Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)
Version finale
25e législature, 1re session
(14 novembre 1956 au 21 février 1957)
Le mercredi 14 novembre 1956
Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.
Séance
du mercredi 14 novembre 1956
Présidence de l’honorable M. Tellier
La séance est ouverte à 3 heures1.
La vingt-quatrième législature
ayant été prorogée le 23 février 1956 et la Chambre dissoute ensuite par
proclamation le 25 avril 1956, les députés élus au scrutin du 20 juin
1956 sont convoqués aujourd’hui à l’ouverture d’une nouvelle législature pour
l’expédition des affaires.
À la première séance de la première
session de la vingt-cinquième législature de la province de Québec pour
l'expédition des affaires, les députés présents qui ont prêté le serment
d’allégeance prennent leur siège.
Prière.
M. le Greffier: À l’ordre,
Messieurs! Que les portes soient ouvertes!
Messages du lieutenant-gouverneur:
M. Pierre Gelly, gentilhomme
huissier à la verge noire, apporte le message suivant:
M. le Greffier: Messieurs, l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur
de la province désire la présence immédiate de cette Chambre dans la salle des
séances du Conseil législatif.
En conséquence, M. le greffier et
les députés se rendent auprès de l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur
dans la salle des séances du Conseil législatif.
M. l’Orateur du Conseil
législatif: Honorables Messieurs, Messieurs de l’Assemblée législative,
l’honorable lieutenant-gouverneur ne croit pas devoir déclarer les motifs qui
lui ont fait convoquer la présente législature de la province de Québec avant
qu’un Orateur de l’Assemblée législative ait été choisi suivant la loi; mais
quand ce choix sera fait, l’honorable lieutenant-gouverneur expliquera les
motifs de la convocation de la présente législature.
Les députés, précédés du greffier,
reviennent à la salle de l’Assemblée législative.
Dépôt de documents:
Députés élus aux
élections générales du 20 juin 1956
M. le Greffier dépose sur le
bureau de la Chambre le document suivant:
BUREAU DU PRÉSIDENT
GÉNÉRAL DES ÉLECTIONS
Liste indiquant le nom des
personnes qui, aux élections générales tenues conformément aux brefs du 25 avril
1956, ont été déclarées élues députés à l'Assemblée législative de la province
de Québec, ainsi que le nom des personnes à qui lesdits brefs avaient été
adressés. (Document de la session no 3)
Élection de
l’Orateur
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières), député du district
électoral de Trois-Rivières, propose, appuyé par le député du district
électoral de Matane (l’honorable M. Gagnon), que M. Maurice Tellier, député du district électoral de Montcalm, soit élu
Orateur de la Chambre et prenne place au fauteuil en cette qualité.
J’ai maintenant à accomplir un bien
agréable devoir de proposer le choix de l’Orateur qui présidera les séances de
la Chambre pendant la prochaine législature. L’Assemblée législative et toute
la Législature s’honorent d’avoir compté parmi ses membres les plus distingués
Sir Mathias Tellier, dont la carrière juridique et parlementaire a été un
exemple et un actif précieux pour notre génération, pour les parlementaires,
pour le peuple de la province de Québec et pour notre race.
Nous avons l’avantage d’avoir au
milieu de nous le digne fils de cet illustre compatriote, M. Maurice
Tellier, député de Montcalm, qui siège ici, dans cette Chambre, depuis 15 ans
et dont le grand sens légal, puisqu’il connaît très bien les règlements de la
Chambre, et les qualités qu’il tient de son illustre père en feront
certainement un excellent Orateur. Je propose donc, appuyé par le ministre des
Finances (l’honorable M. Gagnon), que l’honorable Maurice Tellier soit élu
Orateur.
M. le Greffier soumet la
motion à la Chambre.
La motion est agréée nemine
contradicente.
M. le Greffier déclare M. Maurice Tellier dûment élu. Ce dernier est conduit au fauteuil
présidentiel par le député de Trois-Rivières (l’honorable M. Duplessis) et
le député de Matane (l’honorable M. Gagnon)2.
M. l’Orateur, arrivé au
degré supérieur de l’estrade, exprime ses remerciements à la Chambre comme
suit:
Messieurs, je remercie sincèrement
la Chambre du grand honneur qu’elle vient de me faire en me choisissant pour
son Orateur, et je la prie de croire que je m’efforcerai toujours de mériter sa
confiance.
