(Onze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Provençal)
: À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Santé et Services sociaux des
crédits budgétaires du portefeuille Santé et Services sociaux
pour l'exercice financier 2021‑2022. Une enveloppe de trois heures a été
allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Lavallée
(Repentigny) est remplacée par M. Girard (Lac-Saint-Jean); Mme Charbonneau
(Mille-Îles), par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); M. Ciccone (Marquette), par M. Birnbaum (D'Arcy-McGee); Mme Montpetit
(Maurice-Richard), par Mme Weil (Notre-Dame-de-Grâce); et Mme Sauvé
(Fabre), par Mme Robitaille (Bourassa-Sauvé).
Santé et Services sociaux
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. L'étude de ce volet
sera divisée en deux parties pour permettre la présence en salle des
représentants des organismes visés par ces crédits.
De 11 h 30 à 13 heures, le ministre
sera accompagné des représentants de l'Office des personnes handicapées et, de
14 heures à 15 h 30, il sera accompagné des représentants de la direction
de la protection de la jeunesse et du directeur national des services en santé
mentale et en psychiatrie légale.
Pour chaque partie, nous allons procéder aux
échanges entre les groupes d'opposition et le ministre par blocs d'une durée
entre 14 et 20 minutes pour permettre à chaque groupe d'écouler
graduellement son temps de parole. Le temps d'échange inclut les questions et
les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps
qui leur est alloué, cet après-midi, vers 15 h 30.
Avant que nous débutions, j'aurais besoin de
votre consentement pour un cinq minutes additionnel environ, là, maximum, pour
nos échanges. Ça va? Merci beaucoup.
Discussion générale
Je suis maintenant prêt à reconnaître une
première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
On m'a signifié que ce serait au départ le député de D'Arcy-McGee.
M.
Birnbaum : Merci, M. le Président. Je salue le ministre et son équipe du
cabinet, les membres des organismes et du ministère. Et je salue cette occasion d'une importance
capitale pour nous tous de mettre de la lumière additionnelle sur la
crise en santé mentale, dont les circonstances continuent de multiplier, dont
les questions primordiales se posaient avant cette pandémie et vont perdurer même
après nos deux doses et même après que la crise sanitaire soit disparue. Chaque
jour, on entend des rapports de détresse auprès de nos jeunes, nos aînés en
perte d'autonomie accélérée par la pandémie, nos jeunes adolescents devant
leurs écrans, trop souvent, et à l'école, ici et là. C'est des gros problèmes dont les dépenses doivent être au rendez-vous. Et, très important, dans la décortication des problèmes,
l'analyse doit être au rendez-vous pour qu'on puisse répondre de la bonne
façon.
Donc, pour
affronter cette crise, il faut bâtir les réponses sur les données fiables et
probantes, un suivi systémique et crédible, une évaluation, une
reddition transparente, et donc, sujet de nos discussions, des budgets qui
répondent aux besoins. Alors, nos questions
vont aller dans ce sens-là, et on compte sur les réponses claires du ministre
qui se met, avec grand effort et crédibilité, j'en conviens, à cette
tâche chaque jour.
Bon. On est en train de parler des crédits dans
les dépenses, alors je vous invite à commencer en regardant le programme 2,
dépenses à la population, santé mentale, élément 8. Les dépenses prévues
de quelque 1 664 000 000 $, l'augmentation qu'on suggère
est de l'ordre de 9,65 %, variation de quelque 146 millions par
rapport à 2020‑2021.
C'est intéressant, mais là, quand on fait la
ventilation des chiffres, ça nous amène à quelques questions. Si je regarde l'explication qui suit dans ce tableau-là,
programme 2, donc, où on commence avec un écart, une augmentation
de 146 380 000 $, et on regarde les explications, bon : ajustements
salariaux prévus, numéro 1, parts d'employeur, coût de système salarial et indexation des
dépenses. Bon. J'ai eu à gérer des budgets en éducation, là, on parle des coûts
de système, on va en convenir, c'est de
l'argent très légitime et important,
qui se chiffre en total à quelque 29,7 millions de dollars. C'est des coûts de système, ce n'est pas ça qui change la vie aucunement d'un enfant
en détresse, d'un aîné en isolation. Alors, je me permets de faire le
calcul, je déduis ce 29,7 millions de l'augmentation nette qui est à 146,
j'arrive à quelque 116 millions d'augmentation.
On
continue, 37,8 millions sont désignés, si on regarde les explications, au
plan interministériel en santé
mentale. Très intéressant.
J'ai eu le plaisir de parler souvent, d'échanger avec le ministre, comme les
regroupements, experts et d'autres, en consultations, sur ce plan. Mais on va
en convenir, le plan actuellement n'existe pas.
Prochaine
ligne, 13 millions pour un plan interministériel en itinérance. Avec ma collègue
de Bourassa-Sauvé, notre
caucus, on a parlé souvent de l'importance de ce plan. Le ministre et ses collègues
ont l'air de comprendre aussi. Sauf qu'on parle une autre fois d'un plan
interministériel qui est en planification, non adopté. Alors là, je me permets d'ajouter ces deux chiffres, un autre
50 millions de plus qui est à tabletter jusqu'à tant que ces plans
soient en vigueur.
Bon, ce qui m'amène à comprendre qu'il y a
quelque 65, 66 millions de dollars d'augmentation. On est donc loin de 260 millions évoqués par le ministre de la Santé en Chambre et, une semaine après... évoqués par la vice-première ministre une semaine plus
tard en Chambre, dont l'écart n'est pas expliqué. Mais on parle d'un montant
disponible qui est... modeste.
Alors, ça m'amène à ma première question : Compte
tenu de la crise en santé mentale, compte tenu de la pénurie de services de
psychothérapie actuelle en secteur public autant qu'en privé, où il y a des
listes d'attente aussi, compte tenu des multiples témoignages des experts sur le
terrain à l'effet que les séquelles en
termes de santé mentale, comme je dis, vont perdurer
après notre crise sanitaire, est-ce
que le ministre responsable est
d'avis que l'augmentation des crédits
de... toutes fins pratiques, comme je dis, de quelque 66 millions de
dollars est suffisante devant le contexte actuel?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
• (11 h 40) •
M. Carmant : Oui, merci, M. le
Président. Je remercie le député de D'Arcy-McGee pour sa question. J'aimerais
remercier, moi aussi, toute l'équipe du ministère qui nous accompagne, mon
cabinet, et tous les membres de l'opposition
qui sont ici aujourd'hui pour parler d'un sujet des plus intéressants et des
plus importants, en commençant par la santé mentale.
Donc, la première chose que je veux dire, c'est
que nous, une des choses qu'on a faites pour réorganiser les services, ça a été
de fusionner les services de dépendance, santé mentale et itinérance. Parce que
beaucoup... souvent, les actions étaient faites en silo plutôt que faites de
façon combinée, et c'est souvent des comorbidités, des problèmes qui sont
concurrents chez les mêmes individus. Puis effectivement le nouveau... le
budget qui vient d'être ajouté est à peu près de 65,5 millions de dollars
dans ces conditions-là, le calcul est bon.
Mais ce que le... mais la raison pourquoi on
peut se permettre d'attendre jusqu'à l'automne pour déposer les plans d'action interministériels, desquels on a
discuté à plusieurs reprises, c'est qu'également on a fait un investissement,
à la mise à jour économique de l'an dernier, au mois de novembre, qui
totalisait 100 millions de dollars, qui nous menait jusqu'à
mars 2022, et dont on a 78 millions de disponibles cette année, et
qui va nous permettre d'offrir des services en attendant la réorganisation du
réseau. Je rappelle encore que... puis ça, j'en ai parlé plusieurs fois, mais
je pourrais... je ne veux pas prendre trop de
votre temps, mais il y a... ce qu'on veut, c'est vraiment déployer le Programme québécois pour les troubles mentaux, et
c'est pour ça qu'on prend ce budget-là pour transformer le réseau.
Donc, oui, on sait que tout dépend des plans
d'action interministériels, mais on se donne jusqu'à l'automne pour bien faire
les choses. En attendant, on déploie l'argent qui nous a été alloué à la mise à
jour économique.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Birnbaum : Merci pour la réponse.
Et je respecte et je reconnais l'importance d'une continuité. Et je conviens
qu'on n'est pas pour se perdre dans cette pandémie, cette crise, pour ne pas
faire les choses comme il faut. J'en conviens. En même temps, le ministre parle
des plans qui risquent d'être adoptés et implantés en quelque part à l'automne
pour que l'argent découle. On parle d'une autre fin de l'année qui serait à
presque deux ans du début de la pandémie devant nous. Alors, ça, déjà, ça me
préoccupe.
Mais le principe derrière les explications du ministre,
M. le Président, c'est l'importance d'une continuité, d'une cohérence entre les silos, une autre fois, j'en conviens, il
faut... en travaillant mieux. Mais cette continuité ne suit pas les années fiscales comme telles. Et je me
réfère au plan budgétaire, santé mentale, c'est le volume 2, où on parle,
après le tableau B.16, les notes d'explication... et je réfère aux fameux
100 millions de dollars, quelque part, et je cite : «Des
sommes de 15,8 millions de dollars en 2020‑2021 et de 84,2 millions de
dollars en 2021‑2022 ont déjà été versées au ministère de la Santé et des
Services sociaux pour répondre aux besoins accrus en raison de la pandémie.»
On va parler
de la ventilation des programmes touchés par ce 100 millions de dollars. D'ailleurs, dans plusieurs
de mes rencontres avec les regroupements communautaires, c'est
problématique de voir les résultats, même l'exemple d'un
programme-phare, qui a montré son efficacité à Mégantic après la tragédie, les
éclaireurs, et ça ne descend pas.
Bon, mais tout cela pour dire, en perspective de
continuité, y a-t-il en quelque part une date magique, le 31 mars 2022? Tout cet argent, comme je viens
de lire, est déjà déployé et dépensé... dépensé, bon, alloué. Alors, est-ce
qu'on peut réellement songer que les besoins actuellement criants ne vont plus
apparaître le 1er avril 2022, donc, ce 100 millions se termine?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Merci beaucoup, M. le
Président. Le député de D'Arcy-McGee, je l'ai dit plusieurs fois, doit faire confiance au processus également, où on
dépose des budgets de façon annuelle à chaque mois de mars. L'an dernier, il y avait un montant significatif qui a permis d'investir
cette année, en décembre, dans les services pour les enfants. Parce que, comme
je vous le mentionnais auparavant, l'augmentation la plus rapide des délais
d'attente était en santé mentale pour les enfants. Donc, on a voulu agir
rapidement en investissant un 25 millions récurrent pour les services
pédiatriques.
Entre-temps,
parmi les budgets du 100 millions de cet automne, ce qu'on a voulu faire,
c'étaient les investissements auprès
des organismes communautaires dont vous parlez, 17,6 millions qui est
descendu sur le terrain, 12 millions ont déjà été versés, et le
reste va être à la fin de la période. Actuellement, on est en train également
de s'assurer de cette récurrence-là et on va, en temps et lieu, l'inclure dans
nos demandes budgétaires.
Par rapport au programme des éclaireurs
également, il a été annoncé que ça se déploie. La directrice... la personne en
charge du programme a rencontré les organismes communautaires, les
regroupements sur le terrain, la formation a été donnée, et le programme est en
train de se déployer progressivement. Et c'est un programme auquel on tient
beaucoup. Et effectivement il va falloir le rendre pérenne, et on le fera au
bon moment.
M. Birnbaum : M. le Président, en
même temps, on parle d'une crise, et il faut que ces dépenses soient
récurrentes. Pour avoir dirigé quelques organismes communautaires, je le sais,
pour faire du travail important — et le ministre convient que c'est un
partenaire essentiel — il
faut planifier, il faut retenir notre équipe de permanents, il faut promettre
aux clients en crise, en toxicomanie, en dépression qu'on va les accompagner.
Et ça ne s'arrêtera pas d'un jour à l'autre. Ça prend du personnel pour le
faire. Alors, les dépenses d'un seul coup, avec une promesse de bonne foi, en quelque part, que quelque chose
risque de suivre peut nuire complètement aux objectifs de ces programmes.
Bon, ce qui m'amène à une troisième question
comme exemple. Est-ce que j'ai...
Le Président (M. Provençal)
: ...votre collègue de Bourassa-Sauvé m'avait fait signe
qu'elle aurait peut-être une intervention à faire.
M.
Birnbaum : O.K.,
mais j'aimerais juste, si je peux... Est-ce que je peux... Pour le premier
bloc, il me reste combien de temps? J'ai 15 minutes.
Le Président (M. Provençal)
: 6 min 27 s.
M. Birnbaum : O.K., merci beaucoup.
Bon, alors, si... je peux permettre à ma collègue.
Le
Président (M. Provençal)
: Alors, je cède la parole
à la députée de Bourassa-Sauvé. Je m'excuse, là, de...
Mme Robitaille : Je vais aller dans
le même élan que mon collègue. Et bonjour à tous. Je vais parler du Programme
de soutien aux organismes communautaires, le fameux PSOC, on en a parlé souvent
avec le ministre. Durant la dernière année, on a vu comment les organismes
communautaires étaient fondamentaux pour... dans la gestion de la crise, pour venir en aide aux gens. Ils sont aussi
essentiels. Et on l'a répété maintes fois que les pompiers, que les infirmiers, que les médecins, ils sont aux
premières lignes, ils font une différence. Et pourtant, on a vu durant la
crise comment ce financement-là du PSOC n'est pas aussi agile qu'on
le voudrait, n'est pas aussi efficace qu'on le voudrait.
Je prends
juste dans mon comté, dans mon comté de Bourassa-Sauvé, on parlait de santé
mentale, un organisme en santé mentale, le seul, qui est aux prises, là,
avec un débordement des demandes et qui a juste deux intervenants, qui aimerait
en avoir plus, qui a fait ses demandes au PSOC, qui veut ouvrir un chapitre
pour les jeunes adultes, on en a parlé avec le ministre, et c'est extrêmement
compliqué d'aller chercher des sommes de plus pour financer ce nouveau chapitre
là.
Quand on parle aux organismes communautaires,
ils nous reviennent toujours sur les mêmes enjeux : disparités régionales,
hein? Parce que, par exemple, dans Montréal-Nord, les organismes
communautaires, pour toutes sortes de
raisons historiques, sont moins financés que dans certains autres comtés de la
région de Montréal, des indexations
qui ne sont pas... qui ne suivent pas les coûts. Ce que ça fait, ça, c'est que
les organismes communautaires ne sont
pas capables de payer leurs intervenants suffisamment, alors ils les perdent.
Ils ont un gros problème de rétention de
la main-d'oeuvre, qui est essentielle, on les a vus, ils étaient à bout de
souffle. Le ministre était sur le terrain, il l'a vu. Ils ont de la
misère à garder leur monde, en itinérance en particulier. Le financement à la
mission, c'est un gros, gros problème.
Donc, financement à la mission, on regarde
l'enveloppe, là, dans le dernier budget, l'enveloppe globale à la mission, et,
quand on regarde ça, on a l'impression, et c'est ce que tous les grands
regroupements d'organismes communautaires nous disent, on a l'impression de
revenir à une situation, à de l'argent d'avant la pandémie. Juste
10 millions de plus pour l'enveloppe globale du PSOC, ce n'est pas assez,
et ça inquiète beaucoup, beaucoup les organismes communautaires, parce qu'ils
se disent : Bien, on est dans la crise, parce que, même quand on va
enlever nos masques, là, la crise, elle va perdurer pour nos plus vulnérables,
pour nos plus fragilisés, on l'a vu avec la crise du logement, qui existe bel
et bien, et ça va perdurer. Et donc cette enveloppe PSOC là est essentielle,
mais elle ne suit pas. Et ils ont
l'impression qu'elle ne suit pas et qu'ils n'auront pas les outils pour avoir
assez d'agilité pour pouvoir engager du monde.
Alors, 10 millions de plus, ce n'est pas
beaucoup, on aurait aimé aussi que le 87,6 millions de crédits qui étaient alloués au communautaire avant, bien, soit
pérennisé. Ce n'est pas pérennisé. Qu'est-ce que le ministre leur dit?
Qu'est-ce que ce budget-là va faire que finalement les besoins qui vont
perdurer encore, là, sur plusieurs années... On l'a vu au fédéral, ils ont vraiment bonifié
l'enveloppe. Ici, avec ce budget-là, avec ce qu'on a pour le PSOC, comment
on va faire pour aider les organismes
communautaires à mettre... bien, à suivre le courant puis à répondre à la
demande?
• (11 h 50) •
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M.
Carmant : Oui. Bien, je
remercie la députée pour sa question. Effectivement, avec l'argent qu'on a investi cette année
dans le PSOC, à la mission globale, on retourne au montant qui s'investissait
au milieu des années 2010. Cependant, je tiens à remarquer que, dans nos
deux premières années, on a investi 35 millions, 40 millions de
dollars pour le PSOC. Cette année, il y a 10 millions qui est investi à la
mission globale, il y a un 5 millions qui était inclus dans les
budgets 2017‑2018, donc ça fait 15 millions. On investit également
pour Tel-Jeunes en mission globale, 1,5 million.
Puis il y avait ce qui était prévu pour les ressources d'hébergement pour les femmes, un autre 4,5 millions. Et, comme vous avez vu la semaine dernière, on a
annoncé des investissements additionnels à la mission globale pour
tout ce qui est en lien avec la violence conjugale.
Je tiens à dire aussi que, dans des conditions quand
même difficiles, on a ajouté beaucoup d'argent pendant la pandémie pour nos organismes
communautaires. On a ajouté 20 millions de dollars dès le début de la
pandémie, 70 millions pour ceux qui manquaient de financement,
17,6 millions pour les organismes en santé mentale. Donc, on a fait un
rattrapage important au cours des dernières années et on compte continuer à
faire ce rattrapage-là.
Mme Robitaille : Sur le terrain,
malheureusement, on ne voit pas la différence, on ne voit pas la différence.
Puis les sommes qui ont été allouées pour l'année qui vient ne pourront pas
faire la différence non plus. C'est ce qu'on
me dit, moi. En itinérance, par exemple, il n'y a rien eu de plus pour ce qui
est de la mission globale. Brièvement, je ne sais pas si le ministre
peut répondre.
M. Carmant : Effectivement, on n'a
pas donné spécifiquement dans les organismes en itinérance, mais ils vont
profiter de l'augmentation globale. Encore une fois, on travaille avec les
regroupements, la table des organismes communautaires, et les décisions passent
par eux. Moi aussi, je suis très sensible aux enjeux régionaux. Les choses sont
différentes de la Montérégie, du Lac-Saint-Jean, de l'Estrie, mais c'est comme
ça que les tables désirent fonctionner et désirent continuer à fonctionner.
Donc, on travaille avec eux. On veut s'assurer d'améliorer les choses et on va continuer à soutenir nos organismes
communautaires, car on sait très bien qu'ils nous aident de façon substantielle,
et ça a été le cas durant la crise. On les remercie tous énormément.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Je dois demander le consentement
pour que M. Zanetti de Jean-Lesage remplace M. Gabriel Nadeau-Dubois
de Gouin. Consentement? Alors, je vous cède la parole.
M.
Zanetti : Merci, M. le Président. Merci, M. le ministre. Merci à tout
le monde de s'être déplacé. Le Québec est malheureusement un champion en
consommation d'antidépresseurs, et aussi il y a d'autres types de médicaments
dont la consommation augmente énormément. De 2017 à 2020, le nombre de
prescriptions de comprimés provenant des quatre classes de médicaments utilisés
en santé mentale, les antidépresseurs, anxiolytiques, antipsychotiques et
psychostimulants sont en constante hausse au Québec. Comment est-ce que vous
expliquez ce phénomène?
M. Carmant : Merci. Bien, écoutez,
c'est sûr que l'augmentation des médicaments est liée au besoin que l'on peut
voir de soutenir les personnes. Nous, en fait, ces prescriptions médicales là,
en fait, c'est exactement ce qu'on veut prévenir en réorganisant le système. Le
problème, M. le Président, c'est que les gens frappent à une porte, ils ne
reçoivent pas l'aide dont ils ont besoin. C'est pour ça que le système a besoin
d'une réorganisation globale de la façon dont on accueille les gens qui lèvent
la main pour avoir de l'aide en santé mentale. Encore une fois, 50 % des
gens seulement demandent de l'aide. Donc, quand ces gens-là ont le courage de
lever la main, il faut qu'ils soient bien
accueillis. Et c'est ça, la base du Programme québécois pour les troubles
mentaux. Quelle que soit la porte à laquelle les gens vont cogner, ils vont avoir de l'aide et de l'accompagnement,
et on va les diriger vers la bonne ressource d'aide.
Puis juste pour mentionner quelque chose
également, je suis les chiffres, là, de façon mensuelle pour la consommation d'antidépresseurs, puis il y a quand
même aussi... la bonne nouvelle, c'est quand même une diminution de l'usage d'anxiolytiques qui, souvent, étaient
utilisés dans les mêmes conditions, puis on sait que c'est quand même
des médicaments qui ont aussi des effets... si ce n'est pas plus néfastes.
Donc, oui, on suit de près cette augmentation d'antidépresseurs. Nous, ce qu'on veut, c'est donner les bons services à
la population pour qu'ils soient accompagnés et n'aient pas besoin de
prendre des médicaments.
M. Zanetti : Vous parlez donc
essentiellement d'un problème de réorganisation, c'est-à-dire qu'il faut
réorganiser les soins. Si tout le monde n'a pas nécessairement les soins dont
ils ont besoin, que ce soient des soins de psychothérapie, ou autres, c'est
parce qu'essentiellement ce n'est pas toujours bien organisé. Ça voudrait dire,
par exemple, qu'à ressources égales, mieux organisés, on satisferait les
besoins. Ça veut dire qu'en ce moment il y aurait des ressources qui seraient sous-utilisées.
Ça voudrait dire qu'il y a en ce moment des psychothérapeutes, des
psychologues, des travailleurs sociaux qui ne travaillent pas autant qu'ils
pourraient travailler ou ne voient pas autant de monde qu'ils pourraient voir.
