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(Trois heures de l'après-midi)
M. HYDE (président): Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
A l'ordre, messieurs. Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. LESAGE: « A ».
M. LE PRESIDENT: M. Lacroix propose la première lecture d'une loi
modifiant la Loi des entrepreneurs en plomberie et chauffage de la province de
Québec. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. JOHNSON: Est-ce une nouvelle corporation? Est-ce que le
député nous donnerait...?
M. LACROIX: Cette loi modifie la Loi qui existe déjà des
entrepreneurs en plomberie et chauffage et cette nouvelle loi définira
mieux le titre de mécanicien en tuyauterie; et certains articles
modifient la loi déjà existante de façon à
clarifier certaines situations.
M. JOHNSON: C'est clair.
M. LE PRESIDENT: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LE GREFFIER: Première lecture de ce bill. First reading of
this bill.
M. LE PRESIDENT: Deuxième lecture à la prochaine
séance. Affaires du jour.
Numéro d'assurance sociale
M. LESAGE: M. le Président, le chef de l'Opposition m'a
posé à quelques reprises des questions au sujet du numéro
d'assurance sociale. J'ai dit que la question était à
l'étude par les officiers de divers ministères du gouvernement et
qu'il y avait, évidemment, plusieurs difficultés à
surmonter, des divergences d'opinion en certains cas, et il fallait attendre de
prendre une décision surtout au sujet des caisses de retraite.
Maintenant que notre résolution à ce sujet a été
adoptée par la Chambre, les aviseurs du gouvernement ont fait au Conseil
des ministres des recommandations qui ont été acceptées
par le Conseil des ministres. Et je désire faire à ce sujet la
déclaration ministérielle suivante: « On sait que le
gouvernement du Canada a élaboré un numéro d'assurance
sociale et qu'il a proposé au gouvernement du Québec de s'en
servir pour son propre régime de rentes. En effet, il ne peut en
principe y avoir qu'un seul numéro d'assurance sociale pour tout le
pays; autrement la tenue de dossiers, dans le cas de personnes qui auraient
cotisé aux deux régimes durant leur vie active, serait plus
difficile à réaliser. « Cependant le numéro
fédéral présente dans son application des problèmes
techniques sur lesquels je n'insisterai pas pour le moment. Disons qu'il avait
été conçu pour un régime canadien de rentes
différent de celui qui existe maintenant depuis les négociations
entre le Québec et Ottawa. « Le Conseil des ministres,
après avoir pris connaissance des études faites à ce sujet
par ses fonctionnaires, en est venu aux conclusions suivantes: a) Au
début, pour hâter la mise en place, la mise en vigueur de notre
régime de rentes, nous adopterons le numéro
fédéral. Il s'agit d'un numéro de type consécutif,
d'application plus simple et plus rapide que tout autre type de numéro.
b) Nous croyons cependant utile d'en arriver éventuellement à un
numéro plus complet. L'élaboration d'un tel numéro est un
travail d'assez longue haleine qui pourrait se réaliser par
étapes.
C'est pourquoi nous demanderons que les lois fédérales et
provinciales sur les régimes de rentes sauvegardent la
possibilité d'un changement de numéro d'assurance-sociale, ce qui
permettrait d'étudier avec le gouvernement fédéral et les
autres provinces, évidemment, la possibilité d'établir
pour l'avenir un numéro axé sur les registres de l'état
civil.
Il va de soi qu'une telle solution suppose une collaboration avec le
gouvernement du Canada et les gouvernements des autres provinces ».
M. JOHNSON: Est-ce que ce numéro pourra servir aussi, ou doit
servir aussi, pour l'assurance-hospitalisation?
M. LESAGE: Pas nécessairement!
M. JOHNSON: Non, mais est-ce qu'on n'a pas commencé à
faire l'intégration entre Ottawa et Québec des dossiers
d'assurance-hospitalisation, intégration qui serait basée sur
l'adoption de ce numéro?
M. COUTURIER: Le numéro qu'on a ici, à
l'assurance-hospitalisation, est un numéro qui est propre à la
province de Québec.
Conférence
fédérale-provinciale
M. BELLEMARE: M. le Président, l'honorable premier ministre du
pays a annoncé une conférence fédérale-provinciale
avec les premiers ministres des provinces au sujet de l'assurance-santé.
Est-ce que le premier ministre pourrait nous dire s'il a été mis
au courant officiellement et s'il peut nous déclarer si cette
conférence aura lieu à l'automne?
M. LE SAGE; Je n'ai pas eu de nouvelles du gouvernement
fédéral.
M. BELLEMARE: Aucune réponse du gouvernement
fédéral?
M. LE SAGE: Pas une réponse... M. BELLEMARE: Aucune demande?
M. LESAGE: Je n'ai pas pu avoir de réponse, je n'ai pas
écrit.
M. BELLEMARE: Non, non, non. Mais aucune correspondance, ni aucun
téléphone!
M. LESAGE: Non. Je n'ai reçu aucune communication de M. Pearson
à ce sujet ni d'un autre ministre fédéral.
M. JOHNSON: M. Pearson a déclaré, hier ou avant-hier,
qu'il était entré en communication avec tous les premiers
ministres du Canada pour tenter d'établir une date qui leur conviendrait
pour une conférence fédérale-provinciale.
M. LESAGE: Je n'ai pas reçu la lettre.
M. JOHNSON: ... comme suite à la suggestion de la Commission
Hall.
UNE VOIX: C'est ça!
M. LESAGE: M. le Président, je suis sorti du Conseil des
ministres, il était une heure et demie ou deux heures moins le quart.
J'ai pris le lunch, et je suis passé par mon bureau. J'ai vu mon chef de
Cabinet et mon chef de Cabinet adjoint, et ni l'un ni l'autre n'avaient cette
lettre à me présenter. J'avoue que je n'ai pas vu le
sous-ministre des Affaires fédérales-provinciales sur le bureau
duquel normalement une telle lettre serait dirigée si elle est
arrivée à Québec.
M. JOHNSON: M. le Président,. dans le même domaine des
relations fédérales-provinciales, le premier ministre n'est-il
pas d'avis que les provinces doivent être consultées et
peut-être doivent collaborer dans cette enquête économique
concernant l'interdépendance des provinces ou des régions au
point de vue économique?
M. LESAGE: A quel point de vue?
M. JOHNSON: Au point de vue économique. M. Pearson, en modifiant
sa première déclaration relativement à une enquête
sur le séparatisme, a déclaré que le gouvernement
fédéral fera une enquête complète sur
l'interdépendance et il a dit des partis...
M. LESAGE: Je n'ai entendu parler de rien. M. JOHNSON: Pardon?
M. LESAGE: Je n'ai entendu parler de rien.
M. JOHNSON: De rien?
M. LESAGE: De rien à ce sujet
M. JOHNSON: Non, je prends pour acquit qu'Ottawa n'a pas
communiqué avec Québec...
M. LESAGE: Non, pas du tout.
M. JOHNSON: ... mais si on doit faire une enquête
réellement sérieuse à Ottawa sur l'interdépendance
des régions au point de vue économique, est-ce que... ah, oui, je
suis bien obligé de commencer à croire M. Pearson, jusqu'à
ce qu'il change d'idée encore une fois, ça lui arrive assez
souvent.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre.
M. JOHNSON: Mais est-ce que le premier ministre ne songerait pas
à entamer des démarches pour qu'une telle enquête soit
faite en collaboration avec la province?
M. LESAGE: M. le Président, évidemment, je déteste
répondre, parce que c'est très risqué, à des
questions hypothétiques; mais je vois difficilement qu'une telle
enquête puisse être réellement sérieuse à
moins qu'elle ne soit faite en collaboration, peut-être pas avec les
gouvernements eux-mêmes, mais avec les services appropriés des
gouvernements provinciaux.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
Chutes Hamilton
M. JOHNSON: M. le Président, il semble que le gouvernement de
Terre-Neuve auraitplacé la compagnie Javelin dans le rôle de
propriétaire de ses intérêts dans les chutes Hamilton! Les
nouvelles annoncées, entre autres par un journal sérieux au point
de vue financier, le journal « The Gazette », sont titrées
comme suit: « Javelin into new role as power développer
»...
M. LESAGE: Pardon?
M. JOHNSON: ... est-ce que la compagnie Javelin, « into new role
as power développer. »
M. LESAGE: Oui, à quel endroit?
M. JOHNSON: Est-ce que ça veut dire que au lieu de
négocier avec M. Smallwood, le ministre des Richesses naturelles va
négocier avec M. Doyle...
M. LESAGE: Je ne négocie pas avec lui.
M. JOHNSON: ... au sujet du développement des chutes
Hamilton.
M. LESAGE: M. le Président, je ne vois pas comment M. Smallwood
aurait pu vendre les intérêts qu'il a loués, pour 99 ans,
à British Newfoundland Corporation...
M. GABIAS: Parce qu'il est libéral.
M. LESAGE: Un instant. Est-ce qu'on peut être sérieux en
cette Chambre? M. le Président, avec le député de
Trois-Rivières ce n'est pas facile.
M. JOHNSON: La réponse du premier ministre n'est pas tellement
sérieuse.
M. LESAGE: Pardon? Oui, ma réponse va être très
sérieuse. Je ne vois pas beaucoup comment le gouvernement de Terre-Neuve
pourrait vendre à M. Doyle des intérêts qui sont
déjà loués pour 99 ans à la British Newfoundland
Corporation, et je puis dire que j'ai causé avec le président de
British Newfoundland Corporation ce matin. S'il avait été vrai
qu'une partie de ses intérêts dans les chutes Hamilton avait
été vendue à Canadian Javelin, dont le président,
je crois, est M. Doyle, il l'aurait su, et il me l'aurait dit, surtout,
étant donné la nature de la conversation que nous avons eue
ensemble.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, la nouvelle, elle est
peut-être évidemment erronnée, c'est toujours possible,
même avec la meilleure foi du monde, mais...
M. LESAGE: C'est assez nébuleux votre affaire.
M. JOHNSON: Non, la nouvelle dit ceci: « The way has been cleared
for Canadian Javelin...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaire du jour.
M. JOHNSON: ... through the Newfoundland and Labrador Corporation, to
become the marketing agency for Newfoundland shares of the power to be
generated from Hamilton River in Labrador. » Evidemment, c'est «
the marketing... »
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que c'est ce qui a paru dans « The
Gazette » ?
M. JOHNSON: Oui.
M. RENE LEVESQUE: C'est encore à l'état de rumeurs,
là.
M. LESAGE: Ce sont des rumeurs.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Bien, disons, M. le Président, que je vais demander
au premier ministre d'examiner cette question de très près, dans
la mesure où ça peut affecter les négociations actuelles,
ou éventuelles entre les divers gouvernements, entre autres celui de
Québec.
M. LESAGE: M. le Président, si cette nouvelle avait quelque
fondement que ce soit, je répète que je l'aurais su ce matin, au
cours d'une conversation téléphonique que j'ai tenue avec le
président de British Newfoundland Corporation, qui est M. Robert
Winters, et non pas M. Doyle. La nature de la conversation, que je ne puis
révéler, était telle, qu'il était impossible que
les négociations entreprises puissent être affectées par
quelque fait que ce soit qui ressemble de près ou de loin à la
rumeur dont on fait état dans « The Gazette » de ce
matin.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre des Richesses naturelles pourrait
nous dire si l'é-
lectricité qu'on a l'intention de transmettre par câbles,
en évitant la province de Québec, c'est toute
l'électricité des chutes Hamilton, ou si ça laisse quand
même une partie de cette électricité assez
considérable pour que l'on songe à en revendre à la
Nouvelle-Angleterre, ou à l'état de New York?
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, la seule réponse que je
peux faire à cette question-là, c'est celle que j'ai
déjà donnée; c'est que toute cette question de transfert
d'électricité ailleurs que par le territoire de Québec est
une hypothèse technique, et aussi hypothétique
financièrement, à tel point, qu'il n'y a pas moyen de
répondre en ce moment. Il n'y a personne qui a les données
complètes. C'est de la théorie.
M. GABIAS: Est-il vrai que le ministre de l'Agriculture a
suggéré à l'Office des marchés agricoles de
permettre l'augmentation de la pinte de lait d'un sou, à la suite de
l'augmentation de $0.20 le cent livres aux producteurs de lait nature?
M. COURCY: Ce n'est pas vrai, M. le Président.
Sidérurgie
M. GABIAS: Une question à l'honorable premier ministre. Est-ce
que l'honorable premier ministre est au courant que Algoma Steel est en voie
d'acheter la majeure partie des actions de Dominion Bridge, afin de faire en
sorte que le complexe sidérurgique ne soit pas construit?
M. LESAGE: M. le Président, ma réponse est non.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. C'est une question qui devrait
être déposée au feuilleton. A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Est-ce que l'honorable premier ministre a pris connaissance
des résolutions adoptées par le conseil de ville de
Trois-Rivières, la conférence des maires du coeur du
Québec?
M. LESAGE: Pardon? Est-ce que le député pourrait
répéter sa question?
M. GABIAS: Certainement, avec plaisir. Est-ce que l'honorable premier
ministre a pris connaissance des résolutions adoptées par le
conseil de ville de Trois-Rivières, par la conférence des maires
du coeur du Québec, par l'Association des hommes d'affaires du centre de
Trois-Rivières, par le conseil de comté de Nicolet, par
l'Association des préposés au crédit de
Trois-Rivières, par la Chambre de commerce de Trois-Rivières, au
sujet de la volte-face du gouvernement quant à l'implantation d'un
complexe sidérurgique ailleurs?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
J'ai déjà essayé d'expliquer au
député de Trois-Rivières, que je considère cette
question hors d'ordre. C'est hors d'ordre de la poser à ce stade
et je lui suggère d'inscrire sa question au feuilleton.
M. BELLEMARE: Le ministre est sorti.
M. JOHNSON: M. le Président, je regrette d'être
obligé d'en appeler d'une pareille décision. C'est une question
d'urgence, et je considère, M. le Président, à
regret...
M. PINARD: Vote, vote.
M. JOHNSON: M. le Président, l'implantation d'une
sidérurgie dans la province de Québec est un
problème...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
Je crois que j'ai déjà rendu des décisions en ce
sens-là et même je ne sais pas combien de fois, j'ai
référé les députés directement aux articles
666 et aux suivants.
Premièrement, à l'article 671, une question ne doit se
référer ni à un article de journal, ni à une
déclaration d'un particulier ou d'un corps non officiel, ni à une
assertion faite par un député, une question ne doit contenir ni
expression, etc.. Une question ne doit porter ni sur une discussion qui a eu
lieu, ni sur une réponse qui a été donnée pendant
la session en cours.
On a même eu un débat, une motion de non-confiance
concernant la sidérurgie et je considère que la question a
été vidée et que ça ne peut pas former le sujet des
questions à être posées à ce stade des
procédures.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LESAGE: M. le Président, avant que...
M. JOHNSON: Quelle était la question? La question ne concernait
pas l'aciérie, elle concernait évidemment la réception oui
ou non par le premier ministre de certaines résolutions.
M. LESAGE: M. le Président, est ce que le chef de l'Opposition
voudrait me permettre une...
M. JOHNSON: Oui.
Les faux certificats
M. LESAGE: Avant qu'il en appelle de la décision, et pour des
raisons que je lui ai dites tantôt. Est-ce que la Chambre, pour les
raisons que je lui ai données, me permettrait de confirmer la
réponse que je lui ai donnée au sujet des faux certificats au
moment de l'ajournement, vers cinq heures mardi soir? Je dois demander le
consentement unanime.
M. JOHNSON: J.e n'ai pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Le consentement unanime?
M. JOHNSON: Très bien.
M. LESAGE: Au cours de l'étude des crédits du
ministère du procureur général, le chef de l'Opposition a
demandé s'il y avait eu, oui ou non, une réunion du conseil des
ministres avant le 2 novembre pour étudier cette question ou en
décider; et j'ai répondu: « Non, de mémoire non, je
vérifierai. »
Il m'a demandé ensuite si M. Desjardins avait assisté soit
à une séance du conseil des ministres, soit à une
réunion de ministres qui n'aurait pas eu de caractère officiel,
à ce sujet. Là encore je lui ai répondu: « De
mémoire non, mais je vais consulter mon itinéraire, lors de la
dernière campagne électorale. » Mais voici ce que j'ai dit,
si ma mémoire me sert bien; « J'ai eu une conversation
téléphonique avec Me Guy Desjardins, un certain soir, alors que
j'étais au motel des Cascades, à Alma.
J'ai vérifié mon itinéraire et voici ce qui en est.
D'abord, le mandat a été émis contre M. Lagarde le 3
novembre; le 30 octobre j'étais dans Nicolet ou dans Yamaska, et
c'était le soir de l'assemblée de Trois-Rivières, et il
n'y a pas eu de réunion de ministre... « Le 31 octobre,
j'étais à Québec, il y a eu une réunion du
Conseil des ministres. A ce moment-là, je n'étais pas au courant
de la question, ça n'a pas été discuté. Je ne
connaissais même pas l'affaire. Le jeudi, j'étais dans la Beauce
et dans Dorchester à partir du matin jusqu'au soir. C'était le
1er novembre. Le 2 novembre, j'étais à Roberval. Je suis parti de
Québec à 9 h 30 en avion pour Roberval. J'ai été
à Roberval visiter le sanatorium, l'hôtel de ville; j'ai
dîné à St-Félicien; je me suis rendu à
Mistassini, j'ai été à l'hôtel de ville et je suis
parti de là pour me rendre à Alma, où je suis
arrivé vers 6 heures. C'est alors que M. Desjardins a communiqué
avec moi pour me raconter ce qu'il avait en main comme preuves. Je l'ai
écouté longuement au téléphone et lui ai dit que je
le rappellerais après avoir réfléchi.
J'étais accompagné, au cours de ce voyage, de Me Jean
Bienvenu, qui était un procureur d'expérience de la Couronne de
Québec. J'ai longuement discuté avec lui de la conversation que
j'avais eue avec Me Desjardins sur les preuves « prima facie » que
M. Desjardins avait en mains à ce moment-là et, avec mon
expérience d'ancien procureur de la Couronne, sur l'avis de Me Bienvenu
qui était aussi de l'avis de Me Desjardins, j'ai considéré
qu'il y avait suffisamment de preuves pour qu'il y ait cause raisonnable et
probable de culpabilité.
C 'était un jugement que j'avais exercé en me basant sur
mon expérience d'avocat; c'était une affaire purement
légale et non politique où j'ai été
conseillé par deux criminalistes d'expérience et j'ai dit alors:
« Monsieur Desjardins, si vous êtes convaincu qu'il y a cause
raisonnable et probable, procédez. » Et c'est le 3 novembre que le
mandat a été émis. »
Donc, c'est pour dire, monsieur le Président, que tout ce que
j'ai dit l'autre jour était absolument exact, que j'ai tout
vérifié et ce que j'ai dit vendredi, c'est la
vérité. Je le répète aujourd'hui.
M. JOHNSON: M. le Président, je comprends que le premier ministre
a des raisons, que j'approuve, qui sont bien recommandables, de s'absenter
à 4 heures. Mais j'aurais, à l'occasion de l'étude des
crédits du procureur général, des questions à
demander, des précisions relativement à ces indices et à
ces procureurs de la Couronne.
M. LESAGE: Il faudrait, évidemment, que je communique à
nouveau avec MM. Bienvenu et Desjardins pour me renouveler complètement
la mémoire. Je n'ai rien à ajouter à ce que j'ai dit.
M. JOHNSON: Monsieur le Président, disons que si on est
bloqué, à un moment donné, sur cette question par
l'absence du premier ministre, on ajournera la discussion ou on
réservera la discussion sur un point spécial.
M. LESAGE: Je ne pourrai aucunement éclairer la Chambre. Je dis
que ce qu'on m'a dit à ce moment-là m'a satisfait. Je ne puis
aller plus loin. Je n'ai aucune intention de discuter d'une affaire où
il y a eu un jugement qui parle par lui-même.
M. HAMEL (St-Maurice): La Chambre a décidé qu'on ne
discutait pas de ça.
M. LE SAGE: Il y a eu un jugement qui a prouvé que, comme dans
bien des cas, une poursuite avait été intentée et qu'il y
avait un doute raisonnable et probable en faveur de l'accusé, je
suppose. Je sais qu'il a été acquitté. Je n'ai jamais
suivi cette affaire de près; ça ne m'intéressait pas. Je
n'ai jamais considéré que c'était une cause politique,
c'était une cause criminelle ordinaire, à mon sens, et j'ai
exercé mon jugement à la lumière des renseignements qui
m'ont été donnés à ce moment-là, sur la base
de mon expérience et sur les conseils de deux criminalistes pratiquants.
Je n'ai rien à ajouter et je ne pourrai pas éclairer la Chambre
plus que cela.
M. JOHNSON: Je me chargerai de l'éclairer, M. le
Président, sur l'item...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
UNE VOIX: Vous connaissiez le député de St-Jacques?
M. JOHNSON: Oui, puis il connaissait aussi le candidat libéral de
St-Jacques!
M. LESAGE: Et j'ajouterai purement et simplement, étant
donné que je ne serai pas ici, que si M. Lagarde a des actions
endommages à prendre parce qu'il considère que la poursuite
était futile, qu'il exerce ses droits. Pas ici; devant les
tribunaux.
M. JOHNSON: M. le Président, entre autres, une question qu'on
aurait pu poser, peut-être qu'on peut disposer du problème tout de
suite. Est-ce qu'il n'est pas normal que l'avocat de la Couronne Desjardins qui
est, évidemment, un criminaliste (plus ou moins, mon père!),
communique avec le premier ministre au lieu de communiquer avec le procureur
général?
M. LESAGE: Il avait communiqué avec le procureur
général et le procureur général, connaissant mon
expérience au criminel, lui a conseillé de m'appeler.
UNE VOIX: Le chef de parti.
M. JOHNSON: On a l'impression, M. le Président, que M. Desjardins
a appelé le chef du parti libéral et non pas le premier
ministre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. LESAGE: M. le Président, il a appelé le chef du
gouvernement et non pas le chef du parti libéral à la demande du
procureur général et particulièrement à cause de
l'expérience du chef du gouvernement dans le domaine du droit
criminel.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que le premier ministre me permettrait
une question? Est-ce qu'on a l'habitude, dans des causes purement
légales, de s'adresser au premier ministre?
M. LESAGE: C'est arrivé assez fréquemment, oui, dans
plusieurs cas, où l'assistant-procureur général ou le
procureur général m'ont consulté justement à cause
de cette expérience.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Affaires du jour.
Est-ce que je comprends que le chef de l'Opposition voudrait en appeler
de la décision concernant les questions!
M. JOHNSON: M. le Président, voici, vous voudrez bien
éviter qu'on prenne du temps de la Chambre, Est-ce que je peux
m'expliquer, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Je ne voudrais pas recommencer tout un débat
là-dessus.
M. JOHNSON: Est-ce que je peux m'expliquer, M. le Président?
M. LE PRESIDENT: Oui.
M. JOHNSON: J'ai l'impression que la question n'a pas été
comprise à cause du bruit, que je ne veux pas qualifier, fait par des
député à votre droite. Le député de
Trois-Rivières a demandé au premier ministre; « Avez-vous
reçu les résolutions du conseil municipal, etc.,
résolutions qui seraient, d'après mes informations,
postérieures au débat... »
M. LE PRESIDENT: C'est là qu'il a été hors d'ordre
pour commencer. Il n'a pas le droit de le mentionner.
M. JOHNSON: Non, c'est un corps publics, M. le Président. Il y a
une exception...
M. BELLEMARE: Cela fait cinq jours.
M. JOHNSON: ... et ce sont des résolutions postérieures au
débat qui a eu lieu et il ne s'a-
git pas du fond du problème; il s'agit de savoir si le premier
ministre, oui ou non, a reçu certaines résolutions, entre autres,
du conseil de Trois-Rivières?
M. LESAGE: Rien n'a été placé sur mon bureau, je
n'ai rien reçu.
M. JOHNSON: Bon, on l'a, la réponse, M. le Président. Il
n'est pas nécessaire d'en appeler de votre décision.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. Motion Gabias
M. GABIAS: M. le Président, à la dernière
séance...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... j'avais avisé cette Chambre que je
présenterais ma motion concernant l'accusation contre le
député de St-Maurice...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Je crois que le député devrait
procéder par les voies ordinaires et faire inscrire sa motion au
feuilleton.
M. GABIAS: C'est parce que je ne voudrais pas qu'on me taxe d'avoir
induit la Chambre en erreur. Je vais expliquer pourquoi la motion n'est pas au
feuilleton. Je l'ai fait parvenir ce matin à...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. DES VOIX: A l'ordre!
M. LE PRESIDENT: Je ne crois pas que c'est nécessaire d'expliquer
et je comprends que tous les députés vont comprendre...
M. GABIAS: Très bien. S'ils ont la science...
M. LE PRESIDENT: ... que c'était fait hier et que ça
pourrait venir assez prochainement au feuilleton.
M. GABIAS: S'ils ont la science infuse.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: M. le Président, pourriez-vous expliquer, pour mon
bénéfice et celui des députés de cette Chambre,
pourquoi une motion qui est déposée à 9 heures du matin
chez le greffier ou 10 heures du matin n'est pas inscrite au feuilleton
aujourd'hui? Le député de Trois-Rivières a fait
déposer ce matin une motion et elle n'apparaît pas au feuilleton.
On a peut-être une bonne raison...
M. LESAGE: On m'avise que ç'a été
déposé à 11 heures moins vingt et à ce
moment-là le feuilleton est à l'impression.
M. JOHNSON: Alors qu'elle est l'heure limite?
M. LESAGE: La veille.
M. BELLEMARE: Non, le matin.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. C'est réglé...
M. LESAGE: A plusieurs reprises, M. le Président, j'ai
essayé de faire ajouter quelque chose moi-même dans l'appendice et
je me suis fait répondre: après 9 heures et demie le matin,
inutile d'y penser.
M. JOHNSON: Après 9 heures et demie?
M. LESAGE: Après 9 heures et demie. Comme j'arrive à mon
bureau à 8 heures et demie, ça m'est arrivé de
réussir.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de l'Agriculture...
M. COURCY: Oui.
UNE VOIX: Il va reprendre son siège.
M. JOHNSON: Je préfère quand la cible est à la
place habituelle.
M. BELLEMARE: La cible est meilleure. Prix du lait
M. JOHNSON: Le ministre de l'Agriculture dans un très grand
discours à une dizaine de milliers de cultivateurs, a annoncé que
le gouvernement ou lui-même fait des pressions auprès du
fédéral pour que soit augmenté le revenu du cultivateur
lorsqu'il vend son lait industriel pour le lait ou le fromage et pour d'autres
fins. Quelles sont ces pressions?
M. COURCY: Le chef de l'Opposition, M. le
Président, a mal lu comme d'habitude.
M. BELLEMARE: Voyons donc! C'est vous qui avez mal parlé.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est vous qui avez mal parlé.
M. COURCY: C'est faux ce qu'il dit là.
M. JOHNSON: Ce n'était pas très clair ce qu'a dit le
ministre dans sa nervosité à ce moment-là; et sa
pâleur livide, M. le Président.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Concernant ceux qui vendent du lait pour consommation en
nature, et ceux qui vendent du lait pour fins industrielles,
c'est-à-dire fromage, beurre, lait en poudre, caséine, quelle
mesure le ministre a-t-il l'intention de prendre? A-t-il annoncé aux
cultivateurs comment il s'y prendra pour arriver à faire obtenir
à ces gens-là un montant additionnel?
M. COURCY: M. le Président, le chef de l'Opposition aurait
dû demander au député de Lotbinière qui assistait en
arrière dans les rangs avec les cultivateurs...
M. BELLEMARE: Vous l'avez vu?
M. COURCY: ... de leur dire ce que J'avais dit à cette
occasion.
M. LESAGE: Il est assez gros pour être visible
M. JOHNSON: Ce n'est pas exact.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. COURCY: M. le Président, j'ai déclaré, vendredi
dernier, au groupement des cultivateurs ce que nous avions discuté avant
avec les représentants de ceux-ci au Conseil des ministres, que j'avais
l'intention de recommander à la Régie des marchés
agricoles du Québec une hausse générale d'environ $0.20 le
100 livres de lait nature aux producteurs. Cela représente environ
11,000 producteurs pour un montant additionnel de $2,500,000 par
année.
Pour ce qui regarde l'autre catégorie qui ne relève pas de
la juridiction de la Régie des marchés, la fixation des prix, le
jour même de la réunion ici, le comité consultatif de la
Régie des marchés que nous avons formé voilà
environ un mois, avant même que les cultivateurs ne le demandent, un mois
avant, étudie la possibilité de trouver un moyen pour hausser le
revenu du cultivateur dans les productions de lait industriel tel que
caséine, fromage, beurre, lait en poudre, crème glacée.
Alors j'ai dit que la Régie des marchés par son comité
consultatif nous ferait un rapport en conséquence et qu'à ce
moment nous aviserions. M. le Président, c'est à peu près
les déclarations que j'ai faites...
M. GOSSE LIN: Ridicule!
M. COURCY: ... directement en face des cultivateurs où la grande,
grande majorité s'est mise à applaudir.
M. BELLEMARE: Ah oui!
M. LESAGE: M. le Président, sur cette question je voudrais
raconter ce qui s'est passé lors de l'entrevue que j'ai eue avec le
président de l'U.C.C. et les membres de l'exécutif devant ces
messieurs de la Presse ou les média d'information. C'est que je leur ai
donné des suggestions sur la façon de faire des pressions sur le
gouvernement canadien pour obtenir satisfaction en leur rappelant de quelle
façon le président de l'U.C.C. dans le temps M....
M. JOHNSON: M. Lemoyne.
M. LESAGE: ... M. Lemoyne avait agi avec mon aide qu'il a
qualifiée à ce moment-là de très précieuse,
j'étais ministre dans le gouvernement St-Laurent, pour
faire maintenir le prix minimum du beurre, alors qu'il était fortement
question de le diminuer.
M. JOHNSON: En quelle année? M. LESAGE: Pardon? M. JOHNSON: En
1957?
M. LESAGE: Je m'excuse, j'étais ministre juste avant 1957, c'est
en 1955 ou 1956.
Je m'en souviens très bien. Alors je leur ai dit: « Vous
avez des députés de la province de Québec qui sont des
membres du Conseil des ministres à Ottawa. Servez-vous en! Moi, on s'est
servi de moi, et puis avec succès. Alors, servez-vous-en! »
Pour ce qui est du rabais de 25% en ce qui concerne la taxe
foncière pour fins scolaires sur les fermes, les bâtiments de
ferme et la résidence du cultivateur dessus construite, le
Conseil des ministres a, ce matin, approuvé la suggestion que je
m'étais engagé à faire au Conseil. Et ces jours-ci je
présenterai un deuxième budget supplémentaire couvrant
spécialement ce point.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est peut-être un lapsus de
la part du ministre de l'Agriculture, mais il semble qu'il ait fait une erreur
en déclarant que la Régie des marchés n'avait pas
juridiction quant à la fixation du prix du lait pour fins
industrielles.
