Débats de l'Assemblée législative (débats reconstitués)
Version finale
24e législature, 4e session
(16 novembre 1955 au 23 février 1956)
Le mercredi 16 novembre 1955
Ces débats, reconstitués principalement à partir des comptes rendus des médias de l’époque, ne constituent pas un journal officiel des débats de l’Assemblée législative.
Séance du mercredi 16 novembre 1955
Présidence de l’honorable A. Taché
La séance est ouverte à 3 heures.
La législature ayant été prorogée
le 22 février 1955, les députés se sont réunis aujourd’hui pour
l’ouverture de la quatrième session de la vingt-quatrième législature, après
convocation par proclamation pour l’expédition des affaires.
Prière.
M. l’Orateur: À l’ordre,
Messieurs! Que les portes soient ouvertes!
Messages du lieutenant-gouverneur:
M. Pierre Gelly, huissier à la
verge noire, apporte le message suivant:
M. l’Orateur: Messieurs,
l’honorable Monsieur le lieutenant-gouverneur de la province de Québec
désire la présence immédiate de cette Chambre dans la salle des séances du
Conseil législatif.
En conséquence, M. l’Orateur et les
députés1 se rendent auprès de l’honorable Monsieur
le lieutenant-gouverneur dans la salle des séances du Conseil législatif et,
après quelque temps, reviennent à la salle de l’Assemblée2.
Des députés ministériels applaudissent.
Brefs d’élection:
Districts
électoraux de Saint-Hyacinthe, Montréal-Laurier et Westmount-Saint-Georges
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
d’informer la Chambre que, à la réception des notifications suivantes, j'ai
adressé au président général des élections des mandats lui enjoignant d'émettre
des nouveaux brefs portant convocation des collèges électoraux de
Saint-Hyacinthe, de Montréal-Laurier et de Westmount-Saint-Georges.
Vacances dans les districts électoraux:
Districts
électoraux de Saint-Hyacinthe et de Montréal-Laurier
CABINET DU PREMIER MINISTRE
PROVINCE DE QUÉBEC
Québec, le 9 mai
1955
L'honorable Alexandre Taché, c.r.
Orateur de l'Assemblée législative,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur l'Orateur,
Nous,
soussignés, Maurice L. Duplessis, député de l'Assemblée législative
de Québec pour le district électoral de Trois-Rivières et premier ministre de
la province, et Onésime Gagnon, député à l'Assemblée législative de Québec pour le district électoral de Matane et ministre des Finances de la province, vous
notifions que les sièges de députés à l'Assemblée législative de Québec pour les districts électoraux de
Saint-Hyacinthe et de Montréal-Laurier sont devenus vacants par le
décès de M. Ernest-J.
Chartier, député à l'Assemblée législative de Québec pour le district électoral de Saint-Hyacinthe jusqu'à son décès, et par le décès de M. Paul
Provençal, député à l'Assemblée
législative de Québec pour le district électoral de Montréal-Laurier
jusqu'à son décès.
Le présent avis vous est transmis
en vertu de l'article 34, du chapitre 4, des Statuts refondus de la
province de Québec, 1941. Veuillez donc s'il vous plaît agir en conséquence.
Maurice L.
Duplessis
Onésime Gagnon
District
électoral de Westmount-Saint-Georges
À Monsieur l'Orateur
de l'Assemblée législative
de Québec
Je donne par les présentes ma
démission de député du collège électoral de Westmount-Saint-Georges à
l'Assemblée législative de Québec.
Signé à Montréal, le 30 juin
1954.
G. C. Marler
En
présence des soussignés:
H. B.
McLean
E. C.
Common
Certificats d’élection:
M. l’Orateur: J’ai l’honneur
d’informer la Chambre que j’ai reçu du président général des élections les
certificats d’élection suivants:
District électoral
de Montréal-Laurier
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le 22 juillet
1955
À Monsieur l'Orateur,
Assemblée législative,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je
certifie que, conformément à un bref d'élection émis le onze mai mil neuf cent cinquante-cinq (1955), et adressé à monsieur R.-Eugène Tanguay,
comptable, domicilié à 6998, rue
Boyer, Montréal, monsieur Arsène Gagné, imprimeur, a été, ainsi qu'il
appert du rapport qui se trouve dans les archives de mon bureau, élu député du
collège électoral de Montréal-Laurier, à l'Assemblée législative de Québec, en
remplacement de monsieur J.-Paul Omer Provençal, décédé.
