(Neuf heures trente et une minutes)
La Présidente (Mme Blais) : À
l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs téléphones
cellulaires.
La commission
est réunie afin de procéder à l'étude des crédits budgétaires du volet Jeunesse du portefeuille du Conseil exécutif pour l'exercice financier 2014‑2015. Une enveloppe de
deux heures a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, Mme la Présidente. M. Fortin (Sherbrooke) est
remplacé par Mme Simard (Charlevoix—Côte-de-Beaupré);
Mme Rotiroti (Jeanne-Mance—Viger), par M. Billette (Huntingdon); M. Bergeron (Verchères) est
remplacé par M. Turcotte
(Saint-Jean); et M. Picard (Chutes-de-la-Chaudière) est remplacé par M. Roberge
(Chambly).
Jeunesse
La Présidente
(Mme Blais) : Nous allons débuter par les remarques préliminaires et,
avec votre consentement, procéder à une discussion d'ordre général en
alternance entre le groupe parlementaire formant le gouvernement et les députés des oppositions. Deux blocs d'environ
15 minutes sont prévus pour l'opposition officielle et de 10 minutes
pour le deuxième groupe de l'opposition,
incluant les questions et réponses. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ce programme,
soit quelques minutes avant l'ajournement de nos travaux.
Puisque nous
avons débuté les travaux à 9 h 30 et qu'une période de deux heures doit
être consacrée à l'étude de ce programme, y a-t-il consentement pour
terminer nos travaux à 11 h 30?
Une voix : Consentement.
La Présidente (Mme Blais) : On a une
minute de retard, mais...
M. Couillard : 11 h 30,
c'est une bonne idée.
Remarques préliminaires
La
Présidente (Mme Blais) : 11 h 30. Alors, sans plus tarder,
nous allons débuter par les remarques préliminaires. M. le premier
ministre, vous disposez de 10 minutes.
M. Philippe Couillard
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Je suis heureux de vous voir présider cette séance. Je voudrais
saluer tous mes collègues parlementaires des trois partis représentés autour de
cette table; M. Ducharme, à ma gauche, du Secrétariat à la jeunesse;
Mme Richard, à ma droite, de mon cabinet; et toutes les personnes de la
fonction publique québécoise qui nous font le plaisir et l'honneur d'être avec
nous ce matin. Et je veux les remercier pour leur travail.
Alors, Mme la
Présidente, je suis heureux de prendre la parole aujourd'hui en tant que
titulaire du dossier Jeunesse au sein
du gouvernement. On sait que, depuis 2003, la jeunesse fait partie du
portefeuille du premier ministre, et c'est une tradition que j'ai tenu à
poursuivre. On veut ainsi témoigner à la fois de l'importance capitale de la
jeunesse pour le Québec et la nature transversale également des enjeux qui
l'affectent.
Depuis l'avènement
de la scolarisation obligatoire, l'enfance est fortement conditionnée par une
structure sociale coordonnée par l'État, c'est-à-dire l'école, bien sûr,
mais c'est encore plus vrai si on considère le soutien offert aux services de garde, qui sont, dans une certaine
mesure, un complément ou un préalable à l'école. À l'opposé, à l'âge
adulte, le degré de liberté et d'autonomie
des citoyens est maximal. Un État bien avisé cherchera à exercer une influence
la plus légère possible sur leur vie afin de permettre à tous de laisser
libre cours à leurs initiatives, leur créativité et ainsi de réaliser leurs
ambitions.
La jeunesse,
bien sûr, c'est la phase transitoire entre ces deux situations. C'est un âge de
la vie où la plupart des personnes
terminent leur formation au niveau collégial et universitaire et entrent sur le
marché du travail. Elles passent d'un environnement relativement normé à
la liberté de faire leurs propres choix. En même temps, ces choix comprennent souvent la fondation d'une famille, l'acquisition
d'une propriété, le démarrage d'une entreprise, des décisions cruciales
qui commettront leurs ressources pour la majeure partie de leur vie active.
Toutes les sociétés ont reconnu, au cours des
dernières décennies, la position particulière des jeunes adultes dans la société et des besoins singuliers qui en
découlent. À cela s'ajoute le fait que les jeunes doivent s'inscrire dans
un contexte économique dans lequel l'insertion sur le marché du travail est de
plus en plus exigeante. Pour toutes ces raisons, les pays occidentaux, et autres, ont
choisi d'étudier les défis et les besoins des jeunes adultes de façon
particulière et de trouver des manières de
les soutenir pour les aider à les surmonter. Et je suis heureux de dire à
nouveau que le Québec a fait figure de pionnier en ce domaine, puisque
la fondation du Secrétariat à la jeunesse remonte à 1983.
Il y a une
nouvelle conjoncture qui va s'ajouter au cours des prochaines années, celle
d'une situation où leur poids démographique
est moins élevé dans la société qu'à toute autre époque de notre histoire. En
même temps, les changements démographiques font en sorte que leur
importance en tant que relève sociale et économique, elle, n'a jamais été plus grande.
Ainsi, le Québec, bien sûr, a plus que jamais besoin de ses jeunes, et les
années que nous vivons marquent le tournant à partir duquel ceux qui prennent
leur retraite sont plus nombreux que ceux qui entrent sur le marché du travail. Dans ce contexte, tous les jeunes doivent
disposer des moyens pour réaliser leur plein potentiel et participer à
la vitalité de la société québécoise. La
bonne nouvelle, c'est que les occasions seront fort probablement plus
nombreuses que jamais et qu'ils seront sollicités de toutes parts, mais cette
réalité comporte bien sûr sa part de défis.
Le premier
est économique, c'est celui de la productivité. Les Québécois doivent
poursuivre leur formation plus longtemps et en plus grand nombre afin de
composer une main-d'oeuvre instruite, à l'avant-garde de nos concurrents économiques. Il importe donc de garder nos jeunes
sur le banc des écoles, des collèges et des universités en même temps que s'offriront à eux et elles des occasions de
travail plus nombreuses. Nous devons nous assurer que la formation
offerte saura répondre aux besoins de main-d'oeuvre. Un grand défi.
Le second défi, d'ailleurs, c'est celui de la
famille. Déjà, il est souvent difficile pour les jeunes Québécois et Québécoises d'investir le temps nécessaire à la
fondation d'une famille tout en poursuivant leur cheminement de carrière
ou d'études. Les demandes qui s'exerceront
sur les jeunes dans les années à venir rendront, je crois, cette conciliation
de plus en plus ardue, mais, à la fois, de plus en plus nécessaire.
Le troisième
défi est social, c'est celui de l'équité et de l'entraide intergénérationnelle
et c'est, à plusieurs égards, le plus complexe des trois, celui qui
appelle l'État à une vision d'ensemble et à une réponse coordonnée. C'est celui
de faire résonner la voix des jeunes dans
notre démocratie à un moment où leur nombre est plus faible qu'avant et
leur intérêt pour la participation citoyenne parfois inégal. C'est également
celui de préserver la conception de la justice sociale que nous avons développée depuis la Révolution tranquille, qui
contribue à assurer l'égalité des chances pour toutes les générations
tout en revisitant cependant les moyens de la mettre en oeuvre.
Nos réponses
à ces trois défis devront nécessairement tenir compte du fait que les valeurs
des jeunes d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes que celles de naguère,
que leurs aspirations et leur vision d'eux-mêmes et d'elles-mêmes et du monde
ont changé et que cela conditionne la manière dont ils s'investissent dans le
rôle des citoyens par rapport à la politique, on le voit, et à la vie de leur
communauté.
C'est en
tenant compte de toutes ces perspectives que nous avons pris les engagements
qui toucheront directement les jeunes dans cinq domaines.
Au chapitre de l'intimidation, le gouvernement
tiendra, le 2 octobre prochain, un forum pour aborder cette question de
façon intégrée et, en collaborant avec les partis d'opposition, je veux le
répéter, apporter des réponses constructives et des actions concrètes pour
l'ensemble de la société. On sait que les jeunes, particulièrement ceux et celles qui terminent l'école secondaire ou qui vont
à des études collégiales, sont à un âge où malheureusement l'intimidation sévit plus qu'à d'autres. Par
ailleurs, la grande familiarité de ces jeunes avec les réseaux sociaux ajoute
une autre dimension au phénomène, celle de la cyberintimidation.
Le deuxième grand engagement que nous avons
envers les jeunes touche l'éducation et la persévérance scolaire. Nous voulons donner plus de latitude aux écoles pour qu'elles
soient davantage à l'écoute de leur communauté. L'aide aux devoirs, les activités parascolaires et le bénévolat ne sont
que des composantes sur lesquelles nous entendons mettre l'accent afin de faire des écoles de
véritables milieux de vie attractifs pour les jeunes. Il est aussi prévu de
faire un effort particulier pour améliorer les occasions éducatives offertes
aux jeunes autochtones, notamment dans la mise en oeuvre du Plan Nord.
Nous voulons
aussi que les jeunes puissent avoir les meilleurs outils en main pour s'insérer
avec succès sur le marché du travail.
C'est ainsi que nous voulons améliorer la formation professionnelle qui leur
est offerte en nous inspirant des meilleurs modèles du monde, par
exemple celui de l'Allemagne. Nous souhaitons que les jeunes qui ont l'esprit d'entreprise puissent reprendre plus facilement la
relève de nos entrepreneurs, notamment dans nos entreprises agricoles. Les Québécois ont bâti, dans les dernières
décennies, un patrimoine d'entreprises remarquable. Nous devons
maintenant nous assurer que ce patrimoine
soit légué à la nouvelle génération pour que celle-ci puisse le faire prospérer
à son tour.
Enfin, notre gouvernement veut que nos jeunes
profitent des meilleures conditions pour pouvoir s'établir et fonder une famille et bâtir pour celle-ci un
patrimoine durable. L'accès à la propriété est une des meilleures façons
de contribuer à ce patrimoine, mais il
s'avère de moins en moins abordable pour les jeunes familles, on le voyait
encore hier dans les journaux
canadiens. C'est pourquoi nous entendons mettre en place des mesures tangibles
pour leur permettre de concrétiser ce projet pour mettre un toit solide
au-dessus des jeunes familles québécoises.
Je ne
pourrais conclure sans parler du legs peut-être le plus important que notre
gouvernement désire faire à la jeunesse québécoise et aux générations à
venir, je parle ici des finances publiques saines et d'un État qui dépense à la
mesure de ses moyens. Je l'ai déjà
mentionné, la liberté de choisir est l'une des valeurs auxquelles les jeunes
d'aujourd'hui accordent une place centrale. L'état actuel de nos finances
publiques pourrait priver le Québec de cette liberté de choix et d'action. Comme notre marge de manoeuvre est limitée, nous
devons faire des choix importants au nom de l'équité
intergénérationnelle. C'est dans cette optique que le discours d'ouverture
ainsi que le budget déposé par le ministre des
Finances ont introduit la notion de cran d'arrêt pour les finances publiques.
On sait qu'aucune nouvelle dépense de programmes ne devrait être
instaurée, à moins qu'une économie équivalente soit dégagée.
• (9 h 40) •
La Politique québécoise de
la jeunesse et les stratégies d'action jeunesse qui ont servi à la mettre en
oeuvre ont été des moyens importants pour
garantir aux jeunes une participation dans cette solidarité. Je suis conscient
de leur importance pour la jeunesse québécoise et pour les organismes
qui la représentent, et nous entendons poursuivre la démarche en vue de les renouveler. Ainsi, le Secrétariat à la jeunesse
continuera d'être à l'écoute des besoins exprimés par les jeunes et devra, à terme, les traduire en
nouvelles orientations. D'ici à ce que ces orientations soient adoptées, la
majeure partie des mesures de la Stratégie d'action jeunesse en cours se
poursuivront pour l'année 2014‑2015.
Le retour à la discipline budgétaire exige
toutefois que l'ensemble des missions de l'État soient examinées et évaluées.
Il n'y aura exception dans aucun domaine. Et les partenaires jeunesse du
gouvernement doivent s'attendre également à
ce que leurs activités soient examinées afin que les plus utiles puissent être
encouragées et d'autres puissent être améliorées.
Je le répète, le fruit de cet exercice sera de redonner au Québec les clés de
son véritable potentiel afin que les jeunes
puissent ensuite travailler collectivement à le réaliser. Nous entendons
laisser aux générations futures un Québec dynamique dirigé par un
gouvernement en plein contrôle de ses finances et de ses ressources. Ainsi,
elles pourront disposer des marges de manoeuvre leur permettant également
d'être libres de leurs propres choix. Merci.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci, M. le député de Roberval et premier
ministre du Québec. J'invite maintenant
le porte-parole de l'opposition officielle en matière d'emploi, de formation
professionnelle, d'alphabétisation et de jeunesse et député de Saint-Jean à
faire ses remarques préliminaires, pour une durée de six minutes au
maximum.
M. Dave Turcotte
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. On a le mandat, aujourd'hui, d'étudier les crédits
pour la Jeunesse à l'Assemblée nationale, on
a cette responsabilité, peu importe le parti politique que nous représentons.
Mais je crois qu'il est important quand même de faire le point sur la situation
actuelle.
Le 7 avril
dernier, il y a eu une élection, il y a eu un changement de gouvernement, c'est
la volonté de la population. Sous
notre gouvernement, on a mis fin au conflit étudiant, nous avons mis en place
le Sommet sur l'enseignement supérieur, nous avons mis en place des
chantiers, des mesures concrètes pour aider nos étudiants suite à ce sommet.
Nous avons mis en place la commission
Ménard, appelée ainsi dans les médias et dans le jargon populaire, pour étudier
ce qui s'est passé durant ce conflit. Mme Marois, la première ministre
de l'époque, a annoncé le renouvellement de la Stratégie d'action jeunesse pour
l'année en cours. Elle a aussi mis en place tout un processus de consultation
pour la nouvelle politique jeunesse qui datait d'une autre génération.
M. le premier ministre, dans son discours
d'ouverture, a mentionné que les jeunes d'aujourd'hui avaient des amis partout sur la scène internationale et
pouvaient communiquer sur leurs tablettes. Je vous rappellerais qu'à
l'époque de la précédente... bien,
l'actuelle politique jeunesse mais précédente, à ce moment-là, on savait
comment coller un timbre sur une
enveloppe. Maintenant, on s'envoie des textos et des courriels. On a mis en
place tout ce processus de consultation là, on a fait le tour du Québec,
j'ai eu l'occasion de le faire avec mon collègue Léo Bureau‑Blouin, mon collègue
député de Terrebonne. On a mis au coeur de l'action, au coeur du
dialogue, les jeunes du Québec, peu importe leur origine, peu importe leur région, peu importent leurs idées, parce que
c'était important de les entendre. On a mis en place davantage
de places en CPE, on a mis en place le vote
dans les établissements d'enseignement, on a soutenu davantage les
organismes communautaires, qui aident notre
monde mais qui aident aussi, bien entendu, nos jeunes. Au coeur de toutes nos
grandes politiques, nous avons mis les jeunes : Tous pour
l'emploi, la Politique nationale de la ruralité, la politique industrielle.
Depuis le 7
avril, le nouveau gouvernement, de ce qu'on voit dans les crédits, on voit qu'il y a
un certain flou. On peut donner le
temps... la chance au coureur. Moi, je n'ai pas de problème.
Nous allons poser des questions aujourd'hui pour avoir des réponses. Mais, de ce qu'on peut comprendre, c'est
18 % de coupures dans les transferts pour nos jeunes. Quel message ça envoie quand le ministre
responsable de la Jeunesse, qui est aussi premier ministre du Québec,
accepte ce message-là et qu'on lance dans tous les autres ministères... Quand
on voit qu'il y a 17 millions de dollars qui sera coupé dans les mesures
d'aide à l'emploi, dans un autre ministère, je le concède... Mais qui, au Québec,
a un grand taux de chômage? C'est nos
jeunes. Donc, ça touche nos jeunes, 17 millions
de dollars de moins. Quel message ça
envoie?
Aujourd'hui, j'ai entendu le premier ministre
lancer un éclairage nouveau — disons ça comme ça — un
éclaircissement dans sa volonté, dans sa stratégie pour renouveler la nouvelle
politique. Nous aurons l'occasion d'en débattre
davantage. Mais je crois qu'il est important d'envoyer un message clair aux
jeunes du Québec que la politique jeunesse
sera renouvelée, que les mesures de la Stratégie d'action jeunesse pourront
aussi... pour le temps qu'il reste à la nouvelle politique, seront
maintenues. Les places en CPE, c'est nos jeunes familles, c'est important. Le
Sommet sur l'enseignement supérieur, les mesures qui en découlent, c'est comme
si ça n'existait plus.
Je sais,
c'est sûrement un oubli, sûrement un oubli de la part des gens autour du
premier ministre, je ne le mets pas responsable
de ça, mais je peux comprendre, avec tout ce flou ou ces coupures au niveau de
la jeunesse, qu'il n'est pas fier de
dire qu'il est ministre responsable de la Jeunesse, je peux comprendre que
c'est un oubli de ne pas le mentionner sur son site Internet lors de son serment. Mais je crois que, M. le premier
ministre, c'est important d'envoyer un message clair aux jeunes, que vous êtes un nouveau premier
ministre et que vous lancez un message clair que vous n'êtes pas comme
votre prédécesseur au Parti libéral. C'est un service que je veux vous rendre,
c'est un service que je veux rendre aux jeunes du Québec.
