(Onze heures vingt et une minutes)
Le
Président (M. Matte) :
Bienvenue à tous. Je vous invite à prendre place immédiatement, compte tenu que nous
sommes déjà un peu en retard. J'ai constaté qu'il y avait quorum. Je vous
invite, à ce moment-là, à fermer la sonnerie de votre téléphone, s'il
vous plaît.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude du volet Jeunesse aux crédits budgétaires
du portefeuille du Conseil exécutif pour l'exercice financier 2017‑2018.
Mme la secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré) est remplacée par M. Tanguay
(LaFontaine); M. LeBel (Rimouski) est remplacé par M. Cloutier
(Lac-Saint-Jean); et Mme D'Amours (Mirabel) est remplacée par
M. Roberge (Chambly).
Le Président (M. Matte) : C'est
bien. Nous allons débuter par les remarques préliminaires puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par
blocs d'environ 19 minutes. Ça inclut les questions et les réponses. La mise
aux voix des crédits sera effectuée à la fin du temps qui nous est alloué.
Puisque nous
avons débuté les travaux à 11 h 20 et qu'une période de trois heures
doit être consacrée à l'étude de ce programme ce midi, y a-t-il
consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de 14 heures?
Une voix : O.K., d'abord.
Le Président (M. Matte) :
L'opposition?
M. Cloutier : Oui.
Le Président (M. Matte) : Oui?
Donc, il y a consentement. Nous allons poursuivre jusqu'à 14 h 20.
M. Cloutier :
Nous allons poursuivre jusqu'à... on donne notre consentement, mais je veux
quand même dire que ça a des impacts
pour le reste de la journée sur les autres crédits. Va suivre Autochtones et
Éducation. Alors, je sais que d'autres
collègues vont se retrouver. Je veux juste dire que les retards que nous
accumulons auront des conséquences sur ce qui va suivre pour le reste de
la journée. Je veux quand même qu'on en soit conscients.
Le Président (M. Matte) : Nous
partageons les mêmes préoccupations.
Jeunesse
Remarques préliminaires
Nous débutons
donc avec les remarques préliminaires. M. le premier ministre, vous disposez de
12 minutes pour vos remarques.
M. Philippe
Couillard
M. Couillard : Oh! 12 minutes, ce sera rapide. Tant mieux! Je
voudrais d'abord vous saluer, M. le Président, de même que le personnel de la commission, les
personnes de la fonction publique qui nous accompagnent, particulièrement
le Secrétariat à la jeunesse, avec sa
dirigeante, à ma gauche, Mme Mignault, à ma droite, Mme Whittom, et
mes collègues, bien sûr, de l'aile parlementaire libérale, avec une
petite mention spéciale pour la députée de Richmond, qui, en tant qu'adjointe parlementaire, a joué un rôle
important dans la mise sur pied de la stratégie et, bien sûr, qui va suivre la
mise en oeuvre avec le secrétariat.
Donc, c'est
un grand plaisir pour moi de poursuivre l'étude des crédits, et cette fois pour
le volet Jeunesse. Je suis assez
heureux, et, bien sûr, il faut toujours faire mieux, mais heureux du travail
accompli par le gouvernement au cours de
la dernière année. Ça a été l'occasion d'une véritable mobilisation de la
jeunesse autour de défis communs, mais de défis qui touchent plus particulièrement notre jeunesse, dans un
contexte où, je crois, avec la globalisation, les tensions sociales qu'on connaît... Je ne peux pas dire que
le monde est plus simple pour les jeunes d'aujourd'hui qu'il était pour
les jeunes lorsque j'en étais moi-même, mais je dirais peut-être plus
compliqué, avec plus de défis, même, pour la jeunesse d'aujourd'hui parce que
la complexité du monde, bien sûr, augmente continuellement.
Il
y a la démographie. Si on parle de jeunes, il faut parler des moins jeunes. En
2030, il y aura plus de citoyens de 65
ans et plus que de jeunes de moins de 20 ans. C'est un gros changement pour le
Québec, avec de multiples conséquences. Donc, c'est sur des gens moins nombreux, par rapport à la
population, que vont reposer la prospérité du Québec et la pérennité de nos programmes sociaux. Il faut en être
conscient. Donc, deux conséquences. D'abord, il faut leur donner les moyens d'aller au bout de leurs
ambitions. Il faut faire tous les efforts pour ne pas laisser de jeunes sur le
côté et que tout le monde participe d'une
façon ou de l'autre. On n'est pas obligés de faire tous la même chose, mais,
d'une façon ou de l'autre, de nous
permettre de les intégrer dans le progrès de la société du Québec au cours des
prochaines années.
Donc,
c'est dans cette vision qu'on a porté une attention particulière aux jeunes de
15 à 29 ans avec la Politique québécoise
de la jeunesse, qui a été présentée en mars 2016, puis la stratégie, qui a été
présentée très récemment. Il y a des thèmes
dans cinq axes d'intervention. Je pense que c'est bon juste de rappeler les
axes d'intervention prioritaires. D'abord, la santé. Nos jeunes doivent être en santé. Il faut miser sur les saines
habitudes de vie, un environnement sécuritaire. Nos jeunes doivent avoir accès à une bonne éducation,
bien sûr. Il faut développer un environnement scolaire favorisant la persévérance et la réussite éducative. En matière
de citoyenneté, nos jeunes doivent pouvoir participer pleinement à la vie
démocratique, la vie en société. Il faut
donc créer des conditions favorables pour qu'ils le fassent. En employabilité.
Il faut bien sûr les préparer à occuper les emplois d'aujourd'hui, mais
ceux de demain également, même si on ne peut pas prévoir ce que seront les emplois prioritaires dans 15 ans. Il faut donc
leur donner une formation qui leur permettra de s'adapter à ce
contexte-là. Et un axe qui a été ajouté à la demande, notamment, des jeunes
chambres de commerce du Québec, nos jeunes doivent s'intéresser à
l'entrepreneuriat, développer l'esprit d'entreprendre. C'est large, l'esprit d'entreprendre. Ce n'est pas juste partir une
entreprise. Entreprendre un projet, s'impliquer dans un organisme, développer
un organisme, par exemple, ça aussi, ça fait partie de l'entrepreneuriat.
Alors,
cette stratégie représente un investissement d'un peu de 200 millions de
dollars sur cinq ans, 40 millions de
dollars juste pour cette année. C'est 90 mesures, dont 60 nouvelles mesures qui
viennent appuyer l'action déjà en cours. Parmi les projets, il faut mentionner notamment des stratégies jeunesse
locales développées en partenariat avec l'UMQ, la FQM, les municipalités, donc, et l'arrondissement de Montréal-Nord
fera l'objet d'un premier projet, et une dizaine d'autres verront le jour cette année. Une action générale en faveur de
la mobilité des jeunes, un guichet unique pour les jeunes Québécoises et Québécois pour faire des
stages, oui, internationaux, mais également au Canada et au Québec avec la création de Québec volontaire. L'implantation
du nouveau programme de Créneau carrefour jeunesse. Donc, j'ai pu rencontrer plusieurs intervenants dans mes
tournées du Québec, dont au Bas-Saint-Laurent récemment. Je pense qu'on connaît bien ces organisations-là. La mise sur
pied d'une chaire de recherche sur la jeunesse dans le cadre du Fonds de
recherche du Québec, qui sera une infrastructure de recherche d'avant-garde. Et
nous avons également annoncé, puis c'est
le collègue, le député de Sainte-Rose qui est à l'origine de cette initiative,
des places réservées aux jeunes sur les conseils d'administration des
sociétés d'État et également, c'est intéressant de le mentionner, une
représentation moyenne annuelle de 10 %
des jeunes lors des missions commerciales du Québec. Par exemple, là, je pars
moi-même en mai pour Israël et la
Cisjordanie. La mission sera composée de 12,5 % de jeunes de 35 ans et
moins. Alors, on s'assure de faire le
suivi de ça, de même qu'on s'assure de faire le suivi de la présence des jeunes
aux conseils d'administration, tel que je l'ai mentionné plus tôt.
Il
faut bien sûr consacrer des efforts particuliers à l'exploitation des
technologies numériques. Même si on pense que les jeunes ont beaucoup à nous montrer dans ce domaine, il faut les
amener à intégrer ça dans leur vie encore plus et surtout dans leur carrière future ou leur
occupation future. On va donner des prix, ça sera le prix du premier ministre
ou de la première ministre, au cours
des prochaines années, des prix reconnaissance jeunesse qui seront donnés à des
personnes, des organismes particulièrement méritants et qui méritent
d'être illustrés par l'ensemble de la population.
Il y aura également
des consultations sur différents aspects de la stratégie. Je voudrais également
souligner, M. le Président, les jeunes
autochtones qui sont en action par le biais de trois stratégies d'action
jeunesse autochtone, avec les Cris, les Premières Nations et les Inuit.
Celles-ci seront bientôt dévoilées. Elles sont faites par et pour les jeunes autochtones. On parle de 6 millions de
dollars sur cinq ans spécifiquement nos jeunes des Premières Nations et des
Inuit.
La
relève agricole également, il y a l'annonce d'un investissement supplémentaire,
et l'organisme Place aux jeunes en
région, qui nous est très précieux, ceux et celles d'entre nous qui
représentons des comtés de région, un organisme qui va continuer à jouer
un rôle important et encore plus important au cours des prochaines années.
Alors,
les priorités, bien sûr, on les connaît, je les ai indiquées : la réussite
éducative est soutenue par des investissements très importants en
éducation, on parle de 1,8 milliard de dollars au cours des prochaines
années, 1 500 personnes de plus dans
nos écoles, collèges... dans les écoles pour septembre 2017 et 7 200 d'ici
cinq ans. On va également appuyer
l'enseignement supérieur avec 1,5 milliard de dollars, mais, également, ça
représente des centaines de personnes, de professeurs, de chercheurs de
plus dans nos collèges et nos universités.
Donc, c'est un plan
sans précédent de 3,4 milliards de dollars pour la réussite éducative. Ça
vise à réduire les inégalités, offrir la
même chance à tous, et il en va de même avec l'implantation progressive et
ciblée de la maternelle quatre ans,
tout en reconnaissant le rôle que les services de garde jouent également pour
nos enfants de cet âge, de quatre ans.
On
veut également s'assurer que l'expérience étudiante se conjugue avec l'intérêt
pour la participation civique et
communautaire au cégep, à l'université, en valorisant l'engagement des jeunes.
On a donc annoncé 7,5 millions de dollars pour soutenir davantage encore la fondation Forces Avenir, qui est
présente dans ces milieux, organisme qui reconnaît et honore l'engagement étudiant dans des projets
qui contribuent à la formation de citoyens et de citoyennes engagés et
conscients de leurs devoirs face à leur collectivité.
On
veut également développer une main-d'oeuvre répondant, comme je l'ai dit,
davantage aux besoins du marché du
travail. Près de 290 millions de dollars serviront, en l'occurrence, à
promouvoir les métiers en demande et inciter à faire des choix de carrière gagnants. Bien sûr, il faut
d'abord et avant tout suivre ses passions et ses goûts, mais il faut également
être guidé par le paysage prévisible de
l'économie, même s'il y a beaucoup d'incertitude. Passé les prochaines années,
là, c'est très difficile de prévoir, comme je le disais plus tôt, quels
seront les métiers vraiment prioritaires.
• (11 h 30) •
On
se penche, et c'est un enjeu sérieux pour la jeunesse, sur les clauses de
disparité en emploi. On sait que notre collègue
le député de Pontiac dirige ces travaux actuellement. On parle de clauses
salariales et non salariales qui feraient minimalement l'apparence de discrimination entre les travailleurs de
certains groupes d'âge, les jeunes et les moins jeunes, et certainement qu'il s'agit d'enjeux qui m'ont
souvent été mentionnés par les organismes jeunesse, y compris notre propre
Commission-Jeunesse du Parti libéral du Québec, qui s'est exprimée là-dessus
plusieurs fois.
Le
gouvernement apporte des bonifications importantes en prévention,
particulièrement dans le domaine de la santé
mentale, continue sa lutte à l'intimidation également dans tous les milieux et
a ajouté, par la voix du ministre de l'Éducation,
une politique pour l'activité physique, le sport et loisirs afin de garder nos
jeunes actifs. Alors, on voudrait pouvoir augmenter d'au moins 10 %
la proportion de la population qui fait des activités physiques pendant ses
temps libres — j'espère faire partie des 10 %, pour
ça, il faudrait que j'aie un peu de temps libre, mais c'est difficile de
conjuguer les deux, mais un jour
viendra — et de
20 % spécifiquement pour les jeunes de six à 17 ans. Déjà, il y a
64 millions de dollars qui est prévu
sur trois ans, et plus de 500 millions seront investis pour soutenir des
projets d'installations sportives et récréatives, dont 50 millions
dans le dernier budget.
En ce qui
concerne la mobilité durable, bien sûr, c'est un enjeu, l'environnement, la
lutte aux changements climatiques,
qui mobilise fortement la jeunesse. On a annoncé des financements accrus en
transport collectif, pas juste pour
le REM et les grands projets, mais également pour l'ensemble du Québec,
électrification des transports. La recherche et l'innovation sera bientôt l'objet d'une annonce de politique
gouvernementale de même que celle des sciences de la vie où il y a beaucoup de métiers et de professions
d'avenir pour nos jeunes. Donc, on se donne les moyens de développer l'esprit d'entreprendre en milieu scolaire avec la
création d'un programme d'expérimentation en entrepreneuriat en milieu
scolaire de 10 millions de dollars sur cinq ans.
Alors, j'ai eu l'occasion d'assister pour la
deuxième année de suite à la remise des prix Jeune personnalité d'affaires ici, à Québec. Je peux témoigner de la
vigueur, de la créativité et de l'enthousiasme de nos jeunes. D'ailleurs,
l'indice d'entreprendre, qui historiquement
était plus bas au Québec au cours des dernières années, augmente spécifiquement
parce que l'indice du désir d'entreprise des
jeunes augmente très rapidement. Il y aura d'ailleurs... Aujourd'hui même à
Montréal, il y a... le Québec est le lieu
d'une grande rencontre de jeunes entrepreneurs du monde francophone avec une
centaine de jeunes de 19 pays. Ça, c'est
vraiment des liens qui vont durer toute la vie. C'est près de 400 jeunes sous
le leadership du Québec qui sont
réunis pour partager l'expertise jeunesse avec, bien sûr, la participation de
la secrétaire générale de la Francophonie.
Ça vient confirmer le leadership du Québec en matière de jeunesse alors que le
secrétariat était déjà signataire d'une entente avec la Francophonie
pour documenter les meilleures pratiques jeunesse.
Voilà donc,
M. le Président, un survol de l'action de notre gouvernement en faveur de la
jeunesse. Ces efforts, bien sûr,
s'additionnent aux grands chantiers gouvernementaux déjà en cours, notamment
pour contrer l'itinérance, les violences
sexuelles, l'intimidation et, bien sûr, la radicalisation. On veut créer un
environnement favorable à l'innovation et
à la créativité avec la poursuite de déploiement du Plan culturel numérique du
Québec, la Stratégie numérique, de même que la politique culturelle qui
sera bientôt annoncée. On se soucie de l'environnement, bien sûr, avec les
efforts à poursuivre pour contrer les
changements climatiques et on diversifie notre économie. Alors, tout ça est
rendu possible par les marges de
manoeuvre qui ont été dégagées, par la dette du Québec qui diminue
progressivement, par la confiance retrouvée
des investisseurs, des prêteurs et des consommateurs, très apparente de
plusieurs façons depuis quelques mois déjà.
Et, bien sûr, ça, ça donnera plus de moyens à nos jeunes, moins d'argent à
rembourser sur la dette dans quelques années, de l'argent dans le Fonds des
générations. C'est autant d'outils pour nos jeunes qui prendront la relève et
qui dirigeront le Québec dans quelques années, qui seront ainsi capables de
faire leurs propres choix avec les moyens nécessaires pour concrétiser ces
choix. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) :
Je vous remercie, M. le premier
ministre. J'invite le porte-parole de l'opposition officielle,
le député du Lac-Saint-Jean, pour un maximum de sept minutes.
M. Alexandre
Cloutier
M. Cloutier : Je vous remercie, M. le Président. Permettez-moi
de vous saluer et saluer le premier
ministre. C'est rare qu'on a la chance d'échanger directement avec le premier ministre. Alors, on va en profiter. Saluer tous les
collègues de l'Assemblée nationale, mais surtout saluer aussi tous les organismes
jeunesse un peu partout à travers le
Québec qui nous écoutent aujourd'hui
et qui sont présents avec nous, qui font un travail remarquable. Et je tiens à
souligner tous les efforts que vous
faites auprès de nos jeunes. Et c'est tellement important, c'est tellement
fondamental. C'est évidemment l'avenir, c'est la prunelle de nos yeux,
et je tiens à souligner tout le travail que vous faites.
Ceci étant
dit, ça fait un peu drôle, M. le Président, de discuter des crédits Jeunesse
aujourd'hui, 27 avril, après la
période de questions qu'on vient d'avoir, parce qu'on se questionne beaucoup
pour savoir comment intéresser nos jeunes à la vie politique. Il y a tout un volet de la politique jeunesse qui
est dédié à la citoyenneté, aux partenariats avec l'Institut du Nouveau Monde puis d'autres organismes jeunesse,
puis, en même temps, bien, je suis obligé de dire que moi, je fais partie
des parlementaires qui sont toujours
tellement déçus de voir que, parfois, nos institutions ne sont pas à la hauteur
de nos attentes. C'est le moins que
je puisse dire. Je ne veux pas faire trop
référence aux événements de l'actualité, mais je ne veux quand
même pas qu'on se mette la tête dans le sable.
Ceci étant
dit, alors, je me suis aussi questionné de savoir quelle était la meilleure
approche qu'on devait avoir pour la
jeunesse québécoise puis qu'est-ce qui, dans le fond, touchait le plus nos jeunes, et inévitablement, M. le Président, à mon point de vue, ça nous ramène à l'éducation. Je regardais le budget
du Secrétariat à la jeunesse et je me disais : Bon, bien,
c'est quoi? C'est 32 millions, environ? C'est quand même le double du
Secrétariat aux affaires intergouvernementales — on
me dit 38? 38,
oui — c'est
le double du Secrétariat aux affaires intergouvernementales, mais ce
n'est absolument rien comparativement au budget total du
ministère de l'Éducation. Et, lorsqu'on a à comparer puis à se préoccuper sur
les services qu'on a offerts à nos jeunes,
inévitablement, il faut s'intéresser, qu'est-ce qui est arrivé au Québec dans
les dernières années dans notre
réseau de l'éducation, parce que ça a eu un impact immense sur l'avenir de nos
jeunes. S'il y a un tout un volet qui
porte sur le décrochage scolaire, comme c'est le cas dans la politique, bien,
encore faut-il que nos jeunes ne décrochent pas du réseau scolaire.
Et là, M. le
premier ministre, j'ai énormément de respect pour la fonction que vous occupez.
J'ai une petite idée de tous les
enjeux que vous avez à décider sur une base régulière, mais je demeure quand
même convaincu qu'on a une divergence
d'opinions assez forte sur les choix que votre gouvernement a faits dans les
dernières années dans le réseau de
l'éducation au Québec. Je connais déjà la réponse du premier ministre. Je sais
qu'il va me dire qu'on est allé en élection sans avoir voté les crédits. Je sais aussi qu'il va me dire que tous les
partis politiques souhaitaient l'équilibre budgétaire. Mais il n'en demeure pas moins que son
gouvernement s'est rapidement retrouvé dans une situation de surplus budgétaire.
Et, à mon point de vue, le budget de
l'éducation devrait être sacré au Québec. On ne devrait pas pouvoir couper des
centaines de millions, comme ça a été
le cas dans les dernières années, parce que ça laisse des traces importantes
dans les services qui sont offerts à
nos jeunes, et je pense, entre autres, à tous les services, à toute la batterie
de professionnels qui se sont vus
dépourvus des services qui, normalement, auraient dû être rendus à nos jeunes.
Je pense, entre autres, aux orthophonistes, aux psychoéducateurs, aux techniciens en éducation spécialisée qui se
sont retrouvés dans une espèce d'engrenage où les coupures imposées aux différentes commissions
scolaires, en bout de ligne, ça s'est traduit par des pertes de services. Et
ça, pour moi, puis, je pense, pour le
Québec, puis pour la jeunesse au Québec, bien, c'est extrêmement grave et,
inévitablement, ça va laisser des traces.
Quand je
vois, dans la politique jeunesse, qu'on va réinvestir, c'est vrai, dans les
organismes à but non lucratif liés à
la persévérance scolaire, à quelque part, je suis un peu choqué parce que je me
dis : Comment ça se fait que plusieurs d'entre elles ont quand même dû fermer leurs portes? Des organismes qui
avaient développé une expertise, je pense au CREPAS, entre autres, chez
nous, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
des gens qui avaient développé une expertise ont carrément été congédiés, puis ce monde-là n'ont pas été réembauchés.
Oui, il y a eu des réinvestissements. Oui, aujourd'hui, on est en train d'essayer de rattraper le temps
passé, mais la réalité, c'est qu'il y a du monde qui ont carrément perdu leur
job et qui ne sont jamais revenus dans le
réseau. Pourquoi? Parce que, justement, ils se sont faufilés, ils ont trouvé
d'autres avenues.
Alors,
tout ça pour dire que, pour moi, la meilleure politique jeunesse passe par une
protection et des réinvestissements importants
en éducation pour nous assurer qu'il y ait le plus de jeunes possible qui
aillent au bout de leurs aspirations, au
bout de leurs rêves, qui obtiennent une qualification, une diplomation et
qu'ils puissent s'épanouir, trouver un emploi, participer à la vie citoyenne québécoise, avoir des saines habitudes de
vie, s'impliquer sur le plan culturel. Et je dois dire qu'évidemment dans la politique, M. le Président,
j'y reconnais plein de bonnes mesures, puis je suis prêt à en souligner d'emblée, de façon consensuelle, puis je serais
même prêt à faire le tour de la politique pour souligner tous les bons coups
qui sont là-dedans. Mais je n'ai pas le
choix de m'élever un peu au-dessus de la politique puis de regarder l'ensemble
de l'oeuvre pour la jeunesse
québécoise puis je suis obligé de vous dire que notre système d'éducation a été
incroyablement mis à mal dans les
trois dernières années et que ce qui était initialement prévu, c'est-à-dire des
investissements de croissance à la
hauteur de 3,5 %, bien, comme on le sait, malheureusement, ça n'a pas été
le cas. Alors, par définition, lorsqu'on ne tient pas... on est incapable de maintenir le coût du réseau annuel,
bien, ça se traduit par des coupures importantes, ce qu'on a vécu dans
notre réseau.
Alors, ceci étant dit, M. le Président, je ne
sais pas combien de temps il me reste.
Le Président (M. Matte) : 50
secondes.
• (11 h 40) •
M. Cloutier : 50 secondes, bon. J'aborderai plusieurs
enjeux liés davantage à la politique, mais je tenais quand même à rappeler que les coupures en éducation
ont fait extrêmement mal à notre jeunesse québécoise.
Je connais déjà l'argumentaire du côté gouvernemental, mais je tenais quand
même à exprimer qu'à mon point de vue et de manière consensuelle on devrait s'assurer que le budget en éducation, peu
importent les formations politiques, il est protégé. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. J'inviterais le député de Chambly, porte-parole de la deuxième
opposition officielle, pour un maximum de cinq minutes. Je vous cède la parole.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge :
Merci, M. le Président. Donc, je vais aussi profiter du temps que j'ai pour
saluer mon collègue de l'opposition,
M. le Président, le premier ministre, la partie ministérielle et toute l'équipe
aussi en arrière, là, qui travaille très, très fort pour livrer les réponses, les groupes jeunesse et leurs
représentants qui sont présents ici puis tous les groupes jeunesse qui
nous écoutent. Ils sont très nombreux. La plupart, je les connais bien
personnellement pour avoir des affinités
avec eux parce que j'ai moi-même été impliqué dans les groupes jeunesse il y a
maintenant une vingtaine d'années, puisque
j'ai 42 ans, donc dans le mouvement étudiant, ensuite à Force Jeunesse puis,
bon, dans plusieurs... même d'autres conseils
d'administration pour les aider. Donc, je suis très, très reconnaissant de tout
ce qu'ils font par et pour les jeunes. Et,
quand je dis «par et pour les jeunes», ça me fait penser aux forums jeunesse
qu'on a... j'ai le goût de dire qu'on avait, il en reste, mais qu'on avait à la grandeur du Québec, qui étaient un
modèle unique qui fonctionnait bien et qui a subi les foudres du gouvernement actuel. Bon, il y en a
quelques-uns qui sont restés. On a créé Citoyenneté jeunesse, mais ça a été
dans un mouvement de survie, puis c'est avec
beaucoup de résilience que les groupes jeunesse ont réussi à se frayer un
chemin à travers l'austérité qui avait visé la jeunesse.