François Drouin, c.r.,
Président général des
élections
District électoral
de Saint-Hyacinthe
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le 22 juillet
1955
À Monsieur l'Orateur,
Assemblée législative,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je certifie que, conformément à un
bref d'élection émis le onze mai mil neuf cent cinquante-cinq, et adressé à
monsieur Richard Bousquet, shérif, domicilié à 2275, rue Lamothe,
Saint-Hyacinthe, monsieur Pierre-Jacques-François Bousquet, avocat, a été,
ainsi qu'il appert du rapport qui se trouve dans les archives de mon bureau,
élu député du collège électoral de Saint-Hyacinthe, à l'Assemblée législative
de Québec, en remplacement de monsieur Joseph-Ernest-Irénée Chartier, décédé.
François Drouin, c.r.,
Président général des
élections
District
électoral de Westmount-Saint-Georges
PRÉSIDENT GÉNÉRAL DES
ÉLECTIONS
Québec, le 22 juillet
1955
À Monsieur l'Orateur,
Assemblée législative de Québec,
Hôtel du Gouvernement,
Québec
Monsieur,
Je certifie que, conformément à un
bref d'élection émis le onze mai mil neuf cent cinquante-cinq, et adressé à
monsieur Edwin Lawrence Murphy, avocat, domicilié à 1804, rue Topper, app. 6, Montréal, monsieur John Richard Hyde,
avocat, a été, ainsi qu'il appert du rapport qui se trouve dans les
archives de mon bureau, élu député du collège électoral
de Westmount-Saint-Georges, à l'Assemblée législative de Québec, en remplacement de l'honorable monsieur
George Carlyle Marler, démissionnaire.
François Drouin, c.r.,
Président général des
élections
Présentation de nouveaux députés:
Député de
Montréal-Laurier
Le nouveau député de
Montréal-Laurier, accompagné du représentant de Trois-Rivières (l’honorable M. Duplessis)
et du représentant de Deux-Montagnes (l’honorable M. Sauvé), se rend au
bureau de la Chambre.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter M. Arsène
Gagné, député du collège électoral de Montréal-Laurier.
M. Gagné a prêté, puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la
loi, et il réclame maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Gagné (Montréal-Laurier) s’avance et présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
(Applaudissements à droite)
Député de
Saint-Hyacinthe
Le nouveau député de
Saint-Hyacinthe, accompagné du représentant de Trois-Rivières (l’honorable M. Duplessis)
et du représentant de Rouville (l’honorable M. Barré), se rend au bureau
de la Chambre.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter M. Pierre-Jacques-François
Bousquet, député du collège électoral de Saint-Hyacinthe. M. Bousquet a
prêté, puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la loi, et il réclame
maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Bousquet (Saint-Hyacinthe) s’avance et présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
(Applaudissements à droite)
Député de
Westmount-Saint-Georges
Le nouveau député de
Westmount-Saint-Georges, accompagné du représentant de Montréal-Outremont (M. Lapalme) et du représentant de
Jacques-Cartier (M. Kirkland), se rend au bureau de la Chambre.
M. Lapalme (Montréal-Outremont): M. l’Orateur, j’ai l’honneur de vous présenter M. John Richard Hyde,
député du collège électoral de Westmount-Saint-Georges. M. Hyde a prêté,
puis souscrit sur le rôle, le serment prescrit par la loi, et il réclame
maintenant le droit de siéger.
M. l’Orateur invite le
nouveau député à prendre séance.
