Il est irremplaçable.
Combien maintenant, M. le Président, y a-t-il dans la province de
municipalités qui, actuellement, sont sous le contrôle de la
Commission de la conciliation des locataires et des propriétaires?
c'est-à-dire appelée communément la Commission des...
M. ARSENAULT: Toutes les municipalités en haut de 10,000 de
population.
M. BELLEMARE: Non, il y a un certain nombre de municipalités qui
ont demandé leur retrait.
M. ARSENAULT: Le député de Champlain veut savoir combien
il y a de municipalités...?
M. BELLEMARE: Qui se sont retirées en vertu de la loi, qui ont
donné des avis et qui se sont retirées du contrôle de la
Régie des loyers?
M. ARSENEAULT: Bien, il n'y en a pas. M. BELLEMARE: Ah, oui, oui. J'en
suis sûr.
M. ARSENAULT: Il n'y en a pas. Toutes celles en bas de 10,000 ont
été automatiquement retirées. Alors, il n'y en a
pas...
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre est au courant qu'il
s'agit d'une résolution du Conseil adressée au ministère
des Affaires municipales pour de désister du contrôle de la
Régie des loyers...
M. ARSENAULT: Il y en a une, je me souviens, qui nous a fait parvenir sa
demande, c'est celle de Drummondville, mais nous n'y avons pas donné
suite parce que nous avons fait une enquête, là, à
Drummondville et l'enquête révèle...
M. RUSSELL: Granby?
M. ARSENAULT: Granby ne s'est pas retirée.
M. RUSSELL: Elle ne s'est pas retirée?
M. ARSENAULT: Nous n'avons pas eu de demande. A ma connaissance, depuis
que je suis au secrétariat, il n'y a que la ville de Drummondville qui a
fait une demande...
M. BELLEMARE: Ils ont fermé le bureau puis ils ont attaché
ça à Montréal?
M. ARSENAULT: Oui. La loi s'applique à Granby.
M. RUSSELL: Elle s'applique?
M. ARSENAULT: Elle s'applique à Granby, oui. Il y a 69
municipalités où s'applique la loi de la Régie, plus cinq
villages, qui sont dans des banlieues de villes.
M. RUSSELL: Si je comprends bien, quelqu'un qui a une plainte de Granby
s'adresse au bureau de Montréal? On n'a plus personne à Granby
qui s'occupe de ça du tout? C'est Montréal qui s'occupe de la
cité de Granby?
M. ARSENAULT: Oui, oui. C'est surtout au bureau de Montréal.
Maintenant, si la municipalité fait une demande, nous la soumettons
à la Commission des loyers qui étudie le cas et fait sa
recommandation et, évidemment, c'est le Conseil des ministres qui
décide.
M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. BELLEMARE: M. le Président, qu'est-ce qu'il est advenu de la
ville de Québec-Ouest, du cas particulier de la ville de
Québec-Ouest?
M. ARSENAULT: La ville de Québec-Ouest est régie par la
Commission des loyers.
M. BELLEMARE: Oui, mais la ville de Québec-Ouest, M. le
Président, à la suite d'une résolution du 12 mars 1962,
avait demandé au secrétariat de la province par une requête
l'abolition de la loi dans son territoire et, le 30 mai 1962, le
Secrétariat de la province, par l'intermédiaire de la
Régie des loyers, a ordonné une enquête pour savoir si
c'était réellement possible et si ça devait se faire.
Après enquête, la Commission a décidé que la
requête soit rejetée et la ville de Québec-Ouest s'est
présentée de nouveau devant le secrétaire de la province
le 17 décembre 1962 et elle a demandé encore d'être
soustraite à l'application de la loi. Le secrétaire de la
province a ordonné, à ce moment-là, une nouvelle
enquête par la Régie des loyers et, encore là, on a rendu
une décision, je pense, c'est le 8 mars 1963, la Commission, le
secrétaire de la province a rendu une décision qu'elle ne pouvait
pas être soustraite malgré qu'il y ait eu deux fois des
requêtes, deux fois des résolutions.
Quel est le problème? La loi dit que lorsqu'une
municipalité, par son Conseil municipal, demande au secrétaire de
la province d'être soustraite à l'application de la loi, ça
doit être automatique, sauf des cas excessivement spéciaux qui
sont prévus par quelques articles et où le ministre demande
à la Commission de faire enquête. Mais qu'y a-t-il, dans ce
cas-là particulier, est-ce qu'il y a un surpeuplement? Sont-ce des
aventuriers en construction qui ont demandé le retrait? Mais ça
ne peut pas les toucher, parce que la loi ne s'applique pas aux tout nouveaux
logements depuis 1952. Alors je me demande pour quelle raison le
secrétaire de la province ne veuille pas donner suite à ces deux
résolutions, une du 12 mars 1962 et l'autre du 17 décembre
1962?
M. ARSENAULT: M. le Président, ça, c'est avant mon temps,
avant que je sois secrétaire de la province, mais je suis sûr que
la question a dû être soumise dans le temps au Conseil des
ministres.
M. BELLEMARE: Pardon?
M. ARSENAULT: La question a certainement été soumise au
Conseil des ministres pour acceptation, pour étude. Et il arrive, je
n'ai pas le cas à la. mémoire, je ne sais pas si le cas
s'applique ici, mais il arrive que certains conseils municipaux sont
composés uniquement, ou presque uniquement, de propriétaires qui,
eux, ont intérêt à ce que...
M. BELLEMARE: Cela ne peut pas êtreau-trement.
M. ARSENAULT: Bien,...
M. BELLEMARE: Qu'il y ait des locataires qui soient échevins? qui
soient conseillers?
M. ARSENAULT: Oui, il y a certains...
M. BELLEMARE: A la ville... Ils sont propriétaires
-locataires?
M. ARSENAULT: Il peut y avoir des propriétaires qui
représentent les locataires.
M. BELLEMARE: Qui représentent les propriétaires. Dans les
cités et villes ordinaires, sauf...
M. ARSENAULT: D'ailleurs Québec-Ouest, je crois, est une ville
qui est sous la tutelle de la Commission municipale.
M. BELLEMARE: Québec-Ouest?
M. ARSENAULT: Québec-Ouest, oui, sous la tutelle de la Commission
municipale.
M. BELLEMARE: Je pense, M. le Président que la Commission
municipale a honoré ses obligations en 1956, que la Commission
municipale a honoré ses obligations...
M. ARSENAULT: Elle est encore sous la tutelle de la Commission
municipale.
M. BELLEMARE: Je ne l'affirme pas.
M. ARSENAULT: Oui, oui. Je crois que le cas a dû être
référé à la Commission municipale parce que
Québec-Ouest est sous la tutelle de la Commission.
M. BELLEMARE: C'est peut-être la meilleure raison que le ministre
peut me donner pour m'embêter, je n'ai pas vérifié.
M. ARSENAULT: C'est une raison comme une autre.
M. BELLEMARE: Je sais qu'en 1956 la Commission municipale a
honoré ses obligations, parce qu'elle était en faillite depuis 20
ans.
M. ARSENAULT: Probablement. C'est une aussi bonne raison.
M. BELLEMARE: C'est peut-être la bonne raison. Alors le ministre a
un bon goût.
M. ARSENAULT: Cela peut-être celle-là.
M. BELLEMARE: D'accord.
M. LE PRESIDENT: Article adopté.
M. BELLEMARE: Juste un instant, M. le Président. Cela ne sera pas
long. La région de Trois-Rivières fait partie, si je lis bien les
notes qui sont données dans le rapport de l'année, la
région de Trois-Rivières fait partie,...
M. ARSENAULT: Trois-Rivières, Cap-de-la-Madeleine et Louiseville,
sauf la ville de Nicolet.
M. BELLEMARE: ... oui, font partie de Trois-Rivières.
M. ARSENAULT: Font partie de Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: Région de Québec.
M. ARSENAULT: La région de Québec, il y a
Québec-Est...
M. BELLEMARE: Alma, Drummondville, Québec, Rimouski,
Rivière-du-Loup, Shawinigan et Trois-Rivières. Dans la
région de Montréal nous avons fermé le dossier de ville
Jacques-Cartier...
M. ARSENAULT: Ils sont administrés par Québec, oui,
oui.
M. BELLEMARE: ... dans la région de Baie-Comeau et de Montmagny.
Alors le Cap-de-la-Madeleine fait partie de Trois-Rivières.
M. ARSENAULT: Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: Est-ce qu'il y a un sous-bureau là?
M. ARSENAULT: Ainsi que Louiseville, sauf la ville de Nicolet. C'est le
bureau de Trois-Rivières.
M. BELLEMARE: Il y a un bureau à Trois-Rivières
encore.
M. ARSENAULT: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Combien y a-t-il dans Trois-Rivières
maintenant...
M. ARSENAULT: D'employés? M. BELLEMARE: ... d'employés? M.
ARSENAULT: Cinq.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre pourrait me les nommer?
M. ARSENAULT: Oui, je crois que nous avons nommé récemment
au bureau de Trois-Rivières. Au bureau de Trois-Rivières il y a
M. Jules Provencher, Pierre Garceau...
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est l'avocat ça?
M. ARSENAULT: Il est administrateur, lui, oui.
M. BELLEMARE: C'est l'avocat, M. Provencher, ça.
M. ARSENAULT: Oui il a été nommé, à $5,000,
il y a Pierre Garceau.
M. BELLEMARE: $5,000 Pierre Garceau. M. ARSENAULT: Pierre Garceau
$3,000.
M. BELLEMARE: Pierre Garceau ça c'est l'associé du...
M. ARSENAULT: Assistant-administrateur.
M. BELLEMARE: Combien a-t-il?
M. ARSENAULT: $3,000.
M. BELLEMARE: Administrateur, $3,000.
M. ARSENAULT: Robert Jacob, enquêteur...
M. BELLEMARE: Robert Jacob?
M. ARSENAULT: $3,000 également, enquêteur-évaluateur
et commis d'information.
M. BELLEMARE: Qu'est-ce qu'il est lui?
M. ARSENAULT: Il est enquêteur-évaluateur et commis
d'information.
M. BELLEMARE: Bien. Ensuite?
M. ARSENAULT: $3,000. Martial Martin, $3,000 même poste,
enquêteur-évaluateur et commis d'information.
M. BELLEMARE: $3,000. M. ARSENAULT: $3,000. M. BELLEMARE: Très
bien.
M. ARSENAULT: Mme Gérard Couture,
sténo-dactylographe...
M. BELLEMARE: Mme Gérard Couture. M. ARSENAULT: ... à
$2,700.
M. BELLEMARE: Combien la madame. M. BERTRAND (Missisquoi): $2,700.
M. ARSENAULT: $2,700 Mme Gérard Couture.
M. BELLEMARE: Bon, pour moi je n'ai pas d'autre chose.
M. ARSENAULT: Or, Mme Gérard Couture a été
augmentée récemment, elle n'avait que $2,200 jusqu'à ces
derniers mois, et puis elle a été augmentée.
M. BELLEMARE: Non, ce que je constate c'est qu'il n'y a pas un
représentant du Cap-de-la-Madeleine du comté de Champlain, pas
un.
M. ARSENAULT: Du Cap-de-la-Madeleine? M. BELLEMARE: Ce n'est
pasjuste.
M. LE PRESIDENT: Article 7 adopté. Article 8.
M. ARSENAULT: Je ne connais pas ces gens-là. Est-ce qu'ils sont
tous de Trois-Rivières? Ils sont tous de Trois-Rivières?
M. BELLEMARE: Oui.
M. DOZOIS: M. le Président, au rapport annuel du
secrétariat de la province, à la page 13, il y a un bref rapport
de la Commission des valeurs mobilières. On peut lire, « quant aux
plaintes qui ont été portées en vertu de la loi des
valeurs mobilières, paragraphe B, 22 plaintes furent portées
contre 11 individus ou corporations sur des accusations de fraude et de
conspiration en vertu du Code criminel par suite d'une seule et même
enquête, mais aucun des accusés n'avait été encore
appréhendés à la date du 30 avril 1963. On marque entre
parenthèses (les personnes concernées, il s'agit de; « Gulf
Intercontinental Finance Corporation, Léon H. Gradsky, Harold Gradsky,
Saul M. Liberman, Milton H. Spell and Chester Maier ». Est-ce que le
ministre pourrait nous dire, vu qu'il s'est écoulé depuis cette
date, 15 ou 16 mois, si ces gens ont été arrêtés,
s'ils ont été traduits devant les tribunaux et s'ils l'ont
été quel a été le résultat des
procès?
M. ARSENAULT: Il s'agit de la commission des valeurs
mobilières?
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui.
M. ARSENAULT: Est-ce qu'on est sous cet item-là?
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui. Item 8.
M. ARSENAULT: Oui. M. le Président, franchement je n'ai pas les
renseignements demandés par l'honorable député de
St-Jacques...
M. DOZOIS: Pardon?
M. ARSENAULT: ... mais seulement il est probable que... mon
sous-ministre et sous-secrétaire vient de m'informer que ces
plaintes-là sont encore devant les cours de justice.
M. DOZOIS: Mais est-ce qu'ils ont été
appréhendés? Parce que le rapport dit qu'ils n'ont pas
été appréhendés, au 30 avril, ces gens-là
n'ont pas été appréhendés?
M. ARSENAULT: Le sous-ministre, le sous-secrétaire m'informe
qu'il n'y a pas eu d'extraditions, maintenant est-ce que le
député de St-Jacques serait satisfait, le sous-ministre, le
sous-secrétaire m'informe qu'il n'y a pas eu, dans ce cas-ci, qu'il n'y
a pas eu d'extraditions. Seulement, est-ce que le député de
St-Jacques serait satisfait si je m'engageais à lui fournir le
renseignement par lettre le plus tôt possible, je vais demander à
M. le sous-secrétaire d'obtenir toutes les informations à ce
sujet-là et de lui transmettre par correspondance.
M. DOZOIS: Maintenant, comme ce rapport en date du 30 avril 1963 et que
nous sommes rendus au 30 juillet 1964, est-ce que le ministre pourrait nous
dire s'il y a eu, depuis cette date, d'autres cas semblables de fraude, et que
des gens ont été poursuivis et des plaintes ont été
portées?
M. ARSENAULT: On m'informe que nous en avons eu au moins deux ou
trois.
M. DOZOIS: Deux ou trois?
M. ARSENAULT: Oui. Et la lettre que j'enverrai au député
de St-Jacques couvrira ces cas-là également. Evidemment, la
session sera peut-être terminée lorsqu'il recevra ma lettre.
M. DOZOIS: Je ne sais pas, M. le Président, si l'on fait de la
publicité à l'occasion de ces causes mais j'estime que ce serait
important pour la sécurité du public, car ces gens qui
opèrent en marge, ou les chevaliers d'indus- trie, j'espère qu'on
va donner une grande publicité à ces faits-là de
façon d'abord, à rassurer les gens qui font affaire avec les
maisons de courtage, et de façon de mettre à la raison,
également, les gens qui, sans scrupule, s'emparent souvent des
économies de toute une vie d'un citoyen.
Je sais que la Commission fait bien son travail. C'est une excellente
Commission. Le président, M. Désy, est un homme d'une haute
compétence mais j'estime cependant qu'il serait important que, lorsque
des cas de fraude sont découverts et qu'on donne suite à ces cas
de fraude, il devrait y avoir de la publicité de façon que les
gens sachent que telle compagnie ou telle personne qui agit dans ce milieu doit
faire face à une plainte. Il s'agit d'une question, à mon avis,
de confiance, et c'est très important, dans ce domaine de la finance,
que les gens aient confiance dans nos maisons de finance.
M. ARSENAULT: M. le Président, les sous-secrétaires de la
province viennent de m'informer que ces cas-là ont eu la plus grande
publicité possible dans la plupart des journaux et nous avons surtout
reçu la plus grande collaboration des commissions des valeurs
mobilières des autres provinces ainsi que des Etats-Unis à ce
sujet-là.
M. DOZOIS: Maintenant, cette Commission, également, a juridiction
sur les courtiers en immeuble. Le rapport donne le nombre de courtiers qui
détenaient des permis au 1er décembre 1962, non c'est
probablement le 31 mars 1963. Est-ce qu'il y a eu, dans ce domaine-là
également, des cas où des permis ont été
révoqués?
M. ARSENAULT: Il y en a eu un très grand nombre.
M. DOZOIS: Un très grand nombre?
M. ARSENAULT: Evidemment, c'est la première année
ça.
M. DOZOIS: C'est la première année?
M. ARSENAULT: Oui, dans le prochain rapport du secrétariat...
UNE VOIX: M. Dozois a demandé s'il y a eu plusieurs cas de
« révoqués? »
M. ARSENAULT: Oui, de révoqués, c'est ça. Il y en a
eu un très grand nombre de révoqués.
M. DOZOIS: Oui, pour cause?
M. ARSENAULT: C'est la réponse. Immobiliers ou mobiliers?
M. DOZOIS: Courtiers en immeuble.
M. ARSENAULT: Il y en a un très grand nombre. Nous incluons
là-dedans le grand nombre de ceux qui ont demandé un permis et
qui ne l'ont pas obtenu, précisément parce qu'ils
n'étaient pas qualités.
M. DOZOIS: Très bien. Est-ce que la Commission des valeurs
mobilières, pour exercer la surveillance nécessaire dans
l'application de cette loi, a tous les crédits qu'il lui faut pour
l'engagement d'inspecteurs, parce qu'ils doivent agir à la grandeur de
la province?
M. ARSENAULT: Au fur et à mesure...
M. DOZOIS: Je comprends que c'est une nouvelle loi mais il leur faut
sûrement un personnel nombreux si on veut que la loi soit efficace.
M. ARSENAULT: Oui, je peux dire que la Commission attache une
très grande importance à cette sphère d'activité et
qu'elle s'est efforcée en ces derniers mois de recruter le personnel
compétent pour remplir les charges. Je ne crois pas que les cadres
soient tout à fait remplis mais ils le seront le plus rapidement
possible.
M. DOZOIS: Je remarque que le crédit est inférieur
à celui de l'an dernier. L'an dernier, Il était de $263,000 et il
est réduit à $216,000. Je ne sais pas, je n'ai pas vu le
détail, je ne sais pas si c'est dans le personnel.
M. ARSENAULT: D'abord vous avez à l'item 5: « Honoraires
», vous avez $30,000 de moins, là, et il y a eu...
M. DOZOIS: Non, mais $10,500 de moins dans les traitements.
M. ARSENAULT: Oui, mais il y a eu une réorganisation assez
considérable, mais je pense que notre directeur, M. Désy, est
satisfait. Nous avons pu libérer certains membres du personnel et
réengager d'autre personnel. Et je crois que l'item « Traitements
» était suffisant pour remplir les fonctions qui sont
prévues.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8 adopté?
M. BELLEMARE: M. le Président, j'ai constaté qu'il y avait
une augmentation de $100,000.
M. ARSENAULT: Aux coopératives?
M. BELLEMARE: Au Service des coopératives. Il n'y a rien dans la
page 126...
M. ARSENAULT: Evidemment, c'est clair, le service n'existait pas, M. le
Président. Nous avons...
M. BELLEMARE: Mais, ici, il y avait un montant de $40,000 au Service des
coopératives l'an passé...
M. ARSENAULT: Oui, mais le service, l'an passé, n'existait pas.
Il n'y avait qu'un embryon...
M. BELLEMARE: Que le ministre nous dise en deux phrases ce qu'est ce
service-là!
M. ARSENAULT: Le détail, oui, à l'article 9, c'est le
Service des coopératives...
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est le service qui vient...
M. ARSENAULT: 9 (1) et 9 (2). Il y a les traitements d'abord, $65,500;
Irais de voyage, $10,000; frais de bureau, $500; matériel et articles de
bureau, $3,000; honoraires et frais d'enquête, $10,000; subventions
$15,000.
M. BELLEMARE: Qui est en charge du bureau de...?
M. ARSENAULT: C'est M. Bérubé, Léo
Bérubé.
M. BELLEMARE: Et, est-ce qu'il vient du ministère de
l'Agriculture?
M. ARSENAULT: Du Conseil de la coopération...
M. BELLEMARE: De la coopération de la province.
M. ARSENAULT: Oui. Il est très bien connu, M.
Bérubé, Léo Bérubé. C'est un expert.
Maintenant, ce service au sein de notre ministère a été
mis en oeuvre en cette dernière année.
C'est ce qui explique que le budget a dû être
augmenté considérablement.
M. BELLEMARE: 5, adopté. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté. Article 10.
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Président, juste un mot, je pense
que le ministre a, l'an dernier, donné des détails relativement
aux projets qui seront construits à l'occasion des fêtes du
centenaire de la Confédération. Est-ce que les promoteurs qui ont
l'intention de soumettre des projets doivent le faire avant une date fixe?
M. ARSENAULT: Avant le 1er août, M. le député.
M. BERTRAND (Missisquoi): Avant le 1er août de cette
année?
M. ARSENAULT: Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je n'ai pas l'intention d'en parler
longuement. Je tiens personnellement à remercier le ministre et les
membres de son comité, et les officiers de son ministère, de la
coopération qu'ils ont voulu, tous, accorder aux villes et aux
promoteurs de mon comté qui ont présenté des projets. Je
pense que dans notre région quelques-unes des petites villes ont
été vivement intéressées par ces projets qui sont
la suite d'une entente fédérale-provinciale, et qui concernent
l'exécution de projets commémoratifs du centenaire de la
Confédération du Canada.
Je voudrais, en particulier, mentionner les demandes qui ont
été formulées par Cowansville et par la cité de
Farnham, et également par une société historique du
comté de Missisquoi, de Bedford.
Je n'ai aucun doute que ces promoteurs ont su ou sauront d'ici la date
limite présenter au ministre des projets qui seront de nature à
qui répondent d'abord aux règlements du Comité du
centenaire, et des projets où le ministre verra à ce que les
montants prévus par les règlements, suivant le chiffre de la
population de chacune de ces cités, que ces montants leur soient
versés.
Je tiens à le remercier du bon accueil qu'il a fait aux
promoteurs de même qu'en certains cas, au député du
comté de Missisquoi qui les accompagnait, et je n'ai aucun doute qu'en
1967, dans chacune de ces municipalités, dans nos régions, nous
pourrons procéder à l'inau- guration d'édifices qui
marqueront le centenaire de la Confédération d'une manière
pratique et intéressante pour tout le public.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste une question, est-ce que la
cité du Cap-de-la Madeleine a fait une demande pour son centre
récréatif? Est-ce qu'elle aurait pu en faire une?
M. ARSENAULT: Oui...
M. BELLEMARE: Pour le centre récréatif?
M. ARSENAULT: Tout promoteur peut faire, évidemment une
demande...
M. BELLEMARE: Non, non, mais pour un centre récréatif?
M. ARSENAULT: Un centre récréatif de quel montant?
M. BELLEMARE: Au dessus, presque trois quarts de millions.
M. ARSENAULT: Presque le quart de million?
M. BELLEMARE: $750,000.
M. ARSENAULT: Ah non, non! M. le Président, nous avons
divisé la province en une quarantaine de régions, et nous avons
une douzaine de millions à distribuer, et les promoteurs ont jusqu'au
1er août, je crois que c'est très bientôt, et la moyenne du
montant total des demandes que nous avons reçues à date est de
$240,000. Cela veut dire que nous allons pouvoir construire une cinquante de
centres culturels, au lieu de 40 dans la province, parce que la moyenne du
coût total de chacun de ces centres, en moyenne, sera de $240,000. Nous
avons reçu des demandes de cette nature-là, des demandes de
promoteurs qui voulaient construire des choses de $1,500,000, $2,000,000,
$2,500,000, $8,000,000, $800,000.
M. BELLEMARE: Ah bien, vous avez Québec et Montréal qui en
ont...
M. ARSENAULT: Ah non, non, en dehors de ça. Il y a des gens qui
nous sont arrivés avec des projets...
UNE VOIX: La Place des Arts...
M. ARSENAULT: Non, non!
M. LESAGE; Ce n'est pas là-dedans.
M. ARSENAULT: Cela ne relève pas dutout de cette
législation. Alors, il a fallu discuter avec ces gens-là et leur
demander de s'en tenir...
M. BELLEMARE: Il va y en avoir à venir à
Québec?
M. ARSENAULT: ... à des limites raisonnables afin que nous
puissions faire bénéficier toutes les parties de la province.
M. BELLEMARE: Adopté. 11, adopté.
M. LE PRESIDENT: Ministère des Finances, page 50. Article 1,
administration, $805,800.
M. DOZOIS: A la page 292 des comptes publics, nous avons là la
liste des employés attachés à l'administration du
ministère. Evidemment que le montant est global pour les employés
qui gagnent $5,000 et moins et nous avons le salaire pour une dizaine
d'employés, je crois. Est-ce que le premier ministre pourrait me dire
quelles sont les fonctions de chacun de ces employés? Je vais les lui
nommer, je vais les nommer un par un: Anita Ahern.
M. LESAGE: C'est la secrétaire du sous-ministre, officier
d'administration.
M. DOZOIS: M. J.-C. Côté.
M. LESAGE: Bien, c'est celui qui est en charge des pensions.
Jean-Charles Côté.
M. DOZOIS: Ah bon, je ne le connais pas. M. Faure, c'est l'assurance. M.
J.-P.-E. Gagnon?
M. LESAGE: C'est le chef comptable. M. DOZOIS: M. Kerr.
M. LESAGE: C'est un assistant comptable qui doit très
bientôt prendre sa retraite.
M. DOZOIS: Et M. Laurent?
M. LESAGE: M. Edouard Laurent? Il est conseiller technique
secrétaire du service des pensions.
M. DOZOIS: Secrétaire du service des pensions?
M. LESAGE: Oui. En réalité (excusez ma voix), tout son
temps a été pris, ou presque tout son temps, à
l'étude du régime de pensions de retraite.
M. DOZOIS: M. Laurent?
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: M. Reade?
M. LESAGE: Assistant-comptable.
M. DOZOIS: Il n'a pas de fonctions particulières à part
ça? Il n'est pas spécialisé?
M. LESAGE: Non. M. DOZOIS: M. Rowe?
M. LESAGE: Un instant, s'il vous plaît. Il comptabilise toutes les
recettes.
M. DOZOIS: M. Todd?
M. LESAGE: Est-ce que vous m'avez demandé M. Rowe?
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: C'est lui qui est en charge des fonds d'amortissement.
M. DOZOIS: Ah bon! M. Reade comptabilise les recettes, lui!
M. LESAGE: Les recettes.
M. DOZOIS: Ah bon, j'avais appliqué ça à M.
Rowe.
M. LESAGE: Non, M. Rowe d'ailleurs, est à l'emploi de la province
depuis des années.
M. DOZOIS: Il a remplacé qui? M. LESAGE: M. Styles.
M. DOZOIS: Ah, il a remplacé M. Styles. Il est au fonds
d'amortissement; il s'occupe de l'administration du fonds d'amortissement, des
achats et des ventes.
M. LESAGE: Des achats, des reventes d'obligations.
M. DOZOIS: Et M. Todd?
M. LESAGE: Il est maintenant à sa retraite.
M. DOZOIS: Maintenant, est-ce que depuis la publication des comptes
publics qui remonte à mars 1963, il y a eu des engagements
d'employés de ce calibre qui gagnent au-dessus de $5,000 à des
fonctions particulières?
M. LESAGE: Mon sous-ministre m'informe qu'il ne croit pas qu'il y en ait
eu parce que la politique administrative suivie au ministère des
Finances c'est, autant que possible, d'engager des jeunes gens
compétents au bas de l'échelle et de les promouvoir suivant leurs
« qualifications », leurs qualités.
Je puis donner comme exemple un M. Louis Cloutier, assistant comptable,
engagé en 1959, à assez bas salaire et qui reçoit
maintenant $6,000 et on peut s'attendre à cause de ses qualités
n'est-ce pas, à ce qu'il soit promu éventuellement.
M. DOZOIS: A un brillant avenir.
M. LESAGE: Je le crois, d'après ce que dit mon sous-ministre.
M. DOZOIS: Quelle est sa fonction actuellement?
M. LESAGE: Assistant-chef comptable. Assistant de M. Gagnon qui
n'était pas ici parce que sa mère est
décédée ce matin.
M. DOZOIS: Ah, vraiment? Vous lui offrirez mes condoléances. M.
le Président, est-ce que le premier ministre pourrait nous dire qui,
dans ce personnel, l'avise pour sa politique financière, sa politique
d'emprunt ou sa politique fiscale? C'est le ministère des Finances,
j'imagine que la fonction essentielle du ministère des Finances est de
faire de la planification soit dans le domaine des emprunts, soit dans le
domaine fiscal, soit dans la politique financière du gouvernement.
M. LESAGE: C'est mon sous-ministre. M. DOZOIS: Uniquement?
M. LESAGE: Et évidemment, dans le cas des obligations
d'épargne en particulier, l'assistant sous-ministre, M. Robillard.
M. DOZOIS: M. Robillard, s'est occupé spécialement...
M. LESAGE: Lorsqu'il s'agit de faire les emprunts, mon sous-ministre
fait les premières approches, il me soumet les cotes du marché
qui sont préparées par M. Rowe, dont je vous parlais et en
consultation, M. Biéler et moi, voyons quels sont les moments propices
pour emprunter, les plus propices possibles.
M. DOZOIS: Alors on peut dire que c'est M. Biéler, le
sous-ministre, assisté de M. Rowe qui avisent...
M. LESAGE: C'est-à-dire M. Rowe fournit les renseignements
techniques.
M. DOZOIS: Les renseignements techniques. Il doit avoir quand même
une grande expérience du marché s'il est en charge de
l'administration des fonds d'amortissements, achat et vente, il doit se tenir
constamment au courant des fluctuations du marché.
M. LESAGE: Je n'ai pas compris.
M. DOZOIS: Je dis que M. Rowe doit avoir une certaine expérience,
doit se tenir au courant des fluctuations du marché, puisque c'est sa
fonction.
M. LESAGE: Evidemment, puisqu'il est en charge.
M. DOZOIS: Alors, ma conclusion, c'est M. Bélier, sous-ministre,
et M. Rowe qui, en somme, avisent le premier ministre en matière
d'emprunt.
M. LESAGE: Oui, je consulte également mes collègues du
Cabinet.
M. DOZOIS: Oui, bien oui, c'est de l'expérience
générale, ce ne sont pas des spécialistes.
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: Une expérience comme j'en ai une.
M. LESAGE: Il n'y a pas de doute que le ministre du Revenu est un peu un
spécialiste.
M. DOZOIS: Oui, bien que votre assistant en Chambre a
déclaré qu'il avait surtout de l'expérience dans les
actions de bourse.
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: Bien que votre adjoint parlementaire ait
déclaré ici, qu'il avait surtout de l'expérience dans les
actions de bourse, qui est un peu un marché différent.
M. LESAGE: Et je consulte également M. Marier.
M. DOZOIS: M. Marier? Oui, il a une bonne expérience lui.
M. CREPEAULT: Continuez.
M. LESAGE: Et je consulte évidemment, quand il s'agit d'emprunts
pour l'Hydro, je consulte...
M. DOZOIS: Les commissaires.
M. LESAGE: M. Lemieux, qui est le trésorier de l'Hydro, le
directeur financier de l'Hydro, M. Lessard lui-même, qui lui consulte les
directeurs de l'Hydro; lorsqu'il s'agit d'emprunts pour les autoroutes, il est
clair que j'en cause avec le président des autoroutes, M. Poliquin.
M. DOZOIS: Maintenant, comme politique fiscale du gouvernement, est-ce
qu'il y a des spécialistes? Je n'en vois pas dans la liste, dans les
fonctions qu'on m'a énumérées vis-à-vis le nom de
chacun de ces employés. Quels sont les spécialistes en
matière fiscale.
M. LESAGE: Au ministère du Revenu, M. Stanton, M. Leboeuf.
M. DOZOIS: Mais eux, ils ne sont pas des spécialistes sur la
façon de collecter...
M. LESAGE: Non, en politique fiscale, je considère que M.
Biéler, M.Stanton, M. Leboeuf, M. Kierans lui-même sont
d'excellents conseillers, et les décisions de la politique fiscale se
prennent évidemment au Conseil des ministres, alors que tous les
ministres sont consultés.
M. DOZOIS: Quant à l'ensemble de la politique financière
du gouvernement, soit d'avoir des budgets déficitaires, ou d'augmenter
les impôts ou augmenter les emprunts, c'est le cabinet de ce temps-ci qui
le décide?
M. LESAGE: Définitivement. M. DOZOIS: Et est avisé
par?
M. LESAGE: Tous ceux que je viens de mentionner.
M. DOZOIS: M. le Président, je ne sais pas, mais il me semble
qu'étant donné l'augmentation considérable des
budgets...
M. LESAGE: Il y avait évidemment, jusqu'à
récemment, M. Shink qui était consulté.
M. DOZOIS: Oui, je pense que vous avez M. Gimaël aussi qui avise en
matière...
M. LESAGE: Non, il était plutôt le genre de
spécialiste qu'avait en tête, le député de
St-Jacques, lorsqu'il a voulu qualifier M. Leboeuf et M. Stanton.
