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(Dix heures et demie du matin)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions. Lecture et réception de
pétitions. Présentation de rapports de comités
élus.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'honneur de déposer le
sixième Rapport du comité des bills publics.
M. LE PRESIDENT: Présentation de motions non
annoncées.
Comité des Comptes publics
M. GABIAS: M. le Président, il me faudra, avant de
présenter ma motion, faire un bref historique de ce qui s'est
passé depuis le début de la session. Le 16 janvier 1964, et
ça apparaît dans le procès-verbal...
M. LESAGE: M. le Président, est-ce que je pourrais dès
maintenant demander au député de Trois-Rivières de me dire
sur quel article du règlement il fonde la motion? Je ne lui demande pas
de me dire quelle est sa motion. S'il voulait me le dire dès
maintenant.
M. GABIAS: Certainement. Je fonde ma motion non annoncée sur
l'article 711 du règlement, M. le Président.
Le 16 janvier 1964, et ça apparaît au procès-verbal
de la Chambre, au nombre des comités permanents qui ont
été nommés par la Chambre se trouve le comité des
comptes publics. Vous trouverez ce rapport à la page 7, du
procès-verbal indiqué. Et la motion adoptée a
été la suivante: « M. Lesage propose que les comités
permanents suivants soient institués: 1- un comité des
privilèges et des élections; 2- un comité des
règlements; 3- un comité des comptes publics; » et suivent
d'autres comités permanents, pour conclure ainsi: « Et que chacun
de ces comités soit autorisé à délibérer, et
à s'enquérir de toutes les affaires et de toutes les
matières que la Chambre lui aura envoyées, renvoyées, ou
qui sont de sa compétence, à faire de temps à autre des
rapports exprimant ses observations et ses vues sur ces affaires et ces
matières, et à envoyer chercher les personnes, les pièces
et les dossiers dont il aura besoin. » « Adoptée
»...
M. LE PRESIDENT: C'est à quelle page?
M. GABIAS: Page 7 du procès-verbal du 16 janvier 1964. J'insiste
sur les derniers mots de cette motion adoptée à
l'unanimité: « ... et à envoyer chercher les personnes, les
pièces et les dossiers dont il aura besoin». Subséquemment
à l'adoption de cette motion, vous trouverez au procès-verbal du
16 janvier 1964, à la page 37, comité des comptes publics, sa
formation après que le comité spécial eut
été rassemblé.
Comité des comptes publics: Président -Chairman m. Lavoie
(Laval) membres: MM. Bellemare, Bertrand (Missisquoi), Caron, Crépeau,
Dozois, Fortin, Fournier, Gabias, Gérin-Lajoie, Godbout, Gosselin,
Johnson, Kierans, Mme (Mrs) Kirkland Casgrain, MM. Lacroix, Lapalme, Laporte,
Lechasseur, Lesage, Levesque (Bonaventure), Lévesque
(Montréal-Laurier), Lizotte, Loubier, Parent, Pinard, St-Pierre, Talbot,
Turpin.
Nombre des membres: Number of members: 29. Quorum 14.
Effectivement, le comité des comptes publics s'est réuni
à plusieurs reprises. La dernière séance du comité
des comptes publics a eu lieu le 26 mai 1964 et cela, à la suite d'un
avis qui a paru au feuilleton de la Chambre convoquant le dit comité
pour 10 h. 30 le matin en la salle A-91, édifice A du comité des
bills privés de l'Assemblée législative.
Cette réunion a eu lieu le 26 mai 1964.
A la fin de la séance, alors qu'il était question que le
comité des comptes publics se réunisse de nouveau, il a
été discuté de ce qui se passerait à la
séance suivante. L'honorable premier ministre a déclaré:
« Il reste deux ou trois généralités apparaissant au
rapport de l'auditeur. M. Vézina, dans les comptes publics pour l'an
passé et cela ne prendra pas toute la séance. »
Je me suis levé et, à ce moment-là, c'est M.
Godbout, le député de Québec-Est, qui était
président, M. Lavoie étant absent. J'ai demandé au
président de bien vouloir convoquer pour la prochaine séance M.
Faure, le contrôleur des assurances, et de se présenter avec les
documents concernant les assurances.
M. LESAGE: M. le Président, ce n'est pas du tout de cette
façon que les choses se sont passées.
M. JOHNSON: Le premier ministre pourra répondre.
M. LESAGE: Bien oui, mais cela va engager un débat, M. le
Président!
M. JOHNSON: Il pourra répondre, au contraire, M. le
Président!
M. GABIAS: M. le Président, c'est plutôt exactement la
façon dont les choses se sont passées et le député
de Québec-Ouest, le premier ministre de la province, a
déclaré: « Certainement, nous allons faire le
nécessaire pour convoquer M. Faure. »
M. JOHNSON: C'est ça.!
M. LESAGE: Oui, mais pas à la séance suivante parce qu'il
était entendu, je l'ai dit et je m'en souviens, qu'il nous restait
à étudier le bilan de la province et le député de
St-Jacques est témoin de ça.
M. GABIAS: M. le Président, le premier ministre pourra
répondre si les faits ne sont pas exacts. Je maintiens et je
déclare que je rapporte les faits tels qu'ils se sont produits le 26 mai
1964 à la dernière séance du comité des comptes
publics.
Subséquemment, et je termine sur cette partie, en disant
qu'aucune date n'avait été fixée pour la prochaine
séance du comité des comptes publics.
Comme le temps passait (je vous réfère, M. le
Président, au « Journal des débats » du jeudi 18 juin
1964), et que nous ne recevions pas d'avis que le comité des comptes
publics était pour être convoqué, j'ai demandé
à l'honorable premier ministre (et cela apparaît à la page
4094) et je cite: « M. le Président, le comité des comptes
publics a siégé pour la dernière fois il y a
déjà plusieurs semaines et, à son ajournement, on avait
fixé la date du 2 juin. Le 2 juin, pour des raisons que l'honorable
premier ministre a mentionnées dans cette Chambre, il a
été ajourné à cause de l'absence de M. Bieler au 9
juin et, depuis, aucune date n'a été fixée pour la
prochaine séance du comité des comptes publics.
Je demande donc, au premier ministre, s'il a l'intention de demander au
président d'en fixer une, ou s'il nous faudra utiliser l'article 409 des
règlements pour convoquer une réunion du comité des
comptes publics.
(citation) « UNE VOIX: Elle est bonne! « M. LESAGE: M. le
Président, il est clair que le député de
Trois-Rivières n'a pas été mis au courant par ses
collègues des entretiens que j'ai eus avec eux au sujet des
séances des divers comités. J'avais suggéré que
nous siègions au comité des bills privés. « M.
GABIAS: Le 7. « M. LESAGE: Non pardon, jem'excu-se. Il est clair que le
député de Trois-Rivières n'est pas au courant. Au
comité des bills privés, le 2 juillet, et à la suggestion
de députés, après la séance du comité des
bills publics ce matin, à la suggestion de députés tant du
côté de l'Opposition que du côté ministériel,
étant donné que le premier juillet est un congé
parlementaire, on a suggéré que le comité des bills
privés ne siège pas jeudi, le 2 juillet, pour donner une chance
aux députés de passer la journée du 1er juillet dans leur
famille et de revenir dans l'avant-midi du 2, pour la séance du 2 dans
l'après-midi. J'ai acquiescé. J'ai dit alors, pour hâter le
travail de la session, nous allons remettre, si vous voulez, la séance
du comité des bills privés où nous pourrons libérer
tout le programme (j'ai la confirmation maintenant) où nous pourrons
étudier tous les bills privés qui restent, sauf celui concernant
la Commission des écoles catholiques de Montréal, et le 9, nous
siègerons, le jeudi 9, normalement, au comité des bills publics,
sur un des cinq ou six ou plusieurs des cinq ou six bills publics qu'il reste
à étudier. Il y en a qui n'ont pas encore été
présentés en Chambre, il est évident que la date du 19
juin ne s'applique pas à ces bills, puisque ce sont des bills de
députés, non des bills privés. Alors c'est l'entente qui a
été prise. Quant au comité des comptes publics, à
moins que quelque chose de spécial ne survienne... »
M. LESAGE: C'est ça.
M. GABIAS (continuant la citation): ... il devrait normalement
siéger le mardi 14 juillet, ce sera la prise de la Bastille. « M.
GABIAS: Je remercie l'honorable premier ministre, je ne vois pas pourquoi
donner toutes ces informations qui, d'ailleurs ont été
données à la fin de la séance ce matin, et
adoptées. « M. LESAGE: Bien, voyons! Donc si le
député de Trois-Rivières était au cou-
rant de toutes ces informations, pourquoi M. le Président a-t-il
posé la question? « M. GABIAS: Sauf celles du comité des
comptes publics. »
(Fin de la citation)
M. GABIAS: Et les jours ont passé, et le comité
n'était pas plus convoqué. Je vous réfère M. le
Président, au « Journal des débats » de jeudi le 29
juin 1964, à la page 4,182. Question: « M. GABIAS: Juste avant
l'ajournement, l'honorable premier ministre avait déclaré
à cette Chambre qu'il pourrait y avoir un comité des comptes
publics le 14 juillet. « M. LESAGE: Il pourrait. « M. GABIAS: Oui,
il pourrait. Or je vois à l'appendice du feuilleton qu'il n'y a pas
encore d'avis de donné. Est-ce que l'honorable premier ministre a
l'intention de donner l'avis au feuilleton? « M. LESAGE: M. le
Président, Non. J'avais dit lorsque l'an dernier nous avons
commencé à siéger au comité des comptes publics,
que si l'Opposition décidait de se servir de ce comité le parti
de l'Union nationale (pour faire un travail réel que doit faire ce
comité qu'il siègerait régulièrement). Or la
semaine dernière à la suite d'une des réunions du
comité des comptes publics, le journal officiel de l'Union nationale, le
journal « Le Temps » a publié en première page une
photographie, et un texte abominables. « M. GABIAS: Ceci n'a rien
à voir avec le comité des comptes publics. « M. LESAGE:
Cela y a à faire. « M. GABIAS: M. le Président, ceci n'a
rien à voir avec le comité des comptes publics. « M. LE
PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. « M. LESAGE: J'ai répondu M. le
Président. « M. GABIAS: M. le Président, je pose une
question au premier ministre, à savoir s'il a l'intention de donner un
avis en appendice. « M. LESAGE: J'ai dit non. « M. GABIAS:
Très bien. » Et cela clôturait l'incident.
