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(Deux heures et demie de l'après-midi)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
À l'ordre, messieurs!
Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
M. Lesage: Article a). Bill no 71 Première lecture
M. le Président: M. Lesage propose la première lecture
d'une loi modifiant la Loi de la Législature et concernant la pension
des membres des deux Chambres.
La motion sera-t-elle adoptée?
M. Jean Lesage
M. Lesage: M. le Président, l'objet du bill est, d'abord, de
prévoir que les conseillers législatifs qui seront nommés
après le 1er juillet 1963 cesseront d'occuper leur charge à
l'âge de 75 ans, au lieu d'être nommés à vie. Ce
texte, évidemment, ne s'applique pas aux conseillers législatifs
qui sont présentement en fonction et qui ont des droits acquis que nous
voulons respecter.
Maintenant, le projet de loi a pour objet de modifier l'indemnité
et l'allocation accordées aux conseillers législatifs et aux
députés. L'indemnité pour une session de plus de trente
jours sera portée, et pour les conseillers et pour les
députés, à $10,000 et l'allocation pour les frais de
déplacement, dépenses de bureau, déboursés
inhérents à la fonction, frais de séjour, est fixée
à $2,000 pour chaque conseiller législatif et à $5,000
pour chaque député. Il faut tenir compte qu'à l'heure
actuelle l'indemnité est de $6,700 et pour les conseillers et pour les
députés; cette indemnité est portée à
$10,000. L'allocation non taxable est de $3,300 dans chaque cas; dans le cas
des députés, elle est portée à $5,000 et, dans le
cas des conseillers législatifs, elle est réduite à
$2,000.
Maintenant, le projet propose des modifications à la loi relative
à la pension des députés, de façon à la
rendre applicable aux conseillers législatifs qui seront nommés
après le 1er juillet 1963. De plus, le projet ajoute au texte qui prive
un député de droit à la pension lorsqu'il est
expulsé par décret de la Chambre en vertu de l'article 77 une
disposition d'après laquelle la même conséquence a lieu
lorsque l'expulsion est prononcée par la Cour supérieure suivant
la loi 15-16, George VI, chapitre 20, en raison d'une condamnation criminelle
ou lorsqu'un conseiller législatif ou un député est
trouvé coupable de trahison ou d'un acte criminel commis pendant la
durée de ses fonctions et visé à la partie III ou à
la partie VII du Code criminel, ou encore de conspiration pour commettre un tel
acte. Ce sont les fraudes contre l'État en particulier qui sont
couvertes par ces chapitres.
L'article 20 a pour objet de permettre aux conseillers
législatifs qui ont été nommés avant le 1er juillet
1963, c'est-à-dire les conseillers législatifs actuels, de
bénéficier de la pension s'ils démissionnent après
avoir atteint l'âge de 75 ans, après avoir rempli leurs fonctions
pendant dix ans ou dix sessions, ou alors qu'ils souffrent d'une
incapacité permanente, et cela sans contribution, sauf une contribution
qu'ils doivent payer s'ils veulent faire compter le temps alors qu'ils
occupaient leur charge de député.
M. le Président: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. le Greffier adjoint: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. le Président: Deuxième lecture, prochaine
séance.
Bill no 72 Première lecture
M. le Président: M. Hamel (Saint-Maurice) propose la
première lecture d'une loi modifiant la Loi des accidents du
travail.
M. René Hamel
M. Hamel (Saint-Maurice): Il s'agit, M. le Président, d'une loi
qui tent à rendre plus généreuse la loi actuelle des
accidents du travail. Les principales dispositions sont les suivantes: diminuer
de cinq à trois jours les accidents compensables; éliminer la
discrimination qui existe actuellement quant aux parents d'un patron,
augmentation des montants payés à titre de frais
funéraires; dans le cas d'aggravation, le calcul de la rente est
basé sur le salaire actuel au moment de l'aggravation au lieu
d'être basé
sur le salaire au moment de l'accident; le minimum prévu pour une
incapacité totale est monté de $15 à $25 par semaine;
prolongation pour toute la durée de la scolarité des rentes
payées aux orphelins; extension de l'application de la Loi des accidents
du travail à tous les salariés de la province.
Il y a quelques autres dispositions aussi qui obligent, par exemple, le
patron à faire rapport à l'accidenté lui-même et
nous faisons, en plus, une obligation à la Commission des accidents du
travail de communiquer au médecin traitant de l'accidenté tous
les documents, tous les rapports médicaux qu'elle peut avoir et qui
peuvent servir pour l'étude de la compensation. Il y a une autre
disposition aussi qui permet à la Commission des accidents du travail de
transférer de la cédule Il à la cédule I à
certaines conditions, les employeurs.
M. le Président: La première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. le Greffier adjoint: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. le Président: Deuxième lecture, à la prochaine
séance.
M. Lesage: Article c).
Bill no 73 Première lecture
M. le Président: M. Levesque (Bonaventure) propose la
première lecture d'une loi modifiant la Loi concernant l'Exposition
universelle canadienne.
M. Gérard D. Levesque
M. Levesque (Bonaventure): Par le bill 35, la Chambre avait
légiféré sur l'Exposition universelle canadienne. À
la suite des représentations de la Compagnie de l'exposition, nous
apportons certaines modifications à l'article 5 qui prohibait
l'utilisation de certains noms pour des raisons sociales. C'est ainsi que nous
ajoutons au mot "exposition" le mot "foire" qui avait été traduit
non pas par "fair", mais par "exhibition". Alors, il y a eu des abus qu'on nous
a signalés et il est opportun d'apporter cette législation. De
plus, quelques firmes -je crois que c'est une centaine - avaient
déjà commencé à utiliser le mot avant le 1er
janvier 1963. On porte donc la date du 1er janvier 1962 afin de bien
protéger les intérêts importants qui concourent au
succès de l'exposition.
M. le Président: La motion de première lecture sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. le Greffier adjoint: Première lecture de ce bill. First
reading of this bill.
M. le Président: Deuxième lecture à la prochaine
séance.
DÉPÔT DE DOCUMENTS
Premier rapport du
bureau de révision du Code civil sur la
capacité juridique de la femme
mariée
M. Lapalme: M. le Président, je dépose le rapport du
bureau de révision du Code civil du Québec, portant sur la
capacité juridique de la femme mariée. J'avais demandé que
le service des impressions en imprime un grand nombre d'exemplaires non
seulement pour les membres de cette Chambre, mais pour la Galerie de la presse
et tous les organismes qui sont intéressés à ce rapport.
Malheureusement, je n'ai encore devant moi que quelques copies. Je voudrais en
envoyer deux copies au chef de l'Opposition et trois copies à la Galerie
de la presse. Dès que le service des impressions aura livré la
commande, je ferai envoyer par la poste à tous les membres de cette
Chambre le texte de ce rapport.
M. le Président: Affaires du jour
Travaux de la Chambre
M. Lesage: M. le Président, comme je l'ai annoncé, ce soir
il y aura séance du comité des comptes publics.
Malheureusement, l'Auditeur de la province, en retournant chez lui hier
soir, a subi un léger accident, il est tombé dans l'escalier de
sa demeure et s'est brisé un disque. M. Gariépy, l'assistant de
l'Auditeur de la province, qui est bien au courant de tous les
problèmes, sera là pour que nous puissions le questionner,
continuer à nous renseigner sur les devoirs de l'auditeur et
particulièrement sur ce chapitre intitulé
généralités, de même que sur le bilan de la
province, tel que je l'avais dit au député de Saint-Jacques.
Maintenant, je demanderais comme faveur que la séance ne commence
qu'à 8 h 15 parce que je voudrais faire une visite de sympathie à
mon collègue du fédéral, dont le père est
décédé.
Maintenant, je suggère que demain, à 10 h 30, il y ait une
réunion du comité que j'appelle pour le moment et sans engager
personne - j'espère que le comité va se trouver un nom demain, va
préciser son nom, je l'invite à le faire - comité
d'étude de la révision constitutionnelle. Évidemment, il
ne s'agit que d'une réunion d'organisation, ça ne durera pas
très longtemps. J'avais l'intention, comme c'est la
coutume, d'ailleurs - je suis sûr que c'est la même chose du
côté de l'Opposition - avant la prorogation, de réunir les
députés de mon parti en caucus, demain matin à 11 h 30.
Cela veut dire que nous siégerons demain après-midi à 2 h
30 pour étudier les projets de loi qui viennent d'être
adoptés en première lecture. Nous continuerons avec les
crédits de l'exécutif, s'ils ne sont pas terminés
aujourd'hui, comme la chose est possible. Ce sera dans la salle du
comité des bills privés parce que ces messieurs de la Galerie de
la presse m'ont demandé d'y assister et je leur ai dit que je n'y voyais
pas d'objection, m'engageant peut-être un peu trop pour le comité.
Je n'avais peut-être pas d'affaire à le faire, mais, enfin, au
Conseil des ministres ce matin, mes collègues qui font partie du
comité ont approuvé ma manière de voir. Alors, c'est
à10 h 30 demain matin.
Il y aura sanction de bills demain après-midi parce qu'il faut
absolument approuver la Loi électorale, étant donné que,
après l'approbation de la loi par le lieutenant-gouverneur, je dois
présenter une résolution pourvoyant à la nomination de M.
Drouin comme président général des élections. C'est
une nomination des Chambres, alors, il faut que je fasse une résolution.
C'est pour cela qu'il faut une sanction demain. Après consultation avec
le leader du gouvernement au Conseil législatif, il y a lieu
d'espérer que la prorogation pourra avoir lieu. Évidemment, je
suis entre les mains de l'Opposition, mais le travail du Conseil
législatif pourrait être terminé jeudi après-midi,
à temps pour la sanction des derniers projets de loi et pour la
prorogation.
M. Johnson: M. le Président, relativement à cette
réunion du comité des comptes publics, je présume que les
mesures ont été prises pour l'enregistrement des
débats.
M. Lesage: Je n'y ai pas pensé, je vous l'avoue. Mais c'est
entendu que je demande à M. le Président et à M. le
Greffier de prendre les dispositions nécessaires pour qu'il y ait
enregistrement, comme il y a eu enregistrement la première fois. Il n'y
a pas eu enregistrement la première fois, non?
M. Johnson: Non. D'ailleurs, ce n'était pas prêt.
M. Lesage: Ce n'était pas prêt. Mais on le fera à la
prochaine session. On continue sur les généralités.
À la prochaine session, j'ai dit que le comité des comptes
publics commencerait à siéger beaucoup plus à bonne heure
et qu'il siégerait d'une façon régulière, suivant
les recommandations de l'enquête sur les méthodes d'achat. Alors,
à ce moment-là, nous prendrons les dispositions
nécessaires pour que tout soit enregistré. Mais je ne vais pas
d'utilité à le faire ce soir.
M. Johnson: Est-ce que le comité fera rapport à la
Chambre? On n'a pas nommé de secrétaire.
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: On n'a pas nommé de secrétaire.
M. Lesage: Non, non.
M. Johnson: Quant au comité de la constitution...
M. Lesage: Moi, j'ai participé au comité des comptes
publics dans une autre juridiction. Il y avait sténographie, il y avait
un des secrétaires qui était un des membres du bureau du
greffier. Il faut bien comprendre qu'il ne faut pas que le comité des
comptes publics soit une boîte à scandales ou à chicane. Il
faut que ça devienne un comité d'examen sérieux des
dépenses. C'est comme ça que je le veux, M. le Président,
et j'espère que tous les députés qui font partie du
comité vont le comprendre de cette façon. S'il y a eu des erreurs
de faites, bien, mon Dieu, ceux qui les ont commises en porteront la
responsabilité, mais ce n'est pas une boîte à scandales. Si
des gens ont commis des fautes, eh bien, ce sera reconnu, ce sera dans le
public. Alors, ils devront prendre leurs responsabilités suivant les
fonctions qu'ils occupent. C'est comme ça que je vois le comité
des comptes publics.
M. Johnson: M. le Président, il n'y a pas de discussion sur le
fond de l'affaire; c'est tout simplement une question de technique. Les autres
comités font rapport à la Chambre.
M. Lesage: Mais il faut avoir quelque chose à rapporter.
M. Johnson: Alors qu'on a siégé...
M. Lesage: Bien oui qu'on a siégé, qu'on a
étudié. Mais, simplement, ça ne doit pas être...
M. Johnson: ...pour que ce soit consigné au
procès-verbal.
M. Lesage: Mais ça, on s'entendra...
M. Johnson: Mais pour la première réunion, on n'a pas fait
de rapport.
M. Lesage: Ce n'est pas nécessaire pour un comité de faire
un rapport à chacune de ses réunions. Il peut faire un rapport de
ses
réunions. C'est, d'ailleurs, ce qui s'est produit dans le cas de
l'étude du Code du travail. Il n'y a eu qu'un rapport malgré un
grand nombre de séances. On n'est pas obligé de faire un rapport
à chaque séance. Dans le cas du comité des comptes
publics, évidemment, c'est une affaire qui se continue, c'est le
même volume que nous étudions. À moins d'une chose
spéciale, il ne doit y avoir qu'un rapport. Dans le cas des bills
privés et des bills publics, c'est différent parce que ces bills
doivent être approuvés par la Chambre. Chacun constitue un sujet
distinct.
M. Johnson: Quant au comité de la constitution, le premier
ministre me permettra...
M. Lesage: Je l'appelle le comité d'étude sur la
révision de la constitution, mais je n'impose rien, le comité
décidera.
M. Johnson: Le premier ministre me permettra de suggérer un nom,
nous aussi pour le comité de la constitution...
M. Lesage: Mais certainement. J'ai pris la peine de dire qu'on
l'appelait comme ça sans vouloir rien imposer.
Demande d'enregistrement
des séances du comité
sur la constitution
M. Johnson: J'ai compris cela, M. le Président. Est-ce
l'intention du gouvernement de faire l'enregistrement de ces
délibérations? Je crois qu'il y aurait avantage...
M. Lesage: M. le Président, je ne suis pas membre du
comité et le chef de l'Opposition, s'il est membre du comité,
comme je le crois, fera sa suggestion au comité. Je n'ai aucune
intention que le gouvernement dirige les travaux du comité ou la
procédure qu'il entend suivre. C'est un comité de la Chambre.
M. Johnson: M. le Président, je vais m'adresser à
vous.
M. Lesage: Le président ne peut pas donner d'ordres, non
plus.
M. Johnson: M. le Président, vous avez, comme président de
la Chambre, certaines juridictions, ou vous espérez en avoir, sur
l'enregistrement des débats. Si c'était la décision de ce
comité d'enregistrer ces débats, il serait peut-être
préférable de le faire dès demain, dès la
première séance. Je crois, en principe, que la Chambre est
intéressée à avoir...
M. Lesage: M. le Président, c'est une réunion
d'organisation demain matin.
M. Johnson: Je n'ai pas fini, si vous le permettez.
M. Lesage: Bien, finissez et soyez plus poli...
M. Johnson: M. le Président, c'est une réunion
d'organisation, demain, du comité. Il est vrai qu'on pourrait faire
rapport autrement que par l'enregistrement, mais je crois que toute la Chambre
a intérêt à ce que les délibérations de ce
comité soient enregistrées mot à mot, car il y aura
certainement d'autres députés que les membres du comité
qui seront éventuellement intéressés à
étudier ces problèmes et à référer aux
études qui auront été communiquées à ce
comité. Alors, je suggérerais, M. le Président, sauf si
tel n'est pas votre désir, que vous donniez les instructions
nécessaires pour que demain les appareils et le personnel
nécessaires à l'enregistrement soient disponibles pour le
comité.
M. Lesage: M. le Président, je sais pertinemment que les membres
du Conseil des ministres qui font partie de ce comité vont purement et
simplement, demain matin, proposer d'abord de trouver un nom au comité,
de nommer un comité directeur, communément appelé
"steering committee", et de nommer un secrétaire. Je ne vois pas
pourquoi on enregistrerait une réunion d'organisation. Il appartiendra
au comité lui-même de faire ses recommandations à la
Chambre, à savoir si tout doit être enregistré, s'il doit y
avoir un "steering committee", si un secrétaire devra être
nommé, qui il doit être. La recommandation viendra en Chambre
demain après-midi et on n'a pas besoin d'encourir cette dépense
au moins pour demain.
M. le Président: S'il m'était permis d'ajouter simplement
que les députés sont au courant du fait qu'on vient justement
d'établir notre système d'enregistrement. Il nous faut encore de
la machinerie additionnelle pour le service des impressions. Les
employés, surtout ceux du côté des Travaux publics, du
côté de l'enregistrement et de la transcription du brouillon, ont
fait un effort assez considérable. Les députés ne sont pas
les seuls aujourd'hui qui s'attendent à avoir des vacances et, s'il
était question d'être obligé de maintenir le personnel
à l'année longue pour le service d'enregistrement, cela
impliquerait de doubler le personnel. Actuellement, je suis à
étudier les moyens à prendre pour donner des vacances et
régler l'affaire des employés au Hansard.
J'espère que les députés ne demanderont pas trop,
pour commencer, au service du Hansard. Je crois qu'on pourrait, au moins pour
cette année, concentrer nos efforts sur les délibérations
en Chambre et ne pas demander, à moins qu'il n'y ait des raisons tout
à fait spéciales, de faire l'enregistrement des
délibérations des comités. Quand même,
j'espère qu'à l'avenir il sera possible d'accorder des demandes
pour des comités spéciaux.
M. Lesage: Numéro 23.
QUESTIONS ORALES DE DÉPUTÉS
Retrait partiel du fédéral
sur une taxe touchant
la construction
M. Johnson: M. le Président, avant qu'on passe aux affaires du
jour, j'ai une question à poser au premier ministre. C'était hier
la journée des retraites ou des retraits. Je voudrais savoir si le
premier ministre, le ministre des Finances...
M. Lesage: La journée des quoi? M. Johnson: Des retraits. M.
Lesage: Des retraits?
M. Johnson: Des retraits et des retraites. Je voudrais savoir si le
premier ministre est satisfait...
M. Lesage: Est-ce qu'il y avait une retraite fermée qui
commençait spécialement hier?
M. Johnson: Je me demande, M. le Président, si le premier
ministre est satisfait du retrait partiel fait par le ministre
fédéral des Finances sur cette taxe de 11% particulière en
ce qu'elle affecte les travaux de l'Hydro et d'autres travaux de
construction.
M. Lesage: M. le Président, je lirai le Hansard avant de faire
des commentaires.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Lesage: Numéro 23. M. le Président...
M. le Président: À l'ordre, messieurs! Questions au
feuilleton
M. Lesage: ... le 5 juin, le ministre de la Voirie répondait
à une question posée par le député de Bellechasse
et qui était la suivante: "Depuis le 5 juillet 1960, le gouvernement de
la province a-t-il acheté
des tuyaux de béton ou des blocs de ciment de la Compagnie de
béton de Saint-Charles Limitée, dans le comté de
Bellechasse?" Si oui, quel montant? Pour quelles fins?
Le ministre de la Voirie a répondu affirmativement et on trouve
sa réponse à la page 523 du procès-verbal.
Évidemment, lorsqu'une telle question est posée, automatiquement,
le bureau du premier ministre, lorsqu'il peut s'agir de plus d'un
département, demande à l'Auditeur de la province de faire les
recherches nécessaires. Ces recherches ont été faites et
je dois ajouter à cette réponse que des tuyaux ont
été achetés de cette Compagnie de béton de
Saint-Charles par le ministère de l'Agriculture et de la Colonisation et
par le ministère des Travaux publics pour des montants minimes. Je veux
que la réponse soit complète. Je dépose la
réoonse.
Numéro 2, lu et répondu. Numéro 16, lu et
répondu. Numéro 21, lu et réoondu pour M. Cliche.
Motions pour dépôt de documents
Numéro 31, M. le Président, il s'agit d'une motion du chef
de l'Opposition qui se lit comme suit: "Qu'il soit déposé sur le
bureau de cette Chambre copie de toute correspondance échangée
entre M. André Lagarde d'une part, le premier ministre et le Procureur
général d'autre part, relativement au scandale des faux
certificats." M. le Président, je ne connais pas de scandale des faux
certificats, je sais qu'il y a une cause devant les tribunaux. Si le chef de
l'Opposition est prêt à amender sa motion pour remplacer les mots
"au scandale" par les mots "à l'affaire", je suis disposé
à déposer la correspondance. Autrement, je dois refuser la motion
parce que je ne puis reconnaître qu'il y a un scandale des faux
certificats.
M. Johnson: Il suffit que le public le sache. Alors, "à
l'affaire".
M. Lesage: Accepté. Vous suggérez l'amendement
vous-même.
M. le Président: L'affaire des faux certificats.
M. Lesage: L'affaire des faux certificats. Alors, documents
déposés. Quant au numéro 32, la motion se lit comme suit:
"Qu'il soit déposé sur le bureau de cette Chambre copie de toute
correspondance échangée entre M. André Lagarde d'une part
et le Procureur général d'autre part relativement à un
complot pour incriminer ledit André Lagarde en octobre 1962." M. le
Président, je ne puis reconnaître qu'il y ait
eu un tel complot, mais, si le chef de l'Opposition veut amender sa
motion pour enlever ces mots "un complot pour incriminer" et les remplacer par
les mots "une dénonciation concernant", je suis disposé pour tes
mêmes raisons que tout à l'heure, à accepter la motion et
à déposer les documents.
M. Johnson: C'est bien. Motion amendée.
M. le Président: Motion adoptée.
M. Lesage: C'est vrai qu'il y a une retraite de parlementaires.
Numéro 34, M. le Président, M. Russell, documents
déposés.
M. Johnson: 34.
M. Lesage: 34, M. Russell, oui. Numéro 29. Non, pardon, non, je
m'excuse, j'ai autre chose. Numéro 48.