M. Hyde (Westmount-Saint-Georges) s’avance et présente ses respects à l’Orateur, puis se rend à son siège.
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) note3 que le nouveau
député de Westmount, qui doit renforcer l’Opposition, a été relégué au rang des
"back benchers".
Projets de loi:
Prestation des
serments d’office
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose qu'il lui soit permis de présenter le bill 1
relatif à la prestation des serments d’office.
Adopté. Le bill est lu une première
fois.
Discours du trône4
M. l'Orateur: J'ai l'honneur
de faire rapport que, lorsque cette
Chambre s’est rendue aujourd’hui auprès de l’honorable lieutenant-gouverneur, dans la salle des séances
du Conseil législatif, il a plu à l’honorable lieutenant-gouverneur de lire un
discours à l’adresse des deux Chambres de la Législature de cette province, et
pour prévenir toute erreur, j’en ai obtenu une copie dont je vais donner
lecture à la Chambre.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l’Assemblée législative,
À l'aube de la quatrième session de
la vingt-quatrième législature que nous inaugurons aujourd'hui, la province de
Québec bénéficie d'un progrès et d'une prospérité extraordinaires. Continuant
son rôle séculaire de pionnière, notre province, par des initiatives heureuses
et multiples dans tous les domaines, coopère largement au bien-être et au
développement du pays.
Le Québec jouit, à l'heure
actuelle, d'une excellente situation économique et sociale, qui est le résultat, en bonne partie, de l'heureuse
orientation que le gouvernement a su donner à sa législation et à son
administration. Les solutions qu'il apporte aux divers problèmes, s'offrant à
son attention, révèlent un plan d'ensemble bien défini, conforme aux exigences
profondes et aux meilleurs intérêts de la province.
Dans ce plan d'ensemble, le
gouvernement a toujours considéré qu'une agriculture prospère est essentielle à la province et favorise le bien-être de toutes
les classes de la société. Aussi, continuera-t-il d'adopter les
mesures nécessaires à ces fins.
Il est particulièrement fier de l'œuvre accomplie par l'Office du crédit agricole du
Québec qui, depuis le commencement de ses activités, en 1937, jusqu'au
31 octobre 1955, a prêté $126,203,995 à 46,936
emprunteurs. Ces prêts ont non seulement permis à 25,803 cultivateurs de
se maintenir sur leurs terres et à 21,133 jeunes agriculteurs de s'établir,
mais ils ont constitué une force de stabilisation de toute la vie rurale, en créant un climat d'optimisme et de
confiance et en fortifiant les finances des organismes ruraux, entre
autres les fabriques et les corporations scolaires et municipales. C'est le
désir du gouvernement de demander à la Législature l'autorisation de multiplier
les bénéfices du crédit agricole.
L'électrification rurale a complété
les bienfaits du prêt agricole. Elle a augmenté de plus de $60,000,000 la
valeur des fermes du Québec, et elle a fait passer de moins de vingt pour cent,
qu'il était à la fin de 1944, à quatre-vingt-sept pour cent, en 1955, le nombre
des propriétés rurales électrifiées. Le gouvernement vous proposera d'augmenter
les subsides destinés à l'électrification rurale.
La mécanisation des fermes, le
drainage des terres, la construction, l'amélioration et l'entretien de la
voirie rurale, en toutes saisons, font partie d'une politique agricole
instaurée par le gouvernement actuel, politique qu'il entend compléter et qui
contribue puissamment à rendre la vie à la campagne plus facile et plus
agréable, ainsi qu'à maintenir un juste équilibre entre la ville et la
campagne.
Afin de faciliter et de stabiliser
davantage la vie rurale, le gouvernement vous demandera l'autorisation de
porter à $850,000 par année sa contribution à la protection contre l'incendie,
et d'adopter une loi pour aider à la construction d'aqueducs et de systèmes
d'égouts municipaux.
Le gouvernement porte une attention
particulière au règlement des problèmes qui découlent de la vente des produits
agricoles. Suivant sa politique, il multipliera les bienfaits de l'enseignement
agricole.
