(Dix
heures)
La
Présidente (Mme D'Amours) :
À l'ordre, s'il vous plaît. Je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle de bien vouloir
éteindre la sonnerie de leurs appareils électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'interpellation du député de LaFontaine au ministre
de la Famille sur le sujet suivant : Le mirage du gouvernement caquiste et
son inaction en matière de services de garde, un bilan négatif depuis
trois ans.
M. le secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire :
Oui, Mme la Présidente. Mme Blais (Abitibi-Ouest) est remplacée par
M. Caron (Portneuf); Mme Dansereau (Verchères) est remplacée par
M. Tremblay (Dubuc); Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis) est remplacée par M. Tanguay (LaFontaine); et
Mme Perry Mélançon (Gaspé) est remplacée par Mme Hivon
(Joliette).
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je comprends qu'il y a entente à l'effet que le
deuxième groupe d'opposition interviendra lors de la troisième série
d'interventions, alors que le troisième groupe d'opposition interviendra lors
de la cinquième série d'interventions.
Nous allons débuter
avec les déclarations d'ouverture. M. le député de LaFontaine, vous avez donc
la parole pour 10 minutes.
Exposé du sujet
M. Marc Tanguay
M. Tanguay :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. D'abord, pour vous saluer, merci de présider
nos travaux ce matin. Je pense qu'il y a des choses que vous allez voir qui
doivent être dites. Je tiens à vous assurer de ma collaboration pour qu'elles
le soient dans le respect de notre règlement, avec le langage approprié. Mais,
quand même, il y a des choses, en ce Parlement, qui doivent être dites, des
réalités qui sont parfois difficiles à attendre, mais nous devons y faire écho,
ici. Vous me permettrez de saluer également le ministre, les personnes, les
collègues qui l'accompagnent, ce matin, et mes collègues des autres
oppositions.
Nous avons, Mme la
Présidente, une interpellation qui a pour titre, et je vais prendre le temps de
le relire : Le mirage du gouvernement caquiste et son inaction en matière
de service de garde, un bilan négatif depuis trois ans. J'aurai l'occasion, nous aurons l'occasion,
ensemble, Mme la Présidente, avec les collègues et le ministre, de
discuter du réseau des services de garde. Qui dit réseau des services de garde
dit, évidemment, parle, au premier titre, des enfants, des tout-petits. Il y en
a 51 000, à l'heure où on se parle, même plus de 51 000, si on veut
être plus précis, qui sont sur la liste d'attente, qui n'ont pas de place, dont
les parents ont dit, pour retourner au travail, pour favoriser leur
développement, dépister tôt... ont dit : Trouvez une place, je veux une
place en service de garde, mais qu'on leur a répondu : Il n'y en a pas, on
met votre nom sur une liste d'attente. Et là, on connaît les délais :
six mois, un an, deux ans. Plus de 51 000, ça, ces
51 000, c'est des milliers de familles, Mme la Présidente, qui sont en
attente, désespérément, d'une place.
Encore
une fois, pour des parents... on va parler des parents qui veulent retourner
travailler, qui veulent se réaliser, oui,
dans leur travail, mais qui veulent également, Mme la Présidente, qui veulent
également, bien, payer l'hypothèque, payer le pain puis le beurre sur la
table et faire en sorte de vivre une vie normale, une vie qu'au Québec en 2021
on trouve normale et nécessaire.
On va parler des
tout-petits, on va parler des parents. On va également parler, Mme la
Présidente, vous l'avez bien deviné, des éducatrices et des intervenantes. Les
éducatrices et les intervenantes tiennent le réseau des services de garde à bout de bras. Sans elles, il n'y en
aurait pas, de réseau de services de garde. Elles sont plus que la
première ligne, elles sont ce que j'appelle,
Mme la Présidente, la pré-première ligne. Parce que, durant la pandémie... on
va prendre le contexte de la pandémie, mais au-delà de la pandémie, qui
a commencé un jour puis qui va finir, évidemment, un jour, elles ont toujours
tenu le réseau à bout de bras.
Les
éducatrices et les intervenantes, Mme la Présidente , je dis qu'elles sont
essentielles, elles sont de première ligne, elles sont de pré-première
ligne, parce qu'on a entendu tellement de témoignages de parents, des femmes,
des hommes, qui sont infirmières, qui sont psychologues, qui sont travailleuses
sociales, qui sont médecins, qui sont préposées aux bénéficiaires, qui ont pu
retourner au travail lorsqu'on était au plus fort de la lutte de la pandémie,
grâce à nos héroïnes, qui ne sont pas reconnues à ce titre, nos héroïnes qui
ont tenu le réseau des services de garde à bout de bras durant la pandémie.
Alors, je veux prendre l'occasion aujourd'hui de les remercier, les féliciter.
Aujourd'hui, Mme la Présidente, au-delà de la
pandémie, il y a une réalité. Elles sont, pour celles qui travaillent dans les CPE... elles sont en grève.
Elles nous écoutent aujourd'hui, elles ont loué, et ça c'est une
initiative de la
FIPEQ-CSQ, que je salue... elles ont loué des salles de cinéma pour que l'on
puisse écouter en direct... pour qu'elles puissent écouter en direct,
elles sont des centaines, l'interpellation, écouter les réponses du ministre,
voir qu'est-ce qu'il va faire dans la moins
dernière année de son mandat... — il reste moins d'une année dans son mandat — répondre
à des questions fondamentales. Elles sont
présentement, donc, à l'écoute, je les salue. Leur travail, on le dit, il est
essentiel. Elles sont aujourd'hui en Estrie,
Chaudière-Appalaches, Beauce, Québec, Abitibi-Témiscamingue et Montréal, des
salles où elles nous écoutent, les éducatrices, les intervenantes et les
parents également.
Alors, bravo pour ce que vous faites, votre
combat, parce que c'est un combat, avec une entente qui est échue depuis plus
d'un an et demi, avec des négociations qui hier n'ont pas permis au
gouvernement de dire : Eh! On vous a
compris. Puis, au-delà des beaux discours, de dire : Bien, il faut
valoriser votre profession, oui, on va... oui, oui, oui, inquiétez-vous
pas on va vous valoriser, c'est important, ce que vous faites, mais, quand
c'est le temps de mettre l'argent sur la
table, quand c'est le temps de comprendre le fonctionnement d'un service de
garde, d'un CPE, par exemple, bien,
là, le gouvernement n'a pas la même écoute, le gouvernement semble déconnecté,
si vous me permettez l'expression, le gouvernement ne saisit pas la
réalité, l'urgence, la nécessité, notamment, de dire que des éducatrices puis
des travailleuses, des intervenantes, lorsqu'elles ont fait leur 35,
36 heures par semaine, là, sont épuisées, sont épuisées.
Pour un gouvernement, de dire : Bien, écoutez,
on vous entend, on veut valoriser la profession, mais vous êtes épuisées après
35, 36 heures, on va vous demander de faire du 40 heures, pour celles
qui le voudront, et vous aurez une prime de 50 $, une prime qui, soit dit
en passant, ne sera pas ajoutée à votre salaire, une prime pour laquelle vous
n'aurez pas de retour au niveau de la retraite, au niveau des congés de
maladie, au niveau des vacances. C'est une prime. Ça, quand on vous dit, et les
pourcentages ont été lancés, que ça, ça fait partie de l'offre salariale sur la
table... bien, non. Parce que celles et ceux, Mme la Présidente, les
éducatrices, les intervenantes, quand, après 35,
36 heures, bien souvent quatre jours, elles sont épuisées, bien, ce n'est
pas en disant : Bien, fais donc une autre journée, tu vas avoir 50 $ de plus en prime, que l'on
vient faire écho de leur réalité, de l'importance qu'elles ont dans le
réseau.
J'aimerais que le ministre prenne l'occasion,
parce qu'il répliquera immédiatement après moi, de leur parler directement, de
leur répondre, de dire est-ce qu'il a compris cette réalité-là, est-ce qu'il a
compris la réalité de l'organisation du travail, du réseau que vous tenez à
bout de bras. Mme la Présidente, j'aimerais entendre le ministre, lorsqu'il
aura l'occasion de parler dans quelques minutes.
Puis il va vous le dire, là : Vous êtes
importants, on le sait, on le reconnaît. Ça fait un an et demi que les négociations traînent, Mme la Présidente. Puis,
quand la présidente du Conseil du trésor, une femme que j'apprécie, dit, par contre,
en période de questions : Ah! bien là, ils ont gaspillé du temps, ça a
pris deux mois et demi, à un moment donné, pour avoir un retour, bien,
je ne pense pas que ça participe de la solution, je ne pense pas qu'elle envoie
le bon message.
Après un an
et demi, il est temps de saisir cette réalité-là. Il est temps pour le ministre
de la Famille de s'impliquer davantage dans le dossier, de parler à sa
collègue du Conseil du trésor, qui... Écoutez, il y a neuf questions qui ont
été posées, j'inclus les complémentaires, je pense que le ministre s'est levé à
une ou trois questions, le reste, c'est la présidente du Conseil du trésor qui
s'est levée. Le ministre, lui, normalement, en temps normal, connaîtrait son
réseau et lui dirait : Non, non, non, c'est important.
Surtout qu'à Ottawa et Québec les deux
gouvernements ont signé une entente, 6 milliards, 6 milliards
d'entente. Puis je me rappelle, le premier ministre Trudeau, le ministre
fédéral de la Famille, le premier ministre du Québec
et le ministre de la Famille du Québec étaient là, bras dessus, bras dessous,
en disant : 6 milliards va nous aider à compléter le réseau.
Ce 6 milliards là doit être entièrement, Mme la Présidente, investi dans
le réseau des services de garde. C'est en
moyenne 1,2 milliard par année. On va dire : Ah! ce n'est pas ça, ce
n'est pas ça, les chiffres. Je l'ai vue, l'entente, là, on l'a, la ventilation, ça commence à 660 millions puis ça finit à 1,7 milliard. J'arrondis, c'est 1,2 milliard par année.
L'argent est là.
Et les éducatrices, au premier titre — vous
n'avez pas de réseau, si vous n'avez pas d'éducatrice, vous n'avez pas de réseau, si vous n'avez pas
d'intervenante — doivent
pouvoir compter sur un gouvernement qui comprend cette réalité-là et qui
va investir l'argent nécessaire. Il y a le salarial, il y a les conditions de
travail, on vient d'en parler, au niveau des horaires.
• (10 h 10) •
Également, les autres corps d'emploi. Qu'en
est-il des autres corps d'emploi? Parce qu'un réseau, un CPE par exemple, c'est aussi les préposés à la désinfection,
c'est également les responsables en alimentation, les cuisiniers, cuisinières, ces gens qui, encore une fois,
accueillent ce que l'on a de plus précieux en ce bas monde, Mme la
Présidente, nos tout-petits, nos enfants.
Il faut réellement voir le réseau des services
de garde comme s'inscrivant dans le grand cheminement de l'éducation. C'est
pour ça que nous, Parti libéral du Québec, on a fait en sorte que... de déposer
un projet de loi qui ferait en sorte que ce
serait un droit au même titre qu'un droit à l'éducation. Jamais on ne se ferait
dire, comme parent, pour un enfant qui irait en
première année : Bien, on n'a pas de place à l'école, mettez votre
nom sur la liste, on va vous rappeler
lorsqu'il y aura une place, puis savez-vous, ah! ça peut prendre un an,
deux ans, vous verrez. Non,
jamais. Pourquoi on l'accepterait davantage pour nos tout-petits? On parle, au gouvernement,
et à raison, d'agir tôt, dépister tôt, parce que les éducatrices font un
travail fondamental de première ligne, oui, là pour aider les retards
langagiers, notamment. Faire en sorte, donc, de soutenir le réseau.
Puis j'aurais l'occasion, dans les prochains
échanges, M. le Président, de parler du développement du réseau, du développement
des places, qui malheureusement, depuis plus de trois ans, n'a pas avancé,
a reculé. Il y a moins 14 000 places dans le réseau à l'heure
actuelle. Alors, on aura l'occasion, Mme la Présidente, d'échanger. Je vais
maintenant vous permettre de céder la parole au ministre, qu'on écoute et qui,
j'espère, va parler à nos éducatrices et nos intervenantes. Merci.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le député de LaFontaine. Maintenant, je cède la
parole à M. le ministre, également, pour une période de 10 minutes. Merci.
Réponse du ministre
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci. Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je vous salue, je salue l'ensemble, effectivement,
des collègues qui sont présents, autant de l'autre côté que du côté
gouvernemental. Ça me fait plaisir de vous voir ici. Puis je salue aussi la
présence de ma garde rapprochée, Julie, qui est sous-ministre au ministère de
la Famille, et Louis-Philippe qui est avec moi, mon conseiller politique.
Ça fait 25 ans, Mme la Présidente, que les
parents attendent, au Québec, ça fait 25 ans. Ça va faire 25 ans
l'année prochaine, et nous, on pense que ça fait assez longtemps. Ça fait
25 ans qu'en 1997, donc, le gouvernement du Parti québécois, à l'époque,
le gouvernement de Lucien Bouchard, a lancé sa politique familiale, Les enfants
au coeur de nos choix, une politique familiale qui établissait, donc, la
naissance, notamment, parce que c'est surtout de ça dont on se rappelle, des centres
de la petite enfance, les CPE, qui ont été brillamment mis sur pied par la ministre
de l'Éducation, de la Famille, aussi, de l'époque, par la suite, Pauline
Marois.
À cette époque-là, évidemment, c'est une avancée
remarquable, et c'est toujours, aujourd'hui, 25 ans plus tard, un
formidable outil de développement économique et de développement de nos
enfants, nos services de garde éducatifs à l'enfance. Mais, un quart de siècle
après la création de ce réseau-là, il y a toujours des enjeux, il n'est toujours
pas complété. Il manque 37 000 places actuellement.
Les enfants qui vivent dans un contexte de
précarité socio-économique, on ne répond pas prioritairement à leurs besoins et on se fait reprocher ça, comme
État québécois, depuis maintenant bien des années, par la Vérificatrice
générale du Québec, notamment. L'accès aux places subventionnées est inégal,
aussi, parce que l'offre, évidemment, varie d'une place à l'autre au Québec.
Donc, par exemple, si on est à Montréal, on a bien moins de chance d'avoir une
place à 8,50 $ que si, par exemple, on se trouve dans l'Est du Québec.
Le réseau, donc, qu'on a aujourd'hui, il est
devant d'importants défis, des défis qui sont primordiaux, qu'on doit relever.
C'est long, actuellement, créer des places, parce que le processus, il est peu
flexible, même si on l'a amélioré et on l'a
allégé. L'offre de services de garde en milieu familial reconnu, elle diminue
depuis 2014. Il y a une pénurie de main-d'oeuvre aussi, évidemment, qui
affecte tous les pays ou à peu près... beaucoup de pays, je vais dire, et
évidemment ici, au Québec, qui affecte de nombreux secteurs, pour ne pas dire
presque l'ensemble des secteurs qui sont importants. Et les parents, je le
disais aussi, récemment, n'ont plus vraiment confiance en le processus
d'admission, qui comprend notamment l'inscription au guichet unique.
On a posé plusieurs gestes depuis 2018. On a
aboli, par exemple, la contribution additionnelle. Parfois, on s'en rappelle
peut-être un peu moins, mais c'est un geste fort qu'on a posé d'abolir cette
taxe famille qui avait été imposée par le gouvernement libéral en 2014. On se
rappelle qu'il avait renié sa promesse. On a aboli cette taxe famille, on est
revenus au tarif de 8,50 $. On a accéléré aussi le développement des
places. On a réduit, par exemple, dès qu'on est arrivés, le montant que les CPE
devaient verser en mise de fonds. Parce que ces projets-là ne s'étaient pas
réalisés, depuis 2011, depuis 2013, parce qu'on leur avait imposé, dans le
passé, des mises de fonds trop élevées. On a réglé ça. On a allégé le processus
de création des CPE en passant de 17 étapes à neuf étapes. Ça n'avait
jamais été fait dans le passé. Ça faisait 25 ans. Nous, de notre côté, on
a décidé de le faire. On a lancé aussi un parcours de travail-études en petite
enfance, où les jeunes ou les moins jeunes peuvent étudier et travailler en
même temps, étudier en étant rémunérés.
Mais, je le disais en février dernier, malgré
tout, malgré tout ce qu'on a fait, il y a encore des gestes majeurs qui doivent
être posés, parce qu'on doit aller plus loin. Et ces gestes-là nécessitent,
notamment, le dépôt d'un projet de loi, ce
que j'ai fait, le projet de loi
n° 1, qu'on a déposé au début de
cette session-ci. Ultimement, ce qu'on souhaite, c'est de pouvoir
répondre aux besoins de toutes les familles et que tous les enfants, au Québec,
puissent enfin, enfin, une fois pour toutes, avoir une place.