M. le Président: Motion de M. Morissette.
M. Lesage: Oui.
M. le Président: 48.
M. Lesage: Oui, motion de M. Morissette.
M. le Président: Concernant le bill 115.
M. Johnson: Adopté.
M. le Président: Adopté.
M. Lesage: 49.
M. le Président: Motion de M. Beaupré concernant le bill
132.
M. Johnson: Agréé. M. Lesage: 50.
M. le Président: Motion de M. Meunier concernant les droits pour
le bill 135.
M. Johnson: M. le Président, on peut avoir un débat
là-dessus. On aimerait entendre un discours du député de
Bourget.
Une voix: Si vous voulez.
M. Johnson: Agréé.
M. le Président: Adopté.
M. Lesage: Numéro 23.
M. le Président: M. Lesage propose qu'à sa prochaine
séance la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier les résolutions relatives au bill no 71.
M. Johnson: Adopté.
M. le Président: Adopté.
M. Lesage: Alors numéro...
M. Bertrand (Missisquoi): En discussion.
M. Lesage: Là, c'est vrai, numéro 29.
Bill no 69 Deuxième lecture
M. le Président: M. Lévesque et M. Cournoyer proposent la
deuxième lecture du bill no 69, Loi concernant les permis de taxi dans
l'île de Montréal.
M. Lévesque (Laurier): Alors, M. le Président, comme la
loi ne comporte, en fait, qu'un amendement à un article - plus l'article
de l'entrée en vigueur - de la Loi de la Régie des transports, je
vais me contenter de l'expliquer en deux mots, un tout petit peu plus que la
note explicative et je crois que cela devrait suffire, au moins pour ce qui est
de la deuxième lecture. Est-ce que le chef de l'Opposition
préférerait -je ne sais pas, moi; je ne suis pas très fort
là-dessus - passer tout de suite en comité? Alors,
deuxième lecture, adopté. On passe en comité.
M. le Greffier adjoint: Deuxième lecture de ce bill, Second
reading of this bill.
Comité plénier
M. le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée? M.
Lévesque propose que je quitte maintenant le fauteuil pour que la
Chambre se forme en comité plénier pour étudier le bill
69. Adopté?
Une voix: Adopté.
M. René Lévesque
M. Lévesque (Laurier): Alors, pour ce qui est de l'explication,
puisque c'est le seul article...
M. Johnson: Il est vite, toujours, sur ses patins.
M. Lévesque (Laurier): Alors, il s'agit de transférer dans
la Loi de la Régie des transports une partie de l'actuel article 24 de
la Loi concernant la Corporation de Montréal métropolitain et de
laisser tomber l'autre en caducité, c'est-à-dire de laisser
disparaître l'autre partie de cet article à la
fin de 1963, tel que prévu par le texte actuel. Alors, il s'agit
du règlement partiel d'un problème qui a fait l'objet
d'enquêtes, de comparutions. On en a entendu parler bien souvent ici, au
moment du bill de Montréal, par exemple. Il faut avouer, d'abord, qu'il
avait été question d'une régie provinciale, par exemple,
dans certains milieux, de trouver des structures nouvelles pour administrer
cette industrie du taxi qui a beaucoup de difficultés. Pour l'instant,
tout ce qu'on fait, c'est une solution qu'on espère bonne, mais qui est
évidemment partielle du problème tel qu'il se présente
dans la région métropolitaine de Montréal.
Je crois qu'on voit assez bien ce que représente cet
élément partiel de solution en lisant l'article 24 actuel et cela
va suffire, je crois, pour situer le problème. L'article 24 de
l'actuelle Loi concernant la Corporation de Montréal
métropolitain dit: "Nonobstant toute disposition législative
inconciliable avec la présente, entre le 30 avril 1959 et le 31
décembre 1960 - par amendements subséquents, c'est devenu
maintenant le 31 décembre 1963, donc il y a quatre ans que cela dure;
donc, entre le 30 avril 1959 et le 31 décembre 1963 - dans toute
municipalité située dans l'île de Montréal: a) le
taux de la taxe sur les propriétaires de véhicules automobiles
dont ceux-ci se servent pour exercer le métier de cocher, roulier public
ou pour fins de location - essentiellement les taxis - ne devra pas être
auqmenté." Donc, le prix des permis, à toutes fins pratiques,
était fixé, était gelé depuis le mois d'avril 1959
dans la cité de Montréal, "cl) Le nombre des permis de taxi en
opération dans chacune des autres municipalités de l'île de
Montréal ne devra pas excéder ou bien un permis par 400
têtes de population ou bien le niveau qui existait le 1er février
1957, si c'était plus qu'un par 400. Pour les droits acquis, autrement
dit, on les protégeait jusqu'au niveau de 1957."
Alors, le résultat de cet article est celui-ci: depuis quatre
ans, à toutes fins pratiques, le prix des permis de taxi est gelé
dans l'ensemble de la région de l'île de Montréal et,
deuxièmement, le nombre des permis de taxi est également
gelé sur la base de 1959 pour la ville de Montréal et sur la base
soit de 1957 ou de un par 400 pour les autres municipalités. Maintenant,
si on regarde l'amendement, le résultat de cet amendement est simplement
ceci, c'est que dans la Loi de la Régie des transports, cela deviendrait
le dernier article, 29a, de la partie de la loi qui concerne les pouvoirs de la
régie qui vont actuellement de l'article 14 à l'article 29. On
ajouterait l'article 29a et la Régie des transports obtiendrait le
pouvoir suivant qui concerne uniquement le nombre des permis de taxi,
c'est-à-dire la deuxième partie du vieil article 24 de la Loi
concernant la Corporation de Montréal métropolitain. Alors, on
dit: La Loi de la Régie des transports (statuts refondus, etc.) est
modifiée en insérant après l'article 29 le suivant, 29a,
qui dirait ceci: Dans toute municipalité située dans l'île
de Montréal -donc, Montréal et toutes les municipalités de
l'île de Montréal - le nombre des permis de taxi en vigueur ne
peut pas excéder le nombre fixé par les dispositions qui sont en
vigueur le 5 juillet 1963, c'est-à-dire celles que je viens de lire,
sans autorisation de la Régie des transports. On ajoute ensuite que "la
régie peut faire enquête sur l'observance du présent
article, rendre toute ordonnance jugée utile pour en assurer
l'application et décider quels permis doivent être annulés
quand le nombre prescrit est excédé". Elle a des pouvoirs
d'arbitre, donc, sur le nombre des permis de taxi, ce qui revient à
dire, en pratique, que, si quelqu'un, essentiellement une municipalité
ou une association de taxi de la ville de Montréal ou des villes de
l'île de Montréal, demande l'augmentation ou la réduction
du nombre, la Régie des transports désormais, quand la Chambre
l'approuvera, si elle l'approuve, sera mandatée pour devenir arbitre
devant de telles demandes ou de telles réclamations.
Après quatre ans de gel, surtout à cause des
événements qui s'en viennent -très prochainement, il y
aura l'Exposition universelle, par exemple, maintenant que le site est
décidé - il est quand même bon qu'il y ait une
possibilité d'élasticité dans ce nombre selon les
circonstances et qu'il y ait un arbitrage prévu.
Pour ce qui du prix des permis, eh bien, l'article 24 va devenir caduc,
évidemment, pour cette partie-là, le 31 décembre 1963, ce
qui veut dire que le prix des permis sera dégelé après
quatre ans dans la ville et l'île de Montréal et que ça
retombera dans les pouvoirs normaux des municipalités. C'est le devoir
des citoyens élus comme conseillers municipaux et de leurs
fonctionnaires de fixer raisonnablement, le prix de la plupart des permis. Il
nous a semblé, d'accord, en tout cas, en cela avec la cité de
Montréal et les autorités montréalaises qu'on a pu
consulter - et je crois que les autres en banlieue devraient être du
même avis - que c'est de leur ressort normal et que c'est à elles
de prendre leurs responsabilités devant ces permis, comme devant
d'autres permis, pour ce qui est d'en fixer le prix. C'est ce que comporte
l'amendement suggéré.
M. Paul Dozois
M. Dozois: M. le Président, je ne veux pas être long sur
cette question, je suis en principe d'accord avec la proposition contenue dans
ce bill. Je voudrais, sans vouloir reprendre le ministre des Richesses
naturelles, lui signaler que le gel du taxi
remonte à plus de quatre ans. Enfin, il est contenu dans la
charte de la Corporation de Montréal métropolitain depuis quatre
ans, mais le nombre était gelé depuis avril 1954 car la Charte de
la ville de Montréal avait une disposition semblable qui gelait le taux
des permis de taxi, de même que leur nombre pour toute l'île de
Montréal. C'est en 1958 ou en 1959, je crois, lorsque la Corporation de
Montréal métropolitain a été créée,
que cette disposition a été incluse dans la charte de
Montréal métropolitain.
En fait, ce bill donnera autorité à la Régie des
transports de statuer sur le nombre de permis de taxi dans l'île de
Montréal. Je remarque - j'en avais causé avec le ministre hier -
que les taux ne seront pas gelés à l'avenir, à compter de
décembre 1963. J'espère également que les
municipalités ne profiteront pas du fait que, le nombre de taxis
étant limité, ils deviendront, par le fait même, pour
certaines villes une denrée rare, pour augmenter
inconsidérément le taux des permis. Je sais que, d'une
municipalité à l'autre, il y a des variantes assez
considérables. Dans certaines municipalités, on exige $10 ou $15
pour un permis et, dans d'autres, ça peut monter jusqu'à $200.
Peut-être que les municipalités qui n'exigent que $15 seront
tentées d'exiger $200, je ne sais pas. J'espère qu'on n'aura pas
recours à de pareilles méthodes.
Je me demande, cependant, M. le Président, si l'on doit
comprendre qu'en vertu de cet amendement n'importe quel citoyen désirant
obtenir un permis de taxi en sus du nombre qui existe dans le moment, pourra se
présenter à la Régie des transports ou bien si ça
ne devrait pas être les municipalités qui désireraient
augmenter ce nombre-là. À Montréal, je crois que c'est
4295. Alors, pour les fins de la discussion, disons que le nombre de 4295 est
émis. Est-ce qu'un citoyen qui désire avoir un taxi va
lui-même s'adresser à la Régie des transports pour
dépasser ce nombre qui est gelé ou bien s'il n'appartiendrait pas
aux municipalités de s'adresser à la Régie des transports
et d'établir devant la Régie des transports la
nécessité de dépasser ce nombre qui est gelé? Je ne
sais pas, j'avoue que cette idée m'est venue à l'esprit
uniquement pendant que le ministre parlait. Je pense qu'il y a là
peut-être un point à éclaircir.
M. Lévesque (Laurier): En fait, évidemment,
j'espère bien qu'en pratique, ça ne se peut pas.
M. Dozois: C'est comme les rouliers publics, ils s'y adressent
personnellement et individuellement.
M. Lévesque (Laurier): Tel que rédigé, il est
peut-être possible qu'on interprète ça comme ça et
qu'un individu puisse aller voir la régie pour lui dire: Moi, je
proteste contre le plafond, parce que je n'ai pas eu mon permis. Malgré
que l'émission des permis demeure, de toute façon, une
responsabilité municipale - il s'agit uniquement d'en fixer le nombre
ici - par implication, l'individu pourrait en profiter, je pense, pour
dire...
M. Bertrand (Missisquoi): C'est peut-être possible.
M. Dozois: On pourrait peut-être directement ajouter un paragraphe
disant que le nombre peut être changé par la régie sur
demande d'une municipalité concernée.
M. Lévesque (Laurier): On va essayer de voir si vraiment, tel que
rédigé, parce que ça prend au moins un gars qui va
regarder ça au point de vue juridique... Je crois qu'il est probable
qu'il y ait un trou là-dedans, c'est possible en tout cas. Si le
député de Saint-Jacques le veut bien, on peut suspendre
l'étude, on va vérifier la phraséologie et puis on y
reviendra tout à l'heure.
M. Dozois: Juste un mot de plus, si vous me le permettez, M. le
Président.
M. Lesage: S'il y a d'autres points de rédaction que le
député de Saint-Jacques a à soulever, j'aimerais qu'il les
soulève maintenant parce que nous allons...
M. Dozois: Non, je ne crois pas que j'aie d'autres suggestions à
faire quant aux amendements. Mais je veux juste ajouter un mot, puis le
débat sera clos.
M. Lesage: Oui, je vous en prie.
M. Dozois: Je veux tout simplement m'informer. Je sais qu'il y a eu une
enquête sur le taxi dans l'île de Montréal, qui a
été faite par la Régie des transports. Est-ce qu'il y a eu
un rapport de cette enquête? Est-ce que la régie en est venue
à des conclusions? Est-ce qu'il y a un rapport officiel ou public?
M. Lévesque (Laurier): Bien, on ne peut pas dire qu'il y a un
rapport officiel et public. Il y a eu des constatations de faites et il y a eu
l'élaboration de certaines recommandations qui étaient encore
assez confuses et qui, de toute façon, avaient des côtés
contradictoires. On est encore en train de le fouiller. On lui a demandé
de le refouiller aussi et ça découle de certaines
constatations...
M. Dozois: C'était contenu, cela? La régie même,
à la suite d'enquêtes, a recommandé cela?
M. Lévesque (Laurier): C'était impliqué; ce
n'était pas des vraies recommandations dans le sens 1, 2, 3, 4 qui
auraient pu prendre la forme d'un rapport précis. C'était comme
le résumé, disons, d'un examen.
M. Dozois: Alors, ce résumé n'est pas disponible pour les
députés. Ce serait considéré comme confidentiel,
j'imagine.
M. Lévesque (Laurier): Pour l'instant, oui, c'est encore un
document de travail, vraiment un document de travail.
M. Dozois: Alors, si c'est un document de travail, est-ce que la
Régie des transports est chargée de continuer cette
étude?
M. Lévesque (Laurier): Bien!
M. Dozois: Je pense bien qu'il va falloir en arriver à une
solution, parce que c'est un problème qui est considérable.
M. Lévesque (Laurier): De toute façon, c'est une
familiarité nouvelle avec le problème du taxi, en ayant à
statuer sur un des points cruciaux qui est le nombre des permis
métropolitains, puis on espère bien que cette expérience
va l'aider. Mais, pour l'instant, une solution d'ensemble - il suffit de penser
au problème métropolitain lui-même, ça rejoint le
problème métropolitain -on est encore en train d'en chercher les
éléments.
M. Dozois: Ma question, M. le Président, est celle-ci: Est-ce que
la régie est censée continuer cette étude pour
régler ce problème?
M. Lévesque (Laurier): Au moins, en grande partie.
M. Lesage: M. le Président, on sait que le ministre des
Transports a été le plus souvent malade au début de la
session et il y a une tragédie dans sa famille, tout le monde le sait.
Alors, il a été très peu aux séances du Conseil des
ministres et nous n'avons pas eu réellement l'occasion de fouiller ce
document de travail dont parle le ministre des Richesses naturelles. Ce serait
bien difficile pour moi de le livrer au public sans l'opinion du ministre des
Transports, du titulaire du ministère. Nous avons, après
consultation avec lui de son lit d'hôpital, apporté le bill devant
la Chambre.
M. Dozois: Très bien, M. le Président. Je n'insiste pas,
je comprends les circonstances. Je termine simplement en espérant que
l'on trouvera une solution à ce problème très grave pour
le transport dans Montréal.
M. Lesage: D'accord.
M. Bédard (président du comité plénier): La
séance du comité est suspendue. M. le Président, le
comité n'a pas fini de délibérer sur ce bill.
M. le Président: Même séance. M. Lesage:
Numéro 30. Bill no 70 Deuxième lecture
M. le Président: M. Gérin-Lajoie propose la
deuxième lecture du bill no 70, Loi concernant les commissions scolaires
régionales. Cette motion sera-t-elle adoptée?
M. Gérin-Lajoie: Je propose que nous étudiions les
articles en question en comité, M. le Président.
M. le Président: Deuxième lecture, adopté.
M. le Greffier adjoint: Deuxième lecture de ce bill. Second
readinq of this bill.
Comité plénier
M. le Président: M. Gérin-Lajoie propose que je quitte
maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme en comité
plénier pour étudier le bill 70. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill no 70, article 1?
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, dans le cas des trois
articles, il s'agit de faire la concordance entre la procédure en
vigueur pour les annexions, fusions et divisions de commissions scolaires
ordinaires et de commissions scolaires régionales. Il y a des
règles qu'on ne trouve pas dans celles qui régissent les
commissions scolaires régionales. L'article 1, c'est dans l'intention de
permettre qu'une fusion ou annexion ou modification de commission scolaire
régionale prenne effet non pas seulement au 1er juillet, mais à
toute date qui peut être fixée par le lieutenant-gouverneur en
conseil. Ce qui arrive, c'est qu'à certains moments on est
bousculé au mois de juin pour des procédures qui devraient
être accomplies avant le 1er juillet, mais qu'on pourrait
commodément accomplir en juillet et en août, tout en leur
permettant de prendre effet pour le 1er septembre, au début de
l'année scolaire. Alors, on veut se donner cette latitude-là,
donner au lieutenant-gouverneur la latitude de fixer une date
autre que le 1er juillet, comme cela existe, d'ailleurs, dans d'autres
dispositions déjà en vigueur. Je pourrais donner des exemples aux
membres de cette Chambre de ce qui se fait; par exemple, à l'article 74,
on a une procédure semblable pour les annexions ou fusions de
commissions scolaires.
M. Johnson: Ah oui! Cela a été changé il y a
quelques années. Évidemment, le but était de faire
coïncider l'entrée en vigueur avec l'année scolaire.
M. Gérin-Lajoie: Comme l'année scolaire commence le 1er
juillet, on avait mis 1er juillet, mais à toutes fins pratiques...
M. Bertrand (Missisquoi): On peut fixer une autre date.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté. Article 2, adopté. Article 3,
adopté.
M. Johnson: Attendez un peu, c'est autre chose, 2.
M. Bertrand (Missisquoi): 2, c'est la fusion, l'annexion des commissions
scolaires régionales.
M. Gérin-Lajoie: C'est ça. C'est qu'à l'heure
actuelle il n'y a pas de scission, de division ou de changement qui soit
possible sans le consentement de tous les membres. Il faut refaire la
procédure originale. Alors, là, on permet les fusions par simple
résolution des commissions régionales.
M. Bertrand (Missisquoi): Avez-vous des cas, à l'heure actuelle,
de demandes?
M. Gérin-Lajoie: Il y a un cas qui est actuellement à
l'étude. Ce sont deux commissions scolaires, celles de Vaudreuil et de
Soulanges, qui ont été constituées avant les normes
actuelles et qui sont un peu petites, qui n'ont pas le chiffre de 40,000 de
population qui a été mentionné l'autre soir,
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce qu'elles voudraient se fusionner?
M. Gérin-Lajoie: Il est question de fusion. Actuellement,
ça ne peut pas se faire à moins de défaire toute la
procédure originaire.
M. Johnson: Alors, le ministre nous présente une loi
générale pour régler un cas particulier et plus
particulièrement particulier parce qu'il s'agit d'un cas dans son
comté.
M. Gérin-Lajoie: Nous espérons que ça pourra servir
d'exemple ailleurs, M. le Président.
M. Johnson: C'est souvent ainsi que les législations
débutent, par des cas concrets que le gouvernement doit envisager.
Seulement, quand on avait une Opposition de mauvaise foi, on accusait le
gouvernement, le ministre, le premier ministre. Je trouve tout de même
que c'est un accroc précisément à ce principe que le
ministre a énoncé tantôt, en disant qu'on voulait rendre
cela conforme aux pouvoirs des commissions ordinaires. Ici, on fait un petit
accroc à la démocratie. Maintenant, je présume qu'à
ce niveau les gens savent un peu mieux ce qu'iis veulent. Les corps
intéressés peuvent discuter sur un plan d'affaires.
Je voudrais, à l'occasion de cet article, demander au ministre si
la commission régionale a été formée à
Saint-Hyacinthe, Drummondville. Est-ce que, de mémoire...
M. Gérin-Lajoie: Je sais qu'à Saint-Hyacinthe ça
l'a été, M. le Président, sous le nom de Yamaska, il y a
une couple de mois. Drummondville, je ne peux pas l'assurer, je n'ai pas le cas
à l'esprit. Je ne pense pas. Mais celle de Yamaska a été
constituée.
M. Johnson: Est-ce qu'elle prend la ville d'Acton Vale? Pas encore.
M. Gérin-Lajoie: Non, parce que la commission scolaire d'Acton
Vale ne l'a pas demandé.
M. Johnson: Il y a un commissaire d'écoles à Acton Vale
qui s'y connaît bien dans ce problème, c'est le sous-ministre de
la Voirie. J'espère qu'il a oublié qu'il est le sous-ministre de
la Voirie et que nous allons travailler ensemble pour obtenir justice pour la
population d'Acton Vale et de la région immédiate.
Cela a été demandé, je comprends, à
l'article 3, entre autres, dans le mémoire du comité protestant
présenté devant la commission Parent. Cela a été
une des suggestions du comité protestant.
Évidemment, je ne sais pas si le ministre a lu le mémoire
du comité catholique et le mémoire du comité protestant
qui ont été présentés devant la commission
Parent.
M. Gérin-Lajoie: J'ai celui du comité catholique.
M. Johnson: Oui, c'était tout de même assez important.
C'est une question purement d'administration de 7 à 9, si l'on juge que
c'est à propos. Est-ce qu'il y aura option entre 7...
M. Gérin-Lajoie: Et 9?
M. Johnson: ... et 9, oui?
M. Gérin-Lajoie: Il y aura option. La règle
générale, c'est 7, à moins que les
intéressés ne demandent 9.
