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(Quatorze heures trente-quatre minutes)
La Présidente (Mme D'Amours) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La Commission des relations avec les citoyens reprend
ses travaux.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Lutte contre le racisme des crédits budgétaires du
portefeuille Environnement et Lutte contre les changements climatiques pour l'exercice
financier de 2022‑2023. Une enveloppe d'une heure a été allouée pour l'étude de
ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, Mme la
Présidente. M. Lévesque (Chapleau) est remplacé par M. Skeete
(Sainte-Rose); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee), par M. Benjamin (Viau); Mme Labrie
(Sherbrooke), par M. Fontecilla (Laurier-Dorion); et M. Bérubé
(Matane-Matapédia), par Mme Perry Mélançon (Gaspé).
Lutte contre le racisme
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Pour l'étude de ce volet, nous allons
procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ huit à 16 minutes
pour permettre à chaque groupe d'écouler graduellement son temps de parole. Le
temps d'échange inclut les questions et les réponses.
Puisque nous avons débuté nos travaux à 15 h 34
et qu'une période d'une heure doit être consacrée à l'étude de ces crédits cet
après-midi, est-ce que j'ai le consentement pour poursuivre nos travaux... c'est-à-dire
pour enlever un quatre... un quatre minutes, pardon, à la partie
gouvernementale? Est-ce que j'ai le consentement?
Des voix : Consentement.
Discussion générale
La Présidente (Mme D'Amours) : Consentement.
Merci.
Donc, je suis maintenant prête à
reconnaître une première intervention de l'opposition officielle pour un bloc d'échange.
Je vous rappelle que la longueur des réponses doit être proportionnelle à la
longueur des questions. Mme la députée de Westmount–Saint-Louis, la parole est
à vous.
Mme Maccarone : Ce sera
le député de Viau qui débutera.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Qui débutera, d'accord. Donc, M. le député de Viau, à vous <la parole.
M. Benjamin :
Merci,
Mme la Présidente...
La Présidente (Mme D'Amours) :
...qui débutera. D'accord. Donc, M. le député de Viau, à vous >la
parole.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente.
Donc, très heureux de faire partie de
cette commission. Je remercie ma collègue la députée de Westmount—Saint-Louis
d'avoir bien voulu m'inviter à participer avec elle à cette rencontre avec le
ministre.
Donc, rapidement, je fais référence, Mme
la Présidente, dans un premier temps, à ce document qui a été déposé par la Direction
de la santé publique de Montréal. C'est une recherche qui a démontré
l'inégalité, l'inégalité des Québécoises et des Québécois face à la pandémie.
Et, il y a déjà un peu plus de deux ans, j'avais, ici même, à l'Assemblée
nationale, demandé, dans un premier temps au directeur de la santé publique,
dans un deuxième temps au premier ministre, lors des échanges des crédits
Jeunesse, de mieux documenter, de mieux documenter les problématiques relatives
aux impacts de la pandémie sur les minorités racisées. Notamment, je pense, ici,
particulièrement aux communautés noires, aux communautés latino-américaines.
Visiblement, dans ce document qui a été déposé il n'y a pas si longtemps, rien
n'a été fait.
Alors, ma première question au ministre :
Quand on veut comprendre les impacts majeurs de la pandémie sur la vie des
communautés racisées, pourquoi est-ce que, jusqu'à présent, il n'y a pas de
collecte de données à ce niveau-là?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : Merci, Mme
la Présidente.
Je vais me permettre, comme l'a fait le
collègue de Viau, de saluer les personnes qui nous accompagnent pour cette
période importante de crédits, naturellement les collègues de la partie
gouvernementale, les collègues de l'opposition, les gens du cabinet également,
mais très, très heureux d'avoir avec nous les gens du bureau de coordination,
là, de la lutte au racisme, la nouvelle unité administrative, là, qui a été
créée au sein du MCE pour nous accompagner.
La question, elle est bonne, et la Santé
publique a fait des efforts assez colossaux pendant la pandémie au niveau des
efforts de vaccination. On s'est rendu compte que, dans certains secteurs,
notamment à Montréal, là où se retrouvaient de fortes présences de gens issus
de différentes communautés, les taux de vaccination étaient malheureusement
inférieurs dans certains cas, donc la Santé publique a réellement ciblé ces
secteurs pour approcher les gens issus de différentes communautés. D'ailleurs,
on se souvient tous des unités mobiles qui, à travers des interphones,
parlaient et faisaient la promotion de cette vaccination dans différentes
langues. Il y a plusieurs langues qui ont été retenues pour, justement, se
rapprocher le plus possible des différentes communautés, s'assurer de rassurer
les gens qui pouvaient être inquiets. Et on s'est laissé dire, au niveau de la
Santé publique, que, dans certains cas, c'est des inquiétudes qui étaient de
nature culturelle, dans certains cas, d'où les efforts qui ont été investis,
avec, ma foi, des résultats intéressants. Mais, oui, il y avait un certain
déséquilibre entre les pourcentages de vaccination totaux et ceux dans
certaines communautés.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Je vous rappelle qu'il faut qu'on réponde de la longueur des
questions, donc je vais vous faire signe lorsque le temps sera écoulé. Puis,
naturellement, il y a une question de jugement aussi, là : si la question
est courte, mais que ça demande une longue réponse, je n'interviendrai pas,
mais je vous demande de me regarder pour que votre... vous faire signe.
M. le député de Viau, s'il vous plaît.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente.
Le ministre faisait référence à quelques
mesures ponctuelles qui ont été prises. Moi, je fais référence plutôt à des
mesures beaucoup plus profondes, beaucoup plus importantes qu'on aurait dû
prendre pour diminuer cet impact-là. Et, dans cet avis, dans ce document-là, on
parle notamment des enjeux structuraux et sociétaux auxquels font face ces
communautés : la discrimination, la stigmatisation, qui limitent l'accès
aux ressources dont elles ont besoin pour atteindre une meilleure santé,
notamment en matière d'éducation, d'emploi, de logement et de justice. C'est de
cela dont il s'agit et pour lequel nous attendons les mesures.
Et je vais déposer ce document, Mme la
Présidente, si vous permettez, car c'est important, parce que les chercheurs
constatent encore, déplorent le fait que, jusqu'à présent, il n'y a pas encore
eu de collecte de données relative à cette fin. On ne peut pas intervenir sur
une problématique si on ne la documente pas, et c'est de cela dont il s'agit.
Une deuxième intervention, si vous
permettez, Mme la Présidente, puisque le temps qui m'est donné peut se compter
rapidement, je veux aller à un enjeu. Les faits sont têtus, Mme la Présidente,
les faits sont têtus, les données sont là, et nous ne pouvons pas passer...
nous ne pouvons pas jouer à l'autruche quand vient le temps de parler des
enjeux relatifs à l'islamophobie. L'islamophobie est une réalité quotidienne
pour les communautés musulmanes. Il y a quelques mois, le gouvernement fédéral
a annoncé une stratégie canadienne de lutte contre l'islamophobie, avec, notamment,
la nomination d'un représentant spécial en matière de lutte contre
l'islamophobie. La question que j'ai le goût de poser au ministre : Quelle
est la stratégie québécoise en matière de lutte contre l'islamophobie?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
• (15 h 40) •
M. Charette : Question
tout à fait <pertinente...
