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(Dix heures et demie du matin)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
À l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
M. François Drouin, président
général des élections
M. Lesage: M. l'Orateur, attendu que le premier paragraphe de l'article
de la Loi électorale de Québec, bill 15, 1963, sanctionné
hier, décrète que le président général des
élections est nommé par résolution de l'Assemblée
législative, je propose que cette Chambre nomme au poste de
président général des élections M. François
Drouin, avocat, conseil en loi de la reine, de Château-d'Eau,
comté de Québec.
M. Johnson: M. le Président, si la motion a besoin d'un
secondeur, c'est avec plaisir que je m'exécute.
M. le Président: C'est de consentement unanime qu'on adopte cette
résolution? Adopté.
Paiement d'indemnités parlementaires
M. Lesage: M. le Président, je propose:
Attendu que le député du district électoral de
Montréal-Notre-Dame-de-Grâce et ministre du Revenu, l'honorable M.
Paul Earl, est décédé au cours de la présente
session, après avoir rempli fidèlement ses devoirs parlementaires
durant la majeure partie de la session;
Attendu que les députés des districts électoraux de
Maskinongé, Matane, Papineau et Portneuf, MM. Germain Caron, Philippe
Castonguay, Roméo Lorrain et Marcellin Laroche, ont été
empêchés d'occuper leur siège durant une importante partie
de la présente session pour cause de maladie;
Cette Chambre recommande: a) Que le solde de l'indemnité
parlementaire auquel avait eu droit l'honorable M Earl, s'il avait vécu,
soit payé à sa veuve; b) Que l'indemnité parlementaire
relative à la présente session soit payée en entier
à MM. Germain Castonguay, Germain Caron, pardon, Philippe Castonguay,
Roméo Lorrain et Marcellin Laroche. J'ai passé un mot.
M. le Président: C'est le consentement unanime de la Chambre que
cette résolution soit adoptée? Adopté.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Lettre de M. Lesage à M. Pearson protestant
contre
la création d'un fonds de prêts aux
municipalités
M. Lesage: M. le Président, avant l'appel aux ordres du jour,
étant donné que nous n'avons pas siégé hier soir,
j'ai eu le temps de consulter mes conseillers et de délibérer sur
la question à savoir s'il y avait lieu de faire parvenir au gouvernement
du Canada la résolution adoptée unanimement le 26 juin par
l'Assemblée législative concernant la création par le
Parlement fédéral d'un fonds de prêts aux
municipalités. J'en suis venu à la conclusion, après avoir
délibéré. qu'il convenait de faire parvenir cette
résolution au gouvernement canadien, et voici la lettre que j'ai
écrite à M. Pearson, ce matin, et qui, d'ailleurs, est
déjà à la poste:
M. le premier ministre, "Pour faire suite à la lettre que le vous
ai adressée le 7 juin 1963, pour vous demander de ne pas procéder
à la création d'un fonds de prêts aux municipalités
avant que les premiers ministres des provinces aient eu l'occasion de
conférer entre eux à ce sujet au début d'août, je
crois devoir porter formellement à votre connaissance une
résolution adoptée unanimement à l'Assemblée
législative le 26 juin. Vous trouverez, sous ce pli, copie de ce
document. "Il me faut ajouter que je suis certain d'exprimer le sentiment
unanime des membres de l'Assemblée législative du Québec
en vous disant qu'ils considéreraient comme un manquement à votre
engagement de gouverner dans le respect absolu des droits des provinces le fait
de procéder à constituer unilatéralement un fonds de
prêts aux municipalitaés dont votre programme ne prévoyait
la création qu'avec le concours des provinces. Dans les circonstances,
votre attitude me force, à mon grand regret, à déposer
immédiatement cette lettre a l'Assemblée législative.
"Recevez, M. le premier ministre.
l'assurance de mes sentiments distingués."
Messages du Conseil législatif
Adoption des bills nos 69, 70 et 149
M. le Président: Message du Conseil législatif: Le Conseil
législatif le 10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill no 69, intitulé: Loi concernant les permis de taxis dans la
ville de Montréal;
Bill no 70, intitulé: Loi concernant les commissions scolaires
régionales.
Attesté:
Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
Le Conseil législatif le 10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté, avec des amendements qu'il la prie
d'agréer, le bill suivant:
Bill no 149, intitulé: Loi concernant le titre de Place
Victoria-St. Jacques Co. Inc., à certains terrains dans le quartier
Saint-Antoine de la cité de Montréal.
Attesté:
Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
M. Lesage: Les amendements au bill 149 sont les suivants: il s'agit de
la Loi concernant le titre de Place Victoria-St.Jacques Co. Inc. à
certains terrains dans le quartier Saint-Antoine de la cité de
Montréal, et on a ajouté "et les successions de Joseph Cadorette
et Alexis Brunet" dans le titre.
On biffe deux paragraphes du préambule parce que, à cause
des amendements que nous avions apportés, ils n'ont plus leur raison
d'être et, lorsque l'on parle de la prescription contre les tiers au
dernier article, s'il est quelque personne qui, sans l'article 2, aurait eu
droit de réclamer en justice la propriété du terrain qui y
est décrit, cette personne pourra réclamer de Place Victoria-St.
Jacques Co. Inc., au lieu de ce terrain, une somme égale à sa
valeur, ce droit sera assujetti à même prescription que le droit
de réclamer le terrain. Le Conseil législatif a tenu à
ajouter après le mot "prescription" ce qui suit "trentenaire à
compter de la sanction de la présente loi".
M. le Président, je propose l'agrément de la Chambre
à ces amendements du conseil.
M. le Président: La motion sera-t-elle adoptée?
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Les caisses de retraite
M. Johnson: Adopté. M. le Président, relativement à
un projet de loi pour les caisses de retraite, le premier ministre est-il
convaincu que...
M. le Président: Le chef de l'Opposition parle-t-il de la motion
de...