M. DOZOIS: Je ne sais pas M. le Président, je veux juste faire
quelques remarques, je me demande si le premier ministre ne devrait pas songer
à remplumer son personnel, étant donné, que la province,
après une expansion considérable depuis une dizaine
d'années et depuis cinq ans ou depuis quatre ans, le gouvernement actuel
a triplé les budgets, a maintenant à sa disposition
$1,500,000,000, va chercher dans les goussets des contribuables près
d'un milliard, fait des emprunts massifs, cette année le gouvernement
nous a annoncé qu'il empruntera, si je me rappelle bien, $350,000,000,
1'Hydro-Québec en empruntera $250,000,000 ou $275,000,000 pour un total
de $550,000,000, il faut évidemment, lorsque l'on décrète
une politique d'emprunt aussi considérable, et qu'évidemment on
ne peut aller sur le marché que pour des tranches de $50,000,000 ou
$75,000,000, cela veut dire qu'on doit y aller à
répétition. Alors, il faut nécessairement à mon
avis qu'il y ait de la planification sur la politique financière du
gouvernement.
M. LESAGE: Il y en a M. le Président. Sur le $350,000,000 que
j'ai prévu que la province devait emprunter au cours de l'année
financière, nous avons déjà obtenu $95,000,000 en
obligations d'épargne, nous avons emprunté $50,000,000 pour la
province, le 15 juin et nous avons emprunté $50,000,000 pour les
autoroutes le 15 juillet. Ce qui veut dire, je prévois que nous aurons
à emprunter encore un maximum de $150,000,000 étant donné
une amélioration des les revenus il se peut que nous n'ayons à
emprunter que $125,000,000.
M. DOZOIS: M. le Président, je ne doute pas un instant de la
compétence des officiers du ministère des Finances, je les
connais, j'en connais plusieurs personnellement, je connais le sous-ministre,
je connais sa grande compétence dans ce domaine, ses connaissances du
marché mais il me semble, M. le Président, étant
donné l'ampleur des finances provinciales il me semble que le premier
ministre devrait inclure dans son personnel supérieur des
économistes, des actuaires...
M. LESAGE: Des actuaires?
M. DOZOIS: Bien, ça a tellement d'implications sur le
marché, je ne sais pas, des spécialistes de la finance dans les
différentes branches.
M. LESAGE: Ce que J'ai.
M. DOZOIS: Est-ce que je pourrais l'aviser...
M. LESAGE: Bien, j'ai, je les ai. M. DOZOIS: Vous insistez? M. LESAGE:
Je les ai. M. DOZOIS: Vous les avez?
M. LESAGE: Bien oui. J'ai un économiste de première valeur
comme sous-ministre des Affaires fédérales-provinciales que je
consulte non seulement sur les affaires
fédérales-provinciales,
M. DOZOIS: Un spécialiste des questions constitutionnelles.
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: C'est plutôt un spécialiste des questions
constitutionnelles.
M. LESAGE: Mais non, c'est un économiste. C'est un
économiste de grande valeur.
M. DOZOIS: Je ne doute pas, je ne connaissais pas ces qualités
à M. Morin.
M. LESAGE: Et évidemment, Monsieur, je n'ai pas d'affaire
à me vanter mais j'ai une certaine expérience que j'ai acquise
ailleurs.
M. DOZOIS: D'accord, d'accord, seulement, je pense que le premier
ministre va admettre et il l'a dit lui-même qu'il est un homme bien
occupé et le premier ministre...
M. LESAGE: Oh mais ça, ça je m'en occupe.
M. DOZOIS: ... il ne peut sûrement pas s'occuper de tous les
détails et faire des études en profondeur sur les
répercussions que peut avoir sur le marché la politique d'emprunt
du gouvernement, l'ensemble de sa politique financière, l'ensemble de sa
politique fiscale. Je prétends tout simplement, M. le Président,
qu'étant don- né l'ampleur du problème financier, du
problème que suscitent les finances provinciales maintenant, que le
premier ministre semble avoir à peu près le même personnel
que on avait à la province lorsque le budget était de
$500,000,000, et qu'il ne se faisait pas d'emprunt.
Il me semble que pour sa satisfaction, pour la satisfaction de la
Chambre, pour savoir exactement quelles sont les projections dans l'avenir et
les conséquences de la politique financière du gouvernement, que
il devrait s'entourer de gens qui de façon permanente, étudient
le marché, étudient les questions fiscales, etc., le
sous-ministre, je l'ai dit tout à l'heure est d'une grande
compétence, il est sûrement pris par une foule de problèmes
administratifs, je vois dans le ministère des Finances, comme on l'a
fait dans d'autres ministères, au ministère de l'Education, on a
pris des spécialistes de l'Education, on en a fait un groupe qui
s'occupe de la planification, on l'a fait je pense au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Je verrais précisément dans ce
ministère des Finances, un groupe qui ne ferait que planifier et aviser
le ministre des Finances dans ce domaine.
Je suis le premier à reconnaître que c'est le premier
ministre et son Cabinet qui va déterminer la politique que suivra le
gouvernement, mais il me semble qu'il serait important, vu l'ampleur qu'ont
pris les finances de la province, qu'il y ait un groupe dont la fonction ne
serait que de planifier toute la politique financière du gouvernement,
la politique fiscale et la politique d'emprunt. Ce sont les remarques que je
voulais faire au président, pour le service des Finances.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: M. le Président, à cet item «
administration », je voudrais soulever une question, très
brièvement, c'est le seul item sous lequel elle puisse être
soulevée, c'est la question des assurances du gouvernement.
M. BELLEMARE: Au Conseil exécutif?
M. LESAGE: Ah! Bon. L'officier administratif en charge est M. Faure qui
est à ma gauche. Je dois dire ceci c'est que peu de temps après
mon assermentation comme premier ministre, et ministre des Finances, c'est dans
les jours qui ont suivi, on a porté à mon attention un
problème de commissions sur des primes d'assurance qui auraient
été dues à un, ou des courtiers d'assurances, en rapport
avec des polices négociées avant le 22 juin 1960, entre le
gouver-
nement de la province, et la compagnie « La Prévoyance
»
Evidemment, moi, je ne connaissais rien à cela, c'était la
première fois que j'en entendais parler, alors j'ai demandé
à M. Hector Caron de Montréal, un courtier d'assurances reconnu,
je sais que son bureau existe depuis au-delà de 30 ans, c'est un homme
en qui j'ai confiance, je lui ai demandé de s'occuper du
problème, mol, je ne le connaissais pas. Parce qu'en somme, ça ne
relevait pas de l'assuré, le gouvernement, mais que c'était un
problème qui concernait l'assureur et les courtiers.
Et j'ai compris que devant l'ampleur des polices dont les risques
étaient répartis dans toutes les régions de la province,
M. Caron avait formé une espèce de syndicat ou pool de courtiers,
et comme les syndicats financiers avec qui nous faisons affaires lorsque nous
faisons des emprunts, je n'ai plus jamais réentendu parler de la
chose.
A l'automne 1960, nous avons engagé M. Faure pour s'occuper des
assurances du gouvernement au ministère des Finances. M. Faure m'a dit
qu'il recevait constamment, à son bureau, des courtiers de toute la
province qui venaient offrir leurs services, qu'il plaçait des
assurances avec ces courtiers, mais que, dans quelques cas, il est
arrivé, lorsqu'il s'agissait de primes pour des assurances-flottes par
exemple, pour la flotte des voitures de la Sûreté, qu'il ait
indiqué à l'assureur ou au courtier, après avoir
négocié avec des compagnies ayant des bureaux-chefs dans la
province de Québec, parce que c'était les instructions que je lui
avait données. Quant au reste je n'étais pas au courant, mais je
lui avais dit de faire affaire autant que possible avec des compagnies ayant
leur bureau dans la province de Québec, et on m'excusera l'expression
« de faire du shopping » pour avoir les meilleurs
prix possibles. Et nous avions décidé également, si je me
souviens bien, que nous abandonnions l'assurance-incendie sauf dans certains
cas spéciaux. Il restait l'assurance-responsabilité, l'aviation,
etc., la responsabilité.
Or, il arrive que les polices d'assurances émises au Canada et au
Québec sont écrites en majorité par des compagnies qui
font partie de la Canadian Underwriters Association. Cette association, se
basant sur les résultats techniques et les dernières statistiques
disponibles, promulgue périodiquement des taux pour les
différents genres d'assurances. En vertu de ces taux, elle
prévoit de payer aux courtiers une commission suivant un barème
établi pour chaque catégorie d'assurance.
A la demande d'une ou de plusieurs compa- gnies membres du Canadian
Underwriters Association, il arrive parfois qu'un taux spécial soit
publié en tenant compte des conditions particulières du risque
à être assuré. C'est arrivé dans le cas, dans au
moins un cas d'assurance-responsabilité pour le gouvernement.
Dans certaines circonstances, donc, la commission, pour un risque
spécial, peut-être réduite mais la réduction n'est
accordée qu'avec l'approbation d'un comité spécial de la
Canadian Underwriters Association. D'ailleurs, tout ce que je dis là, je
pense bien que le député de St-Jacques le connaît bien
mieux que moi, puisqu'il est courtier en assurances.
Il s'agit, dans un cas semblable, de diminuer le taux de la Commission
et non d'éliminer complètement la Commission. Il est donc vrai de
dire que la commission sur une police d'assurance concernant chacune des
polices d'assurance émise par les compagnies membres de la Canadian
Underwriters' Association est payable au courtier par ces compagnies et cela,
sans exception.
Une partie importante des polices d'assurance est également
écrite par des compagnies indépendantes non membres de la
Canadian Underwriters' Association. Ces compagnies sont membres de la
conférence des assureurs indépendants et suivent une politique
générale semblable à celle des compagnies de la Canadian
Underwriters' Association. En effet, on peut supposer que les compagnies
indépendantes s'inspirent des taux promulgués par la Canadian
Underwriters' Association pour fixer les leurs. Ces compagnies paient'
également une commission pour chacune des polices émises.
Il y a lieu de mentionner qu'il y a un nombre très restreint de
compagnies d'assurance, par exemple la Wawanesa et Allstate, qui font affaire
directement avec leurs assurés. On sait comment ils s'y prennent: ils
font des annonces et puis ils ne passent pas par les courtiers ni par les
agents. Et les courtiers, c'est ce que je veux dire tout de suite, là.
Ces compagnies ont des employés sur la route afin de solliciter de
nouvelles polices d'assurance mais aucune de ces polices n'est émise par
l'entremise d'un courtier le chiffre d'assurance de ces compagnies est minime
si on le compare à l'ensemble de l'assurance chez nous dans la province
de Québec, et ce ne sont pas des compagnies du Québec.
Les compagnies d'assurance qui sont membres de la Canadian Underwriters'
Association ou de la Conférence des assureurs indépendants font
toutes leurs affaires par l'entremise de courtiers, et il y va de leur
intérêt de conserver les meilleures relations possibles avec ces
derniers.
Une compagnie qui se permettrait d'écrire une police pour un
client, même le gouvernement, sans passer par un courtier serait
très mal vue par l'ensemble des courtiers, Je puis en assurer le
comité. Un tel geste de la part d'une compagnie entraînerait une
détérioration dans ses relations avec les courtiers et, par
conséquent, une diminution inévitable de son chiffre d'affaires.
Cela, c'est la base de ce que je vais dire maintement.
Je veux répéter qu'après que j'eus confié
à M. Caron ce premier problème qui s'était
présenté au sujet de commissions dues à des courtiers par
la Prévoyance, j'avais compris qu'un « pool » ou qu'un
syndicat de courtiers s'était créé à travers la
province et que tout marchait comme dans le cas des syndicats financiers,
suivant entente entre eux. A un moment donné, à la suite de la
lecture, dans un petit journal, d'un article de journal sur lequel on a
attiré mon attention, j'ai fait venir M. Faure à mon bureau le
1er juin.
M. JOHNSON: Quel journal?
M. LESAGE: ... C'était « L'Appel » de Sillery, je
pense, je ne m'en souviens pas, un journal...
M. BELLEMARE: Un journal de Sillery!
M. LESAGE: Je pense que c'était « L'Appel » de
Sillery, je ne suis pas sûr. Si j'étais sous serment, je ne
pourrais pas le jurer, mais il me semble que c'est « L'Appel » de
Sillery.
M. DOZOIS: Ce n'est pas un « longue distance »?
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: Ce n'est pas un appel « longue distance », c'est
dans Sillery.
M. JOHNSON: Un appel local!
M. LESAGE: Oui, oui, c'est dans mon comté. Je ne sais pas s'il
est imprimé dans mon comté mais je sais qu'il est publié
dans mon comté. J'ai fait venir M. Faure à mon bureau le 1er juin
et je lui ai demandé comment il procédait et, là, il m'a
dit que, dans 97% des cas d'assurances gouvernementales, les assurances
étaient confiées à des courtiers qui les plaçaient,
qui plaçaient le risque avec une compagnie d'assurance et une police
émise individuellement pour chaque risque, confiée à un
courtier. Cela c'est 97% des cas.
M. JOHNSON: Est-ce que ça comprend l'Hydre et l'autoroute?
M. LESAGE: Je n'ai rien à dire au sujet de l'Hydro et de
l'autoroute, je parle de mes crédits.
M. JOHNSON: M. Faure a-t-il juridiction sur l'Hydre et l'autoroute?
M. LESAGE: Comme conseiller. Il est consulté. L'Hydro et les
autoroutes. Cela je le sais depuis une semaine ou quinze jours. Quand j'ai vu
M. Faure le 1er juin, je ne lui ai pas posé cette question-là. Il
m'a dit ça lors de notre dernière entrevue il y a une semaine
à peu près ou dix jours. Avant qu'on commence au Comité
des privilèges et élections. Alors M. Faure m'a dit
qu'évidemment il recevait à son bureau des demandes, des
recommandations, que des courtiers, des agents venaient le voir pour dire:
« Bien voici, moi, dans mon comté j'ai cinq voitures de la
Sûreté provinciale. Il me semble que ça me reviendrait que
la police soit placée pour ces cinq voitures, dans mon comté.
» Mais d'un autre côté l'intérêt de la province
c'est d'avoir une assurance flotte, parce qu'on sauve $30,000 à $40,000
par année sur toutes les polices, en généralisant l'effet
de la police.
Je lui ai demandé: « Mais comment procédez-vous?
Est-ce que dans ces cas-là vous, est-ce que la commission est
divisée par le pool ?» Il dit: « non ». Il m'a
répondu, vous voyez que je suis bien franc: « Non, c'est moi qui,
tenant compte d'une façon générale de l'importance des
bureaux de courtiers, et aussi de la division régionale, indique aux
compagnies d'assurance quelle doit être la proportion. » Mais ce
n'est pas une condition de l'émission de la police, et cela pour les
raisons que j'ai données tout à l'heure, ça ne peut pas
être une condition de l'émission de la police.
Alors j'ai fait des recherches depuis ce temps-là. J'ai
constaté que, et qu'on me comprenne bien, je ne jette de blâme
à personne, que ça existait ici au gouvernement de Québec
de temps immémorial ce système. Je ne dis rien de plus. Qu'en
Ontario, ça existait également, j'ai ici le « Hansard
» de l'Ontario qui me prouve, par des réponses du premier ministre
Robarts à M. Singer, que le système...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est de l'Opposition évidemment M.
Singer?
M. LESAGE: Ah, je ne le sais pas. Je n'ai pas entendu les questions pour
en parler. J'ai causé de la question avec M. Robarts à Char-
lottetown. Je lui ai dit ce que j'avais de fait et il m»a
approuvé. Je sais que de telles divisions se font par les cités
de Toronto, de Montréal, de Québec et probablement d'autres. Mais
quand même, sans admonester M. Faure, le 1er juin et je lui ai
demandé de ne plus jamais indiquer à un courtier ou à une
compagnie d'assurances, de quelle façon pouvait être
divisée la commission comme dédommagement pour perte d'affaires
parce que c'est ça au fond, n'est-ce pas, comme dédommagement
pour perte d'affaires, étant donné qu'il n'y a qu'une police au
lieu de prendre les polices, multiplier les polices à travers la
province.
Je lui ai dit que j'avais pleine confiance dans son
honnêteté. Je l'ai encore.
Mais, je l'ai dit, je crois, à M. Faure, qu'étant
donné que nous nous sommes engagés à être sans
reproche, je crois qu'à partir d'aujourd'hui, lorsque vous
négocierez avec des compagnies d'assurances, vous ne devrez jamais
indiquer quelque division de commissions que ce soit, même comme
dédommagement, que vous devrez, avoir à négocier, en
compagnie d'un ou deux courtiers, peut-être. Leurs arrangements entre
eux, cela ne vous regarde pas. Vous ne devriez pas vous en occuper. Et, depuis
le 1er juin, la question est réglée. Et, cette pratique qui
existe depuis un temps immémorial a cessé le premier juin, en
autant que le gouvernement de Québec est concerné.
Pour ce qui est de M. Faure, il sera entendu au Comité des
comptes publics, l'an prochain, évidemment, sur les comptes publics de
1963 et 1964, mais dans son cas, je m'engage à donner mon consentement
et à obtenir celui de mes collègues à ce qu'on puisse le
questionner également sur les comptes publics de 1962 et 1963.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai bien noté que le
Comité des comptes publics qui a été réduit au
silence comme le disait ce matin la motion du député de
Champlain, reprendra ses activités l'an prochain et que nous aurons
l'occasion de questionner M. Faure et d'autres personnes en relation avec cette
question d'assurances, non seulement pour l'année 1963-1964 mais
également pour l'année 1961-1962 et 1962-1963.
Le premier ministre dit que la province dépense de
considérables montants pour l'assurance. C'est exact. Et cela doit
augmenter d'année en année. Les primes représentent des
centaines de milliers de dollars et les commissions payables sur les primes
d'assurance sur les polices couvrant les objets de la province
représentent des centaines de mille dollars également.
Je demanderais au premier ministre quel est le montant de primes
payées dans une année par le gouvernement de la province de
Québec.
M. LESAGE: $1,000,000 de primes mais évidemment, quant aux
commissions, bien on ne le sait pas. Cela dépend du taux. J'ai dit qu'il
y avait 87% des cas qui étaient placés chez des courtiers...
M. JOHNSON: 87% ou 97%?
M. LESAGE: 97%. Alors, je ne sais pas combien le courtier reçoit
en......la commission c'est 15% d'ordinaire. Maintenant 97% des polices de la
province sont placés normalement chez des courtiers...
M. JOHNSON: Mais pas 97% des primes vont...
M. LESAGE: 97% des polices.
M. JOHNSON: Des polices. Seulement, plusieurs petites polices et une
police de $400,000 de primes sur la flotte de l'Hydro, par exemple...
M. LESAGE: Oui, mais j'ai expliqué tout à l'heure,
justement, que c'était dans les cas de grosses primes et j'ai
donné l'exemple de...
M. JOHNSON: C'est ça!
M. LESAGE: Je n'ai rien à cacher. J'ai donné l'exemple de
la flotte de la Sûreté provinciale et j'ai dit que dans ces
cas-là, qui sont très peu nombreux mais qui, au point de vue
montant, sont assez considérables, c'est là que M. Faure
négocie directement avec des compagnies d'assurances pour avoir le
meilleur prix. Et c'est là, qu'il m'a indiqué des divisions de
commissions. Je ne cache rien.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne doute pas que...
M. BELLEMARE: On ne se chicane pas, on apprend!
M. JOHNSON: ... le premier ministre ne nous cache rien cet
après-midi, au contraire, je trouve qu'il avoue un tas de choses cet
après-midi.
M. LESAGE: M. le Président, je n'avoue rien. Je dis la
vérité.
M. JOHNSON: C'est ça! Le premier ministre dit la
vérité au sujet d'une coutume immémoriale qu'il a
qualifiée d'immémoriale ...
M. LESAGE: Bien c'est ça aussi.
M. JOHNSON: ... et qui s'est perpétuée jusqu'à tout
récemment, le premier août 1964.
M. LESAGE: Le premier juin.
M. JOHNSON: Le premier juin 1964. Ce qui, en pratique veut dire ceci:
Autrefois, quand il y avait des commissions à distribuer sur les primes
payées par le gouvernement ou à propos des primes payées
par le gouvernement, il y avait de la part de celui-ci ou de celui-là,
une indication à qui les commissions devaient être
payées.
Indications qui étaient données à la compagnie
d'assurance qui avait pris l'assurance-flotte, qui avait souscrit à
l'assurance flotte. Il n'y a donc pas de problème; j'admets que
ça se faisait dans le passé. Alors on n'a pas besoin d'en
discuter. Ce qui me surprend c'est que ç'a continué après
1960, ç'a continué en 1961, 1962, 1963. Quand il y a de
l'assurance à prendre sur quelques biens de la province, le premier
ministre dit dans 97% des cas, des polices, ce qui est bien différent
évidemment du montant des prîmes, 97 des cas on s'adresse à
des courtiers. Quels courtiers? Pourquoi un-tel plutôt qu'un autre? Y
a-t-il des demandes de prix? Non. Y a-t-il des soumissions? Non.
Il y a une décision prise où, chez M. Faure, je
présume, un employé au service de la province entré depuis
1960, au ministère des Finances, ministère dirigé par le
premier ministre indication qui origine du bureau de M. Faure pour dire que
telle police d'assurance doit être prise chez tel courtier. Et si j'ai
bien compris le premier ministre dans le cas des assurances groupes, ou
assurances-flottes, le M. Faure en question, qui est tout voisin du premier
ministre, qui est un de ses hauts fonctionnaires donnait aux compagnies
d'assurances des indications à qui payer la prime ou partie de la prime,
en tenant compte, a dit le premier ministre, de l'importance relative des
bureaux de courtiers, et de la représentation régionale...
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: ...ou du dédommagement pour affaires perdues dans une
région déterminée. M. le Président, ça,
c'est bien exprimé. En temps et lieu, je suis heureux de l'apprendre,
nous questionnerons M. Faure et d'autre offi- ciers sur toute
l'opération du système assurance...
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: ... il n'y a pas que celui de la commission. Quelles sont
les compagnies que l'on favorise? quelles sont les instructions que l'on suit?
quelles sont, dans quelles proportions encourage-t-on les compagnies de la
province? pourquoi doit-on aller en dehors de la province dans certains cas? En
somme nous couvrirons tout le problème, et je pense qu'il faudra
à ce moment-là aussi couvrir l'autre aspect de ce
problème: y a-t-il moyen de demander des soumissions? y a-t-il moyen
d'épargner de l'argent? serait-il souhaitable de le faire? les lois le
permettent-elles? au point de vue économique est-ce bon...?
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. JOHNSON: ... Au point de vue professionnel, de la profession des
courtiers d'assurances est-ce bon? Non mais on pourrait examiner ce
problème-là à ce moment-là.
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: En tout cas on se fera donner les faits et ensuite on pourra
en arriver à prôner une politique d'un côté ou de
l'autre, une politique qui, dans notre jugement, serait dans
l'intérêt de la province.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est raisonnable.
M. JOHNSON: Cela M. le Président, c'est ce que nous ferons l'an
prochain, mais pour le moment, je voudrais faire remarquer à cette
Chambre qu'en somme, au lendemain de l'élection, on a passé
à M. Faure, on a demandé à M. Faure de s'occuper de mettre
la main sur un montant appréciable...
M. LESAGE: C'est au mois de septembre 1960.
M. JOHNSON: ... de septembre 1960, de mettre la main... ou juillet
1960...
M. LESAGE: Le 15 octobre.
M. JOHNSON: ... de mettre la main sur un montant de commissions qui
était accumulé à la Prévoyance et qui n'avait pas
été distribué.
M. LESAGE: Non. Non, non M. le Président je regrette, je n'ai
jamais dit ça. J'ai dit que...
M. JOHNSON: Compte s'occuper de ça.
M. LESAGE: ... j'avais référé le problème
à M. Hector Caron.
M. JOHNSON: Oui, oui, mais le problème c'était un
montant...
M. LESAGE: Oui, mais M. Faure... M. JOHNSON: ... de commissions... M.
LESAGE: M. le Président... M. JOHNSON: ... le député
Caron.
M. LESAGE: M. Faure n'a jamais rien eu à voir...
M. JOHNSON: Je vous demande pardon, je voulais dire M. Faure.
M. LESAGE: ... dans cette affaire-là.
M. JOHNSON; Excusez-moi je me suis trompé de nom c'est M. Caron.
M. Hector Caron a donc reçu le mandat...
M. LESAGE: Voyons donc!
M. JOHNSON: ... d'aller s'approprier pour distribution pour ses fins
à lui, courtier d'assurances...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette, ce n'est pas ce que j'ai
dit. J'ai dit à M. Caron ou je lui ai fait dire plutôt, je ne
connais rien dans cette affaire-là, arrangez-vous arrangez donc
ça avec M. Crevier je ne connais rien.
M. BELLEMARE: M. qui?
M. LESAGE: M. Crevier, le président de la Prévoyance.
M. JOHNSON: Donc le premier ministre a fait dire ça à la
compagnie d'assurance...
M. LESAGE: C'est tout. M. JOHNSON: ... par M.
M. LESAGE: Bien oui, puis j'ai compris qu'il y avait eu un espèce
de « pool » ou syndicat qui s'était formé.
M. BELLEMARE: Vous avez dit ça à M. Caron?
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Vous avez dit ça à M. Caron
lui-même.
M. LESAGE: Non, non, non, je n'ai pas parlé à M.
Caron.
M. BELLEMARE: Ah bon.
M. JOHNSON: Le premier ministre a fait dire ça par quelqu'un
d'autre...
M. LESAGE: Oui, je pense que c'est par M. Larue, je ne suis pas
sûr. Larue, mon chef de cabinet. Je ne connais rien là-dedans,
voulez-vous demander à Hector Caron, je l'appelle Hector, qu'est-ce que
vous voulez, de voir Crevier, et mot je ne comprends rien, qu'il règle
ça avec. J'ai compris par la suite qu'un syndicat ou un pool avait
été formé, et que ça avait toujours marché
comme ça, et le 1er juin, cette année, j'ai appris qu'il n'y
avait pas de « pool » existant, que c'était M. Faure qui,
depuis son entrée en fonction, indiquait aux compagnies d'assurances,
lorsqu'il négociait des prix et des conditions, on a parlé
de soumissions tantôt là, lorsqu'il négociait des
prix et des conditions pour avoir des meilleurs prix et des meilleures
conditions, indiquait, en se basant généralement sur l'importance
des bureaux, et la division territoriale des bureaux, les compensations
à accorder pour les raisons que j'ai données, et quand il m'a
conté ça, le 1er juin, c'est la première nouvelle que j'en
avais, j'ai dit: « Ne faites plus cela, je crois qu'il vaut mieux que
vous ne le fassiez pas », et c'est fini.
M. JOHNSON: M. le Président, M. Caron, le premier ministre
pourrait-il nous dire ça, recevait-il des demandes des
députés, des ministres pour encourager un tel ou un autre?
suivait-il ces demandes-là?
M. LESAGE: M. Caron?
M. JOHNSON: M. Faure, je vous demande pardon.
M. LESAGE: Bien, vous lui demanderez au comité des comptes
publics, moi je ne le sais pas. Quant à moi, je n'ai jamais écrit
à M. Faure, je ne lui ai jamais téléphoné pour lui
recommander quelque bureau que ce soit.
M. JOHNSON: Il ne vous a jamais téléphoné pour
savoir à qui?
M. LESAGE: Non, jamais, jamais. Les seules instructions que j'ai
données à M. Faure, c'est de placer le plus possible de polices
d'assurances dans les compagnies de la province de Québec et de
négocier les meilleurs prix possibles. Et je ne sais pas si on s'est
revu plus que deux ou trois fois pour se dire bonjour entre sa nomination et le
1er juin cette année.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre...
M. LESAGE: Le plus souvent dans le corridor, bonjour, bonjour.
M. JOHNSON: ... nous dit ça sérieusement là. Il
voudrait que je crois moi, que lui n'était pas au courant que M. Faure
distribuait des récompenses à des courtiers libéraux sur
indication de M. le ministre untel, monsieur untel.
M. LESAGE: M. le Président, j'étais sous l'impression
qu'il existait un « pool » ou un syndicat, et que les commissions
étalent versées à un membre ou quelqu'un, je ne sais pas,
ou à plusieurs du syndicat par les compagnies d'assurances, suivant
entente entre les courtiers et agents, et je suis toujours resté sous
cette impression-là, toujours jusqu'au 1er juin 1964. Et M. Faure
témoignera au comité des comptes publics l'an prochain, il pourra
vous dire que j'ai été extrêmement surpris d'apprendre que
c'était lui qui donnait les indications.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre fait une
affirmation qui est bien sérieuse quand il dit que...
M. LESAGE: Je pourrais la faire sous serment.
M. JOHNSON: ... il n'était pas au courant de cette distribution
de patronage, des fonds de la province à des amis politiques.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment, le chef de
l'Opposition n'a pas le droit de me mettre dans la bouche des paroles que je
n'ai pas prononcées.
M. JOHNSON: Non, le premier ministre ne les a pas prononcées
mais...
M. LESAGE: Ce ne sont pas des fonds de la province, ce sont des
commissions qui appartiennent aux courtiers, je l'ai établi
tantôt.
M. JOHNSON: M. le Président, je disais donc que le premier
ministre affirme une chose très sérieuse quand il dit qu'il
n'était pas au courant qu'il y avait indication de paiement à
celui-ci, à celui-là, par M. Faure...
M. LESAGE: Cela est vrai.
M. JOHNSON: ... avant le 1er juin. Le premier ministre affirme ça
en Chambre...
M. LESAGE: Je suis prêt à le jurer sous serment.
M. JOHNSON: ... sur son siège, c'est un homme sérieux, il
occupe une position, et le règlement nous dit une position de prestige,
et le règlement dit que je dois...
M. LESAGE: M. le Président, je pourrais appeler comme
témoin ici, M. Louis-Philippe Pigeon...
M. JOHNSON: Non, je ne fais pas un procès au premier
ministre.
M. LESAGE: ... à qui, M. Faurele sait, que j'ai consulté
immédiatement après avoir su ça, c'est après avoir
consulté M. Pigeon que j'ai dit à M. Faure: « Non, ne
faites pas ça ».
M. JOHNSON: Vous ne serez pas surpris, M. le Président, que je
répète en Chambre ce que j'ai répété
à l'extérieur, et je ne suis pas le genre à reculer devant
mes responsabilités.
J'ai affirmé à l'extérieur, et je l'affirme en
Chambre, que l'entourage du premier ministre peut comprendre M. Faure, peut
comprendre d'autres personnes dans son entourage immédiat, comme
ministre des Finances, comme premier ministre partaient des indications,
interprétées comme instructions, dans les compagnies d'assurance,
de distribuer à qui $163.38, à un autre $1,950, à un autre
$450, à un cinquième $300, à un autre $295.33, etc.
M. LESAGE: M. le Président...
M. JOHNSON:: Qu'on me laisse finir! Je répète...
M. LESAGE: Je ne nie pas ce que vient de dire le chef de l'Opposition,
ce que je dis,
c'est que c'était une coutume immémoriale, je pourrais en
donner des preuves...
UNE VOIX: C'est admis.
M. LOUBIER: Cela n'explique pas votre affaire, ça, voyons! Cela
n'explique rien.
UNE VOIX: C'est admis.
M. LOUBIER: Si c'était condamné dans le passé, ce
n'est pas mieux aujourd'hui.
M. JOHNSON: C'est admis. M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. LESAGE: M. le Président, j'ai dit que, de l'instant que j'ai
su qu'une telle pratique était suivie, j'ai donné instruction
qu'elle cesse.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai dit à
l'extérieur, et je continue de répéter en Chambre ce que
j'ai dit à l'extérieur, que de l'entourage du premier ministre,
depuis 1960 et nous venons d'apprendre que ça a duré jusqu'en
1964, partaient des indications aux compagnies d'assurance de payer à un
tel et à un autre des commissions, parties d'une prime
d'assurance-flotte ou non, à des agents d'assurance ou des courtiers
d'assurance qui n'avaient fait aucun travail en relation avec la police
d'assurance en question, qui n'avait fait d'autres démarches que celle
de se qualifier ou de se faire reconnaître comme libéral,
organisateur libéral. J'ai dit ça à l'extérieur,
j'ai donné des noms. Il n'est pas nécessaire de les
répéter, M. le Président. Au Comité des comptes
publics, on pourra vider cette affaire. Et que l'on remarque bien mes paroles:
je ne dis pas qu'il est clair, que ce n'est, pas observer un système
voulu par les courtiers d'assurance et les compagnies, comme certaines
compagnies d'affaires protègent leurs vendeurs ou ont toujours un
montant disponible pour un vendeur dans une région
déterminée.
M. LESAGE: Les vendeurs d'automobiles, par exemple.
M. JOHNSON: Vendeurs d'automobiles, vendeurs de peinture...
M. LOUBIER: C'est ça.
M. JOHNSON: Vendeurs d'huile « bitumol », M. le
Président.
M. LOUBIER: C'est ça.
M. JOHNSON: De temps immémorial, ces choses se sont faites dans
le commerce. De temps immémorial, dit le premier ministre, ça
s'est fait en assurance et j'admets que c'est fait...
M. BELLEMARE: C'est vrai. M. JOHNSON: ... de notre temps.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vrai. Parfaitement.
M. JOHNSON: J'admets ça. Mais il y a ceci de nouveau, M. le
Président; d'est que, malgré l'enquête Salvas
terminée depuis un an au-delà, ça s'est continué
jusqu'au 1er juin 1964, enpar-tance du bureau du premier ministre ou de son
entourage immédiat.
