(Neuf
heures trente-quatre minutes)
Le
Président (M. Matte) :
Bon matin à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission
des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet
Famille des crédits budgétaires pour la Famille pour l'exercice
financier 2018‑2019, une enveloppe de cinq heures étant allouée pour l'étude
des crédits, dont trois heures ce matin.
Mme la secrétaire, est-ce
qu'il y a des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. Alors, M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé par
M. Morin (Côte-du-Sud); M. Busque (Beauce-Sud) est remplacé par
M. Reid (Orford); et Mme de Santis (Bourassa-Sauvé) est remplacée par
M. Bolduc (Mégantic).
Famille
Le
Président (M. Matte) : C'est bien, je vous remercie. Juste pour
votre bénéfice, ce matin vous avez le droit à des remarques préliminaires d'environ 20 minutes. Par la suite, à
l'opposition officielle, c'est deux blocs de 23 minutes qui est réservé,
pour la deuxième opposition officielle, c'est deux blocs de 17 minutes et
pour le gouvernement, c'est quatre blocs de
19 minutes. Puisque nous avons débuté
à 9 h 33 et qu'une période de trois heures doit être consacrée
à l'étude des crédits ce matin, est-ce qu'il y a consentement
pour que nos travaux puissent se prolonger jusqu'à 12 h 33?
Des voix :
Consentement.
Remarques
préliminaires
Le Président
(M. Matte) : Donc, étant donné que j'ai expliqué le déroulement,
nous allons débuter avec les remarques
préliminaires de M. le ministre. Vous disposez de 12 minutes. Je m'excuse, là, sur le temps, ça peut
jouer parce qu'il y a eu des ajustements ce matin, mais je
vous confirme que vous avez 12 minutes pour les remarques préliminaires. C'est à vous la parole, M. le ministre.
M. Luc
Fortin
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien.
Bien, merci beaucoup, M. le
Président. Tout d'abord, salutations à vous, à l'équipe
de la commission. Il me fait plaisir de vous retrouver. On avait passé beaucoup
de temps ensemble lors de l'étude du projet de loi n° 143, mais ça
avait été du travail très productif, et j'imagine qu'il en sera de même aujourd'hui.
Et évidemment saluer les collègues parlementaires qui sont avec nous, la députée de
Joliette, la députée
de Louis-Hébert, député de Côte-du-Sud, député de Mégantic, député
d'Orford et la députée de Richmond. Alors, je constate que les collègues de l'Estrie sont aussi très sensibles et
très intéressés par les enjeux touchant la famille, alors très content de
revoir les collègues de ma région ici. Je
voudrais saluer le personnel de mon cabinet ministériel qui m'accompagne
aujourd'hui, les gens du ministère de la
Famille, sur qui je peux compter à chaque jour dans l'exécution de mes tâches,
qui sont des gens dévoués et
compétents, les gens de Retraite Québec également qui sont avec nous
aujourd'hui et les gens du Curateur public également.
Alors,
M. le Président, aujourd'hui nous entamons l'étude des crédits du ministère de
la Famille. On va voir qu'on a des
sujets très diversifiés parce que nous avons des services également très
diversifiés, et pas seulement les services de garde. Effectivement, les services de garde occupent une grande place
dans notre quotidien dans ce que nous accomplissons pour les familles du Québec, mais il y a beaucoup de
choses qui se font de notre côté, qu'on pense, justement, aux services
du Curateur public, toutes les questions
également qui touchent la conciliation famille-travail-études. Vous savez qu'on
en a fait une priorité, comme gouvernement. J'imagine qu'il en sera question
ici aujourd'hui.
Mais
à travers tous les gestes que nous posons, toutes les actions que nous faisons,
comme gouvernement, nous avons
toujours également en tête et dans notre coeur les enfants qui sont les plus
vulnérables dans notre société. On a eu la chance de poser plusieurs
gestes récemment, comme gouvernement, en ce sens-là. D'abord, je pourrais vous
parler, M. le Président, de la stratégie
pour les 0-8 ans que nous avons lancée en janvier dernier avec le collègue le
ministre de l'Éducation, avec le
premier ministre également. Et le grand objectif de la Stratégie 0-8, c'est de
favoriser l'égalité des chances pour
nos enfants, de détecter tôt, également, certains problèmes dans le
développement des enfants et agir tôt pour qu'on puisse, justement, donner à ces enfants toutes les chances de
réussir dans la vie, toutes les chances de pouvoir réussir,
éventuellement, à l'école. Alors, c'était vraiment au coeur de nos
préoccupations.
Nous avons posé d'autres gestes également dans
le budget, donc plus récemment, M. le Président, pour les enfants vulnérables. Je pense, entre autres, aux
23 millions que nous avons annoncés pour la Fondation du Dr Julien
pour pouvoir
développer les centres de pédiatrie sociale en communauté partout à travers le
Québec. Vous savez, on avait un objectif
ambitieux d'avoir 42 centres, et il y en a déjà 30 présentement. Il y en aura
sept nouveaux cette année, et avec les investissements que nous faisons
au cours des quatre prochaines années, mais on sera certainement en mesure de dépasser notre objectif de 42 centres et offrir
des services de santé et de services sociaux à des enfants qui sont dans
des milieux défavorisés et qui ont bien
besoin de ces services-là, M. le Président. Il faut dire également que la
Fondation du Dr Julien, la
pédiatrie sociale, c'est plus que des services de santé, c'est également
s'assurer que les droits des enfants sont respectés et qu'ils vivent
dans un environnement qui est propice à leur développement.
Une autre
annonce que j'ai faite récemment, M. le Président, et, je pense, qui est très
importante pour l'accès aux services de garde éducatifs à l'enfance pour
les enfants défavorisés, c'est le fait qu'on va rendre les services gratuits cinq jours par semaine pour les enfants dont les
parents sont soit à l'aide de dernier recours ou dans des programmes de réinsertion en emploi. Depuis 1997, M. le
Président, ces services-là étaient gratuits deux journées et demie par
semaine, et dorénavant, à compter de cet été, ces services-là seront gratuits
cinq jours par semaine parce qu'on veut éliminer une barrière, on souhaite que ces enfants-là puissent avoir accès aux
services éducatifs de qualité, et, encore là, c'est dans une perspective
d'égalité des chances pour ces enfants.
• (9 h 40) •
Un des gestes
très importants que nous avons posés, comme gouvernement, depuis que nous avons
repris le pouvoir en 2014, c'est un
geste que nous avons posé en 2016, c'est l'instauration du supplément pour
enfant handicapé nécessitant des
soins exceptionnels. Donc, c'est une aide financière que l'on apporte à des
familles à chaque mois, une aide qui est quand même substantielle pour aider les parents à rencontrer certaines
obligations à l'égard de leur enfant lourdement handicapé, que ces parents-là puissent également
passer davantage de temps avec leurs enfants. Et jusqu'à
présent, bien, vous savez, M. le Président, il y a 1 833 enfants qui ont été acceptés au programme,
donc environ 46 %
de taux d'acceptation. C'est plus
élevé que ce qu'on avait anticipé au départ. Et c'est important de noter
également que les critères d'admissibilité
ont été déterminés par des professionnels de la santé, les cas sont évalués
également par des professionnels de la santé et non pas par la fonction
publique ou par le pouvoir politique — ça, je pense que c'est
important de le rappeler — et également que ce n'est pas une enveloppe
fermée, que tous les enfants qui rencontrent les critères sont admis à
ce programme-là.
Ceci étant
dit, M. le Président, ça va faire bientôt deux ans que le programme existe, et,
tout étant perfectible dans la vie, je pense qu'il y a lieu d'apporter
des modifications, des améliorations au supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels. Et c'est
pourquoi, M. le Président, comme c'est un sujet qui me tient bien à
coeur, j'ai choisi ce matin pour vous faire une annonce de quatre mesures qui
va s'appliquer à ce programme-là.
Tout d'abord,
M. le Président, nous sommes en train d'examiner la situation particulière,
présentement, de certains enfants qui
ont été refusés au SEHNSE, mais qui étaient tout près, tout près de l'avoir. Et
ce sont des enfants qui sont quand même
lourdement handicapés et qui ont des besoins, alors dans un souci d'équité et
de justice sociale pour ces enfants-là, j'ai mandaté Retraite Québec de faire l'analyse des dossiers avec les
autorités concernées, notamment au ministère des Finances, et ces dossiers-là vont être regardés, et nous allons apporter
les ajustements nécessaires au SEHNSE pour que ces enfants-là soient admis. Et on parle d'environ une centaine
d'enfants qui pourraient être admis au SEHNSE en vertu de cette
modification-là, M. le Président, et l'examen sera complété au mois de juin.
Donc, très prochainement, il pourrait y
avoir de bonnes nouvelles pour ces enfants qui seront admis au supplément pour
enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels.
Pour les
autres enfants qui ne sont pas admissibles au SEHNSE, j'ai mandaté Retraite
Québec de travailler avec ses
partenaires, de faire l'analyse des besoins de ces enfants-là, de faire
l'inventaire des services qui leur sont offerts à l'heure actuelle, de voir ce qui se passe ailleurs
dans le monde, de rencontrer des groupes pour qu'on puisse, justement, faire un bilan plus exhaustif, plus précis de
notre mesure et éventuellement, évidemment, de nous faire des recommandations
pour qu'on puisse faire des modifications si
nécessaire, toujours dans ce souci de mieux servir ces enfants et ces
parents du Québec. Et j'attends ces
recommandations-là, les observations d'ici la fin de l'automne, donc d'ici les
fêtes, M. le Président.
La troisième
mesure que je souhaite annoncer, c'est la suivante, ça fait suite à des
commentaires que j'ai reçus de beaucoup
de parents que j'ai rencontrés au cours des derniers mois, depuis que je suis
ministre de la Famille, le 11 octobre dernier, c'est qu'on nous dit : Bien, des fois, on sent qu'on
pourrait avoir plus d'accompagnement de la part de Retraite Québec pour, justement, remplir les documents,
pour faire la demande et on pourrait peut-être utiliser un autre ton
dans les réponses qui nous sont données par écrit lorsqu'il y a un refus. On
peut comprendre que notre enfant n'est pas admissible,
mais des fois c'est dans la façon de le dire. Alors, dans une perspective
d'améliorer toute cette relation-là et parce
que les gens de Retraite Québec sont des gens très sensibles, très dévoués, ils
ont manifesté beaucoup d'ouverture à la demande que je leur ai faite, alors ont accepté de faire des rencontres
avec les parents. Il y a une cinquantaine de parents, dont la majorité n'auront pas... dont leur enfant
n'aura pas été admis au SEHNSE, mais d'autres pour qui l'expérience a été plus positive seront rencontrés au mois de
juin. Les parents seront sélectionnés en complémentarité avec l'Office
des personnes handicapées du Québec parce
qu'on veut avoir leurs commentaires. Qu'est-ce qu'on devrait faire,
justement, pour améliorer la relation avec
les parents? Alors, en ce sens-là, là aussi, il y aura des observations, des
recommandations qui en ressortiront, et ça nous permettra d'améliorer la
qualité des services offerts à ces parents-là.
Finalement,
M. le Président, la dernière mesure que je souhaite annoncer, elle aussi fait
suite à des conversations que j'ai
eues avec des parents dernièrement. Parce que, vous savez, la mesure s'applique
aux enfants de 18 ans et moins, et,
à partir de 18 ans, bien, ces enfants-là sont admissibles au Programme de
la solidarité sociale. Mais évidemment il y a un passage entre les deux, et moi, je souhaite qu'on puisse faciliter la
vie des parents, qu'ils n'aient pas nécessairement à remplir encore toute la paperasse lorsque leur
enfant arrive à 18 ans pour être admissible au Programme de la
solidarité sociale. Alors, il y a eu une
belle ouverture, d'une part, de Retraite Québec et du ministère de l'Emploi et
de la Solidarité sociale
qu'on mette en place cette passerelle-là pour ces enfants qui arrivent à
18 ans. Parce qu'il faut le reconnaître, M. le Président, là, c'est une démarche qui peut être
lourde, c'est une démarche qui peut être douloureuse pour les parents de
faire cette prise de conscience là de tous
les obstacles que rencontrent leurs enfants, alors on souhaite leur éviter de
revivre cette expérience-là une fois de plus. Et c'est pourquoi nous
travaillons présentement avec le ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale à établir cette
passerelle-là pour ces enfants. Et je peux vous dire qu'il y a beaucoup
d'ouverture de part et d'autre, alors ça devrait se faire très prochainement,
M. le Président.
Alors, c'est
ce que je souhaitais pouvoir vous exprimer, M. le Président, concernant le
supplément pour enfant handicapé
nécessitant des soins exceptionnels. Vous voyez, c'est un sujet qui me tient
particulièrement à coeur parce que je
pense que, peu importe notre allégeance politique, nous sommes tous des êtres
humains, nous sommes tous des parents ou des grands-parents dans
certains cas, et je pense qu'on a tous notre sensibilité à l'égard de ces
familles-là, de ces enfants-là. Alors, si on peut améliorer leur sort
collectivement, je pense que c'est important de le faire.
Maintenant,
il y a d'autres sujets qui nous préoccupent dans nos enjeux en matière de
famille, comme j'ai dit un petit peu
plus tôt d'entrée de jeu, et certainement qu'on aura l'occasion d'en discuter
ici aujourd'hui avec l'ensemble des collègues, et ça va me faire plaisir
d'échanger avec eux, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie, M. le ministre.
Maintenant, je cède la parole à l'opposition officielle, à la députée de
Joliette.
Mme Hivon :
Moi, ça va, je ne ferai pas de remarques préliminaires. Je préfère garder le
temps pour les questions.
Le
Président (M. Matte) : Vous gardez votre temps, qui sera ajouté
sur vos blocs. C'est bien, je vous remercie.
Maintenant,
je cède la parole à la deuxième opposition officielle, à la députée de
Louis-Hébert. Vous disposez de cinq minutes pour vos remarques
préliminaires.
Mme Geneviève
Guilbault
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. Je vais, moi aussi, être économe, compte tenu du peu de
temps dont on dispose aussi, mais je
vais quand même prendre le temps de saluer tous les collègues, notamment ceux,
comme le disait le ministre, avec qui
on a eu l'occasion de travailler pendant de longues heures l'automne dernier,
les gens du ministère de la Famille,
qui nous avaient été d'un soutien très précieux, d'ailleurs, hein, pour
éclaircir plusieurs points et plusieurs questions qu'on avait eues. Donc, bonjour à tout le monde.
C'est une première expérience pour moi aussi, cette étude des crédits, comme ce l'était l'automne dernier, la commission
parlementaire. Donc, heureuse de la vivre à nouveau avec vous, et je
suis confiante que ça sera tout aussi agréable que l'a été cette étude de
l'automne dernier. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Maintenant, je suis prêt
à reconnaître la première intervention de l'opposition officielle. Je
vous informe, Mme la députée de Joliette, vous disposez de
26 min 30 s. C'est à vous.
• (9 h 50) •
Mme Hivon :
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, à mon tour de saluer le ministre, tous
les membres de son équipe — c'est toujours très impressionnant de vous
voir si bien accompagné — et les membres de son cabinet, bien sûr, les collègues, ma collègue de la deuxième
opposition et mes collègues du parti ministériel, et vous, bien sûr, M. le
Président, et toute l'équipe de la commission.
Alors,
d'entrée de jeu, j'aimerais aborder une... Et je veux remercier d'entrée de
jeu, d'ailleurs — je ne le
ferai pas à la fin parce que, des fois, à la
fin, on est pressés — tous les
gens du ministère pour toute l'énergie que vous avez mise. Je le sais, j'ai déjà été dans la fonction
publique, j'ai déjà travaillé à préparer des crédits dans un autre univers
et je sais à quel point ça sollicite
énormément de temps et d'énergie et qu'on est capables d'aborder une toute
petite partie de l'ensemble de ce
qu'on voudrait, mais sachez qu'on vous lit avec beaucoup d'intérêt de tout ce
que vous nous répondez et que pour nous, dans l'opposition, c'est
vraiment précieux d'avoir ça pour maintenant, pour l'étude, mais pour la transparence, je vous dirais, globale puis la
connaissance de l'ensemble des enjeux et des programmes du ministère.
Donc, merci beaucoup de votre travail.
J'aimerais
commencer en abordant la question des congés parentaux. Le ministre de la
Famille était présent avec son
collègue le ministre de l'Emploi et de la Solidarité lorsqu'il y a eu la
présentation, il y a quelques semaines, du projet de loi n° 174, donc, qui vise à revoir les
congés parentaux sur la question de la conciliation famille-travail. Et à ce
moment-là il y a eu un espoir déçu, je vous
dirais, parce qu'on sait qu'il y a une discrimination, une iniquité de
traitement entre les parents adoptants et les parents biologiques.
Alors, il y avait beaucoup d'espoir que ce serait l'occasion de vraiment mettre fin à cette iniquité-là comme, de notre
côté, nous nous y engageons. Et donc ce qui a été annoncé, finalement,
c'est uniquement un cinq semaines
supplémentaires plutôt que de combler l'écart de 18 semaines qui concerne les
enfants qui sont adoptés versus les
enfants biologiques. Et je sais que le ministre est au courant de l'enjeu, mais
je veux lui faire part d'une lettre que j'ai reçue de
Mme Anne-Marie Morel, qui est la présidente de la Fédération des parents
adoptants du Québec, qui dit : «Même si
chaque semaine de présence de plus auprès de l'enfant adopté est une victoire,
évidemment, et une aide concrète pour
améliorer la vie des nouvelles familles adoptantes, la proposition arbitraire
du gouvernement apparaît illogique et
injuste. Ni l'iniquité envers les parents adoptants, et donc la
non-reconnaissance de l'équivalence des
défis de la parentalité adoptive, ni la discrimination envers les enfants
adoptés, qui demeurent les seuls enfants bénéficiant d'une durée de présence parentale plus faible que
les autres, ne sont corrigées. C'est un peu comme si on avait décidé de corriger
l'iniquité salariale entre les hommes et les femmes en proposant : À
compétences égales, les femmes vont désormais obtenir 70 % du salaire des
hommes. Évidemment, tout le monde trouverait que ça n'a pas de sens.»
Le
ministre n'est pas sans savoir que les études prouvent que les enfants qui sont
adoptés et maintenant, de plus en
plus, ont des défis très grands, notamment en matière d'attachement à leur
famille, souvent des enfants plus vieux avec de grands défis, alors plusieurs disent même qu'il devrait y avoir une
plus longue durée de congé. Ce n'est pas ça qu'on revendique, mais on
aimerait comprendre pourquoi le ministre de la Famille accepte le maintien
d'une iniquité de traitement et d'une discrimination envers les enfants
adoptés.
Le
Président (M. Matte) : Merci. J'invite M. le ministre à répondre
à l'interrogation de la députée de l'opposition. C'est à vous.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, juste renchérir sur ce qu'a
dit la députée de Joliette. Effectivement, les gens du ministère ont travaillé
très, très fort pour préparer les crédits. C'est beaucoup de travail, et je
pense que c'est essentiel, l'exercice que nous faisons aujourd'hui. Dans notre démocratie, c'est un exercice de transparence.
Pour
ce qui est du Régime québécois d'assurance parentale, je pense que c'est une
bonne nouvelle, le dépôt du projet de
loi. Ça faisait partie des
engagements que nous avions pris, comme gouvernement, d'apporter plus
de flexibilité au Régime québécois d'assurance parentale, M. le
Président, des mesures qui ont été très bien reçues, notamment la possibilité de créer cette banque de 10 jours de
congé à même le régime, de pouvoir étendre également sur une
période de deux ans l'utilisation du Régime québécois d'assurance parentale.
Le
collègue le ministre de l'Emploi et
de la Solidarité sociale est tout à fait conscient des enjeux qui touchent
les enfants adoptés. Il y a une proposition
qui a été faite dans le cadre du projet de loi, effectivement, d'ajouter cinq
semaines pour les parents dont les enfants
ont été adoptés. Je pense que c'est un pas dans la bonne direction, M. le
Président. Mais il faut faire la
distinction entre le congé parental et le congé de maternité aussi.
Traditionnellement, le congé de maternité s'adresse à la femme pour également récupérer de l'accouchement, et je
pense que c'est nécessaire de pouvoir considérer cet élément-là. Évidemment, ce n'est pas le cas des parents qui adoptent
un enfant, bien qu'il y ait d'autres enjeux, qu'il y ait effectivement une période de transition, il
y a une période où on doit s'acclimater, justement, à ce nouveau membre dans la famille, et c'est quand même un changement
qui est important. Et alors tout le monde est tout à fait conscient de ça, mais je pense qu'il y a une proposition qui a
été faite, de la part du collègue, qui est acceptable, qui ne répond
peut-être pas à toutes les demandes, mais
qui vise justement un équilibre entre les enfants biologiques et les enfants
qui sont adoptés, M. le Président.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. Maintenant, j'invite la députée de
Joliette.
Mme Hivon :
Oui. Bien, je soumettrais au ministre qu'il faut justement tenir compte de
chaque réalité, et en ce moment,
clairement, il y a cette discrimination-là parce qu'on ne tient pas compte de
la réalité adoptive. Et je pense que, dans
l'évolution de notre conception de la famille, le ministre en parle, on revient
tout le temps sur l'importance de revoir, par exemple, le droit de la famille, c'est quelque chose... on est
rendus là. Et ce n'est pas une mesure coûteuse, c'est juste une mesure d'équité, parce que, vous savez quoi,
en 2014, on évaluait autour de 5 millions donner l'équité de
traitement parce que ça représente environ
0,4 % de l'ensemble des naissances et des adoptions au Québec. Donc, c'est
très, très peu, et depuis 2014, ça a
diminué, donc il y a encore moins d'adoptions. Vous savez comment c'est un
parcours du combattant d'adopter.
Alors, c'est très surprenant que le gouvernement, pour un enjeu, alors qu'on
parle, évidemment, de centaines de millions qui sont en cause quand on
parle du RQAP, que l'on s'entête à vouloir maintenir cette discrimination de
traitement. Oui, quelqu'un qui accouche, ce n'est pas la même chose que
quelqu'un qui adopte, mais il y a des défis d'adoption qui sont très différents
aussi des défis d'avoir un enfant biologique qui n'a pas vécu l'abandon, qui
est un bébé naissant, qui n'a pas eu ces traumatismes-là.
Alors,
je veux savoir comment le ministre, alors qu'il sait que ce n'est pas des
sommes importantes, qu'il n'y a pas
vraiment un enjeu financier important... Comment alors accepter de maintenir
cette discrimination-là quand vous savez que ça fait des années que les parents adoptants revendiquent ça et que
leurs défis vont en augmentant et non pas en diminuant?
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie, Mme la députée. J'invite
M. le ministre à répondre. C'est à vous.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, la députée de Joliette a raison quand qu'elle dit
que ce n'est pas une question financière
non plus. C'est une question d'équité, et c'est ce que le collègue ministre de
l'Emploi et de la Solidarité sociale a présenté.