M. Johnson: Bien, avant...
M. le Président: Amendements agréés?
M. Johnson: Oui, oui, agréés.
M. le Président: Adopté.
M. Johnson: Relativement à une loi sur les caisses de retraite,
à Ottawa, le premier ministre est-il convaincu que la Chambre ne
pourrait pas l'aider en passant une motion quelconque qu'il pourrait
transmettre de la même façon qu'il l'a fait pour le fonds
municipal, ce que nous serions prêts à faire?
M. Lesage: Je ne le crois pas.
M. Johnson: M. le Président, relativement...
M. Lesage: Parce qu'il est entendu que cela doit être
discuté à la conférence
fédérale-provinciale. Ce n'est pas la même chose.
M. Johnson: Si le premier ministre est satisfait, pour le moment, nous
ne pourrions rien ajouter.
M. Lesage: Je ne pense pas que l'on puisse ajouter...
M. Johnson: Maintenant, il y a un autre projet qui s'annonce
évidemment et qui est clairement, d'après nous tous, de
juridiction provinciale, ce projet de bourses d'études. Le premier
ministre est-il d'avis, est-il de notre opinion sur ce sujet de lui renforcer
le bras pour bien marquer la détermination unanime de la
Législature?
M. Lesage: Malgré la longue session, j'ai le bras encore assez
fort, comme on a ou le voir, au texte de la lettre que j'ai écrite.
M. Johnson: Il semble que c'est un peu plus fort quand il y a l'appui
unanime de la Chambre.
M. Lesage: Je comprends.
M. Johnson: Cela peut faire casser...
M. Lesage: M. le Président, je
comprends que je l'ai.
M. Bertrand (Missisquoi): Vous pouvez le dire.
M. Johnson: Si le premier ministre ne veut pas faire une motion
formelle, je voudrais l'assurer que nous serions unanimes aussi dans toute
représentation qu'il jugerait à propos de faire concernant la Loi
du ministère de l'Industrie, particulièrement à cause des
conseils régionaux.
M. Lesage: Cela, c'est plus compliqué. M. Johnson: Oui, je
sais.
M. Lesage: C'est plus difficile de prétendre que la loi
elle-même viole l'autonomie provinciale, parce que, dans
l'établissement d'industries, il n'y a aucun doute, sur une base
régionale, que plusieurs organismes fédéraux peuvent
créer des facteurs qui influencent l'établissement d'industries,
et on me permettra de mentionner seulement, si l'on veut bien, cette exemption,
cette accélération de dépréciation, seulement si
l'on veut bien, qui est accordée aux usines qui s'installent dans des
régions qui sont... comment les appelle-ton?
M. Johnson: Qui sont sous-équipées.
M. Lesage: Non, économiquement faibles, ce n'est pas le terme
exact, de toute façon, mais l'on sait ce que je veux dire. C'est ainsi,
par exemple, que l'Atlas Steel s'est établie, c'est un des facteurs qui
ont décidé Atlas Steel à s'établir à Tracy,
le fait que la région de Sorel est déclarée région
économiquement faible. Il y a certainement des facteurs que j'appelle
facteurs fédéraux qui entrent en jeu, et nous aurons besoin dans
la planification régionale de nous entendre avec les autorités
fédérales. Qu'an canalise la possibilité d'ententes dans
un seul ministère, je me demande si on peut y avoir beaucoup
d'objection, et je me demande si cela ne facilitera pas les choses, je le dis
franchement. Je réclame ici tous les droits à l'autonomie de la
province pour la planification régionale, mais cela doit se faire de
concert avec les organismes régionaux, je l'ai dit bien des fois, et il
n'y a aucun doute qu'à cause de sa juridiction dans plusieurs domaines,
chemins de fer, aviation, communications, impôts, le gouvernement
fédéral peut aider énormément et que les
discussions soient facilitées par la canalisation dans un
ministère qui soit le ministère de l'Industrie, bien, je ne suis
pas prêt à dire que ce n'est pas une bonne chose.
M. Johnson: M. le Président, j'apprécie cet exposé
du premier ministre, qui laisse la porte ouverte à une
coopération à laquelle nous ne nous opposons pas, au contraire,
mais le principe directeur, tel que je le vois, c'est que la province devrait
dresser dans tous les domaines des plans directeurs qui permettront à la
communauté québécoise et à chacune de ses parties
de s'épanouir pleinement, et la province doit prendre à notre
sens l'initiative des solutions, quitte à exiger, dans la mesure
où il est nécessaire à la réalisation de ses plans,
le concours d'Ottawa.
M. Lesage: C'est exactement comme cela que je vois la situation.
M. Johnson: Il y a évidemment la loi, nous ne la connaissons pas
encore, mais tout ce que je voulais dire au premier ministre, c'est qu'il peut
compter sur l'Opposition pour soutenir toutes les démarches qu'il
voudrait faire afin que la loi respecte cette optique, que la province ne perde
pas l'initiative de planification dans certaines régions comme on est en
train de le faire, je comprends, pour- le Bas-Saint-Laurent et la
Gaspésie. Alors, que la province puisse obtenir cela d'Ottawa, à
l'intérieur ou par le truchement du nouveau ministère de
l'Industrie et du Commerce, je pense que personne ne s'en plaindra, en tout cas
pas moi, M. le Président, mais à la condition que l'initiative
reste à la province, du moins qu'elle ne soit pas entravée par
une action unilatérale dont Ottawa nous a donné beaucoup
d'exemples récemment.
M. Lesage: J'ai fait à deux ministres fédéraux,
dont celui qui est censé devenir le titulaire de ce ministère,
des représentations exactement dans le sens des paroles que vient de
prononcer le chef de l'Opposition, et j'ai insisté sur le fait que
l'initiative de la planification régionale devait venir au gouvernement,
que d'ailleurs nous avions déjà commencé cela je ne vais
pas redire ce que j'ai dit sur le sujet, mais j'ai la conviction, après
ces conversations, que le gouvernement fédéral n'a pas
l'intention de prendre l'initiative, mais de nous la laisser, et, d'un autre
côté, de nous aider.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Johnson: M. le Président, vous me permettrez, c'est la
dernière journée de la session, de poser une question au premier
ministre, une question qui lui permettra de clarifier une position. Ma question
est la suivante: Si c'était à refaire, sachant ce qu'il sait
aujourd'hui, le premier ministre nous demanderait-il encore de voter pour M.