M. Bertrand (Missisquoi): Ils choisissent parmi les...
M. Gérin-Lajoie: C'est cela.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. M. le Président, le comité a adopté le bill
no 70.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture? Troisième
lecture, adopté.
M. Lesage: Oui, de nouveau en comité.
M. le Président: De nouveau en comité plénier sur
le bill 69.
Bill no 69 Comité plénier
(suite)
M. Lévesque (Laurier): Alors, M. le Président, nous avons
accompli une oeuvre historique conjointement avec un conseiller juridique et le
député de Saint-Jacques. Cela se lirait, si la Chambre est
d'accord: "Dans toute municipalité située dans l'île de
Montréal - c'est l'article 29a du bill 69, M. le Président - le
nombre de permis de taxi en vigueur ne peut, sans l'autorisation de la
régie - et on ajouterait ceci - accordé sur demande de cette
municipalité - de façon que n'importe qui ne puisse pas commencer
a mobiliser la réqie pour des intérêts particuliers -
excéder le nombre...", tel quel.
M. Dozois: D'accord
M. Lévesque (Laurier): "Ne peut, sans autorisation de la
régie accordé sur demande de cette municipalité".
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté. Article 2, adopté.
M. le Président, le comité a adopté, avec un
amendement, le bill no 69.
M. le Président: M. Lévesque propose que l'amendement soit
maintenant lu et agréé. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté. Troisième lecture?
M. Johnson: Adopté.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture, adopté.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
M. le Président: Les subsides? Affaires du jour. M. Lesage
propose que je quitte maintenant le fauteuil pour que la Chambre se forme de
nouveau en comité des subsides. Cette motion est-elle adoptée?
Adopté.
M. Lesage: Page 151.
Comité des subsides
Service de la dette
M. Bédard (président du comité des subsides): Page
151, service de la dette.
M. Dozois: M. le Président, je crois que la Chambre n'a
voté que $40,000 pour les honoraires pour la garde des valeurs, mais
qu'en vertu...
M. Lesage: C'est ça. Je n'ai jamais été...
Allez-y.
M. Dozois: On peut, j'imagine, poser des questions sur SI.
M. Lesage: Tout ce que vous voudrez.
M. Dozois: M. le Président, dans le détail, à la
page 152, on voit...
M. Lesage: Pardon?
M. Dozois: À la page 152, intérêts.
M. Lesage: Oui.
M. Dozois: ... dette consolidée, Statuts refondus, chapitre 71 et
amendements...
M. Lesage: $34 millions.
M. Dozois: ... $34 millions. C'est l'intérêt de quel
montant de dette? Est-ce que c'est possible d'avoir ces renseignements?
J'imagine qu'on a dû...
M. Lesage: Sur les obligations de la province en circulation.
M. Dozois: En circulation. J'imagine qu'on a dû tenir compte des
émissions de l'année courante pour le paiement des dettes.
M. Lesage: Sauf qu'il n'est pas question d'émission d'obligations
d'épargne parce que les premiers intérêts deviennent dus le
1er avril dans les prochaines...
M. Dozois: Ah, vous n'en avez pas au
bout de six mois.
M. Lesage: Non, c'est payable annuellement, ça.
M. Dozois: Si c'était la dette telle qu'elle était au 31
mars, alors, quelle était-elle?
M. Lesage: $766,775,000, c'est la dette brute.
M. Dozois: Sans tenir compte du fonds d'amortissement.
M. Lesage: Sans en tenir compte, c'est évident.
M. Dozois: Qui est à peu près de $60 millions?
M. Lesage: Je l'ai ici, c'est plus élevé que
ça.
M. Dozois: $130 millions ou $150 millions.
M. Lesage: À peu près ça, de mémoire, en
tout cas.
M. Dozois: Il y a $439 millions.
M. Lesage: Un instant, je vais vous le dire. Détenu dans le fonds
d'amortissement au 1er novembre 1962, $78,623,000. Il y a d'autres valeurs; le
chiffre, c'est $137,011,635. Le député de Saint-Jacques
était pas mal juste quand il disait $140 millions.
M. Dozois: M. le Président, serait-il possible que l'on nous dise
quel est le taux moyen de l'intérêt sur la dette, au taux de 4
1/2%, j'imagine?
M. Lesage: C'est plus que ça.
M. Dozois: Bien, j'ai calculé rapidement, $34,766,000.
M. Lesage: J'ai les émissions d'obligations pour les exercices
1960-1961, 1961-1962, 1962-1963. J'ai les obligations antérieures ici.
Je ne peux pas faire ça à l'oeil.
M. Dozois: Bien, j'ai fait ça à l'oeil, M. Bieler pourra
me corriger si je n'ai pas l'oeil. $766 millions à 4 1/2%, ça
ferait $34,200,000.
M. Lesage: Je pense que c'est plus que 4 1/2%.
M. Dozois: Le taux moyen. Il faut tenir compte, évidemment, qu'il
y a eu des emprunts dans les années passées...
M. Lesage: Dans les années passées, à 3%.
M. Dozois: C'est plus que 3%.
M. Lesage: Il y a une émission qui échoit le 1er octobre
1963, dont l'intérêt est de 3%. Ensuite, en 1965,
l'intérêt est de 3%; en 1964, 3%.
M. Dozois: C'est plus que 4% parce que ça dépassait 4%
l'an dernier.
M. Lesage: Il y a même un taux de 2 7/8%, emprunt aux
États-Unis. Ensuite, on revient à 3 1/8%, 4%, 3 3/4%, 3 1/2%, 4
1/4%, 5 3/8%.
M. Dozois: Parce que la majeure partie de la dette...
M. Lesage: Mais, après ça, on est au-dessus de 5% tout le
temps. Ce sont les emprunts effectués depuis quelle date à peu
près?
M. Dozois: Depuis 1959.
M. Lesage: Octobre 1959, voyez-vous, on tombe à 5 3/8%.
M. Dozois: $250 millions.
M. Lesage: Je pense que ce serait plus que 4 1/2%.
M. Dozois: Très bien. Maintenant, M. le Président,
construction de la voie rapide du boulevard Métropolitain, sous-article
5, $2,030,000 qui est l'intérêt sur les premiers emprunts, je
crois, tant par la cité de Montréal que par la corporation et,
deuxièmement, le dernier emprunt pour un montant de $28 millions ou $29
millions, je crois, pour le boulevard Métropolitain.
M. Lesage: $29 millions.
M. Dozois: Je comprends, cependant, que ça ne complète pas
l'obligation de la province vis-à-vis de la Corporation de
Montréal métropolitain. Je crois qu'il y aura d'autres emprunts
qui seront à la charge de la province, n'est-ce-pas? La province a
assumé $39 millions, je crois?
M. Lesage: $32 millions.
M. Dozois: Est-ce qu'il n'y en a pas d'autre?
M. Lesage: Non, nous n'avons pas assumé autre chose.
M. Dozois: Est-ce que la Corporation de Montréal
métropolitain n'est pas censée faire d'autres emprunts qui
découlent de son rôle dans l'exécution du boulevard
Métropolitain et que la province assumera en vertu de la loi?
M. Lesage: De mémoire, je ne le crois pas.
M. Dozois: Parce que je voyais encore dernièrement que la
Corporation de Montréal métropolitain pour le boulevard
Métropolitain finalisait des expropriations qui avaient
été commencées...
M. Lesage: Mais quand on parle des $32 millions, ça comprend
l'estimation de ce qui reste.
M. Dozois; Alors, l'obligation de la province se terminerait
pratiquement avec ça.
M. Lesage: Enfin, suivant les estimations.
M. Dozois: Maintenant, M. le Président, quant aux versements au
fonds d'amortissement, $12,230,000...
M. Lesage: Où est-ce, ça?
M. Dozois: À la page 153.
M. Lesage: Page 153, sous-article 6.
M. Dozois: J'ai l'impression que les versements au fonds
d'amortissement, c'était toujours 1% des emprunts par année et
c'est, évidemment, plus de 1%, puisqu'il y a $766,000,000, pour que
ça se monte à $12,000,000. Est-ce qu'il y a eu des emprunts
où la province s'était obligée à rembourser plus
que 1% par année?
M. Lesage: Un instant. Cela me surprendait; depuis que je suis
là, je ne pense pas. Je m'en serais aperçu. Un instant. Fonds
d'amortissement, je l'ai ici. Oui, c'est ça. Il y a $7,230,000 pour les
annuités prescrites pour l'amortissement des emprunts en cours. Puis, il
y a $5 millions qui représentent des intérêts gagnés
sur ces fonds d'amortissement accumulés et qui totalisent au 31 mars
1963 $137,011,000, ce que j'ai dit tout à l'heure. Ce montant est inclus
dans la dépense parce que les intérêts gagnés
figurent aussi au revenu. Alors, le chiffre réel que veut avoir le
député de Saint-Jacques, c'est $7,230,000. L'année
dernière, le chiffre était de $5,230,000. L'estimation
d'augmentation est de $2 millions.
M. Dozois: Ce qui veut dire que le remboursement obligatoire au fonds
d'amortissement est maintenu à 1% pour les emprunts.
M. Lesage: C'est ça.
M. Dozois: C'est très bien. Je n'ai pas d'autre question.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 1, adopté.
M. Johnson: M. le Président, je...
M. Bédard (président du comité des subsides):
Affaires fédérales-provinciales ou Conseil exécutif?
M. Lesage: Affaires fédérales-provinciales.
M. Johnson: Sur la dette, je poserais tout simplement une question au
premier ministre. Il a remarqué, comme moi, la progression formidable du
coût, du service de la dette d'une année à l'autre.
À ce budget, on vote $46,900,000.
M. Lesage: M. le Président, je m'excuse, je vais être
obligé de demander au chef de l'Opposition de répéter:
c'est parce qu'il y a une affaire très urgente d'administration qui se
présente.
M. Johnson: D'accord.
M. Lesage: Bon, très bien, je m'excuse.
M. Johnson: Alors, on nous demande de voter cette année
$46,900,000, ce qui représente une augmentation de tout près de
$10 millions...
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: ... par rapport à l'année dernière et
au seul article de la dette consolidée pour les emprunts obligataires,
on demande un montant additionnel de $10,750,000. C'est une augmentation que je
pourrais appeler spectaculaire du service de la dette. C'est que, pour
l'année que nous avons entreprise 1963-1964, $46 millions du budget que
la province aura à sa disposition devront être affectés au
paiement de la dette, des intérêts et du fonds d'amortissement de
la dette de la province, alors qu'en 1959, en 1960-1961, on ne prévoyait
qu'un montant de $20 millions. Il y a donc une augmentation, à ce poste,
de $26 millions au-delà.
M. Lesage: Oui, il faut tenir compte du
fait qu'il y avait plusieurs articles qui apparaissaient aux
crédits d'autres ministères. Le boulevard Métropolitain,
c'était la Voirie. Les emprunts scolaires étaient aux Affaires
municipales.
M. Johnson: Bien, en 1960-1961, pour les emprunts scolaires, on a
raison, mais, en 1960-1961, on n'avait pas le boulevard
Métropolitain.
M. Lesage: Non, mais je compare avec l'an dernier. Les raisons de
l'augmentation de la dette sont contenues aux pages 53 et suivantes du discours
du budget et je n'ai pas l'intention de le répéter.
M. Johnson: Ah oui, il a été donné. Mais la
question que je voulais...
M. Lesage: C'est la politique du gouvernement, c'est tout.
M. Johnson: La politique du gouvernement c'est...
M. Lesage: Le chef de l'Opposition peut critiquer s'il veut, mais je
n'ai pas l'intention de répéter le discours du budget.
M. Johnson: Qui s'endette s'enrichit. C'est là, la politique du
gouvernement.
M. Lesage: C'est vrai souvent.
M. Johnson: C'est souvent vrai dans une certaine mesure et à
condition que l'endettement ne constitue pas une entrave à l'exercice de
certains droits.
M. Lesage: Je ne connais pas un seul épicier ou un seul homme
d'affaires qui veut donner une grande expansion à son affaire, à
son commerce ou à son industrie réussir sans avoir recours
à l'emprunt. Je n'en connais pas.
M. Johnson: Sauf, M. le Président, si cet épicier,
à un moment donné, est obligé d'aller demander la
permission à une autre autorité, à un autre
épicier. En l'occurrence, nous sommes en concurrence avec le
gouvernement fédéral.
M. Lesage: M. le Président, je regrette, je dois souligner, sur
une question de règlement, que le chef de l'Opposition n'a pas le droit
de dire en cette Chambre que, pour négocier des emprunts, le
gouvernement de la province doit demander la permission au gouvernement
fédéral. Ceci est faux. Je ne l'ai jamais fait. Si ça se
faisait de son temps, je l'ignore, mais il me semble que je l'aurais su parce
que j'ai été adjoint au ministre des Finances. Cela ne se faisait
pas dans son temps et ça ne se fait pas maintenant. On ne demande la
permission à personne.
M. Johnson: M. le Président, c'était l'épicier qui
était pris de même. Le premier ministre parlait de
l'épicier ou de l'homme d'affaires.
M. Lesage: L'épicier ne le demande pas à son voisin pour
emprunter; il le demande à son gérant de banque.
M. Johnson: Il arrive que l'épicier ait
généralement son autonomie, ce n'est pas un problème.
Mais, quand il s'agit de la province, M. le Président, il ne faut jamais
oublier qu'il y a un gouvernement fédéral.
M. Lesage: Cela ne dérange pas mes emprunts.
M. Johnson: Ah! ça dérange.
M. Lesage: Bien, ça les dérange depuis quelques jours,
là.
M. Johnson: Cela dérange le premier ministre à bien des
points de vue et il le sait. D'abord, c'est une autorité qui va sur le
marché.
M. Lesage: Oui, oui.
M. Johnson: Deuxièmement, c'est une autorité qui peut
taxer les mêmes gens sur qui nous comptons pour payer
l'intérêt et rembourser la dette; c'est le même contribuable
taxé par Ottawa et taxé par la province. Troisièmement, il
arrive, M. le Président - et de plus en plus nous nous acheminons vers
ça - une situation où une province qui s'est trop endettée
n'a plus les moyens de résister à certaines pressions et à
certaines tentations faites par l'autorité fédérale. Quand
on est rendu...
M. Lesage: M. le Président, j'invoque le règlement.
Là, on ne parle pas de la dette publique; on anticipe, si on veut, sur
l'article suivant qui sera le ministère des Affaires
fédérales-provinciales. Si le chef de l'Opposition veut faire son
laïus sur le sujet, il pourra le faire à ce moment-là et
j'aimerais bien avoir mon sous-ministre des Affaires
fédérales-provinciales avec moi. Pour ce qui est des emprunts, il
est évident que certaines actions du gouvernement fédéral
peuvent nous nuire temporairement, c'est vrai; c'est arrivé l'an dernier
avec un gouvernement conservateur. De ce temps-ci, à cause des
incertitudes, il est évident que, si je voulais aller sur le
marché pour un emprunt, j'aurais plus de difficultés. Le
marché des obligations est lent et puis ça tiraille, ça ne
va pas bien, mais, à cause de la bonne administration du gouvernement,
j'ai
le moyen d'attendre.
Pour ce qui est du fait que nous avons plus de difficulté
à emprunter, on se souviendra que le gouvernement fédéral
a emprunté $250 millions aux États-Unis il y a un peu plus d'un
an et qu'il a payé 5% pour un emprunt à long terme. Mais je
rappellerai au chef de l'Opposition que l'Hydro a négocié un
emprunt, garanti par le gouvernement de la province, de $300 millions à
5% également. Alors, on n'est pas si soumis que ça aux conditions
d'Ottawa. $300 millions pour l'Hydro, une compagnie provinciale à New
York, à 5% à long terme, alors que le gouvernement
fédéral du Canada paye, lui aussi, 5% pour $250 millions et on va
prétendre qu'on se nuit. Voyons, M. le Président, il ne faut pas
avoir des yeux pour voirl
M. Johnson: M. le Président, est-ce que la question d'ordre
soulevée par le premier ministre est terminée?
M. Lesage: Oui, je m'excuse.
M. Johnson: Je m'aperçois, M. le Président, qu'il a
trouvé moyen...
M. Lesage: Non, non, c'est parce que le...
M. Johnson: ... de faire un discours sur un point d'ordre.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition a raison.
M. Johnson: Mais parlant sur le point d'ordre, M. le Président,
et sans faire de discours, je vous dirai que je venais d'affirmer que le
coût du service de la dette et l'endettement de la province progressent
à une allure un peu inquiétante et que l'une des
conséquences d'un endettement trop rapide, d'un endettement
inconsidéré, d'un endettement qui ne serait pas mesuré
à la capacité de rembourser, c'est qu'un jour nous pourrons nous
trouver à la merci de l'autorité fédérale et de ses
plans conjoints. Évidemment, ça a affaire un peu aux Affaires
fédérales-provinciales, mais...
M. Lesage: Pas mal.
M. Johnson: ... lorsque, parlant des Affaires
fédérales-provinciales, je voudrai parler des
répercussions sur le coût de la dette et sur la situation de la
dette de la province, à ce moment-là je m'expose à ce
qu'on me dise: Bien, on en a parlé tantôt; il fallait en parler
sur le service de la dette.
Maintenant, strictement et formellement sur ce point de vue et
réservant mon droit d'en parier sur les estimations de l'autre
ministère, je vous dis,
M. le Président, qu'avec un endettement trop rapide, un
endettement qui n'a pas l'air planifié, nous sommes en train de forger
les anneaux d'une chaîne qui assurera notre servitude éventuelle
aux mains d'Ottawa. C'est là le danger, M. le Président.
En 1942-1943 c'était la théorie exposée avec
beaucoup de brio par le député de Westmount du temps, ministre
des Finances -dans le temps, on l'appelait le trésorier provincial -
c'était la thèse exposée très souvent par le
ministre des Finances, M. Gagnon, de regrettée mémoire et
c'était aussi les affirmations que faisaient le chef de l'Opposition du
temps, le député d'Outremont, au début de sa
carrière; vers la fin, il a changé. Mais dans chaque discours du
budget, moi, j'ai entendu dans cette Chambre l'Opposition officielle, par la
bouche de son critique ou de son chef, dire que le gouvernement nous endettait
trop, en mettait trop sur le dos du contribuable et Dieu sait si le
gouvernement du temps faisait attention quant à l'endettement de la
province. Même après avoir investi sur une période de
quinze ans au-delà de 1 milliard dans des immobilisations, dans de
dépenses d'équipement pour le développement de " la
province, il avait trouvé moyen de réduire la dette en même
temps qu'il avait, évidemment, apporté de fortes contributions
à la construction d'hôpitaux et d'écoles, par exemple, qui
n'entrent pas dans le portrait ou dans le bilan des investissements
immobiliers. M. le Président, l'une des raisons pour lesquelles certains
gouvernements sont prudents quand il s'agit d'endettement, c'est
précisément parce que dans un régime
fédératif ou supposé fédératif comme le
nôtre, où l'autorité fiscale n'est pas clairement
définie ou, même si elle l'était, n'est pas clairement
admise dans ses interprétations, il faut faire extrêmement
attention. Autrement, à un détour nous serons pris et nous
verrons un gouvernement fédéral, ignorant les protestations des
provinces, passer certains plans conjoints, offrir de l'argent aux provinces et
ces provinces, s'étant endettées, étant prises de court
dans leurs finances, n'auront pas le choix, M. le Président. Elles
devront, même en sacrifiant leur autonomie fiscale et leur
souveraineté tout court, plier et se remettre entre les mains de
l'autorité fédérale. M. le Président, ça
doit être pour le premier ministre, quel qu'il soit, une
préoccupation constante que l'endettement de la province soit
proportionné à la capacité de payer, que le rythme
d'endettement, ne parte pas au galop à un moment donné, que l'on
ne perde pas le contrôle de ce rythme d'endettement parce qu'un bon jour,
si nous dépassons telle limite, nous serons dans une position
très précaire pour résister aux tentations toujours
très savoureuses qu'Ottawa nous présente avec ces plans
conjoints. C'est l'aspect sur
lequel je voulais insister... Pardon?
M. Meunier: Qui a dit ça? Qui a écrit ça?
M. Johnson: C'est drôle, M. le Président, cette
mentalité qu'ont certains députés. Il me semble
qu'après quelques années ils auraient pu ouvrir les yeux, se
décoquiller un peu...
M. Meunier: Le chef de l'Opposition est en train de lire, il est en
train de le lire.
M. Bédard (président du comité des subsides):
à l'ordre, messieurs.
M. Johnson: M. le Président, il m'accuse de manquer au
règlement. Je dirai au député de Bourget que je ne lisais
pas de discours, mais pour me concentrer, moi, je suis obligé de me
baisser la tête parce que, quand je la lève, c'est le
député de Bourget que je vois et il n'y a rien de moins inspirant
pour un discours sérieux que la figure du député de
Bourget, M. le Président. Qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse?
M. Meunier: Les gens de mon côté ne disent pas
ça.
M. Johnson: Et c'est même un problème, cette habitude de me
concentrer en regardant à terre, M. le Président. C'est pour
suivre de plus près une pensée, surtout lorsqu'il faut parler
sérieusement d'un problème aussi complexe que celui des finances.
Mais je voudrais supplier le premier ministre de ne pas perdre de vue ce
principe. Le premier ministre sait exactement ce que je veux dire et l'une des
grandes causes de son énervement actuel, de sa fatigue actuelle...
M. Lesage: Mon énervement et ma fatigue? Mais que le chef de
l'Opposition se regarde donc devant un miroir!
M. Johnson: Mais tout le monde s'en aperçoit à part le
premier ministre.