Depuis il n'y a pas eu de donné, ni par le comité, ni par
aucun des membres du gouvernement, un avis pour qu'il y ait réunion des
comptes publics.
J'avais prévenu l'honorable premier ministre, et je vous
réfère au débats mentionnés tantôt du 18 juin
1964, que si le comité n'était pas convoqué, j'utiliserais
le Règlement, numéro 409. Effectivement, c'est ce qui s'est
produit, M. le Président. Comme il n'y avait pas d'avis donné par
le président ou par d'autres membres de ce comité, j'ai
donné l'avis suivant en date du 30 juin 1964: « Attendu que le
comité des comptes publics, lors de sa dernière séance,
tenue le 26 mai 1964, dans la salle du comité des bills privés du
Conseil législatif n'a pas été ajourné à une
date fixe, attendu que le président dudit comité n'a pas
convoqué les membres dudit comité depuis cet ajournement, attendu
que demande est faite par au moins cinq membres de ce comité pour qu'une
convocation des membres dudit comité soit faite, avis est donné
que le comité des comptes publics se réunira dans la salle du
comité des bills privés du Conseil législatif, chambre
numéro 91, édifice A, le mardi 14 juillet courant, à 10 h.
30 du matin, et ensuite le mardi de chacune des semaines subséquentes,
à la même heure, à moins d'ordre contraire. Le tout
conformément au règlement annoté de l'Assemblée
législative, Québec, le 30 juin 1964. » Ont signé.-
le député de Champlain, Maurice Bellemare, le
député de Compton, M. Gosselin, le député de
l'Islet, le docteur Lizotte, le député... En tout cas, il y en a
cinq qui ont signé cet avis.
J'ai présenté, invoquant une question de privilège,
cet avis. Le président a rejeté ma question de privilège.
J'ai donc été chez le greffier pour lui remettre cet avis de
convocation. Le greffier, M. Bonin, m'a dit d'aller voir M. Lemieux et j'ai
été voir M. Lemieux.
M. LESAGE: Pas besoin de raconter tout ça. L'avis de convocation
est au feuilleton, pour le 14.
M. GABIAS: Et de toute façon, M. le Président,
après quelques démarches, mais surtout
ce que je veux souligner, c'est qu'il fallait avoir l'autorisation du
premier ministre pour que le règlement s'applique. A tout
événement, l'avis a été affiché dans le
couloir du premier étage, édifice A, à côté
du comité, comme d'habitude.
M. LESAGE: Bien oui.
M. PINARD: On sait tout ça.
M. GABIAS: Je me demande, M. le Président, pourquoi on cherche
toujours à m'interrompre.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je pourrais demander au député
de Trois-Rivières d'essayer d'en arriver à la proposition qu'il
voulait présenter?
M. GABIAS: J'y arrive, M. le Président. Une fois l'avis
affiché, il fallait savoir ce qui serait fait à ce comité
des comptes publics. Le premier ministre avait déclaré que le
comité ne siégerait plus. Cinq membres ont décidé
de la convocation du comité. Est-ce que nous devions penser que
personne, aucun témoin ne se présenterait? Nous étions
justifiés de le penser et, afin qu'un comité ne se
réunisse pas et que tous les membres, ceux au moins qui s'y rendraient,
perdent leur temps, il fallait, tout de même, que nous prenions les
dispositions voulues pour que les témoins s'y trouvent. Et j'arrive au
point du règlement. Je rappelle que le comité des comptes publics
est un comité permanent et non un comité spécial. Nous
devons nous demander quels sont les pouvoirs d'un comité permanent.
M. LESAGE: Même pour les comités spéciaux, il y a un
article qui le dit.
M. GABIAS: Il y a quelque chose de différent, M. le
Président, il y a quelque chose de différent.
M. LESAGE: Non, non!
M. GABIAS: Et nous allons trouver les fonctions du comité des
comptes publics à 466. 465 parle des comités permanents en
général, et 466 parle du comité des comptes publics en
particulier. 465 nous dit: à l'exception du comité des
privilèges et des élections, du comité des bills
privés en général et du comité des bills publics en
général, les comités permanents peuvent prendre en
considération toutes les matières qui sont de leur
compétence, bien que ces matières ne leur aient pas
été spécialement renvoyées par la Chambre...
M. LESAGE: Mais oui.
M. GABIAS: Or, le comité des comptes publics, une exception, nous
la trouvons à l'article suivant, article 466: la fonction du
comité des comptes publics est d'examiner les comptes établissant
l'emploi des crédits votés par la législature pour faire
face aux dépenses publiques.
M. LESAGE: C'est ça.
M. GABIAS: Il n'y a pas d'exception, M. le Président, ce sont
tous les comptes, tous les comptes qui apparaissent aux comptes publics, et
cela c'est le mandat du comité des comptes publics, c'est sa fonction,
nous pouvons questionner sur tous les comptes qui apparaissent aux comptes
publics, sans exception, nous n'avons pas à ce moment-là à
démontrer à la Chambre pourquoi nous assignons un témoin.
Nous avons le droit d'assigner des témoins mais les témoins que
nous assignons, nous devons les questionner uniquement sur les comptes publics,
pas sur autre chose, tout ce qui concerne les dépenses de l'état,
du gouvernement.
Ce comité a été formé le 16 janvier 1964.
Comme le comité n'avait pas assigné personne, et qu'une
séance était convoquée pour le 14 juillet, il fallait
assigner des témoins qui viendraient nécessairement
témoigner sur les comptes publics. Je comprends, M. le Président,
qu'on va nous référer à l'article 468, et 468 dit ceci:
que ce sont les règles des comités spéciaux qui
s'appliquent « mutatis mutandis » aux comités permanents
sauf quatre exceptions, et les quatre articles dont il s'agit, sont les
articles 390, 394, 436, et 460, et ne s'appliquent nullement à
l'argumentation que j'ai à faire ici. Je le dis
immédiatement.
M. LE PRESIDENT: J'aimerais, avant que le député de
Trois-Rivières termine son argumentation, je voudrais avoir son
idée sur le point suivant, parce que j'ai l'impression, en ce moment-ci,
que le député de Trois-Rivières essaie de me convaincre
qu'il devrait avoir le droit de procéder d'une telle manière
parce que, au comité des comptes publics, ils n'ont pas assigné
des témoins; et en ce moment, il voudrait argumenter contre ce fait, et
voudrait avoir le droit de le faire autrement, en suivant l'article 711.
Je voudrais avoir l'idée des députés sur le
point suivant: l'article 285, au paragraphe 12, même aux
paragraphes 11 et 12, défend à un député qui a la
parole de se référer à faire renvoyer un comité, de
se référer à une affaire, renvoyer un comité, et 12
défend à un député de se référer aux
opérations ou aux délibérations d'un comité avant
qu'elles soient rapportées à la Chambre, maintenant...
M. LESAGE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: ... toute la difficulté que je vois, c'est qu'on
voudrait amener devant la Chambre peut-être une omission, ou quelque
chose qui ne s'est pas passée, ou quelque chose qui s'est passé
devant un comité de la Chambre, avant que ce comité ait fait
rapport à la Chambre.
Moi, je ne conçois pas comment la Chambre pourrait
déterminer quelque procédure concerne un comité avant que
ce comité ait fait son rapport à la Chambre. Je voudrais avoir
les idées du député.
M. GABIAS: M. le Président, il est clair que votre argumentation
s'appliquerait si je me référais à ce qui s'est
passé au comité des comptes publics ou si je discutais des
décisions ou de la façon de procéder des comptes publics.
Ce n'est pas du tout ce que j'entends souligner, M. le Président, et je
pense que j'ai le droit de le faire, parce que l'article 285 ne s'applique pas
dans le cas présent, à mon humble avis. Ce que je veux
faire,...
M. LESAGE: Toujours.
M. GABIAS: ... je veux tout simplement souligner qu'un membre de cette
Chambre a le droit d'assigner un témoin. C'est mon argumentation.
M. LESAGE: Non.
M. GABIAS: C'est-à-dire, a le droit de demander à la
Chambre...
M. LESAGE: Non.
M. GABIAS: ... de faire en sorte qu'un témoin soit
assigné. Cela, c'est mon argumentation.
M. LESAGE: Vous avez rendu jugement hier, M. le Président.
M. GABIAS: Bien, j'ai une motion à présenter. J'en ai
avisé le président de la Chambre et, si nous voulons savoir si
vraiment un membre a le droit, par la voie d'une motion non annoncée, de
faire en sorte que la Chambre assigne un témoin, nous devons nous
demander en premier lieu si l'article 405 du règlement s'applique dans
le cas d'un témoin qu'on veut assigner devant le comité des
comptes publics. Evidemment, nous sommes obligés de nous
référer à l'article 405 si nous voulons savoir si nous
avons le droit de demander à la Chambre de procéder sur une
motion non annoncée pour assigner un témoin au comité des
comptes publics.
Qu'est-ce que dit l'article 405?L'article405 qui est à la section
4 du règlement, nous dit ceci: « Un comité spécial
ne peut requérir la comparution de personnes ou la communication de
pièces ou dossiers, à moins d'y avoir été
autorisé par la chambre; mais il peut entendre », etc. Or, M. le
Président, le comité des comptes publics n'est pas un
comité spécial, c'est un comité permanent.