Et il faut
déboulonner un mythe, là, c'est un non-sens de dire : Je vais couper en
éducation, je vais couper dans les
groupes jeunesse, je vais couper dans Forum jeunesse au nom de la jeunesse.
Puis c'est en coupant en éducation, en coupant
directement dans des services aux élèves en difficulté, en minant leurs chances
d'obtenir un diplôme que je vais me
dégager une cagnotte pour, après ça, mettre ça dans le Fonds des générations
puis dire : Hé! regardez, les jeunes, comme on travaille pour vous. De le dire, déjà, c'est presque risible, mais
pourtant on l'a entendu puis on l'a vu, on l'a vu à répétition pendant un bon trois ans, des coupures au primaire,
au secondaire, des techniciens en éducation spécialisée, des orthophonistes, dans les cégeps, les API, ce qu'on
appelle les aides pédagogiques individuelles, qui n'avaient pas un poste
à temps plein puis une permanence sont
partis dans des coupures visant à rétablir les finances publiques, et tout ça
au nom de la jeunesse. Il y a quelque chose qui ne tient pas la route,
là, absolument pas.
Bon, on est
bien content de voir que, là, maintenant, tout à coup, à l'approche des
élections, il y a de l'argent pour les groupes jeunesse puis pour l'éducation,
mais, si ça avait été une priorité, ça aurait survécu à ces rondes de coupures
là. Justement, c'est le propre d'une
priorité que d'être priorisée et de ne pas être ciblée quand c'est le temps de
couper ou de réduire les
augmentations de budget à un taux qui ne permette pas de soutenir les coûts de
système, parce qu'on va me dire :
Ah! il n'y a jamais eu de coupures. Regardez, le budget en éducation a
augmenté, là, à chaque année. Oui, mais il augmentait moins que les coûts de système. Ça veut dire que dans les
commissions scolaires, dans les écoles, dans les cégeps, dans les
universités, dans les faits, il y a eu des coupures directes de services. On a
même eu un ministre de l'Éducation qui
disait : Bien, vous avez juste à ne pas acheter des livres pendant deux,
trois ans. S'il n'y a pas de livre dans
les bibliothèques scolaires, personne ne va mourir de ça. Il devait bien
manquer de l'argent quelque part. Si le ministre de l'Éducation, dans cette législature, a tenu ces
paroles-là, c'est clair qu'il y a des coupures, des compressions, enfin, tous
les synonymes sont bons pour dire que la jeunesse a écopé.
Donc, ceci
étant dit, il y a quand même eu des beaux discours, des politiques jeunesse, et
le défi, ça va être d'aller au-delà
des beaux discours, d'aller derrière la couche de vernis pour voir s'il y a une
réelle volonté de faire avancer la jeunesse puis de mettre la jeunesse
en priorité, de lui redonner son importance et de la placer au coeur des
actions gouvernementales. On est ici aujourd'hui, ça va me faire plaisir
d'échanger sur le sujet. Merci.
Discussion générale
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Donc, le temps des
remarques préliminaires étant écoulé,
je suis prêt à reconnaître l'opposition officielle, le député du
Lac-Saint-Jean, pour environ 22 minutes.
M. Cloutier :
Je vous remercie, M. le Président. Alors, on va commencer avec le bloc de
mobilité des jeunes, programme de
mobilité et Fondation LOJIQ. M. le Président, on a beaucoup de difficulté à s'y
retrouver. On comprend qu'il y a un
projet de loi qui serait en préparation. On comprend mal le nombre de jeunes
qui sont directement touchés par le
programme de mobilité, mais on va reprendre ça du début. À quoi ça sert?
Pourquoi on veut un programme de mobilité au Québec?
Alors,
initialement, ce que j'ai compris, c'est qu'on souhaitait avoir un programme
de mobilité qui s'intéresse particulièrement aux jeunes qui ne sont ni à l'emploi ni aux
études, et qui se retrouvent donc dans une période de leur vie où ils sont inactifs sur le plan professionnel,
et qui peuvent, pour toutes sortes de raisons, chercher des alternatives pour essayer de se repropulser, vivre d'autres
expériences. Alors, sous notre gouvernement, on avait envisagé la création de ce qu'on appelait, nous, l'engagement civique,
qui visait justement ces jeunes-là. Mais l'idée de base, c'était justement d'avoir un programme qui était
musclé, un programme qui était large, qui était général, parce qu'on parle
d'environ 150 000 jeunes qui se retrouvent dans un tel scénario. Et, quand on
regarde ce qui se passe en France, M. le Président, force est de constater que c'est un programme qui
est extrêmement populaire. C'est un programme qui a fait ses preuves et qui permet à des jeunes de vivre des
expériences dans des activités communautaires auprès de certaines municipalités
et qui, en échange, ont une rémunération.
Alors,
d'abord j'aimerais savoir combien de jeunes sont visés par le programme.
Ensuite, est-ce que les municipalités sont
dans le coup? Est-ce que les organismes communautaires sont impliqués? Où est
la promotion du programme? Je suis
assez convaincu que, si je cédais la parole à tous les collègues députés puis
je leur demandais de nous expliquer le programme,
il n'y en aurait pas beaucoup qui seraient capables de le faire. En tout cas,
c'est ma prétention. Peut-être que je
me trompe. Mais il me semble que la chair autour de l'os, je ne suis pas
convaincu qu'on l'a. Alors, peut-être que le premier ministre est capable de nous expliquer davantage, là, qui est
impliqué, combien de jeunes et, en bout de course, c'est quoi,
l'objectif.
Moi,
initialement, ce que j'avais compris, c'est qu'on voulait que les jeunes
aillent vivre des expériences à Montréal, au Saguenay—Lac-Saint-Jean,
en Gaspésie. Puis, initialement, ce que nous, on avait en tête, c'est que les
jeunes aillent vivre aussi des expériences dans des communautés
autochtones pour qu'il y ait vraiment de la mobilité dans les communautés cries, attikameks, qu'il y ait
vraiment du mouvement sur le territoire québécois. Puis on était persuadés
que ça serait très, très, très populaire.
Mais là je comprends qu'on est en attente d'un projet de loi. Je comprends
aussi qu'il y a un peu d'argent mis
sur la table, mais il me semble qu'il y a encore beaucoup à faire. Alors, je
vous cède la parole, puis on verra si on est capable de préciser
davantage.
Le Président (M. Matte) :
Merci. J'invite le premier ministre à répondre aux questions de l'opposition.
M. Couillard : Bien, merci, M. le Président. On aura l'occasion
d'échanger spécifiquement sur la mobilité des jeunes, mais il y a quand même eu des remarques d'introduction
auxquelles, bien, je dois répondre par quelques commentaires. Comment intéresser les jeunes à l'action politique
et au service public? De beaucoup de façons, notamment en s'abstenant d'utiliser le mensonge, la calomnie, la
déformation des faits de façon répétée et presque systématique. Je pense que
ça, ça ne donne pas confiance au monde. Et notre collègue le député de
Lac-Saint-Jean devrait être particulièrement sensible à ça, lui qui a été lui-même ciblé par ces méthodes
pendant la campagne au leadership. Alors, je pense qu'il devrait comprendre
très bien que ce genre de chose là n'est pas de nature à encourager nos jeunes.
Maintenant,
il faut parler également des finances publiques. Il avait prévu que j'en
parlerais, donc je ne le décevrai pas.
Je vais montrer que les budgets de l'éducation ont augmenté, bien sûr, puis
certains auraient voulu qu'ils augmentent plus rapidement, mais on avait, je le rappelle, ce n'est pas banal,
7,2 milliards de dollars d'impasse à rattraper, laissée par le gouvernement précédent. Puis j'ai entendu
tantôt dire : On n'avait pas adopté les crédits. Non, non, c'est pire que
ça, on n'avait pas déposé les
crédits. Quand on ne dépose pas des crédits, c'est parce qu'on sait que les
crédits ne ferment pas, ça ne marche
pas. Ça fait que, là, ce qui est arrivé, on a dit : Bien, on va faire un
référendum après l'élection. On va se faire
élire, puis on arrangera ça après, puis on fera notre référendum. Alors,
heureusement, ce n'est pas arrivé. Heureusement pour le Québec,
d'ailleurs, puis pour les Québécois, ce n'est pas arrivé.
Mais les
déficits d'aujourd'hui, c'est des services en moins demain. C'est pour ça que
c'est important, pour les jeunes, des
finances publiques bien gérées et une dette sous contrôle. Moi, j'aime autant
mettre de l'argent dans la politique jeunesse,
dans l'éducation, dans la santé que d'envoyer de l'argent aux banquiers pour
payer notre dette, qui doit être gardée sous contrôle. Et on voit que la confiance, d'ailleurs, des institutions
financières revient parce que, si je reprenais le même tableau sur la croissance des budgets en
éducation, même au cours des dernières années, on voit qu'il y a eu croissance,
si on avait reculé un peu, juste avant cette
date de 1997‑1998, on aurait c'est quoi, la véritable austérité puis la
réduction des budgets de l'éducation.
Alors, le seul parti représenté ici
qui a réduit les budgets de l'éducation dans l'histoire contemporaine du Québec, c'est le parti qui aujourd'hui forme l'opposition officielle. Je sais que le collègue n'était pas là
à l'époque, mais ça nécessite quand même d'être dit.
Maintenant,
pour ce qui est de la deuxième opposition, moi, je suis très surpris quand
j'entends ça parce qu'effectivement
les trois partis étaient d'accord pour rétablir l'équilibre budgétaire, puis la
CAQ a bâti son identité politique sur le concept de bonne gestion des finances publiques et de
réduction de la dette. Alors, c'est un peu facile, c'est un peu court, après
que quelqu'un ait réussi à faire ce
qu'il fallait faire, bien là de dire qu'on n'était pas d'accord puis c'est bien
effrayant. Je pense qu'il faut rester un peu en rapport avec la réalité.
Maintenant, pour parler plus spécifiquement,
juste un mot en passant...
• (11 h 50) •
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre, je vous inviterais à faire une réponse courte parce que...
M. Couillard : Je vais parler
tant que je veux, là. Je vais indiquer...
Le Président (M. Matte) : C'est
sur le temps de l'opposition.
M. Couillard : Oui. Je vais indiquer cependant que c'est
12,8 millions de dollars qui ont été investis dans les organismes
régionaux de concertation pour la persévérance scolaire.
Maintenant, pour la mobilisation... En passant, si on veut
garder le temps des réponses courtes, il faut se garder de faire des remarques,
pendant la question ou avant la question, qui, de toute évidence, doivent
apporter des réponses. C'est
peut-être une façon de rester concentré sur les thèmes, puis là on a choisi un
thème qui est celui de la mobilité des jeunes.
Je vais quand même lui indiquer, puis ce n'est pas pour moi une échappatoire,
de dire qu'il y a plusieurs de ces programmes
qui sont gérés par le MRI, le ministère des Relations internationales. Donc, je
suis certain qu'aux crédits du MRI on pourra avoir davantage de détails
sur ces programmes-là.
Mais je pense qu'il
était certainement bien vu et bien pensé de créer le regroupement de ces
organismes qui favorisent la mobilité des
jeunes, oui, sur la scène internationale, oui, au Québec, mais également dans
le reste du Canada. Je sais que c'est
moins important pour l'opposition officielle, mais, pour des jeunes, d'aller
voir ce qui se passe en Alberta, en Colombie-Britannique, en Ontario, ça
peut être particulièrement utile.
Donc, on permet
d'avoir un guichet unique pour nos jeunes, de leur faire permettre des
expériences très, très enrichissantes et
ainsi augmenter leur connaissance du monde, de leur pays également, du Québec.
Et ça va nous permettre également de dégager des sommes importantes. Et
même les sommes non utilisées, par exemple, en 2015‑2016 sont reportées aux années suivantes. Alors, il y aura
non seulement une simplification du système, mais également le fait de
pouvoir dégager encore plus de marge de manoeuvre financière pour augmenter et
bonifier l'importance des jeunes.
Maintenant, je rappelle que LOJIQ, les organismes jeunesse
internationaux, dépend du ministère des Relations internationales. Alors, je l'engage à dialoguer
avec la ministre des Relations internationales sur cette question lors de ses
crédits.
Le Président
(M. Matte) : Merci. J'invite le député du Lac-Saint-Jean... c'est
votre bloc.
M. Cloutier : Oui, je vous remercie de le
rappeler, M. le Président. D'abord, je veux rassurer tout de suite le premier
ministre, j'adore la Colombie-Britannique,
M. le premier ministre, j'y ai même travaillé. J'ai étudié aussi en Ontario,
j'ai eu des expériences
communautaires. Et, contrairement à ce que vous avez peut-être laissé entendre,
peut-être sans intention, mais sous
aucune forme notre projet politique n'est fondé sur le rejet de qui que ce
soit. Au contraire, j'ai énormément de respect et même d'admiration pour nos amis
canadiens. J'ai juste un autre projet politique et d'autres ambitions pour
le Québec.
Ceci étant dit, je veux quand même
revenir sur le programme de mobilité, qui est quand même au coeur, je pense,
de la politique jeunesse. Et j'ai posé
quelques questions plus précises, alors peut-être que je vais les répéter pour
avoir davantage de précisions. Sur le projet de loi, entre autres, qui
est en rédaction, est-ce que le projet de loi va justement nous donner des critères d'admission? Il y a
combien de jeunes qui sont visés? Les organismes communautaires qui vont
y participer, les municipalités, etc., qui
est dans le coup, qui fait quoi? Alors, c'est un peu ça que j'essaie de
comprendre. Puis est-ce que c'est en
vigueur dès maintenant? Est-ce que déjà des jeunes participent à ça ou on
attend la création du projet de loi?
Le
Président (M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard :
Avec consentement, ma collègue brûle du désir de s'exprimer là-dessus.
Le Président (M. Matte) :
Bien sûr. Est-ce qu'il y a consentement pour que la députée puisse prendre la
parole? Consentement. Je vous cède la parole.
Mme Vallières :
Merci beaucoup, M. le Président. Tout d'abord, permettez-moi de vous saluer,
collègues qui êtes ici ce matin pour
ces importants crédits. Si on est tous là ensemble aujourd'hui, c'est que la jeunesse,
ça nous tient tous à coeur. Salutation aux groupes qui nous écoutent
certainement aussi parce qu'ils ont manifesté beaucoup d'intérêt pour
les dossiers jeunesse dans les derniers mois. Et, chers collègues, merci d'être
parmi nous aussi.
Quant à la question précise pour le
collègue de l'opposition officielle concernant toute la programmation de LOJIQ,
je crois, M. le Président, qu'il a
certainement suffisamment d'expérience pour savoir que, si un projet de loi
s'en vient, on ne peut non plus porter
outrage à notre Parlement et en nommer déjà du contenu. Évidemment, que l'on a
travaillé avec le ministère des Relations internationales pour pouvoir
travailler ce projet de loi qui sera présenté sous peu. D'ailleurs, que je n'ai pas vu non plus, si la question lui venait en
tête également. C'est un projet majeur qui a été mis en place et par le Secrétariat à la jeunesse et par
le ministère des Relations internationales. Beaucoup d'acteurs sont en jeu.
Aussi, le ministère des Affaires intergouvernementales, puisque, comme le
collègue de l'opposition le mentionnait, au-delà de la portion internationale
que l'on connaît déjà à LOJIQ, la volonté du Secrétariat à la jeunesse est
aussi de pouvoir offrir à nos jeunes du
Québec de faire des stages aussi à l'intérieur du Canada, mais à l'intérieur
même du Québec, ce qui est fort important. Déjà dans son programme,
LOJIQ permet à des milliers de jeunes de faire des stages et du volontariat un peu partout, et on a l'intention
d'ajouter plusieurs centaines de places de stage aussi. Le nombre exact ne peut
être connu encore. Ce sont des partenariats à établir avec d'autres provinces
également, et ça ne peut pas se faire, là, seulement qu'en quelques
minutes non plus.
J'aimerais
porter à sa connaissance la réaction d'un collègue qui a travaillé aussi au
dossier jeunesse, et, quand on est
arrivé, M. le premier ministre avait comme mandat très clair à l'égard des
adjoints à la Jeunesse qui ont travaillé avec lui de contribuer, de prendre ce que le précédent gouvernement avait
fait dans les dossiers jeunesse aussi pour les inclure à l'intérieur de
la politique, et donc du projet dont le collègue parle directement, et on y
dit, et c'est sous la plume de Léo
Bureau-Blouin, qu'on y retrouve notamment l'idée d'un service civique nommé
Québec volontaire qui va permettre à des
jeunes Québécois de faire du volontariat dans des régions du Québec et du
monde, des mesures pour la facilitation de la conciliation famille-étude-travail, des gestes pour augmenter la
place des jeunes dans les lieux décisionnels et des actions pour
faciliter l'insertion des jeunes qui ne sont ni en emploi ni aux études.
Alors,
oui, l'intention est là. Il y a un projet de loi, comme il le mentionnait, qu'on
a dit aussi que ça s'en venait, mais
il faut savoir que des projets à l'intérieur même du Québec, il y en a aussi
beaucoup. Le premier ministre parlait de Place aux jeunes, donc la mobilité jeunesse, on en fait déjà à travail
le volontariat dans les Carrefours jeunesse-emploi, et ça permet de découvrir notamment les belles
régions comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean.
Il y a un séjour exploratoire bientôt,
une première qui se fait en forêt, directement dans votre région également. Il
y a beaucoup de choses qui s'en viennent, et ce sera majeur, quand on
continuera là-dessus.
Le
Président (M. Matte) : Merci. Merci. Je vous invite aussi...
j'essaie d'équilibrer le temps aux questions-réponses.
M. Cloutier :
Oui. Merci, M. le Président. Je vais demander au premier ministre de répondre,
M. le Président, parce que j'essaie
de... je ne veux pas jouer la corde de la partisanerie puis j'ai voulu exprimer
une réelle préoccupation sur la
participation des jeunes à la mobilité sur le territoire québécois sans vouloir
lancer la balle à personne, sans vouloir tirer de bouette à qui que ce
soit. Je reconnais tout le travail qui a été fait par mon collègue Léo
Bureau-Blouin pour y arriver. Mais ma seule
question, c'est de savoir... ma préoccupation, c'est, parmi le groupe de jeunes
qui est identifié, les 150 000
jeunes qui ne sont ni en emploi... quelle est la proportion qui est visée pour
leur participation à cette mobilité sur le territoire québécois?
Le Président (M. Matte) :
M. le premier ministre, je vous invite à répondre à la question...
M. Couillard : Alors, il y aura une réponse à cette question. L'évaluation est en
cours pour avoir une réponse spécifique. On va faire ça avec le réseau
des Carrefours jeunesse-emploi.
Maintenant, je vais quand même donner quelques
détails sur le programme Québec volontaire, qui est un peu tributaire du projet de loi qui progresse
actuellement. Il faut expliquer que la seule raison du retard du projet de loi,
ce n'est pas le
manque de volonté de le faire, c'est qu'on avait, disons, certains délais
administratifs dans le domaine des services juridiques de l'État
pendant, disons, quelques semaines.
Alors, il y a
du financement qui est attaché à ces programmes de mobilité : 7,8 millions,
bien sûr, mais auquel s'ajoute la Fondation LOJIQ, 2,2 millions, et
également 20 millions sur cinq ans pour favoriser, à travers la refonte
des Offices jeunesse, davantage
d'initiatives. Et je viens de parler des 7,8 millions du programme volontaires...
Québec, qui s'adresse pour des stages
au Québec et au Canada. Je suis content de voir que mon collègue sera content
que des jeunes du Québec aillent dans
le reste du Canada, comme il l'a fait lui-même, et tant mieux, mais c'est un
progrès, c'est un progrès. Puis
d'ailleurs, en passant, l'idée d'avoir des stages en milieu autochtone, c'est
tout à fait possible, à l'intérieur du stage, de le faire. On a vérifié avec le Secrétariat à la jeunesse, et c'est
certainement possible de le faire. Donc, il va falloir qu'on dépose le projet de loi. Il y aura présentation
d'une évaluation chiffrée que demande mon collègue. Les travaux sont en
cours actuellement et pourront être présentés lors de l'adoption du projet de
loi.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. M. le député du Lac-Saint-Jean.
• (12 heures) •
M. Cloutier :
Bien, d'abord, je me réjouis de la réponse du premier ministre et j'apprécie la
transparence. C'est fondamental pour
moi, M. le Président, ce programme de mobilité pour la... j'allais dire la
survie, mais c'est presque ça, pour la démographie dans nos régions du Québec.
Et j'ai une profonde préoccupation qu'il y a davantage de circulation de nos jeunes et une meilleure connaissance du
territoire québécois et que nos jeunes se connaissent davantage et qu'ils
connaissent les particularités. Et je pense
qu'un programme comme celui-là, qui est encore en ébullition, avec un projet de
loi qui va être déposé, est très prometteur pour l'avenir du Québec, et c'est
pour ça que je me préoccupe. Et je veux m'assurer
que les sommes soient disponibles. Je veux m'assurer qu'il y ait le plus de jeunes possible qui vont pouvoir en profiter, particulièrement ceux et
celles qui ne sont pas à l'étude, qui ne sont pas à l'emploi, qui cherchent des
choses à faire, qui veulent vivre une
première expérience professionnelle, une première expérience communautaire. Et c'est ça, le sens de mes
questions, M. le Président.
Alors, je
vais enchaîner dans la même logique, c'est-à-dire la préoccupation démographique.
Vous avez aussi mis sur pied un
programme de mobilité pour les cégeps, qui concerne directement et qui fait
aussi partie de la politique jeunesse. Or,
encore une fois, ma préoccupation, c'est que ça fonctionne, c'est que ça marche
puis qu'on ait des jeunes qui, réellement, partent de Montréal, qui viennent dans les... c'est quoi, de mémoire,
c'est 15 cégeps qui sont directement impliqués. Or, à ce stade-ci, du moins, ce
qu'on me dit, c'est qu'il y aurait seulement que quelques étudiants seulement
qui auraient participé au programme. Alors, je suis préoccupé, je suis
préoccupé par rapport aux objectifs qui sont visés puis à la capacité d'atteindre les objectifs. Alors, ça se
retrouve dans la politique jeunesse. Je ne sais pas si le premier ministre a
les statistiques à jour en ce qui a
trait au nombre de jeunes qui ont participé au programme de mobilité étudiante
dans les cégeps.
Alors, je lui
pose cette question : Il y a combien de jeunes? Puis est-ce que les
perspectives sont meilleures pour les années à venir, pour que justement
ça soit un programme qui prenne son envol?
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Le programme vient d'être annoncé officiellement,
donc il ne faut pas être surpris, là. Et on rendra compte des résultats à mesure. Mais il y a une
façon dont on peut tous faire en sorte... Juste expliquer aux gens qui nous
écoutent de quoi il s'agit, le collègue l'a
bien décrit, il s'agit de permettre à des jeunes des villes, comme Montréal ou
Québec, de venir faire une partie de leur
scolarité collégiale dans nos cégeps de région. Par exemple, chez moi, puis je
suis certain également pour le cégep
d'Alma, mais le cégep de Saint-Félicien fait face à un enjeu démographique
significatif qu'il corrige de deux
façons, surtout par l'attrait des étudiants étrangers, il y a 125 étudiants
étrangers actuellement au cégep de
Saint-Félicien, mais également par ce programme de mobilité interrégionale. Et
là il va falloir avoir une logique, il
va falloir que ça se tienne. Et je compte sur mes collègues de l'opposition
parce qu'en même temps qu'on veut développer ce programme on sait que
les grands cégeps de Montréal et d'ailleurs demandent des changements à leurs
devis pour augmenter le nombre de places.