Mais je crois que c'est important qu'on pose des
questions aujourd'hui, comme opposition officielle, pour les groupes qui
s'occupent des jeunes, pour les jeunes du Québec, mais aussi pour l'ensemble de
notre relève qui, dans quelques années, seront ici avec nous et qui feront cet
exercice, eux aussi, des crédits. Je vous remercie beaucoup, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci beaucoup, M. le député de Saint-Jean.
J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition en matière d'éducation, d'enseignement supérieur, de
recherche et de sciences et député de Chambly à faire ses remarques
préliminaires pour un maximum de quatre minutes.
M. Jean-François
Roberge
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Alors, je veux saluer mes collègues de l'opposition officielle,
tout le monde du gouvernement, en avant, et je veux remercier toutes les
personnes qui se sont déplacées pour être ici aujourd'hui. Je pense que ça
témoigne de l'importance des dossiers jeunesse pour beaucoup d'acteurs au
Québec.
Les dossiers
jeunesse, c'est des dossiers qui transcendent tous les autres, comme l'a dit le
premier ministre. Comme on dit dans
mon ancien métier, c'est transversal. Alors, évidemment que ça touche
l'éducation, que ça touche les forums, les endroits où les jeunes peuvent s'exprimer. Mais les dossiers de la
jeunesse, ça va plus loin que ça, ça touche l'économie. Donc, quand on bâtit l'économie, évidemment que
c'est quelque chose qu'on bâtit, qu'on met de l'avant pour la jeunesse. C'est un espoir qu'au bout du parcours scolaire il
y a un emploi stimulant, bien rémunéré et qu'il y a une place qui attend
les jeunes. Quand les jeunes se découragent, souvent c'est parce qu'ils ont
l'impression que l'avenir est bouché, et il faut déboucher cet avenir-là, il faut qu'il y ait un endroit sur le marché du
travail qui attende les jeunes et qu'ils se disent qu'ils vont pouvoir
la prendre, leur place dans la société. Donc, pour l'économie, c'est important.
Évidemment
que, quand on parle de jeunesse, on est obligé d'aborder le dossier de
l'environnement. Puis je pense qu'à partir de maintenant au Québec, tout
développement doit être durable. Puiser dans nos ressources naturelles, les exploiter, c'est normal. De tout temps, je pense
qu'à travers l'histoire toutes les sociétés, toutes les cultures l'ont fait.
Sauf que, depuis une centaine d'années, à
cause... ou malgré nos avancées techniques, la façon avec laquelle on s'est mis
à puiser dans nos ressources naturelles,
avec tant d'agressivité qu'on en est venus à remettre en question l'équilibre
des forces, l'équilibre de la nature... Et
je pense qu'on ne peut plus saccager l'environnement au nom de la croissance
économique. Donc, j'ai parlé tout à l'heure
que c'était important, d'assurer la croissance économique pour les jeunes, mais
on ne peut pas sacrifier l'environnement pour ça. C'est un équilibre
précaire qu'il va falloir retrouver, parce que je pense qu'en ce moment on est
en déséquilibre.
Il va falloir
se retourner vers la sagesse de nos ancêtres au temps de la Nouvelle-France,
quand ils recevaient un petit
terrain, un lopin de terre, là, qu'ils avaient la sagesse d'avoir un petit coin
pour leur potager, à peu près 50 % pour l'agriculture, puis, au
fond, il y avait la terre à bois. Ce n'était pas parce qu'ils étaient trop
paresseux pour défricher la terre au
complet, c'est parce qu'ils étaient assez sages pour laisser au fond de la
terre une zone protégée, une zone où il allait y avoir l'écosystème qui allait rester là pour qu'ils puissent
chasser et trapper, pour qu'il y ait une terre à bois, parce qu'on
chauffait au bois à cette époque-là, et qu'eux puissent chauffer, leurs enfants
pourront encore se chauffer et leurs enfants
de leurs enfants, de leurs enfants. Je pense qu'on a perdu un peu cette
perspective-là aujourd'hui. Il va falloir revenir à cette sagesse de nos
ancêtres.
Mme la Présidente, je veux inviter le premier
ministre et tous mes collègues députés dans cette salle à agir et à intervenir dans une perspective d'équité intergénérationnelle pour qu'on laisse au
Québec un environnement durable, mais qu'on bâtisse un véritable Québec
durable. Merci.
Discussion générale
La
Présidente (Mme Blais) : Merci, M. le député de Chambly, merci pour ces remarques préliminaires. Je
vais maintenant inviter le représentant de l'opposition officielle, le député de Saint-Jean, à prendre la parole
pour une période de 15 minutes.
• (9 h 50) •
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, Mme la présidente. Ma première question, M. le
premier ministre, vous ne
serez pas surpris, ce sera sur le renouvellement de la politique jeunesse.
J'aimerais savoir, vous avez évalué les... lors de... Sous notre gouvernement, nous avions mis en place un processus de
consultation, une grande tournée qui était beaucoup organisée par les forums jeunesse dans différentes
régions. Maintenant que cette tournée est terminée, est-ce que
vous avez le décompte final des coûts de
cette tournée, la partie du gouvernement, mais aussi toute la partie des organismes qui
ont travaillé avec le gouvernement, avec le Secrétariat à la
jeunesse, et leur contribution à eux,
notamment les forums jeunesse?
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre.
M.
Couillard : Alors, merci, Mme la Présidente. J'ai oublié de saluer le
personnel de la commission, également, que
je voudrais remercier pour leur présence ce matin. Puis on m'a également
signalé, et je suis heureux de l'apprendre, que nos deux collègues des oppositions ont été actifs dans les mouvements
jeunesse, et même monsieur qui est ici pour les assister, avec la FEUQ,
je pense, dans les deux cas, et également Force Jeunesse, je crois, dans votre
cas. C'est bien, ça montre un vécu, dans ces questions-là, qui me plaît
beaucoup.
Alors, je
vais répondre directement à votre question : les coûts de la tournée, les
dépenses effectuées par le ministère pour les visites et rencontres dans
les régions du Québec. Alors, on a la date de chaque arrêt de la tournée à
laquelle vous avez participé, de la
Gaspésie, en août 2013, jusqu'au Centre-du-Québec, en juin 2013, et le coût
total a été de près de 60 000 $, 59 761 $ pour être
plus précis.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député.
M.
Turcotte :
Ça, c'est le montant du coût du Secrétariat à la jeunesse, mais la partie des
forums jeunesse, est-ce que vous avez cette information? Ou des autres
organismes sur le terrain, parce que les gens ont contribué...
M.
Couillard : On me dit qu'il n'y a aucun coût qui a été engagé par les
forums jeunesse.
M.
Turcotte : Est-ce que, suite à ça, vous... je comprends que
ce n'était pas nécessairement votre initiative, là, mais, suite à ça, est-ce que vous,
personnellement, vous avez regardé, consulté, lu ce qui s'était dit dans cette
tournée?
La Présidente (Mme
Blais) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente. Alors, d'abord, c'était une bonne initiative de
faire cette tournée, puis je vous félicite également, je crois que notre
collègue y a participé, à cette tournée, de même que le précédent député de Laval-des-Rapides, M. Bureau-Blouin, qui
d'ailleurs vient d'être, je crois, désigné comme président de l'aile
jeunesse de son parti...
M.
Turcotte :
Pas encore.
M.
Couillard : Pas encore? J'ai cru que c'était officiel.
M.
Turcotte :
En fin de semaine. Il ne faut pas...
M.
Couillard : Bon, anticipons que c'est possible...
M.
Turcotte :
Oui, oui.
M.
Couillard : ...et, si, par hasard, ça devait se produire, on lui
adresse d'avance nos félicitations.
M.
Turcotte :
Il est le seul candidat, donc ça devrait bien aller.
M.
Couillard : En général, c'est assez annonciateur de succès, ça, lors
d'une élection.
M.
Turcotte :
Mais c'est sous-estimer le Parti québécois.
M.
Couillard : Ah, bon!
M.
Turcotte :
On a des capacités...
M. Couillard : O.K. Alors, je vais compléter ma réponse de tantôt avant d'aller plus
loin dans votre deuxième question.
Parce qu'on a rajouté des éléments de coûts, je pense, qu'il est intéressant
pour les parlementaires et le public de connaître. Je vous ai mentionné déjà les tournées régionales de
consultation, 59 761 $, ça, c'est pour l'hébergement, les
déplacements et les repas; il y a également un site web interactif, dont
certainement vous vous souvenez, conception, réalisation
et entretien pour 52 992 $; les communications, publicité, capsules
vidéo, outils promotionnels, 56 564 $; et la rédaction, préparation, on indique même la
traduction du livre blanc de la politique jeunesse, 17 191 $. Donc,
si on regarde non seulement la
tournée, mais le coût de la démarche totale qui a mené... qui a suivi la
consultation et la rédaction du livre blanc,
c'est 186 508 $. Il y avait également quatre employés du secrétariat
qui étaient mis en disponibilité pour la tournée et, bien sûr, le
personnel politique que notre collègue connaît bien.
Alors,
il n'est pas dans notre intention de refaire le travail. On ne balaie pas,
nous, ce qui a été fait auparavant, et on y accorde même toutes les
qualités lorsqu'elles doivent être reconnues. D'ailleurs, je suis heureux de
dire que ma consoeur la députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré, qui est adjointe parlementaire, a
la responsabilité spécifique de ce dossier.
Alors, on lui a demandé, bien sûr, sachant qu'on prolonge l'exercice d'un an,
la stratégie en cours, sachant que la précédente stratégie date, comme
vous le dites très bien, d'une génération précédente, qui est, en fait, la
génération de mes enfants quand j'y pense, 1981, à peu près, je crois, que
c'était...
M.
Turcotte :
2001.
M.
Couillard : 2001. Mais 1981 auparavant? Il y avait...
M.
Turcotte :
1983.
M.
Couillard : 1983, c'est la création du secrétariat, mais il y avait eu
une première politique à ce moment-là. Alors, on a changé d'époque depuis ce moment-là.
Donc, la députée, notre consoeur, va
faire le bilan du livre blanc, également consulter peut-être des groupes
qui n'ont pas pu participer à la tournée, pour ajouter de l'information, et, pendant qu'on poursuit la stratégie actuelle pour
un an, préparer la prochaine stratégie jeunesse. D'abord, l'opportunité d'en faire une : Est-ce qu'il y a assez
d'éléments nouveaux qui justifient de faire une stratégie complète, ou on peut
tout simplement dire qu'on ajuste la
stratégie précédente puis qu'on la fait évoluer, ou ça nécessite une nouvelle
stratégie? Elle a ce
travail d'évaluation à faire au cours de l'été et de l'automne. Donc, à la fin
de l'année, on devrait être en mesure de nous prononcer sur la réédition
d'une nouvelle stratégie ou la prolongation, tout simplement, de la stratégie
en cours avec un ajustement ou une bonification de certaines mesures suite au
travail qui sera fait.
La Présidente (Mme
Blais) : M. le député de Chambly... excusez-moi, Saint-Jean.
M.
Turcotte :
C'est mon voisin.
La Présidente (Mme
Blais) : Un lapsus.
M.
Turcotte :
C'est mon voisin de table et de comté. C'est correct. Mais je comprends ce que
vous me dites, M. le premier ministre, mais
vous avez assez d'expérience politique pour savoir qu'il y a une différence
entre une stratégie et une politique.
Je vous entends parler beaucoup du renouvellement de la stratégie. Est-ce que
vous mettez dans vos cartons de renouveler la politique et d'avoir une
stratégie nouvelle ou modifiée qui découle de cette nouvelle politique?
La Présidente (Mme
Blais) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Alors, effectivement, je vais clarifier, là. La stratégie qui découle
de la précédente politique, elle va être poursuivie d'un an. Ce qui est
à décider maintenant : Est-ce qu'on fait une nouvelle politique avec une
nouvelle stratégie ou on dit : Dans
l'ensemble, les actions qui sont déployées sont bonnes? On a consulté d'autres
groupes, on a regardé le livre blanc, il s'agit juste d'ajuster
certaines mesures sans nécessairement faire une nouvelle politique qui consume beaucoup d'énergie, hein, dans un
secrétariat, dans un gouvernement. Cependant, si on trouve que le
changement générationnel, ou d'époque, ou de besoins est si important, c'est
clairement nécessaire, à ce moment-là, de faire une nouvelle politique. Alors,
c'est le travail d'évaluation qu'on fait actuellement.
La Présidente (Mme
Blais) : M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci, Mme la Présidente. Est-ce que je comprends
des propos du premier ministre actuel que vous nous dites que... Parce que vous savez qu'il y a des groupes qui sont en
attente actuellement, qui ont préparé des mémoires, qui ont préparé des réflexions en vue de... Nous,
nous avions annoncé la tenue d'une commission parlementaire sur le livre blanc pour peaufiner, consulter
davantage, parce qu'un livre blanc, c'est un livre blanc, ce n'est pas une
politique, c'est une ébauche de politique.
Est-ce que je comprends que la commission parlementaire ne se tiendra pas?
Est-ce que vous avez réfléchi sur la
façon... Parce que j'entends que vous me dites que vous aurez encore des
consultations. Sous quelle forme ces
consultations se feront? Est-ce que ce sera en commission parlementaire, où
tous les députés, peu importe leur parti politique, pourront participer,
ou ce sera une autre forme de consultation?
La Présidente (Mme
Blais) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Alors, notre consoeur va faire les rencontres, bien sûr, accompagnée
par le personnel du secrétariat, avec
les groupes qui auraient voulu s'exprimer lors de la tournée et qui n'ont pas
pu le faire, et par la suite ça découle de la décision qu'on prendra. Si on décide d'aller de l'avant vers, en fait,
la prolongation du livre blanc qui nous amenait vers une nouvelle politique, bien c'est clair qu'il
faut faire un exercice de débat parlementaire à ce moment-là. On n'est
pas arrivés maintenant. Donc, ça n'arrivera pas cet automne, clairement.
L'automne va être utilisé pour faire la réflexion.
Si on est dans
l'embranchement qui nous amène vers une nouvelle politique, donc un exercice
profond de renouvellement, c'est clair qu'il faut incorporer là-dedans un
passage en commission parlementaire. Cependant, si on décide, on fait
l'évaluation qu'il s'agit d'ajustements ou d'améliorations de mesures, bien là
le besoin n'est pas aussi évident. Donc, ça découle vraiment du choix qui sera
fait entre le besoin d'une nouvelle politique ou l'ajustement, tout simplement,
de la stratégie ou des moyens d'action qui sont actuellement en développement.
La Présidente (Mme
Blais) : Il vous reste 6 min 30 s.
M.
Turcotte : C'est correct. Je reviens à ma question qu'on a
déviée un peu, mais c'est correct, on échange sur le même enjeu. J'ai posé la question tantôt si vous,
personnellement, vous aviez consulté les idées, les opinions, les
commentaires des jeunes qui ont été entendus durant cette tournée-là? Est-ce
que vous avez consulté le livre blanc? Est-ce que vous vous êtes fait une tête,
vous, personnellement, comme ministre responsable de la Jeunesse?
• (10 heures) •
M. Couillard : Bien, j'ai lu, bien sûr, des résumés. Vous comprendrez que j'ai
quelques dossiers à suivre, mais j'ai eu
un bon résumé du livre blanc et des choses qui ont été mentionnées. J'ai
également noté, comme je l'ai dit tantôt, que certains groupes auraient voulu être entendus et n'ont pas pu l'être,
certainement par manque de temps. Donc, on va leur demander de se présenter à nous. Et je demanderai
à ma consoeur de faire cette évaluation lorsqu'elle les aura rencontrés,
comme je le disais tantôt.
M.
Turcotte :
O.K. Donc, ce que je comprends, c'est que vous n'excluez pas la commission
parlementaire, selon votre réflexion en fonction des groupes que vous
rencontrerez prochainement, ou votre adjointe parlementaire, l'équipe du
Secrétariat à la jeunesse. Là, je suis inclusif dans mon «nous»... dans votre
«vous», plutôt.
M.
Couillard : C'est une bonne habitude à prendre.
M.
Turcotte :
Et donc vous n'excluez pas la commission parlementaire, mais je comprends que
ce n'est pas nécessairement ce qui arrivera.
M. Couillard : Effectivement, Mme la
Présidente, l'élément déterminant, comme je l'ai dit, c'est la décision
qu'on prendra, par exemple, de préparer une
nouvelle stratégie. Donc, à ce moment-là, il y aura certainement lieu de tenir
un exercice de commission parlementaire.