M. LESAGE: Non, mais...
M. GABIAS: Si on me le permet, M. le Président, comme le
comité des comptes publics est un comité permanent et non un
comité spécial, nous n'avons pas à nous demander, à
moins d'y avoir été autorisés par la Chambre, parce que la
Chambre a décidé cela le 16 janvier 1964 lorsqu'elle a
formé le comité des comptes publics et c'est pourquoi je vous
référais, au début de mon argumentation, à la
motion adoptée au procès-verbal, numéro 1, à la
page 7, où la Chambre à ce moment a décidé «
que chacun de ces comités (dont le comité des comptes publics)
soit autorisé à délibérer et à
s'enquérir de toutes les affaires et de toutes les matières que
la Chambre lui aura renvoyées ou qui sont de sa compétence,
à faire de temps à autre des rapports exprimant ses observations
et ses vues sur ces affaires et ces matières, et à envoyer
chercher les personnes, les pièces et les dossiers dont elle aura besoin
».
Or, l'article 405 ne peut pas s'appliquer dans le cas du comité
permanent des comptes publics. Premièrement, parce que ce n'est pas un
comité spécial et, deuxièmement, parce que la Chambre a
déjà décidé que le comité des comptes
publics avait ce droit d'assigner les témoins, les pièces et les
dossiers.
Je mets donc de côté l'article 405 qui ne s'applique pas
dans notre cas. Quel est donc l'article qui va s'appliquer, si ce n'est pas
405? Je vous réfère aux articles 465 et 466. Et, une fois qu'il
est bien clairement établi que le comité des comptes publics ne
tombe pas sous le coup de l'article 405, nous pouvons alors nous
référer à l'article 708 du règlement.
Est-ce que l'article 708, si on le prend à la lettre, ne nous
donne pas le droit de penser un instant que le pouvoir donné au
comité des comptes publics le 14 janvier 1964 ne s'appliquerait pas?
Est-ce que l'on peut penser que la décision qui a été
prise à l'unanimité de la Chambre de donner des pouvoirs aux
comptes publics ne s'appliquerait pas à cause de l'article 708? Et
l'article 708 se lit comme suit: « La Chambre peut, au moyen d'ordres
signés par l'orateur ou par le greffier, assigner des personnes à
venir déposer devant elle ou devant un de ses comités et les
requérir d'y apporter des livres, des pièces et des dossiers.
»
M. le Président, il est inconcevable que l'article 708 s'applique
dans le cas présent, parce que la Chambre en a décidé
clairement; que le comité avait le pouvoir de convoquer des
témoins, des pièces et des dossiers. Est-ce que la note de
l'article 708 s'appliquerait? Pas du tout, M. le Présidentl Si l'article
708 ne s'applique pas, comment la note peut-elle s'appliquer dans le cas
présent?
Or, si l'article 405 ne s'applique pas et que l'article 708 ne
s'applique pas, il faut chercher ailleurs et nous trouvons la réponse
à l'article 709.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois qu'à ce moment-ci je dois
faire remarquer au député, même s'il n'a pas formellement
commencé de le faire, qu'il est en train de critiquer la décision
que j'ai rendue hier soir.
M. GABIAS: Pas du tout, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Peut-être que le député ne le
prétend pas, mais...
M. GABIAS: Pas du tout.
M. LE PRESIDENT: ... ce que le député de
Trois-Rivières fait actuellement c'est une argumentation contre la
décision que j'ai rendue hier soir en cette Chambre et qui a
été confirmée par la Chambre elle-même après
appel de ma décision.
M. GABIAS: Bien, M. le Président, si vous y voyez cette
intention, je dois vous dire que je cherche le moyen pour assigner un
témoin devant le comité des comptes publics et...
M. LE PRESIDENT: Je pourrais répondre au député de
Trois-Rivières sur ce point-là immédiatement et, tout ce
qu'il a à faire, c'est comme je l'ai indiqué hier soir dans la
décision, c'est de lire l'article 709 du règlement.
M. GABIAS: M. le Président, j'y arrivais justement.
J'étais rendu à l'article 709.
M. PINARD: C'est un long cheminement pour arriver là.
M. GABIAS: Je ne me laisserai pas distraire par le député,
ministre de Drummond. Je lui conseillerais plutôt que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... d'essayer de m'interrom-pre. Je reviens à
l'article 709, M. le Président. L'article 709 nous dit ceci: «
Tout comité (et il est important de noter chacun des mots de cet
article) autorisé à envoyer quérir des personnes, des
pièces et des dossiers, peut assigner des témoins au moyen
d'ordres signés par le président de ce comité et les
requérir d'y apporter des livres, des pièces et des dossiers
».
Le pouvoir d'assigner, c'est le comité. « Tout
comité... » C'est le comité qui peut décider de dire
au président: « Assignez quelqu'un! » Or, le comité
ne s'est pas réuni depuis le mois de mai 1964.
M. LESAGE: Non, il se réunit le 14.
M. GABIAS: Comment voulez-vous que nous soyons certains qu'il y aura des
témoins le 14 juillet? Comment pouvons-nous croire qu'il va y avoir des
témoins le 14 juillet après la déclaration du premier
ministre à l'effet qu'il n'y en aura plus de séances du
comité des comptes publics et qu'on est obligé de donner un avis
en vertu de l'article 409, cinq membres de l'Opposition qui font partie du
comité des comptes publics.
Nous étions donc justifiés d'esayer de prendre les moyens
pour qu'il y ait des témoins à cette réunion du 14 juillet
et l'article 709 nous dit que c'est le comité qui a ce pouvoir-là
de donner instruction au président, devant l'article 709.
Est-ce que je pouvais aller voir le président et lui dire:
« Assignez des témoins. » Pas du tout, je ne pouvais
pas.
M. LESAGE: Le comité.
M. GABIAS: C'était le comité qui avait ce
pouvoir-là.
M. LE PRESIDENT: C'est précisément à ce
moment-là que le député commence à enfreindre
l'article 285, 12e: qu'on ne peut pas discuter, plus, on ne peut pas demander
à la Cham-
bre de régler les problèmes qui se sont produits devant un
comité permanent à moins que ce comité fasse rapport
à la Chambre et que la Chambre ait quelque chose devant elle pour
discuter et décider. C'est là ce que je vois...
M. GABIAS: M. le Président, avec tout le respect que je vous
dois, je ne conteste pas le comité du tout, je ne blâma pas le
comité. Je dis que c'est le comité qui peut assigner et non le
président. Le président est un instrument à cause de
l'article 709. Tout ce qu'il fait c'est qu'il signe. Or, le comité,
n'étant pas réuni, ne pouvait tout de même pas donner
d'autorisation au président d'envoyer chercher des témoins. Ne
tombant pas sous l'article 405, ne tombant pas sur 708 et ne pouvant pas me
servir de l'article 709; quel recours avais-je pour avoir des témoins?
Il m'en reste un seul et c'est l'article 711. Et qu'est-ce que dit l'article
711: « Tout ordre d'assignation est voté sur une motion non
annoncée et doit indiquer le nom du témoin assigné, le
lieu, le jour et l'heure où il devra comparaître, et, s'il y a
lieu, une désignation spécifique des livres, des pièces et
des dossiers qu'il devra apporter. »
A cause de l'argumentation que je viens de présenter devant vous,
M. le Président, et devant cette Chambre, je fais motion, secondé
par le député de Yamaska, que M. Robert P. Daigle, 550 ouest, rue
Sherbrooke, suite 200,de la cité et du district de Montréal, soit
assigné à venir témoigner devant le comité des
comptes publics...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GABIAS: ... mardi, le 14 juillet...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Je crois que j'ai assez entendu la
motion que veut présenter le député de
Trois-Rivières pour arriver à la conclusion que c'est exactement
le même procédé que j'ai étudié hier et sur
lequel j'ai rendu une décision et que la Chambre a confirmé
elle-même après appel de ma décision et je
réfère encore une fois, le député de
Trois-Rivières à la procédure pour que les témoins
soient assignés devant un comité; ça relève de ce
comité à moins que le comité fasse un rapport à la
Chambre pour avoir d'autres instructions. Alors il faut que je déclare
que la motion que voulait proposer le député de
Trois-Rivières est hors d'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, votre décision est
rendue?
M. LE PRESIDENT: C'est ça.
M. JOHNSON: Alors je serai, en toute déférence,
obligé d'en appeler, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Très bien. Qu'on appelle les
députés.
A l'ordre, messieurs! Que tous ceux qui sont en faveur du maintien de la
décision veuillent bien se lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Lesage, Lalonde, Courcy, Arsenault, Cliche,
Dionne, Brown, Lafrance, Pinard, Cournoyer, Couturier, Fortin, Roy, Harvey,
Morisset, Maheux, Collar, Vaillancourt, Boulais, Ouimet, Hamel (Iberville),
Crépeau, Théberge, Dallaire, Kennedy, Baillargeon, Hébert,
Mailloux, McGuire, Cadieux, Beaupré, Godbout, Dupré, Martin.
M. LE PRESIDENT: Que tous ceux qui sont contre veuillent bien se
lever.
M. LE GREFFIER ADJOINT: MM. Johnson, Elle, Dozois, Bertrand
(Missisquoi), Bellemare, Ducharme, Johnston, Boudreau, Lafontaine, Gabias,
Bernatchez, Guillemette, Russell, Sommerville, Gosselin, Raymond, Gagnon,
Gauthier, Lavoie (Wolfe).
M. LE GREFFIER: Pour: 34. Contre: 19. Yeas: 34. Nays: 19.
M. LE PRESIDENT: La décision est maintenue.
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai l'intention de faire une motion
non-annoncée qui, sans doute recevra l'appui de toute la Chambre, et
à l'appui de laquelle je voudrais être très bref. Il s'agit
de donner une chance aux députés d'exercer leurs droits
relativement à deux comités, le comité de la carte
électorale, du remaniement de la division territoriale pour être
plus exact, et le comité des comptes publics, les deux ayant
été convoqués pour mardi le 14 juillet, à 10 h. 30
du matin.
