Journal des débats de la Commission des relations avec les citoyens
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Le
jeudi 5 mai 2022
-
Vol. 46 N° 35
Étude des crédits budgétaires du ministère de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, volet Immigration, francisation, diversité et inclusion
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11 h (version non révisée)
(Onze heures trente minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance à la
Commission des relations avec les citoyens ouverte. La commission est réunie
afin de procéder à l'étude du volet Immigration, francisation, diversité et
inclusion des crédits budgétaires du portefeuille immigration, francisation et
intégration pour l'exercice financier 2022-2023. M. le secrétaire, il y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente : madame Blais, Abitibi-Ouest, est remplacée par madame Boutin,
Jean-Talon; madame Lachance, Bellechasse, est remplacée par madame Jeannotte,
Labelle; madame Picard, Soulanges, est remplacée par Monsieur Caron, Portneuf;
monsieur Poulin, Beauce-Sud, est remplacé par madame Lavallée, Repentigny;
Monsieur Birnbaum, D'Arcy-McGee, est remplacé par Monsieur Benjamin, Viau; et
madame Labrie, Sherbrooke est remplacée par Monsieur Fontecilla,
Laurier-Dorion.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Pour l'étude de ce volet, nous allons procéder ce matin à une discussion d'ordre
général par blocs d'environ 20 minutes pour permettre à chaque groupe d'écouler
graduellement son temps de parole. Le temps d'échange inclut les questions et
les réponses. La mise aux voix de ces crédits sera effectuée à la fin du temps
qui leur est alloué à 16 heures. Je suis maintenant prête à reconnaître
une première intervention de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Je vous rappelle que la longueur des réponses doit être proportionnelle à la
longueur du préambule, Commentaire et des questions. M. le député de
Laval-des-Rapides, la période de... le Premier échange, c'est à vous, allez-y.
M. Polo : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Juste pour ma gouverne, peut-être vous venez de le
dire, c'est des blocs de combien de...
La Présidente (Mme D'Amours) : Environ
20 minutes.
M. Polo : Environ 20 minutes.
La Présidente (Mme D'Amours) : là,
vous, vous avez seize minutes, pardon.
M. Polo : Voilà. O.K., c'est
ça, exact, O.K., parfait, merci beaucoup. M. le ministre - je suis tellement
habitué de le voir de l'autre côté - chers collègues, chers collègues des
oppositions, Mme la Présidente, merci beaucoup. M. le ministre, écoutez, ma première
intervention a lieu... est en lien avec les délais. Comme vous le savez, c'est
un sujet qui a fait beaucoup de manchettes, là, depuis les dernières années et
qui vous interpelle, mais qui interpelle également votre collègue responsable
des Relations intergouvernementales, entre autres, qui a d'ailleurs affirmé
que, dans votre cas à vous, votre gouvernement, vous accordez les certificats
de sélection du Québec en moins de deux mois et que - je paraphrase encore, là,
je mets ça entre guillemets - après ça, si ça bloque, c'est au fédéral que ça
se passe, et elle l'a mentionné récemment. Et je pense que vous avez porté ou
partagé des propos similaires en ce sens-là auprès de certains médias.
Commençons par une question plus large :
Considérez-vous les délais actuels comme raisonnables quand vient le temps d'émettre
des certificats du Québec?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui, les
délais pour émettre les certificats... D'abord, Salutations à Mme la Présidente,
les collègues gouvernementaux, les collègues...
11 h 30 (version non révisée)
17
899
M. Boulet : ...des
partis d'opposition. Les délais sont déraisonnables en ce qui concerne l'admission,
mais pour l'émission des certificats de sélection du Québec, en vertu du
programme d'expérience québécoise, le délai moyen est de 47 jours, et en
vertu du programme régulier des travailleurs qualifiés, le délai moyen est de
18 jours. Et c'est les deux programmes québécois où on émet des
certificats de sélection du Québec qui donnent accès à la résidence permanente,
qui requiert l'admission de la part d'Ottawa, et c'est là que les délais sont
inacceptables. Mais à votre question, les délais québécois, on s'assure que les
délais soient les plus acceptables possible et diligents.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : En
quoi, à ce moment-là, M. le ministre, l'embauche de 45 personnes de plus à
la direction qui octroie les certificats est justifiable ou nécessaire, ou de
quelle façon vous expliquez l'ajout de ces 45 nouvelles personnes compte
tenu que, selon vous, vos délais étaient et restent raisonnables?
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
17
899
M. Boulet : La
réponse est simple. On émet aussi ce qu'on appelle des certificats d'acceptation
du Québec en vertu du programme des travailleurs étrangers temporaires. Vous
connaissez les assouplissements que nous avons convenus avec Ottawa, ce qui a
provoqué une augmentation importante du nombre de travailleurs étrangers
temporaires. Et donc cette immigration temporaire là requiert plus de
ressources et c'est la raison pour laquelle il y a des nouvelles personnes qui
vont nous aider à accélérer les délais.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Merci.
Les délais... Donc, les délais pour obtenir la résidence permanente, M. le
ministre, étaient, une fois le certificat de sélection du Québec accordé, sont
passés de six mois, en 2017-2018, à 27 mois aujourd'hui, alors qu'ils sont
encore de six mois dans le reste du pays. Comment vous expliquez ça et
pourquoi?
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Les
délais pour l'admission à Ottawa, c'est 31 mois, en moyenne, tant suite à
des certificats de sélection du Québec, PEQ, programme régulier des
travailleurs qualifiés, et c'est ce délai-là qui... et dans le reste du Canada,
c'est 27 mois. Donc, ce n'est pas... il n'y a pas tant d'écart que ça,
mais les délais d'admission à Ottawa sont inacceptables partout à travers le
pays.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Non,
non, on s'entend qu'ils sont inacceptables, mais comment vous expliquez ça?
17
899
M. Boulet : Bon,
j'ai des rencontres épisodiques avec mon homologue à Ottawa, M. Fraser.
Évidemment, ils ont le volume de demandes. Durant la pandémie, il y a eu un
arrêt des traitements des demandes de résidence permanente, ce qui fait qu'ils
ont pris énormément de retard. Ils ont, cependant, au mois de janvier cette année,
investi 85 millions de dollars. Ils ont embauché, me disent-ils, 500 ressources
additionnelles, et on sent non seulement une volonté, mais une réalité d'accélération
des délais d'admission des résidences permanentes.
15
399
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Comment,
à ce moment-là, M. le ministre, comment vous expliquez, là, le lien et les
faits entre l'émission des certificats de sélection, les délais d'obtention de
la résidence permanente et le plafond des seuils d'immigration qui, notamment,
ont baissé au cours des dernières années? Et quel impact cela a, justement,
dans les délais et surtout la lenteur d'obtention de la résidence?
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Bon,
je pense que, pour la lenteur à Ottawa, je viens de vous donner la raison. Ceci
dit, souvenez-vous, on a fait une planification pluriannuelle qui relève du
Québec et on a établi des seuils qui sont passés d'à peu près 40 000 à, pour cette année,
49 500, 52 500. Ça, c'est
de la responsabilité du Québec et les seuils n'ont pas été atteints, notamment
pour l'année 2020. Nos seuils étaient à 44 000. Il y a eu à peu près
26 000 admissions à Ottawa, ce qui a créé un rééquilibrage nécessaire de
18 000 admissions. Et c'est la raison pour laquelle, au début d'année, on
reconfirmait qu'en vertu de notre planification...
M. Boulet : ...pluriannuelle,
donc sur trois ans. Nos seuils n'étaient pas atteints, donc, nos seuils à
52 500. Plus un rééquilibrage de 18 000. Et Ottawa a récupéré, à ce
jour, à peu près 2 500 de ces 18 000 là. Et donc je réitère que les
seuils ont toujours été respectueux de notre capacité d'accueil et
d'intégration, mais il y a une problématique à Ottawa qui fait que nos seuils
ne sont même pas respectés.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Bien,
qu'arrive-t-il, M. le ministre, quand vous émettez plus de certificats de
sélection que de dossiers qui sont traités par Ottawa au niveau de la résidence
permanente?
M. Boulet : Bien, les
certificats de sélection, vous le savez, comment ça fonctionne. Il y a les
conditions qui permettent aux personnes d'obtenir ce certificat-là. Quand les
personnes... Par exemple, le PEQ, le programme d'expériences québécois, il y a
des étudiants internationaux, il y a des travailleurs étrangers temporaires,
et, quand les personnes respectent les conditions, on émet le certificat de
sélection dans le délai que je vous ai donné un peu plus tôt. Puis la même
chose pour le programme régulier des travailleurs qualifiés. Ça fait que c'est
sûr que ça crée des inventaires d'admission à Ottawa, puis c'est ce retard-là
qui, éventuellement, sera récupéré par Ottawa.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Polo : Parfait. Mais
qu'arrive-t-il quand vous émettez plus de certificats de sélection que le total
des seuils d'immigration?
• (11 h 40) •
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Nous, on est
prêts à... quand on sélectionne les personnes, on est prêts, on les accueille.
Beaucoup sont déjà sur le territoire du Québec, travaillent, parlent le
français, répondent aux conditions. Le reste, nos seuils d'admission, c'est
établi par Québec suite à des consultations qui ont donné lieu à une
planification pluriannuelle, et les seuils d'admission ne sont pas rencontrés à
ce jour. Puis je rappellerai que le seuil actuel est l'équivalent de ce qui
existait avant notre arrivée au pouvoir. Mais ce seuil-là est tout à fait
respectueux de notre capacité actuelle.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : O.K. Mais vous
savez qu'Ottawa ne peut accorder plus de résidences permanentes que le plafond
des seuils que vous déterminez.
M. Boulet : Mais là-dessus,
comme je vous ai mentionné, ça crée des inventaires. Si je prends l'exemple des
travailleurs qualifiés, au 3 février, cette année, il y a un inventaire de
48 100. Puis, si je ne m'abuse, il y en a à peu près la moitié qui sont
déjà chez nous, au Québec, qui travaillent, qui parlent le français et qui
attendent après leur admission dans le délai de 31 mois moyen dont je vous
ai parlé tout à l'heure. Donc, nous, les seuils, on est en mesure de s'assurer
de bien les respecter. Puis il y en a aussi de ces travailleurs qualifiés là
qui sont à l'extérieur. Mais, sur les 48 000, il y en a déjà que nous
priorisons, qui répondent à nos besoins en contexte de pénurie de
main-d'oeuvre, concrets, dans des secteurs névralgiques au Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : O.K. M. le
ministre, vous dites... Je veux revenir sur la question des délais d'obtention
de la résidence permanente. Le fédéral, il indique que la catégorie... dans la
catégorie de l'expérience canadienne, en moyenne, la résidence permanente est
obtenue en moyenne en neuf mois. C'est ce qu'ils indiquent.
M. Boulet : En moyenne en?
M. Polo : Neuf mois. C'est ce
qui est indiqué dans une de leurs publications, O.K.? Et vous, vous nous
partagez un chiffre de 27 mois qui correspond au programme d'Entrée
express, qui s'applique surtout à des personnes qui ne sont pas encore sur le
territoire.
M. Boulet : Dans la catégorie
de l'expérience canadienne, collègue, moi, j'ai huit mois, puis les programmes
des candidats des provinces, 22 à 28 mois. Ça fait qu'il faut comparer des
choses qui sont, par ailleurs, comparables, là. Le programme d'expérience
canadienne n'est pas le même que le programme d'expérience québécois, et il y a
des programmes provinciaux aussi pour les candidats de ces provinces-là. Ça
fait que c'est lent, le processus d'immigration.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Polo : La décision de...
15
407
M. Polo : ...seuil...
17
899
M. Boulet : Oui.
15
407
M. Polo : ...n'a
aucun impact sur la capacité d'Ottawa à traiter puis à émettre le nombre de
résidences permanentes ?
17
899
M. Boulet : Je ne
comprends pas. On ne fait pas de sursélection.
15
407
M. Polo : 2019-2020,
M. le ministre. Je vais préciser. 2019-2020, le Québec a émis 8 000 CSQ de plus que ses
propres prévisions. O.K.
17
899
M. Boulet : Non,
mais je le répète, Ottawa n'a pas...
15
407
M. Polo : ...Mme
la Présidente.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...veuillez laisser le député terminer.
15
407
M. Polo : O.K. Et
où se trouvent les dossiers de ces 16 000 personnes, dont 8 000 CSQ par
année par année ? Où se trouvent
les dossiers de ces 16 000 personnes à Ottawa dans la... justement dans
l'accumulation des dossiers à traiter l'an prochain ? Qu'arrive-t-il si le gouvernement du Québec
décide de réduire ses seuils d'immigration de 20%, comme votre gouvernement l'a
fait en 2019, mais que les immigrants sélectionnés par le Québec, déjà dans le
système sont plus nombreux, sont plus nombreux puisqu'admis par le Québec avant
la réduction des seuils ?
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899
M. Boulet : Comme
je vous ai mentionné, nos seuils ne sont pas atteints, ni en 2020. En 2021, ils
ont été atteints, mais il n'y a pas eu de sursélection. Puis le 1ᵉʳ janvier
2018, je vous rappellerai collègue, qu'il y avait un inventaire à Ottawa de 100 000, le 1ᵉʳ janvier 2018.
Et là, dans chaque catégorie, je vous ai parlé des travailleurs qualifiés tout
à l'heure, où il y avait un inventaire de 48 000. Si vous le souhaitez, je
peux, catégorie par catégorie, vous informer de l'inventaire qui est accumulé à
Ottawa. Je pense que le total pour toutes les catégories, c'est à peu près
138 000, là, si je ne m'abuse, 134 800. Donc, c'est le phénomène qui existe
actuellement au Canada.
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399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Mme la
Présidente, je demanderais si c'est possible pour le ministre de déposer, là,
le document auquel il fait référence. Donc, ça va nous aider à...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre, est-ce que c'est possible de déposer le
document que vous parlez ?
17
899
M. Boulet : Oui.
Le document s'intitule l'État des inventaires, nombre de personnes, des
demandes de résidence permanente auprès d'IRCC pour certaines catégories
d'immigration à destination du Québec, en traitement ou à l'admission. Et là,
comme je vous ai mentionné, on vous le fournira pour le 3 février 2022,
mais vous allez voir, même pour les années antérieures, vous allez constater
l'inventaire de 134 800, qui se décline par catégorie d'immigrant. Oui, bien
sûr.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Est-ce que le dépôt, ça sera un dépôt pour le public ou
seulement pour les collègues pour info ?
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899
M. Boulet : Bien,
pour les collègues, là.
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399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Merci.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...donc, s'il vous plaît.
15
407
M. Polo : Je vais
le garder, Mme la Présidente. Je vais le garder pour mon prochain bloc, si
c'est possible à ce moment-là...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait.
15
407
M. Polo : ...de
90 secondes, plutôt que de couper...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Parfait. Donc, je suis maintenant prête à entendre le
député Laurier-Dorion pour une séquence de 12 minutes et neuf secondes. M.
le député.
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953
M. Fontecilla : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre.
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899
M. Boulet : Oui,
bonjour.
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953
M. Fontecilla : Chers
collègues. Je vous salue également le personnel du MIFI. Et j'aimerais
commencer, M. le ministre, concernant un thème névralgique au Québec, là, les
seuils d'immigration, là. Et est-ce qu'il n'y aurait pas dû y avoir des
consultations publiques concernant le seuil d'immigration en 2022, cette année ? Est-ce que c'est le cas ?
17
899
M. Boulet : Alors,
il y a eu des consultations précédant la planification pluriannuelle en 2019.
Et à la prochaine planification pluriannuelle, il y aura des consultations de
même nature. Quand aura-t-elle lieu ?
Vraisemblablement... Évidemment, on est dans une année électorale, là, mais dans
les meilleurs délais suivant l'élection, il y aura une planification
pluriannuelle qui va permettre de faire les consultations que vous souhaitez.
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399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Oui, M. le député.
17
953
M. Fontecilla : Donc,
il y aura, étant donné les délais et les temps qu'il nous reste pour siéger, il
n'y aura pas de consultation d'ici le mois de juin, là, si je comprends bien.
17
899
M. Boulet : Non.
17
953
M. Fontecilla : Et
ça va aller en, bien, le restant de l'année, il y a le processus électoral, la
mise en place d'un nouveau gouvernement, etc. Est-ce que vous croyez possible
d'avoir des consultations au début de l'année 2023 ?
17
899
M. Boulet : Oui,
certainement au début, dans les premiers mois de l'année 2023, il y aura ce
type de consultation.
17
953
M. Fontecilla : Très
bien. Et j'aimerais aborder le thème de... et le thème de l'immigration
temporaire. Si je vois le tableau publié par le ministère de l'Immigration...
M. Fontecilla : ...si l'on
voit un peu aussi l'ensemble des déclarations publiques, là, concernant
l'insistance pour faire rentrer des travailleurs et travailleuses de
l'étranger, à titre temporaire, on a l'impression qu'il y a une forte inflation
du nombre des travailleurs étrangers, là. Est-ce que vous êtes en mesure de
nous dire pour l'année 2021, par exemple, l'année dernière, et les
projections pour cette année, combien de travailleurs étrangers vous allez
admettre au Québec?
M. Boulet : Dans
l'année 2021, je crois que c'est à peu près 30 000 travailleurs étrangers
temporaires. C'est certain que dans le contexte de pénurie de main-d'œuvre,
vous savez que l'immigration temporaire, c'est certainement une avenue
intéressante. Et on a convenu avec Ottawa, le 4 août dernier, de mesures d'assouplissement
qui font en sorte qu'il y en a plus qu'avant. Mais c'est important pour moi de
dire que j'ai travaillé avec un consensus québécois à la Commission des
partenaires du marché du travail pour négocier ces assouplissements-là avec
Ottawa. En même temps, je trouve que pour la gestion du programme des
travailleurs étrangers temporaires, il y a beaucoup trop d'étapes. Il y a
beaucoup trop, selon moi, d'inefficacité. Mais le consensus québécois nous a
donné un pouvoir de négociation avec Ottawa pour nous permettre de rajouter des
métiers occupation dans ce qu'on appelle le traitement simplifié. Je pourrais
vous en parler longtemps, si vous me permettez, à votre prochaine question, de
continuer ma réponse. Mais oui, il y en a de plus en plus, puis on le fait avec
l'accord des patrons puis des syndicats.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Fontecilla : Évidemment,
le Québec a besoin de main-d'œuvre et ça se voit sur l'ensemble du territoire.
Écoutez, donc, vous nous dites 30 000 travailleurs étrangers pour
l'année 2021 et je vois les certificats de sélection du Québec CSQ pour
l'année 2021, on est rendus à 59 750. Donc, pour... ces 30 000
travailleurs étrangers temporaires viennent s'ajouter à l'immigration
permanente. Expliquez-nous, là.
M. Boulet : Non. Non. Bon,
l'immigration temporaire, il n'y a pas que le programme des travailleurs
étrangers temporaires, il y a ce qu'on appelle un programme de mobilité
internationale où il y en a à peu près 43 000 qui sont passés par ce
corridor-là. Mais là, c'est l'immigration temporaire. Ils ne veulent pas tous
rester de manière permanente au Québec. Donc quand ils empruntent un corridor
temporaire, ils ne sont pas contraints d'emprunter un des corridors permanents.
Mais quand ils décident d'emprunter un des corridors permanents et qu'ils
respectent les conditions de sélection, en termes d'années d'expérience, en
termes de connaissance du français, ils passent par ce qu'on appelle le
corridor pour accéder à l'immigration permanente, puis il y en a deux, c'est le
programme d'expérience québécoise, puis le programme régulier des travailleurs
qualifiés. Donc, c'est... il n'y a pas nécessairement une adéquation entre le
nombre d'immigrants qui sont ici temporairement et ceux qui veulent accéder à
la permanence.
M. Fontecilla : Mais je
veux... plus particulièrement, là, est ce que l'immigration temporaire s'ajoute
à l'immigration selon les programmes d'immigration permanente, ou une partie,
là? Est-ce que vous êtes en mesure de nous dire combien de travailleurs
temporaires vont rester définitivement au Québec, là, dans les années passées,
là, et combien s'en vont?
M. Boulet : Bien, vous avez
les chiffres lors de demande pour le programme d'expérience québécoise puis le
programme des travailleurs qualifiés. Mais dans le programme des travailleurs
étrangers temporaires, je vais vous... tu sais, sur les 30 000, il y en a
20 000 qui sont dans le secteur agricole, donc qui viennent pour une période
de temps, pour une saison et qui reviennent l'année suivante ou qui ne
reviennent pas, là. Donc, il y a beaucoup de mouvance et il n'y en a pas tant
du côté agricole, à mon avis, c'est une minorité qui veulent rester ici au
Québec de façon permanente. Et sur les autres qui... le nombre va en
augmentation dans le secteur manufacturier, commerce de détail, hébergement,
puis tous les autres secteurs d'activité économique au Québec. Ça, on va le
voir au fil du temps.
Mais c'est important de distinguer. Québec
sélectionne, Ottawa admet. Québec s'occupe d'accueil et d'intégration, Ottawa
admet. Puis il y a l'immigration temporaire, puis il y a l'immigration
permanente. Les temporaires, ils sont ici, comme le mot le dit, pour une
période de temps, puis les permanents, c'est ceux qui veulent accéder à la
résidence permanente et obtenir tous les droits...
M. Boulet : ...qui découle de
ce statut-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Boulet : Ce n'est jamais
des calculs, un plus un temporaire égale deux permanents, là, ce n'est vraiment
un pas... Il y a une réalité humaine beaucoup plus complexe.
M. Fontecilla : Votre
prédécesseur à l'Immigration a effectué une réforme du Programme d'expérience
québécoise qui fait en sorte que, selon les qualifications, il y a des
immigrants... travailleurs temporaires qui ne peuvent pas avoir accès à une
résidence permanente. Les travailleurs les moins qualifiés, C et D. Est-ce que
vous êtes en mesure de nous dire combien de travailleurs étrangers temporaires
correspondent aux catégories C et D?
M. Boulet : Ah mon Dieu! Je
ne le sais pas, combien il y en a dans le C et le D. On n'a pas la réponse, on
va le vérifier, puis je pourrai vous la donner de façon plus précise.
M. Fontecilla : Vous avez dit
tantôt que les travailleurs agricoles temporaires, la plupart, vous dites, ne
veulent pas rester au Québec, mais selon les informations qu'on a, là, ces
personnes-là n'ont pas le droit de postuler à un programme de résidence
permanente au Québec. Ils doivent partir à la fin de leur contrat, ce qui est
cohérent avec la réforme qui a été faite du programme PEQ, là, où les
travailleurs les moins qualifiés sont exclus de la résidence permanente.
M. Boulet : Il n'y a personne
qui est exclu. Il y a des conditions de sélection, puis la réforme qui a été
complétée par mon collègue, à l'époque à l'Immigration, ça ne découle pas du
type de programme, que ce soit le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, que tu sois agricole ou non, que tu sois un étudiant
international. Si tu respectes le nombre d'années d'expérience professionnelle,
qui dépend de ton statut... Pour un étudiant, ça dépend de ton diplôme, et pour
les travailleurs étrangers temporaires, il faut que tu aies deux ans
d'expérience professionnelle. Que tu connaisses le français à un niveau sept,
et tu es admissible, là, il n'y a pas de barrière pour une personne parce
qu'elle provient d'un secteur plutôt qu'un autre.
M. Fontecilla : Vous m'ouvrez
la porte à une question sur la francisation pour les travailleurs étrangers
temporaires. Donc, on leur demande, entre autres, parmi d'autres critères, une
connaissance du français du niveau sept. Or, la plupart de ces travailleurs
étrangers temporaires ont très peu la possibilité d'acquérir une connaissance
du français ici, par exemple, les travailleurs agricoles, qui travaillent
souvent six jours par semaine, voire sept, ou d'autres, des gens qui s'en vont
dans des régions plus éloignées, etc. Est-ce que vous n'êtes pas en train de
faire en sorte que les gens qui voudraient rester ici, au Québec, en tant que
travailleurs étrangers temporaires, ne pourront jamais acquérir, par exemple,
des compétences linguistiques pour pouvoir y postuler?