C'est une conclusion qui m'étonne. J'aimerais
bien voir d'où viennent ces données-là. Mais, somme toute, c'est parce que ce
qu'on voit dans le système, c'est que, quand les gens se mettent en ligne, par
exemple, pour avoir, dans le système public, une
psychothérapie, bien, ils peuvent attendre jusqu'à six mois à deux ans. Puis
les psychologues sont surchargés. Je sais que ça ne semble pas être une
consigne du ministre ou du ministère, mais il y a des échos du terrain qui
disent, des psychologues qui disent que leurs gestionnaires leur demandent, là,
oralement, pas par courriel, de faire... d'avoir des quotas, 83 nouveaux
patients par année, par exemple.
Puis sans aller là-dedans, parce que je sais que
ce n'est pas une directive qui vient de vous, on en a déjà discuté, mais, quand
même, ça nous laisse penser qu'ils en ont plein les bras. Et avec les
450 psychologues qui ont quitté le réseau public sous le gouvernement
libéral, à cause qu'ils n'avaient pas d'assez bonnes conditions de travail, eh
bien, on peut penser qu'il y a une pénurie de psychologues dans le privé... pas
dans le privé, pardon, dans le public, et, en général, de psychothérapeutes, et
qu'il y a peut-être même un manque de ressources, disons, dans le réseau public
pour ça. Alors, est-ce que vous reconnaissez qu'il y a un manque de ressources
dans le réseau public pour combler l'ensemble des besoins en santé mentale de
la population québécoise?
M. Carmant : Bien, moi, je pense
qu'il faut... Je reviens sur le point de la réorganisation des services. Puis
le point qui est clair, c'est que les gens, quand ils ont un problème de santé
mentale, ils font la ligne à deux portes, le psychologue et le psychiatre, et
les deux, la liste d'attente est de deux ans. Donc, c'est ça qu'on essaie de
changer. Par exemple, quand on a de la détresse, on n'a pas nécessairement
besoin de psychothérapie. C'est ça, le concept qu'on essaie d'ouvrir.
Et les gens qui peuvent nous en donner plus,
c'est les gens qui sont en service social général. Et là il y a toute une
équipe, toute une panoplie de gens qui peuvent nous aider à prendre en charge
les problèmes rapidement, avant qu'ils se chronicisent, avant qu'on ait besoin
de psychothérapie, et c'est là-dessus qu'on pousse très, très, très fort.
L'autre point qui est important, c'est que même
au privé il y a de l'attente, même au privé il y a six à 24 mois
d'attente. Donc, c'est sûr que, si on envoie tout le monde à la même porte, il
va y avoir de l'attente. Et le point que je dis, c'est que si on ne fait pas
cette réorganisation-là, si on n'ouvre pas plus de portes, plus de
disponibilités dans le réseau, on ne changera rien. Parce que tout le monde a
accès à un médecin de famille, mais il y a de l'attente pareil. Donc, le problème est plus profond que ça, il faut
réorganiser, changer la culture, aider les gens à avoir accès rapidement
à des consultations.
Maintenant, pour le fait des quotas, ça, je n'ai
aucune... je ne suis pas au courant de ces choses-là. Puis, si vous voulez, on
peut poser des questions, mais je... on vous reviendra avec ça. Mais, encore
une fois, moi, dès qu'on me dit des choses qui ne font pas de sens, là, moi,
j'interviens. N'hésitez jamais à me soulever ce point-là.
M.
Zanetti : Merci. Le Commissaire à la santé et au bien-être avait
évalué, là, entre 400 millions et 500 millions par année les
coûts liés à la prestation de services de psychothérapie pour toute personne
qui en aurait besoin au Québec, et que ce nombre de personnes là, ça serait
autour de 600 000 personnes. Est-ce que vous êtes d'accord avec ces
chiffres?
M. Carmant : Bien, si 600 000 personnes
avaient besoin de services de psychothérapie, j'imagine que ça coûterait à peu
près ça. Maintenant, encore une fois, il faut définir c'est quoi, les besoins
en psychothérapie de notre population.
• (12 heures) •
M. Zanetti : On parle beaucoup des
autosoins dans le programme québécois, là, de traitement des troubles mentaux.
Les autosoins, essentiellement, quand on demande... on essaie de se faire une
idée par rapport à ça, là, c'est quoi exactement,
un autosoin, qu'est-ce que ça veut dire, se soigner soi-même, est-ce que
ça répond à tous les besoins. J'ai
parlé à plusieurs psychologues dans le réseau public, puis ils
disent, essentiellement : Les autosoins, c'est excellent pour de la prévention. Toutefois, quand quelqu'un,
surtout... par exemple, il y a
des personnes qui attendent longtemps avant
de demander de l'aide, bien, souvent, ces personnes-là, elles sont passées le
stade de la prévention et puis, si on dit : Bien, écoutez, allez faire des autosoins, faire de la prévention, bien,
on est peut-être en décalage avec le véritable besoin.
Et, quand ces
étapes-là d'autosoins, là, qui peuvent durer, mettons, ce que j'ai compris,
c'est... vous me l'expliquerez mieux, mais on dirait que c'est... il y a comme
cinq séances d'autosoins, là, où on explique les autosoins pour que la personne se soigne elle-même, bien, c'est en
quelque sorte quelque chose qui vient comme en obstacle entre le moment où la
personne demande de l'aide, qui est déjà dépassé, longtemps, le moment où,
probablement, elle en avait besoin, et le moment où, finalement, elle va avoir,
lorsque c'est ça qui est nécessaire, accès à la psychothérapie. Alors, ma
question, c'est : Selon vous, l'autosoin, il vient agir comment? Est-ce
que l'autosoin, pour vous, c'est de la prévention ou c'est du traitement?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Alors, je vais
passer la parole tout à l'heure au directeur national de la santé mentale, qui
pourra expliquer un peu plus les autosoins, mais ça, c'est quelque chose que je
veux clarifier, M. le Président. Les autosoins dans notre programme québécois,
ils vont être utilisés quand ils peuvent être utiles, quelqu'un qui a les ressources et qui est pris assez précocement, justement,
pour avoir ce type d'intervention là. Nous, ce qu'on veut, c'est libérer, justement,
l'accès à nos psychothérapeutes, qui voient toutes sortes d'autres choses, pour
avoir une utilisation optimale de leurs capacités et de leurs aptitudes.
D'ailleurs,
j'ai eu des discussions avec la présidente de l'ordre, qui me dit : Bien,
les psychologues, on peut être utiles
au 8-1-1 Info-Social, on peut être utiles ici, on peut être utiles là. Mais
nous, on veut vraiment que ces ressources-là
donnent le meilleur d'eux-mêmes, justement, en psychothérapie ou en d'autres
formes d'aide. Donc, ce qu'on veut, c'est vraiment
s'assurer que les autosoins soient donnés à ceux qui en ont besoin. Mais, si
vous arrivez à la... cognez à la porte puis que vous êtes en dépression
chronique, on ne va pas vous donner des autosoins, on va vous envoyer vers le psychothérapeute. Le défi que l'on
a, c'est de libérer le psychothérapeute pour vous recevoir rapidement.
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le député.
M. Zanetti :
Si je comprends bien ce que vous dites, essentiellement, il ne manque pas de
psychologues dans le réseau public, c'est
une question de réorganisation. Il faudrait les libérer davantage.
En ce moment, ils font des tâches qui pourraient être
faites par d'autres personnes. Et, lorsqu'on va être capable de faire ça, ils
vont être plus libres pour pouvoir prendre plus rapidement des patients qui se
mettent sur la liste d'attente. Mais, si c'est le cas, pourquoi est-ce qu'on a
actuellement recours à des psychologues du privé à 120 $ par séance?
Première question. Et deuxième question : Est-ce qu'on peut savoir combien
ça nous a coûté, ça, jusqu'ici, de faire affaire, comme ça, à la pièce, avec
des psychologues du privé?
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Bien, la raison de cette mesure exceptionnelle, M. le Président, c'est ce que
je discutais tout à l'heure avec le député de D'Arcy-McGee, c'est de nous
donner le temps d'implanter le Programme québécois pour les troubles mentaux. Le programme n'est implanté, bien, en fait, ses
phases I et II, que dans cinq régions du Québec. Il faut l'implanter ailleurs, et c'est pour ça qu'on
a fait cette mesure exceptionnelle d'avoir recours aux psychologues du privé.
Aussi, on pense
qu'avec les conditions qu'on donne... D'ailleurs, une autre chose qui est
souvent véhiculée qui n'est pas vraie, c'est que le nombre de séances qui va
être disponible dans ce programme québécois est significatif. On prévoit autour
de 30 rencontres, pas cinq, pas 10, 30. Donc, c'est pour ça qu'on veut
s'assurer que les gens qui peuvent... qui
vont vouloir donner ce service-là sachent qu'ils vont avoir l'autonomie de bien
traiter les patients.
Donc, on a utilisé
les thérapies privées pour nous donner cette période, jusqu'au 31 mars
2022, dont je parlais. Jusqu'à présent,
c'est autour de 300, 330 individus qui ont été référés. Disons qu'on
prévoit une dizaine de séances, vous pouvez faire les maths autant que
moi, là, c'est... Mais on est en train de voir une augmentation progressive de
l'utilisation, et on espère qu'on va pouvoir aider le plus de gens possible,
qui, comme vous dites, attendent depuis trop longtemps sur nos listes
d'attente. Puis je remercie les intervenants d'avoir accepté.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti :
Alors, si je comprends bien, M. le ministre, en ce moment, pour vous, il ne
manque pas de psychologues dans le réseau public.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Bien, on aimerait en avoir plus, c'est sûr qu'on aimerait en avoir plus. Plus
on... Et ce que je veux faire, c'est de leur permettre de voir que la pratique
dans le réseau public peut être attirante pour eux au niveau de la qualité des services qu'ils peuvent donner,
au niveau de l'interdisciplinarité aussi. Ce qu'on s'est rendu compte en
voulant transférer les patients également, c'est que plusieurs des patients qui
sont sur nos listes d'attente ont des problèmes complexes qui ont besoin d'une
approche interdisciplinaire aussi. Donc, on veut travailler là-dessus et on
veut ramener le plus possible d'intervenants dans le réseau public, mais il
faut leur donner une qualité de pratique qui va les ramener, là, dans notre
réseau public.
M.
Zanetti : Puis j'imagine que vous avez eu, à cet effet, des
discussions avec votre collègue du Conseil du trésor, Mme la ministre LeBel.
Est-ce que... Qu'est-ce que vous lui avez demandé d'améliorer par rapport aux
conditions de travail des
psychologues en termes... vous venez de parler de conditions de pratique, mais
aussi en termes salarial? Est-ce qu'ils peuvent espérer, par exemple,
une augmentation salariale pour être compétitifs par rapport au privé?
M. Carmant :
Bien, je lui ai certainement mentionné l'importance des psychologues de notre
réseau public. Maintenant, elle négocie avec l'APTS, qui, comme vous le savez,
représente une multitude d'intervenants du réseau de la santé. Donc, ça, je ne
sais pas s'il y a eu des discussions particulières avec l'APTS.
M. Zanetti :
Évidemment, c'est sûr que l'ensemble des travailleurs et travailleuses que
représente l'APTS sont dans des conditions,
aussi, similaires par rapport aux conditions de travail puis à l'attractivité.
Puis on a aussi énormément besoin d'eux. Donc, j'espère que ça va déboucher de
ce côté-là, mais, en même temps, c'est ça, je ne sais pas, moi, ce que j'entends des échos terrain, c'est,
justement : il y a un exode depuis plusieurs années à cause d'une
situation préalable. Puis le coup de barre pour dire : Il y a un signal
envoyé par le gouvernement pour dire qu'on change les choses, qu'on change les
conditions de pratique et aussi les conditions de travail pour être
compétitifs, ce message-là, en tout cas, il n'a pas été envoyé encore. Je vous
le transmets, parce que c'est une perception qui est là, puis je pense que, dans ce genre de situation là,
c'est important d'envoyer un signal fort pour donner un coup de barre,
un signal général puis que les gens, vraiment, ça change la perception, puis
que les jeunes psychologues en train de se former en ce moment aient envie
d'intégrer le réseau public à leur sortie de l'école.
Le
Président (M. Provençal)
: Je suis obligé
de vous interrompre.
M. Zanetti :
Bon, merci.
Le Président (M.
Provençal)
: La suite de cet échange est
maintenant avec la députée de Bourassa-Sauvé.
Mme Robitaille :
Merci, M. le Président. Oui, on va poursuivre, d'une certaine façon, notre
échange. Quand on s'est laissés, quand on a arrêté la discussion, le ministre
nous disait que les organismes en itinérance allaient... il n'y avait pas une enveloppe particulière pour eux,
c'était l'enveloppe, là... parmi les 10 millions de plus, là, de
l'enveloppe de la mission globale.
Ça m'inquiète, M. le
Président, parce qu'on est en train de... on vit, on en parle depuis déjà des
semaines, là, une crise du logement extrêmement sérieuse au Québec, en
particulier à Montréal, une crise du logement, et on a eu l'occasion d'en
parler avec le ministre, qui se traduit de plus en plus en crise de
l'itinérance. On voit, à Montréal, les tentes
se multiplier. Je parlais aujourd'hui à quelqu'un qui s'occupe... un
intervenant communautaire à Québec qui nous dit qu'aussi la question de
la crise du logement se traduit par une crise de l'itinérance ici, à Québec,
aussi. Donc, elle est là, la crise.
Le
ministre a l'intention d'amener un plan d'action en itinérance. Il faut savoir que, de 2015 à 2020, il y en avait un, plan d'action en itinérance. Là, maintenant, on va en soumettre
un deuxième, la suite, un plan d'action en itinérance, là, qui va évidemment,
j'espère, prendre en compte la situation sur le terrain, qui a extrêmement
changé, là, depuis un an. Donc,
13 millions par année sur cinq ans, c'est très bien. Mais je comprends que, tant et aussi longtemps que le plan d'action n'est pas déposé, cet
argent-là n'est pas décaissé, si je puis dire. Et j'aimerais savoir du ministre
quand est-ce qu'il va soumettre son plan d'action, parce que, sur le terrain,
en ce moment, là, ça s'accélère, hein?
Et on va voir, et on
en a parlé, fermeture des refuges d'urgence à la fin juin, fermeture du grand
quai aussi, comme centre de jour. Et, pendant ce temps-là, il y a des gens qui
perdent pied, qui perdent leur appartement, qui sont évincés de leur appartement. Il y a des familles, même, qui,
maintenant, vont se retrouver à la rue, quelque chose de particulier
qu'on voyait moins, qu'on risque de voir beaucoup le 1er juillet. Et
qu'est-ce qu'on va faire? Et ça aussi, ça fait partie de l'itinérance, de ce
nouveau visage de l'itinérance. J'aimerais savoir le plan d'action du ministre,
il va être soumis quand, et, s'il est à l'automne, qu'est-ce qu'on fait
entre-temps.
• (12 h 10) •
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M.
Carmant : Bien, M. le Président, ce qu'on va faire entre-temps, c'est
continuer à supporter nos municipalités, nos organismes communautaires et les
différents CISSS et CIUSSS qui sont impliqués de façon extraordinaire.
Encore une fois, vous
m'avez dit que c'est une des belles choses qu'on a vues pendant la pandémie,
c'est ce travail entre les différentes personnes qui auparavant ne se parlaient
pas. Les organismes communautaires au niveau de l'itinérance, les CISSS, les
CIUSSS qui nous représentent, les municipalités, chaque fois qu'il y a eu des
besoins, nous étions au rendez-vous, M. le Président. Que ce soit en
rehaussement de l'hébergement, des mesures hivernales qu'on a doublées cette
année, que ce soit au maintien après les mesures hivernales qu'on a prolongées
jusqu'au mois de juin, et on verra, au
besoin, si c'est nécessaire d'aller plus loin, que ce soit au niveau de
l'accompagnement vers du logement avec des plans de support au logement
ou d'autres moyens pour aider avec de la supervision, on a été au rendez-vous.
On a même... Quand qu'il y a eu des éclosions dans les différents refuges, on a
loué des hôtels. Quand il y a eu des éclosions, on a donné des vaccins. Donc,
jusqu'à présent, M. le Président, on a été très, très, très réactifs.
J'aimerais rappeler
qu'un des problèmes du précédent plan d'action, c'est qu'il n'était pas suffisamment
financé. Ici, on vient financer de façon
significative pour s'assurer d'une chose, que les personnes itinérantes, on
puisse faire tout ce qu'on peut pour les diriger vers du logement et que
ce logement-là soit supervisé, M. le Président. La supervision, là, c'est la
clé de la solution. Ça leur prend de l'aide, ça leur prend des gens pour les
accompagner. Ce n'est pas un processus qui est simple. Des fois, ça prend plusieurs
essais avant de les maintenir en logement, mais on va être là pour les
accompagner. Et j'espère que le plan va être déposé le plus rapidement
possible.
Mme Robitaille :
Le plus rapidement possible, ça veut dire quand? Le ministre a dit qu'il a agi,
mais malheureusement on voit les campements qui se multiplient à Montréal. Et
donc le logement abordable, les unités, là, qui ne sont pas encore là, il
faudra les construire. Qu'est-ce qu'on fait entre-temps?
Et j'ai beaucoup
d'appels d'organismes communautaires et d'OBNL d'habitation qui me disent
qu'ils sont malheureusement sur le point d'évincer leurs locataires. Pourquoi?
Parce que la pandémie a fait en sorte que les... tous les maux sont exacerbés. Et les problèmes de santé mentale, on l'a
vu, augmentent, et donc, parce que les CIUSSS, souvent, n'ont pas les
ressources pour envoyer un intervenant psychosocial ou en toxicomanie, alors la
gestion de ces immeubles devient parfois incontrôlable, et des gens vont devoir
être expulsés.
Est-ce que le ministre
entend renforcer les rangs des intervenants psychosociaux, des intervenants en
psychomanie dans les CIUSSS? Et est-ce qu'encore une fois les organismes
communautaires, bien, vont pouvoir recevoir des fonds spéciaux — et je
ne le vois pas du tout dans les chiffres qui m'ont été donnés — pour,
justement, avoir plus d'intervenants qui ont l'expertise du terrain pour
pouvoir épauler des OBNL d'habitation qui ne sont plus capables en ce moment,
qui ne sont plus capables et qui, malheureusement, devront ultimement,
peut-être, expulser certaines personnes?
Et qu'est-ce
qu'on fait dans ce temps-là? Bien, on ajoute des itinérants, on ajoute des gens
à la rue, et on ne peut pas faire ça. Donc, qu'est-ce que le ministre va
faire, et, à la lumière du budget, je ne le vois pas, pour, justement, contrer ça, faire en sorte que, finalement, on n'empire pas
la situation? Parce que, moi, ce que je vois sur le terrain, à Montréal entre autres, mais aussi à Québec, c'est
qu'on est en train d'échapper la balle, là. Et, bon, il y a les évictions
à cause de toutes sortes de raisons de
rénovations, mais il y a les évictions aussi parce qu'on n'est plus capable de gérer certaines personnes,
parce qu'on n'a pas les moyens, malheureusement.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Donc, absolument, la
supervision, c'est une priorité, et, comme je dis, nous... en fait, mon désir le plus profond, c'est moins de refuges,
plus de logements supervisés. Donc, c'est clair que cet accompagnement-là,
ça va être fondamental dans notre plan d'action. Maintenant, il y a une chose
qui est importante à dire à tout le monde ici, c'est que, par exemple, quand on
prend le dernier campement, là, dans l'est de Montréal, certaines de ces
personnes-là ont quitté le refuge à Charbonneau, là, pour s'installer à
l'extérieur. Pourtant, le refuge, il est encore ouvert. Donc, il y a certains individus qui ne veulent pas vivre dans
les circonstances d'un refuge. Ils acceptent de le faire pendant
l'hiver, là, pour se protéger, mais, dans des circonstances où l'extérieur est
moins difficile, ils préfèrent vivre à l'extérieur, ils n'ont pas besoin de
faire des allers-retours, etc.
Les campements, ce n'est pas la solution idéale.
On ne veut pas les campements, on veut du logement, mais, quand même, il faut
que ces gens-là puissent vivre dignement, et nous, on va les accompagner, quel
que soit l'endroit où ils se trouvent, M. le Président.
Le
Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. On poursuit avec la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Merci beaucoup, M.
le Président. Bonjour, M. le ministre. Je vais débuter en discutant...
j'aimerais avoir un échange avec vous par rapport au cas de Jonathan Marchand
et le programme qui a été partagé par Coop Assist, un programme clés en main
fait par les personnes handicapées pour les personnes handicapées qui désirent
militer pour eux. Comme vous le savez, un comité de travail a été mis en place
lors de la manifestation de M. Marchand
devant l'Assemblée nationale, où il était en prison. J'ai évidemment
demandé de participer à ce comité. Malheureusement, ma participation a
été refusée. Donc, j'aimerais savoir, c'est quoi, le résultat du travail qui a
été fait par rapport à la demande de Coop Assist.
M. Carmant : M. le Président, c'est
ma collègue, madame... qui s'occupe des aînés, des proches aidants qui a géré ces
négociations-là, parce qu'on parle d'une adaptation dans ce qu'on donne comme
soutien à domicile. M. Marchand se trouve actuellement dans un
appartement, en collaboration... avec l'aide, le support du CIUSSS de la Capitale-Nationale,
et je sais que les négociations se continuent pour ce type de logement là.
Maintenant, moi, j'aimerais dire quelque chose,
là. Je pense qu'il est important de dire qu'on a des ressources, des logements
supervisés qui sont... qui donnent des services 24/7. M. Marchand, on
lui a déjà offert ce type de ressource là,
incluant, au début, des rencontres, qui étaient présentes en 2018, avant
l'arrivée de notre gouvernement,
et la solution ne s'est jamais trouvée. M. Marchand demande des choses très,
très spécifiques, et la solution n'est pas simple, vu la sévérité de sa
condition médicale.