M. LESAGE: Les deux vont siéger.
M. JOHNSON: M. le Président, puis-jepro-poser, secondé par
le député de Missisquoi que le comité concernant le
remaniement de la carte de la division territoriale se réunisse à
onze heures et demie du matin et que le comité des comptes publics se
réunisse à dix heures du matin. De cette façon, ceux qui
font partie des deux comité pourront assister aux
délibérations.
M. LESAGE: Je suis d'accord. Je suis d'accord mais mettes donc dix et
onze.
M. JOHNSON: Dix et onze.
M. BERTRAND (Missisquoi): Très bien.
M. JOHNSON: D'accord. Alors dix heures.
M. LESAGE: Alors, voulez-vous changer les avis en conséquence? le
comité des comptes publics à dix heures et le comité de la
carte électorale à onze heures.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La motion est adoptée? Adoptée.
Présentation de bills privés. Présentation de bills
publics. Message du Conseil législatif, le 9 juillet 1964.
« Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants: Bill
No 107 intitulé: « Loi constituant la Corporation des
électroniciens du Québec »;
Bill No 138 intitulé; «Loi des orthophonistes et des
audiologistes du Québec »;
Bill No 142 intitulé; « Loi concernant les Services de
Santé du Québec »;
Bill No 177 intitulé: « Loi constituant en corporation la
Congrégation de la Fraternité Sacerdotale »;
Bill No 182 intitulé: « Loi constituant en corporation les
Dominicaines du Rosaire »;
Bill No 187 intitulé: « Loi constituant en corporation les
Soeurs de Charité de Sainte-Marie »;
Bill No 192 intitulé: « Loi concernant le titre du lot
numéro 14 du cadastre officiel de la paroisse de
Sault-au-Récollet ».
Attesté
Henri Fiset greffier du Conseil législatif »
Le Conseil Législatif le 9 juillet 1964. « Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté avec des amendements qu'il la prie d'agréer, le bill
suivant:
Bill No 199 intitulé: « Loi concernant la succession de
Joseph Drapeau.
Attesté
Henri Fiset greffier du Conseil législatif »
M. LESAGE: On se souviendra M. le Président que sur ce bill 199
« Loi concernant la succession de M. Joseph Drapeau » que le
comité des bills publics avait été particulièrement
unanime à l'approuver. Les deux amendements proposés par le
Conseil législatif apportent des précisions purement et
simplement à l'article 1, l'on réfère on s'en souviendra
à l'entente intervenue entre les exécuteurs testamentaires et les
légataires de feu Joseph Drapeau, le 10 juin 1964. On ajoute «
devant Charles Cantin, notaire sous le numéro 13,096 de ses minutes
». Je n'ai pas d'objection à ça. Maintenant on se
souviendra qu'à l'article 2, nous prévoyions une procédure
lorsqu'il s'élèverait quelques difficultés dans la
disposition d'immeubles etc, et au paragraphe 2 de l'article 2 l'on disait:
« La requête appuyée d'un affidavit doit contenir un
exposé de la question litigieuse et préciser
l'intérêt du requérant à obtenir une décision
immédiate à son sujet pour diverses raisons dont la
liberté du juge lui-même on propose d'enlever le mot
immédiable, ce à quoi personnellement je n'ai pas d'objection. Je
propose donc M. le Président l'agrément de l'Assemblée aux
amendements apportés par le Conseil au bill 199.
M. LE PRESIDENT: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adoptée.
Bill 54
M. LESAGE: M. le Président, j'ai l'honneur suivant une
procédure que j'ai déjà suivie et cela, pour que les
députés soient renseignés à l'avance des intentions
du gouvernement, de déposer deux copies en anglais et deux copies en
français des amendements que nous avons l'intention d'apporter au bill
54 en comité plénier, lorsque nous l'étudierons, je
l'espère, si on cesse de perdre du temps, la semaine prochaine.
M. BERTRAND (Missisquoi): On n'a pas perdu de temps, on a
travaillé dur hier.
M. GABA1S: C'est donc gentil! M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Article relevé
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais relever un titre et
quelques paragraphes d'un article paru ce matin dans le journal
indépendant « Le Devoir ». « Le Devoir » titre
en première page du haut, sur huit colonnes, en deux lignes, comme suit:
« Yves Gabias poursuit
une offensive personnelle contre Hamel, à l'instigation de...
MARTINEAU ». Un peu plus loin, c'est-à-dire dans le corps de
l'article qui est attribué à M. Marcel Thivierge, on peut lire
ceci: « Tout comme il l'avait fait le 20 juin dernier, en accusant Me
René Hamel d'avoir touché un pot-de-vin de $1,500, le
député de Trois-Rivières a pris hier tout le monde par
surprise, y compris les membres de son propre parti. « Me Gabias n'avait
pas cru bon d'informer son propre chef de parti, Me Daniel Johnson, de son
intention d'accuser Me Hamel et de convoquer sept témoins devant le
comité des comptes publics. »
D'abord, M. le Président, j'aimerais à rappeler au journal
« Le Devoir » et à son correspondant que Me Yves Gabias est
un député dûment élu et assermenté
siégant dans cette Chambre pour le district électoral de
Trois-Rivières et, en sa qualité de député, il a le
droit, sans consulter qui que ce soit, de faire toutes les motions, de
présenter tous les projets de loi qu'il lui semble bon de
présenter ou de faire. Il est majeur, avocat d'expérience,
travailleur et consciencieux.
M. CADIEUX: S'il n'avait pas de barbe, on ne le saurait pas.
M. JOHNSON: Donc, M. le Président, monsieur Gabias,
député des Trois-Rivières, lorsqu'il a porté une
accusation contre Me René Hamel, procureur général, et
lorsqu'il a fait des motions pour assigner des témoins, utilisait un
droit qui découle de son titre de député de cette Chambre
et non pas de son appartenance à un parti ou à un autre. Et
quoique les relations entre un chef de parti et ses députés ne
concernent pas le journal « Le Devoir », qui a peut-être des
accès plus faciles aux caucus et aux conciliabules des libéraux,
je tiens quand même,...
UNE VOIX: Il s'attaque à des gens qui ne sont pas capables de
répliquer.
M. PINARD: Soyez donc un peu plus honnête dans vos discussions. La
méthode des allusions.
M.JOHNSON: Non, ce n'est pas une allusion, c'est un fait.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, mesieurs.
M. LESAGE: Je ne sais pas si le chef de l'Opposition me permettrait une
suggestion!
Est-ce qu'on pourrait éviter pour quelques minutes, toute
scène disgracieuse: nous avons une délégation
parlementaire française qui sera dans les galeries dans deux
minutes.
M. JOHNSON: Quant à moi, ce n'est pas nécessaire qu'on me
fasse une telle admonestation.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai pas fait d'admonestation.
M. JOHNSON: Je suis très heureux que le premier ministre ait
rappelé à ses collègues, surtout ceux des
arrières-bans, qu'il faille se conduire en gentilshommes. Quant à
nous, ce n'est pas nécessaire.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait ajouter
quelque chose à la déclaration qu'il voudrait faire concernant
l'article et de s'en tenir à la déclaration qu'il voudrait
faire?
M. JOHNSON: Oui, M. le Président. Je disais donc que les
relations entre un chef de parti et les députés qui
adhèrent à ce parti ne sont pas nécessairement du domaine
public quoique je reconnaisse le droit à tout journal, à tout
journaliste de commenter comme il l'entend, en se basant sur des informations
plus ou moins correctes, ça c'est son problème et non le
mien.
Je dois déclarer, après cette restriction, que Me Gabias
m'avait informé qu'il avait l'intention d'interroger le
député de St-Maurice, procureur général,
relativement à une accusation qui avait été portée
par un monsieur Amédée Bellemare et que s'il n'avait pas de
réponse, qu'il avait l'intention de porter une accusation. Je dois dire,
M. le Président, à cette Chambre que j'ai dit à M. Gabias,
député des Trois-Rivières: « C'est votre droit comme
député. Vous êtes avocat. Vous connaissez le
règlement. Prenez vos précautions car il y a une sanction
à celui qui ne réussit pas ». M. Gabias m'a dit: «
Mon dossier est complet. Je suis satisfait. J'ai ce qu'il me faut. » Et
il a exercé son droit après m'en avoir avisé.
Deuxièmement, M. le Président, quant à la
convovation de sept témoins devant le comité des comptes publics,
je dois déclarer que M. Gabias m'avait fait part de son intention de
faire venir certains témoins sans spécifier le nombre, devant le
comité des comptes publics, et là encore, j'ai dit au
député des Trois-Rivières: « C'est votre droit de
faire convoquer des témoins. Vous connaissez le règlement. Vous
pouvez l'étudier. Procédez selon les règlements et
exercez vos droits comme vous croirez bon de les exercer. »
Je dois donc déclarer à cette Chambre et j'espère
que le journal « Le Devoir » se fera un devoir de rapporter mes
propos, que Me Gabias exerce ses droits de député, qu'il en a
avisé en termes généraux le chef du parti, et que le chef
du parti n'a aucune juridiction pour restreindre aucun de ses droits.
D'ailleurs, cette Chambre a voté à l'unanimité presque,
avec une seule dissidence en faveur d'une motion du député qui
exerçait ses droits, et je dois déclarer à cette Chambre
que n'importe quei député, de quelque parti que ce soit qui
voudra exercer des droits qui découlent de son titre de
député aura l'appui du chef de l'Opposition quant à
l'exercice de ces droits sans qu'on question les motifs qui puissent
l'animer.
M. BERTRAND (Missisquoi): Très bien. Délégation
française
M. LESAGE: M. le Président, nous avons l'honneur de recevoir dans
les galeries les membres d'une délégation de la Commission des
Affaires culturelles familiales et sociales de l'Assemblée Nationale
Française.
Cette délégation est accompagnée de notre ami
à tous Son Excellence M. Bousquet, l'ambassadeur de France au Canada.
Les membres de cette délégation présidée par M.
