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(Dix heures et demie de l'avant-midi)
M. le Président: Qu'on ouvre les portes. Let the doors be
opened.
À l'ordre messieursl Affaires courantes.
Présentation de pétitions.
Lecture et réception de pétitions.
Présentation de rapports de comités élus.
Présentation de motions non annoncées.
Présentation de bills privés.
Présentation de bills publics.
QUESTIONS ORALES DES DÉPUTÉS
Modifications à la Loi des accidents du
travail
M. Bellemare: M. le Président, le discours du trône nous
annonçait des modifications très importantes à la Loi des
accidents du travail afin de la rendre plus généreuse envers les
accidentés. On est à la fin de la session, je ne sais pas si
l'honorable premier ministre a des nouvelles du ministre du Travail, s'il doit
apporter une loi quelconque touchant ce passage du discours du trône. Si
une loi doit être présentée, si c'est dans la
dernière journée, je n'aurai peut-être pas le temps de la
regarder trop trop.
M. Lesage: M. le Président, j'ai initiale il y a quelques
instants le texte dactylographié.
M. Bellemare: Ah bon, est-ce qu'il y en a plusieurs?
M. Lesage: Il y a dix-sept articles. M. Bellemare: Dix-sept! M. le
Président: Affaires du jour. Projets de loi à venir
M. Johnson: M. le Président, on voit à l'appendice que
deux lois nous arriveront en première lecture à la prochaine
séance. La loi concernant les permis de taxi dans la ville de
Montréal.
M. Lesage: On sait qu'il faut la passer.
M. Johnson: Et une loi concernant les commissions scolaires
régionales. Celle-là, je ne l'attendais pas.
M. Lesage: Bien, ce ne sont pas des...
M. Johnson: Ce que je voulais demander au premier ministre avec le
consentement de la Chambre, nous serions prêts à les adopter en
première lecture si on pouvait avoir les textes pour la fin de semaine
afin d'être prêts lundi...
M. Lesage: Malheureusement, j'ai posé la même question
hier. J'ai demandé aux officiers de la Législature s'il y avait
moyen d'avoir les textes pour la fin de semaine. Ils m'ont dit non. S'il y
avait eu moyen de les avoir, j'étais prêt à donner avis
hier. Si j'ai donné avis aujourd'hui, c'est parce que les officiers
m'ont dit que nous ne pourrions avoir les textes que lundi.
M. Bellemare: Et les accidents du travail.
M. Lesage: Ah! les accidents du travail, nous ne l'aurons pas lundi. Il
va paraître en appendice lundi. Il reste, en dehors des deux bills qui
apparaissent ici, deux projets de loi, celui des accidents du travail et celui
modifiant la Loi de la Législature.
Fonds municipal
M. Johnson: Les journaux nous ont donné de bonnes nouvelles selon
lesquelles le premier ministre du Canada avait tenu une assemblée de son
cabinet et je demande si, à la suite de cette réunion du cabinet
à sa résidence d'été, le premier ministre a
reçu des nouvelles ou une réponse a sa lettre du 7 juin
concernant toujours le même problème des fonds municipaux.
M. Lesage: M. le Président, je n'ai pas eu le temps d'aller
à mon bureau ce matin. Je suis arrivé à 8 h 30 et
immédiatement il y a eu une séance du comité de
législation, une séance du Conseil des ministres qui se poursuit,
comme on le voit, parce que les membres du Conseil des ministres ne sont pas en
Chambre et je dois y retourner à l'instant. Alors, aussitôt que
j'aurai vu ma correspondance je donnerai une réponse au chef de
l'Opposition. Je n'ai rien, je regrette.
M. Johnson: Le ministre...
M. Lesage: À la fin d'une session, le chef de l'Opposition le
sait combien le premier ministre et leader de la Chambre est bousculé
par des travaux incessants qui ne lui donnent aucun répit. Alors, je
n'ai pas le temps de signer mes lettres, j'en ai signé quelques-unes en
Chambre hier, c'est tout ce
que j'ai pu faire. Je n'ai pas vu ma correspondance ce matin, je suis
débordé.
M. Johnson: M.. 1s Président, évidemment le premier
ministre sait bien que nous avons l'expérience des fins de session qui
sont terriblement taxantes pour le emier ministre et les membres du
comité de législation et il y a toujours quelques lois à
adopter.
M. Lesage: La législation, grâce à Dieu, c'est fini.
Je mettais le point final en initialant le bill des accidents du travail.
M. Bellemare: Je ne pourrais pas le voir avant.
M. Johnson: Moi, je me souviens, M. le Président, de ce qui
arrivait dans le passé.
M. Lesage: Pour ce qui est du bill des accidents du travail, je pense
que je n'aurais pas d'objection, je pense bien que je pourrais obtenir une
copie dactylographiée. C'est contraire au règlement mais je
pourrais certainement les passer.
M. Johnson: Le premier ministre me demande un souvenir de l'effort
additionnel qu'on ajoute à la fin d'une session.
M. Lesage: Pardon?
M. Bellemare: Cela, c'est un beau cadeau. Merci.
M. Lesage: Évidemment, il est entendu que si je donne à
certains députés des textes dactylographiés, je compte
bien que c'est sous le sceau du secret, de la confidence et non pas pour les
journaux.
M. Bellemare: Non, non. Merci, M. le premier ministre.
M. Johnson: Je voudrais que le premier ministre se souvienne quant
à lui des critiques que l'Opposition faisait du gouvernement qui nous
arrivait à la dernière minute avec des lois importantes. Alors
ça, c'est donnant, donnant...
M. Lesage: Bien la seule loi, oui, oui.
M. Johnson: ... et c'est pour ça que nous demandons le plus
tôt possible...
M. Lesage: Évidemment, la Loi des accidents du travail est assez
importante.
M. Johnson: La Loi concernant les commissions scolaires
régionales.
M. Lesage: Non, ça c'est très simple, c'est à peine
deux ou trois articles et c'est très simple et puis pour ce qui est de
la Loi de la Législature, c'est un peu compliqué, c'est
technique, c'est simplement technique. Il n'y a pas de bouleversement.
M. Dozois: Pas plus que ça.
M. Lesage: Ah bien! il y a de grandes nouvelles pour les
députés là-dedans.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Lesage: Numéro 31.
Bill no 68 Deuxième Lecture
M. le Président: M. Courcv propose la deuxième lecture du
bill no 68, Loi modifiant la Loi des produits agricoles.
M. Courcy: M. le Président, la Loi des produits agricoles
adoptée en 1935 par les lois 25 et 24 George V, chapitre 30,
sanctionnées le 18 mai 1935, n'a subi 3ucune modification depuis. Les
amendements suggérés concernent la fusion de trois lois et des
pouvoirs additionnels de réglementation au lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. Johnson: Je ne voudrais pas interrompre 1s ministre pour lui couper
son discours, mais s'il était d'accord, nous irions en comité
plénier et, pour lui dire tout ça, on voterait tout de suite sur
le principe et, en comité plénier, on lui poserait quelques
questions. Pas d'objection?
M. Courcy: C'est parce que je veux, M. le Président, expliquer
à la Chambre pourquoi nous amendons ces lois...
M. Bellemare: Vous pouvez le faire quand même en comité,
les articles...
M. le Président: Deuxième lecture adoptée?
M. Johnson: Adopté.
M. le Greffier-adjoint: Deuxième lecture de ce bill. Second
reading of this bill.
Comité plénier
M. le Président: M. Courcy propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme maintenant en comité
plénier pour étudier le bill 68. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté.
Une voix: Il n'y en a pas de discours en comité?
M. Johnson: On ne soulève pas de question de règlement
là-dessus.
Une voix: Non, non, pas de discours.
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill no 68. Article 1.
M. Alcide Courcy
M. Courcy: Comme je le mentionnais tout à l'heure, M. le
Président, on recommande la fusion de la Loi des conserves alimentaires,
de la Loi des tabacs et de la Loi des produits agricoles.
La Loi des conserves alimentaires date de 1932. Elle a été
adoptée par la loi 22, George V, chapitre 40, sanctionnée le 19
février 1932. Cette loi oblige les fabricants, pour fins de commerce,
à se procurer un permis du ministre de l'Agriculture et de la
Colonisation et elle permet au lieutenant-gouverneur en conseil de faire des
règlements pour fixer les conditions du permis, déterminer le
degré de qualité, le mode de préparation, la
classification, l'inspection des conserves alimentaires et des aliments
destinés à être mis en conserve ainsi que les diverses
capacités des contenants.
Les règlements pour les conserves alimentaires ont
été adoptés en 1932 et modifiés en 1935. La loi
concernant les tabacs a été adoptée en 1933 par la loi 23,
George V, chapitre 27, sanctionnée le 13 avril 1933. Cette
législation qui n'a jamais été appliquée permet au
lieutenant-gouverneur en conseil de faire des règlements ou de
déterminer les divers degrés de qualité, de modes de
préparation, la classification et l'inspection du tabac en feuille
auquel devrait se soumettre le manipulateur de tabac, c'est-à-dire
quiconque arrange, assortit, prépare ou vend du tabac pour fins de
commerce, exception faite du planteur qui vend sa production au manufacturier
et au commerçant faisant le commerce du gros du tabac.
Un texte uniquement pour le classement des produits agricoles fait
disparaître toute ambiguïté d'interprétation. Ainsi,
en 1943, on s'est demandé si le règlement sur la vente des
produits de l'érable, qui a été édicté en
vertu de la Loi des produits agricoles, ne relevait pas plutôt de la Loi
des conserves alimentaires, étant donné la définition de
l'expression "conserves alimentaires" dans cette loi. On prépare un
règlement sur le classement et la vente des produits laitiers.
Les produits laitiers comprennent en outre du beurre et du fromage, les
laits concentrés qui sont considérés comme conserves
alimentaires. Mais ne serait-il pas préférable que cette
réglementation relative au classement des produits laitiers
relève d'une même loi et non pas tantôt de la Loi des
produits agricoles et tantôt de la Loi des conserves alimentaires?
La même question se pose en ce qui concerne les fruits et
légumes suivant que ces produits agricoles seront vendus pour
consommation à l'état frais ou aux fins industrielles.
L'article 1, M. le Président, modifie la définition de
l'expression "produit agricole" en retranchant l'exception des conserves
alimentaires vu que les conserves alimentaires sont appelées à
être régies par la Loi des produits laitiers. Et si nous amenons,
M. le Président, des amendements a cette loi, c'est que, depuis
plusieurs années, différents organismes agricoles, le
Comité d'étude des producteurs de pommes de terre, la
Régie des marchés agricoles, le Comité d'étude de
la commercialisation des producteurs agricoles, dont faisaient partie des
représentants de l'UCC, la Coopérative
fédérée du Québec et du commerce en
général, les associations de marchands de fruits et de
légumes en gros de la province de Québec et autres plus
particulièrement dans la région du Bas-Saint-Laurent...
M. le Président, nous savons et c'est une anomalie de constater
que, chez nous dans la province de Québec, les produits qui sont
classés dans les autres provinces, soit l'Ontario, ou le
Nouveau-Brunswick, pour prendre comme exemple la patate du Nouveau-Brunswick,
la patate de l'Île-du-Prince-Edouard, des produits classés par
obligation entrent sur nos marchés et prennent la place de nos produits.
Et encore dernièrement, la semaine dernière, je recevais la
visite de commerçants de produits agricoles, de marchands en gros de
produits agricoles et ceux-ci me disaient qu'ils ne peuvent entrer sur le
marché avec un produit non classé. Ils ne peuvent entrer sur le
marché avec un produit mal empaqueté, ils ne entrer sur le
marché si réellement nous n'avons pas une loi, une loi qui oblige
nos producteurs à faire cette classification. Dans les plans conjoints,
nous avons, par le bill 13, apporté des modifications pour permettre aux
membres des plans conjoints, en fin de compte de réglementer, de
contrôler la production, de forcer les gens à produire ce qu'il
faut pour la vente, de ne pas produire à volonté. Mais ça,
c'est toujours libre, c'est la liberté des individus qui, par le plan
conjoint, déterminera, par exemple, la production de tel produit en
particulier.
Avec la loi de classification qui réellement devra, à
notre point de vue, rendre plus accessible au consommateur un produit de
meilleure qualité, nous croyons sincèrement que nous pourrons
reprendre nos marchés, que nous pourrons entrer sur les marchés
de la province de Québec, parce que ce qui se produit actuellement, tout
le monde le sait, c'est que le petit commerçant
qui n'est pas lié s'en, va, achète chez le producteur et
va ici et, là dans les campagnes vendre un produit non classé,
malgré que, parfois et assez souvent, sur les boîtes de pommes,.
par exemple, nous allons placer une très belle qualité et que si
nous ôtons la première rangée, nous arrivons à une
qualité très inférieure. Ceci fait perdre le nom à
nos produits, ceci fait perdre notre marché et nous l'avons vu dans le
passé dans la question du bleuet. Justement, ce matin encore j'avais des
représentants de producteurs qui se plaignaient d'avoir eu un moment
donné de la difficulté à entrer leurs produits
malgré qu'ils faisaient une bonne classification, les acheteurs n'ayant
plus confiance dans le produit que nous portions sur leur table, à leur
entrepôt, n'avaient plus cette confiance que les produits agricoles de la
province de Québec, on pouvait s'y fier comme des produits
réellement de valeur. On a perdu notre marché de bleuets. Le Lac
Saint-Jean en particulier, l'Abitibi a perdu son marché de bleuets et si
nous avions eu une classification obligeant, en fin de compte, non seulement le
vendeur au magasin, mais obligeant l'acheteur à acheter un produit
classé, à partir de ce moment-là, nous aurions
probablement une meilleure économie agricole dans notre province, parce
que nous pourrions produire davantage.
Ce n'est pas la consommation qui manque, c'est drôle de le dire,
mais en général dans la province, c'est la production et une
production d'un produit de bonne qualité pour être capable de
concurrencer et de le mettre sur le marché avec ce qui se produit et ce
qui se classe et ce qui s'exporte dans notre province, des autres provinces de
la Confédération. Prenons, le Nouveau-Brunswick, pas une patate
du Nouveau-Brunswick, à l'exception de la fraude, ne passe sur les
marchés sans être classée.
L'île-du-Prince-Édouard, les pommes de la Colombie, tous ces
produits s'en viennent classés sur nos marchés, et les
commerçants que je recontrais la semaine dernière me disaient que
c'est regrettable, c'est regrettable, ça fait assez longtemps, depuis
des années, des agronomes, le gouvernement par tous ses organismes,
depuis des années et des années, prêche la classification,
et même l'organisme de l'UCC, qui est l'organisme des cultivateurs,
prêche la classification; coopérative fédérée
et autres organismes, composés de 50,000 à 55,000 membres,
prêchent la classification. Tout le monde la prêche, mais seulement
il faut une loi, une loi à un moment donné avec plus de dents
pour pouvoir forcer un peu, forcer nos cultivateurs à faire cette
classification. C'est pourquoi nous apportons cette loi que nous croyons dans
l'intérêt des cultivateurs de la province de Québec, de
l'ensemble des cultivateurs.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, je remercie le ministre pour les
renseignements qu'il nous a fournis; il disait, avec raison, que ça fait
des années que d'un peu partout, on prêche la classification. Je
crois bien prendre ici l'opinion de tous mes collègues en disant qu'il
n'y en a pas un parmi nous qui est contre la classification des produits
agricoles, car nous sommes convaincus, en théorie, que la classification
peut aider le cultivateur et protéger le consommateur. Mais tout le
problème, c'est de savoir comment la faire, et si, sous le
prétexte d'aider le cultivateur à avoir un meilleur revenu, on
lui impose certaines conditions de classification qui rendent son exploitation
non économique, eh bien, on aura manqué notre coup. C'est donc
une question de mesure, une question d'appréciation, les
règlements qu'on veut apporter, une question d'évolution normale.
Je comprends qu'en vertu du bill 13, le bill de la Régie des produits
agricoles, les cultivateurs peuvent s'organiser pour faire leur propre
classification, leur réglementation, une réglementation
complète en somme, quant à la production et à
l'écoulement du produit; donc, je crois qu'il faudrait d'abord s'assurer
dans toute loi ou dans toute disposition amendant les lois actuelles que ce
pouvoir, qu'on vient de leur donner, ne sera pas rendu illusoire, ne sera pas
rendu tout à fait inefficace, parce qu'il est évident que si le
gouvernement impose une classification, elle aura priorité sur toute
classification qui, volontairement, sera faite par les cultivateurs en vertu
des plans conjoints, à moins toutefois que dans la loi, on ne le
dise.
Alors, je me demande si dans la présente loi on protège
assez les pouvoirs qu'on a déjà donnés aux cultivateurs
par le bill 13, pouvoirs qui leur permettraient de faire, évidemment,
tout ce que le gouvernement a l'intention de faire par l'inspection, sauf
quelques détails. Cela, c'est le premier point, M. le Président.
Le deuxième point, est-ce que cette loi, telle que
présentée devant nous, répond à ce que les
intéressés attendent, est-ce qu'elle est conforme à ce que
des experts en la matière peuvent prôner comme mesure efficace
pour à la fois encourager nos cultivateurs et protéger le
consommateur.
M. le Président, il n'y en a pas un de nous qui ne pourrait pas
rapporter un incident où il s'est fait tromper par des cultivateurs,
mais il serait injuste de s'arrêter à des exemples pris chez les
cultivateurs de Québec, M. le Président. Je pense que ça
arrive dans toutes les provinces, ça arrive dans toutes les provinces et
je pense qu'on n'ajoute rien au débat en racontant ou en faisant
allusion à des circonstances où on aurait mis des roches
dans les bleuets, où on aurait mis des pommes de seconde
qualité en dessous. Je pense que le cultivateur sérieux sait bien
que c'est contre son intérêt lui aussi et s'il y a des
contrevenants à ça, je n'en doute pas, dans Québec, il y
en a ailleurs dans les autres provinces. Il faut donc, M. le Président,
un système d'inspection soit volontaire, soit du gouvernement.
L'Association des jardiniers maraîchers, une association que le
ministre connaît bien, a été consultée relativement
au projet de loi, elle a écrit au ministre et elle a eu
l'amabilité de me faire parvenir une copie de cette correspondance en
m'autorisant à m'en servir. Je crois qu'il est d'intérêt
que je fasse part à cette Chambre des représentations en date du
26 juin d'abord, que le secrétaire exécutif de l'Association des
jardiniers maraîchers faisait à l'honorable ministre de
l'Agriculture, dans les termes suivants: "M. le ministre, nous savons qu'un
nouveau projet de loi sera probablement adopté dès la
présente session pour remplacer la loi actuelle des produits agricoles.
"Le 21 janvier 1963, nous faisions part des recommandations de notre
association, et depuis, nous avons rencontré Mes Blanchette et Gamache
de votre ministère. Nous craignons, peut-être sans raison, que la
majorité des suggestions que nous avons faites soient finalement
ignorées. Notre inquiétude est d'autant plus grande que les
rumeurs veulent que l'inspection des fruits et légumes au niveau du
détail soit confiée aux inspecteurs du gouvernement
fédéral. "Les producteurs attachent beaucoup d'importance
à l'inspection au niveau du détail puisque c'est le travail le
plus efficace pour assurer le maintien de standard de qualité à
l'étalage. L'inspection au point de vue d'expédition dans
l'entrepôt des grossistes, inspection qui se fait surtout sur demande, a
pour but de protéger les acheteurs, et de justifier leurs
réclamations, dans la grande majorité des cas. Il est facile de
comprendre que les producteurs de légumes sont plus
intéressés au travail des inspecteurs chez les épiciers
où, s'il est bien fait, il aidera à améliorer la
qualité des légumes à l'étalage, ce qui contibuera
directement à l'augmentation de la consommation. De plus, il semble que
les règlements qui seront édictés en vertu de cette loi ne
tiendront pas compte des justes revendications des jardiniers concernant entre
autre chose l'obligation d'indiquer la province d'origine à
l'étalage lorsqu'il s'agit de légumes récoltés au
Canada." C'est un point sur lequel je voudrais bien entendre le ministre
tantôt. La lettre continue: "Actuellement, cette obligation existe, c'est
là notre opinion et celle de nos conseillers légaux, opinion qui
n'est toutefois pas partagée par les avocats de votre
ministère."
J'aimerais ici ouvrir une parenthèse. Si ce pouvoir n'existe pas,
si dans l'opinion des distingués avocats, conseillers juridiques du
ministre, avocats d'expérience, pourquoi ne pas en profiter ce matin
pour éclaircir le texte et s'assurer que ce pouvoir sera inclus parmi
les amendements dont il est question ce matin?
M. le Président, je continue la lecture de la lettre: "Quant aux
difficultés techniques anticipées par l'application de cette
mesure, il n'en existe pas réellement. Nous pouvons l'affirmer avec
d'autant plus d'assurance que les détaillants, y inclus les
chaînes de magasins, ont dû s'y conformer pendant près d'un
an, en 1958, à la demande des inspecteurs provinciaux. Cette obligation
pour les détaillants fut supprimée par suite des pressions faites
de l'extérieur auprès du service de l'horticulture par le Conseil
canadien de l'horticulture et une grande chaîne d'épicerie avec
bureau-chef à Toronto." C'est la lettre qui l'indique, M. le
Président. Je continue: Il n'est pas plus difficile d'indiquer la
province d'origine que le pays d'origine et l'identification de la laitue et
des concombres cultivés aux États-Unis présentent les
mêmes difficultés que l'identification des concombres et de la
laitue cultivés en Ontario. Le fédéral exige
l'identification du pays d'origine sur les contenants. Nous savons que les
producteurs et le ministère de l'Agriculture de l'Ontario
préconisent surtout pour les autres provinces, l'uniformisation et la
standardisation des règlements de classification provinciaux et
fédéraux. Mais ils nous ont déjà mentionné
que l'Ontario, pour répondre à des besoins locaux, maintiendra
certaines particularités de ses règlements. "Au service
provincial de l'horticulture, continue la lettre de M. Couture,
secrétaire de l'Association des jardiniers-maraîchers, au service
provincial de l'horticulture, on semble considérer comme une
panacée l'uniformisation de la loi et des règlements avec ceux du
fédéral. Cette tendance est tellement poussée vers le "we
must think Canadian" qu'on oublie les intérêts légitimes
des producteurs de chez nous qui doivent subir une forte concurrence de ceux de
l'Ontario, qui entre autres avantages, sont en mesure d'alimenter le
marché de Montréal, quinze jours plus tôt que nos
producteurs locaux. Exemple: arrivage et approvisionnement abondant de laitue
d'Ontario lorsque nos producteurs commencent leur récolte. Il n'est pas
question de porter atteinte aux privilèges du fédéral en
matière de commerce interprovincial ou international, mais nos
producteurs ont droit à un traitement juste et équitable, les
produits en provenance extérieure à notre province ne doivent pas
jouir d'un traitement de faveur sur nos propres marchés. On oublie trop,
continue M.
Couture, que le commerce interprovincial et international relève
exclusivement de la juridiction fédérale et il est illusoire de
prétendre que l'uniformisation de la Loi des produits agricoles et des
règlements qui en découlent va grandement favoriser le commerce
interprovincial. "La chose est peut-être vraie, si on songe d'abord
à favoriser les arrivages en provenance des autres provinces sur nos
propres marchés. Les expéditions au point de vue arrivage ont
droit à des tolérances en vertu de la loi fédérale.
Quel que soit le texte de notre loi provinciale, il faudra toujours un
certificat d'inspection fédéral pour toute expédition en
dehors de la province à moins qu'il y ait échange de juridiction
et que le fédéral permette aux inspecteurs provinciaux d'agir
pour et au nom du gouvernement fédéral. Nous espérons,
malgré tout, que nos craintes ne sont pas justifiées. Veuillez
agréer, M. le ministre, l'expression de mes meilleures salutations."
Je crois, M. le Président, que cette lettre est une indication
assez claire de l'opinion de l'Association des jardiniers-maraîchers
relativement à ce bill et je le répète, ils sont les
principaux intéressés. Je pourrais ici verser au dossier une
autre lettre que le ministre a reçue en date du 21 janvier et qui,
celle-ci étant plus brève, je me permettrais de la lire, si vous
voulez bien, M. le ministre, M. le Président.
La lettre dit: "M. le ministre, M. Bruno Landry, directeur du service de
l'horticulture, nous a transmis pour étude un projet de loi qui
remplacerait la loi actuelle relativement au classement et à la vente
des produits agricoles. Ce texte a été soigneusement
étudié par le bureau de direction de notre association et
étant donné l'importance de cette législation, il a
également été soumis aux membres de notre association
réunis en assemblées générales, (au pluriel
assemblées générales). L'assistance a été
très forte et très représentative à chacune de ces
deux assemblées spéciales. L'Association des jardiniers du
Québec et l'Association des jardiniers de Sherbrooke étaient
représentées par plusieurs de leurs officiers à ces
assemblées. Les recommandations du bureau de direction ont
été adoptées à l'unanimité, à
l'exception du sous-paragraphe 2, de l'article 3, où les producteurs de
pommes de terre présents ont fortement insisté pour que les
pommes de terre soient exclues. Ce texte fut ensuite remis à nos
conseillers légaux que nous avions d'ailleurs consultés au
préalable pour mieux comprendre la portée de ce projet de loi.
Ces derniers nous ont remis un texte revisé, incorporant les
modifications adoptées par l'assemblée générale.
"Nous sommes, je crois, la seule association qui se soit donné la peine
d'approfondir le sens de cette loi et de bien l'expliquer à ses membres
avant de faire des recommandations. Les jardiniers-maraîchers sont
très inquiets et conscients du danger qui les menace si le texte qui
nous a été soumis était adopté sans les amandements
que nous suggérons. "Nous savons de façon pertinente que des
pressions sont actuellement exercées par certaines corporations qui
cultivent les légumes sur une très grande échelle et par
certaines chaînes de magasins favorisant l'adoption de mesures qui
seraient de nature à nuire et à détruire
éventuellement les entreprises familiales de nos jardiniers. "M. Landry
a déclaré à l'assistance au cours de ces assemblées
qu'effectivement ce n'était pas l'intention du ministère ni du
service de l'horticulture de réglementer, par exemple, les centres
d'emballage et le reste. Mais il vaut mieux prévenir que guérir,
c'est d'ailleurs l'opinion de vos conseillers légaux. "Pour vous
faciliter la tâche, nous vous incluons le texte que nous avons
reçu de M. Landry dans lequel nous avons incorporé les
recommandations de notre association en majuscules et le texte
préparé par nos conseillers légaux tenant compte des
modifications acceptées par l'assemblée générale
qui, nous l'espérons, seront prises en très sérieuse
considération par votre ministère. "Veuillez agréer, M. le
ministre, l'expression de mes sentiments distingués et me croire, votre
tout dévoué, Alphonse Couture, secrétaire."
Et enfin, M. le ministre a reçu ce matin une lettre dont copie
m'a été transmise avec l'autorisation, je le
répète, d'en parler en cette Chambre, lettre qui se lit comme
suit: "M. le ministre, le bill 68 tel que proposé va éliminer
l'obligation légale qui existe en vertu de la Loi des produits agricoles
et des règlements qui en découlent d'indiquer la province
d'origine du produit ou le pays dans le cas d'un produit importé. "En
effet, le paragraphe 9 de l'article 2, qui se complète par l'article 11
de la loi, ne laisse plus aucun doute dans notre esprit. Cette obligation
disparaît. Les consommateurs devraient et ont le droit de connaître
l'origine du produit des légumes qu'ils achètent surtout au cours
des mois d'été alors que nos producteurs sont en mesure de
fournir la presque totalité des légumes consommés chez
nous. Les producteurs ont droit, en toute justice, et devraient pouvoir compter
sur cette loi et votre collaboration pour inciter les chaînes de magasins
et autres détaillants importants à identifier l'origine des
produits agricoles. "Vos employés nous répètent qu'il ne
faut pas user de discrimination à l'égard des producteurs
d'autres provinces du pays. Nous croyons que nos producteurs devraient
être au moins sur un pied d'égalité avec ces
producteurs étrangers sur nos propres marchés. L'hiver, on
nous indique a l'étalage, non seulement le pays, mais même
l'État d'où proviennent les oranges, la laitue, le céleri
et le reste. L'été, à certaines périodes, on
mélange le tout à l'étalage, laitue du Québec avec
celle de l'Ontario, concombres du Québec avec ceux de la Caroline, sans
aucune indication de la provenance, rendant inutile et impossible tout effort
publicitaire que pourraient tenter les producteurs de chez nous. "La
Société Saint-Jean-Baptiste a relégué son mouton
aux oubliettes. Tout le monde s'en réjouit. Ne faudrait-il pas que votre
ministère fasse de même? "Nous comptons sur votre collaboration
pour qu'on donne suite aux suggestions faites par notre association et notre
fédération dans son télégramme d'hier. "Veuillez
agréer, M. le ministre, l'expression de nos meilleurs sentiments et me
croire."
Et pour compléter le dossier, je vous donnerai le
télégramme d'hier qui se lisait comme suit: "Réclamons
avec insistance amendements bill 68 stop paragraphe 4 de l'article 2
suppression des mots suivants: "ainsi que les conditions dans lesquelles le
classement et l'étiquetage doivent se faire stop supprimer paragraphe 5
de l'article 2 qui dans son application peut causer graves préjudices
aux producteurs stop ajouter au paragraphe 9 de l'article 2 après les
mots "loyauté de la vente" les mots suivants "identification de la
province d'origine dans le cas d'un produit agricole canadien ou du pays dans
le cas d'un produit agricole importé stop dans ce dernier amendement
nous nous opposons énergiquement à l'adoption de ce bill qui
favoriserait grandement producteurs étrangers au détriment des
producteurs de Québec. Signé: Association des
jardiniers-maraîchers de la région de Montréal et la
Fédération des jardiniers de la province de Québec par
Alphonse Couture, secrétaire."
M. le Président, je pense que de la lecture de tous ces documents
il ressort au moins une chose, c'est que la Fédération des
jardiniers-maraîchers et l'Association des jardiniers-maraîchers de
la région de Montréal ne sont pas satisfaits des amendements tels
que proposés. Et la critique la plus importante vient au sujet de
l'obligation d'indiquer la province d'origine et le pays d'origine à
l'étalage.
J'ai entendu le député d'Abitibi-Ouest dans l'Opposition
faire, à chaque session, une démonstration impressionnante,
convaincante que l'un des maux de l'agriculture dans la province de
Québec, c'est que nous consommions, dis-je, des produits qui nous
venaient de l'extérieur, alors qu'on pourrait se suffire davantage.
Cela, c'est, c'était la thèse du ministre. Et il était
convaincant et tout le monde devait admettre ça. S'il y a une demande
pour les produits agricoles dans la province de Québec, le cultivateur
va les vendre et s'il les vend, son revenu va augmenter. Mais pour ça,
il faudrait pour en stimuler la demande et la consommation, d'abord une grande
publicité, qui éduquerait la population et, deuxièmement,
une qualité fiable et stable, ce que les Anglais appellent "reliable",
qui fait qu'un consommateur bien servi par un produit étiqueté de
telle marque de commerce, ou étiqueté comme de telle province ou
de tel et tel État américain, prend l'habitude de redemander le
même produit. Pour en arriver là, il faut de l'inspection,
autrement des gens qui manquent d'honnêteté - il y en a dans
toutes les classes et il y en a dans toutes les provinces et dans tous les pays
- vont nuire au bien général. La loi, la Législature a
donné, à l'unanimité, comme je l'ai dit tantôt, ce
pouvoir de réglementation et d'inspection à l'association, aux
cultivateurs groupés dans les plans conjoints sous la surveillance de la
Régie des marchés agricoles.