Donc, je pense qu'il faut tenir compte de leurs demandes, de l'explosion
démographique dans certaines régions,
mais il faut faire attention, il faut être prudent. Il faut que les jeunes
soient amenés... on ne peut pas obliger
des jeunes, bien sûr, hein? Il ne s'agit pas de faire ça, là. Ce n'est pas une
conscription. Mais il faut faire en sorte que le choix s'impose naturellement pour aller étudier... ce qui est
loin d'être une punition, en passant, là. Passer quelques mois de sa vie au cégep à Gaspé, ou à Saint-Félicien,
ou ailleurs en région, c'est une expérience formidable. Moi, je pense
que les jeunes vont être intéressés.
On me dit
qu'il y a déjà eu, notamment pour la Gaspésie, des manifestations d'intérêt en
assez grand nombre. La période des
inscriptions, tout ça va se poursuivre, mais je veux juste rappeler, de la même
façon qu'on a voulu protéger les
programmes exclusifs pour les cégeps en région, il va falloir faire attention à
l'impact des augmentations de devis dans les villes sur les cégeps en région qui voudraient mettre en place la
mesure de mobilité. Alors, cette mesure-là est développée, c'est sa première année. On aura l'occasion certainement, je
pense... d'ailleurs, aux crédits l'an prochain, on devrait être capables de faire le bilan de la première année
d'utilisation de ce programme-là. Je remercie le collègue de l'avoir
mentionné.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. Le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Bien, là aussi je rejoins le premier ministre sur, effectivement, les défis
démographiques des autres régions,
qui, elles, vivent d'autres réalités que celles en région. Mais effectivement
c'est des drôles de choix que d'avoir des institutions qui sont à moitié pleines ou à
moitié vides, dépendamment de la façon dont on regarde les choses, et d'autres
institutions qui débordent, et on doit construire. Il me semble que c'est
nettement plus logique d'inviter les jeunes à parcourir
le territoire québécois et d'utiliser, donc, les infrastructures qui existent
déjà. Le programme a quand même été lancé
l'année dernière, bien, c'est-à-dire, a été lancé pour l'année scolaire de
l'automne 2016. Moi, j'avais compris que le programme était en application dès cette année et qu'il y avait
peut-être des jeunes qui en avaient bénéficié. Je ne sais pas si le premier ministre a les chiffres avec
lui, sinon je poserai la même question à sa collègue aux études supérieures
en début de semaine.
M. Couillard :
Je sais qu'il y a des étudiants qui ont déjà demandé d'être inscrits à la
mesure. On m'a parlé spécifiquement du cégep
de Gaspésie, de Gaspé, mais on pourra certainement avoir cette discussion avec
ma collègue de l'Enseignement supérieur.
Alors, c'est vrai, ce
qu'il dit. On est d'accord, il faut faire attention aux devis des cégeps dans
les régions démographiques, disons, très
actives, mais il faut quand même reconnaître le droit aux jeunes de faire les
études où ils veulent. Alors, il faut
faire attention non plus de ne pas trop pousser le pendule de l'autre côté et
faire en sorte qu'on ait une offre
alternative, mais qu'on permette quand même aux jeunes qui le désirent de faire
leurs études près de leur milieu familial,
surtout au niveau collégial. Mais je pense qu'on est tous également préoccupés
de ça, et on veut que nos jeunes restent en région. D'ailleurs, on
m'indique que le programme qu'on va peut-être discuter tantôt, Place aux jeunes
en région, il y a 2 000 jeunes qui se
sont établis en région dans les deux dernières années. Ça s'ajoute au programme
de crédit d'impôt pour les jeunes
diplômés aussi. Moi, quand je suis allé en Mauricie récemment, j'ai rencontré
des jeunes entrepreneurs qui ont
choisi de rester ou revenir en Mauricie à cause du climat entrepreneurial qui
existe maintenant dans la région. Alors, c'est le genre de chose qu'on
doit créer partout au Québec, dans toutes nos régions.
Le Président
(M. Matte) : Merci.
M. Cloutier :
Juste pour fins de clarté, là, il y a le programme de mobilité puis il y a la
fondation LOJIQ. Il y a un 7,8
millions à la fondation LOJIQ puis il y a aussi un programme de mobilité, mais
est-ce que le projet de loi englobe les deux?
M. Couillard :
On ne peut pas parler du projet de loi avant de l'avoir déposé.
M. Cloutier :
Bien, alors je vais vous poser une autre question. Il y a un 7,8 millions qui a
été octroyé pour la fondation. À quoi qu'il sert?
M. Couillard : En fait, le 7,8 millions, je vais vérifier, il n'est pas pour la
fondation. C'est 2,2 millions supplémentaires
qui a été annoncé plus 7,8. C'est un total de 7,8 plus 2,2. Puis
Mme Mignault pourra peut-être donner consentement et détails
là-dessus.
Le Président
(M. Matte) : Acceptez-vous?
Une voix :
Oui.
Le Président (M. Matte) :
Madame.
Mme Mignault
(Isabelle) : Alors, en fait...
Le Président
(M. Matte) : Si vous voulez vous présenter.
Mme Mignault (Isabelle) : Oui. Isabelle Mignault, secrétaire adjointe à la jeunesse. En fait, il y a 20 millions
sur cinq ans qui est attribué pour LOJIQ,
là, les stages, la livraison des stages à l'international. Québec volontaire
sera mis en place à l'aide des fonds
qui ont été transférés à la fondation. Et le projet de loi, en fait, permettra
de faire avancer l'ensemble des initiatives d'élaboration du nouveau
programme.
M. Cloutier :
Donc, je comprends que le projet de loi va aussi englober les activités de la
fondation.
Mme Mignault
(Isabelle) : Évidemment, je ne peux pas me commettre là-dessus.
M. Cloutier :
Mais j'ai compris de vos propos précédents que c'est ce que ça laisse entendre.
Très bien.
Le Président
(M. Matte) : Il vous reste 1 min 15 s, M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : 1 min 15 s. Peut-être aborder... En 1 min
15 s, on n'aura pas le temps d'aborder grand-chose, mais le créneau carrefour, peut-être, qui est un
élément clé, je pense, de la politique. Ce que je
comprends, c'est qu'il y a eu un
projet pilote un peu partout à travers le Québec. Est-ce qu'il y a des ajustements qui ont été faits au projet
pilote? Est-ce que ce sont ces mêmes projets-là qui sont
reproduits partout à travers le Québec? Quelles sont les conclusions, justement, des expériences qui ont été
vécues?
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, d'abord, j'ai eu l'occasion de rencontrer
des intervenants des carrefours dans les tournées régionales. Ils sont très, très
contents du rôle qui leur est confié. Les projets pilotes, je pense
qu'il y en avait 25, pour mémoire, ont eu lieu. Chaque CJE a eu 37 000 $
pour évaluer le projet également. Et
on a pu présenter des résultats à l'ensemble des CJE lors d'une
rencontre, le 16 novembre.
Alors, il y a
l'implantation du créneau, 110 CJE depuis le 1er janvier, et donc il y a des principes
qui guident cette implantation, d'abord la transition en douceur dans le
respect des organisations, souplesse et flexibilité. Tous les CJE bénéficient d'une augmentation de
10 000 $ sur une base annuelle, et 34 ont un rehaussement de plus de
45 000 $ sur une base annuelle. Donc, la hausse moyenne pour
les 110 est de 38 000 $ sur une base annuelle.
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre, le temps étant écoulé, si vous...
M. Couillard : ...
Le Président (M. Matte) : Oui,
oui.
M. Couillard : Il ne reste pas
grand-chose. Il reste juste trois éléments.
Le Président (M. Matte) :
Allez-y.
M. Couillard : Il y a des bonifications significatives pour certains CJE afin de déployer des
services sur l'ensemble du
territoire, surtout pour les régions à très grand territoire. Il y a un comité
aviseur qui a été mis en place, il va être piloté par le secrétariat et le regroupement, et ça va
être bien sûr là pour faire la mesure, le monitoring du programme et éventuellement
des demandes de révision et de modification qui pourront être discutées au
comité. Voilà.
Le
Président (M. Matte) :
Je vous remercie. Je vous cède la parole à nouveau, M. le premier ministre, pour environ 18 minutes, là. C'est votre
bloc.
Mme Vallières :
J'aurais une première question, M. le Président, si vous permettez.
Le Président (M. Matte) :
...c'est à vous la parole.
• (12 h 10) •
Mme Vallières : Merci énormément. Donc, mes salutations étant faites tout à l'heure... je remercie d'ailleurs les partis
de l'opposition pour le consentement à ce que je puisse faire quelques réponses. C'est
une première expérience pour moi. On
est dans les dossiers jeunesse, donc c'est le fun aussi, comme jeune députée,
d'avoir l'occasion aussi d'être dans le coeur de cet exercice-là. J'ai vraiment un très grand respect pour les institutions pour lesquelles on oeuvre tous au quotidien et surtout pour l'exercice pour lequel on est ici aujourd'hui. On mentionnait qu'on voulait peut-être aller à un niveau plus macro pour parler de la jeunesse. Il faut
se rappeler qu'on est ici pour les crédits du Secrétariat à la jeunesse aussi.
Et, oui, le député de
Lac-Saint-Jean veut s'élever, mais moi aussi, je veux m'élever, justement,
puis je veux m'élever là où les jeunes nous amènent sur le terrain, justement,
et là où les jeunes nous ont apportés avec l'élaboration de la Politique
québécoise de la jeunesse et de la Stratégie d'action jeunesse parce que c'est
leur réalité. Et ce qu'on voit dans les documents, c'est vraiment parce qu'on
les a écoutés, on les a entendus et qu'on met le tout à exécution.
Ça fait un an maintenant, officiellement, que
j'ai l'opportunité de pouvoir oeuvrer, avec le premier ministre, directement sur le terrain, avec la réalité et le
concret, ce qu'on entend dans les dossiers jeunesse, et c'est vraiment pour
moi un honneur. Et c'est d'ailleurs une de
mes motivations en politique. On entendait parler tout à l'heure du cynisme
ambiant, je vais le nommer, là, et je pense justement
que c'est une des raisons pour lesquelles on doit faire ces exercices de façon correcte et intègre. Et c'est pour cette
raison aussi que je continue à chaque jour. Et certainement que chacun des collègues qui sont ici, à l'Assemblée
nationale aussi, continue chaque jour à se donner autant dans le cadre de leurs
fonctions, que ce soit ici, à l'Assemblée nationale, ou encore dans chacun de
leurs comptés respectifs.
Et, quand on
parle de la jeunesse... on se promène depuis le début de notre mandat, le
premier ministre et moi, puis, quand
on parle de la jeunesse, on entend beaucoup parler que c'est l'avenir du
Québec. Et rapidement on rétorque et
on passe le message, de dire que, pour le gouvernement du Québec, la jeunesse,
c'est non seulement l'avenir du Québec, mais, pour nous, c'est le Québec de maintenant. Et c'est pour cette
raison que vous trouvez l'ensemble des mesures que l'on a mises dans la
Stratégie d'action jeunesse. Et c'est justement dans cet esprit-là qu'elle a
été déposée, pour mettre les jeunes au centre de nos stratégies
d'action, au centre de ces mesures-là, qu'on a déposé notre stratégie d'action.
Donc, si vous
permettez, je remettrai en contexte un peu d'où on arrive dans ce dossier pour
savoir aussi où on s'en va. Ça fait
suite au Sommet du Québec et de la jeunesse, qui s'était tenu en février 2000,
en fait. De façon consensus, le
Québec dévoilait sa première politique québécoise, qui s'appelait La jeunesse
au coeur du Québec à cette époque et qui a été mise en oeuvre par le biais
de trois plans d'action aussi, qui se sont échelonnés sur 15 ans.
Donc, en
2015, le précédent gouvernement a porté le flambeau, en fait, pour faire une
tournée de plusieurs jeunes à travers le Québec pour les rencontrer,
savoir : La prochaine Politique québécoise de la jeunesse, vous la
voulez comment? Et nous, quand nous sommes
arrivés au gouvernement, ces jeunes-là, qui avaient été entendus, visités,
consultés, c'était clair pour nous qu'on voulait conserver leurs voix
également. Mais on est allés aussi plus loin. On est allés rencontrer la société civile, les groupes, les
intervenants qui travaillent directement avec ces jeunes-là, puisque ce sont
eux, nos partenaires principaux du
Secrétariat à la jeunesse, pour faire un pas de plus, justement, puis regarder
comment on est capables d'aller dans l'action avec et pour ces
jeunes-là.
Et
pourquoi il fallait faire une autre Politique québécoise de la jeunesse? C'est
aussi très clair. On est arrivés, la Politique
québécoise de la jeunesse datait... pour les jeunes qui sont nés entre 1980 et
1994, donc presque moi, alors qu'on s'adresse
maintenant à une jeunesse qui, finalement, sont mes propres enfants, mes deux
fleurs, Roséliane et Clémence, qui
entrent dans cette clientèle, justement, pour notre nouvelle politique. Puis on
sait que la société a énormément évolué. En 1980, courriel, texto, application, Apple, ce n'étaient pas des mots
qui étaient très courants dans notre vocabulaire ou même pas du tout. Puis également la société en
général, de façon globale, a énormément évolué, que ce soit la situation
sociale, la situation économique aussi. M.
le premier ministre a parlé de ce fameux clash démographique que l'on va vivre,
la pyramide inversée, justement. Quand on
sait que le poids relatif des jeunes va diminuer versus la proportion des
personnes âgées, c'est majeur,
l'effet que ça a sur la clientèle jeunesse, et l'espérance de vie, qui augmente
aussi, donc les personnes âgées vont
vivre plus longtemps, et comment nous, également, comme jeunes, on peut passer
à travers ça. Qu'est-ce que ça a
comme effet sur les dépenses publiques aussi, c'est majeur, et ce sont des
préoccupations qu'on a actuellement au gouvernement du Québec. Et c'est
pour cette raison que l'on est arrivés avec une nouvelle Politique québécoise
de la jeunesse, qui est très... je l'ai
mentionné, quand on en a parlé les premières fois, je la mentionnais comme
étant très intégrée, très évolutive
aussi, très novatrice. Les groupes nous l'ont mentionné. Et une préoccupation
que je porte, également, au quotidien, c'est qu'elle était axée beaucoup
sur les régions aussi pour la déployer dans l'ensemble du Québec.
Donc,
on a entrepris, alors, de l'actualiser, cette politique, et on l'a déposée à la
fin de 2016, justement. La réception a
été vraiment très bonne. Ça a été un vaste exercice de consultation qui s'est
échelonné sur presque deux ans. Donc, ça a été vraiment très fastidieux,
mais, en même temps, ça répond exactement aux besoins et aux aspirations des
jeunes, justement. Et on nous l'a mentionné
suite à la sortie aussi : On se retrouve, on lit ce qu'on vous a demandé,
et c'est vraiment très apprécié.
Alors,
on arrive avec une stratégie d'action jeunesse. Le député de Champlain
mentionnait : J'espère qu'on ne restera
pas que dans la superficie ou il parlait de vernis. Bien, en fait, je vous
dirais même que ce qui est fort intéressant, c'est que, moi, ça ne me dérangerait pas de dire qu'il y a du vernis
parce que je pense qu'on y a travaillé très, très fort, et surtout que le vernis a été choisi par les jeunes,
et qu'il a été appliqué par les jeunes, et qu'on continuera à le faire,
justement, parce qu'on est vraiment
dans l'action. Et je pense que ça serait intéressant en ce sens-là, pour
démontrer, justement, tout le partenariat
qu'on a avec les différents groupes, de peut-être faire quelques commentaires
qui ont été donnés par les groupes parce que, justement, c'est pour eux,
c'est par eux que ça a été fait.
Donc,
le Réseau des carrefours jeunesse-emploi, qui dit que c'est un grand privilège
pour les carrefours jeunesse d'être
partie prenante d'un projet aussi mobilisant et stimulant. On est vraiment très
satisfaits. Ça va permettre de soutenir davantage de jeunes, un autre groupe mentionne. L'UMQ nous dit que l'on
salue les mesures qui touchent les stratégies locales. Ça va renforcer l'autonomie des municipalités en matière de
soutien à la jeunesse. Un autre groupe dit : «Enfin des mesures
concrètes pour outiller et valoriser la jeunesse.»
Place
aux jeunes en région, le premier ministre l'a mentionné, plus de
2 000 jeunes diplômés se sont établis en région. La présente annonce, ce qui est accru, va
nous permettre de relever des défis encore plus grands, enfin des partenariats
structurants. La Fédération des
cégeps : «On est heureux de retrouver des mesures touchant directement le
bien-être mental, la persévérance et la réussite éducative de nos
étudiants du réseau. Une importance accordée à la valorisation de l'enseignement.» Le Regroupement des organismes
communautaires, le ROCAJ, plusieurs, dans chacun de nos comtés, on les rencontre souvent, régulièrement. :
«On est heureux d'obtenir la confirmation que le ROCAJ sera un partenaire
officiel de la Stratégie Jeunesse.»
Je
pourrais continuer comme ça encore plusieurs minutes. Je pense que c'est
vraiment fort intéressant, justement, cette reconnaissance qui est faite
du travail effectué par le Secrétariat à la jeunesse, du travail qui a été
effectué par le précédent gouvernement aussi
parce qu'on retrouve certaines des propositions qui avaient été faites. Et
l'objectif, et je me permets de le
lire, de la politique québécoise, c'est d'«accompagner les jeunes dans leur
parcours vers l'autonomie dans un
contexte de changements démographiques, [pour qu'ils] contribue pleinement à
façonner le Québec d'aujourd'hui et de
demain». On vise principalement les jeunes de 15 à 29 ans, mais, ce qui
fort intéressant, on amène cette nuance que tout ce qui est prévention 12-14, mais également l'accompagnement
des 30-35 pour une continuité de services, ça vient englober tout ça
aussi dans la Politique québécoise de la jeunesse.
Donc,
il y a énormément de travail qui a été fait. M. le premier ministre, étant sur
le terrain régulièrement, vous pouvez
voir justement comment ces commentaires positifs là sont accompagnés de ceux
que l'on reçoit directement par les jeunes et par les groupes dans nos
différentes activités. On l'a fait ensemble un peu partout au Québec, dans différents groupes, pour différents axes de notre
Stratégie d'action jeunesse aussi, et on voit à quel point notre jeunesse
est motivée, à quel point elle est impliquée
aussi. On a des jeunes qui aiment embrasser des causes, hein? Ce sont des
jeunes qui veulent avoir un défi et qui sont prêts à les réaliser, des
jeunes avec des idéaux aussi.
Donc, en lien avec
ces axes dont vous avez parlé tout à l'heure puis plusieurs des mesures, à la
lumière de la dernière année où on a
travaillé justement ensemble avec la Stratégie d'action jeunesse, ça pourrait
être intéressant, je pense, que l'on
puisse aborder les moyens, les moyens qui ont été très appréciés par les
groupes justement. Est-ce qu'il y a des éléments qu'on pourrait faire ressortir
davantage parmi les différentes mesures de notre Stratégie d'action jeunesse
pour les jeunes?
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, j'aime — puis tantôt notre collègue de Lac-Saint-Jean a parlé de cette façon-là également — qu'on
aborde ça en termes de continuité parce qu'effectivement ça a commencé il y a
plusieurs années, les initiatives comme celles-là, y compris dans le
dernier mandat du gouvernement qui nous a précédés. Et il y a plusieurs idées
parce que M. Bureau-Blouin à l'époque
avait fait une consultation dans le Québec, rencontré les jeunes, ensuite on a
rencontré les organismes. Alors, ça a permis de faire portrait très
complet de la situation. Et donc il ne faut pas se surprendre que plusieurs des
mesures qui sont là ont été inspirées par la première de ces consultations-là.
Moi, je suis
assez content du fait que, dans les mesures présentées, il y a beaucoup de
nouvelles mesures. Si ma mémoire est
exacte, sur 90 mesures, il y en a 60 qui sont des nouvelles mesures. Ça
témoigne du fait qu'on doit absolument moderniser
cette stratégie-là, la politique et la stratégie, parce que, comme ma collègue
l'a dit tantôt, l'environnement des
jeunes, même il y a 10 ans, il y a 15 ans, était totalement différent
de celui d'aujourd'hui. Alors, il faut constamment modifier les choses.
Et on aura probablement encore à le modifier après la stratégie en cours.
• (12 h 20) •
Les thèmes et
les axes sont connus. J'attire encore une fois l'attention sur l'axe
d'entrepreneuriat parce que c'est une
des suggestions des jeunes eux-mêmes, des organismes jeunesse eux-mêmes,
notamment des jeunes chambres de commerce.
On connaît le fait que le Québec accuse un retard en termes de naissance de
nouvelles entreprises et de pérennité
des entreprises. Alors, plus on va initier
nos jeunes à l'entrepreneuriat comme concept, hein... Puis encore une fois ce
n'est pas uniquement partir des
entreprises. C'est avoir un projet de leadership, un projet mobilisateur qui
peut être, oui, une entreprise, mais
qui peut être un organisme sans but lucratif, une implication bénévole, mais
qui permet à un jeune d'illustrer sa créativité et sa capacité d'agir
comme leader dans son milieu. Il y aura un cours, d'ailleurs, de base
économique et financière dans nos écoles. Il
y a des écoles d'entrepreneuriat. Outre celle de Beauce, qui est bien connue,
il y en a d'autres qui sont en
ébullition un peu partout au Québec. Et il y a de nombreuses initiatives, bien
sûr, qui sont listées dans la stratégie.
On a bien sûr
porté attention, parce qu'on se souvient des discussions avec les forums
jeunesse, je pense que mon collègue en a parlé tantôt, toute la question
implication citoyenne, participation à la vie démocratique, c'est dans la
stratégie également. Cette mission-là n'a
pas été abandonnée. Elle est au contraire intégrée notamment aux ententes qu'on
a avec les carrefours jeunesse-emploi et avec d'autres institutions également
pour permettre à nos jeunes de faire ces expériences-là et développer ces
habiletés-là.
Petite
précision dont on me fait part, c'est bien sûr... certaines personnes du réseau
réseau LOJIQ nous écoutent. Alors, on
nous indique que LOJIQ a fait jusqu'à maintenant voyager... bien, voyager n'est
pas le bon terme, là, faire des expériences à des jeunes ailleurs, 4 200
au moment actuel, et ça va continuer. On peut prévoir que ça va continuer... parfait pour deux raisons. D'abord,
ça éveille l'intérêt de nos jeunes pour ce qui se passe ailleurs puis
ça leur permet de nouer des amitiés
qui, en général, vont durer toute l'année... toute la vie,
pardon. Je suis persuadé que... mon collègue
a parlé de ses études ailleurs, mais il a
gardé des amis là-bas avec lesquels il correspond, et ça permet une
meilleure compréhension entre les peuples.
Alors, voilà
en gros, là, quelques illustrations pour indique que l'axe citoyenneté
n'est pas oublié, bien sûr, la réussite éducative, la santé, l'emploi, l'entrepreneuriat. Et on prévoit, puis c'est une autre question
que le collègue a posée, puis je voudrais lui apporter une réponse, puis il me pardonnera qu'elle soit un
peu approximative compte tenu de l'évolution, on permet que... pour la première année,
c'est environ un millier de jeunes qui devraient s'inscrire et participer au programme
Québec volontaire, mais, lorsqu'on aura fait la première année, on pourra faire le
bilan exact. Il est possible que ce
soit plus, on verra. Je pense
qu'il y aura énormément d'intérêt et d'enthousiasme des jeunes pour participer à
ça. Donc, je pense
qu'on n'aura pas de problème de recruter des volontaires, mais peut-être
plutôt le problème inverse, le nombre de places de stage pour
le nombre de demandes qu'on aura, ce qui serait une bonne nouvelle, d'ailleurs.
Le Président (M. Matte) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président. Et ça me permettrait d'ailleurs de me remémorer ma propre expérience où
j'ai décidé de mettre sur la glace pendant une session collégiale mes études
pour partir et voyager, se découvrir, mais finalement,
à travers cette exploration-là, découvrir peut-être un peu plus qui j'étais,
mais surtout ce que je voulais faire.
