(Onze
heures quarante-deux minutes)
Le Président (M. Reid) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de
la Commission des transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Développement
durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques pour
l'exercice financier 2015‑2016. Une enveloppe de 11 heures a été allouée
pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bourgeois (Abitibi-Est)
sera remplacé par M. Giguère (Saint-Maurice) et M. Simard (Dubuc), par
Mme Boulet (Laviolette).
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Reid) : Merci. Nous allons débuter par les
remarques préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée demain matin, à
la fin de la séance, et donc à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ces
crédits.
J'ai
besoin d'un consentement pour prolonger la rencontre puisque nous avons, ce
matin, à passer deux heures sur les crédits. C'est le problème qui
arrive surtout quand on a des motions débattues à l'Assemblée. Puisque nous
avons débuté nos travaux à
11 h 42 et qu'une période de deux heures doit être consacrée
aujourd'hui à l'étude de ces crédits ce matin, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure
prévue, soit jusqu'à 13 h 42? Consentement?
Des voix :
Consentement.
Le Président (M.
Reid) : Alors, nous allons commencer par les remarques
préliminaires. Je vous l'ai dit tout à
l'heure, il y a un total de 11 heures, qui est réparti de la façon
suivante : 5 h 30 pour le groupe gouvernemental,
trois heures pour l'opposition
officielle, deux heures pour le deuxième groupe d'opposition et
30 minutes pour les députés indépendants.
Alors,
nous allons commencer par les remarques préliminaires. Le temps qui ne serait
pas pris par les remarques préliminaires
sera reporté dans le temps qui est prévu pour la formation politique. Alors, M.
le ministre, vous commencez. Vous avez 17 minutes.
M. David Heurtel
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Collègues députés du parti
ministériel et des partis d'opposition, Mme la secrétaire ainsi que
toute l'équipe de la Commission des transports et de l'environnement, bonjour.
Nous entamons aujourd'hui l'étude des crédits du ministère du Développement
durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques. Il s'agit d'un exercice démocratique de grande
importance, qui atteste de notre volonté d'être transparents et de gérer
consciencieusement les finances publiques.
J'aimerais d'abord
présenter les personnes du ministère qui m'accompagnent aujourd'hui : la
sous-ministre, Mme Christyne Tremblay; M. Jacques Dupont, sous-ministre adjoint à l'eau, à
l'expertise et aux évaluations environnementales; M. Patrick Beauchesne, sous-ministre
adjoint à l'état de l'environnement, à l'écologie et au développement durable;
Mme Geneviève Moisan, sous-ministre adjointe aux changements climatiques, à
l'air et aux relations intergouvernementales; Mme Lise Lallemand, sous-ministre
adjointe aux services à la gestion et au milieu terrestre; M. Michel Rousseau,
sous-ministre adjoint à l'analyse et à l'expertise régionale et au Centre de
contrôle environnemental du Québec, et les
gestionnaires de leurs équipes respectives. Je salue également la présence de
la dirigeante et dirigeant de
RECYC-QUÉBEC et du Bureau d'audiences publiques en environnement. Je suis
également accompagné de ma directrice
de cabinet, Mme Gabriela Quiroz, et des membres de mon équipe. Je les remercie
pour tout le travail consacré à préparer cet exercice.
Au
cours de la dernière année, le Québec a fait d'importants progrès en matière de
protection de l'environnement et de
lutte contre les changements climatiques. Je suis fier des réalisations qui ont
marqué ma première année en poste. Elles me donnent confiance en l'avenir et me confirment que le Québec a les
capacités de relever les défis environnementaux d'envergure qui
caractérisent le XXIe siècle. À l'instar de toutes les sociétés du monde,
le Québec est soumis aux conséquences des changements
climatiques. Comme Barack Obama l'a si bien dit, aucun défi ne pose de pires
menaces pour l'avenir que les changements
climatiques. C'est pourquoi le Québec a choisi de se tenir debout et d'être
proactif.
L'un des
premiers engagements que nous avons réalisés a été de former un comité-conseil
sur les changements climatiques afin de conseiller le gouvernement sur
les orientations et sur les actions les plus porteuses en matière de lutte contre les
changements climatiques. Composé de membres hautement qualifiés dans leur
domaine d'expertise, ce comité a
démarré ses activités en juillet 2014. Les travaux de ce comité nous
permettront d'être à l'écoute des attentes et des préoccupations des divers secteurs de la société
québécoise, mais aussi de porter à notre attention des orientations et
des mesures qui pourraient bonifier nos actions.
La dernière
année a également été sous le signe de la mobilisation et de la concertation,
tant au niveau pancanadien qu'au
niveau international. Récemment, le gouvernement de l'Ontario a annoncé qu'il
instaurerait un système de plafonnement et d'échange de droits
d'émission de gaz à effet de serre ainsi que son intention de le lier à celui
de la Western Climate Initiative, dont font
partie le Québec et la Californie, solidifiant ainsi le plus vaste marché du
carbone en Amérique du Nord. Cette importante annonce confirme une fois de plus
le rôle primordial des provinces et territoires canadiens dans la lutte contre
les changements climatiques.
Rappelons que le Québec a aussi signé un
protocole d'entente sur les actions concertées sur les changements climatiques avec l'Ontario et a effectué une
mission en Colombie-Britannique, laquelle a permis d'intensifier sa collaboration avec cette province en matière
d'électrification des transports, un axe prioritaire pour notre
gouvernement.
Le Sommet de
Québec sur les changements climatiques, qui a eu lieu le 14 avril dernier,
a été une autre initiative qui a contribué à renforcer la collaboration
à l'échelle pancanadienne. Lors de ce sommet, les premiers ministres de
l'ensemble des provinces et des territoires ont souscrit à une déclaration
commune dans laquelle ils réaffirment leur engagement
commun envers la lutte contre les changements climatiques. Il s'agit d'une
initiative historique, qui exprime la volonté
des provinces et des territoires d'agir en tant qu'acteurs clés dans ce
domaine, et ce, à l'approche de la 21e Conférence des Parties à la
Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui vise
l'adoption d'un nouvel accord ambitieux et
contraignant sur le climat. D'ailleurs, l'ensemble des provinces et territoires
s'étaient entendus, en septembre 2014, pour renforcer leur coopération
en matière de lutte contre les changements climatiques dans le cadre des
travaux du Conseil canadien des ministres de l'Environnement.
• (11 h 50) •
Sur la scène internationale, le Québec continue
de participer activement aux efforts internationaux. Nous avons signé une déclaration de la Banque mondiale
sur l'importance d'instaurer un prix sur le carbone dans l'économie, à l'occasion du sommet des Nations Unies sur les
changements climatiques à New York, en septembre 2014. En décembre 2014, la conférence de Lima a donné
lieu à des alliances avec d'autres gouvernements déterminés à fixer des cibles ambitieuses de réduction de GES. Notons la
déclaration commune entre le gouvernement du Québec et les gouvernements de la Colombie-Britannique, de
l'Ontario et de l'État de la Californie, la signature du Pacte des États
et régions, connu aussi sous le nom de
Compact of States and Regions, et la création d'un groupe de travail Québec-Californie
en matière d'électrification des transports.
Lors de notre mission à Paris, en mars dernier,
dans le cadre des rencontres alternées des premiers ministres France-Québec, le Québec a une fois de plus
démontré son leadership en matière de lutte contre les changements climatiques.
Le président de la République française,
M. François Hollande, a même déclaré ouvertement qu'il veillerait à ce que
le Québec puisse être non seulement présent,
mais qu'il puisse s'exprimer lors de la 21e Conférence des Parties à la Convention
cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui se tiendra à Paris
en décembre 2015. Soyez assurés que nous allons
profiter de cette voie pour faire valoir l'importance d'intégrer un prix au
carbone dans l'économie mondiale et
pour faire reconnaître le rôle crucial que peuvent jouer les États fédérés et
les régions dans la lutte contre les changements climatiques.
2015 est une année déterminante pour l'avenir de
notre planète. D'importantes décisions devront être prises en décembre
prochain. Comme le mentionnait le secrétaire général des Nations unies, M. Ban
Ki-moon, il n'y a pas de plan B, car il n'y
a pas de planète B. Notre cible est ambitieuse : une réduction de
20 % des émissions de gaz à effet de serre, sous le niveau de 1990. Les récentes données de l'inventaire
québécois des émissions de gaz à effet de serre indiquent que les émissions de GES du Québec, en 2012, ont
diminué de 8 % par rapport à leur niveau de 1990. Nous avons ainsi
largement surpassé l'objectif de réduction que l'on s'était donné à l'horizon
2012.
Le marché du
carbone est l'outil-phare de notre stratégie en matière de lutte contre les changements
climatiques pour la période 2013‑2020. Cet
outil de fiscalité verte nous permet de réduire nos émissions de GES et de
relancer notre économie. Le marché du
carbone est lié à celui de la Californie depuis le 1er janvier 2014. Il est le
plus grand en Amérique du Nord et le premier dans le monde à avoir été
conçu et à être opéré par des États fédérés de pays différents.
Au cours de
la dernière année, ce marché a connu plusieurs avancées. En janvier 2015, les
distributeurs de carburant et de
combustibles fossiles se sont ajoutés à la liste des grands émetteurs
assujettis. Aujourd'hui, ce marché couvre environ 85 % des
émissions québécoises de GES. Les six ventes aux enchères tenues à ce jour ont
généré des revenus de près de
333 millions de dollars. D'ici 2020, les revenus ainsi générés seront de
l'ordre de 3 milliards de dollars, et la totalité de ces revenus
sera réinvestie dans la lutte contre les changements climatiques.
Le marché du carbone Québec-Californie est donc
bel et bien exemple de ce que peuvent accomplir des États fédérés qui unissent leurs forces pour favoriser
l'émergence d'une économie sobre en carbone. Cette union porte fruit,
car nous aurons sous peu un nouveau
partenaire avec l'Ontario. Je suis confiant que d'autres gouvernements près de
nous emboîtent le pas et souhaitent se joindre à notre trio au cours des
prochaines années. D'ailleurs, en avril dernier, le rapport de la Commission de l'écofiscalité du Canada, formé
d'économistes canadiens indépendants en matière de politique publique,
avait affirmé que l'approche québécoise en matière de lutte contre les
changements climatiques, avec sa mesure-phare, le marché du carbone, représente
un modèle dont il faut s'inspirer.
Les revenus issus du marché du carbone sont
entièrement versés au Fonds vert pour financer les mesures du Plan d'action 2013‑2020 sur les changements
climatiques afin de soutenir les entreprises, les municipalités et les
citoyens québécois dans leur transition vers un monde plus sobre en carbone.
Les
mesures du PACC visent l'atteinte de notre cible de réduction de GES et
l'adaptation de la population aux effets de tous ces changements. Ce plan dispose de 3,3 milliards de
dollars d'ici 2020 pour des mesures
qui visent notamment à encourager
l'innovation dans des secteurs tels que les transports collectifs,
l'électrification des transports et les technologies propres.
En décembre
2014, le gouvernement a aussi annoncé que 350 millions de dollars, dans le cadre du PACC 2013‑2020, seraient spécifiquement consacrés à appuyer
les efforts des entreprises, des citoyens et des organismes municipaux en matière de lutte contre les
changements climatiques. Ils inciteront différents acteurs de la société à
trouver des solutions innovantes pour réduire leurs émissions de GES et ainsi
accélérer le virage vers une économie verte, prospère et durable.
Les données
scientifiques sont incontestables : les effets des changements climatiques
continueront d'avoir un impact sur la
santé, sur la sécurité des populations ainsi que sur notre économie.
L'acquisition de connaissances est donc essentielle pour agir efficacement et prendre de bonnes décisions,
celles qui permettront l'adaptation de notre société, de ses milieux de
vie, de ses écosystèmes, de ses infrastructures et de son économie à tous ces
changements. Cette année, le gouvernement a renouvelé
son soutien à la recherche en science du climat en attribuant une aide
financière de 2,5 millions de
dollars au consortium Ouranos, dont les connaissances contribuent activement à
l'adaptation de notre société aux impacts des changements climatiques.
Face aux
changements climatiques, ne rien faire signifierait non seulement mettre en
péril la qualité de nos milieux de vie, mais également passer à côté de
belles occasions d'innover et de favoriser l'essor de secteurs émergents.
Lors du
dernier budget, en mars dernier, le gouvernement a annoncé la mise en place
d'un fonds d'urgence de 8 millions de dollars, qui permettra de
soutenir les décideurs locaux face à l'impact des changements climatiques sur
l'érosion côtière.
Le programme Climatsol, mis en place en 2007 et
doté d'une enveloppe budgétaire globale de 60 millions de dollars, contribue également à l'atteinte des
objectifs du plan d'action sur les changements climatiques. Ce programme
a permis à plusieurs projets de
développement de bénéficier d'une aide financière pour réhabiliter des terrains
contaminés situés dans les municipalités du
Québec, tout en intégrant des éléments qui ont un effet sur la réduction ou
l'évitement des émissions de GES et sur
l'efficacité énergétique des bâtiments. À lui seul, il a permis de soutenir 220
projets de développement. Lors du
discours sur le budget, le gouvernement a également annoncé qu'un nouveau
programme, ClimatSol-Plus, verra le jour, assorti d'un budget de
10 millions de dollars pour 2015‑2016.
La nature a
doté le territoire québécois d'innombrables ressources, un fleuve magnifique, d'innombrables
lacs et cours d'eau, des écosystèmes diversifiés, des paysages d'une beauté
exceptionnelle. L'utilisation du territoire et l'exploitation des ressources naturelles doivent évidemment se faire
dans le respect de l'environnement et des communautés, dans une
perspective de développement durable. La relance de notre économie ne doit pas
se faire au détriment du patrimoine naturel
que nous léguerons à nos enfants. Ainsi, nos décisions doivent plus que jamais
être prises de manière à être
bénéfiques à la fois pour l'économie, les communautés et l'environnement. La dernière année a été ponctuée d'actions
qui démontrent notre volonté de concilier ces deux dimensions.
Le Plan Nord
s'avère également une voie d'avenir dans laquelle le ministère
s'est engagé à préserver le patrimoine naturel. Le gouvernement du
Québec a pris des engagements fermes en matière de conservation :
consacrer 50 % du territoire du Plan Nord à des fins autres
qu'industrielles, à la protection de l'environnement et à la sauvegarde de la biodiversité. Dans la lignée de ces engagements,
notre contribution au déploiement du Plan
Nord, sur le plan environnemental,
s'articulera autour de quatre grands
axes : la préservation, la protection, l'utilisation durable des
ressources et la restauration.
• (12 heures) •
En ce qui a trait à la préservation, nous voulons créer, sur le territoire
du Plan Nord, 20 % d'aires protégées strictes d'ici 2020, dont 12 % des aires protégées
seraient établies dans la forêt boréale. D'ailleurs, j'ai annoncé
récemment, en partenariat avec
l'Administration régionale Kativik et la Société Makivik, que le gouvernement protégera la rivière Kovik ainsi
qu'une immense partie de son bassin versant. Ce projet d'aire protégée
représente un modèle de concertation et de conciliation des intérêts socioculturels et notamment du maintien des
modes de vie traditionnels autochtones, des enjeux environnementaux et économiques,
dont notre gouvernement est particulièrement fier. Il s'inscrit précisément
dans l'esprit de partenariat et de
concertation que nous désirons mettre de l'avant dans la mise en oeuvre du Plan
Nord. Il s'agit d'un vaste territoire de 4 651 kilomètres
carrés. C'est un pas important vers la cible de 20 % d'aire protégée à
atteindre en 2020 sur le territoire du Plan Nord et une contribution indéniable
aux cibles internationales du plan d'Aichi de la Convention sur la diversité
biologique.
En mai
dernier, le lancement des travaux sur l'évaluation environnementale stratégique
globale visant l'ensemble de la
filière des hydrocarbures au Québec ainsi qu'une EES sur Anticosti ont été des gestes
structurants en ce sens. Avant d'aller
de l'avant dans plusieurs dossiers, le Québec mise sur une compréhension des enjeux liés à la
protection de l'environnement et à la
préservation des écosystèmes ainsi qu'à la qualité de vie des citoyens. Comme
vous le savez, cette procédure
prévoit une phase publique, sous la responsabilité du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. Les mandats confiés au BAPE ont été nombreux et ont
permis d'entendre les préoccupations de la population et de les
prendre en considération dans la réalisation du projet. Tant mieux.
Le projet de
la mine Arnaud, à Sept-Îles, a suscité beaucoup d'intérêt. En mars
dernier, le ministère a délivré un certificat d'autorisation
pour ce projet d'exploitation d'un gisement d'apatite. Notre ministère s'est
toutefois assuré d'obtenir des garanties du
promoteur afin de respecter les normes environnementales et de répondre aux
préoccupations de la population.
Le Président (M. Reid) : En
terminant, M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, en
terminant, M. le Président, je serais heureux de répondre aux questions des
collègues et je vous remercie.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition officielle
et député de Jonquière à faire ses remarques préliminaires pour une période
maximum de 10 minutes.
M. Sylvain Gaudreault
M.
Gaudreault : Merci, M. le Président. Je veux d'abord saluer mes collègues députés qui
sont ici, du gouvernement et de la
deuxième opposition. Je veux saluer évidemment le ministre.
Je veux saluer les gens qui l'accompagnent, évidemment, les employés du ministère du Développement durable, de l'Environnement
et de la Lutte aux changements
climatiques puis les membres de la fonction publique, envers qui j'ai
énormément de respect, et que je sais, par expérience, que la période de préparation des crédits est une période
extrêmement intense et importante de leur travail. Alors, merci pour
leur professionnalisme.
Je voudrais faire ces remarques préliminaires en
commençant avec, évidemment, l'important... rappeler l'importance du défi que
représente la lutte aux changements climatiques. Nous le savons, nous le
disons. Nous nous préparons en vue, entre
autres, de la conférence de Paris à la fin de cette année. Nous avons également
suivi avec un grand intérêt le sommet
organisé par le premier ministre du Québec avec ses collègues des autres
provinces la semaine dernière. Mais je ne peux pas faire autrement que
de rappeler quelques chiffres qui ont été rendus publics cette semaine par
l'inventaire fédéral sur les émissions de GES, qui a été transmis en 2013, qui
a été transmis à l'ONU, et qui prévoit une hausse des émissions de gaz à effet
de serre par rapport à 2012.
Ces chiffres,
M. le Président, seront disponibles au Québec au printemps 2016... pour les
chiffres du Québec, donc impossible
de vérifier les chiffres exacts. Mais ce que le fédéral, l'inventaire fédéral
nous dit, c'est que les émissions du secteur
des transports sont à la baisse, légèrement. Les émissions du secteur
industriel sont à la hausse. Les émissions du secteur agricole sont à la baisse. Les émissions du secteur des déchets
sont à la hausse. Tout ça de façon légère. Mais là où on retrouve finalement le responsable de cette
hausse des émissions de GES, selon l'inventaire fédéral pour 2013, c'est
dans le secteur énergétique — donc, en dehors de ce qui est les
transports, par exemple — qui serait responsable principalement de cette hausse des
émissions de GES du Québec en 2013, entre autres, la production de gaz, de
pétrole, les mines, l'industrie
manufacturière, le chauffage commercial. Donc, évidemment, M. le Président, je
dis ça parce que ça nous permet de comprendre l'ampleur du défi que nous
avons devant nous pour atteindre notre objectif de 20 % de moins de GES
pour 2020.
Deuxième
élément que je tiens à dire, c'est de déboulonner un peu le mythe, je dirais,
de la réduction de 8 % des GES pour 2012, là, et on voit le
gouvernement qui prétend, avec ça : Wow! On a dépassé les cibles, on a
dépassé nos objectifs. Le Québec est le
modèle interplanétaire, là, de réduction des GES, à entendre parler le
ministre. Évidemment, on est contents
pour l'année 2012, mais il faut bien faire la part des choses, là, et
relativiser cette information véhiculée par le gouvernement et par le
ministre en particulier. Parce que je veux juste rappeler aux collègues ici et
à la commission qu'au mois de décembre 2007 — j'y étais parce que j'étais déjà élu à ce
moment-là — l'Assemblée
nationale a adopté une motion unanime
demandant l'adhésion... et revendiquant et plaidant l'adhésion du Québec au
Protocole de Kyoto, qui dit, le Protocole
de Kyoto, qu'on doit atteindre une diminution de 6 % en moyenne pour
les cinq années — donc
2008, 2009, 2010, 2011, 2012 — par rapport à 1990, donc
6 % en moyenne.
On sait que
le Canada a renié le Protocole de Kyoto, mais, si on fait donc la moyenne de
ces cinq années — et pas juste l'année 2012 — on
arrive à une moyenne de réduction de 4,2 %. Donc, au lieu d'avoir atteint
nos objectifs, comme le ministre aime le
dire, on n'a atteint que — et même dépassé, ce que le ministre dit — 70 % de l'objectif, sur ces cinq années, par rapport à la motion unanime
de l'Assemblée nationale de 2007. Alors, c'est bien important de faire
cette précision-là, là, parce que c'est la réalité, là. Alors, il faut faire la
nuance.
Et imaginez
si on avait, au Québec, accepté tous les projets proposés par le gouvernement
Charest : la centrale au gaz du
Suroît, le projet de Rabaska de port méthanier, le projet de Cacouna, qui avait
un projet de port méthanier aussi, à Gros-Cacouna,
le projet évidemment des gaz de schiste. Alors, ça, là, tous ces projets-là, sans
la mobilisation des groupes environnementaux et des citoyens... imaginez
ce que serait l'atteinte — ou
la non-atteinte, plutôt — des
cibles de réduction de GES.
Alors là, on
peut bien comprendre, là, que le ministre aime bien dire que, pour 2012, on a
atteint 8 % puis on a dépassé, mais il faut regarder plus
large : la moyenne des cinq années. Et sans compter, M. le Président, que...
Ce qui a un peu aidé, c'est que,
malheureusement, d'une certaine manière, il y a eu une baisse à la crise
financière de 2008, une diminution de
la croissance économique. Donc, à ce moment-là, on a atteint aussi, dans le
secteur industriel, une diminution des
GES. Donc là, il ne faut pas
prendre... il faut prendre les vrais résultats. Il ne faut pas non plus, là, en
inventer. Alors, je pense que c'était important de le dire.
Maintenant,
je veux préciser également que tout cela doit s'incarner dans des gestes
concrets, je suis d'accord avec le ministre là-dessus, que ce soit dans
le transport — mais
dans le transport du pétrole aussi, hein, on aura l'occasion d'y revenir dans ces crédits — la
question de l'aménagement
du territoire, la question du transport routier, etc. Et, quand je dis
que ça doit s'incarner dans des gestes concrets...
Mais
permettez-moi de douter des objectifs réels du gouvernement quant à
l'atteinte de la réduction des cibles de GES quand je vois le budget du ministère
du Développement durable, là, de l'Environnement et de la lutte aux
changements climatiques qui connaît une
baisse de crédits record, cette année, de 7,5 % en 2015‑2016 par rapport à
l'année précédente, ce qui représente 179 millions au lieu de
194 millions de l'année précédente. Et ça, ça va s'articuler dans les
analyses des expertises
régionales, donc une baisse importante dans le Centre
d'expertise hydrique, M. le Président — on
va y revenir — baisse
importante des sommes dans le programme de sensibilisation aux algues
bleu-vert, et là j'en passe parce qu'il y en aurait long à dire.
Mais on ne
peut pas en même temps se prétendre le héros de la diminution des gaz à effet de serre et, en même temps,
être le ministère qui voit sa plus grande... en proportion, la plus
grande réduction des crédits du gouvernement. Alors là, il y
a une contradiction. Donc, nous, évidemment,
on sera extrêmement attentifs à cela puis on va poser des questions
au gouvernement puis au ministre à ce sujet-là.
Je veux rappeler en terminant, M. le Président,
que, de notre côté, on aimerait bien, quand on parle de gestes concrets, là,
pour la réduction des gaz à effet de serre, que le gouvernement collabore avec
nous et avec la deuxième opposition également
pour l'adoption ou, à
tout le moins, l'étude, en cette commission — parce qu'on fait un bon travail ici — du projet de loi n° 390 que j'ai déposé,
qui vise à affirmer la compétence ultime du Québec en matière d'environnement. Parce que, là, on a évidemment le
pipeline de TransCanada, hein, qui risque de nous passer sous le nez ou en haut de la tête, là, je ne sais pas quelle
expression prendre, parce qu'il va être... il pourrait être autorisé
uniquement par le fédéral. On a également le dossier du Port de Québec, qui est
dans le même domaine.
• (12 h 10) •
Donc, quand
on regarde ça, là — puis
c'est la multiplication de ce type de projets là — moi, je pense que c'est important d'affirmer que le Québec prenne le
leadership. Si on y croit vraiment, là, que le Québec est le leader de la
lutte aux GES à travers le Canada puis en
Amérique, bien on devrait tous ensemble appeler ici l'étude du projet de loi
n° 390 pour affirmer la compétence du Québec. Est-ce que ça va se rendre
en Cour suprême? Peut-être, M. le Président, mais au moins le Québec posera un geste important, puis on va la clarifier, cette
question-là. Parce qu'on trouve que c'est inacceptable, nous, de notre côté, que, sur des questions aussi
sensibles en matière environnementale, ce soit le Canada qui décide ultimement en passant par-dessus le Québec.
Alors, c'est un combat qu'il faut mener, M. le Président, puis moi,
j'invite tous les parlementaires ici à mener ce combat-là avec nous.
Et moi, je
suis prêt à l'étudier, puis à l'amender, puis à le bonifier, ce projet de loi
que nous avons déposé. Je ne prétends
pas que j'ai la vérité infuse, là, ou absolue, mais ce que je prétends, c'est
qu'il faut certainement affirmer sans ambiguïté
la compétence, la souveraineté ultime du Québec, comme on l'a fait dans les
années précédentes — puis
c'est des gouvernements libéraux qui l'ont
fait — en
matière de souveraineté culturelle, par exemple, avec Robert Bourassa,
en matière de contrôle de notre économie,
sous Jean Lesage, de notre hydroélectricité, avec René Lévesque, qui était
membre d'un gouvernement libéral dans les
années 60. Bien là, on a évolué, là, puis on est rendus à se questionner de la
même manière sur l'environnement. Puis on doit étudier... Je ne demande même
pas d'adopter ici l'intégralité du projet de loi n° 390 : je demande
de l'étudier pour le bonifier. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le député de Jonquière. Je cède
la parole maintenant au député de Borduas, porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, et je l'invite à faire ses remarques préliminaires pour un
maximum de sept minutes.
M. Simon Jolin-Barrette
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. À mon tour de vous saluer, M. le Président. Je voudrais saluer également M. le ministre ainsi que son équipe,
l'équipe du cabinet ministériel, en plus de saluer les gens qui l'accompagnent,
du ministère. Comme le soulignait également
le député de Jonquière, nous savons que c'est une période charnière dans
l'année, qui demande beaucoup de préparation
et beaucoup de travail. Et soyez assurés que nous apprécions votre
travail et les efforts que vous mettez pour
la préparation des crédits budgétaires, qui représentent un supplément de
travail, dois-je dire, pour vous.
Également, je tiens à saluer mes collègues de la
partie ministérielle, notamment la députée de Laviolette, le député de Saint-Maurice, la députée de Vaudreuil,
le député de Mégantic ainsi que le député d'Argenteuil. Ça me fait
plaisir d'être avec vous aujourd'hui, parce
qu'on n'a pas souvent la chance de vous entendre en commission parlementaire.
Puis je sais que la période des crédits,
c'est un moment où vous avez la possibilité de vous exprimer, chose qui serait
intéressante aussi lors de l'étude des
projets de loi. Dans le cadre d'une éventuelle réforme démocratique, ça serait
intéressant que l'ensemble des
députés ministériels participent également et donnent leur point de vue sur...
leur opinion sur les textes législatifs
que l'Assemblée adopte. Je pense qu'on gagnerait à avoir davantage les
opinions, les idées et surtout la bonification que ces députés
pourraient apporter à un projet de loi afin que les Québécois puissent avoir la
meilleure législation possible.
Également, je
tiens à souligner... à saluer mon collègue de Jonquière, le porte-parole de la
première opposition en matière
d'environnement, ainsi que mon collègue député de Groulx, qui est membre de la
commission du transport et de l'environnement
et qui participera avec moi à l'étude des crédits, également, M. Philippe
Girard, qui est notre recherchiste au niveau de la Coalition avenir
Québec.
Donc, M. le Président, nous sommes ici
aujourd'hui pour effectuer une tâche centrale à notre responsabilité parlementaire parce que, vous le savez, au-delà de
la responsabilité de législateur, il y a également l'aspect de
contrôleur de l'action gouvernementale.
Donc, il s'agit d'un exercice démocratique essentiel auquel doit se livrer le
gouvernement en toute transparence,
donc, pour que tous les Québécois puissent savoir comment et pourquoi les
sommes qui sont retenues sur leur
salaire et par les taxes qu'ils paient sont utilisées. C'est aussi un processus
nécessaire de reddition de comptes qui vise à s'assurer de la gestion
responsable des fonds publics, surtout dans le contexte actuel où les déficits
se suivent d'année en année.
Exceptionnellement, cette année, il y
a un retour à l'équilibre budgétaire qui, nous le constaterons, ne se fait
pas sans heurt pour le ministère du Développement durable, de l'Environnement
et de la lutte aux changements climatiques, parce
qu'il y a une réduction... Et nous y reviendrons tout à l'heure, sur cet
aspect, parce qu'il y a plusieurs groupes qui sont entendus en commission... par cette commission qui
nous disent que les ressources au ministère, parfois, sont limitées pour
remplir le mandat que le ministère doit remplir.
Donc, concrètement,
il s'agit aussi, pour un État moderne comme le Québec, qui prône une lutte
contre les changements climatiques, de lui donner les ressources nécessaires et
requises pour vraiment réaliser sa mission. Et il s'agit d'un ministère très important. Et surtout, au niveau mondial,
bien c'est tout le monde qui fait face à ces défis de la lutte aux changements climatiques. Il faut
s'assurer que le ministère de l'Environnement puisse occuper une part
importante, et qu'il constitue un ministère
qui a un poids important au sein du cabinet, et surtout que les décisions qui
sont prises sur le plan économique
prennent en compte les impacts environnementaux qui vont résulter des choix
économiques qui sont faits par le
gouvernement, et que le développement économique se fasse dans une logique de
développement durable. Donc, on y reviendra, M. le Président, un peu
plus tard.
Donc,
plus spécifiquement, M. le Président, je suis ici aujourd'hui au nom de ma
formation politique, mais aussi au nom
de tous les Québécois, pour m'assurer de la bonne gouvernance dont le ministre
et ses gestionnaires sont responsables dans, notamment, la gestion et la
promotion du développement durable au sein de l'administration publique et de
la société québécoise, la protection des
écosystèmes et de la biodiversité du territoire québécois par le développement
d'un réseau d'aires protégées et la
sauvegarde des espèces floristiques et de leur habitat, par la prévention et la réduction de la contamination de l'eau, de l'atmosphère et du sol
et surtout par la lutte aux changements climatiques, comme je le disais.
Donc,
M. le Président, je ne prendrai pas plus de temps pour les remarques introductives, les remarques
préliminaires, et je souhaiterais que le temps soit attribué sur notre temps de
parole. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le député de Borduas. Avant de
commencer les échanges, je voudrais rappeler aux membres de la commission une petite règle : celle que toute
personne qui prend la parole doit s'adresser au président. C'est une
règle qui a son importance lorsque la passion s'empare de nos débats, et ça
s'invite parfois, mais je vais l'appliquer avec beaucoup de souplesse. Mais,
cependant, je vous demande de vous rappeler de cette question.
Discussion générale
Je
suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition
officielle pour un premier bloc d'échange. M. le député de Jonquière et
porte-parole de l'opposition officielle, la parole est à vous.
M. Gaudreault :
Oui. Merci, M. le Président. Alors, le premier dossier que je veux aborder à
cette étude des crédits, c'est concernant le
suivi du rapport de la Commission de l'agriculture, pêcheries, énergie et
ressources naturelles, la CAPERN, sur l'inversion de l'oléoduc Enbridge.
Vous savez qu'il y a eu 18 recommandations de cette commission parlementaire
qui a été tenue à l'initiative de notre gouvernement, à laquelle la deuxième
opposition à l'époque et l'opposition libérale à l'époque avaient participé et également
Québec solidaire. Le 27 novembre dernier, j'ai posé une question à l'Assemblée
nationale, à la période des questions, au ministre sur le suivi des recommandations
du rapport, des 18 recommandations. Et je le cite, M. le
Président, je cite le ministre, qui nous a dit : «Vous pouvez
être certains que le gouvernement va s'assurer que toutes les conditions
seront respectées à la lettre.» Alors, je viens de citer le ministre. Donc, je suis heureux d'entendre cela de
sa part. Nous avons été heureux de l'entendre, mais, maintenant, il faut
aller un peu plus loin.
Première
question au ministre, M. le Président : Est-ce qu'il peut nous préciser un
peu plus la date d'inversion du pipeline, s'il vous plaît? Merci.
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le Président, premièrement, j'aimerais préciser le fait qu'une des
recommandations de la commission, c'était la
mise en place d'une unité de vigilance pour s'assurer du respect de l'ensemble
des conditions qui avaient été
établies par la commission à laquelle fait référence le député et que cette
unité de vigilance travaille justement à valider le respect de l'ensemble de ces conditions, avant, évidemment,
qu'Enbridge puisse aller de l'avant avec la mise en oeuvre du projet
d'inversion.
Alors,
il y a eu déjà plusieurs rencontres de l'unité de vigilance au cours des
derniers mois, il y en aura d'autres à venir.
Il y a des échanges... Je comprends qu'il y a des échanges entre l'unité de
vigilance et Enbridge et que, suite à ces échanges, il y aura ultimement
un rapport. Mais, avant de pouvoir tirer quelque conclusion que ce soit sur le
respect desdites conditions, nous allons attendre que l'unité de vigilance
termine son travail. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Reid) : M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : O.K. Alors, M. le Président, je veux juste répéter
ma question, là : Est-ce qu'il y a... Parce que la compagnie
Enbridge nous dit : On va inverser, on va ouvrir la bande, là, pour
inverser le pipeline en juin 2015. Là, on est bientôt en mai 2015. Alors, juin
2015, ça peut être le 1er juin comme ça peut être le 30 juin 2015. Si c'est le
1er juin, ça veut dire que c'est dans un petit peu plus d'un mois, là; on est
le 23 aujourd'hui, alors... 23 avril.
Donc, je veux savoir : Est-ce que le
ministre peut nous dire une date d'inversion du pipeline qu'Enbridge aurait communiquée au gouvernement? Ou,
minimalement, est-ce qu'il peut nous dire si ça sera dans la première
semaine ou dans la
dernière semaine de juin? Ou, ultraminimalement, est-ce qu'il peut nous
dire : C'est au moins dans la première moitié du mois de juin ou
dans la deuxième moitié du mois de juin?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
• (12 h 20) •
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, à ma connaissance, à notre
connaissance, il n'y a pas encore de
date de fixée pour la mise en oeuvre du projet d'inversion de l'oléoduc Enbridge. Alors, une des conditions,
qui fait partie de l'ensemble des
conditions de la commission, c'était justement de s'assurer du respect des 18 conditions. Alors,
avant même qu'on puisse penser aller de l'avant avec le projet, il
va falloir que l'unité de vigilance s'assure du respect de l'ensemble des conditions, et c'est le
travail qui est fait.
Alors, pour le moment, il est prématuré de
penser qu'il va y avoir une date à laquelle le projet va se mettre en oeuvre
puisque le travail de l'unité de vigilance, qui doit veiller justement au
respect des conditions, n'est pas encore complété. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui.
Bien, écoutez, moi, je ne trouve pas ça prématuré, là, parce qu'on est à cinq semaines du 1er
juin. Alors, comment le ministre peut s'assurer du respect des conditions s'il ne
connaît pas la date d'inversion du pipeline?
Il me semble, la première question que je poserais à
Enbridge, moi : C'est quoi, votre échéancier? À quel moment vous voulez tourner l'aqueduc, là, la valve pour
inverser le pipeline? J'ai de la misère à comprendre que le ministre veut faire respecter les
conditions s'il n'a pas de date. Alors, ça m'inquiète, ça m'inquiète énormément,
M. le Président, puis je pense
que ça va surtout inquiéter les gens des comités de citoyens
puis des municipalités qui seront touchées par l'inversion du
pipeline.
Parce que
ça m'amène à parler d'une autre question reliée à ça, là. Puis je garde en tête qu'on n'a
pas de date, mais on veut faire respecter les conditions. Alors, si, là,
on n'est pas capables de faire respecter les conditions, mais que, le 1er juin, Enbridge ouvre la valve, il n'y a
personne qui va avoir gagné là-dedans, puis surtout pas l'Assemblée nationale, qui a adopté
un rapport avec 18 recommandations, M. le
Président, là. En tout cas, j'aimerais ça que le ministre
m'explique comme il faut
sa contradiction, là, parce qu'il y a vraiment... En
tout cas, pour moi, je ne vois pas la
logique de ne pas avoir de date, mais de vouloir faire respecter les
conditions. Il me semble que c'est comme fondamental.
Mais ça m'amène
à un autre élément, qui est la recommandation
n° 13 du même rapport de la CAPERN, qui dit «qu'Enbridge effectue
des tests hydrostatiques pour vérifier l'état de la canalisation». Bon, c'est
un bel exemple. On ne sait pas à quelle date
la compagnie veut inverser le pipeline, mais il y a une des recommandations de
la CAPERN qui dit qu'on va faire des
tests hydrostatiques. Le ministre nous dit à la période de questions : On
va les respecter à la lettre. Bon, bien
là, première question : Les tests hydrostatiques. L'Office national de
l'énergie n'exige pas d'Enbridge qu'elle procède à des tests hydrostatiques, mais la commission de
l'Assemblée nationale, à la recommandation 13, recommande de faire des tests hydrostatiques. Alors, est-ce que le
ministre peut nous préciser, lui, son opinion? Est-ce qu'il pense que ça
prend des tests hydrostatiques ou que ça ne prend pas de tests hydrostatiques?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M. Heurtel : Alors, M. le Président,
je vais d'abord commenter le long préambule du député. On commence rapidement, là, on a un peu plus de 10 heures
encore à faire ensemble. Je crois qu'il va falloir s'en tenir aux faits puis
éviter d'essayer de prêter des intentions ou
de penser que... de tenter de faire peur, ou d'inciter à la peur, ou à la
réaction des gens par rapport au projet d'Enbridge.
Il faut rappeler que le gouvernement du Parti
québécois, qui était au pouvoir, était tellement préoccupé par ce projet-là qu'il
a refusé d'aller défendre les intérêts du Québec à l'Office national de
l'énergie lorsque le projet a été présenté. Et on a 18 conditions soumises par
la commission. Il y a également des conditions de l'Office national de l'énergie.
Et la logique, elle est très simple et elle est très rigoureuse, M. le
Président. Il y a des conditions et il y en a plusieurs, d'ailleurs, qui
relèvent de la sécurité des gens et de s'assurer qu'avant que le projet aille
de l'avant il y a une démonstration claire, évidente que ces conditions-là
seront respectées. Et la logique — et c'était la logique de la commission — c'était de mettre en place une unité de
vigilance justement pour s'assurer qu'avant d'aller de l'avant avec ce projet on s'assure qu'on ait des preuves concrètes
que les conditions sont respectées.
Donc, la logique un peu circulaire du député m'étonne parce qu'il me
semble que la procédure, c'est une procédure très claire.
Avant qu'on puisse aller de l'avant avec le
projet, il va falloir qu'on ait des preuves très claires, faites auprès de l'unité de vigilance, que l'ensemble des
conditions seront respectées. Et donc on ne pourra pas aller de l'avant...
Donc, c'est sûr qu'il ne peut pas y avoir
une date d'opération du projet parce
qu'on n'en est même pas à savoir si l'ensemble des conditions sont respectées. Alors, d'abord, on va
faire notre travail dans un ordre rigoureux, c'est-à-dire assurons-nous
que l'ensemble des conditions ont été respectées, tant les conditions de la
commission que les conditions devant l'Office national
de l'énergie — parce
que, devant l'Office national de l'énergie, ce n'est pas encore réglé non
plus — et, une
fois qu'on aura certitude que l'ensemble des
conditions seront respectées, bien là on pourra peut-être penser à avoir une
date. Mais il est prématuré d'avoir une date spécifique.
Et d'ailleurs la
question suivante du député, encore une fois, semble contredire un peu sa
logique parce que, là, il veut absolument
une date de départ du projet, mais il veut savoir qu'est-ce qu'il en est des
tests hydrostatiques. Alors, il faut
d'abord regarder l'ensemble des conditions, notamment celles relatives aux
tests hydrostatiques, puis s'assurer que l'ensemble de ces conditions-là soient respectées
avant même de penser que le projet va aller de l'avant. Parce que c'est
ça, les conditions de la commission, puis c'est ça, les conditions de l'Office
national de l'énergie.
Alors,
plus particulièrement par rapport aux tests hydrostatiques, M. le Président,
l'exigence n° 13 de la CAPERN était
qu'Enbridge effectue des tests hydrostatiques pour vérifier l'état de la
canalisation 9B. Alors, l'Office national de l'énergie, dans sa condition n° 11, exige qu'Enbridge doit déposer
auprès de l'ONE son programme d'essais sous pression au moins 60 jours avant de déposer sa demande
d'autorisation de mise en service. Le rapport de Dynamic Risk, commandé par le gouvernement du Québec, indique que les
tests hydrostatiques peuvent être utilisés comme un outil de validation
pour l'évaluation technique à jour du pipeline, une évaluation technique exigée
par la condition n° 9 de l'Office national de l'énergie. Il s'agit donc
d'un outil pour valider l'intégrité du pipeline.
Alors,
hier, lors des crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles,
il a été confirmé que des tests hydrostatiques
étaient effectués parmi l'ensemble des tests conduits en vue de l'inversion de
la ligne 9B. Les résultats de tous ces tests seront transmis à l'unité
de vigilance. Merci, M. le Président.
M.
Gaudreault : Merci, M. le Président. Donc là, on apprend qu'il
y a présentement des tests hydrostatiques qui sont en cours. Le collègue du ministre, à l'Énergie, l'aurait mentionné
hier. Alors, à quel moment les résultats de ces tests seront transmis à
l'unité de vigilance?
Et,
moi, ce que je veux savoir, M. le Président, là, avec cette
information-là. : Comment le ministre va traiter que ça répond ou
non aux conditions de la commission? Autrement dit, il va la tirer où, la
ligne, là? Puis, s'il considère que les
18 conditions ne sont pas respectées, si les tests hydrostatiques dont il
nous parle arrivent... les résultats arrivent plus tard — il faut bien que l'unité de vigilance prenne
le temps de les analyser — alors qu'est-ce qu'il va faire? C'est où qu'il la tire, la ligne, pour dire : Enbridge ne
respecte pas une des 18 conditions ou elle les respecte toutes, par
exemple? Alors, il va se baser sur quoi, puis il va la tirer où, la
ligne? Puis il va faire quoi avec ça?
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
• (12 h 30) •
M.
Heurtel : Alors, merci, M. le Président. Je crois d'abord qu'il est
important de rappeler... Justement, parmi les recommandations de la commission, il y a la recommandation 2, qui
indique la mise en oeuvre d'une unité de vigilance dont le mandat principal sera de s'assurer que
toute l'information relative à la sécurité de l'oléoduc et à la protection
de l'environnement soit transmise à tous les
acteurs directement concernés par le renversement du flux de la
canalisation 9B d'Enbridge.
Alors,
l'unité de vigilance fait son
travail. Alors, ce qu'on dit, encore
une fois, M. le Président, c'est : On voit bien
que le député essaie de prendre une position très alarmiste et que là, tout à coup, on va se réveiller le 1er juin et le projet va être
déclenché sans que le travail relatif aux conditions de la commission ainsi
qu'aux conditions de l'Office national de l'énergie soit complété. Ce n'est pas
le cas.
Alors
là, il pose une question sur les tests hydrostatiques. Il y en a
eu qui ont été faits, il y en a d'autres qui vont être faits, et on va s'assurer, au niveau de l'unité de vigilance... parce
qu'il revient à l'unité de vigilance de faire d'abord et avant tout son travail pour s'assurer que l'ensemble des
conditions, y compris la condition 13, justement — cette condition, qui est, je le répète, M.
le Président, «qu'Enbridge effectue des tests hydrostatiques pour vérifier
l'état de la canalisation 9B» — bien, que cette condition-là ainsi que les autres... On
voit la 14 : «Qu'Enbridge élabore un plan d'urgence portant sur
l'approvisionnement en eau potable mis à jour régulièrement selon l'évolution
des connaissances.»
Bref,
on pourrait toutes les lire. Le travail, justement, de l'unité de vigilance,
c'est de s'assurer que le projet soit sécuritaire, tant pour les
populations que pour l'environnement. Alors, laissons le travail se faire,
laissons l'unité de vigilance faire son
travail. Une fois qu'il sera fait, le rapport sera remis, et, après ça, on
pourra déterminer si, oui ou non, Enbridge peut aller de l'avant, mais
laissons à l'unité de vigilance faire son travail.
Le Président (M.
Reid) : Merci. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, mais, M. le Président, tout ça, ça ne se fait
pas en 24 heures, là. On est à cinq semaines du 1er juin. Je suis prêt à accorder quatre
semaines supplémentaires pour dire neuf semaines pour se rendre au
30 juin. Tout ce qui est dans le
décor, tout ce qu'on sait présentement, c'est qu'au mois de juin la compagnie
Enbridge veut inverser le pipeline. Le ministre nous dit : Il y a
présentement des tests hydrostatiques qui se font, il y en a d'autres qui se
feront plus tard. Je veux juste vous
rappeler que la compagnie Enbridge elle-même, là, elle était extrêmement
critique, elle n'en veut pas, elle,
de tests hydrostatiques. Savez-vous pourquoi? Puis là c'est un peu... pas «un
peu», c'est beaucoup absurde, elle
dit : Un test hydrostatique, c'est de la grosse pression qu'on envoie dans
le tuyau, ça pourrait faire fendre le tuyau. Donc, on n'enverra pas de test hydrostatique. Bien, justement, on veut
le tester, le tuyau. S'il n'y a pas de test hydrostatique dedans, ça veut dire qu'ils ne veulent pas prendre
de chances parce que peut-être que le tuyau est faible, donc il risque
d'y avoir des fuites.
Moi, là, je ne suis
pas alarmiste, je veux juste m'assurer du respect des 18 conditions de la
CAPERN. Moi, je trouve que c'est le ministre
qui n'a pas l'air à prendre ça suffisamment au sérieux, M. le Président. Alors,
moi, je veux savoir qu'est-ce qu'il
va faire si... O.K., prenons-le au mot. Il dit : C'est l'unité de
vigilance qui va nous dire si ça respecte ou non les 18 conditions. Mais l'unité de vigilance, le temps
d'analyser la validité des tests hydrostatiques et des autres conditions, là, sur lesquelles on reviendra plus
tard, l'eau potable, il en a parlé, le ministre... Bon, bien, moi, je pense
qu'il y a des possibilités que le pipeline
ne soit pas inversé au mois de juin prochain. Alors, il va faire quoi, le
ministre, dans cette condition-là,
s'il n'a pas encore les réponses de l'unité de vigilance? Puis, s'il n'est pas
encore capable de statuer, en juin, si les 18 conditions sont
respectées, il va faire quoi, le ministre?
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, le député de Jonquière doit savoir
quelque chose que ni l'unité de vigilance, ni le ministère de l'Environnement, ni le ministère des Ressources
naturelles, ni l'Office national de l'énergie a comme information, parce qu'il n'y en a pas, de date
prévue pour la mise en oeuvre du projet encore. Alors, le député peut
faire tous les effets de toge qu'il veut, le
fait est qu'on prend notre travail très au sérieux, tellement au sérieux, M. le
Président, que le 17 mars 2015, les coprésidents de l'unité de
vigilance ont fait parvenir une seconde lettre à M. Éric Prud'Homme, d'Enbridge. Cette lettre souligne les lacunes
observées dans «la copie du plan d'intervention d'urgence, qui a été
déposée par la compagnie lors de la
rencontre du 17 décembre 2014». Et, en effet, cette version du plan
d'urgence a fait l'objet d'une analyse,
par le ministère de la Sécurité publique, dans laquelle sont soulevées certaines
préoccupations quant à l'efficience en
matière d'organisation des interventions, soit notamment le manque de clarté
lors de l'identification des différents «rôles et [...] responsabilités
[des] intervenants appelés habituellement en renfort» et le fait qu'Enbridge
n'intègre pas «les principes du système
québécois de sécurité civile», ce qui pourrait compliquer l'interaction avec
«l'ensemble des ministères provinciaux»
en cas d'incident. Ça, j'ajoute ça, justement, à ce que j'ai dit précédemment
concernant les tests hydrostatiques.
L'unité de
vigilance fait son travail avec un sérieux et une rigueur. Et je n'accepte pas
que le député suggère que je ne prends pas au sérieux le projet et
l'importance de s'assurer que les conditions soient respectées. C'est tout à
fait inacceptable de dire quelque chose comme ça. Tout ce que je dis, c'est,
bien au contraire, avant même qu'on puisse commencer
à penser à aller de l'avant avec le projet, il faut qu'Enbridge montre patte
blanche sur l'ensemble des conditions, non
seulement de la commission,
mais de l'Office national de
l'énergie. Et là ça fait trois,
quatre questions où il essaie par tous les moyens possibles de tenter de susciter, là, une crainte et une
peur : Il y a quelque
chose qui va se passer puis,
le 1er juin au matin, on va se réveiller puis paf! Ça y est, le projet est
en marche, alors que les conditions ne sont pas respectées. Ça ne se peut pas, M.
le Président.
Je vais vous
donner un exemple bien concret. La condition 11 de l'Office national de l'énergie sur le projet stipule qu'Enbridge doit
«déposer son programme [de test] sous pression» au moins 60 jours avant de
déposer sa demande de mise en service, ce
qui n'est pas encore fait. Alors, le député parle de faire des grands calculs,
là, de date, là. Bien, qu'il réalise,
là, qu'on n'est même pas dans le délai de 60 jours. Alors, il faut bien
comprendre, il y a une série de conditions, tant de la commission, tant de l'Office national de l'énergie,
qui doivent être respectées. Elles doivent toutes être respectées.
Du côté du Québec,
on fait notre travail sérieusement, rigoureusement, on prend nos responsabilités. Mais c'est l'unité de
vigilance qui doit d'abord valider avec Enbridge si toutes ces conditions-là
sont respectées. Le travail se fait présentement.
Et, tant que ce travail-là ne sera pas complété à la satisfaction de l'unité de
vigilance et du gouvernement, il est
clair que le projet n'ira pas de l'avant. Et c'est la même chose pour l'Office national de l'énergie. Il est clair qu'il reste des conditions à être respectées. Enbridge n'a pas
encore rempli l'ensemble des conditions. Conséquemment, avant même de commencer à tenter de susciter de la crainte et
de la peur chez les citoyennes et les citoyens de façon
indue, comme tente de le faire le député de
Jonquière, il faut qu'il s'en remette aux faits. Et les
faits, c'est qu'on fait notre travail de
façon rigoureuse et sérieuse. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. Alors, nous allons passer maintenant à un bloc du côté gouvernemental. Et je
passe la parole au député de Mégantic.
• (12 h 40) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Je voudrais tout d'abord vous saluer et
saluer le ministre de
l'Environnement et toute son équipe qui
l'assiste aujourd'hui à
l'intérieur de ces crédits-là, saluer
mes collègues du gouvernement et mes collègues des oppositions. Bonjour
à tout le monde.
Donc, M. le ministre, le 25 février
dernier, vous avez annoncé que vous lanciez un grand chantier, celui de la modernisation du régime d'autorisation de la Loi
sur la qualité de l'environnement, la LQE, un grand chantier qui a su comme... Parce
que, comme vous l'avez dit, aucune
révision globale majeure n'a été faite sur ce régime depuis 43 ans,
soit depuis 1972. Un grand chantier, car la
LQE touche presque à tout, et ça touche presque tout le monde qui a un projet
et qui veut développer quelque chose.
Et c'est bien ainsi, car il faut protéger notre environnement.
Tout le monde est d'accord, il faut s'assurer de développer les yeux...
s'arrêter, je m'excuse, de développer les yeux fermés, un peu comme on le
faisait dans les années 50 et 60, sans
trop se soucier des impacts sur l'environnement et sur l'avenir de la planète. On creusait, on
remblayait des cours d'eau, on coulait du
béton un peu partout, tout ça au nom
du progrès et de la prospérité. Heureusement, on a appris et compris que l'on doit assurer nos
besoins, mais sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre à leurs besoins. C'est ce qu'on a appelé le développement durable.
Je sais que
je ne vous apprends rien quand on raconte ça, mais je pense qu'il est bien
important de se rappeler qu'en matière d'environnement on vient de loin.
Notre perception de l'environnement et de la planète a beaucoup changé. Ça a beaucoup évolué depuis 1972, et je vous
dirais même que ça a beaucoup changé depuis quelques années. Et, à ce
chapitre, M. le ministre, je voudrais vous illustrer quelques éléments qui
sont, en fait, en appui à ce changement-là.
Je me souviens, en fait, dans mes années
universitaires, où on calculait à la règle à calcul... On arrivait au bon résultat, mais disons que la précision après le
point n'était pas très, très élaborée. Et, lors de l'avènement des
calculatrices et du développement technologique qu'on a assisté au début des
années 80, la précision de l'ordre de grandeur dans les analyses a
augmenté au minimum de trois ordres de précision dans l'espace de quelques
années, Ça s'est produit littéralement et de façon fantastique.
Donc, quand
vous imaginez une loi qui a été constituée dans un environnement où la capacité de compréhension et d'analyse était... disons, en se forçant, on se rendait aux parties par
million et que là, soudainement, les parties par milliard devenaient quelque chose de facilement accessible, on avait
changé la notion complètement de la façon de percevoir l'environnement, la
nature des choses qu'on rencontrait parce qu'on n'avait jamais pu mesurer ce
qu'il y avait vraiment dans beaucoup de produits de façon naturelle ou de façon
artificielle. C'était le même résultat, on ne connaissait pas ce qu'il se
passait. Donc, ça, c'est un changement.