Je crois que le gouvernment a raison... Je n'engage pas mes
collègues sur ce problème, ils s'y connaissent mieux que moi,
quelques-uns d'entre eux, ces problèmes agricoles, mais je crois que le
gouvernement a raison de ne pas attendre que dans tous les domaines et dans
tous les coins de la province, des plans conjoints soient organisés,
avant de procéder ou de faire procéder à une inspection et
une classification qui rendrait le produit désirable et lui donnerait
une vogue qui rendrait, en somme, aux cultivateurs, un meilleur revenu.
Donc, il faut de la classification. Mais dans la classification, le
point sur lequel insistent à la fois, l'Association des
jardiniers-maraîchers de Montréal et la Fédération
des jardiniers de la province de Québec, c'est qu'on a tort de vouloir
éliminer l'obligation de l'étiquetage du produit à
l'étalage. Et je m'explique pour situer le problème.
Le commerce international dépend d'Ottawa et continuera de
dépendre d'Ottawa. Le commerce interprovincial dépend d'Ottawa et
continuera de dépendre de la juridiction fédérale. Mais le
commerce à l'intérieur de la province dépend de la
province et, sauf erreur, je suis prêt à discuter du point et a
discuter bien longtemps avant de changer d'opinion. La province a
l'autorité constitutionnelle même en matière agricole pour
exiger l'étiquetage du produit même provenant des autres provinces
du Canada à l'étalage. Et on comprend pourquoi cette
nécessité. Cela ne sert à rien de faire de la
publicité pour des pommes de terre ou les radis qui viennent du
comté de Bagot, ça ne sert à rien de les
emballer d'une façon intéressante et provocante pour le
consommateur, si, à l'étalage, on mêle à ces
produits, les produits qui viennent d'ailleurs, parce qu'à un moment
donné, M. le Président, la publicité que nos cultivateurs
auront faite pour leurs produits de la province de Québec, servira
à augmenter le revenu des cultivateurs des autres provinces et des
autres pays.
Si le consommateur enfin éduqué a favorisé le plus
possible la consommation par sa famille de produits du Québec, s'en va
à l'étalage et en achète involontairement des autres
provinces, il y a une fausse représentation et il y a un gaspillage
d'argent dans cette publicité qu'on aura faite en vue de la consommation
des produits de chez nous, en tenant pour acquis, évidemment, qu'ils
sont bien classés et que la qualité est excellente et que le prix
est compétitif, évidemment. M. le Président, la loi, telle
qu'apportée ce matin, ne semble pas donner ces garanties. Des gens qui
s'y connaissent qui sont les premiers a avoir intérêt, disent au
ministre, ils nous disent que la loi actuelle ne les protège pas. Ils
font part, on a pu le deviner entre les lignes du moins si ce n'était
pas clair dans les paragraphes, qu'un fort mouvement prend de l'ampleur depuis
quelques années pour qu'on ne fasse pas de discrimination dit-on, entre
les provinces sur les produits agricoles. Moi, je suis en faveur, M. le
Président, de jouer un grand jeu sans discrimination. Mais quand ce
jeu-là est toujours à mes dépens, je trouve ça
moins drôle. Et il arrive, m'informe-t-on, qu'à cause des
conditions climatiques, à cause du groupement de population, à
cause d'un tas d'autres facteurs que le ministre connaît, Québec
est peut-être la seule province qui a réellement
intérêt, dans la plupart des cas, à insister pour que la
province d'origine soit mentionnée. Le ministre, qui connaît ces
problèmes, qui en a parlé alors qu'il était dans
l'Opposition qui est aujourd'hui en contact avec toutes les associations
agricoles et qui a à sa disposition toutes les facilités
d'enseignement et toutes les facilités d'étude doit savoir mieux
que moi encore que ce mouvement est fort et qu'il ne faut pas, dans
l'intérêt de la classe agricole de la province de Québec,
renoncer à ce qui existe dans la loi actuellement, au pouvoir qui
existe, et si css pouvoirs n'existent pas, c'est le temps de les y entrer,
d'accorder des pouvoirs qui permettent à la province d'exiger
l'étiquetage à l'étalage de la province d'origine et du
pays d'origine.
M. Alcide Courcy (réplique)
M. Courcy: M. le Président, dans toute la correspondance avec
l'Association des jardiniers-maraîchers, il n'est pratiquement pas
question de loi, mais plutôt de règlements à établir
ou qui sont déjà établis. Si nous regardons dans les
règlements -la Loi des produits agricoles - règlements sur la
vente des fruits et des légumes, à la page 9, nous pouvons lire
ceci: "Les emballages...
Une voix: Quel article''
M. Courcy: Article 12. "Les emballages renfermant des fruits et des
légumes doivent être munis d'une étiquette portant les
indications suivantes: la dénomination du produit, le nom ou la raison
sociale de l'emballeur, la quantité du contenu en nombre ou à la
mesure, le nom de la province ou pays d'origine dans le cas d'un produit de
provenance extérieure à la province et emballé dans les
limites de la province."
Article 13. "La dénomination du produit sera accompagnée
de la désignation de la catégorie dans le cas des produits
classés; du qualificatif non classé dans le cas des produits non
classés, du nom de la variété dans le cas des fruits, des
petits fruits, excepté les tomates no 1, les melons cantaloups et les
pommes de terre de luxe, de la mention: "à chair verte" dans le cas des
cantaloups autres que ceux à "chair saumon". En outre, les
imprimés, les étiquettes mentionneront le poids net du produit
sur l'emballage des pommes de terre autres que les barils, pour l'emballage
fermé contenant le ruban sur les caisses, etc. Le nombre de
pièces, la grosseur minimum, les dispositions des trois articles
précédents ne s'appliquent pas à la vente au détail
de produits non préalablement emballés en vue de telle
vente."
Qu'est-ce qui se produit dans les autres provinces, M. le
Président? Rien. Aucune identification. Qui serait capable de juger si
un oeuf qui provient de la province d'Ontario, disons par exemple de Kirkland
Lake ou de Rouyn? Un oeuf provient de la province d'Ontario, entre sur le
marché de Rouyn, on lui met l'étiquette "Québec" comme
ça se produit actuellement dans la province de Québec où
plusieurs producteurs font l'empaquetage des pommes de terre dans des sacs du
Nouveau-Brunswick. Cela se fait actuellement dans la province de Québec
pour pouvoir vendre son produit. Mais qui va être capable de
déterminer si c'est une poule de Kirkland Lake ou si c'est une poule de
Rouyn qui a pondu cet oeuf? Qui va être capable de déterminer ceux
qui proviennent de la région des pommes, que les pommes Mclntosh
produites aux États-Unis, sur la ligne, qui entrent dans la province de
Québec et qui vont porter une estampe "produit du Québec", qui va
pouvoir déterminer la différence entre les deux Mclntosh? Qui va
être capable de déterminer? Nos experts nous le disent, c'est
impossible, nos experts classificateurs nous le disent actuellement.
c'est impossible de déterminer, alors c'est une ouverture
à la fraude. Dans aucune autre province, ça existe, mais on nous
dit qu'en hiver - l'Association des jardiniers-maraîchers le sait - elle
dit qu'en hiver, on nous indique à l'étalage non seulement le
pays mais même l'État d'où proviennent les oranges.
Qui empêche les jardiniers-maraîchers de la province de
Québec? Qui empêche la coopérative de Frelighsburg? Qui
empêche la Coopérative fédérée? Qui
empêche, en fin de compte, tous les organismes à mettre l'estampe
"produit du Québec? La coopérative de pommes de Frelighsburg le
fait. Pourquoi? Parce qu'elle n'est pas gênée de le mettre son
produit de qualité sur le marché. Par exemple, il y en a
d'autres, le Guinois qui produit du céleri, il la met, son estampe. Cela
ne le gêne pas. Guinois, gros producteur de céleri. Guinois,
Sainte-Clothilde. Le Syndicat de producteurs de patates de Sainte-Brigitte,
ça ne les gêne pas, ces gens-là, de mettre "patates du
Québec", le syndicat de Sainte-Brigitte. Mais il n'y a personne qui est
empêché de le faire. Quand ils nous vendent de la Floride, c'est
marqué "Florida", mais ce sont des compagnies, ce sont, en fin de
compte, des individus qui se groupent en association ou autrement, qui
décident eux-mêmes de se faire une popularité sur le
marché. Mais du moment qu'on met l'estampe dessus, on en prend la
responsabilité. Qui a empêché le Nouveau-Brunswick de
mettre Canada no 1, patates Nouveau-Brunswick? Qui a empêché
l'Île-du-Prince-Édouard de faire la même chose? Qui a
empêché la Colombie de faire la même chose avec ses pommes?
Qui les a obligés? Personne. Mais seulement, eux, je ne sais pas s'ils
sont plus évolués que nous autres, mais ils ont
décidé, eux, de se prendre une marque et de la mettre sur le
marché, parce qu'ils savaient qu'en mettant cette marque sur le
marché, en mettant la classification, ils savaient qu'ils entraient sur
le marché.
Les oranges qui viennent de la Floride, il n'y a pas d'obligations.
C'est vrai, c'est marqué et sur les produits de la coopérative de
Frelighburg dans les pommes...
M. Johnson: Ce n'est pas la loi qui oblige les pays...
M. Courcy: Certainement.
M. Bernatchez: Ils sont obligés de marquer d'où ça
vient, la loi fédérale, l'importation.
M. Gosselin: D'ailleurs, je crois, il y a beaucoup de produits qui nous
viennent de la vallée de Niagara Falls. Par exemple, en Ontario, tous
ces produits nous arrivent étiquetés, d'abord de l'endroit
où ils proviennent, comme les pommes de la Colombie-Britannique.
M. Courcy: Alors, M. le Président, la loi fédérale
l'exige. Si la loi fédérale l'exige, pourquoi nos gens ne le font
pas?
M. Johnson: Pour les pays qui veulent importer au Canada.
M. Courcy: Parce que les produits de l'extérieur qui entrent chez
nous, oui.
M. Bernatchez: Des produits importés.
M. Courcy: Mais qui parmi nous serait capable d'aller faire l'inspection
que je viens de mentionner et de découvrir des fraudes?
M. Johnson: Ah pas moi!
M. Courcy: Ni moi. Parce que nos experts ne sont pas capables de
déterminer dans beaucoup de cas. Et je rencontrais, la semaine
dernière, des marchands de gros, des grossistes qui parlaient de ce
problème. Je leur en parlais, qu'est-ce qu'ils en pensaient. Est-ce
qu'il y aurait possibilité qu'on mette la salade sur une tablette?
Salade qui vient de la Société des terres noires, salade qui
vient d'à peu près vingt-cinq milles plus au sud des
États-Unis: mais qui? est-ce que les jardiniers-maraîchers
pourraient déterminer? C'est possible. C'est possible, je ne sais
pas.
M. Gosselin: M. le Président, est-ce que le ministre me
permettrait de lui poser une question? Pourriez-vous nous dire, M. le ministre,
à peu près, combien il y a d'entremetteurs ou d'importateurs de
ces produits étrangers ici dans la province de Québec?
M. Courcy: Importateurs de produits agricoles?
M. Gosselin: De produits agricoles ici dans la province de
Québec. Combien? Parce qu'il y a un certain monopole qui existe dans ce
domaine-là et puis il n'y a pas tellement de compagnies qui
contrôlent tout le groupe.
M. Courcy: L'importation des pays étrangers est sous
contrôle fédéral. Il y a une obligation déjà,
comme on disait tantôt, de mettre l'estampe de la provenance du pays. Le
nombre, je ne l'ai pas.
Maintenant, c'est le commerce dans le pays, le commerce interprovincial
et le commerce provincial qui actuellement font l'étude du projet de
loi. Maintenant, il y a une affaire. Rien n'empêche l'association des
jardiniers-maraîchers de faire ce qu'ils demandent. C'est permis, ce
n'est pas défendu de le faire. Rien n'empêche qu'eux fassent ce
qui est bon à d'autres. Nous les
encourageons à le faire. Mais seulement, ii y a une chose
actuellement; dans beaucoup de cas, nous aurons de la difficulté
à entrer notre produit sur le marché à cause de son nom
qui est là actuellement. Il faut commencer par bâtir notre nom,
bâtir notre produit classé. Après, il sera certes
avantageux de le faire connaître, même à l'extérieur,
comme il arrive dans certains cas, comme les fromages, par exemple.
Vous allez prendre le cas du fromage qui est un produit agricole.
Aujourd'hui et de plus en plus, le Lac-Saint-Jean entre sur le marché
parce que, de plus en plus, les producteurs font la classification, ils font,
en fin de compte, une surveillance étroite non seulement dans les
fabriques, mais ils sont en train, actuellement, avec le concours au
gouvernement, d'organiser une surveillance plus étroite chez les
cultivateurs producteurs pour que notre produit, quand ils en mettront un sur
le marché, partout où il ira, soit reconnu comme un produit de
qualité. Mais dans tous les autres produits où il n'y a pas de
centralisation de production, chacun des cultivateurs produit à sa
façon, chacun ayant la liberté de vendre comme il veut, comme il
l'entend. Il suffit pour lui de trouver un consommateur, il suffit pour lui,
parfois, non seulement de trouver le consommateur, de trouver un consommatsur
qui est prêt à acheter en surface ce qui existe, mais qui va
acheter pendant un an, pendant cinq ans, qui... À un moment
donné, c'est découvert. D'ailleurs, ceux que j'ai
rencontrés à mon bureau, la semaine dernière, se sont
découragés d'acheter des produits du Québec à cause
d'un manque de classification, à cause d'une qualité incertaine.
Alors, nous vouions de pius en plus forcer non seulement le commerçant,
non seulement celui qui vend le produit à avoir une classification, mais
aller plus loin que cela, aller à l'intermédiaire, aller aux
producteurs pour que celui-ci, en fin de compte, soit capable, que nous soyons
capables, dans la province, de mettre un produit d'aussi grande qualité
que les autres provinces sur le marché.
Discussion générale
M. Johnson: M. le Président, le ministre, pour répondre, a
commencé à indiquer que je référais au
règlement plutôt qu'à la loi. Il a raison, mais les
règlements sont adoptés en vertu des pouvoirs qu'accorde la loi.
L'Association des jardiniers-maraîchers dit: Avec le projet actuel, le
ministre ne pourra plus adopter des règlements à cet effet, au
même effet, c'est-à-dire de forcer le détaillant à
indiquer à l'étalage le pays ou la province d'origine, et si on
avait des doutes avant que le ministre ne parle, là, on n'en a plus
parce qu'il a fait toute son argumentation contre un règlement qui
existe actuellement et qui, en théorie du moins, tente à imposer
cette obligation.
Le ministre commence, M. le Président - vous voyez sa
méthode, c'est l'organisateur en chef qui prend le dessus sur le
ministre -par donner i'exempie d'un oeuf. Qui est-ce qui va savoir si l'oeuf a
été pondu par une poule du Québec ou par une poule de
l'Ontario? Le député disait: Bien, on va faire témoigner
la poule. J'ai bien envie de lui dire: On n'est pas en Angleterre. Or, M. le
Président, les règlements dont on parle, le sujet dont je
parlais, les règlements auxquels réfère le ministre sont
des règlements qui s'appliquent uniquement aux fruits et légumes.
Depuis quand un oeuf est-il un fruit ou un légume? Est-ce un fruit ou un
légume? Pardon?
M. Courcy: C'est le fruit de la poule.
M. Lavoie (Laval): C'est un chiffre.
M. Johnson: Ah, chacun seion sa mentalité. Pour le notaire
Lavoie, c'est le chiffre qui compte. M. le Président, le nom de la
province, le pays d'origine dont on parle, j'en parlais, moi, pour les fruits
et légumes, et les règlements en parlent pour les fruits et
légumes. Alors, l'argumentation du ministre me convainc davantage qu'il
a cédé aux pressions de ce groupe, qu'il a cédé aux
pressions du groupe fédéral qui ne voudrait à aucun prix
non seulement que ça existe dans les règlements, mais qu'on
s'enlève même dans la loi le pouvoir d'adopter de tels
règlements. Je suis prêt à changer d'opinion si le ministre
démontre que dans la loi, dans le projet de loi actuel, il se donne le
pouvoir d'exiger ça par règlement. Mais il semble que ça
n'y est pas. Ensuite, le ministre raisonne, à mon sens, M. le
Président - Je peux me tromper là-dessus...
M. Courcy: Paragraphe 3 dans la loi, on peut l'exiger par
règlement.
M. Johnson: Ce n'est pas aussi clair, M. le Président.
M. Courcy: Cela ne veut pas dire qu'on va l'exiger, par exemple.
M. Johnson: "Statuer sur la qualité, la forme et la composition
de ces produits, sur le récipient ou l'emballage qui les contient et sur
les inscriptions ou indications requises."
M. Courcy: Inscriptions ou indications requises, ça ne veut pas
dire qu'on va l'exiger.
M. Johnson: M. le Président, ce serait beaucoup plus fort de le
mettre dans la loi, d'établir clairernent le pouvoir dans la loi
pour adopter les règlements. Même si le ministre
prétend qu'il a, en vertu du paragraphe 3, le pouvoir d'adopter des
règlements, il serait encore plus fort d'indiquer dans la loi que c'est
une obligation. Voici pourquoi, M. le Président. Le ministre raisonne
comme s'il n'y avait que les grosses organisations qui pouvaient donner aux
consommateurs l'assurance d'un produit de qualité. M. le
Président, il a raison, c'est plus facile pour les gens "groupés
en Colombie-Britannique, par exemple, comme ils le sont dans le domaine de la
pomme, on sait comment ça fonctionne en Colombie-Britannique, c'est
pratiquement comme le blé, c'est similaire à cela. Il y a un
organisme de vente - je n'entre pas dans les détails - et tout ce qu'il
y a de production de pomme de la Colombie pour exportation en dehors de la
province, au moins, ça doit passer par le même organisme. Alors,
la qualité est contrôlée, et c'est évidemment
indiqué "B.C. Fruit", et on a fait une publicité pour rendre
populaire cette pomme. On se souvient qu'à Montréal, sur les
tramways, on avait "B.C. Apple", il y avait un très joli dessin qui
attirait l'attention surtout de tous les hommes, et qui évoquait
Ève facilement, et on a créé une espèce de
popularité aux "B.C. apples", les pommes de la Colombie. Alors, il est
évident que la grosse organisation peut favoriser la stabilité,
disons, de la qualité.
Dans le cas du bill 13, nous espérons que ça va se diriger
dans ce sens. Les journaux nous apprennent, ce matin, par exemple, qu'un plan
conjoint est à se préparer dans la pomme de terre. Alors, je
crois que c'est dans la bonne direction, mais il reste deux aspects que le
ministre semble oublier; ce sont toujours les mêmes que le ministre
oublie, le petit producteur qui, lui, en attendant qu'il entre dans un plan
conjoint, en attendant qu'il se fasse la mentalité à cet effort
communautaire, il faut qu'il vive et, par la présente loi, les
présents amendements, on ne favorise pas ce petit producteur.
Deuxièmement, le ministre oublie que 80%, environ, de la récolte
en été se vend à l'étalage et non emballé.
À peu près 80% pour une période de l'année,
période de deux ou trois mois, 80% des produits agricoles sont vendus
non emballés: les légumes, les fruits et légumes, je parle
des légumes... Pardon?
M. Courcy: Ils sont déballés.
M. Johnson: Ils sont déballés, en tout cas, ils ne sont
pas emballés. Alors, M. le Président...
M. Bernatchez: Là, c'est le ministre qui est emballé.
M. Johnson: Non, non, ils ne sont pas déballés, ils sont
nature, ils ne sont pas habillés, si c'est une image qui pouvait
illustrer ma pensée et faire comprendre au ministre, faire comprendre au
ministre des Travaux publics, qui rit quand je dis cela, c'est une laitue pas
habillée, pas couverte, pas de cellophane, pas de plastique, nature.
Alors, 80% de nos légumes produits par nos gens, nos cultivateurs, ceux
précisément qu'on voudrait aider, se vend en saison, non
emballé. Alors, pour moi, consommateur, lorsque je vais à un
marché, que ce soit Steinberg ou que ce soit Rivard et Frères ou
que ce soit Bardou ou un autre, je prends des noms de Québec pour
montrer au premier ministre...
M. Lesage: Il est prudent, il est prudent.
M. Johnson: ... que je connais une autre ville que la ville de
Montréal. Pour moi, consommateur, la seule manière de savoir si
j'achète de la laitue qui vient de l'Ontario ou de la laitue qui vient
du Québec, ce serait que le ministre, par règlement, mais de
préférence par la loi, oblige le détaillant à
indiquer à l'étalage que ce sont des produits du
Québec.
M. Lesage: S'il ne le sait pas?
M. Johnson: Il doit le savoir.
M. Lesage: Non, mais le petit épicier.
M. Johnson: M. le Président, il pourra le savoir, ça ne
prendra pas de temps. Le ministre dit qu'il n'y a pas moyen, eh bien, il y a
des inspecteurs qui ont fait ça en 1958 et j'ai pris la peine de
m'informer de l'expérience de 1958. M. le Président, elle a
été très bien réussie, l'expérience de
1958.
M. Courcy: Parce qu'ils savaient qu'il y avait une charge qui s'en
venait.
M. Johnson: Ils savaient quoi?
M. Courcy: Ils savaient qu'il y avait une charge de légumes qui
s'en venait, qui devait être partie.
M. Johnson: Non, non. Il paraît qu'un bon inspecteur, un vrai
agronome, pas un agronome qui ne fait que de la politique comme le
député de Lotbinière ou le député
d'Abitibi-Ouest, les vrais agronomes qui s'occupent réellement
d'agronomie encore -je ne parle pas non plus du député de
Frontenac - les agronomes qui pratiquent...
Une voix: Rouville.
M. Johnson: Est-ce qu'il est agronome? Je pensais qu'il était
avocat.
M. Courcy: Ne l'insultez pas.
M. Lesage: C'est peut-être un peu des deux.
M. Johnson: La seule façon pour moi de savoir, M. le
Président, c'est donc à l'emballage. En 1958, il paraît que
ç'a bien réussi et on me dit qu'un vrai agronome, un vrai
technicien agricole, comme on en sortirait de nos écoles, peut faire la
distinction entre la laitue qui vient de l'Ontario et la laitue qui est faite
au Québec. Moi, je ne sais pas, M. le Président. Dans les
cierges, c'est facile; dans la laitue, ce n'est pas facile.
M. Courcy: Il y en a comme ça qui se croient.
M. Lesage: Si on est capable de faire la distinction, on n'a pas besoin
de l'écrire.
M. Johnson: Ah, mais le consommateur, M. le Président.
Pensez-vous que le premier ministre pourrait distinguer une pomme de laitue de
l'Ontario...
M. Lesage: Oh non, certainement pas. M. Johnson: Moi non plus.
M. Lesage: J'ai de la misère à croire cela.
M. Courcy: Amenez-le-moi ce gars-là, puis on va l'engager.
M. Lesage: J'ai de la misère a croire, moi, qu'on puisse
distinguer une pomme de laitue qui a été récoltée
à Hawkesbury et une à Grenville.
M. Johnson: M. le Président, les cas limitrophes.
M. Lesage: M. le Président, je pense que ce serait
plutôt...
M. Johnson: Les cas limitrophes, M. le Président, c'est bien
évident.
M. Courcy: Que le chef de l'Opposition me les nomme, ces grands experts,
je vais aller les chercher.
M. Johnson: On me fait part, M. le Président, que ce qu'il y a de
plus fort dans tout ça, c'est que les grandes chaînes, les
chaînes d'épicerie, les grandes compagnies de détaillants
ne voudraient pas pour tout l'or du monde se faire prendre à mal
étiqueter un produit.
M. Courcy: C'est vrai.
M. Johnson: À étiqueter un produit comme étant du
Québec alors qu'il viendrait de l'Ontario. Il est évident que,
pour chaque cas individuel, on ne pourrait pas distinguer, mais il pourrait
arriver qu'un inspecteur, dans un cas, puisse faire une cause contre un des
Steinberg et la dernière chose que M. Steinberg voudrait, c'est de se
faire prendre à étiqueter comme étant du Québec des
produits qui ne le sont pas. La dernière chose que M. Dominion ou M.
Loblaws ou M. Métro voudrait, c'est de se faire prendre à manquer
à une loi dont le but principal est d'aider notre agriculture qui en a
tant besoin.
M. le Président, disons que le ministre ne m'a pas convaincu du
tout. Au contraire, il m'a ancré davantage dans la conviction que
j'avais, que les jardiniers-maraîchers ont, que cette loi est
plutôt faite pour entrer dans le plan canadien encore pour céder
aux pressions de l'Association canadienne qui voudrait éviter, dit-elle,
toute discrimination.
M. Lesage: C'est pour enseigner, pour prendre des moyens pour convaincre
les cultivateurs. Voyez, il n'y a rien qui force les cultivateurs, qui les
contraigne à quoi que ce soit. Les pouvoirs du ministre sont des
pouvoirs de persuasion, de façon que lui, ses officiers, les agronomes,
puissent convaincre nos gens de plus en plus de la nécessité de
la classification. C'est ça qu'il faut faire, avoir des produits
classifiés afin qua nous puissions envahir le marché de
détail dans la province où, malheureusement, la place de nos
produits - j'ai presque honte de le dire - c'est presque infime dans les
grandes villes, et nous voulons prendre les moyens. S'il fallait marquer
Ontario, j'aurais presque honte de rentrer dans un magasin à
chaîne parce que la production du Québec dans le moment, au point
de vue des légumes, n'est pas encourageante, à l'heure actuelle,
il y a 70% de nos légumes sur les tablettes, me dit le ministre de
l'Agriculture, mais plus tard, à une autre période de
l'année, on peut aller aussi bas que 10%, cela m'inquiète.
M. Courcy: Quelle publicité on ferait à toutes les autres
provinces!
M. Lesage: Oui, mais c'est clair, qu'on y viendra. Il faut bâtir
pour que vienne le temps où on l'exigera, et le ministre aura le pouvoir
de le faire en vertu de la loi telle qu'elle est.
M. Bernatchez: M. le Président...
M. Lesage: Le ministre a le pouvoir, on lui donne.
M. Bernatchez: Ce n'est pas une obligation.
M. Lesage: Ce n'est pas une obligation non, mais il a le pouvoir.
M. Bernatchez: Le chef de l'Opposition a très bien situé
le problème vis-à-vis le bill 68, Loi modifiant la Loi des
produits agricoles. Comme le fait remarquer le ministre de l'Agriculture, il
s'agit d'une loi qui date de 1925 et qui nécessite évidemment
d'être mise un peu à jour aujourd'hui. Tout le monde est d'accord
à admettre que le problème agricole aujourd'hui, ce n'est plus
une question de marché, c'est une question de production. Or, nous avons
dans la province de Québec un marché que nous avons tous
intérêt à conserver. Le premier ministre vient de souligner
que dans certains domaines, dans les fruits et légumes, nous produisons
25%, 30%, 40% de la consommation de la province de Québec. Très
bien, si on considère la production annuelle. Il est clair...
M. Lesage: Oui, c'est cela.
M. Bernatchez: ... et indéniable que nous ne sommes pas capables
de concurrencer la province de l'Ontario à certaines périodes de
l'année et c'est précisément pour protéger les
producteurs du Québec, lors de la production du Québec, que je
crois qu'il serait à propos d'identifier les produits du
Québec.
M. Lesage: Les identifier dans la période de production, vous
vouiez dire?
M. Bernatchez: Les identifier à l'année, si vous
voulez.
M. Lesage: Cela, j'aimerais moins ça.
M. Bernatchez: C'est un travail, M. le premier ministre. La population
qui s'intéresse aux problèmes agricoles...
M. Lesage: Mais, est-ce que votre suggestion serait de l'identifier
durant la période de production?
M. Bernatchez: Bien, à l'année. Parce que c'est difficile,
il y a des gens qui font de la primeur et...
M. Gosselin: C'est la seule façon que les cultivateurs vont
s'habituer à accepter un bon classement.
M. Bernatchez: Comment voulez-vous les assujettir à un
règlement si vous assujettissez seulement trois mois. La loi d'ailleurs
ne nous intéresse pas seulement pour les fruits et légumes, les
produits agricoles et l'ancienne loi...
M. Lesage: J'ai pris comme exemple.
M. Bernatchez: L'ancienne loi prévoyait l'identification de
l'origine, du pays d'origine. Alors, en insistant pour que les producteurs
soient obligés d'étiqueter leurs produits, je prends les
arguments du ministre...
M. Courcy: Mais, à quel article de la loi, le pays d'orgine, de
la loi provinciale? Ce n'est pas la loi fédérale que vous avez
là?
M. Bernatchez: Article 3, paragraphe 5.
M. Lesage: Bien non, il n'y a rien là-dedans...
M. Bernatchez: L'origine de tel produit.
M. Lesage: Oui, oui mais c'est un pouvoir de réglementer.
M. Bernatchez: De réglementer les institutions ou marques
indiquant souvent l'origine de tel produit.
M. Lesage: Cela ne veut pas dire le pays. Cela peut être la
province. C'est générique.
M. Bernatchez: Là, cela disparaît, M. le premier ministre,
dans la nouvelle loi.
M. Lesage: L'article 2 est beaucoup plus large. L'article 2,
troisièmement, statue sur la qualité, la forme et la composition
de ces produits sur le récipient ou l'emballage qui les contient et sur
les inscriptions ou indications requises. C'est beaucoup plus large,
l'énumération que vous aviez à l'article 3.3,
l'énumération que vous avez là est restrictive. Je ne
parle pas comme agronome, je parle comme avocat et législateur. Toutes
les fois que vous faites une énumération, nécessairement,
et c'est cela qu'il faut comprendre, on restreint la portée et la loi
ontarienne est encore beaucoup plus laconique que cela, beaucoup plus large.
"Providing for the inspecting, grading, packing and marking of farm's
products." Ai-je dit qu'on a remplacé l'énumération par
une disposition large, plus large pour que le ministre ait plus de pouvoirs,
des pouvoirs plus étendus. Toutes les fois que l'on fait une
énumération dans une loi, on restreint...
M. Bernatchez: Admis, admis.
Seulement, il y a une énumération qui est essentielle, qui
est nécessaire, si on veut protéger le producteur du
Québec, exiger l'étiquetage du Québec.
M. Lesage: Mais oui, mais c'est dans le règlement.
M. Bernatchez: On fait des campagnes,
M. le Président, on fait des campagnes pour l'achat chez
nous.
M. Lesage: Je veux poser seulement une question. À ce moment, le
député de Lotbinière ne critique évidemment pas le
paragraphe 3, le nouveau paragraphe 3 de l'article 2. Ce qu'il critique, ce
qu'il demande, c'est que le ministre utilise les pouvoirs qui lui seront
donnés par cet article pour exiger que Québec soit inscrit, on
sait cela.
