(Quinze heures douze minutes)
Le Président (M. Picard) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens
ouverte. Je demande à toutes les personnes dans la salle d'éteindre la sonnerie
de leurs téléphones cellulaires.
Jeunesse
La commission est réunie afin de procéder à
l'étude du volet Jeunesse des crédits budgétaires du portefeuille Conseil
exécutif pour l'exercice financier 2015‑2016.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Bernier (Montmorency) est
remplacé par M. Polo (Laval-des-Rapides); Mme Blais (Saint-Henri—Sainte-Anne), par Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré); M. Fortin (Sherbrooke) est
remplacé par M. Simard (Dubuc); Mme
Montpetit (Crémazie), par M. Iracà (Papineau); M. Kotto (Bourget) est remplacé
par M. Turcotte (Saint-Jean); et Mme Lavallée (Repentigny), par M. Roberge (Chambly).
Remarques préliminaires
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous allons débuter par les
remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix des crédits sera effectuée à la fin du temps qui a
été alloué à l'étude de ce volet. Puisque nous avons débuté nos travaux à
15 h 11 et qu'une période de trois heures doit être consacrée à
l'étude de ce programme, y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux
au-delà de l'heure prévue, soit jusqu'à 18 h 11? Consentement?
M. Couillard : Consentement.
Le
Président (M. Picard) : Consentement. Nous allons débuter les
remarques préliminaires. M. le premier ministre, vous disposez de 12
minutes.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci, M. le
Président. Je voudrais vous saluer, de même que le personnel de la commission,
les personnes qui m'entourent :
M. Jean-Pascal Bernier; mes collègues de mon cabinet, mes collègues de l'aile
parlementaire, bienvenue à nouveau;
M. Nikolas Ducharme, du Secrétariat à la jeunesse, avec moi, et son équipe,
également présente.
Mesdames et
messieurs, c'est toujours un grand plaisir que de prendre part à un exercice
qui me donne la chance de parler de
la jeunesse québécoise, un sujet très important pour notre société et pour
lequel on veut favoriser bien sûr la transition vers l'autonomie et la
citoyenneté active. La jeunesse, c'est généralement le moment où on se
scolarise, on s'ouvre sur le monde, le
moment où on fait des choix importants pour notre vie adulte, où on intègre le
marché du travail, l'âge où on fonde
une... une famille, pardon, et on commence à exercer ses droits et
responsabilités de citoyen, notamment le droit de vote.
En 2014,
on comptait 1 524 000 Québécois et Québécoises âgés entre 15 et 29
ans. Les plus âgés, presque trentenaires, nés en 1985, avaient tout juste 16 ans lors du lancement de la première
Politique québécoise de la jeunesse, en 2001. C'est à peu près l'âge de mes
enfants, d'ailleurs. Bien des choses ont changé depuis. L'activité sur le
marché du travail en forte progression
à la fin des années 90 a continué à un haut niveau. Le chômage chez les jeunes
a poursuivi sa descente. La question de la persévérance scolaire a été
au coeur des préoccupations en éducation, et les sorties sans diplôme de l'école secondaire ont heureusement beaucoup
diminué, même si beaucoup reste à faire. La mortalité des jeunes a diminué,
avec une baisse des suicides et des
accidents de la route. L'activité physique a augmenté, mais le problème de
surpoids touche toujours un nombre
non négligeable de jeunes. Comme Internet a transformé nos vies au tournant du
millénaire, les réseaux sociaux ont, depuis la dernière politique
jeunesse, profondément changé les modes de communication, la dynamique des
rapports sociaux et même celle de l'engagement citoyen.
Des progrès
restent à faire dans plusieurs domaines, et de nouveaux défis se profilent à
l'horizon. Les garçons n'ont pas encore rattrapé les filles quant à la
persévérance scolaire. Les jeunes sont particulièrement interpellés sur les
questions de conciliation entre la famille, les études et le travail. Et trop
de jeunes, malheureusement, restent encore éloignés
du marché du travail. Voilà une statistique qui me préoccupe au plus haut point
et qui, pour moi, est la priorité des priorités. En 2012, on dénombrait
200 000 jeunes de 15 à 29 ans qui n'étaient ni aux études ni au travail.
Depuis peu,
la population québécoise en âge de travailler est en décroissance, ce qui veut
dire que les jeunes qui entrent sur
le marché du travail sont moins nombreux que les travailleurs qui prennent leur
retraite. Cette tendance sera croissante, malheureusement, dans les années à
venir. Dans ce contexte, il est donc essentiel de s'assurer que chaque jeune
ait les compétences recherchées pour combler
les emplois qui s'offrent à eux, pour démarrer leurs propres entreprises ou
prendre la relève d'une entreprise
existante. Les 15 à 29 ans verront ainsi leur poids démographique diminuer dans
l'avenir, passant de 18 % en
2015 à 16 % en 2030, selon l'Institut de la statistique du Québec, c'est
pourquoi il faut permettre à notre
jeunesse de se réaliser en posant des gestes responsables, en faisant des
efforts partagés, en créant un environnement de stabilité et de
prospérité.
On
a bien sûr agi, on le sait, et fortement pour assainir nos finances publiques,
rétablir l'équilibre budgétaire et nous
mettre à dépenser à la mesure de nos moyens. On a posé le geste fondamental d'introduire
un cran d'arrêt pour assurer la
stabilisation des dépenses publiques. On honore nos engagements pour le
contrôle de la dette, particulièrement important pour les générations futures, en continuant à soutenir le Fonds des
générations. On a donc choisi d'examiner chacune des activités du
gouvernement pour s'assurer que l'efficacité et l'efficience sont au
rendez-vous dans le cadre d'un vaste exercice
de discipline et de rigueur budgétaire. Cet exercice nous permettra, à terme,
de maintenir le niveau de service pour
les prochaines générations. Notre objectif est clair, tous les gestes que nous
posons aujourd'hui visent à redonner la liberté de choix aux générations
qui suivront.
Tous
les programmes, services et mesures administrés par le Secrétariat à la
jeunesse ont été réexaminés avec soin.
Dans ce cas, cet examen s'inscrit dans le contexte où la Stratégie d'action
jeunesse 2009‑2014, qui a été prolongée d'une année jusqu'au 31 mars 2015, est arrivée à son terme, et bien
sûr le grand développement de l'année à venir, c'est le renouvellement de la Politique québécoise de la
jeunesse et le lancement d'une nouvelle stratégie d'action jeunesse. Cet
exercice permettra de donner une impulsion
nouvelle à l'intervention du gouvernement du Québec au profit de la jeunesse
québécoise notamment grâce à de nouveaux partenariats.
Déjà,
le gouvernement met en place des éléments structurants en vue de la Stratégie
d'action jeunesse à venir. Par exemple, hier, mon adjointe parlementaire
pour les volets jeunesse et petite enfance et lutte contre l'intimidation, Mme la députée de Charlevoix, s'est jointe au
ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale pour annoncer
de nouveaux partenariats avec les carrefours
jeunesse-emploi du Québec. Les 110 carrefours jeunesse-emploi du Québec,
partout dans nos régions, sont des
organismes communautaires présents sur tout le territoire du Québec. Leur
présence locale leur donne une
expertise de terrain inégalée pour répondre aux besoins des jeunes. Les
nouveaux partenariats annoncés hier
complètent la nouvelle relation que le gouvernement établit avec ces organismes
afin d'offrir des services directs aux jeunes et permettre le
financement de projets par, pour et près des jeunes.
Ces
partenariats s'ajoutent aux capacités d'intervention des CJE. Ainsi, un total
de 20 millions seront consacrés à développer le créneau carrefour
des CJE avec des interventions ciblées en faveur de la persévérance scolaire,
et de l'employabilité, et des projets
définis localement. Au total, donc, le gouvernement confiera aux CJE plus de
65 millions de dollars
annuellement pour répondre aux besoins prioritaires identifiés par le
Secrétariat à la jeunesse et par le ministère du Travail, de l'Emploi et
de la Solidarité sociale.
Également,
je vous annonce aujourd'hui qu'on mènera une consultation sur la future
politique jeunesse au cours des mois à venir. L'exercice reposera sur un
document officiel de consultation qui présentera les grandes lignes de la proposition
gouvernementale. Son objectif premier doit être d'appuyer la jeunesse dans ses
multiples transitions vers l'autonomie
professionnelle et personnelle, familiale et citoyenne. Nous favoriserons ainsi
son plein engagement dans le
développement du Québec. Pour réaliser cet objectif, la prochaine politique
agira selon quatre axes d'intervention qui ressortent des travaux déjà
menés par le secrétariat. Ce sont l'acquisition de saines habitudes de
vie, le soutien à la persévérance aux
études, l'employabilité des jeunes, l'esprit d'entreprise et la conciliation
travail-famille et le développement d'une
citoyenneté active et plurielle. Le document de consultation présentera les
aspects de ces questions qui intéressent les citoyens et le gouvernement dans une perspective de politique
publique solide. Les groupes qui oeuvrent auprès des jeunes ou qui les représentent de même que les
citoyens intéressés seront invités à donner leur avis sur les orientations
proposées dans le document de consultation.
À la fin de la période de consultation sera organisée une table ronde où ces
avis feront l'objet de discussions entre les différents intervenants du milieu
et les acteurs gouvernementaux.
La
démarche de renouvellement de la Politique québécoise de la jeunesse est enracinée
dans une tradition de soutien à la jeunesse qui transcende les partis et
qui fait école à l'étranger. Il faut dire que le Québec s'inscrit, depuis le tournant du millénaire, dans un courant
international fort où les gouvernements du monde reconnaissent la spécificité
des besoins de la jeunesse et l'importance d'y répondre adéquatement.
Notre approche, au Québec, se caractérise par un énoncé de principe directeur visant à inspirer l'ensemble de l'action
gouvernementale de même que la communauté, auxquels se joignent des plans
d'action contenant des mesures spécifiques. Cette approche a été prise en
exemple dans de nombreux forums
internationaux et, tout récemment, par la Francophonie, qui a lancé sa propre
politique jeunesse au sommet de Dakar, auquel j'ai eu le plaisir de
participer.
Si
on reconnaît que cette politique est maintenant un instrument important pour le
gouvernement, ce n'est pas elle qui
détermine tous les rapports de l'État avec les jeunes. La grande majorité des
services aux jeunes sont rendus par les
institutions, qui sont, en principe, universelles : les écoles, les
cégeps, les universités, les établissements de santé, l'aide financière
aux études, l'assurance parentale, l'aide financière de dernier recours.
La politique
jeunesse, la Stratégie d'action jeunesse et les mesures qu'elles financent sont
supplétives à ces institutions. Elles répondent à des besoins précis, souvent
pour aider les jeunes pour qui la transition vers l'autonomie présente des défis particuliers. Elle est mise en oeuvre par le gouvernement, mais aussi et surtout en partenariat avec les
organismes jeunesse de toutes les régions du Québec.
Je
suis très enthousiasmé par la perspective de contribuer à un projet qui a tant
d'effets sur notre jeunesse à un moment
où il est plus important que jamais d'agir. C'est pourquoi j'invite tous les partis
et tous les citoyens et citoyennes à participer à cette consultation
ensemble pour les générations futures. Merci, M. le Président.
• (15 h 20) •
Le
Président (M. Picard) :
Merci, M. le premier ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
officielle à faire ses remarques pour une période maximale de
sept minutes. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Bien, M.
le Président, comme je n'ai pas beaucoup
de temps aujourd'hui pour poser beaucoup de questions,
parce qu'il y a beaucoup de questions, je vais remettre mon temps dans mes blocs, je
vais sauter les remarques préliminaires.
Le
Président (M. Picard) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. J'invite maintenant M. le porte-parole du deuxième groupe
d'opposition à faire ses remarques pour une période maximale de
cinq minutes. M. le député de Chambly.
M. Jean-François Roberge
M. Roberge : Merci, M. le Président.
Alors, je veux d'abord saluer M. le premier ministre, mes collègues au gouvernement, mon collègue à l'opposition
officielle, saluer aussi tous ceux et
celles qui se sont déplacés aujourd'hui. Je
pense, ça marque l'importance des dossiers jeunesse, des gens à leur affaire et qui veulent être aux
premières loges pour voir comment ça va se
développer. Je vais y aller très rapidement, je reporterai le reste du temps ensuite sur mon
temps de questions, mais simplement, quand même, énoncer que le dossier jeunesse est un dossier
transversal, comme on le disait dans
mon ancienne vie d'enseignement. Ça touche évidemment la santé; les finances publiques, à long terme évidemment — toutes
nos décisions aujourd'hui ont un impact sur les années à venir, et donc la
jeunesse et les finances publiques
sont intimement liées — l'emploi; l'environnement, qui est toujours
un sujet encore très, très important dans une perspective de jeunesse,
encore une fois, parce qu'évidemment il y a une question de développement
durable et à long terme; l'éducation; et je
termine avec la participation citoyenne, qui est un dossier jeunesse
d'importance aussi, parce que, on le
sait, on veut former... ou, enfin, on veut aider nos jeunes à devenir de jeunes
citoyens actifs dans tous les pôles de
la société. Eh bien, pour ça, il faut les aider puis il faut être à l'écoute de
ce qu'ils ont à nous dire. Donc, je pense que le volet Participation
citoyenne est très, très important lorsqu'on parle de dossiers jeunesse et de
politiques jeunesse.
Je veux saluer le fait que, dans le respect de
la tradition, le premier ministre a choisi de conserver le dossier jeunesse. C'est une tradition qu'on a au Québec
depuis fort longtemps pour marquer l'importance de ce dossier-là. Alors,
je l'en remercie. Et voilà tout ce que je
ferai comme remarques préliminaires. Et, comme mon collègue, je remets le temps
qui reste sur le temps de questions. Merci.
Discussion générale
Le Président (M. Picard) :
Merci. Merci, M. le député. Je suis maintenant prêt à reconnaître une première intervention de l'opposition officielle. Pour un
premier bloc d'échange, M. le député de Saint-Jean, la parole est à vous.
M.
Turcotte :
Bien, merci beaucoup, M. le Président. Bien entendu, je vais remercier le
premier ministre de nous donner
l'occasion de faire ces échanges aujourd'hui sur un sujet qui est quand même
assez important, quand même la jeunesse, qui est, vous l'avez dit
tantôt, l'avenir du Québec. Sans surprise, j'aimerais questionner le premier
ministre, ministre responsable de la jeunesse, sur la décision gouvernementale
d'abolir les forums jeunesse régionaux.
Tout d'abord, M. le Président, j'aimerais
comprendre un peu la séquence dans le temps. J'ai ici, devant moi, plusieurs lettres qui ont été écrites, envoyées à
certains forums jeunesse régionaux de la part du Secrétariat à la jeunesse
et, pour avoir quand même... sans jamais avoir été ministre, j'ai quand même
une certaine expérience. On a été au gouvernement 18 mois. Je sais que, bon,
quand il y a des lettres qui sont écrites et envoyées par une organisation, un ministère ou un secrétariat, bien il y a quand
même une réflexion, hein, qui est faite par le cabinet politique, dans ce
cas-ci le cabinet du premier
ministre. Donc, j'aimerais comprendre ce qui s'est passé entre le
26 février... lettre datée du 26 février qui confirme que le Secrétariat à la jeunesse
entend subventionner le forum jeunesse... je ne nommerai pas la région, mais
je peux la nommer, là, dans ce cas-ci, c'est
la Côte-Nord, je pourrai déposer la lettre par la suite, M. le Président...
donc, entend subventionner le Forum jeunesse Côte-Nord au cours de
l'exercice financier 2015‑2016 par l'entremise d'une nouvelle convention de subvention. Donc là, je vois qu'il y a une
confirmation que le Forum jeunesse Côte-Nord recevra son financement
pour l'année 2015‑2016. L'année 2015‑2016, c'est l'année qui commence le 1er
avril.
Par la suite,
le 22 avril, toujours une lettre du Secrétariat à la jeunesse qui
est envoyée au même forum jeunesse, celui
de la Côte-Nord, qui dit : «La présente est pour vous aviser
que le Secrétariat à la jeunesse ne renouvellera pas le financement des
forums jeunesse régionaux et des fonds régionaux d'investissement jeunesse — FRIJ — au
cours de l'exercice financier 2015‑2016.»
Donc, ce que
j'aimerais savoir, M. le Président,
c'est qu'est-ce qui a changé entre le 26 février et le 22 avril pour que le Secrétariat à la jeunesse, donc le ministre
responsable de la jeunesse, dans le cas du 26 février, confirme qu'il y aura
financement aux forums jeunesse et, le 22 avril, confirme qu'il n'y aura pas de
financement aux forums jeunesse. Qu'est-ce qui est arrivé entre les deux?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Turcotte : ...M. le
Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : Alors, M. le
Président, certainement... D'abord, bienvenue à mon collègue, que je retrouve,
comme l'an dernier, autour des mêmes dossiers, puis notre collègue le
secrétaire de la jeunesse pourra ajouter à mes propos.
Je vais aller
rapidement sur la question même, mais je pense qu'il faut donner le contexte de
toute cette action qui est en cours, d'abord rappeler mon profond
engagement personnel dans les dossiers jeunesse, qui est un engagement personnel, familial également. Je suis entouré de
jeunes, je l'ai été toute ma vie, et je le suis encore, et je vois très bien
les défis, dans ma propre famille, que
vivent les jeunes à peu près de l'âge de ceux qu'on mentionnait tantôt,
notamment pour accéder à l'emploi, accéder à la formation, poursuivre leurs
études. Alors, ce qui a été, bien sûr, annoncé, c'est que les conventions de soutien pour les ressources
humaines se continueraient jusqu'en juin, et que, par la suite, ce serait le
Secrétariat à la jeunesse qui prendrait la relève à partir de juin, et que les
projets déjà autorisés l'an dernier seraient poursuivis jusqu'au 31 mars 2016,
et notre collègue le secrétaire pourra donner les détails.
Maintenant, je veux remettre le contexte de
cette décision-là. Le contexte, bien sûr, premier, c'est l'équilibre budgétaire et la révision des programmes de
l'État. On ne peut jamais faire abstraction, dans toutes ces décisions, qui
sont des décisions difficiles... On
préférerait en prendre d'autres, si c'était possible, de laisser aller les
déficits et l'endettement du Québec,
ce qu'on ne croit pas possible de faire et qu'on ne fera pas, mais on doit
prendre, dans tous les secteurs de l'action
gouvernementale, des décisions selon certains principes, et les principes, ils
sont, je crois, assez simples à résumer, et on l'a exprimé à plusieurs reprises, notamment au sujet de la question
des CLD, c'est qu'on veut privilégier la fonction, la mission plutôt que
les structures. Par exemple, si on a deux catégories d'organisations qui
s'adressent à la même clientèle, par exemple
les jeunes, il faut se poser la question : Est-ce qu'on a vraiment besoin
de deux structures différentes pour
entrer en contact avec les jeunes et agir avec eux et avec elles sur le
terrain? Ce qui nous a amenés, dans le cas qu'on pourra donner, parce que c'est un examen de crédits qui va être
intéressant — et je
l'avais dit dans une réponse, je crois, à une question de notre collègue à l'Assemblée — non seulement à protéger tous les budgets
jusqu'au dernier dollar pour l'action,
au niveau des jeunes, dans les régions; à multiplier les points de contact
entre les jeunes et les organismes, parce que plutôt que 19 forums jeunesse, ce qui était bien, on a 101
maintenant carrefours jeunesse-emploi dans tout le Québec, dans toutes les régions, qui sont disponibles pour
eux et pour elles; et ajouter de l'argent en prenant l'argent de fonctionnement qui était dans la subvention
annuelle pour le transformer en soutien de projets précis pour les jeunes dans
les régions, dans leurs milieux de vie.
Alors,
évidemment, je répète, je suis conscient que ce n'est pas des moments faciles.
On préférerait que le retour à l'équilibre budgétaire se fasse par
magie, mais il est clair qu'à partir du moment où on a une impasse à résorber
de plus de 7 milliards de dollars on
doit se poser ces questions. On doit s'assurer, encore une fois, de ne pas
multiplier les structures administratives,
s'assurer également qu'on protège la mission comme on l'a fait avec les CLD, où
tous les dollars du Fonds local
d'investissement ont été préservés, mais que le site de gestion a été
simplifié, et il faut apprendre, au Québec, à arrêter de garder les
structures multiples, les diminuer, les alléger en préservant la mission.
Maintenant, pour ce qui est de la
correspondance, peut-être que le secrétaire à la jeunesse pourrait donner les
informations supplémentaires à celles que je viens de donner.
Le Président (M. Picard) : Je
vous demanderais de vous identifier. Consentement?
Une voix : ...
Le Président (M. Picard) :
Excusez.
M.
Turcotte :
...mieux, pour l'instant, que le ministre responsable de la jeunesse explique
cette question-là.
M. Couillard : ...l'explication au
début de mon...
M.
Turcotte : ...
Documents déposés
Le
Président (M. Picard) : M. le député de Saint-Jean, je vais
accepter le dépôt que vous avez fait pour la lettre. Donc, c'est à vous
la parole.
• (15 h 30) •
M.
Turcotte :
J'entends le ministre responsable de la jeunesse me dire que... bien, nous dire
ici que c'est pour l'équilibre
budgétaire mais que c'est pour économiser de l'argent — c'est ce qu'il a mentionné tantôt — c'est dans un contexte d'équilibre budgétaire, O.K., dans un contexte d'équilibre
budgétaire. En même temps, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale, tantôt, a mentionné en point de presse qu'il n'y a pas
d'économie par cette décision-là, il n'y a pas d'économie.
Ce que j'ai
entendu il y a de ça maintenant peut-être deux jours : le même ministre
expliquer un peu la ventilation du 20 millions
qui sera envoyé dans les carrefours jeunesse-emploi. Bon, 15 millions pour
aider les jeunes qui ont... pour le
décrochage scolaire, pour lutter contre le décrochage scolaire,
l'employabilité, pour les 200 000 jeunes qui ne sont ni aux études ni en emploi. Moi, j'aimerais ça qu'on me
documente ça, là. Ces 200 000 jeunes qui ne sont ni aux études ni au
travail, ça semble être une nouvelle
préoccupation, là, de la part du gouvernement. Parce que, quand le gouvernement
a fait la réforme des carrefours
jeunesse-emploi, c'était parce qu'il y avait moins de jeunes qui avaient besoin
d'aide dans les carrefours, donc on devait resserrer les règles. Là,
c'est une nouvelle préoccupation d'aider ces 200 000 jeunes là, mais, de ce
15 millions là, ça aide des jeunes directement — c'est ce qui a été dit par le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale — et
5 millions, pour des projets dans les communautés.
Or, dans le
document des crédits qui nous a été présenté, bien il faut constater que c'est
10 182 033 $ qui étaient dans les fonds régionaux d'investissement jeunesse, qu'on appelle les
FRIJ. Donc, concrètement, il y a quand même une coupe de 5 millions
pour les projets, les projets dans les communautés, dans les régions.
Donc, comment
le premier ministre, le ministre responsable de la jeunesse, peut confirmer
qu'il y a plus d'argent pour les projets puis qu'aucun dollar ne sera
perdu dans les projets, dans les communautés, passant de 10 millions à 5 millions pour les projets, quand on sait qu'il
y a un autre 15 millions pour aider les jeunes, mais ça, c'est pour
corriger l'erreur de la réforme des carrefours jeunesse-emploi de
l'automne passé?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : M. le Président, d'abord, je vais corriger, là : les ententes qui ont
été signées avec les carrefours
jeunesse-emploi visaient précisément l'accès à l'emploi des
jeunes plus éloignés du marché du
travail, et c'est capital de se concentrer sur cette question-là.
On choisit ses priorités. Notre priorité à nous, c'est le développement économique puis l'emploi,
et on ne peut pas se permettre, au Québec, alors que notre population active baisse, de
laisser un nombre aussi élevé de
jeunes sans les aider, sans les accompagner, donner le maximum de chances
d'avoir accès à la formation et à l'emploi.
Alors, sur le plan budgétaire, comparons la situation
avant avec la situation actuelle. Déjà, le Secrétariat à la jeunesse envoie aux carrefours jeunesse-emploi 10 millions pour financer des projets subventionnés, hein? On est d'accord. Les forums jeunesse,
avec les fonds régionaux, recevaient 10 millions, plus 4 millions
de dollars de frais de fonctionnement, pour un total de 14 millions. Alors, le 10 millions aux carrefours jeunesse-emploi, il est préservé. On continue bien sûr à
soutenir les projets que les carrefours avaient déjà commencés. Le 10 millions qui est ajouté, 10 millions nouveau pour les carrefours jeunesse, est
séparé en deux blocs de 5 millions : un bloc de 5 millions pour
des projets subventionnés en services
directs adaptés aux jeunes en diplomation, en accompagnement, en
entrepreneuriat; un autre bloc de 5 millions pour des projets locaux en milieu scolaire,
participation citoyenne, mobilité interrégionale et régionale. Donc, il y a un
ajout au budget des carrefours
jeunesse-emploi par le transfert du 10 millions, de cette somme, pour des
nouveaux projets en deux blocs de
5 millions. À ça va s'ajouter dans la nouvelle Stratégie d'action jeunesse
la transformation du 4 millions de fonctionnement en projets
précis, terrain avec les jeunes dans le cadre de la nouvelle Stratégie d'action
jeunesse.