M. Lesage: M. le Président, je me demande quel plaisir le chef de
l'Opposition peut avoir à m'attaquer de cette façon.
M. Johnson: M. le Président, ce n'est pas une attaque.
M. Lesage: Non, non, j'ai été attaqué
personnellement et j'ai le droit de répondre.
M. Johnson: J'ai le droit de m'expliquer; ce n'est pas une attaque, M.
le Président.
M. Lesage: Je ne suis ni fatigué, ni nerveux.
M. Johnson: Tant mieux.
M. Lesage: Et puis, mon médecin me suit, je suis en excellente
santé. Si ça peut faire plaisir ou encore si ça peut
déplaire au chef de l'Opposition, je suis en meilleure santé que
jamais. Je suis en parfaite forme et je suis prêt à prendre
n'importe quel concours avec le chef de l'Opposition. Le chef de l'Opposition
rêve debout, M. le Président: il voudrait me voir m'étioler
tranquillement. Qu'il se détrompe, il rêve, il ne sait pas ce
qu'il dit. Qu'il me laisse tranquille avec ma santé, et je vais le
laisser tranquille avec la sienne.
M. Johnson: Je ne parlais pas de sa santé, M. le
Président, je parlais de sa vie politique. Il est évident qu'il
montre dans sa vie politique - et tout le monde s'en aperçoit à
part de lui - un certain harassement de ce temps-ci, que j'attribue, moi, au
manque de compréhension d'Ottawa.
M. Lesage: M. le Président, depuis quand le chef de l'Opposition
peut-il se porter juge de mes actions? Je pourrais peut-être lui parler
de certains faits, lui aussi, qu'il n'aimerait pas que je mentionne.
M. Johnson: M. le Président, je ne sais pas à quoi le
premier ministre réfère.
M. Lesage: Oui, mais je le sais, moi.
M. Johnson: Je ne réfère qu'à des choses publiques.
Là, en Chambre, le premier ministre se choque, se lève, nous
interrompt; il avait l'habitude de nous laisser parler.
M. Lesage: Non, mais laissez-moi tranquille.
M. Johnson: À quoi dois-je attribuer ça? Je ne parle pas
d'aujourd'hui, M. le Président. Sa santé physique, tant mieux si
elle est bonne, je lui souhaite qu'elle se maintienne. Mais qu'il ne commence
pas à parler de concours, c'est quasiment de la présomption. Je
vais le prendre au golf n'importe quand.
M. Lesage: Je peux peut-être prendre le chef de l'Opposition
à la boxe aussi.
M. Johnson: Je vais le prendre au tennis n'importe quand.
M. Lesage: À la boxe, je pense qu'il mangerait une
volée.
M. Johnson: Vous savez, je dois admettre, M. le Président, que je
suis beaucoup moins bon que le premier ministre
dans les sports brutaux. Dans un sport brutal comme la boxe, je suis
peut-être moins bon que le premier ministre. Je peux le prendre au golf,
au tennis. Aux dominos, je ne suis pas sûr, je pense que le premier
ministre me battrait aux dominos!
M. Lesage: Aux dominos et aux cartes, je pense.
M. Johnson: Le premier ministre me battrait.
M. Lesage: Vous ne savez pas compter, je le répète.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs.
M. Johnson: Aux jeux où la chance a plus de part que
l'habileté, je pense que le premier ministre m'aurait!
M. Lesage: Aux cartes et aux dominos, vous n'avez jamais su compter,
vous ne pouvez pas gagner.
M. Johnson: Dans les jeux où il faut plus de force, M. le
Président, que de calcul, il m'aurait. Il m'aurait à la boxe, aux
dominos et aux cartes. Mais, pour revenir à des choses sérieuses,
voici ce que je voulais tout simplement dire au premier ministre. Nous
réalisons, nous, de l'Opposition et nous l'avons prouvé, comment
l'administration de la province, la planification des dépenses de la
province, du rythme d'endettement nécessaire pour des dépenses
capitales, comment tous ces problèmes sont actuellement
compliqués par le manque de compréhension d'une autre
autorité. Le manque de coopération, nous en parlerons sur l'autre
budget. Lorsque l'endettement s'accroît aussi rapidement que celui qu'on
constate par le budget que nous avons devant nous, ça montre, M. le
Président, qu'il faut faire très attention et qu'il faut
être en mesure, même si on s'endette pour s'enrichir, M. le
Président, de ne pas plier devant une deuxième ou une
troisième hypothèque, à un moment donné, parce que
la première hypothèque est trop grande. Alors, je demande au
premier ministre de ne jamais oublier ça, de ne pas se laisser pousser
sur le chemin de l'endettement trop rapide. Il en faut, évidemment, des
emprunts, mais il y a une limite, il y a une limite au-delà de laquelle
on ne peut pas s'avancer sans risquer l'autonomie et la souveraineté de
la province.
M. Lesage: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
recommencer le discours du budget ni les principes que j'ai
énoncés à partir de la page 53 du discours. Je voudrais
signaler au chef de l'Opposition, qui nous dit que nous empruntons trop, que
pas un seul des députés de l'Opposition n'a demandé
quelque diminution que ce soit à aucun poste du budget. Au contraire,
tous les députés de l'Opposition ont demandé des
augmentations de dépenses. Pas un seul, comme il en avait le droit, n'a
proposé une diminution de dépenses, pas un seul. Au contraire,
j'ai entendu les députés se lever les uns après les autres
pour réclamer un hôpital ici, une maison de vieillards là;
enfin, on a réclamé des dépenses accrues de partout et
l'Opposition a été unanime, là-dessus, à demander
des augmentations de dépenses. Or, il y a deux choses: l'argent,
évidemment, on ne l'imprime pas; eh bien, il faut l'obtenir.
M. Johnson: Il y a des théories.
M. Lesage: Oui, évidemment, mais je ne suis pas pour commencer
à discuter de ça. Au point de vue constitutionnel, nous n'avons
pas le droit d'imprimer l'argent, c'est clair. Même si nous avions le
droit de l'imprimer, il faut le mesurer joliment parce que ça conduit
à l'inflation, c'est clair, c'est prouvé. Mais notre situation
à nous, là, aujourd'hui, c'est que nous devons obtenir l'argent
nécessaire pour couvrir les dépenses. Il y a deux moyens: les
taxes et les emprunts. Or, M. le Président, l'Opposition nous demande
des dépenses accrues d'un côté et, presque dans le
même souffle, elle nous accuse de trop taxer et de trop emprunter.
Où est la logique, M. le Président? Il n'y en a aucune, aucune
logique. On nous réclame des dépenses accrues et, du même
souffle, on nous reproche d'avoir recours à un degré trop ardent,
si je puis m'exprimer ainsi, à l'emprunt et à la taxation.
Mais qu'est-ce que l'Opposition propose? Y a-t-il un moyen d'en sortir?
Il n'y en a pas, M. le Président, c'est aussi simple que ça. Il
faut avoir recours à la taxation et il faut avoir recours aux emprunts.
La politique d'emprunt du gouvernement suit la méthode moderne que le
gouvernement précédent aurait dû suivre depuis longtemps.
Il aurait pu ainsi promouvoir le développement économique de la
province à un degré beaucoup plus grand, comme l'a fait,
d'ailleurs, la province de l'Ontario qui, elle, n'a pas craint d'emprunter au
point que, même au moment où je parle, la dette per capita directe
et indirecte de l'Ontario est beaucoup plus considérable que la dette de
la province de Québec.
Je n'ai pas peur d'emprunter, M. le Président; d'abord, cela a
été la politique que j'ai préconisée.
Évidemment, il faut agir avec une certaine prudence et c'est pour
ça que je n'écoute pas les demandes accrues de l'Opposition. Il
faut agir avec une certaine prudence. J'ai le droit d'aller jusqu'à la
limite, par exemple, de ce que je crois
raisonnable d'emprunter, chaque année, pour le
développement de la province. Je considère que ces emprunts sont
en quelque sorte des investissements dans l'avenir de la province. Quelles que
soient les opinions qui aient été exprimées par d'anciens
trésoriers de la province, qui étaient des libéraux, je
dis que la notion financière, en autant que les gouvernements sont
concernés, a évolué énormément ces
dernières années, justement à la suite des succès
obtenus par certains gouvernements qui avaient emprunté et
considéraient leurs emprunts comme des investissements. Il y a eu une
évolution. C'était le cas chez nous, en Ontario, c'était
le cas pour les pays dévastés par la guerre, qui n'ont pas eu
peur, à la suite de la guerre, d'emprunter et voyez aujourd'hui
jusqu'à quel point leur économie, je dirais, bouillonne. Mais,
pour cela, il ne faut pas craindre, il ne faut pas s'ancrer dans les vieilles
habitudes. Mon sous-ministre a lui-même évolué quand il a
vu les succès remportés dans les pays dévastés par
la guerre et ce qui s'est produit en Ontario, parce que M. Bieler, auquel a
référé le chef de l'Opposition était le
sous-ministre de M. Matheson.
Il y a seulement l'Union Nationale qui n'évolue pas, M. le
Président, qui est ancrée dans son triste passé et qui ne
comprend rien. Et le chef de l'Opposition est à la tête de ceux
qui ne comprennent rien, ancré dans les vieux sillons, les vieilles
méthodes archaïques de financement. C'est fini, M. le
Président. La province veut progresser et peu importe aux citoyens de la
province de Québec que nous empruntions du moment que nous le faisons
raisonnablement et que nous n'allons pas trop loin dans les réclamations
de l'Opposition pour des dépenses accrues. Cet illogisme, M. le
Président, il est frappant et c'est avec le même illogisme que
l'on reste attaché à des méthodes désuètes.
J'ai dit que je n'avais pas l'intention de reprendre le discours du budget sur
le sujet. Je l'ai mentionné au député de Champlain l'autre
soir, je le mentionne au chef de l'Opposition et aux autres
députés aujourd'hui. J'espère que l'on se servira du
discours du budget comme d'un livre de chevet durant les vacances. Il y a
beaucoup à apprendre.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre fait compliment
à son sous-ministre d'avoir évolué. Il y en a un qui a
évolué joliment et rapidement, c'est le premier ministre de la
province de Québec et c'est même inquiétant de voir son
évolution. Il était ministre dans un cabinet à Ottawa,
alors que les provinces étaient privées d'argent pour faire ces
développements
M. Lesage: Affaires fédérales-provinciales.
M. Lesage: Et le budget du ministère dont il faisait
partie...
M. Lesage: On ne le discute pas tantôt.
M. Johnson: ... M. le Président, montrait, une
année, tout près de $500 millions de surplus. $500 millions, M.
le Président, ce n'était pas une politique déficitaire
pour Ottawa. Je parle des théories du premier ministre. Il était
ministre dans le cabinet de M. Saint-Laurent qui non seulement bouclait son
budget, mais avait ces sommes fantastiques à sa disposition. Ce
n'était pas un budget déficitaire.
M. Lesage: C'était suivant la théorie de lord Keynes qui
est de plus en plus abandonnée, qui était qu'il fallait
absolument accumuler des surplus durant les périodes de
prospérité pour faire des dépenses dans les
périodes de difficultés économiques.
M. Johnson: C'est cela.
M. Lesage: Mais même si la théorie de Keynes pouvait
s'appliquer... La théorie de Keynes ne peut s'appliquer qu'au
gouvernement qui a le contrôle de la monnaie et du crédit, non pas
au gouvernement provincial.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre pourra parler
tantôt.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre!
M. Johnson: Vous voyez le premier ministre nous dit que les idées
qu'il suivait dans ce temps ou dont il était obligé de partager
les conséquences, car il était dans le cabinet de M.
Saint-Laurent...
M. Lesage: Non, non, parce qu'on appelait ça un
"Keynésien".
M. Johnson: Alors, M. Saint-Laurent était conduit par les
"Keynésiens", interprétés par les "marshalliens" du
Canada.
M. Lesage: Mais oui, c'était un "Keynésien".
M. Johnson: C'est M. Marshall qui interprétait Keynes au Canada.
C'était évidemment l'inspiration de M. Keynes. C'était la
théorie à la mode.
M. Lesage: C'est cela.
M. Johnson: Le premier ministre vient de le dire: Ce sont des
théories à la mode. Je me demande si sa théorie de
nous
endetter à cent milles à l'heure n'est pas une
théorie dont la mode va passer un peu vite et peut-être avec des
conséquences qui seront graves. C'est là qu'est le danger, M. le
Président. Vous pensez que le premier ministre n'a pas
évolué, vous? C'est le 1er juin 1960, qu'il promettait toutes les
routes, toutes les écoles, tous les hôpitaux,
l'assurance-hospitalisation, tout cela, sans endetter la province et sans
imposer de taxes.
M. Lesage: M. le Président, j'invoque le règlement. Je
n'ai jamais promis de ne pas emprunter, au contraire, parce que j'étais
convaincu qu'il faudrait emprunter pour les investissements.
M. Johnson: M. le Président, le texte est là, je l'ai
lu.
M. Lesage: Ah non. J'ai parlé de taxes, je l'admets. Je l'ai dit
que j'avais fait erreur, mais je n'ai jamais parlé d'emprunts dans ce
discours.
M. Johnson: M. le Président, un peu plus loin, le premier
ministre disait: Je me base sur des calculs faits par des experts en grand
nombre que j'ai consultés et ma politique, qui est celle de
l'assurance-hospitalisation, des nouvelles routes, des hôpitaux, des
écoles régionales, de la gratuité universitaire de bas en
haut, j'ai évalué cela avec mes experts à $100 millions.
Voici où nous allons chercher les $100 millions.
M. Lesage: L'Union Nationale était partie avec.
M. Johnson: Dans les diverses sources, les divers endroits où il
allait chercher les $100 millions M. le Président, il n'y en a pas une
source qui s'appelle les emprunts.
M. Lesage: Pas une?
M. Johnson: Pas une, et toute la population l'a cru à ce moment.
Moi, je ne l'ai pas cru. Je le connais, le premier ministre, je ne l'ai pas
cru. Il a trompé toute la population à ce moment, s'il avait
l'intention de faire des emprunts au rythme de $265 millions par année.
Je reviens à l'article qui augmente le service de la dette de $10
millions par année, M. le Président.
M. Lesage: La population a jugé cela en novembre 1962.
M. Johnson: La province aurait libéré le premier ministre,
relevé le premier ministre de toutes ses promesses? Je ne le pense pas.
À tout événement, je voudrais poser une question au
premier ministre qui a bien évolué, qui est maintenant en faveur
de l'endettement rapide. Je voudrais lui demander s'il peut nous donner une
idée du coût du service de la dette au rythme où nous
allons dans 2, 3, 4 et 5 ans. Il a dû faire, en bon planificateur, une
extrapolation ou une projection sur l'avenir. Il doit, évidemment,
planifier d'avance, le premier ministre. Il doit tout de même, le premier
ministre, se préparer trois ou quatre ans d'avance. Disons qu'il
suffirait qu'il se prépare deux ans à l'avance, on y verra
après. Je voudrais, cependant, avant de m'asseoir, dire au premier
ministre ceci...
M. Lesage: Je ne voudrais pas oublier sa question.
M. Johnson: Oui, mais je voudrais dire au premier ministre, avant de m'
asseoir, que l'Union Nationale en 1963, comme tous les autres partis
politiques, essaie de se tenir à jour. Je n'ai jamais dit et aucun de
mes collègues n'a dit ici qu'il ne fallait pas emprunter. Ce que j'ai
tenté tantôt de démontrer, c'est qu'il fallait y aller avec
une certaine mesure et que ce rythme d'endettement, il fallait le mesurer selon
certains critères où la prudence doit toujours être
présente.
Je voudrais dire au premier ministre que nos théories
d'endettement ne sont pas encore cristallisées, mais ce n'est pas nous
qui ferions croire à la population, comme il l'a fait le 1er juin, qu'on
peut faire des miracles, donner toutes les gratuités sans augmenter les
taxes et sans faire des emprunts. Il a fait les deux, lui. Je voudrais savoir
pour la période de deux, trois ou quatre ans, ce qu'il entrevoit comme
coût du service de la dette au rythme où nous allons.
M. Lesage: M. le Président, le chef de l'Opposition
prétend que nous avons une politique d'emprunt trop rapide. Il dit que
l'Opposition ne prétend pas que le gouvernement ne doit pas emprunter,
mais qu'il doit y aller avec prudence. Je lui réponds que nous y allons
avec prudence, mais que nous avons les moyens d'investir dans l'avenir.
Pour ce qui est de la réponse à sa question, eh bien, je
sais que l'an prochain il faudra prévoir à peu près $8
millions de plus pour les intérêts sur l'emprunt par voie
d'obligations d'épargne. Si on réfère au discours du
budget, on verra qu'il faudra emprunter un peu plus que cela. Pour ce qui est
de l'autre année, ce sera probablement à peu près au
même rythme. Quant à dire en dollars et en cents ce que cela
voudra dire exactement comme augmentation, bien, je répondrai purement
au chef de l'Opposition qu'il y a beaucoup d'aléas économiques.
Si nous sommes en période de bouillonnement économique comme on
l'est en Europe, par
exemple, il est évident que les taxes rapportent beaucoup plus de
revenus et que nous pouvons emprunter relativement moins tout en conservant le
même rythme d'accroissement des dépenses à la demande des
députés de l'Opposition.
Maintenant, pour ce qui est de donner des chiffres exacts, le chef de
l'Opposition a souvent prétendu que j'étais un des
héritiers politiques de la pensée de M. Mackenzie King. Je dois
dire, que dans son testament, il ne m'a pas laissé sa boule de
cristal.
M. Johnson: Je voudrais tout simplement rappeler au premier ministre,
pour corriger un peu l'impression que peut laisser son discours, que ses
théories ne sont pas nécessairement adoptées partout. Il
connaît la politique monétaire de l'Angleterre, la politique
financière de l'Angleterre. C'est la première fois, cette
année, depuis la fin de la guerre que le Royaume-Uni a fait un budget
déficitaire. On l'a fait en réduisant les impôts. On l'a
fait en donnant une espède d'injection à l'économie...
M. Lesage: Oui, mais ce n'est pas la même chose.
M. Johnson: ... en mettant un pouvoir d'achat plus grand entre les mains
du travailleur et cela, ça fait marcher les affaires. Ici, on
budgétise déficitairement en imposant une nouvelle taxe. Aux
États-Unis, on sait qu'ils budgétisent déficitairement
depuis plusieurs années. Il y a une grande discussion actuellement aux
États-Unis entre les deux écoles de pensée sur
l'endettement et c'est loin d'être unanime. Il est un fait clair, par
exemple, et patent, c'est qu'aux États-Unis on songe - ce n'est pas
encore accompli - à augmenter le déficit, mais pour accorder des
réductions de taxes aux individus et surtout aux compagnies, afin de
stimuler l'industrie. '
M. Lesage: Ce ne sont pas les États, ce sont les gouvernements
dans chacun des cas cités. Il s'agit, d'abord, d'un gouvernement
unitaire et, ensuite, d'un gouvernement central. Ce sont des gouvernements qui
ont le contrôle de la monnaie et du crédit.
M. Johnson: C'est cela. M. le Président, j'allais le dire. M. le
Président.
M. Lesage: Il n'a absolument rien compris, le chef de l'Opposition.
M. Johnson: C'est évident pour tout le monde qu'il s'agit
là de gouvernements unitaires qui peuvent planifier leur affaire,
contrôler complètement leur fiscalité. C'est pour cela
précisément - nous en parlerons tantôt - que nous avons
toujours fait une lutte pour des pouvoirs fiscaux et non pas des arrangements
et des combines et des priorités de besoins. Nous en parlerons
tantôt, M. le Président.
M. Lesage: Oui, et qu'est-ce que je fais?
M. Johnson: C'est le pouvoir d'imposer, le pouvoir de planifier. Ce sont
les deux pôles nécessaires à un contrôle parfait de
sa politique financière. Or, je pense bien qu'on peut affirmer sans trop
se tromper que, d'ici à cinq ans au rythme où nous allons, le
service de la dette coûtera $100 millions dans une année.
M. Bellemare: Eh, monsieur $100 millions, c'est effrayant!
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre!
M. Johnson: Je remercie le député de Mercier de me
signifier qu'il a enfin compris ce que cela voulait dire. Je lui suggère
d'aller voir sa contrepartie fédérale, le député de
Laurier, et de lui expliquer l'ultimatum et de tâcher de gagner le
député de Laurier à la cause du Parti libéral
provincial.
M. le Président, $100 millions par année d'ici cinq ans,
soit 10% du budget actuel, soit l'équivalent du budget total que la
province avait à sa disposition en 1944. M. le Président, on ne
peut pas reculer, mais on tâche de saisir. Vous savez, c'est bien de
l'argent, $100 millions. À part le ministre des richesses hydrauliques
qui planifie, lui, dans les $100 millions tout le temps et dans les milliards
à l'Hydro, il n'y a pas grand monde qui est familier avec cela.
M. Lévesque (Laurier): Jusqu'à nouvel ordre, on a
fini.
M. Johnson: M. le Président, ces chiffres de $100 millions et de
milliards, c'est assez difficile de les expliquer. Mais rien que pour payer
l'intérêt et une petite partie du capital, il faudra mettre de
côté $100 millions avant de commencer à faire des chemins,
faire des écoles, des hôpitaux, à payer des subventions de
toutes sortes dans le domaine de l'assistance sociale et dans tous les autres
domaines qui sont du ressort provincial. Donc, le premier ministre, disciple de
Mackenzie King, sans sa boule de cristal - c'est cela qui est bien triste -
essaie de l'imiter, mais n'a pas les mêmes moyens. Je viens de comprendre
les problèmes du ministre.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté? Affaires fédérales-
provinciales?