M. Benjamin :
...quelle
est la stratégie québécoise en matière de lutte contre l'islamophobie?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Charette :
Question
tout à fait >pertinente. En fait, ce sont toutes les formes de
discrimination et de racisme qui sont ciblées par la stratégie gouvernementale.
Je suis en communication avec plusieurs représentants de différentes
communautés musulmanes, et on travaille avec eux. Plusieurs ont salué,
d'ailleurs, la démarche entreprise par le gouvernement à travers, notamment, le
rapport sur le Groupe d'action contre le racisme. Donc, il y a des rencontres,
je vous dirais, sans dire hebdomadaires, mais régulières avec des représentants
de ces groupes qui, souvent, m'interpellent, et c'est arrivé hier ou
avant-hier, je crois, par rapport à une situation. Lorsqu'il y a un geste qui
est du domaine public... On a vu cette jeune fille qui, malheureusement, il y a
quelques jours à peine, dans un centre d'achats sur... au Mail Champlain, pour
ne pas le nommer, qui a été victime de propos tout à fait dégradants, tout à
fait inacceptables, pour ne pas dire racistes. Donc, souvent, ce sont des gens
de communautés, des représentants de ces communautés qui m'interpellent, et
c'est là où on réagit, de notre côté.
Moi, je l'ai fait, notamment, à travers
les réseaux sociaux, mais derrière tout ça il y a toute une relation qui se
bâtit avec les différentes communautés pour les accompagner dans les démarches
qui doivent être entreprises, tantôt devant la Commission des droits de la
personne, tantôt devant d'autres instances, pour être bien certains que les
personnes qui sont victimes de ces gestes-là puissent trouver réponse à leurs
questions et surtout trouver un réconfort dans l'appui du gouvernement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente.
Je comprends, à la lumière de la réponse
du ministre, qu'il n'y a pas de stratégie québécoise en matière de lutte contre
l'islamophobie. Il faut le déplorer. Nous avons à le déplorer lorsqu'on sait
qu'aujourd'hui, dans toutes nos circonscriptions au Québec, nos concitoyennes
et concitoyens des communautés musulmanes, donc, sont stigmatisés et vivent de
la discrimination, et il aurait été bon d'entendre, en lieu et place de la
réaction... que nous soyons seulement en réaction, qu'il y ait une véritable
stratégie en amont en matière de lutte contre l'islamophobie.
Tout compte fait, un autre dossier, Mme la
Présidente, qui me tient aussi beaucoup, beaucoup à coeur, les chiffres de
2021, Mme la Présidente, indiquent une augmentation de 7,2 % des incidents
de vandalisme, de violence, de harcèlement et de haine en ligne visant les
juifs. Et en fait il y a eu plus d'incidents antisémites au Québec en 2021 que
dans toute autre province. C'est ce que vient nous rappeler cet audit présenté
il n'y a pas si longtemps, il y a à peu près... moins de deux semaines, dans le
cadre de la journée Yom Hashoah. Maintenant, la question que je pose au
ministre : Quelle est la stratégie? Quelle est la stratégie du
gouvernement du Québec en matière de lutte contre l'antisémitisme?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : Comme je
mentionnais tout à l'heure, là, on s'attaque à toutes les formes de racisme. Mais,
pour ce qui est de gestes ou de propos antisémites, comme tels, il y a des
actions, aussi, concrètes, qui ont été posées, ne serait-ce que le printemps
dernier, avec l'adoption de cette définition internationale au niveau de
l'antisémitisme. D'ailleurs, je me questionne encore pourquoi le Parti libéral
s'est refusé d'adopter cette définition qui, pourtant, a été adoptée dans des
dizaines de pays à travers le monde, aux Nations unies, dans différentes
instances internationales. Donc, ça, c'est une question pour laquelle je
m'interroge toujours.
Sinon, aussi, vous l'avez sans doute vu,
un geste très, très important, posé il y a quelques semaines en appui à ce
nouveau Musée de l'Holocauste qui va voir le jour sur le côté de Montréal, une
action de plus de 20 millions de dollars, un appui du gouvernement du
Québec de plus de 20 millions qui a été accueilli avec beaucoup d'émotion,
je vous dirais, et avec raison, de la part de nos concitoyens et concitoyennes
de confession juive.
Sinon, toutes les actions qui comportent
quelque élément qui peut interpeler la communauté juive sont discutées avec les
gens de la communauté juive, mais, comme je vous le disais, ce sont des
éléments très concrets, là, des gestes très concrets qui ont été posés, là, au
cours des dernières semaines et des derniers mois.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente.
Je ne veux pas avoir à corriger le
ministre, mais est-ce qu'on ne devrait pas parler plutôt de 7 millions au
lieu de 20 millions?
M. Charette : ...20 millions.
Peut-être voir le communiqué de presse, autant celui publié par le gouvernement
du Québec que par la communauté juive elle-même, donc, c'est bel et bien
20 millions.
M. Benjamin : 20 millions,
parfait. On doit s'en réjouir, de cette annonce-là, sauf que j'aimerais
peut-être rappeler au ministre que les enjeux de lutte contre l'antisémitisme
doivent <concerner...
M. Benjamin :
...j'aimerais
peut-être rappeler au ministre que les enjeux de lutte contre l'antisémitisme
doivent >concerner l'ensemble des Québécoises et des Québécois. Je salue
cette annonce-là, évidemment. C'est important que... Le Musée de l'Holocauste,
que je connais très bien, comme lieu de mémoire, est très important, comme lieu
d'éducation aussi, mais il nous faut parler d'une stratégie beaucoup plus vaste
à la grandeur du Québec.
Je reviens à un enjeu que je... sur lequel
je suis déjà intervenu, Mme la Présidente, au salon bleu. On a eu déjà à
présenter... notre formation politique a déjà eu à présenter une motion qui
avait été adoptée à l'unanimité : de 2015 à 2024, Mme la Présidente, c'est
la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine, donc, où les
Nations unies enjoignent l'ensemble des gouvernements, qu'ils soient des
gouvernements nationaux ou régionaux, à mettre en place des actions visant à
rétablir l'équité, la justice et l'inclusion des communautés afrodescendantes
dans les sociétés où ils vivent, et le Québec n'est pas exempt à cette
décennie-là.
Je vais vous parler de cinq mots, Mme la
Présidente, cinq mots que beaucoup de jeunes des communautés noires, avant
l'âge de 25 ans, connaissent par coeur : signalement, interpellation,
détention, arrestation, stigmatisation. Ce sont des mots qui sont connus dans
les communautés noires. La question que je vous pose : Dans cette décennie
où vous avez, comme gouvernement, l'opportunité d'agir concrètement, quels sont
les gestes que vous entendez poser? Dans le cadre de la décennie... pour
endiguer le racisme, pour endiguer la stigmatisation, le profilage dont sont
victimes trop souvent des membres des communautés noires, quelles sont les
actions que vous comptez poser dans le cadre de cette décennie?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : C'est une
question bien légitime, et c'est une décennie, effectivement, que nous avons eu
l'occasion de souligner ici, à l'Assemblée nationale, avec mon collègue de
Sainte-Rose. On ne les compte plus, mais ce sont des dizaines et des dizaines
de rencontres que nous avons tenues au cours de la dernière année, plusieurs
auprès d'organismes des différentes communautés noires du Québec, et c'est vrai
que ces enjeux-là nous sont rappelés. Moi, je le dis ouvertement, là, sur
chacune de ces rencontres, c'est probablement la thématique des interpellations
qui est la plus souvent ramenée par les participants, et on devine, et on sent
à quel point cette réalité-là, qu'il ne faut pas nier, interpelle les gens dans
leur sensibilité, dans leur humanité, et on sent toute la détresse, dans
certains cas, que ça peut causer.