Mais, s'il n'y a pas de nouvelle politique à l'horizon et qu'on juge, suite au
livre blanc, suite aux rencontres qu'on
fait, qu'il s'agit essentiellement de bonifier certaines mesures plutôt que de
diluer ou d'augmenter les actions devant nous, à ce moment-là, ça ne
sera peut-être pas le même niveau de nécessité. Donc, la décision fondamentale,
c'est : nouvelle politique ou pas.
La Présidente (Mme
Blais) : M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je vais profiter de l'occasion pour saluer
nos jeunes qui nous visitent, qui sont dans
les tribunes. Je ne sais pas de quelle école ils sont, mais ils sont nombreux,
et des jeunes qui... Comme c'est un
peu pour eux qu'on travaille aujourd'hui, nous sommes en train de faire les
crédits jeunesse, justement, du gouvernement, donc c'est pas mal vos
crédits, donc les dépenses qui sont...
M.
Couillard : Et puis de saluer le député de Huntingdon, bien sûr,
qui...
M.
Turcotte : Ah! qui est là? Bon. Bien oui, Stéphane... Ah!
excusez-moi, le député de Huntingdon, mon autre voisin de
circonscription.
M.
Couillard : Voilà. Vous êtes bien encadré.
M.
Turcotte :
Eh oui! Mais là... encadré ou entouré, j'aimerais mieux entouré qu'encadré,
hein?
Des voix :
Ha, ha, ha!
M.
Couillard : J'ai choisi mon verbe.
M.
Turcotte :
Oui. C'est vrai que c'est votre whip, donc la discipline, il s'y connaît.
M.
le premier ministre, j'aimerais... Vous avez mentionné tantôt que la
prochaine... que l'actuelle Stratégie d'action jeunesse sera renouvelée pour un an. Dans les crédits, c'est mentionné
que le montant de 8,5 millions qui est en moins dans les transferts
à la jeunesse est lié au fait que la... est lié à la fin de la Stratégie
d'action jeunesse actuelle. Donc, j'aimerais comprendre cette nuance-là, là,
que vous apportez.
M.
Couillard : Bon, d'abord, on va éclaircir rapidement la question pour
dire que ce retrait de 8,5 millions aux crédits, il n'est pas lié à
l'élément que vous mentionnez. D'ailleurs, il était connu de l'administration
précédente et préparé également.
Il
s'agit de deux éléments fondamentaux. D'abord, c'est que les ententes multiples
avec la fondation Chagnon sont continuées, mais elles s'appuient sur un
surplus accumulé de 20 millions de dollars qui n'ont pas été engagés.
Donc, plutôt que d'avoir de l'argent neuf ou
des crédits, allons puiser dans ce surplus non utilisé pour continuer des
actions de la commission Chagnon. Ça,
c'est à peu près... La fondation Chagnon. C'est à peu près la moitié ou un peu
plus de la moitié de la somme. L'autre moitié, ce sont les ententes de
service avec les différents ministères, notamment le ministère de l'Éducation,
de la Famille et de Santé et de Services sociaux.
Alors,
dans ces cas-là, les ententes, en termes de transferts financiers,
s'interrompent et les services continuent, les programmes continuent,
mais sont pris en charge par des ministères qui ont, comme vous le savez, des
budgets considérables et qui ont déjà pris l'engagement de continuer l'ensemble
de ces mesures, autant à l'Éducation qu'à la Famille,
qu'à la Santé et Services sociaux. Donc, oui, il y a un retrait de
8,5 millions de dollars, mais ça s'explique, comme on le savait d'ailleurs à l'administration
précédente, d'une part par l'accumulation du surplus de la fondation
Chagnon et la possibilité pour les
ministères désignés de prendre en charge eux-mêmes ou elles-mêmes les missions
ou les actions spécifiques qui découlent de leurs responsabilités.
La Présidente (Mme
Blais) : Vous disposez de 1 min 30 s.
M.
Turcotte :
Je vais la transférer sur le prochain bloc, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Blais) : Parfait. Merci beaucoup. J'invite maintenant un membre du
gouvernement à prendre la parole. Vous
disposez de 12 minutes. Et je reconnais votre adjointe parlementaire, M.
le premier ministre, qui est députée de Charlevoix—Côte-de-Beaupré.
Mme Simard :
Merci, Mme la Présidente. D'abord, je veux également profiter de l'occasion
pour saluer le premier ministre, et
vous-même, ainsi que mes collègues des oppositions, et bien sûr mes collègues
qui sont ici. Malheureusement,
les jeunes nous ont quittés, alors ça sera pour une autre fois. Partenaires
également de la jeunesse, avec qui j'ai eu l'occasion de m'entretenir au
départ, merci d'être ici.
Alors,
on a parlé... Le député de Saint-Jean a interrogé le premier ministre sur la
stratégie jeunesse, mais j'aimerais qu'on y revienne et qu'on remette
davantage en contexte ce qu'est la stratégie jeunesse. On sait, d'abord, que la
Stratégie action jeunesse était prévue de 2009 à 2014, comme il a été mentionné
tout à l'heure. Cependant, il y a eu trois stratégies qui ont, donc, été mises
en place. On parle d'abord de la stratégie de 2003 à 2006, ensuite de celle de
2006 à 2009 ainsi que la dernière dont il question, de 2009 à 2014.
Donc,
la Politique québécoise de la jeunesse ainsi que les stratégies action jeunesse
visent à aider les jeunes à se développer au sein de notre société, ce
qui est essentiel, bien sûr, et ont une portée d'équité intergénérationnelle.
La dernière Stratégie d'action jeunesse a
permis, au cours des cinq dernières années, de soutenir plus d'une centaine de
moyens d'action. Et, comme vous l'avez
mentionné, M. le premier ministre, dans vos remarques préliminaires et comme
vous avez discuté avec le député de Saint-Jean brièvement, nous poursuivrons la
Stratégie action jeunesse en 2014‑2015, et donc elle viendra à échéance le
31 mars 2015.
Dans
le but d'informer l'ensemble des personnes maintenant réunies ici aujourd'hui
et celles qui nous écoutent à la maison, j'aimerais entendre le premier
ministre et savoir... qu'il nous explique comment s'articule, exactement, cette
stratégie.
La Présidente (Mme
Blais) : Alors, la parole est à vous, M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci, Mme la Présidente, puis encore mes salutations à notre consoeur.
Alors, effectivement, la dernière stratégie d'action 2009-2014,
découlant de la politique précédente — c'est la troisième? — ...
Une voix :
C'est le troisième plan d'action.
M. Couillard : ...troisième plan d'action ou stratégie d'action qui découle de la
politique, a été lancée en mars 1999
et s'étale sur 2009‑2014, et on vient de dire qu'on allait la prolonger pour
2014‑2015. Alors, je pense que le meilleur moyen de la résumer — puis on pourra aller dans certains détails
par la suite — c'est de
parler des six grands défis. Et tantôt,
si je disais qu'on ferait une évaluation du besoin réel de faire une autre
politique large, c'est que ces six grands défis me semblent toujours d'actualité et me semblent
toujours prioritaires. Alors, il s'agit du défi de l'éducation et de
l'emploi, de l'entrepreneuriat, de la santé,
des régions, de la diversité et de l'environnement. Il me semble, à première
vue, que ces blocs, ou ces orientations, ou ces défis demeurent très,
très actuels en 2014 et au cours des prochaines années.
Alors, il y avait
déjà, bien sûr, outre ces défis, des moyens qui ont été mis en oeuvre par 260
partenaires gouvernementaux et non
gouvernementaux, 291 conventions de subvention, quatre ententes
interministérielles, et elles se terminaient
le 31 mars, mais, comme on l'a dit, on va poursuivre le plan d'action au
cours des prochains mois. Lors de son lancement,
cette stratégie représentait les investissements annoncés de plus de
2 milliards sur cinq ans, dont 250 millions provenaient du
Secrétariat à la jeunesse.
Prenons rapidement
les défis un par un. Celui de l'éducation et de l'emploi a comme but de
combattre le décrochage scolaire, de faciliter le choix de carrière, de
favoriser le passage à la vie active et le maintien en emploi, de permettre la conciliation
travail-famille-études et de préparer les jeunes au nouvel espace mondial.
Là-dessus, ils en savent souvent plus
que nous sur le nouvel espace mondial. Le défi de l'éducation et de l'emploi
regroupe 40 moyens d'action, dont huit sont sous la responsabilité
exclusive du Secrétariat à la jeunesse, quatre font l'objet d'une entente interministérielle avec les ministères que j'ai
mentionnés tantôt, surtout Santé et Services sociaux, Éducation et
Famille, et 28 sont sous la responsabilité d'autres ministères et organismes.
Passons maintenant au défi de l'entrepreneuriat.
Il s'agit d'intensifier le développement de la culture entrepreneuriale,
favoriser la réussite des jeunes entrepreneurs, initier aux réalités mondiales
de l'entrepreneuriat. 29 moyens d'action, dont
23 sont sous la responsabilité exclusive du secrétariat, deux par ententes
interministérielles, et quatre avec le ministère de l'Éducation, et
quatre avec d'autres ministères et organismes.
Le
défi de la santé, bien, bien sûr, la prévention. À l'époque la plus précoce de
la vie, c'est là qu'on doit acquérir ses habitudes et les bonnes habitudes de vie, favoriser, donc, l'acquisition
de saines habitudes de vie, prévenir et agir sur les comportements à risque. Il y a 12 moyens d'action,
dont sept, bien sûr, sont sous l'égide du ministère de la Santé et des
Services sociaux et cinq sous la responsabilité d'autres ministères.
Les
régions, favoriser la présence des jeunes et, je dirais, le retour des jeunes
dans toutes les régions du Québec, encourager
l'engagement dans le milieu de vie et — c'est très important — favoriser l'implication des jeunes
autochtones dans leur communauté et dans la
société québécoise. 16 moyens d'action sous la responsabilité exclusive du
Secrétariat à la jeunesse, un fait l'objet
d'une entente avec le Secrétariat aux affaires autochtones et quatre, d'autres
ministères et organismes.
• (10 h 10) •
La diversité, dont il
a été beaucoup question au cours des derniers mois. Donc, les objectifs sont de
favoriser le respect de la diversité,
soutenir la participation sociale des jeunes issus de l'immigration. On dit
souvent que la génération est en décroissance par rapport à l'année
précédente. C'est une première, c'est la première année où on observe que le nombre de personnes, au Québec, âgées de 15 à
64 ans diminue par rapport à l'année précédente, ce qui est un moment charnière dans l'évolution de la démographie du
Québec. Et, à côté de ça, on nous indique que — si ce n'est déjà fait, ce le sera
très bientôt — la
majeure partie ou la majorité des nouveaux ménages qui s'installeront au Québec
proviendront de l'immigration. Et c'est une
tendance qui est celle du Québec, mais qui est également celle de nombreuses
autres sociétés. Le défi de la
diversité regroupe 10 moyens d'action, dont un est sous la responsabilité exclusive du secrétariat et neuf, d'autres ministères et
organismes.
Le défi de l'environnement,
notre collègue y a fait allusion. D'ailleurs, il a soulevé plusieurs éléments
très intéressants, et j'espère qu'on pourra échanger là-dessus au cours de
cette session. Mais l'objectif, bien sûr, c'est de développer l'expertise environnementale parce que la préoccupation de
cette nouvelle génération, elle est là, il n'y a pas de doute. Trois
moyens d'action dont... tous sous la responsabilité du secrétariat.
Alors, voilà,
en gros, le résumé. Et je pense que ce qui est intéressant, c'est peut-être de
répéter que ces six défis me semblent
très actuels, d'où la réflexion à tenir quant à la nécessité soit de les
améliorer, de les bonifier, de les préciser ou de faire une nouvelle politique. Mais, avant de prendre la décision,
la réflexion à avoir : Quelle est la valeur ajoutée d'une nouvelle
politique? Et, compte tenu des efforts gouvernementaux que ça nécessite, des
ressources qui doivent y être affectées,
compte tenu du bon choix qui est devant nous, est-ce qu'on voudrait changer
certains défis pour d'autres? Est-ce qu'on
veut prioriser certains plus que d'autres? Est-ce qu'on veut les renommer ou
les... et les changer de façon de profonde?
Et on va
s'appuyer, bien sûr, sur la tournée que le gouvernement précédent a faite, le
livre blanc, et également sur les
rencontres que notre collègue de Charlevoix—Côte-de-Beaupré aura avec les groupes qui n'ont
pas été entendus lors de la tournée.
Alors, je pense que c'est effectivement une stratégie d'action ou un plan
d'action bien conçu, qui est très bien articulé entre le Secrétariat à
la jeunesse et les différents ministères et, je crois, cerne également des
priorités et les préoccupations principales de cette jeune génération.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci, M. le premier ministre. Mme la députée
de Charlevoix—Côte-de-Beaupré,
il vous reste 4 min 30 s.
Mme Simard : Merci beaucoup. Alors,
j'aimerais maintenant qu'on s'entretienne sur un sujet extrêmement sensible et
évidemment d'actualité : la lutte contre l'intimidation. J'aimerais vous
partager quelques statistiques.
D'abord,
selon l'information qui a été colligée par le ministère de la Sécurité
publique, un jeune sur 10 dit avoir été victime d'intimidation. Toujours
selon le même ministère, nous avons six jeunes sur 10 qui disent avoir été
témoins de gestes d'intimidation. Selon
l'Institut de la statistique du Québec, maintenant, 37 % des jeunes disent
être victime de cyberintimidation. Il est important de préciser que
l'intimidation, bien sûr, ne touche pas uniquement les jeunes, mais que
l'ensemble de la société peut être touché dans leur milieu de vie, soit, entre
autres, les aînés, pour lesquels j'ai énormément
de respect et qui sont vulnérables face à ce phénomène en vertu de leur âge qui
peut limiter leurs capacités de réaction.
Je vais quand
même aller rapidement. Donc, en 2008, il y avait un plan d'action pour prévenir
et traiter la violence. 2008 à 2011,
c'était la date de ce plan. Il a été adopté par le gouvernement libéral de
l'époque. Ce plan visait, bien sûr, la violence
dans les écoles. En tant que députés, nous sommes tous interpellés par cette
question qui est préoccupante. Je le suis d'autant plus également de par
ma fonction d'adjointe parlementaire, comme vous l'êtes, bien sûr, M. le député
de Saint-Jean.
Alors, comme
je l'ai mentionné plus tôt, tous les membres de la population, notamment les
jeunes et les aînés, le sont. Il
m'apparaît essentiel de maintenant mentionner que l'importance d'agir face à
cette problématique fait consensus dans
tous les partis et dans la communauté en général. Donc, j'aimerais entendre le
premier ministre, qui pourrait nous expliquer
quels sont les objectifs du forum qu'il a annoncé, forum sur l'intimidation,
qui se tiendra le 2 octobre prochain.
La Présidente (Mme Blais) : Nous
savons que vous êtes concis. 2 min 30 s.
M.
Couillard : Alors,
2 min 30 s, c'est plus que j'attendais, mais il y aura peut-être
nécessité de déborder sur un prochain bloc parce que c'est un sujet
excessivement important. Je ferais le pari que les gens qui nous écoutent et
les personnes présentes dans cette salle
ont, chacun, chacune, dans leur famille, dans leur milieu de travail, été en
présence ou en connaissance d'un épisode
d'intimidation. Je pense qu'on risque peu de se tromper si on fait l'examen rapide
de nos neveux, nièces, amis, leurs
enfants, les gens dans notre milieu de travail, c'est loin d'être l'exception
et malheureusement c'est très fréquent.
Donc, montrer
l'importance réelle de ce phénomène-là, pour moi, c'est capital. Parce qu'être
au gouvernement ou faire de la
politique, c'est, bien sûr, s'occuper des grands dossiers — Plan Nord, la stratégie maritime, les
PME — mais c'est avant tout pour améliorer la
qualité de vie des gens. Et, s'il y a un élément qui met en cause la qualité de
vie des Québécois, c'est bien celui-là. Je
l'ai dit à plusieurs reprises puis je le redis, il y a eu assez de larmes
versées autour des tables de cuisine,
le soir, quand les enfants reviennent de l'école ou autour de la situation d'un
aîné qui est menacé soit dans son
milieu de vie soit même malheureusement par des membres de la famille parfois,
ou des proches, pour qu'on cesse de banaliser
l'enjeu. Je pense que la première chose à faire, c'est d'arrêter de dire que
c'est banal ou que c'est quelque chose qui
est rare. Non, c'est majeur comme
enjeu de société. Ça l'est pour moi, ça l'est, je crois, pour l'ensemble des
parlementaires, et il faut le mettre à la lumière. La meilleure façon de
corriger un problème, c'est de le montrer d'abord et ensuite d'apporter des
solutions.
Donc, il y
avait effectivement un projet de loi, il y a des moyens d'action qui ont été
déposés, puis M. Jasmin Roy, qui était avec nous, a témoigné du
fait que ça a eu un impact. Dans les écoles, les gens sont conscients du
problème, il y a des moyens d'action et des pistes d'action concrètes qui ont
été mis en place. Mais, comme dans tous ces plans d'action ou interventions de
gouvernement qui impliquent plusieurs organismes, c'est bien de recentrer les
objectifs, de désigner qui sont les responsables,
les imputables de différents moyens et de fixer les échéanciers précis afin
qu'on puisse véritablement mesurer le progrès.