Paul Mainguy qui est avec nous, sont Messieurs Cassagne, Gasparini, Chapuls,
Lepage et ils sont accompagnés de la secrétaire de la Commission,
Madame Faivre. Le but de la mission qui est ici depuis déjà
quelque temps, c'est-à-dire pas à Québec, mais au Canada
et dans le Québec, est d'étudier d'une part les relations
culturelles entre le Canada et la France et d'autre part l'organisation de
l'enseignement au Canada. La mission est évidemment tout à fait
attentive aux relations culturelles entre la province et la France et à
notre organisation de l'enseignement dans le Québec. Le ministre des
Affaires culturelles s'occupeparticulièrement de la
délégation, de renseigner ces messieurs et madame Faivre et
aussi, d'agir un peu comme leur mentor lors de leur séjour dans la
province de Québec. Il est certain, et je peux en assurer ces messieurs
de la Commission, qu'ils ne pouvaient trouver meilleur mentor que celui qui
siège à ma droite.
M. LAPALME: J'en appelle au règlement, M. le
Président.
M. LESAGE: M. le Président, je suis sûr que je parle au nom
de tous les députés de cette Chambre lorsque je souhaite
officiellement la bienvenue aux membres de la Commission, et évidemment
à M. l'Ambassadeur, qui est même un habitué de ces lieux,
presqu'un habitué de ces lieux, aux membres de la Commission; à
qui je souhaite un excellent séjour dans notre province, et
j'espère qu'il leur sera extrêmement fructueux.
J'en profite pour les remercier de la façon dont j'avais
été reçu par l'Assemblée nationale française
lorsque j'y ai rendu une visite officielle en 1961.
M. JOHNSON: M. le Président, vous le savez, il est une tradition
dans cette Chambre que l'Opposition concourt toujours avec le pouvoir lorsqu'il
s'agit d'un événement heureux, et à plus forte raison
évidemment, lorsqu'il s'agit de souhaiter la bienvenue à une
délégation de parlementaires. Et c'est avec enthousiasme
même, que je le fais ce matin puisqu'il s'agit d'une
délégation de parlementaires qui siègent à
l'Assemblée nationale française.
Ils sont, nous apprend le premier ministre, ici pour étudier tout
spécialement notre système d'enseignement, et ils ont cette
chance d'avoir comme mentor, dit le premier ministre, le ministre des Affaires
culturelles. Je ne sais pas si le député d'Outremont est
nécessairement le meilleur mentor, mais on aurait de la
difficulté à trouver un cicérone plus enthousiaste que le
député d'Outremont lorsqu'il s'agit de faire valoir, à
l'égard des étrangers, ce que nous avons à montrer. A tout
événement, je suis bien certain que le ministre des Affaires
culturelles aura une bonne occasion de corriger certaines impressions qui
auraient pu être créées par d'autres
délégations, en France, et au sujet desquelles le ministre nous a
déjà fait, en Chambre, certaines sorties mémorables.
Je me joins donc au premier ministre pour souhaiter la bienvenue
à cette délégation, leur souhaiter un séjour
agréable et fructueux. Je regrette de ne pas connaître leur
itinéraire, ni la disposition de leur temps, mais j'aimerais à
leur dire, si ça doit être là mon seul contact, que dans la
province de Québec, contrairement à ce qui se passe dans leur
Assemblée, il y a une Opposition organique, celle-ci
structurée.
J'ai, comme le premier ministre, un souvenir personnel. J'ai eu cette
chance que je considère unique d'assister à la séance
inaugurale de l'Assemblée nationale qui avait été
élue en 1962, et j'ai pu comparer le protocole de l'Assemblée
nationale française à celui qui nous gouverne ici. Et à
l'ouverture, à cette séance inaugurale, au lieu d'entendre comme
nous le
vice-roi, au lieu de voir notre orateur se promener avec son tricorne,
j'ai eu ce plaisir un peu unique d'entendre le doyen, le Chanoine Kirr, faire
le discours d'inauguration, et j'ai vu, qu'en France comme ici, il y avait
quelque opposition à la politique présidentielle, et à la
politique de la majorité, et j'ai constaté qu'en France, comme
ici, il y avait lors des élections un gagnant et un perdant.
Comme je venais de perdre l'élection générale,
c'était un peu cuisant, et je voudrais que cette
délégation apprenne, de ma bouche, qu'ici, nous aurons l'occasion
avant bien longtemps d'avoir un match revanche, et que le chef de l'Opposition
a bien l'espoir que, lors de leur prochaine visite, ces parlementaires
recevront l'accueil d'un nouveau premier ministre, mais aussi enthousiaste que
celui du premier ministre actuel.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: Alors, item 17 pour
monsieur... Sept inexactitudes
M. GABIAS: M. le Président, sur une question de privilège.
« Le Devoir » de ce matin publie un article signé Marcel
Thivierge, un article me concernant particulièrement. Je ne reviens pas
sur les inexactitudes contenues dans cet article concernant mon droit à
présenter des motions devant cette Chambre. L'honorable chef de
l'Opposition en a parlé; c'est la première inexactitude. Il y en
asept, M. le Président.
La deuxième inexactitude, c'est que l'on veuille que je sois
l'instrument de l'honorable Martineau. Je déclare, de mon siège,
que je ne suis l'instrument de personne, sauf de mes électeurs du
comté de Trois-Rivières. Troisième inexactitude, on me
fait dîner avec l'honorable Martineau au Café du parlement; j'ai
dîné hier au Club de la Garnison, au même endroit que
l'honorable ministre des Terres et Forêts, et l'honorable ministre des
Transports et Communications. Nous étions à quelques pieds de
distance...
M. CLICHE: Pas à la même table.
M. GABIAS: ... l'un de l'autre. Non, nous n'étions pas à
la même table mais au même endroit. C'est pour confirmer
l'inexactitude du journaliste. La quatrième inexactitude, c'est qu'on me
fait dire qu'il s'agit de paiements de primes d'assurance faits à M.
Hector Caron. Evidemment, ce sont des commissions, et non des primes. La
cinquième inexactitude, est celle à l'effet que mes
collègues de Missisquoi et de St-Jacques n'ont pas applaudi.
Heureusement pour moi, je les ai vu m'applaudir.
Sixième inexactitude, en soirée le président de
l'Assemblée législative a déclaré irrecevable la
motion de M. Gabias. Il y en avait sept, M. le Président, que vous
n'avez pas reçues. Et la septième inexactitude, c'est le titre:
« Yves Gabias poursuit une offensive personnelle contre Hamel à
l'instigation de Martineau », je dois dire que je n'ai jamais
consulté l'honorable Martineau au sujet de mon accusation contre M.
Hamel. Je ne l'ai pas consulté, je ne lui en ai pas parlé, et il
l'a appris par les journaux comme bien d'autres.
Cela me permet, M. le Président, de dire au journaliste, que sa
nouvelle est l'oeuvre d'un irresponsable, ou elle a été
écrite...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Je considère que le
député voulait relever certaines inexactitudes, il l'a fait. Il
n'a pas le droit de continuer, et de dire quelque chose qui pourrait engager un
débat. Il sait très bien que sur une question de privilège
il n'y a pas de débat. Alors, je ne peux pas le laisser faire des
commentaires.
M. GABIAS: M. le Président, je ne veux pas engager de
débat, mais cela démontre bien combien...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que le député de
Trois-Rivières vient de relever les inexactitudes, et de faire des
corrections sur une déclaration personnelle.
M. GABIAS: M. le Président, je crois qu'après avoir
mentionné sept inexactitudes dans un compte rendu d'un journaliste, M.
Marcel Thivierge, j'ai le droit, au moins de conclure que ce journaliste est
mal informé, manque d'objectivité...
M. LESAGE: Non, M. le Président... M. COURCY: A l'ordre.
M. GABIAS: ... et cela pour prévenir les lecteurs qui pourraient
croire au contenu de ses articles.
UNE VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: No...
M. JOHNSON: M. le Président... M. LESAGE: Il est midi moins
dix.
M. JOHNSON: ... le ministre de l'agriculture a fait une
déclaration très importante sur la consommation de la salade. Le
ministre de l'Agriculture voudrait-il prendre ma question comme préavis,
et nous fournir, à la prochaine séance, les statistiques sur la
consommation de la salade...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: ... et sur l'augmentation de cette consommation...?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que je devrais demander au chef de
l'Opposition de ne pas poser cette question à ce moment-ci. J'ai
déjà dit que je voudrais donner une certaine latitude au chef de
l'Opposition, et je crois que c'est de mon devoir. Mais sur une question comme
celle-là je pense qu'il me faut lui demander de poser sa question au
feuilleton de la Chambre.
M. COURCY: Cela fait une heure et quart que le chef de l'Opposition et
le député de Trois-Rivières...
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre de la Voirie pourrait nous donner
des détails concernant l'accident qui est arrivé sur l'autoroute
des Cantons de l'Est?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. C'est une autre question. Je crois
que ça devrait être posé au feuilleton.
M. BELLEMARE: C'est une question urgente d'intérêt public,
M. le Président.
M. LE PRESIDENT: Je ne considère pas que c'est une question
d'urgence.
M. LESAGE: La Loi des accidents du travail vient ce matin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre du travail a-t-il une
déclaration à faire relativement à la contre-grève
chez Dupuis & Frères?
M. FORTIN: M. le Président, je n'ai reçu encore aucun
rapport sur les pourparlers entre les deux parties.
M. JOHNSON: Relativement à la grève au journal « La
Presse » je demande au ministre de prendre toutes les mesures qu'il croit
appropriées afin d'amener les parties à une entente. C'est devenu
une matière d'intérêt public, et même urgente, que le
ministère du Travail intervienne, même s'il faut remplacer le
médiateur déjà nommé.
M. FORTIN: Est-ce que je comprends que le chef de l'Opposition
répond à une question qui lui a été
posée?
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. M. LESAGE: No 16.
Comité plénier: Bill 39
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill No 39 intitulé
« Loi des agents de réclamations ». Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. BEAUPRE (président du comité plénier):
Résolutions relatives au bill 39 intitulé: « Loi des agents
de réclamation ».
