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(Dix heures et demie du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. GODBOUT: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
17e Rapport du comité des bills privés.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics.
M. LESAGE: « A ».
Ecoles d'architecture et des beaux-arts
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie propose la première
lecture d'une Loi modifiant la Loi concernant les écoles d'architecture
et des beaux-arts. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. GERIN-LAJOIE: Le but de ce projet de loi, M. le Président, est
la transformation des écoles d'architecture de Québec et de
Montréal en facultés universitaires, à Laval et à
Montréal, suivant les recommandations du comité d'étude
sur l'enseignement de l'architecture dans nos deux écoles de
Montréal et de Québec.
M. JOHNSON: On n'attend pas le Rapport Parent?
M. GERIN-LAJOIE: Comme le chef de l'Opposition le constate, le projet du
gouvernement c'est de donner suite aux recommandations du comité
d'étude sur l'enseignement de l'architecture.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. LESAGE: « B ».
Prêts agricoles
M. LE PRESIDENT: M. Courcy propose la première lecture d'une loi
modifiant la Loi concernant les prêts agricoles. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. COURCY: C'est pour permettre aux vétérans qui ont eu un
emprunt de...
M. BELLEMARE: Aux vétérans? Pas politiques?
M. COURCY: Aux vétérans de la dernière guerre qui
ont eu un emprunt du gouvernement fédéral pour leur permettre de
toucher le 2 1/2% que nous donnons à tous les cultivateurs qui
empruntent du crédit agricole fédéral et de permettre
aussi au crédit agricole fédéral de prêter de
l'argent dans Gaspé-Nord et Gaspé-Sud et qui sont actuellement
retardés à cause des titres qui ne sont pas enregistrés au
bureau d'enregistrement, ce qui existe au Crédit agricole
provincial.
M. GABIAS: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait? Est-ce qu'il n'y a pas exception pour certaines normes dans le cas
des vétérans quant à la loi générale dans la
province?
M. COURCY: C'est parce que la terre vendue à un
vétéran n'est pas une vente totale.
M. GABIAS: Oui.
M. COURCY: Le vétéran devient propriétaire
après dix ans s'il rembourse la société d'un crédit
quelconque spécifique aux vétérans. Alors c'est pour leur
permettre de toucher le 2 1/2% comme tous les autres cultivateurs.
M. GABIAS: Est-ce qu'il y a également d'autres critères
qui sont mis de côté pour arriver à l'application...
UNE VOIX: A l'ordre.
M. LAPORTE: C'est un débat de première lecture,
ça?
M. GABIAS: ... de la loi telle que demandée par le ministre?
M. COURCY: Non.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
M. LESAGE: « C ».
Produits laitiers
M. LE PRESIDENT: M. Courcy propose la première lecture d'une Loi
modifiant la Loi des produits laitiers. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. COURCY: C'est pour permettre la retenue syndicale. Les membres des
syndicats organisés comme producteurs de lait, retenue syndicale,
révocable et volontaire. Et, deuxièmement, que le...
M. JOHNSON: Appliquée aux vaches laitières.
M. COURCY: ... dépôt de garantie qui existe actuellement,
garantisse aussi, en plus du paiement du lait les montants exigés pour
la mise en application des plans conjoints.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER ADJOINT: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture, prochaine séance.
Référence à la Loi de la
Législature
A l'ordre, messieurs, je voudrais attirer l'attention sur le «
Devoir » de ce matin, à la page 3, où il est reproduit une
déclaration signée par le député de
Trois-Rivières.
Je n'ai pas de commentaire à faire là-dessus mais je
voudrais attirer l'attention, je crois que c'est de mon devoir,
du député de Trois-Rivières sur les provisions de
l'article 56 de la Loi de la Législature concernant...
M. GABIAS: A la page 3?
M. LE PRESIDENT: La page 3 du journal « Le Devoir » de ce
matin.
M. GABIAS: Ah, je ne l'ai pas vu.
M. LE PRESIDENT: J'attire l'attention du député
là-dessus. Affaires du jour.
M. LESAGE: Numéro 29.
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie propose...
M. JOHNSON: M. le Président, la période des
questions...!
M. LE PRESIDENT: C'est l'item 29.
M. JOHNSON: Oui, mais quelques députés avaient quelques
questions à poser.
M. LESAGE: Ah bon, très bien. Excusez-nous. C'est parce que
personne ne s'est levé, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Les annexions à Montréal
M. GABIAS: Est-ce que le ministre des Affaires municipales a des
commentaires à faire à la suite de la déclaration de son
honneur le maire M. Laurin de Ville St-Laurent au sujet de la nouvelle
poussée annexionniste dans le district de Montréal?
M. LAPORTE: Connaissant le député de
Trois-Rivières, même s'il ne m'a pas prévenu de sa
question, je l'avais prévue.
M. le Président, j'ai reçu, en fin d'après-midi
hier, un télégramme du maire de la Cité de St-Laurent, M.
Marcel Laurin qui est également président du Conseil de
coordination intermunicipal de l'Ile de Montréal. M. Laurin demande au
gouvernement de mettre en vigueur un moratoire sur tous les projets de
regroupements dans la région de Montréal jusqu'à ce que la
Commission Blier ait déposé son rapport.
Dès le début de l'enquête Blier, j'ai
déclaré très clairement que les lois actuellement en
vigueur continueraient de s'appliquer et j'ai même insisté
à l'époque sur celles qui se rapportaient aux annexions sur
l'île de Montréal.
Si la ville de Montréal ou toute autre municipalité de
l'Ile veut utiliser les lois actuelles pour annexer une ou des voisines elle
est parfaitement libre de le faire. D'ailleurs, ce sont les citoyens
eux-mêmes, dans chaque municipalité, qui ont le dernier mot
puisqu'on doit les consulter par voie de référendum.
Si le Conseil de coordination intermunicipal veut exercer une
activité antiannexionniste, ce qu'il est pleinement autorisé
à faire, ce n'est pas auprès du gouvernement qu'il doit
l'exercer
mais, à mon avis, auprès des électeurs des
municipalités qui sont ou seront l'objet de procédures en
annexion.
Retour à la Loi de la
Législature
M. GABIAS: M. le Président, vous me référez
à un communiqué remis aux journaux hier, et vous attirez mon
attention sur l'article 56 de la Loi de la Législature. Je comprends M.
le Président que dans votre esprit et je voudrais être
éclairé, qu'un député n'a pas le droit...
M. LE PRESIDENT: Je n'ai pas exprimé d'opinion. J'ai simplement
dit que je croyais que c'était de mon devoir d'attirer l'attention du
député là-dessus.
M. GABIAS: Voici: pour éclairer le député de
Trois-Rivières... bien c'est un des règlement de cette Chambre...
un député a le droit de demander des conseils et des directives
au président et je me sers de ce droit M. le Président.
Je comprends que le fait que M. le Président attire mon attention
sur une déclaration qui apparaît ou un communiqué de presse
qui apparaît dans « Le Devoir », page 3, serait pour
m'indiquer qu'un député n'a pas le droit de critiquer une
décision du président. Si ce n'est pas cela j'aimerais M. le
Président que vous me donniez des directives en conséquence.
M. PINARD: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: Je serais très heureux de donner des directives
mais ça prendrait tout un cours sur le droit parlementaire, sur
l'histoire de notre système démocratique et le système
parlementaire pour répondre pleinement au député de
Trois-Rivières; alors, je pourrais...
M. JOHNSON: On est prêt à vous écouter M. le
Président.
M. LE PRESIDENT: Tout ce que je peux faire pour le moment, c'est
d'être certain que le député de Trois-Rivières est
au courant des provisions de la loi.
M. GABIAS: M. le Président, sur une question de privilège
je dois informer cette Chambre et en particulier le Président que
présentement le député de Trois-Rivières n'est pas
en sécurité.
M. PINARD: A l'ordre, à l'ordre. Les mythes.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Je dois de plus informer le Président et la Chambre
que l'on est en train d'essayer de m'intimider...
M. COITEUX (Duplessis): Vous vous donnez trop d'importance.
M. GABIAS: ... je crois également.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. PINARD: A l'ordre, à l'ordre.
M. COITEUX (Duplessis): Vous vous donnez beaucoup trop d'importance.
M. LE PRESIDENT: Je ne suis pas prêt à accepter une
déclaration d'ordre général si le député a
un incident précis à soumettre à la Chambre, je suis
prêt à l'entendre; mais des plaintes en termes
généraux, je ne suis pas prêt à les
écouter.
M. GABIAS: Je remercie le président de cette directive et je
voulais premièrement rappeler le règlement à l'effet que
tout député dans cette Chambre a le droit strict et le
privilège de ne pas être intimidé.
M. LE PRESIDENT: Pas nécessaire de le dire.
M. GABIAS: Je voulais également, M. le Président,
souligner avec beaucoup de déférence qu'un député a
le droit de se servir des privilèges qui lui sont donnés par le
règlement.
M. PINARD: A l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. COURNOYER: Il est après donner un cours.
M. PINARD: La campagne du martyr qui commence.
M. LE PRESIDENT: Il semble que le chef de l'Opposition n'est pas
d'accord sur l'attitude que je prends?
M. JOHNSON: M. le Président, dès qu'un ministre dit:
« A l'ordre », vous vous levez.
M. BELLEMARE: C'est effrayant!
M. LE PRESIDENT: Je n'ai entendu personne dire: « A l'ordre
» ni aucune autre expression. J'ai entendu le député de
Trois-Rivières qui essaie de faire le cours auquel je
référais il y a un instant. Le député de
Trois-rivières, qui a pris la parole, a dit qu'il se lève sur une
question de privilège. Je lui demande quelle est la nature de cette
question de privilège qu'il voudrait soulever. Il n'est pas question de
faire un discours concernant les privilèges de la Chambre: je crois, et
j'espère, que tous les députés sont
généralement au courant. Si le député de
Trois-Rivières veut se plaindre, je lui demande d'indiquer pourquoi et
en quels termes il voudrait se plaindre.
M. GABIAS: Voici, M. le Président. J'ai été la
victime d'une déclaration d'un autre député de cette
Chambre, et cette déclaration, suivant moi, peut, premièrement,
m'intimider.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais demander au député
de préciser?
M. JOHNSON: Est-ce que le député pourrait parler, M.
L'Orateur?
M. LE PRESIDENT: C'est la troisième fois que Je demande au
député de Trois-Rivières de préciser exactement ce
dont il se plaint.
M. GABIAS: J'ai à me plaindre d'une déclaration bien
formelle de l'honorable premier ministre...
M. LESAGE: Cela a été jugé hier.
M. GABIAS: ... qui m'a dit: « Je vais brider le
député de Trois-Rivières. »
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je rappelle le
député de Trois-Rivières. Je considère qu'il
s'exprime consciemment contre le règlement de la Chambre, contre
l'autorité de la Chambre, contre le Président de la Chambre. J'ai
déjà rendu des décisions.
J'ai expliqué au député de Trois-Rivières la
raison pour laquelle il n'a pas le droit de discuter de cet incident devant la
Chambre. C'est quelque chose qui s'est produit devant un comité de la
Chambre, c'est quelque chose qui doit être réglé par ce
comité. La Chambre n'a aucune autorité là-dessus et je
considère que le député de Trois-Rivières, en
amenant ça devant la Chambre, pour la troisième fois,
après que ç'a été décidé deux fois
parla Cham- bre, est dans l'illégalité. Je considère, pour
dire le moins, que c'est un mépris des règlements de la Chambre.
Affaires du jour.
M. GABIAS: M. le Président, je voudrais vous demander la
directive suivante. Est-ce que l'article 56 de la Loi de la législature
s'applique également au député de
Trois-Rivières?
M. LE PRESIDENT: A tout le monde.
M. GABIAS: Lorsqu'un autre député va à l'encontre
de l'article 56 de la Loi de la législature,...
M. LE PRESIDENT: A tout le monde.
M. GABIAS: ... est-ce que je peux bénéficier de l'article
56?
M. LE PRESIDENT: Pas pour soulever la question devant la Chambre en ce
moment, parce que c'est quelque chose qui doit être réglé
par le Comité.