Donc, qu'est-ce qu'on a fait, concrètement, dans
le cadre du Grand chantier pour les familles, donc, que j'ai présenté, qui venait, je vous le disais, avec un
projet de loi pour réaliser au moins 18 des 45 objectifs qui sont là-dedans?
Bien, on a fait des consultations, des
consultations des groupes, des consultations des parents, des consultations,
évidemment, de la population en général, et il y a plusieurs constats qui en
sont ressortis, dont on s'est inspirés pour lancer notre grand chantier.
Les objectifs
qu'on poursuit là-dedans, bien : créer suffisamment de places pour
répondre aux besoins des familles, c'est une évidence; contribuer à une
plus grande équité financière, aussi, je le disais, entre les familles;
accroître l'efficacité du réseau, parce qu'on doit le faire, si on veut être
capables de mieux le développer; consolider la garde en milieu familial;
assurer la présence d'une main-d'oeuvre qualifiée en nombre suffisant, donc on
parle ici, bien sûr, de nos éducatrices, qui
font un travail primordial; puis finalement remettre l'égalité des chances au
coeur de notre action dans notre réseau, une égalité des chances qu'on a
parfois tassée, je dirais, au cours, là, des 20 dernières années, progressivement, si bien que, je le disais, dans
certains quartiers les plus pauvres de Montréal, les enfants défavorisés
n'ont même accès aux services, alors que les enfants de familles beaucoup plus
riches y ont accès, eux.
Donc, je vais commencer par l'objectif d'avoir
davantage d'éducatrices dans notre réseau, parce que je sais que les
éducatrices sont à l'écoute et je veux les saluer, parce que je sais qu'elles
font un travail qui est évidemment important. Tout le monde dit ça, c'est une évidence,
mais je pense qu'il faut continuer de le dire, parce qu'il faut valoriser cette profession-là. Et ce n'est pas tout le
monde, même encore en 2021, qui comprend ce que fait une éducatrice à
l'enfance. Il y a encore beaucoup de personnes, malheureusement, au Québec, qui
croient que ce sont des gardiennes, que leur travail, c'est de passer le temps
avec les enfants, de faire des bricolages, de s'assurer que les enfants ne
parlent pas trop fort, alors qu'évidemment on est bien loin de ça. Au Québec, on
a la chance d'avoir des services de garde
éducatifs à l'enfance, et ça, c'est quelque chose qu'on doit souligner. Et, si
on est capables d'y arriver, c'est parce qu'on a une main-d'oeuvre qui
est qualifiée, on a des éducatrices qui ont une formation collégiale. Mais on
en manque, on en manque cruellement, comme dans beaucoup d'autres secteurs
d'activité au Québec.
Mais, dans ce secteur précis, la petite enfance,
l'enjeu, c'est qu'elles ne sont pas assez rémunérées, Mme la Présidente. J'ai
envie de vous dire : Ça fait des années que ce problème-là, il est connu,
ça fait des années, ça fait des années qu'il y a des demandes dans ce sens-là.
La députée de Joliette nous rappelle parfois, avec raison, qu'au début des
années 2000, sous le gouvernement de Bernard Landry, si ma mémoire est
bonne, il y a eu un rattrapage qui a été fait. Ça fait 20 ans, ça fait deux
décennies. C'était 10 ans avant que la députée de Joliette fasse... ou à
peu près 10 ans avant que la députée de Joliette fasse de la politique. Il
y a du travail qui aurait dû être fait, dans les 20 dernières années, et
ce rattrapage-là, il n'a jamais été fait. Moi, en tout cas, je ne me rappelle
pas d'un ministre de la Famille qui s'est levé au salon bleu de l'Assemblée
nationale ou qui le fait encore aujourd'hui, qui vous dit : Ces femmes-là
ne gagnent pas assez. La rémunération qu'elles ont, elle n'est pas à la hauteur
de leurs compétences, et c'est la raison pour laquelle, comme on l'a fait avec
les enseignantes et avec les préposés aux bénéficiaires, on va bonifier de
façon importante de leur salaire.
Je n'entrerai pas dans les chiffres parce qu'évidemment
il y a une négociation qui est en cours. Mais, force est de constater que
l'objectif que je m'étais donné, au début du mandat, d'améliorer leurs
conditions de travail, bien, on est en train de le réaliser. Les sommes dont on
avait besoin, on est allés les chercher pour qu'on puisse avoir un mandat de
négociation, avec les éducatrices, qui nous permette de faire ce rattrapage
salarial là. Donc, je vous le dis, elles ne
sont pas assez payées, je trouve que ça n'a aucun bon sens, elles doivent
gagner plus. Elles s'occupent de ce qu'on a de plus précieux au monde, nos enfants. Je pense notamment à
l'éducatrice de mon fils, qui fait un travail exceptionnel, et, à chaque
fois que je la vois, je me dis : Cette personne-là ne gagne pas assez.
Donc, on va régler ce problème-là.
Et moi, je suis positif. Je comprends que les
oppositions sont moins positives, mais je les invite à regarder ce qu'on a fait
avec la garde en milieu familial. Quand on a conclu l'entente, le syndicat et
le gouvernement, on est sortis en conférence de presse, tout le monde était
bien heureux de souligner à quel point on avait fait un travail remarquable et
un travail important pour augmenter leurs conditions de travail. Donc, je pense
qu'on est capables de faire la même chose avec les éducatrices qui travaillent
dans nos installations.
• (10 h 20) •
Maintenant, ça prend aussi des parcours de
travail-études, notamment. Augmenter le salaire, c'est une chose, mais on doit
aussi faciliter l'arrivée des éducatrices sur le marché du travail, notamment avec
des formations qui vont leur permettre d'être rémunérées pendant qu'elles
étudient au cégep pour décrocher leurs diplômes. Il y a déjà des annonces qui
ont eu lieu, il y en aura d'autres après la mise à jour économique, mais on est
vraiment au travail.
Autre objectif, évidemment, qui est un objectif
central, bien : créer suffisamment de places pour répondre aux besoins des
familles. Il nous en manque 37 000 aujourd'hui pour être capable de
répondre à ça. C'est clair que, sur le guichet unique, je comprends le calcul,
qui est assez simple, on nous dit : Bien, M. le ministre, vous avez
51 000 enfants qui sont inscrits au guichet unique, pourtant vous ne
promettez que 37 000 places. C'est le nombre de places que ça nous
prend demain matin pour être capable de combler les besoins. D'ailleurs, vous
n'avez pas entendu de groupes qui sont des experts de notre réseau venir
remettre ça en question, parce que c'est le bon chiffre. Donc, on lance un
appel de projets en continu, c'est la première fois qu'on fait ça, c'était une
demande aussi du réseau, où on sera en mesure de développer ces places-là
rapidement pour, enfin, les offrir aux familles.
Et ce que je
propose aussi, dans le projet de loi que j'ai déposé, c'est un article où on
oblige le gouvernement, dès lors qu'il y a un besoin qui est démontré
sur un territoire... on oblige le gouvernement à développer ces places-là. Ça
ne s'est pas vu depuis 25 ans, dans le réseau. On pense qu'on est rendus
là. On veut concrétiser véritablement le droit des enfants du Québec à avoir
une place, parce que, pour nous, l'éducation, la petite enfance, ça ne coûte
pas trop cher, et on veut que jamais ce ne soit le cas pour un autre gouvernement.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous allons maintenant débuter la période d'échange. M. le député de LaFontaine,
vous avez la parole pour un maximum de cinq minutes.
Argumentation
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Je ne le sais pas comment réagissent les
éducatrices et intervenantes qui nous écoutent dans les différentes salles de
cinéma, les parents à la maison, également, éducatrices, intervenantes à la
maison, également. Je sais qu'elles sont plusieurs centaines, pour ne pas dire
milliers, qui sont à l'écoute. Je ne le sais pas, comment vous recevez les
commentaires du ministre.
De dire, et je le cite : Vous faites un
travail important, vous faites un travail important... Et il a dit : Il
faut continuer de le dire. Aimeriez-vous ça
qu'on arrête de le dire, puis qu'on le fasse, puis qu'on le démontre, puis
qu'on fasse en sorte que les horaires de travail, les différents corps
de métier, le salarial, que tout ça, ça soit pris en compte? Auriez-vous aimé ça ne pas passer un an et demi
sans entente? Auriez-vous aimé ça qu'hier ça se règle? Auriez-vous aimé ça... Aimeriez-vous ça que la prochaine rencontre,
qui est prévue le 18 novembre prochain, elle soit plus tôt? Êtes-vous
disponibles? Je pense que vous êtes
disponibles, vos représentantes syndicales sont disponibles, elles sont prêtes
à négocier.
Hier, en conférence de
presse, Mme Longchamps, de la CSN, a dit, à une question : Vous
attendez-vous à un exode massif? Sa
réponse : «Malheureusement, c'est ce qu'elles nous disent — elle parle des éducatrices, des
intervenantes. Puis on a fait un sondage, un
petit sondage maison, j'en conviens, mais plus de la moitié d'entre elles nous
préviennent que, d'ici deux ans, si les choses ne changent pas, elles
quitteront la profession.» CSN.
FIPEQ-CSQ. Rappelez-vous, avant la pandémie,
rappelez-vous d'un sondage qui avait été fait auprès des éducatrices, notamment en milieu familial, où là
aussi la moitié, 47 %, dans un sondage... c'était le 7 février 2020,
ça, c'était un mois, cinq semaines avant la pandémie, déjà là, au-delà de la
pandémie, elles le disaient : Les responsables RSE membres de la FIPEQ-CSQ
envisagent de fermer leurs services éducatifs d'ici trois ans.
Tantôt, le ministre a dit : Oui, bien, le
milieu familial, ça, c'est réglé, ça, le milieu familial, ça, c'est réglé, il
n'y a pas de problème. Deux choses, Mme la Présidente. On se rappelle tous, et
les RSE se rappellent tous de la... pas seulement la promesse, du geste qui
avait été posé puis qui avait été salué, à l'époque, par le gouvernement de la
CAQ, qui était de leur verser 3 000 $ pour 2021‑2022, pour celles qui
conservaient au moins six places. Et ça, c'était tout au long de l'année et
c'était pour deux ans, le 3 000 $. Bien là, le gouvernement a retiré
cet argent-là en disant : «Cette mesure
laisse place à une bonification de revenus.» Ça, ça avait été donné, ça avait
été mis sur la table puis ça a été retiré. Je le sais que cette décision
de retirer ce qui avait été mis sur la table a été mal accueillie, Mme la
Présidente.
Là, le ministre me dit : Oui, mais, de
toute façon, les milieux familiaux, ça, c'est réglé, les milieux familiaux, ça, c'est réglé, il n'y a pas de problème à avoir
là-dessus. On aura l'occasion de regarder le développement du réseau,
Mme la Présidente. Puis on ne devrait pas parler... on va arrêter de parler de
développement du réseau, là, on va parler du sous-développement, si vous le
voulez bien, du réseau.
Milieu familial : j'aurai l'occasion d'y
revenir aujourd'hui, ce n'est plus 8 000 places, comme quand le ministre est arrivé, en février 2019. Il
disait : Il y a 8 000 places, en milieu familial, qui ne sont
pas occupées. Aujourd'hui, c'est plus de 25 000 places qui ne
sont pas occupées, dû à quoi? Bien, des RSE, des responsables, des éducatrices
en milieu familial ont quitté massivement le réseau. C'est ce qui fait qu'aujourd'hui,
des 3 000 places subventionnées qui ont été créées par la CAQ dans
les trois dernières années, bien, il faut déduire de ça les moins
17 000 places qui ont fermé, 17 000 places qui ont fermé,
ce qui fait un bilan négatif de moins 14 000 places.
Le ministre dit : Les éducatrices, on les
aime donc. En passant, oui, valoriser, mais il faudrait peut-être reconnaître. Ça, c'est un mot qu'on entend
beaucoup sur le terrain : Est-ce qu'on peut être reconnues, reconnues pour
ce qu'on fait, mais reconnues pas juste dans
les belles paroles, mais dans les gestes? Il dit : Vous faites un travail
exceptionnel. Bien, elles ont été mortifiées, déçues, éberluées de voir que,
durant la COVID, elles n'ont pas eu, pour leur travail exceptionnel, une prime,
eux, qui étaient travailleuses essentielles, qu'elles le sont toujours. Elles
l'étaient hier, elles le sont aujourd'hui puis elles vont l'être demain, les
éducatrices et les intervenantes.
Donc, c'est important, Mme la Présidente,
aujourd'hui... Puis j'entends le ministre qui dit : On va y voir, on va y voir, on va y voir. Malheureusement, sur le
terrain, dans les négociations, c'est un point d'achoppement. Elles ont
l'impression, et c'est plus qu'une impression, c'est la réalité avec laquelle
elles doivent faire face, qu'il y a un mur. C'est ce que j'ai entendu ce
matin : On a un mur devant nous. Alors, la présidente du Conseil du
trésor, qui pilote les négociations, il faudrait faire en sorte qu'elle ait une
personne qui plaide la cause des éducatrices, des intervenantes et fasse en
sorte de plaider l'importance d'écouter leurs revendications et d'y donner
suite, le ministre de la Famille.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci,
Mme la Présidente. Je suis tellement
découragé, quand j'entends le député de LaFontaine, là, je vous jure, je dois
faire attention à ce que je dis. Parce que, je vous le dis, là, sincèrement,
les éducatrices qui sont réunies dans les cinémas un peu partout au Québec puis
qui écoutent ça, là, doivent se rappeler d'une chose, doivent se rappeler que le
député de LaFontaine qui prend la parole aujourd'hui, là, puis il faut le dire
parce qu'à un moment donné il y a toujours bien des maudites limites, le député
de LaFontaine, là, qui nous fait la morale aujourd'hui,
c'est un député qui est élu depuis longtemps au Parti libéral. Je ne me
rappelle pas de la date de son élection dans LaFontaine, mais il a succédé, on se rappelle, au précédent ministre
de la Famille, Tony Tomassi. Ça fait un moment.
Et il faut toujours se rappeler que c'est le
gouvernement dont il a fait partie qui a laissé les éducatrices avec de
maigres, maigres, maigres augmentations salariales. Écoutez, j'ai la liste, là,
mon équipe m'a sorti ça, la liste. Je n'ai même pas envie de vous la donner,
c'est gênant, là, tu sais, on parle, là, des années, moins de 1 %,
0,5 %. Ça a même mené à l'écriture d'un livre : Les libéraux
n'aiment pas les femmes. Ça, c'est le titre du livre, là, où on explique à quel point les politiques d'austérité
du gouvernement libéral qui était là ont fait mal aux femmes au Québec,
notamment aux éducatrices. Il y a des passages, là, complets qui parlent des
éducatrices puis du député de Robert-Baldwin, qui est encore député, à
l'époque, qui était ministre des Finances, puis qui expliquait pourquoi ce
n'était donc pas grave de couper en petite enfance, puis que ces femmes-là
allaient s'arranger, puis que, là, ce n'était pas un drame. C'est épouvantable.
Donc, moi,
là, Mme la Présidente, là, là, je sors du texte que je devais vous faire puis
je voulais vous présenter le Grand
chantier, là, mais ce que j'entends, là, ça me fait pogner les nerfs. Parce que
nous autres, depuis qu'on est arrivés, là, on ne compte pas les heures,
on travaille avec le réseau, on travaille avec nos partenaires, on travaille
avec les gens sur le terrain, on travaille avec les syndicats aussi, même si ce
n'est pas toujours facile, dans le contexte des négos, mais on travaille avec
eux autres. Nos partenaires sont en arrière de nous. Quand on a réglé avec le
milieu familial : 30 % d'augmentation.
Sur quelle planète
vit le député de LaFontaine, quand il nous dit qu'on coupe des montants?
Regardez le chèque de paie, là, regardez la subvention
que les éducatrices en milieu familial vont recevoir, après nos
négociations, puis vous viendrez nous dire si c'est
gênant. Au contraire, c'est un rattrapage historique. Donc, quand je vous dis
qu'il y a des maudites limites, là... Moi, venir m'asseoir ici pour entendre le
député de LaFontaine jouer sa mauvaise pièce de théâtre, là, ça me fait pogner
les nerfs.
Donc, je veux que les
femmes qui nous écoutent, là...
Une voix :
...