C'est la raison pour laquelle, et sans me
référer à l'ensemble des actions du rapport, on a des actions qui touchent spécifiquement
cet enjeu-là. Et d'ailleurs notre collègue à la Sécurité publique a déposé un
projet de loi où la question des interpellations policières est encadrée. Donc,
c'est un projet de loi que l'on souhaite voir adopter, mais c'est une des
manifestations très concrètes des derniers mois qui vient répondre à ce type de
réalité. Je pourrais vous parler des associations, de l'association, du
partenariat qui a été fait avec la Commission des droits de la personne pour,
justement, aider à la formation, soit des futurs policiers, policières, soit
des policiers, policières qui sont en exercice, présentement. Donc, il y a
plusieurs de ces actions-là qui, avec différents partenariats, ont commencé à
produire des effets.
M. Benjamin : Une
dernière question, M. le ministre, et ce... qui est importante, aujourd'hui,
pour les membres de ces communautés-là qui attendent des résultats : Pouvez-vous
me dire quels sont les indicateurs que vous allez utiliser pour mesurer le
progrès au niveau de l'inclusion et de la lutte contre le racisme dont sont
victimes trop souvent des membres des communautés racisées?
• (15 h 50) •
M. Charette : On a fait,
en décembre dernier, toujours avec mon collègue de Sainte-Rose, mais également
notre collègue responsable du dossier autochtone, un premier bilan de cette
année d'action, et on veut en faire une tradition justement pour que les gens
puissent se situer, voir dans quelle mesure on évolue et on avance dans la
réalisation de chacune de ces 25 actions. Nous, on s'est donné un
échéancier de cinq ans pour y parvenir, mais avec une mise à jour et, à tout le
moins, une mise au point annuelle qui permettra de voir, là, sur chacun des
dossiers, où nous en sommes. Et on était très heureux, après une année à peine,
là, on est réellement en chantier et en action, là, dans la totalité de ces
actions-là, dans certains cas, avec des <états d'avancement...
M. Charette :
...heureux,
après une année à peine, là, on est réellement en chantier et en action, là,
dans la totalité de ces actions-là. Dans certains cas, avec des >états
d'avancement qui sont plus concrets, qui sont plus réels, mais, dans chacun des
cas, on est en mesure de dire quelles sont les démarches qui ont été
entreprises et quelles sont les démarches à venir pour pouvoir considérer une
mesure réellement complétée, et ça se fait de façon tout à fait transparente,
et on en fait une tradition annuelle, en quelque sorte.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
En 40 secondes, M. le député.
M. Benjamin : 40 secondes.
Écoutez, j'aurais aimé entendre, Mme la Présidente, les indicateurs, à partir
de quels indicateurs les gens vont pouvoir apprécier les progrès, et je n'ai
pas entendu de réponse sur les indicateurs, donc.
M. Charette : ...naturellement,
on pourra parler de la présence des communautés sur les conseils
d'administration des sociétés d'État. On a des indicateurs bien précis, d'où on
partait, et où nous sommes rendus, et où on veut aller, mais, dans certains
cas, vous constaterez ou vous remarquerez que ce n'est pas chiffré. À partir du
moment où on dit : On doit adopter un projet de loi pour les
interpellations policières, ce n'est pas une statistique, il faut que le projet
de loi soit adopté.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre.
M. le député de Viau, je comprends que
vous allez déposer votre document au secrétariat pour qu'on puisse en faire la
distribution par la suite.
Donc, prochaine intervention, député de
Laurier-Dorion, pour une période de sept minutes.
M. Fontecilla : Merci,
Mme la ministre.
Bonjour, M. le ministre... personnel de ce
secrétariat, là, je crois.
Donc, je vais y aller tout de suite. La
première recommandation, là, du rapport du Groupe d'action contre le racisme,
et je la lis, c'est «interdire les interpellations policières aléatoires et
offrir de la formation continue sur la discrimination, le racisme et le
profilage».
Je vais aller sur la première partie, interdire
les interpellations aléatoires par les services de police. On sait qu'un des
principaux griefs des communautés racisées, et des communautés noires en
particulier, c'est les situations de profilage qui se traduisent par les
interpellations. Vous avez, dans votre rapport, dans votre plan d'action,
établi l'objectif de l'interdiction. Or, dans le p.l. n° 18
sur la sécurité publique qui vient d'être... qui a été déposé il y a quelques
mois, lorsqu'on lit dans le détail, il n'y a pas d'obligation formelle
d'interdire les interpellations aléatoires, on donne seulement des pouvoirs à
la ou au ministre de le faire. C'est une petite nuance qui fait toute une
différence. Pourquoi vous n'avez pas... votre gouvernement n'a pas interdit les
interpellations policières?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : Merci de
ramener la question. Je le disais au collègue de Viau, de toutes les rencontres
que l'on tient, c'est probablement le sujet qui revient avec le plus
d'assiduité, avec le plus d'acuité, avec le plus de force. Et merci de faire
référence au projet de loi n° 18. Le collègue sait fort bien que le projet
de loi va permettre la mise en place de règlements, et c'est la réglementation
qui précisera le détail. On a été très clairs sur cette nécessité de revoir
tout le système d'interpellation.
Et d'ailleurs, avec le MSP, il y a
actuellement des discussions pour implanter un mécanisme de collecte de données
sur les interpellations policières. Et là je rejoins le collègue de Viau, c'est
bien difficile de corriger une situation lorsqu'on n'a pas un portrait qui est
juste. Donc, le... le MSP, pardon, donc, le ministère de la Sécurité publique — je
vais le dire au long, comme ça je ne me tromperai pas dans l'acronyme — travaille
à implanter ce mécanisme-là. Il y a ce projet de loi qui, souhaitons-le, sera
adopté le plus rapidement possible. Il y a la réglementation qui va préciser,
justement, les pouvoirs et comment, justement, répondre à cette action du
rapport, mais ce sont des actions concrètes.
Puis, dans l'intervalle, je le mentionnais
rapidement, il y a déjà des partenariats avec la Commission des droits de la
personne et des budgets qui ont été confiés pour assurer une formation continue
pour les policiers et policières qui sont déjà en exercice, mais, plus loin,
avec notre collègue à l'Enseignement supérieur, c'est la formation des futurs
policiers et policières qui est en train d'être transformée pour que cette
notion-là soit dûment enseignée, autant comment retenir des pratiques qui
soient adéquates, mais aussi une formation sur quels sont les effets, comment
les personnes qui vivent des situations comme ça peuvent se retrouver à
requestionner leur confiance dans le système.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député.
M. Fontecilla : Donc, ce
qu'on comprend, c'est que vous avez choisi de ne pas interdire les
interpellations dans la loi, mais ça va apparaître éventuellement dans la
réglementation, donc ce n'est que partie remise. On va voir, dans le détail,
là, si ça <se produit.