M. Dozois; Juste un mot de plus, parce que le premier ministre nous a
dit tout à l'heure qu'il évoluait dans le domaine de la finance.
Je ne voudrais pas qu'il évolue au point de faire le crédit de la
province sur le passif, comme un certain personnage, que j'ai connu et qui est
maintenant décédé et qui, a un moment donné, est
allé trouver un financier pour lui demander d'emprunter $225,000. Ce
financier lui dit: Mon ami, c'est toute une somme. Il dit: Pour vous, ce n'est
pas grand-chose, $225,000. Alors, le financier lui demande: Quelles garanties
pouvez-vous me donner? Bien, il dit: J'ai un passif de $163,000. Il dit:
Écoutez un peu, je ne peux pas vous prêter sur un passif de
$163,000. L'autre dit: Comment? Un homme qui a réussi à accumuler
cela sans avoir de troubles, je trouve que vous devriez me prêter.
J'espère que la thèse du premier ministre n'évoluera pas
jusqu'à ce point.
Affaires fédérales-provinciales
M. Bédard (président du comité des subsides):
Affaires fédérales-provinciales, page 13. Article 1,
administration?
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, au ministère
des Affaires fédérales-provinciales, nous avons un sous-ministre
depuis quelle date?
M. Lesage: Le 17 juin.
M. Bertrand (Missisquoi): 17?
M. Lesage: Juin.
M. Johnson: Deux ans après la création...
M. Lesage: Un instant là. Quoi donc?
M. Bellemare: Ah, je parle au député de Mercier. Je me
demande si c'est sa nomination comme procureur.
M. Lesage: Non, non.
M. Bertrand (Missisquoi): Je n'ai pas l'intention, M. le
Président, de faire un long débat là-dessus. Il faut dire
que depuis deux ans, malgré l'existence des Affaires
fédérales-provinciales qui n'avaient aucun code, qui n'avaient
aucun...
M. Lesage: Il me semble qu'on pourrait s'en dispenser après ce
qui s'est passé.
M. Bertrand (Missisquoi): Je dis simplement au premier ministre qu'il a
été heureux que, dans ce domaine des Affaires
fédérales-provinciales, la Chambre joue
véritablement le rôle de ce ministère par les
attitudes unanimes qu'elle a prises sn matière de revendications
constitutionnelles. Je pense que les activités du ministre avec le
sous-ministre commencent sous d'heureux augures parce que ce ministère
n'aura qu'à faire écho aux prises de positions unanimes
appuyées par les deux partis en Chambre en matière de
revendications constitutionnelles et de prises de positions autonomistes de la
Législature de Québec. Ce que nous souhaitons, M. le
Président, maintenant que nous avons un sous-ministre, c'est que le
premier ministre organise d'une manière aussi complète que
possible ce ministère. Quelles sont les nominations qui peuvent
être faites à la suite de celle du sous-ministre?
M. Lesage: Voici, le sous-ministre qui est entré en fonction le
17 juin - nous sommes au 9 juillet - songe actuellement à l'organisation
du ministère. Il y a une chose qu'il ne faut pas oublier, ce ne sera
jamais un gros, ça ne peut pas être un gros ministère au
point de vue du personnel. Au contraire, ce ministère est plutôt
celui d'un sous-ministre entouré d'un nombre très restreint
d'experts et de sténographes commis, si vous voulez, parce que son
rôle, je le vois comme étant celui de préserver l'autonomie
provinciale et de faciliter la collaboration intergouvernementale. Quand il
s'agit d'entrer dans les détails de certains plans conjoints,
l'administration de ces plans conjoints appartient à chacun des
ministères et ça doit y rester. Le rôle du ministère
est beaucoup plus celui, évidemment, de suivre, comme l'a dit le
député de Missisquoi, les voeux de la Chambre et aussi d'inspirer
la politique gouvernementale en autant qu'il s'agit de la protection de
l'autonomie de la province et qu'il s'agit aussi de faciliter, je le
répète, des relations intergouvernementales. Alors, ça ne
pourra jamais être un ministère de 2200 employés.
M. Bertrand (Missisquoi): Non, pas dans ce sens-là.
M. Lesage: C'est un ministère où le sous-ministre doit
penser ou analyser et je crois que le choix que j'ai fait me permet d'avoir
dans ce domaine un collaborateur de grande classe. J'ai été
extrêmement heureux de son acceptation. Il y a longtemps que je cherchais
à le faire venir au service civil, le sous-ministre, parce que
j'étais convaincu que ce serait un moyen de revaloriser le service
civil. Je l'avais fait consentir à être un conseiller
économique honoraire de l'exécutif, à temps partiel, ce
qu'il avait accepté parce qu'il tenait à sa fonction à
l'Université Laval. Finalement, il a accepté de venir m'aider
dans le domaine des relations fédérales-provinciales et je suis
certain que son passé, sa ligne de pensée que je connais
très bien serviront justement les fins que je me propose pour ce
ministère.
M. Bertrand (Missisquoi): M. le Président, je suis sûr de
me faire l'écho de mes collègues également pour souhaiter
au nouveau sous-ministre une carrière bien remplie à ce poste
important - il l'a toujours été - mais qui prend de plus en plus
d'importance vu les événements que nous vivons et que nous
vivrons durant les prochaines années.
L'on a souvent déploré la pénurie d'études
en matière constitutionnelle et le premier ministre vient d'indiquer
brièvement le rôle qu'il entend faire jouer au sous-ministre. Je
pense que le sous-ministre peut fort bien indiquer à la Chambre ou au
premier ministre, aux ministres les domaines particuliers dans ces
problèmes constitutionnels qui requièrent des études. J'ai
vu, par exemple, que le premier ministre a produit une réponse à
des questions que nous avons posées. Il a produit certaines
réponses de M. Bélanger, par exemple, qui l'avait assisté
à l'occasion de certaines conférences
fédérales-provinciales.
M. Lesage: Bien, évidemment, M. Morin et M. Bélanger se
connaissent bien. Ils sont des collaborateurs, ils ont travaillé depuis
deux ans ensemble à la préparation du rapport sur l'assistance
sociale qui a été remis aujourd'hui. Ils étaient tous deux
membres de ce comité.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, il y a là certainement, je
l'admets, un domaine d'activité laborieuse, d'études à
faire préparer par des experts. Les experts dans ce domaine ne sont pas
nombreux mais il y en a certainement dans nos universités. Je sais
qu'à l'Université de Montréal, à l'heure actuelle,
il y a, à ce que l'on appelle la faculté de droit, je pense, un
comité sous la direction de Pierre Elliott Trudeau qui s'occuoe
d'études en matière constitutionnelle.
M. Lesage: Oui, c'est très bien, mais il y a le côté
pratique aussi.
M. Bertrand (Missisquoi): Oui. Il y a également des gens qui sont
tout près du Parlement ici, qui depuis des années font des
études dans ce domaine. Je ne voudrais pas donner de noms, on aura
l'occasion sans doute au comité de la constitution...
M. Lesage: Il y a mon conseiller juridique qui est docteur en droit
constitutionnel.
M. Bertrand (Missisquoi): Il y a votre conseiller juridique, il y en a
d'autres. Il y a M. Bonenfant à la bibliothèque.
M. Lesage: Puis, il y a M. Morin qui sera certainement très utile
au comité et qui a été suggéré...
M. Bertrand (Missisquoi): Je pense que, du côté de
l'Opposition aussi, nous avons quelqu'un, une personne qui est fort
documentée dans ce domaine, qui a fait des études. Je pense
à Charles Pelletier.
M. Lesage: Ah, mon confrère de classe, je ne sais pas, moins que
les autres, à un moins haut degré.
Des voix: Oh, oh.
M. Bertrand (Missisquoi): Je pense que, dans le domaine, entre autres,
du fédéralisme, il n'y en a peut-être pas beaucoup
qui...
M. Lesage: Ah, Charles-Eugène.
M. Bertrand (Missisquoi): Je demanderais au premier ministre...
M. Lesage: Je n'ai pas d'objection à payer du personnel que
l'Opposition pense bien qualifié.
M. Bertrand (Missisquoi): ...qu'il nomme quelqu'un qui travaille avec
les gens de l'Opposition, de même que nous voulons reconnaître le
crédit de ceux-là qui travaillent avec le gouvernement.
M. Lesage: Oui, mais M. Pelletier, je le connais mieux que vous
autres.
M. Bertrand (Missisquoi): D'ailleurs, dans ce domaine-là, M. le
Président, il y en a tellement peu qu'on n'a pas le droit d'en mettre un
de côté.
M. Lesage: Alors, d'accord.
M. Bertrand (Missisquoi): On doit utiliser les services, les talents de
tous ceux qui veulent s'occuper de problèmes qui sont joliment
difficiles.
M. Lesage: J'ai bien plus confiance en M. Lajoie. M. Lajoie est plus
renseigné que votre homme.
M. Bertrand (Missisquoi): Oh, franchement, M. Lajoie a écrit un
volume et parfois on se demande s'il n'en a pas oublié la
moitié.
M. Lesage: Je ne le pense pas.
M. Bertrand (Missisquoi): Surtout dans le domaine des plans conjoints
mais on ne reviendra pas sur ces débats. Quand on fait une
déclaration tel jour où on dit qu'on est
contre et que pas longtemps après on dit qu'on est pour! À
tout événement, on ne reviendra pas là-dessus.
M. Lesage: Bien, non. On ne recommencera pas le débat.
M. Bertrand (Missisquoi): C'est le premier ministre qui vient de parler
de son collègue. Ce n'est pas moi.
M. Lesage: Oui, mais on énumérait ceux qu'on pense des
experts, il ne faudrait pas l'oublier.
M. Bertrand (Missisquoi): Alors, M. le Président, nous sommes
heureux de ce côté-ci de la Chambre de saluer un embryon
d'organisation au ministère des Affaires
fédérales-provinciales, ministère dont la loi a
été votée il y a deux ans et qui commencera à peine
à produire des résultats que nous souhaitons tous avantageux pour
la législature de Québec et pour la province de
Québec.
M. Lesage: Adopté.
M. Bédard (président du comité des subsides:
Article 1, adopté. Article 2?
M. Lesage: Adopté.
M. Johnson: M. le Président, je ne voudrais pas
répéter une question si elle avait été
posée. Même si on comprend tout le monde que ça doit
être assez limité, restreint comme personnel, comment le premier
ministre envisage-t-il l'organisation de son ministère?
M. Lesage: J'ai répendu à la question.
M. Johnson: Quels services va-t-il y avoir?
M. Lesage: J'ai répondu à la question tantôt, que le
sous-ministre, aussitôt... Évidemment, je n'ai pas eu le temps
d'en discuter avec le sous-ministre; j'ai été constamment en
Chambre. J'ai répondu.
M. Johnson: Cela, c'est une réponse honnête.
M. Lesage: Oui, mais j'ai répondu.
M. Johnson: Vis-à-vis des autres provinces, est-ce que ce
ministère aura aussi des responsabilités? Je croyais l'avoir
entendu.
M. Lesage: Oui, oui, j'ai dit ça.
M. Johnson: Mais y aura-t-il un service spécial pour les
relations avec les autres provinces, un service spécial pour Ottawa?
M. Lesage: Si jamais il y a un secrétariat interprovincial de
créé, comme c'est une chose possible, évidemment alors...
En tout cas, on va y penser.
M. Johnson: Comment le ministère des Affaires
fédérales-provinciales est-il reçu à Ottawa? Je
parle purement au point de vue technique. Quand une province comme
Québec veut communiquer avec Ottawa, il y a un mode.
M. Lesage: Mon sous-ministre, depuis sa nomination, est allé,
à ma suggestion, rencontrer deux ou trois ministres pour les informer
verbalement de l'insistance que je mettais aux demandes qui avaient
été formulées soit par la Législature, soit par moi
en Chambre sur divers sujets.
M. Johnson: À ce propos, le ministre devait nous donner une
réponse en Chambre, mais, pour le moment, ce n'est pas ma question.
Est-ce que le ministère des Affaires
fédérales-provinciales de la province de Québec est
l'organe pour communiquer avec Ottawa ou si c'est encore le Secrétaire
de la province et le président de l'exécutif ou je ne sais pas
quel ministère?
M. Lesage: Cela dépend des problèmes.
M. Johnson: Quelle est, d'après le premier ministre, la
manière officielle pour l'État du Québec de contacter
officiellement l'État fédéral?
M. Lesage: Bien, le premier ministre.
M. Johnson: Le premier ministre. Est-ce que cela pourrait être le
ministre des Affaires fédérales-provinciales, dans
l'hypothèse où il y en aurait un différent du premier
ministre un jour ou l'autre?
M. Lesage: Le contact entre chefs de gouvernement doit demeurer le
même, mais le contact de ministres à ministres, ça
dépend des problèmes. S'il s'agit d'un problème qui
regarde les relations entre un ministère fédéral et le
gouvernement provincial, comme les travaux d'hiver, évidemment, la
correspondance se fera pas le ministère des Affaires
fédérales-provinciales, de même que les contacts, sauf en
ce qui regarde, évidemment, la pratique courante, c'est-à-dire la
mise en oeuvre courante du plan conjoint des travaux d'hiver. C'est alors le
ministre des Affaires municipales. Mais s'il y a des représentations
à faire sur des amendements à apporter, je crois que ça
doit se faire à Ottawa par le ministre des Affaires
fédérales-provinciales. C'est un exemple que je donne.
S'il s'agit de représentations directes du gouvernement du
Québec au gouvernement du Canada, ce sera encore le premier ministre
qui, accidentellement, est ministre des Affaires
fédérales-provinciales.
M. Johnson: J'avais posé la question au premier ministre l'autre
jour au sujet de la motion adoptée unanimement par cette Chambre; il a
promis de me donner une réponse.
M. Lesage: Oui, je n'ai pas eu le temps d'y penser. Je n'ai pas eu le
temps d'en discuter, je n'ai pas eu une minute pour discuter avec mes
officiers. Je suis constamment pris par les séances du Conseil des
ministres et par les séances de la Chambre.
M. Johnson: Il y en a plusieurs qui trouvent que le premier ministre a
trop de ministères. Le député de Jacques-Cartier pourrait
prendre ça, les Affaires fédérales-provinciales. Le
premier ministre a trop de ministères, trop d'ouvrage.
Mme Casgrain: Question de budget. M. le Président, je pense que
le ministère des Affaires fédérales-provinciales, sous la
directive du premier ministre, est tellement entre bonnes mains qu'il serait
inopportun à ce moment-ci de faire des suggestions. Je remercie le
député de Bagot pour son diplôme. Seulement, je dois dire
que je ne me sens pas les compétences pour accepter une chose semblaaie.
D'ailleurs, je trouve que le premier ministre réussit tellement bien
dans son travail qui est vraiment fastidieux à certains moments qu'on ne
peut pas faire des suggestions et laisser passer même des suggestions
comme celle que vient de faire le député de Bagot.
M. Johnson: Quand j'avais fait une suggestion pour un autre
député, j'avais eu une réponse plus directe que ça.
Le député m'a rencontré et m'a dit: C'est le "kiss of
death" que vous m'avez donné en Chambre l'autre jour.
M. Lesage: Les suggestions du chef de l'Opposition ne constituent pour
personne le "kiss of death".
M. Johnson: Tant mieux. Cela recommence.
M. Lesage: Je suis bien au-dessus de ça.
M. Johnson: M. le Président, c'est de bonne foi que ça a
été fait.
M. Bertrand (Missisquoi): Il sourit. Le député de Mercier
a repris son sourire.
M. Johnson: Dans ce domaine, le premier ministre pourrait
peut-être demander à son sous-ministre de préparer une
réponse à cette question que j'ai posée. Tout de
même, la Chambre a adopté une motion unanime.
M. Lesage: Je vais y penser.
M. Johnson: Il faudrait avoir suite. C'est un domaine très
urgent, c'est Ottawa qui s'apprête à adopter cette loi sur les
fonds municipaux, quoique, là, il semble y avoir un ralentissement.
M. Lesage: Bien oui, mais je viens de dire...
M. Johnson: L'honorable ministre, président du Conseil...
M. Lesage: ... que mon sous-ministre des Affaires municipales
était, allé à Ottawa, a rencontré plusieurs
ministres de la province de Québec et a insisté sur l'importance
que j'attachais aux représentations de la Chambre et à mes
représentations. Puis, après ça, comme le dit le chef de
l'Opposition, il semble que le travail est tellement lent que ça va
être reporté à plus tard, l'étude de ce projet de
loi.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le sous-ministre a rapporté
les réponses?
M. Lesage: Même si le sous-ministre avait rapporté les
réponses, je ne serais pas libre de les divulguer.
M. Johnson: Le premier ministre, M. Pearson, n'a pas répondu
encore officiellement à la lettre du 7 juin...
M. Lesage: Pas que je sache.
M. Johnson: ... quant aux pensions transportables...
M. Lesage: Pas à notre connaissance à tous les deux.
M. Johnson: ... ou transférables. Toutes mes excuses à M.
Léger dans ce domaine-là.
M. Lesage: Qu'est-ce qu'il a dit à ce sujet?
M. Johnson: M. Léger trouve que c'est horrible, que c'est
affreux.
M. Lesage: Les deux.
M. Johnson: Qu'est-ce que c'est, les deux?
M. Lesage: II a dit que c'était
transférable et non transportable.
M. Johnson: Non, non, il a même banni transférable et
transportable.
M. Lesage: Hein? Ah! tout est banni. Cela s'appelle comment?
M. Johnson: Cela s'appelle les cotisations réinvestissables,
quelque chose du genre.
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: Un système de caisse de retraite avec cotisations
réinvestissables ou quelque chose du genre.
Une voix: Volontaire.
M. Johnson: Ah, c'est compliqué.
M. Lesage: On va appeler ça les pensions transférables. En
attendant, on va appeler ça les pensions transférables.
M. Johnson: On fera étudier ça à un comité
spécial de la Chambre. Alors, quant aux pensions "transportables", entre
guillemets, où en est-on à ce sujet avec Ottawa? Je comprends que
M. Pearson a consenti à soumettre la question à la
conférence fédérale-provinciale qui doit avoir lieu...
M. Lesage: C'est ça. J'ai écrit par la suite - j'ai
déposé la lettre dans laquelle je disais cela et je pense que le
chef de l'Opposition est d'accord avec ce que j'ai répondu - qu'il ne
fallait pas seulement que ce soit les modalités qui soient
étudiées à la conférence
fédérale-provinciale, mais le principe même d'amendement au
système actuel de pensions de vieillesse à Ottawa, sous quelque
forme que ce soit. Mais ça, je viens de l'écrire, je viens de
déposer la lettre et, en attendant, je l'ai dit, M. Wheeler Dupont, M.
Morin et le Conseil d'orientation économique étudient le
problème pour me faire des suggestions précises. De fait, mon
chef de cabinet adjoint m'a remis, à deux heures vingt-cinq, juste avant
que j'entre en Chambre, une documentation assez épaisse qui a
été préparée pour moi par M. Dupont. J'ai dit: Fin
de semaine. Qu'est-ce que vous voulez?
M. Johnson: Mais tout de même, cette question des pensions...
M. Lesage: Mon sous-ministre me demande si j'ai eu le rapport. Je dis:
Je l'ai eu, mais je l'ai seulement vu. Je ne l'ai pas lu; il est
volumineux.
M. Johnson: Cette question des pensions transportables est tellement
importante...
M. Lesage: D'accord,
M. Johnson: ... que le premier ministre ne devrait prendre aucun
risque.
M. Lesage: Bien, on va suspendre jusqu'à six heures et je vais
aller lire ça.
M. Johnson: Ah, ce n'est pas nécessaire de faire un rapport.
M. Bellemare: Vous ilsez vite.
M. Johnson: On peut lui faire des suggestions très pratiques.
D'abord, même si M. Pearson a consenti à ce que ce sujet soit
abordé, soit étudié à l'occasion de la
conférence fédérale-provinciale, nous n'avons pas du tout
l'assurance de la décision qui en sortira. Mais le moyen infaillible, le
moyen le plus sûr, le moyen par lequel on ne prend aucun risque,
ç'aurait été et ce serait encore, d'ici à mercredi
ou jeudi, de prendre une attitude positive d'annoncer un projet de loi, de ne
faire qu'un squelette de loi dans les grands principes s'il le faut, mais de se
placer dans la position où Ottawa ne pourra pas ignorer le geste
posé par la province. On sait qu'en vertu de l'amendement fait en
1951-1952 à l'article 94-A le fédéral et le provincial ont
le droit de légiférer en matière de pensions de
vieillesse. Cependant, il y a une restriction, comme je l'ai expliqué
dans le temps dans une lettre que j'ai citée, qui a été
posée à la demande de M. Duplessis dans le temps. Si nous
occupons le champ tout de suite, il n'y a pas de doute qu'Ottawa ne pourra nous
en chasser. Moi, je crains qu'Ottawa, M. le Président... Pardon?
M. Lesage: M. le Président, je vais être obligé de
recommencer encore.
M. Johnson: Non, le premier ministre va voir comme on est pratique.
M. Lesage: Nous avons eu un débat là-dessus et je vais
être obligé encore de répéter ce que j'ai dit.
Même si nous avions adopté une loi, est-ce que c'est ça qui
aurait empêché Ottawa d'agir plus qu'il n'agit maintenant puisque
l'Ontario en a adopté une? Bon, y a-t-il moyen de rentrer ça dans
la tête du chef de l'Opposition? Il ne comprend rien.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre recourt à
des injures et plus on se rend compte...
M. Lesage: Ce ne sont pas des injures; c'est devenu une renommée
que le chef de l'Opposition ne comprend rien.