On voit à quel point ça peut former les gens, ça peut orienter les jeunes
aussi. Et la volonté du gouvernement
d'inclure le plus possible les jeunes
qui sont ni en emploi, ni aux études, ni en formation, on veut les faire
bouger, c'est directement en lien avec le projet de loi n° 70
aussi, là, Objectif emploi, où on veut que ces jeunes puissent avoir des expériences pour se découvrir le maximum possible.
Au-delà des compétences, l'expérience de vie peut apporter énormément sur la découverte de soi, et c'est à partir du moment où on a des réussites, où on a des expériences
positives dans notre vie et où on veut, à ce moment-là, continuer et
toujours aller plus loin.
Et les
carrefours jeunesse-emploi sont des partenaires vraiment extraordinaires dans
chacun de nos milieux. Il faut le rappeler, c'est 110 carrefours
jeunesse-emploi dans les 17 régions du Québec qui connaissent leur milieu, qui
sont réseautés, qui travaillent déjà avec
l'ensemble des partenaires, que ce soient municipaux ou économiques aussi, de
leur territoire pour créer les
meilleurs maillages possible dans chacune de nos communautés. On le sait, comme
députés, on travaille souvent, très
régulièrement avec eux, ils sont des témoins de réussites au quotidien de
réinsertion en emploi, de retour aux
études aussi ou de jeunes qui terminent leur secondaire par le biais de leurs
services aussi, de jeunes qui obtiennent un premier emploi de par leur
expérience ou encore de jeunes qui vivent leur première expérience de
bénévolat.
Un de mes
chevaux de bataille aussi dans le cadre de mes fonctions d'adjointe
parlementaire à la jeunesse, ça a été beaucoup
ça. Je trouve qu'il y a une synergie extraordinaire à aller chercher entre la
possibilité d'offrir aux jeunes de faire une première expérience de bénévolat versus le besoin des organismes
communautaires de chacun de nos milieux aussi. Alors, comment un jeune qui va s'occuper de recueillir des sous lors
d'une activité va peut-être se rendre compte que, lui,
de s'occuper de la comptabilité de tout ça, woups! les chiffres, intéressants
pour moi. Ou encore une jeune qui va distribuer
des paniers alimentaires, qui va se rendre compte combien ça peut lui apporter
que de donner aussi de son temps, que
c'est une certaine réciprocité aussi, du bénévolat. Donc, c'est un des ajouts,
dans le cadre du créneau carrefour jeunesse, fort intéressants, soit le bénévolat et le volontariat, qui nous mènent
éventuellement aussi à pousser ces jeunes-là à aller vers des activités de contact, de premier contact
avec l'entrepreneuriat ou encore de reprise de contact, plus de réinsertion
sociale, parfois aussi, pour qu'ils se
sentent encore plus inclus dans la communauté puis vraiment qu'on puisse leur
dire : Vous êtes les bienvenus,
et on veut que vous fassiez le maximum, et vous pouvez être des acteurs actifs
dans la communauté.
Un des
objectifs de la stratégie, d'ailleurs, c'est justement de mettre les jeunes en
action. Plusieurs le sont déjà, mais
comment on est capables de mettre tout le monde à contribution parce qu'on a
besoin des jeunes dans notre société active le plus rapidement possible, mais
on veut qu'ils le fassent de façon, certes, cohérente et respectueuse de leur
propre cheminement aussi que les carrefours jeunesse respectent,
justement, énormément.
Un fait à
noter, M. le Président, que j'aimerais vraiment que les gens puissent justement
connaître l'importance, c'est que,
dans le dernier budget pour la première fois de l'histoire du Québec, il y a un
feuillet qui a été dédié exclusivement à
la jeunesse, et ce feuillet, justement, qui indiquait que... 1,7 milliard
sur six ans de mesures qui vient appuyer les jeunes dans leur passage vers l'autonomie. Donc, des
sommes, certes, qui viennent du Secrétariat à la jeunesse, mais des sommes
qui viennent de plusieurs ministères aussi.
Et rappelons donc le rôle du Secrétariat à la jeunesse, puisqu'on est ici dans
l'étude des crédits de ce secrétariat. Le
secrétaire va toujours être complémentaire à l'ensemble des actions des autres
ministères. Puis une des choses qui a été
faite également dans la dernière année, c'est de renforcer le rôle, justement,
du Secrétariat à la jeunesse, le rôle-conseil versus la gestion des
finances...
Le Président (M. Matte) : Votre
temps étant écoulé...
Mme Vallières :
Je m'excuse.
Le
Président (M. Matte) : Votre temps étant écoulé, je cède la
parole au deuxième groupe de l'opposition officielle. Le député de
Chambly, vous disposez de 15 minutes. Je vous cède la parole.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Je veux utiliser une bonne part de mon temps à ce
moment-ci pour parler d'un projet de loi, d'une loi qui a été votée il
n'a pas très longtemps, le projet de loi n° 693. On dit : Les jeunes
sur les conseils d'administration des sociétés d'État. Donc, on sur la cible
quand on est dans les dossiers jeunesse. Et, quand
on lit les notes explicatives, c'est fort encourageant. Ça dit : «Ce
projet de loi modifie la Loi sur la gouvernance des sociétés d'État afin de favoriser la présence des jeunes au sein des
conseils d'administration et des sociétés d'État. À cette fin, le projet établit que le gouvernement
est tenu de nommer sur le conseil d'administration de chaque société
d'État au moins un membre âgé de 35 ans ou moins au moment de sa
nomination.»
Donc, ça,
c'était le libellé de départ du projet de loi qui a été porté par le député de
Sainte-Rose. J'étais très content de
voir ce projet de loi là déposé, ayant milité pour ça il y a peut-être
justement une vingtaine d'années, là, alors que j'étais à Force Jeunesse. Ça fait longtemps qu'on voulait
qu'il y ait des postes réservés pour les jeunes sur les C.A. des sociétés
d'État. Puis de voir que ce projet de loi là
était déposé puis ensuite appelé, parce que, des fois, il y a des projets de
loi qui sont déposés puis ils sont
retirés, mais là il a été appelé, ça fait que j'étais assez encouragé, je dois
dire, ça a été un pas dans la bonne direction.
• (12 h 30) •
Ensuite,
bien, on espère, lors de l'étude article par article, le bonifier, l'améliorer.
Puis, entre les deux, bien, il y a les
auditions des groupes. Et j'ai été très attentif à ce que les groupes sont
venus nous dire. Puis je vais reprendre des parties de certaines présentations, de certains mémoires,
notamment la Jeune Chambre de commerce de Montréal, qui est venue nous dire que c'était un bon plan de travail, un
bon point de départ, mais qui est venue nous pointer deux choses majeures
qu'on devrait faire pour améliorer ce projet
de loi là avant de l'adopter. Je parle au passé parce que ça a été adopté.
Mais, au moment où on pouvait vraiment le changer, la Jeune Chambre de
commerce de Montréal nous disait : Oui — en page 6 de leur
mémoire — c'est
bien intéressant, mais le projet de loi ne touche que 23 sociétés d'État,
23. C'est très peu quand on sait qu'il y a
la liste du ministre des Finances, elle... dans la Loi sur le ministère des
Finances, on parle de 59 sociétés
d'État. Donc, de 23 à 59, on est en bas de la moitié, presque un tiers, là, un
peu plus qu'un tiers. Donc, on passe à côté.
Tu sais, on a le grand discours, on dit : C'est merveilleux, on va
réserver une place aux jeunes. Mais, quand tu fais 23 sur 59, en tout cas, moi, j'ai enseigné 17 ans,
23 sur 59, tu es en bas de la note de passage. Donc, il y avait un problème là,
majeur, souligné par la Jeune Chambre de
commerce de Montréal. Puis, en page 8, leur mémoire disait aussi : Par
rapport aux nominations, il faudra faire attention, il faudra vraiment
diffuser l'information pour que les jeunes déposent leur candidature, pour que
les jeunes sachent qu'il y a des places réservées pour eux et déposent leur
candidature.
Et Force
Jeunesse, le regroupement, lui, est venu nous dire plusieurs choses, mais,
notamment à la page 11 de leur
mémoire, disait : «Le recrutement de la relève doit s'opérer dans la
transparence — encore
une fois, le recrutement, là — au niveau du processus de publicisation des
offres de sièges et pour l'analyse des banques de candidatures.» Donc, Force Jeunesse qui disait : Oui, mais là il
faut diffuser l'information, il faut que les jeunes le sachent puis il faut que
le processus soit transparent.
Et
malheureusement le projet de loi a été adopté tel quel, M. le Président. Ça n'a
pas été possible, pour le député de
Sainte-Rose, là, qui avait une commande, semble-t-il, d'accepter la moindre
modification, le moindre amendement, la moindre bonification. J'en ai déposé plusieurs qui s'inspiraient toutes
des mémoires des groupes jeunes. Donc, j'aimerais savoir de la part du premier ministre : Comment
ça se fait qu'on dépose un projet de loi comme ça, qui part d'une si bonne
idée, puis qu'après ça on fait perdre leur temps aux
groupes jeunesse qui viennent ici proposer des améliorations, des modifications, et qu'on les refuse toutes systématiquement,
comme s'il n'y avait rien de bon dans ce qu'ils avaient amené à table.
Donc, j'aimerais avoir des explications parce que, sincèrement, je ne comprends
pas.
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, merci, M. le Président. D'abord, la Jeune chambre de commerce,
fédération et les autres sont tous
très, très, très contents du projet de loi tel qu'adopté. Il n'y a personne qui
m'a donné d'autre message que de me remercier,
remercier notre gouvernement d'avoir posé ce geste-là. Puis, bien sûr, beaucoup
de félicitations sont adressées à
notre collègue de Sainte-Rose. C'est rare qu'on voie un député de moins de 30
ans piloter un projet de loi et aller jusqu'à son adoption.
Quelques éléments,
quand même, de précisions. Déjà là, effectivement, toutes les sociétés d'État
ne sont pas touchées d'emblée dans la loi,
mais il n'y a rien qui empêche le gouvernement de procéder à des nominations
sur d'autres sociétés d'État. Et déjà
on voit que le signal est porté. En date du 31 mars 2017, 10 sociétés
d'État, sur les 23 assujetties à la
loi sur la gouvernance — d'ailleurs, c'est ça, la raison du 23, c'est la loi sur la
gouvernance — comptaient
un jeune de 35 ans ou moins sur leur
conseil d'administration. On va tous comprendre qu'il n'est pas question
d'expulser des gens du conseil lorsqu'ils sont déjà présents. Il faut attendre
le roulement, les démissions, les fins de mandats pour tirer parti des
occasions.
Maintenant,
on parle des appels de candidatures. Bien, peut-être que... On me dit, tiens,
sept nominations de jeunes de 35 ans moins depuis le 7 décembre
2016. C'est pas mal, c'est probablement 1 000 % de plus que dans les
mois précédents, l'année d'avant. Et mon
collègue a peut-être manqué hier l'annonce qu'on a faite, il y a un communiqué
que je l'invite à consulter, où on
pose un premier pas important dans la transparence, plus de transparence envers
les nominations à différents
organismes du gouvernement. Pourquoi faut-il faire ça? Bien, d'abord, pour
assurer la crédibilité, la confiance du
public dans les institutions et par justice pour les personnes nommées parce
qu'on assiste un peu, dans le cirque politique qu'on connaît, que, dès
que quelqu'un est nommé avec une connexion politique quelconque dans le passé,
elle est automatiquement déclarée
incompétente. Alors, ça, c'est injuste pour la personne, c'est injuste pour
l'organisme qui s'en trouve discrédité et finalement ça n'aide pas la
société.
Alors, ce qu'on veut faire, et c'est un
début, parce qu'on commence par ce qu'on appelle les organismes juridictionnels, les différentes régies et les
tribunaux administratifs, il pourra consulter le communiqué qui a été émis
hier, on va publier les appels de
candidatures, les profils et les façons pour les gens de s'inscrire et de
déposer leur candidature pour obtenir ces nominations-là. Il y aura bien sûr
des comités de sélection indépendants qui recommanderont des
nominations.
Mais un des bénéfices, un des
bénéfices de cette mesure, c'est que, un, on va pouvoir l'étendre à... et le
Secrétariat aux emplois supérieurs
est déjà là-dessus, prévoir un rythme d'extension du processus à d'autres
organisations pour couvrir la
quasi-totalité des nominations au cours des prochaines années. Mais,
deuxièmement, ça va nous donner beaucoup plus de contrôle sur la
représentativité des nominations par rapport à la population du Québec. Là, on
parle des jeunes de moins de 35 ans.
C'est très important, on est en crédits jeunesse, mais qu'en est-il des
personnes de langue anglaise? Qu'en est-il des personnes issues de la diversité, des peuples autochtones, des
personnes vivant avec des handicaps? Alors, en ayant ce processus-là, il y aura une façon de nous assurer beaucoup
plus directement de l'atteinte de ce type d'objectif
là dans les nominations parce que
ce qui se produit régulièrement, et je souhaite au collègue d'un jour avoir
l'expérience d'être au Conseil des
ministres, le plus tard possible en
ce qui me concerne, mais ça pourrait lui arriver, je lui souhaite d'avoir ce
bonheur, mon collègue de Lac-Saint-Jean a déjà connu ça, la plupart
du temps, ce qui se produit autour de la table lorsque les nominations sont présentées... et on est très
allumés, là, tous les Conseils des ministres l'ont été au cours des dernières
années. Comment ça se fait — par exemple, je donne l'exemple des
femmes — qu'on
n'a pas plus de femmes sur ça et comment
ça se fait qu'on ne nous présente pas de candidatures féminines? Alors,
savez-vous quelle est la réponse la plus classique? On en a cherché puis
on n'en a pas trouvé.
Une voix :
...
M. Couillard : Ou on a demandé aux organismes qui doivent recommander, puis ils disent
qu'ils n'en ont pas. Alors, ça, c'est
faux. Il y a juste à faire un peu d'effort, puis on trouve toujours. Mais il
faut avoir la volonté réelle que ça se
fasse. Et d'avoir cet outil-là... puis je pense que la deuxième opposition puis
l'opposition officielle auraient peut-être dû saluer de façon plus positive cette annonce-là hier parce qu'on a également
parlé de la suggestion de son collègue sur les nominations aux deux tiers où je pense qu'on va apporter une
amélioration importante. Voilà une façon d'améliorer la crédibilité, la
confiance des gens, diminuer le cynisme et également une meilleure façon
d'arriver à nos résultats.
Alors,
je veux juste indiquer, sans nommer les noms, des personnes, là, la
Bibliothèque et Archives nationales du Québec, la Société de la Place
des Arts de Montréal, la Société de télédiffusion du Québec, deux fois, Transition
énergétique Québec, trois fois. C'est dans
ces organisations que les sept nominations des dernières semaines, des derniers
mois ont été faites.
Le
Président (M. Matte) : J'essaie de m'assurer à ce que le temps de
réponse et le temps de question est sensiblement le même. Je vous cède
la parole, M. le député de Chambly.
M. Roberge :
C'est bien, oui. Le temps de... C'est à peu près le même temps. Ce n'était pas
une réponse, mais c'est sur le même sujet. On se croirait à la période
de questions.
Le
premier ministre nous dit : Bon, il faut attendre le roulement, la fin de
mandat. Évidemment qu'on n'expulsera pas
des gens qui ont été nommés avant la fin de leur mandat, c'est évident. Il faut
attendre le roulement, la fin de mandat. C'est pour ça que j'avais déposé cet amendement disant que le premier
poste vacant des conseils d'administration des sociétés d'État visées
par la loi sera comblé prioritairement par un membre âgé de 35 ans ou moins au
moment de sa nomination. Donc, justement,
quand il y aura un poste vacant, dans six mois, dans un an, est-ce qu'on
pourrait le combler puis appliquer la
loi ou s'il faut attendre le délai maximal, qui était de cinq ans? La loi
disait : Bien, d'ici cinq ans, il y aura un jeune. Donc, mes propos étaient les mêmes que ceux du premier
ministre, en disant : Bien, quand il y aura un poste vacant, on appliquera la loi. C'était dans le pur
esprit de la loi. On s'entend qu'on ne détournait pas la loi, mais c'était
trop pour le député de Sainte-Rose. Il
semblait dire qu'il y avait une commande, là, que c'était en béton armé, il ne
fallait pas le changer. Même avec ce qu'a dit le premier ministre, là,
ça n'a pas passé.
Et je reviens
avec ma première question. Pourquoi restreindre l'application à 23 sociétés
d'État quand il aurait été si simple
de l'étendre à 59? Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? Pourquoi le député de
Sainte-Rose n'avait-il pas le mandat d'améliorer le projet de loi pour
l'étendre aux 59 sociétés d'État? C'est ça, ma question.
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Bien, je le
trouve un petit peu méchant pour notre collègue, là. De présumer qu'il n'était
pas autonome dans son action, ce n'est pas
très aimable pour lui. Mais je peux vous dire cependant que, sur le terrain,
personne n'est dupe, là, tout le monde sait très bien le rôle fondamental que le député de Sainte-Rose a joué dans ce projet de loi là à partir de l'idée, à partir du dépôt,
à partir de l'étude en commission jusqu'à la commission.
Maintenant, la raison pour laquelle on a choisi
23 sociétés d'État, c'est parce que ce sont les sociétés qui sont soumises à la loi sur la gouvernance. Mais rien ne nous empêche d'inclure d'autres sociétés.
Il faut se garder le genre de mesure mur à mur comme celle que réclamait
le collègue parce que, parfois, pour des raisons concrètes, ce n'est pas possible de faire ça, notamment
lorsqu'il y a des désignations. Dans certains profils
particuliers, on ne pourra pas faire ça. Alors, si on a un peu
d'expérience en administration, on voit qu'il faut être prudent avant de faire
ça.
Maintenant,
dans les organisations que j'ai indiquées tantôt, il y a
trois nominations, ça prouve mon
propos, qui ont été faites dans des
sociétés qui ne sont pas dans les 23, notamment Transition énergétique Québec.
Alors, c'est la preuve par un plus un
égale deux que ça ne restreint en rien la possibilité de faire des nominations
ailleurs. Il faut penser également que
l'ensemble de ces organisations, au cours des prochaines années, va probablement
être couvert par la nouvelle mesure qui
a été annoncée sur la... l'atout informatique, présentation de candidatures,
sélection, etc., et le plus tôt, en ce qui me concerne, sera le mieux, mais il faut le faire comme il faut. Dans ce
genre de chose là, il faut faire attention non plus, pas aller plus vite que ce les gens sont capables de
faire en pratique puis être prudent également dans ce qu'on fait au moment où
on le fait. Ça va être pas mal plus solide
comme ça que si on procède différemment. Mais déjà c'est des résultats franchement très, très encourageants.
Maintenant,
il faut faire attention. Là, on met beaucoup, beaucoup d'attention sur les jeunes de moins de 35 ans,
c'est normal, on est dans les crédits Jeunesse, mais il faut continuer à s'occuper
de la parité hommes-femmes, il faut continuer
à s'occuper de la présence de personnes de langue anglaise, des communautés
ethnoculturelles, des personnes vivant
avec un handicap, il faut continuer de faire ça. Alors, il faut bien sûr
apporter cette nouvelle attention, c'est une nouvelle catégorie qu'on
crée littéralement, mais il ne faut pas délaisser les autres pour ça.
Alors, dans
une situation précise, pour répondre à sa question
plus précisément, il pourrait être préférable de poser un geste tout
de suite pour faire un progrès dans
la parité hommes-femmes, que ce soit la question de l'âge. Et on s'est
donné cinq ans justement pour avoir la flexibilité pour le faire sur un
ensemble des sociétés.
• (12 h 40) •
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le député de Chambly pour deux minutes.
M. Roberge : Bien, sachez que mon intervention, ce n'est
surtout pas contre la parité hommes-femmes, juste pour être certain, là. Et de toute façon il est très possible d'être une femme et avoir moins que 35 ans ou
d'être autochtone et avoir moins que
35 ans. Je veux dire, l'un n'exclut pas l'autre, certainement pas. Et c'est quand même
particulier d'entendre le premier ministre, qui, avec d'autres membres de son caucus, ont dit que c'était formidable,
ce projet de loi là, que c'était nécessaire, que c'était un pas
dans la bonne direction, mais après ça de dire : Bien, dans le fond, ce n'est pas nécessaire,
puis, dans le fond, rien n'empêche
le gouvernement de nommer des jeunes quand on n'a pas de telle
loi. On ne s'empêche pas d'en nommer
dans des organismes qui ne sont pas visés par la loi. Donc, on peut nommer des
jeunes de moins de 35 ans sans qu'il
y ait de loi. On n'a pas besoin de loi pour en nommer, mais, quand on vote la
loi, on trouve ça formidable. On dit
que, grâce à cette loi, on va faire une place pour les jeunes. Il faudrait se
décider. Est-ce que cette loi-là, qui est une loi encourageant, forçant le gouvernement à nommer des jeunes de moins de 35 ans, c'est bon ou si ce n'est pas
bon? Si c'est bon, bien, étendons-la
à un maximum d'organismes, puis, si ce n'est pas bon, bien, d'après le premier ministre, si ce n'est pas nécessaire et si ça a très peu d'impact sur la
nomination des jeunes, bien, pourquoi s'en félicite-t-il? Enfin, il y a une
dichotomie là-dedans. Merci.
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Brièvement, ce n'est pas... Il faut faire
attention. Le collègue a enseigné, il le dit souvent, là. J'espère qu'il n'enseignait pas la logique comme ça, là. Ce
n'est pas ça qu'on a dit, là. On n'a pas dit que la loi, c'est inutile. On a
dit qu'on prescrit l'obligation pour les 23 sociétés d'État soumises à la Loi
sur la gouvernance et que ça montre, les nominations dont j'ai parlé, ça montre que rien ne
nous empêche en plus, pas à la place de, en plus, de faire des nominations sur
d'autres organisations qui ne sont pas visées par la loi telle qu'elle a été
adoptée.
Maintenant,
je veux également parler d'autre chose parce que
c'est relié, très relié à la présence des jeunes aux C.A., qu'elles sont les objections qu'on a reçues
lorsqu'on parle de la nomination de jeunes de moins de 35 ans aux conseils
d'administration.
Le Président
(M. Matte) : ...de réponse sur votre temps, M. le premier
ministre?
M. Couillard : Oui, oui. D'abord, bien, ils vont manquer d'expérience ou ils n'ont
pas été formés pour. D'abord, on est prêt à les soutenir pour la formation
pour être administrateur, mais également il va y avoir la création d'une chaire... il y a
eu la création, dans la stratégie, d'une chaire de recherche en gouvernance des
sociétés à l'Université Laval, à la chaire de recherche, spécifiquement
un projet de recherche sur l'accès des jeunes à des postes au sein des conseils
d'administration des différents types d'organisation. Par exemple, déterminer les obstacles qui limitent l'accès à
des jeunes à des postes au sein des
conseils par les gens des organisations, recommandations sur des
meilleures pratiques en matière de
recrutement, de formation, d'intégration et de rétention de la relève.
C'est financé 124 000 $ sur
trois ans. Alors, voilà une façon de
développer des connaissances et de prendre des décisions basées sur les faits,
basées sur la recherche. Et je pense qu'on devrait tous s'en féliciter,
mais je pense qu'on devrait quand même s'abstenir de transformer une très bonne
nouvelle en mauvaise nouvelle.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. Je cède la parole au député de
D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum :
Merci, M. le Président. M. le premier ministre, collègues du côté ministériel,
collègues de l'opposition, l'équipe qui nous appuie ainsi que les
organismes qui travaillent très fort dans ce domaine.
Bon,
écoutez, je me permets de poursuivre la question des jeunes en lieux
décisionnels. En quelque part, ça ne m'étonne pas trop, mais ça me
déçoit d'entendre le pessimisme ambiant qui est emblématique, en quelque part,
des interventions de la deuxième opposition.
Mais je crois que les gens qui nous écoutent méritent d'entendre un petit peu
sur ce qu'on essaie de faire, qui a été assujetti à un vote unanime parce que
c'est un projet structurant et important.
Si
on est pour parler de façon sérieuse de l'implication des jeunes, est-ce qu'un
premier geste législatif n'est pas de mise et significatif à souligner?