Mais, écoutez...
M. Fontecilla :
...donc
ce n'est que partie remise. On va voir dans le détail, là, si ça >se
produit.
Mais, écoutez, j'ai très peu de temps, là,
j'aimerais aller avec le sujet de la sécurisation culturelle concernant les
communautés autochtones, l'ensemble des communautés autochtones, suite à ce qui
s'est passé, le malheureux cas de Mme Joyce Echaquan. On recommandait
l'adoption du Principe de Joyce, là, qui établit très clairement qu'est-ce que
c'est, la sécurisation culturelle. Pourtant, votre gouvernement refuse
d'adopter ce principe-là. Pourquoi?
M. Charette : Bien, je
vais... Étant donné qu'il y a eu un préambule sur le sujet précédent, je me
dois d'y revenir. On n'a pas décidé de ne pas donner suite à cette
recommandation. Le collègue le sait fort bien, lorsqu'il y a un projet de loi
qui est adopté, la réglementation vient baliser, en quelque sorte, comment
opérationnaliser ce projet de loi là, et le projet de loi n° 18
est une suite directe au rapport du Groupe d'action contre le racisme. Oui, la
question des interpellations policières sera et est indirectement touchée dans
ce projet de loi là.
Sécurisation culturelle, un autre sujet
important, c'est un engagement qui a été pris par notre collègue au niveau des
Affaires autochtones, ce sera fait. Cependant, le projet de loi qui a été
étudié et qui est à l'étude présentement ne s'y prêtait pas. On ne peut pas
introduire cette notion-là sans la définir avec les communautés autochtones
elles-mêmes. Toutes ont à participer au débat, et notre collègue est en
communication au quotidien — je ne dirai pas hebdomadaire,
quotidienne, littéralement — avec les communautés. Ce qu'il souhaite
faire, c'est bien faire les choses, les faire correctement et surtout s'assurer
qu'elles se retrouvent dans ce qui sera proposé. Donc, non, ça n'a pas été
adopté à ce moment-ci, mais c'est un engagement très ferme, et ça le sera le
plus rapidement possible.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le député, s'il vous plaît.
M. Fontecilla : Oui, il
me reste combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme D'Amours) : 2 min 30 s.
M. Fontecilla : 2 min 30 s,
là.
Vous nous dites qu'il faut compter sur la
participation de représentants des communautés autochtones. Pourtant, c'est ces
représentants-là qui ont donné, en quelque sorte, la ligne directrice, là, c'est
le Principe de Joyce, là. Et on sent que le gouvernement ne veut pas aller dans
cette voie-là. Et la réponse du ministre ne me rassure pas, parce qu'il y a
encore des consultations qui devraient, semble-t-il, s'en venir, alors que la
solution est relativement... bien, elle est là, et c'est les communautés,
justement, les communautés qui l'ont définie.
J'aimerais vous questionner, M. le
ministre, là, sur l'état d'avancement, là, de la présence des membres des
minorités visibles au sein de la fonction publique, là. Je suppose que vous
avez des chiffres, et c'est relativement... enfin, à moins que vous me disiez
le contraire, là, relativement facile à comptabiliser, là. Où en êtes-vous? Parce
que le retard était quand même considérable.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : ...préambule
du collègue, au niveau de la sécurisation culturelle, l'engagement ne peut pas
être plus ferme de la part du gouvernement. C'est une chose, le retrouver dans
une loi, c'en est une autre de voir comment ça va s'appliquer. Et ce sont
justement ces discussions qui ont cours, actuellement, par notre collègue aux
Affaires autochtones. Donc, je réitère l'engagement très ferme du gouvernement
à ce sujet-là.
Au niveau de la représentation, dans le
rapport, il y avait deux volets. Il y avait une représentation au niveau des
conseils d'administration des sociétés d'État. Ce matin même, on a publié un
communiqué de presse avec quelques données intéressantes. On a confirmé un
appui financier de 300 000 $ pour aider au processus de certification
pour celles et ceux qui souhaiteraient se positionner pour un poste
d'administrateur ou d'administratrice sur les sociétés d'État, mais déjà, pour
ce qui est des chiffres plus précis, il y a eu des avancées remarquables depuis
le début de cette législature. On avait une présence, là, sur huit conseils
d'administration avant l'arrivée du présent gouvernement... on est passés à
15 conseils d'administration qui ont maintenant une représentation. Donc,
on a atteint l'objectif, mais on ne s'arrêtera pas là. Donc, avec la formation,
on espère avoir encore une proportion plus importante, mais surtout c'est une
avancée, là, qui est inégalée, là, sur une question qui est fondamentale.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci beaucoup.
Prochaine intervention, nous revenons à
l'opposition officielle pour une durée de 15 minutes.
• (16 heures) •
Mme Maccarone : Merci,
Mme la Présidente.
M. le ministre, on a très peu de temps, alors
merci des réponses.
Je veux savoir, vous avez pris un
engagement public en ce qui concerne l'embauche, au sein de la fonction
publique, d'employés issus des communautés culturelles, parce qu'actuellement
nous savons que ça ne dépasse pas 14 %. Le ministre a dit que la cible,
c'est 18 %. Est-ce qu'il peut nous dire précisément qu'est-ce qu'il
souhaitait pour 2022, 2023, 2024, les cibles <qui sont...
>
<17911
Mme Maccarone :
...précisément qu'est-ce qu'il souhaitait pour 2022, 2023, 2024, les cibles >qui
sont souhaitées?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Charette : …fondamentale.
La collègue est à l'Assemblée nationale aussi depuis quelques années. Moi, il y
a des rapports que je prenais plaisir à regarder année après année, c'est les
fameux RAG, les rapports annuels de gestion, où, malheureusement, on constatait
une stagnation sur cette représentativité, qui est pourtant essentielle. L'objectif,
c'est quoi? C'est d'avoir une fonction publique qui soit représentative de sa
population. Donc, oui, des données et des objectifs bien précis, on était à
14 % au 31 mars 2021, comparativement à 11 % au 31 mars 2018.
Certains, moi le premier, diront que c'est très peu, 3 % de plus, mais,
après des années de stagnation, on voit qu'il y a une progression qui est
intéressante. Naturellement, on va souhaiter... Désolé.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Le
ministre souhaite le 18 % pour 2024‑2025, pour cette année?
M. Charette : Non, bien,
en fait, comme je le mentionnais au collègue tout à l'heure, on se donne cinq
ans pour réaliser l'ensemble des actions, mais, dans certains cas, on pourra
considérer une action pleinement réalisée avant l'échéancier de cinq ans. Ça, c'est
une des mesures pour laquelle je vais souhaiter un résultat avant l'écoulement
des cinq années du plan, compte tenu de l'importance de l'enjeu et compte tenu
que, pendant des années, malheureusement, là, c'est une proportion qui a très,
très peu bougé.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : M. le
ministre, j'aimerais revenir sur les stéréotypes sur les personnes asiatiques, parce
qu'on a tous vu, dernièrement, ce qui s'est passé dans le réseau de l'éducation,
les stéréotypes sur les Chinois qui sont utilisés pour apprendre le français. Si
je peux citer Winston Chan, qui est membre du conseil d'administration de la coalition
nationale des Canadiens contre le racisme anti-asiatique, il a dit : «C'est
du racisme et c'est assez bouleversant», et il dit que… «je ne vois pas la
pertinence pour apprendre le français de dire que les Chinois mangent du chat».