Quand on considère que les développements
organisationnels aussi des outils, de la flexibilité... Le député de Jonquière
nous parle du pipeline d'Enbridge, l'inversion du 9B. Écoutez, il y a
50 ans, c'était une chose, aujourd'hui, c'est autre chose parce que les
outils, la façon de faire, la façon dont on structure non seulement les
opérations mais les systèmes et les outils qu'on utilise pour surveiller,
protéger, entretenir et souvent prévenir les choses ont complètement changé, de
façon radicale et absolue. Ça ne veut pas dire qu'il ne se passe pas encore,
comment je dirais ça, des pépins au niveau de l'environnement ou au niveau des
projets d'exécution.
Mais je vais vous donner un exemple où on avait
fait une étude à grande échelle à travers le monde où, sur le plan technique,
les techniciens généralement réussissent leurs projets à 97 %. Là où la
problématique se déroule, c'est beaucoup plus au niveau de la mise en marché
des... ce que moi, j'appellerais «les qualificatifs mous», le marché,
l'évolution, les tendances, ces choses-là. Mais, sur le plan technique, il y a
une espèce de solidité qui n'existait pas à l'époque de la Loi sur la qualité
de l'environnement, qui a fait qu'aujourd'hui on peut considérer qu'on vit dans
un environnement totalement différent. La perception est différente et la façon
de voir.
Je vous donne un autre exemple à ce chapitre-là.
Quand on parlait, au début des années 90, de dioxine dans l'industrie des
pâtes et papiers et qu'on parlait de ppq, là, on parlait d'une cuiller à thé de
produits chimiques dans la somme des Grands Lacs. Donc, la capacité analytique
des organisations et la capacité à détecter ce qu'il se passait nous a fait
poser des questions de façon incroyable.
Et, à ce chapitre-là, je vous donne un exemple.
On avait découvert qu'il y avait des dioxines partout. On s'est dit :
C'est l'enfer, on vient de... on a tout pollué la terre. Et, après quelques
années de recherches, on s'est rendu compte que les dioxines étaient créées
naturellement dans les milieux humides, dans les marais, et que ces dioxines-là
étaient biodégradables, et que les dioxines qui étaient produites dans les
pâtes et papiers avaient entre autres des caractéristiques
biodégradables de haute teneur. Donc, des changements mineurs nous ont permis
de rééquilibrer et d'en arriver à une
harmonie encore entre la technologie et l'environnement, et ce, grâce à l'outil
analytique et la combinaison des compétences que l'on a su développer.
Je vous
illustre un exemple. Je pourrais vous en faire des centaines, je suis sûr que
le ministre serait excité, mais je vais lui épargner cette misère-là
aujourd'hui.
Des voix : ...
M.
Bolduc : On serait tous excités. Mais je voudrais aussi, par exemple,
vous parler des cycles de carbone, qui est
une autre façon de regarder notre environnement. Et je pense que c'est
important d'en parler parce que, lors de nos débats, O.K., les... En fait,
les marchés de carbone, les plans
d'action sur les changements
climatiques, toutes ces données-là dépendent finalement de ce qui est en
train de se passer avec le carbone.
Il faut se
rappeler que le CO2 augmente dans l'atmosphère entre 2 et 3 ppm
par année, ce qui semble un chiffre un peu effarant. Mais, juste pour
vous ramener à la période préindustrielle, on avait à peu près 280 ppm de
carbone ou de CO2 dans
l'atmosphère, et là, maintenant, nous sommes autour de 400, avec une croissance
de 2 à 3 ppm par année, et ce 2 à 3 ppm par année là est le résultat
d'une consommation de 80 millions de barils de pétrole par jour. C'est ce qu'on consomme actuellement sur la Terre. Et,
si vous le prenez de façon brute, à plus
ou moins 5 % de précision, un baril de pétrole
fait à peu près une demi-tonne de CO2, donc on produit
40 millions de tonnes de CO2 par jour. Il y a une exclusion partielle là-dedans, là, je ne veux pas
embarquer dans les détails techniques, mais, grosso modo, ça vous donne une idée de ce qui se passe. Et cette évolution-là a tendance à s'accroître de façon
exponentielle, et c'est une des raisons pour lesquelles la sensibilité
aux changements climatiques est très, très importante.
Je
m'explique. En fait, les régions froides de la planète qui ont des cycles ou
des sols... des pergélisols, des sols gelés
en permanence, font qu'il y a à
l'intérieur de ces sols-là des
quantités phénoménales de méthane et de CO2 qui est
capturé, et, à mesure que le CO2 augmente dans l'atmosphère et qu'on réchauffe les segments froids de la
Terre, donc l'Arctique et l'Antarctique,
le Groenland, les pergélisols se réchauffent, et des quantités phénoménales de CO2 et de méthane se libèrent, ce qui produit un accroissement
encore plus significatif du réchauffement planétaire.
Donc, les Nations unies, il y a quelques années,
ont fixé comme objectif un volume de 1 trillion de tonnes de CO2 comme limite maximale pour 2050,
comme pour limiter le réchauffement de la Terre sous les 2°C, d'après les
estimés et la science connue de ce point-ci.
Et, encore là, vous pouvez constater qu'il y a encore beaucoup d'éléments
techniques inconnus à l'intérieur de ce cadre-là. Donc, à mesure qu'on avance
dans le temps, il va probablement y avoir de plus en plus de précisions.
Je vous
mentionne ça parce qu'à première vue ça peut paraître très important. Il y a
des variables positives, par contre,
qui nous aident, puis je vais vous les nommer aussi. Mais il faut se rappeler
qu'il y a du CO2, et on parle de méthane, qui, lui, a l'impact... 25 fois l'impact du
réchauffement du CO2. Donc, 1 ppm de méthane a un impact de
25 ppm de CO2. Heureusement,
le cycle de vie du méthane dans l'atmosphère est relativement limité avec une
moyenne d'à peu près 80 ans. Donc,
graduellement, il n'y a jamais des grandes accumulations parce qu'avec le temps
le méthane est réabsorbé et assimilé.
Je vous ai
parlé aussi que... Donc, on a parlé de CO2, on a parlé de méthane,
mais il y a aussi les aérosols, il y a aussi
les chloroformes, en fait tous les CFC et les HFC, pour ceux qui comprennent un
peu la réfrigération... savent que ces produits-là,
les CFC, ont été bannis, mais ils ont aussi un impact considérable dans
l'environnement. Et, quand on considère les réchauffements climatiques, c'est la somme de ces variables-là.
Donc, quand on en prend un séparément, on ne peut pas en arriver avec une conclusion précise, il faut
regarder l'ensemble des variables. Et je dois le dire aussi, c'est qu'il y
a une dynamique à l'intérieur de ce système-là qu'on ne comprend pas ou qu'on
ne maîtrise pas de façon totale. Je vous en donnerai quelques-uns un peu plus
tard.
• (12 h 50) •
De l'autre
côté, il faut se rappeler que les océans, les lacs, les rivières absorbent
entre 30 % et 40 % du CO2 qui est produit dans
l'atmosphère et l'absorbent dans les océans, ce qui fait qu'une grande partie
de ce gaz-là est absorbée de façon
systématique. Par contre, le risque que l'on retrouve là, c'est l'abaissement
du pH des océans, ce qui, éventuellement, en acidifiant, pourrait créer des problèmes extrêmement sérieux tels
que... par exemple la vie des homards, les crabes et toutes les huîtres qui... Tout ce qui se produit
avec du carbonate de calcium pour produire des protections, le corail
entre autres, pourrait être appelé à disparaître par l'impact du CO2
dans les océans.
Éventuellement,
tout ce CO2 là se précipite au fond des océans, et je vous dirai
qu'il y en a des réserves astronomiques,
et c'est ce que les volcans nous relâchent. Quand on a des éruptions dans certains
secteurs, surtout dans les zones de fracturation, on retrouve des
volumes de carbonates qui sont relâchés sous forme de CO2.
Naturellement, le reste du CO2
suit la boucle du carbone via les plantes, et je tiens à vous rappeler, parce
que les plantes qui meurent, quand elles
vont dans le sol, elles deviennent de la tourbe, elles deviennent ensuite du
charbon, ensuite du pétrole et finalement du gaz naturel. Donc, tous ces produits-là sont le même produit à
différents âges. Donc, c'est important de le déterminer, parce que,
quand on ramasse de la tourbe pour la vendre, ça ne fera pas de charbon plus
tard; quand on ramasse du charbon aujourd'hui,
ça ne fera pas de pétrole plus tard; et le pétrole ne fera pas de gaz naturel.
Donc, tous ces produits-là sont aussi partie du cycle de carbone qui a
été capturé et emmagasiné dans le sol, donc on... pour vous faire une grande
histoire, là. Mais il y a deux cycles
importants au niveau du carbone, celui des plantes qui s'emmagasinent dans le
sol et celui du CO2 qui s'accumule dans les océans, se
précipite au fond des océans pour nous revenir Dieu sait quand sous forme
d'éruption volcanique.
Donc, je vous
fais un grand tour de l'horizon, mais ce qui est intéressant aussi, c'est de
constater que, le CO2, si vous regardez l'évolution analytique annuelle, encore grâce à notre
technologie qui a évolué, on peut constater une variabilité entre l'été et l'hiver. Les gens, au début, se
sont posé la question : Pourquoi c'est comme ça? Puis, quand vous
regardez la Terre, comme boule, vous devez
constater que 80 % des continents sont dans l'hémisphère Nord, parce que
l'équateur est juste... passe au centre de l'Afrique et de l'Amérique du Sud,
le reste est tout au nord, ce qui fait que, durant la saison estivale, la quantité de CO2 sur la
Terre qui est consommée par les plantes dépasse la production. Donc, le CO2
est en décroissance jusqu'à l'automne
où le cycle s'inverse pour retourner et recroître durant l'hiver. En moyenne,
il y a une augmentation nette.
Donc, je vous
parle de tout ça parce que les réchauffements climatiques, grâce à la
technologie que nous avons mise en place... nous permet de faire évoluer
non seulement nos compétences, mais notre façon de percevoir le monde. Et c'est un peu ce qui, pour moi, rend... donne
l'importance de l'ouverture de la Loi sur la qualité de l'environnement,
parce que nous vivons dans le même monde,
mais avec de nouveaux yeux, avec des façons complètement différentes de
percevoir l'environnement dans sa vraie
nature en considérant que nous avons encore beaucoup d'apprentissages à y
faire, je dois l'admettre, et je vais vous épargner, comment je dirais
ça, cette leçon-là pour aller plus loin pour le moment, mais je vous reviendrai
peut-être un peu plus tard avec certaines autres friandises qui vont vous
raffoler, je suis sûr.
O.K. Donc, je ne vous apprends rien quand je
vous dis que la science de nos connaissances évolue très, très rapidement. On connaît mieux les effets de nos
gestes sur l'environnement, on connaît aussi les bienfaits que nous
apporte la nature. J'expliquais tout à
l'heure l'effet du cycle du carbone l'été par les plantes qui accumulent
beaucoup plus. Donc, on sait
maintenant que de protéger notre environnement, c'est beaucoup plus que de
protéger nos arbres ou les bébés phoques parce qu'on les trouve beaux. La nature nous rend fiers du service
qu'elle nous rend et, de plus,
elle nous le fait gratuitement. Donc, il est très important... Plus la
maîtrise de nos connaissances va être profonde, plus facile ça va être pour nous
d'élaborer des programmes, des façons de
faire qui vont être non seulement efficaces, mais beaucoup plus
performantes. Donc, pour moi, ça, c'est
quelque chose qui va sûrement être intéressant dans le débat de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Donc, nos
connaissances scientifiques ont évolué, les citoyens aussi ont évolué — les idées ont évolué — dans
leur façon de voir l'environnement. La
défense de l'environnement n'est plus réservée aux hippies qui s'enchaînaient
après les arbres — on
les a déracinés, ces arbres-là — c'est l'affaire de tous...
Des voix : ...
M.
Bolduc : Je m'excuse, je ne pouvais pas y résister. C'est l'affaire de
tous. Donc, il existe au Québec, depuis le début des années 90, des
écoles vertes. D'ailleurs, on est venus en parler lors des auditions publiques
sur la stratégie gouvernementale de
développement durable tenues par la Commission des transports et de
l'environnement. Les jeunes qui fréquentent ces écoles sont
conscientisés quotidiennement à l'importance qu'il faut accorder à notre
environnement. Et je suis convaincu que je
peux dire sans me tromper que les citoyens sont, en général, de plus en plus
préoccupés par la qualité de
l'environnement. Ce mouvement, on le retrouve aussi chez les entreprises, qui
sont de plus en plus conscientes de l'importance de l'environnement et
de leurs responsabilités. Je vous ai bien expliqué qu'à travers la technologie
cette connaissance-là, qui se développe de
façon très rapide, leur permet de prendre ces responsabilités-là et de les
maintenir de la bonne façon.
Donc, je suis
convaincu que je peux dire sans me tromper que les citoyens, en général, sont
de plus en plus préoccupés par l'ensemble de notre environnement. Et ce
mouvement, qui est aussi chez leurs entreprises, se tourne maintenant dans le
développement durable. Et on pourrait continuer longtemps là-dessus, là, mais,
à titre d'exemple, on
commence à discuter aujourd'hui d'économie circulaire, donc il y a d'autres
éléments qui s'intègrent... Là, je peux arrêter, M. le Président, si on
est... Je ne me rendrai pas à ma question.
Le
Président (M. Reid) : Oui. Bien, en fait, M. le député de
Mégantic, j'ai l'impression que votre intervention est un prélude à
votre question.
M. Bolduc :
Oui. Oui, j'arrive.
Le Président (M.
Reid) : Je pense que vous allez devoir poser votre question au
prochain bloc du groupe gouvernemental, je pense.
M. Bolduc :
Ça me va. Dommage.
Le Président (M.
Reid) : Alors, je passe maintenant la parole au député de
Groulx. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : M. le Président, je vous remercie. Alors, je souhaite
également remercier le ministre et son équipe ministérielle d'être
présents avec nous pour pouvoir répondre à nos questions, également ses
collègues, là, de l'aile parlementaire
gouvernementale — les
députés de Saint-Maurice, Vaudreuil, Argenteuil, Laviolette et Mégantic — que
je remercie en particulier pour avoir fait
évoluer mes connaissances scientifiques — et puis le député également de
l'aile... de la première opposition officielle, le député de...
Une voix :
Jonquière.
• (13 heures) •
M.
Surprenant : ...Jonquière, et mon collègue également député de
Borduas.
Alors,
je vais donc faire du millage un peu au niveau de l'environnement, de la
protection de l'environnement, maintenant que j'en connais un peu plus
au niveau de son fonctionnement, de son interrelation. Alors, je voudrais parler de la Stratégie québécoise sur les aires
protégées. Alors donc, j'ai de l'information ici qui dit que vous avez...
on a 152 779 km² qui seraient dans
des aires protégées actuellement, mais, dans la description que vous en avez
faite, dans les documents qu'on a
obtenus, il y a une partie de ces aires-là qui sont des réserves projetées.
Alors, j'aimerais que vous m'expliquiez
en quoi cela consiste, une aire protégée, c'est-à-dire une aire projetée
protégée, et c'est quoi, le processus pour qu'elle devienne définitivement protégée, donc, pour voir si, dans vos
calculs, en fait, là, on est vraiment à 152 000 km² ou si
l'objectif donc est plus important atteindre, là.
Le Président (M.
Reid) : Oui. Alors, M. le ministre.
M.
Heurtel : M. le Président, pour répondre spécifiquement au niveau du processus... parce que
l'aire protégée projetée, c'est une étape qui mène ultimement à la
reconnaissance d'une aire protégée. Alors, avec votre permission, peut-être que
je pourrais demander au sous-ministre adjoint Beauchesne de vraiment décrire le
processus qui mène à la reconnaissance d'une aire protégée.
Le Président (M.
Reid) : Oui, M. le ministre. J'ai besoin du consentement des
membres de la commission. Est-ce que j'ai le
consentement? Oui. Alors, allez-y, M. le sous-ministre. S'il vous plaît, vous nommer avant de commencer.
M. Beauchesne
(Patrick) : Bonjour, M. le Président. Patrick Beauchesne, sous-ministre
adjoint à l'état de l'environnement, écologie et développement durable.
Donc,
pour le processus de création des aires protégées, d'abord,
première chose, lorsque le gouvernement
octroie un statut de protection, il le fait en vertu de la Loi sur la
conservation du patrimoine naturel, loi qui a été sanctionnée en décembre 2002. Le statut projeté est un vrai
statut d'aire protégée. Au moment où le gouvernement octroie le
statut projeté, la superficie en kilomètre
carré et en pourcentage est comptabilisée au Registre des aires protégées.
L'esprit de la loi, en 2002, était à
l'effet, compte tenu de la cible ambitieuse qu'il y avait
de créer des aires protégées, puisqu'en 2002 le pourcentage d'aire
protégée au Québec était de 1 %, et l'objectif était d'atteindre la cible
de 8 % en 2005, cible qui a été atteinte en 2009...
Donc,
la loi prévoit un statut projeté, qui est un statut temporaire d'aire protégée,
mais il y a exclusion des activités industrielles, minières, forestières, production
énergétique, maintien des droits autochtones, maintien de certaines activités
comme la chasse, la pêche, les activités
reliées, par exemple, à l'industrie des pourvoyeurs. Mais le statut
projeté donne une période de temps
donnée, initialement de quatre ans, afin de compléter soit certaines études scientifiques ou certains processus de
concertation avec les intervenants régionaux ou les gouvernements régionaux comme les MRC et les communautés autochtones avant
que le gouvernement, dans une deuxième phase, octroie un statut permanent
d'aire protégée où, là, il y a toutes sortes d'obligations en termes de
délimitation, d'arpentage du territoire, des éléments techniques.
Donc, dans le
processus, actuellement la plupart de nos aires protégées ont effectivement un
statut projeté, quelques-unes ont des statuts permanents, mais, en général, il
y a une période de quatre à huit ans qui s'écoule entre le statut projeté et le
statut permanent. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que ce sont de vraies
aires protégées, qui rencontrent les
critères de l'Union internationale de la conservation de la nature, qui font en
sorte que l'objectif premier
de ces territoires-là sont la protection de la biodiversité et qu'il n'y a
aucune activité de prélèvement de ressources sur les territoires en question.
Merci.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le sous-ministre. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Alors, je
comprends que vous venez de mentionner que c'est... Vous disiez, au départ,
quatre ans pour compléter les études, puis,
plus tard, vous avez dit quatre à huit ans. L'écart de quatre ans additionnels,
c'est quoi?
M.
Beauchesne (Patrick) : La
loi prévoit que, si, à l'intérieur de la première phase de quatre ans, nous
n'avons pas réussi à terminer les étapes
pour aller au statut permanent, M. le
Président, le gouvernement peut, par décret, prolonger la période de statut projeté pour
une autre période de quatre ans.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Alors, on est à
152 779 kilomètres carrés
approximativement, qui est 9,16 %, et on a un objectif de 12 % à atteindre d'ici... c'est-à-dire fin
2015, cette année. 2017, on parle de... en 2020, on parle de 17 %. Mais,
pour 2015, donc, on doit rajouter
2,84 % approximativement, donc au-delà de 47 000 kilomètres carrés.
Alors, qu'est-ce que vous entendez faire pour atteindre l'objectif d'ici
la fin de l'année?
Le Président (M. Reid) : M.
le sous-ministre.
M.
Beauchesne (Patrick) :
Merci, M. le Président. Depuis, en fait, la progression des cibles en 2011, il
y a eu de nouvelles orientations gouvernementales adoptées en matière
d'aire protégée qui fixaient effectivement la cible de 12 % à atteindre en
2015. Les travaux se poursuivent. Nous avons, entre la période 2009... au
moment où on a atteint la cible de
8 % — on
l'avait un petit peu dépassée — mis en place un nouveau processus de travail
qui était notamment avec les
intervenants régionaux et les conférences régionales des élus. Donc, c'était
vraiment une démarche de participation et
de concertation avec les différents intervenants régionaux. Il y a un très,
très grand nombre de propositions qui ont été faites, propositions qui
ont été analysées à l'échelle du ministère et à l'échelle gouvernementale, en
tenant compte aussi des réalités et des
conventions qui s'appliquent sur le territoire, notamment la Convention de la Baie James et
du Nord québécois. Donc cette période-là effectivement demande... tout ce travail-là
demande énormément d'efforts et d'énergie.
M. le ministre mentionnait tout à l'heure, lors
de l'annonce du Plan Nord, effectivement, la protection de la rivière Kovik. Donc, si on veut, on souhaite
atteindre la cible de 12 % avec des bons morceaux comme
4 600 kilomètres carrés, je pense
qu'on devrait être en mesure d'atteindre notre cible de 12 % en 2015, et
il y a déjà beaucoup, beaucoup de travaux, là, d'identification de
territoires qui ont été faits.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le sous-ministre. M. le député de Groulx.
M. Surprenant : Très bien.
Maintenant, ma question s'adresse au ministre. En considérant qu'il y a des aires,
donc, qui sont projetées qui ne sont pas encore effectivement des réserves, là,
permanentes et les efforts, que le collègue
tantôt a mentionnés, importants au niveau de l'énergie qu'il y a à mettre pour
arriver à conclure, là, au niveau d'autres
propositions qui ont été faites, est-ce que vous... Et le budget que vous aviez
alloué pour ça était de 2,2 millions de dollars pour 2014‑2015.
Alors, quel est le budget alloué pour 2015‑2016? Et est-ce que vous considérez,
à la limite, que, selon votre chiffre, ça pourrait être suffisant pour en
arriver aux résultats de fin d'année anticipés?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M. Heurtel : Un instant, s'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Oui.
Des voix : ...
Le
Président (M. Reid) : ... au ministre. Est-ce que j'ai le
consentement pour donner la parole à la sous-ministre? C'est ça, M. le
ministre, que vous voulez?
M.
Heurtel : En attendant, si
vous permettez, parce qu'on va
trouver le chiffre demandé par le collègue, c'est quand même important de préciser, bon, comme le
sous-ministre adjoint a précisé, que 4 651 kilomètres carrés, ce
n'est quand même pas rien, puis c'est un extraordinaire bassin versant que
celui de la rivière Kovik, dont on a annoncé la protection prochaine. Juste ça, ça va faire passer de 9,16 % à
9,44 % notre bilan en matière d'aires protégées, nous dirigeant toujours vers le 12 %. On a bon espoir d'y
arriver à temps. C'est sûr que c'est beaucoup, mais il faut comprendre
qu'encore une fois, comme le sous-ministre
adjoint a expliqué, ce n'est pas simplement de dire : Bien, le
gouvernement prend une carte, détermine, puis là, ça, puis paf! C'est
une aire protégée! C'est un processus qui est normé, c'est un processus qui implique plusieurs communautés, qui implique
un processus important de consultation, et il faut bien comprendre qu'on
avance dans la bonne direction. Quand on
regarde l'ensemble des projets d'aires protégées qu'on a, je pense
notamment à la rivière Broadback et d'autres
projets, on est clairement dans la bonne voie pour y arriver, mais ça prend du
temps. Alors, des fois... Plus tôt
cette année, j'ai annoncé que sept aires projetées qui justement venaient à
terme de leur délai de quatre ans... Bon, ce n'était pas réglé encore.
On a prolongé pour justement nous donner le temps d'y arriver. Mais ce n'est
pas dire qu'on n'y
arrivera pas, c'est juste que le processus prend plus de temps que prévu, puis
ce n'est pas... aucune mauvaise volonté
de la part des parties, c'est juste qu'il y a beaucoup de parties, ça prend du
temps, mais on a bon espoir d'y arriver puis on avance dans la bonne
direction. Alors, sur ce, est-ce qu'on est arrivé à...
Une voix : On n'a pas encore
notre chiffre exact, là, mais on va l'avoir puis on va pouvoir...
M.
Heurtel : On n'a pas encore notre chiffre exact, M. le Président.
Est-ce que je pourrais demander l'indulgence du député et de nous donner
un peu de temps pour lui revenir?
Le
Président (M. Reid) : Oui. M. le député de Groulx, est-ce que
vous voulez poser une autre question? Il vous reste presque deux
minutes.
M. Surprenant : C'était ma question,
et je vais passer la parole à mon collègue.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : Merci. Mais
concrètement, M. le Président, est-ce qu'on va pouvoir atteindre nos cibles? Je comprends que c'est un long processus en
matière d'aires protégées, mais il y a plusieurs groupes qui nous disent :
Bon, il y a des efforts supplémentaires à
faire. Mais est-ce qu'on va réussir à remplir les cibles qu'on s'est fixées ou
nos objectifs sont trop ambitieux en matière de réserves d'aires
protégées et de territoires protégés?
Et il y a une sous-question à ça aussi qui avait
été soulevée lors de l'adoption de la Loi sur la Société du Plan Nord avec le collègue des Ressources naturelles, à
savoir : À partir du moment où il va y avoir 50 % du territoire
d'aires protégées, est-ce qu'on va cartographier le territoire? Est-ce qu'on va
vérifier qu'est-ce qu'il y a à l'intérieur du sol?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
• (13 h 10) •
M. Heurtel : Alors, M. le Président,
je ne crois pas que c'est possible d'avoir trop d'ambition et je crois que tant
moi-même que le ministère, que notre gouvernement allons continuer à nous
donner des objectifs ambitieux et à tout faire pour y arriver.
Alors, pour ce
qui est du 12 %, on travaille
activement puis on poursuit le travail pour atteindre notre objectif
de 12 % d'ici la fin de 2015. Alors, on
continue le travail, je le dis, on a annoncé la rivière Kovik il y a quelques
semaines, on travaille sur la rivière
Broadback, qui est un autre dossier très important. Il y a à peu près
une dizaine d'autres dossiers actifs présentement. Alors, ce n'est pas quelque
chose qu'on prend à la légère, et on
a bon espoir d'avancer concrètement, et on va maintenir notre objectif,
et on fait tout en oeuvre pour l'atteindre.
Pour ce qui
est du Plan Nord, de la sous-question du député, je veux juste préciser une
certaine chose. On ne s'est pas engagés à faire...
Le Président (M. Reid) : En
terminant.
M.
Heurtel : Oh! En terminant, bien, on ne s'est pas engagés à faire
50 % d'aires protégées, on s'était engagés à faire 50 % à des fins autres
qu'industrielles. Dans ce 50 %, il y aura 20 % qui sera des aires
protégées strictes, et le 30 % autre sera réservé au principe de
conservation dont j'ai parlé dans mon allocution.
Pour répondre
très, très, très rapidement, il va y avoir avant tout une caractérisation qui
va être faite du territoire avant de
déterminer le territoire qui fera soit l'objet du 20 % d'aires protégées
ou du 30 % de conservation. Je pourrais aller plus loin dans un
autre bloc...
Le Président (M. Reid) : Il
faudrait arrêter parce que le temps est dépassé.
M.
Heurtel : Est-ce que, M. le Président, avec votre... Tout le monde a
déjà passé d'une minute. Est-ce qu'on pourrait
revenir lors du prochain bloc cet après-midi, peut-être? Parce que je voudrais
donner à la députée indépendante de Sainte-Marie—Saint-Jacques la possibilité de poser ses
questions, elle aussi. Alors, c'est à vous, la parole, Mme la députée.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bonjour. Bonjour, chers collègues, M.
le ministre. Bien, je vais continuer sur la question des aires
protégées, ça va nous aider.
En fait, je
vais me permettre un petit préambule parce que j'ai bien 10 minutes, hein,
M. le Président? C'est bien le temps que j'ai, 10 minutes?
Le Président (M. Reid) :
Pardon? Oui, 10 minutes.
Mme
Massé : Merci. Je voulais juste être certaine. En fait, parce que
cette question d'aires protégées... Il faut se rappeler pourquoi on veut
faire des aires protégées. Bien sûr, c'est un engagement international, bien
sûr que, lorsqu'au Sommet de Rio, comme
collectivité, on s'est dit que c'était une bonne affaire d'entériner ces
conventions-là, c'est qu'on voulait
faire notre contribution à la préservation, d'une part, de la biodiversité et
au défi climatique, je dirais, qui se présente à nous.
Alors, toute la question des aires
protégées... C'est vrai, on ne peut pas prendre une carte puis dire : On
fait un trait ici, puis c'est là. C'est parce qu'il faut que ça ait une
valeur. Et, ce matin, je mettais à la question... Vous avez bien vu que j'étais très préoccupée sur la vieille
forêt, que j'ai appelée «vierge», de Kanasuta. Mais elle a quelque chose
de vierge, et ça, les gens qui nous écoutent
le savent bien puisque, depuis que la Terre est Terre, à part des mocassins
qui ont passé dessus, puis quand même une
couple de camions, cette forêt est demeurée à l'état original. Mais ce qui est
sa grande valeur, de cette forêt, c'est
qu'elle est au sud du 49e parallèle, au 48e parallèle, et ça, il faut garder ça
en tête quand on pense aux aires
protégées. Pourquoi? Bien, parce qu'on ne peut pas apprendre de ce que des
millénaires de développement naturel ont à nous enseigner au 48e
parallèle si on protège quelque chose au 50e. Ça ne marche pas. Alors, c'est
pourquoi ce matin j'ai questionné, bien sûr parce que j'ai une grande
préoccupation sur cette vieille forêt qui est Kanasuta.
Mais
ma plus grande préoccupation — bien, je ne sais pas si elle peut être plus
grande — c'est
que je suis très consciente que,
lorsqu'on a signé la convention, en 1992, sur la question du développement
durable et de la protection de
la biodiversité, le ministère de l'Environnement, qui était seulement
de l'Environnement à l'époque, ce ministère-là avait plus de 1 % du budget du gouvernement. Aujourd'hui, 2004‑2005, on rajoute parce qu'on évolue, parce qu'on comprend mieux les enjeux, pas des 10, 15, 20 prochaines années,
des prochains millénaires, le développement durable. Plus que ça, 2014, on rajoute l'autre défi du XXIe siècle qui sont
les changements climatiques. Alors, ce ministère-là, qui porte en son sein les deux plus grands défis de
développement pour le prochain millénaire, voit son budget réduit encore une
fois, et, cette fois-là, il est en deçà du 1 % de l'ensemble du budget du
gouvernement du Québec.
Alors,
vous comprendrez qu'on est extrêmement préoccupés parce qu'on a l'impression,
là, d'avoir un ministère qui porte les plus grandes responsabilités qui
nous incombent comme humains. Et, dans les faits, c'est des pompiers
volontaires, c'est des gens qui... à qui on ne donne pas de moyen d'assumer
leurs responsabilités. Et ça, c'est grave, M. le Président, c'est très grave.
Alors, en toute
transparence, j'ai besoin de demander sur les aires protégées, sur le
développement, sur l'ensemble — je ne vous parle pas de la faune, j'y
reviendrai si j'ai le temps : Ce ministère qui est toujours au
premier rang lorsqu'il y a une crise — parce qu'il n'a pas le choix, c'est une
crise, c'est ça, les pompiers volontaires — quand on lui demande d'agir en amont,
on ne lui donne pas les moyens. Alors, M. le ministre, considérez-vous que vous
avez les moyens nécessaires pour remplir vos responsabilités?
Le Président (M.
Reid) : Merci. M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Je sais que la députée déplore
toujours son manque de temps, mais là j'espère qu'elle comprendra qu'elle me pose une question très dense et j'espère
qu'elle ne me reprochera pas trop... parce que j'ai plusieurs éléments
de réponse à apporter. Alors, ce n'est pas par...
Mme Massé :
Donnez-moi une petite minute à la fin.
M. Heurtel :
Je vais essayer, O.K., on va essayer de se coordonner. Ça va me faire
plaisir...
Mme Massé :
O.K. Sinon, ça va à après-midi.
M. Heurtel :
Non, non, mais dites-le-moi quand il me reste une minute, là.
Le Président (M. Reid) :
D'accord.
M. Heurtel :
Parce que je veux tout à fait échanger, puis la députée soulève des questions
tout à fait valides.
Je
veux juste... Rapidement, bon, sur le secteur Kanasuta-Kekeko, c'est un
territoire d'intérêt qui fait partie de la liste de zones à l'étude pour le développement de réseaux d'aires
protégées de l'Abitibi-Témiscamingue, puis, au cours de l'année 2015‑2016, il est prévu que les zones
d'étude, incluant ledit territoire, fassent partie de l'objet... «fassent
partie», fassent l'objet, pardon, d'une consultation publique régionale en vue
de déterminer des nouvelles aires protégées.
Ce
que je veux ajouter également là-dessus, c'est que c'est quand même fondamental
pour nous, la question des aires
protégées. parce que, oui, quand on parle de forêts millénaires
particulièrement, ces forêts-là, ces aires projetées, c'est important pour toutes les raisons que vous avez
soulignées tant en commission que ce matin à la période de questions, mais
c'est un enjeu d'autant plus important parce que ces forêts-là jouent un rôle
fondamental dans la lutte contre les changements climatiques. Et c'est pour ça
qu'on regarde activement aussi la question, particulièrement dans le cadre du Plan Nord... On veut regarder et approfondir la
question du carbone terrestre, voir... Rapidement, là, c'est la question
de voir la valeur et de déterminer... Le
carbone qu'on n'exploite pas, ça a une valeur. Ce qu'il reste en terre, les
arbres qui ne sont pas coupés, c'est du carbone qui, justement, n'est pas
nécessairement libéré. Et donc ça a une valeur, puis il faut aller plus loin
là-dedans. Puis j'ai fermement l'intention de travailler non seulement à
l'intérieur du ministère, mais de travailler avec des parties prenantes
spécialisées dans ce domaine-là pour approfondir ces questions-là. Bon.
Sur
la question des moyens, il faut comprendre que... C'est sûr que n'importe quel
ministère voudrait avoir plus de moyens. Ce n'est pas seulement le
ministère de l'Environnement ou... n'importe quel autre ministère voudrait
avoir plus de moyens. Mais il est nécessaire
de faire l'exercice que nous faisons, de redressement des finances publiques.
Les dernières années l'ont clairement
démontré, on l'a démontré, on est allés trop loin, l'élastique est étiré au
maximum, et on doit revoir nos façons de faire. Et il faut que tous les
ministères et organismes du gouvernement fassent leur part, puis le ministère
de l'Environnement doit faire sa part.
Mais,
de là, il faut quand même souligner le fait que ce que ça cause à l'intérieur
du ministère, c'est que ça nous force
à justement revoir la façon dont on fait les choses. Est-ce que, justement, on
peut mieux faire les choses? Est-ce qu'on peut revoir nos procédés?
Est-ce qu'on peut revoir nos processus tout en maintenant nos services de
première ligne : Urgence-Environnement,
les inspections, la sécurité des barrages? C'est très important de maintenir ça
et c'est une des raisons pour
lesquelles on regarde la question très importante puis qu'on a annoncé plus
tôt... j'ai annoncé plus tôt cette année
notre projet de modernisation de la Loi sur la qualité de l'environnement. Est-ce qu'on peut trouver des meilleures façons de faire les choses tout en maintenant les
hauts standards en matière de protection de l'environnement que
nous avons? Est-ce qu'on peut mieux faire les choses, être plus efficaces? Et
nous le croyons.
Puis, en plus de ça, cette question des moyens,
je comprends, puis on... j'ai l'impression qu'on va en parler davantage durant les crédits, et c'est tout à fait normal, mais, quand on regarde l'ensemble de l'action du ministère de l'Environnement, de grâce, ne
pas oublier le Fonds vert! C'est 3,3 milliards
de dollars d'ici à 2020 que nous
aurons, et ça aussi, ça contribue à la mission du ministère du
Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre les changements
climatiques. Alors, oui, on peut discuter du fait que le ministère, comme tous
les autres ministères et organismes, font
leur part, mais regardons l'ensemble des moyens dont nous disposons comme gouvernement pour faire un impact significatif sur la protection de notre environnement.
Je vois qu'il nous reste à peu près une minute.
• (13 h 20) •
Le Président (M. Reid) : Oui.
Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci. 3,3 milliards que nous aurons, et, pendant ce temps-là, malheureusement, on n'agit pas. Kanasuta, à
partir du moment où on coupe, c'est fini, et c'est fini pour le reste de l'humanité.
Alors, je veux bien, peut-être que le
Fonds vert peut être une partie de la solution, je ne sais pas, je n'ai pas
étudié la question. Je nous rappelle juste collectivement que les dépenses de programmes au Québec
en 2001 étaient de 17,8 %; 2014, 18 % de l'ensemble. Je
vais le répéter, et vous savez bien que je
m'adresse aux ministères économiques : Il y a des façons faciles,
identifiées, claires d'aller chercher plus d'argent, et, quand on a des
défis qui vont avoir des impacts sur l'ensemble de l'humanité, il me semble
qu'il faut faire ces choix-là, on a cette responsabilité-là.
Le Président (M. Reid) : Merci,
Mme la députée. Le bloc est terminé.
Nous allons passer maintenant... et nous allons
terminer cet avant-midi avec un dernier bloc du côté gouvernemental. Et je
donne la possibilité au député de Mégantic de poser sa question.
M. Bolduc : Il y a une possibilité
peut-être.
Une voix : Il avait une question.
M. Bolduc : Merci, M. le...
Une voix : ...
M. Bolduc : Tu n'as pas compris? Je
recommence.
Des voix : C'était juste une
feuille, il en a 12.
M.
Bolduc : En fait, en fait, j'ai reçu une note intéressante qui me
disait tout à l'heure, M. le Président, que l'effet du méthane était de
29 et non de 25, mais je considérais le méthane vs le CO2.Mais le
méthane dans l'atmosphère, effectivement,
peut avoir un effet de 29, mais, si on considère les métal... les
fluorométhanes et les chlorométhanes, c'est 32 sur une base d'un siècle.
Mais je ne veux pas vous ennuyer avec mes détails.
Écoutez, on
en était à oublier... à parler du développement durable, qui inclut le
développement économique et l'équité sociale. Et, à ce chapitre-là, je
pense que c'est bien important de bien le... puis je vais le répéter parce que
le développement durable, ce n'est pas rien
que la protection de l'environnement, c'est aussi du développement
économique et de l'équité sociale. C'est un
élément fondamental, et je crois qu'actuellement, dans la société, il y a
beaucoup de débats là-dessus, et on semble polariser souvent les débats
de développement durable vers des débats d'environnement.
Et je crois
qu'il faut élargir un peu notre horizon pour essayer d'inclure les deux autres
pieds du tripode, O.K., parce que le développement économique, ça crée
de la richesse, ça crée des emplois et ça nous permet une meilleure équité sociale, et c'est ça, l'idée qu'il y a derrière le
développement durable. Sans développement, ce n'est que de la protection
de l'environnement pure et dure, on ne fait plus rien, on ne touche plus à
rien, on se préoccupe des besoins réels de la population d'aujourd'hui. Ce
n'est pas du développement durable. Il faut bien comprendre les enjeux.
Je vous ai
abondamment expliqué les éléments techniques et technologiques qui peuvent nous
aider à accomplir ces objectifs-là,
donc je pense qu'il faut bien, bien s'assurer qu'il y a un équilibre, et cet
équilibre-là, il va falloir pousser dessus pour s'assurer qu'on le maintient au bon endroit. Donc, ce sera
probablement notre plus grand défi dans la modernisation du régime
d'autorisation de la Loi de la qualité de l'environnement, une question de bien
équilibrer les besoins de tous, incluant l'environnement.
Donc, M. le ministre, j'aimerais bien vous
entendre là-dessus. Comment vous prévoyez vous y prendre pour réaliser tout
cela?
Le
Président (M. Reid) : Alors, la parole est à vous, M. le
ministre.
M. Heurtel :
Merci, M. le Président. Et je tiens à remercier le député de Mégantic pour son
préambule, son préambule du bloc précédent, parce qu'on ne met pas assez d'accent, à mon avis,
sur l'importance de la science dans les questions environnementales et autres, puis on a tendance à escamoter ça
rapidement. Puis, le dernier bloc, justement, vous avez permis de mettre de l'avant la nécessité de bien connaître le
sujet, et de bien approfondir, et de mettre de l'avant un discours puis
un langage qu'on n'entend pas assez souvent, je crois, ici, à l'Assemblée nationale.
Alors, je tiens à vous remercier pour ça.
Également, je veux en profiter, M. le Président,
pour à nouveau souligner le travail remarquable que fait le député de Mégantic comme président du comité
interministériel sur la tragédie de Lac-Mégantic. J'ai eu le plaisir, au cours
de la dernière année, de travailler
étroitement avec lui et je tiens à le remercier publiquement pour tout le
travail qu'il fait. Je le sais pour y
avoir été, à Lac-Mégantic, maintenant... je crois que c'est quatre fois, pour
des assemblées citoyennes, des rencontres
avec les élus locaux, les citoyennes et citoyens. Le travail qu'il fait est
énorme, et on s'en sort et on avance, et c'est en grande partie grâce à
son travail.
Concernant la
modernisation de la Loi sur la qualité de l'environnement, je crois que c'est
important, M. le Président, de réaliser certaines choses. La LQE est une
loi-phare au Québec et une des plus importantes lois que nous
ayons au Québec. Elle est entrée en
vigueur en 1972, et c'est très important de comprendre que, depuis ce temps-là,
il n'y a eu aucune réforme en profondeur de la loi, et, plus particulièrement,
de deux séries d'articles fondamentaux de la Loi sur la qualité de
l'environnement, c'est-à-dire les deux articles qui définissent les régimes
d'autorisation environnementale, soit les articles 22 et suivants, et
les articles 31.1 et suivants. Et, en 43 ans, il s'en est passé, des choses au Québec.
D'ailleurs, le député de Mégantic en a fait état.
En 1972, la Loi sur la qualité de
l'environnement était sous la responsabilité du ministre
des Affaires municipales, et ce n'est
qu'en 1978, lorsque le poste de ministre
de l'Environnement a été créé... Le
premier ministre de l'Environnement
était Marcel Léger, sous le gouvernement du Parti québécois de René Lévesque.
Dans ces époques-là, un certificat d'autorisation était presque un événement.
Aujourd'hui, il y a plus de 5 000 autorisations environnementales.
Il y a lieu de se poser des questions sur la
mécanique. Est-ce qu'on est aussi efficaces qu'on peut l'être? Est-ce qu'on travaille d'une façon tout aussi uniforme
qu'on le pourrait à travers les directions régionales? Est-ce que la
question fondamentale, comme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques
l'a précisé, la question fondamentale, la lutte contre les changements
climatiques, est-ce qu'elle est bien intégrée lors des processus d'évaluation
environnementale? Est-ce que les principes
de la Loi sur le développement durable sont bien intégrés également? On a pu en
parler longuement lors des travaux de
notre commission, ici, sur la stratégie gouvernementale sur le développement
durable plus tôt cette année.
Est-ce qu'également on peut justement mieux
faire, avoir plus de clarté, avoir plus de prévisibilité? Et,
ultimement, est-ce qu'on peut améliorer nos façons de faire tout en maintenant
nos plus hauts standards en matière de protection de l'environnement?
•
(13 h 30) •
Donc, c'est ça qui nous anime, et surtout le
fait que, dans les dernières années, M. le Président, il y a eu
plusieurs différents travaux qui ont été faits qui touchaient le régime
d'évaluation environnementale de la Loi sur la qualité de l'environnement et qui ont fait des recommandations visant à améliorer le régime. On pourrait parler notamment
du rapport Audet sur la simplification
réglementaire et administrative. Plus
récemment, il y a eu des consultations menées par mon collègue M.
Jean-Denis Girard, ministre délégué aux Petites et Moyennes Entreprises, à
l'Allègement réglementaire et au
Développement économique régional, dans le cadre des travaux du Comité conseil
sur l'allègement réglementaire et administratif.
Il y a eu des travaux de la Commission de révision permanente des programmes et
la commission parlementaire sur le projet de stratégie gouvernementale
de développement durable, qui sont tous des travaux qui ont été faits pour
regarder comment on pourrait améliorer notre régime d'autorisation
environnementale.
On
a commencé un vaste champ d'études pour voir comment on peut accomplir ces
objectifs dont je parlais tout à l'heure — je pourrais les préciser davantage — qui sont : d'actualiser le régime
d'autorisation, sans pour autant réduire les exigences
environnementales; concentrer nos efforts sur les projets ayant des impacts
relativement importants sur l'environnement;
alléger et clarifier le traitement des demandes pour des projets ayant des
impacts moindres; et alléger et clarifier
les démarches d'autorisation dans le but d'augmenter l'efficience du ministère
et d'obtenir un meilleur partage des responsabilités.
Alors,
ce qu'on se propose de faire, M. le Président, c'est d'intégrer, comme j'ai
dit, l'ensemble des remarques, des ouvrages et des consultations qui ont
été faites dans les dernières années, qui traitaient justement spécifiquement
de comment on pourrait améliorer le régime
d'autorisation environnementale au Québec. On veut aussi entendre les
groupes. On a déjà commencé des consultations ciblées qui ont eu lieu ces
dernières semaines. On s'est concentrés auprès des groupes environnementaux. On a aussi parlé à des acteurs
socioéconomiques, des acteurs institutionnels, qui incluaient les
Premières Nations notamment, les municipalités, des représentants du monde
syndical également.
Cette première phase
des consultations ciblées est terminée. Cela va mener à la publication, ce
printemps, d'un livre vert. Ce livre vert va faire l'objet d'une commission
parlementaire, donc nous reviendrons ici devant vous, M. le Président, ainsi que les collègues pour recevoir l'opinion des
divers groupes sur le livre vert. Cela mènera à un dépôt de projet de loi, nous l'espérons, à l'automne
prochain, qui, lui également, fera l'objet évidemment d'une commission
parlementaire.
Donc, en gros, en
résumé, voici les principaux objectifs et les grandes lignes de notre projet de
modernisation du régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Je donne la parole maintenant au député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. M. le ministre, vous vous souviendrez
peut-être qu'en juin dernier, lors de l'étude des crédits 2014‑2015, le
député de Dubuc vous avait posé une question concernant les milieux humides et hydriques. Il vous avait expliqué comment on vivait
ça dans nos comtés, comment, pour plusieurs, qu'ils soient entrepreneurs ou élus municipaux, toute la notion
de milieux humides, c'était quelque chose qui était presque abstrait,
voire même ésotérique. Évidemment, c'était une façon imagée de vous dire à quel
point, lorsqu'il y avait un milieu humide d'impliqué dans un projet de
développement, ça pouvait, pour certains, virer en vrai cauchemar.
L'objectif était de vous sensibiliser au fait
qu'il y a beaucoup d'incompréhension sur le sujet. Et, lorsqu'il y a de
l'incompréhension ou un manque de connaissance, ce qui arrive souvent — pas
de votre part, mais de la part des intervenants — c'est que l'on s'imagine des choses, et ça
nous fait souvent arriver à la mauvaise conclusion. Dans le cas des milieux
humides, la conclusion à laquelle plusieurs entrepreneurs arrivaient était que
tout pouvait être déclaré milieu humide. Il suffisait d'un peu de pluie pour
que ça arrive.
Je pourrais
prendre, à ce chapitre-là, le cas des Everglades, en Floride, hein? Parce que
vous savez qu'une grande partie de
ces Everglades-là ont été drainés, et maintenant le gouvernement américain a
mis un projet de plus de 10 milliards de dollars pour les restaurer. C'est un peu effarant quand vous prenez
la peine de réfléchir à ça. On a dépensé des milliards de dollars pour drainer les Everglades, pour les
mettre en agriculture, puis là on s'est dit : Bien, peut-être qu'on a fait
plus de dommages que de bien; on va les
retourner en Everglades. Ça, c'est des milieux humides, des vrais milieux
humides dans leur pure façon de les connaître. Et moi, j'ai toujours été un peu
épaté, je dirais, par la sensibilité de ces milieux humides là dans nos régions. Puis moi, je suis député dans le sud du
Québec, où on a beaucoup de lacs et aussi beaucoup de milieux humides,
mais de milieux qui sont, comment je dirais... un peu mal définis ou...
impossible de les définir.
Quand on
parle de milieux humides, je vous donne un exemple précis. On a des cédrières
de cinq, 10, 50, 100 acres qui sont finalement à l'eau claire
pratiquement à l'année longue, et la pratique est que, quand les cultivateurs
ou les propriétaires de ces terres-là veulent en extraire les coupes, on fait
une coupe à blanc. Même si, aujourd'hui, les lois empêchent qu'on fasse des coupes à blanc, même si, aujourd'hui, on dit
que ça, ça n'a pas de bon sens, la seule technique qui est vraiment bien maîtrisée... Parce que,
quand on ouvre une cédrière, là, aux quatre vents — il faut vraiment l'expliquer comme ça — le reste s'endommage très, très rapidement,
puis on ne dispose pas de façon de bien régler ce problème.
Ce que
j'explique ici, c'est un peu pour essayer de faire comprendre le commentaire du
député de Dubuc, qui dit que, bien souvent, on ne sait pas vraiment
comment ça marche, puis les pratiques du passé ne nous offrent pas des solutions adéquates pour protéger ce type
d'environnement. Et moi, j'ai fait un inventaire dans ma région à moi,
parce que je suis souvent dans le bois, et
on peut constater encore aujourd'hui... En fait, j'en ai vu cet hiver encore,
des gens qui travaillent dans des
secteurs que je qualifierais de milieux humides et qui faisaient des coupes à
blanc parce qu'ils n'ont pas d'autre façon de faire ça adéquatement sans
avoir un impact financier négatif considérable.
Et ça, ça a
un autre impact qui, pour moi, est extrêmement important, puis je vais
l'expliquer. Parce qu'on vit dans une région qui est pleine de petites
municipalités, et toutes ces municipalités-là sont alimentées en eau par des
puits artésiens, et ces puits-là sont
alimentés en eau d'une façon ou d'une autre, O.K. Et, fondamentalement,
l'hydrogéologie, c'est-à-dire les
écoulements d'eau souterraine vers les vallées, font que cette eau-là a été
approvisionnée, la plupart du temps,
via des milieux humides. Et j'ai été particulièrement sensible à ça comme
maire, dans ma municipalité, où on avait été obligés pour des raisons fonctionnelles d'investir, au début des
années 2000, des millions de dollars pour réorganiser des réseaux d'aqueduc qui avaient été finalement
abusés, et la municipalité avait manqué d'eau à quelques reprises. Je me
souviens entre autres que, vers 2003, ils
avaient dépensé quelque chose comme 200 000 $ ou 300 000 $
pour approvisionner la municipalité en eau parce qu'il fallait aller la
chercher dans des municipalités voisines.
Je vous dis
ça parce que les gens se rappellent tous que... Les puits qu'on a maintenant,
tout le monde veut les protéger, mais on ne sait pas comment le faire.
On ne sait pas qu'est-ce qu'il faut protéger quand on parle de protéger des milieux humides comme ces cédrières-là, comme
des étangs. On ne comprend pas qu'est-ce qu'il va falloir changer dans
notre façon de faire.
• (13 h 40) •
Et, comme tendance fondamentale, j'ai à vous
avouer quelque chose de très difficile à comprendre : l'eau a tendance à descendre les côtes. En partant de ce
principe-là, là, on peut penser que les milieux humides qui sont dans
les régions élevées sont des sources
d'approvisionnement très, très, très sérieuses pour les approvisionnements
qu'on retrouve en aval de ces
sections-là. Et moi, j'ai fait un inventaire, dans notre région, de ce type de choses là et je me suis rendu compte de
certaines sensibilités, je devrais dire, puis je vais vous en donner
quelques-unes ici.
Un des cas
sensibles, c'est quand l'agriculture... qu'ils mettent du drain agricole dans
les terres, on a très peu de rétention.
Naturellement, on a un enrichissement de sol, les minéraux sont
plus disponibles, mais on a aussi un
appauvrissement de l'hydrogéologie parce que
la percolation ne peut pas se faire dans les sous-sols. Dès qu'elle
arrive au drain, elle est évacuée. Ça, c'est un premier constat que j'ai fait.
Je ne dis pas que c'est complètement négatif, mais ça n'aide pas.
Le deuxième
cas, c'est que la plupart... Je vis dans une région qui est habitée de
territoires privés, de forêts privées. Et
je dirais que, dans les derniers 40 ans, la pratique est très
simple : on achète un lot à bois, on fait un chemin dans le milieu,
avec un beau fossé, puis on draine tout ce qu'il est possible de drainer pour
s'assurer qu'il y a le moins d'eau possible,
pour faire croître les arbres le plus rapidement possible. Et, de cette
façon-là, nous avons drainé des centaines
de milliers d'hectares de terres qui avaient des milieux humides en quantité
considérable pour la percolation de l'hydrogéologie, O.K.?
Donc, ces
deux variables-là à elles seules on des impacts très considérables sur
l'évolution de l'hydrogéologie, et je
le dis parce que... Ça a l'air un peu simpliste, là, mais on a des centaines de
municipalités dans mon secteur, petites municipalités de 100 à
2 000 âmes, qui sont toutes alimentées en eau souterraine.
Le Président (M. Reid) :
M. le député de Mégantic, je vais devoir vous interrompre.
M. Bolduc : Encore?
Le Président (M. Reid) : Vous
poursuivrez à un prochain bloc cet après-midi.
Étant donné l'heure, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 15 heures, et vous pouvez laisser, tout le monde, vos
affaires ici. C'est surveillé.
(Suspension de la séance à 13 h 42)
(Reprise à 15 heures)
Le Président (M. Reid) : À
l'ordre, s'il vous plaît! À l'ordre, s'il vous plaît! Alors, nous allons
reprendre nos travaux.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits budgétaires du portefeuille Développement
durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques pour l'exercice financier 2015‑2016.
Alors, nous avons déjà passé deux heures. Alors,
pour le gouvernement, il reste environ 4 h 25 min; pour l'opposition officielle, 2 h 25 min; pour le deuxième groupe d'opposition, environ 1 h 39 min et, pour les
indépendants, 20 minutes.
Alors, nous
en sommes au deuxième bloc du groupe
de l'opposition officielle, et je passe la parole au porte-parole, le
député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Alors, nous allons
parler du... encore d'Enbridge. Le ministre nous a amenés tout à l'heure
sur la question de l'unité de vigilance, le comité de vigilance qui a été créé
à la suite du rapport de la commission... de la CAPERN de l'an passé avec les
18 recommandations.
