(Quinze
heures trente et une minutes)
Le Président (M.
Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum,
je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte.
Je demande à toutes les personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie de leurs
téléphones cellulaires.
Aînés
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du volet Aînés des crédits budgétaires et du portefeuille
Famille pour l'exercice financier 2015‑2016.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Bernier (Montmorency) est remplacé par M. Dutil
(Beauce-Sud); M. Birnbaum (D'Arcy-McGee) est remplacé par M. Bourgeois (Abitibi-Est); Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), par M. Billette (Huntingdon);
M. Fortin (Pontiac), par M. Reid (Orford); Mme Montpetit (Crémazie), par M.
Hardy (Saint-François); Mme Rotiroti
(Jeanne-Mance—Viger),
par M. Morin (Côte-du-Sud); et Mme Lavallée (Repentigny) est
remplacée par M. Paradis (Lévis).
Le Président (M.
Picard) : Merci. Puisque nous avons débuté nos travaux à
15 h 31 et qu'une période de trois
heures doit être consacrée à l'étude de ce programme, y a-t-il
consentement pour poursuivre nos
travaux au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à 18 h 31?
Consentement. Merci beaucoup.
Remarques préliminaires
Nous
allons débuter par les remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une
discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses. La mise aux voix des crédits sera effectuée à la fin
du temps qui est alloué à l'étude de ce volet.
Nous débutons avec
les remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de 12 minutes.
Mme Francine Charbonneau
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Tout d'abord, premiers
crédits pour la ministre responsable des Aînés pour cette année, un
trois heures consécutives qu'on va passer ensemble avec mes collègues de
l'Assemblée nationale, de l'opposition et
avec mes collègues du parti. Donc, bienvenue à tous. Je suis aussi très bien
accompagnée, M. le Président, de gens de mon
cabinet, donc ma chef de cabinet, Mme Florence Thivierge, qui est à ma droite;
et ma sous-ministre en chef, qui est
à ma gauche, Mme Bérubé. En arrière de moi, vous avez un homme très intéressé
au sujet, qui est le sous-ministre
adjoint qui s'occupe du Secrétariat des aînés, M. Christian — soufflez-moi son nom de famille — Barrette.
On est tellement habitués de s'appeler par
son prénom que j'oubliais le nom de famille. Et j'ai l'honneur d'avoir
avec nous aujourd'hui la présence du Dr Michel Boivin, de Mme Monique Nadeau et
de M. Ronald Longpré, qui sont tous les trois
de l'organisme L'Appui national. Nous avons aussi la Direction adjointe des
services aux aînés du ministère de la Santé
et des Services sociaux, Mme Natalie Rosebush. Si j'en oublie, M. le Président,
sachez qu'ils sont tous considérés comme salués.
D'emblée,
j'offre à cette Assemblée toute ma collaboration et celle de mon équipe pour
répondre le plus adéquatement possible à l'ensemble des questions qui
nous seront posées. C'est un rendez-vous annuel important que l'étude des crédits pour le ministère de la
Famille mais surtout, aussi, pour ce qui s'est joint au ministère de la
Famille, c'est-à-dire le ministère responsable des Aînés.
D'abord, j'aimerais
tracer un trait des responsabilités qui sont rattachées au ministère que
j'occupe. Donc, permettez-moi, M. le
Président, de revenir sur cette responsabilité qui fait en sorte que
quelquefois, à l'Assemblée nationale, une
question se pose, ce n'est pas moi qui se lève. Ça ne veut pas dire que je
manque d'intérêt par rapport à la question qui est posée. Donc, les
responsabilités qui sont sous ma juridiction : promouvoir les aspects
positifs du vieillissement et susciter la participation de la population afin
de combattre les préjugés et stéréotypes associés à l'âge; promouvoir le développement de liens intergénérationnels;
sensibiliser les instances nationales, régionales et locales aux besoins
liés au vieillissement des individus et de
la population et soutenir leur action à cet égard; encourager la mise en place des services répondant aux besoins et aux intérêts des
personnes aînées. D'autres responsabilités qui interpellent certains
ministères et organismes me sont également
confiées, soit promouvoir la solidarité entre les générations en tenant compte
des besoins des familles, des jeunes
et des aînés; veiller à ce que le gouvernement, ses ministères et ses
organismes tiennent compte des besoins des familles, des jeunes et des
aînés; et, enfin, veiller à la protection des personnes qui ne peuvent exercer pleinement leurs droits. Entre autres, je vous
dirais qu'au moment où on va faire les crédits pour la famille nous
allons avoir le curateur avec nous, qui vient nous soutenir dans la
responsabilité que nous avons.
L'action
du ministère de la Famille
relativement aux personnes aînées rayonne donc sur la majorité des
ministères et organismes du gouvernement, dont les ministères de la Justice, de
la Santé, des Services sociaux et de la Sécurité publique. Ainsi, à chaque geste que je pose à titre de ministre
responsable des Aînés, j'ai
l'obligation de réfléchir avec tous nos partenaires qui participent à
l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées du Québec.
M. le Président, le budget 2015‑2016 permet aux ministères de consolider différentes
initiatives afin d'améliorer la condition
de vie des aînés. Je vous parlerai donc de la politique Vieillir et vivre
ensemble — Chez
soi, dans sa communauté, au Québec,
affectueusement appelée VVE; la démarche Municipalité amie des aînés, MADA, et
le plan d'action contre la maltraitance envers les personnes aînées,
qu'on appelle aussi le PAM.
Comme vous le
savez sans doute, la politique Vieillir et vivre ensemble — Chez soi, dans sa communauté, au Québec et son plan d'action ont été lancés au
printemps 2012. Elle constitue la première politique sur le
vieillissement du Québec. Elle se poursuivra dans son plan d'action
jusqu'en 2017. J'aurai sûrement l'occasion de répondre à des questions
et décliner ce qu'est cette politique
pour nous. La démarche Municipalité amie des aînés vise à soutenir la
participation active des aînés dans
leurs domiciles et à l'inclusion sociale. À la suite d'une consultation des
personnes aînées de la communauté, une
municipalité peut, par exemple, s'engager à augmenter l'offre de loisirs, à
adapter le mobilier urbain ou modeler les services de transport. Vous avez compris, M. le Président, puisque je
crois que, dans votre région, il y a quelques villes qui le sont, reconnues MADA, où on pose des gestes
avec les aînés, pour les aînés. On pourrait vous donner quelques exemples, M.
le Président. Que ce soient la durée
des feux pour traverser la rue, les feux piétonniers, que ce soient des
bancs qu'on installe entre les endroits où les gens veulent se rendre ou que ce
soit un circuit extérieur d'exercice adapté aux personnes aînées, chaque ville réalise des projets qui lui ressemblent
et est financée en partie par le gouvernement et est reconnue pour les
gestes qu'elle pose.
En 2014‑2015, le ministère a notamment accordé
une aide financière de 560 734 $ à 46 municipalités qui ont entrepris
la démarche MADA ainsi qu'à huit municipalités pour effectuer la mise à jour de
leurs plans d'action. Cet investissement a
porté à plus de 760 le nombre de municipalités québécoises engagées dans
cette démarche. Ce que ça veut dire, M. le Président, ça veut dire que
85 % des citoyens du Québec vivent dans une municipalité ou une MRC où la démarche MADA est appliquée. Les maisons des
grands-parents sont des milieux de vie qui favorisent la création des
liens intergénérationnels dans un esprit de grand-parentalité. Je suis sûre que
vous connaissez ça aussi, M. le Président. Ils ont également pour objectifs de valoriser le rôle des aînés
dans la société et de favoriser leur participation citoyenne.
Afin de soutenir la consolidation de leurs activités, le ministère a accordé,
en 2014‑2015, une aide financière de 45 000 $ à chacune des six maisons de grands-parents
présentement au Québec, pour un total de 270 000 $ venant de la
politique VVE. Je me permets de vous
signaler aussi les Initiatives de travail de milieu auprès des aînés
vulnérables, ceux qu'on appelle affectueusement les ITMAV, qui me
semblent, pour moi, un nom d'extraterrestre. Mais, ceci dit, on aime les
acronymes. Qu'est-ce que c'est, les ITMAV? Bien, ce sont des composantes du
plan d'action, de la politique Vieillir et
vivre ensemble — Chez
soi, dans sa communauté, au Québec. L'objectif général est de soutenir la mise
en place ou le maintien de travailleurs permettant de joindre les aînés
vulnérables ou à risque de fragilisation en vue de favoriser leur
accompagnement vers des ressources pertinentes dans leurs communautés tout en
laissant ou en redonnant à la personne aînée le pouvoir d'agir sur sa destinée.
• (15 h 40) •
Afin de
soutenir financièrement, en 2015‑2016, les activités déjà amorcées à l'intention des aînés par les
organismes communautaires, le ministère
a accordé, le 6 mars 2015, une aide financière totalisant 1 575 000 $ pour le renouvellement de 35 projets en ce sens. Nous aurons donc
l'objectif de soutenir le vieillissement actif et aussi une grande
préoccupation envers les aînés vulnérables.
Nous avons la
ferme volonté de continuer à combattre la maltraitance sous toutes ses formes
et dans toutes les régions du Québec.
Le Plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance envers les
personnes aînées est un souci constant.
En 2015‑2016, nous allons poursuivre les actions en cours dans le cadre du Plan
d'action gouvernemental pour contrer
la maltraitance envers les personnes aînées, un plan qui s'étalait de 2010 à
2015. Ce plan d'action a d'ailleurs été prolongé jusqu'en 2017 dans le
cadre de la politique Vieillir et vivre ensemble.
La
maltraitance envers les personnes aînées est, malheureusement, beaucoup plus
présente que l'on pense, et c'est ensemble que nous devons lutter contre
cette problématique. Plus de 39 mesures sont contenues dans le plan d'action gouvernemental pour contrer la maltraitance, dont
des mesures structurantes : la mise en place de la ligne Aide Abus
Aînés, qui, dès sa première année
d'existence, a connu une affluence qui ne s'est jamais démentie — je me permets de répéter la ligne pour le plaisir, mais aussi pour
l'information des gens qui nous écoutent on aime bien la rappeler, c'est
1 866 489-2287; le
déploiement de coordonnateurs régionaux dans toutes les régions du Québec, soit
20 au total — 18
coordonnateurs régionaux, et deux nationaux
dédiés aux communautés culturelles et aux Premières Nations. La création d'une
chaire de recherche sur la maltraitance
envers les personnes aînées pour mieux documenter ce phénomène a été mise sur
pied. La chaire contribue à mieux
connaître le phénomène de la maltraitance et nous donne donc de bonnes pistes
pour améliorer nos actions visant à lutter contre la maltraitance.
D'autres mesures sont aussi en cours, dont la
diffusion d'un guide de référence pour contrer la maltraitance envers les aînés. Ces situations augmentent,
malheureusement, d'année en année mais démontrent la pertinence de
l'action de la commission en la matière. La
mise sur pied du forum des partenaires sur la maltraitance envers les personnes
aînées nous a permis de rassembler plusieurs
intervenants. Le prochain forum aura lieu à Québec en juin 2015 sous le
thème De la lutte contre la maltraitance,
vers une culture de la bientraitance. La lutte de la maltraitance sera d'ailleurs renforcée par notre
action en cours en matière de lutte contre l'intimidation, ce qui me permet, M.
le Président, de vous en parler quelque peu,
puisque, M. le Président, comme vous le savez, la lutte contre l'intimidation
est l'une des priorités de notre
gouvernement. Tel qu'annoncé par le premier ministre, le Forum sur la lutte
contre l'intimidation a eu lieu le 2 octobre dernier à Québec. L'objectif du forum était de
mobiliser les différents acteurs concernés par la lutte contre
l'intimidation au Québec et de dégager des pistes d'action en vue d'élaborer un
plan d'action concerté en matière de lutte contre l'intimidation. Les
délibérations des participantes et des participants ont porté sur trois thèmes,
soit la prévention de l'intimidation, l'intervention efficace et le soutien
offert aux différents acteurs.
Nous avons
pris des engagements d'action envers toute la population du Québec. Nous
entendons donc développer une
approche globale afin de contrer la maltraitance auprès des personnes en
situation de vulnérabilité, dont les aînés.
D'autres
mesures importantes du budget 2015‑2016 à l'intention des personnes aînées. M.
le Président, j'aimerais souligner
que le budget 2015‑2016 propose des mesures importantes touchant les personnes
aînées à différents égards. Je me
permettrai d'avoir un plaisir fou à répondre aux questions, mais j'assure à mes
collègues : les échanges seront fructueux, et on pourra aller plus
en détail sur certaines mesures que nous mettons en place.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. J'invite
maintenant le porte-parole de l'opposition officielle à faire ses
remarques préliminaires pour un maximum de sept minutes. M. le député de
Richelieu.
M. Sylvain Rochon
M. Rochon : Merci, M. le Président.
Alors, mes salutations à la ministre, aux nombreuses personnes qui l'accompagnent, aux collègues des oppositions, à
notre recherchiste Alex Perreault. Mes remarques seront brèves, bien
qu'elles déborderont le cadre des crédits du ministère propres de la ministre.
Alors, je suis sincèrement heureux de pouvoir
enfin échanger publiquement avec la ministre des Aînés sur la situation des
aînés, car il ne faut pas oublier que, derrière ces chiffres que nous avons à
étudier, ces crédits que nous avons à
étudier, il y a des gens, il y a des personnes
prestataires ou dispensataires de services, des personnes qui nous ont élus pour les représenter qui veulent sentir notre
humanité, qui veulent percevoir notre sensibilité à l'égard de ce
qu'elles vivent. Alors, je souhaite que nous sachions nous élever au-dessus des
colonnes de chiffres et nous placer à hauteur d'hommes et de femmes.
Les aînés, ils sont inquiets, moi, je le sens
dans ma circonscription et je présume que la ministre le sent aussi dans la sienne. Le portrait de leur situation,
il est plutôt sombre. Le nombre de places d'hébergement dans le
secteur public, il n'a cessé de
diminuer, laissant au secteur privé un rôle grandissant dans le domaine de l'hébergement. Et, malgré un rehaussement des budgets consacrés
aux services à domicile, ces services-là, bien ils demeurent sous-financés. On dit que les CLSC ne répondent qu'à environ 9 % des besoins de soins globaux. Moi, je
trouve que le désir d'autonomie des aînés, il cadre mal avec la
politique de rationnement et de privatisation des soins, sans compter qu'elle
brime, cette politique-là, les aspirations professionnelles des femmes dans la
cinquantaine, qui constituent le contingent le plus important de proches aidants. 30 % des femmes qui prennent soin
d'un proche s'absentent du travail. 6,4 % d'entre elles devancent
leur retraite, démissionnent de leur emploi ou bien elles sont congédiées.
4,7 % refusent un emploi ou une promotion.
Alors, le gouvernement, il veut maintenir en emploi les travailleurs âgés, mais
il force, en cherchant à limiter ses dépenses
de soins aux personnes âgées, les femmes à quitter le marché du travail. Le
gouvernement, il doit reconnaître que le
niveau actuel de service de longue durée est intenable pour les aînés et les
proches aidants et puis il doit augmenter ses services, tant en
établissement qu'à domicile.
Moi,
j'aimerais ça entendre la ministre, au cours de la conversation que nous
aurons, sur ses premières remarques. Je
sais que je réfère à des crédits... puis elle l'a dit, elle l'a dit, hein,
pendant ses remarques préliminaires, je réfère à des crédits qui ne sont pas associés clairement aux
activités du ministère qu'elle dirige, mais je réfère à une clientèle qui
est celle que la ministre représente, celle dont elle est la porte-parole au
Conseil des ministres. Alors, moi, je trouve justifié de vouloir l'entendre sur
ces crédits, qui ne sont peut-être pas ceux de son ministère précisément, mais
sur ces crédits gouvernementaux. Voilà, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant
la parole à M. le député de Groulx pour le deuxième groupe de
l'opposition. Vous disposez de cinq minutes.
M.
Surprenant : Merci, M. le Président. Alors, je salue mes collègues du
gouvernement, ainsi que mes collègues de
l'opposition officielle, ainsi que les gens qui nous écoutent. M. le Président,
toutefois, étant donné qu'on a des questions importantes à soulever et qu'on a peu de temps qui nous est alloué, nous
préférerions que le temps qui nous est alloué pour les remarques
préliminaires nous soit consenti au niveau des questions, s'il vous plaît.
Discussion générale
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous entreprenons nos échanges.
Donc, M. le député de Richelieu, la parole est à vous pour
20 minutes.
M.
Rochon : Merci à nouveau, M.
le Président. À la lecture du budget, on constate, à la page 113 du
document intitulé Crédits des ministères et organismes, que le budget de
fonctionnement du Secrétariat aux aînés est amputé de plus de
800 000 $. C'est à peu près 20 % de son budget, ça.
Quelles seront les conséquences de cette baisse
de 20 % du budget de fonctionnement du Secrétariat des aînés, Mme la
ministre?
• (15 h 50) •
Le
Président (M. Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : La
réponse est fort simple, M. le
Président. Et, habituellement, on se donne un petit mot d'ordre qui dit question courte,
réponse courte, donc j'essaie de le faire dans le même balancement de la question.
On m'informe que le 800 000 $ a été transféré. Il n'est plus dans le
fonctionnement, mais il a été transféré dans la ventilation d'une catégorie de personnel qui s'appelle les
coordonnateurs en maltraitance. Donc, dans le fond, on l'a retiré du
fonctionnement pour le mettre en ressources humaines, pour les coordonnateurs
en maltraitance. Donc, il n'a pas été perdu, l'enveloppe a été changée de
colonne.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Et quel est le motif de cette opération comptable?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : ...quand c'est en fonctionnement, les sous
peuvent être utilisés pour, je vous dirai, les prêts de service, ça peut être utilisé pour l'achat de
trucs, là. On a décidé de prendre les sous et de les mettre en
investissement de personnel, donc des gens, qui vont s'occuper des dossiers au
niveau de la maltraitance.
Le Président (M.
Picard) : M. le député de Richelieu.
M. Rochon :
Donc, est-ce que j'entends, est-ce que je comprends de la ministre que cette
amputation de 20 % au budget de fonctionnement
du Secrétariat des aînés n'aura aucune conséquence sur les services de ce
secrétariat? C'est ce que j'entends?
Mme
Charbonneau : Dans le fond, vous dites «amputé», mais ce
n'est pas amputé, c'est un transfert de sommes qui a été fait, et, au
contraire, ça va pouvoir nous permettre d'avoir encore plus de services auprès
du dossier sur la maltraitance au niveau des aînés.
M. Rochon :
Bien. La politique gouvernementale Vieillir et vivre ensemble — Chez soi, dans sa communauté, au Québec est destinée, vous en avez parlé, à donner
aux collectivités le pouvoir d'agir devant les transformations
sociétales liées au vieillissement de la population.
Le Secrétariat des
aînés, pour mettre en oeuvre cette politique, a choisi un fonds d'investissement
et puis des ententes spécifiques disponibles au sein des conférences régionales
des élus du Québec. Au cours de 2014, la quasi-totalité des conférences régionales des élus a renouvelé son entente
spécifique pour l'amélioration des conditions de vie des personnes aînées. Le projet de loi n° 28,
lui, il a eu pour effet d'abolir les CRE. Dans l'ensemble des régions du
Québec, ces CRE là, elles embauchaient au
moins une ressource pour gérer les appels d'offres. Alors, qui sera désormais
en charge de gérer les appels à projets, là, autrefois gérés par les
CRE?
Mme
Charbonneau :
La question est fort pertinente, puisqu'elle a été posée dans l'ensemble des
milieux. Vous savez, M. le député, on a
aussi un regroupement qui s'appelle la table de concertation des aînés
pratiquement dans chacune des régions. Je dis «pratiquement», parce que
des fois c'est par ville, des fois c'est par MRC, ça dépend où je suis située
au Québec. Mais les budgets et les dossiers ont été rapatriés au Secrétariat
des aînés, mais nous sommes toujours en partenariat avec les tables de
concertation pour les aînés.
Donc,
vous avez raison de signifier que, de par la loi qui a été passée, les CRE ont
été redessinées, puisque les villes ont toujours l'option d'engager les
gens qui étaient aux CRE qui étaient spécifiquement adressés à certains
dossiers. C'est la décision locale, hein,
des villes ou des MRC de poser ce geste-là, mais, pour assurer un suivi clair
et s'assurer que dans les perspectives des projets qui ont été mis en
place pour la poursuite des choses... ça passe par le Secrétariat des aînés
pour justement ne pas tomber entre deux chaises ou faire des oublis.
M. Rochon :
Je devine cependant que cette modification, là, cet opus operandi différent,
là, ne se fait pas sans heurts. Il
doit y avoir quelques retards, il doit y avoir quelques grincements de dents
chez les organismes bénéficiaires, là, d'aide financière. Et, d'autre
part, est-ce qu'on ne laisse pas de côté, avec cette abolition des CRE, qui
géraient ces enveloppes budgétaires, la gestion régionale?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Alors, je vous relance en vous disant :
Je pense que ça vaut la peine d'aller voir, puis on pourra probablement en parler avec beaucoup plus
de pointu plus tard, mais les tables de concertation pour les aînés
étaient celles qui assuraient un suivi
auprès des CRE pour le dépôt de projets. Alors, quand vous me dites : Il y
a sûrement des retards, je vous rassure : il n'y a point de retard. D'ailleurs,
on a fait un appel de projets en janvier pour assurer et rassurer chacun
des milieux, pour dire : On est toujours là, on est toujours en suivi, et
les investissements se font toujours dans chacun des milieux.
Maintenant, est-ce qu'il y a eu des heurts?
Bien, probablement qu'il y a eu plus de questionnements, parce que les gens voulaient savoir, bon, comment ça va
fonctionner, par où on va passer, à qui on s'adresse. Vous savez qu'on a aussi des bureaux
régionaux au sein du ministère de la Famille et, dans chacun de ces bureaux, il
y a non seulement des gens qui
s'occupent de l'ensemble du principe de la famille, donc — je vous le donne dans le mille, là — tout ce qui est garderies, CPE et services sur la conciliation
travail-famille, mais il y a toujours, aussi, un représentant qui est là
pour le service aux aînés qui est rattaché
au Secrétariat des aînés. Donc, est-ce qu'il y a eu un glissement ou un
manquement? Je ne crois pas. Je vous dis
avec assurance que le Secrétariat des aînés a fait les suivis partout. Par
contre, est-ce que chaque employé qui
était à la CRE qui faisait un suivi auprès des tables de concertation a été
récupéré par les villes? Je ne peux pas vous répondre à cette question.
Il faudrait faire, avec mon collègue le ministre des villes, des... j'oublie
les titres, des Affaires municipales, un retour pour voir si chacune des CRE a
décliné à l'intérieur des villes et des MRC.
M.