Mme Maccarone : Merci, M. le
ministre, sauf que ça ne répond pas à la question, parce que, selon
M. Marchand puis ce qu'on a lu aussi dans les reportages de Radio-Canada,
ils ont dit que le projet pilote, on a une impasse. Eux, ils cherchent d'avoir
la capacité de faire le choix pour eux-mêmes où vivre, comment, avec qui, avec
quelles ressources. Puis c'est un peu désolant, évidemment, c'est un peu
déconnecté de la réalité de qu'est-ce qu'elles veulent les personnes
handicapées. M. Marchand, ce n'est pas une personne qui souffre d'une
déficience intellectuelle. Il a toutes ses facultés, alors il veut militer pour
lui-même. On ne parle pas non seulement du cas de M. Marchand, mais le cas
de toutes les personnes qui veulent prendre avantage du programme de Coop
Assist.
Ce que le gouvernement propose, c'est de
déménager les personnes handicapées dans les ressources CHSLD et les mettre
dans un autre regroupement de bâtiments. Ça fait que c'est comme un CHSLD, sauf
on n'a pas les aînés. Ce n'est pas ça qui
est souhaité. Le gouvernement n'a pas quelque chose à déposer, comme mi-chemin,
pour répondre aux besoins de M. Marchand et les autres personnes
handicapées qui militent pour avoir de la liberté de choix?
• (12 h 20) •
M. Carmant : Bien, écoutez, ils ont
une rencontre encore prévue au mois de mai avec M. Marchand. Moi, je vais
vous donner mon approche, là, au niveau du logement. Puis je pense qu'on a fait
une annonce cette semaine, je ne sais pas si vous avez vu, pour le logement
supervisé, on a investi 30 millions de dollars qui vont répondre à
plusieurs projets. Nous, on veut effectivement que les gens vivent dans leurs
appartements, qu'ils puissent aller au bout de leurs possibilités avec une
certaine supervision pour s'assurer soit qu'ils puissent être encadrés dans
leurs routines quotidiennes quand c'est ça, le besoin, soit qu'ils puissent
avoir de l'aide au niveau de leurs besoins physiques, si c'est ça qui les
limite au logement autonome.
Donc, moi, je suis un ardent défendeur, là, du
logement supervisé et qui va être adapté aux besoins des personnes qui ont une
déficience intellectuelle, physique, ou un trouble du spectre de l'autisme.
Trop souvent, ils ont été mis dans des ressources intermédiaires. Trop souvent,
ils ont été mis avec des aînés. Et vous avez vu tous les problèmes que ça a
causés, là, pendant la pandémie. Donc, nous, on veut vraiment du logement
adapté à leurs besoins, qui vont les satisfaire, et on va répondre à plusieurs
de ces demandes dans toutes les régions du Québec au cours de la prochaine
année.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la députée.
Mme Maccarone : Alors, évidemment,
ça pose la question : Pourquoi que le dossier est dans les mains de la
ministre responsable des Aînés et des Proches aidants et non dans vos dossiers?
Parce que, si c'est pour avoir de l'habitation
adaptée pour les personnes handicapées, il faut prendre les responsabilités
pour militer pour eux. Évidemment, je suis déçue pour M. Marchand
et pour les personnes qui militent pour Coop Assist.
J'entends
que, oui, il va y avoir des personnes
handicapées qui vont avoir des besoins d'avoir de l'hébergement adapté, puis,
oui, peut-être un regroupement pour certaines personnes, mais aussi on a des
gens qui veulent faire le choix, ce qui m'amène aussi à une autre question.
Vous avez mentionné le 30 millions qui était annoncé. Ce que je
veux savoir : Est-ce que c'est de nouveaux fonds dans l'annonce, ou est-ce
que c'est des fonds qui ont déjà été annoncés en 2020?
M.
Carmant : Non. Alors, c'est
du budget de 2020‑2021, mais qui n'a pas... avec la
pandémie, qui, malheureusement, n'avait pas été déboursé.
Là, on a dû faire un travail incroyable. En fait, puis je remercie les équipes
de Mme Maltais, on a dû recenser tous les projets d'hébergement qui
avaient été soulevés auparavant et voir lesquels
on pouvait... qui étaient prêts à être financés et qui étaient prêts à être...
où on pouvait donner de la supervision avec nos intervenants, et c'est comme ça
qu'on a décidé de faire la liste des projets qui vont permettre d'héberger un
grand nombre de personnes à travers le Québec, là.
Mme Maccarone : Alors, c'est quand même
une annonce qui a été recyclée. Ce n'est pas du nouveau, c'est de l'argent qui
a déjà été annoncé. Est-ce qu'à l'intérieur du 30 millions, qui est
recyclé comme annonce... Moi, je connais, puis, probablement, vous aussi, M. le
ministre, parce que je sais qu'il y a beaucoup de monde qui sont en communication
avec vous, au moins cinq projets d'habitation pour les personnes autistes, par
exemple, ici, à la Capitale-Nationale, l'ouest de l'île de Montréal, Montréal,
Shawinigan, Lac-Mégantic. Est-ce que le 30 millions sera peut-être
accessible à ces personnes, souvent les parents, qui militent à avoir de
l'hébergement adapté pour leurs enfants et les enfants comme leurs enfants?
Est-ce qu'ils vont pouvoir avoir accès à ce 30 millions?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Juste clarifier, c'est
la première fois que je l'annonce par exemple. C'est la première fois que je
l'annonce.
Mme Maccarone : Ce n'est quand même
pas du nouveau.
M. Carmant : Mais, oui, c'est
exactement pour ces gens-là. Tous ces gens, M. le Président, qui faisaient un
travail phénoménal sur leurs épaules, là, de lever de l'argent pendant sept,
huit, neuf, 10 ans puis qu'en bout de ligne ils n'arrivaient pas à avoir
le momentum ou la preuve que le gouvernement va les aider au niveau de la prise
en charge des gens dans les maisons, c'est
ce qu'on vient faire, c'est exactement ce qu'on vient faire. Donc, c'est pour
eux, ce montant-là.
Mme Maccarone : Ça fait que le processus,
ils vont par application pour avoir... tu sais, mettons j'ai besoin d'avoir
250 000 $, 100 millions, j'essaie... pas 100 millions, mais
100 000 $ quelque chose pour mettre en oeuvre mon établissement, la
bâtisse, les besoins.
M. Carmant : Alors, le processus est
simple, puis l'important, c'est de bien s'attacher avec son CISSS et son
CIUSSS. Le problème qui se faisait avant, c'est que les gens faisaient ça tout
seuls, puis quand c'était mis sur pied, bien là, ils nous demandaient du financement.
Donc, dépendamment de la taille, du nombre de personnes qui vont être hébergées
et de la sévérité des handicaps, par exemple, c'est à partir de ça que les
montants vont être décidés. Un bel exemple,
c'est Vents d'espoir, en Montérégie-Ouest, qui était là depuis des années à
essayer de de lever des fonds pour confirmer la prise en charge. Bien,
on va l'annoncer officiellement, que Vents d'espoir va être financé.
Mme
Maccarone : Alors, quand est-ce que
l'argent sera disponible? Et ce serait pour combien de
personnes?
M. Carmant : Bien, l'argent est
disponible tout de suite, là.
Mme Maccarone : Ça fait qu'ils
peuvent faire application aujourd'hui?
M. Carmant : Les gens qui ont des
projets peuvent contacter leur CIUSSS, s'assurer... Parce que ce qu'on ne veut
pas, c'est que ça devienne des projets individuels, tu sais, moi, par exemple,
j'ai un enfant et puis je vais faire le tour
de mes connaissances. On veut vraiment que ça réponde aux besoins des CIUSSS et des
CISSS, mais, une fois qu'on a
déterminé ça, oui, absolument. Et il faut faire l'application auprès du CISSS,
et nous, on va être là pour les aider.
Mme Maccarone : Mais est-ce que le ministre
a fait quand même chiffrer, mettons, à la fin de l'année, on s'attend à aider
combien de personnes handicapées?
M.
Carmant : Oui, on va... 600 personnes dans ce type de logement là.
Mme
Maccarone : Est-ce qu'il reste toujours des personnes autistes qui
vivent dans l'institut carcéral Philippe-Pinel?
M.
Carmant : Bien, écoutez, je
suis heureux de vous annoncer que le projet, à cause de la pandémie, a été gelé,
puis actuellement ils n'ont jamais été transférés à Pinel.
Mme
Maccarone : O.K. Ça fait que les personnes qui étaient peut-être auparavant...
on pensait qu'ils étaient pour être dans une prison, dans le fond, eux, ils
vont être installés ailleurs?
M. Carmant :
Oui.
Mme
Maccarone : O.K. C'est une très bonne nouvelle.
Le Président (M.
Provençal)
: ...40 secondes.
Mme
Maccarone : 40 secondes. Bon, bien, c'est sûr, avec
40 secondes, on n'a pas beaucoup de choses dont on va pouvoir faire un
échange, mais je suis contente d'avoir quelques réponses. Je pense que c'est
très important. Je suis aussi déçue. Le ministre, il le sait, la cause des personnes
handicapées, c'est une cause qui nous est très chère, et j'aimerais évidemment
voir des mesures adaptées pour eux, qui sont connectées, puis vraiment, à la
réalité à leurs besoins. Alors, en espérant,
mettons, pour la cause des personnes comme M. Marchand et pour la cause de
Coop Assist, on va pouvoir avoir quelque chose, des services, des soins
puis de l'hébergement qui est adapté pour eux puis qui répond à leurs besoins.
Il ne faut pas être déconnecté de la réalité des personnes handicapées sur le
terrain. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Nous poursuivons avec le député des
Îles-de-la-Madeleine.
M.
Arseneau : Merci beaucoup, M. le Président. Merci, M. le ministre, de
vous prêter à cet exercice de reddition de comptes avec votre équipe, avec les collègues également, là, de la
Coalition avenir Québec. Je salue mes collègues des groupes d'opposition
également.
Et j'avais un plan
d'intervention, mais je ne peux pas ne pas aborder la thématique qui vient tout
juste d'être discutée entre le ministre et
ma collègue de Westmount—Saint-Louis
concernant l'annonce d'hier, les 30 millions de dollars. Je voudrais bien comprendre, parce que le ministre
semble dire qu'il y a des annonces qui sont sur le point d'être faites pour des projets qui seraient déjà ficelés et
prêts à financer, et en même temps on
dit qu'on pourra faire une demande, formuler, donc, une demande de financement.
Je voudrais bien m'assurer qu'on donne la chance à tous ceux qui ont des
projets de pouvoir obtenir les sommes dont ils ont besoin pour déployer des
services.
On
a nommé plusieurs régions avec plusieurs projets. Ma région,
aux Îles-de-la-Madeleine, ma circonscription,
il y a un projet que le ministre connaît, il s'agit du projet Le Phare. Ce
serait le premier établissement du genre pour à peine plus d'une demi-douzaine de places sur les 600. J'aimerais qu'on
puisse considérer une demande comme celle-là.
Donc, ma question — c'est
en deux volets : Est-ce qu'il est encore temps de formuler une demande
formelle d'aide financière? Et, d'autre
part, est-ce qu'il y aura un souci de ventiler les places sur une
base régionale pour qu'on en ait un peu partout à travers le territoire québécois,
M. le ministre?
Le Président
(M. Provençal)
: M.
le ministre.
M. Carmant :
Oui. Bien, je remercie le député des Îles-de-la-Madeleine de sa question. Oui, absolument,
on veut que ce soit distribué de façon équitable à travers le Québec. Et je
regarde dans votre... dans le CISSS des Îles, on
a trois projets. Je n'ai malheureusement pas le nom. Peut-être qu'on peut venir
m'aider ici à me dire si le projet dont vous mentionnez est présent,
mais on a trois projets dans votre région qui faisaient partie des listes.
Et ce qu'il faut
savoir, c'est que, vu les délais, quand même, de construction, nous, ce qu'on dit,
c'est : On vient confirmer le support au niveau de la santé pour les
individus qui doivent être hébergés, et ensuite il faut que les gens, quand
même, construisent les immeubles et
s'installent. Mais, sinon, pour votre région, dans ces trois projets-là,
le support est confirmé.
M. Arseneau :
D'accord, merci, ça répond bien à ma question. J'espère qu'on pourra avoir les
détails sur les projets en question. Est-ce que je comprends bien qu'il y a
trois projets que vous envisagez soutenir ou, parmi ces trois projets-là,
certains pourront obtenir un soutien?
M. Carmant :
Non, j'ai trois projets qui vont être soutenus.
M. Arseneau : D'accord. Merci infiniment. J'aimerais, de façon plus
large, aborder la question de l'hébergement
des personnes en situation de handicap. Dans le plan stratégique du ministère,
le plan 2019‑2023, on avait un certain nombre de cibles à atteindre.
Notamment, pour 2020‑2021, on parlait de 16 000 places, 2021‑2022,
16 330 places. Est-ce que le gouvernement a atteint ces cibles-là?
Est-ce qu'on peut faire une mise à jour sur l'atteinte des cibles?
• (12 h 30) •
M. Carmant :
Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à cette question à ce moment-là.
Peut-être que je suis mieux de prendre les données en délibéré et voir si on
peut vous obtenir les chiffres, M. le député. Parce que c'est sûr qu'au cours
des dernières années, il y a eu très peu d'investissement au niveau de
l'hébergement pour les personnes en situation de handicap. Je pense, c'est un
problème qu'on vient régler, parce que le support du réseau de la santé n'était
pas confirmé dans plusieurs de ces projets qui traînent depuis longtemps, là,
de ce que je vois devant mes yeux. Et c'est ce qu'on vient de confirmer, là,
l'appui au niveau du réseau de la santé.
M.
Arseneau : Je comprends votre réponse, mais, en même
temps, le ministre
comprendra sans doute, M. le
Président, qu'il est important,
dans un exercice comme celui-ci, de pouvoir vérifier si les choses ont évolué
depuis l'automne, depuis
l'été 2019, on sera bientôt à l'été 2020, les cibles avaient été fixées.
Alors, si on pouvait effectivement
fournir les chiffres à la commission, ce serait fort apprécié.
Maintenant,
j'aimerais aborder une autre thématique, celle qui a justement généré plusieurs
échanges entre nous, plusieurs questions au salon bleu et plusieurs préoccupations
dans la société en général, c'est la question de la gestion des listes
d'attente pour les services en santé mentale. Dans le rapport annuel de
gestion 2019‑2020, on faisait état également de cibles. Et, pour 2020‑2021,
la cible était fixée à 9 956 personnes puis, pour 2021‑2022, à
4 267, la mesure de départ étant 20 639, 31 mars 2020. Où
en est-on?
M. Carmant :
Oui. Bien, malheureusement, on n'a pas réussi à atteindre ces chiffres-là.
Comme vous savez, évidemment, avec la pandémie, il y a eu quand même une
augmentation des demandes, on est au niveau de... les listes d'attente sont actuellement autour de 19 000, en fait, 19 250, je pense,
en date du 14 avril. On a stabilisé les choses.
Comme je vous dis, on
a fait des investissements récemment au niveau de la santé mentale des jeunes.
On continue à faire... on va faire d'autres
rehaussements au niveau des autres programmes en première ligne
et spécialisés. On compte également avoir l'apport qui va être
progressif de notre programme de psychothérapie avec le réseau... une entente avec le réseau privé, donc on espère
que ça va continuer à diminuer. Mais évidemment,
dans les circonstances, on est quand même satisfaits d'avoir pu
stabiliser la situation.
M. Arseneau :
Donc, l'objectif était de 9 000, on est à 19 000, on dit que c'est en
raison de la pandémie. J'entends le ministre dire espérer qu'on arrive à
réduire ces listes-là, mais je n'ai pas très bien compris quels sont les moyens
sur lesquels on peut miser pour véritablement atteindre des cibles qui soient
celles qu'on avait, là, en deçà de 5 000 personnes, par exemple.
Quels seront les grands moyens qui peuvent donner des résultats probants, là?
Si on pouvait les synthétiser, M. le ministre, dans votre plan de match, là,
pour la prochaine année.
M. Carmant :
Donc, le gros... le coeur du plan de match, ça reste le Programme québécois
pour les troubles mentaux. C'est vraiment la pièce maîtresse de ceci, de
pouvoir diriger les gens vers le bon service dès le départ et savoir qu'ils
sont accompagnés de façon adéquate dès le départ. Et une chose que je peux
mentionner, parce qu'on parle beaucoup des organismes communautaires, on veut
s'assurer également que les organismes communautaires participent à ce
Programme québécois pour les troubles mentaux et qu'ils soient partie intégrale
du programme. Donc, on pense que... Dans les régions, par exemple, où on a vu
le programme implanté, les cinq régions pilotes, dans quatre sur cinq on a eu
des diminutions jusqu'à 75 % de nos listes d'attente. Donc, on pense que
le déploiement à travers le Québec va avoir un impact majeur sur les délais
d'attente.
M.
Arseneau : J'aimerais
maintenant, toujours pour ce qui est des listes d'attente, et je suis certain
que le ministre a pris connaissance
de cette information-là, là, une information qui est quand même assez
troublante, qui date d'articles publiés dans les journaux au mois de
janvier dernier sur des listes d'attente qui sont, entre guillemets,
trafiquées, qui sont diminuées par des
moyens qui seraient, disons, douteux, de la part... Même, en fait, cette
information-là parvient... dans un article de Mickaël Bergeron, là, de La Tribune, parvient des intervenants
eux-mêmes qui disent que, et je cite, là :
«Pendant l'appel — on
contacte les gens qui sont sur des listes d'attente — si
l'intervenante considère que la personne va bien, finalement, et que la situation est rétablie, le dossier se
ferme, et cette personne est retirée de la liste d'attente.» On dit même
que «l'autosoin, c'est un "running gag"», et je cite, là, donc, les
intervenants, là.
Est-ce que le
ministre peut nous faire part de son point de vue là-dessus, à savoir si ce
sont des situations réelles ou est-ce que... Est-ce que c'est une situation qui
existe? Est-ce qu'elle est répandue? Et, si oui, comment peut-il concevoir que l'on puisse traiter en
12 minutes, au téléphone, des gens qui ont besoin de services en santé
mentale?
M.
Carmant : Bien, M. le
Président, un, pour être retiré de la liste d'attente, il faut avoir obtenu
deux services, là, ça, c'est le... avoir eu au moins deux contacts, ça, c'est
la façon dont on fonctionne. Moi, j'ai déjà dit que les gens ont un code
de déontologie, là, il ne faut pas penser que... Je trouve ça difficile
d'accepter qu'on dise que les gens fassent ça. Et aussi il y a peut-être eu
confusion, parce qu'à un moment donné on a demandé, avant le temps des fêtes,
en décembre, de faire des appels à tout le monde, là, dans le temps où,
justement, il y avait... on était craintifs suite à l'impact du retrait des
regroupements du mois de décembre, là, on avait demandé de contacter tous les
patients suivis en santé mentale
ou sur des listes d'attente. Mais ça, c'est le ministre qui le dit,
j'aimerais passer la parole au directeur national de la santé mentale
qui, lui, est sur le terrain à tous les jours, là, et qui pourrait nous
clarifier la situation, là. Ça fait plusieurs fois que je le répète, puis on me
repose la même question, je pense qu'un avis plus officiel serait important à
ce stade-ci.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, consentement? Consentement. Oui, alors, je vous invite à vous nommer,
donner votre fonction et à répondre rapidement à la question du député, s'il
vous plaît.
M. Bleau
(Pierre) : J'ai peut-être perdu un bout, je suis désolé, voulez-vous
répéter?
M. Arseneau :
En fait, je vais réitérer la question rapidement, là. C'est sur les pratiques
qui permettraient de réduire le nombre de personnes sur la liste d'attente par
un simple appel de 12 minutes sur une évaluation, en disant : Bien,
finalement, ça a l'air de bien aller. Les listes diminueraient de cette
façon-là. Ce n'est pas la prise en charge à laquelle on peut s'attendre et, je
pense, à laquelle s'attend le ministre non plus.
M. Bleau
(Pierre) : Ce n'est pas ce qu'on a donné comme directive au réseau, en
tout cas, ça, c'est certain. Ce qui est important de comprendre, quand on parle
puis quand le ministre parle de recevoir les bons services au bon moment, c'est que longtemps la pratique a été
très hospitalocentrique, très occasionnée, où il fallait voir soit un
psychiatre, ou un psychologue, ou un
médecin. Notre réseau de santé compte sur une panoplie d'intervenants, là, IPS,
par exemple, les infirmières praticiennes en santé
mentale, les ergothérapeutes. Et ce que le ministre nous a demandé, c'est
d'avoir une aide beaucoup plus proche de la communauté et un travail
interdisciplinaire qui ne se faisait pas.
Je vais vous donner
mon exemple, moi, comme psychiatre. J'ai vu beaucoup de gens dans ma clinique
qui n'avaient pas besoin de me voir, en fait, qui attendaient depuis quelques
mois parce que personne, en amont de ma clinique, n'avait dirigé le patient aux
bons services. Maintenant, c'est difficile à comprendre, puis, si des
intervenants le font, moi, j'aimerais le savoir, comme directeur national,
d'évaluer quelqu'un, comme vous dites, en 12 minutes au téléphone, puis,
s'il va bien, on l'enlève. D'abord, il y a beaucoup de gens qu'on peut
contacter qui nous disent qu'ils n'ont plus besoin, ou ils ne s'attendaient pas
à avoir le service, là, ou la référence qu'on leur a donnée. Ça, c'est... d'une
part, c'est fait. Mais moi, je trouve que... bien, en tout cas, moi, je n'ai
pas vu ça dans notre réseau, puis ce n'est pas du tout ce que les directeurs de
santé mentale ont comme consigne dans chaque établissement.
Notre objectif, vous
savez, pour réduire les listes d'attente, bien, c'est, comme le ministre l'a dit,
de compter sur une restructuration de nos guichets d'accès, ça n'a jamais été
fait depuis que c'est fondé, ça, les guichets d'accès, d'établir le programme
québécois des troubles mentaux pour offrir aux gens les bons services, puis
aussi réussir à faire en sorte que 80 %
de la population va être vue en première ligne et non pas, comme c'est souvent
ou ça a été souvent dans les 15 dernières années, là, d'avoir des
gens... où 50 % des gens allaient surtout dans les services spécialisés.