• (10 h 30) •
M. Lacombe :
Non, il n'y a rien qui contrevient au règlement là-dedans. Donc, je veux que
les gens qui nous écoutent, là, en ce moment, réalisent que la personne qui
veut les défendre aujourd'hui, là, bien, c'est la personne qui a contribué à
saccager la maison puis le réseau. Donc, nous, on est en train de le réparer.
On y injecte des sommes sans précédent. Le rattrapage salarial qui est en
cours, là, on n'a pas vu ça depuis 20 ans. Donc, oui, c'est toujours
difficile, une négociation, c'est la partie de la job, moi, que j'aime le moins
parce que c'est là où, évidemment, la tension monte puis c'est là où il y a des
conflits. Mais, à la fin, le résultat va être positif, Mme la Présidente, comme
on l'a fait aussi avec le milieu familial.
Donc, ce que nous
offre le député de LaFontaine, c'est des paroles, c'est des intentions. Même sa
cheffe l'a dit : Oui, on le sait, là, c'est un changement de cap
totalement parce que, bon, avant, là, on n'était pas trop portés sur la petite
enfance. Ce qu'il nous offre aujourd'hui, là, c'est des intentions.
Moi je regarde leur
cadre financier puis leur programme électoral de 2018, dernière élection, là,
c'est là-dessus qu'ils se sont fait élire, là, les députés qui sont l'autre
bord, là, il n'y avait rien pour la petite enfance. Qu'est-ce qu'ils
proposaient? Ils proposaient de mettre la hache dans le ministère de la Famille,
de le supprimer, envoyer ça au ministère de l'Éducation. Puis il y avait quelque
chose, là, pour les enfants de quatre ans, là, ça va être gratuit pour eux
dans les CPE, aucune création de places, aucun rattrapage salarial, zéro puis
une barre.
Donc, quand le député
de LaFontaine se lève pour nous faire la morale, là, moi, je lui propose, là,
de prendre un petit moment puis de réfléchir à ça. Nous autres, de notre côté,
on ne se laissera pas impressionner par ses effets de toge, là. Puis il est
bon, le député de LaFontaine, là. C'est un avocat. Ça devait être un excellent
plaideur parce qu'il réussit à nous faire croire à ça, là. Quand la
députée de Joliette se lève, quand la députée de Sherbrooke se lève
pour...
La Présidente (Mme
D'Amours) : M. le ministre, s'il vous plaît, je vous invite à la
prudence avec vos propos, s'il vous plaît.
M. Lacombe :
Je trouve que c'est un bon avocat. Je trouve que c'est un bon plaideur.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
M. le ministre, s'il vous plaît, il vous reste 40 secondes. J'aimerais
terminer votre 40 secondes en beauté, s'il vous plaît.
M. Lacombe :
Quand la députée de Sherbrooke se lève, je ne suis pas toujours d'accord avec
elle, même que, souvent, je ne suis pas d'accord avec elle. Quand la députée de
Joliette se lève, je ne suis pas non plus d'accord avec elle, puis, bon, ça
paraît souvent au salon bleu. Leur rôle, c'est de critiquer ce qu'on fait pour
que ça soit meilleur, pour qu'on s'améliore. D'accord, mais, au moins, là, je
vais vous dire, là, je le sais, que c'est sincère, puis je le sais, qu'elles
ont vraiment, là, le goût que ça s'améliore. Quand le député de LaFontaine se
lève, là, moi, tout ce à quoi je pense, bien, c'est un fait, là, Mme la
Présidente, là, c'est ce qui a été réalisé dans le passé. Puis moi, je vous
dis, nous, ce qu'on propose, c'est plus que des intentions. Nous, on est au gouvernement.
Les bottines suivent les babines. Ce n'est pas juste des belles propositions.
Quand nous, on a la chance d'être au gouvernement, c'est ça qu'on livre,
1 milliard par année pour la petite enfance.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, M. le ministre. Je vais céder maintenant la parole
à la députée de Bellechasse pour cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la Présidente. Écoutez,
je vais prendre le temps de saluer tous les parlementaires qui sont ici
et saluer tous ceux qui nous écoutent ce matin. Je vais... J'aimerais remercier
le député de LaFontaine de nous donner une occasion encore... une occasion de
pouvoir enfin ou, en fait, davantage parler des actions du gouvernement en
petite enfance. Je ne doute pas une seconde de son... que ça lui tienne à coeur,
et ça nous tient à coeur aussi. Puis je le remercie sincèrement, parce que
c'est une occasion de plus, et c'est important d'en parler, et de parler de ce
qui se fait en petite enfance.
On le sait, les deux
dernières années ont été extrêmement difficiles pour les responsables en
services de garde en milieu familial. Elles
ont été affectées de plein fouet par la pandémie. Pour bien comprendre l'impact
sur les familles aujourd'hui, il faut
aussi regarder ce qui s'est fait dans le passé, ce qui a eu lieu dans le passé,
puis je veux le rappeler parce que je pense que c'est particulièrement
important, Mme la Présidente. Entre 2014 et 2018, lors du dernier gouvernement formé par la formation politique du député de LaFontaine,
le nombre de places... le nombre de responsables, pardon, en services de
garde en milieu familial est passé de 15 607 à 13 433.
Maintenant, si on
parle en termes de places, ça veut dire 2 172 places en un seul
mandat, et ça, c'est sans pandémie, sans la
réalité qui nous occupe aujourd'hui. Concrètement... Je vous ai encore conté
des menteries. Je vous ai dit
2 172 places, mais c'est 2 172 responsables en services de
garde. C'est 13 000 places de moins en un seul mandat, sans la
pandémie, 13 000 places subventionnées. C'est énorme. Par conséquent,
Mme la Présidente, si on transforme ça, ça
veut dire 162 gros CPE de 80 places. Qu'a fait le gouvernement libéral à l'époque pour inverser la tendance? Rien.
Il y a plusieurs raisons
qui expliquent cette longue tendance à la baisse. Maintenant, ça a continué. On
a vu, l'impact de la pandémie est indéniable et il a été très important. J'ai
eu de nombreuses communications avec des citoyennes
qui étaient responsables de services de garde de Bellechasse, la
circonscription, et plusieurs me manifestaient de nombreuses craintes
face à la COVID, des craintes légitimes d'exposer leurs petits et leur famille
à la COVID. On doit se souvenir, c'était la première vague.
Pour plusieurs, c'était inconcevable de recevoir
six enfants, six enfants, parfois, de familles différentes, dans leur maison, lorsqu'ils ne recevaient même pas
leur famille qui habitait à des adresses différentes. C'était
inconcevable. En fait, il faut aussi rappeler les exigences sanitaires, avec la
désinfection, l'entretien, et tout, systématique. C'était évidemment un fardeau
supplémentaire qui était énorme et ça faisait de très grosses journées. Il faut
le rappeler, elles travaillent 50 à 55 heures, parfois, en milieu
familial.
Or, si la pandémie a assurément joué un rôle
dans cette dynamique, il y avait déjà une tendance de fond à la baisse qui
était à l'oeuvre. Pour l'instant, on comprend assez bien que c'est difficile,
voire impossible de compléter un réseau de services de garde éducatifs à
l'enfance si on perd autant de places en milieu familial.
Maintenant,
permettez-moi de parler des actions de notre gouvernement, Mme la
Présidente. Le plan d'action que le ministre a tout récemment présenté,
son grand chantier, où il propose des mesures concrètes pour la garde en milieu familial, l'objectif 4 du grand
chantier prévoit consolider la garde en milieu familial. C'est composé de neuf
mesures. Mais le temps file, je le vois. Alors, on va se concentrer.
Premièrement, le ministre propose un allègement
réglementaire. Ça a été demandé, c'est proposé. C'est un allègement
réglementaire puis des directives qui s'appliquent à leurs activités. Les
responsables de services de garde ont raison
lorsqu'elles disent que le cadre réglementaire est trop lourd. Il faut agir. C'est ce que nous
proposons comme allègement réglementaire.
Plusieurs
autres exemples. On parle de diminuer le nombre de visites de
conformité de trois à deux, de permettre des projets pilotes pour
autoriser le travail à l'extérieur de la résidence, offrir un programme
éducatif simplifié. Donc, je parle aussi d'exemples
concrets. On parle que les bureaux coordonnateurs puissent les supporter dans
les services administratifs, la
comptabilité, l'accès aux services de traiteur ou encore ne serait-ce qu'une
banque de remplacement centralisée. L'idée est simple, je le répète,
faciliter la vie de nos éducatrices.
Donc, notre
Grand chantier pour les familles propose enfin de moderniser le réseau pour les
services de garde pour le rendre plus efficace. Mme la Présidente, ce
sont des actions concrètes. C'est l'essence même de notre gouvernement. Merci,
Mme la Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Avant de débuter la deuxième série d'interventions, je vous rappelle à
tous qu'on peut évoquer des faits en choisissant le bon ton et le bon
vocabulaire. Alors, je serai très, très... Je suis très sérieuse et je n'aurai
aucune tolérance. Donc, je suis prête à passer la parole au député de
LaFontaine pour la deuxième série d'interventions pour cinq minutes.
M. Tanguay : Merci
beaucoup, Mme la Présidente, de présider nos débats. Puis je souscris
entièrement à ce que vous venez de dire, puis je l'applique à moi-même au
départ, dans le sens où je vais m'assurer, malgré la passion qui nous anime de part et d'autre... parce que les
gens qui nous écoutent à la maison, là, la dernière chose qu'ils veulent
voir, là, c'est des gens, là, se crêper le chignon sur ce que j'appellerais,
moi, des stress immenses, une détresse psychologique chez des parents, dont on
a été témoins, chez les éducatrices également, Mme la Présidente. Et vous faites bien de nous rappeler à l'ordre pour rester
au niveau du débat qui est attendu par celles et ceux qui nous écoutent.
Soit dit en passant, Mme la Présidente, celles
et ceux qui nous écoutent ont eu l'occasion de répondre à un sondage fait afin
de démontrer quelle était la qualité de la réponse du ministre. C'est ça qui
est intéressant. Ce matin, on a des gens qui
nous écoutent dans des salles de cinéma et qui répondent à un sondage, et la
réponse, la dernière réponse du ministre, sur une échelle de 1 à 10, 1
étant très mauvais, 67 %, plus de 200 répondants, ont répondu cela,
et une personne a répondu que c'était très bon, 10, une sur plus de 200 et
67 %.
Autre sondage, Mme la Présidente, le
1er novembre 2021, et là le sondage... 80 % du personnel en CPE
est épuisé. 80 % du personnel en CPE est épuisé, selon un sondage de la
FIPEQ-CSQ, publié le 1er novembre dernier.
69 %... Et c'est un sondage... Quand on
fait des sondages, au Québec, politiques, quand on a 800,
900 répondants, c'est un bon sondage. Il y avait
1 099 répondantes, intervenantes, éducatrices du réseau. 69 %
des salariées ont songé à quitter leur
emploi en raison de leur épuisement au cours des trois dernières années. Ce qui
est noté, entre autres, la multitude de tâches et le manque de temps
pour les effectuer, 78 %. Les enfants ayant des besoins particuliers, ça
demande... c'est important, il faut bien s'en occuper, c'est 65 %.
• (10 h 40) •
Puis ça, quand on dit des enfants à besoins
particuliers, ça vient aussi nous faire comprendre... Parce que le ministre puis moi, là, on n'est pas là avec vous
sur le terrain. Alors, on se doit de comprendre, de vous écouter et d'y
faire écho. Les enfants à besoins particuliers, là, ça demande de l'énergie
pour l'éducatrice, l'intervenante, puis c'est important, puis il faut s'en
occuper, mais, à ce moment-là, on ne peut pas faire du 40 heures semaine
comme ça, parce que l'épuisement...
L'épuisement pourrait tomber... pourrait faire en sorte que la personne va
tomber au combat. 65 %... pénurie de main-d'oeuvre qui empêche la
prise de journées de récupération, 60 %.
Et la présidente, Valérie Grenon, de la
FIPEQ-CSQ, disait : «La dernière offre de Québec risque d'accentuer
l'exode de notre réseau.» Elle disait ça le 1er novembre. Ce matin, je
l'ai entendue à la télévision. Hier, il y a eu des négociations, hier le
4 novembre, ce matin, elle a dit, et je la cite : On a l'impression
d'avoir un mur devant nous. Je la cite, quand je dis «un mur devant nous», pour
qualifier le comportement des négociateurs et de la CAQ. «On voit clairement...» Je
continue de la citer le 1er novembre : «On voit clairement dans nos
sondages que le personnel éducateur demande plus d'éducatrices
spécialisées, plus d'agentes en soutien pédagogique et technique, plus de
préposées, bref plus d'aide pour accompagner les enfants ayant des besoins
particuliers et pour supporter leurs tâches au quotidien.»
Ça, Mme la Présidente, c'est un cri du
coeur. Puis le ministre peut bien, là... peut bien dire : C'est la faute
des libéraux, c'est la faute des libéraux, tout ce qui se passe, c'est la faute
des libéraux. Ça fait plus de trois ans qu'il est là. Ça fait plus
d'un an et demi que l'entente est échue. Le ministre dit :
Écoutez — je
le paraphrase, il dit — nos
offres sont remarquables, c'est historique, jamais ça n'a été fait avant, c'est
énormément d'argent qu'on a mis sur la table. Mais l'offre, elle est refusée.
L'offre, elle est insuffisante.
Puis les éducatrices et les intervenantes,
Mme la Présidente, ne font pas ça de gaieté de coeur, ne font pas ça de
gaieté de coeur. Toutes celles et ceux, là, qui écoutent ça, le débat, à matin,
là, vous pouvez être sûre d'une chose, ils auraient aimé ça, à matin, s'occuper
des tout-petits, faire leur métier, leur profession, plutôt que d'être dans une
salle de cinéma à l'entendre, le ministre
et moi, se crêper le chignon sur une réalité qui n'est pas suffisamment prise en compte par le gouvernement de la CAQ. Alors, les offres ne sont pas là pour combler les besoins,
les aspirations, et, en ce sens-là,
c'est important que le ministre y voie et donne des consignes au gouvernement de la CAQ pour que ça se règle.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, en tout cas, moi, je regarde ce qui a été fait dans les
dernières années. C'est sûr, je dis souvent aux partenaires avec qui on
travaille : Il n'y a jamais rien de parfait. Ça, c'est sûr. Il n'y a jamais,
jamais rien de parfait. Mais je leur répète toujours, par contre : On aura
fait un maudit bon bout de chemin ensemble, par exemple, à la fin du mandat.
Puis ce que je dois vous dire, c'est qu'on a une
excellente collaboration avec nos partenaires. Vous voyez, contrairement, peut-être,
aux années précédentes, dans les précédents gouvernements, il y avait des
manchettes où la démission du ministre était réclamée par les groupes, là, etc.
La chicane était prise. Les CPE étaient en guerre avec les garderies privées,
les garderies privées en guerre avec d'autres garderies, les ministres se
succédant à une vitesse folle. On n'est plus là. Le réseau, là... Il y a une
paix sociale dans le réseau. On est tous motivés à se serrer les coudes pour
aller de l'avant.
Puis, pour les négociations, je vous le disais,
l'objectif que je m'étais donné quand j'ai été nommé ministre de la Famille,
c'est un réseau que je connais bien même si je n'y travaille pas, c'était qu'il
y ait un rattrapage salarial, et on est allés chercher ces sommes-là, et le
rattrapage, il est en cours. La négo, elle n'est pas finie, mais, je le répète,
regardez ce qu'on a fait, nous, là, nos résultats à nous, dans les négos. Il y
en a eu une jusqu'à maintenant. Là, c'est la deuxième. La première, c'était
pour le milieu familial, regardez ce qu'on a fait. On a bonifié les subventions
en milieu familial de plus de 30 %. C'est historique. On a fait d'ailleurs
un point de presse avec la FIPEQ-CSQ à ce moment-là, la FIPEQ qui le
reconnaissait, que c'est un travail titanesque. Elle disait même : On ne
croyait plus au père Noël, mais, quand on voit ça, on voit qu'on est capables
de s'entendre avec le gouvernement.
Donc, moi, je dis : Continuons ce
travail-là dans le cadre de ces négociations qui sont en cours. On veut le
régler, le problème. On a mis de l'argent, beaucoup d'argent sur la table.
Donc, ça démontre, contrairement à ce qui se
faisait dans le passé, que nous, on est sérieux, et qu'on le sait, que ces
éducatrices qui font un travail extraordinaire ne gagnent pas
suffisamment. Donc, on peut bien dire tout ce qu'on veut de l'autre côté, mais,
en tout cas, moi, je pense que les gestes parlent beaucoup plus que les
paroles. De l'autre côté, ce sont des paroles, parce qu'il n'y a pas eu de
gestes. Il n'y a jamais eu de gestes pour faire du rattrapage. De notre côté,
on pose des gestes. Ils ne sont pas parfaits, peut-être, mais on pose des
gestes.