Alors, on va
aborder cette question-là sous l'angle suivant : C'est que la
recommandation 2 des 18 recommandations dit : «La mise en oeuvre d'une unité de vigilance dont le mandat
principal sera d'assurer que toute l'information relative à la sécurité de l'oléoduc et à la protection de
l'environnement [soit] transmise à tous les acteurs directement concernés
par le renversement du flux de la canalisation 9B d'Enbridge.»
Donc, moi, ce
que je comprends, M. le Président, de cette recommandation-là, c'est que
l'unité de vigilance dont il est
question devait s'assurer de transmettre l'information autour de la sécurité du
pipeline et de son inversion de son flux
et sur la question de la protection de l'environnement à tout le monde qui est
concerné. Mais là, tout le monde qui est concerné, premièrement
j'aimerais ça savoir ce que ça veut dire dans la tête du ministre, des
principaux «acteurs directement concernés»,
comme le dit la résolution, puis je voudrais savoir de sa part comment il se
positionne à l'effet de... Est-ce
qu'il croit que le comité de vigilance devrait transmettre l'ensemble des
informations aux municipalités qui sont touchées par le passage du
pipeline?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, concernant Enbridge, la
définition qui a été donnée, quand on dit de transmettre l'information,
ça comprend les ministères touchés, les municipalités, la Communauté
métropolitaine de Montréal, bref les principaux acteurs qui sont directement
concernés par le projet.
On peut
préciser également, M. le Président, que le mandat de l'unité de vigilance est
le suivant, donc : effectuer un suivi des recommandations de la
CAPERN et des conditions imposées par l'ONE — donc, il y a les deux, c'est
très important de préciser cela — pour autoriser le projet de renversement
vers l'est du flux de l'oléoduc 9B situé entre North Westover et Montréal, et, deuxièmement,
d'effectuer un suivi régulier des activités d'opération de la canalisation 9B
afin de s'assurer que toute l'information relative à la sécurité de la
canalisation et à la protection de l'environnement soit transmise à tous les
acteurs directement concernés par le renversement du flux de la canalisation 9B
d'Enbridge.
Puis ce n'est
pas dans ma tête, M. le Président, c'est ce qui a été compris dès que l'unité
de vigilance a été mise en place. Donc, c'est les municipalités, les
ministères du gouvernement directement concernés et la Communauté
métropolitaine de Montréal.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui. Est-ce que le ministre est capable de nous
dire à quelle fréquence ces informations-là... et est-ce qu'il peut nous informer si toutes les
informations ont bel et bien été transmises aux municipalités à l'effet...
Bon, par exemple du côté de la Communauté
métropolitaine de Montréal, est-ce que la Communauté métropolitaine de
Montréal se déclare satisfaite de toutes les informations qu'elle a reçues à ce
stade-ci? Parce qu'on a des raisons de croire... bien, en fait... que des
municipalités aimeraient avoir davantage d'informations venant de l'unité de
vigilance.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, les réunions de l'unité se sont tenues les 20 octobre et 17 décembre
2014, ainsi que le 24 février 2015. À cette
dernière réunion, l'ordre du jour comprenait une présentation de l'Office
national de l'énergie sur leur pratique d'analyse
des projets qui leur sont soumis et une seconde présentation de Valero et
Groupe Océan sur la
sécurité du transport de pétrole sur le Saint-Laurent. Moi, je
comprends qu'il va y avoir une autre réunion de l'unité de vigilance lundi
prochain
Et, pour ce qui est de la question du député
concernant le degré de satisfaction des municipalités, bien, je référerais le député aux municipalités.
Je sais qu'il y a eu des lettres qui ont été transmises et rendues
publiques, notamment par le maire de Montréal,
concernant son degré de satisfaction. Je peux le référer à cette lettre-là et
ainsi qu'à d'autres lettres. Nous, ce
qu'on fait comme ministère, au ministère du Développement durable, de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, en coordination avec le ministère
de l'Énergie et des Ressources naturelles, c'est de travailler pour
s'assurer que l'unité de vigilance soit en lien constant avec la CMM pour
s'assurer justement qu'il y ait un flot d'informations en continu.
Cela dit, il
reste de l'information à mettre en... à obtenir. Comme on l'a dit plus
tôt, le travail de l'unité de
vigilance se poursuit, et, quant au degré de satisfaction des diverses municipalités
ou de la CMM, bien, je référerais le député d'interpeller directement ces municipalités.
Nous, ce qu'on essaie de faire présentement, c'est de s'assurer que nous contribuons, comme ministère, au travail de l'unité de vigilance. Notamment, on travaille avec le ministère de la Sécurité publique
sur les plans d'urgence — il y a un gros travail de concertation qui se fait là-dessus — et, comme je l'ai dit en matinée, il y a un travail important qui se fait
pour s'assurer que l'ensemble des conditions non seulement de la CAPERN,
mais également de l'Office national de l'énergie, soient respectées.
Alors, voilà,
c'est l'état de situation, là, pour le moment, mais on travaille en
concertation avec l'ensemble des partenaires
gouvernementaux, là, puis je parle... à tous les niveaux, pour s'assurer que
les travaux de l'unité de vigilance avancent rondement.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : M. le Président, moi, j'ai, comme document, le
17 décembre 2014, la liste des membres de cette rencontre qui a eu lieu, là, de l'unité de
vigilance, à cette date-là, dont la députée de Vaudreuil est membre. Est-ce
qu'il y a des changements dans la composition du comité de vigilance... de l'unité
de vigilance et est-ce qu'il y aurait possibilité, par exemple, de voir à
l'intégration d'un représentant de la CMM?
Parce que,
moi, ce que je vois, là, dans une lettre de la CMM, justement, du 21 novembre
2014, signée par Michel Rochefort,
coordonnateur de l'aménagement... À la page 2 de cette lettre, il est dit
que... Puis, la lettre de la Commission métropolitaine de Montréal est envoyée à M. Prud'Homme, là, d'Enbridge.
Alors, il dit : «[Or,] au lieu de nous fournir les études, les données et les cartes, votre compagnie
demande maintenant de signer un accord de confidentialité avant de les
fournir au comité de vigilance.»
Alors, vu qu'il y a des élus qui sont déjà
membres du comité de vigilance, est-ce qu'il n'y aurait pas lieu soit d'inclure, parce qu'il y a visiblement une
insatisfaction de la CMM sur le transfert de document... Est-ce qu'il n'y
aurait pas lieu d'avoir carrément un membre
de la CMM au sein de l'unité de vigilance ou est-ce qu'on ne pourrait pas
avoir un engagement que tous les
documents... Bon, la députée de Vaudreuil est là, là, peut-être qu'elle peut
s'assurer de faire le lien avec la CMM pour que tous les documents
soient transmis.
Et, sous-question : Comment on gère ça, là,
l'accord de confidentialité, là? Parce que je comprends que la compagnie veut
préserver un certain nombre de secrets, mais c'est parce que ça semble
insatisfaire la Communauté métropolitaine de
Montréal. Puis là, quand on parle du tuyau d'Enbridge, bien, il traverse des
zones à risque sur l'approvisionnement
en eau potable de la Communauté métropolitaine de Montréal, entre autres la
rivière des Outaouais. Alors, ce serait important que tous les documents
soient transmis à la CMM.
Le Président (M. Reid) : Merci,
M. le député de Jonquière. M. le ministre.
• (15 h 10) •
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, ce qu'il est important de préciser, c'est que la Communauté métropolitaine de Montréal a déjà
mis en place sa propre unité de vigilance, et il y a l'unité de vigilance qui a
été mise sur pied par le gouvernement du
Québec suite aux conditions de la CAPERN. Alors, ces deux unités de vigilance
là se parlent évidemment, et il y a
un observateur du gouvernement aux rencontres de l'unité de vigilance de la
CMM, et la CMM envoie également un représentant aux rencontres de
l'unité de vigilance du gouvernement. Alors, ça, c'est concernant le premier
point.
Deuxième point. Concernant la confidentialité
des renseignements, moi, tout ce que je sais, c'est que les renseignements qui sont fournis par Enbridge, il
était entendu que ces renseignements-là sont de nature publique. C'est
ma compréhension, là, des informations qui sont transmises. Et d'ailleurs, je
dois dire, il y a des informations qui sont déjà rendues publiques, notamment
sur le site de l'Office national de l'énergie.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bon. Parce que,
dans sa lettre du 21 novembre, la CMM nous dit bien, là, que la
compagnie demande de signer un accord de
confidentialité avant de fournir des renseignements au comité de vigilance. Moi, je veux juste m'assurer que les renseignements demandés par la CMM seront effectivement transmis à la CMM. Est-ce que cette entente de confidentialité... Bon, premièrement, elle était entre
qui et qui? Si elle est entre Enbridge et l'unité de vigilance, bien, l'unité de vigilance, son statut, c'est un
peu hybride, là, c'est un statut à la
fois public parce qu'il y a des représentants des ministères,
il y a des représentants de la compagnie. Est-ce que cette entente de
confidentialité... Est-ce qu'on
peut avoir une copie de l'entente de
confidentialité? Est-ce qu'on peut savoir comment ça fonctionne? Et moi, je serais prêt, par
consentement, à donner la parole à Mme la députée de Vaudreuil, là.
Le Président (M. Reid) :
Alors, M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, il faut bien distinguer deux choses. Là, le député
de Jonquière parle d'une lettre du 21 novembre qui implique la CMM. Je dirigerais le député de
Jonquière à parler à la CMM pour ce qui concerne la
CMM. Quant à l'unité de vigilance que nous gérons, j'ai déjà dit qu'il y a des
observateurs de part et d'autre qui participent aux rencontres des deux unités.
Et il est entendu avec Enbridge, concernant l'unité de vigilance qui nous concerne
directement, que les documents qui sont fournis par Enbridge sont rendus publics.
Alors, je ne peux pas commenter la lettre à
laquelle il fait référence, je n'en ai pas connaissance. Tout ce que je peux
dire, c'est que le travail qui est
fait par l'unité de vigilance menée par le gouvernement du Québec, les
renseignements qui sont donnés par Enbridge sont rendus publics.
Le Président (M. Reid) : M.
le député.
M. Gaudreault : C'est parce
que, M. le Président, Enbridge, quand elle répond à la CMM dans la lettre du 23 décembre 2014 signée par
M. Prud'homme, j'imagine — M.
Prud'homme, oui — il
dit : «D'un point de vue
juridique, il nous est impossible de vous
remettre ces documents sans entente de confidentialité.» Alors, moi, je
n'ai pas de problème avec ça,
sur ce que le ministre nous dit, mais ce que je veux savoir, c'est que
l'entente de confidentialité, elle semble empêcher l'unité de vigilance ou en
tout cas la compagnie Enbridge de donner les documents. Donc, il y a comme un problème.
À moins que le ministre nous donne l'entente de confidentialité, qu'il nous...
on va voir c'est quoi qu'il est possible de
rendre public puis c'est quoi qu'il n'est pas possible de rendre public parce qu'Enbridge se cantonne, je dirais,
là, derrière cette entente de confidentialité. Bon. Puis, en même temps, les
membres de la CMM veulent avoir accès aux documents.
Moi, ce que
je demande, c'est : Qu'est-ce que l'entente de confidentialité empêche
d'avoir comme documents, alors que le
ministre nous dit que tous les documents qui sont à l'unité de vigilance,
transmis par Enbridge, sont publics? Mais Enbridge ne dit pas ça,
dit : Il y a une entente de confidentialité. Alors, je veux juste bien
comprendre qu'est-ce qu'amène l'entente de
confidentialité. Est-ce que, par exemple, c'est une entente qui dit : On
vous donne les documents, mais vous
signez un engagement de les mettre dans un coffre-fort, sous scellé, dans le
fjord du Saguenay? Bon. Alors, il faut qu'on sache c'est quoi, là.
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Là, je sens le
besoin de peut-être réitérer, là, j'ai l'impression que peut-être le député de Jonquière confond deux concepts, là. Il y a l'unité de
vigilance qui a été mise sur pied suite aux recommandations de la
CAPERN, sur laquelle siège notamment la députée
de Vaudreuil. Cette unité de vigilance là, il n'y a pas eu d'entente de
confidentialité qui a été signée de quelque sorte, et c'est de cette
unité de vigilance là dont on peut parler, là, spécifiquement, puis c'est ce
qu'on fait depuis la matinée.
Il y a
également un comité de vigilance qui a été mis en place par la communauté... la
CMM, et ça, c'est un comité distinct
de l'unité de vigilance, là, c'est deux entités. Alors, quand le député de Jonquière
parle d'une lettre qui parle d'une situation entre la CMM et Enbridge,
bien, je dois dire, je suis obligé de dire que ça regarde la CMM et Enbridge.
Ce que je peux dire, c'est qu'il n'y a pas d'entente de confidentialité qui existe, et la députée de Vaudreuil
me le confirme, en ce qui concerne l'unité de vigilance. Et l'unité de
vigilance...
Une voix : ...
M.
Heurtel : Je voudrais
terminer, M. le Président. L'unité de vigilance, elle, n'a pas d'entente de
confidentialité, et, de ce que je comprends
encore de la députée de Vaudreuil, c'est que, tant au niveau du travail que fait
l'unité de vigilance par rapport aux
conditions de la CAPERN que les conditions de l'ONE, le travail se fait avec
l'ONE, et, légalement, les renseignements obtenus par l'ONE sont
également mis sur le site. On a d'ailleurs... Ce midi, on est allé chercher les
résultats des tests hydrostatiques qui ont
été faits sur le projet Enbridge. Les résultats sont sur le site de l'Office
national de l'énergie. Le député de Jonquière
aurait pu aller les chercher lui-même s'il avait voulu. Alors, c'est ça, l'état
de situation.
Alors, par
rapport à la CMM, je référerais le député de Jonquière, à savoir s'il y a
eu une évolution depuis... parce que
je crois que c'est une situation qui date de novembre. Je crois qu'il faudrait peut-être
voir s'il y a eu de l'évolution depuis novembre. Là, on
est quand même rendu à la fin avril, comme il l'a si bien précisé plus tôt.
M. Gaudreault : ...M. le
Président.
Le Président (M. Reid) : Oui,
M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. Bon, deux choses. Je pense que la distinction, effectivement, comité et
unité, est importante. Maintenant, le ministre disait tout à l'heure que
sur l'unité de vigilance, il y a des représentants de la CMM à titre d'observateurs. C'est ce que je comprends. Alors,
est-ce que les observateurs sur l'unité de vigilance — et je précise bien «observateurs de
la CMM sur l'unité de vigilance» — ont accès aux documents comme les membres
de l'unité de vigilance? Un. Et deux :
Même si les résultats des tests hydrostatiques sont disponibles sur le Web,
est-ce qu'il peut nous les déposer, s'il vous plaît, aujourd'hui?
Le Président (M. Reid) :
Alors...
M. Heurtel : Juste un instant, s'il
vous plaît, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Oui,
oui.
(Consultation)
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, moi, en ce qui concerne l'unité de
vigilance, l'observateur de la CMM a accès à l'ensemble des documents
qui sont présentés à l'unité de vigilance.
M. Gaudreault : O.K. Et
est-ce que vous voulez déposer les résultats des études hydrostatiques?
M. Heurtel : Mais elles sont...
M. Gaudreault : Oui, mais je...
M. Heurtel : Alors, M. le Président,
les résultats sont déjà publics, sont sur le site...
M. Gaudreault : Non, non, je
le sais, mais je veux les avoir dans la commission, moi.
M. Heurtel : Ah! oui, oui, on peut
bien déposer tout de suite, avec votre permission, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Bien, on va les examiner parce que c'est
le président qui se prononce sur la recevabilité.
M. Heurtel : Alors, c'est ce qu'on a
relevé du site de l'Office national de l'énergie, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Alors, M. le député de Jonquière, vous avez encore trois minutes.
M. Gaudreault : Est-ce que ça
peut être transféré sur mon prochain bloc ou... Oui?
Le
Président (M. Reid) : Trois minutes, oui, je pense que oui. On
ne fera pas toujours ça avec des gros blocs, mais, pour trois minutes,
on peut y aller. Oui.
M. Gaudreault : Oui. Non,
mais pour trois minutes, là... Merci.
Le
Président (M. Reid) : Oui. Alors, nous allons passer maintenant
au bloc gouvernemental. Je passe la parole au député de Mégantic, qui
n'a pas eu encore le temps de poser sa deuxième question.
• (15 h 20) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Écoutez, en fait, on en était partis
sur les milieux humides, et j'avais fait, en fait, un début d'introduction en parlant des cédrières. Je vais parler
aussi des terres drainées et parler, après ça, des lots à bois. Tout ça était dans l'objectif, finalement,
d'essayer de circonscrire l'environnement dans lequel on retrouve les
milieux humides et leur effet sur l'hydrogéologie.
Donc, en continuant dans cette foulée-là, il
faut bien reconnaître que les milieux humides ont un impact très considérable sur les besoins de notre société,
principalement en milieu rural, là où il y a énormément de puits
artésiens.
Mais il y a
aussi d'autres aspects aux milieux humides qui sont quand même fondamentaux.
Premièrement, c'est la diversité des écosystèmes
qu'il y a autour des milieux humides. Pour ceux qui les ont visités, il y a
toujours beaucoup d'animaux sauvages. La faune et la flore est
extrêmement diversifiée dans son ensemble. Et ces milieux humides là agissent généralement comme des poumons pour le
milieu marin parce que les milieux humides capturent l'eau, la filtrent,
la nettoient et souvent la dégagent des cellules en suspension et des impuretés
chimiques en les absorbant de façon définitive pour améliorer la qualité
générale de nos cours d'eau. Et on peut d'ailleurs le constater parce que, dans
les technologies des champs d'épuration, en
fait, il y a des technologies qui sont faites à base de quenouilles ou de
plantes aquatiques qui ont pour objectif de
faire la purification des eaux souillées pour les ramener dans une qualité
quasi «pristine». Donc, les milieux
humides ont aussi, sur le plan des écosystèmes, des fonctions fondamentales et
très, très importantes.
Je me
souviens d'ailleurs... M. le Président, je dois vous conter cette anecdote-là.
Avant les milieux... des systèmes de
traitement des municipalités, la plupart des municipalités drainaient, si on
veut, leurs égouts dans les champs, dans les fermes — je parle
ici des années 60, 70, 80 — et, à toutes les quatre, cinq maisons, il y avait un drain qui
descendait dans le champ, puis ce
qu'on pouvait observer, puis c'est très pertinent, ce que je vais vous dire en
regard des milieux humides... On
pouvait voir l'effet des fertilisants à mesure qu'on descendait dans le champ,
jusqu'à un certain point où l'effet était complètement absorbé. Donc,
l'effet filtrant de la végétation naturelle avait complètement absorbé les
engrais et les déchets jusqu'à ce que l'eau soit propre. Et on avait une série
de ces drainages-là qui faisaient que l'ensemble de la municipalité était
drainé à travers ces petits fossés là. Et la rivière qui ramassait toute cette
eau-là était pleine de truites; là, je vous parle des
années 70. Et, à la fin des années 80, début 90, la modernité a fait surface,
et nous avons construit des étangs aérés
pour faire le traitement collectif de la municipalité. Et ce traitement aéré
là... On a rassemblé l'ensemble des
égouts, on a fait un traitement biologique, et, par tuyau, amené jusqu'à la
rivière le rejet des étangs, et, en quelques années, les truites ont
disparu.
Je vous fais cette anecdote-là parce que, quand
on parle des milieux humides, même la technologie, notre technologie qu'on croit efficace et fonctionnelle,
ne donne pas le rendement naturel qu'on retrouve dans un milieu aussi simple qu'une absorption dans de simples fossés.
Souvent, on oublie la capacité, comment je dirais ça, la capacitance, si
on veut, d'un territoire naturel, sa
résilience, sa capacité de résister, des forces externes, et d'être efficace.
Et moi, je vous donne cet exemple-là
parce que je l'ai vécu, j'aime bien observer et voir ce qui se passe là-dedans.
Mais ça, c'est un autre exemple où
les milieux humides ont une capacité à absorber et à régler, en fait, un
certain degré de liberté de nos activités entropiques.
Donc, les
milieux humides ont des effets multiples très larges, et il y en a probablement
une autre série de propriétés qu'on... Si on y mettait un peu d'énergie
ou un peu de recherche, je suis sûr qu'on trouverait d'autres fonctions très
fondamentales.
Il y a aussi une autre section. On n'en a pas
parlé, mais je pense qu'il est très important aussi de parler de la consistance et de la cohérence de l'application
des règlements en ce qui concerne les milieux humides. Je pourrais vous donner, encore là, beaucoup d'exemples très
intéressants, mais la simple
définition d'un cours d'eau, qui date depuis 2006 ou à peu
près, nous a occasionné, dans beaucoup
de municipalités, des casse-têtes relativement sérieux en
regard avec le fait... Qu'est-ce qui constitue un cours d'eau ou pas? Et
je pourrais passer beaucoup de temps là-dessus, mais, fondamentalement, moi, ce que
j'avais demandé, j'ai dit : Dites-moi ce qui l'est puis ce qui ne l'est
pas, puis je vais être heureux, je vais vivre avec ça. Mais, même ça, on
n'avait pas réussi à le faire.
Donc, il y a
une espèce d'incohérence, là, quand on parle de milieux humides et de la
superficie qui est drainée par un
ensemble de milieux humides. Je pense qu'il va y avoir des clarifications à
faire là. Les promoteurs, les élus, les fonctionnaires des municipalités...
Parce que, quand je vous conte ces événements-là, je le fais aussi à titre
d'ancien maire où, justement,
dans les fonctions municipales, on avait souvent des débats de fond sur comment
on gère l'application de ce cours d'eau là ou de ce milieu humide là en
fonction de l'évolution de certains projets municipaux. Donc, les promoteurs de projets, les agriculteurs, les
propriétaires terriens, les opérateurs de forêts, O.K., les gens qui font des
coupes de bois, tous ces gens-là ont une
méconnaissance très significative qui fait que ça nous donne des résultats très
aléatoires.
Donc, M. le ministre, il existe une
incompréhension sérieuse concernant les milieux humides... et que votre intention de déposer un projet de loi sur les
milieux humides et hydriques pour clarifier le tout est quelque chose
pour moi qui est très significatif. Un
projet de loi avec des définitions claires des milieux humides et hydriques
pour en faciliter la compréhension et
mieux encadrer le champ d'application me semblent des éléments qui vont aider
les milieux ruraux et les milieux
dans leurs sens généraux à mieux se définir, à mieux produire des vecteurs de
développement cohérent et intégré, comme dirait quelqu'un de fameux que
je connais bien.
M. Gaudreault : Responsable.
M. Bolduc : Responsable aussi, c'est
vrai. Merci, M. le député de Jonquière.
Une voix : Global.
M. Bolduc : Global.
Des voix : ...
Le Président (M. Reid) : À
l'ordre, un peu, s'il vous plaît! M. le député de Mégantic.
• (15 h 30) •
M.
Bolduc : Bien oui, on est en train... Oui, mal organisés, hein? Depuis
le 25 février, vous avez annoncé le grand chantier, un chantier où la
grande majorité des députés à qui j'ai parlé considèrent comme essentiel,
quelque chose que plusieurs d'entre nous
attendons depuis un certain temps. Je m'excuse, là, je suis en train de sauter
mon... mon chose... C'est la modernisation de la Loi sur la qualité de
l'environnement. Donc, à ce chapitre-là, on en a parlé plus tôt à la première question, mais je pense que ça, c'est
quelque chose qu'il faut tout d'abord considérer avant d'en arriver, si
on veut, à redéfinir la partie des milieux humides et, comme vous le savez,
nous en avons discuté abondamment en commission, lors du projet de loi.
Donc, on peut
le dire, la loi n'est pas très précise ni claire par rapport à tout ce qu'on
dit par rapport aux milieux humides,
et cette loi perpétue le flou autour des approbations des projets. Mais je dois
également dire que le flou actuel est préférable
à l'adoption d'un projet de loi adopté prématurément. Faire ça vite et ne pas
répondre aux vraies préoccupations... et
je vous en ai énuméré plusieurs fondamentales, simples, mais qui prennent tout
leur poids dans ces milieux où les gens ont besoin de bien comprendre et d'avoir des mesures factuelles. Donc,
il faut répondre aux vraies préoccupations que l'on retrouve dans nos
régions, dans nos comtés et qui pourraient faire en sorte que plus rien ne
puisse se développer.
Comme vous le savez,
je me permets de le mentionner, car il y a peut-être, je l'espère, beaucoup de
gens qui nous écoutent — il
n'y a pas de partie de hockey cet après-midi — et qui ne le savent pas, mais
la Commission des transports et de
l'environnement a tenu des consultations particulières il y a quelques
semaines, à la fin de mars, sur le projet de loi n° 32 qui est
justement concernant les mesures de compensation pour la réalisation de projets
affectant un milieu
humide ou hydrique, et on a entendu plusieurs groupes venir nous donner leur
point de vue. Certains nous disent : Non, il faut adopter une loi
demain. D'autres nous disaient : On peut attendre, on perd trop de milieux
humides. Les opinions allaient d'un extrême à l'autre dans l'ensemble des
versions, mais moi, j'essaie de dire qu'il est beaucoup mieux de faire des petits pas, des bons pas, d'avancer et de le faire de
façon rigoureuse, sans mettre les autres qualificatifs. Il y avait d'autres gens qui étaient plus nuancés et
qui disaient que c'est vrai que les milieux humides sont importants,
mais il ne faut pas se précipiter, il faut
prendre le temps de bien faire les choses. Et je dois avouer que cette position
me rejoint, pour tous les arguments que je vous ai donnés précédemment.
Il faut penser à nos
entrepreneurs, à nos promoteurs, à nos municipalités et à nos gens, à notre
population. Je vous parlais des
agriculteurs, je vous parlais des exploitants forestiers. Il faut donner des
outils à ces gens-là. C'est tout ce qu'ils demandent, c'est tout ce
qu'ils demandent. Ils nous demandent juste : Dites-moi, donnez-nous des
façons de régler les problèmes que nous, on
voit ou donnez-nous des alternatives viables et ça va nous faire plaisir. Et,
dans mon expérience municipale, vous savez, quand on est en mode
solution, c'est toujours, toujours beaucoup plus intéressant que d'être en mode
problème, et certainement que les citoyens apprécient beaucoup mieux la façon
de faire.
Donc,
la dernière chose qu'est-ce qu'ils veulent, c'est de se retrouver avec une loi
qui aura été faite trop rapidement, sans
avoir été pensée, tous les aspects de la problématique. On sait aussi que les
milieux humides, je vous en ai mentionné quelques dynamiques, ce n'est
pas simple. Ils ne veulent surtout pas être pris avec des exigences qui ne sont
pas réalistes et qui feraient en sorte de tuer
tout le développement économique, ce dont nos régions ont amèrement
besoin. Je le rappelle, le développement durable, c'est la protection de
l'environnement, mais ça inclut aussi le développement économique et social. J'en ai parlé, de ça aussi, abondamment
ultérieurement. Donc, lors de l'étude détaillée du projet de loi — toujours par la Commission des transports et
de l'environnement — il y a
eu un débat sur les délais : Combien est-ce que ça peut prendre
pour, justement, bien faire les choses? Les oppositions disaient qu'un an, ce
n'était pas suffisant, puis finalement on s'est tous entendus avec une
proposition de votre part, M. le ministre, de faire le travail dans les deux
prochaines années.
Alors,
M. le ministre, j'en arrive à ma question : Est-ce que vous pourriez
m'expliquer un peu votre pensée à propos du projet de loi n° 32 et du délai de deux ans pour adopter un
nouveau projet de loi sur les milieux humides et hydriques?
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, pour fins de précision, nous
agissons de façon sérieuse et responsable, et notre approche est globale, cohérente, rigoureuse et intégrée. Et
donc, dans cet esprit, ce que nous faisons, c'est... On voit clairement
qu'il y a trois éléments fondamentaux, là, à notre approche : il y a la
Stratégie gouvernementale de développement
durable, nous avons fait une commission parlementaire sur cette stratégie au
début de l'année; il y a le projet de
modernisation du régime de la Loi sur la qualité de l'environnement... du
régime d'autorisation de la Loi sur la qualité de l'environnement qui
est en cours, on a débuté des consultations; et il y a la réforme nécessaire
mais très complexe de tout le régime de protection en milieu humide.
Nous en convenons
tous, les milieux humides, c'est fondamental, c'est important, particulièrement
dans un contexte de lutte contre les
changements climatiques. Et c'est vrai que, si on regarde les chiffres dans les
10 dernières années, il y a eu des
années très difficiles, on a perdu du terrain. Et je suis content de constater
qu'on commence à remonter la pente non seulement en protégeant les
milieux humides, mais en ajoutant, à travers le régime de compensation qui existe... en étant capable d'aller chercher des
gains en matière de milieux humides. Mais il faut faire plus. Le régime
actuel, il est imparfait, il doit être amélioré, mais on doit bien le faire. Et
c'est pour ça que ce qu'on se dit, nous, dans notre approche, c'est qu'on doit
d'abord moderniser le régime d'autorisation environnementale de la Loi sur la
qualité de l'environnement, ce qui va avoir
un impact positif sur la protection des milieux humides. On va également
se doter d'une stratégie
gouvernementale sur le développement
durable qui va être moderne, qui va
intégrer, d'ailleurs, les commentaires très
pertinents et très constructifs qui sont venus d'une multitude de groupes
représentant tous les horizons de la société québécoise, tant les groupes environnementaux que les groupes sociaux,
la santé, l'éducation, les milieux socioéconomiques. L'ensemble de la
société québécoise a contribué de façon éloquente à nos travaux, et ça un
impact également sur notre réflexion et ça touche également la façon dont on
veut améliorer le régime de protection des milieux humides.
Mais
ce régime de protection des milieux humides, on doit bien intégrer, cette
fois-ci, parce qu'on ne veut pas manquer notre coup, on veut bien
intégrer les principaux acteurs de l'ensemble de la société qui ont un impact
sur les milieux humides. Ce n'est pas
seulement l'affaire du gouvernement du Québec, M. le Président. Ça inclut les
municipalités, ça inclut le monde agricole,
ça inclut le monde des forêts, ça inclut le monde des transports, notamment. Et
il faut qu'on arrive à bien, cette
fois-ci, intégrer ces réalités-là et s'assurer qu'on ne se retrouve pas avec
plusieurs différents régimes et qu'on
en ait un qui s'intègre bien et qui, justement, ait la flexibilité et la
capacité de s'adapter tant à une réalité qui peut être dans les grands centres urbains, comme le
territoire de la Communauté métropolitaine de Montréal, tout comme une réalité nordique, tout comme une réalité rurale,
tout comme une réalité de plus petite municipalité. C'est très
différent, puis il y a des milieux humides
qui sont millénaires, bien... puis qui sont reliés à des bassins versants. Il
faut réfléchir à l'ensemble des
impacts, les impacts cumulatifs de traiter un tel milieu versus peut-être un
milieu qui a été créé artificiellement mais qui est néanmoins un milieu
humide.
Et
ça revient à la question de la définition. Ce n'est pas clair, et il faut qu'on
s'efforce à bien clarifier les termes. Encore
tout récemment, la Cour supérieure a rendu un jugement clarifiant certaines
définitions, notamment la définition de «marais» et de «marécage».
Alors, ça démontre que, justement, on a intérêt à bien faire notre travail,
mais à le faire, justement, de façon globale, intégrée, rigoureuse et intégrée
parce que...
Une voix : ...
M.
Heurtel : ... — ah! pardon, cohérente, merci — pour que, justement, on puisse être
capables, dans ce cas-ci, d'arriver à
un régime qui s'imbrique bien avec le nouveau régime d'autorisation de la Loi sur
la qualité de l'environnement et qui
s'imbrique également avec la Stratégie gouvernementale de développement
durable, dans le sens où il faut bien intégrer
les principes et les concepts, ainsi que notre plan d'action en matière de
lutte contre les changements climatiques.
Alors, pour
l'ensemble de ces raisons-là, on doit prendre notre temps pour bien faire les
choses, mais c'est clair que c'est
une priorité pour notre gouvernement d'aller de l'avant avec une stratégie qui
va pouvoir non seulement préserver, mais accroître nos milieux humides.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Nous allons passer maintenant au bloc du deuxième groupe
d'opposition, et je passe la parole au député de Borduas.
• (15 h 40) •
M. Jolin-Barrette : Merci, M. le
Président. Bien, tout d'abord, pour commencer, M. le Président, j'aimerais que le ministre puisse nous dire, dans
l'éventualité où un projet de cimenterie était déposé aujourd'hui,
23 avril 2015, le même projet de cimenterie qui a été présenté
à Port-Daniel, est-ce que ce projet de cimenterie, avec les mêmes caractéristiques — là, on parle de
2 200 000 tonnes métriques de ciment par année, avec une
capacité additionnelle possible de
15 % supplémentaire, deux concasseurs d'impact ayant une capacité de
1 600 tonnes par heure, un broyeur à cru ayant une capacité nominale de 550 tonnes par
heure, un taux de production de clinker de 6 000 tonnes par jour, une
production de gaz à effet de serre d'environ
3 % des émissions totales du Québec, représentant environ 10 % des
émissions totales de gaz à effet de
serre, donc, on parle de 1,76 million de tonnes de gaz à effet de serre
par année — donc la
même, même cimenterie, quelqu'un qui
dépose une demande pour un certificat d'autorisation au 23 avril 2015,
est-ce qu'un tel projet est assujetti
à une évaluation environnementale indépendante de la part du Bureau d'audiences
publiques en environnement, en vertu du chapitre IV.1 de la Loi sur
la qualité de l'environnement, donc, l'article 31.1 et suivants?
Le Président (M. Reid) : Oui,
M. le ministre.
M. Heurtel : Alors, merci, M. le
Président. Alors, en vertu du paragraphe n.4 de l'article 2 du Règlement
sur l'évaluation et l'examen des impacts sur
l'environnement... Alors, je peux le lire. Alors, c'est la section II du
règlement, «Projets assujettis à la procédure d'évaluation et d'examen des
impacts sur l'environnement.» Alors :
«2.
Liste : Les constructions, ouvrages, travaux, plans, programmes,
exploitations ou activités décrits ci-dessous sont assujettis à la
procédure d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement prévue à la
section IV.1 de la loi et doivent faire
l'objet d'un certificat d'autorisation délivré par le gouvernement en vertu de
l'article 31.5 de la loi.»
Alors, là, le
paragraphe n.4 : «La construction d'une cimenterie ou d'une usine de
fabrication de chaux vive.» Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Oui,
merci. Alors, M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : M. le Président, je constate que le ministre nous a
fait la lecture du règlement, et, de sa réponse, je comprends qu'un tel projet aujourd'hui serait assujetti par les
dispositions réglementaires et par les dispositions de la Loi sur la qualité de l'environnement à une
évaluation environnementale effectuée par le BAPE, à moins que le
Conseil des ministres décide de soustraire un tel projet par un avis à la Gazette
officielledu Québec, un avis de 15 jours pour exclure
précisément ce projet-là.
M. le
Président, j'aimerais ça savoir... On a constaté au livre des crédits qu'au
niveau des budgets pour cette année, l'année
2015‑2016, les crédits sont en diminution. Donc, pour ce qui est du programme
Protection de l'environnement, ça se
chiffre à 175... 174... à 397 300 000 $ comparativement à
188 millions, 189 millions l'an passé. Et le budget qui est
dédié au Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement est également en diminution, donc à 5 056 000 $
versus 5 299 000 $ l'an passé.
Je voulais
savoir : Est-ce que le Bureau d'audiences publiques en environnement
dispose de toutes les ressources nécessaires et requises pour mener tous
les mandats qui pourraient lui être confiés?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, pour ce qui est du Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement, il faut comprendre que le budget qui est là, c'est le
budget qui traite, je dirais, des évaluations environnementales qui sont
requises en vertu de l'article 31.1 et suivants. Normalement, le budget
qui est attribué au BAPE est suffisant pour permettre l'évaluation des projets
qui sont soumis en vertu de cet article.
Ce qui peut
arriver parfois, c'est que — et c'est arrivé notamment dans le cadre des
gaz de schiste ou également dans le cas de l'uranium — il y
a des mandats dits génériques qui sont exigés en vertu de l'article 6.3 de
la Loi sur la qualité de l'environnement, et ces mandats-là peuvent être
assortis de budgets spéciaux comme ça a été le cas dans le budget de l'année dernière, où il y a eu des fonds
additionnels qui ont été prévus pour permettre au BAPE d'accomplir certains de ses mandats. Alors, dans des cas de
mandats spécifiques, il y a possibilité d'avoir recours au Fonds de
suppléance pour des mandats spécifiques, que j'appellerais peut-être
extraordinaires, qui sont hors du cours normal des affaires du BAPE. Normalement, le BAPE peut subvenir à ses besoins à
l'intérieur, là, du budget qui lui est alloué.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Borduas.
M.
Jolin-Barrette : Oui, merci, M. le Président. Donc, je constate qu'il
n'y a pas de file d'attente pour pouvoir obtenir une audience, une évaluation
indépendante du BAPE, qu'un tel projet de cimenterie rentrerait dans le cours normal des activités du BAPE et qu'il n'y
a pas de file d'attente, il n'y a pas de délai d'attente pour soumettre
un tel projet au BAPE.
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, le député de Borduas ne semble pas
comprendre que le BAPE, ce n'est pas une
salle d'urgence. Ce n'est pas une question de file d'attente ou pas qui détermine si un projet est évalué ou pas,
c'est l'application de la loi et du règlement.
Or, dans le cas de la
cimenterie de Port-Daniel, le député sait très bien que ce projet-là n'est pas
assujetti à l'article 31.1 et conséquemment à l'article 2n.4 du règlement d'évaluation et de l'examen des impacts sur l'environnement
parce qu'au moment où le projet de la
cimenterie a vu le jour cet article-là, cet alinéa n'était pas en vigueur et
conséquemment... Et ça, c'est depuis que ce
projet-là a vu le jour, en 1995, là, de façon concrète, ça a été
l'interprétation de tous les gouvernements qui se sont succédé, tant des
gouvernements du Parti libéral que des gouvernements du Parti québécois, que c'était le régime d'autorisation
prescrit en vertu de l'article 22 de la Loi sur la qualité de
l'environnement qui s'appliquait à ce projet-là. Et c'est ce régime-là que nous
avons appliqué.
Il faut bien faire...
Il faut bien comprendre qu'il y a un régime d'autorisation qui s'applique à la
cimenterie de Port-Daniel. Ce régime
d'autorisation a été suivi à la lettre. Il y a eu une évaluation
environnementale qui a été faite du projet,
d'ailleurs, en 2013. Cette évaluation-là est le même type d'évaluation
environnementale qui est par le ministère de l'Environnement. C'est le
même genre d'évaluation qui est fait que lorsqu'il y a une évaluation qui est
faite en vertu de l'article 31.1.
Et
ce qui s'est passé, M. le Président, c'est qu'il y a eu une contestation
judiciaire de la position du gouvernement par rapport à l'applicabilité du régime d'autorisation de
l'article 22, et cette contestation judiciaire a été réglée hors
cour. Les groupes environnementaux ainsi
qu'un compétiteur de la cimenterie Port-Daniel se sont désistés. Et il faut
comprendre que les groupes environnementaux,
notamment le Centre québécois du droit de l'environnement, ainsi que d'autres
groupes qui n'étaient pas partie à la poursuite, notamment Nature Québec, ont
accepté de travailler avec la cimenterie McInnis pour mettre sur pied un comité de médiation qui va se pencher sur le
travail qui est fait à la cimenterie pour notamment voir les méthodes, pour atténuer les impacts
environnementaux de la cimenterie. Puis j'ajouterais à ça que la cimenterie
s'est engagée à travailler notamment dans le
cadre de ces activités-là, de ce comité, mais également de travailler de
travailler de façon très rigoureuse, très
sérieuse pour également tenter de trouver des alternatives moins polluantes de
combustibles et mettre en place des technologies plus propres, comparativement
à celles qui sont utilisées notamment par d'autres cimenteries au Québec, parce
que, il faut quand même le dire, il y a quatre autres cimenteries au Québec. Et
cette cimenterie, qui doit être en opération
pour 2017, va travailler de façon très consciencieuse, avec le concours des
groupes environnementaux, pour voir comment
on peut opérer celle-ci dans un souci puis dans un respect des meilleures
pratiques environnementales et voir,
justement, s'il n'y a pas des sources alternatives de combustibles qui peuvent
être utilisées.
• (15 h 50) •
J'ajouterais
à ça également que c'est le genre de règlement qu'on veut voir et qu'on peut
justement encourager. Parce que justement, dans ce contexte-là, au lieu
des contestations judiciaires, au lieu des contestations judiciaires, M. le
Président, ce qu'on a réussi à faire, c'est de s'asseoir et de dire : Bon,
bien, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble pour
justement permettre une activité qui va quand même générer des centaines
d'emplois en Gaspésie, M. le Président, il ne faut pas le nier, et qui va permettre à une région qui en a vraiment
besoin de retrouver un certain élan d'un point de vue économique? Mais,
en même temps, ça nous permet de dire : Bien, on a un citoyen corporatif
qui veut faire des efforts pour trouver des
nouvelles technologies propres et qui, de surcroît, M. le Président, va être soumis au marché du carbone
auquel j'ai fait référence brièvement plus tôt aujourd'hui. C'est que cette
cimenterie-là va également devoir être soumise justement au système d'émission
de droits, qui va faire en sorte qu'il va contribuer... la cimenterie va contribuer au marché du carbone, et, de par le
fait même, avoir un incitatif financier pour travailler plus rapidement
et travailler avec une forme de diligence pour justement développer des technologies
plus propres.
Alors, ce qu'on a, justement,
c'est qu'on a une tentative ici de trouver un équilibre. Et, justement, les
groupes environnementaux sont mis à
contribution, la cimenterie est mise à contribution, le ministère est mis à
contribution, et on travaille
ensemble pour justement s'assurer que, oui, il peut y avoir de l'activité
industrielle, mais est-ce qu'on peut trouver une façon de permettre cette activité industrielle là dans le respect de
l'environnement et permettre justement l'utilisation de technologies plus propres.
Or, il faut
comprendre que le projet, à l'origine, était soumis à un régime d'autorisation,
il l'est encore, parce qu'il il y a eu des certificats d'autorisation d'émis,
il va y en avoir d'autres. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'on agit
avec rigueur, on suit de très près le projet, on s'assure que la cimenterie
respecte toutes les lois et tous les règlements en matière environnementale.
Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que ce projet-là était soumis à
l'article 22 et non pas l'article 31.1,
et on a fait tout en notre pouvoir pour s'assurer, et on va continuer à faire
cela, que... faire tout en notre pouvoir pour que la cimenterie soit opérée de la façon la plus respectueuse de
l'environnement possible. Et c'est ce qu'on fait, et c'est ce que les
différents groupes environnementaux font également avec la cimenterie.
Une voix :
...
Le Président (M. Reid) :
Excusez-moi, une question de règlement, s'il vous plaît. Oui? Quel règlement,
quel numéro? Quel numéro de règlement, s'il vous plaît?
M. Jolin-Barrette :
Écoutez, je n'ai pas le livre des règlements avec moi, le règlement comme tel.
Par contre, M. le Président, vous savez que le temps délégué à la
deuxième opposition est assez court, et, lorsque les questions...
Le
Président (M. Reid) : Bien, je vous interromps tout de suite,
parce que la jurisprudence, c'est qu'on donne la parole à celui qui
parle et on la garde en général. Je suis attentif à ça, mais, en même temps, je
ne vais pas couper la parole au ministre, parce que c'est lui qui a la parole
en ce moment.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, ce que je voulais m'assurer
de préciser... parce que la question du député de Borduas nous amenait
dans une tendance. Il faut comprendre l'ensemble de la genèse du projet et il
faut comprendre pourquoi on a pris les
décisions qu'on a prises. Et il est clair... Et il faut prendre le temps
d'expliquer, parce que c'est un
projet très complexe. Puis il faut comprendre que ce projet-là, justement, il a
commencé dans les années 90. Et, à l'époque, il n'y avait pas
d'assujettissement à l'article 31.1 et il n'y avait pas de possibilité
d'assujettir le projet au BAPE. Alors,
d'essayer de faire une comparaison boiteuse entre aujourd'hui et l'époque...
C'est justement ça, la différence entre
aujourd'hui et cette époque-là, c'est que le règlement n'assujettissait pas les
cimenteries comme celle de Port-Daniel à un BAPE.
Et la contestation judiciaire et même certains
requérants, notamment le Centre québécois du droit de l'environnement,
ont préféré justement, plutôt que d'aller au bout de la contestation
judiciaire, de plutôt s'asseoir avec la cimenterie pour trouver une forme de règlement. Puis d'ailleurs je crois même qu'un
représentant du Centre québécois du droit de l'environnement a même dit à une question, puis je cite... Alors, un
journaliste dit, bon : «Les efforts de réduction des gaz à effet de serre émis par la cimenterie seront
centraux. C'est l'équivalent d'un BAPE.» Alors, le représentant, Me
Bélanger, le représentant du Centre
québécois du droit de l'environnement, qui était un des requérants dans
l'affaire, dit : «Oui, je pense
qu'on serait arrivé sensiblement à la même place — mais vraiment, encore une fois — dans la perspective où ce projet-là
est avancé et qu'il est financé [aussi] par le gouvernement.» Alors, voilà, M.
le Président.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le ministre. M. le député de Borduas.
M. Jolin-Barrette : M. le Président, je vais en profiter sur mon temps de parole pour vous
inviter à baliser les échanges qu'il
va y avoir entre les différentes parties de façon à ce qu'on puisse poser des
questions et avoir des réponses. Je comprends
que la réponse du ministre est fort complète, et je l'en remercie, cependant ce
qui est important aussi, c'est qu'on puisse obtenir des réponses à
laquelle... on pose une question et surtout pour ne pas qu'on se retrouve dans
un dialogue de sourds pour que, de chaque
côté, on pose des questions interminables pour pouvoir exposer les faits
auxquels on doit avoir une réponse et pour
permettre aussi au ministre de répondre adéquatement. Donc, une proportionnalité
dans la question et dans la réponse, il m'apparaît que ça serait approprié.
Donc, je vous le soumets respectueusement.
M. le Président, ce qu'il faut dire... Le ministre nous a dit : Bon, les gouvernements successifs ont appuyé ce projet de cimenterie, mais, bien entendu, on se retrouve aujourd'hui encore dans une situation où le parti gouvernemental et la première opposition appuient de nouveau le projet. Donc,
concrètement, ce n'est pas un argument en soi, M. le Président, d'autant plus
qu'on sait que le projet de cimenterie a été lancé à des fins électoralistes.
On se retrouve dans une situation où le
parti au pouvoir propose... a déposé un projet de loi, le projet de loi n° 37, confirmant que le seul régime d'autorisation
qui était en vigueur était celui de
l'article 22 de la Loi de la qualité de l'environnement. Et c'est ce que
le ministre vient de nous mentionner à l'instant également au niveau du
raisonnement de la partie gouvernementale.
Par
contre, le ministère de l'Environnement, en 1995, le 7 juin 1995, écrivait
au... émettait une directive et... guide préliminaire pour le projet de
la cimenterie Cimbec Canada Inc., à Port-Daniel, donc l'ancienne cimenterie, et
on indique clairement dans la lettre, là, que les installations portuaires de
ce projet sont assujetties à l'article 31.1 de la Loi sur la qualité de l'environnement tandis que les installations
terrestres sont assujetties à l'article 22 de la loi. Ce qu'il faut
comprendre, M. le Président, c'est qu'à
l'époque le CA, le certificat d'autorisation qui avait été demandé, M. le
Président, c'était un certificat d'autorisation de préparation du site et non
un CA pour la construction du site.
Juste
pour vous démontrer que le projet a tellement changé, auparavant, on prévoyait
une capacité annuelle de 1 million
de tonnes métriques de ciment, qu'on n'utiliserait qu'un seul concasseur
d'impact, d'une capacité de 1 350 tonnes, qu'on disposerait
d'un broyeur à cru d'une capacité nominale de 260 tonnes par heure et que
le taux de production de clinker serait de 3 030 tonnes par jour.
Donc, ce n'est pas du tout le même projet, absolument pas le même.
Le
ministre, tout à l'heure, nous a dit : Il y a une évaluation indépendante
qui a été faite en 2013. Mais, en fait, l'étude qui a été faite a été
faite par le ministère, par les gens du ministère, qui ont fait un travail. Par
contre, ce n'est pas une évaluation
indépendante où tous et chacun peuvent se présenter et exposer leurs motifs, et
d'autant plus que l'étude est
orientée en fonction de ce que le promoteur dit, donc par rapport à l'étude
qu'il a lui-même réalisée. Les gens n'ont pas eu la possibilité de
s'exprimer.
Puis
j'entends depuis tout à l'heure, autant de la partie gouvernementale que de la
première opposition, que c'est important
de lutter contre les changements climatiques, de lutter contre les gaz à effet
de serre, de prendre en compte... Le député
de Mégantic disait, là : Il faut faire des petits pas, en parlant des
milieux humides, de prendre le temps de bien faire les choses, de penser à nos gens, à notre
population. Mais c'est ce qu'on aurait dû faire aussi dans le projet de
cimenterie, M. le Président. Parce
que vous savez que, dans ce cas-ci, on a permis la construction de la
cimenterie à la va-vite, sans même se soucier qu'il y avait un recours
judiciaire qui avait été entrepris, au lieu de dire : On va prendre le
temps de faire les choses. Il y a une
rapidité excessive dans le développement de ce projet-là sans faire les études
environnementales et de consulter la population, qui était nécessaire.
D'autant plus, M. le Président, qu'au niveau du
projet de cimenterie, bien, lorsque vous avez un recours judiciaire, à tout le moins, vous attendez les
conclusions. Mais là ce que le gouvernement vient faire, là, c'est
vraiment imposer, par
le biais d'un projet de loi, vient faire dérailler le processus judiciaire, il
vient réaffirmer que c'est uniquement ce seul régime d'autorisation là
qui s'appliquait.
Le Président (M. Reid) : M.
le député, votre temps est écoulé, alors nous attendrons au prochain bloc pour permettre au ministre, peut-être, de répondre à
votre question. Alors, nous passons au bloc du gouvernement, et je donne
la parole au député de Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) :
S'il vous plaît. Merci, M. le Président. En fait, j'avais en vue d'intervenir à
la place de l'adjointe du ministre, mais l'intervention du député de Borduas
m'interpelle, et donc vous me pardonnerez, chers collègues, de prendre quelques minutes simplement pour... C'est un sujet
important, on en discute abondamment au salon bleu dans le cadre du débat sur le principe. Mais, quand j'entends... En
fait, j'ai eu le privilège d'entendre les arguments de la Coalition avenir Québec, les députés de la
deuxième opposition, au salon bleu et de même que la longue intervention
du député de Borduas sur la motion de report
où on nous ressert beaucoup cet argument de l'intervention dans le
processus judiciaire.
Et, évidemment, vous comprendrez, M. le
Président, compte tenu de mes antécédents judiciaires...
• (16 heures) •
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Ouimet (Fabre) :
Non, mais j'ai plaidé, j'ai plaidé devant les tribunaux toute ma carrière, donc
j'ai des antécédents judiciaires.
Et, plus
sérieusement, c'est que, donc, cette question-là m'interpelle particulièrement,
et je pense qu'il est important de
rappeler... Et ça va donner l'occasion au ministre aussi de répondre par la
même occasion. Le rôle des tribunaux... En fait, je devrais reculer, là. Dans notre société, il y a ce concept de
la séparation des pouvoirs, et, dans cette organisation qui est celle dans laquelle nous fonctionnons, il
y a le gouvernement, le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Et le rôle
des tribunaux, c'est d'interpréter les lois qui sont adoptées par le
législatif. Et donc c'est un rôle d'interprétation, et sous réserve, évidemment — et là j'ouvre une parenthèse — de la légalité, de la constitutionnalité des
lois, c'est-à-dire que les tribunaux
doivent délimiter le champ d'action du législatif et de l'exécutif. Mais, sous
réserve du respect de ces balises qu'est la constitutionnalité, le
législatif, comme on dit dans le jargon, le Parlement, est souverain,
c'est-à-dire qu'il appartient au Parlement d'établir la loi, et le tribunal va
l'interpréter.
Évidemment,
dans ce contexte-là, si le Parlement décide de clarifier une loi et donc
d'éliminer le débat qui pouvait naître
d'une loi qui n'était pas claire, les tribunaux n'ont qu'à constater ce fait,
et, à ce moment-là, le rôle d'interprète devient inutile. Ce n'est pas
usurper la fonction des tribunaux lorsque le législateur précise une loi qui...
Parce que, quelquefois, les lois peuvent
manquer de clarté, ce qui peut amener des litiges. Et c'est le cas qui était
devant les tribunaux. C'est que, là,
il y avait un débat, à savoir si la loi, telle qu'elle était libellée, compte
tenu du dépôt du projet, qui remontait avant l'amendement qui soumettait...
Peu importe. Donc, il y avait une ambiguïté qui a donné naissance au litige. Maintenant, le législateur, dans le but de
clarifier sa pensée, clarifier le texte de la loi... C'est ce que le projet de
loi qui a été déposé par le ministre
vient faire, c'est-à-dire qu'on vient dire : Il n'y en a pas, d'ambiguïté.
Voilà l'interprétation, voilà l'intention du législateur.
Dans ce sens-là, M. le Président — et je
le soumets en tout respect pour ceux qui soutiennent un point de vue contraire — il n'y a pas d'usurpation du pouvoir
judiciaire. Au contraire, je pense que, lorsqu'on... On entend souvent parler des problèmes d'accès à la justice, des
délais. Parce que c'est une réalité, M. le Président, les délais dans
l'accès aux tribunaux, d'obtenir un
jugement, ça coûte cher, et ça, il y a un coût, ce coût-là, c'est un coût
économique dans notre société. Et,
quand le législateur décide, dans le but d'éviter des coûts, des délais
inutiles... intervient pour clarifier une question, une question
importante puisqu'elle a un impact sur... Et je ne reviendrai pas sur les
conséquences, l'aspect économique, l'aspect
social, particulièrement pour la région de la Gaspésie. D'autres l'ont fait
mieux que moi dans ce débat-là. Mais,
quand le législateur intervient pour clarifier une question de droit qui se
rapporte à la portée d'une loi, je pense que le législateur est tout à
fait justifié de le faire.