M. Arseneau :
...comme réponse, mais ça s'éloigne un petit peu du sujet, on revient sur le
PQPTM, ça, j'en conviens. Mais moi, ce que je veux savoir, c'est si le ministre
trouve normal qu'on puisse dire que des gens sont soustraits des listes
d'attente par un simple appel de courtoisie. Est-ce que c'est la prise en
charge à laquelle on doit s'attendre? Et, s'il y a des témoignages à cet effet,
est-ce qu'on peut aller au fond des choses, faire enquête pour s'assurer que
cette pratique-là soit exceptionnelle et qu'elle soit condamnable et condamnée?
• (12 h 40) •
M. Carmant :
Si le député me dit de quelle région ça vient, on va intervenir. Encore une
fois, je pense que personne ne peut être retiré d'une liste d'attente sans
avoir eu deux interventions. Ce type de pratique ne serait pas déontologique,
donc les ordres devraient le savoir. Et donc, oui, s'il vous plaît, me laisser
savoir.
Juste répondre pour
l'histoire des cibles d'hébergement, qui étaient de 16 000, on a atteint
17 804, donc la cible a été atteinte.
M. Arseneau :
17 804 pour la fin de l'année 2020‑2021, c'est ça?
M. Carmant :
C'est ça, mars 2021.
M. Arseneau :
D'accord, donc, la liste qui est mise à jour. Donc, puisque j'ai peu de temps,
je veux, encore une fois, là, avoir une réponse courte et claire. Selon l'information dont vous disposez, la baisse du nombre de personnes en attente
de services sur une liste d'attente ne correspond pas à des pratiques qui
auraient pour effet d'éliminer des gens par téléphone sur la base d'un simple
appel de 10, 12 minutes.
M.
Carmant : Absolument.
Et, si c'est le cas, j'aimerais le savoir, et on va intervenir. C'est aussi
simple que ça.
M.
Arseneau : C'est bien. Je
pense que c'est tout le temps dont je dispose. On pourra revenir dans un
deuxième bloc. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci
beaucoup, M. le député. Nous allons terminer cette période
d'échange avec la députée de Westmount—Saint-Louis.
À vous la parole.
Mme
Maccarone : Merci beaucoup, M. le Président. Je veux juste partager
avec le ministre, parce qu'on a fait le
calcul, juste pour votre information, le 30 millions dont nous avons discuté représente
50 000 $ pour une personne
handicapée, alors que votre collègue la ministre responsable des Aînés et des
Proches aidants va investir près de 1 million par place pour les maisons des aînés, juste pour le béton. Alors, c'est
juste pour faire la comparaison, j'ai trouvé ça intéressant. Ça fait que
peut-être on a une discussion qu'on peut avoir dans le Conseil des ministres
pour corriger le tir entre les deux catégories des personnes en besoin.
J'aimerais jaser avec le ministre
par rapport au programme Agir tôt, parce que je sais que c'est un programme qui est cher au ministre, puis, dans
le fond, évidemment, je veux la réussite de ce programme, j'aimerais que ça fonctionne, parce que je vois comment que ça peut
être bénéfique pour nos jeunes. Ça fait que si on pense au programme Agir tôt,
puis je vais faire les mises en scène, mettons, dans le réseau de CPE, parce
qu'on sait que c'est un partenaire dans le programme dont le ministre
veut implanter puis veut qu'il réussit, comment le ministre va agir tôt et
venir en aide des enfants en difficulté quand nous faisons face à une pénurie
d'éducatrices qualifiées et une diminution des ratios des éducatrices
qualifiées?
M. Carmant :
Oui. Bien, merci pour la question. Donc, l'intervention puis la beauté
d'Agir tôt, c'est que nos intervenantes en santé qu'on a recrutées, là, on
a quand même près de 600 intervenantes, là, dans le programme
Agir tôt, qui ont aidé ailleurs dans le réseau par moment, là, et je les
remercie pour ça, elles vont aller intervenir en CPE, elles vont aller intervenir dans les milieux. Puis ça, ça va
enrichir le milieu. Comme ça, les éducatrices qui sont là et qui, tu
sais, en voient de temps en temps, des jeunes qui ont des problèmes
développementaux, bien là elles vont s'habituer à ça. Puis moi, un des points
que j'espère vraiment que ça va améliorer, puis je suis sûr que vous allez être
d'accord avec moi, c'est les problèmes de comportement des jeunes. Ça, c'est
quelque chose qu'il faut vraiment, vraiment améliorer, la gestion des troubles
du comportement, là, au Québec, là. C'est un problème majeur pour les parents,
pour les enseignants et pour les jeunes, en bout de ligne.
Donc, si on apprend à
intervenir comme il faut et répondre aux besoins des jeunes, ça va aller mieux.
Puis le fait de le faire dans les milieux de vie, ça va permettre de diffuser
l'information.
Mme
Maccarone : Je suis contente, puis je trouve intéressant, sauf qu'il
faut constater que nous avons 51 000 enfants sur une liste d'attente
à rentrer dans les CPE. Est-ce que le ministre peut chiffrer pour nous les
délais d'attente, soit pour des enfants qui
sont en CPE? Et aussi qu'est-ce qu'on fait pour ceux qui ne le sont pas, ils
n'ont pas accès dans le réseau des services de garde actuellement?
M. Carmant :
En CPE, on est prêts, on a même demandé que nos équipes aillent dans les milieux
de vie à la maison, si c'est le cas, si c'est nécessaire, ils pourraient même
aller à la maison. Nous, ce qu'on ne veut plus, là, c'est que le parent, il
vienne à un rendez-vous avec l'orthophoniste ou avec la psychoéducatrice dans
le bureau, entre quatre murs, et reçoive des renseignements qui ne vont pas lui
permettre d'agir adéquatement à la maison, à l'école, en service de garde. On
veut vraiment que les consignes soient faites en observant l'enfant dans son
milieu, donc on est même prêts à aller à domicile, s'il le faut. C'est vraiment
le but du projet.
Mme
Maccarone : Je veux parler un peu, parce que je comprends puis je
trouve, évidemment, je trouve que le principe est très bon, mais, comme
quelques-unes de mes collègues y ont fait référence, ce n'est peut-être pas la
réalité sur le terrain, hein? Puis, probablement, c'est le même cas pour le
ministre, on reçoit beaucoup de courriels des
parents qui sont en détresse parce que, par exemple... Si, mettons, je disais,
regarde, je vais faire une mise en scène : Agir tôt a bien
fonctionné, mon enfant est à un CPE, mon enfant a eu un diagnostic. Bravo. Là,
j'ai un diagnostic, mais là je suis face à une attente. On a fait référence
qu'il y a quand même une attente, alors... puis moi-même, j'ai vécu ça, il faut
attendre 18 mois à 24 mois avoir une place dans le réseau public.
Alors, est-ce que le
ministre peut chiffrer l'attente entre le moment que l'enfant reçoit le
diagnostic, parce qu'on veut agir tôt, et le moment qu'on est en mesure
d'offrir le service? Parce qu'on sait, d'avancer rapidement, rapidement, là,
quand on a... c'est ça, le but d'Agir tôt, c'est : il faut agir le
plus rapidement possible quand ils sont jeunes. Mais c'est une détresse totale
pour les parents, lors du diagnostic, quand on est face à un désert de
services.
M. Carmant :
...temps pour expliquer le système?
Mme
Maccarone : Même temps, le
même temps que moi, j'ai posé ma question, parce
que j'ai plein de questions.
M. Carmant :
O.K. Alors, la beauté d'Agir tôt, c'est qu'on enlève la pression sur le
diagnostic. C'est ça, la beauté d'Agir tôt, c'est que, quand l'enfant se
présente, et les parents remplissent les questionnaires, on est capable de voir le besoin qu'a l'enfant. Et le premier rendez-vous que l'on donne, ce n'est pas pour une évaluation diagnostique,
c'est pour les services. Donc, l'évaluation diagnostique peut venir bien avant.
Nous, pourvu qu'ils aient l'évaluation diagnostique avant d'entrer à l'école,
nous, ce qu'on veut, c'est leur donner les services le plus rapidement
possible.
Le Président (M.
Provençal)
: ...
Mme
Maccarone : C'est ça. Merci, M. le Président. C'est ça, nous sommes
face, les parents sont face à un désert de services. Ça fait que c'est pour ça,
j'ai dit : C'est bien d'avoir le diagnostic, bravo, parce qu'il faut agir
rapidement quand ils sont jeunes. Surtout un enfant autiste, on sait que c'est
là où le cerveau est plastique puis on peut
faire plein, plein, plein de choses, on connaît tellement peu de ce que nous
pouvons réaliser avec des mesures pour nos enfants.
Mais
ça reste que, juste hier, j'ai reçu un autre cinq courriels de parents qui ont
dit : Je viens d'avoir un diagnostic, il faut que j'attende 18 mois à
24 mois avant d'avoir des services au Centre Miriam, alors je veux aller
en privé parce que c'est le seul
réseau dont je peux avoir de l'aide pour aider mon enfant, mais ça va me coûter
un minimum de 24 000 $ par année.
Alors,
pour moi, puis c'est une critique, mais c'est une critique faite avec mon
coeur, c'est comme une demi-mesure, c'est ça, j'aimerais avoir quelque
chose qui est plus global. On a vu, ça fait partie du plan d'action qui a été
déposé d'avoir quelque chose qui va de A à Z. Alors, est-ce que le ministre,
par exemple, il verrait d'un bon oeil que, pour les parents qui ne peuvent pas
avoir accès à des services publics, qu'on subventionne au moins, entre-temps,
les services privés dont ils ont besoin pour venir en aide à leur enfant?
M. Carmant : Bien, je... même, je
n'ai jamais réfléchi à ça, M. le Président, mais mon voeu le plus sincère était
de tout incorporer au niveau du réseau public. Par exemple, l'équipe de voir
les choses à ma façon, qui était en lien, un petit peu, avec l'équipe Miriam, là,
pour le diagnostic, on les a intégrés aux équipes de Centre-Ouest. Donc,
vraiment, le but, c'est d'obtenir les services. Le programme n'est pas déployé
dans son entièreté, mais, dans son entièreté, moi, je m'attends qu'à
l'intérieur de trois à six mois tout le monde reçoive les services requis, quel
que soit le service requis.
Mme Maccarone : ...combien de
psychologues, par contre, parce qu'il nous manque des professionnels. Il manque
combien? Parce qu'il y a une attente, ça fait qu'il manque combien de
professionnels?
M.
Carmant : Bien, écoutez, on a ajouté 600 professionnels dans le
programme depuis le début, depuis deux ans, et on va continuer à en
ajouter selon les besoins. Les psychoéducateurs sont disponibles pour donner
certaines de ces interventions-là également. Donc, encore une fois, on va
utiliser tout le monde au maximum de leurs possibilités.
Mme
Maccarone : Mais ce n'est pas ça, la question. Il manque combien? Je
sais que — bravo — on a rajouté 600, mais il nous manque
combien maintenant?
M. Carmant : Bien, dans
Agir tôt, il ne manque personne, parce que c'est un nouveau programme qui
fait juste se bonifier avec le temps. Donc, je ne peux pas dire il manque
combien de personnes.
Mme Maccarone : Bien, c'est un
nouveau programme, mais le besoin était autant là auparavant. Comme j'ai dit,
ce n'est pas nécessairement nouveau, sauf que, là, on a fait des promesses sur
le terrain qu'on va agir tôt et que, maintenant que vous avez un diagnostic,
bien, on va venir en aide avec un service. C'est comme ça que... c'est pour ça
que je dis, c'est une demi-mesure parce que les parents développent des
attentes, puis là c'est un stress pour eux parce que maintenant on a un
diagnostic, mais là je ne peux rien faire pour venir en aide à mon enfant.
M. Carmant : Il faut juste essayer
de clarifier ça, parce qu'il faut enlever le mot «diagnostic». Donc, un enfant
de, en général, 18 mois va consulter pour un retard de langage ou un
trouble de contact. Et la personne... la première personne qu'il va voir, ce
n'est pas l'équipe médicale, ça va être soit l'orthophoniste, si on juge que ça
peut l'aider au niveau du langage, ou la psychoéducatrice, s'il faut travailler
sur de la socialisation en premier.
Donc, le diagnostic, il ne sera même pas là, l'intervention
va être faite tout de suite, dès qu'il va rentrer dans le réseau. Vraiment, c'est
ça, le programme.
• (12 h 50) •
Mme Maccarone : Le manque de professionnels
est vraiment, vraiment grand. C'est inquiétant. Ça fait que, en tout cas, c'est
sûr, je sais que plusieurs parents souhaitent avoir des subventions pour les
services qu'ils doivent aller chercher eux-mêmes en privé. Alors, en espérant
que ça serait une mesure qui serait peut-être évaluée par le ministre. Parce
que ça n'arrête pas quand on dit Agir tôt puis on va faire le diagnostic
au CPE ou quand ils sont en bas de cinq ans, là, ils vont commencer l'école.
Puis ça,
c'est l'autre défi dont nous faisons face pour les enfants handicapés, les
enfants autistes, la scolarisation des enfants. J'ai déposé un mandat
d'initiative pour étudier la scolarisation des enfants autistes parce que
souvent ils sont renvoyés à la maison. On n'a pas de services dans le réseau de
l'éducation. Alors, je veux savoir c'est quoi, la contribution de vous, de
votre ministère en ce qui concerne les besoins des enfants handicapés autistes
à l'intérieur du réseau de l'éducation.
M. Carmant : Évidemment, là, le gros
du programme Agir tôt se fait avant l'entrée à l'école, mais on a amorcé
les discussions avec mon collègue à l'Éducation de voir comment on pourrait
poursuivre. L'endroit où, par exemple, moi, je verrais une intervention qui
serait très utile, c'est quand on parle d'intervention comportementale
intensive, ça pourrait se faire dans le cadre de maternelles quatre ans
spécialisées. Ça pourrait être un endroit où cette intervention pourrait être
faite, avec des professionnels du réseau de la santé qui iraient dans le réseau
de l'éducation. Puis ça, je pense, c'est quelque chose auquel le réseau de l'éducation est ouvert, mais on est en train de...
on commence à peine nos travaux sur ce sujet-là.
Mme
Maccarone : La raison pour
la question... la raison que j'ai posé la question, bien, c'est parce qu'on
sait qu'évidemment ça n'arrête pas à quatre ans, être une personne
autiste, être un jeune handicapé. Alors, c'est clair, on veut avoir quand
même un continuum de services. Ça fait qu'encore une fois c'est une déception,
c'est le sentiment d'avoir des demi-mesures et d'être déconnecté de ma réalité
comme parent parce que je veux venir en aide.
Ça fait que j'entends ce que le ministre, il
dit, mais honnêtement, ce que je souhaite, puis là c'est comme la maman en moi
qui parle, c'est que, quand les parents m'appellent puis ils disent : Mon
enfant est à l'école une heure par semaine... C'est parce
que, faute de services dans le réseau, j'ai mon diagnostic, il faut que quelqu'un
vienne m'aider, ça fragilise la famille
parce que... Puis évidemment la majorité, c'est des mamans, là, mais on sait
que les papas prennent encore de plus en plus de la place à la maison,
mais maman reste à la maison, ne peut pas travailler, parce qu'il faut que je reste à la maison pour s'occuper
de mon enfant. Ça fait que, là, la pauvreté s'installe. Puis c'est encore
pire dans les régions.
Alors, est-ce
que le ministre pense aussi à avoir, peut-être,
un plan d'action qui serait modulé pour venir en aide dans les régions
qui sont encore plus face à une pénurie de professionnels, et de services, et
de soins, que ça soit pour Agir tôt, mais aussi, surtout, dans le réseau
de l'éducation? Parce qu'ils souffrent, ces populations.
M. Carmant : Bien, je ne peux pas
parler pour le réseau de l'éducation, là, mais une des choses qui est très claire, c'est qu'on a demandé des mesures
spéciales, puis le ministère a accepté. On a mis un financement minimum dans
toutes les régions du Québec, incluant les Îles-de-la-Madeleine, incluant le Nunavik,
d'équipes de 10 professionnels pour venir soutenir Agir tôt. Moi, ça
a été... Quand j'ai fait la tournée du Québec, le premier été, pour parler du programme, je me suis rendu compte qu'il y avait
certaines régions où l'aide qu'on ajoutait n'était pas suffisante. Donc,
on veut des équipes minimales dans toutes les régions du Québec pour pouvoir
venir soutenir les enfants. Mais, encore une fois, c'est un programme qui est
actuellement 0-5 ans. On verra éventuellement ce qu'on peut faire après
l'entrée à l'école.
Mme Maccarone : Je comprends que le
ministre n'est pas le ministre de l'Éducation, mais ça reste que c'est le
ministre responsable des personnes handicapées. Alors, évidemment, on a des
attentes que, parce que vous siégez au
Conseil des ministres, que vous
militez pour la communauté, les personnes handicapées, ça ne reste pas
uniquement dans une petite boîte, hein, c'est plusieurs ministères.
Alors, le but, c'est de savoir que le ministre va prendre ses responsabilités
auprès de ses collègues pour dire : Bien, voilà, on a un problème, il faut
faire quelque chose pour aider ces
personnes. Parce que c'est clair, c'est un problème. Ça fait que moi, je
m'attends aussi de demander au ministre d'agir envers ses collègues pour
faire quelque chose, parce que le problème est réel dans le réseau de
l'éducation.
Ça fait que,
là, si je parle aussi... toujours l'éducation, mais aussi la transition, hein,
vous savez, M. le ministre, c'était mon premier mandat d'initiative que
j'avais déposé. Puis, oui, ça a été un deuil pour moi de savoir qu'on n'était
pas pour l'étudier, parce que la transition de secteur jeunesse à secteur
adulte, c'est difficile. Je l'ai vécu une fois avec mon fils, rendu à l'époque
où j'avais déposé le mandat d'initiative, et là je viens de le vivre une
deuxième fois avec ma fille qui vient d'avoir 18 ans.
Puis, malgré toutes les réponses que j'ai eues à
cette époque-là, par rapport à la transition, il n'y a rien qui a changé, rien
qui a changé. Puis je suis députée à l'Assemblée nationale. Tu sais, je devrais
être la personne qui pourrait dire à tous les citoyens qui viennent me voir
pour dire : Mais qu'est-ce que je vais faire, j'ai droit à quoi... être en
mesure de répondre. Mais ça reste que les services ne sont pas là, la compréhension
du TEVA, la transition n'est pas là. On va
pouvoir jaser pour nos... je ne sais pas, cinq, sept minutes qu'il nous reste
là-dessus, c'est quand même un désert de services. On perd les
subventions. Je n'ai plus de pédiatre. Alors, qu'est-ce qui a changé
concrètement, quand on parle de la
transition de secteur jeunesse à secteur adulte? Parce que, rendus à
18 ans, les enfants sont toujours autistes, les enfants sont
toujours handicapés.
M. Carmant : Oui. J'entends la
députée puis je comprends son désir, là, de changer les choses, là, puis rapidement. Je vais lui dire que les travaux se
poursuivent. On a annoncé le projet... on a lancé le projet SASEFA, qui
est pour maintenir ceux qui sont encore en train de faire des gains ou des
apprentissages après 21 ans dans le milieu scolaire, contribution du ministère
de l'Éducation et du ministère de la Santé.
On travaille avec l'OPHQ sur une trajectoire de
vie pour les personnes vivant en situation de handicap où, à des moments
précis, quel que soit le type de handicap, les services viennent s'ajouter de
façon automatique. Donc, c'est un grand
travail, là, c'est vraiment un grand travail que l'OPHQ fait avec le Secrétariat du Conseil du trésor, avec le ministère de la Santé pour
attacher toutes ces périodes de transition là, que ce soit pour ceux qui ont
des problèmes à la naissance, l'entrée en service de garde, l'entrée à l'école,
la transition de l'école à la vie adulte.
Maintenant, il y a de l'espoir, là. On a eu une
rencontre, ça fait un mois, un mois et demi, avec le ministère du Travail,
avec le ministère de l'Éducation et le ministère
de la Santé. Il y a comme... les
groupes sont séparés un peu en
quatre, là, ceux qui intègrent le travail avec peu de supervision, avec plus de
supervision, et ceux qui font des activités socioprofessionnelles. Jusqu'à présent, les groupes qui sortaient du ministère de la Santé, les activités socioprofessionnelles, souvent, ne participaient pas à cette table. Donc,
on s'est assuré qu'ils vont participer à cette table et que tous les enfants
qui vivent avec situation de handicap vont avoir un plan de vie à ce moment-là.
L'autre chose qu'on a faite également, on est en
train de recenser toutes les activités socioprofessionnelles disponibles au Québec pour le mois de
mai 2021, à la fin du mois de mai 2021, et on va également
faire un investissement de
16,5 millions, qui était dans le budget de l'an dernier, mais qu'on n'a
pas encore annoncé, pour rehausser les activités socioprofessionnelles partout
au Québec, parce que tout le monde doit avoir la chance de socialiser puis
d'aller faire des activités. On sait qu'il y a beaucoup de parents qui vivent
des situations très difficiles puis on veut alléger leurs tâches.
Mme Maccarone : Je trouve ça très
bien, c'est une bonne nouvelle, parce que ça veut dire que le ministre est en train d'évaluer le rapport du Vérificateur général qui a quand même soulevé pas mal de problématiques, et je le
cite : faible coordination des actions entre les ministères, faible
variation selon les régions, mesures mal définies, rarement évaluées et révisées, mesures trop timides, peu de
données, information limitée, peu
d'incitatifs à l'emploi, qui m'amène évidemment à ma déception de ne pas
étudier le mandat d'initiative, parce que je pense qu'on a aussi des experts,
et moi-même, j'aurais vraiment voulu contribuer à cette réflexion.