Donc, il y
aura, effectivement, en octobre, un grand forum. Puis je veux répéter mon
invitation lancée aux partis d'opposition de travailler avec nous, même
en amont, avec la ministre de la Famille et son équipe. Et le monopole des bonnes idées, ça
n'existe pas, comme j'ai dit, et certainement pas dans un sujet semblable. On a
bâti le forum autour de trois époques
de la vie : la jeunesse, le milieu de vie et les aînés, avec un enjeu
transversal de cyberintimidation. Je pense que ce sera l'occasion de faire le point sur cette question et, encore une
fois, j'invite les citoyens qui nous écoutent à y participer par le Web
et nos collègues également à nous faire des suggestions.
La Présidente (Mme Blais) : Merci
beaucoup. C'est maintenant le temps de parole, pour 10 minutes, de la
deuxième opposition officielle. Et je reconnais le député de Chambly.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Comme député critique en matière d'éducation, j'ai cette chance d'avoir eu, hier, l'occasion de faire les crédits
en éducation primaire, secondaire. J'arrive aujourd'hui pour la
jeunesse, et il y a définitivement des liens
parce qu'on sait bien que, pour que les jeunes prennent leur place sur le
marché du travail, bien ils doivent
sortir du système avec une qualification qui va leur permettre de s'épanouir
puis de réaliser leurs rêves.
Alors, je
veux déposer ici un document obtenu hier. J'ai déjà fait quelques photocopies
pour être sûr que les gens puissent
en prendre connaissance assez rapidement. Il n'y en a peut-être pas assez pour
tous, mais je pense que oui. Et, dans
ce document déposé hier — il s'en va faire d'autres photocopies — on a appris que le taux de réussite... des
fois, on parle du taux de décrochage ou,
enfin, du taux de réussite, le taux de réussite au secondaire, à date, là, les
chiffres qu'on a, pour 2012, en
comptant garçons et filles, c'est d'à peu près 75 %. C'est bien si on se
compare à 1950, mais c'est très peu, en 2014 ou, enfin, en 2012, d'avoir
seulement 75 % de nos jeunes qui sortent avec le minimum, à mon sens,
c'est-à-dire une diplomation, ou une qualification, ou même une attestation
secondaire.
Première question
très, très, très simple, question de données pour nous aider à faire notre
travail de parlementaires puis à
orienter : Est-ce qu'il serait possible, s'il vous plaît, d'obtenir le
détail... — c'est-à-dire,
si on regarde au bas du tableau, il y
a diplomation D.E.S., D.E.P., A.S.P., donc diplôme d'études secondaires,
diplôme d'études professionnelles et attestation de spécialisation
professionnelle — d'avoir
les pourcentages isolés pour chacun de ces diplômes-là? Parce que c'est très différent que d'obtenir un diplôme d'études
secondaires, qui est un peu un passeport pour le cégep, un diplôme d'études professionnelles et une A.S.P.
Donc, est-ce que, s'il vous plaît, il serait possible d'avoir la
ventilation des taux de réussite par diplôme?
La Présidente (Mme Blais) : Avant de
céder la parole au premier ministre, je veux tout simplement aviser que le document a été déposé à la Commission des
relations avec les citoyens, donc c'est un document public. La parole
est à vous, M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci. Bien, écoutez,
c'est clair que ces renseignements ne seront pas au Secrétariat à la jeunesse, ils seront au ministère de l'Éducation.
Alors, je suppose qu'hier, lors de l'étude des crédits, notre collègue a
fait la même demande, parce que c'est le forum où il faut faire cette demande
et...
M. Roberge : On a manqué de temps.
M. Couillard : Oui, mais c'est parce
que moi, j'ai déjà fait des crédits de Santé à 22 heures, là, puis je ne sais pas combien il y a d'heures en Éducation,
mais il arrivait fréquemment qu'un collègue de l'opposition me demande
une donnée spécifique avec plus de ventilation, et ce qu'on faisait à ce
moment-là, c'est qu'on disait : Oui, d'ici la fin des travaux ou après la fin des travaux, on
communiquera le renseignement à la commission puis aux députés. Alors, je
ne sais pas si la demande a été faite formellement hier, cette même demande.
• (10 h 20) •
M. Roberge : Pas précisément
celle-ci. J'avais demandé les taux de diplomation, enfin, par diplôme. On m'a donné ceci, qui a... Bon, il y a deux variantes,
là, on voit les diplomations et les qualifications. C'est déjà mieux que
si on avait simplement su que c'est
75 % de diplomation et qualification. On l'a ventilé en deux grandes catégories,
mais ça ne nous aide pas à orienter
et à prendre des décisions parce que c'est quand même très différent. Enfin,
vous n'avez pas la réponse, ici, ce matin, là, mais on peut quand même
dire que cette information-là sera rendue publique et disponible.
M.
Couillard : Bien, on pourra
demander au... Mme la Présidente, on pourrait demander au secrétariat,
même si ce n'est pas véritablement dans leur responsabilité propre, là, de
contacter leurs collègues de l'Éducation puis voir si cette donnée existe. Mais je pense que c'est important... on a cinq fois
d'exercice de crédits à faire. Souvent, les réponses n'ont pas de réponse... les questions n'ont pas de
réponse immédiate, puis il s'agit souvent de questions très pertinentes.
Alors, l'idéal, c'est de les déposer au début des crédits, par exemple de
l'Éducation, puis d'obtenir la réponse.
Ceci dit, moi, je regarde ces chiffres-là, et
effectivement on peut faire mieux puis on doit faire mieux, mais il y a des choses qui sont particulièrement notables.
Et je suis certain que nos collègues et la population, qui auront accès
à ce document, verront l'importante différence entre le sexe masculin et le
sexe féminin. On parle de... on a 75 % de moyenne, mais c'est 69 % pour les garçons et 80 % pour les filles.
Alors là, il y a tout un défi devant nous. On serait très heureux d'avoir 80 % au global. On ne serait
pas encore parfaits, mais ce serait mieux. Mais le 69 % chez les
garçons, voilà quelque chose qui interpelle beaucoup. Puis on sait que le
phénomène de la persévérance scolaire ou du décrochage, pour parler moins
positivement, touche surtout les garçons.
Alors, là-dessus, il y a plusieurs façons
d'intervenir. Puis je dirais quand même qu'il y a eu certains progrès au cours des dernières années. Le taux de
diplomation s'est amélioré ou le taux de décrochage a diminué, selon la
façon dont vous voulez le regarder. Et on voit qu'il y a certaines façons de
faire qui sont très porteuses, là, de succès. Il y a bien
sûr les interventions de haut en bas, du ministère vers le réseau de
l'éducation, avec le ratio maître-élèves, la disponibilité
des spécialistes comme les orthopédagogues, orthophonistes et autres dans les
écoles. Il y a également les éléments
du milieu, comme le CREPAS au Lac-Saint-Jean. Je ne sais pas si vos collègues
connaissent cette initiative, c'est excellent, ça vient de la
communauté.
Donc, tout ne
doit pas être fait de haut en bas. Il y a des choses qui jaillissent des
communautés qui doivent être encouragées et soutenues. Puis également,
puis, je regarde, pour les garçons en particulier, il y a toute cette grande entreprise de revalorisation des métiers
techniques, qui souvent sont intéressants et qui donnent un horizon à un
jeune qui veut rester à l'école. On pourra en reparler également. Je vois que
notre collègue manque de temps un peu, donc je voudrais lui laisser la parole.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député de Chambly.
M.
Roberge : Merci. Donc, on obtient, en ce moment, à peu près 75 %,
là, d'attestations et de diplomations de toutes sortes. Or, dans la plateforme électorale du Parti libéral, il y
avait un paragraphe, je dois dire, qui est très pertinent, c'est
factuel. Ça dit : «D'ici 2020, c'est 1,4 million de postes qui
devront être comblés...» Et là mon commentaire : C'est peut-être le seul
avantage du vieillissement de la population, c'est qu'on va avoir besoin de
beaucoup de main-d'oeuvre. Je retourne au
texte : «...31,7 % exigeront minimalement une formation
professionnelle ou technique et 40 % une formation universitaire.» Donc, si on fait 32 % plus 40 %,
ça veut dire qu'il y a au moins 82 % des gens qui auront besoin d'un diplôme minimal pour combler ces
postes-là. Or, on est à 75 %. Donc, je pense qu'il y a un sérieux coup
de barre à donner. On parle... C'est dans
six ans, là, c'est demain, et on est en dessous du minimum. Est-ce qu'il y
a un plan d'action? Est-ce qu'on entend faire de la lutte au décrochage
une priorité nationale? Parce que, là, on le voit, on s'en va dans le mur.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre, moins de trois minutes.
M. Couillard : Ah! madame, vous êtes
exigeante, Mme la Présidente.
M. Roberge : ...il faut que je
revienne.
M. Couillard : C'est ça! Moi, je...
D'abord, je qualifie cette question de grande priorité non seulement pour le
Québec, mais pour l'économie du Québec. Et j'aurais tendance à l'aborder plus
largement. Plutôt que de l'aborder uniquement sous l'angle de la persévérance
scolaire, qui est un angle important, je l'aborderais plutôt sous l'angle de
l'adéquation entre les emplois nécessaires, requis, et la formation obtenue, et
la qualification des gens. Alors là, on aborde
la question de façon beaucoup plus large, et ça implique beaucoup de branches
du gouvernement. D'ailleurs, mon collègue le député de D'Arcy-McGee,
adjoint parlementaire également, est en charge de coordonner les actions des différents ministères et de proposer justement une
action gouvernementale intégrée sur la l'adéquation formation-emploi.
Alors, ça touche quoi? Ça touche d'abord les
aînés également, bien sûr les jeunes, mais les aînés, qu'on veut garder sur le milieu du travail plus longtemps
pour bénéficier de leur expérience. Ça touche l'immigration,
l'évaluation des compétences, la sélection des immigrants économiques au Québec
de façon à s'assurer que les besoins du marché du travail sont très coordonnés avec la sélection des immigrants. Et puis
ça touche également la question qui est soulevée ici, qui est la
question de la persévérance scolaire et de la diplomation. Et là vous avez dit
30 quelques pour cent de métiers qui
demandent une formation professionnelle et technique. On n'a pas assez
valorisé, au cours des dernières années, ces métiers-là. Il faut les valoriser, comme d'autres pays le font, et
il faut réformer... ou améliorer, plutôt — j'aime mieux «améliorer» que
«réformer» — la
formation technique au Québec. Et c'est pour ça qu'on a parlé à plusieurs
reprises du modèle allemand qui s'appelle «dual» — probablement que notre
collègue est au courant, il est enseignant lui-même — où un
beaucoup plus grand nombre d'heures de formation technique sont effectuées en
entreprise ou dans les milieux de travail qu'uniquement sur les bancs
d'école.
Alors, moi,
je l'invite à aborder la question avec nous sous un angle plus large, qui est
tout le défi de l'adéquation emploi-formation. Et il y a énormément de
facettes à ça, d'où l'intérêt, Mme la Présidente, de bien coordonner les
actions gouvernementales.
La Présidente (Mme Blais) : Je vous
laisse la dernière minute.
M. Roberge : Bien, justement, il va
falloir prendre ce problème-là à bras-le-corps parce que ça fait bien longtemps
qu'on dit que c'est une priorité et pourtant, malgré énormément de discours et
quelques actions aussi des gouvernements qui se sont succédés, l'aiguille, là,
de la réussite scolaire bouge bien peu. Et, là où on a une petite progression, là, de 2009 à 2012, 80 % de la
progression va vers les qualifications minimales, là, et des fois... ce n'est
pas pour le dénigrer, mais on ne parle pas
d'un diplôme d'études secondaires, là, une attestation de spécialisation
professionnelle, là, c'est un diplôme en
épilation. C'est correct, ça prépare les gens à aller sur le marché du travail,
mais je ne suis pas certain que ça prépare les gens pour les défis qui nous
attendent au XXIe siècle.
La Présidente (Mme Blais) : Merci
beaucoup, M. le député de Chambly. Pour la partie du gouvernement, pour une période de 12 minutes, je reconnais
le député de D'Arcy-McGee, qui aime beaucoup aussi toutes les questions
qui touchent à l'éducation et à la persévérance scolaire.
M.
Birnbaum : Justement, ça tombe bien. Merci beaucoup, Mme la
Présidente. M. le premier ministre, chers collègues.
C'est évident
que la réussite scolaire de nos jeunes figure parmi les priorités de la société
québécoise, et notre discussion démontre, ainsi que les remarques du
premier ministre, que c'est notre priorité comme gouvernement aussi. Et
d'ailleurs, au cours des dernières années, il y a de nombreux acteurs de la
société qui se sont mobilisés pour soutenir la persévérance scolaire. Nous
devons agir... avoir une vision d'ensemble de la problématique pour pouvoir
agir efficacement.
En 2009, le
gouvernement libéral a mis en place une première stratégie d'action pour
soutenir la persévérance scolaire, et j'ai été privilégié de veiller à
l'implantation de cette stratégie durant mes 10 ans comme directeur
général de l'Association des commissions scolaires anglophones du Québec. Et on
a noté comment ça a porté fruit, surtout compte
tenu de la façon que ça a été abordé et implanté. C'était à géométrie variable
et en misant sur l'expertise sur le terrain. C'est la seule façon. Ce
n'est pas mur à mur qu'on va aborder ce problème comme il faut.
Et il faut dire qu'aussi on a réussi... et il
faut continuer à réussir à interpeller tous les partenaires de la société dans cet enjeu-là. J'étais privilégié d'être
membre, dès le début, du groupe sur la réussite et la persévérance scolaires,
qui a été mis sur pied par Jacques Ménard de
BMO — tout à
son honneur — avec
l'appui des gouvernements successifs, et qui a donné l'élan, surtout au monde des affaires, pour comprendre que
c'était à eux de nous aider à régler ce problème-là, et à la société dans toutes ses dimensions. Ce
n'est pas juste le monde de l'éducation. Le partenaire clé est
évidemment les écoles du Québec et nos
enseignants, enseignantes, mais qu'il fallait une stratégie d'ensemble qui
impliquait tous les partenaires.
Il faut dire qu'on parle des clientèles plus à
risque que d'autres. Comme le premier ministre l'a mentionné, on parle des
garçons pour commencer. Et il y a des stratégies — j'aimerais inviter,
tantôt, le premier ministre à en élaborer — qui risquent de combler cette brèche :
les garçons, qui ne voient pas d'exemple quand ils regardent leurs profs
parce que souvent ce n'est que les profs de
gym, surtout au primaire, qui sont des hommes. Les activités parascolaires, y
a-t-il des pistes à poursuivre là-dessus,
qui rejoignent des jeunes qui risquent autrement de décrocher parce qu'ils ne
trouvent pas l'école pertinente?
Mais il y a
d'autres groupes très à risque aussi qui me touchent dans mon mandat comme
adjoint parlementaire : les élèves handicapés et en difficulté
d'adaptation, d'apprentissage, les élèves des milieux défavorisés, immigrants
et autochtones. Et les chiffres en parlent
long. En 2010‑2011, à titre d'exemple, les taux de décrochage scolaire, pour
ces trois groupes, étaient respectivement de 48,9 %, 24,3 %,
31,3 % et 76,4 %.
Alors, compte
tenu de tous ces grands enjeux, j'aimerais inviter le premier ministre à nous
parler des comment : Comment,
notre nouveau gouvernement, est-ce qu'on entend soutenir la persévérance
scolaire? Et quelles sont les mesures qui seront mises en place afin
d'encourager la réussite?
• (10 h 30) •
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre. Tout un défi!
M. Couillard : De combien de temps,
Mme la Présidente, disposons-nous?
La Présidente (Mme Blais) : Ah! là,
vous pouvez y aller, là, vous avez neuf minutes au moins.
M.
Couillard : Ah oui?
oNeuf
minutes! Mon Dieu, quelle générosité! Je
vous remercie. Alors, effectivement, voilà un défi fondamental
pour une société dont la démographie est ce qu'elle est. On ne
peut plus... Il y a eu un slogan, aux États-Unis, qui disait :
«No child left behind.» On ne peut plus se permettre, ne serait-ce que pour l'économie,
de ne pas encourager tous les jeunes
à s'inscrire au marché du travail. Et il y a plusieurs aspects à ça. Bien sûr, je vais
reprendre un peu... très brièvement,
parce que je ne veux pas répéter exactement
la même chose, mais l'État peut soit agir de haut en bas, soit
encourager ce qui vient des communautés. Alors, de haut en bas, on le sait, le
ratio maître-élèves, les spécialistes en éducation, le dépistage dans les
classes, etc.
