Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)
Version finale
25e législature, 3e session
(19 novembre 1958 au 5 mars 1959)
Le mercredi 19 novembre 1958
Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.
Séance
du mercredi 19 novembre 1958
Présidence de l’honorable M. Tellier1
La séance est ouverte à 3 heures2.
La législature ayant été prorogée
le 21 février 1958, les députés se sont réunis aujourd’hui pour
l’ouverture de la troisième session de la vingt-cinquième législature, après
convocation par proclamation pour l’expédition des affaires.
Prière.
M. l’Orateur: À l’ordre,
Messieurs! Que les portes soient ouvertes!
Messages du lieutenant-gouverneur3:
M. Pierre Gelly, huissier à la
verge noire, apporte le message suivant:
M. l’Orateur: Messieurs,
l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur de la province désire la
présence immédiate de cette Chambre dans la salle des séances du Conseil
législatif.
En conséquence, M. l’Orateur et les
députés se rendent auprès de l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur dans
la salle des séances du Conseil législatif et, après quelque temps, reviennent
à la salle de l’Assemblée.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) entre en Chambre4.
(Applaudissements à droite)5
Brefs d’élection:
District électoral
de Matane
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
d’informer la Chambre que, à la réception de la notification par l'honorable
M. Onésime Gagnon, à l'effet qu'il donnait sa démission comme député du
district électoral de Matane à l'Assemblée législative de Québec, notification
dont j'ai déjà informé cette Chambre au cours de sa première séance du
24 janvier 1958, j'ai adressé au président général des élections un mandat
lui enjoignant d'émettre un bref portant convocation du district électoral de
Matane.
District électoral
de Labelle
M. l’Orateur: J'ai l'honneur
d'informer la Chambre que, à la réception de la notification suivante, j'ai
adressé au président général des élections un mandat lui enjoignant d'émettre
un nouveau bref portant convocation du district électoral de Labelle.
Vacances dans les districts électoraux:
District électoral
de Labelle
Le 20 août 1958
L'honorable Maurice Tellier, c.r.
Orateur de l'Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur l'Orateur,
Je regrette que l'état de ma santé
ne me permette pas de continuer le travail très absorbant nécessité par
l'accomplissement de mon mandat de député de l'Assemblée législative de Québec
et de ministre de la Santé de la province.
En conséquence, je donne par les
présentes ma démission comme député du district électoral de Labelle à
l'Assemblée législative de Québec.
Cette démission, je l'ai signée en
présence de, et avec, l'honorable Maurice L. Duplessis, premier ministre
et député du district électoral de Trois-Rivières à l'Assemblée législative de
Québec, et l'honorable John S. Bourque, ministre des Finances de la
province et député du district électoral de Sherbrooke à l'Assemblée
législative de Québec.
(Signé) J.-H.-A.
Paquette6
(Signé) M. L. Duplessis,
premier ministre et
député du
district électoral de
Trois-Rivières
(Signé) J. S. Bourque,
ministre des Finances
et député
du district électoral
de Sherbrooke
Brefs d’élection:
District électoral
de Roberval
M. l’Orateur: J'ai l'honneur
d'informer la Chambre que, à la réception de la notification suivante, j'ai
adressé au président général des élections un mandat lui enjoignant d'émettre
un nouveau bref portant convocation du district électoral de Roberval.
Vacances dans les districts électoraux:
District électoral
de Roberval
Le 19 août 1958
L'honorable Maurice Tellier, c.r.
Orateur de l'Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur l'Orateur,
Je, soussigné, Paul-Henri Spence,
député du district électoral de Roberval à l'Assemblée législative de Québec,
donne par les présentes ma démission comme député du district électoral de
Roberval à l'Assemblée législative de Québec.
Cette démission, je l'ai signée en
présence de, et avec, l'honorable
M. Jean-Jacques Bertrand, ministre des Terres et Forêts et député
du district électoral de Missisquoi à l'Assemblée législative de Québec, et
M. Germain Caron, député du district électoral de Maskinongé à l'Assemblée
législative de Québec.
(Signé) Paul-Henri
Spence
(Signé) Jean-J.