Alors, ce
qu'on a donc dans les carrefours
jeunesse-emploi actuellement, c'est un budget total de
20 millions : le 10 millions
qui était déjà là; le 10 millions transféré des forums jeunesse, séparé en
deux blocs de 5 millions, auquel va
s'ajouter 4 millions autour de l'automne, à l'entrée en vigueur ou à
l'annonce de la nouvelle Stratégie d'action jeunesse. Alors, c'est bien. Ce que je veux dire par là,
c'est que, lorsque j'ai mis le critère d'équilibre budgétaire, j'indique
également qu'on fait des choix et on
a choisi ici de ne pas diminuer la mission. Il y a d'autres secteurs du
gouvernement où on a, et de façon très
claire, diminué la mission. On a choisi de préserver la mission et les sommes
investies, mais les citoyens nous
demandent de vérifier que chaque dollar est investi de la façon la plus
efficace possible. Avoir deux structures dans une région, deux types de structure dans une région, ça ne m'apparaît
pas la façon la plus efficace de le faire, et surtout avoir 4 millions de frais de fonctionnement
qu'on peut maintenant transformer en projets précis à la lueur de la prochaine
stratégie, qui sera élaborée au cours du
printemps et annoncée à l'automne, ça m'apparaît être un gain, là, pour les
jeunes sur le terrain.
Puis je termine en parlant de l'accessibilité
dans les régions. Chez moi, à Saint-Félicien, il y a un carrefour jeunesse-emploi tout près de chez moi. Et il y en
a plein au Québec, il y en a
plus d'une centaine, au Québec, de carrefours
jeunesse-emploi qui sont beaucoup plus près des jeunes, directement, les
110 carrefours, dans les milieux de vie, dans les petites villes,
dans les petites municipalités des régions, auxquels les jeunes pourront avoir
accès.
Donc, il y a
deux missions dans le carrefour
jeunesse-emploi : il y a la
mission travail, emploi, qui continue à être soutenue par le ministère de
l'Emploi et de la Solidarité sociale,
et la mission carrefour, si on veut, qui était déjà soutenue avec le 10 millions,
qui reçoit un 10 millions de plus avec le transfert que je viens d'évoquer
et auquel s'ajoutera, pas nécessairement
pour les carrefours jeunesse-emploi, parce que ça pourrait être investi
directement dans des projets, le plus
souvent, d'ailleurs, directement dans les projets, 4 millions de frais de
fonctionnement qui est transformé en actions directes sur le terrain
pour les jeunes. Alors, c'est comme ça que les choses vont se déployer, et ça
nous permettra de rejoindre plusieurs dizaines de milliers de jeunes de façon
directe et indirecte, d'avoir des projets flexibles dans la plupart des
régions.
Alors, on se
souvient qu'on a signé, en mars 2015, des ententes entre Emploi-Québec et
les CJE pour l'aspect de l'emploi, et
il y aura, par la suite, le déploiement de tous ces projets et les projets qui
vont continuer. Les projets pour lesquels
il y a une convention acceptée l'an dernier vont se poursuivre, le secrétariat
va prendre la relève, à partir de juin, sur le plan du soutien des projets, et
il n'y aura pas d'interruption là. Mais je pense que c'est un gain, là. Je sais
que c'est difficile, je ne nie pas
que c'est difficile, mais c'est un gain net d'avoir moins de structures puis
autant de missions, autant de fonctions sur le terrain, et je crois que c'est une orientation qui est compatible
avec les autres et compatible également avec une présence accrue dans
les régions et plus près des gens, des actions gouvernementales.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Bien,
merci, M. le Président. Moi, bon, dans un premier temps, moi, je demande au
ministre responsable de la jeunesse de
déposer ces ententes avec les carrefours jeunesse-emploi pour qu'on se retrouve
un peu dans les
chiffres, parce que, là, j'entends ce que le ministre responsable de la
jeunesse nous mentionne... Moi, je n'ai pas de raison de ne pas le croire. De toute façon, je ne pourrais pas le dire
publiquement ici, selon le règlement de l'Assemblée. Mais, en même temps, j'ai entendu le ministre du
Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale parler d'un autre montage
financier lors de son point de presse. Donc
là, je ne sais pas si c'est parce que c'était un peu une nouvelle de dernière
minute, là, il y a deux jours, lorsqu'il l'a annoncé ou pas.
Mais, en même
temps, moi, j'aimerais citer Mme Morissette, Murielle... Martine, pardon, Martine
Morissette, qui est quand même une
spécialiste au Québec. Dans sa vie, elle pourra mettre dans ses plus beaux
coups pour l'avenir du Québec d'avoir
fondé le premier carrefour jeunesse-emploi au Québec, celui de l'Outaouais, et
qui dit ce matin qu'elle est très
attristée de cette annonce, de la fin des forums jeunesse, parce que, selon
elle, les deux organismes avaient une mission très différente, avec un
but commun, on doit le dire, la jeunesse, mais une mission très différente.
Donc,
j'aimerais, dans un premier temps, voir le dépôt des études... pas des études,
mais des ententes entre les carrefours jeunesse-emploi et le
gouvernement, dans un premier temps. Et je reviens à la charge à savoir sous
quels critères, sous quelles bases le ministre responsable de la jeunesse en
est venu à la conclusion que les forums jeunesse n'étaient plus efficaces et ne
faisaient pas bien leur travail, parce que je dois le rappeler, qu'ils ont
l'expertise dans la participation citoyenne et électorale, dans le débat de société,
dans un rôle d'entendre les opinions des jeunes, de les transmettre au gouvernement, ce que les carrefours jeunesse-emploi ne
font pas et n'ont pas d'expérience et d'expertise là-dedans. Quoique je ne suis pas le fan numéro
un... ça, c'est votre prédécesseur, M. le premier ministre, M. le premier
ministre Jean Charest, qui était le fan numéro un des carrefours, mais j'adore
les carrefours, je les ai défendus dans la réforme. Je ne suis pas contre les
carrefours. Cependant, c'est deux missions différentes.
Donc, est-ce
qu'on peut avoir le dépôt de l'entente avec les carrefours jeunesse-emploi et
le gouvernement et savoir où sont les études qui démontrent que les
forums jeunesse n'étaient pas efficaces?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
• (15 h 40) •
M.
Couillard : Oui. Je veux
bien établir quelque chose : je ne critique en rien le travail des forums
jeunesse, là, puis je suis certain du dévouement profond des gens qui y
travaillent.
Ce n'est
pas ça, la question. La question, c'est : Quel genre d'État on doit avoir
au Québec, quel genre de fonctionnalité on doit déployer dans nos régions puis si on peut se permettre de
continuer les choses de la même façon indéfiniment ou non? Notre réponse, c'est non. Il faut regarder
les façons dont les choses sont faites dans tous les domaines, s'assurer,
encore une fois, de répondre toujours au
même principe : moins de structures — «moins de structures, s'il vous plaît»,
c'est ce que les gens nous demandent — et plus de fonctions.
Maintenant, pour les carrefours jeunesse-emploi,
je me souviens effectivement que notre collègue nous a questionnés à plusieurs reprises sur les carrefours jeunesse-emploi, je
suis content de voir qu'il apprécie leur travail, parce que c'est excellent, mais pourquoi ne pas avoir
une seule organisation qui sert les jeunes au Québec? Mais je voudrais quand même, pour balancer un peu la citation qu'il
a faite tantôt, lui rappeler celle qui date du 22 avril, de Monique Sauvé,
la présidente du Réseau des carrefours
jeunesse-emploi. Je la cite : «Nous sommes honorés par cette
reconnaissance et par la confiance
dont le gouvernement fait preuve à l'égard des carrefours jeunesse-emploi en
nous confiant un rôle prépondérant comme
partenaire jeunesse privilégié. Nous sommes enthousiastes et prêts à entamer
les travaux avec nos membres pour coconstruire
avec le Secrétariat à la jeunesse une vision d'avenir qui répondra aux
multiples besoins des jeunes du Québec.»
Et là il y a
une question effectivement de priorisation d'actions ou de thèmes d'action.
J'en ai indiqué quelques-uns tantôt,
mais je vais répéter que, pour nous, le thème fondamental, principal, central,
c'est l'employabilité et l'accès à l'emploi pour les jeunes, surtout pour les jeunes qui sont plus éloignés. Et moi,
dans ma propre famille, dans mon propre entourage, à distance, là, j'ai eu connaissance de cas
particuliers, de cas très précis de jeunes qui étaient à la recherche de
services et qui n'obtenaient pas ces
services, souvent parce qu'ils n'avaient pas ce qu'on appelle un chèque,
c'étaient des... quel terme
dérogatoire, là! des sans-chèque, qu'on dit. Pas de chèque d'assurance-emploi,
pas de chèque d'aide sociale donc, bien,
on ne peut rien. Alors, on veut particulièrement répondre aux besoins de ces
jeunes-là. On le faisait déjà quelque peu,
mais on peut le faire davantage. Et je répète que pour nous c'est un choix qui
est le nôtre, notre choix, c'est l'emploi. On ne peut pas continuer à avoir des situations, comme je l'ai expliqué
tantôt, avec un nombre élevé de jeunes qui ne sont ni aux études ni au travail. On ne peut accepter
ça dans une société qui doit se développer comme la nôtre et tirer parti
de toutes ses forces, alors que notre
population active baisse. On ne peut pas accepter des situations où des
entreprises sont obligées de faire
des missions à l'étranger pour recruter des travailleurs qualifiés, recherchent
des travailleurs dans toutes les
régions du Québec et n'en trouvent pas. On ne peut pas accepter ça. Une société
comme la nôtre ne peut accepter ça.
Maintenant,
pour ce qui est des ententes signées entre CJE et leurs partenaires, il y a eu
des ententes signées avec le
secrétariat pour les travaux déjà en cours — ces ententes-là, je crois, sont disponibles
par accès à l'information, c'est ce que le secrétaire m'indiquait — et
pour les 10 millions...
M.
Turcotte : ...vous
acceptez de les déposer ici, hein?
M. Couillard : ... — bien,
je ne les ai pas sur moi, là — mais pour 10 millions...
M.
Turcotte : On aura
d'autres jours de crédits.
M.
Couillard : ...puis il y a
45 millions également, l'entente qui a été signée avec Emploi-Québec — vous le savez, on a participé à ces
débats-là — ce
qui fait 55, puis on ajoute le 10 millions dont je parlais tantôt.
Je rappelle que le
4 millions supplémentaire qui transforme les frais de fonctionnement sera
utilisé non pas à travers les CJE, mais
directement pour des projets de terrain dans la stratégie jeunesse qui est
actuellement mise en place et pour
laquelle notre collègue, mon adjointe parlementaire, est au travail avec le
secrétariat, avec les différents groupes pour s'assurer de renouveler la
politique et la stratégie d'ici l'automne prochain.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Bien, une question très simple. J'entends le ministre responsable de la
jeunesse, le premier ministre, dire
tout ça. Pourquoi ne pas avoir rencontré les gens des forums jeunesse pendant
tout ce temps-là? Pourquoi avoir attendu 21 jours après le 1er avril? Il y a des gens qui n'ont pas été payés,
des gens qui ont été mis sur le chômage, des gens qui ont vécu un stress incroyable. Quand les gens,
pendant trois semaines, n'ont pas de paie puis qu'ils ont quand même une
famille, des gens à charge, je trouve que ce
n'est pas respectueux d'avoir laissé planer un doute de renouveler... surtout
quand il y a des lettres qui ont été
envoyées par le Secrétariat à la jeunesse pour confirmer qu'il allait y avoir
une entente, qu'il allait y avoir de
l'argent. Et, pendant ce temps-là, les gens attendaient, depuis le 1er avril,
une réponse et avec espoir, et ça a
pris les 21, 22 avril pour qu'il y ait une réponse de la part de votre
gouvernement. Pourquoi ne pas les avoir rencontrés pour leur expliquer
tout ça?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : Bien, M. le
Président, notre collègue la députée de Charlevoix a rencontré la présidente de
la Table de concertation des forums jeunesse. Moi, je suis disponible
pour des rencontres, pas aujourd'hui, là, mais je suis disponible pour des rencontres. Ça me fera plaisir d'échanger avec les
personnes qui sont dans les forums jeunesse. Mais je voudrais également rappeler ce que notre
collègue ministre de l'Emploi a dit, c'est qu'on va s'assurer que chacune des
personnes va être l'objet d'un
accompagnement individualisé pour s'assurer que rapidement leur insertion à
l'emploi se fasse soit, lorsque se
sera possible, avec les CJE soit vers d'autres emplois. Et, dans le groupe
d'âge que ces jeunes représentent, ça devrait certainement être
possible, et on va mettre beaucoup d'énergie pour ça.
Je veux juste répéter encore une fois que je ne
suis pas désincarné de ces situations-là et de l'angoisse que les gens ont ressentie. D'ailleurs, toutes les
décisions qu'on prend sont difficiles. Ce n'est pas vrai que tu prends des
décisions sur une impasse budgétaire
de plus de 7 milliards de dollars sans que ce soit difficile. C'est vrai
en santé, c'est vrai en éducation,
c'est vrai en développement économique régional, c'est vrai ici. Et, encore une
fois, ce que je demande qu'on constate,
c'est que l'effort pour la jeunesse de l'État du Québec, il n'est pas diminué,
il est beaucoup mieux canalisé, il est beaucoup
mieux concentré, et on lui permet même un ajout, là, de 4 millions de
dollars, comme je parlais tantôt. Alors, je veux bien qu'on dise qu'on n'est pas d'accord avec l'orientation,
qu'on aurait préféré maintenir les deux structures, c'est une opinion qui se justifie, sur laquelle on
peut avoir une discussion, mais on ne peut en aucun cas dire que l'effort
de soutien à la jeunesse dans les régions
diminue, puisque non seulement les sommes investies demeurent, mais que le
nombre de points de contact est encore plus
important qu'il l'était auparavant si on compare le nombre de forums au nombre
de carrefours jeunesse-emploi.
Alors, pour
moi, c'est un gain, là, c'est un gain global. Mais, encore une fois, j'apprécie
et je suis certain que la qualité du
travail a été bonne. Ce n'est pas ça qui est en cause, c'est la façon dont les
structures gouvernementales sont déployées
dans les régions, cette tendance qu'on a, malheureusement... ou qu'on a eue,
malheureusement, au Québec, de dire : Bien, même pour les mêmes
personnes, pour différentes parties des problèmes, on va faire des structures différentes. On a fait ça dans de nombreux
domaines, et c'est une des raisons pour lesquelles on se retrouve actuellement
dans la situation où on est. Alors, on a fait ce travail récemment, vous avez
vu, avec les organismes du ministère du Travail.
Ça semble loin de notre discussion d'aujourd'hui, mais c'est la même logique.
La CSST, et la Commission des normes
du travail, et une autre organisation vont être regroupées parce que c'est tout
relié au monde du travail. On pourrait bien
dire : Bien non, chacune fait quelque chose de spécifique que les autres
ne font pas, mais ça ne justifie pas en soi d'avoir des organisations
différentes.
Et ça, encore
une fois, c'est un choix. Moi, je suis tout à fait à l'aise de défendre ça
devant la population, qui, en général,
nous réclame ça, en passant : moins de structures, autant ou plus
d'actions, si possible, plus de services, mais moins de structures. Et
là-dessus on va être très fermes sur cette orientation, et chaque fois que je
voudrai l'ajouter, chaque fois que ce sera
possible de le faire, on va le faire. Dans tous les secteurs de l'action
gouvernementale, dès qu'on va
constater qu'il y a une superposition de structures, parfois pour de très
bonnes raisons, mais pour les mêmes personnes, pour les mêmes citoyens, les mêmes groupes de citoyens, on va s'assurer
d'avoir le nombre minimal de structures et, si possible, une seule structure, et c'est une orientation, qui est la
nôtre d'ailleurs, qu'on avait annoncée. Lorsqu'on parlait de rétablissement de l'équilibre budgétaire, on
disait qu'on rétablirait l'équilibre, entre autres, en diminuant les structures
administratives pour favoriser la protection des missions.
M.
Turcotte : M. le
Président.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
J'entends ce que le ministre responsable de la jeunesse dit aujourd'hui, mais
j'ai encore de la difficulté à concevoir...
Je peux bien comprendre que la députée de Charlevoix a rencontré la présidente
de la Table de concertation des
forums, mais, en même temps, il y a un ministre responsable de la jeunesse, qui
est le premier ministre.
Il
faut aussi que, lorsqu'il y a des rencontres, il y ait un message à
transmettre. Et, selon les informations et les écrits... ça vaut encore
quelque chose, je pense, en 2015, quand on envoie une lettre du 26 février 2015
qui dit : «...le Secrétariat à la
jeunesse entend subventionner le Forum jeunesse Côte-Nord au cours de
l'exercice financier 2015‑2016 par
l'entremise d'une nouvelle convention de subvention. Nous vous contacterons
prochainement afin de convenir des modalités
de cette convention.» Ça, là, ça crée de l'espoir pour des gens qui se dévouent
corps et âme au quotidien pour les jeunes du Québec. Et, après ça,
silence radio. Je peux comprendre qu'il y a eu une rencontre avec la députée de
Charlevoix—Côte-de-Beaupré, mais, en même temps, il faut
qu'il y ait un message, puis moi, je veux savoir qu'est-ce qui a fait en
sorte que ça a pris autant de temps avant que ce message arrive aux gens.
Dans les
faits, les gens l'ont appris pas mal à la période de questions, lorsque j'ai
posé une question au premier ministre.
Là, ils ont commencé à voir que c'était peut-être fini pour eux. Je trouve que
ce n'est pas très respectueux pour des
gens qui se dévouent. Puis je peux comprendre qu'un gouvernement arrive puis
qu'il veut faire des choix puis changer des structures, changer d'administration. Ça, je peux le comprendre. On
n'est pas d'accord, mais je peux comprendre. Mais il y a quand même une façon d'agir, il y a des délais, puis ne
serait-ce que de le dire aux gens : Écoutez, c'est ça, notre décision. Vous pouvez la contester, mais
c'est notre décision, puis ce sera effectif au 30 juin, ce qui a été fait, mais
après plusieurs semaines d'attente et des
gens qui ont été mis sur le chômage en attendant ou des gens qui ont manqué
des opportunités d'emploi parce qu'ils
avaient toujours espoir, de jour en jour, de se trouver... de garder leurs
emplois. Moi, c'est là-dessus que
j'en ai puis c'est pour ces gens-là qui sont ici aujourd'hui, certains d'entre
eux... puis qui nous écoutent, puis qui ressentent ça, puis qui ont vécu
ça.
Puis je
comprends que le premier ministre ne veut pas faire du mal aux gens, il ne se
réveille pas la nuit pour faire mal
aux gens, mais, en même temps, je trouve qu'il a eu une attitude... puis je
voudrais la comprendre, savoir qu'est-ce qui s'est passé pour attendre puis avoir tous ces délais-là entre une
lettre qui est signée le 26 février puis, les 21, 22 avril, qu'il y a
une décision qui sort, là, qui dit : Bien, vous n'en aurez plus, d'argent,
vous n'existez plus.
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
• (15 h 50) •
M.
Couillard : Bien, M. le
Président, d'abord, je répète, hein, mon appréciation pour les gens, pour les
personnes, puis en aucun cas je ne
voudrais donner l'impression que ce n'est pas important pour moi, d'autant plus
que les jeunes dont on parle ont exactement l'âge de mes enfants.
Maintenant,
c'est une décision qui a été difficile à prendre. Elle ne s'est pas prise du
jour au lendemain. Ça a été un long débat à l'intérieur du gouvernement, à
l'intérieur du caucus des députés. On a eu de bonnes discussions puis on a
voulu également harmoniser ça aux
changements de la gouverne municipale et régionale. Et là il faut faire la
différence lorsqu'il analyse la
correspondance. C'est pour ça que je tiendrais quand même, avec son
consentement... que le secrétaire à
la jeunesse puisse donner quelques explications. Il faut différencier les
décisions qui ont été prises par les CRE lorsqu'elles ont eu à cesser leurs activités et les
correspondances qui ont été envoyées aux OBNL, aux organismes sans but lucratif,
aux OSBL, qui sont responsables de ces organisations-là.
Alors, il me semble que ce serait utile pour la
commission que le secrétaire puisse donner ces précisions.
M.
Turcotte : Je donne le consentement. Mais une courte
réponse, parce que c'est quand même sur notre temps, hein?
Le Président (M. Picard) :
Une courte réponse, parce que, là, on a excédé le premier bloc.
M. Couillard : Oui, une courte
réponse.
Le Président (M. Picard) :
Mais allez-y, en vous identifiant.
M.
Turcotte :
À moins que le premier ministre accepte que ça soit sur le temps ministériel.
Ça pourrait être très respectueux.
M. Couillard : On veut bien. Ça va
être très court.
Le Président (M. Picard) :
Allez-y...
M. Ducharme (Nikolas) : Donc, pour
répondre à la question, M. le Président...
Le Président (M. Picard) :
...en vous identifiant, s'il vous plaît.
M. Ducharme (Nikolas) : Pardon.
Nikolas Ducharme, secrétaire adjoint à la jeunesse.
Donc, il y a
eu deux types de correspondance : une première correspondance qui a été
envoyée aux CRE pour savoir si les obligations
des CRE seraient remplies; les obligations contractuelles qui liaient le Secrétariat à la
jeunesse et les CRE. Donc, évidemment,
il y a des décisions qui ont été prises à l'intérieur des organisations, donc les conférences
régionales des élus, qui peuvent avoir eu des impacts sur le
personnel qui avait été embauché par les CRE pour remplir les obligations
liées au mandat des forums jeunesse.
Maintenant,
la correspondance dont il est question, c'est une correspondance avec les six OBNL.
Donc, il y avait 13 CRE qui
avaient la mission forum jeunesse et six OBNL qui remplissaient aussi... pour
nous, qui remplissaient les exigences qui étaient liées aux contrats de la mission forum jeunesse.
Donc, nous, on a envoyé, effectivement, au mois de février une lettre qui ne prenait pas
d'engagement sur des montants ou sur une durée, mais plutôt
sur un désir de contacter les OBNL
pour donner suite à la fin de la convention de subvention, qui se terminait au
31 mars de cette année, ce qu'on
a fait hier. Et on a prévu avec les forums de leur donner une période
transitoire pour gérer cette fermeture, qui est maintenant demandée avec eux,
et, après le 30 juin de cette année, nous reprendrons les obligations
de ces organismes-là envers leurs partenaires pour gérer les ententes.
J'espère que ces informations sauront éclairer...
Le Président (M. Picard) :
Merci. Maintenant, du côté de la partie gouvernementale, Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme
Simard : Merci, M. le Président. Alors, je voudrais d'abord
saluer mes collègues responsables des dossiers jeunesse des oppositions de même que
mes collègues, les gens qui nous écoutent et, bien sûr,
les jeunes qui nous écoutent, parce
qu'on sait très bien
que la jeunesse, c'est une évidence, c'est une priorité pour notre gouvernement. Et mon collègue le député
de Saint-Jean a interrogé le premier ministre, en fait, sur l'annonce faite
hier par notre gouvernement.
Et j'aimerais
justement, avec le premier
ministre, avoir la chance d'aborder
le nouveau partenariat avec les CJE. Donc,
mon intervention ira en ce sens. Et c'est vrai qu'hier le ministre du Travail, de l'Emploi et de la
Solidarité sociale et moi-même
avons annoncé un nouveau partenariat avec les carrefours jeunesse-emploi. Ce
nouveau partenariat là vient confirmer
le rôle des carrefours
jeunesse-emploi dans les services
offerts aux jeunes du Québec. Par
exemple, dans la région de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, que je représente, lorsqu'on pense au carrefour
jeunesse-emploi, alors c'est, depuis
les 10 dernières années, 5 380 jeunes qui ont utilisé les services du
carrefour jeunesse-emploi, c'est 2 531 jeunes qui ont été
accompagnés par le carrefour jeunesse-emploi, c'est 845 jeunes qui ont profité
des placements en emploi et c'est 556 jeunes
qui ont eu l'opportunité d'être sur une mesure de développement et d'employabilité.