Affaires du jour.
M. LESAGE: No 29.
M. LE PRESIDENT: M. Gérin-Lajoie propose qu'à sa prochaine
séance la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill No 52, intitulé:
« Loi modifiant la Loi concernant les écoles d'architecture et des
beaux-arts ». Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: No 30.
M. LE PRESIDENT: M. Courcy propose qu'à sa prochaine
séance la Chambre se forme en comité plénier pour prendre
en considération les résolutions relatives au bill No 55,
intitulé: « Loi modifiant la Loi concernant les prêts
agricoles ». Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: No 33.
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose que je quitte maintenant le fauteuil
et que la Chambre se forme en comité plénier pour étudier
le bill No 54. Cette motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Bill 54
M. BEDARD (président du comité plénler): Alors,
bill No 54, article 1.
M. JOHNSON: M. le Président, nous sommes en comité
plénier; ce n'est pas le temps de faire un discours sur le principe; je
pense que vous n'aurez pas d'objection à ce qu'on remette certaines
remarques préliminaires à la troisième lecture, disons, au
moment de la troisième lecture, mais...
M. LESAGE: Ce sera évidemment plus facile en troisième
lecture parce qu'on aura eu le débat en comité
plénier...
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: ... pour les députés d'avoir une vue d'ensemble
des principes qui sont, dans bien des cas, nouveaux, à cause des
amendements apportés, des amendements déposés.
M. JOHNSON: Mais vous me permettrez, M. le Président, de bien
situer le débat et les discussions, de rappeler à l'occasion de
l'article 1, les pérégrinations du bill.
Cela a débuté en 1963 par un bill lu en première
lecture le 5 juin 1963, bill No 54, erronément ou pompeusement
intitulé: « Code du Travail ». Ce bill a été
référé le même jour au comité des Relations
industrielles où pendant treize séances, pour un total de 33
heures, les députés de cette Chambre, membres du comité
des Relations industrielles ont entendu, écouté des
témoins et des préopinants sur pratiquement tous les aspects du
bill, qui après cette longue étude en comité a
été rapporté à la Chambre le 28 juin 1963.
A la session suivante, soit la présente, un nouveau bill 54 nous
est arrivé, qui contenait quelques modifications très peu
nombreuses et très peu importantes au bill original 54 de la session
1963, et le 7 février, on a dans cette Chambre, prévu la
formation d'un comité spécial, après un vote unanime,
chargé d'étudier les provisions qui étaient incluses entre
crochets et qui concernaient les employés de la fonction publique, les
employés des services publics.
Le 18 février, le bill 54, première version de la session
1964 a été lu en deuxième lecture et a été
l'objet d'un vote unanime, soit 54 à 0. A ce moment-là nous
avions fait quelques restrictions, mais nous avions dit à cette Chambre
entre autres, que nous préférions passer en comité
plénier pour étudier chacune des provi- sions avant de formuler
des critiques.
Le 18 février 1964, le même jour donc, la Chambre s'est
formée en comité plénier et elle a commencé
l'étude de l'article 1; le 19 février, les dispositions entre
crochets dans ce bill No 54, première version de la session 1964 ont
été référées au comité qui avait
été formé le 7 février, et le même jour, le
19 février, nous allions de nouveau en comité plénier pour
continuer l'étude de l'article 1, en fait, nous nous sommes rendus, je
crois, jusqu'au sous-paragraphe g) du dit article 1.
Est-il nécessaire de rappeler qu'à ce comité de la
fonction publique, présidé par le député de
Jacques-Cartier, l'Opposition a délégué trois
députés, soit le député de St-Jacques, le
député de Joliette et le député de Montmorency, qui
ont apporté une précieuse coopération aux travaux du dit
comité de la fonction publique. Ils avaient il est
nécessaire de se le rappeler, pour cette étude en comité
plénier, ils avaient à un moment donné pris une
attitude avec l'autorisation du caucus du groupe des députés de
l'Union nationale et malgré leurs efforts pour que l'on discute dans ce
comité de la fonction publique du droit de grève des
employés, on sait que le comité avait décidé de
restreindre la discussion aux articles entre crochets et a clairement
défini son mandat comme n'incluant pas l'opportunité de discuter
du droit de grève.
Ceci étant dit, je crois que nous sommes prêts à
passer à l'étude des articles en détail parce que, je
m'excuse, M. le Président, je remercie mon voisin qui m'a rappelé
de continuer cette énumération. Nous avons au cours de ces
études par le comité de la fonction publique reçu certains
rapports du même comité et à un moment donné, soit
le 7 juillet, non, avant ça, à un moment donné pendant la
session, je ne me souviens pas exactement de la date, le gouvernement ayant
déposé des amendements il a été
décidé de procéder à une nouvelle impression du
bill 54. Cette nouvelle impression incorporait les amendements qui avaient
été déposés dans cette Chambre par le premier
ministre.
En tout cas, M. le Président, je pourrai vous donner la date un
peu plus tard, peut-être que le ministre pourrait compléter ce
renseignement, c'est jeudi le 30 avril, je m'excuse. Donc, après la
formation du comité de la fonction publique, après le changement
de certains membres par une motion du 29 avril, jeudi le 30 avril, le premier
ministre déposait une copie des amendements au bill 54, amendements
assez considérables et mardi le 12 mai, l'ordre du jour appelait
l'étude, de nouveau, en comité plénier, du bill 54 et sur
la motion de M. Fortin, il fut
ordonné que l'ordre qui venait d'être lu soit
révoqué et là M. Fortin a proposé que l'ordre du
jour adopté le 18 février 1964, ordonnant la deuxième
lecture du bill 54 et celui en date du 15 janvier ordonnant la première
lecture du bill soient révoqués et cette motion fut
adoptée à l'unanimité.
Alors, le bill 54, première version, en conséquence fut
donc retiré et du consentement unanime un nouveau bill 54 fut
présenté par le ministre du Travail lu la premère fois et
la deuxième fois et renvoyé au comité plénier, sauf
les dispositions imprimées entre crochets qui sont renvoyées, dit
le procès-verbal, au comité spécial institué aux
fins d'étudier les relations de travail entre les employés et
leurs employeurs dans le domaine des services publics. Alors, le bill 54 est
donc étudié en comité, dit le procès-verbal du 12
mai, et le comité n'ayant pas fini de délibérer,
permission lui est donnée de siéger de nouveau à la
prochaine séance.
Nous voilà donc, M. le Président, à la prochaine
séance mentionnée au procès-verbal et je crois que ce
bill, pour être étudié en deuxième lecture au
complet, devrait probablement être introduit par un amendement à
cette motion de ce matin car, si vous retournez au procès-verbal du 12
mai, vous constaterez que le nouveau bill 54, soit celui que nous voulons
étudier, a été lu une première et deuxième
fois et renvoyé au comité plénier, sauf les dispositions
imprimées entre crochets.
C'est qu'à ce moment-là la motion nous envoyant en
comité plénier était restreinte, en ce sens que le
comité plénier de la Chambre ne pouvait pas étudier les
dispositions entre crochets. Alors, pour remédier à cette petite
irrégularité de forme, je pense bien que M. le greffier fera une
motion qui corrigera la motion du 12 mai. En tout cas, j'ai attiré
l'attention de la Chambre et ce n'est pas mortel.
Nous voilà donc devant, encore, un soi-disant code du travail qui
n'est pas un véritable code du travail mais qui, quand même,
constitue un instrument de travail pour nous assez considérable. Et,
réservant mes commentaires sur le principe et la forme et les
détails lors de l'étude en troisième lecture, quant
à moi, je suis prêt, assisté de quatre de mes
collègues qui ont fait une étude tout à fait
spéciale du problème, de procéder immédiatement
à l'étude de l'article 1.
M. FORTIN: M. le Président, seulement un mot. A une couple de
reprises, dans ses remarques, le chef de l'Opposition a dit que nous
étions en face d'un projet de loi qui s'appelait pompeusement le code du
travail, que c'était un soi-disant code du travail. Je désire
simplement déclarer, ce que j'ai répété à
plusieurs reprises, qu'il est entendu que le bill 54 n'est pas un code du
travail complet et, à sa face même, il apparaît que nous
avons, par exemple, le titre premier: « Les relations de travail »,
alors que dans ce projet de loi il n'y a pas de titre deuxième.
Il est évident que, si l'on parle de titre premier, ceci appelle
un titre deuxième. Nous avons déjà expliqué, je le
répète, que nous prenons le mot « Code du travail »
afin de simplifier la référence à ce bill 54 et que,
réellement, ce sera un véritable Code du travail lorsque nous y
aurons ajouté le titre deuxième et, probablement, le titre
troisième et, personnellement je prévois que le titre
deuxième sera, selon toute probabilité, la loi de la convention
collective qui est actuellement à l'étude devant le Conseil
supérieur.
Deuxièmement, en ce qui concerne la question de procédure,
si le chef de l'Opposition le permet, lorsque le premier ministre, qui est le
leader de la Chambre et qui s'occupe de la procédure, sera de retour, on
en discutera avec lui.
Je voudrais ajouter une remarque. Je comprends qu'il faut étudier
article par article, recommencer à l'article 1, parce que c'est un
nouveau bill. Cependant, nous avions déjà étudié en
comité plénier, nous étions rendus jusqu'à la
définition...
M. JOHNSON: Grief.
M. FORTIN: ... du grief. Est-ce qu'on pourrait...?
M. JOHNSON: Je pense qu'il faudrait le repasser rapidement. Nous n'avons
pas l'intention de répéter tous les arguments, toutes les
discussions.
M. FORTIN: D'accord!
M. BELLEMARE; M. le Président, comme remarque préliminaire
à cette étude, je serai très bref, mais je rappellerai au
ministre que, le 18 février 1964, j'avais averti cette Chambre que la
législation qui était devant nous n'était pas une
législation choc, ce n'était pas une législation qui,
à mon sens, apportait des solutions dynamiques et que cette
législation ne répondait pas aux besoins de 1964; qu'elle
était un replâtrage de plusieurs lois ensemble et que, sous
l'influence, sous la marche et sous la pression de certains mouvements, vous
l'avez vu, M. le Président, on a replâtré de nouveau
le bill comme on le replâtera encore dans quelque temps.
Je voudrais simplement vous dire que ce n'est pas ce qu'on avait promis
aux mouvements ouvriers, ce n'est pas ce qu'on avait promis au monde du
travail, parce que, dans le monde ouvrier, il y a aussi les employeurs. On leur
avait dit: « Nous allons vous donner un code juste, un code
équitable et un code mesuré aux problèmes du
siècle. » Et, M. le Président, vous verrez dans
l'étude tout à l'heure que nous allons faire, article par
article, qu'il y manque énormément de dispositions concernant
particulièrement l'automation et d'autres sujets, d'ailleurs, que nous
discuterons de manière plus spécifique.
Mais cette législation qui, pour le parti libéral, a
été pendant des années un cheval de bataille...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Je reviens dans un instant, M. le Président,
c'était simplement pour vous dire...
M. LE PRESIDENT: Vous ouvrez un débat, là.
M. BELLEMARE: ... qu'aujourd'hui, ce que nous étudions ce
matin...
M. FORTIN: Revenez tout de suite, c'est mieux.
M. BELLEMARE: Ah oui! ... c'est un replâtrage de plusieurs lois
avec des amendements qui ont été dictés par la force des
événements et des choses. Le gouvernement n'apportant aucune
planification dans sa législation, il ne fait que répondre
à des besoins qui sont créés, qui lui sont montrés,
et souvent devant des menaces de grève ou autres, le gouvernement est
obligé d'apporter certains amendements à la loi.
Donc, je prends l'article 1.