Mais je
voudrais peut-être parler plus spécifiquement des initiatives communautaires et
de cet exemple... . Et, quand je dis
«l'exemple», ça ne veut pas dire que tout le monde doit faire pareil parce que
chaque région... La région de Montréal, elle n'est pas comme le Saguenay—Lac-Saint-Jean sur le plan social, démographique,
culturel, mais il y a quand même des principes qui m'apparaissent très
bons. Alors, le CREPAS, au Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui est le comité régional pour
la prévention de l'abandon scolaire, a fait école et a montré véritablement des
progressions marquées dans les résultats
pour la persévérance scolaire. Comment ont-ils fait? D'abord, plutôt que de
dire : Qu'est-ce qu'on ferait comme
politique scolaire pour favoriser la persévérance scolaire?, on a posé la
question différemment : Qu'est-ce que le milieu peut faire pour
arriver au même résultat? Alors, ça touche l'élève, bien sûr, hein, la
persévérance, l'effort, la famille, le milieu économique, par exemple les
employeurs.
On dit :
Pourquoi les employeurs? Alors, exemple, dans ce genre de programme régional...
Puis il existe maintenant des comités régionaux dans plusieurs régions
du Québec. Alors, on voit que ce n'est pas qu'au Saguenay—Lac-Saint-Jean, même si je suis très fier de la région
et que ça me fait plaisir de le mentionner. Il y a des initiatives ailleurs
également. Mais, par exemple, on dit que les
employeurs qui engagent des étudiants pendant l'année scolaire devraient
s'engager à un nombre maximum d'heures
au-delà duquel ils ne les feront pas travailler. Parce que c'est là que le
défi se présente, surtout pour les jeunes garçons, où on a des premiers chèques
de paie, de métiers, là, de soutien, souvent, par
exemple travailler dans un dépanneur ou ailleurs, où ça fait l'affaire, bien
sûr, de l'entrepreneur d'avoir le jeune très souvent pendant la semaine,
mais voilà une pente qui peut nous amener vers l'abandon scolaire. Donc,
l'engagement formel du milieu économique,
des entreprises de ne pas faire ça, et volontaire, hein — et je pense qu'il faut le
souligner — a
des résultats, de
sorte que le rôle de l'État, ce n'est pas de leur dire, à ce monde-là, comment
faire, ils savent beaucoup mieux comment faire parce qu'ils sont dans le
milieu, c'est de leur donner les moyens puis l'encadrement pour qu'ils puissent
non seulement poursuivre, mais étendre ce genre de pratiques là. Alors, voilà
un premier élément.
Puis,
deuxième élément, bien sûr on souhaite tous et toutes, quand on a des
enfants, de les voir aller le plus loin possible dans les études. Puis
moi, j'ai eu la chance d'avoir des parents qui m'ont, comme on dit, imprimé ça
dès le plus jeune âge qu'il fallait étudier longtemps,
faire une formation, si possible, universitaire, etc. En fait, dans mon cas, ce n'était
même pas «si possible», c'était obligatoire, c'était le trajet obligé. Mais, au
fil de ces années-là, on a ainsi, passivement ou involontairement, dévalorisé
les autres métiers, les métiers techniques surtout. Et là je pense qu'il y a vraiment
une avenue, puis je l'ai vérifié, j'ai eu des expériences, dans ma tournée au Québec,
quand je visitais...
Par exemple, je me souviens, avec le député
de Beauce-Sud, on a visité
ensemble le centre de formation à Saint-Georges de Beauce; extraordinaire,
hein? Et puis je demandais aux gens
qui sont là : Est-ce que vous avez l'impression que vous agissez
concrètement pour la persévérance scolaire? Alors, la réponse, sans aucun
doute, était : Oui, on a plein de
jeunes, ici, qui voulaient abandonner l'école, puis, le jour où on leur a
montré un métier qui les passionnait, qui leur donnait accès à un métier bien rémunéré, à la capacité d'avoir la
dignité également d'avoir des compétences spécifiques, ces
gens-là ont littéralement été sauvés, ils sont restés dans le milieu scolaire,
grâce à la formation technique, surtout lorsqu'elle est faite de façon moderne,
comme j'ai vu en Beauce et ailleurs.
Et
ça, je pense qu'on devrait s'atteler à cette tâche-là. Pour moi, c'est une
grande priorité, je l'ai indiqué au ministre de l'Éducation lors de son
assermentation, et notre collègue également et d'autres membres de la
députation vont collaborer, comme le député également de Chapleau va collaborer
avec le ministre de l'Éducation sur cette question. L'amélioration de la formation technique, c'est capital pour le Québec.
L'Allemagne n'est pas devenue l'Allemagne pour rien. Entre autres, ils
sont devenus l'Allemagne parce que c'est aussi prestigieux d'être un mécanicien
industriel en Allemagne qu'être un
neurochirurgien. Et je le dis, pas
pour faire de l'humour, là, c'est vrai, parce que c'est
imprimé, dans la tête des jeunes et des familles, que, si un jeune veut aller
dans ces métiers-là, bien, c'est une bonne nouvelle pour une famille.
Et
j'ai été touché de voir... il y a une annonce télévisée, il y a
quelques mois, où il y a un jeune homme qui dit à quel point il est
fier d'être mécanicien. Bien, moi, ça m'émeut, ça, puis je me dis : Voilà
le genre de message qu'il faut que les
familles envoient à leurs enfants. Et puis clairement le problème
qu'on a, si on a un problème avec la formation technique, c'est qu'on ne l'a pas bien adaptée aux besoins du marché du travail, d'où l'idée de s'inspirer de ce que fait l'Allemagne. Mais il ne faut pas faire pareil, on n'a pas besoin de
faire copier-coller parce que notre société n'est pas la même, mais l'idée de faire
passer les jeunes... de leur faire passer beaucoup plus de temps en entreprise,
véritablement, elle est absolument capitale.
Il y a d'autres
éléments de participation au marché du travail. J'ai parlé des aînés tantôt,
mais peut-être un bref mot sur les personnes
qui vivent avec des handicaps et qu'on a, bien sûr, intérêt à intégrer
au marché du travail. Alors, d'autres éléments me viennent en
tête, des éléments pratiques d'expériences vécues, où, alors que j'étais ministre
de la Santé, j'avais vécue, un centre... une entreprise — il faut dire une entreprise et non pas un centre — une
entreprise de travail adapté,
dans Charlevoix, où les personnes qui étaient là, qui avaient des défis
intellectuels et de santé mentale, faisaient des planches à découper. Je l'ai
encore chez moi d'ailleurs, on m'en a donné une quand je suis allé là. Et je n'oublierai jamais que le monsieur qui a fait la
planche est venu me la donner en disant : Mon nom, c'est Untel, c'est
moi qui ai fait ça, je suis un vrai employé
puis j'ai un vrai chèque de paye. Et ça, il y avait toute la dignité de
l'emploi puis de la vie qui s'exprimait à travers lui.
Autre
élément. On parle du Plan Nord puis des mines. Récemment, on a honoré ici
Signes d'espoir, avec soeur Bellavance,
qui est bien connue dans la région de Québec. Alors, je vais les visiter un
jour, je ne savais pas trop ce qu'ils faisaient, puis c'est, je pense,
après la course à la direction du parti. Puis soeur Bellavance me dit : On
vous entend beaucoup parler de mines. Elle
dit : Je vais vous montrer une mine urbaine. Alors, qu'est-ce que c'est
que ça, une mine urbaine? Alors,
également, des personnes non seulement handicapées, mais multihandicapées qui
sont là, qui ramassent, qui collectent des fils électriques, des vieux
fils électriques, en extraient le cuivre puis vendent le cuivre. Alors, elle me montre le grand bac dans lequel le cuivre était
récolté puis elle dit : Ça, c'est la mine urbaine. Et ça marche bien,
la mine urbaine, puis c'est une véritable entreprise qui fait des affaires, qui
fait du profit.
Bon. On s'éloigne un
peu de notre sujet sur la persévérance scolaire. Mais je voudrais juste
rappeler que le défi du Québec est tel qu'on ne peut pas uniquement parler de
ça, il faut parler de l'adéquation formation-emploi très largement, mais également de l'immigration. On
connaît tout le défi de reconnaissance des compétences de nos immigrants
avant que les personnes arrivent chez nous et, bien sûr, de faire un lien très
propre et très direct entre les besoins de marché du travail et la sélection
des immigrants.
Alors, encore une
fois, moi, je crois que la clé de l'action dans la persévérance scolaire, pour
la persévérance scolaire, c'est les actions
du milieu, bien sûr, ce que peut faire le gouvernement pour financer le réseau
de l'éducation, mais également, moi,
j'y crois énormément, pour moi, c'est un enjeu très important, la
revalorisation des métiers techniques, notamment
auprès des garçons, et la modernisation de notre système de formation technique
et professionnelle. Et ce n'est pas juste pour améliorer notre
statistique de persévérance scolaire, c'est fondamental pour l'avenir
économique du Québec. Il faut que nos jeunes
aient accès à ces métiers-là, il faut qu'on leur montre que ces métiers
existent. Et je suis persuadé qu'on va y arriver en se servant de ce qui
a été réussi chez nous et ailleurs également, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme
Blais) : Merci, M. le premier ministre. Je cède maintenant la parole,
pour 10 minutes, à la deuxième opposition et au député de Chambly.
M. Roberge : Merci, Mme la
Présidente. Alors, M. le premier ministre a évoqué à quelques reprises le
fameux exemple, le modèle allemand, où on valorise la formation
professionnelle. Je pense que c'est quelque chose dont on pourrait s'inspirer, effectivement. Par contre,
encore une fois dans le programme électoral du Parti libéral et dans le
modèle allemand, on parle davantage de
stages en entreprise, là, c'est réellement un pairage entreprise- formation, et
ça dit : Le gouvernement intégrera davantage de stages en
entreprise. Et, comme on dit des fois, je me demande si les bottines suivent les babines parce que c'est très clair ici
qu'on veut davantage de stages en entreprise, et, quand je regarde le
budget déposé il y a quelques jours, en
fait, il y a quelques... en fait, même pas une semaine, je vois que le
gouvernement a choisi de couper... de
baisser de 20 % le crédit d'impôt pour les stagiaires en milieu de
travail. Alors là, j'ai beaucoup de misère à concilier l'engagement à
créer des stages en entreprise pour les jeunes qui veulent s'insérer et, d'un
autre côté, de couper de 20 % le crédit justement pour favoriser les
stages en entreprise. Est-ce qu'on pourrait m'expliquer quelle est la logique
derrière ceci?
• (10 h 40) •
La Présidente (Mme
Blais) : La parole est à vous.
M. Couillard : Bien, la première chose à dire — Mme la Présidente, merci — c'est que le Québec fait face à un
défi financier énorme. Je ne veux pas le minimiser et je veux que tout le monde
en soit bien conscient, là, on fait face actuellement,
pour l'année 2014‑2015, sans correctif, à un déficit de 5,8 milliards.
5,8 milliards de dollars, on n'a jamais vu ça depuis longtemps, et 6,7 milliards pour l'année suivante.
Alors, on est dans une ambiance où les correctifs doivent être apportés
rapidement et fermement, de même que la révision de programmes. Mais je pense
que, là-dessus, avec la deuxième opposition, on est dans les mêmes orientations
justement pour la prochaine génération puis pour les jeunes parce que la
facture, c'est eux et elles qui vont la ramasser au bout de la ligne.
Maintenant,
on a fait une réduction de 20 % de plusieurs crédits d'impôt aux
entreprises. Pourquoi? Parce qu'on développe,
au Québec, on déploie plus de 3 milliards de dollars d'aide aux
entreprises par année, surtout avec des mesures de ce type-là de mesures fiscales, des dépenses fiscales, des crédits
d'impôt, alors qu'on a le plus faible taux de création d'entreprises au Canada... parmi les plus faibles
et la plus courte durée de survie des entreprises, également. Donc,
comme je le disais, hier, avec leurs
collègues : Si ça marchait, on le saurait, hein? Ça ne fonctionne pas, il
faut donc réformer ça. Puis, amicalement, je vous ferais remarquer que,
pour financer son plan Saint-Laurent, son chef, au collègue, entend supprimer
complètement tous les crédits d'impôt. Alors, plutôt que de dire 20 % de
réduction...
Puis,
en passant, on dit à toutes les personnes qui estiment que leur crédit d'impôt
mérite d'être préservé complètement,
qu'elles se présentent à la commission sur la fiscalité et qu'elles en plaident
les avantages. Mais, nous, notre
orientation — puis je
crois qu'on devrait se rejoindre avec la deuxième opposition là-dessus — c'est de délaisser relativement les mesures ciblées, les mesures
fiscales, pour aller vers un allègement fiscal généralisé. Puis je
l'amènerais, pour terminer, Mme la Présidente, à aborder la question avec plus
d'optimisme. 80 % des crédits d'impôt ont donc été préservés malgré la
difficulté financière considérable dans laquelle nous sommes plongés.
La Présidente (Mme
Blais) : M. le député de Chambly.
M.
Roberge : J'inviterais le premier ministre à avoir autant de rigueur
quand il cite notre programme que moi, j'en
ai, quand je cite le sien. Moi, c'est du textuel. Alors, vous dites qu'on veut
couper 100 % des crédits d'impôt, ce n'est juste pas vrai.
Et
j'ai vu votre geste quand vous dites : On coupe 20 %. Et, des fois,
le non verbal en dit plus que le verbal. On voyait, là : partout pareil, comme quand on passe la tondeuse, là,
hein, c'est à la grandeur, même hauteur. Ça, c'est du bon vieux
mur-à-mur dont on essaie tellement de se débarrasser...
La Présidente (Mme
Blais) : ...je vous inviterais à la... Je vous inviterais à la
prudence...
M. Roberge :
D'accord.
La Présidente (Mme
Blais) : ...M. le député de Chambly.
M. Roberge :
D'accord. Quand même, de couper de 20 % dans... Il y a certains crédits
d'impôt qu'on pourrait éliminer à
100 %, il y en a d'autres qu'on ne peut pas se permettre d'éliminer et, je
pense, qu'il faudrait même augmenter
dans certains cas. Il y en a qui sont porteurs, il y a des domaines qui sont
porteurs puis il y a des domaines qui grugent les ressources, hein? Il y a des
locomotives et il y a des wagons quand on fait des finances publiques. Et
là je comprends que c'est difficile, dans le
contexte des finances publiques, de tout financer. Je comprends qu'il va
falloir faire des choix, mais,
justement, faire des choix, ce n'est pas faire la même chose à la grandeur. Et,
si, en campagne électorale, vous avez pris l'engagement de favoriser, de
créer de nouveaux stages, il me semble que c'est difficile d'arriver au gouvernement et de couper également partout et de
couper dans les stages. Il n'y a pas là une espèce de contradiction?
La Présidente (Mme
Blais) : M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, Mme la Présidente, notre collègue dit : On ne veut pas
couper à 100 % les crédits d'impôt. Je dis la même chose. Par contre, il va falloir maintenant que... On voit
que le rôle de l'opposition est renforcé, on le sent également, depuis quelque temps. Il va falloir
répondre aux questions spécifiques maintenant. Alors, il dit : On ne
veut pas, nous, couper tous les crédits
d'impôt, il y en a qu'on pense qu'on doit protéger ou préserver. Bien, qu'il
nous dise lesquels.
Qu'il se présente à la commission sur la fiscalité, je l'invite à le faire,
nous dire : Ce crédit d'impôt là, on pense que c'est une bonne chose. Mais il ne faut pas oublier
que chaque crédit d'impôt, c'est une dépense, une dépense fiscale,
mais une dépense. Il faut donc qu'il y ait un rendement, des objectifs puis
qu'on puisse démontrer que ça a un impact.
J'ai
toujours un peu de difficultés lorsqu'on me dit que le maintien d'un crédit
d'impôt à 80 % peut déstabiliser l'économie
du Québec. Je pense qu'il ne faut pas... il faut être mesuré dans ses propos.
Mais je l'invite à prendre l'occasion de
la prochaine année. Parce que, là, on a fait un budget en six semaines pour
colmater une immense brèche de finances publiques qui est celle que j'ai
décrite tantôt. Ça nous donne le temps, maintenant, de planifier le prochain
budget pour l'année 2015‑2016, et là on va faire cette évaluation.
Je
rappelle, la commission sur la fiscalité a un horizon qui nous amène en
décembre. Moi, je l'ai dit à son chef hier, j'engage la deuxième
opposition, de même que l'opposition officielle, à se présenter devant la
commission avec des suggestions, des observations, des recommandations. Alors,
par exemple, je suggérerais que la deuxième opposition fasse le travail d'analyse de tous les crédits d'impôt — ça va être long, ça fait que c'est peut-être
mieux de commencer maintenant — et de se présenter à la commission puis de
dire : Bien, celui-là, on va l'améliorer, celui-là, on pense qu'il
doit être supprimé, celui-là doit être
complètement maintenu, celui-là pourrait être diminué ou modifié. C'est ça
qu'on doit faire, là. Il est clair
qu'on ne peut pas uniquement se fier à des mesures fiscales pour encourager
l'entrepreneuriat au Québec, parce qu'encore une fois, si ça marchait,
on le saurait.
La Présidente (Mme
Blais) : Il vous reste 3 min 30 s.