M. Johnson: On serait plus rassuré si c'était dans la loi
et cela ne restreindrait pas.
M. Lesage: Non, je ne suis pas d'accord.
M. Johnson: Il y a moyen de l'indiquer, sans que cela restreigne.
M. Lesage: J'aimerais mieux connaître le problème avant
de...
M. Johnson: Sans restreindre la portée de l'article
ci-dessus.
M. Lesage: Ce sont les lois à la Duplessis.
M. Johnson: M. le Président, c'est une loi votée
évidemment sur le désir de la Chambre, si tel était le
désir de la Chambre et quand c'est dans la loi, on serait sûr que
ce serait appliqué, tandis que le ministre, lui, ce matin, même si
l'article 3 lui donnait le pouvoir de le faire, le ministre a plaidé ce
matin contre la nécessité, contre la possibilité
même de passer un tel règlement, il dit que c'est impossible, ce
n'est pas souhaitable, cela n'a pas de sens. Cela a été son
plaidoyer. Je suis convaincu qu'il ne le fera pas, même si on lui donne
un pouvoir général.
M. Lesage: On va voir.
M. Johnson: Je vois bien le premier ministre en sortir.
M. Bernatchez: Voici, à l'article...
M. Lesage: Est-ce qu'on est à l'article 2?
M. Johnson: Non, on n'a pas fait de débat là-dessus.
M. Bernatchez: Le premier ministre a fait allusion à l'article 3.
L'article 3 dont il est mention, réfère précisément
à l'article 11 de l'ancienne loi; on discute en deuxième lecture
sur les principes de la loi.
M. Lesage: Pas en deuxième lecture?
M. Bernatchez: En comité. Il se fait des campagnes dans la
province pour l'achat chez nous, encourager de préférence les
produits du Québec.
M. Lesage: Je suis bien d'accord.
M. Bernatchez: Alors, pourquoi dans la loi, pour renforcer ce mouvement,
le ministre est le premier à féliciter les compagnies, les
organisations puissantes comme la coopérative
fédérée, certaines coopératives, certaines
groupements de producteurs, qui s'établissent eux-mêmes une marque
de commerce et voient eux-mêmes à leur publicité, à
la publicité du produit qu'ils manipulent. Il me semble que le
gouvernement devrait donner l'exemple afin de les encourager dans cette voie et
protéger le producteur québécois sur le marché du
Québec. C'est admis par tout le monde que durant la période de
production de certains fruits et légumes du Québec, des
entreprises puissantes semblent avoir intérêt à induire le
consommateur en erreur en laissant entendre que ce sont des produits du
Québec. Quand on sait, par exemple, que des producteurs de l'Ontario,
par exemple, vont venir sur le marché avec leur surplus de
récolte, quand ce n'est pas une deuxième récolte alors que
les producteurs du Québec viennent sur leur marché avec leur
première récolte. Si on exigeait que tout produit porte
l'étiquette du Québec, je considère que l'on ferait un
travail considérable dans le maintien de nos marchés et dans
l'éducation du public en général. Le public est induit en
erreur trop souvent par des produits présentés à
l'étalage dans les magasins à chaîne et on laisse
sous-entendre que ce sont des produits du Québec.
Le ministre soulignait tout à l'heure qu'il est difficile, qu'il
y a des producteurs de la province de Québec, par exemple, qui
vont prendre des contenants provenant du Nouveau-Brunswick pour emballer
leurs patates et les porter sur le marché. Il a parlé des oeufs
produits sur les limites territoriales de la province de Québec et de
l'Ontario. Comment identifier cela? Ce n'est pas un argument, à mon
sens. On a déjà invoqué des arguments semblables dans le
cas des produits laitiers lorsqu'il s'est agi, par exemple, de margarine. On a
dit que c'était impossible de prohiber la vente de la margarine dans la
province de Québec parce qu'il y avait certains abus. Il s'agissait de
renforcer la loi. Alors, plutôt de renforcer la loi, on a
généralisé la vente avec les conclusions et les
répercussions qu'on connaît aujourd'hui.
Si le ministre lit la Presse du mardi 2 juillet, il trouvera un article
qui est très intéressant et qui situe bien la situation de
l'industrie laitière vis-à-vis la margarine. La preuve en
est maintenant faite. Alors, voici, c'est pour répondre aux arguments du
ministre qui dit que dans certains endroits, dans certains milieux, c'est
difficile. Il y aura toujours des contrebandiers, si vous voulez. Il y aura
toujours certains abus. Il s'agit tout simplement de passer la loi et
d'année en année, la bonifier, la renforcer. Il y a tout avantage
à protéger nos producteurs de la province de Québec afin
de bénéficier pleinement du marché du Québec. Une
manière de les encourager à produire davantage, à produire
la qualité, je suis en faveur de la loi, du principe.
La première des choses pour conquérir à 100% le
marché du Québec par les producteurs de Québec, c'est de
travailler à l'amélioration du produit, fournir la
qualité, produire un produit dont le consommateur est satisfait. C'est
très bien, on est tous d'accord là-dessus. Par ailleurs, je crois
qu'il est du devoir du gouvernement de prendre les dispositions
nécessaires pour protéger le producteur sur son propre
marché quand on sait qu'il a des concurrents qu'il peut difficilement
concurrencer, étant donné la question de climat, question de
terrain, de conditions spéciales de production.
Or, M. le Président, je verrais d'un bon oeil, que l'on inscrive
dans la loi l'obligation d'identifier le produit comme étant un produit
du Québec. Cela se fait. On dit que c'est difficile, mais tout produit
destiné à l'exportation est étiqueté.
Le ministre disait tout à l'heure: Voyez-vous cela, commencer
à étiqueter les oeufs? Il sait fort bien qu'il n'y a pas un oeuf
qui sort du pays ici pour l'exportation sans qu'il ne soit
étiqueté "Canada" sur la boîte no 1, no 2...
M. Courcy: Sur la boîte, mais pas le produit.
M. Bernatchez: Les oeufs "Canada".
M. Courcy: Vous avez dit que chaque oeuf porte "Canada", grade A.
M. Bernatchez: Je dis en vertu des règlements
fédéraux d'exportation. Est-ce qu'on a changé les
règlements dernièrement? Il a été un certain nombre
d'année tous les oeufs étaient étiquetés. Le
ministère lui-même fournissait une petite étampe pour
étiqueter les oeufs.
M. Courcy: Du temps des oeufs polonais.
M. Bernatchez: À tout événement, je croyais que le
ministre, en apportant cette loi, ne serait pas pour diminuer son
efficacité, c'est-à-dire diminuer la protection des producteurs
de la province de Québec, mais plutôt pour essayer de les
protéger sur leur propre marché en obligeant... Les normes de
classification sont des choses qui peuvent changer d'année en
année. Très bien. Que l'on pourvoie à cela par des
règlements. Il y a des directives qui doivent être
indiquées clairement dans la loi dans l'intérêt du
producteur et dans l'intérêt du consommateur. Non seulement dans
l'intérêt du producteur qui veut être protégé
sur son propre marché, mais il y a un fort pourcentage de la population
qui est désireuse de savoir de quelle origine provient le produit
qu'elle achète, et qui va donner sa préférence à un
produit du Québec, lorsqu'il y aura, par exemple, à
l'étalage un produit non étiqueté qui laissera
sous-entendre que c'est un produit qui vient de l'Ontario ou d'ailleurs, et que
tout à côté, il y a le même produit à peu
près à qualité égale qui est étiqueté
"Québec". Je sais que le ministre lui-même sera le premier
à donner la préférence à un produit qui va
être étiqueté du Québec plutôt qu'à un
autre qui n'est pas étiqueté. Alors, si cette politique a
été appliquée par des organisations agricoles
déjà puissantes, que cela s'est avéré applicable et
de bon aloi, pourquoi le ministre ne profite-t-il pas de la révision de
cette loi pour inclure le pays d'origine?
Maintenant, on voit également dans la loi qu'il est question
d'abolir la loi qui régit les conserves alimentaires, la culture, la
vente du tabac, la vente et la mise en marché du tabac. Je me demande si
réellement, on fait là un geste progressif. Il s'agit de deux
domaines absolument spécialisés, la mise en conserve et la
production du tabac. Ce sont deux domaines très
spécialisés qui, à mon sens, seront mieux
sauvegardés avec une législation propre à leurs
problèmes. En voulant tout unifier et tout couvrir par la même
loi, j'ai peur que l'on s'éloigne des véritables problèmes
et que l'on ne trouve pas les solutions que l'on ambitionne.
M. Courcy: La Loi des tabacs n'a jamais été
appliquée. Je pense bien que le député de L'Assomption est
au courant parce qu'il est un des producteurs. Elle n'a jamais
été appliquée. Il y avait une loi qui était
là et qui n'a jamais été appliquée. Alors
aujourd'hui....
M. Bernatchez: On l'applique.
M. Courcy: On l'applique? Le député de L'Assomption
pourrait peut-être expliquer au député de Lotbinière
comment ça s'est produit, comment la loi a été
appliquée dans son district, chez lui.
M. Coiteux (L'Assomption): M. le Président, comme producteur de
tabac, les réglementations qu'il y a eu dans nos
organisations principalement dans la coopération des tabacs de
Saint-Jacques, comté de Montcalm, ce sont plutôt des
règlements internes de la coopérative. Ce sont les producteurs
eux-mêmes qui ont accepté de s'imposer une discipline. Il n'y a
rien dans la loi qui oblige un producteur de tabac de vendre du Petit Quesnel,
du Rose Guesnel et de l'étiqueter comme tel, parce que, au moment
où la coopérative aux environs de 1930 a pris la position, a pris
l'organisation des producteurs de tabac en main, à ce moment-là,
les commerçants de tabac vendaient du tabac. Par exemple, ils alliaient
faire du petit rouge avec ce qu'on appelle du Comstock, ils allaient faire du
petit canadien avec du Rose Quesnel et vice versa. Il n'y a rien, il n'y a
aucune pénalité dans la loi qui exige un planteur de tabac
à vendre du Belgique, s'il est capable de faire croire à son
acheteur que c'est du Belgique, parce que, pour déterminer une
variété de tabac, on n'a pas beaucoup d'hommes dans la province
qui peuvent le faire à part quelques techniciens que nous avons dans nos
coopératives. Maintenant, puisque je suis à parler du tabac, pour
ce qui concerne les détenteurs de tabac jaune, le texte de loi qui est
présenté ici va permettre une réglementation qui, à
mon sens, va rendre les plus grands services aux producteurs de tabac jaune que
jamais ces producteurs-là ont obtenu jusqu'à ce jour.
Il ne demande rien d'extraordinaire aux producteurs de tabac jaune, il
demande simplement les mêmes normes de classification qui existent
présentement sur le marché de l'Ontario, qui ont
été acceptées par les acheteurs québécois,
qui vont acheter leur tabac en Ontario. Et les mêmes acheteurs
québécois qui acceptent les normes chez le vendeur de l'Ontario
les refuse dans le Québec, pourquoi? C'est pour cette raison que le
ministre de l'Agriculture - et je vous en félicite - a introduit dans
son bill un texte qui va permettre la réglementation des producteurs de
tabac jaune du district de Joliette et je vous remercie, M. le ministre.
M. Bernatchez: M. le Président, le député de
L'Assomption vient précisément de renforcer son argument,
à savoir que la culture du tabac étant une
spécialité, elle mérite d'être
considérée par une loi spéciale.
M. Courcy: Comme un produit agricole.
M. Bernatchez: Probablement. Il a certainement raison de dire que les
producteurs de tabac dans la province de Québec ont peut-être
avantage à accepter exactement la même réglementation que
les producteurs de tabac de l'Ontario, étant donné que la grosse
production est là et que ça peut être à leur
avantage. Ils connaissent leurs problèmes, eux. Mais, par contre, la
même classification dans d'autres produits appliqués à la
province de Québec est comparable à celle des autres producteurs
des autres provinces dans d'autres domaines et devient néfaste aux
producteurs de la province de Québec. C'est pour ça que j'ai dit
qu'on devrait garder une loi pour la production du tabac et qu'on devrait
garder une loi pour la mise en conserve. Est-ce que les mêmes
problèmes ne se présenteraient pas dans la conserve? Pourquoi
essayer de tout unifier dans une même loi, quand elle peut, dans certains
secteurs de produits agricoles, certaines spécialités avoir des
avantages mais, par contre, d'autres producteurs y voient un
désavantage?
M. Courcy: M. le Président, c'est justement, si la
classification... Par exemple, prenons le tabac qui vient de l'Ontario qui a
des normes. Cela a rendu service à des producteurs, puisque le
consommateur a accepté ces normes, les a acceptées en achetant,
suivant ces normes de classification de la province de l'Ontario, son tabac
plutôt que notre tabac. Si le consommateur de la province de
Québec a accepté les normes de classification des patates du
Nouveau-Brunswick ou de l'Île-du-Prince-Édouard, si le
consommateur de la province de Québec accepte et favorise dans ses
achats ces produits classés de telle façon, suivant telles
normes, pourquoi, dans la province de Québec, ces mêmes normes ne
seront-elles pas favorisées? Ces mêmes normes vont nous favoriser
de la même façon et c'est pourquoi nous voulons - je vous le dis
honnêtement -de plus en plus prendre... en fin de compte, nous servir de
l'expérience des autres. Si cela a servi les autres, ça va nous
servir.
Actuellement, dans la province de Québec, on nous dit qu'il y a
de 60% à 70% de produits sur nos étalages qui sont des produits
qui proviennent de la province de Québec, je veux dire les fruits et les
légumes de la province de Québec. D'ici quelques mois, d'ici un
mois ou deux - ça peut durer environ deux mois, deux mois et demi ou
trois mois - on procédera graduellement à la diminution, pendant
neuf à dix mois, pour en venir à environ 10%. Voyez-vous toute la
publicité que nous ferions pendant huit à neuf mois aux produits
des autres provinces entrant sur nos marchés quand les consommateurs de
la province de Québec auront acheté des autres provinces pendant
six, sept ou huit mois un produit étiqueté province d'Ontario,
Nouveau-Brunswick, Saskatchewan, Alberta et que demain, pendant le temps de
notre abondance, ces mêmes consommateurs qui auront l'habitude d'acheter
un produit ontarien qui porte enfin de compte telle étiquette ou un
produit de la province du Nouveau-Brunswick... On l'a le bel exemple
dans les patates du Nouveau-Brunswick. Nos patates sont aussi bonnes,
sinon meilleures que celles du Nouveau-Brunswick et regardez le consommateur se
présenter au comptoir et demander des patates du Nouveau-Brunswick alors
que, suivant les normes de classification, ils ont réussi à un
moment donné à pénétrer sur les tablettes pour que
le consommateur ait confiance et s'attache à la distribution de leurs
produits.
Prenons les mêmes normes au moins, améliorons-les, s'il y a
nécessité, mais seulement, je ne voudrais pas, pour le moment du
moins, tant et aussi longtemps que nous n'aurons pas fait connaître nos
productions agricoles suivant une classification donnée, suivant des
normes reconnues, suivant des normes acceptées par la population qui
consomme les produits, tant et aussi longtemps que ce ne sera pas fait, je
crois que nous serions peut-être gênés à un moment
donné, par exemple, dans le mois de mars, dans le mois d'avril à
se présenter à l'étalage et de trouver l'Ontario, à
quatre ou cinq places différentes, fournir quatre ou cinq provinces,
plus les États-Unis et le Sud des États-Unis qui entrent sur nos
tablettes. Nous serions peut-être gênés dans nos magasins de
constater qu'il y a environ 80% ou 90% de nos produits qui, pendant une bonne
période, proviennent d'en dehors et que nous sommes à leur faire
une publicité, que nous sommes à convaincre les consommateurs
d'acheter ces produits. Je vous dis que la meilleure publicité que l'on
peut faire pour nos produits, c'est la classification des produits et la mise
en marché d'un produit bien classé, d'un produit accepté
par le consommateur. Il n'y a pas d'autres moyens. Voyez-vous, le marchand
détaillant qui achèterait de la salade aujourd'hui... Il y a des
consommateurs qui vont lui dire: Eh bien, moi, ça fait neuf mois que je
mange de la salade l'Ontario et tu vas m'en avoir. Un "crate" de salade de
l'Ontario, un "crate" de salade de Québec, appelons ça un cageot,
si vous voulez, un cageot de salade du Nouveau-Brunswick, un des
États-Unis, qui serait là. Québec se vendrait, les autres
ne se vendraient pas et quand notre gars aurait, pendant deux mois, avec toute
sa sincérité, tout à fait humainement aurait exigé
du marchand un produit de Québec, ils seront, au bout de deux mois,
alors qu'il n'y en a plus, obligé d'acheter l'Ontario d'une autre partie
ou du Sud des États-Unis qui entre sur nos marchés. Alors...
Une voix: Le problème n'est pas là.
M. Courcy: Alors, on va créer cette publicité alentour des
autres. Pour le moment, tant et aussi longtemps que nous ne produirons pas
davantage, que nos produits ne seront pas d'une bonne classification, nous
faisons de la publicité pour les autres tant que nous n'aurons pas pris
le pourcentage le plus élevé.
M. Bernatchez: Voyez-vous, le problème n'est pas là, M. le
Président. Ici dans la province de Québec, la population ne
s'attend pas... Je vais prendre un exemple, l'exemple du ministre. Dans le mois
de janvier, dans le mois de décembre, dans le mois de février
lorsqu'on a six pieds de neige dans nos champs un peu partout, la population ne
s'attend pas de manger de ta laitue de la province de Québec. Lorsque
nous parlons de protéger la production, c'est à la production, il
n'est pas question...
M. Courcy: Justement. Classification des produits mis sur le
marché, d'un produit de qualité, c'est la meilleure
façon.
M. Bernatchez: Très bien, d'accord. On est d'accord sur la
nécessité d'une bonne classification, d'améliorer les
normes, mais c'est pour assurer une bonne qualité, mais
l'étiquetage doit contribuer, l'étiquetage, l'identification du
pays d'origine de la province va continuer à encourager nos producteurs
à comparer leurs produits avec ceux qui nous viennent de
l'extérieur et le consommateur, lui, va donner sa
préférence à un produit du Québec. Soyez convaincu
de Ça.
M. Courcy: Alors, nous allons faire de la publicité, demander que
nos cultivateurs mettent leur estampe "Québec".
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté, 1, 2, 3.
M. Gosselin: Voici, M. le Président, l'article 2, avant que nous
passions à un autre article, j'aimerais signaler quelques faits
très brièvement à l'honorable ministre. Je sais que je
n'ai pas le droit, en vertu des règlements, de critiquer une loi qui a
déjà été adoptée au cours de la
présente session, mais cependant, M. le Président, alors que nous
sommes à améliorer la Loi modifiant la Loi des produits
agricoles, je me demande si, à ce moment-ci, il ne serait pas opportun
pour le ministre de bien vouloir clarifier une certaine situation. À
l'heure actuelle, à la suite de l'adoption du bill 13, l'article 47 qui
autorise en fin de compte l'Office du producteur d'ordonner, d'organiser la
vente, la mise en vente en commun d'un produit commercialisé quelconque.
On dit et on répète dans plusieurs journaux aussi bien que nos
associations nous disent que déjà les commerçants ou
encore les industriels sont à se demander jusqu'à quel point un
produit demeure un produit agricole, jusqu'à quel point il devient
commercialisé. Là, il y a une ligne de démarcation qui n'a
pas été
établie, parce qu'un produit agricole, par exemple, qui a
été manipulé, qui a été transformé de
quelque façon change parfois de forme, ou encore, cela change un peu le
produit et il arrive par la suite qu'on le considère comme un produit
commercialisé.
M. Lesage: Avez-vous le bill? M. Gosselin: Oui, le bill 13.
M. Lesage: Un produit commercialisé est défini à
l'article 1, paragraphe h), produit commercialisé - un produit agricole
auquel s'applique un plan - lorsqu'il y a un plan en vigueur le produit
s'appelle "produit commercialisé".
M. Gosselin: À l'heure actuelle, M. le premier ministre, j'ai lu
encore dernièrement dans les journaux...
M. Lesage: Moi aussi j'ai lu ça? Ils rapportaient qu'il y avait
eu une réduction de l'UCC là je ne sais trop et on se posait des
questions sur 47.
M. Gosselin: Oui, justement. Oui et déjà Ses compagnies
ont commencé à contester la validité de cet
article-là et elles aimeraient avoir une situation de bulletin. C'est
pourquoi je me demandais si lorsqu'on....
M. Lesage: Le 47, comme ce fut dit au comité en bas, ne
s'applique - ça peut peut-être éclairer tout le monde - que
lorsqu'il y a un "pool", comme dans le lait et ça ne s'applique pas
autrement.
M. Gosselin: Cela ne s'applique que dans...
M. Lesage: Non, seulement dans les cas où il y a un "pool", comme
dans le lait. Je pense que l'explication, c'est celle-là.
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill 68, article 1, adopté. Article 2, adopté. Article 3,
adopté.
M. Russell: M. le Président, est-ce que le ministre a l'intention
de clarifier cette question de marquer les produits
québécois?
Une voix: Adopté.
M. Lesage: Il a le pouvoir de le faire et c'est une décision du
lieutenant-gouverneur en conseil. On va en discuter.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 3, adopté. Article 5, adopté. Article 6,
adopté.
M. Gosselin: À l'article 5, M. le Président, est-ce que
lorsque le ministre parle de postes d'inspection, il prévoit, dans cet
article-là, avoir des inspecteurs qui surveilleront ce que l'on appelle
aujourd'hui les encans publics que nous avons? Vous savez que la méthode
pour nos cultivateurs s'est modernisée. Je n'en ai pas contre ces encans
publics, mais, par contre, le cultivateur, lorsqu'il apporte ses animaux, s'il
transporte ses animaux à ces endroits-là, en consignation, n'a
aucune façon de se faire protéger? Ce que l'on remarque dans ces
endroits-là, c'est que, à un moment donné, si quelqu'un
décide de partir de ces encans publics, il ne possède pas les
bâtiments adéquats pour recevoir ces animaux-là et
là, par la suite, on les entasse dans des stalles beaucoup trop petites
pour le nombre d'animaux qu'on y met à l'intérieur et, là,
lorsque le cultivateur voit ses animaux se faire transporter par la suite dans
un autre grand marché, soit à Montreal Stock Yard, en bien, il
arrive que ses animaux arrivent en très mauvaise condition. Il en
résulte que, là, tout de suite, on a une qualité
inférieure sur le marché et c'est toujours le cultivateur qui, en
somme, paie pour ce qu'on appelle tous les "bluesing" ou encore les bleus que
les animaux ont pu recevoir au cours de ce temps. Alors, je crois qu'à
l'article 5, il serait opportun que le ministre ajoute une disposition
quelconque pour tâcher de voir à ce que lorsque les cultivateurs
se servent de ce moyen de vente aujourd'hui pour leurs animaux, qu'ils aient la
protection nécessaire.
M. Courcy: Nous ne l'avons pas placé dans cette loi, nous avons
une loi spéciale, une loi spéciale pour les encans publics.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Article 6, adopté.
M. Russell: Lorsqu'on parle d'inspection à un point
déterminé, est-ce que c'est pour des cas particuliers - si c'est
pour tous les produits? Est-ce que le ministre a des cas particuliers?
M. Courcy: Un produit déterminé.
M. Russell: Un produit déterminé oui, mais est-ce que
ça va couvrir simplement des cas particuliers comme les bleuets dont le
ministre parlait tantôt?
M. Courcy: Pour avoir un poste pour les bleuets.
M. Russell: Parce qu'il y a certains produits, si on avait un poste
d'inspection dans certaines régions et qu'on demandait à tous les
cultivateurs d'emmener leurs produits pour...
M. Courcy: Il peut y en avoir cinq ou
six pour les bleuets, il peut en avoir cinq ou six, sep, huit pour les
patates, tout dépend des régions.
M. Russell: Est-ce qu'il y a certains légumes ou certains fruits
que s'il fallait trimballer dans tous nos produits, à certaines places
on peut faire passer à l'inspection.
Cela serait un peu fatigant pour les cultivateurs. C'est facile de
transporter l'inspecteur.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
M. Johnson: Je compte que le ministre...
M. Courcy: C'est surtout pour des produits spécifiques.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 3, adopté?
M. Johnson: Est-ce que ça s'applique aux corporations comme aux
individus ces amendements? Oui hein?
M. Courcy: Oui.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. 5, adopté; 6 adopté.
M. le Président, le comité n'a pas fini de
délibérer et demande la permission de siéger de
nouveau.
M. le Président: Quand siéqera-t-ii? Même
séance? La résolution.
M. Courcy: M. le Président, son Honneur le lieutenant-gouverneur
ayant pris connaissance de ladite résolution recommande sa prise en
considération par la Chambre.
M. le Président: M. Courcy propose que je quitte maintenant le
fauteuil pour que la Chambre se forme en comité plénier pour
étudier la résolution concernant le bill 68. Cette motion
sera-t-elle adoptée? Adopté.
M. Johnson: Le ministre a-t-il prévu dans les estimations pour
l'année 1963-1964 les montants nécessaires pour payer ce
qu'autorise cette résolution?
M. Courcy: Oui.
M. Johnson: Quel montant a-t-il prévu?
M. Courcy: Nous avions dans la loi $15,000 par année. La loi nous
plafonnait à $15,000 par année et depuis nombre d'années
nous sommes rendus à $216,000 la dernière année que nous
avons dépensé, malgré que la loi limitait à
$15,000.
M. Johnson: Et on a prévu à combien pour l'année en
cours?
M. Courcy: Un peu plus, je croîs. Appréciation et
coût et salaires, frais des voyages... C'est $216,862.19.
M. Lesage: Cela dépend de l'année dernière. Quel
article est-ce?
Une voix: Horticulture.
M. Courcy: En tout cas environ $250,000.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
M. le Président, le comité a adopté la
résolution relative au bill no 68.
M. le Président: M. Courcy propose que la résolution soit
maintenant lue et agréée. Cette motion sera-t-elle
adoptée? Adopté. La Chambre de nouveau en comité
plénier. Article 7, adopté.
Une voix: On est bien mêlé.
M. Bédard (président du comité plénier): M.
le Président, le comité a adopté le biil numéro
68.
M. le Président: Sans amendement. Troisième lecture?
M. Johnson: Prochaine séance.
M. le Président: Prochaine séance, troisième
lecture.
M. Courcy: Troisième lecture.
M. Johnson: Prochaine séance.
M. le Président: Prochaine séance.
M. Lesage: Bill 67.
Bill no 67 Deuxième lecture
M. le Président: M. Arsenault propose la deuxième lecture
du bill 67, Loi modifiant la Loi des compagnies de Québec. La motion
sera-t-elle adoptée?
M. Lesage: M. le Président, est-ce que ça pourrait
être à deux heures et demie, la troisième lecture? Le
ministre de l'Agriculture sera absent la semaine prochaine, toute la semaine
prochaine, comme je l'ai dit.
M. Johnson: On va essayer de faire ça.
M. Lesage: Je i'ai mentionné hier,
M. Johnson: J'avais oublié ça, mais on va essayer pour
deux heures et demie.
M. Lesage: Deux heures et demie, oui.
M. Arsenault: M. le Président, le bill 67, présentement
à l'étude en deuxième lecture, modifiant la Loi des
compagnies de Québec en apportant des amendements ayant pour but, comme
l'indique bien la note explicative, d'ajouter à notre loi des compagnies
certaines dispositions qui existent déjà dans d'autres
juridictions, notamment dans la loi fédérale sur les compagnies,
au chapitre 53, article 128. Les amendements que nous désirons apporter
à notre loi des compagnies permettront à l'avenir à
quiconque a fait une offre pour l'acquisition de toutes les actions d'une
certaine catégorie, d'obtenir la totalité des actions lorsque
dans les quatre mois de sa date, l'offre a été acceptée
par les détenteurs d'au moins les neuf dixièmes des actions
concernées. Je ne crois pas avoir à ajouter autre chose à
ces explications qui, je crois, sont complètes.
M. Johnson: M. le Président, il est exact qu'on reproduit ici...
Pardon?
Une voix: Aimez-vous mieux qu'on aille en comité?
M. Johnson: Non, j'ai juste un mot à dire là-dessus. C'est
une provision qui existe ailleurs, qui existe dans la loi
fédérale...
M. Lesage: Mais il y a certaines différences, n'est-ce pas, que
je pourrai expliquer en comité.
M. Johnson: D'accord, mais je voudrais faire remarquer tout de suite,
ici, que le premier ministre se trouve à manquer à une promesse
qu'ii avait faite. Le premier ministre avait déclaré que si les
actionnaires des compagnies de pouvoir, compagnies distributrices
d'électricité, n'étaient pas satisfaits, ils pourraient
s'adresser aux tribunaux. Or, par cette loi-ci, qui est évidemment
apportée pour finir de régler ce problème de la
nationalisation, l'Hydro-Québec pourra se servir de ce pouvoir qu'on
accorde...
M. Lesage: Je ne manque pas à ma parole, pas du tout; on a
au-delà de 95% dans chaque cas.
M. Johnson: Même ça, M. le Président, je pense bien
que le principe est là, le premier ministre avait déclaré
et il a été félicité pour sa déclaration
dans les beaux éditoriaux du Financial Post, du Toronto Telegram, du
Globe and Mail, le Montreal Gazette, le Montreal Star, il avait
déclaré: nous, nous irons devant les tribunaux, ceux qui ne sont
pas satisfaits iront devant les tribunaux.
M. Lesage: Bien oui.
M. Johnson: Cela, c'est le principe; or, par cette loi, ceux qui
pensaient, même minoritaires, de pouvoir aller devant les tribunaux, ils
n'iront plus.
M. Lesage: Oui, ils peuvent y aller.
M. Johnson: Ils ne pourront plus y aller.
M. Lesage: Bien pardon, lisez la loi.
M. Johnson: Oh, non, M. le Président, bien à moins que,
évidemment...
M. Lesage: Voyons, lisez la loi, c'est justement ça, ils peuvent
y aller devant les tribunaux.
M. Johnson: M. le Président, si le premier ministre veut nous
donner des explications...
M. Lesage: Bien on est mieux en comité, je n'ai pas le droit de
citer le bill.
M. Johnson: Disons sur division, et puis on va aller en comité
tout de suite.
M. Lesage: Oui, puis je vais vous le citer l'article, vous verrez qu'ils
peuvent aller devant les tribunaux.
M. Johnson: On va faire parler le premier ministre; sur division.
M. le Président: La motion de deuxième lecture est
adoptée sur division.
M. Arsenault propose que je quitte maintenant le fauteuil et que la
Chambre se forme en comité plénier pour étudier le bill
67.
La motion est adoptée? adopté.
Comité plénier
M. Bédard (président du comité plénier):
Bill no 67, article 1.
M. Lesage: Bien je ne sais pas, mais j'ai l'impression que le chef de
l'Opposition n'a pas lu le bill.