Pearson?
M. Hamel (Saint-Maurice): Question hypothétique, question
hypothétique.
M. Bellemare: M. le Président, pour remplir mon devoir, et
pleinement mon devoir, étant le parrain de la motion qui a reçu
l'approbation de la Chambre par un vote unanime, je voudrais poser une question
au premier ministre.
M. Lesage: Est-ce qu'on pourrait suspendre deux minutes, M. le
Président, c'est que j'ai un message extrêmement urgent du Conseil
législatif.
Comité des relations industrielles et
chômage
M. Bellemare: M. le Président, pour remplir mon mandat,
étant le parrain de la motion qui a été votée
unanimement par la Chambre concernant la convocation du comité
industriel pour entendre les divers organismes sur le chômage, je
regrette infiniment que ce comité, à la fin de la session, n'ait
pas pu siéger, puisque nous terminons la session cet après-midi
probablement. Est-ce qu'il serait possible de demander à l'honorable
premier ministre de convoquer ce comité dès l'ouverture de la
prochaine session, s'il y avait possibilité, pour que, dans le monde de
ces gens qui souffrent du chômage, on sache qu'il y a un désir
unanime de la Chambre d'apporter des remèdes à ce problème
crucial chez nous et entendre toutes les autorités à ce
projet?
M. Lesage: Je vais y songer, mais le Conseil d'orientation
économique a proposé la tenue d'une enquête publique par le
conseil et je dois rencontrer le président du conseil ces jours-ci. Je
ne suis donc pas en mesure de prendre d'engagement vis-à-vis du
député de Champlain.
M. Bellemare: C'est un voeu de la Chambre.
M. Lesage: Je sais, mais je ne puis simplement rien décider ni
prendre d'engagement avant, sinon à la lumière des
événements qui vont se passer d'ici l'automne.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre était
plutôt occupé à lire un message du conseil, est-ce pour
cela qu'il n'a pas répondu à ma question?
M. Lesage: Quelle question?
M. Johnson: Connaissant ce qu'il connaît aujourd'hui, si
c'était à refaire, le premier ministre nous demanderait-il encore
de voter pour M. Pearson?
M. Lesage: Je ne réponds pas aux questions
hypothétiques.
M. Johnson: M. le Président,...
M. Lesage: Les questions qui commencent par un "si", ce n'est pas
chanceux.
M. Johnson: M. le Président, je ne poserai pas de si, je vais
tout simplement demander au premier ministre s'il a changé d'opinion sur
M. Pearson?
M. Lesage: Non, M. le Président. M. le Président: Affaires
du jour.
M. Johnson: M. le Président, j'ai une autre question à
poser au premier ministre. Devait-on s'attendre à tout ce qui nous
arrive? M. le Président, la question que j'ai à poser au premier
ministre, si...
Une voix: Encore le "si".
M. Johnson: Non , c'est pour l'avenir, parce que nous ne serons plus en
Chambre.
M. Lesage: Nous allons revenir en Chambre à midi et à deux
heures et demie.
M. Johnson: M. le Président, enlevant la "scie", au cas où
Ottawa ne se rendrait pas aux représentations de la Chambre, tant celles
qui ont été faites que celles que le premier ministre fera avec
notre bénédiction anticipée, M. le Président, le
premier ministre a-t-il l'intention d'imiter un certain personnage et de se
mettre au pain et à l'eau lui aussi?
Questions au feuilleton
M. Lesage: No 1, lu et répondu. No 2, lu et répondu. Le no
3 qui apparaît au feuilleton a été retiré hier. Il y
apparaît par erreur.
M. Gabias: Parfait.
M. Lesage: M. le Président, je propose la suspension de la
séance jusqu'à midi parce qu'il y a de nombreux messages du
Conseil législatif avec des amendements et je suggère que nous
revenions ici à midi. Est-ce que je pourrais demander que l'on sonne les
cloches à midi? Nous passerons alors ces amendements du Conseil
législatif et nous reviendrons ensuite à deux heures et demie
pour recevoir les messages du Conseil législatif quant aux projets de
loi qui auront été adoptés ce matin. La prorogation doit
avoir lieu à trois heures.
M. le Président: Adopté? La séance est suspendue
jusqu'à midi.
(Reprise de la séance à 12 h 05)
M. le Président: À l'ordre, messieurs! Messages du Conseil
législatif
Adoption des bills nos 72, 73, 46, 63, 106 et
136
Message du Conseil législatif, le Conseil législatif, le
10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement le bill no 72
intitulé: Loi modifiant la Loi des acccidents du travail. Attesté
Henri Fiset, greffier du Conseil législatif. Le conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté sans amendement le bill suivant:
Bill no 73 intitulé: Loi modifiant la Loi concernant l'Exposition
universelle Canadienne.
Le Conseil législatif, le 10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Asemblée
législative qu'il a voté avec un amendement et la prie
d'agréer les bills suivants:
Bill no 46 intitulé: Loi modifiant le Code de procédure
civile.
Bill no 63 intitulé: Loi modifiant la charte de
l'Hydro-Québec.
Attesté Henri Fiset, qreffier du Conseil législatif.
Le Conseil législatif, le 10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements et la prie
d'agréer les bills suivants:
Bill no 106 intitulé: Loi concernant les chimistes
professionnels.
Bill no 136 intitulé: Loi concernant le Bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal.
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
M. Lesage: Pardon? La Loi des écoles protestantes? Non, pas
celui-là.
M. le Greffier: D'accord.
M. Lesage: Le bill des écoles protestantes, il faut absolument le
retourner au conseil, c'est-à-dire qu'il faut que le conseil le
reprenne. Autrement, la Commission des écoles catholiques de
Montréal va se trouver dans l'impossibilité de fixer le taux,
parce que le bill ne lui donne que jusqu'au 1er juillet. Il faudrait
considérer qu'il n'y a pas eu de rapport.