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. BELLEMARE: Et, comme j'ai une représentation toute
particulière à faire dans l'association de salariés, je
regrette infiniment pour le monde du travail, avec des autorités telles
que M. Guy-Merrill Desaulniers, qui est un expert dans les lois des relations
ouvrières, qu'on ait fait sauter le mot « bona fide » dans
les associations de salariés. Parce que, si vous vous
référez au Code de procédure civile à l'article
81-B, vous y verrez: « Tout groupement de personnes visées
à l'article 81-A constituant une association de salariés au sens
de la Loi des relations ouvrières peut ester en justice (etc.), ce
dernier déposant au greffe... autre procédure introductive
d'instance, un certificat émanant de la Commission de relations
ouvrières de la province de Québec attestant que ce groupement
constitue une association « bona fide » au sens de la Loi des
relations ouvrières. »
Et, M. le Président, M. Guy-Merrill Desaulniers, lors de
l'étude du bill le 18 juin 1963, disait ceci: « Je
suggérerais que, dans la définition du mot « association de
salariés », on examine encore l'aspect de la concordance avec
l'article 81-B de procédure. Si vous vous référez à
l'article 81-B du Code de procédure, vous constaterez qu'à la fin
du dit article, lorsque l'on parle de la néeessité d'une
attestation par la Commission des relations ouvrières pour pouvoir
prendre une action à ce moment-là, on dit: « La Commission
des relations ouvrières devrait attester si l'organisation qu'elle veut
poursuivre est une organisation « bona fide ». « Sans vouloir
faire de suggestion, quant au texte lui-même, nous croyons que,
peut-être, il y aurait lieu d'ajouter après le mot « union
», les mots « bona fide ». Ce qui, à ce
moment-là, établirait la corrélation entre le paragraphe A
et le paragraphe B du Code de procédure, »
M. Guy-Merrill Desaulniers est reconnu dans le monde du travail comme un
homme extrêmement renseigné, d'une expérience toute
particulière. Et je suis sûr que ces mots, « bona fide
», qu'on fait disparaître, c'est le pivot de la loi, c'est le texte
qui donne tous les privilèges collectifs accordés en vertu de
l'accréditation. Et je crois que ces mots, « bona fide »,
dans les relations du travail, devraient y demeurer plus que jamais, à
cause des différentes sortes d'organismes qui vont se créer
maintenant que la loi a élargi son éventail et à cause des
accréditations qui vont être données
particulièrement aux associations des professionnels. Surtout, dans la
définition aujourd'hui lorsque nous allons rencontrer dans un article de
la loi où il est question qu'une union, qu'un contrat collectif, qu'une
accréditation peut être accordée par la Commission des
relations ouvrières à un homme seulement.
Alors, je demande au ministre d'ajouter ce mot qui était dans
l'ancienne loi « association comprend un syndicat professionnel, une
union de l'aide aux syndicat, un groupement de salariés, d'employeurs
« bona fide » ayant pour objet la défense et le
développement des intérêts économiques, sociaux et
moraux de ses
membres dans le respect des lois et de l'autorité. »
M. FORTIN: M. le Président, je vais répondre au
député de Champlain sur la question de « bona fide ».
C'est un mot qui avait été introduit dans notre
Législation et qui ne se référait à rien de
semblable dans aucun texte de loi du gouvernement. Nous avons
décidé d'enlever le mot « bona fide » parce que nous
étions sous l'impression que ce mot était de nature, je pourrais
dire, à stigmatiser les unions qui ne sont point incorporées
suivant la Loi des syndicats professionnels et nous avons remplacé le
mot « bona fide » en mettant « un groupement de
salariés constitués en syndicats professionnels, unions,
fraternités ou autrement ayant pour but l'étude etc.. »
Maintenant, le député de Champlain dit: « Eh bien,
vous l'avez dans le code de procédure civile. » D'accord. Mais,
lorsque les codificateurs ont préparé le Code de procédure
civile et le bill 20 qui est devant nous, à ce moment-là, il n'y
avait pas le bill 54. Or, faisant disparaître le mot « bona fide
» dans le bill 54, c'est l'intention du gouvernement de l'enlever
également dans le Code de procédure civile...
M. BELLEMARE: C'est mauvais!
M. FORTIN: ... pour qu'il n'y ait pas d'anomalie et de cette
manière-là, ce mot « bona fide » qui n'a pas de sens.
Et, demandez à tout les juristes ils vont vous demander: «
Qu'est-ce que cela veut dire: association « bona fide ». J'ai
communiqué moi-même avec des professeurs d'universités qui
sont spécialistes en législation ouvrière et j'ai dit:
« Mais, qu'est-ce que cela veut dire « bona fide » ? Ils ont
dit: « On ne sait pas trop qu'est-ce que cela vient faire dans la loi ce
mot « bona fide ». Par coutume, cela a semblé vouloir
désigner des unions non incorporées, des unions internationales
non incorporées. » Alors, nous ne voulons pas que par un mot comme
celui-ci on fasse une distinction qui n'a aucun sens entre les unions
incorporées et celles qui ne le sont pas et c'est pour cette raison que
nous enlevons « bona fide » dans le bill 54 et que nous
l'enlèverons dans le Code de procédure civile.
M. BELLEMARE: M. le Président, juste un mot. Je ne veux pas
laisser la Chambre sous l'impression que ce n'est pas important. Au contraire,
parce que M. Marchand déclare, le 18 juin cette phrase qui est
significative, si on enlève le « bona fide ». C'est que cela
supprime le droit de grève par exemple. Pour nous, les travailleurs qui
ne peuvent pas se faire certifier en vertu de la Loi des relations
ouvrières, pour une raison ou pour une autre et c'est justement en
pleine discussion du mot « bona fide » que M. Marchand ajoute
ça. Ceci, est une preuve tangible que ceux qui feront des grèves
illégales, qui ne seront pas accrédités « bona fide
» pourront, en marge de la Loi exécuter leurs plans.
M. LE PRESIDENT: Sous paragraphe 3, adopté.
M. MAJEAU: Est-ce que le ministre pourrait nous dire pourquoi on a
enlevé de la définition les mots « ... dans le respect des
lois, de sa constitution et des règlements ».
M. BELLEMARE: A la fin du paragraphe.
M. FORTIN: Bien c'est parce que ce n'était pas nécessaire.
Cela n'ajoutait absolument rien. Dans un texte législatif cela ne
voulait rien dire. C'était un énoncé de principe. C'est
entendu que toute association doit respecter la Loi et les règlements.
Cela s'infère de soi. On ne met pas ça dans un texte de loi.
M. LE PRESIDENT: Sous paragraphe « B ». Il n'y a pas de
changements dans ça? Adopté. Même texte.
M. FORTIN: D'accord?
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. MAJEAU: Un instant. M. le Président, dans ce texte du
paragraphe « B » ont dit que « L'Association reconnue par
décision de la Commission comme représentant de l'ensemble ou
d'un groupe de salariées d'un employeur. Il n'est pas question d'un seul
employé? On parle de l'ensemble d'un groupe des salariés.
M. FORTIN: Nous avons plus loin, la définition...
M. MAJEAU: Cela peut arriver dans le cas d'un seul salarié, qui
aurait des revendications à faire valoir isolément.
M. FORTIN: Bien, c'est l'article 20 qui répond à votre
objection. Un seul salarié peut former un groupe pour les fins du
présent article pour les fins de l'accrédiation. Il devra faire
partie évidemment, on ne peut pas con-
cevoir qu'un ouvrier va former à lui seul une association. Il
devra faire partie d'une association.
Mais son association pourra demander qu'elle le représente au
point de vue d'accréditation. Prenons comme exemple, si c'est possible,
qu'il y aurait un seul professeur dans une commission scolaire. A lui seul, il
ne peut pas former une association. Il pourra faire partie d'association de
professeurs, de deux ou trois autres commissions scolaires, et cette
association-là pourra demander à la Commission des relations de
travail de le représenter et, alors, cet individu-là formera une
unité d'accréditation, mais pas une association.
M. LE PRESIDENT: Adopté, c) « association reconnue.
»
M. BELLEMARE: M. le Président, je répète ce que
j'ai déjà dit au ministre que l'association reconnue (association
qui sans être accréditée) va sûrement multiplier les
unions de boutique avec surtout le mot « autrement », quand vous
dites « avec un employeur ou est autrement. » Je
répète au ministre que c'est dangereux parce que ces
gens-là vont vivre en marge de la loi et que ces associations reconnues
par l'employeur mais non pas la Commission vont permettre la création
dans les industries des associations de boutique.
M. FORTIN: Voici pourquoi nous incluons l'association reconnue. C'est
que, spécialement dans le domaine de la construction, il est
pratiquement impossible, à l'heure actuelle, d'avoir des associations
accréditées parce que la main-d'oeuvre est trop mouvante.
Vous avez, à l'heure actuelle, dans le domaine de la
construction, de nombreux syndicats et pas un seul n'a son certificat
d'accréditation. Vous avez des conventions collectives avec des
décrets qui existent depuis 1938-1939, et pas un de ces syndicats n'a de
certificat d'accréditation. C'est pour, ni plus ni moins,
légaliser ces associations reconnues et leur permettre de faire des
conventions collectives que nous incluons cette nouvelle disposition.
Quant aux associations de boutique, je dirai au député de
Champlain que, avec la réorganisation que nous faisons de la Commission
des relations de travail, ceci va permettre d'accélérer le
rôle et que probablement après un mois ou au maximum deux mois,
les décisions seront rendues et alors il n'y aura plus
d'intérêt pour les employeurs d'avoir ou de susciter des unions de
boutique parce que, du moment qu'il y aura un syndicat reconnu,
c'est-à-dire un syndicat qui n'est pas un syndicat de boutique, qui va
se présenter devant la Commission des relations de travail et qui
présentera une requête pour accréditation ou pour combattre
une union de boutique, eh bien, la décision sera immédiatement
rendue.
Il n'y aura plus d'intérêt d'avoir des associations de
boutique. A l'heure actuelle, il y en a des associations de boutique parce que
les délais devant la Commission des relations de travail sont
très longs. Alors c'est intéressant d'avoir une union de boutique
pour bloquer une autre union.
Après des discussion que j'ai eues avec des chefs ouvriers, et
où on avait essayé de trouver une solution pour faire
disparaître les unions de boutique (et nous trouvons qu'il n'y a
pratiquement pas de dispositions législatives que nous pouvons inclure
dans la loi), nous en sommes arrivés à cette conclusion que, avec
l'accélération de la procédure devant la Commission des
relations de travail, nous allons trouver une solution à cette situation
que je condamne moi-même.
M. BELLEMARE: Le ministre, pour régler un problème
particulier, élargit la loi et permet la multiplication des unions de
boutique dans d'autres cas. Il dit que ça se réglera facilement.
Je dis qu'il y a des employeurs, et le ministre en connaît, qui sont
prêts a les conserver et à les alimenter ces unions de
boutique-là, au détriment de celles qui, légalement,
pourraient fonctionner.
M. FORTIN: Si le député de Champlain regarde la
définition d'associations reconnues et les autres dispositions de la
loi, il verra que l'association reconnue n'a de valeur juridique que si
l'employeur veut bien la reconnaître. Or, ça ne change rien.
M. LE PRESIDENT: Adopté. « d) association d'employeurs.
»
M. BELLEMARE: Oui, mais voici, là: « Une association de
salariés ne doit tenir aucune réunion de ses membres au lieu du
travail sauf si elle est accréditée et du consentement de
l'employeur. » C'est article 7.
M. FORTIN: «d) association d'employeurs. »
Adopté?
M. JOHNSON: Je n'ai pas compris, M. le Président, pourquoi, dans
(d), on avait enlevé les mots « intérêts sociaux et
éducatifs » qu'on laisse d'ailleurs dans la définition
d'as-
sociation de salariés. Je ne sais pas pourquoi on aurait
restreint la définition quand il s'agit des associations
d'employeurs.
M. FORTIN: C'est parce que les employeurs font partie d'une foule
d'autres organisations qui ne sont pas nécessairement destinées
à négocier des conventions collectives. Il y a des employeurs qui
font partie de Chambres de commerce, etc.. Nous avons voulu ici restreindre la
définition aux associations d'employeurs qui sont spécialement
formées pour l'assistance à la négociation de conventions
collectives.
Que des associations d'employeurs se forment pour le
bénéfice d'intérêts généraux ou qui ne
sont pas directement reliées à la négociation de
convention collective, nous croyons que ces associations-là ne peuvent
pas bénéficier des dispositions de la loi.