M. Johnson: Oui, on ne lit pas.
M. Lesage: Cet avis est donné, je vais le lire l'article 1:
"Quand une offre d'acquisition de toutes les actions d'une certaine
catégorie a, dans les quatre mois de
sa data, été acceptée par les détenteurs des
neuf dixièmes des actions de cette catégorie, l'offrant doit,
dans les six mois suivant la date de l'offre, donner avis qu'il désire
acquérir les actions des actionnaires dissidents. Cet avis est
donné en la manière prescrite par le juge de la Cour
supérieure sur motion de l'offrant et il comporte notification
qu'à moins que la Cour supérieure du district où la
compagnie a son siège social n'en décide autrement, sur
requête d'un actionnaire dissident, produite dans le délai d'un
mois à compter de la date de l'avis, l'offrant deviendra
acquéreur des actions aux conditions de l'offre." Est-ce que ce n'est
pas un recours aux tribunaux ça? Cela ne peut pas être plus
clair.
M. Johnson: Oui, oui, c'en est un.
M. Lesage: Cela ne peut pas être plus clair, M. le
Président. Il est évident que le chef de l'Opposition n'avait pas
lu le bill. C'est clair.
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre est bon, il peut
mêler bien des gens qui ne sont pas avocats là-dedans, il a
certainement mêlé le secrétaire provincial qui, une bonne
fois, présentait cette loi-là -ne sachant pas qu'il contribuait
à faire manquer à une promesse, à faire manquer le premier
ministre à une promesse.
M. Lesage: Pas du tout, le recours aux tribunaux est là.
M. Johnson: M. le Président, cette loi n'était pas
présentée...
M. Lesage: M. le Président, la procédure est même
indiquée.
M. Johnson: Ah ça y est.
M. Lesage: Il faut une motion, il faut une requête, tout y
est.
M. Johnson: Il y a à peu près la même
différence là, à ce recours aux tribunaux, qu'il y a entre
passer par l'église et y rester pendant la messe, M. le
Président. Voici le problème, si cette loi n'était pas
passée, qu'est-ce que le gouvernement...
M. Lesage: Oui, mais qui est-ce qui dit au chef de l'Opposition que nous
allons nous en servir pour le cas de l'Hydro?
M. Johnson: Justement, ce n'est pas clair.
M. Lesage: C'est une loi générale.
M. Johnson: Ah oui, elle est très générale, mais
l'occasion, c'est pour fournir à l'Hydro un instrument extrêmement
habile, M. le Président, et qui a fait ses preuves ailleurs. On ne peut
pas argumencer là-dessus.
M. Lesage: Oui, c'est-à-dire il a fait ses preuves ailleurs, mais
simplement il y a un changement, dans la loi fédérale et comme
dans la loi anglaise, il est question de contrat, quand on a un contrat
comportant une offre, tandis qu'ici on limite ça au "take over
bill".
M. Johnson: Oui. M. le Président, si on ne passe pas cette loi,
si on ne la passe pas, qu'est-ce que l'Hydro serait obligée de faire
pour aller chercher les 5%, 3% ou 2%?
M. Lesage: Il y aurait à faire comme dans la Beauharnois.
M. Johnson: Cela voudrait dire que...
M. Lesage: Dans le cas de la Beauharnois, c'est arrivé dans le
cas de la Beauharnois.
M. Johnson: Le détenteur n'aurait qu'à s'asseoir, à
ne pas bouger.
M. Lesage: Pas recevoir un sou de dividende.
M. Johnson: Et ne pas recevoir de dividende, mais il y a de ces gens qui
s'entêtent, moi je le sais.
M. Lesage: Oui.
M. Johnson: Parce que ces gens-là diraient, mais oui, le premier
ministre lorsqu'il a parlé de la nationalisation, pendant les
élections surtout, il a dit: Nous autres, on ne fera pas comme
ailleurs,
M. Lesage: C'est vrai.
M. Johnson: Comme dans la Colombie, nous autres on va donner un recours
devant les tribunaux pour ceux qui ne seront pas satisfaits.
M. Lesage: Oui, on le leur donne.
M. Johnson: C'est un gros recours ça.
M. Lesage: Certainement que c'est un recours.
M. Johnson: Là, M. le Président...
M. Lesage: C'est un recours qui a été exercé avec
succès par ses dissidents.
M. Johnson: C'est d'une habileté extraordinaire, je suis
prêt à admettre ça,
mais là tout le poids est sur l'actionnaire individuel qui sera
obligé d'aller à la cour et faire une objection.
M. Lesage: Mais oui.
M. Johnson: Et faire toute sa cause.
M. Lesage: Oui, mais c'est ça que...
M. Johnson: Et faire toute sa cause. On vient de rejeter tout le poids
de la cause, tous les déboursés d'expertise sur le dos de
l'actionnaire individuel, alors que si nous ne passons pas cette loi-ci, et si
le gouvernement veut exproprier, c'est le gouvernement qui devra, prendre
l'initiative d'exproprier et aller ensuite faire la preuve lui-même
devant les tribunaux, ah oui, M. le Président, tandis que là on
remet tout ce poids sur l'individu. C'est extrêmement habile. Je suis
obligé de saluer, chapeau bas, le premier ministre ou celui qui lui a
trouvé cette formule, pour manquer élégamment à une
promesse qu'il a faite...
M. Lesage: M. le Président, lorsque j'ai...
M. Johnson: Paraître élégant dans le manquement
à la promesse. C'est extraordinaire, M. le Président.
M. Lesage: M. le Président, puis-je simplement pour...
M. Johnson: Et dire qu'il a été complimenté, il a
reçu des félicitations à pleins éditoriaux, on
disait...
M. Lesage: Certainement.
M. Johnson: Je me souviens encore d'un journal de langue anglaise: "Here
is a real businessman". Il s'est bâti une réputation de "fair
play" en promettant, M. le Président, que l'actionnaire qui ne serait
pas satisfait, eh bien lui, il aurait son recours devant les tribunaux.
M. Lesage: Oui, mais c'est ça...
M. Johnson: On lui a donné un petit recours, M. le
Président.
M. Lesage: Un gros recours.
M. Johnson: Une petite affaire de rien, mais joliment dispendieuse par
exemple. Recours excessivement onéreux pour l'actionnaire, M. le
Président, un recours qui va être, à toutes fins utiles,
illusoire, illusoire. Mais en apparence, Seigneur que c'est donc dans la
tradition du Parti libéral, "save the surface and you save all."
M. Cadieux: La différence entre un petit recours et un gros
recours.
M. Johnson: Montrez donc dans des textes que vous donnez "fair play",
mais donnez le pas. Vous allez passer pour un grand homme. M. le
Président, je suis certain que bien des gens vont être
déçus de voir qu'on prend un moyen indirect pour manquer à
une promesse, on le couvre avec un texte suavement amené. Je pense que
le ministre, secrétaire provincial, a dû collaborer à ce
texte-là, tellement c'est suave, c'est bien tourné, tellement
c'est gentil, M. le Président. C'est tellement bien fait que c'est
quasiment signé du nom du parrain. Cela, franchement, c'est une
habileté, mais il reste quand même, M. le Président, qu'on
manque à sa promesse là-dessus et je le regrette pour le premier
ministre.
M. Lesage: Je regrette infiniment. D'abord en droit, il n'y a ni petit
niveau à recours, il y a un recours. Il y a un recours au tribunal, il
est clair.
La procédure est même établie et le chef de
l'Opposition dit que le recours est illusoire. Je pourrais citer une longue
jurisprudence anglaise et canadienne, qui prouve que le recours n'est pas
illusoire. J'ai ici un rapport d'une cause qui est allée en Cour
suprême du Canada, Esso Standard Inter America Incorporated contre
Margaret & Morrisson. Et, dans ce cas, la dissidente qui avait perdu en
Cour supérieure, en Cour suprême de l'Ontario, c'est-à-dire
on l'appelle la Cour suprême, en a appelé. La Cour d'appel a
maintenu son appel avec une dissidence et la Cour suprême a maintenu le
jugement de la Cour d'appel. C'est-à-dire que la dissidente a eu gain de
cause. Donc, ce n'est pas un recours illusoire. Ce que j'ai dit, c'est que ceux
qui ne seront pas satisfaits auraient un recours aux tribunaux, ils l'ont. Et,
au moment où je l'ai dit, au moment, M. le Président, où
je l'ai dit, il était clair que je songeais à adopter une
législation similaire à la législation
fédérale parce que nous en avons discuté dès le
moment où nous avons décidé de procéder par des
offres.
M. Dozois: M. le Président, est-ce que le premier ministre me
permettrait une question? Qu'arriverait-il si, en vertu de cette loi, disons
l'Hydro-Québec en l'occurrence, ne prenait pas l'initiative de
s'adresser à la cour, pour acquérir la balance?
M. Lesage: Il arrivera ce qui est arrivé dans le cas de la
Beauharnois, c'est qu'il y a des actions qui sont restées entre las
mains de tiers pendant de nombreuses années, les tiers ne
reçoivent pas de dividendes et puis
à un moment donné...
M. Dozois: Très bien. Alors l'actionnaire n'a pas de recours.
L'actionnaire a un recours dans la mesure où l'Hydro-Québec
prendra l'initiative.
M. Lesage: Mais l'on sait bien que l'Hydro-Québec va faire une
motion dans le cas de chacune des compagnies.
M. Dozois: Oui, oui. Mais, ça ne s'applique pas seulement pour
l'Hydro-Québec, le principe.
M. Lesage: Non, non. C'est une loi générale, mais c'est
simplement qu'elle est nécessaire. Je la passe à ce moment-ci
parce qu'elle est nécessaire pour compléter l'opération de
l'Hydro-Québec.
M. Alma: Mais, en principe le recours...
M. Lesage: ... pour compléter l'opération de
l'Hydro-Québec.
M. Dozois: Mais en principe le recours de l'actionnaire est
conditionné par l'action ou l'initiative que peut prendre la compagnie
qui a acquis 90% des parts.
M. Lesage: Oui. Il est évident que la compagnie va le faire.
M. Dozois: Si la compagnie ne le fait pas, son recours n'existe
plus.
M. Lesage: Non, bien là vous direz que j'ai manqué
à ma promesse mais l'Hydro va le faire. C'est à ce
moment-là que vous pourrez dire que j'ai manqué à ma
promesse si l'Hydro ne procédait pas par motion en vertu de cette...
M. Dozois: Je cite le cas de l'Hydro, mais ça s'applique en
général ça.
M. Johnson: Est-ce qu'on a l'intention de demander à l'Hydro de
le faire?
M. Lesage: Ah, c'est décidé.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté. Article...
M. Johnson: Non, mais qu'est-ce qui arrive des compagnies qui ont une
charte fédérale?
M. Lesage: Bien, on va procéder...
M. Johnson: Est-ce qu'il y en a une compagnie qui a une charte
fédérale?
M. Lesage: Il y en a deux. Il y a la Southern Canada Power et puis
Northern Quebec Power et nous allons procéder en vertu de la loi
fédérale.
M. Johnson: Vous allez prendre la loi fédérale.
M. Lesage: Certainement, je l'ai ici, c'est l'article 128 de la Loi des
compagnies...
M. Johnson: Mais oui, mais il dit: Quand un contrat comportant...
M. Lesage: Bien oui, ça devient un contrat. L'acceptation par la
majorité des actionnaires de l'offre de l'Hydro-Québec est, en
vertu de nos lois, un contrat complété par le consentement des
parties. Pas besoin d'avoir un contrat rédigé. Le contrat en
vertu de nos lois ce n'est pas un bout de papier, c'est le consentement des
parties.
M. Johnson: J'espère que c'est le sens que les tribunaux donnent
à la loi fédérale parce que l'article de la loi
fédérale dit: "Quand un contrat comportant le transfert d'actions
d'une catégorie quelconque d'actions d'une compagnie...
M. Lesage: Bien oui, je puis passer un contrat, faire une offre au chef
de l'Opposition, il l'accepte. Je lui offre, par exemple, de lui payer, disons,
on va faire une entente, c'est le chef de l'Opposition qui m'offre un montant
d'argent pour prendre ma place...
M. Johnson: Je vais payer ses gageures au golf.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition m'offre un certain montant d'argent
pour prendre ma place, j'accepte. Le seul fait que je traverse et puis que lui
traverse, il complète le contrat.
M. Johnson: Il faudrait que le premier ministre me paie. M. le
Président, il faudrait que le premier ministre, pour prendre sa
place...
M. Bédard (président du comité plénier):
Hors d'ordre. Hors d'ordre. A l'ordre'.
M. Johnson: ...à la tête des troupes qu'il a, à
condition qu'il me permette d'y aller avec mon groupe.
M. Lesage: Ah bon.
M. Johnson: Mais sa place, je ne la voudrais pas.
M. Lesage: Je prends note pour les prochaines élections.
M. Johnson: Vous pouvez prendre pour acquis que je n'ai pas l'intention
de rechercher la position de chef du Parti libéral dans les
circonstances. Je nettoierais d'abord le parti de ceux qui ne sont pas
libéraux avant de vouloir la rechercher.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté.
M. Johnson: Non, mais voici, évidemment, le premier ministre a
raison, un contrat dans notre droit à nous, quand il y a sollicitation
et acceptation, c'est réglé, quand quelqu'un est prêt
à vendre et l'autre est prêt à acheter et que le
consentement se fait, il y a contrat. Mais le premier ministre est tellement
peu sûr de ça que...
M. Lesage: Comment, je suis peu sûr?
M. Johnson: Il n'aurait pas marqué quand un contrat dans la loi
provinciale qu'il amende, il n'a pas marqué quand un contrat est
intervenu...
M. Lesage: Voici...
M. Johnson: Il a pris la peine de spécifier "quand une offre
d'acquisition de toutes les actions," alors que le texte fédéral
dit: "quand un contrat comportant le transfert d'actions."
M. Lesage: Oui, c'est parce que...
M. Johnson: J'espère, M. le Président, que ça peut
se régler par la loi fédérale. Je ne veux pas être
mal interprété.
M. Lesage: ...dans certains jugements en Angleterre, alors que, et
même ici au Canada, dans le cas d'un transfert de Standard Oil of New
Jersey, de toutes ses actions dans une compagnie de pétrole quelconque
à une filiale Esso, je ne sais pas quoi, la Cour suprême a
décidé que le contrat, parce que fait entre une compagnie parente
et subsidiaire, était vicié de ce fait-là, parce qu'il
avait été fait en vue de faire la motion devant la Cour
suprême de l'Ontario pour absorber les petits. Alors, c'est pour
ça que nous avons cru, pour éviter de telles choses, que nous
devions nous en tenir au cas "take over bill".
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 1, adopté, article 2, adopté.
M. Johnson: Une minute, est-ce qu'il y a une explication sur l'article
2?
M. Lesage: Bien, c'est la partie 2, des compagnies, c'est la même
chose.
M. Bédard (président du comité plénier):
Article 3, adopté.
M. Johnson: Ah bon.
M. Lesage: L'article 1 concerne la première partie de la Loi des
compagnies, l'article 2, la deuxième.
M. Johnson: Est-ce qu'on a besoin, M. le Président, d'une preuve
que le premier ministre manque à sa promesse. Il rend la loi
rétroactive.
M. Lesage: Je ne la manque pas. Au contraire, il n'est pas de
l'idée du député de Saint-Jacques, pas du tout là.
Le député de Saint-Jacques dit: "Est-ce que l'Hydro-Québec
va procéder? S'il ne procède pas, les dissidents n'ont pas
recours aux tribunaux".
Alors, l'article 3 est une preuve écrite que
l'Hydro-Québec entend de procéder.
M. Johnson: Qu'elle pourrait procéder.
M. Lesage: Oui, mais j'ai dit qu'elle procéderait.
M. Johnson: Le premier ministre nous a dit qu'elle procéderait
mais même si...
M. Lesage: Oui, mais j'ai besoin de l'article 3 pour ça.
M. Johnson: Même si elle procède, il reste que toute la
charge, toute la responsabilité et toutes les dépenses sont sur
le dos de l'actionnaire. On renverse complètement la position dans
laquelle se trouverait l'actionnaire sans la passation de cette loi. Encore une
fois, c'est extrêmement habile...
M. Lesage: Je n'ai jamais dit que l'Hydro procéderait devant les
tribunaux afin qu'il puisse se défendre, j'ai dit que ceux qui ne
seraient pas satisfaits auraient recours aux tribunaux et je fais exactement ce
que j'ai dit que je ferais.
M. Johnson: Aurait recours, M. le Président, dans l'état
actuel des lois au moment où une promesse a été faite.
M. Lesage: Ah non, je n'ai jamais ajouté ça.
M. Johnson: M. le Président, tout le monde a compris ça.
Moi, je le savais qu'il y avait une attrappe là-dedans, mais, vous
savez, avec les éditoriaux de la Montreal Gazette et de Montreal Star,
"Here is a man who will not like B. C."...
M. Lesage: Bien, c'est vrai aussi.
M. Johnson: Tout le monde a compris à
ce moment-là, les éditorialistes comme les autres, qu'il
s'agissait de recours en vertu des lois existantes à ce
moment-là.
M. Lesage: Les éditorialistes et ces journaux-là sont plus
fins que ça.
M. Johnson: M. le Président, s'ils sont plus fins que moi, ils
étaient plus intéressés que moi au premier ministre
d'abord - c'est là qu'est le joint - quand ils ont écrit ces
choses-là. Évidemment, le premier ministre portera sa
responsabilité, devant l'opinion publique, ce n'est pas nous.
M. Lesage: C'est le Secrétaire provincial.
M. Johnson: Ah, c'est le Secrétaire provincial qui va porter
encore l'opprobe. Est-ce qu'on va cesser de charger cet homme de tous les
péchés d'Israël? il a assez des siens, M. le
Président.
M. Bédard (président du comité plénier):
Adopté, article 4, adopté.
M. le Président, le comité a adopté le bill no
77.
Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture? Troisième
lecture, adoptée.
M. Lesage: Sur division ou adopté? M. Johnson: Non, pas de
division.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill, third
reading of this bill.
M. Lesage: Alors, à 2 h 30 nous prendrons la troisième
lecture du bill no 68 et puis nous continuerons avec l'étude des
crédits de l'Instruction publique, la Jeunesse et les Finances. Si ce
n'est pas aujourd'hui, ce sera lundi.
M. le Président: La séance est suspendue jusqu'à 2
h 30.
(Reprise de la séance à 2 h 30)
Déclaration ministérielle
Pourcentage des actions des compagnies d'électricité
acquises par l'Hydro-Québec, le 4 juillet
M. Jean Lesage
M. Lesage: M. le Président, avec le consentement unanime de la
Chambre, je voudrais donner certains renseignements que je n'ai pas pu donner
avant le déjeuner parce que je ne les ai reçus qu'il y a quelques
instants. Il s'agit du pourcentage des actions acquises par
l'Hydro-Québec à la fermeture des bureaux le 4 juillet 1963.
La compagnie d'électricité Shawinigan, les actions
ordinaires, 98.4% - classe A, 99.2%. La compagnie Quebec Power, 99.3% -Southern
Canada Power Company Ltd 99.6%. La compagnie d'électricité
Gatineau, 98% -La compagnie de pouvoir du Bas-Saint-Laurent, 99.8%
Une voix: Pardon?
M. Lesage: 99.8%. Si j'avais toujours eu ça dans mes examens, je
serais bien heureux.
M. Bellemare: Ah oui, c'est ça, oui,
M. Johnson: Il avait presque ça, le premier ministre.
M. Lesage: En mathématiques, c'était mieux que ça.
C'était 100%. Northern Quebec Power Company Ltd, 99%. Quant aux actions
privilégiées, la compagnie d'électricité Shawinigan
- Classe A, 99.8% - Classe B, 92.7%. Northern Quebec Power Company Ltd à
5.5%, 91.5% à 6%, 100%. Southern Canada Power Company Ltd, 90.6%.
Compagnie d'électricité Gatineau -privilégiées
à 5% d'intérêts, 93.7% à 5.5%, 93.9%. La compagnie
de pouvoir du Bas-Saint-Laurent - privilégiées,
intérêts, 5 1/2%, 96%.
M. Johnson: Le premier ministre m'éviterait d'aller chercher mes
dossiers s'il voulait bien me rafraîchir la mémoire quant aux
actions privilégiées. On les a échangées, je
comprends, pour des obligations de la province...
M. Lesage: Des obligations de la province...
M. Johnson: ...à un taux équivalent... M. Lesage:
...équivalant à celui-là, oui.
M. Johnson: ...mais sans ajouter une compensation pour les avantages que
les actionnaires...
M. Lesage: Oui, dans certains cas. Bon, il faudrait que je me
refraîchisse la mémoire, moi aussi. Dans le cas de Southern Canada
Power, oui. Dans le cas de Gatineau, oui.
M. Johnson: Parce que ces actions-là comportaient un
privilège de conversion...
M. Lesage: Oui. De conversion et puis une prime...
M. Johnson: ...d'achat d'actions...
M. Lesage: Une prime à conditions.
M. Johnson: ...au cas de rachat.
M. Lesage: C'est ça.
M. Johnson: Mais, le premier ministre n'a pas tenu compte, l'Hydro n'a
pas tenu compte, dis-je, dans ces offres, des inconvénients que l'on
crée aux détenteurs de ces actions qui, recevant un dividende
d'une compagnie canadienne, pouvaient, dans le calcul de leur impôt,
déduire 20% du montant reçu en dividende, alors que, maintenant,
recevant des intérêts et non pas des dividendes sur des
obligations qui ont remplacé leurs actions privilégiées,
ils ne pourront pas déduire quoique ce soit dans le calcul de leur
impôt.
M. Lesage: Non, mais le fait de détenir des obligations de
l'Hydro bonifie la sécurité de leur placement...
M. Johnson: Mais pas le revenu. M. Bellemare: Pas le 20%
M. Lesage: C'est garanti par la province, tout de même.
M. Johnson: Je comprends que c'est garanti par la province, mais ils
avaient librement assumé ce risque en achetant...
M. Lesage: Oui, ils ont librement accepté.
M. Johnson: Ah oui, oui. C'est une liberté relative comme
toute...
M. Lesage: Quant aux actions privilégiées, la
liberté était totale.
M. Johnson: On comprend le problème, M. le Président.
Quelqu'un qui avait disons $1000 d'actions privilégiées à
6% de Northern Quebec Power... Je prends le premier exemple qui me tombe sous
les yeux et il est mal choisi parce que 100% ont converti leurs actions, mais
$1000 d'actions privilégiées recevant...
M. Lesage: Puisqu'il y en a 100% qui ont converti, ça ne doit pas
être si désavantageux que ça.
M. Johnson: Oui. Je reprends un exemple théorique
là...
M. Lesage: Il est joliment pratique.
M. Johnson: ... recevait 6%, $60 sous forme de dividendes...
M. Lesage: Oui, mais ils réinvestissent. Il faut bien
comprendre.
M. Johnson: $60, mais quand arrivait leur impôt, ils pouvaient
déduire 20%, soit $12.
M. Lesage: Oui, oui, très bien.
M. Johnson: Là, maintenant, ils reçoivent $60 en
intérêts sur les obligations de la province et ne peuvent rien
déduire.
M. Lesage: Non, mais ils peuvent cependant vendre des obligations, les
obligations sont en très bonne posture sur le marché, et...
M. Johnson: Les actions aussi.
M. Lesage: ...racheter des actions privilégiées ou les
actions communes d'autres compagnies et bénéficier alors des 20%.
Ils ont le choix.
M. Johnson: Les actions aussi connaissaient un marché.
M. Lesage: Et la preuve que ce n'était pas si
désavantageux réside dans les chiffres, dans les pourcentages
d'acceptation parce que, dans le cas des actions privilégiées, il
est évident que nous continuons à payer l'intérêt.
Ce n'est pas comme pour les actions ordinaires où nous cesserons de
payer le dividende.
M. le Président: Affaires du jour.
M. Johnson: Un instant. Est-ce qu'on a fini, là, nous autres?
Une voix: Troisième lecture du bill 68. M. Lesage:
Troisième lecture du bill 68.
M. Johnson: Le premier ministre va-t-il être absent la semaine
prochaine? Non.
M. Lesage: Le premier ministre ne sera pas absent la semaine prochaine,
il sera ici; il y a des bills très importants.
Bill no 68 Troisième lecture
M. le Président: Troisième lecture adoptée.
M. Johnson: Ils ne viendront peut-être pas.
M. le Président: Troisième lecture adoptée, no
68.
M. Lesage: Avez-vous un amendement ou bien si...
M. Johnson: Oui, oui.
M. Lesage: Ah bon! Très bien.
M. Johnson: Voici. Si M. le député me le permet, si on ne
veut pas allonger la discussion, si le ministre, si le premier ministre
consentait, pour éviter de déranger les députés,
l'amendement, s'il était agréé, ce serait vite fait, et
s'il ne l'était pas, il pourrait être rejeté sur division
et le bill accepté sur division.
M. Lesage: Alors, si on veut lire, dans ces conditions, envoyez donc
chercher M. Lajoie avec ses officiers.
M. Eloi Guillemette
M. Guillemette: M. le Président, je n'ai pas l'intention du tout
de reprendre des arguments apportés par mes collègues cet
avant-midi. Il est clair que je suis d'accord avec eux, comme je le suis en
principe avec le gouvernement qui apporte cette loi.
Toutefois, je ne puis laisser passer le fait - la loi l'indique et les
explications qu'a données le ministre de l'Agriculture cet avant-midi
encore plus que les dispositions de la loi - que les règlements qui vont
suivre ne rendront pas obligatoire d'indiquer la provenance des produits
agricoles au palier du détail. Je crois qu'une telle indication
constituerait une protection précieuse pour nos horticulteurs et une
invitation répétée à nos gens d'acheter d'abord les
produits de chez nous.
Il est clair que je n'ai pas l'intention du tout de contester le fait
qu'une législation, une réglementation amènera avec le
temps, avec l'éducation qu'on voudra bien faire, nous, aux producteurs,
à opérer une meilleure classification de leurs produits avant de
les apporter sur le marché. Je ne veux pas m'inscrire en faux contre ces
améliorations qu'engendrera nécessairement la loi qu'on vient
d'adopter. Il est clair qu'à l'heure actuelle comme, d'ailleurs, dans le
passé, dans la province de Québec, ce qui a causé
peut-être le plus de tort à la mise en marché de nos
produits agricoles et à la récolte de revenus qui soient de
nature à permettre à nos cultivateurs de se maintenir sur leurs
terres et de faire vivre leur famille, à la base de tout cela, c'est un
manque de classification de nos produits qui a été une des
principales causes.
Motion d'amendement
Seulement, dans les circonstances, étant donné qu'on ne
veut pas indiquer, que la loi ne l'indique pas, c'est laissé au bon
vouloir du ministre, et le ministre, cet avant-midi, dans son argumentation, a
établi de façon claire qu'il n'avait pas l'intention de proposer
de réglementation de nature à amener les producteurs ou, si vous
voulez, les vendeurs au détail, à indiquer la provenance des
produits, je me vois dans l'obligation, cet après-midi - et je crois, en
le faisant, remplir mon devoir - de proposer à la Chambre la motion
suivante, secondée par M. Russell: Que tous les mots après "que"
dans la motion en discussion soient retranchés et remplacés par
les suivants: "Le bill 63, intitulé Loi modifiant la Loi des produits
agricoles, soit retourné au comité plénier avec
instruction de l'amender de façon à prévoir l'obligation
pour le détaillant d'indiquer la province d'origine dans le cas d'un
produit canadien, ou le pays d'origine dans le cas d'un pays
étranger."
M. Alcide Courcy
M. Courcy: M. le Président, la loi permet au ministre de faire
des règlements pour, à un moment donné, indiquer la
provenance du produit. Mais dans la situation actuelle, dans le moment, tant et
aussi longtemps que nos produits agricoles n'auront pas pris un nom dans la
province de Québec, qu'ils n'auront pas pris la place qui leur revient
sur les tablettes, je crois que nous ne pouvons pas, dans le moment, l'entrer
dans la loi, et c'est pour ça qu'il y a des règlements qui
pourront nous permettre, dans un an, dans deux ans, dans trois ans
peut-être, le plus vite possible, tant mieux, mais, comme je le disais,
aujourd'hui, c'est impossible. Nous ne pouvons forcer par la loi cette
obligation d'indiquer le lieu de provenance du produit.
M. Armand Russell
M. Russell: M. le Président, voici. L'argumentation du ministre,
ce matin, était très claire, et je crois que ça indique
qu'il n'a pas l'intention d'imposer une réglementation, tel que l'a dit
le député de Frontenac. Mais il est clair que l'idée de
déterminer ou d'identifier le produit québécois est une
façon très précise de réglementer pour
prévenir le consommateur, celui qui achète le produit, et c'est
là qu'est l'abus qui se fait actuellement. On a parlé des patates
du Nouveau-Brunswick, ce matin c'est clair. On sait qu'à l'heure
actuelle dans la province de Québec, plusieurs des gros acheteurs vont
acheter des patates du Québec, et on va les mettre dans des sacs ou des
contenants du Nouveau-Brunswick pour laisser croire à la population
qu'elle achète des patates du Nouveau-Brunswick, et je crois que c'est
une façon indirecte de laisser continuer cet abus continu qui se fait
pour la patate et pour beaucoup d'autres produits
qui ont obtenu une réputation, si vous voulez, par la
publicité qui a été faite par certaines provinces.
Je crois que si cette motion était acceptée, si cet
amendement était accepté, ça aiderait les consommateurs
à connaître réellement la marchandise qu'ils
achètent, c'est pour cette raison, je crois, que le député
de Frontenac était bienvenu de présenter cet amendement afin de
donner encore une chance au ministre de pouvoir se rendre au désir du
consommateur et au désir du producteur québécois qui, j'en
suis assuré... Le ministre s'est rendu compte de l'effort constant qui
se fait pour améliorer leur situation et le produit du
Québec.
M. le Président, je ne veux pas insister plus longtemps, je vois
que le ministre ne veut pas répondre à leur demande. Donc, je
vais lui laisser la responsabilité, et ce sera à ceux qui sont
affectés d'en juger.
M. Jean Lesage
M. Lesage M. le Président, un mot seulement pour dire que, en
principe, le gouvernement est d'accord. Nous sommes d'accord sur le principe de
l'amendement, mais nous croyons que le temps n'est pas mûr, n'est pas
arrivé encore pour les raisons données par le chef de
l'Opposition, par le ministre de l'Agriculture. D'ailleurs, le chef de
l'Opposition pense la même chose, j'en suis sûr.
M. Johnson: Je n'ai jamais dit ça.
M. Lesage: Le temps n'est pas mûr pour les raisons données
par le ministre de l'Agriculture. Dans les circonstances, il est normal que le
pouvoir de faire ce que demande l'amendement soit donné au ministre,
comme il l'est dans le projet de loi, mais je crois qu'il appartient au
ministre et à ses conseillers juridiques ainsi qu'au
lieutenant-gouverneur en conseil de décider à quel moment la
chose sera possible. Il faudra évidemment donner des avis assez
longtemps à l'avance, aussi, de la date d'entrée en vigueur des
règlements parce qu'il faut s'y préparer. Pour ces raisons, nous
ne pouvons pas accepter l'amendement, mais, encore une fois, je suis d'accord,
et pleinement, avec le principe.
M. Daniel Johnson
M. Johnson: M. le Président, le premier ministre ne semble pas
avoir lu attentivement l'amendement ou même la loi. L'amendement
proposé par le député de Frontenac, secondé par le
député de Shefford, demande qu'il soit prévu dans la loi
que le détaillant doit indiquer la province d'origine dans le cas d'un
produit canadien ou le pays d'origine dans le cas d'un pays
étranger.