On parle, là on a notre grande marge de manoeuvre au sein de ces 23 instances, d'ordonner, avec toutes sortes de mesures à
l'appui, qui est un membre jeune de ces conseils d'administration. Il me semble
que c'est un geste louable. On va en convenir là-dessus, et peut-être qu'on
peut en convenir sur la façon de réfléchir là-dessus,
qui nous a amenés à ce point-là, parce qu'il faut le faire. J'aimerais nous
rappeler des genres de priorité qu'on s'est fixé lors de la confection
de cette loi. Donc, personne, avec tout respect, a tordu le bras de mon
collègue de Sainte-Rose, s'il vous plaît. Il
a mené une campagne avec l'appui de ses collègues, de son gouvernement, pour
proposer un geste, comme je dis, très
pertinent et très significatif. Il n'y a personne qui lui a dit : Bon,
bien, voilà une commande. Alors, je trouve son intervention un petit peu
gratuite.
Ce
qu'on essaie de faire, c'est de permettre aux jeunes d'assumer rapidement les
premières responsabilités, de favoriser
l'offre de formation des décideurs ou d'administrateurs destinée aux jeunes
Québécois et Québécoises, autrement dit
on va les appuyer dans leur implication, d'encourager les jeunes à proposer
leur candidature à des postes décisionnels, à faciliter leur accès à de tels postes. Ce n'est pas des choses qui
arrivent d'un jour à l'autre sans que les gestes soient posés par la plus haute instance, le gouvernement du
Québec. Il me semble qu'il y a d'autres gouvernements qui nous auraient
précédés, qui n'ont pas choisi de le faire. Alors, c'est un geste à souligner,
qui a eu sa manifestation avec le dépôt du projet de loi, avec un objectif très clair, qui n'est qu'un début, on va
en convenir, il y a d'autres choses à faire après, mais c'est d'assurer que chacune de ces sociétés
d'État, qui sont assujetties à une gouvernance où on a notre mot à dire, elles soient obligées d'avoir un membre de grande
compétence, j'en suis sûr, de 35 ans et moins au sein de son conseil
d'administration.
Bon,
contrairement aux interventions qu'on a eues jusqu'à date là-dessus, de
l'opposition, les réactions, de façon presque
unanime, ont été très positives. Nolywé Delannon, justement, présidente de Force
Jeunesse, a noté, je cite : «Le projet
de loi déposé aujourd'hui est l'aboutissement de plusieurs années de travail de
la part de Force Jeunesse auprès des
élus, les partis politiques, des groupes de la société civile et du monde des
affaires. En proposant une mesure aussi importante que la création d'un
siège dédié à un jeune de moins de 35 ans sur le conseil d'administration de
chaque société d'État, le député de
Sainte-Rose soumet une proposition ambitieuse qui assurera une relève
d'administrateurs publics compétents pour le Québec.»
Ce
n'est pas rien. Et, comme on dit en anglais, on va «walk the walk. We are going to accompany these young
people because the political will is there to
do so. And accompany means a process that will make sure that they have
information about how to apply, about how to make
their interest known, but how to pursue their expertise.» On va les appuyer avec de la documentation,
avec l'appui avec la formation. C'est ces outils qui vont les... les outils
pour s'impliquer au sein de nos sociétés.
Et,
comme le premier ministre a dit, quand on parle de l'implication des plus
jeunes, on parle du même esprit qui nous
motive d'assurer sur pied égal que les gens issus des minorités, la minorité
linguistique d'expression anglaise, des autochtones, ils vont avoir leur place dans le pouvoir décisionnel, ce
qui n'est pas anodin. On a besoin de faire en sorte que le visage du Québec, dans toutes ses
manifestations décisionnelles et consultatives, reflète l'image du Québec. Et
en voilà un bon exemple, un exemple essentiel, c'est que nos jeunes
soient impliqués.
Alors,
malgré le fait qu'il y avait une discussion étoffée sur cette question, il me
semble que, davantage, M. le Président,
j'aimerais inviter le premier ministre et peut-être son adjoint parlementaire à
nous parler davantage des gestes structurants qu'on va faire suite à ce
projet de loi pour impliquer de façon sérieuse et réelle les jeunes du Québec.
• (12 h 50) •
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : M. le Président, bien, je voudrais revenir sur la
question de la formation des jeunes pour agir comme administrateur. Il ne faut non plus oublier que
ces nominations, pour plusieurs jeunes, pas pour la totalité, mais pour
beaucoup d'entre eux ou d'entre elles, ce sera leur première expérience sur un
conseil d'administration. Et, quand on veut être sur un autre conseil
d'administration un jour, que ce soit une autre société d'État ou une
entreprise privée, la première question
qui est posée par l'organisation, c'est : Quelle est votre expérience
comme administrateur? Alors, c'est le cercle vicieux habituel : Bien, je n'ai pas d'expérience, ce serait mon
premier conseil. Ah! bien non. On ne veut pas être le premier endroit pour toi, et prends de l'expérience
ailleurs, hein? On a tous entendu ça. Alors, il faut avoir la formation, c'est
la meilleure réponse, et l'expérience avec ces nominations-là.
Alors, il y a
plusieurs mesures sur lesquelles je vais revenir dans la stratégie 2016‑2021.
J'ai parlé tantôt de la recherche
avec la chaire d'administration et de gouvernance de Laval. Il y a aussi un guide de recrutement et de gestion
de la relève d'administrateurs et d'administratrices pour les
organismes sans but lucratif en partenariat avec le Collège des
administrateurs de sociétés, le programme de formation Administrateurs de la
relève en partenariat avec le réseau des jeunes
chambres de commerce du Québec, des formations pour les jeunes administrateurs
en partenariat avec le Collège des
administrateurs de sociétés, des activités de formation et de mentorat par les
pairs pour les jeunes au parcours de vie différencié en partenariat avec le Regroupement des organismes
communautaires autonomes jeunesse du Québec et la mise en place d'ententes de
partenariat qui promeuvent la relève par le Secrétariat à la jeunesse. Alors,
ça, c'est autour de la mesure qu'on
peut appeler la mesure phare de présence d'un jeune au sein des conseils
d'administration des sociétés d'État,
mais c'est également accompagné de mesures structurantes, notamment sur la
formation et le mentorat, pour que nos
jeunes arrivent bien formés et puissent par la suite développer encore plus
d'expérience sur les différents conseils d'administration.
On sait que
les conseils d'administration, au Québec, sont vieillissants. L'âge moyen est
de plus en plus élevé. Il y a besoin,
là aussi comme ailleurs, d'un rajeunissement des cadres, et c'est une des
façons par laquelle on va le faire. Puis n'oublions pas que l'initiative qui avait été prise par le précédent
gouvernement du Parti libéral, sous le premier ministre Charest, de commencer la parité pour les sociétés
d'État, a eu un impact sur l'ensemble des conseils d'administration. En fait, les services publics, les pouvoirs
publics servent de bougie d'allumage et d'exemple, et le reste de la société
suit par la suite.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Mme la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Oui. Si vous me permettez, j'aimerais ajouter aussi un élément fort important
et qui était très important pour nous lors de l'ensemble des signatures
des ententes dans la présente Stratégie d'action jeunesse, soit 200 mesures qui
sont majeures, en fait. C'était l'obligation, en fait, l'incitation à tous les
organismes partenaires du gouvernement du
Québec d'inclure un jeune sur leur conseil d'administration aussi. Donc, on ne
l'avait pas nécessairement fait de
façon officielle avant, et c'est maintenant le cas. Et je voudrais témoigner de
l'effet sur le terrain, justement, parce qu'au-delà des annonces que l'on fait pour les montants octroyés dans
les différents groupes on va aussi les voir en amont et en aval, et
c'est fort intéressant de voir ce que ça donne par la suite.
Et donc j'ai
rencontré plusieurs jeunes et je pense particulièrement à Julie, Julie, qui,
elle, nous a carrément dit : Ça a sauvé ma vie. Ça peut paraître
gros, mais, quand ça vient de la bouche d'une jeune comme celle-là, qui a passé
20 minutes à nous raconter son parcours, qui
l'a menée justement à être une utilisatrice d'un service financé par l'État,
qui l'a conduite par la suite à être capable
de réintégrer la société... parce qu'elle le disait carrément aussi, Julie,
elle a dit : Je ne m'appartenais
plus et je n'appartenais plus à la société non plus. Pour elle, c'était
carrément fini, et, d'être en contact avec
cet organisme, qui est partenaire, lui a permis de voir justement qu'elle avait
une valeur, une valeur pour les gens d'abord, et c'est suite à ça
qu'elle a découvert sa valeur intrinsèque aussi par rapport à elle. Et, suite à
la signature de l'entente avec le secrétariat à la jeunesse, cette jeune dame,
qui faisait déjà un petit peu de bénévolat maintenant dans l'organisme pour
donner un coup de main à son tour, bien, elle a pris la balle au bond, ce
qu'elle n'aurait jamais fait avant, pour
dire : Oui, je veux m'impliquer davantage et je veux pouvoir redonner ce
que moi, j'ai reçu, et continuer à prendre
de l'expérience aussi comme jeune administratrice. Ce n'est pas sur une société
d'État, c'est dans un organisme à but non lucratif, mais l'expérience humaine
qu'elle a vécue amène justement la gestion de cet organisme, justement, non seulement à le voir du côté des chiffres, mais
aussi à le voir du côté humain. Et c'est qui est important. Quand on est
sur le terrain, on voit l'effet de ces
investissements. On parle de chiffres ici aujourd'hui, mais, somme toute, ces investissements-là se transforment, grâce à des gens de coeur, en de
grandes réussites, et c'est ce qui est fort louable, justement.
Et j'avais dit à Julie à quel point
elle était mon coup de coeur quand je l'ai rencontrée. J'ai eu l'opportunité de
la revoir à d'autres occasions aussi.
Et Julie aimerait justement en plus éventuellement peut-être faire de la politique municipale
dans sa petite municipalité. Donc, on voit l'effet direct.
Puis je pense que c'est bien d'en témoigner aujourd'hui.
Ce n'est pas toujours
des grandes sommes qui sont octroyées, mais ce sont des sommes, pour chacun des
organismes, qui font une énorme
différence sur le terrain, d'autant plus, justement, qu'on le sait que
dans nos OBNL, partout au Québec, ce sont... moi, je les appelle souvent
les poumons de nos régions, là. Ils nous permettent de faire énormément. Et
chaque dollar investi par le gouvernement du Québec dans chacun de nos OBNL est
étiré, est utilisé vraiment à bon escient et à juste cause, justement.
Alors, je voulais en profiter pour saluer Julie de façon officielle aussi,
elle qui me suit dans l'ensemble des dossiers ensuite que j'ai à regarder, là,
à travers les dossiers jeunesse, justement.
Et, dans les
lieux décisionnels, il y a une parole que je retiens aussi. Elle est de
Nicolas Duvernois, M. le Président, qui
est, oui, fondateur de Pur Vodka, mais aussi aujourd'hui président de la
Jeune Chambre de commerce de Montréal. Et Nicolas, en conférence avec nous il y a
quelques mois, avait mentionné : «Les jeunes de la relève, ce n'est pas seulement le
futur, c'est le présent aussi. Je trouve que c'est important qu'on s'implique
le plus possible sur les C.A., lance-t-il. Je préfère de loin la compétence à l'expérience. Ce n'est pas parce que
ça fait 42 ans que tu fais quelque
chose que tu es bon. Et ce
n'est pas parce que ça fait deux ans que tu le fais que tu n'es pas bon.» Je
trouvais ça vraiment très juste et très évocateur,
justement. Et, pour ceux qui connaissent Nicolas, on
reconnaît son dynamisme et son énergie aussi quand il parle.
Donc, ça a frappé l'imaginaire aussi des jeunes
qui étaient avec nous. La différence est réelle sur le terrain. Et cet effet d'entraînement qu'auront les sociétés d'État comme exemple aussi pour dire : Nos jeunes sont capables et
tout le bouquet de services qu'offre le Secrétariat à la jeunesse, le premier
ministre l'a mentionné, on va non seulement payer les frais de formation par le biais du Collège des administrateurs
de sociétés d'État, mais aussi, par les administrateurs de la relève... Il y a vraiment
un ensemble de mesures et d'outils qui vont être offerts à nos partenaires, que ce soit pour des incitatifs, ou des
outils, ou encore des stratégies pour que les OBNL puissent des doter également par la suite de leur propre stratégie pour inclure davantage de jeunes
non seulement pour les dossiers jeunesse parce qu'on veut les inclure tout de suite et rapidement, mais aussi pour la
pérennité de ces organismes dans chacune de nos régions, qui, eux aussi,
ont besoin de relève, qu'elle soit jeune ou
moins jeune. On connaît ces besoins de relève, là, dans chacun de nos milieux
aussi. Alors, c'est vraiment fort important.
Il y a
d'autres appuis intéressants aussi qui ont été donnés à la suite du dépôt du projet de loi. On parlait du Regroupement
des jeunes chambres de commerce tout
à l'heure. Certes que tout est
perfectible dans la vie, mais en même
temps je pense qu'il faut commencer à quelque part. Et le pas qui a
été fait est majeur. J'aimerais mentionner aussi que le pas a été fait très rapidement. Je pense qu'à la
suite du dépôt de la Stratégie d'action jeunesse on est entré très rapidement — ça
ne s'appelle pas une stratégie
d'action pour rien — dans
les actions, justement. Et je pense que le Secrétariat à la jeunesse peut en témoigner aussi, là. Ils ont eu de la
broue dans le toupet solide, comme on dit, mais en même temps ils ont rendu
vraiment un travail extraordinaire. Et donc il y a eu des appuis fort
intéressants aussi. Et, malgré que l'opposition dit : Bon, on aurait peut-être pu avoir plus, je pense que le point de départ,
la marche est déjà très grande... qui a été notée. Et à cet égard, justement, Monsef Derraji, que
l'on connaît aussi, là, mentionnait que, combiné à une formation solide,
c'est le gage que le Québec
est lancé dans la bonne direction en
matière d'équité intergénérationnelle. Je pense que c'est important, là,
de voir les deux côtés de la médaille de ce qui a été mentionné aussi.
Et je voulais
tout simplement renchérir là-dessus pour dire que c'est un bouquet fort
intéressant. Puis on invite les gens
à prendre connaissance de tout ça. Ce sera prêt incessamment. Et tout un chacun
pourra les utiliser aussi. Puis on
aura le devoir, moi, je pense, comme députés aussi, opposition et deuxième
opposition, de le faire connaître également, ce bouquet de services qui
va être offert pour l'ensemble de nos OBNL aussi dans nos régions, là.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. J'invite le député D'Arcy-McGee. Il vous reste deux minutes.
• (13 heures) •
M. Birnbaum :
Alors, merci. Écoutez, il me semble qu'on ne peut pas minimiser la volonté
politique quand on parle d'un geste
structurant et très significatif, une volonté politique qui commence avec le
premier ministre, et que ça soit épaulé
par ses collègues, dont le député de Sainte-Rose dans cette instance-ci, ainsi
que toute la machine du gouvernement. Et
ce n'est pas anodin parce que, bon... politiques, juste parce qu'on ne peut pas
toujours les quantifier, quand on parle d'un changement de signification, de faire un geste, ce n'est pas rien,
au sein de 23 sociétés d'État, comme début. Les sociétés qui ont à oeuvrer sur toutes sortes de domaines qui touchent à
la vie quotidienne des Québécois et Québécoises partout au Québec, c'est quelque chose, je me permets de le dire,
historique. Alors, il me semble qu'il faut souligner ce geste-là. On peut parler de comment peaufiner nos
initiatives pour continuer à appuyer le geste pour voir comment on peut inciter de façon structurante les instances
qui ne sont pas directement assujetties à l'instant pour qu'elles fassent des
gestes pareil. Il me semble que ça va avoir
son impact. Et des fois c'est une boule de neige. Peut-être on va revenir pour
parler de sujets d'ici trois, quatre ans, et
on va voir que toutes sortes de sociétés vont comprendre que c'est une attente
du public. Même s'ils ne sont pas assujettis
à une telle loi, ils vont comprendre que leurs actionnaires vont leur dire
qu'il faut le faire aussi.
Le
Président (M. Matte) : C'est bien. Je vous remercie. Nous sommes
rendus au deuxième bloc pour l'opposition officielle pour
22 minutes. Le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
Merci, M. le Président. Alors, ma collègue a fait référence à
Nicolas Duvernois. Je tiens moi aussi à souligner sa contribution au débat
québécois, mais surtout à souligner sa présence sur l'ensemble du territoire
québécois. Il se fait un devoir
d'être présent sur... partout, en fait, en région. Il était d'ailleurs chez
moi, à la chambre de commerce de Lac-Saint-Jean, récemment.
Je vais
parler de relève entrepreneuriale et de relève agricole. Il y a tout un volet
qui est consacré à la politique sur
les coffres à outils qu'on offre à nos agriculteurs. Visiblement, on peut bien
vouloir accompagner les jeunes agriculteurs, mais, si on ne leur donne
pas les moyens de pouvoir être propriétaires, M. le Président, je pense qu'on
passe à côté. Et il y a un enjeu qui est
fondamental, à mon avis, pour la relève agricole québécoise, qui est celle de
leur capacité à pouvoir devenir à la
fois exploitant de la terre, mais aussi de pouvoir avoir accès à la terre
agricole. Et le premier ministre et moi avons la chance, M. le Président, de
partager un territoire qui se ressemble beaucoup, en fait, et où les agriculteurs
contribuent de manière à importante à
l'économie régionale. Et on est aussi sur un territoire où la Banque Nationale
a été très active pour l'achat de terres agricoles en quantité très
importante, de même que d'autres institutions.
Comment
voulez-vous qu'un jeune agriculteur qui décide d'acheter une ferme agricole,
qui décide de procéder à l'achat de
terres... s'il n'a pas le soutien financier nécessaire, imaginez-vous la
négociation quand le joueur de l'autre côté, c'est une banque, quand le joueur de l'autre côté,
c'est un fonds financier, quand le joueur de l'autre côté, c'est un regroupement d'hommes d'affaires
multimillionnaires. Vous aurez compris, M. le Président, que ça se pourrait que
ça se fasse à armes inégales.
Et le dossier
de l'accaparement des terres agricoles doit être mis en priorité au Québec, et
je demande au premier ministre s'il
est d'accord avec nous qu'on devrait limiter la propriété pour être davantage...
de s'assurer qu'il y ait un réel marché de libre concurrence et que nos
jeunes puissent avoir accès aux terres agricoles. On a fait la proposition de 100 hectares. Ça m'apparaît être une piste
dans la bonne direction. Mais, quand je vois que, dans la politique jeunesse,
il y a un volet agricole, je ne peux pas
passer à côté de cet enjeu fondamental, qui est celui du libre marché, mais
d'un vrai libre marché pour permettre à nos jeunes de fonder leur
famille, de s'y établir.
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Bien, merci. Puis enjeu très, très important pour
l'occupation du territoire, l'occupation des terres puis l'accès
des jeunes au métier d'agriculteur. Et ça, c'est quelque chose qu'on dit
souvent. Et là-dessus on est tous sur la même longueur d'onde, je crois, ici, là, surtout nos deux partis, là. Coalition avenir Québec, je ne suis pas certain qu'ils se sont beaucoup exprimés sur la question de la gestion de
l'offre. Peut-être l'ont-ils fait, je l'ai peut-être
manqué. Mais, pour nous, la raison
principale pour laquelle on veut défendre la gestion de l'offre, actuellement, au-delà de défendre un système, c'est de défendre un modèle
d'agriculture, notamment celui de la ferme familiale. Ça, c'est un enjeu, certainement.
Deuxièmement, je rappelle quand même qu'il y
a eu déjà des mesures, depuis 2014,
mises en place pour la relève agricole.
Il y a l'exemption de gains de capital pour le vendeur parce que
le vendeur, c'est l'autre partie de l'équation, il ne faut pas l'oublier, 1 million de dollars, comme on s'y était engagés. Il y a
un crédit d'impôt de 40 % pour le remboursement d'intérêts
avec La Financière agricole lors des reprises. Il y a également
des programmes de l'UPA. Moi, j'ai rencontré les agriculteurs,
surtout en production laitière, qui avaient démarré leur production, des
jeunes, avec un programme qui est mis sur pied par l'UPA, actuellement.
Le Fonds d'investissement pour la relève agricole a adapté son produit de dotations-achats, a plafonné l'option d'achat à un
taux d'inflation. On donne des prix de la relève agricole. Alors, bien sûr, il y a de nombreuses initiatives
de ce type-là.
Maintenant,
sur le plan de ce qu'on appelle l'accaparement des terres, qui est un phénomène
certainement réel, il
y a une chose qu'il faut dissiper,
c'est qu'il n'y a pas de phénomène d'achat de terres agricoles par
des personnes étrangères au Québec. Il y a
eu, à un moment donné, des rumeurs que des personnes du continent
asiatique allaient acheter toutes les
terres agricoles. Ce n'est juste pas possible selon les lois du Québec.
Alors, je pense que, là-dessus, on est tous sur la même longueur d'onde.
Mais se produit devant nous l'enjeu, effectivement,
d'un fonds d'investissement dont la stratégie, la mise en marché, c'est de faire l'acquisition, avec un
agriculteur, 51 pour l'agriculteur, 49 pour le fonds d'investissement, d'une terre agricole et d'en faire
la gestion et l'exploitation communes, ce qui peut présenter certains
avantages, inconvénients.
Mais, au-delà
de tout ça, il faut quand même rappeler des choses importantes. Ce n'est pas
une solution sur la relève agricole. Ça, c'est clair que c'est quelque
chose qui peut théoriquement aller en contradiction avec l'idéal qu'on a du modèle de ferme familiale. Ceci dit, le fonds
d'investissement en question, c'est une entreprise légalement constituée au
Québec, et il faut être très prudent avant
d'envoyer des signaux à nos entreprises que le gouvernement peut limiter leurs
capacités d'action dans ce qui est finalement leur modèle d'affaires. Le fonds
d'investissement en question a été créé exclusivement
pour faire des acquisitions de terres agricoles. Alors, que le gouvernement
arrive maintenant là-dedans et fasse des modifications a posteriori, moi, si
j'étais un investisseur du fonds ou un associé du fonds, je me poserais
de sérieuses questions sur la validité légale, même, d'une telle intervention.
Il y a
également la capacité pour l'agriculteur de choisir, ou l'agricultrice. Moi,
quand je me promène sur nos terres agricoles,
il a raison, on est sur le... en fait, ce n'est pas deux territoires voisins,
c'est le même territoire, essentiellement, et le même profil agricole, je demande toujours aux agriculteurs que je
rencontre ce qu'ils pensent de ça. Bien, il n'est pas rare que je vais rencontrer un agriculteur qui va
dire : Bien, finalement, ça peut être intéressant dans certaines
situations. Et puis on pourrait
regarder ça. Mais ce n'est pas la solution du gouvernement pour la relève
agricole. Je vais répéter, notre orientation,
c'est la ferme familiale, ce n'est pas ça. Alors, on va continuer à bonifier
nos outils pour la relève. Et il y en a plusieurs autres qui vont pouvoir être ajoutés au cours des prochaines
années, des prochains mois. Le coffre à outils en a parlé tantôt.
Mais, au-delà
de ça, pourquoi... J'amènerais la question suivante, qui est intéressante et
qui nous amène à être optimistes pour l'agriculture au Québec. Pourquoi
un fonds d'investissement s'intéresse-t-il à l'acquisition de terres agricoles? La réponse évidente : Parce que
les terres agricoles ont une valeur marchande importante et que cette valeur
marchande est en croissance pour les
prochaines années, parce que la stratégie, elle est simple. Tu mets de l'argent
dans quelque chose, l'argent vaut
plus au bout de cinq ans, six ans, sept ans. Tu revends puis tu fais du
bénéfice. Donc, s'il n'y a pas de
croissance de la valeur, tu fais zéro bénéfice. C'est pour ça que j'exprimais
l'inquiétude, tantôt, de la perception des
investisseurs d'un fonds légal comme ça d'une action qui verrait à diminuer,
finalement, leur rendement. Mais, ceci dit, ça veut dire que, chez nous, la valeur des terres augmente. C'est une
bonne nouvelle, ça. Ça veut dire que nos agriculteurs vont devenir plus
riches.