Rochon : Le son de cloche
que j'ai n'est pas celui que la ministre nous partage. Et je me mets à la place
de nos téléspectateurs actuellement, ils doivent avoir bien de la difficulté à
croire qu'on fait ainsi tomber 17 ressources dans les régions du Québec sans que ça ne produise aucune espèce d'effet. 17
personnes perdent leur emploi, ne rendent plus ces services, et c'est
sans effet, ça ne change rien?
Mme
Charbonneau : ...17
personnes qui étaient à l'emploi des CRE, alors je vous dirai que je vais
encore une fois vous réitérer à mon collègue
qui s'occupe des affaires municipales pour vous dire ceci... et je vous le dis
parce que j'ai la certitude au niveau de la
région que je représente mais de plusieurs régions que les CRE qui ont été
dissoutes ont soit été récupérées par
les MRC ou par les villes, et les 17 personnes étaient rattachées aux CRE, mais
pas nécessairement rattachées au
ministère du Secrétariat des aînés. Donc, au ministère du Secrétariat des
aînés, ce qu'on vous confirme, c'est qu'il n'y a eu aucun glissement,
entre deux chaises, de dossiers, on est toujours en poursuite de projets et on
est en concertation avec les tables de concertation régionales de chaque milieu
pour les aînés.
M.
Rochon : Bien. Il y a, lors
de son passage dans l'opposition, votre collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne qui a déposé le projet de loi n° 399, Loi visant à enrayer la
maltraitance des personnes vulnérables hébergées dans le réseau de la santé et des services sociaux. Ce projet de
loi, il prévoyait différentes choses : l'obligation pour les
établissements publics et privés d'adopter et de mettre en oeuvre un
plan de protection des personnes vulnérables contre la maltraitance; l'obligation pour tout professionnel ou membre du
personnel d'un établissement de signaler les cas de maltraitance; des pénalités
sévères dans le cas où un établissement ou un individu contreviendrait aux
dispositions du projet de loi. En mai 2013,
la députée a également demandé à la Commission de la santé et des services
sociaux qu'elle se donne prioritairement
un mandat d'initiative portant sur les conditions de vie des adultes hébergés
en centre d'hébergement et de soins
de longue durée. Elle souhaitait également que la consultation se déplace en
région. Les consultations particulières et auditions publiques de la commission ont débuté le
21 janvier 2014. Depuis le retour au pouvoir de votre parti,
aucune nouvelle de ce mandat.
Le 2 octobre 2014, le premier ministre
présidait le Forum sur la lutte contre l'intimidation, un forum qui avait pour objectifs de mobiliser les acteurs
concernés et puis de dégager les orientations et les pistes d'action d'un
plan concerté de lutte contre l'intimidation. Plusieurs groupes sur les aînés
ont été consultés durant le forum. Depuis la tenue de l'événement, que vous
applaudissiez hors du champ de la caméra, bien il y a peu d'actions ou très peu
d'actions qui se sont concrétisées.
Est-ce que la ministre des Aînés a l'intention
d'appeler le projet de loi n° 399 de sa collègue la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne?
• (16 heures) •
Mme
Charbonneau :
Merci. Bien, merci pour la question, parce que c'est vraiment un moment très
privilégié de pouvoir dire qu'effectivement
le premier ministre, au moment où il a décidé de nommer une ministre de la
Famille, des Aînés et de la Lutte
contre l'intimidation, a fait en sorte que, dans le mandat qui m'a été donné,
il a réitéré le fait que le projet de loi que ma collègue avait
déposé — le
n° 399 — devait
inspirer un projet de loi qui devait suivre.
À la suite du
forum... et, si vous avez la chance d'en reparler au député de Terrebonne, il
avait passé la journée avec nous, puis ça avait été vraiment
intéressant, à la suite du forum du 2 octobre, le premier ministre a réitéré
une seconde fois le fait que nous sommes en
train de regarder et de faire en sorte que nous allons déposer un projet de loi
qui s'inspire du projet de loi de ma collègue, qui s'appelle le projet de loi
n° 99, puisque, pour l'instant... C'est le n° 399. Pour l'instant, c'est le titre qu'on lui donne,
mais je suis sûre qu'on aura le plaisir de travailler ensemble quand ce
projet de loi va se déposer et je vous assure qu'il sera déposé.
M.
Rochon : Est-ce que la
ministre des Aînés a par ailleurs l'intention de poursuivre le mandat
d'initiative de la Commission de la
santé et des services sociaux sur les conditions de vie des adultes hébergés en
centre d'hébergement et de soins de longue durée?
Mme
Charbonneau : Il
n'y a pas eu, de ma part, encore d'engagement face à ça, face à ce sujet, mais,
je vous dirais...
M. Rochon : C'est le moment.
Mme
Charbonneau : ...oui, c'est vrai que ça serait tellement
facile, mais je vous dirais que j'aurai probablement le plaisir d'échanger avec vous par rapport à ce
mandat d'initiative, puisqu'il avait été donné dans la session d'avant,
dans le mandat d'avant. Et on est en train
de regarder tout le principe, puisque... Vous savez, ça n'a l'air de rien...
j'aime ça le dire comme ça, là, puis ce n'est pas tellement fancy comme mot, mais ça n'a
l'air de rien, mais on a fait énormément de terrain, et ce que les personnes aînées nous on dit,
c'est : On ne veut plus parler nécessairement de maltraitance, on veut
parler de bientraitance. On veut arrêter de
penser que les aînés sont soit malades ou maltraités, on veut vraiment, Mme la
ministre, que vous nous parliez de
bientraitance, les gestes positifs à poser, comment on peut faire mieux dans
cette société pour bien accueillir nos personnes aînées. Et, de ce fait,
bien, c'est un peu dans ce sens-là qu'on le regarde aussi en ce moment.
Si vous me demandez
de prendre le même mandat d'initiative qui a été porté à la dernière
législature, bien il faudrait qu'il soit
répété à cette législature-ci pour en être obligatoirement rattaché. Pour
l'instant, on regarde avec beaucoup d'attention... et j'aurai, comme je
vous le dis, sûrement le plaisir d'échanger avec vous en amont.
M. Rochon :
Alors, la poursuite du mandat d'initiative de la Commission de la santé et des
services sociaux en regard des
conditions de vie des personnes hébergées dans les CHSLD, ce n'est pas un
engagement que vous êtes prête à prendre aujourd'hui, séance tenante,
non?
Mme
Charbonneau :
...je vous dirais qu'il faudrait que la commission siège sur ce mandat
d'initiative pour m'en donner l'obligation,
puisque, là, vous êtes en train de me demander de prendre un mandat
d'initiative qui a été donné à la
dernière législation. Donc, il faut... et vous le savez, au moment où une
élection se porte, bien un mandat d'initiative tombe, et c'est à la prochaine législation qui décide de le reprendre ou
non. Donc, si le mandat d'initiative est pris, je serai au rendez-vous. Mais, pour l'instant, je m'attarde
énormément à cette volonté de pouvoir vous déposer, à vous, comme au
reste du Québec, une loi qui s'occupe de la bientraitance auprès de nos aînés.
M. Rochon :
Alors, vous y seriez favorable, à la poursuite du mandat d'initiative.
Mme
Charbonneau : Je n'y serais pas défavorable au départ. Par
contre, je vous dirais, et je vous le réitère, ça prend un mandat qui
vient de la législation présente.
M. Rochon :
Je saisis. Quelles sont les suites à prévoir, Mme la ministre, plus
précisément, au Forum sur la lutte contre l'intimidation d'octobre 2014?
Mme
Charbonneau :
Ça, si vous étiez de ce côté-ci de la salle, je vous dirais que c'est presque
une question plantée. C'est une question qui
me fait énormément plaisir, M. le député de Lévis, puisque le principe même du
dossier de l'intimidation a été un dossier
qui a été porté à notre attention par une volonté du premier ministre du
Québec. Et c'est un dossier, et je
vous le dis avec toute sincérité, que l'ensemble de la Chambre a pris et a
accepté. J'ai le privilège d'y siéger avec le député de Terrebonne, de
votre côté; la députée de Repentigny, qui fait aussi un travail extraordinaire;
et la députée de Sainte-Marie—Saint...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : ...Sainte-Marie—Saint-Jacques. C'est ça. Il ne faut pas que je me
trompe dans les noms des... parce que moi, je les appelle par leurs
noms, mais, en Chambre, on n'a pas le droit.
Donc, c'est un
dossier qui est fort intéressant. Les suites sont, je vous dirais, par
rubriques, hein? Parce qu'il y a tout le
dossier de l'intimidation, qui se décline de la petite enfance jusqu'au niveau
des aînés, où on veut poser des gestes
concrets, tout au long du mandat, pour s'assurer du suivi. On a parti ce
dossier-là avec un budget zéro, il y a une volonté grande comme le parlement, et le premier ministre a annoncé...
ou, je devrais dire, mon collègue des Finances a annoncé, dans le budget cette fois-ci, un investissement de
4,4 millions de dollars pour les trois prochaines années. Donc,
cette année, 400 000 $ au budget pour pouvoir le regarder.
Qu'est-ce qui va se
décliner? Déjà, on peut vous dire que, et vous le savez probablement, il y aura
un prix de décerné. Tout le monde est invité
à se joindre et à appliquer sur ce prix. On a ouvert les mises en candidature.
Ça se termine le 15 juin? Je crois que c'est le 15 juin.
Une voix :
5 juin.
Mme
Charbonneau :
Le 5 juin, qu'on me dit. J'y ai rajouté 10 jours, je m'en excuse. Ça finit le
5 juin. Et, le 2 octobre, on va
remettre un prix à un organisme ou un individu qui aura posé des gestes
concrets face à l'intimidation. On a,
vendredi dernier, eu le plaisir de terminer la ronde de consultation qu'on fait
et on a passé au niveau d'une consultation sur la communauté des Premières Nations, puisqu'elles nous avaient fait
une demande spécifique le 2 octobre, quand on avait rencontré
l'ensemble des intervenants.
On
a mis aussi sur pied, et j'en suis tout aussi heureuse, un comité d'experts sur
la cyberintimidation. Vous savez qu'on
a demandé à des professionnels de se pencher sur ce fléau, puisque nos jeunes
nous ont sensibilisés, et la communauté aussi, sur cet aspect de l'intimidation, qui se passe par cette chose
que je vais prendre dans mon dos pour ne pas qu'elle résonne, qui nous suit partout mais qui fait en
sorte que nos jeunes ou nos moins jeunes ne sont jamais libérés de cette
période où... Avant, c'était un coup de téléphone, c'était une lettre, c'était
une intimidation directe. Bien, il y a aussi la
cyberintimidation. Là, vous allez me faire signe si vous voulez que j'arrête,
parce que je peux continuer sur l'intimidation. Je vous le dis, j'ai...
M.
Rochon : J'aimerais vous entendre poursuivre, Mme la ministre, mais en
vous intéressant spécifiquement à la
clientèle aînée. Je n'ai pas entendu beaucoup de mesures visant les aînés, là,
j'entends du violon. Ma mère en jouait, j'adore ça, mais j'aimerais entendre du concret un peu, là. La création
d'un comité d'experts, une démarche particulière pour les autochtones,
c'est bien beau, là, mais les aînés dans tout ça, là?
Mme
Charbonneau : Oui. Bien, ma première réaction, vous ne
l'aimerez pas, parce qu'on s'est dit que, l'intimidation, on ne s'en
servait pas pour faire de la petite politique.
Alors,
je vous le dis tout de suite, le dossier de l'intimidation a été fait de la
petite enfance jusqu'aux aînés. Que vous
ne vouliez pas entendre l'ensemble de la démarche, ça vous appartient, mais, si
vous ouvrez la porte à l'intimidation, je vais en parler et je vais la
décliner dans l'ensemble de ce qu'elle est.
Quand vous m'avez
parlé un peu plus tôt sur le principe de la maltraitance, je suis revenue en
vous disant que le principe même du dossier sur l'intimidation fait partie de
cette réflexion qu'on fait sur la bientraitance et la maltraitance. On n'a pas mis les aînés de côté, on les a mis au coeur de
notre consultation. On a fait le tour du Québec, on a rencontré les tables de concertation, on est allés
voir les gens dans le milieu pour voir qu'est-ce qui pourrait faire en
sorte que le dossier de l'intimidation se
rapproche avant la fine ligne de la maltraitance, avant la fine ligne de la
violence que peuvent avoir nos aînés.
Donc,
dans notre principe de plan d'action, il y a nécessairement des actions qui
vont s'inscrire dans la politique de la
maltraitance ou la politique de la bientraitance. Je ne peux pas vous dire
encore comment elle va s'intituler, puisque les aînés sont déchirés dans le titre qu'ils aimeraient bien voir sur cette
politique, mais il y aura des actions concrètes dans les gestes qu'on va
poser.
M. Rochon :
...je comprends que vous cherchez le titre et ne savez pas encore quelles
actions concrètes seront posées. C'est ce que je comprends?
Mme
Charbonneau :
Ça serait trop facile de prendre ce jeu-là et vous dire qu'on ne sait pas
encore quoi faire. Où je n'irai pas, c'est
de vous dire comment on va décliner une politique qui n'est pas encore
finalisée. Au moment où on va vous la
déposer, vous aurez sûrement le plaisir d'y voir, avec votre collègue de
Terrebonne, les gestes concrets, autant dans le plan de match sur
l'intimidation que sur la politique sur la maltraitance, bientraitance.
M. Rochon :
Oui. Ce n'est pas de faire de la petite politique, Mme la ministre, en tout
respect, que de chercher à savoir
quelles sont les mesures concrètes que ce gouvernement a imaginées pour
améliorer le vécu des aînés. Ce n'est pas de faire de la petite politique, au contraire, c'est d'être sensible à
l'égard de ce que les gens âgés vivent. Je vous le soumets
respectueusement.
Le
Président (M. Picard) : ...maintenant aller du côté de la
partie gouvernementale. M. le député d'Abitibi-Est.
• (16 h 10) •
M.
Bourgeois : Merci, M. le Président. Première fois que je siège à votre
commission. Donc, il me fait grandement plaisir de pouvoir y assister. À
mes collègues du parti du gouvernement, les membres de l'équipe de la ministre,
les membres des deux oppositions, même s'il y en a qui sont un peu moins...
Des voix :
...
M.
Bourgeois : Donc, vous me permettrez, M. le Président, compte tenu que
moi, je suis justement d'Abitibi-Est, une...
La région de l'Abitibi-Témiscamingue, c'est une région plutôt jeune. Donc, de venir
parler des aînés, ça me fait quelque
chose de tout à fait particulier, parce qu'en même
temps on est rendus là dans notre développement : on a plusieurs de
nos localités, M. le Président, qui célèbrent maintenant leur 100e anniversaire
de fondation. Donc, on en est à des troisièmes,
quatrièmes générations dans les familles qui ont développé cette région-là, et
pour nous, donc, les aînés sont des bâtisseurs,
des gens qui, au fil du temps, se sont approprié le territoire, l'ont développé
dans l'exploitation, entre autres, des ressources naturelles.
Dans
un premier temps, la forêt a beaucoup attiré la population des grands centres
du Sud à venir, dans le fond, essayer
de trouver un avenir meilleur en région. Également, le potentiel qu'offrait le
secteur au niveau du développement des
mines a attiré, par exemple, dans mon cas plus particulier, mon grand-père à
venir s'installer en Abitibi-Témiscamingue. Ce phénomène-là, M. le Président, a fait en sorte qu'on aurait pu avoir
des gens qui s'installent pour une période, venir s'enrichir et quitter par la suite. Mais, non, ces
gens-là, M. le Président, ont décidé de développer ce territoire-là et
ont développé une solidarité qui était tout
à fait particulière qui est très reconnue pour des visiteurs qui se rendent en
Abitibi-Témiscamingue et nous disent... souvent, une des premières remarques
qu'on a de la part de nos visiteurs, c'est : Mon Dieu! Vous êtes très,
entre vous, solidaires, vous êtes accueillants. Et c'est sûr que ça a été
quelque chose, M. le Président, que les gens
n'ont pas eu le choix de développer comme habitude, parce qu'aussi l'autre
vague d'occupants du territoire, ça a été des gens qui sont venus dans
le cadre du plan Vautrin et qui sont venus développer le territoire au niveau de l'agriculture. Ces trois
constituantes-là de l'exploitation des ressources naturelles ont fait que les
jeunes hommes et femmes à l'époque
ont décidé de venir s'installer, d'installer leurs familles, d'y vivre et,
maintenant, d'être des aînés qui sont
toujours présents dans le territoire et qui contribuent encore beaucoup, M. le
Président, et c'est là-dessus que je vais nous amener et amener la
ministre à nous parler tout à l'heure, mais toute la présence, l'importance de
l'implication des aînés dans l'ensemble de
nos activités quotidiennes dans le territoire, auprès des différents organismes,
auprès des individus... je veux parler, entre autres, au niveau de toute
la question du bénévolat que ces personnes-là font.
Une société comme la
nôtre, elle s'est développée, comme je vous dis, avec beaucoup de travail,
beaucoup d'implication, beaucoup de
proximité, hein, les grandes familles de l'époque, qui se donnaient un coup de
main, qui se retroussaient les manches pour se donner justement une
meilleure qualité de vie. Ces valeurs-là se sont transposées au fil du temps dans le quotidien, dans la
relation que les personnes ont avec leurs voisins, avec la population qui les
entoure, avec des nouveaux arrivants. Ce
phénomène-là d'accueil, de préoccupation du bien-être des autres, il est très
présent auprès de nos aînés, M. le
Président. Il est présent par rapport à leurs familles immédiates, par rapport
à leurs proches, mais il est très présent aussi auprès de la population
en général et des organismes.
Vous le
savez, M. le Président, quand on regarde comment on veut développer un milieu,
c'est souvent un des éléments qui
animent l'engouement par rapport à un milieu de voir comment ses citoyens
s'impliquent dans le quotidien du développement de ce milieu-là, que ce
soit au niveau sportif, culturel, social, ou encore, sur des causes plus pointues,
le fait d'être présents, de pouvoir assurer
non seulement la pérennité des
organisations, mais de les amener à se développer ou d'en créer des nouvelles. On a souvent la
référence de regarder vers des gens d'expérience. Et là-dessus les aînés,
dans le territoire chez nous, sont vraiment tout à fait exceptionnels, à mon
sens.
Vous allez me
permettre, M. le Président, entre autres, de vous entretenir de deux
personnes qui, pour moi, sont des modèles
à retenir et qui ont reçu des honneurs tout à fait particuliers, entre autres,
dans mon comté, en Abitibi-Est, tout récemment...
je veux vous parler de Mme Anne-Marie
Desharnais. Mme Desharnais est une
jeune dame de 81 ans qui est impliquée
depuis plus de 40 ans. Elle est impliquée au niveau, entre autres, d'un
parcours comme bénévole qui se situe beaucoup au
niveau du mieux-être et l'épanouissement des plus vulnérables de notre société.
C'est une préoccupation qui l'habite
profondément, Mme Desharnais elle-même, qui a travaillé à la fondation de neuf
organismes qui oeuvrent sur le territoire
encore aujourd'hui qui sont dédiés soit aux personnes défavorisées, aux
personnes handicapées, aux personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale, d'alcoolisme ou de
toxicomanie. Je pense que de voir une personne comme ça, pour les jeunes de chez nous, de voir une personne
comme Mme Desharnais impliquée, se dévouer à remettre au prochain une partie de sa disponibilité pour assurer un
meilleur bien-être dans la population, c'est un facteur de motivation
non négligeable, M. le Président. Si on
regarde au niveau du parcours professionnel de Mme Desharnais, elle s'est
également... essentiellement, il s'est déroulé dans les services à la
communauté, plus particulièrement en enseignement au niveau primaire, comme intervenante en travail social,
comme conseillère pédagogique et également comme personne-soutien aux
personnes en santé mentale. Vous voyez, son parcours, il est large, mais, dans
tous ces secteurs-là, la présence de bénévoles,
ça fait une énorme différence. Oui, l'État offre des services, oui, l'État peut
accompagner les individus dans leurs problématiques,
dans ces besoins-là, mais le fait d'avoir des bénévoles qui se préoccupent
d'assurer une meilleure qualité de vie aux personnes qui sont dans ces
situations-là fait toute la différence dans le quotidien de ceux qui les
reçoivent.
Mme
Desharnais, qui, entre autres, a lancé le Club des handicapés de Val-d'Or, dont
elle est encore la présidente et membre
fondatrice, elle-même a entrepris des démarches pour trouver des ressources de
financement permettant, entre autres,
la rénovation des locaux abritant le Club des handicapés de Val-d'Or, qui se
veut un lieu d'échange, qui se veut un lieu
de partage pour favoriser la sociabilisation des personnes vivant avec un handicap,
ainsi qu'assurer le maintien des services d'accompagnement
individualisés offerts à ses membres, parce qu'aussi, dans leur réalité
quotidienne, ces personnes-là veulent avoir
la possibilité de, donc, quitter la maison, rencontrer d'autres personnes qui
vivent des situations équivalentes.
Donc, M. le
Président, d'avoir cette préoccupation-là, c'est tout à l'honneur de personnes
comme Mme Desharnais, de personnes
aînées. On s'attend à ce que certains groupes d'âge soient des participants
prenants de ces dynamiques-là, mais,
quand on parle de personnes aînées, souvent l'image qui restait dans notre
société, c'est que c'étaient des personnes qui restaient à la maison qui n'étaient plus préoccupées d'accompagner, dans
le fond, leurs voisins, leur parenté dans leur quotidien, dans leurs problématiques parfois qu'ils rencontrent ou tout
simplement dans leur situation de vie, qui pouvait, dans le fond, être un peu moins intéressante,
n'eût été, dans le fond, cette volonté-là de mettre en place des
organisations pour offrir aux gens du territoire une diversité d'organismes
permettant à répondre à des besoins plus pointus.
• (16 h 20) •
Donc, Mme
Desharnais, une femme d'exception qui est reconnue par l'ensemble de la collectivité. Que ce soit au niveau
des autres organismes, que ce soit au
niveau des clubs sociaux, écoutez,
quand Mme Desharnais fait une demande pour soutenir ces organisations ou une cause, vous comprendrez, M. le Président, que personne, personne n'ose dire : On ne sera pas partie
prenante de votre nouveau défi, Mme Desharnais. À 81 ans, c'est vraiment
quelque chose de tout à fait exceptionnel.