M. Boulet : Non. Absolument
pas. Les immigrants temporaires n'ont pas à répondre, contrairement à une de
vos prémisses, selon le niveau sept. Ils ont la période de temps de travail au
Québec pour apprendre le français. Et on a augmenté considérablement nos investissements
pour les services de francisation, les allocations de participation à temps
plein et à temps partiel.
Et la personne qui est d'ici deux ans
trois ans, quatre, an, elle a le temps d'apprendre le français et elle a le
temps d'apprendre au point de se rendre au niveau sept et de présenter une
demande pour obtenir un certificat de sélection du Québec en vertu, dans le cas
présent, vraisemblablement, du Programme d'expérience québécoise. Donc, elle a
le temps. Elle n'a pas, cette personne-là qui fait partie de l'immigration
temporaire, à répondre à un niveau de connaissance du français.
M. Fontecilla : Je reviens à
mon sujet principal. Il y en a plusieurs, personnes qui sont reliées au domaine
de l'immigration, qui ont l'impression très forte que vous dépassez, le MIFI
dépasse les quotas par l'immigration temporaire. Donc, ce qui n'est pas admis
dans l'immigration régulière, c'est admis... par la porte principale, disons,
c'est admis par la fenêtre, disons, des travailleurs étrangers temporaires.
Est-ce que c'est le cas?
M. Boulet : Moi, je ne suis
pas d'accord. Je pense que c'est un processus bilatéral. C'est deux systèmes
qui font partie d'un tout, où on permet à des personnes de venir au Québec pour
une période de temps limitée ou pour une période de temps plus longue. Mais
quand les besoins sont rencontrés et qu'il y a une volonté de la part de
l'immigrant, il faut respecter la volonté de cette personne immigrante là. Si
elle décide d'accrocher son chapeau au Québec, elle fait une demande pour
devenir un immigrant permanent. Puis je pense que c'est...
M. Boulet : ...comme ça
qu'il faut procéder, puis c'est la meilleure façon de répondre à nos besoins
humains, sociaux et économiques.
La Présidente (Mme D'Amours) : ...il
vous reste 20 secondes, M. le député.
M. Fontecilla : Qu'en
est-il de la... on va l'appeler comme ça, la productivité du programme Arrima,
là, qui avait justifié, entre autres, la réforme du programme PEQ, trop de gens
qui rentraient par le programme PEQ, et ça diminuait les rentrées par le
programme Arrima, là. Qu'en est-il?
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
n'ai plus de temps pour ce bloc, M. le ministre. Donc, si la partie
gouvernementale veut céder quelques minutes pour que le ministre puisse
répondre... Est-ce que j'ai le... oui? Allez-y, M le ministre, sur le temps du
gouvernement, pour répondre à la dernière question.
M. Boulet : Comment le
système Arrima fonctionne? En fait, c'est important de mentionner qu'on a
modernisé le système d'immigration avec Arrima, plus un portail employeurs.
Puis Arrima, comme mon collègue le mentionnait souvent, de Borduas, c'est pour
permettre de connecter les personnes avec les entreprises en fonction des
besoins concrets de notre marché de l'emploi en contexte de pénurie de
main-d'oeuvre. Évidemment, avec la forte popularité du PEQ, Le PRTQ a eu moins
d'emphase, a pris moins de place.
Puis le système Arrima, c'est pour
l'émission des certificats de sélection du Québec. Une personne déclare un
intérêt, nous invitons puis, après ça, on fait l'arrimage, et ça aboutit à
l'émission d'un certificat de sélection du Québec, mais en vertu du Programme
régulier des travailleurs qualifiés. Merci, Mme la Présidente.
• (12 heures) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je suis maintenant prête à entendre à nouveau l'opposition officielle pour 16
min 55 s. Donc, la parole est au député de Viau. M. le député.
M. Benjamin : Merci.
Merci, Mme la Présidente. Merci à mon collègue, le député de... de m'avoir
invité à partager ce temps avec lui, donc, pour cette période de questions. M.
le ministre, je suis très content à nouveau de vous rencontrer dans notre
dossier.
M. Boulet : Bien oui...
fort agréable.
M. Benjamin : Je vais
commencer par vous soumettre un dossier, donc, vous êtes, je crois, le ministre
le plus apte à pouvoir y répondre, espérons-le, positivement. Il y a quelques
jours, mon collègue le député de Laval-des-Rapides et moi avions rencontré une
entreprise en économie sociale d'aide à domicile, Novaide, une entreprise de ma
circonscription, et nous avions aussi rencontré, lors de cette agréable
réunion, le Regroupement, justement, des entreprises d'aide en économie sociale
à domicile. Vous conviendrez avec moi, M. le Ministre, que c'est un secteur
névralgique. C'est une entreprise d'économie sociale qui travaille au maintien
à domicile de personnes aînées, de personnes en perte d'autonomie, un secteur
névralgique lorsqu'on entend tous les discours des élus de l'Assemblée
nationale, du gouvernement sur cet enjeu-là.
Vous savez, dans le cas seulement de
Novaide, donc, de la seule entreprise qui est dans ma circonscription, ils ont
une quinzaine de personnes qui sont à leur emploi depuis au moins trois à quatre
ans. Ce sont des personnes formées. Ce sont des personnes compétentes qui ont à
la fois le savoir-faire et le savoir-être nécessaires pour occuper ce type
d'emploi. Sauf que ces personnes-là, cette quinzaine de personnes ont une épée
de Damoclès sur leurs têtes par rapport à la régularisation de leur statut.
Quand on sait, M. le ministre, l'enjeu de
la pénurie de main-d'oeuvre et combien que c'est important d'avoir des
personnes compétentes et qualifiées pour venir en aide à nos aînés, qu'est-ce
que vous avez à répondre à Novaide d'aujourd'hui sur cet enjeu-là?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Merci au
collègue de Viau. Effectivement, c'est toujours agréable de se côtoyer, entre
autres, en étude de crédit, là. Mais donc, évidemment, je reconnais
l'importance de l'économie sociale au Québec, puis, évidemment, les services
d'aide à domicile sont fondamentaux. Et les employés... Bon, vous parlez d'une
quinzaine d'employés, c'est important d'assurer un accompagnement personnalisé
aux personnes. Puis on a mis en place des services dans les régions du Québec.
On a régionalisé le MIFI beaucoup dans les dernières années. On a neuf
directions régionales, on a 74 points de service, on a des agents d'aide à
l'intégration, des conseillers en immigration, des conseillers en
reconnaissance des compétences. Et je suggérerais certainement à l'organisme
qui est dans votre comté, auquel vous faites référence, de communiquer avec une
direction régionale puis qu'on ait les faits spécifiques pour permettre de bien
informer puis éventuellement d'accompagner les personnes. Je ne sais pas...
12 h (version non révisée)
17
899
M. Boulet : ...quel
stade ils sont dans notre cheminement d'immigration québécois canadien. Et en
donnant l'information, ça vous permettrait que l'accompagnement soit beaucoup
plus spécifique. Puis Accompagnement Québec, programme d'accompagnement et de
soutien à l'intégration, nous a permis, par l'augmentation des subventions puis
par des ressources humaines régionales, de répondre à ce type de demandes là
auxquelles vous faites référence. Et bien sûr, à Montréal, on est aussi
présent, et vous pouvez faire la demande pertinente, collègue.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député de Viau.
17
909
M. Benjamin : Merci,
Mme la Présidente. Je rappelle que c'est cette entreprise, qui est nouvelle,
dessert quelque 2 000...
à peu plus de 2 000 personnes
qui sont desservies par cette entreprise. Et sur les 70 employés qui y
travaillent, il y a une quinzaine, M. le ministre, ça fait trois, quatre ans,
qui possèdent une compétence. Et moi, ce que je... ce que je vous demande
aujourd'hui, au-delà du circuit... au-delà du circuit, donc, direction
régionale, c'est de dire qu'il y a un enjeu de pénurie de main-d'œuvre, il y a
un enjeu de s'assurer que nos aînés, en particulier, puissent avoir les bonnes
personnes, les personnes compétentes, donc, pour bien les servir. Et ces
personnes-là le font déjà. Et ils le font depuis trois à quatre ans. Donc, et
je vous le dis, c'est un lourd stress, c'est une épée de Damoclès quotidienne
sur la tête de ces personnes-là. Et vous êtes la personne, M. le ministre, vous
êtes la personne qui pourrait... qui pourrait éventuellement faire quelque
chose. Qu'est-ce que vous pouvez leur dire à ces personnes-là, aujourd'hui ?
17
899
M. Boulet : Bien,
certainement que... Bon, je présume que c'est des personnes qui ont un statut
temporaire. Je rappelle qu'on les traite équitablement. On a adopté un
règlement le 1ᵉʳ janvier 2020 pour s'assurer de bien faire comprendre à
ces personnes-là qu'ils bénéficient des mêmes droits puis des mêmes obligations
que les travailleurs québécois. Donc, quand je fais référence notamment à la
CNESST, c'est en matière d'équité, c'est en matière de normes, en matière de
santé et sécurité du travail. Donc, je fais le message à ces personnes-là qu'elles
ont accès aux conditions de travail, à un environnement de travail sain et
sécuritaire, exempt de tous risques pour leur santé, sécurité, intégrité
physique ou psychique. Et je pense que c'est un message qui est extrêmement
important à envoyer.
Souvent, on a l'impression que c'est un
groupe de travailleurs qui est plus vulnérable. Dans certaines organisations, c'est
ce que j'ai constaté. Ceci dit, la grande majorité des employeurs, puis je
présume que votre groupement en fait partie, très bien, puis, le cas échéant,
il faut faire le message à ces travailleurs/travailleuses, là, qui font un
travail humain extraordinaire, qu'ils ont accès à toutes les ressources qui s'imposent.
Et si vous le souhaitez, moi, je suis prêt à demander à quelqu'un de mon équipe
de communiquer avec votre directeur, le directeur général, demain, pour offrir
un accompagnement qui est vraiment personnalisé à votre organisme. Alors,
collègue de Viau, c'est une offre. Si elle est acceptée, nous y donnerons suite
demain.
17
909
M. Benjamin : Toute
bonne offre est toujours la bienvenue, M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Merci.
17
909
M. Benjamin : À
la deuxième question, vous allez me pardonner, peut-être que c'est une question
qui me rend un peu émotif, M. le ministre, parce que ce sont des personnes que
je côtoie sur une base régulière dans ma circonscription, un peu partout à
Montréal. Ce sont des personnes dont je connais leur trajectoire migratoire. Il
y a un peu plus de deux ans, il y a plusieurs coalitions d'organismes en
matière d'immigration, je pense entre autres à l'APCRI, il y a eu des
universitaires, des intellectuels, des membres de la société québécoise qui se
sont levés pour dire que ces anges gardiens, ces femmes et ces hommes qui nous
aide à passer à travers la pandémie, qu'il fallait les aider. Et une façon de
reconnaître leur contribution, c'était de régulariser leur statut. Le premier
ministre du Québec a décidé alors de créer ce que je qualifie une loterie
première vague, où cette loterie première vague où seulement celles et ceux qui
ont travaillé une centaine d'heures lors de la première vague, avant août 2020,
étaient admissibles. Or, aujourd'hui, nous sommes à la...
M. Benjamin : ...sixième
vague, le bilan d'aujourd'hui, de la journée d'aujourd'hui, de la
pandémie : 18 nouveaux décès, 14 personnes aux soins intensifs.
Sixième vague, nous avons encore ces femmes et ces hommes qui sont dans nos
centres hospitaliers, dans nos CIUSSS, dans nos CHSLD, qui soutiennent, qui
accompagnent, qui soignent. Et aujourd'hui, moi, ce que je vous demande, M. le
ministre, et je sais, et je sais que le Québec, je sais que mon Québec a déjà
été beaucoup plus généreux que ça pour ces femmes et ces hommes, pour ces
femmes et ces hommes qui aident, ces anges gardiens, comme le premier ministre
les a appelés lui-même. Qu'est-ce que vous pouvez faire? Qu'est-ce que le
gouvernement peut décider à faire pour soutenir, pour reconnaître l'apport et
la contribution de ces personnes?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Il y a un
programme spécial pour les demandeurs d'asile qui est entré en vigueur le 14
décembre 2020. C'est important de reconnaître l'effort collectif de ces
personnes-là durant la pandémie. C'est des personnes qui ont donné des soins de
première ligne, qui ont vraiment contribué à ce que les Québécois, Québécoises
devaient faire en période pandémique, c'est-à-dire assurer des soins de santé à
des personnes qui en avaient besoin, particulièrement les personnes aînées. Et
donc, ce programme spécial là a permis d'avoir un accès rapide à l'émission du
certificat de sélection du Québec pour éventuellement obtenir leur résidence
permanente. Et, en date du 31 mars 2022, il y a 3 342 personnes qui
ont obtenu un certificat de sélection du Québec et il y en avait 2 071 qui
avaient obtenu leur résidence permanente. Donc, c'est vraiment un programme
exceptionnel qui démontre l'ouverture du Québec à accueillir ces personnes-là,
encore une fois, qui ont rendu des services d'une immense dignité humaine aux
Québécois et aux Québécoises. C'est un programme exceptionnel dans des
circonstances exceptionnelles et donc le Québec a fait ce qui s'imposait dans
les circonstances.
• (12 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y,
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Alors, ce que
je... Le Québec a fait, vous dites, M. le ministre, ce qu'il fallait, mais,
comme je l'ai précisé dans ma première question, seulement pour les personnes,
donc, qui ont travaillé dans la première vague...
M. Boulet : En première
ligne.
M. Benjamin : ...et qui ont
cumulé une centaine d'heures. Et qu'en est-il, comme je vous l'ai dit, M. le
ministre... Et, vous le savez, il y a eu une deuxième, il y a eu une troisième,
il y a eu une quatrième, il y a eu une cinquième, et nous sommes dans la
sixième vague. Or, toutes ces personnes qui ont travaillé dans les cinq vagues
subséquentes, ces personnes-là se retrouvent exclues.
M. Boulet : Je rappellerai...
Puis, en passant, vous avez fait mention de la TCRI. Je suis allé, dans les
dernières semaines, rencontrer le conseil de cette table qui fait un travail
exceptionnel. Le programme ne s'est pas limité à une vague. Le programme a été
fermé le 31 août 2021. Et, je le répète, c'est un programme qui était le reflet
de l'ouverture du Québec à bien accueillir, s'assurer d'émettre des certificats
de sélection du Québec de manière exceptionnelle, et au-delà de 2 000 de
ces personnes-là ont même obtenu leur résidence permanente, mais 3 342 ont
déjà obtenu le certificat de sélection du Québec. Quand on dit que c'est
exceptionnel, c'est une exception. Ce n'est pas la règle. On ne transformera
pas un programme spécial en un programme régulier. Encore une fois, on
reconnaît leur effort collectif. Il y a un signe important d'appréciation par la
mise en place de ce programme spécial là, puis je pense qu'on peut en être
fiers.
M. Benjamin : Absolument.
Donc, vous avez raison. Et moi, je suis toujours dans cette reconnaissance d'un
programme spécial. Je connais très bien l'histoire des programmes spéciaux en
matière d'immigration au Québec. Donc, que ce soit en 2010, lors du tremblement
de terre, que ce soit dans le cas des Syriens, donc, il y a eu... Je connais
l'histoire des programmes spéciaux. Mais, tout compte fait, M. le ministre, nous
aurons peut-être l'occasion d'y revenir.
Une autre question que j'aimerais vous
poser, M. le ministre, aujourd'hui, il y a des étudiants, des étudiants
étrangers francophones, et je pense entre autres à nos concitoyennes,
concitoyens du Sénégal, du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Cameroun, autant de
citoyens qui vivent un double problème...
M. Benjamin : ...et le double
problème est celui-ci, monsieur le ministre. Il y a, bien sûr, le taux de refus
des étudiants universitaires francophones, par exemple, quand on voit un taux
de refus de 70 %, par rapport à l'Université du Québec à Trois-Rivières,
l'Université du Québec en Outaouais ou l'Université du Québec à Rimouski, mais
il y a cet enjeu-là. Mais ce que nous disent beaucoup de ces étudiants-là, il y
en a actuellement qui sont au Québec, qui sont en train de migrer vers
l'Ontario ou le Nouveau-Brunswick, à cause de la difficulté qu'ils ont comme
étudiants étrangers à avoir... à être reconnus au Québec, être insérés dans la
société québécoise.
Qu'est-ce que vous avez à dire à ces
étudiants universitaires qui ont choisi, qui ont choisi le Québec comme terre
francophone?
M. Boulet : ...leur dire
qu'en ce qui concerne le parcours québécois, on respecte des délais extrêmement
rapides, parce que la personne fait une demande, par exemple, à l'Université du
Québec à Trois-Rivières, elle est admise. Nous, c'est d'émettre un certificat
d'acceptation du Québec, et ça, on le fait dans des délais de quelques jours.
Et après ça, la personne doit obtenir un permis d'études d'Ottawa, ça,
collègue, je l'ai dénoncé, il y a des taux de refus tout à fait intolérables et
inacceptables pour les étudiants internationaux qui proviennent de pays
francophones, et ça, c'est partout au Canada. Je l'ai dénoncé, je mets de la
pression sur Ottawa. J'ai rencontré en personne, à Montréal, récemment, mon
homologue M. Fraser, les explications ne me satisfont pas, c'est incomparable
avec les taux de refus des étudiants internationaux qui proviennent de pays
anglophones.
Donc, je suis en train de m'assurer de
bien identifier les causes et de remédier à ça, c'est 69 % de taux de
refus à l'UQTR; en Outaouais, 73 %; à Rimouski, 71 %.
M. Benjamin : J'ai une
dernière question rapidement...
M. Boulet : Oui, bien sûr.
Excusez-moi.
M. Benjamin : ...importante
pour moi aussi, et, je crois, pour vous aussi, parce que la question de la
pénurie de main-d'oeuvre, la qualification des gens, c'est important, l'accès
aux métiers, à la formation professionnelle et aux cégeps pour les enfants des
personnes qui sont en attente de régularisation de leur statut. Dans beaucoup
de cas, monsieur le ministre, ce sont des personnes qui vont rester au Québec.
Nous avons à gagner, comme société, à nous assurer que les enfants de ces
personnes-là puissent avoir accès, puissent avoir accès à une formation
professionnelle et au métier.
Est-ce que vous pouvez, comme ministre de
l'Immigration, comme ministre aussi de l'Emploi et du Travail, vous assurer que
ces enfants-là puissent avoir accès?
M. Boulet : Bien, c'est une
question que je vais examiner, mais je vais me prononcer de nouveau sur le
potentiel des étudiants internationaux, c'est incommensurable pour le Québec.
C'est des personnes qui viennent ici, qui vont dans nos régions francophones,
qui se font souvent des conjoints, conjointes, qui décident de s'établir. Ils
se trouvent une job, ils commencent à travailler, ils demandent la résidence
permanente. Ces étudiants internationaux là, ça m'apparaît crucial que nous
puissions aussi les orienter le plus possible vers les collèges et les
universités dans les régions francophones et s'assurer de les permanentiser, de
les aider à se permanentiser. Ça fait que je crois beaucoup en ce potentiel
humain là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je suis maintenant prête à entendre la troisième opposition. Le
député de Matane-Matapédia pour douze minutes, neuf secondes.
M. Bérubé : Merci, madame la
Présidente, monsieur le ministre, bonjour. Vous savez, pour moi, immigrer au
Québec, c'est un privilège, et c'est une chance également qui permet à des
femmes, des hommes et des enfants d'améliorer leur vie, de participer à
l'aventure québécoise, de se joindre à nous, dans nos hivers comme dans nos étés,
pour vivre une aventure nord-américaine en français. Et le Québec peut être
fier de sa grande tradition d'accueil. Au Parti québécois de Jacques Couture,
en passant par Gérald Godin jusqu'à aujourd'hui, cet enjeu-là a toujours été un
enjeu important et québécois, celui qui habite le territoire du Québec, qui
souhaite participer à cette aventure. Et, à travers le temps, on a accueilli
des gens de partout dans le monde, la diaspora haïtienne, des «boat people»
vietnamiens, des gens de partout dans le monde, des immigrations successives,
qui sont devenus des Québécois à part entière. Mais il y a des exigences aussi,
et le Québec, ce n'est pas le Canada, et je sais que lorsque, dans bien des
cas, on indique...
M. Bérubé : ...futurs
immigrants, qu'ils viennent au Canada, on ne leur dit pas beaucoup ce qu'est le
Québec. Mais le Québec, essentiellement, c'est une société française avec une
seule langue commune. Une société où les hommes et les femmes sont égaux, où il
y a la laïcité des institutions. Ce sont des enjeux qui sont importants. Et
vous avez réalisé, comme ministre, en arrivant en poste, qu'en matière
d'immigration on a de grandes ambitions, qu'elles soient humaines ou en matière
de travail, et que vous ne détenez pas tous les pouvoirs. Alors, pouvez-vous
m'indiquer, parce que vous les réclamez, les pouvoirs qu'il manque au Québec en
matière d'immigration?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
M. Boulet : Merci. C'est une
excellente question, collège de Matane-Matapédia, comme tout le temps. Heureux,
encore une fois d'être avec vous, je vous l'ai mentionné avant l'ouverture de
notre discussion. Les pouvoirs qui manquent, en fait, c'est important pour moi
de redire que l'espèce de compétence partagée ou l'espèce de compétence qui
découle de l'Accord Canada-Québec engendre des délais, engendre une certaine
inefficacité. Et c'est important pour nous autres d'avoir un contrôle accru en
matière d'immigration, particulièrement, bon, le programme des travailleurs
étrangers temporaires. C'est un programme fédéral qui est géré par Ottawa et
Québec. On a les partenaires du marché du travail ici, au Québec, pour
récupérer ce programme-là puis le gérer en fonction de nos besoins qui sont
spécifiques au Québec. Puis vous l'avez mentionné, l'environnement québécois,
il est distinct. Il y a le fait français, il y a la culture, il y a les valeurs
québécoises. Et on est capables, avec nos partenaires, qui sont à la Commission
des partenaires, donc il y a le Programme des travailleurs étrangers
temporaires, il y a la sélection de ceux qui font partie du regroupement
familial. Et moi, je pense qu'en matière de sélection on doit avoir les
pouvoirs qui conviennent à la réponse à nos besoins, qui sont véritablement
spécifiques.
• (12 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, ce que je retiens de l'intervention du ministre, c'est qu'il y a
des délais, il y a une nécessité d'avoir davantage de contrôle. Puis on est
capables. Donc, on serait capables de gérer l'entièreté de l'immigration au
Québec. Je crois avoir bien décelé que c'est ce que le ministre nous indique,
on est capables de gérer l'ensemble de l'immigration au Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, il y a un
accord Canada-Québec qui prévoit... bon, au Québec, on a transféré l'accueil et
l'intégration d'Ottawa à Québec. On a dit : Québec sélectionne, Ottawa
admet. Moi, je pense qu'il faut redéfinir le partage des responsabilités dans
cet accord Canada-Québec là. Et je pense qu'on a les ressources, on a le réseau
partenarial, on a les organismes communautaires, on a les partenaires locaux et
régionaux qui nous permettraient de prendre beaucoup plus d'espace en
immigration.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Bérubé : Il est acquis que
nous sommes capables. Il est souhaitable également, pour le Québec, pour les
objectifs que vous poursuivez et ceux que ma formation politique poursuivent,
que nous soyons le seul maître d'oeuvre. Je veux dire, l'objectif n'est pas
d'améliorer un partage de compétences avec le gouvernement fédéral. Ça
occasionne délais, pertes de contrôle et incapacités. Je reprends presque vos
mots. Alors, considérant tout cela, vous avez été peut-être le ministre le plus
actif pour réclamer des pouvoirs supplémentaires à Ottawa. Je n'ai pas vu ça en
culture, pas vu ça dans d'autres domaines, mais vous l'avez fait. Et je veux
vous en féliciter. Alors, vous avez fait une demande par l'entremise du premier
ministre auprès du gouvernement canadien pour avoir les pouvoirs qu'il nous
manque. Pouvez-vous me rappeler quelle a été la réponse du gouvernement fédéral
à cette demande?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : La réponse a été
négative. Je suis cependant convaincu, puis il y a un article qui le prévoit
clairement dans l'Accord Canada-Québec qu'on peut envoyer un avis de
négociation de six mois. Et il faut amorcer un dialogue avec Ottawa, il faut
redéfinir le contenu de cet accord-là puis il faut s'assurer de récupérer le
maximum de pouvoirs qui vont nous permettre de répondre à nos besoins, de
préserver le poids démographique du Québec et d'assurer la vitalité puis la
pérennité du fait français.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, le ministre l'indique, la réponse a été négative. Je crois que
24 heures a duré cette revendication, c'est presque un record. Si je suggère
au ministre que ces discussions, ces échanges, dans le but d'augmenter le
pouvoir du Québec, existent depuis 1867, et si des avancées significatives
existaient, ça se saurait...