M. COURCY: C'est vrai! Je pense que le chef de l'Opposition...
M. JOHNSON: Voyons donc! Au même titre que l'autre?
M. COURCY: ... se trompe encore.
M. JOHNSON: Non, non, au même titre, M. le Président, que
la Régie a juridiction pour fixer des prix entre les producteurs et les
acheteurs de lait pour consommation nature. La Régie, lorsqu'il s'agit
d'approbation des conventions,...
M. COURCY: Ah!
M. BELLEMARE: Oui, elle fixe les prix.
M. JOHNSON: ... a aussi juridiction pour fixer un prix.
M. COURCY: Oui, c'est par les plans conjoints, M. le Président,
pour le lait industriel. Et la Régie peut, à l'occasion, lorsque
le vendeur et l'acheteur le lui demandent, arbitrer les différends qui
existent avant la formation des plans conjoints.
M. LESAGE: M. le Président, pour ce qui est du prix du beurre, le
chef de l'Opposition sait fort bien (je n'aurai pas besoin de lui faire de
dessin, comme on dit en langage courant) que, si le gouvernement de
Québec ou la Législature fixait un prix minimum pour le beurre
qui soit supérieur au prix auquel le beurre est vendu dans tout le reste
du Canada, ce serait le « dumping » de tout le beurre dans la
province de Québec et que le beurre de nos cultivateurs ne se vendrait
plus.
M. JOHNSON: C'est évident. M. LESAGE: Bien,
évidemment.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre de l'Agriculture
voudrait-il me corriger ou m'éclairer? Son sous-ministre aurait
déclaré que l'on songerait à inciter certains cultivateurs
à quitter leurs terres qui ne sont pas rentables et on leur paierait une
pension, une allocation de $50 par mois.
M. COURCY: M. le Président, le sous-ministre de l'Agriculture, M.
Mercier, dans une réunion de sous-ministres, je crois, à Guelph,
aurait posé la question: «Devrions-nous étudier cette
possibilité d'aider quelqu'un qui demeure sur une terre inculte et que
nous serions dans l'obligation, pour la consolidation de certains territoires,
de déplacer, devrions-nous étudier cette possibilité de
donner un montant, par exemple, une manière de pension de $50 par mois?
» C'est ce qu'il a déclaré. Un point d'interrogation et non
une affirmation.
M. BELLEMARE: C'est brillant comme planification!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Le ministre a sans doute pris connaissance de la nouvelle
parue dans le journal « Le Soleil »; c'était en huit
colonnes, en pages intérieures, ou il semblait qu'on était un peu
plus catégorique que ça.
M. COURCY: C'est ce que le sous-ministre m'a rapporté.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. J'ai l'impression qu'on engage
une discussion. Affaires du jour.
M. JOHNSON: M. le Président, il semble que le gouvernement en est
venu à une décision relativement aux périodes de paiement
des salaires ou des traitements des fonctionnaires...
M. LESAGE: Elle a été annoncée, oui.
M. JOHNSON: Le premier ministre a annoncé qu'on le ferait en 26
chèques au lieu de...
M. LESAGE: 26 chèques au lieu de 24. M. JOHNSON: ... 24. Il y a
chez certains...
M. LESAGE: A la demande de 83% des fonctionnaires.
M. JOHNSON: Oui, je sais que c'est ce qu'explique la déclaration
qui a été émise à tous
les fonctionnaires, et qui arrive forcément à des
fonctionnaires que je connais bien. C'est une demande des fonctionnaires qui,
au nombre de 18,865, ont voté en faveur de ce changement, sur
22,000.
M. LESAGE: C'est ça, oui.
M. JOHNSON: Mais là n'est pas ma question. Il semble,
d'après certains fonctionnaires, qu'à la fin de l'année,
on aura quand même perdu le fruit d'une journée de travail.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai bien expliqué que pour
cette année, ce serait chaque chèque représenterait
les 26/366e du salaire annuel, tandis que pour les autres années qui ne
sont pas des années bissextiles, cela représenterait les 26/365e.
De là l'erreur des fonctionnaires qui ont parlé au chef de
l'Opposition. C'est une année bissextile cette année.
UNE VOIX: Ah!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour.
M. LESAGE: Il y a 366 jours au lieu de 365! Cela va revenir tous les
quatre ans! Vous me la reposerez en 1968.
M. JOHNSON: M. le Président, ça m'a l'air que le premier
ministre se corrige. Cela m'a l'air que c'est lui qui a oublié que cette
année, c'était une année bissextile, de sorte que cette
année, on base la rémunération sur 365 au lieu de 366.
M. LESAGE: Bien non! Bien voyons donc! M. LE PRESIDENT: Affaires du
jour.
M. JOHNSON: C'est là, M. le Président, l'erreur.
M. LESAGE: Bien voyons donc!
M. JOHNSON: Ces gens-là, certains fonctionnaires, m'ont dit
qu'ils avaient fait faire les calculs aux machines électroniques, et
qu'il n'y avait pas à en sortir...
M. LESAGE: M. le Président, c'est un salaire annuel.
M. JOHNSON: Oui.
M. LESAGE: Alors, il y a 26 chèques. Quand il y a 366 jours ce
sont les 26/366e. Ce qui est plus petit comme montant évidemment que les
26/365e!
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour. A l'ordre, messieurs!
M. LESAGE: Numéro 11.
M. LE PRESIDENT: Affaires du jour!
M. LESAGE: Numéro 11. Cela fait quatre fois que je le dis.
M. LE PRESIDENT: M. Lesage propose que je quitte maintenant le fauteuil
pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides. Cette
motion sera-t-elle adoptée? Adoptée.
Subsides: procureur général
M. BEDARD (président du comité des subsides): Procureur
général. Toujours article 5, page 93, « Poursuites au
criminel ». Adopté?
DES VOIX: Adopté.
M. JOHNSON: Une minute. M. le Président, nous avons donc appris,
pour la première fois que le premier ministre de la province avait
été consulté avant l'émission des mandats contre
messieurs André Lagarde et Gaston Archambault, dans des circonstances
que le premier ministre nous a expliquées cet après-midi. Il
paraîtra un peu insolite aux membres de cette Chambre et à la
population que le premier ministre n'ait pas profité d'un débat
qui a duré plusieurs journées l'année dernière pour
faire connaître toute la vérité sur sa participation dans
cette affaire.
L'année dernière, j'ai relevé la
transcription des débats, le premier ministre a
évité de répondre clairement à une question que
j'avais posée dans le même sens, et il avait donné
l'impression à la population que la première fois qu'il avait
entendu parler de cette affaire, c'était le samedi soir, alors qu'il
avait un discours à prononcer, je crois, à Alma.
Evidemment, les membres de cette Chambre et la population jugeront
à leur mérite les déclarations du premier ministre et sa
conduite relativement à cette affaire, mais il reste que nous ne savons
pas encore qui aurait induit la police en erreur, en tentant d'impliquer
André Lagarde, et ainsi atteindre l'Union nationale doit il était
l'organisateur en chef, pour employer les termes de la déclaration du 19
mars 1963, signée par Me Guy Desjardins du bureau de substitut en chef
du procureur général; dé-
claration que le premier ministre de cette province a formulée
dans cette Chambre; qu'il avait autorisée spécifiquement,
puisque, à cette date du 19 mars, il agissait en qualité de
procureur général en l'absence du député
d'Outremont.
M. le Président, qui donc aurait induit en erreur la police? Il y
a M. le Président, deux personnes devant les tribunaux, et je ne veux
pas en parler. Est-ce qu'il y a d'autres personnes?
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je crois que dans toute
cette affaire-là, et il y a des relations, de l'interdépendance
entre chacune. Le chef de l'Opposition demande qui aurait induit la police en
erreur? J'ai établi, la semaine dernière, le nom des personnes
qui semblent avoir induit la police en erreur. Elles ont subi leur
procès. Elles ont été condamnées. Alors, il me
semble que cette question-là, on y a répondu.
Je ne voudrais pas... Il en reste deux qui sont devant les tribunaux,
mais il y en a un qui a été condamné qui s'appelle Orner
Fontaine, il a été condamné lui pour parjure; il y en a un
autre qui s'appelle Paquin, il a été condamné pour par
jure; il y en a un qui s'appelle Moreau, il a été condamné
pour parjure; il y en a un qui s'appelle Beaudoin, il a été
condamné pour conspiration} il y a un nommé Jolivet qui a
été condamné pour parjure. Si le chef de l'Opposition
demande ce que nous voyons par les dossiers, ceux qui ont induit la justice en
erreur, ce sont les gars qui ont été condamnés jusqu'ici.
Si il y en a d'autres M. le Président, personnellement, je ne le sais
pas, mais nous avons pris des procédures contre tous ceux, contre toutes
les personnes contre lesquelles il nous a été recommandé
de le faire par le juge Blain.
M. JOHNSON: M. le Président, le procureur général
doit admettre, comme moi, il est avocat, il a pratiqué,
peut-être plus que moi-même, M. le Président, il devrait
admettre ceci, nous avons le droit de poser une question au procureur
général pour savoir si tous ceux qui, en vertu de son
enquête à lui, enquête directe ou enquête par la
police, ont été des instruments pour induire la police en erreur,
sont réellement devant les tribunaux. M. le Président, c'est
là tout le problème; c'est là tout le joint. Nous ne
parlons pas de ceux qui sont déjà, qui ont déjà
été traduits devant les tribunaux, trouvés coupables,
où dont les procès sont encore pendants, mais nous disons au
procureur général: y en a-t-il d'autres qui ont été
mêlés à ça et qui ne sont pas poursuivis? J'en ai
donné un au procureur général. J'ai parlé de Me
Jean-Paul Grégoire, dont le rôle dans cette affaire apparaît
clairement dans des...
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève un
point d'ordre...
M. JOHNSON: Comment se fait-il qu'il n'est pas poursuivi?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. HAMEL (St-Maurice): Je soulève un point d'ordre qui a
été décidé par le comité, par vous, M. le
Président, confirmé par la Chambre. Nous avons pris des
procédures contre toutes les personnes contre lesquelles des preuves
suffisantes nous ont été données et cela sur la
recommandation du juge Blain.
M. LE PRESIDENT: En plus de ça, évidemment, en plus de la
décision rendue à la dernière séance, je tiens
à attirer l'attention du comité sur ce que doit être
normalement, à mon sens, la discussion des crédits d'un
ministère.
Lorsqu'il y a une certaine affinité entre les crédits
à voter et les questions qui sontposées, la coutume, la tradition
veut, évidemment, que la discussion soit assez large. Mais je ne crois
pas que les articles 381 et 342 permettent de faire une discussion ouverte,
complète d'une question en particulier, que ce soit celle-ci ou une
autre, et d'amener toutes sortes de discussions, de débats ayant trait
à des questions qui deviennent, parce qu'elles le sont actuellement,
hypothétiques.
Il y a, évidemment, des procédures bien normales, pour une
motion, un débat particulier sur un sujet particulier. Mais je tiens
à faire remarquer au comité qu'après tout nous avons
commencé l'étude de cet article, de ce crédit, le 28 mai:
ça fait cinq séances complètes que nous passons sur le
même article du même budget qui, en somme, est fait pour approuver
des crédits et non pas pour vider des questions de la nature de celles
qu'on discute présentement.
Je ne dis pas ça pour empêcher une discussion, mais pour
permettre qu'elle ait lieu en temps opportun et non pas lorsque se discute le
crédit lui-même du ministère du procureur
général. J'ajoute ça en plus de la décision qui a
été rendue mardi dernier.
M. JOHNSON: M. le Président, quand un ministre demande à
cette Chambre des crédits, c'est notre droit et même notre devoir
de nous assurer que ces crédits-là sont utilisés à
bon escient et qu'on ne s'en sert pas pour des fins
politiques, mais qu'on s'en sert pour des fins de justice.
Des crédits pour despoursuites criminelles, des sommes
demandées pour payer des avocats, nous avons le droit de savoir si ces
sommes ont été payées à des avocats qui ont
essayé d'appliquer la justice et non pour faire de la politique, faire
la campagne électorale avec ces fonds-là. Nous avons le droit, M.
le Président, de poser ces questions. Nous avons le droit même de
bloquer ou de tenter de bloquer le vote sur certains crédits quand la
Chambre n'a pas confiance qu'on les utilise à bon escient.
M. HAMEL (St-Maurice): Faites ça et puis on va voter.
M. JOHNSON: M. le Président, le premier ministre, d'une
façon, je regrette d'en parler en son absence, je vais tâcher de
limiter mon intervention là-dessus, mais je crois que je dois à
la justice d'en parler, a dit: « Bien, M. Lagarde, il semble, a
été libéré, il a été acquitté.
Il y avait un doute raisonnable. » M. le Président, je sais de
bonne foi, certains journaux laissent aussi entendre la même chose: on
dit par exemple ici dans un journal que M. Lagarde a été
libéré: « At preliminary hearing on the grounds no case had
been proved. »
C'est exact qu'à l'enquête préliminaire le juge a
déclaré qu'il n'y avait pas de preuve suffisante pour envoyer M.
Lagarde au procès, ni M. Archambault. C'est exact, ça: ils n'ont
pas été acquittés, ils ont été
libérés. Il est exact aussi, comme je l'ai dit tantôt, que,
le 19 mars, l'avocat de la Couronne est allé plus loin: il a reconnu que
M. Lagarde avait été la victime parce que certains individus
auraient induit la police en erreur.
M. le Président, ce que le premier ministre sait, ce qu'il ne dit
pas, ce qu'il laisse entendre plutôt, au contraire, c'est que M. Lagarde,
c'est lui qui a fait l'enquête après sa libération à
l'enquête préliminaire.
C 'est lui qui a dû faire enquête personnellement pour
amener devant les tribunaux tous ces gens-là qu'a mentionnés le
procureur général. Ce n'est pas la police qui a fait
l'enquête, c'est M. Lagarde, et c'est ça qu'on veut comprendre. M.
Lagarde a provoqué une préenquête. A la suite de la
pré-enquête, le juge Blain a suggéré des poursuites
contre X,Y,Z, et d'autres. Le procureur général tantôt a
dit: « Nous avons poursuivi ses gens-là. » Correct! Mais
comment se fait-il que ce n'est pas la police qui ait fait l'enquête?
Comment se fait-il que c'est un citoyen, un contribuable, qu'on oublie
son titre d'organisateur politique, M. le Président, comment se
fait-il que c'est un citoyen qui a dû prendre sur lui de faire une
enquête et de forcer la police à marcher?
M. le Président, le procureur général n'a pas
bougé dans cette cause-là, malgré les demandes
répétées de M. Lagarde, tant que le juge Blain n'a pas
fait éclater l'affaire lors de la pré-enquête, et
même le procureur général a donné mandat à un
avocat, Me Guy Favreau de représenter la police pour empêcher que
la police et Guy Desjardins ne témoignent à la
pré-enquête. Le gouvernement de la province de Québec a
donné un mandat spécifique, qu'on lise la
déclaration de Me Guy Favreau un mandat spécifique de
s'opposer au témoignage de Guy Desjardins et de certains officiers de la
police, entre autres M. Brunet et M. Houle. Lors de la
pré-enquête, non seulement le procureur général n'a
pas fait son devoir, non seulement le procureur général n'a pas
fait d'enquête pour savoir qui avait induit en erreur la police et la
Couronne mais il a fallu qu'il aille jusqu'à donner un mandat à
un avocat comme M. Favreau pour empêcher que la lumière se fasse.
Que le procureur général nous explique le pourquoi de cette
attitude.
Aujourd'hui le premier ministre se lève, puis il dit: tout est
normal là-dedans, moi je suis un grand avocat, j'ai été
cinq ans avocat de la Couronne; ça fait seulement 19 ans de ça,
mais, je connais ça, j'ai été cinq ans avocat de la
Couronne; alors comme avocat de la Couronne, vu ma grande expérience, M.
Lapalme procureur général m'a consulté, et j'ai pris
l'avis de deux grands criminalistes, Guy Desjardins et Me Jean Bienvenu. Deux
grands criminalistes qui n'avaient jamais touché une cause criminelle
dans le cas de M. Desjardins avant 1960, qui a plaidé deux causes comme
avocat de la Couronne de 1960 à 1962, d'après mes
renseigenements, le procureur général me contredira
là-dessus, quand à M. Bienvenu, je ne connais pas son
expérience au criminel avant 1960, mais je pense qu'il a
été admis au Barreau en 1958. En 1956? En 1956. M. le
Président, avait-il la réputation d'un grand criminaliste
à Québec?
M. LOUBIER: Pas du tout.
M. JOHNSON: Les avocats de Québec peuvent répondre mieux
que moi. On me dit qu'il n'était pas connu comme un criminaliste. Deux
avocats libéraux, nommés là parce qu'ils étaient
libéraux.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève encore
un point d'ordre. C'est toujours le même sur lequel votre décision
a été
rendue, qui a été approuvée par la Chambre. Si M.
Lagarde ou M. Archambault prétendent qu'ils n'ont pas été
traités injustement, ça n'est pas la Chambre qui peut les
rétablir ou les indemniser des dommages que ça a pu leur causer.
C'est la Cour qui peut le faire, et c'est la procédure normale.
Quand on est traité injustement, sans cause probable, la Cour a
toujours accordé les dommages. C'est la procédure à
suivre. Quand bien même on discuterait pendant une heure ce
problème, on ne pourra pas dire: M. Lagarde, vous avez subi des dommages
pour tant. Maintenant, on a parlé tantôt de Jean-Paul
Grégoire. Jean-Paul Grégoire a été appelé
deux fois devant le juge Blain.
Le juge Blain n'a pas jugé à propos de recommander que des
poursuites soient prises, et si mon souvenir est exact, dans les rencontres de
monsieur Grégoire devant le juge Blain, il a été question
de Boisjoli, il a été question d'autres qui sont actuellement
devant les tribunaux. Je me demande pourquoi persister, à mon sens,
à se rendre coupable de mépris de cour, si on présume
d'une façon quelconque, ou bien des témoins qui peuvent
être amenés dans cette cause-là, ou bien de la
culpabilité de ces gens-là. Alors je soumets mon point d'ordre,
monsieur le Président, et je veux une décision.
M. JOHNSON: Le point d'ordre est le suivant, si je le comprends bien.
Nous ne pourrions pas parler de l'injustice qui a été faite
à monsieur Lagarde, et à monsieur Gaston Archambault, parce qu'il
y aurait deux causes pendantes, et tant qu'on fera trader les causes, on ne
pourra pas parler de ça en Chambre. Cela reviendrait à ça.
Je ne parle pas de Boisjoli et de Sauvé. Je parle de ceux qui ont des
causes dont on a déjà disposé, et je parle des
procédures qu'on aurait dû intenter et qu'on n'a pas
intentées. Je ne parle pas des deux causes qui sont actuellement en
instance devant les assises.
M. HAMEL (St-Maurice): Y a-t-il des relations entre ça?
M. JOHNSON: Je ne sais pas, monsieur le Président, mais j'ai le
droit de savoir comme député de l'Opposition, s'il est vrai qu'on
a utilisé des sommes votées pour poursuites au criminel en les
faisant servir à des fins politiques, et en camouflant certaines
personnes qui ont comploté là-dedans, et qui ne sont pas devant
les tribunaux.
M. COURCY: La réponse est non.
M. BEDARD (Président): Justement, tout à l'heure, je
voyais que le chef de l'Opposition voulait s'en tenir aux crédits et
à la discussion objective lorsqu'il a dit: « Oublions le titre de
monsieur Lagarde d'organisateur de l'Union nationale ». Mais
subséquemment, lorsque le procureur général a
soulevé son point d'ordre, justement à ce moment-là, j'ai
moi-même réalisé que le chef de l'Opposition en faisait une
question politique, lorsqu'il référait aux deux avocats
Desjardins et Bienvenu. Il semblait plutôt y référer comme
étant des membres d'un parti plutôt que des criminalistes, et
même mettant en doute leur valeur comme criminalistes.
A ce moment-là, je dis qu'en vertu du règlement 381,
surtout la note 2, et 342, c'est un débat qui peut faire l'objet de
discussions, mais qui devrait se faire sous forme de motion ou autrement, mais
non pas à l'étude des crédits du procureur
général « sur poursuites au criminel, » parce que
là on en fait un débat bien distinct, qu'on l'appelle politique
ou non, mais qui ne peut pas être relié directement avec les
crédits que nous sommes appelés à voter ici.
C'est ce que J'ai essayé de dire tout à l'heure, et si on
ne s'en tient pas à cette ligne de conduite, ce sera à la Chambre
d'en décider, mais c'est là mon interprétation du
règlement.
M. JOHNSON: Monsieur le Président, je tâcherai de me
conformer à votre décision, mais je voudrais poser une question
relativement à la cause du citoyen Lagarde, et la cause du citoyen
Archambault. Pourquoi n'y a-t-il pas eu de préenquête avant
l'émission des mandats dans ces deux causes?
M. HAMEL (St-Maurice): Parce que dans le temps, il n'a pas
été jugé à propos de le faire, monsieur le
Président, et si mon souvenir est exact, le problème des
préenquêtes n'est arrivé qu'après le fait, en autant
que je me souvienne, parce que des préenquêtes, si mon souvenir
est exact, il n'a pas été question de ça, sauf
peut-être après cette affaire de Lagarde.
M. JOHNSON: Le souvenir et la mémoire du ministre,
procureur-général, sont bien défaillants. Il y eut des
préenquêtes avant le 3 novembre 1962, et
précisément, quelques mois auparavant, et pendant
l'élection municipale de 1960. Quand des adversaires politiques du maire
actuel ont demandé des arrestations, des mandats, le juge en chef de la
Cour des sessions de la paix, l'honorable juge Edouard Archambault avait
exigé que l'on procède à une préenquête avant
l'émission des mandats. Et
même, il a vu à ce que la préenquête ne soit
pas tenue pendant les élections. Alors...
M. HAMEL (St-Maurice): Qu'est-ce que le chef de l'Opposition dit
là?
M. JOHNSON: Même il a vu à ce que la
préenquête n'ait pas lieu pendant les élections. Il n'y a
eu aucune publicité autour de cette demande de mandats contre des
adversaires politiques.
M. le Président, au contraire dans la cause de M. André
Lagarde et de M. Gaston Archambault c'est la province, le chef du Parti
libéral, le premier ministre, qui a autorisé des mandats contre
deux citoyens, en pleine période électorale, sans
pré-enquête et sur des indices qui se sont avérés
extrêmement faibles, évidemment non seulement insuffisants, mais
faibles. Et qui a jugé de la qualité des indices? C'est le
premier ministre de la province, chef du Parti, à la demande et à
la suggestion de deux avocats, Me Desjardins et Me Jean Bienvenu.
Si le premier ministre ou le procureur général pouvait
nous dire dans cette Chambre qu'il y avait d'autres indices que ceux qu'on a
connus par la suite par des témoignages devant les tribunaux, ça
serait leur devoir de nous éclairer immédiatement sur cet aspect
du problème. Car, s'il est exact qu'on n'avait au moment de la
décision de faire émettre des mandats contre MM. Lagarde et
Archambault, que les indices qui consistaient en la mention du nom de M.
Lagarde sur un paquet déposé dans un casier à la gare
Windsor, M. le Président, je serais justifié de déclarer
que le ministère du procureur général du temps, le premier
ministre du temps et de maintenant, sont des gens qui ont écouté
bien plus leur sens politique que leur sens de la justice, et j'aurais le droit
de demander une enquête royale sur la cause de ces deux mandats
émis sans pré-enquête sur des indices ridiculement faibles,
qu'un élève de septième année trouverait
insuffisants pour porter un jugement, encore moins pour prendre le resque de
salir des réputations...
M. LE PRESIDENT: Vous êtes au fond de l'affaire.
M. JOHNSON: M. le Président...
M. LE PRESIDENT: Vous êtes rendu au fond encore, je vais
être obligé de vous...
M. LOUBIER: On a jasé une semaine l'année
passée.
M. JOHNSON: M. le Président, l'année der- nière le
débat a duré une semaine. Le procureur général du
temps n'avait pas d'objection. Il m'a offert certains documents que je n'ai pas
encore incidemment. Je ne sais pas si le procureur général va me
les remettre; rapport de M. Healey et de M. Auclair. Le rapport dans lequel on
dit entre autres choses qu'en arrivant à Montréal, M. Jean-Paul
Grégoire a présenté deux personnages sous de faux noms.
Est-ce la raison pour laquelle je n'ai pas ce rapport qui m'a été
promis à deux reprises en Chambre par le procureur
général? Je pense que le procureur général devrait
me répondre tout de suite, ça peut changer
considérablement le cours de la discussion.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, la production de
documents ne se fait pas en comité, elle se fait en Chambre. Si le chef
de l'Opposition veut faire une motion, la motion sera examinée à
son mérite et si dans le temps la Chambre décide de l'accorder,
elle l'accordera. Les documents demandés seront produits si la Chambre
en décideainsi. Ce n'est pas devant le comité que l'on produit
des documents.
M. JOHNSON: M. le Président, quand un ministre dans cette Chambre
déclare de son siège qu'il va déposer un document, il doit
le déposer et ce n'est pas la Chambre ensuite qui pourra le relever de
cette... M. le Président, où est le sens de la gentilhommerie?
Où est la parole donnée, publiquement, en Chambre?
L'obstination du procureur général à ne pas
respecter la parole de son prédécesseur, les circonstances dans
lesquelles le premier ministre a pris une décision en consultant, entre
autres, un procureur de la Couronne qui était en tournée
électorale avec lui au Lac St-Jean, d'après les propos même
du premier ministre tantôt, nous justifient de dire dans cette Chambre
que le parti au pouvoir cache quelqu'un, couvre quelqu'un, si ce n'est
lui-même, et me justifient de demander que la lumière soit faite
totalement sur cette affaire par d'autres que ceux qui ont intérêt
à ce que la lumière ne soit pas faite.
M. LE PRESIDENT: Article 5, adopté? M. HAMEL (St-Maurice):
Adopté. M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. JOHNSON: Non, à 5 est-ce qu'il n'y avait pas des questions
pendantes que j'avais posées et auxquelles le ministre n'a pas encore
répondu?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne crois pas. M. JOHNSON: Dans d'autres
poursuites?
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois qu'à la dernière
séance on a donné toutes les informations qui nous avaient
été demandées.
M. JOHNSON: J'aurais voulu demander des explications au ministre sur une
poursuite dans un district, le district de Saguenay comme on l'appelle? Baie
St-Paul, la Malbaie?
M. HAMEL (St-Maurice): Saguenay, oui.
M. JOHNSON: Ce ne sera pas long, M. le Président, j'ai
retrouvé mon dossier. Il s'agirait, M. le Président, d'une cause
de la reine versus X. Pour le moment il n'y a aucun intérêt
à identifier cette personne, district de Saguenay, cause No 9619, greffe
de la paix: présent, le juge Gérard Simard, Me Marc Dufour
procureur de la couronne. La reine versus Untel. L'accusé
comparaît, plaide coupable; l'accusé comparaît, option:
magistrat seul. J'ai une copie certifiée du document de la Cour.
M. HAMEL (St-Maurice): Quelle date?
M. JOHNSON: J'y arrive à la date, la vraie copie c'est le 12 mai
1964 mais la copie du document c'est le 29 avril 1964.
M. HAMEL (St-Maurice): Le 29 avril 1964.
M. JOHNSON: C'est ça. Jugement: sentence suspendue pour une
période de deux ans moyennant caution personnelle de $500 d'avoir
à garder la paix pour deux ans. Le prévenu devra rester en prison
aussi longtemps que le cautionnement ne sera pas fourni.
Il s'agissait, M. le Président, d'une plainte ainsi
libellée: « Dénonciation de la Sûreté
provinciale de Québec au nom de Sa Majesté la reine par
Origène Dufour, domicilié et résidant à Baie
St-Paul, comté de Charlevoix, district de Saguenay, en sa qualité
d'agent de la Sûreté provinciale de Québec, qu'elle
déclare qu'il y a des motifs raisonnables et probables pour croire et
qu'il croit que le 25e jour du mois de septembre 1962 aux Eboulements, Untel,
de Baie St-Paul, étant fonctionnaire du ministère du Revenu, a
illégalement et frauduleusement par la supercherie, le mensonge,
frustré Rodolphe Deschênes, des Eboulements, d'une somme de $60,
le tout contrairement à l'article 323 du Code criminel. Origène
Dufour »,etc.
M. le Président, on m'informe, et le procu- reur
général pourra me corriger ou compléter mes
renseignements, qu'il s'est agi d'une enquête faite au bureau du
percepteur du revenu et qu'on l'aurait trouvé «
défalcataire » pour un montant dans les quatre chiffres,
peut-être $2,000 ou $3,000. On a fait une cause sur un montant
spécifique, et on sait que c'est mieux de procéder de même
aujourd'hui (la Cour d'appel a déjà déclaré que,
même si onprouvait plusieurs milliers de dollars, si on ne prouve pas un
cas spécifique on manque son coup), on aurait donc décidé
de procéder sur une cause, un montant de $60. L'accusé a
plaidé coupable. Il a bénéficié d'une sentence
suspendue. Et il se trouve beaucoup de gens dans la région pour
déclarer que c'est le fruit d'une intervention politique que cette
sentence bénigne.
Mes questions sont les suivantes: A quelle date ce fonctionnaire est-il
entré en service? Sur la recommandation de qui? Quel est le montant
total de défalcation ou de détournement que l'enquête a
révélé? Et pourquoi a-t-on procédé seulement
sur un montant de $60? Et y a-t-il eu des interventions pour que la sentence en
soit une de sentence suspendue?
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président...
M. JOHNSON: Je dois dire au procureur général que j'en
avais parlé au député. J'avais averti, il y a longtemps,
le député de Charlevoix que ce cas-là serait
apporté. Alors il m'a dit qu'il se préparerait en
conséquence pour me donner des explications.
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, c'est tout de même la
responsabilité du ministère du procureur général de
discuter de ces problèmes-là, premièrement. Mais je crois,
M. le Président, que c'est une question précisément qui
devrait être incluse au feuilleton. Il y a 100,000 dossiers qui s'ouvrent
chaque année au procureur général. Alors, il n'est pas
raisonnable de demander des informations comme celles-là. Qu'on pose la
question au feuilleton. Nous saurons les termes de la question. Nous saurons ce
que veut savoir le chef de l'Opposition. Et nous jugerons à ce
moment-là s'il y a lieu de donner, je crois bien qu'il n'y a pas
d'Inconvénient à ça, toutes les informations. Mais,
ce n'est pas juste pour les ministres qu'on pose des questions comme
celles-là sur des cas particuliers, sur un total de 100,000, ça
n'est pas juste d'exiger une réponse. Qu'on pose la question au
feuilleton et nous allons y répondre.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais, si le
député me permet, dire au ministre qu'il
a raison en principe. Il ne peut pas se rappeler de tout ça. Je
n'ai pas d'objection soit à attendre, soit à entendre des
explications d'un autre. J'ai naturellement présumé que le
député de Charlevoix, qui était déjà au
courant de la possibilité de mon intervention sur ce cas, en aurait
averti le procureur général. Encore une fois j'admets qu'il ne
peut pas répondre de but en blanc. Il a assez de misère à
répondre quand il a les documents.