Je n’ignore pas que je suis peu
qualifié pour occuper le poste important qui m’est assigné; aussi, je compte
sur la bienveillance et le concours de tous les membres de cette Chambre pour
remplir avec fermeté et impartialité les devoirs qui vont m’incomber.
J’aime à espérer que la Chambre
entière voudra bien, à l’occasion, m’aider à défendre nos droits et privilèges,
à faire respecter notre Règlement et à maintenir la liberté de discussion que
nos usages ont consacrée.
Alors, M. l’Orateur prend place au
fauteuil, et la masse, qui auparavant était sous le bureau, est posée sur le
bureau.
Messages du lieutenant-gouverneur:
M. l’Orateur informe la
Chambre que M. Pierre Gelly, huissier à la verge noire, a apporté un
second message dont il fait lecture:
M. l’Orateur, l’honorable Monsieur
le lieutenant-gouverneur de la province de Québec désire la présence immédiate
de cette honorable Chambre dans la salle des séances du Conseil législatif.
En conséquence, M. l’Orateur,
précédé de la masse et suivi des députés, se rend à la barre du Conseil
législatif.
M. l’Orateur de l’Assemblée
législative: Monsieur le lieutenant-gouverneur, l’Assemblée législative m’a
choisi pour son Orateur, bien que je ne me sente pas très qualifié pour remplir
le poste important auquel elle m’a appelé.
Si, dans l’exercice des fonctions
de ma charge, il m’arrive de commettre quelque erreur, je désire que ce soit à
moi que l’on impute cette erreur, et non à la Chambre dont je suis le
serviteur.
Et, afin que l’Assemblée
législative soit à même de se mieux acquitter de ses devoirs envers son
Souverain et son pays, je réclame de sa part tous les droits et tous les
privilèges qui ne peuvent lui être contestés; spécialement, je demande qu’elle
jouisse de la liberté de discussion, qu’elle ait accès auprès de votre personne
en temps opportun, et que vous veuillez bien interpréter favorablement ses
délibérations et ses actes.
M. l’Orateur du Conseil
législatif: M. l’Orateur, je suis chargé par l’honorable
lieutenant-gouverneur de vous exprimer l’entière confiance de Sa Majesté dans
vos talents, dans votre intelligence et dans votre aptitude à remplir les
importants devoirs du haut poste d’Orateur de l’Assemblée législative auquel
vous avez été élu, et de vous informer que Sa Majesté vous reconnaît pour Orateur
de l’Assemblée législative.
Je suis aussi chargé de vous
assurer que l’Assemblée législative aura libre accès auprès de l’honorable
lieutenant-gouverneur en temps opportun et qu’il interprétera toujours de la
manière la plus favorable ses délibérations ainsi que vos paroles et vos actes.
Les députés, précédés de M.
l’Orateur, reviennent dans la salle de l’Assemblée législative.
M. l’Orateur de l’Assemblée
législative: J’ai l’honneur de faire rapport que cette Chambre vient de se
rendre dans la salle des séances du Conseil législatif; que là, j’ai informé
l’honorable lieutenant-gouverneur que l’Assemblée législative m’avait choisi
pour son Orateur; que j’ai aussi, au nom de cette Chambre, réclamé tous ses
droits et privilèges et demandé qu’elle jouisse de la liberté de discussion,
qu’elle ait accès auprès de l’honorable lieutenant-gouverneur lorsque les
circonstances l’exigeront, et qu’il veuille bien interpréter favorablement tous
les actes et délibérations de cette Chambre;
que, sur ce, l'honorable lieutenant-gouverneur a bien voulu déclarer
qu’il reconnaissait volontiers à notre Assemblée tous les privilèges que lui
accorde la Constitution, qu’elle aurait, en temps opportun, un accès facile
auprès de lui, et qu’il interpréterait toujours favorablement nos
délibérations, nos paroles et nos actes.
Projets de loi:
Prestation des
serments d’office
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose qu’il lui soit permis de présenter le bill 1
relatif à la prestation des serments d’office.