M. Bérubé : ...Je
suggère au ministre que, moi, qui est au cœur du dossier de l'avenir de la
langue française à travers la loi no 96 et à travers mon engagement
politique personnel depuis 25 ans, une de mes principales préoccupations,
c'est que, comme le gouvernement fédéral contrôle une grande partie du jeu et
qu'il en a peu à faire de la vitalité du français, notamment, à travers les
seuils d'immigration, puis on y verra, vous et moi et ceux qui ont à cœur
l'avenir du Québec, nous sommes coincés, nous ne contrôlons pas une donnée
essentielle : nous ne pouvons choisir qui nous invitons au Québec, à
quelles conditions et qui comme nous le souhaiterions. Alors, en conséquence,
on peut bien continuer les échanges, mais dans le régime canadien, lorsqu'on y
fait confiance, lorsqu'on y nourrit des espoirs, ce qui est manifestement le
cas du ministre, mais pas le mien - moi, je n'ai plus d'attente face au
gouvernement canadien, hein, je l'ai exprimé ce matin, je crois que je suis
barré à Buckingham Palace, comme certains sont barrés à Moscou, je n'ai pas
d'attente - alors, si c'est utile, si c'est souhaitable d'avoir tous les
pouvoirs, si on ne les demande et on ne les obtient pas, qu'est-ce qu'il nous
reste, sinon une espérance que vous avez et que je me demande bien comment vous
pouvez l'avoir?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, je
peux quand même référer à des ententes en matière de formation de la
main-d'oeuvre. Depuis notre arrivée au pouvoir, on a fait des ententes :
on a récupéré une entente pour l'intégration des personnes handicapées, on a
récupéré au Québec la Stratégie emploi compétences jeunesse et on a obtenu des
modifications à nos ententes. Pour le Programme des travailleurs étrangers
temporaires...
M. Bérubé : On est loin
du compte.
M. Boulet : ...Je
rappellerai au collègue de Matane-Matapédia, on a quand même négocié des
assouplissements qui répondaient aux besoins du Québec, moi, je crois au
dialogue. Je ne dis pas qu'on est complètement dans une impasse mais je ne me
contenterai pas de oui puis de non. Quand on s'assoit à la table de
négociation, collègue, on fait des Demandes, et si le dialogue, dans notre cas,
tant en formation de main-d'oeuvre que pour l'immigration temporaire, ça a
donné des résultats, ça a donné lieu à des ententes... Puis je crois en la
capacité du Québec d'utiliser son rapport de force avec le consensus
québécois...
M. Bérubé : Ce n'est pas
l'enjeu.
M. Boulet : Bien, c'est... je
dis on n'est pas dans une impasse totale.
M. Bérubé : Ce n'est pas
l'enjeu...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Matane-Matapédia, voulez-vous laisser...
M. Bérubé : Comme on...
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
voulez-vous laisser le ministre terminer?
M. Bérubé : Je crois
qu'il avait terminé.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
a encore du temps en...
M. Boulet : O.K,
peut-être que j'ai mal interprété la question, là, mais moi, je ne me contente
pas de oui et de non.
M. Bérubé : J'avais
compris ça.
M. Boulet : O.K.
M. Bérubé : Comme on dit
en droit, ceci respectueusement soumis, vous comprendrez que des ententes
administratives... Vous comprenez le sens de ce que je veux dire. Il y en a
une, il y a 25 ans, Louise Harel... On fête, là, dans les jours, là... en
matière de main-d'oeuvre. On a négocié, nous, au gouvernement indépendantiste,
les commissions scolaires confessionnelles. C'est la normalité, ce n'est pas
exceptionnel, ce n'est pas une révélation. Mais sur les enjeux qui comptent le
plus, l'argent et l'immigration, l'argent pour la santé, l'argent pour la
main-d'oeuvre, l'argent pour l'éducation, vous le savez, c'est quoi, la
réponse, c'est toujours non, il y a aucun rapport de force, même en temps
électoral.
Pour ce qui est de l'immigration, là où ça
compte, où ça définit un pays, où ça définit le Québec, où ça va contribuer à
affaiblir le fait français parce que c'est la principale cause, si on n'a pas
les ressources pour bien accueillir les jeunes, bien franciser, bien les
intégrer et faire en sorte que le français demeure la langue commune, bien, on
est submergés dans le sens qu'on ne pourra pas y arriver. Et le gouvernement
canadien ne semble pas préoccupé par ça. Moi, j'ai confiance que le
gouvernement du Québec, quelle que soit la formation politique, serait capable
de bien gérer l'immigration. On est capables, je suis de cette école-là en
politique, mais je ne crois pas qu'on va y arriver.
Et c'est une des raisons qui renforce
l'idée que nos parcours politiques sont différents. Moi, je pense qu'on est
capables de gérer tous les pouvoirs et c'est pour ça que je suis
indépendantiste et je le suis toujours. Et je veux bien croire votre espoir -
puis vous êtes une personnalité que j'apprécie beaucoup, toujours positif,
toujours agréable avec ses collègues, c'est reconnu, je le dis devant public -
mais on travaille avec des gens qui en ont peu à faire des besoins du Québec,
de nos dossiers, de notre attitude. Je vous trouve très patient, mais moi, je
n'ai plus cette patience-là. Et pendant ce temps-là, Montréal s'anglicise, le
français va finir par devenir la deuxième langue à Montréal et autour à vitesse
grand V. Et, faute d'avoir un projet de loi costaud comme le promettait,
l'autoproclamait votre ministre de la Langue, je me tourne vers vous, à
l'Immigration, en disant que c'est à vous...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : ...M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Si vous me
permettez, puis le... d'ailleurs, le dernier recensement canadien nous démontre
que 80 % de l'augmentation de la population provient de l'immigration,
collègue. Une personne en emploi sur 10, il y a 10 ans, provenait de
l'immigration, alors que c'est maintenant deux sur 10. Si on veut protéger le
poids démographique du Québec et le fait français, c'est certain que
l'immigration est une clé extrêmement importante. Puis tous les experts
reconnaissent que l'immigration francophone, dans les régions francophones, est
certainement l'avenue que nous devons emprunter et je vous dirais... Je le
partage avec vous, je le vis depuis cinq mois puis ça m'irrite souvent...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : En terminant.
17
899
M. Boulet : ...cette
espèce de dualité de compétences... En terminant. C'est terminé.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup.
M. Bérubé : Je reviendrai, M.
le ministre.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je suis prête à entendre à nouveau le député de
Laval-des-Rapides pour une période de 16 min 55 s. M. le député, à vous la
parole.
• (13 heures) •
15
407
M. Polo : Merci, Mme
la Présidente. M. le ministre, la réforme du PEQ, du Programme expérience
québécoise, est-ce que vous la qualifiez de... Comment la qualifiez-vous, la
réforme du PEQ, quelques années après votre réforme de votre gouvernement?
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Je ne sais
pas à quoi vous référez. Je pense que...
15
407
M. Polo : Bien, en
fait, est-ce qu'elle répond à vos attentes? Est-ce que, quelques années plus
tard, le bilan, l'analyse... Si vous n'avez pas de réponse, c'est correct
aussi.
17
899
M. Boulet : Non, mais
je pense que la réforme s'imposait, répondait à des contraintes que le
programme, dans sa mouture précédente, imposait au Québec, et elle a été faite
après de multiples consultations. Moi, je me souviens d'avoir participé à une
de ces consultations-là avec la Commission des partenaires du marché du
travail. Évidemment, ça ne fait jamais l'unanimité quand on fait une réforme.
Ceci dit, dans la pratique, c'est un programme qui est extrêmement apprécié et
populaire. On le voit par les chiffres de travailleurs étrangers temporaires et
d'étudiants internationaux qui demandent des certificats de sélection
québécois... sélection québécoise par ce programme-là.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Alors, vous
êtes conscient, le fait d'avoir ajouté une année de plus parmi les critères
pour l'octroi du certificat de sélection, entre autres, c'est un des éléments
qui est venu allonger le processus d'obtention de la résidence permanente.
17
899
M. Boulet : Bien,
c'est sûr qu'on va évaluer les retombées par l'écoulement du temps. S'il y a
des adaptations à faire, elles pourront être faites, mais souvenez-vous qu'on
avait la volonté d'utiliser le système Arrima à son plein potentiel pour
répondre à nos besoins de main-d'œuvre dans tous les secteurs d'activité
économique au Québec. Et la popularité du PEQ a empêché le système Arrima
d'atteindre sa pleine efficacité, mais là, on est en train de voir les chiffres
qui montent.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci beaucoup. M. le député.
15
407
M. Polo : Donc, la
réforme ajoute un délai additionnel à travers un critère qui n'existait pas
auparavant, un programme qui fonctionnait déjà très bien, et tout ça a eu des
répercussions à travers les décisions de ce gouvernement sur l'accumulation de
l'inventaire à Ottawa. Un inventaire qui compte plus de 40 000 dossiers en attente
de traitement, O.K.? Ottawa pourrait augmenter considérablement les budgets et
le personnel d'Immigration Canada, ce qu'il vient de faire, d'ailleurs, mais ça
ne changerait rien à la problématique des inventaires. L'inventaire existe
parce qu'il représente un volume de candidats supérieur au volume annuel
d'admissions que le gouvernement du Québec s'est fixé lui-même. Vous ne voyez
pas là une contradiction? Puis, justement, une des conséquences de votre propre
réforme, M. le ministre?
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Absolument
pas. Je vous rappelle que l'intention, c'était d'abord de s'assurer que les
certificats de sélection émis en vertu du programme régulier de travailleurs
qualifiés soient en augmentation parce que le système Arrima, plus il va être
efficace, plus il être utilisé par le biais des déclarations d'intérêts et des
invitations, plus on va être en mesure de répondre aux besoins concrets de
notre marché de l'emploi. Puis je le répète, l'inventaire, au 1er janvier
2018, il y en avait un qui était de près de 100 000,
puis pour les travailleurs qualifiés, il était à 38 500. Il est à 48 100, et
quand on considère...
12 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...l'arrêt
des opérations à Ottawa pendant l'année 2020 en raison de la pandémie et
de la fermeture des frontières, il n'y a pas d'écart qui se justifie autrement
que par le ralentissement fédéral. Là, ça fait que ce n'est pas ce qui était
voulu, puis il y a beaucoup de personnes qui passent par le PEQ encore en vertu
des anciennes conditions de sélection parce qu'il y avait une date butoir où,
avant cette date-là, on avait des droits acquis, donc ça continue selon les
mêmes conditions, là. Ça fait qu'il n'y a pas eu d'impact à cet égard-là. Puis,
comme je l'ai dit tout à l'heure, on va mesurer les retombées.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. M. le député.
M. Polo : Mme la Présidente,
les candidats qui obtiennent des certificats de sélection à travers le
Programme d'expérience québécoise qui sont... étaient intégrés au marché du
travail complètement francophone, intégrés à la société québécoise qui perdent
espoir, vous le connaissez comme moi, Mme la Présidente, là, et sûrement qu'ils
appellent à votre bureau également, comme plusieurs d'entre nous, pour... en
désespoir de voir les délais s'allonger et qui considèrent déménager à l'extérieur
du Québec. Est-ce que c'est ça, la réalisation du discours de ce gouvernement
qui était de dire d'en prendre moins pour en prendre soin?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Non, au
contraire, je pense que la volonté, c'est d'admettre plus de personnes, d'émettre
plus de certificats en vertu du Programme d'expérience québécoise. Et l'inventaire,
il découlait beaucoup, souvenez-vous, collègues, au manque de contrôle du
gouvernement qui nous a précédés sur la façon dont ce programme-là était
administré. Puis la réforme a ajouté une certaine efficacité. Votre point, c'était
quant aux... quant à l'impact des seuils?
M. Polo : ...
M. Boulet : L'inventaire
pour les travailleurs qualifiés, là, les personnes qui sont au Québec, là, et
je le dis, il faut les prioriser. Puis je le mentionne à Ottawa, ces
personnes-là doivent être admises dans les meilleurs délais possibles. Notre
CSQ, 47 jours... puis, après ça, c'est 31 mois. On ne peut pas se
reprocher au Québec de ne pas avoir des délais raisonnables. Si, les personnes
s'en vont, puis il y a des immigrants temporaires qui peuvent s'installer dans
une autre province., puis il y a des immigrants temporaires qui peuvent quitter
le Québec pour l'Ontario pour s'en venir au Québec, tu sais, il y a des
conditions à respecter. Si c'est une étude d'impact sur le marché du travail
puis qu'elle est refaite ailleurs., une personne peut se déplacer d'un
employeur à l'autre ou d'une province à l'autre. Mais non, les travailleurs
qualifiés s'en préoccupent constamment, puis les médias rappellent, rapportent
des cas de personnes qui sont au Québec, qui parlent français, qui sont à
Rimouski, qui sont en cavale dans... puis qui s'en vont parce qu'ils ne sont
pas admis, puis ce n'est pas moi qui ai le pouvoir d'admettre.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Mais, Mme la
Présidente, M. le ministre, vous ne voyez pas une corrélation entre le fait d'émettre
un plus grand nombre de certificats de sélection que les propres limites que
vous vous êtes fixées au niveau des seuils?
M. Boulet : Absolument.
M. Polo : Il y a
clairement... il y a clairement un lien, un goulot d'étranglement entre le fait
d'émettre un plus grand nombre de CSQ versus les propres seuils que vous vous êtes
fixés.
M. Boulet : Non,
absolument pas! Je le répète, en 2020, il n'y a eu que 26 000 admissions
au Canada. Puis en 2021, 50 000 quelques cent, 50 000... mettons 50 500
à peu près. C'est pour ça qu'une partie du rééquilibrage aurait été faite parce
qu'en 2020 notre seuil était à 47 500 au maximum. Donc, non, il n'y en a
pas de goulot d'étranglement. Il y a des inventaires que vous aviez, pour la
grande partie, déjà accumulés quand on est arrivé au pouvoir. Nos seuils n'ont
pas été, à ce jour, une contrainte, mais absolument pas. C'est les délais d'admission
à Ottawa qui sont inacceptables.
M. Polo : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Mme la
Présidente, merci pour ce rappel.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
suis désolée.
M. Boulet : Vous me
faites répéter, hein?
M. Polo : M. le ministre,
je vais revenir, je vais changer un peu de sujet, maintenant sur la capacité d'intégration
du Québec. O.K. Quand je vous ai entendu récemment mentionner votre objectif à
travers des missions de recrutement et de 3 000 candidats destinés à
travers... à travers l'ensemble du Québec, et que...
M. Polo : ...vous répétez,
comme plusieurs de vos collègues, l'importance du français. Et nous sommes tous
des adeptes ici de l'importance du français, de l'adopter, de le chérir et de
l'utiliser au quotidien. Mais j'ai vraiment une question... Quand vous avez
décidé ou vous avez annoncé que vous vous mettiez une emphase particulière sur
des pays francophones, que vous souhaitiez recruter des candidats pour, par la
suite, les référer en région, je vous pose une question. Si demain vous
commencez à vous promener avec une ceinture et des bretelles, est-ce qu'il n'y
a pas une contradiction à ce niveau-là?
17
899
M. Boulet : Absolument
pas, puis je demeure convaincu que la connaissance du français, à l'arrivée, on
peut aussi franciser de l'étranger, est un des atouts que le Québec possède
pour assurer le fait français, sa vitalité et sa pérennité. Et dans les trois
dernières années d'ailleurs, les programmes dont nous contrôlons la sélection,
c'est-à-dire les immigrants économiques, on est passé d'un taux de 55 % à
84 % à l'émission des certificats de sélection du Québec qui déclaraient
connaître le français. Ça fait que la régionalisation puis la connaissance du
français, c'est deux éléments sur lesquels il faut mettre énormément d'accent.
On a créé le programme d'accompagnement puis de soutien à l'intégration, le
programme d'appui aux collectivités. On travaille beaucoup avec les acteurs
locaux régionaux. On a régionalisé les services d'immigration et c'est une
croyance fondamentale. Puis quand on fait du recrutement, je l'ai mentionné, on
va privilégier les pays francophones et francotropes.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député.
• (12 h 40) •
15
407
M. Polo : Mais,
justement, M. le ministre, c'est que, quand on parle de régionalisation de
l'immigration, on parle nécessairement d'immersion dans un environnement
complètement francophone, de personnes immigrantes qui ont déjà une certaine
connaissance du français, mais qui ne maîtrisent peut-être pas le français
complètement à leur arrivée, mais qui ont déjà une certaine connaissance parce
qu'ils doivent suivre des cours à l'étranger. À ce moment-là, pourquoi mettre
autant d'emphase sur des pays complètement francophones? Je ne parle pas des
pays francotropes, là, mais des pays francophones.
17
899
M. Boulet : C'est plus
facile de les accompagner vers des régions francophones. Encore aujourd'hui, il
y a près de 75 % des personnes immigrantes qui s'installent à Montréal. Et
je vous rappellerez que le taux de chômage des personnes immigrantes dans les
cinq premières années, il s'est amélioré parce qu'on accroît notre capacité
d'accueil et d'intégration, mais il est encore de 13,2 %. Il était de 16
point quelque pour cent, 17 %, 18 % dans les années antérieures. Pour
les personnes immigrantes, globalement, c'est 9,1 % de taux de chômage au
Québec. Donc, c'est fondamental de s'assurer que ces personnes-là puissent être
arrimées avec nos besoins dans les régions. Je me promène partout au Québec,
dans toutes les régions. Je sens le sentiment d'accueil auquel référait le
collègue de Matane-Matapédia. On veut que les personnes s'intègrent. Mais pour
réussir l'intégration et qu'elles soient la plus harmonieuse possible, ça passe
non seulement par les régions, mais par la connaissance du français dès que
possible à l'arrivée...
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Merci beaucoup.
15
407
M. Polo : Mais c'est
parce que le discours du ministre ne fait aucune nuance entre avoir une
certaine base de français et avoir une pleine connaissance du français. C'est
là que je fais référence à avoir des ceintures et des bretelles. Avoir une
pleine connaissance du français, quand vous allez vous donner comme objectif de
recruter principalement dans des bassins complètement francophones et de les
régionaliser, c'est presque une contradiction. Ces nouveaux immigrants, qu'ils
soient à Montréal ou en région, ne vont pas contribuer à l'anglicisation du
Québec. C'est là qu'il n'y a aucune nuance dans votre discours. Moi, ce que je
fais référence implicitement, c'est d'ouvrir ou d'élargir encore plus grands
vos bassins d'immigration et non pas de vous limiter à des bassins francophones
principalement, comme vous l'avez fait référence, et, en plus de ça, de parler
de régionalisation. Je peux comprendre la régionalisation de l'immigration pour
des caractéristiques économiques, mais des régionalisations d'immigration pour
des caractéristiques linguistiques, il n'y a aucune nuance et il n'y a aucune
cohérence dans votre discours, à part un discours peut être dogmatique. Mais
moi, ce que je peux vous dire...
Une voix : ...
15
407
M. Polo : Je reste
respectueux. Ce que je peux vous dire, M. le ministre, c'est que vous
connaissez autant bien que moi, à même vos équipes, la quantité... puis mon
collègue de Matane-Matapédia pourra vous le dire, la quantité d'immigrants non
francophones, non issus de pays francophones qui avaient une bonne
connaissance...
M. Polo : ...une certaine
connaissance du français, mais qui sont dans un environnement complètement
francophone, qui sont restés en région, qui ont adopté la langue et qui sont
pleinement intégrés. Et ça, c'est des histoires à succès. Et, à travers votre
discours, vous ne semblez pas croire que c'est encore possible de régionaliser
des personnes qui ont une base de français et qui vont adapter la langue, et
adopter les régions, et rester en région par la suite.
M. Boulet : Absolument. Puis
c'est important, ce que vous mentionnez. Quand je parle des pays francotropes,
là, les pays latins notamment, là, le Québec ne ferme ses frontières aux
personnes immigrantes qui ne parlent pas français. Puis la régionalisation est
une façon de bien intégrer ces personnes-là. Mais le français, ça peut se faire
aussi dès l'arrivée. Puis on a investi des montants considérables, qui ont augmenté
au fil des années, pour des services de francisation. Dans toutes les régions,
on a des allocations de participation à temps complet puis à temps plein. Il y
a une augmentation considérable de personnes qui participent à nos cours de
français dans les régions. Et ça, je pense que c'est important pour moi de
résumer en disant que le français nous permet de relever deux défis qui
m'apparaissent fondamentaux au Québec. Oui, vous avez fait référence au défi
économique, mais il faut faire référence aussi au défi français.
Puis, pour moi, cette dualité-là... Donc,
on atteint, on relève deux défis en même temps, parce que la vitalité du
français, constatez que le poids démographique du Québec est en baisse,
constatez le phénomène d'anglicisation qui a été relevé par tant Statistique
Canada que l'Office québécois de la langue française comme langue parlée à la
maison, comme langue d'usage, comme langue commune partout, le français doit
être préservé si on veut assurer un avenir qui est efficace, qui est solide au
français. Ça passe notamment par l'immigration francophone.
La Présidente (Mme D'Amours) : En
terminant.
M. Boulet : Encore une fois,
on n'exclut pas les personnes qui ne parlent pas, mais on va les accompagner.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Bien, je vais juste
vous reprendre sur quelque chose que vous venez de mentionner, M. le ministre.
S'il vous plaît, arrêtez de faire allusion à la langue parlée à la maison.
C'est une insulte. C'est une insulte, parce que la langue parlée à la maison,
ça ne dépend pas du gouvernement, c'est un choix personnel, M. le ministre,
c'est un choix personnel, et elle ne devrait pas être utilisée comme un facteur
pour déterminer si le français avance ou recule au Québec.
M. Boulet : Je ne veux pas me
prononcer sur le mérite, là, collègue, je ne veux pas vous offenser. Je vous
dis juste que c'est une statistique qui existe et c'est un des éléments
soulevés par l'Office québécois de la langue française.
M. Polo : Mais elle est
trompeuse.
M. Boulet : Puis je ne me
sens pas offensé de dire que le français, partout, dans tous les tentacules où
c'est possible de le faire de la société québécoise, doit être reconnu comme la
langue commune. Puis mon collègue, avec la loi 96, le fait très bien
aussi.
M. Polo : Mais, M. le
ministre, elle est trompeuse, cette statistique-là.
M. Boulet : Bien, c'est une
statistique qui existe.
M. Polo : Non, mais elle est
trompeuse, parce qu'elle ne traduit pas...
La Présidente (Mme D'Amours) : Bon.
Je mets un terme à ce bloc-là. Nous sommes maintenant rendus au bloc du
gouvernement, et, M. le député de Portneuf, vous avez 13 min 39 s. À vous la
parole.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. le ministre. Très heureux d'être là avec vous ce matin.