M. LE PRESIDENT: Adopté, e) Conventions collectives.
Adopté?
M. MAJEAU: M. le Président, le texte français parle de
« conditions de travail » alors que le texte anglais parle de
« conditions of employment ». Le ministre est-il d'avis que «
conditions of employment » est la traduction exacte de « conditions
de travail »?
M. FORTIN: Oui. Les conditions de travail et les conditions d'emploi
sont deux choses différentes. Je vais répéter ce que j'ai
dit l'autre jour, lorsque nous avions étudié ça. Nous
avons consulté des spécialistes en langue anglaise à ce
sujet-là, et si on traduisait « conditions de travail » par
« working conditions ». Le mot « working conditions » a
un sens trop restrictif et ne couvre pas le terme français «
conditions de travail », et d'après les spécialistes que
nous avons consultés à ce sujet-là, il faut employer les
mots « conditions of employment ».
M. LE PRESIDENT: Adopté, f) « Différend ».
Adopté, g) « Grief ».
M. BELLEMARE: On a fait une longue lutte sur ça la
dernière fois pour dire que ce n'était pas assez explicite.
Qu'est-ce que vous voulez, on a terminé sur ça.
M. LE PRESIDENT: Cela a été très long.
M. BELLEMARE: On a donné des références. Le
ministre prétend que c'est la meilleure définition.
M. LE PRESIDENT: Adopté, h) « Grève ».
M. MAJEAU: M. le Président, dans la définition de
grève, on ne détermine pas dans quel but il y a cessation
concertée de travail par un groupe de salariés, alors que dans la
définition de « lock out », sous-paragraphe i) on
précise en vue de quels objectifs à atteindre un employeur refuse
de fournir du travail à un groupe de salariés. Est-ce que le
ministre pourrait nous expliquer pourquoi?
M. FORTIN: Oui. La seule raison qu'un ouvrier peut avoir de faire la
grève, c'est d'obtenir de meilleures conditions de travail. C'est sa
seule raison de cesser de travailler. Tandis que l'employeur peut fermer son
usine, non seulement pour forcer les employés à accepter ces
conditions de travail, mais peut fermer son usine parce qu'il manque de
travail, parce qu'il n'a pas de commande, que sa situation financière
est mauvaise.
Alors si, à un moment donné, nous ne mettions pas cette
restriction dans la définition de « lock out », il
arriverait qu'un employeur fermerait son usine parce qu'il manque de commande
et on l'accuserait de faire un « lock out ». Les motifs qu'un
employeur peut avoir de fermer son usine sont multiples alors que les motifs
pour l'employé de faire la grève, sont simplement pour obtenir de
meilleures conditions de travail.
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre admet qu'il peut y avoir des
grèves partielles ou des grèves totales dans la définition
du mot?
M. FORTIN: La règlementation de la grève vient dans les
autre articles. Ici c'est simplement la définition.
M. BELLEMARE: Oui, mais en disant grève la cessation
concertée de travail totale ou partielle par un groupe de
salariés...
M. FORTIN: Du moment que vous mettez ça, vous allez
automatiquement faire une définition de toutes les sortes de
grèves qui peuvent exister. La définition est large. Elle
comprend toute grève.
M. BELLEMARE: Cela avait été demandé par les
unions.
M. LE PRESIDENT; Adopté.
M. JOHNSON: Chez Dupuis Frères, est-ce une grève ou un
« lock out »?
M. FORTIN: Il faudrait que vous consultiez vos avocats à ce
sujet-là.
M. JOHNSON: A « La Presse » est-ce que c'est un « lock
out », comme le prétendent certains journaux?
M. FORTIN: Je crois que le chef de l'Opposition, qui est lui-même
un bon avocat, est capable de se donner lui-même une opinion
légale.
M. JOHNSON: Tout de même, M. le Président, le ministre du
Travail a une responsabilité relativement aux lois, à
l'application des lois du travail?
M. FORTIN: Il n'appartient pas au ministre du Travail de donner une
opinion légale en Chambre sur des conflits ouvriers qui existent
à l'heure actuelle.
M. BELLEMARE: Dans l'exercice de ses fonctions, par exemple.
M. JOHNSON: Le ministre est d'une saine prudence.
M. FORTIN: Et c'est la seule politique que je dois adopter dans un
ministère aussi difficile.
M. JOHNSON: La prudence, M. le Président, c'est une vertu que le
ministre a à un degré très élevé et je ne
sais pas si ça contribue à aider au règlement de la
grève.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. M. FORTIN: L'expérience le
dira.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai l'impression que vous avez
raison.
M. LE PRESIDENT: i) « lock out » Adopté, j) «
Commission ». Adopté.
M. JOHNSON: Ministre.
M. LE PRESIDENT: k) « ministre » 1) « employeurs
». Alors là...
M. JOHNSON: Bon.
M. LE PRESIDENT: ... qui comprend Sa Majesté.
M. JOHNSON: Employeurs, y compris Sa Majesté, qui fait
exécuter un travail par un sa- larié, c'était entre
crochets cette disposition, je ne sais pas si nos honorables
spécialistes ont des remarques à faire.
M. BELLEMARE: Il y en a une particulière, M. le Président,
sur le nom d'un salarié, quand on dit qu'un employeur, « quiconque
(y compris Sa Majesté) fait exécuter un travail par un
salarié », alors je pense, M. le Président, que notre
législation de travail parle de groupes tout le temps, elle parle
majorité, elle parle de collectivité, elle parle d'ensemble,
quand on se présente pour avoir notre accréditation ou avoir
notre certification et ici on parle d'« un », la majorité de
« un » ce n'est pas une grosse majorité, la
collectivité de « un » ce n'est pas une grosse
collectivité.
M. FORTIN: En droit le mot quiconque représente toute
entité, toute personne qui a une entité juridique.
M. BELLEMARE: Seulement nidans l'Alberta, ni dans la Saskatchewan, ni
dans l'Ontario, « un » est considéré comme une
collectivité. En Ontario, la loi...
M. FORTIN: Mais quiconque...
M. BELLEMARE: En Ontario, la loi dit « trois », au moins
« trois », et ici dans la province de Québec, on fait des
unités de relations ouvrières de travail de « un ».
Je trouve ça extraordinaire, M. le Président, quand on
considère que les unités de « un » ce n'est pas une
grosse collectivité.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Au mot « employeur », pourquoi s'obstine-t-on
à employer le mot « Sa Majesté » pour désigner
le gouvernement?
M. FORTIN: C'est parce qu'en vertu des lois de législature, si on
ne le mentionne pas, le gouvernement ne sera pas assujetti au bill 54, en
vertu...
M. JOHNSON: Est-ce que tous les employés sont, techniquement,
est-ce que tous les employés civils sont des employés de Sa
Majesté?
M. LESAGE: Oui.
M. JOHNSON: Le premier ministre m'assure de ça?
M. LESAGE: Oui, et le chef de l'Opposition est un fonctionnaire dans ce
sens-là.
M. JOHNSON: Je n'ai pas posé de serment. Non, je n'ai pas
prêté de serment, M. le Président, comme chef de
l'Opposition.
M. FORTIN: C'est bien pour ça. UNE VOIX: Il dit n'importe
quoi.
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition a
prêté un serment d'allégence comme
député.
M. JOHNSON: Comme député, point. Et comme chef de
l'Opposition, fonctionnaire, je n'ai posé aucun serment.
M. LESAGE: Peut-être pas, mais vous l'avez posé comme
député.
M. JOHNSON: Non, non, je n'ai posé aucun serment, M. le
Président.
M. LESAGE: Oh comme député, bien sûr.
M. JOHNSON: Voyez que j'y manque bien moins souvent que d'autres.
M. LESAGE: Comme député, C'est évident que vous
avez prêté serment.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce qu'il a le droit de s'occuper de
politique?
M. LESAGE: Hein?
M. BERTRAND (Missisquoi): A cause de l'article 60 de la Commission du
Service civil?
M. JOHNSON: Mais si on mettait, « le gouvernement de la province
»?
M. BERTRAND (Missisquoi): Un fonctionnaire.
M. JOHNSON: Si, au lieu de Sa Majesté, on indiquait, ici, «
y compris »...
M. LESAGE: Si la loi de la Commission du Service civil ne s'applique ni
au chef de l'Opposition, ni aux députés, ni aux ministres.
M. JOHNSON: « y compris le gouvernement », ce ne serait pas
suffisant pour couvrir les employés?
M. LESAGE: Non, c'est la formule consacrée.
M. JOHNSON: Je comprends que c'est une formule consacrée, mais je
ne sais pas si c'est une formule à conserver dans le climat actuel.
D'être tous des employés de Sa Majesté, c'est donner bien
du trouble à la Reine, que de proclamer à tout bout de champ
qu'on est ses employés; ça lui cause des tracas
inutilement...
M. FORTIN: On va attendre les amendements...
M. LE PRESIDENT: Adopté, m) « Salarié ». Au
sous-paragraphe m) ajouter les alinéas suivants: alors il y a deux
alinéas à ajouter.
UNE VOIX: Trois et quatre.
M. LE PRESIDENT: Trois et quatre. Alors alinéas un et deux.
M. LESAGE: Essayons d'être le moins procéduriers
possible.
M. LE PRESIDENT: Trois.
M. FORTIN: Excusez, une minute. Où êtes-vous rendu
là?
M. LESAGE: Je dis au ministre du Travail, essayons d'être le moins
procéduriers possible.
M. LE PRESIDENT: m) c'est correct?
M.JOHNSON: Qu'est-ce qui arrive des employés des
cultivateurs?
M. JOHNSON: Et du service domestique? Il n'y a plus aucune...
M. FORTIN: On va régler ça à 20, à l'article
20.
M. BERTRAND (Missisquoi): Mais ici le 20, tel que nous l'avons dans le
bill réimprimé? Il y a des amendements?
UNE VOIX: Il n'y a pas d'amendements. UNE VOIX: Au dernier
paragraphe. M. JOHNSON: Ah bon. M. LESAGE: Le dernier alinéa de 20.
M. LE PRESIDENT: Alors « M » tel qu'amendé.
M. FORTIN: Maintenant il faut ajouter 3. M. LE PRESIDENT: 3 et 4. M.
BELLEMARE: Une minute.
M. FORTIN: Les amendements qu'on a déposés l'autre
jour.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. LE PRESIDENT: 3: « Un fonctionnaire régi par la Loi du
service civil, sauf s'il est au service de la régie des alcools du
Québec. » 4: « Un membre de la sûreté
provinciale du Québec. » D'accord?
M. JOHNSON: Cela, ce sont les amendements.
M. LE PRESIDENT: C'est ça. M. FORTIN: C'est ça.
M. JOHNSON: M. le Président, juste en passant, quant à la
Police provinciale nous n'avons pas d'objection à ce qu'elle soit exclue
quand il s'agit par exemple du droit de grève. Mais il faudrait rappeler
que nous sommes en faveur le gouvernement n'a pas jugé à
propos de donner suite à cette demande du droit pour tous les
fonctionnaires du gouvernement d'être membres d'un syndicat, de
s'affilier et de jouir de tous les droits, y inclus celui de la
grève.
Je crois que c'est à cet endroit qu'il fallait le rappeler et
nous aurons d'autres occasions d'élaborer sur ces points. Nous aurons
l'occasion d'apporter des témoignages encore tout récents de
certaines associations importantes, mais pour le moment je me contente de
signaler qu'à mon point de vue c'est insuffisant.
M. LESAGE: M. le Président, pour ce qui est des fonctionnaires,
le tout est en suspens comme on le sait. Ils vont se trouver à
être régis par la présente loi, la loi telle qu'elle existe
maintenant. Chez les fonctionnaires, ceux qui sont considérés par
la Commission du service civil comme des ouvriers...
M. BELLEMARE: Ah! Des manoeuvres.
M. LESAGE: ... ont des droits, ont tous les droits.
M. BERTRAND (Missisquoi): Ils peuvent se syndiquer?
M. LESAGE: Certainement.
M. FORTIN: Le bill 54 s'applique à eux.
M. JOHNSON: Les employés de la Voirie, par exemple?
M. LESAGE: Oui, oui.
M. JOHNSON: Les employés saisonniers?
M. LESAGE: Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): Tous les employés du ministère
des Travaux publics, de la Voirie, employés saisonniers...