Est-ce que le ministre travaille aussi pour
s'assurer que les personnes handicapées, les personnes autistes vont avoir un accès aux emplois qui...
fonctionnels pour eux, où ils ne sont pas limités? Parce qu'actuellement, sur
le terrain, on peut gagner, tu sais,
vraiment un maximum de 200 $ par mois. Ce n'est pas logique, puis il y a
zéro accompagnement des employeurs. Si mon fils peut être un autre
exemple, mon Dieu, il veut juste travailler chez Maxi. Il est allé, il a fait
application, il a été engagé, il a fait quatre chiffres, il a été congédié
parce qu'ils ne savent pas comment venir en aide. Puis il aurait pu être un
employé extraordinaire, dévoué, fidèle, à l'heure, il va travailler à Noël. Il
veut juste être là, il veut juste avoir un emploi, mais il aurait été pénalisé.
Puis là il est dans la transition, parce qu'il a 20 ans. Ça fait que, si,
mettons, ça ne fonctionne pas, il n'est pas éligible à aucun autre programme
provincial, peut-être fédéral, mais
provincial, on n'a rien, ça fait qu'il faut vraiment être sur la solidarité
sociale pour, tu sais... pour gagner sa vie, mais il sera pénalisé.
Alors, est-ce que le ministre fait aussi des
interventions pour ces personnes pour s'assurer qu'elles peuvent gagner leur
vie et contribuer à la pénurie de main-d'oeuvre? Je suis vraiment tannée, M. le
Président, que les gens disent : S'il vous plaît, engagez les personnes
handicapées. Non, non, les personnes handicapées, elles sont une solution pour la pénurie
de main-d'oeuvre.
• (13 heures) •
Le Président (M. Provençal)
: 20 secondes.
M. Carmant : D'accord. Oui, on y
travaille, on fait un projet avec le MTESS et l'Éducation. Il faut qu'on se
parle. Il y avait comme deux solitudes, là, il faut qu'on se parle et qu'en
fait les gens puissent transiter également au besoin. Puis, quand ils rentrent
sur le travail... marché de l'emploi, ils ont besoin d'un accompagnement au
début. Et c'est comme ça qu'on va s'assurer qu'ils puissent demeurer en emploi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre.
Compte tenu de l'heure, la commission suspend
ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 13 h 01)
(Reprise à 14 h 02)
Le
Président (M. Provençal)
: Rebonjour. Nous allons
reprendre nos travaux. Je vous rappelle que la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet Santé
et Services sociaux des crédits budgétaires du portefeuille Santé et Services
sociaux pour l'exercice financier 2021‑2022. Considérant qu'on a débuté
avec un deux minutes en retard, je demande votre consentement pour qu'on puisse
ajouter ce deux minutes-là pour respecter notre bloc. Ça va?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Nous en sommes maintenant à un bloc d'intervention
de l'opposition officielle. Je vais céder la parole au député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le Président.
Bon, ce matin, on a établi, en quelque part, que les dépenses prévues dans ces crédits pour tout ce qui a trait à la
santé mentale sont, en quelque part, modestes. C'est quelque 67 millions
de dollars. L'augmentation par rapport aux autres années... Et ce n'est pas une
année normale qu'on vit, ni l'année qui s'en vient. Et nous avons établi aussi que plusieurs des mesures,
c'est-à-dire le fameux 100 millions, n'est pas récurrent.
Alors là, on parle déjà des dépenses que... de
notre lecture, ne sont pas au rendez-vous. Mais, très important aussi, c'est que ces dépenses soient ciblées et
taillées aux besoins clairement identifiés, évalués, comptabilisés et suivis,
et c'est-à-dire qu'on connaît où sont les demandes, où sont les besoins,
comment ils sont calculés, comment ils sont évalués. Et question qui tue :
C'est quoi, les délais en termes de temps, en termes de chiffres?
Maintenant,
tout ça commence avec les exigences mêmes du ministère. Et je me permets de
référer au tableau 2.1, les standards ministériels relatifs aux
délais d'accès aux services en santé mentale, cheminement des usagers vers les
services spécifiques en santé mentale et le délai prescrit.
Bon, dans un premier temps, le délai maximal
pour compléter la demande, qu'il soit dirigé vers un service approprié. Là, on
convient, le ministre a fait des démarches importantes pour combler les
guichets. Il n'y a qu'un guichet unique, qui facilite la chose. Mais cette
première étape devrait être dans 10 jours, le délai maximal pour que
débute l'intervention ou le traitement par un professionnel assigné ou suivi à
la consultation dans les services de première
ligne, où les services spécialisés en santé mentale ont prescrit 30 jours.
Délai maximal pour la rétroaction au référent par les services
spécifiques ou spécialisés de santé mentale, sept jours.
Maintenant, en termes des délais et l'importance
d'une continuité à l'efficacité, où est-ce qu'on est rendus? Et là, comme je vous dis, voilà les délais
prescrits : les délais accès, en moyenne, pour les services en santé
mentale, les données sont de 2019‑2020,
et, déjà, le résultat, on va voir, ne correspond pas plus que ça aux délais prescrits ici. Dans plusieurs cas, ils
sont le double.
Mais je trouve ça important
de comprendre qu'est-ce qu'on avait lu et comment. Et juste quelques exemples, comme je dis, pour 2019‑2020, où il y a
des données, qui datent maintenant, bon, de presque deux ans : En Bas-Saint-Laurent, pas 37 jours. Là, ça
serait 37 qui serait prescrit. C'est 52,5. Montérégie-Ouest, 55,7. Abitibi-Témiscamingue, 59,7, presque le double.
Et qu'on se comprenne, et le ministre va me
suivre là-dedans, ça dépend, c'est des délais sérieux dans tous les cas, mais, si on parle des délais pour une
crise de panique, une crise de dépression majeure, une crise en toxicomanie,
comblée, comme c'est la plupart des cas, avec des problèmes de santé mentale,
les délais sont assez sérieux.
Maintenant, comme je dis, ces données ne sont
pas disponibles pour 2020‑2021. Juste pour qu'on comprenne l'ampleur de
l'affaire, je me permets de référer à plusieurs réponses aux questions que nous
aurions posées. Question numéro 336 : «Pour chaque AAOR — accueil,
analyse, orientation, référence — en 2020‑2021, indiquez :
«a. le délai
moyen entre la réception de la demande et la transmission au service approprié
d'une demande complétée;
«b. le pourcentage de ces délais inférieurs à
cinq jours;
«c. le pourcentage de ces délais inférieurs à
10 jours;
«d. le pourcentage de ces délais inférieurs à
20 jours;
«e. le pourcentage de ces délais supérieurs à
20 jours.»
Réponse : «Les données recueillies par le
MSSS ne permettent pas de répondre à cette question.»
Je veux qu'on...
comprendre la signification de cette enquête qu'à part de dire : On planifie des
services... mais on ne peut pas dire exactement pourquoi. Ce n'est pas
rien.
Question 337 :
«Pour chaque AAOR, le délai moyen entre la transmission au service approprié
d'une demande complétée à la première
intervention de service ayant pour
effet d'ajouter une note clinique significative au dossier...» On a posé
la question en bonne connaissance de cause. Ça veut dire qu'il y a une action
de déclenchée, mais dont la qualité sans suivi soulevait toutes sortes de
questions. M. le Président, est-ce que les symptômes de la personne sont
identifiés et une rétroaction sérieuse de faite?
• (14 h 10) •
Troisième question, une autre fois dans le but
de comprendre si on planifie sur des assises solides — on
parle des gens en crise : Est-ce qu'on sait de quoi ils souffrent, d'où il
vient, où ils sont rendus, s'ils auraient eu la moindre réponse structurante à
leur problème?
Question n° 335 :
«De l'ensemble des demandes reçues par l'AAOR des établissements fusionnés de
RSSS, le réseau, en 2020‑2021, indiquez le
pourcentage en provenance de...» Je vais vous lire quelques catégories, mais
j'invite les gens qui nous écoutent à comprendre que ça ferait en sorte
que le ministère, le ministre, les services sur le terrain soient en mesure de
comprendre où sont les problèmes; c'est quoi, l'ampleur des problèmes; c'est
quoi, le suivi; c'est quoi, les solutions. Comme je dis, la question de
l'ensemble des demandes reçues des établissements fusionnés en 2020‑2021 :
«...indiquez le pourcentage en provenance d'organismes communautaires,
psychologues en cabinet, services de crise, lignes infosociales, milieux
d'enseignement, services de police et Sûreté du Québec...» Les gens qui risquent d'avoir violenté une ex-conjointe,
des gens qui risquent de perpétrer des actes violents qui atteindraient leur
propre vie et la vie des autres. «...PAE des
entreprises privées, employeurs des PAE des organismes publics et parapublics,
membres de l'entourage de la personne utilisatrice, personnes utilisatrices
avec accompagnement.»
Réponse à la
question 335 : «Les données requises par le MSSS ne permettent pas de
répondre à cette question.» Comme je dis, ce n'est pas anodin. Est-ce
qu'on sait où sont les gens en besoin, et où ils sont rendus, et c'est quoi, la
qualité de leurs difficultés?
Question n° 338 :
«Pour chaque AAOR du RSS, en 2020‑2021, indiquez le délai moyen entre la
transmission au service approprié d'une demande complétée et la première
rencontre en présence de la personne référée.» Ma fille de 23 ans est en crise de panique. Elle appelle 8-1-1, Info-Santé,
M. le Président. Elle est reçue, il y a
un appel. Quand est-ce qu'elle est vue par la personne appropriée,
fort probablement, dans ce cas que j'invente, par un psychothérapeute? Où est-ce qu'on est rendus, le pourcentage de ces
délais pour une référence directe et complétée avec le professionnel
approprié? Est-ce que le pourcentage de ces délais... combien? Inférieur à
15 jours, à 30 jours, à 60 jours, supérieur à 60 jours?
Réponse à la question 338, pour
l'année 2020‑2021 : «I don't know.» «Les données recueillies par le
MSSS ne permettent pas de répondre à cette question.»
Tout cela m'emmène à demander au ministre
comment on peut planifier des services, octroyer de ressources sans savoir la
qualité, la quantité, la provenance des difficultés.
M.
Carmant : ...pour
sa question. La réponse, c'est : J'aurais aimé ça que ce
soit fait par l'ancien gouvernement, là. Je veux dire, moi, je suis arrivé avec ça.
Et ce qu'il demande de faire, c'est exactement ce qu'on est en train de faire. Puis je suis tout à fait d'accord
avec lui, là, que c'est très difficile. Il n'y avait même pas de liste
d'attente, M. le Président, on n'avait même pas les chiffres du
guichet d'accès en santé mentale, là, la liste d'attente centrale.
Alors,
comment on essaie de pallier à ça? C'est d'offrir des services adéquats à tous
les niveaux. Par exemple, l'AAOR, services sociaux généraux, ce qu'on
fait, c'est qu'on donne des services, incluant des services de crise, où le
patient ou la personne qui appelle peut être prise en charge. Il y a des
équipes de crise avec tous les professionnels qui vont l'amener au guichet...
qui vont soit régler le problème, soit, si le problème se... persiste,
l'envoyer vers le guichet d'accès en santé mentale. Mais actuellement,
effectivement — puis
moi-même, je suis le premier à m'en plaindre — on ne sait pas combien de
personnes qu'on résout le problème ou combien on dirige vers le Guichet d'accès
en santé mentale. Donc, ça, on va avoir cette donnée-là le plus rapidement
possible, je l'espère.
Deuxième étape, le Guichet
d'accès en santé mentale, malheureusement, avant, c'était comme une boîte aux
lettres, il n'y avait personne qui surveillait ça. Au contraire, maintenant, ce
qu'on veut faire, c'est bâtir des équipes au niveau du Guichet d'accès en santé
mentale. On parle de presque 10 % à 20 % des intervenants de première
ligne qui vont faire partie du Guichet d'accès en santé mentale. Donc, il va se
donner des services à ce niveau-là, également,
avant... en même temps qu'on l'oriente vers le bon professionnel, comme ce qui
est mentionné. Donc, ce qu'il faut,
c'est vraiment, effectivement, faire un...
je veux dire, excusez-moi l'anglicisme, là, mapper la trajectoire, là, faire
le suivi de la trajectoire et savoir à combien de personnes on répond le
problème.
Mais moi, je
vais vous dire, là, la perle cachée que j'ai trouvée, là, au ministère, en
santé mentale, c'est vraiment les services sociaux généraux qui voient un
nombre abondant de patients et qui règlent beaucoup des problèmes. Il
faut juste mettre des chiffres exacts là-dessus, et une partie des
investissements va être dirigée vers les services sociaux généraux.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Birnbaum : Bon, M. le Président,
nous sommes en train de faire des crédits du gouvernement qui est dans sa troisième année, pas du gouvernement
précédent. La pandémie perdure maintenant depuis 14 mois, et le ministre
vient de me dire que, quand je dis le portrait des difficultés actuelles, la
provenance des problèmes, l'internat qui aurait signalé ces problèmes,
l'étendue des délais, la réponse, il confirme, est : «I don't know», nous
ne savons pas. Je parle de l'État et les actions de prises pour justifier
l'octroi des budgets des programmes, et tout ça, et le ministre, trois ans en poste, et son gouvernement, au poste
depuis trois ans, me dire que la réponse, en quelque part, c'est : Je ne
le sais pas.
Deuxième aspect, qui est une pierre angulaire de
la livraison de services, c'est de connaître la quantité. On parlait des
délais, mais là le nombre de gens sur les listes d'attente... Et, une autre
fois, il faut que ces chiffres soient contextualisés pour qu'ils soient réels
et utiles afin que les professionnels qui travaillent soit pour les CISSS, les psychologues en privé, au public, dont la
disponibilité n'est pas au rendez-vous, comprennent l'étendue des difficultés
dans leur coin.
À titre
d'exemple, et je regarde... réponse n° 60 des questions posées en étude des crédits, je
remarque qu'une autre fois le délai d'accès — c'est des données de 2019‑2020 — et le
gouvernement au pouvoir depuis trois ans n'est pas en mesure de nous offrir des
données de l'année qu'il vient de conclure.
Juste pour prendre un exemple ou deux, le nombre
d'usagers en attente en santé mentale le 15 février 2021, on parle de
777 jeunes aux Laurentides. Mais, une autre fois, comment on est arrivé à
cette quantité-là? Nous avons posé quelques questions
en Chambre là-dessus, et, à un moment
donné, la vice-première ministre, le 10 mars, en réponse à une question
de notre cheffe, a affirmé, et je cite : «Donc, mon collègue a mis sur
pied un système de suivi, et 21 % de diminution de 2020 à cette année.»
C'est les listes d'attente.
Par contre, dans le tableau, en réponse à la question 59,
on voit 19 623 par rapport à 20 639 en 2020, donc diminution de 5 %.
Qui fait le bon et qui fait le mauvais calcul? Est-ce que le ministre peut
clarifier pour moi il y a combien de gens au total sur les listes d'attente
actuelles?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : ...le Président.
Effectivement, il y a... les chiffres actuels en date du 14 avril sont de
19 254. Je pense que la vice-première ministre référait au moment où on a
commencé à mettre sur pied les chiffres pour le Guichet d'accès en santé
mentale, où le nombre était de plus de 28 000. Donc, on a eu une
diminution significative.
Comme je vous
dis, avec ce qu'on vit actuellement, la chute a diminué. On a stabilisé la
situation et on espère qu'avec les ressources qu'on ajoute on va
recommencer à pouvoir diminuer ces listes d'attente là.
• (14 h 20) •
M. Birnbaum : Bon, M. le Président,
dans le budget des dépenses 2021‑2022, volume 2, page 212,
cibles pour 2021‑2022. En ce qui a trait aux objectifs, objectif 1.3,
améliorer l'accès aux services en santé mentale, nombre de personnes en attente
d'un service en santé mentale — bon, la guerre des chiffres
continue — mesure
de départ le 31 mars 2020, voilà le... de 20 639 personnes,
cibles 2021‑2022, 4 267.
Nous avons déjà établi que les listes d'attente,
on n'est pas en mesure d'identifier les délais, on n'est pas en mesure de façon
précise à identifier le nombre de personnes là-dessus, on n'est pas en mesure
de savoir quand notre nom est inséré, combien de gens en besoin n'ont pas eu la
chance de même prendre le téléphone pour faire un appel, et là on prévoit une
cible pour l'année 2021‑2022 qui est un quart du chiffre actuel le
31 mars. Est-ce qu'on prévoit qu'une fois que la crise sanitaire est
finie, la crise en santé mentale va disparaître aussi? Sur quelles données
probantes on propose de réduire, par cinq fois, à 4 267, les gens sur
les listes d'attente en... le 31 mars 2022? Et si le ministre peut
préciser qu'est-ce qu'on entend par être sur la liste ou être enlevé de la
liste.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre, en 30 secondes.
M. Carmant : D'accord. Bien, merci, M.
le Président. Donc, clairement, les listes d'attente se mesurent avec les gens
qui sont en attente au Guichet d'accès en santé mentale. Clairement, les
prévisions qui avaient été faites l'an dernier, là, donc on avait prévu
diminuer à 9 000, diminuer à 4 000, étaient ambitieuses. Mais ces
chiffres se basaient sur les projets pilotes
qu'on avait faits au niveau du Programme québécois pour les troubles mentaux,
qui avait démontré que dans quatre des
cinq régions, il y avait une diminution significative des délais d'attente
pouvant aller jusqu'au trois quarts.
Évidemment, je pense
que, dans le contexte de la pandémie, puis moi le premier, je le dis que les
besoins vont augmenter. L'enjeu qu'on avait,
c'était peut-être de donner comme données de référence le nombre de personnes
qui ont été desservies, qui, je pense,
montrerait beaucoup plus tous les efforts qu'on a faits. Malheureusement, les critères de performance
qu'on avait choisis, à l'époque, c'étaient les gens sur la liste d'attente, et
j'avoue que c'est ambitieux.
Le Président (M. Provençal)
: Malheureusement, M. le
ministre, je suis obligé de vous
interrompre pour céder la parole au député de Jean-Lesage.
M. Zanetti :
Merci, M. le Président...
(Interruption)
M. Zanetti :
Oh! pardon. Je vais revenir sur la question des listes d'attente et des
stratégies de réduction artificielle des listes d'attente qui ont fait la
manchette, puis dont a parlé aussi mon collègue, plus tôt, aujourd'hui. Puis
j'entends bien que ce n'est pas une directive du ministère, là, je comprends
que vous n'auriez jamais demandé ça. J'en
suis content, puis, en même temps, je pense que c'est peut-être une preuve que
l'omerta en santé, ce n'est pas terminé. C'est que les gens, quand ça
arrive, bien, ils envoient des courriels au député de l'opposition plutôt que
de les envoyer au cabinet du ministre. Je
pense qu'il y a une part des répercussions. Ça fait que je ne le dis pas pour
faire, je ne sais pas, des points
politiques ou je ne sais pas quoi, mais je pense que ça doit être perçu comme
ça, tu sais. Il y a un problème, les gens ont peur de répercussion pas
parce qu'ils vont penser que le ministre va aller les sermonner, mais peut être
parce que... je ne sais pas.
Alors,
dans ces questionnements... Puis, tu sais, moi, des commentaires de... que ce
soit des appels de courtoisie ou des
appels pour des tactiques de diminution artificielle des listes, là... J'ai eu
des commentaires venant de Lanaudière, Montréal
et Chaudière-Appalaches puis je pourrai vous donner le détail, là, pas prendre
mon temps ici, nécessairement, pour le faire. Mais la question que je me
pose, c'est : Pourquoi ça s'est passé si vous ne l'avez pas demandé? Et je
vois trois hypothèses, soit c'est par malveillance des cadres qui ont donné des
directives en ce sens-là ou peut-être de l'incompétence, et je ne crois pas
vraiment à ces deux hypothèses-là. La troisième hypothèse que je vois, c'est
que ces gens-là avaient des objectifs à atteindre, puis ils manquaient de
ressources pour les atteindre, puis ils ont fait : Comment je vais faire?
Bien, je vais faire ça. Alors, j'aimerais savoir, selon le ministre, quelle est
l'hypothèse, parmi les trois, qui est la meilleure.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Écoutez, moi, je ne veux pas faire de réponse hypothétique, là. Je ne sais pas
quoi répondre à la question.
Mais j'aimerais
revenir sur l'omerta. Moi, j'ai géré un dossier, là, où on me parlait d'omerta,
c'est celui de la DPJ. Et j'ai fait une sortie publique, M. le Président,
avec la présidente de l'APTS pour demander aux gens d'aller témoigner à la commission Laurent. J'ai
demandé aux intervenants sur le terrain d'aller parler à Mme Laurent. Et
on a vu ce qui s'est passé, il y a
des milliers d'intervenantes qui ont fait parvenir leurs interventions... ont
fait des interventions auprès de Mme Laurent et il n'y a pas eu un
dirigeant qui a osé réprimander ces gens-là.
Donc,
moi, je vous le dis, de ce côté-là, il n'y aura pas de compromis. Nous, on veut
que le réseau s'améliore. Il y a plein de choses à améliorer sur le
réseau, puis ils peuvent compter sur le ministre.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti :
Je vous remercie. Tant qu'à parler de la DPJ, justement, on sait que le rapport
de la commission Laurent va être déposé demain, vous en prendrez connaissance,
et puis le public en prendra connaissance lundi, si j'ai bien compris. Il y
aura des recommandations, si je me souviens bien, et je pense qu'il y avait eu
même un engagement du premier ministre à dire : On va toutes les
appliquer, les recommandations. Il faudrait revérifier, là, mais je suis
confiant que vous allez maintenir cet engagement-là.
Moi, la question que
je me pose est la suivante. Il va y avoir des recommandations, on présume
qu'elles seront bonnes parce qu'elles vont avoir été faites avec une
consultation incroyable et des experts, etc., des gens qui ont vécu toutes
sortes d'expériences. Maintenant, un des déterminants sociaux, principalement,
là, de la maltraitance infantile, c'est la
pauvreté. Et ce que je me demande, c'est, d'une part, si le ministre reconnaît
ça, le fait que la pauvreté est un déterminant social principal de la
maltraitance infantile, et s'il compte convaincre aussi son gouvernement
d'adopter une politique sérieuse de lutte à la pauvreté pour être capable non
pas seulement d'avoir des bonnes pratiques à la DPJ pour traiter les cas de
maltraitance, mais aussi de les prévenir en amont pour qu'ils arrivent le moins
souvent possible.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député. M. le ministre, excusez-moi.