À l'inverse,
c'est plus difficile pour les jeunes, quand la valeur augmente, de faire les
achats. C'est pour ça qu'il faut les
aider avec des crédits d'impôt, les outils communs avec La Financière
agricole, et ce qu'on va continuer de faire pour conserver notre modèle
familial au Québec.
• (13 h 10) •
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Bien,
je partage tout à fait la même analyse que le premier ministre quant à la
valeur des terres qui va continuer d'augmenter partout sur le territoire
québécois. On est rendu à peu près à quoi, à 6 000 $ de l'acre au Lac-Saint-Jean. Mais, M. le premier ministre, je
vais vous poser une question. La Banque Nationale a acheté
5 000 acres au
Lac-Saint-Jean. Est-ce que... Mettez-vous à la place du jeune agriculteur, là,
qui a peut-être besoin de, je ne sais pas, moi, de 50 acres, 40 acres pour pouvoir opérer son entreprise. Est-ce
que vous pensez réellement que 5 000 acres pour une institution financière
est le bon modèle de développement pour nos agriculteurs? Ce que j'essaie de
dire, finalement, c'est : on
doit se réjouir, évidemment, de l'augmentation du fonds, du sol, par ces
agriculteurs qui vont en bénéficier, mais ce sont les agriculteurs qui vont en bénéficier si ce sont les agriculteurs
qui en sont propriétaires. Puis, lorsque je vois des institutions financières qui se sont installées,
dont la Banque Nationale, chez nous, je me questionne sérieusement de savoir
vers où on s'en va et si, en bout de ligne,
les agriculteurs ne travailleront pas, en bout de course, pour les grandes
institutions financières.
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Très bonne remarque. Je peux me tromper, mais il me semble avoir
entendu, lu que la Banque Nationale avait cessé de faire de
l'acquisition de terres agricoles parce qu'ils ont bien vu la réaction que ça
causait.
M. Cloutier :
Mais ils sont encore propriétaires.
M. Couillard : Oui. Mais, c'est ça, je reviens à ma question légale tantôt, là.
Pourquoi c'est différent? Et je ne suis pas en train de justifier le fonds d'investissement. Je ne fais pas le
choix de l'autre par rapport à l'un, là, ou l'un par rapport à l'autre, je veux juste illustrer quelque chose. Au
moins — puis je
sais que c'est variable, ça, puis l'application peut être sujette à étude puis mesures — dans le cas du fonds, on prévoit un partage
de la propriété entre l'agriculteur puis le fonds. Bon, il faut voir comment tout ça va se faire avec
les dilutions progressives de l'acquisition de nouvelles terres. Qu'est-ce
qui arrive à la part initiale de
l'agriculteur? C'est des questions qu'on va vouloir mesurer. À ma connaissance,
le modèle d'affaires de l'institution bancaire n'est pas le même. C'est
elle qui est propriétaire exclusive de la terre, et elle loue finalement la terre à un agriculteur. Ce n'est pas
la même chose. Je pense que le premier est sujet à discussion certainement,
mais le deuxième est encore plus
problématique en ce qui a trait au maintien du modèle d'agriculture familiale,
qui un modèle que tous ici on veut voir préservé au Québec.
Maintenant,
je veux parler également, sur le même sujet, de l'initiative de la Caisse de
dépôt et placement qui a été annoncée
récemment, et, soyons très clairs, le gouvernement du Québec n'indique pas à la
Caisse de dépôt dans quoi investir ou
ne pas investir. C'est leur choix. C'est une institution qu'il fait absolument
garder autonome. Alors, la Caisse a injecté,
je lis l'article de journal qui en fait état, 125 millions dans un nouveau
fonds pour aider les agriculteurs, et il y a des investissements dans plusieurs niches, dans plusieurs domaines, pas
juste cette question du fonds d'investissement. Et ce que j'ai compris, c'est que l'UPA est satisfaite. Bien sûr, ils
amènent la question du fonds d'investissement. Cette partie-là, ils n'aiment pas la partie fonds
d'investissement, mais, bien sûr, ils se sont réjouis de voir cet
investissement.
Je
rappelle également que, dans le dernier budget, et les détails du programme
seront annoncés ultérieurement, on a
annoncé un programme d'investissement en milieu agricole. Tout le monde
s'entend pour dire qu'il manque de capitaux, d'investissement dans le
milieu agroalimentaire, pas de la transformation tellement que de la
production. Alors, avec l'investissement de
la Caisse, avec le programme que nous, on va mettre sur pied, ça devrait donner
plus de vitalité aux investissements
en milieu agricole chez nous. D'ailleurs, on en voit beaucoup, je ne sais pas
si mon collègue a le même constat que
moi. Moi, je trouve qu'il y a beaucoup de construction de granges neuves
actuellement, de nouvelles installations. Clairement, il y a une
certaine vigueur. Maintenant, la production laitière, qui est très présente
chez nous, est sujette à beaucoup d'inquiétude actuellement avec la gestion de
l'offre, mais les revenus des producteurs laitiers, malgré le problème du lait diafiltré, ont augmenté au cours
des deux, trois dernières années. Alors, il y a quand même une relative bonne santé du secteur, mais il y a également des
nuages à l'horizon, dont celui de l'accaparement des terres. D'ailleurs,
il n'y a pas eu une commission parlementaire
exclusivement sur ce sujet-là. Il est difficile de dire si des recommandations
précises ont été formulées, mais on va continuer à mesurer.
Je
pense qu'il faut mesurer cette question du fonds d'investissement
particulièrement et s'assurer que nos jeunes puissent toujours avoir
accès et faire le choix d'être agriculteur dans leur vie.
Le Président
(M. Matte) : Je vous remercie. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier :
On va sûrement avoir la chance d'en rediscuter éventuellement, M. le Président.
Je
veux parler d'immigration. Il y a un volet aussi dans la politique qui porte
sur l'immigration en région, les jeunes particulièrement, mais, encore une fois, M. le Président, je pense que
le premier ministre va être d'accord avec moi, force est de constater qu'on est loin du compte encore
dans les régions quant au nombre et notre capacité d'accueil en ce qui a
trait à l'immigration dans les régions du
Québec. Je m'explique mal qu'on ait pris autant de retard. Sincèrement, moi, je
le comprends très mal parce que les régions ont une capacité d'accueil
nettement plus importante, vivent un défi démographique amplifié, et il me
semble qu'on pourrait en faire nettement plus, nettement plus, avec évidemment
les mesures d'accueil nécessaires.
Alors, je demande au
premier ministre : Est-ce qu'il pense qu'avec les propositions actuelles
ou la politique actuelle c'est suffisant pour réellement réussir une meilleure répartition
de l'ensemble des nouveaux arrivants sur le territoire
québécois? Parce qu'il me semble que force est de constater, quand on se
promène dans les rues des régions du Québec, bien, que le paysage
m'apparaît être encore un peu trop similaire à ce qu'il était par le passé.
Le Président
(M. Matte) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, bien sûr, je ne peux que me joindre à mon
collègue, là, pour faire le souhait que l'installation d'immigrants en
région soit plus importante. On a, chez nous maintenant, y compris au
Lac-Saint-Jean, y compris en Gaspésie, plus
de problèmes de main-d'oeuvre que de problèmes d'emploi. Les employeurs, je
pense à Serres Toundra, chez nous,
qui est un exemple souvent cité, bien, ils peinent à trouver le nombre de
travailleurs nécessaires. Ils sont obligés de faire venir des travailleurs de l'extérieur pour combler les postes
disponibles. Puis il y a trois autres phases à construire. Alors,
clairement, le problème n'est pas à la veille de diminuer.
Réponse à sa
question : Oui, il faut faire plus. Ce n'est pas suffisant, ce qu'on fait
pour amener les immigrants en région,
mais j'aimerais que mon collègue réfléchisse avec moi sur un aspect de la
situation, et je sais que c'est un humaniste, mon collègue, alors il va penser, je crois, à cette question-là de façon
profonde. Moi, j'ai eu l'occasion de vivre de très près l'expérience d'arrivée, d'intégration d'une
famille, une famille de réfugiés syriens que mon épouse, et moi, et des amis, hein, on a parrainée puis qu'on intègre. Ça
va bien, mais ce qu'on constate, c'est qu'il y a un pouvoir d'attraction
immense, immense, de la communauté d'origine
et notamment de la communauté d'origine installée dans la métropole. C'est des milliers de personnes. Alors, l'expérience
de l'immigration, l'expérience de réfugiés, c'est une expérience qui est
difficile, qui peut être traumatisante,
même, surtout pour des réfugiés. Il ne faut pas sous-estimer le niveau
d'isolement culturel que les gens peuvent ressentir.
Ils veulent s'intégrer,
la famille. Ils parlent tous français, les enfants parlent français.
D'ailleurs, la plus grande, la petite
fille, elle vient de gagner le premier prix pour la rédaction en français d'une
rédaction sur la fondation de Québec. C'est quand même quelque chose! Il
y a un an, elle ne parlait pas français du tout. C'est quand même quelque
chose! C'est nos gens de francisation, dans
les écoles, qui ont réussi ça, en passant, plus elle est pas mal brillante, je
veux le dire aussi. Mais elle a réussi ça.
Alors, pour
les enfants, je pense que ça va bien se passer. Mais les parents, surtout les
adultes, ils manquent de repères
sociaux. Et c'est normal. Si on allait, lui et moi, avec nos familles,
s'installer dans un autre pays, on chercherait des repères plus familiers, on chercherait des gens qui viennent de
notre coin de pays pour avoir des contacts avec eux. Alors, ça va se
faire chez nous aussi, mais ça va être plus long.
Mais, d'ici là, moi, je suis témoin, c'est clair
que les pressions de la communauté d'origine à Montréal sont constantes. Mais je peux imaginer, là :
Écoute, viens avec nous. On se connaît tous, on parle la même langue, on vient
des mêmes villages, on va pouvoir être
ensemble tout le temps, célébrer nos fêtes, etc. Ce n'est pas facile d'aller
contre ça. La façon de le faire, oui,
c'est d'avoir des mesures de répartition régionale, faire attention à l'aspect
coercitif parce que certains
pourraient avoir l'impression que, si on se dote d'un programme coercitif — hein, ce serait important qu'on ait une discussion là-dessus, donc peut-être écouter
un peu plus — si on
avait un programme coercitif là-dessus, qu'on forçait un nombre x d'immigrants à aller s'installer dans
les régions, bien, qu'est-ce qui nous dit qu'ils vont rester là, un an plus
tard?
Alors, ce
n'est pas tout, là. Je prends l'exemple des Syriens et des autres réfugiés, les
immigrants, je sais que dans notre
région, au Lac, je ne sais pas au Saguenay... oui, au Saguenay, à Jonquière, il
y a une famille ou deux qui sont déjà rendues.
Au Lac, il va y avoir d'autres familles. Alors, peut-être qu'on va être
capables de créer une communauté également d'origine en région, mais c'est une question de nombre. Et ce n'est pas
simple comme enjeu. Mais moi, je suis d'accord avec mon collègue, il
faut faire plus d'efforts. D'ailleurs, s'il a des suggestions, je l'invite à
nous les faire parvenir.
Le Président (M. Matte) :
Merci. M. le député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Bien, j'ai déjà
eu la chance d'en faire plusieurs, en fait, des suggestions. Mais je suis assez
d'accord avec le premier ministre à l'effet que la coercition, ce n'est pas la
bonne approche.
Par contre, peut-être que des mesures qui
encouragent, comme, par exemple, celle liée à des frais de scolarité pour les universitaires qui décideraient de choisir le réseau des
universités du Québec en région, en Abitibi, au Saguenay—Lac-Saint-Jean et ailleurs, un incitatif financier, voire leurs frais de scolarité
réduits pour les étudiants étrangers qui décideraient de s'établir, par exemple, dans les trois années subséquentes... un peu comme on fait avec le
crédit d'impôt pour le retour des
jeunes dans les régions ressources, on a choisi de l'étaler sur trois ans. On
en a fait un crédit d'impôt non remboursable, puis justement
qui est un incitatif pour ne pas quitter le territoire, mais y rester
pendant quelques années. Et je pense qu'on pourrait s'inspirer de ce
modèle pour les étudiants étrangers qui choisiraient les régions.
J'ai déjà eu
la chance de faire ce type de proposition. J'en ai d'autres, si le premier ministre souhaite qu'on en discute. Mais je pense que ça va prendre des
mesures comme celles-là si on veut vraiment changer les choses.
M. Couillard : Bien, si vous me
permettez, M. le Président...
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
• (13 h 20) •
M. Couillard : ...si mon collègue
le permet, bonne idée. Cependant, disons quelque chose, là, il y a déjà des
étudiants étrangers dans les universités régionales. D'ailleurs, s'il va faire
un tour à l'UQAC, chez nous, il va en rencontrer.
Il y a des étudiants collégiaux également, étrangers, chez nous, en région. Et maintenant
ces étudiants, et de façon encore
plus active, vont faire l'objet d'offres d'un certificat de sélection du gouvernement du Québec. Donc, on va leur présenter l'option d'une installation au Québec beaucoup plus rapidement, et beaucoup plus fermement, et de façon beaucoup
plus crédible avec un certificat de sélection que ce qu'on faisait jusqu'à maintenant.
Alors, moi, je pense que, de ce
côté-là... Puis en plus il connaît comme moi, parce qu'il a été au gouvernement, le nombre de programmes de bourses spéciales qui existent avec différents pays, notamment
de la francophonie, qui permet à des étudiants d'être complètement exemptés, ou partiellement exemptés, ou soulagés de
certains frais selon les niveaux. Mais on n'a pas encore de différentiation, et c'est là que je retiens son
intervention, à ma connaissance, dans ces programmes-là, il n'y a pas eu de
différentiation entre les institutions du réseau de l'Université du Québec et les autres universités. Alors, ça serait peut-être quelque
chose d'intéressant à fouiller si on veut encourager l'installation
de diplômés universitaires étrangers en région.
Le Président (M. Matte) : M. le
député du Lac-Saint-Jean.
M. Cloutier : Il faut travailler aussi sur la rétention des
jeunes qui viennent étudier ici. Vous avez certainement vu les chiffres par rapport à l'Ontario. Mais l'Ontario fait beaucoup mieux que nous, au Québec, sur sa capacité de
rétention des étudiants étrangers sur
son territoire suite à leur formation. Il y a beaucoup
plus d'étudiants qui étudient en Ontario
et qui restent en Ontario
que c'est le cas au Québec. Je pense que là aussi, avec des mesures
incitatives sur le territoire,
ça pourrait amener un déplacement plus
équilibré sur le territoire québécois. L'autre chose que je veux partager avec vous,
c'est la capacité des cégeps à se déployer à
l'international pour bien faire connaître les programmes québécois.
Puis, vous avez raison, vous allez me
citer Matane, puis l'exemple de Saint-Félicien, puis probablement l'exemple de d'autres cégeps au
Québec. Je ne dis pas que ça ne se fait pas. Je dis qu'on pourrait faire beaucoup
plus. Puis je parlais récemment avec la
Fédération des cégeps, et ils me disaient que, du côté ontarien, ils sont beaucoup
plus outillés pour faire la promotion de
leurs programmes de formation professionnelle par rapport à nous au Québec
et qu'ils ont très peu de moyens, souvent sur des initiatives locales, donc de cégep par cégep, pour faire
connaître leurs programmes et inviter les jeunes à venir étudier chez
eux.
Alors, je
vous soumets ça également sous forme de proposition. Ce que me disait la
Fédération des cégeps, eux, ce qu'ils
souhaiteraient, c'est que le déploiement international soit plus orchestré,
avec plus de moyens pour faire connaître les différents... l'offre québécoise,
comme c'est le cas en Ontario. Alors, je soumets ça à votre réflexion.
M. Couillard : Peut-être une petite remarque parce que je trouve ça très intéressant, ce que dit mon collègue, là. Dans
la quasi-totalité des missions internationales que j'ai accomplies, j'ai été accompagné
soit du président de la fédération des
collèges, soit de l'institution elle-même. Donc, ils sont là. D'ailleurs,
c'est là qu'ils... ils mènent des missions par eux-mêmes, par
elles-mêmes. Les étudiants à Saint-Félicien, ils ne sont pas venus par hasard,
ils sont venus parce qu'ils sont allés recruter.
Et pourquoi ça arrive? C'est important parce que, régulièrement, moins maintenant, mais régulièrement, il y a des gens qui
remettent en question l'utilité et la pertinence des cégeps, c'est que
le modèle d'enseignement collégial est extrêmement attrayant pour les
jeunes étudiants ailleurs dans le monde. Les Européens, les Africains,
partout ils voient dans les cégeps
quelque chose qui n'existe pas chez eux et qui leur donne une compétence maintenant
sans avoir besoin de longues études
universitaires qu'ils peuvent mettre à profit dans leurs pays. Par exemple, chez nous, on a des étudiants en
tourisme dont beaucoup viennent de France, par exemple. Alors, la question : Pourquoi un étudiant français, avec la richesse du système d'éducation
français, pourquoi un éducation français vient faire le choix d'étudier en
tourisme au Québec? Réponse : Parce qu'il n'y a pas de
programme, chez eux, qui ressemble autant que nous au véritable marché du
travail, ce qui existe dans nos cégeps.
Alors, j'aime l'idée du collègue, et il va me
permettre de la transmettre, à moins qu'il ne l'ait déjà fait, à ma collègue de l'Enseignement supérieur pour un
soutien accru pour le recrutement de clientèle internationale, mais j'aurais
tendance à ajouter : Surtout pour les
cégeps en région. Je ne pense pas que nos cégeps dans les grandes villes aient
besoin de beaucoup d'aide pour ça.
Le Président (M. Matte) :
Merci. Il vous reste 30 secondes.
M. Cloutier : Alors, il va me rester 30 secondes pour amener le
premier ministre, peut-être, à une autre réflexion sur l'éducation
sexuelle. C'est dans la politique, mais, quand je regarde ce qui passe du côté
ontarien, puis comment Mme Wynne en a
fait, là, un combat personnel, puis comment, pour elle, c'était fondamental que
les moeurs évoluent du côté ontarien,
quand je regarde le retard que le Québec a pris par
rapport aux Ontariens, je me dis que
ce n'est pas normal que notre projet pilote soit si peu avancé.
Le Président (M. Matte) : ...
M. Couillard : Je
comprends le sens de la question.
C'est essentiel de le faire, puis je pense que notre collègue le ministre de l'Éducation, il veut le faire, il veut le poursuivre. Cependant,
ne sous-estimez pas, même en Ontario, même en Ontario, les craintes dans nos communautés sur la nature des connaissances enseignées, la façon de les enseigner. Ce n'est
pas si simple que ça. Alors, il faut
faire attention, il faut être à l'affût de la sensibilité des gens, mais,
sur le plan du principe, moi, j'ai toujours
cru que, dans ce domaine comme dans d'autres, il n'y a rien de pire que
l'ignorance, M. le Président.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Nous sommes rendus au bloc du gouvernement. J'invite la députée de Richmond... C'est à vous, la parole. Je vous la
cède.
Mme Vallières : Merci
beaucoup, M. le Président, bien aimable à vous. J'aimerais revenir sur l'aspect de l'immigration, mais très en lien avec la
Stratégie d'action jeunesse, si vous permettez, quant à l'inclusion des
nouveaux arrivants, les besoins en
région, justement. C'est une préoccupation qui est
ressortie lors des consultations que l'on a faites, consultations qui,
je vous rappelle, ont eu lieu auprès de plusieurs centaines de jeunes
partout à travers le Québec et 70 personnes en table ronde aussi qui ont pu participer à une grande consultation d'une journée aussi directement reliée avec l'ensemble des préoccupations jeunesse.
Un de ces
points concernait justement tout l'aspect des nouveaux arrivants et l'aspect
de la main-d'oeuvre aussi. Vous
savez évidemment qu'il y
a eu un grand rendez-vous de la main-d'oeuvre où le sujet a été abordé aussi, mais, dans
l'aspect jeunesse même, on en est arrivé, dans l'axe 4, soit l'axe de l'emploi
de nos cinq axes de la Stratégie d'action jeunesse,
avec des mesures concrètes aussi et des partenaires qui sont déjà en
action partout dans chacune de nos régions. L'objectif principal est de
favoriser la mobilité des jeunes en région, au Canada et sur le plan
international. Évidemment, ça
inclut la portion de mobilité internationale, dont on a parlé plus tôt tout à
l'heure, et aussi tout l'aspect de logique.
Vous me
permettrez de rappeler l'importance qu'a nommée le premier ministre de notre
partenaire Place aux jeunes en
région, qui est aussi directement impliqué. Et Place aux jeunes en région, dans le
nouveau partenariat avec le Secrétariat
à la jeunesse aujourd'hui, on continue non seulement
dans ce qui s'est déjà fait dans chacune de nos régions en ayant un
partenariat partout au Québec,
mais on ajoute un aspect fort important aussi, soit celui d'un plus grand recrutement
dans les grands centres urbains. Et, entre autres, il y a une préoccupation quant à l'immigration parce que
les besoins dans les régions sont là.
Et l'organisation est à voir en ce moment à établir un plan de
match à proposer au Secrétariat à la jeunesse sur l'élargissement d'une plateforme qui pourrait être utilisée justement
pour avoir une meilleure adéquation entre les besoins de main-d'oeuvre
et les jeunes, tout ça dans le cadre des projets de Place aux jeunes. Donc, on
veut bien sûr poursuivre le déploiement du programme
comme on le connaît, finalement, mais sensibiliser davantage
les jeunes dans les grands centres.
Et je posais
la question : Les grands centres, quels sont-ils aussi? C'est important
se poser la question. Si je prends l'exemple de l'Estrie, où les jeunes, pour aller à l'école, souvent, il
va y avoir un exode vers Sherbrooke, donc, pour nous, les petites régions, Sherbrooke est un grand centre, mais, quand on le regarde au niveau
du Québec, Sherbrooke est peut-être
pourtant une région. Alors, comment, dans
cette perspective-là, on est capable de regarder et comment on est capable,
pour avoir une certaine rétention de nos
jeunes dans une région donnée, soit l'Estrie, comment on peut mieux arrimer les
besoins de main-d'oeuvre dans cette grande région de l'Estrie avec les établissements
scolaires qui sont déjà là? Et Place aux
jeunes est aussi sensibilisée à cette réalité et à cette préoccupation. C'est un enjeu sur lequel on travaille avec eux, justement.
Puis c'est de
mettre en valeur nos régions aussi. Il
y a des opportunités qui sont vraiment
uniques un peu partout à travers le Québec,
puis Place aux jeunes a cette volonté de vraiment continuer à faire une
différence aussi. On parlait de 2 000 jeunes qui se sont installés en région à
la suite des séjours exploratoires. Il faut continuer et, oui, il faut l'axer
aussi davantage sur l'aspect des
jeunes, des nouveaux arrivants également pour leur faire connaître davantage
les régions du Québec. Mais il y a
aussi une certaine responsabilisation de chacune des régions à se prendre en
main, être en lien avec les différents entrepreneurs.
Je pourrais
parler d'expérience personnelle en tant que députée aussi. Les gens se
demandent parfois, bon, ça fait quoi, etc. Je dis souvent qu'on peut servir de
maillage entre différents intervenants, mais qu'on peut servir aussi de levier
pour certains projets pour mettre des gens
en commun, en relation les uns avec les autres. Donc, il y a des entrepreneurs
dans la région de l'Estrie, notamment, tout
récemment, dans le domaine du transport du camionnage, qui ont des besoins
particuliers, et on veut développer une
formation qui serait directement dédiée à des personnes issues de l'immigration
qui peuvent être intéressées, qui ont
peut-être de la difficulté à trouver un emploi, qui pourraient venir
s'installer chez nous. Et il y aurait
justement un maillage de fait. Ça peut être fort intéressant aussi pour des
jeunes intéressés par ce type de formation.