Évidemment, puisque nous vivons dans une société
démocratique, il y a un processus électoral qui permet de contrôler l'action du
législateur et du gouvernement périodiquement, et c'est une question politique,
une question électorale qui pourrait être
soumise éventuellement. Mais ce n'est pas une question d'interférence dans le
pouvoir judiciaire. Et donc je me
retrouve malheureusement dans la situation où je ne partage pas le point de vue
fort habilement exprimé, je le reconnais, par le député de Borduas, qui
est un jeune avocat bourré de talent, comme on dit, que j'ai vu à l'oeuvre.
Une voix : ...
M.
Ouimet
(Fabre) : Bien oui, mais, de mon point de vue, jeune. Mais
donc, malheureusement, M. le Président, je ne suis pas d'accord avec la
façon qu'il présente le problème.
Mais, ceci étant dit, je ne suis que député.
Peut-être que le ministre a un point de vue différent, et j'aimerais peut-être,
avec votre permission, qu'il nous donne le sien.
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre, souhaitez-vous ajouter quelque chose?
M. Heurtel : Oui, merci, M. le
Président. Et j'apprécie que le député de Fabre se serve de ses nombreux antécédents judiciaires pour venir contribuer au
débat de la sorte. Je profiterais de ce temps pour quand même apporter certaines précisions, parce que le député de Borduas, je
crois, n'est peut-être pas assez familier avec les concepts d'évaluation environnementale. Lorsqu'il parle
d'évaluation indépendante, un, c'est un concept qui n'existe pas, tant
sous le régime de l'article 22 que sous le régime de 31.1. Même sous le BAPE,
s'il y avait eu assujettissement au BAPE, l'évaluation environnementale qui
aurait été faite aurait été faite quand même par le ministère de
l'Environnement. Et c'est sur la base de
cette évaluation, qui est faite suite au dépôt du projet par le promoteur, que,
justement, on passe à la prochaine étape. Alors, ça, c'est important de
préciser cela.
Et
ce qui est... fait intéressant à noter, M. le Président, c'est que le député de
Borduas, lorsqu'il parle de l'impact en matière de gaz à effet de serre
du projet de la cimenterie McInnis, bien, s'il réfléchit un peu, il va
comprendre qu'il tire ça de l'évaluation
environnementale qui a été faite par le ministère de l'Environnement. Alors, ça
vient du travail de qualité qui a été
fait par le ministère de l'Environnement pour évaluer le projet et l'ensemble
de ses impacts, notamment en matière
de gaz à effet de serre. Et donc, que ce soit sous 22 ou sous 31.1 — et, dans le cas qui nous concerne,
c'est sous 22 — il y a eu une évaluation environnementale
importante qui a été faite du projet. Et c'est dans le cadre de cette
évaluation-là que McInnis s'est engagée justement à trouver des alternatives
pour ces combustibles et de trouver de nouvelles méthodes, et des méthodes plus
propres, pour justement être à la fine pointe de la technologie et justement
diminuer les impacts sur l'environnement du projet.
Finalement,
quand on parle qu'il n'y a pas eu de relation avec les citoyens ou d'échange
avec les citoyens, encore une fois,
le député de Borduas fait erreur : McInnis a organisé des rencontres avec
les citoyens en Gaspésie. Il y a même eu une rencontre à laquelle 400
citoyens et citoyennes ont participé.
Donc,
il faut quand même relativiser. Je comprends que la formation politique du
député de Borduas est maintenant contre
le projet... Parce qu'il faut comprendre que, lors de la campagne électorale de
2014, le candidat de la CAQ dans Bonaventure était pour le projet, s'est
prononcé publiquement pour le projet. Alors, c'est fascinant que, durant la
campagne électorale, la CAQ s'est prononcée publiquement pour le projet, mais,
depuis qu'ils forment la deuxième opposition, M. le Président, là...
La
CAQ, au départ, était contre l'idée que l'État investisse, parce que ce n'est
pas une subvention, ce n'est pas un prêt : c'est un investissement
dans le projet. Et, voyant que cet argument-là ne collait pas — parce
que, justement, on a démontré que c'était un
bon investissement pour le Québec et on a démontré également que c'était non
seulement un bon investissement pour le Québec, mais un bon
investissement pour la Gaspésie, M. le Président — bien là, après ça, ils
se sont retournés sur l'environnement. Et,
encore une fois, force est de constater que, un, le gouvernement a respecté
la loi dans ce projet-là, l'a appliquée avec
sérieux, a pris ses responsabilités et s'est assuré que, dans toutes les étapes
du projet... on s'assure que les autorisations environnementales
requises étaient obtenues.
• (16 h 10) •
Mais il y a également
le fait, qui est indéniable, M. le Président, qu'il ne fallait pas ralentir
indûment ce projet-là. Il fallait également
s'assurer que, justement, l'interprétation que fait le gouvernement de la loi
soit confirmée. Et il fallait
s'assurer que, justement, on puisse travailler en concertation avec tous les
intervenants. Et c'est ça, le meilleur résultat qu'on peut avoir présentement, M. le Président : c'est que les
groupes environnementaux sont à la table, McInnis est à la table, le ministère de l'Environnement est à la
table, et nous travaillons ensemble. Et là ce qu'on veut faire, c'est un
projet qui, oui, va générer de l'emploi.
Mais le fait est
qu'il va falloir que la deuxième opposition, à un moment donné, reconnaisse que...
Oui, il y a de l'activité industrielle au Québec. Ça fait que le travail, notre
travail, au ministère de l'Environnement, ce n'est pas d'interdire l'activité
industrielle. Notre travail, c'est de trouver un équilibre entre les trois
principes, les trois piliers du
développement durable, soit le développement économique, le social et
l'environnement. Et il faut qu'on soit capable de concilier ces trois, et c'est ce qu'on fait. Et ce
que ça va donner, c'est un projet qui va justement être une des
cimenteries les plus modernes, les plus performantes en matière de technologies
propres.
Et c'est surprenant
que la deuxième opposition ne se penche que sur le projet de Port-Daniel. Mais
on ne les entend pas sur les quatre autres
cimenteries au Québec, qui, elles, ont peut-être intérêt aussi à moderniser
leurs installations, être plus performantes au niveau d'émissions de gaz
à effet de serre. On n'entend rien là-dessus, M. le Président.
Puis on n'entend rien
sur le fait aussi que c'est étonnant, tout ça, sur Port-Daniel, mais
TransCanada, oui, il faut que ça aille de
l'avant, il ne faut pas perdre de temps, alors, que nous, on a émis des
conditions. On veut faire une évaluation
environnementale. On veut être sûrs que les questions soient posées, on a mis
en place cette condition. Mais pour
la deuxième opposition, ça, TransCanada, il faut se dépêcher. Il aurait fallu
autoriser ça il y a deux, trois semaines, un mois. Le chef de la
deuxième opposition a dit : Il faut aller de l'avant, pas de question.
Alors, j'ai du mal à suivre la deuxième
opposition dans son raisonnement. On dirait qu'ils se servent de
l'environnement quand ça sert leurs fins, mais, quand ça ne sert plus
leurs fins, bien là l'environnement, ce n'est plus important.
Alors là, il va
falloir en tout cas s'assurer que, d'un côté, on puisse être rigoureux, et
c'est ce qu'on fait. Alors, nous, on
s'assure que la Loi sur la qualité de l'environnement s'applique, que les
autorisations environnementales soient obtenues et que... Oui, il va y
avoir encore de l'activité industrielle, puis on ne va pas, du jour au
lendemain... On ne pourra pas, M. le
Président, délaisser du jour au lendemain tous les hydrocarbures. Ce qu'on
fait, c'est qu'on met en place une
transition. C'est pour ça qu'on a le marché du carbone, c'est pour ça qu'on a
le Fonds vert, et peut-être même qu'éventuellement le Fonds vert sera
mis à contribution pour pouvoir développer des technologies qui vont aider
McInnis à être plus propre.
Mais
notre objectif, c'est justement, tant dans McInnis que dans l'ensemble des
projets que nous évaluons, d'avoir le
meilleur équilibre possible entre protection de l'environnement et
développement économique et social. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Oui, pour combien de temps?
Le Président (M.
Reid) : Il vous reste six minutes.
Mme Nichols :
Ah! tout de même contente d'avoir six minutes.
M.
Ouimet
(Fabre) : C'est mieux que rien.
Mme Nichols :
C'est mieux que rien. Alors, merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais
aborder un sujet qui est superimportant pour le ministère du Développement
durable et de la Lutte aux changements climatiques. Et la lutte aux changements
climatiques, je pense que, justement, c'est un sujet sur lequel le ministre a
porté beaucoup d'attention. Il travaille
très fort. Et d'ailleurs, le 14 avril dernier, là, très récemment, il y a eu un
sommet ici, à Québec, sur l'invitation
de notre premier ministre, qui, lui aussi, est très attentionné sur le sujet de
la lutte aux changements climatiques.
Et,
justement, les chefs et les gouvernements des provinces et des territoires se
sont rencontrés ici. Puis c'était la première
fois qu'il y avait une rencontre, qu'il y avait un sommet sur le sujet précis
de la lutte aux changements climatiques, qui est un sujet — je vais donner une opinion personnelle, là, mais, selon moi — de très haute importance. Mais je
pense que c'est partagé, de toute façon, par mon gouvernement, l'importance de
ce sujet-là.
Et je suis fière aussi
de dire que notre parti fait preuve de leadership en matière de lutte aux
changements climatiques. Puis il y a
plusieurs exemples, il y a plusieurs exemples qui me viennent en tête,
justement, qui démontrent notre
leadership en la matière. On peut revenir même un peu dans le passé ou parler
de ce qui s'en vient. Mais, entre autres, en 2007, le Québec avait
instauré un prix sur le carbone par l'intermédiaire de la redevance sur les
carburants et les combustibles fossiles.
Donc, je pense que ça, c'est superimportant. Les revenus de cette redevance-là
ont permis d'appuyer l'action
gouvernementale, entre autres pour les changements climatiques, ce qui nous a
permis de faire un plan d'action, de mettre
en place un plan d'action de 2006 à 2012. C'est une belle preuve de leadership.
Puis le Québec, via tout ça, avait non seulement
atteint son objectif de réduire 6 % des émissions de GES en 1990, mais, en
2012, l'a significativement dépassé, en
réduisant de 8 % les émissions de GES. Alors, je pense qu'on fait un bon
travail pour la lutte aux changements climatiques.
Aussi, en 2008, le
gouvernement du Québec s'est joint à la Western Climate Initiative, un groupe
d'États américains puis de provinces canadiennes pour développer une approche
commune de lutte contre les changements climatiques,
notamment par le développement puis la mise en place d'un marché régional de
carbone. Puis ce marché de carbone a
vu le jour en 2013 au Québec et s'est complètement concrétisé avec la liaison,
avec la Californie, des deux marchés, en janvier 2014. Ça, je pense que
c'est vraiment une belle réalisation.
C'est aussi le
système de plafonnement puis d'échange des droits d'émission de gaz à effet de
serre, appelé communément le marché du
carbone, qui est au coeur de notre approche de la lutte contre les changements
climatiques. C'est important de mentionner
que les revenus qui sont issus du marché du carbone sont entièrement dédiés au
financement des mesures du Plan d'action 2013‑2020 sur les changements
climatiques, qui soutient une panoplie de mesures et d'actions qui visent à
réduire nos émissions de GES puis aussi à s'adapter aux impacts des changements
climatiques.
Je
pense que l'année 2015 est particulièrement importante pour le climat en raison
de la tenue... On en a parlé un petit peu plus tôt, je pense que vous
avez glissé un mot sur la 21e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui
aura lieu à Paris en décembre prochain. Je pense que la préparation de
cette conférence concerne au premier chef, là, les parties membres de la
Convention-cadre des Nations unies sur les changements
climatiques, mais également les entités fédérées ainsi que les régions puis les
autres collectivités locales qui partagent ces objectifs et ces principes,
tout comme le Québec.
À cet égard... Je ne
sais pas où je m'en vais avec ma question, je pense que je suis pas mal dans
les limites du temps, là...
Le
Président (M. Reid) : Je pense qu'on va faire... Ce qui va
arriver, ce qu'il risque d'arriver, c'est ce qui est arrivé au député de
Mégantic. Mais, allez-y, vous avez la parole.
Mme
Nichols : Oui, très bien. Alors, bien, le sommet de Québec visait
particulièrement à établir un dialogue de haut niveau avec nos collègues pancanadiens, visait aussi à renforcer la
collaboration entre les gouvernements des provinces et des territoires
en vue de leur participation à la conférence de Paris, qui aura lieu en
décembre prochain.
Et,
M. le ministre, je vais poser ma question, mais vous pourrez répondre au
prochain bloc. Considérant le contexte particulier, j'aurais aimé ça
avoir plus d'informations, entre autres sur les résultats atteints par le
sommet qui a eu lieu en avril dernier.
Le
Président (M. Reid) : Si vous voulez — il reste à peine une minute — on peut le reporter au prochain bloc.
Vous pourrez commencer à répondre au début.
M. Heurtel :
Peut-être que ce serait préférable, M. le Président. Merci.
Le
Président (M. Reid) : Oui? D'accord. Alors, nous allons passer
au prochain bloc, qui est celui de l'opposition officielle. M. le député
de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Alors, dans les
18 recommandations de la CAPERN sur Enbridge, il y a une sainte
Trinité, là, sur l'eau potable, les recommandations n° 14, 15 et 16. La
recommandation n° 14, c'est qu'Enbridge élabore un plan d'urgence portant sur l'approvisionnement en
eau potable, mis à jour régulièrement. Est-ce que le ministre va autoriser Enbridge à procéder, même s'il n'y avait
pas de plan d'urgence sur l'approvisionnement en eau potable ou est-ce qu'il est en communication avec la compagnie pour
recevoir ce document sur les plans d'urgence le plus rapidement possible?
On en est où?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
• (16 h 20) •
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, comme je l'ai dit précédemment, pour
ce qui est de l'évaluation du respect des conditions de la CAPERN par Enbridge, c'est un travail qui revient à
l'unité de vigilance. L'unité de vigilance est à faire son travail. Il va y avoir une autre rencontre
lundi prochain. Et, comme je l'ai déjà dit, et comme d'ailleurs mon
collègue le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles l'a dit hier en
commission parlementaire, de son côté, au niveau de l'étude des crédits, on va
attendre que le travail de l'unité de vigilance soit fait.
Alors, c'est
à l'unité de voir au respect des conditions. Le travail est en cours. Nous
avons confiance que l'unité nous
remettra un rapport d'ici la fin de la session, et, suite à ce rapport-là, bien
là on sera en mesure de réagir. Mais là il serait prématuré de tirer des
conclusions, de poser des gestes. Il faut que l'unité de vigilance fasse son
travail, qui comporte justement de vérifier si les conditions de la CAPERN et
de vérifier également si les conditions de l'Office national de l'énergie sont
respectées.
M. Gaudreault : Alors, M. le
Président, je comprends que le ministre n'est pas en communication avec la compagnie pour recevoir le document dans les plus
brefs délais sur le plan d'urgence. C'est quand même une information
importante.
Recommandation 15 : «Qu'Enbridge confie à un organisme
indépendant [le mandat] d'acquisition de connaissances et
d'échantillonnage de la qualité de l'eau de surface et souterraine...» Et, dans
la décision de l'ONE, il n'y a rien sur l'acquisition
de connaissances et d'échantillonnage sur la qualité de l'eau de surface. Est-ce qu'il peut nous dire où en est Enbridge dans son obligation de confier
à un organisme indépendant les mandats d'acquisition de connaissances et d'échantillonnage de la qualité de l'eau
souterraine et de surface? Et, si oui, quel est l'organisme indépendant qui va
le faire? Sinon, est-ce que le ministère pourrait le faire lui-même?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Alors, M. le Président, le député de Jonquière peut comprendre ce qu'il voudra bien
comprendre. Cela dit, encore une fois, tout
comme dans un bloc précédent de questions, il essaie d'imputer que je ne suis
pas le dossier de près ou que, d'une
façon ou d'une autre, on ne fait pas ce qu'on devrait faire pour s'assurer du
respect des conditions.
M. Gaudreault : Question de
règlement.
Le Président (M. Reid) : Oui,
M. le député.
M. Gaudreault : Écoutez, je
ne peux pas vous dire le numéro précis, là, mais imputer des motifs, là, c'est quand
même assez au coeur de nos règlements de l'Assemblée nationale, là. Alors là,
il vient de le dire lui-même, là, il
dit : Il essaie de... Le député de Jonquière essaie de m'imputer,
blablabla. Alors, je fais juste poser des questions. Ma question
est très claire, là...
Le
Président (M. Reid) :
Oui. M. le député... Je vais demander à tout le monde d'être prudents. Un règlement sur des motifs indignes, bon,
c'est difficile à interpréter, et je pense qu'on va faire attention, tout le
monde ensemble. M. le ministre.
M. Heurtel : En tout cas, j'aurais
pu invoquer le règlement à plusieurs reprises depuis le début de nos auditions, M. le Président, et je ne l'ai
pas fait. On peut jouer à ce jeu-là. Mais l'idée, c'est que, M. le Président, il y a un processus qui a été mis en place justement pour
s'assurer du respect des conditions. Et ce qui est étonnant, c'est que
le député de Jonquière était au gouvernement lorsque ces conditions ont été mises en place, puis une de ces
conditions-là, M. le Président, c'était la mise sur pied de l'unité de
vigilance, qui a comme mandat de s'assurer du respect des conditions.
Alors, est-ce qu'on peut, M. le Président, commencer par laisser à l'unité de vigilance le
temps de faire son travail avant de
commencer à dire : Bon, bien, on devrait faire ci, on devrait faire ça?
L'unité de vigilance a eu des rencontres, poursuit son travail, fait son travail de façon rigoureuse. Et encore
une fois — je
l'ai dit plus tôt — si
c'était si crucial de faire des
suivis et de suivre de si près le dossier, où était le gouvernement du Parti québécois lorsque l'Office national de l'énergie
faisait ses auditions sur ce projet-là? Où est-ce qu'il était? Nulle part.
Alors, nous,
ce qu'on fait, c'est qu'on prend les recommandations de la CAPERN très au sérieux, tout comme
on prend très au sérieux les recommandations de l'Office national de l'énergie.
L'unité de vigilance travaille avec les partenaires
municipaux, travaille également avec l'Office national de l'énergie pour
s'assurer du respect des conditions. L'unité
de vigilance va faire un rapport. Attendons que le travail soit complété,
attendons le rapport, et, à ce
moment-là, on pourra parler des suites à donner.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Jonquière.
M. Gaudreault : Oui. M.
le Président, le ministre
nous réfère tout et toujours à l'unité de vigilance. J'y crois, là, à l'unité de vigilance, mais, dans l'unité de
vigilance, là, il y a une bonne partie des membres qui sont des membres
de l'entreprise Enbridge, qui sont des représentants de l'entreprise. Alors, moi,
je demande ici au ministre... J'espérais qu'il soit un peu plus informé,
qu'il soit capable de nous en donner un peu plus. C'est le ministre de
l'Environnement. On fait l'inversion d'un pipeline important.
Et
dois-je lui rappeler également, M. le Président, que c'est grâce à un
gouvernement du Parti québécois qu'on a convoqué cette commission
parlementaire sur l'inversion du pipeline, et qui est arrivée avec
18 recommandations, en toute transparence, en collaboration avec les
collègues qui sont aujourd'hui dans le gouvernement, qui étaient de ce côté-ci, avec des collègues de la CAQ également,
puis il y avait des députés de Québec solidaire? J'ai moi-même, comme ministre, été témoigné ici, et c'est parce que je
suis intervenu qu'on est, entre autres, arrivés avec des recommandations
sur les fonds de prévoyance, là, les fonds
de... la garantie financière et aussi sur les mesures, les tests, là, de... les
simulations, en cas de déversement, avec les
municipalités. Ça, c'est le ministre des Affaires municipales qui a poussé pour
faire ça, puis il s'adonne que c'était moi, donc.
Puis
le rapport, il a été fait le 3 décembre 2013, puis on
est partis en élection le 5 mars 2014. Alors là, on peut bien nous reprocher tout ce qu'on veut depuis le big
bang, là, mais, je veux dire, il y a toujours bien des limites, là. C'est lui qui est ministre depuis un an, là, puis là on s'aperçoit qu'il n'a
toujours pas d'information sur le plan d'urgence en cas d'approvisionnement
d'eau potable, il n'a pas d'information sur l'acquisition de connaissances et
d'échantillonnage sur la qualité de l'eau de surface. Alors, on a des raisons
d'être inquiets.
Puis ce n'est pas juste moi, là, qui est
inquiet : il y a une résolution de Laval. Laval, là, c'est presque
500 000 habitants, là, la
ville. 430 000 habitants, la ville de Laval, qui ont fait une
recommandation pour avoir des tests hydrostatiques. Bon, alors, il me semble que c'est une préoccupation normale. La députée
de Vaudreuil est dans une région qui est très préoccupée par ça, le député d'Argenteuil qui était ici tantôt — il a quitté — c'est la même chose : il y a eu des
résolutions des MRC de ces régions-là sur l'oléoduc. Alors là, moi, je pose des
questions, puis le ministre, il n'a rien à nous dire que c'est l'unité de vigilance. Alors, moi, j'aimerais que le ministre
soit vigilant sur l'unité de vigilance, parce que, dans l'unité de vigilance, il y a des représentants de
la compagnie, une compagnie qui écrit à la CMM que ça prend une entente de confidentialité — je le sais — dans le comité de vigilance, et non pas
l'unité, mais quand même, M. le Président, bon.
Autre
question sur la sainte Trinité, là, l'article... pas l'article, mais la recommandation
16 : «Qu'Enbridge mette en place des mesures particulières de
protection aux points de traverse des cours d'eau...» Écoutez, M. le Président,
là, c'est quand même assez
impressionnant : le pipeline va traverser 104 fois des cours d'eau. Puis
la règle, c'est d'avoir des vannes pour fermer, en cas de déversement, à
un kilomètre de chaque côté du cours d'eau, pour éviter qu'il y ait trop de fuites si jamais il y a un problème. Alors là,
l'ONE, l'Office national de l'énergie — on ne pourra pas l'accuser d'être partisan, là — dit qu'il y a seulement six des 104
franchissements des cours d'eau qui ont ces vannes-là à un kilomètre de part et d'autre du cours d'eau. Ça veut dire qu'il
y en a 98 — 104
moins six, ça nous donne 98 — cours d'eau qui n'ont toujours pas de
vannes pour fermer en cas de déversement.
Alors, moi,
j'aimerais que le ministre nous dise qu'est-ce qu'il entend faire pour
s'assurer que la compagnie procède rapidement à l'installation de ces
98 vannes de sécurité qui restent à installer, tel que le mentionne le
rapport et les spécialistes, là, qui
connaissent ça, pour éviter le plus possible de déversements. Si on met des
vannes de sécurité à 10 kilomètres de
chaque côté du cours d'eau, ça fait 10 kilomètres de risque de fuites sur les
terrains, dans les municipalités, dans l'eau potable, etc. Alors, un
kilomètre, on réduit les risques. Donc, M. le Président, c'était ma question.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Le député
de Jonquière suit tellement
ce projet-là de près qu'il ne savait même pas que les résultats des tests hydrostatiques dont il parlait dans un
bloc précédent étaient déjà publics, étaient disponibles pour n'importe
qui sur le site de l'Office national de l'énergie.
Pour ce qui est du
sérieux que nous mettons à ce projet-là, et particulièrement au suivi des
conditions, dois-je rappeler, M. le Président, que les deux ministères, le ministère
de l'Environnement et le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles,
coprésident, là, siègent à l'unité de vigilance, coprésident? Il a fallu, dans
un autre bloc, que je précise, parce qu'encore une fois le député de Jonquière ne
savait pas la différence entre comité de vigilance et unité de vigilance. Alors, quand on me dit que je n'ai pas
l'air de suivre de près mon dossier, je crois qu'on peut poser la même
question au député de Jonquière.
Il
a mentionné les plans d'urgence. Les plans d'urgence, il y en a eu un qui a été
déposé. Ce plan d'urgence là n'était
pas satisfaisant, il ne respectait pas, justement, nos exigences. Et là
Enbridge va devoir nous déposer un nouveau plan d'urgence qui respecte nos exigences. Alors, c'est un autre exemple où
on suit de très près le dossier, M. le Président.
Mais
encore une fois — je vais
le redire puis je vais le redire à chaque fois — le député de Jonquière peut poser la
question tant qu'il voudra, il y a un processus qui est en place justement pour
s'assurer du respect. Alors, avant que le
ministre de l'Environnement ou n'importe quel autre ministre intervienne dans
le dossier d'Enbridge, on s'est entendus que l'unité de vigilance allait
faire son travail sur les conditions.
• (16 h 30) •
Alors,
sur le plan d'urgence, on fait notre travail. Je viens de vous dire que, sur le
plan d'urgence, ce n'était pas
satisfaisant, la première version. Là, on attend une deuxième version qui
respecte nos exigences.
Sur
la question des tests sur les vannes, on a déposé les tests
hydrostatiques, on fait le suivi, on s'assure justement que les tests
sont faits. Puis ça, j'ai répondu aux séries de questions du député sur les
tests hydrostatiques.
Sur
la condition 16, dont il parle, là, «qu'Enbridge mette en place des
mesures particulières de protection aux points de traverse des cours
d'eau, par exemple des vannes manuelles et automatisées en amont de chaque
traverse de cours d'eau»,
bon, l'unité de vigilance est déjà sur le cas. Dans les 12 mois suivant
l'autorisation de mise en service, Enbridge doit déposer des renseignements concernant les 11 nouvelles vannes
et un examen approfondi des données recueillies pour la mise à jour du
plan de gestion des franchissements des cours d'eau.
Alors, l'unité de
vigilance fait son travail. On a déjà présenté le fait que l'unité de vigilance
fait son travail également avec le comité de vigilance de la CMM. Il y a un
travail qui se fait, mais, encore une fois, de respecter ce procédé-là n'équivaut pas à ne pas porter une
attention sérieuse au dossier. Nous suivons le dossier de près. Le
ministère de l'Environnement siège au comité de l'unité de vigilance, suit le
dossier de très près. On va s'assurer du respect de l'ensemble des conditions,
M. le Président, tant les conditions de la CAPERN que les conditions de
l'Office national de l'énergie. Voilà, M. le Président.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, M. le Président. Les tests hydrostatiques
dont il est fait mention dans les documents déposés par le ministre précédemment, en tout cas,
premièrement, là, je vous invite à aller les chercher, là, sur le site de
l'ONE, M. le Président. Ce n'est pas sur la
page d'accueil, hein, ce n'est pas avec non plus un truc qui flashe, là, pour
nous indiquer qu'ils sont là. Alors,
nous les avons trouvés après plusieurs minutes de recherche, là, mais, en
termes de transparence ou d'information du public, là, on pourrait en
discuter longuement.
Deuxièmement, M. le
Président, nous constatons, à moins que le ministre soit capable de nous
informer du contraire, que ces tests
hydrostatiques ont été effectués à la hauteur des terminaux sur le long du
pipeline. Est-ce que le ministre ne
trouve pas qu'il devrait y avoir des tests hydrostatiques sur des sections plus
longues que strictement dans les terminaux? J'aimerais qu'il nous
explique un peu cela.
Deuxièmement, M. le
Président... Il me reste combien de temps?
Le Président (M.
Reid) : Huit minutes.
M. Gaudreault :
O.K. Alors, on va y aller pour l'instant avec ça...
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M. Heurtel : M. le
Président, je voulais également...
J'avais une précision que je voulais apporter par rapport à la question précédente du député. Je ne veux pas le
citer, mais je crois qu'il a laissé entendre qu'un membre d'Enbridge siégeait à
l'unité de vigilance, et ce n'est pas exact, c'est un membre invité. Alors, il
faut bien faire la nuance et la distinction
entre ça. Alors, il est là pour répondre à des questions de l'unité de
vigilance; il n'est pas membre à part entière comme les autres membres de l'unité de vigilance. Alors, il faut
bien faire cette distinction-là et, encore
une fois, éviter de dépeindre
une image où Enbridge fait partie de l'exercice de l'unité de vigilance, ce
n'est pas du tout le cas.
Alors,
Enbridge, oui, est là, mais comme invité et uniquement pour répondre aux questions,
il n'a pas de poids. Il n'arrive pas
là comme un membre à part entière de l'unité de vigilance et n'a pas un poids
sur les décisions qui sont prises par l'unité de vigilance. Alors, c'est
très important de faire cette distinction-là, et il faut tout de suite mettre
de côté l'interprétation qu'essaie de faire le député
de Jonquière des travaux de l'unité de vigilance. Alors, c'est
véritablement un comité indépendant qui,
oui, travaille avec un représentant d'Enbridge pour obtenir l'information qui est nécessaire
pour que l'unité de vigilance puisse
s'assurer qu'elle a toute l'information dont elle veut disposer pour justement
évaluer le respect des conditions. Alors, ça, c'est la première chose.
Deuxième
chose, encore une fois, le député me demande d'interpréter et de faire
le travail, de me substituer au travail
de l'unité de vigilance. Ce que je peux dire, c'est que les tests
hydrostatiques sont rendus publics, et je suis content de constater que le
député de Jonquière réalise qu'ils étaient déjà publics et qu'il vient de le
découvrir aujourd'hui. Ces tests
hydrostatiques là ont été faits, et, à ma compréhension, ils ont été faits dans
les endroits jugés les plus névralgiques, les plus susceptibles de
causer problème. Alors, c'est là que ces tests-là ont été faits, pour ces
raisons-là. Alors, ça, c'est mon commentaire concernant la raison pour laquelle les tests qui ont été rendus publics
ont été faits. Alors, c'étaient, selon l'avis
des experts, les endroits névralgiques, les endroits les plus susceptibles de
démontrer des faiblesses, qu'il fallait d'abord évaluer.
Pour
ce qui est du reste de la question du député de Jonquière, encore une fois, je
ne me substituerai pas au travail qui
est en cours par l'unité de vigilance. Je n'émettrai pas de commentaire. Il y a
des expertises qui sont en train d'être faites, l'unité de vigilance est
en train d'obtenir les informations nécessaires et, une fois que l'unité de
vigilance aura rassemblé l'ensemble des
informations, pourra ensuite tirer des conclusions. Et c'est sur la base de ces
conclusions-là que là le gouvernement pourra parler des suites à donner.
Le Président (M.
Reid) : Merci. M. le député de Jonquière.
M. Gaudreault :
Oui. M. le Président, je veux juste préciser que, sur le document, là, sur la
rencontre de l'unité de vigilance sur les
hydrocarbures du 17 décembre 2014, là, sur la liste des participants, sur
19 personnes, il y en a huit d'Enbridge. Alors, c'est une bonne
portion, ça, sur la liste des participants. Alors, le ministre nous précise que...
Il nous a dit : Il y a
un poste d'observateur, un délégué, là, d'Enbridge ou, en tout cas, sans... mais il y en a huit, là, alors, sur 19. Je peux bien comprendre qu'on ne sait pas comment ça fonctionne,
là, s'il y a des droits de vote ou quoi que ce soit, mais, sur la liste, là,
des participants, il y en a huit sur 19, M. le Président. Je pense que c'est
important de le préciser, puis c'est des documents que nous avons entre
les mains.
Maintenant,
moi, je voudrais savoir de la part du ministre, là... Bon, les tests
hydrostatiques, il nous dit que ça a été
fait dans des endroits stratégiques, je veux bien le croire. On va le regarder
plus en détail. On a hâte de voir si ça a été fait sur le franchissement
des cours d'eau. C'est très, très important. Mais on comprendra que, sur la
longueur du pipeline, l'enjeu des tests
hydrostatiques demeure. Il y a les vannes sur 104 cours d'eau, seulement six
ont été faits, il reste 98 cours
d'eau. Le plan d'urgence, le ministre nous dit qu'il y a un document qui a été
fait. Maintenant, il doit le revoir, le refaire; il n'est pas à jour, il
n'a pas été jugé satisfaisant. C'est juste trois éléments que vous dis, M. le
Président, trois éléments seulement. Et il vient de nous dire que le rapport du
l'unité de vigilance sera transmis à la fin de la session. La fin de la
session. On termine autour du 15 ou 17 juin. Et, dans une sortie au mois
de janvier, le 6 février dernier, Enbridge croit pouvoir inverser le
flux de l'oléoduc d'ici la fin juin... Ça, c'était le 6 février 2015.
Il nous dit qu'on va avoir le rapport de l'unité de vigilance à la fin de la
session, donc à la mi-juin.
Alors, est-ce
que le ministre serait prêt à demander à Enbridge et à s'adresser également à
l'Office national de l'énergie pour envisager le report de l'inversion
du pipeline? Parce que moi, je vois mal, avec un rapport de l'unité de vigilance qui nous sera déposé à la mi-juin, je
vois mal, avec 98 vannes qui ne sont pas installées sur les 104 cours
d'eau, sur un plan d'urgence qui est
incomplet, sur des tests hydrostatiques qui restent à vérifier, comment on va
être capables d'inverser le pipeline, avec les risques que ça
représente, pour la fin juin.
Alors, moi,
je pense qu'il faut être réaliste et je demande au ministre s'il envisage de
s'adresser à l'Office national de
l'énergie et de s'adresser à Enbridge pour s'assurer qu'Enbridge reporte
l'inversion de son pipeline, le temps d'avoir l'ensemble des informations sécuritaires, je dirais, et qui respectent
les 18 conditions de la commission parlementaire, fixées par la
commission parlementaire, à l'unanimité des membres de l'Assemblée nationale, à
l'exception, je crois, des députés de QS,
qui avaient quelques remarques dissidentes. Mais c'est quand même la presque...
la quasi-unanimité des membres de
l'Assemblée nationale, sur initiative du gouvernement à l'époque, qui avait,
là, en toute transparence, fait une commission
parlementaire, ce qu'on aurait bien besoin à bien des égards, d'ailleurs, par
le gouvernement actuel, mais qui nous
le refuse tout le temps. Nous, en tout cas, on l'avait fait, mais je ne veux
pas insister là-dessus. Est-ce que le ministre peut nous répondre
là-dessus?
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le ministre.
• (16 h 40) •
M. Heurtel :
Alors, M. le Président, concernant le point du député, encore sur l'unité puis
la composition de l'unité, alors on
va clarifier à nouveau. Alors, les coprésidents de l'unité, alors, c'est
Mme Luce Asselin, sous-ministre associée au ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, et Jacques Dupont,
sous-ministre adjoint au ministère du Développement durable, de l'Environnement et de la Lutte contre
les changements climatiques. Les membres de l'unité, c'est :
M. Fernand Archambault, sous-ministre
adjoint au Développement régional et
au Développement durable, du ministère
de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation; M. Daniel
Floréa, directeur général de l'analyse de la prévision économique au ministère des Finances; Mme Louise Lambert, sous-ministre adjointe aux territoires, du ministère des Affaires municipales et de l'Occupation du territoire; M. Guy Laroche, sous-ministre associé à la Sécurité civile et de
la Sécurité incendie au ministère de la Sécurité publique. À ces
personnes s'ajoute la députée de Vaudreuil. Ça, ce sont les membres et les
coprésidents du comité. Point à la ligne. Pas du comité, pardon, de l'unité.
Point à la ligne.
Et, lorsque
le député de Jonquière, encore, tente de dire : Bien, il y avait des
représentants d'Enbridge. Bien oui, il y avait des représentants
d'Enbridge, parce qu'à cette rencontre-là il y a eu une présentation
d'Enbridge. Alors, c'est sûr qu'ils ont
participé à la rencontre, et c'est ça, la liste que le député de Jonquière
essaie de lire, puis il essaie de créer un amalgame qui n'est pas là. Enbridge n'a pas de siège et n'est pas membre
de l'unité. Ils étaient là à la dernière rencontre, la rencontre que le député cite. Ils étaient là pour
faire une présentation aux membres de l'unité. Alors, c'est très
important de faire cette distinction-là, et
il faut faire bien attention de justement ne pas penser que les membres
d'Enbridge font partie de l'unité à part entière. Ils étaient là parce
que, justement, ils présentaient notamment le plan d'urgence.
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre. Le bloc de l'opposition officielle est terminé.
M. Heurtel : Merci.
Le Président (M. Reid) :
Alors, si nous revenons au bloc gouvernemental, je ne sais pas si la députée de
Vaudreuil veut rappeler sa question.
Mme
Nichols : Oui, à moins que le ministre souhaitait terminer, là, la
réponse relativement à Enbridge, là. Si le ministre veut terminer, je
vais lui laisser...
Des voix : ...
Mme Nichols : Non, bien, en fait...
Bon, très bien. Alors, moi, je vais revenir avec ma question relativement à la lutte aux changements climatiques, sujet très
intéressant. Alors, je ne recommencerai pas tout le préambule et toute
l'introduction autour de la question, M. le ministre, mais je disais que...
Des voix : ...
Le Président (M. Reid) :
Allez-y, Mme la députée.
Mme Nichols :
Merci, M. le Président. Alors, je rappelais à quel point notre gouvernement
fait preuve de leadership en matière de
lutte aux changements climatiques et à quel point c'est un élément et un enjeu
important, entre autres pour le
premier ministre, puisqu'il a donné un mandat particulier au ministre de
l'Environnement, du Développement durable
et de la Lutte aux changements climatiques. Et justement je revenais un peu sur
le sommet qui a eu lieu le 14 avril dernier, qui était un sommet vraiment... on peut dire un sommet
historique, puisque c'est la première fois que des élus des autres
provinces et des autres territoires se rencontrent ici au Québec sur
l'initiative de notre premier ministre pour échanger justement sur la lutte aux
changements climatiques et sur les façons d'aborder cet enjeu, qui est un enjeu
très, très, très important.
Alors, je me
demandais, M. le ministre, considérant le contexte particulier autour du
sommet, quels sont les résultats qui ont été atteints au sommet du
14 avril dernier?
Le Président (M. Reid) : Merci,
Mme la députée de Vaudreuil. M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Je commencerais par mettre le sommet en contexte, parce qu'il n'est pas arrivé tout seul comme ça. Le sommet était le
résultat d'échanges et de discussions initiées par le premier ministre Couillard lors de la dernière
rencontre du Conseil de la fédération qu'il y a eu au mois d'août 2014 à
Charlottetown. Et, à ce moment-là, il
y avait à l'ordre du jour une question très importante, évidemment,
la question d'une stratégie nationale sur l'énergie. Or, le premier
ministre Couillard et la première ministre Wynne de
l'Ontario, notamment, avec aussi
Mme Christy Clark, qui est la première ministre de la
Colombie-Britannique, et d'autres également ont soulevé la question des changements climatiques comme étant
une composante qui est intimement liée à la question d'une stratégie nationale de l'énergie, c'est-à-dire qu'on ne peut
pas parler de l'un sans parler des changements climatiques également. Et conséquemment, au sortir de cette rencontre du Conseil de la fédération, le premier ministre Couillard a convié les
premiers ministres des provinces et des
territoires pour faire une rencontre spécifique sur la question des changements
climatiques, et plus particulièrement la notion de prix du carbone, mais aussi pour avoir
une meilleure compréhension de ce que les provinces et les territoires faisaient toutes et tous par rapport à cette question fondamentale de lutte contre les changements climatiques,
plus particulièrement celle de l'établissement d'un prix carbone.
Alors, depuis
cette rencontre-là, en août 2014, il
y a eu également, en
septembre 2014, une rencontre du Conseil canadien des ministres de
l'Environnement, qui est une rencontre annuelle des ministres de
l'Environnement. Ces ministres ont... Et, encore une fois, grâce au
concours non seulement de l'Ontario, mais également d'autres provinces et territoires,
le Québec a pu faire quelque chose qui ne s'était jamais
passé dans le cadre de ces rencontres, c'est-à-dire de non seulement mettre à l'agenda la question
des changements climatiques, mais de réitérer quelque chose qui avait
été dit également à Charlottetown en août 2014 par les premiers ministres,
c'est de s'assurer également que les provinces et les territoires travaillent ensemble et tentent de
travailler ensemble avec le gouvernement fédéral en vue de la Conférence des
Nations unies sur les changements climatiques qui va avoir lieu à Paris en
décembre 2015.
Or, suite à
cette rencontre des ministres de l'Environnement, le travail s'est poursuivi également
à Lima, au Pérou, où il y a
eu une autre conférence sur les changements
climatiques, cette fois-ci en
décembre 2014, où, encore une
fois, le Québec, l'Ontario, le Manitoba, la Colombie-Britannique ont
travaillé ensemble pour notamment signer une entente menée par le Climate Group, qui est une ONG qui
travaille étroitement avec les Nations unies sur la question
notamment du travail des États fédérés et des
régions en matière de changements climatiques. Alors, les quatre provinces
mentionnées ont signé une entente avec une vingtaine d'autres États fédérés et
régions à travers le monde pour convenir de travailler ensemble et d'adopter des
pratiques favorisant la lutte contre les changements climatiques.
Alors, il y a vraiment eu de l'avancement.
On a également travaillé davantage avec notre
partenaire qu'est la Californie, on a commencé du travail tripartite avec l'Ontario et la Californie, on
a signé un protocole avec la Californie pour développer davantage ensemble la question de l'électrification
des transports.
Bref, il y a un momentum qui s'est véritablement
développé et, dans ma séquence des événements, j'oubliais de mentionner également qu'en septembre 2014 il y
a eu également la conférence des Nations unies sur le climat qui a eu lieu à New York, où également, encore une fois, le
Québec a fait figure de leader. Le premier ministre Couillard a
d'ailleurs adressé une assemblée avec le secrétaire...
Le Président (M. Reid) : Je
vous interromps une seconde et je vous rappelle qu'il est interdit d'appeler
les députés par leur nom de famille.
• (16 h 50) •
M. Heurtel : Oh! pardon,
excusez-moi, M. le Président. Alors, le premier ministre a justement adressé
cette conférence-là, notamment avec le
secrétaire général des Nations unies et également le secrétaire d'État des
États-Unis. Et donc, dans la foulée
de tous ces événements-là, le Québec a véritablement établi son rôle de leader.
Et le momentum, donc, s'est transposé lors du sommet de Québec, le
14 avril dernier. Mais ce sommet a été, comment je dirais, amplifié, son
importance a été amplifiée par l'annonce, le jour précédent, de l'entrée... de
l'annonce, par la première ministre de l'Ontario
ainsi que du ministre de l'Environnement de l'Ontario, de l'entrée projetée de
l'Ontario dans le marché du carbone auquel participent le Québec et la
Californie.
Or, ce sommet a permis justement de rassembler,
donc, les premiers ministres des provinces et des territoires autour de l'enjeu fondamental des changements
climatiques, mais en tenant compte de tout le momentum que je viens de décrire. Alors, c'est très important de montrer ce
sommet-là dans un contexte. Et, lors de ce sommet, quoi qu'on dise à propos du leadership du Québec... Ce n'est pas moi
qui le dis, c'est des gens comme Mme Christiana Figueres, qui est
la secrétaire des Nations unies responsable du dossier des changements
climatiques, qui a passé la journée à Québec le 14 avril dernier et qui a salué non seulement
le leadership du Québec, mais le travail des provinces et territoires en
matière de lutte contre les changements
climatiques et a terminé sa journée à
Québec en prenant l'engagement que les États fédérés et
les régions auraient leur propre journée dans le cadre de la conférence
de Paris, ce qui n'avait pas été le cas lors de la conférence de Lima en
décembre dernier. Alors, c'est pour vous montrer, M. le Président, justement le
momentum et le poids que prennent non seulement les provinces et territoires du
Canada, mais également le fait qu'ensemble, avec d'autres États fédérés, Québec, avec d'autres régions, avec des grandes villes également à
travers le monde — on
peut penser à des grandes villes brésiliennes, des grandes villes en
Chine — il
y a un travail qui se fait présentement qui reconnaît...
il y a une reconnaissance mondiale. Puis j'ai cité d'ailleurs ce que le
président de la République française a dit, lors de la visite du premier
ministre à Paris il y a quelques semaines, que la voix du Québec devait être
entendue à la conférence de Paris et qu'elle
le sera. Et là vous avez les Nations unies qui viennent dire : Non
seulement la voix du Québec sera entendue, mais la voix des provinces
canadiennes sera entendue.
Alors, lors
du sommet, non seulement on a pu partager l'ensemble des efforts, des
différents efforts qui sont faits, que
ce soient les trois territoires, qui travaillent ensemble au niveau de la lutte
contre les changements climatiques, qui ont une réalité bien particulière, que le travail de la
Colombie-Britannique, le travail même de l'Alberta, de la Saskatchewan
qui est fait, le travail au niveau des Provinces maritimes, ce que le Manitoba
fait. L'ensemble des efforts adaptés aux différentes
réalités socioéconomiques et environnementales de ces différents secteurs de la
fédération canadienne fait en sorte
que, là, il y a une véritable volonté de s'harmoniser, de voir comment on peut
travailler ensemble. Et ça, encore une fois, on veut tendre la main à
Ottawa, on veut travailler avec le fédéral. Mais l'idée, c'est véritablement
travailler ensemble au niveau des cibles, au
niveau des moyens, et c'est ça qui est ressorti véritablement de Québec. Il y a
eu une déclaration des premiers
ministres qui a été faite au sortir de la déclaration de Québec. On pourrait,
avec votre permission, la déposer. Je vous épargnerai la lecture, car
c'est assez long.
Cela dit, en
résumé, la déclaration de Québec dit clairement que les provinces et
territoires veulent collaborer, travailler
ensemble sur cet enjeu fondamental. Un, il y a une reconnaissance de cet enjeu
fondamental, non seulement une reconnaissance, mais il y a de l'action,
et de l'action concrète qui va se poursuivre, M. le Président, parce que, là,
les provinces et les territoires vont
continuer à travailler ensemble parce qu'il y a une prochaine rencontre du
Conseil canadien des ministres de l'Environnement qui aura lieu en juin
à Winnipeg. Après cela, il y aura un sommet des régions en France, le 1er et 2 juillet, suivi du sommet
des Amériques organisé par l'Ontario, qui aura lieu du 7 au 9 juillet. Et,
après ça, évidemment, en septembre, il va y avoir la conférence de New York à
nouveau sur le climat. Et, entre ce moment-là, évidemment le Québec va avoir établi ses cibles post-2020 de réduction
de concert avec d'autres provinces et territoires canadiens. Et on espère que, d'ici là, le
gouvernement fédéral travaillera en collaboration avec nous pour justement
qu'on puisse arriver à Paris avec une voix sur cet enjeu très important.
Mais ça met,
j'espère, en contexte véritablement l'importance du sommet et les résultats
concrets qui sont sortis du sommet, alors : une volonté de
travailler ensemble, un plan de match pour travailler ensemble tant sur des
cibles de réduction que sur des moyens de
réduction, comment mieux harmoniser nos méthodes, nos techniques. Mais
également le fait que les Nations unies
reconnaissent le rôle et l'importance des États fédérés, notamment le rôle du
Québec, et au point où les Nations unies se sont engagées à ce qu'il y
ait une journée, lors de la conférence de Paris, qui soit dédiée spécifiquement aux États fédérés et aux régions,
alors, ça, c'est un gain fondamental et quelque chose qui est un
résultat concret que le premier ministre et les autres premiers ministres des
provinces et territoires ont réussi à obtenir suite au sommet de Québec.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Oui. Merci, M. le Président. Merci pour les informations relativement au sommet. On lit et on peut lire aussi un peu partout qu'il y a
plusieurs avenues qui sont préconisées pour que le secteur énergétique fasse
aussi sa part vers une économie
plus sombre en carbone... «Plus sombre», plus sobre, je le
sais, j'ai dit «sombre», sobre. Et puis parmi celles-ci, on note entre
autres l'amélioration de l'efficacité énergétique. On le sait, plus que l'utilisation
de...
Des voix : ...
Mme
Nichols : Alors, plus l'utilisation de l'énergie serait efficace, moins la société aura besoin d'en
consommer et, entre autres, d'émettre des gaz à effet de serre, des GES qui y
sont associés.
La réduction
de la consommation d'hydrocarbures a aussi notamment un impact positif
sur la balance commerciale, sur nos
finances publiques et sur les finances des ménages et des entreprises.
Aussi, évidemment, ça limitera la pression sur nos réseaux... — j'ai bien de la misère à prononcer cet après-midi — sur
nos réseaux d'approvisionnement, contribuant ainsi à améliorer notre
sécurité énergétique.
M. le ministre, je suis sûre que, dans vos nombreuses tâches et, entre autres, relativement à la lutte aux changements climatiques,
vous avez déjà pensé ou vous avez certainement déjà une avenue en tête pour que
le secteur énergétique soit mis à contribution relativement à la lutte aux changements climatiques, et
j'aimerais entendre vos propos sur le sujet.
Le Président (M. Reid) :
Merci, Mme la députée de Vaudreuil. M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Puis-je vous demander combien il nous reste de temps?
Le Président (M. Reid) :
C'est six minutes.
M. Heurtel : Six minutes. Merci. Sur cette question,
bien, je peux dire que, si nous n'agissons pas maintenant pour développer une économie plus sobre en
carbone, notre avenir sera manifestement très sombre. Et c'est pour cela
que nous agissons et nous posons les gestes que nous posons, notamment par le
biais de l'établissement du SPEDE, du système
de plafonnement et d'échange de droits d'émission, qui est mieux connu sous
l'expression marché du carbone, M. le
Président, qui génère les revenus nécessaires
pour alimenter le Fonds vert qui sera doté, d'ici 2020, d'une enveloppe
d'approximativement 3,3 milliards de dollars qui sera entièrement
réinvestie dans l'économie québécoise selon les directives du Plan d'action sur les changements climatiques 2013‑2020.
Et un des secteurs privilégiés par le
Plan d'action sur les changements climatiques 2013‑2020, c'est
définitivement le secteur des énergies renouvelables.
Ce
qu'il faut comprendre, M. le Président, c'est qu'on est très chanceux, au
Québec, 98 % de notre énergie provient de sources renouvelables. Nous sommes très chanceux, nous avons
l'hydroélectricité. Cela dit, il faut continuer le travail, on a encore une dépendance beaucoup trop importante
sur les hydrocarbures. Comme société, au Québec, on dépense entre 14 et
18 milliards par année en hydrocarbure, et, quand on regarde l'ensemble de
notre économie, nos façons de faire, nos façons de vivre dépendent beaucoup
trop encore des hydrocarbures. Alors, il faut effectuer une transition.
Et
d'ailleurs ce n'est pas juste moi qui le dis, c'est la science, on parlait de
sciences plus tôt. Il y a eu une étude publiée
en mars par une soixantaine de chercheurs de partout au Canada intitulée Agir
sur les changements climatiques qui soulignait que le Canada avait un des plus vastes potentiels en
énergie renouvelable au monde. En plus de ce potentiel, les provinces et les territoires disposent
d'expertises technologiques de pointe et de nombreuses entreprises
impliquées dans le domaine. Alors, selon
cette étude encore, il serait réaliste que toute la production d'électricité
soit neutre en carbone d'ici 2035. Le Québec, donc, a incontestablement
un rôle de chef de file à jouer à ce sujet. Et, conséquemment, ça va être très
important pour nous de poursuivre ce travail-là et de poursuivre le travail
qu'on a entamé notamment avec l'Ontario, qui se joindra au marché du carbone,
trouver d'autres partenaires, parce que c'est...
• (17 heures) •
Ça
me permet... La question me permet véritablement de montrer comment, en termes
réels, la lutte contre les changements
climatiques s'exprime au Québec. Parce que le marché du carbone, ce qu'il fait,
c'est qu'il force les grands émetteurs à acquérir des droits d'émission.
Les revenus générés par ces droits d'émission de gaz à effet de serre sont
réinvestis dans le Fonds vert. Mais le Fonds vert, ce qu'il fait, c'est qu'il
investit dans les entreprises québécoises qui développent
des nouvelles technologies propres, qui développent le secteur de l'énergie
renouvelable qui permet justement à...
non seulement nous permettent de développer ces secteurs-là, mais développer
notamment le secteur des
transports collectifs, développer davantage
l'électrification des transports. Et ce que ça nous permet de faire, M. le Président, c'est non seulement avoir un impact direct sur nos émissions de
gaz à effet de serre, qui sont en baisse, mais également nous permettre, M. le Président, de
développer tout un secteur stratégique au niveau du développement économique. C'est des entreprises qui se développent davantage, c'est
des emplois, des bons emplois dans des secteurs de pointe, M. le
Président. Et ça, c'est grâce au marché du carbone et au Fonds vert.
Et ces emplois-là et
ces secteurs que nous développons développent des produits qui non seulement
aident l'économie québécoise et aident la
société québécoise à moins dépendre des hydrocarbures, mais également, ces
technologies-là, on les exporte, et elles font le tour de la planète. Alors, on
a des exemples, que ce soit une entreprise comme Biothermica, qui a développé
une technologie qui permet de gérer les émissions de méthane dans le domaine minier, qui vend ça aux États-Unis. On a une
entreprise comme e-Lion, qui a développé un autobus électrique
entièrement fait, construit au Québec. Mais là, maintenant, cette entreprise-là
est en train non seulement de mettre à l'essai son produit ici, au Québec, mais est en train de le mettre à l'essai
ailleurs, aux États-Unis. Alors là, on voit véritablement le marché du carbone en action des deux côtés :
un, en ayant un impact positif sur nos émissions de gaz à effet de serre,
mais également en générant des secteurs de
pointe au niveau économique, notamment au niveau des énergies
renouvelables, mais également au niveau des technologies propres.
Alors,
c'est très important de voir et de comprendre. Et la question de la députée de
Vaudreuil me permet vraiment de
préciser ça. C'est que c'est un outil qui nous permet, sur les deux fronts,
d'agir de façon très importante, et c'est ce leadership-là qui est reconnu non seulement à travers le Canada, mais à
travers le monde. Et ce leadership-là nous permet d'agir concrètement. Et là c'est quoi, un exemple
de leadership? C'est quand des gens veulent se joindre à nous. Et là on
l'a vu, justement, avec l'Ontario, qui s'est joint à notre marché du carbone
que nous avons avec la Californie. Merci, M. le Président.
Document déposé
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. Avant de passer à
un prochain bloc, je voudrais juste vous dire qu'après vérification j'accepte de déposer officiellement le document
sur le sommet de Québec, et nous allons faire des photocopies pour tout
le monde.
Alors, nous allons passer à un bloc du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Borduas, la parole est à vous.
M.