On parle depuis tout à l'heure d'immigration, mais je voulais aussi rappeler
que, et mon accent me trahit toujours, moi, je suis issu de l'immigration
également. Je suis aussi copropriétaire d'une entreprise dans un lieu de
villégiature, et j'ai l'occasion, lorsque je rentre à la maison, de rencontrer
bon nombre de gens qui ont cette chance. Et je reprendrais les termes du député
de Matane-Matapédia, ce privilège de pouvoir s'établir ici. Donc, oui, parfois,
le parcours est ardu, parfois c'est compliqué, parfois c'est long. Moi-même,
lorsqu'il y a 22 ans, lorsque je suis arrivé ici, ça a pris deux ans. Je
trouvais ça interminable, mais aujourd'hui, je suis reconnaissant que,
finalement, l'analyse de mon dossier ait pris ce temps pour qu'on s'assure,
justement, que je je sache parler convenablement français, etc. Bref, ce n'est
pas toujours... ça ne va pas toujours aussi vite qu'on l'espère, mais au final
ça rend des gens heureux. Et, bien entendu, nous, on est très heureux
d'accueillir cette immigration.
Je voulais vous remercier, profiter de ce
petit instant, M. le ministre, aussi, pour vous remercier de votre récente
visite dans Portneuf. C'est une visite intéressante, et je sais que vous en
menez partout au Québec, mais intéressante parce que, vous avez pu le
constater, nos entrepreneurs, notre population fait preuve de toutes sortes
d'ingéniosité pour favoriser, donc, cette installation de l'immigration...
M. Caron : ...dans nos
régions parce que c'est essentiel. Moi, j'ai la chance d'appartenir à la
Capitale-Nationale, mais Portneuf est une circonscription plus rurale, et donc
les réalités qu'on vit à Québec intra-muros sont bien différentes dans
Portneuf. Donc, encore une fois, merci. Et je voulais saluer, bien entendu, au
passage, madame Savard, que vous avez rencontrée, et aussi Accès Travail
Portneuf, qui est un partenaire dans la favorisation, finalement, de
l'installation de l'immigration dans Portneuf.
On parle depuis tout à l'heure de la
francisation, et c'est bien entendu un enjeu important qui m'est cher aussi. Ce
n'est pas toujours facile non plus, en région, de pouvoir accéder aux cours de
francisation, parce que... Et je prendrai l'exemple, je sais que là, on parle
de réfugiés, mais je prendrai l'exemple tout récent de trois personnes
ukrainiennes qui sont arrivées dans Portneuf. Finalement, on se faisait une
joie de les accueillir, une joie de tout mettre en œuvre pour qu'elles restent
chez nous, et finalement, bien, elles ont décidé de se diriger vers Québec
parce que c'était plus simple, parce qu'elles n'avaient pas d'automobile. Donc,
oui, je sais que l'on parle de réfugiés, mais c'est vrai aussi lorsqu'on parle
de gens qui viennent s'installer dans des lieux un petit peu plus éloignés des
endroits où on peut donner les cours.
Vous parliez, il y a quelques instants, du
nombre de personnes inscrites, justement, à ces cours de francisation. Vous
parliez d'une augmentation. Est-ce que vous pourriez nous donner un petit peu
plus d'information à propos de cette augmentation de nombre de personnes qui
sont inscrites au cours de francisation?
• (12 h 50) •
M. Boulet : Oui, bien sûr.
Mais, en préliminaire, j'aimerais rappeler l'homme remarquable que vous êtes,
hein, puis je l'ai constaté en allant dans votre comté, en rencontrant
plusieurs des acteurs sociaux et économiques de votre comté, à quel point vous
êtes apprécié. Puis vous êtes une personne qui êtes arrivée au Québec il y a 21
ans, 22 ans, avec votre conjoint, puis vous êtes devenus des personnes qui
contribuez au tissu social québécois, à l'économie puis à la vitalité de votre
région, puis je tiens à vous féliciter. Je suis extrêmement heureux de
collaborer avec vous, collègue de Portneuf.
Les personnes réfugiées... C'est sûr qu'il
y a des services de francisation qui se sont accrus, bon. Notre budget a monté
de façon considérable, puis, dans le dernier budget de notre collègue aux
Finances, il y a 298 millions, là, si je ne m'abuse, consacré à la
régionalisation puis à l'amélioration des services de francisation. On est
rendu, en 2021-2022, à 168 millions de dollars, et le nombre de
participants à temps complet et à temps partiel, je l'ai mentionné, est en
augmentation.
Et pour répondre plus précisément à votre
question, du 1ᵉʳ avril 2021 au 31 mars 2022, il y a 37317 personnes immigrantes
qui ont participé à l'ensemble des cours de français. Puis pour l'année
précédente, en 2020-2021, c'était 31 075. Donc, ces services-là, on sent que ça
génère des retombées qui sont extrêmement intéressantes. Puis, je pense que ça,
ça contribue à la vitalité du français dans nos régions.
Puis dernier élément, puis je réfère
encore aux propos du collègue de Matane-Matapédia, j'ai aussi constaté, dans
votre région, comme dans toutes les autres régions du Québec, une volonté
d'accueillir des personnes immigrantes, mais une volonté aussi, pas seulement
de les accueillir, mais de bien les intégrer. Et je sens aussi une ambition
dans les régions que les personnes immigrantes parlent français, s'intègrent
bien à notre marché de l'emploi, répondent bien à nos besoins économiques.
C'est pour ça que je martèlerai tout le
temps que l'immigration francophone nous permet de relever deux défis cruciaux
au Québec : c'est l'avenir du français puis la lutte à la pénurie de
main-d'oeuvre par la réponse aux besoins concrets de nos employeurs.
M. Caron : Merci. En effet,
on se rejoint tout à fait sur ces points-là. Concernant l'accompagnement des
personnes qui s'installent ici, on donne des cours de francisation, donc, je
sais qu'il y a une allocation. Est-ce qu'on a plus d'information justement,
cette allocation, est-ce que... de mémoire, elle a dû être bonifiée un petit
peu, mais est-ce que vous pourriez, de manière hebdomadaire, nous parler de
quel montant il s'agit, ou de manière mensuelle? Je n'ai pas cette
information-là.
M. Boulet : Oui. Alors,
l'allocation participation, quand c'est à temps complet, c'est 200 $ par
semaine, mais c'est une bonification de 59 $ par rapport à avant, donc
c'est une bonification, en pourcentage, qui est quand même...
M. Boulet : ...substantielle,
puis il y a une allocation pour les cours à temps partiel. Il n'y en avait pas
avant, puis c'est maintenant 25 $ par jour de classe. Il y a aussi des
allocations pour les frais de garde, qui sont passées de sept à 9 $ par
jour de classe. Il y a le remboursement pour les personnes ayant suivi un cours
de français dans leur pays d'origine, dans les deux années qui précèdent la
délivrance du certificat de sélection du Québec, donc un remboursement de
1 800 $. Donc, il y a des montants qui sont quand même intéressants puis
qui sont un incitatif à y participer.
Ça me permet de dire qu'on a du travail à
faire, puis c'est pour ça que notre collègue a... et parraine toujours le
projet de loi n° 96, qui prévoit la création de Francisation Québec sous
la gouverne du ministère de l'Immigration. Et c'est important de rendre nos
services, nos cours de français plus efficaces et d'essayer d'éviter que ce
soit réparti, tu sais, entre les centres de services scolaires, les organismes
communautaires, le ministère de l'Immigration. Francisation Québec va nous
permettre de moderniser notre façon d'offrir des services de francisation et de
rendre ça beaucoup plus rigoureux et efficace.
M. Caron : Concrètement,
l'allocation, dont vous parliez tout à l'heure, le 200 $ par semaine,
est-ce que... Puis là je sais qu'on déborde un petit peu du cadre du débat
aujourd'hui, mais vous êtes aussi ministre du Travail. C'est l'employeur qui
accueille un immigré doit libérer, pour un certain nombre d'heures, son employé
immigré, et l'allocation revient directement à la personne finalement qui suit
les cours. Comment ça fonctionne?
M. Boulet : Ce n'est pas
nécessairement pendant les heures de travail. Évidemment, ce que je constate,
de manière concrète sur le terrain, c'est qu'il y a beaucoup d'employeurs qui
prennent en charge les services de francisation, qui font venir des professeurs
durant les heures de travail. Sinon, ça découle aussi d'une volonté des
parties, puis on n'impose pas aux employeurs de nécessairement s'assurer que
les cours de français soient pendant les heures de travail. Mais il y a des
horaires accommodants qui permettent aux personnes qui ne bénéficient pas des
cours de français, durant les heures de travail, de pouvoir en bénéficier en
dehors des heures de travail à des horaires qui leur conviennent.
Et vous référez au fait que le ministère
du Travail a aussi un rôle à jouer, et on a des mesures à Emploi-Québec, à
Service Québec qui permettent de financer la formation pendant les heures de
travail, donc une aide financière qui est consenti à l'employeur, qui libère
les travailleurs pendant les heures de travail pour faire les cours de
français. Ça fait que je pense qu'il n'y a pas d'échappatoire, tout le monde a
la possibilité et la capacité de faire les cours de français qui s'impose.
M. Caron : Merci. Et,
encore une fois, là, je déborde un tout petit peu, mais, pour moi, c'est
tellement lié, les deux dossiers sont tellement liés, puis, tout à l'heure,
vous parliez de bien accueillir nos gens.
Je voulais vous sensibiliser au fait qu'on m'a
rapporté que certaines personnes, à propos du droit des travailleurs
finalement, du droit des travailleurs temporaires internationaux, on voit, de
temps en temps, que des salaires pourraient être un petit peu inférieur à celui
indiqué lors de l'embauche. On voit que le nombre d'heures de travail qui avait
été annoncé finalement ne correspond pas lorsque le poste est occupé. Bref, je
voulais juste attirer votre attention là-dessus parce que ce sont des cas qui
m'ont été rapportés et je comprends qu'on peut les dénoncer, et il faut le
faire bien entendu. Mais ce maillage est important entre cette volonté de bien
intégrer nos gens, d'en prendre soin, de bien les accompagner pour qu'ils
demeurent chez nous, mais aussi de s'assurer que le volet «droit du travail»
soit absolument respecté.
M. Boulet : Absolument.
Puis on vient d'en parler pour les services de francisation. En même temps, il
y a beaucoup de personnes qui arrivent, qui n'ont pas encore de travail et qui
bénéficient de nos services de francisation, là, ce n'est pas un prérequis
d'être au travail.
Et à votre commentaire, c'est... Je le
répète à chaque fois que j'ai l'occasion : Les personnes immigrantes,
notamment les travailleurs étrangers temporaires, parce qu'on en parlait plus
tôt....
M. Boulet : ...ils ont
accès aux mêmes droits que tous les travailleurs québécois. Les lois sociales
et les lois du travail du Québec s'appliquent à eux. Donc, s'il y a un problème
d'équité, s'il y a un problème de violation d'une norme qui est dans la Loi sur
les normes du travail, que ce soient des congés, des vacances, du temps
supplémentaire, un salaire, une inéquité ou une disparité de traitement, il y a
possibilité d'interpeler la CNESST, et en matière de santé et sécurité aussi.
S'ils ont un accident de travail ou s'ils ont une maladie professionnelle, ils
peuvent faire une réclamation puis obtenir des indemnités de remplacement de
revenu. Il faut constamment le dire. Il y a des personnes qui arrivent qui sont
plus vulnérables, qui n'ont pas les mêmes informations, puis on s'assure de
bien leur communiquer, puis les employeurs ont fait des webinaires puis ont
fait de la formation partout, et on le répète constamment, ils ont accès à une
pleine équité en matière de conditions de travail.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 14 heures. Merci.
(Suspension de la séance à 13 heures)
13 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 14 h 1)
La Présidente (Mme D'Amours) : Nous
reprenons nos travaux. Nous allons reprendre... je vous rappelle, pardon, que
la commission est réunie afin de poursuivre l'étude du volet immigration,
francisation, diversité et inclusion des crédits budgétaires du portefeuille
immigration, francisation et intégration pour l'exercice financier 2022-2023.
Puisque nous avons débuté nos travaux à 14 h 2 et qu'une période de deux heures
doit être consacrée à l'étude de ces crédits cet après-midi, y a-t-il
consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure prévue, soit 16 h 2?
Consentement. Merci.
Je suis prête à entendre maintenant la
première intervention de l'opposition officielle. Je vous rappelle que la
longueur des réponses doit être proportionnelle à la longueur des questions. M.
le député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente, puis je suis conscient que les échanges que le ministre et moi,
malgré qu'ils étaient respectueux, étaient peut-être un petit peu plus animés,
mais ça restait dans le respect puisque c'est un sujet qui, personnellement,
vient me chercher. Je comprends que ça a peut-être un peu... vous a peut être
un peu surpris dans notre façon de procéder, mais j'ai apprécié, là, les
réponses du ministre, puis je reviens sur le sujet, M. le ministre, sur la
question de l'importance de recruter à l'étranger, là, dans des bassins
principalement francophones.
Vous avez parlé de francotropes, mais
principalement francophones, et de... en même temps de parler de
régionalisation. Et c'est là que je trouve qu'il y a une certaine...
malheureusement, qu'on passe à côté d'une opportunité d'élargir un peu notre
vision puis d'aller plus loin, surtout quand on parle de régionalisation. Parce
que, M. le ministre, s'il y a bien des histoires à succès, vous les connaissez
puis elles ne sont pas anecdotiques. C'est quand on parle de, justement, d'immigrants
qui se sont établis en région, même s'ils ne maîtrisaient pas complètement le
français avant d'être arrivés, même s'ils ne provenaient pas de pays
francophones avant d'être arrivés au Québec, puis qui ont décidé de s'enraciner,
s'intégrer économiquement, socialement et autres et d'être restés en région. D'ailleurs,
vous êtes sans doute au courant, là, de la série, à TV5, qui a débuté...
14 h (version non révisée)
M. Polo : ...il y a quelques
jours. Puis je vais faire référence à ma communauté d'origine, bien, en fait,
celle aussi de mon collègue de Laurier-Dorion également où on connaît beaucoup
de personnes issues des pays latino-américains. Vous, vous les appelez des pays
francotropes, entre autres, parce qu'ils parlent l'espagnol avant d'arriver
ici, mais je vais donner un exemple, particulièrement la communauté
colombienne. Vous êtes un député, ministre de la région de la Mauricie. Vous
êtes à même de savoir l'importance que les Colombiens ont, ont eue, et ont
encore aujourd'hui, dans votre région et dans plusieurs autres régions, et qui
se sont restés, restés dans ces régions-là, ne maîtrisaient pas le français
avant d'être arrivés, l'ont adopté. Et aujourd'hui, non seulement contribuent à
l'essor de votre région, mais même, je le vois, que ce soit des... s'investissent
de plus en plus aussi dans l'espace public et même démocratique. Et c'est là
que je trouve que votre discours, et je n'ai pas utilisé le terme dogmatique de
façon accusatrice, mais je trouve qu'il limite beaucoup cette vision de voir l'immigration
en région, de dire : Mais nécessairement, il faut qu'elle soit francophone
pour s'établir en région. Je n'ai rien contre la députée de Portneuf, tant
mieux, mais il peut avoir de plus en plus, puis j'ai mon collègue, mon ancien
collègue député de Maskinongé qui affectueusement appelait ces citoyens issus
de la communauté colombienne dans sa circonscription, son ancienne
circonscription, comme étant des petits Saul, puis moi je le prenais de façon
très affectueuse. Mais M. le ministre, je le dis, puis je raconte cette
anecdote-là parce que je trouve ça très réducteur de dire : On va recruter
3 000 personnes immigrantes, principalement de pays francophones,
puis on va les régionaliser. C'est là que, premièrement, ça va être un défi de
les régionaliser parce qu'ils vont avoir la langue pour être capables de se
déplacer puis aller là où ils souhaitent. Puis deuxièmement, la régionalisation
elle-même est un défi comme tel. Donc, ma question pour vous : Comment
définissez-vous les défis que pose la régionalisation de l'immigration? On sait
que c'est un défi. On sait que 80 %, 75 % à 80 % des immigrants
s'établissent dans la grande région de Montréal. Comment vous définissez?
Comment vous expliquer ce défi-là? Et que faites-vous pour contribuer, disons,
à faire tomber les obstacles à ce défi?
M. Boulet : Oui. Bon, il y a
plusieurs questions, là, mais oui, il y a des histoires à succès phénoménales
un peu partout au Québec de personnes arrivées de l'étranger qui s'intègrent
bien, que ce soit à Shawinigan, à Gaspé ou à Val-D'Or. Et le prix, d'ailleurs,
Ulrick-Chérubin, on a annoncé la création de ce prix-là en collaboration avec
la Fédération québécoise des municipalités. Puis le prix va être décerné, je
pense, le 27 mai prochain. C'est une personne qui est arrivée d'Haïti puis
qui est venue... c'est un monsieur avec sa conjointe, deux jeunes enfants.
Éventuellement, cette personne-là a fait deux mandats à la mairie, puis c'est
une grande histoire à succès. Puis ce qui est documenté dans la série à
laquelle vous faites référence, oui, on l'a partagée avec moi. Puis je... c'est
important pour moi de dire qu'on fait nos missions de recrutement dans les pays
francophones et francotropes. Puis ça, ça assure une intégration qui est plus
harmonieuse et qui est mieux réussie. Ceci dit, le niveau 7, il ne faut
pas exagérer, là, le niveau 7, c'est un niveau d'autonomie qui n'est pas
nécessairement très avancé, d'une part. Et deuxièmement, on fait de la
francisation depuis l'étranger. Donc, les personnes bénéficient de services de
francisation avant de venir ici. Puis je ne dis pas que c'est systématiquement
limité à ça, parce que le recrutement, ce n'est pas la seule façon d'intéresser
et de recruter des personnes qui viennent de l'étranger. Il y a des personnes
qui déclarent un intérêt que nous invitons par le système Arrima. Puis c'est
des personnes qui peuvent ne pas correspondre au profil auquel vous faites
référence. Ça, ce n'est pas des personnes nécessairement qui maîtrisent le
français. Donc, je pense que les Québécois, partout au Québec, ils sont
accueillants, puis ils veulent que les personnes immigrantes viennent s'établir.
Puis quand je parle de régionalisation, puis de francisation, je le...
M. Boulet : ...c'est pour nous
permettre de relever, comme société, deux défis incontournables, le premier
étant économique, découlant de la pénurie de main-d'oeuvre, et le deuxième
étant pour préserver le fait français, pour assurer une pérennité à notre
langue commune au Québec. Deuxièmement, ce qu'on fait, là, le deuxième volet de
votre question, il y a le Programme d'accompagnement et de soutien à
l'intégration, la régionalisation de nos services d'immigration. C'est
important de redire qu'on a neuf directions régionales, on a 74 points de
service, on a des agents d'aide à l'intégration, des conseillers en
immigration, et surtout, collègue de Laval-des-Rapides, on a aussi des
conseillers en reconnaissance des compétences, et, partout sur le territoire,
on accompagne les employeurs pour évaluer les titres acquis à l'étranger. On a
évidemment le programme, que vous connaissez, d'aide aux collectivités. Puis,
j'ai visité des organismes communautaires partout, notamment, à Montréal, le
CACI, entre autres, la table de concertation, dont vous parliez ce matin. Il y
a des services d'accueil et d'intégration qui sont riches, qui sont développés
et qui nous permettent de mieux accueillir.
Mais, encore une fois, je le répète, il y
a encore 13,1 % de taux de chômage chez les personnes immigrantes qui sont
chez nous depuis de 0 à 5 ans. On a réduit ce taux-là. On a encore des
efforts à faire. Puis que les personnes immigrantes soient affectées d'un taux
de chômage de 9,1, ça confirme la nécessité de les accompagner de manière
personnalisée, dans les régions, et de s'assurer de réussir leur pleine
intégration.
• (14 h 10) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Mme la Présidente,
je vais inviter ma collègue, députée de Jeanne-Mance-Viger.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
Mme la députée de Jeanne-Mance-Viger.
Mme Rotiroti : Merci, Mme la
Présidente. Alors, permettez-moi de saluer tous les collègues, et ainsi le
ministre et tous les gens qui l'accompagnent, de ce magnifique ministère que
j'ai le privilège de diriger. Alors, moi, je vais vous amener un petit peu
ailleurs, M. le ministre, parce que vous parlez d'Arrima, et vous êtes sans
savoir que c'était quelque chose que je tenais à cœur. Parce que l'objectif
d'Arrima c'était justement d'aller chercher l'immigrant qui avait un emploi qui
l'attendait et de faire ce lien-là direct pour qu'il arrive puis qu'il puisse
travailler et avec... quand on s'installe dans une région ou peu importe où
est-ce qu'on travaille, dans le milieu le travail, ça nous permet de se
franciser et de mieux s'intégrer.
Ceci dit, comme porte-parole du tourisme,
j'ai eu l'opportunité de questionner la ministre. Parce que vous êtes sans savoir
que l'industrie a été durement frappée avec la pandémie, la question de la
rareté de la main-d'oeuvre était vraie avant la pandémie, mais a été... s'est
accentuée avec la pandémie. Et je vois que, dans votre ministère, vous avez mis
en place un... je dirais, une façon de... vous avez ciblé des secteurs
prioritaires avec Opération main-d'œuvre. Et, dans les secteurs que vous avez
ciblés, il y a la santé, l'éducation, services de garde, technologies
d'information, génie construction, mais je ne vois pas l'institut touristique.
Et je me demandais comment vous avez fait pour cibler, quelles données vous
avez... vous avez fié sur quelles données pour cibler ces secteurs-là et
pourquoi que l'institut touristique, en sachant très bien que c'est une
industrie qui doit se relancer... Et un de ses gros défis dans la relance,
c'est justement ça, c'est d'être capable de trouver des bras. Alors, je ne sais
pas si vous êtes capable de m'éclairer un petit peu là-dessus.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui, bien sûr.
Évidemment, le secteur du tourisme, qui a été d'ailleurs affecté de façon
particulière par la pandémie, on a mis en place, avec des comités sectoriels de
main-d'oeuvre, des programmes en alternance travail-études pour des emplois
cuisiniers, notamment, puis pour des personnes qui travaillent dans le domaine
de l'hébergement. On a mis en place un assouplissement qui est entré en vigueur
au mois de janvier, cette année, par le Programme des travailleurs étrangers temporaires,
qui permet de faire passer la limite de travailleurs étrangers temporaires de
10 à 20 %. Puis ça, ça a été accueilli de façon extrêmement intéressante
par le milieu touristique. Et pour la collègue, évidemment, il faut rappeler
que le 24 mai prochain, puis il y a des emplois qui sont dans le secteur
touristique qui vont pouvoir...
M. Boulet : ...du traitement
simplifié du Programme des travailleurs étrangers temporaires. C'est unique au
Québec, il n'y aura plus de limite, même plus 20 %. Ça peut être le
pourcentage que tu souhaites. Les études d'impact sur le marché du travail
auront une durée de trois ans, au lieu d'un an, parce que c'est cette étude
d'impact là qui donne accès aux permis de travail émis par Ottawa. Il va être
d'une durée de trois ans, au lieu d'un an. Puis il n'y aura plus d'exigence de
démontrer qu'on a essayé de recruter localement, il n'y aura plus cet
impératif-là, donc ça va être moins long, moins cher et moins compliqué. Donc,
pour le secteur touristique, ce n'est pas laissé sur le côté de la bande.
Puis les missions de recrutement, on
priorise. Nos priorités, c'est santé, éducation, services de garde à l'enfance,
les technologies de l'information, le génie, la construction. Mais j'ai dit,
quand on a lancé les missions de recrutement, ça ne veut pas dire qu'on va
mettre de côté les autres emplois, par exemple, du secteur manufacturier, puis
le tourisme en fait partie. Il y a possibilité, pour ces personnes-là, d'être
recrutées, puis, par le système Arrima... Bien, je ne sais pas si j'ai encore
du temps? O.K., c'est beau.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
à moins que madame...
Mme Rotiroti : Bien, oui,
j'aimerais ça qu'il continue, parce que, là, il embarque sur Arrima, oui.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
allez-y, M. le ministre.
M. Boulet : Bien, le système
Arrima, on n'a jamais été aussi actifs, là. Puis quand mon prédécesseur a
réformé le PEQ, c'était notamment aussi pour donner de l'air au PRTQ, parce
qu'on a modernisé. Puis je suis convaincu que vous connaissez bien le système
d'immigration Québec-Canada. On a modernisé, on a simplifié. C'est un système
Arrima qui permet... puis on a créé un portail employeurs, qui est parallèle,
mais... à une personne de déclarer un intérêt pour le Québec. On l'invite et,
après ça, on fait l'arrimage nécessaire pour que cette personne-là, soit
qu'elle soit à l'extérieur ou ici, de travailler. Et depuis le mois d'août
2021, on a invité 4 700 personnes, puis dans le contexte de l'Opération main-d'œuvre,
on en a 3 800. Donc, c'est quand même un système qui...