Je le disais, donc, on doit créer plus de
places. Chaque enfant doit avoir une place. Ensuite, effectivement, bien, on
doit s'assurer d'avoir le personnel suffisant, d'avoir assez d'éducatrices,
qu'elles soient bien rémunérées, qu'on facilite leur arrivée sur le marché du
travail, C'est un deuxième objectif.
Un troisième objectif, c'est d'accroître l'efficacité
du réseau, parce qu'on doit mieux le développer. Donc, ce qu'on propose, notamment,
c'est de permettre au gouvernement, lorsqu'il n'y a pas de projets qui sont
déposés dans une région, de pouvoir en partir un, projet de CPE, par exemple, parce
que, dans des endroits comme le Pontiac, par exemple, dans ma région, en Outaouais,
très rural, très défavorisé, il n'y avait pas de projet qui était soumis par la
communauté. Évidemment, les parents attendent. Et, comme gouvernement, on
souhaite avoir ce pouvoir-là de partir des projets.
On veut aussi que les comités consultatifs sur
le terrain, plutôt que de faire le travail d'évaluation des projets en double, viennent nous conseiller sur l'évaluation des besoins, donc, nous dire, par
exemple, si on a oublié peut-être une usine qui est en train de se
bâtir, où il y aurait des familles en nombre important qui s'établiraient. On
veut qu'ils puissent nous dire, par exemple, ces comités, si, dans un secteur
très défavorisé du territoire, il y a un manque de places subventionnées ou un
manque de services dans notre réseau, par exemple.
Donc, ça, c'est ce qu'on propose. On propose
aussi de mieux encadrer les politiques d'admission, de rapatrier le guichet
unique pour en faire une vraie liste d'attente. On propose de consolider la
garde en milieu familial — c'est
un autre des six objectifs du Grand chantier pour les familles — en
invitant les personnes qui offrent de la garde non reconnue à intégrer notre
réseau. Ça, je pense que, là-dessus, on est d'accord. On a mis en place des
mesures pour améliorer les revenus des RSG, des responsables des services de
garde en milieu familial. Donc, ça, c'est un exemple.
Ensuite,
bien, le dernier objectif, bien, c'est de remettre l'égalité des chances au
coeur de notre action. Je vous le disais tantôt, dans les quartiers les
plus pauvres de Montréal, les enfants dont le revenu familial... qui sont dans
des familles où le
revenu est de plus de 200 000 $,
bien, ces enfants-là sont surreprésentés dans les quartiers les plus
pauvres de Montréal par rapport aux enfants qui sont dans les familles où le
revenu familial est de moins de 50 000 $. C'est inacceptable. La
Vérificatrice générale du Québec, d'ailleurs, nous le souligne. Donc, c'est un
des endroits où, en tant qu'État, on doit agir.
Donc, ce
qu'on propose, ce que je propose, dans le projet de loi n° 1 que j'ai
déposé il y a quelques jours, c'est qu'on
puisse venir prioriser, pour la première fois... ça ne s'est pas fait jamais
dans la loi, mais qu'on vienne prioriser les enfants qui vivent dans la
précarité socioéconomique pour qu'enfin on puisse remettre l'égalité des
chances au coeur de notre action.
Donc, je sais que tout ça n'est peut-être pas
parfait, mais je sais aussi que nos partenaires sont avec nous. J'aimerais ça
sentir le même appui, honnêtement, Mme la Présidente, de la part des
oppositions pour qu'on puisse aller de l'avant rapidement, puis je vous invite
à collaborer.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci
beaucoup. Je cède maintenant la parole au député de Portneuf pour
cinq minutes.
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente, très heureux de vous retrouver ce matin, très heureux de retrouver
l'ensemble des collègues également. Un petit peu comme ce que disait ma
collègue tout à l'heure, c'est une belle occasion que nous donne le député de
LaFontaine de rappeler... et puis on n'est pas là pour dire qu'on est
absolument les meilleurs, pour se targuer
qu'on fait tout mieux que les autres, mais de rappeler que... le travail de
notre formation politique depuis que nous sommes arrivés au pouvoir, et
le travail du ministre et de ses équipes depuis qu'il est en fonction... eh
bien, propose aujourd'hui des gestes réellement concrets.
Le travail du ministre... Rapidement, quand il
est arrivé, qu'il a pris ses fonctions, il s'est rendu compte qu'une réforme
était absolument nécessaire. Il est allé sur le terrain. Moi, j'ai eu le
plaisir de l'accueillir dans Portneuf. On a visité à la fois un CPE, mais aussi
une garderie privée. Puis, je me souviens, déjà, à cette époque-là, c'est bien
la démonstration qu'il y a des choses qui mûrissaient déjà dans l'esprit du ministre,
on avait rencontré un propriétaire de garderie privée, et le ministre lui avait
dit : Écoute, on n'exclut pas de pouvoir convertir peut-être certaines
garderies privées en garderies subventionnées. Et vous imaginez les yeux de ce
propriétaire. Aujourd'hui, on sait qu'on ne pourra pas transformer toutes les
garderies privées en garderies subventionnées, mais on fait un chemin vers tout
ça.
Le député de LaFontaine, aujourd'hui, nous
reproche, finalement, et indique... je reprenais un petit peu le texte de l'interpellation, parle
d'un mirage. Moi, j'aurai plutôt l'ambition de lui dire que c'est un virage
qu'on prend, un virage, parce qu'on essaie de remettre la situation sur
la bonne route, sur le bon chemin, parce que le chemin qui était pavé par le Parti
libéral était... menait nulle part et conduisait même... Et on le voit parce
qu'on était au bord du précipice lorsqu'on est arrivés en fonction. C'est
ironique aussi de voir le Parti libéral critiquer nos actions. Enfin, là, on a
des gestes concrets.
• (10 h 50) •
On se souviendra, d'ailleurs, Mme la Présidente,
que la députée de Westmount—Saint-Louis,
qui s'occupait avant du dossier famille,
critiquait farouchement notre projet des maternelles quatre ans, et nous... En
fait, ça faisait partie et ça fait toujours partie d'une série de
mesures qui sont mises en place pour offrir plus d'opportunités aux familles, plus de choix aux familles de pouvoir occuper les
enfants, lorsqu'ils en ont besoin, quand ils sont dans la petite
enfance. Dans les faits, donc, on respecte le choix des familles.
Entré en fonction, le ministre a constaté que de
plus de 11 000 places étaient... qui étaient subventionnées
dormaient, étaient tout simplement tablettées. Tout à l'heure, je le disais,
lorsque le ministre est venu me rendre visite,
heureusement, on a pu débloquer une situation qui tardait depuis longtemps. Il
y avait 39 places dans la municipalité de Saint-Raymond qui étaient
bloquées tout simplement parce que les exigences qui avaient été imposées par
le Parti libéral à l'époque étaient trop contraignantes, et le dossier était
tout simplement en dormance. Les gestionnaires n'étaient pas capables de mettre les places à la disposition des
familles. Tout ça, c'était en dormance, c'était sur le papier. Oui, il y
avait des places disponibles, mais la réalité, c'est que nos familles n'avaient
pas de places accessibles.
Puis on se souvient aussi, Mme la Présidente...
Et, tout à l'heure, j'entendais le député de LaFontaine nous dire que le développement de services
s'inscrit dans le grand cheminement vers l'éducation, qu'actuellement on parle de sous-développement du réseau. Je m'en souviens, en
2014, Mme la Présidente, qu'il était inscrit noir sur blanc que le développement
de nouvelles places subventionnées devait être mis sur pause.
Et je veux ici... Je ressortais... Hier, j'ai
fait quelques petites recherches. J'ai retrouvé des articles de journaux qui
concernent ma circonscription : «Le gouvernement libéral a mis les projets
de développement de places en CPE sur la glace.» Je me souviens aussi du député
de l'époque, celui qui m'a précédé, et puis j'étais proche de lui, et je sais
qu'il était mal à l'aise avec cette situation, il déclarait : «Le Parti
québécois a promis aux familles du Québec des milliers de nouvelles places alors
qu'il n'y avait pas d'argent pour les réaliser, dénonce le député. La création
des places ne se fera donc pas comme prévu.» Et je me souviens du directeur du
CPE de l'époque qui disait que c'était réellement une douche froide. C'est
difficile de comprendre la décision du ministre.
Donc, vous le constaterez, Mme la Présidente,
qu'aujourd'hui l'impact de cette politique est gravissime, parce qu'on est en
train de récupérer les pots cassés et de réorganiser tout ça pour permettre à
nos familles de pouvoir accéder à ce service qui est nécessaire et qui est fondamental.
On travaille au rattrapage. Je vois que le temps passe, Mme la Présidente.
J'aurai l'occasion de revenir tout à l'heure sur certaines choses, et surtout
sur les actions qu'on pose au quotidien pour venir en aide et en assistance à
nos familles. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci, M. le député. Nous sommes maintenant
à la troisième série d'interventions, et je cède maintenant la parole à la
députée de Sherbrooke.
Mme Labrie :
Merci, Mme la Présidente. Dans son interpellation, mon collègue parle de
mirage. Je vais reprendre cette image-là parce que c'est vraiment ça qui est en
train de se passer.
Le discours de la CAQ
sur la petite enfance, c'est vraiment un mirage, et c'est un très beau mirage à
part de ça. Ils nous parlent de valorisation de la profession. Ils nous disent
qu'ils vont offrir une place à chaque enfant. Et c'est exactement ça que les
gens veulent entendre, mais le problème, c'est que, dans la vraie vie, leur
discours ne se concrétise pas du tout sur la valorisation de la profession.
C'est vraiment flagrant. La valorisation, c'est un mot qui se retrouve dans
pratiquement chacune des phrases du ministre de la Famille, même dans celles de
sa collègue du Conseil du trésor, et à les entendre, là, c'est déjà fait, ils
ont déjà tout fait pour valoriser les éducatrices, mais malheureusement ce
n'est pas vrai. Quand on gratte le vernis un petit peu, on s'en rend compte tout
de suite.
Elles subissent beaucoup
de pression en ce moment, les éducatrices, pour faire des semaines de
40 heures, alors qu'elles font un travail extrêmement difficile. Moi, je
n'en connais pas beaucoup, des gens qui seraient prêts à passer 40 heures
par semaine avec cinq à 10 enfants en bas de cinq ans. C'est très
exigeant. Elles n'ont pratiquement pas de pauses, même pas pour manger, parce
qu'elles mangent avec les enfants. Les enseignantes, là, elles ont aussi des
conditions difficiles, mais elles ne passent jamais autant d'heures en continu
sans pause avec leurs élèves. Et pourtant,
leurs élèves, ils sont beaucoup plus autonomes. Pour moi, les éducatrices, là,
c'est les premières enseignantes de nos
enfants. Elles ne s'assoient pas dans un coin du local en regardant les enfants
jouer, là. Elles sont constamment en interaction avec les enfants. Elles
répondent à leurs besoins. Elles veillent à leur sécurité. Elles les
soutiennent aussi dans leur apprentissage. Et c'est un travail très intense, et
je trouve que c'est un manque de respect d'exiger qu'elles le fassent plus de
40 heures par semaine pour pouvoir se mériter une hausse de salaire.
Heureusement, les
parents savent à quel point c'est exigeant comme métier. Ils comprennent
pourquoi demander aux éducatrices de faire 40 heures par semaine, ce n'est
pas une bonne idée, et ce qu'ils veulent, là, c'est que les éducatrices à qui on confie leurs enfants soient en forme. On
veut aussi que les éducatrices aient du support, parce qu'on sait qu'il
y en a de plus en plus, des enfants avec des besoins particuliers, et ça, c'est
une grande faille dans le discours de valorisation de la CAQ.
En ce moment, ce
qu'ils proposent, c'est d'offrir aux éducatrices spécialisées un salaire plus
bas que celui des éducatrices non qualifiées, alors qu'elles sont qualifiées.
Il n'y a absolument aucune logique à ça. C'est certain que, si on fait ça, on ne sera pas capables de recruter des éducatrices
spécialisées, et ce sont les enfants à besoins particuliers et les
éducatrices, sur qui pèse ce fardeau-là, qui vont en subir les conséquences. Si
la CAQ était sérieuse et qu'elle voulait passer du mirage à la réalité pour la valorisation
de la profession, là, elle s'assurerait que les salaires offerts dans le réseau
du ministère de la Famille soient égaux à ceux qui sont offerts dans le réseau
de l'éducation. C'est ça, vraiment, qu'on doit faire, là. Le geste à poser pour
vraiment valoriser les travailleuses de la petite enfance, c'est de reconnaître
qu'elles sont le premier maillon du système d'éducation.
L'autre gros mirage,
c'est celui du développement du réseau. On entend beaucoup la CAQ répéter
qu'ils vont enfin créer une place pour chaque enfant après des décennies, mais,
à ce jour, ils n'ont pas mis du tout en place les conditions de travail qui
vont leur permettre de réaliser leur plan. Il y a beaucoup d'éducatrices qui
menacent de quitter. Il y a des
manifestations depuis plusieurs semaines. C'est loin de se ruer aux portes pour
la formation d'éducatrices, même pour le programme accéléré que le
ministre a mis sur pied.
Et ce qui me dérange
aussi, c'est que, derrière le mirage du plan de création de la CAQ, c'est que
la CAQ est en train de réunir toutes les conditions pour que les places se
développent au privé, exactement, exactement comme les libéraux l'ont fait
quand ils étaient au pouvoir. Au lieu de convertir les places, comme les
parents le demandent, ils ont décidé de hausser le crédit d'impôt, et on sait
ce qui est arrivé quand les libéraux ont fait ça, les places en garderie ont
explosé. La meilleure manière de corriger l'iniquité entre les parents, c'est
de leur donner accès au tarif unique. C'est ça qu'ils demandent. Et, quand la
CAQ choisit le crédit d'impôt au lieu de la conversion, elle envoie le signal
au privé qu'ils peuvent augmenter leurs tarifs.
En plus, dans l'appel
de projets en continu, il n'y a aucune balise pour nous assurer que la majorité
des places vont être développées en CPE. On prend le risque que la majorité des
places soient développées en garderie privée parce qu'on va fonctionner premier
arrivé, premier servi, sans qu'il y ait la moindre cible. Donc, les garderies privées, elles vont être favorisées, parce que,
dans le dernier appel de projets, c'est des centaines et des centaines de
projets de garderies privées qui n'ont pas été retenus, qui sont déjà tout
prêts à être redéposés puis qui sont probablement déjà redéposés, d'ailleurs.
Donc,
malheureusement, les enfants à besoins particuliers, qui ont très peu, voire
pas du tout de services dans les garderies privées, vont avoir beaucoup de
difficulté à accéder à des services de garde éducatifs. On risque de voir une
augmentation des tarifs pour les parents malgré le crédit d'impôt, parce que ce
crédit d'impôt là ne va pas se retrouver dans les poches des parents.
Malheureusement, les tarifs vont augmenter.
Là, en ce moment, on
a un très gros problème. On a gros problème parce que la CAQ a trop tardé avant
de s'occuper de la crise. Là, ils paniquent parce que leur bilan, c'est qu'il y
a moins de places aujourd'hui dans le réseau que quand ils sont arrivés au
pouvoir, après trois ans. Puis les décisions qu'ils prennent en ce moment sont
en train de nous mener exactement au même endroit que là où nous ont menés les
libéraux, c'est-à-dire le développement du réseau avec des garderies privées.
Et puis il n'y a pas la moindre amélioration, dans leur projet de loi, de
mécanismes pour assurer la qualité des services. Il n'y en a pas.
Donc, c'est ça qui se cache derrière le mirage
du plan de la CAQ. C'est ça qui m'inquiète, c'est le développement des places
au privé sans même peut-être avoir d'éducatrices.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci. Je cède maintenant le prochain cinq minutes à M. le
ministre.
• (11 heures) •
M. Lacombe :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Dire qu'on panique, alors qu'on a lancé des
consultations auxquelles ont participé les acteurs du réseau, les parents, les
organismes, la population en général, qu'on s'est basés sur ces
consultations-là pour, notamment, rédiger un projet de loi qui va nous servir à
réaliser ce Grand chantier pour les familles, qui comporte 45 mesures, qui
sont des mesures, je vous le disais, là, qui viennent de constats que j'ai faits, évidemment, depuis le début du mandat, mais
aussi de suggestions de la part des gens dans le réseau et des
suggestions qui nous ont été faites pendant les consultations, moi, je
n'appelle pas ça paniquer, j'appelle ça gouverner.