M. LOUBIER: C'est ça.
M. JOHNSON: C'est ça, M. le Président, c'est ça
qu'on apprend aujourd'hui...
M. LESAGE: M. le Président...
M. JOHNSON: ... officiellement, de la bouche du premier ministre.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition est obligé de prendre ma
parole, et j'ai déclaré que jamais, je n'avais donné
d'indications à qui que ce soit. Ce n'est pas parti de mon bureau, c'est
faux.
M. JOHNSON: Mais quand je dis du bureau, je ne dis pas que c'est le
premier ministre lui-même, je parle de son bureau au sens collectif: son
chef de Cabinet...
M. LESAGE: Bien, ça, vous questionnerez les témoins au
Comité des comptes publics.
M. JOHNSON: ... M. Faure, l'homme qu'il a engagé lui-même
pour ce travail.
M. LESAGE: Non!
M. JOHNSON: Et j'ai dit à l'extérieur (et je sens le
besoin de le répéter à l'intérieur, M. le
Président, pour qu'on ne m'accuse pas de me sauver), j'ai dit que des
ministres sont intervenus aurprès de M. Faure, ont fait
récompenser des amis et des parents en faisant distribuer des parties de
prime sur une police d'assurance, primes qui n'avaient pas été
méritées ni par le travail dans l'assurance, ni par des
démarches
même auprès de Québec, ni par aucune sorte d'autres
représentations que le fait d'être organisateur libéral ou
parent avec M. le ministre.
M. LESAGE: M. le Président, M. Faure m'a dit que, dans presque
tous les cas, il s'agit de courtiers ou d'agents qui sont allés le voir
et avec qui il a discuté assurances. Et j'ai fait vérifier, M.
Faure m'a donné la liste des agents oui ont reçu des
compensations.
J'ai fait vérifier par le surintendant des assurances le fait
qu'il s'agissait toujours de courtiers licenciés, on ne pourrait pas en
dire autant pour ce qui se passait avant 1960.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne sais pas...
M. BELLEMARE: Il va loin le premier ministre.
M. LESAGE: Vous êtes mieux de ne pas poser de questions parce
que...
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre dit qu'avant
1960 certaines de ces commissions ont été payées à
des gens qui n'étaient pas courtiers, je ne le sais pas...
M. LESAGE: Moi, je le sais.
M. JOHNSON: ... c'est peut-être vrai et même si
c'était vrai, M. le Président, cette période est
réglée. Tant mieux si on ne paie qu'à des courtiers
aujourd'hui...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette... M. JOHNSON: ...
ça simplifie le problème.
M. LESAGE: Tant mieux si on a payé entre 1960 et 1964 qu'à
des courtiers. Aujourd'hui c'est fini.
M. JOHNSON: Tant mieux. C'est une distinction juridique qui peut calmer
une âme délicate comme celle du premier ministre quand il s'agit
du patronage. Une commission qui n'est pas gagnée pour aucun autre
mérite que celui d'être libéral ou organisateur
libéral, ou parent, ou ami avec un ministre, ou le chef de Cabinet, ou
un autre dans l'entourage du premier ministre, M. le Président, celle
qui n'est pas gagnée qu'elle aille à qui elle voudra, à
partir de là, je pense que ce n'est qu'une distinction juridique.
Mais à tout événement, admettons que dans le
passé ça pu se faire que c'était payé à des
gens qui n'étaient même pas courtiers. Quant à moi
ça ne change pas la situation qui devait changer entre 1960 et 1964, et
qui n'apas changé malgré l'enquêt Salvas, terminée,
publiée et exploitée au point de vue électoral en
1962.
M. LESAGE: Cela n'a rien à faire.
M. JOHNSON: M. le Président, M. Caron pour finir le dossier,
« mon cher Hector », on a eu mon cher Borromméel Là
c'est « mon cher Hector », je ne connais pas ça, ou dit donc
à mon ami Hector de régler ça. Vous pensez que mon ami
Hector ne connaissait pas ça lui? Président du Club de
Réforme, hey les agents rouges il y a assez longtemps...
M. LESAGE: M. le Président...
M. JOHNSON: ... qu'on n'en a pas eu. On vas-tu s'en distribuer un bon
morceau de gâteau.
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que...
M. JOHNSON: Moi, le premier, je me sers; il a pris les trois-quarts du
gâteau, puis il a divisé le quart entre quelques petits agents
à Montréal...
M. LESAGE: Bien, vous le questionnerez...
M. JOHNSON: ... et le diable a pris chez les libéraux à ce
moment-là. Ils ont dit: Hector prend tout le gâteau. Il nous donne
rien que la croûte. Ce n'est pas malin, M. le Président, et
là les agents d'assurance ont commencé à aller voir les
ministres et leur député et les ministres et les
députés sont intervenus auprès de M. Faure. Ils ont dit:
divisez le gâteau, on a des organisateurs dans notre comté, il
faut bien leur en donner.
Qu'est-ce que c'est ça M. le Président, si ce n'est pas
exactement ce qu'on a reproché au passé et qui a
été condamné d'après le premier ministre et les
moralistes dans deux élections générales en 1960 et en
1962.
Ensemble l'an prochain, non pas dans un désir de vengeance, mais
dans un désir de trouver la vérité, et de trouver un
système qui serait le plus possible en conformité avec les
intérêts de la province, des contribuables, et des droits de tout
citoyen dans quelque occupation ou profession que ce soit d'avoir une
égale chance vis-à-vis quelque gouvernement que ce soit.
Maintenant, il y a des avocats. On ne peut pas sortir des avocats car
ils ont un tarif. Il y a
des ingénieurs. On ne peut pas sortir du milieu des
ingénieurs, car on est pris avec un tarif. Il y a toutes sortes de
professions: il y a des plombiers, des électroniciens, des audiophones,
tout ce que vous voulez, qui ont maintenant des tarifs, même les
horlogers-bijoutiers qui ont des tarifs...
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors si les courtiers en ont...
M. JOHNSON: ... alors si les courtiers ont une situation, nous
l'étudierons dans le temps. Mais la considération, je le
répète, c'est là que je veux terminer, la
considération pour la distribution à X ou à Y, au
père d'un ministre ou au cousin d'un autre, ou au beau-frère d'un
autre, c'était le service politique. Cela, ça s'appelle du
patronage, quand ce n'est pas du népotisme. Mais c'est du patronage
exactement de la même saveur, du même goût, du même
acabit,...
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est parlementaire.
M. LESAGE: Retirez ça vous allez vous faire...
M. BELLEMARE: Je l'ai appris.
M. JOHNSON: Avec la permission du député de Champlain,
j'emploie le mot, du même acabit, c'est du patronage « ejusdem
generis », c'est du patronage qui au moins devrait être
j'espère l'objet d'un appendice signé par un grand commissaire
moralisateur, et deux assesseurs.
Je le demande publiquement à ce juge, le juge Salvas: de
grâce faites un appendice à votre rapport jusqu'au 1er juin 1964,
autrement je ne croirai pas que vous êtes honnête..
M. LESAGE: M. le Président, j'ai dit que ces commissions qui
devaient être payées en vertu des conventions qui existent entre
courtiers et compagnies d'assurances, l'ont été en compensation
pour pertes d'affaires, c'est exactement ça, et pour vous montrer
jusqu'à quel point j'ai poussé le souci de la prudence, une des
choses que j'ai dites, à M. Faure lorsqu'il est venu me voir dans mon
bureau, lorsqu'il a été engagé, je lui ai donné
instruction de ne confier aucune assurance du gouvernement au bureau
d'assurances reconnu Lesage & Proteau ltée. L'instruction que je lui
ai donnée dans mon bureau...
M. JOHNSON: Pour rentrer dans le pool. M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Alors vous avez surveillé les pools.
M. LESAGE: Non. Je ne savais pas que c'était M. Faure qui donnait
les indications pour les divisions, mais je parle de placements d'une police
d'assurance chez un courtier. J'ai dit de ne pas en placer chez Lesage &
Proteau Ltée, non pas parce qu'il y a de mes parents qui sont
intéressés, parce que c'est la propriété de M.
Proteau entièrement, qui a acheté de la veuve de mon oncle il y a
de nombreuses années, tous les intérêts de mon oncle, de ma
tante et de son fils, mais parce que le nom de Lesage y était. J'ai
poussé le souci de la prudence jusqu'à lui donner instruction de
ne pas placer d'assurances gouvernementales chez ce courtier. C'est ça
qu'on appelle du patronage? C'est de l'antipatronage.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne veux pas éterniser la
discussion là-dessus. Qu'est-ce que ça donnel On verra les
détails au Comité des comptes publics! Mais au sujet de
dédommagements pour pertes de travail ou de pertes de clients, quand il
y a une assurance,...
DES VOIX: Pertes d'affaires. M. GOSSELIN: Pertes d'affaires.
M. JOHNSON: ... pertes d'affaires, je voudrais avertir le premier
ministre qu'il a l'air passablement ignorant dans tout ce domaine-là. Il
s'est réveillé rien que le 1er juin 1964...
M. LESAGE: Quand je l'ai su.
M. JOHNSON: ... Ses ministres ne lui en ont pas parlé qu'ils
favorisaient des amis, des parents. Je voudrais dire au premier ministre que
Hector Caron, et d'autres, « pertes d'affaires », ils ont
interprété ça comme « pertes d'affaires pendant 16
ans », ils ont dit: « Donc je garde tout ».
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. JOHNSON: Dédommagements? Les organisateurs libéraux
chez nous disent: « C'est dédommagement pour avoir
travaillé pour les Rouges depuis 16 ans. Je n'ai rien eu. J'ai toujours
été libéral, M. le ministre vous le savez. Je vous
écris, vous m'avez vu dans vos élec-
tions en 1952, en 1956. Je ne suis pas un libéral depuis 1960
comme les autres, moi, aidez moi donc, je n'ai rien eu ». Le ministre
répond: « Inquiète-toi pas. Je vais en parler à M.
Faure ». « Fix it with Harry » comme ils disaient aux
Etats-Unis, et en compensation pour perte de temps pendant les élections
alors qu'on perdait, et en dédommagement pour les affaires que je n'ai
pas eues de l'Union nationale pendant 16 ans, bien mon cher ami, tu en auras ta
quote part maintenant.
M. LESAGE: Vous questionnerez M. Faure.
M. JOHNSON: Le premier ministre nous dit qu'il n'a pas eu connaissance
avant le 1er juin 1964? Ce serait le plus bel exemple qu'on est toujours le
dernier à le savoir quand on occupe une position comme celle de premier
ministre, qu'il faut même comme premier ministre se défier de son
entourage comme les députés doivent se défier de leur
entourage. « Oh! Dieu disait l'autre débarrassez moi
de mes amis, je m'arrangerai bien avec mes ennemis. »
M. JOHNSON: M. le Président, c'est tout de même un chapitre
nouveau, et je dis d'avance au premier ministre malgré son gouvernement
ses fonctionnaires les plus proches de lui, ceux qu'il avait lui-même
nommés, même si c'est arrivé, même si le gouvernement
a fait exactement ce qu'il nous a reproché dans le passé, le
parallèle est complet jusqu'en appel. Nous coopérerons dans la
franchise à trouver un système qui sera honnête, dans
l'intérêt de la population, et qui respectera le principe de
l'égalité d'opportunité, et l'égalité devant
la loi pour tous les citoyens de la province de Québec.
M. LESAGE: M. le Président, je suis parfaitement d'accord avec
les buts visés et avoués, c'est-à-dire avoués dans
le bon sens du mot, par le chef de l'Opposition. Mais je lui ferai remarquer
que sa comparaison avec les faits révélés par
l'enquête Salvas sonne à faux parce que j'ai bien dit que j'avais
vérifié depuis le 1er juin, et que tout ce qui a
été payé l'a été à des agents
d'assurance détenant un permis. Il n' y a pas eu de commissions de payer
à des avocats, pour de la peinture vendue, ou à un marchand de
médailles pour des graines de semence vendues.
M. ALLARD: ... pour vendre des piquets de clôture.
M. LESAGE: C'était dans mon esprit, ma croyance honnête, un
pool, comme les syndicats financiers avec qui je fais affaire.
M. JOHNSON: Syndicat de M. Kierans? M. LESAGE: Les deux.
M. JOHNSON: Les deux. Il en existe deux encore? On en parlera
tantôt.
M. LESAGE: Bien oui, c'est ici. Je peux vous envoyer la liste. J'ai tout
ça ici. C'est ça la différence, c'est que nous avons
affaire ici à des gens qui professent leur profession en semblable
matière. C'est ça la différence. Et c'en est une
extrêmement importante, surtout après ce que j'ai relaté
des relations entre les compagnies d'assurance et les courtiers. Mais quand
même, M. le Président, malgré que je sois convaincu qu'il
n'y a rien de criminel qui ait été commis, qu'il n'y a rien de
malhonnête qui ait été fait, j'ai dit quand même, je
crois que nous devons être plus vertueux que la femme de César, et
il faut que ça cesse. C'est ça qui s'est produit. Il n'y a pas eu
d'augmentation de primes. Il y a eu diminution des primes.
M. JOHNSON: Un dernier mot, M. le Président, le premier ministre
prétend que ma comparaison avec l'enquête Salvas, ou des faits
révélés à l'enquête Salvas porte à
faux. Il faudrait bien s'entendre; il y a plusieurs faits qui ont
été révélés par l'enquête Salvas, mais
il y en a qui ont reçu plus de publicité que d'autres, et qui ont
eu des conséquences plus graves.
M. LESAGE: Bien évidemment il y a des choses qui sont devant les
tribunaux. C'est pour ça que je m'arrange pour en parler le moins
possible.
M. JOHNSON: M. le Président, il reste quand même que
lorsque je paie un avocat pour une cause qu'il n'a pas plaidée, quand je
paie un médecin pour une opération qu'il n'a pas faite...
M. LESAGE: Bien moi, je serais bien prêt à payer un
médecin pour une opération qu'il n'a pas faite. Je serais
tellement heureux de ne pas être obligé d'être
opéré.
M. JOHNSON: Le jeu de mots ne règle pas le problème.
M. GOSSELIN: Ce n'est pas fort.
M. JOHNSON: Quand je paie un avocat pour une cause qu'il n'a pas
plaidée, quand il y a une considération, et quand on gratte dans
celle-là, la considération payée à certains agents
d'assurance est exactement la même qui a servi au
paiement du barbier pour des graines de semence...
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: ... service politique, adhésion au parti politique,
organisateur politique, membre du Club de Réforme, président du
Club de Réforme, le gros gâteau, membre de certaines commissions.
On le verra en temps et lieu. Ça été ça la
considération; « Parce que tu étais rouge, parce que tu as
été organisateur libéral, même si tu n'as pas
travaillé, vu que tu es agent d'assurance, on va te donner une partie du
gâteau, récompense, merci, tu as été fin, tu as
jeûné pendant seize ans ». C'est ça, M. le
Président, c'est exactement le même principe. Il reste que quel
que soit ce qui s'est produit dans le passé, il me semble que je vais
loin quand je dis cela.
Nous sommes prêts, je le répète à
coopérer. Le premier ministre nous dit qu'il a découvert
ça le 1er juin 1964 seulement. Il faudra en conclure que des journaux de
son comté ont rendu certains services à la province, qu'ils ont
ouvert les yeux du premier ministre sur ce qui se passait autour de lui,...
M. LESAGE: Non, ce n'est pas ça.
M. JOHNSON: ... qui lui ont, en tout cas, donné l'occasion de se
rendre compte qu'il s'était trompé au tout début,...
M. LESAGE: Ce n'est pas comme ça que c'est arrivé.
M. BELLEMARE: Oui.
M. JOHNSON: ... qu'il s'est trompé au tout début, qu'il
préférait ignorer ce qui se faisait en arrière de
lui,...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette,...
M. JOHNSON: ... qu'il ne l'a pas vu, parce qu'il était
trop...
M. LESAGE: ... je n'ai jamais déclaré ça.
M. JOHNSON: Ou que ses hommes de confiance l'ont trompé.
M. LESAGE: Je regrette, M. le Président, je n'ai jamais fait de
telles déclarations. J'ai dit que j'étais convaincu qu'il
s'agissait d'un syndicat ou d'un « pool » de courtiers semblable
aux syndicats financiers avec qui je fais affaire quand j'emprunte de l'argent
pour la province. Et, c'était ma conviction. Dans de tels cas,
évidemment, je n'avais absolument rien à faire mais quand j'ai
su, par exemple, qu'un des employés de mon ministère donnait des
indications, je lui ai dit qu'il fallait que ça cesse. C'est tout. Puis,
pour le savoir, il a fallu que je lui demande, à la suite du fait qu'on
a attiré mon attention. Je ne me souviens même pas ce qu'il y
avait d'écrit. Mais j'ai fait venir M. Faure, puis j'ai dit: «
Qu'est-ce que c'est que cette affaire-là? » Puis, là, il
m'a dit sa façon de procéder. Il m'a dit qu'il avait
ménagé des centaines de mille piastres à la province,
$250,000 à la province en primes d'assurance, je lui ai demandé:
« Comment se fait-il que M. Untel... » Je ne me souviens plus qui,
là. « Comment arrivent ces choses-là? » C'est
là qu'il m'a raconté, qu'il m'a dit qu'il indiquait aux
compagnies d'assurance. Je lui ai dit: « Je pense qu'il vaut mieux ne pas
faire ça. » J'ai consulté M. Pigeon. On a confiance en M.
Pigeon? C'était le 1er juin. M. Pigeon m'a dit: « Jean, je pense
que vous avez raison, qu'il vaudrait mieux cesser. » J'ai dit à M.
Faure: « Fini! Négociez avec des courtiers des compagnies
d'assurance, le reste ça ne nous regarde pas. Cela regarde les courtiers
et les compagnies. » Et, depuis le 1er juin, ces instructions que j'ai
données ont été respectées.
M.JOHNSON: M. le Président, comme nous aurons l'occasion
d'interroger les officiers, je n'en parle plus. Mais, je n'aurai pas l'occasion
de poser des questions au ministre des Finances et je lui en pose. Peut-il me
dire, le ministre des Finances, s'il croyait sérieusement qu'Hector
Caron, président du Club de Réforme, recevant cette commission de
voir à régler ce problème, là, qu'il formerait un
syndicat de d'autres que des courtiers libéraux? Bien voyons donc!
Voyons donc!
M. LESAGE: M. le Président, commecour-tier d'assurance à
Montréal, je connaissais M. Hector Caron. Quand on m'a informé,
comme je l'ai déclaré, quand on a porté à mon
attention un problème de commissions sur des primes d'assurance qui
étaient dues à des courtiers, moi, je ne connaissais rien. Alors,
j'ai dit: « Consultez Hector Caron. » Et j'ai su de M. Caron,
depuis, qu'ils étaient 50 dans ce « pool ».
M. JOHNSON: Pour se partager le gâteau? M. BERTRAND (Missisquoi):
Pour partager. M. LESAGE: Je ne sais pas. C'était entre
eux autres. C'étaient des courtiers. Ils s'entendaient entre eux.
Ce n'est pas ça?
M. JOHNSON: Bien, je vais renseigner le premier ministre. Je pense qu'il
manque un renseignement au premier ministre. Dans le cas de M. Caron,...
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. JOHNSON: ... ce qu'il y a de pire c'est que la prime, la police avait
été vendue négociée, réglée avant, au
printemps 1960.
M. LESAGE: Je ne le sais pas! Je ne le savais pas seulement.
M. JOHNSON: Et M. Caron s'en va chercher la commission sur une affaire
qui était vendue d'avant les élections. C'est ça qui est
suave, là-dedans!
M. LESAGE: Bien oui, mais, M. le Président,...
M. JOHNSON: Alors, le premier ministre dit que c'était des primes
gagnées dues à des courtiers. Ce n'est pas exact.
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est...
M. JOHNSON: C'était payé par l'Hydro à la
Prévoyance et les commissions étaient là,
accumulées, et M. Caron, sur les instructions du premier ministre, est
allé accaparer ce gâteau pour lequel il n'a pas
travaillé.
M. LESAGE: Je regrette. C'est faux.
M. JOHNSON: Il a gagné les élections, c'est pour ça
qu'il a eu le droit d'y aller. C'est un cas clair!
M. LESAGE: M. le Président, je m'excuse, c'est faux.
M. JOHNSON: Mais je voudrais dire au premier ministre ceci: je ne veux
pas...
M. LESAGE: Non, non, non, c'est faux. M. JOHNSON: Très bien,
très bien.
M. LESAGE: C'est faux. Je n'ai pas dit à M. Caron d'aller
ramasser le magot. J'ai été avisé que la Prévoyance
devait des primes à des courtiers. J'ai dit de quoi s'agit-il? Il dit ce
sont des primes qui sont dues à des courtiers pour des polices
d'assurances. On m'a dit bien M. Crevler doit savoir quoi faire avec ça.
Ah, j'ai dit, j'ai pris mol le courtier d'assurances que je connaissais
à Montréal, c'était M. Hector Caron, c'est évident
que je le connaissais, alors j'ai dit que M. Crevier s'arrange avec M. Caron,
puis moi je n'en ai plus entendu parler.
M. JOHNSON: Une autre question au premier ministre pour clore cette
affaire. Le premier ministre a-t-il jamais eu de demande d'un courtier
d'assurances disant: « Monsieur vous ne pourriez pas m'encourager moi, je
suis un libéral, vous ne pourriez pas me faire envoyer des polices
d'assurances? Qu'est-ce qu'il faisait dans ce temps-là le premier
ministre, quand il avait des demandes pareilles?
M. LESAGE: Il y en a un qui est venu me voir un jour. Un, et je ne sais
pas s'il a eu quelque chose.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'a pas reçu de lettre de
remerciements.
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Pour l'encouragement.
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'a pas une liste d'encouragement
à son bureau?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Dans son comté?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Il y en a plusieurs de son comté qui
bénéficient de ça M. le Président,
M. LESAGE: Bien, c'est parce qu'il y a plusieurs courtiers dans mon
comté je suppose.
M. JOHNSON: Je pense qu'il faudrait que le premier ministre surveille
non seulement M. Faure...
M. BELLEMARE: Un adon.
M. JOHNSON: ... non seulement M. Larue, mais il va falloir qu'il
surveille son organisateur, qui distribue ça M. le Président dans
son comté. Les gens des autres comtés dans Québec disent:
c'est effrayant le « boss » prend
tout pour son comté. Tout le patronage, il faut demeurer dans
Sillery, ou dans le comté du premier ministre si on veut avoir une prime
d'assurance.
M. BELLEMARE: C'est vrai.
M. JOHNSON; C'est effrayant « le boss » prend tout. Moi je
sais bien que c'est pas le premier ministre qui a le coeur large...
M. BELLEMARE: Il peut tout donner.
M. JOHNSON: ... du moment que ce n'est pas formellement du patronage, il
peut tout donner, du moment qu'on ne pourra jamais le prendre politiquement.
Mais...
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition
répète justement, je pense que c'est ça qu'on m'avait
montré, c'est là que j'ai fait venir M. Faure.
M. BELLEMARE: Ah bon, il a de la mémoire là.
M. LESAGE; Je pense que c'est ça qui était écrit
sur « l'Appel » de Sillery, et qu'on m'a montré.
M. BELLEMARE: Ah c'était bien ça. Ah, c'était bien
écrit.
M. LESAGE: Mais là le chef de l'Opposition répète
l'accusation de « L'Appel » de Sillery. C'est là-dessus que
j'ai fait venir M. Faure pour dire, lui demander comment ça marche.
M. JOHNSON: Je voudrais dire...
M. BELLEMARE: Le chef prend tout.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous avez bien répondu à «
L'Appel ».
M. LESAGE: C'est ça, j'ai répondu à « L'Appel
».
M. JOHNSON: ... au premier ministre ceci. Je pense que ça doit
être dit dans cette Chambre. Si le premier ministre avait un
frère, un père, une soeur, un parent à quelque
degré que ce soit qui est dans une profession ou dans une occupation, et
que tout le monde est placé sur le même pied, moi je ne lui ferai
jamais de reproches parce que quelqu'un ayant son nom a eu quelque chose du
gouvernement, du moment que c'est sur le même pied que les autres. Il ne
faut pas fermer la porte à tous ceux qui s'appellent Lesage, parce
que...
M. LESAGE: Oui, mais il y en a d'autres qui l'ont fait pour vous.
M. JOHNSON: M. le Président, je prends mes
responsabilités, et je le dis en Chambre, mais si des choses vont
à des parents de ministre ou à des parents proches de ministre,
le premier ministre ou d'un autre, parce qu'elles sont dirigées par la
discrétion qu'on peut avoir ou exercer directement ou Indirectement,
c'est là, que ça devient peut-être sujet à caution
dans l'opinion publique. Mais que Lesage et Proteau soit un entrepreneur par
exemple, qu'ils soumissionnent comme d'autres...
M. LESAGE: Non, non c'est un courtier.
M. JOHNSON: Non, non, mais je prends le nom Lesage et Proteau, et qu'ils
soumissionnent comme d'autres sur un même pied. Si ils sont le plus bas
soumissionnaire, et ont le contrat, M. le Président, je vais dire dans
cette Chambre que je serais lé premier à blâmer ceux qui
voudraient en faire reproches au gouvernement. Mais dans la discrétion,
c'est une autre affaire et mon cher Hector...
M. BELLEMARE: Il n'avait pas gagné ça.
M. JOHNSON: Mon cher Hector, je pense bien, quand il sera au courant de
ce qui s'est dit en Chambre cet après-midi, va être un petit peu
moins affamé, va distribuer un peu. Maintenant je mets le premier
ministre en garde. Si M. Faure donne toute l'assurance à Leblanc et
Leblanc par exemple je prends un nom au hasard, peut-être que ça
tombe sur un nom « d'assureux », mais je n'en connais pas qui
s'appellent Leblanc et Leblanc. Disons Laporte et Johnson... correct?
M. LAPORTE: Il n'y a pas personne qui va croire ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): Outenez-vous votre bureau?
M. LOUBIER: Qui est le majoritaire? M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, si toutes les polices d'assurances,
ou les plus grosses étaient dirigées par M. Faure sans demande
de
soumissions de prix, à Johnson et Laporte, et qu'après
ça Johnson et Laporte distribuent une partie de leurs commissions
à l'organisateur du comté d'Outremont...
M. LESAGE: C'est injuste.
M. JOHNSON: ... l'organisateur du comté de Westmount,
l'organisateur du comté de Mercier, M. le Président ça
serait une couverte encore...
M. LACROIX: Bagot.
M. JOHNSON: Il fallait y penser à ça. Bonnet blanc, blanc
bonnet, quoique.
M. BERTRAND (Missisquoi): Bonnet blanc, blanc bonnet.
M. JOHNSON: Quoique M. le Président, et on va me comprendre.
M. LESAGE: On ne demande pas de soumissions, est-ce qu'on va comprendre
qu'on ne peut pas demander de soumissions pour des polices d'assurances, que
ça se négocie, chaque terme se négocie avec la compagnie
quand il s'agit d'une grosse police comme celle de la flotte des automobiles de
la Sûreté, par exemple, c'est ça que le chef de
l'Opposition ne comprends pas. Il n'y a eu que sept, en 1962-63, me dit M.
Faure, il n'y a eu que sept polices...
M. JOHNSON: Mais des grosses.
M. LESAGE: ... où il y a eu des distributions de primes.
M. JOHNSON: Un demi million de primes rien que sur la flotte de l'Hydro
si ce n'est pas trois quarts de million.
M. LESAGE: Le total des primes, pas des commissions, à peu
près $175,000.
M. JOHNSON: Mais ça ne comprend pas l'Hydro, ni l'autoroute, ah!
là, il y en a des bonnes.
M. LESAGE: Des primes.
M. JOHNSON: Là il y en a des bonnes à l'Hydro.
M. LESAGE: L'Hydro ça...
M. JOHNSON: Oui, oui, on fera venir un homme qui connaît bien
ça, l'autoroute aussi.
M. LESAGE: Moi je n'ai pas d'affaires à l'Hydro.
M.JOHNSON: M. le Président, on aurait pas d'affaires à
ça? En temps et lieu le comité y verra. M. le Président,
une question sérieuse à poser au premier ministre, est-ce qu'il
est établi dans son esprit à lui, ou des rapports qu'il a, que
l'on ne peut pas demander de soumissions ou qu'on ne peut pas épargner
à la province le paiement de la commission?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Est-ce que c'est établi?
M. LESAGE: Oui, je l'ai établi tout à l'heure et
d'ailleurs si le chef de l'Opposition veut avoir des renseignements
additionnels, je lui conseille de consulter son collègue, le
député de St-Jacques, courtier en assurances.
M. CREPEAU: ...
M. LESAGE: Non, non, s'il vous plaît. Je ne mets pas en cause le
député de St-Jacques.
M. BERTRAND (Missisquoi): Pas à ce point de vue là.
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition m'a demandé s'il était
possible, imaginable de négocier une police avec une compagnie
d'assurances, sans qu'elle passe par un courtier. Je lui ai répondu tout
à l'heure, je vous ai donné toutes les raisons pour lesquelles ce
n'était pas possible, et si ce n'est pas suffisant, consultez sur ce
sujet le député de St-Jacques, qui est courtier en
assurances.
M. DOZOIS: Qui est-ce qui a fait une remarque?
M. LESAGE: Oui, mais c'est pour ça que je rétablis les
choses.
M. DOZOIS: Mais elle va paraître dans le Journal des
débats, je voudrais bien la connaître.
M. LESAGE: Non, non, je vais y voir, écoutez, ce que je viens de
dire va paraître aussi.
M. DOZOIS: C'est correct.
M. LESAGE: Je n'ai pas compris.
M. DOZOIS: Moi non plus.
M. LESAGE: J'ai purement et simplement demandé de ne pas
intervenir.
M. JOHNSON: C'est le député de Mercier qui a fait la
remarque?
M. LESAGE: Il n'a pas fait de remarques, il n'a pas eu le temps de la
faire.
M. LOUBIER: Il l'a faite.
M. JOHNSON: On lira en temps et lieu. M. le Président, donc il
n'y a pas moyen, dans l'esprit du premier ministre. Alors, M. le
Président, d'après le premier ministre, il est bien établi
qu'on ne peut pas demander des soumissions, on peut négocier.
M. LESAGE: Oui, on demande des prix, on négocie les termes, mais
demander des soumissions publiques dans le domaine de l'assurance...
M. JOHNSON: Non,non, je ne soutiens pas ça non plus. Mais il
m'est arrivé, à moi, de demander des plans d'assurance-vie
à plusieurs compagnies.
M. LESAGE: Oui, et M. Faure fait ça; c'est son ouvrage, c'est
comme ça qu'il a ménagé au-delà de $200,000
à la province.
M. JOHNSON: Oui? M. LESAGE: Et...
M. JOHNSON: On verra dans le temps. M. le Président, est-ce qu'il
était possible avant, autrefois, de négocier ou de demander des
soumissions sur les assurances? Je pense que tout le monde...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Il n'était pas possible non plus autrefois. La loi
n'est pas récente là-dessus. Il n'était pas possible
autrefois plus qu'aujourd'hui.
M. LESAGE: Ce n'est pas la loi, c'est à cause...
M. JOHNSON: De la loi économique. M. LESAGE: Je l'ai
expliqué...
UNE VOIX: C'est la nature du contrat. Puis la nature du commerce de
l'assurance, qui est complètement différente.
M. LE PRESIDENT: Administration?
M. JOHNSON: Quel est le salaire de M. Faure?
M. LESAGE: $14,000. Il l'a bien gagné.
M. JOHNSON: Oh, ça vaut ça pour se faire « achaler
» par tous les courtiers libéraux.
M. BELLEMARE: Allons souper.
M- JOHNSON: L'autre, article 2.
M. LE PRESIDENT: Article 1 adopté?
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. LESAGE: Un instant.
M. JOHNSON: Un instant, il y a peut-être autre chose...
M. LESAGE: Est-ce que le comité me permettrait, si l'article 1
est adopté, avant de passer à l'article 2? Je comprends qu'au
cours de la discussion il a été question d'un contrat qui devait
être accordé pour l'impression des statuts refondus...
M. JOHNSON: Ah, ah!
M. LESAGE: ... et...
M. JOHNSON: On aimerait enparler.
M. LESAGE: Un instant.
M. BERTRAND (Missisquoi): Service des achats?
M. LESAGE: Non, non c'est pas, un instant. C'est un mémoire que
m'envoie le secrétaire de la province. Me Philippe Pigeon vient de
m'informer; « Premièrement, que les statuts refondus de la
province devront être imprimés simultanément dans quatre
ateliers différents et non pas uniquement chez Charrier & Dugal,
comme j'en ai informé la Chambre alors de l'étude des
crédits du secrétariat. Deuxièmement...
M. BELLEMARE: Il connaît ça.
M. LESAGE: Oui, mais écoutez donc: « Deuxièmement;
il faudra que l'impression soit terminée le plus tôt
possible,..
M. BELLEMARE: Où est-ce que vous allez l'envoyer là?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: ... peu après le 1er janvier, afin que l'on puisse
référer à ces ststuts au cours de la prochaine
session.