Mais, vous le savez, le PEQ est
extrêmement demandé. Ça fait qu'évidemment là, il y a beaucoup de personnes qui
ont des droits acquis en vertu des anciennes conditions de sélection du Programme
de l'expérience québécoise, mais parallèlement à ça, le Programme régulier des
travailleurs qualifiés se développe, et on va avoir... un dernier point,
collègue, si vous me permettez, on va faire, en France, au mois de... en
décembre puis en juin, une mission qui va concerner notamment le tourisme.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée de Jeanne-Mance—Viger.
Mme Rotiroti : Bien, oui,
effectivement, le ministre a raison quand il parle du PEQ. C'était un des
programmes qui étaient le plus efficaces. On parlait d'un taux de réussite de
99 % à l'époque. Vous parlez de 4 700 personnes qui ont été... au
niveau du tourisme. C'est-u pour l'ensemble... Dans les chiffres que vous
donnez, le 4 700 et le 3 800 personnes, pour vous, c'est-u
strictement dans le domaine du tourisme ou c'est pour l'ensemble de l'oeuvre?
M. Boulet : Dans les
4 700, il y en a 3 800 qui sont reliés à l'Opération main-d'œuvre.
Donc, c'est santé, donc les infirmières, les enseignants, les éducatrices...
Mme Rotiroti : Alors, le
tourisme n'est pas là-dedans, là, il n'est pas touché là-dedans pour l'instant?
M. Boulet : Non, mais dans le
900, oui. Dans le 900 des 4 700, il y a des personnes qui sont dans le
secteur touristique.
Mme Rotiroti : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
va? M. le député de Laval-des-Rapides, s'il vous plaît.
M. Polo : Merci beaucoup, Mme
la Présidente. Je vais rester un peu sur, justement, les différentes catégories
d'emplois pour lesquelles le gouvernement fait des efforts pour recruter à
l'étranger. Puis j'aimerais revenir sur une citation du premier ministre, Mme
la Présidente, lorsqu'il a annoncé que, chaque fois qu'il fait rentrer un
immigrant qui gagne moins de 56 000 $ par année, il empire son
problème. Est-ce que vous corroborez ses propos, M. le ministre?
M. Boulet : Bon, je n'ai pas
le libellé exact des propos du premier ministre, mais le premier ministre est
préoccupé, comme nous le sommes tous, de la réduction de l'écart de richesse
entre le Québec et l'Ontario, qui se mesure, notamment, par le produit
intérieur brut par habitant. Donc, le chiffre de 56 000 $ fait
référence à des emplois qui requièrent plus de qualifications, qui sont dans
des secteurs névralgiques à l'économie du Québec. Ceci dit, nous n'excluons
pas... Puis, vous le savez, le Programme des travailleurs étrangers
temporaires...
M. Boulet : ...des emplois de
catégorie un, deux, trois, quatre, ou A, B, C, D. Et donc il y a des emplois qui
requièrent une formation professionnelle, ou collégiale, ou universitaire et
qui répondent notamment dans le secteur manufacturier, les secteurs de
l'hôtellerie, l'hébergement, commerce de détail et tous les secteurs où il y a
un déficit de main-d'œuvre. Donc, ce n'est pas exclusif, collègue.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. M. le député.
M. Polo : Non, on se
comprend, mais c'est quand même une affirmation qui est assez surprenante. Puis
effectivement je comprends que tout n'est pas blanc et noir, comme tel. Mais
donc vous corroborez les propos du premier ministre ou... Parce qu'en réalité
c'est des propos, pour beaucoup d'immigrants qui arrivent ici, qui contribuent,
qui sont recrutés à l'étranger, qui sont blessants, M. le ministre, qui sont
blessants parce que ça veut dire qu'on regarde en eux uniquement des signes de
dollar. Puis est-ce que, oui ou non, ils viennent aider le Québec en fonction
de la comparaison face à l'Ontario? Puis l'immigration est bien plus que juste
une comparaison avec l'Ontario, M. le ministre. Puis, comme ma collègue de
Jeanne-Mance-Viger vient de le mentionner, il y a des secteurs qui,
aujourd'hui... tourisme, manufacturier, commerce de détail, dans tous les
secteurs, il y a une pénurie de main-d'oeuvre. C'est bien certain que nous
souhaitons, comme société, nous souhaiterions, comme société, accueillir des
ingénieurs aéronautiques qui viennent justement grossir les rangs de notre
industrie et qui gagneraient 100 000 $,
150 000 $ et plus,
mais, en même temps, si tous les secteurs aujourd'hui qui peinent à survivre ou
à rester à flot... Vous êtes dans une région, je suis convaincu que vous avez
des entreprises, M. le ministre, qui ont de la misère à avoir trois quarts de
travail, qui, des fois, doivent fermer un quart de travail par manque de
main-d'oeuvre. Bien souvent, ce n'est pas des emplois qui gagnent plus que
55 000 $, 56 000 $
par année. Alors comment vous conciliez ces besoins-là et les propos du premier
ministre?
• (14 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je pense que je
le mentionne à toutes les allocutions que j'ai l'opportunité de prononcer
partout au Québec, il faut... pour lutter contre la pénurie de main-d'oeuvre,
un des piliers qui m'apparaît fondamentaux, c'est d'intégrer toutes les
clientèles de personnes éloignées du marché de l'emploi : les personnes
handicapées, judiciarisées, bénéficiaires d'aide sociale, issues des Premières
Nations, les jeunes, les expérimentés et les personnes immigrantes. Et je suis
fier de dire que toutes ces clientèles-là contribuent à la construction d'une
économie québécoise qui est forte, prospère et inclusive. On travaille à
améliorer la richesse québécoise, et ça passe notamment par l'augmentation du salaire
moyen. Mais il y a des personnes issues de tous ces groupes-là qui n'ont pas
accès à des conditions de rémunération supérieures à 56 000 $. Et moi, je
reconnais leur contribution. Puis je dis au collègue de Laval-des-Rapides que
ces personnes-là ont accès à une équité totale avec les travailleurs québécois.
Elles sont protégées par toutes les lois sociales et du travail que nous avons
en vigueur au Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Merci. M. le ministre,
je sais que vous avez utilisé une partie de votre temps pour faire référence à
différentes clientèles que vous vous efforcez, également, comme ministre
responsable du Travail et de l'Emploi, de les intégrer au marché du travail.
Ceci dit, moi, je référais uniquement à la clientèle immigrante que votre
premier ministre, que le premier ministre a ciblée avec des propos très
malheureux. Est-ce qu'aujourd'hui vous pouvez mentionner tel que je le
mentionne que ces propos étaient malhabiles et malheureux puisqu'ils ciblaient
une clientèle qui, justement, apporte beaucoup plus que seulement un déficit
face à la comparaison entre le Québec et l'Ontario?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je répète que les
propos du premier ministre s'inscrivent dans un contexte où il faut contribuer
à l'amélioration des conditions de rémunération de tous les travailleurs du
Québec. Ça passe par le salaire horaire moyen et ça passe par la réduction de
l'écart de PIB par habitant entre le Québec et l'Ontario. C'est dans ce
contexte-là que le premier ministre s'exprime de cette manière-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, pour 25 secondes.
M. Polo : Je vais laisser le
temps pour mon prochain bloc, madame...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je suis maintenant prête à entendre la deuxième opposition pour une durée de
16 min 7 s. M. le député de...
La Présidente (Mme D'Amours) : ...Laurier-Dorion.
M. Fontecilla : Merci, Mme la
Présidente. Rebonjour, M. le ministre. J'aimerais avoir... vous questionner sur
votre vision, là, concernant l'immigration, là, à plus long terme et sa
contribution, comment dire, à la pyramide démographique du Québec. Vous avez
mentionné tantôt que l'immigration n'était pas aussi économique, mais visait
aussi à assurer la pérennité du français, bien d'accord, mais encore il faut
qu'il y ait des locuteurs, des locutrices de la langue française ici, au
Québec.
Selon vous, les seuils avec lesquels on travaille
en ce moment, est-ce qu'ils permettent d'assurer le maintien de la population
québécoise d'ici dix ans, par exemple? Parce qu'on sait que d'ici... on dit que
des démographes affirment qu'en 2033 les décès seront plus nombreux que les
naissances ici, au Québec, là. Comment la politique migratoire compte-t-il
s'attaquer à ce problème-là?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bien, c'est
important. Comme j'ai mentionné ce matin, on est rendus à deux personnes en emploi
sur dix, au Québec, qui sont issues de l'immigration, et 80 % de
l'augmentation de la population est issue de l'immigration. Donc, c'est
important de miser sur une immigration francophone. Je vais répéter encore, ça
nous permet de relever un défi économique et un défi linguistique. Il y a un
potentiel, puis, ça, vous le savez, de 300 millions de francophones sur la
planète. Donc, il y a un bassin extrêmement intéressant. Puis j'ai donné mandat
à Marc Termote et à Pierre Fortin d'analyser la situation démographique au
Québec et de m'indiquer des pistes de solution pour nous aider à relever des
défis de nature tant économique que linguistique.
Donc, la politique migratoire puis les
seuils sont établis en fonction de la capacité d'accueil, d'intégration et de
la préservation du poids démographique du Québec puis de la protection du fait
français. Puis il y a des consultations, on en a parlé encore ce matin, puis
les seuils sont pensés... Quand on est arrivés, la première année, c'était à
40 000, on est rendus, cette année, à des seuils de 52 500. Puis, au niveau des
admissions, Ottawa n'est pas en mesure de respecter nos seuils. Ça fait que nos
seuils actuellement sont tout à fait compatibles avec la réalité que nous
souhaitons.
Ceci dit, il y aura toujours des efforts à
faire, je pense, dans notre politique migratoire pour réduire le taux de
chômage de 13,1 % pour ceux qui sont arrivés depuis moins de cinq ans,
9,1 %... Donc, les régions et le français.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Boulet : Merci.
Excusez-moi de couper court parfois.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
n'y a pas de problème. Merci, M. le...
M. Boulet : On a une
présidente qui...
M. Fontecilla : Je voudrais
plus précis. Est-ce que le seuil actuel d'immigration permet-il d'assurer la
croissance de la population québécoise d'ici 2033?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Les seuils, dans
la mesure où l'immigration est majoritairement francophone... Puis, comme je
vous mentionnais, ces seuils-là sont parmi les plus élevés en proportion de la
population, et il faut, tenant compte des réalités rapportées par le dernier
recensement... Canada, s'assurer de bien régionaliser de la manière la plus
efficace possible, de s'assurer de bien franciser depuis l'étranger, de bien
s'assurer que le pourcentage d'augmentation des personnes déclarant parler en
français continue d'augmenter, particulièrement là où nous sélectionnons,
c'est-à-dire les immigrants économiques, et donc, dans ce contexte-là, les
seuils, dans la mesure où c'est bien géré en matière de sélection et par la
suite d'intégration dans les régions, je pense que ça permet de protéger le
français.
M. Fontecilla : En êtes-vous
sûr ou vous pensez?
M. Boulet : Ah! bien,
écoutez, je pense qu'il y a des efforts, parce que les statistiques que je
constate me font comprendre, puis là, je veux entendre les conclusions des
professeurs Termote et Fortin, que ça s'anglicise au Québec. Bon, je ne veux
pas revenir sur les statistiques de l'Office québécois de la langue française
puis Statistique Canada, mais il y a une problématique pour la survie, pour le
maintien du poids démographique du Québec. Vous savez, on est passés de 28 %,
29 % à 23 % selon le dernier recensement. Puis les statistiques de
l'Office québécois de la langue française...
M. Boulet : ...me laisse
extrêmement perplexe, il faut maintenir le statu quo en matière de politique
migratoire, il faut s'assurer d'accompagner les personnes immigrantes dans nos
régions francophones et s'assurer que ça se fasse dans la langue française. Et
c'est en étant constamment obsédé par ces orientations-là qu'on va protéger le
français, je pense que c'est assez clair.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Fontecilla : Tout à fait,
mais il y a deux éléments, monsieur le ministre, il y a la protection du
français, assurer la vitalité, et un autre élément, c'est la croissance de la
population en elle-même, qu'elle soit francophone, inuite ou... bref, la
population du Québec. D'après vos réponses, je pense que vous vous concentrez
seulement sur un aspect, c'est-à-dire la vitalité du français au Québec, et on
est d'accord là-dessus, là, mais il demeure l'effet démographique et l'apport
migratoire actuel, majoritairement francophone, etc., ou qui va se franciser,
permet-il d'assurer la croissance de la population?
M. Boulet : Oui, bien, ce que
j'ai constaté dans les données démographiques de Recensement Canada, qui ont
été publiées il y a peut-être un mois et demi, c'est qu'il y a quand même eu,
de 2016 à 2021, une augmentation de la population au Québec de 4,1 %, si
je ne m'abuse, mais c'est une augmentation qui est inférieure à l'augmentation
de la population au Canada puis l'augmentation de la population en Ontario.
Mais il y a quand même une croissance démographique, 80 % de cette
croissance-là dépend de l'arrivée des personnes immigrantes, comme je
mentionnais un peu plus tôt, mais la population augmente au Québec.
• (14 h 30) •
M. Fontecilla : Donc, la
croissance de la population québécoise est due à l'immigration et, dans ce
sens-là...
M. Boulet : Ce que je dis,
c'est que, de 2016 à 2021, au Canada, de façon générale, on concluait que
80 % de l'augmentation provenait de l'immigration.
M. Fontecilla : Est-ce que,
dans ce sens-là...
M. Boulet : Donc, ça renforce
l'idée qu'il faut que cette immigration-là soit francophone pour protéger le
fait français, je pense qu'on se comprend bien.
M. Fontecilla : Tout à fait,
tout à fait, mais... baisser le seuil d'immigration, est-ce que vous n'êtes
pas... vous n'avez pas, en quelque sorte, miné la tendance à... l'apport de
l'immigration à la croissance de la population québécoise.
M. Boulet : Non. On a
constamment mentionné que les seuils étaient en argumentation, mais de façon
progressive. Donc, il n'est pas question de changer ou d'augmenter les seuils
qui ont été établis dans la planification pluriannuelle. On est passé de 40 à
52 500 et on a encore des problématiques d'intégration. Le taux de chômage
encore trop... réside à Montréal ou s'installe à Montréal. Ça fait que, tant la
migration primaire, que secondaire, c'est la migration secondaire, c'est les
gens de Montréal qui ne travaillent pas, qui sont des personnes immigrantes et
qui ne travaillent pas. Et il y a des opportunités d'emploi à Saint-Hyacinthe
puis à Sherbrooke puis partout au Québec. La Vérificatrice générale avait été
claire aussi, je pense, c'est en 2017, l'intégration au Québec est un échec. Il
faut modifier nos façons de faire, et c'est ce qu'on fait.
M. Fontecilla : À plusieurs
reprises, vous avez mentionné que le taux de chômage avait été encore trop
élevé, mais on a remarqué que, depuis quelques années, il y a eu une baisse
quand même du taux de chômage chez les nouveaux arrivants, des gens qui sont
ici depuis... en particulier, depuis moins de cinq ans. Cela implique que,
lorsqu'il y a une activité économique forte, il y a beaucoup de gens qui se
retrouvent en emploi. Alors, que vous dites qu'on va accompagner davantage les
immigrants à définir le profil, à s'adapter au marché du travail, etc., là, des
mesures d'employabilité, mais est-ce qu'on pourrait ne pas penser qu'il y a une
résistance du marché du travail à embaucher certaines catégories d'employés
immigrants? Et la preuve est que, dès que le taux... l'activité économique
s'accroît, il y a plus d'embauche de personnes qui étaient au chômage, donc
l'économie a besoin de ces gens-là. Est-ce que le problème se retrouve surtout
chez les immigrants ou il y a un problème dans la société qui refuse
d'embaucher certaines catégories d'employés?
M. Boulet : C'est une
excellente question. Je pense qu'on peut avoir ce type de perception là, ça ne
m'apparaît pas fondé sur la réalité que, moi, j'ai constatée sur le terrain. Il
y a une ouverture, puis ce n'est pas seulement une nécessité économique, mais
il y a une volonté. Puis, dans les régions, même qu'on dit périphériques, il y
a une volonté d'intégrer, d'accueillir. Il y a un problème, puis ça me fait
penser à un problème majeur qui est vécu notamment à Montréal, il y a un
problème de...
14 h 30 (version non révisée)
M. Boulet : ...des personnes
immigrantes, et c'est pour ça qu'on a lancé au mois de novembre dernier un
programme de reconnaissance des compétences, pour permettre aux personnes
immigrantes... Une personne qui vient de la Tunisie ou une Colombienne, par
exemple une Colombienne qui n'a pas complété sa formation en sciences
infirmières, qui a besoin de formation d'appoint, on va l'accompagner, on va
lui verser une allocation de participation de 500 $ par semaine pour
qu'elle complète sa formation d'appoint, puis l'infirmière colombienne aura
aussi d'ailleurs la possibilité de travailler jusqu'à 20 heures par semaine
dans un emploi qui est compatible, par exemple préposée aux bénéficiaires, et,
au bout de la formation d'appoint... Puis on a lancé ce programme de
reconnaissance des compétences avec la collaboration du Conseil
interprofessionnel, qui chapeaute notamment l'Ordre des infirmiers et
infirmières.
La reconnaissance des compétences,
collègue, là, c'est majeur. Les personnes immigrantes surqualifiées qui font
des jobs au Québec qui n'ont aucun lien avec leur formation primaire, ça ne
marche pas, et donc là on va de l'avant. C'est un enjeu qui date d'années,
sinon de décennies au Québec, et on a trouvé une façon de régler ça avec un programme
de reconnaissance des compétences, collaboration, accompagnement des employeurs
pour évaluer la valeur des compétences. Non, je suis assez fier de ça, donc.
Puis, ça, c'est une réalité qu'on vit beaucoup à Montréal.
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le député.
M. Fontecilla : Merci.
Écoutez, il y a beaucoup de gens qui viennent me voir pour... ou qui... Ça,
c'est une information qui circule sur les Internets comme quoi les gens qui se
retrouvent comme travailleurs temporaires, etc., devraient, pour accélérer leur
résidence permanente, devraient aller s'installer dans d'autres provinces,
parce que le programme québécois, le PEQ, n'est pas assez compétitif,
c'est-à-dire, ça prend beaucoup plus longtemps, là, d'obtenir sa résidence
permanente ici au Québec à travers le PEQ, là, qu'à travers... que dans les
autres programmes dans les autres provinces canadiennes, et même le programme
fédéral. C'est une opinion très, très répandue, là. Est-ce que vous avez fait
une étude sur... comparative, là, sur la compétitivité de notre programme PEQ
par rapport à d'autres programmes similaires dans le reste du Canada?
M. Boulet : Tout à fait. Le
programme PEQ, c'est un délai moyen d'émission des certificats de sélection du
Québec de 47 jours, puis, dans le Programme régulier des travailleurs
qualifiés, c'est un délai moyen de 18 jours pour l'émission des certificats de
sélection, c'est hypercompétitif, et, pour l'admission par Ottawa, c'est 31
mois.
Donc, collègue, je ne veux pas avoir l'air
de constamment renvoyer la balle dans le camp d'Ottawa, mais le délai, c'est
ça. Ça fait que, tu sais, qu'il y en ait qui disent: Je m'en vais dans une
autre province... Le délai, au-delà des programmes provinciaux, en Ontario, il
est de 27 mois, là. Ça fait que, tu sais...
M. Fontecilla : Tout à fait.
M. Boulet : ...je ne vais pas
constamment renvoyer la responsabilité sur les épaules d'Ottawa, mais les taux
de refus, là, des étudiants provenant des pays francophones et autres, j'en...
M. Fontecilla : Inacceptables.
M. Boulet : ...j'en parle
constamment avec mon homologue d'Ottawa.
M. Fontecilla : Tout à fait.
Mais, vous, vous parlez des délais une fois que la demande est déposée, mais il
y a les critères pour pouvoir y postuler, là, et avant c'était par exemple 12
mois d'expérience professionnelle à plein temps au cours des 24 derniers mois,
et, avec la réforme que votre gouvernement a mise en place, là, c'est 24 mois
d'expérience avant de postuler au PEQ. Donc, une personne qui se retrouve ici
au Québec en disant: Je m'en vais en Ontario, ça va prendre au moins un an de
moins, là, avant de pouvoir postuler à un programme équivalent au PEQ, là.
Est-ce que ce n'est pas une perte de compétitivité de ce programme-là par rapport
à d'autres provinces?
M. Boulet : Notre Programme
d'expérience québécoise, il fonctionne superbien, puis les conditions de
sélection, encore une fois, ne sont pas un irritant. La preuve, c'est le
nombre. La preuve, c'est l'inventaire qui avait été accumulé d'ailleurs même
avant notre arrivée au pouvoir, qui était relativement important. Ça fonctionne
très bien. Puis un des buts, qui avait été d'ailleurs identifié par mon
prédécesseur le collègue de Borduas, c'était de favoriser aussi le développement
de notre Programme régulier des travailleurs qualifiés, ou le système Arrima,
qui avait été mis en place par nos prédécesseurs, mais qui ne fonctionnait pas,
qui n'était pas articulé de manière à donner des résultats. Là, on est en
ascension.
Puis, moi, j'ai... S'il y a des
personnes... Puis je le sais, qu'il y a des personnes qui s'en vont en Ontario,
puis j'ai vu... Je suis allé en Abitibi récemment, puis on me disait: Jean, il
y a des travailleurs temporaires qui décident de s'en aller en Ontario. Mais
oui, c'est... Je veux dire, ils vont faire les études d'impact en... Ils ont
des programmes...
M. Boulet : ...puis une
personne peut décider de s'en aller en Ontario pour bien des raisons. Puis des
personnes qui ont un certificat de sélection du Québec, ce qui m'irrite le
plus, là, c'est les 24 000, à peu près, travailleurs qualifiés qui sont déjà au
Québec, qui travaillent ici, qui parlent français, puis qui attendent après
leur résidence permanente, puis ils attendent, des fois, des années. Ça, ça
décourage bien des personnes et ça les incite, des fois, à se déplacer
ailleurs. Mais, en même temps, en Ontario, il y en a qui s'en viennent ici, au
Québec, pour d'autres raisons. Il faut continuer à être à l'affût de
l'efficacité puis de la réduction des délais. L'immigration, là, ce n'est pas
simple, c'est complexe, c'est long, c'est coûteux puis c'est compliqué. Puis
c'est vraiment compliqué pour le citoyen ou la personne immigrante. Et ça, il
faut, au fil des années, simplifier les processus. Puis le fait qu'il y ait une
compétence double Ottawa-Québec, c'est sûr que ça génère des délais
additionnels puis de l'inefficacité dans la gestion des programmes.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup, c'est tout le temps que nous avions pour ce bloc. Maintenant,
je reviens à l'opposition officielle pour une durée de 21 min 49 s. M. le
député de Laval-des-Rapides.
• (14 h 40) •
M. Polo : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je reviens donc sur, en fait, certains des sujets
évoqués par mon collègue de Laurier-Dorion sur la question, un de la langue, la
capacité d'intégration. J'aimerais mieux comprendre, M. le ministre, parce que
vous l'avez mentionné, là, le programme de travailleurs temporaires, quoique
nécessaires et importants, on en est, est venu à amener une variable
complètement nouvelle, qui existait beaucoup moins par le passé. On est tous
familiers avec le programme des travailleurs agricoles, qui a été... qui l'est
encore aujourd'hui, là, un élément de succès pour un grand nombre de nos
entreprises agricoles en région, même de survie, si on peut dire, de ces
entreprises-là. Je suis conscient que Mme la présidente en est elle-même
consciente à ce niveau-là.