Mais ça me
lance aussi sur une autre personne, M.
le Président, parce que je pourrais
dire : C'est exceptionnel, on en a une. On n'en a pas une, on en a plusieurs
comme ça, en Abitibi-Témiscamingue. Une autre personne qui aussi mérite beaucoup
notre reconnaissance, qui, elle, est dans le comté voisin, en Abitibi-Ouest,
donc le comté du député d'Abitibi-Ouest, une dame de Normétal qui, l'automne dernier, a
été reconnue ici même, à l'Assemblée
nationale, une personne, encore là,
d'exception, quant à moi... Et là, des fois, on se pose la question : Mais oui, mais là deux exceptions d'affilée... y en a-tu d'autres qui sont... Oui, il y en a
plusieurs, aînés qui s'impliquent. Ça
fait en sorte que, dans notre région,
on a une fierté, parce que les aînés ne sont pas en retrait. Ils font partie de
la dynamique de la région. Ils sont sur des tables, ils sont dans des
organisations, ils veulent être présents. Ils ont choisi, dans certains cas,
d'être retraités, mais être retraité, M. le
Président, ça ne veut pas dire d'être inactif, ça ne veut pas dire de ne pas
être en mesure de faire une différence,
au contraire. Au contraire, au fil du temps, ces aînés-là, dans notre
territoire, en implication, en bénévolat, ont fait une grande différence
pour plusieurs personnes qui ont vécu des situations plus difficiles ou qui
avaient besoin d'un soutien, qui avaient de besoin d'une collaboration. Et, à
ce moment-là, des gens comme Mme Desharnais... mais, en l'occurrence, ici je parle de Mme Davidson,
qui, elle, a été reconnue, une femme qui est impliquée auprès de toutes
les générations depuis plus de 50 ans maintenant.
Elle a été reconnue au niveau du prix
Hommage Aînés, une initiative du ministère, de votre ministère, Mme la ministre, qui fait partie intégrante de la
politique Vieillir et vivre ensemble —Chez soi, dans sa communauté, au Québec. Parce que c'est ça, notre enjeu : les gens
veulent être capables d'être encore partie prenante de la réalité du quotidien,
d'être encore des acteurs qui composent avec l'ensemble du reste de leur
population. M. le Président, ce prix-là souligne l'engagement d'une personne
aînée, dans chacune des régions du Québec, contribuant au bien-être et à la
qualité de vie et à la participation des
personnes aînées dans sa communauté sans égard à son âge — et je pense que ce point-là, il est fort important — sans égard à son âge. Que l'on puisse s'assurer...
les personnes aînées qui veulent être présentes dans le quotidien, dans ce qui se passe dans leur
environnement, qu'ils aient une place privilégiée pour être, eux aussi, une
partie de la solution, être une partie de la
réalisation de beaux projets dans leurs territoires... Je pense que c'est à la
fois une fierté et une obligation qu'on doit avoir de s'assurer que nos
aînés puissent participer, puissent avoir leur place et réaliser leur bénévolat
comme ils l'ont toujours fait par le passé.
Là-dessus,
je pense que vraiment Mme Davidson mérite toute notre reconnaissance et je
la félicite encore pour son prix
Hommage Aînés, qu'elle a reçu de votre part. Et j'aimerais, Mme la ministre,
peut-être en savoir un peu plus au niveau de ce prix-là particulièrement.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre, il vous reste
4 min 50 s.
Mme
Charbonneau :
Il me reste quatre minutes, M. le Président, pour parler de ce prix si
important.
Effectivement, le
6 novembre dernier, c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai animé la
soirée remise des prix Hommage Aînés à tous
les lauréats qu'on a vus au sein du parlement. Ce prix existe depuis 1999, et,
depuis ce temps, je vous dirais, M.
le député, qu'on a eu le plaisir de remettre 208 prix à des aînés, hommes
et femmes, impliqués dans
leurs communautés. Vous faites bien de le souligner, parce que
plusieurs organismes existent, survivent et participent à
la société parce qu'on a des aînés qui s'en mêlent, et c'est tant mieux.
Vous avez aussi
souligné le fait que, pour reconnaître un aîné, il faut se gratter un peu, puisque,
plus souvent qu'autrement, et je suis sûre
que mes collègues qui sont critiques en matière du dossier des aînés ont la même
réaction que moi, quand on va dans des
soirées où il y a de la danse, où il y a des activités, je sors plus épuisée et
avant la fin, et ils sont toujours
sur le plancher de danse en train de danser, d'animer cette soirée parce qu'ils
sont en forme, nos aînés. Ils sont en forme
parce qu'ils contribuent. Et la place qu'on se doit de leur faire au sein de la
société, c'est la place qu'ils ont le goût de prendre, c'est-à-dire s'occuper des autres. On a des aînés
impressionnants, au Québec. J'ai en particulier une affection pour le principe des popotes roulantes, et vous savez
que cet organisme existe par les aînés et pour les aînés pour venir en
aide.
Mais,
si je reviens au prix qui a... et je me permets, M. le Président, si vous le
permettez, vous aussi, de faire la démonstration du trophée qu'on offre
aux gens, la plaque qu'on leur offre quand ils viennent nous voir et qu'on leur
remet cette plaque. Et j'ai même le
privilège, parce que mon équipe avait le livret-souvenir, l'album-souvenir,
d'avoir la photo de Mme Davidson qu'on a eue, qui s'occupe d'hébergement pour
jeunes et moins jeunes dans le comté et qui a reçu
le prix des mains de la ministre, mais elle était aussi accompagnée de M.
Jacques Lafrenière, qui est le jeune homme, comme j'aime les appeler quand je les rencontre, qui s'occupe de la
participation des aînés dans votre région, M. le député.
La
participation de nos aînés, elle se veut importante, mais on se doit de la
reconnaître. On se doit de faire en sorte qu'on puisse annuellement s'arrêter et demander à chaque région de nous
donner la candidature de quelqu'un qui s'est démarqué, pas parce que la
personne a contribué de façon, je vous dirais, très spécifique, mais surtout
qu'elle a fait en sorte que le rayonnement
qu'elle a eu dans sa région a fait de sa région une meilleure place. Être là
pour les aînés et avec les aînés,
c'est vraiment un objectif que chaque région a. Et, dans les régions comme la
vôtre, entre autres, je vous dirais que nos aînés sont vraiment dans une
particularité de don de soi. Rester chez soi et regarder la télé ne fait pas
partie du principe de nos aînés du Québec. Ils sont en action et ils aiment
bien non seulement être au service des autres et avoir des conversations et une contribution... Il n'y a rien de mieux que
d'aller prendre un café avec les aînés pour savoir comment va le Québec. Ils nous disent clairement
l'histoire qu'ils connaissent du Québec, où ils veulent aller et comment on
fait les choses pour s'assurer qu'on fait
les choses correctement. Donc, M. le député, quand vous me dites que vous avez
apprécié qu'on puisse reconnaître ces gens,
sachez que c'est toujours dans une volonté d'en faire plus, parce qu'à chaque
fois qu'on pose un geste de
reconnaissance on contribue à faire en sorte que la volonté des gens de s'impliquer
devient meilleure.
J'ai passé non
seulement une soirée impressionnante avec tous ces gens que j'ai vus un après
l'autre pour leur remettre un prix, mais
chacune des régions était fière d'applaudir son lauréat, qui recevait un prix
de la main de la ministre mais aussi de la main du responsable qui
venait de la région pour aider et pour faire en sorte qu'on puisse reconnaître cette personne qui, maintenant, est un
ambassadeur de gestes à poser au quotidien dans chacune de nos régions. Un engagement bénévole, c'est un engagement du don
de soi, et nos aînés connaissent la chanson par coeur par rapport à ça,
puisque c'est comme ça qu'on s'assure qu'une société devient meilleure. Donc,
quand vous allez la rencontrer, la première
ou la deuxième, saluez-les pour moi, parce que ça me fait plaisir de savoir
qu'on a des gens qui contribuent dans le quotidien dans chacune de nos
régions.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède
maintenant la parole à M. le député de Lévis pour une période de
16 min 30 s.
• (16 h 30) •
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Salutations à la ministre
responsable des Aînés, à son équipe également, aux collègues députés du parti
ministériel — je
vous salue, messieurs — aux
collègues de l'opposition, également. Vous
avez raison que c'est important, ce qui se passe ici, quand on parle d'aînés,
et tous les sujets que l'on pourrait
aborder sont des sujets qui rejoignent nos aînés également parce qu'ils font
partie de. Et je vous dirai que davantage ils font partie de la solution
pour plusieurs des problèmes qu'on adresse également.
Moi aussi, Mme la ministre, j'étais,
en fin de semaine, à un dîner. Vous savez qu'en fin de semaine avaient
lieu les portes ouvertes pour les résidences pour aînés, les résidences
privées, et je suis allé faire mon tour, rencontrer, discuter, jaser,
écouter, et ça, c'est extrêmement important, être à l'écoute pour ensuite qu'on
devienne collectivement leurs porte-parole, quelque part.
Alors,
oui, les aînés, ils sont des participatifs. Les aînés, vous avez raison,
dansent longtemps, s'amusent longtemps, réfléchissent beaucoup également,
réfléchissent et sont extrêmement attentifs à ce qui se passe dans la société, ce
qui les touche directement, ce qui les touche moins, également. L'avenir de nos jeunes, c'est une préoccupation de nos aînés. L'économie,
c'est une préoccupation de nos aînés. Mais aussi, dans leur quotidien, il
faut savoir être attentifs et remarquer cette préoccupation, cette préoccupation qu'ils ont pour leur qualité de vie, pour leur demain, pour le leur et pour celui de leurs enfants également. Et, je sais, vous
l'avez dit, et les collègues en ont parlé, les aînés sont extrêmement attentifs à tout ce qui se
passe. Au cours des dernières semaines, malheureusement — et tant mieux qu'on le
fasse — malheureusement,
il y a quelques éléments dans l'actualité qui nous ont tous un peu secoués,
questionnés, et c'est normal. Et moi, je souris chaque fois qu'on est en
mesure ici, au salon bleu à l'Assemblée nationale, de mettre au fait, présenter
des dossiers qui sont à l'occasion choquants, dérangeants mais qui permettent
aussi d'ouvrir les yeux sur une réalité. Il y en a une récemment dont on a beaucoup parlé, et vous le savez, et Dieu sait que tous
ont réagi à ça. Et je suis content aujourd'hui de pouvoir échanger avec
vous, Mme la ministre, parce qu'on a peu l'occasion de le faire, pas si souvent
que ça, et de le faire de cette façon-ci, bien ça permet aussi aux gens de
comprendre et de voir que finalement il y a des choses qui se passent et des
échanges d'idées... qui, habituellement, doit mener au meilleur.
Il y a
quelques semaines, il y a quelques jours, on abordait un thème noir un peu,
celui du marché noir des bains dans
les CHSLD — il y a des gens qui ont été surpris d'apprendre ça — une
situation inacceptable en raison des abus financiers
potentiels envers une clientèle trop souvent vulnérable, du travail au noir également — il y
a cette notion-là — travail
non déclaré, de la qualité des services qui n'était pas assurée, et le ministre
de la Santé a même dit lui-même, a dit :
Bien oui, effectivement, écoutez, ce phénomène est beaucoup
plus répandu qu'il ne le croyait lui-même. Résultat : des actions ont été posées. La fédération
des préposés aux bénéficiaires avait écrit en 2011... ce
n'est pas d'hier, c'est pour vous dire
comment, de temps en temps, on oublie ces choses-là, depuis 2011, la fédération avait écrit à
l'ancien gouvernement libéral pour les
prévenir que pareille situation se passait. Mais les années passent, puis on a
l'impression que, non, parce que les aînés, malheureusement et trop souvent,
sont aussi très silencieux... et l'aîné, il est tolérant, l'aîné ne veut pas
déranger. Alors, soyons collectivement, ensemble, leur voix.
Parce qu'on a abordé ce thème-là, parce
que je sais que la ministre
doit être touchée par ça également, je vais lui poser une première question : Est-ce
que la ministre responsable des Aînés
est d'accord avec le fait que le marché noir, ce dont on a parlé puis ce qu'on souhaite qu'il ne se répétera plus,
démontre clairement qu'il y a un besoin, qu'il faut prévoir et bonifier l'offre de soins d'hygiène pour les
aînés, ce qui n'est pas un luxe, là? C'est une notion fondamentale,
l'hygiène, et vous avez probablement abordé ce thème-là comme je l'ai abordé en
fin de semaine avec des aînés avec qui j'échangeais. Est-ce qu'elle est
consciente qu'il y a un manque à ce niveau-là actuellement pour nos aînés?
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Au départ, quand on a ouvert cette session de
période des crédits, j'ai décliné les responsabilités qui
m'appartiennent. Je l'ai fait volontairement, puisque la phrase qui revient
souvent, c'est le fait que, quand une question se pose au salon bleu — puis
les aînés m'en ont beaucoup parlé — c'est mon collègue de la
Santé qui se lève, c'est ma collègue des Services sociaux, ça peut être ma
collègue de la Justice, c'est plusieurs de mes collègues qui se lèvent.
Pourquoi? Parce que le dossier des aînés rayonne dans plusieurs ministères. Donc, on a déjà eu le privilège d'échanger
ensemble sur ce fait, qui fait en sorte que, quand vous posez une question — et maintenant
vous le faites très bien, hein — vous l'adressez au ministre de la Santé, parce
que vous avez compris que les responsabilités se déclinent chez chacun.
Nécessairement,
le principe du service ou de l'offre de service du bain au noir est
inacceptable, et je crois que c'est de
vouloir abuser de gens de vouloir offrir un service comme ça, au noir, dans les
institutions qui nous appartiennent. Je trouve ça, à la limite, je vous dirais, fort
désagréable d'être obligée d'en parler encore. Je ne veux pas faire de
parallèle, parce que ce n'est pas toujours une bonne chose, mais
je vous dirais à ça qu'on travaille à tous les jours pour le principe du
travail au noir. Que ce soit au niveau
de la santé de nos aînés, qui est un souci permanent chez moi, ou que ce soit
dans la construction, dans le travail, je crois qu'il faut le regarder sous son
ensemble entier.
Par contre,
en ce moment, le sujet que vous soulevez, c'est au niveau des services des
gens qui sont à l'intérieur de
nos institutions ou des institutions qui appartiennent au gouvernement ou du privé, où, là, il y a une offre de services qui se décline différemment dépendamment du patient. Et
je crois que mon collègue a très bien répondu en disant : L'hygiène chez une personne ne se décline pas par un bain,
deux bains, trois bains, l'hygiène chez une personne se dessine personne
par personne. Et le ministre de la Santé a très bien répondu quand il s'est
avancé pour dire qu'effectivement il faut voir une personne à la fois le service qu'on offre à cette personne. Et, si
je ne me trompe pas, je crois que mon collègue vous a répondu qu'il n'était pas en désaccord d'avoir des
discussions avec l'ensemble du système pour vraiment revenir sur le principe d'hygiène parce que des fois on ne peut pas offrir deux bains, et ce
n'est pas un manque de services, c'est une protection contre la personne
parce qu'elle ne peut pas être mise dans un bain.
Donc,
de revoir, et de s'adresser, et de se soucier de l'hygiène des personnes
devrait être notre premier souci, et, je vous dirais, tout le principe
du bain au noir est inacceptable, même si, à chaque fois que je fais cette
phrase-là, je la trouve terrible.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Lévis.
M. Paradis (Lévis) : Mme la
ministre, je comprends qu'au point de
vue économique la notion du noir... et on la comprend très bien dans n'importe quelle sphère d'activité, et, bon,
à sa face même, je comprends votre réaction, mais je
reviendrai sur la vision des aînés à qui je parlais en fin de semaine.
Vous dites : Évidemment,
un aîné, son état de santé, sa condition peut faire en sorte qu'il ne puisse
prendre deux, trois, quatre, cinq bains par semaine. On en convient. Mais, à ce
moment-là, le personnel traitant, le personnel soignant, les gens qui sont extrêmement efficaces, les préposés aux bénéficiaires, si un
aîné a peur de l'eau... Et ça avait été mentionné par le ministre à un
moment donné, il avait dit :
Bien, s'il y a quelqu'un qui a peur de l'eau, bien sûr qu'on ne lui donnera pas deux, trois bains. Il l'a dit, ça a
été écrit, et vous le comprendrez comme moi, c'est du gros bon sens,
c'est de la logique, c'est bien sûr. Mais, très honnêtement, pour avoir discuté
avec les aînés, revenons sur la norme, parce qu'il n'y en a pas, de norme minimale. Ce sont des plans d'intervention par
les établissements. Il n'y a pas de norme minimale ni même une norme
minimale globale d'un bain par semaine.
Et,
même à ce chapitre-là, Mme la ministre, vous conviendrez qu'un bain par
semaine, dans la mesure où on voit qu'un
aîné ne peut en avoir davantage... Est-ce que vous pensez qu'un bain par
semaine, dans une norme qui n'est pas encore établie, c'est suffisant?
Est-ce que les aînés vous disent : Pour moi, c'est suffisant? Très
sérieusement.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
M. le Président, je vous dirais que les aînés que j'ai rencontrés, qui étaient
autonomes, qui étaient dans des activités, qui ont pris la parole et qui m'ont
interpelée pour me parler du principe de l'hygiène trouvaient que c'était un peu candide qu'un gouvernement s'ingère dans
leur quotidien. Je comprends le député quand il dit : Il faut mettre une norme en place. Moi, je la comprends,
cette norme-là, mais, le service à chaque personne, les plans
individuels, on ne peut pas passer à côté de ça.
Par contre, je vous
rassure, puisque vous cherchez à être rassuré dans cette situation-là — et je
sais que mon collègue l'a déjà fait, mais,
pour le plaisir de le faire, je vais le faire encore — la situation au niveau des bains au
noir, il y a eu une directive de donnée par
le ministre de la Santé dans chacune des institutions qui nous appartient pour
dire qu'aucun geste dans cette perspective-là
ne sera accepté. Donc, la directive a été envoyée et a été mise en place par
chacun des dirigeants des institutions. J'ai
la liste ici de l'ensemble des institutions que nous avons, et nous avons
donné... je dis «nous» en parlant du
gouvernement, vous avez bien compris, puisque c'est une responsabilité qui
décline de mon collègue, mais une volonté de dire : Aucune norme
n'accepte qu'on mette en place quelque chose qui est un service au noir. Maintenant, est-ce qu'un bénéficiaire qui veut
s'approprier un service plus, parce que ça se peut que quelqu'un puisse vouloir
un service plus... Alors, nous avons, en institution, des organismes. Il y en a
102, entreprises, au Québec, qui viennent en
aide aux gens soit à domicile... parce qu'il faut aussi parler des services à
domicile. On peut parler des services en
résidence, mais il faut aussi parler des services que nos CLSC offrent à nos
résidents qui choisissent de rester chez eux et qui reçoivent des
services chez eux. Donc, on a 102 entreprises qui offrent des services.
Maintenant,
le débat sur l'hygiène, je crois qu'il se fait au niveau de mon collègue de la
Santé, mais mon collègue le Dr Barrette a spécifiquement dit qu'il
voulait absolument rester sur le principe du service à chaque bénéficiaire. Un bénéficiaire qui choisit ou qui demande certains
services doit avoir un service qui lui ressemble, à sa demande, et non
une norme qui dit : Choix, pas le choix, vous aurez, monsieur, madame,
deux bains par semaine, un le mardi, un le jeudi, ça finit là, c'est écrit dans
la loi, on n'a pas le choix, c'est comme ça que ça va se faire. Je pense qu'il
faut respecter l'individu et lui donner des services dans la mesure où il le
demande et qu'on peut l'ajuster à sa personne.
• (16 h 40) •
M. Paradis (Lévis) : Mme la ministre, le problème c'est que, dans les CHSLD, il y a plusieurs
aînés vulnérables qui n'ont pas le
choix, il y a plusieurs aînés qui réclameraient davantage d'hygiène. Et, vous savez, ça fait
drôle, hein, parce que je donnais de
nombreuses entrevues et je me disais : Est-ce qu'on peut véritablement
penser, en 2015, être en train de se questionner sur une norme minimale
d'hygiène?
Moi, ce que
j'entends, c'est que les aînés demandent davantage. Moi, ce que j'entends,
c'est que bien sûr que la directive a été
donnée. J'en conviens, elle était nécessaire. Maintenant appliquée — ça n'a pas été un automatisme — maintenant
appliquée, il reste que des aînés réclament maintenant, aussi, davantage
d'hygiène. Vous savez, Mme la ministre... et
vous devez en avoir, des exemples. J'en ai beaucoup, moi, d'exemples. J'en ai
beaucoup parce que les aînés me
parlent, et je m'en réjouis, c'est un privilège pour moi. Des aînés me
racontaient, des gens me racontaient... Par exemple, une dame âgée qui
devait avoir son bain par semaine dans son plan d'intervention — et
pourtant elle en souhaiterait davantage — avoir eu à se déplacer pour
un rendez-vous qu'elle ne pouvait déplacer, eh bien, elle a manqué son bain,
puis on lui a dit : Ça ira à la semaine prochaine, parce que c'était le
lundi à telle heure, puis qu'il n'y avait pas d'autre bain, puis qu'il n'y
avait pas d'autre plan.
Ça
fait drôle de parler de ça, vous et moi, ensemble maintenant, mais chacun des
individus ici présents aujourd'hui ne pourrait même pas imaginer avoir
des normes d'hygiène minimales de ce type-là. Plans d'intervention particuliers
pour des aînés en situation difficile, je
comprends, c'est correct. En Alberta, Mme la ministre, c'est deux bains par
semaine, la norme minimale, c'est deux bains par semaine. C'est en Alberta, ça
va très bien également.
Je
vous demande simplement, Mme la ministre : Est-ce que vous seriez ouverte
à ce que l'on bonifie l'offre en regard des soins d'hygiène pour nos
aînés? Parce qu'ils le réclament, Mme la ministre.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. M. le député, je me permets de citer — et ça
fera sûrement plaisir à mon collègue d'en
face — l'ex-ministre de la Santé. Pourquoi? Parce
que c'était un spécialiste et sa spécialité, c'était
vraiment la gérontologie. Bien, au moment où il était en poste, il a dit lui-même
que le principe d'imposer des normes, ce
n'était pas une solution. Pourquoi? Bien, parce qu'à tous les jours, M. le
député, à tous les jours, il y a des normes qui sont en place pour que la personne ait des soins d'hygiène. Est-ce
que c'est un bain? Pas nécessairement. Est-ce que c'est une autre façon
de faire? Il y a peut-être d'autres façons de faire.
Par contre, le cas que vous soulevez m'inquiète,
et je vous dis : Ça m'inquiète, mais ça ne me surprend pas, parce que j'ai le plaisir comme vous d'avoir un
bureau de comté où, là, on reçoit des gens qui veulent soulever des
dossiers, qui veulent nous parler de leurs soucis et qui fait des fois en sorte
qu'on doit faire une intervention, nous, comme députés provinciaux, auprès d'un
endroit, d'une institution, de faire un rappel à la législation mais aussi aux
règles qui sont données et au respect qu'on
doit d'avoir aux personnes. Donc, quand vous me parlez de cette dame qui,
malheureusement, pour une question de
rendez-vous, de rencontre ou de déplacement, a manqué un rendez-vous au
niveau de ses soins d'hygiène, bien je vous
dirais : À ce moment-là, je prendrais mon chapeau pas de la ministre, mais
de la députée du comté et je ferais
une intervention marquée pour dire que, quand quelqu'un a une intervention ou a
un empêchement comme celui-là, ça se doit d'être pris en considération.