Vous savez, on a été élus en 2018 et on a hérité
d'un réseau mal en point, à moins que la députée de Sherbrooke me dise qu'en
2018 le réseau était en bon état. Elle me dit que non. Donc, elle concède ça.
On est arrivés. On a posé des gestes. On a relancé tout le développement qui
était sur pause, 2011‑2013, tous les projets qui avaient été accordés à ce
moment-là, notamment par le gouvernement du Parti québécois, qui a été là en
2012, 2013, 2014... avait annoncé des places, mais n'avait pas vraiment changé
tout le processus de création. Donc, ces places-là, et avec l'augmentation des
mises de fonds qu'ont imposées les libéraux ensuite pour revenir à l'équilibre
budgétaire, ça fait en sorte que les places ne se sont jamais concrétisées.
Donc, bref, longue histoire courte, on arrive en
2018. On pose des gestes, notamment celui de relancer le développement de
toutes ces places-là. C'étaient plus de 10 000 places, là, c'étaient
11 000 places. Et on lance des nouveaux appels de projets aussi dès
qu'on arrive. On travaille. On modifie la façon de faire parce qu'on veut que
ça avance. La pandémie frappe une année et demie après le début de notre
élection. On passe brillamment à travers cette pandémie avec nos partenaires
sur le terrain. Vous avez vu, pendant la pandémie, vous n'avez pas entendu de groupes déchirer leurs chemises ou de directions
sortir en déchirant leurs chemises. Je parle au plus fort, là, première,
deuxième vague, alors qu'on inventait littéralement la façon de faire. On l'a
fait. On l'a bien fait, parce que les gens sur
le terrain ont bien travaillé, et on
a bien travaillé avec eux. Donc, évidemment, pendant ce temps-là, on ne pouvait pas se
lancer dans un grand chantier comme ça. On avait une urgence, là, nationale à
gérer dans nos services de garde et, avec les gens du réseau, on l'a bien fait.
Je le dis en toute humilité parce que je veux leur renvoyer le compliment, là,
aux gens sur le terrain, qui ont fait tout le travail que nous, on a coordonné,
évidemment.
Et, la pandémie, ça nous a fait réaliser
beaucoup de choses. Évidemment, on a eu un exode, là, massif de responsables de
services de garde en milieu familial pendant la pandémie, essentiellement pour
des raisons sanitaires, là. Ces
personnes-là, imaginez-vous, recevaient des tout-petits et leurs parents à la
maison, alors qu'on disait aux gens qu'ils ne pouvaient même pas voir
leurs parents.
Donc, ça nous a fait réaliser plusieurs choses,
la pandémie, comme dans bien d'autres secteurs de la société, comme dans bien
d'autres nations dans le monde, et ça a fait en sorte qu'on s'est dit : Il
faut aller plus loin. Et on a lancé ce grand chantier, et là, aujourd'hui, on
arrive... On est toujours dans le cadre du mandat pour lequel les Québécois
nous ont élus. On arrive avec un plan qui est ambitieux, un plan qui va générer
des investissements de près de 1 milliard de dollars par année dans notre
réseau. On arrive avec un plan pour compléter le réseau, où on se donne des
obligations qu'aucun autre gouvernement ne se sont données.
Donc, la députée de Sherbrooke dit qu'on
panique. Moi, je suis... Mme la Présidente, je ne suis pas d'accord, là. On
gouverne, c'est ça qu'on fait. Et, des problèmes, il y en a beaucoup, puis,
vous savez, régler tous les problèmes qui ont affligé le réseau pendant
20 ans, depuis 1997 jusqu'à 2018, on ne peut pas faire ça en seulement
deux années et demie, trois ans, avec une main dans le dos, parce qu'on
doit aussi gérer la COVID.
Et, à chaque fois que je me fais dire ça,
surtout par des parlementaires, que le développement n'a pas été assez vite
depuis qu'on est arrivés, je me demande s'ils réalisent à quel point ça peut
être insultant pour les directeurs puis les directrices de CPE, notamment,
parce que c'est eux qui développent sur le terrain... C'est eux, au jour le
jour, là, qui prennent le téléphone, qui appellent les entrepreneurs, qui font
les soumissions. Et, pendant la pandémie, là, ils avaient autre chose à faire.
Ils devaient assurer la santé et la sécurité des enfants puis des parents qui
entraient dans le CPE et qui, à un moment donné, justement, ne pouvaient plus
entrer.
Donc, c'est sûr qu'il y a eu du retard, mais,
une fois qu'on a dit ça, les gens nous jugeront sur nos résultats. Les gens se
rappelleront, j'espère, que, pendant notre mandat, bien, on aura déposé ce
grand chantier, qui représente des investissements qu'on n'a pas vus depuis le
début des années 2000, et qu'on aura fait un rattrapage salarial
important. C'est plus que des promesses. On l'a fait avec le milieu familial.
C'est un fait, on l'a fait. Ça fait partie de notre bilan. Et on a une offre
qui est actuellement sur la table. Donc, on agit, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je cède maintenant la parole au député de Dubuc pour cinq minutes.
M. Tremblay : Merci, Mme la Présidente. Salutations à M. le
ministre, salutations aux collègues
de l'opposition. Écoutez, mirage... Nous, on doit conjuguer avec
différentes réalités, sincèrement, puis j'irais avec une approche peut-être un
petit peu plus terrain. Et puis je
tiens à saluer, d'ailleurs, des gens
extrêmement dynamiques, proactifs,
qui vivent, depuis un certain temps, de toute manière, avec intensité,
l'évolution de nos actions. On le fait en concertation.
D'abord, par exemple, l'Univers des tout p'tits,
chez nous, pour Dubuc, c'est un centre qui est plus urbain où tu as une entreprise,
par exemple, privée qui opère 24 heures par jour. Il y a des quarts de
travail. Ça implique un modèle de garderie qui est très flexible, avec du
personnel aussi qui est très dévoué, définitivement, et puis on doit... C'est
80 places. En périphérie, il y a des CPE. Il y a aussi du milieu familial.
Mais on a aussi 13 municipalités qui sont en milieu rural et puis qui nous
amènent d'autres modèles de garderies où, souvent, il faut vraiment travailler,
encore une fois, avec beaucoup de flexibilité, autant au niveau des locaux que
du personnel en place.
Et puis ces gens-là
assurent un service qui est tellement important. Puis on l'aura vécu autant au
bureau de comté que sur le terrain, évidemment, à travers la pandémie, le
député de LaFontaine l'a signifié, d'autres collègues l'auront signifié aussi,
il fallait s'assurer que les travailleurs essentiels puissent présenter une
performance au travail, assurer les services. Alors, on a vécu des moments de
certaine précarité. Ce n'était pas si évident. On connaît aussi les conditions
de travail.
Maintenant, maintenant, j'en profite pour
remercier puis saluer le travail de mon chef de bureau, Daniel, qui, lui,
répond à ces appels-là sur le terrain. Et puis je peux vous assurer qu'on a une
collaboration très fluide avec le ministère de la Famille. L'équipe du ministère
de la Famille a une grande écoute, et puis on s'assure de trouver des
solutions. En région, en tout cas, il faut travailler très fort, mais on arrive
à trouver des solutions.
Ceci dit,
récemment, le ministre se déplaçait au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Nous y étions, les quatre députés, et puis le ministre a fait en sorte de répondre aux questions. On
était... On avait, dans la salle, un peu plus de 50 intervenants, des propriétaires de garderies privées, des
entrepreneurs qui sont définitivement passionnés et puis qui se dévouent
pour nos enfants. Plusieurs questions auront
été évoquées, mais le ministre a eu le courage de venir y répondre, de venir
présenter son plan, de présenter les visées de notre gouvernement, et puis il a
eu un très bel accueil, chez nous, de terrain.
Maintenant, on doit poursuivre, on doit avancer,
dans l'écoute. Et puis, mirage, je trouve que c'est un peu fort. Écoutez,
depuis l'élection, Mme la Présidente, plusieurs gestes significatifs qui ont
favorisé une plus grande équité financière entre les familles ont été posés.
Je vous dirai d'abord qu'en novembre 2019 le
gouvernement a tenu sa promesse électorale en annonçant, trois ans plus tôt que prévu, l'abolition complète
de la contribution additionnelle instaurée en 2015 par le gouvernement
du Parti libéral. En abolissant rétroactivement au 1er janvier 2019
cette taxe famille, notre gouvernement a non seulement réalisé un de ses
engagements forts, mais il a surtout rétabli une des caractéristiques les plus
importantes du réseau québécois de services de garde éducatifs, c'est-à-dire un
réseau accessible et abordable. Le retour au tarif unique était nécessaire et
important.
Le deuxième geste qu'aucun gouvernement n'avait
posé depuis les débuts du réseau actuel est celui de convertir des places non subventionnées en places subventionnées. C'est
une avancée majeure qui aura des retombées positives tant pour les
parents, les enfants et les services de garde éducatifs concernés.
Écoutez, j'ai d'autres statistiques. Moi, ce que
je tiens à rappeler, c'est que, mirage, je trouve que c'est excessif. C'est un
concept qu'on doit pouvoir maîtriser pour l'amener puis le signifier. Nous, on
vit dans l'action quotidiennement. Je le
répète, on a un lien très fluide avec le ministère de la Famille. On arrive à
des solutions concrètes et on continue, dans l'écoute, à avancer pour
nos familles. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Nous sommes maintenant rendus à la
quatrième série d'interventions et nous revenons avec le député de
LaFontaine pour cinq minutes.
M. Tanguay : Vous allez
me permettre, pour quelques secondes, de revenir un peu sur ce que vient de
dire le collègue de Dubuc, qui a vanté ses
relations avec le ministère de la Famille, les femmes et les hommes qui y
travaillent, et il a utilisé le qualificatif de «fluide». Ils ont des échanges
très fluides. Ça semble... De ce que je reçois, puis il me détrompera si j'ai
tort, ça semble très positif, la relation qu'il a avec les personnes qui
travaillent là, et qu'ils sont bien enlignés, puis que les solutions sont là,
puis sont mises en application. C'est ce que je reçois, puis je pense que le
collègue me confirme que c'est bien le cas. Gardez ça en tête.
Tantôt, le ministre a dit : Je ne suis pas
d'accord avec les oppositions. Puis, quand il nous dit que... Quand on dit que
le réseau et le développement, ça ne va pas assez vite, puis qu'on manque de
respect pour les gens du réseau, ça va bien, la famille, nous, on manque de
respect au réseau, comment se sent le réseau famille et le réseau global quand
le ministre, dans une rencontre avec le premier ministre, dit : Ça, c'est
une maison de fous? Puis le premier ministre l'a répété en cette Chambre :
C'est une maison de fous. Alors, je ferme la parenthèse. Comment se sentent les
femmes et les hommes au ministère de la Famille, les femmes et les hommes qui
développent le réseau, quand on dit que tout ça, c'est une maison de fous,
après trois ans? Je referme la parenthèse.
• (11 h 10) •
Je vais lire,
Mme la Présidente, des commentaires, parce que c'est parole aux éducatrices et
aux intervenantes. Je vais lire des commentaires. Hier, on a fait un
appel à des commentaires en vue de l'interpellation de ce matin. Sur le Facebook
de la FIPEQ-CSQ, des commentaires, plusieurs, là, plus de
100 commentaires, là, je n'ai pas le chiffre exact, là, mais plusieurs
commentaires, et ils sont publics... J'en ai sélectionné deux. Il y aurait pu
en avoir, Mme la Présidente, là, pour des heures.
Mme Isabelle Plante dit ce qui suit :
«Je suis agente de soutien pédagogique et technique. Je divise ma personne
entre deux installations. Je peine à répondre à la demande de soutien de mes
supérieurs, de mes collègues, des parents et surtout, surtout, des enfants.
Croyez-moi, des besoins, il y en a. De plus en plus, mes collègues et moi
courons toute la journée pour arriver à faire vivre de belles heures, de belles
journées, de belles réussites à nos petits amours. Par contre, on le fait la
langue à terre. Il faut jongler avec la pénurie, les accidents de travail, les
ratios qui débordent, le manque de temps pédagogique pour remplir les portraits
d'enfants, le plan d'intervention, etc.» Fin du témoignage de Mme Isabelle
Plante, Facebook, FIPEQ-CSQ.
Autre témoignage, Mme Catherine
Lefebvre : «En deux ans, on a perdu près de huit éducatrices sur
40, et ce n'est pas une majorité de retraites. Vous allez faire quoi pour
inciter les éducatrices à rester? Il y a 15 ans, quand j'ai commencé mon
métier, il y avait trois, quatre enfants avec des besoins particuliers
dans mon CPE de 80 enfants. Maintenant,
on en a plus d'un par local. C'est très difficile à gérer. Nous aurions besoin
de plus d'aide et plus rapidement. Les délais sont trop longs. Vous allez faire comment
pour ne pas épuiser le personnel?» Fin du témoignage de
Mme Catherine Lefebvre.
Nous avons eu... Évidemment, pour celles et ceux
qui sont en direct, et nous font des commentaires, et qui écoutent
l'interpellation, on a eu un commentaire, notamment, d'une personne qui
disait : Malheureusement — et je la cite — le
ministre ne répond pas aux questions de nos conditions de travail... ne répond
pas aux questions des conditions de travail, ne répond pas aux questions des
conditions de travail. Alors, je l'invite à répondre aux questions très
tangibles, très précises, très tangibles, et, ça, on peut bien dire, puis je...
On peut bien dire que ce n'est pas lui qui négocie, c'est la présidente du
Conseil du trésor, mais il doit répondre. Il doit envoyer les bons messages.
Puis il a sûrement, le ministre de la Famille, de quoi à dire aux éducatrices
et intervenantes qui nous écoutent.
Un texto ici, puis c'est une invitation, une
invitation qui est lancée au ministre. Je cite le texto qu'on a eu live, si
vous me permettez l'expression, d'une intervenante sur le terrain. Elle parle
du ministre : «Il dit qu'il connaît bien le milieu même s'il n'y travaille
pas. Je lui offre de venir travailler avec moi une journée et je me questionne
s'il va rester avec moi pendant 8 h 45 min sans heure de repas
et une pause, si possible. Bienvenue, M. le ministre.» Alors, l'invitation lui
est lancée. On pourra le mettre en contact avec la personne qui a écrit cela.
Et je pense que c'est important, Mme la Présidente, que le ministre, là, et je
pense que c'est lui qui va prendre la parole, là, au prochain bloc, c'est lui
qui répond tout de suite, qu'il réponde de façon tangible aux demandes, aux
conditions de travail des éducatrices. Merci.
La Présidente (Mme D'Amours) : Merci.
Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour cinq minutes.
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Bien, d'abord, je peux peut-être rebondir, d'abord, sur ce que
disait notre collègue le député de LaFontaine sur la façon dont les gens se sentent
au ministère de la Famille. Bon, évidemment, je ne peux pas parler pour chaque
personne, mais je peux vous dire ceci. Je pense que tout le monde avait
l'impression, incluant les gens du ministère, que les gens sur le terrain...
qu'on travaillait un peu avec des chaînes, des barrières qui ont été mises, et
qui ont été mises en place à l'époque, peut-être, parce qu'il y avait de bonnes
raisons de le faire, mais qui ne sont, aujourd'hui, peut-être plus nécessaires,
et, maintenant, qu'on doit aller plus loin et qu'on veut compléter le réseau...
bien, des processus qu'on doit revoir.
Et moi, je vous dirais que les gens que je
côtoie au ministère de la Famille, ce sont des gens qui sont dédiés. Ce sont
des gens qui sont motivés et qui veulent participer ardemment à compléter ce
réseau qui est en construction depuis 25 ans. Donc, on parle de professionnels
dévoués qui ne comptent pas leurs heures, hein? On est bien loin de l'image des
fonctionnaires paresseux, là, que certains dépeignent, qui ont les deux pieds
sur le bureau, qui comptent leurs heures pour être sûrs de partir dès qu'ils
peuvent. Moi, en tout cas, ce que j'ai vu depuis le début du mandat, c'est
vraiment toute une équipe de professionnels qui ne compte pas ses heures pour
qu'on puisse livrer le maximum de places possible.
Donc, je
pense qu'il y avait une évidence qu'effectivement le réseau était rendu, en
quelque sorte, une maison de fous.
Posez la question aux gens du ministère ou aux gens du réseau, ils vont tous
vous dire que c'était rendu beaucoup trop compliqué de développer le
réseau, et on est en train de régler ça. Donc, je rassure notre collègue. Tout
va bien. On s'entend bien et on a tous le même objectif.