Jolin-Barrette : Merci, M. le Président. Tout à l'heure, suite à ma
question, le ministre nous répliquait qu'on manquait de cohérence en
termes environnementaux puis au niveau de la... notre positionnement sur la
cimenterie de Port-Daniel. J'aimerais attirer son attention sur un article qui
a été écrit par Louis Gagné, en date du 3 février 2014, et qui se lit
comme suit :
«Les
partis d'opposition accusent le gouvernement Marois d'acheter des votes en
Gaspésie. Le whip en chef du Parti libéral, [le député de
Saint-Laurent], et le chef de la Coalition avenir Québec, [député de L'Assomption],
sont revenus lundi sur une déclaration qu'a
faite Pauline Marois, vendredi dernier, à l'occasion de l'annonce du soutien
financier du gouvernement du Québec au projet de cimenterie de Port-Daniel—Gascons.
«"Le
comté de Bonaventure a fait un très bon choix lors des dernières élections, et
vous avez les résultats aujourd'hui de ce choix", avait affirmé la
première ministre en point de presse.
«Selon [le député de
Saint-Laurent, actuel leader parlementaire], cette déclaration démontre que le
Parti québécois gouverne en fonction de ses intérêts [locaux]. "Ça revient
à monnayer un travail, une responsabilité [en] développement économique de tout le Québec contre des intérêts
électoraux", a-t-il dit. "C'est rien d'autre qu'un
détournement de démocratie, et, dans les livres d'histoire, on attribuait ça à
Maurice Duplessis."»
Il
est vrai que le chef de la Coalition avenir Québec a souligné que
l'investissement de «350 millions, sous forme de participation
directe et de garanties de prêts dans le projet de cimenterie de l'entreprise
Ciment McInnis», était un mauvais investissement.
Donc,
dans le fond, M. le Président, ce que je tiens à apporter comme élément, c'est
que nous avons toujours été cohérents
sur ce projet. C'est un mauvais investissement économique pour le Québec, c'est
un mauvais investissement économique
pour les Québécois. Et, en plus, il y a des impacts environnementaux néfastes.
C'est un projet qui est mauvais pour l'environnement, mauvais pour
l'ensemble des Québécois.
Tout
à l'heure, M. le Président, le député de Fabre nous entretenait d'un propos
fort intéressant sur l'intervention législative
directe dans le processus judiciaire. Et lui-même, qui pratiquait en droit
criminel, j'aurais été curieux de voir... Si un de ses clients était accusé, s'il y avait eu une intervention
législative pour modifier la législation, de quelle façon aurait-il
réagi? Bien entendu, il aura l'occasion de répondre, et j'anticipe son
argument.
Mais,
dans le cas de cette cause civile qui était devant les tribunaux... Et je tiens
d'ailleurs à corriger le ministre, M.
le Président, que ce ne sont pas tous les demandeurs qui se sont désistés.
Effectivement, deux des groupes environnementaux, qui, eux, ont décidé
de défendre l'intérêt environnemental de tous les Québécois... Parce que, généralement, c'est le devoir du ministre de
l'Environnement, du Développement durable, de la lutte aux changements climatiques de s'assurer que les projets qui sont
développés au Québec respectent les lois environnementales québécoises,
respectent aussi l'objectif de la mission du ministère de l'Environnement.
Mais,
concrètement, il a fallu que les Québécois soient représentés par deux groupes
environnementaux en raison du fait
que le ministre, dans un souci de mise en place du projet le plus polluant de
l'histoire, s'est retrouvé de l'autre côté, en fait, de la table et à
émettre un certificat d'autorisation sans l'assujettir à un processus
d'évaluation environnementale effectuée par le bureau d'audiences publiques en
environnement.
Mais,
pour revenir à ce que disait le député de Fabre, c'est assez rare que le
Parlement dépose un projet de loi particulier.
C'est arrivé à quelques occasions au cours des dernières années,
notamment : dans le dossier de Bombardier, hein, pour les voitures du métro; le consortium avec Alstom, encore la
famille Bombardier; aussi avec l'édifice... l'aréna ici, à Québec, le colisée, donc, on a voulu protéger
l'entente et, oui, effectivement, ça a avait été déposé par la députée
de Taschereau. Donc, c'est un processus qui est très rare.
Mais
ce qui m'inquiète dans ce dossier-ci, c'est que, comme le disait le député de
Fabre, c'est pour guider, pour réaffirmer l'État du droit, comme le
leader parlementaire du gouvernement le mentionne. Mais ce qui est particulier,
c'est qu'il s'agit d'un cas très pointu,
d'une situation unique. Et, dans ce cas-ci, on doit permettre au justiciable de
s'adresser aux tribunaux pour connaître l'État du droit. Et, si la position du
gouvernement était si claire, si on vient seulement réaffirmer l'État du droit,
bien on n'a pas à déposer un nouveau projet de loi parce que ça va être ça, la
loi, le tribunal va déterminer que c'est le statut.
Et
le député de Fabre s'inquiétait beaucoup sur l'aspect des ressources judiciaires.
Mais, quand même, hein, le recours a
été entrepris au mois d'août. On a laissé les parties tenir des interrogatoires
au préalable. On a laissé les parties avoir
des notes sténographiques. On a fait traîner en longueur le dossier. Là, à deux
semaines, à deux semaines... Parce que c'est
assez rare... Et le député de Fabre le sait que d'avoir des dates à la cour
pour une période de deux semaines, c'est assez rare, aussi, à un moment aussi rapide. La Cour supérieure avait fait des
efforts importants pour libérer deux semaines de jours d'audience, M. le Président. Et, à quelques dizaines... à une
dizaine de jours du processus judiciaire, du procès qui devait
s'entamer, eh bien, là, le gouvernement intervient directement dans le
processus judiciaire pour soustraire à la compétence du tribunal le dossier et
pour lui permettre de statuer sur quelle est la situation.
Est-ce
que le gouvernement a respecté ses lois et ses règlements? J'aime beaucoup
mieux vivre dans une société où il y
a un arbitre qui peut déterminer véritablement : Est-ce que le
gouvernement a respecté l'ensemble de sa réglementation? Est-ce que le gouvernement a respecté l'ensemble
de sa législation?, plutôt que d'intervenir par la porte d'en arrière et
de venir déposer un projet de loi. Surtout, M. le Président, que, comme je vous
l'ai dit, il a fallu que ce soit des groupes environnementaux
qui saisissent les tribunaux pour s'assurer que le processus environnemental
avait été respecté. Donc, ça constitue un problème.
Surtout,
M. le Président, est-ce que tous les projets industriels maintenant qui vont
avoir une certaine difficulté ou qui vont être contestés vont pouvoir
maintenant aller cogner à la porte du premier ministre puis obtenir un projet
de loi particulier pour couvrir leur situation
particulière, ou pour ne pas les assujettir, ou pour venir réaffirmer, comme
le prétend le leader parlementaire du
gouvernement, l'État du droit? Ce que je vous dis, c'est que, si c'est l'État
du droit, il n'y avait pas besoin de clarification par le biais d'un
dépôt d'une législation.
Maintenant, M. le
Président, vous savez qu'on a parlé de la... le ministre nous a parlé tout à
l'heure de la modernisation des autres usines partout au Québec. Vous savez
qu'il y a quatre...
M.
Ouimet
(Fabre) : En fait, question de règlement, oui, question de
règlement. Est-ce que la question... C'est
que le député de Borduas semblait m'interpeller, me poser une question. Est-ce
que c'est une question en vertu de 213 ou... Alors, c'est ma question de
règlement.
Le
Président (M. Reid) : Oui. M. le député de Fabre, dans le
contexte de la défense des crédits, on est très, très large dans l'interprétation, que ce soit la
pertinence, que ce soit... Je pense qu'ici c'est dans le cadre des discussions
avec le ministre et j'attends de voir à qui la question est posée, comme vous.
M.
Ouimet (Fabre) :
O.K., parfait, c'était ça, si la question m'était adressée ou au ministre.
• (17 h 10) •
M.
Jolin-Barrette : Je comprends, M. le Président, l'intérêt du député de
Fabre à vouloir intervenir, à répondre à la question. Peut-être que le ministre
lui laissera du temps pour répondre, mais en fait ma question est dirigée vers
le ministre, M. le Président.
Vous n'êtes
pas sans savoir, M. le Président, qu'il
y a quatre cimenteries au Québec actuellement : il y en a une à Joliette,
à La Prairie, dans Portneuf et maintenant à Port-Daniel. Et le ministre disait tout à l'heure : Pourquoi les autres cimenteries n'ont pas modernisé leurs
installations? Parce que la cimenterie McInnis va constituer, selon le
ministre, la cimenterie la plus
performante, mais aussi — il a oublié de le dire — la plus polluante puis celle qui va émettre
le plus de rejets.
Il faut dire
que les cimenteries actuellement fonctionnent, les cimenteries existantes, à
seulement 60 %. Donc, est-ce que
le ministre va aller dire aux travailleurs qui sont à Joliette, qui sont dans
le comté de La Prairie, dans le comté de Sanguinet aussi, qui est juste à côté, à Saint-Constant, à Portneuf
également : Vous allez perdre votre job? Vous allez perdre votre job parce qu'on a décidé d'appuyer un projet
en Gaspésie. On va déplacer des emplois uniquement, puis, vous, ce n'est pas important. Est-ce que les cimenteries
qui n'ont pas été soutenues, en fait, par le gouvernement, parce que
vous savez que le support financier du gouvernement du Québec...
Le ministre
souligne, M. le Président, qu'il s'agit d'un investissement, un investissement
en soi. Mais détaillons le calcul de
l'investissement : un prêt de 250 millions d'Investissement Québec,
100 millions en capital-actions, 100 millions de la Caisse de dépôt et placement. Est-ce que les
autres cimenteries au Québec ont eu ce soutien-là, M. le Président? Non,
ils ne l'ont pas eu. Même, la cimenterie
Holcim avait un projet de modernisation de 200 millions, mais qu'est-ce
qu'ils ont fait? Ils ont décidé de mettre ça
sur la glace. Ils ont décidé de mettre ça sur la glace parce qu'on voit
l'intervention directe du gouvernement québécois.
Pourquoi
privilégier cette cimenterie-là? Est-ce que c'est à cause des liens, M. le
Président, des propriétaires de la cimenterie?
Est-ce que c'est plus facile pour eux d'accéder aux portes du gouvernement, M.
le Président? On ne le sait pas. Mais ce qu'on constate, c'est que ce
projet-là est un mauvais montage financier. Et même le ministre de l'Économie, de l'Innovation et des Exportations a douté... Un
coup qu'il est arrivé aux affaires, il a émis des réserves. Le ministre
de l'Environnement aussi a émis certaines réserves. On a senti un certain
malaise dans son début de mandat.
Donc, qu'est-ce qui s'est passé? J'aimerais bien
entendre le ministre là-dessus, M. le Président, au moment de sa réponse. Mais ce qu'il faut dire, c'est que
les travailleurs qui vont se retrouver dans les autres régions, eux, ne
pourront plus travailler ou vont perdre leur
emploi parce qu'on va amener un nouveau joueur dans l'industrie où... Ce
nouveau joueur là va venir, en fait,
noyer le marché parce que les autres cimenteries sont seulement à 60 % de
fonctionnement. Et d'ailleurs c'est souligné dans l'évaluation qui a été
réalisée par le ministère.
Le ministre
aussi, M. le Président, disait tout à l'heure : Bon, bien, la cimenterie
McInnis en Gaspésie va constituer une
cimenterie qui va se diriger vers les meilleures pratiques environnementales.
Mais on n'oublie pas que, dans l'évaluation qui a été réalisée par le ministère... Et je cite, à la page 10 :
D'autre part, il «utilisera — comme carburant, là — le coke de pétrole ou le charbon
comme combustible principal» pour son procédé, alors que l'«huile No 2 sera
utilisée pour le démarrage» de la
cimenterie. Toutefois, cimenterie McInnis a indiqué envisager «sérieusement la
possibilité d'utiliser la biomasse
provenant des résidus de coupe de bois et d'usines de sciage comme premier
combustible alternatif». «À cet effet,
[le four de calcination sera, dès le départ, dimensionné pour] l'utilisation de
biomasse.» L'utilisation de biomasse ne pourrait cependant se faire
«qu'après la phase de rodage de l'usine et une fois que la qualité des ciments
produits [est jugée] satisfaisante».
Concrètement,
là, on dit, là : Bien, ça va être du coke de pétrole, puis on va voir,
hein, parce qu'on indique «envisager sérieusement». Mais tout ça, M. le
Président, ça ne vaut que le papier sur lequel il est écrit, parce qu'on n'a aucune garantie de la part du ministère que
c'est véritablement... on va se tourner vers des combustibles au niveau
de la biomasse ou des combustibles
alternatifs. Il y a aussi une question de proximité aussi de ces
combustibles-là qui est importante,
parce qu'on n'oublie pas que l'usine est plus éloignée des centres pour obtenir
ce genre de combustible alternatif.
Donc, M. le
Président, ce qu'il faut dire par rapport à cette cimenterie-là — et je vais souhaiter entendre le
ministre sur ce point — c'est qu'il y a énormément de facteurs
défavorables. C'est un projet qui a été lancé pour une fin
électoraliste, auquel son propre... les
membres de son gouvernement ont émis certaines réserves, puis on se retrouve
avec une situation et un montage
financier défavorables. On calcule que c'est 2 millions par emploi. Est-ce
qu'il y a un projet économique qui est
rentable à 2 millions par emploi? Ne pensez-vous pas que les entreprises
en Gaspésie qui auraient eu accès à ce financement-là, les petites et
moyennes entreprises, auraient pu beaucoup plus diversifier l'économie de la
Gaspésie plutôt que d'avoir un projet
mono-industriel de 450 millions? Est-ce qu'on réalise qu'avec un tel
investissement on aurait pu réaliser beaucoup plus au niveau de
l'économie régionale?
On
vient accorder un passe-droit, notamment par le projet de loi n° 37, à une
entreprise. Et quelle est la raison véritable du dépôt de ce projet de
loi là à la dernière minute? Est-ce que c'est parce qu'il y a des déboursés qui
vont se faire bientôt par Investissement
Québec, par la Caisse de dépôt? Est-ce qu'il y a une pression des investisseurs
privés qui font partie... On change les
règles du jeu, M. le Président, on change les règles du jeu pour les projets
industriels, d'autant plus que, M. le Président, la cimenterie... Et
j'entendais le ministre, tout à l'heure, parler de la bourse du carbone et de ce nouveau régime et se féliciter que l'Ontario
joint ce régime. Je le félicite également d'avoir fait les efforts de représentation pour réussir à ce que plusieurs partenaires
se joignent à la bourse du carbone. Mais ce qu'il ne faut pas oublier, M. le Président, c'est que la nouvelle
cimenterie qui va entrer en vigueur va représenter 10 % des émissions
de gaz à effet de serre du milieu
industriel. On vient lui accorder un passe-droit, une particularité — en plus, avec de l'argent
public — dans
ce nouveau régime.
M.
le Président, il faudrait souligner également — et je viens à ma question, M. le Président — que, le 10 mars 2014, la cimenterie McInnis a écrit au ministère
du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs,
l'ancien nom de l'époque, et présente sa demande pour la première fois, une
demande écrite, demande de certificat d'autorisation pour la construction,
travaux de fondation, de bétonnage, de structures d'acier dans le cadre du
projet de cimenterie à Port-Daniel, en vertu de l'article 22 de la Loi sur la
qualité de l'environnement.
Je
tiens à vous rappeler, M. le Président, que la demande du certificat
d'autorisation qui est faite, ça n'a rien à voir avec le projet original de 1995. C'est un tout autre projet. C'est un
projet qui a doublé, c'est un projet qui a complètement changé. Il
aurait dû être assujetti à la section 4.1 de la Loi sur la qualité de
l'environnement et à une audition... à une évaluation indépendante, où les gens
auraient pu s'exprimer sur le contenu de ce projet, d'autant plus que le
ministre, M. le Président, tout à l'heure, nous disait : Il y a de
l'acceptabilité sociale, Ciment McInnis a tenu des consultations.
Bien,
dans le même rapport, M. le Président, on souligne, en décembre 2013, dans le
cadre de son analyse de la mise à
jour de l'étude de répercussions portant sur le projet de cimenterie McInnis...
Le ministère a, à l'égard du projet, constaté
et conclu comme suit par rapport au manque de consultation publique, et je vais
citer : «Étant donné qu'aucune audience
publique n'a été tenue sur le projet par le Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, il a été difficile de porter
un jugement sur l'acceptabilité sociale de ce projet sur le plan social,
notamment parce que le [ministère] a reçu peu d'information sur les préoccupations de la population concernée par
celui-ci au niveau local, celle-ci ayant [...] peu d'occasions de les exprimer jusqu'à présent et de
poser les questions sur le projet.» Des «consultations ayant été menées
il y a plus de 15 ans, il aurait été souhaitable que l'initiateur réalise
davantage d'activités de consultation auprès de la population afin de connaître
leurs préoccupations actuelles au sujet du projet, celles-ci pouvant différer
de celles qui avaient été exprimées lors des consultations sur le projet
initial».
Aussi, M. le
Président, à la lumière de la défense qui a été présentée par Ciment McInnis
dans le processus judiciaire — qu'ils n'auront probablement pas la chance
de plaider, vu le projet de loi n° 37 — bien on constate qu'au niveau de l'acceptabilité du projet, dans la
défense, à la section V, les paragraphes 278 à 282, bien ces
allégations-là, ces affirmations ont
été rayées par Ciment McInnis. Et puis je n'apprendrai rien au député de Fabre,
et d'ailleurs, au ministre, que,
lorsqu'on raye ces affirmations, c'est qu'on ne veut plus en faire la preuve,
hein? Puis ce qui avait été allégué, c'est :
«Dès
ses premières démarches dans le projet, Cimbec Canada inc. et ses successeurs
ont choisi de travailler en étroite collaboration avec la communauté
d'accueil de la cimenterie.
«279.
Les relations de confiance tissées au fil des années avec la population locale,
les élus et les gens d'affaires de la région forment une solide
fondation pour la réalisation du projet.
«280.
La mise en cause Municipalité [et] la MRC de Rocher-Percé et, ultimement, toute
la grande région de la Gaspésie se
mobilisent fièrement derrière le projet, qui fait l'objet d'un large consensus
en matière d'acceptabilité sociale.
«281.
En effet, un sondage réalisé en août 2012 par la firme Léger Marketing auprès
de 1 200 résidents de la région de la Gaspésie a relevé une réception très favorable au projet, avec
plus de 85 % des participants en faveur de l'implantation de la
cimenterie...
«282.
[...]lorsque les personnes sondées étaient informées du fait que la cimenterie
[serait] parmi les plus modernes et performantes au niveau
environnemental en Amérique du Nord, la proportion des participants en faveur
du projet grimpait à 92 %.»
Donc,
concrètement, M. le Président, le promoteur lui-même du projet n'a pas souhaité
en faire la preuve devant le tribunal, a décidé de rayer ces
allégations.
Donc,
M. le Président, ma question pour le ministre : Est-ce qu'il considère que
ce projet de cimenterie, avec le financement
associé, est justifiable, considérant le marché du ciment, considérant l'impact
sur les travailleurs québécois qu'il
va avoir dans les comtés de Joliette, de La Prairie, de Sanguinet, de
Portneuf? Est-ce qu'il considère que ça ne constitue pas un passe-droit
pour un projet particulier au détriment de tous les autres?
• (17 h 20) •
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le député de Borduas. M. le
ministre, il vous reste 1 min 18 s pour répondre à la
question.
M.
Heurtel : Alors, merci, M. le Président. Je vais dire rapidement que je crois que le
député de Borduas
s'est trompé de salle parce que,
manifestement, ses propos sont dirigés vers le ministre de l'Économie. Et
donc je l'invite à aller à l'étude des crédits menée par ce ministre pour avoir réponse à ses questions,
qui sont nettement d'un point
de vue économique. Et on voit les véritables motivations de la deuxième opposition
en écoutant le député de Borduas. C'est une opposition
récente à ce projet-là, mais basée principalement sur des raisons économiques. Et l'environnement n'est qu'un prétexte pour
opposer ce projet, qui a des bénéfices économiques importants.
Je
vais rapidement dire, par
exemple... Sur certains points qui
ont été soulevés par le député de Borduas, je vais citer Steven Guilbeault, porte-parole d'Équiterre : «On est plutôt d'accord
avec le fait que c'est probablement une cimenterie qui sera plus efficace et plus propre, en quelque sorte, que celles
qui existent déjà.» M. le
Président, ce n'est pas moi
qui le dis, c'est Équiterre, un groupe environnemental.
Préciser rapidement
certains faits. Les groupes environnementaux se sont retirés de la poursuite,
ont décidé de passer la main...
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre, je dois vous interrompre. Le temps du bloc est écoulé.
M.
Heurtel : Ah! C'est déjà terminé? Bon, bien, je me reprendrai plus
tard.
Le
Président (M. Reid) :
Alors, nous passons à un bloc gouvernemental, et je passe la parole au député de Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) : Puisque
j'étais interpellé... Mais, M. le
ministre, vous souhaitez compléter
votre réponse... M. le Président, avant que j'intervienne.
Le Président (M.
Reid) : Oui. Allez-y, M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci. Alors, je
disais, un, bon, sur la question d'Équiterre, bon, j'ai cité. Sur le point encore,
la seule partie qui ne s'est pas désistée,
c'est Lafarge. Les groupes environnementaux se sont désistés. Encore une fois, le député de Borduas confond ces faits. C'est qu'il y a
un des groupes environnementaux qui était requérant qui n'a pas... qui
a refusé de participer au groupe de
médiation qui fait partie de l'entente. Mais il y en a un autre, le Centre
québécois du droit de
l'environnement, qui a décidé de
participer à l'effort de médiation. Et d'autres groupes environnementaux se sont joints à cet
effort de médiation là qui est en cours. Alors, encore une fois, rectification
des faits.
Ensuite,
et encore une fois, il faut comprendre que, quand on regarde qui reste comme
requérant dans la requête et on voit
les propos du député de Borduas, bien on voit encore une fois que... On se
demande pour qui parle le député de Borduas et la deuxième opposition.
M.
Jolin-Barrette : Question de règlement.
Le Président (M.
Reid) : Oui, M. le député de Borduas. Avez-vous un règlement en
particulier?
M.
Jolin-Barrette : Oui. Sur l'imputation de motifs. On insinue, M. le
Président, que je ne parle pas au nom des citoyens de la circonscription
de Borduas.
Le
Président (M. Reid) : Écoutez. Il s'agit du règlement
n° 77, et c'est le n° 6, je vous le lis : «Imputer des
motifs indignes à un député ou refuser d'accepter la parole.» Expliquez-moi
mieux parce que moi, je n'ai pas entendu ça, là. «Indigne», ça veut dire quand
même beaucoup, et c'est difficile à interpréter.
Une voix :
...
Le Président (M.
Reid) : S'il vous plaît!
M.
Jolin-Barrette : Est-ce que le député d'Argenteuil veut intervenir,
M. le Président?
Le Président (M.
Reid) : Non, mais si vous avez quelque chose à dire, dites-le
maintenant. Sinon, on va passer à la réponse.
M.
Jolin-Barrette : Ah! O.K. Bien oui, oui, oui, je vais rajouter. Le
ministre a dit : On ne sait pas pour qui le député parle. Je vous
dis que je parle au nom des citoyens de la circonscription de Borduas.
Le Président (M.
Reid) : Bien, écoutez, ce n'est pas une question de règlement,
si vous aviez l'intention d'intervenir. Alors, je passe la parole au ministre.
Et, s'il vous plaît, respectons le règlement.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, sur la question de la
position de la CAQ sur le projet, je vais citer L'Avantage, le Journal L'Avantage de Rimouski, Mont-Joli, Matane : «En
accord avec le projet de la cimenterie de Port-Daniel» et en parlant de Yves Blanchard. Également, dans un autre
article, cette fois-ci dans L'Écho de la Baie, le candidat écrit lui-même sur le site de ce journal :
«Je suis en faveur de l'implantation de la cimenterie de Port-Daniel. La
région a incontestablement besoin de ces 150 emplois.»
Alors, il faut... Je peux continuer : «C'est pourquoi une renégociation
du montage financier par la venue, par
exemple, d'une plus grande participation du groupe Beaudier[...], d'un autre
investisseur[...], d'un autre bâilleur de
fonds permettra de rapatrier des millions... Je suis confiant que la cimenterie
verra bientôt le jour dans une perspective
où chaque dollar confié par le contribuable québécois à ce gouvernement aura
été investi dans ce dossier pour le meilleur
intérêt de tous.» Ça, c'est le candidat de la CAQ, et ce sont ses mots, M. le
Président.
Alors,
c'est simplement pour dire qu'en effet
c'était un bon projet. Nous sommes d'accord avec la CAQ que c'est un bon projet pour
la Gaspésie. Il fallait revoir le montage financier. Nous sommes également d'accord
avec la CAQ là-dessus. C'est ce que le ministre de l'Économie a fait. Et on a
un nouveau montage financier qui est au bénéfice de l'ensemble des Québécoises
et des Québécois. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a
un intervenant du côté gouvernemental? M. le député de Fabre.
M.
Ouimet (Fabre) : Oui, merci, M. le Président. En fait, je
pense... En fait, ce n'était même pas à mots couverts, là; les
questions, l'intervention du député de Borduas m'interpellaient, et c'est avec
plaisir que je vais répondre à cette invitation de poursuivre l'échange sur le
rôle du législatif, le rôle des tribunaux.
Évidemment, en fait, je... Peut-être
que c'était une boutade, mais, quand le député de Borduas nous dit : En
tant que criminaliste, est-ce que j'aurais
accepté une intervention du législatif dans la cause d'un de mes clients qui
est accusé devant les tribunaux au
criminel? Évidemment, le député de Borduas sait que ce genre d'intervention
serait inapproprié parce que... Et là c'est un bel exemple, c'est que,
dans notre système, les accusés ont, en vertu de la Constitution, une protection. On garantit un tribunal impartial, un
procès juste et équitable devant un tribunal impartial. Et ce serait
contraire à la Constitution, à la charte
québécoise également, si l'État, par le biais de son pouvoir législatif,
intervenait pour dicter au tribunal
un verdict. Alors, évidemment, je comprends que c'était à la blague que le
député de Borduas faisait ce commentaire.
Ceci dit, il a
glissé, sans en parler plus à fond, mais... cette notion de société fondée sur
la règle de droit, c'est absolument
fondamental. Toute mon action, toute ma vie professionnelle et encore
aujourd'hui, M. le Président... pour moi, c'est fondamental. Et je sais que ça l'est également pour nos
123 collègues, qui partagent cette conviction. D'ailleurs, ça fait partie de nos... Quand on parle de notre code
d'éthique et de déontologie, des valeurs de l'Assemblée nationale, des
valeurs qui sont dans ce code d'éthique et de déontologie, on reconnaît
l'importance de respecter et de protéger, de faire la promotion de nos
institutions. Et, sans entrer dans le détail du libellé, il est clair que, dans
nos responsabilités comme parlementaires, nous devons absolument garantir cette
société fondée sur la règle de droit.
Quand
on dit «fondée sur la règle de droit», qu'est-ce que ça veut dire? Ça veut dire
qu'il n'y a personne qui est au-dessus
de la loi. Ça veut dire, entre autres, la question de la séparation des
pouvoirs, auxquels j'ai fait référence plus tôt. Mais ça nous ramène toujours à la question fondamentale du projet de
loi, de l'intervention — que j'estime absolument appropriée — du pouvoir législatif pour clarifier une
question de droit, une question d'interprétation de la loi. Et ce que
fait le projet de loi, c'est qu'il clarifie
cette question. Et donc le recours au tribunal comme arbitre indépendant et
impartial pour trancher une question de
droit, c'est-à-dire l'interprétation de la loi, devient inutile puisque le
législateur dit clairement : Voici ce que la loi... C'est comme ça
qu'il fallait interpréter cette loi, je vous le dis, donc il est inutile
d'avoir un débat judiciaire.
Ceci
dit, je défendrai toujours, parce que c'est un principe fondamental de notre
société, l'accès aux tribunaux. Encore
faut-il que cet accès soit utile, l'accès à la justice qu'on veut. Si le débat
est inutile, puisque la loi est claire, il est inutile d'avoir... de réclamer un accès aux tribunaux puisque la
question est réglée. Et, quand on dit... on parle de délais... et là je ne suis pas entré dans les détails, là, de
la procédure, mais ce sont des coûts, ce sont des délais qui, malgré tout...
et le temps que le tribunal consacre à cette
cause-là n'a pas été consacré à des dossiers de la région. Je ne sais pas ce
qu'était l'état du rôle des tribunaux à... Je ne sais pas si c'était à New
Carlisle ou... à quel palais de justice ça a été entendu.
Une voix :
...Québec.
• (17 h 30) •
M.
Ouimet
(Fabre) : À Québec. Mais deux semaines de procès à Québec, à
Montréal, à New Carlisle, c'est deux
semaines de procès qui ne sont pas disponibles pour d'autres causes qui doivent
être entendues, M. le Président. Et ça a un impact direct, c'est un lien
direct avec... sur la question de l'accès à la justice.
Un dernier
point — et
le ministre en a fait état — c'était
la question... On a parlé de la médiation. Ça, c'est un point important quand on parle d'accès à la justice. Et je pense que
je suis assez bien placé pour en parler, parce que c'est un thème qui
m'est cher, mais qui est cher aussi, je sais, au gouvernement.
Lors
de la dernière législature, j'ai travaillé avec le ministre de la Justice St-Arnaud qui était à l'époque... qui a
été celui qui a mené à l'aboutissement de ce projet, la réforme du Code de
procédure civile, et un message qui était très clair pour... et qui faisait l'unanimité au sein de cette Assemblée,
tous gouvernements confondus depuis plusieurs années, c'était l'importance de la justice participative.
Et le dossier dont il est question, qui a nécessité l'intervention
législative par le projet de loi n° 32, est un bel exemple de cette
justice participative où les groupes environnementaux qui étaient interpellés ont décidé de participer à cet effort
pour trouver une solution qui... Et moi, je me réjouis de cette
approche-là parce qu'elle permet de trouver
une... de rechercher une solution qui est encore plus satisfaisante qu'un
simple jugement qui vient régler une
question de droit, question de droit qu'on va par ailleurs, je l'espère, si
l'Assemblée nationale adopte le projet
de loi n° 32... qui va être évacuée. Mais reste la question de fond :
d'assurer, d'une part, la réalisation de ce projet-là dans le respect
des divers intérêts mais aussi la protection de l'environnement et donc de
trouver le suivi et tous les considérants qui font partie et qui débordent la
stricte question de droit qui était soumise aux tribunaux.
Alors, moi, au
contraire du député de Borduas, M. le Président, je me réjouis de la tournure
des événements dans ce dossier-là parce qu'il me semble que c'est encore plus
constructif comme démarche que le simple recours au tribunal pour déterminer une question de droit qui... pour les fins de
la discussion, tenons pour acquis qu'il y avait un flou. Le projet de
loi n° 32 va le clarifier, et moi, je pense que, de la façon que ça s'est
réglé, c'est un commencement.
Ceci dit, un dernier
point — parce
que le projet... le député de Borduas a soulevé plusieurs points dans son intervention — c'était la question des interventions législatives ponctuelles dans les dossiers
particuliers. À l'extrémité où... En fait, dans notre système, on
prévoit même des projets de loi privés. C'est dans notre règlement, c'est dans
notre système de droit. Donc, il est prévu
dans notre système qu'à l'occasion on va adopter des lois, M. le Président, qui
ne visent qu'un individu. Alors,
qu'on le fasse pour un amphithéâtre, qu'on le fasse pour une compagnie pour
régler une question de droit, dans la
mesure où on le fait dans le cadre constitutionnel, dans les limites du pouvoir
législatif, M. le Président, moi, je
pense que c'est une très bonne chose, le projet de loi n° 32, et je
pense... 37. Je dis 32, je... il y a trop de projets de loi. C'est lequel,
le 32?
Des voix :
Les milieux humides.
M.
Ouimet (Fabre) :
Ah! bien, c'est un autre de nos projets de loi, M. le Président. Alors, mon
erreur est... Je peux me comprendre.
Bien, c'est tout ce que je
voulais dire sur cette intervention. Je ne sais pas si le ministre veut ajouter
à mon intervention.
Le Président (M. Reid) :
Alors, Mme la députée de Vaudreuil.
M.
Ouimet (Fabre) : Je
m'excuse.
Mme
Nichols : Oui. Alors, encore une fois, mon collègue rempiète sur mon
bloc de temps. Mais ça va, ça va.
M.
Ouimet (Fabre) : Ça m'a
fait du bien.
Mme Nichols : Oui. Il y a des choses
qu'il faut que ça sorte. Alors, ça va aller.
À la fin du dernier bloc de la partie gouvernementale,
M. le ministre avait commencé à parler du marché du carbone. J'interviens ici parce
qu'on parle souvent du prix sur le
carbone, puis, je pense, c'est un gros mécanisme. Je pense... quand on parle de prix sur le carbone, il y a
des distinctions à faire entre la taxe sur le carbone puis le marché du
carbone, puis je pense que c'est des notions
qui souvent mélangent soit la population ou même, des fois... Tu sais,
c'est des gros principes, puis ça
porte facilement à confusion. Une taxe, là, évidemment,
on sait c'est quoi, mais le marché du carbone, on le connaît peut-être un peu moins. Puis M. le ministre avait commencé
à en parler avant qu'on donne la parole aux groupes de l'opposition,
puis on avait commencé à parler aussi de l'entente avec l'Ontario relativement
au marché sur le carbone.
Puis j'en
profite pour dire : Moi, je suis du comté de Vaudreuil
puis j'ai été beaucoup sollicitée par ma population, par des
pétroliers indépendants qui étaient venus me voir pour me dire que ça avait une
incidence sur eux, le fait que l'Ontario n'adhérait pas au marché du carbone. Pour eux,
ils trouvaient un peu illogique qu'il
y ait une entente avec la Californie, alors qu'il n'y en avait pas avec
nos voisins d'à côté, et ça avait une incidence sur leurs entreprises. Puis je suis vraiment
agréablement surprise que l'Ontario ait annoncé, le 13 avril dernier,
justement, son intention de travailler en
collaboration avec le Québec relativement au marché du carbone. Puis je trouve que ça démontre aussi que c'est
compatible de travailler avec les autres
provinces, c'est compatible, c'est possible d'avoir une collaboration avec les autres, puis ça peut juste faire profiter notre population
d'une panoplie de belles opportunités. Alors, voilà. Félicitations pour cette
belle entente avec l'Ontario!
Et j'aimerais
maintenant entendre le ministre, justement, un peu plus sur le marché du
carbone, la différence entre les deux
mécanismes de tarification et les avantages qui sont liés entre autres à un
marché du carbone. Puis pourquoi le Québec et maintenant l'Ontario
préfèrent-ils ce mécanisme-là qu'à un autre mécanisme comme la taxe?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M. Heurtel : M. le Président,
puis-je vous demander combien de temps il nous reste?
Le Président (M. Reid) :
4 min 30 s.
M.
Heurtel : Quatre minutes. Alors, je vais commencer ici puis quitte à
poursuivre plus tard. Premièrement, il faut
comprendre que, depuis des décennies puis même depuis le début de l'ère
industrielle, on émet dans l'atmosphère des gaz à effet de serre qui sont générés par l'activité humaine. Et la
science est indéniable, ces gaz à effet de serre ont un impact majeur
sur notre santé, sur nos infrastructures.
On voit l'impact par les extrêmes météos que
nous vivons sur une base régulière : quand il fait froid, il fait beaucoup plus froid pendant de bien plus longues
périodes de temps; quand il fait chaud, les canicules sont plus dures, sont plus longues; les orages sont plus violents.
On voit que des inondations dans des zones dont on parlait... On parlait
de crues centenaires, bien ça fait deux, trois ans de suite où... c'est à tous
les cinq ans qu'il y a des crues centenaires. On les voit, ces effets-là, notamment au niveau des inondations. On a eu
des inondations majeures au Québec, et, tous les ans, on voit les effets
croissants de l'impact et du changement de notre climat.
On voit ça
aussi au niveau de l'érosion de nos berges. On voit que le Saint-Laurent est en
train de se transformer. Encore une
fois, ça a un impact sur les zones inondables, mais, on le voit, il y a des
zones côtières du Saint-Laurent qui perdent
presque un mètre par année à cause de l'érosion côtière. C'est un chiffre
énorme... mettre en perspective. Le taux de salinité, le taux salin du
Saint-Laurent est en train de changer. Ça va avoir un impact énorme sur la
faune aquatique. On voit aussi également le
niveau du Saint-Laurent qui est en train de changer de façon importante. Ça, ça
va avoir un impact également sur nos
prises d'eau potable. Alors, encore une fois, un impact sur quelque chose qui
est fondamental pour notre survie, l'eau potable, mais également sur nos
infrastructures en matière d'eau potable qui vont devoir être transformées.
Bref, il y a énormément d'impacts.
Je pourrais continuer très longtemps, mais le
fait est qu'il faut agir puis il faut agir maintenant. Je pourrais continuer
puis répondre à la question de la députée dans un prochain bloc, mais ne
serait-ce de dire qu'il y a urgence d'agir.
Et, si on ne change pas la façon dont on fait les choses de façon drastique, de
façon importante d'ici 2050, bien là, la terre va dépasser un seuil de
réchauffement qui va transformer la façon dont on vit d'une façon très
négative, va affecter nos vies, la façon
dont on s'alimente, notre santé d'une façon assez drastique. Et c'est 98 %
de la science mondiale qui nous le
dit. Nous-mêmes, notre propre consortium scientifique, Ouranos, nous le dit
régulièrement avec leurs rapports.
• (17 h 40) •
Alors,
c'est pour ça que, lorsqu'on regarde l'ensemble de la question des changements
climatiques, nous nous devions d'agir. Et là, en terminant, M. le
Président, la façon que nous avons privilégiée, c'est justement le marché du
carbone parce qu'on ne peut pas du jour au lendemain éliminer l'activité industrielle,
tout comme on ne peut pas du jour au lendemain éliminer notre dépendance, notre
trop grande dépendance au pétrole. Alors, quels moyens peut-on prendre concrètement pour opérer cette
transition-là, pour faire un geste concret qui va nous permettre d'avoir un
impact en matière d'émissions de gaz à effet
de serre? Et, quand on a regardé au Québec l'ensemble des moyens qui étaient
à notre disposition, parce que ce n'est pas
une chose facile, c'est compliqué, c'est complexe également, bien, le choix a été
fait d'aller vers le marché du carbone. Et,
dans le prochain bloc, j'espère que j'aurai l'opportunité justement... Là, j'ai
mis la table et là je pourrai préciser pourquoi nous avons fait le choix du
marché du carbone. Merci, M. le Président.
Le Président
(M. Reid) : Merci, M. le ministre. Nous passons maintenant au
dernier bloc pour cet après-midi. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui, merci, M. le Président. Alors, nous allons
passer au point sur le pipeline Énergie Est, de TransCanada. Je voudrais que le ministre nous explique ses
contradictions quant au calcul de la contribution globale des gaz à
effet de serre sur le projet. Je lui rappelle la séquence de façon un petit peu
plus chronologique.
Motion de
l'Assemblée nationale, motion unanime le 6 novembre 2014 concernant
le projet d'oléoduc Énergie Est, dans laquelle il est notamment
mentionné que la... Et c'est très clair, là, il faut bien peser les mots à
l'Assemblée nationale. Bien, enfin, pas toujours à la période des questions,
mais, dans les motions, on pèse bien les mots : «Que l'Assemblée nationale demande au gouvernement du
Québec qu'il inclut notamment la contribution globale — j'insiste,
"la contribution globale" — du projet Énergie Est aux changements
climatiques et aux émissions de gaz à effet de serre dans le mandat qu'il confiera bientôt au [...] BAPE afin
d'évaluer l'ensemble des impacts du projet Énergie Est de TransCanada.»
Ça, c'est le 6 novembre 2014.
Le
5 décembre 2014, après une rencontre avec le premier ministre
Prentice, de l'Alberta, M. le premier ministre nous dit qu'à l'instar du
gouvernement Harper son gouvernement... Et là c'est un article d'Alexandre
Shields, dans Le Devoir du 5 décembre 2014 : «À l'instar
du gouvernement Harper, [le gouvernement du Québec] ne tiendra pas
compte des gaz à effet de serre produits par
l'extraction du pétrole des sables bitumineux qui coulera dans le pipeline
Énergie Est dans le cadre de son évaluation environnementale du projet. Il
contredit ainsi une motion de l'Assemblée nationale qu'il a pourtant appuyée.»
Plus loin dans le même article : «Selon ce
qu'a confirmé un porte-parole libéral, le gouvernement du Québec n'évaluera pas les émissions de GES engendrées par
la production des 1,1 million de barils de pétrole albertain qui
couleront chaque jour dans ce pipeline.»
Plus loin, toujours dans le même article, et là il faut bien comprendre ce que
ça signifie, ne pas calculer la
contribution globale des GES sur le projet d'Énergie Est : «Selon
l'Institut Pembina, sa production — donc, de pétrole qui va circuler en territoire
québécois — générera
32 millions de tonnes de GES chaque année. Ces émissions sont plus
importantes que toutes les industries du Québec réunies. Elles représentent
aussi plus du double de toutes les réductions de GES que le Québec doit faire
pour parvenir à atteindre ses objectifs pour 2020», M. le Président.
Donc,
6 novembre, motion unanime de l'Assemblée nationale pour le calcul de la
contribution globale, 5 décembre, après
sa rencontre avec son homologue albertain, le premier ministre du Québec change
de bord, et, 14 avril 2015, lors du Sommet de Québec sur les changements climatiques, belle déclaration des
premiers ministres des provinces et des territoires du Canada où, là, on
parle de collaboration entre les provinces du Canada.
Exemple, je
cite juste quelques passages de cette fameuse déclaration : «Considérant
que l'atteinte de nos objectifs environnementaux, la lutte contre les
changements climatiques, la réduction des émissions de GES nécessiteront une approche intégrée à l'échelle de l'ensemble de
l'économie, incluant tous les secteurs; plus loin — [...] considérant la volonté des
provinces et des territoires de contribuer à la lutte du Canada contre les
changements climatiques et à renforcer la contribution des États fédérés et des
gouvernements régionaux à l'effort international de lutte contre les
changements climatiques...» Et là on tombe
dans les engagements : adopter une vision à long terme pour faciliter
l'atteinte des cibles de réduction de
GES de court et long terme; mettre de l'avant des mesures favorisant la
concertation intergouvernementale et
intersectorielle dans tous les secteurs de l'économie en matière de lutte
contre les changements climatiques; renforcer la collaboration
pancanadienne en matière de lutte contre les changements climatiques, notamment
par l'échange d'information, d'expertise, de
bonnes pratiques, afin de réduire les GES et renforcer des initiatives en
adaptation pour accroître la
résilience des populations, des infrastructures, des économies à l'égard des
risques climatiques; mieux coordonner
les systèmes de déclaration des émissions de GES entre les gouvernements; la
prochaine, je l'aime beaucoup, M. le Président, favoriser les
investissements dans le développement d'infrastructures et de réseaux
énergétiques résilients en vue de réduire les émissions de GES associées à la
production et à la consommation d'énergie; et enfin, une autre que je vous cite, promouvoir les actions des provinces et des
territoires ainsi que la contribution des États fédérés et des
gouvernements régionaux dans l'atteinte des objectifs internationaux pour... en
vue de Paris.
Bon. Alors
là, on nage en pleine contradiction. Ce ne sera pas la première fois avec ce
gouvernement : motion unanime pour contrer la contribution globale
des GES, le premier ministre vire de bord le 5 décembre, et là on revient d'un autre côté avec des grandes
intentions. Et, si on a un projet qui justement devrait faire l'objet — là,
ce n'est pas drôle, j'ai l'impression de parler comme un fédéraliste, M.
le Président — d'une
collaboration entre les provinces sur la
réduction des GES dans le soi-disant grand esprit fondateur de ce sommet de Québec,
c'est bien le projet Énergie Est parce
qu'il y a une extraction de sable bitumineux en Alberta, il traverse l'Alberta,
traverse la Saskatchewan, le Manitoba, l'Ontario,
traverse le Québec puis il va finir au Nouveau-Brunswick. C'est aussi fondateur
quasiment que le Grand Tronc, en 1867, de la Fédération canadienne,
mais c'est un grand tronc souterrain, c'est le pipeline.
Puis là le gouvernement du Québec,
dans son soi-disant grand objectif de lutter contre les GES, bien, il
dit : On n'en tiendra pas
compte, de la contribution globale, on n'en tiendra pas compte. Alors, il
fait... D'un côté, il dit une chose, de
l'autre côté, il dit l'autre chose. Ça m'a fait penser au calendrier de la CAQ;
vous vous en souvenez, de l'année passée, que c'étaient des jours pairs puis des jours impairs. Bien là, le
gouvernement est contaminé par le calendrier de la CAQ parce que le jour pair, il dit qu'il veut réduire
les contributions de GES, puis, le jour impair, il dit le contraire. Alors,
le 18 novembre, sa lettre, c'est un
jour pair, il dit qu'il va en tenir compte, puis l'article du 5 décembre, c'est
un jour impair, il dit qu'il n'en
tiendra pas compte. Alors, ça continue comme ça. Le 14 avril, la déclaration du
sommet de Québec, c'est le 14, c'est
un chiffre pair, il y a la déclaration de Québec, alors ça tombe bien, et le
gouvernement est victime du syndrome du calendrier de la CAQ.
Alors,
moi, j'aimerais que le ministre nous explique ces contradictions-là et qu'il
nous dise une fois pour toutes s'il va
tenir compte, dans le futur BAPE qu'on parlera tout à l'heure, de la
contribution globale des GES, en tout respect à sa déclaration de Québec de la semaine passée, M. le
Président. Puis là, écoutez, vraiment, c'est le monde à l'envers que ce
soit moi qui plaide pour un fédéralisme environnemental.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre.
• (17 h 50) •
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Je sais que le député de Jonquière
a dû avoir une journée éprouvante hier, mais j'espère que, dans l'échange, quand on parle de contradictions, il
pourra nous expliquer comment, d'un côté, ça fait des semaines, voire des mois qu'il s'oppose au projet TransCanada et qu'il
vient de se rallier à la cause du député de Saint-Jérôme qui,
lui, a dit publiquement, quant au projet TransCanada, qu'il fallait s'asseoir
avec TransCanada et négocier une bonne entente, financièrement parlant,
pour le Québec. Alors, quand on parle de contradiction, j'espère qu'on pourra
comprendre ce volte-face apparent de la part du député de Jonquière.
Alors,
concernant la question, encore
une fois, c'est une interprétation
qui appartient bien au député de Jonquière, des faits, parce que, oui, en
effet, l'Assemblée nationale a adopté une motion unanime. Je ne la relirai pas
parce que le député de Jonquière l'a
fait, mais il faut quand même prendre la peine d'aller plus loin. Il faut
prendre le temps de regarder les conditions qu'un gouvernement a
transmises à TransCanada pour le guider dans l'évaluation du projet, et ça, ces
conditions-là se retrouvent dans la lettre
du 18 novembre que j'ai signée, que j'ai envoyée au président de
TransCanada.
La
première condition, c'est que «les communautés locales devront être consultées
afin d'assurer l'acceptabilité sociale
du projet». Ensuite, il faut «s'assujettir à une évaluation environnementale
sur l'ensemble de la portion québécoise du projet, comprenant une
évaluation des émissions de gaz à effet de serre;
«3.
Le projet d'oléoduc devra respecter les plus hauts standards techniques pour
assurer la sécurité des citoyens et la protection de l'environnement et
seront, en ce sens, suivis par une unité de vigilance permanente;
«4. Le projet [de
loi] doit satisfaire à la loi en ce qui a trait aux Premières Nations, à leur
participation, à leur consultation, le cas échéant;
«Le
projet devra générer des retombées économiques et fiscales pour tout le Québec,
notamment en matière de création d'emploi dans les régions où il sera
installé;
«6.
TransCanada devra garantir un plan d'intervention et de mesures d'urgence selon
les standards les plus élevés et assumer
son entière responsabilité au niveau économique et environnemental en cas de
fuite ou déversement terrestre et maritime, incluant un fonds
d'indemnisation et une garantie financière prouvant sa capacité à agir en cas
d'accident;
«7.
Les approvisionnements en gaz naturel pour le Québec sont un enjeu qui devra
être sécurisé avant d'approuver tout
projet d'oléoduc», M. le Président. Je trouve que c'est important de bien comprendre
l'ensemble des conditions que nous avons transmises à TransCanada.
Alors,
nous avons pleinement l'intention, une fois que nous aurons un projet... parce
que, là, au moment où on se parle, on n'a même pas une portion
québécoise du projet. Alors, une fois qu'on aura le projet, nous avons
pleinement l'intention de procéder, et, comme nous le disons à la condition 2,
d'assujettir à une évaluation environnementale sur l'ensemble de la portion
québécoise du projet... qu'on va aller en évaluation des émissions des gaz à
effet de serre. Alors, ça, c'est dans la
foulée de la résolution de l'Assemblée nationale qui nous a envoyé cette
lettre, et le mandat qui sera éventuellement donné au BAPE sur la
portion québécoise du projet va refléter ce qui est écrit dans la lettre.
D'autres points, M.
le Président, qu'il faut préciser. C'est qu'il faut quand même rappeler que
TransCanada est un transporteur et non un
producteur de pétrole. Alors, le projet que le député de Jonquière veut qu'on
évalue, c'est un projet d'oléoduc, c'est un projet de transport de
pétrole, et TransCanada n'est pas un producteur. Ensuite, le pétrole proviendra
de partout dans l'ouest du continent. Ensuite, le BAPE ainsi que la Loi sur la
qualité de l'environnement n'ont pas de juridiction hors Québec. Et finalement
nous allons analyser les émissions de GES du projet au Québec.
Alors, il faut quand
même comprendre que, contrairement à ce qu'essaie de dire le député de
Jonquière, il va y avoir une évaluation des émissions de gaz à effet de serre
du projet mais ses impacts reliés au Québec, et il faut comprendre... Nous réalisons très bien qu'il y a des émissions de gaz à
effet de serre qui sont causées par l'exploitation du pétrole. C'est clair, et ces émissions de gaz à
effet de serre sont importantes et sont comptabilisées dans le bilan
canadien. Et c'est pour ça que,
justement — puis là
je vais faire le lien avec le sommet de Québec — il faut bien comprendre que ce qui est arrivé au sommet de Québec, c'est
justement que l'ensemble des provinces et territoires... Et, malgré le fait
que l'Alberta était en campagne électorale à l'époque et l'est encore, le
gouvernement albertain a quand même envoyé des
représentants du gouvernement, de ce gouvernement, au sommet de Québec. Il y a
eu une conversation très sérieuse, un échange très sérieux sur justement
la situation d'ensemble des provinces et territoires. Et, oui, force est de
constater qu'il y a des provinces qui sont
productrices de pétrole. Il faut comprendre ça, mais ces mêmes provinces là étaient
d'accord pour s'asseoir puis travailler
ensemble pour voir comment on peut réduire l'impact de cette production
pétrolière là sur l'ensemble du bilan canadien des gaz à effet de serre.
Alors,
c'est important de voir que, là, on avance. Ce n'est pas parfait, mais on
avance. Il y a une reconnaissance de
l'importance de l'enjeu, il y a une volonté de l'ensemble des provinces et
territoires à travailler ensemble pour voir comment, quelles techniques, quelles méthodes, quels moyens on peut
mettre en oeuvre ensemble pour réduire le bilan de chacune des provinces d'émissions de gaz à effet
de serre, puis ça comprend l'Alberta. On va attendre évidemment le résultat de l'élection en Alberta puis on verra
ensuite à travailler avec le gouvernement que les Albertaines et les
Albertains choisiront, mais nous sommes confiants qu'il y aura ce travail-là
parce que l'Alberta... que ça soit la conférence canadienne des ministres de
l'Environnement en septembre dernier à Charlottetown, que ce soit au dernier
sommet, il y a eu une volonté exprimée de la
part de l'Alberta de travailler avec les autres provinces, avec le Québec, avec
l'Ontario, avec la
Colombie-Britannique, avec l'ensemble des partenaires pour voir quels efforts
pouvaient être faits comme traitement. Et
c'est sur ça qu'on va travailler, c'est sur ça qu'on va travailler en route
vers la conférence des ministres de l'Environnement qui aura lieu à Winnipeg
en juin. C'est le travail qu'on va faire d'ici à Paris en décembre.
La dernière
chose que j'ajouterais là-dessus, M.
le Président... Il faut aussi dire
que, oui, il y a un partenariat parce que les
conditions que le Québec a, ce sont des principes qui, quasiment mot pour
mot, ont été repris par l'Ontario
dans le cadre d'une entente que nous avons signée avec l'Ontario le
21 novembre dernier, et nous nous sommes entendus sur des principes qui allaient guider notre évaluation
commune du projet Énergie Est Alors, si je peux le citer, alors : En ce qui
a trait au projet d'oléoduc — alors, ça, c'est l'entente que nous avons
signée avec l'Ontario le 21 novembre dernier à Toronto — le
Québec et l'Ontario se sont entendus sur les principes suivants qui doivent
être respectés par les promoteurs — là, on parle des promoteurs de
l'oléoduc : être conformes aux normes techniques les plus élevées en
matière de sécurité publique et de protection de l'environnement; disposer
d'une planification d'urgence et de programmes d'intervention d'urgence d'avant-garde; les promoteurs et les
gouvernements consultent les communautés et remplissent leur mandat de consulter les communautés
autochtones; prendre en considération la contribution aux émissions de
gaz à effet de serre; offrir des avantages
économiques tangibles et des possibilités à la population de l'Ontario et du
Québec, en particulier dans les domaines de la création d'emplois à court et à
long terme; s'assurer que les risques économiques et environnementaux et responsabilités, y compris la remise en état,
devraient incomber exclusivement aux entreprises de pipeline en cas de fuite ou de déversement sur le
sol ou dans l'eau, et fournir des garanties financières démontrant la
capacité de ces entreprises à réagir à ces catastrophes; et tenir compte des
intérêts des consommateurs de gaz naturel.
Alors, il y a clairement, M. le Président...
M. Gaudreault : Merci. J'ai
compris, là.
M. Heurtel : Il y a clairement, ici,
M. le Président...
M. Gaudreault : Je peux-tu
demander la collaboration au ministre?