M. BELLEMARE: Oh, Seigneur!
M. LESAGE: Non, c'est M. Pigeon qui parle là.
M. BELLEMARE: Oui, mais ce matin...
M. LESAGE: Mais je n'y étais pas moi, je ne sais pas.
M. BELLEMARE: Non, mais lui, il devrait connaître ça!
M. JOHNSON: C'était bien plus clair que ça ce matin.
M. BERTRAND (Missisquoi): On ne pouvait pas...
M. LESAGE: « Troisièmement,...
M. BERTRAND (Missisquoi): On ne pouvait pas aller ailleurs ce matin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. LESAGE:
«Troisièmement,...
M.JOHNSON: Il y avait un seul imprimeur dans la province qui est capable
de faire les statuts, c'était Paul Charrier.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. LESAGE: « Troisièmement... (Je sais pas ce qu'il a dit,
moi!) « Troisièmement, les contrats d'impression ne sont pas
encore accordés.
DES VOIX: Oh!
M. JOHNSON: Merci.
M. ALLARD: Quelle est la date du rapport?
M. LESAGE: Pardon?
M. ALLARD: Quelle est la date du rapport?
M. LESAGE: Il me l'a donné, le secrétaire de la province
m'a remis ça, je sais pas, il y a quinze minutes, il vient de me
l'envoyer là.
M. BELLEMARE: C'est un homme humble.
M. LESAGE: Non, non, mais pour corriger son...
M. JOHNSON: Le secrétaire de la province n'aura pas de promotion
à cause de ça.
M. LESAGE: Moi, je ne sais pas ce qu'il corrige, je ne sais pas ce qu'il
a dit.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela complète le rapport qu'il nous a
fait ce matin, ça le complète.
M. BELLEMARE: No.us avons comparé ça avec les choses
d'asphalte. Ah! il est bon!
M. LE PRESIDENT: Article 2.
M. LESAGE: Sur ce sujet-là, M. Bieler m'informe d'ailleurs qu'en
1941 il y avait eu quatre imprimeurs aussi, pour que ça se fasse
rapidement, pour les raisons données par M. Pigeon.
M. LE PRESIDENT: Article 2, « Curatelle publique ».
M. BERTRAND (Missisquoi): Le Secrétaire de la province n'est
jamais assez longtemps dans un ministère pour savoir tout ce qui se
passe!
M. LESAGE: Bon. La curatelle.
M. BELLEMARE: J'espère que le premier ministre ne corrigera pas
le « Journal des débats », qu'il va le laisser tel quel pour
ce matin!
M. LESAGE: Je ne corrige pas. M. le Président, je n'ai pas
demandé de corriger le « Journal des débats »; j'ai
lu une note que je viens de recevoir d'un de mes collègues.
M. BELLEMARE: Mais c'est lorsqu'il va lire le « Journal des
débats »! Qu'il nous dise alors ce qu'il en pense.
M. LESAGE: Si j'ai le temps, je vais le lire.
M. JOHNSON: Est-ce que je pourrais suggérer...
M. LESAGE: La curatelle, oui. M. JOHNSON: ... une suspension?
M. LESAGE: Ah, je pensais qu'on pourrait suspendre de six heures et
demie à sept heures et demie, mais...
M. JOHNSON: Ah, je n'ai pas d'objection si on veut aller jusqu'à
six heures et demie.
M. LESAGE: On pourrait aller jusqu'à six heures et demie, prendre
une heure pour dfner, puis continuer...
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... pour essayer de se coucher plus de bonne heure ce
soir.
M. LE PRESIDENT: Alors, « Curatelle publique ».
M. JOHNSON: Au sujet de la curatelle publique, très
brièvement, est-ce que la réorganisation fonctionne?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Non, je ne veux pas de détails, j e veux tout
simplement m'assurer qu'on réorganise réellement
l'affaire,...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... qu'on fournit les fonds nécessaires au jeune
notaire, là, le chef de la curatelle...
M. BELLEMARE: Deslauriers. M. LESAGE: Deslauriers ou...
M. JOHNSON: ... Deslauriers, au jeune notaire Deslauriers...
M. LESAGE: Si l'on voulait,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. A l'ordre.
M. LESAGE: ... je pourrais lire dix lignes, la conclusion d'un rapport
de l'agent du contrôleur de la Trésorerie. « Il n'y a aucun
doute que la curatelle publique, au point de vue administratif, n'a pas
cessé de s'améliorer depuis les deux dernières
années, cela, c'est la réponse directe à la
question du chef de l'Opposition à la suite de contacts plus
fréquents avec les autorités, les ministères responsables.
Toutefois nous croyons qu'il y aurait lieu de considérer que le
représentant du ministère des Finances auprès de la
curatelle serve d'agent de liaison en ce qui concerne l'administration
générale de la curatelle, que tous les problèmes
administratifs soient dirigés directement à ce
délégué et ceci en conformité avec le bill 39
adopté par l'Assemblée législative le 2 mai 1941
».
M. BELLEMARE: M. le Président...
M. LESAGE: Et suite a été donnée à cette
recommandation.
M. BELLEMARE: ... il y a un représentant du ministère des
Finances maintenant?
M. LESAGE: Oui, M. André Proulx, comme agent du contrôleur
de la Trésorerie.
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre pourrait me dire quelle est
la valeur des biens qui sont actuellement contrôlés par la
curatelle publique?C'est important pour les fonds les placements!
M. LESAGE: Je ne vérifie pas cela tous les soirs! $1,500,000,
cinq cent quelque mille piastres.
M. BELLEMARE: Curatelle publique...
M. LESAGE: Cela, c'était au 31 mars 1963, page 676 des comptes
publics.
M. BELLEMARE: Oui, je l'ai devant moi, $1,508,580.24. Cela, c'est
l'actif. Maintenant, il y a aussi le passif de...
M. LESAGE: Le même montant, l'actif est égal au passif.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais les placements qui sont en mains, que
possède la curatelle publique, sont de un million,...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... comme me dit le premier ministre là, un
million...
M. LESAGE: Bien, je n'ai pas dit ça.
M. BELLEMARE: Bien, je le cherche là, un million...
M. LESAGE: C'est marqué: obligations, « bonds »,.
M. BELLEMARE: « Bonds », $1,961,000; les actions,
$321,000,...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: ... ce qui fait $2,377, 230.21...
M. LESAGE: Créances hypothécaires, oui.
M. BELLEMARE: Bon! Cela ce sont des placements qui sont faits par le
ministère des Finances ou par la curatelle elle-même?
M. LESAGE: Oui. Par la curatelle elle-même.
M. BELLEMARE: Par la curatelle elle-même.
M. LESAGE: Bien oui. Sous la surveillance du ministère des
Finances.
M. BELLEMARE: Pardon? Sous la surveillance... Est-ce que les obligations
qui sont prises par la curatelle publique sont dans les obligations de la
province, dans les obligations des municipalités?
M. LESAGE: Oui, oui, comme...
M. BELLEMARE: Comme les accidents de travail?
M. LESAGE: On place, en vertu de 981 o) du code civil...
M. BELLEMARE: Oui, o). Oui, on m'avait déjà dit ça!
Mais, M. le Président, dans une année, les revenus
rapportés par ces fonds sont de quel montant?
M. LESAGE: Cela dépend.
M. BELLEMARE: Cela, si je comprends bien, c'est l'actif, c'est le
placement des obligations de $2,300,000.
M. LESAGE: Bien vous l'avez là, prenez à la page C-77.
M. BELLEMARE: Les obligations, $113,000. M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Compte de banque, épargne, $4,000.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: $117,587...
M. LESAGE: Moins les intérêts crédités aux
administrés.
M. BELLEMARE: Combien y a-t-il de membres dans la curatelle publique
maintenant? Combien, à part le curateur?
M. LESAGE: Bien, il y a le curateur.
M. BELLEMARE: Oui. Ce serait M. Deslauriers. C'est sur la rue...? 680
ouest...?
M. LESAGE: C'est rue Ste-Catherine, à Montréal, à
l'édifice de la Banque Provinciale, en face de chez Eaton. Je n'y suis
jamais allé. Et au 1er avril 1964 il y avait 68 employés.
M. BELLEMARE: 68 employés, mais c'est 600 quelque chose, je
pense.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: L'adresse c'est 600 quelque chose.
M. LESAGE: C'est rue Ste-Catherine, en face de chez Eaton, me dit M.
Bieler.
M. BELLEMARE: 68 employés. M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: M. le Président, dans la curatelle publique, c'est
la dernière question, quel est le barème des salaires
payés actuellement aux employés qui sont... Tiens ma question est
autrement. Combien y a-t-il d'employés en bas de $5,000?
M. LESAGE: Bien, la moyenne des traitements pour les employés
supérieurs, qui sont deux, est de $12,700; pour les 66 autres
employés, c'est $3,648.33.
M. BELLEMARE: $3,648.33 M. LESAGE: Au 1er avril.
M. BELLEMARE: Le premier ministre ne trouve pas que, parmi ces 66
employés, il y a des hommes de profession dans ça, il y a
plusieurs professionnels?...
M. LESAGE: Je ne sais pas, oui. Il doit y en avoir.
M. BELLEMARE: ... qui sont...
M. LESAGE: Il y a des commis dactylos...
M. BELLEMARE: Oui, il y a des notaires...
M. LESAGE: ... des enquêteurs, un régis-traire, un
assistant-comptable. Enfin, il y a des conseillers juridiques. Il y en a deux.
Trois conseillers juridiques.
M. BELLEMARE: M. Robert Trudel est encore à la curatelle
publique?
M. LESAGE: Monsieur qui?
M. BELLEMARE: L'avocat Robert Trudel.
M. LESAGE: Je ne sais pas. Il y a Trudeau, mais elle s'appelle Francine,
ce n'est pas un avocat.
M. BELLEMARE: Comment?
M. LESAGE: Il y a Trudeau, mais c'est Francine...
M. BELLEMARE: Ah! non, c'est très bien. Il n'est pas
là.
M. LESAGE: Je ne vois pas de Trudel ici.
M. BELLEMARE: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 3?
M. BELLEMARE: Une minute. C'est d'accord.
M. LE PRESIDENT: Article 3 adopté. Article 4.
M. BELLEMARE: C'est toujours la même pension.
M. LE PRESIDENT: Article 4 adopté? Article 5.
M. BELLEMARE: Article 4 adopté. Il en a été
question au budget supplémentaire, $5,000,000 de plus.
M. LE PRESIDENT: $5,000.
M. BELLEMARE: $5,000? Où dont êtes-vous rendu,
là?
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6.
M. BELLEMARE: Dépenses imprévues, $5,000.
M. LE PRESIDENT: « Conseil et contrôleur de la
trésorerie ».
M. DOZOIS: M. le Président, on aun budget considérable de
traitements, $2,000,000. Les services comptables, $2,142,200. Je comprends que
ce sont les comptables...
M. LESAGE: Oui, de tous les ministères.
M. DOZOIS: ... de la Trésorerie qui font la comptabilité
ou la vérification...
M. LESAGE: Tous les ministères et toutes les agences.
M. DOZOIS: Est-ce qu'il y a plusieurs comptables dans chaque
ministère évidemment?
M. LESAGE: Ah bien ça dépend de la grosseur du
ministère. Au Conseil exécutif, je pense que...
M. DOZOIS: Ce n'est pas une personne tout simplement qui est en
charge...
M. LESAGE: Au Conseil exécutif, par exemple,...
M. DOZOIS: ... qui assume toute la comptabilité?
M. LESAGE: ... j'ai seulement M. Gignac. Je vais vous donner le nombre
d'employés. On appelle ça les services comptables, hein?
M. DOZOIS: Oui.
M. LESAGE: Au 31 mars 1964, aux Affaires culturelles, 7 employés,
aux Affaires municipales, 3 employés, Agriculture et Colonisation, 42
employés, Office du crédit agricole, 55 employés, Conseil
exécutif, 10 employés... Voulez-vous la liste
complète?
M. BELLEMARE: Si le premier ministre en envoyait une copie
simplement.
M. DOZOIS: Cela serait bien utile de l'avoir.
M. LE PRESIDENT: D'autres questions. Article 6 adopté?
Adopté. Article 7: « Centre de mécanographie ».
M. BELLEMARE: M. le Président, il en a été question
à plusieurs reprises dans cette Chambre. L'honorable premier ministre
nous a dit qu'on faisait actuellement les derniers préparatifs pour
transporter tout ce qui, au centre même...
M. LESAGE: (Fermez donc la fenêtre en arrière de M.
Bellemare.)
M. BELLEMARE: (Oui. Oui.)
M. LESAGE: (Excusez-moi. Mais c'est parce que ça rend la
conversation plus facile.)
M. BELLEMARE: L'honorable premier ministre nous a dit plusieurs fois
dans cette Chambre que le centre de mécanographie serait prêt le
1er septembre définitivement.
M. LESAGE: Le chef du centre, M. Thé roux, qui est ici me dit
qu'il déménage en fin de semaine.
M. BELLEMARE: Ah bon! Alors même les locaux, le service qui est
sur la rue St-Jean?
M. LESAGE: C'est tout ce qu'on a.
M. BELLEMARE: C'est tout ce que vous avez.
M. LESAGE: C'est ça qu'on déménage dans le nouveau
centre.
M. BELLEMARE: J'ai été vivement intéressé,
l'autre jour je suis allé, en prenant une marche, visiter ça.
C'est fantastique la modernisation qui existe dans ce centre...
M. LESAGE: Je voudrais bien avoir le temps...
M. BELLEMARE: Il y a bien des députés qui devraient...
M. LESAGE: Aller visiter ça, oui.
M. BELLEMARE: ... comme moi, aller visiter ça. Ils auraient
là une leçon extraordinaire de la rapidité avec laquelle
le modernisme, et avec laquelle aujourd'hui tous les bureaux...
M. LESAGE: M. le Président, le député de Champlain
nous donne une bonne idée, c'est d'avoir une inauguration officielle du
centre, et puis d'inviter tous les députés.
M. BELLEMARE: Ah bon! Qu'Us nous expliquent comme l'autre jour, c'est
fantastique. D'ailleurs, il y a là une expérience extraordinaire
à prendre, parce qu'on touche du doigt des facteurs de rapidité,
et puis des facteurs de travail à automation, ce qui est
fantastique.
M. LE PRESIDENT: Alors article 7 adopté. Article 8; «
Service des assurances ».
M. BELLEMARE: Il y a une diminution dans ça, M. le
Président, de $130,000...
M. LESAGE: Oui, M. Camaraire va rentrer là.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire qu'il y a une augmentation, mais il
y a un remboursement.
M. BELLEMARE: Il y a un remboursement. M. LE PRESIDENT: A la page 54. M.
BELLEMARE: Oui, en bas là.
M. LESAGE: A quel item êtes-vous M. Bellemare?
M. LE PRESIDENT: Article 8.
M. BELLEMARE: L'assurance, $320,000, remboursement... très bien,
adopté.
M. LESAGE: Autrefois c'était entré dans les revenus au
ministère du Revenu. Ce que nous recevions...
M. BELLEMARE: Mais d'où provient ce remboursement?
M. LESAGE: ... était entré comme recouvrement. Maintenant
il est entré comme remboursement. Il est déduit
immédiatement.
M. BELLEMARE: Mais les $175,000 sont composés de quoi?
M. LESAGE: Ce sont les cotisations des compagnies d'assurance...
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. LESAGE: ...qui paient une partie de l'administration. Cela allait au
compte général, n'est-ce pas, au fonds consolidé.
M. BELLEMARE: Les compagnies d'assurance paient...
M. LESAGE: En vertu de la loi, oui.
M. BELLEMARE: ... en vertu de la loi, un montant fixe...
M. LESAGE: C'est tant ça varie ça
dépend, tant pour cent, fixé chaque année à un
pourcentage...
M. BELLEMARE: Des chiffres d'affaires.
M. LESAGE: ... des primes, des chiffres d'affaires.
M. BELLEMARE: Cela c'était sous la surveillance du surintendant
des assurances?
M. LESAGE: Oui. C'est sous la surveillance du surintendant des
assurances qui est M. Camaraire.
M. BELLEMARE: Ah oui bon! C'est ça, sous la surveillance...
M. LESAGE: Oui, oui. Qui a remplacé M. Tremblay quand celui-ci a
été nommé auditeur de la province.
M. LE PRESIDENT: Adopté? 8.
M. BERTRAND (Missisquoi): m. le Président, au sujet des bourses
d'étude en matière actuarielle, combien avons-nous, à
l'heure actuelle, de boursiers? Si le premier ministre n'a pas le
renseignement...
M. LESAGE: M. Tremblay me souffle, de mémoire: à peu
près 40? M. Camaraire est entré il n'y a pas très
longtemps et puis je vous garantis qu'avec les problèmes qu'il a eu
à régler je ne suis pas surpris qu'il ne puisse pas me
répondre. Mais de mémoire...
M. BELLEMARE: Il ne pouvait pas tout régler ça?
M. LESAGE: Bien, les problèmes surgissent à chaque
jour.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, on aurait, à l'heure actuelle,
une quarantaine de boursiers. Je note que le chiffre diminue. On avait $25,000
l'an dernier pour des bourses? Quel a été, à même
les $25,000, le montant utilisé pour les bourses? Si le premier ministre
n'a pas tous les renseignements, on pourra les obtenir autrement et communiquer
avec le bureau...
M. LESAGE: C'est parce qu'on discute ça avec les
universités, n'est-ce pas?
M. DOZOIS: Dans les comptes publics, c'était $25,000.
M. BELLEMARE: Dans les comptes publics, à la page 299 à
part ça!
M. LESAGE: $24,200.
M. BERTRAND (Missisquoi): $24,000. Et cette année, on ne vote que
$10,000 pour les bourses?
M. LESAGE: Oui, bien c'est en négociation avec les
universités, c'est ça? Selon la recommandation des deux
universités, de Laval et de Montréal, suivant leur nombre
d'élèves.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, le montant peut être
augmenté au cours de l'année lorsqu'il y a des demandes
additionnelles...
M. LESAGE: Bien oui, il peut être augmenté par virement,
n'est-ce pas, très facilement.
M. BERTRAND (Missisquoi): D'accord.
M. LE PRESIDENT: 8, adopté. Article 9: « Bureau de
l'audition ».
M. DOZOIS: M. le Président, on se rappelle que l'an dernier ou il
y a deux ans, au Comité des comptes publics, j'avais fait des
suggestions quant à la modification de la présentation des
comptes publics. Les derniers que nous avons reçus tiennent compte de
ces modifications. Alors on a tous constaté qu'on n'a plus les
détails des salaires en bas de $5,000. Lorsque j'ai
suggéré cela, j'avais demandé que l'on remplace
l'économie que l'on ferait dans le livre par des détails
basés sur la présentation des comptes publics du Canada sur les
contrats. M. Vêzina, l'auditeur du temps, m'avait informé que ce
n'était pas possible de donner ces détails pour ces comptes
publics.
Est-ce que le ministre des Finances pourrait m'assurer que, dans le
prochain volume qui sera publié, nous aurons ces détails?
M. LESAGE: M. Tremblay me répond dans l'affirmative pour les
trois ministères où il y a le plus de construction: Voirie,
Santé, et puis Education.
M. DOZOIS: Oui. Alors, dans le prochain volume, nous aurons les
détails des contrats...
M. LESAGE: D'ici trois mois.
M. DOZOIS: Ah très bien! C'est que j'avais cru comprendre que
nous ne les aurions pas.
M. LESAGE: Voyez-vous, les comptes publics sont en préparation
à l'heure actuelle.
M. DOZOIS: Bon! C'est parce que j'avais cru comprendre que nous ne
pourrions pas les avoir.
M. LESAGE: Non. Trois mois.
M. DOZOIS: Alors, je voulais prévenir qu'on était mieux de
prendre des précautions parce que, si on ne les a pas dans le livre, on
va poser toute une série de questions.
M. LESAGE: Oui M. Tremblay me dit: « Or a pas pu tous les prendre,
mais au moins nous avons fait un effort concernant les trois plus gros
ministères de construction.
M. DOZOIS: Ah, c'est un commencement. Alors Travaux publics, Voirie
et?
M. LESAGE: Non, pas Travaux publics.
M. DOZOIS: Non.
M. LESAGE: Voirie, Santé.
M. DOZOIS: Ah Santé.
M. LESAGE: Santé.
M. DOZOIS: Très bien. Et puis l'autre le troisième.
M. LESAGE: Education les écoles techniques, les écoles
d'arts et métiers.
M. DOZOIS: Parfait. Je suis satisfait.
M. BELLEMARE: J'ai juste une question. Je voudrais savoir, j'ai vu dans
les comptes publics à « diverses dépenses », cette
année, ça ne paraît pas dans diverses dépenses. J'ai
vu « honoraires » en bas, là, c'est pour savoir, il y a eu
un montant de$39,000 de dépensé qui apparaît aux comptes
publics la page 299 et puis, « diverses dépenses » c'est
marqué ici « Association des courtiers d'assurances de la
province, » $13,410.74, qu'est-ce que c'est que ça couvre
ça?
M. LESAGE: Quelle page?
M. BELLEMARE: 299. En bas ici « dépenses diverses »,
« finances », « Associations des courtiers d'assurances de la
province de Québec » $13,410.74, Maheux, Noë et
Associé s, $8,112. puis « La Tribune » de Sherbrooke
$10,716.60 ça je voudrais si c'est possible, le premier ministre pourra
me le dire ce soir où demain.
M. LESAGE: M. Tremblay est ici. C'est l'impression du rapport du
surintendant.
M. BELLEMARE: C'est l'impression du rapport du surintendant pour un.
M. LESAGE: Des assurances.
M. BELLEMARE: Ah le $13,410. $13,000?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Pardon? Ah non, pas $13,000 pour le rapport de la
publication d'un rapport.
M. LESAGE: $10,700.
M. BELLEMARE: J'aimerais mieux M. le Président que M. Tremblay
vérifie puis qu'il nous dise...
M. LESAGE: Mais oui M. Tremblay me dit c'est exactement ça.
M. BELLEMARE: Cela a coûté $10,000 pour publier le rapport
des assurances de la province?
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: Puis l'autre, y a-t-il?
M. LESAGE: Bien oui, mais c'est évident, je ne sais pas si le
chef,
M. BELLEMARE: Bon, bon. C.P.R.
M. LESAGE: Non, non, je n'ai pas dit C.P.R. si le député
de Champlain réalise que il est publié dans les deux
langues...
M. BELLEMARE: Ouio
M. LESAGE: ... et de plus il comporte un très grand nombre de
tableaux...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... ça coûte, et des chiffres, ça
coûte beaucoup plus cher.
M. BELLEMARE: Alors, admettons que pour un, c'est $10,000 pour «
La Tribune » de Sherbrooke, ça ce sont les assurances, puis
l'autre, c'est le rapport de l'auditeur $13,410. ça serait...
M. LESAGE: Bien non,...
M. BELLEMARE: Bien il y atrois montants différents.
M. LESAGE: Bien oui, vous êtes dans le budget des assurances
à la page 299.
M. BELLEMARE: Oui, mais « finances » M. le Président
en bas de la page « dépenses diverses », « Association
des courtiers d'assurances de la province de Québec » un montant
$13,000...
M. LESAGE: C'est toujours les assurances ça.
M. BELLEMARE: Non. Ah oui, vous avez raison.
M. LESAGE: Cela n'a pas affaire à l'éditeur.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce sont de sous-item.
M. BELLEMARE: Non, c'est l'autre le $13,000 c'est la contribution
à l'Association?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Ah, je ne suis pas pour chicaner le premier ministre.
M. LESAGE: Ce n'est pas bon ça. C'est parce que avant qu'on passe
le bill des courtiers...
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: ... il y avait une contribution annuelle.
M. BELLEMARE: De la province. M. LESAGE: De la province.
M. BELLEMARE: Qu'on payait à l'Association des courtiers.
M. LESAGE: A l'Association des courtiers.
M. BELLEMARE: Pour le congrès...
M. LESAGE: Bien non. Non, c'est parce que...
M. BELLEMARE: Les examens?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. BERTRAND (Missisquoi): Des examens.
M. LESAGE: Maintenant qu'ils sont en corporation, évidemment, ils
n'en ont plus besoin ils ne reçoivent plus.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils sont organisés.
M. BELLEMARE: Maheux, Noël, Associés. $8,112.
M. LESAGE: C'est pour M. Noël qui a été nommé
en vertu de la Loi des assurances Gardien de la compagnie d'assurances Iroquois
qui a été absorbée par...
M. BELLEMARE: Il n'a pas été nommé. M. LESAGE: ...
un groupe de compagnies... M. BELLEMARE: Il n'avait pas été
nommé...
M. LESAGE: ... dont la Prévoyance et d'autres après une
entrevue qui avait eu lieu au cours de la dernière session dans mon
bureau ici en arrière.
M. BELLEMARE: Il n'avait pas été nommé pour
les...
M. LESAGE: Il a obtenu le consentement des compagnies d'assurances
à absorber l'actif et surtout le passif de l'Iroquois.
M. BELLEMARE: Il n'a pas été nommé en même
temps pour l'Equitable.
M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: La compagnie Equitable la compagnie d'assurances
Equitable?
M. LESAGE: Non, il n'y a pas de gardien pour l'Equitable.
M. BELLEMARE: Il y a une compagnie
d'assurances... j'ai à mon bureau deux ou trois cas...
M. LESAGE: Pas l'Equitable.
M. BELLEMARE: Non, pas l'Equitable, je fais erreur là.
M. LESAGE: Ne commencez pas.
M. BELLEMARE: Mais il y a eu une compagnie d'assurances.
M. LESAGE: La Mont-Royal, vous voulez dire?
M. BELLEMARE: Non, c'est une compagnie...
M. LESAGE: La Mont-Royal, il y a eu un gardien de nommé
évidemment j'ai envoyé M. Camaraire, c'est monsieur...
M. BELLEMARE: Les gens ont obtenu des jugements.
M. LESAGE: C'est monsieur Clément de la Prévoyance qui a
été nommé gardien dans le cas de la Mont-Royal.
M. BELLEMARE: Non, ce n'est pas la Mont-Royal, c'est parce qu'ils ont
obtenu jugement de la Cour et la compagnie...
M. LESAGE: Je n'en vois pas d'autres.
M. BELLEMARE: Non, non, il y en a une autre.
M. LESAGE: Il y a l'UCC mais, elle a été absorbée
par les assurances des Caisses populaires.
M. JOHNSON: Assurance-automobile.
M. LESAGE: Sa seule compagnie qui à l'heure actuelle ait un
gardien.
M. BELLEMARE: Zenith.
M. LESAGE: Mais la seule qui ait un gardien à l'heure actuelle,
c'est la Mont-Royal, les assurances UCC ont été
transportées moyennant considérations aux assurances Desjardins,
les Caisses populaires quoi.
M. BELLEMARE: C'était l'année passée ça.
M. LESAGE: Non, ce n'est pas l'année passée, c'est la
semaine dernière, c'est vendredi dernier.
M. JOHNSON: On sait M. le Président, que plusieurs compagnies
d'assurance-automobile qui ne font affaires que dans la province ou dans un
rayon limité ont connu des difficultés assez sérieuses
depuis ces dernières années. Alors, ce que je voulais demander au
premier ministre, c'est une question très simple. Est-ce qu'il est
satisfait, c'est bien vaste cette question... je vais la condenser et pour la
condenser, je vais d'abord établir les prémisses. Il y a...
M. LESAGE Est-ce que le chef de l'Opposition pour fins de condensation
n'aimerait pas autant ajourner jusqu'à sept heures et demie?
M. JOHNSON: Cela va, je pourrais ramasser mon affaire.
M. LESAGE: Et faite s revenir M. Camaraire, il ne faut pas oublier que
j'ai renvoyé le surintendant des assurances, l'article avait
été adopté. Est-ce qu'à sept heures et demie on ne
pourrait pas...
M. JOHNSON: ... sont différentes en vertu de la
législation fédérale et certaines ententes pour les
compagnies britanniques, pour les compagnies américaines et pour les
autres, il y a trois catégories. Deuxièmement...
M. LESAGE: Non, ce sont les compagnies d'assurances
étrangères.
M. JOHNSON: Oui, mais il y a une classification spéciale pour les
British. Il y a là une situation qui ne dépend pas de
Québec, c'est à Ottawa mais là où je m'en viens
pour appliquer le problème à Québec il y a des compagnies
qui ont leur siège social dans certaines provinces, leur siège
principal, qui sont admises dans Québec, et certaines compagnies de
Québec ont de la difficulté à se faire admettre dans ces
mêmes provinces. Deuxième catégorie de problè- mes.
Troisième, c'est qu'évidemment, quand on ne fait affaire que dans
la province de Québec au point de vue automobiles, quand on a une
mauvaise année, on risque de culbuter ou de passer proche de culbuter,
comme ça été le cas notamment de l'UCC. Il y a par
ailleurs, en comparaison à ça, une compagnie qui fait affaires
dans cinquante états américains plus la province de
Québec, bien, mon Dieu! si elle perd dans Québec, elle se reprend
dans cinquante états américains, elle couvre le risque, c'est
l'essence même de l'assurance. Vu tous ces facteurs, le premier
ministre est-il d'avis que nous en venions bientôt à un
système étatisé d'assurance-automobile?
M. LE SAGE: Non, M. le Président.
M. JOHNSON: Le premier ministre n'est pas en faveur?
M. LESAGE: J'ai dit que je ne suis pas d'avis que nous venions
bientôt. J'ai répondu exactement à la question
condensée du chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Le premier ministre va-t-il faire en sorte que nous en
arrivions à un système?
M. LESAGE: La politique du gouvernement sera annoncé en temps et
lieu.
M. JOHNSON: Le premier ministre a-t-il reçu des mémoires
à cet effet?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: De mémoire, il a reçu des mémoires.
M. LESAGE: Un mémoire.
M. JOHNSON: Un mémoire. Est-ce que le premier ministre a
objection à le déposer?
M. LESAGE: D'un électeur de Notre-Dame-de-Grâce.
M. JOHNSON: Le premier ministre a-t-il objection à le rendre
public?
M. LESAGE: Je me demande si ce n'est pas une correspondance absolument
privée, je ne sais pas.
M. JOHNSON: Je laisse au premier ministre de juger l'affaire. Aucune
association n'a fait des représentations dans le même sens?
M. LESAGE: Non, ce ne serait pas un service à rendre à
celui qui a écrit la lettre de la publiée.
M. JOHNSON: Je n'insiste pas, je croyais plutôt que c'était
les associations.
M. LESAGE: Je peux bien vous la montrer, mais franchement.
M. JOHNSON: Mais une autre année, M. le Président, je
donne avis au premier ministre pour un an d'avance, ça c'est un
problème que la Chambre devrait discuter, les compagnies d'assurance,
leur status, la réciprocité, l'état de la
réciprocité avec les autres provinces, les autres pays, en somme,
la revision des lois d'assurance, tous des problèmes qui sont
d'intérêt général, qui sont urgents, je sais qu'il y
en a d'autres.
M. LESAGE: Je veux demander à M. Ca-maraire, le surintendant des
assurances de me préparer un mémoire sur toutes ces questions que
soulève le chef de l'Opposition.
M.JOHNSON: Merci.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Il reste la dette publique.
M. JOHNSON: La dette publique, à sept heures et demie si vous
permettez.
M. LESAGE: Page 161.
M. DOZOIS: On prend pas le bill à sept heures et demie?
M. LESAGE: Oui, oui.
M. DOZOIS: Oui, mais la dette publique avant ou après le
diner.
M. LESAGE: Vous m'avez dit que vous en aviez pour deux minutes.
M. DOZOIS: Tout de suite?
M. LESAGE: Oui, j'ai voulu remettre à sept heures et demie, puis
vous m'avez dit on en a pour deux minutes avec vous autres.
M. JOHNSON: Non, mais c'était juste pour les finances. Alors si
on voulait j'aimerais mieux qu'on ajourne, il reste juste quelques
considérations sur la dette publique et ensuite le bill de l'Ile
Jésus.
M. LESAGE: Et ensuite le Conseil exécutif.
M. JOHNSON: Et ensuite le Conseil exécutif.
UNE VOIX: Le premier ministre avait dit...
M. LESAGE: J'ai répondu ce matin.
UNE VOIX: Mais cet après-midi? On devait en avoir d'autres
après-midi.
M. LESAGE: Je demanderai à mon chef de Cabinet de me
préparer dans le cours de l'après-midi les notes...
UNE VOIX: Pour demain.
M. LESAGE: Et je n'ai pas pu lui parler.
M. LE PRESIDENT: Ajournement.
M. LESAGE: Suspension. Eh bien, il faudrait faire rapport à
l'Orateur. On siège en Chambre. Sept heures trente.
M. LOUBIER: Huit heures moins le quart. M. LESAGE: Oh non. Alors, faites
rapport.
M. BEAUPRE (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité des
subsides a adopté des résolutions et demande la permission de
siéger de nouveau.
M. DIONNE (président suppléant): Quand
siégera-t-il? A la même séance? A la même
séance.
M. LESAGE: Sept heures et demie.
M. LE PRESIDENT: La séance est suspendue jusqu'à sept
heures et demie.
Reprise de la séance à 7 h 43 p.m.
M. HYDE (président): A l'ordre, messieurs. Messages du Conseil
Législatif» « Conseil législatif, le 30 juillet 1964.
« Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, sans amendement, les bills
suivants:
Bill No 47 intitulé: « Loi modifiant la Loi du Boulevard
métropolitain »;
Bill No 55 intitulé: « Loi modifiant la Loi concernant les
prêts agricoles ».