M. LESAGE: Tous ceux qui sont des ouvriers.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... peuvent se syndiquer.
M. LESAGE: Evidemment ce qui arrive c'est que les ouvriers qui sont
employés d'une façon permanente demandent de plus en plus
à être régis par la Loi du service civil, à cause
des avantages du fonds de pension.
M. BELLEMARE: Les femmes de ménage, par exemple, les femmes
ici?
M. LESAGE: Ce sont des ouvrières.
M. BELLEMARE: Des ouvrières manuelles?
M. LESAGE: Oui, oui. Elles ont le droit de se syndiquer. Ce sont
simplement les fonctionnaires régis par la Commission du service civil
et je rappelle à la Chambre, je n'ai pas l'intention de la relire, la
déclaration que j'ai faite ici le 10 juin sur les fonctionnaires donnant
les raisons, disant ce que j'avais l'intention de faire pour eux,
c'est-à-dire la procédure que j'avais l'intention de suivre pour
en arriver à une entente avec eux sur les relations entre les
fonctionnaires et le gouvernement. Dès lundi matin, lundi de cette
semaine, j'ai rencontré comme on le sait les représentants du
syndicat des fonctionnaires, puis j'ai rencontré...
M. BELLEMARE: Vous avez parlé aussi des employés qui
étaient des professionnels...
M. LESAGE: Oui, oui.
M. BELLEMARE: ... qui deviendraient...
M. LESAGE: Un instant. J'ai rencontré également les
employés du Conseil général
des employés de la province, je pense qu'on les appelle comme
ça. Alors j'ai eu avec eux de longues discussions au cours desquelles
nous avons parlé justement de ce que je disais le 10 juin et nous avons
parlé de la procédure à prendre ou à suivre pour
savoir qui aurait le droit de voter parmi les fonctionnaires.
Il est évident qu'il faut exclure le personnel de gérance,
le sous-ministre, par exemple, le sous-ministre adjoint. Ils ne seraient pas
admissibles, seuls les ouvriers le sont. D'ailleurs M. Marchand de la C.S.N.
qui était avec nous pour la première entrevue considère
incompatible qu'un chef de personnel et ses assistants fassent partie d'un
syndicat, ça c'est impossible, c'est le personnel de gérance.
Nous avons l'Intention de suivre les mêmes normes que dans l'industrie.
Ce qui veut dire que pour les ingénieurs fonctionnaires, les avocats
fonctionnaires, les notaires fonctionnaires, les médecins
fonctionnaires, eux peuvent se syndiquer mais simplement à
l'intérieur de leur profession, avec des gens de leur profession.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas ce que dit l'article 20.
M. LESAGE: Pardon?
M. BERTRAND (Missisquoi): Votre amendement...
M. LESAGE: Mon dernier amendement couvre le cas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Celui d'hier.
M. LESAGE: Oui, celui que j'ai déposé hier couvre le cas.
Je l'ai apporté à la suite des entrevues que j'ai eues, n'est-ce
pas? C'est le dernier et j'attire l'attention du député de
Champlain sur celui que j'ai déposé hier.
UNE VOIX: 145.
M. BELLEMARE : Je l'ai devant moi: «... de salarié
demande...
M. LESAGE: C'est ça!
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ajouté à 145.
M. LESAGE: Il n'y a rien qui empêche l'affiliation du moment que
c'est une affiliation avec des gens de leur profession même si ce ne sont
pas des employés.
M. BELLEMARE: Vous pourrez en discuter pareil sous l'article 20.
M. LESAGE: Oui, oui, je comprends...
M. BELLEMARE: Même des groupes professionnels.
M. LESAGE: ... je veux dire, ils peuvent affilier...
M. BELLEMARE: Oui, je comprends. M. LESAGE: ... leur association
à...
M. BELLEMARE: A celles qui existent dans leur groupe.
M. LESAGE: ... celles qui existent, s'ils ont une centrale dans leur
groupe, ils peuvent s'affilier. Mais je ne peux pas me prononcer pour ce qui
est des fonctionnaires tant que je ne saurai pas qui les fonctionnaires vont
choisir pour les représenter dans les négociations. Est-ce que ce
sera le syndicat des fonctionnaires? Est-ce que ce sera l'association ou le
conseil général? Je ne le sais pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Quand se passera-t-il...
M. LESAGE: Un instant. C'est justement, j'y vais par ordre
chronologique. La première chose à faire c'est de dresser la
liste de tous les fonctionnaires.
M. BELLEMARE: Avec leurs qualifications?
M. LESAGE: Exactement! Avec leur classement, très
brièvement la fonction qu'ils exécutent et il y a une colonne, il
y a un document de prêt qui est envoyé à tous les
sous-ministres et la dernière colonne c'est « remarques » et
ceci est accompagné d'instructions, c'est-à-dire d'indications si
l'on veut mieux au sous-ministre de mettre des remarques pour savoir s'il
s'agit de quelqu'un qu'on doit considérer comme étant du
personnel de gérance ou quelqu'un qui doit être
considéré comme du personnel strictement confidentiel. C'est
évidemment le cas des employés du Conseil exécutif et des
employés du bureau du premier ministre. Ils ne peuvent pas faire partie
d'une unité syndicale, c'est clair.
M. BELLEMARE: Les planificateurs? M. LESAGE: Pardon?
M. BELLEMARE: Tous les planificateurs et puis ces gens-là?
M. LESAGE: Excusez-moi?
M. BELLEMARE: Tous les planificateurs, par exemple, dans
différents ministères?
M. LESAGE: Bien, le plus souvent ce sont des ingénieurs ou des
économistes. Non, ça dépend de la fonction qu'ils
occupent. Si vous avez un chef de division, il peut être
considéré comme faisant partie de la gérance, s'il s'agit
d'un employé qui travaille sous la direction de ce chef de division,
bien il ne fait pas partie de la gérance. Et lorsque ces listes auront
été préparées, nous considérons que cela va
prendre un mois, alors M. Roch Bolduc de la Commission du Service civil avec un
représentant du ministère du Travail, un représentant ou
deux, Je ne sais pas, du syndicat des fonctionnaires et un ou deux
représentants du...
M. BERTRAND (Missisquoi): Du Conseil général.
M. LESAGE: ... Conseil général, j'oublie toujours son nom,
vont examiner les listes, vont en venir à une entente sur ceux qui
auront droit de vote, vont nous faire les recommandations quant à la
question à poser, évidemment, il faut poser une question pour
qu'il y ait vote.
M. BELLEMARE: Vote secret.
M. LESAGE: Ah! oui, le vote secret. Et cela va se faire en collaboration
avec les représentants des deux organismes, les deux associations qui
existent maintenant. Alors je ne puis rien dire de plus pour le moment parce
qu'il faut que nous attentions le résultat de ce travail qui se fait en
collaboration avec les deux organismes de fonctionnaires existants. Je pense
qu'on peut difficilement faire plus que de les associer...
M. BELLEMARE: D'ailleurs s'ils sont satisfaits.
M. LESAGE: ... au travail de préparation. Non, non, je vais plus
loin. S'il y a des cas, mais ils seraient, d'après mes conversations
avec les deux groupes, s'il y avait des cas marginaux difficiles à
régler, sur lesquels il n'y aurait pas moyen de s'entendre, eh bien nous
avons convenu de soumettre ces cas à la décision de la Commission
des relations ouvrières. Nous en sommes là.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. DOZOIS: M. le Président, est-ce que vous pourriez nous dire
à quel moment de l'étude en comité plénier, nous
pourrons soulever la question et discuter du droit de grève
précisément des fonctionnaires de la province? Est-ce à
cet article ou bien si vous préférez qu'on donne notre opinion
à ce sujet à l'article 93?
M. LESAGE: Il ne saurait être question de donner le droit de
grève aux employés de la province cette année, mais
lorsque l'an prochain, à la prochaine session, c'est rien que dans
quelques mois ça, nous établirons leur statut, c'est alors que
nous déciderons s'il y a lieu, tous ensemble, de leur donner le droit de
grève. Ce n'est pas à ce moment-ci qu'on va décider
ça. Leur cas est en suspens.
M. BERTRAND (Missisquoi): D'accord, on va en parler à 93.
M. DOZOIS: Mais j'insiste, M. le Président. Est-ce à cet
article-ci que je pourrais donner mon opinion à ce sujet?
M. LESAGE: Non, à l'article 144.
M. BELLEMARE: A 93 aussi.
M. BERTRAND (Missisquoi): A l'article 93.
M. DOZOIS: A l'article 93, il parle du droit de grève?
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, de la grève en
général.
M. LESAGE: N'importe quel item... M. JOHNSON: Alors à l'article
93.
M. LESAGE: N'importe quel article qui vous le permet mais quant à
moi, je dis qu'il ne peut pas être question de l'accorder tant que nous
n'avons pas réglé...
M. DOZOIS: C'est une opinion. On voudrait émettre la
nôtre.
M. LESAGE: C'est une opinion que le député de St-Jacques
n'est pas obligé de partager.
M. DOZOIS: On voudrait donner la nôtre. Seulement je ne voudrais
pas...
M. LESAGE: Non, c'est une opinion que le député...
M. DOZOIS: ... arriver à l'article 93 et que le président
me dise; « Vous auriez dû en discuter à tel article.
»
M. LESAGE; Le député de St-Jacques sait que j'ai trop de
respect pour lui pour tenter de l'empêcher de dire ce qu'il pense.
M. DOZOIS: Non, il n'est pas question de m'empêcher de parler.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il n'y a pas de « lock out ».
M. DOZOIS: C'est parce que je ne voudrais pas être pris dans un
règlement qui...
M. LESAGE: On ne vous prendra pas...
M. JOHNSON: Non, mais tout à coup que vous êtes de mauvaise
humeur à ce moment-là...
M. LESAGE: Bien, voyons!
M. LE PRESIDENT: « M » adopté. « N »?
M. BELLEMARE: Non, j'ai une remarque.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le président a bon caractère
lui.
M. BELLEMARE: A « N » on avait suggéré au
ministre lors de l'étude, les 18 et 19 juin derniers, d'ajouter les
institutions de charité et de bien-être...
M. DOZOIS: Est-ce « N » ou« M »?
M. BELLEMARE: ... et en particulier les associations de la Croix-Rouge,
les laboratoires de fabrication de sérum, par exemple, ou les services
d'ambulance, ce qui serait très important dans les circonstances. Parce
que là vous délimitez les corporations municipales et scolaires,
très bien, là c'est changé, les hôpitaux, les
sanatoriums et les institutions pour malades mentaux, les hospices, les
crèches et les orphelinats, les universités, les collèges
et les couvents. Alors, pourquoi ne pas ajouter les institutions de
charité et de bien-être,les associations comme l'association de la
Croix-Rouge, les laboratoires de fabrication de sérum qui sont
très importants lors d'un conflit. Cela doit demeurer ouvert. Cela ne
doit pas demeurer en grève. Et puis les services d'ambulance.
M. FORTIN: A notre avis, ce serait trop général et il y a
tellement d'associations charitables. Il faudrait toutes les
énumérer. Quant aux services d'ambulance, bien des hôpitaux
ont des services d'ambulance. Mais, je ne crois pas que pour l'instant
ça présente de l'urgence. On verra si à un moment
donné avec l'application du code...
M. BELLEMARE: Oui, mais c'est un code du travail que vous faites pour
prévoir. C'est ça qui est important. Pourquoi revenir avec des
cataplasmes dans un an?
M. LESAGE: Pour les employés civils?
M. BELLEMARE: Non, pas pour les employés civils, pour les
différents services publics, comme les hôpitaux, les hospices, les
crèches, les orphelinats qui sont...
M. FORTIN: Oui, mais même si vous les ajoutez, ils vont avoir le
droit de faire la grève la même chose. Tout les services publics
ont le droit de faire la grève. C'est simplement que ça
permettait au gouvernement d'intervenir en cas d'urgence.