M. LESAGE: Pas les résolutions? Je commence par le bill.
M. LE PRESIDENT: On m'a donné les résolutions.
M. LESAGE: Ah! Je m'excuse. C'est sur 15. M. JOHNSON: La
résolution?
M. LESAGE: Non, pas la résolution parce que je n'ai pas fait la
déclaration. Je l'avais faite dans le temps. On est mieux de prendre le
bill tout ensemble. Nous l'avons étudié en comité des
bills publics et puis...
M. BERTRAND (Missisquoi): On va le prendre article par article?
M. LESAGE: Je pense qu'on va le prendre article par article, y compris
la résolution, parce que j'avais fait ma déclaration, quant
à l'approbation du lieutenant-gouverneur en conseil, avant que le bill
soit référé au comité des bills publics. Au
comité des bills publics, nous n'avons pas adopté d'amendement,
on s'en souvient.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non.
M. LESAGE: C'est que des amendements ont été
discutés.
M. BERTRAND (Missisquoi): En avez-vous d'autres...
M. LESAGE: C'est qu'il appartient au comité plénier de les
adopter.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... Avez-vous d'autres amendements à
apporter que ceux qui...
M. LESAGE: Non, mais je suis obligé de suggérer qu'un des
amendements ne soit pas apporté, et je donnerai les raisons.
M. LE PRESIDENT: Bill 39: « Loi des agents de réclamations.
»
M. LESAGE: A l'article 1-A...
M. JOHNSON: C'est un amendement négatif?
M. LESAGE: ... il y a un amendement, le tout sous Est-ce que vous
avez ces choses là? M. le Président? Je les ai toutes, je pourrai
tous les remettre.
M. LE PRESIDENT: Voici, j'ai écouté les propositions
d'amendement.
M. LESAGE: ... le tout sous réserve des dispositions de la Loi du
Barreau.
M.JOHNSON: Agréé?
M. BELLEMARE: Après « résultant »?
M. LESAGE: Après « résultant », oui.
M. BELLEMARE: Après « résultant »?
M. LESAGE: Après « résultant » oui.
M. JOHNSON: Agréé.
M. LE PRESIDENT: Accepté.
M. LESAGE: Le comité avait donné son approbation à
cette chose-là. C'est l'article 1er. Je pense qu'il peut être
adopté.
M. LE PRESIDENT: Article 1er adopté. Article 2.
M. LESAGE: A l'article 2, à « B »...
M. JOHNSON: Non, c'est article 3.
M. LESAGE: ... on ajoutait le mot « elle ».
DES VOIX: C'est 3.
M. LESAGE: Ah c'est 3, oui. je m'excuse. Je ne l'avais pas vu en haut,
oui.
M. JOHNSON: Article 2, adopté. M. Lesage: 3 « B », on
a ajouté, entre « B » et « A », le mot «
elle ».
M. JOHNSON: Adopté.
M. LESAGE: A 4, nous avions décidé de biffer le paragraphe
« G » mais voici que, depuis ce temps-là, ce qui est
arrivé c'est que ceux qui étaient intéressés
à l'inclusion du paragraphe « G » ne se sont pas
présentés devant le comité parce que le paragraphe «
G » y était. Ils y tenaient, eux, à ce paragraphe « G
». On ne les a. pas vus au comité. Il y a, entre autres, la
Cité de Montréal qui m'a fait des représentations par la
suite, puis ils ont dit: « Si on ne s'est pas présentés au
comité, c'est parce qu'il y avait 4 « G » qui
protégeait nos employés. »
Il y a aussi les compagnies de chemin de fer qui ne sont pas venues;
elles sont venues par la suite, et beaucoup d'autres.
Mais j'ai quand même un amendement à proposer à
« G ». Je l'ai expliqué au député de
St-Jacques l'autre jour, pour couvrir les filiales, particulièrement les
compagnies de chemin de fer, parce que ce sont les mêmes agents de
réclamations qui sont employés, par exemple, par le
National-Canadien ou le Pacifique canadien qui, pour le même salaire
reçu de cette compagnie-mère, s'occupent en même temps des
réclamations qui sont faites contre les compagnies de messageries ou les
compagnies de télégraphe.
Alors, l'amendement se lirait comme suit: « G », qui
serait rétabli, à l'employé uniquement salarié
agissant comme agent de réclamations pour son employeur seulement (cela,
c'est le texte actuel) ou pour une compagnie filiale de celui-ci pourvu qu'ils
ne soient pas eux-mêmes agent de réclamations, évidemment.
»
M. BERTRAND (Missisquoi): « Ou pour une compagnie filiale
»...
M. JOHNSON: «... de celui-ci ».
M. LESAGE: C'est ça qu'on ajoute: « ... de celui-ci
», oui.
M. JOHNSON: ... pourvu que...
M. LESAGE: ...oui, employeur... Employeur est masculin aussi...
M. JOHNSON: Singulier. M. le Président, relativement à cet
amendement, j'aurais ici, quelques remarques à faire. Je regrette de ne
pas partager l'avis du premier ministre. On sait l'argumentation qui a
été faite par de très nombreux organismes devant nous lors
de l'étude du bill en comité. On nous a représenté,
avec raison, à mon sens, que, si on voulait réglementer la
profession ou l'occupation d'agents de réclamations, on devait en toute
logique réglementer les activités de tous ceux qui agissent comme
agents de réclamations soit comme salariés d'une compagnie
d'assurance, soit comme salariées d'un organisme public, comme la
cité de Montréal. C'est un argument, à mon sens,
irréfutable. Il n'y aurait aucune raison pour que l'on accordât
une exemption à des employés de compagnies d'assurance ou
à des employés de compagnies de chemins de fer, ou de filiales de
chemins de fer ni même à des employés de la cité de
Montréal. Qu'un agent de réclamations agisse pour la cité
de Montréal ou pour le Pacifique Canadien ou le National Canadien, ou
qu'il agisse pour un bureau de réclamations dûment
licencié, je ne vois pas de différence sous l'aspect
d'intérêt public. On veut en arriver à un point où
le public sera mieux protégé lorsqu'il confiera sa
réclamation, à la suite d'un désastre assuré,
à une personne quelconque. On veut également protéger
l'individu assuré contre les pressions que pourraient faire certaines
compagnies ayant intérêt à régler à plus bas
prix une réclamation quelconque et en conséquence on a
décidé à bon droit, je l'ai déjà
déclaré, d'imposer une réglementation à tous les
agents de réclamations. Maintenant le premier ministre nous dit
aujourd'hui: eh bien la cité de Montréal et d'autres corps
intéressés...
M. LESAGE: L'Hydro.
M. JOHNSON: ... ne se sont pas présentés parce que...
Pardon.
M. LESAGE: L'Hydro a des objections très sérieuses.
M. JOHNSON: Ah! même si c'est l'Hydro M. le Président.
M. LESAGE: M. le Président, je dis ce sont des gens qui ne se
sont pas présentés.
M. JOHNSON: ... ne se sont pas présentés parce que, il y
avait, dans le projet de loi un article qui les couvrait. C'est un argument
qu'on ne pourra pas accepter. Quand on convoque le public à venir
discuter devant nous, devant un comité, ni le gouvernement ni
l'Opposition ne donnent l'assurance au public qu'il n'y aura aucun changement.
Au contraire, c'est précisément en vue d'étudier des
suggestions pour changer, soit en retranchant, soit en ajoutant les
dispositions d'une loi soumise devant un comité. L'absence de ces gens
n'est pas un argument.
Deuxièmement le point de vue de tous ceux qui pourraient
être intéressés au maintien du paragraphe (g) de l'article
4 a été très bien exposé par un ou deux avocats
représentant entre autres des compagnies d'assurances. Le fond de
l'affaire, c'est que les compagnies d'assurances qui ont plusieurs
employés exerçant des activités d'agents de
réclamations n'ont pas du tout hâte de payer les permis. Nous
avions à ce moment-là fait une suggestion qui à mon sens
aurait dû être suivie par le gouvernement. Nous avions
suggéré que l'on inclut une catégorie spéciale
d'agents de réclamations, spéciale quant à l'honoraire qui
devait être payé.
Evidemment, ça pourrait devenir onéreux si l'honoraire est
assez élevé, pour une petite compagnies d'assurance d'avoir
à payer le permis de cinq, dix, ou douze personnes et nous avions
suggéré un moyen terme, celui de faire une catégorie
à part prévoyant un honoraire peut-être moins
élevé, beaucoup moins élevé en tout cas que
l'honoraire ordinaire pour les permis.
M. le Président, je regrette de ne pouvoir suivre le premier
ministre dans la route qu'il a adoptée. Je regrette de ne pas partager
son avis. Je crois qu'il serait d'intérêt public que la clause (g)
soit biffée comme le comité l'avait prévue.
M. LESAGE: M. le Président, je n'ai rien à ajouter
à ce que j'ai dit, sinon que au service des assurances, on me
représente étant donné le nombre très
considérables de ces agents, qui sont des employés des compagnies
d'assurances, surveillés par des compagnies d'assurances, qui
elles-mêmes sont surveillées par le département des
assurances, qu'il s'agit de représentants de compagnies comme
l'Hydro-Québec, les cités, les cités et villes et que ce
n'est pas contre cette catégorie d'agents de réclamations qu'il
faut protéger le public, mais contre les « ambulance chasers
», ceux qui sont communément connus sous le nom de «
ambulance chasers ».
Or, ce n'est pas chez les employés salariés de toutes ces
compagnies que l'on peut trouver les « ambulance chasers ». C'est
chez ceux qui se donnent le titre d'ajusteurs, autrefois ajusteurs et qui ont
les pratiques que peu d'avocats qui ont exercé leur profession pendant
quelques années, ne connaissent pas. Alors, c'est pour ça que je
crois que nous évitons des dépenses inutiles à un tas de
gens et être un fardeau administratif qui pourrait être très
considérable au service des assurances qui est dirigé par M.