M. le ministre, j'aimerais voir de quelle
façon... Vous parlez de capacité d'accueil de la société québécoise à chaque
fois que vous faites référence aux seuils d'immigration. O.K.? Par contre, dans
cette affirmation-là, vous ne semblez pas inclure les 30 000 travailleurs
temporaires. Donc, comment vous déterminez, premièrement, c'est quoi, cette
capacité d'accueil du Québec? Puis est-ce que cette capacité d'accueil du
Québec est à 52 000, comme vous faites référence, ou à 40 000, comme votre
gouvernement a baissé les seuils lorsqu'il est entré au gouvernement, ou à
70 000, lorsqu'on additionne les deux?
M. Boulet : Les seuils,
collègue, vous le savez, s'appliquent au niveau de l'admission. Les immigrants
temporaires, soit provenant du programme de mobilité internationale ou des
travailleurs étrangers temporaires. Les TET, dans le secteur agricole, il y en
a à peu près 20 000, les autres, à peu près de 10 000, pe programme de mobilité
internationale, à peu près 42 000, 43 000, mais ils bénéficient d'un
encadrement. Je le répète constamment. On a adopté un règlement qui est entré
en vigueur, souvenez-vous, le 1er janvier 2020, qui prévoit d'ailleurs,
pour toutes les agences de placement et de recrutement de travailleurs
étrangers temporaires, d'obtenir un permis, d'informer la CNESST de la date d'embauche.
On a des outils pour parler dans leur langue. On a de l'accompagnement
personnalisé. Ils bénéficient des droits qui sont prévus dans les lois: normes
du travail, équité salariale, santé et sécurité. Donc, ils ne sont pas laissés
à eux-mêmes, les immigrants qui font partie de la catégorie ou qui ont un
statut temporaire. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Donc, la
capacité d'accueil, pour vous, est à 52 000, ou à 70 000, ou à 75 000, M. le
ministre?
M. Boulet : Il n'y en a
pas, de limite. Les seuils s'appliquent à l'admission, il n'y a pas de limite.
Et les immigrants temporaires font aussi l'objet de services de francisation.
Les services publics d'emploi s'appliquent à leurs conjoints et conjointes et
les travailleurs ont accès à tout, même les services d'Accompagnement Québec,
dont on a parlé un peu plus tôt.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Boulet : Et on a
accès...
M. Polo : Je cherche...
Mme la Présidente, je cherche à avoir une réponse claire. Parce que ça fait
partie du discours de ce gouvernement-là, à chaque fois, de parler de capacité
d'accueil. Et de parler aussi souvent de capacité d'accueil de la société
québécoise, mais...
M. Polo : ...a avoir une
réponse claire pas...
M. Boulet : ...c'est quoi, la
capacité...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député, un instant... M. le ministre, pardon. M. le député.
M. Polo : Bien, j'ai commencé
par évoquer que les différents programmes d'immigration, les... peu importe, on
peut les appeler les seuils ou les différents programmes, aujourd'hui, on parle
de 52 000 immigrants à travers les différents programmes au niveau des
seuils, puis, en plus de ça, il faut ajouter à cela un total d'à peu près
30 000 travailleurs temporaires ou un objectif de
30 000 travailleurs temporaires. Quand on parle de capacité
d'accueil, est-ce que la capacité d'accueil définit les seuils ou est-ce
qu'elle englobe, en plus, les 30 000 travailleurs temporaires? C'est
aussi clair que ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Ce n'était pas
clair dans mon esprit. Puis la capacité d'accueil va se mesurer par l'atteinte
de cibles claires, notamment l'intégration réussie, la baisse du taux de
chômage, l'emploi dans un environnement de travail. Ça se mesure par plusieurs
cibles que nous devons atteindre. Et ça, on le fait en collaboration, parce
qu'on a 104 organismes communautaires, on a des villes, on a des
organismes à but non lucratif, on a des coopératives qui nous aident à faire
l'accueil puis l'intégration. Si je vous dirais, le SANA de telle ville a une
capacité d'accueil limitée, c'est aussi par organismes que ça se mesure. Mais
ultimement, ce qui est important, c'est de permettre une intégration qui est
réussie. Donc, ça passe, d'abord et avant tout, par l'emploi. Mais je ne suis
pas capable de dire que notre capacité d'accueil... je n'ai pas une réponse précise
quant au nombre de personnes qu'on peut accompagner de façon personnalisée.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci. Mais, la
vraie réponse, c'est ce qu'il vient de nous dire à la fin, c'est qu'il n'est
pas capable de nous donner une réponse précise. Et donc moi, j'en conviens, ce
que je comprends de tout ça, c'est que ça fait partie d'un discours politique
et non pas d'objectifs clairs, précis, nets, chiffrés sur c'est quoi, ces capacités
d'accueil. Puis, si sa réponse est de dire : Bien, ça fait partie de
cibles, ou d'objectifs, ou de résultats en fonction des différents organismes,
bien, qu'il nous dise, bien, quels sont tous les organismes qui contribuent à
l'atteinte ou pas de cette capacité d'accueil, ou des cibles, ou des résultats
escomptés, puis qu'ils nous donnent un chiffre à la fin de la journée. Mais
est-ce que c'est 50 000? Est-ce que c'est d'en prendre soin pour en
prendre soin, donc on diminue à 40 000 les seuils, mais, en contrepartie,
on augmente, quelques années plus tard, de façon exponentielle le nombre de
travailleurs temporaires? J'en conviens, là, tous les acteurs économiques nous
demandent différentes sources d'immigration pour être capables d'apporter une
solution à la pénurie de main-d'oeuvre, j'en conviens. Mais, à ce moment-là, si
tout cela se vaut, la capacité d'accueil ne se vaut plus.
M. Boulet : Je comprends un
peu mieux la question. Puis, l'année dernière, il y a
55 000 personnes qui ont bénéficié de nos services d'accueil et
d'intégration. Donc, notre capacité d'accueil et d'intégration, il n'y a pas de
nouveaux organismes, de nouvelles villes, de nouvelles coopératives, de
nouveaux OBNL, notre capacité se mesure à ce chiffre-là. Puis nos seuils d'admission,
ils sont établis suite à une consultation, ils découlent d'une planification
pluriannuelle. Et, cette année, pour l'année 2022, c'est 52 500
maximum des admissions. Et ça, Ottawa n'est pas capable de respecter ces
seuils-là. Je pense que je comprends mieux votre question, et ma réponse, elle
ne peut pas être plus claire que ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Polo : C'est déjà mieux,
en effet. Ceci dit, quand on cumule les différents programmes plus les travailleurs
temporaires, on dépasse de façon importante cette capacité d'accueil. Alors,
comment il concilie tout ça? D'une part, on est rendus... vous le dites, là,
les seuils sont rendus à 52 000 et plus. La prochaine... bien,
précisez-moi, dans votre réponse, la prochaine planification d'immigration ou,
en fait, des seuils est à venir, elle devrait s'établir à combien.
M. Boulet : Mais ça, je ne
suis pas en mesure de le déterminer. La prochaine planification pluriannuelle,
comme j'ai dit ce matin, devrait normalement avoir lieu dans les prochains mois
de l'année prochaine par le parti ou par le gouvernement qui sera en place à ce
moment-là. Il y a aura des consultations et il y aura une analyse des critères
qui permettent d'établir ce seuil-là qui, comme vous savez, est passé de
40 000 à un chiffre qui est un peu supérieur...
M. Boulet : ...même que,
quand nous sommes arrivés au pouvoir, et donc encore une fois, je répète
qu'avec notre programme d'accompagnement puis de soutien à l'intégration, on a
104 ententes de partenariat. Avec notre programme d'appui aux
collectivités, on a 184 ententes de financement, et ça, ça peut encore
être bonifié puis enrichi.
Mais les seuils pour les années 2023
et suivantes demeurent à établir. Pour les années... Depuis notre arrivée au
pouvoir, il y a un rééquilibrage encore une fois d'à peu près
15 500 admissions à Ottawa au-delà du 52 500. Ça fait qu'on est
loin du compte, là, collègue. Puis les seuils ne s'appliquent qu'aux
admissions, pas à l'immigration temporaire. C'est les personnes qui veulent
rester au Québec de façon permanente et obtenir ce statut-là qui s'exprime par
une admission qui donne la résidence permanente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Donc, je
comprends que la planification pluriannuelle va se faire au cours des prochains
mois en fonction des réformes que vous avez mises en place, là, depuis que
votre gouvernement est en poste. Vous anticipez donc une capacité d'accueil accrue,
donc une augmentation des seuils au cours des prochaines années, M. le
ministre, et en fonction aussi des besoins notamment du secteur économique, des
différents secteurs économiques.
• (14 h 50) •
M. Boulet : Ce serait
présomptueux de ma part de dire que les seuils vont augmenter. Moi, je
comprends que la planification pluriannuelle qui a été faite en 2019 a établi
des seuils raisonnables, respectueux de l'environnement d'accueil et
d'intégration au Québec. Et pour les années à venir, ce sera déterminé par les
acteurs qui s'impliquent dans le domaine de l'immigration, puis je ne veux pas
faire de prédictions. Ce qui est important pour moi, c'est le moment présent,
puis l'année 2022. Ce qui est important, moi, c'est que le maximum de travailleurs
qualifiés qui résident au Québec qui ont des certificats de sélection du Québec
soit admis par Ottawa parce que c'est des personnes qui contribuent à la
société, à l'économie du Québec et qui attendent la résidence permanente.
Collègue, et vous le savez, et qui sont à risque de s'en aller faute d'obtenir
leur statut de résident permanent. 31 mois en moyenne, on le convient,
puis je pense que vous êtes d'accord, ça n'a pas de bon sens.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Mais, M.
le ministre, je... ça, j'en conviens.
M. Boulet : O.K.
M. Polo : Ceci dit, vous
dites, ce serait présomptueux de votre part de vous prononcer sur les prochains
seuils. Par contre, vous connaissez déjà quels sont les besoins actuels du
marché du travail. Puis quels sont... quel est le niveau de pénurie de
main-d'œuvre? Quels sont les... quelle est l'urgence d'agir le plus tôt
possible pour soutenir les différents secteurs économiques? Et vous connaissez
déjà les succès ou les insuccès des différentes réformes que vous avez mises en
place, vous et votre gouvernement depuis les dernières années, donc vous avez
une opportunité unique de pouvoir, à travers cette planification pluriannuelle,
de pouvoir justement apporter un autre élément de réponse, mais ça, vous n'êtes
pas prêt à vous avancer à dire que vous allez contribuer à répondre à ces
besoins ou en fait à ces... oui, à ces besoins impératifs des différents
secteurs économiques.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Et c'est
intéressant parce qu'une prémisse que vous avez, c'est que les personnes
immigrantes en soi vont nous permettre de répondre à la pénurie de
main-d'œuvre. C'est une des options, c'est une des solutions. Les jeunes, par
exemple, il y en a 200 000 au Québec ni en emploi, ni aux études, ni en
formation. Les économistes et les démographes me confirment que'ils vont
répondre à 54 % de nos besoins en main-d'œuvre d'ici 2030. La population
des 15 à 64 ans est en baisse constante. Les jeunes, les travailleurs
expérimentés, toutes les autres clientèles de main-d'œuvre dont je vous ai fait
référence, la formation, la qualification, l'automatisation, la robotisation,
l'intelligence artificielle, vous le savez... Et les personnes immigrantes, on
calcule qu'ils vont répondre à peu près à 20 % de nos besoins en
main-d'œuvre, là. Il y a donc... C'est un potentiel humain considérable, mais
ce n'est pas que la seule solution, là. Puis...
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : M. le ministre,
j'ai du respect pour vous honnêtement, là, parce que vous êtes... vous êtes une
personne...
M. Polo : ...affable. Vous
êtes une personne respectueuse et tout. Vous savez qu'en aucun moment je n'ai
parlé d'exclusivité de la solution.
M. Boulet : Je comprends.
M. Polo : O.K. Donc, autant
dans vos réponses, je pense que vous pouvez aussi être respectueux des échanges
qu'on a. Et je comprends que vous devez donner des réponses à mes questions,
mais ne présumez pas que j'ai laissé tomber d'autres formes, d'autres
solutions, d'autres avenues possibles à la pénurie de main-d'oeuvre, parce que
ce serait mal me connaître ou mal nous connaître. Surtout que je vous ai déjà
formulé des questions en Chambre, en parlant justement des différentes... Et
mon collègue, notamment, de Nelligan, et mon collègue de Lafontaine ont déjà
évoqué à plusieurs reprises d'autres sources de solution pour justement
attaquer le problème la pénurie de main-d'œuvre.
Ceci dit, votre gouvernement est en poste
depuis bientôt quatre ans. Les problèmes de pénurie de main-d'oeuvre n'ont fait
que s'accentuer. Alors, qu'est-ce que ça dit par rapport pas juste à
l'immigration, là, par rapport aux autres sources de réponse à la pénurie de
main-d'oeuvre et des soi-disant réformes ou initiatives que votre gouvernement
a mises en place, qui n'ont pas contribué à date, n'ont toujours pas contribué
à diminuer le nombre de postes vacants?
M. Boulet : Bon, à la
première partie de votre intervention, sachez que si vous pensez que j'ai
manqué de respect, ce n'est pas le cas. J'ai énormément d'estime, puis je le
disais à votre collègue avant le début de nos échanges, que vous étiez une des
personnes au Salon bleu que je considérais comme étant les plus respectueuses.
Puis je vais constamment avoir cette opinion-là de vous. Vous êtes calme, vous
êtes posé, vous maîtrisez les sujets qui font l'objet de nos discussions.
Le vieillissement de la population, ça va
s'accentuer. On va. On va connaître un creux historique en 2030. Puis je ne
veux pas dire qu'on a peut-être manqué de vision, au Québec, là, mais il y en a
beaucoup des économistes qui me disent : Il aurait fallu préparer le
terrain en 2008, en 2012, en 2015, parce que ça prend beaucoup des solutions à
moyen puis long terme, notamment la formation des infirmières, la formation des
ingénieurs. Je sais que vous avez déposé une stratégie nationale pour la
main-d'oeuvre, mais c'était en mai 2018. Donc, comme mon collègue disait ce
matin, il n'y avait pas de chance que ça puisse être mis en application. Puis
votre stratégie nationale pour la main-d'oeuvre, on l'a intégrée dans notre
plan d'action. Il y avait d'excellentes idées là-dedans. Puis vous avez
travaillé ça avec la Commission des partenaires du marché du travail, pareil,
comme moi. Je travaille un peu de la même manière que vous aviez fait.
Il faut que je vous dise, quand même,
qu'on est les meilleurs au Canada pour le taux d'emploi des 15à 64. On est à
77.6%, 2% d'avance sur le Canada, 3 % d'avance pour l'Ontario. C'est le
témoignage le plus éloquent de l'efficacité de nos services publics d'emploi.
Il faut continuer. On a accompagné 300 000 personnes, dans les trois dernières
années, il faut continuer.
Puis dernier commentaire, ce n'est pas que
le gouvernement qui va régler, qui contribue à régler la pénurie de
main-d'oeuvre. C'est un défi où tout le monde doit s'engager. Les employeurs,
là, qui doivent s'automatiser, là, on les accompagne pour acheter des
équipements, on les accompagne pour former la main-d'œuvre. Nos programmes de
requalification, c'est un succès, collègue, phénoménal. Il y a 30000 personnes
au Québec qui se sont requalifiées pour répondre à des besoins de main-d'œuvre.
Il va falloir continuer. La roue continue de tourner. Des fois, je dis même à
des collègues qu'il y a encore... tu sais, on en intègre beaucoup, mais il y a
encore beaucoup de postes vacants. Mais il y a énormément de départs à la
retraite. Puis 80 % de la pénurie de main-d'oeuvre provient des départs à
la retraite, 20 % de la vigueur de l'économie québécoise, de son dynamisme.
Donc, je pense qu'il y a plein... D'ailleurs, comme vous référez aux histoires
à succès pour les personnes immigrantes, il y a énormément d'histoires à succès
de PME qui réussissent à recruter, à retenir puis à prendre de l'expansion.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Je comprends, M. le
ministre. Puis merci pour votre réponse, puis vos commentaires à mon égard,
puis ils sont réciproques, M. le ministre.
Je veux juste vous dire, c'est comme une
course contre la montre. Puis vous le dire, j'en suis conscient. La question du
vieillissement de la population, d'ici 2030, il y a une accélération qui s'est
faite, qui a commencé à s'effectuer au cours des cinq dernières années et qui
va se poursuivre, là, jusqu'en 2030, notamment. La meilleure image que j'ai...
M. Polo : ...puis, M. le
ministre, c'est comme si vous étiez sur un tapis roulant puis vous êtes en
train de courir à une certaine vitesse, mais le tapis roulant, il court plus
vite que vous. C'est qu'à un moment donné, vous risquez de tomber, vous risquez
de tomber à l'arrière du tapis roulant. Vous comprenez? On a tous déjà vu cette
image-là dans les médias sociaux, là, entre autres.
Ceci dit, c'est comment courir plus vite
que la vitesse que tourne le tapis roulant, M. le ministre? Et c'est là que...
Je suis content que ça vous fasse sourire, mais comment courir plus vite de
façon à justement être capable de prendre le dessus sur cette tendance
sociétale, on va dire, du Québec, sur cette tendance sociétale? Puis, oui, il y
a tous les différents groupes que vous avez mentionnés : les personnes,
les jeunes, la requalification, les différents secteurs industriels qui, à
travers notamment, là, les cycles économiques deviennent un peu moins
importants, changent. Vous êtes dans une région qui a déjà connu d'autres
secteurs économiques très importants qui se sont... Puis j'ai visité ville...
la ville de l'énergie, là, dans votre région, notamment Shawinigan qui s'est
retransformée, entre autres, par des mesures que le gouvernement a mises en
place - je ne veux pas juste vanter notre ancien gouvernement - mais des
compagnies qui se sont établies, des secteurs technologiques, et autres.
Mais comment courir plus vite? Et c'est là
que je trouve que, malgré vos réponses, vous ne considérez pas l'immigration
comme étant une solution qui peut aider encore plus davantage à apporter une
solution qui est présente. Parce que cette problématique, ce n'est pas juste en
2030, on a le vit aujourd'hui. On la vit aujourd'hui, vous la vivez chez vous,
je la vis chez nous, etc.
Donc, c'est là que je trouve que, des
fois, votre vision et votre discours - on va le dire comme ça, politique -
teintent vos décisions et il nous empêche justement de pouvoir apporter de
meilleures solutions - je ne dis pas qu'il n'y a pas de solution - mais de
meilleures solutions aux problématiques actuelles que vivent les différents
secteurs économiques.
• (15 heures) •
M. Boulet : Eh, mon
Dieu! Bon, deux éléments. Le tapis roulant, moi, je m'efforce de courir à la
vitesse maximale et j'ai besoin, en même temps, de l'appui des partenaires puis
je les consulte fréquemment : les employeurs, les syndicats, la Fédération
des collèges, le Bureau de coopération interuniversitaire. Et si vous avez des
solutions pour les personnes immigrantes, on les met déjà en application. On a
augmenté considérablement nos budgets en intégration, dans les régions
francophones, en services de francisation puis en accompagnement personnalisé.
Donc, les personnes immigrantes, c'est une
option, collègue, qui est vraiment importante. Sachez que vous ne devez pas
décoder de mon discours que l'immigration n'est pas une des options à notre
disposition pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre....
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre
M. Boulet : ...on va
continuer d'y mettre l'accent.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je suis maintenant prête à entendre le député de Matane-Matapédia pour une
durée de seize minutes sept secondes.
M. Bérubé : Je suis
aussi prêt, Mme la Présidente. M. le ministre, je le dis par l'entremise de la
présidente, on a convenu, tout à l'heure, que le Québec est capable et qu'il
serait souhaitable qu'il assume lui-même tous les pouvoirs en immigration. On a
convenu que ce n'était pas le cas. J'ai dit : Ça n'arrivera pas dans le
système fédéral. Vous continuez à espérer. On s'est quittés là-dessus. C'était
votre position tout à l'heure, la mienne est restée la même. La vôtre en est
une qui vous honore, c'est la mansuétude, c'est la main tendue. D'autres ont
joué dans ce film-là bien avant vous et en ont tiré des conclusions politiques,
que je vous invite éventuellement à tirer à votre tour. Mais la réalité est
implacable, comme le gouvernement fédéral est le maître du jeu, bien, il va
augmenter ses sites d'immigration. Savez-vous de comment par rapport à 2015?
Imaginez un pourcentage. 80 %, 80 % d'augmentation des cibles, donc
451 000 dossiers par année en 2024. Pour le Québec, ça veut dire de 100 à
120 000 immigrants, c'est beaucoup ça. Alors, j'ai deux questions
pour vous, la première : Est-ce que vous avez été consulté sur ces cibles?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre
M. Boulet : Ce que
l'accord Canada-Québec... C'est que, quand le Canada établit ses seuils
d'immigration, il doit prendre en considération l'avis du Québec sur le nombre
d'immigrants que nous allons accueillir, et, oui, il y a des échanges entre des
gens de mon ministère et IRCC...
15 h (version non révisée)
M. Boulet : ...à Ottawa. Oui,
il y a eu une consultation. Mais l'accord prévoit "doit prendre en
considération".
M. Bérubé : Je sais ça. Donc,
vous considérez avoir été consultés. Est-ce juste?
M. Boulet : Ce que l'avis
prévoit... ce que l'accord Canada-Québec, c'est Canada a une obligation de
prendre en considération.
M. Bérubé : Ça, je le sais,
je l'ai dit. Mais est-ce que vous considérez avoir été consulté, vous, comme
ministre?
M. Boulet : Moi, personnellement,
comme ministre, non. Mon collègue à Ottawa ne m'a pas consulté personnellement.
M. Bérubé : Merci.
M. Boulet : Mais les équipes
des ministères se sont parlé. Il y a eu des échanges et l'établissement des
seuils à Ottawa, "prend en considération", selon le libellé de l'entente
de l'accord Canada-Québec, les seuils québécois.
M. Bérubé : M. le ministre,
Me Boulet, si je vous suggère que vous n'avez pas été consulté, mais informé.
M. Boulet : L'accord ne prévoit
pas que la ministre doit informer le ministre.
M. Bérubé : Je vous invite à
le relire.
M. Boulet : Établit des
niveaux d'immigration en prenant en considération l'avis du Québec et l'avis du
Québec...
M. Bérubé : C'est vous, le
Québec.
M. Boulet : Oui, mais... non.
Ça se fait de manière administrative, vous connaissez très bien, collègue...
La Présidente (Mme D'Amours) : J'aimerais
ça que vous vous adressiez à la présidence. S'il vous plaît, M. le ministre.
M. Boulet : ...de
Matane-Matapédia, les équipes échangent et c'est... Excusez-moi.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre. J'aimerais ça avant de continuer, là, que vous vous adressiez tous
les deux à la présidence puis que vous respectez le temps de parole de chacun.
Là, vous aviez du temps et M. le député de Matane-Matapédia avait, de temps en
temps, à vous couper la parole. Et j'aimerais aussi que tout le monde s'adresse
par son titre et non pas par son titre de maître ou de... son nom personnel.
M. Bérubé : D'accord. On ne
choquera pas personne de votre cabinet. Très bien.
La Présidente (Mme D'Amours) : Pardon,
M. le député de Matane-Matapédia?
M. Bérubé : J'ai dit :
On ne choquera personne comme ça.
La Présidente (Mme D'Amours) : Non,
mais on va suivre les règlements de l'Assemblée nationale.
M. Bérubé : Faites votre
travail.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
vous reste quelques secondes, M. le ministre, à répondre à la question de M. le
député de Matane-Matapédia.
M. Boulet : Oui. Donc, dans
la mise en application des accords de cette nature-là, les équipes ministérielles
ont des échanges. C'est des échanges qui ont eu lieu. Ça m'apparaît compatible
avec le libellé de l'accord Canada-Québec et c'est de cette manière-là que le
Canada a établi ses seuils.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Matane-Matapédia.