M. Roberge :
Je vous remercie, Mme la Présidente. Changement de sujet. J'en ai parlé un peu
dans mon allocution d'ouverture, le
développement ou l'exploitation de nos ressources naturelles, je pense que
c'est quelque chose qu'on peut faire
dans la mesure où on le fait bien, qu'on respecte l'environnement. Par
contre, et je ne suis pas certain que ça a été précisé, hein, je
pose la question bien humblement, dans le cas où on exploite des
ressources naturelles non renouvelables — je ne parle pas de turbiner l'eau de nos
rivières, là, mais des ressources gazières, pétrolières, minières — il me semble que, dans une perspective d'équité entre
les générations, 100 % de ces redevances devraient être mises sur
la dette ou au Fonds des générations. Est-ce que c'est la perspective ou
l'engagement du gouvernement?
La Présidente (Mme
Blais) : 2 min 30 s, M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, on veut y consacrer... j'allais dire la totalité, par exemple,
des redevances minières, mais, je dirais, pas tout à fait la totalité.
Parce qu'on considère essentiel... Et c'est une priorité pour moi,
personnellement, qui habite en région. Et
j'encourage la deuxième opposition à développer sa sensibilité envers les
régions, qui n'a, disons, pas été
évidente au cours des derniers mois. On veut partager les redevances de
ressources naturelles, minières, pétrolières et gazières avec les
communautés locales, ça veut dire les municipalités — ça
peut être les MRC, il faudra voir selon les
particularités — et les
communautés autochtones. Je pense qu'il y a un enjeu d'acceptabilité sociale et
de développement qui est absolument
fondamental. Ça fait longtemps que les milieux locaux attendent ça. Et je crois
que, normalement, on devrait tous,
autour de la table, ici, soutenir ce genre d'initiative là, en sachant que la
majeure partie des redevances de ressources
naturelles vont être appliquées au Fonds des générations bien sûr, de même que
les surplus éventuels lorsque finalement on aura équilibré le
budget; 50 % à la dette, 50 % à l'allégement fiscal des
Québécois.
Je
rappellerais également que, pour les hydrocarbures, il faut appliquer... il
faut légiférer. Il n'y a pas encore de loi sur les hydrocarbures et il n'y a pas encore de régime de redevances qui
a été publié. On a le temps, là, on est à la phase d'exploration de
différents projets, donc il faut faire ça. Notre collègue de l'Énergie a
indiqué qu'il déposerait une loi sur les hydrocarbures avec son collègue de
l'Environnement et Développement durable pour fixer les conditions
d'exploitation et d'acceptabilité mais également le régime de redevances qui
devrait régner. Alors, effectivement, les ressources naturelles du Québec
doivent servir largement au contrôle de la dette mais également en garder une
partie pour le développement des communautés.
La Présidente (Mme
Blais) : M. le député, une minute.
M. Roberge :
O.K. Je pense que c'est bien, mais c'est quand même insuffisant. Parce que,
quand on puise une tonne de cuivre ou,
supposons, 50 000 barils de pétrole, c'est une fois, on le puise une seule
fois, et c'est quelque chose qu'on
emprunte aux générations futures, parce qu'elles sont là depuis des centaines
d'années ou des milliers d'années et elles
seraient là pendant des milliers d'années, hein? Comme nous le dit le proverbe
amérindien, là, on n'hérite pas de la terre,
mais plutôt on l'emprunte aux enfants et aux générations futures. Je pense que,
pour les ressources non renouvelables, c'est
irresponsable que de garder ne serait-ce qu'un pourcentage des redevances pour
payer l'épicerie, pour payer nos services.
Il faut mettre ça sur la dette pour les générations futures, c'est une question
d'équité entre les générations. Les régions
bénéficient du développement économique en faisant travailler des gens, parce
que c'est un boom économique que de construire des choses, mais les
redevances, ce doit être à long terme. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci, M. le député de Chambly. Je reconnais
maintenant, pour 12 minutes et pour la partie gouvernementale, le
député de Beauce-Sud.
M.
Dutil : Merci, Mme la Présidente. Permettez-moi juste une
petite remarque en débutant. Quand on parle de ressources non
renouvelables, c'est vrai pour le pétrole, mais le cuivre, l'acier, les métaux
en général, il y a beaucoup de renouvelable. 70 % de l'acier aujourd'hui
est de l'acier recyclé. Alors, je pense que c'est une nuance importante.
Mais
ce qui m'intéresse surtout dans le débat que nous avons ici, c'est de parler
d'entrepreneurship. Le premier ministre et probablement la plupart des
gens qui sont ici connaissent mon intérêt pour l'entrepreneurship du fait de la
région d'où je viens et de mon expérience
personnelle. Et on sent une baisse actuellement du goût d'entreprendre,
une baisse de l'entrepreneurship, et c'est
dû à plusieurs facteurs. La complexité de démarrer une entreprise en est une,
bien sûr. La conciliation travail-famille, et le premier ministre en a
parlé tout à l'heure également, est un deuxième aspect.
Mais celui sur
lequel je veux intervenir parce qu'il concerne davantage la jeunesse, c'est la
question du développement de la
culture entrepreneuriale. Il y a bien des gens qui ont la qualité de devenir entrepreneurs, mais, s'ils ne sont
pas stimulés dans leur jeunesse, ne le deviennent pas. Donc, la culture
entrepreneuriale est très importante. Et j'aimerais savoir concrètement ce que représente
pour nos jeunes la mesure des clubs entrepreneuriaux qu'on a dans notre
politique.
• (10 h 50) •
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre.
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Effectivement, dans la précédente stratégie sur l'entrepreneuriat,
qui a été développée il y a quelques années,
on s'adressait à cette question-là spécifiquement pour développer la culture
dès la formation scolaire, chez les jeunes.
Et on a également noté qu'il n'y a pas beaucoup de formation économique de
base dans nos écoles secondaires ou dans les cégeps. Alors, ça également, ça va
avec... l'un va avec l'autre.
Alors,
effectivement, il y a des agents, il y a quatre agents qui sont dédiés à
l'implantation de clubs d'entrepreneurs dans les institutions scolaires.
Alors, ce sont des clubs qui organisent des activités qui sensibilisent, qui
font la promotion de la culture entrepreneuriale chez la clientèle étudiante.
Puis là il y a du travail de sensibilisation et de valorisation à faire. Mais
je pense qu'on est en train de tourner le coin, au Québec. Il y a eu une époque
où faire une entreprise, être dans les
affaires, c'était plus ou moins valorisé, pour plusieurs raisons qu'il serait
long de discuter ici, mais je pense
que maintenant on sait à quel point l'entrepreneuriat est important chez nous,
à quel point on doit combler l'écart.
Hier, on a
échangé beaucoup, par exemple, sur l'écart de richesse PIB par habitant entre
l'Ontario et le Québec. Bien, une des différences fondamentales, c'est
le niveau d'entrepreneuriat, le niveau de naissance d'entreprises. Et clairement ça doit commencer dès la jeunesse.
Alors, les activités de ces clubs-là se font sous forme de visites
d'entreprise, de missions commerciales puis d'activités de réseautage. Il y a
un colloque annuel également, il y a les activités de formation en entrepreneuriat. Et il y a 58 clubs dans 14 des 17 régions
du Québec, et actuellement 53 de ces clubs sont actifs, et 80 %
sont au niveau collégial.
L'investissement
pour soutenir les clubs et le colloque était de 303 000 $ en 2013‑2014. Alors, évidemment,
c'est difficile d'évaluer quantitativement
la pertinence de la mesure parce qu'on a besoin d'un plus long suivi quant à la
naissance d'une entreprise. Mais, lors du dernier colloque annuel, qui s'est
fait au Château Mont Sainte-Anne, il y a 420 jeunes de presque toutes les
régions du Québec qui sont venus échanger et partager leur intérêt pour
l'entrepreneuriat.
Puis je ne
peux pas parler de cette question, même si on n'est pas uniquement au niveau de
la jeunesse, sans parler de l'école
d'entrepreneuriat de la Beauce, que j'ai visitée en compagnie de notre
collègue, qui est un élément... je dirais, un incubateur d'inventions, d'idées et d'initiatives qui est extraordinaire
et auquel on veut donner davantage accès. Pour tous nos jeunes, là,
c'est vraiment un très, très bel exemple, d'ailleurs qui fait école ailleurs
qu'au Québec, même.
Alors, c'est
un des défis importants de la stratégie d'action. Il faut que nos jeunes aient
le goût d'entreprendre. Il faut valoriser... autant qu'on valorise nos
créateurs, nos athlètes professionnels, il faut valoriser les entrepreneurs qui
réussissent, leur donner comme exemple...
modèle de rôle, comme on dit en plus ou moins bon français, leur dire :
Voilà quelque chose qui est intéressant à faire dans la vie.
Moi, je vais peut-être terminer avec une courte
anecdote qui trahit mon âge puis l'époque à laquelle j'ai fait ma formation à l'école. Quand on avait fini notre
secondaire, il fallait que chacun lève la main... ou se lève debout
plutôt, et indique qu'est-ce qu'il voulait
faire plus tard ou dans quoi il voulait aller étudier. Alors, sans surprise,
dans l'environnement où j'étais, bien il y avait beaucoup de docteurs
puis d'avocats... presque tous. Il y avait un élève qui s'est levé, qui disait : Moi, je veux être à HEC, je veux
faire de l'administration puis des affaires. Je me souviens qu'on l'avait
regardé en disant : Mon Dieu! De quoi s'agit-il? De quoi cette personne
nous parle-t-elle?
On parle
d'une époque où les Québécois francophones se faisaient dire ou se disaient
eux-mêmes : Ces affaires-là, nous, on n'est pas trop bons
là-dedans, on est aussi bien de laisser les autres s'occuper de ces choses-là;
nous, on va faire des professions libérales.
Pas de jeu de mots partisan dans le mot «libérales». Donc, on a complètement
changé ça. HEC Montréal puis les autres
écoles d'administration sont parmi les plus reconnues au monde. Les jeunes vont
en entreprise, on va continuer de les
soutenir et de les aider à prendre des risques, parce qu'être un entrepreneur,
c'est accepter de prendre des risques. Alors, il faut réconcilier
également le Québec avec la notion de prise de risque. C'est ça qui est la base
en entrepreneuriat.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député de Beauce-Sud, six minutes.
M. Dutil :
Mme la Présidente, si vous permettez, je céderais la parole au député de
Montmorency parce que le temps file rapidement.
La Présidente (Mme Blais) :
Certainement.
M. Bernier : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Merci, M. le député. Écoutez, au Québec, on a de nombreux défis en
ce qui regarde les jeunes. Et un des défis extrêmement importants pour le
Québec, c'est l'occupation de son territoire. Et, qui dit
«occupation de son territoire», bien sûr, parle des jeunes, parce que, dans ma
vision, la première ressource que nous avons, c'est notre jeunesse, c'est notre
renouvellement. Donc, l'occupation du territoire par les jeunes, on sait que, que ces jeunes viennent du Saguenay, du Lac-Saint-Jean — et je prends un temps d'arrêt pour ne pas jumeler les
deux — de
l'Abitibi, le Nord-du-Québec, on se doit d'avoir des mesures pour permettre à
nos jeunes de demeurer en région. Et ces
jeunes qui sont nés là-bas ont d'ailleurs le désir de demeurer dans leur
région, de contribuer au développement
de leur région, de contribuer au bien-être, bien sûr, de leur famille et de
leurs proches, et c'est légitime, c'est légitime de le faire.
Et, pour ce
faire, bien, plusieurs gouvernements ont eu des plans, stratégie jeunesse, plans
d'action. Mais un des éléments
importants, c'est l'emploi. Nos jeunes doivent être capables de gagner leur vie
dans leurs régions, et c'est ce qui va permettre à ces régions-là de
demeurer prospères et de poursuivre. On a investi dans le Plan Nord, on a
relancé le Plan Nord, et ça, je veux le
saluer. Moi, toutes les semaines, j'ai des remarques en ce qui regarde notre
décision de relancer le Plan Nord.
C'est très important pour le Québec. On a également une stratégie maritime
maintenant et on a bien sûr nos mesures
en ce qui regarde l'entrepreneuriat. Mais tout ça, tous ces projets-là
nécessitent des emplois, et ces emplois-là sont importants dans nos
régions.
Donc, M. le
premier ministre, on a parlé un peu tout à l'heure de fiscalité. Ce que
j'aimerais connaître, c'est quelles sont les mesures ou quels sont
les plans en ce qui regarde la fiscalité. Est-ce qu'on va poursuivre dans ce
domaine-là pour faciliter nos jeunes... ou
pour donner... donner raison aux jeunes de s'implanter, et de demeurer dans leur
région, et d'y revenir, bien sûr? Ceux qui vont étudier à l'extérieur, au
niveau universitaire, doivent avoir un certain bénéfice pour y retourner, parce que, dans bien des cas, l'offre d'emploi est
intéressante dans les grandes villes. Mais de quelle façon, au niveau
fiscal... M. le premier ministre, on a vu tout à l'heure... on a discuté avec
le député de Chambly. Quelles sont les
mesures fiscales que nous pouvons mettre de l'avant pour permettre à nos jeunes
de demeurer dans les régions et d'y retourner?
La Présidente (Mme Blais) : En
3 min 30 s, M. le premier ministre.
M. Couillard : Merci. Puis moi-même
qui suis dans une région, le Saguenay—Lac-Saint-Jean, qui vient à peine d'être légèrement positive dans le flux
migratoire, là... On a été en dépopulation pendant plusieurs années, et
c'est la première année où on a un peu plus de monde qui arrivent qu'il y en a
qui quittent, et notamment les jeunes. La plus grande préoccupation des
familles de région, c'est : Est-ce que les enfants vont vouloir rester?
Puis, s'ils sont partis, on peut-tu les faire revenir en région?
Alors, ce
crédit d'impôt, on parle de... Vous parlez de mesures fiscales. Il y a un
crédit d'impôt au travailleur et qui peut
atteindre jusqu'à 40 % du salaire pour un individu, pour un maximum de
3 000 $ par année. Alors, c'est spécifiquement destiné aux
diplômés qui reviennent en région ou qui s'installent en région.
Par exemple, le montant cumulatif ne peut
atteindre plus de 8 000 $ pour les nouveaux détenteurs de diplôme d'études
professionnelles, mais, pour les nouveaux détenteurs de diplôme collégial et
universitaire, le montant a été porté, en
2012‑2013, à 10 000 $. Et ce qui est intéressant, c'est que 85 %
des travailleurs qui reçoivent ce crédit d'impôt vivent encore dans leur région après la première année, et près de
65 % des travailleurs qui reçoivent ce crédit d'impôt vivent encore dans leur région après trois ans.
Donc, c'est une mesure qui a fait ses preuves quant à sa capacité de
retenir les jeunes en région.
Il est
intéressant également de voir que le nombre de bénéficiaires de ce programme a
continuellement augmenté depuis sa
création en 2003. En 2003, il y a eu 4 640 bénéficiaires, pour une dépense
de 22 millions de dollars. La dernière année où on a des données, 2011, 26 515 bénéficiaires, pour une
dépense de 55 millions de dollars. Et je peux dire que la dépense est certainement bien ciblée puisqu'il
s'agit de gens diplômés qui, en général, sont actifs dans les
entreprises, dans leur milieu, qui ajoutent une valeur supplémentaire à
l'économie.
Alors, je
crois, Mme la Présidente, que c'est un bel exemple. On parlait des mesures
fiscales, tantôt. Celle-là, on a les résultats, on a le nombre de
personnes, qui augmente continuellement, on a également la dépense puis on a
les résultats populationnels de chaque région, qui nous montrent une
correction, parfois, comme chez nous, légère, pas encore suffisante, mais légère, du déséquilibre démographique. Je pense
que c'est un bel exemple de mesure fiscale ciblée et qu'il faut
préserver.
La Présidente (Mme Blais) : Il vous
reste un peu de temps, M. le député de Montmorency.
M. Bernier : ...c'est certainement
un des éléments qui permettent, dans bien des cas, la survie d'une région, d'un village, d'un endroit. Parce que, qu'on
puisse avoir des services au niveau professionnel, que ça soit un
médecin, que ça soit des éducateurs, que ça
soit... bon, qu'on puisse garder nos gens chez eux, être capables de faire
évoluer leur société, c'est extrêmement important.
• (11 heures) •
M. le premier
ministre, il y a également un
organisme qui s'appelle Place aux jeunes en région, O.K.,
dont un des rôles... Est-ce que j'ai encore du temps, Mme la...
Seulement qu'une...
La Présidente (Mme Blais) : Vous
disposez d'une minute.
M. Bernier : Bon. Place aux jeunes
en région, c'est un organisme que je trouve important parce qu'il permet
justement à des gens de l'extérieur de décider d'investir, d'investir dans les
régions, d'ouvrir des entreprises. C'est un peu lié, si on veut, à l'entrepreneuriat. Un
court... Je vous laisse peu de temps, mais juste nous souligner l'importance
de cet organisme-là par rapport à notre stratégie jeunesse.
La Présidente (Mme Blais) :
30 secondes.