Les renseignements sont donc les suivants. Quant au Code de
procédure civile, c'est au sujet de la péremption. La
péremption n'a pas lieu lorsque la procédure est forcément
arrêtée par un incident ou un jugement interlocutoire, parce qu'il
arrive que des juges prennent plus qu'un an à délibérer.
S'il arrivait... Bien non, ça arrive sur une inscription en droit
importante. Par exemple, il peut délibérer plus d'un an et la
prescription sera acquise, c'est-à-dire que la péremption serait
acquise.
M. Gabias: Ce n'est pas raisonnable, ça.
M. Lesage: Bien non, je comprends, mais ça arrive.
M. Johnson: D'accord.
M. Lesage: J'ai vu une liste l'autre jour, des jugements en retard d'un
certain juge de la Cour supérieure, il y en avait un d'une cause
entendue en 1958...
M. Gabias: Cela n'a pas de bon sens.
M. Lesage: Bien non, je le déplore moi-même.
M. Bertrand (Missisquoi): Le juge en chef de Montréal a dit qu'il
était pour agir.
M. Lesage: Bien oui.
M. Johnson: C'est ça, ils ont tous des bonnes intentions.
M. Lesage: Oui, et puis, évidemment, dans le cas d'une
péremption, le temps de la péremption dans le cas d'une instance
portée au rôle ne court que depuis le jour où elle en est
rayée, où l'ajournement sine die en est ordonné, parce
qu'une cause peut être plus qu'un an au rôle avant d'être
entendue. Puis, ensuite, on enlève la virgule, c'était une
erreur.
Loi modifiant la charte de l'Hydro-Québec. Évidemment,
l'un des buts de ces amendements, c'était de permettre aux commissaires
ou employés de l'Hydro-Québec de devenir actionnaires dans des
compagnies dans lesquelles l'Hydro avait des intérêts. Or,
l'intérêt de l'Hydro dans Hamilton Falls est indirect,
étant donné que la Shawinigan Water & Power, que la
Shawinigan existe toujours, que la Shawinigan Engineering, je crois, existe
toujours et malgré que l'Hydro en ait le contrôle à 98 je
ne sais pas quoi pour cent. Ce n'est tout de même pas une compagnie dans
laquelle l'Hydro possède elle-même des actions. Pour ces causes,
on ajoute "ou de Hamilton Falls Corporation" où, évidemment,
l'Hydro a 20% des actions indirectement via Shawinigan.
Pour ce qui est de la Loi concernant les chimistes professionnels, le
bill 106, mon conseiller juridique me dit qu'il a des objections au premier
amendement parce que ç'aurait pour effet de rendre les chimistes
qui ont été reconnus tels en vertu de la loi George M.
chapitre 88, inamovibles, membres inamovibles. Ce n'est pas une grosse
objection. Si ça crée des embêtements, on pourra toujours
amender la loi une autre année, parce qu'à l'heure actuelle, s'il
fallait envoyer un message au conseil pour dire que nous refusons l'amendement,
ça va bloquer la procédure. Le conseil siège
présentement en comité.
Dans les autres amendements, il y en a un pour remplacer le paragraphe
"b" de l'article 2, c'est purement et simplement un changement dans la
rédaction. Ça dit exactement ce que disait - on a
amélioré la rédaction.
L'article 8 est modifié. Ah oui, tous les autres amendements sont
des conséquences de l'amendement premier. Non, non, excusez-moi,
l'amendement à l'article 8 élimine l'exclusion des
non-résidents et les autres amendements sont les conséquences de
ces amendements.
Alors, M. le Président, je prooose l'agrément de la
Chambre à cet amendement.
M. le Président: La motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
Vacance au siège de
Notre-Dame-de-Grâce
M. Lesage: M. le Président, suivant les prescriptions de
l'article 34 de la Loi de la Législature, j'ai l'honneur de vous
informer, parlant de mon siège, que le siège du
député du district électoral de Montréal -
Notre-Dame-de-Grâce est devenu vacant par suite du décès de
l'honorable Paul Earl.
M. Johnson: M. le Président, est-ce que la date pour
l'émission des brefs est fixée?
M. Lesage: Non.
M. Johnson: Est-ce que la date de l'élection est
fixée?
M. Lesage: Non.
M. Johnson: Est-ce que la date de la convention est fixée?
M. Lesage: On a dit que oui.
M. Johnson: Merci. Est-ce que le premier ministre est fixé sur le
candidat?
M. Lesage: Non, c'est la convention qui détermine. Dans le Parti
libéral, c'est la convention qui fait le choix.
M. Johnson: C'est la convention qui va fixer le candidat.
M. Lesage: Qui va fixer son choix. M. le Président: À
l'ordre, messieurs:
M. Lesage: M. le Président, avec le consentement de la Chambre,
est-ce que nous pourrions revenir à l'article rapports des
comités élus?
M. le Président: Adopté. Présentation de rapports
des comités élus.
Premier rapport du
comité permanent
des comptes publics
M. Lavoie (Laval): M. le Président, j'ai l'honneur de
déposer le premier rapport du comité spécial permanent des
comptes publics.
M. Lesage: On a interrompu le...
M. Johnson: C'est le député de Missisquoi qui a...
M. Lesage: C'est lui qui l'a fait, elle était bonne.
M. Johnson: ...commencé celle-là, la prescription
trentenaire est interrompue. M. le Président, plutôt que d'y
revenir cet après-midi, sur la motion d'ajournement, le premier ministre
pourrait peut-être tout de suite répondre à nos
questions.
M. Lesage: Il n'y aura pas de motion d'ajournement cet
après-midi.
M. Johnson: Bien, disons dans la période des compliments à
la fin. Je vais demander au premier ministre ce qui arrivera de l'article 15?
Est-ce qu'il a l'intention de...
M. Lesage: Qu'est-ce que c'est, l'article 15?
M. Johnson: C'est la motion du député de Bagot
relativement à la révision de la Loi des coroners.
