(Huit
heures trente minutes)
Le Président (M.
Picard) : À l'ordre, s'il vous plaît!
Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des relations avec les citoyens ouverte. Je demande à toutes
les personnes dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de
leurs téléphones cellulaires.
La
commission est réunie afin de procéder à l'étude du volet Aînés des crédits
budgétaires relevant du portefeuille Santé et Services sociaux pour l'exercice
financier 2013-2014. Une enveloppe de quatre heures a été allouée pour l'étude
de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Non, M. le Président.
Aînés
Le
Président (M. Picard) : Merci. Nous allons débuter par les remarques préliminaires pour ensuite procéder à une
discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant les
questions et les réponses, en alternance entre le groupe parlementaire formant le gouvernement et
les députés de l'opposition. La mise aux voix de ces crédits sera
effectuée à la fin du temps qui est alloué à l'étude de ce programme, soit quelques
minutes avant l'ajournement de nos travaux.
En
terminant, je vous invite, aux fins de l'exercice de l'étude des crédits, à
poser de courtes questions et incidemment à fournir des réponses tout aussi
brèves, de façon à favoriser le plus grand nombre d'échanges possibles.
Nous débutons sans
plus tarder avec les remarques préliminaires. M. le ministre, vous avez
10 minutes.
Remarques préliminaires
M. Réjean Hébert
M.
Hébert :
10 minutes. Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, d'abord. Je voudrais
saluer Mme la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne, avec laquelle j'ai déjà
parcouru le Québec dans une consultation publique sur, justement, les conditions de vie
des aînés et qu'il me fait plaisir de revoir aujourd'hui, comme toujours, dans
cette Assemblée. Je voudrais saluer
mes collègues députés de la partie gouvernementale, bonjour, l'ensemble des
personnes qui m'accompagnent. Il y a une
délégation assez impressionnante, peut-être un petit peu moins impressionnante
qu'en santé. En santé, ça allait jusque dans le fond là-bas, mais, quand même, il y a une délégation qui est là
pour répondre de façon la plus précise possible à vos questions.
Et je les remercie d'emblée non seulement d'être présents
ici, mais aussi pour tout le travail qui a été fait pour fournir les
réponses aux questions générales et aux questions spécifiques qui ont été
adressées au gouvernement. C'est un travail important, et je les
remercie sincèrement.
L'étude des crédits, c'est
un moment important dans notre démocratie parlementaire. C'est le moment où le gouvernement peut rendre compte avec rigueur de l'utilisation
des fonds publics, avec rigueur et transparence. Et aujourd'hui on cible
particulièrement les actions faites pour les aînés, notamment pour le
Secrétariat des aînés.
Évidemment,
M. le Président, mon intérêt pour les aînés ne date pas d'hier. J'ai consacré
aux aînés toute ma carrière de clinicien comme médecin gériatre, mais aussi
chercheur, ayant dirigé un centre de recherche, un réseau et un institut
de recherche des instituts de recherche en santé du Canada, et comme pédagogue,
comme professeur impliqué dans la formation non seulement des médecins
gériatres, mais aussi dans la mise en place et l'application de programmes de
maîtrise et de doctorat en gérontologie à l'Université de Sherbrooke.
Mon
intérêt pour les aînés date de 1980, où, jeune interne, j'avais décidé d'aller
faire une formation en France, en gériatrie et
en gérontologie, au moment où ici, au Québec, on avait une société jeune et où
ces enjeux-là n'étaient pas d'actualité. Et
cette formation a conditionné le reste de ma carrière, et cette formation m'a
permis de pouvoir servir, tant à l'université que dans le réseau de la
santé et des services sociaux, servir les citoyens, les citoyens âgés. Et maintenant
je le fais d'une autre façon : par une action politique.
Je
suis très heureux d'avoir reçu de Mme la première ministre le mandat de m'occuper
non seulement de la santé et des services sociaux, mais de m'occuper
également du dossier des aînés. Et ces deux responsabilités combinées me
donnent une capacité d'agir qui est
extrêmement intéressante pour le meilleur intérêt des aînés. Je pense que la
synergie et l'intégration de la santé et des services sociaux et des aînés
permet — puis j'y reviendrai — de pouvoir augmenter notre capacité d'agir.
Alors,
on a une société qui vieillit, je pense que tout le monde s'en rend compte. On
a actuellement 16 % de personnes, au Québec, qui ont plus de 65 ans. On
sera à 20 % en 2021 et on dépassera les 25 % d'ici 20 ans, un
vieillissement qui, lorsqu'on le compare aux autres pays, se fait de façon très
rapide. En fait, le Québec présente le vieillissement le
plus accéléré, tout de suite après le Japon où eux ont dépassé déjà les
25 %. Et ce vieillissement-là, accéléré, s'est fait sur une beaucoup plus
courte période que ce qu'ont vécu les Européens. Les Européens ont vécu un vieillissement sur une période d'à peu près 60
ans; nous, on l'aura sur une période de 30, 35 ans. Donc, on va passer d'une
société beaucoup plus jeune que les pays européens à une société plus vieille
que les pays européens, en 2031.
Alors, loin d'être un péril, comme certains
se plaisent à le dire ou à le décrier, le vieillissement de la population, c'est une bonne nouvelle. Ça veut dire que le
Québec a mis en place un système de santé et un système social qui fait en sorte que nous vivons plus longtemps, et c'est
une bonne nouvelle. On a vaincu plusieurs maladies, on a amélioré l'état
de santé de la population, de sorte que maintenant les Québécois ont le
privilège de vieillir.
Ce vieillissement, par contre, doit s'accompagner
d'une transformation de notre société. Il faut que la cité, au sens de Platon, la cité
puisse s'adapter à une population qui comporte un grand nombre de personnes
âgées, et c'est un défi, un défi qui
est extrêmement intéressant, parce que ça nous donne l'opportunité d'innover, l'opportunité
de transformer notre façon de voir la
cité, de transformer notre façon de donner des services aux personnes aînées et
de donner des services de santé aux
personnes aînées. Donc, on a là une opportunité de vraiment adapter le système
de santé, adapter nos municipalités,
adapter nos programmes dans les autres secteurs de la société civile aux
personnes âgées. Et, comme je le dis souvent, ce qui est bon pour les
aînés est bon pour l'ensemble de la société, M. le Président.
Les personnes âgées représentent un capital d'expertise,
un capital de sagesse qui est extrêmement
intéressant. C'est une richesse naturelle au
même titre que les autres richesses naturelles dont bénéficie le Québec. C'est
une richesse naturelle, par contre,
dont on doit assurer un développement durable, M. le Président. Et, là comme
ailleurs, il faut s'assurer qu'on
utilise bien cette richesse naturelle que sont nos aînés pour le développement
du Québec et le développement du Québec
de demain. Ce développement passe d'abord par l'intégration des aînés dans la
cité, et ma prédécesseure responsable
des aînés, qui est maintenant dans l'opposition, avait mis en place une
politique, Vieillir et vivre ensemble, une
politique que j'avais réclamée en 2007, à titre de coprésident de la
consultation publique sur les conditions de vie des aînés, et qui, cinq ans plus tard, est arrivée.
Donc, je lui rends hommage d'avoir réussi à convaincre son gouvernement,
et je sais que ça n'a pas été facile de convaincre ce gouvernement, d'en
arriver à une politique sur les aînés.
Et cette politique, nous l'avons
maintenant, et bien qu'on lui donnera un certain nombre d'orientations puis on lui donnera des
leviers supplémentaires, c'est une politique qui fait l'éventail des
différentes actions gouvernementales. Je souhaite lui donner un certain
nombre d'orientations plus précises et j'aurai l'occasion d'y revenir, mais,
pour moi, cette politique de Vieillir et
vivre ensemble, notamment au niveau de l'intégration des aînés dans la cité,
doit se faire sur la base des Municipalités amies des aînés. Je pense qu'on
a là un véhicule extrêmement porteur dans chacune des municipalités du Québec pour asseoir les différentes actions
gouvernementales et adapter ces actions gouvernementales à des réalités régionales, M. le Président. Et cet
effort, ou cette volonté de décentralisation de cette politique, de cette
prise en charge par les communautés de la
politique Vieillir et vivre ensemble sera au coeur des orientations que nous
voulons donner à la politique, parce que je
pense que ce sont dans les régions qu'on est à même de mieux connaître les
besoins des aînés, mieux connaître les moyens et les stratégies pour arriver à
répondre à ces besoins-là, et mieux appliquer un certain nombre de politiques
plutôt que de le faire en mur-à-mur au plan national.
• (8 h 40) •
Donc, ce que je souhaite imprimer à
cette politique, c'est une décentralisation, c'est la baser sur Municipalité amie des aînés et c'est
de globaliser les programmes plutôt que d'avoir une foule de programmes
spécifiques, de globaliser les enveloppes de façon à remettre aux
régions la responsabilité de choisir les différents leviers, les différentes
stratégies qui s'avèrent les plus pertinentes compte tenu du contexte. La
situation à Montréal est fort différente de la situation à Chandler ou de la
situation à Trois-Rivières, alors il y a des réalités différentes qu'on doit
tenir compte pour l'application de cette politique.
Deuxièmement, dans cette politique, il
y a un volet qui est extrêmement important sur la maltraitance, et nous allons continuer, être en continuité des politiques
gouvernementales de lutte à la maltraitance.
Et
le troisième volet, évidemment, c'est l'adaptation du système de santé, M. le
Président, sur lequel j'aurai l'occasion de
revenir en détail. Il faut absolument qu'on puisse faire en sorte que notre
système de santé, qui a été bâti au siècle
dernier pour répondre à une population jeune qui avait surtout des maladies
aiguës, puisse s'adapter à une population vieillissante avec une prépondérance de maladies chroniques. Et ça, ça
veut dire que l'hôpital qui était au centre du système de santé au
siècle dernier ne doit plus être au centre du système de santé et on doit
plutôt réorienter le système vers le domicile,
ce qui nous amène à mettre l'emphase sur la prévention, à mettre l'emphase sur
la première ligne et à mettre l'emphase sur les soins à domicile pour
être en mesure de faire en sorte que le paquebot du système de santé puisse
effectuer un virage.
On dit souvent que le vieillissement
va être un tsunami pour notre système de santé. M. le Président, ce n'est pas vraiment un tsunami, c'est un iceberg, on le voit, ça
fait 30 ans qu'on le voit s'approcher, et le paquebot du système de santé s'en va droit dessus, et il faut imprimer
un virage au système de santé pour être capable de pouvoir répondre aux
besoins d'une société vieillissante, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Vous
allez pouvoir poursuivre tout à l'heure lors des différents échanges. J'invite
maintenant la porte-parole de l'opposition officielle pour les aînés à faire
ses remarques préliminaires pour un maximum de 10 minutes.
Mme
Marguerite Blais
Mme Blais : Merci beaucoup, M. le Président. À mon tour de saluer le
ministre responsable des Aînés, qui a beaucoup de fonctions, ministre de la
Santé et des Services sociaux. Et permettez-moi de saluer votre sous-ministre, M. Cotton, à la santé;
votre sous-ministre adjoint à la santé, M. Sylvain Gagnon; Mme Catherine
Ferembach, que je porte dans mon
coeur, au Secrétariat des aînés, et évidemment toutes les personnes qui vous
accompagnent ici, plusieurs visages que
je connais, que je reconnais. Et vous avez un personnel extraordinaire, M. le
ministre, et il faut leur rendre hommage, parce qu'on ne rend pas assez
hommage aux fonctionnaires qui oeuvrent pour nous et qui travaillent très, très
fort. J'aimerais aussi saluer mes collègues députés de cette Assemblée
nationale.
Mes
remarques, M. le Président, seront brèves parce que je veux nous garder du
temps pour les questions, mais, en cours de route, ça se peut que ça s'allonge,
parce qu'il a parlé de la politique Vieillir et vivre ensemble — C hez soi. Mais moi, j'ai eu le bonheur et la chance de
côtoyer le ministre de la Santé lors de la consultation publique sur les
conditions de vie des aînés, en 2007, mise
sur pied par le précédent gouvernement. À l'époque, il était, avec Mme Sheila
Goldbloom et moi-même, coprésident de cette
consultation publique. Et, comme il l'a mentionné, nous avons parcouru le
Québec. Nous avons entendu de nombreux
témoignages de personnes âgées elles-mêmes, de représentants d'organismes,
d'experts. Il va de soi que toutes les demandes qui ont été formulées lors de
ces consultations sont impossibles à réaliser dans l'immédiat. Elles se font,
dans la mesure du possible, au fur et à mesure.
Le
ministre conviendra avec moi que plusieurs demandes formulées par les aînés et
d'intervenants ont été non seulement
entendues, mais réalisées par la mise en place de nouveaux programmes ou de
plans d'action innovants. À titre d'exemple,
je citerai le programme Municipalité amie des aînés, infrastructures Québec ami
des aînés : 6 millions par année. Le Québec est la société la
plus avant-gardiste pour l'implantation de cette philosophie qui est prônée par
l'Organisation mondiale de la santé, et c'est
le Dr John Beard, qui est le directeur de Vieillissement et parcours de
vie, qui nous l'a dit lors d'une rencontre
en Irlande, au mois de septembre 2011. Et je suis contente que le ministre
responsable des Aînés accueille
favorablement la deuxième conférence internationale qui se déroulera à Québec
entre le 9 septembre et le 13 septembre 2013.
Nous avons aussi déposé un plan d'action pour combattre
la maltraitance envers les aînés qui est doté d'un budget de 28 millions de dollars jusqu'en 2017, d'organismes
financés sur plus d'une année, entre autres l'implantation de travailleurs de milieux auprès des aînés, le
financement des maisons des grands-parents. On peut ajouter aussi le
Fonds de soutien aux proches aidants, avec
un budget de 200 millions, la modification du bail par l'adoption d'une
loi, le financement de l'implantation de Carrefour d'information pour
aînés.
Le ministre va se souvenir que les aînés disaient qu'ils
manquaient d'information. Nous avons maintenant 30 carrefours d'information
partout à travers la province. Nous avons rehaussé substantiellement le
financement des tables régionales de concertation des aînés, le
financement des ententes spécifiques avec les CRE, pour ne nommer que ces
quelques nouvelles réalisations depuis 2008.
Nous
avons déposé la politique Vieillir et vivre ensemble — Chez soi, dans sa communauté, au Québec. J'aurais souhaité la déposer aussi en 2008, mais le fruit
n'était pas mûr. Il fallait pour ça mettre en place des actions et des programmes. Cette politique est dotée d'un budget
de 2,7 milliards de dollars sur cinq ans, c'est une première au
Québec, dont les trois orientations sont en ligne directe avec celles prônées
par l'Organisation mondiale de la santé.
Vieillir
et vivre ensemble, c'est participer dans sa communauté, 22,7 millions;
Vieillir et vivre ensemble, c'est vivre en
santé dans sa communauté, 1 160 000 000 $; Vieillir et
vivre ensemble, c'est créer des environnements sains et sécuritaires pour les
aînés, 1 310 000 000 $.
Je
tiens à dire au ministre qu'il pense exactement comme je pense : le moteur
de cette politique, ce sont les Municipalités amies des aînés. Et j'ai toujours
pensé qu'il fallait respecter les spécificités régionales, et, dans le
coeur de cette politique, il y a un
programme, qui s'appelle Québec ami des aînés, doté d'un budget de
20 millions de dollars pour que les municipalités qui ont adopté
des politiques Amie des aînés puissent financer des projets dans leurs régions.
On pourra y revenir.
Alors,
si le ministre, comme il vient de le dire, souhaite enrichir cette première
politique, moi, je suis tout à fait d'accord. Mais, s'il veut retrancher des actions
très importantes, je pense que je serai très vigilante. D'ailleurs, le
ministre sait pertinemment, M. le Président,
que je n'aime pas faire de la politique sur le dos de nos aînés. Nous devons
travailler tous ensemble, quelles que soient
nos allégeances politiques, pour améliorer les conditions de vie des personnes
aînées et de leurs proches, et en particulier des personnes parmi les plus
vulnérables de notre société.
En
terminant, je rappelle qu'à l'époque j'étais le ministre responsable des Aînés,
entre guillemets, actifs, et que d'autres ministres avaient la responsabilité de
personnes aînées en résidence privée, en CHSLD. Et, en tant que
porte-parole des aînés pour l'opposition
officielle, j'ai désormais l'entièreté de la responsabilité, soit les aînés
actifs, ceux qui vivent en résidence
privée, en CHSLD. Tout ce que je souhaite, M. le Président, c'est que cette
commission parlementaire soit des plus constructives et positives. Je
vous offre ma plus sincère et entière collaboration et je vous remercie.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la députée. Je suis maintenant prêt à vous reconnaître, Mme
la députée, pour
le premier bloc d'échange d'environ 20 minutes. À vous la parole, Mme la
députée de Saint-Henri — Sainte- Anne.
Discussion générale
Mme Blais : M. le Président, à mon arrivée, en
2007, le Secrétariat des aînés comptait trois ou quatre fonctionnaires . Au moment des élections, le 4 septembre dernier, il était
doté de plus de 30 effectifs. Il était totalement indépendant du ministère de
la Santé et des Services sociaux, et cette autonomie était des plus pertinentes
et déterminantes quant à la perception que nous avons des personnes qui
vieillissent.
D'ailleurs, le ministre a mentionné tout à l'heure que le
vieillissement, ce n'était pas un péril, que ce n'était pas un tsunami en soi.
Le secrétariat était avant-gardiste dans plusieurs domaines qui favorisaient l'autonomie
et la prise en charge
des personnes par elles-mêmes : on pense à des projets en communication,
les nouvelles technologies, le financement
de projets en culture, en recherche, entre autres Le VIH et les 50 ans et
plus, ou la Fondation Émergence, Pour que vieillir soit gai, avec
une charte de la bientraitance.
• (8 h 50) •
Le Secrétariat des aînés combattait l'âgisme
et cette image stéréotypée voulant que les personnes vieillissantes soient uniquement perçues sous l'angle de
la réparation et des maladies à soigner. Le secrétariat est désormais sous la protection de l'immense parapluie du ministère
de la Santé et des Services sociaux, et cela m'inquiète. Je ne suis pas
la seule. Il y a des organismes représentatifs de personnes aînées qui le sont
également.
Dans
ma perception, ce réaménagement de structure affaiblit le Secrétariat des
aînés, qui était un véritable ministère des
aînés en devenir, doté de programmes, de budgets qui augmentaient, et qui
pouvait parler par lui-même et, à l'occasion, même, contredire le
ministère de la Santé et des Services sociaux quant à ses façons de faire. Il n'avait
pas les mains liées. Il lui sera désormais
difficile de s'opposer à cet important ministère. Et je suis d'autant plus
inquiète parce que Kathleen Wynne, la nouvelle première ministre de l'Ontario,
vient de décréter qu'il y aurait un ministère entièrement dédié aux aînés.
Ce que je veux savoir du ministre :
Pourquoi a-t-il pris ce secrétariat pour l'incorporer au ministère de la Santé plutôt que de décider d'être à la fois ministre de
la Santé et des Services sociaux tout en étant ministre des Aînés et faire grossir ce ministère? Alors, ça m'apparaît
comme étant une ambiguïté quand il dit à la fois que nos aînés sont en meilleure santé, mais en même temps il y a une
perception de la maladie, à l'intérieur du ministère de la Santé. Et je
veux aussi savoir quelle sera la réelle
indépendance du Secrétariat des aînés face au ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M. Hébert : M. le Président, l'intégration du
Secrétariat des aînés au ministère de la Santé et des Services sociaux ne signifie pas
l'assimilation du Secrétariat des aînés. Le Secrétariat des aînés garde son
caractère propre, garde son entité et est
intégré au ministère de la Santé et des Services sociaux. Il y a même un
programme spécifique, au niveau budgétaire, qui protège le Secrétariat
des aînés.
Cette intégration s'est faite sans qu'il y
ait diminution de ressources humaines, je tiens à rassurer la députée de ce côté-là, et cette
intégration nous permet de mieux coordonner les actions du Secrétariat des
aînés avec l'ensemble des actions de la Santé et des Services sociaux.
Je suis un peu déçu de la perception de la
députée du ministère de la Santé et des Services sociaux, qui dit que c'est un ministère qui s'occupe de maladies. Il y a de
grands pans du ministère qui s'occupent plutôt de la santé, M. le Président. La Direction de santé publique, par
exemple, qui s'intéresse à la prévention, à la promotion de la santé; la
santé mentale, où il y a un volet de
promotion de la santé extrêmement important; tout le secteur des services
sociaux, où on privilégie une approche basée sur le développement des
communautés et une approche qui vise la santé.
Alors, le ministère de la Santé et des
Services sociaux, ce n'est pas un ministère de la maladie, loin de là. Et j'ai même annoncé que,
dans ma vision pour ce ministère, la prévention — et
j'y reviendrai un peu plus tard — allait être une priorité, et
nous allons développer une politique nationale de prévention. Alors, je pense
que la perception de la députée à l'effet que le ministère de la Santé
est un ministère de la maladie, elle n'est pas juste.
Et, la deuxième chose, c'est : moi, je
ne suis pas d'accord avec un secrétariat des aînés qui est en confrontation avec les autres ministères, qui est en
réclamation, en récrimination. Moi, je pense que le Secrétariat des aînés doit travailler avec les autres ministères du
gouvernement pour faire la promotion des interventions, pour mieux intégrer
les aînés dans la société et mieux servir les aînés autonomes et les aînés et
perte d'autonomie.
Je pense que cette interaction, cette
synergie-là va permettre au Secrétariat des aînés d'avoir les coudées franches et de pouvoir
se servir de l'important levier du ministère de la Santé et des Services
sociaux pour être capable de faire la promotion
de services aux aînés qui répondent aux besoins des personnes âgées, qu'elles
soient autonomes ou qu'elles soient en perte d'autonomie, M. le
Président.
Alors, cette intégration-là est même perçue
par plusieurs comme ayant donné, même jusqu'à maintenant, après quelques mois d'intégration,
des retombées concrètes. Et je rapporterais à cette Chambre le témoignage de M.
Michel Boivin, qui est directeur de L'Appui,
un organisme créé par la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne
avec la Fondation Chagnon, M. le Président. Alors, L'Appui, qui travaille sur les proches
aidants, donc, développe toute une série de programmes pour les proches aidants. Et, lors de ma rencontre avec M.
Boivin, il m'a clairement dit : Écoutez, depuis que le Secrétariat des aînés est intégré dans le
ministère de la Santé, ça facilite nos communications et ça facilite aussi
nos interventions, parce qu'on voit que le
secrétariat est en harmonie, est en phase avec les orientations du ministère de
la Santé et des Services sociaux, et c'est
beaucoup plus facile de pouvoir développer des programmes et de pouvoir
avoir une action coordonnée, une action concertée.
Alors, c'est un des témoignages que j'ai
reçus jusqu'à maintenant sur les effets bénéfiques de cette intégration. Et je vous
prie de me croire, M. le Président, que je vais accorder toute mon attention au
Secrétariat des aînés et que je vais accorder
une attention particulière à cet aspect-là, parce que, trop souvent, M. le
Président, on a tendance à réduire les problématiques des aînés à ceux
qui sont en perte d'autonomie, alors que, comme vous le savez, la grande
majorité des aînés sont autonomes, la grande
majorité des aînés continuent à avoir une action sociale, et la grande majorité
des aînés contribuent au développement de la société, M. le Président.
Alors, il est important que le Secrétariat
des aînés puisse jouer ce rôle de viser une meilleure intégration des aînés. Et, à l'intérieur
du ministère de la Santé et des Services sociaux, il pourra avoir entre les
mains des leviers extrêmement puissants
pour non seulement le faire auprès des aînés autonomes, mais aussi s'assurer
que le ministère de la Santé et des Services sociaux adapte ses
programmes à la réalité des aînés en perte d'autonomie, M. le Président.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Mme la députée.
Mme Blais : Je suis contente d'entendre le
ministre, parce qu'à l'époque où j'étais au Conseil de la famille et de l'enfance, toute la
question des aînés était dans le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Et j'avais rencontré plusieurs organismes,
dont la FADOQ, l'AQRP, l'AREQ, des gens qui se demandaient : Comment se
fait-il que les aînés se retrouvent
dans le ministère de la Santé alors qu'on n'est pas malades? On est actifs,
90 % des personnes âgées vivent à domicile,
il y en a qui travaillent encore à 83 ans. J'étais l'autre jour avec Jean-Marc
Chaput, qui donne des conférences à l'âge de 83 ans. Alors, c'était une
question de perception.
Et, M. le Président, je n'ai pas voulu dire qu'il
y avait des récriminations entre le Secrétariat des aînés et le ministère de la Santé.
Je n'ai jamais voulu dire ça. Et je sais pertinemment que la sous-ministre
adjointe au Secrétariat des aînés travaillait
main dans la main avec le sous-ministre adjoint à la Santé. Et ils forment même
un tandem à L'Appui, ils font partie du conseil d'administration de L'Appui
aux proches aidants, et ils ont travaillé ensemble à l'élaboration de la
politique. Je voulais dire que c'était plus une question de perception dans la
population. C'était beaucoup plus cette question de perception.