Mais là vous
me demandez de mettre une norme en place parce que vous avez entendu des
histoires de comté, et j'en conclus que... Il y a des histoires partout,
vous avez raison. J'ai été interpelée, je le suis quotidiennement, et, au
bonheur, pas juste dans mon comté, partout au Québec. Je reçois des courriels,
j'entends des gens, je reçois des téléphones.
Sur ce, je vous dirais que mon collègue est très soucieux de l'aspect individuel.
Pourquoi? Bien, parce qu'une personne
a droit à une hygiène qui lui appartient. On ne peut pas mettre une norme qui
décide comment on traite les gens. Il faut
vraiment voir ça avec l'aspect du service aux bénéficiaires, et c'est comme ça
que mon collègue de la Santé l'a regardé.
Le Président (M. Picard) : Il
reste une minute, M. le député.
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le
Président. Alors, vous savez, Mme la ministre... et je me préparais à
aborder un autre sujet, mais on y reviendra
parce que le temps file. Et c'est important. Je pense que ça n'a l'air de rien,
mais c'est un sujet éminemment
important, c'est un sujet fondamental. On parle d'hygiène ensemble. Et vous avez certainement des échos, Mme la ministre, des gens qui, globalement, ne comprennent pas une norme qui n'existe
pas, là, c'est-à-dire qu'on parle d'un bain-semaine sans norme. On comprendra
les plans d'intervention en fonction
de gens qui ont moins de
mobilité, c'est normal, mais, qu'une norme
soit revue à la hausse concernant l'hygiène, je pense qu'on ne ferait pas
fausse route globalement et collectivement.
Je vous dirai
que je respecte, évidemment, les compétences de tous et chacun. Vous parliez
de l'ancien ministre de la Santé, qui est gérontologue. Bien, je me
souviendrai de mon père, maintenant disparu, qui a travaillé aussi en gérontologie. Et, très honnêtement, une politique du vieillissement, ça s'installe, ça se décide, ça se discute,
mais, entre vous et moi, des normes
d'hygiène, pas besoin nécessairement d'avoir un doctorat pour comprendre ce qui
est bon et ce qui est moins bon pour
les uns et les autres. Je pense que, collectivement, et les gens le comprendront,
là, ne serait-ce que de se poser
la question, c'est en quelque sorte y répondre. Moi, je
continue à penser qu'on a un problème à ce chapitre-là et j'ose espérer, Mme la ministre, que vous
partagez ces inquiétudes-là et que vous travaillerez auprès des aînés pour
faire en sorte que leurs besoins fondamentaux, celui-là et bien d'autres, parce
qu'on les abordera, puissent être satisfaits.
Le Président (M. Picard) :
Nous retournons à la partie gouvernementale. M. le député de Huntingdon.
M.
Billette : Merci beaucoup, M. le Président. Je vais vous dire, c'est
vraiment un plaisir pour moi d'aborder un sujet aussi important pour nos communautés à la grandeur du Québec, qui
sont nos aînés. Je pense, c'est nos prédécesseurs, c'est des gens qui nous ont tracé le chemin, puis
je pense qu'y porter un intérêt tout particulier, je pense, c'est
essentiel au développement de notre communauté.
Je veux vous
saluer, M. le Président, également le parti de l'opposition officielle, du
deuxième groupe d'opposition, et notre collègue de Gouin, et surtout mes
collègues et vous, Mme la ministre, et les gens qui vous entourent, du cabinet,
et les gens qui vous appuient dans votre travail quotidien. Je pense que c'est
vraiment important.
Un sujet que j'aimerais aborder avec vous, on
l'a effleuré il y a quelques secondes tantôt, c'est sans aucun doute la politique Vieillir et vivre ensemble. Je
pense que c'est une politique pour savoir où on s'en va, savoir les
actions gouvernementales également que l'on doit poser au quotidien dans notre
geste, aussi bien au niveau de législateurs que
de gestionnaires de l'État, qui est le contrôleur de l'action gouvernementale
ou bien l'intermédiaire entre les citoyens de nos circonscriptions électorales et ici, le gouvernement. Je pense que c'est
les trois actions d'un député. On doit savoir où on s'en va, d'avoir une
planification pour poser les bons gestes et les bonnes actions, à ce moment-là,
qui vont faire en sorte qu'on a un meilleur endroit où vivre.
C'est une politique, je vais vous dire, M. le
Président, très enrichissante qui a été déposée par ma collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Au-delà des 204 pages que fait la politique en soi, je pense que c'est un
objectif qui est louable. C'est une première
politique pour nos aînés. C'est un gouvernement, je pense, qui avait une
préoccupation qui était certaine envers le bien-être de cette tranche de
personnes qui sont nos aînés. Et tout ça, ce n'est pas une politique...
seulement dire que c'est un ministère qui s'occupe d'une politique qui était le
Secrétariat des aînés maintenant, mais maintenant qu'on retrouve au sein du
ministère de la Famille. Et, l'intégration, je pense, de la petite enfance
jusqu'à nos aînés, je pense qu'elle est très
bien faite, elle est très bien expliquée dans cette politique, qui, sans aucun
doute, a été un travail de
concertation vraiment très important. Et, lorsqu'on parle d'action
gouvernementale, ça doit être fait de façon concertée. Le mot
«concertation», je pense, dans cette politique... je ne pense pas, j'en suis
rassuré, est de mise. Et, lorsqu'on parle de 13 ministères qui ont
participé, c'est presque une loi-cadre... c'est une politique en soi qui est
une loi-cadre — on peut jouer sur les mots au moment où on
se parle — 40
organismes également qui y ont participé. 74 actions, M. le Président, bien définies dans une politique claire,
c'est : on dénote de façon importante la préoccupation du
gouvernement ici : du bien-être de nos aînés et de vivre, également, de
vivre avec nos aînés dans une ambiance vraiment exceptionnelle.
Je veux
aborder également la question... J'aimais bien mon collègue de Rouyn-Noranda,
tantôt, qui parlait de ses aînés. J'en ai eu...
Une voix : Abitibi-Est.
• (16 h 50) •
M. Billette : Abitibi-Est.
Excusez-moi. Il ne faut pas que je mélange Les Foreurs et Les Huskies de ce temps-là. J'en ai eu également dans ma
circonscription. On voit l'implication, j'ai été sensibilisé par l'implication
même de ces personnes-là dans leurs communautés, le besoin de les avoir. Mais,
je vais vous dire, il y a une étude également... il faut regarder la réalité. Dans les régions rurales, souvent, on a des
personnes aînées qui ont façonné notre façon de vivre dans nos
communautés, que ça soit nos petits villages, que ça soit nos hameaux, des
petites communautés rurales.
Et il y a un
rapport, justement, de recherche Du rural à l'urbain, qui est fait par
le cégep de Jonquière, je vais vous dire, très, très intéressant, qui
démontre, à ce moment-là, certaines réalités que l'on vit nous-mêmes dans nos
petites communautés rurales, qu'on... souvent avec des oeillères, excusez-moi
le terme, on ne s'aperçoit pas également de la réalité ou des dangers qui nous
guettent. Et, lorsqu'on nous parle des dangers, veux veux pas, ce sont les gens
qui ont façonné... mais, si on regarde la croissance démographique de nos communautés...
Et j'ai mis la main sur un article. On va
prendre la région de Trois-Rivières, juste pour donner un exemple du Centre-du-Québec. À Mékinac, exemple comme ça, une MRC, actuellement, en 2011, 25 %
de la population est âgé de 65 ans et plus. Savez-vous,
M. le Président, qu'en 2036 la population de 65 ans et plus dans Mékinac
va représenter 42 %? C'est une
croissance très importante. Donc, c'est une réalité avec laquelle on devra
vivre. Et je peux vous en donner, là :
Shawinigan, de 23,9 % à 38,2 %; dans le Centre-du-Québec également,
regardez, si on prend l'exemple d'Arthabaska : 17,3 %, actuellement, de personnes de
65 ans. C'est une ville qui est en plein développement, où on retrouve de
jeunes familles, mais, en 2036, M. le
Président — ce n'est
pas dans 50 ans, là, c'est dans quelques années — ça va être le tiers de la population
qui va être âgé de 65 ans et plus. Donc, on voit une évolution
démographique qui est très importante, qui tend,
à ce moment-là, à voir une courbe où on va retrouver de plus en plus de
personnes de 65 ans et plus. Et l'objectif, je pense, louable, d'un
gouvernement, c'est d'avoir ces personnes-là, première des choses, qui
demeurent dans leurs milieux de vie et qui
demeurent dans un état de santé qui leur permet de s'épanouir également dans la
population dans laquelle ils sont, souvent, nés, ils ont grandi, ils ont
élevé leurs enfants, ils ont développé des amis, ils ont participé à des clubs sociaux. Donc, c'est important pour ces
personnes-là de vivre le plus longtemps dans leurs communautés et de
bien vivre également dans leurs communautés, M. le Président. Et souvent ces
gens-là ont des choix difficiles à faire.
Dans la
circonscription de Huntingdon, j'ai exactement 28 communautés,
28 municipalités, et une communauté, également, amérindienne, et,
je vais vous dire, la réalité frappe et frappe plusieurs de ces personnes-là.
Souvent, c'est un choix déchirant pour ces
personnes-là. Ils regardent, à ce moment-là, de conserver la proximité de leurs
liens familiaux, que ce soient des
neveux, des nièces, des enfants, un conjoint ou une conjointe, même, dans
certains cas, et également des clubs
sociaux, que ça soit des clubs de pétanque, que ça soit des clubs de bridge,
que ça soit les clubs de l'âge d'or — donc, ces gens-là se sentent
impliqués dans leurs communautés — également la proximité de leurs amis, des
amis souvent qu'ils ont depuis 40, 50,
60 ans, dans certains cas — donc, c'est un choix déchirant — ou dire : On a des besoins,
certains besoins qui se développent, que ça soit des besoins de santé, la
proximité des soins de santé, proximité de certains services également. Les
déplacements en voiture deviennent, dans certains cas, de plus en plus ardus,
voire même impossibles lorsque,
malheureusement, le permis de conduire est retiré à la personne. Pour une
personne qui est en milieu rural où
on ne retrouve pas de transport en commun, c'est très, très difficile, c'est
voire impossible, à ce moment-là, de se déplacer sans avoir l'aide de quelqu'un. Donc, c'est souvent un choix
difficile : Est-ce que je demeure dans ma communauté ou je dois
quitter ma communauté, aller retrouver des gens?
Donc, c'est
difficile, c'est déchirant pour la personne. C'est tous des choix qu'on va
avoir, éventuellement, à faire un jour, mais je pense qu'on peut
faciliter, à ce moment-là, les deux pour faire un rapprochement. De permettre à
ces personnes-là de pouvoir rester dans un milieu qu'ils privilégient, je pense
qu'on va avoir un grand pas de fait. Et j'ai vécu
le cas dans la région chez nous. À Saint-Bernard-de-Lacolle, malheureusement, il y a
une résidence pour personnes âgées
privée qui a fermé. Et, si vous aviez vu, M. le Président, l'inquiétude de ces
personnes-là, l'inquiétude de dire : Où je vais aller dans un an ou deux? Je vais devoir laisser ma maison. Il y a
des tâches ménagères, il y a certains gestes quotidiens qu'on posait auparavant qui vont devenir difficiles
à faire sans obtenir de l'aide, et on veut demeurer dans notre communauté. Si vous aviez vu, M. le Président,
l'inquiétude de ces personnes-là. Je vais dire, ça nous touchait. Ça me touchait énormément, à titre de député, de voir
que ces gens-là, soit des gens de communautés anglophones, francophones,
de tous les milieux... Juste dans le milieu
de Hemmingford, les gens se sont mobilisés même pour dire : On va créer
nous autres mêmes notre résidence de personnes âgées. Je vais dire, on peut
voir, à ce moment-là, l'inquiétude, le besoin et le déchirement de ces gens-là.
Il y a
beaucoup de municipalités, toutefois, qui ont été sensibilisées à travers des
actions qui ont été faites par notre gouvernement. Et, lorsqu'on est
arrivés avec Municipalité amie des aînés... je vais dire, juste dans le coin
chez nous, là, quand on nomme Hemmingford village, Hemmingford canton, Warwick,
Huntingdon, Lacolle, la MRC du Haut-Saint-Laurent,
Saint-Anicet, Saint-Chrysostome, Saint-Cyprien, Sainte-Barbe,
Sainte-Martine — je
pourrais toutes les nommer, il y en a
plusieurs, j'en ai 29 — Saint-Jacques-le-Mineur, Très-Saint-Sacrement, qui ont participé à
une démarche Municipalité amie des
aînés, première des choses, on a sensibilisé la population de dire : Oui,
dans les petites communautés rurales, on peut s'épanouir en tant que jeune, en
tant que famille, en tant qu'adolescent également. On parle souvent que c'est nos jeunes qui quittent nos régions; il ne
faut pas parler plus tard que c'est nos aînés qui vont quitter nos
régions, malheureusement.
Donc, de dire
qu'on peut prendre à partir de la petite enfance jusqu'au dernier jour, je
pense que c'est important, ces gens-là
le désirent. Et, lorsqu'on parle de petites communautés, je suis allé... et
même il y avait un reportage de La Presse, de Katia Gagnon, qui parlait de Harrington
Harbour. Tout le monde connaît Harrington Harbour par La grande
séduction. Je suis allé cet hiver, étant
un motoneigiste à mes heures, Je suis
allé visiter et voir, et, je vais vous dire, c'est exceptionnel. Et l'article faisait en sorte que c'était une dame
qui avait quitté et, à l'âge de 100 ans, revenait dans la communauté de Harrington Harbour pour pouvoir finir ses jours. Si vous avez la chance
de mettre la main sur l'article, M.
le Président, c'est vraiment touchant, vraiment intéressant. Et c'est ce
qu'on voit, le déchirement des gens ou l'attachement des gens. On peut sortir la personne du village, mais on ne
sortira jamais le village de la personne. Et ça démontre très bien
à ce moment-là l'attachement
que cette personne avait à sa communauté en tant que telle. Et on retrouve ça à
la grandeur du Québec,
que ça soit dans le comté de Lévis, d'Abitibi-Est — je
me suis bien repris cette fois-là — ou
dans votre comté même, Mille-Îles, Mme la ministre. Je pense que c'est
important.
Et, je vais
vous dire honnêtement, la politique, au-delà de la politique, je pense que
c'est des actions concrètes, des axes
de développement sur lesquels on veut axer
pour permettre à nos aînés, première des choses, de pouvoir avoir le
choix de le faire. Et, le choix de le faire,
première des choses... je reviens aux MADA, tantôt on a
sensibilisé ces municipalités-là, et il y a
des idées concrètes, avec des plans d'action, qui se sont développées qu'on
n'aurait jamais pensé dans certaines communautés.
Premièrement, les communautés, les municipalités, les
bénévoles également qui ont mis en place plusieurs de ces politiques des aînés là dans nos différentes municipalités
ont réalisé l'importance dans leurs communautés.
Mon collègue d'Abitibi-Est tantôt en parlait, l'importance, l'apport que
peuvent apporter ces gens-là à la communauté est vraiment important et souvent
même sous-évalué par les personnes qui y vivent. Et la MADA aura sans aucun
doute permis... mais, la MADA, on pourrait y revenir tantôt, Mme la Présidente.
Je veux
continuer un petit peu sur la politique de Vieillir et vivre ensemble, et, je
vais vous dire, le plan d'action, c'est
au-delà des 204 pages qu'on a dans plan d'action. Mais, ceux qui veulent
en prendre connaissance, il y a une synthèse quand même qu'on peut
retrouver facilement sur le Web qui résume très bien au niveau des politiques
et des actions qu'on a voulu mettre de
l'avant. Il y a
quatre axes qui sont très importants, M.
le Président. Premièrement, c'est maintenir l'aîné dans son milieu de vie. Que ça soit des
services de proximité en santé... Je vais vous donner un exemple. Dans Hemmingford
et dans Lacolle, deux communautés, savez-vous ce qu'on a fait? Les gens de
Hemmingford et Lacolle auparavant devaient
se déplacer à Saint-Jean-sur-Richelieu — c'était
40 minutes aller, 40 minutes revenir — pour aller faire une prise de sang. Puis souvent les gestes sont minimes, sont peu
dispendieux. On a ouvert des centres de prélèvement sanguin, une journée par semaine, M. le Président, à Lacolle et un à Hemmingford. Puis c'est des coûts, là, je n'ai
pas peur de le dire, on l'a déjà dit
publiquement. Ça a coûté 10 000 $,
ouvrir le centre. Lorsqu'on dit : C'est des petits gestes... Et, juste vous dire, ils y vont une fois par semaine
et se déplacent, et les aînés, ils ont tellement apprécié le petit geste,
puis c'est un geste... Ce n'est pas un petit
geste, mais c'est un geste tellement important pour eux. Au lieu de faire
1 h 30 min de voiture,
maintenant, à deux minutes à pied, ils peuvent se rendre, avoir leurs
prélèvements sanguins. Je vais vous dire, à Lacolle et Hemmingford, on parle d'environ 60 à
70 personnes-semaine qui vont faire leurs prélèvements sanguins.
Donc, c'est 60 à 70 personnes qui ont
dit : Maintenant, on a un service. Au lieu de se déplacer à Saint-Jean,
faire 45 minutes de voiture, on a notre service à proximité à un
coût abordable, et c'est ce qu'on appelle des petits gestes, des services de
proximité qui vont pouvoir permettre aux gens de bien vivre et de continuer à
vivre dans leurs communautés.
Je pourrais
vous en donner plein, d'exemples, on en a tous comme ça dans nos milieux, mais
je pense qu'il était très important de le souligner. Également, c'est
d'avoir les aînés au coeur des préoccupations gouvernementales, c'est de pouvoir dire : Chaque geste que l'on pose,
nous, comme élus, peu importe la formation politique, ou au niveau
gouvernemental, c'est de penser à nos aînés, d'avoir une place pour eux dans
les décisions qu'on prend. C'est pour ça
que, lorsqu'on parlait... je parlais tantôt d'une loi-cadre en tant que telle,
c'est 13 ministères qui sont impliqués. Donc, il y a une
conscientisation, une concertation également qui est importante qui a été faite
par les différents ministères à l'échelle gouvernementale.
Et c'est de
reconnaître également le savoir et le savoir-faire de nos aînés. Mon collègue
en a parlé — je le
reprends souvent — mais
je pense qu'il y avait des choses très intéressantes dans le savoir, le
savoir-faire également. Que ça soit la
transition des connaissances historiques, personnelles de ces personnes-là ou
même connaissances professionnelles, je
pense, c'est un enrichissement collectif qu'on peut, chacune et chacun, se
procurer à partir de ces personnes-là. Moi, je me souviens, j'avais une dame voilà pas longtemps, malheureusement, qui
est décédée cette année... 107 ans, elle avait 107 ans et
10 mois, Mme Dora Bourdeau, et, je vais vous dire, un enrichissement
personnel, comme politicien, c'était aller m'asseoir
avec cette dame-là et discuter. Et, je vais vous dire, c'était plus
qu'intéressant. Je pense que c'est une expérience de vie qu'on se doit, chacune et chacun, de vivre
un jour, d'aller parler avec un aîné. Je vais vous dire, 107 ans et
10 mois, elle avait toute sa tête, et,
je vais vous dire, c'était une formation en avant d'un M.B.A., je pourrais vous
dire, d'entendre cette personne-là et tout l'enrichissement qu'elle
pouvait m'apporter comme individu, et bâtir des ponts également entre nos
générations.
• (17 heures) •
On l'oublie souvent, on a des jeunes, on a des
aînés. Souvent, on va parler : Pourquoi qu'on n'implique pas nos jeunes, que ça soit au niveau
politique, que ça soit au niveau récréatif, par la connaissance, et l'enrichissement, et les services
qu'ils peuvent se donner un envers l'autre? Je pense que, lorsqu'on
parle d'intergénération, c'est très
important et c'est essentiel également à la
communauté. Et, peu importe la communauté, je vais vous dire, à la grandeur du
Québec, je pense, c'est très important.
Je vais vous dire, la politique, oui,
c'est important, on peut mettre une politique, mais, ce qu'il faut, je pense,
il faut un plan d'action vraiment clair avec
les sous, des sommes également rattachés. On a eu tous du développement
d'infrastructures dans nos communautés, dans plusieurs des communautés qui
étaient municipalités amies des aînés pour
faciliter, que ça soit des élévateurs, des rampes d'accès, que ça soit dans une
salle communautaire, que ça soit dans un aréna ou un élévateur, des fois, dans une... et, je pense, il y a des
beaux gestes qui ont été posés à partir de la MADA et de permettre aux gens à ce moment-là de vivre... et
le titre est très bien choisi, vieillir et vivre ensemble. Je pense que
c'est très important et ça définit beaucoup
de choses. Donc, Mme la ministre, je pense que j'ai fait un état de situation
où on était, les besoins qu'on avait, la politique qui a été déposée au
mois de mai 2012, qui a été... pas déposée, qui a été lancée par notre collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne, qui a fait vraiment un travail
exceptionnel amené à bout, et savoir connaître nos orientations, où on
veut aller à partir de la situation actuelle. Je pense qu'il y a beaucoup de
défis à poser en tant que gouvernement.
Et
j'aimerais savoir maintenant — on sait qu'on parlait peut-être un petit peu
moins de la politique Vieillir et vivre ensemble, là, voilà un an, dans les 10 mois qui ont été précédents — et savoir où en est... Peut-être nous mettre
une mise à jour à ce moment-là. Ça
serait intéressant pour nous, les élus, et les gens qui nous écoutent également
pour bien connaître où on en est rendus, l'état de la situation de la
politique Vieillir et vivre ensemble.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre, il vous reste un petit peu
plus de quatre minutes.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. J'ai le goût de
taquiner mon collègue et de lui dire que c'est à peu près la seule
personne qui n'est pas en conflit d'intérêts en ce moment dans l'étude des
crédits, puisqu'on est en train d'étudier
les crédits avec la ministre responsable des Aînés, puis, si on s'accroche à un
certain âge, parce que, la FADOQ, c'est 50 ans, on a tous à peu près
plus que mon collègue de Huntingdon. Donc, ce n'était que pour taquiner,
puisqu'il fait bien de nous rappeler que,
dans chacune des régions, il y a un grand questionnement qui se pose. Un, il
n'y a pas de grand bâtiment qui se
construit pour accueillir nos personnes aînées, hein? Souvent, ce sont des
petites résidences. Et on aura sûrement
le plaisir soit avec mes collègues en face ou avec mes collègues de ce côté-ci
de parler de cette mesure pour les petites
résidences qu'on veut ajuster pour assurer que nos personnes aînées puissent
rester dans leurs villages, rester dans leurs petites villes, rester
dans leurs milieux de vie, où la famille est très, très proche.