M. MAILLOUX: M. le Président, comme je n'ai absolument rien
à cacher dans le fait que vient d'apporter devant cette Chambre le
député de Bagot, je répondrai, si monsieur le procureur
général me le permet, aux questions qui ont été
posées par le chef de l'Opposition.
L'individu en question, que vous appellerez M. X, si vous voulez, a
été nommé en 1961, si j'ai bonne souvenance, après
le décès du percepteur du revenu qui y était auparavant
depuis dix-sept ans, je crois.
Est-ce que le gouvernement dans le temps était justifié de
nommer cette personne? Je sais que cet individu a travaillé pendant
au-delà de dix ans pour la compagnie Vaillancourt, qui vend des produits
que tout le monde connaît, dans l'ensemble de la Côte-Nord. Je n'ai
pas eu évidemment à faire dans ce temps-là, en aucune
façon, une recommandation, sauf que je crois que le ministère
était justifié de l'accepter.
Le chef de l'Opposition est allé récemment dans
Charlevoix, et il prétend que des gens lui auraient dit que par suite
d'une intervention politique, cette personne-là aurait
bénéficié d'une sentence suspendue. Je dois
déclarer dans cette Chambre que si M. Rodolphe Deschênes,
propriétaire d'une salle de quilles aux Eboulements, a fait une plainte
au ministère du Revenu, c'est à ma suggestion. M. Deschênes
est venu me rencontrer lors d'une assemblée d'agriculteurs de pommes de
terre, aux Eboulements, et il m'a dit carrément: « Je regrette,
mais il semble que je paie un tarif excessif pour ma salle de quilles. »
Et la réponse a été la suivante de ma part: « Je
suis complètement profane dans le prix qu'on peut vous charger au
ministère du revenu. Vous allez écrire à M. Eric Kierans,
et je pense que vous aurez une réponse nette et précise.
»
Quatre jours après, le percepteur du revenu était
destitué, et la Sûreté provinciale est venue arrêter
évidemment cet individu-là chez lui. On l'a amené à
la prison de La Malbaie. Il est passé devant un juge que je ne connais
pas, qui s'appelle le juge Gérard Simard. Et comme le chef de
l'Opposition m'avait pressenti de cette question, j'ai demandé au
procureur de la
Couronne de la Malbaie s'il y avait eu une intervention quelconque en
faveur de cet individu-là, que je savais sorti de l'hôpital quatre
jours avant pour s'être fait enlever l'estomac au complet.
Alors, je présumais, évidemment, qu'un médecin
quelconque avait pu demander au juge de retarder la condamnation. Mais c'est
seul le juge Gérard Simard qui a décidé, et je pense que
le chef de l'Opposition pourrait avoir de sa part tous les renseignements
nécessaires, s'il le désire.
Je sais également, que, par la suite, le ministère du
Revenu, a envoyé à chaque personne qui avait reçu une
licence de ce bureau-là, un avis leur demandant de bien vérifier
si le montant remis au ministère du Revenu était le montant,
parce que, dans la plainte formulée par M. Rodolphe Deschênes, il
demeure que le reçu remis a M. Rodolphe Deschênes indique une
licence de $120, alors qu'au ministère du Revenu le duplicata indique
$60.
Il y a eu une sentence suspendue mais je crois que le ministère
du Revenu fait présentement enquête et s'il y a lieu, il
portera une autre plainte, je présume. Mais, à toutes fins, je
déclare qu'en aucun temps, ni d'aucune façon, par l'entremise de
qui que ce soit, je n'ai jamais intervenu pour le protéger, mais que
c'est moi-même qui ai demandé à M. Deschênes de
porter plainte au ministère du Revenu.
M. JOHNSON: M. le Président, si le député de
Charlevoix était avocat, je le recommanderais comme procureur
général. C'est clair, c'est précis, c'est net et nous
prenons sa parole et je pense que tout le monde y regagne à ce qu'un
député ait l'occasion de mettre de côté des
qu'en-dira-t-on, des placotages qui se font contre tous les
députés. Nous avons été victimes de ça et
nous le sommes encore, et si jamais on veut me rendre service, on me donnera
l'occasion, comme je l'ai fait consciemment, d'ailleurs, cet après-midi,
on me donnera l'occasion d'expliquer aussi clairement ce qu'on a contre moi.
C'est autant de fait pour celui-là.
Je pense qu'il n'est pas nécessaire que le procureur
général fouille le dossier, sauf pour dire si oui ou non à
une séance ultérieure, s'il y a eu des demandes écrites ou
verbales dont on aurait note dans le dossier, ou des interventions dis-je pour
la sentence. Si j'ai bien compris, l'accusé sortait de l'hôpital.
C'est un détail que je ne savais pas et c'est peut-être la raison,
une raison parfaitement justifiable, je pense bien, qui a occasionné
cette sentence suspendue dans une cause qui paraît grave aux yeux de la
population de là-bas.
Maintenant, je pense que le député de Charlevoix a fait
une seule erreur; c'est que je ne peux pas obtenir du juge Simard des
informations. Ce n'est pas, je pense, ce n'est pas régulier. En tout
cas, je ne l'ai jamais fait, de communiquer avec un juge et lui demander les
motifs de son jugement à moins qu'on soit procureur
général ou fonctionnaire dans le ministère du procureur
général. Et là, encore, je me demande quelle est...
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne l'ai jamais fait!
M. JOHNSON: ... la limite de la juridiction du procureur
général et quelle est la pratique. C'est une excellente question,
si le procureur général veut nous éclairer
là-dessus.
M. HAMEL (St-Maurice): En pratique, quand il y a quelque chose, certains
incidents qui sont survenus en Cour à un moment donné, c'est
arrivé, à ma connaissance, à deux reprises disons, et j'ai
demandé aux avocats de la Couronne qui avaient occupé dans cette
cause-là, un rapport sur ce qui s'était passé, et c'est
l'avocat de la Couronne qui m'a donné les informations que je voulais
avoir.
M. JOHNSON: Mais, le procureur général peut-il exiger d'un
juge que celui-ci lui donne par écrit ou verbalement les motifs de sa
sentance, du « quantum » de la sentence?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne le crois pas. Les motifs de la sentence
doivent être indiqués dans le jugement normalement et si nous ne
sommes pas satisfaits de la sentence, le remède approprié, c'est
l'appel. Je ne vols pas comment on peut demander à un juge: «
Pourquoi vous avez rendu tel jugement? »
M. JOHNSON: A plus forte raison, le chef de l'Opposition ne peut pas le
faire. Dans le comté de Rivière-du-Loup, est-ce qu'il y a
plusieurs poursuites pour...?
M. BELLEMARE: Hop! On vous a réveillé!
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a plusieurs poursuites de ce genre, du genre
de celle dont on a parlé tantôt? Le député de
Rivière-du-Loup pourrait sans doute nous dire s'il y a eu des poursuites
semblables à celle que nous a décrite tantôt le
député de Charlevoix?
M. HAMEL (St-Maurice): De mémoire, je ne le sais pas.
M. JOHNSON: Non, mais le député de Rivière-du-Loup
pourrait nous dire ça.
M. COUTURIER: Tout ce qui touche le procureur général, je
ne m'en occupe pas.
M. BELLEMARE: Et comment! Le sommeil du juste!
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, c'est adopté le numéro
5.
M. BELLEMARE: Non, non.
M. HAMEL (St-Maurice): Il était adopté avant. Le chef de
l'Opposition a demandé une question additionnelle pour l'affaire de
Charlevoix, mais j'avais compris que c'était adopté.
M. JOHNSON: J'étais debout à ce moment-là.
M. BELLEMARE: Moi j'en al une, elle n'est pas maligne.
M. JOHNSON: Allez-y!
M. BELLEMARE: L'Association des policiers a envoyé en 1963, au
mois de novembre, un mémoire au procureur général pour la
nomination d'un assistant procureur général qui serait un
crlminologue. Est-ce que le procureur général a donné
suite, parce que dans cette déclaration, dans cette résolution
officielle, il était dit: « L'Association espère avoir une
réponse favorable d'ici deux semaines »?
Ce mémoire était adressé à l'honorable
procureur générai, le 21 novembre 1962. Et il était dit
que « devant (la) situation grave de la criminalité dans la
province de Québec l'Association réitère fermement son vif
désir de nomination immédiate d'un assistant procureur
général criminologue de façon à lutter contre le
crime non seulement sur le plan de la punition mais également sur le
plan tout aussi important de la prévention et de la
réhabilitation et déclare comme urgent la nécessité
évidente de la Loi de la Police qui est actuellement à
l'étude », et le reste et le reste.
Mais, est-ce que l'Association a eu une réponse effective et
est-ce que c'est l'intention du procureur général de nommer un
assistant procureur général criminologue afin de répondre
à cette demande qui lui a été faite?
M. HAMEL (St-Maurice): Nous avons nommé un criminologue au
service du ministère du Procureur général. Il est
entré en fonction ce matin.
M. BELLEMARE: Ah! Cette question est bien importante.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est un homme civilisé. Il a
été obligé de donner les avis requis par son ancienne
fonction, alors il a donné l'avis minimum d'un mois.
C'est au cours du mois d'avril ou mai que la discussion s'est faite et
nous avons cherché pendant quelque temps; nous avons discuté avec
la société de criminologie et, après avoir discuté
avec tous ces gens-là, nous en sommes venus à la conclusion que
ce qu'il nous fallait, pour le moment, c'était un criminologue au
service du ministère qui devrait s'occuper de tous les problèmes
qui relèvent de la criminologie et je lui ai demandé de
voir...
M. BELLEMARE: Est-ce que le ministre pourrait nous donner son nom?
M. HAMEL (St-Maurice): Maurice Gauthier.
M. BELLEMARE: Maurice Gauthier! est-ce que c'est un avocat?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce n'est pas un avocat, c'est un psychologue qui
a une éducation universitaire importante; il est diplômé
d'université; il a une expérience pratique considérable.
Alors j'ai pensé, dans les circonstances, que cette personne-là
qui alliait une formation universitaire à une expérience pratique
considérable était susceptible de rendre énormément
de services au ministère.
M. BELLEMARE: Il a été nommé ce matin, qu'on nous
annonce?
M. HAMEL (St-Maurice): Il a été nommé il y a
quelques jours ou quelques semaines, mais il est entré en foncton ce
matin.
M. BELLEMARE: A quel salaire? M. HAMEL (St-Maurice): $11,200.
M. BELLEMARE: $11,200. Il venait de Montréal?
M. HAMEL (St-Maurice): Il venait de Montréal. Bien, de
Montréal ou de la banlieue de Montréal.
M. BELLEMARE: Quel est le dernier emploi qu'il occupait?
M. HAMEL (St-Maurice): Il était à l'Ins- titut Leclerc qui
est rattaché au pénitencier de St-Vincent- de- Paul.
M. BELLEMARE: Il a été là combien de temps? Deux
ans, trois ans?
M. HAMEL (St-Maurice): Là par coeur... Il y a sept ou huit ans,
je crois, qu'il est dans cette branche particulière. Il a
été au péniten-cir de Kingston, il a été au
pénitencier de St-Vincent-de-Paul, et il était jusqu'à ces
derniers temps au service de l'Institut Leclerc. En autant que je me rappelle,
il a sept ou huit ans de pratique, peut-être. Il a 36 ou 37 ans. Il a
travaillé quelques années, au début, dans
différentes sociétés de criminologie ou différentes
sociétés de bien-être, de réhabilitation
privée.
M. BELLEMARE: Alors, l'association va se réjouir, je suppose, de
cette nomination?
M. HAMEL (St-Maurice): J'imagine.
M. BELLEMARE: Alors, nous sommes très heureux de l'avoir appris
cet après-midi. Le ministre pourrait-il nous dire, en terminant cette
étude de l'item 5: « Poursuites au criminel », combien il
reste de causes de meurtre dans la province de Québec qui ne sont pas
réglées définitivement?
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, j'avais ça au
moment où on a discuté de la Sûreté provinciale,
parce que c'est dans le rapport de la Sûreté provinciale. Je ne
l'ai pas mais je pourrai donner les informations au ministre...
M. BELLEMARE: Au ministre, merci!
M. HAMEL (St-Maurice: ... au député de Champlain...
M. BELLEMARE: Cela serait mieux.
M. HAMEL (St-Maurice): ... je pourrai lui donner les informations, s'il
le veut.
M. BELLEMARE: Maintenant, est-ce qu'il pourrait nous dire, par exemple,
combien il y en a à Québec, combien il y en a dans
Montréal qui sont...
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois que nous avons tout ça, mais
ça rentre dans le rapport de la Sûreté provinciale.
M. BELLEMARE: Combien, depuis 1960, par exemple, de causes de meurtre
qui n'ont pas été solutionnées?
M. COUTURIER: Moins qu'avant 1960.
M. HAMEL (St-Maurice): En autant que je me rappelle, parce qu'il y a des
causes de meurtre, il y en a qui relèvent strictement de la police de
Montréal, qui sont sous la juridiction de la police de Montréal
ou de la police de Québec. Cela ne veut pas dire que la
Sûreté provinciale ne coopère pas dans tous les cas. Mais,
en autant que je me rappelle, on m'indiquait vingt meurtres, pendant une
certaine période de temps, vingt et un meurtres, je crois; vingt avaient
été éclaircis, il en restait un en suspens. Je cite de
mémoire le rapport que j'avais au moment où on a discuté
de la Sûreté provinciale.
M. BELLEMARE: Le ministre pourrait peut-être fournir ces
chiffres-là dans une séance subséquente?
M. HAMEL (St-Maurice): Ah, je n'aurais pas d'objection.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 6: « Administration des
palais de justice et prisons ».
M. JOHNSON: M. le Président, c'est peut-être l'occasion de
demander au ministre s'il a l'intention d'apporter un bill pour abolir les
pétitions de droit. Est-ce que c'est en préparation
ça?
M. HAMEL (St-Maurice): Je pourrais plutôt dire que c'est en
discussion, mais je ne suis pas en mesure de dire si nous apporterons une
législation cette année dans ce domaine-là.
M. BERTRAND (Missisquoi): Cela, ça ne viendrait pas avec la
revision du Code de procédure civile?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est possible.
M. BERTRAND (Missisquoi): On en parlera tantôt sur le rapport de
la commission. Il y a un item là-dessus, sur la revision du Code de
procédure civile; on pourrait peut-être en parler
tantôt.
M. HAMEL (St-Maurice): Certainement.
M. JOHNSON: M. le Président, nous sommes rendus à
l'administration des palais de justice et prisons. Je pense que le
député de St-Jacques a une question à poser.
M. DOZOIS: Alors, une question, seulement,
M. le Président. Il y a quelques semaines, ici, lors de
l'étude des crédits du ministère des Travaux publics, j'ai
soulevé la question de l'hôpital psychiatrique des détenus
que le gouvernement doit faire construire, je crois que c'est à
Rivière-des-Prairies, selon une nouvelle qui avait paru dans «
Dimanche-Matin ». A ce moment, j'avais informé la Chambre que,
d'après « Dimanche-Matin », les plans étaient
prêts.
Le gouvernement a fait exécuter des plans de construction. Le
journal rapportait que ces plans avaient été soumis au
ministère de la Justice à Ottawa et que les officiers de ce
ministère avaient déclaré que c'étaient les plus
beaux plans pour ce genre d'institution qu'ils n'avaient jamais vus. Mais,
depuis ce temps, d'après la remarque qu'a faite le ministre des Travaux
publics, on attendrait qu'une décision soit prise (je ne sais pas si
c'est du ministère de la Santé ou du procureur
général) pour réaliser la construction de cet
hôpital qui est une nécessité, je crois, à
Montréal, tout le monde s'entend là-dessus.
Est-ce que le procureur général pourrait nous dire si son
ministère a eu à approuver ces plans ou s'il a eu une
recommandation à faire ou s'il a demandé qu'on hâte la
construction de cet hôpital psychiatrique de façon à
libérer la prison de Bordeaux?
M. HAMEL (St-Maurice): Le ministre de la Santé, qui est
particulièrement compétent, je pense qu'il est prêt
à répondre à cette question-là qui relève du
ministère de la Santé.
M. DOZOIS: Très bien.
M. COUTURIER: M. le Président, pour l'hôpital à
sécurité maximale les plans sont terminés et il se
construira un hôpital de 324 lits et, avant que les plans soient faits,
le ministère de la Santé a envoyé des experts en cette
matière dans différents pays, aux Etats-Unis et en Europe. Ces
gens ont collaboré avec le département du procureur
général à la confection des plans. Le tout est
terminé et la construction commencera sous peu. Le terrain a
été acheté à la Rivière-des-Prairies et,
bientôt, les travaux commenceront.
M. DOZOIS: Le ministre me permettra une question supplémentaire.
Est-ce que les plans ont été approuvés
définitivement et est-ce que des soumissions seront demandées
bientôt?
M. COUTURIER: Les plans ont été approuvés
définitivement par le ministère provincial
de la Santé, par le fédéral et après
consultation avec le ministère du procureur général.
M. DOZOIS: Merci.
M. LE PRESIDENT: Article 6 adopté?
M. JOHNSON: Non. Je voudrais parler des salaires des juges de
juridiction provinciale. C'est un item statutaire.
M. HAMEL (St-Maurice): On finirait les prisons.
M. JOHNSON: Bien, pourrait-on me donner juste un petit renseignement
rapide, quant aux palais de justice. Est-ce qu'on a procédé
à la reclassification des employés?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est en marche actuellement. Nous avons obtenu
de la Commission du service civil une échelle. Il est assez difficile
d'établir une échelle qui soit raisonnable parce que les
conditions sont très différentes presque dans chacun des palais
de justice. A certains endroits, le type est en même temps protonotaire,
greffier de la Cour de magistrat, greffier des Sessions de la paix et greffier
des faillites et tout ça. Alors, la Commission du service civil nous a
fait parvenir un projet et nous, nous essayons actuellement de voir de quelle
façon ça pourrait affecter nos officiers dans les
différents palais de justice de la province de manière à
leur créer le moins d'injustice possible.
M. BERTRAND (Missisquoi): Si le procureur général me
permet une question. Quels sont les employés qui tombent sous l'item
« administration »; il y a d'abord les geôliers ?
M. HAMEL (St-Maurice): Les shérifs.
M. BERTRAND (Missisquoi): Les shérifs. Quels sont les autres?
M. HAMEL (St-Maurice): Les gardiens de prison. Dans un palais de
justice, vous avez tous les fonctionnaires.
M. BERTRAND (Missisquoi): Comptez-vous là-dedans les
protonotaires?
M. HAMEL (St-Maurice): Les protonotaires entrent dans les officiers de
justice.
M. BERTRAND (Missisquoi): Officiers, pas là-dedans?
M. HAMEL (St-Maurice): Non, ça n'entre pas là-dedans.
M. BERTRAND (Missisquoi): Quel est le salaire, à l'heure
actuelle, payé pour un gardien?
M. HAMEL (St-Maurice): Gardien, je crois qu'à Montréal
c'est $3,200 à $4,000.
M. BERTRAND (Missisquoi): Et, disons, dans les districts ruraux?
M. HAMEL (St-Maurice): A Québec, c'est $2,800. Ailleurs, c'est
$2,600.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que le salaire est uniforme dans tous
les districts ruraux? Prenons un exemple: de Bedford, Richelieu,
Beauharnois?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): $2,600. Quel est le salaire du
shérif?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est $2,600 à $3,200, alors c'est
possible qu'il y en ait...
M. BERTRAND (Missisquoi): Oui. Le shérif?
M. HAMEL (St-Maurice): Plusieurs shérifs sont à
honoraires.
M. BERTRAND (Missisquoi): Non, il y a un salaire pour le
shérif.
M. HAMEL (St-Maurice): On a deux classes de shérifs: une à
$3,000 et l'autre à $3,600; à l'exception de Québec et
Montréal.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, que comporte la classe de
shérifs à $3,600?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est de $3,600 à $4,400. Maintenant, il y
a deux classes suivant l'importance du district judiciaire.
M. BERTRAND (Missisquoi): Alors, on pourra demander au ministre quel est
le nom de ceux-là? On pourra lui poser une question au feuilleton.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah oui, ça, on le pourrait.
M. BERTRAND (Missisquoi): Très bien. M. LE PRESIDENT:
Adopté?
M. HAMEL (St-Maurice): On a 7,000 employés. Alors, on n'a pas la
liste de tous les employés ici.
M. BERTRAND (Missisquoi): Maintenant, vous avez les shérifs
là-dedans, les gardiens? et quels sont les autres employés?
M. HAMEL (St-Maurice): Les geôliers, les femmes de ménage,
les matrones, les infirmières, et les gardiens de palais de justice.
M. BERTRAND (Missisquoi): Quant aux provisions, est-ce que je dois
comprendre que tout cela relève du service des achats?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le procureur général...
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne sais pas qui vend, même à
Trois-Rivières.
M. BERTRAND (Missisquoi): Vous ne savez pas?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela je m'en fais des reproches.
M. BERTRAND (Missisquoi): Eh bien, nous autres, on sait qui vend chez
nous.
M. HAMEL (St-Maurice): Moi, je ne le sais pas.
M. BERTRAND (Missisquoi): Malheureusement, on n'encourage pas trop les
marchands locaux, et si le procureur général a un mot à
dire là-dedans, je lui demanderais qu'autant que possible, dans nos
palais de justice locaux, nos districts, on encourage nos marchands locaux, au
lieu d'aller à quinze ou vingt milles de là. Si le procureur
général voulait en prendre note, et porter cela à
l'attention du service des achats.
M. BELLEMARE: J'ai fait une intervention l'an passé, sur le
budget supplémentaire, pour dire à l'honorable ministre qu'il y
avait là une augmentation considérable, il m'a dit: « C'est
parce qu'on leur donne du jambon... »
M. HAMEL (St-Maurice): C'est une des raisons.
M.BELLEMARE: Voyons, ce n'est pas la principale raison.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est correct.
M. BELLEMARE: Du jambon, Ils en ont mangé du jambon, $300,000
d'augmentation, du jambon! M. le Président, si je regarde les comptes
publics de l'année précédente, j'y vois pas seulement du
jambon, j'y vois des comptes considérables comme à Legrade,
$39,888, j'y vois Jean-Paul Racine $23,064.89, j'y vois Frappier, $28,739.
M. HAMEL (St-Maurice): A quelle page?
M. BELLEMARE: A la page 423, M. le Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Je l'ai là.
M. BELLEMARE: J'y vois la salaison South Shore, $52,000. M. le
Président, ce sont des montants considérables, et je dis que si
le ministre ne sait pas qui vend dans les prisons, les comptes publics peuvent
lui rappeler que dans l'énumération de ceux qui vendent, comme
dit le député de Missisquoi, on devrait essayer plus que jamais
à acheter localement, pour encourager au moins les marchands locaux, et
si le ministre veut considérer cet item particulier, nous en serions
fort heureux. Mais $300,000 d'augmentation dans un an, est-ce que ce montant
est réellement justifié, tout d'un coup là? Le ministre va
nous répondre; c'est parce qu'il y avait des comptes qui
n'étaient pas payés de l'année passée; il va nous
répondre qu'il y a plus de prisonniers, il va nous répondre, la
nourriture est meilleure; mais il y a $300,000 d'augmentation, et je trouve que
cet item là demande une explication particulière, ça ne
peut pas être la seule raison: « c'est du jambon. »
M. HAMEL (St-Maurice): Ce sont les même raisons, d'abord, en ce
qui concerne le commerce local. En principe, je suis d'accord que nous devons
nous efforcer d'encourager le commerce local, franchement je ne suis pas au
courant des personnes qui vendent, je ne suis pas au courant, parce qu'il y a
beaucoup d'autres choses qui, à mon sens, sont plus importantes du
moment que...
M. BELLEMARE: Admis, mais le député de Missisquoi avait
raison. S'il y avait une liste, la liste est faite par qui?
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, voici le montant, le nombre approximatif
des personnes incarcérées dans nos prisons durant 1963. 28,799;
nombre approximatif de repas servis:
2,827,835, nombre approximatif de jours de pensions; 942,612; coût
approximatif par repas; 35 cents.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a une diététicienne ou un
diététicien pour examiner les menus que l'on fait, que l'on
prépare pour les prisonniers?
M. HAMEL (St-Maurice); On me dit que les menus ont été
préparés par des diététiciennes et par des
employés du ministère de la Santé. Notre criminologue qui
est ici, c'est un des problèmes sur lequel il va se pencher,
évidemment, au fur et à mesure où il aura le temps, parce
que c'est une chose importante.
M. JOHNSON; Par ce que de plus en plus, dans les endroits publics, dans
les grands hôtels, dans les hôpitaux, et je pense que ça
devrait s'appliquer aux maisons de détention, il y a des
diététiciennes qui font la supervision des menus. Cela ne veut
pas dire nécessairement qu'on va donner des menus de luxe, aux
prisonniers, mais ils ont droit, je pense, comme tout humain, ils ont droit
d'avoir des menus qui sont évidemment suffisants pour le maintien de
leur santé, pour le maintien de leur bon état de
santé.
La punition ne doit pas consister, si la sentence est une punition,
à les priver d'éléments essentiels à leur survie et
à leur développement normal, surtout quand il s'agit desjeunes,
surtout quand il s'agit des jeunes délinquants. Je pense que cette
question de nourriture est extrêmement importante. .35¢ du repas en
moyenne, ce n'est pas cher, et si le ministre veut nous rendre service,
à nous, les pères de famille, il va nous envoyer une copie de ces
menus-là pour voir s'il n'y aurait pas moyen de réduire le
coût du compte d'épicerie chaque semaine. J'ai l'impression que
chez-nous ça coûte joliment plus cher que ça, quand je
regarde les comptes d'épiceries à chaque semaine.
M. le Président, quant à moi, je n'ai pas de questions
à poser, sauf une, qui concerne le statut des prisonniers. Je sais bien
que ceux qui s'en vont au pénitencier ne sont pas sous la juridiction du
gouvernement provincial. Les pénitenciers sont administrés par le
fédéral. Mais il se pose actuellement dans l'opinion publique un
problème au sujet du transfert éventuel d'une certaine
catégorie de prisonniers, des prisonniers qui voudraient se
considérer plutôt comme des prisonniers politiques que des
prisonniers de droit commun. Ma question au procureur général;
a-t-il été saisi d'une deman- de d'intervention auprès du
gouvernement fédéral pour que des citoyens de Québec,
détenus à la suite de certaines causes politiques, soit les
condamnés dans l'affaire du FLQ, ne soient pas déplacés
hors du territoire de la province de Québec, soient maintenus dans les
institutions fédérales mais dans la province de
Québec?
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai jamais eu de représentations
à cet effet. Maintenant, dans notre système actuel, il n'y a pas
de prisonniers politiques. Il y a des prisonniers. Ceux qui sont à
St-Vincent de Paul ne sont pas sous notre juridiction, ceux qui sont à
Bordeaux, il n'est pas encore question de les déplacer hors de la
province, parce qu'on ne voit pas comment ça pourrait se faire, et
d'ailleurs, il n'en est pas question.
M. BEAUPRE (Président): Article 6 adopté.
M. BELLEMARE; J'aurais juste une question à poser au ministre. Je
vois dans les comptes publics à la page 424, trois médecins qui
reçoivent des salaires: Dr Gaboury, $4,068.51, Dr Hay, $7,241, Dr
Ratté, $2,600, dans d'autres dépenses. Est-ce que le ministre
pourrait nous dire pourquoi ces salaires sont payés comme
dépenses? Page 424.
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que ce sont des honoraires,
particulièrement des honoraires de dentistes.
M. BELLEMARE: De dentistes. Ça me suffit. Pourquoi, M. le
Président une dépense...
M. GABIAS; C'était le jambon!
M. BELLEMARE: Le jambon était dur! Pourquoi cette dépense
de $2,876 payé à la ville de Val d'Or? C'est la seule ville qui
reçoit une subvention.
M. HAMEL: C'est la municipalité de Val d'Or qui fournit les
cellules dans le cas où nous devons faire des détentions, et nous
payons à la ville de Val d'Or la pension.
M. BELLEMARE: C'est le seul endroit dans la province.
M. HAMEL (St-Maurice): Il y en a quelques-uns, mais on me dit que ce
sont des montants insignifiants, ça ne représente presque
rien.
M. BELLEMARE: Maintenant, est-ce que les
prisonniers ont une coupe spéciale dans leurs vêtements? Je
vois aux comptes publics, il y a coupe du jour: $11,297, est-ce que les
prisonniers ont une coupe spéciale?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que c'est un magasin qui fait la coupe
des uniformes, parce que les prisonniers ont des uniformes.
M. BELLEMARE: Ce s'appelle « Coupe du jour ? »
M. JOHNSON: Est-ce que le secrétaire de la province est sur le
comité qui revise ces costumes, leur style?
M. HAMEL (St-Maurice): A ma connaissance, non.
M. GABIAS: J'aurais deux courtes questions à poser au procureur
général. La première; est-ce qu'il y a une décision
de prise quant au protonotaire du district de Trois-Rivières?
M. HAMEL (St-Maurice): Pour Trois-Rivières, le protonotaire est
M. Paul-Emile Marchand.
M. GABIAS: Evidemment, c'est ce qui était prévu suivant la
rumeur de commune renommée. J'en avais un peu averti le procureur
général, surtout après son long plaidoyer, qu'il fallait
pour avoir des fonctionnaires compétents, il fallait surtout donner la
préférence à ceux qui étaient dans le
fonctionnarisme depuis plusieurs années. A ce moment-là, j'ai
avisé le procureur général qu'il y avait Me Maurice
Bourbeau qui était l'assistant du protonotaire démissionnaire
à cause de son âge, M. Lamothe, que M. Bourbeau était un
officier compétent, était à l'emploi depuis au-delà
de 11 ans, qu'il avait toutes les qualifications requises pour succéder.
A ce moment-là, le procureur général a laissé
entendre, surtout à cause de son discours, qu'il était
sérieux, que les fonctionnaires à l'emploi de la province depuis
nombre d'années, surtout les fonctionnaires compétents, pouvaient
aspirer à des fonctions plus élevées.
Et à la première occasion qui est fournie au
bâtonnier du district de Trois-Rivières, qui est le procureur
général, de montrer combien il est sérieux lorsqu'il fait
des déclarations comme procureur général, la
première nomination qu'il fait dans son propre district, il nomme Me
Paul-Emile Marchand, qui a certainement les qualités voulues pour
être avocat, mais n'avait jamais été à l'emploi de
la province comme fonc- tionnaire. Et le procureur général nous
avise cet après-midi qu'il a nommé Me Paul-Emile Marchand en
dépit du fait que l'assistant de Me Lamothe, Me Maurice Bourbeau,
était un officier compétent. Je laisse la population juger du
sérieux du procureur général quand il fait des
déclarations à l'effet qu'il veut encourager des gens
compétents à entrer dans le fonctionnarisme provincial.