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
Discours du trône3
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
de faire rapport que, lorsque cette Chambre s’est rendue, aujourd’hui, auprès
de l’honorable lieutenant-gouverneur, dans la salle des séances du Conseil
législatif, il a plu à l’honorable lieutenant-gouverneur de lire un discours à
l’adresse des deux Chambres de la Législature de cette province; et que, pour
prévenir toute erreur, j’en ai obtenu une copie dont je vais donner lecture à
la Chambre.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
Il me fait plaisir de vous
souhaiter la bienvenue au début des travaux parlementaires de la première
session de la vingt-cinquième législature, élue récemment pour une période de
cinq ans.
Depuis quelques années, la province
de Québec connaît une prospérité extraordinaire que lui méritent les qualités
morales et traditionnelles de son peuple. Au milieu des malheureux événements
qui bouleversent les pays et les maintiennent dans une douloureuse insécurité,
notre province demeure une forteresse de réelle stabilité et de saines
idéologies, où l'application d'une bienfaisante politique familiale, sociale et
nationale procure à son peuple un bien-être véritable et de solides progrès.
Le gouvernement est fier de n'avoir
jamais fait de compromis avec les communistes ou leurs auxiliaires, qui sont à
la source de presque toutes les difficultés internationales.
Nous souhaitons qu'une paix
durable, basée sur la justice et la liberté bien comprise, règne enfin sur le
monde. Nous prions la divine Providence que tous les peuples obéissent au
message de paix de Sa Sainteté Pie XII. Nous rendons de nouveau
respectueusement hommage au Saint-Père, à l'occasion des glorieux anniversaires
qu'Il a célébrés le printemps dernier et qui ont été marqués par des fêtes
grandioses auxquelles le gouvernement était dignement représenté par trois de
ses ministres.
Le gouvernement, dont le mandat
vient d'être renouvelé par l'électorat, pourra continuer de réaliser le plan
d'ensemble dont s'inspire sa politique. Cela doit se faire progressivement, en
fonction des besoins et des intérêts légitimes de toutes les classes et de
toutes les régions de la province, et en tenant compte des dépenses qui
s'ensuivent et que seuls peuvent solder les impôts venant du peuple, déjà taxé
par d'autres gouvernements.
C'est pourquoi toutes les réformes
sociales ou économiques désirées et désirables ne peuvent être accomplies en
une seule session. Les nombreuses initiatives du gouvernement dans le domaine
administratif et législatif de la province seront continuées, multipliées et
perfectionnées, s'il y a lieu.
Le gouvernement est d'opinion
qu'une agriculture prospère et heureuse est essentielle à la province. Il
poursuivra sa politique de prêt agricole, qui répond aux besoins particuliers
de la province, qui a stabilisé les finances des individus aussi bien que
celles des corporations municipales, scolaires et paroissiales, et qui a permis
à plus de vingt-deux mille sept cents jeunes gens de s'établir sur des fermes.
Il est important de souligner que
le crédit agricole provincial a mis en relief l'honnêteté foncière de nos
cultivateurs, qui ont effectué scrupuleusement tous leurs remboursements, très
souvent même avant l'échéance.
Sera complétée l'électrification
rurale de la province dont les progrès ont été si extraordinaires, ces
dernières années, que déjà presque toutes les fermes bénéficient, tant au point
de vue domestique que pour leur exploitation, des avantages de l'électricité.
Le développement de l'enseignement agricole,
l'organisation de la vente des produits de la ferme, la mécanisation des
travaux agricoles sont autant de réalisations progressives que le gouvernement
entend multiplier. Le drainage, qui étend notre domaine arable, est une forme
pratique de colonisation pour les vieilles paroisses, et le gouvernement
continuera de consacrer des sommes importantes à ces fins salutaires.
Le gouvernement s'emploiera encore
à coopérer généreusement à l'établissement des colons dans les nouvelles
régions, de manière à ce que le labeur de leurs premières années ne détruise
pas leur esprit d'initiative, mais leur permette de se transformer, aussi
rapidement que possible, en cultivateurs prospères.
La Providence
nous a dotés de merveilleuses richesses naturelles dont la mise en valeur, en
ces dernières années, contribue puissamment au développement et au progrès de
la province en particulier et du pays en général.
Notre domaine forestier, nos
ressources hydrauliques, les métaux de nos mines ont bénéficié, ces dernières années, de développements
gigantesques qui ont puissamment contribué à enrichir le pays et à
procurer à notre peuple des emplois nombreux et rémunérateurs.
Le gouvernement considère que les
capitaux étrangers sont nécessaires au développement de la province et de ses
ressources, pourvu que leurs détenteurs soient respectueux de nos lois et
répondent aux légitimes ambitions de notre peuple.