Mais,
si je reviens au plan d'action qui a été déposé en 2012 par ma collègue, qui a
fait, vous avez raison de le souligner, un travail colossal, une
première politique sur le vieillissement de la population... Et je vous rejoins
aussi en disant que, d'ici quelques années,
on devra se dire que la population vieillissante est plus grande que la jeune
population que nous avons au Québec. La
volonté de cette politique, c'était de mettre en place des orientations claires
avec des actions, 74, qui touchent 13 ministères. Je le disais au début
de mon intervention des crédits. C'est-à-dire que, 13 ministères, 74 actions, ça se peut que, quand mes collègues de
l'opposition posent une question au sujet des aînés, ce soit quelqu'un d'autre d'un autre ministère qui se lève pour
répondre. Pourquoi? Parce que ça touche particulièrement son ministère.
Je pense à ma collègue de la Justice, à mon
collègue de la Santé ou des Services sociaux. Ça fait en sorte que la
question, elle se doit d'être claire. C'est
l'engagement qu'on a pris comme gouvernement, de répondre dans la plus grande
transparence à nos collègues. Donc, c'est le bon ministre qui se lève pour
répondre à la question.
Mais il y avait trois
orientations, elles sont toujours en place, on est toujours en action, mais je
les rappelle. La première orientation, c'est
participer dans sa communauté, parce que, comme le collègue juste à côté de
vous le disait, il faut avoir des
gens qui participent à leurs communautés. Il y avait l'orientation deux, qui
est... c'est vivre en santé dans sa communauté, parce qu'il faut
apporter des services aux gens, mais il faut s'assurer aussi que les gens
puissent aller chercher des services. La
troisième orientation, c'est créer des environnements sains, sécuritaires et
accueillants dans sa communauté. Et,
dans cette perspective-là, vous y avez touché un petit peu, mais on va sûrement
avoir le plaisir d'y revenir, il y a
le principe de MADA, Municipalité amie des aînés, des gestes concrets pensés
par les aînés pour les aînés, mais il y
a aussi QADA, parce qu'on aime ça, les acronymes, mais c'est Québec ami des
aînés, qui sont des mesures qui sont mises en place un petit peu plus
haut que juste la municipalité. On y va plus aux principes de la MRC, et les
gestes sont posés concrètement.
La
volonté qu'on a, au gouvernement, c'est de faire en sorte que le plan se
décline jusqu'en 2017 avec toutes sortes de petites actions, mais
surtout 74 qui viennent encadrer correctement l'environnement, le milieu de vie, la volonté des services
dans chacune de nos villes et villages au Québec.
Vous
avez fait un tour d'horizon par
rapport à nos régions, mais je dois
vous dire que j'ai été sollicitée par plusieurs organismes montréalais
qui ont des inquiétudes face à la personne à Montréal qui est isolée. Ce n'est
pas parce qu'on reste dans une grande ville
qu'on est parmi de grands groupes. Il faut trouver ces gens. On a des gens
qu'on appelle les ITMAV, donc des
initiatives qu'on développe auprès de travailleurs, qui vont initier des recherches pour trouver
ces gens qui sont isolés, qui sont seuls, à qui on se doit d'offrir des
services et qu'on se doit de mettre en action dans leurs communautés. Pourquoi? Parce que,
si on est capable de les aider et leur donner les services appropriés, ils vont
pouvoir rester chez eux le plus longtemps possible. Je crois que casser maison est une décision
excessivement difficile. Je vous avoue que mes beaux-parents ont dû
prendre cette décision il y a de ça quatre ans et je vois encore ma belle-mère
se demander à qui elle va donner, comment elle va faire puis comment elle va
s'organiser autrement que dans la maison où elle habitait depuis plus de 50
ans.
Donc,
les actions sont concrètes, le plan se poursuit et jusqu'en 2017. On aura
probablement le plaisir, d'ici là, de réfléchir
et de mettre en action une nouvelle réflexion pour pouvoir perdurer dans cette
volonté-là de donner des services.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la ministre. Je cède
maintenant la parole à Mme la députée de Gouin pour une période de neuf
minutes.
Mme
David (Gouin) : Merci, M. le Président. Je salue Mme la ministre, et
tous les collègues, et tout le personnel qui est en soutien à Mme la ministre. J'ai neuf minutes. Vous
comprendrez que je vais aller droit au but, bien sûr. Et, moi, ce dont
je voudrais parler, discuter avec la ministre, c'est de la situation économique
des aînés.
En 2012, le
gouvernement libéral reconnaissait la précarité de la situation économique des
aînés, et là je pense évidemment à tout le plan d'action Vieillir et
vivre ensemble, et le gouvernement reconnaissait dans la précarité de la
situation économique des aînés que la situation des femmes était
particulièrement préoccupante. Tout le monde sait pourquoi. Par le passé, les femmes contribuaient moins au Régime des
rentes du Québec, travaillaient moins longtemps, avec des horaires différents de ceux des hommes mais, en plus, avaient
des revenus moins élevés, ce qui donne ceci : en 2008, les femmes de 65 ans et plus avaient un
revenu total moyen, avant impôt, de 22 522 $, soit près de
10 000 $ de moins que les
hommes âgés, évidemment, de 65 ans et plus. Plus encore, entre 1996 et 2008, le
taux de faibles revenus chez les personnes de 65 ans et plus est passé
de 4,6 % à 12,3 %. Autrement dit, 12 % des personnes de 65 ans
et plus vivent sous le seuil de la pauvreté.
Une personne âgée sur deux reçoit le supplément de revenu garanti. Alors,
évidemment, on ne parle pas ici de
femmes riches. Et, si on pense que la situation est différente en 2015, on se
trompe lourdement, parce qu'en fait
beaucoup de femmes aînées continuent d'être pauvres. Et je souligne que, chez
les personnes de 80 ans et plus, on compte
deux femmes pour un homme, et il y a cinq femmes centenaires pour un homme.
Donc, plus les femmes vieillissent,
ce qui est quand même une bonne nouvelle — elles vivent longtemps, et j'espère que les
messieurs pourront les rejoindre
rapidement — mais,
n'empêche, plus on constate qu'il y a des problèmes. On peut parler de santé et
services sociaux, mais moi, c'est d'économie, c'est de précarité économique
dont je veux parler.
Parlons un
peu du budget 2015‑2016. Alors, il y a deux mesures : l'une qui donne un
avantage aux aînés, et l'autre, qui leur en enlève. Donc...
bonification, pardon, graduelle du crédit d'impôt pour travailleur expérimenté,
pour y être admissible, 63 ans au lieu de 65, ça, c'est le, entre guillemets,
bonbon, c'est le cadeau, c'est le fun, mais, d'un autre côté, l'admissibilité au crédit d'impôt en raison de l'âge passe de 65 à
70 ans. Alors, l'un dans l'autre, ça amène évidemment les associations d'aînés à se dire : Bon,
est-ce que, dans le fond, une mesure est en train de financer l'autre et est-ce
que, dans tout ça, les aînés sont si avancés, et en particulier les femmes?
Alors, je n'irai pas beaucoup plus loin dans
l'exposé de la précarité économique, mais je complète en disant simplement ceci : Oui, on a développé des
services, oui, on a des plans d'action, on a beaucoup de bonnes intentions.
Le problème qui demeure criant, c'est celui
de la précarité économique des aînés. Les aînés s'appauvrissent, et
particulièrement les femmes.
Ma question à
la ministre est donc la suivante : Serait-elle prête, avec son ministère,
à vraiment initier une démarche de
recherche sérieuse documentée sur la situation économique des aînés à l'heure
actuelle, donc en 2015, doublée d'une analyse
différenciée selon les sexes, bien entendu, puisque... bien, je pense que ça va
de soi, en fait, puisque la situation des aînés, hommes et femmes, est différente? Est-ce qu'il serait possible
d'avoir, d'ici quelques mois, là, une recherche qui aurait été effectuée avec les dernières données
disponibles, ce qui nous permettrait collectivement de regarder ce
problème de précarité économique et de chercher des solutions?
• (17 h 10) •
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Merci, M. le Président. Je vous dirais que j'entends la demande de ma collègue,
mais j'aimerais, puisque le temps nous est court, répondre rapidement, mais je
vais me permettre une correction.
Je pense que,
quand on met en place des mesures pour aider les aînés, ce n'est pas des
bonbons, ce n'est pas des cadeaux,
c'est une volonté gouvernementale de donner aux aînés la place qu'ils ont le
droit de prendre. Et, le principe même de
pouvoir augmenter le revenu qu'ils ont au quotidien, je ne crois pas, en tout
respect, là... puis je comprends quand vous me le posez comme ça, en disant : C'est un bonbon, ça pourrait
faire plaisir aux aînés, donc le gouvernement passe pour un bon gouvernement. Non. Je pense que le
gouvernement qui est en place veut une participation active de ses aînés et
veut lui reconnaître, dans son quotidien,
des préoccupations certaines. Dans la même mesure où le premier ministre a
annoncé que pour les aînés la contribution à ce qu'on appelle la contribution
santé dans les impôts va être abolie, dans cette même volonté là, ce n'est pas un bonbon, c'est une volonté de pouvoir en
donner plus, parce que, vous avez raison, le budget de nos aînés n'augmente pas, à moins de reprendre un
petit travail, comme la plupart font, des fois juste pour se sortir de
l'isolement. Des fois, ils travaillent un petit peu plus tard que le
65 ans, ils restent un peu sur le marché du travail, un petit travail à temps partiel. En passant, je me
permets aussi de rappeler à l'ensemble de l'Assemblée nationale qu'un
travail à temps partiel, ce n'est pas rien, ce n'est pas juste un petit travail
à temps partiel. Pour certains, c'est un élément de survie dans leur quotidien
parce que ça les sort de l'isolement.
Donc, quand
vous me dites : Est-ce que la ministre est prête à faire des recherches?,
on est à regarder, à tous les jours, les chiffres, les façons d'évoluer,
les façons qu'on peut faire pour aider l'ensemble de nos aînés. Et on a une problématique
majeure au Québec qui ne découle pas de 2015, hein, qui découle des années...
On a fêté ensemble, la semaine passée et
encore en fin de semaine, le 75 ans du droit de vote de femmes. Il faut se
rappeler que nos femmes qui en ce moment, là, fêtent leur 95e année
d'anniversaire se rappellent d'avoir entendu leurs mères grogner parce qu'elles
n'avaient pas le droit de vote. Mais ce sont aussi des femmes qui, au moment où
elles sont devenues mères, avaient peu de
choix : tu restais à la maison et tu élevais tes enfants, tu quittais ton
boulot. Peu de travail permettait aux femmes de rester sur le marché du
travail. Donc, quand vous nous soulignez le fait qu'en ce moment les femmes
vivent plus longtemps, effectivement — j'espère que ça va rester, au moins on a
priorité à un endroit — et que vous nous rappelez que
la précarité de ces dames, puisqu'elles n'ont pas contribué pendant des années
sur le marché du travail, puisque le choix qu'elles faisaient, c'était vraiment de pouvoir rester à la maison avec
les enfants — quelquefois,
elles ne faisaient pas le choix, elles
n'avaient pas le choix de le faire, donc... Alors, quand vous me dites :
Allez-vous faire une recherche approfondie... Quand vous me dites «en quelques
mois», vous me faites encore plus peur, parce que vous savez comme moi
qu'une recherche comme ça, ça ne se fait pas en quelques mois. C'est une
recherche qui doit se faire avec plusieurs mois, quitte à vous dire même une
année, parce que juste une recherche sur la différenciation des sexes et tout
ce qui s'ensuit, c'est assez complexe à aller chercher en ce moment et ça prend
un sujet très, très, très pointu pour répondre à la question à laquelle vous me
posez.
Alors, est-ce qu'on est en accord avec le
principe où il faut améliorer la condition de vie? La réponse, c'est oui.
Est-ce que je m'engage là, tout de suite, à une recherche approfondie? On est
en complicité avec les chaires de recherche
sur la maltraitance, sur la condition de vie des aînés, on est à regarder
l'ensemble des chiffres, mais je ne suis pas encore arrivée à une
recherche pointue comme vous me le demandez. Alors, à la réponse, je dois vous
dire que pour l'instant ça ne fait pas partie des intentions, puisque toute
l'énergie qui est mise en ce moment de mon côté, c'est vraiment pour faire en sorte que je peux améliorer la condition des
aînés soit par VVE, la politique vivre et vieillir chez soi, ou par l'attention
qu'on porte en ce moment sur une politique qui est en train de se dessiner, sur
la bientraitance, maltraitance chez nos
aînés. Mais, à tous les jours — je
vous rassure, Mme la députée de Gouin — à
tous les jours, le souci, c'est de se préoccuper de nos aînés dans leurs
milieux de vie et dans leur quotidien.
Le Président (M. Picard) : Il
vous reste 20 secondes, Mme la députée.
Mme David (Gouin) :
20 secondes, M. le Président? O.K. Moi, je pense qu'en un an la ministre
est capable quand même, il me
semble, avec l'équipe qu'elle a, de
faire le tour de la situation économique des aînés, et en particulier des femmes. Mais je vais lui poser une question
extrêmement rapidement à laquelle je pense qu'elle va avoir du
plaisir à répondre. Mme la ministre sait que j'ai déposé il y a un an un projet
de loi pour la protection des
locataires aînés. Son collègue le ministre de l'Habitation s'est engagé
à appuyer ce projet de loi. Va-t-elle le faire, elle aussi?
Le Président (M. Picard) :
Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de Richelieu. Vous pourrez peut-être
répondre tout à l'heure ou...
M. Rochon : Je laisse, sur mon
temps, la ministre répondre à cette question de la députée de Gouin, qui est
importante.
Le Président (M. Picard) :
O.K. Parfait.
Mme
Charbonneau : Vous
êtes fort aimable. Je vous en remercie de la part de la députée de Gouin, parce
qu'effectivement ses minutes sont toujours
comptées et très minutieuses. Donc, je vous dis qu'on est en train de
regarder une politique maltraitance bientraitance. On s'en était parlé, sur
la... je crois que le projet de loi, c'était 190. Il y a le projet de loi que
ma collègue a déposé à la législature précédente, qui était le 399. Il y aura
nécessairement un regard qui sera porté à
l'intérieur de cette politique, mais, oui, mon collègue vous avait déjà avancé
des choses, et je suis toujours en
attente, de son côté comme du mien, de pouvoir en discuter plus longuement.
Mais, en premier lieu, je vous dirais, une politique maltraitance bientraitance, et on aura sûrement le plaisir de
partager ensemble certaines discussions par rapport à ça qui se
rattachent peut-être même au projet de loi que vous avez déposé.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Richelieu.
M. Rochon : Oui. Merci, M. le
Président. Alors, moi, je vais ramener la ministre dans les résidences pour
aînés. Ça vous tente? Parfait.
Mme
Charbonneau : Je
vous suis.
M. Rochon : Alors, vous savez que
pour ces résidences on émet des certificats. La même certification est
applicable, qu'il s'agisse de résidences privées pour aînés ou d'organismes
sans but lucratif, là, en hébergement.
Le premier règlement sur les conditions d'obtention
d'un certificat de conformité des résidences est entré en vigueur en 2007. La majorité des OSBL
d'hébergement à l'époque avaient fait le choix de se certifier. Puis un
nouveau règlement beaucoup plus... appelons
ça contraignant, tant pour les locataires que pour les résidences, qui a été
adopté... un nouveau règlement qui a été
adopté, donc, et qui devait entrer en vigueur progressivement. Le règlement en
question, il classe les résidences en deux catégories : les
résidences pour aînés autonomes qui offrent au moins deux des services suivants : alors, repas, aide domestique,
sécurité ou loisir; et puis les résidences pour aînés semi-autonomes qui
offrent au moins deux des services
suivants : repas, aide domestique, sécurité, loisir, assistance personnelle
ou soins infirmiers, et au moins un service d'assistance personnelle ou
de soins infirmiers.
Le problème
de l'application de la nouvelle réglementation, c'est qu'elle oblige la
surveillance, 24 heures sur 24, sept jours sur sept, des résidents
de toutes les résidences, qu'elles accueillent des aînés parfaitement autonomes
ou semi-autonomes. En ce qui a trait aux
résidences qui accueillent des aînés semi-autonomes, les impacts y sont
pratiquement inexistants parce qu'il y a déjà là une surveillance 24 heures
sur 24, sept jours sur sept, c'est assuré. Pour ce qui est des organismes sans but lucratif en hébergement
pour personnes autonomes, là c'est plus compliqué parce que, dans la plupart
des cas, ces OSBL là engagent, quoi, une
directrice ou un directeur à raison de 20 heures par semaine, parfois
quelques animateurs, des chauffeurs. Alors,
l'obligation d'avoir une surveillance 24 heures sur 24, sept jours par
semaine, avec une formation,
ça pourrait représenter des coûts supplémentaires de 150 000 $ par année,
une facture qui serait inévitablement refilée, là, aux locataires. Ça
veut dire donc une augmentation de 10 000 $ par année, là, pour
certains résidents.
Résultat :
il y a, sur les 10 000 unités d'habitation représentées par le Réseau
québécois des OSBL d'habitation, les
10 000 unités d'habitation, là où on retrouve des gens autonomes...
bien, la quasi-totalité a fait une demande de décertification, car ces
résidences, elles ne peuvent assumer les coûts supplémentaires de la nouvelle
réglementation. Puis il y a des impacts à la
décertification. Les aînés qui habitent une résidence non certifiée, ils n'ont
pas droit au crédit d'impôt. Et,
voyez-vous, là, c'est le cas récent, là... j'apprends ça il y a quelques
minutes, les 43 locataires de la Résidence Laurier de Saint-Lin n'y ont
plus droit; les 76 locataires d'Accès logement Repentigny, fini le crédit
d'impôt; même chose pour les 27 locataires des Résidences communautaires
Sacré-Coeur.
Puis il y a d'autres impacts. Il y a une
diminution de services dans les résidences non certifiées, puisqu'il y a
interdiction d'offrir plus de services dans ces résidences-là sous peine d'une
amende de 2 500 $ par jour. Et donc les résidences non certifiées, en un mot, elles se transforment en
blocs-appartements, et il n'y a plus d'inspection de l'agence de la
santé et des services sociaux.
Alors, moi,
ce que j'aimerais savoir, c'est est-ce que la ministre a rencontré les
représentants du Réseau québécois des OSBL d'habitation, dans un premier
temps. Les a-t-elle vus?
• (17 h 20) •
Mme
Charbonneau : Je
vous dirais que je ne peux pas vous donner la date précise. J'ai rencontré,
depuis l'année passée... je
suis obligée de dire «l'année passée», hein, ça fait un an donc,
j'ai rencontré plusieurs intervenants, que ce soient résidences privées, résidences reconnues, parce que
nécessairement vous avez compris que ce qui s'est
passé à L'Isle-Verte a soulevé beaucoup d'interrogations, beaucoup
d'interrogations parce que, et vous avez raison de nous le rappeler, à certains endroits au Québec, les gens qui ont vu
les réflexions que le gouvernement faisait sur les mesures à mettre en place se sont dit : Attendez une minute, là. Si on cherche à être
certifié ou si on maintient notre certification, ça va nous imposer des mesures avant même qu'on arrive à
la conclusion nous-mêmes, comme gouvernement. Et donc c'est devenu... et j'apprécie le fait que vous l'apportiez parce que
c'est une réflexion qu'il faut qu'on se fasse, là, c'est devenu des blocs-appartements.
Et, dans un bloc-appartements, je suis un locataire, je ne suis pas obligé de
gicler, je ne suis pas obligé d'avoir des services, je ne suis pas obligé
d'avoir de la surveillance. Inquiétons-nous, en premier lieu, de cette responsabilité-là qu'on a d'être toujours
en communication avec nos gens.
Maintenant,
on est quand même un gouvernement qui a pris la responsabilité de certifier.
Pourquoi? Parce qu'un endroit sain et sécuritaire, c'est nécessaire.
Dans le principe même de cette volonté-là, il y a déjà des annonces qui
ont été faites, d'investissement, je reviens
un peu en arrière, et, le principe des gicleurs, le gouvernement a annoncé dans
ses budgets un investissement
important pour pouvoir aider nos petites résidences, parce que les grosses,
vous le savez, hein, puis vous l'avez
dit vous-même, les grosses sont déjà bien organisées, elles sont déjà giclées,
il n'y a pas trop de souci là-dessus. Quand je vous écoutais, j'ai eu
une pensée parce qu'il y a une autre réalité, puis on va sûrement avoir la
chance de s'en parler, quand vous me disiez
«autonomes, semi-autonomes». Rappelons-nous que certains aînés arrivent en
résidence autonomes... puis j'ai à témoin
mes beaux-parents, qui ne vont être pas contents que j'en parle, mais ils sont
arrivés en résidence très autonomes,
et il y en a un des deux qui est un peu moins autonome, mais ils veulent rester
ensemble puis ils veulent être dans
la même résidence, et ma belle-mère est devenue une proche aidante au quotidien
pour pouvoir permettre de rester dans sa résidence et être dans une
résidence de personnes autonomes.
Maintenant, le principe des gicleurs, on a
réglé, on s'est avancés, on a annoncé des investissements et on a même annoncé une volonté d'être un peu plus
prudents dans la volonté de mettre des gicleurs dans des petites
résidences, parce que, dans certains
endroits, comme parlait mon collègue de Huntingdon, si on décide de mettre des
gicleurs obligatoires dans une résidence de six chambres à l'étage, bien
peut-être qu'on demande aux gens de s'imposer des mesures plus difficiles qu'autrement et une facture qui pourrait, dans
la mesure où il y a de l'exagération, être refilée aux bénéficiaires qui
habitent dans la résidence. On a pris cette décision, qui a été annoncée par
mon collègue du Travail et qui était accompagnée
d'une volonté de la ministre de la Sécurité publique de donner de la formation
aux pompiers volontaires dans chacune de nos régions.
Maintenant,
on a aussi fait en sorte qu'il y ait un comité de 25 partenaires qui a tenu
plusieurs rencontres et qui regarde, dans le fond, comment on peut
moderniser les règlements, comment on peut rendre plus fluide et accessible l'ensemble des règlements dans l'ensemble de nos
résidences, parce qu'il y a les grosses résidences — je ne les nommerai pas parce que ça
serait de leur faire une belle jambe de dire que je peux les nommer — mais
on a aussi nos petites résidences qui
essaient, dans nos villes et villages, de survivre et maintenir les résidents,
les personnes aînées, dans leurs villages,
proches de leurs familles. Donc, le comité va nous donner des recommandations,
et nous serons probablement en mesure de s'avancer à ce moment-là sur
les recommandations qui nous ont été faites.