Je veux revenir... Bien, sur les conditions de
travail, le député de LaFontaine nous dit : Bien, le ministre ne répond
pas aux questions. Bien là, je ne vois pas vraiment à quelle autre question je
pourrais répondre. J'ai déjà dit clairement :
Ils font un travail qui est exceptionnel. Je le comprends bien. Je le sais, et
je le sais parce que je côtoie des gens qui y travaillent, notamment, et que c'est un réseau que je fréquente
aussi, et, je le dis, elles ne gagnent pas suffisamment.
Donc, oui, l'offre qui est sur la table va nous
permettre de faire un rattrapage salarial. La négociation, elle n'est pas
terminée. Et je dis encore une fois : Regardez ce que nous avons fait, ça,
c'est notre bilan. C'est notre bilan à nous. Quel est le bilan libéral en
matière de négociation? Parce qu'aujourd'hui ils peuvent bien nous offrir de
belles paroles, mais, des paroles, ça ne vaut rien quand il n'y a pas de signe
de dollar au bout et quand il n'y a pas de gestes
concrets qui sont posés. Leur historique à eux, c'est de maigres, maigres,
maigres augmentations. Encore une fois, ces chiffres-là sont publics,
là, certaines années, là, moins de 1 %, 1 %, peut-être 2 % dans
les bonnes années. De notre côté, regardez
ce que nous avons fait, c'est plus que des paroles, ce sont des gestes. On a
bonifié les subventions en milieu familial de plus de 30 %.
Donc, le revenu de ces femmes-là va avoir été
augmenté de façon exceptionnelle. C'est historique. Donc, que les gens
regardent d'où on part, là, regardent ce qu'on a posé comme gestes, et je pense
qu'avec ça ils peuvent bien voir qu'on est sérieux. Maintenant, la négociation,
elle n'est pas terminée. Les syndicats ont des demandes. Le gouvernement a des
demandes. Une négociation, c'est une conversation, et là on est en plein milieu
de la course.
Donc, moi, je suis confiant. Je suis très confiant qu'on
arrivera à s'entendre, comme on l'a fait. La Fédération des intervenantes en
petite enfance du Québec, elle-même, le dit. Lorsqu'on se parle, on est
capables d'arriver à des résultats, comme celui auquel on est arrivés dans le
milieu familial.
Je veux aussi réagir, parce que je n'ai pas eu
l'occasion de le faire tantôt, à ce que notre collègue la députée de Sherbrooke
disait. Là, il y a une nuance. Puis il ne faut pas non plus que les gens aient
l'impression que le réseau privé non subventionné va se multiplier, parce que
la députée de Joliette faisait référence à l'époque libérale et faisait la
comparaison avec nous en disant : Il va arriver la même chose qui est
arrivée à l'époque libérale avec le gouvernement de la CAQ, c'est des garderies
privées qui vont voir le jour partout. À l'époque libérale, on parlait des
garderies privées non subventionnées qui ont poussé sans obtenir... sans avoir,
disons, de plan d'ensemble, je vais le dire, là, sans qu'on réfléchisse sur les
besoins. Tous les permis étaient émis, ou à peu près.
Dorénavant, ce n'est plus
comme ça que ça fonctionne. Il y a trois critères qui doivent être
relevés : la pertinence, la faisabilité et la qualité. Eh oui, il y aura
des garderies privées qui vont ouvrir leurs portes, mais ce seront des
garderies privées, nous, à 8,50 $. Ce ne seront pas des garderies privées
à 40 $, 50 $, 60 $ par jour. Donc, il y a quand même une grande
différence que je souhaitais marquer.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Je souhaite donner la parole maintenant au député de Portneuf.
• (11 h 20) •
M. Caron : Merci, Mme la
Présidente. Vous... tout à l'heure, donc, à rappeler que l'impact de la
politique du précédent gouvernement se fait ressentir encore, bien entendu,
aujourd'hui. Le rattrapage est immense. D'ailleurs, chacun et chacune d'entre
nous, dans leur bureau de circonscription, le savent. On a des appels toutes
les semaines de parents qui sont catastrophés, même, parfois, parce qu'ils ne
trouvent pas de solution.
La création de nouvelles places... Le ministre
est à l'oeuvre avec tous les acteurs du milieu, qui font un travail
extraordinaire. Nous aussi, en circonscription, on les rencontre régulièrement.
Et, tout à l'heure, j'entendais le ministre nous parler de ce travail qui est
fait lorsqu'un nouvel appel de projets a été lancé, tout ce travail qui est
fait, de coordination, pour voir aboutir, quelques mois plus tard... C'est sûr
qu'on espère toujours ce délai le plus court, mais tout ce travail qui est
réalisé par ces actrices et ces acteurs du milieu pour mettre en branle tout ce
nouveau service qu'on va offrir à nos familles est vraiment extraordinaire.
Suite, donc, aux consultations publiques, la
grande réflexion a eu lieu, bien entendu, et ça a abouti au grand chantier qui
a été annoncé, le Grand chantier pour les familles, qui a été annoncé par le
premier ministre et notre ministre le 21 octobre dernier, mais, avant ça,
on a quand même posé de nombreux gestes. Je suis président du caucus de la
Capitale-Nationale, et on a annoncé, en août dernier, 2 059 nouvelles
places qui ont été créées, et je peux vous assurer que l'ensemble des députés
du caucus de la Capitale-Nationale étaient très satisfaits d'apprendre ces
nouvelles. C'était véritablement une bouffée d'oxygène pour nos familles.
Et, dans le cadre du grand chantier, j'ai bon
espoir, parce que, maintenant, on a pris le temps... Le ministre et son
équipe... et ses équipes, avec un travail concerté avec les gens du milieu, ont
pris le temps de bien identifier quels étaient les besoins, et, maintenant, on
sait exactement quels sont les besoins dans une circonscription comme la
mienne, d'environ 300 places, et on... J'ai bien hâte à cette annonce qui
va avoir lieu dans la Capitale-Nationale et je suis absolument convaincu, parce que j'ai une entière confiance, parce
que j'ai vu les choses cheminer depuis l'entrée en fonction du
ministre... J'ai entière confiance que ce qui va être annoncé pour la
Capitale-Nationale prochainement sera en parfaite adéquation avec le besoin des
familles qui ont été identifiées.
Lors de la dernière interpellation, Mme la
Présidente, le député de... par le député de LaFontaine, le ministre des
Familles lui avait demandé... le ministre de la Famille, pardon, lui avait
demandé de soumettre des propositions pour l'avenir du réseau des services de
garde. Et puis c'est d'ailleurs ce que le député de LaFontaine a fait récemment
en déposant un projet de loi, n° 887, son tout premier projet de loi en
tant que député, et je l'en félicite, bien entendu, mais ce qu'on a... Ce qui
nous a sauté aux yeux immédiatement, c'est que ce projet ne comporte qu'un seul
article. J'ai presque envie de dire : On a fait tout ça pour ça? Il y a
plus de huit mois, le ministre de la Famille avait indiqué qu'il
déposerait un projet de loi majeur pour moderniser le réseau, pour le rendre
plus efficace et plus accessible, bien entendu. Depuis le printemps dernier,
notre gouvernement s'est engagé à compléter le réseau afin que chaque enfant
ait effectivement accès à une place de qualité.
Mais, concernant le projet de loi qu'a déposé le
député de LaFontaine, j'aurai quelques questions à lui poser, dont... J'ai...
On n'a pas entendu parler, dans le document qu'il a déposé, du guichet unique.
On n'a pas parlé... entendu parler des politiques d'admission des services de
garde, pourtant critiquées par la Vérificatrice générale du Québec. On n'a pas
entendu parler du développement des plus petites installations et de la
création de places temporaires. On n'a pas entendu parler ou on n'entend pas
parler, plutôt, de l'avenir des milieux familiaux. J'aurais aussi des questions
à lui poser sur un réseau plus efficace pour... et comment mieux le développer.
Bref, en lisant le projet de loi n° 887, on
reste, Mme la Présidente, si vous me le permettez, sur notre faim. Et je peux... Je voudrais, finalement, essayer de
comprendre le tout récent virage à 180 degrés du Parti libéral du
Québec, pour montrer que, finalement, ces
nouvelles propositions, quand on les regarde bien, celles qui existent, celles
qui sont sur la table, ne sont finalement qu'un copier-coller des
mesures qui sont annoncées par notre gouvernement, ce qui est, en soi, une
bonne nouvelle, puisque c'est admettre que ce qu'on propose, eh bien, sont les
solutions qui conviennent.
Bien, j'aurais pu, si on avait un petit peu plus
de temps, Mme la Présidente, revenir sur l'ensemble des propositions qui
ont été déposées par le Parti libéral, mais je vois que le temps file. Je vais
vous céder la parole. Merci beaucoup, madame.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci, M. le député. Nous
entamons maintenant la cinquième série d'interventions, et je vais céder
la parole à Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. L'interpellation d'aujourd'hui, qui porte le
titre du mirage du gouvernement de la CAQ en
matière de services éducatifs à la petite enfance, porte effectivement très
bien son nom, parce que, depuis trois ans, ce qu'on a, c'est un
beau mirage de communication, d'opération de communication après opération de
communication, mais, en parallèle, des actions qui se font constamment attendre
et des résultats qui se font constamment attendre.
Et, franchement ça a
culminé, ces belles opérations de communication, le 21 octobre dernier,
là, le jour du dépôt du plan et du projet de loi du ministre, avec un premier
ministre et un ministre qui nous disaient à quel point ils étaient
découragés que les choses n'avancent pas, à quel point il fallait que les
choses se fassent rapidement, avec le premier ministre qui nous parlait que,
lui, il voulait des projets, et je reprends ses mots, au plus sacrant pour
maximiser l'effet de communication. Et là c'était comme si les gens qui étaient
devant nous n'étaient pas les gens qui étaient au gouvernement précisément
depuis trois ans, et qui avaient entre les mains tout le pouvoir de faire les
choses pour que les projets se développent, et que les choses avancent, et que
les dizaines de milliers de parents, de familles du Québec qui n'ont pas de
places et qui ont été laissés en plan auraient pu avoir des réponses.
Et j'entendais le
collègue de Dubuc, et, dans sa région même et dans son comté, dans sa
circonscription, en 2019 et en 2020, il ne
pouvait même pas y avoir de dépôt de projets pour toute la région du Saguenay—Lac-Saint-Jean, en 2020, et pour sa
circonscription, en 2019, parce que, bien que c'était en rouge, le gouvernement
n'a même pas ouvert les possibilités. Donc, quand j'entends dire que c'est donc
formidable, tout ce qui s'est fait, je pense qu'il faut comparer vraiment avec
la réalité les résultats. Et on est là pour voir qu'avec ces
51 000 familles qui attendent toujours une place, oui, on était plus
dans mirage que dans l'action.
L'autre chose, c'est
quoi, donc, la réponse du ministre à tous ces parents-là? Là, il nous dépose un
plan pour l'avenir. Là, soudainement, tout va se faire. Évidemment, on va
revenir à la question centrale des éducatrices et de la pénurie d'éducatrices, mais c'est quoi, sa réponse à tous ces parents-là
qui attendaient des actions quand le gouvernement n'en avait que pour
les maternelles quatre ans, comme si les 0-4 ans, ça, ça n'existait pas,
puis que des parents qui avaient des enfants de 0-4 ans puis qui étaient
sur une liste d'attente, ça n'existait pas?
Donc, c'est une
question à laquelle on aimerait avoir des réponses. Et on aimerait aussi avoir
des réponses à tous ceux qui s'inquiètent de la baisse de qualité qui se
dessine dans le réseau. Au-delà de la réduction des ratios d'éducatrices
qualifiées, parce qu'il n'y a pas eu d'action à cet égard-là non plus, depuis
trois ans, là, avec le fait que la règle du 85 % de projets en CPE
n'apparaît plus nulle part et ne tient plus, une autre question importante...
Mais évidemment la question centrale, c'est aussi toute la question du
rattrapage salarial massif qui doit être offert aux éducatrices, et aux
intervenantes, et aux travailleuses de la petite enfance, et qui n'est pas au
rendez-vous.
Alors, c'est assez
incroyable, ce qu'on vit en ce moment, parce que le gouvernement, lui-même, de
son propre aveu, a dit qu'il manquait 17 800 éducatrices, au bas mot,
et on aimerait ça qu'il nous confirme le détail de ces chiffres-là. Et, pendant
ce temps-là, il y a une négociation. Il y a une occasion de changer les choses
pour que la rémunération soit enfin à la hauteur de l'importance et de la
complexité du travail des éducatrices, mais aussi parce qu'il y a une désertion
massive de la profession, qu'il y a un manque d'inscriptions dans la technique,
qu'il y a une pénurie sans précédent, et parce que ce qui se joue dans le cadre
de la négociation, ce n'est pas juste la réalité des travailleuses de la petite
enfance, c'est tout l'avenir du réseau des services de garde. La cause qu'elles
portent, ces femmes-là, en ce moment, elles la portent au nom de nous tous, la société
québécoise, qui voulons voir ce joyau-là préservé, et qui voulons voir que les
femmes peuvent continuer à être sur le marché du travail, que la conciliation
famille-travail demeure une priorité, et que le développement régional économique
du Québec ne souffrira pas de cette pénurie-là et de ce manque de rémunération
là.
Et, quand on voit la
déconnexion qui découle de l'offre qui est sur la table quand on nous parle
d'un chiffre de 20 % qui toucherait une infime proportion, parce qu'elle
exige 40 heures... Et elle envoie un message, en plus, extrêmement
insultant, que les éducatrices, les travailleuses ne travaillent pas assez fort
et qu'elles devraient, donc, faire le 40 heures quand la majorité des
fonctionnaires de l'État ne font pas 40 heures, bien évidemment, et qu'ils
ne sont pas avec des enfants au quotidien. Alors, moi, aujourd'hui, j'aimerais
entendre le ministre s'engager que ces discours-là de dénigrement vont cesser
et qu'il s'engage à un rattrapage massif.
La Présidente (Mme
D'Amours) : Merci, Mme la députée. Nous allons maintenant céder la
parole à M. le ministre pour cinq minutes.
• (11 h 30) •
M. Lacombe :
Merci, Mme la Présidente. Encore une fois, je suis en désaccord avec la députée
de Joliette. Vous savez, lorsque le Parti québécois a créé le réseau,
évidemment, l'intention était bonne, là, en 1997, et il y a énormément de
travail qui a été effectué. C'est vrai. Et, oui, à ce moment-là, les femmes qui
travaillaient dans le réseau gagnaient un salaire de misère, et il y a eu
effectivement une bonification salariale, là, il y a une vingtaine d'années,
une bonification importante, et moi, je salue ça. Évidemment, il fallait faire
ça.
Mais la question que
je pose à la députée de Joliette... Elle dit : Le gouvernement semble se
réveiller après trois ans en disant : Bon, bien, il faut agir, il faut
faire ci, il faut faire ça. Mais moi, j'ai envie de renvoyer un peu cette
question-là à la députée de Joliette, en ce sens où... Où était-elle, en 2012,
en 2013 puis en 2014, alors qu'elle siégeait au Conseil des ministres? Il n'y a
pas de chantier qui a été lancé pour alléger la bureaucratie, par exemple. Ils
sont arrivés et ils voyaient bien les dommages, là, qui avaient été causés
depuis 2003, l'élection du gouvernement libéral, à l'époque de Jean Charest,
jusqu'à leur arrivée. Il y avait beaucoup de mal qui avait été fait dans le
réseau, et on savait, à ce moment-là, que les éducatrices ne gagnaient pas
assez. Ça ne fait pas si longtemps que ça. Et qu'est-ce qu'ils ont fait? Est-ce
qu'ils ont... Et la députée de Joliette me dit souvent : Vous n'aviez pas
besoin d'attendre les négociations pour augmenter leur salaire, vous auriez pu
le faire en 2018, quand vous êtes arrivés. Bon, 2012, 2013, 2014, est-ce qu'ils
l'ont fait, faire le rattrapage salarial? Non. Est-ce qu'ils ont allégé la
bureaucratie pour que les projets de CPE puissent aller rapidement? Aucunement.
Zéro. Rien. Absolument rien. Est-ce qu'ils ont déposé un projet de loi pour
dire : Nous, là, on va mettre un verrou maintenant, on va obliger les
gouvernements à développer, c'est trop important? Non. Ils ont lancé un appel
de projets, oui, mais, cet appel de projets là, les places n'ont jamais vu le
jour parce qu'ensuite le Parti libéral a été élu puis a bloqué tout ça parce
que ça coûtait trop cher.