M. Lesage: Certainement, je dis que je suis d'accord avec le principe,
mais je dis que le temps n'est pas arrivé de le faire.
M. Johnson: Cela veut dire que le ministre de l'Agriculture a
probablement induit le premier ministre en erreur.
M. Lesage: Ah ça!
M. Johnson: On voudrait raccrocher.
M. Lesage: Je me fie autant au ministre de l'Agriculture qu'au chef de
l'Opposition dans ce domaine.
M. Johnson: Oui, je comprends, mais il n'y a rien ni dans 3, ni dans
4...
M. Lesage: Et pour cause.
M. Johnson: ... qui permettra au ministre d'adopter des
règlements...
M. Lesage: Certainement.
M. Johnson: ... forçant le détaillant, pour un produit non
empaqueté, d'indiquer d'où vient le produit, M. le
Président, de statuer sur la qualité, la forme et la composition
de ce produit, sur le récipient, l'emballage qui le contient et sur les
inscriptions ou indications requises, évidemment, sur l'emballage ou le
récipient, de prescrire l'étiquetage du produit ainsi que les
conditions dans lesquelles l'étiquetage doit se faire.
M. Lesage: Eh bien oui, et puis!
M. Johnson: Eh bien, M. le Président, il n'y a rien, il n'y a pas
de pouvoir là-dedans qui semble accorder ce droit au ministre.
M. Lesage: L'étiquetage.
M. Johnson: Non, le droit d'imposer au détaillant, non pas
d'étiqueter le produit, mais d'indiquer sur ces comptoirs, d'une
façon quelconque à être établie par les
règlements, que le produit vient de telle ou telle province, ou de tel
pays. Alors, il n'a pas ce pouvoir, en vertu des amendements qu'on apporte,
alors qu'il l'a en vertu de la loi actuelle.
M. Lesage: Je regrette, il l'a. M. Johnson: À quel endroit?
M. Lesage: Troisièmement, de "statuer sur la qualité, la
forme, la composition de ces produits, sur le récipient ou l'emballage
qui les contient, et sur les inscriptions ou
indications requises", et ça, cela peut être à
n'importe quel niveau parce que ce n'est pas restrictif.
M. Johnson: M. le Président, on va retenir cela.
M. Lesage: Cela peut être au niveau du détaillant, cela
peut être n'importe où. Le ministre a tous les pouvoirs pour faire
ce que demande l'amendement, il a absolument tous les pouvoirs.
M. Johnson: On va retenir cela, M. le Président, le ministre
aurait, d'après le premier ministre, le pouvoir en vertu du
sous-paragraphe 4.
M. Lesage: De faire exactement ce que demande l'amendement.
M. Johnson: De faire des règlements.
M. Lesage: Faire ce que demande l'amendement.
M. Johnson: Faire ce que demande l'amendement, M. le Président,
je prétends que non.
M. Lesage: Ah évidemment, c'est votre opinion.
M. Johnson: Tant mieux si c'est vrai, mais il a été
clairement établi ce matin, comme l'a souligné le
député de Frontenac, que le premier ministre n'a pas l'intention
de le faire.
M. Lesage: Il n'est pas avocat, le député de
Frontenac.
M. Johnson: Que le ministre de l'Agriculture n'a pas l'intention
d'exiger cela pour le moment, pas avant un an, deux ans ou trois ans.
M. Courcy: Cela pourra prendre quelque temps, tout va dépendre de
la mentalité des gens.
M. Gabias: Plus fort.
M. Johnson: Mais on a déjà l'expérience que cela a
été fait une année et que cela a été,
d'après les gens eux-mêmes, excessivement
rémunérateur pour nos gens.
M. Lesage: Oui, mais dans les circonstances que le ministre de
l'Agriculture a données.
M. Johnson: Pardon?
M. Lesage: Dans les circonstances que le ministre de l'Agriculture a
données.
M. Johnson: En 1958?
M. Lesage: Même si on recommençait...
M. Johnson: Non, je ne veux pas.
M. Lesage: Voyons donc!
M. Johnson: Cela a été fait, M. le Président, moi,
je ne crois pas qu'on ne peut pas le faire tout de suite. Si nous avions cru
qu'il faille attendre un an, deux ans, trois ans, nous n'aurions pas
présenté cette motion d'amendement, et je félicite le
député de Frontenac et le député de Shefford
d'avoir apporté cet amendement qui indique bien qu'avec un gouvernement
de l'Union Naticrale, on aurait des cultivateurs qui seraient compris.
M. Lesage: Vous n'auriez même pas touché à la
loi.
M. le Président: À l'ordre, messieurs!
M. Courcy: Depuis 1932, la loi est là qui dort. La loi sur le
tabac, vous ne l'avez jamais appliquée, l'Union Nationale, jamais, on
l'améliore.
M. Johnson: Cela, c'est l'affirmation du ministre.
M. Courcy: L'affirmation de tous ceux, des pratiquants même dans
la Chambre, le député de L'Assomption qui est cultivateur,
producteur de tabac, fondateur de la Coopérative de L'Assomption.
M. Johnson: Un autre témoignage
désintéressé, le député de L'Assomption.
M. le Président, ce n'est pas un témoignage politique,
celui-là. J'aurais aimé mieux que le ministre me donne d'autres
preuves que celles-là, même si j'ai beaucoup de respect.
M. Lesage: Le chef de l'Opposition ne songe jamais à autre chose
que politique.
M. Johnson: M. le Président, oui, dans leur forme, ils sont
politiques, mais dans le fond, ils sont toujours vrais, M. le
Président.
M. Lesage: Ah, mon Dieul
M. Johnson: Et c'est là que s'établit la différence
des deux premiers ministres.
M. Lesage: Et Dieu sait qu'il s'est fait prendre les culottes
baissées...
M. Johnson: C'est le premier ministre, dans le fond, ce n'est pas vrai,
mais la forma paraît toujours bien, c'est la différence, M. le
Président, j'ai une forme
moins soignée, ce n'est pas dit avec le même talent, je
n'ai pas eu la chance de jouer dans le "baiser de minuit" ni "les glorieuses",
comment est-ce qu'on appelle cela...
M. Lesage: "Les marchands de gloire".
M. Johnson: "Les marchands de gloire".
Je me demandais d'où vient le leitmotiv de la politique
libérale, mais cela vient de la pièce "Les marchands de gloire",
M. le Président. C'est une gloire qui va encore coûter cher aux
cultivateurs par un manque de protection adéquate et le ministre vient
de manquer un bateau, je le pense bien, en ne permettant pas cet
amendement.
M. le Président: À l'ordre, messieurs! Est-ce qu'on est
prêt pour la question? Que tous ceux qui sont en faveur de la motion
veuillent bien répondre oui.
M. Johnson: Sur division.
M. Lesage: Oui, c'est fait sur division.
M. Johnson: On avait convenu de ne pas prendre le vote, M. le
Président.
M. le Président C'est la même chose. M. Lesage: Cela
revient au même.
M. le Président: Ceux qui sont en faveur sont moins nombreux par
ceux qui sont contre. Alors, je déclare que la motion est rejetée
sur division.
M. Johnson: Très bien, M. le Président. Maintenant, la
troisième lecture.
M. le Président: Troisième lecture, la motion principale
adoptée.
M. Lesage: Sur division?
M. le Président: Sur division. Adoptée unanimement.
M. le Greffier adjoint: Troisième lecture de ce bill. Third
reading of this bill,
M. le Président: M. Lesage propose maintenant que je quitte le
fauteuil pour que la Chambre se forme de nouveau en comité des subsides.
Cette motion sera-t-elle adoptée? Adopté.
Comité des subsides
Etude des crédits de l'Instruction
publique
M. Bédard (président du comité des subsides):
Instruction publique, nous n'avons pas terminé l'article 2. L'article 2
n'était pas terminé, Conseil de l'instruction publique.
M. Johnson: Je ne sais pas.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 2, adopté. Adopté. Article 3, Service des examens
officiels, $583,000.
Conseil de l'instruction publique
M. Johnson: Non, non, non, n'allez pas si vite, M. le Président.
Hier, le ministre m'avait demandé d'attendre ce point pour
compléter mes questions sur le Conseil de l'instruction publique, qui
n'a siégé que deux fois l'année dernière, mais cela
a été une année exceptionnelle.Ilavait siégé
en 1911, ensuite en 1960 ou 1961. Moi, je n'ai jamais compris le raisonnement
de certains journaux et certains publicistes, et même certains
commissaires qui se sont servis de ce fait pour établir
l'inutilité du conseil. M. le Président, la question est bien
simple, si le conseil ne s'est pas réuni plus souvent depuis 1911, c'est
qu'il n'en a pas senti le besoin. Le besoin n'a pas été manifeste
et le besoin n'a pas été manifeste parce que
précisément le système qui consiste à laisser aux
protestants leur système, l'administration de leurs écoles et aux
catholiques l'administration de leurs écoles à eux, est un
système qui a évité précisément de ces
frictions, de ces problèmes qui auraient nécessité la
réunion du Conseil de l'instruction publique. Et je voudrais protester
contre ce qui apparaît comme de la mauvaise foi de la part de ceux qui
utilisent l'absence de réunion comme un argument contre le Conseil de
l'instruction publique. M. le Président, cela ne veut pas dire qu'on
n'aurait pas dû, à un moment donné, prévoir un
organisme quelconque qui aurait étudié une normalisation de
l'éducation au niveau des programmes, normalisation qui aurait pu
s'appliquer aux deux comités mais je tenais à rendre justice
à cette institution contre laquelle bien des gens en ont mais dont les
motifs ne sont jamais départis d'un certain sectarisme.
Le Conseil de l'instruction publique s'est donc réuni, nous a dit
le ministre hier, récemment pour régler le problème des
enfants qui fréquentent les écoles libres, des enfants qui ne
sont ni protestants ni catholiques...
M. Gérin-Lajoie: Pour en discuter.
M. Johnson: Pour en discuter.
M. Gérin-Lajoie: On a réglé seulement le cas des
institutions indépendantes juives.
M. Johnson: Ah bon! Alors, qu'est-ce qu'on entend par non protestants et
non
catholiques? Est-ce que les Juifs sont considérés, au
point de vue de ce problème, comme des non catholiques et des non
protestants?
M. Gérin-Lajoie: Ils sont considérés comme des
protestants à certains points de vue et puis des non protestants
à certains autres points de vue.
M. Johnson: Mais au point de vue qu'on a discuté au Conseil de
l'instruction publique récemment?
M. Gérin-Lajoie: Cela dépend des commissions scolaires
à Montréal, ce n'est pas partout pareil.
M. Johnson: Comment, ce n'est pas partout pareil?
M. Gérin-Lajoie: Ce n'est pas partout pareil sur l'île de
Montréal. Le chef de l'Opposition doit sans doute connaître un peu
ses lois à ce sujet, et certaines causes célèbres qui ont
eu à considérer le problème des protestants sur
l'île de Montréal. Il sait très bien que, par exemple, dans
le territoire de la Commission des écoles protestantes de
Montréal, la situation n'est pas la même qu'en certains autres
territoires de l'île de Montréal.
M. Johnson: Qu'est-ce qu'on a réglé exactement à
cette réunion du conseil?
M. Gérin-Lajoie: Tout ce qu'on a réglé, M. le
Président, c'est qu'on a reconnu des institutions indépendantes
juives à une réunion du 23 mai 1962, un an. On a reconnu quatre
noms d'institutions dont les noms sont assez difficiles à prononcer pour
moi, qui sont reconnues donc comme donnant droit aux $200 payables par les
commissions scolaires en vertu de l'article 497a de la Loi de l'instruction
publique. En 1963, le 12 juin, la reconnaissance a été
renouvelée pour les quatre mêmes institutions et une
cinquième institution a été ajoutée à la
liste. Ce qui est arrivé, c'est que, dans le passé, le
comité protestant ne voulait pas reconnaître les institutions
indépendantes juives. Le comité protestant considérait
qu'il n'était pas de sa compétence de le faire et c'est ainsi que
le Conseil de l'instruction publique a été appelé à
prendre connaissance de la chose et a décidé d'accorder la
reconnaissance à ces institutions.
M. Johnson: Ce qui permettait aux élèves de recevoir les
$200?
M. Gérin-Lajoie: Oui.
M. Johnson: De la Commission des écoles protestantes de
Montréal.
M. Gérin-Lajoie: C'est cela.
M. Johnson: Du "greater Montreal".
M. Gervais: Est-ce que le ministre prévoit que le conseil va se
réunir plusieurs fois au cours de la prochaine année?
M. Gérin-Lajoie: Je ne prévois rien, les activités
du conseil ne relèvent pas du ministre.
M. Johnson: Non; Pas encore.
M. Gérin-Lajoie: Êtes-vous prêts,
intéressés à adopter les crédits?
M. Johnson: Est-ce qu'il reste un organisme de libre actuellement
dans..,
M. Gérin-Lajoie: Je suis prêt à répondre
à toutes les questions que voudra poser le chef de l'Opposition.
M. Johnson: ...le giron. Ah bien c'est une bonne question, ça.
Est-ce qu'il y a un organisme qui garde sa liberté depuis un an
particulièrement?
M. le Président, quand on voit un ministre qui, de ce temps-ci,
écrit...
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que ça relève du
conseil?
M. Johnson: Ah oui!
M. Gérin-Lajoie: Le poste budgétaire du conseil.
M. Johnson: On demande combien de fois il va se réunir. Le
ministre dit qu'il ne prévoit rien, alors nous on prévoit quelque
chose.
M. Gérin-Lajoîe: M. le Président, la question des
réunions du Conseil de l'instruction publique ne relève en aucune
façon ni des prévisions du chef de l'Opposition ni des
prévisions du ministre de la Jeunesse ou aucun ministre de la couronne.
La réponse est très simple et tout simplement cette question est
hors d'ordre au poste budgétaire du Conseil de l'instruction
publique.
M. Johnson: M. le Président, c'est une théorie que le
ministre adopte mais qu'il est à la veille de lâcher ou qu'il
lâche très volontiers de ce temps-ci. Puisque même avant
qu'une loi ne soit adoptée, le bill 60, il écrit
déjà aux associations qui...
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, à l'ordre. M. le
Président, je soulève un point de règlement et je vous
demande de rappeler...
M. Johnson: ...ou ceux qui vont représenter...
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je soulève un
point de règlement, je vous demande de rappeler le chef de l'Opposition
à l'ordre.
M. Johnson: M. le Président, on nous demande de voter $25,000,
$130,000. L'année dernière, nous avons tâché de
savoir pourquoi le crédit en faveur du Conseil de l'instruction publique
était passé de $130,000 à $25,000; on nous a
répondu que c'est parce que le conseil a de l'argent en réserve.
Évidemment, on sait comme le gouvernement est mal pris actuellement, il
va faire dépenser cet argent-là par le conseil. C'est ce que nous
avons compris. On nous demande $25,000 en vertu de cette théorie qui est
dans certains milieux très populaire et que semble partager le ministre,
c'est la Chambre qui doit être souveraine, M. le Président.
Pourquoi voter $25,000 au Conseil de l'instruction publique si on
prévoit qu'il ne siégera pas et s'il doit siéger pendant
toute l'année, pourquoi ne pas lui en voter plus, M. le
Président? D'ailleurs, il faut d'abord répondre à la
question du député de Montmorency.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, la somme dont on demande
le vote ici, n'est pas pour le conseil tout seul, c'est pour le conseil, des
comités, des organismes, sous-comités, tous les organismes et
toutes les personnes qui travaillent pour le Conseil de l'instruction publique
ou l'un de ces deux comités. La question qui a été
posée par le député de Montmorency c'est de savoir combien
de fois je croyais que le conseil se réunirait pendant l'année.
Ma réponse est: je ne le sais pas. Et si on me pose la même
question pour l'un des comités je répondrais encore: je ne le
sais pas. Ce sont les comités qui sont maîtres des dates de leurs
réunions.
M. Johnson: Mais est-ce que le comité va siéger toute
l'année, de l'avis du ministre? Est-ce que le conseil va siéger
pendant toute l'année 1963-1964?
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, la question a eu
réponse.
M. Bellemare: Ah non, non.
M. Johnson: M. le Président, je no comprends pas, on va demander
de l'argent pour un conseil qui, d'après les agissements du ministre de
ce temps-ci, va disparaître.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je demanderais d'abord
que vous rappeliez le chef de l'Opposition à l'ordre. Il n'a pas le
droit de parler d'agissements du ministre en rapport avec un projet de loi qui
est actuellement devant la Chambre mais qui n'est pas à l'étude
à ce moment précis. Il est tout à fait hors d'ordre et je
vous demande, M. le Président, d'insister pour que le chef de
l'Opposition et les membres de cette Chambre s'en tiennent au sujet qui est en
débat.
M. Johnson: Le ministre aurait le droit, M. le Président, au
sujet d'un bill qui est à l'agenda et qui n'est pas encore
étudié, qui n'est pas encore amené en deuxième
lecture, aurait le droit, lui, d'écrire partout dans la province
à des associations pour leur demander de se préparer à
nommer quelqu'un à un organisme qui n'est pas encore créé,
lequel organisme va remplacer le Conseil de l'instruction publique...
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je vous demande
d'appeler le chef de l'Opposition à l'ordre.
M. Johnson: M. le Président, moi je veux savoir si oui ou non le
Conseil de l'instruction publique va siéger, s'il va être en
fonction pendant toute l'année et s'il a besoin de cet argent pour lui
ou pour ses comités et c'est au ministre à nous dire ça si
oui ou non, il prévoit qu'il va siéger. Voici des gens qui
veulent tout baser sur la démocratie, M. le Président, et bien
c'est ça la démocratie, c'est de rendre compte à la
Chambre. Qu'on rende compte à la Chambre si oui ou non on croit que le
comité va avoir besoin de cet argent ou de plus d'argent pour
l'année qui s'en vient?
M. Gérin-Lajoie: Ah, le chef de l'Opposition patine. Il change sa
question, il ne me demande plus si je crois que le comité va
siéger, il me demande si le comité va avoir besoin de cet argent.
C'est de l'argent qui est demandé par le surintendant de l'Instruction
publique, comme président du Conseil de l'instruction publique, comme
président du comité catholique et comme interprète et
aussi du comité protestant auprès du ministre de la Jeunesse et
par lui, au Conseil des ministres et à cette Chambre. Je présente
ici les demandes de crédits budgétaires qui sont formulées
par le surintendant de l'Instruction publique en sa qualité officielle.
Le chef de l'Opposition ou bien ne connaît rien aux lois sur lesquelles
il a vécu pendant qu'il était de ce côté-ci de la
Chambre ou bien tout simplement il tente d'induire cette Chambre en erreur.
M. Bellemare: Voyons donc, voyons donc.
M. Johnson: M. le Président, le ministre a un respect jaloux et
tout à fait
recommandable pour le surintendant s'il le désire. Le ministre
sait qu'il n'est pas tout simplement un commissionnaire même en vertu de
la loi actuelle, et même s'il l'était, M. le Président, la
Chambre n'est pas un "rubber stamp" en vertu de la loi ordinaire, telle qu'elle
est. Alors, je demande au ministre s'il prévoit, lui, le ministre, que
le surintendant a raison de demander $25,000 parce que c'est lui le ministre
qui sait si oui ou non ce conseil va vivre encore pendant un an ou s'il va
disparaître. M. le Président, ce n'est pas le surintendant qui
doit présumer de sa disparition, c'est le ministre qui doit savoir s'il
tente de le faire disparaître. Cela, c'est de la démocratie
très simple, M. le Président.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je me lève pour
la dernière fois sur cette question parce que le chef de l'Opposition
tourne autour et je considère que j'ai donné mes réponses.
Tout simplement le chef de l'Opposition sait très bien que même
devant le fait que cette Chambre a pris connaissance du bill numéro 60
que l'on sait et à l'heure actuelle, le bill 60 n'a pas
été adopté et à l'heure actuelle, les
crédits budgétaires sont demandés pour faire vivre les
différents organismes gouvernementaux pendant l'année
financière et commencer en vertu des lois existantes et de l'aveu, pas
de l'aveu, mais selon le témoignage du surintendant, et avec la
connaissance qu'il a des travaux qui sont poursuivis annuellement, le Conseil
de l'instruction publique, par ses comités, sous-comités et
organismes de travail, estime qu'une somme assez considérable est
nécessaire pour les fins de ces comités et organismes de travail
au cours de l'année qui vient. Les $500,000 accumulés au
crédit de l'un ou l'autre des deux comités plus la somme de
$25,000 qui est demandée ici, paraissent suffisants à ces fins,
ils paraissent également nécessaires.
M. Johnson: M. le Président, l'attitude du ministre nous donne un
exemple de ce que pourrait être le contrôle par les Chambres de la
conduite du ministre en matière d'éducation. C'est pourtant une
question très simple. Quand un ministre nous apporte des estimations
budgétaires devant cette Chambre, le ministre sait, le ministre de la
Jeunesse le sait, c'est l'habitude de demander: Mais qu'est-ce que vous allez
faire avec ça au cours de l'année? Qu'est-ce que vous avez
l'intention de faire? Or la question élémentaire, est-ce que
ça va durer toute l'année cet organisme pour lequel vous demandez
de l'argent...
M. Bellemare: Dites-le donc.
M. Johnson: M. le Président, pourquoi ne pas le dire? Pourquoi le
ministre jouerait- il à la cachette avec nous, lui qui, malgré
toutes les règles parlementaires, prend l'initiative d'écrire
à des gens en vue de remplacer ce conseil qui fait l'objet de l'article
2 et de la demande de crédits de $25,000? Le ministre doit se rendre
compte qu'il y a là une situation d'un illogisme frappant.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre!
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, le chef de l'Opposition
n'a pas le droit de dire que c'est contre toutes les règles
parlementaires. S'il le prétend, qu'il le fasse dans les formes, qu'il
soulève les articles de règlement qu'il prétend que je
viole. Mais en aucune façon je n'ai violé les règles
parlementaires ni les privilèges de cette Chambre. J'ai absolument le
droit, soit en tant qu'individu, soit en tant que ministre, de consulter pour
mes fins personnelles qui je veux, en dehors de cette Chambre et en dehors de
mes activités à l'intérieur de cette Chambre.
M. Johnson: M. le Président, le ministre doit se rappeler que
j'ai invoqué les privilèges de la Chambre que j'ai
réclamé les privilèges de la Chambre ici même...
M. Gérin-Lajoie: Cela a été
réglé.
M. Johnson: ...dans cette... L'Orateur a décidé à
ce moment-là qu'il n'y avait pas violation des privilèges des
députés. M. le Président, nous n'avons qu'à nous
incliner. C'était la décision de l'Orateur. Mais, ça ne
m'empêche pas de dire qu'au sujet de cet article, le ministre doit se
décider. Ou bien il demande de l'argent, $25,000 pour toute une
année pour le Conseil de l'instruction publique ou donc il cesse et il
cesse, dis-je, d'essayer de le remplacer en utilisant une loi qui n'est pas
encore votée et un pouvoir qui ne lui est pas encore accordé. Il
a certainement le droit de consulter qui il voudra le ministre pour appliquer
les lois dont il a la responsabilité. Mais, il n'a certainement pas le
droit d'anticiper de l'acceptation par cette Chambre d'une loi pour faire des
dépenses et consulter des gens publiquement. C'est cousu de fil blanc,
c'est une manoeuvre évidente pour tâcher d'influencer la Chambre
et, nous avons raison, M. le Président, de vouloir, sous cet article,
connaître les véritables intentions du gouvernement. Si le
ministre décide lui de les cacher, c'est sa responsabilité, mais
la Chambre jugera.
Service des examens officiels
M. Bédard (président du comité des
subsides): Article 2, adopté. Article 3? Service des examens
officiels $583,000.
M. Bellemare: $20,000 de plus.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 3, adopté.
M. Gervais: Est-ce que le ministre a des nouvelles à annoncer
à la Chambre concernant le résultat des examens officiels cette
année?
M. Gérin-Lajoie: Pardon?
M. Gervais: Est-ce que c'est dans l'ordre de demander au ministre s'il a
des nouvelles concernant le résultat général des examens
officiels de l'année dans les classes du cours secondaire? C'est
ça que je demande, si c'est dans l'ordre.
M. Gérin-Lajoie: Le surintendant m'explique évidemment ce
que le député ne sait pas, que les examens ne se sont
terminés que le 30 juin, alors, les résultats ne sont pas encore
entrés.
M. Gervais: Il a été un temps où je le savais.
M. Johnson: L'année dernière, est-ce que c'était
bon?
M. Gérin-Lajoie: Il a perdu ça rapidement, le
député de Montmorency.
M. Johnson: Les examens de l'année dernière ont-ils
été satisfaisants par rapport aux examens de l'année
précédente?
M. Gérin-Lajoie: Alors je ne sais pas si le chef de l'Opposition
va juger par lui-même de la valeur des résultats obtenus,
année par année; je ne sais pas si c'est ça qui
intéresse le chef de l'Opposition. En septième année, le
pourcentage de réussite en 1961 était de 84%, en 1962, il
était monté à 93%. En neuvième année, il
était passé de 83%...
M. Bellemare: En huitième c'est quoi?
M. Gérin-Lajoie: ...il était passé de 83% à
72%. En dixième année de 84% à 73%.
M. Bellemare: Ah! Ah!
M. Gérin-Lajoie: En onzième année, le pourcentage
d'échecs finals était de 5% en 1961 et de 8% en 1962 et en
douzième année, il est passé de 14% à 15%.
M. Johnson: 14% à 15% c'est à peu près normal
ça, considéré par rapport à d'autres provinces du
pays. C'est-à-dire il n'y a rien d'alarmant dans ce pourcentage?
M. Gérin-Lajoie: Je n'ai pas de jugement à porter
là-dessus, M. le Président. Jusqu'ici, la Chambre s'est
désintéressée des questions d'ordre pédagogique;
ça été considéré comme une intrusion de la
politique dans le pédagogique, un grand scandale évidemment, je
ne m'attendais pas à ce que l'Opposition soulève cette question
aujourd'hui.
M. Bellemare: Oh; quel scrupule. C'est effrayant. Une âme
timorée.
M. Johnson: M. le Président, c'est jamais moi qui ai dit
ça. Je crois que le ministre l'a rencontré hier ou
avant-hier.
Une voix: Je suis allé à Montréal hier.
M. Johnson: Qui le ministre a-t-il rencontré hier, avant-hier qui
lui a donné un pensum, M. le Président, de ce genre-Ià? Ce
n'est pas moi, ce n'est pas moi du tout qui ai fait une remontrance au ministre
quoique ce soit...
Une voix: Jamais.
M. Johnson: Jamais sur ce domaine-là, M. le Président. Je
sais bien que le ministre...
M. Gérin-Lajoie: Je sais que l'Opposition m'approuve
entièrement.
M. Johnson: Cela dépend à quel point de vue. Moi,
j'approuve le ministre quand il laisse à ceux qui connaissent
l'académique, le choix de la décision, la responsabilité
de l'académique. Je l'approuve le ministre quand il laisse à ceux
qui connaissent le pédagogique la responsabilité de
décider en matière de pédagogie. Je l'approuve le ministre
quand il ne s'immisce pas dans des choses qu'il ne connaît pas et je
l'approuve quand il consulte avant. J'ai l'air de le blâmer de consulter
les associations intermédiaires ou les corps intermédiaires.
M. Gérin-Lajoie: Il l'approuve quand il les consulte avant, mais
c'est ça que je fais.
M. Johnson: Avant d'appliquer, M. le Président, et au stage
où se trouve la loi actuellement c'est toute la Chambre qui devrait les
consulter, non pas le ministre qui n'a pas encore le pouvoir de le faire.
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que le chef de l'Opposition veut dire que
les ministres de la couronne n'ont pas le devoir de faire des consultations
extérieures avant ou au moment de présenter à cette
Chambre des projets de
loi pour améliorer les lois existantes.
M. Johnson: Est-ce qu'il n'y a pas eu une commission pour faire
ça depuis deux ans?
M. Gérin-Lajoie: Bien sûr, M. le Président, alors
est-ce que le chef de l'Opposition nous critique de procéder de cette
façon?
M. Johnson: M. le Président, il n'est pas question de critiquer,
au contraire, je voudrais que toute la Chambre puisse consulter ces
gens-là parce que c'est toute la Chambre qui sera appelée
à se prononcer, non le ministre seul; il n'est pas encore le patron de
tout ça. C'est encore la Chambre qui doit décider.
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que l'Opposition veut prétendre
qu'un ministre n'a pas le devoir de se renseigner à tout moment sur
l'état de l'opinion et sur les meilleures façons
d'améliorer les lois.
M. Johnson: M. le Président, j'irai plus loin que ça.
C'est le devoir du ministre de s'informer avant même de présenter
le projet de loi en Chambre, mais une fois qu'il a déposé le
projet de loi en Chambre, il doit donner à tous les
députés l'occasion de consulter ces gens-là, non pas lui
tout simplement, en petit égoïste, tout garder pour lui, M. le
Président.
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que le chef de l'Opposition veut dire que
je n'ai pas le droit de parler à personne en dehors de la Chambre quand
il y a un projet de loi de déposé? Le chef de l'Opposition patine
mal.
M. Johnson: M. le Président, l'erreur du ministre, c'est qu'il
n'a pas assez consulté dans le passé et je veux que ce soit
clair.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs!
M. Johnson: Et quand il a consulté, il n'a pas
écouté et c'est ça qui m'inquiète quand il parle de
corps consultatif, M. le Président. C'est ce qui m'inquiète dans
l'affaire.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Service des examens.
M. Gérin-Lajoie: On a eu les beaux exemples par nos amis d'en
face, de consultation.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs;
M. Johnson: On parlera de quoi, donc?
M. Bédard (président du comité des subsides): Trois
est adopté.
M. Gérin-Lajoie: Il n'y en a jamais eu de consultation de votre
temps.
M. Johnson: M. le Président, les amis d'en "ace quand ils
étaient au pouvoir, ils consultaient avec moins de publicité et
la publicité qu'on donne actuellement aux consultations du ministre est
un moyen de faire pression sur l'opinion publique et sur les
députés. Et nous avons raison...
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que le chef de l'Opposition
prétend que je peux faire pression sur lui en aucune façon?
M. Johnson: M. le Président, c'est tellement vrai qu'il ne peut
pas faire pression sur moi qu'il prend un détour pour le fa.re, il
voudrait le faire faire par les corps intermédiaires et les
associations. C'est évidert...
M. Gérin-Lajoie: Ah mais c'est un avis du chef de l'Opposition,
je ne le pensais pas si sensible.
M. Johnson: M. le Président, je suis beaucoup plus sensé
que le ministre ne pense. Sensible et ça aussi.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre! Article 3.
M. Johnson: Alors l'article 3 au sujet des examens, nous allons...
Une voix: Beaucoup plus d'examens manqués.
M. Johnson: Plus une province se donne aux libéraux, plus les
examens sont manqués comme dirait le député de
Saint-Maurice.
M. Bédard (président du comité des
subsides): Article 4. Inspection des écoles.
Une voix: Il ne sait pas lire.