M. JOHNSON: Le député de Champlain a une excellente
suggestion, M. le Président. Quand le bill a été
réimprimé, même la dernière réimpression,
à ce moment-là il n'était pas question de donner le droit
de grève aux employés d'hôpitaux ni à d'autres.
Là, on a décidé en vertu des derniers amendements...
M. LESAGE: Aux employés des services publics.
M. JOHNSON: ... de l'accorder à tout le monde sauf aux
instituteurs et aux...
M. LESAGE: Parce que ces deux cas ne sont pas réglés.
C'est la seule raison.
M. JOHNSON: Très bien. Il y a moins d'inconvénients
aujourd'hui à faire bénéficier plus d'associations, un
plus grand nombre d'associations, entre autres les employés de la
Croix-Rouge, etc.. des bénéfices que le gouvernement veut
maintenant avoir pour mettre fin ou pour aider à mettre fin à une
grève dans cette catégorie. En somme, je comprends qu'on
était craintif d'allonger la liste...
M. BELLEMARE: Bien oui, parce qu'on disait...
M. JOHNSON: ... parce qu'à ce moment-là
il n'y avait pas de grève dans tous ces services publics. Mais,
comme aujourd'hui^ on accorde la grève dans tous les services publics et
que le non-octroi du droit de grève est une exception plutôt que
la règle générale, je pense qu'il n'y a pas
d'inconvénient à ce qu'on ajoute les catégories comme
celles qu'a énumérées le député de Champlain
afin que le gouvernement, advenant une grève par exemple dans les
services d'ambulance, dans les employés d'instituts de
microbiologie...
M. BELLEMARE: Dans la gestion de...
M. JOHNSON: ... le gouvernement puisse intervenir, former sa commission
et prendre une injonction s'il y a lieu. Alors, je pense que l'optique doit
être changée complètement vis-à-vis cet article
parce que c'est, maintenant, règle générale, la
grève, alors qu'autrefois c'était la défense de la
grève qui était la règle générale dans les
services publics.
M. FORTIN: Oui, mais la définition du « service public
» évidemment, est très difficile à établir.
Tous les articles qui ont été écrits à ce
sujet-là nous disent que les services publics il faut définir
ça par catégories. Il s'agit de savoir maintenant si une
ambulance est un service public au sens où on l'entend. Il y a tellement
de concurrence à l'heure actuelle entre les ambulanciers qu'on ne voit
pas qu'il y ait possibilité, par exemple, de faire une grève
parmi les ambulanciers, parce qu'avec ce système-là toute
corporation, même privée, qui rend des services au public, il
faudrait les inclure dans la définition.
Alors, on inclut ici, dans la définition, les services publics,
qui sont, je pourrais dire, d'une certaine manière monopolisés
soit par une corporation municipale ou par les hôpitaux ou des grandes
corporations dans les endroits où la grève peut tout paralyser.
Je ne conçois pas une grève dans les services d'ambulance.
M. DOZOIS: ... sous-paragraphe...
M. LE PRESIDENT: 6, les entreprises...
M. FORTIN: A 2, M. le Président, il faudrait, il y a une
faute les hôpitaux, les sanatorias. On me dit qu'il faut mettre
« les sarfatoriums » avec un « u m s ». Au lieu de
mettre les sanatoria « les sanatoriums » « u m s ». On
me dit...
M. LESAGE: Il paraît qu'en français on ne peut pas dire
« les maxima » qu'il faut dire les « maximums », avec
une « s ».
M. BELLEMARE: Avec une « s »?« Maximums » avec
une « s »?
M. LESAGE: Oui. On est toujours porté à dire « les
maximas ». Le maximum, les maxima.
UNE VOIX: C'est loin que d'être... M. JOHNSON: On francise le
latin.
M. LESAGE: Ah oui, exactement! C'est exactement ça!
M. DOZOIS: Nous sommes rendus à 6, sixièmement, M. le
Président...
M. LE PRESIDENT: ... revenus à 6.
M. DOZOIS: ... voici, je voudrais faire quelques remarques sur la
dernière catégorie qui est mentionnée à l'item 6 et
qui s'intitule: « Et les services de transport par véhicules de
livraison munis d'une autorisation de la Régie des transports. »
Il est évident que le système de transport, surtout celui qui est
autorisé par la Régie des transports est un service public,
surtout si l'on considère que dans la province de Québec, nous
sommes moins bien desservis par les chemins de fer que d'autres provinces.
Alors, il est évident, que pour l'approvisionnement de plusieurs centres
nous dépendons du transport par camionnage. Ce commerce ou cette
entreprise a pris une ampleur considérable depuis une dizaine
d'années et est sûrement d'une très grande importance. Nous
ne sommes pas sans savoir que cette industrie est peut-être aux prises
avec certaines difficulté s particulières. Ceux qui dirigent ces
entreprises ont longtemps cru et croient encore, je pense, que leurs
problèmes étaient réglés par le fait que la
grève était interdite aux transports par camions.
Personnellement, j'estime que cette prohibition de grève n'était
pas une solution aux problèmes auxquels vous avez à faire
face.
Le droit de grève, à mon avis, je l'ai dit en
d'autres circonstances, est un principe que l'on doit reconnaître
pour les relations entre employeurs et employés. On ne doit pas se
servir, à mon avis, d'une prohibition du droit de grève pour
essayer de mater des gens qui ne se conduisent pas comme on voudrait qu'ils se
conduisent. Or, les difficultés qui sont inhérentes à
cette industrie du camionnage, à mon avis, ne peuvent pas être
réglées par une prohibition du droit de grève C'est
pourquoi, en d'autre lieu, j'ai préconisé le droit de
grève pour tous les services publics, y compris le camionnage.
Cependant, je pense, d'après les informations que l'on peut avoir
sur la situation dans cette industrie, qu'il peut y avoir un malaise. Je veux
tout de suite déclarer que le malaise, je ne l'attribue pas plus aux
employeurs qu'aux employés dans ce secteur. J'ai beaucoup de respect
pour les employés dans l'entreprise du camionnage et je veux leur rendre
hommage. L'autre jour, ici, nous avons parlé de la conduite des
automobilistes sur les routes et, moi, j'estime que les employés des
camionneurs, ceux qui manipulent ces immenses véhicules sur nos routes,
sont peut-être les chauffeurs les plus exemplaires que nous ayons sur nos
routes, en très grande majorité. Ce sont des gens
d'expérience, ce sont des gens qui connaissent les lois de la route,
puis j'ai remarqué souvent qu'ils sont d'une très grande
politesse. Quand ils se rendent compte qu'il y a embouteillage quelque part,
ils ralentissent, ils nous font signe de passer. J'ai beaucoup d'admiration et
beaucoup de respect pour cette catégorie d'employés.
Il reste, cependant, qu'il semble y avoir un malaise qui serait dû
au fait que ces gens sont membres d'une union qui est reliée à un
certain groupe étranger au pays et qui a, à juste ou à
mauvais titre, une mauvaise réputation. Je me demande, afin de rassurer
tant les employés que les employeurs qui peuvent avoir certaines
inquiétudes à ce sujet, s'il n'y aurait pas lieu, pour le
gouvernement, je n'ose pas employer le mot d'enquête royale, mais
d'essayer de voir clair dans ce problème et, peut-être, de
prévenir un plus grand malaise, comme on en a connu dans une autre union
qui était dirigée par un dénommé Banks.
Est-ce qu'on doit attendre d'en être rendu à cela pour
essayer de mettre de l'ordre, si on a besoin d'y mettre de l'ordre? Mais il me
semble que le problème qui pointe à l'horizon et qui semble avoir
une certaine justification, autoriserait le gouvernement à prendre les
moyens (quels moyens? je ne le sais pas), mais prendre les moyens pour essayer
de prévenir un plus grand mal. Je ne voudrais pas aller jusqu'à
dire que la loi devrait contenir des restrictions Je pense que ça serait
mauvais de mettre des restrictions quant au droit d'affiliation. Mais je pense
que, si l'on étudiait cette question particulière et que l'on se
rendait compte qu'il y a des modifications à faire dans ce secteur
particulier, la lumière des renseignements dont on disposerait
après avoir étudié en profondeur cette situation, il y
aurait lieu, peut-être, de soumettre quelque chose pour la corriger, s'il
y a lieu.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. FORTIN: M. le Président, j'ai bien compris les remarques du
député de St-Jac-ques. Il ne faut pas oublier que nous avons
l'article 3: « Tout salarié a le droit d'appartenir à une
association de salariés de son choix, et de participer à ses
activités et à son administration. »
M.DOZOIS: D'accord.
M. FORTIN: Pour que le gouvernement vienne faire enquête dans les
activités d'une union, ce qui serait une décision excessivement
délicate à prendre, il faudrait que nous ayions devant nous des
faits patents où les droits démocratiques des ouvriers ont
été bafoués, n'ont pas été respectés,
et il faudrait que nous ayions au moins une preuve « prima facie »
d'abus tels qu'il s'en est présenté dans l'union de Hall
Banks.
A tout événement, tout ce que je puis dire au
député de St-Jacques pour l'instant, c'est que nous allons voir
à nous procurer les renseignements nécessaires, et nous verrons
à étudier également les procédures que nous pouvons
prendre. Pour l'instant, j'avoue bien sincèrement, que je ne sais pas de
quel texte de loi nous pourrions nous prévaloir pour agir dans le sens
que suggère le député de St-Jacques. Nous allons
étudier la question.
M. BELLEMARE: M. le Président, en vertu des derniers articles de
la loi des relations du travail, vous verrez à un moment donné,
que la commission a le droit elle-même de prendre ses
initiatives-là, et je suis sûr qu'à la suite de mon
collègue de St-Jacques, j'adhère à 100% dans ses
remarques, parce que le ministre sait, du sujet qui vient d'être
signalé à l'attention de la Chambre, quelle importance cela peut
avoir vis-à-vis du camionnage qui est une immense industrie qu'il ne
faudrait pas saboter en aucun temps, ni laisser sous le contrôle de
certaines agences qui pourraient nous être néfastes dans la
province de Québec.
M. LE PRESIDENT; Alinéa 7) « Entreprises
d'enlèvement d'ordures ménagères », 8), Il faut
ajouter à. 8): les services du gouvernement de la province et les autres
agents de Sa Majesté du chef de la province à l'exception de la
Régie des alcools du Québec.
M. FORTIN: C'est ça.
M. GERVAIS: M. le Président, il n'y aurait
pas possibilité de changer le mot « agents » pour le
mot « agences » afin de conserver l'uniformité de
l'énumération de tout l'article. Je remarque que toute
rénumération commence par des noms communs, des choses, et tout
à coup au 8e article, on voit « les services du gouvernement de la
province et les autres agents ». Si je comprends bien, ce sont des
individus.
M. FORTIN: Pas nécessairement. Ce sont les corporations publiques
qui dépendent du gouvernement, c'est le terme employé dans les
statuts.
M. GERVAIS: C'est une institution. Dans les explications, on employait
très bien le mot « agences » au lieu d' « agents
». Mais si juridiquement, ça veut dire les institutions, il n'y a
plus de problème.
M. FORTIN: C'est ce que le conseiller juridique du gouvernement nous
dit.
M. LE PRESIDENT: Sous-paragraphe o) « Exploitation
forestière ».
M. FORTIN: Cela a tout été discuté, c'est nouveau
mais.
M. BELLEMARE: On a changé la définition en ajoutant
« les écorçages, les charroyages... » très
bien.
M. LE PRESIDENT: C'est une définition concessionnaire forestier.
Article 2?
M. BELLEMARE: Ou le délenteur de permis de coupe, est-ce qu'il
fait exception?
M. FORTIN: Non. Vous avez trois catégories,...
M. BELLEMARE: C'est bien. M. LE PRESIDENT: Article 2?
M. BELLEMARE: Propriétaire de fonds, le détenteur et
l'autre.
M. LE PRESIDENT: 2 adopté. Article 3? M. BELLEMARE: 3
adopté. M. LE PRESIDENT: Article 4?