Et, pour aussi citer M. Niemi, du CRARR, il a dit : «Il ne faut pas
juste retirer ces images offensantes du matériel scolaire, il faut faire de la
formation aux enseignants et comprendre comment on a pu en arriver là.»
Ça fait qu'il faut éduquer les gens sur la
discrimination, le civisme et les stéréotypes, mais il ne faut pas juste fermer
la porte sur la controverse parce que nous savons que, dans le fond, ce qui a
été retiré... Alors, le ministre, il répond quoi à ceci? Parce que je comprends
que c'est un bureau de lutte, et vous, vous avez une responsabilité auprès de
vos collègues, mais quelle action avez-vous pris, personnellement, en ce qui
concerne cette situation auprès de votre collègue de l'Éducation?
La Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre.
M. Charette : Autre très
bonne question. Peut-être une petite précision par rapport à la question
précédente, au niveau de la présence des communautés culturelles dans la
fonction publique. Je parlais d'un échéancier de cinq ans. Pour ce volet-là en
particulier, on est bien confiants, là, d'atteindre le 18 % au 31 mars
2023, tant la démarche ou la cadence est assurée jusqu'à maintenant.
Autre volet fondamental — et,
oui, j'ai eu des discussions avec mon collègue à l'Éducation — la
collègue, à juste titre, nous rappelle un cas très, très récent au niveau de
cette représentation très typée des Asiatiques. Je rappellerai aussi à la
collègue, il y a quelques semaines, il y avait eu, dans une école de la
Rive-Sud, aussi une représentation très typée de ce qu'était un gangster. Je ne
sais pas si l'exemple... voilà, c'est aussi récent, et, à chacune des fois, il
y a des discussions.
Personnellement, j'ai parlé avec le
collègue à l'Éducation. La première chose, c'est de s'assurer est-ce que c'est du
matériel scolaire, là, qui est reconnu. Dans le cas... dans le premier exemple
que je citais, ça ne l'était pas. C'est un professeur ou des professeurs qui
pensaient, de bonne foi, avoir trouvé du matériel adéquat sur Internet, et,
manifestement, ça ne l'était pas, donc il y a eu une directive pour corriger la
situation.
Au niveau de la francisation, il y a des
vérifications, aussi, qui sont faites pour corriger et s'assurer qu'un matériel
de cette nature-là ne soit pas utilisé à des fins pédagogiques ou autres, et c'est
là où le mandat des 25 actions n'est pas limitatif. On veut réaliser ces 25
actions là, mais, à chacune des fois qu'il y a une situation qui nécessite une
action, une réaction, naturellement, on est présents, là, pour la corriger au
besoin.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Mme la députée.
Mme Maccarone : …c'est aussi
que c'est dommage que c'est venu dans les médias, puis c'était médiatisé, puis
que c'était utilisé pendant des années, puis il n'y a personne qui a eu le sens
de dire : Bien, il n'y a pas de bon sens que nous avons ça puis que nos
élèves ont ça dans leurs mains. Alors, ce que je veux m'assurer, c'est que… C'est
bien <qu'il y a eu...
Mme Maccarone :
...c'est
bien >qu'il y a eu une conversation puis c'est bien que le matériel a
été retiré, mais de s'assurer aussi qu'il y a une éducation auprès du réseau…
de tous les employés pour qu'ils comprennent tout de suite quand eux, ils
voient ça, avant que ça vienne dans les mains d'un parent, par exemple, parce
qu'ils ont eu accès au carnet de travail de leur enfant… pour dire : Bien,
mon Dieu! c'est quoi, cette affaire-là, puis de dénoncer eux-mêmes avant que ça
devienne quelque chose qui sort dans les médias… pour qu'on parle de ceci lors
des crédits.
J'aurais une autre question pour M. le
ministre, puis ça, c'est suite à ce que nous avons entendu juste la semaine
dernière en ce qui concerne, malheureusement, la victime. Il y a un cas d'une
femme noire de Longueuil qui est victime d'insultes racistes durant une
querelle entre voisins qui pourrait créer un précédent au Québec sur la façon
de traiter les cas de discrimination, puis je veux juste sensibiliser les
collègues, parce que, selon la Commission des droits de la personne et des
droits de la jeunesse, entre 2018 et 2021, le nombre de plaintes en lien avec
le profilage racial a doublé. Alors, ça montre qu'il y a vraiment un réel
problème ici, au Québec. Puis, après plusieurs mois d'analyse, la CDPDJ a
conclu, juste la semaine dernière, qu'elle ne prenait plus en charge les
plaintes concernant uniquement les propos discriminatoires. Ça veut dire qu'il
y a 56 dossiers qui sont abandonnés, malheureusement, 70 % qui
concernaient, évidemment, des propos discriminatoires basés sur le motif de
race, de couleur, origine ethnique ou nationale.
Quelle est la position du ministre en ce
qui concerne la décision de la CDPDJ? Et est-ce qu'il a l'intention de faire
une intervention pour s'assurer que ces 56 plaintes, ces 56 personnes
ne sont pas abandonnées?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : ...intervention
qui s'est faite vendredi de la semaine dernière, de mémoire, donc, on a pu
rencontrer les autorités de la commission. Naturellement, c'est une instance
qui ne peut pas faire autrement que d'analyser les jugements de la Cour
suprême. Et là on se souvient l'affaire de Mike Ward et de Gabriel Jérémy, qui
s'est rendue jusqu'à la Cour suprême, et c'est dans la foulée de ce jugement-là
que la commission a dû revoir un petit peu ses façons de faire.
Oui, ça suscite des questionnements qui
sont importants, j'ai pu en discuter avec les autorités, là, de la commission.
Naturellement, il y a des recours civils qui demeurent possibles pour ces
personnes-là, mais, oui, elles perdent un appui, en quelque sorte, ou une
possibilité de recours de la part de la commission. Ce que les gens de la commission,
d'un point de vue strictement juridique, nous disaient : Si jamais, en
plus du propos discriminatoire, il y avait un autre manquement, donc, un propos
discriminatoire ajouté à, malheureusement — et ça aussi, ça se
produit trop souvent — un refus de louer un logement à une personne
compte tenu de sa couleur de peau, ou de sa religion, ou de ses origines, la commission
va davantage miser sur ce deuxième élément que sur le propos lui-même à
connotation raciste, compte tenu de ce dernier jugement de la Cour suprême.
Donc, il y a des recours qui, oui, ont été
abandonnés, ce qui est dommage et frustrant, mais la commission est bien au
fait et regarde comment accompagner autrement ces gens-là pour qui le recours
par l'entremise de la commission n'est plus une option.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Mme la députée.