M. Lesage: Il pourra la réinscrire pour la prochaine session.
M. Johnson: Je remercie le premier ministre d'admettre que j'aurai le
droit de l'inscrire à la prochaine session.
M. Lesage: Je n'admets rien. C'est un droit reconnu.
M. Johnson: Quant aux autres réponses...
M. Lesage: Elles ne sont malheureusement pas prêtes.
M. Johnson: Non, je comprends.
M. Lesage: J'ai, nous avons, à la fin de la session,
surchargé le personnel pour donner un très grand nombre de
réponses hier. Nous avons presque vidé - s'il en apparaît
un peu plus, n'oublions pas, il y en a qui apparaissent pour la première
fois aujourd'hui au feuilleton
M. Johnson: C'est ça.
M. Lesage: Il était en appendice hier.
M. Johnson: Oui, mais même si c'était envoyé plus
tard au cours, entre les sessions...
M. Lesage: Oui, oui, je m'en vais...
M. Johnson: Et, pour se conformer au règlement, on pourrait
peut-être convertir ces questions en motions de production de documents,
les adopter et le gouvernement peut...
M. Lesage: Très bien, on va toutes les convertir en motions de
production de documents.
M. Johnson: Les adopter?
M. Lesage: Tout ce qui reste.
M. Johnson: De façon qu'aussitôt que possible on en
ait...
M. Lesage: Donnez-moi donc une copie de l'ordre du jour pour que je
n'oublie pas ça.
M. Bertrand (Missisquoi): Si le premier ministre me permet, l'an dernier
lorsque nous avons clôturé la session, le dernier feuilleton
comportait un bill concernant la loi protégeant certains
emprunteurs.
M. Lesage: Oui.
M. Bertrand (Missisquoi): Le bill 48, si mon souvenir est bon.
M. Lesage: Oui, oui, en effet.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le gouvernement ne l'a pas
apporté à cette session-ci? Est-ce qu'étant donné
qu'il s'agissait d'amendements, je pense, au Code civil, le problème a
été soumis aux codificateurs à la Commission de
révision du Code civil et est-ce que le gouvernement a l'intention de
soumettre le projet l'an prochain?
M. Lesage: M. le Président, la raison... M. le Président:
À l'ordre, messieursl
M. Lesage: Le principe du projet de loi était emprunté
à une loi de l'Ontario. Or. la Cour d'appel d'Ontario a
déclaré la loi ontarienne ultra vires et il y a
présentement un appel à la Cour suprême, alors, nous
attendons. Inutile de passer une loi si la Cour suprême confirme le
jugement de la Cour d'appel ultra vires. C'est la raison pour laquelle le bill
n'est pas revenu. La séance est suspendue jusqu'à deux heures et
trente.
M. le Président: La séance est suspendue jusqu'à
deux heures et demie.
(Reprise de la séance à 2 h 37)
Messages du Conseil législatif
Adoption de bills publics et privés
M. le Président: À l'ordre, messieurs!
Messages du Conseil législatif.
Conseil législatif, le 11 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté sans amendement les bills suivants:
Bill no 47 intitulé: Loi concernant l'Institution royale pour
l'avancement des sciences;
Bill no 111, intitulé: Loi modifiant la charte des Soeurs de la
Congrégation de Notre-Dame;
Bill no 117, intitulé: Loi constituant l'Hôpital
Neurologique de Montréal;
Bill no 119, intitulé: Loi refondant la charte des Filles de la
Charité du Sacré-Coeur de Jésus;
Bill no 120, intitulé: Loi refondant la charte de la Compagnie
des Filles de la Charité de Saint-Vincent-de-Paul;
Bill no 137, intitulé: Loi constituant en corporation les
Dominicaines de l'Enfant-Jésus;
Bill no 151, intitulé: Loi constituant en corporation les
Chanoinesses hospitalières de Saint-Augustin du monastère de
l'Hôtel-Dieu de Gaspé;
Bill no 157, intitulé: Loi des courtiers d'assurances du
Québec;
Bill no 162, intitulé: Loi refondant la charte des Soeurs de la
Miséricorde de Montréal;
Bill no 164, intitulé: Loi constituant en corporation la
Congrégation Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Montréal;
Bill no 166, intitulé: Loi concernant l'hôpital Laval;
Bill no 168, intitulé: Loi concernant les Soeurs de la
Charité de Québec;
Bill no 175, intitulé: Loi modifiant la charte de l'hôpital
Jeffery Hale de la cité de Québec et constituant en corporation
la fondation Jeffery Hale;
Bill no 197, intitulé: Loi constituant en corporation the
Montreal Protestant Hospital;
Bill no 191, intitulé: Loi modifiant la charte de l'hôpital
Alexandra;
Bill no 201, intitulé: Loi constituant la Corporation des
conseillers d'orientation professionnelle du Québec.
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
Conseil législatif, le 11 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements, qu'il la prie
d'agréer, le bill suivant:
Bill no 163, intitulé: Loi modifiant la charte des Religieuses
soeurs hospitalières de Saint-Joseph de l'Hôtel-Dieu de
Montréal.
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
Conseil législatif, le 11 juillet 1963. Le Conseil
législatif informe l'Assemblée législative qu'il a
voté avec un amendement, qu'il la prie d'agréer, le bill
suivant:
Bill no 121 intitulé:
Loi constituant en corporation les Soeurs du Sacré-Coeur de
Jésus (Saint-Hubert).
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
Conseil législatif, le 10 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill no 71, intitulé: Loi modifiant la Loi de la
Législature et concernant la pension des membres des deux Chambres.
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
Conseil législatif, le 11 juillet 1963.
Le Conseil législatif informe l'Assemblée
législative qu'il a voté avec des amendements qu'il la prie
d'agréer le bill suivant:
Bill no 136, intitulé: Loi concernant le Bureau
métropolitain des écoles protestantes de Montréal.
Attesté: Henri Fiset, greffier du Conseil législatif.