M. Carmant : Oui. Bien, c'est sûr
que certaines familles ont un plus grand risque de maltraitance, et souvent ces
familles sont défavorisées pour toutes sortes de raisons. Mais il faut réaliser
aussi que la maltraitance, ça arrive à tout le monde,
dans tous les milieux, dans tous les milieux. Cependant, notre gouvernement est
engagé à travailler à de multiples niveaux. Je travaille avec mes collègues en
Éducation, mes collègues au Travail, à Solidarité sociale. On veut améliorer
les conditions de tous les Québécois, ça, c'est clair.
Puis évidemment nous, ce qu'on vise, c'est
d'attraper les familles les plus vulnérables. Ça a été une des recommandations
de la commission, préliminaires, c'est vraiment d'attraper les familles les
plus vulnérables en cours de grossesse. Donc, c'est pour ça qu'on est en train
de mettre sur pied l'avis de grossesse, qui va permettre de déterminer ou
d'identifier les familles qui vont avoir besoin d'aide, et surtout au niveau de
la parentalité, dès la grossesse. Et avec des programmes comme SIPPE et OLO, on
veut être capables également d'aider ces gens-là au niveau alimentaire, et
d'autres ressources comme ça.
Donc, oui, on veut aider toutes les familles,
incluant celles qui sont vulnérables en raison de leur statut socioéconomique,
mais il faut aider tout le monde. Et la maltraitance, c'est l'affaire de tous.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti : Je suis content de vous
l'entendre dire. Alors, j'imagine que vous allez profiter de l'étude des
crédits actuelle pour reconnaître qu'il y a une crise du logement, parce qu'on
sait que le logement et le stress lié aux logements trop chers et trop exigus
pour les familles nombreuses, ça peut être un déterminant très important pour
toutes sortes de problèmes, dont les problèmes qu'on voit apparaître à la DPJ.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Bien, moi, je ne veux
pas faire de liens directs, là, entre le logement puis la maltraitance, là. Encore une fois, je pense, ça peut arriver à tout le monde, la maltraitance, ça arrive
dans toutes les familles du Québec. Il ne faut absolument pas
stigmatiser les gens. Ce qui est important, cependant, c'est d'apporter l'aide
à la parentalité chez ceux qui en ont le plus besoin. J'arrêterais là, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. M. le député.
• (14 h 30) •
M. Zanetti : Parfait. Parce que,
pour avoir les solutions adaptées, pour dire : On va régler les enjeux de
pauvreté, il faut aussi reconnaître les problèmes. Puis, quand on a de la
misère à dire qu'il y a une crise du logement, alors qu'il y a une crise du
logement, bien, ça me dit : Oui, est-ce que les bonnes solutions seront vraiment
adaptées pour dire : On va régler les enjeux de pauvreté, il faut aussi
reconnaître les problèmes. Puis, quand on a de la misère à dire qu'il
y a une crise du logement alors qu'il y a
une crise du logement, bien, ça me dit : Oui, est-ce que
les bonnes solutions seront vraiment adoptées et est-ce qu'on va vraiment
lutter contre la pauvreté, est-ce qu'on va vraiment réduire au maximum, en
amont, les cas de maltraitance? Alors, bon, la réponse du ministre me laisse
sur un doute, mais je vais changer de sujet parce qu'il y a beaucoup de choses
à aborder.
Les cas de surdose. Il y a eu, en 2019,
414 décès reliés à une intoxication suspectée aux opioïdes ou autres
drogues, ça, c'est au Québec, et, en 2020, donc, on est passés... donc on était
à 414, on est arrivés à 547. Et là avec la pandémie, ce qu'on nous dit, c'est
qu'il y en a énormément. Entre autres, certains intervenants du milieu estiment
que le couvre-feu rend difficiles les mesures de prévention puis de mitigation
des... comment on appelle ça, donc, la limitation des méfaits, en fait, la
réduction des méfaits, parce que, les centres de consommation supersivée, bien,
ne sont pas accessibles au moment où les gens consomment. Ça pose toutes sortes
de problèmes, s'ils sont en surdose, on ne
peut pas les sauver, donc il y a plein de problèmes qui sont liés à ça. Et là il y avait
une stratégie nationale, pour prévenir les surdoses, qui était associée à un gros budget
et qui venait à échéance, donc, le 1er avril ou le 31 mars dernier.
Et là il n'y a, semble-t-il, pas de fonds qui
sont prévus pour la suite, alors qu'on est en pleine pandémie, qu'on a cette situation-là, d'augmentation : Est-ce que vous prévoyez rectifier la situation?
Est-ce qu'il y a des fonds? Est-ce que le milieu peut
s'attendre à ce que le gouvernement amène des fonds rapidement pour faire face
à la crise qui est en train de se passer en ce moment?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui, absolument. Et le
dossier dont lequel il parle est un dossier de santé publique, là, c'est mon collègue ministre de la Santé qui s'occupe de la Santé publique.
Mais absolument on a la chance de pouvoir intervenir avec le fonds de prévention du cannabis, qui va
nous permettre d'aider de façon significative au niveau des dépendances.
Je pense que, malheureusement, beaucoup
de gens ont consommé des produits qui étaient difficiles à obtenir et qui
n'étaient pas nécessairement de très bonne qualité, beaucoup de gens ont
changé leurs sources d'approvisionnement, ce qui a entraîné beaucoup de ces
surdoses-là.
Moi, ce que je suis le plus fier, par exemple, M. le
Président, c'est notre initiative qu'on a mise sur pied, encore une fois avec
mon collègue ministre de l'Éducation, qui va être la présence, à partir de
septembre, dans toutes les écoles secondaires du Québec, d'un intervenant en
dépendance. Un partenariat qu'on a fait avec l'AQCID, qui va donner, dans
chaque école, la présence hebdomadaire d'intervenants en dépendance qui vont
aider à repérer, à aider les jeunes qui commencent à consommer trop jeunes, qui
sont souvent ceux, comme vous le savez, qui font des psychoses toxiques et qui,
également, vont faire de l'enseignement dans le milieu pour aider cette
problématique-là. Moi, je pense, c'est un
gros gain positif, et on a très hâte que notre programme, que j'avais annoncé
en novembre 2019, là, on a vraiment très hâte
que ça soit mis sur pied. Mais on a dû faire un grand travail de mise à niveau
des ressources, d'enseignement des ressources, et je suis très heureux
d'annoncer le début de cette initiative au mois de septembre.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
député.
M. Zanetti :
Est-ce qu'on peut savoir combien d'argent sera tiré du fonds de prévention du
cannabis pour pouvoir solutionner ou aider la problématique des surdoses?
M. Carmant :
Bien, écoutez, là, on travaille sur le budget, actuellement, et on devrait
pouvoir l'annoncer assez rapidement. Quant aux intervenants en dépendance, un investissement
de 15 millions, que l'on a déjà fait...
Le Président (M.
Provençal)
: M. le
député.
M. Zanetti :
Il reste combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Provençal)
: Un petit peu plus de
trois minutes.
M. Zanetti :
O.K., parfait. Je veux vous parler du PSOC. Le 13 août dernier, vous avez
annoncé 70 millions d'aide d'urgence au PSOC pour les organismes communautaires
frappés par la COVID, et là, moi, ce qu'on m'a dit, c'est qu'il y a beaucoup d'argent de ce 70 millions qui est
budgété, qui est là, mais qui n'est jamais arrivé encore dans les
organismes. Et, les calculs dont on m'a fait part, là, c'est qu'en fait sur le
70 millions, c'est environ 7 millions qui s'est vraiment rendu dans les organismes, donc seulement 10 %, et
que le reste, il est dans les limbes de l'administration.
Donc, c'est environ
63 millions qui n'est pas octroyé en ce moment pour la COVID, alors qu'on
est rendus en troisième vague : Est-ce que vous pouvez m'expliquer cette
situation?
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Oui. Alors, le but de cette aide, qui été décidée — puis les chiffres sont
bons, là, je vous le dis d'avance, là — le but de cette intervention, M. le Président,
c'était d'éviter la fermeture de certains organismes communautaires, de s'assurer que ceux qui avaient
une perte financière puissent bénéficier de cet argent supplémentaire.
Et la réalité, c'est que plusieurs organismes ont diminué, ou limité, ou ont
fait des activités à distance pendant la pandémie, donc ont quand même limité
les coûts. Par exemple, dans mon comté, la maison des jeunes a été fermée
pendant une longue période de temps, ils n'ont jamais appliqué pour ce fonds
supplémentaire là.
Cependant, on se rend
compte qu'il y a des besoins additionnels. On a investi un certain montant via
le budget récurrent puis, s'il y a besoin d'aide additionnelle pour finir la
troisième vague et la pandémie, on est en train de travailler sur d'autres options
pour venir en aide. Mais c'est vrai que très peu ont bénéficié de ce
70 millions là, mais, vraiment, l'objectif, c'était de venir en aide à
ceux qui avaient des pertes financières. Et on n'a pas eu plus de demandes que l'argent qu'on a octroyé. Il n'y a
pas eu de refus, là, c'est vraiment que l'argent demandé, là, correspond
à l'argent qui a été octroyé.
Le Président (M.
Provençal)
: M. le député.
M. Zanetti :
Alors, essentiellement, c'est qu'il y a eu des demandes, par exemple, qui ont été
faites, mais les gens ne correspondaient pas, ils ne rentraient pas dans les
critères du 70 millions. Et, s'il y avait des organismes qui voulaient
faire des demandes a posteriori, est-ce que ce serait encore possible ou...
M.
Carmant : Non, le programme a été fermé à l'automne dernier, l'argent
n'est plus disponible, malheureusement.
M.
Zanetti : Parce que, nous, l'écho qu'on a sur le terrain, c'est que,
clairement, les organismes communautaires, qui ont eu un rôle
extrêmement important dans la présente gestion de crise puis dans le soutien
aux Québécoises et aux Québécois, bien, il y en a beaucoup qui ont souffert,
financièrement.
Puis, clairement,
moi, je suis très étonné d'entendre qu'il y a un 63 millions qui leur a
été comme offert puis qu'ils ne l'ont juste
pas eu parce qu'ils ne l'ont pas demandé peut-être : Est-ce qu'il serait
possible que les critères qui étaient
décidés là ont peut-être été trop serrés? Est-ce que vous pourriez envisager,
par exemple, si cet argent-là n'a pas été octroyé, de l'octroyer
maintenant, mais avec peut-être des critères plus inclusifs?
M.
Carmant : Bien, ça, ça ne sera pas possible, là, le Conseil du trésor
a des règles qui sont très, très strictes, là. Mais, comme je vous dis, on va continuer à les supporter, s'il y a des
besoins qui sont identifiés, on va leur venir en aide. Je pense qu'on a quand même fait plusieurs efforts
pour les aider : avec la reddition de comptes, on a été très souples,
avec la tenue d'assemblées générales, on a
été très souples aussi, à la demande, justement, du cochef de votre formation
politique, donc on a fait plusieurs efforts.
C'est sûr que c'est imparfait, mais, pour le moment, je pense que cet argent-là
cependant n'est plus disponible.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, M. le ministre. Merci, M. le député. Nous
allons poursuivre avec la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme
Weil : Merci, M. le Président. Alors, grand plaisir pour
moi de pouvoir échanger avec le ministre sur un sujet qui nous passionne tous,
qui nous préoccupe tous, et de voir quelles sont les solutions à portée de
main, les solutions auxquelles réfléchit le ministre. Mon collègue député de
Jean-Lesage a déjà évoqué la commission Laurent, il a raison de dire qu'il y a
une confiance qui est là, et je pense qu'on a tous... on anticipe ce guide, un
guide qui sera... Nous, on va prendre conscience de ce rapport lundi prochain
et on aura une carte routière, je crois, avec les recommandations de la
commission.
J'ai quelques
questions, je vais y aller rapidement. Il fallait que je fasse une sélection.
Dans un premier
temps, les délais d'accès pour les services en santé mentale, mais, vraiment,
les services psychiatriques en pédopsychiatrie, dans les cas d'enfants à la DPJ
qui sont en crise. Il y a plusieurs articles de journaux, qui font état de la
crise, et de cas qui me sont rapportés aussi comme porte-parole de l'opposition
officielle pour la protection de la jeunesse. Donc, j'ai comme des contacts, si
on veut, puis qui me permet de voir un peu la gravité
de la situation. Et les tribunaux sont très sévères, hein, envers le système de
protection de la jeunesse à cet égard.
Donc,
on pense à cette fillette hébergée par la DPJ, avec des graves, graves troubles
de comportement. Pendant deux ans, la
fillette tombe dans une spirale infernale d'automutilation, de crises, de
réactions violentes, de mesures de contention physique, mais pas
d'évaluation pendant deux ans. Et donc, pendant ce temps-là, elle ne pouvait
pas vivre avec ses parents, ses parents
étaient incapables de s'occuper d'elle. Finalement, après deux ans,
l'évaluation psychiatrique a eu lieu, le juge a conclu que la fillette
n'a pas eu accès aux soins de santé dont elle avait besoin, que ses droits ont
été lésés. C'est extrêmement sévère comme jugement, et chaque cas est un cas
particulier, mais il y a des problèmes de système, il y a des problèmes peut-être
de pénurie.
Il y a d'autres cas
comme ça, mais, ça, c'était un cas qui avait été rapporté dans les médias.
Quels correctifs le ministre a-t-il mis en oeuvre ou qu'il mettra en oeuvre
pour garantir un corridor de services en pédopsychiatrie pour ces enfants pour
qu'ils puissent se mettre rapidement sur la bonne voie?
Et,
dans ce cas, une fois que cet enfant a eu son traitement, les choses se sont
calmées pour cet enfant, bien, c'est de comprendre le problème,
comprendre la solution.
• (14 h 40) •
Le Président (M.
Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant :
Merci, M. le Président. Je remercie la députée de Notre-Dame-de-Grâce, là,
de me poser cette question, qui, vraiment,
exemplifie les difficultés qu'on a, à la protection de la jeunesse, où,
souvent, les intervenants qui voient
les jeunes doivent signaler à la protection de la jeunesse pour des services
qui ne nécessiteraient pas nécessairement la protection de la jeunesse,
souvent pour des services de professionnels ou de médecins qui ne sont pas
disponibles ou qui prennent trop de temps par les voies régulières.
C'est
pour ça qu'une des choses que j'ai demandées, évidemment, c'est très exigeant
et ça va prendre un certain temps avant qu'on soit rendus là, mais il y
a deux choses que j'ai demandées. Un, que les services professionnels, quand c'est en lien avec des enfants de la DPJ,
puissent être fournis le plus rapidement possible à l'intérieur de
30 jours. Ce sont des critères qui auraient dû être... qui étaient déjà
présents, mais qui n'étaient pas nécessairement appliqués, donc là j'ai demandé
de les appliquer dans toutes les régions du Québec.
Une deuxième chose,
qui est importante également, pour ceux qui ont des parents avec des problèmes
de toxicomanie, dépendance ou de santé
mentale, que la consultation pour le parent également soit disponible dans les
30 jours. Ça, c'est une deuxième demande qui a été faite aux gens
du réseau. Donc, on pense qu'avec ces interventions-là, on va pouvoir éviter
ces choses-là.
La dernière
intervention que je voulais juste mentionner, c'est que, pour ceux qui ont déjà
quelqu'un qui les suit en première ligne, que, quand il fait la demande à la
DPJ, que le dossier ne soit pas retiré de la personne de la première ligne, mais qu'elle demeure dans le
dossier pour qu'une fois que l'évaluation est faite, qu'elle puisse retourner
en première ligne.
Mme Weil :
Pas pour continuer la question, mais, dans ce cas-là, les parents étaient
incapables de s'occuper de l'enfant. C'était tellement grave, sa situation,
donc il fallait placer l'enfant quelque part, et c'est la DPJ qui avait la garde de l'enfant, et c'est la DPJ qui était à
court de ressources pour trouver l'aide dont elle a besoin. Donc,
c'est un enjeu important, je pense que la commission Laurent va se...
Donc, est-ce qu'il y a une pénurie de pédopsychiatres? C'est la question
peut-être plus directement.
M.
Carmant : Il y avait clairement un manque de personnel en santé
mentale pour les enfants, d'où le premier... un investissement qu'on a fait en
décembre dernier de 25 millions pour renforcer les équipes en santé
mentale pédiatriques spécialisées. Et ça, ce que ça permet, ça permet
d'encadrer les pédopsychiatres qui sont dans ces milieux-là.
Encore une fois, on
en a parlé tantôt, je ne veux pas répéter la même chose pour des questions de
temps, mais il y a deux lignes d'attente,
psychologues, pédopsychiatres, il faut se servir de tout notre monde pour
accélérer l'accès, quand c'est nécessaire, à ces deux spécialistes.
Mme Weil :
Donc, le ministre saisit l'importance cruciale de permettre à ces petits
enfants, hein, donc ces cinq, sept ans, de
pouvoir avoir accès rapidement, et il va travailler pour que ça se fasse.
Est-ce que ça veut dire formation aussi,
encourager aussi, dans les écoles de médecine, que les gens... et en
psychiatrie, choisissent cette avenue? Est-ce que ça irait jusque-là?
M. Carmant :
Absolument. D'ailleurs, une des choses qu'on a demandées, un des facteurs
limitants, c'était qu'on demandait deux ans
de formation additionnelle ou un an de formation additionnelle pour faire de la
pédopsychiatrie. On a décidé que, si le psychiatre ne retourne pas en
milieu universitaire, en faisant un six mois spécifique à la pédopsychiatrie,
qu'il aurait son PREM qui lui permettrait de voir des enfants. On a réussi à
ajouter 18 personnes, 18 personnes qui donnent des soins en
pédopsychiatrie, grâce à cette mesure-là. Et on a même augmenté le poste de
résidence en pédopsychiatrie par rapport à la psychiatrie adulte pour s'assurer
qu'on ait beaucoup plus de ressources. Effectivement...
Allez-y.
Mme Weil : Est-ce que le
ministre pourrait donner, comment dire, un délai maximal associé au nombre de ressources? Est-ce que le ministre aurait en tête
d'avoir, comment dire, un objectif de délai maximal pour que l'enfant
puisse être vu et évalué?
M. Carmant : Nous, notre objectif,
c'est 30 jours.
Mme Weil : 30 jours?
M. Carmant : 30 jours.
Mme Weil : Et puis c'est deux
ans, actuellement. Bon, très bien. Alors, plus de ressources.
M. Carmant : Il y a du travail à
faire.
Mme Weil : Non, je comprends.
Mais la réponse, actuellement, est positive par rapport à ces psychiatres qui
souhaiteraient aller dans cette spécialité?
M. Carmant : On en a ajouté 18 à
travers le Québec.
Mme Weil : D'accord. O.K. Question
annexe, évidemment, c'est la question des victimes d'agression sexuelle, hein, ces petits enfants victimes
d'agression sexuelle. Donc, 500 jeunes sont sur une liste d'attente et
doivent patienter pendant deux ans pour avoir des services à la
fondation Marie-Enfant de Montréal, il y a eu plusieurs articles dans ce sens.
Nous, on a eu l'occasion d'échanger avec eux. Près de trois quarts ont
12 ans et moins et sont majoritairement des filles. On parle de
120 signalements par jour, 324 signalements par année.
L'inquiétude, aussi, depuis le début de la
pandémie, c'est que «"les enfants se [retournent] confinés avec leur
agresseur", affirme la sexologue et psychothérapeute Maryse Trempe.»
Alors,
500 enfants, évidemment, c'est inacceptable, l'attente peut aggraver les
symptômes de stress post-traumatique, la
dépression, l'anxiété et l'estime de soi. Alors, ma question pour le
ministre : Quelles sommes d'argent dédiez-vous ou allez-vous dédier
pour résorber ces listes d'attente et accélérer l'accès à ces services urgents
pour ces enfants victimes des crimes les plus odieux? Et quels sont les
services spécialisés en psychothérapie, en région et en région éloignée? Donc, on voit que, pour Montréal, il y a
la fondation, je sais qu'ils ont des références d'autres régions, mais quelle
est la situation dans les régions aussi? Mais, dans un premier temps, l'argent
ou les sommes que le ministre va dédier à ce grave, grave, grave problème.
M. Carmant : Oui, je suis tout à
fait d'accord avec la députée, c'est sûr que la pandémie, c'est une période
difficile aussi. On l'a vu au niveau des signalements de la DPJ, là, qui ont
augmenté, on a eu quatre semaines, cette année, où il y a eu plus de
3 000 signalements, M. le Président, quelque chose que je
n'avais jamais vu.
Pour les victimes d'agression sexuelle, je
travaille avec la Fondation Marie-Vincent, et une particularité, c'est qu'elle est financée par la Santé et par la
Justice. Et je travaille avec mon collègue ministre de la Justice pour
une annonce bientôt pour les aider à résorber les délais d'attente et
ajouter du personnel, parce que, vous savez, c'est une clientèle qui est quand
même très spécifique. Mais ce qu'il faut dire, par exemple, pour rassurer tous
les Québécois, c'est que ces enfants sont pris en charge dès le début par la
DPJ. On a des spécialistes en agression sexuelle, c'est la Fondation
Marie-Vincent qui forme, justement, ces équipes spéciales qui sont affectées à
ces enfants-là.
Et le but, c'est vraiment de les accompagner le
plus longtemps possible et de leur donner des services tout au long du parcours. Mais effectivement, à un point,
il faut donner la psychothérapie, et, plus on peut la donner précocement,
je suis d'accord avec vous, que mieux c'est. Mais on va faire une annonce
bientôt, avec mon collègue de la Justice, le gouvernement veut s'occuper de
cette population-là.
Mme Weil : Maintenant, je
rajouterai à ça, parce qu'encore une fois, comme porte-parole, j'ai des cas où
les gens m'appellent pour de l'aide, j'ai
fait appel à la fondation qui avait un délai d'attente de deux ans, mais, ce
qu'on a remarqué, en faisant nos recherches, c'est qu'il n'y a pas,
comment dire, un genre de guichet unique pour orienter ces familles, certains, qui peuvent payer, d'autres, qui ne peuvent pas
payer. Est-ce que le ministre réfléchit, donc, à un système
de référencement, à un guichet unique?