Mme Maccarone : Je veux
entendre le ministre en ce qui concerne les publicités stéréotypes antiracistes
que nous avons vues, je pense, le mois de décembre passé, où on parle des «amis
québécois», puis il y a eu plusieurs parodies, puis il y a plusieurs groupes
qui ont demandé au ministre de retirer les publicités parce qu'il y avait
beaucoup de parodies, puis ils trouvaient que c'était tellement un stéréotype,
le message qui était partagé, en plus que, hein, on sait, en anglais, le
message… ce n'était pas le même message dans les publicités qui ont été
partagées. Alors, ce que je veux savoir de la part du ministre, c'est : Est-ce
qu'il a vu les publicités avant qu'elles ont été mises à l'oeuvre de toute la
population? Et est-ce que le ministre est d'avis que nous devons les enlever en
ce qui concerne tout le «backlash», comme on dit en anglais, que nous avons
entendu en ce qui concerne ce qui a été partagé avec la population?
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
M. le ministre.
• (16 h 10) •
M. Charette : ...mentionner
que ces publicités-là ne sont plus en ondes, et c'était prévu comme tel. Ça
s'est arrêté avec le mois de janvier, si je me souviens bien. Il faut se
rappeler qu'une des actions, là, qu'on s'est engagés à mener est de conduire
une campagne de publicité sociétale sur trois ans, dotée d'un budget assez
considérable de 3 millions de dollars. Donc, c'était un premier
volet, volet qui <est terminé, volet qui...
M. Charette :
...volet
qui >est terminé, volet qui, effectivement, a suscité beaucoup de
commentaires; certains ont apprécié, d'autres, moins, certains auraient
souhaité une publicité différente. Mais en même temps on peut se féliciter
d'une chose, c'est qu'elle a eu beaucoup, beaucoup de rayonnement, et ça fait
réagir. Moi, je dis à la blague, au niveau de l'Environnement, au même moment,
j'avais une publicité qui roulait, et personne ne m'en a parlé. Donc, cette
publicité-là a fait réagir, elle a fait réfléchir, et on a des données très
probantes, que je pourrais partager, là, avec la collègue, sur le taux de
pénétration, le taux de notoriété de la campagne, et je pense qu'ultimement,
là, on a fait...
Mme Maccarone : ...
M. Charette : Pardon?
Mme Maccarone : Je
voulais juste...
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée, allez-y.
Mme Maccarone : Oui. Si
M. le ministre avait vu les publicités avant le lancement puis est-ce qu'il
considère que.. C'est quand même 3 millions. Est-ce que c'était bien
investi? Parce que nous avons eu quand même pas mal des gens qui ont dit qu'ils
étaient en désaccord avec ceci. Ce serait intéressant qu'il dépose le rapport
de la campagne tel qu'il cite…
M. Charette : Peut-être
un petit élément de précision, le 3 millions, c'est la campagne totale sur
trois ans. Ce volet-là, c'est quelques centaines de milliers de dollars. Je les
avais vues avant leur publication. Cependant, ce n'est pas moi qui a établi le
concept. Il y a plusieurs «focus groups» qui se sont tenus avec des gens
majoritairement issus des communautés culturelles, et c'est beaucoup un concept
qui s'est développé à travers ces «focus groups» là, mais, oui, très très à
l'aise à confirmer, là, des données. Donc, d'une part, on a 87 % des
personnes interrogées qui jugeaient important qu'il y ait une campagne de
publicité de cette nature-là, 68 % des répondants ont trouvé que les
messages de la campagne attirent l'attention — c'est le cas de le
dire, elle a fait réagir — 67 % trouvent que le ton de la
campagne est approprié pour traiter du racisme et des préjugés, cette
proportion atteint près de 80 % chez les personnes s'identifiant aux
minorités...
Mme Maccarone : Je
propose que le ministre dépose son...
M. Charette : Oui,
volontiers, volontiers, ce sera...
Mme Maccarone : ...ce
serait peut-être plus efficace, étant donné qu'on a très peu de temps.
M. Charette : Voilà, c'est
un document qui sera déposé, sans problème.
Mme Maccarone : Merci, parce
que c'est intéressant que le ministre l'a vu avant, mais est-ce qu'il était à
l'aise avec ce qui a été partagé? Parce que, nous, ce qu'on a entendu, puis, si
on lit toutes les revues de presse, la communauté en question, la communauté
des personnes noires, eux, ils ont dit que c'est des publicités qui sont stéréotypes,
puis ce n'était pas bienvenu par les communautés concernées. Puis je comprends
que, dans le fond, c'était pour la majorité, pour que nous, on développe une
compréhension puis une tolérance, mais ça reste que, sur le terrain, les
personnes concernées, ce n'était pas bien aimé. Alors, je suis contente que le
ministre accepte de déposer le rapport, on va le lire avec grand intérêt, parce
que le message que nous avons reçu, c'est qu'il y avait un malaise, quand même,
sur le terrain.
Mme la Présidente, je ne sais pas combien
de minutes il me reste, mais...
La Présidente (Mme D'Amours) : 1 min 30 s.
Mme Maccarone : Je
céderais le très peu de temps à mon collègue.
La Présidente (Mme D'Amours) : Allez-y,
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme
la Présidente.
Mme la Présidente, vous savez, je vais
faire référence au Principe de Joyce, qui est ce principe qui vient mettre le
cadre pour lutter de manière efficace contre le racisme systémique que vivent
les Premières Nations dans le milieu de la santé. Moi, je peux faire usage de
ce concept-là. Je sais qu'il est très difficile pour le ministre de l'utiliser.
Mais, sur l'enjeu de la santé, j'ai vu ce rapport du groupe de travail sur le
racisme. J'aimerais savoir quelles sont les actions de votre gouvernement pour
endiguer le racisme dans le milieu de la santé, parce que, lorsqu'on sait, et
je l'ai évoqué tout à l'heure, Mme la Présidente, l'impact, les impacts de la
pandémie dans la vie des communautés racisées... Moi, vous savez, au cours des
deux dernières années, je n'ai jamais entendu autant parler d'enjeux de santé
mentale dans les communautés noires qu'aujourd'hui et j'aimerais savoir quelles
sont les actions de votre gouvernement en matière de santé.
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre, en 35 secondes.
M. Charette : Oui, mais
je dois revenir sur l'aspect de la publicité, là, étant donné que ça a été
abordé par la collègue. Oui, les données seront rendues publiques, mais il faut
faire attention, souvent, on peut avoir une certitude, mais elle peut ne pas
être confirmée. C'est 67 % des personnes qui trouvaient que le ton de la
publicité était bon, et cette proportion atteint près de 80 % chez les
personnes s'identifiant elles-mêmes aux minorités visibles. Donc, avant de
penser ou de dire que tous étaient contre, il faut prendre le temps d'analyser
les données. Je pense que c'est une publicité, là, qui <était...
M. Charette :
...qui
>était nécessaire et qui a fait réfléchir.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Merci, M. le ministre, c'est tout le temps que nous avions dans ce bloc.
Maintenant, prochaine intervention, la
députée de Gaspé, pour une durée de sept minutes.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. le ministre, et salutations à toutes les
équipes.
J'aimerais revenir… même si ça a été
abordé par mon collègue, il y a un enjeu sur lequel on a beaucoup discuté à
l'Assemblée nationale, il y a eu une motion, d'ailleurs, d'adoptée à
l'unanimité, par ma collègue de Joliette, suite à la mort, justement, de Joyce
Echaquan, qui nous a beaucoup secoués au Québec, et on s'était engagés à aller
de l'avant avec le principe de sécurisation culturelle, de l'implanter. On a
eu, je crois, plusieurs occasions de le faire dans différents projets de loi
avec des papillons, donc, ça s'est fait assez fréquemment dans cette présente
législature. C'est une recommandation du rapport Viens, ça a été abondamment
discuté, pourquoi on n'est pas allés de l'avant? Pourquoi on a renoncé à cet
engagement-là, en fait?