Alors, si le ministre peut, dans ses
conférences, dans ses discours... Parce qu'on a l'impression que le ministère de la Santé,
c'est un gros ministère — o n n'a pas
seulement l'impression, c'est le plus gros ministère — le Secrétariat des aînés aura réellement son indépendance et sa
place… Moi, je n'ai pas de problème. Mais quand j'entends Kathleen Wynne
qui dit qu'elle va mettre en place un
ministère des Aînés, bien, je dis : On était en train de développer un
ministère des Aînés. Ils auraient pu,
à l'intérieur du ministère des Aînés, déménager les résidences privées pour
aînés, lui donner un peu plus de force et se promener entre les deux.
• (9 heures ) •
Mais je veux aller sur un autre sujet, parce
que je sais qu'on n'a pas beaucoup de temps aujourd'hui, et je veux revenir sur cette
politique, Vieillir et vivre ensemble. C'est une très belle revue. On voit
notre ministre tout souriant dans la revue
Virage. Et il parle notamment qu'il ne va pas réécrire une autre
politique puisqu'une politique existe, mais qu'il n'aimait pas cette espèce de catalogue d'actions
et qu'il va — p uis il nous l'a dit dans ses remarques préliminaires — faire différentes
politiques à l'intérieur de la politique. Je voudrais juste lui dire très
délicatement, M. le Président, que les fonctionnaires
qui ont travaillé à cette politique sont les mêmes fonctionnaires qui
travaillent avec lui aujourd'hui. Et ils ont travaillé énormément avec
tous les autres ministères — il y en a 18. Il y a
eu des rencontres avec 40 organismes nationaux,
des assises. Donc, tous les ministères ne sont pas rendus à la même place pour
faire avancer les questions qui sont liées
aux aînés, et ça va avancer dans le temps. Mais je peux vous dire que le
Secrétariat des aînés et le ministère de la Santé et des Services sociaux ont travaillé main dans la main pour que
cette politique voie le jour, et je pense qu'il a...
Je ne veux pas dire que c'est la
meilleure politique. C'est comme une thèse de doctorat : vous en faites
une, puis le prochain
a une meilleure thèse. Tout ce que je lui demande, c'est de faire en sorte que
cette politique puisse vivre, parce qu'elle
touchait les communautés, elle touchait les municipalités, elle touchait des
actions qui émanaient des personnes elles- mêmes. On voyait qu'il y avait ce jeu entre les acteurs, et je pense que
c'était fondamental qu'on puisse voir les gens autrement , d'autant plus que le monde entier nous admire
pour ce qu'on fait. Et, si Mme Wynne met un ministère des Aînés en Ontario, ce n'est pas contraire à toutes les
rencontres que nous avons eues lors des rencontres fédérales-provinciales, où
les autres ministres étaient ébahis par les actions qu'on mettait en
place au Québec, avec les moyens que nous avions.
Alors, j'aimerais que le ministre puisse me
parler de cette politique, ce qu'il entend faire avec, les actions qu'il entend
retrancher. Je sais qu'il y a déjà 1 600 000 dollars de retranchés
pour le PEFSAD, entre autres pour le côté, là, de la recherche qui devait avoir lieu. Alors, j'aimerais
vraiment l'entendre sur cette politique. Vous comprendrez que je suis un
peu émotive, parce que j'ai été un peu au coeur de cette politique et
maintenant je lui confie, je n'ai pas le choix, et je veux qu'il m'en parle.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Hébert : Alors, d'abord, je voudrais rappeler,
là, que le ministre qui vous parle — je parle à la troisième personne... alors j'occupe deux responsabilités :
les aînés, et la santé et les services sociaux. Alors, même s'il y a une intégration, j'ai deux
responsabilités qui sont séparées, et, comme je le disais tout à l'heure, le
Secrétariat des aînés va être préservé
dans son intégralité. On ne retourne pas à l'époque où les aînés n'avaient pas
un secrétariat spécifique à l'intérieur de l'appareil gouvernemental. Là, on a
un secrétariat, il est maintenant intégré à la Santé et les Services sociaux plutôt que d'être intégré
au ministère de la Famille, mais soyez assurée qu'il garde son entité propre et ses responsabilités propres.
La députée souligne l'Ontario. Écoutez, en
Ontario, je pense qu'ils ont beaucoup de progrès à faire pour mieux intégrer la santé et les services sociaux, mieux
intégrer les services aux aînés. Je pense que le Québec a une longueur d'avance
sur cette intégration. Nous, nous avons procédé à l'intégration de la santé et
des services sociaux dans les années 70.
Nous sommes la seule province canadienne et l'un des seuls pays à avoir fait
cette intégration. Et le seul autre pays
que je connais, c'est la Flandre, donc une partie de la Belgique, où il y a une
intégration de la santé et des services sociaux. Mais nous l'avons fait, nous, et, en Ontario, ce n'est pas
encore fait, ce qui cause énormément de problèmes pour l'intégration des services pour les personnes
âgées, notamment parce que, comme vous le savez, les personnes âgées en perte d'autonomie ont souvent des problématiques
tant de santé que de services sociaux, de sorte que, lorsqu'on a un
réseau de la santé qui est divisé en santé et services sociaux, bien, on a un
manque d'intégration qui fait en sorte que la coordination des services n'est
pas au rendez-vous.
Alors,
je voudrais rassurer la députée. Il y a toujours cette action intersectorielle
qui est menée avec un comité interministériel qui suit les actions de la
politique, et, de façon à rassurer la députée, je voudrais lui dire que nous avons continué, là,
depuis que nous sommes en poste, un certain nombre d'actions concrètes. Alors,
on a réalisé les prix Hommage Aînés
2012. J'ai donné, au salon rouge, les prix Hommage pour 17 régions du Québec.
Ça s'est effectué le 8 novembre 2012.
C'est 23 000 $ que nous avions attribué à ces prix. Nous avons
poursuivi la démarche Municipalité amie
des aînés. Il y a eu 100 projets acceptés au cours de l'année 2012-2013, et
nous sommes maintenant à 251 municipalités. Et le budget, en 2012-2013, de 2 797 000 $ va être
respecté et va se poursuivre en 2013-2014. On est en train d'élaborer un
guide pour l'appel à projets qui devrait être lancé le 12 mars prochain.
Nous allons, comme l'avait souligné la
députée, organiser la deuxième Conférence internationale des villes amies des aînés de l'OMS
du 9 au 11 septembre. Nous poursuivons le programme Québec ami des aînés; j'aurais
l'occasion d'y revenir, mais nous avons achevé l'étude des projets, et j'ai
signé la semaine dernière les lettres qui annoncent les résultats de ce projet.
Nous avons consolidé le programme de
maisons des grands-parents avec l'aide financière à six de ces maisons. Nous avons demandé au Conseil du trésor de
débloquer l'aide à CEFRIO, pour l'aide numérique, afin de mettre les
technologies de l'information au service des aînés actifs dans leur milieu.
Alors, c'est un projet de 500 000 $, M. le Président, un projet
substantiel.
Nous allons continuer le plan d'action pour la maltraitance
envers les aînés et nous avons eu des sommes substantielles totalisant
1,7 million de dollars pour la ligne d'écoute Aide Abus des aînés et pour
les coordonnateurs régionaux. Nous avons soutenu les initiatives en milieu de
travail, M. le Président.
Nous avons poursuivi le Programme d'infrastructures
Québec-Municipalités, et l'appel de projets se termine cette semaine, en fait, et on devrait faire des annonces
très bientôt. Et nous poursuivons les travaux du Comité national de l'éthique sur le vieillissement, et également nous
réalisons une étude sur l'émergence d'innovation dans les initiatives élaborées par Municipalité amie des aînés : c'est
794 000 $ qui va être attribué au Centre de recherche sur le
vieillissement pour pouvoir réaliser cette étude-là.
Dans le programme Québec — Municipalité amie des aînés, juste une note en passant,
on a eu 216 projets reçus, donc ça a été un
appel à projets qui a été extrêmement fructueux.
Alors,
ça, c'est l'ensemble des actions qui ont été réalisées depuis que je suis en
poste. Je pense que nous poursuivons les actions en continuité. Et, pour
revenir sur le programme qui n'a pas été mis en place et qui était en support
aux entreprises d'économie sociale pour l'aide domestique, c'était un programme
pour la formation des gestionnaires, et nous avons plutôt opté pour d'autres
façons de soutenir les entreprises d'économie sociale, et j'aurai l'occasion d'y
revenir.
En fait, le financement des
entreprises d'économie sociale va être bonifié, leur rôle va être rehaussé, et,
dans la stratégie
pour l'emploi que ma collègue ministre de l'Emploi a annoncée la semaine
dernière, il y a des sommes qui vont être
consacrées à la formation du personnel dans les entreprises d'économie sociale,
ce qui compense largement l'orientation de formation des gestionnaires
qui, elle, n'a pas été mise en application tout de suite, M. le Président.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Mme la
députée, il reste 30 secondes. On vous le transfère sur un autre bloc ou...
Mme Blais : Deux petites questions. Est-ce que
vous avez l'intention de maintenir les projets en culture? Parce que la culture, c'est l'identité d'un peuple. Et
est-ce que vous allez mettre en place 1 550 AccèsLogis en 2015-2016,
2016-2017 pour 78,8 millions de dollars? On pourra y revenir, mais je
pense que c'est important.
Le
Président (M. Picard) : Vous avez 10
secondes, ou... Je pense que le...
M.
Hébert : Je vais répondre dans le
prochain bloc.
Le Président (M. Picard) : Vous répondrez tout à l'heure, tout
simplement. Merci. Nous sommes maintenant
rendus au bloc de 20 minutes pour le groupe formant le gouvernement. M. le
député de Laval-des-Rapides, la parole est à vous.
• (9 h 10) •
M. Bureau-Blouin : Oui. Donc, merci beaucoup, M. le
Président. Tout d'abord, M. le ministre, bonjour. Chers collègues de l'Assemblée nationale, cher personnel du ministère
de la Santé et des Services sociaux et du Secrétariat aux aînés, c'est un
plaisir d'être avec vous ce matin.
Donc, M. le ministre, vous en avez
parlé dans votre introduction, le Québec est un des endroits dans le monde qui va être très
touché par le phénomène de vieillissement de la population et de renversement
de la pyramide démographique. Et,
tout comme vous, c'est un sujet qui m'intéresse grandement et je crois moi
aussi que, même si le vieillissement de la population est souvent perçu comme une fatalité ou comme quelque chose
de néfaste à la croissance économique et sociale, la réalité est toute autre; il y a possibilité d'envisager
de manière très positive et constructive ce renversement de la pyramide démographique. Et j'ai remarqué dans votre
discours de tout à l'heure que vous avez, vous aussi, un discours qui est
très différent de certaines croyances
populaires quant au vieillissement de la population, grâce à votre expertise en
la matière, notamment dans vos recherches en gériatrie et en
gérontologie.
Donc,
j'aimerais savoir, M. le ministre, si vous pouviez nous expliquer votre vision
du vieillissement de la population, en axant
votre intervention plus précisément sur les bénéfices d'adapter notre société à
ce phénomène par des démarches
concrètes, parce que je pense qu'il y a un grand travail de pédagogie à faire
dans la population pour expliquer aux
gens quelles vont être les répercussions de ces changements démographiques,
mais surtout pour tenter de convaincre les
gens qu'il ne s'agit pas là d'une tare ou d'un phénomène néfaste, mais plutôt d'une
opportunité qui peut être utilisée.
M.
Hébert : ...député de
Laval-des-Rapides, le plus jeune député de cette Assemblée, et qui vient poser
la première question sur les aînés. Alors, on voit que, hein, c'est vraiment un
effort de réconcilier les générations.
Et,
moi, je m'inscris en faux contre ceux qui tentent de mettre en opposition les
différentes générations, au Québec, et de faire valoir le fardeau des aînés, M. le
Président. Les aînés ne sont pas un fardeau, les aînés contribuent,
contribuent à la société et contribuent de
plus en plus à la société, parce que le Québec s'est doté, au cours des 40
dernières années, de régimes de retraite qui font que les aînés arrivent
à la retraite bien mieux outillés sur le plan économique que ne l'étaient les
générations précédentes.
Les aînés arrivent à la retraite en meilleure santé que
les générations précédentes, les aînés arrivent à la retraite avec une
contribution qui se poursuit à la société, une contribution même fiscale, qui
est importante, à la société et une contribution
en termes de bénévolat, qui se chiffre dans les centaines de millions de
dollars chaque année, M. le Président. S'il fallait que les aînés
fassent la grève des activités bénévoles, on aurait une société qui serait en
difficulté pendant ces journées de grève, M. le Président.
Et,
moi, je voudrais démolir le mythe du fardeau des aînés. On dit qu'il y aura de
moins en moins de travailleurs pour soutenir les personnes âgées, M. le
Président, mais on oublie une chose : on oublie que les travailleurs
soutiennent non seulement les aînés, mais
également les jeunes. Et on appelle ça, en démographie, le taux de dépendance
démographique, où on prend les gens
en âge de travailler, soi-disant entre 20 et 64 ans, et les gens qui sont
reconnus comme étant dépendant sur le plan démographique, de 1 à 20 ans,
et les 65 ans et plus, alors...
Et
ce taux de dépendance, lorsqu'on regarde le taux de dépendance démographique,
il était le plus élevé dans les années 60 et 70, M. le Président, au moment où le
Québec était une société très jeune, où il y avait beaucoup de jeunes et
où l'ensemble de la société devait soutenir
cette jeunesse par des programmes d'éducation et par le soutien à l'aide
familiale, M. le Président. Avec l'évolution du vieillissement de la
population, M. le Président, on n'atteindra jamais le taux de dépendance démographique qu'on a vécu dans les
années 70. Le changement qui s'opère, M. le Président, c'est : au
lieu d'avoir un groupe de jeunes qui est majoritaire, on aura un groupe de
personnes âgées qui est majoritaire.
Or,
M. le Président, les personnes âgées, contrairement aux jeunes, continuent à
avoir une activité économique, M. le
Président. Et donc cette nouvelle situation va être beaucoup moins dramatique
que celle qu'on a vécue dans les années 70.
Et, lorsqu'on dit qu'à partir de 20 ans on contribue sur le plan économique, je
peux vous dire, pour avoir eu des
enfants, que ça ne s'arrête pas à 20 ans, la dépendance économique, M. le
Président, et que parfois il lui faut beaucoup de temps avant que les
jeunes puissent contribuer à l'essor économique du pays.
Donc,
moi, je voudrais, de façon un peu badine, vous dire que cette approche
catastrophique, cette approche du fardeau ne tient pas la route. Et on a une société
bien sûr qui va vieillir, mais une société qui va compter des personnes
âgées actives, des personnes âgées actives économiquement, actives fiscalement,
et donc qui vont pouvoir contribuer à l'essor de la société.
Deuxième
élément : là où certaines personnes voient un défi ou une entrave au
développement économique, moi, je pense plutôt qu'on a là une opportunité, M. le
Président. Il y a une économie grise qu'il faut développer. En fait, les
experts-économistes s'entendent pour dire qu'il y a deux secteurs de l'économie
qui vont se développer au cours des 25 prochaines années : c'est l'économie
verte, donc l'économie liée à l'environnement, et l'économie grise, toute l'économie liée au développement de produits, au
développement de services pour les personnes âgées. Il y a là toute une industrie, M. le Président, qu'il faut stimuler de
façon à ce qu'on puisse mettre le développement économique au service d'une nouvelle réalité, qui est la réalité des
personnes âgées. Et, bonne nouvelle, le Québec n'est pas le seul pays à
montrer un vieillissement de sa population, il
y a un marché aux États-Unis, il y a un marché européen, un marché asiatique
qui n'attend que d'être conquis par de
nouveaux produits, de nouveaux services où le Québec pourrait jouer un rôle
majeur, M. le Président.
Et
je voudrais donner un exemple dans mon propre comté. La région de Sherbrooke,
vous le savez, a assumé un leadership en développant un centre de recherche
sur le vieillissement, en développant un institut universitaire de
gériatrie, elle a été une des premières
villes amies des aînées dans le programme pilote du ministère. Donc, il y a eu
toute une action au niveau de la ville pour adapter la cité aux
personnes âgées. Il y a donc tout un bassin d'expertise qui est concentré à Sherbrooke. Et nous voudrions faire de
Sherbrooke une véritable gérontopole, M. le Président, comme on en voit
en Europe, c'est-à-dire de se servir de ces
centres de recherche, ces services innovants et cette capacité de la ville
d'adapter ses services pour attirer des entreprises autour de la production de
services, autour du développement de nouveaux produits pour soutenir les
personnes âgées autonomes et soutenir les personnes âgées en perte d'autonomie;
faire de Sherbrooke, avec ses infrastructures, un moteur économique basé sur l'économie
grise.
Et
je pense que le Québec a besoin de s'orienter vers le soutien à ces entreprises
qui vont donner aux personnes âgées d'aujourd'hui, mais aux personnes âgées que
nous serons demain, de meilleurs produits pour vivre de façon autonome
et pouvoir compenser ou pallier une perte d'autonomie. Ça serait des produits,
M. le Président, au niveau des technologies de l'information, au niveau de la
robotisation, au niveau de la domotique. Alors, il y a tout un champ de
produits qui sont encore non exploités.
Et j'en prendrais
seulement un pour vous donner un exemple. Les personnes âgées en perte d'autonomie
utilisent souvent, pour prendre leurs médicaments, ce qu'on appelle une
dosette, là, une espèce de machin avec des glissières
pour prendre des pilules, alors qu'on sait qu'il y a des systèmes électroniques
de distribution des médicaments fort performants qu'on pourrait mettre à
la disposition des personnes âgées. Ces systèmes électroniques permettent même de signaler le temps de prise de médicament
avec un bip sonore et de signaler également aux proches ou encore au
pharmacien, au professionnel de la santé que le médicament n'a pas été pris en
temps voulu, M. le Président.
Alors, on a là des
moyens technologiques qui pourraient être développés, qui pourraient être
distribués et qui pourraient être au service des personnes âgées, et nous faire
passer de l'âge de pierre de la dosette de plastique vers des systèmes électroniques qui sont beaucoup plus
performants. C'est là un exemple de ce qu'on pourrait faire pour les
aînés et un exemple de comment est-ce que l'économie, l'économie du Québec, les
entreprises du Québec pourraient se servir
du vieillissement de la population comme un stimulant pour développer de
nouveaux marchés et développer de nouveaux produits, M. le Président.
Je
terminerai en disant que toute la démarche de Municipalité amie des aînés, où
on se dote d'une politique municipale pour
mieux intégrer les personnes âgées dans la cité, c'est bon pour les aînés, mais
c'est bon pour les jeunes aussi. Lorsqu'on
adapte nos endroits publics pour la circulation en fauteuils roulants, c'est
bénéfique pour les jeunes couples qui
ont à transporter leurs enfants dans des poussettes et qui ont donc des
endroits qui sont plus accessibles. Ce qui est bon pour les aînés est
bon pour la société, M. le Président. Et c'est ça, Municipalité amie des aînés,
c'est ça, faire des politiques qui peuvent
répondre aux besoins des aînés et mieux adapter la société à l'humain, M. le
Président, parce que c'est ça qui est derrière ça : c'est de
considérer au premier titre l'être humain et de répondre par nos actions aux
aînés et aux humains en général.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. M.
le député d'Argenteuil?
• (9 h 20) •
M. Richer : Merci, M. le Président. Bien, je voudrais d'abord saluer
M. le ministre, les collègues présents, le personnel présent ici, de même que
le personnel politique et le personnel de l'hôtel du Parlement également.
M.
le ministre, en juin dernier, lors d'une de vos visites dans ma
circonscription, lors de l'élection partielle,
vous m'aviez informé de votre projet d'assurance
de soutien à l'autonomie. Un projet qui m'avait hautement intéressé pour
deux raisons. Premièrement, parce que je
pourrai en bénéficier dans un avenir que je souhaite le plus lointain possible,
mais quand même plus près que celui de mon
collègue de Laval-des-Rapides; également à cause de la situation
problématique de ma circonscription. Et je pouvais déjà anticiper l'amélioration
grâce à ce que vous présentiez alors.
Alors,
M. le ministre, depuis votre entrée en fonction en septembre dernier,
maintenant c'est tout le Québec qui parle assurance
soutien à l'autonomie. Alors, pour le bénéfice de cette commission et pour le
bénéfice des gens qui nous regardent et nous écoutent, qu'est-ce que l'assurance
soutien à l'autonomie et comment va-t-elle fonctionner?
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le député. M. le
ministre.
M. Hébert : J'ai combien de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Picard) : Huit minutes.
M. Hébert : Bon. On va en faire un bout. Merci beaucoup, M. le député.
Le Président (M.
Picard) : Mais nous sommes ici...
M. Hébert : Oui, c'est ça. Alors, merci beaucoup, M. le député d'Argenteuil,
pour votre question, et c'est intéressant de
voir le député de Laval-des-Rapides et ensuite le député d'Argenteuil poser des
questions sur les aînés, ça montre la
diversité de cette Assemblée, M. le Président, et la préoccupation que les gens
de tous âges ont pour la question des
aînés. Et je pense que le député d'Argenteuil est probablement l'archétype de
ce qu'on veut pour les aînés au Québec : des gens en forme qui sont impliqués, et qui sont impliqués dans leurs
communautés, et qui continuent à avoir une part active aux décisions de
la société, M. le Président.
L'assurance
autonomie, c'est un nouveau pan de notre système de solidarité sociale. Nous
avons, au cours du siècle dernier, mis en place, comme tous les pays
industrialisés, des mesures de solidarité sociale qui visaient à assurer
l'emploi, les assurances-emploi, à assurer le grand âge par la mise en place de
régimes de pension pour les personnes âgées, le régime universel de pension
pour les personnes âgées, nous avons assuré les accidents de travail, nous
avons assuré la santé, qui a été probablement l'innovation sociale du XXe
siècle dans la plupart des pays industrialisés. Et, avec le vieillissement de la population, il y a un
cinquième risque, et c'est comme ça que l'appellent les pays européens et
asiatiques, un cinquième risque, qui est l'autonomie, qu'on doit assurer, et
pour lequel nous devons compléter notre système de solidarité sociale.
Nous
avons au Québec une assurance maladie qui a été implantée dans les années 70 et
qui couvre essentiellement les soins hospitaliers et les soins médicaux. À la
marge, on a développé d'autres secteurs de couverture de l'assurance maladie, mais ça demeure des activités à la marge.
Une personne qui est en perte d'autonomie peut compter sur des services,
mais c'est plutôt un privilège qu'on leur donne d'avoir accès à certains
services et non pas un droit, et c'est là toute la différence, M. le Président.
Lorsqu'on
a un problème de santé, lorsqu'on a une fracture, on a le droit de se faire
soigner, parfois avec des délais inacceptables, mais on a le droit quand même de se
faire soigner. Mais, quand on a une perte d'autonomie, ce n'est pas un droit actuellement. Une assurance autonomie, ce
que certains, dans d'autres pays, appellent une assurance de soins à
long terme, c'est de reconnaître ce nouveau droit et de reconnaître que l'autonomie
est assurée par un financement public.
Vous allez me dire :
Pourquoi un financement public? Est-ce qu'on ne devrait pas s'en remettre au
privé pour assurer ce risque? Il y a eu de
nombreuses études qui ont été réalisées là-dessus, et, en fait, il n'y a pas
vraiment de marché pour le privé pour
une assurance autonomie, parce que, d'abord, c'est un risque extrêmement
important. La majorité des personnes vont passer quelques années en
perte d'autonomie avant de décéder, donc c'est un risque important. À la
loterie de la perte d'autonomie, on a une probabilité de gagner très
importante.
Et, deuxièmement, c'est un risque qui est difficile à
prévoir sur le plan financier, M. le Président. Et c'est pour ça que les entreprises privées, les assureurs privés
sont très frileux à investir ce champ-là. Souvent, ils le font avec des programmes très parcellaires qui couvrent une
perte d'autonomie très importante avec des montants forfaitaires qui
sont loin de couvrir l'ensemble de l'autonomie. Il y avait une étude récente
canadienne qui montrait très clairement qu'il n'y
avait pas vraiment de place pour le secteur privé, pas vraiment de marché sauf
un marché complémentaire, et que c'était une couverture d'assurance qui
devait être publique. Et c'est pourquoi, dans tous les pays, on voit que ces
assurances autonomie ont été faites par l'État, M. le Président, financées de
divers moyens.
Alors, l'assurance
autonomie, c'est quoi? C'est d'assurer un financement et une gestion publics de
la perte d'autonomie. La prestation peut
être publique ou privée, lucrative ou non lucrative, mais le financement reste
public. Alors, l'assurance autonomie fonctionne de la façon suivante :
on évalue une personne en perte d'autonomie avec un outil standardisé. Cette évaluation-là donne lieu à un
plan de services et cette évaluation-là permet de définir une
allocation, qui est nécessaire pour donner
les services à la personne en perte d'autonomie. L'allocation est attribuée à
la personne... pas en espèces, elle
est attribuée en nature, soit par l'action des organismes publics. Et donc on
va budgétiser, financer les établissements
sur la base des allocations des clients, des usagers qui font appel à leurs
services, ou encore par contrat avec
des entreprises d'économie sociale, des organismes communautaires ou des
entreprises lucratives, des résidences privées
d'hébergement par exemple, pour qu'ils puissent donner les services. Et ces
services-là, puisqu'ils sont financés par l'État, pourront être sous le contrôle de l'État, et on pourra donc
savoir est-ce que les services ont été réellement fournis et est-ce que la qualité est au rendez-vous. On
pourra donc avoir un cahier des charges qui stipule la formation du
personnel et les normes de qualité qu'on entend voir respectées.