Je demanderais au procureur général s'il y a des raisons
particulières pour lesquelles Me Marchand a été
nommé protonotaire du district de Trois-Rivières au lieu de Me
Maurice Bourbeau qui était assistant de Me Lamothe depuis au-delà
de 11 ans?
M. HAMEL (St-Maurice): Le problème a été
examiné sous toutes ses faces. J'ai consulté... d'abord il n'y a
pas que M. Bourbeau qui est assistant-protonotaire. Il y a M. Hart qui a
beaucoup plus de séniorité que M. Bourbeau...
M. GABIAS: Beaucoup plus âgé, il est à la veille de
prendre sa retraite.
M. HAMEL (St-Maurice): Maintenant, le problème a
été examiné sous toutes ses faces. J'ai consulté un
grand nombre d'avocats de Trois-Rivières et on m'a suggéré
Me Paul-Emile Marchand qui était intéressé à la
fonction.
M. GABIAS: Voici, j'aimerais connaître du procureur
général quels avocats de Trois-Rivières en particulier,
seulement quelques-uns en particulier, il a consultés. Je sais que pour
un, je fais partie du barreau de Trois-Rivières, et je n'ai pas
été consulté. Je sais que mes associés, Me
Laperrière et Trudel qui font partie du barreau de Trois-Rivières
n'ont pas été consultés. Je pourrais en nommer plusieurs
autres. Maintenant, je laisse au procureur général la chance de
nous dire s'il a consulté par exemple le conseil du barreau quant
à la nomination de Me Marchand plutôt que celle de Me Bourbeau. Et
avant de lui donner la chance de me répondre, je lui soulignerai ceci:
que M. Hart, je crois, a déjà atteint l'âge de sa pension,
et si je fais erreur qu'on me corrige, mais je crois que M. Hart a
déjà 70 ans et s'il ne l'a pas il est tout près de 70
ans.
Alors, lorsqu'on donne comme raison que M. Bourbeau n'était pas
le sénior, que M. Hart avait plus de séniorité que M.
Bourbeau, c'est exact, mais qu'on n'oublie pas d'ajouter par exemple qu'il est
tout près d'avoir sa pension, si déjà il n'a pas
l'âge pour être pensionné. Et je reviens au début de
ma question: est-ce que
le conseil du barreau de Trois-Rivières a été
consulté par le procureur général, par le bâtonnier
du district de Trois-Rivières quant à la nomination du successeur
de Me Lamothe?
M. HAMEL (St-Maurice): J'ai consulté des avocats qui font partie
du conseil du barreau. J'ai recommandé la nomination de M. Paul-Emile
Marchand parce que je considérais qu'il était dans
l'intérêt de la justice et des justiciables de nommer M.
Paul-Emile Marchand.
M. GABIAS: Est-ce que le critère véritable qui a fait que
Me Marchand a été nommé protonotaire n'est pas
premièrement parce qu'il est un libéral reconnu?
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela ne l'excluait pas.
M. GABIAS: Je pose la question: est-ce que le critère principal
n'a pas été premièrement que Me Marchand est un
libéral reconnu? Deuxièmement est-ce parce que Me Marchand
était un organisateur politique du procureur général?
Est-ce que, troisièmement, parce qu'il a rendu des services insignes
auprocureur général alors que M. Marchand était dans la
pratique? Est-ce que ce sont les trois critères principaux sur lesquels
le procureur général s'est basé pour nommer Me
Marchand?
M. HAMEL (St-Maurice): Me Paul-Emile Marchand n'a jamais
été mon organisateur. Me Paul-Emile Marchand n'a jamais eu
l'occasion (il l'aurait fait si l'occasion s'était
présentée), à mon souvenir, de me rendre des services. Me
Paul-Emile Marchand est un avocat compétent. Il est
intéressé au fonctionnarisme parce qu'il a un défaut de
langue l'ennuyant dans l'exercice de sa profession. Etant compétent, le
fait qu'il était un libéral ne l'a pas empêché
d'être nommé, ce n'est pas une cause d'exclusion, quant à
moi.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je voudrais dire au
député de Trois-Rivières, et ceci simplement à
l'égard de l'esprit de justice qui règne au ministère du
procureur général, voici un cas où on dit qu'il s'agit
d'un libéral. Je suis bien d'accord avec le procureur
général que ça ne doit pas exclure quelqu'un de la
fonction publique que d'être libéral pas plus que ça exclut
de la fonction publique des gens qui ont été actifs dans l'Union
nationale.
Il y a eu un protonotaire à nommer pour le district de
Bonaventure et le procureur général a nommé quelqu'un qui
a fait la campagne électorale en 1960 contre celui qui vous parle,
à la télévision, qui a accompagné M. Barrette dans
ses assemblées politiques et il est aujourd'hui protonotaire de la Cour
supérieure à New-Carlisle. Alors voilà...
M. JOHNSON: Le député de Bonaventure a recommandé
cet avocat malgré qu'il fût un adversaire.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, je dirai au chef de
l'Opposition...
UNE VOIX: Il surveillait M. Barrette pour qu'il ne se crève pas
les yeux avec ses lunettes!
M. LEVESQUE (Bonaventure): ... que le député de
Bonaventure, dans ses recommandations, ne fait pas une part à la «
partisanerie » politique dont il a souffert lorsqu'il était
député de l'Opposition, mais qu'au contraire il est fier des
décisions qui ont été prises et particulièrement
celle qui a été prise par le procureur général dans
le cas que je viens de citer.
M. JOHNSON: Là n'est pas ma question. Est-ce que le
député de Bonaventure a recommandé effectivement cet
avocat pour le poste de protonotaire?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je ne me suis pas objecté à la
nomination par le procureur général.
M. JOHNSON: Est-ce que le député de Bonaventure a
été consulté par le procureur général?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je crois que oui. Je ne suis pas sûr.
J'ai été consulté dans le temps.
M. JOHNSON: Est-ce que le député n'a pas écrit une
lettre ou n'a pas donné une recommandation verbale?
M. LEVESQUE (Bonaventure): Non. M. JOHNSON: Il a refusé
ça?
M. LEVESQUE (Bonaventure): J'ai été consulté
à ce sujet-là. Je suis moi-même avocat du Barreau du Bas
St-Laurent. Je fais partie du Barreau. Je connais très bien tous les
avo-
cats qui pratiquent dans le district et la décision du procureur
général a été reconnue comme une décision
très juste, très objective et, dans les standards connus dans le
passé de l'Union nationale, ça n'a pas été
très bien compris, sauf qu'il y avait eu du changement dans la province
de Québec.
M. GABIAS: M. le Président, je ne connais pas le cas du district
de Bonaventure. Je ne connais le protonotaire de New-Carlisle, mais je ne
serais pas surpris que celui qui a été nommé et qu'on dit
avoir déjà été de tendance active auprès de
l'Union nationale même d'avoir parlé contre le ministre du
Commerce en 1960...
M. LEVESQUE (Bonaventure): Je n'ai pas dit qu'il avait parlé
contre le ministre du Commerce. J'ai dit qu'il avait fait la campagne
électorale pour l'Union nationale.
M. GABIAS: Alors, voici, mais je ne serais pas surpris...
M. JOHNSON: Est-ce qu'il était complice...?
M. GABIAS: ... du tout qu'il ait été le seul a demander la
fonction. De cela je ne serais pas surpris du tout, et ça expliquerait
pourquoi ce monsieur avocat que je ne connais pas a été
nommé. Je connais si bien les libéraux. On connaît
tellement leur façon de procéder, leur grand coeur, leur
désintéressement. Vous en avez une preuve, M. le
Président; c'était le seul qui demandait la fonction. Alors,
évidemment, comme il fallait un protonotaire, le procureur
général était bien obligé d'en nommer un et le
député de Bonaventure était bien obligé de ne pas
s'objecter. Autrement il n'y aurait pas eu de protonotaire à
New-Carlisle.
M. LEVESQUE (Bonaventure): M. le Président, on voit que le
député de Trois-Rivières est bien mal informé et
que si le reste de ses déclarations a autant de sérieux, si les
autres déclarations...
M. GABIAS: Je n'ai pas terminé. Voulez-vous le rappeler à
l'ordre, s'il vous plaît? Quand j'aurai terminé, le ministre
pourra se lever et me répondre. J'ai tout simplement dit; « Je ne
serais pas surpris, M. le Président, qu'il n'y ait pas eu d'autres
candidats que celui qui a été nommé à New-Carlisle.
» Je ne connais pas le cas, je ne connais pas l'avocat qui a
été nommé mais je connais les libéraux et ça
me suffit.
Mais, ce qui m'intéresse, c'est un cas que je connais très
bien, celui du district de Trois-Rivières, et que le ministre du
Commerce ne connaît pas, lui, et quand il se lève pour affirmer en
cette Chambre que le procureur général a fait une nomination avec
justice, il ne sait pas ce dont il parle. La nomination de
Trois-Rivières est injuste.
M. LEVESQUE (Bonaventure): C'est injuste? M. GABIAS: Absolument
injuste!
M. COUTURIER: Ah c'est injuste parce que c'est un libéral?
M. GABIAS: ... et surtout injuste, après que le procureur
général eut déclaré dans cette Chambre que les
fonctionnaires à l'emploi de la province pouvaient s'attendre à
des promotions, que les fonctionnaires compétents pouvaient compter sur
le procureur général actuel. C'est là que ça
devient injuste, et c'est ce qu'on appelle tromper la Chambre et tromper la
province.
M. le Président, je ne nie pas la compétence de M.
Marchand comme avocat...
DES VOIX: Ah!
M. GABIAS: ... mais je puis affirmer que M. Marchand n'a pas du tout la
compétence de M. Bourbeau pour être nommé protonotaire aux
Trois-Rivières. Cela c'est une déclaration que je fais
sérieusement.
UNE VOIX: Cela n'en a pas l'air.
M. GABIAS: ... et que le procureur général...
Pourriez-vous faire taire, M. le Président, ces gens?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: S'ils veulent parler, ils pourront se lever ensuite, faire
les remarques qu'ils voudront. Pour le moment, je sais une chose, c'est que je
parle d'un cas qu'à peu près tout le monde, sauf le procureur
général, semble connaître. Seul le procureur
général le connaît. Les autres ne le connaissent pas, et
ils veulent s'immiscer dans la discussion. S'ils le veulent ils pourront le
faire après.
Mais je dis et j'affirme que M. Marchand peut être un avocat
compétent mais il n'aura jamais la compétence de M. Bourbeau pour
être protonotaire. Et le procureur général fait rire de lui
s'il vient déclarer dans cette Cham-
bre que M. Marchand a la compétence de Me Bourbeau. Il va faire
rire de lui auprès des avocats de son district dont il est le
bâtonnier. Il va faire rire de lui auprès de la population du
district de Trois-Rivières. Cela n'a pas de sens de venir
déclarer dans cette Chambre que c'est la compétence qui a fait
nommer Me Marchand protonotaire aux Trois-Rivières. C'est couvert de
ridicule.
M. MEUNIER: Est-ce que le critère, c'est la compétence du
député de Trois-Rivières?
M. GABIAS: M. le Président, si le député de Laval
veut parler, il connaît les règlements...
DES VOIX: Laval! Ah! Ah!
M. BEDARD (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs.
M. GABIAS: Le député de Bourget.., M. MEUNIER: Il est
absent!
M. GABIAS: ... si le député de Bourget veut se lever et
parler,...
M. MEUNIER: Le plus beau comté de la province!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... il pourra le faire. Nous connaissons les succès de
ses interventions pour Rec Stone, par exemple...
M. MEUNIER: Ah!
M. GABIAS: Ce serait le temps, là, d'en parler.
M. MEUNIER: Parlez-en donc.
M. GABIAS: Le député de Bourget avait l'occasion de parler
de l'affaire Rec Stone. Alors qu'on étudiait...
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président,...
M. GABIAS: ... les crédits sur les poursuites au criminel...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... on n'a pas vu le député de Bourget du
tout.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. « Protonotaires ».
M. COITEUX (Duplessis): Avez-vous déjà vu un
député libéral qui a été nommé
juge?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. BELLEMARE: A l'ordre. Allez prendre un peu d'eau.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. C'est le député de
Trois-Rivières qui a la parole.
M. GABIAS: Est-ce que je peux, M. le Président, vous rappeler que
le règlement s'applique aux deux côtés de cette
Chambre?
M. LE PRESIDENT: C'est ce que je viens de dire moi-même: «
C'est le député de Trois-Rivières qui a la parole.
»
M. GABIAS: Je l'ai entendu trois fois, mais simplement ce sont eux qui
devraient se taire. S'ils veulent se lever, ils se lèveront ensuite.
M. LE PRESIDENT: Article 6. M. COITEUX: On veut écouter du bon
sens. M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. BELLEMARE: Encore une
gorgée d'eau.
M. LOUBIER: Vous ne parlerez jamais en Chambre, vous!
M. GABIAS: M. le Président, il est évident qu'il s'agit
d'une nomination politique, qu'il s'agit d'un cas de patronage...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. Le député de
Trois-Rivières a la parole, mais il sait fort bien qu'il n'a pas le
droit d'imputer au procureur général de tels motifs de nomination
politique ou de patronage. Il me semble que si je veux faire observer le
règlement, il faut que je m'en tienne au règlement tel qu'il est,
et le député de Trois-Rivières doit connaître le
règlement et s'y conformer.
M. GABIAS: Je vous remercie, M. le Président. Si je respecte le
règlement aussi vite que les gens d'en face l'ont respecté, vous
allez me rappeler à l'ordre plusieurs fois.
Je dis que les seuls critères sur lesquels le procureur
général s'est appuyé pour faire cette nomination de Me
Paul-Emile Marchand,
ç'a été parce que c'était un libéral,
deuxièmement...
UNE VOIX: Ce n'est pas un défaut. M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. GABIAS: Ce n'est pas parce qu'il était compétent. Ce
n'est pas parce qu'il était le plus compétent. Ce n'est pas parce
qu'un autre, et surtout un fonctionnaire actuel depuis onze ans qui, lui, avait
la compétence et la formation voulue pour succéder à Me
Lamothe; on l'a mis à l'écart, on l'a puni. Pourquoi? Parce qu'il
n'a pas fait de campagne libérale. Pourquoi a-t-on puni Me Bourbeau?
Parce qu'il n'a pas prononcé de discours pour le procureur
général. Pourquoi ne l'a-t-on pas nommé? Parce qu'il est
trop qualifié. Trop qualifié pour le procureur
général dans l'administration de la justice.
Et quand on se rapporte au vibrant plaidoyer que le procureur
général a prononcé dans cette Chambre, plaidoyer qui a
fait plaisir aux fonctionnaires de cette province, qui a fait plaisir aux
fonctionnaire du ministère du procureur général, parce
qu'il s'est levé dans cette Chambre et, à la face de la Chambre
et de la province, il a déclaré: « Les fonctionnaires de
mon ministère peuvent compter sur moi. Ceux qui sont
compétentsvont permuter, vont avoir ce sont eux qui vont recevoir
des promotions dans mon ministère. » Et la première
occasion qui est donnée au procureur général,
bâtonier du district de Trois-Rivières de mettre en pratique, dans
son propre district judiciaire ce qu'il a affirmé devant cette Chambre
et devant la population de la province, au lieu de le mettre en pratique, il
met de côté ce qu'il a prêché, et il fait du
favoritisme.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Je demande au député de
Trois-Rivières de retirer les paroles qu'il vient d'avoir à
l'endroit du procureur général à l'effet qu'il faisait du
favoritisme dans son ministère.
M. GABIAS: Je retire le mot « favoritisme ». Il fait une
nomination qui n'est pas empreinte de justice. Il fait une nomination...
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre! M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. GABIAS: Il fait une nomination qui ne concordait pas avec les
déclarations du procu- reur général. Que le procureur
général me dise que M. Marchand, Paul-Emile Marchand, avocat, est
plus compétent dans le fonctionnarisme que Me Maurice Bourbeau, qui
était assistant du protonotaire M. Lamothe depuis au moins 11 ans, que
le procureur général se lève et me dise cela, et ensuite
nous verrons.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je me suis toujours
efforcé, tant au ministère du travail qu'au ministère du
procureur général de donner des promotions à nos
fonctionnaires, et presque tous nos fonctionnaires au ministère du
procureur général ont bénéficié de
promotions, de reclassification. Nous avons travaillé
là-dessus.
En ce qui concerne Trois-Rivières, par exemple, nous avons
reclassifié le greffier de la Cour du Bien-Etre social. On ne
prétendra pas, tout de même, que c'était un libéral.
On l'a reclassifié parce qu'on a pensé que l'importance de ses
fonctions et, sans qu'il le demande. ...
UNE VOIX: Ah, ils n'en parlent pas de ça! Ils n'en parlent pas!
Bien non!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
M. HAMEL (St-Maurice): Bon! Je me suis efforcé, tant au
ministère du Travail qu'au ministère du Procureur
général, de donner des promotions aux gens du service. Nous avons
fait quelques changements que nous croyions dans l'intérêt public
de faire.
En ce qui concerne Trois-Rivières, ça, quand bien
même on discuterait pendant toute l'après-midi, j'ai pesé
le cas de M. Bourbeau, qui d'ailleurs ne m'a pas demandé, n'a pas fait
application pour la position de protonotaire.
DES VOIX: Ah, ah!
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne le crois pas. Il est venu me voir, une
fois. Il m'a parlé d'une fonction qu'il occupait dans le domaine des
faillites, je ne sais pas si c'est séquestre, ou greffier des faillites,
je ne sais pas là, et je l'ai assuré qu'à ce
moment-là, nous verrions à rétablir son cas suivant la
justice.
M. GABIAS: Cela ne relève pas du procureur général.
Cela relève du fédéral.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela relève du fédéral.
UNE VOIX: Bien voyons donc!
M. HAMEL (St-Maurice): Il y a quelque chose qui lui avait
été enlevé, en tout cas...
M. GABIAS: Pas ça! Ce n'est pas ça certain!
M. HAMEL (St-Maurice): Il est venu me voir pour ça. En ce qui
concerne le choix entre M. Bourbeau et M. Marchand, j'ai examiné la
situation sérieusement. J'en suis venu à la conclusion que, dans
l'intérêt de la justice, il vallait mieux nommer M. Marchand. Le
député de Trois-Rivières peut avoir son opinion. C'est une
question d'opinion. J'ai exercé mon jugement comme la Loi me le permet,
et j'ai suggéré, recommandé M. Marchand à la
Commission du service civil, qui a examiné son dossier, et qui l'a
trouvé qualifié. Et si M. Bourbeau n'est pas satisfait, il a
seulement une plainte à faire à la Commission du service civil.
La Commission du service civil examinera le cas.
M. GABIAS: On peut vous en donner des exemples de ce qui se passe
à la Commission du service civil. On sait que c'est une farce
monumentale.
DES VOIX: Ah, ah!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs!
M. GABIAS: On sait que c'est une farce monumentale.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, ça, la discussion
de la Commission du service civil, cela viendra dans le ministère dont
celle-ci relève. Je pense que c'est le Conseil exécutif.
M. GABIAS: Très bien! Je ne discuterai pas. Je vous donne mon
opinion là-dessus.
M. CADIEUX: Cela ne nous intéresse pas. On ne tient pas à
votre opinion là-dessus.
M. GABIAS: Mais revenons au bon jugement du procureur
général. Les amis d'en face n'applaudissent pas grand chose,
franchement!
Revenons au jugement du procureur général, il a
étudié nous dit-il, les deux dossiers après nous avoir dit
que M. Bourbeau n'avait pas fait de demandes. Comment se fait-il M. le
Président que le procureur général ait pu comparer les
deux dossiers si une demande n'a pas été faite par M. Bourbeau?
Je sais par exemple et c'est là qu'est la vérité, je sais
que Me Bourbeau a fait la demande pour succéder à Me La- mothe et
il l'a faite en bonne et due forme au ministère du procureur
général, je sais cela. Je sais cela. Certainement que je
suis...
M. MEUNIER: Vous êtes au courant.
M. GABIAS: ... au courant et qui pourra me blâmer...
M. MEUNIER: Il essaie de patroner encore.
M. GABIAS: ... de me tenir au courant des nominations qui peuvent
être faites après qu'on a entendu le procureur
général nous affirmer que les états de service d'un
fonctionnaire comptaient dans les promotions. Qui va venir me blâmer?
M. MEUNIER: On verra ça aux prochaines élections.
M. GABIAS: J'ai prévenu le procureur général, il y
a environ un mois, en lui disant: n'est-il pas vrai que Me Lamothe doit prendre
sa retraite à brève échéance? J'ai attiré
l'attention du procureur général sur les états de service
de Me Bourbeau. Je savais à ce moment-là qu'il était dans
l'intention...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: ... du procureur généralde nommer Me Marchand,
Le bruit courait, le bruit circulait au Palais de justice... et j'ai entendu
des versions de la majorité des avocats du district de
Trois-Rivières qui n'admettaient pas que Me Marchand soit nommé
protonotaire pour supplanter Me Bourbeau. C'est la majorité des avocats
qui ne l'admettaient pas et quand le procureur général vient nous
dire que c'est la majorité des avocats qui ont demandé la
nomination de Marchand au lieu de celle de M. Bourbeau, je dis que le procureur
général ne dit pas toute la vérité.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai jamais dit ça d'abord. J'ai dit M.
le Président,... je soulève un point d'ordre. J'ai dit que
j'avais consulté des avocats de Trois-Rivières dont quelques-uns
sont membres du conseil. Je n'ai jamais dit que j'avais consulté la
majorité des avocats de Trois-Rivières. La loi dit que c'est le
ministre qui doit user de sa discrétion en collaboration avec la
Commission du service civil.
M. GABIAS: Je prends bonne note...
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai pas consulté le
député de Trois-Rivières, parce que sa recommandation ne
me dit rien.
M. CADIEUX: Il n'a pas consulté le député.
M. GABIAS: M. le Président, nous savons premièrement que
le procureur général n'a pas consulté la majeure partie ou
la majorité des avocats du district. Nous savons deuxièmement
qu'il n'a pas consulté le conseil du Barreau. Nous savons
troisièmement qu'il a consulté quelques avocats du
Barreau,...
M. CREPEAU: Du conseil du Barreau.
M. GABIAS: ... du conseil du Barreau. Il y a quelques avocats qui n'en
font pas partie. J'ai demandé au procureur général: qui
a-t-il consulté? Il me semble qu'il ne peut pas avoir d'objections
à nous dire qui il a consulté, puisqu'il a certainement dû
lui, homme de jugement, il a certainement dû consulter d'autres hommes de
jugement, puisque les recommandations du député de
Trois-Rivières qui était avocat en banlieue de
Trois-Rivières ne l'intéresse pas, il a dû lui le procureur
général, demander à des gens qui ont un bon jugement,
à des gens responsables, à des gens dont il ne devrait pas avoir
honte de nous dire qui ils sont.
M. CREPEAU: On va aller voir l'ancien bâtonnier
général.
M. GABIAS: ... le procureur général devrait être en
mesure de nous dire qui il a consulté, pour nommer M. Marchand à
la place de Me Bourbeau...
M. MEUNIER: Qu'est-ce que ça va changer?
M. GABIAS: ... et pourquoi ne pas nous les nommer les avocats du
district de Trois-Rivières qu'il a consultés? Est-ce qu'il en a
honte?
M. MEUNIER: Ce n'est pas de vos affaires. M. LE PRESIDENT: A l'ordre,
messieurs.
M. GABIAS: M. le Président, est-il nécessaire que je
rappelle le règlement...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. MEUNIER: Qu'est-ce que ça va changer toutes ces remarques
insignifiantes? Cela ne changera rien.
M. GABIAS: ... est-il nécessaire M. le Président...
M. BELLEMARE: Faites-lui retirer ses paroles.
M. GABIAS: A deux reprises...
M. MEUNIER: Des remarques insignifiantes! Je n'ai pas dit qu'il
était insignifiant.
M. GABIAS: A deux reprises, le député de Bourget viole
impunément le règlement. Vous le laissez faire, vous n'intervenez
pas...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. Il serait préférable de me
dire en quoi il a violé le règlement plutôt que de
m'accuser de le laisser faire.
M. GABIAS: Oui, je vais le dire au président, et...
M. LE PRESIDENT: Peut-être a-t-il prononcé des paroles que
je n'ai pas comprises. J'avais l'impression que le député de
Trois-Rivières me citerait les paroles...
M. GABIAS: Oui.
M. LE PRESIDENT: ... et s'il me certifie qu'elles sont
antiparlementaires, je le rappellerai à l'ordre.
M. GABIAS: Je vais le dire au président. D'abord, il a
parlé deux fois assis et le règlement défend qu'un
député parle en cette Chambre assis, sauf lorsqu'un vote est
demandé et que le vote est à se prendre. Le député
de Bourget est intervenu dans la discussion à deux reprises en restant
bien assis. Il a violé deux fois le règlement.
Deuxièmement, nous sommes à discuter les crédits du
procureur général et, alors que nous discutons les crédits
du procureur général, le député de Bourget dit que
ce n'est pas de mes affaires.
M. MEUNIER: M. le Président,...
M. GABIAS: Je suis d'avis, M. le Président,...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre.
M. GABIAS: Je suis d'avis qu'à ce moment-là il a de
nouveau violé le règlement.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève une
autre question de règlement.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. HAMEL (St-Maurice): Comme j'ai...
M. BELLEMARE: Le règlement le défend, M. le
Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Comme j'ai eu l'occasion de le dire tantôt,
le problème des protonotaires ne relève pas de cet
atricle-là. Les officiers de justice et des prisons, ça ne
comprend pas les protonotaires. Alors, toute la discussion du
député de Trois-Rivières est absolument hors d'ordre. Je
l'ai laissé faire pour commencer. Je n'ai pas honte de la
décision que j'ai prise, je n'ai pas honte d'en informer la Chambre,
mais de là à faire perdre à la Chambre une
demi-journée ou une heure sur le cas d'un fonctionnaire dont le cas a
été jugé justement, je pense et s'il y a des reproches
à faire, que la personne en question s'adresse à la Commission du
service civil. S'il a été traité injustement, si la
Commission du service civil demande de rétablir la justice, s'il y a eu
injustice, on suivra les recommandations. Mais je dis que les protonotaires ne
relèvent pas de cet article-là. Ils relèvent de l'item 2
qui a été adopté il y a très longtemps.
M. BELLEMARE: M. le Président, je reviens sur le point d'ordre
soulevé par le député de Trois-Rivières au sujet
des paroles antiparlementaires qu'a eues à l'endroit du
député le député de Bourget. M. le
Président, je ne peux pas concevoir que vous laissiez un
député dans cette Chambre dire des choses pareilles à un
député qui fait son devoir...
M. LE PRESIDENT: Bien, voici... A l'ordre, à l'ordre.
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. BELLEMARE: ... quand il dit: «Ce n'est pas de ses affaires
», M. le président...
DES VOIX: A l'ordre, à l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, à l'ordre. Je demanderais au
député de Champlain de se calmer et, lorsque je suis debout, au
moins, lui-même, au lieu de me reprocher de ne pas faire observer le
règlement, de l'observer. Je sais que le député de Bourget
a prononcé certaines paroles. J'ai demandé tout à l'heure
au député de Trois-Rivières de me les citer pour que je
puisse déterminer si, oui ou non, elles étaient
anti-parlementaires. Ce que j'ai entendu à date, les seules paroles que
m'a citées le député de Trois-Rivières,
c'était que ce n'était pas de ses affaires. Ce n'est certainement
pas une expression polie, appelez-la comme on veut, mais ce n'est certainement
pas de celles que l'on qualifie d'antiparlementaires.
Je n'admets pas que ces paroles-là doivent être
prononcées, mais je ne puis pas dire que ce sont des paroles
antiparlementaires. Ce que je demande aux députés des deux
côtés, et principalement au député de Bourget:
lorsqu'un député a la parole de l'autre côté, de le
laisser parler et, s'il veut intervenir, il aura toutes les occasions aussi
souvent qu'il le veut pendant la période de temps
déterminée par le règlement, de répliquer. Mais ce
sera beaucoup plus facile pour l'étude des crédits si chacun
parle à son tour et lorsqu'il a la parole.
DES VOIX: Adopté.
M. GABIAS: Nous sommes à l'item des prisons, M. le
Président. Est-ce que le procureur général pourrait nous
dire, au cours de la dernière année fiscale, combien de gardiens
de prison dans la province ont quitté leur emploi volontairement?
Combien ont été démis de leur fonction? Et combien de
nouveaux employés ont été embauchés comme gardiens
au cours de la dernière année?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Boissinot va faire le calcul et on le donnera
dans quelques minutes.
DES VOIX: Adopté.
M. HAMEL (St-Maurice): On vous le donnera dans quelques minutes.
M. JOHNSON: En attendant, M. le Président, le ministre, procureur
général, pourrait-il nous dire pourquoi il ne procède pas
par concours, pourquoi il n'accorde pas des promotions pour les employés
sur cet item, comme ailleurs, à ceux qui ont déjà une
préparation? Le procureur général pourrait-il nous dire si
c'est une bonne manière de revaloriser la fonction publique que de
passer par-dessus la tête de fonctionnaires compétents, avec
d'autres fonctionnaires frais émoulus, qui n'ont aucune
expérience et c'est là que c'est grave.
Ces mêmes gens qui parlent de revaloriser la fonction publique,
même pour les gardiens, même pour ceux qui dépendent de cet
item,
voici des gens, les libéraux qui ont parlé de revaloriser
la fonction publique et nous savons, nous entendons ces plaintes, nous les
lisons dans les journaux, des sociologues ont écrit dans ce
sens-là; il n'y a rien de plus démoralisant pour des
fonctionnaires que de recevoir comme patron, à un moment donné,
un homme qui en connaît moins qu'eux, et ça se fait à la
journée longue actuellement chez les libéraux. On importe un
fonctionnaire qui n'a jamais...
M. MEUNIER: Voyons donc.
M. JOHNSON: ... servi, on lui donne un gros salaire, il passe par-dessus
la tête de ceux qui, depuis des années, ont donné de loyaux
services et sont compétents.