Camaraire. Alors, M. le Président, je demande le vote sur l'amendement
que j'ai proposé.
M. JOHNSON: Sur division.
M. LESAGE: D'accord, sur division.
M. LE PRESIDENT: Alors, amendement adopté sur division? Article
5?
M. LESAGE: Article 5, un instant-là, au fur et à mesure,
le plus rapidement possible.
M. DOZOIS: M. le Président, à 4, il faut rétablir
h).
M. LESAGE: Pardon?
M. DOZOIS: Bon, très bien.
M. LESAGE: Bien oui! mais on n'y touche pas, n'est-ce pas?
M. DOZOIS: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Article 5?
M. LESAGE: Article 5. Attendez-là.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le 1,000 au lieu de 2,000.
M. LESAGE: « Toute personne qui sollicite... », à
l'article 4, au sous-paragraphe 4.
M. JOHNSON: Avant ça, au sous-paragraphe 2.
M. LESAGE: Oui, il faut enlever le mot « deux » 1,000 au
lieu de 2,000. Ensuite à 4, c'est: « Le comité consultatif
est formé de six membres délégués par le
surintendant des assurances,... »
M. DOZOIS: « Désignés », vous avez dit «
délégués ».
M. LESAGE; Je vous demande pardon. « ... désignés
par le surintendant des assurances, recommandés respectivement par, qui
remplacent les mots: « deux sur la recommandation de... »
M. BERTRAND (Missisquoi): L'avez-vous le bill privé?
M. JOHNSON: Ce serait bien plus simple si le premier ministre, ou le
président, nous lisait l'article tel qu'amendé.
M. LESAGE: Je vais le faire: « Le comité consultatif est
formé de six membres désignés par le surintendant des
assurances, recommandés respectivement par la Fédération
des assureurs du Canada, la conférence canadienne des ajusteurs
indépendants du Québec, le fonds d'indemnisation des victimes
d'accidents d'automobiles, l'association des ajusteurs d'assurance de
Québec, l'associatio Il des gérants de réclamations, et
l'association canadienne des ajusteurs publics ».
M. DOZOIS: C'est ça.
M. LESAGE: Vous savez qu'on a eu assez de difficulté avec
celui-là, n'y touchons plus.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Article 6.
M. LESAGE: A l'article 7, il y a eu un changement, c'est qu'on a
remplacé « leurs représentants autorisés »
par: « sans l'autorisation de ce dernier ».
M. JOHNSON: C'est ça.
M. LESAGE: L'article 9 a été biffé, l'article 10
est devenu 9-1), l'article 11 est devenu 10, nous avons changé le a)
pour qu'il se lise: « Toute personne qui contrevient à la
présente loi ou au règlement... », à d), nous avons
remplacé les mots: « ... par une personne détentrice d'un
permis », par les mots: « par un agent de réclamations qui
ne détient pas de permis ».
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est ça.
M. LESAGE: Et à g) nous avons ajouté les mots: « ...
qui ne détient pas un permis ».
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: L'article 12 devient l'article 11, l'article 13 devenu 12 est
remplacé par le
suivant: « Quand un administrateur, directeur, ofûcier,
associé, employé ou représentant d'un agent de
réclamations a été trouvé coupable d'une
infraction, ce dernier en est présumé coupable ». On se
souviendra de la discussion que nous avons eue à ce sujet-là.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. LESAGE: L'article 14 est devenu 13, nous avons biffé les mots:
« ... d'incompétence ». 15 est devenu 14, 16 est devenu 15,
17 est devenu 16, 18 est devenu 17.
M. JOHNSON: On y a ajouté le paragraphe b)?
M. LESAGE: Oui, oui, on a ajouté l'article 2 à b): «
Les actes dérogatoires à l'honneur et à la dignité
de la profession d'agent de réclamations ». Ensuite, b) est devenu
c), c) est devenu d), d) est devenu e), nous avons inscrit f): « La
délivrance du permis d'agent de réclamations... ».
Voulez-vous le lire, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: « La délivrance du permis d'agent de
réclamations à un syndic ou liquidateur ou
àl'exécuteur testamentaire ou aux héritiers d'un
détenteur décédé, mais seulement pour le temps
requis pour permettre la vente ou liquidation de son agence ».
M. LESAGE: Je vous remercie, c'est parce que je voulais vérifier
dans le texte.
M. LE PRESIDENT: S devient H.
M. LESAGE: S devient H.
M. LE PRESIDENT: On ajoute le mot « ne »
M. LESAGE: C'est ça.
M. LE PRESIDENT: 19 devient 18.
M. LESAGE: Oui, 19 devient 18 avec...
M. LE PRESIDENT: Avec un changement de texte au dernier paragraphe.
M. LESAGE: Excepté que le deuxième paragraphe est
remplacé.
M. LE PRESIDENT: Je l'ai le texte, le deuxième paragraphe, le 19
devient 18 se lirait: « le surintendant des assurances, ou toute personne
qu'il autorise par écrit, a en tout temps accès à tous les
livres, registres, comptes, dossiers, autres documents d'un agent de
réclamations et il, peut en prendre des copies. Toute personne qui a la
garde, la possession ou le contrôle de ces livres, registres, comptes,
dossiers et autres documents doit en donner communication au surintendant, ou
à la personne autorisée et lui en faciliter l'examen ».
M. JOHNSON: C'est bien. M. LE PRESIDENT: Adopté?
M. LESAGE: J'avais une autre chose pour le texte anglais; je ne le
retrouve pas, je regrette,... ah oui.
M. DOZOIS: A 20, il y a un changement sur la page 7.
M. BELLEMARE: Au lieu de l'article 18, c'est l'article 17.
M. JOHNSON: Et on a rayé le paragraphe 4, de l'article 5.
M. LESAGE: En tout cas, finissons, puis je reviendrai sur le texte
anglais, si vous permettez.
M. LE PRESIDENT: L'article 20 devenu 19 adopté. L'article 21
devenu 20 comporte une modification en enlevant les mots: « Le paragraphe
4 de » et puis changeant 18 par 17.
M. BERTRAND (Missisquoi): ... enlevé... M. LE PRESIDENT: Alors,
21 c'est adopté.
M. LESAGE: Maintenant, dans le texte anglais... un instant là, on
pourrait retourner à l'article 8. Où est-il question de pertes
maritimes?
M. LE PRESIDENT: C'est l'article 4, paragraphe F.
M. LESAGE: Oui, mais on s'est trompé dans les renseignements que
j'ai reçus d'une...
M. LE PRESIDENT: On parle des agents de réclamations...
M. LESAGE: Un Instant, c'est ça oui...
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. LESAGE: F de l'article 4, mais non. Je
m'excuse mais, paragraphe F de l'article 4, ah oui, c'est ça.
« Aux agents de réclamations s'occupant exclusivement de pertes
maritimes océaniques » on a traduit ça par « Ocean
shipping losses », or, l'on doit le traduire par « Ocean marine
losses ». Ce sont les Lloyds qui m'ont averti que c'était le terme
qu'on employait en anglais.
M. LE PRESIDENT: L'amendement serait adopté? « Ocean marine
losses »?
M. LESAGE: D'ailleurs c'est presque la traduction littérale du
français aussi.
M. BERTRAND (Missisquoi) : La résolution 17-A au lieu de 18.
M. LESAGE: C'est ça.
M. BEAUPRE (président du comité plénier): M. le
Président, j'ai l'honneur de faire rapport que le comité rapporte
progrès et qu'il demande la permission de siéger à
nouveau.
M. HYDE (président): Quand siégera-t-il? A la même
séance? A la même séance.
M. LESAGE: On a tout adopté.
M. LE PRESIDENT: Adopté la résolution.
M. LESAGE: On a dit qu'on faisait ça tout ensemble. La
résolution a été référée.
M. LE PRESIDENT: Alors M. Lesage propose que la résolution soit
maintenant lue et agréée. Cette motion sera-t-elle
adoptée?
M. JOHNSON: Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture.
M. LESAGE: Très bien.
M. JOHNSON: Oui.
M. LE PRESIDENT: La troisième lecture est adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: Numéro 19.
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance.
M. LAFRANCE: M. le Président, je ne crois pas que ce projet de
loi nécessite un long exposé, nous pourrions peut-être si
l'Opposition a quelques remarques à faire les faire en
comité.
M. LE PRESIDENT: Est-ce que c'est sur la deuxième lecture?
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: ... résolution, M. le Président.
M. LAFRANCE: M. le Président, le lieutenant-gouverneur
informé de la teneur de cette résolution en a recommandé
l'étude par la Chambre.
Bill 40
M. LE PRESIDENT: M. Lafrance propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill numéro 40. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
M. BEAUPRE (président du comité plénier):
Résolutions relatives au bill numéro 40. « Loi modifiant la
loi des allocations scolaires ».
M. JOHNSON: La résolution, numéro 1. Quelle est sa
portée?
M. LAFRANCE: Alors, M. le Président, il s'agit de la
définition du mot « écolier », il s'agit de faire
profiter un certain nombre de gens de 16 à 17 ans qui sont encore aux
études, qui poursuivent leurs études et qui sont en institution.
Des représentations nous ont été faites de la part de
diverses agences sociales et de diverses institutions. En particulier, on nous
a fait remarquer par exemple que les jeunes qui étaient en institution,
cela leur permettrait de se procurer des vêtements essentiels plus
convenables comme les grands adolescents qui ont des parents de mieux voir
à leur apparence et soins d'hygiène tels que coupes des cheveux
plus fréquentes, achat d'articles de toilette d'usage quotidien, d'avoir
un peu d'argent en poche pour participer aux organisations et enfin on a
constaté que cela pourrait contribuer à empêcher de
développer chez ces jeunes un certain complexe
d'infériorité dû à la gêne qu'ils ressentent,
surtout pour ceux qui vivent en foyer nourricier.