M. Guillemette: M. le Président, puisqu'on est au sujet des
examens, est-ce que le ministre est au courant qu'à l'heure
actuelle...
M. Gérin-Lajoie: Non, non.
M. Guillemette: Bien, il me semble, M. le Président...
Une voix: Il va vite.
M. Guillemette: Il me semble que le ministre se pense par trop
intelligent. Il répond à la question avant même que la
question soit posée.
M. Bellemare: Il est à la veille d'avoir la grippe de
l'autre.
M. Bédard (président du comité des subsides):
À l'ordre, messieurs!
M. Guiilemette Je veux en venir lout simplement à ce point-ci: On
a voulu pousser l'éducation, j'en suis. On a pris tous les moyens
imaginables, surtout pour la faire pousser par d'autres que par le
gouvernement, la faire financer par les commissions scolaires - ça je
n'en suis pas -avec le résultat qu'à l'heure actuelle, des
enfants, filles et garçons, finissent, par exemple, leur onzième
année dans les écoles et pour venir à bout de faire leur
douzième année, pour être acceptés à la
douzième année, on en est rendu, à cause d'un manque de
locaux, et à cause d'un manque de professeurs qualifiés, à
exiger que ces enfants-là aient obtenu 75% aux examens de fin
d'année sur les matières scientifiques et 70% sur d'autres
matières, comme le français et l'apologétique, par
exemple, pour en citer deux. C'est un exemple que je vis personnellement
à l'heure actuelle et je trois que ce n'est pas certainement juste pour
tous les enfants de cette province qu'en a poussés jusqu'à la
onzième année pour ensuite leur fermer les avenues de l'avenir.
Je crois qu'on est en train de fermer l'avenir à un certain nombre
d'individus qui n'ont pas à reprendre leur classe parce qu'ils ont eu
les points suffisants, et puis qui, tout de même, se voient incapables
d'entreprendre la douzième année, à l'heure actuelle. Je
ne sais pas ce qu'il y a qui ne va pas, mais je voulais le souligner à
la Chambre parce que j'en ai pris connaissance personnellement dans ma famille
et d'autres font la même expérience actuellement.
A l'université, c'est la même chose. On en est rendu
à exiger 70% de pointage aux examens pour pouvoir être
accepté en médecine, en droit ou dans n'importe quelle
discipline. Alors, d'un côté je veux souligner un fait qui ne me
semble pas dans l'ordre; d'un côté, on pousse notre jeunesse
à l'éducation, on la pousse à s'instruire, à ces
jeunes-là passent leurs examens à la satisfaction, ils ont les
points requis et lorsqu'ils veulent entrer ensuite, soit à
l'université, soit dans des écoles secondaires, soit en
douzième année, on exige un pourcentage de points qui est si
élevé qu'il n'y a à peu près que les dix ou douze
premiers de classe qui sont capables de satisfaire aux exigences. Les avenues
de l'avenir se trouvent par conséquent fermées à toute une
génération de jeunes qui, actuellement, ne demandent pas mieux
qu'à continuer leurs études. Est-ce que le ministre peut me
donner quelques explications là- dessus?
M. Gérin-Lajoie: Je présume qu'il s'agit des... Est-ce que
le député veut l'explication de ce côté-ci ou de
l'autre?
Une voix: Ah, il est marabout.
M. Gérin-Lajoie: Je présume que le député a
en vue les exigences des institutions autres que les écoles publiques,
à la sortie de la onzième ou douzième année, par
exemple, pour l'entrée à la faculté des sciences, en
pré-scientifique ou en...
M. Guiilemette: Je parle d'une école publique, commission
scolaire.
M. Gérin-Lajoie: Pour l'entrée en douzième
année?
M. Guiilemette: Oui.
M. Gérin-Lajoie: Douzième année de la commission
scolaire, il s'agit des exigences habituelles.
M. Guiilemette: Je ne pense pas, M. le Président, parce que les
exigences habituelles étaient que si vous aviez eu les points requis aux
examens et pendant l'année, en onzième, vous pouviez passer en
douzième; mais là, ce n'est plus ça. Les exigences, si ma
mémoire est fidèle, sont de 60% pour la moyenne et lorsqu'on veut
entrer en douzième, on exige 75% sur les matières scientifiques
et 70% sur le reste. Alors, il y a toute une série
d'élèves... Ce n'est pas pour chicaner le gouvernement ou
chicaner qui que ce soit, je veux tout simplement ici attirer l'attention sur
le fait qu'à l'heure actuelle, une génération de jeunes
est sacrifiée parce qu'on a voulu aller trop vite de l'autre
côté avec ces exigences et avec ces législations.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je dois protester
évidemment contre la déclaration du député de
Frontenac qui prétend que nous avons voulu aller trop vite de ce
côté-ci de la Chambre. Nous avons voulu favoriser une instruction
aussi poussée que possible, nous avons voulu que les enfants restent
à l'école le plus longtemps possible et selon le
témoignage du député de Frontenac, nous avons
réussi cet objectif dans une bonne et large mesure, et j'en suis
très heureux. Qu'un enfant se rende en onzième ou douzième
année, et n'ait plus de débouché, eh bien, c'est mieux
qu'il se soit rendu là que d'avoir abandonné l'école
après la septième ou après la neuvième ou
après la dixième année; c'est notre avis de ce
côté-ci de la Chambre. En ce qui concerne leur admission dans une
douzième année ou une autre classe d'une école publique,
c'est la direction de l'école qui décide de l'admission.
Si la direction de l'école est trop sévère, tout
simplement, les députés ou les parents peuvent se plaindre au
département de l'Instruction publique, auprès de M. le
surintendant qui analysera la situation et répondra.
M. Russell: Ce ne sont pas les commissions scolaires, M. le
Président, qui font ces barèmes-là.
M. Gérin-Lajoie: C'est qui?
M. Russell: Ce doit être le département ici; c'est certain
que ce ne sont pas les commissions scolaires locales qui font ça.
M. Gérin-Lajoie: Ce n'est sûrement pas le
département qui exige 75%. Si dans un cas, 75% a été
demandé, ce fut demandé par la direction locale de
l'école, la direction locale des études, d'après ce que
dit M. le surintendant.
Inspection des écoles
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté. Article 4, inspection des écoles, $2,237,000;
adopté?
M. Gervais Est-ce que l'augmentation prévue au budget pour les
inspecteurs d'écoles va les mettre sur le même pied au point de
vue rémunération que les professeurs de l'enseignement
spécialisé, va les mettre au moins sur le même pied que les
professeurs de l'enseignement spécialisé?
M. Gérin-Lajoie: À l'heure actuelle, M. le
Président, les inspecteurs d'écoles sont, depuis deux ans, sur le
même pied que les professeurs de l'enseignement spécialisé,
déjà; c'est-à-dire qu'on calcule leur salaire de là
même façon, en fonction de leur nombre d'années de
scolarité, c'est-à-dire de préparation et
deuxièmement, le nombre d'années de fonction.
M. Gervais: Est-ce que les professeurs des écoles normales
entrent sur le même barème, sur la même convention
collective?
M. Gérin-Lajoie: Oui.
M. Gervais: Et, on reviendra là-dessus, aux écoles
normales, tout à l'heure.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Article 4, adopté. Article 5. Écoles normales.
M. Gervais: Pardon, M. le Président. Est-ce que le recrutement
des inspecteurs d'écoles actuellement répond aux besoins?
M. Gérin-Lajoie: Pas du tout.
M. Gervais: Il y a combien de districts scolaires, à votre
connaissance qui n'ont pas d'inspecteur d'écoles? Je me souviens par
exemple, l'an dernier, à ce temps-ci, même le district de Dorion
n'avait pas d'inspecteur d'écoles. On est allé demander à
un directeur d'école élémentaire de la région de
Québec de prendre l'inspectorat dans ce district-là. Il s'est
trouvé mieux payé comme directeur d'école
élémentaire que comme inspecteur d'écoles. Alors
j'espère que l'augmentation de traitements va régulariser quelque
peu la situation. À ce point de vue-là, peut-être
connaissez-vous le nombre approximatif de districts scolaires qui n'ont pas
d'inspecteurs d'écoles actuellement?
M. Gérin-Lajoie: Aux dernières nouvelles, quand les
documents du budget ont été préparés, il y en avait
douze.
M. Gervais: Est-ce que vous prévoyez que vous allez pouvoir
recruter ce nombre-là?
M. Gérin-Lajoie: C'est très difficile, je ne peux pas dire
ce qui va arriver, mais je reconnais que la situation est très difficile
au point de vue du recrutement des inspecteurs.
M. Gervais: Comment le ministre explique-t-il cette difficulté du
recrutement des inspecteurs d'écoles?
M. Gérin-Lajoie: L'un des facteurs importants, évidemment,
c'est le facteur salaire, parce que les commissions scolaires
régionales, en particulier, qui se fondent à travers la province,
et les commissions scolaires locales, d'ailleurs, qui développent leurs
services cherchent des hommes avec une aussi grande expérience que
possible, pour devenir directeurs des études, directeurs des
écoles et leurs yeux se tournent très fréquemment vers les
inspecteurs d'écoles qui ont dans une large mesure cette formation, et
leur offrent des salaires sur lesquels nous n'avons aucun contrôle, des
salaires sensiblement plus élevés que ceux qui sont prévus
pour les inspecteurs d'écoles.
Une voix: Il en manque douze.
M. Gervais: Est-ce que le ministre pourrait concurrencer les commissions
scolaires par le traitement sur lequel il a le contrôle? Est-ce que vous
prévoyez être en mesure de payer suffisamment aux inspecteurs
d'écoles pour être capable de les garder?
M. Gérin-Lajoie: C'est un problème qui est à
l'étude, un problème dont je suis bien conscient, mais le
député de Montmorency sait très bien que dans n'importe
quel
gouvernement, il est très difficile de subir une concurrence
constante avec l'entreprise privée, qu'il s'agisse des entreprises
industrielles ou des entreprises scolaires. C'est un problème qui doit
faire l'objet d'une étude constante et de rajustements, autant que faire
se peut.
M. Gervais: Parce que le rapport Montpetit mentionnait justement le
même cas pour les écoles normales.
M. Russell: M. le Président, est-ce que le ministre pourrait nous
dire s'il y a une réglementation qui défend à un
inspecteur d'écoles de se présenter comme commissaire à la
commission scolaire?
M. Gérin-Lajoie: Non, il n'y en a pas.
M. Russell: Il voudrait une augmentation, il est libre de se
présenter?
M. Gérin-Lajoie: Ils ne peuvent pas être commissaires dans
leur propre district d'inspection mais ils peuvent l'être. C'est en vertu
d'un article de la Loi de l'Instruction publique, ils peuvent être
commissaires d'écoles en dehors du territoire de leur inspection.
M. Russell: Est-ce que c'est recommandé, est-ce que le ministre
recommande, est-ce que c'est recommandable?
M. Gérin-Lajoie: Être commissaire en dehors du district de
l'inspection scolaire?
M. Russell: Disons, en général, tout en étant
inspecteur.
M. Gérin-Lajoie: Je n'ai pas d'opinion là-dessus, j'ai des
opinions variées. Je sais qu'au département de l'Instruction
publique, de façon générale, on déconseillait un
inspecteur d'écoles de devenir commissaire, même en dehors de son
propre territoire, parce qu'il s'exposait à devenir en concurrence,
sinon en conflit, à l'occasion, avec un autre inspecteur,
évidemment un de ses confrères. Mais il n'y a pas de règle
du département de l'Instruction publique ni de la Loi de l'instruction
publique qui le défende dans ce cas-là.
M. Gervais: M. le Président, est-ce que le ministre a l'intention
de fournir bientôt aux inspecteurs d'écoles les services de
secrétaires afin de décharger nos inspecteurs d'écoles
d'une somme de travail qui est vitale, qui n'est pas du tout de nature
professionnelle et qui empêche justement nos inspecteurs d'écoles
de s'occuper vraiment du côté pédagogique dans le district
scolaire? Et je crois que c'est là, M. le Président, l'une des
raisons du manque de popularité de l'inspecteur d'écoles, de la
fonction d'inspecteur d'écoles. Si j'ai bonne mémoire, il me
semblait que le ministre, en arrivant à ses nouvelles fonctions, du
moins, d'après ce que j'en tiens d'un de ses lieutenants, aurait bien
l'intention de redonner au rôle d'inspecteur d'écoles, son aspect
pédagogique et de le décharger de plus en plus de toutes ces
paperasses, cet amas de travail délicat qui, à mon sens,
dévalorise leur fonction, qui pourrait très bien être fait
par une secrétaire ordinaire.
M. Gérin-Lajoie: Évidemment, le député est
en train de généraliser un petit peu en référant
à mes intentions manifestées extérieurement. J'ai toujours
ces intentions-là, mais pour autant que la chose relève de ma
compétence, évidemment. Pour répondre à la question
bien spécifique des secrétaires, il y a de l'argent de
prévu à ce poste budgétaire pour fournir le personnel de
secrétariat aux inspecteurs régionaux, pour commencer, et il y a
déjà un certain personnel clérical qui est fourni, au
moins à Montréal et peut-être dans un ou deux autres
endroits de la province.
M. Johnson: De deux inspecteurs, un au point de vue matériel et
l'autre au point de vue pédagogique, qui a été mis de
l'avant, on le sait, par un des commissaires de la commission Parent, dans les
éditoriaux, est-ce que le ministre la partage?
M. Gérin-Lajoie: Nous avons des inpecteurs.
M. Johnson: De deux classes d'inspecteurs, les uns qui s'occuperaient du
matériel, je ne parle pas tout simplement du travail clérical,
mais de l'état des lieux, puis de la construction d'écoles, de la
recevabilité des réparations qui viennent d'être faites,
toutes des tâches que l'inspecteur actuellement doit faire, tout en
tâchant de trouver du temps pour faire une inspection pédagogique,
suivre le progrès de l'instruction dans son territoire. Alors, on avait
suggéré dans divers milieux et dans certains mémoires
à la commission Parent, que le département nomme deux classes
d'inspecteurs ou une catégorie de fonctionnaires, en somme, qui
s'occuperaient de ce point de vue du matériel.
M. Gérin-Lajoie: Le chef de l'Opposition est au courant qu'il y a
déjà des inspecteurs-vérificateurs, n'est-ce pas, qui
s'occupent de toute la partie comptabilité.
M. Johnson: Oui.
M. Gérin-Lajoie: Toute la partie budgétaire et, par le
fait même, dans certaines mesures de l'aspect matériel.
M. Johnson: Laquelle des deux catégories s'occupe de
l'application des normes? L'inspecteur ordinaire ou
l'inspecteur-vérificateur?
M. Gérin-Lajoie: Les inspecteurs de l'enseignement.
M. Johnson: Inspecteurs de l'enseignement, comme...
M. Gérin-Lajoie: Oui, comme je J'ai dit à plusieurs
reprises en cette Chambre, c'est une question qui a été
étudiée, proposée et qui est mise à
exécution par les inspecteurs du département de l'Instruction
publique, en collaboration au point de vue budgétaire avec le
ministère de la Jeunesse.
M. Johnson: Mais, ces normes, je pense que c'est ici qu'on doit en
parler, ces normes, le ministre vient de nous apprendre que, même si
elles originent de son ministère de la Jeunesse, elles sont
appliquées par le département de l'Instruction publique. Alors
ça, c'est le même ministre qui, tantôt, disait: "Moi, je
n'ai pas d'affaire là-dedans, je ne veux pas me faire accuser de toucher
au pédagogique, à l'académique". Vous voyez ça, M.
le Président? Il y est allé à fond de train à part
cela, avec une délicatesse dont on connaît les
répercussions à travers la province.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, on pourrait en parler
évidemment au budget du ministère de la Jeunesse. Seulement, j'ai
déjà eu l'occasion d'expliquer, et je dois expliquer tout de
suite, pour répondre, pour faire une mise au point, à la suite de
ce qu'a dit le chef de l'Opposition, que les commissions scolaires, à
l'occasion de la préparation de leur budget, ont pris connaissance du
problème que posait le nombre d'élèves par professeur, et
le nombre d'élèves par classe. Et, ils nous ont demandé,
au ministère de la Jeunesse, nous, qui avions la responsabilité
d'approuver leur budget conjointement avec le surintendant, des conseils
là-dessus. Sur réception de cette demande
répétée, mon sous-ministre a été en
communication avec le surintendant de l'instruction publique, en particulier
avec les secrétaires du département de l'Instruction publique, et
c'est en collaboration avec le ministère de la Jeunesse que les
inspecteurs d'écoles, l'inspecteur général, le
secrétaire du département de l'Instruction publique, d'autres
fonctionnaires, en sont venus à rédiger un document appelé
"Les normes d'organisation scolaire" ou "Un guide d'organisation scolaire". Ce
document émanait en large mesure du département de l'Instruction
publique. Il a été transmis par le sous-ministre de la Jeunesse,
parce que cela avait une relation avec le budget des commissions scolaires.
Mais, l'application de ces normes est faite par le département de
l'Instruction publique, par l'entremise de ses inspecteurs d'écoles et
c'est toujours l'inspecteur général des écoles de la
province qui a transmis à ces inspecteurs, dans les divers territoires,
les instructions nécesaires à ce sujet.
M. Johnson: Évidemment, j'aimerais bien parler de ces normes et
sous l'aspect plus général de finance et de l'application
financière, de conséquences au point de vue nombre des
professeurs, etc, etc. Je ne veux pas chevaucher sur les deux. Disons que pour
le moment, je me contente de ce que le ministre a dit, quitte à revenir
sur l'article de la jeunesse. Je pense qu'on sera plus à l'aise pour en
parler à part de ça à ce moment-là.
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Article 4, adopté. Article 5, Écoles normales, adopté?
Ecoles normales
M. Gervais: Quel est le traitement des principaux laïcs
d'écoles normales?
M. Gérin-Lajoie: Dans les écoles normales de
garçons, par exemple?
M. Gervais: Oui.
M. Gérin-Lajoie: Bien voici, c'est que, d'abord, les principaux
d'écoles normales ont un salaire, qu'on peut appeler salaire de base,
qui est celui auquel ils ont droit comme professeur d'école normale. Et
un supplément s'ajoute à cela, en leur qualité de
directeur. Le supplément est de $2,800 pour les directeurs des
écoles, le supplément pour le directeur des études est de
$1,800 pour les directeurs des écoles, le supplément pour le
directeur des études est de $1,800. À cela s'ajoute un
traitement, dont l'échelle varie entre $4,400 en première
année d'enseignement, jusqu'à $9,000 au maximum, c'est à
ce chiffre que s'ajoute le supplément dont j'ai parlé.
M. Gervais: Alors, il n'y a pas de traitement fixe?
M. Gérin-Lajoie: Non.
M. Gervais: Maintenant, il y a des inspecteurs d'écoles normales.
Quel est le salaire des inspecteurs d'écoles normales?
M. Gérin-Lajoie: C'est leur traitement de professeur
d'écoles normales plus $1,000.
M. Gervais: C'est sans doute ce qui explique un peu le caractère
paradoxal de
l'inspecteur d'écoles normales, qui est moins bien
rémunéré que le principal de l'école qu'il
inspecte?
M. Gérin-Lajoie: Ah, oui. L'inspecteur est payé moins cher
que le principal. Il y a évidemment le salaire comme professeur dans les
deux cas. C'est la même chose. Mais ça peut varier d'un individu
à l'autre quand ils n'ont pas la même scolarité ou le
même nombre d'années d'enseignement, mais le supplément
auquel ils ont droit varie, parce que dans le cas de l'inspecteur, c'est $1,000
de supplément. Dans le cas du principal, c'est $2,000.
M. Gervais: Mais, le ministre n'accepte pas quand même, en
principe, que l'inspecteur d'écoles normales soit payé moins cher
que le directeur de l'école qu'il inspecte?
M. Gérin-Lajoie: Oui, j'accepte le principe.
M. Gervais: Vous acceptez le principe? Pour quelles raisons? Parce que
ce n'est pas, la responsabilité d'un inspecteur d'écoles normales
n'est pas plus grande que la direction d'une école normale?
M. Gérin-Lajoie: Pas nécessairement.
M. Gervais: L'augmentation prévue maintenant pour les professeurs
d'écoles normales les met sur le même pied, comme vous avez dit
tout à l'heure, au moins sur le même pied que les professeurs
d'enseignement spécialisé?
M. Gérin-Lajoie: Exactement.
M. Gervais: Et, dans le mémoire que les professeurs
d'écoles normales ont adressé au ministre assez récemment,
un mémoire assez clair, je crois, et même assez vert, par certains
passages, les signataires du mémoire n'avaient pas l'air de croire
absolument qu'ils étaient payés sur le même pied que les
professeurs d'enseignement spécialisé.
M. Gérin-Lajoie: C'est le résulta: d'un malentendu, ils
sont payés sur la même base.
M. Gervais: J'ai ici un tableau, que le ministre me corrigera si le
tableau n'est pas fidèle. La même base, $6,000, c'est exact. Mais,
je vois, par exemple, après huit ans d'expérience, un professeur
d'enseignement spécialisé qui gagne $8,000 et un professeur
d'école normale qui gagne $7,400.
M. Gérin-Lajoie: Oui, mais c'est pue les professeurs
d'enseignement spécialisé, !à, je n'ai pas les tableaux
devant moi pour l'enseignement spécialisé, si ma mémoire
est fidèle, le tableau est construit de telle façon qu'il ne
tient pas compte des trois années d'expérience dans l'industrie
que doit avoir un profeseur d'enseignement spécialisé, ce qu'on
n'exige pas d'un professeur d'école normale. Ce qui veut dire que pour
le même nombre d'années d'enseignement, un professeur
d'enseignement spécialisé a un plus grand nombre d'années,
effectivement.
M. Gervais: On le mentionne ici, M. le ministre, 18 plus 3, ça
doit être les trois ans dans l'industrie. Par contre, aux beaux-arts, 17
plus 10, aux écoles normales, 18 plus 5 ans d'enseignement pratique
avant d'accéder au professorat à l'école normale. Alors,
ça fait donc des équivalents de 18 plus 5 comparativement
à 18 plus 3 dans l'enseignement spécialisé. Je vois, par
exemple, que les professeurs d'enseignement spécialisé -
remarquez bien que je n'en veux pas aux professeurs d'enseignement
spécialisé, ce n'est pas parce qu'ils sont trop payés,
c'est parce que je trouve que les professeurs d'école normale ne sont
pas assez payés - à la 13e année, $9000 comparativement
à $8400 et, surtout, les professeurs d'enseignement
spécialisé ne prennent que treize ans pour atteindre leur maximum
de $9000, alors que pour les professeurs d'école normale, on exige 16
ans.
De toute façon, j'aimerais tout simplement attirer l'attention du
ministre sur ce problème, et je crois que nos professeurs des
écoles normales, tant au point de vue du mérite personnel et
professionnel qu'au point de vue des années de scolarité,
méritent au moins autant que tout autre professeur à l'emploi du
gouvernement, que toute autre catégorie de professeurs à l'emploi
du gouvernement. J'aimerais beaucoup que le ministre prenne en
considération au moins cette partie du mémoire qui, à mon
sens, est criante de vérité.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, il est important que je
réitère que l'échelle des professeurs d'enseignement
spécialisé et celle des professeurs d'école normale sont
absolument équivalentes.
M. Gervais: Je prends la parole du ministre.
M. Bellemare: M. le Président, combien d'écoles normales y
a-t-il dans la province présentement?
M. Gérin-Lajoie: Les écoles normales de garçons ou
en tout?
M. Bellemare: De garçons, de filles, de religieux.
M. Gérin-Lajoie: 72 écoles normales de
filles, 20 écoles normales de religieuses, 11 écoles
normales de garçons, une quinzaine d'écoles normales de
frères, scolasticats et écoles normales.
M. Gervais: Est-ce que le recrutement des professeurs d'école
normale est suffisant?
M. Gérin-Lajoie: Des professeurs d'école normale? Les
postes sont tous remplis.
M. Bédard (président du comité des subsides):
Adopté.
M. Bellemare: Non, non. M. le Président...
M. Gervais: Est-ce que c'est le temps, M. le Président, de parler
d'une école normale en particulier? Est-ce que ça irait à
entretien de certaines écoles normales, article 2?
M. Gérin-Lajoie: Vous pouvez poser les questions maintenant.
M. Gervais: Voici. Il y a un débat dont les journaux ont fait
mention, puisqu'il s'agit de l'école normale de Laprairie dirigée
par les Frères de l'instruction chrétienne dont la
décision de fondation, je crois, avait été
arrêtée par le comité catholique il y a déjà
un an et demi ou deux ans. On rapporte que les frères avaient même
offert de la payer entièrement de leurs propres deniers et on voit que
dans le public il y a deux plans, et le ministre, au milieu...
M. Gérin-Lajoie: Comme d'habitude.
M. Gervais: Un plan qui veut absolument que cette école normale
pour garçons dirigée par des frères s'ouvre et l'autre
plan comme, notamment, les professeurs d'école normale groupés en
association s'oppose à ce que cette école pour garçons
soit dirigée par des frères. Je comprends que c'est un
problème assez nouveau dans la province de Québec et j'aimerais
bien savoir si le ministre a déjà ébauché une
certaine solution à ce problème ou ce qui va arriver à la
suite de ce problème.
M. Hamel (Saint-Maurice): Qu'est-ce que vous pensez, vous?
M. Bellemare: L'intérêt public commanderait.
M. Hamel (Saint-Maurice): Dites-nous donc quelle attitude vous prenez
face à ce problème?
M. Gervais: J'ai l'heureux privilège de poser des questions sans
avoir à donner les réponses.
M. Hamel (Saint-Maurice): Quand on a le courage de ses convictions, on
n'a pas peur de le dire...
M. Bellemare: Vous ne l'avez pas toujours eu.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, j'ai demandé
à un comité conjoint de fonctionnaires du département de
l'Instruction publique comprenant le secrétaire du département -
je me demande si l'inspecteur général n'en ferait pas partie, je
n'en suis pas rertain - des fonctionnaires du ministère de la Jeunesse
également qui s'occupent de l'aspect financement des grandes
institutions d'enseignement secondaire dans la province, d'étudier la
question. Je dois avoir un rapport incessamment et j'ai communiqué avec
le frère directeur ou le frère provincial, je crois, pour lui
dire que dès après la session, je communiquerai avec lui pour le
rencontrer et étudier la chose à fond de sorte qu'une
décision puisse être prise sans trop tarder.
M. Gervais: Est-ce que le ministre reconnaît qu'il y a un besoin
d'école normale pour garçons dans la région de
Saint-Jean?
M. Gérin-Lajoie: Je ne suis pas à même de me
prononcer. Là, j'ai confié toute l'étude de la question au
comité que je viens de mentionner et j'attends le rapport pour pouvoir
l'étudier après la session.
M. Hamel (Saint-Maurice): Le député de Montmorency a l'air
au courant. Qu'il nous dise donc ce qu'il pense de cela.
M. Bellemare: Encore le député de Saint-Maurice. Un
éléphant dans la vaisselle. Regardez bien voler les morceaux.
M. Gervais: M. le Président, qu'est-ce qui va arriver de
l'école normale d'Amos? Est-ce qu'on va procéder bientôt
à sa reconstruction? Est-ce que c'est commencé ou si ça va
commencer prochainement?
M. Gérin-Lajoie: Ce n'est pas commencé, mais ça va
commencer prochainement.
M. Gervais: Et pour l'école normale de Ville-Marie, à
Montréal, qui est logée, je crois, dans un ancien collège
classique désaffecté, quels sont les projets du ministre?
M. Gérin-Lajoie: Les plans pour la nouvelle école sont en
voie d'être complétés.
M. Gervais: Quand le ministre prévoit-il
que les travaux pourraient commencer?
M. Gérin-Lajoie: Je ne peux pas donner de date précise. Je
ne sais pas exactement quand ce sera. De toute façon, ça devrait
venir aux immobilisations de la Jeunesse, mais je peux répondre tout de
suite, ce sera chose faite. C'est possible que ce soit au cours de la
présente année fiscale, mais je ne peux pas en donner l'assurance
à la Chambre.
M. Bellemare: M. le Président, le ministre nous a dit qu'il y
avait dans la province 118 écoles normales, y compris les scolasticats.
Combien y en a-t-il en construction, présentement, pour répondre
aux besoins nouveaux? Sont-elles en voie d'être
complétées?
M. Gérin-Lajoie; Je ne sais pas ce que le député de
Champlain veut dire par répondre aux besoins nouveaux avec la
construction de nouvelles écoles normales. Une opinion assez
généralisée dans la province, même au
département de l'Instruction publique et au comité catholique, si
je suis bien renseigné, est qu'il y a trop d'écoles normales dans
la province plutôt que pas assez, en particulier chez les filles. Alors,
la question qui se pose, c'est une question d'organisation efficace des
institutions que nous avons. Il faut évidemment avoir certaines autres
grandes institutions, c'est bien d'accord. À Sherbrooke, effectivement,
il y a une école normale qui est actuellement logée dans des
locaux qui n'appartiennent pas à l'école, qui n'appartiennent pas
au gouvernement, et les plans sont actuellement complétés.
L'école doit entrer en chantier incessamment. À
Trois-Rivières, évidemment, on sait qu'il y a une école
normale assez spacieuse qui est ouverte depuis maintenant trois ans, si ma
mémoire est bonne.
Tout ça pour expliquer que le problème, évidemment,
n'en est pas simplement un de construire de nouveaux bâtiments à
travers la province, mais beaucoup plus de mieux tirer partie de ce que nous
avons en fait de locaux et en fait de personnel, de rendre cela plus efficace
et de localiser les nouvelles écoles dans tous les cas où nous en
avons besoin aux endroits où, vraiment, ce besoin existe de la
façon la plus aigüe.
M. Johnson: Ce comité, M. le Président, est-il
formé à l'instigation du comité catholique, du ministre ou
du lieutenant-gouverneur en conseil, le comité qui étudie le
problème des écoles normales?
M. Gérin-Lajoie: C'est un comité consultatif du ministre,
purement et simplement.
M. Johnson: Est-ce que c'est le ministre ou le lieutenant-gouverneur en
conseil qui approuve la demande du comité catholique pour la
création d'une école normale, la fondation d'une école
normale.
M. Gérin-Lajoie: Le Conseil des ministres.
M. Johnson: Le Conseil des ministres. Comment se fait-il, d'abord, que
c'est le ministre qui fait cette enquête, en vertu de quel pouvoir?
M. Hamel (Saint-Maurice): Est-ce qu'il a été ministre
déjà, lui?
M. Johnson: Oui, mais la différence, M. le député
de Saint-Maurice, c'est que j'étais réveillé, moi.
M. Hamel (Saint-Maurice): Oh, non, pas de danger, il est tout
embrouillé.
M. Johnson: M. le Président, la décision d'établir
une école normale ne relève pas du ministre, elle relève,
si je comprends bien la loi, du comité catholique en instance. Est-ce
que, oui ou non, le comité catholique a recommandé
l'établissement d'une école normale dirigée par les
religieux à Laprairie?