Bertrand,
ministre des Terres et Forêts
et député
de Missisquoi à
l'Assemblée législative
(Signé) Germain Caron,
député du district
électoral de
Maskinongé à
l'Assemblée législative
Certificats d’élection:
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
d’informer la Chambre que j’ai reçu du président général des élections les
certificats d’élection suivants:
District électoral
de Matane
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le
11 juillet 1958
À Monsieur l’Orateur,
Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je certifie que, conformément à un
bref d'élection émis le sept (7) mai mil neuf cent cinquante-huit (1958)
et adressé à monsieur Armand Boucher, marchand, de la ville de Matane, monsieur
Joseph-Rosaire-Benoît Gaboury, commerçant, a été, ainsi qu'il appert du rapport
qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu député du collège électoral
de Matane, à l'Assemblée législative de Québec, en remplacement de l'honorable
monsieur Onésime Gagnon, démissionnaire.
François Drouin, c.r.
Président général des
élections
District électoral
de Labelle
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le
2 octobre 1958
À Monsieur l’Orateur,
Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je certifie que, conformément à un
bref d'élection émis le vingt (20) août mil neuf cent cinquante-huit (1958) et
adressé à monsieur Henri LaFontaine, protonotaire et greffier, domicilié à
Mont-Laurier, monsieur Pierre Bohémier, cultivateur, a été, ainsi qu'il appert
du rapport qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu député du collège
électoral de Labelle, à l'Assemblée législative de Québec, en remplacement de l'honorable monsieur J.-H.-A. Paquette,
démissionnaire.
François Drouin, c.r.
Président général des
élections
District
électoral de Roberval
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le
23 octobre 1958
À Monsieur l’Orateur,
Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je certifie que, conformément à un
bref d'élection émis le vingt (20) août mil neuf cent cinquante-huit (1958) et
adressé à monsieur Thomas-Xavier Cimon, notaire, domicilié à Roberval, monsieur
Jean-Joseph Turcotte, notaire, Normandin, a été, ainsi qu'il appert du rapport
qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu député du collège électoral
de Roberval, à l'Assemblée législative de Québec, en remplacement de monsieur
Paul-Henri Spence, démissionnaire.
François Drouin, c.r.
Président général des
élections
Présentation de nouveaux députés:
Député de Matane
Le nouveau député de Matane,
accompagné de l’honorable premier ministre (M. Duplessis) et du ministre
des Pêcheries (l’honorable M. Pouliot), se rend au bureau de la Chambre7.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter
M. Joseph-Rosaire-Benoît Gaboury, député du collège électoral de Matane.
M. Gaboury a prêté, puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la
loi, et il réclame maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Gaboury s’avance et
présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
(Applaudissements de la Chambre)
Député de Labelle
Le nouveau député de Labelle,
accompagné de l’honorable premier ministre (M. Duplessis) et du ministre
du Bien-être social (l’honorable M. Sauvé), se rend au bureau de la
Chambre.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter
M. Pierre Bohémier, député du collège électoral de Labelle.
M. Bohémier a prêté, puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la
loi, et il réclame maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Bohémier s’avance et
présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
(Applaudissements de la Chambre)
Député de Roberval
Le nouveau député de Roberval,
accompagné de l’honorable premier ministre (M. Duplessis) et du ministre
de la Voirie (l’honorable M. Talbot), se rend au bureau de la Chambre.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter
M. Jean-Joseph Turcotte, député du collège électoral de Roberval.
M. Turcotte a prêté, puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la
loi, et il réclame maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Turcotte s’avance et
présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
(Applaudissements de la Chambre)
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): (Avec humour) M. l’Orateur, avez-vous reçu des brefs d’élection concernant la nouvelle opposition8?
(Rires)
Projets de loi:
Prestation des serments
d’office
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose qu’il lui soit permis de présenter le bill 1
relatif à la prestation des serments d’office.
M. Kirkland (Jacques-Cartier) fait une remarque.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): Ai-je entendu
le chef de l’opposition ou le stratégiste9?
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
Messages du lieutenant-gouverneur:
M. Pierre Gelly, huissier à la
verge noire, apporte le message suivant:
M. l’Orateur: Messieurs,
l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur de la province désire la
présence immédiate de cette Chambre dans la salle des séances du Conseil
législatif.
En conséquence, M. l’Orateur et les
députés se rendent auprès de l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur dans
la salle du Conseil législatif et, après quelque temps, reviennent à la salle
de l’Assemblée.