M. Bérubé : Alors, mon
opinion, c'est que vous vous contentez de bien peu. Vous avez été informé, il y
a eu des échanges au ministère. Maintenant, une question beaucoup plus directe :
Êtes-vous d'accord avec des seuils qui vont de 100 000 à 120 000 immigrants
par année au Québec? Oui ou non?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Non.
M. Boulet : Merci. J'ai d'autres
questions.
La Présidente (Mme D'Amours) : Vas-y.
M. Boulet : C'est la question
que j'avais posée en Chambre. Je n'avais pas obtenu la réponse, Mme la
Présidente. Maintenant, je l'ai. J'ai terminé.
M. Boulet : Ce qui est
important, c'était...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, un instant. C'est M. le député.
M. Bérubé : J'avais terminé
ma question là-dessus. Je n'ai pas d'autres questions sur cet enjeu-là. Donc...
M. Boulet : Mais, si vous me
permettez de compléter, les...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, s'il vous plaît. C'est… la parole à M. le député.
M. Boulet : Ah! O.K.
M. Bérubé : Ça m'apparaissait
assez complet. Mme la Présidente, si on compare, parce que parfois le ministre
fait référence au gouvernement précédent, quand on compare des données, là,
vérifiables, la proportion des permanents qui avouent ne pas maîtriser le
français au point d'entrée, c'est une question importante, moi, je l'ai abordée
au projet de loi n° 96... d'ailleurs, j'indique au ministre que en ce qui a
trait au Parti québécois, nous, on aimerait que le ministère de la Langue
française soit avec l'immigration, on trouve que ça va ensemble. Bien, en 2015,
c'était 42 %, sous le gouvernement du premier ministre Couillard. Sous le
gouvernement du ministre, 50 % en 2019.
Donc, il y a davantage de permanents qui
ne parlent pas français à l'entrée avec le gouvernement de la Coalition avenir
Québec qu'avec le Parti libéral du Québec. Je trouve qu'on ne va pas dans la
bonne direction. Et quand je vous parlais de la langue tout à l'heure, on parle
beaucoup des besoins de main-d'œuvre, bien sûr. Mais quelle est notre capacité
d'intégrer, de franciser, d'accueillir, de régionaliser? 25 %, c'est la
cible que le Parti québécois propose.
Écoutez, je vais vous le dire de la façon
la plus directe possible. On peut avoir des débats sur la main-d'œuvre puis
sortir des données pour chacune des professions, mais on peut aussi devenir une
province comme le Nouveau-Brunswick ou devenir la Louisiane. Ce n'est pas le
souhait que j'ai pour le Québec. Alors, on a un sérieux coup de barre à donner.
Ça ne sera pas dans le projet de loi n° 96, je compte sur l'immigration. Et si
on n'est pas capables d'y arriver, c'est la capitulation. Peut-être que ce n'est
pas votre avis, puis vous l'exprimez dans les forums, là où ça compte, puis je
n'en doute pas. Mais, résultat des courses, je n'ai pas d'indication...
M. Bérubé : ...que les
courbes vont changer considérablement si on les compare avec le gouvernement précédent.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui.
D'abord, rectifiez, là. Il y a 69,3 % des immigrants qui connaissent le
français en 2021. Et c'est important de dire que là où on a les pleins pouvoirs
de sélection, c'est les immigrants économiques. Et on est passé, de 2018 à
2021, de 55 % à 84 % qui déclarent connaître le français. C'est quand
même une amélioration substantielle. Ça ne veut pas dire que le travail est
fini, il faut continuer. Le phénomène d'anglicisation, il préoccupe. Je le
répète depuis le début de l'avant-midi, la régionalisation puis le français
sont les deux outils que nous avons dans notre coffre à Québec pour relever
deux défis fondamentaux pour l'avenir du Québec.
M. Bérubé : D'accord.
M. Boulet : Régionalisation,
français, pour assurer l'avenir du français puis relever notre défi économique.
Et ça, pour moi, c'est un incontournable. Puis les missions de recrutement puis
l'encouragement pour les étudiants internationaux dans les régions
francophones, il faut utiliser toutes les avenues qu'on a à notre disposition
pour rencontrer nos objectifs de société.
• (15 h 10) •
M. Bérubé : On est
d'accord là-dessus. Le cégep de Matane, dans ma circonscription, presque la
moitié des étudiants sont originaires de France, de l'île de la Réunion.
Heureusement qu'on les a. C'est une grande richesse. Ceci étant dit, les
étudiants africains de la côte ouest-africaine se font refuser
systématiquement. S'il voulait un endroit où il y en a de la discrimination
systémique, là, le gouvernement fédéral avec des francophones et ceux de
l'Afrique les discriminent systématiquement. Mais je veux vous amener sur la
question des collèges. On a un parcours au Québec avec la loi 101, puis
heureusement qu'elle a été adoptée à 1977, où les enfants issus de
l'immigration passent par le système scolaire québécois, primaire en français,
secondaire en français, collèges, activités libres. Qu'est-ce que ça veut dire ? On a vérifié le cas de
Dawson, qui fait l'actualité. Votre collègue, lui, c'est service minimum en
matière linguistique. Il trouve qu'il ne faut pas toucher à ça. Le grand Guy
Rocher est venu dire ça. Il a applaudi Guy Rocher. C'est une grande
inspiration, mais il ne retient absolument rien de ce qu'il a dit du projet de
loi no 96.
Si je vous dis que 42 % des étudiants
du collège Dawson, le plus populeux au Québec, proviennent de l'immigration,
moi, je dis qu'on a manqué notre coup parce qu'on devrait faire en sorte qu'ils
puissent, à un moment important de leur vie, puis ils entrent, ils sont encore
mineurs au cégep, se socialiser dans nos collèges francophones. Je sais qu'il y
a eu des débats à la CAQ là-dessus. Ça a été abondamment discuté. Et
Radio-Canada en a fait un reportage. Il n'est pas trop tard. Elle n'est pas
adoptée, cette loi-là. Moi, ce que je vous dis, c'est que je compte sur vous et
sur d'autres, je fais le tour, hein, je fais du pointage, je veux savoir c'est
qui, les nationalistes, dans la coalition.
Alors, c'est important cette mesure-là.
C'est plusieurs mesures qui sont importantes. Mais celle-là est très importante
aussi parce que ça fait une différence, parce que les gens que vous avez
engagés pour des analyses, je pense que vous avais parlé de Pierre Fortin et de
Marc Termote. Demandez à Marc Termote ce qu'il en pense de ça. Tant qu'à
l'avoir à portée de main avec un mandat, je pense qu'il va vous dire qu'il est
en accord. Puis l'étude est prête. Il l'a dans sa valise. Alors, je vous dis,
là, c'est très sérieux, cet enjeu-là. Vous avez été consulté. Moi, je pense que
le fédéral ne vous a pas vraiment consulté, mais que vous avez été consulté
pour le cégep en français. Vous, êtes-vous en faveur ?
M. Boulet : Pour les...
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, avant de débuter, je vous recommande...
M. Boulet : Je vais
répondre à...
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous le dis encore une fois, de vous adresser à la présidence. Puis c'est moi
qui tiens le temps. Donc, c'est...
M. Boulet : C'est vrai.
La Présidente (Mme D'Amours) : Je
vous dirai quand vous aurez terminé. Et ça ne sera pas le député de
Matane-Matapédia, avec les mains en l'air, qui va vous dire d'arrêter de
travailler ou de parler.
M. Bérubé : Mme la
Présidente, je peux...
La Présidente (Mme D'Amours) : Donc,
non. Non...
M. Bérubé : Je peux
aussi quitter puis ne pas accepter ce que vous me dites.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ah!
Vous pouvez quitter, Monsieur.
M. Bérubé : C'est
peut-être ce que je vais faire, d'ailleurs. Merci Madame.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
allez-y, Monsieur.
M. Bérubé : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
y a des règlements, ici, à l'Assemblée nationale. Il y a des règlements en
commission. Puis si vous n'êtes pas capable de les respecter, peut-être que
vous faites bien de quitter. Merci. Bonne fin de journée. Donc, je suis prête à
entendre un autre intervenant. Et je cède la parole à l'opposition officielle pour
une durée d'environ 20 minutes. Nous verrons, M. le député, après
ajustement du temps.M. le député de...
M. Polo : Mme la
Présidente, en tout respect pour vous et on a eu un échange hors micro, je
pense qu'il y a manière de laisser les parlementaires échanger. Et
respectueusement, même si des fois ça peut être corsé, c'est sans
nécessairement appliquer le règlement à la lettre, où ça vient un peu brimer un
peu des échanges qui sont quand même appréciés par la population. Moi, je veux
juste faire ce point-là parce que, comme...
M. Polo : ...des fois, je me
retrouve à présider et je pense que les collègues apprécient avoir quand même
un peu d'espace et un peu de temps pour pouvoir échanger sans manquer de
respect à qui que ce soit. C'est mon préambule. Je vais quand même poursuivre
avec mes échanges auprès du ministre.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le député, je vous ai dit moi aussi hors micro que
chacun a sa façon de travailler, et moi, je travaille avec les règlements de la
commission et je n'enfreins aucun règlement de la façon dont je travaille. Et
donc, à vous la parole pour votre bloc d'échange, M. le député.
15
407
M. Polo : Ça devient
très lourd d'échanger dans ces circonstances, Mme la Présidente.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Vous êtes le premier à me le dire, ça fait que vous allez
vous habituer.
15
407
M. Polo : Bien, en
fait, je pense qu'on est deux personnes ici du côté des oppositions à vous le
dire.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Vous allez vous habituer. C'est à vous. À vous la parole.
15
407
M. Polo : Je maintiens
que ça devient très lourd échanger dans ce genre de circonstances.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Je maintiens que vous devez vous adresser à la présidence.
15
407
M. Polo : M. le
ministre, je peux vous adresser la parole?
17
899
M. Boulet : Tout à
fait a fait. Tout à fait.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Vous vous adressez à la présidence, s'il vous plaît.
Merci, M. le ministre.
15
407
M. Polo : À la
page 434 du cahier des crédits, M. le ministre, partie 2, OK, on fait
référence aux journées Québec–États-Unis, 22 mars au 15 mai 2021,
18 000 $ le coût associé à ces journées du Québec aux États-Unis. O.K.? 40
participants ont été rencontrés, nombre de candidats rencontrés. On indique le
nom des différentes entreprises et participants qui ont participé à ces
journées. On évoque aussi d'autres dates, Journée Québec-Monde-Régions, 12 au
16 avril. Le coût n'est pas indiqué, 1566 candidats ont été rencontrés,
des Journées Québec-Monde Grand-Montréal, du 19 au 30 avril 2021, entre
autres, 1121 candidats ont été rencontrés. On indique aussi un peu plus
loin les journées Québec-Mexique, 4 au 8 mai 2021, pour un coût total de
12 000 $. Vous voyez
c'est quelles pages auxquelles je fais référence, M. le ministre?
17
899
M. Boulet : Oui.
15
407
M. Polo : Parfait. La
section E de chacun de ces tableaux-là s'intitule le nombre d'immigrants
temporaires ou permanents ayant reçu éventuellement un certificat d'acceptation
du Québec ou un certificat de sélection du Québec grâce à l'activité et qui ont
été admis au Québec. Bon, là, j'ai avec moi le cahier des crédits, là, le
2022-2023, puis ça indique données non disponibles. Pourquoi?
15
399
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
17
899
M. Boulet : Avec le
consentement, j'aimerais ça demander à mon sous-ministre de donner une réponse
plus précise parce que je n'étais pas en fonction à ce moment-là, ça fait que
ce serait une réponse trop approximative. Puis s'il y a des compléments de
réponse que le collègue aimerait avoir, Mme la Présidente, ça nous fera plaisir
de le fournir à la commission. C'est monsieur Benoît Dagenais, là, si ça vous
convient.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Est-ce que j'ai le consentement que le
sous-ministre, monsieur Dagenais, prenne parole? Consentement?
Une voix : Consentement.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Alors, monsieur Dagenais, veuillez vous présenter et
donner votre titre, s'il vous plaît, pour la première fois.
M. Dagenais (Benoit) : Oui.
Benoît Dagenais, sous-ministre, ministère de l'Immigration, Francisation et
Intégration. La raison, pour répondre à la question du député, le nombre de
candidats ou le nombre d'immigrants qui ont reçu une offre par la suite est pas
une donnée qu'on reçoit automatiquement sur... le processus d'embauche doit se
compléter. Donc, on a actuellement l'information complète entre cinq et six
mois après chacune des missions, on la collige et on peut donner cette
information-là par la suite. On travaille avec des PNG, des partenaires non
gouvernementaux, des partenaires très importants d'ailleurs en recrutement
international à Montréal International, Québec International, la Société de
développement économique de Drummondville. Eux, doivent compléter avec les
employeurs les processus d'embauche et c'est pour cette raison qu'on a
l'information un peu plus tard.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. M. le député de Laval-des-Rapides.
15
407
M. Polo : Parfait.
Avez-vous, peut-être pour l'année précédente, ces informations-là pour ce
tableau-là? Si c'est le cas, prenez votre temps, là, vous pouvez le déposer
puis on pourra y avoir accès. C'est juste par curiosité de savoir combien de
ces candidats là ont obtenu leur CSQ par le passé.
15
399
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le sous-ministre.
M. Dagenais (Benoit) : Oui.
D'ailleurs, c'est une information que l'on suit dans notre plan stratégique...
M. Dagenais (Benoit) : ...Le
nombre de travailleuses et de travailleurs étrangers embauchés à la suite d'une
activité de recrutement, donc pour l'année 2020-2021, la cible était de
400, compte tenu de la pandémie, le résultat a été de 791, et pour cette année,
22-22, enfin, l'année qui vient de se terminer, la cible est de 1500 et on est
en bonne voie de la dépasser.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Parfait,
merci. M. le ministre, je vais revenir un peu sur la régionalisation de
l'immigration, mais associée à la problématique du logement, O.K.? Comme vous
le savez, on souhaite tous une plus grande régionalisation de l'immigration. La
problématique du logement est une problématique qui est maintenant reconnue par
votre collègue à l'Habitation dans certaines régions, ceci dit. Et puis le
marché locatif est un marché qui vit plusieurs, plusieurs défis à travers
différentes villes, on parle de taux d'inoccupation en bas de... sous les
1 % pour des villes comme Drummondville, Granby, Sherbrooke, Rimouski,
Rouyn-Noranda, Victoriaville et autres.
En faisant ma revue de presse... Peut-être
que vous connaissez l'exemple de Granby, un peu, l'initiative, là, que la Ville
de Granby a voulu mettre sur pied, qui était d'inviter, là, les différents
citoyens de la ville qui ont des chambres inoccupées à les offrir, en termes de
chambres, à espaces à louer, O.K., afin de, justement, offrir plus de
possibilités d'accueil pour des candidats... bien, en fait, des nouveaux
résidents de ces villes-là pour venir, justement, aider le secteur économique,
s'intégrer, les accueillir dans ces villes-là?
• (15 h 20) •
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Évidemment,
je suis éminemment préoccupé par le défi du logement. J'étais à Granby lundi,
j'ai rencontré... J'ai visité un organisme d'intégration, j'ai parlé avec la
mairesse de Granby qui était là, c'est une initiative remarquable. J'ai fait
une allocution à la Fédération québécoise des municipalités et j'ai interpellé
tous les acteurs locaux, les MRC, les villes à s'investir dans des idées
originales, que ce soient des bâtiments inoccupés, des hôtels, des places pour
faire de l'hébergement temporaire et permanent. Il y a des organismes
communautaires qui offrent d'ailleurs de l'hébergement temporaire, il y a des
entreprises qui s'engagent dans la construction puis dans la location
d'appartements pour accueillir les personnes immigrantes. Il y a une
multiplication d'initiatives un peu partout au Québec, et ça, encore une fois,
c'est un défi de société que nous devons relever tout le monde ensemble. Mais
le logement, ça fait partie de notre capacité d'accueil et d'intégration des
personnes immigrantes puis il faut continuer à travailler tout le monde
ensemble pour répondre aux besoins des personnes immigrantes en matière de
logement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Polo : Parfait. Puis
quelle est votre opinion par rapport au... regardez, on n'a pas nécessairement
soit une opinion pour ou contre, mais que pensez-vous, par exemple, de la
question des entreprises qui se portent acquéreurs, justement, de domiciles
pour devoir répondre aux besoins de logement face à leurs travailleurs?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Polo : Et comment
tout ça peut affecter le marché immobilier comme tel?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. Boulet : Oui, je n'ai
pas d'opinion spécifique là-dessus, là. Puis comme mon collègue des Finances
l'explique souvent, là, il y a beaucoup une problématique ou un équilibre entre
l'offre et la demande : La demande est forte, c'est sûr que ça contribue à
l'augmentation de la demande, si les entreprises achètent ou louent des
propriétés. Il faut constamment... Je pense que l'engagement que nous devons
tous avoir, c'est d'accroître l'offre de logements et de maisons, mais je n'ai
pas d'opinion précise, là. Mais je sais qu'il y a un impératif pour les
entreprises d'attirer, de retenir la main-d'oeuvre, et il y a des moyens, des
fois, qui sont à leur disposition, qui leur permettent de rencontrer leurs
objectifs.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Parfait. Je
voulais, avant d'évoquer, là, mon prochain sujet, M. le Président... M. le
ministre, c'est juste que quand on a terminé le bloc précédent, je vous
parlais, là, de la question du tapis roulant puis les efforts, et tout ça, mais
ce que je voulais aussi apporter comme analogie ou anecdote par rapport à ça,
c'est que vous êtes sur un tapis roulant... en fait, le Québec sur un tapis
roulant, O.K., à courir et essayer de résoudre la question de la main-d'oeuvre
en utilisant différents...
M. Polo : ...mais c'est
parce qu'à côté de notre tapis roulant, il y a différents pays, l'Australie,
d'autres provinces du Canada, d'autres pays, qui font également les mêmes
démarches que le Québec fait pour attirer des candidats, candidates de
l'immigration, qui compétitionnent avec nous et qui semblent courir plus vite
que nous. Et c'est là que je reviens, donc, avec, un peu, ma question
philosophique, c'est que le discours politique nous limite dans nos capacités
puis ça, c'est à chacun d'assumer notre discours politique, mais je trouve
qu'on se limite, à ce moment-là, dans les options, les capacités qu'on a pour
résoudre la question de la main-d'œuvre, alors qu'à côté de nous, là, il y a
différents concurrents qui font, eux aussi, des missions de recrutement dans
les mêmes bassins et qui compétitionnent, justement, pour cette même clientèle,
entre autres, immigrante, O.K., formée, qui connaît les langues, pas juste le
français, mais qui est polyglotte et qui est formée et en mesure d'intégrer le
marché du travail. Donc, vous ne voyez pas ça comme étant un défi puis un...
justement, une menace à notre capacité d'être capable de fournir des solutions
pour notre économie?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mme la
Présidente, on tient à peu près le même discours. Je l'ai dit quand on a lancé,
récemment, les 17 missions de recrutement à l'international, qu'on était
en compétition pour le talent partout sur la planète et on est sur le tapis
roulant, mais je ne suis pas seul sur le tapis roulant. J'invite plein de
personnes qui viennent courir avec moi sur le tapis roulant. Puis quand on est
plusieurs à courir sur le tapis roulant, on va beaucoup plus vite. On s'inspire
de l'Allemagne, on s'inspire de pays étrangers, notamment pour mettre en place
des programmes en alternance travail-études, qui donnent, encore une fois, des
retombées extrêmement intéressantes. Il y a la Colombie-Britannique qui
s'inspire beaucoup de nous autres parce qu'on a établi des secteurs
prioritaires. Donc, on s'inspire des meilleures pratiques à l'échelle
internationale et il y a plein de pays qui s'intéressent à ce que nous faisons,
de la façon dont on le fait et on fait une vigie internationale. Je le répète,
sur le tapis roulant, on est plusieurs à être en même temps, à se fixer le même
objectif. Puis le talent, peu importe où il est, il nous intéresse, on l'a dit,
en génie, en technologies de l'information, partout.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci. M. le
ministre, là, je vais évoquer d'autres sujets, là, c'est mon dernier bloc de
temps, il reste à peu près 15 minutes. La question des crédits périmés, le
niveau des crédits périmés a atteint un sommet à 44,2 millions de
dollars de crédits non dépensés retournés au fonds consolidé, soit presque
8 % du budget total, O.K.? On parle que les sommes transférées du fédéral
ont fait un bond de près de 100 millions cette année. Question :
Comment expliquer, quand on sait qu'il manque d'enseignants en francisation et
que le MIFI veut accompagner plus d'entreprises... Parce que vous... à
différents moments, dans vos réponses, dans vos échanges, dans vos
affirmations, vous faites référence aux moyens, se donner les moyens, O.K.? Je
me rappelle encore, je l'ai répété tantôt, le discours de... pour bien les
accueillir comme tel, mais on laisse de l'argent sur la table qu'on transfère
au fonds consolidé. Est-ce qu'on utilise pleinement les ressources pour bien
les accueillir à ce moment-là?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Avec votre
consentement, Mme la Présidente, je demanderais à M. Dagenais de donner
une réponse à la question.
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y,
M. Dagenais.
M. Dagenais (Benoit) : Merci,
Mme la Présidente. Tout d'abord, peut-être juste revenir sur le chiffre parce
que peut-être que le député, là, réfère à des documents, là, qui faisaient une
évolution budgétaire en date du 28 février. Donc, des dépenses réelles en
date du 28 février. C'est une hypothèse que je fais parce que la prévision
des dépenses que nous faisions, en date du 28 février, mais pour
l'ensemble de l'année, nous amène plutôt à une prévision de surplus en
2021-2022, autour de 22 millions. Donc, autour de 4 %. Mais je peux,
si vous le désirez, Mme la Présidente, je peux quand même répondre à la
question qu'est-ce qui explique un surplus budgétaire de 22 millions. Vous
savez, Mme la Présidente, que le budget du ministère de l'Immigration,
Francisation, Intégration, est toujours en augmentation année après année.
Donc, oui, il y a un surplus budgétaire, mais les dépenses, elles, ne cessent
d'augmenter. Mais il y a quand même...
M. Dagenais (Benoit) : ...certaines
explications, là, plus fines que je peux vous donner, notamment au niveau des
services de francisation. Donc, le ministre l'a dit, on n'a jamais francisé
autant de personnes, mais on pouvait quand même s'attendre à plus. Il y a
différentes explications qui font en sorte qu'on n'a pas eu plus, une
augmentation encore plus importante, notamment que les personnes qui ont été
admises étaient particulièrement en plus grande proportion des gens qui étaient
déjà ici. Le fait que le fédéral n'a pas atteint nos cibles également, que nous
nous étions fixées. Donc, il y a moins de gens qui sont rentrés, donc fermeture
des frontières. Donc, la francisation à temps complet est une des principales
explications. Et on a transformé aussi notre offre de services en virtuel qui
demande moins de dépenses, notamment en francisation objectif intégration.
Donc, il y a quelques éléments qui peuvent expliquer ce surplus de
22 millions qui est autour de 4 % du budget de 2021-2022.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
monsieur. M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Merci. Mme la
Présidente, il me reste combien de temps?
La Présidente (Mme D'Amours) : 6 min 35 s
M. Polo : Ça, ça n'inclut pas
le temps que mon collègue de Matane...
La Présidente (Mme D'Amours) : Pas
du tout.
M. Polo : Parfait. Parce que
je refuse de prendre son temps. Et je pense qu'il avait un point de quitter
dans les circonstances.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ça
vous appartient.
M. Polo : Et je le mentionne,
je le répète, Mme la Présidente, je pense qu'il y a une façon de présider, puis
actuellement, c'est lourd comme ambiance. Je le répète, mais bon...
• (15 h 30) •
La Présidente (Mme D'Amours) : Moi,
je travaille avec les règlements, puis tout va bien.
M. Polo : Non, non, non, il y
a une façon d'appliquer les règlements, puis c'est vous n'êtes pas la première,
vous n'êtes pas la dernière à présider.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le Député, s'il vous plaît, je travaille avec les règlements que nous avons.
Vous...
M. Polo : Vous travaillez
avec l'application que vous voulez l'appliquer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien
oui, c'est bien sûr, c'est ma prérogative comme présidente.