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Jonquière, vous n'avez pas la parole, là.
M. Gaudreault : Non, non,
mais je...
M. Heurtel : Alors, il y a
clairement ici, M. le Président...
M. Gaudreault : Question de
règlement.
Le Président (M. Reid) : M.
le député. Oui, c'est quel numéro de règlement, M. le député?
M. Gaudreault : Non, mais.je
demande la collaboration...
M. Heurtel : ...M. le Président, une
démonstration...
Le
Président (M. Reid) : M. le ministre, vous n'avez pas la parole
non plus, excusez-moi. Il y a une question de règlement, mais il faut
que ce soit une question de règlement.
M. Gaudreault : Bien, je
demande la collaboration du ministre. On collabore depuis le début, le député
de Borduas... C'est une question de...
Le
Président (M. Reid) : Ce n'est pas une question de règlement,
M. le député de Jonquière. Je suis désolé, ce n'est pas une question de règlement. Vous n'avez pas la parole, vous ne
transformerez pas la commission en autre chose que la commission. Je
m'excuse.
M. Gaudreault : On a toujours
fonctionné avec une collaboration pour avoir des échanges...
Le Président (M. Reid) : Oui,
vous demandez la collaboration au ministre quand c'est votre tour, mais pour
l'instant le ministre a la parole, et il est le seul qui a la parole.
M. Gaudreault : Bien oui,
mais là, je veux dire, la stratégie du gouvernement...
Le Président (M. Reid) :
M. le député de Jonquière, vous n'avez pas la parole.
M. Gaudreault : Je comprends
la stratégie du gouvernement. Tout le temps, monsieur, c'est toujours la même
chose.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Jonquière, vous n'avez pas la parole.
M. Gaudreault : Mais
pouvez-vous lui demander la collaboration?
Le
Président (M. Reid) : M. le député de Jonquière, vous n'avez
pas la parole, c'est M. le ministre qui a la parole pour l'instant. Vous aurez l'occasion de parler,
vous pourrez peut-être faire vos propres demandes vous-même au ministre.
M. Gaudreault : Bien, c'est
ce que je fais.
Le Président (M. Reid) : Bien
là, vous le faites quand vous n'avez pas le temps de parole. Je ne vous donne
pas la parole, vous ne l'avez pas.
M. Gaudreault : Bien ...
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre, vous avez la parole.
M. Heurtel : Je comprends, mais la
question du député avait plusieurs éléments, et là...
M. Gaudreault : Bien oui,
mais...
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Jonquière, vous n'avez pas la parole.
M. Heurtel : C'était justement pour
démontrer le fait, M. le Président... Et ce que j'essayais de faire, c'était de
démontrer justement, contrairement à ce que le député de Jonquière dit, que
justement il y a un effort concerté du Québec,
de l'Ontario et d'autres partenaires, concrètement, avec des ententes qu'il n'a
pas citées dans ses préambules, dont
il n'a pas fait référence dans ses préambules, qui font en sorte que,
contrairement à ce qu'il tente de démontrer, il y a un effort réel et
concret de la part du gouvernement du Québec et de la part d'autres
juridictions, notamment celle de l'Ontario, par rapport au projet Énergie Est,
de voir, à l'intérieur des compétences environnementales de chacune des
provinces, de s'assurer que, dans son ensemble, la question des gaz à effet de
serre soit traitée par rapport au projet.
Puis, encore
une fois, il faut que j'ajoute, et je terminerai là-dessus, M. le Président,
que la secrétaire générale de la Convention-Cadre
des Nations unies sur les changements climatiques, Christiana Figueres, appelle
le Canada à tourner le dos aux
combustibles fossiles. Ça, elle a dit ça à Québec. Parce qu'encore une fois le
député de Jonquière fait référence au sommet
de Québec, alors, je réponds à sa question. «De passage à Québec, elle a invité
les décideurs politiques canadiens à
accélérer la transition énergétique afin d'alléger le poids du pétrole dans
l'économie canadienne.» Elle cite : «"Est-ce que ça va être facile? Non", a-t-elle convenu
devant les chefs de gouvernement des provinces et des territoires réunis
au Sommet de Québec sur les changements
climatiques. "[Mais] il est très, très difficile de continuer à avoir une
économie canadienne exposée à la volatilité
des prix du pétrole", a-t-elle ajouté, faisant allusion aux déficits
budgétaires annoncés ou anticipés au pays.»
Il y a une
prise de conscience, M. le Président. Et le projet Énergie Est, justement, la
prise de conscience qui s'est faite à Québec le 14 avril, l'entente que
nous avons prise avec l'Ontario le 21 novembre dernier, la lettre que j'ai
envoyée à TransCanada le 18 novembre démontrent très bien qu'on prend non
seulement très au sérieux l'impact du projet
TransCanada sur les GES, mais l'importance justement et les moyens concrets que
nous mettons en oeuvre pour s'assurer
qu'on tienne compte des GES du projet dans les évaluations environnementales
qui auront lieu, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Alors, étant donné l'heure et compte tenu
de l'heure, donc, la commission suspend ses travaux jusqu'à
19 h 30.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise à 19 h 32)
Le Président (M. Reid) : Alors,
nous allons reprendre nos travaux.
Je vous
rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du portefeuille Développement durable, de l'Environnement et
Lutte contre les changements climatiques pour l'exercice financier 2015‑2016.
Avant de poursuivre
nos travaux, j'aimerais faire une petite intervention. Il est clair... et mon
mentor dans le parlementarisme, Geoff Kelley, m'a dit souvent qu'effectivement
il faut essayer de maximiser les échanges dans les commissions parlementaires, et
j'ai discuté un peu avec tout le
monde en dehors de la commission, et je suis persuadé que nous sommes tous ici de bonne foi et de bonne volonté. Il y
a toujours une frustration, surtout dans les crédits, les réponses peuvent paraître toujours
plus longues. Et, pour ce faire... Et ça me paraît difficile, le président
donne la parole, pour lui, il n'est pas facile d'enlever la parole à
quelqu'un, sauf que, devant le fait que nous sommes tous de bonne volonté, je vais tenter au meilleur possible de
faire en sorte que nous agissions et que nous maximisions nos échanges
dans le respect du droit de parole de tous. Alors, je vais faire mon possible.
Nous
allons commencer maintenant avec le bloc gouvernemental. Nous en sommes au
premier bloc de la soirée. Mme la députée de Vaudreuil. Oui.
Mme Nichols :
Merci, M. le Président. Alors je reviens pour une troisième fois avec le même
sujet. On avait commencé à parler de la taxe sur le carbone versus le marché du
carbone. Vous aviez commencé, M. le ministre, à expliquer, le marché du carbone, comment ça fonctionnait, l'alliance...
bien «l'alliance», en fait, l'Ontario qui a adhéré aussi au principe récemment.
Est-ce que vous
pouvez continuer à élaborer sur le marché du carbone puis nous expliquer aussi
comment ça fonctionne, là, via le lien avec le Fonds vert?
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, lors du dernier bloc, on s'était laissés
sur les justifications d'agir de façon urgente en
matière de lutte contre les changements climatiques, et le choix que le Québec a
fait, c'est le choix du marché du
carbone. Alors, pour expliquer un peu ce qui en découle, c'est que le marché du
carbone, c'est lié au système,
c'est la conséquence directe du système de plafonnement des émissions, mieux
connu sous le nom de SPEDE, alors plafonnement
des émissions, et d'échange des droits d'émission. Et ce système-là
fait en sorte que les grands émetteurs de carbone, donc les grandes industries,
doivent rapporter au gouvernement leurs émissions de carbone. Et, basé sur
ces rapports d'émission, lorsque des industries émettent plus qu'un certain
niveau — donc,
dans notre cas, on parle de 25 000 tonnes de CO2 par année — bien
là, elles ont dépassé, ces entreprises-là, le plafond établi par législation et
réglementation à Québec et, conséquemment, ces entreprises-là doivent se
procurer des droits d'émission de gaz à effet
de serre. Or, ces droits-là sont
vendus lors de ventes aux enchères. Alors, au Québec, le système est en
place depuis 2013. Il y a
eu au total six ventes aux enchères à date. Il y en a eu quatre qui
visaient uniquement le marché québécois, et les deux dernières étaient des ventes aux enchères liées à la Californie,
parce qu'on a lié notre marché à celui de la Californie.
Alors,
l'idée derrière le marché du carbone, c'est que les entreprises qui émettent,
donc, plus que le seuil permis de gaz
à effet de serre, en se procurant des
droits d'émission pour chaque tonne qui dépasse le seuil permis, le plafond
permis... ce qui arrive, c'est qu'il y a,
dans un certain cas, une certaine forme d'incitatifs financiers pour les
entreprises de justement trouver des façons de ne pas avoir à se
procurer lesdits crédits. Alors, ce qui arrive, dans ce cas-là, c'est que, plus
une entreprise doit acheter, bien, plus ça a une conséquence financière pour
l'entreprise. Et on parle, dans certains cas, de millions de dollars par année. Et donc ça a un véritable impact sur les
résultats de ladite entreprise. Donc, il
y a un incitatif déjà, avec ce système-là, pour l'entreprise de
trouver des façons plus innovatrices de réduire ces émissions de gaz à effet de serre et donc de développer
des technologies ou d'utiliser des procédés qui sont moins polluants.
Puis,
évidemment, toute la théorie derrière un prix carbone, la
base, c'est justement le pollueur-payeur. Alors, il doit payer
pour ses émissions, mais, en plus, ce qui arrive avec un marché du carbone,
c'est qu'une fois que l'entreprise s'est
procuré, suite à des ventes aux enchères, ce droit d'émission, ce droit-là peut
être transigé sur le marché, il a une valeur, et cette valeur-là, et ça a été démontré depuis le début de la mise en
place du marché du carbone, c'est que la valeur du crédit augmente.
Donc, ça devient un actif pour l'entreprise. Et il y a là, encore une fois, un
autre incitatif, parce que non seulement l'entreprise, en devant s'acheter des crédits
carbone, a là un incitatif pour développer des technologies plus propres pour justement ne pas avoir à s'en
procurer autant chaque année, mais également, si elle fait un bon travail,
elle peut ensuite revendre ses crédits sur le marché libre à d'autres
entreprises qui, elles, en ont besoin. Et, conséquemment, si une entreprise est
performante au niveau de ses émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire
elle est capable de les réduire, bien, elle
est capable de revendre sur le marché et à plus fort prix. Donc, il y a
moyen de faire même un profit pour l'entreprise
qui est plus performante, parce que les crédits carbone, leur valeur augmente.
Alors, quand on a commencé les ventes
aux enchères en 2013, le prix de la tonne de carbone se situait autour de
10 $, 11 $, puis là, maintenant,
on est aux alentours de 15 $ la
tonne. Alors, déjà, en six ventes aux enchères, on voit une évolution. Et ça,
c'est une tendance mondiale.
Alors, les mécaniques
de ce marché-là sont très complexes. C'est un organisme indépendant, qui
s'appelle le Western Climate Initiative, qui gère le marché. Lors des ventes
aux enchères, il y a des prix planchers, il y a des prix plafonds, il y a des
pourcentages d'unités gratuites qui sont donnés aux émetteurs pour leur
permettre d'effectuer une transition plus
souple et ne pas affecter leur compétitivité. Mais ce qu'il en est, c'est qu'on
a une mécanique qui devient un incitatif
financier pour l'entreprise, et qui suscite l'entreprise privée, et qui
encourage l'entreprise privée à trouver des méthodes plus innovantes, et à trouver ces méthodes-là, et à investir
dans ces méthodes-là. Alors, ce n'est pas l'État qui rentre et qui force, par le biais de
réglementation, ou qui impose des méthodes spécifiques pour améliorer le
rendement ou le bilan d'émissions de gaz à effet de serre, c'est par le jeu du
marché que ces méthodes-là sont développées.
• (19 h 40) •
L'autre avantage du
marché du carbone — puis
là j'arrive à l'autre composante de la question de la députée de Vaudreuil par rapport à une taxe carbone — c'est que le marché du carbone est
directement lié, comme je le
disais au début, à un système
de plafonnement des échanges... des émissions et aussi est lié à des cibles de
réduction. C'est qu'au fur et à mesure qu'on avance dans le temps on a
des cibles. Alors, dans notre cas, d'ici 2020, on veut se rendre à 20 % de réduction d'émissions de gaz à effet de serre
par rapport à nos niveaux de 1 990, donc le marché du carbone
impose aussi des cibles de réduction aux différents secteurs industriels. Donc,
c'est lié à des cibles de réduction.
Tandis
qu'une taxe... Oui, il y a une taxe carbone, et souvent elle rapporte plus. Par
exemple, nous, quand on parle de la
tonne, on parle, comme je le disais, bon, ça a oscillé dans la dernière...
depuis 2013, bon, aux alentours de 10 $, 11 $ à 15 $. En Colombie-Britannique, la taxe
carbone est de 30 $ la tonne, alors ça rapporte beaucoup plus à la
Colombie-Britannique. Cependant, ce qui peut
être caractérisé comme peut-être quelque chose de différent du marché du
carbone, mais pas nécessairement négatif, c'est que la taxe carbone n'est pas
nécessairement liée directement à des cibles de réduction, mais, en même temps, c'est un moyen efficace de lever des
fonds pour la lutte contre les changements climatiques. Puis, dans le
cas de la Colombie-Britannique, ils ont décidé de la rendre neutre,
c'est-à-dire que, pour l'ensemble des revenus
qui ont été générés par la taxe carbone, qui sont dans le milliard de dollars
annuellement, bien, il y a une série de mesures fiscales pour atténuer
l'impact sur les entreprises et sur les particuliers. Mais, encore une fois, il
n'y a pas de cible de réduction directement liée à la taxe carbone.
C'est deux
philosophies, mais ce qu'elles ont en commun, c'est qu'elles réussissent, quand
même, à atteindre des résultats efficaces en termes de réduction de gaz
à effet de serre et font en sorte qu'il y a une transition qui s'opère, une transition réelle qui s'opère vers une
économie qui dépend moins des hydrocarbures. Puis c'est ça, l'objectif.
C'est de réussir sans trop de heurts, sans trop faire de tort justement à
l'économie, soit l'économie québécoise, l'économie ontarienne, l'économie californienne, l'économie de la
Colombie-Britannique, de commencer cette transition nécessaire vers une
économie qui consomme moins d'hydrocarbures. Et c'est ce qui est en train de se
passer.
Mme Nichols : Dans... Je m'excuse...
Le Président (M. Reid) : Oui,
allez-y.
Mme
Nichols : Dans le fond, là, ce qu'on comprend, là, c'est que chaque
entreprise pollueuse ou chaque pollueur a le droit à des crédits carbone
puis, s'il pollue plus que qu'est-ce qui est dans ses crédits, il doit en
acheter, il doit s'en procurer. J'imagine
qu'il y a des normes, qu'il y a des échelles, là, qui déterminent que telle
entreprise qui pollue a droit à tant de crédits ou il doit avoir... Ça
doit être bien encadré, ça doit être déterminé?
M. Heurtel : Oui, oui.
Mme
Nichols : Puis qu'est-ce qu'on fait avec cet argent-là, une fois qu'on
vend... Là, je comprends que c'est la bourse
du carbone, là, j'imagine que ça fonctionne un peu comme la bourse, là, mais
qu'est-ce qu'on fait avec ces sous-là, on les investit où, ces sous-là,
nous, ici?
M. Heurtel : Alors, le plafond est
établi à 25 000 tonnes. Alors, n'importe quelle entreprise qui émet à
partir de 25 001 tonnes, le
une tonne de plus, là, à partir de ce une tonne de plus, il faut se
procurer... il faut que l'entreprise se procure des crédits. Alors, un
crédit par tonne.
Alors là, ce qui arrive, c'est qu'au départ il y
a des ventes aux enchères. Alors, on en fait quatre par année. Et, à date, on a levé aux alentours de 333 millions
de dollars au Québec en route vers l'objectif qu'on estime aux
alentours, pour le marché du carbone
spécifiquement, entre 2,8 et 3 milliards de dollars. Mais globalement le
Fonds vert va avoir, d'ici 2020 — encore une fois, c'est
estimé — 3,3 milliards
de dollars. Alors, ces revenus-là vont directement dans le Fonds vert. Et le Fonds vert, encore une
fois — puis ça,
c'est législatif, c'est la Loi sur la qualité de l'environnement, aux articles 46.1 et suivants, qui le prévoit — ça doit être investi au Québec dans des
mesures qui vont favoriser justement le développement de l'économie
verte.
Alors, il y a
notamment l'électrification des transports, le transport collectif, des mesures
d'efficacité énergétique, la
recherche, qui est très importante également; il y a le développement de
technologies propres, de technologies vertes, donc la recherche et le développement en technologies propres,
technologies vertes; et il y a un ensemble de mesures qui sont rassemblées dans ce qu'on appelle le plan d'action
sur les changements climatiques. Et donc ce plan d'action qui... Il y a eu une première mouture, qui était le plan
d'action 2006‑2012. Ce plan d'action là, c'est le plan d'action
justement qui nous a permis d'atteindre et
même de dépasser nos cibles, nos objectifs de réduction d'émissions de gaz à
effet de serre, qui étaient de 6 %; on est arrivés à 8 % en
2012. Et là nous sommes dans la deuxième mouture du plan d'action, alors le
plan d'action sur les changements climatiques 2013‑2020.
Nous nous sommes
dotés également d'un comité-conseil sur les changements climatiques, qui a été
mis sur pied en juillet de l'année
dernière, qui regroupe une quinzaine d'experts de plusieurs différents domaines
en matière de changements
climatiques. Alors, les groupes environnementaux sont présents. Il y a des
experts en santé, en transport collectif,
du monde industriel également, du monde de la construction du bâtiment, bref,
il y a véritablement une belle représentation au sein de ce
comité-conseil-là pour justement nous aider et nous accompagner sur comment on
peut améliorer notre plan d'action sur les changements climatiques. Ça, c'est
un des chantiers.
Mais un des
autres chantiers également, c'est de nous recommander des cibles post-2020 pour
la conférence de Paris, et ça fait
partie justement du processus, puis on pourra peut-être y revenir plus tard.
Mais, pour revenir justement au plan
d'action sur les changements climatiques, c'est véritablement d'investir, de
réinvestir cet argent-là dans l'économie québécoise pour justement effectuer cette transition vers une économie
plus sobre en carbone. Je peux donner un exemple, justement, j'en ai
parlé plus tôt, il y a un exemple, c'est grâce au Fonds vert, on a investi dans
une compagnie qui travaille à Saint-Jérôme
et à Laval, qui s'appelle e-Lion, qui a développé un autobus scolaire
électrique. Alors, le Fonds vert a investi dans le développement de ce
produit, de cet autobus, et là maintenant on est dans la phase où l'autobus existe, il est à l'essai. Il y a quelques autobus
qui roulent déjà à l'essai par une commission scolaire à Laval. Cette entreprise-là est en train de présenter l'autobus
notamment en Californie, essaie de voir s'il y a de l'intérêt sur d'autres
marchés.
Ce qui est fascinant de ce produit-là, c'est que
chaque autobus scolaire... Puis on connaît ça, là, on parle de milliers d'autobus scolaires juste au Québec.
Puis, quand on y pense, un peu, un autobus scolaire, ça tourne toujours,
le moteur tourne toujours, il attend, il roule, bon, puis c'est continuel.
Bien, chaque autobus, c'est 8 250 litres de diesel par année. Alors, imaginez, là, si on multiplie ça
par des milliers d'autobus, on parle d'une dépendance réelle, là, sur le
pétrole. Alors, cet autobus électrique là,
qui a été développé grâce, entre autres, au soutien du Fonds vert, non
seulement permet le développement d'une
entreprise québécoise, permet le développement d'emplois au Québec, contribue à
trouver, par le biais de technologies
innovantes, une nouvelle façon de ne plus dépendre ou de moins dépendre des
combustibles fossiles et, de surcroît, nous
permet d'être des leaders dans un nouveau domaine qui peut mener aussi à de
l'exportation.
Alors là, on
voit vraiment, avec cet exemple-là, puis il y en a d'autres, bien on voit, avec
cet exemple-là, comment le jeu du
marché du carbone fonctionne et comment, grâce aux revenus du marché du
carbone, l'argent qu'on récolte va dans
le Fonds vert et, le Fonds vert, grâce aux diverses mesures du Plan d'action
sur les changements climatiques, bien, on peut ensuite investir et développer des secteurs stratégiques de
l'économie québécoise, une économie plus verte et plus compétitive à
l'échelle internationale.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Vaudreuil.
• (19 h 50) •
Mme Nichols : Merci et merci pour
les informations sur la bourse du carbone, je trouve ça superintéressant puis je trouve que les exemples aussi que vous
apportez sont très intéressants. On a pu lire justement dans... je pense que c'était dans La Presse+ récemment l'article sur e-Lion,
là, qui... des autobus scolaires électriques, là, dans le fond. Puis ils disaient entre autres — je me permets de compléter ou de donner des
informations que j'ai vues dans La Presse,là — que cet autobus-là coûtait 100 000 $ de
plus, mais qu'on le récupérait, là, en dedans de trois ans, là, sur l'économie
d'essence. Puis ce qui est intéressant, vous
l'avez mentionné, c'est que toutes les composantes de cet autobus-là aussi
sont... ce sont toutes des composantes québécoises. Alors, tu sais,
chapeau aux entreprises qui embarquent aussi! Et puis, ça, c'est une de mes questions aussi, la bourse du carbone,
pour les entreprises, ça a été vu comment, ça a été accepté
comment? Est-ce que ça a été vu d'un bon oeil? Est-ce que les entreprises
participent? Est-ce qu'ils sont satisfaits des crédits qui leur sont alloués
ou...
M. Heurtel : Bien... Excusez.
Le Président (M. Reid) : Oui,
M. le ministre, allez-y, je vous en prie.
Mme Nichols : Excusez-moi, on est en
échange.
M.
Heurtel : Alors, évidemment, l'implantation du marché du carbone a
pris plusieurs années. Le gouvernement libéral
précédent avait annoncé ses intentions en 2006‑2007, mais le marché lui-même
n'a été en opération qu'à partir du 1er janvier 2013.
Alors, c'est sûr qu'il y a eu énormément de travail qui a été fait avec les
secteurs industriels visés, je pense notamment
au secteur de l'aluminium. Il y a eu énormément de travail sur chacun des secteurs pour justement
s'assurer que... Bien qu'il fallait faire quelque chose, il fallait mettre un
prix sur le carbone, c'était un impératif, il fallait
en même temps le faire d'une façon qui n'allait pas trop nuire à la
compétitivité des entreprises québécoises. Et je dois dire qu'il y a
plusieurs industries, plusieurs secteurs industriels qui ont rapidement emboîté
le pas et ont travaillé en collaboration avec le gouvernement pour la mise en
place du marché du carbone.
Certains
autres secteurs, ça a été plus difficile. Néanmoins, ce que je peux dire,
par contre, c'est que l'arrivée de l'Ontario dans le
marché du carbone, avec le fait qu'il y a déjà la Californie, a beaucoup changé
la donne, parce que, là, pour plusieurs
entreprises qui sentaient peut-être que leur avantage compétitif
ou leur compétitivité allait être affectée par le fait qu'il y avait seulement le Québec dans le Nord-Est qui allait être soumis à un
marché du carbone... Maintenant, c'est
véritablement transformé parce que,
là, maintenant on a l'Ontario. Puis là, aussi, on a un marché du carbone qui
existe dans le Nord-Est américain qui
regroupe neuf États, le Regional Greenhouse Gas Initiative, et dont quatre...
les quatre États limitrophes avec le
Québec. Donc, si on regarde l'Ontario, ces États-là, là, maintenant... une des
principales doléances, c'était qu'on était seuls; là, on ne l'est plus
vraiment.
Puis,
notamment, puis je ne sais pas combien de temps il me reste, mais, en tout cas,
la Fédération des chambres de commerce
du Québec ont signalé leur appui justement suite à l'adhésion de l'Ontario au
marché du carbone, montrant justement
que, puisqu'on est plusieurs maintenant, bien là, les entreprises vont pouvoir
se développer sans peur d'avoir un désavantage compétitif.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. Nous passons
maintenant au bloc des députés indépendants, un bloc de 20 minutes.
Je passe la parole à Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci, M. le Président. Bonsoir, tout le monde. Effectivement,
à Rio, on a pris conscience collectivement,
planétairement, qu'il y avait une urgence au niveau du climat. Et je pense que
l'humanité, à part quelques-uns qui ne reconnaissent pas notre défi collectif,
s'en va dans ce sens-là. À Rio, on a aussi reconnu l'essentiel de la biodiversité aussi pour la survie de la planète.
Alors, vous me permettrez, M. le ministre, de poursuivre notre échange
sur les aires protégées.
Je
veux revenir sur la question de Kanasuta parce qu'entre le moment où on s'est
parlé cet après-midi... j'ai continué à avancer là-dedans, j'ai
rencontré de vos collègues et, en fait, je vois qu'il y a réellement une
urgence d'agir pour la simple et bonne
raison que les abatteuses vont rentrer sur le terrain au début juin. Et ce qui
est inquiétant, je le redis pour le bénéfice
des auditeurs, auditrices, ce qui est inquiétant, c'est que, cette forêt-là, on
en connaît la valeur... On en connaît la valeur, bien sûr, dans sa biodiversité parce que c'est une des rares
forêts au sud du 49e parallèle qui n'a jamais, jamais, jamais été... On n'est jamais rentré dedans
avec... tant au niveau des mines que de la foresterie, ou sinon qu'à très
peu d'endroits. On connaît sa valeur
patrimoniale au niveau culturel, parce que, vous ne le savez peut-être pas,
mais la forêt du Kanasuta, c'est l'autoroute des Premières Nations
Pendant plusieurs millénaires, c'était leur trail, c'était leur chemin pour voyager. Et donc il se cache, dans cette forêt
absolument magnifique, des vestiges de nos premiers peuples. Cette
valeur... Bon, puis on sait qu'au niveau des 16 principes de développement durable, entre
autres, le patrimoine culturel est important.
Et, dans ce cas-là, on ne parle pas d'un patrimoine culturel de 100, 200,
1 000, 2 000 ans, on parle de plusieurs millions
d'années.
Alors donc,
je vous ai bien entendu cet après-midi et j'en étais plutôt heureuse, de réaffirmer
votre détermination à atteindre l'objectif
du 12 % pour 2015. Il reste encore quelques mois devant nous. J'ai aussi
cru comprendre une rafale de consultations 2015‑2016. Je ne sais pas si
Kanasuta en faisait partie, vous saurez me le dire, mais ce que je sais, c'est que, durant toutes ces années, il y a
eu des groupes de citoyens et citoyennes — bien sûr, de la région, puisque c'est souvent comme ça que ça se passe — qui
ont déjà entamé un grand processus d'analyse. Mais, par contre,
on a un besoin, pour s'assurer vraiment
que cette aire, si je peux me permettre, mérite d'être protégée... Moi, je suis
un peu flyée, fleur bleue, je peux trouver qu'elle mérite ça, les
autochtones aussi, on sait bien, peuvent trouver ça. Mais la valeur au niveau
de la biodiversité nécessite une analyse
écologique sérieuse pour avoir un portrait précis des endroits spécifiques
qu'on doit protéger pour que cette aire vienne contribuer à notre
atteinte du 12 %.
C'est sûr que... Ce que je comprends, c'est que
cette analyse écologique là nécessiterait quelques dizaines de milliers de dollars — on ne parle pas, là, des grands projets — quelques
dizaines de milliers de dollars pour venir confirmer ce que, sur leur
propre base, les concitoyens de cette région ont recueilli comme information au
fil des années. Alors, je comprends... et je suis désolée d'y revenir, c'est parce qu'il y a une urgence. Il y aurait tellement de choses... Vous en avez abordé une couple, mais je dois rester
concentrée. Quelques dizaines de milliers de dollars pour s'assurer qu'on
ne scrapera pas une forêt millénaire, je pense qu'il faut y aller de l'avant.
J'étais
heureuse ce matin d'entendre votre collègue, le ministre des Forêts, dire qu'il se sentait responsable,
lui aussi, du développement durable.
Rappelez-vous, cet après-midi, je reconnaissais que votre ministère
est édenté, et donc, par conséquent, il faut qu'il ait le soutien des
autres. Et, cet après-midi, j'étais à l'étude des crédits des ressources naturelles — parce que la forêt est un enjeu à Kanasuta, mais les mines sont un enjeu aussi — et
le ministre aussi a réaffirmé qu'il était soucieux et
se sentait la responsabilité, comme ancien ministre de l'Environnement,
d'atteindre aussi les cibles qu'on vise.
Alors, M. le ministre, j'aimerais savoir si le peuple du Québec, et particulièrement les gens de l'Abitibi, mais ça ne leur appartient pas, ça nous appartient collectivement, peut compter sur
votre diligence pour faire en sorte que l'analyse qu'on pourrait faire
cet été est déterminée, puis, à partir de ce moment-là, bien, youpi! Autant les
mines, autant la forêt, tout le monde seraient heureux parce qu'ils sauraient
où est-ce qu'ils pourraient aller.
Le Président (M. Reid) : Merci,
Mme la députée. M. le ministre.
M.
Heurtel : Bon. Merci, M. le Président. Juste, encore
une fois, par souci de respect, là,
du temps, on parle de combien de temps, là, qu'il reste, s'il vous plaît?
Le Président (M. Reid) : Il
reste un 14 minutes.
M. Heurtel : 14 minutes?
Le Président (M. Reid) : Oui.
M. Heurtel : J'imagine que vous avez
autre chose?
Mme
Massé : J'ai une autre petite
question. Mais je vous en laisse... Si vous m'amenez au coeur de ma préoccupation,
je vous en laisse sept, huit.
M.
Heurtel : Wow! Merci. Bien, j'apprécie la précision de la question.
Alors, ce que je tiens à dire à nouveau, puis vous avez quand même bien
cerné, il y a plusieurs ministères qui sont impliqués là-dedans. Ce n'est pas
la décision d'un ministère, et il y a un travail de collaboration. Nous
travaillons, avec le ministère des Forêts, en étroite collaboration sur ce dossier-là — et plusieurs autres, d'ailleurs, là, ce
n'est pas le seul — et c'est
clair que nous partageons le souci que vous avez, là, de l'importance de
protéger des sites qui ont une forte valeur au niveau de la biodiversité. Évidemment,
on est toujours pris, puis c'est ça, le défi, notamment
du ministère de l'Environnement, on est pris à tenter d'équilibrer les fameux trois piliers du développement durable, hein? Donc, développement économique, le
social, qui est très important,
l'aspect social, mais également la protection de l'environnement. Alors, dans
ce cas-ci, on est devant ce genre de situation là.
• (20 heures) •
Ce
que je peux vous dire, c'est que, pour nous, ce territoire-là a des zones de
grand intérêt écologique. Je ne veux pas
les décrire, vous les avez très bien décrites, vous les avez décrites mieux que je
pourrais le faire. Et il y a certainement
quelque chose à faire au niveau de voir comment on peut protéger. Il y a déjà
des consultations qui sont enclenchées, il
va y avoir des consultations qui vont se poursuivre. Alors là, il y a un
dialogue qui va être enclenché et il
y a une analyse qui est en cours. Alors, on travaille avec le
ministère des Forêts, il y a et il y
aura une consultation qui se fera. Alors, les parties
prenantes, justement, vont être consultées. Et notre objectif,
c'est d'en arriver à une solution. Et donc, nous, dans les prochaines semaines, les prochains mois, on va
poursuivre cette analyse-là avec le ministère des Forêts, avec les
parties prenantes que vous avez décrites
pour justement essayer d'arriver à un consensus
sur qu'est-ce qui est... qu'est-ce
que nous devons... quelles sont ces zones,
là, tu sais, identifier ces zones-là, dans la forêt, qui sont particulièrement
d'intérêt, là, d'un point de vue écologique ou bien au niveau de la
biodiversité. Alors, c'est d'identifier ces zones d'intérêt là.
Alors, je ne
veux pas répéter ce que j'ai dit ce matin non plus, là, mais ce que je vous
dis, c'est qu'on prend ce dossier-là
très au sérieux, on a des analyses en cours, on a un processus de consultation
qui va se faire. Alors, véritablement, on
continue, là, à travailler. Puis ça implique le ministère des Forêts, ça fait
qu'on veut travailler avec les parties prenantes pour faire avancer le
dossier.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Mme la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Mme
Massé : Merci. Je comprends que le processus d'analyse, donc, est
commencé. Je suis certaine qu'il y a des gens qui vous écoutent là et
qui doivent bien être heureux d'entendre ça, parce que, dans nos recherches, ce
qu'on comprenait, c'est que le petit coup de
pouce, là, qui manque pour clairement déclarer cette zone ne serait-ce que
protégée temporaire — on s'entend, j'ai bien compris le processus
tantôt — que ce
petit coup de pouce là pourrait arriver avant le mois de juin, parce que, si les analyses sont en cours, considérant
l'ensemble de l'information qu'on a... Parce que l'enjeu là-dedans, c'est... On peut analyser en se
disant : Notre objectif, c'est d'avoir une aire protégée, considérant la
particularité de cet endroit-là... Parce que
le ministre des Ressources naturelles me disait : Oui, 50 % dans le
Plan Nord. Je veux bien, le problème,
c'est que c'est en haut du 49e. Alors, la richesse de Kanasuta, qui d'ailleurs
a déjà une activité économique énorme, là, la chasse, la pêche... Il y a
même des anciens joueurs du Canadien qui ont leur chalet sur le bord du lac Kanasuta. Donc, on le sait. Il y a même un mont
pour faire du ski, c'est pour vous dire comment ça marche, cette
affaire-là.
Mais l'enjeu,
c'est : Est-ce qu'on va définir l'aire en fonction des besoins de
l'industrie ou en fonction des besoins de l'humanité? Et c'est
là-dessus, moi, qu'est mon point, M. le ministre. Et c'est pourquoi il faut
agir. Si les analyses sont en cours, tant
mieux. On aimerait ça par contre qu'elles soient accessibles parce qu'il y a
des gens qui travaillent sur ce dossier-là
depuis au moins 20 ans, que, bien, qu'on puisse avoir accès à ces
informations-là pour être sûrs... Parce que le mois de juin, je trouve
que ça va très, très vite, ça vient très, très vite.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Juste quelques précisions. Le plus grand intérêt, là, présentement, de ce qu'on
a comme information, se situe dans la réserve écologique projetée du ruisseau
Clinchamp, qui est déjà protégé légalement
et dont la superficie est de 24,3 kilomètres carrés. Puis c'est déjà
comptabilisé au Registre des aires protégées. Alors, il y a déjà un pas
de fait. Je comprends que c'est un début.
Là, je
comprends également votre préoccupation... M. le Président, je comprends la
préoccupation de la députée concernant
juin, là, mais nous, ce qu'on peut vous dire, c'est qu'il y a déjà des
discussions d'entamées avec le ministère de la Forêt, et donc le ministère de l'Environnement et le ministère de la
Forêt discutent ensemble justement pour déterminer cette marche à suivre
là.
Alors, pour
le moment, il n'y a pas de décision formelle de prise. Et donc, comme je vous
dis... mais il faut qu'on en prenne
une. Et là, encore une fois, c'est comme dans tout, tu sais, je veux dire... Je
peux vous donner l'exemple, M. le Président, de la rivière Kovik. Oui,
je comprends que c'est au nord du 49e, mais, quand même, bon, c'est un bassin versant important, ça a une valeur patrimoniale,
une valeur écologique incroyable, et il fallait agir, et on a agi. Et ce
qui s'est fait, c'est qu'il y a eu un travail de collaboration qui s'est fait
notamment avec le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles, le
ministère des Forêts, puis on est arrivés à une solution.
Alors, je
veux juste vous dire ça, M. le Président, pour démontrer à la députée qu'il y a
déjà des façons de faire qui existent et où on est conscients... Nous,
au ministère de l'Environnement, on ne cherche pas à faire... à mettre... comment je dirais, à hiérarchiser et dire que,
justement, l'intérêt industriel est supérieur à l'intérêt environnemental.
Ce n'est pas ça, notre travail. Notre travail, justement, c'est de s'assurer
qu'on puisse avancer. Puis on a des objectifs : l'objectif de 12 %,
l'objectif de 17 %, l'objectif de 20 %. On en a, des objectifs, puis on veut
les atteindre.
Alors là, ce
qu'on fait... Puis, à ce stade-ci, là, au moment où on se parle, le
23 avril, je dois vous dire que où on en est, c'est qu'on discute, on travaille avec le ministère de la Forêt,
des consultations auront lieu. On veut rencontrer les parties prenantes, on veut travailler, tout comme dans
tout processus d'aires protégées et on veut avancer dans le respect
puis, justement, dans une idée où on veut
arriver à pouvoir développer le plus d'aires protégées possible dans les
circonstances.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Mme la députée.
Mme Massé : Il faut se... Oui,
combien de minutes?
Le Président (M. Reid) : Il
vous reste six minutes.
Mme Massé : C'est sûr que
l'enjeu... Vous avez raison, il y a déjà une section, hein... Si on le divise
grosso modo en quatre, là, il y a
déjà une section, 24 kilomètres carrés. Ce qui fait le propre d'une aire
protégée, quand on veut atteindre notre
objectif de protéger la biodiversité, c'est des aires beaucoup plus grandes.
Alors donc, c'est naturel, si je peux dire, que c'est autour de ce 24,3 kilomètres là qu'il faut que ça... sinon, ça
va être un petit point sur la carte et ça va s'arrêter là. D'autant plus que l'étude de carence a démontré
que, dans l'Abitibi, un des types en carence, c'est les vieilles forêts.
Alors, je comprends qu'il va falloir que je
continue mon travail avec le ministère des Forêts et Faune et qu'il faut... Il
m'apparaît impératif que ces consultations-là se fassent aussi avec les gens qui
y travaillent depuis des décennies maintenant.
Puisqu'il ne me reste
que trois, quatre minutes, je vais aller sur un autre sujet, parce que,
justement, vous connaissez mon intérêt
profond pour l'engagement citoyen et l'implication des citoyens et citoyennes,
qui ont changé le Québec. Et je
prends comme exemple, que vous devez vous souvenir, il y a 40 ans, ces
groupes de citoyens et citoyennes nous disaient que le nucléaire, ça
n'avait pas de bon sens, que ce n'était pas bon. Ça nous a pris 40 ans,
«right»? On a fermé Gentilly, «right»? Mais
ça nous a coûté 1,8 milliard, par exemple. Alors, on n'aimerait pas ça, mais
c'est parce que, dans le cas de Kanasuta, c'est grave parce qu'on ne
pourra plus refaire l'affaire. Alors, c'est un autre point.
Donc,
les groupes de citoyens jouent un rôle important d'aviseurs, un groupe de
sonneurs d'alertes, parce qu'ils sont
sur le terrain, c'est chez eux. Et, dans ce sens-là, on le sait, qu'en matière
de financement des groupes écologiques, si votre financement est famélique,
le leur aussi, puisque, dans la centaine de groupes de citoyens organisés qu'il
y a au Québec, il n'y en a que cinq qui sont
soutenus financièrement. Et, en ce sens, quand j'entends... Et des groupes, là-dedans,
c'est des groupes de défenses de droits,
c'est des groupes qui interviennent, qui font de l'éducation, qui permettent
autant l'éducation au niveau de la biodiversité, des gaz à effet de serre, de
transformation de nos attitudes par rapport au virage incontournable que doit
enclencher le Québec et ses citoyens dans l'avenir.
Alors, ce que je me
disais — puis
je vous laisse le reste des minutes, parce que ces groupes-là aussi vous écoutent — si on veut... puisque votre ministère est
édenté, ça nous prend un filet de sécurité, et, à mon sens, c'est les
groupes de citoyens. Alors, comment vous allez les soutenir dans l'année qui
vient ou pour la suite des choses?
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre.
M. Heurtel :
Trois minutes, M. le Président?
Le Président (M.
Reid) : Oui.
• (20 h 10) •
M.
Heurtel : Merci. Je partage avec vous... Je suis tout à fait d'accord
avec vous, là, avec la députée lorsqu'elle dit que les groupes citoyens sont importants. Ça, c'est indéniable. Il y a
quand même un financement qui est fait. Oui, dans certains cas, on a dû reculer un peu, mais, quand
même, je crois que, si on regarde, on a... le ministère a versé aux
groupes environnementaux 12,6 millions en 2014 2015 pour le financement de
projets ainsi qu'en soutien à la mission. Ces budgets
sont financés par le Fonds vert et des crédits du ministère.
Et je comprends la préoccupation reliée aux crédits du ministère,
mais ce que je dois vous dire, c'est qu'il
y a quand même... Et ça, moi-même,
j'ai eu des conversations avec certains
groupes pour essayer de leur dire : Oui, peut-être qu'au niveau du
financement que j'appellerais traditionnel, là, auquel les groupes étaient peut-être
habitués ou pouvaient espérer obtenir,
qui venait du ministère...
Bien là, il y a peut-être une autre avenue, puis ça, c'est le Fonds vert.
Dans le sens que peut-être que ce n'est pas nécessairement du soutien
à l'opération comme tel qu'on pourrait
regarder, mais peut-être qu'on pourra regarder des projets qu'on pourrait
développer avec ces organisations-là, M. le Président.
Puis, par
exemple, lorsqu'on a annoncé, en
décembre dernier, 350 millions
de dollars du Fonds vert pour notamment aider
la petite et moyenne entreprise à
faire cette transition vers une économie plus sobre en carbone, on a annoncé
6,7 millions de dollars pour
sensibiliser la société à renforcer les partenariats dans la lutte contre les
changements climatiques, dont
3,3 millions de dollars pour sensibiliser la société aux enjeux des
changements climatiques et promouvoir des initiatives gouvernementales,
et 3,4 millions de dollars pour développer et maintenir des partenariats
structurants dans la lutte contre les
changements climatiques. Alors ça, c'est dans le document qui avait été rendu
public le 2 décembre dernier par le ministre des Finances, qui
annonçait diverses mesures budgétaires à l'époque. Et, parmi ces mesures, il y
a celles que je viens de citer.
C'est
un exemple, et ce qu'on voudrait amorcer comme réflexion, c'est de voir comment
on pourrait développer des projets
qui... avec les organisations pour justement travailler plus dans des objectifs
concrets, particulièrement en matière de
lutte contre les changements climatiques. J'ai donné des exemples spécifiques,
mais c'est sûr qu'avec l'évolution du Fonds
vert on pourrait peut-être regarder d'autres types de projets spécifiques mais
qui sont reliés à des objectifs et des livrables clairs en matière de
changements climatiques. Alors, c'est une avenue.
Mme
Massé : Alors, je vous invite à ne pas oublier que le plus grand
projet citoyen de ces groupes, ce n'est pas de faire des projets, c'est
d'assurer d'être des agents de vigilance. Et ça aussi, ça se finance.
Le
Président (M. Reid) : C'est bien. Merci, Mme la députée de
Sainte-Marie—Saint-Jacques.
Je passe maintenant la parole, pour un bloc gouvernemental, à la députée
de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, M. le ministre, je
lisais... j'ai lu le 18 avril dernier un article assez intéressant,
toujours en lien avec la tarification du carbone dans le monde et aussi le
potentiel pour des nouveaux partenariats, un article d'Alain Dubuc qui
s'appelait Capitalisme environnemental, puis permettez-moi de citer l'auteur, qui traitait de la décision de
l'Ontario de participer au marché du carbone du Québec et de la
Californie.
Puis il citait... À un
endroit particulier, il disait : «Ce marché du carbone n'a rien de sexy.
Il repose sur une mécanique complexe que la
plupart d'entre nous ne comprennent pas trop. Il utilise des mots comme
"bourse" et "marché" qui semblent être des intrus dans le monde environnemental. Mais
pourtant, c'est avec des outils comme celui-là qu'on réussira vraiment à réduire les émissions de gaz à
effet de serre — les
GES — et à
lutter contre le réchauffement climatique.»
Et un peu
plus loin dans cet article aussi, on pouvait comprendre... ou on apprenait,
enfin, que l'Organisation de coopération
et de développement économique, l'OCDE, puis la Banque mondiale, s'intéressent
de plus en plus au système de plafonnement et d'échange de droits
d'émission et les reconnaissent maintenant comme des outils économiques, je dirais, flexibles en matière de gestion
environnementale et de lutte contre les changements climatiques. D'ailleurs,
on parle aussi que la Banque mondiale
coordonne ainsi le Partnership for Market, un programme qui est destiné à
fournir du financement puis de l'aide technique aux pays en développement qui
ont franchi différentes étapes vers la mise en place de mécanismes de marché, notamment dans les pays en développement.
Donc, par cet article-là, on se rend compte qu'il y a un intérêt qui est
en dehors aussi du Québec, de l'Ontario, en dehors du Canada et on voit qu'il y
a des intervenants d'un peu partout qui
veulent aussi s'impliquer, quand on parle de la Banque mondiale... On parle
d'autres partnerships.
Alors, je me
demandais... Le Québec a d'ailleurs aussi été interpellé par la Banque mondiale
pour participer à cette initiative en
tant qu'expert technique. Donc, c'est superintéressant que le Québec soit
sollicité comme expert technique, et une fois de plus, ça prouve qu'on a
un certain leadership en la matière, et moi, je suis vraiment très surprise et
très contente de notre implication vers cette belle réussite.
Ma question.
Je me demandais : Est-ce qu'il y a des possibilités pour le Québec de se lier avec d'autres marchés, bien, d'autres marchés de carbone à l'international ou est-ce que c'est juste concentré ici? Est-ce que
c'est un sujet qui est, entre autres, à l'ordre du jour à la prochaine
conférence de Paris en décembre prochain?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Alors, merci, M. le Président. Alors, c'est une question très importante.
Alors, quand on regarde... Là, pour vous faire un état de situation, on
a le Québec, et la Californie, et maintenant l'Ontario qui a pris la décision
de se joindre au marché du carbone. Alors
là, il y a cette première infrastructure en Amérique du Nord, mais il y a également
un autre marché du carbone qui est en place,
qui est le Regional Greenhouse Gas Initiative. J'y ai fait allusion plus
tôt, M. le Président. Le Regional Greenhouse Gas Initiative regroupe neuf États
du Nord-Est américain, et, comme je l'avais déjà dit également, dont quatre États,
les quatre États limitrophes du Québec, donc New York, Vermont, New Hampshire
et Maine.
Alors, le
Regional Greenhouse Gas Initiative et WCI, qui est l'organisme qui gère le
marché du carbone auquel adhèrent le Québec,
la Californie et bientôt l'Ontario... Il y
a déjà des discussions qui ont
lieu entre les deux organisations pour
voir s'il n'y a pas une façon d'harmoniser éventuellement ces deux marchés-là. Alors, déjà, il y a une réflexion. Moi-même, j'ai eu des
discussions avec des représentants du RGGI, lors du sommet de New York sur les changements
climatiques en septembre dernier, à cet
effet-là, et il y a une conversation qui a commencé. Ce n'est pas évident,
mais il y a une volonté d'explorer et de
voir comment une éventuelle harmonisation ou... d'échange d'information pourrait
se faire. Ça, c'est d'un côté.
L'autre
élément important à considérer, c'est le fait qu'en juin 2014 le président
Obama a mis en place son plan d'action sur les changements climatiques,
qui incluait une nouvelle directive pour la Environmental Protection Agency, la
EPA, qui est comme son ministère de l'Environnement, le ministère de
l'Environnement, mais à l'échelle fédérale
américaine. Et cette nouvelle directive là avait comme effet d'imposer aux
États une cible de réduction de 30 % d'émissions de gaz à effet de
serre d'ici 2030. Et donc les États américains, en vertu de cette directive-là
et de ce plan d'action là, doivent trouver
des moyens de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Et, de la façon
dont la directive est écrite, il y a clairement
un préjugé favorable pour l'établissement de mécanismes de marché pour établir
des prix carbone, notamment soit un
marché carbone soit une taxe carbone. Et, depuis l'entrée en vigueur de cette
nouvelle réglementation de l'Environmental Protection Agency, on voit
qu'il y a d'autres États qui emboîtent le pas, notamment l'État de Washington... et le gouverneur Inslee, de l'État
de Washington, qui a présenté un projet de loi en décembre dernier à son
assemblée législative qui a comme objectif d'établir des mécanismes de marchés
qui se rallieraient éventuellement et possiblement au marché du carbone auquel
participe la Californie.
• (20 h 20) •
Parce qu'il y
a déjà, sur la côte du Pacifique, une entente de collaboration, qui s'appelle
le Pacific Coast Collaborative, où la Californie — qui
est membre du marché carbone du WCI — l'Oregon, l'État de
Washington et la Colombie-Britannique, avec
sa taxe carbone... qui ont déjà une entente de collaboration qui s'appelle donc
le Pacific Coast Collaborative, le
PCC. Et, en vertu de cette entente-là, il y a déjà un momentum qui se met en
place. L'Oregon est également intéressé à explorer la mise en place de mécanismes de marchés. La gouverneure
Brown, qui est nouvellement en poste, a exprimé son choix d'approfondir la question, notamment avec le Québec, et la
Californie, et maintenant l'Ontario. Alors, encore là, on a un autre
exemple de volonté de la part de deux autres États américains d'envergure,
Washington et l'Oregon, de travailler notamment
avec le Québec sur l'établissement de mécanismes de marché. Et,
encore une fois, on voit aussi, au niveau des provinces canadiennes, en
plus de l'Ontario... On a clairement de l'intérêt de la part d'autres provinces
canadiennes à regarder le marché du carbone plus spécifiquement.
D'ailleurs,
une autre des retombées, si je peux m'exprimer ainsi, M. le Président, du sommet de Québec de la semaine dernière, c'est que, suite à ce sommet-là, le premier ministre Selinger, du Manitoba, a
déclaré au Winnipeg Free Press qu'il n'écartait pas l'idée
d'éventuellement peut-être se joindre au marché du carbone, ce qui est... Bon,
certains vont peut-être
dire : Ça, bon, c'est un peu tiède comme approche. Mais c'était la
première fois que la porte s'entrouvrait de la part du Manitoba pour explorer la possibilité d'établir
peut-être des composantes du marché du carbone et peut-être se joindre à
ce que fait le Québec et l'Ontario.
Alors, il y a
véritablement quelque chose... Il y a plusieurs différentes démarches qui se
mettent en place au niveau nord-américain. Et c'est clair que la
tendance, tant nord-américaine que mondiale, parce qu'on ajoute à ça l'Europe, qui
a déjà un marché du carbone... Les six plus grandes villes chinoises ont déjà
un marché du carbone, et la Chine a annoncé
que le 1er janvier 2016, c'était l'ensemble du pays qui allait
établir un marché du carbone. Donc, on parle du plus grand pollueur de la planète, la Chine, et les États-Unis, le
deuxième plus grand pollueur de la planète, qui, tous les deux, ont mis
en place des directives très solides pour justement lutter contre les
changements climatiques. La Corée du Sud, une autre puissance industrielle, a
un marché du carbone en place depuis le 1er janvier 2015. Donc, on
voit clairement qu'il y a une tendance marquée
vers l'établissement de mécanismes de marché. Et un des mécanismes de
marché les plus, disons, privilégiés pour
établir un prix carbone, bien, c'est la mécanique de marché du carbone que j'ai
expliquée tout à l'heure.
Alors, le
Québec s'inscrit dans cette dynamique-là et, je terminerai là-dessus, le Québec
travaille avec aussi des ONG, le
Climate Group, le IATA, ICAP, qui sont des ONG qui travaillent en fonction de
lutter contre les changements climatiques,
qui prennent des mesures, qui organisent des événements, qui coordonnent aussi
l'action d'États fédérés, de régions,
de grandes villes pour justement faire en sorte qu'il y ait... on facilite
l'échange d'informations entre les différents États, les différentes
entités qui désirent mettre en place des mécanismes comme le marché du carbone.
Le Président (M. Reid) :
Merci. Mme la députée de Vaudreuil.
Mme
Nichols : Merci. Merci, M. le ministre. Je trouve ça superintéressant, là, de comprendre
aussi qu'il y a des systèmes, là, qui fonctionnent, là, différemment
ailleurs : comme vous nous avez parlé, là, qu'il y avait déjà plusieurs provinces qui avaient déjà mis en place une
tarification sur le carbone qui est un peu différente d'ici, comme vous
avez mentionné la Colombie-Britannique, qui a instauré une taxe sur le carbone en 2008, qui est maintenant
à 30 $ la tonne, c'est quand
même... et l'Alberta aussi, qui a
instauré un fonds technologique à 15 $ la tonne en 2007, puis que le
Manitoba aussi, je pense, que vous avez parlé un peu plus tôt, qui est à
10 $ la tonne. Alors, je trouve que c'est des belles méthodes avec un objectif commun. Dans le fond, c'est que
notre approche en matière de changements climatiques, il ne faut pas oublier que c'est un outil puissant de
développement durable de notre économie. Puis je pense que le travail est bien
amorcé dans ce sens-là. Je vais passer la parole à un de mes collègues, qui a
une question aussi relativement...
Le Président (M. Reid) : Merci,
Mme la députée de Vaudreuil.
Mme Nichols : Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : M.
le député de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. M. le ministre, je vais vous emmener sur un autre sujet, sur
lequel j'ai fait une autre discussion
hier soir. En fait, c'est la situation de Lac-Mégantic. Comme tout le monde le sait très bien, le 6 juillet 2013, nous avons eu un déraillement ferroviaire qui a fait un incendie,
tué des dizaines de personnes et fondamentalement qui a eu aussi un impact environnemental très,
très sérieux. O.K. En fait, une grande partie du volume de pétrole qui a
été répandu a brûlé, mais un volume
considérable de ce pétrole-là a été en fait épandu sur le sol jusqu'au
lac, à la rivière, etc. Et je dois vous donner un peu le contexte, parce
que ça a un impact considérable sur la façon de... qu'on va traiter la question. Mais le pétrole s'étant répandu de
façon très rapide sur une partie du territoire
de la ville de Mégantic, il a brûlé, en fait, tout ce qu'il y avait sur le territoire ou le chemin de ce
pétrole-là. Mais la ville de Mégantic, elle, c'était la partie de son centre-ville qui avait été bâtie, je dirais,
avec des services depuis plus de 100 ans. Et il s'est produit, durant
l'incendie... parce qu'on a mis, je dirais, de l'eau copieusement sur les
wagons et l'ensemble des événements, ce qui a fait que le pétrole s'est
étendu et il a couvert le sol.