Discours du trône10
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
de faire rapport que, lorsque cette Chambre s’est rendue, aujourd’hui, auprès
de l’honorable lieutenant-gouverneur, dans la salle des séances du Conseil
législatif, il a plu à l’honorable lieutenant-gouverneur de lire un discours à
l’adresse des deux Chambres de la Législature de cette province, et que, pour
prévenir toute erreur, j’en ai obtenu une copie dont je vais donner lecture à
la Chambre.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Il m'est agréable d'inaugurer
aujourd'hui la troisième session de la vingt-cinquième législature.
Depuis la prorogation des Chambres,
de remarquables événements se sont produits, qui ont profondément impressionné
la population de la province.
Au cours de l'été 1958, notre
province a été heureuse d'accueillir Son
Altesse Royale, la princesse Margaret, et de pouvoir manifester de
nouveau sa traditionnelle loyauté.
Les fêtes qui ont marqué le
centenaire de l'apparition de la Sainte Vierge à Lourdes, fêtes auxquelles la
province était officiellement représentée, venaient à peine de se terminer que
l'Église était plongée dans un deuil douloureux par la mort de son illustre
chef, Sa Sainteté le pape Pie XII. Nous pleurons un grand pontife qui est
entré vivant dans l'histoire, mais l'Église est éternelle, et nous avons
aujourd'hui la joie d'offrir à Sa Sainteté le pape Jean XXIII nos
religieux hommages, nos souhaits respectueux et l'assurance de notre filiale
soumission.
Le 300e anniversaire
des débuts de l'établissement du sanctuaire national de Sainte-Anne-de-Beaupré
et le 350e anniversaire de la fondation de Québec par Champlain
ont donné lieu à de mémorables manifestations religieuses et patriotiques
auxquelles le gouvernement a été fier de coopérer. La province a été
profondément honorée par la nomination de notre éminent compatriote, Son
Éminence le cardinal Paul-Émile Léger, comme légat papal aux inoubliables
cérémonies à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Ces fêtes ont mis en lumière
l'impérieux devoir qui nous incombe de conserver jalousement et de faire
fructifier pour les générations futures l'incomparable héritage que nous devons
au dévouement, à l'esprit de travail, à l'héroïsme et au patriotisme de nos
ancêtres.
Aussi, le gouvernement continuera-t-il
de mettre en application, dans tous les domaines de l'administration, une
politique progressive qui s'inspire des leçons du passé, répond aux besoins du
présent et sauvegarde l'avenir.
Le gouvernement se propose
d'intensifier les mesures susceptibles de contribuer au progrès de
l'agriculture, garantie de survivance et source de stabilité essentielles.
À cette fin, il vous demandera
d'augmenter les fonds consacrés au prêt
agricole, dont les bienfaits salutaires sont plus manifestes que jamais.
Une nouvelle législation favorisant l'établissement des fils de cultivateurs
sur la terre s'ajoutera aux avantages du prêt agricole, dont plus de 27,000 jeunes
et leur famille ont profité.
Le
gouvernement verra à compléter les travaux, aujourd'hui très avancés, de
l'électrification rurale. Il accroîtra, par le drainage et la colonisation,
l'étendue de nos terres arables. Il facilitera la vente des produits agricoles
dans toute la mesure de ses droits constitutionnels. Il aidera généreusement au
succès de l'enseignement agricole.
Tout en sauvegardant le caractère
essentiellement agricole d'une bonne partie de notre province, le gouvernement
continuera de coopérer à son développement industriel qui augmente les marchés
agricoles et contribue puissamment à la prospérité de notre population.
C'est l'opinion définitive du
gouvernement que la stabilité politique et administrative, s'inspirant des
vérités fondamentales, est nécessaire pour assurer le progrès durable de la
province.
L'entreprise libre, dont notre
agriculture est un exemple, consciente de ses droits et respectueuse de ses
obligations, constitue le moyen le plus efficace pour assurer la prospérité de
la province.
L'étatisation, sauf dans des
conditions exceptionnelles, ne répond pas aux besoins de la province et n'est
pas conforme à ses meilleurs intérêts; elle est contraire aux principes
démocratiques, à la véritable liberté et à l'esprit d'entreprise. De plus, elle
tarirait les sources de revenus requises dans une province en plein essor et
compromettrait gravement le pouvoir d'emprunt nécessaire à tous les paliers de
l'administration publique.