M. Couillard : On a très peu de
temps. Merci, Mme la Présidente. On a très peu de temps. Mais il s'agit de
l'organisme Place aux jeunes en région. Il y a 63 agents de migration qui
offrent des services qui visent à favoriser la présence des jeunes dans les
différentes MRC du Québec : séjours exploratoires, un site Internet, un
programme qui s'appelle PAJ Ados — mais p-a-j, Place aux jeunes — qui sensibilise les jeunes de 14 à
17 ans aux diverses opportunités offertes en région puis soutient à
distance. C'est une mesure dans laquelle beaucoup d'argent a été investi, plus
de 3 millions de dollars en 2012‑2013, la dernière année où ça a été
colligé. Alors, je crois effectivement que c'est une initiative très heureuse.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci beaucoup. Nous allons maintenant céder
la parole à l'opposition officielle pour une période de 17 minutes.
Alors, M. le député de Saint-Jean.
M.
Turcotte : Merci
beaucoup, Mme la Présidente. Tantôt, j'ai entendu ma collègue parler
d'intimidation. Effectivement, c'est un
enjeu important. J'ai entendu aussi le premier ministre tantôt, là, dans ses
remarques préliminaires, parler de
persévérance scolaire, parler de la relève entrepreneuriale, agricole, l'accès
à la propriété. Puis je comprends que c'est
seulement quelques enjeux importants pour le gouvernement qui touchent la
jeunesse, mais c'est tous des enjeux qui se retrouvent en quelque sorte dans le livre blanc qui a été produit
suite à la tournée. C'est une façon, en même temps, de vous rappeler
l'importance de poursuivre dans le sens où on avait initié.
Peut-être juste une petite parenthèse, là. On
avait rencontré, dans la tournée, à Laval, l'école Poly-Jeunesse. C'était la première journée de tournée, donc
c'était peut-être plus émouvant, mais c'étaient des jeunes, disons, qui
vivaient différentes problématiques. Ils
nous ont expliqué comment ils faisaient pousser leurs plantes pour l'école. Et
l'intimidation était un thème très abordé par ces jeunes-là. Ils nous ont parlé
de leur réalité. Et c'est là qu'on voit toute l'importance qu'on doit y accorder comme députés et puis aussi
comme Québécois. Puis, partout sur la planète, c'est un enjeu important.
Mais c'est aussi pour vous rappeler l'importance
de moderniser la politique actuelle par cette nouvelle politique, parce
que l'intimidation, lors de la politique actuelle, mais qui, visiblement, est
rendue à sa fin de vie utile, c'est un enjeu qui n'était pas aussi important
qu'aujourd'hui.
Donc, vous
avez parlé de vos réflexions, de vos rencontres, de vos consultations. Je vous
rappellerais que la fin de la stratégie, même si on la renouvelle puis
elle est maintenue pour cette année, c'est quand même dans huit mois. Ça prend du temps à s'assurer que ça se fait bien.
D'ailleurs, aux derniers crédits, votre collègue — mon collègue aussi, mais qui n'est
pas de ma formation politique — le député de Papineau mentionnait toute
son inquiétude par rapport au processus de renouvellement de la Stratégie d'action
jeunesse, en disant : Bien, là, il y a des groupes qui attendent, qui ont
besoin d'information pour la suite des choses, leur budget, est-ce qu'il va
être renouvelé ou pas?
Donc, est-ce que le premier ministre,
aujourd'hui, peut nous dire — c'est quand même dans huit mois — sa réflexion, est-ce qu'elle va être de courte durée?
Là, il me dit que ce n'est pas cet automne. Par la suite, il peut y
avoir une commission parlementaire ou pas.
Qu'est-ce qui va arriver, là, dans la séquence pour le temps? Et c'est bien de
réfléchir, mais, des fois, aussi, il faut bien réfléchir rapidement pour
s'assurer que les résultats soient aussi bons.
La Présidente (Mme Blais) : La
parole est à vous.
M. Couillard : Alors, Mme la
Présidente, très brièvement. Tantôt, j'ai fait erreur quand je parlais de notre
collègue qui s'occupe de la formation technique. J'ai parlé du député de
Chapleau, mais, en fait, c'est le député de Papineau.
Ce que vient de dire le collègue... Les deux se finissent par le même son.
C'est peut-être parce que ça rime que ça s'est un peu mêlé dans ma tête,
comme ça arrive des fois. Alors, je m'excuse auprès des deux collègues
concernés.
La Présidente (Mme Blais) : Je l'ai
fait tout à l'heure pour le député de Saint-Jean.
M. Couillard : Oui. Alors, je voudrais juste répéter. Puis on va
apprendre à se connaître davantage. Moi, j'étais parlementaire de 2003 à
2008. Moi, je n'ai jamais hésité à complimenter les autres formations
politiques, incluant les gouvernements précédents, pour ce qui avait été fait.
Ça nous rehausse tous politiquement de faire ça, puis je nous encourage à faire ça puis également saluer les
bonnes idées. On sait que la deuxième opposition est une source d'idées presque constante, alors on aime beaucoup en incorporer
certaines dans nos actions, avec discernement, avec discernement, cependant. Mais je ne doute pas que l'opposition
officielle sera également une source d'idées pour nous. Mais revenons
sur la question.
M.
Turcotte : ...on a
une excellente idée que, le premier ministre, on pourrait l'inciter à prendre davantage.
La souveraineté du Québec, c'est une excellente idée...
M. Couillard : Ah bon!
M.
Turcotte : ...mais je
ne comprends pas pourquoi vous ne voulez pas la partager, cette idée-là, avec
nous.
M. Couillard :
Mme la Présidente, je vais y penser... Non.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Couillard : Alors, effectivement, bien, il y a un nouveau gouvernement — puis amicalement — qui vient de déposer un budget avec des crédits. Donc, là, il y a
des dépenses qui sont confirmées. Alors, il est certain que ce temps de
rodage d'un an avec le premier budget, le deuxième qui va être en préparation,
je pense que c'est un temps qui n'est pas perdu,
là. Et puis je veux encore une fois le répéter : On ne balaiera pas le
travail qui a été fait parce que ça vient d'un gouvernement précédent d'une autre formation politique; il n'est pas
question de ça. Ça serait, d'ailleurs, ne pas rendre justice aux personnes qui ont fait l'effort de se
présenter puis de témoigner au cours de la tournée. Mais on va prendre
ce temps parce qu'il est essentiel dans cette démarche. Je comprends très bien,
puis il vient de donner un exemple d'un enjeu,
l'intimidation, qui n'était pas couvert par la dernière politique parce que
clairement ce n'était pas que ça n'existait pas, mais ce n'était pas sur
le radar des préoccupations comme ça l'est aujourd'hui. Voilà un exemple
intéressant.
Maintenant, la prochaine question : Est-ce
qu'il faudrait plutôt prendre un défi de la politique précédente puis l'ajouter dedans ou ça nécessite en soi une
nouvelle politique? Je veux être certain que, si on demande aux collègues
de la fonction publique de développer
énormément d'énergie... Parce que c'est beaucoup d'énergie et de temps à
développer une politique. Ce n'est pas une raison pour ne pas le faire, mais il
faut juste considérer le temps investi, les ressources, plutôt que de poser des gestes concrets. Par exemple, pour l'intimidation,
le forum puis ce qui va suivre du forum... Ce qui est important, bien
sûr, c'est le forum, mais plus important encore, c'est ce qui suit le forum. Le
suivi des mesures puis la mise en place des actions sur le terrain, je pense
que ça, ça va avoir un impact très direct.
Mais je pense
que c'est un bon exemple, d'ailleurs, du fait que les politiques, même si elles
sont très bonnes, puis les stratégies
d'actions, avec des bons axes bien choisis, il y a parfois des trous. Et ce
qu'il vient de mentionner, ce que notre collègue vient de mentionner sur
l'intimidation, en fait c'est un bon exemple. Et peut-être qu'on recherchera
d'autres exemples, s'il en a d'autres à nous suggérer...
M.
Turcotte : Il y en
a un exemple, c'est le renversement...
M. Couillard : Il faut demander à la
Présidente, hein?
M.
Turcotte : Oui, je
comprends, Mme la Présidente. Mon voyant rouge est allumé. Mais, Mme la Présidente, effectivement,
l'exemple, puis à la base de l'intention de... lorsque nous étions au gouvernement,
c'est le renversement de la pyramide des âges. Le nombre de jeunes est
beaucoup moins grand et il sera beaucoup moins grand par rapport à la population qui vieillit, et ça, ça a un impact
considérable sur tout un... sur plein d'enjeux puis sur... Tantôt, on parlait
des jeunes, l'accès à la propriété, on
parlait de différentes façons de s'impliquer dans l'entrepreneuriat, par
exemple, mais ça a un impact sur la suite des choses. Donc, d'avoir...
Le premier ministre parlait du sommet sur
l'intimidation, des actions suite à ça. La politique, une politique c'est aussi un... le principal objectif, c'est de
prendre tout ce qui se fait dans différents ministères et de concerter
l'action de différents ministères et des
différentes politiques gouvernementales, des différentes actions, des
différentes stratégies, donc d'avoir une vision globale. Donc, ce que je
comprends de la part du premier ministre, c'est qu'il a besoin, avec son équipe, d'une période de temps pour réfléchir sur
la suite des choses. Mais moi, je l'invite à réfléchir bien et
rapidement pour s'assurer que nos groupes puissent s'orienter rapidement.
La Présidente (Mme Blais) : La
parole est à vous, M. le premier ministre.
• (11 h 10) •
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Bien, voilà, effectivement, je pense qu'on est sur la même
longueur d'onde. Puis j'encourage notre
collègue, de même que le collègue de la deuxième opposition, à entrer en
contact avec la députée de Charlevoix. Les idées, les orientations, des
suggestions, des arguments supplémentaires pour établir une nouvelle politique,
on va recevoir ça avec beaucoup d'intérêt.
On vient
d'entendre, encore une fois, mentionner le défi démographique du Québec, ce
qu'on appelle le renversement de la
pyramide ou ce qu'on illustrait tantôt de deux façons, c'est-à-dire que, pour
la première fois, le nombre de personnes de 15 à 64 ans, au Québec, diminue par rapport à l'année
précédente — qui
l'aurait cru, hein, il y a quelques années? — et également que la majorité des
nouveaux ménages du Québec proviendront de l'immigration. Donc, ça veut dire
que la gestion de la diversité devient un
enjeu crucial pour non seulement le Québec comme société, mais pour
l'économie du Québec et son développement,
l'enjeu de la diversité non seulement dans les grands centres urbains comme
Montréal, qui sont classiquement l'endroit d'arrivée des nouveaux citoyens du
Québec, mais les régions, parce que la présence de l'immigration en région commence à être de plus en plus visible, et
c'est une très bonne chose. Bien, avec cette
présence, vient la diversité et les défis associés à la diversité.
On a eu, d'ailleurs, au cours des derniers mois,
des débats difficiles sur cette question. On aura encore une fois des
discussions là-dessus possiblement au cours des prochains mois. Mais je
crois que ça fait partie également
de la réflexion de l'ensemble des partis politiques : Comment incorporer la réalité incontournable — ce n'est pas une hypothèse, c'est une réalité incontournable — d'une diversité croissante de notre société
avec nos différents objectifs politiques? Je ne me mêlerai pas des
débats internes des différents partis politiques. Je pense qu'il y en aura
quelques-uns du côté de l'opposition officielle, peut-être de la deuxième
opposition, on verra, chez nous également. Mais je crois que c'est un des
éléments de réflexion pour les partis politiques qui m'apparaît tout à fait
essentiel : réaliser et faire réaliser aux Québécois que l'immigration et la diversité ne
sont pas des choix, mais des obligations pour le Québec. Ça va arriver,
ça arrive, ça va être de plus en plus
présent. Il faut juste s'assurer de gérer cette coexistence en préservant notre
patrimoine, en préservant nos valeurs, notre identité spécifique, mais en montrant
de l'accueil également sous toutes les formes.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député de Saint-Jean.
M.
Turcotte :
Merci beaucoup, Mme la Présidente. Je suis heureux d'entendre le premier
ministre, parce qu'il vient de
trouver une raison de plus qui milite dans le sens d'avoir une nouvelle
politique, parce que c'est effectivement un enjeu qui est différent.
J'aimerais revenir à une question que j'ai posée
tantôt qui... on a dû mettre fin, manque de temps, c'est sur la question des sommes d'argent qui sont allouées aux
différents programmes pour la jeunesse. J'ai entendu la réponse du premier
ministre en disant : Nous allons, pour la moitié du montant, demander à
différents ministères de reprendre en charge,
si on peut dire, des ententes qu'on avait déjà avec eux et, de leur budget
actuel... de prendre dans leur budget actuel pour financer ces
ententes-là. Est-ce qu'on a le... Est-ce qu'on peut avoir l'assurance de la
part du premier ministre, outre le fait que
la commande vient d'en haut, là, elle vient du premier ministre, c'est quand
même une bonne personne pour lancer une telle commande... Mais c'est
important que les jeunes du Québec sentent en la personne du premier ministre, mais aussi du ministre responsable de la
Jeunesse, que c'est leur représentant, c'est leur défenseur, c'est leur
champion, quelqu'un qui va se battre pour s'assurer que les jeunes du Québec
aient ce qu'ils ont droit, ce qu'ils ont... des bons programmes.
Donc, est-ce
que le premier ministre peut nous assurer que, malgré la période d'austérité
que nous connaissons actuellement, les ministères vont pouvoir maintenir
ces ententes-là? Et est-ce que c'est possible de la part du premier ministre qu'il dépose la liste de ces ententes qui
sont prévues d'être transférées dans les ministères, pour que nous,
comme députés, comme parlementaires, on puisse bien faire notre travail et
s'assurer que ces ententes-là seront maintenues ou seront financées par les
différents ministères?
La Présidente (Mme Blais) : Cinq
minutes, M. le premier ministre.
M. Couillard : Voyez comme je suis
respectueux du règlement, Mme la Présidente, j'attends que vous me confiiez la
parole.
M.
Turcotte : ...du
temps.
La Présidente (Mme Blais) : Ce que
je dis, c'est qu'il reste cinq minutes à la période.
M.
Turcotte : O.K.
M. Couillard : Alors, effectivement,
puis je voudrais le répéter, on va suivre de très près le transfert de la responsabilité
financière de ces différentes ententes. Peut-être rappeler quand même que le
rôle du Secrétariat à la jeunesse, c'est de
promouvoir des projets puis ensuite de les laisser aux ministères.
Pour qu'il y ait des nouveaux projets... On parle de nouvelles politiques.
Bien, ça se peut qu'il y ait des nouveaux projets. Les moyens financiers
sont ce qu'ils sont. Donc, ce
mouvement continue de faire jaillir une nouvelle initiative par le secrétariat
pour par la suite la transférer dans un ministère, à mon
avis, est essentiel, puis il faut le continuer.
Alors,
quelques exemples. Au ministère de la
Famille, il y a
un programme de soutien aux services de surveillance des élèves
handicapés pris en charge par le ministère de la Famille. Au ministère de
l'Éducation...
M.
Turcotte : Est-ce
qu'on a l'assurance que le ministère a les fonds?
M. Couillard : On fait un suivi. Je
peux vous dire que le Secrétariat à la jeunesse a des rencontres répétées avec
tous ses collègues.
M.
Turcotte : Mais
est-ce que c'est possible de déposer la liste...
M. Couillard : Il faut passer par la
présidence.
M.
Turcotte : Oui, je comprends. Mme la Présidente, est-ce que
c'est possible que le premier
ministre dépose la liste des
programmes, des ententes qui sont en cause aujourd'hui, pour qu'on puisse
bien faire notre travail, pour s'assurer que, dans les prochaines études de crédits... qu'on puisse s'assurer
avec les différents ministères que le travail se fait bien?
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre.
M. Couillard : Bien, lors de la
prochaine étude de crédits, qui n'est pas lointaine — on
est à moins d'un an de nous retrouver dans
la même pièce pour le même sujet — on aura, à ce moment-là, complété le travail
de transfert, puis la liste sera
disponible à ce moment-là. Je suggère de poser des questions à mesure que
l'année va se dérouler puis de nous donner rendez-vous à la prochaine
étude des crédits.
M.
Turcotte :
Je comprends, Mme la Présidente, mais c'est un peu difficile de poser des questions
sur des programmes qu'on ne connaît pas la liste. On a besoin de savoir ces
programmes-là.
M. Couillard : Bien, Mme la
Présidente, étant donné que notre collègue était partie du gouvernement il y a
quelques semaines à peine, je pense qu'il a une bonne idée de c'est quoi, les
ententes.
M.
Turcotte : Je peux
comprendre, mais moi, je...
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député.
M.
Turcotte : Mme la
Présidente, le premier ministre, tantôt, nous a mentionné l'importance de collaborer, peu
importent les partis politiques. Moi, je pense aussi à mes collègues de la
deuxième opposition qui...
M. Couillard : Généreux.
M.