Le gouvernement désire assurer le
respect des droits et des employés et des employeurs. Il tient à rappeler, à
tous, que les droits sont toujours accompagnés de devoirs et que le travail,
malgré les transformations de la société moderne, demeure une obligation
fondamentale.
Il est conforme à la politique du
gouvernement d'accorder à l'entreprise libre la place importante qui lui
revient dans l'économie de la province, car l'entreprise libre est une
excellente garantie de progrès durable et d'ambitions légitimes nécessaires;
c'est le système économique le plus conforme à nos meilleurs intérêts et le
plus capable de garantir à notre jeunesse de durables et fertiles carrières.
Le gouvernement estime qu'un
système de voirie et de moyens de communication de plus en plus perfectionnés,
répondant aux besoins de la province en général et de la classe agricole en
particulier, sont des facteurs de progrès et comportent des activités
indispensables.
C'est l'opinion définitive du
gouvernement que la décentralisation industrielle est nécessaire à l'économie
de la province et que la décentralisation administrative et législative est
essentielle au régime parlementaire et démocratique; il considère très
importante la mise en application d'un régime fiscal juste et approprié aux
besoins et aux droits légitimes des corporations municipales et de leurs
contribuables.
Il est certain que le plus grand
actif de la province réside dans sa population, et en particulier dans sa
jeunesse. Pour coopérer à leur bien-être et à leur prospérité, des subsides
remarquablement généreux seront consacrés au succès de l'éducation à tous ses
paliers: élémentaire, secondaire, spécialisé et universitaire. L'enseignement
spécialisé, entre autres, intimement lié au développement industriel, a pris un
essor considérable dans la province, depuis l'institution du ministère de la
Jeunesse, il y a dix ans.
Comme toujours, le gouvernement est
d'opinion qu'en matières éducationnelles, les droits des parents et ceux du
Conseil de l'instruction publique doivent être sauvegardés. Nous, du Québec,
avons raison de nous glorifier de notre remarquable système éducationnel que
nous entendons conserver jalousement, parce qu'il tient compte des valeurs
religieuses et morales et qu'il respecte les droits de tous. Le gouvernement
désire vivement, à la lumière des droits et des devoirs de tous et chacun, et
en autant que raisonnablement possible, multiplier les améliorations à tous les
paliers de l'enseignement.
Une des plus fécondes
manifestations de véritable sécurité sociale et de saine législation sociale
réside dans la protection et l'amélioration de la santé publique. Le
gouvernement a opéré des réformes considérables et pris de nombreuses et
salutaires initiatives dans ce domaine. Il est désireux de multiplier ces
initiatives et d'appliquer les méthodes qui s'avéreront les meilleures et les
plus progressives pour sauvegarder la santé publique, mais sans compromettre
nos droits essentiels.
Dans un domaine important entre
tous, le gouvernement réaffirme que le facteur qui assurera le mieux l'unité
canadienne bien comprise, et qu'il désire sincèrement, réside dans le respect
de l'autonomie provinciale et dans la fidélité, à l'esprit comme à la lettre,
du pacte fédératif. Il est juste et nécessaire que la province de Québec puisse
exercer, dans leur plénitude, les droits, prérogatives et libertés qui lui
appartiennent, dont dépend son avenir et qui lui sont, par surcroît, reconnus
par le pacte fédératif.
La stabilité et la sécurité
sociales, municipales, provinciales et nationales dépendent, en bonne partie,
de la stabilité et de la sécurité constitutionnelles. Les développements
formidables, dont bénéficie notre immense province et qui profitent largement
au fisc fédéral, nécessitent, quant à la province, des dépenses très élevées
qui exigent l'utilisation plus adéquate des sources de revenus que le pacte
fédératif et la justice reconnaissent aux provinces, à la province de Québec en
particulier. Le gouvernement reconnaît les droits et les obligations de
l'autorité fédérale; il réitère que la province ne demande pas de faveurs, mais
bien le respect intégral de ses droits.
Dans l'opinion définitive du
gouvernement, les attributions essentielles au gouvernement responsable, qui a
coûté très cher et que nous considérons très précieux,
doivent être respectées et sauvegardées. Il est indéniable qu'au point de vue
matériel, un des éléments indispensables du gouvernement démocratique et
responsable se trouve dans les pouvoirs fiscaux nécessaires à chaque autorité
gouvernementale: fédérale, provinciale et municipale.