Il est conforme à la politique et
aux réalisations du gouvernement de faire respecter les droits légitimes de
tous et chacun, les droits des cultivateurs et des ouvriers tout spécialement.
Il faut ne jamais oublier qu'à tous les droits correspondent des devoirs inséparables.
D'ailleurs, employés et employeurs
font généralement preuve d'une saine collaboration qui, malheureusement, jouit
d'une publicité moins tapageuse que celle suscitée par les conflits de travail.
Grâce aux grandes et nouvelles
améliorations dont elle profite, la province a réalisé de gigantesques progrès.
L'amélioration dont notre voirie, en particulier notre voirie rurale, a
bénéficié depuis quelques années et la multiplication de travaux publics très
considérables à travers notre immense province apportent une puissante
contribution à la prospérité de l'agriculture, du commerce, de l'industrie et
au succès de notre importante industrie
touristique. Aussi, le gouvernement se propose-t-il de
multiplier ces progrès.
La mise en valeur de nos ressources
forestières, hydrauliques et minières a nécessité, en ces derniers temps, des
placements de capitaux se chiffrant à des centaines de millions de dollars. Ces
énormes investissements ont profité à notre économie et créé de l'emploi pour
nos jeunes au succès desquels le gouvernement s'intéresse de façon efficace et
généreuse.
C'est pour aider à l'établissement
durable et profitable de notre jeunesse que le gouvernement ne cesse de
consacrer à l'éducation - domaine exclusivement réservé à la
province - des subventions qui augmentent sans cesse et se totalisent
à des centaines de millions de dollars. Il vous
soumettra une nouvelle législation, dont le but et l'effet seront de
l'autoriser à aider financièrement les étudiants pauvres en argent, mais riches
en talents et en esprit de travail.
Depuis quelques années, les succès
et les progrès réalisés ont été incomparables à tous les paliers de
l'enseignement. Cette politique féconde se continuera à la lumière, comme il
convient, des droits et des devoirs de tous et chacun.
Le gouvernement n'oublie pas qu'à
la santé de l'esprit doit s'ajouter celle du corps, et c'est pourquoi il
multiplie à travers la province les établissements d'hospitalisation, dans le
but de rendre leurs services accessibles à toute la population de notre immense
province, comme il est juste et à propos de le faire. Sans compromettre
nos droits essentiels, le gouvernement se propose de multiplier les moyens
d'action les meilleurs pour sauvegarder la santé publique.
Le gouvernement se propose d'ajouter
aux bienfaits de la législation sociale qu'il a instaurée, en vous recommandant
d'adopter une loi facilitant la construction d'établissements où les personnes
âgées et sans foyer pourront demeurer.
En
plusieurs circonstances, le gouvernement a généreusement coopéré au
règlement des graves problèmes financiers qui affectent les corporations
municipales. Il entend continuer cette opération et faire tout en son possible
pour obtenir une répartition juste et appropriée des sources publiques de
revenus.
La stabilité économique, sociale et
nationale étant intimement liée à la stabilité constitutionnelle, le
gouvernement considère toujours comme un problème de vitale importance celui
des relations fiscales fédérales-provinciales. C'est pourquoi il réitère les déclarations
contenues dans le discours du trône de 1954 pour affirmer, une fois de plus, sa
politique constante et indéfectible en matière constitutionnelle:
"Les
remarquables progrès dont bénéficient notre immense province et, spécialement,
de grandes régions autrefois peu favorisées, progrès qui s'avèrent
grandissants, nécessitent des dépenses considérables qui exigent l'utilisation
plus complète des sources de revenus que la Constitution canadienne reconnaît
aux provinces, à la province de Québec en particulier.
"Le gouvernement reconnaît les
droits et les obligations de l'autorité fédérale; il réitère que la province ne
demande pas de faveurs, mais bien le respect intégral de ses droits,
prérogatives et libertés.
"Dans l'opinion définitive du
gouvernement, les attributs essentiels du gouvernement responsable, qui ont
coûté très cher et que nous considérons très précieux, doivent être respectés
et sauvegardés. Il est indéniable qu'au
point de vue matériel, un des éléments indispensables du gouvernement démocratique
et responsable réside dans les pouvoirs fiscaux nécessaires à chaque autorité
gouvernementale.