M. Lesage: M. le Président, les amendements au bill 71 sont des
amendements de rédaction et des amendements techniques; il s'agit de la
Loi mofidiant la Loi de la Législature et concernant la pension des
membres des deux Chambres. Ces amendements ont été
préparés conjointement par les deux leaders au conseil, le leader
du gouvernement et le leader de l'Opposition, par le conseiller juridique du
Conseil exécutif et par celui qui vous parle. Je puis assurer la Chambre
qu'il s'agit purement et simplement d'amendements techniques qui ont
été proposés par le leader de l'Opposition, d'abord, et
que les trois autres que je viens de mentionner ont agréés.
Ce qui suit, au lieu de "le suivant", ou quelque chose comme
ça.
Dans le bill 121, Loi constituant en corporation les Soeurs du
Sacré-Coeur de Jésus de Saint-Hubert, comme d'habitude, l'annexe
est biffée, on biffe toujours les annexes.
Quant au bill 136, Loi concernant le Bureau métropolitain des
écoles orotestantes de Montréal, j'ai expliqué ce matin la
raison pour laquelle il fallait apporter un amendement. C'est parce que, et
l'amendement est comme suit, pour l'année scolaire 1963-1964, la
Commission des écoles catholiques de Montréal doit fixer avant le
31 juillet au lieu du premier juillet, le taux de la taxe scolaire sur les
propriétés imposables dans la cité et inscrites sur la
liste no 1, et ensuite la présente loi entre en vigueur le jour à
sa sanction, sauf les articles 3 et 4, qui entreront en vigueur le 1er juillet
rétréoactivement.
Pour le bill 163, Loi modifiant la charte des Religieuses soeurs
hospitalières de Saint-Joseph de l'Hôtel-Dieu de Montréal,
il s'agit d'un amendement au titre, si je me souviens bien. Ce n'est pas une
loi modifiant la charte, c'est une loi les constituant en corporation.
M. le Président, je propose l'agrément de la Chambre
à ces amendements du Conseil législatif.
M. le Président: La motion est-elle adoptée?
Adopté.
Déclaration ministérielle
Construction d'une usine à Pointe-Noire
M. Jean Lesage
M. Lesage: M. le Président, si vous me le permettez, je voudrais
annoncer, à la suite de plusieurs questions qui m'ont été
posées par le chef de l'Opposition, que le groupe de Wabush Mines a
commencé les travaux de construction d'une usine de boulettes de minerai
de fer à Pointe-Noire.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, c'est une excellente nouvelle de
voir que c'est dans le Québec qu'on mettra à profit la mise au
point d'un procédé minéralogique, c'est un
procédé qui a été préparé par le
ministère des Mines il y a déjà plus de trois ans, mais je
voudrais savoir si la deuxième partie de
ma prédiction s'est réalisée. Est-ce que le
Québec a consenti à ce que Terre-Neuve, après nous avoir
laissé le lapin, donne le cheval en transportant son
électricité dans la province de Québec?
M. Lesage: M. le Président, je crois, que pour ce qui est de
l'électricité dans la province de Québec, les explications
qui ont été données devraient être à la
grande satisfaction de tous les Québécois. Il est entendu que la
province de Québec est celle qui est le plus en mesure de profiter des
millions de chevaux-vapeur d'électricité ferme qui peuvent
être produits à Hamilton Falls. Je ne connais pas de province ou
de pays au monde qui ne verrait pas comme une bénédiction la
possibilité d'obtenir de l'extérieur de son territoire une telle
richesse, à un prix aussi bas que celui auquel on pourra produire
l'électricité à Hamilton Falls.
Il est entendu, c'est décidé, ces principes sont
définitifs, que c'est l'Hydro-Québec qui achètera à
la frontière Labrador-Québec toute l'électricité
produite à Hamilton Falls, sauf ce qui sera nécessaire aux
besoins de Terre-Neuve et c'est Québec, l'Hydro-Québec, qui aura
le droit de disposer des surplus à l'extérieur de la province de
Québec. Ces deux principes fondamentaux ont été admis par
toutes les parties intéressées, y compris Consolidated Edison,
Hamilton Falls, le gouvernement de Terre-Neuve, BRINCO, et évidemment le
gouvernement de la province de Québec, et c'est sur la base de ces deux
principes fondamentaux que se continuent les négociations entre tous les
intéressés.
M. Johnson: M. Smallwood avait annoncé que la Wabush
s'était établie dans le Labrador "over my dead body", ajoutant:
"It will not leave Newfoundland". Est-ce que M. Smallwood est mort? Est-ce
qu'il a démissionné?
M. Lesage: Pas d'après le télégramme que j'ai
reçu de lui ce matin, et, M. Smallwood, je n'ai pas d'affaire à
parler pour lui, doit faire une déclaration sur le sujet aujourd'hui
même.
M. Johnson: M. le Président, j'espère que la province
recevra une compensation adéquate ou fera un profit raisonnable pour le
grand service qu'elle rend à Terre-Neuve et pour cet exemple encore
inespéré de coopération entre deux provinces, Terre-Neuve
et Québec.
M. Lesage: M. le Président, cela a été
inespéré dans le temps de l'Union Nationale évidemment. Il
y a moyen de collaborer aujourd'hui avec n'importe quelle des provinces du
Canada pour autant que l'autonomie de la province est strictement
sauvegardée. Il s'agit dans le cas de Hamilton Falls, d'une question
d'affaires qui est à l'avantage à la fois de Terre-Neuve et du
Québec, et même du Canada tout entier. Il n'y a aucune
raison, surtout si les ententes sont basées sur les deux principes
fondamentaux que je viens de mentionner, c'est notre exigence et elle est
acceptée, il n'y a aucune raison pour laquelle nous laisserions dormir
des ressources canadiennes qui peuvent être développées
à aussi bon compte.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre a raison, on ne
doit pas laisser dormir des ressources canadiennes, mais je pense qu'on ne doit
pas développer des ressources des autres provinces au détriment
des nôtres, c'est un autre principe. Je suis très heureux
d'apprendre que, dans l'opinion du premier ministre, l'autonomie de la province
est respectée. Quand il s'agit du Labrador, il est une question plus
sérieuse et plus profonde qui doit être respectée, c'est
l'intégrité du territoire. J'espère que le premier
ministre pense à ça.