C'est notre intime désir de
coopérer à la grandeur et à la prospérité de notre cher pays, mais dans le
respect des droits et prérogatives de tous et chacun.
Messieurs de l'Assemblée législative,
Les Comptes publics de la
dernière année fiscale vous seront communiqués et vous voudrez bien voter les
subsides nécessaires à l'administration.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l'Assemblée législative,
Je prie la divine Providence de
bénir vos travaux au cours de cette session que j'ai l'honneur d'inaugurer au
nom de Sa Majesté la reine.
Prise en
considération du discours du trône
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que le discours du trône soit pris en
considération à la prochaine séance.
Adopté.
Institution des
comités permanents
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que les comités permanents suivants soient
institués:
1. un comité des privilèges et des
élections;
2. un comité des règlements;
3. un comité des comptes publics;
4. un comité des chemins de fer et
autres moyens de communication;
5. un comité de l’agriculture, de
l’immigration et de la colonisation;
6. un comité des industries et du
commerce;
7. un comité des relations
industrielles;
8. un comité du Code municipal;
9. un comité des bills privés en
général;
10. un comité des bills publics en général;
11. un comité de la Bibliothèque de la
Législature;
12. un comité des impressions législatives.
Et que chacun de ces comités soit
autorisé à délibérer et à s’enquérir de toutes les affaires et de toutes les
matières que la Chambre lui aura renvoyées ou qui sont de sa compétence, à
faire de temps à autre des rapports exprimant ses observations et ses vues sur
ces affaires et ces matières, et à envoyer chercher les personnes, les pièces
et les dossiers dont il aura besoin.
Adopté.
Comité spécial
L’honorable M. Duplessis (Trois-Rivières) propose qu’un comité spécial de onze membres soit institué pour choisir les
membres et le président de chaque comité permanent dont la Chambre vient de
décider la formation ainsi que pour fixer le nombre des membres et le quorum de
chacun de ces comités; et que les honorables MM. Duplessis, Gagnon, Élie,
Leclerc, et MM. Bellemare, Hamel, Hébert, Johnston (Pontiac), Kirkland,
Lafrance et Ross forment ledit comité spécial.
Adopté.
Dépôt de documents:
Comptes publics
1955-1956
L’honorable M. Gagnon (Matane) dépose sur le bureau de la Chambre les Comptes publics de la province de
Québec, pour l'exercice clos le 31 mars 1956. (Document de la session
no 4)
Motions de condoléances:
Ajournement en
signe de deuil,
Décès de l'honorable Adélard Godbout
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose, appuyé par le représentant de Matane (l’honorable
M. Gagnon), que la Chambre s'ajourne maintenant
en signe de deuil, à l'occasion de la mort de l'honorable Adélard Godbout, ancien premier ministre de la
province, et des honorables Gustave Lemieux4 et
Wilfrid Bovey5, conseillers législatifs, tous
trois décédés depuis la dernière session parlementaire.
J'ai été peiné d’apprendre la mort
de l’honorable sénateur Adélard Godbout. J’ai connu M. Godbout
pendant plusieurs années et, malgré des divergences d’opinions multiples et
profondes, les rapports entre nous ont toujours été excellents et amicaux. La
mort prématurée de l’honorable Adélard Godbout, dans des circonstances
tragiques6, m’a causé beaucoup de peine. J’ai
envoyé à Mme Godbout un message de condoléances et des offrandes de messes pour
le repos de l’âme de M. Godbout, et le gouvernement provincial a été
représenté aux funérailles par les honorables J. S. Bourque et Laurent
Barré. Je renouvelle aujourd’hui, en mon nom personnel et au nom de la
province, les condoléances que j’ai déjà fait parvenir, à ces titres, à Mme
Godbout.
Il fait également l’éloge du Dr Gustave
Lemieux, décédé à l’âge de 90 ans, et de M. Wilfrid Bovey.
Le Dr Lemieux, dit-il, était un
gentilhomme et son honnêteté était proverbiale. De plus, M. Lemieux avait
une sincérité de vue et un dévouement consciencieux avec lequel il a accompli
ses fonctions. Pour sa part, M. Bovey avait de grandes qualités de cœur et
d’esprit, et sa largeur de vues en faisait un grand ami des Canadiens français.