Mais il y a
d'autres partenaires aussi pour la Stratégie d'action jeunesse en ce qui
concerne l'immigration. On veut diversifier
le parcours des étudiants et offrir aux collèges en région la possibilité d'attirer une clientèle des grands centres grâce à un programme de mobilité étudiante interrégionale. Lorsqu'ils
sont intéressés par un certain programme, s'ils
ne peuvent être acceptés, c'est contingenté, etc., comment on peut leur faire
connaître la disponibilité d'une même
branche aussi dans d'autres niveaux collégiaux partout au Québec? Et ensuite on
veut aussi rendre l'information sur le
marché du travail accessible à la population. On sait qu'il faut travailler
avec les technologies aujourd'hui. On entend beaucoup, puis les députés de l'opposition seront, comme mes collègues,
très au fait de ça, les gens viennent nous voir dans nos bureaux de comté, ils
nous disent : Je veux travailler. Et pourtant, nous, d'un autre côté, les
gens nous disent : Je manque
d'employés. Donc, à quelque part, il y a l'information qui ne se rend pas au
bon endroit. Donc, comment utiliser les
nouvelles technologies, particulièrement pour les jeunes, avec peut-être un
outil Web, justement, c'est une des mesures qui est proposée dans la stratégie, pour que tout le monde partout
puisse savoir les emplois qui sont disponibles? À ce moment-là, c'est
beaucoup plus facile quand l'information est diffusée.
Aussi,
favoriser l'immigration en région en encourageant la mobilité interrégionale de
personnes immigrantes engagées dans
une recherche d'emploi ainsi qu'en faisant connaître et en valorisant le
potentiel des régions dès le début de
la démarche d'immigration. Donc, il y a de la prospection qui se fait, mais il
y a également une sélection qui se fait par le ministère de
l'Immigration. Donc, c'est important de pouvoir mettre tout ça en relation.
C'est une des
grandes volontés aussi du Secrétariat à la jeunesse de pouvoir être un
partenaire de premier ordre. Quand je
vous disais qu'au-delà du simple rôle de gestion des budgets et des projets le
Secrétariat à la jeunesse tend à jouer un rôle beaucoup plus de conseils aussi
et de travailler de façon interministérielle avec les collègues pour faire un
lien parce qu'on veut vraiment, au
gouvernement du Québec, que cette jeunesse soit vue de façon transversale parce
qu'elle touche chacun des ministères aussi. Alors, c'est important pour
moi de revenir sur ce point quant à l'immigration.
Mais un autre dossier qui m'a particulièrement
passionnée, c'est celui de l'agriculture vue dans l'angle de la jeunesse aussi. Une question a été portée. C'est
important pour moi de revenir parce qu'il y a un projet, c'est un bijou,
qui a été déployé
par... bien, en fait, c'est une initiative... à la base, c'est une idée de la
FRAQ, de la Fédération de la relève agricole
du Québec. C'est une idée qui vient, je pense, directement de la présidente
actuelle, qui est Michèle Lalancette. Je l'ai rencontrée, là, pour
différents dossiers. Mais on a eu l'opportunité de faire le déploiement et
cette annonce du projet Arterre. Le projet
Arterre, c'est quoi? Donc, au-delà des préoccupations qu'on a nommées quant aux
accaparements des terres, les
explications qu'on a, il faut dire que la relève agricole au Québec est
vraiment très active. C'est une relève agricole,
d'ailleurs, qu'on sait beaucoup plus féminine, de plus en plus, beaucoup plus
scolarisée, qui fonctionne avec les hautes technologies. On voit le
visage de l'agriculture qui change. Et, par le biais de la FRAQ, on voit toute
cette mouvance et ce changement de culture
qui fait que nos entrepreneurs agricoles sont de plus en plus impliqués. Ils
prennent leur place dans chacun des
milieux. Alors, je pense qu'il ne faut pas parler nécessairement pour eux parce
qu'ils le font énormément, également.
Alors, je
vais parler de ce projet Arterre, un peu, aussi. Quel bel exemple pour
démontrer à quel point cette stratégie est
par les jeunes, elle a été faite pour les jeunes aussi. Donc, c'est vraiment
une idée qui est née dans les projets d'Arterre il y a quelques années. Et c'est grâce au levier du Secrétariat à la
jeunesse qu'il a pu être rendu possible. Ça faisait quand même un petit bout de temps qu'il était présenté à
l'Agriculture, puis il manquait un acteur pour mettre tous les liants dans
tout ça et faire en sorte que ça fonctionne.
Le projet Arterre a été salué unanimement puis il a été mis en oeuvre par le
Centre de Référence en agriculture et en
agroalimentaire, là, du Québec, les gens le connaissent, la CRAAQ, le MAPAQ,
l'UPA, qui est dans le dossier,
La Financière agricole, agroalimentaire Canada, également, qui est un de
nos partenaires. Et on travaille avec les MRC aussi dans ce dossier-là. Je
pense que c'est important, les projets, quand ils émergent de chacun des
milieux, quand ils émergent de la base, c'est là où on a la plus grande
réussite.
• (13 h 30) •
Et, quand je
parlais des nouvelles technologies, comment savoir mieux les utiliser, bien, on
les utilise ici. Il y a une initiative qui est née en Estrie, dans la
région de Brome-Missisquoi, suivi de près par Le-Val-Saint-François dans le fabuleux comté de Richmond, ça s'appelle Banque de
terres. Alors, Banque de terres, c'était pour justement démontrer, via
une plateforme, un site Web : Voici les banques de terre qui sont
disponibles pour notre relève, voici même des entrepreneurs agricoles qui
cherchent de la relève et qui n'en ont pas. Et la MRC, à ce moment-là, quand
des jeunes approchaient pour dire :
Moi, je suis intéressé par l'agriculture ou je veux prendre la relève d'une terre, je n'en
trouve pas, je veux être accompagné,
alors il y a un maillage qui a été fait et un accompagnement,
surtout. Ce n'est pas juste de dire : Voici, on vous donne l'information, puis arrangez-vous après. C'est l'accompagnement
qui est offert aux jeunes pour qu'ils
puissent prendre la relève, et vraiment ça amène des succès extraordinaires. L'accompagnement est tel que c'est souvent soldé par un rachat
de cette terre-là, une passation également. Puis il y a un grand lien de
confiance qui doit s'établir entre le
repreneur et le releveur. Donc, c'est très important. Il joue un rôle extraordinaire. Et, grâce à la mesure de la Stratégie d'action jeunesse, ce programme-là
va être déployé. Ils vont mettre en lien deux plateformes qui ont été
faites, soit la banque de terres et la
banque de fermes. C'est vraiment très novateur. La FRAQ a encore aussi plein
d'idées sur lesquelles ils continuent de plancher.
Et, le gouvernement, on a une bonne oreille aussi pour ces jeunes entrepreneurs, parce qu'il faut les voir comme ça, c'est vraiment des entrepreneurs, je le dis
souvent. Dans le comté de Richmond souvent, on annonce 150 000 pour
une entreprise pour la consolidation de deux
emplois, puis, à côté, j'ai une ferme porcine qui vient d'investir
6 millions, puis woups! on n'en
entend pas vraiment parler. Alors, c'est une préoccupation que j'ai pour les
mettre davantage en valeur puis c'est
une préoccupation du gouvernement aussi, du Secrétariat à la jeunesse, de par
des initiatives comme celles-là, de
continuer à les appuyer aussi. Alors, il y a de belles choses qui s'en
viennent. Et tout l'axe entrepreneuriat qu'on voit, non seulement le
projet Arterre, concerne aussi l'ensemble des entrepreneurs agricoles. On ne
les départage pas en plusieurs secteurs. Quand on dit «entrepreneurs», on le
prend au sens large aussi.
J'aimerais
vous parler d'une autre nouveauté dans la Stratégie d'action jeunesse, qui est majeure, qui est en élaboration
encore, que le premier ministre connaît très bien aussi, c'est pour ça que j'aurai une question
à lui poser à cet égard, un projet qui est né dans le fabuleux comté de Richmond
aussi après avoir rencontré un groupe via la MRC des Sources. C'est la CDC des Sources, le comité de prévention
de concertation des Sources et l'Agenda 21. Ça a été préparé par le comité, justement.
Eux ont mis en place une stratégie
d'action jeunesse locale, et de là a germé l'idée, la présentation, toujours
ayant en tête, comme gouvernement, la préoccupation que la stratégie d'action locale puisse être déployée dans l'ensemble
des régions du Québec, comment on peut faire en sorte que la stratégie
ait vraiment des impacts partout, jusque dans nos plus
petits milieux. Ça passe par chacune de nos municipalités, par chacune de nos
organisations qui travaillent avec la jeunesse dans nos milieux et en
partenariat avec l'UMQ, à la FQM, de même qu'avec Citoyenneté jeunesse, nouvellement formé avec l'organisation de Forum jeunesse, où on mettra en place un projet majeur pour avoir
des stratégies d'action locales qui seront élaborées par chacun des milieux qui
désirent le faire. Je me permettrais d'ailleurs, puisque que j'ai fait une citation
tout à l'heure d'en faire une aussi :
«Citoyenneté jeunesse, qui est fière et heureuse d'annoncer un nouveau projet majeur
pour la nouvelle année, qui va être
réalisé grâce à un important apport financier du Secrétariat à la jeunesse.
Les jeunes de Citoyenneté jeunesse et
des forums jeunesse travailleront en partenariat avec les MRC et les
municipalités du Québec pour les outiller afin de développer des stratégies pour mieux rejoindre, mobiliser et consulter
les jeunes sur leur territoire.» Alors, je vous parlais des 110 carrefours jeunesse-emploi tout à l'heure,
on a également nos MRC et nos agglomérations urbaines dans chacun de nos
milieux. Ces stratégies locales auront toute leur importance... qui seront en
déploiement.
Donc, est-ce
qu'on pourrait en connaître un petit peu plus sur la façon que seront déclinés
ces programmes d'autorité locale, justement, là, dans le cadre des
partenariats avec le Secrétariat à la jeunesse?
• (13 h 40) •
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre, il vous reste environ 3 min 40 s.
M. Couillard : Ah! parfait, M. le Président. Merci beaucoup.
Écoutez, c'est intéressant de parler de ça parce que, un, ça parle d'initiatives citoyennes faites par
les jeunes, pour les jeunes, mais également ça nous ramène à la discussion
qu'on avait eue l'an dernier autour des
forums jeunesse. D'ailleurs, le collègue de la deuxième opposition, de Chambly,
y a fait allusion dans ses remarques d'introduction, je crois, au Forum
jeunesse.
Les
forums jeunesse, bien sûr, ont été remplacés, tous les budgets ont été
conservés et réinjectés dans la stratégie. Mais j'avais rencontré par la
suite — bien
sûr, ça n'avait pas été très positivement accueilli par les forums jeunesse eux-mêmes, on peut s'en douter — les intervenants des forums jeunesse et je
leur ai demandé de nous présenter des projets qu'on pourrait intégrer,
alors ce qui a été fait.
Alors,
il y a trois projets qui viennent directement de ces forums jeunesse. Le premier, c'est celui des stratégies d'action jeunesse locale. D'ailleurs,
déjà, notre collègue la ministre de
la Réforme des institutions démocratiques, de l'Accès à l'information, a annoncé, le 31 mars dernier, un
projet pilote à Montréal-Nord, qui est un endroit particulièrement important
en termes de coexistence, vivre ensemble et autres enjeux, où ce genre de
stratégie là va être, je crois, particulièrement
utile. On prévoit que, cette année, 11 projets du genre vont pouvoir être mis
en oeuvre. Donc, d'abord, ce soutien des stratégies d'action jeunesse
locale, je parle des trois projets avec des forums.
Deuxièmement,
pour les jeunes issus de l'immigration,
il faut qu'ils soient particulièrement formés, recrutés et engagés pour la participation aux instances
participatives et aux conseils
d'administration. Et enfin un programme
porté par Concertation Montréal,
qui a pris sous son aile le Forum jeunesse de l'île de Montréal, pour
l'accompagnement de jeunes dans la
concrétisation d'idées proposées au cours des activités du sommet jeunesse
lié au 375e anniversaire de la ville de Montréal.
Donc,
effectivement les fonds... D'abord, je veux encore
répéter que les fonds ont été conservés, ils sont là pour les jeunes, pour leurs projets, mais qu'on a quand même,
suite au dépôt de ces projets, intégré des projets qui viennent des anciens forums jeunesse dans la stratégie
qui est devant nous, dont celle sur les stratégies d'action jeunesse
locales qui impliquent les municipalités, nécessairement, autant l'Union
des municipalités du Québec que la Fédération québécoise des municipalités.
Le Président
(M. Matte) : Merci.
Mme Vallières :
Pour combien de temps, M. le Président?
Le Président
(M. Matte) : Une minute.
Mme Vallières : Ah! une minute. J'irai très rapidement
aussi. Dès le lancement de la Politique
québécoise de la jeunesse, on a mentionné notre intention de pouvoir y
aller d'actions spécifiques pour la jeunesse autochtone aussi. Alors, ils sont inclus dans cette stratégie
d'action jeunesse pour laquelle on est réunis, là, dans l'étude des crédits
aujourd'hui. Il y a des sommes
importantes qui sont injectées aussi, qui seront spécifiques pour cette
jeunesse autochtone également. Je sais
que le premier ministre est au fait également des éléments qui se travaillent
sur le terrain en ce moment. Alors, tout simplement peut-être mentionner
les sommes qui sont investies pour que les gens sachent bien aussi qu'il y a
des stratégies jeunesse spécifiquement par et pour les autochtones aussi qui
seront bientôt déposées.
Le Président
(M. Matte) : S'il le fait rapidement, sinon on va...
M. Couillard : En tout cas, je veux bien. C'est d'ailleurs quelque chose sur lequel on
avait insisté dès les premières rencontres,
avant la publication de la stratégie, les premières nations, avec raison, comme
elles le font dans l'ensemble des dossiers gouvernementaux, veulent
toujours avoir une approche spécifique. Donc, ça a été intégré à la stratégie,
et notamment la création du Plan d'action
gouvernemental en matière de développement social autochtone. Le ministre des
Affaires autochtones est en consultation. Et
déjà on a prévu des sommes importantes. On parle de 134 millions de
dollars pour prévoir des initiatives autour de ça, dont des initiatives
pour les jeunes autochtones.
Il
est clairement réel et certain que la réalité des jeunes autochtones et
non-autochtones est très différente. Et, parmi ces sommes, il y a 6 millions qui ont été réservés spécifiquement
pour les jeunes autochtones de façon à être visibles dans leur communauté, identifier des leaders,
construire des moyens d'agir dans leur milieu, renforcer le leadership. Puis on
connaît toute l'importance de la prévention,
hein, les enjeux sociaux dans les premières nations. Et il y a plusieurs
partenaires autochtones, je tiens à les mentionner parce qu'on travaille
avec eux : le Conseil jeunesse de la nation crie, le Conseil jeunesse Quarjuit, les Femmes autochtones du
Québec, le Regroupement des centres d'amitié autochtones du Québec et le Réseau jeunesse des Premières Nations du
Québec et du Labrador. Donc on aura bientôt l'occasion de lancer les toutes
premières stratégies jeunesse autochtones.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. Vous comprendrez, M. le
premier ministre, que le temps que vous avez pris, je vais le soustraire sur
votre dernier bloc. Ça va?
M. Couillard :
On est généreux.
Le
Président (M. Matte) : C'est de l'équité, là. Je suis rendu au
deuxième bloc de l'opposition officielle. Je vous cède la parole pour
18 minutes et quelques secondes.
M. Roberge :
Merci bien, M. le Président. Je veux utiliser mon temps de parole qui m'est
imparti ici pour parler de ce qu'on
appelle, dans le jargon souvent, les clauses orphelin ou les clauses de
disparité de traitement, mais, depuis longtemps,
on les appelle les clauses orphelin. Une partie du travail a été fait. Je vais
expliquer ce que c'est d'abord. Ce sont
des ententes entre les parties patronales et les employés, ou les syndicats
dans le cas où c'est syndiqué, qui viennent induire une injustice, une iniquité intergénérationnelle entre les
employés déjà en place et ceux qui arrivent. La commission des droits de la personne et de la jeunesse en a
été saisie à quelques reprises, le Tribunal des droits de la
personne et de la jeunesse en a été
saisi, et, selon les modalités, souvent, il a même été statué que c'était
discriminatoire en fonction de l'âge.
Il y a une
vingtaine d'années, je faisais partie de ceux qui ont mené cette bataille-là
contre les fameuses clauses orphelin.
Il y en avait beaucoup dans les années 90. Certaines avaient même été
signées par le gouvernement, mais ce n'était pas une exclusivité
gouvernementale, si bien qu'il y a eu toute une campagne. Les jeunes de
l'époque, ils sont peut-être moins jeunes
aujourd'hui, se sont mobilisés. Puis il faut que je salue, là, mes compagnons
d'armes de l'époque, ceux dont je me rappelle : Ziad Nasreddine,
Rock Beaudet, François Rebello, Martin Koskinen, Karine Blondin, Étienne Titley, Frédérick Lapointe, Johanne Rioux,
Joël Monzée, Geneviève Shields et d'autres que j'oublie. C'est à cause d'eux puis c'est à cause de vous qu'aujourd'hui il
y a une loi sur les clauses orphelin, en fait, qui a modifié la loi sur les
normes minimales du travail. C'est imparfait
parce qu'à l'époque c'était de la discrimination, mais c'est certainement...
d'habitude, c'était dans les échelles
salariales, c'était une discrimination salariale. Et donc la modification qui a
été adoptée, je ne me souviens plus
si c'était en 1999 ou en 2000, visait la discrimination salariale. Mais, malgré
cette interdiction-là, c'est comme si
les métastases avaient migré ailleurs dans l'organisme, dans le corps, et ça a
muté et ce n'est pas plus beau aujourd'hui.
Il y a en ce
moment des clauses orphelin qui se signent, qui se vivent et qui touchent
maintenant les régimes de retraite ou
alors les assurances santé, les régimes d'assurance. Et ce n'est pas plus joli.
C'est encore une discrimination, c'est
encore des clauses orphelin, mais il n'y aucune loi, en ce moment, qui vient
empêcher ça parce que, bon, les gens se sont adaptés à la loi du début des années 2000, la fin des
années 90, et ça a changé. Il y a eu des conflits de travail, pas très
longtemps, là, chez Resco, chez ciment
Lafarge chez Brault et Martineau en ce moment, à moins que ça ait changé, chez
Samuel et fils, une entreprise de Laval. Et
ça divise les gens, ça vient créer des conflits intergénérationnels dont on
pourrait bien se passer.
Et il y a
plus de 150 000 personnes, en ce moment au Québec, qui subissent et
qui vivent ces clauses orphelin en toute légalité, et il faut le changer.
L'erreur, ce serait seulement de s'occuper des régimes de retraite. L'erreur,
ce serait de faire les choses à
moitié en toute connaissance de cause parce qu'à la fin des années 90, fin
des années 2000, on pensait, là,
mettre le bouchon. Aujourd'hui, on sait que, pour mettre le bouchon, il
faudrait changer deux choses. Il faudrait s'assurer que les régimes de
santé ne puissent plus comporter des clauses orphelin et les régimes de
retraite.
Donc, ma
question, c'est : Est-ce que le premier ministre est bien au courant de
cette situation-là que vivent les jeunes travailleurs et est-ce qu'il a
l'intention d'agir de manière efficace pour régler ce problème?
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Alors, non seulement on est au courant, bien sûr,
toute la société est au courant de ça. Je vais quand même rappeler certains
éléments qui touchent principalement notre formation politique et le
gouvernement. C'est en novembre 2016, à
l'automne 2016, que notre Commission jeunesse, qui, comme vous le savez,
est l'aile jeunesse la plus influente
au pays, quand je dis «au pays», au Canada, avec une force d'impact de
33 % sur toutes nos instances, la Commission jeunesse, comme elle l'a fait dans d'autres
enjeux, a adopté une résolution qui dénonçait des clauses de disparité de
traitement. On a dit... j'ai dit au nom du parti que nous allons donner
suite à cette résolution. Et, lorsqu'on a présenté la Politique jeunesse, qui
nous amène jusqu'à 2030, avec des stratégies au cours de cette période, on a
inclus spécifiquement des dynamiques de
l'emploi pour repérer des iniquités éventuelles et établir des moyens d'y
mettre fin. Donc, non seulement on est connaissant de l'enjeu, ce serait
anormal de ne pas l'être, mais on est mobilisés pour ça.
On veut un
résultat assez concret et rapide, si possible un résultat qui fait consensus,
et là il y a un enjeu générationnel au sein même des organisations parce
que ce qu'on nous répond parfois, c'est qu'il s'agit de clauses librement négociées. Mais ce n'est pas tout à fait
la même chose lorsque le comité de négociation, par exemple, renferme
peu de jeunes par rapport à la composition générale du comité. Je vais
rencontrer tantôt les présidents des centrales syndicales à l'occasion de
l'approche du 1er mai, et je suis certain qu'on aura à discuter cette question.
• (13 h 50) •
Maintenant,
je vais rappeler qu'on a formé un groupe de travail pour vraiment arriver avec
des choses concrètes, qui est présidé
par un jeune député, le député de Pontiac, qu'on connaît tous, très sérieux,
très appliqué et qui déjà est au travail,
a consulté la Fédération des travailleurs et travailleuses, la Centrale des
syndicats démocratiques, la CSN, ils ont été consultés par écrit, puis
on voudrait qu'ils rencontrent le comité plus formellement, la Fédération des
chambres de commerce, le Conseil du
patronat, l'Association canadienne des administrateurs de régimes de retraite
et Force Jeunesse. D'ailleurs, on
était présents à un événement récent, je pense que c'est notre collègue le
président du Conseil du trésor qui était présent à un événement organisé
par Force Jeunesse, qui milite particulièrement sur ce sujet-là.
Alors, on veut avoir, sur ce comité, qui est
formé de représentants du ministère des Finances, du Travail, de l'Emploi et Solidarité sociale et de Retraite
Québec, qui a le mandat d'analyser l'évolution de ces avantages et également
de proposer des corrections... Je note que
le collègue demande qu'on s'adresse, bien sûr, à l'enjeu des régimes de
retraite, qui est le principal enjeu,
en fait, dont on parle le plus souvent, et je note qu'il a ajouté à ses
préoccupations la question des
avantages autres, tels que les régimes d'assurance santé, assurance
médicaments, et autres, que différentes organisations mettent sur pied.
Alors,
on aura l'occasion de lui communiquer ce souci-là, mais, connaissant le député
de Pontiac, je suis certain qu'il est
à l'oeuvre de façon méthodique et intensive et qu'il va nous arriver avec des
recommandations concrètes, qu'il va permettre à un autre jeune député de
notre formation politique de s'illustrer et de prendre le leadership de ce
dossier.
Le Président (M. Matte) : Je
vous remercie. M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci. Donc, très content de voir que le premier ministre est bien au courant
de cette situation-là, qu'il a
mandaté un député, à savoir le député de Pontiac, là, de faire la tournée des
organisations. Puis je pense que, cette fois-ci, la vaste majorité des
organisations ou des organismes seront favorables.
La société a
changé. Moi, je me souviens, à la fin des années 90, les grandes centrales
syndicales n'étaient pas très, très
chaudes à l'idée d'une législation qui viendrait un petit peu limiter, baliser
les négociations. Puis je ne leur en tiens pas rigueur parce que c'était dans l'air du temps, et puis on n'avait
pas toutes les connaissances qu'on a aujourd'hui. Puis la Commission des
droits de la personne n'avait pas pris les positions qu'elle a prises, donc
c'était correct. Sauf que, pour leur parler
de temps en temps, je vois bien que, maintenant, les centrales syndicales sont
tout à fait ouvertes à de nouvelles modifications législatives qui vont
venir un petit peu, oui, baliser le droit de négocier, mais on accepte, au Québec, qu'on ne peut pas négocier n'importe quoi.
On ne peut pas négocier de la discrimination contre les femmes, contre
les minorités visibles, pourquoi on pourrait le faire contre les jeunes? C'est
un non-sens.
Et je veux clarifier ma question, là. Oui, je ne
parle pas simplement des régimes de retraite, oui, je parle des assurances complémentaires de santé parce que, si,
alors qu'on se penche sur la question maintenant, on occultait une partie du problème, ce serait un rendez-vous
manqué parce que ce serait en toute connaissance de cause qu'on ne s'en occuperait pas. On le sait aujourd'hui. Ce n'est
pas comme si cette problématique-là allait surgir en 2022 puis que, là,
bien, en 2022, il faudrait rouvrir la loi. Là, on a la chance de faire ça.