Je n'aime pas utiliser cette expression pour une situation aussi grave.
Parce que la fondation nous a envoyé toute une
liste d'organismes, il y en a qui sont privés, je pense que la plupart sont
peut-être plus privés que publics, je ne suis pas sûre, il faut déblayer. Moi,
je déblaie le terrain, mais ce serait donc bien, s'il y
avait un portail quelque part sur le site de... Même les CLSC ne pouvaient pas
nous donner de conseil, bien, en tout cas, le CLSC de l'endroit où cette femme
habite. Donc, c'est un cas particulier d'agression sexuelle, mais ce n'est pas
familial. Alors donc, tout ça pour dire que : Qu'est-ce que vous envisagez
pour orienter, donc, tous les parents qui vivent ces situations?
Et, en fait, c'est l'enfant qui vit une
situation grave. Et les symptômes sont terribles : l'enfant est totalement
refermé sur lui-même, des enfants, je ne dirai pas l'âge, parce que je ne veux
pas qu'on me pose des questions sur qui c'est, mais c'est quelqu'un du public,
mais ils sont à l'école puis ils ne sont pas capables de travailler, ils ne
sont pas capables de se concentrer. Ils ont
vécu une agression sexuelle, ils ont besoin d'aide urgente, mais là, les
parents ne savent pas comment se
retrouver dans le système. Alors, qu'est-ce que vous envisagez, qu'est-ce qui
existe pour aider ces parents-là?
• (14 h 50) •
M. Carmant : Oui. Juste... Encore
une fois, une des choses que, malheureusement, la pandémie n'a pas permis de
mettre en évidence, c'est que, dès l'an dernier, en plus des investissements en
violence conjugale, on avait fait un
investissement de 16 millions de dollars en agression sexuelle pour
doubler le financement des CAVACS pour donner
de l'aide spécifique pour les jeunes, également. Je pense que, ce qui est important aussi... Je suis un peu surpris de la question
à propos du site où on peut chercher de l'aide, parce qu'il y a les centres
désignés qui existent souvent dans des hôpitaux, c'est là que les gens doivent
aller pour la trousse et puis tout le support qui se fait.
Mais, moi, un autre des coups de coeur que j'ai
eus, et Marie-Vincent, ça fait partie de ce modèle-là, c'est celui du SIAM, à Québec. Je ne sais pas si vous
avez visité, mais c'est vraiment un centre intégré où le médecin est là,
les services policiers et les services juridiques, tout le monde travaille
ensemble pour faciliter l'accueil des personnes qui viennent de vivre cet
outrage, là, à leur corps. Et l'enfant est vraiment pris en charge localement
et référé vers les bons endroits. Donc, dans le budget de cette année, ça fait
partie des investissements qu'on veut faire pour que les sommes qui sont
dédiées au SIAM soient récurrentes. Par la suite, on pourra voir, pour d'autres
régions où c'est très peuplé. Par exemple, Marie-Vincent m'avait mentionné
qu'il y avait des besoins en Montérégie, et je pense que le modèle est très
bon. Et j'avais rencontré les quatre députés qui font partie du comité
transpartisan, qui nous ont donné le rapport Rebâtir la confiance, puis
il y avait deux choses qu'ils avaient insisté dessus, c'étaient l'intégration à l'accueil et l'accompagnement psychosocial, puis
moi, je suis tout à fait d'accord, et on va continuer à investir là-dedans parce
qu'il y a des grands besoins.
Mme Weil : On y reviendra peut-être dans des échanges, peut-être
même dans la réforme qui sera éventuellement proposée, parce que je vous
dirais qu'il y a des institutions, je ne veux pas aller dans plus de détails
parce que c'est un cas particulier, bon, mais même des institutions publiques,
qui n'ont pas pu envoyer la personne à la... Donc, c'est nous qui faisons le
travail, alors il faut être sensibles à ça. Des fois, sur papier, ça a l'air
très beau, mais, quand les gens arrivent dans le système, ils sont perdus, et
c'est urgent, dans chaque cas, c'est urgent.
J'aimerais revenir, maintenant, aborder un
sujet. Il me reste combien de temps?
Le Président (M. Provençal)
: Quatre minutes.
Mme Weil :
Quatre minutes. Bon, si on ne peut pas le finir tout de suite, on finira
plus loin. Donc, je vais lire quelques manchettes de cette dernière
année : Quand la DPJ se tourne vers les parents violents, Comment
la DPJ peut-elle confier la garde d'enfants à un père violent?, Ces
enfants qui crient au secours. Donc, cette dernière année, on a tous été
sensibilisés aux problèmes de la loi même.
Et, à titre,
encore une fois, de porte-parole de l'opposition, j'ai aussi reçu plusieurs
dossiers citoyens, beaucoup de femmes, m'exposant à cette problématique :
leur grande peur, leur grande peur par rapport à un père violent, et on
accorde la garde partagée ou la garde exclusive... Je vois le ministre qui
hoche la tête, qui secoue la tête, il connaît le problème.
Alors, j'aimerais lire cette citation de Camil
Bouchard. Pour lui, la question est claire, et je le cite : «...la Loi sur
la protection de la jeunesse doit être modifiée. "Est-ce qu'on ne devrait
pas avoir une loi qui établit clairement qu'on veut protéger le plus vulnérable
dans le scénario? Et le plus vulnérable, c'est l'enfant!"» Il
estime que la loi actuelle, qui établit
clairement que la Direction de la protection de la jeunesse doit tendre à
maintenir l'enfant dans son milieu
familial, créer, dans les faits, une égalité des droits entre l'enfant et son
parent biologique... une situation malsaine.
Il y a d'autres citations, mais j'aimerais
entendre le ministre. Je le sais, le ministre s'est prononcé sur cette
question, mais, s'il pourrait partager avec nous sa vision du besoin d'une
réforme sur cette question.
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, oui, il faut remettre l'enfant au centre de la solution, il
faut que les besoins de l'enfant et l'écoute
de l'enfant priment sur les décisions. Actuellement, comme vous dites, l'emphase est mise sur
le retour dans le milieu familial, à la primauté parentale. Ce qui est
important, par exemple, c'est de bien expliquer que, ce qui est important de
faire, c'est de bien accompagner les parents, bien travailler avec les parents,
donner les connaissances requises à ceux qui
ne les ont pas, s'assurer que le parent puisse, le mieux possible,
accompagner son enfant.
Mais ce que
l'on dit, c'est qu'à un certain moment donné les enfants qui sont déplacés à
multiples reprises, les enfants qui sont envoyés dans des milieux, qui
retournent alors qu'ils sont bien là où ils sont, et ils le disent clairement, il faut pouvoir tracer la ligne, à un certain moment donné,
il faut que le bien-être de l'enfant prime. Je suis convaincu que la commission
Laurent va aller dans ce sens-là, je suis convaincu que vous allez dans ce
sens-là, et je vous dis que je vais aller dans ce sens-là, également. Donc,
oui, il faut recentrer les besoins.
Mme Weil :
...peut-être?
Le Président (M.
Provençal)
: ...
Mme Weil :
Moi, j'aimerais mettre l'accent sur l'urgence d'agir. L'urgence d'agir, dans le
sens qu'une fois qu'on connaît les cas... Parce que les gens nous ont parlé de
leurs cas, et c'est sûr qu'on peut faire une sorte d'évaluation de la
situation, donc c'est peut-être quelqu'un qui sort de prison avec un passé extrêmement
violent, qui a vu sa maman être tabassée par cet homme-là, qui ont une peur
bleue de leur père, et c'est des cas qui me sont rapportés, moi, je me sens
tellement mal et j'ai tellement peur pour ces enfants et ces familles. Le
ministre peut-il me dire l'échéancier qu'il se donne pour regarder et
apporter... parce que je comprends que ça va être dans la loi, donc on passe une procédure législative de réforme,
pourrait-il singulariser cette démarche pour en faire une priorité? Est-ce
qu'il attendrait de voir quelles sont les consignes de la commission Laurent
sur la question? Mais c'est bientôt. Je veux savoir le sens d'urgence que le
ministre ressent par rapport à cette question.
Le Président (M.
Provençal)
: Il ne reste plus de temps
pour la réponse.
M. Carmant :
Pardon?
Le Président (M.
Provençal)
: Il ne vous reste plus de
temps pour la réponse. Je vous suggère lorsqu'on reviendra avec la députée.
Alors, la parole est maintenant au député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau :
Merci, M. le Président. Tout à l'heure, on a parlé, dans le premier bloc, M. le
ministre, des appels de courtoisie. Vous sembliez mettre en doute les
affirmations que j'ai faites sur la base d'un article. J'aimerais ça le déposer
à la commission, si c'est possible, pour qu'on en prenne connaissance, j'ai la
copie papier, on pourra trouver la copie électronique, si c'est nécessaire.
Puis semble-t-il que mon collègue avait aussi des témoignages, alors ce serait
bien de documenter l'affaire.
Je vais poser
quelques questions rapides en espérant d'avoir des réponses rapides et
précises.
Concernant
les annonces en santé mentale qui ont été faites au cours de l'automne, chaque
fois qu'on soulignait certaines préoccupations, on nous disait :
Bien, il y a un programme qui a été annoncé, laissez-nous le temps de le
déployer. Puis maintenant je pense que c'est l'heure de savoir comment ces
mesures-là ont été, justement, déployées sur le terrain.
En octobre 2020,
on avait annoncé 30 millions en santé mentale dans les écoles. Est-ce que
le ministre peut nous dire combien de psychologues ont été embauchés dans les
écoles, à partir de cet investissement-là, et quels sont les programmes ou les
mesures qui ont été déployés, là, pour soutenir le personnel scolaire ou les
élèves?
M.
Carmant : Alors, une réponse
courte, c'est que le programme, les intervenants vont arriver dans les écoles
au mois de septembre, septembre 2021.
M. Arseneau :
Prochain.
M.
Carmant :
Septembre 2021, tant le programme pour les dépendances, intervenants en
dépendance, qu'intervenants en santé mentale.
M. Arseneau :
D'accord. Mais est-ce qu'on a une idée, justement, du nombre de... Pardon?
Le Président (M. Provençal)
: ...que vous aviez un document, si vous voulez le transmettre à la commission, on pourra le diffuser.
M. Arseneau :
D'accord. Merci. Pour la mise en oeuvre, donc, c'est en septembre prochain,
c'est ce que je comprends. Est-ce qu'on peut avoir des détails sur le nombre de
ressources qui seront disponibles dans les écoles à ce stade-ci, ou les mesures
qui seront mises en place?
M. Carmant :
Alors, la formation a commencé, je ne sais pas si on a le nombre exact, mais il
va y en avoir dans toutes les écoles privées et publiques de tout le Québec.
M. Arseneau :
Partout au Québec?
M. Carmant :
Oui.
M. Arseneau : Merci. En
novembre 2020, 100 millions avaient été annoncés, là, on s'en
souvient, là, pour l'offre de soins et de
services psychosociaux et en santé mentale, mais, notamment,
19 millions pour créer des équipes d'éclaireurs sur le terrain pendant la
pandémie : Là encore, est-ce qu'on peut savoir combien d'équipes ont été
déployées dans combien d'écoles, combien de milieux critiques?
M. Carmant :
Alors, c'est minimum deux intervenants par réseaux locaux de services. On a
décidé de faire cette distribution-là parce que, dans chaque région, on voulait
en avoir suffisamment. Je pense, ça fait peut-être une centaine ou
150 intervenants, là, je ne suis pas sûr du chiffre, là, mais c'est deux
par réseaux locaux de services. Et la formation est en cours, incluant une
formation pour la violence conjugale d'ailleurs, dont on parlait tout à l'heure.
Et les contacts avec les regroupements et les organismes communautaires ont
également été faits avec l'équipe de santé mentale et Dre Généreux.
M. Arseneau :
Si je comprends bien, les équipes d'éclaireurs, les membres des équipes
d'éclaireurs sont présentement en formation. C'est ce que je dois comprendre?
M. Carmant :
Exactement.
M. Arseneau :
Donc, ils ne sont pas encore sur le terrain à éclairer, à réaliser leur
travail?
• (15 heures) •
M. Carmant :
Oui, puis c'est... En fait, il y en a déjà, des éclaireurs. Tu sais, on veut
prendre tous ceux qui travaillent déjà dans la communauté, certains les
appellent «sentinelles», certains les appellent «travailleurs de rue», on veut
travailler avec tous ces gens-là et, en plus, on va ajouter des éclaireurs qui
vont faire un rôle de relais également pour faciliter le travail des éclaireurs
et le réseau de la santé.
M. Arseneau :
Mais, puisque les mesures étaient mises en place dans le cadre de la pandémie, est-ce
que le déploiement n'est pas un peu, disons, lent, puisqu'on est déjà dans la troisième
vague et on espère s'en sortir d'ici, justement, septembre prochain?
M.
Carmant : Bien, je pense
que, comme tout le monde l'a mentionné, les besoins en santé mentale vont
perdurer longtemps après la pandémie.
Le programme d'éclaireurs a surtout fait ses preuves dans l'après-Lac-Mégantic.
Donc, on pense que ça va être très utile. Et les intervenants vont être sur le
terrain d'ici la fin mai. Il faut les former de façon adéquate, il
fallait les recruter, et donc il y a un travail qui était à faire.
M. Arseneau :
Merci. On peut comprendre effectivement qu'on veut faire les choses comme il se
doit. À ce moment-là, si on a quand même pris plusieurs mois pour les former et
déployer les services, est-ce qu'on peut s'attendre
à ce que ces services-là s'étalent dans le temps pour une période au-delà de la
pandémie, justement, puisque les besoins seront toujours là? Est-ce que
vous avez une idée, justement, du déploiement à moyen, long terme? Quel
est l'échéancier pour ce type de mesure?
M. Carmant :
Bien, écoutez, ça, c'est un programme qui est là jusqu'en mars 2022, comme
je disais. Mais, comme j'ai mentionné au député de D'Arcy-McGee, c'est un
programme que l'on veut pérenniser à long terme.
M.
Arseneau : Donc, on souhaite
le pérenniser. Merci. Pour ce qui est de... encore une fois, là, du 100 millions, il y avait une mesure de 10 millions pour favoriser l'accès à des services en santé
mentale pour les jeunes de 17 à 29 ans. Dans le même sens de mes questions
précédentes, est-ce que le programme, il a été déjà déployé, là, au
niveau collégial, universitaire? Est-ce que c'est à venir?
M. Carmant :
...c'est ma collègue ministre de l'Éducation supérieure qui a fait l'annonce.
Et il y a eu les deux, il y a eu des gens qui ont été engagés pour travailler
dans les cégeps et les universités, des psychologues et également des services
privés qui ont été ajoutés. Donc, les élèves ont également commencé à être vus.
M. Arseneau :
Est-ce que vous avez une idée, là, justement, des ressources qui ont été
déployées, en nombre et en effectifs, donc, et en couverture dans l'ensemble du
réseau?
M. Carmant :
Je ne veux pas m'avancer sur des chiffres, mais ce qu'elle disait, c'est qu'il
y avait déjà une partie du 3 millions de dollars qui avait déjà été
utilisée.
M.
Arseneau : Déjà été
utilisée. La dernière mesure sur laquelle j'aimerais revenir, c'est le 10 millions de dollars qui servait à
bonifier l'accessibilité des services spécifiques pour les enfants, les
adolescents et les jeunes adultes présentant de premiers épisodes psychotiques.
On avait parlé de 944 nouvelles places pour l'année financière... d'ici la
fin de l'année financière 2020-2021. Est-ce que l'objectif a été atteint?
Où en sommes-nous?
M. Carmant :
Oui, le programme a été déployé. En fait, c'est un programme qui était normé et
souvent qui... mais qui était souvent non financé, donc on a financé de façon
adéquate le programme. Et là où il n'y avait pas de programme officiel de
premiers épisodes psychotiques, ils sont en train de se mettre sur pied, là.
M.
Arseneau : D'accord. En fait, j'en avais oublié une petite... En fait,
ça, c'est plutôt la mesure budgétaire de mars dernier : 77,2 millions
de dollars pour des investissements spécifiques en santé mentale. Est-ce que
vous pouvez nous expliquer à quoi servira
cet argent, cette somme-là? Vous semblez surpris du montant que je vous amène.
M. Carmant :
On parle de 2020-2021?
M. Arseneau :
Oui, le budget 2021-2022.
M. Carmant :
Ah! 2021-2022.
M. Arseneau :
Oui.
M.
Carmant : O.K.
Bien, ça, c'est la deuxième partie du 100 millions. Donc, tu sais,
il y a une première partie, 22 ou 23 millions qui ont été dépensés
en 2020-2021, puis il reste 78 millions pour 2021-2022.
M. Arseneau :
Ah! donc, le 77,2 millions, il fait partie du 100 millions?
M. Carmant :
Oui.
M. Arseneau :
C'est ça, donc c'est la continuité des mesures.
M. Carmant :
Tout à fait.
M. Arseneau :
D'accord, je comprends. Parce que j'allais vous poser la question à savoir si
ces sommes-là allaient être notamment investies en support ou en soutien à des organismes
communautaires. Il ne s'agit pas de nouvelles sommes, c'est plutôt la
continuité des mesures qui avaient été annoncées. C'est ce qu'il faut
comprendre.
M. Carmant :
Exactement.
M. Arseneau :
D'accord.
M. Carmant :
Les organismes communautaires ont été supportés par les mesures COVID jusqu'à
présent.
M. Arseneau :
Je vous remercie. Maintenant, on a parlé tout à l'heure, on a abordé la question
des psychologues du réseau privé qui, dans les mesures qui ont été annoncées,
les mesures d'urgence, ont obtenu, si on veut, en tant que réseau, le support,
le soutien des psychologues du réseau privé, vous en avez parlé tout à l'heure,
vous parliez de 300 quelques personnes qui ont été ou qui seront suivies.
Mais les psychologues, déjà avant la crise de la COVID, estimaient qu'il nous
manquait quelque chose comme 900 psychologues dans le réseau. Est-ce que
c'est aussi votre interprétation? Est-ce que c'est un chiffre avec lequel vous
êtes à l'aise, de dire que, dans le réseau public, il manque près de
1 000 psychologues pour offrir des services adéquats?
M. Carmant :
Bien, c'est un peu ce que je dis depuis le début, si on prend pour acquis que
tous ceux qui sont en attente de services de psychologues ont besoin de voir
leurs problèmes réglés par un psychologue, c'est sûr qu'on a besoin d'un ajout
massif. Nous, ce qu'on veut, c'est vraiment essayer d'utiliser tous les
intervenants qui peuvent donner des services en santé mentale pour diminuer
cette liste d'attente au niveau des psychologues. Donc, c'est vraiment une
réorganisation du réseau qui doit être faite avant d'établir, là, c'est quoi,
les besoins. Mais c'est sûr qu'on veut attirer plus de psychologues dans le
réseau public. Beaucoup des finissants choisissent d'aller vers le réseau
privé, puis ça, je ne suis pas heureux de ça, là. Et l'important, pour moi,
c'est de leur démontrer qu'il y a une plus-value à joindre le réseau public,
qu'on va améliorer leurs conditions de travail, on va améliorer leur autonomie
et les encourager à venir se joindre au réseau public.
M. Arseneau :
Bien, vous faites preuve, là, donc, d'ouverture à leurs demandes :
davantage d'autonomie et de meilleures conditions de travail. Mais quels sont
les moyens qui seront déployés justement? Parce que, jusqu'à preuve du
contraire, à l'heure actuelle, l'exode se poursuit. Comment est-ce qu'on peut
contrôler la situation et justement inverser la tendance actuelle?
M. Carmant :
Bien, c'est justement pour ça que je vous ai fait présenter le Programme
québécois pour les troubles mentaux, pour que les gens comprennent que le rôle du
psychologue est vraiment fondamental à ce programme-là, que le rôle
du psychologue sera d'une plus grande autonomie, qu'il y aura plus de séances
que ce qu'ils ne peuvent jamais offrir
ailleurs que dans le réseau public, qu'ils vont être encadrés par une équipe interdisciplinaire
qui va travailler avec eux et qui va rendre le travail beaucoup plus plaisant.
Donc, c'est comme ça qu'on va réussir à attirer nos jeunes pour qui c'est
important, la qualité du travail.
M. Arseneau : Sauf que les mesures
qui ont été prises, qui étaient en mode urgence, on comprend, en mode crise,
cette mesure de faire appel au privé, disons, n'a pas été un geste significatif
pour convaincre les psychologues, les nouveaux diplômés de se joindre au secteur public alors que le secteur
privé est appelé à contribuer avec, évidemment, des conditions qui sont
de loin supérieures. Est-ce que ce n'est pas un signal qui est négatif, celui
de faire appel au privé alors que les psychologues du secteur public, eux, sont
laissés pour compte?
M. Carmant : Mais on a limité à ceux
avant novembre, là, donc les nouveaux ne pourront pas... Tu sais, c'est une
mesure pour avant novembre. Et ce qui est important aussi, c'est qu'il fallait
faire quelque chose au niveau des listes
d'attente, là. Si on n'était pas intervenus, ça aurait été difficile de
contrôler et de gérer les listes d'attente. Donc, c'était une mesure
exceptionnelle à cause d'une condition exceptionnelle.
M. Arseneau : Merci. J'aimerais
changer de thématique puis revenir sur la question du PSOC, le soutien aux
organismes communautaires. Dans le plan annuel de gestion des dépenses des
ministères, à la page 109, on parle de 16 millions
de dollars en rehaussement du soutien aux organismes communautaires, alors
qu'un peu partout on retenait le
chiffre de 10 millions d'augmentation pour le financement à la mission.
Quel chiffre faut-il retenir pour le rehaussement du financement?