M.
Rochon : Vous ne niez pas...
vous constatez comme moi, Mme la ministre, que c'est un problème, hein,
cette distinction qu'on ne fait pas entre
les résidences où on accueille des gens autonomes et celles où on accueille des
gens semi ou non autonomes. Est-ce que vous
savez combien d'OSBL d'habitation pour aînés autonomes se sont construits en
2014?
Mme
Charbonneau :
Vous me demandez le chiffre exact. Permettez-moi de répondre à la première
question que vous avez posée tantôt,
parce que je pense que j'ai une réponse de date précise, puis, pendant ce
temps-là, les petites abeilles en arrière vont aller chercher le chiffre
que vous cherchez, parce que, par coeur, je vous avoue bien sincèrement que je
ne l'ai pas.
Le 12 juin dernier, à Québec, j'ai rencontré le
regroupement québécois des résidences pour personnes aînées. Je ne sais pas si
c'est les gens que vous visiez.
M.
Rochon : Oui.
Mme
Charbonneau : Alors, le 12 juin dernier, je les ai
rencontrés, et vous avez compris que, dans différentes consultations, quand je vais dans des groupes dans
différents milieux, soit dans des régions éloignées ou des régions plus
citadines, hein, Québec, Montréal, Laval, Longueuil, là, ils sont mêlés parmi
les partenaires que je rencontre. Mais très précisément : le 12 juin.
Est-ce que je suis
capable d'avoir le chiffre exact?
Une voix :
...
Mme
Charbonneau :
Alors, ça sera une information qu'on va vous faire parvenir.
M. Rochon :
Bien, je vais vous faciliter la tâche, vous allez voir, il est très simple, le
chiffre exact...
Mme
Charbonneau : Allez-y, parce que vous avez plus de temps que
moi de préparer vos questions que moi, j'ai de temps pour préparer ma
réponse.
M. Rochon :
C'était un piège affectueux, Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
C'était un piège. Ah!
M. Rochon :
C'est zéro, zéro. Mais c'est une catastrophe, et ça montre combien il y a
blocage ici avec cette réglementation-là mur
à mur, qui ne distingue pas les résidences accueillant des gens autonomes et
les résidences accueillant des gens non autonomes. Voilà.
J'ai
par ailleurs ici une lettre adressée au premier ministre par le Réseau de la
Fédération de l'âge d'or du Québec. Je
fais lecture des deux premiers paragraphes : «Le Réseau FADOQ est choqué
de constater, à la lecture du texte final du projet de loi n° 10,
que la durée de validité du certificat de conformité des résidences privées
pour aînés est passée de trois ans à quatre
ans, et ce, sans aucune consultation. Cette modification — et je cite la lettre de M. Maurice
Dupont, qui est président de la FADOQ, adressée au premier ministre — constitue
un manque de transparence flagrant de la part de votre gouvernement.»
Pourquoi aucune
consultation n'a été menée concernant cette modification, qui m'apparaît quand
même importante?
Mme
Charbonneau : En premier, je vais revenir sur le zéro parce
qu'effectivement ça nous inquiète. Ça nous inquiète de savoir qu'il n'y
a pas de résidence qui s'ouvre. Par contre, je vous rassure à ma façon, en vous
disant que dans différents milieux les
regroupements de personnes aînées se parlent et veulent développer des
résidences, mais des petites
résidences de six à huit chambres, et on essaie de faire ça localement. Donc,
je vous rassure sur cet aspect-là. Mais ça n'empêche pas que le fait que
qu'il y ait zéro résidence qui ait ouvert dans certains milieux, ça peut nous
inquiéter fortement puisque ça demande aux gens de déménager de leurs régions,
et ça, c'est inacceptable.
Pourquoi
il n'y a pas de consultation? Bien, je vous dirais que, déjà au dépôt d'un
projet de loi, il y a des consultations particulières. Donc,
normalement, la FADOQ, qui aurait dû déposer un mémoire, parce qu'ils ont probablement été sollicités par l'ensemble des
gens pour pouvoir déposer un mémoire et le faire, et faire en sorte qu'à
ce moment-là puisse donner une opinion au ministre qui était en responsabilité,
puisqu'on parle d'un autre ministre que celle qui est devant vous, par rapport
à cette réglementation-là, qui changeait de 12 mois... mais en même temps...
M. Rochon :
...éclairer un petit peu notre échange, Mme la ministre. Cet article 163, il a été ajouté la journée même de
l'adoption, sous bâillon, du projet de loi, alors les gens n'ont pas pu se
prononcer sur sa pertinence.
• (17 h 30) •
Mme
Charbonneau : Vous
avez raison sur le principe de l'article 163 quand vous me dites : Si ça a été
déposé séance tenante, il n'a pas pu être modifié. Là-dessus, je ferai deux
remarques, puisque vous semblez aimer les pièges. Je vais vous en faire une très simple qui dit : Vous savez, si on
avait eu de la complicité, on aurait peut-être étudié le projet de loi au complet puis on
serait passés au travers, on aurait pu avancer ensemble. Mais ça n'a pas été le
cas, donc pourquoi...
M. Rochon :
Mme la ministre, nous disposions de tout le temps voulu pour étudier ce projet
de loi, nous étions à votre disposition pour ce faire, ça nous aurait fait
plaisir.
Mme
Charbonneau :
C'est une belle réponse. Par contre, je vous dirais que, nécessairement,
le projet de loi n° 10
touchait plusieurs aspects du principe de la santé, et la FADOQ ne doit pas
attendre qu'il y ait un simple article, mais l'ensemble
des articles à l'intérieur du projet de loi n° 10 aurait pu susciter chez
eux un intérêt ou ils auraient pu déposer un article. Mais à ça je ne défends pas le principe qui veut qu'au moment
où ça a été déposé... la FADOQ a raison de dire qu'ils n'étaient pas dans le coup, si on peut le dire
comme ça. Mais, en même temps, si ça a été déposé pour un an, vous avez
compris que, par le temps qu'on décide de faire la consultation et qu'on la
fasse, l'année serait passée, et on serait toujours dans les mêmes délais.
M.
Rochon : La FADOQ,
dites-vous, n'était donc pas dans le coup au moment de l'ajout de cet article
163, qui fait passer, là, de trois à
quatre ans la durée de certification. Qui était dans le coup? Qui était dans le
coup? D'où vient cette demande? À qui le gouvernement a-t-il voulu faire
plaisir? Est-ce que la demande provenait de grands groupes de résidences
privées pour aînés? D'où provenait cette demande-là?
Mme
Charbonneau :
Quand la demande a été faite de passer de trois à quatre ans, il y a eu des
ententes qui ont été faites avec les RPA et
les CISSS... ou, je devrais dire, les CSSS. Là, on dit «CISSS» parce que c'est
maintenant ça, mais, dans ce temps-là, le 20
n'était pas passé encore, donc je suis toujours dans les anciens acronymes.
Donc, le CSSS...
M. Rochon : Et «RPA», pour que les
gens comprennent bien, «RPA», c'est «résidences privées pour aînés», c'est ça?
Mme
Charbonneau :
Le RPA, c'est les services... c'est ça, c'est les résidences privées pour
aînés, et les CLSC ou les MSSS du temps, parce que, là, maintenant, on
dit «CISSS», mais avant c'était MSSS... qui nous ont demandé et qui ont fait des ententes de service et
d'inspection pour s'assurer du suivi qui est fait auprès de cette
réglementation-là. Donc, peut-être
que l'organisation de la FADOQ ne se sentait pas dans le coup, comme on le dit
depuis tantôt, mais ils étaient nécessairement en information,
puisqu'ils sont membres des comités stratégiques de la législation et du
règlement.
M. Rochon : Vous admettez, Mme la
ministre, qu'il s'agit d'un changement majeur, quand même.
Mme
Charbonneau :
J'admets que, si on avait fait une consultation, ça aurait pu prendre un an
avait qu'on arrive à aboutir à cette
consultation, donc on serait dans les mêmes délais. Alors, quand vous me
dites : C'est un changement majeur, c'est un prolongement de 12
mois sur une certification qui est déjà existante et qui, normalement, M. le
député... Je vous le dis, là, normalement,
les certifications qui sont données ne sont pas données comme ça pour rien, là,
elles sont vraiment bien étudiées et données aux résidences qui sont
reconnues.
M. Rochon : Quel avantage votre
gouvernement a-t-il vu à ce passage de trois ans à quatre ans?
Mme
Charbonneau :
C'est une bonne question. Je vous dirais que, si vous désirez la poser de façon
très, très concrète au ministre de la Santé,
puisque ça appartient à une politique qui a été portée dans le projet de loi
n° 10... mais il y a nécessairement une
réflexion à faire sur les services. Qu'on ait la certification, ça ne se fait
pas quand on arrive en poste. Ça se fait avec un peu de temps, et c'est
probablement dans cette perspective-là que mon collègue a mis un an de plus à
l'intérieur d'un projet de loi.
M. Rochon : Bien. Vous avez parlé
tout à l'heure de vos beaux-parents à deux reprises, et la dernière fois, c'était pour nous dire qu'ils avaient, et c'est
tout à fait légitime et compréhensible, voulu continuer de vieillir
ensemble. Il y a quelques jours, dans les
pages de La Presse, on pouvait lire la triste histoire d'un couple que
la bureaucratie a séparé. C'était
l'histoire d'André et Claire — vous semblez l'avoir lue — qui sont mariés depuis 68 ans. L'automne
dernier, Claire était inscrite sur une liste prioritaire pour un CHSLD,
mais pas André, parce qu'ils n'ont pas obtenu la même note, semble-t-il. André, il ne répondait pas, lui, aux
critères d'admission du CHSLD. Or, heureusement, ce couple-là, il a pu compter sur l'aide de ses enfants, ce qui n'est
pas donné à tout le monde. La famille du couple a contacté le cabinet du
ministre de la Santé et des Services sociaux à plusieurs reprises, puis, après
de longues semaines de séparation et deux interventions du ministre, le couple
a été réuni.
Cette
histoire nous en rappelle plein d'autres; celle de Fleurette et Thomas, qui ont
été séparés avant que les médias ne s'emparent de l'histoire en novembre
dernier.
Pourquoi il faut, Mme la ministre des Aînés, une
intervention ministérielle... puis je ne veux pas faire de la petite politique, là, je veux qu'on en jase
ensemble, pourquoi faut-il une intervention ministérielle pour éviter que
des couples ne soient séparés?
Mme
Charbonneau :
J'aime votre question parce qu'elle me permet de répondre en même temps au
député de Lévis. C'est-à-dire que, quand on
fait des normes et qu'elles sont encadrées dans une politique et qui fait en
sorte qu'on est obligés de les suivre
à la lettre par des gens qui peuvent, des fois, dire : Non, non, c'est ça
qui est écrit, c'est ça qu'il faut faire,
bien ça prend l'intervention du politique pour dire : On peut-u, s'il vous
plaît, faire une parenthèse à côté puis regarder ça autrement? Et je
vous dirais que mon collègue de la Santé a fait exactement ce geste-là. Quand
vous dites qu'il est intervenu au moins deux
fois, je devrais vous dire que, plus souvent qu'autrement, l'intervention du
politique est nécessaire pour passer quelquefois, pour des raisons de
jugement, pour des raisons humanitaires, à côté de quelque chose.
Alors, je reviens au principe des bains. Et si
on mettait ça dans une politique?
M. Rochon : Si vous me permettez, je
vais laisser les bains à mon collègue de Lévis, qui fait «ben» ça.
Mme
Charbonneau :
Mais c'est pour donner un exemple d'une règle qui pourrait être tellement
sévère qui fait en sorte que le jugement des personnes qui se doivent de
l'appliquer passe à côté de l'aspect humain d'une situation.
M.
Rochon : D'accord, mais je
reviens à la douche d'eau froide, là, des couples séparés, là, dans les
CHSLD.
Mme
Charbonneau :
Vous, vous êtes dans les douches, pas dans les bains.
M.
Rochon : Qui va défendre ces
couples-là, qui n'ont pas de proche ou de média pour ruer dans les
brancards en leur nom et éviter leur séparation? Qui?
Mme
Charbonneau :
Oui. Bien, vous avez raison de vous en inquiéter, parce qu'on a de plus en plus
de gens âgés qui sont seuls, soit
sans enfant ou les enfants sont à l'extérieur. Donc, on se doit
nécessairement... et je pense que c'était la volonté du premier ministre quand il a décidé de faire en sorte qu'il y
ait une ministre responsable des Aînés, la ministre responsable, mais le ministre de la Santé aussi et
tous ceux qui écrivent les lois. Quand on vous dit qu'on rayonne parmi
13 ministères pour s'assurer que les gestes qui sont posés reflètent la réalité
de nos aînés, c'est le travail qu'on se doit de faire au quotidien.
M. Rochon : Est-ce que j'entends, et
ça me réjouirais au plus haut point, un engagement de la part de ma ministre de
la Santé de veiller à ce que plus jamais des situations pareilles ne se
répètent?
Mme
Charbonneau : Bien, je pourrais vous réjouir en vous
disant : J'aimerais donc ça vous dire que je suis la ministre de la
Santé, mais je suis la ministre responsable des Aînés.
M. Rochon : La ministre des Aînés.
J'ai dit «de la Santé». Quel lapsus!
Mme
Charbonneau : Oui,
c'est correct. Quel lapsus, hein?
M. Rochon : Des Aînés, des Aînés.
Mme
Charbonneau : Mais
je vous dirai qu'à regarder l'ensemble des politiques il faut s'assurer qu'il y
ait cet espace-là où on peut faire en sorte
que la réalité du quotidien d'un couple, d'une famille, de gens qui s'occupent
de notre monde puisse avoir cet espace-là de
jeu ou de façons de faire où on peut les accommoder dans leurs façons de faire,
parce qu'il y a des aînés qui font des sacrifices importants pour ne pas dire
qu'ils sont en perte d'autonomie pour ne pas perdre cette espèce de
convivialité là qu'ils ont dans leurs centres.
M. Rochon : Merci.
Le Président
(M. Picard) : C'est
beau? Donc, nous allons du côté de la partie gouvernementale. M. le député de Côte-du-Sud.
M. Morin : ...M.
le Président. Bonne fin d'après-midi
à tout le monde. Je suis un petit peu choyé cet après-midi qu'on parle de ma catégorie d'âge. Je constate que je vais être choyé et
je suis choyé. On m'envoie des qualificatifs de tolérant et de gens qui ont fait beaucoup. C'est bien sûr que
le premier ministre Jean Charest, en 2007, avait compris que
les aînés étaient très importants et qu'on leur devait beaucoup. Donc, il a
créé le ministère des Aînés.
Depuis ce
temps, il y a plusieurs programmes — je
vais vous les énumérer et je reviendrai sur MADA et sur un autre programme qui m'intéresse : on a Municipalité amie des
aînés — j'y
reviendrai tout à l'heure; Québec ami des aînés et... c'est-à-dire,
Municipalité amie des aînés, on a
investi 1 793 741 $;
Québec ami des aînés, on a investi 2 649 077 $; tables régionales de concertation des aînés,
1 205 027 $ — compte tenu qu'on est à l'étude des crédits,
c'est bon de le savoir; carrefours
d'information pour aînés, 9 132 $; initiatives de travail de milieu
après des aînés vulnérables, j'y reviendrai tantôt, 304 000 $; maisons des grands-parents,
270 000 $; et, au sujet des ententes spécifiques qu'on a élaborées
tantôt, c'était 7 305 121 $; au sujet de la maltraitance, on a
investi 2 589 034 $; et, différents autres programmes, deux,
trois autres programmes, pour 235 435 $, pour un magnifique total
pour nos aînés, au 31 mars 2015, de 16 360 624 $.
M. le
Président, je reviens aux MADA. Moi,
dans mon comté, j'ai 45 municipalités, et c'est 37 municipalités sur 45 qui ont adhéré à MADA. Et MADA, ça, ce que ça
donne, c'est que ça fait en sorte que les municipalités écoutent
les aînés, vont à leurs demandes. Ça va du
trottoir dans la municipalité aux activités à Noël, au jour de l'An, aux
facilités d'aller dans les commerces.
Il y a une panoplie d'exemple où les municipalités ont pris conscience de la valeur de leurs
aînés. Maintenant, une première question à la ministre, ça va être qu'elle me
parle vraiment sur l'amie des aînés et quelles actions pose son ministère au
sujet de MADA et ses actions futures.
Maintenant,
il y a quelque chose que j'aimerais avoir beaucoup plus d'initiatives...
d'informations, excusez, c'est l'initiative de travail de milieu pour aînés vulnérables. Au Bas-Saint-Laurent, il y a 3 % de 65 ans et plus, 43 808, et, en Chaudière-Appalaches, on a 77 914 personnes, donc 5,5 %, qui font partie des 65
ans et plus. Donc, l'initiative de travail de milieu pour aînés vulnérables, ma question : Quels sont les
détails? Faites-moi connaître ce programme, que je connais un peu moins. MADA, chez
nous, on en parle à tous les jours, on a des discussions avec les municipalités.
Donc, mes deux questions :
une pour la MADA, qui est très populaire; et ma deuxième, pour l'initiative de
travail en milieu pour les aînés.
• (17 h 40) •
Le Président (M. Picard) : Mme
la ministre.
Mme
Charbonneau :
...M. le Président. Alors, je vais rassurer encore plus et je vais réjouir
encore plus mon collègue, qui, effectivement, est en conflit d'intérêts quand il pose des questions
sur les aînés. Mais je vous dirais que, M. le
député, c'est quand même l'ensemble
des ministères tous confondus, là, pour le gouvernement, pour la clientèle aînée,
c'est un investissement de 2,7 milliards de dollars. Nécessairement, ça ne passe
pas que par le Secrétariat des aînés, mais ça passe par l'ensemble des gestes qu'on pose. Donc, quand vous nous
rappelez les chiffres et les investissements qu'on fait, vous avez raison d'être fier, et c'est un montant quand même important.
Il nous reste encore bien des choses à faire, et j'en conviens, mais les
investissements sont quand même très importants.
Je
le disais un peu dans le discours d'ouverture, 85 % de nos aînés habitent
dans un endroit qui a une reconnaissance MADA. Donc, quand vous nous
rappelez que MADA, c'est un secteur important qui a été inspiré par l'Organisation mondiale de la santé, il faut se rappeler aussi
qu'ils nous ont reconnu cette volonté-là de mettre en place un programme
qui s'appelle MADA. On est cités partout sur cette terre sur la volonté qu'on a
eue de mettre en place ce programme-là et qui fait en sorte que les municipalités
sont sensibilisées par une volonté gouvernementale à mettre en place des trucs et des projets très, très spécifiques — et
j'aime le dire parce que je pense que c'est important de l'entendre — pour les aînés et avec les aînés. Les décisions ne se prennent pas dans un
bureau fermé à quelque part où quelqu'un dit : Tiens, j'ai une bonne idée, on va faire des exercices
dans le parc de la ville, on va faire ça comme ça. On a des aînés qui prennent
des décisions pour des aînés. Donc, la volonté d'investir, elle est vraiment
grande.
En 2008, on a fait un
octroi de financement de 2,8 millions sur une période de cinq ans pour la
réalisation de projets pilotes dans six municipalités et MRC. Je vous les nomme
rapidement, là : Sherbrooke; Granby; Rimouski; Drummondville; Rivière-du-Loup; Québec, dans l'arrondissement de
Charlesbourg; et dans la MRC du Témiscamingue. Donc, une volonté d'investissement bien, bien notée. Et vous avez
signifié différents investissements qu'on a faits, mais, la Maison des grands-parents, je suis obligée de vous
dire que c'est un projet qui est extraordinaire. On n'en a que six pour l'instant, on regarde à en développer plus, mais
ce sont des gens engagés. Moi, j'ai eu le privilège de les avoir à mon
bureau, ils sont venus me faire une visite à
mon bureau de comté, chacune des personnes qui représentaient chacune des
maisons des grands-parents, et ce sont des gens très, très, très engagés.
Maintenant,
je vais me permettre de vous donner dans des grandes lignes ce que font nos
initiatives de travail de milieu
auprès des aînés vulnérables, ceux qu'on appelle affectueusement — un nom de martien, j'aime ça le dire — les
ITMAV, parce qu'on aime ça, les acronymes, mais ça vise particulièrement à soutenir des postes de travailleur de milieu au sein d'organismes
communautaires pour les aînés en
situation de vulnérabilité ou à risque de fragilisation, nos aînés qui
sont isolés, qui sont seuls et qui n'ont pas
nécessairement de recours aux services. Et je reprends la
question de mon collègue d'en face,
qui me disait : Comment on fait pour aider ces gens-là? Bien, on met en
place quand même, dans chacun des milieux, des gens qui peuvent aller chercher, voir où sont nos aînés.
Sont-ils seuls, ont-ils des problématiques, est-ce qu'on peut leur offrir plus de services? Et c'est exactement
dans le programme qu'on a, dans les Initiatives de travail de milieu
auprès des aînés vulnérables, en vue de favoriser leur accompagnement vers des
ressources plus pertinentes dans la communauté, leur donner des services, leur
donner accès à de l'information très, très pointue, que ce soit au niveau de
l'alimentation ou des services de la santé.
Je pense
que le principe même veut que le projet ITMAV fait en sorte qu'on peut donner
et briser l'isolement de nos aînés au
sein des communautés. Le ministère de
la Famille a soutenu un projet présenté par l'Association québécoise des
centres communautaires des aînés, et ce projet
consistait à développer un cadre national de référence sur les
initiatives dans les milieux de
travail — 375 000 $
sur une période de quatre ans, soit du premier avril 2009 au 31
mars 2013 — et
puis, en 2014‑2015, le ministère a octroyé une aide financière ponctuelle
prenant fin le 31 mars 2016 pour l'initiative de 35 ITMAV pour un montant
totalisant 1 475 000 $ dans chacun... pour l'ensemble des 35... j'allais
dire «dans chacun des milieux», j'aurais fait plaisir à bien des gens
qui nous écoutent, mais pour l'ensemble des 35 projets. Cette annonce a
d'ailleurs été soulignée par l'Association québécoise des centres
communautaires pour aînés, qui nous a écrit une lettre et a fait un communiqué de presse pour dire qu'ils étaient très
heureux de cette initiative, puisqu'un investissement pour eux était concret dans la volonté qu'on
avait. Donc, accorder une aide financière de 1 575 000 $ pour 35
projets, ça donne à peu près
45 000 $ par projet. Donc, si vous faites le calcul rapide, ce que
moi, je ne me plairai à faire, 35 projets, 45 000 $, on arrive
à peu près au montant prescrit. Ça a été versé dans le cadre du programme
Québec ami des aînés, puisque c'est plus QADA que MADA qui s'occupe de ce
principe des ITMAV. Et les projets prennent fin à peu près le 31 mars 2016. On a versé
304 058 $ pour des projets des années précédentes, puisqu'il fallait
être en poursuite de projets. On ne
laisse pas tomber les projets comme ça ou les gens qui les font, on essaie de
toujours être en poursuite et pouvoir créer des choses.