Alors,
cette assurance, donc, pourrait fournir l'allocation nécessaire pour que les
gens reçoivent des services là où ils souhaitent les recevoir. Et c'est là l'autre
paradigme extrêmement important d'une assurance autonomie, c'est qu'on
remet à la personne le soin de décider où ils veulent recevoir les services et
par qui. On remet de l'autonomie aux personnes
âgées. Parce qu'actuellement on donne les services en déménageant la personne
vers des services plutôt qu'en laissant
la personne là où elle habite et en lui donnant les services qui sont
appropriés pour répondre à sa perte d'autonomie. Alors, ce changement de paradigme est fondamental et va remettre aux
personnes âgées le pouvoir, d'abord, de décider là où elles veulent vivre et le pouvoir de décider
par qui elles veulent recevoir des services lors d'une perte d'autonomie.
Alors, c'est donc une façon qui remet du pouvoir aux personnes âgées.
Cette
assurance autonomie a été implantée dans une vingtaine de pays à travers le
monde, pays européens mais asiatiques aussi. Au Japon, ils ont un modèle
extrêmement intéressant d'assurance autonomie qu'ils ont implanté il y a
une douzaine d'années avec beaucoup de succès, M. le Président. Et cette
implantation-là, au Québec, va se faire en comptant sur des atouts que le
Québec a déjà et que certains pays n'avaient pas et n'ont pas encore.
Premier
atout que le Québec a, c'est que nous avons une évaluation standardisée des
besoins des personnes âgées en perte d'autonomie. C'est une évaluation que j'ai
eu le plaisir de développer il y a trop longtemps, maintenant, mais qui s'appelle le Système de mesure de l'autonomie
fonctionnelle, et qui permet d'évaluer les incapacités d'une personne
sur 29 fonctions fondamentales. Et cette
évaluation-là est déjà implantée au Québec, dans l'Outil d'évaluation
multiclientèle, dans tous les organismes de soutien à domicile ou d'hébergement,
M. le Président.
Deuxièmement,
on a un système de gestion, qui a été bâti à partir du Système de mesure de l'autonomie fonctionnelle, qui
permet de regrouper les milliards de probabilités de perte d'autonomie en 14
groupes de perte d'autonomie qui conditionnent des services homogènes et
qui conditionnent un coût de services. Donc, on a déjà en implantation au
Québec un outil de gestion qui nous permet de définir une allocation, lors d'une
perte d'autonomie.
Et,
troisième atout sur lequel on va se baser, M. le Président, c'est que nous
sommes à implanter, au Québec, un modèle de
réseau intégré de services où on a des gestionnaires de cas qui procèdent à l'évaluation
et qui procèdent à la définition d'un plan de services. Et on va confier aux
gestionnaires de cas la gestion de cette allocation, de façon à leur donner un
levier supplémentaire pour pouvoir s'assurer...
Le Président (M.
Picard) : En conclusion.
M.
Hébert : ...que
la personne reçoit les services par la bonne organisation au bon moment. Et ces gestionnaires de cas
pourront assurer le suivi de gestion. Je reviendrai sur le financement. Je suis
sûr que ce sera une question qui me sera posée et j'aurai l'occasion de
compléter, M. le Président.
•
(9 h 30) •
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Je
reconnais maintenant Mme la députée d'Arthabaska, porte-parole du deuxième
groupe d'opposition, pour une...
Tout
à l'heure, Mme la députée, il semble qu'il y a eu confusion. Pour les remarques
préliminaires, vous aviez droit à cinq minutes. Malheureusement, vous n'avez
pas pu les faire. J'aurais besoin du consentement de tous les députés pour permettre à Mme la députée d'ajouter son cinq
minutes aux interventions régulières. Est-ce qu'il y a consentement?
Consentement. Merci beaucoup.
Mme la députée, je
vous reconnais pour une période de 15 min 50 s.
Mme
Roy (Arthabaska) :
Merci, M. le Président. Je salue M. le ministre, son équipe, M. le
sous-ministre et mes collègues. Si je n'ai pas pu faire ces remarques préliminaires là, c'est
parce que j'étais en discussion avec des intervenants de votre service, M. le ministre. Ce n'est pas
nécessairement directement en lien avec les aînés mais c'est directement
en lien avec vos services, ce qu'on appelle les ressources non
institutionnelles, les personnes que j'appellerais des missionnaires qui hébergent chez eux les RI, les RTF, puis toutes ces
ressources-là qui hébergent chez eux des personnes handicapées. Ça leur permet d'avoir un foyer où il
y a de l'amour puis ils ont chacun leurs chambres et ne sont pas en
institution. Ça va dans la droite ligne avec la désinstitutionnalisation.
Ces
personnes-là, aujourd'hui, ont interpellé la ministre des Services sociaux il y
a quelques jours parce qu'il y a un problème — i l y a plusieurs problèmes et il y en a un qui est urgent — au niveau de leurs frais de fonctionnement. Il y a deux
personnes qui paient... Il y a deux entités sous la gouverne du ministre qui
versent les sommes à ces ressources non institutionnelles, les CRDI — bien il y a la DPJ mais qui est plutôt des services
sociaux, qui ont bien réglé avec les familles
d'accueil — puis les CSSS. Bien, ces personnes-là,
qui doivent recevoir des cas lourds, je dirais, des handicapés, comme l'exemple
de Mme Gagnon, des handicapés qui sont souvent avec des problèmes de déficience
intellectuelle graves, des problèmes
de comportement, qu'elle doit gaver... elle doit avoir des ressources
22 heures sur 24 heures pour les recevoir, elle doit avoir, comme il y a cinq
handicapés — c'est à Trois-Rivières, je vois Mme la députée de Champlain qui,
peut- être, la
connaît — cinq chambres parce qu'il y a cinq personnes handicapées très
lourdes chez elle, une grande maison, beaucoup
d'assurances, une hypothèque pour payer
cette maison-là, beaucoup de taxes, bien elles ne sont pas payées. Elles
n'ont pas reçu leur paiement. Cette femme-là
aurait dû recevoir 12 000 $ le 1er février puis n'en
a reçu même pas la moitié. Elle attend
sa livraison de couches, puis elle n'a pas les moyens de la payer. Est-ce que
vous pouvez, s'il vous plaît, intervenir et dire au CSSS d'avancer cet
argent-là? Et au CRDI.
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M.
Hébert :
Bonjour, Mme la députée d'Arthabaska. Ça me fait plaisir de pouvoir répondre à
votre question. En fait, les ressources intermédiaires et de type familial ont fait l'objet
d'une réforme importante au cours de la dernière année avec l'adoption de la loi n° 24, qui régit
dorénavant l'administration de ces ressources intermédiaires et de type
familial. Depuis l'adoption de la loi, nous
avons engagé des négociations avec les représentants de ces ressources, M. le
Président, et nous sommes arrivés à des
ententes avec la majorité des représentants. Il ne reste qu'un groupe, le
RESSAQ, un groupe CSD, qui n'a pas encore signé l'entente et avec lequel
nous poursuivons les discussions et les négociations.
Mais, à terme, M. le Président, c'est 240 millions
de dollars annuellement qui vont être injectés,
supplémentaires, dans ces ressources
intermédiaires qui, comme le soulignait avec beaucoup de justesse la députée d'Arthabaska,
apportent une contribution extrêmement riche au système de santé et de services
sociaux et donne un milieu de vie, un milieu d'affection aux personnes qui y
sont hébergées. Ces nouvelles dispositions permettent d'attribuer à ces ressources
intermédiaires des financements proportionnels aux incapacités des personnes qu'elles
accueillent. Donc, il y a une grille
tarifaire qui donne à ces ressources intermédiaires des financements
proportionnels à la lourdeur des handicaps des personnes qui sont
accueillies.
Alors,
actuellement, les négociations étant terminées avec la majorité, on va mettre
en application ces grilles tarifaires. Puis,
le RESSAQ, bien, les négociations se poursuivent. Mais je peux assurer cette
Chambre que la transition va être
assurée dans le financement. Il y a eu certains problèmes logistiques, là, qui
ont occasionné certains retards dans le financement, de quelques
semaines, mais tout ça a été rectifié, bien que ça oblige le ministère, les
agences et les établissements à avoir deux
systèmes de gestion. Vous pouvez vous imaginer que ça peut être compliqué, le
système de gestion antérieur avec le
RESSAQ, puisqu'il n'y a pas eu d'entente, et le nouveau système pour les
établissements et les ressources qui font partie des associations qui
ont signé des ententes avec le gouvernement. Bien qu'on soit obligés de gérer
avec deux systèmes à la fois, ils vont continuer à recevoir les financements qu'ils
sont en droit de recevoir.
Pour le cas de
Mme Gagnon, M. le Président, je vais demander, avec la permission de l'opposition,
avec le consentement de l'opposition, de
demander à M. Gagnon, qui est sous-ministre aux services sociaux, de
pouvoir répondre dans ce cas spécifique pour lequel il a consacré
beaucoup d'énergie jusqu'à maintenant pour essayer de trouver une solution à ce
cas particulier. Est-ce qu'on a le consentement?
Le Président (M.
Picard) : Merci. Est-ce qu'il y a
consentement pour entendre M. Gagnon? Veuillez vous identifier, et, après
ça, témoigner.
M. Gagnon (Sylvain) : M. le Président, Sylvain Gagnon, sous-ministre associé à
la Direction générale des services sociaux.
Et effectivement, là, en regard, là, du cas qui était soulevé par Mme la
députée, les interventions ont été faites
dans les heures effectivement... la rencontre que nous avons eue. Les
interventions ont été faites auprès de l'agence pour qu'elle-même puisse
faire les interventions appropriées auprès de l'établissement, pour qu'une
rencontre puisse avoir lieu, pour faire le point, justement, sur le cas que
vous soulevez. Donc, je veux vous donner l'assurance que les interventions ont
été faites.
Et
il est peut-être important de rappeler que, s'il reste quelques situations d'exception
où, effectivement, il y aurait des réponses à
des besoins qui devraient être faites, il est important que chacune des
ressources qui sont visées puisse s'adresser
directement à leur établissement. Nous avons fait parvenir, au cours des
dernières semaines, là, deux directives précises enjoignant les
établissements à s'assurer qu'aucun cas, à l'exemple de celui que vous donnez,
ne reste sans réponse. Donc, on a demandé une très, très grande vigilance dans
le suivi de ces dossiers-là. Et soyez assurés que les établissements partagent
la préoccupation de bien soutenir ces ressources.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
Mme
Roy (Arthabaska) :
Je ne doute pas de la bonne foi ni du ministre ni du sous-ministre mais, malgré qu'on ait des négociations, ça n'amène pas du pain puis du
beurre sur la table. Ces ressources-là sont en précarité, elles ont besoin de vraiment tout
leur argent. Ils mettent tellement d'énergie, tellement de coeur à soutenir ces
personnes-là... Une rencontre, ça ne donne pas un chèque. Un chèque, c'est
aussi facile à faire que de le prendre puis de l'écrire.
Malheureusement, quand
on est rendus à quémander son dû alors qu'on se voue à une telle cause, que d'aider
des personnes handicapées lourdement, de les
héberger chez soi, être 24 heures à leur service, je pense que ça mérite
un petit peu plus d'égard. Et ce n'est pas une rencontre, je pense, qu'on
aurait besoin, c'est plutôt d'envoyer les chèques.
Je
voudrais savoir... Parce qu'elle n'est pas la seule, il en reste plusieurs,
RIRTF, qui ne devraient pas faire les frais des failles informatiques ou des failles de
discussion entre les syndicats. Ils sont au front, M. le ministre. Pouvez-vous,
s'il vous plaît, nous assurer que vous allez mettre tout en votre pouvoir pour
que ces personnes-là soient payées d'ici la fin de semaine?
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre? M.
le sous-ministre?
M.
Gagnon (Sylvain) :
Oui. Mme la députée, tel que je le précisais, il y a eu deux directives
précises qui ont été transmises. On suit le
dossier de très, très près, il y a des équipes qui sont en place pour répondre
régulièrement aux besoins s'il y a des
éléments de clarification à faire sur la rétribution, et, vous avez tout à fait
raison de le dire dans le cadre de ce qui nous intéresse, il faut avoir
la préoccupation de suivre chaque situation.
Et
il faut le rappeler, là, s'il y a des cas où les versements ne sont pas faits...
puisque, notamment, là, il y avait un délai de une semaine dans le versement de la
rétribution pour les ressources qui sont sous l'égide du RESSAQ, la date
finale du versement était aujourd'hui, le 15, de sorte qu'il y a une très, très
grande vigilance qui est apportée au dossier. Et ayez l'assurance qu'on va
suivre chaque cas un par un.
En
terminant, là, je le rappelle, il est très important, dans la mesure où on a
transmis des directives claires à nos établissements, que, s'il reste des situations, les
ressources doivent s'adresser aux établissements pour qu'elles puissent
avoir une réponse qui sera la plus rapide possible, au sens où vous le dites,
Mme la députée.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée, il
vous reste encore six minutes.
•
(9 h 40) •
Mme
Roy (Arthabaska) :
M. le ministre, vous êtes gériatre et vraiment reconnu dans votre profession. Je sais
que vous avez écrit des ouvrages qui ont été étudiés par d'autres de vos
collègues. Un de vos héritages, c'est le SMAF. C'est un genre d'outil — pour ceux qui nous écoutent — pour évaluer les incapacités des
personnes âgées, qui peut servir aussi dans le
cas des ressources non institutionnalisées.
Ce
qui m'étonne du SMAF... Bon, on va avoir plusieurs questions à poser pour évaluer
l'état d'une personne. Ce qui m'étonne du SMAF... Bien, plus la personne a
de problèmes, bon, je vais dire ça comme ça, a des handicaps, plus les
ressources sont évaluées pour être indemnisées parce que ça demande plus de
soins. C'est la même chose pour toutes les
ressources, pour les aînés, les handicapés, bon. Sauf qu'il arrive quelquefois,
grâce à du travail passionné et ardent des personnes qui les reçoivent, que cette personne-là s'améliore, et là ça
veut dire qu'ils viennent dans une catégorie supérieure et qu'on indemnise moins bien. Donc, je vois là un
inconvénient de votre outil, parce que, si la personne a vu son état s'améliorer
et celui qui la reçoit soit moins indemnisé, on le punit pour avoir été
compétent. Avez-vous l'intention de corriger ces effets pervers là, de votre
outil?
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M.
Hébert : Merci, Mme la députée. Vous soulevez un
problème qui me préoccupe depuis de nombreuses
années et qui ne semble pas préoccuper, d'ailleurs,
les autres pays qui utilisent certaines grilles du même type, parce que
vous soulevez, avec raison, un effet pervers
de ce financement basé sur l'autonomie, qui pénalise les établissements ou les
soins à domiciles qui amélioreraient l'autonomie
de leurs personnes. Et ils se voient pénalisés, puisque le financement peut
être ajusté sur la base de l'autonomie. Alors, c'est un effet pervers qui est
important et que vous soulevez avec raison.
Le dernier article que
je viens de publier, qui a été publié en octobre dans la Revue d'épidémiologie
et de santé publique...
Mme
Roy (Arthabaska) : ...
M.
Hébert :
Pardon?
Mme
Roy (Arthabaska) : Allez-vous pouvoir le déposer?
M.
Hébert :
Oui, je vais pouvoir le déposer, avec plaisir, d'ailleurs .
...porte
sur les travaux que j'ai réalisés pour développer un indicateur qui viendrait
reconnaître l'amélioration de l'autonomie dans les
établissement s, et qui pourrait servir de base pour
compenser l'établissement , pour bonifier le budget de l'établissement et compenser la perte financière qu'une
amélioration de l'autonomie pourrait entraîner de façon perverse, M. le
Président . Alors, cet
article-là rapporte des travaux que nous avons faits pour déterminer quelle est
l'évolution attendue de l'autonomie dans une population , soit en
hébergement ou à domicile.
Et, si un service d'hébergement par exemple a des personnes dont il s'occupe qui
évoluent mieux que ce qui est attendu, le delta pourrait être récompensé par un financement spécifique pour appuyer les efforts de réadaptation et de réactivation des
patients. Et je compte bien, Mme la députée d'Arthabaska , pouvoir faire en sorte d'avoir des disposition s dans
la future assurance autonomie qui puisse, justement, corriger ces effets pervers. Et il me fera plaisir de
déposer ici cet article. C'est mon dernier probablement comme scientifique, qui a été accepté, que j'avais soumis il y a 18 mois, là, mais
qui résume les travaux que j'ai faits sur cette question au cours des dernières années. Et c'est la première fois,
dans la littérature scientifique, qu'on
propose une méthode rigoureuse pour quantifier l'amélioration ou l'évolution naturelle des personnes sur une grille
d'autonomie de façon à corriger cet effet pervers là.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre . Est-ce
que vous allez le déposer
aujourd'hui le document ou vous allez
le faire parvenir à la commission ?
M.
Hébert :
Bien, je vais le faire parvenir à la commission , il faut que j'aille juste le télécharger.
Le
Président (M. Picard) : O.K. Donc, je comprends que nous allons recevoir le fameux document . Mme la députée , il vous
reste une minute et quelque s secondes.
Mme
Roy (Arthabaska) : Je vais vous poser une question courte : Comment vous allez mettre en place ce
mécanisme? C'est un comité, c'est combien de temps puis c'est combien d'argent?
M.
Hébert :
Pour l'assurance autonomie?
Mme
Roy (Arthabaska) : Oui, pour favoriser l'autonomie... des effets pervers du
SMAF.
Le Président
(M. Picard) : M. le ministre .
M.
Hébert : Ça fera partie du livre blanc que nous allons publier en avril
prochain, qui va présenter l'assurance autonomie, présenter son mode de fonctionnement , son mode de financement. Et ce livre blanc va être
l'objet de consultations
que nous allons réaliser au cours du printemps et de l'été, de façon à préparer
le projet de loi sur l'assurance autonomie, qui va être déposé à l'Assemblée nationale à l'automne. Alors, il
y aura tout le loisir de pouvoir voir les dispositions qui seront dans le livre
blanc pour répondre à la question de la députée d'Arthabaska et faire en sorte
qu'on puisse avoir une assurance autonomie fonctionnelle pour avril 2014, M. le
Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je passerais maintenant, pour 20 minutes, à Mme
la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne.
Mme
Blais : M. le
Président, si je comprends, un livre blanc, c'est un livre d'orientations,
comme une politique, d'ailleurs, ce sont des orientations. Et qu'est-ce qui fait que ces
politiques sont actives? Ce sont les actions que l'on met en place. Mais, au-delà des actions et des
politiques, ce sont les gens qui réalisent à la fois les actions et les
politiques. Et c'est pour ça que ce n'est pas facile quand on voit une
politique et des actions. Et on peut dire... on se retrouve devant un
catalogue, mais finalement il faut faire vivre cette politique comme on a fait
vivre le plan d'action pour contrer la maltraitance envers les aînés.
C'est
mon préambule pour revenir à la question que je vous posais à la fin :
Est-ce que vous allez faire vivre l'action culture qui est, pour moi, vraiment très
importante? Parce que la culture, c'est l'identité d'un peuple. Et nous avions
une entente avec le ministère de la Culture,
et, là-dedans, on voyait que les aînés étaient capables de s'exprimer jusqu'à
la fin de leur vie en s'exprimant
culturellement, soit pas la poésie, par la peinture, par le théâtre. Est-ce que
vous avez l'intention de maintenir aussi
les logements, 1 150 logements AccèsLogis pour 78,8 millions de
dollars? Puis je vais en rajouter deux autres : Est-ce que vous allez déposer une politique, comme
dans la politique Vieillir et vivre ensemble, sur une saine
alimentation?
Est-ce
que vous allez également vous attaquer rapidement au Code de construction pour
faciliter l'adaptabilité des nouveaux logements, c'est-à-dire l'adaptation
universelle pour qu'enfin, quand on parle de politique Amie des aînés ou
de politique Vieillir et vivre ensemble, ce soit accessible pour l'ensemble de
la population?
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la députée. M.
le ministre.
M.
Hébert : M. le
Président, pour ce qui concerne la culture, oui, ça se poursuit. Il y a une
collaboration avec le Secrétariat des aînés et le ministère de la Culture, il y a 28 projets
qui sont actuellement à l'étude et en attente de financement, et nous avons prévu une enveloppe budgétaire... le
ministère de la Culture a prévu une enveloppe budgétaire de 500 000 $ pour être capables de
financer ces projets. Alors, ça dépend de ceux qui vont être retenus, bien sûr,
mais ça se poursuit, M. le Président.
En
termes de logement, effectivement, il y a 500 logements qui ont été livrés
jusqu'à maintenant. Et on poursuit, et même on
accentue cette politique de logement. Mme la première ministre, dans le cadre
du budget et lors de son allocution d'ouverture,
a bien mentionné l'intention du gouvernement de développer
3 000 logements au cours des prochaines
années, M. le Président. Et donc, ces logements, ces logements sociaux s'adressent
non seulement aux familles mais
aussi, et souvent en majorité, à des personnes âgées, M. le Président. Alors,
tout à fait, on aura même une accélération de cette politique d'accès à
des logements pour les personnes âgées dans leurs communautés.
On sait que les coopératives d'habitation sont des moyens
extrêmement intéressants pour revitaliser certaines communautés, notamment en
milieu rural, et j'en ai plusieurs dans mon comté, qui est un comté avec une
proportion importante en milieu rural, autour de
Coaticook. Et ces coopératives sont des moyens pour retenir les personnes âgées dans leur milieu, où elles ont vécu pendant
toute leur vie, et qui permettent à ces communautés, donc, de pouvoir offrir des logements à ces personnes qui, bien
souvent, sont obligées de casser maison dans leur rang pour venir au
village et pouvoir y trouver un milieu de
vie dans la communauté dans laquelle elles ont passé l'ensemble de leur vie, M.
le Président.
Il y avait d'autres questions? La
saine alimentation? Alors non seulement, non seulement on va insister sur la saine alimentation pour
les personnes âgées, notamment pour les personnes âgées en CHSLD — il y a eu des
investissements, là, qui ont été faits, Mme la députée est très au fait de ça,
elle a été au coeur de ces investissements, pour améliorer l'alimentation dans les établissements — m ais nous allons publier un livre vert sur une politique
nationale de prévention en santé dans laquelle l'alimentation va avoir un
rôle important. Nous travaillons non seulement entre le Secrétariat des
aînés et le ministère de l'Agriculture à
promouvoir la saine alimentation chez les aînés, mais il y a des collaborations
extrêmement intéressantes dans le cadre de l'élaboration
de la politique de prévention pour être capables d'améliorer l'état de la
nutrition chez l'ensemble de la population, et chez les aînés en particulier.
Pour... Ah, le logement, je l'ai. C'est
quoi... Ah! la Régie du bâtiment. Alors, il y a toujours des travaux qui se font entre le Secrétariat des aînés et la Régie du
bâtiment pour adopter l'édition 2010 avec des modifications pour le Québec dans le Code de construction. Alors,
actuellement, là, c'est en train d'être discuté pour une adoption par le
conseil d'administration en mars 2013, M. le Président.
•
(9 h 50) •
Le
Président (M. Picard) : Merci. Mme la
députée.
Mme Blais : Écoutez, M. le Président, juste pour
dire que, dans le budget 2012-2013, on prévoyait 1 250 nouvelles unités de
logement pour des aînés. Mais, quand je parlais des 1 150 unités de
logement, c'était pour les années 2015 - 2016, 2016 - 2017, c'était vers la fin
de la politique Vieillir et vivre ensemble. Mais je ne veux pas revenir
là-dessus, c'était vraiment pour recadrer.
J'aimerais parler un peu de chiffres et
revenir sur la période de questions du 13 novembre, entre autres où j'avais interpellé le ministre sur le fait qu'il avait été
à Larocque Lapierre, et qu'il mentionnait que son assurance autonomie était pour être financée à même son budget d'opération
et la contribution santé, et que, deux jours plus tard, il parlait de redevances minières, et, lorsque je lui ai posé
une question, le ministre a répondu que l'assurance autonomie sera
financée par des mesures budgétaires qui
seront annoncées par mon collègue des finances. Et on va lui laisser le soin de
pouvoir l'annoncer à cette Chambre le 20 novembre prochain.
Alors,
je suis allée voir le discours sur le budget 2013-2014 et je n'ai rien trouvé
au niveau d'annonce de financement, sauf que
le ministre des Finances parle que le gouvernement a confié à un groupe de
travail qui va se pencher sur la création d'une assurance autonomie...