M. Carmant : Alors, le
10 millions est versé à la mission globale générale. Il y a
1,5 million qui est versé à la mission globale pour l'organisme
Tel-Jeunes, 4,5 millions du budget initial qui étaient versés en mission
globale aux regroupements d'hébergement pour les femmes, et, évidemment,
l'argent qui a été annoncé cette semaine en violence conjugale va également en
mission globale. Donc, c'est de l'argent qui est versé au PSOC. Évidemment, les
organismes et regroupements préfèrent que ce soit à eux de se séparer la tarte,
puis je comprends le concept, mais, dans le contexte d'urgence qu'on avait, on
a décidé également de faire des octrois ciblés.
• (15 h 10) •
M. Arseneau : On vient d'apprendre
que les 63 millions qui restaient sur l'aide d'urgence ont été en quelque
sorte périmés, mis de côté, rapatriés au fonds consolidé. Est-ce qu'il n'aurait
pas été une meilleure idée d'investir ces sommes-là dans le soutien aux
organismes à la mission alors qu'on avait à notre disponibilité
60 millions, plutôt que leur donner des miettes, si on compare aux
investissements des dernières années?
M.
Carmant : Oui, M. le
Président, malheureusement, ce n'était pas de l'argent récurrent, là, donc ça
n'aurait pas pu aller en mission
globale, ça aurait dû aller en initiatives spécifiques, mais on n'avait pas
vraiment de... les règles étaient
claires, tu sais, quand l'argent est octroyé par le Conseil du trésor, les
règles sont claires, il faut adhérer aux règles.
M.
Arseneau : Autre thème, si j'ai le temps, les centres d'intervention
qui offrent des thérapies pour l'alcoolisme, la toxicomanie, plusieurs
sont en grande difficulté financière, qu'est-ce que le ministre entend faire
pour s'assurer qu'ils puissent continuer leur rôle, alors qu'on sait qu'en
pandémie le phénomène de la toxicomanie, l'usage abusif d'alcool, et ainsi de
suite, est déjà notable?
M. Carmant : Alors, au niveau de
l'hébergement, on est en train d'étudier la situation, on attend d'avoir des
chiffres plus précis. On sait que le taux d'occupation était en baisse, là,
donc on veut s'assurer de quels sont les besoins, mais c'est un des dossiers
qu'on étudie actuellement.
M. Arseneau : Est-ce qu'on peut
envisager, comme on l'avait fait pour les organismes communautaires, de
compenser leurs pertes?
Le
Président (M. Provençal)
: M. le député, est-ce que
vous voulez que l'article soit déposé et rendu public?
M. Arseneau : Absolument, mais on va
l'envoyer par courrier électronique.
Document déposé
Le Président (M. Provençal)
: C'est fait, merci. Alors, je vais maintenant céder la
parole à la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Weil : Merci, M. le
Président. Donc, quand on a... pas terminé, mais arrêté l'échange entre nous,
le ministre a dit, donc, c'est l'intérêt de
l'enfant qui doit primer. Alors, je pose la question : Si on pouvait agir
vite, le plus rapidement possible... Je sais qu'il y aura beaucoup de
recommandations, je sais que c'est un grand chantier de travail que le ministre
a devant lui, que nous, à l'Assemblée nationale, on aura, je voulais savoir s'il
ressent l'urgence de cette disposition.
C'est sûr que c'est les cas... tous les cas qui sont rapportés, et la façon
aussi que la DPJ... souvent on parle
que la femme, dans un contexte de violence conjugale, souvent est considérée, pour une raison quelconque, comme la
personne aliénante. Je sais que le ministre est conscient de tout ce grand
débat, donc la complexité de l'enjeu de la violence conjugale, mais les
enfants, donc je parle des enfants qui sont victimes dans ce scénario-là, qu'est-ce
que le ministre peut faire pour agir le plus rapidement possible?
M. Carmant : Bien, écoutez, les
travaux sont déjà débutés par les équipes au niveau du projet de loi. Ce qu'on
peut faire le plus vite, c'est vraiment déposer un projet de loi cet automne.
Et je compte sur votre collaboration pour faire avancer
le projet de loi le plus rapidement possible. Je ne pense pas qu'on puisse
implanter une mesure isolée en attendant. Je
pense qu'il faut vraiment faire un travail... le travail que les Québécois
attendent de nous, un travail complet, exhaustif et qui va faire qu'en
bout de ligne les enfants vont mieux se porter au Québec, M. le Président.
Mme Weil :
Je dirais peut-être, avec la nouvelle directrice responsable, maintenant, la
directrice nationale de la protection de la jeunesse, il y a peut-être une
préparation, parmi les centres jeunesse, d'une plus grande formation à l'égard...
On n'a pas le temps de rentrer dans tous les détails, mais tous les témoignages
des mères, surtout dans un contexte de violence conjugale, qui s'inquiètent
pour leurs enfants, qui ont vu la violence et qui... donc, la garde partagée qui inquiète beaucoup.
Alors, je pense qu'il y a une sensibilisation qui peut déjà être faite en attendant, donc, un projet
de loi qui irait... strictement sur le projet de loi. Donc, merci, M. le
Président, il me reste cinq minutes?
Le Président (M.
Provençal)
: Encore un peu de temps.
Mme
Weil : Bon, très bien.
Alors, je voudrais aborder un autre sujet, donc c'est la surreprésentation des
enfants noirs à la DPJ. C'est un dossier que je connais un peu parce que j'ai quand même
siégé au conseil d'administration
de Batshaw. Même à l'époque, on en parlait, il y avait surreprésentation. Donc,
les chiffres sont frappants. Je sais que le ministre les connaît, mais donc les enfants noirs comptent
pour 14,5 % de la population de 17 ans et moins. Or, dans le système institutionnel, la DPJ y compte pour 29,6 %. Ça, c'est l'étude de Dufour et
Lavergne. Même surreprésentation, mais à un degré moindre dans
l'ensemble du Québec, les enfants noirs comptent pour 6,5 % de la population
des moins de 18 ans, mais ils ont des taux de signalement de 1,5 fois
plus élevés que leur poids démographique.
Dans un premier
temps, j'aimerais savoir ce que le ministre... comment il voit cette situation,
et s'il y a une équipe au sein de la DPJ ou
à un niveau national qui regarde cette question-là, et quelles sont les mesures
d'atténuation, de prévention, etc., qu'il envisage.
M. Carmant :
Bien, je vous remercie pour la question, et c'est un sujet qui me tient particulièrement
à coeur, évidemment. Alors, ce qu'il faut comprendre, c'est souvent un problème
qui doit... qui manque... qui vient d'un
manque d'information. Et, nous, ce qu'on veut faire, c'est de
travailler avec les organismes... certains organismes communautaires.
Celui qui me vient en tête, le dernier que j'ai rencontré, c'est le Bureau de
la communauté haïtienne de Montréal,
qui fait un projet fantastique avec le CIUSSS—Centre-Sud. Et je sais qu'il y a
un organisme anglophone qui fait la même chose avec Batshaw, justement,
où ils vont faire une vérification terrain lorsqu'il y a un signalement et
souvent peuvent prendre en charge la problématique et éviter que ce signalement
soit retenu, là.
Donc, c'est ce genre d'initiatives
qu'on veut mettre de l'avant, et d'ailleurs c'est une des choses que j'ai
demandées, à son arrivée, à la directrice nationale, c'est... Souvent, ces
organismes viennent me voir pour avoir du financement à la mission globale,
mais, nous, on dit : Si vous aidez la DPJ... Même, des fois, on a des
lettres de support de la DPJ. Alors, on
demande aux CISSS et aux CIUSSS de financer ces organismes-là qui vont
faciliter leur travail.
Donc, il faut qu'il y
ait... puis ça, c'est dans tous les dossiers Services sociaux, là, il faut
qu'il y ait un meilleur mariage entre le communautaire et le réseau de la
santé, puis je pense encore une fois à l'itinérance, où ça a été un bel exemple de partenariat. Moi, je veux
reproduire ça dans les autres dossiers également, et ça, c'en est un excellent
exemple.
Mme
Weil : Je suis très contente que le ministre ait déjà eu cet
entretien avec la nouvelle directrice nationale, parce que, oui, vous parlez du programme Option Protection, noirs de
Montréal avec le CIUSSS—Centre-Sud — j'ai eu l'occasion d'en parler avec
eux — et
le partenariat Batshaw avec le Réseau de développement et de prévention afro-canadien. Justement, le nerf de la guerre,
c'est un financement prévisible et stable, hein? Parce que ce qu'on remarque
avec ces projets, ils font en sorte de faire en sorte que ces jeunes-là ne sont
pas institutionnalisés, ils ne vont pas dans un DPJ, donc on va en amont. Mais,
si on pense juste... à tous les niveaux, l'économie, l'économie de souffrances,
dans un premier temps, pour les familles,
qu'on n'enlève pas les enfants et on essaie de corriger le problème. Et
d'ailleurs il semblerait qu'ils ont une réussite là-dedans. Donc, ça
prendrait... Parce qu'ils sont des partenaires de la DPJ. Donc, la question qui m'a été posée, c'est comment... et
je poserais la question au ministre : Comment on peut s'assurer que...
Quand on comprend qu'il y a un partenariat
avec la DPJ pour que la DPJ puisse
avoir de meilleurs résultats, globalement, il y a une plus-value, là,
qui est presque... qui vaut de l'or.
Alors donc, le
ministre demande à ce qu'on finance de façon adéquate, parce qu'ils font
peut-être un quart ou peut-être un dixième, je n'ai aucune idée, du travail
qu'ils pourraient faire, mais avec plus de financement, on sait qu'ils
cherchent de l'argent à gauche et à droite, donc un financement stable,
prévisible, et qu'on les traite comme des partenaires, donc, du réseau public,
c'est bien ça? Je comprends la vision du ministre?
M.
Carmant : C'est exactement
ce que j'ai dit. Et, tu sais, le... venir me voir pour avoir du PSOC, ce n'est
pas la façon d'agir.
Mme Weil :
Voilà.
M. Carmant :
Ce n'est pas la façon d'agir, c'est partenariat avec les CISSS et les CIUSSS,
et la directrice nationale est au courant.
Mme
Weil : Et je vous dirais que le mémoire, je ne sais pas si
c'est un mémoire qui a été présenté à la commission Laurent, mais de McGill,
vous l'avez vu, l'étude... il est vraiment formidable parce qu'il présente une vision à moyen, long terme. Bon, alors, on pourra
suivre ce dossier aussi et voir les améliorations qu'il pourrait amener
pour stabiliser, parce que, c'est sûr, ils cherchent de l'argent à gauche et à
droite.
Le Président (M.
Provençal)
: Mme la
députée, je transmettrais maintenant la suite des échanges...
Mme Weil :
Ah bon! Au moins, j'ai pu poser mes questions.
Le Président (M.
Provençal)
: ...à votre collègue de D'Arcy-McGee.
Mme Weil :
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M.
Provençal)
: Ça me fait plaisir. M. le
député.
• (15 h 20) •
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. Je vais aborder à nouveau la question du partenariat
essentiel, et le ministre le sait, avec le secteur communautaire. Et le
partenariat actuel est préoccupant. Nous parlons beaucoup de l'importance de
les impliquer, ils sont sur le terrain. Moi, j'ai des rencontres assez
régulières avec les associations qui regroupent ces groupes d'entraide en santé
mentale, en toxicomanie, en prévention suicide, ainsi qu'avec leurs groupes
membres qui parlent de plusieurs crises conjoncturelles, la crise sur la santé
mentale, qui fait en sorte que la population avec laquelle ils travaillent, les
gens qu'ils essaient d'accompagner sont en grande détresse. Et les chiffres,
tous indicateurs, montent.
La crise du logement,
dont on parle cette semaine, touche beaucoup aux autres... aux groupes atteints
des problèmes de santé mentale connexes aux problèmes de surconsommation,
l'itinérance, toutes sortes de choses. La crise
de pénurie de main-d'oeuvre, ce secteur, dû aux causes... du fait que le
financement est instable, rarement récurrent, et que les conditions de travail pour les héros, je les qualifierais de
même, les gens qui travaillent au sein de ces organismes, sont tellement
difficiles. Il faut presque être martyr pour dévouer notre vie professionnelle
à diriger ou travailler sur le terrain avec tous ces regroupements-là.
Je
veux parler d'un regroupement emblématique avec qui j'ai eu des entretiens, et
c'est l'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance.
Et ils se donnent la tâche, au de nom de leurs quelques 120 organismes communautaires
membres à but non lucratif, de suivre comme il faut, et les activités et
l'arrimage voulu avec les instances du gouvernement, et ils ont des
préoccupations en ce qui a trait à cette étude de crédits, et à juste titre.
Juste
pour décrire cet organisme dont je parle, l'Association québécoise des centres d'intervention en dépendance,
leurs membres accueillent quelque
25 000 personnes par année
via le réseau des ressources d'hébergement en dépendance. Aussi, leurs
organismes oeuvrent en prévention, un mot qu'on n'entend pas assez souvent, qui
a donné des services, à titre d'exemple, cette année, à quelque
568 000 étudiants dans 522 écoles secondaires du Québec. Et je
les cite, depuis plusieurs années déjà, l'AQCID, cette association, dénonce les
blocages systémiques de ses membres dans l'accès aux divers programmes de
financement. Or, malgré le fait que le monde vit présentement une crise sans précédent, que les décès par surdose ont augmenté
par 120 % depuis le début de cette crise sanitaire, que les adolescents
ont besoin plus que jamais d'accompagnement face aux risques associés à l'usage
de substances et de la dépendance alors que l'ensemble des services spécialisés
en hébergement font face à une fermeture de 50 % des lits par respect des
mesures sanitaires. Bon, voilà quelques exemples de leurs difficultés.
Ils ont ciblé, M. le
Président, sept programmes où, depuis des années, et actuellement ils sont à la
recherche des paramètres de l'accompagnement
et de l'aide. Alors, je veux juste citer un des sept exemples dont ils me
questionnent. Alors, je me permets de
questionner le ministre responsable, un des sept programmes dont ils
parlent, c'est important, le Plan d'action interministériel en dépendance
2018-2028. Et je tiens à souligner, le ministre va comprendre avec moi qu'on parle d'un plan qui touche à la
prévention et le traitement de la santé mentale. Plusieurs, si ce n'est pas une
majorité de ces gens-là, leurs problèmes de surconsommation sont combinés avec
des problèmes de santé mentale.
Alors, les enjeux que
l'AQCID — cette
association — identifie
au regard du financement de ce programme, plan d'action interministériel,
depuis son lancement en 2018, aucun financement issu du PAID, le programme, par
les organismes communautaires en dépendances et usage de substances.
Deuxièmement, ils souhaitent connaître les paramètres
financiers associés au programme et ils n'ont pas de réponse. Ils insistent
depuis 2018, et notre conversation était cette semaine. Troisièmement,
le partage de responsabilités entre le ministre, le MSSS, et les CISSS exposent
bien le cul-de-sac structurel devant lequel les... deux de ces organismes
communautaires en dépendance, sont placés. Ainsi,
les établissements n'ont aucune obligation de se conformer au programme,
d'ailleurs, très peu de CISSS s'y conforment, de leur expérience.
Bon, je dresse un
portrait qui est un exemple de plusieurs témoignages que j'aurai procurés les
dernières semaines. Tout ce qui m'amène à inviter le ministre à nous assurer,
dans un premier temps, qu'il juge ce partenariat, comme moi, très primordial,
et, deux, qu'il m'identifie, premièrement, dans les crédits, mais dans son plan
d'action éventuel, qu'on va voir d'adopter, j'espère, en automne, des mesures
qui vont renforcer ce lien précieux entre l'État et ces bénévoles, souvent, et ces professionnels en santé
mentale sur le terrain, en communauté. Comment est-ce qu'on va et on
peut faire mieux?
M. Carmant : Merci, M. le Président.
Je suis quand même un peu surpris que ce soit l'AQCID qui verbalise tout ça,
parce que c'est avec eux qu'on a monté le programme de prévention des
dépendances aux écoles. C'est vrai que ça a été
difficile, parce que, comme j'ai dit, on l'avait annoncé initialement en
novembre 2019. Il y a eu des enjeux de formation, il y a eu des enjeux de
partenariat avec les différents CISSS et CIUSSS pour déterminer quel organisme,
dans chaque région, va fournir les services, là, par exemple, La Maison Jonathan,
dans ma région. Donc, oui, il y a eu des enjeux, mais je pense que les
choses... ce problème-là a été réglé de façon positive, et ils vont s'assurer
du suivi et de la formation continue de nos équipes, et le financement va être
octroyé pour ces activités-là.
En ce qui a trait au plan d'action en
dépendance, je pense qu'ils sont en discussion avec le ministère, et la
prochaine rencontre doit être prévue à la fin du mois de mai, le 19 mai, M.
le Président.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député.
M. Birnbaum : Merci, M. le Président.
Il ne me reste pas beaucoup de temps. Le ministre, et moi, et notre formation ne s'entendent pas sur l'importance
primordiale de l'accès universel et public à la psychothérapie. Je comprends
bien qu'il faut la réponse... (interruption) ...pardon, ciblée aux besoins, et
ce n'est pas toujours la psychothérapie.
Par contre, on estimait, avant la pandémie,
qu'il y avait quelque 250 000 personnes qui étaient privées de
l'accès aux psychothérapies parce qu'elles ne pouvaient pas payer avec la carte
de crédit. Le ministre a annoncé une mesure modeste, quelque 25 millions
dans son 100 millions, pour faciliter le transfert des psychologues au
privé. Ce n'est pas du tout à la taille de la réponse à la crise qu'on exige et
qu'on insiste et la bonne réponse.
En même
temps, de ce 25 millions de dollars, on a pu identifier que
6,5 millions de dépensés jusqu'à date, ce qui aurait permis, et c'est le chiffre que le ministre
lui-même a utilisé, à référer quelque 330 personnes en psychothérapie.
Ce n'est pas beaucoup. Est-ce que le
ministre est satisfait que, même avec une panoplie de réponses, que ça, c'est
une réponse satisfaisante en pleine crise, 330 références dues à sa
mesure?
Le Président (M. Provençal)
: M. le ministre.
M. Carmant : Merci, M. le Président.
Non, c'est sûr que ce n'est pas suffisant. Mais il faut comprendre tout le travail qui a dû être fait : identifier
les thérapeutes, psychologues ou autres professionnels qui font de la
psychothérapie qui voulaient nous
donner un coup de main. Moi, je vais le dire d'emblée, là, oui, la somme par
rapport... le financement a été un
enjeu, parce qu'il y en a qui trouvent que, bien que le 100 $ de l'heure
est significatif et... le tarif gouvernemental, certains, en privé,
trouvent que ce n'est pas assez, malheureusement, puis on est très déçus de ça.
Mais on s'attend vraiment à une croissance
exponentielle, là. De semaine en semaine, on voit que le nombre augmente, le
nombre de références augmente. Et, comme je vous dis, dans le... Puis je suis
d'accord avec vous, là, il fallait agir, on
ne pouvait pas attendre le déploiement complet du programme québécois, et
c'est... mesure exceptionnelle à une situation exceptionnelle, M. le
Président. Je ne peux rien dire d'autre.
Le Président (M. Provençal)
: Moins d'une minute.
• (15 h 30) •
M.
Birnbaum : Une minute. Écoutez, de mon analyse de notre étude des
crédits, il y a deux piliers, deux piliers essentiels : l'ampleur
des dépenses confiées par le gouvernement du ministre, peut-être il n'a pas
trop réussi ses revendications autour de la
table du Conseil des ministres, l'augmentation
du budget, dans ce temps contextuel de crise, de quelque 65 point
quelque chose millions de dollars, n'est pas à la taille.
Deuxième indice dont on reste beaucoup trop sur
notre appétit, l'évaluation du besoin, la qualité des listes d'attente, le nombre de personnes
sur les listes d'attente, d'où ils viennent, l'ampleur de leurs problèmes, l'évaluation, les suivis ne sont
pas au rendez-vous. Alors, il y aurait de quoi à continuer à questionner ce
gouvernement en ce qui a trait à son traitement de cette crise devant nous.
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le député.
Adoption des crédits
Le temps
alloué à l'étude des volets Santé, Accessibilité aux soins et Santé publique et
Santé et Services sociaux des crédits
budgétaires du portefeuille Santé et Services sociaux étant presque écoulé,
conformément à l'entente du 13 avril 2021, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix de ces crédits par appel nominal. Pour
la mise aux voix du programme 1, intitulé Fonctions de coordination, Mme
la secrétaire.
La
Secrétaire : Pour les membres du groupe parlementaire formant
le gouvernement, Mme Guillemette (Roberval)?
Mme Guillemette : Pour.
La Secrétaire : Pour les
membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum : Contre.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M.
Arseneau : Contre.
Le Président (M. Provençal)
: Pour la mise aux voix du programme 2, intitulé Services dispensés
à la population, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme
Guillemette : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau :
Contre.
Le Président (M. Provençal)
: Pour la mise aux voix du programme 3, intitulé Office des
personnes handicapées du Québec, Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme
Guillemette : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau :
Contre.
Le Président (M.
Provençal)
: Pour la mise aux voix du
programme 4, intitulé Régie de l'assurance maladie du Québec, Mme la
secrétaire.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme
Guillemette : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau :
Contre.
Adoption de l'ensemble des
crédits
Le Président (M. Provençal)
: Finalement, je procède à la mise aux voix de l'ensemble des crédits
budgétaires du portefeuille Santé et Services sociaux pour l'exercice
financier 2021‑2022. Mme la secrétaire.
La Secrétaire :
Pour les membres du groupe parlementaire formant le gouvernement,
Mme Guillemette (Roberval)?
Mme
Guillemette : Pour.
La Secrétaire :
Pour les membres de l'opposition officielle, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee)?
M. Birnbaum :
Contre.
La Secrétaire :
M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Contre.
Documents déposés
Le Président (M. Provençal)
: En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition pour l'ensemble du portefeuille. Et,
deuxièmement, je confirme le dépôt du document transmis par le député des
Îles-de-la-Madeleine.
Compte tenu de l'heure, la commission, ayant
accompli son mandat, ajourne ses travaux sine die. Je tiens à vous
remercier pour votre contribution et votre collaboration à nos travaux. Merci
beaucoup.
(Fin de la séance à 15 h 33)