M. MEUNIER: C'est le seul moyen de mettre de l'ordre.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Et, au bout d'un mois ou deux, on prend ce haut
fonctionnaire à $8,000 ou $10,000, il ne fait pas l'affaire, on le
plante dans un bureau avec une secrétaire, il coûte $15,000,
$20,000, $30,000 à la province, et ne produit pas. C'est là le
gaspillage qui se fait actuellement, c'est là le désordre
complet, la pagaille dans la fonction publique actuellement.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, je soulève une
question de règlement. S'il y a des cas particuliers dans les officiers
de justice; les gardiens de prisons, les matrones; si le chef de l'Opposition a
quelque chose à dire, je n'ai pas d'objection, mais je ne crois pas que
l'on doive, à ce moment-ci, faire une discussion sur tout le
problème de la commission du Service civil. Si, à cet
item-là, le chef de l'Opposition prétend qu'il y a des
fonctionnaires qu'on a engagés, qui sont venus de l'extérieur, et
puis qu'on a placés dans les bureaux, qu'il le dise, je n'en connais
pas; je vais me renseigner.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais dire au procureur
général, avant de voter cet item, qu'il devrait, dans les
promotions, appliquer un système qui va revaloriser la fonction publique
et j'indique au procureur général un moyen infaillible de faire
le contraire de ce qu'ils ont prêché, les libéraux. Mais ce
n'est pas étonnant, M. le Président, on écoute le
député de Bourget, le député de Duplessis; «
Dans le temps de l'Union nationale, on ne nommait pas de rouges. » Le
procureur général, quel est sa théorie la-dessus et quelle
est la ligne de conduite qu'il suit? Est-elle conforme à la
théorie qu'il a exposée dans cette Chambre?
M. HAMEL (St-Maurice): Certainement.
M. JOHNSON: Il en a exposé deux, M. le Président, ici. Une
qui disait que les fonctionnaires auraient des promotions selon le
mérite, dans son ministère. Mais il a, par ailleurs,
déjà exposé une autre théorie; « A
compétence suffisante, préférence aux libéraux, en
commençant par les vétérans. »
M. HAMEL (St-Maurice): Cela ça s'applique aux engagements et,
à ce moment-là, j'ai donné un exemple; voici deux
personnes qui s'en viennent me voir ou qui veulent faire application pour
travailler dans mon département, pour être, par exemple,
garçons d'ascenseur. Les deux sont compétents pour être
garçons d'ascenseur. Il y en a un qui a la préférence des
vétérans; il va l'emporter sur l'autre.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: Vétérans pas au sens de la loi
fédérale du service civil; ça, c'est vétéran
libéral.
M. HAMEL (St-Maurice): Vétérans qui ont travaillé
pour combattre l'Union nationale, parce que, ce faisant, ils combattaient pour
la liberté, ils combattaient pour la moralité, ils combattaient
pour la chrétienté, ils combattaient pour le bon sens.
M. JOHNSON: M. le Président, on a vu un exemple de
ça,...
M. BELLEMARE: Un gouvernement d'hypocrites.
M. JOHNSON: ... une illustration parfaite... M. LE PRESIDENT; A
l'ordre.
M. JOHNSON: ... de ces principes. On arrive au pouvoir et on engage, on
donne la préférence à un vétéran qui...
M. CADIEUX: Que le député de Champlain se
lève...
M. JOHNSON: ... aurait combattu pour la chrétienté, la
moralité et l'honnêteté: le percepteur du revenu à
Baie St-Paul, engagé en 1961 parce que libéral, parce qu'il avait
com-
battu pour la moralité, la chrétienté, et
l'honnêteté, et qui est trouvé coupable de
détournement de fonds, M. le Président.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, sur douze apôtres
il y en a un qui a trahi le Christ, et sur l'ensemble de la province, il y en a
de temps en temps qui ne répondent pas à nos espérances et
nous prenons les moyens pour que...
M. JOHNSON: M. le Président, j'ai l'impression qu'il y a plus de
« Judas » qui de « St-Jean » dans les
libéraux.
M. LE PRESIDENT; A l'ordre messieurs. « Palais de justice et
prisons ».
M. BELLEMARE: Il y a des « Pilates ». M. JOHNSON: M. le
Président... M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Vous avez vu là scène comme nous tous, alors
que je demandais au ministre d'appliquer aux officiers qui relèvent de
cet item des principes de revalorisation de la fonction publique, le
député de St-Maurice a fait sa sortie patroneuse, a fait sa
sortie partisane, et tous les députés, en commençant par
les « back benchers », M. le Président, ont applaudi avec
une ardeur...
M. LE PRESIDENT: « Palais de justice et prisons. »
M. JOHNSON: ... qui n'a d'égale que...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs.
M. JOHNSON: ... leur manque de sincérité, quand ils
prêchaient la revalorisation de la fonction publique.
M. BELLEMARE: Fini le patronage!
M. JOHNSON: Un zèle, M. le Président, qui démontre
qu'après quatre ans ils ont encore faim de patronage, ils ne sont pas
complètement satisfaits, ils sont insatiables.
DES VOIX: A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est dommage de donner dans la
province un tel spectacle, alors qu'on veut parler de revalorisation de la
fonction publique, le député de Beauhar- nois est le premier
à applaudir quand son ministre dit que la préférence ira
à ceux qui sont des vétérans libéraux.
M. CADIEUX: S'il y a compétence, oui.
M. JOHNSON: M. le Président, quand il s'agit de promotions
à l'intérieur d'un service quelconque, quand un assistant a de
l'expérience, de la compétence qu'il est en santé...
M. LE PRESIDENT: « Palais de justice et prisons ».
M. JOHNSON: ... on aura beaucoup de difficulté à nous
prouver qu'un homme de l'extérieur sera beaucoup plus compétent,
et il arrive qu'on démoralise ainsi tout le service civil, qu'on leur
enlève l'ambition d'être de bons fonctionnaires.
M. le Président, « le bon fonctionnement de la
démocratie, disait le programme libéral exige une réforme
complète de l'administration des services gouvernementaux en
revalorisant...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre. « Prisons et palais de justice
».
M. JOHNSON: Non, je veux appliquer ça aux employés de
prisons et de palais de justice.
DES VOIX: A l'ordre.
M. BELLEMARE: Vous avez laissé dire tout ça.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. M. BELLEMARE: Il a tout fait son
exposé...
M. JOHNSON: ... en revalorisant l'emploi des fonctionnaires et en
favorisant le recrutement et la promotion de fonctionnaires compétents
et dévoués par l'entremise d'une commission du fonctionnarisme
indépendante de la politique partisane. »
Et vous voyez ces gens-là applaudir quand le ministre fait une
sortie de politique partisane.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: Cela, ce sont les libéraux: prêcher la vertu et
pratiquer le vice.
UNE VOIX: Que feriez-vous?
M. BERTRAND (Missisquoi): M. le Prési-
dent, je n'ai pas grand-chose à dire, excepté ceci...
M. CADIEUX: Bon, bien assis.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il est temps que le syndicalisme entre dans le
fonctionnarisme pour corriger...
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. MEUNIER: Vous ne disiez pas ça il y a cinq ans!
M. LE PRESIDENT: A l'ordre messieurs. Article 6 adopté. Article
7: « Cours de bien-être social ». A l'ordre.
M. JOHNSON: M. le Président, je voudrais soulever une question:
il y a une sorte de gens qui ne sont pas améliorables, et ça ne
sert à rien de vouloir les améliorer, même après
quatre ans.
M. LE PRESIDENT: « Cours de bien-être social ».
M. CADIEUX: D'ailleurs on a désespéré de vous.
M. JOHNSON: M. le Président, dans les cas
désespérés on va commencer par Beauharnois.
M. CADIEUX: Bagot, surtout Bagot. M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Comme dit le député de Champlain: rentrer une
Cadillac dans un petit garage, ça ne s'est jamais fait. Un gros char
dans un petit garage, M. le Président...
M. LE PRESIDENT: « Cours de bien-être social », est-ce
qu'il y a des questions?
M. JOHNSON: Oui, M. le Président.
M. CADIEUX: Tout l'esprit du monde ne vous donnerait pas d'esprit.
M. JOHNSON: Je voudrais soulever...
M. CADIEUX: Cela ne sert à rien à celui qui n'a pas
d'esprit.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Je voudrais soulever, M. le Président, une question
d'une certaine gravité, d'une importance qui n'échappe à
personne, question que le procureur général connaît, il
s'agit de la rémunération des juges qui dépendent de la
compérence provinciale, soient les juges des sessions de la paix, les
magistrats ou juges de districts et les juges de la Cour du Bien-Etre social.
J'accroche à ça, évidemment, le cas des juges municipaux
à plein temps comme dans le cas de la cité de Montréal et
de la cité de Québec. Je sais, évidemment, que c'est dans
la charte de ces villes qu'on prévoit le salaire ou la
rémunération de ces juges mais je pense bien que si on voulait
régler le problème on pourrait, du même coup, régler
le problème des juges municipaux de Montréal et de Québec
et de certaines autres villes s'il y en a qui ont des juges permanents.
M. le Président, est-il nécessaire de plaider en droit
pour une augmentation des salaires des juges qui dépendent de la
juridiction provinciale? Je ne le crois pas. Le procureur général
connaît le problème, le premier ministre en a été
saisi en même temps que son procureur général par un
échange de correspondance avec eux venant du président du
comité permanent de la conférence des juges du Québec
où le problème est exposé très clairement. J'ai eu
l'occasion d'en causer avec le procureur général dès le
mois d'août 1963, alors qu'il venait d'accéder à ce haut
poste et je lui ai dit, à ce moment-là, mi-blague et
mi-sérieux: « Maintenant que le nombre de juges nommés par
les libéraux égale pratiquement s'il ne dépasse pas le
nombre de juges nommés par les anciens régimes, le procureur
général ne devrait pu avoir aucune hésitation sous l'angle
politique. »
Il n'est pas question, à ce moment-ci, de politique. Je pense que
tout le monde sait actuellement que les tribunaux sont remplis à peu
près à moitié par des avocats d'allégance autrefois
Union nationale et l'autre moitié par des libéraux de
récente ou de vieille allégance comme dans le cas du juge Chabot,
du juge Théberge, du juge Cloutier et de d'autres qui avancent en
âge mais qui sont encore très actifs.
M. le Président, il n'est donc pas question de politique, il est
question de s'assurer que nos juges aient un revenu suffisant, compatible avec
leur fonction et comparable avec des fonctions semblables détenues dans
d'autres provinces ou détenues ici même dans la province.
Quant à moi je n'ai jamais compris pourquoi on donnait moins de
rémunération à un magistrat qu'a un juge de la Cour
supérieure. On sait que les juges de la Cour supérieure, pour le
bénéfice du député de Bourget, sont nommés
par Ottawa et sont payés par Ottawa.
M. MEUNIER: Merci.
M. JOHNSON: Et je n'ai jamais compris, ils sont rendus à $21,000
je crois, $21,600, en tous cas le procureur général me corrigera,
c'est au moins $21,000 sinon $22,000. Mais je n'ai jamais compris pourquoi les
juges de juridiction provinciale auraient moins de salaire parce que la justice
ce n'est pas une question de montant, la justice est une. Le magistrat,
même si généralement dans sa compétence civile
s'occupe de causes dont le montant n'excède pas $200, doit quand
même rendre justice mais il s'occupe aussi.de causes qui dépassent
de beaucoup ce montant de $200 puisqu'il doit s'occuper, en vertu de certains
statuts provinciaux, de régler certains problèmes d'appel des
commissions scolaires entreautres. Il y a aussi le fait que les juges des
sessions de la paix ont une juridiction, évidemment, qui va jusqu'au
meurtre exclusivement, le meurtre ou le viol, et le viol, je pense, en tous cas
il y a seulement quelques crimes qu'ils ne sont pas habilités à
juger.
Je pense, M. le Président, que la cause en soi est bonne. Je
pense que mon plaidoyer est compris du procureur général sans que
j'aie à entrer dans les détails. Il semble qu'on est en retard
dans ce domaine-là. Il s'est fait un effort, à un moment
donné, par l'ancienne administration pour augmenter les salaires de ces
juges. Je ne sais pas s'il s'en est fait depuis 1960. Mais il me semble
qu'après quatre ans on aurait eu le temps nécessaire pour
examiner le problème et on devrait en venir tout de suite à une
décision qui placerait nos juges de la province de Québec sur un
pied d'égalité avec les juges des autres provinces, qui leur leur
donnerait un statut équivalent aux juges nommés par le
fédéral et qui, évidemment, assurerait davantage leur
liberté de pensée, leur liberté d'action et surtout les
protégerait contre des tentations qui peuvent survenir à des
hommes qui ont des obligations parfois très considérables par
suite de famille nombreuse. Je pense qu'il est dans l'intérêt de
la société toute entière, indiscutablement dans
l'intérêt du bien commun, que les juges soient raisonnablement
payés. Maintenant, l'appréciation du mot raisonnable, eh bien,
c'est une question de comparaison avec les autres provinces et avec les juges
des autres juridictions. Et je crois que le temps est venu de poser le principe
qu'il n'y a pas de basses Cours, qu'il n'y a pas de juges de basses Cours ni de
juges de hautes Cours, qu'il n'y a que des juges que nous voulons les plus
compétents possible, les plus sereins et les plus intègres.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, le problème du
traitement des juges me préoccupe très sérieusement. Je
suis conscient de l'importance des fonctions judiciaires de nos juges
provinciaux. Nous avons' actuellement, devant la Cour d'appel, une demande pour
augmenter la juridiction des magistrats. La seule chose que je puisse dire dans
le moment c'est que le problème est toujours à
l'étude.
M. JOHNSON: M. le Président, ce n'est pas bien encourageant. La
première intervention que j'ai faite auprès du procureur
général date du mois d'août. Je l'avais averti dans le
temps; « Vous êtes mieux de prendre vos précautions parce
que les officiers du ministère des Finances commencent à
préparer des estimations budgétaires au mois de septembre. Il
faut intervenir à temps. A tout événement, au cours de
l'automne, on commence à préparer les chiffres en vue du budget
de l'année suivante. »
Le ministre a reçu plusieurs communications de la
conférence des juges. Il y a eu des interventions de la part de
plusieurs juges en chef, j'en suis certain. J'ai tout lieu de croire aussi que
certains juges, à titre personnel, ont envoyé des
mémoires. Il me semble que le ministre n'a pas une bien grosse
réponse à donner aujourd'hui. Si on savait au moins quelle est la
théorie qu'il partage, quels sont les remèdes qu'il espère
apporter.
On sait, que plusieurs juges réalisent des revenus d'appoints.
Mais encore-là, ça devient injuste, et ça expose le
gouvernement à se faire critiquer, quand on examine la liste des juges
qui reçoivent des revenus d'appoints.
Quand un juge gagne $14,000...
M. HAMEL (St-Maurice): Est-ce qu'elle a été produite cette
liste-là? Je n'ai pas eu l'occasion de la voir.
M. JOHNSON: Oui.
M. BELLEMARE: Oui, oui!
DES VOIX: Oui, oui.
M. JOHNSON: ...mais va se chercher $5,000, $6,000, $7,000, $8,000 bien,
ça lui en fait $20,000, $22,000.
M. HAMEL (St-Maurice): Evidemment!
M. JOHNSON: Mais, il y en a d'autres qui n'en ont pas, et c'est
là que c'est moins intéressant. Quand on regarde la liste, on est
fortement tenté de penser que, lorsqu'il s'agit de
choisir un juge pour une commission, comme la commission sur
l'étude des problèmes de l'Ile Jésus, la commission qui a
étudié les problèmes de sanatoriums etc... cela m'a l'air,
qu'à ce moment-là, il y a une certaine inclination, une certaine
tentation à favoriser une catégorie plutôt que l'autre,
à faire gagner un revenu d'appoints à certains juges plutôt
qu'à d'autres. Et ça, c'est une manière de saper encore la
confiance du public envers cette institution essentielle au maintien du bon
ordre. Si on est sérieux, on n'a pas le droit d'exposer à la
critique cette institution des juges. Si on sait à quoi cela peut
conduire, si les revenus d'appoints deviennent aussi considérables que
le salaire, cela pourra facilement tenter un juge d'être
extrêmement aimable envers le gouvernement.
UNE VOIX: A l'ordre, à l'ordre!
M. JOHNSON: Et tout de suite, on fausse le jeu complet de la
démocratie du système tel qu'on le connaît.
UNE VOIX: ... on va les choisir!
M. HAMEL (St-Maurice): On en a nommé des « bleus
»!
M. JOHNSON: Qu'on leur donne le même salaire que les juges de la
Cour supérieure, mais qu'on ne leur donne aucun revenu d'appoints. C'est
ça la manière de régler le problème.
UNE VOIX: Pourquoi vous ne l'avez pas fait!
M. JOHNSON: On l'a fait, M. le Président. Cela va surprendre le
député. Ah, évidemment, c'est un puits
inépuisable...
UNE VOIX: ... en a parlé!
M. JOHNSON: ... non pas de science...
M. BERTRAND (Missisquoi): A cause du fond.
M. JOHNSON: C'est le fonds qui manque le plus. On l'a fait à un
moment donné. On a enlevé tout revenu d'appoint aux juges, mais
les salaires étaient un peu bas à ce moment-là et avec
raison...
UNE VOIX: Cela ne s'est jamais fait!
M. JOHNSON: Oui, cela s'est fait. Le ministre, il est avocat M.
le Président, je suis toujours étonné moi, de voir le
manque de connaissance pour ne pas dire l'ignorance de certains membres du
gouvernement.
UNE VOIX: Oh, oh!
M. JOHNSON: Les juges n'avaient droit à aucune
rémunération pour servir...
M. MEUNIER: Cela leur prendrait des lumières!
M. JOHNSON: ... sur les bureaux d'arbitrage.
M. HAMEL (St-Maurice): Cela ne marchait pas non plus, si mon souvenir
est exact. Ils ne voulaient pas.
M. JOHNSON: Il est vrai qu'on a eu des difficultés...
DES VOIX: Ah, ah!
M. JOHNSON: Il est vrai que c'était difficile d'avoir certains
juges pour siéger. Ils se disaient « cela ne paie pas, on n'y va
pas. »
Les salaires étaient trop bas à ce moment-là, et
moi je dis, aujourd'hui qu'on devrait augmenter le salaire à tel
montant, et défendre tout autre revenu quand on travaille à la
demande du gouvernement, ou sur appointement, de l'un quelconque de ses
ministres, pour appliquer une des lois de la Législature.
Le juge en chef ou la Chambre devraient avoir le droit de
démettre des juges qui ne feraient pas leur part, qui ne feraient pas
leur ouvrage, parce que quand on paye un juge $21,000 on doit s'attendre
à ce qu'il travaille M. le Président. J'aimerais que le procureur
général nous dise qu'il est en voie d'opérer une
réforme dans ce sens-là et la première réforme
c'est d'augmenter le salaire et de le rendre comparable à celui des
juges de la Cour supérieure.
M. HAMEL (St-Maurice): M. le Président, le problème de nos
juges provinciaux me préoccupe sérieusement, je réalise
l'importance de leur fonction judiciaire, je ne puis dire autre chose que le
problème est à l'étude. Est-ce clair?
M. LE PRESIDENT: 7 adopté?
M. JOHNSON: Le ministre a-t-il demandé un budget
supplémentaire à venir?
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'y a pas lieu de demander de l'argent pour un
budget supplémentaire parce que c'est statutaire le salaire des
juges.
M. JOHNSON: Alors, M. le Président, ça ne dépend
pas de la Chambre, ça ne dépend plus que du gouvernement.
M. BELLEMARE: C'est ça.
M. JOHNSON: Cela dépend d'une décision du Cabinet, et je
suis très heureux de voir revenir le premier ministre qui va nous
annoncer qu'il a décidé d'augmenter les salaires des juges
provinciaux.
M. LESAGE: M. le Président, je regrette, j'ai
décidé de ne pas le faire cette année pour des raisons que
je n'ai pas à donnera la Chambre.
M. LE PRESIDENT: 7 adopté?
M. JOHNSON: C'est court, c'est catégorique.
M. HAMEL (St-Maurice): Je comprends qu'on a fini, qu'on est aux Cours de
bien-être social.
M. JOHNSON: Ah! je voudrais bien poser une couple de questions au
premier ministre pour des précisions.
M. LESAGE: Non, je ne serai pas ici à huit heures.
M. JOHNSON: Pendant l'heure du souper le premier ministre pourra
informer son procureur général qui nous le transmettrait.
M. LESAGE: M. le Président, j'ai déclaré qu'il n'y
aurait pas d'augmentations du salaire des juges de Cour de magistrat cette
année. J'ai des raisons, des raisons valables que je n'ai pas à
donner à la Chambre. Je considère la possibilité de le
faire pour l'an prochain.
M. LE PRESIDENT: La séance du comité est suspendue
jusqu'à huit heures.
Reprise de la séance à 8 h p.m.
M. BEDARD (président du comité des subsides): A l'ordre,
messieurs. Procureur général, article 7.
UNE VOIX: Adopté.
M. LE PRESIDENT: 7, adopté. 8, article 8: « Coroners et
laboratoire médico-légal ».
M. JOHNSON: Non, non. Est-ce que le ministre a l'intention
d'établir une cour du bien-être social à St-Hyacinthe cette
année?
M. HAMEL (St-Maurice): J'ai l'intention de proposer
l'établissement de quelques cours du bien-être social, mais je ne
peux pas encore dire si ce sera à St-Hyacinthe ou ailleurs.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y en a une à Shawinigan?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, il y en a une à Shawinigan.
M. JOHNSON: Ah bon, on a des chances d'abord qu'il y en a ailleurs.
M. BELLEMARE: Le ministre l'avait promis l'an passé à
St-Hyacinthe. L'honorable procureur général, à
l'étude du budget, si je retrouve mes notes, avait dit: « A
St-Hyacinthe, c'est presque décidé, nous allons durant
l'année en cours faire les démarches pour ouvrir une cour de
bien-être social à St-Hyacinthe. » Il avait même
parlé du comté de Missisquoi à ce moment-là.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je sais qu'il n'oubliera pas. Je n'ai pas
voulu en parler parce que je sais qu'il n'oubliera pas le district de
Bedford.
M. HAMEL (St-Maurice): En fait, j'ai l'impression que nous avons besoin
de plusieurs cours du bien-être social. Nous en avons besoin de
plusieurs. Je songe, par exemple, à Rivière-du-Loup ou à
New-Carlisle, ce sont des endroits extrêmement éloignés et
le magistrat qui est là est obligé de tout faire. Alors, je songe
à l'établissement de cours de bien-être social; nous avons
des demandes, comme on avait l'habitude d'entendre, nous avons des demandes
pour $100,000,000, nous allons dépenser $3,000,000. Alors, nous allons
aller où c'est le plus urgent, c'est ce qu'on avait l'habitude de nous
répondre. Je dois dire que j'ai plusieurs requêtes, nous allons
nous efforcer; j'ai une requête, par exemple, pour Beauharnois, qui me
semble un district judiciaire assez important. Le député de
Beauharnois n'est pas ici, mais il m'a fait des représentations assez
souvent. Et on m'a fait des représentations pour Granby, pour la cour du
bien-être social.
M. BERTRAND (Missisquoi): Je n'aime pas beaucoup que le procureur
général parle de Granby comme tel. J'aimerais mieux qu'il parle
du district de Bedford. Et en passant si vous manquez de candidat, on pourra
vous suggérer des noms.
M. HAMEL (St-Maurice): Je prends note.
M. JOHNSON: Je vois que le ministre songe surtout à des endroits
dans des comtés libéraux. C'est assez normal qu'il y ait
là plus de délinquance qu'ailleurs, qu'on doive commencer
par...
M. HAMEL (St-Maurice): Mais dans Bedford, je ne pense pas qu'on puisse
dire que c'est un...
M. JOHNSON: ... non, mais qu'on doive commencer par Beauharnois,
Rivière-du-Loup, Bonaventure.
M. HAMEL (St-Maurice): Je n'ai pas dit par où on
commencerait.
M. JOHNSON: Non...
M. LACROIX: N'oubliez pas Bagot.
M. JOHNSON: ... mais disons que si le ministre commence par
établir des cours de bien-être dans des régions
libérales, on ne l'accusera pas de patronage, mais on l'accusera d'aller
au plus pressé.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8....
M. DOZOIS: M. le Président, juste un mot. Quant à la cour
du bien-être social de Montréal, est-ce que le procureur
général a des nouvelles si le projet d'un nouveau local pour la
cour du bien-être social avance? Est-ce qu'il peut nous informer?
M. HAMEL (St-Maurice): Actuellement, nous avons libéré
l'endroit où siège la cour du bien-être social, je crois
que c'est sur la rue St-Denis?
M. DOZOIS: Oui, près du boulevard St-Joseph.
M. HAMEL (St-Maurice): Nous l'avons libéré de tous les
jeunes qui étaient là, mais nous avons un projet de construction
d'une cour du bien-être social. Où en sont rendus les plans
là, le ministre des Travaux publics pourrait nous dire ça parce
que moi, je ne le sais pas où en- sont rendus les plans.
M. DOZOIS: Parce qu'ils sont vraiment à l'étroit où
ils sont là.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah oui, puis je crois qu'il faut trouver le moyen
de les placer dans des conditions meilleures.
M. DOZOIS: Très bien.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, le ministre nous dit $3,000,000
sur $100,000,000. Dans la liste de priorités qu'il a, est-ce qu'il
pourrait nous donner cette année les cours qui vont sûrement
être ouvertes. Dans la liste de priorités, il y en a une de faite,
je sais que les officiers l'ont, il pourrait nous dire: « Il y a
sûrement, cette année, telle cour, telle cour qui va fonctionner.
»
M. HAMEL (St-Maurice): Je dirai ça au député de
Champlain dès que nous aménerons la loi concernant les tribunaux
judiciaires.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: « Coroners et
laboratoire médico-légal. »
M. LALONDE: Adopté.
M. JOHNSON: Est-il question d'apporter encore cette loi du coroner,
modifiant la loi des coroners?
M. HAMEL (St-Maurice): Cette loi est à l'étude, je crois
qu'actuellement il y a une cause pendante devant la Cour suprême,
où l'on discute du problème des coroners, alors nous avons
demandé à un de nos procureurs de comparaître, parce
que je crois que c'est la Saskatchewan qui a une cause concernant la loi des
coroners, alors, dans la loi, quel est le sens qui relèverait du
gouvernement fédéral, et la partie qui relèverait du
gouvernement provincial? Je crois que c'est la question actuellement devant la
Cour suprême. Mais nous étudions sérieusement le
problème de la loi des coroners, de façon à l'adapter aux
exigences modernes. Est-ce que ça viendra cette année, je ne suis
pas en mesure de le dire, parce que c'est une loi tout de même assez
complexe.
M. JOHNSON: M. le Président, l'année dernière, on
s'en souviendra, j'avais inscrit une motion visant à la création
d'un comité de la Chambre pour reviser la loi des coroners, et pour
l'amender de façon à respecter les libertés civiles, et de
façon à la rendre plus efficace aussi. Je pense que
l'année dernière à cette motion, on s'en
souviendra, qui est morte sur le feuilleton à la fin de la
session, le gouvernement n'ayant pas jugé àproposdel'appeler. Par
ailleurs, cette année, nous avons eu, dès le début de la
session, si ce n'est pas dans le discours du trône, c'est dans une
déclaration du premier ministre, l'annonce d'une loi amendant la loi des
coroners, c'est la raison pour laquelle je n'ai pas
réédité la motion de l'année dernière.
Maintenant, nous sommes dans les dernières semaines de la session,
normalement, et nous n'avons même pas encore la certitude que la loi sera
présentée.
Je pense qu'on se noie dans un verre d'eau. La loi des coroners n'est
pas si compliquée que ça, M. le Président, ce n'est pas un
problème insoluble. Il y a de nombreux travaux qui ont été
préparés par des professeurs d'universités entre autres,
un professeur de l'université d'Ottawa. Il y a des mémoires
préparés par la ligue des droits de l'homme, mémoires
extrêmement bienfaits. Des professeurs de l'université de
Montréal, des juristes de réputation ont fait également
paraître certains articles dans des revues spécialisées. Il
y a, je crois, disponibles, aux membres du Cabinet, au procureur
général, tous les matériaux nécessaires pour nous
faire une loi des coroners qui serait évidemment adaptée à
nos temps modernes, et qui respecterait davantage les droits de la personne
humaine. J'exprime le regret qu'on n'ait pas trouvé moyen de nous
apporter cette loi, même à ce stade très avancé de
la session.
M. le Président,qul est coroner à Montréal? Est-ce
encore M. Trahan?
M. HAMEL (St-Maurice): Me Marcel Trahan.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il a un assistant ou deux?
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'y en a pas actuellement.
M. JOHNSON: Il est seul. Qui est le directeur du laboratoire, le Dr
Roussel encore?
M. HAMEL (St-Maurice): Dr Rosario Fontaine.
M. JOHNSON: Ah, Rosario Fontaine... qui a comme assistant?
M. HAMEL (St-Maurice): Dr Roussel. M. JOHNSON: Dr Valcourt
également? M. HAMEL (St-Maurice): Docteur qui? M. JOHNSON: Dr
Valcourt.
M. HAMEL (St-Maurice): Il fait partie du personnel.
M. JOHNSON: Quels sont les autres médecins, à part les
trois susmentionnés?
Je vous demande pardon, M. le Président, on a la liste dans les
comptes publics.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il n'y a pas eu de changements?
M. JOHNSON: Il n'y a pas eu de changements depuis la liste
publiée dans les comptes publics?
M. HAMEL (St-Maurice): Le Dr Lachance. C'est un pathologiste qui a
été ajouté.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on a revisé la classification des salaires
de ces...?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce sont les mêmes salaires que l'an
dernier, mais ils avaient été revisés, d'après ce
qu'on me dit, l'an dernier.
M. LE PRESIDENT: Article 8, adopté?
M. JOHNSON: M. le Président, « Coroners et laboratoire
médico-légal », c'est l'endroit pour parler, je crois bien,
des coroners de districts autres que Montréal et Québec. A
Montréal on a un avocat, à Québec on a...?
M. HAMEL (St-Maurice): A Québec, il y a deux médecins, le
docteur Desruisseaux et le docteur Desrochers.
M. JOHNSON: Le procureur général a dû recevoir
certaines représentations...
M. HAMEL (St-Maurice): Un instant, je rectifie...
M. BERTRAND (Missisquoi): Il y a trois médecins.
M. HAMEL (St-Maurice): Le docteur Desrochers est médecin
légiste. Le dosteur Desruisseaux est coroner.
M. JOHNSON: M. le Président, le point principal est le suivant il
ne semble pas y avoir d'avocat à Québec.
M. HAMEL (St-Maurice): Nous n'avons...?
M. JOHNSON: Vous n'avez pas d'avocat comme coroner?
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. JOHNSON: Des représentations ont dû parvenir au
procureur général souhaitant que ce soit plutôt des hommes
de loi que des hommes de médecine qui soient appelés à
présider des enquêtes. Evidemment, je crois que laprésence
du médecin est essentielle, dans la plupart des cas sinon tous, mais il
devient injuste qu'on mette sur les épaules d'un médecin
certaines responsabilités qui surviennent au cours d'une enquête
du coroner. Evidemment, ce n'est pas tous les jours qu'on a des cas
compliqués, mais une fois par année ou une fois tous les deux
ans, dans chaque district, il y a de ces cas compliqués et je crois
qu'il y aurait lieu dans les nominations futures, maintenant qu'on a
nommé des libéraux à tous ces postes-là, qu'on
s'est acquitté des dettes d'élection envers certains
médecins,...