Le gouvernement est profondément
convaincu que la colonisation est un complément logique de l'agriculture, dont
elle étend le domaine, et, en conséquence, il fera tout en son pouvoir pour en
assurer le succès.
C'est en tenant compte d'une base
rurale essentielle à notre province que le gouvernement active son
développement industriel phénoménal. Il le fait en coopérant au progrès de
toutes les régions de la province, en encourageant la petite industrie en
particulier et en permettant à l'initiative privée de recevoir une juste
rémunération pour son travail et sa contribution au bien public.
Depuis une dizaine d'années, nous
sommes témoins d'une mise en valeur prodigieuse de nos ressources naturelles.
La province occupe le premier rang au Canada dans le développement des
ressources forestières et hydrauliques. Son essor minier est gigantesque. De
vastes régions qui, hier, étaient inoccupées et improductives, bourdonnent
aujourd'hui d'activité et procurent à la classe ouvrière, aux techniciens, à la
jeunesse en particulier, des emplois rémunérateurs et de brillantes
opportunités. C'est conforme à la politique et aux réalisations du gouvernement
de coopérer, de façon juste et pratique, à la mise en valeur de nos ressources
naturelles et d'assurer, d'une façon durable, le progrès et l'avenir de toute la
province.
L'agriculture, l'industrie, le
commerce et le tourisme, comme d'ailleurs la population de la province en
général, sont grandement favorisés par des voies modernes de communication qui,
semblables aux artères du corps humain, font circuler la vie à travers notre
immense territoire. Le gouvernement
poursuivra la construction, l'amélioration et l'entretien du réseau
routier à la charge de la province, et qui, à l'heure actuelle, s'étend sur
plus de 26,000 milles, soit une distance plus grande que la circonférence
du globe à l'équateur. Les subsides nécessaires à ces fins vous seront
demandés.
Les pêcheries, pêcheries maritimes,
pêcheries intérieures et sportives, contribuent à la richesse de la province,
au développement du tourisme et à de saines récréations. Le gouvernement
s'emploiera davantage, si possible, à favoriser leur progrès.
Le gouvernement est intimement
convaincu que le bien-être et le progrès de la province doivent être fondés sur
une politique saine en matières éducationnelles. Dans ce domaine vital, - que
la Constitution réserve exclusivement aux provinces, à notre province
spécialement - nous, du Québec, avons raison de nous glorifier de notre
remarquable système éducationnel, que nous entendons conserver jalousement,
parce qu'il tient compte des valeurs religieuses et morales et qu'il respecte
les droits de tous. Le gouvernement vous recommandera l'adoption de mesures
opportunes pour continuer, et améliorer s'il y a lieu, les initiatives qu'il a
prises à ce sujet. L'aide à l'éducation, à tous ses paliers, - élémentaire,
spécialisé, secondaire et universitaire - est une des meilleures formes de
législation sociale et l'une des plus excellentes méthodes d'assurer l'établissement durable de notre jeunesse. Seront
multipliées, entre autres, les facilités de l'enseignement spécialisé, qui est
intimement lié au développement industriel actuel et qui a pris un essor
considérable dans la province depuis l'institution du ministère de la Jeunesse,
en 1946.
Une des plus fécondes
manifestations de véritable sécurité sociale et de saine législation sociale
réside dans la protection et l'amélioration de la santé publique. Dans cet
autre domaine vital, le gouvernement a opéré des réformes considérables et pris
d'heureuses initiatives, avec la coopération du corps médical et des
institutions hospitalières qui nous sont propres et précieuses. Depuis 1945,
plus de 100 nouveaux hôpitaux et sanatoria ont été construits ou agrandis à travers notre immense province, et près
de 16,000 nouveaux lits ont été mis à la disposition des malades. Grâce à
cette heureuse décentralisation de l'hospitalisation, les malades peuvent
trouver plus rapidement et près de chez eux les soins médicaux dont ils ont
besoin. Le gouvernement est désireux de multiplier ces initiatives salutaires
et de mettre en application les méthodes qui
s'avéreront les meilleures et les
plus progressives pour sauvegarder la santé publique, mais sans
compromettre nos droits essentiels.