Donc, encore une fois, je vais dire à la députée
de Joliette... Et je sais, en tout cas, je pense bien, là, tu sais, qu'elle est sincère quand elle dit : Bien, il
faut développer, et tout ça, mais je trouve que c'est assez particulier
qu'alors que tout notre réseau est derrière nous, que nos
partenaires nous appuient, qu'on les a consultés, qu'on a cette force-là avec
nous, la députée de Joliette ne soit pas en mesure non plus de nous dire :
Bien, il y a du bon dans ce plan-là. Voici, on va travailler ensemble. Puis,
oui, il y a des éléments à améliorer. Tout ce que j'entends de la députée de
Joliette, ce sont des critiques à l'effet que ce n'est pas bon, à l'effet qu'on
s'en va nulle part, à l'effet que ça a été long avant qu'on se réveille.
Moi, je l'invite, là — il y
a des CPE dans sa circonscription qu'on est déjà allés visiter ensemble — qu'elle
prenne le téléphone, qu'elle appelle les gens dans sa circonscription qui ont
des projets de développement. Je ne connais pas exactement l'état de son comté,
mais qu'elle les appelle et qu'elle leur demande si c'est normal que ça ait
pris du temps, que ça ait pris plus de temps prévu, développer en temps de
pandémie. Moi, je pense que peut-être que c'est une discussion qui ferait du
bien pour replacer les choses. Les directeurs, les directrices de CPE qui
développent, là, ce n'est pas le ministre de la Famille qui développe les
projets, ce sont les directeurs, directrices de CPE. Ma job, c'est de leur donner
les moyens d'y arriver. On leur donne les moyens, mais il y a eu une pandémie.
Ça a été difficile pour eux de mener ces projets-là puis de le faire aussi
rapidement. Il y en a beaucoup qui l'ont fait quand même. Mais nous, on va
continuer, Mme la Présidente.
Et, encore une fois, les gestes parlent plus
fort que les paroles. Les gestes parlent plus fort que les paroles. J'invite la
députée de Joliette peut-être à faire la liste, là, 2012, 2013, 2014, ça
pourrait être intéressant, qu'est-ce que le PQ a fait pour réparer les pots
cassés quand il est arrivé puis qu'il a constaté le bordel. Donc, qu'est-ce
qu'ils ont fait? Quelle est la liste des choses qu'ils ont faites?
Moi, je vous fais la nôtre. On est arrivés, on a
aboli la contribution additionnelle. Ça, c'est des centaines de millions de
dollars dans les proches des familles, mais c'est surtout aussi un vote de
confiance envers nos CPE puis nos garderies subventionnées. On a relancé le
développement du réseau 2011-2013 en bonifiant les sommes qu'on octroyait
aux CPE, notamment, parce que la mise de fonds qui leur était demandée, elle
était trop importante, les projets ne démarraient pas. Donc, c'est un geste
concret qu'on a posé. On est passés de 17 étapes de construction d'un CPE
à neuf. On a allégé ça. Ça a été souligné, ça a été applaudi. Les gens étaient
heureux de ça sur le terrain.
On a bonifié de 30 % la subvention des
responsables de service de garde en milieu familial. On est allés de l'avant
avec une initiative de pouvoir ouvrir des places temporairement, dans des
locaux temporaires, le temps que le CPE se construise ou que la garderie se
construise, par exemple. Ça, c'était innovateur.
On offre un rattrapage salarial. Les négos ne
sont pas finies, je comprends, il reste du travail à faire, mais on offre un
rattrapage salarial à nos éducatrices dans nos installations. On veut se donner
une obligation de développer dans le projet de loi que j'ai déposé. Ça ne s'est
jamais fait.
On veut prioriser les enfants défavorisés. On a
commencé à faire de la conversion aussi, 3 500 places pour que les
enfants puissent avoir de meilleurs services, que les éducatrices soient mieux
rémunérées.
Quel est le bilan du PQ entre 2012 et 2014?
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à la députée de Bellechasse
pour cinq minutes.
Mme Lachance : Merci, Mme la
Présidente. Comme je le disais plus tôt, la crise sanitaire qu'on a vécue a mis
en lumière de nombreuses vulnérabilités de notre réseau. J'ai terminé ma
première intervention en évoquant les raisons... structurelles, pardon, qui
expliquent les départs et le déclin lent des milieux familiaux. J'aimerais y
revenir, mais surtout j'aimerais souligner ce qu'a fait notre gouvernement pour
contrecarrer ces vulnérabilités et ces départs.
D'abord, en
juin dernier, le ministre a annoncé un plan de relance du milieu familial de
200 millions, comprenant un bouquet de mesures pour stimuler la
création de places, tout évidemment en mettant un frein à la disparition de plusieurs
de ces services. Ce plan a d'ailleurs été largement salué par le milieu,
incluant les syndicats. Il comprend d'abord
un incitatif de 3 500 $ qui est désormais offert aux personnes qui
veulent devenir responsables d'un service de garde en milieu familial.
Aussi un soutien financier peut atteindre 6 000 $... est offert aux
responsables des services de garde en milieux familiaux qui offriront neuf
places.
Enfin, on pourrait aussi parler du montant
forfaitaire de 3 000 $ qui a été versé cette année aux responsables de services de garde qui ont maintenu au moins six
places subventionnées durant toute l'année complète. Pour les années
suivantes, ce montant forfaitaire est remplacé par une augmentation
considérable de la subvention aux services... aux responsables de services de garde familiaux. En effet, ma collègue,
Sonia LeBel, ministre responsable de l'Administration gouvernementale et
présidente du Conseil du trésor, ainsi que mon collègue le ministre de la
Famille et la présidente de la Fédération des intervenantes de la petite
enfance affiliée à la centrale syndicale... en fait, la FIPEQ-CSQ,
Mme Valérie Grenon, ont annoncé ensemble une entente donnant lieu à une
augmentation substantielle de la subvention accordée aux personnes responsables
d'un service de garde en milieu familial subventionné. Ce que ça fait, c'est qu'à compter du 1er avril 2022 ce sont
près de 16 % d'augmentation dont les responsables pourront
bénéficier en reconnaissance de leur travail, évidemment, un travail essentiel
qu'elles accomplissent chaque jour auprès de nos tout-petits. On ajoute à cette
somme une somme de l'ordre de 85 millions de dollars en mai dernier.
Concrètement,
Mme la Présidente, pour une personne responsable d'un service de
garde qui s'occupe de six enfants, le
revenu net passera de 38 238 $ à 44 531 $, qui plus est, si
un poupon faisait partie des six enfants, ces sommes s'élèveraient à
47 221 $. Cette majoration aura un effet positif sur le maintien,
voire l'augmentation des services de garde en milieu familial dans
l'ensemble... en milieux familiaux, pardon, dans l'ensemble des régions du Québec.
Si vous trouvez que c'est beaucoup, Mme la
Présidente, bien, sachez que vous n'êtes pas seule. En effet, Mme Valérie
Grenon, présidente de la FIPEQ-CSQ, parlait de cette somme comme d'une fierté
immense, une vraie tape dans le dos. Elle se réjouissait
d'être enfin reconnue. Elle disait que le gouvernement venait de donner un coup
de barre sérieux pour assurer l'avenir du service de garde en milieu familial.
Je la cite : «C'est du jamais-vu. On n'a jamais
vu ça.» C'est le genre d'augmentation que réclamait... qui était réclamée
pendant... depuis des années, Mme
la Présidente, puis il a fallu attendre notre gouvernement pour que ça se
fasse, le gouvernement de la CAQ.
Ce plan de relance est aussi soutenu par des
allègements administratifs, législatifs et réglementaires majeurs tant demandés
par le milieu. Le ministre de la Famille aura eu... aura, pardon, l'occasion,
au cours des prochaines semaines, de détailler la liste de ces allègements,
dont j'en ai mentionné quelques-uns. L'ensemble de ces actions montre le
sérieux de notre démarche.
C'est pourquoi, aujourd'hui, je vais profiter
des quelques secondes qu'il me reste pour solliciter, sans hésiter, la
collaboration des oppositions dans le cadre des consultations particulières et
de l'étude détaillée, évidemment, du projet
de loi n° 1, que le ministre a tout récemment déposé, parce que c'est
ensemble qu'on va arriver à faire une différence pour toutes les personnes, toutes les femmes, principalement, qui
s'occupent, qui sont responsables de milieux familiaux. Merci, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant à la dernière série d'interventions. Je cède la
parole au député de LaFontaine pour 45 secondes.
• (11 h 40) •
M. Tanguay : Merci, Mme
la Présidente. Nos règles sont ainsi faites qu'il me reste 45 secondes.
Après, le ministre aura 10 minutes pour conclure, et moi, je conclurai,
pour ma part, après, pour un autre 10 minutes.
Alors, pour les 30 secondes qu'il me reste,
j'aimerais entendre et interpeler le ministre une dernière fois. Les
éducatrices, elles le disent, là, elles n'ont pas eu de réponse sur leurs conditions
de travail. Les éducatrices... le ministre dit : Tous nos partenaires sont
derrière nous, tout le réseau est derrière nous. Les éducatrices, est-ce qu'il
sent qu'elles sont derrière lui ce matin? Je ne pense pas. Les éducatrices sont
en grève, sont dans la rue, nous écoutent et sont déçues que le ministre ne
commente pas de façon tangible, par exemple, pourquoi du 40 heures, alors
qu'elles sont épuisées après 35, 36 heures.
Conclusions
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci. Nous sommes maintenant aux dernières interventions pour la conclusion. M.
le ministre, vous avez la parole pour 10 minutes.
M. Mathieu Lacombe
M. Lacombe : Merci, Mme la
Présidente. Donc, il y a beaucoup de choses qui ont été dites, et il y a
d'autres choses qui seront dites après moi par le député de LaFontaine, notre collègue
qu'on aime beaucoup. Donc, si, pour ma part, je fais peut-être un résumé, un compte
rendu du plan de match du gouvernement, bien, j'ai envie de dire aux gens qui
nous écoutent, aux Québécois, aux Québécoises, que ce qu'ils ont devant eux,
c'est un gouvernement qui, pour la première fois depuis une vingtaine d'années,
veut vraiment régler le problème et veut s'assurer que chaque enfant, au Québec,
puisse avoir une place.
Vous savez, je dis souvent, il y a beaucoup de partis
politiques, en campagne électorale, qui ont promis ça, un enfant, une place, on va y arriver, on va le faire. Il y a des partis
qui ne se sont même pas donné cette peine-là, là. Je regardais encore, là, récemment les plateformes
électorales de Québec solidaire, du Parti
libéral puis du Parti québécois...
Parce que je vous avoue qu'à un moment donné,
quand on a présenté ça, on a 45 mesures là-dedans, et tout ce qu'on
entend, c'est du négatif, là. Moi, je n'ai entendu aucun des trois collègues, aujourd'hui,
nous dire : Aïe! ça, c'est bon, ça, c'est bon, ça, je suis un petit peu
moins d'accord. Donc, je comprends qu'ils sont en désaccord à peu près avec
tout ce qui est là-dedans.
Là, je me suis dit, bien : Mais qu'est-ce
qu'ils proposaient, au juste? Tu sais, peut-être qu'on est en dessous de leurs
attentes, peut-être qu'on livre... on est moins ambitieux qu'eux souhaitaient.
Puis je suis allé revoir leurs plateformes électorales. Et Québec solidaire,
c'était chiffré, il y avait des places. Ceci dit, on est beaucoup plus
ambitieux. Ce qu'on propose est encore plus important. Mais il n'y avait rien, par
exemple, pour le rattrapage salarial. Il n'y avait pas un cent, là. C'était zéro, zéro. Donc, eux-mêmes
se présentaient devant les électeurs en n'ayant aucun argent disponible,
là, pour faire du rattrapage. Ils avaient mis leurs priorités ailleurs, puis
c'est correct. Ils ont fait l'élection là-dessus, les Québécois les ont jugés,
ils ont été élus dans leurs circonscriptions.
Mais, vous comprenez, je suis allé feuilleter ça
parce que je me disais : À un moment donné, ça ne se peut pas que ce soit
juste négatif, tu sais. Donc, pourquoi est-ce qu'on est si en dessous de leurs
attentes que ça? Mais là j'ai été surpris.
Donc là, je
comprends, on fait de la politique, Mme la Présidente. C'est normal. Leur rôle, c'est de nous critiquer. Ce n'est
pas de nous dire qu'on est beaux, qu'on est bons et qu'on va être capables,
c'est de nous pousser dans nos retranchements pour qu'on améliore. Ce n'est pas
toujours facile, ce n'est pas toujours agréable, hein, parce qu'à un moment
donné on a l'impression, puis les Québécois ont cette impression-là aussi,
qu'on est toujours en train de se chicaner, alors que, dans les faits, on est
capables, là, de travailler ensemble, et tout.
Et moi, vous savez, je suis sûr, là, c'est sûr,
sûr, sûr, Mme la Présidente, que le député de LaFontaine... bien, lui, je ne le
sais pas, parce qu'effectivement il a déposé un projet de loi avec un ou deux
articles, là, puis, tu sais, on ne sait pas ce qu'il pense du guichet unique,
on ne sait pas ce qu'il pense des enfants défavorisés, on ne sait pas ce qu'il pense... mais, malgré tout, je suis certain qu'il y a
au moins quelques mesures là-dedans avec lesquelles il est d'accord, mais... il ne nous le dit pas, mais je
suis sûr, sûr et certain, députée de Sherbrooke, députée de Joliette
aussi. Mais, bon, on fait de la politique. Donc, ce qui transparaît, c'est que
ce n'est pas bon, le gouvernement est méchant, le gouvernement ne sera pas
capable, le gouvernement est incompétent, il faut changer de ministre, il
faut... nous, on ferait dont mieux.
Ceci dit, j'accepte ça, Mme la Présidente, puis
on va travailler avec leurs commentaires. Il faut qu'il y en ait. Là, je n'en
ai pas député de LaFontaine. Moi, je souhaite, je vous le dis, là, Mme la
Présidente, je souhaite qu'il y en ait, des suggestions, parce qu'à part
améliorer les conditions de travail des éducatrices — ça,
on est d'accord avec ça, on est en train de le faire — et
consacrer le droit des enfants d'avoir une place — ce qu'on fait, dans
notre projet de loi, avec l'article qui dit qu'on est obligés de développer
quand il y a des besoins — à
part ça, il n'y a aucune suggestion. La députée de Sherbrooke en avait fait
quelques-unes dans un document à un certain moment. Il y en a là-dedans avec
lesquelles on était d'accord, il y en a d'autres avec lesquelles on n'était pas
d'accord. La députée de Joliette non plus, on ne l'a pas vraiment entendu nous
faire des suggestions. Mais j'aimerais collaborer avec eux. C'est un projet de
loi important.
D'ailleurs, on attend toujours, là. Le Parti
québécois doit nous transmettre la liste des groupes qu'ils souhaitent entendre
en consultations particulières. Donc, moi, je souhaite qu'on puisse aller
rapidement. Je les invite à collaborer avec nous pour qu'ensemble, là, on
puisse livrer ce projet de loi là. Puis je suis ouvert, je suis ouvert à faire
des compromis, je suis ouvert à leurs idées, mais encore faut-il qu'on
l'étudie, ce projet de loi là. Et moi, je veux qu'on arrive à une entente, là,
et qu'on puisse démarrer cette étude-là rapidement.
On va aller de l'avant, Mme la Présidente, en
créant suffisamment de places pour tous les enfants du Québec, ça, c'est clair.
Il en manque 37 000. On va se donner une obligation aussi. Ça ne s'est
jamais fait. Il n'y a plus un gouvernement, si mon projet de loi est adopté,
qui va pouvoir dire aux Québécois qu'il n'investit pas en petite enfance parce
que ça coûte trop cher. On va avoir une obligation, comme État, comme
gouvernement, de créer ces places-là quand les parents, les enfants en ont
besoin. Je suis fier de ça, je suis fier de la proposition qu'on fait. J'espère
qu'on va pouvoir y travailler.
Ensuite, les communautés autochtones, il ne faut
pas les oublier non plus. Avec ce qu'on propose dans nos mesures, bien, on veut
s'adapter aussi à leurs réalités socioculturelles dans leurs milieux. Parce
qu'eux aussi on souhaite qu'ils puissent avoir une place pour chacun de leurs
enfants et que ces places-là reflètent aussi leurs cultures puis les valeurs de
leurs communautés.