Et il y a une reconnaissance, de la part du gouvernement, qu'il y a des enjeux
supplémentaires pour les parents qui adoptent
un enfant, et c'est pourquoi il y a une proposition qui est plus généreuse dans
le projet de loi qui a été déposé. Maintenant,
c'est projet de loi, c'est une proposition. Il y aura certainement des
consultations particulières, il y aura une étude détaillée, et j'imagine que le collègue entendra des groupes,
entendra les collègues des oppositions et aura l'occasion de prendre en
considération l'ensemble des commentaires qui lui seront faits, M. le
Président.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Alors, oui, puis je pense qu'il faut le voir d'abord du point de vue de
l'enfant. Donc, c'est le congé du parent, mais c'est pour que ça
bénéficie à l'enfant. Et moi, je compte sur le ministre de la Famille pour
faire des représentations
auprès de son collègue comme les groupes qui vont venir, parce que, si
effectivement ce n'est pas un enjeu financier,
c'est un enjeu d'iniquité, je pense qu'on devrait aller de l'avant pour
reconnaître la réalité des familles adoptantes.
Pour
rester... rapidement, avant qu'on aborde, là, nos sujets préférés sur lesquels
on aime bien débattre, un autre enjeu
lié au congé parental, cette semaine, dans la foulée de l'événement En marche
pour la parité, notre formation politique a pris un engagement pour une loi sur la parité, mais elle a pris aussi
un autre engagement sur lequel le ministre est déjà intervenu, c'est de dire qu'il était grand temps
que les élus de l'Assemblée nationale puissent bénéficier d'un congé de maternité ou de paternité. Et récemment le
ministre, qui a eu le bonheur d'avoir un autre enfant, a pris position dans
un reportage dans lequel j'étais
également... parce qu'ici c'était assez spectaculaire, M. le Président, mais
les trois députés, les deux
porte-parole de l'opposition et le ministre, avons tous et toutes vécu
l'arrivée d'un enfant alors que nous venions soit d'être élus députés ou d'accéder à des nouvelles
fonctions ministérielles, alors nous avons pris cet engagement-là de
dire qu'il était temps que les élus de
l'Assemblée nationale puissent bénéficier d'un congé de maternité ou de
paternité. Et, compte tenu de la
dénonciation, je vous dirais, que le ministre a faite, il y a quelques
semaines, de l'inexistence d'un tel congé,
puisque lui-même n'a pas pu en bénéficier, je voulais savoir s'il était
d'accord avec notre proposition — et avec notre proposition très concrète — de demander qu'un comité de l'Assemblée
nationale soit mis sur pied pour regarder les modalités que pourrait
prendre un tel congé parental pour les élus de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. M. le ministre, c'est à vous la parole.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, la députée de Joliette a tout à fait raison, je
me suis exprimé là-dessus récemment et
je vais réitérer encore ici ce matin ce que j'ai dit : C'est incroyable
qu'en 2018 les élus de l'Assemblée nationale ne soient pas admissibles au RQAP, alors qu'on le paie,
hein? Ça, je pense qu'il faut le rappeler également, là, on le paie, mais nous
ne sommes pas admissibles parce qu'on reçoit une indemnité et non pas un
salaire et que l'Assemblée nationale ne peut pas arrêter notre indemnité,
finalement. Alors, moi, personnellement, là, je suis tout à fait d'accord à ce
qu'on ait une réflexion là-dessus.
Mais moi, je pense qu'avant de discuter des
modalités on doit avoir une discussion, les élus, au Bureau de l'Assemblée nationale. Est-ce qu'on souhaite aller
de l'avant avec ça? C'est cette dimension-là qui doit être non partisane
et c'est ce que j'avais dit dans le reportage que j'allais interpeler mes
collègues pour qu'il y ait une discussion sur ces sujets-là au Bureau de l'Assemblée nationale. Je ne pense pas que ce
soit à un parti politique de prendre un engagement sur des choses qui nous touchent, l'ensemble des élus.
On recherche toujours un plus grand consensus possible. Et il faut faire
bien attention également au principe de la
séparation des pouvoirs. Ce n'est pas le gouvernement qui va venir
intervenir dans ce que fait l'Assemblée
nationale. L'Assemblée nationale, elle est complètement autonome, elle est
gérée par le Bureau de l'Assemblée nationale.
Mais, ceci
étant dit, je pense qu'il faut discuter de ces enjeux-là en 2018 si on veut
rajeunir la classe politique, si on veut
attirer des jeunes, particulièrement des jeunes femmes. Et moi, je l'ai vécu et
je suis un père, j'aurais aimé pouvoir bénéficier
de ce congé-là de cinq semaines, et on m'a dit de le faire, mais de... tu
sais : Bien, restez à la maison, vous allez avoir 100 % de
votre salaire. Mais on sait très bien comment ça fonctionne, la vie politique,
et j'aurais été la cible de critiques.
Alors, on ne peut pas se permettre ça. Et moi, je suis un homme, alors
j'imagine que, pour les jeunes femmes, il y a encore des difficultés supplémentaires parce que ce sont encore
elles qui accouchent, hein, et ça risque d'être comme ça pour encore très, très longtemps. Et puis il y a
toutes les questions qui sont reliées également à l'allaitement pour les
femmes qui choisissent d'allaiter leur
enfant. Alors, je ne peux pas croire qu'en 2018 on en soit encore là. Mais,
oui, il faut avoir cette
discussion-là, mais avant de discuter des modalités, je pense qu'il faut
rechercher le consensus sur ces questions-là à travers les partis de
l'Assemblée nationale.
• (10 heures) •
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Bien, je pense qu'on a un bon départ de consensus parce qu'on a le ministre de
la Famille puis la porte-parole de
l'opposition en famille, puis je me doute que peut-être qu'il y a une autre
porte-parole qui pourrait être d'accord,
mais je ne présume de rien, puis ce n'est pas elle, aujourd'hui, qui se fait
poser des questions, mais je pense que c'est
déjà très fort. Évidemment que nous, on ne pouvait pas s'engager pour
l'Assemblée nationale, mais ce qu'on a voulu marquer, c'est le coup que nous, on est d'accord et on pense qu'il est
temps d'instaurer un tel congé, comme le ministre est d'accord avec ça. Alors, je pense que la prochaine
étape, M. le ministre, c'est que nous demandions formellement ensemble, oui, que le Bureau de l'Assemblée nationale se
penche sur cette question-là et que, oui, par la suite, il y ait un comité
de travail pour en déterminer les modalités.
Je vais
maintenant, donc, aborder un des nos sujets plus classiques et des questions
aussi en lien avec les crédits, donc
des chiffres. On sait que le gouvernement a un parti pris pour les garderies
privées à but lucratif. Et là le ministre va me dire : Non, non, non, nous, on a un parti pris pour l'équilibre,
pour la liberté de choix des parents. Donc, c'est les arguments qu'il ramène constamment. Je veux juste lui dire
que les chiffres parlent. Alors, quand on regarde le nombre de places
qui ont été développées en garderie privée à
but lucratif ou commercial depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux du
gouvernement dont vous faites partie
et de vos prédécesseurs depuis 2003, donc, entre 2003 et 2018, là, on a les
chiffres à jour grâce au dernier
document, on parle d'une augmentation de 4 027 % des places en
garderie privée commerciale. Donc, le ministre lui-même l'a reconnu, il y a eu un développement anarchique des places
en garderie privée commerciale. Et ce qu'on voit, donc, c'est qu'il y a 65 000 de ces places
qui ont été créées, pour une augmentation de 4 000 % de places, alors
que, pendant ce temps-là, les places
en CPE, de 2003 à 2018, ont augmenté de seulement 50 %. Donc, ça, je pense
que c'est une preuve tangible de ce parti pris.
L'autre preuve,
évidemment, de ce parti pris, c'est toute la question du crédit d'impôt qui a
été mis en place en 2009 et qui... je pense,
à la surprise générale, parce qu'on avait entendu le discours du ministre sur
l'importance de l'agir tôt, de
maximiser les services de la plus grande qualité possible, on a vu, dans le
dernier budget, que la mesure-phare en matière, donc, de famille,
c'était la création d'une bonification du crédit d'impôt qui va entraîner des
dépenses supplémentaires de
159 millions pour l'État. Donc, on parlait tantôt de quelques millions qui
pourraient être nécessaires pour cesser l'iniquité de traitement pour
les enfants adoptés, mais là rien de moins que 159 millions de sommes supplémentaires pour les garderies privées. Et ça,
évidemment, ce n'est pas sans conséquence, c'est de l'argent qui s'en va
pour les propriétaires des garderies
privées, qui fait en sorte que ça devient plus avantageux, ça reste plus
avantageux pour beaucoup de parents d'aller vers les garderies privées à
but lucratif.
Et, quand le
ministre nous parle de la liberté de choix et de cet équilibre, bien, je pense
que les chiffres parlent d'eux-mêmes,
que cet équilibre-là, il n'est pas là, quand on voit l'augmentation, d'une
part, des garderies privées commerciales par rapport aux places en CPE. Mais la liberté de choix, ça, ça veut
dire qu'on a le droit à la place que l'on voudrait. En ce moment, il y a
plus de 30 000 personnes qui sont inscrites au guichet unique pour une
place soit en centre de la petite enfance ou
en garderie subventionnée, ça doit être parce que ces gens-là, ils aimeraient
ça pouvoir avoir une telle place. Mais
évidemment la liberté de choix, ça devient quelque chose d'assez théorique
quand on ralentit la création de places en centre de la petite enfance. C'est aussi théorique quand
l'information nous montre à quel point il y a des différences énormes de qualité entre les deux réseaux. Et puis
il y a un tableau, je pense, qui est assez parlant, qui est tiré de Grandir
en qualité, Naître et grandir en qualité, une étude de l'Institut de la
statistique du Québec qui montre... qualité insatisfaisante dans les
services de garde, on voit que, pour les poupons en CPE, 2 %, et dans les
garderies privées à but lucratif ou commercial, 41 %; pour les 18 mois à
cinq ans, 4 % en CPE, 36 % pour les garderies privées à but lucratif.
Puis je ne
sais pas si vous avez lu récemment une note très intéressante, un article très
intéressant de Pierre Fortin, puis je ne pense pas que personne ne va
dire que Pierre Fortin, c'est un communiste qui veut rayer le privé de la carte
partout au Québec dans tous les domaines,
mais où il faisait ressortir ces énormes différences de qualité et où il
faisait ressortir qu'un rapport du ministère
de la Famille lui-même révélait le grand écart de qualité, notamment que
89 % des CPE sont conformes au
règlement voulant que les deux tiers des éducatrices soient qualifiées, mais
que seulement 16 % l'étaient pour les garderies privées. Donc, ça,
c'est autant de chiffres qui nous montrent à quel point il y a une différence.
Alors, la
liberté de choix, ça va avec le fait de pouvoir aller vers la place que l'on
souhaite. Ça va aussi avec le fait que l'information sur la qualité
circule, ce qui n'est pas nécessairement le cas à l'heure actuelle. Et, quand
le ministre nous dit — parce qu'il va sûrement dire ça aussi — que nous aussi, on en a créé, des places en
garderie privée, bien, c'est évidemment qu'on en a créé, puis vous savez
pourquoi, M. le ministre, je pense que les chiffres que je viens de dire étaient assez parlants. Les places en CPE ont
été à peu près gelées pendant le mandat du gouvernement libéral, ça fait
que, nous, quand on est arrivés en 2012, il
fallait repartir tout ça. Et pendant ce temps-là, bien, oui, il y avait des
demandes de places, ça fait que c'est
certain qu'il y a eu des places de créées en garderie privée. Mais, nous, notre
engagement, il a toujours été clair
pour les centres de la petite enfance, puis on n'a pas gelé le développement.
Au contraire, on a annoncé 15 000 nouvelles places en 18 mois.
Alors, je
pense que c'est important que ces chiffres-là et cette réalité-là soient
connus, parce que, quand on dit qu'on veut
agir tôt puis qu'on veut offrir le mieux à nos tout-petits, bien, je pense que
ça veut dire qu'on veut leur offrir les services de la plus grande
qualité possible pour leur développement.
Puis il y a
quelque chose qui est très éloquent qu'on a découvert en regardant les cahiers
qui nous ont été donnés cette
semaine, c'est toute la question des plaintes. Et là, là, ça, ça vient des
chiffres mêmes du gouvernement. Je ne sais pas si le ministre est conscient que, quand on fait le calcul de toutes les
plaintes qui ont été déposées, 60 % des plaintes reçues par le ministère concernent les garderies privées
à but lucratif, alors qu'elles ne représentent que 22 % des places au
Québec. Donc, c'est près de six fois plus de
plaintes des parents pour les garderies privées que pour les places en centre
de la petite enfance. J'aimerais savoir comment le ministre peut garder
ce parti pris, bonifier le crédit d'impôt et garder tout cet enlignement pour les garderies privées quand, à
partir des chiffres mêmes des plaintes déposées au ministère, c'est près
de six fois plus de plaintes qui concernent ce réseau-là.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. J'invite M. le ministre. C'est à vous la parole.
• (10 h 10) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, la députée de Joliette dit que je lui donne
toujours les mêmes réponses, mais c'est parce qu'elle pose toujours les mêmes questions, elle fait toujours les
mêmes affirmations, M. le Président, alors aux mêmes questions, on a les mêmes réponses,
habituellement. Alors, non, effectivement, il n'y a pas de parti pris, parce
que, si on avait un parti pris, là,
on aurait pu le privatiser, le réseau, on aurait pu seulement développer des
places non subventionnées, puis ce
n'est pas ce qu'on a fait, comme gouvernement. Puis l'opposition dit toujours...
Ils oublient qu'ils ont été au pouvoir, là, puis ils disent que ça fait 15 ans qu'on est au pouvoir. Bien,
après 15 ans, c'est quoi, l'état des lieux, M. le Président? C'est qu'il y a 78 % des places régies qui sont
subventionnées au Québec. Alors, on n'est pas dans une majorité de places
non subventionnées, là. C'est ça, la réalité aujourd'hui. Ça, je pense qu'il
faut le rappeler.
Et,
lorsqu'elle parle de mes intentions ou de mes préférences, juste lui rappeler
cette chose-là, M. le Président, c'est qu'au
début du mois de mars j'ai annoncé un appel de projets de 2 000 places,
des places subventionnées, dont 85 % sont en CPE. Alors, je ne pense pas qu'on puisse m'accuser
d'avoir un parti pris pour quelconque type de service de garde au Québec. Au contraire, ce que je souhaite, c'est
qu'on puisse offrir, justement, le plus de choix possible aux parents,
qu'ils puissent choisir un service qui correspond à leurs besoins, aux besoins
de leur enfant.
Pour ce qui
est du crédit d'impôt, M. le Président, encore là, ça ne vise pas à favoriser
les services non subventionnés, bien
au contraire. Ce qu'on a voulu faire avec la modification au crédit d'impôt
pour les services de garde, c'est d'atteindre la neutralité du coût net pour
le parent, justement, que la décision ne soit pas basée sur des
considérations financières. Alors, ça, je
pense que c'est important de le dire. Et ce crédit d'impôt là n'avait pas été
indexé depuis 2009, et les coûts ont
augmenté également pour les parents depuis 2009. Alors, cet argent-là, le
159 millions dont elle parle, c'est
dans les poches des parents qu'il va aller, alors il faut être conscient de ça
aussi. Et maintenant il y a une prévisibilité parce que non seulement le plafond a été légèrement rehaussé, mais on
dit que le crédit d'impôt sera indexé à chaque année au même titre que
les tarifs subventionnés sont indexés à chaque année, M. le Président.
Alors, oui,
ce qu'on souhaite, c'est une réelle liberté de choix pour les parents, on
souhaite établir un équilibre. Et je
l'ai dit clairement, justement, dans l'annonce que j'ai faite au début du mois
de mars, qu'autant pour les 2 000 places que pour les 3 800 places que nous allons
faciliter, ce sont toutes des places qui sont subventionnées, en grande majorité
en CPE, parce que, justement, on veut offrir
ces possibilités-là dans des territoires qui sont en déficit de places aux
parents du Québec pour que les parents qui souhaitent avoir une place
subventionnée puissent y avoir accès, M. le Président.
Puis pour ce qui est de la qualité des services,
bien... et je voulais rappeler à la députée de Joliette le projet de loi
n° 143, que nous avons adopté tout juste avant les fêtes, qui vise à
améliorer la qualité dans l'ensemble du réseau, dont les services de garde en installation non subventionnés, qui vont être,
justement, soumis maintenant à des inspections en termes de qualité. On
va évaluer la qualité des services comme dans les CPE, comme dans les garderies
privées subventionnées, comme dans le milieu
familial, M. le Président. Alors, on est soucieux d'offrir des services de
qualité à tous les enfants du Québec qui sont dans tous les services de garde
du Québec, M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie, M. le ministre. J'invite la députée de Joliette.
Mme
Hivon :
Bien, moi, M. le Président, je pense que la chose qui aurait été responsable à
faire, ça aurait été de dire :
On va attendre que la qualité augmente avant d'augmenter le crédit d'impôt pour
les garderies privées, parce que moi,
je trouve ça très préoccupant de voir qu'on est en train de bonifier le crédit
d'impôt, donc de favoriser la fréquentation des garderies privées à but lucratif en injectant 159 millions. Et
par ailleurs juste rappeler au ministre que ça, là, c'est à peu près le montant que, chaque année, on demande
maintenant avec la taxe famille qui a été introduite, la modulation des tarifs, aux parents de payer de plus quand ils
sont dans un régime subventionné puis qu'ils ont une place
subventionnée. Donc, au global, c'est ça que ça veut dire.
De l'autre
côté, le gouvernement décide qu'il va aller mettre 159 millions de plus
dans les garderies privées, alors que c'est la part la plus importante
des plaintes en santé-sécurité, pour ce qui est de la question de la relation
avec l'intervenante, tout ça, qui sont
reçues au ministère. Alors, comment le ministre peut-il cautionner, alors qu'il
nous dit qu'il faut favoriser la
qualité, l'agir tôt, donner le meilleur départ pour nos enfants, nos
tout-petits? Comment il peut cautionner cette orientation-là phare quand il dit qu'il n'y en a pas, de parti
pris? Comment ça se fait que la seule ligne qui baisse dans le PQI, c'est la ligne qui concerne les
infrastructures pour les CPE, que, par ailleurs, ce qui monte, c'est le
crédit d'impôt pour les garderies privées à
but lucratif? Il nous dit qu'il n'a pas de parti pris puis il augmente ça alors
que non seulement la qualité, étude
après étude, c'est démontré qu'elle est moindre dans le réseau privé
commercial, mais il y a des plaintes cinq à six fois plus importantes
dans ce réseau-là que dans le reste des places en CPE.
Le
Président (M. Matte) :
Je vous remercie. J'invite M. le ministre pour répondre, mais il reste peu de
temps, là.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Mais, très bien. Bien, juste... bien, trois éléments,
je vais essayer de le faire rapidement, là, M. le Président. Parce que la députée de Joliette dit : Bien,
le crédit d'impôt, c'est l'équivalent de ce qu'on demande en contribution additionnelle aux parents, mais c'est
parce que le 159 millions du crédit d'impôt, c'est sur cinq ans, puis
la contribution additionnelle, c'est
161 millions par année. Alors, sur cinq ans, il y a une grande différence,
M. le Président, je pense qu'il faut
le dire. Et on ne peut pas dire : Bon, on souhaite que la qualité
s'améliore, sans donner des moyens supplémentaires.
À un moment donné, il faut être cohérent aussi. Et les coûts augmentent, et, si
on veut que la qualité s'améliore, il faut qu'il y ait davantage de
moyens également. Alors, je pense qu'il y a là une question de cohérence.
Et pour ce qui est de la question des
infrastructures pour les CPE, bien, c'est une projection sur 10 ans, M. le
Président. Alors, le montant qui diminue, c'est celui dans 10 ans, pas celui de
cette année, parce qu'on a retiré une année, l'année financière qu'on vient de compléter, pour ajouter une année dans
10 ans. Mais le réseau arrive à maturité, alors c'est certain qu'on va avoir moins de besoins d'infrastructures dans 10 ans qu'il y en a aujourd'hui. On arrive dans une phase de consolidation
du réseau des services de garde au Québec, d'une part, et, d'autre part, on
favorise également, pour les CPE, la location de locaux plutôt que la
construction, alors c'est ce qui explique aussi la différence dans le PQI, M.
le Président.
Le
Président (M. Matte) :
Merci, M. le ministre. Vous comprendrez que j'ai respecté votre engagement,
le temps supplémentaire sera pris sur
votre bloc. Ça va? Je reconnais la partie gouvernementale et j'invite le député
de Mégantic à prendre parole.
M. Bolduc : Merci, M.
le Président. Je voudrais tout d'abord vous saluer, vous dire bonjour, M. le ministre, votre équipe, les collègues du gouvernement, les collègues des oppositions. Et je voudrais vous noter, M. le ministre, que vous aviez, dans vos remarques préliminaires ce matin, des belles annonces. Vous faites des
avancées considérables à tous les jours,
donc je vous en félicite, parce que c'est quelque chose d'intéressant, particulièrement, M. le
Président, parce que, quand on
regarde le contexte dans lequel, aujourd'hui... on parle de l'évolution et du projet
de loi n° 143, qui vise à améliorer la qualité éducative et favoriser le développement
harmonieux des services de garde éducatifs à l'enfant.
Moi
et mon collègue voisin ici, on a élevé nos enfants dans une autre
époque et dans un autre contexte, et je pense qu'on pourrait
recommencer, hein? Dans les environnements...
Une voix : Il n'est jamais
trop tard.
M. Bolduc : Il n'est jamais
trop tard! Je vais réfléchir à ça. Donc, personne... ne vous excitez pas.
Une voix : ...fin de semaine.
M. Bolduc : Donc, la santé, la
sécurité, le bien-être des enfants en service de garde sont au coeur des préoccupations du ministère avec le projet
de loi n° 143, et le ministère
entend également assurer la pérennité du réseau de services
de garde diversifiés, de proximité,
qui, en raison de sa qualité, contribue pleinement à la réussite
éducative des enfants. Et c'est un peu des
nouvelles notions quand on regarde la création du réseau et, maintenant, l'évolution, où on inclut
maintenant, dans le réseau, l'éducation, la prévention, les
enfants vulnérables. Donc, il y a une espèce d'élargissement constant de ces priorités-là qui ont pour objectif,
vraiment, hein, de prendre soin des enfants dans le vrai
sens du mot. Ainsi, le projet de loi n° 143 vise à améliorer la qualité éducative et à
favoriser le développement harmonieux des services de garde éducatifs à l'enfance, qui a été déposé, en fait,
le 16 juin 2017. La loi a été sanctionnée le 8 décembre 2017 et est
entrée en vigueur le jour même, à l'exception de certains articles.