Ces réalisations éminemment
sociales profitent beaucoup à la classe agricole et à la classe ouvrière.
D'ailleurs, le gouvernement désire ardemment sauvegarder les droits de toutes
les classes de la société, mais il estime nécessaire de ne pas oublier qu'aux
droits correspondent toujours des obligations, et que l'action de l'État ne
peut jamais remplacer avantageusement le sens de la responsabilité personnelle
qui demeure un gage de succès insurpassable.
Le gouvernement attache beaucoup
d'importance aux problèmes financiers des corporations municipales et scolaires,
qui émanent de la juridiction provinciale. C'est sa constante volonté et son
intime désir d'obtenir une répartition juste et adéquate des sources de revenus
publics, proportionnellement aux obligations et aux droits de chaque autorité
gouvernementale. Le gouvernement continuera, en autant que raisonnablement
possible dans les circonstances, à alléger le fardeau financier des
corporations municipales et des corporations scolaires.
Mais il ne faut jamais oublier que
la grande question de l'heure est sans aucun doute le problème constitutionnel,
en particulier le problème des relations fiscales fédérales-provinciales. Parce
que les principes que nous invoquons sont fondamentaux et que leur mise en
application est essentielle, nous croyons à propos de réitérer, à ce sujet, les
déclarations que contenait le discours du trône, l'an dernier:
"Les remarquables progrès dont
bénéficient notre immense province et, spécialement, de grandes régions
autrefois peu favorisées, progrès qui s'avèrent grandissants, nécessitent des dépenses
considérables qui exigent l'utilisation plus complète des sources de revenus
que la Constitution canadienne reconnaît aux provinces, à la province de Québec
en particulier.
"Le gouvernement reconnaît les
droits et les obligations de l'autorité fédérale; il réitère que la province ne
demande pas de faveurs, mais bien le respect intégral de ses droits,
prérogatives et libertés.
"Dans l'opinion définitive du
gouvernement, les attributs essentiels du gouvernement responsable, qui a coûté
très cher et que nous considérons très précieux, doivent être respectés et
sauvegardés. Il est indéniable qu'au point de vue matériel, un des éléments
indispensables du gouvernement démocratique et responsable réside dans les
pouvoirs fiscaux nécessaires à chaque autorité
gouvernementale.
"C'est notre intime désir de
coopérer à la grandeur et à la prospérité du pays, dans le respect des droits
et des prérogatives de tous et chacun. Le gouvernement formule l'espoir que les
pourparlers actuellement en cours, entre les autorités provinciales de Québec
et les autorités fédérales, soient couronnés d'un entier succès auquel la
Législature sera appelée à coopérer."
Messieurs de l'Assemblée législative,
Les Comptes publics de la
dernière année fiscale vous seront communiqués avec diligence et vous voudrez
bien voter les crédits nécessaires à l'administration de la province.
Honorables Messieurs du Conseil législatif,
Messieurs de l'Assemblée législative,
En outre de la législation annoncée
précédemment et des bills privés, plusieurs lois d'intérêt public vous seront
soumises, entre autres, pour améliorer de nouveau la loi des accidents du
travail, pour faciliter davantage la construction d'habitations familiales,
pour assurer le progrès et le développement de la région de Baie-Comeau, en
particulier, et de la province en général, pour coopérer au règlement des
problèmes financiers de la Vieille Capitale, pour collaborer à l'établissement
et à l'administration d'une salle de concert à Montréal, pour
assurer plus encore la mise en valeur de notre domaine forestier, pour
faciliter les activités de la Régie des
transports, de la Régie des services publics, de la Régie de
l'électricité, de la Commission municipale de Québec, pour modifier la
législation des tribunaux de nature provinciale, pour amender le Code de
procédure civile, pour amender le Code municipal, pour coopérer au règlement
des problèmes qui proviennent de la pollution des eaux, pour prolonger
l'application de la loi favorisant la conciliation entre locataires et propriétaires.