M. JOHNSON: Adoptée. M. LAFRANCE: Pardon? M. JOHNSON:
Adoptée.
M. LE PRESIDENT: Résolution numéro 1 adoptée.
Résolution numéro 2.
M. LESAGE: La résolution numéro 2, bien ça c'est
pour que ce soit payable à l'année.
M. LE PRESIDENT: Adoptée la résolution numéro 2?
Adoptée. Résolution numéro 3.
M. JOHNSON: Cela exempte de le demander, quoi?
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: Est-ce que la résolution numéro 2
exempte...
M. LESAGE: Je ne comprends pas.
M. JOHNSON: ... le bénéficiaire de faire une demande?
M. LESAGE: Oui. C'est-à-dire que même s'il est en retard
pour sa demande, ce n'est pas la date de sa demande qui compte, c'est le moment
où il atteint 16 ans.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: Parce qu'il y a eu des retards et ça peut causer des
préjudices.
M. LE PRESIDENT; La résolution numéro 3 est
adoptée.
M. JOHNSON: Mais où est-ce qu'on déclare...
M. LESAGE: Pardon? Un instant, M. le Président.
M. JOHNSON: ... l'allocation payable pour douze mois?
M. LAFRANCE: On enlève à l'article 4 du bill les mots:
« L'allocation n'est pas versée pour les mois de juillet et
août. »
M. LESAGE: C'est retranché.
M. LAFRANCE: Cette partie est retranchée.
M. LESAGE: En remplacement de l'article 4.
M. LAFRANCE: C'est ça!
M. LESAGE: On fait deux choses.
M. JOHNSON: Adopté.
M. LE PRESIDENT: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport
que le comité a adopté des résolutions.
M. HYDE (président): M. Lafrance propose que les
résolutions soient maintenant lues et agréées. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée. Deuxième lecture
adoptée? A l'ordre, messieurs. Est-ce que la deuxième lecture
sera adoptée?
M. LESAGE: Adoptée.
M. LE GREFFIER: Deuxième lecture de ce bill. Second reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: Troisième lecture...
M. JOHNSON: A la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: A la prochaine séance.
M. LESAGE: Le bill amendant la Loi de la Commission des accidents du
travail; deuxième lecture; pas sur résolution.
M. JOHNSON: C'est d'accord. M. LE PRESIDENT: Item 22. M. LESAGE: Item
22, M. le Président.
Bill 44
M. LE PRESIDENT: M. Fortin propose la deuxième lecture du bill No
44: « Loi modifiant la Loi des accidents du travail ». Cette motion
sera-t-elle adoptée?
M. FORTIN: M. le Président, comme on le sait, la Loi des
accidents du travail est une mesure de sécurité sociale. Les
principaux amendements que nous désirons apporter à cette loi ont
pour but, premièrement, d'augmenter les rentes que reçoivent
actuellement les accidentée depuis 1931 jusqu'à 1960.
On sait que, pour fixer les compensations auxquelles les
accidentés ont droit, la commission se base d'abord sur un salaire et,
en second lieu, sur le degré d'incapacité qui est attribué
à l'accidenté par les rapports médicaux.
En 1931, le salaire, ce que l'on appelle le salaire
protégé de l'accidenté, était établi
à $2,000 et le pourcentage du salaire compensé était de 66
2/3. Par la suite, en 1947, le salaire protégé a
été augmenté. En 1952, nouvelle augmentation. En 1955,
nouvelle augmentation et, enfin, en 1960, autre augmentation à $5,000.
Et durant les mêmes périodes les pourcenta-
ges de salaire ont également été augmentés
graduellement pour finalement arriver à 75%, en 1960.
Maintenant, on sait que lorsqu'un accidenté reçoit une
compensation, la commission en fixe le montant, et ce montant est
définitif jusqu'à la fin de ses jours, si je peux m'exprimer
ainsi. Il faut comprendre que lorsque la Loi des accidents du travail a
été établie, évidemment, à cette date on
s'est basé sur les données sociales et les données
actuarielles qui existaient à cette époque. Mais aujourd'hui on
tend de plus en plus à améliorer les lois sociales, afin
d'appliquer ce qu'on appelle l'indexation, c'est-à-dire s'efforcer
d'augmenter les rentes des accidentés, ou de ceux qui
bénéficient d'une loi sociale, en se basant soit sur
l'augmentation de salaire ou sur l'augmentation de l'indice des prix à
la consommation.
Mais la Commission des accidents du travail n'avait pas pratiquement le
pouvoir d'agir ainsi, et en outre, elle ne semblait pas au premier abord avoir
les montants disponibles à cette fin, et c'est pour cette raison que les
accidentés ont toujours reçu le même montant. Mais en 1962,
la Commission des accidents du travail a fait effectuer un travail actuariel
très poussé sur son fonds d'indemnisation. Il a alors
été constaté que la Commission avait environ $124,000,000
dans le fonds pour payer les accidentés, et que d'autre part, les
études actuarielles révélaient qu'elle avait besoin de
moins d'argent pour répondre au fonds d'accident, en se basant
évidemment toujours sur les calculs actuariels et que, en
définitive, elle avait pratiquement un surplus de près de
$17,000,000, dont elle pouvait disposer sans mettre en danger ses
réserves et son fonds d'accident.
Et alors la Commission était devant ce problème. Qu'est-ce
qu'elle devait faire avec ce montant, ce surplus dans son fonds? Il y avait
différentes solutions qui s'offraient à la Commission. Elle
pouvait, premièrement, essayer de remettre aux employeurs qui, depuis
1931, avaient contribué à cette augmentation, remettre l'argent.
Or c'est impossible.
M. BELLEMARE: Qui avaient alimenté le fonds?
M. FORTIN: D'accord. J'expliquerai tout à l'heure comment nous
sommes arrivés à ce surplus. A l'heure actuelle il y a
pratiquement, parfois jusqu'à 1,000 employeurs par année qui
disparaissent de la circulation. Et prenez par exemple pour les trois
dernières années, il y a eu 10,000 employeurs de plus qui sont
entrés dans les listes de la Commission des accidents du travail. Et
pour l'année 1964, nous avons 5,000 employeurs de plus. Si nous avions
essayé de remettre aux employeurs depuis 1931 ce surplus,
c'était, je pourrais dire, physiquement impossible. Deuxièmement,
nous aurions pu cette année dire: « Nous allons baisser les
cotisations proportionnellement. Or, nous aurions, à mon avis, commis
une injustice, en ce sens, que nous aurions fait bénéficier des
employeurs, d'argent qu'ils n'avaient pas versé ou d'un fonds auquel ils
n'avaient pas contribué.
Et alors, nous avons cru que la façon la plus équitable,
la plus sociale, était de faire bénéficier les
accidentés des employeurs qui avaient fourni au fonds ce surplus. C'est
pourquoi nous avons décidé, par cet amendement, de permettre
à la commission de distribuer aux rentiers depuis 1931 ce surplus qui
est accumulé.
Maintenant, on se demandera comment-il se fait que la Commission a
$16,000,000. Depuis 1931, la commission a capitalisé à un taux,
des fois de 2 3/4% ou 3%, 3 1/4%, les rentes, alors que les placements
rapportaient 3%, 4%, 5% et 5 1/2%. Alors on comprend, par exemple, que pour
payer, disons, $3 par année à un accidenté, si on place
$100 à 3%, cela va lui donner $3. Mais si on place le montant à
6%, pour lui rapporter $3, nous n'avons besoin que d'un capital de $50. Or, la
commission a toujours capitalisé à 3% ou à 3 1/4% alors
que les capitaux placés dans des obligations ont, avec l'inflation,
rapporté 4%, 5%, 5 1/2% et les intérêts ont rapporté
des intérêts.
Maintenant, je ne crois pas que nous devions faire le procès des
administrations passées, des 'différentes personnes qui ont
présidé ou qui ont administré la Commission des accidents
du travail. Peut-être qu'il aurait été plus sage à
chaque année de faire faire une étude actuarielle. On me dit que
cela a été fait à deux reprises, à peu près.
Je crois que c'est en 1944 et en 1955, à peu près deux fois,
depuis l'existence de la Commission. Si ces études actuarielles avaient
été faites régulièrement, probablement, que la
Commission n'aurait pas eu un tel surplus. Mais, à tout
événement, nous sommes devant un fait accompli et je crois que la
solution la plus juste c'est de distribuer ce montant.
Les actuaires qui ont établi les proportions que nous proposons
dans le texte de loi ont fait, si je puis dire ainsi, une espèce de
règle de trois. Ils ont pris d'abord le montant que nous avions de
disponible, ils ont pris les salaires protégés de $2,000, $2,500,
$3,000, $5,000 et les pourcentages de 66 2/3, 70,75. Je ne me reconnais pas la
compétence d'entrer dans tous
les détails, mais avec toutes ces données nos experts sont
arrivés à fixer les pourcentages que nous proposons, savoir 60%,
40%, etc.
Alors, c'est le but du principal amendement à la loi que nous
proposons.
Un des amendements secondaires consiste à permettre... Il est
midi et demi. Alors, M. le Président, je demande l'ajournement pour
lundi à la prochaine séance.
M. LE PRESIDENT: Cette motion est-elle adoptée?
Adoptée.
M. LESAGE: M. le Président, lundi, nous étudierons d'abord
en deuxième lecture le bill de la Place des Arts.
M. BELLEMARE: On ne finit pas ça?
M. LESAGE: La Place des Arts, c'est urgent. Urgent pour des raisons
financières.
M. BELLEMARE: Oui.
M. LESAGE: Ensuite M. le ministre des Affaires municipales sera de
retour de Victoria où il assiste à la réunion des
ministres des Affaires municipales et ce sera les deux bills en
troisième lecture: Régie des eaux, et amendement à la Loi
des cités et villes. Ensuite nous étudierons les deux budgets
supplémentaires au complet, sauf ce qui a déjà
été adopté au cours de certaines discussions du budget
principal.
M. JOHNSON: Très bien.
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à lundi
après-midi à trois heures.