Les
conférences régionales des élus ont aussi octroyé six ITMAV, pour un montant
totalisant 375 000 $, à partir de budgets accordés par les CRE
via le ministère. Et, de ce fait, ça a été maintenu et poursuivi par les villes
à qui ça s'adressait. Par conséquent, en 2014‑2015,
44 projets, 44 initiatives ITMAV, ont été financés à la hauteur de
2 406 987 $. Ce n'est quand même
pas rien quand on regarde, dans nos milieux, le montant que ça apporte, mais
l'aide que ça apporte auprès de nos aînés qui peuvent être reconnus
comme isolés ou complètement abandonnés par le milieu, puisqu'ils ne sont pas
intégrés.
Nous analysons actuellement
la possibilité de lancer un appel de nouveaux projets d'initiatives de travail
de milieu auprès des aînés vulnérables. On est en train d'étudier la
possibilité pour pouvoir le mettre en place, car briser l'isolement de nos aînés, c'est vraiment la volonté du gouvernement pour faire en sorte
qu'ils connaissaient les services qu'on
peut leur offrir et qu'ils peuvent venir chercher, parce que ces services ne
sont pas connus de façon systématique. Le CLSC, pour nos personnes aînées, est souvent l'endroit où on va juste si
on est malade. Je vous dirais que le plaisir que j'ai au niveau du
comté... juste en face du bureau de comté, il y a un petit centre d'achats où
il y a ce qu'on appelle un «car food», hein?
C'est l'endroit où il y a différents concessionnaires et c'est le meilleur
endroit pour aller parler à mes aînés,
puisqu'ils vont prendre un café, ils vont dîner là dans la semaine, et ça fait
en sorte qu'on peut parler avec eux de voisins, de gens qui habitent pas
loin de chez eux, de connaissances qu'ils ont pour pouvoir sortir les gens de
l'isolement et faire en sorte qu'on peut leur donner les services adéquats en
santé, mais aussi en société.
Et
je reviens tout le temps à mon exemple de popote roulante, puisque c'est un
service. Un peu plus tôt, notre collègue de Gouin parlait de nos femmes, mais il faut
parler aussi de nos hommes qui, quelquefois, se retrouvent veufs et qui n'ont pas nécessairement appris... pas
comme vous, en tout cas, M. le
député, parce que
je sais que vous êtes un très bon cuisinier,
mais ils n'ont pas tous appris à faire la cuisine, et le principe même de
la popote roulante fait en sorte que
nos hommes peuvent rester dans leurs
résidences, chez eux, pour être dans leurs choses et ne pas être obligés de
déménager où on offre des services obligatoires.
• (17 h 50) •
Le Président (M.
Picard) : M. le député.
M. Morin :
M. le Président, il reste combien de temps?
Le Président (M.
Picard) : Sept minutes.
M. Morin :
Oui. Je prends simplement deux minutes — après ça, je donnerai au
suivant — simplement
pour remercier deux municipalités qui ont travaillé fort et qui ont obtenu un
beau projet : à Sainte-Hélène-de-Kamouraska, pour 100 000 $, et
Saint-Fabien-de-Panet, chez nous, dans la MRC de Montmagny, pour
71 000 $. Les deux municipalités ont travaillé très, très fort. Vous savez que de préparer un dossier, le
monter, qu'il arrive au ministère pour qu'il soit reçu, donc, c'est beaucoup de travail. Je félicite mes
deux municipalités, la mairesse de Sainte-Hélène et le maire de Saint-Fabien,
je veux leur dire qu'ils ont bien travaillé.
Et merci à la ministre et au ministère. Ça fait deux municipalités qui vont
avoir une qualité de vie améliorée. Merci.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint-François.
M.
Hardy : Oui. Bonjour, M. le Président. Mme la ministre, je vous salue,
avec vos acolytes qui sont avec vous, les collègues de l'Assemblée
nationale.
Dans
le cadre de la politique Vivre et vieillir ensemble — Chez soi, dans la communauté, au Québec, Mme
la ministre, vous mentionnez souvent que
c'est une politique de concertation avec les partenaires. Pour ma région, la
table de concertation des aînés de l'Estrie sont très actifs auprès de notre
communauté. Puis je tiens à vous remercier, parce que votre ministère soutient
d'ailleurs l'organisme pour sa mission et dans sa mission.
Les
tables régionales de concertation des aînés se trouvent dans toutes les régions
du Québec. J'aimerais parler brièvement
de celle qui se trouve dans ma région, la Table régionale de concertation des
aînés de l'Estrie. La table chez nous est
présidée par M. Claude Quintin — et je me permets ici de le saluer — et nous sommes fiers de la présence et du
travail dévoué de M. Quintin dans notre
milieu, puisqu'il est aussi le président de la conférence des tables de
concertation des aînés, organisme
national qui chapeaute l'ensemble des tables régionales. En concertation avec
ses membres et partenaires, la table de l'Estrie fait un travail
extraordinaire pour le bien-être des aînés. Elle est une partenaire essentielle
de notre gouvernement dans ses efforts constants pour améliorer la qualité de
vie des aînés.
J'aimerais
parler brièvement de l'historique de la Table régionale de concertation des
aînés de l'Estrie avant de demander à la ministre de nous expliquer
davantage le rôle de ces organismes primordiaux.
À partir de 1999, la
Commission des aînés et des retraités de l'Estrie a travaillé pendant plusieurs
années à assurer le bien-être des aînés de
l'Estrie. Suivant la vaste consultation qui a été menée en 2007, coprésidée
notamment par la ministre responsable des
Aînés de l'époque, la députée de Saint-Henri—Sainte-Anne, une restructuration a été
réalisée. La Commission des aînés et des retraités de l'Estrie n'existe plus
sous ou dans sa forme originale, elle est remplacée par la Table régionale de concertation des aînés de l'Estrie. Le nouveau
conseil d'administration est plus représentatif des organismes et des secteurs et est formé de
personnes expérimentées, disponibles et déjà impliquées dans tous les
domaines et services à assurer aux aînés et dans la défense de leurs droits.
La
Table régionale de concertation des aînés de l'Estrie représente la diversité
des personnes aînées de la région et soutient la concertation régionale
vers l'atteinte d'objectifs communs. Elle contribue à la prise des décisions
sur le plan régional en ce qui concerne les
aînés. Elle agit, premièrement, comme relayeuse d'information; deuxièmement,
elle reconnaît et valorise l'implication des
bénévoles qui interviennent auprès des aînés; et, troisièmement, elle transmet
au ministère de l'information et des avis pour améliorer la qualité de vie des
aînés de la région. Cette année, le projet Concertation
Plus de la Table régionale aboutira à la création d'un réseau des élus pour
effectuer un rapprochement entre les tables locales et les élus
municipaux afin de favoriser le développement des dossiers aînés.
En
Estrie, chacune des sept MRC, incluant la ville de Sherbrooke, a une table
locale de concertation des aînés, ce qui
permet d'être beaucoup plus décentralisés et présents dans les milieux. Ce
n'est pas le cas de toutes les tables régionales, mais cela fonctionne très bien en Estrie. Ce réseau
permet une grande concertation ainsi qu'une diffusion rapide
d'information.
La Table régionale
regroupe des organismes, des associations et les regroupements d'aînés de
l'Estrie. En concertation avec ses membres
et partenaires, elle détermine les enjeux prioritaires des aînés, elle
coordonne et harmonise les actions dans le but d'améliorer le bien-être
des aînés. Sont membres de Table régionale de concertation des aînés 29 organismes. Je ne vous les nommerai pas ici par
manque de temps, mais je demanderais à la ministre : Pourriez-vous
nous faire un portrait de l'implication de ces partenaires ainsi que celle des
partenaires non gouvernementaux?
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre, il vous reste deux minutes.
Mme
Charbonneau :
En premier lieu, M. le Président, je prendrais quelque temps pour saluer M.
Quintin, je vous explique pourquoi. C'est notre président de la table
nationale et c'est un homme qui s'est investi à temps plein pour pouvoir participer à cette table. Et, malheureusement,
comme certains d'entre nous, M. Quintin en ce moment a un défi à relever, puis je pense que toutes nos énergies se
doivent d'être dirigées vers lui pour lui souhaiter un prompt
rétablissement et de nous revenir en forme.
Par contre, je le rassure, M. Lebel est en poste, c'est son vice-président pour
la table nationale, et fait les
choses avec beaucoup, beaucoup de sérieux et, probablement, un peu comme il
doit lui avoir dit dernièrement, il a bien hâte qu'il revienne. Mais ils
font un travail exceptionnel.
Les
tables sont diversifiées, hein, vous l'avez dit, M. le député de
Saint-François, il y en a 18 au Québec, et chacune d'elles prend sa place. C'est souvent un endroit
où on peut avoir même le privilège de faire des consultations. Moi, je
vous le dis, pour le principe de
l'intimidation, ça a été un endroit où j'ai invité mes collègues de
l'opposition, je le disais un peu plus tôt, hein, mon collègue de
Terrebonne, ma collègue de Repentigny, à s'asseoir avec la table nationale pour
faire cette consultation-là auprès d'eux
pour le principe du dossier de l'intimidation. Mais c'est un lieu privilégié
pour la ministre où elle peut
s'asseoir et discuter de tout sur les dossiers qui interpellent nos aînés, mais
sur les différentes tables, puisque la table nationale est un
représentant de chacune des tables du Québec. Donc, chacun a sa place, et on
peut avoir le privilège d'échanger sur plusieurs choses.
Les
tables de concertation ont un mandat très spécifique, hein, puis, plus souvent
qu'autrement, on a le plaisir d'aller un petit peu plus loin que les
mandats qui leur sont prescrits, mais ils ont... Ah! il... combien, M. le
Président?
Le Président (M.
Picard) : Il vous reste deux secondes...
Mme
Charbonneau :
Deux secondes.
Le
Président (M. Picard) : ...mais on peut entamer votre dernier
bloc si vous voulez continuer, là. Mais après ça on retourne au député
de Lévis. Mais il reste un dernier bloc au gouvernement.
Mme
Charbonneau : Alors, il n'y a pas de souci, je vous le dis
rapidement, puis prenez-les sur les minutes qui nous sont consacrées, si mes collègues sont d'accord. J'ai l'air à
prendre une décision. Alors, si vous me regardez puis vous opinez du bonnet... Oui, ça vous va? D'accord.
Alors, représenter la diversité des personnes aînées de la région,
contribuer à la prise de décision sur le
plan régional concernant les aînés, agir en région comme relayeur d'information
et transmettre au ministère de la Famille de l'information et des avis
concernant les aînés de leurs régions. C'est un mandat qui peut sembler très
court, mais c'est un mandat qui peut être très large. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la ministre. Maintenant, je cède la parole
à M. le député de Lévis; 14 min 30 s.
• (18 heures) •
M. Paradis
(Lévis) : Merci, M. le Président. Beaucoup de choses se disent,
évidemment, puis je pense que, quelque part
en tout cas, les aînés sont conscients que dans leur quotidien on a envie que
les choses soient plus faciles. On parle toujours de qualité de vie, de
dignité également, et je pense que les interventions vont en ce sens.
Le problème, c'est
que souvent, ce sont des drames qui nous font réagir. En ce qui concerne les
aînés, j'ai toujours l'impression...
j'aimerais mieux, en tout cas, utiliser le verbe «agir» que le «réagir», mais
souvent force est de constater que, mis au courant d'une situation de
maltraitance, d'exploitation, d'un drame humain, on devra ensuite prendre des actions et manifestement, après coup,
on se dit qu'on aurait souhaité les
prendre bien avant. Vous comprendrez que
je fais référence... parce que vous avez abordé... puis je vais retourner un petit peu dans ce giron-là, vous avez abordé la notion de certification, des certifications, vous avez parlé de
résidences qui devaient être giclées. J'y arrive. Ça a été
un terrible drame pour l'ensemble
du Québec, cet incendie à L'Isle-Verte. Ça laisse, encore aujourd'hui, des traces. Et je sais que, chaque
fois qu'on aborde ce sujet-là, il y a des gens qui se sentent blessés, il y a
des gens qui se sentent blessés parce qu'ils ont été au coeur des événements
bien sûr, mais des gens aussi qui craignent parce que
l'image, l'image fait peur en soi,
mais, en même temps, il
faut se servir de ça pour réagir.
Dans le cas qui nous occupe, on n'a manifestement pas le choix.
Donc,
le gouvernement a décidé...
ça a été salué, hein, le gouvernement a décidé, mais ça avait été demandé
déjà depuis un bout de temps... Et vous
savez que, l'installation de gicleurs, vous êtes consciente, Mme la ministre,
que ce n'est pas d'hier, hein? Je
couvrais les faits divers à la radio, et déjà le Commissaire aux incendies,
Cyrille Delâge, manifestait... et, en tout cas, disait dans presque
chacun de ses rapports que le système de gicleurs était un élément important
pour sauver des vies. Or, ce n'est pas
d'hier en tout cas qu'on s'adressait à la question. Alors
donc, avec un peu de temps, trop à mon
goût, le gouvernement a décidé d'agir, faisant en sorte que les résidences
privées pour aînés devraient... ou devront être giclées d'ici les cinq prochaines années. Ça me semble long. Je vous
dirais que ça me semble long, c'est bien sûr, et je comprends, hein, que ce n'est pas un exercice
facile, ce n'est pas d'installer un arrose-pelouse sur une résidence, ça
suppose évidemment... mais je comprends aussi qu'au nom de la sécurité je pense
que les aînés, les propriétaires sont prêts aussi à faire des efforts pour que
tout aille rapidement.
Avant
de tomber dans une question très précise, je veux seulement avoir la vision de
la ministre responsable des Aînés sur
ce délai, qui me semble très long. Est-ce que la ministre considère que cinq
ans pour arriver à gicler 1 889 résidences pour aînés... De ce nombre, 1 020 sont non giclées; 212, à peine
partiellement. Vous savez, on peut toujours craindre un drame. J'ose espérer qu'on n'ait pas ensemble à
échanger sur quelque chose qui pourrait se produire. Est-ce que ce délai
vous semble trop long?
Le Président (M. Picard) :
Mme la ministre.
Mme
Charbonneau :
Je vous dirais qu'un des premiers sujets qui a été abordé, quand j'ai eu le
privilège de rencontrer différents
regroupements de personnes aînées qui sont en résidence, était nécessairement
l'aspect sécuritaire, et on l'a
abordé un peu tantôt avec mon collègue de Richelieu, mais le principe gicleurs
et surveillance est revenu beaucoup. Je mets les deux ensemble parce que
ce sont deux sujets qui ont été comme soulevés du rapport Delâge, de la
situation de L'Isle-Verte qui ont vraiment ébranlé l'ensemble des gens. Je vous dirais qu'ils l'ont ébranlé à
deux niveaux : celui des résidents et celui des propriétaires.
Parce qu'il faut parler des deux aspects.
Et, quand
vous me dites : Est-ce que, cinq ans, c'est trop long?, cinq ans, c'est la
demande qui nous a été faite pour permettre aux gens de mettre en place
un processus adéquat pour avoir des gicleurs. Parce qu'il faut quand même savoir — puis je suis sûre que vous avez été sensibilisé — qu'on dérange les gens, hein, malgré le fait
qu'on veut faire les choses correctement. Les personnes aînées nous ont
dit : Soyez vigilants, mais, en même temps, permettez-nous de s'adapter puis de laisser passer les gens dans nos
logements. Est-ce qu'on fait ça à l'intérieur des murs, à l'extérieur?
On a des résidences qui sont dans des
anciens presbytères, qui sont dans des anciennes églises, qui sont dans des
immeubles qui sont centenaires, ce qui fait
que je ne peux pas passer comme je veux, sur l'ensemble du bâtiment, un
principe de gicleurs, je suis obligée de les mettre à l'extérieur des
murs plutôt qu'à l'intérieur.
Maintenant, pour vous rassurer : tous les
projets considérés comme urgents, tous ceux qu'on est capables de faire plus rapidement vont se faire à l'intérieur
de deux ans. Pourquoi? Parce qu'il y a d'autres endroits où c'est un
petit peu plus complexe. Mais la volonté
qu'on a eue, c'est non seulement de mettre en place le principe de gicleurs,
mais aussi une intervention de ma
collègue de la Sécurité publique pour investir des sommes pour nos pompiers
volontaires. Parce que le principe même de venir au secours des gens, ce
n'est pas juste avoir des gens qui sont détrempés par quelque chose qui est accroché à leur plafond, mais c'est
d'avoir des gens qui viennent faire des interventions directes dans leurs
villages, dans leur villes. Et, de ce fait,
une des problématiques, c'était la formation de nos pompiers volontaires. Donc,
l'investissement que ma collègue a
annoncé, qui venait parallèlement à ça, hein — il y avait les gicleurs, mais il y avait
aussi l'intervention de la Sécurité
publique — fait en
sorte que nous croyons que nous avons mis en place un système qui va, le plus
rapidement possible, mettre nos aînés en sécurité.
Maintenant, je vous rappelle, parce que les gens
nous l'ont dit, là, les petites résidences nous ont rappelé : Est-ce qu'une résidence premier plancher, premier
étage, six chambres, très locale, très village, elle se doit d'être
giclée? Bien, la réponse du gouvernement, ça
a été non. À partir du moment où j'ai une porte pour sortir à l'extérieur
rapidement ou une porte où je peux aller
vous chercher rapidement, je ne suis pas obligé de gicler, parce qu'il ne faut
pas non plus faire en sorte que nos
propriétaires ferment l'ensemble des bâtiments et que nos personnes aînées
soient redirigées beaucoup plus loin que dans le village dans lequel
elles veulent rester.
M. Paradis
(Lévis) : ...deux choses,
Mme la ministre. Alors, comprenons bien que le dérangement pour les
aînés, bien sûr, hein, il est réel, mais une
intervention dans une résidence ne fait pas que, dans la même résidence, on va
être dérangé pendant cinq ans, là, tu sais. Il y a un moment d'intervention, on
se comprend, là.
Mme
Charbonneau : Tout
à fait.
M. Paradis (Lévis) : Alors, ce n'est
pas pour l'ensemble des résidents ou des aînés du Québec où on met cinq ans de dérangement, puis la vie change.
Est-ce que je comprends? Vous dites : Dans les deux premières années,
les établissements plus à risque seront
giclés. Donc, c'est un engagement ferme. Avez-vous déjà établi la liste des
résidences prioritaires et urgentes à être
giclées? Est-ce que déjà la Société d'habitation du Québec, qui s'est vu
confier le mandat d'administration du programme, a cette liste-là? Parce
que vous donnez, donc, cette notion de deux ans là.
Mme
Charbonneau :
Je vous rassure : Oui, le principe d'urgence, mais surtout la priorisation
des projets. Et ils viennent d'avoir
le dossier pour pouvoir nous donner les établissements priorisés. Donc, si vous
me demandez le nom des établissements puis le calcul, je ne peux pas
vous le donner tout de suite, mais j'imagine qu'aussitôt qu'on va le recevoir je vous ferai signe, puisqu'on a toujours
cette facilité ici, en Chambre, de se donner de l'information sans que
ce soit en période de questions ou en période de crédits.
M. Paradis (Lévis) : Absolument, je
suis bien d'accord. Il y a un autre problème, hein? Vous parlez de cette notion et du fait que vous ayez décidé, parce que
c'est moins complexe et il y a une notion de sécurité qui est respectée,
que les résidences plus petites ne seraient
pas soumises à la règle de l'installation de gicleurs. Je comprends fort bien,
je pense que les gens l'ont compris,
mais il y a d'autres réalités, une qui... et ce n'est probablement pas la
seule, une résidence qui est plus imposante que ça — et là
je parle d'une résidence de 27 pensionnaires — dans un milieu quand même
rural, pas très loin d'ici, des gens qui,
malheureusement, ne disposent pas, comme bien des citoyens, d'un raccordement
au réseau d'aqueduc... alors, la personne dont je vous parle est sur un
système de puits artésien.
Comprenant fort bien que l'installation de
gicleurs, parce qu'elle est obligée à travers ce chapitre-là, va lui coûter une
fortune, et quand bien même la notion de subvention s'établit à 20 %,
40 %, 60 % et qu'il sera géré, là, par la Société d'habitation, il reste que cette personne-là
envisage... ce que craignait également le président-directeur général du Regroupement québécois des résidences pour aînés
alors qu'il disait : Il ne serait pas bon que les résidences
acculées au pied du mur par les coûts exigés
pour l'installation de gicleurs décident de décertifier — on en parlait il y a deux instants — et deviennent
de simples unités locatives qui ne seront plus visitées ni inspectées. Je
comprends que vous avez cette même préoccupation.
On fait quoi dans ce cas-là? Parce que ce ne serait pas la seule. C'est une
problématique certaine. Et, malgré les subventions, ces gens-là
craignent de devoir cesser leurs activités.
Mme
Charbonneau :
Je ne peux pas faire en... Bien, non, ne bougez pas, je refais ma phrase. Je ne
peux pas dire : Je ne peux pas.
Je me dois de vous rassurer et de dire aux gens qui nous écoutent que le
gouvernement a l'obligation... les villes sont dans le coup, on n'est
pas à côté de la plaque.
Et vous avez raison
de nous rappeler que le principe d'aqueduc, ce n'est pas partout. Et on a même
des endroits où il y a une réflexion qui se
fait pour poser des citernes pour s'assurer que l'eau est accessible et très
proche, pour assurer une accessibilité, parce que la pression d'eau, hein... ça
a l'air bien fou à dire comme ça dans un sujet comme celui-là, mais la pression d'eau fait en sorte que mon gicleur, ça ne
donnerait pas grand-chose. Donc, il faut s'assurer que la ville soit dans le coup avec le gouvernement pour
regarder l'accessibilité à cette eau, qui est dans nos milieux, pour
vraiment faire en sorte que chaque résidence puisse avoir accès à un système
adéquat pour mettre nos aînés en sécurité.
Maintenant, il faut
le regarder avec beaucoup d'attention parce que chaque ville n'est pas pareille
et chaque endroit n'a pas le même système. Et, de ce fait, bien, on a
l'obligation, comme gouvernement, de le regarder avec beaucoup d'attention et d'être capable d'entendre la différence entre un
endroit... donnons-nous quelques endroits, même si ce n'est pas toujours bon : Montréal puis un
autre endroit comme à Rimouski, où, là, peut-être que le système
d'aqueduc n'est pas le même.