M. Lesage: J'espère que le chef de l'Opposition ne
prétendra pas que les chutes Hamilton, qui sont tout près de
Goose Bay, puissent, à la suite du jugement du Conseil privé,
jamais être récupérées par la province de
Québec.
M. Gabias: Ce n'est pas un jugement. M. Johnson: M. le
Président...
M. Lesage: Est-ce que le chef de l'Opposition voudrait que nous
envoyions la police provinciale chasser les Terre-Neuviens du Labrador?
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre me pose une
question, il était absent au moment où j'ai parlé de ce
problème en Chambre. Il y a deux manières de régler le
problème, la guerre, en envoyant la police ou les zouaves...
Une voix: Les gardes paroissiales!
M. Lesage: Les gardes paroissiales avec le général
Bellemare:
M. Bellemare: Vous n'avez pas vu votre "Bona" vous encenser!
M. Johnson: M. le Président, j'ai déjà
déclaré en cette Chambre, et je pense que je dois répondre
au premier ministre que, à part les gardes paroissiales, il y a aussi
depuis récemment le FLQ qui serait peut-être plus efficace. Et la
deuxième manière, M. le Président, c'est la
négociation. Puisque
nous ne croyons pas à la violence, pas même aux bombes
atomiques, de ce côté-ci, nous avions suggéré que la
conjoncture étant favorable, qu'il fallait en profiter pour
négocier. Je vois qu'on a négocié effectivement,
Québec a reçu un "lapin" et Terre-Neuve un "cheval".
M. Lesage: Mais le cheval a le mors aux dents.
Bilan de la session et voeux M. Jean Lesage
M. le Président. Nous sommes à la fin d'une session
très fructueuse, me serait-il permis, au nom de toute la Chambre, de
vous offrir à vous, M. le Président, les compliments que nous
vous devons pour la façon dont vous vous êtes acquitté de
vos fonctions difficiles. Je voudrais, du même coup, offrir
également des félicitations au vice-président de la
Chambre, au président des comités et à tous ceux qui, de
temps à autre, l'ont remplacé dans l'exercice de ses fonctions au
bout de la table.
Je considère que la députation a bien travaillé et
qu'elle a contribué durant cette longue session à doter la
province d'une législation toujours plus constructive, plus progressive,
qui répond aux besoins du jour et nous ouvre des portes sur
l'avenir.
Les députés, M. le Président, je vous le soumets,
ont bien mérité de la province et il est normal qu'ils prennent
des vacances reposantes au cours desquelles ils pourront se
délasser.
Je remercie l'Opposition, qui a bien fait son devoir, elle a fait son
possible. Évidemment, vous trouverez peut-être étrange dans
ma bouche que je dise ces mots mais, dans le fond, on ne s'appuie toujours que
sur ce qui résiste. Et si l'Opposition ne résistait pas, nous
n'aurions pas besoin de deux partis en Chambre; ça voudrait dire la
disparition d'un des deux.
Mais l'Opposition tout de même, je crois, surtout au cours de la
prochaine session, aura plus d'occasions d'apprendre l'inutilité de
certains de ces débats grâce au journal des Débats, qui
sera officiellement publié et répandu dans le public. «
Nous allons nous retrouver au début de la prochaine session, je
ne sais pas si ce sera à l'automne ou au mois de janvier, ça
dépendra du volume de législation que nous pourrons
prévoir à peu près vers le mois de septembre. Mais une
chose est certaine, c'est que je voudrais bien qu'à la prochaine session
nous ayons en Chambre, en toutes circonstances, la même assiduité
et la même attention de la part des députés que celle dont
le chef de l'Opposition et moi avons pu bénéficier lors de
l'étude du bill 71.
M. le Président, je voudrais souhaiter des bonnes vacances
à tous les députés, et je sais qu'ils vont vouloir
dépenser l'augmentation dont ils viennent de bénéficier,
mais je leur conseille d'en mettre de côté pour les fins de
l'impôt.
M. Johnson: M. le Président, le...
M. Lesage: Un mot seulement. Je voudrais aussi, évidemment,
remercier les membres de la tribune de la presse pour la façon dont ils
se sont acquittés de leur devoir de rapporter au public les
débats de la Chambre. Ils l'ont fait, à ma connaissance, en toute
objectivité. De fait, je me suis levé une fois seulement sur une
question de privilège pour rétablir les faits. Au nom de toute la
députation, je les en félicite, je les en remercie et je leur dis
que nous avons tous hâte de les revoir au début de la prochaine
session.
Quant au personnel chargé du journal des Débats, je crois
que tous et toutes se sont dévoués pleinement et nous ont
donné l'occasion de réaliser qu'il était possible, avec le
système actuel et la qualité du personnel, dès le
début de la prochaine session, de publier un journal des Débats
qui sera répandu dans le public.
M. le Président, à vous-même et à tous,
bonnes vacances, heureuses vacances pour tour» les députés,
tous ceux qui travaillent avec nous et pour leur famille.
L'Opposition m'excusera, je suis obligé de...
M. Johnson: J'ai tellement hâte de remercier le
président.
M. Lesage: Est-ce que je pourrais être excusé? Je dois
quitter...
M. Daniel Johnson
M. Johnson: Oui, oui. M. le Président, le journal des
Débats rapportera au premier ministre ce que j'ai à lui dire
comme remerciements pour les compliments qu'il a faits à l'Opposition.
Il a dit entre autres que nous avions bien travaillé. Il nous a fait des
compliments qui m'ont fait bien plaisir. Je regrette pour lui que nous ayons eu
tant d'aide d'Ottawa pour lui créer des problèmes, M. le
Président, surtout depuis le 8 avril.