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ». «
Conseil législatif, le 30 juillet 1964. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté, sans amendement, les bills suivants:
Bill No 59 intitulé: « Loi autorisant l'octroi de certaines
concessions forestières »;
Bill No 64 intitulé: « Loi modifiant la Loi des tribunaux
judiciaires »;
Bill No 68 intitulé: « Loi concernant la ville de
Montréal »;
Bill No 69 intitulé: « Loi concernant la cité de
Québec ».
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ». «
Conseil législatif, le 30 juillet 1964. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté, sans amendement, les bills suivants:
Bill No 52 intitulé: « Loi modifiant la Loi concernant les
écoles d'architecture et des beaux-arts »;
Bill No 56 intitulé: « Loi modifiant la Loi des produits
laitiers »;
Bill No 57 Intitulé: « Loi modifiant la Loi des terres de
colonisation »;
Bill No 139 intitulé: « Loi modifiant la charte de la
Commission des écoles catholiques de Montréal, et certaines lois
concernant le Bureau métropolitain des écoles protestantes de
Montréal »
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ». «
Conseil législatif, le 30 juillet 1964. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté, avec des amendements qu'il la prie d'agréer, le bill
suivant:
Bill No 41 intitulé: « Loi modifiant la Loi des
cités et villes ».
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ». «
Conseil législatif, le 30 juillet 1964. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté, avec des amendements qu'il la prie d'agréer, les bills
suivants:
Bill No 58 intitulé: « Loi modifiant la Loi des terres et
forêts »;
Bill No 63 intitulé: « Loi du Conseil d'artisanat du
Québec ».
Attesté:
Henri Fiset greffier du Conseil législatif ».
M. LAPORTE M. le Président, c'est la deuxième fois que je
me levé sur la même motion. Il s'agit de deux amendements, le
premier a pour effet de permettre deux choses aux municipalités, d'abord
de conclure des ententes pour l'exécution de travaux municipaux de toute
nature, ou pour l'organisation de services municipaux. L'article dit: «
Sauf les autres cas qui sont déjà prévus, les
municipalités peuvent conclure des ententes entre elles à ces
fins, et deuxièmement une municipalité peut louer sa machinerie
à une autre municipalité qu'elle que soit la loi qui la
régit, et fixer le tarif ». Cela est le premier amendement.
Le deuxième, nous avons dans la loi générale une
autorisation, le droit de détaxer, ou de ne pas évaluer la
machinerie. Quelques municipalités, cinq ou six, dans la province qui
ont des chartes spéciales, Hull par exemple, n'a pas ce droit. Nous
l'accordons a toutes les municipalités qu'elle que soit la charte qui
les régit, et pour ne pas que la transition soit trop difficile, ne
désorganise le budget de façon trop considérable, la
machinerie nouvelle pourra être non évaluée
immédiatement, et pour la machinerie ancienne, ça peut se faire
en deux étapes, deux tiers la première année, et un tiers
l'année suivante.
M. LESAGE: M. le Président, je propose l'agrément de la
Chambre aux amendements apportés par le Conseil législatif au
bill 41.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. CLICHE: M. le Président, le Conseil législatif a
apporté un amendement au bill 58 à l'article 4. L'article 4 du
bill adopté ici à l'Assemblée législative amendait
l'article 86, ou plutôt remplaçait l'article 86 de la Loi des
terres et forêts. L'amendement a consisté, de la part du Conseil
législatif, à ajouter au premier paragraphe, à la fin,
après le mot: « utilisé », les mots suivants: «
au-delà du chiffre spécifié dans son permis ».
Alors le paragraphe se lit comme suit: « Nul ne peut, sans un
permis du ministre des Terres et Forêts, construire ou exploiter une
usine utilisant le bois non ouvré comme matière première,
ni modifier une telle usine, ou sa ma- chinerie, de façon à
accroître le volume de tel bois utilisé, au-delà du chiffre
spécifié dans son permis. »
M. BERTRAND (Missisquoi): Et dans le cas où il a un permis du
ministère...
M. CLICHE: Oui, dans le cas où il un permis du ministère,
un permis de coupe de bois,...
M. BERTRAND (Missisquoi): ... un permis de coupe.
M. LESAGE: Il est obligé d'en avoir un.
M. le Président, je propose l'agrément de la Chambre aux
amendements proposés par le Conseil législatif au bill 58.
M. LE PRESIDENT: La motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Quant au bill 63, « Loi du Conseil d'artisanat du
Québec » eh bien! il s'agit de la publication des
règlements de la régie interne du Conseil, pour plus de
clarté on les transporte de l'article 3 à l'article 4, c'est
tout. Je propose l'agrément.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Alors le bill...
M. LAPORTE: 70.
M. LESAGE: 70, deuxième lecture.
M. LE PRESIDENT: M. Laporte propose la deuxième lecture d'une loi
concernant les municipalités de l'Ile Jésus et la ville des Iles
Laval. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. DOZOIS: Est-ce que le ministre parle? M. LAPORTE: Il s'agit d'un
projet de loi...
M. DOZOIS: Aimez-vous mieux qu'on aille en comité? J'aime autant
parler, moi, en deuxième lecture.
M. JOHNSON: En deuxième lecture. M. LESAGE: Pardon?
M. LAPORTE: Or, très brièvement, M. le Président,
il s'agit de suspendre dans les municipalités de l'île
Jésus et des Iles Laval, les élections qui pourraient avoir lieu
entre la sanc-
tion du bill que nous étudions actuellement, si la Chambre le
vote, et le 1er mai 1965. Les raisons qui nous ont amenés à
proposer cette législation à l'Assemblée
législative, en dépit des objections que nous avons en
thèse générale aux prolongations de mandats des
administrations municipales, c'est qu'il y a actuellement une étude en
cours sur l'île Jésus par la Commission Armand Sylvestre, que
cette Commission a déjà déposé un rapport
préliminaire, que plusieurs des administrateurs municipaux, des maires
et des conseillers municipaux se sont prononcés pour ou contre les
projets de modification à la géographie municipale de l'Ile
Jésus, et que pour conserver le climat de sérénité
qui, jusqu'ici a présidé aux délibérations de la
Commission Sylvestre, nous jugeons qu'il serait très inopportun d'en
faire le sujet d'une ou de plusieurs campagnes électorales
municipales.
Nous avons jugé qu'il vaudrait mieux, il y a, m'a-t-on dit, trois
élections qui devraient normalement avoir lieu au cours de l'automne,
à Chomedey, à Duvernay, et à Lavalouest, et nous croyons
que pour le jugement que cette Chambre en définitive, le gouvernement
d'abord devra rendre sur le rapport de la Commission Sylvestre, il ne serait
pas bon que nous ayons un jugement basé sur une élection
municipale où un des thèmes majeurs pourrait être pour ou
contre l'annexion ou la fusion ou le changement des limites, mais où
nous n'aurions jamais la certitude que ce fut là la raison de
l'élection, ou de la non élection d'un groupe ou de l'autre. Nous
croyons que ça n'est pas bien théoriquement de prolonger des
mandats, mais que nous le faisons dans trois cas bien précis, et que
pour la bonne conduite d'une enquête que tout le monde reconnaît
avoir été menée d'une façon fort sereine, d'une
façon fort scientifique par les trois commissaires, il ne serait pas bon
que ce problème extrêmement important et extrêmement grave
pour l'avenir de l'île Jésus, pour l'avenir de la région
métropolitaine et quand on parle de la région
métropolitaine c'est toute la Province de Québec qui devient par
le fait même intéressée à cause de son
importance.
Nous jugeons qu'il ne serait pas bon que ce débat soit
porté sur la place publique au cours d'élections municipales.
C'est pour cette raison, M. le Président, que je propose la
deuxième lecture du bill 70.
M. DOZOIS: M. le Président, inutile de répéter,
tout le monde sait qu'il y a actuellement, comme l'a dit d'ailleurs le ministre
des Affaires municipales, une Commission qui étudie ce problème
dans l'Ile Jésus et laquelle Com- mission est présidée par
l'honorable juge Armand Sylvestre.
Je ne vous cacherai pas, j'ai été fort surpris de la
présentation d'un telle loi quelques jours avant la fin de la session
alors que nous siégeons ici depuis le 14 janvier et que le gouvernement
aurait eu le temps et le loisir de présenter cette mesure beaucoup plus
tôt. Je ne vois pas encore une fois quelle hâte et quelle
précipitation il y a à présenter une telle mesure.
Une loi qui prend la Chambre par surprise mais qui prend
également les gens de l'île Jésus par surprise. Jamais il y
a eu en cette Chambre des énoncés laissant deviner la soumission
à notre étude d'une telle loi. Et au cours de la journée,
nous avons reçu, je pense, nous de ce côté-ci du moins, je
crois que l'autre côté de la Chambre a dû recevoir
également les mêmes télégrammes que nous avons
reçus. On voit que c'est un problème qui suscite beaucoup
d'intérêt. On voit que ces gens sont pris par surprise et c'est
loin d'être une loi qui est agréée.
Vous me permettrez, M. le Président, de vous donner lecture de
ces télégrammes. La plupart viennent de gens qui occupent des
fonctions officielles et qui sont affectés par le but de cette loi.
J'estime qu'il est de mon devoir d'en faire part à cette Chambre. Ceux
que je lis sont tous adressés à moi; « Nous du conseil de
ville de Fabreville sommes opposés au projet prolongation de mandat sur
l'île Jésus par démocratie croyons que population se
prononce
Lucien Dagenais maire de Fabreville » « Sommes
opposés catégoriquement au prolongement de mandat du maire et
conseil de ville de Chomedey nous considérons que c'est la
répétition du coup de force de la Loi Dillon parti civique de
Chomedey » « Le conseil de ville de St-François est
formellement opposé à ce que le mandat des conseils de ville de
l'île Jésus soit prolongé sans l'approbation de la
population parce qu'antidémocratique
Marcel Villeneuve maire » « Désire exprimer
opposition catégorique (il y a un mot qui a sûrement
été mal traduit ici) bill privé (je ne sais pas)...
M. JOHNSON: C'est ça.
M. DOZOIS: ... qui doit être présenté
après-midi par député Noël Lavoie, stop, Rapport
Commission Sylvestre recommande spécifiquement municipalité
île Laval soit tenue hors des cadres, réorganisation municipale
île Jésus, stop, rie Laval ne fait pas partie commission
interurbaine île Jésus, stop. Aucune justification pour modifier
date des élections aux îles Laval, stop. Mesure surprise
antidémocratique stop demande bill soit remis afin
intéressés puissent exprimer leurs voeux
Conrad Bélair maire ville des Iles Laval »
M. BELLEMARE: Cela va mal! M. DOZOIS: Un autre télégramme;
« Majorité des membres du conseil de la ville Ste-Dorothée
s'objecte projet de loi retardant toute élection municipale dans
l'île Jésus île Laval au mois de mai 1965, sans consultation
préalable avec les conseils municipaux
Dr Roger Vaillancourt maire de ville de Ste-Dorothée »
M. BELLEMARE: Bon.
M. DOZOIS: « Conseil de la Cité de Laval-des-Rapides,
fortement opposé projet prolongation de mandat sur
l'île-Jésus. Croyons plus démocratique, verdict rendu par
population. Claude Gagné, maire de Laval-des-Rapides. »
M. BELLEMARE: Ah, ah!
M. DOZOIS: « Majorité, membres corporation interurbaine,
Ile Jésus, fortement opposés prolongation de terme insu Conseils
municipaux stop adoption pareille mesure contraire honneur
Parlement respectueux liberté démocratique. Président,
Corporation interurbaine, Ile Jésus. »
DES VOIX: Ah, ah!
M. DOZOIS: « Protestons contre projet de loi prolongeant terme des
conseils municipaux sans consultation préalable dans 111e Jésus.
Mesure incontestablement antidémocratique et antiautonomiste pour
éviter consultation populaire dans Chomedey, dont Conseil ne veut pas
gouvernement doit pas adopter loi genre Dillon. La Ligue de l'autonomie
municipale de me Jésus, Secrétaire, Jean-Charles Brouillard,
3150, Ferland, Fabreville comté de Laval. »
M. BELLEMARE: Ah!
M. DOZOIS: « Concernant bill proposé pour retarder
élection dans Laval-sur-le-Lac re: annexion dû au fait que la
ville de Laval-sur-le-Lac n'est pas comprise dans le rapport Sylvestre, le
Conseil de la Corporation de la ville de Laval-sur-le-Lac s'oppose
énergiquement à un tel bill antidémocratique, et compte
sur vous pour vous y opposer...
M. LAPORTE: Ils ne sont pas compris, mais ils s'opposent.
M. DOZOIS: ... et protéger les intérêts. » Ils
sont concernés par le bill par exemple.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils sont dans le bill.
M. DOZOIS: « ... et protéger les intérêts des
citoyens de la ville de Laval-sur-le-Lac dont j'ai l'honneur d'être
maire. Fernand R. Bibeau, maire, ville Laval-sur-le-Lac. »
C'est vous dire, M. le Président que cette loi, ce projet de loi
prend non seulement la Chambre par surprise mais également les
principaux intéressés dans une telle mesure. Pourquoi cette
hâte? Le ministre des Affaires municipales vient de nous dire que c'est
pour créer un climat de sérénité, afin que la
Commission puisse continuer son étude. Bien, voici la
sérénité qui semble exister à la suite de l'annonce
du projet de Loi.
M. LAPORTE: Faites des élections avec ça! Faites des
élections avec ça!
M. DOZOIS: C'est beaucoup de sérénité. UNE VOIX:
... ça commence!
M. DOZOIS: M. le Président, on peut avoir les idées que
l'on veut sur le regroupement des municipalités, sur les annexions, mais
il reste un fait, c'est que l'on pose ce soir, ou l'on veut ce soir, poser une
mesure qui préjuge la décision ou le rapport que rendra la
Commission Sylvestre. Car il ne faut pas oublier, la Commission Sylvestre qui a
été nommée au mois de février je crois, devait, en
vertu de la nomination qui avait été faite par le ministre des
Affaires municipales, présenter un rapport intérimaire au 30
avril, et un rapport final au 30 octobre. Et en cette Chambre, ici, le 16 mars,
à certaines questions que je posais au ministre des Affaires
municipales, il a bel et bien précisé que les
municipalités auraient jus-
qu'au 30 octobre pour présenter des mémoires à la
Commission. Or, j'estime M. le Président, que cette mesure laisse
entendre, et c'est comme cela que la mesure a été
interprétée, laisse entendre en somme, « Ne dérangez
rien, cela ne sert de rien de faire des élections pour le moment
puisqu'il y aura annexion. » C'est la conclusion logique que plusieurs
personnes ont tirée du projet de loi que nous avons présentement
devant nous.
Si le ministre veut être logique, pourquoi n'a-t-il pas
présenté un projet de loi équivalent pour Montréal?
Le problème est exactement le même.
UNE VOIX: Ah oui!
M. DOZOIS: Il y a une Commission à l'Ile Jésus...
M.JOHNSON: Oui.
M. DOZOIS: ... puis il y a une Commission à me de Montréal
qui étudie le même problème. Exactement le même
problème. Et, il y en a des municipalités également qui
auront des élections au cours de l'automne à Montréal. Si
son argument vaut pour l'Ile Jésus, pourquoi ne vaut-il par pour l'Ile
de Montréal. Il me semble que c'est tout le contraire, M. le
Président. L'on empêche, par cette mesure une libre expression
d'opinion. S'il y avait eu des élections d'icià ce que la
Commission fasse son rapport, peut-être que des gens se seraient
présentés soit avec un programme favorable à l'annexion,
soit défavorable à l'annexion, et les gens se seraient
prononcés, ou bien encore le nouveau conseil municipal aurait pu fort
bien présenter des vues différentes, d'Ici à ce que la
Commission prépare son rapport final.
J'estime que c'est tout le contraire que l'on fait de ce que l'on
devrait faire. Je ne dirai pas qu'on veut museler une partie de la population
de l'île Jésus, mais on ne prend sûrement pas le moyen de
donner l'opportunité aux gens qui habitent des villes où il y
aurait pu y avoir des élections de se prononcer sur cette question. Il y
a un autre problème également qui peut se présenter, c'est
qu'il y a des municipalités où l'élection se fait par
rotation, une partie du conseil va se faire élire. En repoussant les
élections au mois de mai prochain, on débalance cette rotation,
et il y aura dans le même conseil des gens qui devaient se faire
élire cette année, d'autres qui se feront élire l'an
prochain, et nous aurons au cours de la même année, au cours des
mêmes mois, pas le tiers du conseil mais les Jeux tiers du conseil qui
devront se faire réélire, on débalancera ainsi tout le
système de rotation.
Le ministre des Affaires municipales l'a signalé que.
c'était à l'encontre du principe qu'ils ont toujours
défendu de ne pas prolonger les mandats des conseils municipaux. Je me
rappelle qu'en plusieurs circonstances, une municipalité est venue
demander une prolongation de mandat pour quelques mois. Règle
générale, le premier ministre, au comité des bills
privés, a toujours refusé, sauf en quelques rares exceptions, des
prolongations de mandat, et voici que rien que d'un trait l'on prolonge. On me
dira qu'en fait toutes les municipalités ne sont pas concernées,
mais le principe est là: c'est qu'en bloc, on prolonge le mandat de tous
les conseils municipaux. Il y en a quatorze en tout. Le bill touche
également et j'ai lu un télégramme tout à l'heure
du maire des îles de Laval, ville des Iles de Laval, qui n'est pas
concerné et qui ne fait pas partie du mandat je crois de la Commission
Sylvestre, du moins dans le rapport intérimaire il n'est pas question
des Iles Laval, et le bill va jusqu'à défendre des
élections dans cette ville, s'il doit y en avoir. Pourquoi avoir
touché à cette municipalité...
M. LAPORTE: Le problème, je parle là-bas, est-ce que je
peux poser une question, je crois que le problème ne se pose pas parce
qu'il n'y en a pas d'élections là.
M. DOZOIS: Alors pourquoi le mettre? Pour quoi l'inclure?
M. LAPORTE: Tout le monde est sur le même pied.
M. DOZOIS: Mais non, ils ne sont pas dans cette zone, qui est sous
étude.
M. LAPORTE: Bien oui mais sous étude, en quoi c'est que ça
les touche?
M. DOZOIS: Bien alors, si une municipalité...
M. LAPORTE: S'ils veulent s'exprimer qu'ils attendent dans le temps des
élections.
M. DOZOIS: S'il y a trois ou quatre municipalités M. le
Président, pourquoi ne pas avoir dit dans telle et telle
municipalité les élections sont portées au mois de mai
prochain.
M. LAPORTE: Qu'est-ce que ça.
M. DOZOIS: Pourquoi faire une loi qui touche tout le monde en principe,
si elle ne touche en fait que deux ou trois municipalités. C'est
justement le principe qui est mauvais, et j'estime qu'apporter une telle
législation à la fin d'une session alors que personne est
avisé, que personne n'a le temps d'étudier les effets d'un telle
législation, je dis M. le Président, que c'est de la mauvaise
législation, que l'on ne respecte pas les principes souvent
énoncés en cette Chambre, cette loi vient trop tard à la
fin de la session et lorsque nous l'étudierons en comité
plénier, que nous étudierons le détail de l'article en
question, je soulignerai à mon avis une chose qui ne donne pas. qui
n'atteint pas le but que l'on veut atteindre, j'estime que cette loi devrait
être renvoyée à la prochaine session et que les conseils
municipaux qui voudraient se prévaloir, j'aimerais mieux passer une loi
qui autoriserait le lieutenant-gouverneur en conseil à donner la
permission à une ville qui voudrait se prévaloir d'une telle
disposition de faire son élection plus tard qu'elle en fasse la demande,
et que le lieutenant-gouverneur en conseil accorde cette permission. Mais pas
décider d'autorité M. le Président que toutes les
municipalités concernées doivent obligatoirement tenir leurs
élections l'an prochain au lieu de cette année.
M. LAVOIE (Laval): M. le Président, j'ai bien
apprécié les remarques du député de St-Jacques qui,
à la suite de la réception de certains télégrammes,
s'est fait un devoir de représenter ces éléments qui se
sont opposés à la présente loi. Par contre, je me demande
si, comme ces municipalités qui ont fait parvenir ces
télégrammes, le député de St-Jacques, comme ces
municipalités, n'est pas un peu hors d'ordre, du fait que toutes et
chacune des municipalités,...
M. DOZOIS: Il est bien dans l'ordre de m'opposer à une loi.
M. LAVOIE (Laval): ... de toutes les municipalités qui se sont
prononcées par télégramme, il n'en est pas une qui est
visée par la présente loi. Fabreville n'a pas d'élection
cette année, ni St-François, ni les Iles Laval, ni
Ste-Doro-thée, ni Laval-des-Rapides, ni Laval-sur-le-Lac, et je trouve
drôle que des municipalités justement comme Laval-sur-le-Lac et
les Iles Laval, qui aujourd'hui ont fait parvenir un télégramme,
ne se sentent pas du tout visées par le rapport de la Commission
Sylvestre, le rapport préliminaire, et qui aujourd'hui essaient de
mettre quand même de l'opposition, une certaine opposition à cette
loi. Par contre, le député de St-Jacques n'a pas mentionné
qu'il n'a pas reçu de télégrammes des villes de Ste-Rose,
de d'Auteuil, de Vimont, de Pont-Viau, de Duvernay, de St-Vincent-de-Paul.
M. DOZOIS: J'ai lu tous les télégrammes que j'ai
reçus. Je ne pouvais pas lire ceux que je n'ai pas reçus, c'est
évident! Parce que lire ceux que je n'ai pas reçus prendrait un
temps!...
M. LAVOIE (Laval): Non, justement, je sais pertinemment qu'autant il y a
de municipalités qui s'opposent, autant il y en a qui sont favorables
et, je dirais plus, je ne voudrais pas faire l'historique desproblèmes
de 111e Jésus, je sais, comme le chef de l'Opposition, comme le ministre
des Affaires municipales, comme le député de St-Jacques, que ce
n'est pas une question facile, que ce ne sont pas des problèmes
faciles.
Nous avons le portrait de ce qui se passe dans l'Île de
Montréal. Les journaux sont remplis depuis des mois, des semaines, des
luttes qui se font de bon droit, de bonne guerre, entre la métropole et
les trente municipalités satellites. Cela n'a jamais été
facile, les problèmes locaux, on le sait, ce sont peut-être des
problèmes plus délicats et plus difficiles que les
problèmes provinciaux, parce que ça affecte directement chaque
individu dans son patelin, à l'ombre de son clocher.
Il s'agit, M. le Président, de la région
métropolitaine de Montréal, comme le mentionnait le ministre des
Affaires municipales, d'un « complexe » où il y a
près de 50% de la population de la province, deux millions et demi
d'habitants, comprenant Montréal, la rive sud et l'île
Jésus. Tout est en ébullition dans cette région. C'est
quand même une région économique qu'on ne peut pas
négliger. L'île Jésus, dans ce contexte, occupe une
région assez favorisée, une région où habitent
170,000 âmes, qui comprend 14 municipalités, la région qui
a connu l'essor le plus extraordinaire depuis une dizaine d'années, si
on considère qu'en 1951 la population de l'île Jésus
était de 34,000 âmes et qu'en 1964 elle est de 170,000
âmes.
Tous les économistes, les sociologues, les urbanistes
reconnaissent que, d'ici une trentaine d'années, l'île
Jésus aura une population de 1,000,000 d'âmes. M. le
Président, je sais et je m'attendais à ce que des
télégrammes soient envoyés. Les problèmes sont
multiples dans l'île Jésus, comme dans toute région qui
connaît une urbanisation rapide.
C'est le phénomène qu'on vit dans toute l'Amérique
aujourd'hui, l'Amérique du Nord, aux Etats-Unis, au Canada, on sait que
les campagnes se vident, que les villes se remplissent, les problèmes
sont multiples, un qui peut les connaître, eh bien, le
député de St-Jacques. Comme député de Laval, M. le
Président, ce n'est pas facile pour moi d'essayer de prendre mes
responsabilités, j'y laisserai mes plumes, mais comme
député de Laval, je crois, que c'est mon devoir de prendre mes
responsabilités.
Par contre, il ne faut pas oublier que devant la Commission Sylvestre
qui a siégé pendant trois ou quatre mois, où toutes les
villes, les corps publics, les corps intermédiaires, les individus, ont
été invités à soumettre des mémoires,
où une trentaine de mémoires ont été
discutés, tout le monde s'est fait entendre, le député de
St-Jacques se demande pourquoi ça arrive à la fin de la session,
c'est bien simple, c'est que le rapport préliminaire a été
soumis au mois de juin, un mois, il fallait, j'imagine que le ministre des
Affaires municipales, que le Cabinet prenne connaissance du mémoire, un
mois c'est normal, on sait que depuis une semaine ou deux nous avions une
question assez délicate à régler, pourquoi à
Montréal, on ne le fait pas à Montréal, parce que le
rapport préliminaire de l'étude sur Montréal n'a pas
été encore soumis, il est question qu'il n'y en ait même
pas de rapport préliminaire en ce qui concerne Montréal. Le
problème est différent.
M. le Président, il s'agit de trois villes qui ont des
élections municipales au mois de novembre. Peut-être une semaine
ou quinze jours après que le rapport Sylvestre final, je
l'espère, sera soumis, c'est facile, tout le monde sait qu'en politique
locale, après une semaine ou deux semaines après la remise d'un
rapport, que les candidats se présentent, je ne vendrai jamais ma ville,
ma ville n'est pas à vendre, est-ce que ça veut dire que ces
gens-là vont agir pour le bien commun de la région
métropolitaine de Montréal, de l'Ile Jésus? Est-ce
que...
M. JOHNSON: Quelles sont ces villes qui ont des élections?
M. LAVOIE (Laval): Chomedey, Duvernay et Laval-Ouest, qui
représentent au delà de 40% de la population de 1'île
Jésus.
M. DOZOIS: Y a-t-il des villes où il y a des élections
pour quelques conseillers seulement?
M. LAVOIE (Laval): Non, je dirais, justement ja voulais mentionner
ça, qu'il n'y a aucune des villes concernées, M. le
Président, qui ont des élections rotatives.
UNE VOIX: Ah bon.
M. LAVOIE (Laval): Il n'y en a aucune.
Le conseil de ville de Chomedey, de Duvernay et de Laval-Ouest sort en
bloc et est élu en bloc. Il reste à peine, je crois qu'il reste
une ville dans l'Ile Jésus, je crois que c'est Vimont, non d'ailleurs
ils ont accepté, ils sont revenus à la loi
générale, ils sont revenus mais il reste peut-être
Fabreville, mais aucune des villes qui ont fait parvenir des
télégrammes au député de St-Jacques n'ont
d'élections cet automne et elles ne sont en aucune façon
affectées par la présente loi.
M. DOZOIS: Fabreville, on a un télégramme.
M. LAVOIE (Laval): Fabreville n'a pas d'élections cet
automne.
M. DOZOIS: Ni par le système de rotation? M. LAVOIE (Laval):
D'aucune façon. M. JOHNSON: Ste-Rose?
M. LAVOIE (Laval): Pas d'élections.
D'ailleurs, écoutez, l'extension de mandat, Ste-Rose justement,
s'est prévalue il y a un mois à peine de la loi
générale, qui permet une extension de mandat de près d'un
an et demi, normalement Ste-Rose avait des élections au mois
d'août cette année et en vertu de lettres patentes additionnelles,
supplémentaires, ces élections sont remises au mois de novembre
1965.
M. DOZOIS: La ville de Ste-Rose l'a demandé?
M. LAVOIE (Laval): Non, non. Par la loi générale, et ils
protestent actuellement. On connaît, c'est malheureux et...
M. DOZOIS: La ville de Ste-Rose ne proteste pas.
M. LAVOIE (Laval): Pardon? La ville de Ste-Rose?
M. DOZOIS: Ne proteste pas...
M. LAPORTE: Il a juste changé de chaise pour écrire son
télégramme.
M. DOZOIS: Ah ça, ça arrive de l'autre
côté.
M. JOHNSON: M. le Président, est-ce que le député
de Laval parle de la chaise de maire ou de la chaise de
député?
M. LAVOIE (Laval): Je prends mes responsabilités globalement, M.
le Président, je termine. Un travail formidable a été
amorcé par la Commission Sylvestre.
Je tiens à féliciter, je crois, le ministre des Affaires
municipales qui, comme ministre, a pris ses responsabilités, qui,
dès le mois de janvier cette année, annonçait une
commission d'étude sur les problèmes municipaux de l'île de
Montréal et de l'Ûe Jésus. Et on sait que, dans les deux
îles, les problèmes sont considérés de face et, en
ce qui me concerne, j'espère que, dès cet automne, la Commission
Sylvestre qui déjà a donné un rapport préliminaire
d'au-delà de 100 pages rendra son rapport final au mois d'octobre ou
novembre et personnellement, je le déclare ici, je ferai tout mon
possible pour que la solution des problèmes municipaux et
intermunicipaux se règlent dans l'île Jésus, où
d'ailleurs, c'est la Commission Sylvestre qui dit, il y a urgence. Hya urgence
autant à Montréal qu'ailleurs et j'ose espérer que les
problèmes de Montréal, de l'Ûe Jésus, de la
région métropolitaine du Grand-Montréal, seront
solutionnés le plus rapidement possible au plus grand avantage de cette
région et du Québec en général.
M. JOHNSON: M. le Président, moi aussi j'ai reçu des
télégrammes.
M. LAPORTE: Pour moi, ils ont été faits en trois
copies.
M. JOHNSON: J'en ai reçu des copies de ceux que le ministre a
mentionnés tantôt et je ne les répéterai pas. J'en
avais un de M. Olier Payette, maire de Ste-Rose,...
M. LAPORTE: Ah c'est lui qui s'est prolongé d'un an et demi
la!
M. JOHNSON: ... président de la Corporation interurbaine de
l'île Jésus, que je n'ai pas l'honneur de connaître, on me
dit que c'est un libéral...
M. LAPORTE: Ah, c'est pour ça que vous ne le connaissez pas?
M. JOHNSON: Ah, j'en parlerai à mon ami Hector.
M. LAPORTE: Pardon! Mon cher Hector.
M. JOHNSON: Parce qu'on me dit aussi, M. le Président, que c'est
un courtier d'assurance, alors j'appellerai « mon cher Hector »
pour savoir si...
M. LE PRESIDENT: Le bill 70.
M. FORTIN: Vous le connaissez plus que tantôt!
M. JOHNSON: Ce télégramme est daté du 27...
M. LAPORTE : Est-ce que le bill était déposé?
M. JOHNSON: ... donc avant que le bill ne soit déposé. Je
pense que sa lecture va faire comprendre enfin le problème au ministre
des Affaires municipales et au député de Laval.
M. LAPORTE: C'est bien signé Olier Payette?
M. JOHNSON: Maire de Ste-Rose, président, Corporation
interurbaine de l'île Jésus.
M. LAPORTE: Très bien.
M. JOHNSON: « Honorable Daniel Johnson, chef de l'Opposition,
Hôtel du gouvernement, Québec. Fusion municipalité Ile
Jésus. Onze municipalités sur quatorze formellement
opposées fusion.
M. LAPORTE: Ah, je l'ai reçu hier.
M. JOHNSON: « Soixante-six maires et échevins contre.
UNE VOIX: Sur combien? M. JOHNSON: « Sur 104.
M. LAPORTE: Il a rien qu'oublié de mettre 132,000 personnes.
M. JOHNSON: « Quatre conseils à l'unanimité contre.
Un seul en faveur. Premier résultat, sondage dans neuf villes,
démontre population contre toute fusion, proportion 94%.
M. LAPORTE: Il a encore plus d'amis que le chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: Résultats définitifs, consultation fournie
dès qu'obtenue.
M. LAPORTE: Fournie après référendum.
M. FORTIN: Combien reste-t-il de pools à venir?
M. JOHNSON: M. le Président, il serait mieux de demander combien
il reste de mois à vivre au maire de Chomedey. M. le Président,
essayez de vous représenter un peu cette situation tragique. C'est digne
des grandes tragédies grecques! Quand le maire de Chomedey...
M. LAVOIE (Laval): Des comédies grecques!
M. JOHNSON: ... a eu une entrevue avec le député de
Laval...
M. LAVOIE (Laval): Pour des octrois.
M. JOHNSON: ... pour demander au député de Laval de faire
pression auprès du premier ministre et du ministre des Affaires
municipales pour que son mandat soit prolongé. Vous voyez le maire de
Chomedey assis sur la même chaise que le député de Laval,
placé devant un miroir évidemment et qui s'interroge. Qu'est-ce
qu'il va arriver aux élections du mois de novembre 1964 qui s'en
viennent?
M. LAVOIE (Laval): Dix mille de majorité!
M. JOHNSON: M. le député de Laval, lui, a dit: «
Ecoute ce n'est pas de ma faute, M. le maire de Chomedey, c'est le ministre des
Affaires municipales qui a eu la brillante et folichonne
idée...
M. LAPORTE; Ah! bien ça ne marche pas!...
M. JOHNSON: ... de faire émettre un rapport intérimaire
». M. le Président, c'est la première fois que dans un
problème de cette nature on a un rapport intérimaire...
M. LAPORTE; C'est la première fois qu'il est
étudié, je comprends.