La Présidente (Mme D'Amours) : M.
le ministre.
M. Charette : Peut-être
réitérer qu'on n'a pas renoncé, bien au contraire, notre collègue responsable
du dossier multiplie — et le mot «multiplier» est bien à propos — les
rencontres avec les différentes nations et communautés autochtones. Le souhait est
de faire les choses correctement. Ça ne peut pas être un papillon adopté à la
dernière minute à travers l'étude d'un projet de loi qui, souvent, porte sur
une tout autre chose. Donc, le collègue, avec les représentants des communautés,
veut s'assurer que les choses soient faites correctement. C'est un engagement,
pour nous, qui est ferme, ça a été réitéré encore au cours des derniers jours. Donc,
oui, c'est un concept qui sera intégré dans la législation, éventuellement. Il
faut le faire correctement et il faut savoir comment le faire atterrir. On
parlait de la réglementation, tout à l'heure, souvent on peut avoir un projet
de loi, mais c'est la réglementation qui vient définir son application. Donc,
ce sont des questions qui sont réfléchies, actuellement, mais avec l'assurance
et la volonté du gouvernement de procéder avec cet élément important.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui.
Je vais vouloir que ça aille peut-être un peu plus rondement. Vous savez, j'ai
sept minutes.
Bien, les communautés autochtones ont
quand même été assez claires que leur volonté, c'est d'aller le plus rapidement
possible. On a encore des cas assez fréquents, là, d'histoires... bon, on peut
juger si c'est des actes racistes ou non, mais je peux vous donner un exemple,
par exemple, d'un enfant de deux ans qui a été refusé ou renvoyé à la maison
cinq fois malgré une tumeur, a dû se déplacer à 1 000 kilomètres pour
finalement avoir un vrai diagnostic et qu'on la prenne en charge. Finalement,
c'est une tumeur vasculaire complexe qui est en train de faire des gros ravages
sur son corps. Est-ce qu'on considère, ici, qu'on était devant... Est-ce
qu'elle a été victime de racisme? Est-ce que vous vous êtes penché sur ce dossier-là?
M. Charette : Je ne
pourrais pas juger un cas en particulier, mais peut-être juste mentionner que c'est
des données qui sont tout de même probantes. On l'a dit, la sécurisation
culturelle, ce sera confirmé, là, de façon formelle...
Mme Perry Mélançon : Dans
ce mandat-ci, avant la fin de la session?
M. Charette : On peut…
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée, il faudrait laisser terminer...
Mme Perry Mélançon : Oui,
c'est parce qu'on est proches.
La Présidente (Mme D'Amours) : Oui,
je sais, mais il faudrait laisser le ministre terminer sa réponse.
M. Charette : Dans
l'intervalle, il y a du travail qui se fait. En date du 22 mars 2022 — c'est
tout récent, là — il y a 102 592 employés du réseau de la
santé qui ont complété leur formation au niveau de la sensibilisation aux
réalités autochtones. On se souvient, ça aussi, c'est un autre engagement. Mon
collègue et nous tous, on peut déplorer que la progression n'est pas
suffisamment rapide, mais on était à 0 % il n'y a pas si longtemps. Donc,
il y a un employé sur trois qui a complété cette formation-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui.
Bien, si on continue, justement, dans les recommandations, toute l'implantation
de différentes mesures, est-ce que le gouvernement du Québec a toujours
l'intention de comptabiliser les plaintes selon l'origine ethnoculturelle?
Est-ce que ça a été fait? J'aimerais en savoir plus.
• (16 h 20) •
M. Charette : ...discussions,
il y a eu des réflexions à ce niveau-là, il y a des pour et des contre. En
fait, il y a plusieurs personnes qui ne veulent pas s'identifier en fonction
d'une appartenance à une communauté en particulier, donc c'est là où les
données ne sont pas toujours aussi probantes que souhaité, mais, oui, il y a
des réflexions.
Dans le cas de la pandémie, je le
mentionnais d'entrée de jeu, là, je pense à la première question du collègue,
on a vraiment, vraiment voulu, à travers nos collègues à la Santé, cibler des
communautés qui étaient davantage réfractaires, par exemple, à la vaccination.
Donc, tous les efforts ont été mis en multipliant les approches, souvent dans
des langues multiples, pour rejoindre, justement, le plus de gens. Donc, même
si les données ne sont pas toujours recueillies selon l'appartenance à un
groupe ethnoculturel, les démarches, elles visent <à ce que...
M. Charette :
...elles
visent >à ce que le plus grand nombre possible puisse être interpelé,
être informé des démarches, là, qui sont conduites par le gouvernement du
Québec.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Perry Mélançon : Oui,
merci. Pour revenir rapidement, en fait, sur un projet de loi sur la
sécurisation culturelle, est-ce qu'on peut s'attendre à ce que ce soit déposé,
comme je le demandais tantôt, avant la fin de la session parlementaire ? Est-ce qu'il y a un projet
de loi en cours d'élaboration?
M. Charette : Je ne
pourrais pas le confirmer. C'est un dossier, là, qui est entre les mains d'un
collègue qui a la responsabilité des Affaires autochtones. Cependant, pas plus
tard que la semaine dernière, il réitérait sa volonté d'aller dans le sens
d'une formalisation du concept le plus rapidement possible, mais en prenant
soin de bien faire les choses.
La Présidente (Mme D'Amours) : Mme
la députée.
Mme Perry Mélançon : O.K.,
bon, oui, j'aurais aimé une réponse un petit peu plus précise, mais je
comprends que ce n'est pas votre dossier, comme tel.
On va aller sur le plan d'action 2020.
En fait, là, je devrais avoir des réponses sur, par exemple, l'ajout des
intervenants en services sociaux aux corps policiers pour faire des équipes
mixtes… de patrouilles mixtes, c'est ce qu'on est arrivés à...
M. Charette : Oui, et
ça, c'est un dossier, là, qui tient à coeur, là, à mon collègue de Sainte-Rose
et à moi, avec de très, très beaux exemples. On a tous entendu parler de la
police de Longueuil, c'est un appui financier important du gouvernement du
Québec qui a permis ce travail-là qui vient revoir le rôle de la police
communautaire avec des notions qui peuvent s'apparenter à une forme de
patrouille mixte, mais qui met surtout le policier et la policière au coeur de
sa communauté. Donc, ça donne des résultats, on le voit, plusieurs articles de
journaux, plusieurs reportages qui en témoignent. Les policiers, policières qui
sont intégrés au projet sont les premiers à vanter ses mérites. Donc, une belle...
Oui?
Mme Perry Mélançon : Bien,
en fait, justement, les corps policiers, est-ce qu'ils ont tous reçu la
formation dont il était question, sur les sensibilités, justement, aux réalités,
et puis au profilage, et tout ça?