Donc, la loi
introduit 10 changements importants, et je les renommerai dans une autre
perspective, mais introduire la notion
de réussite éducative, donner le pouvoir au gouvernement de déterminer les
éléments de service qui doit comprendre
le programme éducatif ou de prescrire un programme
unique applicable en tout ou en partie aux prestataires de services que le ministère détermine, prévoir
des équivalences au programme éducatif unique, de rendre la
participation obligatoire des prestataires
de services de garde à un processus d'évaluation et d'amélioration
de la qualité éducative des services
de garde, introduire une obligation générale pour tous les prestataires de
services de garde, CPE et RSG d'assurer la santé, la sécurité, le bien-être des enfants et d'interdire certaines
pratiques inappropriées, introduire des exigences minimales pour les personnes qui fournissent des services de
garde en milieu familial non reconnus, encadrer la délivrance de permis de garderie non subventionnée par l'évaluation des
besoins de services de garde dans chaque territoire et par l'imposition
de nouvelles conditions de délivrance, remplacer le CCR par le Comité
consultatif sur l'offre de services de garde éducatifs
à l'enfance et préciser son rôle et sa composition, obliger tous les
prestataires de services de garde et les BC à fournir les renseignements demandés par le ministère par l'intermédiaire
du système Clientèle des services de garde et prévoir que les prestataires de services de garde doivent tenir un
dossier concernant le développement de l'enfant, rendre obligatoire de
tous les prestataires de services de garde... au guichet unique d'accès aux
places de services de garde La Place 0-5, un guichet unique, à l'exception de
ceux établis en territoires autochtones.
• (10 h 20) •
Donc, on se
réjouit de l'ensemble de ces mesures-là parce qu'il y a quand même
un changement très considérable, une
espèce de révolution dans les services de garde, où on enrichit de façon,
comment je dirais, très large, finalement, le développement de l'enfant, la possibilité aussi de les aider, de les
assister et, via les autres programmes, de fournir toute une série de mesures financières d'aide, de
soutien, et, comme le ministre en a parlé plus tôt... en fait, la chance aux
enfants de 0-8 ans, où on a créé des centres de pédiatrie sociale. Donc, toute
une panoplie d'éléments qui ont vraiment pour objectif d'aider les enfants à se développer, d'essayer
d'aider en priorité les enfants qui sont les plus vulnérables et de
favoriser, finalement, le développement des enfants dans le meilleur sens du
terme.
Donc — puis
je vais le réexpliquer dans un autre angle parce que je pense que c'est très, très
important pour les gens
qui nous écoutent d'entendre tout ça et de bien mesurer les impacts — c'est
d'assurer l'égalité des chances pour tous les enfants et de favoriser l'accès à des services de garde éducatifs de
qualité et sécuritaires. Le projet de
loi n° 143 vise à améliorer la qualité éducative et à favoriser le
développement harmonieux des services de garde éducatifs à l'enfance. Donc, naturellement, M. le
ministre, vous avez fait une tâche
colossale avec ce projet de loi qui favorise la réussite éducative et améliore la qualité, rehausse la sécurité dans
les services de garde éducatifs à l'enfance et assure la pérennité d'un
réseau éducatif de qualité. Il permettra également
d'instaurer des exigences en matière de sécurité dans les services de garde
non régis. La famille est au coeur des
priorités de notre gouvernement, et nous le démontrons encore une fois, et cette
loi favorise les enfants. Et les réseaux de garde éducatifs sont un
pilier de notre politique familiale, et nous en sommes fiers.
À ce
point-ci, je voudrais faire un commentaire, M. le ministre, pour un peu parler de nos comtés ruraux. Parce que,
vous savez, c'est bien beau, les CPE, puis tout, mais dans des municipalités
de 143 habitants, là, un CPE, c'est un peu
compliqué, et les services de garde privés, les services de garde en famille,
etc., sont des solutions qui sont très,
très, très, appréciées parce qu'on ne
peut pas, dans certains de ces milieux-là, développer des solutions que j'appellerais
mur à mur parce qu'on est dans des
environnements, dans des conditions très différentes. Et, si on veut assurer
l'occupation du territoire... on peut
paraître sortir de nos nuages-là, mais il y a ici quelque chose qui est
fondamental, parce que, là aussi, on a des
familles, là aussi, on a des enfants, et de s'assurer qu'on trouve les bons
outils aux bons endroits, ça fait partie d'une réflexion gouvernementale
que j'appellerais bien placée.
Puis ça, je dois le
noter parce que chez nous, les parents, le matin, là, ce n'est pas trois
kilomètres pour aller travailler, des fois
c'est 40, 50, 60 kilomètres. Et, si la garderie est dans l'autre
direction, 30 kilomètres, vous comprenez très bien que la logistique de ce type d'argument là
serait totalement inacceptable, et on ne pourrait pas fonctionner, ce
qui limiterait encore le développement et la
capacité de nos citoyens dans les régions rurales d'avoir des solutions
adaptées à leurs besoins. Je le dis et je
veux m'assurer que les gens comprennent très bien ce type d'argument, parce
que, souvent, on invoque une série
d'arguments qui semble, comment je dirais ça, à la saveur du jour, mais qui ne
tient pas compte de nos réalités régionales, qui ne tient pas compte de la variabilité qu'il
y a dans nos milieux, et je trouve ça très, très important de se donner une compréhension qui fait que...
nous avons des territoires urbains, des territoires semi-urbains ou,
comment je dirais, des banlieues, mais on a
aussi des territoires très ruraux et avec des densités de population qui sont d'une variabilité qui rend très difficile cette logistique-là qui,
en apparence, dans... Assis au Parlement, ça peut paraître simple, mais je pense
que le ministre et son ministère ont bien évalué la situation et comprennent très bien
le contexte dans lequel notre milieu
se développe. Et, pour favoriser l'ensemble des paramètres, moi, je dis : Chapeau, M. le ministre, parce que c'est quelque chose que moi, je considère que, pour ma population, c'est fondamental et extrêmement important, M. le Président.
Donc,
c'est un peu le cadre de travail dans lequel on est, et il ne faut jamais sous-estimer, vous savez,
comment tout ça se développe. Je me souviens
d'une époque où on avait, dans chaque rang des municipalités, 15, 20
cultivateurs, et maintenant on est à un, des
fois deux, donc on a 10 kilomètres de chemin, un cultivateur, une famille, un
ou deux enfants, des fois trois. On
est dans une logistique pas mal différente, puis les villages, souvent, dans
certains cas, il n'y en a pas. Donc, le contexte rural nous fait,
comment je dirais ça, des casse-tête mentaux assez importants.
Donc,
c'est un peu le contexte dans lequel on est aujourd'hui, et moi, je dis que ce
projet de loi là est vraiment quelque
chose de formidable pour la société, mais pour toute la société, et ça, ça
représente quelque chose de très important. Et ce que j'aimerais savoir du ministre, c'est quelles sont toutes les
avancées sur le projet de loi n° 143. Je veux entendre ça parce que
vous avez toutes sortes d'histoires à nous conter, puis j'aimerais ça les
entendre.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie, M. le député. J'invite M. le
ministre. C'est à vous la parole.
M. Fortin
(Sherbrooke) : De bien
bonnes histoires, effectivement, M. le Président.
Si le député de Mégantic me le permet, c'est parce que, tantôt, je n'ai pas voulu abuser du temps de la députée
Joliette, là, mais je veux juste revenir sur quelque
chose. Quand on parle du nombre de
plaintes, lorsqu'on compare les chiffres, il faut quand même
mettre les choses en perspective et
être très prudent, parce qu'il y a une possibilité, pour les gens dont les enfants sont en CPE,
de déposer une plainte au conseil d'administration. Ce n'est pas comptabilisé dans les chiffres du ministère
parce qu'on n'est pas au courant de ces plaintes-là parce qu'il y a
là un processus de mécanisme de plaintes également qui n'existe pas dans
les services non subventionnés. Alors, le
parent dont l'enfant va être dans un service non subventionné, lui, il va faire
une plainte au ministère, alors que, pour
les enfants qui sont en CPE, il y a d'autres possibilités pour le parent.
Alors, quand on compare les chiffres, là, il faut quand même être
prudent.
Pour
en revenir à la question du député de Mégantic, M. le Président, il y a eu des
avancées majeures dans le cadre du
projet de loi n° 143. Un des éléments qui nous ont occupés beaucoup dans
nos débats et dans l'espace public, c'est toute la question des prestataires de services non régis, et là je pense
qu'on a resserré également les exigences à leur égard. Tout d'abord, au niveau du ratio, M. le Président,
avant le projet de loi n° 143, pour être prestataire non régi, donc
c'est une garde en milieu familial qui n'est
pas reconnue par le ministère où il n'y a pas de permis et les places ne sont
pas subventionnées, évidemment, on
pouvait avoir six enfants, excluant ses propres enfants, et il n'y avait pas de
limite par rapport au nombre de
poupons. Et, avec le projet de loi n° 143, d'une part, on a ramené le ratio
à ce qu'il est dans le milieu familial
régi, c'est-à-dire un maximum de six enfants, incluant les enfants de la
responsable du service de garde qui sont en bas âge et qui sont présents lors de la prestation de services, et le
nombre de poupons est limité à deux. Alors, ça, ça a été une avancée
assez importante.
Et
en plus, pour les prestataires non régis, bien là, on a mis des exigences en ce
qui a trait à la sécurité des enfants, c'est-à-dire
l'obligation d'avoir une vérification d'absence d'empêchement, un cours de RCR,
une police d'assurance de responsabilité
civile, le fait également de remettre un avis aux parents qui indique
clairement que ce n'est pas un service reconnu
par le ministère et qu'il n'est pas inspecté, à moins qu'il y ait des plaintes,
qu'il n'y a pas d'évaluation de qualité non plus. Alors, le parent peut inscrire, va inscrire son enfant là,
maintenant, en toute connaissance de cause, là. Lorsque parlait, tantôt, la députée de Joliette de la
circulation de l'information, bien, cet exercice-là s'inscrit dans cette
volonté, également, de mieux informer les
parents. Et évidemment, comme dans tous les services de garde, bien, maintenant
les comportements abusifs envers les enfants
sont sévèrement sanctionnés, et les sanctions s'appliquent également à la
garde en milieu familial non régie.
Sur
d'autres éléments que nous avons discutés lors de l'étude du projet de loi n° 143, il y a toute
la question du programme éducatif obligatoire, c'est-à-dire que nous
allons rendre obligatoire le programme éducatif du ministère.
• (10 h 30) •
Des voix :
...
M. Fortin
(Sherbrooke) : Je m'excuse, M. le Président, j'ai de la misère à me
concentrer parce qu'il y a beaucoup, beaucoup de bruit dans la salle. Je
ne m'entends même pas parler moi-même.
Le
Président (M. Matte) : Effectivement. Je voulais justement
faire... Je vous invite, là, à communiquer à voix basse, là, parce qu'on entend, là, toujours un
bruit de fond, là, puis on perd notre concentration. Je vous invite à
poursuivre, M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci, M. le Président. Alors, il y avait l'obligation
d'avoir un programme éducatif, mais
maintenant ce qu'on va rendre obligatoire, c'est le programme éducatif du
ministère, que nous allons revoir, que nous allons bonifier, qui s'appelle Accueillir la petite enfance, qui était
déjà largement utilisé à travers les services de garde à travers le
Québec, mais maintenant il sera obligatoire.
J'ai apporté
aussi un amendement au projet de loi n° 143 pour qu'on puisse créer le
dossier de l'enfant. Dans le dossier de l'enfant, bien, ce qu'on va faire,
c'est de venir observer le développement de l'enfant, voir si, justement, il y
a des enjeux, il y a
des choses sur lesquelles on doit intervenir. Et le dossier de l'enfant, bien,
ça permet, justement, de colliger cette
information-là, et le dossier est remis aux parents lorsque les services ne
sont plus requis, et le parent pourra remettre, lui, le dossier à l'école. Alors, il y aura eu déjà un certain nombre de
choses qui auront pu être dépistées auprès des enfants, et ça va favoriser la transition scolaire
harmonieuse des enfants. Et, lorsqu'on parle de... Le dossier de l'enfant, ce
n'est pas un bulletin, là, on n'est pas dans
la scolarisation précoce non plus, c'est vraiment en ce qui a trait au
développement des enfants, et, je pense, c'est important de le rappeler,
le dossier, en bout de piste, appartient aux parents.
J'en ai parlé
un petit peu tantôt dans une réponse que j'ai donnée, l'évaluation de la
qualité. Maintenant, tous les services de garde régis seront soumis à
l'évaluation de la qualité, et c'est justement pour qu'on puisse apporter des améliorations dans l'ensemble des services, et
évidemment le personnel, la direction des services de garde et les
parents seront impliqués dans ce processus-là.
On a parlé
également que l'on allait sanctionner les comportements abusifs envers les
enfants dans l'ensemble des services
de garde, des comportements qu'on ne peut plus accepter en 2018 et qui sont
sévèrement sanctionnés en vertu du projet de loi n° 143, qui est
devenu une loi maintenant.
Aussi, dans
toute la question de l'organisation des services de garde au Québec, parce
qu'on souhaitait, oui, dans le projet
de loi, améliorer la qualité des services, favoriser la réussite éducative des
enfants, assurer des environnements plus
sécuritaires à nos enfants, mais aussi assurer la pérennité du réseau, le
développement du réseau, alors nous avons élargi la composition des comités consultatifs régionaux, parce que
dorénavant tous les projets sont soumis aux comités consultatifs régionaux. Notamment, les services de
garde non subventionnés, les projets de garderies non subventionnées sont soumis aux comités consultatifs régionaux,
qui sont évalués en fonction de critères en ce qui a trait à la qualité du
projet, à la pertinence du projet, à
la faisabilité du projet, et c'est une évaluation un peu par les pairs, par les
autres représentants du réseau, que
ce soient les CPE, la garde en milieu familial ou les garderies privées
subventionnées, mais également par des
acteurs locaux. Notamment, ce que j'ai fait ajouter aux comités consultatifs
par un amendement, c'est des membres qui
représentent une association de développement économique local, parce qu'on ne
veut pas que ce soit statique dans le temps. Et il peut y avoir une
entreprise qui vient s'établir, ça va mettre de la pression sur l'ensemble des
services, des besoins. Alors, il faut
pouvoir, justement, mieux planifier le développement du réseau, et c'est
pourquoi on a fait ça, et je pense que ça a été très, très bien reçu.
Et également,
dans une perspective de faciliter la vie des parents, nous avons rendu
obligatoire, pour l'ensemble des services
régis, l'adhésion au guichet unique. Alors, maintenant, il y aura une seule
place pour les parents, une seule porte d'entrée pour avoir accès au réseau. Ça va beaucoup simplifier la tâche
des parents, qui avant devaient cogner à plusieurs portes, s'inscrire sur plusieurs listes, faire
plusieurs démarches et perdre beaucoup de temps pour pouvoir obtenir une
place, qu'elle soit en installation ou en
milieu familial. Alors, dorénavant, il va y avoir cette obligation-là pour
l'ensemble des services d'être sur le
guichet unique dès le 1er septembre prochain. Je pense que c'est une bonne
nouvelle pour les parents, et ça va
nous permettre également, il faut le dire, comme ministère, d'avoir une
information encore plus précise, plus fine sur les besoins réels des parents en ce qui a trait à la demande. Alors,
dans notre planification de notre offre de services diversifiés sur le
terrain, ça va nous aider grandement à faire nos annonces et à planifier nos
travaux en conséquence, M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie, M. le ministre. Vous comprenez que vous avez dépassé votre temps, il sera pris sur votre prochain bloc, O.K.? Maintenant,
je reconnais la députée de Louis-Hébert pour votre première intervention. Vous
disposez d'environ 17 minutes. C'est à vous.
Mme Guilbault : Merci. Merci,
M. le Président. Alors, moi, je vais
y aller aussi d'un sujet qu'on a souvent abordé, que ma formation politique
a souvent abordé et que j'ai moi-même aussi eu l'occasion d'aborder, c'est
cette fameuse contribution additionnelle pour frais de garde d'enfants,
communément appelée la taxe famille, dont on a discuté, d'ailleurs, récemment, là, au cours d'une motion qui avait été
présentée. Cette contribution-là additionnelle pour frais de garde, on
le sait, nous, on l'a dénoncée à répétition
depuis qu'elle a été instaurée en 2015. Et donc, c'est ça, elle est entrée en
vigueur pour l'année d'imposition 2015, et seulement
pour cette année d'imposition 2015, elle a permis à l'État d'engranger
des revenus de 107 millions de dollars qu'il est allé chercher dans les poches de 146 000 familles. Et, pour l'année
d'imposition suivante, en 2016, on parle de
revenus de l'État de 150 millions qu'il est allé chercher dans les poches
de 141 000 familles.
C'est donc
énorme, on le sait. Ces gens-là se sont retrouvés déstabilisés, d'un point de
vue financier, du jour au lendemain,
alors qu'on leur avait promis, hein... parce qu'on peut le rappeler, je pense,
le contexte électoral de 2014 où le Parti
libéral s'est engagé à augmenter les tarifs de services de garde qui seront indexés
à compter de 2015, ce qui évitera aux familles le choc tarifaire annoncé
par le PQ. Donc, le Parti libéral s'est engagé à ne pas augmenter les frais de
garde d'enfants au-delà de l'indexation
normale et, malgré tout, y est allé de cette taxe famille en 2015. Donc, ça a
forcé les gens, certaines familles
qui ont été aux prises avec cette contribution additionnelle, à conclure des
ententes avec Revenu Québec pour être
capables d'assumer ce choc tarifaire qui leur a été infligé du jour au
lendemain. Et, pour l'année d'imposition 2015, on parle de 6 073 contribuables qui ont dû conclure une
entente avec Revenu Québec; pour l'année suivante, 2016, 3 141 contribuables qui ont dû conclure une
telle entente avec Revenu Québec. Et donc on parle de près de 10 000
personnes qui ont dû conclure cette
entente avec Revenu Québec pour être capables de survivre à ce choc tarifaire
qui leur avait été infligé par le gouvernement libéral. Et là on ne
parle pas de tous ceux qui ont dû porter, par exemple, le paiement supplémentaire sur une marge de crédit ou qui ont
dû contracter une autre forme d'emprunt ou d'accommodement monétaire
pour être capables d'absorber ce choc, ce fameux choc tarifaire.
Alors,
j'aimerais savoir qu'est-ce que le ministre a à répondre à ces parents, parce
que moi, je parle évidemment à beaucoup de gens, comme tout le monde
ici, et je peux vous dire que le mécontentement est manifeste, est palpable, persiste, malgré qu'on
est à la troisième année depuis l'instauration de cette taxe famille, et les gens
continuent de trouver que ça n'a
aucun sens d'avoir instauré cette contribution additionnelle alors qu'on leur
avait promis le contraire durant la campagne électorale.
Donc, j'aimerais savoir : Est-ce que, d'une
part, le ministre reconnaît que son parti a infligé un choc tarifaire brutal aux familles, d'autant plus brutal,
justement, qu'on leur avait promis le contraire? Et qu'a-t-il à répondre aux
parents qui peinent à assumer ce supplément financier important qu'on leur a
demandé du jour au lendemain?
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. J'invite M. le ministre.
• (10 h 40) •
M. Fortin (Sherbrooke) : Merci
beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, lorsqu'on parle de la contribution
additionnelle des parents, lorsqu'on dit «c'est plus de revenus pour l'État»,
c'est davantage d'argent pour les services subventionnés
parce que l'argent qui est perçu en termes de contribution additionnelle ne va
pas dans le fonds consolidé du gouvernement,
mais dans le fonds du développement des services éducatifs à l'enfance. Alors,
c'est de l'argent qui est réinvesti
dans les services subventionnés au Québec, donc dans les services directement
aux enfants. Ça, je pense qu'il faut le rappeler.
Alors,
pourquoi on a fait ça également, M. le Président, c'était justement pour
assurer le développement du réseau, assurer
la pérennité de nos services de garde à travers le Québec, et on l'a fait,
justement, en voulant le moins possible toucher aux parents qui sont les plus vulnérables de notre société.
Alors, oui, il y a une contribution additionnelle qui a été demandée à certains parents parce qu'ils ont un
revenu plus élevé. Parce qu'il faut le rappeler, M. le Président, c'est
que, malgré la modulation des tarifs, il y a encore 34 % des familles qui
paient uniquement le tarif de base au Québec et il y a 60 % des familles qui paient moins de 9 $, alors que le
gouvernement précédent proposait d'augmenter tout le monde à 9 $.
Alors, la grande majorité des familles paient, encore aujourd'hui, moins de
9 $. Alors, ça, il faut le rappeler.
Et il faut
rappeler également quelle est la contribution des contribuables, et les parents
sont aussi des contribuables au
Québec, M. le Président. Lorsque le réseau a été instauré en 1997, le tarif
était à 5 $. Qu'est-ce que ça représentait, le 5 $? C'était 20 % du coût réel. Bien,
aujourd'hui, malgré la modulation, c'est toujours 20 % du coût réel que
paie le parent. Alors, les Québécois,
les contribuables font encore un effort qui est assez important et paient
80 % de la facture. Alors, ça aussi, je pense qu'il faut le
rappeler, parce qu'il y a une limite à ce qu'on peut demander également à
l'ensemble des Québécois. C'est un programme
qui est généreux, je pense, qui est nécessaire au Québec, mais il y a des coûts
également qui viennent à ça, parce que ce
n'est pas gratuit, il y a des frais, et il faut justement s'assurer que le
réseau puisse offrir des services de qualité et continue de se
développer. Et, lorsqu'on parle, justement, de la prévisibilité pour ces
parents-là, il y a des outils également qui
sont à leur disposition, notamment sur les sites Internet, pour savoir quel
sera le coût réel d'une place en fonction du tarif et de leur revenu
familial, M. le Président.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Mme la députée de Louis-Hébert.
Mme Guilbault : Merci. Je
voudrais rappeler au ministre que, oui, l'argent est réinvesti, mais par
contre, cet argent-là, ils sont venus le
chercher. Il me dit : Ce n'est pas des revenus pour l'État, ça va au
fonds, mais cet argent-là, ils viennent le chercher dans les poches des
familles. Et, pour une famille, quand on vient lui prendre 1 $, elle se
trouve dépourvue de ce dollar-là pour être
capable d'assumer son train de vie. Alors, je vois mal comment il veut
justifier cette ponction-là importante qu'ils sont venus prendre à
l'encontre de leur propre promesse et qui a obligé plusieurs familles, là — je vous l'ai dit, 146 000 familles,
141 000 l'année suivante — à contracter une entente avec Revenu
Québec ou à contracter une autre forme d'emprunt
pour être capables d'assumer le choc, donc à prendre des dispositions financières, budgétaires soudaines, inhabituelles,
humiliantes dans certains cas, pour certains, probablement, parce que, quand tu en es réduit à devoir contracter une
entente avec Revenu Québec, ce n'est, en quelque part, pas
nécessairement aisé ou, en tout cas, intéressant pour la personne qui en est
réduite à le faire.