M. BELLEMARE: Qu'on a reconnu les vétérans!
M. JOHNSON: ...qu'on a reconnu les vétérans du service
dans l'armée libérale, quand on aura d'autres nominations
à faire, qu'on songe donc à revaloriser cette fonction-là.
Il y a des médecins qui ne font pas...
M. HAMEL (St-Maurice): Si on nomme des bleus, vous' allez encore nous
accuser de faire de la corruption, de vouloir les corrompre. Je dois dire qu'on
est mal pris avec l'Union nationale.
M. JOHNSON: M. le Président, quand est-ce qu'on a
blâmé le ministre et quel est celui qui a blâmé le
ministre d'avoir jamais nommé des bleus d'abord?
M. HAMEL (St-Maurice): Ah oui, ça se dit; les organisateurs entre
eux disent: Il Les rou-
ges sont après corrompre nos amis, en les nommant ici et
là. »
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre ne peut pas se lever et
nous donner le nom d'un seul partisan de l'Union nationale dont il est
responsable de la nomination à quelque poste que ce soit.
M. BELLEMARE: Non.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah, je pense.
M. JOHNSON: Vous voyez sa spontanéité, M. le
Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Ah oui, j'en ai en vue là. Cela a fait
toute une scène. Cela ne sert à rien de les nommer.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 9: « Commission de refonte
du cote civil ».
M. LAVOIE (Wolfe): M. le Président, j'aimerais savoir qui sont
les coroners dans mon comté, dans le comté de Wolfe?
M. HAMEL (St-Maurice): S'il y a un coroner dans le comté de
Wolfe?
M. LAVOIE (Wolfe): Quels sont les coroners, s'il y en a un ou s'il y en
a deux et qui sont-ils?
M. COUTURIER: Quel comté judiciaire?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est le district judiciaire de...?
M. LAVOIE (Wolfe): St-François.
M. HAMEL (St-Maurice): St-François, je vois ici docteur Duplessis
à Wotton.
UNE VOIX: C'est un rouge ça.
M. HAMEL (St-Maurice): Louis Gagnon à Sherbrooke, docteur Marcel
Chaput...
DES VOIX: Ce n'est pas un libéral!
M. HAMEL (St-Maurice): ... Richmond, Jean-Guy Rousseau, Lac
Mégantic et Laurent Roy Notre-Dame-de-la-Guadeloupe.
M. LAVOIE (Wolfe): Ah! C'est d'accord.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est dans le district de St-François.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est parce que je croyais que le docteur
Albéni Ménard de Garthby était coroner et puis on me dit
que sur sa correspondance il marque coroner du district de
St-François.
M. HAMEL (St-Maurice): Qui ça?
M. LAVOIE (Wolfe): Docteur AlbéniMénard de Garthby.
M. GOSSELIN: Albéni Ménard.
M. LAVOIE (Wolfe): C'est pour ça, je voulais vérifier si
c'était vrai ou non.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté. Article 9: «
Commission de refonte du Code civil ».
M. BERTRAND (Missisquoi): Où en est rendue la refonte du code
civil?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien on en a entendu parler suffisamment, M. le
Président, avec le bill 16 et là on continue le reste des
problèmes qui se rapportent au droit de la femme. La commission est
présidée par M.Nadeau, je ne connais pas par coeur les
membres.
M. BERTRAND (Missisquoi): Quia remplacé Mme Yvette
Mailloux-Dussault?
M. HAMEL (St-Maurice): Elle n'est pas remplacée.
M. JOHNSON: Irremplaçable, vous le savez bien.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, je ne sais pas ça.
M. JOHNSON: Définitivement.
M. HAMEL (St-Maurice): On m'a suggéré le nom d'un
professeur de l'université de Montréal ou McGill, je ne sais pas
si c'est Montréal ou McGill, on m'a suggéré ça.
Alors je ne sais pas s'il a été nommé. Je pense qu'il n'a
pas été nommé encore, ce n'est pas encore revenu devant le
Cabinet.
M. JOHNSON: M. Nadeau, qui a-t-il comme assistant?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Nadeau?
M. JOHNSON: Le notaire Boulanger est encore là?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, M. Benoît Boulanger, André
Nadeau, Georges-H. Dureault, Mme Claude Morel, c'est une des secrétaires
et M. Austin Johnson. On ne fait pas de patronage, un Johnson.
M. JOHNSON: C'est la branche rouge de la famille.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: C'est la branche libérale et protestante de la
famille. Aucune parenté, M. le Président, quoi que je connaisse
M. Johnson et...
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que c'est un bon avocat.
M. JOHNSON: C'est peut-être le meilleur de tous ceux que vous avez
là.
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne les connais pas tous moi.
M. JOHNSON: Je les connais tous.
UNE VOIX: Le chef de l'Opposition dit bien qu'il n'y a aucune
parenté.
M. JOHNSON: M. Nadeau, qui a-t-il là? M. HAMEL (St-Maurice): M.
Nadeau? M. JOHNSON: Quel salaire a-t-il?
M.HAMEL (St-Maurice): M. André Nadeau, $16,000.
M. JOHNSON: Les autres?
M. HAMEL (St-Maurice): Les autres, M.. Benoît Boulanger, $6,000;
Georges Dureault $6,000; M. Johnson, $7,500.
DES VOIX: Ah!
M. HAMEL (St-Maurice): Mme Morel, $3,600.
UNE VOIX: Du bon patronage.
M. JOHNSON: Il faut dire que c'est un vétéran de la cause
libérale, celui-là, M. le Président.
M. HAMEL (St-Maurice): Je l'espère.
M. BELLEMARE: Ah! Il faut faire acte de foi.
M. JOHNSON: M. Nadeau consacre t-il tout son temps à la
Commission?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit qu'il est exclusivement au service de
la commission.
M. JOHNSON: M. Nadeau ne pratique pas en dehors de la commission?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que non.
M. JOHNSON: Est-ce qu'on est bien sûr de ça?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien je crois qu'il donne ses cours à
l'université.
M. JOHNSON: Non, non.
M. HAMEL (St-Maurice): Je crois qu'Us sont plusieurs avocats dans son
bureau, alors il est possible que son bureau continue de marcher.
M. JOHNSON: Est-ce que à part les services de ces personnes
mentionnées par le procureur général on a eu recours aux
services d'autres avocats pour faire certains travaux?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui. On a eu recours à certains avocats ou
notaires pour faire préparer des travaux spécifiques sur un point
particulier qui est revisé ensuite par la Commission de la refonte du
code civil.
M. JOHNSON: Alors le ministre pourrait-il nous dire à qui on a
fait appel l'année dernière, par exemple, pour l'année
financière expirée le 31 mars 1964? On est allé chercher
les renseignements?
M. HAMEL (St-Maurice): On est allé les chercher.
M. JOHNSON: Très bien. Et quel montant leur a-t-on
payé?
M. HAMEL (St-Maurice): On va donner ça tantôt.
M. JOHNSON: Alors quant à moi je pourrais attendre le retour des
documents. Je n'ai pas d'autre question.
M. HAMEL (St-Maurice): On peut adopter 9. On donnera les renseignements
quand même tantôt.
M. LE PRESIDENT: D'accord. 10- « Commission de refonte du code de
procédure civile ».
M. BERTRAND (Missisquoi): Voici, sur 9 « Commission de refonte du
code civil », est-ce qu'on attend un autre rapport au cours de
l'année relativement à des amendements au code civil, au statut
de la femme mariée?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, on attend d'autres rapports.
M. BERTRAND (Missisquoi): Au sujet du régime des biens?
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense que c'est sur le régime des
biens, la communauté de biens, la séparation de biens, Je pense,
c'est sur le reste des droits de la femme...
M. BERTRAND (Missisquoi): Ce qui veut dire qu'on aura un autre bill 16
l'an prochain?
M. HAMEL (St-Maurice): Possiblement.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que le ministre pense qu'avec ces
commissaires, les autres commissaires ne consacrent pas tout leur temps
à ces travaux de refonte?
M. HAMEL (St-Maurice): Les autres commissaires, Je ne le crois pas non.
M. Nadeau consacre tout son temps, mais pas les autres.
M. BERTRAND (Missisquoi): Le ministre voit bien immédiatement que
ça va prendre plusieurs années...
M. JOHNSON: Plusieurs siècles!
M. BERTRAND (Missisquoi): ... et je dirais même vingt-cinq ans
peut-être à cette vitesse-là pour la refonte du code
civil.
M. HAMEL (St-Maurice): Le député de Missisquoi est
pessimiste.
M. BERTRAND (Missisquoi): Pessimiste?
M. HAMEL (St-Maurice): Bien, s'il pense que ça va prendre
vingt-cinq ans.
M. BERTRAND (Missisquoi): Bien, si vous avez un seul avocat qui consacre
tout son temps, et je puis dire que je pense bien que Me André Nadeau ne
consacre pas tout son temps, alors si vous avez trois autres commissaires qui
consacrent combien de temps durant une année à la refonte du code
civil, ça peut durer vingt ans.
M. HAMEL (St-Maurice): Seulement, comme je l'ai dit tantôt, nous
avons recours à d'autres avocats ou d'autres notaires pour certains
points particuliers et ces gens-là font le travail préparatoire,
le travail de base et ils le soumettent à la commission qui voit comment
ça s'agence avec le reste de la législation.
M. BERTRAND (Missisquoi): On n'a pas dû faire appel beaucoup
à ces avocats de l'extérieur puisque je constate aux comptes
publics, page 429, qu'on a eu des comptes inférieurs à $2,000, on
en a eu pour $328.84 et les dépenses diverses des comptes
inférieurs à $2,500, on en a eu pour $3,580.53. Alors on n'a pas
dû faire appel à beaucoup d'avocats. On n'a pas dû obtenir
beaucoup de travaux...
UNE VOIX: On n'est pas « chèrant ».
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, nous avons payé, par exemple,
à Me Louis Beaudoin au cours de l'année, $895. C'est pour la
période terminée en avril 1964.
M. BERTRAND (Missisquoi): Quelle était la nature de
l'étude demandée àMeBeaudoin?
M. HAMEL (St-Maurice): « Honoraires re: régimes
matrimoniaux », je vois sur la carte ici, « re: régimes
matrimoniaux. »
M. JOHNSON: Pour l'année 1962-1963? M. HAMEL (St-Maurice): C'est
1963-1964. M. JOHNSON: Ah pardon. Très bien.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce qu'on a le nom ou les noms d'autres
avocats qui...?
M. HAMEL (St-Maurice): J'en ai un autre ici M. Germain Brière,
faculté de Droit, université de Montréal, rapport
particulier sur les dispositions générales et le chapitre du
titre des obligations. On lui a donné $1,500. Un autre, Me Jean-Guy
Cardinal, $250. Il n'est pas indiqué sur la carte pour quelle chose
particulière. On a payé à la firme Chait, Aronovitch,
Salomon et Gelver $500 mais ça n'est pas in-
diqué sur la carte du comptable pourquoi exactement. Nous avons
ici Me Roger Comtois, re: régimes matrimoniaux, on a payé
$700.
Me Jacques Descarie, revision du chapitre IV du Code civil, $1,000. Me
Georges H. Dureault, ah, ce sont des dépenses de voyage. Me Léon
Faribeau, $300. Me Philippe Ferland, $750. Me Paul Forêt $250. Me Walters
Johnson, encore un autre Johnson...
M. JOHNSON: Walter S.
M. HAMEL (St-Maurice): ...honoraires pour travail à la revision
du Code civil.
M. JOHNSON: Le père de l'autre.
M. BERTRAND (Missisquoi): Son salaire?
M. HAMEL (St-Maurice): Me Armand Lavallée, Joliette, $100.
Jean-Jacques Lefebvre à la Cour supérieure, $250. Me André
Lesage, honoraires, re; régimes matrimoniaux, $1060. Me Louis Marceau,
honoraires, re: régimes matrimoniaux, $1,275. Me Léon Roy,
$500.
M. JOHNSON: De quel endroit, M. Roy?
M. HAMEL (St-Maurice): Québec. M. le juge Gérard Trudel,
$1,000.
M. JOHNSON: Régimes matrimoniaux, encore?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce n'est pas indiqué sur la carte.
M. BELLEMARE: Dépenses électorales!
M. HAMEL (St-Maurice): Me Henri Turgeon, professeur à la
Faculté de droit de l'Université Laval, $773.75.
M. JOHNSON: Pour les régimes matrimoniaux encore?
M. HAMEL (St-Maurice): Ce n'est pas indiqué sur la feuille.
M. LE PRESIDENT: Adopté!
M. BERTRAND (Missisquoi): Voici, on a donné tantôt, comme
salaire, traitement à M. W. A. Johnson, $9,500.
M. HAMEL (St-Maurice): $800.
M. BERTRAND (Missisquoi): $7,500? Alors que l'on donne aux autres
$6,000. D'où vient la différence de traitements?
M. JOHNSON: Il a peut-être plus d'années de service dans le
parti libéral!
M. HAMEL (St-Maurice): Ah non!
M. BERTRAND (Missisquoi): Je pense qu'à première vue, cela
me frappe. Je pense que tous les commissaires doivent donner à peu
près le même nombre d'heures, consacrer la même
période de temps aux travaux de la refonte. Il me semble qu'il devrait
être juste et raisonnable de les traiter sur un pied
d'égalité.
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, je n'ai pas les explications. Le
sous-ministre me dit probablement qu'il consacre plus de travail. Il est
possible, je ne le sais pas, qu'il s'occupe peut-être aussi de la
traduction. Je n'ai pas les informations. Cela me frappe...
M. BERTRAND (Missisquoi): Le ministre voudrait-il vérifier, et
s'il y a lieu, traiter les autres commissaires sur un pied
d'égalité avec M. Johnson.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est mon souci le plus constant de traiter tout
le monde avec la plus entière justice.
M. BERTRAND (Missisquoi): On verra l'an prochain si
l'inégalité a été corrigée.
M. BELLEMARE: Quand on sait quel souci!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: Non, non, non!
M. JOHNSON: On m'a rappelé à la mémoire ce que
disait le député de St-Maurice quand il était dans
l'Opposition...
UNE VOIX: C'est ça!
M. JOHNSON: ... et qu'on avait à voter $40,000 pour la revision
du Code civil. Là, c'est rendu à $85,000 pour l'année
dernière, $85,000 pour cette année. Cela fait déjà
$170,000 pour deux ans. L'année dernière et les deux
années précédentes c'était autour de $60,000
$70,000.
M. BELLEMARE: Une minute!
M. JOHNSON: Et tout ce qu'on a à montrer, depuis quatre ans,
c'est ...
M. BERTRAND (Missisquoi): Le bill 16. M. BELLEMARE: Qui était
prêt!
M. JOHNSON: ... le bill 16 qui concerne une partie des régimes
matrimoniaux. Et, on a comme commissaire, M. Nadeau, qui est sensé
consacrer tout son temps, à $16,000, plus M. Austin Johnson, un
excellentavocatd'ailleurs, à $7,500, plus M. Dureault à $6,000,
plus le notaire Boulanger qui doit évidemment voyager à
Montréal toutes les semaines, se tenir là constamment, j'en suis
certain, et on n'est pas satisfait de ça, on a payé tout
près, j'ai calculé rapidement, tout près de $3,500
à d'autres avocats de l'extérieur, dont le juge Trudel,
André Lesage et Léon Roy, et d'autres, pour les régimes
matrimoniaux, un rapport sur les régimes matrimoniaux. M. le
Président, on peut dire qu'il y a tout près de $300,000 à
$400,000 qui ont été votés pour accoucher du bill 16. Et
il a été complètement changé, grâce à
deux bons légistes, le notaire Marier, et l'avocat Asselin, tous deux
conseilleurs législatifs M. le Président.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. JOHNSON: Je vous assure que la montagne en travail « enfanta
une souris », c'est le temps de le dire, et au rythme où on va,
ça va coûter cher refondre le Code de procédures civiles.
Evidemment on est dans un domaine extrêmement délicat...
M. HAMEL (St-Maurice): C'est le Code civil ça?
M. JOHNSON: ... le Code civil, oui.
M. HAMEL (St-Maurice): Pas de procédures.
M. JOHNSON: Excusez, on en parlera de l'autre tantôt.
M. HAMEL (St-Maurice): Bien oui, on y viendra.
M. JOHNSON: M. le Président, un tiers de million, un quart de
million, pour aboutir à un bill 16 qui n'aurait pas été
montrable si on n'avait pas eu deux chirurgiens spécialisés en
chirurgie plastique: le notaire Marier et l'avocat Asselin, tous deux
conseillers législatifs. Et j'allais dire que c'était un domaine
extrêmement difficile. Il est difficile d'apprécier le travail qui
est fait en ce domaine-là. On sait que les conséquences d'une
législation dans les régimes matrimoniaux, tout amendement au
Code civil dans les matières de base, ça peut avoir des
conséquences extrêmement graves sur toutes nos institutions, et,
évidemment, la conclusion, c'est qu'il est difficile d'apprécier
le travail en dollars et cents. On a l'impression à regarder ça,
que ça ne bouge pas vite. On a l'impression, ah, ça ne bougeait
pas plus vite dans le passé. Mais il y avait les études de base
à faire, il y avait là le juge Thibodeau-Rinfret, ancien...
M. HAMEL (St-Maurice): Est-ce qu'il ne faisait pas des rapports
verbaux?
M. JOHNSON: ... ancien juge en chef de la Cour suprême du Canada,
candidat libéral notoire, connu, pas question de politique avec le juge,
la nomination du juge Thibodeau-Rinfret. Il y avait aussi Jean-François
Pouliot, sénateur, député libéral.
M. CREPEAU: Indépendant.
M. COUTURIER: Député libéral au
fédéral.
M. CREPEAU: Plutôt indépendant en fait.
M. JOHNSON: ... député libéral M. le
Président...
M. COUTURIER: Au Fédéral.
M. JOHNSON: ... fédéral...
M. COUTURIER: Fédéral.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Non, les anciens députés libéraux
provinciaux, M. Duplessis s'arrangeait pour leur donner une position à
ne rien faire, même pas à travailler de même...
M. COUTURIER: Il leur donnait un suçon.
M. JOHNSON: ... personne ne criait au scandale. Il y avait là,
ces deux juristes éminents, deux libéraux éminents, qui
ont fait quel travail? Le procureur général est en mesure de
l'apprécier. Je sais qu'il a fait des gorges-chaudes et le
témoignage du député de Mercier n'impressionne personne,
ni dans le Barreau, ni à l'extérieur du Barreau. Il y a de
nombreux rapports qui ont été faits par écrit. Il y a de
nombreux travaux. Le procureur général prédécesseur
du député de St-Maurice, s'est plaint dans cette Chambre d'avoir
trop de rapports du sénateur
Jean-François Pouliot entre autres, sur cette question des
régimes matrimoniaux, de juridiction du fédérale ou
provinciale en matière de mariage.
M. le Président, il ne faudrait tout de même pas abuser. Il
ne faudrait pas donner l'impression que c'est une source de patronage pour
distribuer $500 et $1,000 à tel avocat rouge, à tel autre avocat
rouge, tel notaire rouget Ça paraîtrait mal. Il n'y a pas que des
libéraux là-dessus. Il y a des juristes qui sont reconnus pour
leur compétence, qu'ils soient libéraux, Union nationale,
ça n'a rien à voir. Il y en a d'autres dont la compétence
est peut-être réelle, mais méconnue
généralement, et je sais des avocats libéraux qui m'ont
dit, des avocats sérieux, et ça commence à être
grave, il faudrait là qu'on s'y mette sérieusement: «Si M.
Nadeau n'a pas le temps de s'occuper exclusivement de l'affaire, de cette
commission, si les autres n'ont pas le temps ni la compétence pour le
faire, qu'on mette là des gens qui sont compétents et qui
donneront l'impression évidemment de gager leur argent et d'avancer dans
ce travail. Autrement on va très vite aboutir à une situation
où les gens auront raison de crier que c'est du gaspillage avant...
»
M. PINARD: Commérage.
M. JOHNSON: Non, non, est-ce qu'on veut des noms? Le
député de Drummond est injuste ce n'est pas du
commérage.
L'Opposition dit que ça n'a pas de sens de dépenser un
tiers de million pour aboutir au bill 16 qu'on a été
obligé de changer ici, ça n'en a pas de bon sens! Et ni M.
Nadeau, ni aucun des avocats, ni le juge Mailloux n'auront un prix de
l'Académie française pour le genre de travail qu'ils ont soumis
après avoir dépensé un tiers de million de dollars.
M. PINARD: Il y a des commissions qui ont fait des cours classiques sous
votre régime.
M. JOHNSON: Lesquelles? Laquelle? M. PINARD: Ils n'ont jamais
gradué.
M. JOHNSON: Cela, c'est du placotage. Laquelle?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Que le ministre s'exécute et le dise laquelle.
M. GABIAS: Il ne le sait pas, il est seule- ment bon pour faire des
menaces, le ministre de la Voirie.
M. JOHNSON: Laquelle? Du placotage, M. le Président. Le ministre
de la Voirie disait hier et ça paraît dans les débats
aujourd'hui, que cela n'arriverait pas du temps de M. Duplessis qu'un premier
ministre offre de réunir le comité des privilèges et
élections. Mais je dirai ce qui n'arriverait pas dans le temps de
l'autre
Opposition parce qu'on n'avait pas le courage d'accuser en face.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre.
M. BELLEMARE: Prenez vos précautions.
M. JOHNSON: On prend un million qu'on donne à un juge rouge, puis
à des avocats rouges pour salir du monde...
M. PINARD: C'est ça...
M. BELLEMARE: Prenez vos précautions.
M. JOHNSON: ... au lieu de faire son devoir en Chambre et d'accuser en
face quand on a quelque chose à dire.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs, à l'ordre.
M. BELLEMARE: Il y en a un autre qui s'en vient, prenez vos
précautions.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre.
M. JOHNSON: Ce n'est pas du placotage, M. le Président, c'es tle
devoir de l'Opposition d'attirer l'attention du ministre sur ce qui
paraît ou ce qui risque de devenir très vite un abus, et puis
qu'on y voit.
M. PINARD: Vous allez tomber en bas du banc une autre fois.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. GABIAS: Ah non, non, c'est vous qui allez tomber en bas de votre
hauteur.
M. LE PRESIDENT: 9, adopté. Article 10: « Commission de
refonte du code de procédure civile ».
M. GABIAS: Le chantage, ça ne marche pas chez-nous.
M. BERTRAND (Missisquoi): « Procédure civile »,
est-ce que nous aurons un projet de loi à la suite du rapport de la
Commission de refonte du code de procédure civile?
M. HAMEL (St-Maurice): Tout est actuellement à l'impression.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que le projet va être
déposé à la session actuelle?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est ce que j'ai toujours espéré
que le projet soit déposé, mais qu'il ne soit pas discuté
à la session actuelle pour permettre aux gens d'en prendre
connaissance.
M. BERTRAND (Missisquoi): Est-ce que ça veut dire qu'il peut
l'être d'ici la fin du mois?
M. HAMEL (St-Maurice): Je l'espère.
M. JOHNSON: Le ministre a eu le temps de lire le rapport des
commissaires, sur le projet de refonte du code de procédure civile?
M. HAMEL (St-Maurice): Je l'ai lu rapidement.
M. JOHNSON: Mais je crois, pour ceux qui l'ont examiné, qu'il
s'agit là d'un travail extrêmement bien fait, extrêmement
bien préparé. Maintenant, on sait que c'est un autre domaine
extrêmement complexe, mais nous serions très heureux si le
gouvernement pouvait déposer le projet avant la fin de la session afin
qu'on ait le temps de le digérer entre les deux sessions.
Mais pourquoi a-t-on besoin de $65,000, si le rapport est
déposé? Pourquoi a-t-on besoin du même argent que
l'année dernière si le travail est complété?
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, on me dit qu'après que le rapport a
été complété, il y a eu quelques retouches.
Maintenant, il y avait des index à préparer et la table des
matières. Et nous demandons ce montant-là. S'il y en a trop, les
commissaires; il y a deux juges de la Cour supérieure, en qui j'ai la
plus grande confiance, et puis il y a un monsieur Leblanc qui est commissaire;
alors je n'ai aucun doute que quand le travail sera terminé, tout va
arrêter, il n'y aura plus de salaire à payer et on ne gaspillera
pas.
M. JOHNSON: $65,000 de prévus pour faire des index, M. le
Président!
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, mais il y a l'impression aussi, je pense,
là-dessus.
M. BELLEMARE: Une bien mauvaise impression.
M. JOHNSON: En tout cas, disons que le ministre n'est pas sûr
pourquoi il demande $65,000. Evidemment, il n'est pas question de mettre en
doute le moindrement l'intégrité du juge Garon Pratte, ni du juge
Challies ni de Me Leblanc. Nous ne dépensons pas de l'argent pour rien.
Est-ce que cette commission présidée par le juge Garon Pratte a
fait faire des travaux par des avocats?
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense que c'est elle-même qui a fait
tout le travail.
M. JOHNSON: En quelle année ont-ils été
nommés?
M. HAMEL (St-Maurice): L'assistant-procureur général me
dit qu'il n'a pas la date en mémoire, mais il dit que, en autant qu'il
se rappelle, c'est alors que M. Rivard était procureur
général.
M. BERTRAND (Missisquoi): Il y en avait un à ce
moment-là.
M. JOHNSON: Je crois oui, que ç'a été fait en 1959.
M. Désilets avait occupé ce poste pendant longtemps, M. Auguste
Désilets, de Grand' Mère.
M. HAMEL (St-Maurice): M. Désilets, ça fait longtemps,
ça fait...
M. JOHNSON: Alors, en 1959, M. Rivard a vu à faire nommer M.
Challies, M. Leblanc; il me semble que c'est en 1959, ou en 1960. A tout
événement, voici une commission qui a siégé, qui a
travaillé pendant trois ans et qui a terminé son travail, un
travail extrêmement complexe. Mais ma question est la suivante: est-ce
qu'ils ont eux aussi, ces messieurs, donné, affermé certains
travaux à des avocats ou des notaires, surtout des avocats dans le cas
du code de procédure civile?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne le crois pas.
M. JOHNSON: C'est l'impression que j'avais. Ils ont fait tout leur
travail, le travail eux-mêmes; ils y ont consacré
entièrement leur temps, surtout dans le cas des deux juges, et nous
avons un résultat tangible au bout de quelques années
seulement.
M. LE PRESIDENT: Adopté? Adopté.
11: « Honoraires, subventions et autres dépenses
».
M. JOHNSON: A ce stage-ci, M. le Président, il nous arrive chaque
année de parler de la protection civile en vertu de 14, 15 Georges VI,
chapitre 50 et amendements. Si le ministre le préfère, on
pourrait peut-être passer à « Honoraires », quitte
à revenir à cette question à la fin pour ne pas
déplacer le personnel deux fois. « Honoraires, subventions et
autres dépenses »; c'était $40,000 qu'on avait
demandé l'année dernière; cette année on en demande
$162,000.
M. BELLEMARE: Plus $150,000 dans le budger supplémentaire ce qui
fait $319,000.
M. JOHNSON: Alors, pour quelles fins, M. le Président?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, c'est que nous avons d'abord un montant
d'inclus de $68,000, je pense, pour une pétition de droit qui a
été portée contre le gouvernement de la part d'une dame
Lindsay, je pense.
M. JOHNSON: Un règlement a été effectué?
M. HAMEL (St-Maurice): Il n'a pas été effectué
encore.
M. JOHNSON: Non? Ah non, il l'a été, on a voté plus
que les douzièmes ou les sixièmes précisément pour
accommoder... Si le ministre a besoin d'autres renseignements, il pourrait nous
poser des questions.
M. HAMEL (St-Maurice): Maintenant, il y a ici la Commission Brossard. On
a $20,000 sur ce budget-là, mais il va y avoir un montant additionnel
dans le budget supplémentaire. Pour l'affaire du « Protestant
School Board of Greater Montreal », il y a $25,000. La commission
d'enquête sur la Cour municipale de la cité de Québec,
$10,000. Quant aux subventions, il y a l'Association Henri Capitant, le
Congrès canadien de criminologie et l'étude comparative du droit,
$11,000 pour l'ensemble. Honoraires à divers avocats pour
pétitions de droit, honoraires pour surveillance des causes d'annulation
de mariages, $25,000. Congrès, conférence des commissaires qui
sera tenue à Montréal en 1964, $3,000. Je n'ai pas fait le
total.
M. JOHNSON: Quel est l'avocat qui s'occupe de surveiller les causes
d'annulation de mariages? Je devrais dire: quel est l'avocat libéral qui
a été choisi pour représenter le gouvernement?
M. CADIEUX: Un bon!
M. HAMEL (St-Maurice): Me Telller, je ne sais pas le premier nom.
M. JOHNSON: Est-ce que Me Jean-Paul Grégoire a occupé ce
poste un bout de temps?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est Me Bernard Tellier.
M. JOHNSON: Ah! Est-ce qu'on a un octroi pour l'assistance judiciaire,
le bureau d'assistance judiciaire?
M. HAMEL (St-Maurice): L'assistance judiciaire, c'est dans le budget
supplémentaire.
M. JOHNSON: On en parlera après, des item du budget
supplémentaire?
M. HAMEL (St-Maurice): Il me semble qu'on devait en discuter tout de
suite, des budgets supplémentaires?
M. JOHNSON: Il me semble que le premier ministre a dit qu'on en
discuterait après.
M. HAMEL (St-Maurice): Après que tous les budgets ordinaires
auront été...
M. LE PRESIDENT: On peut finir ça, puis aborder le budget
supplémentaire après.
M. JOHNSON: Très bien. Combien a coûté jusqu'ici
l'enquête dans le « Greater Montreal Protestant Board »?
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, j'ai $29,959.04.
M. JOHNSON: Jusqu'à maintenant. Et on prévoit $25,000 de
plus?
M. HAMEL (St-Maurice): Cela, c'est le montant qui a été
payé jusqu'aujourd'hui. Maintenant, il reste des comptes, actuellement,
pour $20,892.05.
M. JOHNSON: Cela, c'est juste pour la partie enquête Smith?
M. HAMEL (St-Maurice): Enquête Smith, oui.
M. JOHNSON: L'enquête McKay, c'était dans un budget
précédent?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit que l'enquête McKay a
été payée par le ministère des Affaires
municipales.
M. JOHNSON: Ah bon! Est-ce que le rapport du commissaire Smith a
été déposé?
M. HAMEL (St-Maurice): Le rapport du commissaire Smith m'a
été remis la semaine dernière. Le Cabinet n'en a pas
encore pris connaissance.
M. JOHNSON: Est-ce que le rapport conclut à des poursuites?
M. HAMEL (St-Maurice): Le rapport a été produit, le
Cabinet n'en a pas encore pris connaissance. Alors, je ne suis pas en mesure
actuellement de répondre à la question du chef de l'Opposition.
Sa question est prématurée.
M. JOHNSON: Ce n'est pas le chef de l'Opposition, M. le
Président, qui veut la primeur, c'est le public qui a le droit
d'être renseigné aussitôt que possible.