Je remonte un peu plus loin et là je vois que le ministre annonce : Nous
allons consacrer 110 millions de dollars de plus pour les soins à domicile
en 2013 - 2014
que cette année.
Ça
m'a pris du temps, là, mais finalement je suis allée voir dans le budget
précédent et, « que cette année » , en 2012, c'était 50 millions de dollars, alors 110 millions de
plus que cette année, ça fait 160 millions de dollars. Quand on arrive à 2013 - 2014, 160 millions de dollars moins le 149 millions qui était
dans le budget 2013-2014, on arrive... Puis c'est bien, c'est un 11 millions
supplémentaire, mais ce n'est pas un 110 millions de plus. C'est vraiment,
là... Parce qu'il y avait déjà un 149 millions de budgété pour 2013 - 2014. Alors, moi, j'aimerais
que le ministre puisse clarifier cette situation, qui ne m'apparaît pas très
claire puisqu'on dit : Que cette année.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Hébert : M. le Président, je pense que la
députée confond le délire budgétaire de son gouvernement avec des réelles prévisions budgétaires. C'est beau de mettre,
dans une politique, des prévisions budgétaires jusqu'en 2018, M. le Président, mais, chaque année, le gouvernement
doit faire un budget. Et le gouvernement libéral nous a beaucoup habitués à ce que les investissements dans les
soins à domicile qu'il promettait ne se soient pas matérialisés, M. le
Président. Alors, un budget, ça se discute
et ça s'adopte à l'Assemblée nationale à chaque année. Et on a beau avoir des
prévisions jusqu'en 2018, il reste qu'à
chaque année le gouvernement doit faire un budget et tenir compte de l'état de
finances du gouvernement pour être capable de confirmer les sommes qui
sont affectées.
Alors, cette année, malgré la situation
budgétaire difficile, déplorable dans laquelle nous a laissés le gouvernement précédent, malgré cela, nous avons confirmé
que 110 millions de plus seraient injectés dans les soins à domicile. 110 millions, c'est sans précédent. Aucun
gouvernement jusqu'à maintenant n'a augmenté le budget des soins à
domicile de 110 millions. C'est une
augmentation, parce que le budget des soins à domicile, c'est autour de
500 millions. Alors, vous réalisez
que c'est 20 % de plus d'augmentation dans un contexte de restrictions
budgétaires. Et ça montre bien la volonté de ce gouvernement d'accentuer
les soins à domicile, alors 110 millions — et c'est
110 millions de plus par rapport au budget précédent — au budget actuel qui se termine le 31 mars, qui vont
être injectés dans les soins à domicile.
Lorsque la députée compare ça à ce qui était
écrit dans les chiffres de prévisions — et c'est pour ça que je dis que c'est du délire
parce que ce n'est pas la réalité — des prévisions, je pense que ce
n'est pas juste, parce que ces prévisions-là n'étaient
pas basées sur un énoncé budgétaire précis, M. le Président. Alors, c'est
vraiment 110 millions, c'est 110 millions de vrai argent, de vrai
argent du Dominion, comme dirait Séraphin, qui vont être ajoutés — ce n'est pas ma réputation — dans le budget des soins à domicile.
Et je pense qu'avec ce
110 millions c'est un bon départ et ça réalise l'engagement du Parti
québécois, qui s'est engagé à injecter, dans
les soins à domicile, 500 millions au cours d'un mandat de quatre ans.
Alors, 110 millions, c'est le départ
mais ce n'est pas la fin, parce que l'implantation de l'assurance autonomie va
s'accompagner également d'investissements majeurs pour stimuler les
soins à domicile, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Mme la
députée.
Mme Blais : Dans mon préambule à... Ma prochaine question, c'est... Le
29 janvier dernier, Francis Vailles écrivait
ceci : « Le plus
récent rapport des opérations financières, qui brosse le portrait des revenus
et des dépenses du gouvernement pour les six
premiers mois de l'année, donne un portrait très différent. Ainsi, les chiffres
de la fin de l'été ont été si bons que le
déficit du gouvernement a fondu. Après six mois, soit entre avril et septembre,
le déficit atteignait à peine
900 millions, loin du déficit de 1,7 milliard accumulé après quatre
mois. Autrement dit, les mois d'août et septembre ont permis au
gouvernement d'engranger des surplus de plus de 800 millions » de
dollars.
Alors, je voulais juste mettre ça, là, parce que, des
fois, on parle seulement du 1,7 milliard de déficit, puis là je ne puis plus capable d'entendre ça.
J'aimerais
qu'on revienne au communiqué que le ministre a émis le 6 décembre 2012, où
il détaille son 110 millions de dollars. Et, très délicatement, j'ai quelques
questions à lui poser. Entre autres, il parle d'un 10 millions pour
les organismes communautaires qui offrent des services aux aînés et à leurs
proches. Est-ce que c'est le même 10 millions
qui est déjà budgété dans le réseau de la santé et des services sociaux depuis
le budget 2008 pour les organismes qui offrent des services aux proches
aidants ou si c'est un 10 millions supplémentaire qui s'ajoute au
10 millions qui existait déjà, donc une enveloppe de 20 millions?
Quand
le ministre parle du 5 millions pour le Programme d'exonération financière
pour les services d'aide domestique, est-ce
un 5 millions annuellement sur cinq ans qui est contenu dans le plan
intégré pour les personnes âgées lancé
en mars 2011? Quand le ministre parle du 5 millions pour les soins
cognitifs, est-ce le même 5 millions préalablement annoncé dans le
plan intégré pour les personnes âgées annoncé en 2011? Quand le ministre
énumère un montant de 3,1 millions pour la certification des résidences
privées pour embaucher des évaluateurs, je pense, en complément de l'annonce faite par le précédent gouvernement, qui
était de 2,5 millions, qui prévoyait embaucher quatre nouveaux évaluateurs, et on a fait un changement pour 4 millions,
alors est-ce que ce sont les mêmes montants? C'est ça que je veux
savoir, là. Je veux qu'il m'explique ces chiffres-là.
•
(10 heures) •
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M.
Hébert : M. le
Président, il me fait plaisir de répondre à la députée que ce sont des montants
qui s'ajoutent aux montants qui étaient budgétés dans le budget 2012-2013. Alors, il y
aura 110 millions de plus. Je tiens à le répéter, ça ne peut pas être plus clair que ça, là, il va y avoir
110 millions de plus. Et, comme vous l'avez souligné, la grande
majorité va aller pour les soins à domicile dispensés dans les centres de santé
et de services sociaux, ou dans les entreprises d'économie sociale, ou encore les organismes communautaires. Alors,
78,9 millions, c'est de l'argent supplémentaire qui va être donné
pour les soins à domicile. Et, en plus de ça, il y aura un 5 millions de
plus que le 5 millions auquel fait référence Mme la députée, qui va s'ajouter
pour le programme d'exonération financière d'aide domestique; il y aura 10 millions de plus pour les organismes
communautaires, que ce soient les popotes roulantes, les centres d'action
bénévole et les autres organismes
communautaires qui sont engagés dans les services aux personnes âgées; il y
aura 8 millions de plus pour l'implantation du réseau intégré de
services aux personnes âgées; il y aura 5 millions de plus pour les troubles cognitifs, 16 projets que j'ai signés la semaine
dernière, de nouveaux projets supplémentaires pour améliorer l'évaluation
et le traitement des personnes avec des
déficits cognitifs; et il y aura 3,1 millions de plus à ce qui se fait actuellement pour la certification
des résidences privées, notamment pour la formation du personnel, parce que le
Règlement sur les résidences privées,
qui va être rendu public dans quelques semaines, prévoit des exigences
supplémentaires pour les préposés qui oeuvrent
dans les résidences privées, et on sera en mesure d'appuyer cette formation
avec une somme de 3,1 millions. Alors,
en résumé, c'est 110 millions de plus. Je n'ai pas l'intention de compter deux,
trois fois le même argent, comme c'était l'habitude sous le gouvernement
libéral, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Mme
la députée, il vous reste quatre minutes.
Mme Blais : Oui. Alors, est-ce que le ministre peut m'expliquer le 149
millions de plus qui était budgété pour
2013-2014? Il y avait un 149 millions qui était budgété. Moi, je ne veux pas
faire de guerre de chiffres, je voulais seulement qu'il me l'explique. Je ne voulais pas qu'il parte en bataille
avec moi, on n'est pas ici pour faire une guerre sur le dos des aînés, je voulais vraiment comprendre,
parce que ce n'est pas clair. Parce que, depuis 2008, il y avait un
budget de 10 millions de dollars pour
les proches aidants. Alors, quand on voit 10 millions dans un communiqué, si on
dit : C'est 10 millions de plus que le 10 millions qui existait
depuis 2008, on comprend plus facilement, et je n'aurais pas posé la question ici. Quand on dit : 5 millions
pour les soins cognitifs et que le 5 millions avait été annoncé
précédemment, on ne le sait pas, ce n'est pas clair.
C'est
la raison pour laquelle nous avons un exercice semblable : c'est pour
éclaircir les situations et non pas pour se
fâcher et pour dire : Le gouvernement antérieur a fait ci, n'a pas fait
ci, n'a pas fait ça. Nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y ait plus d'argent pour les aînés; que ce soit le ministre, que
ce soit moi, que ce soit la députée de la CAQ, on veut le mieux-être des aînés ici, c'est tout ce qu'on
veut. On veut que les aînés vivent à domicile le plus longtemps
possible, c'est ce que les aînés nous ont dit pendant la consultation publique
sur les conditions de vie des aînés.
Le ministre veut mettre en place une assurance autonomie.
On n'est pas contre le fait que les aînés puissent avoir et rester à
domicile le plus longtemps possible. Mais on est dans un exercice, ici, de
questionnement, et, comme on questionne le budget, on voulait comprendre, d'autant plus que c'était écrit un 110
millions de plus que cette année, et, quand c'est écrit « que cette
année » , bien, on est en droit de se questionner, de s'interroger
pour essayer de comprendre. Ce n'est pas facile, parce
que, quand on arrive avec des budgets, c'est écrit par des gens des Finances,
puis parfois il faut le transposer dans une réalité.
Alors, si le ministre
nous dit aujourd'hui que c'est de l'argent supplémentaire qui s'ajoute, entre
autres, aux 550 443 000 $
pour les soins à domicile, moi, je trouve que c'est formidable, ça veut dire
que le Québec progresse. Donc, c'est
110 millions de plus qui s'ajoutent aux 550 443 000 $. Quand on
est arrivés en 2003, le maintien à domicile était de 292 millions
de dollars. On est rendu à 550 443 000 $, et, si on ajoute un
110 millions... Bien, nous, on avait projeté 930 millions jusqu'en 2017, et, si
on dépasse le 930 millions, bien, on ne peut qu'applaudir.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la députée. M.
le ministre, si vous voulez réagir, 1 min 15 s.
M. Hébert : Oui. J'ai combien?
Le Président (M.
Picard) : 1 min 15 s.
M.
Hébert : Oh là
là! Écoutez, M. le Président, je pense que la députée doit réaliser que son
parti n'est plus au gouvernement. Il y a un
seul parti qui a déposé un budget pour 2013-2014, c'est notre gouvernement qui
a déposé un budget 2013-2014. Elle peut bien
référer à des délires budgétaires qui ont été proposés par le gouvernement
antérieur pour 2013-2014, mais ce n'est
plus ce parti qui forme le gouvernement. Alors, nous, nous avons du vrai
argent, c'est 110 millions de plus que le budget 2012-2013, ce qui va
permettre d'augmenter de 20 % les services à domicile, et ça, c'est une augmentation sans précédent, M. le Président, du
budget des soins à domicile, dans une période d'austérité économique et dans une situation budgétaire gouvernementale
difficile dans laquelle nous a laissés le gouvernement précédent. Alors,
110 millions de plus, je pense qu'il faut que tout le monde se réjouisse,
et tous les organismes responsables des aînés applaudissent cette décision
gouvernementale qui va permettre de donner de meilleurs services aux personnes
âgées dans leur milieu, M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre.
Maintenant, je reconnais M. le député de Saint-Hyacinthe pour un bloc de
20 minutes.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Merci, M. le Président. Alors, je salue M. le ministre,
Mmes les députées de l'opposition officielle et de la deuxième opposition, mes collègues, le
personnel du secrétariat et le personnel de l'Assemblée nationale.
Alors,
M. le ministre, je salue avec beaucoup, beaucoup de plaisir les investissements
supplémentaires que vous avez apportés, comme ministre, dans le nouveau
budget. C'est 110 millions, je crois que c'est 110 millions. Il faut
faire la différence, je pense, entre une
annonce, une prévision budgétaire et un budget réel. Et ce qu'il y a cette
année, c'est ce qui a été approuvé dans le budget de cette année, c'est
un ajout de 110 millions supplémentaires.
M.
le ministre, nous savons toutes et tous que les services de première ligne sont
déficients pour nos aînés. En certaines périodes critiques, c'est encore plus
vrai. Ces personnes cherchent une personne et une sécurité souvent
absentes dans leur milieu de vie. Cette année encore et particulièrement durant
la période des fêtes, nos urgences et nos lits de courte durée en centres
hospitaliers ont été débordés par l'affluence de personnes aînées aux prises
avec diverses complications telles la grippe, les infections respiratoires.
Cette réalité est récurrente d'année en année, et plusieurs ministres de la
Santé en ont fait leur cheval de bataille, mais sans jamais vraiment y
parvenir.
M.
le ministre, comment votre nouvelle politique de soutien à domicile des aînés
va-t-elle contribuer au désengorgement des
urgences et des lits de courte durée, dans nos hôpitaux québécois?
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le député. M. le
ministre.
M.
Hébert : Merci
beaucoup, M. le député, de cette question pertinente sur la façon dont on
répond aux besoins des citoyens, particulièrement des aînés. Comme vous le savez, M. le
Président, mon prédécesseur dans cette fonction avait fait de l'urgence
et de l'attente à l'urgence sa priorité. Il s'impliquait même personnellement
dans la gestion de certaines salles d'urgence à Québec et à Montréal et voulait
absolument lutter pour désengorger les salles d'urgence.
Or,
au cours des cinq dernières années, force est de constater que c'est un échec,
parce que la durée moyenne de séjour dans les urgences, lorsqu'on décide qu'un
patient doit être hospitalisé et qu'il doit rester sur une civière dans
un corridor, dans les urgences, alors cette
durée moyenne de séjour est restée à 17 heures, M. le Président, pour
l'ensemble des citoyens.
17 heures, c'est inacceptable, mais, quand je
regarde la durée moyenne de séjour pour les plus de 75 ans, puis vous avez un graphique ici qui montre l'évolution, au
cours des cinq dernières années, de la durée moyenne de séjour, et on est
passés, en 2008-2009, de 23 heures pour les personnes de plus de
75 ans, et on se retrouve, en 2012-2013, à 23,2 heures, exactement la
même durée moyenne de séjour pour les personnes de plus de 75 ans, M. le
Président. Force est de constater que c'est un échec.
Pour le gériatre que
je suis, une personne de 75 ans et plus qui a un problème de santé qui
nécessite une hospitalisation puis qui reste
sur une civière dans une salle d'urgence, M. le Président, c'est inacceptable
et c'est le meilleur moyen de
fabriquer une personne qui ne pourra plus jamais retourner chez elle et qui va
perdre de l'autonomie de façon définitive et va être obligée de recourir
à des services d'hébergement et de soins de longue durée, M. le Président. On fabrique nos personnes âgées en perte d'autonomie
dans nos urgences, M. le Président, parce que, lorsqu'une personne âgée perd de l'autonomie
et doit être hospitalisée, il faut intervenir dans le premier 24 heures. On
appelle ça la période d'or, dans
laquelle il faut avoir des interventions de remobilisation, et de stimulation
de l'autonomie, et de réadaptation qui
sont enclenchées immédiatement, dans le premier 24 heures, sinon la perte
d'autonomie risque d'être irrémédiable, M. le Président.
Et donc, quand je vois
que des gens restent en moyenne — c'est une moyenne — en moyenne, 23 heures à l'urgence, cette période-là, donc, d'or
est réalisée dans une salle d'urgence où la mobilisation, je regrette, là, mais
la réactivation d'une personne âgée et sa mobilisation sont complètement
impossibles.
Alors,
c'est une situation qui est inacceptable, une situation qui en soi va fabriquer
des personnes qui vont devoir aller en CHSLD, et je pense qu'il faut renverser
cette situation. Et, plutôt que de s'acharner sur l'urgence, M. le
Président, notre politique vise à travailler en amont de l'urgence et en aval
de l'urgence.
•
(10 h 10) •
En
amont de l'urgence, nous voulons faire en sorte que les personnes âgées en
particulier puissent être bien suivies, en première ligne, par leur médecin de famille. Et
c'est pour ça qu'on a développé toute une stratégie pour augmenter la couverture des médecins de famille, augmenter l'accès
aux personnes âgées et l'ensemble des citoyens du Québec aux médecins de famille, en complétant le réseau des
groupes de médecine de famille et en faisant en sorte que les groupes de
médecine de famille respectent leurs
ententes contractuelles. On a constaté avec stupéfaction que 40 % des
groupes de médecins de famille n'atteignait pas les cibles d'inscription
et 43 % n'offraient pas des services le soir et les fins de semaine, M. le
Président.
Alors,
il faut faire en sorte que l'argent investi dans les groupes de médecins de
famille — et c'est entre 400 000 $
et 500 000 $ par année, par groupe de médecins de famille, c'est de l'argent
des contribuables qui est associé à un contrat — bien, il faut que cet argent-là puisse produire les
résultats qui sont convenus dans l'entente contractuelle.
Il faut aussi être en mesure de pouvoir recruter, dans
ces groupes de médecins de famille, les nouveaux
finissants, et donc valoriser la médecine de
famille pour qu'il y ait de plus en plus de médecins de famille sur le marché,
M. le Président. Et il faut aussi
augmenter... et nous avons annoncé 10,5 millions dès cette année pour
augmenter le nombre de professionnels
qui vont venir appuyer les médecins de famille dans les groupes de médecins de
famille. Alors, ça peut être des inhalothérapeutes pour les problèmes
respiratoires, des intervenants psychosociaux, ça peut être également des
nutritionnistes pour ajuster les diètes.
Alors, toutes ces stratégies vont faire en sorte que les
personnes âgées avec de multiples maladies chroniques vont être mieux suivies. Et, quand on est mieux suivi, qu'on
ajuste les traitements convenablement, qu'on prévient les détériorations, bien, on n'a pas besoin de se
ramasser à l'urgence, puis on n'a pas besoin d'être hospitalisé faute d'avoir
eu un suivi adéquat. Alors, ça, c'est pour l'amont.
Alors, pour l'aval, maintenant, il faut faire en sorte
que les 1 100 personnes qui occupent des lits dans des hôpitaux de courte
durée, en attente d'hébergement, actuellement... 1 100 personnes chaque
jour, 16 % de nos lits sont occupés par des personnes âgées qui
attendent une place en CHSLD. Pourquoi? Parce que le CHSLD est la seule option,
M. le Président. Non seulement on fabrique
des patients de CHSLD dans les hôpitaux, mais, deuxièmement, les CHSLD
sont occupés par des personnes pour qui il n'y
avait pas d'autre choix. Lorsqu'on a une perte d'autonomie, M. le
Président, à moins d'avoir un proche aidant qui se désâme et s'épuise pour nous
donner les services, on n'a pas d'autre choix que de se rendre en CHSLD.
Alors,
c'est une option qui est essentielle pour la situation des personnes âgées en
perte d'autonomie, actuellement, mais qui ne devrait pas l'être, M. le Président.
Parce que, d'une part, il y a des patients qui pourraient rester à la
maison, s'ils avaient des soins à domicile en quantité suffisante, et, d'autre
part — le Vérificateur général le
mentionnait avec beaucoup de justesse — il
y a, dans certaines régions, notamment à Montréal, entre 30 % et 40 %
des patients qui sont en CHSLD et qui ne devraient pas être dans ces
institutions d'hébergement, ils devraient plutôt être dans d'autres
milieux de vie, des ressources intermédiaires, par exemple, ou encore être à
domicile.
Alors, il faut absolument, par notre politique de soutien
à domicile, être capable de donner une autre option aux gens qui ont une
perte d'autonomie, l'option de rester chez eux, ce qui va libérer la pression
sur les CHSLD, et les CHSLD vont donc
être en mesure d'accueillir les gens pour qui il n'y a pas d'autre option, et
donc de libérer des lits d'hôpitaux pour faire en sorte que les gens qui attendent sur une civière dans le corridor
puissent avoir un lit rapidement, et qu'on puisse mettre en place une
approche gériatrique adaptée pour réactiver la personne rapidement et faire en
sorte qu'elle retrouve l'autonomie perdue.
Si
on agit en aval et en amont, il faut agir aussi sur l'urgence, mais sur l'urgence
comme étant partie d'un système hospitalier. Et ce que j'ai annoncé, c'est un
nouveau plan d'action pour les urgences qui va comprendre des mesures de
surcapacité dans les hôpitaux, lorsque les
urgences débordent. En d'autres termes, M. le Président, il va y avoir,
lorsque les urgences sont à surcapacité, une
obligation de l'hôpital d'accueillir en surcapacité, dans les lits des étages,
ces malades-là, de façon à ne pas
concentrer ces malades-là à la salle d'urgence, et donc concentrer les risques,
et concentrer la pression qui est mise sur le personnel de l'urgence, et
répartir cette pression-là dans l'ensemble de l'hôpital, M. le Président.
Et
aussi il faut travailler sur de la surcapacité en aval. C'est-à-dire que,
lorsque l'hôpital est aux prises avec un encombrement de l'urgence, bien il faut que les
CHSLD du réseau local, il faut que les centres de réadaptation du réseau
local puissent accueillir des patients
supplémentaires en surcapacité, également, pour libérer l'hôpital de façon à ce
qu'on puisse accueillir les personnes âgées
qui attendent dans des lits à l'urgence le plus rapidement possible, de façon à
mettre en place une approche gériatrique
pour réactiver ces personnes-là et faire en sorte qu'ils retrouvent leur
autonomie, retrouvent une autonomie qui va leur permettre de retourner à
la maison, parmi leurs proches, et de continuer à pouvoir jouir de leur milieu de vie naturel, dans le domicile qu'ils
ont choisi. Alors, c'est ça, la politique de notre gouvernement, pour
être en mesure de pouvoir améliorer l'accès des personnes âgées à des services
de qualité.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de Champlain.
Mme Champagne : Merci, M. le Président. Alors,
salutations à tous. M. le ministre parlait tout à l'heure, M. le Président, de l'importance
de maintenir les gens à domicile, faire en sorte, en plus, que ces personnes-là
ne se retrouvent pas dans des
urgences à tout moment puis pour toutes sortes de raison, et à la fois aller,
je dirais, perdre du temps, alors que les soins ne devraient jamais être
donnés là quand ce n'est pas nécessaire.
Alors, il y a un programme... Puis au lieu d'aborder
un autre chantier complètement, M. le Président, je vais terminer, parce qu'il y a peu de temps dans ce bloc-là...
demander au ministre de me reparler un peu du programme PEFSAD, qui est le programme sur lequel il y a eu beaucoup d'attentes,
où il y a eu beaucoup de services donnés grâce à ce programme-là, et le
programme PEFSAD, qui se définit comme suit, là, pour ceux qui nous écoutent,
programme d'exonération financière services
à domicile, ce programme-là s'adresse particulièrement pour des services d'aide
domestique. C'est de l'aide domestique qu'on supporte. Et beaucoup de
demandes, dans nos régions, peut-être que mes collègues en sont également conscients, vont pour avoir ce
soutien-là financier en attendant qu'on mette la caisse... l'assurance
autonomie en place, demandes que ce montant d'argent là puisse servir également
pour les services à la personne.
On fait comme une distinction. Si j'ai besoin
de quelqu'un pour venir m'aider à mon ménage, à passer l'aspirateur, à m'aider même à faire des commissions, je
vais avoir droit au PEFSAD, et c'est très bien. C'est une mesure très bien qui
fait ce qu'elle a à faire. Mais la ligne est mince entre le fait que la dame
âgée ou la personne âgée ait besoin également qu'on s'occupe parfois de
services à la personne, bain ou autre. Il y a une ligne entre les deux qui est
très achalante, qui est très dérangeante.
Est-ce que, dans l'esprit du ministre,
il est question, à un moment donné, d'envisager cette possibilité-là d'élargir le programme
PEFSAD à des soins à la personne, oui ou non? Et, si c'est non, est-ce qu'il y
a moyen de voir autrement — peut-être
qu'on attend notre fameuse assurance autonomie — pour
permettre à des gens d'avoir ces soins-là? Parce que la ligne est tellement mince entre les
deux que je trouve qu'elle s'applique définitivement mal. Alors, dans le
peu de temps qui reste, j'aimerais entendre le ministre sur sa vision de ce
fameux programme-là, auquel tout le monde veut référer, mais qui ne correspond
pas nécessairement aux besoins réels du milieu.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre, vous avez un bon sept minutes.
•
(10 h 20) •
M. Hébert : Sept minutes? On va l'occuper. Parce
que c'est un champ d'action qui est extrêmement
important, le programme PEFSAD.