Mais je
voudrais aussi attirer son attention sur la conjoncture plus large, et là je
n'ai pas beaucoup de temps, donc je
vais y aller en résumé, mais de façon générale, les familles sont extrêmement
taxées depuis les 15 ans de gouvernance libérale. Le revenu disponible par habitant au début du règne libéral en
2003, on était, au Québec, au troisième rang et on est passés,
15 ans plus tard, au 13e rang. Et je voudrais juste rappeler au
ministre que — statistique
très récente, 13 mars 2018 — le
revenu du marché moyen d'un couple avec enfants, le Québec est au 10e rang
des provinces canadiennes. Donc, si le
ministre, peut-être, à ce jour, n'était pas encore conscient du fait que
l'érosion du pouvoir d'achat des familles a causé beaucoup de tracas et de désagréments aux contribuables québécois,
j'aimerais l'en informer et j'aimerais qu'il soit peut-être sensibilisé au fait que cette
contribution additionnelle qui a été demandée aux parents depuis 2015 pour
services de garde — je le rappelle, à l'encontre de la promesse
que son propre premier ministre avait faite durant la campagne — est préjudiciable pour de nombreuses familles
au Québec. Alors, je constate qu'il n'a pas de réponse, nécessairement, à
donner là-dessus, mais je voudrais lui rappeler...
Une voix :...
Mme Guilbault :
Bien, c'est-à-dire que je constate qu'il ne reconnaît pas, en soi, le choc
tarifaire que je dénonce, que j'ai dénoncé dans ma première
intervention, mais je veux l'assurer que, pour les familles qui sont chez eux
et qui doivent payer, c'est effectivement un choc tarifaire.
Mais je vais
passer tout de suite à un autre sujet parce qu'évidemment le temps, comme je le
disais, est limité. Sur la question
des horaires atypiques, qui est une autre question qui nous tient beaucoup à
coeur, qui me tient à coeur et qui tient à coeur à ma formation politique, les horaires
atypiques, on le sait, ne sont pas fréquents, ne sont pas offerts dans
plusieurs endroits dans le réseau actuel des
services de garde au Québec. Et je pense que, l'automne dernier... En fait, je
sais que j'avais abordé la question
l'automne dernier. Je pense que le ministre avait fait preuve d'un intérêt,
voire d'une ouverture sur cette
question-là. Alors, je voudrais voir avec lui est-ce qu'actuellement il est
possible... Parce que, quand on regarde des statistiques qui sont dans le cahier des crédits, on constate que, par
exemple, il y aurait seulement 10 installations de CPE qui offriraient des horaires atypiques de soir, dans
la catégorie précise de soir, sur un total de 1 000 quelques
installations. C'est très peu. Et là je
pourrais y aller avec l'ensemble des statistiques sur les horaires considérés
atypiques, mais au total, c'est donc très peu.
Alors,
j'aimerais savoir qu'est-ce que le ministre fait pour essayer d'élargir cette
offre d'horaires dits atypiques dans
les services de garde du Québec. Et peut-être, une sous-question plus précise,
a-t-il même le pouvoir d'imposer des heures d'ouverture dans le réseau?
Et jusqu'où va ce pouvoir, justement? Et de quelle manière compte-t-il en user,
si tel est le cas?
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. J'invite M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui, je vais revenir à la question sur tous les
services de garde avec horaires atypiques, mais je vais revenir sur le préambule de la députée de Louis-Hébert
parce qu'elle a affirmé beaucoup de choses. Alors, il faut juste aussi rappeler aux parents, concernant
les tarifs pour les services de garde subventionnés, que ce sont pour
des services qui sont donnés à leurs
enfants. Je pense qu'ils en sont conscients également. Ils apprécient la
qualité des services qu'ils reçoivent au Québec, M. le Président.
Je veux
rappeler à la députée de Louis-Hébert que les familles qui ont un revenu
familial jusqu'à 130 000 $ ont le pouvoir d'achat le plus généreux au Canada également et que les
Québécois ont le panier de services, en termes de politique familiale, également le plus généreux au Canada.
Alors, il faut voir également ce qu'on paie mais ce qu'on reçoit, parce qu'ailleurs au Canada ce n'est pas le cas, et les
tarifs de garde, malgré la modulation, demeurent également plus
abordables que dans la moyenne canadienne.
Moi aussi, je
suis un jeune parent et, comme tout le monde, j'ai des comptes à payer à la fin
du mois. Et on est conscients que les
familles ont besoin d'air, et c'est pourquoi, dans la mise à jour économique de
novembre dernier, bien, on a
justement donné une réduction fiscale aux familles — par exemple, une famille qui a un revenu
familial de 90 000 $ va avoir
une baisse d'impôt de 1 000 $, c'est de l'argent de plus dans leurs
poches — qu'on a
donné 100 $ par enfant pour le matériel
de la rentrée scolaire parce qu'on sait que le mois de septembre et le mois
d'août, où on doit débourser pour la fourniture
scolaire, bien, c'est un mois qui met de la pression sur le budget des parents.
Alors, on est tout à fait conscients de ça, on vit également cette réalité-là, alors c'est pourquoi qu'on a aidé
également les parents à pouvoir rencontrer leurs obligations
financières, M. le Président.
Pour ce qui
est des horaires atypiques, effectivement, c'est une question à laquelle je
suis très sensible, et c'est une demande
qui nous est souvent formulée dans la population. La députée de Louis-Hébert a
certainement constaté que, dans le
budget, il y avait des sommes qui étaient prévues pour un projet pilote pour
des services de garde avec horaires atypiques. Et pourquoi qu'on veut y aller comme ça? Parce qu'on est tout à fait
conscients... Elle nous parlait des CPE tantôt. J'ai eu beaucoup de discussions avec plusieurs directions
de CPE, et l'enjeu d'offrir des horaires atypiques dans les centres de
la petite enfance, c'est de constituer une
masse d'enfants qui est critique pour offrir les services parce que, lorsqu'on
a un horaire atypique, on n'a pas
tous le même horaire. Alors, la formule du 8 à 5 est encore assez répandue au
Québec, là, mais elle l'est de moins
en moins. Mais, lorsqu'on a un horaire atypique, bien, des fois, c'est de 9
heures à minuit, des fois c'est de
minuit à 8 heures du matin, des fois c'est du lundi au vendredi, des fois c'est
du mercredi au dimanche, alors très difficile
pour les installations de constituer des groupes pour offrir des services,
justement, aux parents. Même s'il y a eu
des incitatifs dans le passé pour le faire, il n'y avait pas, justement, cette
masse-là critique qui était rencontrée. Alors, ce qu'on souhaite faire, c'est justement développer un projet pilote,
notamment avec des organismes, avec des entreprises d'économie sociale,
qui vont pouvoir offrir aux parents des services de garde atypiques. Ça
pourrait même se faire à domicile, à domicile de ces parents-là, parce que,
pour quelqu'un qui travaille de nuit, par exemple... va certainement préférer que son enfant soit gardé dans sa propre
maison, dans sa propre chambre que d'aller dans une installation. Alors,
on est en train de finaliser ce projet pilote là et on souhaite pouvoir lancer
un appel de projets assez rapidement.
Et, pour ce
qui est des projets plus conventionnels, la députée aura certainement noté mon
intérêt pour les services de garde en milieu de travail. Alors, même
l'annonce que nous avons faite pour l'appel de projets de 2 000 places, je
l'ai faite dans un service de garde, dans un CPE chez Ericsson, à Montréal, qui
est un CPE en milieu de travail, et là, habituellement,
on a un horaire qui est adapté à l'horaire des parents, et en vertu de leur
politique d'admission, ils privilégient les enfants des employés. Alors,
c'est une bonne façon, justement, d'avoir des horaires atypiques, de concilier
la vie familiale. Je vois la députée de Richmond, on a fait une annonce,
récemment, ensemble chez Acier Orford, dans sa circonscription, pour un CPE également en milieu de travail. Alors,
lorsque ces possibilités-là se présentent, justement, on va les
favoriser parce que, oui, c'est une bonne façon de concilier la vie familiale
et les obligations professionnelles, M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. Mme la députée de Louis-Hébert.
Mme Guilbault :
Oui, merci. Dans les chiffres qu'on a ici, qu'on nous a envoyés, là, dans le
cahier des crédits, on a les données pour 2015‑2016. Alors, est-ce que
le ministre a les données pour 2017? En fait, est-ce que, pour l'année 2016‑2017, à sa connaissance, les données
qu'on a pour 2015‑2016 ont augmenté ou ont relativement stagné?
Le
Président (M. Matte) : M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, les données qui ont été distribuées, qui ont été données à la députée
de Louis-Hébert sont les données les plus récentes dont nous
disposons, M. le Président. Alors, éventuellement, s'il y
a des données qui sont plus récentes... Et on m'inscrit ici
qu'on devrait avoir les résultats à l'automne 2018, donc, cet automne, il me fera plaisir de lui acheminer ou de
les acheminer à la commission, M. le Président.
• (10 h 50) •
Le
Président (M. Matte) :
C'est bien. Vous allez les acheminer à la secrétaire de la commission
pour qu'on puisse les transmettre. Mme la députée de Louis-Hébert.
Mme Guilbault : Parfait, merci. Je vais maintenant
aborder... Dans la foulée du projet
de loi n° 143, il y a plusieurs choses qui avaient été abordées, évidemment, mais je voudrais
attirer l'attention du ministre sur le point précis des comités consultatifs dont on avait parlé et qui sont prévus dans le projet de loi. Il était question d'ajouter un
membre représentatif des associations
de garderies privées, entre autres choses, et je sais qu'il est prévu que ce
membre-là doit être désigné par l'organisation
la plus représentative du secteur. Ma question est donc... Parce que je
rencontre plusieurs directrices de garderies,
plusieurs associations, et tout ça, en tout genre, et je me demandais de quelle
façon... Est-ce que le ministre s'en remet
à l'association en question pour désigner ce membre-là de la façon qui lui
convient? C'est-à-dire, est-ce l'association est tenue de faire savoir, parmi l'ensemble de ses membres, qu'une place
est à combler? Est-ce que les gens intéressés peuvent se manifester ou, au final, on se dit que c'est essentiellement
le représentant de l'association ou un membre de l'exécutif de l'association qui va être désigné d'office sur ce comité?
Parce que, moi, ce que j'ai entendu, c'est que des gens se demandaient : Est-ce que je vais pouvoir,
moi, siéger éventuellement sur un de ces comités?, et ils n'avaient
entendu parler de rien, alors je voudrais
juste savoir quelle est la procédure prévue, à la connaissance du ministre et
est-ce qu'il a même la moindre influence ou la moindre intervention dans
cette façon de faire.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, tel qu'on l'a discuté lors de l'étude détaillée
du projet de loi n° 143, c'est les associations qui sont les plus représentatives. Et on a eu les listes de
membership pour pouvoir, justement, déterminer quelles sont les associations les plus représentatives, et à partir de
là, bien, il appartient à ladite association de déterminer la personne
qui siégera au comité consultatif régional. C'est comme ça que ça fonctionne.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Ça termine le temps qui
vous est alloué. J'invite le député d'Orford.
M. Reid :
Merci, M. le Président. Comme l'a fait, tout à l'heure, le député de Mégantic,
je peux témoigner, pour ma part, de la différence exceptionnelle, là,
qui existe entre les conditions pour la garde d'enfants depuis une période lointaine où j'ai eu ma première famille et une
période plus récente, il y a 10 ans, où j'ai eu un fils, et qu'entre les
deux il n'y a absolument rien de comparable
du point de vue des conditions de jeune famille. On était une jeune famille
dans les années 70, ce n'était plus une
jeune famille récemment, mais il est clair que toutes les conditions, et en
particulier les conditions
financières, sont incomparables. Et je pense que ça continue aujourd'hui, parce
que j'ai aussi un petit-fils, ma fille la plus vieille a un fils qui a
maintenant un an et demi, et c'est clair que le Québec a changé, le Québec est
dans une position favorable importante.
Étant
donné que mon fils a fréquenté une garderie privée, je dois dire que, tout à
l'heure, j'ai sursauté un peu en dedans
de moi-même quand j'ai entendu ma collègue de Joliette dire qu'il y avait une
différence énorme — et elle
a insisté sur le mot «énorme» — de qualité entre les deux réseaux. Et je
sais que ce n'est pas intentionnel de vouloir mettre de côté ou de vouloir dire quelque chose qui pourrait être
interprété comme discriminatoire ou démobilisateur pour toutes ces femmes qui travaillent dans des garderies ou des
services de garde privés, majoritairement des femmes, et qui s'occupent avec amour et avec compétence de nos enfants. Et
mon expérience à moi, notre expérience familiale à nous, c'est un
service de garde privé à Omerville, qui est pourtant un quartier pas très riche
de Magog, et dans lequel notre fils a eu une expérience
de vie extraordinaire et qui l'a préparé de façon fantastique à l'école
primaire, où même à l'école primaire, au début, on a dû faire... prendre quelques mesures pour être sûrs que,
durant sa maternelle — il en avait déjà fait une bonne partie, finalement, en garderie — qu'il puisse garder son intérêt. Et il termine
maintenant, dans quelques mois, son primaire et il s'en va au
secondaire, et ça a été une très, très, très belle étape de sa vie.
À
chaque fois que, dans mon comté il y a des gens qui viennent pour les garderies
publiques et qu'ils disent... ils commencent
à dire : Les garderies privées, ce n'est pas bon, je fais ce que je viens
de faire, mais avec aussi... je prends un peu plus de temps, même, de donner des détails quand c'est dans mon
comté et que les gens connaissent cette garderie-là. Il y a des
affirmations que je comprends. La
députée de Joliette,
je la comprends, je la connais depuis longtemps, je sais qu'elle
n'a pas fait ça pour discriminer ou pour démobiliser les personnes, mais je pense
qu'à chaque fois qu'on mentionne des différences entre les deux réseaux il
faut faire attention, il faut peut-être prendre... faire une petite attention
de le dire : Ce n'est pas le cas de tout le monde, etc., tout ce qu'on voudra, mais pour ne pas donner l'impression que
c'est une discrimination que l'on fait
parce que juste... on appartient à un réseau plutôt qu'à un
autre, et, je trouve, c'est très important. Et l'amour, l'amour qu'on a connu, qu'on a vu, là,
de ces femmes-là envers notre fils et envers les amis aussi de notre
fils, c'est quelque chose qui est
exceptionnel et, pour moi, c'est un souvenir fantastique qu'on n'a pas pu
connaître, évidemment, quand on avait nos filles dans les
années 70.
Moi, je vais revenir un
petit peu à l'essentiel des crédits qui est lié aux décisions budgétaires, et
je voudrais peut-être que M.
le ministre puisse nous expliquer un petit peu plus concrètement ce qu'il en est. Le gouvernement a déposé son
quatrième budget consécutif avec le ministre des Finances, et on
dit du budget qu'il est axé sur les familles, et ceci, pour des bonnes raisons. Le plan économique
de mars 2018 dépose en effet des mesures qui feront une différence dans
la vie des familles : des services de
qualité, un accès plus facile à ces services, du temps de qualité, un meilleur
soutien et l'amélioration de leurs déplacements aux familles et l'augmentation de leur niveau
de vie grâce à une économie plus forte. Si on regarde aussi, pour faire des grandes lignes, on trouve, dans le
Portail Québec... on dit, en vue d'améliorer la qualité de vie des jeunes familles : «Plusieurs
mesures sont prévues dans le plan économique
du Québec pour permettre aux familles d'avoir
davantage de temps et d'augmenter leur niveau de vie. Ces mesures se traduisent
par une aide fiscale additionnelle de plus de 800 millions de
dollars sur cinq ans...»
Alors,
M. le ministre, j'aimerais peut-être que vous nous brossiez un portrait, mais
pas juste un portrait global, un portrait avec un certain nombre de
détails, un peu plus de détails que juste les grands énoncés sur qu'est-ce
qu'il y a de concret pour nos familles et comment ce budget va changer la vie
de tous les jours de plusieurs familles. Et aussi, évidemment — c'est
une préoccupation qui est beaucoup plus courante qu'elle ne l'était peut-être
dans les années 70, mais qui,
depuis déjà 20 ans, est extrêmement importante — quelles mesures du budget permettront aux
familles de concilier plus facilement
leurs responsabilités professionnelles et leurs responsabilités familiales? On
sait de quoi on parle, parce que vous
avez, de votre côté, M. le ministre, quatre enfants; moi, j'en ai un, mais je
ne le vois pas beaucoup, et il est en garde partagée en plus, donc c'est assez compliqué. Mais qu'est-ce qu'on a de
plus pour les jeunes familles, même si la mienne n'est pas jeune?
Le Président
(M. Matte) : Merci, M. le député. J'invite M. le ministre.
• (11 heures) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Votre famille est quand même jeune, M. le député
d'Orford. Écoutez, effectivement, on a déposé un budget, je pense, qui
est un exemple de saine gestion, un quatrième budget équilibré. Donc, les choix
que nous faisons, on ne les met pas sur la
carte de crédit de nos enfants, hein? Les choix qu'on fait aujourd'hui, on
les paie, on les assume. Alors, moi, comme
père de famille, moi, je peux vous dire que je suis fier des réalisations de
notre gouvernement parce que je suis capable
de regarder mes enfants dans les yeux et de leur dire qu'on va leur laisse un
État qui est en bonne santé financière,
qu'ils seront, eux aussi, libres de faire leurs propres choix dans l'avenir. Et
non seulement on n'en met pas davantage sur la carte de crédit des
enfants, mais on la libère également parce qu'on a un plan de remboursement de la dette de 10 milliards de
dollars sur cinq ans qui va nous permettre d'économiser 1 milliard de
dollars, avec lesquels on va pouvoir, justement, réinvestir dans nos services à
la collectivité.
Alors,
le député d'Orford, je pense, a touché un bon point. Je pense qu'une des pièces
centrales du budget qui a été déposé
par notre collègue le ministre des Finances est un budget qui souhaite donner
plus de temps aux familles. Parce que
moi, je peux vous dire que, comme jeune parent, effectivement, là, il y a
toujours la question de l'argent, puis tout le monde a des comptes à payer à la fin du mois, mais tout le monde est
essoufflé par le rythme de la vie. Et puis on a des enfants, on souhaite les voir le plus souvent
possible, on souhaite passer de bons moments, des fois il y a des
impératifs et puis il y a certaines
activités qu'on manque, qu'on ne voudrait pas manquer. Comme, moi, aujourd'hui,
c'est le spectacle de finissants de
mon fils de sa classe de prématernelle, il va faire son spectacle probablement
dans quelques minutes, j'aurais bien
aimé être là, mais ce n'était pas possible parce qu'on est ici aujourd'hui pour
faire cet exercice qui est essentiel. Mais on souhaite le plus possible
que les parents puissent avoir ces bons moments avec leurs enfants, alors on s'est
donné les moyens, justement, d'offrir plus
de temps aux familles. On a réitéré, dans le budget, la volonté du gouvernement
de revoir toute la question des normes du travail par le projet de loi
qui a été déposé par notre collègue la ministre du Travail, d'offrir plus de flexibilité avec le Régime
québécois d'assurance parentale, projet de loi, encore là, qui a été déposé
par notre collègue le ministre de l'Emploi
et de la Solidarité sociale. Et, dans le budget, bon, on dit : On souhaite
aller encore plus loin. Il y a pour
7,3 millions de dollars d'investissements pour des mesures visant à faciliter la conciliation famille-travail-études. J'ai parlé un petit peu tantôt du
projet pilote pour les services de garde avec horaires atypiques, alors
je ne veux pas revenir là-dessus, mais je pense que ce sera un élément
grandement apprécié par les familles du Québec. Il y a également,
de ce 7,3 millions de dollars là, un 2,5 millions pour accroître
l'offre de services pour les services de garde lors de la relâche scolaire, lors des vacances estivales. Bien, c'est
des moments qui sont très attendus par les enfants, par les parents également, mais des fois ça se transforme un petit peu en
casse-tête parce qu'on ne réussit pas
nécessairement à avoir les vacances en même temps que ces congés-là, alors il
faut pouvoir offrir des services à ces parents-là.
Également,
dans le budget, M. le Président, il y avait une mesure excessivement
importante, je l'ai effleurée dans mes
remarques d'introduction, c'est toute la question de l'accès aux services de
garde éducatifs pour les enfants en milieu défavorisé. Alors, depuis
1997, pour certains enfants dont les parents sont soit à l'aide de dernier
recours ou dans des programmes de
réinsertion en emploi, c'étaient deux journées et demie gratuites par semaine.
Et ce qu'on souhaite, c'est que ces
enfants-là... parce que, dans les données que nous avons, notamment de
l'Observatoire des tout-petits, on voit que ce sont ces enfants-là qui fréquentent le moins les services de garde
éducatifs et on souhaite qu'ils puissent y aller pour pouvoir également se développer et,
éventuellement, avoir une transition vers l'école qui sera la plus harmonieuse
possible. Alors, en ce sens-là, on a voulu
faire tomber une des barrières... ce n'est pas la seule, hein, il y en a
d'autres et on y travaille, justement,
avec notre collègue la ministre déléguée aux Services sociaux, mais il y a la
barrière du coût. Alors, on a voulu rendre
les services complètement gratuits pour cinq jours pour ces enfants-là, et le
budget nous a permis d'avoir des sommes supplémentaires pour devancer la mesure qui, initialement, était prévue
pour 2020, et là elle sera en vigueur dès cet été, alors dès la rentrée. Je pense que ce sera une
bonne nouvelle pour ces enfants qui vivent dans les milieux défavorisés.
Alors, ça va permettre également à certains
enfants d'y avoir accès qui n'y avaient pas accès. Parce que,
présentement, il y a 11 000 enfants
dont les parents étaient exclus, pour deux journées et demie par semaine, de la
contribution parentale, et on
souhaite que... avec cette mesure, on va augmenter le nombre d'enfants à
22 000. Alors, ça, je pense que ça serait une très, très bonne
nouvelle, ça démontrerait que la mesure fonctionne réellement.
Alors,
oui, il y a la possibilité d'avoir accès aux services, mais on souhaite
également que les enfants qui y sont présentement
puissent y rester. Moi, j'ai eu une discussion avec une directrice de CPE dans
ma circonscription qui a une vingtaine
d'enfants, présentement, pour lesquels les parents sont en partie exclus de la
contribution parentale, et elle disait : Même les deux journées et demie par semaine, pour certains parents,
c'est difficile à payer, et puis on essaie de développer une entente de paiement, mais évidemment ces gens-là
sont à très faibles revenus, alors ce qui arrive, c'est qu'éventuellement
ils ne sont pas capables de nous payer, ils
deviennent gênés, ils deviennent mal à l'aise qu'on leur répète sans cesse,
alors ça fait en sorte que l'enfant quitte
le centre de la petite enfance — et ce n'est vraiment pas ce qu'on
souhaite — soit le
centre de la petite enfance ou les autres services qui sont non subventionnés.
Alors, on souhaite que ces enfants-là puissent y demeurer, et, en ce sens-là,
je pense que c'est une mesure très, très importante qui s'est retrouvée dans le
budget.