M. HAMEL (St-Maurice): Il va être renseigné aussitôt
que possible.
M. JOHNSON: En temps et lieu selon les voies ordinaires.
M. LE PRESIDENT: Article 11 adopté? M. JOHNSON: Non, non.
M. LOUBIER: M. le Président, dans l'enquête
Coffin-Brassard, quel était le montant prévu initialement, et
quelle est la somme dépensé jusqu'ici? Et quelles sont les
prévisions?
M. HAMEL (St-Maurice): $30,000 étaient prévus, seulement
je crois que ça va coûter $125,000 plus ou moins.
M. LOUBIER: Ce sont les prévisions du procureur
général aujourd'hui...
M. HAMEL (St-Maurice): Oui.
M. LOUBIER: De l'ordre de $125,000? Il n'y a pas eu de rapport
préliminaire de déposé, rien à date?
M. HAMEL (St-Maurice): Non.
M. LE PRESIDENT: Article 11. adopté. « Défense
civile » , avant de prendre le budget supplémentaire. Vous pourrez
passer la « Defense civile » avant.
M. HAMEL (St-Maurice): Non, on va passer le budget supplémentaire
avant. Dans la « Protection civile » je pense qu'il n'y a rien.
M. LE PRESIDENT: C'est correct Alors, budget supplémentaire, page
15, article 1: « Administration; $75,000 ».
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous dire, à l'item 1,
pourquoi il a dû demander un montant additionnel de $75,000, rapidement
et sommairement?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, c'est pour l'engagement de personnel
additionnel pour les services que nous devons créer. Il y a la
criminologie, il y a le service de recherches, la bibliothèque, il y a
un directeur général des services, où on était
extrêmement pauvre en organisation de certains services qui, à mon
sens, sont essentiels. Le service de criminologie, par exemple. C'est ce qui
fait le montant de $75,000.
M. JOHNSON: « Poursuites aux criminels », item 5.
M. LE PRESIDENT: « Poursuites aux criminels », le
juré, témoins et autres dépenses.
M. HAMEL (St-Maurice): C'est parce que nous avons augmenté
l'indemnité des jurés de $10 à $25.
M. LE PRESIDENT: Article 6.
M. GABIAS: M. le Président, est-ce que nous sommes à
l'item: « Administration »?
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. GABIAS: Sommes-nous à l'item « administration
»?
M. LE PRESIDENT: Non, « Administration » est adopté.
Nous étions à...
M. GABIAS: Non, non, je vous demande pardon. Vous avez dit
adopté, personne n'a dit adopté.
M. LE PRESIDENT: Oui, le chef de l'Opposition a posé une question
sur « poursuites aux criminels, le juré », pour savoir en
quoi consistait l'augmentation.
M. GABIAS: Si l'item était adopté, évidemment je
n'ai pas d'autre recours que celui de m'asseoir, mais s'il n'a pas
été adopté, je crois qu'il peut être demandé
au procureur général si ce dernier a revisé son opinion,
depuis six heures, au sujet des arguments qu'il nous a apporté
concernant la nomination du protonotaire de Trois-Rivières?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs. C'était l'article 2 du
budget « Officiers de justice » ç'a été
discuté sous l'article 6 à ce moment-là, et
présentement nous avons 1, 5, 6, 8, et 11. Alors il n'y a pas
d'officiers de justice dans le budget supplémentaire.
M. JOHNSON: On pourrait essayer à l'article 6
peut-être.
M. GABIAS: On va se reprendre à l'article 6, très
bien.
M. JOHNSON: L'augmentation de $10 à $25 pour les jurés,
c'est un saut assez spectaculaire.
M. HAMEL (St-Maurice): Oui, je comprends, seulement nous devons tenir
compte du fait que les jurés travaillent dans des conditions difficiles.
D'abord ils sont surveillés quasiment comme des prisonniers, et parce
que les jurés ne siègent qu'un fois de temps en temps, les
locaux, on ne peut pas dire que les locaux, quoi que nous y ayons fait, cette
année, des améliorations, ne sont pas particulièrement
confortables. Alors le Cabinet s'est dit ceci: il y a assez que ces gens
travaillent dans des conditions plutôt difficiles, qu'au moins ils ne
devraient pas perdre de l'argent. C'est la raison que nous avons.
M. LE PRESIDENT: Article 6: « Administration des palais de justice
et prisons; traitements ».
M. JOHNSON: Le protonotaire au Palais de justice de
Trois-Rivières est-il un employé du palais de justice?
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, ce sont les gardiens et...
M. HAMEL (St-Maurice): Pardon?
M. JOHNSON: Est-ce que c'est un employé au palais de justice de
Trois-Rivières, le protonotaire?
M. HAMEL (St-Maurice): Je pense que c'est pour les prisons ça,
d'après ce que je peux voir là. C'est limité a
l'augmentation du nombre de gardiens à Montréal, à
Québec ...
M. BELLEMARE: Ce n'est pas pour le jambon, ça?
M. HAMEL (St-Maurice): Maintenant il y a un montant de $68,000 pour des
rémunérations additionnelles accordées à certains
gardiens de prison, particulièrement à Bordeaux, où il y a
eu du temps supplémentaire de fait.
M. JOHNSON: Depuis l'évasion des cagoulards du Palais de justice
de Montréal, est-ce qu'on a pris des mesures efficaces pour
éviter que ne se répètent de tels incidents?
M. HAMEL (St-Maurice): Oui. Enfait, même au moment où les
cagoulards se sont évadés, c'est parce que les règlements
prévus n'avaient pas été suivis. C'est pour ça que
les cagoulards se sont...
M. BELLEMARE: Faites « barrer » les portes.
M. LE PRESIDENT: Adopté. Article 8: « Coroners et
laboratoire médico-légal, $80,000 ».
M. HAMEL (St-Maurice): Cela, c'est pour assurer la spectroscopie,
l'infrarouge et pour la chromatographie gazeuse. C'est le Dr Fontaine, le Dr
Roussel et M. Péclet qui nous disent que, pour avoir un système
moderne, il faut qu'ils aient ces instruments-là.
M. JOHNSON: Est-ce qu'il y a là-dedans des instruments pour
mesurer le degré d'alcoolisation?
M. HAMEL (St-Maurice): Je peux dire au chef de l'Opposition que ce sont
les appareils pour la spectroscopie, l'infrarouge et la chromatographie
gazeuse. Alors le chef de l'Opposition est assez intelligent, il sait ce que
ça comprend.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: M. le Président, il me semblait que le procureur
général serait pas mal versé dans ce domaine puisque c'est
sa fonction d'étudier ces problèmes. Est-ce que c'est le
laboratoire du Dr Fontaine qui s'occupe de ces prises de sang et de ces
analyses, par l'haleine, du degré d'alcoolisation?
M. HAMEL (St-Maurice): La réponse est oui.
M. JOHNSON: Est-ce qu'actuellement on admet cette preuve-là
devant les tribunaux? Est-ce que le procureur général a eu des
problèmes?
M. HAMEL (St-Maurice): Chaque cas est étudié a son
mérite par la cour.
M. BERTRAND (Missisquoi): C'est une réponse, quand on n'en a
pas.
M. JOHNSON: D'ailleurs c'est bien ça. C'est bien qu'il en soit
ainsi parce qu'il y a des gens qui prennent deux verres de gin et puis leurs
réflexes sont tout changés. D'autres en prennent 15 onces, 20
onces, et ils sont encore normaux ou paraissent normaux. Alors, ce n'est
certainement pas l'analyse quantitative qui va servir de critère
infaillible du degré d'alcoolisation ou du manque de contrôle
suffisant pour conduire un véhicule. D'ailleurs, le procureur
général le sait. Il y en a qui peuvent prendre du gin toute la
journée et puis ils sont solides et il y en a d'autres qui en prennent
deux verres avant le souper et puis ce ne sont pas les mêmes gars, ils
sont tout changés. Question de tempérament! Question de
constitution!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Il est de notoriété publique...
UNE VOIX: Il y en a qui n'en prennent pas et qui s'égarent!
M. JOHNSON: ... que sir Winston Churchill prenait au moins deux 40 onces
de scotch par jour et il a été premier ministre. C'est
écrit dans un livre, ça.
M. BERTRAND (Missisquoi): Etes-vous en train de faire de l'annonce pour
une compagnie de Toronto?
UNE VOIX: Il va mettre du cognac avec de la crème!
M. BERTRAND (Missisquoi): Le député de Richmond va
protester!
M. PINARD: Il est pour et contre la boisson.
UNE VOIX: Il va perdre des membres si ça continue!
M. LE PRESIDENT: 11: « Honoraires, subventions et autres
dépenses ».
M. JOHNSON: Tantôt, le ministre nous a expliqué qu'il y
avait là un montant pour la Commission Brossard.
M. BELLEMARE: Oui. $95,000.
M. HAMEL (St-Maurice): Honoraires supplémentaires là,
Commission Brossard, $95,000. Commission Royale « Protestant School Board
», $35,000. Commission Sylvestre, $15,000. Assistance judiciaire de
Montréal, $12,000.
M. JOHNSON: Bon. Bonne nouvelle! Est-ce qu'il y a des octrois pour
l'assistance judiciaire dans les autres districts que celui de
Montréal?
M. HAMEL (St-Maurice): Pas encore.
M. JOHNSON: Pas encore. Y a-t-il des demandes?
M. HAMEL (St-Maurice): Je ne me souviens pas d'avoir eu de demandes
d'autres districts judiciaires. Je ne dis pas que cela ne viendra pas.
M. BELLEMARE: De Trois-Rivières, vous en avez une!
M. HAMEL (St-Maurice): Depuis que je suis procureur
général, je ne me souviens pas qu'il y ait eu de demandes
formelles.
M. BELLEMARE: Ils vous ont rencontré à
Trois-Rivières, dernièrement.
M. LE PRESIDENT: 11, adopté?
M. JOHNSON: Oui.
M. BELLEMARE: A la suite d'un banquet.
M. LE PRESIDENT: « Protection civile », au budget, page
89.
M. JOHNSON: Oui, M. le Président, chaque année nous avons
le pèlerinage dans cette Chambre du coordonnateur de la protection
civile et de quelques-uns de ses assistants. Nous demandons au procureur
général de nous faire un rapport sommaire sur cette question qui
doit prendre de plus en plus d'importance dans nos préoccupations. Le
ministre voudrait-il nous dire qui est le coordonnateur? Quelle est sa
rémunération? Quels sont ses assistants? Quels sont les
principaux membres du personnel? Et quels sont les progrès accomplis au
cours des derniers douze mois?
M. HAMEL (St-Maurice): Le coordonnateur est M. Dostie. Il est à
temps partiel. Il a un salaire de $3,000 par année. Ses assistants sont
M. Fernand Garon, directeur, $12,000; M. Lamothe, directeur des
opérations, $10,000; M. Perron, directeur de l'administration,
$10,000.
M. JOHNSON: M. Gauvreau?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Gauvreau est payé actuellement $5,000
par année; il est assistant instructeur. Maintenant, actuellement, il
est passé sur mon bureau une demande de revision de son salaire.
M. JOHNSON: Combien de personnel en tout? M. HAMEL (St-Maurice): 88.
M. JOHNSON: 88. Oh là là! Quelle est la fonction du Dr
Lizotte, l'ancien député de Montmagny, qui est devenu
sous-ministre adjoint de la Santé?
M. HAMEL (St-Maurice): Le Dr Lizotte est directeur du Service de
santé d'urgence mais il n'est plus payé par la protection civile.
Il est sous-ministre adjoint de la santé.
M. JOHNSON: Quelle est la jonction entre le Dr Lizotte et la protection
civile? Est-ce lui qui a juridiction sur le eoordonnateur et ses assistants
où sont-ce les coordonnateurs qui font appel aux services du Dr
Lizotte?
M. HAMEL (St-Maurice): Le Dr Lizotte est directeur des services de
santé d'urgence. Il est sous la juridiction du coordonateur
général et il relève du ministère de la
Santé parce qu'il est en plus sous-ministre adjoint actuellement.
M. JOHNSON: Quand survient une situation comme par exemple le feu
à l'Hôtel-Dieu de Chicoutimi, qui est-ce qui donne les ordres ou
l'ordre au Dr Lizotte de mettre en opération son service?
M. HAMEL (St-Maurice): C'est le coordonnateur de la protection
civile.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. BELLEMARE: M. le Président, je vois dans les comptes publics
que le Cap-de-la-Madeleine a reçu une somme de $6,888,67 à la
page 430, ce sont des octrois qui sont accordés en vertu du plan
conjoint là, des ententes fédérales provinciales, sont-ce
des octrois donnés spécifiquement pour de l'équipement ou
est-ce pour de l'organisation, ou est-ce pour payer des salaires?
M. HAMEL (St-Maurice): Alors, ça peut-être de
l'équipement et des salaires, si c'est payé 75% par le
fédéral, 15 % par le provincial, 10% par la municipalité
et c'est suivant un plan qui se prépare dans la zone.
M. BELLEMARE: Je suis assez surpris de constater que la ville de
Québec par exemple ne reçoit presque rien de ces ententes quand
la ville de Montréal reçoit elle, $186,000.
M. HAMEL (St-Maurice): Quand ils ne veulent pas contribuer ce n'est pas
compulsoire il faut qu'ils acceptent.
M. BELLEMARE: Est-ce que c'est un programme qui peut s'échelonner
sur deux, trois, quatre ou cinq ans?
M. HAMEL (St-Maurice): La réponse est oui.
M. BELLEMARE: C'est vérifié, c'est envoyé au bureau
du contrôleur?
M. HAMEL (St-Maurice): On me dit qu'il y a une vérification
sérieuse faite par les réprésentants de la protection
civile.
M. BELLEMARE: Alors le ministre a certainement ou le contrôleur a
sûrement entre les mains, le montant des comptes publics $6,888 pour le
Cap-de-la-Madeleine. Est-ce que le ministre pourrait nous dire si c'est de
l'équipement ou si c'est du salaire, ou si c'est...
M. HAMEL (St-Maurice): 50% pour les salaires, 50% pour
l'équipement.
M. BELLEMARE: Oui ça c'est tout à fait contraire,
ça contredit ce que disait le ministre tout à l'heure, 75%, 15%,
10%.
M. HAMEL (St-Maurice): Non, non, ça ne contredit pas. Le paiement
est fait dans la proportion suivante, 75% par le gouvernement
fédéral...
M. BELLEMARE: Oui.
M. HAMEL (St-Maurice): 15% par la province...
M. BELLEMARE: 10%
M. HAMEL (St-Maurice): 10% par la municipalité. Là on me
demande à quoi a servi le $6,000.
M. BELLEMARE: Oui.
M. HAMEL (St-Maurice): 50% a servi pour l'équipement, 50% a servi
pour les salaires.
M. BELLEMARE: Ah, directement dans ce cas-là.
M. JOHNSON: Le ministre pourrait-il nous donner un portrait
général? Quelles sont les relations et dans quel état
sont-elles avec le fédéral? Les municipalités
coopèrent-elles et dans quelle mesure? Troisièmement sommes-nous
adéquatement organisé? Est-ce qu'on doit souhaiter étendre
ce service? Est-ce qu'on doit demander une revision de l'entente avec le
fédéral et comment opère le fédéral
maintemant qu'on a fait des coupures dans le budget de la défense et
qu'on a réduit considérablement la milice dont une partie des
forces, je crois, devait s'entraîner en fonction de la protection du
civil?
M. HAMEL (St-Maurice): Voici, nous avons eu certaines
expériences, et je crois que la protection civile qui, originairement
était en fonction particulièrement de la défense dans le
cas de guerre, que ça c'est considérablement modifié. De
là, nous avons modifié la loi l'an passé ou il y a deux
ans, précisément pour élargir le rôle de la
protection civile.
A plusieurs reprises, les services de protection civile ont
été requis et se sont avérés efficaces. Seulement
ça prend quelque temps avant d'avoir une coordination complète.
Je crois que de plus en plus les villes, les municipalités
coopèrent avec la protection civile dans l'établissement de la
protection nécessaire. On me dit qu'il y a 800 villes actuellement qui
participent au plan de la protection civile.
M. JOHNSON: 800 municipalités de la province. Est-ce que...
M. HAMEL (St-Maurice): Maintenant, le coordonnateur me dit que si le
chef de l'Opposition veut avoir un rapport particulier, il se fera un plaisir
de préparer un rapport sur la protection civile et ça me fera
plaisir d'en envoyer une copie au chef de l'Opposition.
M. JOHNSON: M. le Président, je remercie le ministre pour son
offre. C'est un domaine qui est extrêmement important. La population
s'at- tend à ce que quelqu'un s'occupe de la protection civile et
particulièrement dans les agglomérations comme Montréal.
On n'a pas actuellement l'impression qu'on est réellement
organisé, qu'on est au point et j'aimerais entendre le ministre nous
déclarer qu'on fait voter les sommes nécessaires et qu'on prend
les mesures appropriées pour en arriver le plus tôt possible
à un système ou au moins à des grandes structures d'un
système complet où les gens se sentiraient protégés
adéquatement.
M. HAMEL (St-Maurice): La réponse est oui.
M. JOHNSON: Est-ce que...
M. HAMEL (St-Maurice): La réponse est oui.
M. JOHNSON: La réponse est oui.
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. JOHNSON: Je suis très heureux d'entendre le ministre dire que
nous sommes bien protégés. Mais depuis qu'Ottawa a modifié
le rôle de la milice ou a réduit le nombre?
M. HAMEL (St-Maurice): M. Dostie me dit que dans un cas d'urgence, c'est
le premier ministre de la province qui a toute la responsabilité et
toute l'autorité de tout ce qui regarde la protection civile, y compris
la milice.
M. JOHNSON: Cela, c'est rassurant, M. le Président. Comme le
premier ministre avait une grande expérience en matière de
poursuites criminelles, c'est lui qu'on consultait avant de prendre des
poursuites dans l'affaire des faux certificats...
M. LE PRESIDENT: A l'ordre, messieurs.
M. JOHNSON: Et comme il a déjà été
lieutenant...
UNE VOIX: Et colonel.
M. JOHNSON: colonel et qu'il est maintenant colonel honoraire, nous
sommes très heureux d'apprendre que la province est adéquatement
protégée, pourvu que la blessures qu'a reçues le premier
ministre dans sa carrière militaire ne s'ouvrent pas d'ici à ce
temps-là!
M. LE PRESIDENT: Adopté.
M. HAMEL (St-Maurice) Adopté.
M. LE PRESIDENT: Richesses naturelles, page 99, article 1: «
Administration », $932,000. 1, adopté?
M. BELLEMARE: Le ministre pourrait-il nous dire cette année, en
vertu de son rapport qu'il nous a soumis, s'il y a eu une augmentation
considérable des employés permanents dans son ministère,
s'il y en a, combien et comment se répartissent leur nomination?
M. RENE LEVESQUE: Je ne crois pas que j'ai autant de détails
qu'en implique le député de Champlain, mais en ce moment le
ministère compte 639 employés...
M. BELLEMARE: Un instant.
M. RENE LEVESQUE: ... enfin, en ce moment, je m'excuse,
M. BELLEMARE: 639?
M. RENE LEVESQUE: A la fin de l'année financière,
c'est-à-dire à la fin de mars, début avril, il y a
peut-être eu quelques changements très petits depuis ce
temps-là, il y avait 639 employés permanents du ministère
contre 642 en 1962-1963, auxquels il faut ajouter deux régies, 32
à la régie du gaz et l'électricité, et 68 à
l'Office d'Electrification rurale, ce qui fait 742 en tout pour 1963-1964,
c'est-à-dire à la fin de la dernière année
financière, contre 751 à la fin de l'année passée,
donc une légère diminution de personnel. Sur les 639 du
ministère à la fin de l'année financière, 470
étaient permanents, soit plus de 73%, ça continue à
augmenter, on essaie de donner les permanences à mesure qu'elles sont
acquises et qu'elles peuvent être approuvées, 470 permanents
contre 453 l'an dernier. Maintenant, juste en passant, il faut noter que
pendant que le chiffre global des employés du ministère accuse
une légère diminution, le nombre des employés
professionnels comme on dit, c'est-à-dire les ingénieurs de toute
discipline, des économistes, des comptables et vérificateurs,
etc, c'est-à-dire les plus spécialisés, le nombre augmente
et est actuellement en dehors des régies de 175 sur le total que j'ai
donné, de 639.
M. BELLEMARE: M. le Président, je vois aussi dans les comptes
publics de l'année passée, qu'il y avait un montant de
$471,594.76 pour d'autres salaires, c'est-à-dire des salaires qui
n'atteignaient pas ceux que rapportent les comptes publics, c'est-à-dire
le $5,000 et plus. Dans le $471,594.76 combien d'employés qui ont en bas
de $2,000 dans son ministère?
M. RENE LEVESQUE: La question du député s'explique assez
difficilement parce que c'est du personnel ouvrier qui n'est pas payé
à l'année, dans la plupart des cas il s'agit d'ouvriers par
exemple sur les trayaux de génie, enfin on va trouver les
investissements pour les routes dans le Nord. Je regrette de dire, c'est un
plan conjoint. Prenez les routes de l'Abitibi par exemple, ensuite, sur des
équipes pendant l'été du département des Eaux, les
travaux, vous avez un ingénieur qui va réparer par exemple un
bord de rivière, les travaux de protection des rives de cours d'eau,
alors, évidemment, il y va avec parfois même pas un
ingénieur, parfois ça peut être un technicien, ou un
contremaître et il engage du personnel ouvrier, et tout ça
s'accumule sous forme de salaire pour donner le chiffre qu'a mentionné
le député de Champlain, mais c'est tous ou presque tous des gens
qui sont à base horaire ou payés à la semaine ou à
la journée, mais qui ne sont pas sur une base annuelle.
M. BELLEMARE: Si je comprends bien, M. le Président, le ministre
nous a dit: nous avons au ministère 639 employés permanents.
M. RENE LEVESQUE: Non, non dans le sens, ce que je donnais tout à
l'heure, je croyais répondre à la question du
député dans le sens de la loi du service civil, il y a des
employés qui sont permanents dans ce sens-ci, ils travaillent douze mois
par année mais ils n'ont pas encore leur permanence, par rapport
à la loi du service civil.
Comme on essaie d'augmenter, à mesure que le rendement des
employés le permet, le nombre des permanences, alors sur les 639
employés directs du ministère qui travaillent douze mois par
année, il y en a 470 qui ont leur permanence au sens de la loi du
Service civil. Les autres dont parle le député...
M. BELLEMARE: Restons sur les 470. M. RENE LEVESQUE: Bon, très
bien.
M. BELLEMARE: Restons là, parce que ça se divise en deux
grandes catégories: ceux qui travaillent pour les Ressources
hydrauliques, et ceux qui travaillent pour les mines, qui font un seul
ministère, celui des Richesses naturelles. D'après les comptes
publics, c'est divisé comme ça.
M. RENE LEVESQUE: Il y a trois catégories en fait, mais la
troisième, au point de vue numérique, n'a pas d'importance. Au
point de vue du
ministère elle en a beaucoup, c'est la planification des
études économiques.
M. BELLEMARE: Ah, le Conseil d'orientation économique et le
reste.
M. RENE LEVESQUE: Non, non, ce n'est pas le Conseil d'orientation
économique. C'est notre petit conseil à nous autres, si vous
voulez, pour nos problèmes du ministère, essentiellement.
M. BELLEMARE: Mais dans ces 470 employés permanents reconnus par
le Service civil, je voudrais savoir du ministre, parce que la liste que nous
avons ici ne comprend certainement pas 475 employés permanents, je
voudrais savoir combien il y en a en bas de $5,000, et combien il y en a en bas
de $2,000? C'est ça que je voudrais savoir.
M. RENE LEVESQUE: On pourra le donner, mais là, on ne l'a pas, on
y reviendra si le député veut. Alors le député
voudrait avoir, parmi les employés directs et permanents du
ministère, combien sont en bas de $5,000 et combien sont en bas de
$2,000?
M. BELLEMARE: C'est ça. Quelle est la moyenne du salaire
actuellement?
M. RENE LEVESQUE: Cela fait du nouveau, ordinairement on demande les
gros salaires, là on veut les petits.
M. BELLEMARE: Quelle est la moyenne de salaire payée
actuellement?
M. RENE LEVESQUE: Alors si le député veut, on va prendre
ça en délibéré jusqu'à la prochaine
séance.
M. BELLEMARE: Très bien.
M. JOHNSON: Le ministre se souviendra qu'on avait convenu, lors de la
présentation d'une loi concernant l'Office d'électrification
rurale, que nous pourrions parler de cette loi lors de l'étude de ses
estimations, je présume que ce sera à l'article 14, l'Office
d'électrification rurale?
M. RENE LEVESQUE: Normalement oui.
M. JOHNSON: Et quant aux Esquimaux, on en parlera à l'item 5 je
présume?
M. RENE LEVESQUE: Bien, le Nouveau-
Québec, item 5, si le chef de l'Opposition préfère
ça comme ça, ça paraîtrait plus logique.
M. JOHNSON: Et à « Administration », il resterait
peut-être à demander au ministre où en est rendu son projet
de présenter la loi des mines?
M. RENE LEVESQUE: Il en est rendu à la révision que
j'espère finale. Seulement comme il s'agit d'un très gros paquet
de papier, et un énorme paquet d'articles, ça va dépendre,
évidemment, du rythme de la fin de la session, et je ne peux pas
garantir que ça va être présenté. Ça ne va
certainement pas passer avant la fin qu'on prévoit de la session, mais
alors à ce compte-là ça viendrait j'espère assez
vite à la prochaine. Je ne peux pas dire si ça va pouvoir passer,
mais de toute façon la revision finale est en train de se faire.
M. JOHNSON: Est-il question d'augmenter les droits miniers sur le
minerai de fer, particulièrement celui de l'Iron Ore?
M. RENE LEVESQUE: Bien, il est question d'une augmentation qu'on pourra
discuter parce que, bien entendu, ça touche d'assez près à
la fiscalité, alors on ne peut pas, tout de même, en parler en
détail avant que la loi soit déposée. Mais il est question
de certaines augmentations, seulement je ferai remarquer au chef de
l'Opposition qu'on ne spécifie pas dans cette loi-là, et je ne
crois pas qu'on en change le principe à ce point de vue-là, telle
ou telle industrie minière, les redevances en vertu de la loi des mines,
sont en fonction des profits des compagnies dans quelque domaine minier
qu'elles agissent.
M. JOHNSON: Mais, M. le Président, le ministre doit savoir,
où j'espère en venir. L'une des grandes critiques des
libéraux avant 1960 c'est que le gouvernement du temps ne chargeait pas
des royautés assez élevées sur le fer de l'Ungava, et
c'était évidemment le thème de très grandes
envolées touchant quelques fois à un lyrisme larmoyant: «
un cent la tonne » disait le chef de l'Opposition du temps. Il clamait
ça, à la radio et à la T.V., et tout le monde se souvient
de la phrase célèbre qui a peut-être été
reprise par le ministre des Richesses naturelles: « Le coeur me saigne
lorsque des fenêtres du Château Frontenac je vois ces bateaux
transportant des lambeaux de ma patrie vers les Etats-Unis ». M. le
Président, c'était à pleurer, c'était...
M. RENE LEVESQUE: La seule différence
c'est que moi c'était d'une fenêtre différente, mais
ça m'est arrivé.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre saigne aussi comme l'ancien procureur
général aujourd'hui ministre des Affaires culturelles?
M. RENE LEVESQUE: Je saigne encore, mais j'espère qu'avec la
nouvelle loi on saignera un peu moins.
M. JOHNSON: Vous serez mieux de voir le docteur.
M. le Président, on sait que, dans la loi des concessions
à Iron Ore, la loi de 1946, il y avait une clause prévoyant que
l'Iron Ore demeurait sujette à l'application de la loi des mines, au
droit imposé par la loi des mines, au montant actuel, et selon toute
modification qu'on ferait à l'avenir. Or, il y a quatre ans que la
présente équipe est au pouvoir, et on n'a pas vu de modifications
qui affecteraient particulièrement, qui toucheraient comme
conséquence l'Iron Ore.
M. RENE LEVESQUE: En toute honnêteté je dois dire au chef
de l'Opposition qu'en effet $0.01 la tonne était un mauvais calcul.
C'était peut-être une façon de dramatiser, je crois que le
chef de l'Opposition admettra que dans l'Opposition il arrive qu'on dramatise,
et qu'on simplifie exagérément les problèmes et les
questions dont on traite. Alors c'était peut-être, il faut
l'admettre...
M. JOHNSON: Dans le temps, jenele savais pas.
M. RENE LEVESQUE: J'avoue que moi non plus. C'était une
façon excessive de dramatiser puisque le $100,000, la$0.01 la tonne, la
fameuse $0.01 la tonne, était calculée en fonction de la
redevance additionnelle de $100,000 qui apparaît dans cette loi, et qui
apparaît encore aux revenus du ministère, basée sur une
production probable de 10,000,000 de tonnes qui, elle aussi, était
d'ailleurs une approximation. Additionnellement à ça, et l'Iron
Ore le paie depuis toujours, enfin depuis qu'elle est en opération,
additionnellement à ça, s'appliquait les lois normales qui sont
la loi des redevances, loi des mines de la province de Québec, de
même que les lois d'impôt fédéral et provincial. Cela
continue, et en finissant, pour répéter ce que je disais tout
à l'heure, j'espère bien que la revision de la loi des mines,
quand viendra le moment de la discuter, démontrera au chef de
l'Opposition que, dans les limites où on croit pouvoir, jusqu'auxquelles
on croit pouvoir aller en ce moment, on augmente effectivement les redevances
et du fer et des autres secteurs miniers d'ailleurs de la province de
Québec.
M. JOHNSON: M. le Président; il s'agit de l'article 14 qui se lit
comme suit; « La compagnie devra payer à la Couronne sur les
profits annuels provenant de l'exploitation du ou des terrains miniers compris
dans ce bail, les droits prévus par la section 3 de la loi des mines de
Québec et des modifications qui pourront y être apportées
».
Ce que je viens de vous lire, l'article 14, chapitre 42,
sanctionné le 17 avril 1946, et il y a quatre ans, ça fait
déjà quatre ans, M. le Président,que l'équipe
actuelle est au pouvoir, c'est demain ou après demain, dimanche qu'on
pourra célébrer le 4 e anniversaire de l'accession au pouvoir de
« l'équipe du tonnerre ». Cela me repose d'avoir des
applaudissements du pouvoir, M. le Président, et ça me fait
plaisir de leur souhaiter bonne chance, beaucoup plus de chance qu'ils n'en ont
eu jusqu'ici car du train où ça va, c'est la province qui est
à plaindre, ce n'est pas l'Opposition. C'est toute la province qui en
souffre. Mais depuis quatre ans pour revenir aux choses sérieuses, pour
cesser de parler du parti libéral, depuis quatre ans. on n'a pas
utilisé de pouvoir de l'article 14. C'est une constatation que je
voulais faire. Maintenant...