M. Charette : C'est deux
choses différentes. Les corps de police ont la possibilité de soumettre des
projets pour financement. Longueuil est un exemple, mais il y a d'autres corps
de police qui ont soumis des projets, mais Longueuil est de loin le cas le plus
médiatisé à ce jour, un beau succès. Mais, indépendamment de ça, il y a des
mandats qui ont été confiés à la Commission des droits de la personne pour que,
justement, les policiers, peu importe qu'ils soient de Longueuil ou pas, aient
une formation sur les réalités en lien avec l'interpellation policière, en lien
avec le profilage.
Donc, ça, c'est un mandat en bonne et due
forme qui a été donné, avec financement, mais il y a aussi une formation qui
s'est ajoutée — et ça aussi, c'est effectif — à la demande
de notre collègue à l'Enseignement supérieur, pour que les futurs policiers, policières,
dès leur formation académique, aient aussi des notions qui soient intégrées à
leur cursus. Et ça, ce n'est pas en lien avec le fait qu'ils soient de
Longueuil ou pas, c'est l'ensemble des policiers, policières, là, qui vont
bénéficier de cette formation-là.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
Je vais maintenant procéder aux
prochaines... à la prochaine intervention, et le député de Sainte-Rose, pour
une durée de cinq minutes. À vous la parole.
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente.
Un vrai plaisir pour moi de prendre la
parole à cette commission. Salutations aux collègues, que j'apprécie
particulièrement, et aussi au ministre pour la Lutte contre le racisme. Je ne
dirai pas «pour le racisme», parce que, la dernière fois que j'ai dit ça, les
gens ont mal compris ce que je voulais dire. En fait, êtes-vous à votre
première étude des crédits par rapport à ce mandat-là?
M. Charette : La
deuxième, déjà. On se souvient, moi, j'ai été nommé quelque part en février
2021, et, dès les semaines qui suivaient, pour la toute, toute première fois — j'étais
bien content — dans le cadre de l'étude des crédits, il y a eu un
volet Lutte au racisme, et, cette année, c'est la deuxième, et j'espère que ça
va devenir une tradition, compte tenu de l'importance, là, de l'enjeu.
M. Skeete : Qu'est-ce
qu'on faisait avant 2020, avant… bien, qu'est-ce qu'on faisait dans le dossier
du racisme?
M. Charette : Beaucoup,
beaucoup d'études, beaucoup de rapports, mais aucun suivi, aucune reddition de
comptes. C'est probablement un des sujets les plus étudiés à travers différents
gouvernements, à travers différents ministères, mais malheureusement on ne s'était
pas donné d'outils de suivi et on ne s'était pas donné un plan de match précis.
C'est ce qui a été corrigé par le Groupe d'action contre le racisme, mais
surtout l'engagement du premier ministre que ce rapport-là ne sera pas
tabletté. On le connaît, et je me permets de le dire, lui-même le dit
ouvertement, ce n'est pas le gars le plus patient, donc il dit ouvertement :
Vous n'avez pas le choix des actions, là, ce n'est pas un «pick and choose»,
comme le veut l'expression en anglais, chacune des 25 actions doivent être
réalisées. Il nous a donné un échéancier précis de cinq ans pour y parvenir.
M. Skeete : Et, après
qu'on réalise <les 25 actions...
M. Skeete :
...réalise
>les 25 actions, le racisme, c'est fini?
M. Charette : Absolument
pas. Ce qui est malheureux du racisme, il va toujours y en avoir. Mais ce que
j'aime répéter, puis encore dans les derniers jours, là, à travers certaines
manifestations sur les réseaux sociaux, ce que je vais souhaiter, c'est que
toute manifestation de racisme devienne toujours plus intolérable, qu'elle soit
naturellement dénoncée pour que les personnes qui commettent ces gestes-là, ces
propos-là puissent se sentir non seulement observées, mais qu'elles puissent se
sentir désapprouvées par la population. Donc, il va toujours y en avoir, mais
le souhait, c'est que le racisme soit de plus en plus intolérable à une
majorité de gens pour que ces gestes-là se retrouvent en plus petit nombre
année après année.
M. Skeete : Vous avez le
privilège d'être le ministre responsable à la Lutte contre le racisme, et il y
a comme une tradition dans les différents cabinets, ministères, etc., où est-ce
qu'on met les photos des ministres antérieurs. C'est quelles photos qui
précèdent la vôtre dans votre bureau?
M. Charette : Bonne
question. Il n'y en a pas parce que c'est la première fois, effectivement,
qu'un gouvernement a jugé bon, à juste titre, de nommer une responsabilité
ministérielle spécifique, et je vais souhaiter... il va y avoir des élections,
là, naturellement, l'automne prochain, je ne présume pas du résultat, mais je
vais souhaiter que le prochain gouvernement en fasse une tradition et un
engagement. Je ne veux pas que ça s'arrête à la période que j'aurai assurée. Je
veux que dorénavant les différents gouvernements se dotent de cette
responsabilité ministérielle.
Tout à l'heure, je parlais des rapports
qui se sont accumulés. C'est facile de tabletter un rapport, et c'est d'autant
plus facile lorsqu'il n'y a pas de responsabilité ministérielle, c'est-à-dire
on tend à l'oublier, on ne sait pas ce qui est advenu de telle, telle
recommandation. Là, je suis celui qui, de façon… nommé par le premier ministre,
ai à répondre de l'action gouvernementale, donc ça met une pression, une
pression qui est constructive, une pression qui est nécessaire. Donc, je vais
souhaiter que le prochain gouvernement ait aussi ce réflexe de nommer une
personne, un ministre ou une ministre responsable de la Lutte au racisme.
La Présidente (Mme D'Amours) : Il
vous reste une minute, M. le député.
M. Skeete : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, je l'apprécie.
C'est intéressant que vous dites ça, la
responsabilité ministérielle, qui est l'action-phare demandée dans le rapport,
parce qu'effectivement, si vous subissez ces questions aujourd'hui, c'est parce
que vous êtes ministre et le ministre responsable, sinon on ne peut pas pointer
le doigt à personne, n'est-ce pas?
M. Charette : Exactement.
Et ça fait 14 ans, là, que je suis à l'Assemblée nationale, je n'ai pas une
mémoire infaillible, mais je ne me souviens pas d'étude de crédits où la
question du racisme a été... ne serait-ce que par une question, là, qui sortait
un petit peu du champ droit ou du champ gauche. Donc, non seulement il y a des
questions, maintenant, mais il y a un bloc de crédits, deuxième année, c'est
une avancée majeure. Et je vais souhaiter que ça devienne une tradition, mais
c'est un revirement de situation complet, compte tenu de l'existence de cette
thématique-là dans les années précédentes, malheureusement.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup.
M. le ministre, j'ai besoin de savoir si
le document que vous avez distribué au secrétariat ici, vous le rendez public
ou c'est simplement pour les collègues…
M. Charette : Il peut
être rendu public, là. Ce sera versé au secrétariat, là, tout simplement.
Document déposé
La Présidente (Mme D'Amours) : Parfait.
Donc, ce sera fait dans les meilleurs délais, M. le ministre.
Compte tenu de l'heure, la commission
suspend ses travaux jusqu'à 17 heures, où elle entreprendra l'étude du
volet Condition féminine des crédits budgétaires du portefeuille Éducation.
Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 16 h 30)