M. Johnson: M. le Président, pour le malheur du premier ministre
et la tranquillité du Parti libéral, j'en comprends trop. Le
premier ministre est celui qui nous a demandé, dans cette Chambre, de
voter pour M. Pearson. C'est cet homme qui a mis son prestige en jeu dans toute
la province, qui a mis sa caisse en jeu pour aider les libéraux à
Ottawa. Maintenant que nous sommes, M. le Président, taxés par
ces mêmes gens, maintenant que ce même M. Pearson, n'eût
été...
M. Lesage: Il a décidé de faire sa scène.
Des voix: À l'ordre, à l'ordre!
M. Johnson: ... de l'intervention que j'ai faite dans le temps au nom de
mes collègues, serait entré dans ce domaine des fonds municipaux,
dans ce domaine des pensions transportables, M. le Président,
l'Opposition n'a pas de leçon à prendre surtout des ministres qui
dorment en Chambre. Nous, nous n'avons pas dormi, M. le Président, sur
ce problème.
M. Hamel (Saint-Maurice): Ah, ne parlez pas de ça. Moi, j'en vois
de l'autre côté qui dorment, là.
M. Johnson: Nous n'avons pas de leçon à prendre du premier
ministre là-dessus et il peut compter, que ses acoquinements avec
Ottawa, que ses facilités, ses échanges de bons services avec le
parti fédéral, nous allons les surveiller de façon qu'ils
ne soient pas au détriment de la province. Mais je connais un homme qui
a des responsabilités dans cette province et qui serait donc heureux de
ne rien devoir aux libéraux d'Ottawa. C'est le premier ministre de la
province de Québec. M. le Président, le premier ministre de la
province de Québec, il peut compter sur l'Opposition pour qu'elle lui
rappelle son devoir primordial, celui de servir la province qui doit passer
avant celui de sa reconnaissance ou de ses amitiés envers les
libéraux fédéraux.
Et il devrait être heureux, M. le Président, d'avoir une
Opposition qui collabore quand il s'agit du bien de la province, plutôt
qu'une Opposition qui freine l'élan de la province, comme nous en avons
eu une trop longtemps dans cette province, qui essayait de nous
débâtir et qui essayait de ridiculiser l'autonomie et la
souveraineté de la province, M. le Président.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition veut freiner, il veut nous
empêcher d'emprunter, d'investir dans l'avenir de la province.
M. Johnson: M. le Président, je voudrais que le premier ministre
prenne l'initiative dans le domaine des pensions ou qu'il ne prenne aucun
risque, en tout cas, dans ce domaine. Qu'il compte sur l'Opposition si
toutefois ces gens qui ne comprennent rien peuvent être utiles, M. le
Président.
M. Lesage: Pas souvent.
M. Johnson: Il est possible que nous ne comprenions pas tout, mais quand
je regarde ceux qui entourent le premier ministre, mon Dieu que je me console
de ceux qui m'entourent, M. le Président.
M. Lesage: Merci pour mes voisins.
M. Johnson: Et de celui qui vous parle.
Une voix: Adopté.
M. Bertrand (Missisquoi): Est-ce que le premier ministre peut me dire
à quel endroit sont situés les locaux occupés par le
ministère?
M. Lesage: C'est dans l'édifice B, à côté du
Conseil exécutif, de l'autre côté du corridor, où
étaient M. Cournoyer et M. Verreault.
M. Bertrand (Missisquoi): Ah, c'est là que sont les bureaux du
ministère.
Conseil exécutif
M. Beaupré (président du comité des subsides): Les
deux articles sont adoptés. Conseil exécutif, page 36. Article 1,
bureau du lieutenant-gouverneur, adopté? Article 2?
M. Lesage: Adopté?
M. Bellemare: Pour le Conseil exécutif.
M. Lesage: Un instant, un instant. Où êtes-vous là,
à quelle page?
M. Bellemare: à la page 36, à l'article
2.
M. Lesage: Page 36, article 2, administration. Alors, c'est à la
page 38 que le détail...
M. Bellemare: Oui, c'est ça. Le détail: 1, traitements:
$306,000 contre $233,000. Il y a eu une augmentation de personnel?
M. Lesage: Oui.
M. Bellemare: De combien?
M. Lesage: Je ne le sais pas. Un instant, je vais regarder ça. Il
y a le cabinet du premier ministre, le bureau du greffier, puis le service de
la comptabilité.
M. Bellemare: Alors?
M. Lesage: Évidemment, pour répondre plus
précisément à la question, il y a dans mon bureau
immédiat deux nouveaux officiers, M. Guy Gagnon, comme secrétaire
de l'exécutif, et M. Maurice Leroux comme officier spécial;
ensuite, il y a eu augmentation dans le personnel parce que c'est
l'exécutif qui fournit les secrétaires de ministres sans
portefeuille.
M. Bellemare: M. Leroux, lui, c'est un sous-ministre?
M. Lesage: M. Leroux, ce n'est pas un sous-ministre, c'est un officier
spécial.
M. Bellemare: Il s'occupe tout spécialement de
l'administration?
M. Lesage: Oui, oui, officier de presse, comme il y en a chez le chef de
l'Opposition.
M. Bellemare: M. Leroux, à quel salaire est-il?
M. Lesage: $12,000.
M. Bellemare: M. Gagnon, lui?
M. Lesage: $16,000.
Une voix: Vous payez cher.
M. Lesage: Bien, on paye cher. Dans le bureau de l'Opposition aussi, on
a augmenté.
M. Johnson: Est-ce qu'il y a un M. Larue au bureau du premier
ministre?
M. Lesage: Ah oui, le chef du cabinet, monsieur. Il n'est pas loin, il
est à ma droite; un homme précieux.
M. Johnson: Il est encore là?
M. Lesage: Il me semble qu'il n'a pas changé tant que
ça.
M. Hamel (Saint-Maurice): Il était très bon dans
l'Opposition, il est merveilleux au pouvoir.
M. Johnson: Eh bien, il me semble que, depuis qu'il est au pouvoir, M.
Larue a changé beaucoup. Nous l'avons vu pendant seize ans, ici en
arrière du trône, passer des coupures au député de
Saint-Maurice.
M. Hamel (Saint-Maurice): Ah oui. Vous y avez goûté.
M. Johnson: Il avait même une baguette pour réveiller le
député de Saint-Maurice quand il...
M. Hamel (Saint-Maurice): Ah non, ah non.
M. Bellemare: Oh oui.
M. Johnson: Nous l'avons vu à l'oeuvre, M. le Président,
mais il semble que, depuis qu'il est au pouvoir, il est moins gai, il est moins
dégagé, c'est plus dur.
Une voix: Il a été malade.
M. Johnson: M. Larue, je comprends qu'il doit prendre sa retraite, je ne
sais pas si c'est officiel.
Une voix: Non.
M. Johnson: Ce n'est pas officiel?
M. Lesage: Je n'en ai jamais entendu parler. Le chef de l'Opposition se
met les pieds dans les plats, M. le Président.
M. Johnson: Non, mais ce n'est pas officiel. En tout cas, à quel
salaire est-il payé?
M. Lesage: Il n'a pas atteint l'âge de la retraite.
M. Johnson: À quel salaire est-il payé?
M. Lesage: Le salaire maximum des subsides, $20,000.
M. Johnson: $20,000?
M. Lesage: Mais à son maximum, je ne devrais pas dire
ça.
M. Johnson: $18,000 ou $20,000?
M. Lesage: Le sous-ministre de la Santé a $20,000.
M. Johnson: M. le Président, puisse-t-il...
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: ... être là le plus longtemps possible pour
reprendre le temps perdu!
M. Hamel (Saint-Maurice): Le temps perdu n'a pas de temps.
M. Johnson: Imaginez, M. le Président, qu'il était
obligé de travailler pour le député de Saint-Maurice!
M. Hamel (Saint-Maurice): Il aimait ça.
M. Johnson: Ce n'est pas prouvé.
M. Hamel (Saint-Maurice): Il me l'a dit.
M. Lesage: Il n'y a qu'une chose, c'est quand il était
obligé de retrouver les papiers...
M. Johnson: On a tous ces problèmes-là. Son assistant...
Quel est le statut de M. Paré?
M. Lesage: C'est M. René Arthur qui est le chef de cabinet
adjoint.
M. Johnson: Le chef du cabinet adjoint est M. René Arthur.
À quel salaire?
M. Lesage: $18,000.
M. Johnson: Et M. Paré, quel est le statut de M. Paré?
M. Lesage: Avec M. Leroux, officier de presse.
M. Johnson: Officier de presse, mais lui, pour le premier ministre,
tandis que M. Leroux c'est pour le chef du parti. Est-ce ça? Est-ce
qu'on fait encore cette distinction?
M. Lesage: Ils sont tous deux pour le premier ministre, mais M. Leroux
est en même temps pour l'exécutif.
M. Johnson: Ah bon. C'est M. Leroux qui est chargé de la
production des émissions?
M. Lesage: Il donne des bons conseils. Je pense que le chef de
l'Opposition aurait peut-être avantage à le consulter.
M. Johnson: Il n'y a pas d'erreur. M. le Président, je vais
admettre ça, mais vous n'avez pas d'idée comme c'est facile pour
moi de l'admettre. Je devrais consulter M. Leroux, mais moi, je ne peux pas
faire payer ça par les contribuables. Cela coûte cher, un bonhomme
comme M. Leroux pour nous conseiller, pour faire de la bonne...
M. Lesage: Vous en avez chez vous, de bons conseillers.
M. Johnson: M. le Président, on n'a pas les moyens de trouver des
hommes, des spécialistes de ce calibre.
M. Lesage: Vous en avez dans votre personnel.
M. Hamel (Saint-Maurice): On en avait trois nous autres, puis là
on en a un quinzaine.
M. Johnson: Oui, mais il ne sont pas spécialisés dans la
TV.
M. Bellemare: Douze.
M. Johnson: Quel est le salaire de M. TV, j'allais dire de M. Leroux?
C'est le premier ministre qui est M. TV. Quel est le salaire de M. Leroux?
M. Lesage: Douze, je l'ai dit tantôt.
M. Johnson: $12,000, je vous demande pardon. Quelle est la fonction de
M. Gagnon dans cette organisation?
M. Lesage: Secrétaire exécutif.
M. Johnson: Est-ce que tous les ministres ont un secrétaire
exécutif?
M. Lesage: Un bon nombre.
M. Johnson: Quel est le salaire des secrétaires exécutifs
des autres ministres? C'est $12,00?
M. Lesage: $10,000.
M. Johnson: M. Gagnon a $16,000?
M. Lesage: Oui, au bureau du premier ministre.
M. Johnson: M. Gagnon s'occupe-t-il exclusivement des choses de la
province?
M. Lesage: Clairement.
M. Johnson: Oui, M. le Président.
M. Lesage: Des fois, d'affaires
fédérales-provinciales.
M. Johnson: J'espère que c'est sous l'angle de la province.
M. Lesage: En autant que la province est concernée.
M. Johnson: M. Gagnon est-il un journaliste de profession?
M. Lesage: Il était journaliste avant d'entrer.
M. Johnson: Est-ce le même M. Gagnon qui a déjà
été à Saint-Hyacinthe?
M. Lesage: Oui, au Clairon.
M. Johnson: Au Clairon. Alors, là, on est très bien
renseigné.
M. Lesage: Il cause avec lui en arrière du trône.
M. Johnson: Non, non. Pas avec celui-là. M. le Président,
dans son ministère au premier ministre, le comptable, M. Gignac...
M. Lesage: Évidemment, il n'est pas l'employé...
M. Johnson: ... dépend du Conseil de la trésorerie, lui
aussi?
M. Lesage: Oui, oui. Il est l'employé du premier ministre comme
ministre des Finances.
M. Johnson: Le premier ministre, président du Conseil de la
trésorerie, surveille le ministère du premier ministre?
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: C'est bien ça. Cela donne l'exemple.
M. Lesage: Je n'ai pas un gros budget à surveiller.
M. Johnson: Il a quand même un budget qui pourrait être
explosif, on le sait.
M. Lesage: Quand il s'agit d'explosion, on se tourne vers le
député de Champlain.
M. Johnson: Pardon?
M. Lesage: Quand il s'agit d'avoir des explosifs, on se tourne vers le
député de Champlain.
M. Bellemare: Il est bien calme, il est bien calme.
Service général des achats
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 3, service général des achats, adopté. Article
4?
M. Johnson: Non. M. Levasseur est parti du service des achats?
M. Lesage: Oui, M. Georges Bussières.
M. Johnson: Il est parti depuis quelle date, M. Levasseur?
M. Lesage: Le 1er février.
M. Johnson: Février. M. Levasseur est rendu à la
Commission des liqueurs?
M. Lesage: C'est ça, il a pris la fonction de M...
M. Johnson: Ah, ils ont changé?
M. Lesage: Oui, M. Levasseur est en bonne santé, mais, tout de
même, c'est un travail très considérable aux achats at il
m'a demandé si je pouvais lui trouver quelque chose qui demanderait
moins d'efforts physiques de sa part. Alors, j'ai fait venir M.
Bussières, connaissant son expérience comme acheteur pour une
maison de commerce à Québec, la maison Garneau Ltée. C'est
un licencié en sciences commerciales. Je l'ai fait venir et je lui ai
demandé s'il consentirait à changer de position avec M.
Levasseur. Il m'a dit oui.
M. Johnson: On me dit que c'est un homme qui a eu bien du goût,
à un moment donné, dans un certain choix qu'il a dû faire
dans sa vie.
M. Lesage: En effet.
M. Bertrand (Missisquoi): Dans mon comté.
M. Johnson: Qui est l'assistant de M. Bussières?
M. Lesage: M. Paul Vézina, autrefois du bureau, qui était
comptable de l'exécutif avant M. Gignac.
M. Johnson: Quel est le salaire de M. Vézina?
M. Lesage: $11,600.
M. Johnson: Et le salaire de M. Bussières?
M. Lesage: $14,000.
M. Johnson: Il y a combien d'employés, maintenant, au service des
achats?
M. Lesage: 93.
M. Johnson: Est-ce qu'on a divisé le service en divers
sous-services en divers secteurs?
M. Lesage: Ah oui. M. Bussières m'a fait un schéma, un
organigramme; ça marche comme ça.
M. Johnson: Ce n'est pas encore appliqué?
M. Lesage: Oui, oui. J'ai des examens à la Commission du service
civil.
M. Johnson: M. le Président, quant aux achats, est-ce qu'on
demande encore des soumissions?
M. Lesage: Des prix et des soumissions. M. Johnson: On ne demande pas
des
soumissions publiques?
M. Lesage: On fait exception, on demande des soumissions publiques pour
les commandes très importantes et, à part cela, on demande des
prix et des soumissions à diverses personnes trafiquant en semblables
matières ou encore, parfois, on demande des prix par
téléphone, quand il s'agit de petits montants.
M. Johnson: Est-ce qu'il y a un barème?
M. Lesage: On suit les méthodes ordinaires qui existent dans le
commerce. Moi, je n'interviens pas; j'ai demandé à M.
Bussières de suivre les méthodes qu'il suivait quand il
était chez Garneau Ltée. Pardon?
M. Johnson: Tout de même, chez Garneau Ltée, comme dans les
autres maisons de commerce...
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: ... dans les autres maisons de commerce...
M. Lesage: Et dans les maisons de commerce.
M. Johnson: ... il n'y a pas d'obligation de demander des soumissions
publiques.
M. Lesage: Non, non.
M. Johnson: Le premier ministre voudrait-il nous dire à partir de
quel montant, pour les commandes de matériel, demande-t-on des
soumissions publiques par la voie des journaux?
M. Lesage: Cela dépend. Il faut faire des achats souvent par
région économique. Par exemple, si on achète de la
machinerie pour la Gaspésie, on demande des soumissions aux vendeurs de
machinerie en Gaspésie. Pour des automobiles, s'il s'agit d'automobiles,
pour le comté de Montmagny, par exemple, on demande les prix aux
marchands de Montmagny. C'est le même système qu'au gouvernement
fédéral.
M. Johnson: Est-ce qu'à partir d'un certain montant il faut
nécessairement demander des soumissions publiques par la voie des
journaux?
M. Lesage: Oui. Il y a une demande actuellement pour de la machinerie,
$100,000. Cela se demande par soumissions publiques.
M. Johnson: On n'en voit pas souvent de ces annonces. Pour la
dernière année, il y a eu combien d'annonces dans les
journaux?
M. Lesage: Pendant les 16 ans où l'Union Nationale a
été au pouvoir, je n'en ai pas vu une.
M. Johnson: Ce n'est pas une réponse, M. le Président.
M. Lesage: Je n'en ai pas vu une.
M. Johnson: Ce n'est pas une bonne réponse. Le premier ministre a
dit...
M. Lesage: On en demande assez souvent. C'est parce que le chef de
l'Opposition suit mal les journaux.
M. Johnson: ... on va demander des soumissions par la voie des journaux;
on s'engage à ça. L'année dernière, quand j'ai
posé la question, le premier ministre m'a dit: Oui, on en a
demandé. Combien de fois? Une fois, une fois, mon père. Il y en a
combien, mon père, cette année? Combien de fois a-ton mis des
annonces dans les journaux?
M. Lesage: Il paraît qu'on a doublé.
M. Johnson: M. le Président, il faut les féliciter, 100%
d'augmentation. L'année dernière, une demande de soumissions
publiques...
M. Lesage: Mais oui, c'est parce que c'est très peu souvent qu'il
y a des achats très considérables. C'est parce que, justement,
pour suivre la politique qui a été préconisée en
Chambre, ici, par les députés de l'Opposition, nous avons
décentralisé et nous achetons localement et régionalement
pour donner une chance, évidemment, à l'économie des
régions qui, souvent, sont économiquement beaucoup plus faibles
que Montréal ou Québec et où des producteurs ou encore des
maisons de gros peuvent couper les prix à tous ceux qui sont des
grossistes, par exemple, dans des régions. Il faut bien penser à
cela.
M. Johnson: Quelle est l'idée, en prenant l'exemple du premier
ministre, d'acheter de la machinerie d'un vendeur de la Gaspésie
même si cette machinerie est fabriquée à Montréal,
disons, ou même si un grossiste se trouve dans la ville de
Québec?
M. Hamel (Saint-Maurice): C'est pour favoriser l'industrie rurale.
M. Lesage: On ne paie pas plus cher et, simplement, ça favorise
le commerce local et le commerce régional.
M. Johnson: Mais le détaillant de la Gaspésie doit tout de
même faire un profit.
M. Lesage: C'est un grossiste. Celui de Montréal aussi en
fait.
M. Johnson: Oui, oui. Alors, le détaillant de Gaspé ou de
n'importe quelle région économique, quand il vend au
gouvernement, ne doit pas vendre au prix du gros ou au prix de la
manufacture.
M. Lesage: On ne vend pas au gouvernement au prix de détail. Cela
n'existe plus, cela. Le bureau des achats exige toujours des escomptes.
M. Johnson: Qu'il fixe comment?
M. Lesage: 5%, 10%, 15%. Cela dépend de la machinerie, cela
dépend des objets.
M. Johnson: Y a-t-il une liste qu'on peut nous remettre de ces
barèmes?
M. Lesage: Ce n'est pas encore compilé.
M. Johnson: Y a-t-il une réglementation?
M. Lesage: Il n'y avait rien avant 1960 et puis, c'est une
jurisprudence. On peut comparer cela à une jurisprudence qui
s'établit lentement.
M. Johnson: Y a-t-il une réglementation faite par le cabinet ou
par le président du Conseil exécutif?
M. Lesage: Oui, si c'est plus de $25,000, cela doit venir devant le
Conseil de la trésorerie.
M. Johnson: Tout achat de plus de $25,000 doit être
approuvé par le Conseil de la trésorerie. Est-ce que le Conseil
de la trésorerie exige chaque fois qu'il y ait eu avant l'achat demande
de soumissions par la voie des journaux?
M. Lesage: Non.
M. Johnson: Non. Bon, cela commence à être clair.
M. Lesage: J'ai dit: Deux fois depuis l'année dernière.
Alors, il est évident que c'est non.
M. Johnson: Maintenant, à l'intérieur des régions
économiques, quand il y a plusieurs fournisseurs, est-ce qu'on demande
des soumissions sur invitation?
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: Est-ce qu'on les demande à tous les marchands en
semblables matières?
M. Lesage: Pas nécessairement.
M. Johnson: L'année dernière, le premier ministre m'a
donné l'explication suivante: Nous prenons la liste, nous avons une
liste qui est faite. Est-ce une liste qui est prise dans l'annuaire du
téléphone?
M. Hamel (Saint-Maurice): Dans les pages jaunes.
M. Lesage: Cela dépend. Les gens écrivent pour se faire
inscrire sur la liste.
M. Johnson: Les gens écrivent.
M. Lesage: Ou d'autres écrivent pour eux.
M. Johnson: Quelle est la manière pour un marchand en semblables
matières ou un manufacturier ou un grossiste de se faire placer sur la
liste afin qu'il reçoive des demandes de soumissions?
M. Lesage: Je fais parvenir, par le petit page, au chef de l'Opposition
la formule imprimée à cet effet. Est-ce que le chef de
l'Opposition dirige un commerce? S'il dirige un commerce, il peut la remplir.
Non, il ne peut pas, il est député.
M. Johnson: Je me demande, M. le Président, si cela ne serait pas
moins d'ouvrage que d'être en Chambre et puis de faire face à ce
gouvernement, si j'étais sûr de pouvoir être favorisé
autant que certains fournisseurs le sont. Mais je pense bien que je ne pourrais
pas me fier à cela.