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet tout de
même de faire une précision, puisqu'il vient de dire; «
Maintenant ... » Le ministère des Richesses naturelles a
été créé en 1961, donc ça ne fait pas quatre
ans, ça fait plutôt trois ans, en autant qu'il s'agit du
ministère des Richesses naturelles, responsable du domaine minier comme
le sait, je crois, le chef de l'Opposition. De 1961 à 1963, j'admets
qu'il y a eu un certain retard, d'abord parce qu'au point de vue
économique, et c'est fondamentalement un problème
économique celui des redevances et des revenus de la province, au point
de vue économique, toutes les forces que nous avions, à tort ou
à raison, on les a fait porter, dans le ministère, sur le
problème de l'électricité et de sa nationalisation. Depuis
quelques mois, on peut travailler plus intensément puisque le
problème de l'électricité, en gros, enfin pour
l'étape actuelle, est réglé, on essaie d'orienter tous les
outils économiques du ministère du côté des
mines.
La première étape, ce doit être la revision de la
loi des mines, qui était déjà commencée sous
l'ancien gouvernement, comme s'en souvient sans doute le chef de
l'Opposition.
Il y avait même un premier texte de revision qui était
à peu près complété et qui nous a été
remis, et qui, en fait, améliorait la position des compagnies d'une
façon assez abusive, enfin améliorait, à toutes fins
pratiques, par rapport simplement aux compagnies, et non pas par rapport
à l'intérêt de la province. Au moment où on a
reçu cette révision, ça nous reculait dans le temps par
rapport à l'évolution économique' du Québec. Il a
fallu la reprendre et la reprendre très consciencieusement du
commencement jusqu'à la fin.
En fait, on a pu travailler intensément sur la partie
économique de cette loi qui, comme le sait le chef de l'Opposition, est
seulement une section, depuis 1963. Elle est prête. J'aurais bien
aimé moi aussi que ça se fasse avant. J'aimerais bien que
ça se fasse au plus vite et ça augmentera les revenus de la
province dans les limites jusqu'auxquelles nous croyons pouvoir atteindre en ce
moment. Parce qu'il ne faut pas oublier que c'est quand même
l'impôt sur les profits des compagnies qui demeure l'énorme
bouchée qui est prise, au point de vue fiscal, au Canada et que la
très grande partie de cet impôt va au fédéral.
M. JOHNSON: Est-ce que le ministre a songé à modifier le
système? Il a raison; quand on accorde des baux ou des concessions sous
quelques formes que ce soit, on a toujours des représentations, de la
part des industries, et il faut y aller avec la pédale douce. Il y a la
période d'engagement, la période de mise en train de l'industrie
nouvelle, et si on l'assomme avec des royautés considérables, eh
bien, on met en danger même sa naissance. Mais quand la compagnie
commence à faire de l'argent, c'est le fédéral qui prend
la part du lion.
Une suggestion qui avait déjà été faite dans
cette Chambre, c'est qu'on établisse, comme dans certains pays, une
régie des rentes qui, à périodes fixes,
généralement, ça se fait à tous les trois ans dans
certains pays, on ferait la révision de la rente et cette rente
évidemment serait déductible des profits payés à
Ottawa. Est-ce qu'on a songé à une régie des rentes,
à un système qu'on a appelé régie des rentes et qui
revise les rentes à des périodes fixes?
M. RENE LEVESQUE: A propos des mines?
M. JOHNSON: A propos des mines, comme à propos des richesses
naturelles.
M. RENE LEVESQUE: Le chef de l'Opposition sait aussi bien que moi
à quel point c'est un problème complexe. Il sait peut-être
aussi, en- fin, qu'on a en ce moment, depuis deux ans, un service d'imposition
des mines au ministère qui n'existait pas avant. Et avant il y avait un
monsieur, qui s'appelait l'assesseur, et qui, à toutes fins pratiques,
était seul, et qui ne pesait pas d'un très grand poids au point
de vue des contributions minières, des redevances minières. Tous
ces calculs essentiels sur une industrie qui a dépassé le
demi-milliard de valeur de production il y a un an ou deux dans la province de
Québec.
Alors conjointement, et je le répète, mais je ne voudrais
le répéter deux, trois fois, simplement pour préciser de
nouveau: conjointement avec l'effort qu'on fait porter de tout ce qu'on a de
talent économique dans le ministère de ce
côté-là, maintenant que l'essentiel du problème de
l'électricité nous paraît réglé pour
l'étape présente en tout cas, en autant que le ministère
est concerné, alors conjointement avec la révision de la Loi des
mines, avec de plus en plus intensément une étude fondamentale
qu'on fait de tous les domaines miniers, comme ça été fait
dans le domaine de l'électricité, pour voir ce que ça va
nous donner comme connaissance plus détaillée de
l'économique de l'industrie minière du Québec. Il y a ce
service de l'imposition qui essaie de raffiner et de nuancer continuellement
les études qu'ils font sur leur propre travail.
A quoi ça nous mènera? Je ne le sais pas. Peut-être
à des choses comme celle que suggère le chef de l'Opposition.
Mais ce n'est certainement pas une chose sur laquelle on peut se prononcer tant
qu'on n'a pas tous les détails et tous les chiffres et toutes les
études aussi complètes que possible.
Entre-temps, la première étape nous paraît
être cette révision de la Loi des mines, y compris la
révision des royautés, des redevances qui découlent de la
Loi des mines. Evidemment je ne peux pas en discuter en détail, tant
qu'elle ne sera pas déposée en Chambre.
M. JOHNSON: M. le Président, c'est encore pour faire le point sur
une promesse libérale. En 1960, ce sont les richesses naturelles qui
devaient supporter le coût additionnel de l'éducation qui
deviendrait gratuite à tous ses degrés et j'entends, à ce
moment-là, le ministre des Richesses naturelles. Ah lui, il était
éloquent et Dieu sait, combien efficace...
M. BELLEMARE: A la télévision.
M. JOHNSON: ... au point devuevote, quand il s'est mis à
démontrer à la population qu'avec une équipe
libérale ce sont les richesses natu-
relies qui paieraient l'instruction gratuite pour tout le monde
jusqu'à l'université et peut-être post universitaire.
M. BELLEMARE: C'est lui qui disait ça.
M. JOHNSON: Or, les revenus des richesses naturelles avaient
diminué l'année dernière. Je regrette, je n'ai pas
vérifié les derniers chiffres cette année.
Je ne sais pas si cette diminution s'accentue, mais je sais une chose,
c'est qu'on a fait porter le coût additionnel non pas par les richesses
naturelles, mais par l'impôt foncier des cultivateurs, des villageois et
la taxe de vente et de toutes les autres taxes dont nous avons
déjà parlé.
Je voudrais demander au ministre, a-t-il changé d'idée
depuis 1960? Croit-il encore qu'il y a moyen de faire payer par les Richesses
naturelles le coût sans cesse croissant de l'éducation dans la
province de Québec comme partout ailleurs?
M. RENE LEVESQUE: Bien d'accord, M. le Président, je crois que le
chef de l'Opposition à moins qu'il ait une mémoire
phénoménale, moi j'avoue que je ne me souviens pas d'avoir
hypersimplifié au point de dire que les Richesses naturelles paieraient
l'éducation. En fait, ici, j'essaie de retrouver les notes de 1960, je
dois les avoir quelque part. Il me semble que c'est beaucoup plus complexe que
ça et puis il y avait beaucoup plus de choses à dire que
ça sur 16 ans de l'Union nationale.
Mais enfin, j'aime autant ne pas rentrer dans le détail. C'est
quand même un fait. Mais il me semble qu'il ne m'est pas arrivé de
simplifier à ce point-là. Il se peut, comme la cent la tonne,
qu'il y ait eu des erreurs de calculs parce qu'il y a une chose que le chef de
l'Opposition admettra, si on veut être sérieux, c'est qu'il est
extraordinairement plus difficile dans l'Opposition, et je m'en rends compte
maintenant de plus en plus depuis quatre ans, d'avoir les détails et les
chiffres précis des choses qu'on veut discuter ou critiquer. C'est
évident que c'est plus facile quand on est au pouvoir. D'accord. Plus
facile de s'y mêler aussi, tellement il y en a, tandis que c'est
très difficile dans l'Opposition, quand on n'a pas tous les
détails. Mais, je ne crois pas que j'aie jamais simplifié
à ce point-là. C'est facile de le dire comme ça, mais si
on regardait tous les deux les notes qu'ils nous restent de 1960, je ne crois
pas que cela n'ait jamais été si simple que ça. Pour ce
qui est des revenus...
M. BELLEMARE: « Que c'est le peuple qui est propriétaire...
»
M. RENE LEVESQUE: Bien ça c'est vrai que c'est le peuple en
général qui est propriétaire des Richesses naturelles.
M. BELLEMARE: « ... l'exploitation de ces richesses doit
s'effectuer de façon à profiter à la population, à
la province et à l'éducation d'abord. »
M. RENE LEVESQUE: Mais quand on a entre nous...
M. JOHNSON: C'était dans le programme officiel.
M. RENE LEVESQUE: ... quand on a, pas d'un seul gouvernement mais
d'après à peu près traditionnellement tous les
gouvernements de là province de Québec depuis la
Confédération probablement avant, une totale insignifiance au
point de vue économique comme si le gouvernement était un gars ou
un instrument qui n'avait pas le droit de se mêler de la vie
économique de la province, que même les instruments
économiques n'existent pas dans l'administration depuis toujours. Cela
ne se refait pas en criant ciseau. Cela, je crois que le député
de Champlain l'admettra.
M. BELLEMARE: Le ministre n'a pas décidé de nous dire, je
crois qu'il a tout inventé.
M. RENE LEVESQUE: Non, non!
M. BELLEMARE: Qu'il a pris une province où il n'existait rien. Le
ministre n'a pas l'intention de nous mettre en cause et dire que l'Union
nationale au point de vue économique, n'a rien bâti. Je ne
voudrais pas qu'on parte sur ça ce soir.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le député de Champlain
pourrait me permettre...
M. BELLEMARE: Oui, mais ne partez pas sur ce ton là!
DES VOIX: Ah ah!
M. RENE LEVESQUE: Je ferai remarquer au député de
Champlain que son ton le regarde et mon ton me regarde et que c'est le
président qui a à décider. Maintenant quand je finis une
intervention, je voudrais bien donner toutes les informations qu'on demande. Je
n'interromprai
pas le député de Champlain s'il se levé. Mais,
est-ce qu'il me permettrait de finir l'intervention.
M. BELLEMARE: C'est ça!
M. RENE LEVESQUE: On pourra peut-être finir plus vite.
M. BELLEMARE: Bien oui!
M. RENE LEVESQUE: Il fait chaud à part ça.
M. BELLEMARE: Mais ne partez pas!
M. RENE LEVESQUE: Je répète au député de
Champlain que je partirai quand je voudrai et que c'est le président qui
m'arrêtera s'il le veut et le président arrêtera le
député de Champlain s'il considère que le
député de Champlain a fait une vitesse excessive.
M. BELLEMARE: Oui. Mais ne dites pas que l'Union nationale n'a rien
fait.
M. RENE LEVESQUE: En 1962-1963, le total des revenus que nous avons ici,
je n'ai pas le détail, mais donnait $21,218,900 pour le
ministère. En 1963-1964, $21,387,000. C'est un chiffre-là que je
pourrai vérifier davantage si le chef de l'Opposition le veut. Et pour
1964-1965, la prévision est de $30,618,000, grâce surtout au fait
que l'Hydro-Québec, par suite de la nationalisation parce que le
domaine minier n'est pas réglé encore paiera un bloc de
$19,000,000 ie rrois pour l'année courante de redevances de tous genres
qui consolidera les redevances diverses qu'il avait avant.
M. JOHNSON: M. le Président, je regrette un peu que le
député de Champlain ait interrompu le ministre des Richesses
naturelles qui allait enfin nous ouvrir un petit coin de son coeur au sujet de
l'entreprise libre, l'entreprise privée, l'intervention de l'Etat, le
levier de l'Etat.
M. RENE LEVESQUE: Cela est de sa faute. Cela vient de se fermer.
M. JOHNSON: Mais, le député de Champlain avait
parfaitement raison sur un point.
D'abord, celui de l'éducation payé par les Richesses
naturelles. M. le Président, moi je n'ai pas de notes de 1960, mais j'ai
à la mémoire un souvenir très vivace. D'abord, on voyait
le ministre à la télévision avec un génie un peu
exceptionnel, manier une craie, la craie la brosse et la bagette M. le
Président. Il avait ce génie de simplifier les problèmes
au...
M. LACROIX: Il a effacé l'Union nationale.
M. JOHNSON: ... au point que tout électeur avait l'impression
d'avoir compris tout le problème. Je me souviens par exemple de son
« Point de Mire » sur Suez, c'était simple, c'était
clair, ce n'était pas compliqué.
M. RENE LEVESQUE: Cela, c'est réglé.
M. JOHNSON: ... et Eden avait tort. Et Eden avait tort, c'était
évident, quand on avait fini ça, M. le Président.
Evidemment, le ministre m'avait déjà dit une fois que je lui
avais posé la question; car la deuxième fois que je suis
allé à la télévision, c'est avec le ministre
actuel... la première fois, c'était au « Fil d'Ariane
» avec une vedette féminine bien sympathique, la deuxième
fois, c'est avec une vedette masculine qui était le ministre et qui
m'avait dans le temps confié qu'il préparaît ça, il
lisait ces affaires-là, puis il nous mettait ça en termes
vulgaires là, très clair. Je le trouvais extraordinaire ment
efficace, d'ailleurs, on a payé pour apprendre.
M. LACROIX: Vous n'avez pas compris encore?
M. JOHNSON: ... et j'ai un de mes électeurs qui m'a dit
c'était un de mes organisateurs, un excellent propagandiste en
période électorale qui avait deux enfants aux études et
qui avait un petit salaire d'employé de chemin de fer, des services non
itinérants, les itinérants sont mieux payés, il me
disait: « Daniel, je suis obligé de voter contre toi cette
année, parce que René Lévesque m'a convaincu que si les
rouges arrivaient au pouvoir, ce sont les Richesses naturelles qui vont payer
ça. J'ai perdu son vote, le vote de sa femme, et de tout son entourage.
A cause du ministre actuel que j'ai devant moi M. le Président.
M. RENE LEVESQUE: Ah oui, mais il a du changer d'idée en 1962, il
était démêlé.
M. JOHNSON: Oui, il est revenu correct.
M. RENE LEVESQUE: Bien ça n'a rien changé.
M. JOHNSON: Non, mais il a compris celui-
là, il a compris qu'en 1960, Il s'était fait tromper par
les libéraux lorsqu'ils disaient dans leur programme officiel, et ce
programme était vulgarisé par le député à
des causeries par exemple assez cassées. Lui écoutait les miennes
mais moi j'écoutais les siennes, parce qu'on les faisait enregistrer aux
mêmes places. Les libéraux disaient: « C'est le peuple de la
province de Québec qui est propriétaire de ces Richesses
naturelles, l'exploitation de ces richesses doit s'effectuer de façon
à profiter à la population de la province d'abord, afin de mieux
répartir les sources de revenu etc. etc. Qu'il faut effectuer une
révision des royautés qui sont actuellement versées par
les compagnies qui exploitent les richesses naturelles du Québec et
exiger d'elles les redevances qui correspondent davantage à l'importance
des revenus qu'elles retirent de leurs opérations. De plus il faut
mettre fin au régime des villes fermées avec leur cortège
possible d'exploitation de la main-d'oeuvre et de violation de certaines
libertés fondamentales. « Qu'en termes clairs, claironnants, ces
choses étaient dites, écrites M. le Président dans le
temps.
M. RENE LEVESQUE: C'est vrai ça.
M. JOHNSON: Cela reste vrai, mais après quatre ans, les gens
disent, combien, quel apport les richesses naturelles ont-elles apporté
à la gratuité de l'enseignement, de l'éducation dans la
province de Québec.
M. RENE LEVESQUE: Est-ce que le chef de l'Opposition me permet?
M. JOHNSON: Oui.
M. RENE LEVESQUE: Cet article là, il me semblait aussi que
ça n'était pas aussi simple que ça, ne dit pas...
M. JOHNSON: Non, non.
M. RENE LEVESQUE: ... que l'éducation va être payée
par les richesses naturelles bing bang comme ça.
M. BELLEMARE: Ah oui, ça c'est sûr.
M. JOHNSON: Alors, c'est le ministre qui disait ça.
M. BELLEMARE: gratuité scolaire...
M. RENE LEVESQUE: Ah non, ah non, c'est peut-être arrivé de
simplifier, pas d'être malhonnête enfin pas sciemment.
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre est en train de nous
dire: « Evidemment, je regrette certains retards, mais quand on doit
prendre une situation, ou plusieurs régimes qui nous ont
précédés, ont été passifs ou tout à
fait maladivement appeurés par l'intervention de l'Etat ».
M. RENE LEVESQUE: C'est vrai.
M. JOHNSON: ... quelque chose substantiellement.
M. RENE LEVESQUE: Bien « grosso modo ». M. JOHNSON: «
Grosso modo. »
M. RENE LEVESQUE: Disons que c'est une tradition.
M. JOHNSON: M. le Président, le soi-disant laisser-aller auquel
réfère le ministre quand il parle du passé était
peut-être moins dommageable, à mon sens, que l'amateurisme
bureaucratique qu'on connaît dans certains domaines. L'intervention de
l'Etat, M. le Président, est peut-être plus nécessaire
aujourd'hui, mais aujourd'hui ce n'est pas hier, et l'intervention de l'Etat
hier aurait été probablement moins efficace qu'elle ne l'est
peut-être aujourd'hui. Mais ce qui est dangereux, ce sont ces amateurs de
l'économie qui se lancent dans des condamnations radicales, des
condamnations globales, des condamnations qui ne laissent aucune excuse, aucune
porte de sortie et qui, évidemment, contribuent par ce fait a
créer un climat qui est loin d'être favorable au
développement de la province.
M. RENE LEVESQUE: Qui sont ces monstres-là?
M. JOHNSON: M. le Président, il y en a dans tous les pays, il y
en a au Canada, il y en a qui écrivent dans des revues
spécialisées, mais il y en a surtout dans le gouvernement actuel
de 1960 à 1964...
M. RENE LEVESQUE: Comme qui?
M. JOHNSON: D'abord, je n'ai pas dit que c'était des monstres, M.
le Président, c'est le ministre qui veut m'entraîner à
l'emploi de termes antiparlementaires, mais si j'en avais un à trouver,
j'aurais un autre mot que monstre, j'en voudrais un plus fort...
M. RENE LEVESQUE: Mais qui sont ces gens-là?
M. JOHNSON: ... parce que, M. le Président, il n'y a rien de plus
dommageable à notre économie que certaines décisions,
certains énoncés qu'on veut reprendre le lendemain. En somme, ce
qui est dangereux et dommageable pour notre économie, c'est la
sincérité successive. Je reconnais, M. le Président, la
sincérité du ministre. Je reconnais la sincérité de
certains fonctionnaires...
M. RENE LEVESQUE: Mais si le chef de l'Opposition me permet de
l'interrompre. Tout à l'heure, le chef de l'Opposition disait: «
Qui sont ces hommes? » Enfin, il parlait de ces amateurs dont les
déclarations peuvent gâter le climat économique de la
province de Québec. Mais qui sont-ils? Est-ce que c'est celui qui est
à cette place-ci que le chef de l'Opposition vise et de quelle
façon précise?
M. JOHNSON: M. le Président, le ministre, à mon sens, et
je saisis l'occasion de lui dire, le ministre à mon sens s'est
considérablement amendé depuis un an. Il semble qu'il se rend un
peu plus compte, surtout depuis qu'il a plaidé pour faire passer la loi
de l'Atlantic Iron Ore, de l'aspect économique que représentent
les concessions minières et les redevances.
Mais on dirait qu'il est remplacé de ce temps-ci par le ministre
du Revenu qui, de ce temps-ci, semble se faire, M. le Président, le
propagandiste de l'intervention de l'Etat. Cela m'a l'air que c'est
synchronisé: quand le ministre des Richesses naturelles n'en parle pas
de l'intervention de l'Etat, là on sort l'autre petit bonhomme. Quand il
fait beau, vous savez comme dans ces instruments qu'on avait pour
prédire la pluie: quand c'était la petite fille qui sortait il
faisait beau; puis quand c'était le petit gars qui sortait, il allait
faire mauvais. Alors, le ministre des Richesses naturelles semble être
réduit au silence de ce temps-ci, puis c'est l'autre qui sort, et d'ici
à peu de temps, vous allez voir ça, le ministre du Revenu va
rentrer dans la cabane et l'autre va faire des sorties. Et quand le ministre
des Richesses naturelles sort, là le temps est mauvais, mauvais pour
tout le monde, mauvais pour l'entreprise privée,...
M. LACROIX: Mauvais pour l'Opposition.
M. JOHNSON: ... mauvais pour l'entreprise libre.
Malheureusement dans le passé, mauvais pour l'Opposition. Mais
comme dit le député de St-Jacques, ce n'est pas une cabane; pour
être exact dans la comparaison, il faudrait parler d'un igloo, vous vous
représentez ça?
M. le Président, je me souviens, par exemple, de
l'émission du ministre sur Matane, une demi-heure ou deux demi-heure,
« Matane, ville morte ».
M. RENE LEVESQUE: Une.
M. JOHNSON: Une émission, trente minutes. Où il a
réussi à sensibiliser l'opinion publique dans tous les recoins de
la province. Tout le monde, à ce moment-là, par suite de
l'exposé du ministre, s'est mis à blâmer le gouvernement
pour la situation à Matane. Qu'est-ce qu'ils ont fait depuis quatre ans
pour régler le cas de « Matane, ville morte »?
Vous savez, après quatre ans, M. le Président, les gens
commencent à se poser des questions, disent qu'il était
peut-être sincère, le ministre, à ce moment-là, mais
qu'est-ce qu'il a fait pour régler ça depuis? Qu'est-ce que son
ministère a fait pour que les richesses naturelles contribuent à
l'éducation dans une plus forte proportion? Qu'est-ce qu'il a fait son
ministère pour régler le cas de Matane?
M. RENE LEVESQUE: M. le Président,...
M. JOHNSON: Qu'est-ce qu'il a fait pour encourager...
M. RENE LEVESQUE: M. le Président, je suis obligé un peu
de faire appel au règlement, parce que, d'une façon à
peine subtile, le chef de l'Opposition ne parle pas du tout du ministère
des Richesses naturelles, ni au point de vue, enfin, de la section
hydorélectrique ou hydraulique du ministère. Je crois que les
gens de Matane ont profité de la nationalisation et ça je
pourrais le donner, si on veut parler des choses de l'Hydro-Québec tout
à l'heure en parlant des tarifs, on ne pouvait pas faire plus, dans le
ministère. Au point de vue minier, je ne connais pas beaucoup les
richesses minières de la région de Matane mais je dois dire
là, de confiance, qu'il est à vérifier, que ça ne
s'applique pas au ministère. Alors quand le chef de l'Opposition dit:
« Qu'est-ce que son ministère (en parlant du ministère des
Richesses naturelles a fait pour Matane? » on a fait tout ce qu'on a pu,
quand ça se présentait.
Dans le domaine de l'électricité, c'est fait. Dans le
domaine minier, je ne crois pas que Matane soit pour l'instant, hélas,
un domaine minier particulièrement rentable. Alors qu'est-ce qu'on peut
faire de plus dans le ministère, là? J'aimerais que le chef de
l'Opposition me l'indique ou alors qu'on revienne au budget du
ministère.
M. JOHNSON: M. le Président, j'essayais de répondre au
ministre, de situer le problème là où je crois qu'il doit
être situé. Je demanderais au ministre et à ceux qui
l'entourent de continuer à s'améliorer, de devenir de plus en
plus conscients des répercussions des déclarations que l'on fait
dans le domaine économique. Car il en est plusieurs qui croient que
certaines déclarations du ministre, dans le passé, et de certains
propagandistes (mais je crois que c'est surtout le ministre qui en prend la
responsabilité) n'ont pas été de nature à favoriser
les investissements à cause, évidemment, du contexte dans lequel
nous vivons.
Que nous le voulions ou non, nous vivons en Amérique du Nord,
dans un contexte capitaliste, dans un contexte de capitalisme
évolué où les plus gros capitalistes sont, en somme, les
petits épargnants groupés dans des plans de pensions ou dans des
fonds d'investissements, et je crois qu'il faut cesser...
M. RENE LEVESQUE: Cela n'a aucun rapport. La philosophie du chef de
l'Opposition est bien connue, mais il me semble que ça n'a aucun
rapport, ni de près ni de loin, avec ni l'article 1 ni aucun
article.
M. JOHNSON: Le ministre me demandait de qui il s'agissait tantôt.
Je pense que je suis en train de lui répondre.
M. RENE LEVESQUE: Oui, je demandais de préciser, mais là
le chef de l'Opposition est en train de nous faire ses « confessions d'un
enfant du siècle », je ne crois pas que ce soit...
M. JOHNSON: M. le Président, l'amateurisme
économique...
M. RENE LEVESQUE: Bien, c'est le chef de l'Opposition qui en
dénote un peu de l'amateurisme.
M. JOHNSON: ... du ministre des Richesses naturelles n'a pas
été de nature à créer un climat favorable.
M. RENE LEVESQUE: Bon, disons que c'est admis, malgré que les
investissements dans le Québec augmentent plus que n'importe où
au Canada. Mais enfin peu importe.
M. JOHNSON: M. le Président, et le chômage aussi augmente
davantage.
M. RENE LEVESQUE: Ah! Le chômage, on est encore «
poigné » avec, c'est vrai.
M. JOHNSON: Bon.
M. RENE LEVESQUE: Mais seulement, au moins, il n'a pas empiré.
Bien, il diminue, oui mais enfin il pourrait diminuer plus, d'accord.
M. JOHNSON: M. le Président, administration, le ministre peut-il
nous dire quelle politique il suit actuellement au sujet des concessions, au
sujet du piquetage, ou si je dois réserver ça à l'article
3, l'ouverture du Parc de la Gaspésie au piquetage, l'ouverture de
certaines régions dans l'Ungava, on réserve ça à
l'article 3?
M. RENE LEVESQUE: Bien, j'aimerais autant.
M.JOHNSON: Très bien.
M. RENE LEVESQUE: Parce que ça c'est strictement minier, c'est
même très précisément techniquement administratif
dans les mines.
M. JOHNSON: Et on parlera de l'Hydre à quel item, M. le
Président, à l'item 2?
M. RENE LEVESQUE: Bien, je crois que l'Hydro, logiquement, pourrait
venir à l'item 1, parce que c'est une régie qui dépend du
ministère de très loin. Enfin, tout ce que j'ai comme
responsabilité c'est de présenter son rapport et de
présenter ses arrêtés en conseil. J'aimerais mieux à
l'item 1, si le chef de l'Opposition est d'accord.
M. JOHNSON: Hamilton Falls?
M. RENE LEVESQUE: Hamilton Falls, de toute façon il ne serait pas
dans l'intérêt public d'en discuter en détail pour
l'instant.
M. JOHNSON: Les frontières du Labrador?
M. RENE LEVESQUE: Cela, j'aimerais autant que vous appeliez M. Smallwood
pour voir ce qu'il en pense.
M. JOHNSON: Est-ce que c'est M.Smallwood qui va décider pour
nous?
M. RENE LEVESQUE: Bien, pour ce qui est des frontières, il va
tout de même falloir qu'on lui parle, quelque soit l'arrangement qui soit
proposé. Pour ce qui est d'Hamilton Falls, c'est Brinco,
évidemment, qui est la compagnie qui détient la majorité
des intérêts en ce moment par bail dans la compagnie Hamilton
Falls Power
Corporation, où l'Hydro est également
intéressée depuis la nationalisation de la Shawinigan. Donc, on
ne discute pas dans ce cas-là avec M. Smallwood, mais l'Hydro doit
discuter avec Brinco.
M. JOHNSON: Alors, si on peut se limiter pour le moment à parler
de l'Hydro, des parts de l'Hydro ou des intérêts de l'Hydro dans
Brinco ou dans Hamilton Falls... Comment s'appelle la compagnie?
M. RENE LEVESQUE: Hamilton Falls Power Corporation.
M. RENE LEVESQUE: Hamilton Falls Power corporation.
M. JOHNSON: Il y a certains bruits qui ont courus la rue, quand on parle
de la rue on parle de la rue des affaires...
M. RENE LEVESQUE : Un paquet d'affaires.
M. JOHNSON: ... que l'Hydro songeait à vendre ses
intérêts.
M. RENE LEVESQUE: Non.
M. JOHNSON: Pas du tout. Il n'y a aucun fondement à ça?
Quelle est la proportion exacte des intérêts de l'Hydro?
M. RENE LEVESQUE: L'Hydro a recueilli, je crois, 20%, « grosso
modo », c'est ça 20% des intérêts dans H.F.P. Corp.,
qui lui sont venus de Shawinigan Power and Water Company.
M. JOHNSON: C'est ce 20%,..
M. RENE LEVESQUE: Et d'ailleurs c'est un des facteurs dans les
négociations actuelles.
M. JOHNSON: Le ministre voudrait-il, demain, nous expliquer la
capitalisation de la compagnie dans laquelle l'Hydro a 20%?
M. RENE LEVESQUE: D'ailleurs on n'en a pas.
M. JOHNSON: Non, mais il y a des parts originales...
M. LESAGE: M. le Président, je regrette infiniment mais il serait
absolument contraire à l'intérêt public de discuter ici en
Chambre, actuellement, de questions et de facteurs qui font l'objet de
négociations à l'heure actuelle.
M. RENE LEVESQUE: La capitalisation c'est connue, M. le
Président.
M. LESAGE: Non, M. le Président, ça fait partie, ça
peut changer, ç'a changé, ça va rechanger, c'est partie
des négociations, il est contraire à l'intérêt
public d'en discuter...
M. JOHNSON: Bien, disons que la question porterait uniquement d'abord au
moment de l'achat par la province ou par l'Hydro des intérêts
Shawinigan, quels étaient exactement les intérêts à
Shawinigan?
M. LESAGE: 20%
M. JOHNSON: Quelle sorte de capitalisation?
M. LESAGE: 20% de la capitalisation à ce moment-là, c'est
tout.
M. JOHNSON: Non, non, quelle catégorie de parts à ce
moment-là?
M. LE PRESIDENT: M. le Président, j'ai l'honneur de faire rapport
que le comité a adopté des résolutions et demande la
permission de siéger de nouveau.
M. HYDE (président): Quand sièger a-t-il? A la prochaine
séance? A la prochaine séance, M. Lesage propose que les
résolutions soient lues etagrées. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adoptée.
M. LESAGE: Alors, M. le Président, à 10 heures 30 demain
matin, les Richesses naturelles et ensuite le Secrétariat de la
province.
UNE VOIX: Vers onze heures quart!
M. LE PRESIDENT: La Chambre est ajournée à demain matin
à 10 h 30.
M. GABIAS: Pas d'illusions!