"C'est notre intime désir de
coopérer à la grandeur et à la prospérité du pays dans le respect des droits et
des prérogatives de tous et chacun."
De nombreux projets de loi
d'intérêt privé et d'intérêt public vous seront soumis dont plusieurs, parmi
ces derniers, seront portés à la connaissance de la Législature dès les
premiers jours de la session, suivant une tradition établie depuis une dizaine
d'années.
Messieurs de l'Assemblée législative,
Les Comptes publics de la
dernière année fiscale vous seront communiqués avec diligence, comme cela se
pratique maintenant, et vous voudrez bien voter les subsides nécessaires à
l'administration de la province.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l'Assemblée législative,
Je demande à la divine Providence
de bénir et de féconder vos travaux au cours de cette session.
Prise en
considération du discours du
trône
L’honorable M. Duplessis (Trois-Rivières) propose que le discours de l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur de la
province, prononcé devant les deux Chambres de la Législature, soit pris en
considération à la prochaine séance.
Adopté.
Institution des comités
permanents
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que les comités permanents suivants soient
institués:
1. un comité des privilèges et des
élections - Cette commission s’occupe notamment des élections. Bien
entendu, ça n’intéresse pas l’opposition;
2. un comité des règlements;
3. un comité des comptes publics;
4. un comité des chemins de fer et
autres moyens de communication;
5.
un comité de l’agriculture, de l’immigration et de la colonisation;
6. un comité des industries et du
commerce;
7. un comité des relations
industrielles;
8. un comité du Code municipal;
9. un comité des bills privés en
général;
10. un comité des bills publics en général;
11. un comité de la Bibliothèque de la
Législature;
12. un comité des impressions législatives.
Et que chacun de ces comités soit
autorisé à délibérer et à s’enquérir de
toutes les affaires et de toutes les
matières que la Chambre lui aura renvoyées ou qui sont de sa compétence,
à faire de temps à autre des rapports
exprimant ses observations et ses vues sur ces affaires et ces matières,
et à envoyer chercher les personnes, les
pièces et les dossiers dont il aura besoin.
Adopté.
Comité spécial
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose qu’un comité spécial de onze membres soit institué
pour choisir les membres ainsi que le président de chaque comité dont la
Chambre vient de décider la formation et pour fixer le nombre des membres ainsi que le quorum de chacun de ces
comités; et que les honorables MM. Duplessis, Bourque, Élie,
Leclerc et MM. Bellemare, Hamel, Hébert, Johnston, Kirkland, Lapalme et Ross forment ledit comité spécial.
Adopté.
Dépôt de documents:
Comptes
publics, 1957-1958
L’honorable M. Bourque
(Sherbrooke) dépose sur le bureau de la Chambre les Comptes publics de la province de Québec, pour l'exercice clos
le 31 mars 1958. (Document de la session no 3)
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): En agissant ainsi, le gouvernement de la province donne
aux députés le temps d’étudier le rapport avant sa discussion. Autrefois, les Comptes
publics n’étaient déposés que deux mois et plus, après le début de la
session.
Ministère de
l’Agriculture,
Rapport 1957-1958
L’honorable M. Barré (Rouville) dépose sur le bureau de la Chambre le rapport du ministre de l'Agriculture de
la province de Québec, pour l'année finissant le 31 mars 1958. (Document
de la session no 4)
Ministère des
Mines,
Rapport 1957-1958
L’honorable M. Cottingham
(Argenteuil) dépose sur le bureau de la Chambre le rapport général du
ministre des Mines de la province de Québec, pour l'année finissant le
31 mars 1958. (Document de la session no 5)
Ajournement
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): Suivant l’habitude, le discours du trône met en valeur
les mérites de l’Union nationale. Comme l’opposition a besoin de réfléchir après
un discours du trône si substantiel, je propose que la Chambre soit ajournée
jusqu’à demain après-midi.
M. l’Orateur prononce
l’ajournement.
La séance est levée11.
NOTES
1. L’Action
catholique du 15 novembre 1958, à la page 1, mentionne que non
seulement le "grand ménage" traditionnel est terminé, dans le
"salon de la race", mais que la masse, emblème de l’autorité,
resplendit sous une toilette nouvelle, faite surtout de feuilles d’or. Les
cloches qui appelleront les députés pour un vote sonnent plus vigoureusement
que jamais, après une révision complète de tout leur système de fonctionnement.