M. BELLEMARE: A l'article 4, M. le Président, est-ce qu'il n'y
aurait pas possibilité d'ajouter à cet article-là,
puisqu'on faisait une réserve particulière pour les policiers
municipaux, pour les membres de la Sûreté municipale.
M. LE PRESIDENT; Excusez-moi, à 4, l'amendement serait de
retrancher le 2e paragraphe. Il n'en sera plus question.
M. BELLEMARE: Oui mais les policiers municipaux, ça demeure.
M. FORTIN: Oui, oui.
M. BELLEMARE: Voici mon point de vue, il existe dans les industries
aujourd'hui, des associations de constables qui sont la sécurité
de l'employeur et qui sont payés à même les fonds de
l'entreprise et qui devraient, à mon sens, elles aussi, être pour
l'employeur, comme les policiers municipaux, ne pas être membres d'une
association de salariés qui n'est pas formée exclusivement de
policiers locaux. L'amendement pourrait peut-être se lire comme ceci:
« Les constables employés par les employeurs pour protéger
leur propriété pour assurer la sécurité de leurs
employés, ne peuvent être membres d'une association de
salariés qui n'est pas formée exclusivement de personnes
remplissant une occupation similaire ou qui est affiliée à une
autre association ou organisation ». Je pense que cette
protection-là que demandent les dix groupes de l'A.P.I. n'est pas une
demande exagérée et le ministre devrait bien consentir à
protéger un peu et accorder cette demande qui me semble bien
justifiée.
M. FORTIN: M. le Président, en ce qui concerne les policiers dans
les usines, la commission des relations ouvrières a maintenant une
jurisprudence établie, elle a décidé que les policiers
forment des unités d'accréditation distinctes, et le cas...
M. BELLEMARE: Quelle date, cette décision-là? La
jurisprudence?
M. FORTIN: Non, non. Je vous dis que, depuis, la commission a
établi une jurisprudence. Elle a rendu plusieurs décisions depuis
quelque temps. Je ne peux pas vous donner les dates. Cependant, la Commission
des relations ouvrières avait rendu une décision dans la cause de
Burlington Mills, où elle avait décidé que les enfants en
bas de seize ans ne pouvaient pas faire partie d'une unité de
négociation; ç'a été contesté, puis,
ç'a été jusqu'en Cour suprême, Alors, on a dit
à la Commission: « Puisque la
loi n'en parle pas, vous n'avez pas le droit de faire une exclusion
». Et la Cour suprême a déclaré que la Commission
avait discrétion...
M. BELLEMARE: Même si ce n'était pas dans la loi?
M. FORTIN: Même si ce n'était pas dans la loi. Alors, elle
avait donc discrétion, dans cette cause-là, d'exclure d'une
unité de négociation les personnes qui ne sont pas
mentionnées spécifiquement dans la loi; elle peut faire des
règlements, mais même si ce n'est pas mentionné dans son
règlement, elle peut les exclure. Dans les circonstances, comme la
jurisprudence a établi les droits de la Commission, que c'est
décidé, et que la Commission a pris comme politique depuis
quelques temps d'exclure les policiers des usines, des autres unités de
négociations, d'en faire une unité distincte, nous avons cru
qu'il n'était pas sage d'intervenir, puis de mettre une disposition dans
la loi en ce sens-là, d'autant plus que c'est assez difficile de
déterminer ce qu'est un policier dans une usine, et les distinguer des
autres employés. C'est une question de fait que...
M. BELLEMARE: J'interprète la bonne foi du ministre dans la
déclaration qu'il vient de faire, mais pourquoi pas dans le code7
Pourquoi laisser ça dans la jurisprudence puis à la
discrétion de la Commission? Pourquoi pas dans le code? C'est justement
le code des relations du travail? Pourquoi pas, spécifiquement
l'exprimer dans un article? Pourquoi se baser sur la jurisprudence quand c'est
si facile de dire, si c'est vrai qu'il y a des unités distinctes
à la Commission des relations ouvrières, pourquoi ne pas dire:
les constables employés par les employeurs seront
protégés? Je me demande...On en fait, un code du travail, ou on
n'en fait pas. Là, le ministre va dire: je laisse ça à la
discrétion de la Commission, qui décidera si, oui ou non, elle
doit les accepter comme unité de conciliation différente. Pour
être accrédité, là, M. le Président,
ça va être tout un procès.
M. FORTIN: C'est parce que...
M. BELLEMARE: Ce serait si facile de dire dans le code du travail: les
constables employés par les employeurs sont reconnus comme
ça.
M. FORTIN: Plus vous détaillez dans une loi, plus vous...
M. BELLEMARE: Non, pas ça. Le ministre vient de dire qu'il y a
une jurisprudence qui s'établit.
M. FORTIN: Si vous me permettez, je vais vous répondre. Plus nous
distinguons et nous détaillons dans une loi, plus nous limitons. Alors,
la question des constables dans les usines est une question de fait et chaque
usine a ses systèmes, chaque industrie a son organisme de protection et
nous risquons, en mettant une définition dans le code, de na pas couvrir
tous les différents systèmes qui existent dans les usines...
M. BELLEMARE: Ce serait bien facile.
M. FORTIN: ... et, à la suite des recommandations qui nous ont
été faites, nous avons cru qu'il était plus sage de
laisser à la Commission d'examiner chaque cas particulier dans chaque
usine. Il y a des usines par exemple, qui ont des constables qui sont
costumés, d'autres qui engagent des constables à forfait. Chaque
usine a un système qui lui est particulier et nous avons cru bon de
laisser ça à la Commission, car il s'agit surtout d'une question
de fait.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. DOZOIS: M. le Président, la seule chose que je ne trouve pas
tout à fait conforme à cette idée émise par le
ministre,c'est qu'il nous a dit que la Commission des relations
ouvrières donnait un certificat qui constituait pour ceux qui
étaient chargés de la protection, une unité
séparée d'une unité de négociation. Je pense que le
malaise, ou le mal que l'on veut corriger par la suggestion du
député de Champlain,est celui-ci, c'est que, même si c'est
une unité séparée, cette unité peut être
rattachée à une centrale syndicale. Alors, je pense bien que
l'esprit dans lequel cet amendement est demandé, c'est d'empêcher
qu'une unité, même si c'est une unité séparée
de négociation, mais si elle est rattachée à une centrale
syndicale, que ces gens, par solidarité, si les autres employés
font partie d'une centrale syndicale ou de la même centrale syndicale, il
pourrait y avoir un mouvement de sympathie entre eux lorsqu'il y a une
grève et empêcher, peut-être, ces agents de protection de
faire complètement leur devoir. Maintenant, la suggestion a
été faite, je crois, par un groupe de patrons et, dans les
explications qu'on nous fournit à ce sujet, l'on dit (je ne l'ai pas
contrôlé) si l'on relit la transcription des
délibérations du comité des relations industrielles de
l'Assemblée législative,
et si l'on réfère aux représentations
additionnelles qui nous ont été faites par les différentes
associations ouvrières, l'on constate qu'il ne semble pas avoir
d'opposition à ce que l'idée que nous avions émise l'an
dernier devienne force de loi ».
Alors, si tel est le cas, et si tout le monde est d'accord, je pense que
l'on devrait se rendre à ce jeu, de façon à ce qu'une
unité de protection dans une usine ne puisse pas être
rattachée à une grande centrale syndicale qui contrôlerait
le syndicat en grève à un moment donné.
M. FORTIN: M. le Président, il faut faire la distinction entre
les fonctions de ce qu'on appelle un constable d'usine et un policier
municipal. Ces constables d'usine, règle générale, ne font
pas appliquer les dispositions du code criminel et lorsqu'une grève se
déclare ce ne sont pas ces policiers-là qui maintiennent
l'ordre.
M. BELLEMARE: Ils protègent lapropriété?
M. FORTIN: Ils ont surtout pour mission de faire respecter les
règlements d'usine, surveiller les employés qui rentrent à
la barrière, empêcher les étrangers de
pénétrer sur lapropriété, mais leurs fonctions ne
consistent pas à faire appliquer les lois d'ordre public. Alors, c'est
pour ça qu'il n'y a pas grand danger de conflit, en cas de grève
par exemple, que les policiers d'usine viennent en conflit avec les
employés en général. A ce moment-là, s'il y a
danger de désordre...
M. DOZOIS: En cas de conflit, M. le Président, si le ministre me
permet, dans une usine comme Vickers par exemple ou Canadair où il y a
des milliers d'employés, il y a sûrement des policiers qui sont
engagés par ces gens-là, et en cas de grève, je suis bien
convaincu que leur devoir à eux serait de protéger la
propriété du patron. Alors, il pourrait y avoir un conflit.
Maintenant quant à déterminer si tel employé engagé
pour la protection d'une usine peut être qualifié de constable,
bien il pourrait y avoir une réglementation, je ne sais pas,
à l'effet que, du moment qu'il détient un permis
émis par la province comme constable spécial, il est
automatiquement dans cette catégorie et serait régi par
l'article.
M. BELLEMARE: D'ailleurs, M. le Président, si vous regardez la
Loi de l'Ontario, on a souvent référé aux lois de
l'Ontario pour y prendre des inspirations ou bien modeler la législation
provinciale sur ça. Bien la législation d'Ontario, M. le
Président^ à l'article 9 définit justement et les
protège particulièrement ces gens-là, ces policiers, ces
constables employés dans les usines, à l'article 9 vous trouverez
ça dans la loi de l'Ontario. Pourquoi dans notre législation
qu'on dit une législation avancée, n'y aurait-il pas cette
protection et ne leur accorderions-nous pas justement cette demande? Je trouve
injustifié le refus du ministre dans les circonstances.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Le deuxième paragraphe est
retranché. Article 5, il est suggéré de le retrancher au
complet. Article 6 qui devient article 5, adopté. Article 7 dont le
premier paragraphe devient article 6, adopté. Deuxième paragraphe
qui devient article 7, adopté. Article 8.
M. MAJEAU: Dans l'article 8, M. le Président, est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu de limiter l'accès au campement des salariés
à un seul représentant à la fois, de le déterminer
dans le texte de façon à ce qu'il n'y ait pas plusieurs
représentants de l'association qui se trouvent sur les lieux en
même temps?
M. FORTIN: Mais c'est « à tout représentant »
au singulier.
M. MAJEAU: Oui, mais il peut quand même avoir plusieurs
représentants. Je comprends que là il est au singulier, mais
à tout représentant, au singulier, d'une association, mais si il
y a plusieurs associations?
M. FORTIN: Ah, bien là, qu'est-ce que vous voulez?
M. MAJEAU: Ils peuvent être trois, quatre, cinq à un moment
donné.
M. FORTIN: Mais oui, mais s'il y a deux associations ou trois
associations qui se font la lutte sur un chantier, il faut bien donner à
chaque association le droit d'envoyer son représentant.
M. MAJEAU: Exact, mais est-ce qu'on ne pourrait pas déterminer
qu'ils ne devront pas s'y rendre tous en même temps?
M. FORTIN: Bien, écoutez, là on va nous accuser de donner
la préférence. Le premier arrivé va ramasser tous les
ouvriers, le deuxième, le reste... On nous accuserait de
discrimination.
M. LE PRESIDENT: Article 8 adopté. Article 9 adopté.
Article 10 adopté. Article 11.
M. BELLEMARE: A 11, deux mots nouveaux: « ne pas financer »
et puis « ne pas y participer ». Cela c'est pour les patrons, les
employeurs. Il y a deux mots nouveaux dans cette
définiltion-là.
M. FORTIN: Oui.
M. BELLEMARE: « Ne pas financer » et « ne pas y
participer » en bas de la ligne, la dernière; on a ajouté
ça.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 12. 12 adopté. Article
13?
M. BELLEMARE: 13, pas trop vite là.
M. JOHNSON: Il y a un amendement à 13, par rapport au premier
projet. En quoi consiste-t-il, cet amendement-là?
M. FORTIN: On va le découvrir. L'amendement a pour but de
remplacer les mots « démettre » et « renvoyer »
par le mot « congédier » afin qu'il y ait concordance, dans
les termes, avec les articles 14, 15 et 16. Si vous regardez l'article 14:
« Lorsqu'un salarié est congédié, suspendu ou
déplacé... » L'article 15: « Le salarié qui
croit avoir été illégalement congédié,
suspendu ou déplacé...» Alors, dans l'ancien texte de
l'article 13, nous avions...