Alors, c'est des chiffres quand même
qui parlent pour un milieu comme le mien, où on a à la fois un secteur
semi-urbain, ensuite un secteur plus rural et même un milieu défavorisé.
Alors, avec
les carrefours, le gouvernement vise à aider une clientèle qui en a besoin, les
jeunes ni en emploi ni aux études, ce
qu'on appelle aussi les NEET, ou encore les sans-chèque, ces jeunes qui vivent
des transitions difficiles entre leur
scolarisation et l'entrée sur le marché du travail. Les raisons qui expliquent
ces difficultés sont multiples. On parle,
entre autres, de jeunes non disponibles au travail à cause de responsabilités
familiales ou encore en raison de santé, de maladie ou de handicap, des jeunes désengagés qui ne sont pas à la
recherche d'emploi et qui n'ont pas été intéressés non plus à retourner aux études, et ça, dans ma
région, il y en a, comme dans la plupart des régions, dont celle de mon collègue, évidemment, aussi, le député de
Saint-Jean, certainement. On parle de jeunes qui attendent une offre d'emploi
qui cadre avec leurs compétences mais sans
nécessairement faire des démarches en ce sens. On parle également des jeunes
qui décident de réaliser des projets personnels, comme des voyages.
On sait très bien que plusieurs jeunes...
Une voix : ...
Mme Simard : Pardon?
Le Président (M. Picard) : S'il
vous plaît, on s'adresse ici, on ne s'interpelle...
Mme
Simard : Oui. Bien, c'est
ça, c'est les commentaires. Excusez-moi. C'est mon temps de parole, effectivement.
Alors, on
parle des jeunes qui quittent pour un certain temps et qui ensuite reviennent
soit dans leurs régions ou simplement
au Québec, parce qu'il y en a quand même qui quittent pour
l'international. Alors, pour répondre à la question de mon collègue le député
de Saint-Jean, tout à l'heure, qui se demandait d'où provient le 200 000
jeunes, c'est l'Institut de la statistique du Québec qui évaluait, en 2012,
qu'il y avait 200 jeunes âgés entre 15 et 29 ans dans cette situation... 200 000, pardon, bien sûr, et
non pas 200 jeunes, donc, qui sont dans la situation d'être des sans-chèque.
Alors, ce sont eux, ces jeunes, que
nous retrouvons dans toutes les localités du Québec, pour qui la vie n'est
pas toujours facile, bien sûr, et que nous allons aider
avec ce nouveau partenariat.
Les carrefours jeunesse-emploi sont présents sur
l'ensemble du territoire québécois, on parle de 110 carrefours jeunesse-emploi. Alors, c'est des services à
travers le territoire québécois. Dans ma région, c'est un centre de services
à Baie-Saint-Paul, centre de services à
La Malbaie, donc dans Charlevoix-Est, ainsi qu'un centre de services à
Beaupré, sur la Côte-de-Beaupré.
Alors, les carrefours sont des organismes
communautaires qui ont comme mission d'accompagner les jeunes de 16 à 35 dans leurs démarches d'insertion
sociale et économique qui veulent soit retourner aux études, obtenir un emploi
ou créer une entreprise. Les CJE reçoivent
du financement du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale
depuis sa création en 1995. Le Secrétariat à la jeunesse finance les carrefours
depuis le début de la Stratégie d'action jeunesse
2009‑2014. Alors, les carrefours ont une approche communautaire qui repose sur
certaines assises : démocratie, citoyenneté
active, solidarité, justice sociale, respect des individus, partenariat et
collaboration avec les communautés, complémentarité
des actions avec les autres organisations, volontariat, autodétermination par
le milieu. Les carrefours jeunesse-emploi
offrent des services en employabilité en collaboration avec Emploi-Québec. En
plus, ils sont financés par le
Secrétariat à la jeunesse pour deux mesures, idéaux en fait, qui avaient pour
objectif d'identifier le développement de la culture entrepreneuriale en
renforçant la cohérence et l'arrimage des interventions et qui se déploie à
travers le financement
d'un réseau de 98 agents de sensibilisation à l'entrepreneuriat jeunesse
répartis dans 87 CJE, qui ont notamment pour mandat de sensibiliser et de soutenir les différents acteurs qui
travaillent au développement de l'entrepreneuriat jeunesse et le
financement du fonctionnement du RCJEQ.
La SAJ, qui
avait pour objectif de combattre le décrochage scolaire en accompagnant les
jeunes afin d'augmenter leurs
facteurs de réussite, qui se déploient par l'entreprise d'intervenants qui
accompagnent et guident les jeunes en leur fournissant les moyens leur permettant de définir leurs besoins et leurs
objectifs... Ces intervenants travaillent de pair avec des organismes locaux — éducation, emploi, santé et
communautaire — afin
d'obtenir des services aux jeunes. Le premier ministre pourra certainement en parler davantage, mais ces mesures, qui
sont des services directs aux jeunes, seront bonifiées dans le cadre de
nouveaux partenariats. On parle ici de l'ajout de 5 millions pour ces
services.
En accentuant le rôle des CJE dans les
communautés du Québec, le gouvernement renforce son partenariat fructueux avec
un organisme qui est près des jeunes et de leurs communautés avec ses 110
points de service à travers l'ensemble des
régions du Québec. D'ailleurs, hier, le Réseau des carrefours jeunesse-emploi
du Québec, dont la présidente, Mme
Monique Sauvé, était présente avec nous hier, nous a mentionné qu'ils étaient
honorés, donc, par cette reconnaissance et par la confiance dont le
gouvernement fait preuve.
J'aimerais
poser la question suivante, maintenant, au premier ministre, savoir s'il peut
nous expliquer concrètement le nouveau mandat des carrefours
jeunesse-emploi.
Le Président (M. Picard) :
Merci, M. le premier ministre.
• (16 heures) •
M.
Couillard : Alors, merci, M.
le Président. Puis on a tantôt demandé l'origine de la statistique des
200 000 jeunes, alors je suis heureux de donner la référence. Je
pense que tous les citoyens qui écoutent et les personnes ici présentes devraient faire l'exercice de consulter cette
référence. C'est une publication de 2014 de l'Institut de la statistique du
Québec qui s'intitule Regard
statistique sur la jeunesse — 1996 à 2012 — page 119. En gros, on y apprend
effectivement qu'il y a 200 000
jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni au travail ni à l'étude pour plusieurs
raisons, parce qu'il faut les classifier correctement, de plusieurs
façons. Il y a des normes internationales là-dessus.
La bonne
nouvelle, c'est qu'il y en a 710 000 qui étudient et 585 000 qui sont
au travail. Alors, cette classification, en fait, divise les personnes qui n'ont pas d'activité en des catégories
plus subtiles, là, les chômeurs, plus quatre autres catégories : les personnes non disponibles au
travail parce qu'elles ont une responsabilité familiale ou à cause de leur
santé; les personnes désengagées, qui
ne cherchent pas d'emploi parce qu'elles croient ou qu'ils croient qu'aucun
travail n'est disponible et qu'ils ne sont pas non plus intéressés à
poursuivre une formation; les chercheurs d'opportunité, qui se satisfont en attente que se manifeste une occasion
d'emploi qui cadre avec leurs compétences sans nécessairement faire de recherche active en ce sens; et ceux qui font
le choix volontairement d'être inactifs — par exemple un projet comme un voyage ou une activité artistique. Alors, on
voit qu'il y a toutes sortes de situations personnelles qui sont relevées, et
ces statistiques sont relevées de la même façon dans la plupart des
pays, et ça nous permet de les comparer d'un endroit à l'autre. La bonne nouvelle, c'est que plus l'âge avance... parce qu'on
est de 15 à 29 ans, mais, si on prend les 15 à 19, 20-24, 25-29, moins il y a de gens bien sûr qui
sont aux études, mais plus il y a de gens qui sont au travail, et ça, en soi
c'est une bonne nouvelle.
Maintenant, je vais aller maintenant sur la
question de ma collègue sur le partenariat. Ça va devenir un des éléments-phares de la prochaine stratégie jeunesse
du gouvernement, qui sera présentée bien sûr par notre gouvernement au cours des prochains mois. On pourra revenir
tantôt sur l'élaboration de cette stratégie et l'éloignement dans le temps
ou l'étalement dans le temps des différentes interventions. Alors, les
carrefours jeunesse pourront mettre en place des services directs qui vont développer des interventions en trois
catégories : d'abord, des interventions en partenariat avec le
milieu scolaire visant la poursuite, le retour aux études ou la diplomation des
jeunes de 15 à 19 ans à risque de décrochage
scolaire ou qui ont été l'école sans diplôme, l'éternel problème important pour
notre société, la persévérance scolaire; deuxièmement, les interventions
en partenariat avec Emploi-Québec et les services sociaux locaux visant la stabilisation, l'orientation, l'accompagnement des
jeunes de 15 à 29 ans qui ont des transitions difficiles — et on en a tous connu dans nos milieux familiaux et chez nos proches — dans leurs parcours d'insertion sociale et
professionnelle, notamment les jeunes
sans soutien public du revenu, c'est-à-dire qui ne reçoivent ni l'aide
financière de dernier recours et qui
ne sont pas admissibles à l'assurance-emploi — encore une fois, les exemples existent, et on
les connaît; les interventions en
partenariat avec les organismes du milieu et les autres partenaires du
secrétariat, qui visent à favoriser la planification et la réalisation
de projets communautaires ou des prédémarrages d'entreprise de jeunes de 15 à
29.
Alors, le
deuxième projet permettrait aux CJE, avec les jeunes de leurs communautés
respectives, d'obtenir du financement
pour des projets locaux, régionaux, internationaux. D'ailleurs, on pourrait parler
plus tard d'une nouvelle activité qui
est ouverte avec des nouveaux crédits pour l'action internationale des jeunes,
et ça nous permet également de donner
suite aux engagements qui ont été pris à Dakar, au Sommet de la Francophonie.
Plus spécifiquement, les projets qui
viseront à mobiliser les jeunes de 15 à 29 ans aux défis sociaux et
environnementaux de l'époque en leur donnant la possibilité de réfléchir à leur avenir professionnel tout en développant
leurs compétences comme citoyens et en gagnant confiance en eux, ça, je crois que c'est vraiment la clé, encore une
fois, suite aux exemples que j'ai connus. La question de la confiance en
soi, de l'estime de soi est absolument capitale.
La mise en
place des projets vise aussi à donner une image positive de la jeunesse aux
membres des communautés locales. Pour
ce faire, on a un programme de subvention qui comporterait trois volets, trois
volets, encore une fois : d'abord, le volet visant le milieu scolaire, les écoles secondaires en lien avec
un des axes de la Politique québécoise de la jeunesse et sans se
substituer aux mesures qui déjà existent; le volet de la participation
citoyenne, des activités dans le cadre desquelles les jeunes s'engageraient
dans un projet reconnu à valeur sociale ajoutée; et un volet mobilité. Les
projets permettraient
aux CJE de proposer aux organismes de jeunes des projets de stage avec des
jeunes connaissant des difficultés dans
leurs parcours personnels. On pense que c'est plus ou moins 300 jeunes par
année qui développent leurs compétences personnelles et professionnelles
à travers ces stages.
Alors,
d'abord, il y a des mesures transitoires qui restent à convenir entre les
forums jeunesse et le Secrétariat à la jeunesse
qui vont permettre au personnel de reste en poste jusqu'au 30 juin 2015. En
plus, les engagements contractuels pris
en 2014‑2015 pour 2015‑2016 par les CRE et les forums seront maintenus jusqu'au
31 mars 2016 ou d'ici à la date prévue
de l'entente. Après le 30 juin prochain, c'est le Secrétariat à la jeunesse qui
prendra le relais des CRE et des forums jeunesse en ce qui a trait au
suivi des ententes, comme M. le secrétaire l'a dit il y a quelques instants.
En plus,
Emploi-Québec — et je
vais le répéter, c'est important, et j'y ai tenu personnellement — accompagnera les employés des forums jeunesse dans leur recherche d'emploi. En
parallèle, le secrétariat, en partenariat avec les carrefours jeunesse-emploi, mettra en oeuvre un projet pilote
de l'application des nouveaux partenariats. On pense que c'est une vingtaine de CJE qui feront partie de ce premier
cadre expérimental dans l'ensemble des régions du Québec, qui sont les trois types de régions existants au Québec :
urbain, semi-rural et rural. Et on voit pourquoi les CJE sont enthousiasmés
par la possibilité d'ajouter à leurs actions dans une optique qui est
franchement correspondante à ce qu'on entend ces jours-ci. Les carrefours ont également une approche communautaire qui
reporte sur des assises importantes, comme la démocratie, la citoyenneté active et, je m'excuse pour l'anglicisme,
l'«empowerment», la solidarité, la justice sociale, le respect des individus, partenariat et
collaboration avec les communautés, complémentarité des actions avec les autres
organisations... volontariat, pardon, et autodétermination par le milieu.
Alors, il y a
lieu, là, de reconnaître cette compétence, de réunir les forces, réunir les
ressources financières, diminuer les coûts de fonctionnement et
continuer à agir, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. Mme la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme
Simard : Merci beaucoup, M. le Président. Alors, j'aimerais maintenant
m'entretenir du bilan politique québécois à l'égard de la jeunesse et de
la Stratégie d'action jeunesse avec le premier ministre.
Alors,
faisant suite au consensus du Sommet
du Québec et de la jeunesse de février 2000, le gouvernement du Québec dévoilait, le 29 mai 2001, sa
première politique québécoise à l'égard de la jeunesse, intitulée La
jeunesse au coeur du Québec. La politique québécoise à l'égard de la jeunesse
a pour objectif central de permettre à tous les jeunes de se réaliser pleinement et d'être des citoyens actifs
et engagés dans la société québécoise. La politique québécoise à l'égard
de la jeunesse est mise en oeuvre par le biais des plans d'action
gouvernementaux administrés par le Secrétariat à la jeunesse. Ceux-ci ont comme objectif de donner une cohérence aux actions du gouvernement envers les jeunes et d'en coordonner une
partie.
Depuis l'adoption de la politique québécoise à
l'égard de la jeunesse en 2001, trois plans d'action gouvernementaux se sont succédé, le dernier étant la Stratégie
d'action jeunesse 2009‑2014. Lancée le 29 mars 2009, la Stratégie
d'action jeunesse 2009‑2014 se
déployait en fonction de six grands défis regroupant 115 programmes, mesures ou
services, dont une cinquantaine sont sous la responsabilité directe du
Secrétariat à la jeunesse, les autres étant sous la responsabilité partagée du Secrétariat à la jeunesse et d'un
ministère ou encore sous la responsabilité d'un autre ministère ou organisme,
et j'aimerais vous énumérer ces défis :
c'était le défi de l'éducation et de l'emploi; nous avions le défi de
l'entrepreneuriat, le défi de la
santé, le défi des régions, le défi de la diversité ainsi que le défi de
l'environnement. Les programmes, mesures et services financés par le
Secrétariat à la jeunesse ont été mis en oeuvre par environ 260 partenaires.
L'actuelle Politique québécoise de la jeunesse
et la Stratégie d'action jeunesse ont eu des effets positifs sur la jeunesse du Québec. Toutefois, force est de
constater que les objectifs de ces derniers sont différents des aspirations des
jeunes d'aujourd'hui. Le premier ministre a mentionné lors de son allocution
d'ouverture qu'il comptait revoir ces deux
politiques. J'aimerais qu'il nous explique la démarche du gouvernement, donc,
afin de mettre à jour ces politiques.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci, M. le
Président. Puis je veux saluer l'aide et la participation de ma collègue la
députée Charlevoix—Côte-de-Beaupré
dans ces dossiers importants, puis elle n'a pas fini son travail, parce qu'il y
a encore beaucoup à accomplir au cours des prochains mois.
Je pense que
tout le monde constate — d'ailleurs, on en avait parlé l'an dernier aux crédits — qu'après 14 ans d'existence la politique à l'égard de la jeunesse
n'est plus adaptée au contexte dans lequel évoluent les jeunes d'aujourd'hui.
Pourquoi? Parce que les besoins et les
circonstances, les modes de vie des jeunes de ce groupe d'âge, de 15 à 29 ans,
ne sont certainement plus les mêmes
que ceux de la précédente génération. L'actuelle politique s'adressait à la
génération née entre 1980 et 1994. La prochaine s'adressera à celle née entre
1995 et 2009 dans un univers totalement différent. Il y a les médias
sociaux, mais il y a d'autres éléments également qui changent rapidement dans
la société.
De façon plus
globale, la situation sociale et économique québécoise a évolué, notamment
l'avancée à cause des changements
démographiques. La démographie du Québec va considérablement changer — elle a commencé à changer,
d'ailleurs — au
cours des 15 prochaines années. Le nombre et le poids relatifs des jeunes de 15
à 29 ans dans la population va diminuer, on
l'a vu tantôt, alors que la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus va
croître. L'espérance de vie en
augmentation et la décroissance de la population active auront des effets
considérables notamment sur le marché du
travail, sur la fiscalité, sur les dépenses publiques et sur les régimes de
retraite. Il est clair que de nouvelles politiques spécifiques aux jeunes sont nécessaires. Il est
clair qu'on ne peut pas se permettre dans la situation du Québec, alors que
notre population active, c'est la seule de
toutes les grandes provinces canadiennes qui a commencé à décroître depuis
2013... Alors
qu'on a cruellement besoin de croissance économique et de prospérité, on ne
peut plus se permettre de laisser personne derrière. Il faut activer l'accompagnement, il faut accompagner les gens
dans les milieux pour que l'accès à la formation, d'abord, parce que c'est nécessaire, et à l'emploi
soient le plus facilités possible. Le secrétariat, sous l'ancien gouvernement,
avait déjà amorcé des travaux qui avaient résulté en livre blanc. C'est une
production intéressante mais qui doit être complétée pour produire la nouvelle
politique dédiée à la jeunesse.
Alors,
la suite de la démarche au coeur de laquelle sera notre consoeur sera la
suivante. Un document de consultation sera lancé au cours des mois à
venir. Son contenu sera fondé sur les préoccupations et les opinions exprimées
par les jeunes et les citoyens au cours de
la consultation préliminaire, sur les analyses gouvernementales, entre autres
celles du Secrétariat à la jeunesse,
quant aux besoins des jeunes et la capacité des outils d'intervention du
gouvernement à y répondre, sur les
orientations gouvernementales actuelles, notamment l'importance d'avoir des
finances publiques saines afin de conserver
la marge de manoeuvre non seulement de la génération actuelle, mais des
prochaines générations en matière de politiques publiques, incluant le
maintien du soutien aux personnes dans notre société.
Ce
document fera l'objet d'un événement de consultation qui donnera la place
centrale aux organismes qui oeuvrent auprès
des jeunes ou qui les représentent. Ceux-ci auront alors la chance de discuter
des différentes orientations de la future politique à l'égard de la jeunesse de même que de la Stratégie action
jeunesse pour les premières années, M. le Président.
• (16 h 10) •
Le
Président (M. Picard) : Merci. Il reste deux minutes à ce
bloc-là. Est-ce qu'il y a quelqu'un ou on transfère...
Mme Simard :
On va le reporter.
Le Président (M.
Picard) : Comment?
Mme Simard :
On peut le reporter?
Le Président (M.
Picard) : Oui, oui, pas de problème.
Donc,
je cède maintenant la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition. M. le
député de Chambly,
c'est à vous.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. D'abord, je veux revenir sur le sujet dont mon
collègue a parlé tout à l'heure, c'est-à-dire la disparition, la dissolution des forums
jeunesse, et sur la manière aussi, parce que, on va y revenir, est-ce que c'était une bonne idée? Est-ce que ce sera
plus efficace? Si ça l'est, on verra bien, puis ce n'est pas du côté de ma
formation politique qu'on va s'opposer à remettre des choses en question, à
revoir les façons de faire quand c'est nécessaire
puis à essayer d'être plus efficace, le plus efficace possible pour que chaque
dollar rende réellement service aux
jeunes. Mais, des fois, on dit : Tout est dans la manière, puis il faut
voir aussi quelles sont les motivations, parce que ça a été un peu quand même erratique comme façon
de procéder. D'après les contacts que j'ai eus avec les gens autant des carrefours
jeunesse-emploi que des forums
jeunesse, les six derniers mois ont été six mois d'incertitude, et même du
côté des carrefours jeunesse, là, qui, aujourd'hui, semblent être favorisés par
la conclusion de l'affaire, et ça, ça m'amène à dire qu'il y a six mois
le gouvernement ne savait absolument pas où il s'en allait.
Donc,
ma question, c'est : Quand la décision a-t-elle été prise qu'il fallait
miser sur les carrefours jeunesse-emploi et transférer la gestion vers
cet organisme-là? À quel moment ça s'est pris?
Le Président (M.
Picard) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, M. le Président, je voudrais d'abord dire que je suis quand même
content. J'aurais été fort surpris
d'entendre le contraire venant de la deuxième opposition, qu'ils
s'objecteraient à une révision en profondeur des façons de faire, de la diminution des structures et de la maximisation
de l'impact de chaque dollar public investi. Je crois que là-dessus on
se rejoint très bien.
Ça
a été, je le répète, une décision qui a été difficile, qui a été longue à
prendre, et le jour précis et l'heure à laquelle elle s'est prise n'est pas pertinent à ces débats. Ce qu'il est
important de dire, c'est que c'est très récent, parce qu'il y a plusieurs hypothèses qui ont été envisagées de
toutes les façons possibles, incluant les corrélations avec les modifications
à la gouverne régionale. Donc, ça s'est
fait, je dirais, assez récemment, assez récemment, lorsqu'on a pu dégager, à
l'intérieur de notre caucus de
députés qui participent activement à ce genre de discussion là, un consensus
sur la voie à suivre. Et ce qui a
convaincu l'ensemble des collègues, parce que ça ne s'est pas pris en
isolement, là, dans notre bureau, au Conseil exécutif, ce qui a convaincu nos collègues, avec la participation de
notre consoeur la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, c'est la préservation des sommes pour la mission dont on parle, la
transformation d'une somme de fonctionnement en services directs et en
projets concrets sur le terrain et la multiplication des points de contact pour
les jeunes dans les régions par rapport à la situation actuelle.
Maintenant,
je vais encore répéter que je suis vraiment préoccupé et je ne prends pas à la
légère l'incertitude que les personnes ont vécue, autant dans les CRE,
d'ailleurs, parce que la même chose s'est vécue là, que dans les autres
organismes de développement régional et également dans les forums jeunesse.
J'en suis conscient et j'espère que les difficultés
seront réduites au maximum et qu'on pourra faire en sorte... c'est pour ça que
j'ai demandé à mon collègue le
ministre de l'Emploi de s'assurer que chaque personne soit accompagnée,
contactée, pour s'assurer qu'on puisse les orienter le plus rapidement possible vers une activité soit similaire
avec les carrefours soit voisine dans d'autres organisations.
Alors,
effectivement, il y a de nombreuses décisions à prendre lorsqu'on doit résorber
une impasse budgétaire de plus de 7 milliards de dollars. On veut
toujours faire pour le mieux, mais ce que je veux dire cependant, c'est que cette décision a été
longue à prendre parce qu'elle a été difficile, complexe, plusieurs choses
entraient en cause et ont été évaluées.
Et je suis conscient, encore une fois, de l'impact de ces décisions. Je ne
prends aucune de ces décisions à la légère, mais je le fais parce que je crois que ces décisions sont motivées par
l'intérêt supérieur du Québec d'aujourd'hui et de demain, et notamment de la prochaine génération.
Maintenant, et encore une fois, je suis conscient que ce n'est pas facile,
je ne veux surtout pas minimiser les
impacts, incluant les impacts d'incertitude, dont notre collègue nous parle.
J'en suis entièrement conscient, M. le Président.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Enfin, toujours sur le processus, sur la gouvernance,
parce que, dans le fond, essentiellement, là, de quoi on parle depuis tantôt, c'est de la gouvernance, autant la
gouvernance des carrefours jeunesse-emploi, des forums jeunesse que du gouvernement lui-même, sa façon de
prendre la décision, de l'annoncer, il semble qu'il y a eu des décisions
et qu'il y a eu une succession de décisions prises l'une après l'autre se
contredisant l'une l'autre.