M. le Président, le marchand de la ville d'Acton Vale...
M. Lesage: Pardon?
M. Johnson: Un marchand de ville d'Acton Vale, là...
M. Lesage: Oui, cela dépend de ce qu'il vend.
M. Johnson: ... peut-il être mis sur la liste?
M. Lesage: S'il vend des choses dont nous avons besoin et que si c'est
un détaillant d'Acton Vale. Il faudrait qu'il soit de la région
d'Acton Vale.
M. Johnson: Bon, il doit écrire à qui, à M. Larue
ou au directeur des achats?
M. Lesage: Ah non, à M. Bussières; ça ne passe pas
par moi.
M. Johnson: Non, mais vu que M. Larue est tout de même le
sous-ministres.
M. Lesage: On peut écrire au sous-ministre. Tout ce qu'il va
faire, c'est de le transmettre à M. Bussières, avec ses
commentaires.
M. Johnson: Bon, et là M. Bussières va lui retourner cette
formule à remplir.
M. Lesage: C'est cela.
M. Johnson: Et là mon marchand n'a qu'à attendre avant de
recevoir une autre lettre de M. Larue...
M. Lesage: Non pas de M. Larue, de M. Bussières.
M. Johnson: ... disant: Cher monsieur, voulez-vous nous... Le travail de
M. Larue est ici et là, c'est envoyé à M.
Bussières. Là, mon marchand dit: Bien, cela fait deux mois que
j'ai écrit, trois mois et je n'ai pas eu de demande de soumissions.
Jamais, on ne m'en a demandé.
M. Lesage: Il y a 26,000 industriels, commerçants de gros et
commerçants de détail sur les listes.
M. Johnson: D'accord. M. Lesage: 26,000!
M. Johnson: Il y en a combien qui ont vendu dans une année? On a
compté cela?
M. Lesage: Ah, comptez cela dans les comptes publics. Je ne suis pas
pour m'amuser à cela, moi. Tout est là.
M. Johnson: Est-ce que cela aiderait mon marchand s'il allait voir le
ministre du Travail et disait: Me recommanderais-tu là? Hein, cela ne
servirait pas?
M. Lesage: Il n'y a pas de politique.
M. Hamel (Saint-Maurice): Il ne fait pas, non plus, de patronage.
M. Lesage: Le chef du service des achats me dit, pour l'information des
commerçants, des producteurs qui seront intéressés
à vendre au gouvernement, qu'ils doivent suivre la même
procédure que s'ils veulent vendre à une entreprise
privée. Ce n'est pas plus malin, mais c'est aussi difficile. C'est tout.
Il n'y a aucun patronage politique; c'est strictement sur une base
d'affaires.
M. Bellemare: C'est effrayant, on est aveugle chez nous.
M. Johnson: J'ai le renseignement, M. le Président.
M. Lesage: M. le Président, je me fie à ce que le chef du
service me dit, moi; je ne lui téléphone pas tous les jours.
C'est la première fois que je le vois depuis qu'il est nommé.
M. Johnson: Je suis donc content de présenter son chef de service
au premier ministre! Il était temps que cela se fasse, M. le
Président.
M. Lesage: C'est vrai, c'est la première fois que je le vois
depuis qu'il est nommé.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté.
M. Lesage: M. Hardy allait plus souvent que cela au bureau de M.
Duplessis, d'après ce qu'on sait.
M. Johnson: Oui, mais le premier ministre, qui ne délègue
pas beaucoup quand il s'agit des cabinets, on a l'impression qu'il
délègue beaucoup quand il s'agit de patronage.
M. Lesage: Il n'est pas question de patronage. M. Bussières est
un hommes d'affaires qui mène cela sur une base d'affaires, suivant les
méthodes qu'il a apprises en affaires.
M. Lalonde: Les journalistes m'ont dit que c'était très
bien.
M. Johnson: M. le Président, j'ai le renseignement qu'un agent
manufacturier qui vend une spécialité et qui a cinq ou six
concurrents dans la province, a écrit il y a deux ans, a écrit il
y a un an et a écrit il y a six mois et jamais on ne lui demande de
soumissions pour des objets.
M. Lesage: Un agent manufacturier, c'est un intermédiaire; on est
prudent avec eux.
M. Johnson: Oui, c'est un intermédiaire.
M. Lesage: Oui, et nous sommes très prudents avec eux.
M. Johnson: Mais pour des produits, M. le Président, qui ne sont
pas manufacturés dans la province et dont le gouvernement...
M. Lesage: Ah, c'est plus difficile.
M. Johnson: ... s'approvisionne abondamment à même un
autre...
M. Lesage: De quoi s'agit-il? Inutile de parler d'une façon
énigmatique.
M. Johnson: ... qu'il importe
d'Allemagne et d'un autre pays.
M. Lesage: Quoi?
M. Johnson: Je le ferai écrire au directeur du service et, comme
il vient d'arriver, nous verrons si celui-là est...
M. Lesage: Vous savez, il faut faire attention.
M. Johnson: ...disons, plus strict que l'ancien.
M. Lesage: Il y a des fois où je reçois des lettres et qui
sont clairement des lettres de "cranks". Cela arrive souvent.
M. Johnson: Des lettres de craintes?
M. Lesage: En tout cas, on appelle ça des "cranks", des gens
là...
M. Johnson: Ah, des "cranks". Ah, non, ce sont des maisons
sérieuses, M. le Président.
M. Lesage: Il faut faire attention.
M. Johnson: Maintenant, j'ai retenu que le premier ministre acceptait la
règle qui lui était soufflée par son directeur de
service.
M. Lesage: Quand je n'ai pas de plaintes sur un service où
ça va bien, je ne dérange rien.
M. Johnson: Mais je veux bien retenir le principe qu'au service des
achats on suit exactement les mêmes politiques que dans l'industrie ou le
commerce ordinaire.
M. Lesage: C'est ça. Sauf que nous allons beaucoup plus loin dans
la protection donnée aux produits fabriqués dans la province de
Québec.
M. Johnson: Combien loin va-t-on?
M. Lesage: Bien, 10% contre des produits d'une autre province canadienne
et 15% contre des produits fabriqués en dehors du Canada.
M. Johnson: Cela, c'est une directive qui...
M. Lesage: C'est une directive qui est suivie de façon
absolue.
M. Johnson: ... a été donnée par écrit?
M. Lesage: Qui a été donnée par écrit par le
Conseil de la trésorerie.
M. Johnson: Par le Conseil de la
trésorerie ou le service des achats. Très bien.
M. Lesage: Cela existait, d'ailleurs, quand M. Bussières est
entré. Je l'avais mentionné en réponse au
député de Maisonneuve, l'année dernière.
M. Johnson: Oui, oui. Pas par arrêté
ministériel?
M. Lesage: Directive du Conseil de la trésorerie.
M. Johnson: Alors, c'est comme dans le commerce ordinaire. M. le
Président, j'ai bien envie de demander, puisque je connais les
méthodes là, ayant pratiqué le droit, dans quel club
social se tiennent le directeur et ses principaux assistants parce que
ça m'a l'air que c'est une des méthodes de contact dans les
affaires ordinaires.
M. Lesage: Le chef du service des achats faisait partie d'un club social
lorsqu'il a assumé ses fonctions, justement à cause du danger des
pressions qui pourraient se faire.
M. Johnson: Ce n'était pas le Club de réforme
j'espère, non?
M. Lesage: Un club social, pas un club politique.
M. Johnson: C'est social et politique, le Club de réforme.
M. Lesage: Non. Bien...
M. Johnson: D'après sa charte.
M. Lesage: Ah, peut-être. Mais quand on parle d'un club social -
je ne veux pas désigner quel club - enfin, c'est soit le Richelieu, le
Kiwanis. Ce n'est pas ceux-là. Alors, il s'en est retiré
justement pour ne pas être l'objet de pressions de la part de certains
membres du club qui auraient pu avoir un intérêt particulier
à vendre leurs produits.
M. Johnson: Alors, il faudrait que le premier ministre, quand il en aura
le temps, entre les deux sessions...
M. Lesage: Pour les mêmes raisons, je ne fais partie d'aucun
club.
M. Johnson: ...étudie un système en vertu duquel on
donnerait...
M. Bellemare: Le Club de la Garnison?
M. Lesage: Ce n'est pas un club social. Ce n'est pas ce qu'on appelle un
club social comme les clubs Richelieu, Le Club de la
Garnison; ce n'est pas du tout la même chose. C'est comme le
Cercle universitaire, ça. Excusez-moi, monsieur.
M. Bellemare: Des clubs privés.
M. Johnson: Le premier ministre, entre les deux sessions, pourrait
peut-être apporter beaucoup d'attention à la suggestion que nous
avons maintes fois répétée dans cette Chambre
d'établir des directives qui seraient approuvées par la Chambre,
connues, publiées.
M. Lesage: Je n'en ai pas vu passer pendant 16 ans avant 1960.
M. Johnson: Pardon?
M. Lesage: Il n'en est pas passé ici en Chambre.
M. Johnson: Des?
M. Lesage: Depuis 1945, il n'est pas passé de directives comme
ça adoptées par la Chambre.
M. Hamel (Saint-Maurice): Non, la seule information que j'ai eue, M. le
Président, quand je siégeais de l'autre côté, ce
sont des gars qui m'ont écrit pour dire qu'ils avaient attendu 16
ans.
M. Bertrand (Missisquoi): Vaut mieux tard que jamais.
M. Johnson: Est-ce qu'ils se sont repris depuis?
M. Hamel (Saint-Maurice): Je l'ignore.
M. Bellemare: Voulez-vous qu'on vous donne des noms?
M. Johnson: L'ignorance sera toujours la meilleure excuse dans le cas du
ministre, mais c'est la seule qu'on croit. Quand il plaide ignorance, on le
croit tout le temps. C'est une excuse qui lui va bien.
M. Hamel (Saint-Maurice): On m'a toujours accusé de ça, M.
le Président. À un moment donné, le premier ministre du
temps m'avait accusé de ça. Il avait dit: "Le
député de Saint-Maurice est membre du Barreau, mais il n'est pas
avocat, il ne connaît rien." Alors, à un moment donné, j'ai
apporté un photostat de mon diplôme universitaire; c'était
marqué dessus: Attendu que M. René Hamel a suivi les cours,
attendu qu'il s'est démontré d'un caractère capable de
remplir ces fonctions-là, d'une grande science, attendu tout ça,
nous déclarons que René Hamel est membre du Barreau. Signé
Maurice L. Duplessis.
M. Johnson: C'était une signature estampée?
M. Lesage: Non, non, non, pas estampée. Le bâtonnier signe
à la main.
M. Hamel (Saint-Maurice): En plus de ça, M. le Président,
il y avait...
M. Johnson: La seule erreur que M. Duplessis n'ait jamais admise de sa
vie, c'est celle-là, c'est d'avoir ce diplôme-là, M. le
Président.
M. Hamel (Saint-Maurice): En plus de ça, M. le Président,
il y avait un autre ministre du cabinet, M. Rivard, qui a dit: Étant
donné que le député de - non, pas dans le temps - mais que
l'élève Hamel était le meilleur en procédures
pratiques et en stratégie, je lui donne mon prix. Ce sont les
références que j'ai données au premier ministre quand j'ai
été nommé stratège.
M. Gabias: C'était dans le temps où le ministre faisait
partie de l'Union Nationale.
M. Bellemare: C'est quand M. Lapalme a été absent pour un
an.
M. Johnson: Il fallait que le premier ministre fût bien chanceux
pour arriver au pouvoir malgré le stratège qu'il y avait en
Chambre à ce moment-là. Et on sait que Jeanne d'Arc - comment
est-ce qu'elle s'appelle? Mme Côté, là - Mme
Côté-Mercier l'avait mis dehors du Crédit social, elle n'en
voulait plus comme stratège. Il a perdu sa position.
M. Bellemare: La concurrence. M. Johnson: C'était en 1956.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté?
M. Johnson: Non. Le premier ministre devrait étudier ce
problème ou le faire étudier. Il s'agirait de directives qui
seraient données par la Chambre, au moins par le cabinet, qui seraient
publiques et comprises dans des arrêtés ministériels afin
que la politique soit claire.
M. Lesage: Ce n'est pas la fonction de la Chambre, pas du tout.
L'administration, ce n'est pas la fonction de la Chambre...
M. Johnson: M. le Président...
M. Lesage: Il y a le comité des comptes publics.
M. Johnson: ...la surveillance des achats, la surveillance des contrats,
la
surveillance de la dépense des fonds publics, c'est la
responsabilité de la Chambre.
M. Lesage: Oui, mais pas de donner des directives quant à
l'administration.
M. Johnson: M. le Président, il faudrait tout de même, dans
le climat actuel, que ces achats se fassent selon des directives qui sont
connues...
M. Lesage: C'est ça qui arrive.
M. Johnson: ...publiques afin qu'il n'y ait pas de soupçons
inutiles que d'autres motifs que des motifs d'affaires ordinaires entrent en
ligne de compte.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté?
M. Johnson: C'est une manière bien polie, M. le Président,
de vous dire qu'il faudrait mettre fin à certains soupçons et
c'est une manière polie de vous dire qu'il en existe beaucoup quant au
patronage dans ce service.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition a toujours été un
soupçonneux.
M. Johnson: Ah, c'est épouvantable comme je vois clair! On est
tellement plus heureux quand on ne voit pas clair, M. le Président, mais
moi, je vois clair.
Alors, l'article 4, Commission du service civil.
Commission du service civil
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 3, adopté. Article 4, Commission du service civil?
M. Johnson: Qui est le président de la Commission du service
civil, M. le Président?
M. Lesage: Il n'y en a pas.
M. Johnson: On n'a même pas un président! Est-ce qu'on
songe à reprendre M. Laforce qui a été président
pendant longtemps?
M. Lesage: Dieu m'en garde!
M. Johnson: Au moins, M. le Président, on avait un
président, nous autres, dans ce temps-là, à la Commission
du service civil. M. le Président, c'est peut-être la plus grande
déception.
M. Lesage: Vous aviez un président qui avait une estampe,
monsieur, puis il estempait à la journée.
M. Johnson: Non, mais là, on n'a même pas un
président.
M. Lesage: On a deux comités.
M. Johnson: Qui est-ce qu'on a à la Commission du service
civil?
M. Lesage: On a M. Levasseur et le Dr Fauteux comme commissaires.
M. Johnson: Le docteur?
M. Lesage: Fauteux, Aimé Fauteux.
M. Johnson: Aimé Fauteux. Qui est-il, le Dr Fauteux?
M. Lesage: C'est le frère de l'ancien gouverneur
décédé.
M. Johnson: Est-ce un médecin vétérinaire, un
dentiste ou un médecin?
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs.
M. Hamel (Saint-Maurice): Le ministre du Travail doit connaître
ça, lui.
M. Lesage: Si le chef de l'Opposition a une dent contre lui, il peut
aller le voir.
M. Johnson: Est-ce le même qui avait été à
une convention?
M. Lesage: Pardon?
M. Couturier: Le chef de l'Opposition sait tout ça.
M. Johnson: Ah oui. Est-ce qu'il a été nommé
à la suite d'un concours? Mais à part le Dr Fauteux et M.
Levasseur qui a beaucoup d'expérience, il y a un secrétaire. Qui
est-il?
M. Lesage: Évidemment qu'il doit avoir une secrétaire! Ce
n'est pas lui qui tape les lettres qu'il écrit. Je ne le pense pas.
M. Johnson: Un secrétaire de la commission.
M. Lesage: Un secrétaire. Mais c'est lui, M. Dion, ici à
mes côtés, à ma gauche.
M. Johnson: Monsieur?
M. Lesage: Dion.
M. Johnson: Dion. Quel est le salaire du Dr Fauteux?
M. Lesage: $13,500.
M. Johnson: M. Levasseur? M. Lesage: $13,500.
M. Johnson: Même salaire? Quel était le salaire de M.
Rémillard?
M. Lesage: $14,000.
M. Johnson: Le premier ministre est-il satisfait de la Commission du
service civil telle qu'elle est?
M. Lesage: Non.
M. Johnson: Est-ce qu'il la considère efficace, organisée
à son goût?
M. Lesage: Non. Non à toutes les questions.
M. Johnson: Qu'est-ce qu'il attend?
M. Lesage: La fin de la session, comme je l'ai dit.
M. Johnson: Est-ce que ce n'est pas l'un des problèmes des plus
importants?
M. Lesage: C'est le premier problème dont je dois m'occuper
aussitôt la session terminée. Je ne suis pas satisfait.
M. Johnson: Quels sont ses griefs vis-à-vis de la Commission du
service civil?
M. Lesage: Bien, ça, c'est de l'administration, je ne suis pas
pour commencer... Je dis que j'ai des griefs. Je ne suis pas satisfait de la
façon dont la commission dans l'ensemble fonctionne. Je ne suis pas
satisfait de certaines difficultés qui existent au point de vue de
différences de caractères. Je ne suis pas satisfait, non plus,
comment diriez-vous, de la pyramide, de la structure elle-même, de
l'organisation, de l'administration de la Commission du service civil. J'ai eu
un rapport préliminaire d'enquêteurs à qui j'ai
demandé d'examiner la situation. C'est une question bien
compliquée, difficile, à laquelle je dois m'attacher
aussitôt la session finie. C'est ce qui presse le plus. Non seulement
ça, mais aussi je veux étudier toutes les relations entre le
gouvernement et ses employés d'une façon générale.
Je ne peux pas en dire plus. Je confesse bien franchement que je dois me mettre
à l'oeuvre pour essayer de la réformer et aussi de créer
un climat de confiance entre la Commission du service civil et les
employés civils.
M. Gabias: Une vraie usine de patronage.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 4, adopté?
Une voix: Adopté.
Conseil d'orientation économique
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article a, adopté. Article 5, Conseil d'orientation
économique.
M. Johnson: $195,000 à $399,200.
M. Lesage: Pardon, excusez-moi.
M. Johnson: Conseil d'orientation économique.
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: Il y a là une augmentation.
M. Lesage: Oui, considérable; c'est la planification.
M. Johnson: Le premier ministre voudrait peut-être nous dire
comment c'est organisé ou comment il a l'intention d'organiser cela.
C'est un peu flou dans l'opinion publique.
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: Il y a deux ans, on a commencé par un noyau.
M. Lesage: J'ai dit tout ça dans le discours du budget.
M. Johnson: Ensuite, il y a eu M. Joubert.
M. Lesage: J'ai dit ça dans le discours du budget.
M. Johnson: Oui, mais ce n'est pas tout le monde qui a le goût de
lire ce discours-là, vous savez.
M. Lesage: Hein?
M. Johnson: Ce n'est pas tout le monde qui a le goût de lire ce
discours-là.
M. Hamel (Saint-Maurice): Il a pourtant une grande diffusion.
M. Johnson: Ce ne sera pas un "best-seller".
M. Lesage: Non, il est très populaire, beaucoup le demandent.
M. Johnson: Ah oui. Beaucoup le demandent.
M. Lesage: Beaucoup le demandent dans la province et à
l'extérieur de la province.
Une voix: Certainement,
M. Johnson: Non?
M. Lesage: Même aux États-Unis.
M. Johnson: Ah! C'est bien.
M. Gabias: Quelle humilité!
M. Johnson: Tant mieux. Alors, ce montant additionnel de $200,000,
qu'est-ce qu'on a l'intention de faire avec?
M. Lesage: Je l'ai dit, de la planification.
M. Johnson: Non, mais encore?
M. Lesage: Pour en arriver au plan 1, tel qu'exposé dans le
discours du budget.
M. Johnson: D'abord, M. le Président, le Conseil d'orientation
économique répond à qui directement? Au premier
ministre?
M. Lesage: C'est pour la constitution de l'équipe qui
prépare la planification.
M. Johnson: D'accord, le premier ministre est le ministre responsable ou
à qui le Conseil d'orientation économique répond
directement.
M. Lesage: C'est ça, directement.
M. Johnson: D'accord. Le comité interdépartemental n'est
qu'un...
M. Lesage: C'est en vue de la planification. Ce sont les ministres qui
s'occupent plus particulièrement du domaine, évidemment, de nos
richesses naturelles et du commerce et de l'industrie qui travaillent de
concert. Il y a des réunions fréquentes, toutes les semaines. Le
comité ministériel se réunit une fois par mois, mais nous
avons créé ce matin un comité interdépartemental de
fonctionnaires, c'est-à-dire que les sous-ministres ou les hauts
fonctionnaires de chacun des départements, présidés par
les ministres qui font partie du comité ministériel, vont se
rencontrer toutes les semaines avec les officiers et les économistes du
Conseil d'orientation économique pour voir de quelle façon les
documents de base peuvent être transposés en action en vue du
développement économique régional.
M. Johnson: Quelle est la chaîne d'autorité? La
chaîne d'autorité, c'est directement le premier ministre?
M. Lesage: C'est ça, mais, comme je l'ai dit hier, je
délègue beaucoup à mes ministres. Je ne pense pas que je
puis tout mener. Pardon?
M. Johnson: Cela, c'est une grande nouvelle.
M. Lesage: Bien, au lieu de le dire moi-même, je vais laisser le
ministre de l'Industrie et du Commerce le dire pour moi; ça a l'air
qu'on ne veut pas me croire, alors,
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs'.
M. Levesque (Bonaventure): Simplement pour ajouter quelques
détails concernant cet organisme-là, nous avons cru qu'il serait
opportun de former un comité ministériel afin d'assurer une plus
grande coordination et, en même temps, un apport plus complet des
ministères plus directement concernés, surtout les
ministères qui s'occupent du domaine des ressources et de leur
exploitation. Ainsi, au comité ministériel siègent le
ministre des Richesses naturelles, le ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation, le ministre des Terres et Forêts, celui de l'Industrie et
du Commerce, etc.