Il avait une grande culture et il était d’un commerce toujours charmant avec
ses collègues. Il était un apôtre de la justice et de la bonne entente entre
les deux grandes races du pays. Aux familles éplorées, j’offre mes condoléances
personnelles et celles du gouvernement. Et je propose que la Chambre s’ajourne
maintenant en signe de deuil.
M. Hamel (Saint-Maurice)7: Je seconde la motion de l’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières).
Je me joins à M. Duplessis
pour déplorer la mort des trois anciens membres du gouvernement et du Conseil
législatif, et j’ajoute le nom de M. Jules Savard, ancien député de
Québec-Ouest, décédé depuis la dernière session8.
On sait que l’honorable Adélard
Godbout a occupé le poste de premier ministre de la province de Québec dans des circonstances extrêmement
difficiles. Nous étions alors en pleine guerre, l'opinion publique était
fortement divisée, et le gouvernement Godbout a dû faire face à des
restrictions de toutes sortes par le gouvernement du pays, notamment aux
chapitres du crédit et de la main-d’œuvre. Son régime a prêté à des
controverses considérables et l’histoire jugera des attitudes qu’il a prises.
Mais un fait reste indéniable: le
peuple perd en M. Godbout un homme d’une affabilité considérable et d’une
grande sincérité. Les agronomes et leur corporation perdent en lui un savant
qui était profondément attaché à l’agriculture et qui a fait grandement
prospérer l’agriculture sous son administration. J’offre les condoléances de
l’opposition aux familles éplorées.
Pour sa part, M. Lemieux
appartenait à une famille qui a joué un rôle éminent dans la politique
canadienne. M. Bovey représentait dignement la vie culturelle du groupe
anglais de la province.
Je déplore également le décès de
mon collègue de Québec-Ouest, Jules Savard, que la mort a ravi au moment où il
s’apprêtait à solliciter un renouvellement de mandat de l’électorat de sa
circonscription.
La séance est levée avant 6 heures9.
NOTES
1. L’ouverture
de la session donnait lieu à Québec à de fastueuses manifestations. Le
Nouvelliste du jeudi 15 novembre 1956 rapporte les détails de ces
cérémonies: "D’éclatantes cérémonies ont marqué, hier après-midi,
l’ouverture de la première session du vingt-cinquième parlement de la province
de Québec. La manifestation s’est déroulée tant à l’extérieur qu’à l’intérieur
de l’édifice parlementaire. Une garde d’honneur, composée de cent hommes de la
marine et de l’armée, et commandée par le lieutenant-commandant R.F.N. Strouts,
D.S.O., de la marine royale, a accueilli le lieutenant-gouverneur à son arrivée
au parlement. Aux accords de la fanfare du Royal 22e Régiment,
dirigée par le capitaine Edwin Bélanger, l’honorable Gaspard Fauteux a passé en
revue les pelotons qui ont accueilli son arrivée. Le salut vice-royal qui
annonça l’ouverture de la session fut tiré par le 6e régiment
de campagne de l’artillerie royale canadienne, des hauteurs du Cap-Diamant,
face au parlement. Quinze coups de canon se sont répercutés sur les murs de la
Vieille Capitale. Parmi les officiers suivant le lieutenant-gouverneur, on
remarquait le brigadier Jean-Victor Allard, CBE, DSO, ED, officier commandant
de la région militaire de Québec...
(Après la séance) "Les
cinq cents invités présents sont passés au Café du Parlement, afin d’assister à
la réception offerte conjointement par les présidents du Conseil législatif et
de l’Assemblée législative."
2. Le
Soleil du jeudi 15 novembre 1956, aux pages 3 et 9, décrit
comme suit l’élection du président de la Chambre: "L’élection d’un
président de l’Assemblée législative s’entoure toujours d’un certain protocole.
Une fois la nomination faite, le premier ministre et son secondeur se dirigent
vers le président élu qui occupe un siège, humblement, sur la dernière rangée
des députés ministériels. Suivant l’usage, l’honorable Maurice Tellier s’est
laissé faire une douce violence, et ce n’est qu’après force requêtes qu’il a
consenti à monter au trône qu’il occupera durant toute la durée de la présente
législature.
"Une fois son élection
faite, le président était prêt à conduire de nouveau les députés devant le
lieutenant-gouverneur pour entendre la lecture du discours du trône. Un message
fut envoyé et l’honorable Maurice Tellier s’est présenté à la barre du Conseil
législatif pour protester de nouveau de son manque de qualifications pour
remplir le poste éminent qu’on vient de lui confier.