M. Polo : Et c'est ma
prérogative de mentionner que c'est très lourd de travailler dans ces
circonstances-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Bien,
je vous dis que c'est votre droit, mais on...
M. Polo : Voilà, mais... et
je l'exerce mon droit.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui.
Depuis tout à l'heure, je vous demande...
M. Polo : M. le ministre...
La Présidente (Mme D'Amours) : Depuis
tout à l'heure, je vous demande de vous adresser à la présidence, et vous ne le
faites pas. Ça fait que je laisse les gens qualifier cette façon de faire.
Donc, c'est à vous la parole, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Je pense que vous
avez assez d'expérience pour avoir vu d'autres présidents présider d'autres
façons que celle-là, Mme la Présidente. Mais ceci dit, M. le ministre...
La Présidente (Mme D'Amours) : Vous
allez vous habituer.
M. Polo : M. le ministre, le
test des connaissances des valeurs québécoises a déjà été évoqué comme un
exercice qui déterminerait, selon votre premier ministre, si le candidat qui
échouait restait ou non au Québec, O.K. Autant, les tests de français pour
certains peuvent être extrêmement difficiles. Et là, je ne parle pas uniquement
d'immigrants, O.K., M. le ministre, parce que vous êtes à même de savoir que le
défi de la langue est un défi pour tous les Québécois et même les Québécois de
souche. On le voit à travers tous les articles de journaux qui sortent sur la
connaissance et la maîtrise du français, même pour ceux qui sortent des bancs
d'universités québécoises. L'an dernier, c'est presque
16 000 personnes, un peu plus de 16 000 personnes qui ont
fait cette évaluation en ligne, dont 24 personnes ont échoué. Je précise,
les réfugiés en sont exemptés, O.K. Qu'arrive-t-il ou qu'arrivera-t-il aux 24 personnes
qui ont échoué qui n'ont pas reçu leur attestation?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Donc, 16 171, donc un taux de réussite de 99,84 %.
Donc, les 24 qui ne l'ont pas réussi, ils vont pouvoir bénéficier
d'accompagnement pour refaire le test et s'assurer qu'ils puissent le réussir.
Tu sais, il n'y a pas personne qui est laissé pour compte, qui ne bénéficie pas
d'un encadrement pour lui permettre de bien réussir.
M. Polo : Parfait.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Polo : Donc... et ces
personnes-là, qu'elles soient 24, qu'elles soient 20, qu'elle soit 16, à coup
sûr, elles vont recevoir cet accompagnement-là le temps qui sera nécessaire.
Donc, ça peut être trois mois, six mois, un an, un an et demi, deux ans. Le
temps qui sera nécessaire pour réussir cet exercice, le test de connaissance
des valeurs québécoises.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Oui, merci, Mme
la Présidente. Oui, ça fait partie, d'ailleurs, de nos objectifs d'intégration.
On va donner des cours à la personne. Donc, quand je réfère à de
l'accompagnement, on va lui donner des cours de français pour lui permettre de
réussir le test. Donc, on va mettre en place tous les moyens facilitants. Puis
les 24 sur les 16 171, ils vont réussir le prochain test.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Parfait. Capacité
d'accueil des réfugiés, M. le ministre, O.K. À la fin de l'été dernier, donc il
y a un peu moins d'un an, le premier ministre...
15 h 30 (version non révisée)
M. Polo : ...disait
publiquement qu'il souhaitait accueillir... promettait d'accueillir 8 000 réfugiés
afghans et et réfugiés... en fait, au début, c'était afghans, maintenant, quand
on combine, réfugiés ukrainiens, sans limites. Mais, si on regarde juste la
question des réfugiés afghans, M. le ministre, je ne sais pas si, du côté de la
partie gouvernementale, il y a des députés qui viennent de la région de l'Estrie,
mais j'ai reçu moi-même des appels, en étant à Laval, d'organismes qui travaillent
avec la communauté afghane qui sont très déçus du manque d'efforts du Québec
ou, en fait, du gouvernement du Québec pour accueillir un plus grand nombre de
réfugiés afghans, alors que le premier ministre s'était prononcé avec un
chiffre assez important. Les organismes sur le terrain sont prêts, mais les
résultats sont minimes, on parle de moins de 100 réfugiés afghans depuis
presque neuf mois déjà. Comment vous expliquez ce piètre résultat?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Deux volets de
réponse. Je vous dirais que notre capacité d'accueil des réfugiés accueillis
par l'État, qui se concrétise par l'engagement de 14 villes au Québec, est
d'à peu près 1 500. Ceci dit, pour les réfugiés afghans, effectivement, les
résultats sont plus modestes, c'est 163 qui sont arrivés à ce jour. De ce
nombre, il y en a quinze qui ont quitté pour l'Ontario. Puis, dans la grande
région métropolitaine, il y en a un 101 qui sont arrivés, et 15 sont partis par
la suite. Ailleurs au Québec, bon, c'est 62. Ceci dit, on a les structures d'accueil,
mais on ne contrôle pas les frontières, puis on ne contrôle pas le départ de l'Afghanistan.
Mais on a les structures d'accueil pour nous permettre d'accueillir jusqu'à 1 500
la catégorie réfugiés accueillis par l'État.
M. Polo : Mais, quand on
compare cette situation-là, M. le ministre, face à l'arrivée et l'accueil de
réfugiés syriens quelques années plus tôt, auparavant, on parle de deux
dimensions complètement différentes en termes de résultats et de chiffres. Qu'est-ce
qui explique ça?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Je ne suis pas
capable de donner de réponse précise. Mais je sais que les chiffres étaient
beaucoup plus importants pour les réfugiés syriens, qui étaient aussi dans la
catégorie réfugiés accueillis par l'État. Encore une fois, notre accueil se
concrétise par l'engagement de 14 villes participantes au Québec, partout
sur le territoire du Québec. Et je ne sais pas pourquoi il y a eu plus de
fluidité, entre guillemets, entre la Syrie puis le Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre.
M. Boulet : Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Ceci
met fin à ce bloc d'échanges. Nous allons maintenant sur le côté du
gouvernement. Et je cède la parole au député de Portneuf. Allez-y, M. le député,
pour 25 min 30 s... 20 s, pardon.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Je voulais aborder la question de la reconnaissance des qualifications
professionnelles. J'aimerais, en préambule, savoir, finalement, avec combien d'ordres
professionnels le ministre doit composer. Est-ce que vous avez ce chiffre à
disposition?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Mon Dieu! il y en
avait combien, d'ordres professionnels? Je pense que... Puis là c'est tous les
ordres professionnels qui sont sous le chapeau du Conseil interprofessionnel du
Québec, et je pense que c'est tous les ordres professionnels. En tout cas, tous
les métiers réglementés sont visés par notre programme de reconnaissance des
compétences. C'est important de rappeler qu'on augmente l'offre de formation d'appoint.
On donne une aide financière à ceux qui arrivent de l'extérieur puis qui n'ont pas
complété leur formation. L'exemple de l'infirmière colombienne est assez
typique de cette réalité-là. On aide les employeurs à évaluer. Mais il y en a
46, ordres professionnels.
M. Caron : C'est ce que j'avais
noté, Mme la Présidente, parce que je me souviens quand le précédent
gouvernement, me semble-t-il, avait rencontré, justement, les ordres
professionnels pour essayer de trouver les allègements. Je voulais savoir si ce
travail qui avait été amorcé a été, finalement, pour vous, une base de départ,
parce que je crois savoir qu'il y a quand même une bonne proportion des gens
qui veulent immigrer ici qui ont besoin d'obtenir une requalification. Donc,
est-ce que, d'une part, ce travail qui avait été amorcé vous a été utile ou
est-ce que vous avez dû... Est-ce que vous êtes en négociation perpétuelle avec
les ordres professionnels ou est-ce que la table était mise, finalement?
M. Boulet : Bon, c'est...
M. Boulet : ...comme question.
Moi, ce qui m'apparaît important en politique, c'est qu'à chaque fois qu'on
parle de plan ou de stratégie, il faut s'assurer que ça soit évolutif. Il faut,
après une certaine période de temps, analyser les retombées, voir les impacts
et améliorer ou bonifier. Donc, le programme de reconnaissance des compétences,
je veux m'assurer que, sur le terrain, les corporations professionnelles
contribuent bien, s'engagent bien. À défaut, on va corriger le tir et on va
faire les ajustements qui s'imposent pour que ça donne de meilleurs résultats.
Donc, s'il y a des suggestions de bonification du programme de reconnaissance
des compétences, je rappellerai que c'est 130 millions sur deux ans, bien,
on sera prêts à les considérer puis à les intégrer dans notre programme.
L'important, c'est de réussir et de s'assurer que les personnes complètent leur
formation, puis aient l'opportunité de travailler jusqu'à 20 heures par
semaine dans un emploi qui est compatible avec leur formation, et complètent
leur formation.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Portneuf.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Donc, je comprends bien que les discussions vont rondement. Parce
que la proportion des personnes en quête d'immigration et qui ont besoin de
suivre une reconnaissance des qualifications, c'est quoi, c'est 20 % des
immigrants, 50 %, plus que ça?
• (15 h 40) •
M. Boulet : Mon Dieu! le
souvenir que j'ai, là, peut-être que je peux errer, là, mais c'est 65 % ou
68 %, là, mais c'est un pourcentage important. Je vois un de mes collègues
qui hoche de la tête, donc je prends pour acquis... C'est à peu près les deux
tiers des personnes immigrantes qui ont une formation, et qui, souvent, vous le
savez, hein, collègue, sont surqualifiés puis ils font un job qui n'est pas
compatible avec leur formation. Puis je ne veux pas instrumentaliser personne,
là, mais il y a des professionnels qui viennent de la Colombie, puis de peu
importe le pays, puis qui font un travail... C'est 63 %. Donc, on n'était
pas loin. Ça fait que... Donc, il faut s'assurer que les personnes fassent un
travail qui est, aussi, riche pour le Québec et qui contribue à la prospérité
de notre économie, puis qui utilise le talent. Le collègue de Laval-des-Rapides
le disait. Puis il faut être en compétition à l'échelle internationale. Mais il
faut s'assurer que les personnes qui arrivent en sol québécois puissent
contribuer la plus rapidement possible, puis ça passe par les formations
d'appoint, des allocations financières puis la possibilité de travailler aussi.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. C'est assez impressionnant ce pourcentage de plus de 60 %,
d'où l'importance d'accorder beaucoup de moyens. Vous parliez tout à l'heure de
130 millions de dollars, mais concrètement, justement, tout à
l'heure, on parlait aussi, ce matin plutôt, on parlait de l'allocation qui
était attribuée pour la francisation. Est-ce que là on parle d'une allocation
qui est équivalente à celle dont on parlait ce matin pour le... de manière
hebdomadaire, pour accompagner les travailleurs qui cherchent à se qualifier,
finalement, et de répondre aux exigences qui sont connues ici par les ordres
professionnels?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Boulet : Bon. Ils
bénéficient de l'allocation financière hebdomadaire, là, de 500 $ pour
participer à leur formation d'appoint. Et, s'ils participent de façon... à
temps partiel à des cours de français, ils bénéficient... pour leur cours de
reconnaissance des compétences, excusez, s'ils font la formation d'appoint à
temps partiel, c'est 250 $ par semaine.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Caron : Est-ce qu'à votre
connaissance, ce problème de reconnaissance provoque des abandons chez les
candidats?
M. Boulet : Mon Diieu! quelle
belle question! C'est la raison, Mme la Présidente, pour laquelle on a mis en
place l'allocation financière. Le taux d'abandon, il était trop important. Les
gens, un, ils ne complétaient pas leur formation d'appoint en arrivant. Ils ne
pouvaient pas commencer avant un mois, un mois et demi. Qu'est-ce qu'ils
faisaient? Ils ne complétaient leur formation d'appoint et continuaient d'occuper
un emploi, au Québec, qui n'était pas compatible avec leur formation, d'où la
mise en place de ce programme de reconnaissance des compétences là. Non
seulement ils bénéficient d'une allocation financière hebdomadaire, mais avec
le conseil interprofessionnel puis les corporations professionnelles, on
augmente l'offre de formation, puis les cohortes vont être beaucoup plus
accessibles. Puis on fait ça avec l'implication des collèges...
M. Boulet : ...puis des
universités. Parce que le taux d'abandon, 34 %. Donc, il faut combattre ce
taux d'abandon là qui est extrêmement élevé, puis ça, ça passe par un soutien
financier. Mettez-vous dans les bottines d'une personne immigrante qui arrive
ici puis qui doit se faire former, mais qui n'a pas d'argent. Qu'est-ce qu'elle
fait? Elle arrête, elle se met à travailler puis elle met de côté la formation.
Donc, ça passe... la reconnaissance des compétences, ça passe par le potentiel
de formation qui est dispensé au Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le député de Portneuf.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Concernant cette fois l'assouplissement, donc je comprends qu'on
accompagne les candidats à l'immigration. On a parlé, à plusieurs occasions,
aujourd'hui, de l'accompagnement aux entreprises, mais j'aimerais en savoir un
petit peu plus. Il y a des assouplissements, finalement, qui ont été obtenus au
Programme des travailleurs étrangers temporaires, mais concrètement, aux
entreprises, par exemple, est-ce que vous aidez pour... Par exemple, un
travailleur étranger temporaire, qu'une entreprise ne pourrait pas recruter
ici, au Québec, est-ce que vous... et qu'il faille obligatoirement qu'elle
aille frapper à une porte à l'international, est-ce que vous offrez des
accompagnements pour les entreprises concernées par ce genre de problématiques?
M. Boulet : Hé mon Dieu!
Bien, je vais y aller pour le Programme des travailleurs étrangers temporaires
puis les missions de recrutement. Pour le Programme des travailleurs étrangers temporaires,
les employeurs, systématiquement, partout au Québec, ils disent : C'est
long, c'est compliqué puis ça coûte cher. Donc, avec les assouplissements qu'on
a mis en vigueur en janvier et qui seront en vigueur le 24 mai prochain,
ils vont avoir accès à un traitement simplifié. Puis c'est intéressant de
mentionner qu'on ajoute 67 emplois au traitement simplifié, ce qui fait
que les employeurs, au Québec, vont bénéficier de jobs. 287 sur les 500 de la
Classification nationale des professions vont être dans le traitement
simplifié. Manufacturier, commerce de détail, tous les secteurs sont visés,
l'hébergement, le tourisme. Donc, ça va être plus simple parce que l'étude
d'impact sur le marché du travail va donner accès à des permis de travail d'une
durée de trois ans. Il n'y aura pas de limite quant au nombre de travailleurs
étrangers temporaires par établissement puis il n'y aura plus d'obligation...
excusez-moi, Mme la Présidente, il n'y aura plus d'obligation d'afficher
pendant un mois, et il y a des subventions. Donc, ça, pour le Programme des
travailleurs étrangers temporaires, des bons assouplissements.
Pour les missions de recrutement, on les
fait avec Montréal International, Québec International et la Société de
développement économique de Drummondville puis on les fait avec des partenaires
locaux. Mais la SDED, donc, à Drummondville, fait de l'accompagnement beaucoup
de PME. Puis il y a des subventions de mon ministère du Travail de 5 000 $
quand ils participent à des missions de recrutement, puis aussi quand ils
participent à du recrutement international hors mission, puis aussi le
remboursement de frais que tu dois payer pour compléter la paperasse. Donc, ça,
c'est bénéfique.
Donc, il y a de l'accompagnement de nos
partenaires non gouvernementaux, il y a des subventions, et les employeurs, je
pense, ont beaucoup plus de facilité à avoir accès à des immigrants temporaires
et des immigrants qui vont répondre à leurs besoins.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Portneuf.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Le fait qu'il n'y ait plus d'obligation d'afficher pendant un mois,
est-ce que cette mesure est déjà applicable ou elle entre en effet
prochainement?
M. Boulet : Oui, elle est
déjà applicable. Si vous me permettez de compléter, il y a aussi la
régionalisation de nos services d'immigration, là, il y a de l'accompagnement
personnalisé pour les entreprises pour intégrer des personnes immigrantes, pour
aider à reconnaître leurs compétences ou pour conseiller les entreprises. Vous
me disiez... votre question sur...
M. Caron : Bien, le fait qu'il
ne soit plus nécessaire d'afficher pendant un mois, est-ce que c'est déjà en
vigueur?
M. Boulet : Oui, c'est en
vigueur depuis le 7 décembre, puis le seuil de 10 à 20 %, il est en
vigueur depuis janvier, puis l'abandon des seuils, ça va être en vigueur à
compter du 24 mai. Ça fait que c'est intéressant, parce que l'exigence
d'affichage, vous le savez, hein, ce qui est à la base de l'immigration
temporaire, où il n'y a pas...
M. Boulet : ...exigence de
français, là, je pense qu'on se le rappelle, notamment dans le secteur
agricole, il y en a beaucoup qui viennent, qui ne maîtrisent pas le français,
puis ça, c'est tout à fait acceptable, mais... Donc, il y a des services
d'accompagnement, et donc, je pense qu'il n'y a aucune entreprise qui est
laissée pour compte, mais ce qui est à la base de l'immigration temporaire,
c'est souvent de démontrer que tu as essayé de recruter de la main-d'œuvre
locale et que tu peux avoir accès à de la main-d'œuvre étrangère si tu n'es pas
capable de recruter localement. C'est pour cette raison-là qu'on exigeait que
tu démontres que tu as fait un affichage, un appel de candidatures pendant un
mois. Ça, cette exigence-là, elle n'est plus applicable.
M. Caron : J'imagine, comme
c'est tout récent, vous n'avez pas encore de moyen de mesurer l'efficacité ou
vous n'avez pas effectué de... vous n'avez pas obtenu d'information pour savoir
si, en effet, ça avait changé complètement la donne.
M. Boulet : Non, je n'ai pas
de chiffre concret de l'impact, mais j'ai des témoignages de partenaires du
marché de l'emploi qui sont... qui se réjouissent de ça. Puis dans les webinaires,
dans les allocutions que nous faisons, bien sûr, il y a du contentement, parce
que, pour les PME, c'est moins de papier puis c'est moins cher puis c'est moins
long, mais, bon, il y a encore des efforts à faire. Puis le 24 mai, il va
falloir s'assurer que ça entre bien en vigueur, puis on a convenu aussi d'un
programme de mobilité internationale plus pour faire venir des personnes de
l'extérieur qui ont déjà un CSQ, qui ont déjà un emploi ici. Donc, ça aussi, il
va falloir que ça soit mis en application rapidement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Monsieur le député de Portneuf.
• (15 h 50) •
M. Caron : Merci, madame la
Présidente. Je lisais récemment, puis il y a les mesures d'accompagnement pour
les entreprises et aussi des moyens qui sont donnés aux entreprises, par
exemple, pour défrayer une partie du déménagement, mais... et vous parliez de
lourdeur bureaucratique, il y a quelques instants, parfois qu'on veut éviter.
Et justement, là, par exemple, l'entreprise qui, concrètement, va chercher un
travailleur immigré, réussi à le faire venir, est-ce que, systématiquement, on
va lui démontrer, lui déballer finalement toute la panoplie d'aides qui sont
accessibles, ou est-ce que... ma question, finalement, aller chercher ce petit
1 000 $ qui,finalement, peut être considéré comme symbolique, mais qui
peut être important, peut faire la différence, est-ce que c'est accessible
facilement ou c'est...
M. Boulet : Puis, quand on
dit que les conjoints, conjointes ont accès aux services publics d'emploi, il
faut faire la promotion des bureaux de Services Québec puis des directions
régionales du MIFI, parce qu'il y a des conseillers aux entreprises qui sont là
pour informer. Puis j'en parlais avec notre collègue de Jean-Talon, hier, on a
un défi de faire connaître ce qu'on fait. On a un défi de faire connaître
l'existence de nos ressources humaines dans nos ministères, partout dans les
régions qui sont disposées et qui ont comme mandat principal de donner la main
aux entreprises, de leur expliquer, puis de leur donner les outils leur
permettant de bien faire comprendre aux travailleurs étrangers temporaires. Il
y a de l'accompagnement personnalisé pour le recrutement, l'accompagnement des
travailleurs, la francisation, la régionalisation. On a des conseillers, il
faut frapper à leur porte. C'est sûr que le conseiller n'ira pas dans
l'entreprise x à Portneuf, pour dire : On est là. Il faut faire appel puis
je dis souvent aux entreprises : N'hésitez pas à faire venir les conseillers
aux entreprises, rencontrer les travailleurs puis leur expliquer leurs droits.
La Présidente (Mme D'Amours) : Monsieur
le député de Portneuf.
M. Caron : J'aime quand c'est
simplifié et, tout à l'heure, je vous le disais, je suis issu du milieu des
affaires puis, parfois, on se perdait dans le marasme de la paperasserie. Mais,
en tout cas, j'aime entendre ce que vous me dites là. Je vous le disais tout à
l'heure, on a des petites perles, je vais faire des références à la
circonscription que je représente, on a des petites perles dans Portneuf, avec
notamment un organisme qui s'appelle Emploi Portneuf... bien, pas Emploi
Portneuf, mais qui travaille avec Emploi Portneuf. Les organismes
communautaires qui existent actuellement... bien, pas forcément communautaires,
mais à vocation communautaire, qui existent actuellement, j'ai eu l'occasion de
faire plusieurs annonces en votre nom, justement pour entamer des démarches et
puis mener des actions, poser...
M. Caron : ...geste qui
allait favoriser l'immigration, mais avant tout favoriser l'implantation de
cette immigration dans Portneuf. Là, donc, vous vous basez sur des organismes
déjà existants, vous les accompagnez, mais, dans notre volonté de toujours
faire mieux, est-ce que... Là, vous dites : On va vivre avec les
organismes qui existent et les encourager. Où est-ce que vous encouragez des
régions, comme celle de Portneuf, à se creuser la tête et à mettre en œuvre
encore... mettre en place, plutôt, d'autres structures qui vont venir être des
bons relais sur le terrain?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, il vous reste 1 min 15 s
M. Boulet : D'accord.
Oui, il y a une ouverture à ce qu'il y ait des nouveaux organismes,
particulièrement dans les régions. On va l'avoir dans le Plan d'action
gouvernemental en action communautaire autonome. On a eu, dans le dernier
budget de notre collègue aux Finances, 298 millions pour améliorer nos
services de régionalisation des personnes immigrantes. Et il y a tout à fait
une ouverture à ce que de nouveaux organismes soient créés. Et, dans la mesure
où ils respectent notre encadrement normatif, il y aurait possibilité que ces
organismes-là bénéficient d'un financement pour respecter leur mission.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
30 secondes, M. le député de Portneuf.
M. Caron : Bien,
écoutez, j'entends ça et je vais être un porte-parole de ces bonnes
informations que vous nous transférez, mais, aussi, je vais continuer d'appuyer
puis d'inciter les organismes existants à frapper à la porte du ministère parce
qu'en effet, concrètement, sur le terrain, on ressent les bienfaits, parce que,
comme on le disait ce matin lorsqu'on a commencé notre rencontre, c'est
important de bien s'occuper des gens lorsqu'ils sont arrivés ici. Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Le temps alloué à l'étude du volet Immigration, francisation,
diversité et inclusion des crédits budgétaires du portefeuille Immigration,
Francisation et Intégration étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits. Le programme 1, intitulé...
intitulé, pardon, Direction et soutien aux activités du ministère, est-il
adopté?
Des voix : Adopté.
M. Polo : Sur division.
La Présidente (Mme D'Amours) : Adopté,
sur division. Le programme 2, intitulé Immigration, francisation et
intégration, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. Polo : Sur division.
M. Boulet : Finalement,
l'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille Immigration, Francisation et
Intégration pour l'exercice financier 2022-2023 est-il adopté?
Des voix : Adopté.
M. Polo : Sur division.
La Présidente (Mme D'Amours) : Sur
division. Avant de terminer, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Compte tenu de l'heure, la commission,
ayant accompli son mandat, ajourne ses travaux au mardi 10 mai 2022 à
9 h 45, où elle entreprendra un autre mandat. Merci.
(Fin de la séance à 15 h 57)