Parce que ça s'est fait par appel, d'abord. Il y
a des gens qui se sont fait appeler et qui, au téléphone, se sont fait dire : Bien, votre organisation, vous devriez subir une coupure d'à peu près 5 %. D'autres se sont fait dire : Ah!
vous allez probablement vivre une
fusion. En Montérégie, là, il y a eu... je ne dirais pas «une rumeur», parce
qu'une rumeur, c'est quand les gens, dans l'incertitude, se mettent à se
faire des idées, mais là ça n'a pas été une rumeur, ça a été une directive qui
venait du gouvernement, mais au téléphone, je ne sais pas si... pour qu'il n'y
ait pas de preuve, mais au téléphone pour se
faire dire : Bien, il va y avoir une fusion, préparez-vous, pour
finalement avoir une lettre puis un autre appel, qui dit :
Finalement, ce qu'on a dit au téléphone, ça ne tient pas.
Donc, je
comprends qu'il y a une décision difficile à prendre. On jugera si elle était
bonne ou pas, mais je reconnais que
c'est une décision difficile à prendre, difficile à annoncer, mais il faudrait
quand même, je pense, revoir nos façons d'annoncer la décision, parce
que ce n'est sans doute pas la dernière, là.
Est-ce qu'on pourrait avoir un processus
différent pour d'abord peut-être rencontrer les gens ensemble et leur donner
des engagements formels sur papier plutôt que d'y aller par téléphone?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : M. le Président,
le plus possible on veut le faire directement, là, mais, encore une fois, le
collègue fait bien de le souligner, ce ne sont pas des décisions qui
sont évidentes, parce que chacune a des avantages et des inconvénients. Cette décision elle-même a des
avantages et des inconvénients. Le fait d'avoir gardé le statu quo aurait
également eu des avantages et des inconvénients.
Et je veux juste redire très clairement pour les
collègues, pour la population qui nous écoute que moi et le gouvernement... et moi pour le gouvernement,
j'assume entièrement la responsabilité des décisions qui sont prises. Je
le vois, la société est en changement
profond. On doit changer le Québec, on ne peut plus continuer à faire les
choses de la même façon. Moi, je n'accepte plus les réponses «il faut
continuer à faire ça comme ça parce qu'on a toujours fait ça comme ça» ou «pourquoi il faut changer?, on a
toujours fait ça différemment». On ne peut continuer à gouverner le Québec
de cette façon.
Maintenant,
quant à la question de la communication avec les groupes concernés, j'entends
très bien ce que le collègue me dit. Si
certains se sont sentis éloignés ou lésés par le processus, j'en suis désolé.
On fera le mieux possible et dans le
passé et dans l'avenir, mais on va prendre les décisions. Ça, c'est ce que je
vais dire à la population qui nous écoute :
Des décisions ont été prises, des décisions sont prises, des décisions seront
prises. Et le plus vite possible on retrouve la solidité de l'équilibre budgétaire, le plus vite possible on pourra
s'engager avec un rythme de croissance des dépenses qui sera plus
soutenable, disons, pour l'ensemble des missions de l'État, notamment les
missions sociales.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Je m'interroge maintenant par rapport à la prochaine
Stratégie d'action jeunesse. Le premier ministre a annoncé tout à
l'heure que les processus seraient mis en branle. Alors, ma question :
Est-ce que ce sera ce printemps ou cet automne que la consultation commencera?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M. Couillard : M. le Président, je veux répondre précisément à
la question de mon collègue, d'autant plus que j'avais un échéancier précis qui vient de m'être remis. Ça tombe bien.
Alors donc, je rappelle que l'actuelle politique est en vigueur depuis
2001, je n'ai pas à répéter les explications sur la raison pour laquelle il
faut la renouveler.
Alors, voici
l'échéancier. La consultation sera lancée ce printemps — là, j'espère que le printemps va finir par
arriver, M. le Président, il y a certains
jours, ces jours-ci, où j'ai des doutes; période de dépôt de mémoires pour
l'été et l'automne 2015; un événement
de consultation à l'automne 2015. Il y a déjà eu une consultation, on se
souvient, en 2013, des jeunes et des
intervenants, 4 000 personnes ont été rencontrées, mais, à ce moment-là,
pas de consultation des groupes jeunesse.
La politique jeunesse sera donc annoncée à la fin de l'année 2015, et la
Stratégie d'action jeunesse sera lancée au printemps 2016 pour cinq ans,
donc de 2016‑2017 à 2021‑2022. Et, s'il veut, on pourra lui répéter ces
dates-là.
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci, M. le Président. Est-ce qu'on pourrait déposer, s'il
vous plaît, ce document, ce calendrier, pour ne pas que je sois pas
obligé de faire de la sténo, là, et noter tout ça à la mesure où vous parlez?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : Alors, on va
faire un document correct, là, puis qui contient exactement les mêmes
informations, puis on va le transmettre aux membres de la commission.
Le Président (M. Picard) :
Vous allez le déposer à la commission, s'il vous plaît.
M.
Couillard : Lorsqu'il sera
préparé, on va le présenter correctement. D'ici la fin de la session, qui se
termine dans une couple d'heures, là, on devrait certainement être
capables de le transmettre aux collègues.
Le Président (M. Picard) :
O.K. Merci. M. le député.
M.
Couillard : Et, en passant,
je veux juste, brièvement — je le fais sur tous les thèmes semblables — inviter mes collègues de l'opposition à participer aux travaux, s'ils veulent
participer aux rencontres, aux consultations, de consulter ma collègue la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, mon bureau. On sera heureux de
les faire participer comme on l'a
fait pour le dossier de l'intimidation. D'ailleurs, on a réussi à faire
travailler tout le monde ensemble. Toutes les opinions sont bienvenues.
• (16 h 20) •
Le Président (M. Picard) : M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Encore sur la question de la gouvernance, encore là, je m'interroge vraiment,
parce que, là, on
a un calendrier, c'est intéressant, on semble savoir où on s'en va à l'automne,
l'été, à l'hiver puis quand est-ce que ça
va être lancé, et pourtant j'ai une déclaration dans le communiqué de presse de ma collègue députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, qui dit : «Le gouvernement du Québec est très heureux de ces nouveaux partenariats — parlant
de ce qui se passe avec les carrefours jeunesse-emploi — qui
deviendront un des éléments-phares de la prochaine Stratégie action
jeunesse.»
J'ai comme
l'impression... ou on a pris la décision, on a aboli les forums jeunesse, on
fait des ententes avec les carrefours
jeunesse, on aligne les moyens puis après ça on va se faire une stratégie. Il
me semble, là, que c'est une drôle de
façon de fonctionner, il me semble que, normalement... Et, dans le fond, ma
question, ça va être ça : Que pensez-vous de cette méthode? Se fixer des objectifs, consulter les jeunes sur les
moyens de les atteindre, puis après ça établir les moyens d'action pour atteindre nos objectifs. Il me
semble que, là, on a pris des moyens, on a bousculé les structures pour ensuite
se fixer des objectifs. Ne pensez-vous pas
que vous avez... M. le Président, serait-il possible que nous eussions procédé
à l'envers?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : Il faudrait
vérifier l'accord des temps, hein? Aurait-il été possible? Non, ça ne marche
pas non plus. Il faut trouver le bon
accord. Je me suis déjà fait reprocher par Antoine Robitaille que j'avais
utilisé l'imparfait du subjonctif de façon inappropriée.
Une voix : ...
M.
Couillard : Alors, regardez,
M. le Président, effectivement, c'est tout à fait compatible. D'abord, une
stratégie jeunesse, c'est plus que ce partenariat, c'est un élément important,
mais c'est beaucoup plus, il y a beaucoup d'autres actions. Quand on
parle de l'action internationale, quand on parle de tous les éléments de la
stratégie, il y a énormément de choses
intéressantes à discuter qui vont au-delà de ce partenariat. Mais c'est pour ça
également que, d'ici l'automne, on
veut déployer des projets pilotes dans les trois différents milieux du
Québec — urbains,
semi-urbains et ruraux — parce que, déjà dans la consultation, on
pourra faire le premier bilan de ces expériences et ajuster les protocoles,
les façons de faire avec les carrefours jeunesse-emploi pour la diffusion à
travers tout le territoire du Québec.
Alors, je
penserais que c'est plutôt une bonne façon de mettre en place des nouvelles
politiques, d'abord de fixer les orientations, je l'ai expliqué tantôt,
la fonction avant la structure, le moins de structures possible, mais également
d'ajuster à mesure, et mon collègue le sait,
il a été dans des organisations, c'est une bonne façon de faire des changements,
de ne pas attendre indéfiniment, de
commencer les changements sous forme de projets pilotes et d'aller de façon
progressive, en ajustant à mesure que
les enjeux sont identifiés, parce qu'il y aura certainement des ajustements à
faire. Alors, je pense que c'est tout
à fait compatible. Ça devrait nous amener, là, après qu'on ait, au printemps
2016, déployé les services dans l'ensemble du Québec, à signer des
conventions pluriannuelles à partir de 2017, certainement.
Le Président (M. Picard) :
Merci. M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. J'ai ici un extrait du mot du premier ministre dans
un cahier qui avait été envoyé dans une rencontre des forums jeunesse, et il y a un encadré qui dit : «La
préoccupation première des forums jeunesse consiste à favoriser la participation citoyenne des jeunes.
Il est indispensable d'encourager et de promouvoir les actions individuelles
ou collectives qui permettent aux jeunes citoyennes et citoyens de prendre leur
place dans la société.» Et on parle de participer activement au développement
de notre communauté, etc.
C'était
vraiment le coeur des forums jeunesse, c'est une mission qui est étrangère aux
carrefours jeunesse-emploi, et le
premier ministre nous dit qu'on va maintenant activer la fonction carrefour,
là, comme si c'est facile, on appuie sur un bouton et on active la fonction carrefour. Mais pour ça il faudrait
revoir la gouvernance des carrefours jeunesse-emploi, parce qu'une caractéristique très importante des
forums jeunesse, puis ça, on le disait, que c'était par et pour les jeunes,
c'est important. Pour les jeunes, je n'ai
aucune crainte pour les carrefours jeunesse-emploi, là, ils sont pour les
jeunes, mais par les jeunes? Ce n'est
pas le cas du tout de ce que font les carrefours jeunesse-emploi. Alors,
comment concilier cette mission par
les jeunes avec un organisme qui est géré de façon extrêmement différente de ce
qu'étaient gérés les forums jeunesse?
Le Président (M. Picard) : M.
le premier ministre.
M.
Couillard : Bien, M. le
Président, c'est exactement ce qu'on va vouloir discuter au cours des prochains
mois, et on va tout de suite
commencer les projets, comme je l'expliquais tantôt, mais justement la lecture
de cet extrait qu'il nous a faite
montre que moi, je n'ai aucune perception négative des forums jeunesse. Je ne
suis pas en croisade contre les forums jeunesse, par rapport à ce que
certaines personnes veulent laisser entendre.
Ce que je
veux, c'est rendre l'administration publique la plus efficace possible puis
avoir le plus d'actions concrètes possible
auprès des jeunes; ici, les jeunes; demain, les personnes sans emploi, les malades dans les hôpitaux, les enfants dans les écoles. C'est ça qui m'anime, ce n'est
pas une impression négative vis-à-vis tel ou tel groupe ou telle organisation
qu'on a.
Maintenant, quand je regarde les carrefours
jeunesse-emploi, en sachant qu'on devra bien sûr préciser les choses — et, en passant, on a transmis notre désir
aux carrefours qu'ils atteignent 50 % de représentation de jeunes sur
les conseils d'administration, c'est autour
de 40 % actuellement — les carrefours également ont une approche communautaire qui
rapproche la démocratie, la citoyenneté active, l'«empowerment», la solidarité,
la justice sociale, le respect des individus,
le partenariat avec les communautés et la complémentarité des actions avec les
autres organisations, le volontariat, l'autodétermination par le milieu.
Alors, c'est justement ça qu'on veut montrer. Si les gens ont ces mêmes
principes, normalement on devrait être
capables d'unifier tout ça dans une seule organisation. Et on aura l'occasion,
justement, avec les projets pilotes,
avec les consultations, de s'assurer... et on y tient effectivement, que ce
soit fait, pour plusieurs de ces projets,
par et pour les jeunes. On veut garder ce contact direct des jeunes avec la
mise en place de leurs projets, et il n'y a absolument rien dans la façon de faire des CJE ou leur caractère qui
empêche ça, au contraire, mais on va vouloir travailler avec les carrefours pour s'assurer que cet
aspect-là est bien développé, d'où l'idée de développer progressivement les
projets, de le faire en parallèle avec la consultation et d'ajuster au
fur et à mesure, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Je cède maintenant la parole au
groupe formant le gouvernement. M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Merci, M. le
Président. M. le premier ministre, collègues du côté ministériel, collègues des
deux formations de l'opposition, membres du
secrétariat, j'ai le plaisir de vous inviter à discuter le phénomène de l'adéquation formation-emploi. J'ai le privilège
d'être l'adjoint parlementaire du premier ministre à ce sujet, qui peut risquer
d'avoir l'air obscur, mais ce ne l'est pas.
En quelque part, il me semble que c'est au coeur de l'implication de nos
jeunes, au coeur de leur avenir ici, au Québec.
En tant qu'adjoint parlementaire, j'ai eu
l'opportunité de consulter, avec plusieurs intervenants, plusieurs partenaires qui touchent à l'emploi, au niveau de
l'éducation secondaire ou cégep, la Fédération des chambres de commerce du Québec, les groupes représentant l'entreprise
patronale, des groupes de jeunes et j'ai reçu des messages assez clairs
dans toute la diversité qu'ils représentent, tous ces groupes-là, c'est qu'on
veut maximiser l'intégration des jeunes de toutes
origines dans le monde du travail. Notre défi démocratique l'exige. Aussi, le
message était clair qu'il faut créer une
meilleure collaboration... arrimage entre les instances d'emploi, d'éducation,
d'entreprise et, ultimement, créer, donc, une meilleure adéquation, parce qu'enfin l'avenir de nos jeunes passe
par l'emploi. Voilà une évidence. Il est important de s'assurer que les citoyens formés qui sont en
mesure de travailler décrochent un emploi et que les entreprises avec les
besoins de main-d'oeuvre puissent les
combler. C'est ça, l'adéquation entre la formation des travailleurs et les
emplois disponibles sur le marché du
travail. Les jeunes sortant des différentes institutions d'enseignement, les
immigrants qui viennent au Québec
pour améliorer leur qualité de vie ou encore les citoyens dont la langue
d'origine n'est pas le français, ces groupes et d'autres sont à risque
de vivre une mauvaise transition vers le marché du travail.
Bon. Voilà,
lors du dernier budget, nous avons annoncé que nous réformerons la Loi
favorisant le développement et la
reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre et la loi sur la Commission
des partenaires du marché du travail, la
CPMT, et voilà une façon d'aborder cette mise à l'équation, si vous voulez, qui
est très importante. La Loi favorisant le
développement et la reconnaissance des compétences exige des entreprises dont
la masse salariale dépasse 1 million à investir au moins 1 % de leur
masse salariale en dépenses de formation admissibles. Lorsque l'entreprise
assujettie à cette loi n'investit pas
dans le développement des compétences, elle est tenue de verser au moins
1 % de sa masse salariale au Fonds de développement et de reconnaissance
des compétences et de la main-d'oeuvre. La CPMT est un partenaire clé de
notre gouvernement. Elle gère le Fonds de
développement et de reconnaissance des compétences de la main-d'oeuvre, qui
permet de subventionner, sur une base annuelle, des projets liés au
développement des compétences ainsi qu'à la productivité des
entreprises.
La
refonte de ces lois, qui se fera de pair avec nos partenaires, permettra de
répondre aux défis démographiques dont
j'ai parlé et économiques — chômage de longue durée, postes vacants en entreprise, etc. — pour lesquels le Québec doit dès
maintenant prendre des actions qui favoriseront la pleine utilisation de son
capital humain.
Nous
définissons le terme adéquation formation-emploi comme étant notre stratégie
visant à assurer un nombre de personnes en quantité suffisante pour
occuper les emplois offerts par les employeurs et ayant les compétences demandées par ces employeurs. Le gouvernement du
Québec s'est donné pour priorités de mieux adapter les programmes d'éducation et de formation aux besoins du marché
du travail et de mobiliser vers l'emploi tous les bassins de main-d'oeuvre
disponible; pour nos principaux défis, avoir
le nombre de personnes suffisant en considérant la démographie; importance
de faire tout notre possible pour intégrer
en emploi les personnes sans emploi; avoir une lecture commune et partagée
des compétences offertes et demandées sur le
marché du travail; améliorer les liens directs entre le développement des
compétences et les besoins du marché du travail.
Ce qui
m'amène à deux questions — à une deuxième qui suivrait — sur une cible spécifique. Mais, M. le
premier ministre, je sais que vous
êtes un homme de défi, celui-ci est particulièrement important, et on l'a
identifié comme il faut dans le budget
devant nous et les crédits devant nous. Au nom de l'économie du Québec, au nom
de nos entrepreneurs, qui en auront fortement besoin, au nom des travailleurs,
au nom de nos programmes sociaux, qui en dépendent, avez-vous un plan
qui nous permettra de répondre aux besoins, aux défis qui se présentent à nous
dans les prochaines années?
• (16 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le premier ministre.
M. Couillard : Bonjour, Mme la
Présidente. Merci. Je voudrais d'abord saluer le travail de mon collègue de D'Arcy-McGee, à qui j'ai demandé, à titre
d'adjoint parlementaire, de coordonner les travaux des différents ministères
autour de ce thème absolument crucial, pour
les jeunes en particulier, de l'adéquation entre la formation et les emplois
disponibles. Et je vais répéter à quel point
la démographie est notre défi majeur au Québec, mais pas de la façon dont on
l'entendait il y a quelques années. Par
exemple, lorsque j'étais ministre de la Santé, lorsqu'on parlait de la
démographie, c'était uniquement en regard des soins à donner aux
personnes vieillissantes.
Maintenant,
on se rend compte de plus en plus, et c'est notable, mesurable, que la
démographie a également un impact
économique profond sur le Québec. La raison pour laquelle les institutions
financières accordent des prévisions de croissance économique moindres
au Québec qu'ailleurs pour les prochaines années, c'est largement à cause de la
démographie, qui fait en sorte, depuis 2013, que notre population active est en
baisse. Et l'Institut de la statistique du Québec — je donne cet exemple parce qu'il est
frappant — nous dit
que, si rien ne change, c'est-à-dire que si on continuait les choses exactement de la même façon, en 2030,
la population active de l'Ontario aura augmenté de 9 % à 10 %, et la
nôtre aura chuté de 4 %. C'est
dramatique pour le Québec si on ne prend pas des actions maintenant pour
compenser ce phénomène. Alors, bien
sûr, on peut le compenser avec plus de gens, des politiques familiales qu'on
veut préserver, qu'on préserve
d'ailleurs, mais également l'immigration, l'immigration qualifiée,
l'immigration qu'on peut insérer au marché du travail le plus rapidement possible et la formation, parce qu'on sait
qu'il y a environ 725 000 emplois qui vont être disponibles au Québec au
cours des prochaines années, alors que cette population en âge de travailler
diminue. C'est le grand paradoxe.
Quand je
parcours les régions du Québec, j'entends très rarement parler de chômage.
Évidemment, il y a des régions où
c'est particulièrement important, mais on parle surtout de difficultés à
trouver des employés qualifiés, et c'est le paradoxe qu'il faut résoudre. Alors, ces emplois seront
disponibles. On en crée, des emplois. Il s'en est créé 57 000 depuis mai
dernier; au cours des six derniers
mois, une quarantaine de mille, dont plus de 30 000 à temps plein. C'est
bien. Il faut faire beaucoup mieux,
faire beaucoup mieux pour réaliser cette adéquation. Notre collègue a parlé de
la fameuse loi du 1 % pour expliquer aux gens qui nous écoutent, aux personnes qui nous écoutent de quoi il
s'agit. Jusqu'à maintenant, les entreprises qui ont une masse salariale de 1 million de dollars
et plus doivent contribuer 1 % pour des fonds de formation, théoriquement,
dans le but qui est poursuivi ici. En
pratique, on ne peut pas dire que les résultats soient égaux, certainement pas
compatibles avec les buts, tout le
temps, des buts qui avaient été créés. Une des actions qu'on a posées, on y
reviendra tantôt, c'est d'augmenter le seuil pour diminuer la charge
administrative des entreprises, mais compenser par le financement du
gouvernement à la table des partenaires.
Alors, il
faut absolument créer des emplois, oui, de la qualité, des emplois de qualité
puis viser la participation de tous
et de toutes au marché du travail. On ne peut tout simplement pas se permettre
de laisser personne derrière. Ça signifie,
juste pour la région de Montréal — M. le député est un représentant, de même
que vous, Mme la Présidente, de la grande
région de Montréal — c'est
environ 150 000 emplois qu'il faut pourvoir pour les prochaines années
pour la grande région montréalaise.
Alors, il y a là énormément de défis mais énormément d'occasions, notamment
pour nos jeunes et la population.
On a, dans le
dernier budget, et on fera le détail peut-être ultérieurement, fait
l'annonce de différentes mesures d'adéquation
qui auront pour effet de répondre aux besoins de formation des entreprises avec
l'expertise de la Commission des
partenaires du marché du travail notamment par l'octroi de bourses d'études
dans les secteurs déterminés par
cette commission, encore une fois des occasions intéressantes de stage pour nos
jeunes, pour lesquels on voudra accroître l'offre de stage en formation professionnelle et technique en rétablissant les avantages
pour les entrepreneurs d'accueillir des stagiaires dans leur entreprise, mettre
en oeuvre des projets pilotes de stage en milieu de travail dans le cadre de
programmes scolaires existants, par
exemple un stage en soudage-montage. L'exemple que je donnais tantôt d'une
entreprise qui a dû aller en mission
à l'étranger pour trouver du personnel, c'est incroyable, incroyable. Pour
trouver une douzaine de soudeurs, ils
sont allés en mission en Amérique centrale, alors qu'on a des jeunes qui
seraient prêts à être formés puis à prendre parti de ces avantages pour,
franchement, des métiers qui sont très intéressants et bien rémunérés,
également.
Renforcer
le rôle stratégique des partenaires du marché de travail dans l'adéquation
entre l'offre de formation et les
besoins avec la participation des partenaires et aller chercher tout le monde,
bien sûr les jeunes, mais également les personnes immigrantes, les travailleurs d'expérience, les communautés
issues de la diversité, incluant nos compatriotes québécois de langue anglaise, qui doivent
également participer pleinement à l'emploi au Québec, et favoriser l'insertion
des nouveaux demandeurs d'aide sociale.
Un jeune qui
fait une première demande d'aide sociale doit immédiatement être pris en
main — c'est le
programme Objectif emploi, dont mon
collègue va donner le détail prochainement — pour l'amener rapidement vers la formation
ou directement vers l'emploi, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. M.
le député de D'Arcy-McGee, il vous reste à peu près 11 minutes.
M.
Birnbaum : Merci. Je risque finalement d'avoir deux questions
complémentaires. Pour poursuivre le thème et l'intervention du premier
ministre, comme nous avons commencé à parler, le récent budget présenté faisait
état de mesures en lien avec l'adéquation
formation-emploi, et il me semble qu'on a abordé plusieurs des mesures, mais il
y en a d'autres, et je vous invite d'en élaborer là-dessus, si on peut.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Alors, par exemple, on veut consacrer plus de 166 millions de
dollars sur cinq ans afin... avec 123 millions
de dollars sur cinq ans, augmenter la part de la population active en mesure de
répondre efficacement aux besoins
sectoriels et régionaux de la main-d'oeuvre des entreprises, augmenter le
nombre de travailleurs disponibles,
dont les personnes immigrantes et les travailleurs d'expérience, à compter de
2016. Par exemple, on a rétabli l'avantage
fiscal pour les travailleurs d'expérience pour rester au travail plus
longtemps. On n'est plus à l'époque où on éloigne les gens du marché du travail vers des retraites prématurées. On
est, au contraire, à l'époque où il faut les garder intéressés à rester
au travail.
On a
rehaussé, comme je l'ai dit tantôt, le seuil d'application du 1 % de 1 à
2 millions de dollars de masse salariale. Ça représente 8 000 petites et moyennes entreprises qui seront
exemptées de ce fardeau administratif, mais, ne craignez rien, Mme la Présidente, l'argent sera compensé
par le gouvernement au niveau de la table de concertation. Cette mesure,
donc, aurait, en passant, pour effet de
diminuer les cotisations sur la masse salariale versées par les entreprises
d'environ 12 millions de dollars
annuellement, un autre allégement fiscal pour les entreprises du Québec. On
veut également revoir la mission de
la Commission des partenaires du marché du travail notamment afin de lui
attribuer le mandat de définir les
besoins en développement de la main-d'oeuvre en adéquation avec les besoins des
entreprises, les perspectives du marché du travail. Par exemple, 10 millions de dollars par année aux
établissements d'enseignement afin qu'ils puissent offrir des programmes
de formation mieux adaptés aux réalités du marché du travail avec des
programmes de courte durée privilégiant les
stages — on ne
fait pas assez de stages en entreprise au Québec; 2 millions de dollars
par année pour l'octroi de bourses
d'études dans les secteurs déterminés par la Commission des partenaires,
5 millions également pour financer les services d'emploi offerts
par Emploi-Québec.