Je prie la divine Providence de
bénir vos travaux et de continuer à répandre sur la province Ses grâces les
plus abondantes.
Prise en
considération du discours du trône
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que le discours du trône soit pris en
considération à la prochaine séance.
Adopté.
Institution des comités
permanents
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que les comités permanents suivants soient
institués:
1. un comité des privilèges et des
élections;
2. un comité des règlements;
3. un comité des comptes publics;
4. un comité des chemins de fer et
autres moyens de communication;
5. un comité de l’agriculture, de l’immigration et de la
colonisation;
6. un comité des industries et du
commerce;
7. un comité des relations
industrielles;
8. un comité du Code municipal;
9. un comité des bills privés en
général;
10. un comité des bills publics
en général;
11. un comité de la Bibliothèque
de la Législature;
12. un comité des impressions
législatives.
Et que chacun de ces comités soit
autorisé à délibérer et à s’enquérir de toutes les affaires et de toutes les
matières que la Chambre lui aura renvoyées ou qui sont de sa compétence, à
faire de temps à autre des rapports exprimant ses observations et ses vues sur
ces affaires et ces matières, et à envoyer chercher les personnes, les pièces
et les dossiers dont il aura besoin.
Adopté.
Comité spécial
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose qu’un comité spécial de onze membres soit institué
pour choisir les membres ainsi que le président de chaque comité dont la
Chambre vient de décider la formation et pour fixer le nombre des membres ainsi
que le quorum de chacun de ces comités; et que les honorables MM. Duplessis,
Gagnon (Matane), Élie, Leclerc, et MM. Bellemare, Dupré, Johnston (Pontiac),
Kirkland, Langlais, Lapalme et Ross forment ledit comité spécial.
Adopté.
Dépôt de documents:
Comptes publics,
1954-1955
L’honorable M. Gagnon (Matane) dépose sur le bureau de la Chambre les Comptes publics de la province de
Québec, pour l'exercice clos le 31 mars 1955. (Document de la session no 3)
(Applaudissements)
L’honorable M. Gagnon (Matane): C’est un geste sans précédent dans les annales historiques de la Législature
québécoise. Jamais auparavant les Comptes publics n’ont été déposés le
premier jour de la session. Sous les administrations antérieures, nous les
avions des semaines et même des mois après l’ouverture de la session.
Ajournement
L’honorable M. Duplessis
(Trois-Rivières) propose que la Chambre s’ajourne maintenant.
Adopté.
La séance est levée à 4 h 455.
NOTES
1. La
Tribune du 17 novembre 1955, à la page 14, nous apprend qu’un
siège est vacant à cause de la démission, l’été précédent, du député libéral de
Shefford, Gaston Ledoux, condamné à trois mois de prison pour recel.
2. Selon L’Action
catholique du 17 novembre 1955, à la page 3, le premier ministre
fait son entrée en Chambre à 4 h 30.
3. Le Montréal-Matin du 17 novembre 1955, à la page 11, précise "note avec
sarcasme".
4. Selon la
procédure parlementaire, le texte du Discours du trône fait l'objet de
deux lectures, une première fois à la salle du Conseil législatif par le lieutenant-gouverneur, et une seconde fois par
l'Orateur de l'Assemblée législative, à la salle de l'Assemblée législative. Les députés peuvent toutefois exempter l'Orateur de
procéder à cette seconde lecture. Selon les Journaux de l'Assemblée
législative, à la page 3, rien n'indique que cette exemption ait été
accordée à l'Orateur. De plus, aucun quotidien ne mentionne ni ne fait référence
à cette possible exemption. Conformément aux Journaux de l'Assemblée législative,
il est fort probable que l'Orateur ait repris la lecture du discours du trône.
Toutefois, seule la lecture à l'Assemblée législative n'est retenue dans le
présent contexte, afin d'éviter une répétition du texte qui ne comporte aucun
élément nouveau.
5. Selon Le
Nouvelliste du 17 novembre 1955, à la page 1, 19 projets de
loi ont été déposés.