M. Paradis (Lévis) : Est-ce que je comprends par votre réponse... Vous savez, c'est quand
même intéressant, parce que, vous voyez, vous avez établi des normes,
hein, on s'entend, pour cette sécurité supplémentaire pour les aînés en
fonction de l'installation de
gicleurs. Ce sont des normes qu'on a établies, puis tant mieux pour les aînés,
mais, voyez-vous, vous dites :
Bien, on est capables, malgré des normes, de faire autrement. Ce n'est pas
nécessairement du mur-à-mur. À même
enseigne, pour l'hygiène dans les résidences, on peut mettre des normes sans
être obligé de faire du mur-à-mur. Merci.
Ceci étant dit,
est-ce que vous êtes en train de dire à la propriétaire à laquelle je pense que
vous aurez des allègements financiers pour
faire en sorte qu'elle puisse établir des coûts et puis gicler sa résidence au bénéfice de ses locataires, de
ses pensionnaires sans qu'elle n'ait à se décertifier et devenir un immeuble
locatif?
• (18 h 10) •
Mme
Charbonneau : Si
vous me permettez, M. le Président, et si vous me permettez, M. le député, je vais vous lire un petit
bout du paragraphe d'Admissibilité
aux travaux, puisque ça répond, je crois, à la question que vous me
posez. Et ça commence comme suit : «Ces
dépenses comprendront les systèmes de gicleurs, les travaux de démolition et de
réparation des plafonds et des murs pour permettre le passage de la tuyauterie,
de même que les coûts d'installation de pompes, de génératrices et de réservoirs lorsqu'il n'y a pas de réseau
d'aqueduc ou lorsque le débit de ce dernier s'avère insuffisant
pour permettre un fonctionnement adéquat des gicleurs.» Donc, dans la mesure
même et l'Admissibilité des travaux, il
y a cette phrase qui vient, du moins j'espère, rassurer cette personne qui vous
a interpellé, avec 27 résidents, qui dit que les mesures seront regardées spécifiquement avec certaines spécificités des
travaux qui sont à faire dans chacune des résidences.
M.
Paradis (Lévis) : Ce dont on
parle est important, vous le savez, et vous le dites. Bon. Est-ce que la
ministre responsable des Aînés serait
d'accord au fait qu'on puisse suivre de très près l'évolution de ce qui se
passera? Nous avions déjà proposé qu'on puisse faire rapport devant, par
exemple, la Commission de la santé et des services sociaux pour qu'après un an on puisse se rendre compte de
l'avancée des travaux, du fait que ça progresse, du fait que certains
tombent dans ce qu'on ne veut pas, là,
l'espèce d'espace entre deux chaises, parce qu'on n'arrive plus, parce que,
malgré ce que vous lisez là, des gens disent : On est obligés de se
retirer.
Est-ce
que vous êtes favorable à ça? Est-ce que vous souhaiteriez qu'il y ait un dépôt
de rapport pour analyse?
Mme
Charbonneau :
Bien, non seulement je suis favorable au principe de surveillance, mais je vous
le dis, qu'il y a en place un comité
multiministériel qui fait en sorte que chacun de nous est assis alentour de
cette table-là. Donc, ça commence
par... puis vous faites bien de dire «entre deux chaises», parce que, quand on
s'occupe des aînés, de dire : C'est une zone grise, c'est toujours un peu dangereux, on peut se le faire
reprocher. Mais de dire que le ministère, le Secrétariat des aînés, hein, la ministre responsable des
Aînés, mais la Sécurité publique, mon collègue du Travail et des Aménagements,
mon collègue des villes...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau :
...de la Santé, et là les services sociaux sont là... Donc, le comité va faire
la vigile, si vous voulez, sur le suivi des travaux pour s'assurer que tout se
passe bien. Va-t-il, à la fin, y avoir un rapport? Faut-il qu'il y en ait un? Je vous dirai qu'à la fin
l'objectif, c'est qu'on ne se pose plus de questions sur le principe des
gicleurs dans nos résidences parce que ce sera réglé.
Le Président (M.
Picard) : Il reste une minute, M. le député.
M. Paradis
(Lévis) : Une minute. Je vous poserai une simple question, puis...
Mme
Charbonneau :
Elles ne sont jamais simples.
M. Paradis (Lévis) : ...on aurait pu en jaser davantage, je vous parlerai de l'état d'avancement du Plan d'action gouvernemental
pour contrer la maltraitance envers les personnes aînées.
En
fait, ce n'est pas bien, bien compliqué, c'est un chiffre, hein? Ça a été créé
le 14 juin 2010, vous le savez, et, dans
ce cadre, dans ce plan d'action là, il doit y avoir des rencontres, depuis
2010, pour regarder ce qu'on vient de se dire, là, l'état des travaux et comment tout ça fonctionne
et comment tout ça avance. Il y a eu cinq rencontres jusqu'à maintenant,
depuis 2010. Ça donne à peu près une par
année. J'aimerais savoir s'il y a eu des rencontres de ce comité depuis
l'élection du gouvernement libéral en avril 2014.
Mme
Charbonneau :
Je peux vous rassurer en vous disant : Il y en a une en juin. Ça, c'est la
date la plus actualisée que je peux vous donner...
Une voix :
...
Mme
Charbonneau : En juin, le 17, très précisément... la date
vient d'arriver comme ça, puisque je ne les connais par toutes par coeur, mais, le 17 juin, il y a une
rencontre qui va se faire. Et la volonté du gouvernement, c'est de faire
en sorte qu'on puisse rencontrer le plus
possible... dans la mesure de la disponibilité de l'ensemble des acteurs, pour
pouvoir faire avancer le dossier le plus rapidement possible.
M. Paradis
(Lévis) : ...de nombreux ministères, j'en suis bien conscient,
évidemment il faut faire que l'agenda de
tout le monde puisse être... bon, c'est évident, mais cinq en... sur un dossier
aussi important que ça, depuis 2010, c'est quand même bien peu, Mme la
ministre.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le député. Je cède maintenant
la parole à M. le député d'Orford pour le dernier bloc de 15 minutes.
M.
Reid : Merci, M. le Président. J'aurai, tout à l'heure, des
questions, s'il reste du temps, sur des crédits, sur un tableau en particulier, des questions sur la ligne
qui concerne la région de l'Estrie, ma région, mais je voudrais parler
d'abord de maltraitance, et mon collègue de
la CAQ a pratiquement introduit la question, et c'est un sujet qui demande
beaucoup de doigté, et, en ce qui me
concerne, j'ai bien confiance évidemment en notre ministre parce que, comme
députés, nous avons travaillé
ensemble pendant trois ans... un peu plus, presque quatre ans, sur la
commission spéciale mourir dans la dignité, qui est une commission qui a été non partisane de A à Z, avec des
députés de tous les partis, et ça a été un sujet effectivement qui a été
traité avec beaucoup de doigté, et je connais ma collègue là-dessus.
Et,
pour comprendre peut-être, M. le Président, pourquoi je m'intéresse à cette
question-là et à la maltraitance en particulier, j'aimerais dire
quelques mots sur la situation de mon comté en particulier. Au coeur de mon
comté, il y a la ville de Magog, il y a
d'autres villes aussi, évidemment, qui sont des villes de villégiature et, comme un
certain nombre de villes au Québec, ils ont une situation particulière parce
qu'il y a un apport régulier d'aînés.
On
parlait tantôt de l'âge, il y a des blagues qui ont été faites. M. le Président,
on peut facilement déclarer qu'on est aîné.
La seule chose que je ne voudrais pas accepter, c'est de me dire vieux. Samedi
passé, j'ai passé la soirée avec ma mère, qui est vivante — c'était
son 89e anniversaire — et
j'étais avec mon fils, mon jeune fils; quand on peut appeler quelqu'un maman puis qu'on a un petit gars de sept ans qui
nous dit «papa», c'est difficile de se sentir vieux. Alors, oui, un
aîné, d'accord, mais en fait il faut bien démêler les deux :
aîné, âgé; ce n'est pas tout à fait la même chose. Par ailleurs, par contre, et j'ai bien aimé le commentaire
du député de Huntingdon tantôt, dans mon comté, effectivement il y a beaucoup
de personnes âgées... enfin, il y a beaucoup
d'aînés, en tout cas certainement,
mais il y a des personnes qui ont dépassé l'âge de la centaine. Et j'ai l'occasion — et il y en a de plus en plus — et j'ai l'occasion, moi aussi, d'avoir des
conversations avec ces personnes-là, et c'est quelque chose d'extrêmement
enrichissant.
La situation
d'Orford, évidemment, par un apport régulier de personnes, le cas typique,
c'est le couple, là, qui vit à Montréal, qui
vend sa maison parce qu'ils sont tous les deux à la retraite et qui viennent
dans leur chalet qu'ils transforment
en maison, si nécessaire, dans la région de Magog, autour du lac Memphrémagog
ou autour, et c'est vrai aussi à
Mégantic et dans d'autres villes du Québec, et évidemment il y a des avantages
et des problèmes à résoudre. On a eu des problèmes à résoudre pendant un certain temps. Par exemple, les soins de
santé devaient suivre cet apport-là, qui était plus que le vieillissement normal de la population, et
on a réussi à régler beaucoup de ces problèmes-là pour avoir des soins
de santé de haute qualité. Il y a aussi des avantages. Par exemple, on a un
apport régulier également de personnes qui, à la
retraite, font ce que beaucoup de monde font à la retraite, c'est-à-dire qu'ils
font du bénévolat, et c'est un plus pour notre région. Les nouveaux arrivants sont généralement plus scolarisés et plus
aisés que la population... enfin, qu'une bonne partie de la population traditionnelle, ce qui fait croire à beaucoup de
monde que la région de Magog-Orford, c'est une région riche où tout le
monde est riche, etc.
Je vais juste vous
donner un cas qui montre quand même qu'il y a un niveau de défavorisation
relativement élevé. Par exemple, entre 2003
et 2007, 5 000 emplois ont été perdus dans une ville de 35 000
habitants, 5 000 emplois industriels,
et la moitié au moins des gens qui ont perdu leur emploi avaient plus de 50 ans
et un niveau de scolarisation très faible,
souvent même uniquement le primaire. Ces gens-là — maintenant, on est 10 ans plus tard — ont mangé souvent leur vieux-gagné, ils ont du mal à garder leur maison,
souvent ils ont travaillé tant bien que mal, ils n'ont pas réussi à
mettre de l'argent de côté, et donc ils se
retrouvent dans une situation difficile financièrement au début de l'âge d'or,
en quelque sorte, c'est-à-dire 60, 65
ans jusqu'à... maintenant, on ne sait pas, peut-être jusqu'à 100 ans. Donc, il
y a une situation qui n'est pas facile et qui fait en sorte que toute la
question des aînés, mais en particulier la maltraitance, est un élément qui est
extrêmement délicat.
Avant
de parler de la maltraitance comme telle et de poser ma question, je voudrais
dire quelque chose là-dessus concernant les préposés et je peux
témoigner personnellement parce qu'il y a quelqu'un dans ma famille qui est en perte cognitive considérable : elle ne nous
reconnaît plus. Et donc on visite cette personne-là dans le CHSLD de
l'Hôpital Memphrémagog et à chaque fois on
sort de là puis on dit : Les gens qui travaillent ici sont des anges, les
gens qui travaillent ici sont extraordinaires, les gens qui travaillent ici aiment leurs
malades, même si les malades ne les reconnaissent pas, et ils font un
travail fantastique.
Et la raison pour
laquelle je veux insister là-dessus aujourd'hui, c'est qu'on avait une nouvelle
aujourd'hui dans La Presse, un article de M. Chouinard, qui
disait qu'il y avait des cas qui étaient en augmentation, en hausse concernant les vols et les abus... enfin, surtout
abus financiers, les fraudes. Et il faut éviter de penser... parce qu'on
voit une nouvelle comme celle-là, il faut éviter de penser que, quand on voit
un préposé aux malades dans un CHSLD, il y a
peut-être bien une chance qu'il soit un fraudeur. Écoutez, il y a juste une
chance sur... J'ai fait la division, 72 plaintes, là, faites en 2014 par
le nombre de personnes aînées. Ça veut dire que — il faut que tu sois
malchanceux — il
y a une chance sur 18 000 de tomber sur
effectivement quelqu'un qui va peut-être abuser, frauder. Par comparaison, si
on fait des petits calculs avec les
accidents routiers, tu as une chance sur 25 000 de mourir cette année dans
un accident routier puis tu as une chance juste sur 4 000 d'avoir
un accident qui t'amène à l'hôpital, assez grave pour aller à l'hôpital, une
hospitalisation. Donc, il faut faire attention. Ça ne veut pas dire que, parce
qu'il y a eu 78 plaintes cette année... Il ne faut pas que les gens commencent
à penser que c'est plein de monde partout qui maltraite ou qui fraude le monde,
là.
Moi,
je suis convaincu que, autant au CHSLD le monde que je vois que partout, les
cas de fraude, il reste que ce sont
des cas extrêmement rares; des cas de maltraitance, des cas extrêmement rares. Ceci étant dit, ce n'est parce que
c'est rare que c'est acceptable. C'est totalement inacceptable, et, quand on
voit ça, il faut faire quelque chose.
Et ma question, évidemment,
ça poursuit un petit peu ce que la question du député de Lévis avait commencé. M.
le Président, j'aimerais que la ministre nous parle un petit peu de ce plan
d'action gouvernemental pour contrer la malveillance
envers les personnes aînées, qui a été lancé en 2010, d'abord, dans un premier temps. J'ai entendu que, donc, le projet, le plan
d'action, qui était de 2010 à 2015, serait reconduit jusqu'en 2017 et, dans un
premier temps, j'aimerais avoir une confirmation de ce fait-là.
• (18 h 20) •
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Donc, je confirme avec beaucoup
d'aisance que le plan est reconduit jusqu'en 2017. Les 39 actions impliquant 12 ministères
et organismes sont vraiment prolongées jusqu'en 2017, avec
cette volonté de voir apparaître bientôt une politique sur la maltraitance
bientraitance qu'on aura probablement le plaisir de déposer en Chambre.
M.
Reid : ...M. le Président. Moi, je voulais simplement demander — puis je
pense que c'est ce genre de
réponse là que je veux : Si on prolonge le plan d'action... Bon, les
motivations; j'imagine que c'est parce que c'est bon si on le prolonge. Si on le prolonge plutôt
que de faire un autre plan, c'est peut-être parce
qu'il y a une politique
en préparation, etc. Donc, c'est un petit peu ce que j'aimerais avoir effectivement, et la ministre avait commencé à me répondre là-dessus, et c'est le sens de ma question.
Le Président (M.
Picard) : Mme la ministre.
Mme
Charbonneau : Merci, M. le Président. Effectivement, il y a une réflexion qui a été soulevée déjà il y a de ça quelque temps, hein, quand on
était dans l'ancienne législature, par ma collègue de Saint-Henri—Sainte-Anne.
Et, à cette législature-ci, on a quand même la députée de Gouin qui a déposé un
projet de loi qu'on appelle le n° 190, là, qui y était soucieuse aussi. Donc, avec le projet de loi de ma
collègue — le
n° 399 — avec ma
collègue de Gouin, qui a soulevé un
point avec le projet de loi n° 190, il y a nécessairement chez nous, au
niveau du ministère en responsabilité des Aînés, un souci qui a été
relevé, et on s'est dit : Il faut le regarder avec beaucoup d'attention.
Donc, dans votre
question : Est-ce que le projet de plan d'action gouvernemental pour
contrer la maltraitance pour les personnes
aînées, celui qu'on a présentement, est suffisant?, la réponse à ça, c'est non.
Il faut s'attarder nous-mêmes à un
prochain plan qui vient faire en sorte qu'une politique pourrait être déposée
pour vraiment le regarder avec énormément d'attention. On n'est pas en
mesure de vous dire la date précise, mais je peux vous dire qu'au niveau du
Secrétariat des aînés on est très, très, très préoccupés et on regarde ce qu'on
est capables de mettre en place de plus et
de mieux pour assurer la sécurité de nos aînés. J'avais le goût de commencer
mon intervention en disant : Vous êtes chanceux, vous êtes chanceux, puisque vous pouvez encore dire à votre
mère que vous avez le goût d'une discussion ou d'une conversation, et je la sais très éveillée. Je la sais éveillée,
puisque, pendant notre tournée où on a fait le tour du Québec ensemble
pour aller entendre les gens sur mourir dans la dignité, elle nous a fait
visite. Et on a eu le privilège de la rencontrer brièvement, parce qu'on savait
que nos minutes étaient comptées, et les vôtres aussi, mais on a eu ce privilège-là, et j'ai vu, dans son oeil pétillant,
une femme très en action. Je vous dis «chanceux» parce que je n'ai pas
le même privilège que vous. Donc, de ce
fait, quand quelqu'un me dit : J'ai encore ma mère, je lui dis tout le
temps : Sois chanceux. Même si
elle te dit encore quoi faire puis «laver tes mains», puis toutes ces
choses-là, tu es quand même choyé.
La
volonté qu'on a, par contre, de le regarder, et c'est beaucoup ce que les gens
nous ont interpellé... que ce soient les
tables de concertation, la Maison des aînés, les gens qu'on a rencontrés, avec
qui on a partagé les discussions, nous ont dit : Savez-vous quoi?, on n'a pas nécessairement le goût de parler
de maltraitance. On a peut-être le goût par contre de parler de bientraitance. Pourquoi regarder
toujours l'aspect négatif? Et, à ça, on leur a demandé d'élaborer un petit
peu, parce que nécessairement on ne veut pas
parler d'aspects négatifs, et les gens nous disaient : Vous savez, quand
le premier ministre a décidé de prendre le dossier des aînés et de le
mettre à la Famille, on s'est sentis rassurés, puisque, quand on était à la Santé, on n'était pas à côté de la
plaque, mais ça faisait en sorte qu'on regardait les aînés comme des
gens malades. Et, pour l'avoir vu à
plusieurs reprises et pour l'avoir partagé avec mon collègue de Lévis, nos
personnes aînées sont très actives,
sont très en action, et, malheureusement, comme dans l'ensemble de la
population, il y a une tranche de gens qui sont appelés à avoir des soins de santé,
mais on pourrait en parler dans la petite enfance, on pourrait en parler
aux jeunes adultes comme on peut en parler des aînées.
Ce
n'est pas parce qu'on est aîné qu'on est vieux. Vous avez raison. Plus
souvent qu'autrement, ils sont jeunes de coeur et jeunes d'action, et c'est pour ça que plusieurs
de nos organismes survivent dans le principe même du
bénévolat, puisqu'ils sont en action. Mais
par contre, quelquefois, si je suis un aîné, je peux être vulnérable, je peux
être fragilisé, et c'est pourquoi le gouvernement se penche, par une
action très concrète, sur une politique qui va parler encore plus précisément
de nos aînés en résidence et du traitement qu'on fait aux aînés, la place qu'on
veut leur faire en société, parce que c'est
des gens qui peuvent subir — et, mon collègue le disait, en fin de
semaine, il y avait des articles dans les journaux — des
gens qui abusent.
Vous
savez, on a aussi été le gouvernement qui a mis en place un numéro de téléphone
pour Abus Aînés, mais il faut se
rappeler que des fois ce sont des gens de la famille, ce sont des gens à qui
ils font confiance qui posent des gestes qui font en sorte qu'ils fragilisent le quotidien de nos personnes aînées.
Et on se doit, comme gouvernement... on ne peut pas être l'oeil partout, mais on se doit de mettre en
place des règles qui font en sorte que nos aînés peuvent, par un coup de
téléphone, aller chercher de l'aide, du moins une écoute active pour savoir
est-ce que c'est de l'abus, est-ce que c'est exagéré.
Est-ce que, si je me sens mal, la façon que je me sens dans cette relation-là,
il y a quelque chose de malsain, que ce soit une relation où il y a une menace émotive — si tu ne me donnes pas de l'argent, je ne
reviens plus te voir — ou une menace concrète,
matérielle — je veux
avoir ta voiture, je veux avoir tes trucs — et là il y a quelque chose qui ne se
passe pas bien... Et, encore plus
inquiétant, c'est-à-dire des gens qui rentrent dans la chambre de nos aînés par
souci de soins mais qui posent des gestes qui sont loin d'être des
soins, et là-dessus on se doit de protéger nos aînés par rapport à ça.
Donc,
la réflexion qu'on fait en ce moment, c'est : Jusqu'où on peut aller,
comment on peut poser nos gestes et comment
on peut s'assurer que tous les aînés du Québec se retrouvent, qu'ils soient en
résidence privée, qu'ils soient en résidence publique ou qu'ils soient
chez eux, dans une situation saine et sécuritaire, dans un environnement qui
leur appartient? Puisque, que j'habite dans
ma maison ou que j'habite dans un CHSLD, du moment où je rentre dans la
pièce qui m'appartient, c'est ma maison, c'est ma résidence, c'est le lieu où
j'habite, et personne ne devrait avoir le droit de poser un geste qui est indu
envers les personnes aînées qui sont dans leurs milieux de vie, que ce soit
chez eux, en résidence privée ou en résidence publique.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Il reste une minute.
M.
Reid :
Une minute. Bien, écoutez, j'avais une question qui était préparée par la
négative, mais je vais la poser du côté
positif, là, autrement dit : Qu'est-ce que peuvent faire les aînés
eux-mêmes, qu'est-ce que peuvent faire les aidants naturels, les
parents, les amis pour augmenter la bientraitance? Comment est-ce qu'on dit ça?
Une voix :
...
M.
Reid :
La bientraitance. Alors, ma question, c'était : Comment est-ce qu'on s'y
prend quand on voit la maltraitance? Mais, si on la pose par la négative... J'imagine
que vous allez parler de ça dans la politique qui est en préparation?
Le Président (M.
Picard) : 30 secondes.
Mme
Charbonneau : Alors, la réponse, c'est : Oui, on va
parler de ça. Et ça me permet, M. le Président, puisqu'il n'y a pas eu encore de question, et j'offre à
l'opposition le privilège de le faire... Mais les gens de L'Appui national
posent des gestes dans le quotidien pour faire en sorte que nos proches aidants
sont reconnus mais qu'il y ait des projets qui se partagent partout au Québec
sur les bonnes pratiques qu'on peut avoir.
Adoption des crédits
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la ministre. Ça termine nos travaux.
Avant, on a quelques petites procédures. Nous allons mettre aux voix les
crédits.
Donc,
le temps alloué à l'étude du volet Aînés des crédits budgétaires du
portefeuille Famille étant presque écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix des crédits. Le programme 3, Condition des aînés,
est-il adopté?
Des voix :
Adopté.
M. Rochon :
Sur division.
Documents déposés
Le
Président (M. Picard) : Sur division. En terminant, je dépose
les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Je lève la séance, et les travaux de la commission
sont ajournés au mercredi 29 avril 2015, après les affaires courantes,
où nous entreprendrons l'étude des crédits du portefeuille Immigration,
Diversité et Inclusion. Bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 h 29)