Actuellement, ce programme-là dessert 84 000 ménages. Alors, c'est quand
même une desserte qui a augmenté, au cours des dernières années, de
façon importante, et il y a 42 000 de ces ménages-là qui comportent des personnes de 75 ans et plus, donc la moitié du
programme PEFSAD en fait, c'est pour des gens de plus de 75 ans. Et le
programme PEFSAD permet de donner 5,7 millions d'heures de services, et
pour un montant total, en 2011-2012, de 62,6 millions.
Alors, c'est quand même un programme extrêmement important qui bénéficie en
fait aux personnes âgées en perte d'autonomie,
mais aussi aux entreprises d'économie sociale d'aide domestique, qui
fournissent la majorité des services dans ce programme-là.
Il est clair qu'il est de notre intention d'élargir
le rôle des entreprises d'économie sociale, parce que, comme vous le souligniez,
souvent la frontière est mince, et aussi, souvent, la même personne peut à la
fois donner des services d'aide domestique
et d'aide à la personne, pour diminuer le nombre d'intervenants qui ont à se
déplacer au domicile et diminuer les
coûts de déplacement également. Une personne peut à la fois faire des activités
domestiques et des activités d'aide personnelle.
Alors, ça, ça nous oblige à élargir le mandat des entreprises d'économie
sociale, et nous les avons rencontrées déjà
pour les informer de ça, et on pourra annoncer, là, très bientôt l'élargissement
du mandat des entreprises d'économie sociale. Mais ça les oblige
également à recruter du personnel et à former le personnel non seulement pour
les tâches domestiques, mais également pour
les activités à la personne. Et nous avons, lors d'un récent séjour en France,
une mission en France, porté une
attention particulière à un cadre d'emploi qui a été mis en place en France il
y a quelques années, qui s'appelle les
auxiliaires de vie sociale, qui combine à la fois des activités de tâches
domestiques et des activités de soins personnels.
Et je pense que ce modèle est un modèle extrêmement intéressant et pourrait
nous guider dans la mise en place, là,
d'un nouveau corps de métier qui ferait en sorte que les gens sont formés pour
intervenir auprès d'une personne âgée en perte d'autonomie non seulement
dans la réalisation de tâches domestiques, mais également dans la réalisation
de tâches liées à l'hygiène, liées à l'alimentation, par exemple.
Alors, nous allons travailler avec les
entreprises d'économie sociale, et d'ailleurs ma collègue ministre du Travail annonçait, dans
sa stratégie d'emploi, qu'il y avait des mesures spécifiques pour les
entreprises d'économie sociale pour opérer
un virage formation de leur personnel, afin qu'ils s'acquittent de nouvelles
missions dans le cadre du soutien à domicile.
Et il faut bien réaliser que l'assurance
autonomie et l'allocation de soutien à l'autonomie vont venir un peu modifier le PEFSAD tel
qu'on le connaît actuellement. En fait, le PEFSAD va devenir élargi, en fait va
prendre la forme d'une allocation d'autonomie,
va prendre la forme plutôt d'une entente contractuelle entre l'État et les
entreprises d'économie sociale pour la prestation de services à un
certain nombre d'usagers. Alors, ça va être la façon dont on va surtout
utiliser l'allocation d'autonomie.
Alors, actuellement, les entreprises d'économie
sociale, c'est 6 000 travailleurs, M. le Président. Donc, c'est un marché extrêmement
intéressant et c'est une richesse importante pour la collectivité. C'est
souvent, comme vous le savez, des
entreprises soit coopératives, soit à but non lucratif qui sont dans ce champ d'activité,
et il est certain qu'avec une politique de soutien à domicile et avec
une assurance autonomie, ces entreprises-là vont être appelées à apporter une
contribution beaucoup plus importante au maintien de l'autonomie des personnes.
Et nous travaillons en étroite collaboration avec les associations de ces
entreprises pour opérer ce virage et permettre que tant à la formation que le
personnel, le nombre de personnes soient au rendez-vous pour répondre aux
besoins, M. le Président.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre.
Mme
Champagne : ...combien de temps?
Le
Président (M. Picard) : Trois
minutes.
Mme
Champagne : Parfait. Alors, en trois
minutes, M. le Président, j'aimerais que le ministre me dise... parce que je l'entends
très bien et ça me plaît énormément d'entendre ce message de l'importance qu'on
donne à ce service-là. C'est quand même
impressionnant, 7 millions d'heures de services accordées, puis j'ai
compris qu'il y avait 42 000
personnes... 42 000 ménages sur les 84 000 qui rejoignaient les
personnes de 75 ans et plus. Donc, c'est un besoin et ça permet aux gens
de rester davantage à la maison.
Et j'ai aussi entendu un message qui me plaît
aussi, c'est le fait que, oui, on vise les entreprises d'économie sociale, mais ça n'exclut
pas les coopératives de services, loin de là. Les deux peuvent faire, si je
comprends bien, un mariage intéressant,
dans chacune leur dimension, pour offrir ce genre de services là. Puisqu'on
vise, et que... La demande, elle est là, là. Les gens veulent rester le
plus longtemps possible à la maison.
Ma
mère est restée jusqu'à 90 ans chez elle, et n'eut été qu'elle ait perdu la
vue, elle serait restée encore plus longtemps,
et je rappelle qu'elle est décédée à 98 ans. Donc, avoir pu avoir davantage...
Elle avait toute son autonomie et surtout
toute sa tête. Alors, ça présume bien pour moi, là, dans l'avenir, puisque je
suis dans la catégorie des gens qui, d'après
le ministre, vont devenir des gens excessivement utiles à la société, le sont
de toute façon et dépassent les normes normales d'un vécu actif, là, et
c'est comme ça, je pense, qu'on va faire une société forte.
Alors, je veux entendre le ministre sur le
lien que lui-même fait entre l'ouverture pour des entreprises d'économie sociale qui
pourraient également bénéficier du PEFSAD et non pas seulement les entreprises
d'économie sociale en titre.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre, vous avez seulement une minute.
M. Hébert : Bien, je pense que c'est un débat
intéressant que vous soulevez. Je pense que l'assurance autonomie va donner
lieu à l'ouverture d'un marché. Et, quand je disais tout à l'heure que les
personnes âgées, l'économie grise, c'est une force économique sur laquelle on doit s'appuyer au Québec, alors il
y aura un marché qui va s'ouvrir pour les soins et services aux personnes âgées, et c'est un
marché... Et, quand vous regardez les autres pays qui ont procédé à cette
assurance autonomie, c'est surtout un marché
d'entreprises d'économie sociale, en fait, d'entreprises à but non lucratif. C'est
un marché dans lequel ces entreprises-là
peuvent trouver toute la vocation qui est liée à leur charte, à leur raison d'être.
Alors, c'est donc un marché qui va s'ouvrir,
qui va être extrêmement important pour les entreprises à but non lucratif,
qu'elles soient coopératives ou OSBL, et je
pense qu'il y a là, même pour les organismes communautaires, une façon de
pouvoir répondre aux besoins de la société et d'être rémunérés convenablement.
Et je vous rappellerai que, contrairement à
certains autres pays, il n'est pas de notre intention d'utiliser l'allocation directe en espèces, dans l'assurance
autonomie, parce qu'il y a des effets pervers. D'abord, ça a provoqué tout un
marché noir de l'aide domestique dans les pays où ça a été implanté, l'Italie
notamment, où il y a les « badanti » — ils
ont même un nom — ces
immigrants illégaux, souvent, qui vont faire de l'aide domestique en étant
payés en dessous de la table, là. Alors, on ne
veut pas aller vers là.
Deuxièmement...
Hein?
Une
voix : Non, on ne veut pas.
M. Hébert : Deuxièmement, on ne veut pas aller
vers là et on ne veut pas, aussi, faire en sorte de confirmer les femmes dans un rôle
traditionnel d'aidantes. Alors, quand les femmes se retirent du marché du
travail pour devenir des proches aidants, je pense que le Québec perd,
perd la force économique des femmes, et, en misant sur des entreprises d'économie
sociale qui vont engager justement des femmes et leur permettre de rester sur
le marché du travail, et de contribuer à des
régimes de retraite, et d'avoir des conditions de travail améliorées à cause du
financement supplémentaire qu'on va avoir, je pense que, ça, c'est une
richesse intéressante. Et, si on veut professionnaliser l'aide aux personnes
âgées, ce n'est pas l'allocation directe qui va permettre de professionnaliser
l'aide aux personnes âgées.
Alors, pour toutes ces raisons, je
pense que l'allocation directe devrait être réservée dans des cas où on n'a pas vraiment d'alternative,
par exemple des cas de surveillance 24 heures, où quelqu'un de la famille peut
réaliser ceci, et le chèque
emploi-service pourrait venir baliser cette allocation directe. Mais, dans tous
les autres cas, l'allocation devrait être convenue, contractuelle, avec
des entreprises d'économie sociale, avec des organismes communautaires, avec
des entreprises lucratives, même, pour donner les services et donner des
services de qualité.
Le Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Maintenant, pour
un bloc de 20 minutes, Mme la députée de
Saint-Henri — Sainte-Anne.
Mme Blais : Merci, M. le Président. Moi aussi, je
lève mon chapeau aux gens qui oeuvrent dans les
entreprises d'économie sociale. Je me
souviens de mon papa. Il recevait la visite à la maison, et j'étais toujours là
en train de dire : Mais les services ne sont pas faits, mais mon
père, il voulait prendre une tasse de café, pour lui c'était important. Donc,
ça brise aussi cette solitude; il y a beaucoup de gens seuls, et d'avoir des personnes
qui viennent à domicile, que ce soit pour des soins d'hygiène, pour faire de l'entretien,
ça fait vraiment une interaction à la vie. Alors, je pense que c'est important
de continuer de soutenir ces entreprises d'économie sociale.
Notre
ministre, M. le Président, avant qu'il soit en politique active, est allé faire
une sabbatique en France pour étudier l'assurance
autonomie. Il est retourné en France récemment, il a passé une semaine pour
étudier encore une fois l'assurance
autonomie et le financement. Et je faisais une recherche, et j'ai lu dans un
journal du Sud Ouest de la France, en date du 27 janvier dernier, que son homologue française, Martine
Delaunay, qui est la ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie... Et je la cite, parce qu'elle
veut même revoir son propre système, elle dit qu' « il est très probable que nous
[revisitions] [...]
l'allocation
personnalisée d'autonomie » .
Je suis restée surprise. Je veux dire, est-ce que c'est différent, leur
allocation d'autonomie, de l'allocation d'autonomie que notre ministre veut
implanter au Québec? La ministre est venue
également au Québec au début du mois de décembre 2012 et elle disait au Soleil,
le 2 décembre, qu'elle reconnaissait toute l'expertise et la pluralité des services qui sont offerts aux
personnes qui avancent en âge. Et elle trouvait qu'au Québec, entre
autres, Municipalité amie des aînés, c'était fantastique.
Et, dans l'article du Sud Ouest de la France,
cette ministre déléguée aux personnes âgées et à l'autonomie mentionne qu'elle veut « dessiner [un] parcours résidentiel [à
la] personne âgée. » Elle veut même
faire une grande loi de la dépendance. Donc, c'est à la fois les personnes qui vivent à
la maison, mais aussi mieux encadrer les résidences privées, mieux
encadrer et même donner un crédit foncier
aux personnes qui voudraient développer des EHPAD, et le ministre pourra me
corriger, mais je pense que c'est à l'instar de nos CHSLD, donc c'est tout ce
parcours résidentiel.
Et, comme le ministre
était en France à la fin du mois de décembre, là, je pense, pourrait-il me dire
s'il est au courant que la ministre française pense revoir l'allocation
personnalisée d'autonomie?
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
• (10 h 30) •
M.
Hébert : M. le
Président, la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne est tout à fait juste, j'ai
rencontré Mme
Delaunay. En fait, je l'ai rencontrée lors de sa visite ici, au Québec, et je l'ai
rencontrée lors de la mission que j'ai réalisée en France, en janvier. La ministre Delaunay souhaite réformer l'allocation
personnalisée d'autonomie, qui est l'assurance autonomie française,
parce qu'elle présente un certain nombre de difficultés. Et, lors de mon séjour
en France, j'ai d'ailleurs eu le privilège
de participer à un groupe de travail, qui a été mis en place par le président
de la république, pour examiner l'assurance
autonomie française. J'ai d'ailleurs écrit un article spécifique sur les
grandeurs et les misères de l'APA française pour pouvoir identifier les
pistes d'amélioration, en fait les problèmes que vit cette allocation, et je
termine l'article en disant : Il ne
faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain. Vous avez un très bon système d'assurance
autonomie. Il a des problèmes, et il faut corriger les problèmes.
L'un
de ces problèmes, M. le Président, c'est l'évaluation des personnes âgées qui n'utilise
pas un outil standardisé en France. Et c'est un problème majeur puisque l'outil
qu'ils utilisent divise l'autonomie des personnes en six niveaux — plutôt que 14 dans notre
système de profil ISO-SMAF — six niveaux où les frontières,
les limites sont extrêmement floues, et où il
y a de la place beaucoup à l'interprétation. Et donc il y a des gens qui
reçoivent l'assurance autonomie et qui ne devraient pas la recevoir et, au
contraire, il y a des gens qui ne la reçoivent pas et qui devraient être
éligibles. Alors, il y a tout un problème sur l'évaluation des personnes en
perte d'autonomie.
Le
deuxième problème, M. le Président, c'est le ticket modérateur. Les Français
ont mis un ticket modérateur qui est
proportionnel au revenu, de sorte que, pour des gens qui ont un revenu
confortable, il faut qu'ils assument 90 % des coûts de l'allocation
personnalisée d'autonomie. Alors, comme vous pouvez vous en rendre compte, les
gens, ils ne demandent pas l'allocation
parce qu'ils ont à assumer 90 %. Non seulement leur revenu conditionne l'allocation
elle-même, mais, en plus, ils sont
obligés de verser 90 % de la somme. Alors, vous voyez que ça fait en sorte
que certaines personnes ne font pas appel à l'assurance autonomie.
Troisième
élément important, c'est que les Français ont le Code civil, le même Code civil
que nous, mais ont gardé, dans leur Code civil, l'obligation alimentaire des
enfants envers les grands-parents, ce que nous avons aboli depuis les années 60, M. le Président. Or, cette obligation
alimentaire fait en sorte que beaucoup d'enfants ne veulent pas faire en
sorte que leurs personnes âgées aient accès
à l'assurance autonomie puisqu'on va récupérer les sommes sur succession, M.
le Président. Alors, vous pouvez vous imaginer l'effet pervers que ça peut
engendrer.
Autre
élément : la France utilise les établissements d'hébergement pour
personnes âgées dépendantes, ce qu'ils appellent les EHPAD, qui sont l'équivalent de nos
établissements d'hébergement des années 70, M. le Président. Vous vous souviendrez que, dans nos centres d'accueil, dans
les années 70, il y avait même des stationnements qui étaient construits
pour que les usagers puissent avoir leur auto
dans le stationnement. Alors, les centres d'hébergement ont bien changé
depuis cette époque-là, et les centres d'hébergement sont maintenant réservés à
des usagers qui ont des lourdes pertes d'autonomie, ce qui n'est pas le cas en
France. On retrouve, en France, à peu près 60 % d'usagers qui ne seraient
pas admissibles dans nos CHSLD. Alors, ça veut dire qu'on utilise une solution
institutionnelle pour répondre à des besoins d'hébergement. Il n'y a pas, en
France, de ressources intermédiaires. Et c'est donc l'une des orientations de Mme Delaunay, c'est de développer un réseau de
ressources intermédiaires qui pourrait faire en sorte de créer des
milieux de vie plus adaptés à des personnes âgées en perte légère ou modérée d'autonomie.
Alors, l'allocation personnalisée d'autonomie
est une solution qui a été très innovante pour la France. La France est passée de
30 % de gens à domicile à près de 45 % de personnes à domicile, de
budget consacré au soutien à domicile, excusez-moi.
Alors, quand vous regardez le budget des soins de longue durée, en France,
maintenant, il y a 45 % du budget qui
est donné pour des gens à domicile, 55 % pour les gens en institution. Au
Québec, il y a 16 % — entre 14 % et 17 % , ça dépend comment est-ce qu'on compte — 16 %
du budget qui est donné pour les soins à domicile, le reste pour l'institution. Vous voyez qu'on a encore du chemin à
faire, et l'assurance autonomie a été très efficace, en France, pour opérer ce virage-là et le sera, j'en suis persuadé, au
Québec, pour opérer le virage pour faire en sorte que le budget, le
financement de l'État nécessaire au soutien de l'autonomie aille en priorité au
domicile. Parce que, lorsque vous avez une assurance autonomie et qu'on vous donne une allocation qui
vous permet d'avoir un choix sur la façon dont vous voulez recevoir les
services, devinez quoi, les gens choisissent de rester à la maison et de
recevoir les services à domicile plutôt que d'aller en CHSLD. Et c'est ça, ce
virage-là qui doit s'opérer par la mise en place d'une assurance autonomie.
Alors, la France doit réformer son allocation
personnalisée d'autonomie. Elle va s'inspirer d'ailleurs des travaux que nous
faisons pour mettre en place la nôtre. Et je vais, en élaborant notre assurance
autonomie... L'année que j'ai faite de
formation m'a permis de réviser non seulement le système français, mais
également regarder le système allemand, le système luxembourgeois, le système hollandais et les autres systèmes — mais pas sur place. J'aurais voulu aller au Japon, parce qu'ils ont
vraiment une assurance autonomie qui est extrêmement intéressante, mais
malheureusement le tsunami en a
décidé autrement et m'a obligé à annuler le voyage que je voulais y faire. Mais
je connais assez bien, par les écrits, le système japonais qui a été
basé sur un réseau intégré de services et sur des gestionnaires de cas, donc
dans le même contexte que le contexte
québécois. Et je pense que l'expérience japonaise va être inspirante pour la
mise en place de notre assurance autonomie.
Alors, effectivement, la France a un travail
de réforme à faire sur son allocation personnalisée d'autonomie. Et je pense que notre expérience va probablement inspirer
Mme Delaunay. En tout cas, elle m'a affirmé qu'elle voulait poursuivre les
discussions et les collaborations avec le Québec, de façon à pouvoir élaborer
son projet de loi sur le vieillissement qu'elle doit déposer, très bientôt, à l'Assemblée
nationale, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme Blais : C'est toujours intéressant des
échanges et de comprendre comment ça se passe. Et nous, je pense qu'on a un
travail à faire sur la mise en place de cette assurance autonomie, et de la
compréhension, et de la perception que
les gens peuvent en avoir. Dans les crédits budgétaires de cette semaine, le
ministre a, entre autres, mentionné que l'entièreté des sommes qui sont dévolues aux soins de santé aux aînés,
plus de 3 milliards de dollars, je pense que c'est
3,7 milliards de dollars, irait dans cette assurance autonomie. Or, ça
inquiète certaines personnes, certains groupes parce qu'ils ne comprennent pas,
là, ils se disent : Est-ce qu'il va y avoir de l'argent pour les autres
ressources?
Entre autres, il y a une coalition, qui a vu
le jour le 11 février, qui est formée de cinq groupes — entre autres la FIQ, l'AQRP, la FADOQ. Et là je veux citer Lyne
Parent, qui est la présidente de l'AQRP, qui dit : « Ce qui nous fait peur, c'est qu'on
prenne l'argent qui existe déjà pour les CHSLD et les soins palliatifs pour le
mettre ailleurs, que ces gens se retrouvent dans la craque du plancher
et qu'elles soient oubliées. » Et c'est toujours, le ministre va en convenir, c'est toujours fragile quand on change des systèmes,
quand on veut faire les choses différemment, quand il y a un virage au
niveau de la culture.
Tout le monde parle du maintien à domicile.
Les Français, ils vivent en famille beaucoup plus que nous vivons, nous, en
famille avec nos vieux parents. Alors, on a beaucoup de personnes... On est
peut-être en retard pour donner une assurance ou une allocation à nos
personnes âgées pour qu'elles vivent à domicile, et il faut le faire parce que
c'est le souhait, mais, en même temps, on
voit que les regroupements de personnes âgées sont inquiets. Et j'aimerais que
le ministre puisse, aujourd'hui, leur parler, les rassurer et leur dire
que les soins palliatifs... que les CHSLD vont rester. Ils ont l'impression que
les CHSLD vont disparaître.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M.
Hébert : M. le Président , d'abord j'applaudis
à la formation de cette coalition-là. Enfin des gens vont se préoccuper, dans notre société, de la qualité des
services aux personnes âgées, et ils vont pouvoir faire pression pour qu'on
puisse assurer des services aux personnes
âgées. Je pense qu'on manque de mouvements sociaux qui se préoccupent
des personnes âgées. Et je pense que, lors
de la consultation publique d'ailleurs, hein, on avait déploré l'absence de
lobby, de lobby des aînés, et je pense que c'est
un signe des temps, M. le Président. On va avoir, de plus en plus, des baby-boomers
dans le groupe des aînés. Et cette
génération a été habituée à prendre une place importante dans la société. Et je
suis sûr qu'elle prendra davantage de
place dans le débat social pour faire en sorte qu'on puisse se préoccuper des
personnes âgées, au-delà des quelques cas scandaleux qu'on retrouve dans
les médias. Il y a une préoccupation qui doit être constante, et moi, j'applaudis
qu'il y ait un lobby qui se mette en place pour faire en sorte que les
personnes âgées reçoivent les services dont ils ont besoin.
• (10 h 40) •
L'assurance
autonomie va nous permettre de mettre en place une caisse d'assurance
autonomie, une caisse spécifique; et cette
caisse-là va permettre de sécuriser les sommes qui sont consacrées aux soins à
domicile et aux personnes âgées en
perte d'autonomie en général. Parce que, comme le rappelait la Protectrice du
citoyen, même les sommes dévolues aux
soins à domicile, actuellement, sont utilisées, en partie, pour d'autres missions
dans les centres de santé et de services sociaux. Elle l'a souligné avec beaucoup de justesse, parce que, pour
avoir participé à plusieurs conseils d'administration, je peux vous dire que le soutien à domicile a le
dos large au niveau des budgets et que, souvent, on attribue ou on
budgète, dans les soins à domicile, des choses qui ne sont pas vraiment du soin
à domicile.
Alors, en mettant une caisse d'autonomie,
on va sécuriser ces sommes-là, qui ne pourront pas être utilisées dans d'autres secteurs
d'activité pour soutenir l'autonomie des personnes âgées. Et là je voudrais
rappeler que c'est le soutien à l'autonomie des personnes âgées, peu
importe là où ils habitent. Donc, les personnes en CHSLD, ces sommes-là vont être encore là, disponibles, pour financer les
CHSLD. Et donc on va avoir, au niveau du réseau des services publics aux
personnes âgées, l'implantation d'un réel financement à l'activité, M. le
Président. Actuellement, les établissements, les
CHSLD, sont financés par un budget global. En tenant compte, bien sûr, mais à
la marge de la lourdeur des usagers qu'ils accueillent, avec la mise en
place de l'assurance autonomie, on va être capables de financer les CHSLD sur
la base des usagers qu'ils
reçoivent. S'ils reçoivent des usagers qui sont en plus lourde perte d'autonomie,
ils auront un budget à la clé, M. le
Président, donc un budget conséquent aux usagers qu'ils reçoivent. Et ça, ça va
faire en sorte que les CHSLD vont
vraiment avoir avantage à occuper leur réelle mission. Quand on sait que, comme
je le disais tout à l'heure, 30 % à 40 % des lits de CHSLD sur l'île de Montréal actuellement sont
occupés par des gens qui pourraient être ailleurs, bien on va faire en sorte que les gens en CHSLD, qui ne
devraient pas être là, ils vont avoir un financement moindre, parce que c'est des pertes d'autonomie modérées qui
devraient trouver des services ailleurs. Et donc ça va introduire une
équité dans le réseau des CHSLD et faire en
sorte que les CHSLD qui accueillent des usagers plus lourdement handicapés
soient financés davantage pour être capables de répondre aux besoins de leurs
usagers.
Alors,
lorsque des personnes me disent qu'il est peut-être trop tard pour implanter
une assurance autonomie, je vous dirai que, d'abord,
il n'est jamais trop tard pour bien faire, pour faire les changements qui sont
nécessaires et, d'autre part, que tous les
pays qui ont implanté une assurance autonomie — sauf
peut-être les Pays-Bas, qui l'ont fait avant d'atteindre les 15 % de personnes âgées — tous
les pays qui ont implanté une assurance autonomie avaient, comme nous, des taux de vieillissement d'au moins 15 %
lorsqu'ils ont fait l'implantation.