Comme vous
savez, d'ici quelques années, toute la question de l'entente avec la fondation Chagnon pour Avenir d'enfants va venir à échéance, et on souhaite
assurer une prévisibilité pour les organismes qui bénéficient, justement, du financement d'Avenir d'enfants, et, en ce sens-là,
on a prévu des sommes de 45 millions sur trois ans dès l'année où le partenariat sera fini. On a dit : Bon, on va
avoir de l'argent pour continuer à soutenir des projets en termes, notamment,
de concertation régionale ou locale pour des projets qui sont destinés à la
petite enfance. Je peux vous dire que ça aussi, M. le Président, ça a été bien
reçu.
Évidemment,
on en a parlé un peu plus tôt, il y a toute la question du crédit d'impôt remboursable
pour les services de garde, qui va faire une différence également dans
les poches des parents parce que le crédit n'avait pas été indexé depuis 2009. Alors, pour les familles, cette
mesure-là va représenter un gain financier de 130 $ à 375 $ par
année, selon le revenu. Et évidemment
le plafond a été davantage rehaussé pour les parents dont l'enfant vit avec un
handicap et est en service de garde
non subventionné. Et on sait, souvent, que ces services-là sont plus onéreux parce que,
bon, évidemment, il y a plus de ressources qui sont impliquées, alors,
pour ces parents-là, le crédit d'impôt, il est plus généreux, et le gain
minimal pour ces parents-là, en vertu de la
mesure du budget, c'est un minimum de 520 $ et ça peut atteindre
1 500 $. Et, encore là, pour les
enfants handicapés également, le crédit sera indexé chaque année, alors il y a
une prévisibilité qui est offerte aux services de garde et aux parents également
de ce côté-là.
Et il y avait une mesure excessivement intéressante
dans le budget, M. le Président, pour les jeunes familles qui font
l'acquisition de leur première propriété. On sait que ça aussi, ça coûte cher
acheter une maison. Et non seulement la maison
coûte cher, mais les services qui entourent l'achat de la maison, ça coûte cher
également. J'espère qu'il n'y a pas trop de notaires dans la salle, mais les frais de
notaire, ça peut coûter cher, les frais d'inspection, ça peut coûter cher également,
et il y a la taxe de bienvenue, tout dépendamment de la municipalité. Alors, il y aura des éléments qui seront admissibles au crédit
d'impôt, puis ça va faire en sorte que les familles vont pouvoir avoir un
allègement fiscal allant jusqu'à 1 376 $, ce qui n'est quand même pas
rien, et ça devrait profiter à 47 000 familles. Alors, on souhaite
que les familles puissent devenir
propriétaires, également puissent construire ce rêve-là d'avoir sa propre
maison, d'avoir sa propre habitation, et, en ce sens-là, je pense que
c'est une bonne mesure.
Puis une fois qu'on a notre maison, bien,
souvent on veut y faire de la rénovation, puis ça aussi, ça coûte cher, M. le Président. Alors, l'autre bonne
nouvelle pour les familles dans le budget, c'est que nous avons prolongé
la vie du crédit d'impôt RénoVert, alors, pour les gens qui, oui, font la
rénovation de leur domicile et qui en plus font de la rénovation pour favoriser l'économie d'énergie de leur maison, donc,
sauver également des sous en frais d'énergie. Alors, en ce sens-là, je
pense que c'était une très bonne nouvelle.
Donc, je
pense que c'est un budget, M. le Président, qui répond à deux grandes
préoccupations des familles du Québec :
oui, d'avoir un petit peu plus d'air sur le plan financier, mais surtout
d'avoir plus de temps avec ceux qu'ils aiment. Et ça, je pense qu'on
peut être très solidaires de cette volonté-là des parents du Québec.
Le
Président (M. Matte) : Merci, M. le ministre. Je reconnais le
député d'Orford. Il vous reste quatre minutes.
M. Reid :
Quatre minutes. Merci, M. le Président. Bien, écoutez, moi, je voudrais venir
sur un élément, parce qu'on a parlé
de qualité tantôt, et il y a un élément qui m'apparaît important et nécessaire,
mais important qu'on le fasse, et il y a une annonce qui a été faite par
le ministre, je pense que c'est au mois de mars, c'est très récent, et on parle
de 2,7 millions de dollars pour
123 projets qui visent la qualité... enfin, qui s'adressent aux bureaux
coordonnateurs et qui visent d'augmenter
la qualité au niveau des garderies familiales, etc. Et, moi, à la suite de
cette annonce-là, j'ai eu une annonce
qui s'est faite de façon concrète, un des 123 projets était dans mon
comté. Et en fait ici, le 13 avril, on a annoncé : «Pour
soutenir la qualité des services de garde [...] à l'enfance offerts en milieu
familial, le gouvernement du Québec octroie
une aide financière de [15 000 $] au bureau coordonnateur du CPE
L'Enfant-Do de Memphrémagog», qui est situé à Magog, dans ma
circonscription.
Alors :
«Cette somme...» Et c'est là qu'il est intéressant de voir concrètement ce que
ça veut dire quand on met des
sous — les
millions, des fois, ça ne veut rien dire à personne — mais ici : «Cette somme permettra de
mettre en place une formation sur la
gestion du stress et la prévention de l'anxiété chez les tout-petits, incluant
une trousse d'outils aidant à réguler
les émotions. Ce soutien servira aussi à former le personnel éducateur sur la
pratique du yoga adaptée aux enfants, les
séances de modelage et le coaching individuel axé sur le développement de la
motricité globale et la gestion du stress de l'anxiété.»
Alors, moi,
dans mon communiqué de presse, dans ça, j'ai mis une citation où je dis :
«L'aide financière annoncée aujourd'hui permettra de mieux soutenir les
personnes responsables d'un service de garde en milieu familial de notre région dans leur volonté d'offrir des milieux de
vie de qualité et des activités stimulantes aux enfants qu'elles
accueillent au quotidien. Cette annonce
témoigne de l'engagement de notre gouvernement à contribuer au développement
précoce des capacités et des apprentissages essentiels pour les enfants
de notre région et de partout au Québec.»
Et
j'insiste sur cette nécessité, et je pense que tout le monde s'entend là-dessus,
que le développement précoce de ces
capacités-là est un des atouts essentiels pour préparer nos enfants dans le
monde de demain, qui est un monde qui leur
appartient, qui est très différent. Moi, je le vois même avec mon garçon de
10 ans, je vois qu'il y a une différence assez incroyable avec ma première série de... mes deux filles, qui sont
plus vieilles maintenant, et donc c'est quelque chose qui est fondamental. Donc, on s'attaque vraiment
au coeur du problème, enfin, à quelque chose qui va avoir un impact vraiment à long terme. Et peut-être, M. le
ministre, étant donné... Quand on regarde ce que ça signifie, disons,
concrètement, dans un cas concret,
2,7 millions, ça se traduit en 15 000 $, mais qui veut dire
quelque chose de très, très concret pour mon comté et pour les gens de mon comté, les enfants et les parents.
J'aimerais ça, si c'est possible... peut-être en avez-vous quelques-uns
en tête ou peut-être quelques exemples pourraient être donnés dans... peut-être
qu'il y aurait quelques personnes qui vous
accompagnent qui auraient des exemples, juste pour qu'on comprenne bien
qu'est-ce que ça veut dire «augmenter
la qualité». Ce n'est pas juste un mot en l'air, ce n'est pas juste de l'argent
qui est garroché, c'est des choses très concrètes qui ont des impacts
directs sur nos enfants.
• (11 h 10) •
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Bien, merci beaucoup, M. le Président. Puis je
pense que l'intervention du député d'Orford
démontre notre volonté, comme gouvernement, d'améliorer la qualité dans tous
les secteurs, dans tous les types de services de garde, incluant la
garde en milieu familial, M. le Président, qui est régie par un bureau
coordonnateur. Et il y a des services de
qualité qui se donnent là. Moi, mes enfants sont allés dans un service de garde
en milieu familial régi, et on avait
une éducatrice qui était exceptionnelle, que les enfants apprécient encore
beaucoup aujourd'hui. Même s'ils ne
sont plus dans ce service de garde là, on essaie de garder le contact. Alors,
il y avait une belle proximité, et c'était vraiment des services de
qualité.
Mais on souhaite toujours améliorer la qualité
partout, et effectivement ce 2,7 millions là, ça se traduit quand même par beaucoup de sous pour les différents
bureaux coordonnateurs. Et, lorsqu'on souhaite améliorer la qualité des
services, ce que ça veut dire, c'est un petit peu comme les appels de projets
que nous avons ou les sommes que nous octroyons
dans les services en installation. Par exemple, on le sait que c'est important
que les enfants soient le plus tôt possible
en contact avec le livre, avec la lecture, avec l'écriture, avec les
mathématiques, alors ça va permettre, justement, à des bureaux coordonnateurs, les responsables de services de garde en
milieu familial d'organiser des activités d'éveil, justement, à la lecture, à l'écriture et aux
mathématiques. Ça, c'est une façon, également, d'améliorer la qualité des services.
Et également
une autre façon de faire ou une autre chose qui peut être faite avec ces
sous-là, c'est d'organiser des activités de rencontre pour favoriser la
transition des enfants vers l'école, notamment des enfants qui sont à l'âge de quatre ans. Alors, est-ce qu'on peut organiser une
rencontre entre l'éducatrice, le parent, la future professeure? Parce
qu'il y a beaucoup d'insécurité pour ces enfants-là qui vont aller, comme dit
mon petit Raphaël, à la grande école l'année prochaine.
Alors, c'est toute une étape pour eux autres, puis il y a un peu d'anxiété, et
il faut essayer d'aplanir ça le plus possible.
Et il y a des enfants, également, qui ont une certaine difficulté, alors est-ce
qu'on peut utiliser également ces sommes-là pour faire des plans
d'intervention individualisés? Bien, la réponse, c'est oui.
Alors, je
pense que ça démontre justement, encore une fois, notre souci d'améliorer la
qualité des services partout, M. le Président, incluant dans la garde en
milieu familial régie.
Le
Président (M. Matte) : Merci, M. le ministre. Je reconnais la
députée de Joliette pour sa deuxième intervention. Donc, c'est à vous,
vous disposez d'environ 25 minutes.
Mme Hivon :
Merci. Merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais revenir rapidement sur la
question du fait que le réseau était complété. Le ministre a dit ça tout
à l'heure, mais je me questionne quand même sur cette affirmation-là, puisqu'on voit qu'il y a plus de 30 000
personnes inscrites au guichet unique. Donc, ça ne veut pas dire qu'ils n'ont
pas une place, fort probablement qu'ils ont
une place en garderie privée à but lucratif, mais qu'ils aimeraient bien avoir
une place en CPE. D'ailleurs, mon collègue,
ici, recherchiste est dans cette situation-là. Donc, lui aussi, son enfant va
dans une garderie privée. Et, non, je n'ai
jamais dit, M. le député d'Orford, que toutes les garderies privées à but
lucratif étaient de mauvaise qualité. Lui-même a de bons services, mais
il aimerait beaucoup avoir une place en CPE. Mais connaissant le député d'Orford, qui est aussi quelqu'un de
très rigoureux et qui aime beaucoup les études, quand je fais ces
affirmations-là, je me base sur des études
sur la qualité des services qui font ressortir qu'au global les services dans
les CPE offrent une qualité beaucoup plus importante et constante que ce
qu'on voit dans le réseau des garderies privées à but lucratif, et il y a même des documents, des rapports du
ministère de la Famille à cet effet-là et de l'Institut, aussi, de la
statistique. Donc, ça, c'est quelque chose qui m'a surprise.
Puis
l'autre chose qui m'a surprise, c'est d'entendre, en répondant à ma collègue de
Louis-Hébert, que l'argent qui
provenait de la contribution supplémentaire qui était demandée, donc ce qu'on
qualifie de taxe famille, était réinvesti dans les services directement. Alors, moi, ici, j'ai, dans le budget des
dépenses — renseignements
supplémentaires, les montants, puis,
quand on regarde, il n'y a vraiment pas eu un réinvestissement équivalent à la
contribution. Et ce que ça implique
comme montant année après année, autour de 130 millions, 140 millions;
cette année, c'est 160 millions, 161 millions, je crois, que
représente cette modulation des tarifs et la contribution supplémentaire qui
est demandée aux parents. Parce qu'on regarde 2014‑2015, on parle de 2,6 milliards,
ensuite, 2015‑2016, 2,5 milliards, ensuite 2 560 000 000 $, ensuite, 2017‑2018, dépense
probable, 2 540 000 000 $, donc on a même diminué — ça, ça veut dire que les coûts de système n'étaient même pas
absorbés — puis là,
cette année, 2 650 000 000 $. Donc, par rapport à
l'année dernière, 110 millions de plus,
mais la contribution, c'est 161 millions de plus, puis ça ne tient pas
compte du fait que, les années d'avant, on diminuait même les crédits. Alors, comment le
ministre peut nous dire que l'ensemble de la somme est réinvestie dans
les services quand le budget global famille diminue?
Puis,
quand on regarde la question des services éducatifs, donc les crédits
spécifiquement pour les services de garde
éducatifs à l'enfance, c'est la même chose. En 2014‑2015, on était à 2 240 000 000 $,
et on a diminué, puis on a augmenté un peu en 2018‑2019, mais pas du
tout de la même ampleur que les contributions supplémentaires ont été
demandées. Alors, je voudrais que le ministre m'explique ça.
Le Président
(M. Matte) : Merci. M. le ministre, pouvez-vous lui expliquer?
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui, avec plaisir, M. le Président. Bien, il y a deux
éléments. Alors, sûrement que la députée
de Joliette... En ce qui a trait au fait qu'on arrive à la maturation du
réseau, on a fait une annonce... en fait, j'ai fait une annonce ce printemps où on a dévoilé les
résultats de la cartographie que l'on a faite de l'ensemble du territoire.
Chaque territoire a été identifié à savoir
s'il est en équilibre de places, est-ce qu'il est en déficit de places, est-ce
qu'il est en surplus de places. Et c'est cet outil-là qui nous aide,
justement, à déployer les services sur le terrain. Cette cartographie-là, évidemment, considère l'ensemble des places aux
permis, donc tous les services qui sont régis, M. le Président, parce
que ce sont des places qui sont disponibles,
qui sont offertes aux enfants, aux parents du Québec, et c'est grâce,
justement, à cet outil-là qu'on peut
identifier les endroits qui sont en besoin. Et où il y a des déficits de places,
bien, c'est justement là où on a
facilité certains projets, donc 92 projets sur les 275 qui étaient en cours
présentement au ministère, pour la création d'un 3 800 places, et c'est exactement, également, dans ces
endroits-là qu'on a ciblé l'appel de projets de 2 000 places parce
qu'il y a là des besoins. Alors, on souhaite avoir les places à la bonne place,
et cet outil-là nous permet, justement, de pouvoir bien faire notre travail, et
ça avait été très bien accueilli, comme annonce.
Et,
pour ce qui est de l'argent de la contribution additionnelle des parents, ce
que j'ai dit, c'est que l'argent était utilisé
pour les services de garde éducatifs à l'enfance, et c'est tout à fait le cas,
M. le Président, là. Ce n'est pas de l'argent qui va dans un fonds consolidé, qui peut aller dans n'importe quel
ministère, c'est de l'argent qui est réinvesti, qui est utilisé pour faire fonctionner les services de garde.
L'argent ne va pas ailleurs. Alors, on peut comparer des chiffres, là,
mais je peux affirmer encore ici que cet argent-là ne sert pas à autre chose
qu'aux services de garde éducatifs à l'enfance.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Bien, j'entends bien ce que le ministre dit, mais en fait ce qu'il est en train
d'admettre, c'est que c'est les
parents qui, en payant avec la contribution supplémentaire, sont en train de
financer une partie des coupes que le gouvernement
a faites, par ailleurs, sur le dos des services éducatifs. Parce que, quand on
regarde, il y a une baisse claire des
crédits qui ont été accordés. Donc, c'est très significatif. C'est en bas,
clairement, des coûts de système, parce qu'on a même réduit les crédits, donc, depuis 2014‑2015, avec un certain
rehaussement, là, dans la dernière année. Mais donc, quand on regarde les chiffres, printemps 2015, il
y a eu une coupe de 74 millions; automne 2015, on avait annoncé une
coupe supplémentaire de 129 millions,
on s'est rajusté devant le tollé, 60 millions ont été enlevés à la coupe,
mais il est resté 69 millions de
coupes. Donc, il y a eu 143 millions de coupes, puis là, dans les deux
dernières années, on a remis 47 millions.
Donc, évidemment, on est loin du compte de ce qui a été coupé. Mais là ce que
le ministre est en train de m'admettre
en plus, c'est qu'évidemment les parents sont ceux, finalement, avec leurs
contributions qui ont fait en sorte que
les crédits ont été diminués, oui, diminués, mais peut-être de manière moins
tragique ou dramatique que ce qui ne l'aurait
été s'il n'y avait pas eu ça. Donc, il est en train de nous dire que l'argent
qu'on est allés chercher dans les poches des parents, dans le fond, il a
servi un peu à éponger les coupes que le gouvernement a voulu infliger au
réseau.
Le Président
(M. Matte) : Merci. M. le ministre.
• (11 h 20) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Dans le budget 2013‑2014, c'est l'année du Parti
québécois, les totaux des crédits affectés
au fonds étaient de 2 333 000 000 $. Cette année, c'est
2 423 000 000 $, alors il y a plus de crédits du
gouvernement que lorsqu'on a pris le
pouvoir, et vient s'ajouter à ça la contribution additionnelle des parents.
Alors, il y a plus d'argent investi directement par le gouvernement pour
les services de garde éducatifs subventionnés qu'il y a quatre ans, et en plus on a la contribution additionnelle, M. le
Président — alors,
je pense que c'est ce qu'il faut dire également, il faut dire la vérité, il faut dire les chiffres tels qu'ils
sont — et ça
permet, justement, de pouvoir maintenir le réseau, continuer à le
développer puis d'assurer la qualité des services aux enfants.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Mais là, M. le Président, c'est sûr qu'il va y avoir plus d'argent parce qu'on
a annoncé 15 000 places qui
n'ont pas pu être réalisées pendant nos 18 mois, vous en êtes bien
conscient, parce qu'il n'y avait pas eu de places en CPE qui avaient été créées de manière
significative, donc j'espère que les crédits, de manière globale, devaient
augmenter par rapport à la dernière année
qu'on était là. Mais ce que je suis en train de faire ressortir au ministre,
c'est qu'il y a eu une baisse des crédits pendant les premières années
du mandat, donc 2015‑2016, 2016‑2017, et qui n'a pas du tout été correspondante à la contribution supplémentaire
qui a été demandée. Donc, dans les faits, il y a eu... Il peut bien nous
dire que cet argent-là, il est réinvesti
pour les services éducatifs. J'espère que ce qu'on va chercher dans la poche
des parents, ça ne s'en va pas pour
équilibrer d'autres budgets, j'espère. Mais ça, ça n'a pas fait en sorte que
les crédits ont augmenté, ça a fait
en sorte que ça a quand même continué à baisser et qu'aujourd'hui vous n'avez
toujours pas récupéré les coupes que vous avez faites dans les services.
Le
Président (M. Matte) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, des efforts budgétaires, il y en a eu partout à
faire, M. le Président, grâce, justement, au legs qu'ils nous ont laissé dans
les finances publiques lorsqu'on a pris le pouvoir. Alors, ils ont fait des promesses, ils n'ont pas déposé de crédits puis
ils n'avaient pas l'argent pour rencontrer leurs engagements. Nous,
l'argent qu'on dépense, c'est parce qu'on
l'a, M. le Président. Puis la vérité, c'est qu'en termes de crédits versés
directement par le gouvernement, aujourd'hui, en termes de services de
garde éducatifs, il y en a plus que lorsqu'on a pris le pouvoir, et en plus il
y a la contribution additionnelle des parents qui nous permet, justement, de
soutenir nos services de qualité aux enfants.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci. J'aimerais revenir à la question de la bonification du crédit d'impôt
pour les garderies privées à but
lucratif. On sait que les propriétaires de garderies ont dit qu'ils auraient
besoin d'une telle bonification parce qu'ils avaient des frais de gestion à couvrir. Alors, évidemment, la crainte,
c'est que la bonification du crédit d'impôt n'aille même pas dans la poche des parents, mais qu'elle
aille dans la poche des propriétaires de garderies privées pour qu'ils
absorbent leurs frais de gestion.
Alors,
j'aimerais savoir quelle garantie le ministre a eue, de la part des
propriétaires de garderies privées, qu'ils n'augmenteraient pas leurs tarifs pour faire en sorte que, dans le fond,
ce ne soit pas les parents qui bénéficient du crédit d'impôt, mais
plutôt eux, comme propriétaires.
Le Président
(M. Matte) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, en fait, les représentations qu'on a ne sont pas
en lien avec les frais de gestion, M.
le Président, elles sont en termes de services offerts aux enfants, de la
qualité d'offrir des services qui sont comparables aux services subventionnés. C'est ce qu'on nous
dit, M. le Président. Et je ferai remarquer à la députée de Joliette
que, notamment suite à la Stratégie 0-8, les
investissements qui sont faits sont faits dans les services subventionnés et
non pas dans les services non
subventionnés, et, en ce sens-là, si on veut avoir un comparable dans les
services non subventionnés, il faut
qu'il puisse y avoir davantage de ressources, de ressources financières. Alors,
les représentations que nous avons ne sont pas du tout à l'effet de
frais de gestion, mais bien de services donnés aux enfants.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Mais c'est parce que le grand argument du gouvernement en lien avec la
bonification du crédit d'impôt, c'est pour la poche des parents. Moi,
j'aimerais savoir quelle garantie il a eue que les propriétaires ne se
retourneraient tout simplement pas de bord et augmenteraient la contribution
qui est demandée, donc le tarif qui est demandé aux parents.
Le Président
(M. Matte) : Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, c'est évident que c'est pour la poche des parents
parce que les coûts ont augmenté depuis
2009 puis ils vont continuer d'augmenter, on a donné des obligations
supplémentaires. Alors, s'il n'y a pas eu de crédit d'impôt, bien, le
coût aurait été encore plus important pour les parents à absorber, ça me semble
assez évident.
Alors, oui, c'est les
parents qui vont faire l'économie au bout du compte, M. le Président, parce que
sinon il y aurait probablement eu une hausse plus importante que celle qu'ils
pourraient avoir pour que, justement, on puisse continuer à maintenir des services de qualité dans les services non
subventionnés, M. le Président, parce que, comme dans tout, ça coûte
plus cher tout le temps.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Mais je comprends qu'il n'y a pas de garantie comme telle que, dès l'entrée en
vigueur du crédit d'impôt, on ne
verra pas une hausse, je dirais, égale du tarif dans les garderies privées. Il
n'y a aucun barème, évidemment, elles
sont libres de faire ce qu'elles veulent, donc on ne peut pas venir dire que
ça, ça va aider les parents. Ça va toujours aider les parents, mais, si de l'autre côté on augmente de 5 $ par
jour le tarif, ça ne viendra même pas compenser ça. Donc, je pense que c'est important de garder ça à
l'esprit, que ces garanties-là ne sont pas présentes et qu'il n'y a rien qui
nous dit que ce n'est pas les
propriétaires qui vont se retourner pour augmenter tout simplement le tarif
qu'ils chargent aux parents.