M. Johnson: Le premier ministre?
M. Levesque (Bonaventure): Le premier ministre, évidemment, de
qui relève le Conseil d'orientation économique ne siège
pas. Évidemment, lorsque nous le faisons, nous le faisons simplement
dans ce but de coordination et, en même temps, d'une étude de
concert avec les officiers du Conseil d'orientation économique. Quant
à la nouvelle formation dont vient de parler le premier ministre, il
s'agit de réunions plus fréquentes et ceci au niveau des
sous-ministres et des officiers supérieurs.
M. Johnson: M. le Président, je m'excuse, mais ce n'est pas le
mandat que le ministre a reçu du premier ministre. Je mettais en doute
que le premier ministre déléguât ses pouvoirs et ses
responsabilités, et il a dit: Si vous ne me croyez pas, demandez-le
à un autre, l'autre va parler. Or, il n'a rien dit encore.
M. Levesque (Bonaventure): Attendez.
M. Johnson: Je ne voudrais pas qu'il fasse un oubli terrible.
M. Bellemare: Il ne vous a pas vanté comme Bona.
M. Lesage: Non, non, je ne lui a pas demandé ça, non
plus.
M. Johnson: Non, ce comité, par exemple, pour les pensions
transportables?
M. Lesage: Pour renseigner le chef de l'Opposition complètement
sur le Conseil d'orientation économique, je vais lui faire envoyer par
le greffier adjoint deux brochures qui ont déjà été
déposées sur la table et qui donnent tous les renseignements et
toutes les réponses aux questions qu'il pose présentement.
M. Johnson: Il y a longtemps que je cherchais des copies additionnelles,
je remercie le premier ministre. Alors, le comité qui étudie les
pensions transportables dépend-il du Conseil d'orientation
économique ou du premier ministre?
M. Lesage: Le comité qui, au Conseil d'orientation
économique, a étudié un aspect des pensions
transportables, l'aspect économique et financier, était
présidé par M. Joubert; il était composé de MM.
Jacques Parizeau, Yves Dubé, Claude Morin, c'est le sous-ministre,
Michel Bélanger, économiste au ministère des Richesses
naturelles et Jean-Baptiste Bergevin qui est sous-ministre adjoint à
l'Industrie et au Commerce.
M. Johnson: Alors, ce comité de M. Wheeler Dupont, il se rapporte
à qui, celui-là?
M. Lesage: C'est tout à moi, ça.
M. Johnson: Au premier ministre encore?
M. Lesage: Oui, oui; c'est à moi qu'ils se rapportent tous.
M. Gabias: Quand ils ne se rapportent pas, ils sont appelés.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 5, adopté?
M. Bertrand (Missisquoi): Ce rapport-là, est-ce qu'on pourrait en
avoir des copies, tous les députés?
M. Lesage: Oui, oui, mais ils ont dû les distribuer.
M. Bertrand (Missisquoi): Non, non, on n'en a pas eu.
M. Lesage: On a seulement à en demander chez l'Imprimeur de la
reine.
M. Bertrand (Missisquoi): Envoyez-en donc aux députés.
M. Lesage: En Chambre, demain après-midi, à 14 h 30,
très bien.
Commission d'aménagement de
Québec
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 5, adopté. Article 6, Commission d'aménagement de
Québec, y compris les subventions, $646,000?
M. Johnson: Y a-t-il un montant additionnel dans le budget
supplémentaire?
M. Lesage: Oui, la photogrammétrie.
M. Johnson: Ce qui fait un total de $800,000?
M. Lesage: Oui, l'autre jour, j'ai lu la lettre du maire.
M. Johnson: Oui, oui, d'accord. Alors, qu'est-ce qu'on va faire à
la Commission d'aménagement de Québec avec tout cet
argent-là?
M. Lesage: Bien, c'est tout dit dans les estimations. Je vais vous
résumer ça dans pas grand temps. Si l'on veut prendre les
subventions pour la construction du boulevard Champlain, puis, dans les
immobilisations, plus loin, il y a $500,000. J'ai la liste ici des maisons
achetées, sur la rue Sainte-Julie et sur la rue d'Artigny pour le
dégagement des édifices parlementaires et l'élargissement
du boulevard Saint-Cyrille. Et puis, on prépare des plans pour une
cité parlementaire éventuelle. Pour le dégagement de la
rue Saint-Cyrille, cela se fait conjointement avec les autorités de la
ville.
M. Johnson: Le président est M. Boulanger?
M. Lesage: Le président est M. Boulanger et les membres sont M.
l'architecte Desmeules.
M. Johnson: Qui?
M. Lesage: Desmeules, le maire de Sainte-Foy, le maire de la ville de
Québec et le président de la Chambre de commerce qui est, cette
année, le brigadier Gagnon.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 6, adopté?
M. Boudreau: M. le Président, cette Commission
d'aménagement de Québec siège
régulièrement?
M. Lesage: Bien sûr. Elle a siégé ce matin, me dit
le secrétaire. C'est M. Couture qui est le secrétaire.
M. Boudreau: Est-ce que cette commission-là siège ici au
parlement?
M. Lesage: Ils siègent dans l'édifice qu'ils occupent; ils
ont acheté un maison au 51 d'Auteuil et les bureaux de la commission
d'aménagement y sont aménagés.
M. Boudreau: Ah bon! Maintenant, est-ce que tous les officiers, les
membres de cette commission-là sont à salaire?
M. Lesage: M. Boulanger et M. Desmeules.
M. Boudreau: Il y a deux salaires.
M. Lesage: Et le secrétaire de M. Couture a un salaire nominal
parce qu'il est déjà à mon bureau, au
secrétariat.
M. Boudreau: Maintenant, est-ce que l'aménagement est fait?
M. Lesage: M. Couture est en même temps au secrétariat de
l'exécutif, il est chef du protocole et il assume également les
fonctions de secrétaire de la Commission d'aménagement.
M. Boudreau: Bon. Eux autres ne sont pas à salaire; il y a deux
salaires seulement.
M. Lesage: Oui, mais M. Couture est à salaire, à part le
président et le vice-président. Le président de la Chambre
de commerce, le maire de Québec et le maire de Sainte-Foy ne sont pas
à salaire.
M. Boudreau: Maintenant, est-ce que tous les aménagements sont
faits avec des directives venant des villes intéressées? Vous
parlez de la ville de Sainte-Foy.
M. Lesage: Il n'y en a pas eu encore. On est allé au plus
pressé depuis le début; il y a un plan d'ensemble,
M. Boudreau: Il y a un plan d'ensemble; vous avez parlé de
subventions pour le boulevard Champlain tout à l'heure.
M. Lesage: Oui.
M. Boudreau: Évidemment, ce n'est pas fini, cette
affaire-là?
M. Lesage: Eh bien, elle est finie jusque - je pense que ça va
être fini cette année - dans les limites de la ville et là,
nous commencerons dans les limites de Sillery. Nous allons tenter de nous
entendre avec la ville de Sillery pour...
M. Boudreau: Il y aurait des ententes faites avec les villes
intéressées?
M. Lesage: On va essayer pour l'an prochain, pour continuer le
boulevard. Champlain jusqu'au pont de Québec. Mais dans Sillery, c'est
difficile à cause des réservoirs d'huile et de gazoline.
M. Boudreau: Mais de l'autre côté, du côté
est, est-ce qu'on va aller jusqu'à Beauport aussi, jusqu'au pont de
l'île?
M. Lesage: On n'est pas rendu là encore, on commence par la
cité parlementaire.
M. Bellemare: M. le Président, juste une question.
M. Lesage: Oui, mais quand nous allons avoir des résultats de la
photogrammétrie, ça va aider beaucoup au développement sur
une plus vaste échelle.
M. Bellemare: M. le Président, dans les comptes publics de cette
année, à la page 225, il y a un compte pour un M. Fiset.
M. Lesage: Oui, un architecte.
M. Bellemare: $12,000.
M. Lesage: Oui, oui. C'est lui qui, à honoraires, a
été chargé par la commission de préparer tous les
plans.
M. Bellemare: Un M. Desrivières.
M. Lesage: M. Desrivières, eh bien, c'est le procureur, l'avocat.
C'est un conseiller juridique, évidemment, pour les expropriations.
M. Bellemare: M. Boulanger a le même salaire, $9,000?
M. Lesage: Non, il a $14,000, je crois. Tous les officiers
supérieurs du gouvernement ont été augmentés autour
du 1er avril ou du 1er mai.
M. Bellemare: M. Desmeules qui est là avait $7,400, $7,500?
M. Lesage: C'est parce que c'est seulement une partie de l'année;
ils sont entrés en fonction...
M. Bellemare: Quel est le salaire de M. Desmeules?
M. Lesage: $12,000.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 6, adopté. Article 7, subventions, $275,000?
Une voix: Adopté.
M. Bédard (président du comité des
subsides): Adopté.
M. Bellemare: J'avais demandé au premier ministre, l'année
passée, s'il avait pensé aux fameuses gardes paroissiales. Il
avait dit: C'est dur, je verrai à augmenter probablement le montant.
M. Lesage: Oui, on a donné $1,000, puis on a donné $500
pour Sherbrooke parce qu'elle a organisé la convention annuelle.
M. Bellemare: Non, c'est à Granby, au mois d'août, les 2 et
3 août. La subvention pour les gardes paroissiales, cette année,
est de quel montant?
M. Lesage: On a envoyé $1,000. On ne les a pas envoyés
depuis le 1er avril, mais on les a envoyés.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté.
M. Lesage: M. Larue me dit qu'ils ont déjà
été envoyés.
M. Bellemare: Pour le congrès?
M. Lesage: Oui.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 8, réceptions, $50,000?
M. Lesage: Je peux donner une idée. M. Bellemare: Non, cela
va.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 8, adopté.
M. Lesage: C'est quand on reçoit des grands personnages.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 9, contribution au coût de l'édifice
commémoratif...
M. Johnson: Je voudrais en profiter pour dire que le premier ministre a
eu la main heureuse en confiant ça à un homme qui fait ça
parfaitement, les réceptions, parfaitement.
M. Hamel (Saint-Maurice): Vous ne l'avez pas apprécié
beaucoup du temps où vous étiez là.
M. Johnson: Pourquoi gâter des belles affaires?
M. Bellemare: C'est-y désagréable quand il se prend pour
un autre.
Édifice des Pères de la
Confédération à Charlottetown
M. Bédard (président du comité des subsides):À l'ordre, messieurs. Article 9, contribution au coût de
l'édifice commémoratif des Pères de la
Confédération à Charlottetown, $603,700.
M. Johnson: Ah, qu'est-ce que c'est donc ça? C'est une partie
d'un montant total de combien?
M. Lesage: C'est à peu près $5 millions.
M. Johnson: $5 millions.
M. Lesage: Pour le coût total. C'est $800,000 pour la
province.
M. Johnson: Contribution totale de la province?
M. Lesage: À peu près $800,000. $804,000.
M. Johnson: Le premier ministre n'oublie pas, j'espère.
M. Lesage: Non, je n'oublie rien. Nous en avons causé au Conseil
des ministres ce matin.
M. Johnson: J'espère qu'il vendra l'idée à ses
collègues des autres provinces...
M. Lesage: Bien oui.
M. Johnson: ... qu'il en profitera pour le faire...
M. Lesage: Je vais en profiter à la conférence
interprovinciale.
M. Johnson: ... lors de la conférence fédérale.
M. Lesage: Non, pas fédérale.
M. Johnson: C'est réellement Québec qui est le berceau de
la Confédération.
M. Lesage: Bien, mettez-moi pas dans une situation difficile.
M. Johnson: C'est réellement ici que les résolutions ont
été...
M. Lesage: Bien, elles ont commencé ici, mais elles ont
été...
M. Johnson: Terminées à Londres?
M. Lesage: Non, non. Rédigées à Charlottetown.
M. Johnson: M. le Président, à tout
événement, ça reste la responsabilité du
premier ministre qui, par un heureux hasard, est en même temps
ministre des Affaires fédérales-provinciales. Cumulant les deux
fonctions, il pourra certainement être un interprète
éloquent.
Étude sur la possibilité
d'établir une industrie
sidérurgique
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 9, adopté. Article 10, étude sur la possibilité
d'établir une industrie sidérurgique?
M. Johnson: Est-ce qu'on peut dire que ça approche, M. le
Président?
M. Lesage: J'ai dit qu'on attendait le rapport de rentabilité
vers la fin de septembre ou du mois d'octobre. D'ici ce temps-là, je ne
peux rien dire.
M. Johnson: Une affaire considérable de même, on sait bien
que ça peut prendre du temps à s'élaborer, mais il y a
longtemps que c'était élaboré dans l'esprit du chef de
l'Opposition.
M. Lesage: Bien, le baron Coppée m'a dit qu'il était
convaincu... Lorsque je suis allé en Belgique, je l'ai rencontré
avec des ingénieurs belges, parce qu'il y a un bureau
d'ingénieurs belges, Coppée. Il y a Tamiron, un bureau
français. Comment s'appelle le bureau de Montréal? Asselin,
Benoît, etc. Le baron Coppée était entouré de ses
ingénieurs. Je lui ai posé des questions et il semble bien que
c'est encourageant. Dès ce moment-là, qui était le milieu
de mai, il m'a dit qu'il était pas mal convaincu qu'on devrait avoir le
rapport à la fin de septembre, début d'octobre.
M. Johnson: Qui est le baron Coppée?
M. Lesage: Le baron Coppée, c'est le chef du bureau
d'ingénieurs Coppée, spécialistes.
M. Gabias: Est-ce qu'il est parent avec François?
M. Lesage: Je le lui ai demandé. Ce n'est pas parent. Il a dit:
Peut-être de très loin.
M. Gabias: C'est vrai que c'est un auteur qui a déjà
été joué.
M. Johnson: On sait que c'était une des promesses de
l'élection de 1960. On sait que c'est un projet qui est
extrêmement sympathique à tout le monde, en dehors des lignes de
parti.
M. Lesage: Et encore ne faut-il pas se tromper.
M. Johnson: L'Union Nationale, entre autres, y attache beaucoup
d'importance, M. le Président. Maintenant, nous ne pouvons faire autre
chose que stimuler le gouvernement dans ses études. Il y a
déjà trois ans, tout de même, que les libéraux ont
pris le pouvoir et il y avait des études qui, antérieurement,
avait été préparées par d'autres bureaux. Ce n'est
pas un problème nouveau; il avait été examiné sous
toutes ses facettes par d'autres personnes compétentes avant
l'arrivée du gouvernement actuel. Je ne sais pas pourquoi on a pris
trois ans. Je ne sais pas si on l'aura l'an prochain, mais tout ce que nous
pouvons souhaiter, c'est que le premier ministre stimule ceux qui ont la
responsabilité de faire composer ce rapport à le déposer.
Je sais que le sous-ministre des Richesses naturelles doit avoir une
responsabilité dans ce domaine-là, une responsabilité
directive. Officiellement, je lui demande, par l'intermédiaire du
premier ministre, de stimuler ces études afin qu'on en arrive le plus
tôt possible à établir si, oui ou non, on doit avoir une
industrie sidérurgique qui nous était déjà
annoncée dans le discours plein d'enthousiasme du proposeur de l'adresse
à la session de 1961. Le député de Chambly, M. le
Président, était certain que ça nous arriverait dans deux,
trois ou quatre mois.
M. Dozois: C'est le lendemain qu'on aurait ça.
M. Johnson: Il y a de ces lendemains qui tardent à venir et
j'aimerais savoir du premier ministre s'il croit que le rapport sera prêt
à temps pour la prochaine session.
M. Lesage: Je viens de le dire. J'ai dit que le baron Coppée
lui-même m'avait dit qu'il était convaincu que nous l'aurions
à la fin de septembre, commencement d'octobre. Je ne peux pas le tenir
d'une autre personne; je le tiens d'une conversation personnelle avec lui.
Voyez-vous, il y a un comité ministériel dans la
sidérurgie, il y a un comité interdépartemental sous la
présidence du Dr Auger, le sous-ministre des Richesses naturelles, et
dont sont membres M. Bergevin, sous-ministre adjoint à l'Industrie et au
Commerce, et M. Michel Bélanger, économiste aux Richesses
naturelles.
M. Johnson: Quand le premier ministre est allé en Belgique,
là, est-ce que c'était pour la sidérurgie?
M. Lesage: Bien, c'était une des raisons.
M. Johnson: Une des raisons.
M. Lesage: J'étais l'invité de M. Brasseur, le ministre du
Commerce.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 10, adopté?
M. Johnson: Non, est-ce que le premier ministre...
M. Lesage: Nous avons discuté de bien d'autres choses que de la
sidérurgie, c'est évident.
M. Johnson: Au sujet des usines qu'a annoncées le ministre
là, je ne sais pas si ça tombe ici ou au Conseil d'orientation
économique...
M. Lesage: Quelles usines?
M. Johnson: De la possibilité d'usines d'automobiles
annoncées par le ministre.
M. Lesage: Ah, c'était à l'Industrie et au Commerce, dans
le temps.
M. Johnson: Ah bon. Est-ce qu'il s'agit des mêmes usines dans la
déclaration de Son Excellence l'ambassadeur de France et dans la
déclaration du ministre de l'Industrie et du Commerce?
M. Lesage: Oui.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 10, adopté.
Article 11, Commission royale d'enquête sur les sources de
revenus, $75,000?
M. Johnson: Est-ce qu'elle a commencé à siéger?
M. Lesage: Non, pas à siéger; ils sont dans la
période d'organisation.
M. Johnson: Est-ce qu'elle fera des séances publiques?
M. Lesage: Oui, définitivement. M. Johnson: Bon, à
l'automne.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 11, adopté. Article 12, honoraires, frais juridiques et autres
dépenses, $75,000?
M. Johnson: Ce sont les honoraires de qui, ça, M. le
Président?
M. Lesage: Ah, de bien du monde. Il y a M. Pigeon; il y a un architecte,
Blatter; un comité à qui j'ai demandé d'examiner les plans
de certains édifices pour voir s'il n'y aurait pas moyen d'enlever ce
que j'appelle des fanfreluches pour que ça coûte meilleur
marché pour construire; il y a la Commission royale d'enquête sur
le système bancaire et financier. Il a fallu présenter un
mémoire. Nous avons eu recours aux services de M. Maurice Payette, de M.
Jacques Saint-Laurent, de M. J.C. Weldon. Nous avons fait faire des recherches
par M. Marcel Bélanger sur les placements des caisses populaires. J'ai
dit tout à l'heure que M. Claude Morin était conseiller
économique du Conseil exécutif à honoraires; ses
honoraires sont compris. C'est à peu près ça.
Évidemment, il y a les dépenses de voyage de M. Lechasseur quand
il est allé à Dieppe pour représenter la province.
Une voix: Est-il encore à Dieppe?
M. Lesage: Non, non. Je ne sais pas s'il est à la diète;
ça n'a pas l'air.
M. Gabias: C'est parce qu'il est rendu invisible.
M. Lesage: Il a maigri, oui. Non, non, il est allé à une
réunion du Commonwealth Parliamentary Association. Non. Je ne sais pas
où il est.
M. Bertrand (Missisquoi): Il est au repos.
M. Lesage: Il est à Londres pour le ministère de
l'Agriculture. Je savais qu'il était en voyage officiel.
M. Johnson: C'est le grand voyageur.
M. Gabias: Son comté le porte à ça,
Madeleine-de-Verchères.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 13, achat de terrains, construction et aménagement
d'immeubles?
M. Lesage: C'est ce que j'ai expliqué tout à l'heure pour
les maisons de la rue Sainte-Julie.
M. Bédard (président du comité des subsides): M. le
Président, le comité a adopté toutes les
résolutions.
M. le Président: La permission de siéger à nouveau,
elle?
M. Bédard (président du comité des subsides): Et il
vous demande la permission de ne pas siéger avant longtemps.
M. le Président: On va siéger à la prochaine
séance?
Bill no 65 Première et deuxième
lecture
M. Lesage: M. le Président, je propose la première et la
deuxième lecture du bill 65, Loi octroyant à Sa Majesté
des deniers requis pour les dépenses de l'année financière
se terminant le 31 mars 1964.
M. le Président: Cette motion sera-t-elle adoptée?
Adopté.
M. Lesage: M. le Président, je propose que la Chambre se forme en
comité des voies et moyens.
M. le Président: Adopté.
M. Lesage: Troisième lecture, M. le Président.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
BILL no 66 Première et deuxième
lecture
M. Lesage: M. le Président, je propose la première et la
deuxième lecture du bill 66 - ça, c'est les crédits
supplémentaires - Loi octroyant à Sa Majesté des deniers
requis pour les dépenses du gouvernement pour l'année
financière se terminant le 31 mars 1964 et pour d'autres fins du service
public.
M. le Président: La motion sera-t-elle adoptée?
Première lecture et deuxième lecture, voies et moyens,
adopté.
M. Lesage: Troisième lecture.
Troisième lecture
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill.
Travaux de la Chambre
M. Lesage: M. le Président, il nous reste, pour demain
après-midi et demain soir, trois projets de loi, ceux qui ont
été lus en première lecture aujourd'hui.
M. Bertrand (Missisquoi): Par lequel commencez-vous?
M. Lesage: Celui que vous voudrez.
M. Bertrand (Missisquoi): On va dire qu'on va finir avec les
indemnités.
M. Lesage: Je suis prêt. Pardon?
M. Gabias Le premier ministre demande de commencer par celui que l'on
voudra; je dis qu'on garde l'offre pour l'an prochain.
M. Lesage: Cela dépend des circonstances. Alors, ajourné
à demain, 2 h 30. Comptes publics, ce soir, à 8 h 15.
M. le Président: Trois heures? Des voix: Trois heures.
M. Lesage: Trois heures, c'est assez. Très bien.
M. le Président: Adopté. La Chambre est ajournée
à demain après-midi, 3 heures.