Ensuite, qu'est-ce qu'on veut? Bien, on veut
accroître l'efficacité du réseau pour mieux le développer. En ce moment, le
ministère de la Famille manque d'outils, manque d'outils. Et j'entendais, ce
matin... on me rapportait parce que je n'ai pas pu l'écouter, mais on me
rapportait le point de presse du député de LaFontaine, où il critique, je
pense, le gouvernement, qui veut se donner trop de pouvoir avec le projet de
loi n° 1. Écoutez, c'est ce que les gens nous
demandent, sur le terrain, d'être capables d'agir. Les parents, là, ils sont
tannés du processus d'admission du guichet unique, ils veulent que le gouvernement
prenne ça en main. Les parents sont tannés de voir des projets qui ne se
concrétisent pas. Ce qu'ils veulent, là, c'est que ça se concrétise, effectivement,
au plus sacrant. Donc, si c'est le gouvernement qui doit initier un projet,
bien, on souhaite pouvoir le faire avec le projet de loi.
Autre objectif : contribuer à une plus
grande équité financière entre les familles. On est le premier gouvernement,
depuis le début des années 2000, qui dit : On va en transformer, des
garderies à 40 $, 50 $, 60 $ par jour en garderies à 8,50 $. Les autres gouvernements disaient : Non, non, non, il faut développer des places, des
nouvelles places. Bon, moi, je pense qu'on
est capables de faire les deux en
même temps. Donc, on va y arriver. On a déjà un projet de 3 500 places, puis on va en faire le
bilan cet été, et on va modifier aussi le crédit d'impôt à la mise à jour
économique. Ce n'est pas habituel, mais on l'a dit d'avance, qu'on allait
effectuer une modification du crédit d'impôt.
Ensuite, parmi nos autres mesures, consolider la
garde en milieu familial. C'est audacieux quand même, dans un contexte comme celui qu'on connaît, de dire,
bien, on veut que les gens qui ont de la garde non reconnue, désormais,
obtiennent un permis de la part du ministère de la Famille. Ça prend un permis,
au Québec, pour vendre de la crème glacée ou pour faire du toilettage de chien.
Je pense que la moindre des choses, quand on s'occupe de ce qu'on a de plus
précieux, nos enfants, c'est que ça prenne aussi un permis. On va améliorer aussi
leurs conditions en allégeant certaines choses qu'ils nous ont demandées sur le
terrain. On a augmenté leurs conditions de travail en augmentant le montant de
la subvention qu'on leur verse. On l'a dit, on l'a répété, c'est historique,
c'est plus de 30 % de bonification, Mme la Présidente.
Ensuite, ça fait le pont avec l'autre objectif,
c'est notre cinquième, il faut s'assurer d'avoir suffisamment d'éducatrices
qualifiées dans notre réseau. Pour y arriver, il faut mieux les payer. On est
d'accord là-dessus, on est tous d'accord.
Donc, les oppositions peuvent bien nous affubler de tous les qualificatifs
qu'ils voudront bien, le député de LaFontaine, qui en fait une croisade,
défonce une porte ouverte. Et, comme le veut maintenant l'expression, loin de moi
l'idée de susciter une autre éruption du volcanique député de LaFontaine, mais
ses critiques ne sont pas fondées parce qu'on y va, on y va, de l'avant, avec
un rattrapage salarial.
Et on va aussi mettre en place, et ça, c'est
déjà commencé, les parcours travail-études, notamment pour les jeunes et moins
jeunes, je le dis souvent, là, qui souhaiteraient s'intégrer à notre réseau.
Et finalement, le sixième objectif de notre
grand chantier, bien, c'est de remettre l'égalité des chances au coeur de notre
action. Encore une fois, il faut le faire, parce que ça fait 25 ans que le
réseau se construit, il n'est toujours pas
terminé, et, à travers ces années-là,
il y a eu un glissement. C'est un programme merveilleux, dans lequel on
a investi 2,7, 2,8 milliards de dollars par année. C'est un programme qui
constitue un des meilleurs outils au monde pour assurer le développement des
tout-petits puis assurer aussi la présence des femmes sur le marché du travail.
Grâce à nos services de garde, la proportion des femmes
sur le marché du travail est passée à 87 % au Québec. On est seulement
deux points de pourcentage derrière les meilleurs au monde, en Suisse, les
Suissesses. Donc, on a de quoi être fiers de ça pour le développement de nos
tout-petits aussi.
Mais, dans les milieux les plus défavorisés,
alors que, dans la population, en général, on est à 27,7 % des enfants qui commencent la maternelle avec au moins
une vulnérabilité dans un de leurs cinq domaines de développement, bien,
dans les milieux défavorisés, on est à 33 %, 1 enfant sur trois. Les
enfants qui viennent des familles dont le revenu familial est de plus de
200 000 $ sont surreprésentés dans les quartiers les plus pauvres de Montréal,
dans nos CPE, par rapport aux mêmes enfants, dans les mêmes quartiers, dont les
familles gagnent moins de 50 000 $. C'est inacceptable. On met trop
d'argent dans ce programme-là pour qu'il ne serve pas à ce qu'il devrait
servir. Dans le projet de loi qu'on propose,
bien, il y a un article qui dit : Dorénavant, on mettra la priorité sur
les enfants défavorisés. Évidemment, on ne veut pas faire de ghetto non
plus. On aura l'occasion d'en reparler au cours de l'étude du projet de loi,
mais...
Je termine en disant : c'est un plan qui
est ambitieux, 45 mesures, ça représente des investissements, et on fera le bilan complet après la mise à jour
économique, qui tourne autour de 1 milliard de dollars de plus par année
de façon récurrente. Moi, j'ai besoin des oppositions. Les parents du Québec
ont besoin des oppositions pour travailler dessus.
• (11 h 50) •
La Présidente (Mme D'Amours) :
Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de LaFontaine,
également pour une période de 10 minutes.
M. Marc Tanguay
M. Tanguay : Alors, Mme
la Présidente, c'est mon dernier
bloc. Notre interpellation va se terminer là-dessus. Je me réserverais
de demander des suggestions de titres de films des éducatrices et des
intervenantes qui, dans les cinémas ou à la maison, ont eu l'occasion d'écouter
le ministre, interpellé à plusieurs reprises. Je pense qu'il a eu
cinq occasions, là, au moins, si ce n'est pas plus, de répondre de ce qui
est demandé, de répondre au cri du coeur des éducatrices et des intervenantes,
alors je me garderai, Mme la Présidente, de faire un sondage sur comment
qualifieraient-elles le... par un titre de film, ce qu'elles ont entendu aujourd'hui.
Ce n'était pas un film drôle. Ce n'était pas un film d'espoir.
Et les
commentaires que nous avons reçus, Mme
la Présidente, parce que 92 %,
en direct, jugent sa conclusion, et je le dis en tout respect, très
mauvaise. Ça se dit, ça, c'est parlementaire. Sa conclusion est qualifiée, à
92 %, de très mauvaise. Je cite :
«M. le ministre, Mme la Présidente, vous ne vous adressez ni à votre réseau ni à vos
éducatrices, qui vous regardent en direct. Vous nous prouvez à quel
point vous ne nous considérez pas. Vous n'offrez aucune réponse aux questions
sur nos conditions de travail.»
Une autre écrit en direct : «Aucune réponse
claire et précise sur nos conditions de travail. La porte était grande ouverte.
Il n'a pas saisi l'occasion de répondre concrètement sur les gestes qu'il
posera. Encore et toujours, il répète de se rappeler de ce qui a été fait.»
Et dernier commentaire, Mme la Présidente :
«N'importe quoi. Vous ne répondez aucunement à comment vous allez améliorer nos
conditions de travail. On veut des actions, des vraies et maintenant. Vous
répétez toujours la même cassette.» Fin de la citation.
Mme la Présidente, l'occasion était donnée
aujourd'hui, il avait une occasion en or de s'adresser à celles et ceux,
surtout celles, à 97 % des femmes, qui tiennent le réseau à bout de bras.
C'est un réseau qui est au féminin, le réseau
des services de garde, éducatrices, intervenantes. Et le ministre avait une
occasion en or de leur dire, au-delà de, oui, on vous considère, oui, on veut valoriser votre profession, avait
l'occasion de dire : Bien, écoutez, les conditions de travail, on a
compris. Après un an et demi d'une entente qui est échue, on a compris et
on va faire en sorte de donner suite à vos demandes qui sont tout à fait
légitimes.
Des témoignages que l'on a entendus, Mme la
Présidente, là, des cris du coeur sur le terrain, celles et ceux qui s'occupent... puis le ministre, ça, le
conçoit, il l'a dit, puis il a raison, puis je suis d'accord avec lui, qu'il
n'y a pas métier plus important que de s'occuper de nos tout-petits.
Elles le font à la journée longue. Et ça, c'est demandant. On les aime, nos
tout-petits. On en a, des enfants, c'est demandant. Puis, quand tu es fatigué,
quand tu es à bout, ne viens pas me
redemander de rajouter cinq heures sur mon 35 heures, je vais casser.
C'est ça, le message qui est envoyé.
Le ministre
dit : Bien, vous savez, on fait notre possible. Puis ses collègues de la
CAQ ont répondu à l'unisson : On fait notre de possible, on fait de
notre possible, mais il y a la pandémie, comprenez qu'il y a la pandémie. Mme
la Présidente, la pandémie n'empêche pas le ministre de considérer que
40 heures semaine, ça ne tient pas la toute, et de payer 50 $ en
prime et non en salaire, la pandémie ne l'empêche pas de donner ça en salarial,
s'il veut se rendre à ce niveau-là. La pandémie n'empêche le ministre de mettre
la main dans ses poches. La pandémie n'empêche le ministre... Parce qu'ils l'ont signé sous la pandémie, le
6 milliards du fédéral. C'est 1,2 milliard par année sur
cinq ans. Ça ne l'empêche pas, la pandémie, de dire : Bien,
100 % de ça va aller dans le réseau, 100 % de ça va faire en sorte
que les promesses que l'on fait vont tenir la route.
Là, c'est une
nouveauté ce matin : c'est la faute du réseau, c'est la faute des
libéraux, là c'est la faute de toutes les oppositions. J'ai entendu le
ministre, un peu plus tôt, dire : Je suis allé voir les plateformes
électorales du Parti libéral, de Québec
solidaire puis du Parti québécois. Puis honnêtement il a été déçu, je résume,
il dit il a été déçu parce qu'il n'y avait pas d'ambition, parce qu'il
n'y avait pas de vision.
Bien, la promesse de la Coalition avenir Québec
par le premier ministre, à l'époque chef de la Coalition avenir Québec, il
l'est toujours, et qui est premier ministre, c'était de faire en sorte
d'éliminer, par les maternelles quatre ans... de créer
50 000 places dans les maternelles quatre ans et de faire en sorte
que tous les tout-petits aient une place en service de garde. C'était ça, la
promesse, éliminer la liste d'attente en service de garde. Alors, je veux bien
croire que, lui, son ambition, elle était au plafond, elle était très élevée,
mais le bilan...
Et il l'a dit
aujourd'hui : Vous me jugerez sur le bilan. Le bilan, aujourd'hui, Mme la
Présidente, c'est qu'il y a, en bout de piste, à l'heure où on se parle,
14 000 places de moins dans le réseau des services de garde,
14 000 places de moins dans le réseau des services de garde qu'il y
en avait lorsqu'ils sont arrivés il y a plus de trois ans au pouvoir. Ce n'est
pas compliqué, tout le monde comprend à la maison. Ils en ont créé 3 000,
1 000 par année, subventionnés. Ça, c'est en CPE, puis ça, c'est en garderie
privée subventionnée. Il en a créé 3 000 par année. Pendant ce temps-là,
il y en a 17 000 qui se sont fermées, des places, en milieu familial,
17 000.
Puis on se rappellera des négociations très
ardues, très difficiles en 2019. Quand on leur disait, calculatrice à la
main : Ils gagnent moins que le salaire minimum, encore une fois, ça aura
pris une éternité au gouvernement pour agir et réagir. Puis qu'est-ce qui est
arrivé? Celles qui, en février en 2019, le disaient à 47 % : On est
épuisées, là, arrêtez, là, pensez, oui, au
salarial, mais à nos conditions de travail, la moitié disait : Moi, je
vais quitter d'ici trois ans. Il y en a beaucoup qui ont quitté. Encore
aujourd'hui, Mme la Présidente, il y a des places qui se ferment.
Des places qui se ferment aussi dans les
garderies privées non subventionnées. Le ministre a dit : Pour eux, pour
les stabiliser, les garderies privées non subventionnées, pour les stabiliser,
on va faire de la conversion. Il y a beaucoup de places, Mme la Présidente, qui
sont vides aujourd'hui dans les garderies privées non subventionnées parce
que... évidemment, il y a la pénurie de main-d'oeuvre, mais parce qu'également
la conversion fait en sorte que ces places-là, plutôt que d'y aller de
3 500 à coup de 1 750 par année, il devrait en mettre beaucoup plus
pour consolider le réseau, faire en sorte que les garderies privées non
subventionnées ne ferment pas, parce que, quand une place ferme, Mme la
Présidente, c'est important de voir que ça impacte sur tout le réseau, de un.
De deux, faire en sorte que des parents aient un plus large accès à des places
à 8,50 $, ça, ça serait nous parler réellement de l'avenir, Mme la
Présidente.
On nous a accusés du Parti libéral d'avoir
déposé un projet de loi qui a juste un article. Un article, Mme la Présidente — excusez
du peu — qui
ferait en sorte que, les services de garde, ça serait comme une place, par
exemple, au primaire. Vous avez un enfant d'âge d'aller au primaire, il va
avoir une place. Il n'y aura pas de ni ci ni ça, il n'y aura pas de question,
il n'y aura pas de liste d'attente. Ça, c'est un article extrêmement important.
Un article — et
on l'a dit et redit — qui
ferait en sorte et qui nécessiterait d'investir le 6 milliards d'Ottawa.
Le 6 milliards d'Ottawa va tomber dans les poches du premier ministre, va
tomber dans les poches du Québec, le 6 milliards. Il l'a dit, ça ne sera
pas l'entièreté de ce montant-là qui sera investi dans les services de garde,
il y a d'autres priorités. Je comprends que l'État a des priorités multiples,
mais ce 6 milliards-là, Mme la Présidente, est plus que jamais requis,
plus que jamais requis pour nos services de garde, pour les parents également.
On n'a pas eu l'occasion de parler de façon plus
directe et plus complète des magnifiques mouvements qui ont vu le jour sous le
gouvernement de la CAQ. Ma place au travail, plus de 10 000 parents
qui notamment sont des parents dont le nom de leur enfant est sur la liste
d'attente, Ma place au travail. Vous vous rappelez, on a déposé, cette année, une pétition signée par près de
19 000 signataires qui dit : Occupez-vous de développer les
places. 3 000 en trois ans, 1 000 par année, ce n'est pas
assez. Aujourd'hui, le ministre, main sur le coeur, nous dit :
Croyez-nous, dans deux ans, on va en faire 37 000. Là, là, la promesse...
pas la promesse de l'élection de 2018, 50 000, pas la promesse, Mme la
Présidente, de faire 13 500 places, top chrono, dans 18,
24 mois, deux ans, en février 2019, le délai échu en février 2021,
c'était 2 000 places. Là, c'est une promesse, croyez-nous, là,
croyez-nous.
Et le ministre, quand il dit : On a réglé
le problème... il le disait en mars de cette année : On a réglé le
problème. Aujourd'hui, sans projet de loi, en mars 2021, il disait : Je
suis passé de 17 à neuf étapes dans mon ministère. Et, dans son tableau, qu'il
a dit qu'il était effectif maintenant, il dit qu'il peut les créer, les places,
dans 24 mois, dans deux ans. Mais
force est de constater, Mme la Présidente, que ce n'est pas ce qui arrive. Il
avait promis, pour cette année, 5 000 à 7 000 places.
Cette année, il en aura fait à peine 1 000, places. Alors, en ce
sens-là...
Et les témoignages de parents. Un autre
mouvement fantastique — puis
indirectement on a parlé des éducatrices, on
a parlé d'eux en parlant des éducatrices et des intervenantes — c'est Valorisons ma profession.
Valorisons ma profession et Ma place au travail. Les parents, les parents
appuient le mouvement de grève présentement et espèrent, un jour, Mme la
Présidente, que le réseau va arrêter de se résorber. Il faut réellement que le
gouvernement y voie. Merci.
La
Présidente (Mme D'Amours) : Merci. Merci. Compte tenu de l'heure, je
lève la séance, et la commission, ayant accompli son mandat, ajourne ses
travaux sine die. Merci, tout le monde.
(Fin de la séance à 12 heures)