J'aimerais
aborder la question du transfert fédéral, parce qu'on sait que le gouvernement
fédéral a annoncé qu'il voulait mettre sur pied un vaste programme
national de garderies, et bien sûr nous avons déjà notre programme, et le gouvernement fédéral avait dit, l'année dernière,
là, qu'il injecterait 7,5 milliards de dollars sur 11 ans dans le
développement de services de garde au
Canada. En juin 2017, on apprenait que le Québec va obtenir 88 millions
par année au cours des trois
prochaines années, puis le prédécesseur du ministre avait dit, en juin 2017,
que c'est clair que ça, ce serait réinvesti pour les familles, donc, pour les services aux familles du Québec, mais
on n'a pas de nouvelles de l'utilisation de cette somme. Est-ce que le
ministre pourrait nous dire, le 88 millions, où il est affecté?
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, en fait, pour être très précis, l'entente, c'est
1,2 milliard de dollars sur 10 ans, parce que c'est
88 millions les premières années, mais il y a des années où il y aura plus
de versements. Alors, c'est 1,2 milliard
de dollars sur 10 ans et c'est, évidemment, sans droit de regard du
gouvernement fédéral, mais, de notre côté, on a un engagement de verser ces sommes-là, justement, aux services aux
familles. Notamment, c'est des sommes qui seront utilisées pour financer les mesures de la Stratégie 0-8 que nous
avons annoncée au mois de janvier, M. le Président, qui est d'une valeur de 1,4 milliard de
dollars sur cinq ans, entre autres, et également pour poursuivre le
développement du réseau des services de garde, donc en lien avec l'annonce que
j'ai faite au début du mois de mars.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Merci. Je vais revenir sur le projet de loi n° 143, dont, oui, nous avons
beaucoup discuté et passé beaucoup de
temps avant la période des fêtes à ce sujet, sur ce sujet. Vous savez que toute
la question de l'adhésion au guichet
unique avait suscité beaucoup de commentaires de la part, donc, des milieux
familiaux, donc, des éducatrices en milieux
familiaux qui sont régis. Et on a eu une longue discussion dans le cadre de ces
travaux-là sur les services de garde non régis parce que, bien sûr, nous
dénoncions le fait que, malgré qu'on ne soit pas capables de les retracer et de
les encadrer, ces services continuent à
exister, même à augmenter à certains égards. Et un des enjeux, c'est le fait,
bien sûr, qu'à travers toutes les
obligations qui sont faites aux éducatrices en milieu familial régi il y en a
une supplémentaire, qui est celle
d'adhérer au guichet unique et de contribuer, donc de devoir payer un frais. Et
vous n'êtes pas sans savoir que c'est
quelque chose qui était dénoncé, que nous avons dénoncé, d'ailleurs — je veux dire notre formation politique — lors de l'étude détaillée du projet
de loi. Vous n'êtes pas sans savoir non plus qu'il y a une pétition, à l'heure
actuelle, qui circule, que je marraine, qui est rendue à plus de 2 000
signataires pétitionnaires, pour qu'il n'y ait pas ces frais-là.
Alors, est-ce que le ministre a réfléchi à cette
question-là, a réfléchi au fait aussi que c'est une différence de traitement
supplémentaire encore entre le milieu de garde non régi et le milieu régi?
Est-ce qu'il est prêt à annuler le tarif qui est demandé aux éducatrices en
milieu familial pour adhérer au guichet unique?
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le ministre.
• (11 h 30) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Je suis content qu'on
puisse aborder cette question-là parce
que, oui, c'est une question qui nous avait beaucoup occupés lors du projet de
loi n° 143. Mais le fait de faire en sorte que les responsables de
services de garde en milieu familial doivent adhérer au guichet unique, dans le
fond, c'est l'exécution d'une orientation, d'une annonce qui avait été faite
par le gouvernement précédent, par la députée de Pointe-aux-Trembles alors qu'elle était ministre de la Famille, et ça,
c'était très, très clair dans son communiqué qu'elle a émis le 5 septembre 2013. La députée de
Pointe-aux-Trembles disait ceci : «Nous posons aujourd'hui les premiers
jalons d'un projet d'envergure pour notre réseau de services de garde.
Actuellement, les parents doivent cogner à plusieurs portes afin d'avoir une
place pour leur enfant. À terme — parce que, bon, il y a plusieurs phases
de développement au guichet unique — ils n'auront qu'une seule démarche à
effectuer pour inscrire leur enfant auprès de tous les services de
garde...» Alors, tous les services de garde, ça inclut le milieu familial régi
également.
Alors, cette
deuxième phase là a toujours été dans les cartons, M. le Président, et maintenant nous allons la mettre en application. Et
je tiens à rassurer les responsables des services de garde en milieu familial,
il n'est nullement l'intention du gouvernement ou de quiconque de compromettre leur autonomie. Puis d'ailleurs la CSN,
lorsqu'elle est venue témoigner ici
sur le projet de loi n° 143, reconnaissait que ce n'était pas une atteinte
à l'autonomie des RSG, et ça, ils l'ont
mentionné deux fois plutôt qu'une. Et moi, je peux vous dire, M. le Président, j'ai vu la maquette, parce
que je suis allé visiter La Place 0-5, la maquette est en
développement pour les RSG, et c'est clairement indiqué aux parents, là, dans
le message qui a été envoyé aux parents, que
les RSG sont des travailleuses autonomes et que cette autonomie-là doit
être respectée et, en ce sens-là, peuvent choisir les enfants en fonction de
leur politique d'admission.
Pour ce qui
est du coût, on en avait parlé également
lors de l'étude détaillée. On avait
dévoilé les coûts, ce n'est pas une
grande surprise, c'est 11 $ par enfant par place, donc, pour un permis de
six places, on parle de 66 $ par année. Et ce que j'avais dit à ce moment-là, M. le Président, c'est que,
comme maintenant les RSG vont devoir adhérer au guichet unique, les garderies privées non subventionnées, également,
vont devoir y aller. On amenait là plus de volume de clientèle, alors il
y avait probablement une possibilité d'avoir des économies d'échelle. Je
m'étais engagé à ce qu'on ait des discussions
avec La Place 0-5. J'ai moi-même rencontré les gens à
La Place 0-5, le ministère a eu des discussions également avec La Place 0-5, et le conseil
d'administration a pris l'engagement, pour l'ensemble de sa clientèle, donc
également pour les CPE et pour les garderies
privées subventionnées, de réduire les coûts dès avril 2019, donc dès l'année
prochaine. Donc, ces coûts-là pour les
RSG, qui sont évalués, en fait, qui sont prévus, au moment où on se parle, à
66 $ par année, vont diminuer dès l'année prochaine, M. le
Président.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Est-ce
que le ministre peut nous dire de combien ils vont diminuer?
Le Président (M. Matte) : M. le
ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : C'est la
question que j'ai posée, évidemment, à La Place 0-5, et, comme ils sont
en période de transition, il faut voir avec
la nouvelle clientèle qui arrive, il
y a encore des paramètres à mettre en
place, et, au terme
de ça, La Place 0-5 va dévoiler, justement, la réduction des
coûts. Mais il y a déjà là un engagement qui est public et qui est ferme de diminuer les coûts pour l'ensemble
des services de garde au Québec, ce qui est une bonne nouvelle, M. le
Président.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon : Bien, puisqu'il y a ça et qu'il y aurait
une diminution de coûts pour l'ensemble des services de garde, moi, je demande vraiment au ministre
de considérer, de reconsidérer la gratuité pour les éducatrices, pour les RSG,
milieu familial régi. Pourquoi? Parce que ce n'est pas la même réalité.
Pourquoi? Parce que c'est encore une différence de traitement avec les non régis. Et on sait qu'on ne veut certainement pas qu'il y ait moins de régis et plus de non régis, et je
pense que ce n'est pas logique, quand on regarde ça, de maintenir ce coût-là.
Alors, je lui demande s'il est prêt à faire un effort pour diminuer le coût, ce qui est une bonne nouvelle, de faire en
sorte que, oui... puisque le réseau La Place 0-5, le guichet a été développé, que les gros
investissements ont été faits, qu'il fasse en sorte que les RSG puissent au
moins... parce que plusieurs d'entre elles ne souhaitent pas cette
adhésion obligatoire, qu'au moins ça puisse être gratuit. Je suis
certaine qu'il est capable de considérer ça puis il est capable de comprendre
l'argument que je lui fais aujourd'hui que c'est important de ne pas ajouter
une différence supplémentaire entre le régi et le non régi quand ça veut dire
des coûts supplémentaires pour les
responsables de services de garde qui ne sont pas du tout dans la même
situation, évidemment, que des places en installation.
L'autre chose
sur laquelle je veux revenir, c'est sur l'idée que l'autonomie ne sera pas
compromise. Moi, ce que j'ai envie de
dire au ministre, c'est que bien sûr que celles qui ont un
intérêt à adhérer vont toujours pouvoir adhérer, on ne dit pas de ne pas adhérer. Si, pour elles, il y a un intérêt, qu'elles adhèrent. Mais, compte
tenu qu'on veut maintenir ce principe de
l'autonomie, et que plusieurs d'entre elles, de toute façon, ne voudront pas se
faire imposer des enfants qui sortiraient du guichet unique, et que le ministre nous dit que ça, ce ne sera pas le
cas, il n'y a aucun intérêt à les forcer à adhérer et à les forcer à payer si, de toute façon, on nous dit que
l'autonomie va être respectée. Donc, il faut simplement dire que c'est
un choix qui peut être facultatif, qui peut
présenter un intérêt pour certaines d'entre elles, mais pas pour d'autres.
Donc, je ne comprends pas le raisonnement du ministre.
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, M. le Président, en fait, il y a quand même
l'obligation de prendre les enfants qui sont inscrits sur les listes, qui sont inscrits au guichet unique, mais
ils ont la liberté de pouvoir choisir. Et moi, je pense que, pour les RSG, il faut le voir, M. le Président,
comme étant un investissement. C'est une belle vitrine également pour offrir leurs services, pour les
rendre disponibles.
Je parlais
avec une directrice d'un bureau
coordonnateur à Montréal
très récemment, et il y avait des
responsables de services de garde qui l'appelaient, qui la suppliaient de lui
envoyer des enfants. Et, pour des places disponibles en milieu familial régi,
c'est quand même une perte financière de 35 $ par jour. Alors, quand on
sait qu'il y a plus de 2 000 places
de disponibles en milieu familial régi seulement sur l'île de Montréal, alors
je pense qu'il y a là une belle vitrine à offrir aux RSG. Il faut le
voir également comme étant un investissement.
Et, lorsque
la députée de Joliette nous parle de la différence entre les prestataires non
régis et les responsables de services
de garde en milieu familial, oui, il y a les obligations, mais il y a les
privilèges également. Puis je pense qu'il faut rappeler que les RSG ont des places qui sont subventionnées aussi, qui
sont attrayantes pour certains parents, puis je pense qu'on peut le comprendre. Alors, ça aussi, ça fait
partie des différences, et, en ce sens-là, je suis tout à fait conscient
des enjeux qui peuvent être différents pour les responsables des services de
garde en milieu familial.
Il y avait la
question du coût, je m'étais engagé à avoir des discussions, nous les avons
eues. Est-ce que les coûts vont
pouvoir descendre encore plus dans l'avenir? Je le souhaite. Et d'ailleurs les
gens qui sont au conseil d'administration de La Place 0-5, ce sont des gens qui sont utilisateurs, alors
ils ont intérêt à ce que les coûts soient le plus bas possible, puis c'est une bonne façon, je pense, de contrôler
les coûts du guichet unique. Alors, moi, ça m'apparaît une bonne formule.
Et, encore là, il faut le voir comme étant
un outil qui va être au bénéfice des parents parce que les parents aussi ont le
droit de savoir où sont les places subventionnées sur le territoire du Québec.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. Mme la députée de Joliette.
Mme Hivon :
Oui, bien, simplement pour terminer sur ce sujet-là, je comprends que l'idée
sur les coûts, c'est de baisser
globalement. Moi, je demande au ministre un traitement différencié parce que ce
n'est pas la même réalité quand on est en installation que quand on est
en milieu familial et que, déjà, c'est une obligation qui leur est faite. Vous
savez combien il y a de la réticence pour
une partie d'entre elles, alors je pense que ce serait un très beau geste
d'ouverture à leur endroit, notamment
dans la foulée de la décision du ministre, toute la question du non régi, de
garder ces services-là. Il y a certaines choses qui ont changé, mais de
quand même permettre au non régi de pouvoir continuer à évoluer de la manière dont il l'a décidé, je pense que ce serait
un très bon signal très positif envoyé aux responsables de services de garde qui relèvent des bureaux coordonnateurs.
Puis je le suis quand il dit que ça peut être extraordinaire pour les
parents et une vitrine aussi pour les
responsables de services de garde, mais ça ne va avoir aucun impact si les
responsables de services de garde qui
sont tenus d'y adhérer, et avec des coûts, ont déjà toutes leurs places de
comblées ou savent déjà à qui ils vont
offrir la place, donc ils vont juste dire à quelqu'un : Bien là, il faut
absolument que tu t'inscrives au guichet, alors qu'on sait déjà que ça
va être...
Le
Président (M. Matte) : Je vous invite à conclure.
Mme Hivon :
...alors qu'on sait déjà que cet enfant-là est jumelé. Alors, c'est un peu
factice, je trouve. Mais, pour certains pour qui c'est pertinent, elles auront
le loisir de le faire, tout simplement.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Le temps étant écoulé à votre parti, est-ce
que, M. le ministre, vous voulez réagir, puis on va prendre le temps sur le
temps de la partie gouvernementale?
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, peut-être, tout simplement, une seconde, M. le
Président, pour dire que, oui, la réalité est différente des RSG et des
installations, mais les coûts sont en conséquence aussi, là, parce que, pour
une installation, on parle de coûts avoisinant les 800 $ par année, alors
que, pour une responsable de service de garde en milieu familial, c'est
66 $ parce qu'il y a moins d'enfants. Et, encore là, je veux le rappeler,
M. le Président, on a un souci, et je l'ai clairement exprimé au conseil
d'administration de La Place 0-5, que les coûts baissent le plus
possible et pour tous les utilisateurs de La Place 0-5.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Donc, je reconnais la partie gouvernementale.
M. le député de la Côte-du-Sud, vous avez 17 minutes environ... 19.
• (11 h 40) •
M. Morin : Ça va. Merci. Merci, M. le Président. M. le
ministre, salutations à tous les gens
qui vous accompagnent. J'aimerais aussi saluer un ex-collègue que j'ai beaucoup
apprécié, Normand Jutras, et à vous, chers collègues, tout le monde.
J'écoutais l'histoire
familiale de mon collègue d'Orford. Elle ressemble beaucoup à la mienne, mais
moi, j'ai une petite différence, c'est qu'au
mois de juillet je serai arrière-grand-père d'un petit garçon. Donc, mon collègue
a fait des enfants un petit peu plus tard, moi, j'ai laissé ça à ma
petite-fille de me faire un beau petit garçon, que je n'ai pas vu encore.
Donc,
mes propos, ça va s'adresser... c'est-à-dire, ça ne sera pas des longs propos
parce que je veux connaître le... ça
va toucher au Curateur public. J'aimerais, premièrement, le connaître, puis je
veux lui poser certaines questions, et après ça je veux qu'il me parle
de sa mission, parce que je vois qu'il veille, qu'il sensibilise, qu'il
accompagne, qu'il surveille, il s'assure de... Et aussi il y a quelque chose
qui m'intrigue, c'est... je vois, dans mes notes, «mandat de protection».
Moi, je connais le mandat d'inaptitude, c'est peut-être la même chose. Si ce n'est pas la même
chose, il me l'expliquera. En
tout cas, je veux le connaître.
Le Président
(M. Matte) : M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, M. le Président, oui, avec consentement, je céderais la parole au Curateur public,
mais je veux seulement joindre ma voix à
celle du député de Côte-du-Sud pour témoigner du parcours très
impressionnant de Me Jutras, là, de son
parcours politique, parce
que, oui, il a servi les Québécois
ici, et le travail qu'il fait présentement comme Curateur public est assez exceptionnel. Moi, j'ai eu la chance de
le recevoir dans ma circonscription il y a
quelques semaines à peine, et ensemble, nous
sommes allés dans des résidences voir des personnes qui sont sous curatelle
publique, donc sous sa responsabilité, et j'ai pu voir toute son empathie, tout son professionnalisme, de lui
et de son équipe, la grande sensibilité
qu'ils ont pour des gens qui sont parmi les plus vulnérables de notre société.
Alors, il joue un rôle essentiel, je pense, au Québec, puis je suis très
heureux que le député de Côte-du-Sud souhaite le questionner là-dessus.
Le
Président (M. Matte) :
Merci. Est-ce qu'il y a consentement pour que le Curateur public puisse répondre à votre interrogation?
Une voix :
...
Le Président
(M. Matte) : Oui, un instant, M. le ministre. Veuillez vous
présenter, M. le curateur.
M. Jutras
(Normand) : Oui. Normand Jutras, Curateur public du Québec.
Le Président
(M. Matte) : C'est bien. Maintenant, il y a une question?
M. Morin :
Oui, M. le Président.
Le Président
(M. Matte) : M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
Merci, M. le Président. Je m'excuse, monsieur... je vais vous appeler monsieur
pour les circonstances, mais on s'est connu entre 2003 et 2007,
peut-être un peu plus, il était du Parti québécois, mais c'est simplement pour démontrer qu'il se forme des amitiés quand on
travaille ensemble à l'Assemblée nationale et des amitiés qui restent.
Donc, excusez-moi, là, je voulais connaître le Curateur public, puis c'est vous...
Des voix :
...
M. Morin : Bien oui,
mais, vous voyez, là, parfois, là...
Le Président
(M. Matte) : On peut vous laisser tout seul, hein?
M. Morin :
Parce que le Curateur public, dans ma vie, je n'ai pas eu à avoir à le toucher.
Il y a une de mes tantes, Pauline,
qui a eu à vivre avec la curatelle, et elle n'a pas trouvé ça très drôle. Donc,
je veux tout savoir qu'est-ce qui... votre mission, qu'est-ce que vous
faites, l'accompagnement, parce que, dans ma perception, ce n'est pas facile
quand quelqu'un est sur la curatelle publique.
M. Jutras
(Normand) : C'est-à-dire que
les services que l'on donne sont très bons. Probablement, ce que votre tante Pauline a connu de difficile, c'est le fait
de devenir inapte. Et ça, il faut que tous les Québécois soient
conscients que l'inaptitude nous guette,
chacun, chacune d'entre nous. L'inaptitude peut survenir à n'importe quel âge.
Et c'est un mythe qu'il faut
combattre, trop de jeunes pensent : Mon mandat de protection, je le ferai
quand je serai rendu à 65, 70, 75 ans, quand l'alzheimer me guettera. Mais moi, je vais régulièrement sur le
terrain rencontrer des personnes inaptes dans leur milieu de vie, que ce soit en ressource
intermédiaire, ressource de type familial, dans des CHSLD, dans des RAC
qu'on appelle, là, des ressources à
assistance continue, et j'y vois des jeunes, là, j'y vois des jeunes qui sont
victimes... qui vivent avec un traumatisme crânien sévère, qui vivent
avec un AVC sévère.
Alors, ce
n'est pas vrai que l'inaptitude, c'est nécessairement relié au vieillissement.
L'inaptitude peut survenir à tout
âge, et c'est pourquoi, au Curateur public, on fait beaucoup la promotion du
mandat de protection, que j'ai avec moi, puis j'en distribuerai un
exemplaire à chacun des membres ici, là, qui sont présents. Vous avez parlé du
mandat en prévision de l'inaptitude, c'était
l'ancienne appellation. Depuis le 1er janvier 2016, avec l'entrée en
vigueur du nouveau Code de procédure
civile, maintenant on l'appelle le mandat de protection. Mais, si vous en avez
un déjà fait qui est intitulé Mandat
en prévision de l'inaptitude, il
est encore valide, mais la nouvelle appellation, c'est le mandat de protection.
Et la raison pour laquelle on en fait la
promotion, c'est parce qu'à mon avis c'est la meilleure façon de vous protéger
advenant votre inaptitude parce que c'est vous
qui aurez choisi qui sera votre mandataire, qui va s'occuper de vous advenant
que vous deveniez inapte. C'est ça, le
principal avantage du mandat de protection. Parce que, si vous ne l'avez pas
fait, ça veut dire qu'il y a une
assemblée de parents et amis qui sera convoquée, et l'assemblée de parents et
amis, la personne qu'ils nommeront,
ce ne serait peut-être pas votre choix, ce ne serait peut-être pas, là, vous,
la personne que vous auriez voulue pour
prendre soin de vous ou s'occuper de vos biens. Alors donc, si vous-même, vous choisissez, bien, c'est déjà un
grand signe de sagesse.
Et je vais
plus loin que ça, moi, quand je parle du mandat de protection, je dis que c'est
même un geste d'amour que vous posez
à l'endroit de vos proches pour deux raisons. Premièrement, vous leur évitez
les tracasseries, là, d'ouvrir le régime de protection, de convoquer une
assemblée de parents et amis. Ces assemblées de parents et amis, des fois ça tourne mal. Et on l'a vu assez souvent, nous, au Curateur public, là, des familles qui fonctionnaient bien jusque-là,
quand vient le temps de l'assemblée de parents et amis, là c'est la chicane qui s'installe. Alors donc,
c'est une façon d'éviter ça aux
membres de votre famille. Et, quand je dis que c'est un geste d'amour aussi,
c'est que vous donnez des instructions à vos proches à savoir qu'est-ce que vous voulez quant à votre personne — parce
que, là, vous serez devenu inapte — quant
à votre hébergement, quant à vos soins
que vous voulez recevoir, quant aux soins de fin de vie que vous voulez
recevoir, mais aussi quant à l'administration de vos biens, comment voulez-vous que vos biens soient administrés dans le futur. Alors, ce sont
les principaux avantages du mandat de protection.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Je vous invite à vous
adresser à la présidence, même si vous avez beaucoup de familiarité
entre...
Des voix : Ha, ha, ha!
M. Morin :
Bien, c'est une permission spéciale que je vous demande, M. le Président. Bon,
bien, votre mission, maintenant, là.
J'ai parlé de beaucoup de verbes, là, veille, sensibilise, accompagne,
surveille, s'assure, parlez-moi-z-en un peu, de tout ça, là, je ne
connais pas très bien ce domaine-là.
Le Président (M. Matte) :
Me Jutras.