M. JOHNSON: ... d'un problème de ce genre et de cette nature. Le
ministre des Affaires municipales avait son plan derrière la tête
parce qu'il y en a un qui planifie dans tout ce gouvernement-là, s'il y
en a un, c'est le ministre des Affaires municipales.
M. LAPORTE: Ce doit être choquant ça.
M. JOHNSON: Or comme disent les anglais, comme dirait le
député de Ste-Anne; « Do not sell in short », il
planifie dans tous les domaines. Or, il a décidé de faire
émettre, de faire publier par sa commission qu'il a formée,
commission sérieuse en apparence, je n'ai rien à dire sur ce
point, un rapport intérimaire au mois de juin, juste quelques mois avant
les élections...
M. LAPORTE: Cela j'ai tout pensé à ça au mois de
janvier.
M. JOHNSON: ... les élections qui s'en venaient au mois de
novembre. Alors le député de Laval a dit au maire de Chomedey:
« Dans le fond ce n'est pas de ma faute si tu es mal pris, c'est le
ministre des Affaires municipales...
M. LAPORTE: Ils étaient deux contre moi.
M. JOHNSON: M. le Président, je ne l'aurais pas dit, on vient de
comprendre pourquoi le ministre a accepté le parrainage du
présent bill, il avait contre lui le maire de Chomedey et le
député de Laval.
M. LAPORTE: C'est ça. Mais ils étaient rien qu'un.
M. JOHNSON: Le ministre est capable de les prendre un à un mais
il ne pouvait pas les prendre tous les deux. Alors il y a eu cette lutte
épique dans la conscience du maire, du député de Laval,
qui finalement a penché en faveur du maire de Chomedey. Il s'est dit;
« Mon cher maire, je ne suis tout de même pas pour te laisser
battre...
M. LAPORTE: Mon cher Hector.
M. JOHNSON: ... je ne suis tout de même pas pour te laisser battre
aux élections. Là je vais me débattre pour toi « et
le député de Laval s'est débattu auprès du ministre
des Affaires municipales et du premier ministre et a obtenu, pour le maire de
Chomedey, ce bill qui a été plaidé par le ministre des
Affaires municipales dans un plaidoyer inqualifiable. Jamais, jamais,
malgré son habitude extraordinaire de plaider une cause avec une figure
tout à fait détachée, qui nous dit rien, jamais il n'a
été aussi piètre plaideur qu'aujourd'hui. On voyait que
son coeur était pas du tout dans la fonction qu'il avait à
accomplir ce soir.
Le député de Chambly dans son plaidoyer
ce soir, a affirmé des choses qui contredisent tous les principes
qu'il a prêchés, qu'il a vulgarisés par sa plume, par sa
parole. Il a plaidé en somme au soutien de ce bill des principes
auxquels il ne croit pas ou des prinicipes qu'il n'aime pas à utiliser
pour soutenir un pareil bill. Je ne reviendrai pas sur les arguments qu'a
donnés le député de Montréal St-Jacques qui s'y
connaît dans ces matières. Je pense qu'il a exprimé
clairement le point de vue de l'Opposition, sauf que je voudrais
répondre à des arguments très habiles, très
subtilement sophistiqués ou sophistiques, dans les deux, dans le cas du
député de Laval on peut dire les deux ou l'un ou l'autre, des
arguments sophistiques ou sophistiqués.
Par exemple il dit: « Les municipalités qui ont
envoyé un télégramme ne sont pas visées par la
présente loi. Deuxièmement Ile Laval et Laval-sur-le-Lac ne sont
même pas inclus dans le rapport Sylvestre.
M. le Président, prenez-vous ces gens-là, ces maires et
ces municipalités pour des imbéciles? Ils n'ont pas
d'élections, mais ils savent bien ce qui se passe sur l'île, ils
sont collés là eux autres, et savent que ceux qui sont en faveur
de la fusion, fusion qui aura certainement un effet sur toutes ces
municipalités dont on a lu ici les télégrammes des maires,
que la fusion s'en vient parce que les maires dont le mandat vient à
terme, des conseils municipaux dont le mandat expire au mois de novembre sont
en faveur de la fusion. Et deuxièmement, ces maires...
M. LAVOIE (Laval): M. le Président...
M. JOHNSON: ... qui ont envoyé des télégrammes
savent bien que, parce qu'ils connaissent la situation locale, que ces conseils
et ces maires qui sont en faveur de la fusion, sont sur le point de se faire
battre par l'électorat. Alors s'ils sont battus par l'électorat,
la fusion viendra moins vite ou elle viendra d'une façon moins radicale
que celle qu'on peut deviner à lire le premier rapport de la Commission
Sylvestre, rapport intérimaire.
M. le Président, toutes ces municipalités sont
intéressées, les quatorze municipalités de l'île
sont intéressées, ont un intérêt dans ce bill. Et,
comme l'a dit le député de St-Jacques, ce bill arrive à la
dernière minute. Quelqu'un s'est-il laissé trader les pieds? Cela
fait un mois. Pour moi le maire de Chomedey, si je le voyais, me dirait que
c'est le député de Laval qui s'est traîné les pieds,
qui a hésité entre son mandat de maire et son mandat de
député, entre son mandat de maire et son appartenan- ce au parti
libéral. Qu'est-ce que vous voulez, c'est dur des doubles mandats...
M. LESAGE: M. le Président, tout le monde sait qu'on n'a pas le
droit de faire de procès d'intention.
M. JOHNSON: On faisait ça dans la bonne humeur, M. le
Président.
M. LESAGE: Bien oui.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, le chef de l'Opposition, je crois qu'il l'a
fait et je l'ai laissé continuer, il n'y avait pas d'objection.
M. JOHNSON: C'est très bien. Je vais revenir.
M. LE PRESIDENT: Alors je crois qu'on pourrais revenir et discuter du
bill.
M. LESAGE: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est notre devoir de protester.
C'est notre devoir de protester fermement. C'est notre devoir d'exposer ici le
point de vue de ces gens. Et je félicite le député de
St-Jacques d'avoir exposé si clairement et avec sa violence
habituelle...
M. LAPORTE: Est-il après le féliciter?
M. JOHNSON: Il n'y a rien de plus violent qu'un homme qui ne parle pas
fort. Dans le « Journal des débats » ce n'est pas le ton, ce
sont les mots qui comptent. C'est quand on se relit qu'on s'aperçoit que
ce n'est pas bien bien clair. Donc,...
M. CADIEUX: Dites-moi pas que vous avez le courage de vous relire.
M. JOHNSON: ... c'est ce qu'il y a de décourageant, M. le
Président, c'est de voir que le ton ne peut pas être reproduit
d'une façon ou d'une autre. Mais il reste un fait clair, évident.
Les gens de l'Ile Jésus ne nous pardonneraient pas, à nous, de ne
pas protester contre ce bill. Est-ce qu'ils le pardonneront au
député de Laval, au maire de Chomedey? Pour ce qui est du
député de Laval, en temps et lieu on verra. Quant au maire de
Chomedey, on s'aperçoit par la seule présentation de ce bill,
qu'il n'a pas hâte au jour du jugement puisqu'il veut le remettre au mois
de mai.
M. LE PRESIDENT: La motion de deuxième lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. JOHNSON: Sur division.
M. LE PRESIDENT: Sur division.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
M. LESAGE: Comité.
M. LE PRESIDENT; M. Laporte propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en Comité plénier pour
étudier le bill 70. Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. BEDARD (président du Comité plénier): Bill 70,
article 1, adopté?
M. DOZOLS: Non. M. le Président, je ne sais pas, peut-être
que le chef de l'Opposition aura des remarques à faire sur le
deuxième paragraphe, moi j'en avais sur le troisième.
M. LAPORTE: Le troisième paragraphe?
M. DOZOIS: Oui, Le troisième paragraphe dit: « Si le
premier lundi juridique de mai 1965, les limites de la municipalité de
ville des îles Laval et des municipalités de l'île
Jésus n'ont pas été modifiées, les élections
générales subséquentes ont lieu comme si la
présente loi n'avait pas été édictée.
Or, si la Commission Sylvestre fait son rapport et que le gouvernement
ne donne pas suite ou ne modifie pas les limites des municipalités de
l'Ile Jésus avant le 1er mai, sub-séquemment les élections
auraient lieu tel qu'édicté dans les lois actuelles. Mais je
pense que ceux qui ont rédigé ce bill ont oublié ceci,
c'est que, même dans cette éventualité, il peut arriver que
des municipalités, en se prévalant des dispositions soit des lois
qui les régissent ou des lois générales, modifient leurs
limites. Il peut arriver qu'il y ait une annexion partielle ou un changement de
terrain entre deux municipalités. Alors, les limites auront
été modifiées. Qu'est-ce qu'il va arriver?
Je comprends que dans une disposition comme celle-là, on a
prévu le cas où la Commission Sylvestre fera un changement
majeur. Alors, en faisant un changement majeur, il y aura des lois qui
détermineront comment les élections se feront à l'avenir,
mais cela ne sera pas le cas des municipalités qui, se prévalant
des lois actuelles, de la Loi des cités et villes qui permet certaines
annexions ou des annexions de terres ou de lots. Là, les limites auront
été modifiées. Il n'y aura aucune provision dans les lois
pour dire comment les élections auront lieu. Je pense que c'est une
anomalie et ça souligne davantage que c'est une mauvaise
législation qui a été amenée à la
hâte, à la dernière minute,...
M. BERTRAND (Missisquoi): Elle n'a pas été
pensée.
M. DOZOIS: ... elle n'a pas été pensée, on n'a pas
réfléchi sur la portée de l'amendement qu'on
apportait.
M. LAPORTE; Je trouve que la première partie de l'argumentation
était plus convaincante que la dernière. Pas de commentaires, M.
le Président.
M. DOZOIS: Pardon?
M. LAPORTE: Pas de commentaires.
M. DOZOIS: Alors, vous le laissez comme ça?
M. LAPORTE: Je le laisse comme ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté? 1 adopté. 2 adopté.
M. BEDARD (président du Comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de vous faire rapport que le Comité a
adopté sans amendement le bill numéro 70.
M. HYDE (président): Troisième lecture?
M. LE GREFFIER ADJOINT; Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Sur division? M. BERTRAND (Missisquoi): Demain. M. LE
PRESIDENT: Prochaine séance.
UNE VOIX: Tout d'un coup il n'y en aurait pas de prochaine
séance!
M. BERTRAND (Missisquoi): S'il n'y a pas de troisième
séance, le bill est à l'eau. On finit ce soir.
M. LAPORTE: Hé, troisième lecture, s'il vous plaît,
ce soir.
DES VOIX: Non, non.
M. LAPORTE: Ah, on siège demain, c'est vrai.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, non. Un autre jour.
M. LAPORTE; D'accord, on siège demain.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. La Chambre se forme en
comité des subsides.
M. LAPORTE: Oui, Comité des subsides.
M. LE PRESIDENT: Pour M. Lesage, M. Laporte propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en Comité
plénier, en Comité des subsides. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. BELLEMARE: Adoptée... M. LE PRESIDENT: Adoptée.
M. BEDARD (président du Comité des subsides): Service de
la dette. Ministère des Finances. Service de la dette, page 160.
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Page 37. Conseil exécutif,
article 1: « Bureau du Lieutenant-gouverneur. »
UNE VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Il n'y est pas, mon homme!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Laissez-moi le temps détourner la page, toujours!
M. JOHNSON: Mon député n'y est pas, je m'excuse
auprès de M. Biéler...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: C'était pour donner l'occasion à un
député qui s'était préparé d'y venir, mais
il ne peut pas assister.
M. LE PRESIDENT; Article 2: Administration ».
Adopté.
M. JOHNSON: Attendez un peu vous là, n'allez pas trop vite. Vous
avez fini vous? Quelle page?
M. BELLEMARE: Au bureau de l'administration est-ce que le premier
ministre nous fait un discours sur le Conseil exécutif ou si on prend
item par item? Non. Il n'y a pas de rétrospective à nous donner
en général? Non.
M. LESAGE: Je n'ai pas de discours à faire.
M. BELLEMARE: Bon! M. le Président au bureau de l'Honorable
premier ministre, Conseil exécutif, il y a une augmentation cette
année de $11,000 sur les traitements, sur l'ensemble du bureau du
ministre, il y a $8,500 d'augmentation, est-ce que l'honorable premier ministre
pourrait nous donner les combien de nouveaux employés cette année
sont entrés au Conseil exécutif de la province?
M. LESAGE: Il y a peut-être de nouveaux employés mais
c'étaient des remplacements.
M. BELLEMARE: C'étaient des remplacements. Combien y en a-t-il
eus 30, 20, 10, 11?
M. LESAGE: 29.
M. BELLEMARE: Ce sont des remplacements pour la plupart?
M. LESAGE: Non, non, il y a 29 employés en tout dans mon
bureau.
M. BELLEMARE: Ah il y a 29 employés en tout dans ce
bureau-là.
M. LESAGE: Il y en avait 29, il y en a encore 29.
M. BELLEMARE: Combien cette année, ont quitté, ont
permuté?
M. LESAGE: Peut-être qui se sont mariés je ne le sais
pas.
M. JOHNSON: Mes collègues se demandent combien ont
été mis dans la rue?
M. LESAGE: Il y en avait 29 en 1960 puis il y en a encore 29.
M. JOHNSON: Combien ont été mis dans la rue demande un
collègue?
M. LESAGE: Pardon? Ah, bon je comprends.
M. BELLEMARE: Le chef du cabinet du ministre c'est toujours M. Alexandre
LaRue, au salaire comme disent les comptes publics...
M. LESAGE: $20,000.
M. BELLEMARE: $20,000 par année. Maintenant M. le
Président, secrétaire particulier à M. Laitue c'est Denise
Mclvers.
M. LESAGE: Non, Madame Ivers.
M. BELLEMARE: C'est ça. Quel salaire madame?
M. LESAGE: $5,500.
M. BELLEMARE: $5,500. Le chef adjoint du cabinet c'est M. René
Arthur?
M. LESAGE: $18,000.
M. BELLEMARE: $18,000. Le chef du protocole M. Joseph Couture»
M. LESAGE: $10,000.
M. BELLEMARE: $10,000.
M. LESAGE: Evidemment il a en plus $4,000 comme secrétaire de la
Commission d'aménagement.
M. BELLEMARE: Le conseiller juridique de M. L.P. Pigeon combien dans un
an?
M. LESAGE: Aucun salaire.
M. BELLEMARE: Aucun salaire?
M. LESAGE: A honoraires.
M. BELLEMARE: Des honoraires.
M. JOHNSON: « Honorary man ».
M. LESAGE: Non des honoraires.
M. JOHNSON: Non.
M. BELLEMARE: Le premier ministre peut-il nous dire sans fouiller tous
les comptes publics combien ça peut représenter à peu
près d'honoraires par année? Pour la dernière année
fiscale?
M. LESAGE: $29,800.
M. BELLEMARE: Pour tout ce qui comprend ses services dans tous les
départements.
M. LESAGE: Non, au Conseil exécutif.
M. BELLEMARE: Seulement au Conseil exécutif.
Le premier ministre pourrait-il nous donner combien il a à peu
près d'honoraires dans les autres ministères?
M. LESAGE: Bien: il y a seulement aux Affaires
fédérales-provinciales, puis je l'ai dit l'autre jour, je ne m'en
souviens pas de mémoire.
M. BELLEMARE: $15,000.
M. LESAGE: Non, c'était, je ne m'en souviens pas de
mémoire.
M. BELLEMARE: Affaires fédérales provinciales, on l'avait
ici l'autre jour là.
M. LESAGE: C'était autour de $8,000 ou $9,000 je crois.
M. BELLEMARE: Honoraires. M. Pigeon, $10,036.15.
M. LESAGE: Oui, oui, cette année-là, M. BELLEMARE: Pardon?
$10,000.
M. LESAGE: Oui, mais cette année là en 1963.
M. BELLEMARE: Bien c'est ce qu'on...
M. LESAGE: Non, je vous réponds moi, non non.
M. BELLEMARE: Que cette année c'est combien?
M. LESAGE: Je vous donne 1963-1964. M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Il me semble que c'était autour de $9,000 ou $10,000
que je vous avais dit, quelque chose comme ça, oui.
M. BELLEMARE: Le conseiller économique du bureau du premier
ministre est Claude Morin?
M. LESAGE: Cequiestchargéici,$29,826... M. BELLEMARE: Plus
$10,000.
M. LESAGE: Non, le $29,826, c'est son travail pour tous les
départements, sauf les Affaires
fédérales-provinciales.
M. BELLEMARE: Alors, ça ferait $39,000, C'est beaucoup plus que
le premier ministre.
M. LESAGE: Non, parce que...
M. BELLEMARE: Le premier ministre de la province qui est le premier
citoyen ne gagne pas ce salaire-là.
M. LESAGE: M. le Président, le premier ministre de la province a
tout de même certains avantages assez considérables, au point de
vue de sécurité, qui lui coûtent beaucoup meilleur
marché que ce que peut coûter au conseiller juridique l'assurance
d'une même sécurité.
M. JOHNSON: Vous croyez à votre sécurité, vous?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Vous croyez que vous avez une sécurité?
M. LESAGE: Je parle de mon fonds de pension, évidemment!
M. LOUBIER: 10 ans.
M. LESAGE: Pardon, 10 sessions.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre aura beau
être très humble et vouloir être excessivement «
gentleman » et aussi magnanime en faveur de M. Pigeon, je dis, moi, que
le premier ministre gagne moins que M. Pigeon qui est un employé et,
comme premier citoyen de la province, c'est un homme qui continuellement porte
toute la responsabilité de l'administration et de tout ce qui s'appelle
le Conseil exécutif, et il reçoit certainement $10,000 de moins,
$10,000 de moins. Il travaille 18 heures par jour, tandis que M. Pigeon ne
travaillera pas 18 heures par jour.
M. LESAGE: M. Pigeon travaille autant que moi, premièrement.
Deuxièmement, j'ai une voiture fournie et un chauffeur.
M. BELLEMARE: Ah, c'est bien beau: Tous les ministres ont ça.
M. LESAGE: Troisièmement, j'ai la sécurité.
M. BELLEMARE: La sécurité, on l'a, nous autres aussi.
M. LESAGE: Et, quatrièmement, si le député pense
que le premier ministre n'est pas suffisamment payé, il peut formuler
une motion dans le sens suivant: que la Chambre étudie
l'opportunité d'augmenter le salaire du premier ministre.
M. BELLEMARE: Je trouverais ça bien à propos, parce que je
trouve que le serviteur a plus que le maître. Et si le premier ministre
veut que je fasse une motion...
M. LESAGE: Je ne l'ai pas demandée.
M. BELLEMARE: ... je vais en faire une pour lui et pour nous autres
ensemble! Mais, badinerie à part, je trouve que $39,000 pour un homme,
ça c'est seulement un homme dans l'administration! Il a sûrement,
le premier ministre, énuméré la sécurité, il
n'a pas dit, M. le Président, tous les risques...
M. LESAGE: M. le Président, il y a plus que ça, M. Pigeon
a des frais de bureau d'avocat à payer.
M. BELLEMARE: Oui, il garde son bureau quand même.
M. LESAGE: Bien oui, mais il n'y est jamais.
M. BELLEMARE: Il a des revenus quand même à son bureau. Je
parle simplement dans la province ici, et quand le premier ministre nous donne,
lui, l'exemple suivant: « J'ai une auto, j'ai un chauffeur et des
avantages de sécurité, de pension. » Cela, ça ne
m'impressionne pas, parce que je dis au premier ministre que s'il y a un homme
qui porte une responsabilité dans la province qui est immense, la
pesanteur aujourd'hui de l'administration, c'est incroyable! c'est le premier
ministre de la province et on n'a pas le droit, je pense, je le pense
sincèrement, on n'a pas le droit d'avoir à ses côtés
un homme qui gagne $10,000 de plus que lui-même. Il ne porte pas, M.
Pigeon, la responsabilité de l'administration. Il ne porte pas, M. le
Président, la responsabilité de la présidence au Conseil
de la trésorerie! Il n'est pas jamais au Conseil des ministres, il n'est
jamais...
M. LESAGE: Il y est.
M. BELLEMARE: Ah! non, il les prépare. Il peut avoir des demandes
d'assister de temps en temps, mais rarement. Tandis que le premier ministre, il
y est de la première minute à la dernière minute. Il n'est
jamais au Comité des
bills publics, 11 n'est jamais au Comité des bills
privés.
M. LESAGE: Des fois.
M. BELLEMARE: Bien oui, il étudie les bills tranquillement sans
discussion, c'est lui qui est maître. Ce n'est pas comme subir le flot
des questions et d'y répondre! Est-ce qu'il vient au Comité des
relations industrielles?
M. le Président, je dis que $39,000 pour M. Pigeon, il les gagne
peut-être, mais je considère que le premier ministre les gagne
deux fois plus. Il est payé $10,000 de moins. M. Morin,
conseiller...
M. LESAGE: M. le Président, avant de changer de sujet, je
voudrais dire que j'ai entendu les mêmes paroles à la Chambre des
Communes, je ne sais trop combien de fois, quand on comparaît le salaire
du président du National Canadien avec celui du premier ministre du
Canada.
M. DOZOIS: Cela n'avait pas de sens non plus.
M. BELLEMARE: M. le Président, le premier ministre m'a mis dans
une difficulté extraordinaire, parler contre mon président! Je le
savais.
Dans tous les cas, M. le Président, $39,000 pour M. Pigeon dans
un an, contre le premier ministre, je dis que ce n'est pas comparable.
M. Claude Morin, conseiller économique, M. le
Président?
M. LESAGE: Non, non, il est sous-ministre des affaires
fédérales-provinciales...
M. BELLEMARE: Merci.
M. LESAGE: On m'a demandé son salaire, j'ai répondu:
$20,000.
M. BELLEMARE: C'est ça. Il était autrefois conseiller
économique de la Voirie.
UNE VOIX: Bureau du conseil exécutif.
M. BELLEMARE: L'attaché de presse, c'est M. Denis Paré, le
conseiller technique du bureau?
M. LESAGE: Un instant, je vais vous le dire. $12,000.
M. BELLEMARE: $12,000. Il avait $9,000 l'année passé
hein?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Il y avait ici $9,000.
M. LESAGE: Il y a un $10,000 l'année dernière.
M. BELLEMARE: $9,475.
M. LESAGE: Il y a un $10,000 l'année dernière
d'après mon souvenir.
M. BELLEMARE: Il a un gros salaire. Le secrétaire exécutif
du premier ministre c'est Guy Gagnon.
M. LESAGE: Il a $12,000, c'est moins que le député de
Champlain.
M. BELLEMARE: Ah oui, mais le député de Champlain
travaille.
M. LESAGE: M. Gagnon, $16,000.
M. BELLEMARE: Il fait pas seulement écrire des bouts de
papier.
M. LESAGE: M. Gagnon, $16,000.
M. BELLEMARE: $16,000 M. Gagnon.
UNE VOIX: Il avait $5,000 avant.
M. BELLEMARE: M. Guy Gagnon lui, est le secrétaire
exécutif du premier ministre.
M. LESAGE: Oui,
M. BELLEMARE: Il n'est pas celui qui vérifie les discours et ces
choses-là au bureau du premier ministre?
M. LESAGE: Non. C'est le premier ministre qui fait ça.
M. BELLEMARE: Ah je le sais. Je le sais mais...
L'assistante-secrétaire particulier, Mme Gilberte Lacasse?
M. LESAGE: Mademoiselle Lacasse qui est ma secrétaire depuis des
années a $6,500.
M. BELLEMARE: Le conseiller technique du bureau du premier
ministre,...
M. LESAGE: Mlle Lacasse est celle...
M. BELLEMARE: Donnez-moi pas son âge...
M. LESAGE: Non. Mlle Lacasse c'est celle qui a soin du compte de banque
du premier ministre.
M. BELLEMARE: Ah, si elle a le compte de banque, M. le Président,
elle a les salaires du premier ministre.
Maurice Leroux qui est conseiller technique...
M. LESAGE: Il a démissionné.
M. BELLEMARE: Où est-il rendu maintenant?
M. LESAGE: Je ne sais pas. M. JOHNSON: Pardon? M. LESAGE: Je sais
pas.
M. JOHNSON: Le premier ministre dit qu'il ne sait pas où est
Maurice Leroux.
M. LESAGE: Bien il est à Montréal.
M. JOHNSON: Le premier ministre a déclaré...
M. LESAGE: Il demeure à Longueil...
M. JOHNSON: ... publiquement que Maurice Leroux...
M. LESAGE: Non, non. M. Maurice Leroux...
M. JOHNSON: ... est aux relations extérieures de la
Fédération...
M. LESAGE: ... de la Fédération libérale
nationale.
M. JOHNSON: Est-ce que... M. LESAGE: Euh! du Québec.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est dans la branche fédérale ou
provinciale?
M. LESAGE: Provinciale.
M. JOHNSON: Dans quel lit couche-t-il? Celui à droite ou à
gauche?
UNE VOIX: On sait qu'ils font chambre à part...
M. LESAGE: Eh bien, il faudrait demander à sa femme.
M. BELLEMARE: A elle on pourrait demander s'il couche mal, mais pas
à d'autres.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Le secrétaire du Cabinet des ministres, M.
Gérard St-Pierre?
M. LESAGE: $11,000.
M. BELLEMARE: C'était $10,000, il a eu $1,000 d'augmentation.
M. LESAGE: Ce n'est pas chez nous ça. M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: Ce n'est pas à l'item qu'on étudie
ça.
M. BELLEMARE: Ah, c'est le secrétaire du Cabinet des ministres
qui fait partie de l'exécutif, M. le Président, de
l'administration.
M. LESAGE: Mais ce n'est pas au bureau du premier ministre.
M. BELLEMARE: Non, non, mais je pense c'est dans l'administration,
ça paraît au...
M. LESAGE: $11,000.
M. BELLEMARE: Il avait $10,000. Le registraire du bureau, le greffier du
bureau, M. Léopold Désilets?
M. LESAGE: Il a $20,000 évidemment.
M. BELLEMARE: Combien?
M. LESAGE: Il a le rang de sous-ministre.
M. BELLEMARE: $20,000?
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: $20,000, M. Chose avait $21,000.
M. LESAGE: M. Qui?
M. BELLEMARE: M. Morin.
M. LESAGE: $20,000.
M. BELLEMARE: $21,000.
M. LESAGE: $20,000.
M. BELLEMARE: Eh bien je vais corriger ça.
M. Jacques Prémont le greffier adjoint, M. le
Président?
M. LESAGE: $14,000.
M. BELLEMARE: Le comptable en chef, M. Arthur Gignac, là.
M. LESAGE: Aux Finances.
M. BELLEMARE: Il est transféré aux Finances. On l'a
passé tout à l'heure.
M. LESAGE: Tous les services comptables sont aux Finances.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article4: Commission du service
civil.
M. LESAGE: Non, non.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, « Service général des
achats ».
M. BELLEMARE: « Service des achats », M. le
Président.
M. LESAGE: Oui, un instant. Je fais entrer le directeur.
M. BELLEMARE: Je pense que le directeur général est
toujours M. Georges Bussières?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Comment ça va dans le patronage?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. BELLEMARE: Pas trop dérangé par les
députés et les ministres?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: M. le Président, le directeur, M. Georges
Bussières doit avoir un salaire ici qui figure pour...?
M. LESAGE: $14,000.
M. BELLEMARE: Le directeur adjoint, M. Paul Vézina?
M. LESAGE: Démissionné.
M. BELLEMARE: Dernièrement?
M. LESAGE: Il a pris sa retraite il n'y a pas très longtemps.
M. BELLEMARE: Il a été remplaçé par qui? M.
LESAGE: Par M. Hamel. M. BELLEMARE: Ah! M. Paul-H. Hamel? M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Qui était l'assistant directeur?
M. LESAGE: On me dit que oui.
M. BELLEMARE: M. Paul H. Hamel qui était l'assistant directeur
est devenu le directeur adjoint?
M. LESAGE: Oui, assistant directeur.
M. BELLEMARE: Pardon? Oui, mais M. Paul Vézina est parti, le
directeur adjoint.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Et il a été remplacé par M. Paul-H.
Hamel qui était assistant directeur.
M. LESAGE: Paul-H. Hamel qui était assistant directeur.
M. BELLEMARE: Il est devenu directeur adjoint.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BELLEMARE: Bon, combien de salaire?
M. LESAGE: $9,200.
M. BELLEMARE: Il a fait un bon saut. L'information, M. Paul Dumont
à l'information qui est là, M. Paul Dumont?
M. LESAGE: $6,500.
M. BELLEMARE: Le bureau à l'informa-
tion, est-ce un bureau spécial pour les recommandations? Le
bureau de l'information dirigé par M. Paul Dumont, c'est un bureau
d'information, sa fonction?
DES VOIX: C'est d'informer.
M. GOSSELIN: C'est lui qui s'occupe de la...
M. LESAGE: Ah bon. Si par exemple au ministère de la Voirie on
veut savoir où en est rendu une réquisition, on appelle pour
l'information ce M. Dumont. C'est son ouvrage.
M. GOSSELIN: C'est lui qui s'occupe de la caisse...
M. BELLEMARE: En somme c'est celui qui suit un peu partout dans tous
les...
M. LESAGE: C'est-à-dire non, c'est le bureau d'information. Au
lieu de toujours déranger le directeur...
M. BELLEMARE: Bon.
M. LESAGE: ... ou l'assistant directeur...
M. BELLEMARE: Bon.
M. LESAGE: ... ou les acheteurs...
M. BELLEMARE: Bon.
M. LESAGE: ... pour savoir où telle réquisition est
rendue, on réfère les questions à M. Dumont, qui s'occupe
de faire les recherches et de donner les réponses.
M. BELLEMARE: M. le Président, ce qui me surprend le plus au
service des achats...
M. LESAGE: Ce n'est pas de l'information pour les journaux.
M. BELLEMARE: Oui, j'ai saisi le premier ministre. Merci. Ce qui me
surprend le plus c'est que, lorsque l'on considère ce service qui est
une des branches les plus importantes de l'administration provinciale, dans les
crédits qui nous sont demandés ne figure pas, excepté dans
le service des achats ici, quand on réfère au Conseil
exécutif et qu'on prend la page des données, des achats,
là on retrouve tout ce qui a été recommandé par les
différents ministères. Mais le chiffre total des achats par
année, le premier ministre peut-il nous dire à quel montant
s'évalue, pour la province deQuébec en 1964, le chiffre total des
achats, qu'ont à transiger le bureau, les officiers du bureau des achats
de la province?
M. LESAGE: M. Bussières me dit qu'il faudrait faire l'addition
des item qui apparaissent au budget des divers ministères, et que ce
serait environ $75,000,000.
M. BELLEMARE: Ce que j'ai compté, M. le Président,
$62,725,000.
M. LESAGE: Bien, ce n'est pas bien loin de...
M. BELLEMARE: Je remercie le premier ministre, je pense que ça
peut être beaucoup plus parce que justement dans les comptes publics
n'apparaît pas cette définition, cette nomenclature par
ministère des achats qui sont opérés par le service. Je
pense que si on pouvait le retrouver, on le retrouve un peu en disant aux pages
250, 252; les livres et les abonnements, les machines à écrire,
la fourniture de bureau et les impressions, reliures, les achats à
l'entretien d'automobiles et la petite caisse, ça ce n'est pas la caisse
électorale, la petite caisse, le total qui figure dans le livre des
comptes publics pour un total pour $5,170,000. C'est une partie parce que le
service des achats et j'ai trouvé, moi,...
M. LESAGE: Ce sont les articles de bureau ça.
M. BELLEMARE: Oui, oui, ça j'ai compris ça parce que la
définition en haut de la page nous le donne mais $62,725,000 je le
trouve dans les comptes publics, dans les estimations budgétaires, le
premier ministre nous dit: « $75,000,000 » ça comprend,
quand on a soustrait $5,000,000 de $75,000,000, $70,000,000 d'achats.
M. LESAGE: Oui, mais il y a l'asphalte...
M. BELLEMARE: Et puis il y a l'huile, il y a le bitumol.
M. LESAGE: ... de la gravelle...
M. BELLEMARE: De la gravelle, oui,...
M. LESAGE: ... puis la peinture.
M. BELLEMARE: Et puis le savon. M. le Président, je ne voudrais
pas rentrer dans une longue discussion mais le premier ministre
pourrait sûrement nous dire aussi qu'il y a d'autres achats
à part le bitumol, l'asphalte, le savon. Le $75,000,000 ça
représente dans une administration, dans une compagnie, M. le
Président, ça représente un pourcentage assez
élevé d'achats, c'est bien sûr que les
députés dans cette Chambre ont le droit, je pense, avec
raison...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: ... de s'inquiéter, de ne pas s'inquiéter
mais de s'interroger, d'interroger le gouvernement sur une dépense de la
sorte.
M. LESAGE: Allez y.
M. BELLEMARE: Bien oui. Alors je dis au premier ministre qu'il doit y
avoir d'autres item importants que de la peinture ou que du savon.
M. LESAGE: Ah! oui. Il y a des animaux vivants, des instruments
aratoires et des pièces des automobiles, des remorques, des
motocyclettes, des camions, des pneus, des chambres à air, des avions,
des bateaux, des matériaux pour maçonnerie, des pierres, des
explosifs et armes à feu, des matériaux et isolants pour
construction, du bois, des poteaux, du contre-plaqué, des produits de
fonderie, de produits ferreux...