Et il faut
réaliser que non seulement les égouts et l'aqueduc de la ville de Mégantic,
qui étaient, finalement, des canalisations
de sable, ont permis l'écoulement de ce pétrole à travers les parties qui ont
été non atteintes, si l'on veut, par l'épandage de pétrole. Et, malheureusement,
par la suite, nous avons découvert qu'il y avait eu aussi, dans le passé, d'anciennes conduites qui étaient abandonnées,
mais qui avaient laissé les lits de sable qui faisaient que les
écoulements de pétrole pouvaient se déplacer
de façon imprédictible à travers le territoire
de la ville de Mégantic, ce qui a amené des travaux relativement
colossaux pour en arriver aujourd'hui à, je dirais, un travail de
décontamination.
Donc, M. le Président, j'aimerais que le
ministre nous dise où en sont rendus les travaux de décontamination.
Le Président (M. Reid) :
Merci. M. le ministre.
M. Heurtel : M. le Président, avec
combien de temps?
Le Président (M. Reid) : Cinq
minutes.
M.
Heurtel : Cinq minutes? Merci. Alors, pour ce qui est du travail, j'en
profite, M. le Président, pour saluer le travail du ministère de l'Environnement dans ce dossier-là. C'est un
travail énorme. Dès les premières heures qui ont suivi la tragédie, le ministère
de l'Environnement était présent sur les lieux et n'a pas quitté depuis. Et on
parle d'un travail, comme le député
de Mégantic l'a dit, colossal. On estime l'ampleur des travaux de nettoyage et
de décontamination... On les estime
aux alentours de 200 millions de dollars. Et ça, ça comprend évidemment le
site lui-même, mais ça comprend aussi
la rivière Chaudière, il ne faut pas oublier, également, qui a été touchée
sévèrement, le lac évidemment. Et, pour ce qui est du travail comme tel à la municipalité de Lac-Mégantic, c'est à
travers quatre grands chantiers que le ministère a investi ses efforts. Alors, d'abord, la sécurisation du
site, ensuite les travaux de caractérisation, les travaux de réhabilitation
et le suivi environnemental.
• (20 h 30) •
Et c'est très
important de dire que le travail s'est fait dans un esprit de collaboration, en
travaillant véritablement en partenariat avec la municipalité et en mode
accompagnement pour s'assurer, justement, que les travaux allaient au rythme et dans le respect de la volonté des
citoyennes et des citoyens de Lac-Mégantic. Et d'ailleurs je dois dire que
le travail s'est bien fait, parce que, bon, il y a maintenant quelques
semaines, j'étais à Lac-Mégantic pour participer à une assemblée d'information
citoyenne — c'était
ma troisième ou ma quatrième depuis que je suis ministre, M. le Président — et on
peut voir que la communication se fait bien, le travail se fait non seulement
en collaboration avec la municipalité mais
se fait aussi avec d'autres instances gouvernementales, notamment la Santé
publique, et on voit que les travaux progressent, mais aussi dans le
respect de la volonté de la communauté. Et ça, c'est un travail qui se fait
d'une grande qualité de la part des employés du ministère. Puis je tiens à
profiter de cette occasion pour saluer leur professionnalisme et leur travail, et ainsi... puis les
remercier, au nom du gouvernement, pour le travail exceptionnel qu'ils ont fait. Il
y a quelques personnes qui sont
derrière moi qui travaillent sur une base régulière sur ce dossier-là. Je les
salue, mais il y a d'innombrables...
d'autres spécialistes qui également ont fait, font et feront un travail remarquable,
et il faut le souligner, puis
on ne le soulignera jamais assez.
À ce jour,
plus de 90 % des travaux de
décontamination à Lac-Mégantic sont terminés. Ça, ça veut dire que ce sont plus de 280 000 tonnes métriques de sols
contaminés qui ont été excavés à ce jour. Il faut y penser, là :
280 000 tonnes. C'est énorme, M.
le Président, et ça, ça a déjà été excavé. Les excavations ont été remblayées à
l'aide de sol propre en provenance de bancs d'emprunt de la région.
Préalablement aux travaux de remblayage, des échantillons du fond et des parois des excavations ont été prélevés pour
assurer la qualité et le contrôle des travaux de décontamination. Alors,
pour le traitement des sols, les méthodes
déployées ont été simplifiées, la technologie biologique a été retenue pour
traiter l'ensemble des sols excavés, et l'entièreté des sols sera traitée d'ici
mars 2017.
Vu le temps qui manque, je ne vais pas faire
l'ensemble. Vu qu'il reste une minute, peut-être qu'on pourrait y revenir plus tard, si le député le désire. Mais
ce que je peux dire aussi, c'est que, bon, le travail très sensible de
démolition et de reconstruction, là, de la zone la plus touchée a commencé
également, et la décontamination de ces secteurs-là a également commencé. Et
donc les travaux progressent bien, et, encore une fois, c'est grâce justement
au travail de partenariat qui a été mis en
place avec tous les intervenants. Et donc je peux dire que c'est un travail
gigantesque, colossal, encore, comme
on le disait, mais, encore une fois, on avance très bien. Et on pourra
peut-être aller dans d'autres détails plus tard, si le temps le permet.
Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le ministre. Nous passons
maintenant à un bloc de l'opposition officielle. M. le député de
Jonquière, vous avez la parole.
M.
Gaudreault : Oui. Merci, M. le Président. Alors, je retiens vos remarques d'introduction,
à notre tour, et je compte évidemment
sur la collaboration de vous, mais de tout le monde pour respecter
cette espèce de convention non écrite
qui est d'avoir une forme de proportion dans nos échanges, là. Pour moi, c'est important,
parce qu'il n'y a rien de plus sacré dans notre travail que le droit de
parole des députés. Alors, je vous remercie pour votre ouverture à cet
égard puis votre compréhension. J'en attends de même de la part des collègues,
incluant le ministre.
Je veux
poursuivre sur la question de TransCanada Énergie pour dire, évidemment, que je
suis étonné de la réponse du ministre,
de tout à l'heure, quand il faisait référence à l'ensemble de la stratégie
reliée au calcul ou non, là, des émissions de gaz à effet de serre en
amont du projet d'oléoduc. On comprend très bien de sa réponse que, pour lui,
ce n'est que strictement le projet de tuyaux, je dirais, sans tenir compte de
l'extraction en amont, là, à partir des champs de sable bitumineux en Alberta.
Je veux
simplement rappeler que le président Barack Obama lui-même, aux États-Unis,
tient compte de l'extraction des sables bitumineux et de leur impact sur
les émissions de gaz à effet de serre pour s'opposer... en tout cas jusqu'à maintenant, à moins qu'il y ait des changements
avec la formule des parlementaires américaine, mais qui s'oppose au projet de Keystone XL. Alors, le président Obama,
ce n'est quand même pas n'importe qui, puis lui-même tient compte de cette extraction des sables bitumineux en amont
et de leur impact sur les GES, à la suite, d'ailleurs, d'une lettre
envoyée au Département d'État américain et rendue publique par l'agence de
protection de l'environnement qui faisait cette évaluation-là. Je trouvais ça
important de bien boucler la boucle là-dessus.
Maintenant,
je veux revenir sur les fameux critères. Il y en a sept, là, énoncés par le
ministre dans une lettre du 18 novembre dernier au président et chef de
direction de TransCanada PipeLines, particulièrement le critère n° 5 sur
les «retombées économiques et fiscales pour tout le Québec, notamment en
matière de création d'emplois dans les régions où il sera installé».
Alors,
considérant que la compagnie a annoncé qu'elle abandonnait le projet de port à
la hauteur de Cacouna, entre autres,
à cause de la présence des bélugas, évidemment, et de leur fragilité, je
dirais, comme espèce menacée, j'aimerais savoir comment le ministre va pouvoir évaluer la pertinence ou le contenu de ce critère des
retombées économiques, surtout considérant
que, jusqu'aux dernières nouvelles,
là, la compagnie n'a pas exclu de ne pas avoir de port au Québec. Elle
n'a pas exclu non plus d'en faire un ailleurs. Le fleuve
est grand, mais elle n'a pas exclu... D'ailleurs, je cite un article de La Presse
du 1er avril dernier. On ne remonte pas à très loin, là, où on dit que la
compagnie TransCanada «envisage dorénavant [de transporter] directement le
pétrole à [Saint John], au Nouveau-Brunswick, sans arrêter au Québec».
Alors,
évidemment, sans remettre en question notre position contre le pipeline, moi,
j'aimerais bien que le ministre m'explique
comment il pourra évaluer ce critère, considérant qu'il pourrait ne pas y avoir
de port au Québec et considérant également qu'en soi la construction
d'un pipeline... Une fois que le pipeline est installé, qu'il est enfoui dans
la terre, il n'y a personne qui s'en va
travailler dans le pipeline, là. Alors, je voudrais qu'il nous explique comme
il faut les retombées économiques et fiscales en fonction de son critère
n° 5.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre.
M. Heurtel : Alors, merci, M. le
Président. Alors, le député de Jonquière a bouclé sa boucle, alors je vais me permettre de boucler la mienne sur le président
Obama. Je trouve toujours ça intéressant quand on cite d'autres
juridictions, puis on a tendance parfois à
en faire un buffet chinois, puis on choisit juste ce qui fait notre affaire.
Si, en effet, la position du président
Obama sur le projet Keystone est connue et que le député de Jonquière
l'endosse, est-ce qu'il endosse également, donc, pour être cohérent, le fait que les États-Unis est un des plus
importants producteurs de gaz de schiste au monde? Je ne crois pas.
Alors, avant de prendre des opinions et des
positions prises par d'autres juridictions, il faut quand même faire l'effort de bien comprendre que chaque juridiction
a ses particularités et qu'on ne peut pas juste choisir ce qui fait
notre affaire puis exclure ce qui ne fait
peut-être pas notre affaire. Les États-Unis sont devenus un des plus grands
producteurs, plus grands exportateurs
d'hydrocarbures au monde à cause de leur exploitation de gaz de schiste, alors
chose que nous, ici, évidemment, nous
ne voyons pas d'un bon oeil, mais pas du tout. Alors, il faut faire attention
lorsqu'on essaie, pour des fins purement politiques... d'essayer de
prendre certains éléments qui font notre affaire. Il faut regarder l'ensemble
puis faire une analyse plus approfondie, avant de s'approprier certains
éléments qui font juste notre affaire.
Pour le
projet lui-même et la condition 5, la réponse, à ce stade-ci, c'est que nous
n'avons pas de projet à évaluer. Alors,
il est difficile pour moi aujourd'hui, M. le Président, de vous parler de
retombées économiques à évaluer : on n'a pas de projet devant nous. Alors, avant de pouvoir
parler de retombées économiques existantes ou non, partielles ou non, il
va falloir que TransCanada nous dépose un projet au niveau de la portion
québécoise, ce que nous attendons. Puis, à ce moment-là...
puis on fera l'évaluation économique, et ça fait partie d'une des cinq
conditions. Mais on ne connaît pas les composantes
du projet, on ne sait pas s'il va y avoir un port ou non dans le projet au
Québec, on n'a pas le tracé final. Alors, avant de pouvoir parler de
retombées économiques, M. le Président, il faut qu'on ait un projet à évaluer, et,
pour le moment, on ne l'a pas.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bien, écoutez, le ministre connaît quand même un
peu le projet, là, alors il peut s'imaginer un scénario sans le port de Cacouna, là. Alors, imaginons un scénario où il
n'y a pas de port, alors il peut au moins nous dire les éléments qui vont guider son critère, là, de
retombées économiques. Est-ce que c'est le nombre d'emplois? Est-ce que
c'est les entrées fiscales? Est-ce que c'est
la restructuration d'un village dévitalisé? Je ne sais pas. Est-ce que c'est le
nombre de circulations de bateaux sur le
fleuve Saint-Laurent? Il doit bien avoir un peu de critères. Quand il a écrit
le critère n° 5, là, il a écrit
ça comme ça en se levant, un bon matin, ou il s'est basé sur des expériences
passées, sur des précédents, sur de la jurisprudence?
Je ne peux pas croire, là, qu'il ne sait pas. Je veux dire, c'est quoi qu'il va
tenir compte dans son critère n° 5?
Deuxièmement,
donc... Parce que j'en profite, là, quand j'ai la parole, pour passer le plus
de questions possible, là.
Deuxièmement, le BAPE. Bon, le BAPE, le BAPE... On relisait, là, nos interventions à la même période ou à peu près... Un peu plus tard, quand même,
là, parce que le 23 avril, l'année passée, on était à
l'assermentation du nouveau gouvernement. Alors, jour triste. Mais on
était en crédits plus au mois de mai, je pense.
• (20 h 40) •
M. Heurtel : ...respect? C'est ça,
du respect?
M.
Gaudreault : Alors,
c'était donc plus au mois de mai, les crédits l'année passée. Juin, même, qu'on
me dit. Et déjà on parlait du BAPE à ce moment-là. Et le ministre
s'était engagé à tenir un BAPE sur le projet de TransCanada Énergie.
Bon. Maintenant,
je comprends la situation, là, puis je le sais, qu'il n'a toujours
pas l'étude d'impact, puis il n'a toujours pas ce qu'il faut entre les mains. Je le
comprends très bien. Mais je veux quand même qu'on essaie
d'avancer un peu. Parce que,
quand je regarde ce qui se fait ailleurs...
Je le sais, là, la réponse qu'il va
me dire par rapport à l'Ontario, là, que ça fait 17 mois qu'ils ont déjà débuté les consultations, ils les ont même complétées, bon, puis etc., là. Ça fait
10 mois que le ministère a confirmé que la procédure d'évaluation environnementale
au Québec va prendre au moins 15 mois pour être complétée. On en avait
parlé ici l'année passée. Bon, on sait tout ça.
Mais y a-tu
moyen de prendre un peu d'avance au moins dans la préparation du futur projet
du BAPE, là? Est-ce que le ministre peut s'engager clairement? Parce
qu'on a regardé justement le Journal des débats de l'année passée, aux
crédits, et le projet de pipeline, là, de TransCanada, c'est 700 kilomètres.
Alors, ça traverse beaucoup de régions, beaucoup de municipalités. Et je n'ai jamais
entendu clairement le ministre s'engager à un BAPE itinérant, donc pas juste à Québec ou pas juste à Montréal. Ce qu'il nous a dit
l'année passée : il a ouvert pour la visioconférence. On s'entend que ce n'est pas la meilleure formule. Je ne sais
pas si vous avez déjà assisté à des visioconférences, M. le Président, mais ce n'est pas comme une véritable audition. Alors, est-ce
qu'on peut avoir un BAPE itinérant? Donc, le BAPE itinérant.
Autres questions : Est-ce
qu'il peut nous garantir qu'il n'y aura pas de certificat d'autorisation d'émis
sur le projet de TransCanada Énergie tant
que le BAPE futur n'aura pas fait son rapport? Autrement dit, pour ne pas se
retrouver dans une situation comme celle
qu'on a vécue à Cacouna, entre autres. Ensuite, considérant que le BAPE ne peut
pas se tenir parce qu'on n'a pas
encore l'étude d'impact, est-ce qu'il peut envisager au moins la possibilité de
tenir un BAPE générique pour commencer le travail, comme la loi lui
permet?
Une voix : ...
M. Gaudreault : 6.3. J'ai de
la misère avec les numéros d'articles. Alors...
Une voix : ...
M. Gaudreault : Pardon?
M. Heurtel : Pas seulement avec ça.
M.
Gaudreault : Ouais. Ah! alors, je veux savoir si le ministre a envisagé
le BAPE générique pour au moins prendre de l'avance. Voilà les premières
questions que j'ai.
J'aurais
également une question très technique, là, pour savoir... C'est une question
particulière qu'on a déposée, c'est
la question particulière n° 216. Dans la réponse qui est faite par le
ministère, on dit que TransCanada a déposé un seul avis de projet le 4 mars 2014. La compagnie n'a pas répondu aux
lettres du ministre du 18 novembre et du 2 décembre 2014. Est-ce qu'on
pourrait avoir une copie de la lettre du 2 décembre 2014 à TransCanada, s'il
vous plaît? Alors, voilà mes questions.
Le Président (M. Reid) :
Alors, merci, M. le député de Jonquière. Je pense qu'il y a quand même quatre
ou cinq questions. M. le ministre, vous avez
sept minutes, en tout cas, qui restent dans ce bloc-ci. Il y aura peut-être
d'autres blocs.
M.
Heurtel : Alors, dans l'esprit de vos remarques introductives du bloc,
alors, moi, j'en compte au moins cinq, puis ce n'est pas des questions
qui se répondent en 10 secondes. Alors, je vais faire de mon mieux, M. le
Président. Premièrement, celles que je
recense... Bon, le député est revenu sur la condition 5, au niveau des
retombées économiques et fiscales.
Encore une fois, je dois le dire : On n'a pas de projet encore à évaluer,
donc ça rend difficile de faire une analyse de retombées économiques
vraiment rigoureuse et complète. Cela dit, il faut également comprendre qu'au
niveau de l'analyse de retombées économiques ce sera le ministère des Finances
et le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles qui seront chargés de
faire... de voir à étudier les retombées économiques et fiscales du projet.
Alors, ce qu'il faut dire aussi, par contre,
c'est que, bon, c'est clair que le BAPE, lorsqu'il sera mandaté, va certainement regarder la question économique, mais
l'analyse comme telle des retombées économiques sera faite par le
ministère des Finances et le ministère de l'Énergie et des Ressources naturelles...
sera supervisée par ces ministères.
Il faut quand même
dire qu'il y a un travail d'analyse qui est quand même
avancé. Le ministère ne s'assoit pas sur ses mains en attendant un projet, M. le Président. Alors, il y a déjà un travail qui a été fait. Il y a
certains documents qui ont été
déposés à l'Office national de l'énergie. Le ministère en a pris connaissance. Et, évidemment, on se prépare justement pour un BAPE éventuel. Cela dit, reste le fait
que, même si on n'a pas cessé d'examiner le projet et que, même si on a
examiné les documents, des documents qui ont été déposés à l'ONE, on doit
attendre ultimement le projet lui-même avant de réagir de quelque forme que ce
soit.
Il y a également le fait concernant... Encore
une fois, le député revient sur certaines de ses questions qu'il a posées en juin dernier. Il faut comprendre que
l'Office national de l'énergie a dit publiquement que... L'office a dit
que son horaire d'analyse du projet allait être décalé aussi, qu'il n'allait
pas débuter son processus pour traiter le projet TransCanada à l'échelle canadienne tant que la partie québécoise
du projet n'était pas déposée. Donc, on parle vraiment d'un délai additionnel qui est ajouté au
traitement du projet par l'Office national de l'énergie, ce qui fait en sorte
que nous sommes encore confiants,
comme nous l'avons été en juin dernier, comme nous l'avons été en novembre
dernier, tout comme nous le sommes
encore, que nous serons en mesure de faire notre évaluation environnementale,
de faire le BAPE dans les délais nécessaires, pour avoir un rapport du
BAPE entre les mains à temps pour aller présenter la position du Québec à
l'Office national de l'énergie.
Ensuite, pour
revenir sur la question du travail qui se fait, je rappelle au député qu'il y a
une évaluation environnementale
stratégique sur les hydrocarbures qui regarde la question économique, entre
autres, et regarde aussi la question
économique plus générale des hydrocarbures. Donc, il y a quand même
un travail qui se fait présentement. Ce n'est pas le seul sujet qui est
traité par l'évaluation environnementale stratégique sur les hydrocarbures — il y a la sécurité, l'environnement, bref, les questions de
transport — mais les
questions de retombées économiques sont traitées également. Alors, on pourra
bénéficier également, dans le travail d'analyse qu'il reste à faire lorsqu'on
aura le projet complet de TransCanada... Il y a, là aussi, un travail qui s'est
fait, se fait et se fera sur les questions économiques.
Bon. Là, je
veux juste consulter mes notes. Concernant le tracé — le député a parlé de tracé — on n'a pas encore de tracé final. Ça, c'est une chose, encore une fois. Il y avait
une idée de tracé; là, il n'y en a pas. Alors, on n'est pas clair, on n'a pas
de clarté au niveau du tracé final, alors il est difficile de préciser...
d'avoir une réaction par rapport au tracé et d'y réagir.
Finalement, bon, j'ai
parlé de l'horaire de l'Office national de l'énergie et du nôtre. À préciser
qu'également concernant un BAPE itinérant,
c'est le BAPE qui va décider où se tiennent les consultations, en fonction des demandes reçues. Ce n'est
pas le ministre qui décide ça. Le BAPE va décider, et ça va
être selon les demandes qui auront été faites par les organismes, que ce soient des municipalités, que ce soient des particuliers, que ce soient des organismes environnementaux, peu importe, des acteurs de la société civile. Puis c'est le
BAPE qui va décider ultimement où seront les audiences publiques. Moi, quand
j'ai parlé de visioconférences, c'était une méthode parmi tant d'autres, mais, ultimement,
la décision va revenir au BAPE.
Et là, finalement,
concernant la lettre de décembre — je
ne sais pas si on en a une copie ici — je n'ai pas d'objection à ce qu'on la
dépose, M. le Président.
• (20 h 50) •
M. Gaudreault : J'avais une
question aussi sur les certificats d'autorisation.
M.
Heurtel : Est-ce que
le député peut la répéter? Parce que
j'ai perdu le fil, là, avec toutes les questions que le député m'a
posées.
Le Président (M. Reid) :
1 min 15 s.
M. Gaudreault : Oui, je veux
savoir s'il peut nous donner la certitude qu'il n'y aura pas de certification
ou d'autorisation d'émise sur le projet tant qu'il n'y aura pas eu de BAPE.
M. Heurtel : De certificat
d'autorisation avant qu'il y ait le BAPE? Alors là, pour le moment...
M. Gaudreault : ...le rapport
du BAPE.
M. Heurtel : Le rapport du BAPE. Encore
une fois, il faudrait que je voie le projet avant de prendre un engagement de
cette envergure-là. Là, pour le moment, on n'a pas de projet, il n'y a pas de
certificat d'autorisation à émettre. Alors
là, pour le moment, dépendant du type de projet qu'il y a... Moi, je ne peux
pas nécessairement arriver ici, puis lier les mains, puis dire : Il n'y aura pas de certificat
d'autorisation. Si une entreprise décide de déposer des demandes de
certificat d'autorisation, ces entreprises-là, que ce soit TransCanada ou une
autre... Ce n'est pas en commission parlementaire qu'on va décider de se lier
les mains comme ça.
Il y a
une Loi sur la qualité de l'environnement, il y a une réglementation. Que ce soit TransCanada ou
une autre entreprise qui décide de déposer des demandes de certificat
d'autorisation, ces demandes de certificat d'autorisation là seront traitées à
la lumière de la loi. C'est sûr que, dans le cas de TransCanada, nous allons
utiliser énormément de circonspection, et on va être très vigilants avant
d'aller de l'avant. Mais là présentement, au moment où on se parle, il n'y a
même pas de projet, alors...
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre, le bloc est terminé.
M. Heurtel : Voilà. Merci.
Le
Président (M. Reid) :
Pour l'information de tous, je
pense que tout le monde a bien travaillé, parce que
le temps s'est partagé très exactement à 10 minutes-10 minutes,
alors, sur 20.
Alors, nous passons maintenant à un bloc gouvernemental,
et je donne la parole au député de Mégantic.
M. Bolduc : Merci, M. le Président.
Avant de redonner la parole au ministre, je voudrais mentionner que... Le ministre nous a mentionné, M. le Président, que le
travail de décontamination se faisait en coordination avec les autorités
de la ville de Lac-Mégantic. Et ce point-là, il est très, très important, puis
je vais vous donner un peu des éléments de pourquoi c'était très important, en
fait.
Au début de
2014, la ville de Lac-Mégantic a décidé d'entamer un processus qui s'appelle
Réinventer la ville. Et, pour ce
faire, elle a établi un processus de consultation, je dirais, de grande
envergure pour s'assurer que la population concernée aurait la chance de s'exprimer sur comment ils voyaient le
futur centre-ville de Lac-Mégantic. Et, pour ce faire... Encore là, à titre d'exemple, la première
rencontre... Il y a eu plus de 700 personnes qui se sont présentées à
cette rencontre-là pour pouvoir, vous
savez, regarder sous quelle forme et dans quelles conditions le futur
centre-ville devrait se développer.
Et naturellement, parce que tous ces
évènements-là se sont produits et qu'il y a eu une série de rencontres qui se sont échelonnées sur plus de huit mois, il y a
beaucoup de contraintes et de décisions qui ont pris une vitesse
secondaire et, dans certains cas, même,
tertiaire, ce qui faisait que les possibilités pour les projets et les
activités d'environnement devaient se
passer à peu près à la même vitesse. Et ça, ça occasionnait des situations qui
font qu'aujourd'hui on en est encore
à l'intérieur du processus. Mais le point du ministre est extrêmement
pertinent : la coordination qui est faite entre le gouvernement et la population, via la ville de
Mégantic, est une coordination sensible et très importante pour
l'ensemble de la population de Mégantic.
Donc, on en était à la méthode de traitement des
sols avec une technologie biologique, en coordination avec les activités de la ville de Mégantic. Donc, M. le
ministre, j'aimerais qu'on continue à voir comment le processus se
déroule.
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, en effet, là, j'allais
rapidement, là... J'en étais à ce qui s'est passé, et ce qui a été entamé, là, au début de l'hiver, et
ce qui se poursuit toujours maintenant. Alors, tel que demandé par la ville de Lac-Mégantic, tous
les bâtiments contaminés par des hydrocarbures au centre-ville ont été détruits
à l'hiver 2015. Cette opération a été très couverte par les médias. Et je sais
que ce fut un moment très émotif pour les concitoyens du député et je peux le constater moi-même
personnellement, lorsque je suis allé, c'était une étape importante et très
émotive et quelque chose de pas facile à
vivre. Les travaux d'excavation des fondations et des sols contaminés de ces
propriétés seront, quant à eux, réalisés ce printemps.
À l'automne
2014, la présence d'amiante dans des sols de la zone située près de la voie
ferrée a été signifiée au ministère. Une caractérisation complémentaire
a été réalisée au centre-ville afin de définir l'étendue de la présence d'amiante sur l'ensemble du site. Les résultats
préliminaires permettent de constater que seul le secteur situé près de
la voie ferrée présente des concentrations significatives d'amiante, mais on
parle d'à peine plus grandes que 0,1 %. Des mesures particulières seront évidemment mises en place lors des travaux
de réhabilitation du secteur affecté qui auront lieu ce printemps pour,
notamment, la protection des travailleurs.
Par ailleurs,
un programme de suivi de la qualité de l'air a été mis sur pied pour vérifier
que la santé de la population n'est
pas affectée par les différents travaux qui ont cours actuellement à Mégantic.
Trois stations d'échantillonnage ont été installées à Mégantic, soit à
proximité du centre-ville, près du centre sportif, au nord-est des sites de
traitement, au chemin du Barrage et dans le
secteur Fatima. De plus, des techniciens ont fait régulièrement des
vérifications avec des appareils portables.
Les résultats
du suivi 2014 indiquent que les travaux n'ont pas entraîné de dépassement
significatif des normes et des
critères de la qualité de l'air. Seul un léger dépassement, à une station, de
la norme annuelle moyenne pour l'arsenic a été observé, sans toutefois occasionner de conséquence au niveau des
risques à la santé; c'est important de le préciser. De plus, ce dépassement n'est pas nécessairement
relié aux travaux en cours. De plus, le même dispositif demeurera en
place pour l'année 2015, mais il sera adapté
à la situation de 2015 et il prendra en compte aussi les résultats obtenus en
2014. Certains contaminants qui étaient suivis en 2014 ne le seront pas, ou à
une fréquence moindre, en 2015, étant donné les très bons résultats observés en
2014.
Par contre,
un suivi des fibres d'amiante dans l'air ambiant sera ajouté pour 2015,
puisque, comme je viens de le mentionner,
de l'amiante a été trouvé dans certaines zones excavées. Le suivi de l'amiante
sera modulé dans le temps en fonction de l'avancement des travaux dans
les zones pouvant en contenir. Les résultats obtenus jusqu'ici ne sont pas préoccupants.
La direction de santé publique est tenue au courant de tous les résultats et
collabore étroitement avec le ministère. Un
programme de suivi de la qualité de l'eau dans les sols de la zone
d'intervention a également été élaboré par les experts du ministère afin de suivre l'évolution de la qualité de
l'eau sur le site et réaliser des mesures correctives, si nécessaire.
Les résultats obtenus démontrent que les mesures d'interception et de pompage
des eaux sont adéquates.
Donc,
finalement, le ministère prévoit compléter les travaux de décontamination de
Lac-Mégantic et redonner le centre-ville
aux citoyens d'ici l'automne 2015. Le ministère assurera un suivi
environnemental du site pour les années à venir afin de s'assurer qu'il
n'y ait pas de contamination résiduelle. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. M. le député de Mégantic.
• (21 heures) •
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Écoutez, je voudrais maintenant
passer à un autre élément de la situation de Lac-Mégantic. Parce que, comme le ministre l'a mentionné initialement,
vous savez — et puis
j'en ai parlé un peu — que, lors des évènements de l'incendie initial et les pertes de
pétrole, une partie significative de ce pétrole-là s'est rendue au lac
et à la rivière Chaudière en quantité relativement importante. Et,
naturellement, en tout cas, dans ma perception, cette contamination-là
constitue un des principaux évènements de contamination dans une rivière active
au Québec. Heureusement, je le dis comme ça
parce que je pense que c'est bien important, nous n'avons pas l'expérience
américaine quant à la décontamination et
l'évolution d'une rivière active. Parce que les Américains ont, je le dirais
bien candidement, beaucoup
plus d'expérience que nous à ce chapitre-là, mais malheureusement leur
expérience n'est pas nécessairement
pertinente par rapport au contexte dans lequel nous sommes, dû premièrement au
caractère saisonnier, aux crues des glaces et à la structure même des sols qui
nous concernent dans ce cas-là.
Donc,
cette situation-là, qui était vraiment préoccupante... parce qu'il faut se
rappeler qu'il y avait trois villes,
qui étaient la ville de Saint-Georges, la ville de Vallée-Jonction et la
ville de Sainte-Marie — et
il y avait aussi, je pense, la ville de
Lévis — qui
s'abreuvaient à partir de la rivière. Donc, il y a aussi toute une question de
préoccupation de santé publique et de
situations qui étaient très préoccupantes pour l'ensemble des citoyens. Et je
dois admettre que les débats d'urgence qui ont eu lieu pour sécuriser
ces populations-là se sont bien faits, mais il y avait quand même des soucis
très importants à relever.
Naturellement, il y a eu plusieurs évènements
qui ont été mis en place, mais moi, ce que je voudrais savoir, M. le ministre, c'est comment se déroule le plan
d'action du ministère concernant la contamination de la rivière
Chaudière et quel est l'état actuel de la situation telle qu'on la connaît
aujourd'hui.
Document déposé
Le
Président (M. Reid) : Merci, M. le député de Mégantic. Juste
avant de vous passer la parole, M. le ministre, je voudrais mentionner
aux membres de la commission que le document que vous avez déposé à la demande
du député de Jonquière, la lettre du
2 décembre 2014, est effectivement déposé à la commission. Elle est
recevable. Alors, à vous la parole, M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Alors, c'est à Sainte-Marie de
Beauce, le 12 mai 2014, que j'ai lancé le plan de gestion de la contamination résiduelle de la
rivière Chaudière par les hydrocarbures pétroliers. Nous utilisons le
terme «gestion de la contamination résiduelle», car d'importantes activités de
nettoyage ont eu lieu dans la rivière durant l'été et l'automne 2013,
c'est-à-dire avant le début du plan. Le plan vise cinq objectifs et comprend
14 projets.
Les objectifs
sont : de caractériser le niveau de contamination des sédiments de la
rivière par les hydrocarbures pétroliers;
de vérifier la toxicité des sédiments contaminés pour les organismes vivants;
d'évaluer le risque environnemental associé aux sédiments contaminés; d'effectuer des
travaux de nettoyage là où c'est requis; d'assurer le suivi environnemental
de l'état du cours d'eau.
Un an après son lancement, je suis très heureux
de vous dire que nous constatons que ce plan est un succès. Sur le plan
technique, les 14 projets se déroulent comme prévu. Un de ces projets est
une vaste caractérisation de la contamination
des sédiments de la rivière par les hydrocarbures pétroliers. Entre le
31 juillet et le 25 septembre 2014, 491 échantillons de sédiments ont été
prélevés et acheminés au laboratoire pour analyse. On a aussi effectué de
l'observation visuelle de la contamination à 362 sites le long de
la rivière.
Le deuxième projet en importance est
l'enlèvement des sédiments contaminés au kilomètre 4.5. Les échantillonnages réalisés en 2013 avaient démontré
que ce secteur était un des plus contaminés de la rivière. Pour cette raison, le comité expert du ministère avait
recommandé l'enlèvement des sédiments contaminés dans ce secteur. Au
total, cinq conteneurs, donc sept mètres
cubes de sédiments contaminés, ont été récupérés. La caractérisation de la
contamination des sédiments de la rivière et
les travaux d'enlèvement et de gestion des sédiments contaminés au
kilomètre 4.5 ont été réalisés
par des entreprises visées par l'ordonnance, The World Fuel Services à leurs
frais. Ces travaux ont fait l'objet d'une surveillance accrue de la part du ministère, qui a effectué un contrôle
de la qualité tout au long de ces opérations, notamment par des
inspections et la prise d'échantillons analysés à même nos laboratoires.
Certains projets de notre plan sont terminés,
d'autres sont en finalisation, et ce, conformément à l'échéancier initial. Même si tous les rapports ne sont pas
encore finalisés, le comité d'experts du ministère a dégagé quelques
constats. La contamination des sédiments de
la rivière Chaudière a diminué de
façon marquée de 2013 à 2014. Il
reste des endroits où les sédiments
sont encore contaminés, surtout dans les 10 premiers kilomètres
de la rivière. Dans la moyenne et la basse Chaudière, c'est-à-dire en aval de Saint-Georges, les sédiments sont
restés peu ou pas contaminés. Les sédiments déposés dans les plaines inondables par la crue du
printemps 2014 étaient peu ou pas contaminés. Près des prises d'eau
potable de Saint-Georges, de Sainte-Marie et de Lévis, pour les secteurs Charny
et Saint-Nicolas, d'Agropur, à Beauceville, et d'Olymel, à Vallée-Jonction, les
sédiments sont restés peu ou pas contaminés.
En somme, la rivière Chaudière porte encore les
stigmates du déversement de pétrole du 6 juillet 2013 à Lac-Mégantic, mais elle montre des signes de
rétablissement encourageants. Le comité expert du ministère
poursuit son analyse des données
générées par les 14 projets du plan de gestion 2014‑2015.
Et, dès qu'ils seront entièrement validés par ce comité expert, ils permettront de mettre à jour le portrait de la
contamination du lac Mégantic et de la rivière Chaudière, et de déterminer si d'autres actions sont requises.
En terminant, j'aimerais vous dire qu'un état de situation
complet sera rendu public plus tard ce printemps. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Mégantic.
M.
Bolduc : M. le ministre, est-ce que vous pourriez nous confirmer que cette
contamination de rivière est une des plus importantes que l'on ait
connues au Québec ou si on a d'autres cas significatifs que je n'ai peut-être
pas vus, là?
Le Président (M. Reid) : Oui,
M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Alors, en effet, oui, c'est clair qu'au niveau d'une rivière, d'un cours d'eau, que j'appellerais un cours d'eau intérieur,
là, c'est un des incidents les plus importants qu'on ait vus, sinon le
plus important. D'ailleurs, quand j'ai
échangé avec les experts du ministère à diverses étapes de la décontamination,
le seul véritable comparable que nous
avions, c'était le déversement de la rivière Kalamazoo, au Michigan, en 2010,
qui était suite à un incident
d'oléoduc, si je ne m'abuse. Et donc... Et ce déversement-là, évidemment, était
un incident environnemental majeur,
un des plus importants de l'histoire des États-Unis en termes de contamination
encore d'un cours d'eau intérieur. Parce
que, sinon, bien, les autres précédents n'étaient pas de beaucoup d'aide parce
que, là, on parle d'incidents de déversement en haute mer, ce qui a des
caractéristiques différentes.
Alors, en
effet, la contamination de la rivière Chaudière, en termes de temps, de
travail, de coût et d'impact — et on parle de la rivière Chaudière, là, on parle d'un long cours d'eau,
là — on parle
d'un incident majeur. Et, encore une fois, un travail énorme a été
accompli et continuera d'être accompli par le ministère et ses partenaires.
Le Président (M. Reid) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Mégantic.
• (21 h 10) •
M.
Bolduc : Avant de passer à un autre sujet, j'aimerais parler de
quelques compléments d'information que le ministre nous a donnés, mais qui, selon ma mince expérience
environnementale, est très pertinent. Premièrement, la rivière a près de 140 kilomètres avant qu'elle arrive
au fleuve Saint-Laurent. C'est un enjeu qui était relativement
considérable. J'ai aussi apprécié de façon
extrême la communication que nous avons reçue des experts du ministère, qui
nous ont vraiment éclairés...
traduit, je dirais, en termes compréhensibles, l'ensemble des paramètres et des
conditions dans lesquelles une partie du lac et de la rivière
Chaudière... dans quel état ils étaient, les points critiques, l'évolution. Et
je dois dire qu'il y a des phénomènes
là-dedans qui sont très intéressants. Puis je vais vous... Par exemple, le cas
des crues et de la descente des glaces, qui a un impact très considérable sur
les rivières, parce que
le lit est définitivement affecté de
façon magistrale. Et les tributaires
de la rivière Chaudière, donc, ont des faunes et des flores, ce qu'on appelle
les communautés benthiques. Elles restaurent et
retournent à la rivière, si l'on veut. C'est leur modèle d'origine.
Donc,
les experts du ministère de
l'Environnement nous ont vraiment
bien informés à ce chapitre-là. Ils nous ont donné toute une série d'informations qui nous permettent vraiment
de quantifier et de sécuriser la population qui, elle, est intéressée pas nécessairement pour comprendre tous les détails, mais
pour au moins voir qu'il y a un travail scientifique, rigoureux et qui
est vraiment orienté à rassurer la population. Il me reste une minute?
Une voix :
...
M.
Bolduc : Donc, il est très, très important pour nous de bâtir cette
expertise-là. Et je crois que les experts que nous retrouvons au ministère de l'Environnement nous font un travail, je
dirais, d'une qualité exceptionnelle. Et, de mon expérience, de ce que j'ai vécu dans les sections américaines de ces
cas-là, la qualité du travail qui est accompli est parmi les plus hauts standards. Puis je me dois de dire, de
faire ces commentaires-là parce que c'est très important pour nous qui vivons dans une région qui est fondamentalement
très, très propre et qui est loin des situations que l'on retrouve dans
les grands réseaux hydrographiques
américains... que l'attention que l'on met là-dessus est vraiment
représentative de l'état de nos cours d'eau au Québec. Donc, je les
remercie et je les en félicite. Merci.
Le
Président (M. Reid) : Merci beaucoup, M. le député de Mégantic.
Nous passons maintenant à un bloc pour le deuxième groupe d'opposition,
et je passe la parole au député de Groulx.
M. Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, je voudrais parler
du plan d'action sur les changements climatiques, qui s'articule autour de deux grands
objectifs : la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les GES,
l'adaptation aux changements climatiques.
Mais je voudrais d'abord parler aussi — encore une petite parenthèse — au niveau des impacts sur l'environnement,
pour être dans le sens des propos du député
de Mégantic, qui parle beaucoup d'impact sur l'environnement. Je
voudrais parler des impacts sur
l'environnement de la cimenterie McInnis. Alors, on parle de perte de sol et
risques de contamination, M. le
Président, de déviation des eaux de surface en dehors du bassin versant du
ruisseau de L'Anse-McInnis par les travaux de drainage, de risques de contamination de l'eau de surface et des
sédiments par des matières particulaires aéroportées et hausse de la matière en suspension, rabattement du
niveau de la nappe phréatique provoquée par le dénoyage de la fosse
d'exploitation et risque de contamination des eaux souterraines, M. le
Président.
Alors donc, bon
nombre de ces produits utilisés peuvent avoir des effets néfastes pour la
santé. On parle de modification potentielle
de la qualité de l'air en raison des émissions atmosphériques associées aux
activités du complexe. L'utilisation
du coke de pétrole, le «petcoke», est polluante, dangereuse, nocive pour
l'environnement. Alors donc, on dit qu'on
n'ose pas en mettre dans nos voitures tellement que ce n'est pas très bon. Il
est aussi question d'ammoniac, d'oxyde d'azote,
de dioxyde de soufre et de matières particulaires, avec les conséquences qui
viennent avec : problèmes pulmonaires, problèmes cardiovasculaires, augmentation du risque de nombre de cancer,
notamment le cancer du foie. Alors, je voulais donc conscientiser les gens aux risques pour la santé des humains et
pour les risques environnementaux de l'installation, de la construction d'une cimenterie d'une telle
envergure dans une région, pourtant, qui est si belle à visiter pour le
moment.
Alors,
je reviens donc au niveau des GES. Alors, l'étude de répartition sur
l'environnement réalisée par Genivar démontre
que la cimenterie McInnis émettra entre 1,75 million et 2,1 millions
de tonnes en équivalent du CO2 annuellement, alors ce qui
représente, je crois qu'on l'a déjà mentionné, 3 % des émissions totales
au Québec et environ 10 % des émissions provenant du secteur de
l'industrie. Alors donc, avec ces émissions annuelles, donc, de
2,2 millions de CO2 à pleine
capacité, le projet de cimenterie aura un impact incontestable sur le marché du
carbone, M. le Président. Alors, en
effet, les experts du ministère ont conclu que le projet de Port-Daniel
obligera les autres entreprises qui émettent des gaz à effet de serre à fournir un effort supplémentaire afin de
compenser l'ajout de cette cimenterie dans le marché. Alors, la part des
droits d'émission de GES qui sera accaparée par Ciment McInnis créera
inévitablement une pression à la hausse sur les prix.
Alors,
le ministre avait assuré qu'il n'était pas question
pour lui de hausser le plafond des émissions permises pour tenir compte du projet. Alors, la cimenterie
entrerait en fonction en 2016, et, disait-il : «Les autres joueurs devront
réagir en trouvant des façons alternatives.»
Alors, j'aimerais qu'il nous explique, M.
le Président, le ministre
de l'Environnement, comment les
autres joueurs vont réagir... pourraient réagir et quel impact prétend-il que
ça pourrait avoir — la
pression sur les prix — de
l'arrivée de McInnis dans le marché des gaz... en fait, dans le marché de...
dans le triste marché des gaz à effet de serre, mais dans le marché
d'acquisition des crédits carbone.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le député de Groulx. M. le ministre.
M. Heurtel :
M. le Président, d'abord, il y a des précisions importantes à apporter, là. En
absolu, on parle de 1,76 million de tonnes par année d'émission, et on
parle d'un impact de 2 % des GES au Québec. Alors, ça, ce sont les faits.
Et donc il faut comprendre aussi que... La compréhension qu'il faut avoir du
marché du carbone, c'est que, l'acquisition
des crédits carbone, encore une fois, comme tous les autres émetteurs, il va y
avoir des crédits compensatoires, il va y avoir des émissions gratuites
qui vont faire en sorte, justement, de ne pas avoir un impact trop important
sur l'ensemble du marché.
Puis encore une autre composante que le député
omet d'inclure dans son raisonnement, c'est que, dans le système du marché du carbone du Western Climate
Initiative, il y a un prix plancher et un prix plafond qui est intégré à
chaque vente aux
enchères pour justement éviter des courbes trop prononcées de prix. Alors,
c'est un marché qui est très contrôlé. Et il n'y aura pas de relèvement
du plafond.
Et il faut
comprendre aussi également que nous... On parle de 2016, moi, je parle plutôt de
2017. Mais pour le marché du carbone
à l'échelle Québec-Californie — et 2017, si la tendance se maintient, on
pourrait également penser que l'Ontario
ferait partie également du marché — bien, l'arrivée de la cimenterie McInnis
n'aurait pas un impact significatif sur
le cours des prix parce que, là, on parle d'un marché très vaste. Alors, encore
une fois, je crains que ce que le député essaie de suggérer est basé sur des hypothèses où le marché du carbone
s'appliquerait seulement au Québec. Il oublie que la Californie fait partie également du marché et il
oublie également que, fort probablement, d'ici la mise en... l'entrée en
fonction de McInnis, il y aura également
l'Ontario, ce qui fera en sorte qu'il va y avoir un plus grand marché à
considérer. Et, à l'intérieur de ce grand marché, il ne devrait pas y avoir
d'impacts significatifs sur les prix par l'entrée de la cimenterie McInnis.
Le Président (M. Reid) :
Est-ce que vous avez terminé, M. le ministre? Est-ce que vous avez terminé, M.
le ministre?
M. Heurtel : Oui, j'ai terminé.
Pardon.
Le Président (M. Reid) :
Alors, M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Alors, M. le Président, je vais l'amener sur un autre sujet, puis je pense qu'ils vont être
bien heureux. Je voudrais parler d'achats écoresponsables de la part du gouvernement.
Alors, je pense qu'il est important pour un
gouvernement qui, d'abord, établit, là, une stratégie... un plan de stratégie
durable, de montrer l'exemple et puis d'indiquer,
donc, à la société, qu'il agit de façon écoresponsable dans ses achats. Alors,
on a demandé en février dernier au Conseil du trésor le nombre d'appels
d'offres publics annuels dans lesquels un organisme public a considéré une spécification
liée au développement durable et en environnement en vertu des articles 50
et 37 des règlements sur les contrats de
services des organismes publics et sur les contrats d'approvisionnement des
organismes publics, alors, ainsi que le nombre, également, d'appels
d'offres publics par année dans lesquelles un organisme public a accordé une
marge préférentielle d'au-dessus de 10 % en vertu de ces mêmes règlements.
Alors, on constate que la proportion est minime,
M. le Président. On parle de 0,16 % en 2008‑2009; 1,27 %, 2009‑2010;
0,9 %, 2010‑2011; 0,19 %, 2011‑2012 et 0,8 %, 2012‑2013.
On n'a pas les données récentes, récentes, là, mais donc, en fait, face à ce constat, est-ce que le ministre
est satisfait? Et puis quelles solutions entend-il proposer — alors,
évidemment, je présume qu'il ne sera pas très satisfait — pour
corriger le tire, pour s'assurer, donc, que le gouvernement procède à
des achats plus écoresponsables?
• (21 h 20) •
Le Président (M. Reid) : Merci,
M. le député de Groulx. M. le ministre.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Je veux juste savoir au niveau du temps.
Le Président (M. Reid) : Il
reste encore une dizaine de minutes au bloc.
M. Heurtel : Parfait, d'accord. Toujours
dans le respect, je veux juste revenir brièvement. J'avais oublié de toucher le point. Le député avait parlé du «petcoke», puis je crois
c'est important, par rapport à la cimenterie, puis je vais revenir là-dessus. Puis, après ça, je vais
répondre à la présente question. Juste au niveau du «petcoke», là, il faut
quand même comprendre que toutes les
cimenteries utilisent le «petcoke», pas seulement ce qui est projeté par la
cimenterie McInnis, toutes les cimenteries,
les autres cimenteries au Québec utilisent le «petcoke». Ce qui est projeté par
la cimenterie McInnis, c'est en respect de la directive 019, qui
s'applique habituellement dans le domaine minier, mais également s'applique au
type d'utilisation prévu par les cimenteries.
Également,
l'utilisation prévue du «petcoke» par la cimenterie McInnis se fait et se fera
dans le respect du Règlement sur
l'assainissement de l'atmosphère. Et ça, c'est important à souligner. Parce
qu'encore une fois il y a des réglementations
qui existent et qui encadrent l'utilisation de substances comme le «petcoke»,
et ce sont des réglementations très sévères, M. le Président, qui
s'appliquent non seulement à l'industrie du ciment, mais à d'autres industries.
Et le projet de la cimenterie de Port-Daniel va respecter ce règlement.
Il y a
également plusieurs exigences au niveau de la qualité de l'eau et la qualité de
l'air qui déjà ont été évaluées et qui
feront l'objet éventuellement de vérifications, de contrôles, de suivis et
d'émissions de certificats d'autorisation. Et il faut également dire que les mêmes gens qui ont fait les études... les
analyses environnementales que citent les députés de la deuxième
opposition concluent également que le projet respecte les exigences
environnementales.
Alors, ça,
c'est sur la question de la cimenterie. Maintenant, pour les achats gouvernementaux...
Je me souviens d'ailleurs que le
député a participé à la commission parlementaire sur la Stratégie
gouvernementale de développement durable.
Je tiens à souligner d'ailleurs sa contribution, parce qu'en effet, comme lui
d'ailleurs, je crois que... je peux dire qu'il y a beaucoup de chemin à faire encore au niveau des politiques
d'achat du gouvernement, les marchés publics, les appels d'offres. On a
couvert cette question-là avec plusieurs différents groupes. Et ce qui était
vraiment intéressant, M. le Président, c'est
que, s'il y avait tant des groupes environnementaux que des groupes qu'on
caractériserait plus comme étant plus
des secteurs économiques ou des secteurs industriels, de la société civile, peu
importe, il y avait véritablement un consensus.
Parce qu'on a, quoi, reçu, il me semble, à peu près une cinquantaine de
groupes, je crois, M. le Président — vous y étiez évidemment — puis on a reçu plus d'une soixantaine de
mémoires. Et la question justement que soulève le député était une question assez centrale, je trouve, dans
nos réflexions. Et je crois que, dans le travail qui est fait depuis, que
je fais avec le ministère et qu'on poursuit
pour éventuellement accoucher de la Stratégie gouvernementale de
développement durable, il va être clair qu'il
va falloir trouver un moyen de s'assurer que les principes de développement
durable qui sont dans la Loi sur le
développement durable ainsi que les principes, nos principes, en matière de
lutte contre les changements climatiques — notamment nos actions, le plan d'action sur
les changements climatiques, tout ce
dont on parle en matière de changements
climatiques depuis le début de nos travaux aujourd'hui — soient
mieux intégrés dans les processus décisionnels
gouvernementaux, le plus en amont possible et de la façon la
plus contraignante possible. Alors, c'est un enjeu très important de la prochaine stratégie
qu'on désire approfondir et voir comment on peut opérationnaliser ça le
mieux possible. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Merci,
M. le ministre. M. le député de Groulx.
M.
Surprenant : Oui. Alors, au niveau
des acquisitions, j'aurais une autre... une autre, pas «achat», mais une
autre question. Désolé. Il doit être tard.
M. Heurtel : Il commence à être
tard. Il commence à être tard. Qu'est-ce que vous voulez acheter?
M. Surprenant : Alors, des véhicules
électriques, M. le ministre.
M. Heurtel : Des véhicules
électriques? Oui.
M.
Surprenant : Oui. Alors, on
a posé des questions puis on a eu certaines réponses. Alors, on nous
indique que, pour l'année 2010‑2011,
il y avait eu 15 acquisitions de voitures électriques
hybrides, 10 l'année suivante, 14 en 2012‑2013, 17 en 2013‑2014 puis zéro en 2014‑2015. Alors, évidemment,
je vais vous questionner à cet
égard-là, je pense que c'est
important. D'ailleurs, comme vous l'avez dit tantôt, on a participé à une commission
ensemble, puis, bon, il y a eu des discussions au niveau de l'électrification,
là, du transport. Et puis, donc, je suis surpris du chiffre de zéro et je me demande donc, aussi, bien, quelles sont vos
prévisions et puis est-ce qu'il y a des mesures qui sont prises, il y a des
ratios qui sont... des directives au niveau
de ratios d'acquisition de véhicules hybrides ou entièrement électriques.
Alors, vous vous en allez où avec ça ici au niveau du gouvernement?
M.
Heurtel : C'est une excellente question. Je suis, moi aussi, surpris
du chiffre zéro, parce que, dans l'année 2014‑2015, mon véhicule de fonction, qui est neuf — et, d'après moi, il a été acquis durant
l'année 2014‑2015 — est
un véhicule électrique. Alors, je peux témoigner, M. le Président, qu'il y en a
au moins un qui a été acheté. Mais c'est clair que c'est insuffisant. Et je...
Une voix : ...
M.
Heurtel : Oui. Alors, j'ai les mêmes données que le député, M. le
Président. C'est zéro. Alors, peut-être que...
M. Surprenant : ...auto, on vous en
a passé une usagée.
M. Heurtel : Peut-être. Finalement...
M. Surprenant : Ils ont reculé le
millage dessus, là.
• (21 h 30) •
M.
Heurtel : Oui, c'est ça. Mais peut-être que c'était une 2014. Moi,
j'étais sur l'impression que c'était... Peut-être que ça a été acquis... Mais, en tout cas, le
véhicule avait l'air assez neuf. Mais, farce à part, M. le Président, la
question du député est importante. Puis,
encore une fois, ça revient à la Stratégie gouvernementale de développement
durable pour les cinq prochaines
années. Il faut justement qu'on trouve des méthodes plus, disons,
contraignantes pour s'assurer que les achats écoresponsables se fassent,
particulièrement au niveau des flottes de véhicules.
Ce que peux
vous dire, par contre, c'est qu'au niveau des véhicules électriques je sais
qu'une des problématiques de par le
passé... Tu sais, si on regarde 2010, 2011, jusqu'à 2013, 2014, il y avait
réellement un problème d'autonomie avec les véhicules au niveau électrique. Alors, par exemple, lorsque j'étais
président-directeur général du Parc olympique, vu qu'on gérait un périmètre
très restreint, le Parc olympique, quand même, c'est 1,2 kilomètre carré,
bien, les véhicules électriques, qui avaient une faible autonomie, bien,
pouvaient... on pouvait s'en servir parce que, justement, on était en mesure de faire le travail qu'on avait à faire
avec des plus petits véhicules d'entretien, etc., qui avaient une
autonomie convenable pour les fonctions.
C'est
sûr que, quand on a des longues routes à faire, quand on est en région, c'est
plus difficile. Mais ce qu'on sait maintenant, c'est que le réseau de
bornes s'est développé, de bornes électriques, M. le Président. On a également
des véhicules qui ont une plus grande
autonomie, des véhicules plus fonctionnels. Justement, par exemple, une voiture
de fonction, par exemple, pour un ministre, électrique, il y a deux, trois ans,
ça aurait été impossible. Là, maintenant, les nouveaux
modèles, c'est possible. Puis, dès que c'est devenu disponible, je l'ai fait.