M. Jutras
(Normand) : Bien, écoutez,
quand une personne devient inapte, c'est-à-dire qu'elle est incapable de
s'occuper d'elle-même, ou incapable de
s'occuper de ses biens, ou les deux à la fois, là, ça peut être soit une
personne qui a une déficience
intellectuelle, ça peut être une personne qui a des problèmes de santé mentale,
ça peut être une personne qui commence une maladie dégénérative comme
l'alzheimer, ou ça peut être une personne qui est victime d'un AVC sévère ou
qui est victime d'un traumatisme crânien, le processus démarre toujours de la
même façon : ça prend une évaluation
médicale, un médecin qui se prononce à savoir si effectivement cette personne
est inapte, et ça prend aussi une évaluation
d'un travailleur social qui va se prononcer à savoir si la personne a besoin de
protection. Alors, c'est comme ça que le processus démarre.
Évidemment,
nous, au Curateur public, on favorise toujours que ça soit quelqu'un de la
famille qui prenne la charge de
tuteur ou de curateur parce qu'on considère que la personne va être mieux
servie par quelqu'un qui l'aime, qui la connaît, qui connaît son histoire, qui connaît ses préférences, ses goûts, etc.
Alors, c'est toujours ce que l'on privilégie, mais parfois ce n'est pas possible parce que parfois la famille
ne veut rien savoir de la personne et nous dit : Occupez-vous-z-en,
nous, on ne veut rien savoir, ou parfois la
famille, aussi, ne peut pas parce que, malheureusement, aujourd'hui... bien,
malheureusement... en tout cas, ça fait
partie de notre société, les familles sont plus petites qu'autrefois, les
familles sont dispersées,
parfois aussi il y a de la chicane dans les familles, et souvent le juge de la
Cour supérieure... Parce qu'en fait, en
bout de piste, c'est toujours un juge de la Cour supérieure, là, qui décide si
la personne est inapte et à qui elle doit être confiée, alors, quand il y a de la discorde dans la famille, souvent le
juge va préférer confier la personne au Curateur public plutôt que de la
laisser en otage, peut-être, entre deux clans de la famille.
Et aussi ce qu'on vit
de plus en plus dans notre société, il y a de plus en plus de personnes seules,
mais non seulement des personnes seules, mais des personnes isolées, sans
réseau de parents, sans réseau d'amis, alors, à ce moment-là, la personne va
être confiée au Curateur public. Mais nous, dans un premier temps, on favorise
la famille.
Et
d'ailleurs c'est ce que les Québécois veulent, et c'est pourquoi le Curateur
public, dans notre plan stratégique actuel,
là, 2016‑2021... c'est pourquoi on a pris ce qu'on appelle un engagement
famille, en ce sens qu'on veut que les familles
s'impliquent davantage auprès de leurs proches inaptes. Mais, d'un autre côté,
nous, au Curateur public, ce que l'on dit :
On va vous accompagner davantage, parce que, souvent, le tuteur ou le curateur
privé qui est un membre de la famille, souvent,
va trouver la tâche difficile. Tu sais, gérer sa propre vie, déjà, c'est assez
occupant et préoccupant, mais avoir à vous
occuper de la vie de quelqu'un d'autre aussi, c'est souvent très difficile,
d'autant plus que, souvent, c'est une personne dont l'état de santé dégénère, c'est une personne, aussi, souvent, vieillissante, avec ses redites, ses radotes,
ses incompréhensions parfois
involontaires, parfois volontaires. Alors, on peut comprendre que des personnes
peuvent trouver ça difficile. Alors,
nous, on offre maintenant davantage d'accompagnement,
de conseils juridiques, comment procéder. Dès que la personne est nommée, on entre en contact avec elle, on lui
explique ce qu'il en est de sa tâche, elle a une personne qui est assignée à son dossier chez nous, de sorte
qu'elle n'a pas à recommencer son histoire à chaque fois pour faire...
Des fois, c'est juste un soutien moral
aussi, parce qu'on reçoit des téléphones, parfois, au Curateur public, la
personne nous dit : Bien, c'est
un vrai traquenard, ça, avoir su, je ne me serais jamais embarqué là-dedans,
puis je suis à veille de tout vous retourner ça, alors donc la personne
a besoin d'être soutenue, et d'où notre accompagnement, d'où notre engagement
famille.
• (11 h 50) •
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
À vous écouter, M. le Curateur public, ça doit vous prendre du monde
passablement pour être capable de répondre à la demande.
M. Jutras (Normand) : Oui, on est une grosse organisation, au Curateur
public. On est rendus plus de 700 employés, on a 11 bureaux
répartis sur tout le territoire du Québec. Relevant du Curateur public, on est
rendus à plus de 13 500 personnes
parce que c'est une augmentation de 2 % par année en raison, entre autres,
du vieillissement de la population.
Mais le nouveau phénomène aussi qui se produit au Curateur public depuis
quelques années, oui, il nous arrive de plus en plus de personnes âgées.
D'ailleurs, pour vous montrer un peu à quel point c'est particulier, de notre clientèle totale, les personnes âgées, c'est
20 %, mais les nouveaux cas, à chaque année depuis cinq ans, à 50 %,
ce sont des cas de personnes âgées, et c'est dû en raison du
vieillissement de la population.
Mais
le nouveau phénomène aussi, c'est qu'il nous arrive de plus en plus de
personnes âgées, mais des personnes âgées
qui ont de l'argent, tandis que... Le Curateur public, il y a seulement
20 ans, s'occupait de déficients intellectuels qui avaient un
chèque d'aide sociale et s'occupait de personnes âgées qui avaient un chèque de
Sécurité de la vieillesse. Mais
l'augmentation des patrimoines, la valeur des patrimoines, on est rendus qu'on
gère plus qu'un demi-milliard de dollars,
là, 525 millions de dollars, on gère 600 immeubles à travers le Québec
parce qu'effectivement les personnes... il y a encore beaucoup de personnes âgées qui sont pauvres, mais il y a de
plus en plus de personnes âgées qui nous arrivent avec des patrimoines
importants, des fonds de retraite, des pensions, des pensions, des fois, qu'ils
ont obtenues dans d'autres pays.
Alors,
l'augmentation des patrimoines, juste au cours des cinq dernières années, ça a
été de l'ordre de 40 %, à peu près
8 % par année, là, les patrimoines que l'on gère, 534 millions, 600
immeubles. Alors, ça vous donne une idée de la tâche. Et, si on a 11
bureaux à travers le Québec, bien, c'est parce qu'il faut être près de nos
personnes inaptes. Les personnes inaptes,
lorsqu'elles deviennent inaptes, la règle, c'est qu'elles demeurent dans leur
milieu dans la mesure du possible.
Alors, il faut donc que nos curatrices déléguées — j'emploie le féminin parce qu'en grande
majorité ce sont des femmes qui occupent cette tâche-là — elles
soient proches de ces personnes-là et puissent aller les visiter.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin :
Ici, dans mes notes, je vois que... «ne protège pas toutes les personnes
présumées, évaluées ou légalement reconnues inaptes; certaines d'entre elles ne
seront jamais sous sa responsabilité».
M. Jutras (Normand) : Oui, c'est ça. Selon des études épidémiologiques
qui ont été faites, on peut considérer que 2 % d'une population seraient des personnes inaptes, ça veut dire
environ, donc, 160 000 personnes au Québec. Il y en a environ de 35 000 à 40 000, là, qui sont
sous une mesure de protection : 13 500 qui relèvent du Curateur
public, 12 500 qui sont sous
mandat homologué et il y en a environ 9 000 à 10 000 qui sont sous
régime privé, c'est-à-dire que quelqu'un de la famille a accepté la tâche, là, d'être tuteur ou curateur. Alors, ça
veut dire qu'il y en a quand même un 120 000 qui ne sont pas sous régime de protection, et ce sont les
familles ou les proches qui s'en occupent. Et ça, bien, il faut saluer, là,
les familles du Québec, là, qui s'occupent
de leurs proches inaptes, et il y a des dispositions qui sont prévues dans
différentes lois pour permettre quand même
que ces personnes-là soient protégées. Comme par exemple, Retraite Québec... la
Régie des rentes prévoit que la rente qui va au monsieur qui est
devenu inapte, bien, la Régie des
rentes peut confier à son
épouse le fait de gérer ce chèque-là. On a
la même chose avec la Société
d'assurance automobile du Québec, on
a la même chose aussi avec le système de pensions de vieillesse. Alors,
ça évite l'ouverture de régimes de protection.
Parce que l'autre élément qui
est important et qu'il faut dire, ouvrir un régime de protection, c'est
un geste grave parce qu'on enlève à une personne l'exercice de ses droits.
Et ça, en vertu de la charte québécoise des droits et libertés,
qui nous dit que nous sommes tous égaux
devant la loi en valeur et en dignité puis qu'on a tous droit à une égale
protection de la loi, bien, ouvrir le régime
de protection, quand c'est possible de ne pas le faire, on essaie de ne pas le
faire. On tient compte de c'est quoi,
l'intérêt de la personne, c'est quoi, son opinion à cette
personne-là. Et, si on en vient à la conclusion que, oui, il faut vraiment ouvrir le régime de protection, encore là, on
essaie de laisser à cette personne-là l'exercice de certains droits parce qu'une obligation qui m'est faite, en vertu du Code civil, c'est
de préserver le plus possible l'autonomie de la personne. Alors, c'est
évident que, si vous prenez possession...
Le Président
(M. Matte) : Je vous invite à conclure.
M. Jutras (Normand) : ...de tous les droits et obligations de cette
personne-là, bien, sa sauvegarde de l'autonomie, son autonomie va en prendre un plus grand coup, donc on tente, là, le
plus possible de sauver, de sauvegarder l'autonomie de cette
personne-là.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Maintenant, je reconnais la députée de
Louis-Hébert pour sa deuxième intervention. Vous disposez de 17 minutes.
Mme Guilbault :
Merci, M. le Président. Je voudrais revenir sur la question des horaires
atypiques. Tout à l'heure, on a
vaguement abordé, là, l'annonce qui a été faite, justement, en marge du budget
sur l'intention d'y aller avec des projets pilotes pour offrir plus de flexibilité aux parents. Je voudrais savoir
si, à ce stade-ci, on a déjà un petit peu plus de détails à savoir quelles formes prendront ces projets
pilotes et dans quels milieux plus précisément. Parce qu'on parle du fait
qu'on veut accommoder des travailleurs, mais
aussi des parents étudiants, donc est-ce que l'intention, c'est d'installer, en
fait, soit des éducatrices ou même carrément
un service de garde à même des entreprises? Est-ce que ce serait plutôt chez
des parents qui, eux, seraient étudiants? Donc, quelle forme ça prendra?
M. Fortin (Sherbrooke) :
Ça va, M. le Président?
Le Président
(M. Matte) : M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord,
bien, juste préciser que l'annonce n'a pas été faite. Les sommes sont
prévues au budget, mais ce que je disais tantôt, c'est qu'il y aura une
annonce, éventuellement, lorsqu'on lancera, justement, l'appel de projets.
Mais l'idée ici, là,
c'est de solliciter des organismes, de solliciter des entreprises d'économie
sociale qui ont, effectivement, toutes les
compétences requises pour pouvoir faire ce travail-là, d'encadrer les enfants,
mais de le faire soit dans des
installations qui sont existantes, par exemple, ou de le faire surtout à
domicile. Parce que ce que je donnais tantôt comme exemple, c'est de dire que, souvent, en installation, c'est
difficile de constituer des masses critiques d'enfants pour des horaires donnés qui sont atypiques, alors,
souvent, ces parents-là vont être à la recherche de services plus
individualisés et qui correspondent
davantage à leurs besoins et surtout à leurs souhaits. Notamment, en pensant
aux gens qui travaillent de nuit, par
exemple, ils vont peut-être, probablement, préférer que leurs enfants dorment
confortablement dans leurs chambres, dans leurs lits plutôt que de les
envoyer en installation. Alors, l'idée, c'est de pouvoir offrir ce type de
service là.
Et
aussi, pour les parents qui sont étudiants, parce que, souvent, eux, ils n'ont
pas nécessairement besoin d'avoir une
place en installation parce qu'ils vont peut-être avoir des cours
12 heures par semaine, par exemple, et c'est pendant cette période-là qu'ils ont besoin d'un soutien pour
s'occuper de leurs enfants, alors, en ce sens-là, ils vont pouvoir avoir
accès à un service qui pourra être plus personnalisé.
Et l'idée, c'est que, s'il y a une réelle demande et que le projet pilote
connaît du succès, on puisse éventuellement l'étendre dans l'ensemble du
Québec.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Louis-Hébert.
• (12 heures) •
Mme Guilbault :
Bien, le ministre évoque cette question de la masse critique de gens qui
auraient un besoin pour un même
service atypique, donc je vais me permettre de lui suggérer, à la suite d'une
demande qui a été formulée par les infirmières
du Québec, qui suggéraient qu'on puisse mettre en place des services de garde
atypiques à même le réseau hospitalier
pour, évidemment, leur faciliter la vie... Parce qu'on sait que les
professionnels en soins, les professionnels de la santé ont, dans la
grande majorité, des horaires atypiques, alors peut-être que le fait de prévoir
un projet pilote à l'intérieur du réseau de
la santé pourrait être une bonne idée parce que je pense, sous toutes réserves,
qu'il n'y aurait pas de problème, là,
à rencontrer la masse critique nécessaire pour mettre sur pied un projet qui se
tient. Donc, je vais le formuler sous forme de suggestion que je donne
au ministre.
Mais
donc, si je comprends bien, on n'est pas encore au stade de l'appel de projets,
et tout ça, mais, si on prend, par exemple, un projet pilote qui se
déroulerait chez une personne, chez un parent étudiant, je présume qu'il y
aurait des exigences qui viendraient avec
ça. Comment le ministre voit-il ça? Est-ce qu'on irait avec des
éducatrices qualifiées au même sens
que ce qui est prévu dans la Loi sur les services de garde au Québec? Est-ce qu'il y aurait une notion de ratio? Est-ce
qu'essentiellement on va soumettre ces projets pilotes là aux mêmes exigences
qui sont déjà prévues pour ce qu'on a déjà, ce qui existe déjà comme
services de garde au Québec?
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Merci beaucoup, M. le Président. Pour ce qui est du
système de santé, justement, suite à la
révision de l'offre que j'ai annoncée au mois de mars dernier, il y aura un
projet qui sera annoncé éventuellement, qui va se retrouver dans le système de santé, justement, dans un hôpital
montréalais. Alors, je pense que ça sera intéressant de voir comment ça
va évoluer. Ce n'est pas un projet pilote, soit dit en passant, ce sera une
installation permanente qui était prévue dans une installation conventionnelle,
mais qu'on va faire en milieu de travail, justement, pour répondre à un certain besoin, et on verra, justement, dans ce
centre hospitalier là, quelle sera la réponse du personnel. Alors, en ce
sens-là, je pense que le souhait de la députée de Louis-Hébert ou sa suggestion
va être rencontré très, très prochainement.
Pour ce qui
est du projet pilote, bien, justement, on ne l'a pas encore lancé, alors ces
questions-là sont en réflexion présentement. Évidemment, on veut avoir
des personnes qui sont aptes à accomplir cette tâche-là, qui sont dignes de confiance, qui vont assurer la sécurité des
enfants, mais il faut le faire également en tenant compte des paramètres
que nous avons présentement. Et en termes
d'éducatrices, c'est la même chose que pour l'ensemble de l'économie, des
secteurs économiques au Québec, bien, il n'y
a pas un surplus de main-d'oeuvre présentement, alors il faut avoir ça
également en arrière de la tête. Mais en même temps on va confier à ces gens-là
ce qu'on a de plus précieux dans notre société, nos enfants, alors on va s'assurer qu'ils puissent offrir des services
adéquats et sécuritaires, qu'ils sont dignes de confiance également, M.
le Président.
Le Président (M. Matte) : Mme
la députée de Louis-Hébert.
Mme Guilbault :
Merci. Donc, toujours sur la question de l'offre de services de garde, j'y vais
avec, peut-être, justement, un type
de service de garde qui est moins formel, peut-être un petit peu de fortune,
même, dans certains secteurs où il y
a des problèmes de places, de locaux disponibles dans des écoles, et je me
réfère à un reportage qui était paru en mars dernier, et je vais
d'ailleurs me permettre de noter au passage la surprise que j'ai eue en lisant
cet article-là où la députée de Joliette réagit à la fermeture imminente d'un
service de garde à Notre-Dame-des-Prairies, la députée de Joliette, qu'on a entendue, pendant près de
30 heures l'automne dernier, dénoncer un petit peu tout ce qui est privé,
dénoncer tout ce qui est non régi. Alors,
quelle n'était pas ma surprise de la voir se porter défenderesse, tout à coup,
de services de garde non conformes
dans sa circonscription. C'est pour le moins ironique, soulignons-le. Mais de
notre côté, dans ma formation politique...
Mme Hivon : ...
Le Président (M. Matte) : On va
laisser terminer la députée.
Mme Guilbault :
...de notre côté, c'est ça, on a toujours eu une sensibilité sincère, je
dirais, à l'endroit de tous les services
de garde au Québec. Donc, la lecture de cet article-là, effectivement,
soulevait des questions, donc, des services de garde que je qualifierais
de ponctuels, là. C'est essentiellement des enfants qui vont dîner quelque part
et/ou qui vont après l'école pour compenser
le fait, entre autres, que, dans l'école où ils vont, il n'y a pas
nécessairement de places pour eux.
Alors, j'aimerais savoir, pour ce qu'en sait le ministre, est-ce que c'est une
situation qui est répandue. Et quel est le statut de ce type de services de garde auprès du ministère? Est-ce
qu'ils sont soumis, eux aussi, à la Loi sur les services de garde éducatifs à l'enfance? Et est-ce qu'il est
dans l'intention du ministre de prévoir une forme de réglementation ou d'encadrement alternatif pour ce type de services
là ou vont-ils devoir tous se conformer à ce qu'on connaît déjà comme
exigences pour, par exemple, les services de garde en milieu familial...
Le Président (M. Matte) :
Merci.
Mme Guilbault :
...bien que... excusez, juste peut-être compléter, bien qu'ils ne soient pas
gardés, évidemment, là, toute la journée, mais seulement pour les
périodes du dîner ou après l'école?
Le
Président (M. Matte) : Merci. Juste pour répondre à la députée de
Joliette, si vous souleviez une question de règlement, là le président pourra décider si, effectivement, il y a,
sinon je vais laisser la parole au ministre. M. le ministre, c'est à
vous.
M. Fortin (Sherbrooke) : Merci.
Merci beaucoup, M. le Président. Alors, pour répondre à la question de la
députée de Louis-Hébert, tout ce qui est à l'extérieur des milieux scolaires,
du terrain de l'école, ça rentre sous la responsabilité
de la loi qui est sous ma responsabilité. Alors, oui, la loi s'applique, les
critères sont les mêmes. D'ailleurs, la loi dit que tous les enfants
de moins de 12 ans, d'âge scolaire, en fait, ont droit à des services.
Alors, c'est comme ça que le champ d'application de la loi, il est
défini.
Pour
ce qui est de l'étendue de ces services-là, évidemment, M. le Président, ce ne sont pas des services qui sont conformes, alors il n'y a
pas un inventaire qui existe. Ceci étant dit, il y a eu des cas très
médiatisés, très récemment, à Notre-Dame-des-Prairies, dans la circonscription
de Joliette, et pour lesquels j'avais invité les gens à faire des dénonciations, et il y en a eu très, très
peu depuis. J'ai également posé des questions à certains présidents de commission
scolaire, à certains directeurs de commission
scolaire à savoir si, à leur connaissance, ce type de services là existaient sur leur territoire. La réponse, c'est non. Et ceux qui connaissent
des services de dîneurs, bien, c'est souvent une dame ou un couple qui vont recevoir des enfants chez eux sur l'heure du dîner, mais
vont recevoir trois, quatre enfants. Alors, en ce sens-là, c'est tout à fait légal, puisque ces services-là
respectent le ratio de moins de six enfants. Alors, ce sont des prestataires non régis,
ils peuvent accueillir ces enfants-là en toute légalité. Dans les cas de
Notre-Dame-des-Prairies, c'est parce
que, là, on parlait de certaines résidences où il y avait 30 enfants, 50
enfants et opéraient sans permis, alors on était clairement là en situation
de garde illégale.
Moi,
je veux réitérer ici ce que j'ai déjà dit, ce que j'ai signifié également
à la députée de Joliette, c'est que moi, je suis... on est toujours ouverts à la
discussion, toujours ouverts à moderniser nos pratiques, mais en même temps il faut voir quel est l'état
des lieux, il faut voir si ça répond à une demande réelle — parce
qu'il faut comprendre qu'il y a là tout un
nouveau processus à mettre en place, pas seulement
de la réglementation, mais une modification législative — et
quelles seraient les règles qui entoureraient
la gestion de ces services-là, premièrement combien de permis on aurait de besoin d'émettre, comment également les vérifications seraient faites. Alors, ça nécessite tout un processus
d'inspection, et tout ça, évidemment, parce qu'il y a des services qui
sont différents des services qui sont donnés à la petite enfance, pour les 0-5
ans. Mais, jusqu'à présent, suite à l'information qu'on peut obtenir, c'est que
ça demeure, dans les services en installation, encore une fois, là, très peu
répandu à travers le Québec.
Le Président
(M. Matte) : Merci. Mme la députée de Louis-Hébert.
Mme Guilbault : Merci. Je vais simplement, en terminant,
sensibiliser le ministre là-dessus, sur le fait qu'évidemment ces enfants-là ont besoin d'une place où aller.
Donc, je comprends que ces endroits-là doivent se conformer, mais peut-être avoir une sensibilité particulière à l'endroit du
fait que, s'ils ne peuvent plus aller à cet endroit-là, on doit leur
trouver une place. Et là je ne veux pas m'étendre sur trop de sujets, mais on
connaît les coupures qu'a subi le réseau de
l'éducation, le retard important dans la mise à
niveau des infrastructures, etc., donc, si ces enfants-là avaient une
place à l'école où ils vont, on n'aurait peut-être
pas ce problème-là d'accommodement de fortune pour les périodes
de dîner et après l'école.
Est-ce que je peux
continuer ou je dois laisser le ministre?
Le Président
(M. Matte) : Non, non, vous pouvez continuer.
Mme Guilbault : O.K., excusez. Mais, comme le ministre
a abordé le fait qu'on n'a pas un portrait, un bon portrait de l'étendue et l'emplacement d'où ces services-là
sont offerts, ça m'amène justement au même problème qui avait été décelé dans les fameux services
de garde en milieu familial non régis
dont on a aussi beaucoup parlé l'automne dernier dans le cadre du projet de loi n° 143,
et on se souviendra qu'à l'issue de l'étude
détaillée le ministre avait accepté de contacter son collègue du Revenu pour essayer de voir s'il y a
possibilité que Revenu Québec puisse échanger des informations avec le ministère de la Famille sur, justement, qui sont
ces femmes, où sont-elles, combien d'enfants gardent-elles, etc. On nous
avait envoyé copie de la lettre que le
ministre a envoyée à son collègue du Revenu, dans laquelle il fait
abondamment état de ses préoccupations sur ce sujet-là. Alors, j'aimerais
savoir : Qu'en est-il des suites de cette lettre?
Le Président
(M. Matte) : Merci. M. le ministre.