M. BELLEMARE: Démettre ou renvoyer.
M. FORTIN: ... le mot « démettre ». Alors c'est pour
avoir la concordance dans les termes.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 14. Pas de commentaires?
Adopté. Article 15, pas de commentaires? Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, un instant.
M. LE PRESIDENT: Article 15 adopté. Article 16?
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 17?
M. JOHNSON: Cela va!
M. LE PRESIDENT: Article 18. Adopté? Article 19. Adopté.
Article 20.
M. BELLEMARE: Si on avait voulu ajouter ça, « association
de salariés bona fide », cela aurait été beaucoup
mieux dans l'accréditation. Vous auriez eu bien moins de troubles.
M. JOHNSON: Quels sont les changements qu'on a faits entre la
première et la deuxième version à l'article 20?
M. FORTIN: Comme le chef de l'Opposition le sait, il faut faire la
distinction entre le droit d'association et le droit
d'accréditation.
M. JOHNSON: Oui.
M. FORTIN: Alors nous avons ajouté à l'article 20:...
M. BELLEMARE: « Les salariés des différentes
professions ».
M. FORTIN: Les trois paragraphes. « Les salariés des
différentes professions ». L'avant-dernier paragraphe et le
dernier paragraphe Ce qui veut dire, en résumé ceci: les membres
des professions énumérées à l'article 20 conservent
leur droit d'association.
Ils peuvent faire partie de n'importe quelle association qu'ils
choisiront. Mais lorsque cette association se présentera devant la
Commission des relations de travail pour accréditation, ces
professionnels devront former une unité d'accréditation
distincte. Je prends un exemple: à la ville de Montréal...
M. BELLEMARE: Mais dans leur groupe.
M. FORTIN: ... les ingénieurs peuvent bien faire partie du
syndicat des mécaniciens et des charpentiers et menuisiers, les
ingénieurs mêlés avec un syndicat de n'importe quelle sorte
d'ouvriers. Mais lorsque ce syndicat ou ce local se présentera devant la
Commission des relations de travail pour demander une accréditation, la
Commission devra accorder un certificat d'accréditation à une
unité formée exclusivement d'ingénieurs ou de chimistes
etc.. Alors...
M. DOZOIS: Ils pourront s'affilier à une grande centrale.
M. FORTIN: S'ils le veulent. Le droit d'affiliation n'est pas
nié. Et même ils peuvent faire partie d'un syndicat formé
de n'importe quelle appartenance. Les ingénieurs pourraient bien faire
partie... prenons par exemple le local 37 qui comprendrait des charpentiers,
des
mécaniciens; il pourrait comprendre des ingénieurs. Mais
lorsque le local 37, je prends un exemple, se présentera devant la
Commission pour demander d'être reconnu pour négocier, là,
la commission lui donnera un certificat d'accréditation mais pour une
unité d'accréditation...
M. DOZOIS: Composée d'ingénieurs seulement.
M. FORTIN: ... composée d'ingénieurs seulement et
là ce local pourra négocier une convention collective que pour
des ingénieurs.
M. DOZOIS: J'imagine que le ministre a pris connaissance des demandes
des associations professionnelles, corporations, qui demandent qu'il n'y ait
pas droit d'affiliation au syndicat.
M. FORTIN: Oui, et je crois que, d'ailleurs je pense que le premier
ministre lorsque les ingénieurs sont venus avec leur bill a donné
les explications que je viens de fournir. Il a expliqué la politique du
gouvernement à ce sujet-là.
M. DOZOIS: Parce que nous avons reçu des mémoires à
ce sujet, de même que de l'association des manufacturiers qui groupe une
dizaine d'associations patronales...
M. FORTIN: Je dois déclarer que tous ces mémoires et
toutes les représentations que nous avons reçues même
celles que nous avons reçues dernièrement ont fait l'objet, de ma
part, d'études sérieuses et que, avant de rédiger le texte
final du bill, nous les avons toutes étudiées à leur
mérite.
M. DOZOIS: Alors le ministre ne juge pas à propos de se rendre
à la demande de ces gens-là.
M. FORTIN: Non.
M. BELLEMARE: Ce n'est pas si contentieux ce qu'ils demandent.
M. FORTIN: Maintenant, pour les employés agricoles, eh bien, les
employés agricoles peuvent former des syndicats, des unions comme ils
désirent, mais pour avoir droit à l'accréditation, il faut
qu'il y ait au moins trois...
M. BELLEMARE: Bien vous conservez quand même qu'un seul
employé peut faire...
M. FORTIN: Pas pour les employés agricoles.
M. BELLEMARE: Non, mais dans votre texte un seul employé peut
former un groupe pour les fins de...
M. FORTIN: Oui. Maintenant j'attire l'attention de la Chambre sur le mot
« ordinairement » qui est mentionné dans le dernier
paragraphe. Pour les employés agricoles, c'est lorsque moins de trois
personnes sont ordinairement employées. Ce qui veut dire qu'un fermier
qui va engager trois, quatre ou cinq, même je dirais dix employés
pour le temps des foins, par exemple, ces gens-là ne peuvent pas avoir
une accréditation. Ce sont pour les fermes qui emploient
ordinairement...
M. BELLEMARE: Régulièrement.
M. FORTIN: ... c'est-à-dire régulièrement des
employés.
M. JOHNSON: Au sujet des employés de ferme le ministre a dû
recevoir comme nous des représentations des jardiniers-maraîchers
qui prétendent que cette provision pourrait évidemment ajouter
à tous leurs problèmes et vous savez qu'ils sont nombreux de ce
temps-ci. Ils prétendent, ils nous représentent que dans
l'Ontario par exemple, il n'y a pas de droit pour les employés des
jardiniers-maraîchers à utiliser la grève, de se mettre en
grève ou même de se syndiquer. Il n'y a pas de reconnaissance ni
d'accréditation pour un syndicat d'employés de fermes.
Il me semble que le gouvernement va au-delà de ce qui est
demandé. Il n'y a pas réellement de pressions sur le gouvernement
pour accorder ce droit sauf en autant que sont concernés les je
m'excuse cet anglicisme les employés temporaires qui, par
exemple, lors de la récolte des pommes doivent aller travailler en
corvée et cela ne règle pas leurs problèmes. La clause
qu'on nous demande de voter ici ne règle pas ce problème qui est
le plus aigu, celui de la rémunération des employés
saisonniers en agriculture, particulièrement, comme exemple dans notre
région, la cueillette des pommes, ou encore le démariage de la
betterave à sucre. On pourrait régler le problème de ces
employés de fermes, employés saisonniers, par une ordonnance
beaucoup plus à date de la Commission du salaire minimum.
M. FORTIN: C'est ce que nous avons l'intention de faire.
M. JOHNSON: Si le ministre veut réellement régler le
problème, je crois qu'il a là la solu-
tion. Une ordonnance de la Commission du salaire minimum, le ministre me
fait signe que cela va se faire; tant mieux.
Il restera donc seulement les employés de très grandes
fermes. C'est là qu'il peut y avoir un problème. Sont-elles si
nombreuses que ça dans la province? Et ces grandes fermes, combien
emploient-elles, en moyenne, d'employés? Je crois que l'on ne devrait
pas, pour le moment, accorder ce droit aux employés qui travaillent chez
les jardiniers-maraîchers et deuxièmement, si on doit l'accorder
subsidiairement, je propose qu'on devrait, au moins, porter le minimum à
cinq puisque trois personnes c'est encore une petite exploitation, mais cinq,
cela commencerait à être une exploitation un peu plus
considérable.
Mais, je le répète, j'ai promis de le faire d'ailleurs,
j'ai promis aux jardiniers-maraî-chers de faire ces
représentations et il semble que vous les placerez,
éventuellement, dans une position désavantageuse. Ils sont
déjà, nos jardiniers-maraîchers handicapés
généralement par le climat parce que nous sommes plusieurs
semaines en retard sur l'Ontario d'où vient la concurrence sur le
marché de Montréal. Deuxièmement, cette année on a
été particulièrement éprouvé dans cette
région, des jardiniers-maraîchers, les comtés au sud de
Montréal, vers la frontière américaine.
Troisièmement leurs compétiteurs ou certains
intérêts pourraient à un moment donné placer les
jardiniers-maraîchers de la province dans une situation réellement
désavantageuse par rapport à leurs concurrents; une menace de
grève effectivement une grève chez les
jardiniers-maraîchers causerait des dommages irréparables auxquels
aucune procédure ne pourra réellement apporter un remède,
ni une compensation adéquate. Je crois M. le Président, qu'on ne
devrait pas inclure ce paragraphe mais si on l'inclut au moins, qu'on porte le
nombre minimum à cinq.
M. FORTIN: M. le Président, nous avons voulu être logique
avec les principes de base du bill. C'est que le droit d'association, c'est un
droit général et on ne doit l'enlever que pour des raisons
majeures. Pour quelles raisons allons-nous empêcher les ouvriers
agricoles de se syndiquer et d'avoir des conventions collectives? Nous avons
fait une enquête et d'après les rapports que nous avons eus, et je
dirai des discussions du ministre de l'Agriculture avec le président de
1'U.C.C, il a été constaté qu'un cultivateur qui a cinq
employés, ça prend un pas mal gros cultivateur; cinq
employés à l'année, ça prend un gros
cultivateur.
Alors si vous mettez à cinq, par le fait même vous allez
priver un nombre considérable d'ouvriers de se syndiquer; mais en
prenant le nombre trois, nous arrivons à un nombre assez raisonnable.
Nous couvrons à peu près la majeure partie des ouvriers qui sont
employés ordinairement, je pourrais dire à l'année par des
cultivateurs. En ce qui concerne les employés saisonniers, comme le chef
de l'Opposition le soulignait, on va comprendre facilement qu'il est impossible
à un syndicat d'organiser tous les ouvriers en syndicat, quand ils sont
là pour une semaine, quinze jours, trois semaines.
M. JOHNSON: Oui.
M. FORTIN: Cela ne peut pas s'organiser, alors c'est pour ça que
nous avons mis le mot ordinairement et notre but c'est de protéger les
ouvriers qui travaillent à l'année longue pour des cultivateurs
ou des « gentlemen farmers » et si vous mettez ça à
cinq vous allez ne couvrir qu'un nombre très restreint d'ouvriers et le
principe est celui-ci: pourquoi? pour quelles raisons? est-ce qu'il y a une
question d'intérêt public de refuser à des employés
qui travaillent pour des fermiers à l'année longue, de leur
refuser les bénéfices du bill 54?
M. LE PRESIDENT: 20 adopté?
M. JOHNSON: Un instant, 20 êtes-vous prêt à
l'adopter?
M. LE PRESIDENT: 21 adopté?
M. JOHNSON: 20 ça vous va? 20 adopté.
M. LE PRESIDENT: 20 adopté.
M. BELLEMARE: 20, vous avez lu les amendements du premier ministre?
M. FORTIN: Oui.
M. LE PRESIDENT: Pas à 20.
M. LESAGE: Pas à 20, à 145.
M. LE PRESIDENT: Sommes-nous rendus à 145?
M. LESAGE: Non, non, c'est mon erreur. M. JOHNSON: Ne faites pas votre
drôle.
M. BEDARD (président du comité plénier): Monsieur
le Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité n'a
pas fini de délibérer et qu'il demande la permission de
siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance.
M. LESAGE: M. le Président, lundi, à trois heures, comme
d'habitude. Je voudrais d'abord, si la Chambre est d'accord, présenter
les estimations budgétaires du ministère des Affaires
fédérales-provinciales étant donné que mon
sous-ministre doit s'absenter plus tard dans la semaine. Nous pourrons
reprendre, ensuite, l'étude en comité plénier du bill 54,
puis la Loi du Boulevard métropolitain et, enfin,...
M. BELLEMARE: Lundi?
M. LESAGE: Oui, lundi.
M. BELLEMARE: Vous êtes optimiste.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à lundi
après-midi, à trois heures.