Il faut
bonifier le crédit d'impôt pour les stages en milieu de travail pour que les
entrepreneurs nous retrouvent également
dans cet objectif, qu'ils soient plus disposés à accueillir les stagiaires,
parce que, disons-le, il y a un petit peu une surcharge de supervision d'avoir un stagiaire dans une entreprise.
Alors, les taux de crédits seront majorés de façon importante, de 24 % à 40 % ou de
32 % à 50 %, lorsque les stagiaires seront des personnes immigrantes
ou des personnes handicapées. On veut
bien sûr également favoriser la subvention salariale pour les participants au
Programme d'apprentissage en milieu de travail, toujours pour les mêmes
raisons : favoriser l'embauche de personnes éloignées du marché du travail, dont les jeunes et les prestataires de
l'aide sociale sans qualification professionnelle — il y a beaucoup de jeunes, malheureusement, qui sont encore dans cette
catégorie; renforcer la contribution de l'immigration au marché du travail;
adapter certains programmes de formation
afin d'inclure un volet de formation en emploi. Il y aura quatre projets
pilotes dès l'année scolaire 2015‑2016 :
en programme de formation professionnelle, deux; et deux en formation
technique, et 10 nouveaux programmes
de formation professionnelle et technique seront adaptés pour permettre aux
étudiants d'acquérir plus de
compétences pratiques en entreprise au moyen de stages. La différence, c'est
qu'au Québec, par rapport à un pays européen
comme l'Allemagne ou même les autres provinces canadiennes, les stages en
entreprise se font souvent en fin de
formation, alors qu'ailleurs on intègre les jeunes, les stagiaires dans les
entreprises dès le début de la formation pour leur donner le goût du métier, de continuer dans le métier et d'y
oeuvrer. Et je pense qu'on doit corriger ça, et je sais que mon collègue
est très actif avec le ministère de l'Éducation dans ce domaine.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de D'Arcy-McGee.
• (16 h 40) •
M.
Birnbaum : Merci, Mme la Présidente. Quand on parle de l'adéquation
formation-emploi, au fond de l'affaire, on parle d'impliquer davantage tous les acteurs de la société québécoise, et je me permets d'élargir le chantier là-dessus pour
parler de ma communauté, la communauté anglophone du Québec,
et ses préoccupations, et surtout les préoccupations des jeunes de notre
communauté.
Il y a plus de 200 000 jeunes Québécoises
et Québécois qui s'identifient avec la communauté anglophone du Québec. C'est
une communauté qui se dote d'une grande mobilité, et, pour des raisons tout à
fait légitimes, plusieurs décident de faire
leur avenir ailleurs qu'au Québec. Par
contre, au fil des années, il y en
avait beaucoup qui songeaient à quitter pour des raisons qui devraient nous préoccuper
tous. Enfin, une vaste majorité de nos jeunes sont profondément attachés au Québec. Ils sont déterminés de
faire leur avenir ici, chez nous, chez eux, mais ils ont des questions
préoccupantes : Est-ce qu'il y
aura une économie stable, un environnement accueillant pour l'investissement
ici, au Québec? Est-ce que mon parcours d'études, mes expertises vont être reconnus et valorisés
par le marché du travail? Est-ce que les élections de l'année passée ferment comme il faut un
chapitre de l'incertitude politique en ce qui a trait à l'avenir du Québec
au sein du Canada?
Est-ce que les entreprises du Québec, la fonction
publique du Québec,
le gouvernement du Québec vont m'inviter à pleinement faire partie
de toutes ces instances? Est-ce qu'ils vont m'accompagner dans ma maîtrise du français, un travail déjà bien accompli, mais une
formation d'appoint à la fin? Est-ce que ma communauté va continuer de
bénéficier d'une réelle et mesurable marge de contrôle sur la gestion et les
orientations des institutions de cette communauté,
des écoles publiques anglophones, les établissements de santé, les centres
culturels qui nous desservent? C'est des préoccupations
de nos jeunes.
M. le premier ministre, young people in Québec are eager to
contribute fully to the future of this province. They are
part of a proud community that has done so for more than three centuries. They
are so proud to master French in increasingly
impressive numbers and to play a part in a Québec that has greatly evolved over
the past three generations and that they want to be part of. Can I ask you, M. le premier ministre, to explain to those who are listening
to us today what our
Government has done and plans to do to insure that young anglophone Quebeckers are full and valued
participants in building our future ici, au Québec,
ensemble.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de D'Arcy-McGee. M. le premier ministre, vous avez cinq
minutes pour répondre.
M.
Couillard : Oui. Merci, Mme
la Présidente. Je félicite notre collègue pour l'engagement profond qui est
visible et audible dans la façon dont il communique le message.
Point
symbolique, mais, pour moi, qui prend de l'importance : je donne de
l'attention à la façon dont on nomme les
gens. Bien sûr, on peut dire «anglophone, francophone» et on a pris cette
habitude chez nous, puis, malheureusement, je trouve qu'on sépare les gens de cette façon. Moi, je préfère parler
de Québécois et de Québécoises d'expression anglaise pour affirmer d'abord dans le préambule de la
phrase que nous sommes tous des Québécois et des Québécoises à part entière
sans aucun niveau hiérarchique de différent
en termes de citoyenneté, d'autant plus... puis ce n'est pas une question de
date d'arrivée, parce qu'on est tous des
nouveaux venus sur cette terre, il y a juste la date d'arrivée qui change selon
les familles, mais d'autant plus que la communauté de langue anglaise au
Québec date de plusieurs siècles et qu'elle a contribué
à bâtir le Québec. Alors, c'est important qu'elle continue à s'y sentir
accueillie, et bienvenue, et pleinement participante, d'autant plus que la jeunesse d'expression anglaise au
Québec, vous l'avez dit, M. le député, Mme la Présidente, est le plus souvent bilingue et fonctionnellement bilingue,
et il faut le dire, là. Et moi, j'ai exprimé parfois, certains me l'ont reproché, l'inquiétude qu'on a
plus de gens fonctionnellement bilingues dans la communauté de langue
anglaise que, malheureusement, nos jeunes dans la communauté de langue
française, qui est un problème dans la vie d'aujourd'hui,
dans le monde d'aujourd'hui, au XXIe siècle. Alors, il faut reconnaître cette
compétence, cette participation et faire
en sorte de donner les signaux répétés en ce sens et surtout pas de signaux
inverses : de façon directe ou indirecte, laisser croire à certains
groupes de Québécois ou de Québécoises qu'il y a des niveaux différents de
citoyenneté.
La façon dont
j'aime le dire, moi, c'est de la façon suivante — et je suis heureux de le dire et de le
répéter : Mon ancêtre à moi, Guillaume, est arrivé en 1613 avec
Champlain, un des deuxième ou troisième voyages de Champlain. C'est bien, ça
m'enracine au Québec, puis je le sens très profondément, mais ça ne confère à
ma citoyenneté aucune supériorité par rapport à la personne qui est chez nous
depuis cinq ans, 10 ans et qui veut y établir sa famille, et c'est important de le dire, c'est important de le dire.
Lorsqu'on fait le choix de s'établir dans une société, on y appartient de
part entière, bien sûr avec le respect de
nos valeurs communes, dont le français comme langue commune, et ça, j'ai
rarement, ou sinon jamais rencontré de Québécois d'origine anglaise qui
s'objectent à ça. Mais ils désirent qu'on respecte leur contribution à notre société, leurs institutions. Les institutions sont
très importantes, on le sait, et notre collègue le sait très bien, et on
va faire en sorte que ce soit le cas et également donner suite à ce que j'ai
dit pour que ces différents programmes dont on parle depuis le début de cette
séance ici soient vus comme accessibles à tout le monde.
Et je
remercie mes collègues qui ont, dans les électeurs, des Québécois d'expression
anglaise de nous présenter des
situations où il faut faire mieux, et on le fera parce que tout le monde doit
participer, tout le monde doit bénéficier de la prospérité au Québec.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. Il
vous reste une minute, M. le député de D'Arcy-McGee.
M. Birnbaum : Est-ce qu'on peut
l'ajouter peut-être à notre prochain bloc?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, pas de problème. Alors, on va passer au prochain bloc, à l'opposition
officielle. M. le député de Saint-Jean, la parole est à vous.
M.
Turcotte :
Merci, Mme la Présidente. Bon, tantôt, précédemment, les questions de mon
collègue voisin de circonscription,
de Chambly, portaient sur notamment la Stratégie d'action jeunesse, puis je
trouve ça... Bon, malheureusement, c'est
un an plus tard de ce que l'on s'était parlé l'année passée, là. Vous m'aviez
dit que... bien, le ministre responsable de la jeunesse m'avait dit qu'il allait commencer les démarches plus
tôt, mais, bon, on ne vit pas dans le passé, on va vivre dans le
présent. Je trouve ça dommage que ça arrive au moment où le gouvernement fait
le choix d'abolir les forums jeunesse régionaux, qui, par le passé, ont joué un rôle important et
significatif dans les consultations, dans les régions. Donc, dans un
premier temps, je peux me questionner : Qui va jouer ce rôle-là?
En même temps
aussi, j'ai entendu la réponse de M. Ducharme tantôt. Moi, de ce que j'ai
entendu et de ce que j'ai compris,
c'est aussi que le Secrétariat à la jeunesse avait invité ou incité les forums
jeunesse qui relevaient des CRE à s'incorporer
lors du dépôt du projet de loi n° 28, tout en disant aux forums jeunesse
de s'incorporer, donc, comme une invitation
au travail qui était un peu en vain. De ce que je compris de la part du
ministre responsable de la jeunesse, c'est que finalement la décision est assez récente concernant les forums
jeunesse. Ce qu'aussi j'ai compris, et je reviens un peu là-dessus, bon, je comprends qu'on peut avoir une
rencontre avec l'adjointe parlementaire, la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, mais, en même temps, cette
rencontre-là, c'était en 2014 puis une rencontre de présentation puis de
courtoisie. Ça fait qu'on est loin d'une
rencontre stratégique, et de se dire les choses telles qu'elles sont, et
d'envoyer un message de part et
d'autre sur l'avenir d'une organisation aussi importante et que le ministre
responsable de la jeunesse a confirmé, trouvait que les forums jeunesse
avaient fait un travail important dans les régions.
Donc,
moi, ma question. J'entends le premier ministre, qui dit : Bon, bien,
c'est 4 millions de frais de fonctionnement dans les forums, on va être efficaces, on va faire en sorte que cet
argent-là serve vraiment à aider les jeunes et être au service de la jeunesse. Bien, moi, j'aimerais donner des
exemples, là, de choses, d'actions qui sont faites avec ce 4 millions là.
Moi, j'appelle ça pas mal de l'action auprès
des jeunes et d'aider les jeunes, accompagner des conseils d'élèves dans les
écoles secondaires pour les aider à monter
des conseils scolaires, puis ça, c'est considéré par le premier ministre comme
des frais de fonctionnement. On a aussi le jumelage entre des organismes et des
jeunes administrateurs pour former notre
relève d'administrateurs au Québec. Bon, ça, c'est considéré comme des frais de
fonctionnement. Rencontrer les jeunes pour les inciter à voter,
organiser des débats lors des élections municipales, provinciales. D'ailleurs,
certains forums jeunesse régionaux avaient
commencé des démarches en vue de l'élection fédérale de cet automne. Organiser
des rencontres dans les cégeps, les universités. Bon, tout ça, ça, c'est
des frais de fonctionnement. Un partenariat, depuis cinq ans, avec la Fédération québécoise des municipalités pour que, lors
de leur congrès, des élus puissent rencontrer et encourager des jeunes
pour favoriser une relève politique.
Quand, hier,
on a... et certains d'entre nous étaient présents, même le ministre responsable
de la jeunesse était présent, on a
célébré le 75e anniversaire du droit de vote des femmes, il a été dit, à
cette rencontre, par la représentante du
Directeur général des élections, étude à l'appui, que, si on veut favoriser
l'implication et la participation des femmes dans le processus démocratique, c'est-à-dire qu'elles se présentent à
des élections, il faut favoriser une sensibilisation et une participation citoyennes des femmes dès le plus
jeune âge. L'organisme qui est le mieux placé au Québec pour faire ça, c'est les forums jeunesse régionaux. Et le premier
ministre, qui était présent, a tout entendu
ça et, en même temps, abolit ces forums jeunesse là.
Donc, comment le premier ministre, le ministre
responsable de la jeunesse, peut me dire, nous dire que ce 4 millions-là, ce n'est que pour des frais de fonctionnement
quand on voit que c'est pour des actions concrètes pour les jeunes? Et
je pourrais terminer en disant — je recite Mme Martine Morissette, là, la
fondatrice du premier carrefour jeunesse-emploi,
qui dit : «Les forums jeunesse ont 15 ans d'expérience. Les carrefours
jeunesse-emploi ne seront pas capables
de reprendre ces mandats[...], [ces] carrefours sont dans l'intervention
directe — l'intervention
directe auprès de jeunes, tandis que
les forums jeunesse avaient un rôle beaucoup plus vaste dans la participation
citoyenne électorale.» Donc,
4 millions qui, selon moi... c'est des actions concrètes aussi auprès des
jeunes. Donc, comment concilier tout ça?
• (16 h 50) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Saint-Jean. M. le premier ministre.
M.
Couillard : Bien, Mme la
Présidente, je vais commencer par dire qu'effectivement on veut favoriser l'intervention directe auprès des jeunes et des
services directs auprès de jeunes. Et, en fait, le sujet est excellent parce
qu'il nous donne la possibilité de faire une démonstration de ce que ça veut
dire, l'efficacité puis l'efficience.
J'ai expliqué tantôt que les sommes qui sont
transférées vont permettre des interventions dans trois axes : partenariat avec le milieu scolaire pour la
persévérance, partenariat avec Emploi-Québec et les services sociaux locaux
et, troisième élément, les interventions
favorisant la planification et la réalisation de projets communautaires ou
prédémarrage d'entreprise, qui va
également comprendre des programmes dans le milieu scolaire, dans la
participation citoyenne, dans la mobilité interrégionale et
internationale. Alors, on réussit à préserver toutes ces activités avec moins
de frais de fonctionnement. Je trouve quand
même que 4 millions de frais de fonctionnement pour gérer
10 millions, c'est un ratio quand
même assez important. Alors donc, ce 4 millions là va être transformé en
activités directes auprès de jeunes, à la faveur de la prochaine stratégie, mais il n'y a aucune perte, là, toutes
ces actions dont il vient de nous parler, elles vont être poursuivies par les
carrefours jeunesse-emploi. Et je comprends qu'on peut être déçu, là, de cette
décision, mais moi, je suis, au
contraire, très optimiste quant à la capacité des carrefours jeunesse-emploi de
prendre la relève, y compris dans ces
domaines de milieu scolaire, participation citoyenne et surtout la mobilité
également interrégionale et internationale, qui est un créneau très
intéressant pour notre jeunesse.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Bien, le ministre responsable de la jeunesse me donne des idées pour poser des
questions — mais
je vais attendre, là — sur
la migration des jeunes en région, là.
Je pourrai
lui revenir là-dessus, mais ce que je veux qu'on entende ici, là, c'est que,
dans les 4 millions, qui sont soi-disant
des frais de fonctionnement pour gérer le 10 millions, ce n'est pas vrai,
là, ce n'est pas ça. Le 4 millions, c'est pour les frais de fonctionnement des forums jeunesse, mais leur
fonctionnement à organiser des rencontres pour les jeunes pour les inciter à voter,
organiser des débats aux élections municipales, provinciales, faire du jumelage
entre les organismes jeunesse pour
travailler à une relève d'administrateurs, le programme, depuis cinq ans, avec
la FQM. Tout ça, là, c'est dans le
4 millions des soi-disant frais de fonctionnement des forums jeunesse. Ce
n'est pas dans les FRIJ, là, que c'est pris, dans les fonds régionaux
d'investissement. Donc, c'est pour des actions auprès de jeunes aussi. Donc,
c'est 14 millions en tout. Le premier
ministre, ministre responsable de la jeunesse, auprès de 300 000 jeunes
quand même, il faut le dire, là, des
actions des forums jeunesse, le premier ministre, hier, nous a dit qu'il était
un Bleuet blanc, hein? J'ai découvert ça, cette expression-là. Ça m'a
fait rire un peu.
Question quiz. J'aimerais savoir — la
question est courte, donc la réponse va être courte — comme
il est un Bleuet blanc et qu'il vient du
Saguenay—Lac-Saint-Jean,
j'aimerais savoir, dans sa région, pour 1 $ investi par le forum jeunesse, le RAJ dans ce cas-ci, combien de
retombées pour 1 $ dans la région via l'argent des partenaires? Quand le
forum jeunesse met 1 million
dans différents programmes, que ce soit dans le CREPAS, dans MigrAction, ça
représente combien de l'argent des partenaires pour 1 $?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Bien, Mme la
Présidente, notre collègue vient, et probablement involontairement,
d'illustrer... Puis je ne voulais pas accentuer sur les problèmes à
régler, là, je veux rester positif dans mon discours, mais ce programme-là n'a
fait l'objet d'aucune évaluation formelle depuis 1998. Ça, c'est un fait.
Une voix : ...
M.
Couillard : Toute action
qu'on discute aujourd'hui n'a jamais été évaluée de façon formelle depuis 1998.
Alors, on peut, bien sûr, présenter toutes sortes de statistiques et de
rapports, mais ce n'est pas une véritable évaluation de programmes.
On est,
malheureusement, dans une situation, au Québec, et on serait donc heureux si on
pouvait tout faire comme avant puis
ne rien changer, ça serait donc formidable, mais on ne peut plus continuer à
faire tout comme avant et on ne continuera pas à faire les choses comme
avant. Je vais le répéter — puis
on peut être d'accord ou pas d'accord, moi, j'accepte
très bien la dissidence dans la société — moi, je trouve que, quand on a plus qu'une
structure pour s'occuper des mêmes
personnes, on en a une de trop. Ça
prend une structure qui est capable de faire tout, tout ça ensemble, rassembler
les ressources financières, développer beaucoup
plus d'efficience. Chaque dollar gagné par nos compatriotes qui nous écoutent, tout cet argent-là, là, il ne vient pas
du ciel, là. Les gens disent : L'argent du gouvernement, c'est l'argent
des impôts des gens, qui travaillent
fort puis qui veulent que cet argent-là soit bien utilisé et, encore une fois,
de la façon la plus efficiente possible.
Alors, moi, quand j'explique à la population, par
exemple, pour le développement régional, qu'on peut faire exactement
la même chose avec moins de structures, et on est en train de le démontrer
partout, y compris dans ma région, quand
j'explique à la population ce qu'on va continuer à faire dans le cas
présent, qu'au lieu d'avoir deux structures pour le même groupe de population on va en avoir une pour continuer à faire exactement
les mêmes choses et même plus de choses,
les citoyens sont quand même contents de cette façon de faire, et c'est notre
façon de faire. On pourrait dire : Non, on va continuer comme avant
à multiplier les structures et les sources de dépenses. Ce n'est pas notre
choix.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Bien,
c'est justement la question que j'ai posée précédemment au ministre responsable
de la jeunesse : Sur quelle évaluation, sur quelle base la décision
d'abolir les forums jeunesse a été prise?
Là, on
apprend qu'il n'y a pas eu d'évaluation depuis 1998. C'est ce que j'ai compris.
En même temps, je trouve ça étrange que... Ah! il n'y a pas eu
d'évaluation depuis 1998, on ne fera pas une évaluation, d'un coup qu'elle
serait positive. On va prendre la décision
de les abolir. Je trouve ça un peu paradoxal de prendre la décision d'abolir
quelque chose qu'on n'a même pas évalué puis je trouve ça quand même
particulier qu'il n'y ait pas eu d'évaluation. Il y a eu plusieurs stratégies d'action jeunesse
entre-temps. Il y a eu des évaluations de ces stratégies d'action jeunesse là.
Qu'on nous dise ici, là, qu'il n'y a pas eu d'évaluation des forums
jeunesse, je trouve ça assez particulier.
Pour répondre à la question, au ministre
responsable de la jeunesse, pour 1 $ investi dans les actions jeunesse
structurantes du Saguenay—Lac-Saint-Jean,
c'est 6,85 $ d'investis par les partenaires. Ça, ça permet de réaliser des
projets comme le CREPAS, qui est une fierté
régionale mais une fierté nationale aussi qui est reprise un peu partout à
travers le Québec pour lutter contre le décrochage scolaire mais surtout
favoriser la persévérance scolaire, l'entente régionale
MigrAction, qui est une fierté régionale aussi, hein, au Saguenay—Lac-Saint-Jean. Donc, moi, j'entends ce que le ministre responsable de la jeunesse nous
dit là, mais j'aimerais avoir des évaluations et qu'il dépose ces
évaluations-là pour qu'on puisse savoir qu'est-ce qu'il en est. Puis, je
vous le rappelle, nous — je
sais que le premier ministre le sait — mais on est contre cette décision-là,
surtout si en plus elle n'a pas été évaluée, puis qu'il n'y a pas eu d'étude,
et qu'il n'y a pas eu d'analyse faite avant.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Alors, Mme la
Présidente, malheureusement, mon collègue s'engage dans un cul-de-sac logique,
là, parce qu'il vient de nous parler des
retombées d'activités de partenaires, mais il n'y a absolument rien qui empêche
les retombées de
continuer. Je ne vois pas quoi, là, il faudrait qu'on m'explique en quoi les
carrefours jeunesse-emploi ne sont pas capables, eux également, de
mobiliser les partenaires de ce milieu-là.
Et moi, je ne veux
pas avoir de discours négatif envers les forums emploi, je ne veux pas
m'engager sur cette voie-là. Je suis persuadé que tous les gens qui sont ici,
qui nous écoutent, c'est des gens très dévoués, puis je ne veux certainement
pas mettre ça en doute, mais je répète que de nos jours, en 2015, au Québec, on
doit changer les choses radicalement dans
plusieurs domaines, arrêter d'avoir un nombre élevé de structures, diminuer les
structures, favoriser la mission. 40 % de frais de fonctionnement,
je trouve ça beaucoup. 4 millions sur 14, un petit peu moins de 40 %,
mathématiquement, là, il faut que je sois
honnête, mais c'est quand même élevé comme coûts de fonctionnement, alors
que, pour les mêmes coûts de fonctionnement
actuels, les carrefours jeunesse-emploi, on va incorporer toutes ces missions
et qu'on va récupérer le 4 millions de frais de fonctionnement pour des
nouveaux projets pour les jeunes directement, directement
dans les projets de jeunes, avec la stratégie jeunesse. Moi, je trouve que
c'est plutôt une belle démonstration qui
nous amène à faire... d'une façon efficiente, de gérer les fonds publics puis
les organisations et surtout de garder une préoccupation centrale, pas pour la structure. C'est la même chose que
le débat pour les CLD. L'opposition officielle s'est levée pour manifester sa préoccupation pour les
CLD. Moi, ça m'intéresse plus ou moins. Ce qui m'intéresse, c'est le
développement régional, qu'est-ce qu'on fait avec l'argent de développement
régional, combien ça prend de frais de fonctionnement d'administration pour
décider d'investir dans tel ou tel projet dans la région.
Même
chose pour les jeunes. Ce qui devrait nous animer ici, c'est le résultat final,
c'est l'action concrète sur le terrain,
auprès des jeunes, puis viser... et c'est notre choix, je comprends qu'on fait des
choix différents, mais viser de faire
mieux même avec moins de structures, moins de frais d'administration. Je
comprends que ce n'est pas la voie que souhaite poursuivre l'opposition
officielle, mais c'est la nôtre.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. M. le député de
Saint-Jean.
• (17 heures) •
M.
Turcotte : Bien,
je vais répéter, les soi-disant frais d'administration du ministre
responsable de la jeunesse, c'est
rencontrer des jeunes pour les inciter à voter, organiser des débats aux
élections municipales, provinciales, faire du jumelage entre les
organismes pour favoriser la relève d'administrateurs, et j'en passe.