• (12 h 10) •
M. Fortin
(Sherbrooke) : Oui. Très,
très brièvement, avant de répondre directement à la question
de la députée de Louis-Hébert, là, pour ce qui est de l'école à Notre-Dame-des-Prairies, c'est des
parents qui avaient fait le choix d'envoyer leurs enfants là, mais il n'y avait aucun enfant, au préalable, qui
avait été refusé au service de garde de l'école, ça, je pense que c'est important de le noter, et avant d'évacuer les enfants, nous
avons pris contact avec le ministère de l'Éducation, avec mon collègue le ministre de l'Éducation, qui est entré en contact, lui,
avec l'école et la commission
scolaire pour s'assurer que tous ces
enfants-là allaient être accueillis à l'école pour pouvoir, justement, dîner en
toute sécurité dans un endroit qui est
parfaitement légal. Alors, on n'a pas fait ça en sachant que les enfants
allaient dîner sur le trottoir, là, M. le Président, on s'est assurés qu'ils allaient avoir une place, et
effectivement c'est ce qui est arrivé, alors je pense qu'il faut le
préciser.
Pour
ce qui est de la demande de la députée de Louis-Hébert, effectivement, on en a
parlé beaucoup dans le cadre du
projet de loi n° 143. Oui, j'ai écrit à mon collègue le ministre des
Finances, et on a obtenu de bonnes nouvelles, parce qu'effectivement, dans le cadre des services de
dîneurs, c'est un petit peu plus la même chose, là, lorsqu'on va obtenir
l'information de Revenu Québec, ça va nous permettre de les déceler beaucoup
plus facilement.
Alors,
il y a deux éléments. Tout d'abord, nous avons une entente avec Revenu Québec
pour obtenir des portraits statistiques
qui vont nous permettre un petit peu de savoir combien il y en a, de services
de garde non régis au Québec, d'avoir un état de situation qui est très
réel. Alors, ça, c'est la bonne nouvelle. Alors, nous avons eu la réponse, très
récemment, que nous allions obtenir ces
statistiques-là de la part de Revenu Québec. Donc, ça, c'est une bonne
chose. Et, pour ce qui est d'avoir de
l'information plus détaillée pour nos interventions en matière de garde
illégale, alors, effectivement, on doit respecter le secret fiscal, mais
nous avons aussi une entente avec Revenu Québec à cet effet-là, et l'entente va
être appliquée une fois que le projet de loi
n° 150, qui est actuellement en développement à l'Assemblée nationale,
sera adopté. Alors, on pourra avoir, de
cette manière-là, de l'information beaucoup plus précise pour nos inspections,
pour nos enquêtes en matière de garde
illégale — ça,
d'une part, il faut que le projet de loi soit adopté — et on va avoir des données Revenu Québec pour faire nos portraits
statistiques, pour avoir un ensemble de la situation à travers le Québec.
Alors, on a eu des réponses positives aux
demandes que nous avons effectuées au collègue le ministre des Finances et à
Revenu Québec, M. le Président.
Mme Guilbault :
Combien de temps il me...
Le Président (M. Matte) : Mme
la députée de Louis-Hébert, deux minutes.
Mme Guilbault :
Oh! bien, je vais y aller avec une question très rapide, à ce moment-là. Je me
réfère à la question 19. Bien, ça ne vous
dit peut-être rien, comme on n'a pas le même cahier, mais sur les plaintes qui ont été logées en 2017‑2018
concernant les services éducatifs à l'enfance reconnus, j'ai ici un tableau qui
donne des chiffres, et il y a
une donnée qui est pour les garderies, donc
je comprends que ça inclut à la fois les garderies subventionnées et non
subventionnées, qui est un chiffre... le
chiffre est 1 253. Alors, est-ce
que le ministre a la ventilation de
cette donnée-là entre les garderies subventionnées et non
subventionnées?
Le Président (M. Matte) : M. le
ministre.
M. Fortin (Sherbrooke) : Juste
avoir le numéro de la fiche de la question de la députée, s'il vous plaît.
Mme Guilbault : Question 19. C'est les plaintes reçues sur les services
reconnus : CPE, 408; milieu familial, 128; garderies, 1 253.
Je voudrais simplement avoir la ventilation des deux types.
Le Président (M. Matte) : M. le
ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Bien, la
ventilation que je peux offrir, je pense que c'est la même que la députée
a eue, là, c'est, en centres de la
petite enfance, 408; bureaux coordonnateurs, 128; et, pour les garderies, effectivement, là, et c'est les garderies subventionnées
et non subventionnées, c'est 1 253. Ça, c'est les chiffres
pour 2017‑2018, au 31 décembre 2017. Alors, non, je n'ai pas la ventilation demandée, M. le Président, mais, si la députée souhaite l'avoir, je m'engage à remettre
cette information-là avant notre prochaine séance, mercredi prochain, au secrétariat
de la commission.
Le
Président (M. Matte) :
Ça va? Mme la députée de Louis-Hébert, on vous accorde 30 secondes pour
terminer.
Mme Guilbault : Bien, écoutez, je n'ai pas le temps de commencer, mais je
remercie le ministre de me fournir, effectivement, la donnée qui
me permettra possiblement d'aborder le volet plus global des plaintes à la
prochaine rencontre.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Je reconnais la partie gouvernementale pour les 18 dernières minutes, et
je reconnais la députée de Richmond. C'est à vous, madame.
Mme Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président. Donc, j'arrive tardivement dans cette période d'étude
de crédits, mais permettez-moi quand
même de saluer les gens présents avec
nous, à commencer par la présidence et les gens de l'Assemblée nationale,
M. le ministre, votre équipe du cabinet ainsi que les fonctionnaires du ministère
qui vous accompagnent aussi, et, comme
disait la collègue de Joliette, qui font toujours
un travail extraordinaire, et qui nous sont d'un soutien indéfectible. Salutations aux collègues
de l'opposition, et à mes collègues
de cette banquette, et aux gens de
la recherche de notre aile parlementaire libérale qui nous accompagnent également.
Merci beaucoup de votre présence.
On est tous
ici aujourd'hui parce qu'on a à coeur la qualité de nos familles
au Québec. Et j'aimerais dire... En fait, d'entrée de jeu, j'aimerais... On était très bien représentés, l'Estrie,
soit dit en passant, aujourd'hui en cette commission pour les études de
crédit. Et j'aimerais profiter de cette tribune qui m'est offerte pour dire à
quel point on a un ministre exemplaire,
comme ministre de la Famille mais comme tout autre portefeuille qu'il a occupé aussi, et ça, c'est sur une base aussi d'un député tellement
présent, axé sur le terrain, quelqu'un qui veut toujours trouver les voies de passage pour qu'on soit capables de trouver des solutions, et
ça se reflète énormément dans la gestion des dossiers famille dont il
est question aujourd'hui dans les crédits. Et il y a
de ces personnes qui nous marquent en politique, M. le
Président. J'aurai été d'un très court passage, personnellement, dans ce monde politique, mais je voulais saluer le ministre de la Famille, député de Sherbrooke
pour le travail extraordinaire qu'il accomplit et qu'il continuera, je suis
certaine, d'accomplir, parce
qu'on a besoin davantage de députés comme vous l'êtes pour continuer à
construire aussi fortement chacune de nos régions.
Ceci étant
dit, et vous l'avez mentionné tout à l'heure, c'est qu'on a vraiment toujours
en tête, et dans notre tête et dans
notre coeur, vous l'avez dit d'entrée de jeu, les enfants. Et au-delà de ça, en
plus, c'est qu'on s'est assuré, comme gouvernement, de donner aux
familles les moyens de leurs ambitions aussi. Et, vous le mentionniez tout à
l'heure, et j'aimerais le dire et le redire
parce qu'il faut continuer à travailler en ce sens... vous annonciez tout à
l'heure de la flexibilité et un
mandat clair que vous avez donné pour l'évaluation de l'admissibilité pour un
supplément pour les enfants handicapés qui nécessitent des soins
exceptionnels.
Alors,
permettez-moi, M. le Président, de vous raconter une petite anecdote, et ça se
déroulait il y a deux semaines à peine.
J'étais dans un restaurant dans la circonscription que je représente, le comté
de Richmond, et un papa et une maman avec
une douce petite fille qui est âgée d'à peu près 8 ans, qui est venue me
rencontrer — elle
était dans leurs bras — et puis pour me
dire : Mme Vallières, c'est bien vous? Oui, effectivement. On
aimerait vous remercier pour ce que vous avez fait parce que, par le biais du bureau de comté, on a
travaillé avec eux, justement, et avec vos équipes pour cette reconnaissance
comme étant une enfant qui a besoin de soins particuliers.
Alors, ce que
vous annonciez tout à l'heure, justement, c'est non seulement la plus belle des
paies et le plus beau des résultats de notre travail, comme députés sur
le terrain, mais c'est surtout la plus grande reconnaissance de ces familles et de ces enfants qui ont droit à avoir,
justement, le soutien maximum et des soins exceptionnels pour leur
situation exceptionnelle aussi. Alors, on voit que ça fait une réelle
différence.
Et,
quand les gens se demandent : La politique fait quoi pour nous?, bien, la
politique fait ce genre de choses pour nous.
Alors, cette approche qu'ils ont eue à mon égard dans le restaurant me rend
encore aujourd'hui très émotive et me motive à continuer cette fin de mandat avec autant
d'ardeur que je l'ai fait, là, les six dernières années, mais tout
simplement pour illustrer l'importance de continuer à travailler en ce sens, et
je salue vraiment l'initiative du ministre à ce sujet.
On
parlait aussi, tout à l'heure, du dossier de l'enfant, et je parlais que le
député de Sherbrooke est un député de terrain,
voici un autre exemple tellement concret du fait qu'on a les enfants et dans
notre tête et dans notre coeur, justement, parce que ça donnera une résultante très concrète, justement, du suivi
que l'on peut faire de ces enfants quand on passe de la petite enfance au milieu scolaire. Mais aussi,
comme parents, des fois, dans nos vies, ça va toujours très, très vite, et
pour l'avoir vécu, on dépose l'enfant à la
garderie ou on va à l'école, on s'en va à notre travail, on récupère les
enfants à la garderie, on récupère
les enfants à l'école, des fois ce temps d'échange avec les éducateurs, avec
les profs, etc., est assez limité.
Mais de pouvoir garder un dossier dans lequel seront colligés, justement, des
faits sur les enfants qui vont pouvoir nous
aider, comme parents, justement, à pouvoir mieux les accompagner, c'est
vraiment une autre initiative et une autre belle progression que l'on
fait, justement, pour nos enfants ici. Et je suis certaine que ce sera fort
utile aussi pour les intervenants du milieu
de la santé qui, éventuellement, pourront également, probablement, se baser sur
certaines informations qui seront à l'intérieur de ces dossiers aussi.
• (12 h 20) •
Ceci étant, au 31
décembre 2017, 300 000 places régies, dont 233 000 sont
subventionnées. On voit la part importante
de places subventionnées, l'importance qu'on leur accorde. Comme députée de
terrain, justement, c'est de plus en
plus rare que les gens viennent me solliciter ou me rencontrer pour me
dire : Mme la députée, j'ai besoin d'une place en CPE, en garderie, appelez-les comme vous voulez, là. C'est donc
dire qu'on progresse sur le terrain, ce qui est vraiment une bonne chose en soi. Le ministre le mentionnait tout à
l'heure que le réseau arrive à maturité,
et on ressent cet effet-là également sur le terrain. Ce n'est pas dire
qu'il n'y a plus de besoins, mais on sent que le réseau s'articule de plus en
plus.
Comme
députée, je disais comme députée terrain mais comme députée de gros bon sens, par contre,
il y a une chose qui me préoccupait, et c'était l'attribution
des places. Ce pour quoi on m'arrivait, par contre, c'était pour me
dire : Bon, oui, dans une telle région,
il y a des places dans l'Est, mais c'est dans l'Ouest qu'on a besoin, ils ne
se sont peut-être pas nécessairement
développés, on peut-u juste faire un échange? Donc, tu sais, pour les gens et
pour nous, ça semble si facile :
Oui, oui, on fait un échange, ce ne sera pas compliqué. En fait, on parle d'une
question d'équilibre, et c'est là où il faut aller plus loin, donc équilibre entre l'offre, oui, et les besoins, hein, surtout
parce qu'on parle des besoins des parents sur le terrain, donc l'équilibre
par territoire.
Alors,
il faut saluer... vous en avez parlé un petit peu plus tôt aussi, mais je
prends le temps et la peine de le saluer, c'est la création du guichet
unique, alors un seul endroit qui va non seulement faciliter la vie des parents
qui sont à la recherche de places, mais il
ne faut pas perdre de vue l'importance que ça aura pour faciliter aussi le
travail des comités consultatifs. Et
ces comités consultatifs, c'est grâce à eux, d'ailleurs, qu'on a pu
développer une expertise et une connaissance, depuis 2010, du terrain et de chacun des espaces territoriaux,
finalement, pour que l'on puisse voir l'offre de services qui couvre l'ensemble du Québec, donc. Et le comité consultatif, il est aussi là
pour conseiller le ministre dans les différentes décisions qu'il a à prendre. Mais, depuis décembre 2017, donc, les
comités ont un rôle additionnel aussi, c'est que toutes les demandes de permis et les demandes d'augmentation, etc., qui seront délivrées sont vraiment... ça passe vraiment
par les comités consultatifs, donc.
Et
je voudrais parler non seulement de la démarche de la révision de l'offre, pour
laquelle on vise une meilleure adéquation,
mais... je fais une parenthèse, par
exemple, parce que, quand je parlais
avec mon collègue ministre à ce sujet, c'est
lui qui m'a le mieux imagé tout ce processus de révision de l'offre et de
l'adéquation entre l'offre et la demande, puis il a dit : Dans le fond, là, ce qu'il
faut faire, c'est de s'assurer que
chaque place soit à la bonne place. Donc, vraiment, on peut comprendre
facilement, on veut que chaque place soit développée à la bonne place.
Et,
avant de terminer la parenthèse, très intéressant d'être capable d'aller voir les cartes
interactives également sur le site du
ministère de la Famille. Pour les gens qui suivent nos travaux aujourd'hui, alors, que ce soit le taux de couverture en 2017 ou le taux de couverture qui est projeté
en 2020‑2021, vous allez pouvoir aller voir, dans chacune de
vos régions, de quoi ça avait l'air
et de quoi ça aura l'air aussi. Donc, vraiment, on va mettre en valeur le travail des comités
consultatifs, mais comment on est capables, justement,
d'être moins en silo, tout le monde, travailler ensemble, et d'où l'intérêt de
ce guichet unique et du travail fait par les comités.
Et
donc, pour en revenir dans le cadre de la révision et toujours
dans le but, évidemment, de créer chaque place à la bonne place, il
y a eu déjà un premier appel de projets pour la création de places, et on
voulait optimiser des groupes. Il y a également eu d'autres importantes annonces pour créer et
développer des places qui allaient être subventionnées. On a mentionné également qu'on voulait assouplir certaines règles, devancer
certains projets également. Et je le répète parce que ça semble être une préoccupation de certains
collègues de l'opposition, mais de mémoire, et, M. le Président, le ministre pourra me
corriger, mais il me semble qu'on a 85 %,
environ, de places, de nouvelles places qui seront attribuées, qui l'étaient, toutes proportions gardées, pour des
CPE. Alors, encore là, on démontre l'importance que l'on accorde au
réseau.
Et
le développement de ce réseau, c'est, pour moi, une grande fierté, une fierté
d'équipe également. Et il faut le rappeler
que tout ce développement est aussi possible... tous ces développements sont
possibles parce qu'on a travaillé de façon
très rigoureuse. On a un bilan exemplaire, ça nous permet aujourd'hui de faire
de telles annonces et, comme je le disais
tout à l'heure, également de donner aux familles le moyen de leurs ambitions.
Et l'ensemble de la révision de cette offre, une meilleure adéquation, chaque place à la bonne place, en fait, M. le
Président, si le ministre pouvait nous expliquer un peu plus le processus de révision, les nombres de
places créées, devancées également, je pense que ce serait intéressant
que les gens voient à quel point toute
l'importance accordée à notre réseau de services de garde subventionnés, et
justement, finalement, qu'il nous explique, pour lui, chaque place à la bonne
place, c'est quoi, tout ça.
Le Président (M. Matte) : M. le
ministre.
M. Fortin
(Sherbrooke) : Très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Bien, tout
d'abord, je veux aussi remercier la
députée de Richmond pour ses bons
mots et aussi la remercier pour tout le travail qu'elle a fait pour notre
région au cours des dernières années.
Je pense qu'elle va laisser derrière elle un legs assez impressionnant. Cette députée
de terrain, cette femme de coeur — je dis toujours c'est notre
dame de coeur du caucus de l'Estrie — et elle va beaucoup nous manquer, mais je le sais, qu'elle va rester à
proximité, puis on pourra continuer de bénéficier de ses précieux conseils,
et c'est la même chose pour les collègues de l'Estrie qui sont ici aujourd'hui
et qui vont nous quitter le 1er octobre pour pouvoir profiter de la vie, de pouvoir profiter de la famille,
justement, et ces députés-là m'ont beaucoup aidé dans ma tâche de ministre régional, et je suis vraiment
privilégié de vous avoir eu comme collègues, privilégié de vous avoir eu
dans ma vie, surtout.
Pour répondre
à la question de la députée de Richmond concernant la révision de l'offre,
bien, c'était effectivement... comme
elle l'a si bien dit, l'objectif du gouvernement, c'est de créer chaque place à
la bonne place. On veut répondre aux besoins réels des parents du Québec
parce que c'est important, oui, de répondre à leurs besoins, mais c'est
également important de pouvoir gérer les
fonds publics de manière efficace. Alors, on s'est dotés d'un outil, au
ministère de la Famille, pour
cartographier l'ensemble du territoire québécois, identifier quels sont les
territoires qui sont en équilibre de places, en déficit de places ou en surplus de places. Et, oui, il y a une
projection pour cette année, pour 2017... pour 2018, pardon, mais il y a une projection également pour 2021, et
c'est celle-ci qui guide nos actions parce qu'effectivement il y a un
délai dans le développement de ces places-là
et on agit également pour l'avenir, alors on veut voir quel sera l'état de la
situation en 2021 dans les décisions que nous prenons aujourd'hui.
Et une fois qu'on a fait cet exercice-là, M. le
Président, ça nous a permis de cibler les endroits où il y a des besoins réels, où il y avait des projets en
développement qu'on a voulu faciliter. Je mentionnais, un petit peu plus tôt,
qu'il y avait 275 projets qui étaient en
développement au Québec, et, justement, on en a identifié 92 qui se
retrouvaient dans des endroits en
déficit de places, donc où il y a besoins réels. On s'est dit : Ces
projets-là, il faut les faciliter, alors c'est pourquoi on a, justement, changé la portion, en termes
d'infrastructures, de ce que le gouvernement peut payer. On sait que
c'est 50-50 et, pour ces projets-là, on a
dit : Bien, le gouvernement est prêt à mettre jusqu'à 75 % du coût de
l'immobilisation, dans certains cas ça peut
même aller à 100 %. Pour d'autres projets, on a dit : Bon, vous êtes
prêts à aller de l'avant, on va devancer
le calendrier de réalisation, allez de l'avant, faites les travaux et réalisez
ces places-là le plus rapidement possible. Et, pour d'autres, bien, on a fait des changements d'opportunité, c'est
un petit peu le projet dont je vous parlais tantôt qui sera dans un hôpital de Montréal, qui était
destiné à une installation, on a dit : Bien, vous allez pouvoir le faire
en milieu de travail, vous allez pouvoir créer ces places-là en milieu
de travail.
Alors, ces 92
projets là, ça nous permet de faciliter la création de 3 800 places que
nous allons rendre disponibles pour
les enfants, pour les parents du Québec. Et à ça, on s'est dit : Dans les
territoires identifiés, ça ne répond pas totalement aux besoins, il y a
encore des besoins, alors c'est pourquoi j'ai lancé un appel de projets ciblé,
2 000 places qui sont destinées également à ces endroits-là pour qu'on
puisse, justement, répondre aux besoins des parents.
Et la députée
de Richmond a tout à fait raison dans ce qu'elle a avancé, dans cet appel de
projets là, il y en a 85 % qui
sont en CPE. 100 %, ce sont des places subventionnées, donc 85 % en
CPE et 15 % en garderies privées subventionnées. Et, dans les projets que ça nous a permis de
réaliser, bien, il y en a un très important pour la députée de Richmond — quand
je disais qu'elle va laisser un legs
important, ça fait partie de ses réalisations — c'est le CPE en milieu de travail
dans une entreprise de son comté, à
Sherbrooke, qui s'appelle Acier Orford, qui a développé une entente avec le CPE
le Jardin d'amis de Rock Forest pour
qui ont a facilité la réalisation de son projet de 76 places. Et de ces 76
places là, il y en aura 21, places crées
chez Acier Orford, alors, dans une installation qui est déjà existante. On est
en train de finir la validation des plans, mais ces places-là seront rendues disponibles très, très prochainement
pour les enfants... non seulement les enfants des employés d'Acier Orford, mais également il faut
comprendre que cette infrastructure-là sera ouverte à l'ensemble de la collectivité alors qu'il n'y avait pas de CPE dans
le secteur Deauville de Sherbrooke. Je pense que c'est une très, très
bonne nouvelle pour l'ensemble de la collectivité. Puis c'est un projet
intéressant aussi, hein, parce que l'infrastructure a été payée à 100 %
par l'entreprise, mais ça sera au bénéfice des Sherbrookois, de l'ensemble des citoyens
du secteur de Deauville. Alors,
je pense, c'est un bel exemple qu'on souhaite répéter. C'est le premier CPE en
milieu de travail chez nous, à Sherbrooke, et on souhaite pouvoir
répéter également cette expérience-là ailleurs, M. le Président.
En même
temps, il faut toujours garder
en tête que ces initiatives-là doivent répondre à des besoins réels sur
le terrain, alors il faut que les
territoires soient identifiés en déficit. Alors, ce n'est pas parce qu'une
entreprise se construit une garderie
que, nécessairement, elle va avoir le permis. Moi, je dis toujours aux
gens : Faites les vérifications d'usage avant de construire parce que ce n'est pas parce que vous
construisez que vous allez réaliser votre projet, il faut au préalable
avoir obtenu le permis.
• (12 h 30) •
Le Président (M. Matte) : Merci. Mme
la députée de Richmond, pour...
Mme
Vallières :
Oui, pour conclure, parce que j'aurais eu bien d'autres questions. Il y aura
une autre portion des crédits Famille
également, puis j'aurais fait du pouce là-dessus, parler de flexibilité,
conciliation travail-famille-études également. Donc, on aura l'occasion
de se revoir dans le prochain bloc d'étude de crédits.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Bien, je tiens à vous
remercier pour votre excellente collaboration.
Et, compte
tenu de l'heure, la commission ajourne ses travaux à mercredi le 2 mai, après
les affaires courantes. Elle poursuivra l'étude des crédits budgétaires
et du volet Famille, portefeuille du même nom. Merci.
(Fin de la séance à 12 h 31)