Une caisse d'autonomie
va nous permettre de faire autre chose aussi, va nous permettre de capitaliser,
parce qu'actuellement on ne peut pas
capitaliser lorsqu'à la fin de l'année financière ça retourne au fonds
consolidé de la province. Alors, une
caisse autonomie séparée va permettre de consolider, de capitaliser des sommes
excédentaires pour qu'on puisse planifier
pour l'avenir; et je souhaite qu'on puisse être en mesure de capitaliser cette
caisse d'assurance autonomie en ajoutant
du financement pour prévenir, pour se prémunir du vieillissement attendu de la
population et assurer une certaine équité intergénérationnelle, M. le
Président. Alors, la caisse d'assurance autonomie va non seulement améliorer le
financement et consolider le financement, sécuriser le financement pour les
soins aux personnes âgées, mais va nous permettre
également de pouvoir capitaliser pour l'avenir. Et, comme le soulignait la
députée de Saint-Henri — Sainte- Anne,
nous allons transférer les sommes
actuellement dévolues aux soins de longue durée, en y ajoutant, bien sûr, les investissements supplémentaires dans les
soins à domicile que nous avons promis. Alors, on a promis 500 millions, c'est ce 500 millions qui va être ajouté. Et
j'espère qu'on pourra trouver un moyen de capitaliser pour le futur, pour
faire en sorte que les citoyens du Québec,
comme le député de Laval-des-Rapides, puissent ne pas avoir un fardeau supplémentaire et qu'on puisse se prémunir des
sommes nécessaires pour faire face à mon vieillissement et à celui de
tous les autres membres de cette Assemblée, M. le Président
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Il
vous reste deux minutes, Mme la députée.
Mme
Blais : Oui. C'est
assez clair comme explication. D'ailleurs, dans la politique Vieillir et vivre ensemble, je m'étais
assurée qu'il y ait une ou deux lignes... trois lignes pour qu'on puisse
attacher les enveloppes dédiées pour les soins à domicile, parce que je trouvais impensable que des sommes d'argent
dédiées pour les soins à domicile puissent, à un moment donné, se
balader ailleurs.
Je
pense qu'on doit s'assurer, tout le monde, que les sommes pour les soins à
domicile soient pour les sommes à domicile. M. le ministre, d'un point de vue
administratif, est-ce que la lourdeur... est-ce que ça va coûter très cher,
administrer une caisse de cette nature?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M. Hébert : C'est une excellente question, M. le Président. Dans les
autres pays qui ont mis en place ce type d'assurance,
il n'y a pas eu de frais administratifs importants. Donc, on a des évidences
scientifiques à cet effet. Et, d'autre part,
ce que je compte faire, c'est, au lieu de créer un nouvel organisme pour gérer
une telle assurance autonomie, mon intention,
c'est de le confier à un organisme déjà existant, et je pense que le premier
organisme qui nous vient à l'esprit, c'est
la Régie de l'assurance maladie du Québec, qui gère déjà l'assurance
médicaments et qui gère déjà le PEFSAD, donc pourrait s'acquitter de la tâche de gérer l'assurance autonomie avec l'expertise
qu'on retrouve à la Régie de l'assurance maladie. Je pense qu'on
pourrait s'éviter une bureaucratie inutile.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre.
Maintenant, Mme la députée de Champlain, pour un bloc de 20 minutes.
Mme
Champagne : M.
le Président, le ministre a élaboré sur plusieurs dossiers. Mais ce qui m'impressionne et ce
sur quoi j'aimerais l'entendre, c'est que, depuis septembre 2013, oui, il y a
des politiques qui se mettent en place, oui, il y a des projets qui se mettent en place, oui, on va aller de l'avant
avec la caisse santé, mais il faut tout attacher ça : projet de
loi, discussions, consultations. Ça nous mène pas loin de 2014, mais le travail
se fait.
Mais, entre-temps, je
sais que le ministre s'est penché, de façon particulière et concrètement, sur
des dossiers touchant la sécurité, l'accessibilité,
la continuité, la qualité des soins et services aux aînés du Québec. Alors,
j'aimerais, si ça lui convient, bien sûr…
nous renseigner sur ces dossiers-là, que j'appelle les dossiers de fond, O.K.,
qu'il a menés de front depuis septembre 2013; ça fait tout juste... même
pas six mois, si je ne me trompe pas, là.
Alors,
j'aimerais faire une espèce de retour là-dessus, et je lui laisse les coudées
franches, là, sur ces informations-là. Qu'est-ce
qui a été fait, de façon concrète, du moins ce qui a été abordé de façon
sérieuse, là, depuis septembre dernier?
•
(10 h 50) •
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M. Hébert : Bien, j'ai déjà, M. le Président,
abordé un certain nombre de dossiers, bien l'assurance autonomie est un
dossier de fond. Il y a toute une équipe, une armada qui travaille sur le
dossier, parce que ça fait intervenir le cadre financier, donc les finances, les services. Alors, on travaille
ardemment à la production d'un livre blanc sur la question.
Mais il y a aussi un
autre dossier qui m'a préoccupé, c'est le dossier des aînés qui vivent dans les
résidences privées. Vous savez que cette
Assemblée a adopté une loi, le projet de loi n° 16, qui régit les
règles de fonctionnement des
résidences privées qui s'affichent comme telles, M. le Président. Et il y a des
dispositions réglementaires qui devaient, selon la loi, être rendues publiques le 20 novembre 2012. Alors, comme
vous voyez, ces dispositions ne sont pas encore rendues publiques, parce
que je souhaitais pouvoir travailler davantage sur ce règlement, de façon à ce
qu'on puisse assurer la sécurité, et des
services et des soins adéquats aux aînés. Alors, c'est un règlement qui devrait
paraître au cours des deux prochaines
semaines. Et, sans révéler des grands secrets, je voudrais simplement souligner
un certain nombre de grands enjeux.
Alors,
ce règlement, M. le Président, distingue deux catégories d'établissement ou
deux catégories de section dans les
établissements : celle pour personnes autonomes, qui requiert seulement
des services hôteliers, donc, au moins deux services hôteliers; et celle pour
personnes semi-autonomes qui, en plus, reçoivent, en plus, des services de
soins infirmiers ou encore des services d'assistance. Alors, deux catégories,
donc, d'établissement ou deux catégories de section, parce qu'un établissement,
une résidence peut accueillir les deux types d'usager.
Alors,
dans ce règlement, il y aura des dispositions pour la surveillance des usagers
avec un nombre de personnes présentes dans l'établissement
déterminé : pour les établissements accueillant des personnes autonomes,
ce sera une personne en bas de 200 chambres
et plus de 200 chambres, deux personnes; et, pour les établissements
accueillant des usagers
semi-autonomes, bien ce sera une personne jusqu'à 100 usagers, deux personnes
de 100 à 200 et trois personnes au-dessus de 200. Donc, on s'assure qu'il
y ait une surveillance adéquate. On s'assure aussi qu'il y ait un système d'appel dans ces résidences, un système d'appel
avec quelqu'un au bout, c'est-à-dire quelqu'un qui va répondre lorsqu'il
y a une urgence, pour être en mesure d'apporter assistance aux personnes.
Nous aurons également,
dans ce règlement, des dispositions concernant la sécurité incendie. Il y a
quelques semaines, M. le Président, dans le
comté de la députée de Sainte-Rose, il y a la Villa Ste-Rose qui a été
complètement ravagée par un incendie. C'était une villa qui accueillait des
personnes âgées semi-autonomes. Et, heureusement, en quelques minutes, l'ensemble des personnes a été évacué, de sorte qu'on
ne trouve aucune victime dans cet incendie-là. Pourquoi? Parce que le propriétaire de cette résidence-là avait
appliqué, à l'avance, les règles de sécurité incendie que nous nous apprêtons à décréter, très bientôt, pour
l'ensemble des résidences privées d'hébergement, et ces règles prévoient
la présence de gicleurs, prévoient la
formation du personnel et prévoient également des exercices d'évacuation en cas
d'incendie.
Et je suis extrêmement
préoccupé. Dans mon propre comté, M. le Président, il y a une résidence privée
d'hébergement qui ne rencontre pas ces règles minimales là, où il n'y a pas de
gicleur, M. le Président, où on a fait un
exercice de feu, et où on a vu que le personnel n'était pas formé et que les
gens n'étaient pas évacués dans un délai raisonnable. Faut-il attendre qu'on ait un drame, M. le Président, avant
d'implanter des règles claires pour les résidences qui accueillent des gens en perte d'autonomie? Et
je pense que l'incendie de la Villa Ste-Rose est une excellente
démonstration de l'importance de se conformer à ces règles élémentaires et, je
dirais même, ces règles de base, M. le Président, pour assurer la sécurité de
nos personnes âgées.
Nous aurons, dans ce règlement également, à faire
en sorte que les préposés de ces établissements, de ces résidences aient une formation minimale. Elle sera donc bien
documentée, cette formation. Et ma collègue la ministre du Travail a annoncé, dans sa Stratégie pour l'emploi,
un financement spécifique pour assurer la formation des résidences
privées.
Bien
sûr, ce règlement aura aussi des mesures transitoires pour faire en sorte qu'on
donne un délai aux résidences pour se
conformer, particulièrement les résidences de moins de 50 résidents, qui sont
souvent des OSBL, et où il est difficile, là, de trouver le financement pour le
système d'appel ou pour assurer la surveillance. Alors, il y aura des
dispositions transitoires pour faire en sorte qu'on puisse donner le temps à
ces résidences de pouvoir se conformer. Mais je ne ferai pas de compromis sur
la sécurité des gens, et il faudra qu'ils se conforment.
L'autre
dossier sur lequel nous nous sommes attardés, c'est les visites d'inspection,
et ces visites d'inspection seront intensifiées, comme je l'ai annoncé, seront
intensifiées, et on a l'intention d'inspecter tous les CHSLD du Québec
sur une période de 24 mois, les 424 CHSLD.
Et on va faire ces inspections maintenant sans préavis, sans prévenir à
l'avance; et on va obliger les équipes à manger avec les résidents pour voir la
qualité de la nourriture. On a donc engagé des évaluateurs supplémentaires, au
niveau du ministère, qui s'ajouteront à ceux qui étaient déjà en place, et les
agences également ont engagé des
évaluateurs. Et ces visites vont se faire en collaboration avec le comité
provincial des usagers, avec les
tables de concertation pour aînés également et les comités d'usagers des
établissements. Alors, c'est des visites donc qui vont être réalisées au cours des prochains mois et dont le
rapport va être mis sur le site Web, va être transparent, M. le
Président, pour qu'on puisse informer convenablement.
Nous
avons également fait des représentations pour que soient adoptés deux
règlements de la Régie du bâtiment, qui
traînaient depuis longtemps, sur la température de l'eau des résidences, alors
l'installation de mitigeurs de température, et c'est maintenant chose faite. J'en
suis très heureux.
Et
l'autre dossier sur lequel nous avons apporté une attention particulière, c'est
le dossier des baux pour les personnes âgées
qui vivent dans des résidences. C'est un dossier sur lequel la Régie du
logement travaille depuis plus d'un an, M. le Président, et là j'ai le
plaisir d'être informé que la première version ou une version de ce
bail type là va être disponible très
bientôt, et il va donc y avoir toutes les dispositions pour qu'on puisse
modifier les règlements, etc. Là, il
y a encore un peu de délai, mais au moins on est en train de voir la lumière au
bout du tunnel pour être capables d'avoir un bail, là, qui reflète la
situation actuelle et qui permet aux personnes âgées qui signent ce bail-là de
savoir quels sont les engagements de la résidence envers
eux en termes de coûts des services, de types de service, et de dispositions
réglementaires. Alors, je pense que ça, ça va être extrêmement intéressant, M.
le Président.
Nous
avons également travaillé pour, comme je le disais tout à l'heure, améliorer
non seulement les soins à domicile, mais l'accès
des personnes âgées vulnérables à un médecin de famille, et donc de faire en
sorte que ces personnes soient
priorisées dans les listes de patients orphelins, parce que c'est comme ça qu'on
les appelle, les listes de patients orphelins
de médecin de famille, et donc pour donner accès à un plus grand nombre de
personnes âgées à un suivi adéquat. Alors, c'est en gros un certain
nombre des actions sur lesquelles on a travaillé depuis notre entrée en poste.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée de Champlain.
Mme Champagne : Oui, M. le Président. Si le ministre
continue à ce rythme-là, je crois que, d'ici un an, on va voir vraiment les
choses bouger. Et l'arrivée, la mise en place de mesures pour le processus de
certification des résidences privées des aînés, c'est un dossier sur
lequel j'ai eu le bonheur de travailler dans une précédente législation. Et, à l'époque, c'était le ministre Couillard qui était
là, et je me souviens — à cette époque, la députée de
Saint-Henri était là également — j'avais posé une question toute simple à la fois, qui
a été un peu perdue dans la course à la chefferie de notre parti à l'époque, mais la question était pertinente, à savoir :
Est-ce que les moyens vont suivre le plan d'action pour les aînés en
perte d'autonomie?
C'est un document probablement dont le
ministre présent a pris connaissance, et c'était un bon document. C'est un document où on
disait, à peu de choses près, beaucoup de choses qu'on dit aujourd'hui, qui
devait mettre en place des mesures :
Surveillance, sécurité, protection, visite des résidences. Et on parlait de ces
moyens-là comme étant quelque chose qui devait être fait rapidement. Là,
on parle de 2003-2007, là. On remonte quand même un peu plus loin, hein?
Alors, j'en suis à mon début de troisième
mandat, donc j'ai vécu cela et j'ai eu grandement confiance dans ces intentions-là. C'était
de bonnes intentions. Mais tout le monde connaît la maxime, hein : L'enfer
en est pavé de bonnes intentions. Et
là je vois qu'on veut mettre en application et bientôt, si j'ai bien compris,
la semaine prochaine ou à peu près,
on va resserrer les mesures de certification pour les résidences pour personnes
âgées. Et je suis heureuse de constater qu'on va également s'occuper de
formation.
Alors, ma question ou sous-question, c'est :
Oui, j'ai entendu parler qu'il y aurait des formations de données pas seulement pour les
résidences en CHSLD, si j'ai bien compris, mais pour les résidences, les
petites résidences privées. Il va
falloir qu'on ait des exigences : exigences demandent sous, demandent
formation. Or, est-ce que l'argent va être au rendez-vous? Puis, est-ce
que les formateurs vont être au rendez-vous?
• (11 heures) •
Parce que je vois une petite résidence,
admettons, de 10 et moins ou même de 20 et moins, c'est tout petit, où le personnel est
toujours très réduit, où, encore de nos jours, on voit des gens de bonne
volonté qui vont travailler là, mais la clientèle s'alourdit. La clientèle, une fois qu'elle est sur place, elle
ne veut plus être déplacée ailleurs. Parce que, la clientèle, ce n'est pas un objet, c'est un homme, une femme
aînée qui s'est fait son petit nid à quelque part; puis, parce qu'elle
est en perte d'autonomie, on l'oblige à
aller voir dans une résidence avec plus de moyens. Or, est-ce qu'on a regardé
tout ça dans la politique qui s'en vient, M.
le Président? J'aimerais que le ministre m'entretienne là-dessus, sur cette
préoccupation- là de permettre à une personne
en perte d'autonomie, avec les moyens qu'on veut mettre en place, de demeurer
le plus longtemps possible là où elle
est, en considérant quand même qu'il y a une limite, là, aux besoins auxquels
ont peut répondre.
Alors, j'aimerais entendre le ministre
là-dessus, sur la préoccupation, dans nos projets de loi, dans nos lois, sur le maintien des
personnes le plus longtemps possible dans le milieu de vie qu'elles se sont
donné afin de ne pas les déplacer comme des petits paquets sans tenir
compte de l'attachement qu'ils ont pour la résidence dans laquelle ils sont.
Et je vous dis ceci rapidement : Il y a
des propriétaires de résidences privées, petites résidences, qui ne demandent pas mieux.
Tout ce qu'ils veulent, c'est avoir l'aide soit des CLSC... ou aide à la
personne qu'ils ne peuvent, eux, donner par manque de personnel et par
manque probablement de formation.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la
députée. M. le ministre.
M. Hébert : M. le Président, effectivement,
lorsque nous rendrons public le règlement, je le ferai en collaboration avec ma
collègue la ministre du Travail, qui va en même temps annoncer, dans le cadre
de sa stratégie pour l'emploi, des sommes spécifiques pour soutenir les
résidences privées dans la formation des préposés. Je pense que c'est important
de pouvoir apporter un appui, un appui financier, pour la formation du
personnel.
Et je voudrais rappeler à cette commission
que c'est un défi majeur. Actuellement, la formation des préposés, il faut bien réaliser,
là, qu'elle n'est pas standardisée, même dans le réseau public. Et j'ai demandé
aux équipes du ministère de
travailler, là, à la définition de ce métier, de ce métier de préposé, et pour
qu'on puisse se donner, dans le réseau public et dans le réseau privé... Il y aura des standards dans le réseau privé,
bien il faut en avoir aussi dans le réseau public, et donc faire en
sorte que le métier de préposé soit une appellation contrôlée, là, et qu'on
puisse avoir une formation, donc, standardisée dans tous les établissements, qu'ils
soient publics ou privés, au niveau du Québec.
L'autre formation qui m'apparaît fondamentale, c'est
dans les entreprises d'économie sociale où là il faut probablement créer un nouveau métier, un nouveau corps d'emploi,
les auxiliaires de vie sociale, et qui devront commander un programme de
formation. Et j'ai déjà eu des discussions avec ma collègue de l'Éducation pour
qu'on puisse travailler ensemble sur
la définition d'un programme de formation là-dessus. Alors, on aura l'occasion
donc d'annoncer des sommes spécifiques. Je ne veux pas annoncer à l'avance les sommes qui seront affectées à ça,
mais soyez assurés que l'argent sera au rendez-vous.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Saint- Hyacinthe.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Il reste combien de temps, monsieur...
Le
Président (M. Picard) : Quatre
minutes.
M.
Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Il
reste quatre minutes? Bon, bien, je vais poser ma question rapidement. M. le ministre, vous en avez parlé tantôt, vous
avez parlé de ce qu'on appelle le MADA, Municipalité amie des aînés, je pense que Mme la députée de l'opposition aussi.
Mais, moi, je veux juste comprendre. C'est parce que c'est quand même un excellent outil pour que nos aînés, et les
municipalités s'occupent des aînés dans chacun de leur milieu. On sait
qu'au niveau des loisirs pour les aînés, dans plusieurs municipalités, ce n'est
pas très bien organisé.
Je voulais savoir : Pouvez-vous nous expliquer plus
amplement comment fonctionne le MADA d'un point de vue technique, ainsi que les objectifs, afin de mieux nous familiariser
avec ce programme? Est-ce que ça touche aussi l'organisation des loisirs
de nos aînés dans nos municipalités?
Et, dans un deuxième temps, deuxième volet,
vous avez parlé aussi du VADA, la Conférence internationale pour les villes amies
des aînés. Je veux juste savoir de votre part... C'est une initiative qui est
née de la conférence internationale. Nous avons appris, mardi dernier,
que Québec aurait l'honneur d'accueillir la deuxième conférence dans la
capitale nationale, du 9 au 11 septembre.
Est-ce que vous pouvez m'expliquer les objectifs de cette conférence et, d'autre
part, élaborer sur l'événement afin de savoir ce qu'on va y retrouver?
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M.
Hébert : J'ai combien de temps?
Le
Président (M. Picard) : Deux minutes.
M.
Hébert : O.K. Bien, écoutez, je ne...
Le
Président (M. Picard) : Mais vous
avez un autre bloc tout à l'heure, là.
M.
Hébert : Je vais peut-être transférer
le deux minutes dans le prochain bloc, M. le Président, si...
Le
Président (M. Picard) : Pas de
problème. Pas de problème.
M.
Hébert : Parce que c'est plus long,
ça demande plus que deux minutes, là.
Le
Président (M. Picard) : Ça va. O.K.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Arthabaska pour 11 minutes.
Mme Roy (Arthabaska) : Vous savez, M. le Président, je suis
porte-parole pour les aînés, mais avant tout,
ce qui me permet d'être porte-parole pour
les aînés, c'est que je suis députée d'Arthabaska. Vous me voyez sans doute
venir, M. le ministre.
Vous savez que, justement, à Arthabaska, il y
a l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska qui performe vraiment dans le maintien à domicile et
les soins palliatifs. Vous savez que la moyenne — parce que je sais que vous avez travaillé à Hôtel- Dieu d'Arthabaska — des gens qui meurent
à domicile, chez nous, c'est beaucoup plus que la moyenne nationale, parce qu'on
a pris les moyens.
Ça fait 40 ans, par contre, qu'on n'a pas eu
d'investissement dans l'urgence, puis les médecins la tiennent à bout de bras. C'est un
hôpital qui est extrêmement performant, qui a un taux d'encadrement très bas,
mais qui a besoin que vous injectiez des fonds dans les urgences pour
pouvoir continuer à bien servir les aînés et la population des environs de
Victoriaville.
Avez-vous,
depuis ma dernière question ici, à l'Assemblée nationale, cheminé, là, dans
votre réflexion de venir aider l'hôpital d'Arthabaska, l'Hôtel - Dieu d'Arthabaska?
Le
Président (M. Picard) : Merci. M. le
ministre.
M. Hébert : M. le Président, l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska
est un établissement que je connais très bien. J'y ai passé une partie de ma
formation comme interne il y a très longtemps, parce que l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska
est impliqué dans l'enseignement, à l'Université de Sherbrooke, depuis
très longtemps. Et donc cet établissement a accueilli au cours des 30 dernières années de nombreux résidents et
externes en médecine et est donc un établissement qui est de très grande
qualité, donc ça ne fait pas de doute dans mon esprit.
Comme vous le savez, on a hérité d'une
situation déplorable, où mon prédécesseur avait fait des annonces un peu partout au Québec, mais il n'a pas annoncé Arthabaska,
par contre...
Une
voix : ...
M.
Hébert : Mais il a annoncé partout
pour 2,3 milliards d'investissements, alors que ce n'était pas attaché dans le plan quinquennal d'immobilisations. Alors,
il faut d'abord gérer cette problématique qui fait en sorte que, pour des établissements, même, de
votre région, il y a des projets, puis le CHRTR, le Centre hospitalier régional
de Trois-Rivières, pour ne pas le nommer, était attaché dans le plan
quinquennal, mais a été retiré, juste avant les élections, du plan quinquennal, pour mettre d'autre chose. Et c'est
des manoeuvres qui ont été dénoncées par KPMG-Secor, parce que ce n'est pas des manoeuvres qui sont conformes aux
règles habituelles de gestion des immobilisations dans un gouvernement
responsable.
Alors, nous voulons, là, faire du
ménage là-dedans. Ce qu'on a fait, depuis qu'on est en poste, c'est de faire tout un exercice de
priorisation. Alors, on a demandé au ministère de développer une grille de priorités
cliniques, qui n'existait pas, pour
pouvoir analyser chacun des projets. Et on a demandé à chacune des agences de
prioriser, à l'intérieur de leur région,
les projets au plan quinquennal d'immobilisations. Alors, j'ai l'ensemble de ce
portrait. J'ai maintenant, depuis quelques
heures, l'enveloppe qui va être consacrée à la santé, donc on va être capables
de voir, au niveau des priorités, comment on va être capables de
sécuriser les établissements qui sont en attente d'une décision.
Alors, en ce qui concerne l'Hôtel-Dieu d'Arthabaska,
quand on regarde la région de Mauricie — Centre-du- Québec, c'est leur
troisième priorité parce qu'il y a des priorités qui viennent devant. Le projet
du CHRTR, qui est prêt à démarrer, là, on serait prêts à mettre les
pépines sur le terrain, pour reprendre l'expression d'une de vos collègues,
donc c'est le projet prioritaire. Et le
deuxième projet en priorité, c'est celui de l'Hôpital Sainte-Croix, à
Drummondville, pour le Centre famille-enfant,
qui est également en phase plus avancée que ne l'est le projet d'agrandissement
de l'urgence à l'Hôtel - Dieux d'Arthabaska, qui est actuellement un projet qui est,
ce qu'on appelle dans notre jargon, en reconnaissance de besoins, c'est-à-dire
qu'il y a eu une demande formulée à l'agence, l'agence a mis ce projet en
troisième priorité, l'a transmis au
ministère. Nous, on regarde le besoin, et ensuite l'établissement sera appelé,
si le besoin est reconnu, sera appelé à aller plus loin dans la
démarche, c'est-à-dire à faire un programme fonctionnel pour ce projet-là.
Donc, il est dans la machine, mais ce n'est
pas demain que je vais pouvoir l'annoncer, comme vous voyez. Avec les sommes qu'on a
à notre disposition, là, pour les deux années qui viennent, ce n'est pas un des
projets qui est dans les projets qui vont pouvoir être annoncés, mais c'est
un projet qui est dans le collimateur, si on veut, pour une réalisation dans
des années subséquentes.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Mme la
députée.
• (11 h 10) •
Mme Roy (Arthabaska) : M. le Président, je peux dire à M. le
ministre que la reconnaissance dans le milieu,
ils l'ont eue. L'Hôtel-Dieu d'Arthabaska a
une fondation qui s'est vraiment investie. Donc, toute la population est
derrière, et je vous invite à aller le plus rapidement possible.