Donc,
bon, on peut repasser sur des questions de frais d'administration, mais une autre organisation qui est présente partout dans les régions du Québec... On va continuer le combat d'une autre façon
pour les forums jeunesse, mais il ne reste
pratiquement plus de temps, mais moi, j'aimerais entendre le premier ministre sur... Les forums jeunesse sont une organisation présente dans
toutes les régions du Québec qui aide les jeunes, qui... bon, incitait les
jeunes à s'impliquer dans leurs
régions. Une autre organisation qui est aussi présente dans de nombreuses régions
du Québec, c'est Place aux jeunes en région. Donc, qu'est-ce
que le ministre responsable de la
jeunesse peut nous dire sa vision des choses sur Place aux jeunes en région? Est-ce que,
bon, Place aux jeunes en région doit s'inquiéter? Est-ce qu'avec
la nouvelle Stratégie d'action jeunesse,
comme mon collègue de Chambly l'a dit, on prend des décisions avant de
réfléchir? Bon, qu'est-ce qui
arrive avec eux dans ce cas-ci?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, Mme la Présidente, d'abord, je voudrais dire qu'un des avantages
poursuivis, c'est de multiplier les
points de contact entre les jeunes puis l'organisation responsable. Par rapport
à 19, on passe à 110. J'en ai un tout près de chez moi, carrefour. Tous les collègues ont des carrefours
jeunesse-emploi qu'ils connaissent très bien et très près du domicile
des gens.
Maintenant,
le programme dont il me parle, Place aux jeunes en région, n'est pas
actuellement mis en question, on va
le réévaluer à même la stratégie qui va être déposée. On m'indique que les
demandes de financement en provenance des
MRC sont analysées et approuvées par le programme en fonction des critères
d'admissibilité. On revoit alors la liste des MRC admissibles et, bien
sûr, on s'assure de vérifier qu'on est concentrés dans les MRC qui passent d'un
bilan migratoire négatif à positif. À ce moment-là, il faut changer de
priorisation régionale, mais on continue à soutenir ce programme-là, et je suis content qu'il en ait fait mention. D'ailleurs,
ça pourrait être une occasion, la mise sur pied de la nouvelle politique, la nouvelle stratégie, de voir
quel est l'état des lieux pour les soldes migratoires des différentes MRC
pour les 15-34 ans au cours des cinq
dernières années, les perspectives pour les MRC pour les 25 prochaines années,
les indices de développement économique et revoir si nos critères de
priorisation et d'attribution de soutien sont justifiés.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. M.
le député de Saint-Jean, il vous reste à peu près
7 min 25 s.
M.
Turcotte :
Oui. Bien, je vais essayer de faire rapidement en sept minutes.
J'aimerais
connaître les raisons qui expliquent le ministre responsable de la jeunesse,
via le Secrétariat à la jeunesse, d'avoir
mis fin aux subventions du Réseau québécois du crédit communautaire, qui font
un travail aussi important dans plusieurs
régions du Québec. C'est quand même beaucoup d'argent qui est coupé par cette
décision. Et, dans ce cas-ci, là, il
y a eu une lettre qui a été envoyée le 5 mars. Dans le cas des forums jeunesse,
ça, on n'a pas envoyé de lettre, là, on a attendu, là, dépassé le mois d'avril pour être sûr qu'il y a des gens
qui soient sur le chômage pendant quelques jours. Dans le cas du Réseau québécois du crédit
communautaire, eux ont reçu une lettre, mais, malheureusement, ce n'est pas ce
qu'ils s'attendaient, là. C'est une
surprise pour eux puis c'est une mauvaise nouvelle pour les gens qui ont
recours à ce réseau, qui est partout
dans nos régions ou, du moins, dans de nombreuses régions. Donc, qu'est-ce qui
a expliqué ce choix de la part du ministre?
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien. Merci, Mme la Présidente. Je voudrais commencer par préciser que,
pour le programme dont on vient de discuter, Place aux jeunes en région,
il y a plus de 40 agents qui, en fait, sont... dans les carrefours
jeunesse-emploi. Alors, il m'aide à démontrer le bien-fondé de notre
orientation.
Mais maintenant, pour
le Réseau québécois du crédit communautaire, Mme la Présidente, effectivement
ça permettait de financer une banque d'heures pour accompagner de jeunes
chômeurs, c'est financé à plus de 2 millions annuellement par le ministère de l'Économie, de l'Innovation et des
Exportations, donc ce n'est pas la seule source de financement de ce
réseau, et le secrétariat finance d'autres organismes pour accompagner les
jeunes entrepreneurs et financer le démarrage
d'entreprise, et les retombées, finalement, n'ont pas été évaluées par
l'organisme. Alors, c'est un autre exemple d'examen précis et attentif des
différentes actions gouvernementales où, lorsqu'on constate qu'il y a du
dédoublement et une efficience à améliorer,
on prend les décisions qui s'imposent pour justement continuer à développer
des nouvelles initiatives. J'espère qu'on
aura le temps dans ces crédits de parler des nouvelles initiatives qu'on peut
financer à même certaines des économies qui sont dégagées.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Mme la Présidente, merci. Donc, la coupe pour le
réseau québécois des crédits communautaires, qui touche 22 organismes du réseau, c'est quand même 340 000 $,
hein, de moins. Il faut réévaluer tout un budget, hein, quand même, à
340 000 $, on s'entend que ce n'est pas des grenailles.
Est-ce
que je dois comprendre de la part du ministre responsable de la jeunesse qu'il
nous rajoute il y a quelques minutes que, Place aux jeunes en région,
bien, les intervenants sont dans les carrefours jeunesse-emploi?
M.
Couillard : ...
M.
Turcotte : Oui, c'est ça. Donc, est-ce qu'eux aussi doivent
se questionner s'ils ne seront pas transférés dans les carrefours jeunesse-emploi et que Place aux
jeunes en région n'existera plus? Est-ce qu'ils doivent s'inquiéter de cette
nouvelle information, que le ministre a jugé bon de rajouter une question plus
tard?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Saint-Jean. Je veux juste...
Une voix :
...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Oui, s'il vous plaît.
M.
Turcotte :
Je m'excuse.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Alors, monsieur...
M.
Turcotte :
...trop familier. Je m'en excuse.
M. Couillard : Ah! c'est une bonne nouvelle. D'ailleurs, on l'était beaucoup
l'année dernière. Ça avait très bien été.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Ça ne me dérange pas, j'aime beaucoup la collaboration que j'ai des deux bords, mais c'est plus
facile si vous vous adressez à la présidence.
M.
Turcotte :
Oui. Je m'excuse.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, en fait, Mme la
Présidente, c'était juste une belle démonstration
que les CJE sont capables de faire bien des choses et ils ont toutes les
capacités...
M.
Turcotte :
Mais Place aux jeunes en...
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le député de Saint-Jean...
M.
Couillard : Est-ce que je peux poursuivre mon intervention?
M.
Turcotte :
Oui. Allez-y, excusez-moi.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci.
M.
Couillard : Alors, effectivement, c'est un programme, puis on a fait la discussion tantôt de Place aux
jeunes, qu'on veut continuer à
soutenir, puis on veut s'assurer que les demandes sont bien formulées, qu'elles
s'accompagnent d'une évaluation correcte des
soldes migratoires, que les bonnes priorités sont en place. Mais, Mme la
Présidente, sur 2 millions qui sont fournis par un autre ministère, si on constate qu'il est difficile de démontrer
une valeur ajoutée, je pense qu'on dégager des économies et aller vers
d'autres priorités dont on pourra peut-être parler ultérieurement.
Mais ça nous
ramène à une question qui est assez essentielle, puis je ne veux pas en faire
un reproche personnel à mon collègue, là, mais, quand on quitte un gouvernement
pour une élection générale sans déposer de crédits et qu'on s'aperçoit après, pas nous, les observateurs
indépendants, qu'on a 7 274 000 000 $
de dépassement, c'est difficile de faire la leçon aux gens sur la façon
de gérer les finances publiques.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre. M. le député de Saint-Jean, pour
3 min 20 s. Alors, si la question est brève, la réponse sera
aussi brève. Alors, c'est à vous à décider.
M.
Turcotte : Ah! oui,
puis je vais peut-être avoir le temps même d'en poser une deuxième.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Vas-y.
M.
Turcotte :
La question que je pourrais poser... Tantôt, le premier ministre, le ministre
responsable de la jeunesse, semblait avoir une ouverture pour rencontrer
les gens des forums jeunesse. Certains se sont déplacés ici aujourd'hui. Sachant que les travaux parlementaires se
terminent à 18 heures, est-ce que le ministre accepterait de s'adresser à eux
quelques instants, à tout le moins, pour échanger avec eux?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, ça me fera
plaisir de les saluer en quittant la salle, mais on doit comprendre que mon agenda est quelque peu chargé, il ne se gère pas
de cinq minutes en cinq minutes. Donc, ça me fera plaisir de les saluer
en quittant, puis, si on désire avoir une rencontre ultérieure, également on
est disposés à la faire.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. Il
vous reste deux minutes, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Bien, écoutez, je vais prendre les deux minutes pour dire : Bon, je trouve
que c'est un exercice qui est quand
même important à chaque année, l'exercice de faire les crédits. On n'a jamais
assez de temps pour poser toutes les
questions que nous voudrions, mais je trouve important aussi de poser des
actions et des gestes qui sont cohérents avec nos propos. Et là-dessus
j'ai beaucoup de questionnements. Je vais continuer, à différentes occasions, à
l'Assemblée nationale, comme on peut le faire, à poser des questions sur les
forums jeunesse.
J'ai aussi beaucoup d'inquiétudes sur d'autres
organismes jeunesse qui pourraient avoir des conséquences du renouvellement de la Stratégie d'action jeunesse.
Je comprends que c'est important de renouveler la Stratégie d'action jeunesse, j'ai moi-même contribué à la tournée
Destination 2030 avec mon collègue Léo Bureau-Blouin et mon collègue député de Terrebonne. Donc, j'aurais aimé poser
davantage de questions sur cet enjeu, mon collègue de Chambly en a posé,
mais je peux assurer au ministre responsable
de la jeunesse, premier ministre, que nous participerons à ces consultations,
parce que je crois que c'est important des fois de mettre de côté la
partisanerie politique pour s'occuper de notre jeunesse, mais, en même temps, il faut aussi être capables
de se poser des questions, et des fois on n'est pas d'accord, et, dans le cas
des forums jeunesse, nous ne sommes pas
d'accord avec la décision comme nous n'étions pas d'accord avec la réforme
proposée des carrefours jeunesse-emploi l'automne dernier, et je constate que
peut-être qu'il y a un peu aussi de cette réalité, qu'on s'est aperçus que, sur le terrain, finalement, les
carrefours jouent un rôle important et qu'il ne fallait mettre de jeunes
de côté dans l'annonce qui a été faite cette semaine en réinjectant de
l'argent.
Je trouve ça
cependant dommage, je dois le dire, de prendre l'argent des forums jeunesse,
qui faisaient un travail extraordinaire, pour le transférer dans les
carrefours jeunesse-emploi, qui est une autre organisation qui fait aussi un travail extraordinaire pour nos jeunes, mais avec
deux missions différentes. Mais soyez assurée, Mme la Présidente, que je
vais continuer, comme porte-parole des dossiers jeunesse pour le Parti
québécois, à poser des questions mais aussi à travailler pour les jeunes du
Québec.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Saint-Jean. Alors, on va passer au prochain bloc du côté du
gouvernement. Alors, M. le député de Pontiac, la parole est à vous.
• (17 h 10) •
M. Fortin
(Pontiac) : Merci, Mme la Présidente. Vous me permettrez de prendre un
instant pour saluer le premier ministre
et son équipe, mes collègues du côté ministériel, bien amicalement, de saluer les collègues du côté de l'opposition et vous-même, Mme la
Présidente.
Évidemment,
on est ici pour parler de jeunesse. J'aimerais parler, en ce moment, des jeunes, des très jeunes, de ceux qui sont parfois plus vulnérables, ceux qui sont vus par le réseau
québécois des centres de pédiatrie sociale. Vous savez, au Québec, on a une demande grandissante pour ces
centres-là et on a un réseau qui est de
mieux en mieux développé avec le
leadership, que l'on connaît tous, du Dr Gilles Julien, qui, en 1997, a amorcé
ce virage en ouvrant le premier centre à Montréal, et, six ans plus tard, s'ouvrait un second centre, et
maintenant il y en a 14 autres au Québec. Nous, en Outaouais, on a la chance d'en avoir deux maintenant :
un qui est établi depuis 2009 et un qui vient tout juste de s'ouvrir cet hiver
et dont nous sommes incroyablement fiers. Et j'ai pris quelques moments plus
tôt aujourd'hui pour les appeler pour savoir s'ils avaient des particularités
qu'ils aimeraient que l'on discute aujourd'hui, et ils nous ont dit que le
réseau allait
particulièrement bien mais qu'il y avait des besoins non seulement dans les
centres urbains — en ce
moment, il y en a un à Gatineau et un
à Hull — mais
qu'il y avait des demandes pour des
ajouts de centres un peu partout dans la région parce que c'est un
milieu qui est assez prisé pour... où pratiquer par les spécialistes et par les
médecins qui y sont.
Et,
ceux qui ne connaissent pas les centres de pédiatrie sociale, je pense qu'ils
ont tout avantage à les connaître. Ce
sont des endroits fantastiques qui permettent d'offrir à une population
qui est dans le grand besoin, une population
de grande vulnérabilité, des services
médicaux spécialisés, des services psychosociaux et, dans certains cas, même
des services juridiques tout à un
endroit, un endroit qui est bien évidemment dans la communauté qui a le plus de besoins à ce niveau-là. Et la particularité des centres de pédiatrie
sociale, c'est qu'ils font les choses complètement différemment, et ça nécessite évidemment des formations différentes, et on est contents de
voir que notre réseau universitaire, les facultés de médecine s'adaptent bien à cette réalité-là. Que ce soit l'Université de Montréal, l'Université
McGill, ils offrent une éducation bien particulière pour la pédiatrie
sociale avec des stages obligatoires pour les résidents, et ça semble très bien fonctionner. Le premier ministre,
évidemment, le sait très bien.
C'est
également un milieu prisé qui détient l'appui de plusieurs
communautés, que ce soit la communauté des infirmiers et des infirmières
par l'ordre des infirmiers et des infirmières qui appuie les centres de
pédiatrie sociale à travers une subvention
de leur ordre, que ce soit par les chaires de recherche qui ont été mises en
place par différentes universités et l'hôpital pour enfants également.
Alors,
je pense qu'on peut tous être fiers du réseau qu'on a développé mais qu'on sait
qu'il y a encore un grand besoin à ce niveau, et donc on était contents de voir récemment l'engagement du gouvernement à ce
niveau-là. Mais j'aimerais que le premier
ministre, le ministre
responsable de la jeunesse, nous informe encore davantage sur le soutien qui
est apporté par le gouvernement du Québec aux centres issus de cette
initiative, qui, comme je l'ai déjà mentionné, rayonnent de par leur
performance partout dans nos communautés.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Pontiac. M. le premier
ministre.
M.
Couillard : Merci. Je remercie le collègue pour sa question.
Effectivement,
j'avais visité, il y a quelque temps, le centre qui était déjà existant dans la
ville de Gatineau, dans l'ancienne
partie Hull, là — je ne
sais pas si on a le droit encore de dire ça. Mais c'est quelqu'un, le Dr
Julien, que je connais depuis des années, avec lequel j'ai fait connaissance,
quand j'étais ministre de la Santé et des Services sociaux, dans
Côte-des-Neiges puis également Hochelaga-Maisonneuve, où il a ses deux
premières installations, et c'est vraiment remarquable et impressionnant. Et la
personne elle-même, il faut le dire, est impressionnante également, et sa
vision, bien sûr sa vision professionnelle, sociale, mais sa
vision de développer un modèle pas distant, mais en parallèle au réseau,
au grand réseau. Il ne veut pas faire partie
de la grande machine du réseau, puis c'est très bien. Il veut être
distinct, associé, avec un partage
d'expertise d'infirmières, par
exemple, mais il veut vraiment
être dans sa communauté et fonctionner en
parallèle au réseau de la santé et
des services sociaux, et je pense
que, pour ce genre de problèmes, de situations, c'est une bonne chose.
Alors,
ça a déjà eu, cet apport-là, un impact considérable pour les enfants
vulnérables et les familles à risque. C'est une approche qui est maintenant très
bien acceptée, mais il faut savoir
que, quand le Dr Julien a commencé — moi,
je le sais, là — dans les facultés de médecine, dans le réseau de la santé, on le regardait avec un peu de... disons, des sourires en coin. Qu'est-ce
que c'est que cette nouvelle façon de faire? Ce n'est pas vraiment de la médecine. On en a entendu de toutes sortes, alors qu'on sait que, s'il y a
quelque chose qui est vraiment de la médecine globale puis complète pour l'individu, c'est bien ce que fait Gilles Julien,
parce que la mise en commun de ces services-là, qui sont vraiment
de toutes les disciplines, permet de
traiter de façon exhaustive les sources profondes des maladies,
des déterminants de la santé et les causes des difficultés que vivent les
enfants issus de milieux défavorisés. Ça rend les actions cohérentes, efficaces
afin de mieux répondre aux besoins
des enfants en situation de vulnérabilité. C'est un pionnier. On est maintenant
à 16 centres de pédiatrie répartis
sur le territoire québécois. On a fait du chemin depuis les premiers,
Côte-des-Neiges et Hochelaga. Ça
assure le suivi de quelque 4 000
enfants vulnérables aux prises avec des problématiques de diverses natures,
conditions de vie difficiles, par exemple, souvent, justifiant une
intervention sociale incluant la médecine intégrée.
Depuis
2006 — et ça,
c'est une époque que je connais bien — le ministère de la Santé et des Services
sociaux a accordé à cette fondation un financement total de
6,5 millions pour les activités de ses deux centres. Un protocole d'entente signé en 2010 par le ministère de la
Santé et des Services sociaux prévoyait l'octroi d'un financement de
1 million par année, jusqu'en
décembre 2015, et la collaboration de la fondation à l'évaluation de l'approche
de la pédiatrie sociale. On avait souhaité faire plus, c'est pour cette raison
que, lors du dernier budget, on a annoncé un investissement de
22 millions de dollars sur cinq ans.
Le
gouvernement entend accompagner la Fondation du Dr Julien dans le développement
de ce réseau. Ainsi, en appui aux
autres contributions de la société civile, parce qu'il faut savoir que le Dr
Julien, il ne fait pas ça par défaut — il tient
à faire de la levée de fonds dans la société civile et dans sa communauté — le gouvernement vise une contribution
qui pourra atteindre 60 millions de dollars d'ici 2020. Des travaux à ce
sujet ont d'ailleurs commencé. Le budget 2015‑2016 prévoit donc une première
contribution financière de 22 millions pour les cinq prochaines années,
soit 2 millions en 2015‑2016 et
5 millions de dollars annuellement pour chacune des années financières
couvrant la période 2016‑2017 à 2019‑2020.
Cette contribution, elle pourra être bonifiée en fonction de l'évolution des
nouveaux centres, de l'atteinte des
objectifs à l'égard du nombre d'enfants qui auront accès aux soins. Ça devrait
permettre de mettre en place à terme un réseau totalisant 42 centres de
pédiatrie sociale afin de rejoindre 20 000 enfants en situation de grande
vulnérabilité, d'ici 2020.
Notons qu'à la suite du budget la fondation a
salué, bien sûr, l'engagement de notre gouvernement pour le développement de cette discipline, la pédiatrie
sociale, et c'est un exemple concret du fait qu'on doit se préoccuper des
gens vulnérables. Mais,
même en période difficile sur le plan budgétaire, il est possible de faire
mieux, de faire différemment, et voilà un autre exemple.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre. Alors, je reconnais le prochain intervenant. M.
le député de Papineau, la parole est à vous.
M. Iracà :
Alors, merci, Mme la Présidente. À mon tour de saluer mes collègues de
l'opposition, mes collègues également
de la partie gouvernementale, le premier ministre et toute son équipe. Alors,
je le salue respectueusement et chaleureusement
parce que je sais qu'il donne beaucoup de temps pour la jeunesse. Ça en est
encore une preuve aujourd'hui. Et je
peux vous dire, Mme la Présidente, et à nos auditeurs aussi, également, que je
suis un témoin, comme mes collègues, à
l'effet que le premier ministre nous parle fréquemment des jeunes. On ne peut
pas dire ce qui se dit en caucus, mais, s'il ne dit pas le mot «jeune» 100 fois, il ne le dit pas une fois.
C'est une préoccupation pour lui constante, et on en a encore la preuve
ici aujourd'hui.
Je vais vous
parler d'un sujet qui me tient beaucoup à coeur, ce sont les activités
parascolaires, en tant qu'ancien président
de commission scolaire, en tant que parent. Et d'ailleurs je salue également
tous les enseignants, les professionnels, les techniciens qui travaillent dans les écoles, qui font un travail
exceptionnel, extraordinaire avec les jeunes du Québec. Ce sont des gens passionnés. Ce sont des gens
dévoués. J'en ai vu, moi, qui ont fait des différences avec nos enfants dans
les activités parascolaires, toute une différence, Mme la Présidente.
L'école,
c'est d'abord et avant tout un lieu d'apprentissage, de socialisation, c'est un
milieu de vie important pour les
jeunes. Ils passent beaucoup de temps à l'école. Donc, nous sommes tous
conscients que la persévérance scolaire n'est pas toujours chose facile
pour les jeunes au Québec. À chaque année, malheureusement, il y a certains
jeunes qui abandonnent leur cheminement
scolaire. Il s'agit d'un problème auquel tous les Québécois doivent faire face,
doivent agir ensemble et en faire une
priorité. Il y a des jeunes garçons, souvent en région, mais également aussi en
milieu urbain... Je dis «les jeunes
garçons» principalement parce que, dans les statistiques, le taux de décrochage
est quand même un petit peu plus élevé. Surtout, également, dans les
régions où, c'est drôle à dire, mais l'emploi est bon, il y a un bon taux d'emploi, les jeunes ont tendance à décrocher, à
commencer un nouveau travail et prendre le goût à l'argent, s'acheter une voiture, et souvent ce qui arrive, c'est un
problème, c'est qu'ils quittent l'école pour y revenir plus tard, mais c'est
beaucoup plus difficile.
• (17 h 20) •
D'ailleurs,
on a instauré en Outaouais, parce que
l'emploi justement était bon pour les jeunes, peut-être
trop bon, un projet, le programme 6-9-15. Je ne sais pas si tout le
monde connaît ça. On incitait les jeunes, via les carrefours jeunesse-emploi, via les écoles également, à travailler pas plus de six heures, maximum,
du lundi au jeudi, pas plus tard que 9
heures le soir et pas plus que 15 heures, maximum, par semaine durant la
période scolaire. Alors, c'est pourquoi
on appelait ça le projet 6-9-15. Tous les
employeurs avaient été rencontrés pour les sensibiliser à la persévérance
scolaire, sensibiliser les employeurs
au fait de ne pas engager les enfants, les jeunes plus de tant d'heures par
semaine pour ne pas nuire à leurs études, surtout en période d'examen.
Donc, je sais qu'il y a des régions qui se sont mobilisées plus que d'autres par
rapport à ce programme
6-9-15, mais c'est des programmes comme ça qui font une différence, qui font en
sorte que les jeunes, bien ils peuvent
s'accrocher un peu plus longtemps à l'école et, en bout de piste, avoir leurs
diplômes, ce qui est essentiel, extrêmement important pour avoir une
qualité de vie plus loin, plus tard.
Alors, l'une
des voies d'action privilégiées par le gouvernement concernant la persévérance, la réussite scolaires
vise justement à favoriser l'offre d'activités parascolaires, sportives,
culturelles. La participation à des activités parascolaires
offre en effet aux jeunes la possibilité de mettre en pratique
les connaissances, leurs compétences acquises à l'école. C'est dans un contexte plus informel, détendu que les
activités parascolaires permettent aux jeunes de s'accomplir ou encore de développer des nouveaux intérêts
dans un environnement contrôlé, bien sûr, par l'école mais pas
dans le même cadre que dans une
classe scolaire. Dans les cas d'élèves en difficulté ou encore découragés de
l'école, ces activités peuvent être
la bougie d'allumage qui leur permet de persévérer jusqu'à
l'obtention d'un diplôme, un peu ce que je disais tantôt. Les effets bénéfiques à la participation à
ces activités parascolaires ont par
ailleurs été largement démontrés par
toutes sortes de recherches, par toutes
sortes d'études. Les activités parascolaires contribuent à faire des écoles des
milieux de vie stimulants, elles représentent un lieu d'exploration important
pour les jeunes.