Turcotte : Bien
oui! Moi, je suis généreux. Puis je pense aussi aux gens, je pense aux
organismes jeunes. Le premier ministre, dans son discours d'ouverture, a
rappelé toute l'importance du gouvernement ouvert, de la transparence. Je crois que c'est une belle
initiative, comme lui, ministre responsable de la Jeunesse, de montrer
l'exemple, d'être le champion de la transparence et de transmettre ces données
à l'ensemble de la population.
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député.
M.
Turcotte : Comme par exemple, là, est-ce que le Partenariat jeunesse pour le développement
durable, qui est mis dans les campus, là, du Québec, est-ce que lui
est maintenu? Est-ce que c'est un ministère qui le prend en charge?
Comment ça s'organise?
M.
Couillard : Bien, d'abord,
je remercie, Mme la Présidente, je remercie
le collègue pour sa générosité. Je pense que la deuxième opposition apprécie particulièrement la générosité de
l'opposition officielle par rapport à leur formation politique et je pense qu'ils en ont pris bonne
note. Dans un autre pays où j'ai vécu pendant quelques années, il y
avait un proverbe qui disait, en s'adressant à la Providence : Tu es
généreux, mais on le mérite. Donc, il faut savoir continuer à mériter la
générosité de nos collègues parlementaires et des différentes formations
politiques.
M.
Turcotte : Mais
est-ce que le premier ministre sera généreux dans ses informations et il nous
déposera la liste, là?
La Présidente (Mme Blais) : M. le
député, laissez le premier ministre terminer sa réponse.
M.
Turcotte : ...je
profitais de la pause, là.
M. Couillard : Écoutez, bien,
question spécifique pour le Défi de l'environnement. Alors, bonne nouvelle, Mme
la Présidente, les moyens d'action du Défi de l'environnement sont tous
reconduits en 2014‑2015 pour un montant prévu de 877 500 $. Voilà. Et
on m'indique même qu'il y a une initiative fédérale qui a été modifiée avec le
programme Katimavik-Opcan, et ce retrait du gouvernement fédéral ne devrait pas
avoir d'impact sur la réalisation du moyen d'action.
Par exemple,
l'ensemble des moyens d'action, en passant, incluant des ententes, sont dans la
Stratégie d'action, là. Ce n'est pas
caché, ces affaires-là, puis je pense que c'est très public. Pour nous, ce qui
est absolument prioritaire, c'est le maintien des services. Et puis
c'est clair que le moment charnière, c'est le moment où la responsabilité
financière est transférée. Alors, notre collègue du Secrétariat à la jeunesse
de même que les parlementaires font un suivi très, très approfondi et très proche de ces questions-là, notamment quand il s'agit
de clientèles vulnérables. Par exemple, dans les ententes avec le ministère de la Santé, on retrouve des initiatives
telles que le programme Qualification des jeunes qu'on avait lancé il y
a quelques années pour le devenir des jeunes en sortie de centre jeunesse,
également des équipes de deuxième ligne de
santé mentale, toxicomanie. Alors, il s'agit de gens excessivement vulnérables,
dont les problèmes défraient rarement
la manchette, hein? En santé, on parle de toutes sortes d'autres choses que de
ça. Alors, je peux vous dire que moi-même et notre équipe, de même que
le secrétariat, on va être très attentifs afin de nous assurer de suivre ces
questions-là.
On parle quand même de montants relativement
petits par rapport aux budgets des ministères concernés. Je pense que la Santé et Services sociaux est rendue
autour de 35 milliards de dollars. On doit être capables de trouver
ça. Quoique j'aie un petit caveat, parce
que, dans mon long apprentissage de gestion publique, dans ma première
année... premier passage en politique, j'avais demandé à mon sous-ministre en
titre à l'époque : Écoute, X — je ne veux pas dire lequel
des deux c'était — je
ne peux pas croire que, sur le budget qu'on a... À l'époque, on avait
25 milliards; 17 milliards quand
je suis arrivé, 25 milliards à la fin, puis c'est rendu 35 milliards
maintenant en Santé et Services sociaux. Je lui demande à cet estimé
collègue : Je suis certain que, là-dedans, tu peux me trouver, dans
l'enveloppe de notre ministère... ce n'est
pas vrai que tu ne peux pas me trouver, disons, 10 millions de dollars
pour tel problème qu'il fallait résoudre. Et il a eu cette parole...
M.
Turcotte :
Je comprends que c'est intéressant, mais est-ce que c'est sur mon temps?
La Présidente (Mme Blais) : Oui,
c'est terminé, mais là c'est rendu sur le temps du gouvernement.
M. Couillard : Oui, mais je voudrais
finir l'histoire, parce que c'est intéressant, l'histoire.
M.
Turcotte : Mais
est-ce que le premier ministre peut s'engager à déposer la liste?
M.
Couillard : Bien, la liste
est publique, et puis, de toute façon, on la verra aux crédits l'an prochain.
Mais je voudrais finir mon histoire...
La Présidente (Mme Blais) : Oui,
oui, on est sur le temps du gouvernement maintenant.
M. Couillard : ...parce que c'est
vraiment une belle histoire.
M.
Turcotte : Si c'est
sur votre temps, elle est encore plus intéressante.
Des voix : Ha, ha, ha!
M.
Couillard : Et ça ne
commence pas par «Il était une fois». Alors donc, je répète. Alors, M. le sous-ministre,
ce n'est pas vrai qu'on n'est pas capables
de trouver 10 millions de dollars sur 25 milliards de budget. Et la
réponse a été très sage, et je m'en
suis toujours souvenu. La réponse : M. Couillard... M. le ministre, on
l'a, le 10 millions; la question, ce n'est pas si on a le 10 millions, c'est à qui on l'enlève pour le
donner à ce que vous me demandez. Et voilà tout l'exercice d'allocation
des fonds.
Et, pour les citoyens qui nous entendent, je
veux juste le mentionner parce que j'ai souvent cette question-là : M. Couillard, comment ça se fait, avec les
milliards puis les milliards que vous dépensez en santé, en éducation, que
vous ne pouvez pas trouver, là, quelques millions pour tel problème qui a été soulevé
par l'actualité? Où en sommes-nous?
• (11 h 20) •
La
Présidente (Mme Blais) :
Nous sommes rendus à la députée de Crémazie,. Et il reste un peu moins de 10 minutes
pour la fin de l'étude de crédits. À vous la parole, Mme la députée.
Mme Montpetit : Merci, Mme la
Présidente. M. le premier ministre, à titre d'adjointe parlementaire à la ministre déléguée à la Santé publique, mais surtout à titre de députée d'une circonscription où les jeunes sont nombreux et les activités... les équipes
sportives sont pléthores et surtout au sein du la synergie de la circonscription,
je souhaite aborder la question de l'activité physique, mais plus particulièrement
la question des infrastructures qui évidemment soutiennent ces activités
sportives.
Dans un
contexte démographique — pour
faire une petite digression sur les questions de santé publique — où l'obésité et l'embonpoint sont toujours
en hausse au Québec, cette question prend d'autant plus son sens. Et, à titre d'exemple, selon des données anthropométriques
récentes, c'est près d'un enfant sur cinq qui présente un surplus de
poids et près de 10 % qui souffrent d'obésité. Et c'est des
données qui sont de plus en plus inquiétantes parce que les problèmes de
poids frappent dès la petite enfance. Et inutile de souligner, évidemment, les
conséquences importantes que ça peut avoir au niveau de la santé publique, et
au niveau de la santé de façon générale, et la pression sur le réseau de santé.
Et ceci m'amène à souligner que, dans ce
contexte-là, évidemment, la question du support prend toute son importance et
l'importance aussi d'investir dans le maintien, dans l'amélioration, dans la
construction également d'infrastructures et
d'infrastructures à vocation sportive et récréative pour soutenir cette
activité physique. Alors, M. le premier ministre, dans le fond,
pouvez-vous nous expliquer quel sera le soutien gouvernemental qui sera
accordé, au cours des prochaines années, aux infrastructures sportives?
La Présidente (Mme Blais) : M. le
premier ministre.
M.
Couillard : Merci, Mme la
Présidente. Merci pour la question. Dans le plan budgétaire 2014‑2015, le
ministre des Finances, notre collègue, a
annoncé que le Programme de soutien aux installations sportives et récréatives
sera doté, en fait, d'une nouvelle
enveloppe de 50 millions de dollars. Alors, l'octroi de cette somme sera
confirmé après l'adoption du projet
de loi concernant la mise en oeuvre de certaines dispositions du discours sur
le budget. Et je suis certain que c'est un projet de loi que nos
collègues des deux oppositions vont appuyer activement, de façon à ce que son
adoption ne soit pas retardée et qu'on puisse mettre en oeuvre ces mesures,
dont celle-là.
Un appel de projets devrait être lancé à
l'automne prochain. Donc, les organismes admissibles au programme seront invités à soumettre au ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport la présentation de leurs projets. Il faut savoir à quel point ce programme
est populaire. Lors du dernier appel de candidatures, le ministère avait reçu
296 demandes de projets et, de ce nombre, 50
seulement avaient pu être retenues compte tenu de l'enveloppe disponible.
Cette enveloppe permettra le financement de projets tels que des
patinoires intérieures et extérieures, des piscines, des terrains de tennis, des terrains de soccer, des centres
sportifs, des installations multisports et divers autres projets. Elle consacre
donc l'importance de disposer d'infrastructures sportives adéquates dans la
quête d'un mode de vie sain et actif pour tous les Québécois et les
Québécoises.
Alors, on se demande
comment est-ce qu'on finance ça. Pour permettre le financement de cette nouvelle
mesure, on continue à prélever annuellement,
à même les revenus de la taxe sur les produits du tabac, une somme qui est
haussée de 5 millions de dollars de
2014‑2015 à 2024‑2025, portant ainsi le financement provenant de cette taxe de
55 à 60 millions de dollars
jusqu'en 2023‑2024 et de 3 à 8 millions de dollars en 2024‑2025. Alors,
les revenus de la taxation, il faut le savoir, provenant de la vente de
produits du tabac s'élèvent à plus de 1 milliard de dollars,
1 108 000 000 $ pour l'année 2014‑2015, dont 977 millions sont versés au fonds général, mais
131 millions sont affectés à divers fonds spéciaux, dont celui dont nous parlons, qui administre le
Programme de soutien aux installations sportives et récréatives. Mais,
encore une fois, pour ce faire, des
modifications législatives, qui seront soutenues avec enthousiasme par nos
collègues de l'opposition, devront
être apportées à la Loi instituant le Fonds pour le développement du sport et
de l'activité physique afin d'augmenter la partie du produit de l'impôt
sur le tabac qui sera versée au fonds.
Donc, on sera
tous d'accord sur cette mesure, je crois. D'ailleurs, pour les différents
députés de circonscription, c'est
toujours des moments heureux où on va annoncer aux écoles ou aux milieux des
nouvelles installations sportives.
La Présidente (Mme Blais) : Il vous
reste six minutes, M. le premier ministre.
M. Couillard : Pour vous dire
bonjour ou pour...
La Présidente (Mme Blais) : Pour
parler de jeunesse.
M. Couillard : Je vais peut-être
laisser mes collègues...
La Présidente (Mme Blais) : Le
député de Montmorency... Le député de Montmorency.
M. Couillard : Le député de
Montmorency, oui. Allons-y.
M. Bernier : Mme la Présidente, ce
que je veux souligner ici, ce matin, on aura l'occasion d'entendre le premier ministre sur ça aussi, mais c'est la
présence de tous les organismes, dans nos circonscriptions, qui travaillent
au bien-être et à soutenir la jeunesse. Vous
savez, je dis toujours à mes gens
quand je les rencontre, je rencontre mes jeunes ou tout groupe : On n'a pas le droit de laisser
tomber un jeune. On doit mettre tout en oeuvre pour l'aider, l'aider, bien sûr, dans son cheminement scolaire,
l'aider également quand il est en difficulté, être capable de lui donner les ressources
nécessaires. Et chacune de nos circonscriptions bénéficie d'organismes
communautaires qui sont très présents et qui sont
très actifs dans nos régions. Moi, en
tout cas, je me fais un devoir,
durant toutes les années où j'ai été député, depuis 2003, de participer
à chacune de ces organisations-là, parce que c'est ma première priorité.
Ce que je souhaite, M. le premier ministre,
c'est qu'on puisse soutenir ces organismes-là. Et c'est notre rôle, comme députés, de transmettre leur message auprès
du gouvernement, auprès des instances pour leur permettre
d'obtenir les fonds nécessaires et réaliser
ce pour quoi ils existent. On sait que plusieurs font appel à des activités publiques,
tournois de golf ou toute autre activité
d'appel, vente d'encan, toutes sortes
de cocktails ou toutes sortes de choses. Mais c'est beaucoup d'investissement. Et ces gens-là ont besoin d'une base, d'une base pour être capables de
maintenir le fonctionnement.
Chez nous, je
veux saluer en passant... j'ai Carrefour jeunesse-emploi de Beauport, qui
est très important, et saluer sa
directrice générale, Sonia, qui travaille très, très
fort, et qui vont chercher des jeunes, et qui sont capables de les
amener et de les retourner à l'école ou de
les orienter vers de l'emploi. Puis effectivement j'ai été témoin aussi de jeunes qui sont
venus nous voir, qui sont venus me voir puis qui ont réalisé des projets,
projets concrets, que ça soit dans le domaine de
la menuiserie, ou dans le domaine des affaires, ou dans le domaine des
services. Et ces organismes-là ont besoin d'être soutenus pour poursuivre la mission qu'ils ont. Donc, j'aimerais simplement,
M. le premier ministre, avoir votre opinion par rapport à ces
organismes-là et la priorité gouvernementale par rapport à eux.
La Présidente (Mme Blais) : En
conclusion, M. le premier ministre.
M. Couillard : Bien, merci, Mme la
Présidente. Je voudrais d'abord dire que, comme notre collègue et nos collègues,
nous considérons l'action des groupes communautaires comme étant complémentaire
et importante. Parce qu'il y a de nombreux
acteurs qui visent à améliorer la qualité de vie des citoyens, oui, les groupes
communautaires, bien sûr, les OBNL, mais également nos enseignants, nos
éducateurs et éducatrices dans les CPE et une quantité d'agents, là, de
changement qui oeuvrent dans notre société, auxquels il faut rendre hommage.
Alors, on a
réussi, malgré les difficultés financières considérables auxquelles nous
faisons face, à conserver la même
enveloppe de soutien aux groupes communautaires. Il faut absolument qu'on
équilibre le budget, on le sait, pour 2015‑2016 pour nous redonner la
liberté de choix, entre autres la liberté de pouvoir agir de façon plus
déterminante et plus ciblée vers le milieu
communautaire en s'attendant, bien sûr, ce qui, je crois, est bien compris de
leur part, d'une... le fait de
s'assurer qu'il n'y ait pas de duplication de mission entre les différents
groupes, que la reddition de comptes soit constante et qu'on ait vraiment une entente là-dessus. Et je n'envisage
pas de difficulté parce que je crois que les attitudes là-dessus sont
très ouvertes auprès du milieu communautaire. Il y a des choses que font les
groupes communautaires que ne peuvent faire
les réseaux, non pas par manque de volonté, mais par manque de proximité
parfois avec les milieux. Et donc la participation de ces groupes est
absolument indispensable.
Alors, je remercie le député de nous rappeler
cette question. Puis on va certainement avoir un suivi là-dessus au cours de l'année, y compris le prochain budget
et la prochaine étude de crédits, Mme la Présidente, parce que nous arrivons, je crois, au
terme de nos travaux que vous avez présidés, je dois dire, de façon magistrale,
et je voudrais vous en féliciter. Et je crois que l'ensemble de mes
collègues peuvent se joindre à moi pour ça. Je remercie encore une fois le
personnel de la commission, le personnel de la fonction publique, du
Secrétariat à la jeunesse qui est avec nous aujourd'hui. Merci.
On aura
encore beaucoup de travail, dont ce travail d'évaluation du livre blanc, la
nécessité ou non d'aller vers une nouvelle politique, poursuivre les
moyens d'action pour une autre année, de façon à ce que nos jeunes puissent avoir devant eux et elles tous les outils nécessaires
pour arriver au succès, à la réalisation de leurs ambitions et à leur
pleine participation au progrès du Québec. Merci, Mme la Présidente.
La
Présidente (Mme Blais) : Merci, M. le premier ministre. À mon tour de
remercier les personnels des différents ministères, les personnels
politiques, de l'Assemblée nationale, les députés également pour cette étude de
crédits qui est écoulée pour le programme jeunesse.
Adoption des crédits
Nous allons
maintenant procéder à la mise aux voix du programme. Le programme 1,
Secrétariat à la jeunesse, pour l'exercice financier 2014‑2015 est-il adopté?
Des voix : Adopté
M.
Turcotte : Sur
division.
Documents déposés
La Présidente (Mme Blais) : En
terminant, je dépose les réponses aux demandes de renseignement de l'opposition.
La commission ajourne ses travaux au lundi 23
juin 2014, à neuf heures, où elle entreprendra l'étude du volet Condition
féminine. Merci.
(Fin de la séance à 11 h 30)