Mais c'est sûr qu'il faut poursuivre la démarche. On est sur la bonne voie. On augmente au niveau de notre parc.
Mais je suis d'accord avec le député qu'au niveau de la Stratégie gouvernementale de
développement durable il faudra faire un meilleur effort pour s'assurer
que ces chiffres-là augmentent puis qu'on puisse parler d'exemplarité du gouvernement
à ce niveau-là.
Le Président (M.
Reid) : M. le député de Groulx, il reste une minute si vous
voulez rapidement...
M.
Surprenant : Oui, j'en ai
une plus petite au niveau de l'eau, l'eau embouteillée. L'eau embouteillée,
alors je comprends qu'il y a des redevances qui sont versées de 0,07 $ par
mètre cube d'eau utilisé et puis donc qui vont au Fonds vert. Mais ma question est quand
même plus du portrait global. Alors,
moi, j'ai une école dans mon comté qui... Actuellement, ils voulaient
mettre des mesures pour réduire de beaucoup la consommation de bouteilles d'eau.
Alors, il y a une question de recyclage qui n'est pas toujours fait, tout ça.
Alors,
quelles sont vos réflexions là-dessus? Est-ce
que vous voulez adopter des mesures peut-être
de hausses de redevances pour l'embouteillage de bouteilles d'eau?
Avez-vous une réflexion à ce niveau-là?
Le Président (M.
Reid) : M. le ministre, 30 secondes.
M.
Heurtel : 30 secondes.
J'espère que le député me permettra d'aller plus loin parce que
c'est une question très importante, qui parle de l'ensemble
de la question de la gestion des matières résiduelles, et il y a
un effort majeur qui est enclenché par
le ministère pour justement revoir notre approche par rapport
au recyclage. Alors, j'espère avoir l'opportunité, là, de décrire ça davantage.
Le
Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Je passe la parole au député de Fabre,
qui m'a fait un signal par rapport à ça, M. le ministre.
M.
Ouimet (Fabre) :
Oui. Bien, en fait, moi, cette question m'interpelle, et, M. le ministre, ça me ferait
plaisir de vous laisser le temps dont vous
avez besoin pour répondre, fournir des informations, là, en réponse aux
questions du député de Groulx, si ça vous convient, évidemment.
Le Président (M.
Reid) : Oui. M. le ministre, à vous la parole.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Et je remercie le député de Fabre
et le député de Groulx pour la question.
Alors,
RECYC-QUÉBEC va fêter cette année son 25e anniversaire, et il faut comprendre
que, depuis la mise en place de cette
société d'État pour gérer nos programmes de recyclage, il n'y a pas vraiment eu
une mise à jour de notre approche en matière de gestion de matières
résiduelles. Puis, quand je parle de gestion de matières résiduelles, on a souvent tendance à expliquer ça et mettre ça en
deux camps. Alors, il y a la consigne et il y a le bac. Et évidemment,
dans notre système, on a développé les deux avenues comme deux avenues étant
deux mécanismes, deux façons de faire qui sont complémentaires.
Cela
dit, on a — puis ça,
c'est tout comme je le disais plus tôt aujourd'hui à propos de la Loi sur la
qualité de l'environnement — mis en place ces mécanismes-là, mais on ne
les a pas vraiment modernisés, on ne les a pas vraiment mis en oeuvre...
pas mis en oeuvre, pardon, mais revus. Et c'est pour ça que j'ai mis sur pied
un comité-conseil sur la gestion des matières résiduelles l'automne dernier.
Et encore, tout comme
sur le modèle du Comité-conseil sur les changements climatiques, j'ai rassemblé
une quinzaine d'experts de l'ensemble des
domaines qui sont touchés par la gestion des matières résiduelles, et ce
comité... Si vous le permettrez, M. le
Président, je vais lire le mandat. Alors : «Le comité a le mandat de
conseiller le ministre sur les dossiers
relatifs à la gestion des matières résiduelles. Il pourra également formuler
des recommandations sur les objectifs à court, moyen et long terme que
le Québec devrait se donner pour créer une société sans gaspillage. Ses
principaux objectifs sont les
suivants : Faire des recommandations pour optimiser la gestion des
matières résiduelles et pour bonifier la mise en oeuvre des actions du plan d'action et conseiller le ministre
sur l'évaluation de ces mesures; porter l'attention du ministre à toute
autre problématique ou tout autre enjeu lié à la gestion des matières
résiduelles.
«De
façon plus précise, le comité-conseil participera aux réflexions ministérielles
à l'égard de certains chantiers prioritaires[, soit] :
«L'optimisation
et la réévaluation du rôle et des responsabilités des intervenants du régime de
compensation des services municipaux fournis en vue d'assurer la
récupération et la valorisation des matières résiduelles;
«La modernisation du
système de consignation;
«L'amorce
du dialogue avec la population et la sensibilisation des intervenants en ce qui
concerne les enjeux de la gestion des matières résiduelles, notamment
l'objectif de bannir la matière organique des lieux d'élimination;
«Le
positionnement stratégique de la gestion des matières résiduelles pour la
création d'une société plus innovante et moins dépendante des énergies
fossiles; [et]
« L'élaboration
du plan d'action 2016‑2020 de la Politique québécoise de gestion des matières
résiduelles.»
Alors, ça, c'est le général. J'arrive à la
bouteille d'eau du député de Groulx. M. le
Président, la petite bouteille d'eau,
c'est assez fascinant. On en consomme, comme société, des millions, voire
des milliards de ces petites bouteilles là, et ce qui est fascinant pour la bouteille de 500 millilitres,
si vous remplissez la bouteille de
500 millilitres à 40 %, bien... puis vous remplacez ça par du
pétrole, c'est ce que ça prend en pétrole pour mettre cette bouteille de
500 millilitres dans votre main. C'est énorme.
Et il y a vraiment
lieu de se questionner sur notre utilisation de cette bouteille d'eau là,
surtout lorsqu'on pense aux sommes
astronomiques que nous investissons
année après année en infrastructures municipales dans la plupart des cas, en infrastructures d'épuration d'eau et d'installations d'eau potable. Alors, d'un côté,
on finance à grands frais des installations pour fournir à nos
citoyennes et nos citoyens de l'eau potable, et le gouvernement du Québec
investit chaque année, par ses programmes
divers d'infrastructures, puis c'est... le ministre des Affaires municipales pourrait en parler avec beaucoup
plus de précision que moi, mais on
investit des centaines, voire des milliards de dollars dans ces infrastructures et, d'un autre côté, par contre,
on a des bouteilles d'eau qui... Ce n'est pas la meilleure solution quand
on regarde ça d'un point de vue développement durable.
Alors,
j'ai demandé... Et, quand on regarde la modernisation et de revoir notre régime
de consigne au Québec, c'est entre autres pour voir s'il y a lieu de
revoir quels types de contenants sont visés par la consigne. Et il y a
également une étude qui a été commandée à un
groupe universitaire de l'Université Laval... le CREATE, qui doit nous remettre une étude que nous attendons,
nous l'espérons, ce printemps, M. le Président, qui va regarder également la
question de la consigne et du recyclage de
contenants. Alors, il y a déjà une réflexion, comme vous pouvez le voir,
qui est quand même déjà très
avancée, mais c'est clair que, dans une dynamique de lutte contre les
changements climatiques, la petite bouteille
d'eau, ça soulève des questions très importantes. Mais, encore une fois, il y a la bouteille d'eau elle-même, mais il y a
nos habitudes de vie. On la trimbale, elle est là. Est-ce qu'on traîne... Déjà,
bon, c'est beaucoup mieux d'y aller avec un
verre, c'est beaucoup mieux de traîner notre propre petite gourde,
mais, évidemment, il y a un travail à faire, tant au niveau de la sensibilisation... Mais on
regarde de très près pour voir s'il y
a lieu d'évoluer par rapport à cette petite bouteille d'eau
là, et d'autres types de contenants, et aussi de contenus, tant par rapport à la consigne que peut-être au niveau des redevances. Bref, il y a un
exercice très sérieux en cours qui, nous l'espérons, va aboutir cette année, M.
le Président.
Le Président (M.
Reid) : Merci, M. le ministre. Je reviens au député de Fabre
qui a une autre question.
M.
Ouimet (Fabre) :
Combien de temps?
Le Président (M.
Reid) : Il nous reste 13 minutes à peu près.
M.
Ouimet (Fabre) : Ah! formidable! En fait, j'aurai une
question qui va nous amener, en fait, dans la glace et non dans l'eau. Mais juste un commentaire, M. le
Président. J'ai eu l'occasion, il y a quelques semaines, de rencontrer
avec des collègues, là, un groupe qui
s'intéressait à cette question, en fait, qui faisait la promotion de s'assurer
qu'on ne dévalorise pas le recyclage. Parce
que c'est des questions que je découvre, moi. J'ai des habitudes, en fait,
comme tout le monde, et j'essaie d'avoir de bonnes habitudes...
Une voix :
...antécédents.
M.
Ouimet (Fabre) : Non, mes antécédents, je les ai abordés
plus tôt. Là, j'allais parler de mes habitudes. Donc, j'essaie d'avoir de bonnes habitudes de recyclage.
J'avais même, à une certaine époque, là... ce que je ne peux plus avoir,
mais j'avais un compost à la maison. Et
d'ailleurs j'en profite pour... j'encourage tout le monde à composter à la
maison. C'est formidable, tout ce qu'on met là-dedans. Non, mais c'est... Non,
mais...
Une voix : ...
• (21 h 40) •
M.
Ouimet (Fabre) : Non, mais c'est... M. le Président, est-ce
que je peux... Je ne veux pas être hors d'ordre, mais c'est... J'en
avais deux... Je ne sais pas, je ne sais jamais comment ça s'appelle, ces trucs-là,
là, des compostières.
Une voix :
...
M.
Ouimet
(Fabre) : Pardon? Pas Compostelle. Et donc...
Le Président (M.
Reid) : Allez-y. Il se fait tard.
M.
Ouimet (Fabre) :
Oui, c'est ça, mais... Non, mais c'est que... c'est formidable parce qu'on met les retailles de légumes,
le café et on remplit ça, et ça ne monte jamais — c'est ça qui est fantastique — et, après ça, on met ça dans... Mais, écoutez,
c'est mon petit... Je n'en vends pas, mais j'espère...
Une voix :
...
M.
Ouimet (Fabre) :
Je n'irai pas sur ce terrain. Mais donc, je vous encourage à composter, chers
amis. Mais je vous parlais de mes
habitudes au niveau du recyclage et
j'ai fait une découverte. Moi, je pensais que la bouteille de bière, parce
qu'il m'arrive... et là je ne veux pas entrer trop dans les détails, mais à
l'occasion de consommer une bière, à l'occasion, et, plutôt que de la rapporter
au dépanneur dans le cycle de la consigne, moi, je la mettais dans le bac de recyclage, pensant que quelqu'un au bout de la
chaîne les ramassait, et donc c'est la raison... Je fais ce long
préambule pour vous dire que j'ai appris que ce n'est pas le cas. Et donc, à la
maison, ne faites pas ça. Non, mais, c'est vrai, je suis convaincu, M. le ministre, en tout cas, dans... Il
y a une réflexion à faire par rapport à tout ça, mais, moi, ça m'a
bouleversé, alors... Déjà, d'en avoir parlé, je me sens mieux.
On parlait de d'eau, et là je vais vous amener à
la glace parce que, bon, c'est la saison du hockey, des séries éliminatoires, tout le monde... On est chanceux,
d'ailleurs, ce soir, les gens nous écoutent, il n'y a pas de hockey, il y
en a, mais pas des
Canadiens. J'ai, comme tout le monde... bien, à peu près tout le monde, je
pense, joué au hockey. Je joue au hockey
dehors, les glaces... Je fais plein d'autres choses, de la raquette, du ski de
fond, mais là, pour les besoins de ma question, je vais m'en tenir au
hockey. Et, en tout cas, je ne sais pas, je pense que tout le monde, en tout
cas, les gens de mon âge, M. le Président,
le député de Mégantic aussi... Je ne regarderai pas à ma droite, comme ça, je
ne me mettrai pas dans le trouble.
Donc, moi, quand on était petits, il me semblait que les hivers étaient plus
longs. Et donc, quand on jouait au hockey, en tout cas, il me semble que
la saison de hockey, dehors, elle durait longtemps, en tout cas, plus
longtemps.
Et, j'ai vu,
il y a eu une étude, d'ailleurs, de l'Université McGill et Concordia qui a
souligné que la saison des glaces à
Montréal, dans la région de Montréal, en 2013, était de 7,5 années... «7,5
années», 7,5 semaines, alors qu'en 2014 elle n'était que de 4 semaines. Ça fait une petite saison, ça, M. le
Président, et donc ça me conforte malheureusement dans cette impression
que la saison des glaces extérieures au hockey diminue, on a moins de temps.
Ce qui m'amène... Évidemment, je ne peux pas
m'empêcher, moi... J'en fais un lien avec les changements climatiques et j'ai été, j'avoue, étonné
d'apprendre que la Ligue nationale de hockey a produit un rapport sur le
développement durable, 2014.
Une voix : Qu'est-ce que ça a
à voir avec la glace?
M.
Ouimet
(Fabre) : Bien, c'est le hockey, la Ligue nationale de hockey.
Et j'ai été étonné d'apprendre que la ligue nationale s'intéressait au
développement durable.
Et donc, M. le ministre, puisque la députée de
Laviolette semble surprise d'entendre que la ligue nationale s'intéresse au développement durable, et je crois
même comprendre qu'elle ne voit pas le lien, alors, êtes-vous en mesure
de nous parler de ce rapport et de nous expliquer le lien entre le
développement durable, les changements climatiques et notre sport national?
Le Président (M. Reid) : M.
le ministre, nous attendons tous impatiemment vos explications.
M. Heurtel : Merci, M. le Président.
Je vais juste faire quelques commentaires par rapport au préambule du député de
Fabre. Je veux juste préciser que, bon, je suis très content pour le message
d'intérêt public qu'il a fait aux multitudes
qui nous écoutent ce soir. C'est important, oui, de composter, puis je tiens à
souligner que nous-mêmes, nous avons,
au cabinet, instauré notre propre
petit programme de compostage. Alors, nous compostons au cabinet, alors,
c'est possible de composter au bureau.
J'espère et j'incite les collègues et tout
le monde de le faire. C'est simple,
c'est facile, mais il faut... il s'agit juste de s'y mettre.
Et également, la réalisation... c'est quand même
important, au niveau des bouteilles de bière. Souvent, on a le réflexe de mettre des choses dans le bac et on
pense automatiquement que ça va se recycler. Et le fait est que les gens
ont développé un réflexe très bon de mettre
les matières recyclables dans le bac, sauf que, malheureusement, ce n'est pas
tout ce qui se retrouve dans le bac qui,
ultimement, est soit réutilisé ou recyclé. Et ça, c'est un enjeu du bac, et
c'est important de mettre en évidence le recyclage.
Et d'ailleurs
il y a une campagne radio présentement en ondes qui est très efficace, et
l'annonceur, M. le Président... bien,
pas l'annonceur, mais la personne qui fait le message, dit : Bien,
0,05 $... On s'énerve si l'essence augmente de 0,05 $ le
litre, mais, lorsqu'on met nos bouteilles recyclables qui valent 0,05 $ au
chemin, tu sais... puis qui met un peu l'incohérence,
parfois, de certaines réactions qu'on a et réflexes qu'on a, et l'importance,
donc, de recycler, et particulièrement les
bouteilles de bière qui sont réutilisées — une bouteille brune — qui sont les bouteilles en verre brun, là,
on appelle ça «les bouteilles brunes» de bière. C'est un des
produits les plus écoresponsables qui soit, hein? Elle est réutilisable
15 fois, cette bouteille-là, cette bouteille de bière là.
M.
Ouimet (Fabre) : Si
on la rapporte au magasin.
M.
Heurtel : C'est ça : la clé, c'est de la rapporter, de la
recycler. Alors, j'apprécie que le député de Fabre m'ait ouvert cette
porte-là.
Mais là,
maintenant, parlons de choses vraiment sérieuses, le hockey. Et, en effet...
Puis j'apprécie la question parce
que, d'emblée, on peut penser que, bon, c'est peut-être un peu léger de parler
de hockey en matière de développement durable,
mais ce que je trouve intéressant de ce point-là, c'est qu'on voit une
application. Parce que, souvent, tu sais, bon, quand on est rendus à parler de Nations Unies puis de gaz à effet de
serre, bon, des fois, ça peut paraître abstrait, c'est difficile de
ramener ça à quelque chose de très concret, et une chose que nous comprenons
toutes et tous au Québec, c'est le hockey, et c'est intéressant de voir que même
la Ligue nationale de hockey est préoccupée.
Il y a eu un rapport présenté par la nouvelle
marque de commerce qui s'appelle «...NHL Green, [qui est une] initiative
environnementale à grande échelle de développement durable mise sur pied en
2010 par le commissaire de la Ligue
nationale de hockey Gary Bettman afin de faire la promotion de pratiques vertes
aux quatre coins de la ligue.
«Parmi les
objectifs de la NHL Green se trouvent : réduire l'utilisation des
ressources naturelles dans les activités opérationnelles, suivre et mesurer les retombées environnementales de
notre sport et inspirer les partisans et les partenaires à adopter des
comportements environnementaux responsables.
«L'un des
points importants de ce rapport est la divulgation de l'empreinte carbone de la
ligue, soit environ une émission
d'environ 530 000 tonnes métriques de gaz à effet de serre par
année.» Ça, c'est surtout le transport par avion.
«Ces
émissions de carbone comprennent les activités opérationnelles de la ligue et
des équipes au cours d'une saison de
182 jours, de 1 230 rencontres [en] saison régulière, de plus de
60 parties en séries éliminatoires et de plus de 3,5 millions
de kilomètres parcourus par avion par campagne. À titre de comparaison, les
émissions annuelles de la plus grande centrale électrique au charbon des
États-Unis s'élèvent à 23 millions de tonnes métriques.
• (21 h 50) •
«Les
différents acteurs de la Ligue nationale de hockey reconnaissent donc avoir une
grande responsabilité de la conduite
de [leurs] affaires» et ont conscience qu'ils se trouvent «dans une position
unique afin de promouvoir le message environnemental. [...]La Ligue
nationale de hockey a écrit ce rapport avec les conseils du Natural Resources
Defense Council, mené par Allen Hershkowitz, [...]scientifique senior et chef
du programme de Green Sports du NRDC. Le NRDC
a été le principal conseiller stratégique en matière d'environnement depuis la
création de NHL Green. Selon le Dr Hershkowitz, le rapport sur le
développement durable 2014 de la Ligue nationale de hockey est peut-être
l'énoncé le plus important par rapport à
l'environnement à avoir été réuni par une ligue sportive professionnelle.» Nous
pouvons tous reconnaître que «l'emphase mise par ce rapport sur le contrôle
de l'utilisation des combustibles fossiles et des émissions de gaz à effet de serre est un bel exemple de l'importance de réaliser que les changements climatiques représentent
une menace pour tout ce qui nous est cher, incluant les sports».
Et c'est pour
ça justement que le transport par avion, c'est quelque chose qu'on regarde de
très près, particulièrement au
Québec, M. le Président, parce que, notamment... Bon, le secteur aéronautique
est un secteur névralgique pour
l'économie québécoise, on le sait, et c'est pour ça que, dans le dernier
budget, nous avons investi 40 millions de dollars provenant du
Fonds vert, entre autres, pour justement soutenir le développement d'un avion
écologique, alors, qui utilise les plus récentes technologies, parce
qu'avant... Bien, encore, d'une façon très développée, M. le Président, on construit un avion, on construit certaines pièces
à un endroit, certaines pièces à un autre endroit, puis là on assemble
tout à un autre endroit. Au niveau des
émissions de gaz à effet de serre, c'est terrible au niveau des processus de
fabrication. Et là, au Québec, on est en
train de développer un nouveau processus de fabrication écologique qui est
développé par un consortium de 23
entreprises qui sont au Québec, dont notamment Bombardier, et qui fait en sorte
que, justement, non seulement on reconnaît qu'il faut évoluer, notamment
dans les sports, mais également qu'au niveau de l'industrie de l'aéronautique
il y a des changements également qui s'opèrent. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Nous passons maintenant au bloc de l'opposition
officielle. M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Oui.
Merci, M. le Président. Alors, j'aurais une série de dossiers plus... pas
locaux nécessairement, mais
diversifiés et plus restreints, là, qui touchent à la fois des comtés ou qui
touchent différentes fonctions du ministère.
ADO Métal.
L'année passée, on en avait parlé. J'aimerais avoir... Parce que je sais qu'il
y avait eu un report des appels
d'offres parce qu'il n'y avait pas eu de soumissionnaire pour la première série
d'appels d'offres, et c'est très correct. Je tiens à remercier le
ministère qui m'a permis d'avoir une connaissance fine du dossier puis une
rencontre de la direction régionale du ministère de l'Environnement.
Maintenant, avec le deuxième appel d'offres qui a été fait, les derniers échéanciers que j'avais, c'était :
réception des devis techniques en février 2015, appel d'offres pour
l'entrepreneur en mars 2015 et normalement
les travaux de décontamination au dégel, donc autour du mois de mai prochain.
Alors, je veux savoir si on est
toujours dans ces bons échéanciers et puis si le ministère doit assumer le tout
ou si, enfin, ils ont été capables de rejoindre l'entrepreneur
délinquant. Autrement dit, on a... un genre de portrait de situation.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le ministre.
M.
Heurtel : Merci, M. le Président. Vous êtes partout, monsieur. Et, pour l'état
de situation, alors, un nouvel appel d'offres
sera lancé, on me dit, cette semaine — alors,
on est pleinement conscient que la semaine se termine demain — sinon,
en début de semaine prochaine, pour choisir
un entrepreneur qui réalisera les travaux de réhabilitation du terrain au
début de l'été 2015. Le ministère
s'assurera que ces travaux avancent le
plus rapidement possible et que les
sols contaminés soient transportés vers un site autorisé. Et, non, il
n'y a pas eu moyen de rejoindre l'entreprise pour ce qui est, là, des frais, et
des coûts, et de l'exécution des travaux.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
M. le député de Jonquière.
M.
Gaudreault : Bon. Je
comprends que le nouvel appel
d'offres est un peu plus tard que ce qui était prévu dans le plan de travail qui nous
avait été communiqué dans le comté parce que, si vous me dites cette semaine...
Mais, en même temps, je voudrais savoir : Est-ce que
cette fois-ci on a des bons espoirs d'avoir des soumissionnaires? Est-ce qu'il y a eu suffisamment de visites
de chantier? Est-ce qu'il y a eu des devis techniques, etc.?
M.
Heurtel : Oui. M. le président, ce qui a peut-être, comment je dirais, je ne veux pas dire «retardé»
mais... le processus, il a fallu faire un plan de réhabilitation et un
devis technique. C'est la firme LVM qui l'a fait et l'a déposé. La firme a déposé ce plan et le devis technique le
20 mars 2015. Donc, on a en main tous les éléments nécessaires pour aller de l'avant, donc,
avec l'appel d'offres, puis nous sommes conscients qu'on va trouver une firme
pour...
M. Gaudreault : «Conscients»
ou «confiants»?
M.
Heurtel : J'ai dit
«conscients»? Pardon, nous sommes confiants, pardon, confiants... Merci, M. le député. Nous sommes confiants qu'on va trouver une entreprise pour
exécuter les travaux.
M. Gaudreault :
Il y a des entreprises qui ont participé aux visites de chantier, c'est ce que
je comprends.
M.
Heurtel : Bien, si vous
permettez, M. le Président, je peux peut-être laisser le sous-ministre adjoint
répondre.
M. Gaudreault : Oui, oui,
oui. Certainement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Gaudreault : Consentement.
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Ouimet, Fabre) :
Vous identifier dans un premier temps.
M. Rousseau (Michel) : Oui, Michel
Rousseau, sous-ministre adjoint. Oui, l'an passé, on avait parlé de ce
dossier-là. Vous avez même dit, M. le député, que vous aviez visité le site en
vélo. Là, je m'arrête, mais...
M. Gaudreault : Oui, c'est
ça.
M.
Rousseau (Michel) : Donc,
oui, effectivement, on est confiants pour la bonne raison que l'an passé, là,
quand on a lancé l'appel d'offres à
l'automne, on était dans une période où tous les cahiers de charges sont
pleins, tout le monde a son travail.
En le faisant tôt au printemps, c'est certain qu'on va avoir des gens. Oui, il
y a des visites de chantier. Et, pour nous,
ce dossier-là, là, la décontamination va se faire cet été, là, il n'y a rien
qui indique que ça ne se ferait pas cet été.
M.
Gaudreault : Et,
comme on disait, pour l'instant, ce qui est dans le scénario, c'est : les
coûts de décontamination sont assumés par le ministère avec peut-être
possibilité de recours judiciaires éventuels.
M.
Rousseau (Michel) : À chaque
fois qu'on fait des travaux comme ceux-là, nos aviseurs juridiques tentent
par tous les moyens, par des hypothèques légales ou des choses comme ça,
d'aller récupérer des sommes. C'est sûr, ça fait
partie du processus, mais, d'abord et avant tout, il faut faire le travail
parce qu'il y a une contamination à enlever là. Mais, oui, on a l'obligation — c'est dans tous les dossiers de type passif
environnemental — de tout
faire pour récupérer le maximum de sommes. Il reste à voir ce qu'on va
pouvoir retirer de ce site-là.
M.
Gaudreault : Parfait. Alors, je vous remercie et, en tout cas,
j'apprécierais poursuivre la collaboration avec la direction régionale
du ministère en ce qui concerne ce dossier pour qu'on puisse rassurer les
citoyens de ce secteur particulier de Jonquière, qui est proche d'un ruisseau,
en passant, là, qui alimente des terres agricoles.
Deuxième
dossier. Quand je regarde le livre des crédits... J'ai dit d'entrée de jeu dans
mes remarques préliminaires qu'il y
avait une baisse de 7,5 % des crédits, et ensuite, quand on regarde dans
certains programmes, on a constaté une baisse de 23 %, M. le
Président, dans le programme de sensibilisation aux algues bleu-vert, 23 %
de diminution en 2014‑2015 dans le programme de sensibilisation aux algues
bleu-vert. Je répète que ce programme est extrêmement sensible, extrêmement important.
On connaît la réalité des algues bleu-vert dans toutes nos régions, la
prolifération des algues bleu-vert.
C'est un
programme qui est intéressant, parce qu'il y a un effet de levier. Ce que j'ai
compris de ce programme qui est
délégué aux organismes de bassins versants, c'est qu'il permet aux villes de
participer à des activités de sensibilisation mais aussi de lutte aux algues bleu-vert, et il crée des emplois
également. On m'indique, dans certains organismes de bassins versants, que, pour chaque dollar du programme, ça
lève 4 $ dans le milieu. Alors, c'est vraiment, vraiment
intéressant. J'en ai profité personnellement, alors, c'est vraiment un
programme qui est intéressant. Donc, je veux connaître un peu beaucoup les impacts de coupes de 23 % dans
ce programme, un, et deux, je veux savoir quand les organismes de
bassins versants recevront leurs nouveaux montants pour l'Opération Bleu Vert
2015‑2016 pour qu'ils puissent se préparer en conséquence de ces coupures.
Le Président (M. Reid) : M. le
ministre.
M. Heurtel : Un instant, s'il vous
plaît, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Oui,
allez-y.
• (22 heures) •
M.
Heurtel : Alors, on parle, M. le Président, d'une diminution, donc, de 230 000 $, qui est une
diminution, en effet, du soutien financier au RNCREQ et au ROBVQ dans le
cadre du Plan d'intervention sur les algues bleu-vert et l'abolition du volet
3, Projets déterminés en concertation de ce même plan d'intervention. Alors,
cette compression s'inscrit dans le cadre
des mesures de contrôle des dépenses publiques de l'État. C'était une recommandation notamment de la Commission
de révision permanente des programmes.
Nous, ce
qu'on a regardé également, c'est... Dans le programme de gestion des
algues bleu-vert, on a suivi également
une recommandation qui venait de la Sécurité publique, de la Santé
publique également, pour la gestion du programme. Et ce qu'on voit, c'est
que, depuis 2013, les efforts du ministère et de la Santé publique sont concentrés sur les
nouveaux plans d'eau ou sur ceux pour
lesquels les risques sont jugés plus élevés, notamment ceux où se trouve
une prise d'eau pour l'approvisionnement en eau potable.
Alors,
parallèlement, le ministère souhaite mieux utiliser les ressources des
directions régionales et concentrer leurs efforts sur des interventions
qui contribuent plus concrètement à l'amélioration de la qualité des plans
d'eau en effectuant des activités
de contrôle dans les secteurs industriel, municipal, agricole et hydrique, permettant
d'intervenir directement sur les sources potentielles de rejets de phosphore,
un des principaux contributeurs à la prolifération des algues bleu-vert.
En 2014, les
directions régionales ont répondu aux questions de la part de riverains et d'organismes
de bassins versants, les OBV, pour
expliquer les modifications qui ont été apportées à la procédure. Le
bien-fondé des changements apportés a semblé bien compris par la population.
Également, il est important de souligner que,
sur le plan de la santé, les différentes campagnes d'information semblent aussi avoir porté fruit. Le message
général de santé publique maintenant véhiculé par le MSSS est à l'effet qu'il vaut mieux éviter les contacts avec l'eau lorsque celle-ci n'a pas
l'apparence normale, qu'il y ait eu ou non la confirmation de la présence
de fleurs d'eau par le ministère.
M. Gaudreault : Bon, bien, évidemment,
M. le Président, je ne suis pas rassuré par les propos du ministre, là, surtout quand il dit — en tout cas, si j'ai bien compris, là — qu'il
veut peut-être compenser un peu les coupures de ce programme
par un renforcement de l'intervention des directions régionales, alors qu'on constate
que, pour 2015‑2016, ça va
être des coupures en analyse et expertise régionale de 6,4 %. Donc, je ne
vois pas comment on peut compenser des coupures par d'autres coupures en
analyse et expertise régionales.
Mais il n'a
pas répondu à ma question, qui est de savoir quand les OBV vont recevoir leurs
nouvelles sommes pour partir leur année sur la mise en place des
programmes des algues bleu-vert.
Le Président (M. Reid) : Oui.
Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre.
M. Heurtel : Un instant, M. le
Président, je valide l'information.
(Consultation)
M.
Gaudreault : Si vous voulez, on peut peut-être passer à une
autre question, et, quand vous l'aurez, la réponse, vous me la
communiquerez. Parce que j'ai un autre dossier particulier.
Le Président (M. Reid) : Oui.
On y va comme ça, M. le ministre?
M. Heurtel : On va revenir plus tard
avec la réponse, M. le Président.
Le Président (M. Reid) : Oui.
Alors, M. le député de Jonquière, allez-y.
(Consultation)
M. Heurtel : M. le Président, la
sous-ministre pourrait répondre à la question directement.
Le Président (M. Reid) :
Est-ce que j'ai l'autorisation? Consentement, oui?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Reid) : Mme
la sous-ministre, si vous voulez vous nommer, s'il vous plaît.
Mme
Tremblay (Christyne) :
Merci, M. le Président. Christyne Tremblay, sous-ministre. Alors, c'est très
simple : aujourd'hui et demain, nous
ferons adopter les crédits de ce ministère et, une fois que nous aurons les
crédits adoptés, nous serons en mesure de faire le CT au Conseil du
trésor qui nous permettra d'aller chercher les montants, chercher l'aval pour
verser les subventions aux organismes.
M.
Gaudreault : Donc, il faut présumer que les députés de
l'Assemblée nationale vont adopter les crédits, là, mais, si jamais les
crédits sont adoptés à cette commission, il y aura...
Mme Tremblay (Christyne) : «Si
jamais», effectivement.
M.
Gaudreault : Parce que, vous savez, avec la force de notre
conviction, de l'opposition, on peut convaincre des députés de l'autre bord de voter contre. Mais je
comprends que, si les crédits sont adoptés, ensuite, il va y avoir le
CT, et ensuite ça va partir. O.K.
En tout cas,
j'insiste auprès de l'administration du ministère, M. le Président, pour que
les montants arrivent le plus rapidement possible dans les OBV, dans
chacune des régions. Mais je demeure extrêmement... En tout cas, on va revenir là-dessus,
parce que ce que j'ai entendu de la part du ministre ne me rassure pas, là,
parce que c'est un programme... Dans le fond, il a parlé de combien, 200...
Une voix : ...
M.
Gaudreault : 230 000 $. Ce n'est pas des énormes
sommes, là. Ça vient de la commission de la révision des programmes, où les membres de la commission,
ensemble, gagnent plus comme honoraires que les coupures qui sont faites
dans ce programme-là. C'est un peu choquant,
alors que c'est un programme qui fait un effet de levier. Je vous l'ai
dit : Un dollar de ce programme-là dans
une municipalité en fait lever quatre par la municipalité,
par les partenaires, pour aller régler...
bien, «régler», en tout cas, au moins... Parce qu'eux, ils ont pris de l'avance avec la mise en place de ce
programme-là depuis quelques années. Et ce qui risque d'arriver, c'est que
l'avance qui a été prise pour la lutte contre les algues bleu-vert... on va
stagner, puis ça va redescendre, puis là les algues bleu-vert vont recommencer
à proliférer. Alors, M. le Président, pour 230 000 $, qui est
probablement l'équivalent du salaire de la présidente de la commission de la
révision des programmes, ou pas loin... Je me demande si les bons choix sont faits,
là, dans ce gouvernement-là.
En tout cas,
moi, ce que je souhaite, c'est que, si jamais les crédits étaient adoptés par
cette commission, nous allons suivre
ça de près, d'une part, pour que, techniquement, les OBV reçoivent leurs sommes
le plus rapidement possible, et, ensuite, pour voir les impacts... Parce
que, quand on me dit que le ministère va compenser, puis... de toute façon, il
y a des coupures aussi dans l'analyse et dans l'expertise régionale au
ministère, dans mon sens, ça ne va pas bien.
Là, on
m'indique que Mme Robillard gagne 265 000 $, puis les coupures sont
de 230 000 $ pour les algues bleu-vert. Alors là, ce n'est pas
jojo, ça. Je veux dire, on aurait pu sauver le salaire de Mme Robillard, mais
sauver aussi beaucoup plus de lacs et de rivières, qui sont aussi des sources
d'eau potable, M. le Président. Enfin. Bon, il me reste combien de temps?
Le Président (M. Reid) : ...cinq
minutes.
M.
Gaudreault : Cinq minutes? Cinq minutes, M. le Président, pour
parler du Centre d'expertise hydrique du Québec. Le Centre d'expertise hydrique : des coupures de 17 %
en 2015‑2016. M. le Président, vous le savez, vous êtes originaire du
Saguenay, nous sommes une région où il y a des centaines de barrages, qui a
vécu les inondations de 1996, où le Centre
d'expertise hydrique est une direction professionnelle, je dirais, qui agit de
façon professionnelle pour contrôler, sécuriser, rassurer les riverains,
faire l'inspection des barrages, s'assurer qu'il n'y ait pas de débordement
quand il faut parfois relever le seuil des barrages, etc.
Alors, moi,
je veux entendre, de la part du ministre, comment il va s'assurer que le
contrôle des barrages à travers le
Québec va pouvoir se faire de façon aussi rigoureuse, cohérente, responsable et
intégrée, tout en préservant la sécurité des riverains, avec des baisses
de 17 % dans le budget du Centre d'expertise hydrique du Québec.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le député de Jonquière. M. le ministre.
M.
Heurtel : Alors, merci, M. le Président. Alors, pour répondre sur la
baisse des crédits... La baisse des crédits totale est de 14,5 millions de dollars entre 2014‑2015 et 2015‑2016.
Pour ce qui est du Centre d'expertise hydrique, donc, c'est près de 50 % de la diminution, soit
7,1 millions de dollars, qui s'explique non pas par une baisse par le
ministère, dans le cadre de... non pas par une baisse, mais bien...
Excusez-moi, non pas par une baisse...
M. Gaudreault : ...
M. Heurtel : Bien oui, je devrais.
Parce que, là, j'ai un petit «glitch» technique, M. le Président.
(Consultation)
M.
Heurtel : C'est ça. Ce n'est pas une baisse comme telle, mais c'est
plutôt une analyse des besoins, dans le cadre de sa planification des dépenses au Plan québécois des
infrastructures, pour la modernisation des barrages publics. Alors, il faut comprendre que ce budget est
conforme aux besoins exprimés par le ministère pour réaliser la
planification des travaux prévus en 2015‑2016.
Alors que le
député de Jonquière se fait très critique au sujet des investissements réalisés
au CEHQ, j'aimerais lui rappeler que,
pour l'année 2013‑2014, seulement 19,3 millions de dollars ont été
réellement investis, alors que le plan déposé
avec crédits, pour 2014‑2015, indique clairement des investissements prévus de
38,9 millions de dollars et probables de 36 millions de
dollars. C'est près du double, M. le Président. Alors, le budget
d'immobilisations varie ainsi de 20 à 40 millions, selon la planification
annuelle du CEHQ, et ce, depuis 2009.
• (22 h 10) •
Alors, pour 2014‑2015, notons que deux projets
ont nécessité davantage de ressources, soit les barrages de l'Érable, dans la région de la Capitale-Nationale,
et des Quinze, en Abitibi-Témiscamingue. Or, les travaux aux barrages de l'Érable sont terminés, alors que les
coûts des travaux prévus cette année au barrage des Quinze sont moindres que
l'an passé.
Alors, il faut
comprendre, M. le Président, que la diminution... C'est qu'à chaque année le
Centre d'expertise hydrique fait une planification de ses besoins, et, à travers les années, la planification était de loin supérieure aux dépenses réelles. Et là ce qu'on voit, pour 2014‑2015,
il y a eu 38,9 millions de
dollars d'investis prévus; pour 2015‑2016,
on parle de 37,1 millions. Alors, quand on compare par
rapport à ce qui s'est fait en 2014‑2015,
c'est comparable. Et c'est d'autant plus important de souligner ça quand
on regarde 2013-2014, lorsque le Parti québécois était au pouvoir : ils
n'ont investi que 19,3 millions de dollars, M. le Président.
Donc,
nous, ce qu'on a fait, c'est qu'on a fait des prévisions beaucoup plus
réalistes, et c'est pour ça qu'on a baissé d'une année à l'autre. Mais, dans le réel, ultimement, les véritables
dépenses d'investissement qui sont faites au niveau des barrages, on reste dans des niveaux — comme je le dis, 37 millions de
dollars — qui se comparent favorablement par rapport
à 2014‑2015, et c'est près du double de ce qui avait été fait en 2013‑2014.
Le Président (M.
Reid) : ...quelques secondes, si vous voulez faire un
commentaire.
M.
Gaudreault : Je veux
juste bien comprendre. Les sommes restantes, autrement dit, n'affecteront
en rien la surveillance, la gestion
des barrages, la sécurité des barrages s'il
n'y a pas de prévisions pour faire de
nouvelles constructions ou des aménagements? En deux secondes et
quart, là.
M.
Heurtel : Bien, un, nos
prévisions sont plus réalistes et sont plus conformes aux besoins. Comme je
vous dis, c'est plus conforme aux
besoins qui ont été exprimés puis qui ont été réalisés en 2014‑2015.
Donc, 2015‑2016 est dans les mêmes eaux — mauvais jeu de mots, pardon — que... Donc, 2015‑2016 reste dans les mêmes
échelles que 2014‑2015. Encore une fois, près du double de 2013‑2014.
Puis, également, ce qu'il est important de savoir, c'est qu'au niveau des ETC on maintient également... au niveau des
emplois, des unités utilisées, on reste dans les mêmes niveaux encore.
Alors, je comprends, là, qu'on veut essayer de faire du millage avec ça, mais
nos prévisions sont plus précises.
Et,
également, les ETC qui sont mis... On comprend l'importance des barrages. On ne
va pas mettre en péril la sécurité des gens ni l'intégrité du
territoire. Alors, les ETC sont maintenus, les investissements sont
sensiblement au même niveau que l'année dernière. C'est juste que nos
prévisions... notre planification est plus serrée, plus réaliste, également. Mais, tout comme pour
Urgence-Environnement, tout comme pour nos inspections, on maintient à
niveau. Ça fait partie des services de première ligne, M. le Président.
Le
Président (M. Reid) : Alors, je suis obligé de mettre fin à cet
échange, qui est, effectivement, typiquement un échange qui exprime bien la raison d'être de la défense des crédits,
absolument. Alors, nous allons passer au bloc...
M. Heurtel :
Ça a pris huit heures, le faire.
Le
Président (M. Reid) : Non, mais il y en a eu plusieurs, mais
c'est qu'effectivement, souvent, dans les crédits on n'a pas toujours des questions aussi précises sur
des crédits particuliers, alors je pense que, là, on a eu un échange
tout à fait exemplaire. M. le député de Mégantic, pour le dernier bloc
aujourd'hui.
M.
Ouimet
(Fabre) : ...question sur le hockey n'était pas bonne?
Le
Président (M. Reid) :
On en reparlera. Elle était exemplaire, par ailleurs, aussi. En tout cas,
elle intéressait tout le monde, ça, c'est certain. Alors, M. le député
de Mégantic.
M.
Bolduc : Merci, M. le Président. Écoutez, je voudrais commencer par un ou deux petits
commentaires. Un, le premier, au
sujet de mon collègue de Jonquière qui semble inquiet avec les algues bleu-vert. Et
je vais essayer d'apaiser son sommeil
dans les nuits à venir, ayant moi-même été sur un conseil d'administration d'OBV pendant six ans. Et, dans les dernières années, les systèmes qui ont été mis
en place pour la surveillance des algues bleu-vert ont établi des
routines de surveillance extrêmement efficaces. Et, quant à moi, je suis énormément rassuré, parce qu'une fois que les protocoles et les
façons de faire ont été mis en place les besoins pour contrôler et surveiller
les algues bleu-vert sont beaucoup plus faciles à contrôler.
Et, si j'ai une
opportunité, il me fera un très grand plaisir, M. le Président, de vous faire
une élaboration très intéressante des algues bleu-vert et de leur relation avec
le phosphore.
M. Gaudreault :
Deuxième épisode de Découverte.
M. Bolduc :
Peut-être, on verra, mais...
M.
Ouimet
(Fabre) : C'est une mine de renseignements.
M. Gaudreault :
Il est meilleur que Charles Tisseyre.
M.
Bolduc : Ce serait une possibilité intéressante. Donc, premier
commentaire. Mais je vais garder celle-là pour peut-être une autre journée, parce que j'ai déjà un bagage assez
considérable, là. Mais peut-être demain. Nous verrons.
M.
Ouimet
(Fabre) : Sinon, M. le Président va dire que ce n'est pas
intéressant.
Le Président (M. Reid) : Non,
c'est très...
M.
Bolduc : Écoutez, ensuite, dans la foulée de mon illustre collègue de
Fabre, j'aurais un petit commentaire à faire, parce que je pense que...
pour la vaste population qui nous écoute ce soir. M. le ministre, vous avez
parlé d'une campagne publicitaire, et nous
avons fait, dans une des MRC de mon comté, une évaluation où on retrouve, même
si on fait du recyclage, encore
28 % des produits dans les déchets qui seraient des produits recyclables.
Donc, mon collègue de Fabre, lui, les
prenait, les produits consignés, dans le recyclage, mais malheureusement il y a
aussi encore un pourcentage considérable de gens qui mettent des
produits de recyclage dans les poubelles.
Et pour ça
c'est très important parce que, dans mon comté, nous allons démarrer dans les
prochaines semaines un projet, en
fait, de démêlage des déchets pour extraire toute cette partie-là, et ça, ça
représente, juste pour les gens qui nous écoutent, un investissement de plus de 30 millions de dollars dans
un centre d'enfouissement technique — un LET, pour ceux comprennent le langage technique — pour récupérer l'ensemble de ces matières
recyclables là et le compostage, dont
notre illustre collègue a bien mentionné. Donc, c'était un petit commentaire de
parenthèse, M. le ministre. Donc, dans
votre campagne publicitaire dont vous nous avez parlé, je vous... juste
indiquer ces petits paramètres, qui sont quand même intéressants et qui relèvent
d'une population de ma région.
Autre sujet.
Et je vais vous entretenir un peu sur le développement durable et la stratégie
2015‑2020. Et le document que j'ai
ici... je vais essayer de faire une espèce de synthèse pour les gens qui nous
écoutent, pour leur faire comprendre un peu de quoi nous parlons ici ce
soir. En fait, la Stratégie gouvernementale de développement durable 2015‑2020,
celle même que nous avons travaillée en commission, reconnaît six enjeux
fondamentaux — et
je vais y revenir — et
elle met de l'avant huit orientations qui, elles, contiennent 27 objectifs.
Donc, cette stratégie de développement durable
vise fondamentalement quatre objectifs, et je vous les cite :
«1. instaurer
un nouveau cadre de gestion au sein de l'administration afin que l'exercice de
ses pouvoirs et de ses responsabilités s'inscrive dans la recherche [du]
développement durable;
«2. concourir
à réaliser le virage nécessaire au sein de la société face aux modes de
développement non viable, en intégrant
davantage la recherche d'un développement durable, à tous les niveaux et dans
[...] les sphères d'intervention, dans les politiques, les programmes et
les actions de l'administration;
«3. assurer la cohérence des actions
gouvernementales en matière de développement durable;
«4.
favoriser l'imputabilité de l'administration en matière de développement
durable, notamment par biais de contrôles exercés par le Commissaire au
développement durable en vertu de la Loi sur le Vérificateur général.»
• (22 h 20) •
Donc, maintenant, je vais vous illustrer
quelques-uns des objectifs de la stratégie, les enjeux, en fait. L'action responsable, qui est le deuxième enjeu... parce
que j'ai sauté une page, je crois. Le premier enjeu est «le renforcement
de la gouvernance, en intégrant davantage
les dimensions environnementale, sociale et économique dans les décisions».
Donc, les trois piliers que nous avons si abondamment parlé, on les retrouve
dans l'enjeu un. Le deuxième, comme je viens de mentionner : «l'action responsable». Le troisième enjeu est «le
développement de la connaissance et de l'innovation». Puis, dans mon
exposé de ce matin, où on a parlé énormément de la recherche, du développement
et de la compétence technologique et de la capacité... Je crois que ça, c'est
un enjeu sur lequel nous pouvons nous entendre pour dire que l'éducation et le
développement sont des enjeux très fondamentaux. Tu veux que je me... Merci, M.
le...
Quatrième
enjeu : «l'intégration de la préoccupation intergénérationnelle dans les
actions». C'est une dimension sur
laquelle nous avons peu de conversations aujourd'hui. Et enjeu cinq :
«l'engagement, le partage et la collaboration». Finalement, le sixième
enjeu : «l'intégration de la culture au développement durable».
Maintenant,
comme je vous ai dit, il y avait huit orientations, dans lesquelles on retrouve
27 actions qui vont se répartir à travers ces huit orientations. Donc,
la première orientation : «renforcer la gouvernance en développement durable dans l'administration publique». Le deuxième :
«développer une économie prospère d'une façon durable, verte et [prospère]». Le troisième : «gérer les
ressources naturelles de façon responsable et respectueuse de la biodiversité».
Le quatrième : «favoriser l'inclusion
sociale et réduire les inégalités sociales et économiques». Le cinquième :
«améliorer [...] la prévention [par] la
santé de la population». Le sixième : «assurer l'aménagement durable du
territoire et soutenir le dynamisme des collectivités». Le
septième : «soutenir la mobilité durable». Et le huitième et
dernier : «favoriser la production et
l'utilisation d'énergies renouvelables et l'efficacité énergétique en vue de
réduire les émissions de gaz à effet de serre», dont nous avons
abondamment parlé dans les derniers jours.
Je vais vous
citer rapidement les objectifs. Donc, pour la première orientation :
«renforcer les pratiques de gestion écoresponsables
dans l'administration publique; renforcer la prise en compte des principes de
développement durable par les
ministères et organismes publics — rappelez-vous de celui-là parce que j'y
reviendrai — favoriser
l'adoption d'approches de
participation publique lors de l'établissement et de la mise en oeuvre de
politiques et de mesures gouvernementales; poursuivre le développement
des connaissances et des compétences en matière de développement durable dans
l'administration publique; renforcer l'accès et la participation à la vie
culturelle en tant que levier de développement
social, économique et territorial»; et, le sixième, «coopérer au niveau
national et international en matière de développement durable, en
particulier avec la francophonie», ce que nous avons aussi discuté dans les
derniers jours.
Maintenant,
pour la deuxième orientation, il y a cinq objectifs. Le premier est d'«appuyer
le développement de pratiques et de
modèles d'affaires verts et responsables»; le deuxième : «appuyer le
développement des filières vertes et des biens et services écoresponsables produits au Québec»; le
troisième : «favoriser l'investissement et le soutien financier [en
appuyant] la transition vers une économie verte et responsable»; le
quatrième : «développer et mettre en valeur les compétences permettant de
soutenir la transition vers une économie verte et responsable»; finalement, le
cinquième, d'«aider les consommateurs à faire des choix responsables».
Je m'en vais
maintenant à la troisième orientation, et nous y retrouvons deux objectifs. Le
premier est de «gérer les ressources naturelles de manière à soutenir la
vitalité économique et maintenir la biodiversité, de façon efficiente et concertée». Le deuxième est de «conserver et [de] mettre en
valeur la biodiversité, les écosystèmes et les [systèmes] écologiques en
améliorant les interventions [...] pratiques [dans] la société».
La quatrième
orientation contient trois objectifs : «appuyer les activités visant [à]
la reconnaissance, le développement et le maintien des compétences,
particulièrement des personnes les plus vulnérables». Le deuxième : «appuyer
et mettre en valeur les activités des organismes communautaires et des
entreprises d'économie sociale, qui contribuent à l'inclusion sociale et à la
réduction des inégalités». Le troisième est d'«appuyer et [de] promouvoir le développement [des] mesures sociales et
économiques pour les milieux en situation de pauvreté et les milieux
défavorisés».
La cinquième
orientation contient deux objectifs : «favoriser l'adoption de saines
habitudes de vie» et «agir pour que les milieux de vie soient plus sains
et sécuritaires».
Pour la sixième orientation, nous avons quatre
objectifs, qui sont : de «favoriser la mise en oeuvre de bonnes pratiques d'aménagement du territoire»; le
deuxième : de «renforcer [la capacité] des collectivités dans le but de
soutenir le dynamisme économique et social des territoires». Le troisième est
de «soutenir la participation publique dans le développement des
collectivités»; et le quatrième : de «renforcer la résilience des
collectivités par l'adaptation aux changements climatiques et la prévention
[de] sinistres naturels».
La septième
orientation contient deux objectifs : d'«accroître l'accessibilité aux
services aux lieux d'emplois ainsi qu'aux
territoires par des pratiques et la planification intégrée de l'aménagement du
territoire et des transports durables». Le deuxième est : «appuyer l'électrification des transports et
améliorer l'efficacité énergétique de ce secteur pour développer
l'économie et réduire les émissions de GES».
La huitième contient trois objectifs. Le premier
est d'«améliorer l'efficacité énergétique»; le deuxième est d'«optimiser la production d'énergie renouvelable
au bénéfice de l'ensemble de la société québécoise»; et le troisième, de
«favoriser l'utilisation d'énergies qui permettent de réduire les émissions de
GES».
Donc, M. le
Président, le projet de la stratégie gouvernementale, qui a fait l'objectif de
la consultation publique... Du
23 janvier au 11 février 2015, on a rencontré 41 groupes, et
57 mémoires ont été déposés sur le survol du document que je viens de vous faire. Cette consultation a été
un moment privilégié pour constater à quel point le développement
durable a grandement cheminé depuis l'adoption de la Loi sur le développement
durable en 2006, depuis la première stratégie gouvernementale
de développement durable en 2008 et les dizaines de plans d'action associés à
chacun des 122 ministères et organismes assujettis à la loi.
Donc, M. le ministre, j'aimerais que vous nous
parliez un peu de l'origine de ce document, parce qu'il a une histoire un peu particulière, et je pense que ça
serait peut-être intéressant d'entendre une partie de ça et de savoir quel
suivi sera donné à cette commission parlementaire si le gouvernement entend
adopter une stratégie gouvernementale de développement durable en 2015.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le député de Mégantic. M. le ministre, en 2 min 30 s.
• (22 h 30) •
M.
Heurtel : En
2 min 30 s, M. le Président, bien, l'historique, on en est à
notre deuxième stratégie gouvernementale de développement durable, ce qui est une obligation en vertu de la Loi
sur le développement durable, qui a été adoptée en 2006. Ces stratégies, normalement, ont une durée
de cinq ans. Cependant, la dernière... Et la loi prévoit qu'il peut y
avoir une prolongation de deux ans, mais une seule prolongation de deux ans, ce
qui a été le cas de la première stratégie.
Donc, le
travail qui est fait pour en arriver au projet de révision de stratégie
gouvernementale de développement durable,
auquel le député de Mégantic fait référence, c'est un travail très important,
qui implique des consultations qui ont commencé en 2013, parce qu'on
parle de consulter plusieurs ministères et organismes. Parce que la stratégie
couvre 122 ministères et organismes du gouvernement, et donc, avant d'en
arriver à un produit final, il y a un travail très important de consultation qui est fait par le ministère auprès de divers
ministères et organismes, puis il y a également des acteurs de la société civile qui sont consultés.
Donc, ce travail-là de consultation, d'élaboration de la stratégie s'est
fait en 2013‑2014 principalement. Et le
produit que vous avez devant... que le député a devant lui, donc, nous l'avons
examiné au courant de 2014, suite à notre arrivée aux affaires, et donc on
avait finalement jusqu'à la fin de 2014 pour le déposer. Et nous avons fait la
commission parlementaire au début de l'année, qui, comme le député l'a dit, a
fait l'objet, là, d'une vaste consultation.
Alors, en
gros, M. le Président, c'était la genèse du document. Alors, peut-être que,
demain, on pourra en parler davantage, mais ça résume l'historique de la
chose.
Le Président (M. Reid) :
Merci, M. le ministre. Étant donné l'heure, la commission ajourne ses travaux
jusqu'à demain matin, 9 h 30, 24 avril, dans cette même pièce.
(Fin de la séance à 22 h 31)