La pratique d'activités parascolaires permet aux
jeunes de mieux se connaître, d'identifier leurs passions et d'accroître leur motivation à l'école, autant de
facteurs qui favorisent la persévérance scolaire et les aident à faire des
choix éclairés pour leur avenir. Les activités parascolaires permettent
aussi aux jeunes de développer de nouveaux réseaux sociaux, de développer un sentiment d'appartenance à l'école, de tisser
des liens avec les adultes significatifs, inspirants qui peuvent devenir des mentors pour eux. Encore
là, un peu comme je disais tantôt au début, il y a des enseignants, des
techniciens, des professionnels engagés dans
leurs écoles, et parfois eux-mêmes sous-estiment un geste, une parole qu'ils
peuvent poser qui font une différence chez
les jeunes. Puis ça arrive plus souvent qu'on pense, ça arrive dans plusieurs écoles au Québec.
Donc, il est
clair que les activités parascolaires donnent des résultats, des résultats
positifs. Puis il est vrai de le mentionner — puis
je le mentionne à toutes les occasions que je peux le faire, je le mentionne à
titre d'adjoint parlementaire au ministère
de l'Éducation — que nous avons, au Québec, un des meilleurs
systèmes d'éducation au monde. J'ai eu la chance de participer dernièrement à un colloque
sur les enseignants en Alberta où on regroupait les 30 meilleurs pays au
monde à cet endroit, et plusieurs personnes nous posaient des questions, puis
c'était bon signe, parce qu'ils voulaient savoir :
Comment vous faites pour avoir des bons résultats? Comment vous faites pour
faire en sorte qu'année après année, au niveau scolaire, au niveau éducation,
le Québec a des bons résultats?
Ce n'est pas parce qu'on est les meilleurs qu'il faut arrêter de chercher des solutions pour
faire en sorte que nos jeunes
persévèrent à l'école. Je pense qu'il faut toujours essayer de trouver de
nouvelles façons de faire, de nouvelles idées pour faire en sorte qu'on demeure toujours en haut du peloton au niveau
éducation. C'est extrêmement important, et je
pense qu'en ce sens-là les activités parascolaires font une différence sur le
résultat et font en sorte qu'il y a plus de jeunes qui obtiennent des
diplômes.
D'où ma question, Mme
la Présidente : Considérant les bienfaits associés à la participation des
jeunes aux activités parascolaires, quelles
sont les actions du Secrétariat à la jeunesse en la matière? Question pour le premier ministre. Merci.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de Papineau. M.
le premier ministre, la parole est à vous.
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Je veux également saluer et remercier notre
collègue de Papineau, qui également
assiste le ministre de l'Éducation dans le domaine de la persévérance scolaire
et de la formation professionnelle, des
domaines cruciaux pour l'avenir du Québec, notamment de notre jeunesse, et il a
parlé lui-même de son expérience dans le milieu scolaire, qui est
fondamentale et qui nous apporte une contribution très importante.
Je
voudrais commencer par lui dire que le nouveau partenariat dont nous parlions
tantôt comprend également un volet en
milieu scolaire, alors il y a là une partie de la réponse, mais, plus
spécifiquement, on sait que les activités scolaires ont de grandes activités bénéfiques, et il le sait
très bien lui-même. Le Concours québécois en entrepreneuriat, l'Association
des clubs entrepreneurs étudiants, dans le
domaine de l'entrepreneuriat, sont des beaux exemples. Et on soutient... et le
secrétariat soutient plusieurs initiatives
qui rejoignent directement les jeunes à l'école dans cette période charnière
très importante.
Ainsi,
le secrétariat finance, depuis 2004, la réalisation du Concours québécois en
entrepreneuriat dans toutes les régions
du Québec. Ça permet aux élèves et aux étudiants, étudiantes qui ont réalisé
des projets de se mesurer aux autres sur
le plan local, régional et national. Le volet Entrepreneuriat étudiant
s'adresse aux élèves et aux étudiants du primaire à l'université qui ont réalisé des projets
entrepreneuriaux scolaires ou parascolaires leur ayant permis de développer
leurs habiletés entrepreneuriales.
Depuis 2009‑2010, Mme la Présidente, le nombre de participants est en moyenne
de 54 000 jeunes par année, le
nombre de projets inscrits est, en moyenne, de 2 500 projets pour le volet
Entrepreneuriat étudiant. D'ailleurs, on voit dans les enquêtes
d'opinions que le désir d'entreprendre, et c'est une bonne nouvelle pour le
Québec, est plus important dans la jeune
génération d'aujourd'hui que dans notre génération, du moins la mienne, lorsque
nous avions le même âge, et ça, c'est
très encourageant, parce qu'au Québec on accumulait un retard de création de
nouvelles entreprises, de création
d'entreprises et de durée de vie des entreprises. Donc, ces jeunes ont
l'occasion de développer leurs qualités entrepreneuriales en contribuant à leurs milieux en 2015‑2016, et le
secrétariat prévoit accorder 355 000 $ pour cette mesure.
D'autre
part, le secrétariat soutient l'Association des clubs entrepreneurs étudiants
dans sa mission de développer et de
soutenir un réseau de 54 clubs d'entrepreneurs en 2013‑2014 dans les
établissements d'enseignement postsecondaire dans 16 des 17 régions du Québec. À l'extérieur des heures de cours, les
activités organisées par les clubs en question prennent notamment la forme de conférences, de visites d'entreprise, de
missions économiques à l'étranger — d'ailleurs, je ne sais pas si on aura le temps de parler du versant international
qu'on veut développer davantage dans les activités du secrétariat — et
d'activités de réseautage. Ces activités offrent aux jeunes impliqués
d'acquérir une expérience nouvelle qui peut
confirmer ou préciser leurs choix de carrière. Pour les étudiants en
postsecondaire, bien sûr, la même implication permet d'élargir leurs réseaux
de contacts, gérer les activités des projets, acquérir de l'expérience dans la
gestion d'un comité — en
voilà un comité qu'il faut gérer, il y en a beaucoup dans la vie
d'aujourd'hui — étoffer
ses expériences de vie et développer ses
habiletés, enrichir son C.V. Par exemple, les clubs entrepreneurs étudiants
peuvent, en partenariat avec un autre
organisme, permettre à des jeunes des niveaux postsecondaires de participer à
des missions commerciales à l'étranger. Quelle belle initiative! Un
autre exemple : le club REEL de l'Université Laval a créé une simulation de gestion interactive. Ça permet aux
jeunes de parfaire leurs connaissances de gestionnaire dans un cadre pratique.
Ça fait un pont entre les apprentissages
théoriques et ce que ces jeunes devront véritablement réaliser sur le marché du
travail. Il y aura également un
colloque rassemblant les représentants de la plupart des clubs qui va être,
encore une fois, organisé — c'est organisé à chaque année — offrant ainsi aux jeunes participants des conférences,
des ateliers de formation, des séances de réseautage avec des acteurs
d'entrepreneuriat.
Ces
deux exemples, le Concours québécois en entrepreneuriat et l'Association des
clubs entrepreneurs, démontrent bien que le secrétariat privilégie différentes
approches pour favoriser le développement du plein potentiel des jeunes,
toujours dans cette perspective de
favoriser la participation maximale à l'emploi. Le secrétariat a accordé
288 000 $ pour soutenir ces clubs, Mme la Présidente, en 2015‑2016,
une bonne initiative à poursuivre, certainement.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Il vous reste deux minutes, M. le député de
Papineau. Je ne sais pas si vous voulez rajouter...
Une voix :
...
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Oui. Parfait. Alors, on va passer
au deuxième groupe de l'opposition. M. le député de Chambly, la parole
est à vous.
M. Roberge :
Merci, Mme la Présidente. Je pense, sauf erreur, que c'est mon dernier bloc.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui, en effet.
M. Roberge :
Et je dispose de?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
20 minutes.
M.
Roberge : Merci. Il y a quelques instants, le député de Papineau a
fait apologie des activités parascolaires en disant que c'était une très bonne façon de garder les jeunes à l'école,
les garder motivés, et donc de les mener vers la réussite. On ne peut pas se permettre d'échapper ça. Donc,
ma question est très claire : Pourquoi avoir sabré dans le programme
Secondaire en spectacle?
(Consultation)
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, je ne sais pas si vous
voulez passer à une autre question pendant que...
Une voix : ...
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Oui? O.K.
M.
Roberge : ...programme culturel qui est comme le petit frère de Cégeps
en spectacle et qui mobilise beaucoup, beaucoup, beaucoup de jeunes, qui
les garde motivés.
J'ai même lu une lettre ouverte, je pense que
c'était dans La Presse, d'une jeune qui avait bénéficié de
ce programme-là. Donc, si c'est un programme
qui mène vers la persévérance, si la persévérance, c'est payant, comment
ça peut être payant de couper dans ce qui est payant?
• (17 h 30) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Bien. Merci, ça
me permet de dire la bonne nouvelle, c'est qu'il y a une augmentation de
financement du programme en question. C'est un organisme qui est reconnu
et bien implanté partout au Québec. Bien
sûr, en 2014‑2015, le gouvernement avait soutenu Secondaire en
spectacle de la façon suivante — parce
qu'il n'y a pas que le Secrétariat à
la jeunesse : le ministère de
l'Éducation, pour 300 000 $; la Culture et les Communications,
50 000 $; le secrétariat, 40 000 $; et il y avait
également 120 000 $ en provenance de partenaires privés.
D'ailleurs,
le Secrétariat à la jeunesse compte hausser son financement de l'organisme à
75 000 $, par rapport à 50 000 $
en 2015‑2016, soit on revient presque au même montant qu'en 2013‑2014. Par la
suite, comme vous le savez, la
première année, 2014‑2015, a fait l'objet de... je dirais, de rigueur
budgétaire comme c'est le cas cette année, mais on fait le choix de
remonter le financement au niveau préalable. Ce sera dans le contexte des
travaux à rendre le réseau scolaire public
efficient, performant, moderne pour la réussite du plus grand nombre d'élèves.
Il faut relever les défis du nouveau
siècle, il faut restructurer le réseau pour améliorer l'efficience, s'assurer
toujours... et je sais que notre collègue, il vient du milieu de l'éducation aussi, je voudrais saluer également sa
participation à nos activités, veut que l'élève soit au coeur de toute décision, améliorer la formation
des maîtres, valoriser la profession enseignante et, encore une fois, ce thème
important, l'adéquation formation-emploi.
Le
gouvernement, les partenaires, l'ensemble de la société civile doivent
poursuivre leur mobilisation pour mettre en place des mesures qui soutiendront réellement la réussite et la
persévérance pour que le Québec puisse continuer à se démarrer...
démarquer, pardon.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le premier ministre.
M. Couillard : Donc, on continue ce
soutien et on le rehausse.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je suis désolée. C'est parce que le
temps est limité. Je sais qu'ils ont plusieurs questions.
M.
Couillard : Ah! je m'excuse.
Je trouvais ça important de communiquer la bonne nouvelle au réseau Secondaire
en spectacle.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Alors, M. le député de Chambly.
M.
Roberge : Les bonnes nouvelles sont rares, et je comprends qu'on veut
les étendre, les beurrer comme il faut. C'est correct. Mais c'est bon,
c'est une bonne nouvelle. Je vous remercie.
Par rapport
aux forums jeunesse, encore des points à éclaircir. Les forums jeunesse
régionaux formaient la relève d'administrateurs
au Québec. C'est un de leurs points forts. Ils étaient administrés par des
conseils d'administration avec des jeunes, donc une expertise en
participation citoyenne, en formation de jeunes qui, souvent pour la première
fois, siégeaient sur un conseil d'administration. Ça, c'est assez majeur.
Est-ce qu'on
pourrait avoir une garantie que les carrefours jeunesse-emploi vont, eux aussi,
avoir une participation plus grande
de jeunes administrateurs? Parce que, tout à l'heure, j'ai entendu : Ah!
dans les carrefours jeunesse-emploi, c'est
environ 40 % des jeunes. Si on change leur mission, je pense qu'il serait
avisé de changer un peu peut-être leur mode de gouvernance et de se fixer des cibles :
peut-être, la première année, 50... pour ne pas tout bousculer, mais 50 %,
60 %, 80 %, et donc des
cibles mesurées, pas seulement un souhait, mais bien une cible d'un pourcentage
de 70 % à 80 %, au moins, de jeunes. Est-ce qu'on peut avoir
un engagement à ce sujet-là?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le premier ministre.
M.
Couillard : Mme la Présidente, je suis entièrement d'accord avec notre
collègue, la conséquence de ce changement, ça serait d'augmenter la présence
des jeunes au conseil d'administration, d'abord, pour administrer les
programmes eux-mêmes et favoriser leur formation à ces activités-là.
Je
veux quand même lui faire remarquer deux éléments : il s'agit d'OBNL, donc
il y a des limites à la façon dont on
peut être directifs sur la composition du conseil d'administration. Cependant,
on a déjà communiqué aux carrefours notre
intention, notre désir de voir, minimalement, la participation augmenter de
40 % à 50 %. On va travailler avec eux pour voir, selon les circonstances, quels sont les rythmes appropriés.
Le taux de 80 %, 90 % dont il parle, il faut quand même réaliser que les CJE ont d'autres missions à
administrer et il faut s'assurer que ce soit fait en contact avec des gens
d'expériences diverses. D'ailleurs, le
propre de la formation efficace, c'est d'être en contact avec des gens plus
expérimentés qui permettent transférer leurs connaissances mais, à
partir de 40 % pour s'approcher de 50 %, en tenant compte de
l'autonomie décisionnelle de ces organisations-là et de leur réceptivité. Et
ils se sont déclarés dans les rencontres très réceptifs à ça, à cette idée
d'augmenter la présence des jeunes au conseil d'administration.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. M. le député de
Chambly.
M.
Roberge : Je trouve ça quand même déplorable, parce qu'on parle d'un
souhait, d'une cible de 50 %, alors qu'on avait une garantie sur les forums jeunesse, que vous choisissez
d'abolir, où c'était 100 % d'administrateurs jeunes. Et là on y va
avec un souhait de cible de 50 %. Enfin, je trouve ça un peu faible.
Et,
si on y va sur justement ces ententes, parce qu'au-delà des souhaits il y a,
sans doute, des ententes formelles, tout
à l'heure, mon collègue a demandé à ce que soient déposées les ententes avec
les carrefours jeunesse-emploi. On a dit : On peut faire une demande d'accès à l'information. Bon, j'imagine que
c'était une blague, là. On la fait, la demande, là : Est-ce que, s'il vous plaît, ces ententes
pourraient être déposées, peut-être pas cet après-midi, mais déposées à la
commission?
La Présidente (Mme
Rotiroti) : M. le premier ministre.
M.
Couillard : Mme la Présidente, merci. Je viens de consulter rapidement
notre collègue du secrétariat. Évidemment, les ententes 2014‑2015 sont
disponibles, et il pourra les obtenir. Les 2015‑2016 sont en élaboration. Je
l'engage à garder le contact avec le secrétariat à travers mon cabinet, s'il le
désire, pour qu'on puisse faire le suivi.
Je
voudrais quand même lui faire une observation sur la question des conseils
d'administration : il faut regarder les nombres absolus, parce que,
là, on parle non pas de 19 organisations, mais de 110, donc, même à 50 %,
ça fait beaucoup plus de jeunes sur des
conseils d'administration, et les carrefours, globalement, vont gérer des
budgets qui sont autour de
65 millions de dollars, toutes missions confondues, ce qui est, en termes
de taille, quelque chose d'appréciable. Et je pense que, là, il y a juste une façon de moduler un peu
l'information. Je suis certain qu'il est d'accord avec cette réalité.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Je pense, pour le bénéfice de tout
le monde... je pense que, les ententes, si vous voulez les déposer au
secrétariat, ici, de la commission, nous, on va se permettre de transmettre...
M.
Couillard : Les 2014‑2015.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : ...exactement, de les transmettre à
tous les membres ici, en commission, si vous désirez, là.
M. Couillard : Je veux quand même rappeler à mon collègue que les ententes 2014‑2015
sont les ententes sur l'emploi, ce ne sont pas les ententes sur ce
nouveau partenariat, là.
M. Roberge :
...le nouveau partenariat.
M.
Couillard : Bon. Bien là, elles vont être...
M. Roberge :
Je comprends qu'elles ne sont pas signées.
M. Couillard : Elles sont en élaboration. Mais gardez le contact avec nous, de même
que les collègues, et on pourra les communiquer lorsqu'elles seront
faites.
M. Roberge :
Merci.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Allez-y, M. le député de Chambly.
M. Roberge :
Merci. Des échos d'organismes jeunesse, outre les forums jeunesse, nous disent
qu'il y a des problèmes parfois au niveau du
financement des organisations jeunesse. Des délais administratifs avant que les
sommes ne soient reçues, c'est des
situations qui rendent la gestion des organisations très compliquée... les
carrefours jeunesse, Place aux jeunes
en région, donc des organismes en lesquels le gouvernement croit,
manifestement. Et c'est dramatique pour
des dizaines de professionnels qui, bien que, d'année en année, leurs emplois
soient renouvelés, vivent de l'insécurité mais artificielle, créée de toutes pièces par une mauvaise gestion. Il y
a même des gens qui décident de chercher un autre emploi ou qui sont mis
à pied pour quelques jours, quelques semaines, parce que, même si le
financement est à venir, il y a toujours une espèce d'incertitude, et c'est
livré avec un retard.
Alors, est-ce
qu'on pourrait avoir, s'il vous plaît, un engagement à verser ces sommes de
façon plus prévisible et avec plus de diligence pour ne pas perdre notre
expertise?
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Je voudrais quand même souligner à notre collègue que, dans les
crédits du Secrétariat à la jeunesse,
à 92 %, ce sont des crédits de transfert, que la rémunération et le
fonctionnement représentent respectivement 5 % et 3 % des crédits,
ce qui m'apparaît correct en termes de prorata.
Maintenant, pour ce qui est du délai de
paiement, il faut tenir compte de... je dirais, de deux circonstances. D'abord, c'est qu'on est dans une année de
transition, clairement, là, et qu'il faut adopter les crédits chaque année,
actuellement, dans le cadre actuel,
pour que les crédits soient confirmés, mais, dès qu'on aura des conventions
pluriannuelles, et on entend avoir des conventions de trois ans, M. le
secrétaire m'indique... et là on aura une prédiction et une prévision, et c'est
important pour les organismes, une prévision
budgétaire qui va être beaucoup plus facile. Mais là on est dans une année
charnière, là, clairement et on vise à signer ces conventions-là en 2016.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le député de Chambly.
M. Roberge : Merci. Un organisme
efficace implanté à la grandeur du Québec, Place aux jeunes en région,
travaille fort pour essayer justement de concilier emploi, développement
régional puis mobilité régionale.
Il y a
d'autres organismes qui ont d'autres idées et qui touchent l'emploi mais
peut-être la formation en emploi, et
je parle des cégeps, des collèges, qui vivent un problème démographique
important, là — je suis
certain que vous êtes au courant de la situation : il y a une
baisse en région. Et il y a des acteurs qui ne sont pas restés passifs face à
ça qui proposent des solutions. Notamment, j'ai rencontré, il n'y a pas très
longtemps, les représentants de la Fédération des cégeps et les représentants jeunes de la Fédération étudiante
collégiale, qui, toutes deux, proposent des moyens de... la Fédération étudiante collégiale, c'est un
microprogramme mais qui a une grande importance, là, de favoriser une
migration, une espèce de... c'est
comme si les étudiants allaient faire des études à l'étranger, mais à
l'intérieur du Québec, pour une session,
tandis que la Fédération des cégeps propose un programme où on peut aller
suivre notre formation dans une région autre que la nôtre.
C'est quelque chose qui est très intéressant
pour les jeunes, évidemment, puisqu'ils peuvent se familiariser avec les régions, et qui est très important pour
les cégeps en question : c'est une question de vie ou de mort,
dans certains cas, ou, à tout le moins, pour certains programmes dans les cégeps qui n'ont pas la
fréquentation... qui ne sont pas une assez grande fréquentation.
Est-ce qu'on peut compter sur le gouvernement
pour investir dans ces programmes-là? Et, je pense, c'est des investissements très, très rentables, puisqu'il s'agit de maintenir
nos cégeps en région, et donc de garder nos régions bien vives, bien
fortes.
• (17 h 40) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci, M. le député de Chambly. M. le premier ministre.
M.
Couillard : Mme la Présidente, mon collègue le ministre
de l'Enseignement supérieur m'indique
que, bien sûr, il a
pris connaissance du rapport du réseau collégial sur les recommandations multiples que ce réseau veut apporter, et elles sont très intéressantes, comme il le sait, notamment
sur la structuration de la diplomation, des programmes, également de
nouvelles activités comme celles-là. On parle même de la
francisation des immigrants, on parle de plusieurs éléments que
les cégeps pourraient prendre en cause. Puis il a raison de souligner la
réalité des cégeps de région. Chez moi, à Saint-Félicien,
on a un cégep — on
en est très, très heureux — avec
un programme... et c'est un exemple de chose qu'il faut
continuer à faire, un programme exclusif, qui est la technique de gestion des
milieux naturels. Et le drame et l'avantage
des cégeps en région à la fois, c'est que ces programmes ont toujours
beaucoup de succès. Par exemple, chez nous, on a 60 étudiants étrangers — c'est
quelque chose dans le Nord du Lac-Saint-Jean — pour venir d'ailleurs
faire cette formation. Et, il le
sait, dès que ces programmes en région ont du succès, il y a
une tentative de mimétisme dans les grands centres. Alors, on essaie de
s'approprier le même programme, et, clairement, ça a un impact négatif.
Alors, oui, il y a
ces initiatives comme il le dit, puis j'en parlerais, s'il le veut, puis on en
parlera ensemble à notre collègue le ministre
de l'Enseignement supérieur, mais je
pense qu'une chose importante à faire, c'est d'abord de regarder les recommandations du rapport Demers pour rendre beaucoup
plus flexible la formation mais également s'assurer qu'on maintient l'exclusivité des programmes qui ont été créés pour les cégeps de région. Et
l'exemple que je viens de donner est patent, mais il y en a d'autres, il
le sait très bien. Il y a d'autres exemples semblables.
Mais je prends sa suggestion en note et je vais certainement
la transmettre à mon collègue. Je suppose qu'il participera aux crédits de l'Éducation
et de l'Enseignement supérieur. Il aura l'occasion d'échanger là-dessus.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. M.
le député de Chambly.
M.
Roberge : Oui. Je vous
remercie. Mais un commentaire : c'est toujours intéressant de savoir quand même
que le premier ministre est d'accord. Quand on questionne le ministre,
ça ne nuit pas.
M.
Couillard : On va la placer, celle-là.
M.
Roberge : Excellent!
Excellent! L'an passé... et là j'ai entendu, tout à l'heure, lors de vos
échanges, là, des informations à cet effet-là, mais je voudrais avoir vraiment
une confirmation pour être sûr, parce que, l'an passé, on apprenait une coupure de 20 % dans le crédit d'impôt pour les stages en
entreprise. C'était clair dans le budget précédent. Et je me souviens d'avoir questionné à ce sujet
précisément l'an passé, parce que c'était en contradiction directe avec le
programme électoral qui disait : On va
favoriser les stages en entreprise. Et là, au premier budget, il y avait une
coupure dans ce qui favorisait les
stages en entreprise. Et je vais citer le premier ministre, l'an passé, qui
nous disait : «...là, on [...]
fait un budget en six semaines pour colmater une immense brèche de finances
publiques qui est celle que j'ai décrite tantôt. Ça nous donne le temps, maintenant, de planifier le prochain
budget pour l'année 2015‑2016, et là on va faire cette évaluation.»
Alors,
je demande donc... Là, j'imagine qu'on n'a pas fait un budget en six semaines.
Alors, cette fois-ci, est-ce que les budgets pour les stages en
entreprise vont être là... ou, plutôt, est-ce que les crédits d'impôt pour les
stages en entreprise sont au rendez-vous à
hauteur de 2014‑2015 ou à hauteur de 2013‑2014 ou est-ce bonifié? Bref, une évolution,
dans le temps, de ces crédits d'impôt.
La Présidente (Mme
Rotiroti) : Merci, M. le député de Chambly. M. le premier
ministre.
M. Couillard : Alors, M. le Président... Mme la Présidente; excusez-moi. Comment
puis-je faire une telle erreur? Effectivement, il a fallu faire un
budget en urgence l'an dernier. C'est un peu comme on doit le faire en
chirurgie lorsqu'on a une hémorragie :
il faut mettre le doigt sur l'artère. On était littéralement dans cette
situation-là. Ça nous a donné l'occasion de continuer à évaluer les
choses et de remettre en place certains éléments.
Alors,
on parle de l'attribution d'un crédit d'impôt aux entreprises qui forment un
apprenti. Je pense que c'est de ça
dont on nous parle. C'est une dépense qui était évaluée à 25 millions en
2014‑2015, mais probablement un excellent investissement. Alors, le crédit d'impôt est maintenu en 2015‑2016. On
n'est pas actuellement en état de mesurer l'impact en termes de dépenses fiscales. On sait que les
taux ont été réduits en 2014‑2015. À ma connaissance, ils sont rétablis.