M. Gérin-Lajoie: Le comité catholique, M. le
Président, doit d'abord recommander, approuver l'ouverture ou
l'installation d'une école normale avant que le lieutenant-gouverneur en
conseil n'en décide en dernier ressort. Mais le comité
catholique, depuis toujours, formule les voeux au sujet de l'ouverture de
certaines écoles normales; alors le lieutenant-gouverneur en conseil
donne suite, selon les disponibilités, suivant les diverses raisons
qu'il peut avoir.
Ainsi, je vois entrer dans cette Chambre le député de
Chicoutimi, cela me rappelle que le comité catholique avait
décidé, vers 1950, d'ouvrir une école normale à
Chicoutimi et qu'en 1961, effectivement, on s'est rendu à ce
désir du comité catholique. Alors, il en est ainsi dans certains
autres cas. Le cas de Laprairie en est un, si ma mémoire est
fidèle, où le comité catholique a recommandé
l'ouverture d'une école normale proposée par les Frères de
l'instruction chrétienne de Laprairie.
M. Johnson: Ah, le ministre se trompait même de communauté;
c'est mêlant, aussi.
M. Gérin-Lajoie: Le chef de l'Opposition ne se trompe jamais
à ce sujet-là, lui.
M. Johnson: Sur les communautés, jamais. M. le Président,
est-ce qu'on pourrait connaître la décision du ministre
concernant
l'école de Mont-Laurier, les commentaires du ministre concernant
l'école de Mont-Laurier?
On sait que la Société Saint-Jean-Baptiste et plusieurs
organismes du diocèse de Mont-Laurier qui comprend, comme on le sait,
trois ou quatre parties de comtés, se sont intéressés
à ce projet d'école normale pour garçons à
Mont-Laurier, dans le diocèse de Mont-Laurier. Les
sociétés, les corps intermédiaires, les commissions
scolaires, les corporations municipales, tout ce qu'il y a d'organismes qui ont
des fonctions dans l'éducation ou des préoccupations au sujet de
l'éducation ont appuyé ce mémoire qui conclut, si mes
souvenirs sont exacts, qu'il y a un état d'urgence dans cette
région. On donne même des chiffres qui sont très
éloquents, et on sait, le ministre doit savoir ou a le moyen de savoir,
cet après-midi, que le député de comté de Labelle a
appuyé cette requête de la Société
Saint-Jean-Baptiste et d'autres associations du diocèse.
Il semble que c'est là un problème d'une urgence
exceptionnelle. La décision a été prise il y a
déjà quelque temps, le ministre pourra nous donner la date
tantôt, par le comité catholique du Conseil de l'instruction
publique qui a jugé, en toute connaissance de cause, qu'il faudrait
à Mont-Laurier une école normale pour garçons. On a
écrit au ministre depuis, les autorités religieuses, les
autorités civiles se sont adressées au ministre, mais rien ne
bouge et il semble que ce soit particulièrement urgent dans Mont-Laurier
à cause de l'éloignement de la région et à cause
d'une foule d'autres raisons qui sont bien énumérées et
bien explicitées dans le mémoire des sociétés du
diocèse. J'aimerais entendre les commentaires du ministre à ce
propos.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, en réponse au
chef de l'Opposition, je dirai que le gouvernement considère qu'il y a
des besoins prioritaires au point de vue de construction d'écoles
normales dans la province. Il y a actuellement, je l'ai mentionné, celle
de Sherbrooke qui doit entrer en construction incessamment, il y a
l'école normale de Ville-Marie qui devrait entrer en chantier au cours
des prochains mois, disons au cours des prochains douze mois.
M. Johnson: Ville-Marie?
M. Gérin-Lajoie: Ville-Marie, dans le nord de Montréal,
boulevard Crémazie, puis rue Saint-Hubert. Il ne faut pas confondre avec
Ville-Marie dans le comté de Témiscamingue. Il y a aussi d'autres
besoins de construction d'écoles normales. On sait qu'à Amos,
l'école qui existait depuis de nombreuses années a
été détruite par le feu il y a déjà
au-delà d'un an. Elle doit être reconstruire, c'est une question
urgente, comme le laisse entendre, d'ailleurs, le député de
Montmorency. Il y a Hull, il y a Jonquière-Kénogami, Arvida
où des besoins de construction d'écoles normales sont aussi
très urgents. Les députés de l'Opposition
reconnaîtront avec nous que les masses de population sont beaucoup plus
nombreuses dans ces régions que je viens de mentionner que dans la
région de Mont-Laurier. Alors, c'est pour cela, principalement, qu'il
n'a pas encore été décidé de construire une
école normale de garçons à Mont-Laurier.
M. Gervais: M. le Président, est-ce qu'il y a beaucoup
d'écoles normales dont la fondation a été acceptée
par le comité catholique et qui n'a pas été prise en
considération efficace par le Conseil des ministres, comme celle de
Mont-Laurier par exempte? Est-ce que vous en avez d'autres comme ça?
M. Gérin-Lajoie: Laprairie, Mont-Laurier, Gaspé.
Évidemment, il y avait le cas de Chicoutimi qui a traîné
dix ans et que nous avons réglé en un an, heureusement.
M. Johnson: Est-ce que c'est un précédent que le ministre
a l'intention d'imiter?
M. Talbot: D'ailleurs, pourquoi le ministre ne dit-il pas que, dans le
comté de Chicoutimi - ça fait deux fois que je suis
provoqué - - en 1950, les besoins au primaire étaient
extraordinaires, en 1944. À partir de 1944, dans toutes les villes du
comté de Chicoutimi à ce moment, il manquait d'écoles et
on était obligé de faire l'école aux enfants en rotation.
Il y a eu un développement formidable au point de vue scolaire et le
ministre le sait. Dans cette région, il fallait aller au plus
pressé.
M. Gérin-Lajoie: Alors, le député de Chicoutimi
vient de répondre ce qu'il faut répondre au sujet de
Mont-Laurier.
M. Gervais: Est-ce qu'il n'y a pas un projet à Rimouski
également?
M. Gérin-Lajoie: Un projet de construction, mais disons qu'il
vient après les autres parce qu'ils sont tout de même
logés. Ils doivent évidemment refuser des candidats chaque
année, mais il y a la question de Gaspé qui posait... Comme je
l'ai mentionné, il ne sera pas question de contruire aux deux endroits.
Alors, il y a toute la question de savoir s'il faut construire une petite
école normale à Gaspé, pour commencer du moins ou agrandir
Rimouski. Cette question n'a pas été tranchée.
M. Gabias: M. le Président, il ne s'agit
pas d'une question relevant de la pédagogie, peut-être
aurai-je une réponse du ministre. Il s'agit de l'École normale
Maurice L. Duplessis de Trois-Rivières, l'école normale de
garçons; au mois de juin 1961, j'avais posé une question au
ministre qu'il s'agissait du dernier immeuble qui avait été
construit par le ministre, par la suite, les immeubles de l'école
normale relevaient et reièvent encore, à moins que ce ne soit
changé de nouveau, du ministère des Travaux publics. Or, j'avais
demandé si des changements étaient intervenus au cours de la
construction dans les plans et devis et lorsque le ministre m'a donné la
réponse, le 6 juin 1961, il n'y avait eu aucun changement. Est-ce que le
ministre serait en mesure aujourd'hui de me dire s'il y a eu des changements
aux plans originaux de cette école?
M. Gérin-Lajoie: La bibliothèque a été
agrandie au cours de la construction en particulier. Il y a peut-être eu
d'autres changements d'importance plus mineurs mais cela fut un changement
d'une certaine importance évidemment au point de vue de l'ampleur des
travaux.
M. Gabias: Est-ce qu'il y a eu des soumissions de demandées quant
à cet agrandissement ou est-ce le même entrepreneur qui a
continué les travaux? Le ministre doit s'en souvenir parce que c'est
l'école qui s'est écroulée à
Trois-Rivières.
M. Gérin-Lajoie: Pardon?
M. Gabias: C'est l'école qui s'est écroulée
à un moment donné pendant la construction. Le ministre doit s'en
souvenir.
M. Gérin-Lajoie: M. le surintendant me rappelle que... Le
député m'a distrait. Quelle était sa question?
M. Gabias: Est-ce qu'il y a eu...
M. Gérin-Lajoie: Si cela était donné au même
entrepreneur, oui, cela a été donné au même...
M. Gabias: Oui, mais s'il y a eu des soumissions?
M. Gérin-Lajoie: Pas de soumissions publiques, au même
entrepreneur et après vérification des prix par les
ingénieurs.
M. Gabias: Oui. Est-ce que le ministre se souvient... Le contrat avait
été accordé au deuxième plus bas soumissionnaire
qui était Adrien Demontigny Inc. pour $2,944,950. Est-ce que le ministre
a une idée à peu près du coût total pour la
construction de l'école? Je comprends que ce serait plus normal si je
posais la question par écrit, M. le Président.
M. Gérin-Lajoie: Oui, il faudrait, parce que là,
l'approximation que je pourrais donner ne serait pas significative par rapport
au prix du contrat. Alors, il faudrait avoir des chiffres précis.
M. Gabias: Alors, je me reprendrai l'an prochain, M. le
Président. Une autre question, est-ce que le ministre est au courant que
le mobilier qui a été acheté pour
précisément l'école normale a été
défectueux à un point où les meubles se démontaient
d'eux-mêmes de la minute qu'on les utilisaient? Cela a été
une catastrophe tellement prononcée; même certains cours n'ont pas
pu se donner parce que le mobilier se démantelait dès la minute
qu'on l'utilisait. Est-ce que le ministre est au courant de cet incident
à l'école normale?
M. Gérin-Lajoie: Malheureusement, je ne suis pas au courant.
C'est vraiment démontant, mais je vais me renseigner.
M. Bellemare: Vous allez trouver un patroneux.
M. Gabias: J'incite le ministre à se renseigner puisqu'il s'agit
d'une question administrative de la provenance d'abord de ces meubles.
Premièrement, de quelle façon les soumissions ont-elles
été demandées? Deuxièmement, de la provenance de
ces meubles et le désastre dont les élèves ont
été les victimes quant à ces meubles. J'y reviendrai l'an
prochain, mais j'attirais l'attention du ministre sur ce fait.
M. Bellemare: Cela a été une risée populaire.
Éducation familiale
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Article 5, éducation familiale.
M. Gabias: M. le Président, vous me permettez une question.
Est-ce que cela comprenait l'éducation familiale, est-ce que cela
comprenait les cours que le premier ministre promettait, alors qu'il
était chef de parti, au cours de sa campagne de 1960, est-ce que cela
comprenait les cours à donner aux dames de la campagne, de la partie
rurale?
M. Gérin-Lajoie: C'est assez varié. Il y a
évidemment tout le service des conférencières,
d'enseignement familial qui se trouvait autrefois au département de
l'Instruction publique, mais qui sont actuellement au ministère de la
Jeunesse au service de l'éducation. Puis, on sait que
l'éducation populaire subventionne les cours qui se donnent un
peu partout dans la province pour toutes sortes de choses. Alors, le service
des conférencières, l'éducation familiale,
particulièrement pour les cours d'art ménager, de chapellerie, de
couture, ont été transférés à ce service, au
ministère de la Jeunesse.
M. Gabias; Les cours que le ministre vient de mentionner tombent sous
l'article 6.
M. Gérin-Lajoie: Non. Ici, il s'agit simplement des
écoles, des instituts familiaux en particulier.
M. Gabias: J'aurais quelques questions sur cet article. À quel
article?
M. Gérin-Lajoie: Sur les conférencières?
M. Gabias: Oui. Les cours populaires qui seront donnés.
M. Gérin-Lajoie: Au budget du ministère de la Jeunesse et
non pas de l'instruction publique.
Écoles dans les territoires non
organisés
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Article 6, adopté. Article 7. Écoles dans les territoires non
organisés.
M. Gervais: Est-ce qu'il y a beaucoup de ces territoires non
organisés?
M. Gérin-Lajoie: Ah, il y en a un bon nombre, j'en ai une page et
demie devant moi. Il doit y en avoir une cinquantaine. Cinquante-sept.
M. Gervais: Maintenant, le personnel enseignant, avez-vous le nombre de
professeurs qui enseignent dans ces territoires non organisés?
M. Gérin-Lajoie: Bien, voyez-vous, en tout, on a nombre de
classes, il y en a 92, en comptant les catholiques et les protestants. Il y en
a 72 chez les catholiques, il y en a 20 chez les protestants. Je n'ai pas le
nombre des professeurs ici, mais le nombre de classes donne une idée du
nombre de professeurs. On devrait peut-être plutôt mentionner le
nombre d'écoles. Le nombre d'écoles, voyez-vous, c'est 43 chez
les catholiques, 14 chez les protestants. Si on calcule un professeur par
école, parce que généralement, ce sont de très
petites écoles dans ces territoires non organisés, cela donne une
idée.
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Adopté. Article 7? Article 8?
Perfectionnement des professeurs
M. Gabias: Est-ce que c'est à cet article, M. le
Président, que tomberaient les cours que doivent donner les professeurs
au cours des vacances? Parce qu'il y en a, je comprends, qui vont se
perfectionner, mais il y en a d'autres qui, cette année, ont
été forcés à donner des cours de perfectionnement
à d'autres professeurs.
M. Gérin-Lajoie: Oui, vraisemblablement, ces cours parce qu'il
s'en donne évidemment à plus d'un titre, mais c'est un des postes
où il y en a. C'est le poste principal.
M. Gabias: Est-ce qu'il est exact, M. le Président, que dans le
passé, les professeurs pouvaient aller se perfectionner à des
cours organisés, soit à l'Université de Montréal ou
ailleurs et qu'une partie des frais de déplacement était
payée par le département, mais qu'à ce moment ou au cours
de ces années, les professeurs étaient libres d'aller se
perfectionner? C'était un sffort au cours de leurs vacances, que
personnellement, ils faisaient et se rendaient à Montréal, se
privaient de vacances bien gagnées même si, dsns certains cas,
cela demandait des déboursés personnels et aujourd'hui, ils ont
le degré de perfectionnement requis.
Par ailleurs, au cours de la même période, d'autres
professeurs qui n'ont pas eu cette initiative, n'ont pas eu ce courage et n'ont
pas eu cette intelligence. Peut-être pas cet esprit de travail de se
perfectionner. Or, cette année, le ministre aurait décidé
que ces gens devraient recevoir des cours de perfectionnement, mais que ce sont
les professeurs qui se sont perfectionnés dans le passé qui,
obligatoirement et sans rémunération, devaient donner des cours
à ceux qui ne s'étaient pas spécialisés, ou
perfectionnés dans le passé. Est-ce que mon renseignement est
exact?
M. Gérin-Lajoie: Je pense que le député de
Trois-Rivières ne présente pas la chose, n'a pas compris la chose
exactement comme elle se présente. Les cours de perfectionnement sont
toujours encouragés pour tous les professeurs qui veulent en suivre,
n'est-ce pas. Je pense que ce que le député de
Trois-Rivières a à l'esprit, c'est que dans le passé, il y
a des professeurs qui étaient appelés à donner des cours
de perfectionnement, non pas à en suivre, à donner des cours, et
ils pouvaient recevoir une rémunération additionnelle pour ce
faire. Cette année, à la suite de la révision de
l'échelle des traitements, la rémunération additionnelle a
été supprimée. Les professeurs d'école normale,
comme les professeurs d'enseignement spécialisé, doivent
travailler onze mois par année. Ils ont un
mois complet de vacances qui est déjà trois semaines de
plus que les autres fonctionnaires du gouvernement provincial... ils ont aussi
les vacances habituelles à Noël et à Pâques. Alors, il
a été décidé par le Conseil de la
trésorerie, en présence du ministre de la Jeunesse, qu'aucune
rémunération additionnelle ne serait donnée pour du
travail fait de jour en temps régulier pendant les onze mois de travail
d'un professeur.
M. Gabias: C'est bien le cas, mais simplement le ministre admettra que
l'on taxe ceux qui se sont perfectionnés, alors qu'ils n'y
étaient pas obligés. Aujourd'hui, ceux qui n'ont pas suivi les
cours de perfectionnement dans le passé sont obligés de les
suivre s'ils veulent donner tei cours ou avoir telle compétence.
À ce moment, on fait appel à ces gens qui ont eu de l'initiative,
qui se sont perfectionnés souvent à leurs dépens et on
dit: Maintenant, pendant cinq semaines, on vous oblige à enseigner ce
que vous avez appris dans le passé, à l'enseigner à ceux
qui n'ont pas voulu apprendre dans le passé. Je crois qu'il y a une taxe
que l'on impose à ces gens et un fardeau. Théoriquement, j'admets
que le professeur est engagé pour onze mois, payé pour douze
mois, mais il a droit à une période X de vacances qui, autrefois,
correspondait à ses vacances, il ne faut pas oublier. Dans le
passé, les vacances de l'instituteur, du professeur, correspondaient
à la période de vacances des élèves et c'est cela,
cette année, que l'on change, on leur dit: vous n'aurez qu'un mois
plein, un mois entier de vacances, on exige de vous de perfectionner ceux qui
n'ont pas eu l'initiative de le faire et cela, vous allez le faire sans
rémunération. Celui qui apprend n'a pas plus de
rémunération, il est également obligé d'apprendre,
mais dans bien des cas, c'est dû à son manque de travail, c'est
dû a son manque d'initiative, cela peut être dû à
toutes sortes de raisons étrangères, s'il n'a pas suivi ces cours
de perfectionnement autrefois et aujourd'hui, on l'oblige; peut-être
a-t-on raison, mais ce que je ne crois pas juste, c'est de forcer ceux qui,
dans le passé, ont voulu se perfectionner à enseigner pendant
cinq semaines, sans rémunération, à d'autres professeurs
qui ont peut-être plus d'années d'expérience qu'eux, qui en
ont peut-être moins, mais qui ne sont pas nouveaux. S'il s'agissait de
nouveaux professeurs uniquement, je dirais: eh bien, cela peut-être
beaucoup plus juste.
M. Gérin-Lajoie: Bien, il s'agit de cela dans une grande
mesure.
M. Gabias: Oh non, je pense que le ministre n'a pas les chiffres, dans
une large mesure, il s'agit d'anciens professeurs qui n'ont pas voulu se
perfectionner ou atteindre le degré de perfectionnement exigé; et
ceux qui l'ont atteint par leur propre travail, leur propre initiative, on les
taxe aujourd'hui; on dit: vous allez enseigner pendant cinq semaines, on ne
vous paiera pas en surplus. Et je sais qu'ils ont été
avisés assez tardivement parce que dans certains cas, il y en avait qui
avaient loué, avec raison, qui avaient loué des camps
d'été pour aller y passer des vacances avec leur famille et leurs
pians sont dérangés au point qu'eux ne peuvent plus y aller;
s'ils l'avaient su au préalable, peut-être auraient-ils
empêché cet inconvénient, mais actuellement, il y en a
plusieurs qui subissent cet inconvénient. D'autres avaient fixé
des périodes de perfectionnement ailleurs, à l'Université
de Montréal, et on les oblige à enseigner pendant telle
période de cinq semaines, et tout cela, sans rémunération
et sans préavis suffisant.
M. Gérin-Lajoie: Avec rémunération.
M. Gabias: Le ministre a raison quand il dit "avec
rémunération", s'il considère que la période de
vacances n'est pas changée, mais que la période de vacances de
l'instituteur a changé à cause de cette obligation qu'on lui fait
d'enseigner pendant cinq semaines. Je crois, M. le Président, qu'il y
aurait lieu d'équilibrer pour quelques années encore, afin de ne
pas punir, parce qu'il s'agit d'une punition que l'on impose à ces
gens-là, dans une forte proportion, au profit de gens qui n'ont pas
voulu, dans le passé, faire l'effort voulu pour atteindre le
degré de perfectionnement qui était requis. Alors, )e crois que
le ministre pourrait réviser ses positions avec ses nombreux
collaborateurs parce que, cette année, assurément, ces
professeurs ont été pris par surprise. On leur enlève un
droit acquis par le temps. Qu'on soit un peu moins théorique et qu'on
regarde un peu le côté pratique.
D'ailleurs, le ministre me comprend bien, il ne s'agit pas de changer un
système qui existait depuis longtemps tout d'un coup. On le change
actuellement par les mesures prises... on le change et c'est cela qui est
punitif. Je suis certain que graduellement, le ministre aura une meilleure
coopération. Il y aurait un meilleur entendement de la part des
professeurs en général. On a souvent entendu le ministre
réclamer la collaboration des professeurs, avec raison, bien qu'il ne
prenne pas des moyens pour que cette collaboration soit entière. Il
s'agit d'humains, on remarque aujourd'hui que le ministre n'a pas la forme
qu'il a déjà eue; c'est parce qu'il est un humain. Pour les
professeurs, c'est la même chose; ce sont des humains et leur
réaction peut être des fois non pas basés sur la stricte
obligation, les stricts devoirs et il s'agirait de faire attention. Je
pense qu'en révisant un peu ce problème, tout le monde y
gagnerait, et les professeurs qui sont forcés de donner des cours et
ceux qui en bénéficieront.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, le député
de Trois-Rivières a soulevé la question de la collaboration du
personnel enseignant. Je pense qu'il est important de faire une courte mise au
point. C'est que le personnel enseignant doit se rendre compte qu'en
matière de vacances, il est privilégié. Il est
peut-être appelé à fournir, par ailleurs, des sommes de
travail que d'autres citoyens ne sont pas appelés à fournir, mais
l'instituteur, à quelque niveau que ce soit, a un mois complet de
vacances - et je ne parle pas des écoles publiques, parce qu'ils ont
plus que ça à toutes fins pratiques -mais les instituteurs ou
professeurs d'écoles normales, d'enseignement spécialisé,
ont un mois complet l'été, ils ont des vances de quinze jours
à Noël, ils ont des vacances à Pâques. Alors, je pense
bien qu'il ne faudrait pas qu'on s'attende que des congés encore plus
longs pendant l'été soient donnés aux professeurs, pour
que le gouvernement obtienne leur collaboration. Je pense que les professeurs
sont à même de comprendre d'eux-mêmes cette situation et
que, cette année, lorsqu'on a demandé aux professeurs
d'écoles normales ou à d'autres professeurs de doner des cours
spéciaux de perfectionnement, l'été, sans
rémunération additionnelle, à condition qu'ils aient leur
mois de vacances complet, qu'ils soient remboursés de toutes les
dépenses qu'ils encourent, parce que, s'ils vont loger en dehors de leur
ville, évidemment, ils seront remboursés des dépenses
encourues, dans de pareilles conditions, M. le Président, je pense que
le personnel enseignant devrait collaborer le plus entièrement possible
à la réalisation des cours de perfectionnement.
M. Gabias: M. le Président, le ministre a certainement compris
mon intervention. Je n'ai pas dit qu'ils ne collaboraient pas, je connais assez
le personnel enseignant pour savoir qu'il collabore, j'ai insisté sur
une meilleure collaboration et le ministre sait fort bien ce dont il s'agit.
Lorsque les gens sont bien disposés, la collaboration, même si
elle est voulue, est meilleure que lorsqu'on est indisposé, que l'on
veut collaborer. D'ailleurs c'est facile à voir en Chambre, lorsque tous
les députés veulent collaborer, ça va très bien, on
a une meilleure collaboration.
M. Gérin-Lajoie: C'est une digression.
M. Gabias: Non, ce n'est pas une digression.
M. Gérin-Lajoie: Cela fait partie de ce poste
budgétaire?
M. Gabias: C'est un exemple, M. le Président, et le ministre sait
fort bien ce dont il s'agit, il connaît bien le problème.
D'ailleurs, il l'a prouvé en l'expliquant à cette Chambre. Il en
a profité pour souligner que les professeurs avaient de longues vacances
qui sont méritées. S'ils ne les méritaient pas, ils ne les
auraient pas. On charge une situation de fait, théoriquement le ministre
a raison, mais on change une situation de fait et je pense qu'il faut tenir
compte de cela. Il s'agissait de contrat de travail, pour une période de
onze mois, mais, en fait, il n'y avait pas onze mois de travail et, là,
on leur impose onze mois de travail. Il y a un changement dans les conditions
et on leur demande cela sans rémunération. Alors, je demande au
ministre...
M. Gérin-Lajoie: Au moment où l'on a augmenté leurs
salaires.
M. Gabias: Oui, peut-être, mais c'était promis.
M. Bellemare: C'est nous autres qui avons commencé à les
augmenter, les salaires.
M. Gérin-Lajoie: Hein, qu'est-ce que le député de
Champlain a dit?
M. Bellemare: C'est nous autres qui avons commencé à les
augmenter ces salaires-là.
M. Gérin-Lajoie: Une augmentation de $1730 par année, je
ne sais pas si vous avez accordé ça, vous autres.
M. Bellemare: Oui, oui, certainement, on a fait quand...
M. Gérin-Lajoie: Vous êtes mieux d'aiguiser votre crayon,
puis de faire des comptes publics.
M. Bellemare: M. Sauvé, aux écoles
spécialisées, c'est lui qui le premier les a données.
Regardez les statuts, vous allez voir vous avez des augmentations de $2000 dans
certains cas.
M. Gérin-Lajoie: M. le Président...
M. Gabias: Je suis bien certain, M. le Président, que le
ministre, en accordant cette augmentation, n'a pas mis une condition. Lorsqu'il
a mis en vigueur la nouvelle échelle de salaires, je suis certain que le
ministre de la Jeunesse n'a pas mis de condition, n'a pas dit: on vous donne
cette augmentation de $1700 à condition que vous enseigniez
gratuitement, sans
rémunération pendant cinq semaines.
M. Gérin-Lajoie: Pas du tout.
M. Gabias: Vu les communiqués du ministère
annonçant la nouvelle échelle de salaires - et cela a
été donné sans condition - au contraire, on disait aux
professeurs: ce sont des droits que vous avez et on reconnaît vos droits
et, aujourd'hui, on pose une condition à retardement.
Une voix: Avec les élections.
M. Gabias: J'invite une fois de plus, M. le Président, le
ministre à reconsidérer la position et à se faire le
défenseur de cette situation de fait auprès du Conseil ce la
trésorerie.
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Article 8, adopté? Article 9.
Cours de perfectionnement
M. Gervais: Ces cours de perfectionnement dont il est question au poste
8, est-ce que ce sont des cours qui permettent simplement à un
instituteur de hausser la valeur de son chevet d'enseignement ou est-ce que ces
cours lui permettent d'accéder à un degré
universitaire?
M. Gérin-Lajoie: Il y a toutes sortes de cours, il y en a qui ne
mènent nulle part, qui ne mènent à aucun degré
j'entends, mais qui permettent d'élargir la formation du professeur;
d'autres qui permettent d'obtenir un degré d'enseignement
supérieur. Dans d'autres cas, il s'agit du degré universitaire.
Le député sait qu'il s'agit de crédits, n'est-ce pas, qui
sont accumulés d'année en année.
M. Beaupré (président du comité des subsides):
Alors, article 8, adopté.
Article 9. Revues pédagogiques.
M. Bellemare: Est-ce qu'il en reste beaucoup de revues
pédagogiques?
Une voix: Il y en a deux.
M. Bellemare: $13,000 de plus cette année.
Une voix: $13,000 de plus?
M. Bellemare: De plus que le budget l'année passée.
M. Gérin-Lajoie: Quelle est la question?
M. Bellemare: La question, c'est: est-ce le revenu qui a monté ou
est-ce le nombre?
M. Gérin-Lajoie: C'est l'augmentation du tirage puis du nombre de
pages, n'est-ce pas? Il s'agit de la revue de l'Instruction publique et de la
revue Educational Record qui sont publiées par le service protestant ou
le service catholique du département de l'Instruction publique.
M. Bellemare: C'est distribué à combien de millions de
personnes?
M. Gérin-Lajoie: Entre 45,000 et 55,000 par mois pour la revue de
l'Instruction publique et 7000 pour la revue en anglais.
M. Blank (président du comité des subsides):
Adopté.
M. Gervais: D'où vient la diminution de $50,000 pour le fonds de
pension des fonctionnaires? C'est la contribution du gouvernement,
ça?
M. Gérin-Lajoie: Les retenues augmentent plus que les paiements
à faire. Dans un fonds de pension, le député connaît
le système.
M. Blank (président du comité des subsides): L'Instruction
publique, adopté. On va prendre le budget supplémentaire.
Une voix: Il n'y en a pas.
Crédits supplémentaires
M. Gervais: Il y a combien d'employés dans ce poste no 1,
là, $1,000,000 de traitements?
M. Gérin-Lajoie: On va vous dire ça tout de suite... 164.
Effectivement, au 31 mars, là, j'ai le chiffre visé, c'est 179,
164, c'est au moment où le budget a été
préparé.
M. Blank (président du comité des subsides):
Adopté?
M. Johnson: Les écoles d'enseignement spécialisé,
il y a un élément spécial pour parler des ententes avec
Ottawa?
M. Gérin-Lajoie: Oui, no 3.
M. Johnson: Et quant aux commissions scolaires régionales?
M. Gérin-Lajoie: No 2.
M. Johnson: Le sous-ministre de la Jeunesse, c'est monsieur?
M. Gérin-Lajoie: M. Pagé.
M. Johnson: Son prénom?
M. Gérin-Lajoie: Joseph.
M. Johnson: Est-ce qu'il n'y a pas une autre initiale à part de
Joseph? Ce n'est pas Joseph-L.?
M. Gérin-Lajoie: C'est ça.
M. Bellemare: Il est là depuis longtemps.
M. Johnson: Est-ce qu'il est au service du gouvernement depuis longtemps
ou est-ce un employé...
M. Gérin-Lajoie: Il est au service du gouvernement depuis plus
d'années qu'il n'en a l'air.
M. Johnson: C'est bien ça. M. le Président, quel salaire
a-t-il? Un homme avec autant d'années de services doit avoir un bon
salaire. Combien a-t-il?
M. Gérin-Lajoie: Ah, dans le gouvernement, on n'a pas des gros
salaires, il est payé $18,000. C'est presque le double que l'ancien
temps.
M. Bellemare: Vous avez un double budget aussi.
M. Gérin-Lajoie: Évidemment.
M. Lesage: $1,300,000,000.
M. Johnson: Est-ce qu'il a des adjoints ou des assistants?
M. Gérin-Lajoie: Il y a le sous-ministre associé, M.
Poisson, l'ancien sous-ministre de la Jeunesse.
M. Johnson: Qui s'occupe lui de?
M. Gérin-Lajoie: Bien, à l'intérieur du
ministère, c'est un sous-ministre associé, alors
théoriquement, ils ont tous les deux la responsabilité du
ministère, mais dans la pratique, M. Poisson s'occupe plus
spécialement de tout ce qui touche l'enseignement
spécialisé, ce qui était autrefois, grosso modo, le
secteur du ministère de la Jeunesse.
M. Johnson: Quel salaire a M. Poisson?
M. Gérin-Lajoie: $17,000.
M. Johnson: Le secrétaire du département, qui est-il?
M. Gérin-Lajoie: Il n'y en a pas.
M. Johnson: Qui a remplacé M. Montpetit au service de
l'information?
M. Gérin-Lajoie: Bien, la fonction n'a pas été
remplie exactement comme telle. À l'heure actuelle, celui qui agit comme
disons mon secrétaire d'information, c'est M. Pierre Martin.
M. Johnson: C'est qui?
M. Gérin-Lajoie: Pierre Martin. Mais, ce n'est pas exactement
dans la même fonction.