"Le protocole veut que le
président du Conseil législatif exprime alors la confiance de tous dans l'élu de la Chambre basse. Et l'honorable
Gaspard Fauteux a donné lecture du discours du trône."
3. Selon la
procédure parlementaire, le texte du Discours du trône fait l'objet de
deux lectures, une première fois à la salle du Conseil législatif par le lieutenant-gouverneur, et une seconde fois par
l'Orateur de l'Assemblée législative, à la salle de l'Assemblée législative. Les députés peuvent toutefois exempter l'Orateur de
procéder à cette seconde lecture. Selon les Journaux de l'Assemblée
législative, à la page 5, rien n'indique que cette exemption ait été
accordée à l'Orateur. De plus, aucun quotidien ne mentionne ni ne fait
référence à cette possible exemption. Conformément aux Journaux de
l'Assemblée législative, il est fort probable que l'Orateur ait repris la
lecture du discours du trône. Toutefois, seule la lecture à l'Assemblée
législative n'est retenue dans le présent contexte, afin d'éviter une
répétition du texte qui ne comporte aucun élément nouveau.
4. M.
Gustave Lemieux (1864-1956) a été député libéral du comté de Gaspé de 1912 à
1931. Il a été Orateur suppléant à l’Assemblée législative de 1922 à 1923. Par
la suite, il a été nommé conseiller législatif de la division de Montarville,
le 2 décembre 1932. Il est décédé à Montréal le 19 juillet 1956, à
l’âge de 91 ans, et il a été inhumé dans le cimetière
Notre-Dame-des-Neiges. Son frère Rodolphe Lemieux a été député libéral de
Gaspé, Nicolet, Rouville et de Maisonneuve, à la Chambre des communes. Son
autre frère, Louis-Joseph Lemieux a lui aussi été député libéral à l’Assemblée
législative à Québec. (Bibliothèque de l’Assemblée nationale. Répertoire des
parlementaires québécois 1867-1978, Assemblée nationale, Québec, 1988,
p. 354)
5. M. Wilfrid Bovey (1883-1956) a été
conseiller législatif libéral de 1942 à 1956, pour la division de Rougemont. Il
est décédé à Montréal, le 11 octobre 1956, à l’âge de 72 ans. Il a
été inhumé dans le Cimetière Mont-Royal. (Bibliothèque de l’Assemblée
nationale. Répertoire des parlementaires québécois 1867-1978, Assemblée
nationale, Québec, 1988, p. 78)
6. Selon Le Soleil du 19 septembre 1956, à la page 1, "une
fracture du crâne emporte l'ex-premier ministre". On peut y lire ce qui
suit: "Il (M. Godbout) s'est levé dans la nuit de lundi à mardi
(18 septembre), et on suppose qu'il a fait une crise cardiaque. Une chute
s'en est suivie et Mme Godbout le trouva inconscient. Transporté à l'hôpital
Notre-Dame, il n'a pu survivre à cette grave blessure. Né le 24 septembre
1892, il fut premier ministre de la province de Québec du 11 juin au 26 août
1936, et du 8 novembre 1939 au 30 août 1944. Chef de l'opposition de
1944 à 1948, et défait en 1948, il fut nommé sénateur de la division de
Montarville, le 25 juin 1949. Son décès survint à Montréal, le
18 septembre 1956.
7. Compte
tenu que M. Lapalme (Montréal-Outremont),
chef de l’opposition, est en convalescence, à la suite d’une opération,
M. Hamel (Saint-Maurice) le remplace en Chambre.
8. M. Jules Savard (1904-1956) a été député
libéral de Québec-Ouest de 1952 à 1956. Il est décédé à Québec, le 25 mai
1956, prématurément à la veille des élections, à la suite d’une intervention
chirurgicale, à l’âge de 52 ans. Il a été inhumé à Sillery dans le
cimetière St. Patrick. (Bibliothèque de l’Assemblée nationale. Répertoire
des parlementaires québécois 1867-1978, Assemblée nationale, Québec, 1988,
pp. 523-524)
9. L’heure
exacte de levée de la séance n’a pas été rapportée par les journaux. Par
contre, l’ensemble des journaux s’entendent pour dire que la séance a été très
courte.