M. le Président, la vie de politicien prend
beaucoup de temps, mère de famille aussi, mais on a encore quelques amis qu'on peut fréquenter. Donc, une amie qui
est chef urgentologue dans un hôpital de la région, ici, qui me disait à juste
titre ce que vous dites : Des personnes aînées, lorsqu'ils décident de les
mettre sur une civière pendant plus de 24 heures, elles perdent leurs repères,
elles voient le plafond, elles entendent du bruit, elles sont dans la lumière,
puis elles perdent leurs repères puis elles
deviennent justement en manque d'autonomie puis obligées d'aller dans un
CHSLD.
Je trouve ça terrible qu'un ministre de la
Santé, et gériatre d'autant plus, vienne ici puis nous dise que nos urgences pour les
personnes de 75 ans et plus font en sorte que ces personnes-là perdent leur
autonomie. C'est une réalité assez difficile,
mais, premièrement, je suis contente que vous la connaissiez. Deuxièmement,
vous nous avez expliqué que vous vouliez faire plusieurs démarches au
niveau de soins à domicile, d'autres hébergements. Ça, c'est tout, pour moi,
des solutions macro. Est-ce qu'il n'y aurait
pas des solutions plus micro, là, lorsqu'une personne de 75 ans arrive, pour
ne pas la coucher sur une civière, lui faire
perdre ses repères, la laisser dans un endroit plus tranquille qu'une urgence,
l'accompagner, si elle a encore de l'autonomie,
en la laissant assise, pour ne pas qu'elle perdre ses repères, directement, là,
parce qu'on...
Le
problème des urgences, là... Moi, c'est mon quatrième mandat. En 2003, l'élection
s'était faite là-dessus : On va réduire le temps dans la santé, puis vous
nous jugerez sur les résultats. Bon, là, j'ai comme perdu mes illusions là-dessus. Je pense que vous ne réglerez peut-être
pas ce problème-là d'ici la prochaine année, mais est-ce qu'on pourrait,
de façon plus micro, accompagner les
personnes de 75 ans et plus, quand elles arrivent à l'urgence puis qu'on le
sait qu'elles vont rester là au moins 12 à 24 heures?
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre, en trois minutes.
M. Hébert : M. le Président, c'est pour ça que je
vais en politique. Parce que, moi, je ne les ai pas perdues encore, mes illusions, puis je pense qu'il y a moyen de
faire en sorte que les personnes âgées, notamment, soient mieux considérées à l'urgence. Et ce n'est pas pour rien
que j'ai montré tout à l'heure le graphique où la durée moyenne de
séjour des personnes de plus de 75 ans est
de plus de 20 heures dans une salle d'urgence; chaque heure qu'on attend avant
de réadapter, c'est des jours de réadaptation, et souvent sans la promesse d'un
succès au bout de la ligne.
Alors, c'est important d'avoir, dès l'arrivée
à l'urgence d'une personne âgée, une approche adaptée. Et on a insisté pour que le
programme d'approche adaptée des personnes âgées... Dans les hôpitaux, il y a
un programme, là, qui a été réalisé,
notamment par les deux instituts de gériatrie de Montréal et de Sherbrooke, en
collaboration avec le ministère, un programme
de l'approche adaptée, où il y a une section très particulière sur l'urgence,
pour qu'on puisse identifier, là, repérer
les personnes âgées à risque, à l'urgence, rapidement, intervenir rapidement
pour les mobiliser, pour les hospitaliser le plus rapidement possible
pour qu'elles ne restent pas en bas, dans la salle d'urgence. Ce programme-là,
il va être intensifié, et je pense que... Je
suis tout à fait d'accord avec vous, là, je suis 100 %, et c'est en plein
dans la politique que nous voulons mener, que chaque établissement...
Je n'irai pas le faire
moi-même, là, de façon micro, parce que ce n'est pas mon rôle. Mais, moi, ce
que je peux faire, c'est de faire en sorte que, dans chacun des établissements,
on ait la préoccupation de garder le moins longtemps
possible les personnes de plus de 75 ans sur une civière à l'urgence, en
regardant le plafond, comme vous dites, mais
de les admettre le plus rapidement sur une unité de soins où l'approche adaptée
va être beaucoup plus facile à réaliser et où la remobilisation, la
réactivation des personnes va être beaucoup plus simple à réaliser qu'à l'urgence.
Écoutez, l'urgence, pour en avoir fréquentées, ce n'est
pas le milieu pour garder les personnes âgées, ce n'est pas fait pour ça, là.
Alors, il faut vraiment faire en sorte qu'on puisse orienter les personnes le
plus rapidement possible dans des services qui peuvent leur accorder
toute l'attention qui est nécessaire.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Il
vous reste une minute, Mme la députée.
Mme Roy
(Arthabaska) : Le déploiement de ce
programme-là va se faire comment?
M.
Hébert : ...actuellement
en cours. Le programme, on est... L'outil de repérage, là, parce qu'on a des indicateurs, alors il a
été implanté à 90 %; les mécanismes de suivi, presque à 90 % aussi; l'application
du programme de marche ou de mobilité
à la salle d'urgence, c'est celui-là qu'il reste à implanter. On est à
seulement 44 % d'implantation. Alors, on suit l'implantation de ce programme-là, là, dans chacun des hôpitaux, et
c'est, je pense, un pas important dans la bonne direction pour que les hôpitaux réalisent, là, qu'une personne âgée, ça
commande une intervention spécifique. Comme, dans les années 60, on a réalisé qu'il fallait faire différemment avec
les enfants, et on a donc développé toutes des approches pour la pédiatrie, bien là on est rendus à faire
la même chose pour les personnes âgées. Et je suis très heureux de voir
qu'on a un programme et qu'on a une
stratégie pour faire en sorte que nos hôpitaux, qui accueillent de plus en plus
de personnes âgées, puissent adapter leur fonctionnement à cette
réalité-là et faire en sorte que les personnes âgées reçoivent des soins
appropriés à leur condition puis des soins orientés vers le retour à l'autonomie.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Maintenant, je cède la parole à Mme la députée de
Saint- Henri — Sainte-Anne.
Mme Blais : On va rester dans ce sujet-là, parce que c'est un beau
sujet, et je l'aime. Et, quand on a fait la consultation
publique sur les conditions de vie des aînés, j'avais dit à l'époque au
ministre de la Santé : Il y a la pédiatrie sociale; vous devriez devenir le Dr Julien des aînés et faire la
gériatrie sociale. Il m'avait répondu : La gériatrie, c'est social.
Sauf
que, dans la perception, c'est très différent. Et vous savez qu'à un moment
donné j'ai rencontré un docteur au CUSM qui voulait avoir un financement pour Hôpital
ami des aînés. Et Hôpital ami des aînés, ça sonne et ça résonne pas mal différemment du titre qui est long comme ça qu'on
a donné tout à l'heure. Et on a financé, sur trois ans,
100 000 $ par année, un projet. Et
mon rêve était qu'on puisse financer des projets, cette approche-là, parce qu'on
m'avait expliqué que 42 % des
personnes qui entraient à l'hôpital, très malades, après 75 ans, développaient
le délirium, et c'est le délirium qui faisait
en sorte que les personnes devenaient en perte d'autonomie, et qu'elles avaient
de la difficulté à retourner à domicile, et que, bien souvent, elles se
retrouvaient en CHSLD.
Alors,
le délirium faisait en sorte qu'on formait aussi non seulement le personnel,
mais qu'on formait les bénévoles et qu'on formait les membres de la famille, parce
qu'il y avait une question de faire boire la personne, la faire marcher,
etc. Je ne veux pas prendre trop de temps,
mais je crois que c'est important, aussi d'un point de vue de communication,
faire connaître à la population québécoise
que nous avons des hôpitaux amis des aînés au Québec. Et je crois que, les
hôpitaux, s'ils n'ont pas d'incitatif financier...
Bon, ce n'est pas tant que ça, 300 000 $ sur
trois ans, mais ça permet de mettre en place le programme, et on l'a fait avec le CUSM.
Ça, c'est le Secrétariat des aînés qui l'a fait, puis je lève le chapeau au
Secrétariat des aînés pour ça, pour avoir
accepté ce projet-là, un projet pilote. Mais, si on est capable de le
développer partout et de le faire connaître, un, la population va se sentir tellement plus en sécurité
lorsqu'elle va entrer à l'hôpital, quand elle va savoir que sa mère ou
son père est hospitalisé. Donc, la question de ma collègue députée d'Arthabaska,
de la CAQ, je trouvais que c'était une question fabuleuse.
Alors,
moi, j'implore le ministre de travailler très fort. Moi aussi, je suis venue en
politique vraiment pour changer le cours des choses. Donc, on est en politique pas
seulement pour faire de la politique, mais pour changer la vie des gens
dans la société. Alors, je l'implore de faire en sorte qu'on puisse reconnaître
ce modèle-là. Les gens ne le savent pas, que ça existe.
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M. Hébert : M. le Président, les implorations de la députée de
Saint-Henri — Sainte-Anne sont...
Une voix : ...
M.
Hébert : ...sont
entendues, sont entendues. L'approche adaptée pour les personnes âgées qui est actuellement en implantation
est très proche du concept d'Hôpital ami des aînés, et on veut faire en sorte
que tous les établissements du réseau
de la santé et des services sociaux soient adaptés à une approche qui stimule l'autonomie
des aînés et qui fait en sorte qu'on
puisse avoir une restauration la plus rapide possible de leur autonomie, suite
à une maladie ou une décompensation. Alors, c'est vraiment dans la même
lignée, dans la même pensée que le mouvement Hôpital ami des aînés.
Et
je suis un petit peu préoccupé, M. le Président, je vois le temps passer puis
je me serais attendu qu'on parle plus d'intégration
des aînés dans la cité que des soins et services aux aînés. On est en train d'avoir
le même biais dont avait peur la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne tout à l'heure, là, qu'on résume les aînés aux
aînés en perte d'autonomie. J'aimerais ça qu'on
parle un peu plus d'intégration des aînés dans la cité, et qu'on puisse
regarder tout le travail du
Secrétariat des aînés, qui est un travail extrêmement important et extrêmement
porteur pour les aînés, au-delà des soins et services aux personnes
âgées en perte d'autonomie.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
•
(11 h 20) •
Mme Blais : Au tout début de la commission parlementaire, il m'a pas
mal sécurisée quand il a commencé à mentionner
toutes les actions de la politique qui étaient respectées. Alors, moi, je lui
ai posé la question : Quelles sont les actions que vous n'allez pas respecter? Puis je n'ai pas eu de réponse,
alors j'ai comme l'impression que le 2,7 milliards de dollars dévolu à la politique Vieillir et vivre
ensemble — Chez soi, dans sa communauté, au
Québec, c'est des actions respectées. Et, s'il veut m'en parler un peu plus,
il y a 18 millions de dollars pour les travailleurs de milieu, et nous
avions entendu ensemble l'importance des travailleurs de milieu, travailler
aussi sur les personnes qui vivent des différences dans leur vie.
Quand j'ai dit en préambule qu'on avait travaillé avec la
Fondation Émergence, quand on avait travaillé à
une recherche sur le VIH, les 50 ans et plus, comment il faut travailler sur
des actions qui sont différentes, c'est dans ce sens-là où je trouvais que l'enjeu
et que le travail du Secrétariat des aînés était extrêmement important, comment
le Secrétariat des aînés fait en sorte de rallier les 10 municipalités de plus
de 100 000 habitants ensemble pour que les municipalités puissent travailler, comment le Secrétariat des aînés a
pu, pendant que l'appui aux proches aidants est en train de se développer, financer des projets pour
6 millions de dollars pour les proches aidants. On n'en parlait pas
avant, ou très peu, des proches aidants, au Québec.
C'est avec le Secrétariat des aînés qu'on a développé des projets pour
les proches aidants, parce que, si on veut
garder des aînés actifs chez eux, il faut aussi soutenir les proches aidants.
On ne veut pas deux personnes malades.
Alors,
moi, je voudrais bien qu'il continue de nous parler de cette politique et des
actions qui seront respectées, et comment il entend rendre la politique encore plus
vigoureuse. Parlez-nous du plan de maltraitance; vous voulez en faire
une politique; moi, je pense que c'est une
politique en soi. Les gens se rencontrent à chaque année pour décider de ce
qu'ils veulent de plus dans ce plan pour
contrer la maltraitance. Ce n'est pas écrit sur le papier une fois pour toutes,
dans la vie. Donc, parlez-nous de ce que vous voulez faire de plus et
comment vous allez l'améliorer. Ça, ce sont les actions du Secrétariat des
aînés.
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
M. Hébert : Merci, c'est intéressant. Alors, la
façon dont on va — et je l'évoquais dans mes notes introductives — un peu réorienter la
politique Vieillir et vivre ensemble, c'est d'agir sur quelques stratégies. D'abord,
et vous m'avez entendu déjà, dans le
passé, qualifier cette politique de catalogue, il y a beaucoup de petits
projets, de petits programmes. Bien sûr, ça fait des annonces
intéressantes, le dimanche, là, mais...
Une voix : ...
M.
Hébert : ...mais
je pense qu'il y a lieu de regrouper ces différents programmes, de regrouper
ces différents programmes pour diminuer... Écoutez, l'objectif, là, c'est de diminuer
tant le travail des organismes qui ont à préparer des demandes que le
travail du Secrétariat des aînés de faire l'analyse de ces multiples programmes
là. Alors, ce que j'ai demandé au
Secrétariat des aînés, c'est de regrouper ces programmes-là sous un chapeau, un
parapluie d'un programme plus
multidimensionnel, et de décentraliser le programme dans les régions, donc de
faire en sorte que l'administration et la
sélection des projets soient faites dans les régions, après entente avec les
conférences régionales des élus, donc dans le cadre des ententes spécifiques qu'on va bonifier. Donc, on va transférer
toute la gestion de ces projets dans les régions et faire en sorte que les régions puissent choisir
les projets qui correspondent aux besoins régionaux. Alors, c'est l'opération
qu'on est en train de faire, donc de regrouper sous une bannière beaucoup plus
large l'ensemble des programmes du secrétariat et de décentraliser sa gestion
aux conférences régionales des élus.
Nous
avons rencontré les responsables des conférences régionales des élus et des
tables de concertation des aînés, qui sont
partie prenante à ce processus, pour les informer de la situation. Ça a été
vraiment très bien accueilli par les gens du milieu, pour qu'on puisse faire en
sorte que ce programme-là soit malléable, donc qu'on puisse l'adapter aux
réalités régionales. Alors, c'est ce que nous allons faire. Donc, ce
processus-là est bien amorcé.
La
deuxième action, c'est d'aligner ces différents programmes sur Municipalité
amie des aînés. Et ça me permet de peut-être
répondre... de commencer la réponse à la question qui m'a été posée
précédemment. Le programme Municipalité amie
des aînés, c'est un programme extrêmement intéressant. Et je me souviens des premiers
balbutiements de ce programme. En fait, j'ai été associé, au début des années
2000, à une démarche que la ville de Sherbrooke avait entreprise dans le cadre
de Villes en santé. Et on avait donc mis en place un comité multisectoriel pour
s'intéresser à la santé des aînés, à faire en sorte que Sherbrooke soit une
ville qui est préoccupée, qui a une politique d'intégration des aînés dans la
cité.
Et,
lors d'un congrès — les congrès
scientifiques à l'étranger ne servent pas juste à faire du tourisme, M. le Président, mais servent aussi à rencontrer des
gens intéressants — lors d'une rencontre que j'ai eue avec
le Dr Alex Kalache, qui, à l'époque, en 2006, était directeur du vieillissement à l'Organisation
mondiale de la santé, et de Louise Plouffe, qui est de Santé Canada et
qui était prêtée à l'Organisation mondiale de la santé pour le dossier du
vieillissement, on a discuté
du projet de l'Organisation mondiale de la santé, du projet Ville amie des aînés,
VADA. Et c'est un projet que je trouvais
extrêmement intéressant et qui s'alignait avec ce que Sherbrooke avait fait. Et
là, lorsqu'on m'a dit qu'il y avait 50
villes pilotes à travers le monde, je leur ai dit : Écoutez, il faudrait
que Sherbrooke soit une de ces villes pilotes là. Et effectivement le
programme a été lancé avec 51 villes pilotes, incluant Sherbrooke.
Et Sherbrooke est devenue, parce que l'expérience de
Sherbrooke a été associée dès le départ à des activités de recherche, alors Sherbrooke, par ses activités de
recherche que mes collègues Suzanne Garon et Marie Beaulieu ont réalisées autour de Sherbrooke amie des aînés,
donc il y a eu tout un travail de conceptualisation de ce programme et
de développement d'outils, si bien que,
lorsqu'en 2007 on a fait la consultation publique sur les conditions de vie des
aînés, on avait eu les personnes de
Sherbrooke, Ville amie des aînés qui sont venues faire état de ce programme
fort intéressant. Et j'étais très heureux de voir que Mme la députée de
Saint-Henri — Sainte-Anne avait trouvé ce
projet-là extrêmement intéressant, porteur,
et l'a soutenu, et je lui rends hommage d'avoir vraiment soutenu le
développement de ce programme.
Et un
programme qui fait en sorte que le Québec se retrouve à l'avant-garde, parce
que les outils qui ont été développés dans
le cadre de Sherbrooke, Ville amie des aînés, parce qu'ils étaient réalisés par
des chercheurs de renom, ont été
adoptés par l'ensemble du programme international de Ville amie des aînés de l'OMS.
Et donc, le Québec, non seulement par
son originalité scientifique, mais aussi par le développement des Municipalités
amies des aînés à la grandeur du
Québec, est devenu un leader dans ce domaine-là. Et ce n'est pas étonnant que,
lorsqu'on a soumis la candidature du Québec
pour accueillir le prochain congrès de Ville amie des aînés, que cette
candidature a été accueillie avec beaucoup d'enthousiasme par l'Organisation
mondiale de la santé.
Et nous aurons l'occasion, en septembre prochain, donc, d'accueillir
cette deuxième conférence sur Ville amie des
aînés, et c'est une conférence qui va permettre de vraiment faire un partage
des expériences, des outils qui ont été développés
à travers le monde pour mieux intégrer les personnes âgées dans la société. Et
il y aura non seulement des administrateurs
municipaux, des élus, mais aussi des chercheurs qui vont être là pour discuter
de ce programme, discuter des façons
d'améliorer les services communautaires, l'urbanisme, les transports pour faire
en sorte que les villes soient plus accueillantes pour les aînés.
Alors,
nous voulons vraiment nous servir des Municipalités amies des aînés, nous
servir des 579 municipalités, dont 10 des plus grandes villes au Québec, pour
asseoir le développement des programmes et des projets qui visent à
mieux intégrer les aînés dans leur
communauté. Alors, c'est pour ça que Municipalité amie des aînés va vraiment
être au coeur de la politique du Secrétariat des aînés. Et je vais
laisser Catherine Ferembach, pour répondre plus en détail tout à l'heure à la question de mes collègues, donner un
tour d'horizon des différents programmes qui vont être regroupés avec la
stratégie que nous entendons mettre en place.
•
(11 h 30) •
Le Président (M.
Picard) : Et est-ce qu'il y a
consentement pour entendre madame?
M. Hébert : On est sur le temps de qui, là?
Le Président (M.
Picard) : O.K. Mais est-ce que vous
voulez...
M. Hébert : Ça sera dans le bloc suivant.
Le Président (M. Picard) : Si vous ne donnez pas votre consentement... O.K.
M. Hébert : Oui. Bien, continuez, mais c'est pour ça que je l'annonce
dans le bloc suivant.
Le Président (M. Picard) : Donc, madame, ça sera pour plus tard,
lors de votre prochain bloc. O.K. Mme la députée.
Mme
Blais : Je suis
très, très contente que le ministre réalise que... nous rende hommage, parce
que, vraiment, c'est un projet qu'on a porté à bout de bras. Vous vous imaginez,
arriver dans un Conseil des ministres et dire qu'on veut implanter des villes amies des aînés? Alors, ça
peut faire drôle. Et puis, aujourd'hui, on a 579 municipalités, et, d'ici
2017, c'est 860 municipalités.
Et
j'étais en Irlande, et vraiment ça a été un voyage fabuleux, de pouvoir
constater comment on pouvait, aussi, réseauter, et comment on a mis en place le premier
Réseau francophone des villes amies des aînés. Et c'est la mairesse de
Sainte-Julie, avec le maire de Dijon, qui forment le tandem des coprésidents de
ce Réseau francophone des villes amies des aînés.
Et
je suis très heureuse aussi que le ministre reconnaisse que les Municipalités
amies des aînés sont au coeur de la politique
Vieillir et vivre ensemble, et que nous voulions aussi que les projets, dans le
cadre... on a tout regroupé ça autour de Québec ami des aînés, soient regardés
par les régions et les municipalités qui ont déposé des projets.
Mais j'aimerais peut-être revenir à un sujet... C'est
vrai qu'on parle beaucoup, dans ces commissions parlementaires, de personnes en perte d'autonomie. Mais, moi, il y
a quelque chose qui... Étant donné que j'ai aussi maintenant le chapeau des CHSLD puis des ressources intermédiaires, je
veux en parler : je veux parler des CHSLD. Je veux dire que c'est
très mal perçu dans la société puis je veux
qu'on travaille aussi là-dessus. Les gens, à toutes les fois, dans les médias,
qu'ils parlent des CHSLD, c'est
toujours pour dire qu'on maltraite nos aînés dans les CHSLD, que nos aînés mangent
mal. Il faut travailler sur un
concept de milieu de vie. Quand on parle qu'il y a de la zoothérapie dans les
CHSLD, les gens se demandent pourquoi.
Moi,
je me souviens de mon épisode de clowns thérapeutiques, et, si c'était à
refaire, M. le Président, je financerais les clowns thérapeutiques parce qu'ils sont là
pour aider des personnes en perte cognitive. Alors, souvent on a l'impression
que les gens qui
vivent en CHSLD, ce sont des personnes qui n'ont pas besoin de vivre. Donc, il
faut vraiment créer des milieux de vie et il faut que ça se sente, qu'on
crée des milieux de vie dans ces CHSLD.
Le
ministre a émis un communiqué concernant les visites qu'il était pour faire
dans les CHSLD. Nous avions antérieurement
émis un communiqué qui est assez similaire. Je trouve que c'est important aussi
que les visites d'appréciation se
fassent, qu'on puisse manger avec les résidents. Et j'irais même, M. le
Président, plus loin : il faudrait déposer une loi sur l'alimentation, je l'ai souvent dit, là, une
loi concernant l'alimentation dans les CHSLD, concernant les tarifs,
parce que c'est variable d'un endroit à un
autre. Il faudrait qu'il y ait un tarif de base pour l'alimentation dans les
CHSLD; je pense qu'on est rendus là au Québec.
Le Président (M.
Picard) : Merci, Mme la députée. M.
le ministre, vous avez 2 min et 30 s.
M. Hébert : Bon, pour parler des CHSLD, O.K., je pense que la qualité
des services dans les CHSLD est extrêmement intéressante. Mme la députée parle
de milieu de vie, il faut concilier, et ce n'est pas un exercice facile, M. le
Président, dans ces milieux-là, concilier le milieu de soins et le milieu de
vie. Et, de plus en plus, les CHSLD accueillent
des clientèles en lourde perte d'autonomie, et il faut donc que le milieu de
vie s'adapte à cette réalité-là et qu'on puisse aussi avoir un milieu de
soins.
Et
je suis préoccupé, entre autres, par certains CHSLD qui, lors d'un problème
physique et transitoire, vont envoyer leur
usager à l'urgence puis à l'hôpital plutôt que de le traiter sur place. Alors,
il faut retrouver, là, un milieu de soins aussi,
parce qu'il faut retrouver, dans ces établissements-là, une compétence à être
capable de traiter sur place des problèmes infectieux ou des problèmes de détérioration respiratoire ou cardiaque
qui surviennent de façon intercurrente. Alors, c'est important aussi d'assurer
un milieu de soins.
Bien sûr, il y a des
visites d'appréciation, M. le Président, qui nous permettent d'identifier des
situations problématiques. Mais, pour moi, l'élément fondamental, l'élément
fondamental du maintien de la qualité dans un établissement
et dans un CHSLD, c'est l'agrément de cet établissement-là, M. le Président.
Alors, il est important que cet établissement-là
puisse satisfaire à des normes d'agrément. Et on a deux organismes d'agrément :
Agrément Canada et le Conseil québécois de l'agrément des établissements
de santé, qui implantent dans les établissements des processus extrêmement
stricts et rigoureux pour s'assurer que la qualité soit au rendez-vous pas
seulement lors de la visite d'inspection,
mais soit au rendez-vous 365 jours par année, M. le Président, et 24 heures par
jour. Et, pour moi, ça, c'est la base
d'une approche qualité, et je suis très heureux de voir que tous nos
établissements sauf six, M. le Président, ont un agrément complet soit d'Agrément
Canada ou du Conseil québécois d'agrément. Il y en a six ou sept... Six?
Une voix : Six.
M. Hébert : Six qu'on doit accompagner, qui ont eu un refus d'agrément,
et donc ça nous identifie, là, des établissements
qui ont des problèmes, des problèmes de qualité. Et on travaille avec les
agences et avec ces établissements-là pour
restaurer la qualité et faire en sorte que ces établissements-là puissent avoir
un agrément complet, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : ...M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de
Laval-des- Rapides pour une période de 20
minutes.