M. Johnson: Pierre Martin. Quelle est la fonction de M. Jean-Marie
Martin?
M. Gérin-Lajoie: Directeur générai des services de
l'enseignement supérieur.
M. Johnson: Directeur général des services de
l'enseignement supérieur. Cela veut dire quoi ça? Les
universités?
M. Gérin-Lajoie: Les universités, les collèges et
effectivement, toutes les institutions indépendantes, même
lorsqu'il s'agit de, disons de subventions de construction, demandées
par des institutions indépendantes, qui ne sont pas au niveau
universitaire, disons les écoles normales, brevet B, les demandes sont
dirigées vers ce service. Et, également l'administration des
écoles des beaux-arts et d'architecture.
M. Johnson: Est-ce que M. Baillargeon est encore au
ministère?
M. Gérin-Lajoie: Baillargeon?
M. Bellemare: C'était au Bien-Être social.
M. Gérin-Lajoie: Ah oui. c'était chez vous, M.
Lafrance.
M. Johnson: Les employés non gradés, qui n'ont pas des
gros grades, des gros postes, je parle des secrétaires, des commis, des
messagers, reçoivent je présume les augmentations de salaire
prévues par l'arrêté ministériel de novembre 1959.
Mais, est-ce qu'ils ont été l'objet d'une reclassification,
est-ce qu'ils ont reçu une autre augmentation que cette augmentation
statutaire?
M. Gérin-Lajoie: Bien sûr, un grand nombre de ces
fonctionnaires, je dirais même la majorité comme ça a
été dit hier de l'instruction publique, ont
bénéficié de reclassification, au cours disons des deux
dernières années.
M. Gervais: Est-ce que le ministre nous a bien dit que le cas de M.
Pierre Lafrance n'était pas encore tout à fait
réglé, qu'il n'était pas encore en fonction de paiement
comme remplaçant de M. Montpetit?
M. Gérin-Lajoie: Voici, c'est que M. Pierre Lafrance ne m'a pas
parlé des mêmes personnes là. M. Pierre Lafrance du temps
où M. René Montpetit était directeur de l'information, au
ministère de la Jeunesse, agissait comme coordonnateur de l'information,
donc directement en dessous de M. Montpetit. M. Lafrance continue d'agir comme
coordonnateur de l'information. M. Monpetit remplissait une double fonction.
Depuis que je suis ministre, j'ai séparé dans une certaine mesure
la fonction de secrétaire d'information au cabinet du ministre, le
directeur de l'information, information générale du
ministère, avec les revues, les publications, les prospectus, tout ce
qui relève des écoles de l'enseignement spécialisé.
Alors, à l'heure actuelle, M. Pierre Martin agit comme secrétaire
d'information au cabinet du ministre, M. Pierre Lafrance agit comme
coordonnateur de l'information, service permanent et régulier du
ministère de la Jeunesse, et run une fonction simplement attachée
au cabinet du ministre.
M. Johnson: Quelle est la fonction de M. Lafleur?
M. Gérin-Lajoie: M. Lafleur est inspecteur général
des écoles de la province au département de l'Instruction
publique et traité au ministère de la Jeunesse comme adjoint au
ministre.
M. Johnson: Son salaire est payé par l'Instruction publique?
M. Gérin-Lajoie: Oui, son salaire est payé par
l'Instruction publique.
M. Johnson: Combien de temps encore?
M. Blank (président du comité des subsides): 1
adopté?
M. Johnson: Non.
Une voix: comme Maria Goretti.
M. Johnson: M. Tremblay, quelle est sa fonction? M. Arthur Tremblay.
M. Gérin-Lajoie: Officiellement, dans le service civil, il est
conseiller technique, adjoint au ministre. Mais, à toutes fins
pratiques, il est directeur du bureau de la planification au ministère
de la Jeunesse, un bureau qui a été constitué peu
après mon entrée en fonction et qui se développe de
façon appréciable pour étudier toutes les questions que je
considère être de politique générale et qui
demandent une étude approfondie en dehors de I'administration courante
des divers services du ministère.
M. Johnson: Quel est son salaire?
M. Gérin-Lajoie: Il a un salaire de $12,000 et un
supplément comme membre adjoint de la commission royale: $3000 à
peu près.
M. Johnson: Il s'en est beaucoup occupé? Ce n'est pas rien qu'une
manière, ce supplément, de compléter son salaire? Il a
effectivement travaillé à la commission royale?
M. Gérin-Lajoie: La réponse, c'est oui.
M. Johnson: Oui. Merci.
M. Gervais: Le ministre est content de sas services?
M. Gérin-Lajoie: Je suis très satisfait des services de
tous mes fonctionnaires.
M. Johnson: Alors, est-ce que les normes - fameuses normes - auraient
été de sa juridiction, de son initiative?
M. Gérin-Lajoie: J'ai expliqué tout à l'heure, M.
le Président, comment ces normes, ce guide d'organisation scolaire a
été conçu, élaboré et distribué. Et
je pense bien que tout ce que je pourrais dire serait une
répétition de ce que j'ai exposé tout à l'heure a
la Chambre.
M. Johnson: Je ne pense pas que le nom de M. Tremblay ait
été mentionné tantôt comme étant l'un des
responsables de l'élaboration de ces normes.
M. Gérin-Lajoie: Non, j'ai dit que ça avait
été fait en collaboration par des fonctionnaires du
département de l'Instruction publique, des fonctionnaires du
ministère de la Jeunesse; mon sous-ministre, M. Pagé, a
participé à ce travail; M. Arthur Tremblay, directeur de la
planification, y a participé, M. Lafleur, l'inspecteur
général des écoles, M. Binette, le secrétaire du
département de l'Instruction publique, y ont tous les quatre
participé. M. Boulard, l'inspecteur général adjoint y a
également participé. Ce sont les cinq noms pour le moment que
j'ai à l'esprit. Je ne sais pas s'il y en a d'autres. Ah oui, et puis du
côté protestant aussi, il y a M. Belling, secrétaire
protestant et M. White qui est également un fonctionnaire de
l'enseignement protestant.
M. Johnson: Y a-t-il des fonctionnaires protestants de langue anglaise
au service du ministère de la Jeunesse?
M. Gérin-Lajoie: M. White est adjoint au sous-ministre de la
Jeunesse.
M. Johnson: Adjoint à M. Pagé. Est-ce qu'il y en a qui ne
sont ni protestants ni catholiques? La position n'a pas été
créée encore.
M. Gérin-Lajoie: Pas que je sache.
M. Johnson: Ou la définition n'a pas encore été
faite. M. Tremblay, dans l'élaboration des normes, ainsi que M.
Pagé et les autres ont-ils à l'origine consulté les
intéressés c'est-à-dire les représentants des
commissions scolaires et les représentants des instituteurs et
institutrices?
M. Gérin-Lajoie: Je dois dire que ceux qui sont à
l'origine de la rédaction de ces normes sont les fonctionnaires que j'ai
mentionnés tout à l'heure et en particulier ceux qui sont
responsables de l'inspection des écoles au département de
l'Instruction publique. Cela a été fait en collaboration avec
leurs milieux. Les inspecteurs d'écoles sont des éducateurs qui
sont en contact quotidien avec les professeurs, les instituteurs dans les
écoles publiques de la province. C'est donc les responsables du milieu
enseignant de Québec au niveau de l'école publique qui ont
rédigé ce guide d'organisation scolaire. À la suite de la
rédaction d'un premier projet, une réunion a été
convoquée à laquelle participaient des commissaires
d'écoles, des directeurs des études, des inspecteurs
d'écoles régionaux de la province, des représentants du
secteur protestant aussi, des écoles, de la direction des études
et de l'inspectorat. Il n'y avait pas de rouage déjà existant
pour de telles consultations et cela ne se faisait pas dans le passé. Il
y avait eu des normes de même type expédiées par le
surintendant de l'instruction publique vers 1958 ou 1957, et à ce
moment-là il n'y avait pas eu de consultation du milieu autre que la
consultation des gens qui étaient considérés comme
connaissant le domaine, c'est-à-dire des inspecteurs
d'écoles.
Etant donné qu'il s'agissait d'une première consultation,
nous avons pensé qu'il fallait la faire aussi vaste, aussi large que
possible et environ 200 personnes ont été invitées
à cette réunion. Il y eut ensuite une réunion d'un groupe
restreint d'une quinzaine de personnes auxquelles la Corporation des
instituteurs et institutrices a envoyé trois
délégués, si ma mémoire est fidèle. Les
directeurs des études en ont fait autant, les commissaires
d'écoles également et c'est là que le texte
définitif a été mis au point. Dans les huit ou dix jours
qui ont suivi, le premier guide d'organisation scolaire a été
expédié aux commissaires d'écoles de la province.
M. Gervais: Est-ce que le ministre trouve heureuse la manière
dont il a procédé à cette préparation des normes,
cette manière en soi et aussi en considération des
réactions qui ont suivi? Consulter des corps intermédiaires,
c'est très bien mais il y a le temps pour les consulter. Je trouve que
faire venir les corps intermédiaires en l'occurrence, les enseignants,
les commissions scolaires et leur dire que nous avons décidé
ceci.
M. Gérin-Lajoie: Ce n'est pas ce qui s'est passé.
M. Gervais: Les enseignants et les commissaires d'écoles ont
participé à l'élaboration des normes, et ça c'est
extrêmement important quand on veut vraiment respecter l'opinion des
corps intermédiaires. Les enseignants à mon sens, d'après
les échos qui me sont venus, de même que les commissions
scolaires, n'ont été convoqués que lorsque tout a
été monté. Et à ce moment-là, on se trouve
devant du travail tout fait et on a l'odieux devoir de détruire ce qui
est fait, alors qu'il aurait été peut-être tellement plus
efficace et tellement plus satisfaisant pour tous les organismes
intéressés de travailler à élaborer ces normes. Et
je trouve que les normes dans le contexte de ce travail-là auraient
reçu un accueil beaucoup plus compréhensif et beaucoup plus
sympathique de la part des organismes intéressés. Je trouve que
le ministre, dans ce cas-là comme dans d'autres cas, tarde trop à
consulter les corps intermédiaires. Je disais, tout à l'heure,
qu'il n'y avait pas de comité déjà formé pour une
telle consultation. Si ma mémoire est fidèle, il y a un an
environ, le ministre avait formé un comité de consultation
comprenant les membres de la corporation des instituteurs, des commissions
scolaires et d'autres organismes pour précisément conseiller le
ministre sur des questions éventuelles comme celles des normes.
Je crois que la composition de ce comité-là a
traîné quelque peu en longueur, mais je crois qu'il était
vraiment au complet si je ne m'abuse, le ministre me corrigera, lorsque est
arrivée la question des normes.
M. Gérin-Lajoie: Est-ce que le député aimerait que
j'explique tout de suite ce qui s'est passé? C'est que la Corporation
des instituteurs, l'été dernier, a refusé de participer et
d'accepter l'invitation que je lui faisais de participer à un
comité tel que proposé. Et quand j'ai vu ce refus d'accepter
l'invitation telle quelle, cette réticence à toute collaboration,
le comité n'a pas été constitué et a suivi,
évidemment, ce que l'on sait.
Et cela, je pense que le député de Montmorency a des
relations, des contacts qui lui permettent de vérifier, qui lui ont
peut-être déjà permis de vérifier ce que je
viens de dire.
M. Gervais: Alors, la corporation n'avait délégué,
même sur le tard, aucun membre à votre comité.
M. Gérin-Lajoie: Non.
M. Johnson: M. le Président, le ministre voudrait-il me dire si
le Conseil de l'instruction publique a été consulté quant
à ces normes?
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je fais tout de suite
une mise au point, on n'est pas au bon endroit pour en discuter, mais puisqu'on
a commencé, on est aussi bien de vider le sujet.
M. Johnson: On est aussi bien, oui.
M. Gérin-Lajoie: On est passé d'un sujet à l'autre,
on est encore au poste no 1, cela aurait dû venir au poste no 2. Mais je
veux bien qu'on liquide le sujet maintenant que nous sommes assez
profondément ersgagés dans le sujet.
La réponse est non, M. le Président, le Conseil de
l'instruction publique ni aucun des deux comités n'a été
consulté, pas plus qu'en 1957 ou 1958, quand le surintendant avait
envoyé une circulaire de même ordre.
M. Johnson: Aucune commission non plus ni du comité catholique,
ni du comité protestant?
M. Gérin-Lajoie: Non.
M. Johnson: Le ministre dit "pas plus qu'en 1958", ça
dénote tout de suite évidemment, qu'il cherche à faire de
la dialectique, disons à chercher des précédents, à
se justifier.
M. Gérin-Lajoie: C'est une constatation.
M. Johnson: À trouver des précédents. C'est une
consolation peut-être...
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, je ne sais pas si le
chef de l'Opposition aimerait que j'explique pour ne pas qu'il y ait de
malentendu. C'est tout simplement le document n'est-ce pas? Le
député le sait très bien, le chef de l'Opposition sait
très bien comment ces choses-là se présentent. Les
fonctionnaires posent un problème s leur ministre, le ministre dit: Oui,
procédez: alors les fonctionnaires font le travail.
Ce qui est arrivé, c'est tout simplement que les fonctionnaires
ont 'ait le travail comme cela se faisait dans le passé. Quand ils m'ont
présenté le résultat préliminaire de leur travail,
à ce moment-là, j'ai soulevé la question de la
consultation. Et c'est à partir de ce moment-là que les
consultations ont commencé à se faire.
M. Johnson: Elle n'a pas été envoyée?
M. Gérin-Lajoie: Oh, absolument pas, M. le Président.
M. Johnson: À quelle date elles ont été
envoyées les premières?
M. Gérin-Lajoie: Au mois de mars. Seulement, ce que je peux dire
là pour situer les consultations, disons que la première
consultation générale d'envergure a été faite
à environ trois semaines, un mois avant le 12 mars. Puis il y a eu une
réunion subséquente du comité plus restreint d'une
quinzaine de personnes que je viens de mentionner, à peu près une
semaine avant le 12 mars.
M. Johnson: Le texte lui-même des normes du 12 mars, je parle de
la version la plus impérative, était daté du 12 mars.
Est-ce que le texte a été soumis à ce groupe qu'on a
consulté, ces grands groupes-là de 200 ou 250 personnes, ou si on
leur a seulement fait part des grandes lignes qu'on projetait?
M. Gérin-Lajoie: Ni l'un ni l'autre, M. le Président.
D'abord, j'ai participé à l'ouverture de l'assemblée, je
ne suis resté qu'une demi-heure, j'ai expliqué le contexte et
selon les comptes rendus que j'en ai eus, les procès-verbaux,
même, les fonctionnaires présents du département de
l'Instruction publique et du ministère de la Jeunesse, ont exposé
le problème et non pas leur solution. Bien sûr que les
fonctionnaires des deux départements en question avaient
étudié la chose à fond avant cette assemblée, mais
aucun texte le moindrement définitif n'avait été
préparé, n'était prêt. Le problème a
été posé et à la suite de la réunion,
certaines conclusions se sont dégagées, qui ont été
consignées dans un procès- verbal qui m'a été
remis. Et c'est à la suite de cette réunion qu'un texte a
été préparé par les fonctionnaires de l'Instruction
publique et de la Jeunesse et ce texte ainsi préparé à la
suite de la première réunion, a été soumis au
comité plus restreint dont j'ai parlé tout à l'heure.
M. Johnson: Les instituteurs ont assisté à la
deuxième réunion et ils avaient aussi des
délégués sur le groupe d'une quinzaine. À ce
moment-là, il n'y a pas eu d'unanimité, on n'a pas accepté
unanimement ou on n'a pas demandé aux gens d'accepter ou de refuser
formellement. On s'est contenté de consulter.
M. Gérin-Lajoie: Non. Il y a eu
discussion sur le projet; il y a eu des expressions d'opinions et
à la suite de ces expressions d'opinions qui n'étaient pas toutes
concordantes, un texte définitif a été mis au point et
expédié aux commissions scolaires.
M. Johnson: Et ce texte a été émis tel que
suggéré dans sa forme définitive par des fonctionnaires du
ministre, par le ministre, sans que le ministre n'amende aucune des parties des
normes.
M. Gérin-Lajoie: C'est exact. Tel que présenté par
les fonctionnaires des deux départements.
M. Johnson: Et dans le premier là, je n'ai pas vu le
deuxième, je ne l'ai pas à la mémoire, mais le premier
texte, il contenait beaucoup d'impératifs. On en avait parlé en
Chambre.
J'avais tenté dans le temps de savoir si une commission scolaire
qui n'appliquerait pas ces normes pourrait se qualifier pour des subventions
aux classes excédant le nombre de classes qu'on aurait si on avait
appliqué les normes.
M. Gérin-Lajoie: Non, ce n'était pas impératif
à ce point-là, M. le Président. Le chef de l'Opposition
n'a pas le texte ici, je l'ai sûrement dans mes documents, mais on ne va
pas se mettre à lire le document lui-même. Ce qui est important,
c'est que le document avait pour but; et a atteint ce but; de rendre les
commissions scolaires bien conscientes du problème qui se pose. J'ai
déjà eu l'occasion d'exposer, je ne sais pas si c'est en Chambre
ou ailleurs, certaines commissions scolaires avaient... Par exemple une
commission scolaire ayant une douzaine, une vingtaine d'écoles
distinctes donc d'une ville moyenne de la province. Il y avait une classe de
onzième ou de dizième année en trois, quatre endroits
différents dans la ville, et à l'intérieur de chacune de
ces classes-là, il n'y avait que douze, quinze ou seize
élèves. Alors nos inspecteurs d'écoles se sont rendu
compte de la chose et ont été d'avis qu'il s'agissait de
gaspillage de locaux, de professeurs, d'énergie. Ils ont fait rapport
comme il se doit, à leur supérieur à Québec et
c'est ainsi que de fil en aiguille, le problème s'est formulé en
partant des problèmes locaux.
Effectivement, dans ce cas-là en particulier, je peux bien dire,
ça éclairerait cette Chambre, comment le problème s'est
placé devant nous de façon aiguë. C'est que la commission
scolaire nous a demandé l'autorisation de construire une nouvelle
école parce qu'on manquait d'espace. Les inspecteurs examinent la
situation et se rendent compte que non seulement une nouvelle école
n'est pas nécessaire, mais qu'il y a des locaux disponibles si l'on fait
un aménagement des élèves efficace et rationnel, si on
groupe par exemple ensemble deux classes de quinze élèves
chacune, au même niveau, onzième année dans les deux cas,
dans la même commission scolaire de ville par dessus le marché.
Alors, c'est ainsi que le problème s'est précisé, a
été porté à notre attention, à l'attention
des hauts fonctionnaires du département de l'Instruction publique et de
la Jeunesse et que la suite est venue.
M. Johnson: C'est ainsi que naissent les problèmes. Moi, je me
souviens exactement de la situation à l'inverse dans le temps où
j'avais accompagné par exemple la Commission scolaire de la ville
d'Acton Vale. Nous étions entrés dans le bureau d'un
fonctionnaire du département de l'Instruction publique avec un plan
préparé par un architecte, choisi par la commission scolaire,
présidée dans le temps par le sous-ministre actuel de la Voirie,
nous étions entrés là avec un plan pour six classes et
nous en étions sortis avec un plan pour douze classes, ou huit ou douze
classes. Le fonctionnaire du temps...
M. Gérin-Lajoie: Ceia prenait un bon avocat pour réussir
ça?
M. Johnson: Je n'allais pas là pour ça, M. le
Président, mais tout simplement pour les présenter. Je ne me
mêlais pas plus que ça des problèmes de la commission
scolaire d'Acton Vale. M. Labrecque y voyait d'ailleurs avec
énormément de compétence et d'absence de partisanerie.
Mais il y avait là un fonctionnaire qui connaissait ça et qui a
regardé les statistiques du temps et qui a convaincu sur le champ la
commission scolaire d'augmenter le nombre de classes. Il avait tellement raison
ce fonctionnaire-là que depuis ce temps-là la commission scolaire
a dû en bâtir d'autres et c'est ainsi. Et puis, M. le
Président, cela se faisait sans bruit, sans titre de
planificateur...
M. Bellemare: Sans dictature.
M. Johnson: ...sans grosses patentes, sans interventions du
ministre...
M. Bellemare: Sans coopérative...
M. Johnson: Sans chicane, sans articles, sans les éditoriaux,
sans affaires de TV et de discussions et de tables rondes. Tout ça,
ça se faisait, et par un fonctionnaire qui n'était pas assez
payé. Aujourd'hui, on augmente les fonctionnaires à $10,000 et
$15,000, je ne parle pas des sous-ministres, ils méritent ça et
davantage, on a des commissions, des sous-comités, tout ça,
ça se réunit avec le ministre, ça mêle le ministre,
ça s'en va à la TV, la chicane prend dans les
différentes
juridictions, les communautés sont inquiètes, les
évêques s'inquiètent, l'Opposition parle, essaie d'avoir
des renseignements. Tout ça, M. le Président, pourquoi? Tout
ça là, parce qu'un ministre qui ne connaît pas
l'éducation, qui est un gars intelligent, qui a de bons titres, mais qui
n'a pas de préparation spéciale pour être un
éducateur...
M. Gérin-Lajoie: Méfiez-vous de vos...
M. Johnson: ... se lance à un moment donné
là-dedans et pense qu'il va tout régenter.
M. Gérin-Lajoie: Le chef de l'Opposition n'est pas sérieux
du tout.
M. Johnson: Ah oui, ah oui, je suis sérieux.
M. Gérin-Lajoie: Vous déviez nécessairement...
M. Johnson: M. le Président, je veux donner une
démonstration de l'écran de fumée qu'on fait et puis de
toutes les grandes patentes qui coûtent cher et tout le monde est moins
mêlé qu'avant. Justement à l'occasion de ce mélange
et de cette confusion qu'on a créés là, bien, à ce
moment-là, on dit: Il faudrait bien quelqu'un pour mettre de l'ordre
là-dedans. Moi, c'est effrayant comme c'est clair pour moi tout
ça. J'ai vu évoluer cette affaire-là depuis 13 ans. J'ai
vu évoluer le problème depuis 1960 et j'ai vu les normes, en 1963
qui, étaient certainement émises dans une bonne intention, mais
qui ne tenaient pas assez compte du point de vue pédagogique. En 1958,
il y a eu des normes aussi ou des directives; ces directives n'ont tout de
même pas soulevé le tollé qu'on connaît aujourd'hui
ou qu'on a connu relativement à ces normes.
Moi, je ne me connais pas la compétence de juger si oui ou non,
vingt-cinq ou trente-cinq élèves au secondaire, c'est assez ou
c'est trop. Mais j'ai vu dans les journaux un rapport, le rapport d'une
causerie donnée par l'attaché culturel de l'ambassade de Russie
au Canada...
M. Gérin-Lajoie: De Russie?
M. Johnson: ...donnée à l'Université de
Montréal.
M. Gérin-Lajoie: De Russie?
M. Johnson: De Russie, oui.
M. Gervais: Il y a des bons professeurs en Russie.
M. Johnson: Puis juste au moment, M. le Président, bien à
l'Université de Montréal...
M. Gérin-Lajoie: "O temporal O mores!" que les temps ont
changé.
M. Johnson: Non, non, à l'Université de Montréal,
les ambassadeurs russes puis le F.L.Q. puis les bombes, c'est tout admis,
ça, aujourd'hui.
M. Gérin-Lajoie: C'est le chef de l'Opposition qui hésite
à y aller.
M. Johnson: Pardon.
M. Gérin-Lajoie: Il y a seulement le chef de l'Opposition qui
hésite à y aller.
M. Johnson: Bien il y est allé, mais...
M. Gérin-Lajoie: Est-ce qu'il a été bien
reçu, c'est une autre affaire.
M. Johnson: Je n'étais pas aussi bien reçu que les rouges,
sans limite géographique. M. le Président, à
l'université donc, l'attaché culturel de l'ambassade de Russie au
Canada est invité, alors que les normes du ministre viennent de sortir
et d'exiger trente-cinq ou vingt-cinq élèves au secondaire par
classe, je ne m'en souviens pas.
M. Bellemare: C'est trente-cinq.
M. Johnson: C'est trente-cinq. Voici l'attaché culturel qui dit:
"En Russie, nous autres, on en est venu à la conclusion que
c'était dix-sept, que pour avoir un enseignement efficace au secondaire,
c'est dix-sept."
M. Fortin: Quel est le salaire des professeurs?
M. Johnson: Ah, quel salaire, ça M. le Président,
ça n'a pas d'importance.
M. Bellemare: La question de salaire,...
M. Johnson: Cela n'a pas d'importance.
M. Bellemare: C'est une question de pédagogie.
M. Johnson: C'est justement là tout le problème, M. le
Président, on a sacrifié, on est en train de sacrifier ou on
risque de sacrifier...
M. Gérin-Lajoie: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander au chef de l'Opposition de continuer, ça m'intéresse
vivement. Quelle conclusion tire-t-il de ses dix-sept élèves?
Remarquez bien qu'on n'a pas le contexte. Quelle conclusion tire-t-il de
sa conversation avec l'ambassadeur... M. Bellemare: Conversation?
M. Johnson: M. le Président, ma conversation avec l'ambassadeur,
je ne le cacherais pas si j'avais eu une conversation avec l'ambassadeur, mais
c'est un rapport dans un journal d'une causerie, d'une conférence de
l'attaché culturel de l'ambassade de Russie, C'est clair. C'est
récent, dans le même temps que les normes.
Est-ce que dix-sept, c'est assez ou c'est trop? Je ne le sais pas, M. le
Président, mais je constate une chose, c'est que les rouges n'ont pas
tous les mêmes normes. Rouge à Québec ou rouge à
Moscou, ce ne sont pas les mêmes normes. Au moins pour les
élèves. Mais le député et ministre de Sherbrooke
lui a sorti le chat du sac en disant quels seront les salaires, M. le
Président.
M. Gérin-Lajoie: J'ai toujours dit que c'était pas
pareil.
M. Johnson: Cela m'a l'air que c'est pire les rouges dans Québec
qu'à Moscou, M. le Président; au moins sur l'enseignement,
ça m'a l'air que les rouges à Moscou, eux, ne sacrifient pas la
qualité de l'éducation pour sauver de l'argent, M. le
Président.
M. Gérin-Lajoie: C'est le chef de l'Opposition qui dit ça.
Il ne prend pas son compte.
M. Johnson: Cela a l'air de ça, M. le Président,...
M. Gérin-Lajoie: Ah! Cela a l'air de ça, les qu'en
dira-t-on.
M. Johnson: Bien, M. le Président.
M. Gérin-Lajoie: Le chef de l'Opposition pourrait être un
peu plus sérieux.
M. Johnson: M. le Président, c'est l'attaché culturel de
l'ambassade de Russie maintenant, le ministre pourra le contredire, le faire
venir comme expert - lui qui veut garder une loi de consulter tout le monde
-peut-être qu'il y aurait du bon qui sortirait de là. C'est lui
qui a déclaré ça, dix-sept, et c'est publié dans le
journal La Presse.
M. Gérin-Lajoie: Alors, le chef de l'Opposition se sert de
ça, c'est un témoignage sur lequel il s'appuie pour mettre en
doute ce qui a été fait par le gouvernement du Québec.
M. Johnson: M. le Président, c'est pour faire
réfléchir le gouvernement du Québec.
M. Gérin-Lajoie: Ah bien, pour ça, on n'a tas besoin du
chef de l'Opposition ni de l'attaché culturel soviétique pour
nous faire réfléchir. Nous autres, on discute nos
problèmes avec les commissaires d'écoles, puis les instituteurs,
puis on n'a pas besoin d'aller les chercher les attachés culturels
soviétiques.
M. Johnson: Mais on dit, M. le Président...
M. Bellemare: On peut discuter.
M. Johnson: ...ici, on dit: Il faut ménager $15,000,000, donc, on
va sacrifier la qualité.
M. Gérin-Lajoie: Non, je n'ai pas dit ça, M. le
Président, le chef de l'Opposition fausse
délibérément ou inconsciemment la réalité
que j'ai exposée tout à l'heure en disant comment la question des
normes et du guise d'organisation scolaire s'est posée. À
l'occasion de la construction d'écoles dans certaines commissions
scolaires, on a constaté que le personnel et les locaux scolaires
étaient inutilisés ou utilisés de façon
irrationnelle et inefficace et c'est de cetce façon-là qu'ayant
constaté le problème, nous avons décidé qu'une
sanction s'imposait et que le département de l'Instruction pubique s'est
mis à l'oeuvre conjointement avec des fonctionnaires du ministère
de la Jeunesse, c'est pas pour sauver $15,000,000, c'est pour assurer
l'utilisation efficace de notre main-d'oeuvre enseignante et de nos locaux
scolaires.
M. Johnson: M. le Président, où commence l'irrationnel?
Est-ce 35 ou 25 ou 17 ou 20? Quel est le maximum? Ce ne sont pas les
pédagogues qui ont décidé ça, ce n'est pas le
comité catholique, ni le comité protestant, c'est le ministre qui
l'a décidé ou s'est arrangé pour qu'on le fasse
décider; c'est ça qu'il y a de mauvais dans les normes.
Des voix: À l'ordre, à l'ordre, cinq heures.
M. Gérin-Lajoie: L'attaché culturel soviétique vous
attend.
M. Blank (président du comité des subsides): Le
comité rapporte progrès et demande la permission de siéger
de nouveau.
M. le Président: Quand siégera-t-il? Prochaine
séance?
M. Lesage propose que les résolutions soient maintenant lues et
agréées. La motion est adoptée? Adopté.
Questions au feuilleton
M. Lesage: M. le Président, de 14, question de M. Gabias, lu et
répondu.
No 15, question de M. Gabias, lu et répondu.
No 43, motion du Dr Lizotte, pour le Dr Couturier, document
déposé.
M. le Président, je propose l'ajournement à mardi,
à lundi, pardon, à trois heures; et ça sera une
journée consacrée aux crédits, à l'étude des
crédits, bien oui...
M. Johnson: Très bien.
M. Lesage: Je l'ai dit au chef de l'Opposition, d'ailleurs, tout
à l'heure; nous continuerons avec le ministère de la Jeunesse,
puis ce sera les Finances, les Affaires fédérales-provinciales,
le Conseil exécutif.
M. Johnson: Le premier ministre pourrait-il me dire s'il a l'intention
d'appeler la motion à l'article 46, motion du député de
Bagot, relativement à la Loi des curoners?
M. Lesage: Oh, je n'ai pas pensé à ça.
M. Johnson: C'est important, ça.
M. Lesage: Je n'y ai pas pensé: j'ai bien d'autres chats à
fouetter...
M. Johnson: Est-ce que je pourrais supplier le premier ministre d'y
penser en fin de semaine?
M. Lesage: Le premier ministre, en, fin de semaine, a son bagage de
travail j'ai deux valises remplies et puis ça ne comprend pas la motion
du député de Bagot.
M. Johnson: Mais le premier ministre n'a pas besoin d'une valise pour
penser à ça, juste sa tête pour y penser.
M. Lesage: Ma tête est occupée par ce qu'il y a dans mes
valises.
M. le Président: La mootion d'ajournement sera-t-elle
adoptée? Adopté.
La Chambre est ajournée à lundi après-midi,
à trois heures.