M. BELLEMARE: S'il faut que le premier ministre me donne les endroits
où ç'a été acheté on ne sortira pas de bonne
heure à soir.
M. LESAGE: Bien oui mais je réponds à la question qui
m'est posée.
M. BELLEMARE: Oui, le premier ministre pourrait me
répondre...
M. LESAGE: Ecoutez!
M. BELLEMARE: Il semble vouloir me mêler là.
M. LESAGE: Il y a des appareils de rayon-X.
M. BELLEMARE: Il pourrait me dire, par exemple: « J'achète
ici d'une nouvelle compagnie Hewitt tant de machinerie par année, par
exemple $5,000,000 ou bien on achète de Cusson, par exemple $18,000,000
ou bien on achète de...
M. LESAGE: Non, on ne calcule pas ça comme ça nous autres
parce que nous achetons des plus bas soumissionnaires.
M. BELLEMARE: Oui, oui, mais dans les plus bas soumissionnaires, M. le
Président, ce que les comptes publics nous révèlent c'est
presque toujours les mêmes noms qui reviennent. C'est peut-être
parce que...
M. LESAGE: Bien oui mais c'est dans les comptes publics.
M. BELLEMARE: Ah! oui, oui, j'ai fouillé ça, M. le
Président, j'ai fait un relevé mais je dis que quand je regarde
les comptes publics et puis que je considère qu'il y a là des
noms comme Cusson, par exemple, la compagnie Charrier & Dugal $80,303.20 la
compagnie Charrier & Dugal vend quoi actuellement elle au
ministère?
M. LESAGE: Les impressions. M. BELLEMARE: Pardon?
M. LESAGE: Ce sont des imprimeurs, c'est de l'impression.
M. BELLEMARE: Des impressions. Mais ça c'est à part du
$450,000 que nous a détaillé le premier ministre
après-midi.
M. LESAGE: Non, non. $450,000 ne va pas à la compagnie Charrier
& Dugal, j'ai pris la peine de dire que c'était divisé en
quatre et puis que le contrat n'est pas donné.
M. BELLEMARE: On a été bien mal informé ce matin
parce qu'il y avait un ministre qui était bien sûr, il nous a dit:
« Il n'y en a pas de place dans Québec meilleure que là, on
ne pouvait pas le donner ailleurs...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: ... c'est commencé à imprimer? « Oui,
c'est commencé à imprimer »
M. LE PRESIDENT: Service des achats.
M. BELLEMARE: M. le Président, je vois ici, par exemple dans un
item des comptes publics, la compagnie...
M. LESAGE Quelle page?
M. BELLEMARE: A la page 254, M. le Premier ministre. Je l'avais
noté tout à l'heure.
M. le Président, je vois ici la compagnie Remington Rand Ltd,
$115,665.81.
M. LESAGE: Un instant. Ce sont des clavigraphes, des machines à
additionner, des machines comptables.
M. BELLEMARE: C'est acheté au plus bas soumissionnaire, M. le
Président?
M. LESAGE: Après demande de prix, oui.
M. BELLEMARE: Je vois ici $106,000, Kruger Paper Company.
M. LESAGE: Kruger Paper? Bien évidemment que c'est du papier.
Cela c'est clair.
M. BELLEMARE: Oui, je comprends oui. Mais, M. le Président...
M. LESAGE: $106,000 oui. On achète directement du manufacturier,
ou du grossiste, pour que ça coûte meilleur marché.
M. BELLEMARE: Au service des achats, M. le Président, je constate
qu'il y a un nouvel item: « Recherches et expertises » de
$24,000.
M. LESAGE: Ah oui! C'est parce que nous avons engagé, je l'ai
déjà expliqué d'ailleurs, la société Riddle
Stell & Company qui ont toujours été d'ailleurs les
vérificateurs de la Commission des liqueurs, devenue Régie des
alcools, pour faire une enquête sur le système administratif au
service des achats.
M. BELLEMARE: Le rapport de cette compagnie sera déposé
à la prochaine session?
M. LESAGE: Bien, il sera remis évidemment au directeur des achats
et au premier ministre.
M. BELLEMARE: Non, mais il sera prêt. Ma question c'est pour
savoir si ça sera prêt?
M. LESAGE: Oui, M. Bussières me dit qu'il s'attend qu'il soit
prêt.
M. BELLEMARE: Pour la prochaine session.
M. LE PRESIDENT: Subdivision 2: « Entrepôt »
adoptée. 4 Commission du service civil?
M. BELLEMARE: Le premier ministre a-t- il l'intention de nous parler de
la réorganisation du Service civil ce soir?
M. LESAGE: M. le Président, je ne suis pas en mesure de le faire.
Je n'ai pas pu avoir, avant de parler de la réorganisation de la
Commission du service civil...
M. BELLEMARE: C'est le premier ministre, il y a une dizaine de jours qui
a dit: « Lors de l'étude du budget à l'item du service
civil, je vous donnerai toutes les informations de la réorganisation
complète...
M. LESAGE: Oui. Je vous les donne là. M. BELLEMARE: Ah bon,
merci.
M. LESAGE: C'est qu'il faut absolument que j'aie des conversations que
je n'ai pas pu avoir avec le président de la Commission du service
civil, M. Jean Fournier qui est à ma gauche, et que je n'ai pas pu avoir
pour des raisons que tout le monde connaît.
Il faut ensuite que j'étudie avec lui, avec les officiers de la
Trésorerie les amendements qu'il y a apportés à la Loi du
service civil, à la Loi du contrôle des finances ou du
contrôle de la Trésorerie, je ne sais pas le nom exactement. A la
lumière des discussions que j'aurai avec le syndicat ou l'association
qui sera choisie après un vote par les employés civils ayant le
droit de vote sur les méthodes de négociation à adopter
entre le gouvernement et l'union, ou le syndicat, ou l'association
représentative qui aura obtenu la majorité lors du vote.
M. BELLEMARE: Est-ce que le premier ministre est au courant
qu'actuellement il se fait une infiltration au sein de l'organisation par
certains groupements reconnus d'union qui s'infiltrent et qui font une
espèce de chantage auprès de certains employés.
M. LESAGE: Est-ce que ce sont des gens de l'Union nationale?
M. BELLEMARE: Pardon? Non, mais...
M. LESAGE: Est-ce une infiltration pr des anciens de l'Union
nationale?
M. BELLEMARE: Non, non, ce n'est pas ça, M. le Président,
le premier ministre me comprend puis il devrait rester sur la bonne «
switch » sur la bonne « track », ne pas « switcher
» ailleurs. Ce n'est pas dans le « back store »
là...
Le premier ministre me saisit très bien et il sait
qu'actuellement parmi...
M. LESAGE: Non, je ne suis pas capable de saisir le... non.
M. CADIEUX: Il est bien difficile à saisir!
M. BELLEMARE: Ah il le sait, rien que sa manière de rire
là, puis je le sais. Quand il ne le sait pas, ce n'est pas de même
qu'il fait ça.
Mais, est-il en faveur de ça là, de ce qui se fait?
M. LESAGE: Bien, je ne sais pas de quoi. De vous saisir ou quoi?
M. BELLEMARE: Oui! Moi, je le sais, mais...
M. LESAGE: Oui, mais vous ne voulez pas le dire. M. le Président,
c'est parce que le député de Champlain ne veut pas dire ce qu'il
a envie de dire mais il voudrait me le faire dire, mais je suis aussi fin que
lui.
M. BELLEMARE: J'aimerais donc ça, ce soir, M. le
Président, avoir fait un cours de droit pour savoir la forme à
prendre! Mais, pour le dire en mots plus...
UNE VOIX: En « catimini ».
M. BELLEMARE: ... dans mes termes à moi là, y en a-t-il
qui font du « high pression » là quelque part?
M. LESAGE: Des quoi?
M. BELLEMARE: Du « high pression » De la pression sur le
grand contrôle.
M. LESAGE: Ah oui, cela se fait oui.
M. BELLEMARE: Oui, il est bien au courant de ça, le premier
ministre.
M. LESAGE: Bien, tout le monde l'est!
M. BELLEMARE: Il y a des endroits où cela fait dur. Je dirai au
premier ministre que...
M. LESAGE: Non, dans mon bureau, cela n'existe pas.
M. BELLEMARE: Non, non. Non, non, ah non, dans les hauts officiers
hé, ils ont peur. Ils ne vont pas là. Ce n'est pas là
qu'ils vont.
Mais il y a des espèces de « ramoneux de cheminée
» là qui passent pour influencer le vote et puis...
M. LESAGE: Qui appelez vous les « ramoneux de cheminée
»?
M. BELLEMARE: Ah, le premier ministre les a catalogués avant moi.
Mais, il y a des espèces de personnages là qui influencent dans
certains...
M. LESAGE: Bien oui, mais comment s'appellent-ils?
M. BELLEMARE: Comment s'appellent-ils? M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas un délateur, M. le Président,
je suis un membre de l'union. Je ne suis pas pour trahir ma loge! Mais bref,
badineries à part, je trouve que dans certains endroits ils y vont un
peu fort. Cela frise quasiment le...
M. LESAGE: Oui, mais où et qui?
M. BELLEMARE: Par ici là! Cela ne peut pas être bien loin,
c'est parmi les fonctionnaires, pour la reconnaissance du groupe. Le premier
ministre a été avocat pour les mouvements ouvriers, il a
déjà plaidé en cour pour la reconnaissance syndicale
devant...
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Il sait comment cela se produit des votes, il sait comment
cela s'organise aussi?
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Non? Ah oui, ah oui!
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. LESAGE: Je n'en n'ai jamais organisé de vote.
M. BELLEMARE: Pas vous. Ah non, pas vous. Pas le premier ministre qui
était avocat mais il entendait d'une oreille, puis...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: ... il ne disait rien de l'autre!
M. LESAGE: Je regrette, les seules fois que j'ai plaidé pour les
ouvriers des unions ouvrières c'était durant le temps de la
guerre devant une Commission spéciale à Ottawa.
M. BELLEMARE: Dans ce temps-là il y avait la Loi du
fédéral qui favorisait toutes les unions.
M. LESAGE: Oui, mais c'était à ce moment-là.
M. BELLEMARE: C'était en vertu des ententes de guerre
ça.
M. LESAGE: Bien oui! C'était à ce moment-là.
M. BELLEMARE: M. le Président, pour revenir...
M. LESAGE: Et c'était pour les ouvriers de Lauzon.
M. BELLEMARE: De Lauzon?
M. LESAGE: Oui, des chantiers Davie.
M. BELLEMARE: C'est la cause qu'ils avaient perdue, cette
année-là?
M. LESAGE: Non. Ils l'avaient gagnée.
M. BELLEMARE: Pour revenir, M. le Président, à ce que je
veux toucher de loin, c'est qu'il me semble qu'on devrait essayer d'avoir un
vote libre parmi les fonctionnaires.
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: On devrait essayer de dire à certaines gens:
« Laissez donc les gens se prononcer. Vous avez fait les réunions
publiques. Vous avez convoqué les fonctionnaires à certaines
assemblées. Vous leur avez expliqué le bien-fondé de vos
revendications, de ce que vous offriez pour les représenter comme
syndicat, n'allez donc pas plus loin! Je dis que, pour la paix sociale, pour la
paix de tous les mouvements, surtout au point de vue union, ça serait
plus recommandable parce que , demain, il restera des dissensions et, comme le
premier ministre veut que le groupe majoritaire soit le groupe qui influence sa
décision qui sera prise quant à la Commission du service civil,
je dis qu'il restera un groupe minoritaire et ça serait mauvais,
extrêmement mauvais.
M. LESAGE: Un instant.
M. BELLEMARE: Il y a M. le Président, il y a $201,000 cette
année d'augmentation au Service civil, à la Commission du service
civil.
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Il y a une augmentation...
M. LESAGE: Un instant. Pardon?
M. BELLEMARE: Il y a une augmentation très très
considérable de $201,000 sur un budget du Conseil exécutif de
$3,970,000.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Ce que je ne comprends pas, le premier ministre pourrait
peut-être me l'expliquer, c'est que, ici, il y a $109,000 à la
Commission du service civil (Commission du comité exécutif)
$109,000, pour $104,000 de plus de traitements sur le budget
supplémentaire. Il y avait déjà une augmentation de
presque de $100,000 sur les traitements seulement.
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Alors, ça fait $201,000 seulement sur les
traitements.
M. LESAGE: Bien oui, c'est parce que nous nous préparons à
organiser notre service de négociations.
M. BELLEMARE: Oui, mais $201,000...
M. LESAGE: Est-ce que l'on me permet, le $104,000...
M. BELLEMARE: $109,000 au budget supplémentaire.
M. LESAGE: En tous les cas. Nouvelles nominations: secrétaire de
la Commission du Service civil, $8,400; 9 officiers au grade 23, de $7,600
à $8,800, $68,400 (ça, ce sont les négociateurs,
principalement les négociateurs, que nous allons aller chercher).
M. BELLEMARE: Cela c'est 9.
M. LESAGE: 9 et aussi, pas seulement des négociateurs, mais enfin
des gens qui font pas-
ser des examens, etc.
Un officier au grade 22 à $6,800; un officier
d'administration...
M. BELLEMARE: Oui c'est ça, le grade 22, là, le
président du Conseil exécutif.
M. LESAGE: Bien c'est $6,800 à $8,000. On ne le sait pas qui
ça va être.
M. BELLEMARE: Non, non, mais le grade 22, le président du
Conseil...
M. LESAGE: Bien, c'est le grade 22.
M. BELLEMARE: Ah oui, mais ça ça doit être dit,
c'est un...
M. LESAGE: C'est de la classification d'officiers de personnel, grade
22.
M. BELLEMARE: Tandis qu'on passe là, M. le Président..
M. LESAGE: Le salaire de $7,800...
M. BELLEMARE: Est-ce que l'honorable premier ministre pourrait nous
envoyer la liste de tous les grades de la commission du Service civil? Avec
leur...
M. LESAGE: Le président M. Fournier me dit qu'il y a un livre;
vous n'aurez pas les noms...
M. BELLEMARE: Non, non.
M. LESAGE: Non, mais il y a un livre de classification.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: S'il contient tous les grades avec les
caractéristiques...
M. LESAGE: Et si le député de Champlain ou le chef de
l'Opposition ou n'importe quel député veut l'obtenir, ils n'ont
qu'à écrire à M. Fournier...
M. BELLEMARE: M. le Président, sans lui écrire, je lui
demande ce soir de m'en « maller » un,
M. LESAGE: Oui, M. Fournier me dit qu'il l'enverra au
député de Champlain demain matin. Aussi au chef de l'Opposition
demain matin.
M. BELLEMARE: Merci, M. le Président. Alors, je n'ai pas besoin
des autres explications.
M. LESAGE: Très bien.
M. BELLEMARE: Merci infiniment.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 5: « Conseil d'orientation
économique ».
M. BELLEMARE: La demoiselle qui entre, est-ce celle qui a le livre de
banque?
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais être le premier
à porter la parole à l'occasion d'un autre
événement historique. Depuis que je suis en Chambre, c'est
seulement la deuxième dame qui se présente en Chambre, le
député de Jacques-Cartier et la secrétaire du Conseil
d'orientation économique.
M. LESAGE: Non, l'assistante.
M. JOHNSON: Assistante-secrétaire?
M. LESAGE: Non, la secrétaire. Le directeur général
est en vacances.
M. JOHNSON: Le député s'inquiétait, M. le
Président, le député de Champlain, pour savoir si c'est
elle qui avait les cordons de la bourse, comme le premier ministre l'a dit
tantôt, les cordons de la bourse, le portefeuille du premier
ministre.
M. LESAGE: Non, non.
M. JOHNSON: Le Conseil d'Orientation économique. Le premier
ministre pourrait peut-être nous donner un petit tableau des
améliorations réelles ou espérées. Est-ce que
ça va beaucoup mieux depuis que le Conseil d'orientation
économique est étbffé d'autres personnes, depuis
l'année dernière, est-ce qu'on va finir par sortir du stade de la
planification, de la planification du plan? Est-ce qu'on est rendu au moins
à la planification du plan? Quand est-ce qu'on va aboutir au plan?
M. LESAGE: On est rendu plus loin que ça, et je songe très
sérieusement à adjoindre au Conseil d'orientation
économique des économistes, ou au moins un économiste
très connu dans la province de Québec, que je ne suis pas libre
de nommer ce soir, parce que les ententes avec lui ne sont pas faites.
M. JOHNSON: M. le Président, le Conseil d'orientation
économique a été remis au monde ou ressuscité avec
un grand fracas de publicité. On n'a pas manqué tout de suite de
placer dans la colonne des réalisations du gouvernement l'institution
d'un Conseil d'orientation économique, et il y a déjà
quatre ans que l'équipe que nous avons devant nous administre la
province. C'est déjà un vieux gouvernement de deux termes et on
se demande ce qu'il y a de réalisations à son compte. On ne le
sait pas encore. Le reproche que j'ai à faire au Conseil d'orientation
économique, pas comme tel, mais quant à sa composition, et le
responsable évidemment qui doit porter ces reproches, c'est le premier
ministre et le conseil des ministres, c'est qu'il ne comprend pas assez de
représentants des corps intermédiaires, et c'est fatal qu'on ne
puisse faire d'autres planifications qu'une planification du haut en bas,
c'est-à-dire une planification étatique, une planification
théorique avec des gens qui sont certainement compétents dans
divers domaines, mais avec des gens qui ne sont pas engrenés avec la
réalité, qui ne peuvent pas réellement faire
démarrer la machine économique ou l'orienter dans certaines
directions désirées. Un Conseil d'orientation économique
tel que je le vois, tel que je le concevrais ce serait un organisme qui
viendrait couronner une série de corps intermédiaires
intégrés, et coordonnés, en partant du plan local pour
finalement aboutir au plan provincial. On n'a pas à l'heure qu'il est,
ce genre de Conseil d'orientation économique. Non seulement il n'est pas
intégré à la réalité locale ou
régionale, mais il est même dépourvu. Il a
été dépourvu jusqu'à ces derniers temps, de
représentants des grandes associations. C'est trop bon de constater la
naïveté de certains articles qui s'écrivent sur la
planification. On dirait à lire certains éditorialistes, que
ça vient d'être inventé. Or, la planification dans les
compagnies sérieuses, dans l'industrie, dans le commerce, dans des
industries particulières ou dans des associations industrielles, est une
chose qui est aussi vieille que l'industrie et l'entreprise privée
elle-même. Les industries de certains types caractérisés
planifient non seulement sur le plan individuel, mais planifient en groupe par
leurs associations.
Il faut lire certaines des revues spécialisées pour se
rendre compte de l'immense travail de planification qui est fait dans certains
secteurs de notre vie économique, mais c'est ce travail qu'il faudrait
coordonner, et ce sont des lumières de ces hommes dont il faudrait
bénéficier des lumières au Conseil d'Orientation
économi- que. Il semble qu'au début, on a systématiquement
éliminé les représentants par exemple de l'Association des
pulpes, les représentants des associations minières, les
représentants des associations d'industrielles en « packaging
»,des représentants d'associations de mise sur le
marché.
M. LESAGE: M. le Président, je ne peux pas laisser aller le chef
de l'Opposition comme ça.
M. JOHNSON: Bien, le premier ministre me...
M. LESAGE: Bien oui, mais sur, au sujet de la pulpe et du papier.
M. JOHNSON: J'ai dit, jusqu'à récemment.
M. LESAGE: Je suis sur la liste des membres.
M. JOHNSON: Oui, mais ça fait combien de mois, six mois?
M. LESAGE: Cela fait oui, oui, quelques mois.
M. JOHNSON: Au bout de trois ans et demi.
M. LESAGE: Oui, oui, quelques mois.
M. JOHNSON: Bien, quelques mois, au bout de trois ans et demi. Je
connais des secrétaires exécutifs de Chambre de commerce qui en
connaissent tellement plus en planification réaliste, que tous les
diplômés d'universités qui sortent tout frais
émoulus de l'Université et...
M. LESAGE: Bien oui, mais...
M. JOHNSON: ... et qui sont remplis de bonnes idées, de bons
projets, mais qui n'ont pas l'expérience pratique.
M. LESAGE: Qu'est-ce que vous faites de M. Perreault de Casavan &
Frères?
M. JOHNSON: Bien, il est bien plus occupé ailleurs qu'en
planification économique. Il est pris avec la Commission
Bélanger. Voici un homme qui...
M. LESAGE: Bien oui. M. JOHNSON: Mais il n'estpas avec...
M. LESAGE: Il la connaît son affaire.
M. JOHNSON: M. le Président, moi je suis toujours prêt
à rendre hommage à un bonhomme, même quand il est
rouge.
M. LESAGE: Je ne connais pas sa couleur politique.
M. JOHNSON: Moi, je la connais.
M. LESAGE: Bien, moi je la connais pas.
M. JOHNSON: A St-Hyacinthe elle est connue.
UNE VOIX: Il y en a d'autres.
M. LESAGE: Il n'y a pas de bleus à St-Hyacinthe?
M. JOHNSON: Oh, M. le Président, s'il y en a. Au
fédéral, 5,000 de majorité. Ce qu'il a manqué ce
sont des gars...
M. LESAGE: Qu'est-ce qu'il a manqué à l'Union
nationale?
M. JOHNSON: Ce ne sont pas les bleus, c'est les gars de l'Union
nationale qui nous ont manques. Il y a trop de bleus et pas assez d'Union
nationale à St-Hyacinthe. C'est un des paradoxes de la vie politique,
mais ça c'est une affaire, à côté de la
question.
Je n'ai pas d'objection à en parler.
M. le Président, je disais qu'il y a certains secrétaires
exécutifs d'associations commerciales ou d'associations d'industriels
qui sont, qui ont une préparation, une expérience formidable, qui
auraient pu, si on avait su utiliser leurs services, qui auraient pu amener le
Conseil d'Orientation économique, à accoucher d'autre chose que
des rapports théoriques. Le Conseil d'Orientation économique,
après quatre ans, a très peu à montrer. Souhaitons qu'il
devienne de plus en plus réaliste, et qu'il soit de plus en plus imbu
d'un véritable esprit démocratique qui, évidemment conduit
à une planification du bas en haut plutôt que d'une planification
de haut en bas, une planification étatique, une planification qui n'est
pas intégrée au milieu réel, et une planification qui nous
conduit en somme à un état socialiste. Il y a de ces paradoxes
qui méritent d'être étudiés, quand on songe à
un pays, en particulier comme celui que j'ai à la mémoire, qui
est une monarchie ou un gouvernement socialiste qui a gardé le pouvoir
depuis trente ans d'affilés et où l'industrie privée est
choyée comme nulle part au monde. On se demande, qu'est-ce qu'il y a au
fond de ça. Ce pays qu'on a donné comme le modèle des pays
socialistes est celui qui donne le plus de chance, le plus d'initiative
à l'entreprise privée. Dans ce cas on accorde, par exemple, la
pleine dépréciation à la pleine mesure des profits, chaque
année, à mesure qu'ils sont faits, et 90% de l'économie
est contrôlée dans ce pays soi-disant socialiste par
l'entrepriseprivée, et 5% par les coopératives et le reste par
l'Etat. Seulement un misérable 5%. Pourquoi? Parce que dans ces pays,
dans ce pays en particulier que j'ai à l'esprit, on a favorisé le
développement de corps intermédiaires solides. Il y a de solides
associations ouvrières qui ont une tradition vieille d'au-delà de
60 ans. On a des associations d'employeurs très bien structurées,
très bien coordonnées, et les contrats de travail sont
négociés à l'échelle nationale et il y a la paix
industrielle, le gouvernement n'ayant eu à intervenir qu'une fois dans
les 12 dernières années.
L'entreprise privée, sous un gouvernement soi-disant socialiste,
se développe, crée des positions et a élevé le
standard de vie de la masse d'une façon spectaculaire, alors qu'ici il
semble que nous avons l'inverse. Nous avons un gouvernement qui se dit
d'entreprise privée, plus ou moins, on a un gouvernement quand
même...
M. LESAGE: Mixte.
M. JOHNSON: ... qui est influencé un peu par l'entreprise
privée. Pardon?
M. LESAGE: Mixte.
M. JOHNSON: Oui, qui se dirige vers l'entreprise mixte, mais qui est en
train de tuer tous les corps intermédiaires (sauf le bill 54 qui donne
les pouvoirs, comme je l'ai dit, aux unions ouvrières et c'est pour
ça que nous étions tellement en faveur de cette mesure), qui est
en train, dis-je, de tuer tous les corps intermédiaires, qui ne les
consulte pas, qui ne les fait pas participer à l'élaboration du
plan ni au gouvernement de la nation. Et nous aurons cet autre paradoxe, mais
à l'inverse, d'un gouvernement soi-disant d'entreprise privée qui
est en réalité à la tête d'une province qui, avant
bien des années, sera socialisée si on ne met pas un cran
d'arrêt sur la pente dans laquelle nous sommes actuellement
engagés.
M. le Président, le Conseil d'orientation économique
devra, et j'espère que ça se fera bientôt, rénover
ses cadres, les adapter à ce
système de planification véritablement
démocratique. C'est le voeu que je formule ce soir avec l'espoir que,
peut-être, il sera partiellement accompli au cours de l'année qui
vient.
M. LESAGE: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 7.
M. BELLEMARE: M. le Président, article 6.
M. LE PRESIDENT: Article 6: « Commission d'aménagement du
Québec ».
M. BELLEMARE: M. le Président, dans ce montant de $636,000, si on
réfère à la page 41, on y voit $55,000 de traitements
contre $62,000 l'année précédente. Est-ce que le colonel
Boulanger, qui est président, a moins d'employés?
M. LESAGE: Une minute, il s'en vient, je vais lui demander. Il y avait
eu des nouvelles nominations de prévues au budget de l'an dernier qui
n'ont pas été faites et qui se sont avérées non
nécessaires.
M. BELLEMARE: Combien y a-t-il d'employés à la Commission
d'aménagement maintenant?
M. LESAGE: Cinq.
M. BELLEMARE: Cinq employés. Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 6 adopté. Article 7: «
Subventions, $275,000 ».
M. JOHNSON: Sur la Loi électorale, M. le Président, un mot
seulement. Nous en avons beaucoup parlé,...
M. LESAGE: Un instant là que je me retrouve.
M. JOHNSON: ... donc je serai très bref. Je voudrais d'abord
demander au premier ministre si on a prévu les fonds nécessaires
pour le comité dont la vie a été prolongée, le
comité Drouin,...
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: ... composé de M. Drouin, de M. Verge et de M.
Laplante?
M. LESAGE: Oui, M. le Président.
M. JOHNSON: Bon, très bien. Du moment que c'est prévu.
M. LESAGE: A l'article 3 de la Loi des crédits de la
législature...
M. JOHNSON: Ah bon, très bien.
M. LESAGE: ... à même un emprunt sur le $500,000 du
ministère des Finances que nous avons voté tout à
l'heure.
M. LE PRESIDENT: Alors article 7: « Subventions »...
M. JOHNSON: Non, non, est-ce qu'ils seront payés sur la
base...
M. LESAGE: Ah! Qu'est-ce que c'est...
M. JOHNSON: ... de l'indemnité? Voici je fais seulement...
M. LESAGE: Un instant.
M. JOHNSON: Je veux tout simplement rappeler une affaire au premier
ministre...
M. LESAGE: Nous avons passé l'arrêté
ministériel hier, je peux en déposer une copie.
M. JOHNSON: Oui, le premier ministre est supposé m'en envoyer une
copie. Je voudrais lui rappeler, à son chef de cabinet qui pourrait
certainement...
M. LESAGE: Bien évidemment...
M. JOHNSON: ... y donner suite. Il y avait un petit problème
quant à l'indemnisation de l'un des membres...
M. LESAGE: Juste une chose...
M. JOHNSON: ... qui était déjà un pensionné
du gouvernement et qui n'a accepté...
M. LESAGE: M. Drouin...
M. JOHNSON: ... qu'à la condition, évidemment, qu'il ne
perdrait pas sa pension.
M. LESAGE: Bien clairement, c'est la loi.
M. JOHNSON: C'est réglé?
M. LESAGE: Oui, oui, c'est la loi.
M. JOHNSON: Non, mais est-ce qu'on a vu à ce que son
indemnité ne lui fasse pas perdre sa pension?
M. LESAGE: On ne peut pas.
M. JOHNSON: Dans le cas de M. Laplante?
M. LESAGE: On ne peutpas, c'est soustrait.
M. JOHNSON: C'est soustrait de la pension.
M. LESAGE: Bien oui. Ah! oui, ce n'est pas la même chose
là, ce n'est pas un salaire qu'il reçoit, c'est une allocation de
$35 par jour.
M. DOZOIS: Bon!
M. LESAGE: « Qu'une somme de $100 par jour de travail soit
payée à chacun des deux membres du sous-comité de la carte
électorale nommés l'un par vous, l'un par nous, pour couvrir
toutes leurs dépenses de frais d'enquêtes, ou
représentations, ou de séjour » et mon conseiller juridique
consulté par le président des élections, a dit qu'avec
cette formule M. Laplante gardait son droit à la pension.
M. JOHNSON: D'ailleurs ç'a été la condition «
sine quanon »...
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Pour son acceptation.
M. LESAGE: Oui, oui, il fallait trouver l'attestation et puis c'est
ça.
M. JOHNSON: J'avais discuté de l'affaire avec le procureur
général et le conseiller juridique avait...
M. LESAGE: Oui, oui, et puis c'est réglé.
M. JOHNSON: ... décidé que ça pourrait fonctionner
en ce sens-là. Deuxième question, M. le Président: est-ce
que tout est prêt pour les élections partielles dans les
comtés de Matane, Dorchester et Saguenay?
M. LESAGE: Le président des élections me dit qu'il est
prêt n'importe quand.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il est prêt même pour des
élections générales?
M. LESAGE: Il me dit que oui.
M. JOHNSON: Très bien. Le premier ministre est-il prêt?
M. LESAGE: Je n'ai jamais vu un homme avoir si hâte de se faire
hara-kirL
M. ALLARD: C'est tout ce que vous pouvez dire.
M. JOHNSON: M. le Président, il y a une tradition qui est en
train de s'établir, des élections tous les deux ans, alors on se
prépare nous autres.
M. LESAGE: Vous faites bien. Préparez-vous.
M. JOHNSON: Si la session peut finir, M. le Président...
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: ... si le premier ministre ne nous avait pas gardé
ici pendant sept mois, ont aurait préparé un peu notre
organisation. Cela m'a l'air que plus on reste longtemps en Chambre, moins il
va me rester de députés pour m'aider à faire la lutte. Le
premier ministre est en train de m'enlever tous mes joueurs.
M. le Président, pour revenir à la loi électorale,
j'ai une recommandation à faire, je voulais présenter cette
année une loi, je n'ai pas eu l'occasion de le faire, mais j'aurais
aimé qu'on amende la loi électorale de façon à ce
que tout employé puisse se présenter sans perdre ses droits
à son emploi, à sa seniorité et à tous ses autres
avantages.
M. LESAGE: Oui mais il est tard pour y penser.
M. JOHNSON: Je sais que ça représente certains aspects
mais c'est une idée que je transmets au premier ministre avec l'espoir
qu'il l'étudiera. En tout cas moi je suis en train de l'étudier,
et nous présenterons une loi l'an prochain. Subvention...
M. BELLEMARE: A subvention, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Alors subventions.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les gardes paroissiales.
M. BELLEMARE: J'ai appris avec beau-
coup de joie, M. le Président, que le premier ministre
s'était rendu à ma demande, et avait donné aux
fédérations des gardes paroissiales qui l'ont honoré
lui-même d'être le grand colonel des gardes paroissiales avec un
diplôme d'honneur...
M. LESAGE: Mais ce n'est pas pour ça qu'ils ont eu l'argent.
M. BELLEMARE: Non, non, mais je sais qu'ils l'ont honoré en le
nommant grand colonel, je n'ai pas vu son uniforme, M. le Président,
mais je voudrais le remercier...
M. LESAGE: Cela coûte cher d'être colonel vous savez.
M. BELLEMARE: Ah! oui, j'ai lu ça, M. le Président, parce
que cette année, au congrès qu'il y a eu à
Trois-Rivières et au Cap-de-la-Madeleine, la Fédération
des gardes paroissiales, on m'a annoncé ça...
M. LESAGE: Bien oui.
M. BELLEMARE: ... on a dit: « On a un nouveau grand colonel, le
premier ministre de la province qui nous a augmenté sensiblement
notre...
M. LESAGE: Non, non, je ne parlais pas de ça, je parlais de
l'autre titre que j'ai.
M. BELLEMARE: Ah! bon, ah! bon. En tous les cas, M. le Président,
devant tout ces faits d'armes, nous nous inclinons. J'ai trois questions
à poser au premier ministre: je voudrais savoir, trois questions, ce
sont des questions qui apparaissent à la page 259 des comptes publics de
1963.
M. LESAGE: L'augmentation là pour les...
M. BELLEMARE: Fédérations des gardes paroissiales.
M. LESAGE: ... c'est parce que c'est un anniversaire spécial
cette année.
M. BELLEMARE: Le 25ème anniversaire cette année de la
fondation de la fédération.
M. LESAGE: C'est pour ça, on m'a demandé une augmentation
et étant donné que c'était le 25eme anniversaire...