M. le Président, vous comprendrez que c'est avec plaisir que je
m'associe aux remerciements que vous a présentés le premier
ministre au nom de son équipe et que je vous transmets, moi, au nom de
tous mes collègues de l'Opposition.
Vous avez peiné durement, vous avez étudié vos
règlements avec beaucoup de soin et vous les avez appliqués, M.
le Président, avec une conscience visible et je vous en
remercie car vous êtes responsable du peu d'exercice que je puis
prendre, parce que, chaque fois que vous vous levez, vous êtes
obligé de m'asseoir. Comme c'est arrivé souvent, c'était
un exercice salutaire, M. le Président. Mais je crois que, blague
à part, nous sommes tous satisfaits, sauf sur quelques appels de vos
décisions, et nous espérons que vous aurez le congé que
vous méritez, M. le Président.
Nous voulons associer dans ces remerciements le vice-président et
ses suppléants qui ont su se tirer d'affaires dans des circonstances
extrêmement difficiles; nous avons beaucoup estimé le
vice-président, qui a beaucoup de patience et qui a un sens de l'humour
qui lui permet de temps en temps de fermer l'oreille gauche, mais moins souvent
que l'oreille droite.
M. le Président, la session fut longue, le premier ministre a
raison, c'est une des plus longues de l'histoire de la Législature. Ce
n'est pas la plus longue, mais c'est une des plus longues sessions de
l'histoire de notre Parlement. J'espère qu'une autre année, avec
une meilleure préparation de la part du gouvernement, les sessions
pourraient, à la lumière de l'expérience de cette
année, être écourtées d'au moins cinq ou six
semaines pour faire exactement le même travail.
M. le Président, nous avons bien mérité, dit le
premier ministre, les députés ont bien mérité de la
population et, j'en suis certain, la population a beaucoup d'estime pour les
députés globalement. L'erreur momentanée de la population,
c'est qu'elle a donné un petit peu trop d'estime à un
côté plutôt qu'à l'autre, mais ça pourrait
être corrigé en temps et lieu, M. le Président.
M. Hamel (Saint-Maurice): En voulez-vous encore?
M. Johnson: Le premier ministre parle de la qualité de
l'Opposition, il a raison. Nous avons considéré qu'il
était de notre devoir, M. le Président, non seulement de
critiquer mais de défier la vieille règle, la règle bien
établie dans le droit parlementaire britannique, nous avons, dis-je,
jugé bon de la défier et d'apporter au gouvernement des
propositions concrètes dans divers domaines, et nous sommes très
heureux que le gouvernement y ait vu et jugé opportun de donner suite
à quelques-unes de nos motions dont les plus éclatantes
alimentent de ce temps-ci la chronique dans toute la province.
M. le Président, m'est-il permis de dire qu'en hommes
expérimentés, les gens de l'Opposition ont vite appris les
leçons du passé. Quand je regarde ce qui se passe depuis trois
ans et que je le compare avec ce qu'il y avait autrefois devant nous, j'en
viens à la conclusion que le seul défaut de l'Union Nationale,
c'est qu'il n'y avait pas une bonne opposition dans le temps, M. le
Président; autrement, nous serions peut-être encore là.
M. Gérin-Lajoie: Nous autres, on va s'en garder une bonne en face
de nous.
M. Johnson: M. le Président, notre ambition est d'être
tellement bons qu'il soit évident que nous devrions les remplacer le
plus tôt possible.
M. Bellemare: Très bien.
M. Johnson: Et je voudrais dire au premier ministre que nous allons
essayer, puisque nous sommes perfectibles, pour l'an prochain,
d'écourter les débats. Nous allons essayer de ramasser un peu
plus certains débats, mais je voudrais dire au premier ministre que si
le journal des Débats rapporte nos discours, il est aussi le
témoin implacable des silences des députés au pouvoir,
comme il sera aussi le témoin implacable de certaines sautes d'humeur de
quelque député que ce soit dans cette province.
M. le Président, meilleurs voeux de santé et de bon repos
à vous, à vos assistants ou les suppléants de l'orateur,
du vice-président de la Chambre, à tout le personnel de
l'Assemblée législative, au chef des pages et à ses
collaborateurs, ainsi qu'au personnel extrêmement sympathique et
dévoué de l'enregistrement des débats, à commencer
par son digne directeur et son assistant. M. le Président, je serais
bien mal habile d'oublier les journaux, d'oublier la tribune de la presse. Si
un chef de parti qui est au pouvoir a besoin de la presse, M. le
Président, imaginez dans quel besoin une Opposition se trouve. M. le
Président, moi qui ai été, comme diraient les gens de la
Canadian Press, si "outspoken" dans mes critiques dans le passé, dans
mes critiques dans des journaux, je voudrais dire que j'ai noté cette
année une amélioration sensible, très sensible, M. le
Président, et je me demande si c'est l'Opposition qui s'améliore
ou si c'est le gouvernement qui se détériore.
À tout événement, quelle qu'en soit la cause, M. le
Président, je crois que les journaux font de plus en plus un grand
effort pour bien renseigner l'opinion publique et c'est là un
élément essentiel d'une véritable démocratie.
M. le Président, à tous mes collègues des deux
côtés de la Chambre, à l'honorable député de
Jacques-Cartier en particulier, un bon repos, de bonnes vacances, si toutefois
une mère de famille peut se reposer jamais, et j'espère que, dans
l'administration de la province, après avoir taxé la population,
on ne "taxera" pas trop le personnel au cours de l'été qui
vient.
M. Gérin-Lajoie: Suspension de la séance, M. le
Président.
M. le Vice-Président: La séance est suspendue en attendant
un messager.
À l'ordre, messieurs!
Faites entrer le messager. Let the messenger in.
L'huissier de la verge noire: M. l'Orateur, c'est le désir de Son
Excellence le lieutenant-gouverneur que les honorables membres de cette Chambre
se rendent immédiatement à la salle du Conseil législatif.
The Honourable Lieutenant Governor desires the immediate attendance of the
members of this Honourable House in the Legislative Council Chamber.