Mais, sur le document que j'ai ici, je ne
les vois pas, là. S'il me le permet, on fera une vérification. Il faudrait que
je relise le discours du budget, là.
Mon souvenir, c'est qu'on les a rétablis au niveau précédent. Mais je vais
faire la vérification, et on pourra le lui transmettre à partir de mon
bureau.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Alors, M. le député de Chambly, il
vous reste trois minutes. Alors, si la question est brève, la réponse va
être, aussi, brève.
M.
Roberge : Oui, question qui s'adresse au premier ministre et au
médecin à la fois. On a des problèmes de santé chez les jeunes, et ça revient, malheureusement, ce qu'on appelait dans
mon jeune temps les MTS. Maintenant, on les appelle les ITS. Écoutez, c'est fulgurant. La chlamydia a augmenté de
35 % entre 2009 et 2013; la gonorrhée, de 36 % entre 2009 et 2013; la syphilis, de 61 %
entre 2009 et 2013. Donc, on recule vraiment, vraiment dans la prévention des
ITS, surtout chez les jeunes. Je sais que ça
peut toucher la santé, mais c'est vraiment une problématique chez les jeunes.
Est-ce que le gouvernement a l'intention de réagir et
d'y aller du côté de la prévention? Parce que c'est dramatique, ce qu'on
vit, là.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : M. le premier ministre, il vous
reste à peu près deux minutes pour répondre.
M. Couillard : O.K. Rapidement. On va s'épargner du temps à tout le monde, on vient de
trouver la réponse pour le crédit d'impôt pour les stages, c'est à la page
B.111 du livre du budget. Alors, on rebonifie de 24 % à 40 % le taux
du crédit d'impôt. Donc,
effectivement, il est rétabli. Pour une entreprise ayant des dépenses
admissibles de 15 000 $, c'est un montant additionnel de crédit d'impôt de 2 400 $ dans la
mesure où elle accueille de façon régulière des stagiaires. Alors donc, c'est une bonne nouvelle, cette
bonification, et on a des simulations pour les impacts, dans le livre du
budget. Alors, effectivement, il fait bien de souligner ça. Et je vais
juste, en préalable, lui rappeler, dans mes remarques d'introduction, je dirais, les bonnes nouvelles, mais, je dirais, les
bonnes nouvelles relatives. On a, chez les jeunes, moins de décès par traumatisme, qui était une des causes
de décès principales des jeunes au cours des prochaines années — ça le demeure encore, malheureusement, mais le nombre diminue — de même que les décès par suicide. On sait
que le suicide des jeunes,
particulièrement des jeunes hommes, est un problème important. On n'est pas
encore au niveau idéal, on ne sera jamais au niveau idéal, mais on fait
des progrès depuis quelques années.
Quant aux ITSS, elles
sont l'objet d'une attention de mon collègue le ministre de la Santé et des
Services sociaux, comme de ses
prédécesseurs, incluant moi-même lorsque j'étais à ce ministère, et la façon
dont on intervenait, c'étaient des
campagnes d'éducation sur la prévention justement dans les milieux d'enseignement.
Alors, je suggère que sa formation politique — et on
fera également le message à mon collègue — s'informe aux crédits de la
Santé et des Services sociaux. À ma
connaissance, ces programmes sont maintenus, parce que le problème demeure,
mais on pourra faire la vérification.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Il vous reste 24 secondes, M. le
député de Chambly, si vous avez quelque chose à rajouter.
M.
Roberge : Bien, très rapidement. Je remercie le gouvernement pour sa
collaboration, mais, en même temps, je
dis que, si on ne fait que maintenir les programmes alors que les infections
sont en hausse, clairement, peut-être que les programmes sont à revoir.
Donc, les maintenir, ce n'est pas suffisant. Je vous remercie.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci beaucoup, M. le député de
Chambly. Alors, on va passer au dernier bloc du côté du gouvernement.
Pour une période 20 minutes, alors, M. le député de Sainte-Rose, la parole est
à vous.
M.
Habel : Merci beaucoup, Mme la Présidente. Permettez-moi de saluer le
premier ministre et ainsi que tous les
gens qui nous accompagnent aujourd'hui. C'est un plaisir pour moi d'intervenir
dans les crédits jeunesse en tant que plus jeune député de l'Assemblée
nationale.
Je tiens à le
dire, jamais un gouvernement n'a autant été orienté vers les générations
futures que ce gouvernement. On l'a
prouvé, parce qu'après six déficits consécutifs, dans le plan économique qu'on
a déposé, on a un équilibre budgétaire qui
est le point culminant de ce budget avec, entre autres, un investissement de
1,6 milliard de dollars dans le Fonds des générations et aussi une volonté
de réduire le fardeau de la dette de neuf points de pourcentage au 31 mars
2016. Notre plan économique contient, entre autres, une vision de relance
de l'économie avec le Plan Nord, la stratégie maritime, l'investissement privé, l'investissement en infrastructure et aussi la
mise en valeur de nos ressources, mais aussi au niveau du contrôle des
dépenses, avec la révision des structures, l'efficience des effectifs et la
révision des programmes.
Cependant, Mme la Présidente, l'équité
intergénérationnelle, ce n'est pas seulement au niveau des finances publiques, bien que l'investissement au Fonds des
générations et la réduction de la dette y soient pour beaucoup, c'est aussi un transfert de connaissances, de mettre à
la disposition des jeunes les moyens de s'accomplir, d'accompagner les jeunes aussi au démarrage d'une entreprise ainsi
que d'encadrer les jeunes dans l'orientation de leurs parcours professionnels face
à la complexité grandissante des emplois disponibles.
À cet effet,
j'ai une question pour le premier ministre : Peut-il nous expliquer de
quelle façon le Secrétariat à la jeunesse, qui est sous sa gouverne,
nous permet de mieux accompagner ces jeunes?
• (17 h 50) •
La Présidente (Mme Rotiroti) :
M. le premier ministre.
M.
Couillard : Merci, Mme la Présidente. Évidemment, on vise à améliorer les habiletés de
gestion des jeunes entrepreneurs, on
vient d'en parler, et favoriser la relève également en entreprise parce que
c'est un grand enjeu actuellement. Les
fondateurs d'entreprise arrivent au moment où ils veulent céder l'entreprise à la génération qui suit, si possible dans leur famille, mais parfois, lorsque
ce n'est pas possible, pour des jeunes entrepreneurs qui sont intéressés à
reprendre les choses.
Alors, on
veut, par cette mesure, par la mesure dont je viens de parler, qui vise à
améliorer les habiletés de gestion, l'entrepreneurship, soutenir le
mentorat d'affaires auprès des jeunes entrepreneurs. C'est un jumelage de
nouveaux entrepreneurs en phase démarrage
avec des entrepreneurs aguerris, généralement plus âgés qui ont déjà réussi un projet d'entreprise dans un secteur économique donné. C'est un accompagnement plus
personnalisé. C'est supporté en grande partie
par le Réseau M de la Fondation de l'entrepreneurship, qui est un organisme qui oeuvre depuis plus
de 30 ans au développement de la culture entrepreneuriale, et c'est très
important, au Québec, qu'on continue à le faire. Ce réseau est implanté dans les 17 régions administratives du Québec
avec une centaine de cellules constituées de mentors qui dispensent le service à tous les nouveaux entrepreneurs pour
tous les stades de croissance d'une entreprise, indépendamment du secteur d'activité
économique. La mesure soutient les entrepreneurs âgés de 35 ans et moins, et,
pour les jumelages, accroît le nombre
de mentors recrutés et soutient les activités de ces cellules dans toutes les régions du Québec.
Les effets souhaités pour les
entrepreneurs mentorés sont l'acquisition de savoir-être, le développement des habiletés de gestion nécessaires au développement de l'entreprise et susceptibles d'accroître les chances de survie
de leur entreprise au cours des premières années
d'exploitation.
En 2014‑2015, le secrétariat a accordé 210 000 $
pour cette mesure. C'est un besoin croissant chez les jeunes entrepreneurs, comme en témoignent les 290
nouveaux jumelages de jeunes entrepreneurs par an au cours des trois dernières
années. Ça témoigne de l'intérêt et à la
fois de l'efficacité de la mesure. La Fondation de l'entrepreneurship travaille
en étroite collaboration avec
d'autres partenaires du secrétariat, par exemple l'organisme Futurpreneur
Canada, financé par le SAJ aussi. La fondation a développé des relations avec
d'autres partenaires, tels que le Concours québécois en entrepreneuriat et le Réseau des carrefours jeunesse-emploi du Québec. Le ministère
de l'Économie, de l'Innovation et de
l'Exportation reconnaît d'ailleurs l'apport de cet organisme en contribuant
annuellement à hauteur de 300 000 $, et le secteur privé participe également, comme en témoigne
l'investissement en accompagnement d'entreprises prestigieuses,
notamment la Banque Nationale, Cascades, Cogeco et le Fonds de solidarité de la
FTQ.
Document déposé
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre.
Avant que je vous cède la parole, je vais juste vous aviser qu'on a, tel que promis par le premier ministre... On vient
de vous distribuer l'échéancier du renouvellement de la Politique québécoise de la jeunesse et de la
Stratégie d'action jeunesse, tel que demandé par le député de Chambly.
Alors, je cède la parole au député de
Laval-des-Rapides.
M. Polo :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. J'aimerais également partager ma grande
gratitude d'être ici, d'accompagner le premier ministre et mes collègues
députés, autant de ma formation politique que des oppositions, pour étudier
avec lui les crédits jeunesse.
Le premier
ministre vient de faire mention sur un sujet que je vais élaborer peut-être un
peu plus longuement, en lien avec les actions jeunesse à l'international, Mme
la Présidente. Comme vous le savez, les voyages forment la jeunesse, et puis donc j'aimerais aborder ce point-là avec
lui. Tout d'abord, quand on parle de la jeunesse, on parle d'une génération,
aujourd'hui, qui se définit comme la
génération Y, une génération qui est
née généralement entre 1980 et la fin des années 90, début des années 2000, une génération également
surnommée la génération millénaire, ou les «Digital Natives», en anglais,
également une génération revendicatrice, également, qui, dans le domaine du travail, met au défi les
modèles de gestion, qui révolutionne également
la manière classique de vendre un produit, privilégie la créativité, l'innovation et même le culot, Mme la Présidente. Et ça, c'est la définition un peu générale de la génération Y, et,
bien souvent, ce sont des valeurs qui sont différentes de ma génération,
la génération X. C'est difficile pour moi de l'admettre, mais...
M. Couillard : Moi, je suis quoi?
M. Polo : Je pense que vous êtes
dans la génération baby-boomer, là, M. le...
M. Couillard : J'ai bien peur que
oui.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Allez-y, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Polo : Effectivement. Ceci dit, Mme
la Présidente, il y a deux semaines... ou, enfin, il y a une semaine, l'Institut du Nouveau Monde a publié un sondage
assez intéressant qui est ressorti dans les médias puis également
un livre intitulé L'état du Québec, et il y avait quelques
statistiques intéressantes de ce sondage-là.
J'aimerais
souligner d'ailleurs au premier ministre qu'au niveau de la génération Y l'appui à la souveraineté a nettement
reculé, presque de moitié. Je pense que ça doit l'intéresser particulièrement, peut-être un peu moins à la formation de l'opposition
officielle, mais disons qu'au cours
des 15, 20 dernières années il y a un net recul pour ce groupe d'âge là en
particulier.
Mais, plus particulièrement, j'ai remarqué dans les statistiques qui sont sorties de ce sondage-là,
Mme la Présidente, qu'elles se caractérisent, entre autres, pour leur souhait et leur désir de se lancer en affaires. 53 % des
plus de 1 100 personnes qui ont
été sondées à même ce sondage-là ont signifié leur intérêt
de se lancer en affaires, de fonder en affaires, contrairement à à peine 34 % qui se voyaient avoir un emploi
syndiqué. Et ça, c'est un changement de paradigme dans leur souhait d'être
autonomes et également dans leurs rêves ou
leurs aspirations et leurs ambitions d'avoir une indépendance financière, une
indépendance financière non seulement personnelle, mais une indépendance financière aussi ou une aisance
financière pour la société également.
Et ça, c'est très intéressant, et c'est là que je fais un peu le parallèle avec
les mesures soulignées par mon collègue,
là, de Sainte-Rose également. 52 % sont préoccupés par les inégalités
entre les riches et les pauvres. Et ça, pour nous, pour un gouvernement,
c'est très important qu'on s'attarde à cela également.
Parlons également
de voyages, Mme la Présidente. Personnellement, j'ai eu l'occasion,
lorsque j'étais aux études à
l'université, de faire un voyage de six mois à l'étranger, de me former, de
prendre une session dans une université au Brésil. Au préalable, j'ai pris, pendant 12 mois, des cours de
portugais. Pour moi, c'était une opportunité d'apprendre une quatrième langue. C'était une opportunité aussi de
vivre en Amérique latine, dans un autre pays qui n'est pas mon pays d'origine,
de voir, à l'âge adulte, ce que c'était de vivre une réalité tout autre de la
réalité nord-américaine, de voir un pays riche en ressources naturelles,
riche en potentiel économique, mais également un pays, malheureusement, où les inégalités sociales sont énormes, sont très
importantes. Et c'est là que ce voyage-là m'a marqué au-delà de ce qu'aujourd'hui j'ai encore, non seulement le fait d'être lusophone, mais également
d'avoir utilisé ces ressources-là et mon réseau au niveau professionnel. Ce
voyage-là m'a marqué énormément. Et c'est là que je fais un lien également
dans un point de... notamment de l'avis du premier ministre, c'est que
j'ai trouvé qu'à un très jeune âge il souhaitait être archéologue, effectivement. Et donc je ne sais pas si c'est à travers ses nombreuses
lectures qu'est né cet intérêt-là ou à travers, peut-être, certains voyages,
mais c'est un fait assez intéressant de souligner en préparation pour la question
que j'avais à ce sujet.
À l'intérieur des organismes soutenus par le
Secrétariat à la jeunesse, il y a, entre autres, un organisme qui s'appelle les offices québécois de la jeunesse,
les LOJIQ, qui notamment travaille énormément afin de faire la
promotion des stages à l'étranger, des voyages à l'étranger. Ils ont
différents programmes, notamment, que ce soit en insertion sociale et professionnelle et en emploi, bien sûr,
en entrepreneuriat, en développement professionnel puis en engagement citoyen.
Pour avoir également travaillé avec eux par le passé à coordonner ou monter une
mission commerciale, j'ai également pu témoigner de quelle façon logique ils
soutenaient des initiatives telles que des missions commerciales à l'étranger. Et je proviens, Mme la Présidente, professionnellement parlant, d'un réseau qui est considéré exactement
dans le groupe d'âge qui est ciblé,
là, par les crédits jeunesse, le Regroupement des jeunes chambres de commerce
du Québec, et l'une de mes
premières expériences avec ce réseau professionnel, c'était une mission
commerciale organisée en 2009... ou 2010 au
Mexique financée par ailleurs par LOJIQ, donc le gouvernement, et ça a été une
expérience incroyable pour les entrepreneurs
qui y ont participé. Moi-même, je n'ai pas accompagné la mission, j'ai une
personne de mon équipe qui y avait
participé à l'époque, mais ce regroupement-là a par la suite organisé d'autres
missions, que ce soit en Belgique, en Israël, et ailleurs.
Et, vous
savez, l'importance, comme je l'ai soulignée, là, de l'intérêt
qu'a cette génération-là pour se lancer en affaires est non seulement importante,
mais il est tout aussi important, Mme la Présidente, de les soutenir dans leurs
démarches de commercialisation
à l'étranger. Et, bien souvent, surtout dans des secteurs comme les secteurs
technologiques, il y a des entrepreneurs qui rapidement,
une fois que l'entreprise est mise sur pied, rapidement, se distinguent et
se dirigent à des exportations et à vendre leurs produits à l'étranger.
• (18 heures) •
Et
donc le fait d'avoir des organismes, comme LOJIQ, qui sont financés par le gouvernement et qui soutiennent ce genre
d'initiatives là, le fait d'avoir ces organismes-là, qui épaulent nos
entrepreneurs et nos futures vedettes, si on peut dire, du monde économique
lors de missions commerciales, pour moi, ça a été — j'ai un témoignage personnel à ce niveau-là — une démonstration parfaite de quelle façon
le gouvernement, et dans les actions qu'il pose, peut justement aider à préparer la relève entrepreneuriale à
s'ouvrir à l'international, à déterminer que le monde est son champ d'action,
est son terrain de jeu pour se développer et
pour vendre leurs produits et se distinguer, et surtout pour démonter que la
marque de commerce québécoise n'est pas
seulement aussi bonne, mais bien meilleure que, bien souvent, les compétiteurs
d'autres pays.
Et
donc c'était un peu le préambule que je souhaitais faire, Mme la Présidente,
pour le premier ministre, en lien avec
les actions jeunesse à l'international. Et par ailleurs j'aimerais aussi
apporter un élément actuel sur les actions qui sont posées et de quelle façon le Québec s'est même distingué sur les
actions qu'il pose, notamment la jeunesse. Nous savons d'ailleurs que
plusieurs gouvernements s'intéressent à l'expérience québécoise en matière de
jeunesse. Et, en décembre 2013, le
Secrétariat à la jeunesse a été invité à présenter le modèle québécois aux
États membres de la confédération des ministres de la Jeunesse et des
Sports, également appelée CONFEJES. En 2014, une délégation de l'institut de la jeunesse du Mexique s'est déplacée
au Québec et a été accueillie par le SAJ, en octobre 2014, pour comprendre
et analyser les façons de faire québécoises.
Le Secrétariat à la
jeunesse a le mandat de conseiller le gouvernement en matière de jeunesse et
d'assister le premier ministre dans
l'exercice de ses responsabilités à cet égard. Il assure aussi la coordination
et le suivi de l'action gouvernementale
en matière de jeunesse découlant de la politique jeunesse et des stratégies
d'action jeunesse au Québec et à
l'international, notamment en Francophonie. Le modèle québécois en matière de
jeunesse est cité comme modèle et
inspire de nombreux États. Ces éléments expliquent pourquoi le ministère des
Relations internationales et de la Francophonie a cherché à appuyer et à développer son partenariat avec le SAJ dans le
but de promouvoir et d'affirmer le rayonnement international du Québec.
Plusieurs organisations internationales priorisent la jeunesse dans leurs
programmations ou leurs stratégies. C'est le
cas de l'OIF, l'Organisation internationale de la Francophonie, l'UNESCO et
même l'ONU. À ce titre, elle a trouvé une large inspiration dans
la Stratégie d'action jeunesse, entre 2009 et 2014, du gouvernement du Québec grâce aux enseignements tirés de celle-ci. Le Québec a été en
mesure de proposer des pistes d'action concrètes qui ont servi
d'ancrages aux orientations que propose la stratégie.
En
2014, le SAJ a joué un rôle particulièrement actif en une année déterminante
pour la jeunesse en Francophonie. D'une part, il a mis son expertise à
la disposition du ministère des Relations internationales dans le cadre des
actions associées au Sommet de la Francophonie tenu en novembre dernier à
Dakar, en Afrique, auquel a pris part le premier ministre du Québec. Ce sommet
avait pour thèmes centraux la jeunesse et les femmes. C'est aussi au cours de
cet événement que l'OIF a notamment dévoilé
la nouvelle Stratégie jeunesse de la Francophonie, adoptée par les chefs d'État
et les gouvernements membres.
Alors,
ma question s'adresse au premier ministre : Pouvez-vous nous décrire les
actions posées par le gouvernement pour faire la promotion de la
jeunesse à l'international au cours de la dernière année? Merci, Mme la
Présidente.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le député de
Laval-des-Rapides. M. le premier ministre, pour à peu près
4 min 50 s.
M. Couillard : Alors, je vais aller rapidement, Mme la Présidente. Effectivement, là,
on travaille avec le secrétariat, avec Les Offices jeunesse
internationaux du Québec, qui sont constitués de plusieurs organisations,
notamment pour organiser les stages à
l'étranger, dont heureusement notre collègue a bénéficié. Et moi, je suis
frappé par la mobilité des jeunes
d'aujourd'hui de toutes les régions, de tous les milieux, à quel point leurs
horizons sont larges par rapport à ceux que nous, nous avions à l'époque, et tant mieux, tant mieux. Il y a
également de prévus, en 2015‑2016, 750 000 $ pour ces stages à l'étranger au moyen de plusieurs
actions qu'il serait trop long de détailler actuellement. Et je veux rappeler
également que le fameux 4 millions dont on discutait tantôt, qui va être
réappliqué pour les projets directs, pourrait comprendre les activités
internationales, mais ceci est encore à l'étude.
C'est
bien de nous avoir parlé du Sommet de la Francophonie de Dakar, où on était, où
on a présenté des positions importantes,
notamment celles de soutenir une offre d'éducation de base et de formation de
qualité axée sur l'emploi et l'insertion,
promouvoir l'enseignement supérieur et universitaire, la recherche, les
nouvelles technologies, soutenir l'esprit d'entrepreneuriat chez les jeunes, l'encouragement à la créativité numérique,
culturelle et artistique, promouvoir notre langue française comme langue
de solidarité et de partage et comme langue de compétences professionnelles.
Alors, le secrétariat
est actuellement à élaborer une initiative avec l'OIF, l'Organisation internationale
de la Francophonie, qui vise à recenser les
meilleures pratiques, on en a parlé tantôt, en matière de politique jeunesse
dans l'espace francophone. On a
également soutenu et influencé les
travaux qui ont entouré l'élaboration de la programmation 2015‑2018 de la
Conférence des ministres de la Jeunesse et des Sports, à Kinshasa, en mars
2015, à laquelle bien sûr le Québec a participé
et participe comme gouvernement membre depuis 1969. On veut pour cette
initiative spécifique, pour l'OIF, en 2015‑2016,
soutenir le secrétariat et, le secrétariat, soutenir les organisations qui
oeuvreront dans ce domaine, avec un crédit
de 100 000 $ qui va nous permettre d'être concrètement actifs avec
les jeunes dans l'Organisation internationale de la Francophonie.
Effectivement, c'était un des thèmes majeurs du
forum de Dakar.
La
Présidente (Mme Rotiroti) : Merci, M. le premier ministre. Il
vous reste peut-être deux minutes si vous voulez rajouter quelque chose.
M.
Polo : Sincèrement, je pense qu'au-delà de ce que le premier ministre
a utilisé comme éléments de réponse à
ma question, Mme la Présidente, je dois également me réjouir sur le dossier
puis longuement expliqué, présenté et débattu aujourd'hui en lien avec
les forums jeunesse.
Dans ma
région, j'ai moi-même un forum jeunesse très actif mais également, dans ma
circonscription, le carrefour jeunesse-emploi,
qui effectue un travail important et avec qui j'ai de nombreux contacts. Et je
pense que la décision, telle qu'expliquée
par le premier ministre, de démontrer de quelle façon il y a une continuité, il
y a une vision qui se traduit à travers cette décision-là d'élargir et
d'augmenter le nombre de points de service et de points de contact pour
faciliter justement cette approche-là auprès
des jeunes et de la relève et effectivement les former au niveau de la
gouvernance, de leur donner des
espaces de décision... bien, je pense qu'il y a là une cohérence totale dans
cette décision-là, et, de faciliter justement
cette approche-là ou ce contact-là avec les jeunes à travers le réseau des
carrefours jeunesse, je tiens à le saluer.
Et donc je tenais à prendre mes quelques
dernières secondes pour réitérer mon soutien à cette décision-là, Mme la
Présidente.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Merci beaucoup, M. le député de Laval-des-Rapides.
Adoption des crédits
Alors, le
temps alloué à l'étude du volet Jeunesse des crédits budgétaires du
portefeuille Conseil exécutif étant presque qu'écoulé, nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix des crédits.
Le programme 5, Jeunesse, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Rejeté.
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Adopté sur division.
M.
Turcotte : Ce n'est
pas français, dire ça, mais ce n'est pas grave, là. Mais j'aime mieux dire
«rejeté».
La Présidente (Mme Rotiroti) :
Ça va être noté, M. le député de Saint-Jean.
Documents déposés
Alors, en terminant, je dépose les réponses aux
demandes de renseignements de l'opposition.
Et je lève la séance. Et les travaux de la
commission sont ajournés au mardi 28 avril 2015, après les affaires courantes, où nous entreprendrons l'étude du volet
Aînés des crédits du portefeuille Famille. Merci et bonne soirée à tous.
(Fin de la séance à 18 h 8)