M. BELLEMARE: Ah bien, le premier mi- nistre peut continuer parce
qu'à 100 gardes paroissiales qui représentent au-delà de
6,000 hommes, c'est un excellent mouvement qui peut nous servir en temps
de...
UNE VOIX: En temps de guerre.
M. COUTURIER: C'est le député de Champlain qui est
mascotte.
M. BELLEMARE: M. le Président, je suis honoré d'être
membre de la fédération.
UNE VOIX: Etes-vous mascotte?
M. BELLEMARE: Non, pas mascotte mais je trouve que ces gens-là
font un service bénévole dans chacune de nos paroisses et
j'admire leur dévouement...
M. LESAGE: Le député de Champlain a raison.
M. BELLEMARE: Certainement! J'ai maintenant un chef suprême, le
grand colonel, le premier ministre de la province. Je m'en vais recommander le
député de Rivière-du-Loup comme infirmier en chef.
M. COUTURIER: Celle-là, elle vient du chef de l'Opposition!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: Je ne suis pas sûr qu'on peut l'avoir
réveillé.
M. le Président, j'ai trois questions à poser au premier
ministre. La ville de Mégantic a reçu une subvention de $60,000.
Cela m'a surpris un peu parce que c'était...
M. LESAGE: C'est le barrage de Gayhurst.
M. BELLEMARE: Ah bon! La Corporation de Hull a reçu un octroit de
$20,000.
M. LESAGE: C'est pour la planification, le plan d'ensemble...
M. PARENT: Des cinq municipalités...
M. LESAGE: Bien expliquez-le donc. Vous le savez bien mieux que moi.
M. BELLEMARE: Non, non. Je ne comprendrai pas! Cela suffit. Le premier
ministre m'a dit que c'était...
M. LESAGE: Le plan d'ensemble pour cinq municipalités autour de
Hull pour l'embellisement...
M. BELLEMARE: J'ai compris tout de suite.
M. LESAGE: ... qui font partie du district fédéral.
M. BELLEMARE: Il y a un autre octroi à la ville...
M. LESAGE: Octroi fédéral, provincial ou municipal,
c'est-à-dire le paiement fédéral, provincial,
municipal.
M. BELLEMARE: Dès que le premier ministre m'a donné la
raison, j'ai compris tout de suite ce qu'il en est. Mais je vois la corporation
du village historique de St-Jacques de Chambly, $42,600.
M. LAPORTE: M. le Président, j'apprends à l'instant
même le montant de la subvention. A Chambly, la corporation du village
historique de Chambly s'est donné comme mission de recueillir dans la
province de Québec de vieilles maisons historiques qui peuvent
être démolies, de vieilles maisons de pierre qui ont une valeur
historique. Ils les transportent au village historique, Ils les reconstruisent,
ils en ont quatre ou cinq actuellement de faites et puis ce sont des
subventions pour ça.
M. BELLEMARE: C'est une corporation qui est...
M. LAPORTE: Sans but lucratif.
M. BELLEMARE: ... organisé en vertu de la troisième partie
de la Loi des corporations...
M. LAPORTE: C'est sans but lucratif...
M. LESAGE: C'est sans but lucratif. Cela nous coûte assez cher,
Dieu merci.
M. LAPORTE; ... et cela a un but strictement historique.
M. BELLEMARE: M. le Président, je me surprends en lisant les
Comptes publics surtout quand j'arrive aux subventions. Je vois le premier
ministre qui reçoit des gens pour leur donner des octrois de $100 pour
des terrains de jeux, $200 pour des terrains de jeux à Val St-Gilles;
oeuvre des terrains de jeux à Ste-Claire de Colombourg, $100; oeuvre des
terrains de jeux à St-Gérard-Majella; oeuvre des terrains de jeux
à St-Viateur, $200. Est-ce que le premier ministre a le temps de
recevoir tous ces gens-là pour leur donner des octrois de $100, $150,
$200, $300? Quand le ministère de l'Education a un service complet pour
les terrains de jeux et les centres de loisirs...
M. LESAGE: Non, je regrette. Ce sont, à même les
subventions, de petites subventions qui sont faites à des
communautés...
M. BELLEMARE: Ah non! Ce sont les oeuvres de terrains de jeux... La
paroisse de St-Vital, ça, ce n'est pas une communauté
religieuse?
M. LESAGE: Oui, la paroisse, bien évidemment. Et le centre de
loisirs ou camps d'été ou...
M. BELLEMARE: Oui mais pourquoi est-ce que le premier ministre se garde
ça dans son ministère? Pourquoi ne donne-t-il pas ça
à la place où ça doit être. Est-ce pour...
M. LESAGE: Il arrive que le ministère de l'Education manque de
crédits, alors je me fais...
M. BELLEMARE: Non, le premier ministre va à des endroits et
puis,...
M. LESAGE: Non, non...
M. BELLEMARE: ... le bon prince, il dit: « Je vous donnerai un
petit octroi ». Alors les gens applaudissent. Je suis habitué
à cela!
M. LESAGE: M. le Président, pour ce qui est de
St-Gérard-Majella...
M. BELLEMARE: Ah! Là ce n'est pas $300, c'est $5,000. Là
ils l'ont applaudi, là!
M. LESAGE: A St-Gérard-Majella, c'est pour remplir les promesses
de l'Union nationale, les engagements, pas les promesses, les
engagements...
M. BELLEMARE: Cela dure depuis si longtemps?
M. LESAGE: Oui.
M. BELLEMARE: Cela fait un gros montant!
M. LESAGE; C'est la dernière année.
M. BELLEMARE: La dernière. M. le Président, je vois ici,
« fondation de citoyens de l'édifice commémoratif des
Pères de la Confédération » $96,590... Des
Pères de la Confédération.
M. HARVEY: Des pères de mon père!
M. LESAGE: Oui, mais là, vous êtes rendu à l'item
9.
M. BELLEMARE: Pardon? Non. non, c'est à la page 259.
M. LESAGE: Dans les comptes publics mais...
M. BELLEMARE: Dans les comptes publics,...
M. LESAGE: Oui, mais je regrette, c'est l'item 9 dans les
crédits.
M. BELLEMARE: Oui, mais, ah je poserai ma question là d'abord. Je
termine en posant au premier ministre une autre question, le centre
récréatif d'Asbestos Inc. Est-ce encore une promesse de l'Union
nationale qui s'éteint là?
UNE VOIX: Je ne le sais pas par coeur. C'est une bonne oeuvre.
UNE VOIX: Cela doit être une nouvelle promesse!
M. LESAGE: Cela devait être une bonne oeuvre certain!
M. BELLEMARE: Ah bon, je suis bien content d'entendre dire qu'on a fait
du bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8. Réceptions du
gouvernement $75,000.
M. BELLEMARE: Une minute, les réceptions du gouvernements. Bien,
je comprends que le premier ministre reçoit des visiteurs
étrangers, il faut répondre...
M. LESAGE: Non, ce sont, je m'excuse, ce ne sont pas des visiteurs que
je reçois dans mon bureau ou que je reçois déjeuner au
Club de la Garnison.
M. BELLEMARE: Ah bon!
M. LESAGE: Ce sont les réceptions officielles.
M. BELLEMARE: Oui, oui, c'est ça que je dis.
M. LESAGE: Quand je reçois des gens à déjeuner au
Club de la Garnison, et qui ont affaire à moi, et que je leur offre
à « luncher », c'est moi qui paie.
M. BELLEMARE: Ah bien ça, c'est sûr! Le premier ministre je
ne l'ai pas accusé non plus. Ah bien non.
M. LESAGE: Non, non, mais je le dis.
M. BELLEMARE: Ah non, je n'ai pas dit ça parce que je connais la
générosité du premier ministre. J'ai hâte qu'il
m'invite, un jour, à dîner.
M. LESAGE: Ce sont les réceptions officielles.
M. BELLEMARE: Cela va être bien agréable.
M. LESAGE: Cela me fera un grand plaisir.
M. BELLEMARE: Merci infiniment. Il faudra s'entendre pour la date. Nos
chefs de Cabinet se verront.
Je comprends, M. le Président, que cette année, il y a un
événement très important et c'est peut-être pour
ça que le chiffre des réceptions a été
augmenté à cause de l'arrivée à Québec de Sa
Majesté la Reine. Il y aura là une réception...
M. LESAGE: Non.
M. BELLEMARE: Il n'y aura pas de réception à la...
M. LESAGE: Oui, il y en aura bien sûr.
M. BELLEMARE: Mais, cela n'est pas prévu...
M. LESAGE: Ce n'est pas prévu au budget.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas prévu au budget pour cette
année. Ce n'est pas dans cette réception du gouvernement?
M. LESAGE: Quand le budget a été préparé,
nous ne le savions pas.
M. BELLEMARE: Ah bon! Il y aura une réception quand même
à Sa Majesté!
M. LESAGE: C'est évident. Et le député de Champlain
sera invité.
M. BELLEMARE: Ah bien ça, je n'y manquerai pas, M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9, « Contribution au
coût de l'édifice commémoratif des...
M. BELLEMARE: Alors là, M. le Président, $105,000, il y a
une différence de $500,000 de différence avec l'année
passée.
M. LESAGE: C'était payable en trois ans. M. BELLEMARE: Oui,
oui.
M. LESAGE: Nous avons versé $96,588 en 1962-1963...
M. BELLEMARE: An bon!
M. LESAGE: $603,675 en 1963-1964 et $104,637 tout payé
déjà d'ailleurs. Les douze douzième ont été
votés, je l'ai expliqué en Chambre.
M. BELLEMARE: D'accord. Adopté.
M. LESAGE: Cela, c'était suivant le chiffre de la population
n'est-ce pas?
M. LE PRESIDENT: 10, « Etude sur la possibilité
d'établir une industrie sidérurgique, » $230,000.
M. JOHNSON: Enfin, M. le Président, nous allons pouvoir parler de
la sidérurgie! Enfin, puisqu'on nous demande de voter $230,000, nous
allons pouvoir explorer un peu, pendant les deux heures et quart qu'il
reste...
UNE VOIX: Ah non!
M. JOHNSON: ... le sujet si intéressant de la sidérurgie.
Je ne veux pas reprendre tout le débat, mais je voudrais bien donner une
chance au premier ministre de mettre au point tout le problème et comme
base, je lui rappelle les termes mêmes d'un communiqué du ministre
des Richesses naturelles paru dans les journaux du premier octobre 1963,
notamment dans « L'Evénement ». L'on titrait dans ce journal
« Aciérie au Québec: Etudie rapports, puis
décidé... » Sherbrooke, Presse Canadienne. « Le
ministre des Richesses naturelles du Québec a fait savoir, hier, que la
politique gouver- nementale sur l'établissement d'une industrie
sidérurgique ne pouvait être connue avant que le Cabinet n'ait
étudié un rapport qui doit être présenté
d'ici quelques semaines par des experts.
Et comme je l'ai mentionné, il s'agissait d'un communiqué
de M. René Levesque qui voulait clarifier certains rapports
publiés dans les journaux à la suite d'un discours
prononcé devant les étudiants de l'Université de
Sherbrooke, le vendredi précédent. C'était M. Levesque qui
voulait corriger, comme on l'a vu certaines interprétations, certaines
de ses paroles qui n'étaient évidemment pas écrites qui
étaient prononcées sous le feu de l'improvisation.
M. Levesque déclare et on cite ces propos: «
J'espère que l'acier sera bientôt l'un des produits de base de
Québec et avec d'autres je travaille de toutes mes forces pour que cela
se réalise. » Mais il souligne aussi « que nous attendons
dans quelques semaines le rapport de rentabilité de ce grand projet et
que de toute évidence, la politique du gouvernement ne peut être
fixée qu'après étude de ce rapport ». En fait, le
rapport a été déposé, présenté
solennellement avec photos, batterie de photographes, télévision,
communiqués de presse, le ou vers le 2 novembre 1963. Et le gouvernement
étudie depuis ce temps-là. Où en est-il rendu dans ses
études et à quelles décisions?
M. LESAGE: Nous étudions.
M. JOHNSON: Très heureux d'apprendre ça, M. le
Président. Ils n'apprennent pas vite. Ils ont la moitié d'un
cours classique rien que sur la sidérurgie en partant oui en plus
du cours élémentaire que M. Lapalme nous avait fait suivre
pendant sept ans dans cette Chambre. Il y a pourtant dans l'équipe du
premier ministre, des gens qui sont magnifiquement préparés, et
moi j'ai lu en 1949, une série d'articles où c'était tout
réglé cette affaire-là. En 1949 je crois, c'était
le député de Chambly...
M. LAPORTE: En 1949.
M. JOHNSON: ... qui avait écrit une série d'articles sur
les hauts-fourneaux et tous ceux qui n'admettaient pas sa théorie: elle
est très simple: on met des hauts-fourneaux à
l'électricité à Sept-Iles, puis c'est réglé.
Bang! l'affaire de trois mois, puis on passe ça un aciérie. C'est
simple de même. Et tous ceux-là, tous ceux qui ne partageaient pas
cet avis-là, c'étaient des gens vendus aux Américains! Ah!
Vendus aux Américains!...
M. GOSSELIN: Ah oui!
M. JOHNSON: ... qui dilapidaient le patrimoine national qui passait en
lambeaux le long du St-Laurent. C'est le chef de l'Opposition qui du haut de sa
tour au Château Frontenac regardait le coeur brisé passer des
lambeaux de la patrie.
Le député de Chambly avait le témoignage des Dr
Cholette et Potvin et ceux qui osaient le contredire, étaient
évidemment des vendus. Finis là! Réglé! Des
arriérés. Il y eut des déclarations fameuses que je ne
rappelle pas, il y eut par exemple celle de 1952 alors que le chef du parti
libéral disait ce qu'il faudrait dans cette province c'est du
Mossadegh...
M. BERTRAND (Missisquoi): Et je le deviendrai.
M. JOHNSON: C'est depuis ce temps-là qu'il porte des verres
fumés.
Il eut à un moment donné des grandes annonces
électorales: Québec a le plus grand trou du monde. Le trou de
Knob Lake. M. le Président, je vois qu'il y a aujourd'hui dans le
comité d'aciérie un homme qui a creusé ce trou-là,
qui a contribué à creuser ce trou-là. C'est M. Dufresne,
l'ingénieur minier très bien qualifié qui était sur
les lieux dans le temps, et qui a vu creuser ce trou. Nous avions le plus grand
trou du inonde d'après les annonces libérales et nous devions
avoir une aciérie. Y a-t-il quelqu'un dans cette Chambre qui est contre
une aciérie? Personne!
M. LESAGE: Je ne pense pas.
M. JOHNSON: Personne! Personne n'est contre ça! On a hâte
que ça se fasse.
M. LESAGE: Moi aussi.
M. JOHNSON: On ne voudrait pas que ça se fasse à la
légère.
M. LESAGE: C'est ça.
M. JOHNSON: Mais il me semble que, il y a des gens qui ne voudraient pas
que ça se fasse à contrecpeur non plus.
Personne ne voudrait que ce soit une entreprise non viable et quand je
dis non viable, cela ne veut pas dire que c'est une entreprise qui doit se
suffire entièrement au début. Tout le monde voudrait que ce soit
une entreprise qui serve si possible de nouveau pôle d'industrialisation
dans la province.
M. LESAGE: Bien oui, c'est toujours ce qu'on a dit.
M. JOHNSON: Tout le monde est d'accord. Maintenant, en pratique,
après douze ans de propagande dans le parti libéral, douze ans de
critique contre l'Union nationale, malgré ces critiques que le parti
libéral a faites lorsque l'Union nationale a ouvert l'Ungava, et si
ça n'avait pas été ouvert, on ne pourrait même pas
parler d'une aciérie à ce moment-ci. Il fallait commencer par le
commencement. On a fait le commencement. Qu'est-ce que les libéraux font
maintenant qu'ils sont au pouvoir depuis quatre ans? Ils achètent des
terres. Ils suscitent des appétits qui seront peut-être
stériles dans certaines régions de la province, et je sais que
nous avons un collègue qui aimerait à me faire mentionner ici que
c'est à Bécancourt que ça devrait aller et je dis au nom
du député des Trois-Rivières, que c'est à
Bécancourt que ça devait aller. Je sais que le
député de Trois-Rivières le dirait s'il était en
Chambre.
Le député de Nicolet voudrait certainement avoir ma
liberté d'expression pour le dire lui aussi, mais quant à moi, je
demande au gouvernement de se hâter dans ses études, se
hâter lentement évidemment, de ne pas décevoir ceux qui ont
mis dans ce projet de grands espoirs d'émancipation économique,
et, troisièmement, de voir à ce que ça serve
réellement à décentraliser l'industrie dans la province de
Québec. A quel endroit faudrait-il le placer ? Le gouvernement le sait
mieux que nous. Il a tous les chiffres, il a tous les rapports, il a tous les
services de tous les experts, mais je voudrais déclarer dans cette
Chambre ce que j'ai déjà dit à certains membres du
gouvernement en réunion semi-privée: il ne faudrait pas reculer
devant une dépense capitale additionnelle qui pourrait être
suffisante pour payer sur la base de 5% ou 6%, payer le différentiel
dans le transport.
En somme, si on se place au point de vue de l'aménagement de la
province, si on veut éviter que la province soit un état
déséquilibré, si on veut que la province en vienne
à cet état des choses où comme dans certains pays on
pénalise des industries qui s'installent dans la métropole et on
paie des industries, et on les subventionne en capital jusqu'à 20% de
l'argent investi, pour que ces industries s'en aillent dans les régions
sous-développées. Je prétends, M. le Président, que
dans cette optique, même s'il en coûtait 20, 30, 40 ou 50 millions
de dollars de plus, il ne faudrait pas hésiter à ce moment
stratégique de notre développement économique de placer la
sidérurgie à un endroit tel qu'on
forme un autre centre d'attraction industrielle, un autre pôle, un
autre endroit de polarisation industrielle, pour employer les termes à
la mode.
Il ne faudrait pas hésiter, M. le Président, continuant
l'oeuvre des devanciers du gouvernement actuel, de couronner l'ouverture de
l'Ungava, l'ouverture, l'établissement de voies de communication
modernes et rapides et efficaces, il ne faudrait pas hésiter pour un
seul instant, en couronnant l'oeuvre des devanciers de placer la
sidérurgie ou le complexe sidérurgique à un endroit le
plus propice au développement équilibré et rationnel de la
province de Québec.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai à ma gauche le
sous-ministre de l'Industrie et du Commerce qui est le président du
comité de sidérurgie. J'ai assis en arrière de lui,
l'ingénieur minier Cyrille Dufresne qui est notre conseiller technique
et au sujet duquel le chef de l'Opposition vient de faire des compliments bien
mérités.
Je n'ai pas l'intention de répéter, de dire à cette
Chambre quelle est toute l'expérience de M. Dufresne, et je sais
pertinemment qu'il a dirigé les travaux de la création de Wabush,
Carol Lake. Il est maintenant revenu à Québec, et il est au
service du gouvernement de la province à honoraires, pour nous aider
justement à prendre nos décisions finales, au point de vue
technique, sur cette question de sidérurgie. Il y a environ trois
semaines, un vieil ami à moi, ancien député, ancien
ministre belge, que j'avais connu aux Nations-Unies, avec qui j'avais
lié des relations d'amitié, a fait un voyage à
Québec pour venir me voir. Je l'ai rencontré avec plusieurs des
membres du comité de sidérurgie. Et nous l'avons
questionné. Je dois dire qu'il est un des présidents, il est
président d'une traction et électricité, qui est dans le
consortium de la Société générale de Belgique. Il
n'est plus député, il a démissionné pour se donner
complètement à ce travail.
Lorsqu'il est venu, nous avons discuté de l'expérience que
sa compagnie vivait pour la construction d'une aciérie à Gand ou
près de Gand, qu'on appelle Sidmar, « sid » pour
sidérurgie, « mad » pour maritime, parce qu'on
considère que Gand est un port de mer n'est-ce pas?
M. LESAGE: Il m'a parlé à ce moment-là d'un M.
Marcel Fouassin, ingénieur belge qui est le directeur
général de l'entreprise de la construction Sidmar, comme M.
Dufresne avait été le directeur général de
l'entreprise
Caron Lake. M. Van der Skirrer. cet ami, m'a dit à ce
moment-là que M. Fouassin devait se rendre au Mexique du 18 au 28
juillet. Je lui ai demandé s'il serait possible à M. Fouassin au
lieu de retourner directement du Mexique à Bruxelles ou à Gand,
de passer par le Canada et de venir à Québec pour rencontrer les
membres du comité de sidérurgie, et plus particulièrement
M. Cyrille Dufresne, pour faire part au comité de sidérurgie, et
plus particulièrement à M. Dufresne, de son expérience
vécue dans la direction générale de la construction de la
sidérurgie Sidmar, à Gand. C'est ce qu'il y a de plus
récent dans le monde actuel, c'est actuellement en construction. Non,
Dunkerque est à vendre, et celle-ci est en construction.
M. Dufresne vient de me dire, j'ai causé avec lui à
bâtons rompus, qu'il a vu M. Fouassin aujourd'hui, qu'il a
passé la journée avec lui, et qu'il a acquis de lui des
renseignements extrêmement précieux qu'il aurait pu difficilement
obtenir ailleurs, ou de d'autres, à cause de l'expérience que ce
monsieur vit lui-même présentement.
De plus, je dois dire que j'ai eu la première chance ce matin ou
ce midi, de toute façon pendant l'étude des crédits du
secrétaire de la province ce matin, alors que j'ai pu sortir de la
Chambre et aller à mon bureau en arrière, d'avoir une assez
longue discussion sur le sujet avec mon collègue de l'Industrie et du
Commerce. Il est clair que nous ne pourrons prendre aucune décision
avant que je revienne de la conférence interprovinciale, avant que nous
ayons obtenu des précisions dont je ne puis dévoiler la nature,
ce serait contre l'intérêt public, mais je puis assurer cette
Chambre...
M. JOHNSON: Est-ce qu'on va avoir une aciérie, oui ou non?
M. LESAGE: J'ai dit oui l'autre jour. M. JOHNSON: Bon.
M. LESAGE: Mais il y a tellement de facteurs à considérer
qu'il m'est impossible de donner plus de détails sans nuire au projet
lui-même, ce serait contre l'intérêt public.
M. JOHNSON: M. le Président, pourquoi vote-t-on? Pourquoi et pour
qui vote-t-on $230,000?
M. LESAGE: Pour payer d'abord les honoraires de M. Dufresne, les
dépenses de voyage du comité et les dettes que nous avons au
bureau d'ingénieurs Asselin, Ducharme, je ne sais trop.
M. JOHNSON: Etes-vous certain qu'ils coûtent moins cher que M.
Pigeon?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Les honoraires doivent être moins élevés
que ceux de M. Pigeon.
M. LESAGE: Je n'ai pas de commentaires là-dessus!
M. JOHNSON: Oui, mais $230,000 pour les honoraires d'ingénieurs,
ça commence à être des piastres.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai pas dit que $230,000,
c'étaient les honoraires de M. Dufresne. J'ai dit que nous avions une
dette à Asselin, Ducharme de $201,000...
M. GOSSE UN: M. Dufresne est déjà inquiet de son rapport
d'impôt.
M. LESAGE: Pardon?
M. GOSSELIN: M. Dufresne est déjà inquiet de faire son
rapport d'impôt en attendant.
M. LESAGE: M. Dufresne est un homme honnête et je suis sûr
que ses rapports d'impôt sont exacts.
M. JOHNSON: Personne n'a voulu inférer des doutes
là-dessus!
M. GOSSELIN: Voyons donc! Je ne dis pas, M. le Président, que M.
Dufresne a falsifié ses rapports, au contraire! Mais je dis que s'il
fallait qu'on ait l'impression que le salaire de M. Dufresne soit de
$230,000...
M. LESAGE: $230,000! Voici, là je comprends.
M. ALLARD: Bien oui,
M. LESAGE: Mais ce que j'ai dit, c'est que nous devions $200,000, autour
de $200,000, au bureau d'Asselin et Ducharme. Cela j'ai dit ça.
M. JOHNSON: M. le Président, évidemment, il ne faut pas en
vouloir au premier ministre, il a plusieurs ministères.
M. LESAGE: Non seulement à Asselin et Ducharme mais aussi...
M. BERTRAND (Missisquoi): Irsid.
M. LESAGE: Irsid Aviron, Evans Ross en Belgique.
M. JOHNSON: Combien doit-on exactement à Asselin?
M. LESAGE: $200,000.
M. JOHNSON: C'est Asselin, Benoît, Ducharme... etc.
M. LESAGE: Non, c'est tout le monde ça.
M. JOHNSON: Cela c'est pour faire un rapport d'étude.
M. LESAGE: Oui. Mais ça comprend les trois sociétés
d'ingénieurs que je viens de mentionner.
M. JOHNSON: Ah! bon.
M. LESAGE: C'est le compte conjoint, plus cher que M. Pigeon.
M. JOHNSON: Evidemment, M. le Président, M. Dufresne est-il a
plein temps pour le gouvernement?
M. LESAGE: M. Dufresne me dit oui, pratiquement.
M. JOHNSON: Ah! bon. Il n'est pas du Service civil?
M. LESAGE: Non.
M. JOHNSON: Commission royale...
M. LE PRESIDENT: Alors article 10 adopté. Article 11.
M. JOHNSON: On comprendra, M. le Président, pourquoi j'adopte 10.
Quant à moi c'est que le premier ministre dit: « Il n'y a pas
moyen d'aller plus loin » Alors, je ne suis pas pour le torturer...
M. LESAGE: Bon. Bien le mandat a été prolongé et
puis...
M. JOHNSON: Il a assez d'ouvrage le premier ministre, il a assez de
ministères. Il y en a combien? Cinq ou six ministères, le premier
ministre, à lui tout seul?
M. BERTRAND (Missisquoi): Il les a tous.
M. JOHNSON: Savez-vous ce qu'un loustic m'a dit l'autre jour, M. le
Président? Il a dit: « Avec tous ses ministères, il est
temps qu'il se fasse faire une photo de groupe, le premier ministre.
»
M. LESAGE: Le chef de l'Opposition a beaucoup d'esprit ce soir. Il est
très gentil.
M. JOHNSON: Non, non. Ce n'est pas moi. J'ai lu ça dans le
« Reader's Digest ».
M. BERTRAND (Missisquoi): Elle vient du « Reader's Digest
».
M. JOHNSON: Mais j'adopte 10. 11-«Commission royale
d'enquête sur les sources de revenus » ça va bien
ça?
M. LESAGE: Oui, ça va bien mais j'espère que le rapport va
arriver pour la fin de l'année, afin qu'on puisse préparer les
législations nécessaires pour remédier à certains
états de choses.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les contribuables l'attendent avec
anxiété.
M. LESAGE: Bien oui.
M. JOHNSON: Cela m'a l'air que nous aurons de l'ouvrage à la
prochaine session si le comité fait rapport en temps et lieu.
M. LESAGE: Oui.
M. DOZOIS: ... les cultivateurs.
M. LESAGE: Nous pourrions, M. le Président, recommencer une
session presque au mois de septembre...
M. JOHNSON: Je n'ai pas d'objection. M. LESAGE: ... si c'était
nécessaire.
M. BERTRAND (Missisquoi): A la reprise lundi matin.
M. LESAGE: Non, non mais ce que je veux dire c'est que...
UNE VOIX: Il va manquer des joueurs.
M. LESAGE: ... à la dernière minute, on arrive toujours,
tout le monde le sait, les ministres, les ministères arrivent avec des
projets de loi de dernière minute...
M. DOZOIS: Le député de Laval...
M. LESAGE: Pardon. Nous sommes obligés de...
M. BERTRAND (Missisquoi): Bien oui, le maire de Chomedey.
M. LESAGE: ... choisir les priorités et puis de
désappointer certains collègues, certains ministères en
disant; « Bien, prochaine session ». C'est arrivé cette
fois-ci comme d'habitude. C'est toujours comme ça. Je suis sûr que
ceux qui sont en face de moi ont eu la même expérience.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela arrivait. On a eu le même
problème.
M. LESAGE: Mais il faut tout de même à un moment
donné mettre un point final.
M. JOHNSON: Oui. Je ne sais pas si ç'a changé mais quand
on arrivait au premier ministre, les derniers jours, avec un nouveau projet de
loi, mon Dieu qu'il n'était pas recevant.
M. LESAGE: M. le Président, sur ce point-là ça n'a
pas changé.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, j'étais réellement
malpris et plusieurs collègues étaient inquiets de savoir comment
s'était dénouée l'intrigue entre le président,
entre le maire d'une municipalité et le député du
comté de Laval. J'ai eu la solution pour que les gens ne
s'inquiètent pas trop cette nuit. Il paraît que le problème
entre le maire de Chomedey et le député de Laval s'est
réglé dans le bureau du notaire Lavoie.
M. LE PRESIDENT: Article 12, adopté? Article 13: « Achat,
construction et transformation d'immeubles. »
M. JOHNSON: Le Conseil exécutif va se lancer dans quels
immeubles, lui?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: «Achat, construction et transformation d'immeubles,
$500,000 »?
M. LESAGE: C'est pour la Commission d'aménagement.
M. JOHNSON: Ah bon! D'accord! M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: Bien oui, la rue St-Cyrille, finir...
M. JOHNSON: M. le Président, à grand regret, je vois qu'on
a fini d'adopter le budget...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: ... à grand regret...
M. LESAGE: La Cité parlementaire.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on aurait aussi, le budget supplémentaire,
est-ce qu'on a fini?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JOHNSON: Tous les item ont été adoptés?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: C'est le gouvernement qui en prend la
responsabilité?
M. PINARD: La responsabilité de le dépenser!
M. LESAGE: Et de le percevoir aussi.
M. GOSSELIN: Etes-vous certain que vous allez en avoir assez?
M. HYDE (président): Voies et moyens.
M. BEDARD (président du comité des subsides): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité a
adopté des résolutions et demande la permission de ne pas
siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il A la prochaine
session? Pardon, à la prochaine séance? Toujours la prochaine
séance.
M. LESAGE: M. le Président, je propose que...
M. LE PRESIDENT: ...les résolutions soient maintenant lues et
agréées.
M. JOHNSON: C'est ça!
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
M. LESAGE: Je propose que la Chambre se forme en comité des voies
et moyens.
M. BERTRAND (Missisquoi): On n'est pas pour recommencer!
M. LESAGE: Non, non, mais c'est la procédure obligatoire.
M. LE PRESIDENT: On fait les entrées; en est allé en voies
et moyens.
M. LESAGE: Première, deuxième et troisième lectures
du bill des subsides.
M. LE PRESIDENT: Adoptées? Adoptées. Le bill a
été adopté. Troisième lecture.
M. LESAGE: Est-ce que les députés voudraient...
UNE VOIX: Non!
M. LESAGE: Il nous reste deux choses pour demain, en
réalité.
M. JOHNSON: Troisième lecutre du bill 70.
M. LESAGE: Oui, bien demain!
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
M. LESAGE: Il y a la troisième lecture du bill de l'île
Jésus qu'on pourrait...
M. JOHNSON: Demain matin. M. LESAGE: Demain matin.
M. JOHNSON: On pourrait vous envoyer reposer tout de suite!
M. LESAGE: Bien, oui, c'était l'entente que j'avais... je
l'admets.
UNE VOIX: Après le café.
M. LESAGE: Bien là j'ai... et nous aurons demain
évidemment l'étude du rapport du comité des
règlements on pourrait peut-être faire ça ce soir, tout le
monde a peut-être le temps de la lire?
M. JOHNSON: Non. M. LESAGE: Non.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils ne l'ont pas lu.
M. LESAGE: Non, d'après les informations que j'ai eues du leader
du gouvernement en Chambre haute nous pourrions avoir la sanction et la
prorogation demain après midi soit à deux heures et demie, soit
à trois heures. Quelle est l'heure qui convient le mieux aux
députés?
Cela m'est indifférent.
M. DOZOIS: Le plus tôt possible.
M. LESAGE: Deux heures et trente. Alors, je vais prendre
immédiatement les dispositions nécessaires avec l'administrateur
de la province et à quel heure croit-on qu'on doit siéger demain
pour disposer de ces deux choses?
M. JOHNSON: Dix heures et demie, c'est assez vite ça.
M. LESAGE: Ou onze heures? L'autre Chambre siège à dix
heures trente, puis ils ont déjà beaucoup de pain sur la
planche.
M. JOHNSON: Onze heures ça va faire.
M. LESAGE: Est-ce que onze heures con- vient? Inutile ... Nous allons
être obligé si nous siégeons à dix heures et demie,
moi je sais par exemple d'après des conversations avec le
député de Missisquoi que l'adoption du rapport du comité
des règlements ne sera pas longue d'autant plus qu'il a des suggestions
à faire que j'ai acceptées avec plaisir, la seule chose c'est le
bill de l'Ile Jésus, la troisième lecture ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): « $64,000 question ».
M. LESAGE: C'est ce qui viendra d'abord.
M. BERTRAND (Missisquoi) On n'est pas pour le dire tout de suite.
M. DOZOIS: On ne veut pas que le député de Laval
dorme.
M. LESAGE: Alors M. le Président onze heures. Je propose
l'ajournement de la Chambre à onze heures demain matin. Nous
commencerons par la troisième lecture et nous finirons par
l'adoption.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée? La Chambre est
ajournée à demain matin à onze heures.