Puis, d'après ce qui filtre, vous savez, les gens discutent, d'après ce que j'en sais, le député de Pontiac et les
consultations qui se font en ce moment ne visent que la Loi sur les
régimes complémentaires de retraite.
Donc, est-ce
que le premier ministre est d'accord pour aller plus large, inclure les
assurances complémentaires de santé, et donc y aller par une modification
législative qui irait toucher la loi sur les normes minimales du
travail?
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Bien, effectivement... bien, d'abord, moi, je
vais personnellement transmettre au député de Pontiac ce souci. C'est vrai que le gros du travail,
actuellement, est sur les régimes complémentaires de retraite parce que c'est
ce qui a attiré le plus l'attention depuis
le début, je dirais, de la polémique publique sur cette question. Une fois la
question de disparité salariale réglée, bien, ce sont les régimes de
retraite qui, encore une fois, régulièrement, font l'actualité.
J'encourage
tous nos collègues de toutes les formations politiques à parler au député de
Pontiac, à lui présenter des
suggestions. On va tous être d'accord qu'on veut une action relativement
rapide. Il ne s'agirait pas de nous embarquer dans un processus qui va
allonger d'un an le processus en cours. S'il a des propositions concrètes à
faire, je l'enjoins à parler à notre
collègue de Pontiac, autant sur les régimes de retraite, d'ailleurs, que sur
ça, et je veux l'aviser que, bien sûr, ce sera fait.
Et déjà il y
a... Évidemment, les centrales syndicales sont plus ouvertes qu'elles étaient,
c'est vrai, mais par contre les
groupes patronaux ont une certaine inquiétude devant tout ça. Alors, il faut
équilibrer les choses et s'assurer qu'on ne nuit pas non plus à la création d'emplois, à la création et la
croissance des entreprises, mais en toute justice, sans faire de discrimination envers qui que ce soit. Et on
aura l'occasion d'y revenir, mais je vais transmettre cette préoccupation
spécifique au député de Pontiac.
Le Président (M. Matte) :
Merci. J'invite le député de Chambly. Quatre minutes.
M. Roberge :
Merci. Bien, j'apprécie cette ouverture-là,
puis le fait que le premier ministre s'engage à transmettre ces informations-là, puis d'éviter l'écueil au moins de ne pas en
parler. Mais, de toute façon, on ne fera pas l'unanimité sur tout, c'est
sûr, là. Vous me dites : Peut-être que les organisations patronales — je dis
peut-être, je ne veux pas présumer de
ça — pourraient
être frileuses à ça, mais, en même temps, on ne peut pas faire de la création
d'emplois sur le dos des jeunes
travailleurs non plus, là. On ne pourrait pas... je veux dire, bien, on ne
balisera pas les clauses orphelin au nom de la création d'emplois. Le
principe même de l'équité entre les générations doit être au coeur de cette
législation-là.
Là, je me
demande : Est-ce que le premier ministre a l'intention d'agir, donc, à la
session d'automne et d'hiver, donc
d'ici la fin du mandat, ou si le mandat, c'est de proposer quelque chose pour
la campagne électorale? Est-ce qu'il veut en faire un enjeu dans son
bilan ou il veut en faire une promesse électorale?
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : C'est vraiment une bonne idée, je n'avais pas
pensé à ça. Oh! j'aime beaucoup l'idée parce qu'on pourrait rendre ça encore plus intéressant, encore
plus riche, encore plus profond. Non, je blague un peu, là. Quand le travail
sera prêt, on pourra donner suite.
Sur la
question des groupes patronaux, bien sûr, l'idée du message n'est pas de dire
qu'on va sacrifier l'équité pour les
emplois. Mais, quand les créateurs d'emplois eux-mêmes, elles-mêmes, émettent
une opinion, le moins qu'on puisse
faire, c'est de les écouter et de dire quelle est la nature de leurs
préoccupations, quel est leur niveau de légitimité, de réalité et d'en tenir
compte. C'est le sens de ma remarque. Mais je vais reparler de ça, encore une
fois, à mon collègue. S'il y a lieu,
on agira avant la fin du mandat, c'est ce que je souhaite, mais il faut que ce
soit prêt, il faut que ce soit de qualité. Alors, je mets en lumière la
chose suivante : si on ajoute continuellement des enjeux au mandat du
député de Pontiac, on n'arrivera pas, d'ici
la fin du mandat, à avoir un produit législatif. Et on me dit que les
recommandations s'en viennent très bientôt. Donc, on fera le suivi
là-dessus.
Mais la
campagne électorale, je n'avais pas pensé à ça. C'est vrai qu'on a de très,
très beaux projets, M. le Président, à
présenter aux Québécois pour 2018,
mais... bien, dans le fond, intéressant, réellement, comme thème, l'équité
entre les générations, pour une campagne électorale.
Le Président (M. Matte) : Merci,
M. le premier ministre. Il vous reste 1 min 30 s.
M. Roberge :
On peut bien le dire en riant, mais ce serait triste de choisir de ne pas agir,
là, ça serait un peu une prise
d'otage de la génération, là. Je
n'ose pas croire que le premier
ministre va aller là. De notre côté,
on voudrait éviter de répéter un peu
ce dont je parlais dans ma première intervention, c'est-à-dire de partir avec une très bonne idée, une très bonne intention,
puis de faire la moitié du travail.
Sur les C.A.
des sociétés d'État, très bonne idée, très bonne intention, puis ce
qui a été fait, c'est bon, mais on aurait
aimé ça, tant qu'à faire, d'aller jusqu'au bout. Puis, sur les clauses orphelin, bien, il va falloir aller
jusqu'au bout. Quand on sait que les problèmes sont là, si on regarde
ailleurs, bien, on pourra perdre de la crédibilité. Donc, j'espère vraiment qu'on aura la chance de la lire, de la modifier article par article, de la
bonifier puis de faire le travail à 100 %
dans cette législature. Merci.
Le Président (M. Matte) : M. le
premier ministre, si... Voulez-vous répondre au souhait exprimé?
M. Couillard : Non, c'est un
souhait éloquemment exprimé, hein?
Le Président (M. Matte) : Ça
va?
M. Couillard : On va certainement attendre les recommandations de notre
collègue, lui communiquer la préoccupation, notamment pour les
assurances santé, et tenter d'avoir le meilleur produit législatif possible.
Le
Président (M. Matte) : Je vous remercie. J'invite la députée de Chauveau,
c'est pour vous. Nous sommes au dernier bloc. Donc, on a environ
15 minutes.
• (14 heures) •
Mme Tremblay : Merci beaucoup, M. le Président. Donc, je tiens à
saluer, évidemment, tous les participants et participantes à cette
séance des crédits budgétaires, donc autant du côté des élus que du côté des
non-élus.
M. le
Président, quand on pense à nos jeunes, je dirais qu'il y a ceux qui critiquent
en ne voyant que le négatif et il y a
ceux qui sont proactifs en misant sur les bons coups pour motiver nos jeunes à
se dépasser. Et je peux dire que je suis
fière de faire partie de cette équipe-là. Elle est belle, notre jeunesse, elle
est inspirante. Et je peux dire que je suis fière aussi, comme députée de Chauveau, de soutenir nos
jeunes, soutenir les jeunes de Chauveau, notamment de les encourager,
notamment lorsqu'ils s'impliquent dans le sport, qu'ils apprennent à se
dépasser.
Alors, régulièrement, les week-ends, ça me fait
vraiment plaisir d'aller les encourager en leur remettant des médailles après une descente en ski, après une
performance en cheerleading, au hockey, au taekwondo, encore en fin de semaine, j'irai remettre des prix, là, pour des
jeunes qui excellent dans le taekwondo, participer également à des défis sportifs avec eux. Encore à Pâques, le DéfiChoco. J'étais
fière de participer avec les jeunes, de courir, de marcher avec eux, fière également d'aller les encourager au théâtre
lorsqu'ils performent, d'assister à leurs spectacles. Je pense aux galas
Mini-Stars, qui sont organisés notamment par les clubs optimistes, les concours
d'art oratoire aussi. Ils nous émerveillent, ces jeunes-là, même au niveau des affaires. Leur première
expérience en affaires, avec le Défi OSEntreprendre! C'est beau de les voir.
On est fiers de les encourager aussi.
Elle est
belle, elle est intelligente, notre jeunesse, et c'est pour cette raison qu'on
veut qu'elle s'implique davantage parce
que, tout le monde sait, la population est vieillissante au Québec. En 2023,
notre province va compter davantage de
citoyens âgés de 65 ans et plus que de jeunes de moins de 20 ans. Et les
jeunes doivent être outillés pour constituer la relève qui va contribuer
à l'essor de la société québécoise de demain.
Le député de
Lac-Saint-Jean dénonçait tout à l'heure nos investissements en éducation. Pour
lui, c'est insuffisant. Je vais vous
dire une chose. Quand j'étais jeune, mes parents m'ont légué une belle
valeur : vivre selon mes moyens, respecter mon budget, ne pas m'endetter. J'ai commencé à travailler très jeune et
j'ai réalisé aussi que la liberté, c'était d'avoir une marge de
manoeuvre pour faire des choix. Bien, je peux vous dire que lorsque le premier
ministre a fait campagne, en 2014, et qu'il
parlait de gérer de façon responsable, de rétablir les finances publiques, de
ne plus faire de déficit, bien, moi,
ça m'a parlé. Ça m'a parlé énormément parce que c'est comme ça que j'aime
gérer. Ce n'est pas en réinvestissant en éducation, en s'endettant pour réinvestir tout le temps qu'on va y
parvenir. Si on veut continuer à s'offrir des services, il fallait assainir nos finances publiques. Je
suis fière de voir, comme gouvernement, qu'on a agi de façon très responsable, et qu'on vient de livrer un troisième budget
équilibré, et qu'avec les surplus on peut réinvestir davantage en éducation,
justement, en santé, en économie. Je suis fière de ça, fière de voir également
qu'on place de l'argent dans le Fonds des générations parce que nos jeunes vont justement avoir la liberté de
faire leurs propres choix plus tard. C'est ce qu'on veut, ce sont eux,
ce sont nos dirigeants de demain. Ils vont pouvoir faire leurs propres choix
tout en diminuant la dette.
Je
suis fière de dire à nos jeunes, mais aussi à mes enfants, mes deux enfants de
neuf et 11 ans, que notre gouvernement va
leur léguer un Québec plus prospère, un Québec moins endetté. Quand je regarde
le taux de chômage, qui est à son plus
bas au Québec, c'est du jamais vu, 6,4 %, je suis fière de ça. Ça veut
dire également... quand je regarde le taux d'emploi, donc, il y a de
plus en plus d'emplois qui sont créés au Québec dans le privé, et de bons
emplois, on parle d'emplois à temps plein,
je suis fière de ça. Bien sûr, il y a un manque, en ce moment, de
main-d'oeuvre, mais je me dis : C'est bien. Nos jeunes étudient en
ce moment, sont à l'école, ils vont avoir des emplois pour eux.
Mon collègue
du Lac-Saint-Jean dénonçait tout à l'heure le manque de respect au salon bleu.
Bien, je suis d'accord avec lui,
totalement d'accord avec lui. Tout à l'heure, quand j'ai assisté à la période
de questions au salon bleu, moi aussi, j'ai trouvé qu'il y avait un réel manque
de respect au salon bleu. On ne respecte pas nos institutions, on n'a pas
respecté, dans la période de
questions, le DPCP. Alors, moi aussi, je suis d'accord avec lui. Ça dépend de
l'interprétation qu'on en fait, mais, oui, on devrait être plus
respectueux envers nos institutions. Et lorsqu'on pose des questions, lorsqu'on
intervient, on devrait penser au bien du
Québec, à l'avenir du Québec, plutôt que de penser à des fins partisanes. Je
suis totalement d'accord avec ça. Et
ça me fait plaisir, lorsque je fais des tournées dans les écoles, les écoles
primaires, les écoles secondaires, je
suis fière de leur dire justement... leur suggérer de s'impliquer davantage
parce que nos jeunes sont beaux, sont intelligents, sont brillants. Ils
aiment débattre aussi, à leur façon, hein, avec les nouvelles technologies, également, s'informer avec les nouvelles
technologies. Et tant mieux. C'est important de développer notre esprit
critique. Je suis la première à leur
dire : Ne lisez pas seulement un journal, n'écoutez pas seulement les
bulletins de nouvelles dans une
station de télévision, diversifiez vos sources d'information, c'est important
pour développer cet esprit critique là. Et ça, je suis fière parce que nos
jeunes, oui, prennent la peine maintenant de s'informer un peu plus. Ils ont cet
esprit critique. Et c'est parfait. Et
c'est beau quand je vais dans les écoles secondaires. Je me souviens, récemment
je suis allé à l'école Roger-Comtois,
et justement il y
avait des jeunes de
secondaire IV et de secondaire V qui s'interrogeaient sur divers projets de loi que nous avons présentés, notamment sur des sujets qui les touchent, avec les pour,
les contre. Et ils débattaient. Et c'est
ça qu'on veut parce que c'est sain pour la démocratie, s'impliquer et
débattre, mais débattre positivement, en pensant au bien du Québec, pour
améliorer le Québec et non simplement à des fins partisanes.
Nos jeunes
sont intelligents, sont inspirants, et, comme parent, je peux vous dire qu'ils
nous aident à grandir aussi puis à
évoluer. Hein, ils nous ramènent à
l'ordre parfois, nos enfants, hein? Lorsqu'on
jette un objet recyclable dans la poubelle,
ils sont les premiers à nous rappeler à
l'ordre. Maman, on peut le recycler.
Ah! tu as bien fait de me le dire. Je vais poser le bon geste. Mais je
suis fière de les voir, de se faire ramener comme ça à l'ordre.
Pour les jeunes, l'importance de la mobilité également
prend tout son sens. Ils aiment voyager, découvrir de nouvelles villes, de nouvelles régions, de nouvelles provinces, de
nouveau pays. Ils vivent des expériences, des expériences qui seront marquantes pour l'ensemble de leur vie.
Les voyages forment la jeunesse. Et ça, j'y crois. J'y crois et je suis fière de voyager avec mes enfants parce que,
lorsqu'on voyage, ça développe leur... ils apprennent de
nouvelles cultures, ils en apprennent un peu plus sur la géographie, sur
l'histoire également des endroits qu'on visite.
Je suis fière
de voir qu'on investit davantage dans Les Offices jeunesse internationaux de Québec,
on en a parlé tout à l'heure, d'ailleurs, et je dirais également le programme
Place aux jeunes en région. Je trouve ça bien. Je suis une fille de
région, hein. Je viens du Saguenay—Lac-Saint-Jean. J'ai étudié en art et technologie
des médias au cégep de Jonquière, un programme
qui attirait justement des jeunes de toutes les régions au Québec
pour étudier dans ce programme-là parce
que c'est un programme
unique. Et, quand est venu les temps de faire mon stage pour me placer, me trouver un emploi, bien là j'ai regardé. Je
voyais bien qu'il fallait que je sorte aussi de mon milieu si je voulais un
emploi. Hein, quand vient le temps de
choisir un endroit pour faire un stage, bien, on regarde les possibilités d'emploi aussi dans les différentes
régions. Alors, oui, je suis partie dans le Nord, à Caraquet, au nord du Nouveau-Brunswick, Carleton-sur-Mer, en
Gaspésie, Chicoutimi pour TVA, Radio Nord en Abitibi. Ensuite, de retour à Québec, à Montréal. Je suis fière de dire
que ça fait partie de mon bagage, d'avoir vécu dans plusieurs régions, d'avoir
appris à découvrir plusieurs régions.
Et
d'ailleurs, ma question va poser là-dessus au premier ministre, sur ce sujet,
parce que notre premier ministre est le député d'un comté d'une région,
hein, au Lac-Saint-Jean. Et on parlait de la Place aux jeunes en région.
J'aimerais l'entendre davantage à ce sujet,
donc des avantages, selon lui, de ce programme-là pour nos jeunes. Donc, Place
aux jeunes en région, mais aussi le
programme de mobilité étudiante interrégionale. Je sais qu'il a fait une
annonce, là, en 2016, en août
dernier, notamment, à Saint-Félicien là-dessus. Alors, M. le premier ministre,
j'aimerais vous entendre sur ce sujet.
Le Président (M. Matte) : Merci.
M. le premier ministre.
M. Couillard : Pour quelques brèves minutes, mais, par la suite,
ma collègue de Richmond pourra conclure. Je pense qu'on arrive bientôt
au terme de nos échanges.
Le Président (M. Matte) : Il
reste sept minutes.
M. Couillard : Alors, oui, Place aux jeunes en région, c'est un
programme qui existe depuis quelques années, mais on a renouvelé le
partenariat avec Place aux jeunes en région dans la Stratégie d'action jeunesse
qu'on discute aujourd'hui. Bon, c'est un
organisme à but non lucratif, bien sûr, fondé en 1995, et qui est en
partenariat avec un réseau de 48 organismes locaux.
Alors, ça
vise les jeunes de 18 à 35 ans et dans le but vraiment de susciter leur
installation en région. Alors, pour ça,
il y a deux outils. D'abord il y a un portail. Alors, comme nos jeunes sont
beaucoup sur les nouveaux médias et l'Internet, allez voir sur l'Internet, c'est placeauxjeunes en un seul mot .qc.ca.
Et vous allez voir le portail d'accueil du programme, de l'organisation.
Et, deuxièmement, on finance un réseau de 56 agents de migration, des agents
qui sont rattachés au partenaire
promoteur avec 56 municipalités régionales de comté, des MRC, les plus
touchées par l'exode des jeunes. Donc, on
va vraiment cibler les endroits les plus touchés avec notamment les carrefours
jeunesse-emploi qui oeuvrent dans ces régions-là.
Les carrefours jeunesse-emploi, d'ailleurs, participent à cette initiative. Il
y a d'autres partenaires, promoteurs,
également, qui y participent.
Ce matin, on
a mentionné... un peu plus tôt, plutôt, pardon, on a mentionné un séjour
exploratoire dans un métier de la
forêt. Ce n'est peut-être pas tout
à fait le même programme,
mais je voudrais en parler parce que je trouve ça bien intéressant. En passant, il y a 2 000 jeunes, à date, qui se sont rendus en
région grâce au programme Place aux jeunes en région. C'est un programme de séjour exploratoire des métiers de la forêt du
13 au 15 mai 2017 dans les MRC de Maria-Chapdelaine,
ça, c'est Dolbeau-Mistassini et le nord du
Lac-Saint-Jean, et Domaine-du-Roy, Roberval, Saint-Félicien, notamment. Alors,
il faut être un jeune de 18 à 35 ans, être diplômé ou en voie de l'être. Et il
y a des besoins particuliers dans l'industrie forestière,
il faut le répéter, malgré les défis qu'on a actuellement, et c'est le genre de
programme et c'est le genre d'activité qu'on veut susciter pour les
jeunes pour les attirer en région et les garder en région.
Alors,
peut-être, M. le Président, pourriez-vous, suggestion, céder la parole à ma
collègue de Richmond pour qu'on termine nos échanges. Merci à la députée
de Chauveau pour son introduction.
• (14 h 10) •
Le Président (M. Matte) : Mme
la députée de Richmond.
Mme Vallières :
Merci encore, M. le Président. Et, si vous permettez de saluer les jeunes qui
viennent justement de se joindre à
nous en visite, en haut, à l'Assemblée nationale, et pour leur dire qu'on est
justement dans l'étude des crédits Jeunesse,
en ce moment, avec les partis d'opposition et la partie gouvernementale. Alors,
salutations à vous toutes et tous.
La députée de
Chauveau, M. le Président, parlait d'un gouvernement responsable, justement,
et, puisqu'on en est bientôt à la
conclusion de ces crédits Jeunesse, c'était très important pour moi d'avoir
l'opportunité de rappeler à l'ensemble du gouvernement et à tous les collègues
que, pour une première fois, c'est un cadre financier qui est assuré pour
les cinq prochaines années pour les actions de la Stratégie d'action jeunesse,
justement. Alors, c'est aussi ça, un gouvernement
responsable. Les organismes avec qui on fait affaire savent où ils s'en vont
également, et ça permet de bien déployer
tout ça. Le gouvernement fait de la jeunesse une de ses priorités, je crois
qu'on l'a bien démontré dans le cadre de ces études de crédits
aujourd'hui.
Les oppositions n'ont pas parlé tant de
chiffres. Je soupçonne que c'est parce que justement les chiffres sont vraiment
très bons. Tout est positif dans les dossiers jeunesse. On a travaillé très,
très fort, mais surtout les groupes jeunesse
et les jeunes ont travaillé fort de par les propositions qu'ils ont données de
partenariat avec le Secrétariat à la jeunesse.
Voici un des exemples où on fait ce qu'on a dit qu'on allait faire puis on fait
justement ce que les jeunes nous ont
proposé de faire, puisqu'on a travaillé en coconstruction avec eux. On a parlé
de plusieurs sujets, on aurait pu en parler encore davantage, que les jeunes soient issus du milieu autochtone,
qu'ils soient à mobilité réduite, qu'ils soient avec ou sans emploi, qu'ils soient aux études ou non,
qu'ils soient issus de l'immigration. On a également peu parlé des jeunes
à la réalité anglophone, mais on dit : Présent, grâce à la Stratégie
d'action jeunesse, justement, puis, ensemble, on va contribuer à toujours
améliorer les actions jeunesse.
J'imagine
qu'il reste très peu de temps, M. le Président, mais on entendra parler
davantage prochainement... il y a une
chaire de recherche qui sera mise en place, également, c'est aussi une autre
première au Québec, qui a été saluée par le scientifique en chef,
d'ailleurs, fortement... c'est attendu de nos différentes universités aussi,
qui veulent y participer.
On n'en a pas
parlé très largement, mais, lors des missions gouvernementales également à
l'étranger, il y a un objectif de
10 % de représentation des jeunes lors de ces missions, dans les
délégations. La députée de Chauveau parlait de mobilité, voici un exemple de mobilité aussi. En ce moment même, il y
a une rencontre qui se déroule dans la région de Montréal, la rencontre des jeunes entrepreneurs de la francophonie.
L'honorable Michaëlle Jean y est présente aujourd'hui. C'est plus de 400 jeunes entrepreneurs de partout
dans la francophonie, sous le leadership du gouvernement du Québec, avec la Jeune Chambre de commerce de Montréal, qui
a organisé le tout. Très formateur pour ces jeunes, un milieu de
réseautage extraordinaire.
Alors, on
parle aussi, dans notre Stratégie d'action jeunesse, de lutte à la pauvreté, on
parle de la culture, également, qui est fort importante pour les jeunes,
on parle des saines habitudes de vie, beaucoup de prévention. Les jeunes sont
préoccupés par la prévention. Alors, c'est aussi inclus dans la stratégie.
Je le
mentionnais, on l'a coconstruit, cette politique, cette Stratégie d'action
jeunesse, avec les jeunes, avec les groupes jeunes. C'est aussi évidemment avec
eux que l'on travaille main dans la main pour continuer de les accompagner,
c'est ça qu'il est important de comprendre,
on est là pour les accompagner parce que ce sont leurs outils, ce sont leurs
mesures, également. Et, les groupes nous
l'ont mentionné, la stratégie vise juste, le gouvernement a été novateur, alors
je voudrais tout simplement leur rendre la
pareille. Ce sont eux, les jeunes, qui ont vu juste et ce sont eux qui sont
novateurs. Et nous, en fait, on les suit pour les accompagner dans
l'ensemble des actions pour les cinq prochaines années.
Adoption des crédits
Le
Président (M. Matte) : Merci. Le temps alloué à l'étude du volet
Jeunesse étant écoulé, je vais soumettre, là, aux voix le programme 5,
intitulé Jeunesse. Est-ce que c'est adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le Président
(M. Matte) : Oui, vous voulez changer d'idée, M. le premier
ministre?
M. Couillard : Je suis déçu!
Une voix : ...
Document déposé
Le Président (M. Matte) : Ah! O.K.
Oui, c'est un... En terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignement
de l'opposition. Je vous dis que ça a été un plaisir pour moi de présider cette
étude-là.
Je suspends les travaux jusqu'à 15 heures, là,
cet après-midi, pour poursuivre avec Immigration au salon La Fontaine.
C'est bien. Merci. Bon appétit, pour ce qu'on a!
(Fin de la séance à 14 h 16)