Une marquise a été installée à la porte centrale du parlement où sera accueilli
le représentant de la reine, lorsqu’il arrivera pour lire le discours du trône,
qui marque l’ouverture de chaque session. Des tentures de drapeaux fleurdelisés
ont été placées au-dessus de la porte où seront reçus les quelque
500 invités, après la cérémonie officielle. En outre, Le Devoir du
21 novembre 1958, à la page 2, nous apprend que, pendant la vacance
parlementaire, l’on a percé un trou sur chaque pupitre pour recevoir un verre.
Il arrivait fréquemment que des verres d’eau roulaient à terre. Enfin, L’Action
catholique du 17 novembre 1958, à la page 11, précise que, lors
de la cérémonie inaugurant la session, la garde d’honneur sera, autre
nouveauté, formée de militaires des trois armes.
2. Au moins un député était absent lors de
la séance: M. Barrette (Joliette), selon L’Événement du
4 décembre, à la page 18.
3. Onésime Gagnon (1888-1961) préside pour
la première fois à l’ouverture d’une session. Ministre des Finances dans le cabinet Duplessis, d’août 1944 à janvier
1958, il a démissionné, le 14 janvier 1958, de son siège de député de
Matane à l’Assemblée législative, qu’il occupait depuis les élections de 1936.
Il fut nommé lieutenant-gouverneur le 14 février 1958.
4. Selon L’Action catholique du
20 novembre 1958, à la page 3, et le Montréal-Matin du
20 novembre 1958, à la page 5, le premier ministre a fait son entrée
en Chambre peu après 4 h 30.
5. Le Montréal-Matin du
20 novembre 1958, à la page 7, ajoute que deux députés indépendants,
Lionel Ross et Dave Rochon, ont joint leurs
applaudissements à ceux des membres du parti ministériel. Les
applaudissements soulignaient certainement, selon La Presse du
20 novembre 1958, à la page 27, le fait que le premier ministre
Duplessis entamait une trente-troisième session à l’Assemblée législative.
6. Ministre de la Santé dans tous les
cabinets de Duplessis et député de Labelle depuis 1935, il a démissionné en
août 1958. En octobre de la même année, il était nommé conseiller législatif de
la division de Rougemont.
7. L’Action catholique du
20 novembre 1958, à la page 3, relate ainsi les événements: "Les
parrains sont allés chercher les nouveaux députés à l’extérieur de la salle et
les ont accompagnés, à tour de rôle, jusqu’à la table du greffier de
l’Assemblée législative, en face du trône de l’Orateur."
8. Cependant, La Patrie du 23 novembre 1958, à la page 92, soutient que le
premier ministre s’adressait alors à M. Lapalme, le chef de l’opposition.
9. La
Patrie du 23 novembre 1958, à la page 92, décrit l’incident en
ces termes: "M. Kirkland fit une remarque que le premier ministre
crut entendre venir de la bouche de M. René Hamel." En effet, La
Presse du 21 novembre 1958, à la page 40, nous informe que
M. Hamel a été récemment nommé chef adjoint du chef parlementaire en
matière de stratégie.
10. Selon
la procédure parlementaire, le texte du Discours du trône fait l'objet
de deux lectures, une première fois à la salle du Conseil législatif par le lieutenant-gouverneur, et une seconde fois par
l'Orateur de l'Assemblée législative, à la salle de l'Assemblée législative. Les députés peuvent toutefois exempter l'Orateur de
procéder à cette seconde lecture. Selon les Journaux de l'Assemblée
législative, à la page 6, rien n'indique que cette exemption ait été
accordée à l'Orateur. De plus, aucun quotidien ne mentionne ni ne fait
référence à cette possible exemption. Conformément aux Journaux de l'Assemblée
législative, il est fort probable que l'Orateur ait repris la lecture du
discours du trône. Toutefois, seule la lecture à l'Assemblée législative n'est
retenue dans le présent contexte, afin d'éviter une répétition du texte qui ne
comporte aucun élément nouveau.
11. La
Presse du 20 novembre 1958, à la page 22, fournit toutefois
quelques indications sur la durée de la séance: "Une séance de quelques
minutes à peine a suivi, hier après-midi, l’inauguration des Chambres par le
lieutenant-gouverneur."