M.
Bureau-Blouin :
Oui, merci beaucoup, M. le Président. J'aimerais m'entretenir avec vous, M. le ministre, un peu des
relations avec les différents partenaires du milieu des aînés. Mais j'aimerais
d'abord, peut-être, qu'on revienne un peu
sur la question de mon collègue de Saint-Hyacinthe, qui avait une question
concernant la conférence internationale VADA, dont la ville de Québec va
avoir l'honneur d'accueillir la deuxième conférence, du 9 au 11 septembre.
Et je me demandais s'il était possible d'expliquer un peu
quels seront les objectifs de cette conférence et d'élaborer un peu sur l'événement
pour savoir ce qui s'y retrouve, parce que je pense que c'est important, ça va
être un événement très important pour
la suite des choses et surtout dans un contexte, comme je le disais, de
transformation démographique. Je pense
qu'on a un devoir de suivre avec attention les travaux de ces types de
conférences, et j'aimerais savoir un peu quel rôle va y jouer notamment
le gouvernement du Québec.
Le Président (M.
Picard) : Merci. M. le ministre.
M.
Hébert : M. le
Président, pour répondre aux deux questions, en fait, sur les programmes du
Secrétariat des aînés et sur la conférence, je
voudrais demander le consentement pour entendre Mme Catherine Ferembach, qui
est sous-ministre adjointe au Secrétariat des aînés.
Le Président (M.
Picard) : ...pour entendre madame.
Veuillez vous identifier, et, après ça...
Mme Ferembach
(Catherine) : Bon, alors, pour
répondre à la première question au niveau des objectifs...
Le Président (M.
Picard) : Veuillez vous identifier
avant, avec votre titre.
Mme
Ferembach (Catherine) : Oh! Je m'excuse, monsieur. Catherine Ferembach, sous-ministre adjointe au ministère de la Santé et des Services sociaux.
Le
Président (M. Picard) : Merci.
Mme Ferembach
(Catherine) : Alors, pour répondre à
la première question, qui concerne les objectifs qu'il y aura avec la conférence qui va se tenir, comme ça a été souligné, ça
va être la deuxième conférence internationale. La première avait lieu à
Dublin, la deuxième sera donc au Québec au mois de septembre prochain. Il faut
savoir que la démarche MADA, ou Ville amie
des aînés — nous, on l'appelle Municipalité amie
des aînés au Québec, mais, au niveau de l'Organisation mondiale de la santé, on parle
de Ville amie des aînés — alors, cette
conférence-là, il faut savoir que l'OMS a développé l'approche, et, M. Hébert le
soulignait, grâce, je dirais, à l'initiative du Québec au départ. Et, à
travers le monde, il y a plusieurs endroits
où on développe l'approche. Le Québec, par contre, est, on peut dire, un
leader. L'OMS nous l'a d'ailleurs écrit à plusieurs occasions dans les
correspondances qu'elle a faites avec nous.
•
(11 h 40) •
Alors, pour les
objectifs en tant que tels, je vais vous les lire. Il y a d'abord de renforcer
le dialogue et la concertation entre les
différents acteurs impliqués dans la démarche VADA, MADA pour nous ; réfléchir aux enjeux
actuels reliés au vieillissement de la
population et aux différentes stratégies visant à soutenir la mise en oeuvre
des VADA à travers le monde;
valoriser les initiatives VADA par le partage des connaissances, des
programmes, des meilleures pratiques et des outils; explorer et échanger sur les mesures d'évaluation du progrès des
démarches issues des programmes VADA. Et donc ça fait le tour des grands
objectifs.
Ce
qu'il faut comprendre dans la démarche Ville amie des aînés, c'est que ce n'est
pas une démarche uniquement gouvernementale.
Ça implique les municipalités, mais ça implique aussi les acteurs du milieu.
Donc, les organismes communautaires, les organismes du milieu, mais aussi les
représentants des personnes aînées sont dans chacune des municipalités impliquées dans la démarche, dans la
réflexion qui pourra amener un plan d'action pour adapter la
municipalité au vieillissement de la population.
Alors,
à cette image-là, lors de la tenue de la conférence, en plus des gouvernements
qui épaulent la démarche VADA à travers le monde, en plus des
municipalités, les organismes du milieu et les représentants des aînés ou
retraités seront également conviés, comme on vient de le souligner autour de la
démarche VADA, à identifier les meilleures pratiques,
réseauter entre nous et pouvoir innover encore dans ce domaine-là. Alors, ça
fait le tour au niveau de la conférence.
Si je peux poursuivre
sur le programme à proprement parler, le programme à proprement parler, on le soulignait, donc, c'est une démarche qui a pris
court depuis 2008. On l'oublie souvent, parce qu'on dit que c'est à l'origine
de l'Organisation mondiale de la santé, mais, je le répète encore, c'est aussi,
au départ, une initiative du Québec.
Donc,
en 2008, suite à la première vague qui avait eu lieu, à laquelle Sherbrooke
avait participé, il y a eu d'abord un premier octroi d'un financement de
2,8 millions sur cinq ans pour aider six municipalités à réaliser un
projet pilote. Les municipalités en
question étaient, naturellement, Sherbrooke, Granby, Rimouski, Drummondville,
Rivière-du-Loup, et l'arrondissement de Charlesbourg à Québec ainsi que
la MRC de Témiscamingue.
Suite
à la réalisation et au succès de ces expériences pilotes là, dès 2009, il y a
un premier programme qui a pris pied, dont je vais vous parler tantôt, qui était
doté d'une enveloppe de 1 million de dollars et qui visait à financer
chacune des municipalités pour réaliser la démarche MADA. Ce budget-là a été
doublé en 2011-2012. Il est maintenant de 2 millions
par année. Et, à ce jour, on le soulignait, il y a 579 municipalités et MRC qui
ont entrepris la démarche MADA. Il
faut savoir que, dans les 579 municipalités, on retrouve les 10 plus grandes
villes du Québec, donc on peut dire qu'à l'étape actuelle la plus grande
partie de la population du Québec est couverte par la démarche MADA.
Alors,
les grands objectifs de la démarche MADA, c'est d'augmenter la proportion de la
population qui vit dans une municipalité ou
une MRC dotée d'une politique des aînés et d'un plan d'action qui en découle.
Je vous disais déjà qu'il y avait une grande
partie de la population qui est touchée par la démarche. Elle promeut, et je
pense que c'est important de le souligner, les relations entre les
générations et permet de concevoir des stratégies communes avec les autres
politiques et plans d'action de la municipalité. Donc, ce n'est pas l'idée de
développer un plan d'action sur le vieillissement de la population qui est
enfermé dans ses frontières, mais au contraire de travailler avec d'autres
plans d'action qui peuvent toucher d'autres générations.
Alors,
la finalité d'une démarche MADA, ce que ça vise, c'est une municipalité ou une
MRC qui met un frein à l'âgisme, qui sait adapter ses politiques et ses services et structures,
qui agit de façon globale et intégrée et qui favorise la participation
des aînés, et aussi qui s'appuie, je le soulignais tantôt, sur la concertation
et la mobilisation de toute la communauté.
Dans
la démarche, d'une façon très technique, il y a six grandes étapes qui doivent
être franchies. La première étape, c'est d'obtenir l'accord des élus municipaux
et mandater une personne responsable des dossiers aînés, préférablement celle qui a la responsabilité des questions
familiales ou de l'accessibilité universelle. On voit qu'il y a une idée d'intersectorialité
dans cette approche-là.
On doit mettre aussi
sur pied un comité de pilotage qui est composé de personnes aînées engagées
dans leur milieu, et je vous dirais que c'est
un élément majeur dans l'approche MADA, d'organismes qui représentent leurs
intérêts, de représentants municipaux,
naturellement, et, préférablement, du CSSS ou d'un membre local de la table
régionale de concertation des aînés.
Une
fois que, ça, c'est fait, on passe à la troisième étape, qui est d'effectuer un
diagnostic du milieu comprenant un profil du territoire visé, un inventaire des
services offerts aux personnes aînées et une analyse des besoins basée sur
leur point de vue. Enfin, on rédige, en
quatrième étape, une politique Municipalité amie des aînés et son plan d'action
d'une durée minimale de trois ans. Je vous
donnerai tantôt des exemples concrets de ce qu'on peut retrouver dans un plan
d'action.
Ensuite,
naturellement, la cinquième étape, bien, c'est de mettre en oeuvre ces
actions-là en assurant la participation des
divers partenaires.
Et, la sixième étape, qui mènera
finalement à retourner à la première ou continuer, c'est d'évaluer la démarche et les actions de façon continue pour, au bout de
trois ans, reproduire un nouveau plan d'action et s'adapter. Alors, concrètement, ce que l'on fait... ça, ça vous
explique les démarches qui sont faites, mais, pour que cette démarche-là
ait lieu, naturellement, il faut du financement et de l'accompagnement qui
soient faits auprès des municipalités.
Alors, la première chose, c'est qu'il y a un
soutien financier qui varie en fonction de la taille de la municipalité et du type
de projet, en vue d'élaborer une politique des aînés et un plan d'action qui en
découlent. Je dois vous préciser que c'est un programme qui a beaucoup
de succès, mais qui, par municipalité, n'est pas si dispendieux que ça puisqu'on
parle d'un financement, en fonction de la grosseur de la municipalité, qui
varie de 10 500 $ à 25 000 $ par municipalité.
Les
municipalités contribuent aussi financièrement à la réalisation, donc elles
ont, en fonction de la grosseur, toujours, de la municipalité, un montant entre
10 % et 50 % du coût total du projet. Le soutien financier permet à
la municipalité ou à la MRC de réaliser les
quatre premières étapes, donc, celles que je vous parlais, bon, d'identifier
un élu, de mettre sur pied le comité de
pilotage, de faire le diagnostic et d'élaborer la politique ou le plan d'action.
Je dois vous dire aussi que, depuis
Québec ami des aînés, on a mis l'accent, et ça va continuer à être dans ce
sens-là et même accentué, pour que
les actions qui découlent des plans d'action puissent être financés dans des
programmes comme Québec ami des aînés. Donc, il y a une logique qui
apparaît.
Au-delà du soutien financier offert aux
municipalités, il y a deux soutiens techniques qui sont importants, puis je pense que c'est
une clé du succès de Municipalité amie des aînés. D'abord, il y a le Carrefour
d'action municipale et famille qui
offre de l'accompagnement personnalisé pour chacune des municipalités :
comment faire le plan d'action, comment faire le diagnostic, comment
respecter les étapes. Et le Carrefour d'action municipale et famille et, je
vous dirais, le Secrétariat aux aînés, on
est accompagnés du Centre de recherche sur le vieillissement de l'Université de
Sherbrooke qui, depuis le début, on
le disait tantôt, avant 2007, après 2007, depuis le début, suit tous les
travaux de Municipalité amie des aînés
et continue... par exemple, ils sont en train de produire un guide qui va bien
expliquer aux municipalités les différentes démarches, qu'est-ce qui
peut être fait dans leur plan d'action, comment faire les consultations.
Donc, le Centre de recherche sur le
vieillissement est là depuis le début, et on dit que c'est une formule gagnante, parce qu'on a
l'intervention du gouvernement à travers le Secrétariat aux aînés. On a le
Carrefour d'action municipale et famille
qui offre un service concret auprès des municipalités pour les accompagner et
on a le Centre de recherche sur le vieillissement
qui, je dirais, donne toute la rigueur à la démarche et nous permet de
continuer à innover. Au terme de tout ce processus-là ou plutôt quand le plan d'action et la politique seront
élaborés, il y a une reconnaissance qui est faite de la ville. Donc, la ville reçoit une certification qui
fait en sorte qu'on reconnaît qu'elle a élaboré le plan d'action.
Naturellement, au bout de trois ans, comme j'expliquais, le processus
recommence.
Actuellement, il y a 54 municipalités ou MRC
qui ont obtenu leur reconnaissance. Et, si je vous donne des exemples concrets de ce que ça donne dans les
municipalités, par exemple pour la ville de Baie-Saint-Paul, il y a eu l'aménagement de stations d'exercice pour aînés au
parc espace intergénérationnel, qui est situé près de la polyvalente et de deux résidences pour personnes aînées, alors on
voit, là, ici l'intergénérationnel. Il y a aussi l'adoption d'un plan de
communication afin d'améliorer la diffusion
de la formation concernant les aînés. Il y a eu aussi l'aménagement de
traverses piétonnières pour les besoins des personnes à mobilité réduite. Je
dois vous dire que ces aménagements-là peuvent servir aussi aux familles.
Dans la ville de Québec, l'arrondissement de
Charlesbourg, il y a eu le lancement de La Boursicote. C'est un réseau à l'intérieur duquel les membres s'échangent des
services variés, donc les aînés qui s'aident entre eux, l'organisation d'un
atelier de cuisine lors duquel une nutritionniste sensibilisait les aînés à l'importance
d'une saine alimentation. Il y a eu la tenue de séances d'information dans des endroits
stratégiques dans le but de combattre l'isolement social.
Dans
la ville de Sherbrooke, il y a eu l'inauguration d'une salle dédiée aux aînés
dans un nouveau centre communautaire et culturel. Il y a eu aussi l'élaboration
d'un plan de communication visant à développer la culture du civisme envers les
aînés, non seulement auprès du personnel de la ville, mais également auprès de
la population en général. Il y a eu aussi la
mise en ligne de deux services de communaubus pour les aînés. Donc, on voit que
ça touche toutes les facettes de vie, tant au niveau social qu'au niveau
transport, qu'au niveau alimentation.
La ville de Trois-Rivières, il y a eu la
préparation d'une page dédiée aux aînés sur le site Internet de la ville, la mise en place par la
Société des transports de Trois-Rivières de divers modes de transport :
navette, desserte, laissez-passer lors d'événements
spéciaux, jumelés avec des stationnements incitatifs. Et là je vous ai parlé
tantôt de la conférence, donc ça fait le tour de la question.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme
Ferembach. Oui. Oui, M. le ministre.
M. Hébert : ...une pause de quelques minutes sur
le temps gouvernemental pour qu'on puisse satisfaire certains besoins physiologiques, M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : Il n'y a
aucun problème. Est-ce qu'on détermine la durée de la pause?
M.
Hébert : Deux minutes, ça va être
assez.
Le
Président (M. Picard) : Deux minutes?
Deux minutes.
(Suspension
de la séance à 11 h 48)
(Reprise à 11 h 52)
Le Président (M. Picard) : Nous allons reprendre. Donc, il reste
quatre minutes au groupe formant le gouvernement .
Oui, M. le ministre?
M.
Hébert : ...Mme Ferembach puisse
compléter avec les infrastructures, s'il vous plaît, la réponse.
Le
Président (M. Picard) : Pas de
problème. Veuillez vous identifier à nouveau.
Mme Ferembach (Catherine) : Alors, Catherine Ferembach,
sous-ministre adjointe au ministère de la Santé
et des Services sociaux.
Alors, dans ma présentation, tantôt, j'ai
omis de faire référence à un programme qui est aussi complémentaire à Municipalité
amie des aînés, qui vient donner, je dirais, du renfort, puisque c'est une
enveloppe de 3 millions de dollars par année qui est faite pour des petits programmes d'infrastructure.
Tantôt, je parlais d'installations dans des parcs. C'est ce genre de
financement là qui peut y aller. Donc, c'est avec le ministère des Affaires
municipales, qui accorde une enveloppe de
3 millions de dollars par année exclusivement réservée aux municipalités
qui ont entrepris la démarche. Donc, il
faut qu'elles aient fait la démarche Municipalité amie des aînés pour avoir
accès à ce financement-là, et naturellement le financement sert à
financer ce qui était prévu dans le plan d'action.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Est-ce
que j'ai quelqu'un... Oui, M. le député de Laval-des-Rapides.
M. Bureau-Blouin : Oui. Merci beaucoup, M. le Président.
Donc, M. le ministre, j'aimerais m'entretenir un
peu avec vous de la notion de relations avec
l'ensemble des partenaires qui oeuvrent dans le milieu des aînés. Je sais
qu'il y a un vaste réseau qui s'est développé,
au courant des dernières années, de groupes qui oeuvrent auprès des populations
aînées, que ce soit en matière de défense de
droits ou en matière de vie communautaire, de vie associative, hein, il en
existe dans l'ensemble des régions du Québec.
Et
j'ai eu à titre personnel la chance d'en rencontrer plusieurs qui oeuvrent dans
la région lavalloise et je puis témoigner qu'ils font un travail important.
Vous avez mentionné tantôt que les gens, souvent, à la retraite, sont très actifs, et certains d'entre eux m'ont même
mentionné, parfois à la blague, qu'ils avaient l'impression qu'ils
travaillaient plus maintenant qu'ils étaient à la retraite que lorsqu'ils
étaient sur le marché du travail.
Et il existait au Québec, notamment à partir
de 1992, le Conseil des aînés du Québec, qui servait, bon, un peu, justement, de lieu de concertation, je ne sais pas si
on peut le dire ainsi, mais avec plusieurs partenaires. Et, bon, ce conseil en question a été aboli en juillet 2011,
suite à la Loi abolissant le ministère des Services gouvernementaux et
mettant en oeuvre le plan d'action 2010-2014 du gouvernement pour la réduction
et le contrôle des dépenses. Donc, à partir de ce moment-là, on a fait le
choix, un peu, que le ministre des Aînés allait prendre le rôle finalement de
ce conseil.
Et j'aimerais savoir, M. le ministre, que va
faire le gouvernement. Qu'allez-vous faire pour vous assurer qu'il y a des liens de
communication étroits qui sont maintenus avec l'ensemble des groupes qui
travaillent auprès des populations aînées?
Parce que ce lien est important, à mon sens, puisque ces groupes ont une
connaissance fine des différentes réalités régionales, et je pense que c'est important que le gouvernement se
nourrisse de cette expertise et également qu'on s'assure qu'il y a un lien, là, aussi direct que possible
qui s'effectue. Donc, j'aimerais savoir quels gestes compte poser le
gouvernement pour s'assurer que ces liens vont rester.
Le
Président (M. Picard) : Merci. M. le
ministre, il vous reste seulement une minute. Voulez-vous attendre au prochain
bloc?
M.
Hébert : Non, je vais répondre
rapidement.
Le
Président (M. Picard) : O.K. Une
minute.
M.
Hébert : Je pense que c'est important
de garder le contact avec l'ensemble des acteurs dans le champ des personnes
âgées, et c'est pour ça que j'ai rencontré les 15 principaux groupes
représentant les personnes âgées, à l'automne dernier, pour une première
rencontre. Mais j'ai aussi choisi d'élargir ce groupe-là pour faire un comité
des partenaires nationaux non gouvernementaux, un comité qui va regrouper les
partenaires soit qui oeuvrent auprès des aînés ou encore qui représentent les
intérêts des aînés. Et j'ai demandé d'ajouter également des partenaires qui
sont impliqués dans la recherche et le support à la pratique.
Alors, c'est un comité donc de
40 organismes qui va se réunir quatre ou cinq fois par année. Et ce
comité-là va fonctionner
en sous-comités, là, un sous-comité pour les organismes qui oeuvrent auprès des
aînés, les organismes représentant
les intérêts, et un autre sous-comité dédié à la recherche, donc aux organismes
qui sont impliqués dans le support à la recherche. Et la première
rencontre va avoir lieu en avril prochain. Et ça va être des rencontres qui
vont vraiment avoir pour but de faire le
point sur l'état de la politique Vieillir et vivre ensemble, de voir quelles
sont les actions qui devraient être menées pour bonifier cette politique
et pour également être en mesure de mieux répondre aux besoins des personnes
âgées.
Le Président (M.
Picard) : Merci, M. le ministre. Nous
allons entreprendre les deux derniers blocs. Et là, je vais gérer le temps de
façon plus stricte.
Donc, Mme la députée, vous
avez droit à 18 minutes. Lorsqu'il va vous rester deux minutes, je vais vous
le dire, parce qu'on doit respecter l'horaire,
tout simplement. Allez-y, Mme la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne.
Mme
Blais : Merci, M. le Président. Je m'attendais
à voir le Dr Boivin, que j'avais convoqué. Il n'est pas ici. Le Dr Boivin est responsable... il est le
directeur de L'Appui aux proches aidants. Et je pense que c'est un sujet immensément important, parce que le
gouvernement du Québec a investi 150 millions de dollars dans un fonds, il
y a une loi qui est en vigueur depuis 2009, et la fiducie familiale
Chagnon — et non pas la fondation
Chagnon, là, il y a une différence entre les deux — a investi 50 millions de dollars. Et il y a un
conseil d'administration, je dirais que deux sous-ministres ici présents
siègent sur ce conseil d'administration.
Et, à l'époque où j'avais une des
responsabilités du ministre de la Santé, moi, je disais toujours que j'étais une ministre pressée,
et je trouvais que ça n'allait jamais assez vite pour le financement des Appuis
aux proches aidants. L'année dernière,
lorsque nous avons eu une commission parlementaire, je me souviens pertinemment
de la députée de Crémazie, Mme
Lisette Lapointe, je peux la nommer, qui nous avait expliqué : Écoutez, il
faut être patients, parce que c'est moi qui a fondé les carrefours jeunesse-emploi et c'était très long. Et
maintenant, c'est un modèle sur trois continents. Il faut donner le
temps au temps.
Et je voulais questionner le Dr Boivin,
parce que je constate qu'il y a eu un investissement de
11 160 000 $, puis que, normalement, c'était 20 millions. Mais
je crois que, maintenant, toutes les régions du Québec sont couvertes, et
je crois que, dans toutes les régions du
Québec, il y a des enveloppes. Et je voulais m'assurer que ça allait bien. Ça,
c'est important : je veux savoir si ça
va bien dans les Appuis ou si ça va moins bien et si le ministre entend garder
les Appuis en place ou s'il va prendre l'argent, rapatrier l'argent pour
le mettre dans son assurance autonomie. Je veux juste...
Des
voix : ...
Mme Blais : Non, non, mais c'est fait pour ça, un
exercice de cette nature. Je veux m'assurer que les Appuis aux proches aidants
vont bien, parce qu'on a mis beaucoup d'efforts. Les Appuis aux proches
aidants, ça ne vient pas de la ministre,
ça venait vraiment du milieu qui se mobilisait, et parfois le milieu se
mobilise plus tranquillement que d'autres milieux. Et je veux savoir qu'est-ce
que le ministre pense de ces Appuis aux proches aidants et de la façon dont ça
fonctionne, et s'il y a des modifications à apporter, puis comment on va les
faire?
Le
Président (M. Picard) : Merci. M. le
ministre.
• (12 heures) •
M. Hébert : M. le Président, malheureusement, M.
Boivin est malade et ne peut pas être avec nous
aujourd'hui. Je l'ai par contre rencontré.
Nous avons pu faire le point sur les Appuis. Les Appuis ont consacré leurs
énergies, au cours des dernières années, à mettre en place une
infrastructure dans chacune des régions. Alors, actuellement il y a une infrastructure légère, mais une infrastructure
quand même, dans chacune des régions pour gérer ce programme des Appuis.
La plupart des régions ont fait des appels de projets et ont commencé à donner
des sommes pour les services.
Parce que, pour moi, ce qui est important, ce
n'est pas qu'on mette des structures en place, mais c'est qu'on donne des services aux
proches aidants, et c'est à ça que les fonds devraient être destinés. Alors, je
rassure tout de suite la députée de
Saint-Henri — Saint-Jacques. Il n'est pas dans notre intention... Saint-Henri — Sainte-Anne,
excusez-moi. « Saint-Jacques » ... Sainte-Marie — Saint-Jacques et Saint-Henri — Sainte-Anne,
là, j'ai vraiment de la misère. Saint-Henri — Sainte- Anne.
Je ne sais plus à quel saint me vouer.
Des
voix : Ha, ha, ha!
M. Hébert : Elle était trop facile. J'ai perdu le
fil de mon idée. Ma préoccupation, c'est qu'au-delà des infrastructures l'argent puisse aller vraiment pour donner des services
aux proches aidants. Alors, je rassure la députée, ces argents vont être
affectés à L'Appui. On a d'ailleurs une loi qui encadre ces versements de la
part du gouvernement.
Toutefois, on constate actuellement qu'il y a
50 millions de surplus qui sont engrangés dans ce fonds-là et, voyant ce surplus-là, j'ai demandé et après discussions
avec L'Appui, nous allons retarder les paiements gouvernementaux jusqu'à temps que ces surplus-là puissent être
dépensés, parce que je pense qu'il est important qu'on puisse
privilégier les services à la population.
Alors, nous avons donc suspendu les paiements pour qu'on attende que les Appuis
se mettent en place et jouent vraiment leur rôle de donner des services
et de soutenir des organismes qui donnent des services aux proches aidants.
J'ai aussi partagé, avec M. Boivin, ma préoccupation.
Quand on regarde la liste des projets, là, qui sont financés par les
Appuis, il y a souvent, dans ces projets, de faire un répertoire des services
disponibles dans une municipalité ou dans une région. Moi, je pense qu'on doit aller au-delà des répertoires, là.
Je pense que, oui, il faut avoir ce genre d'outil, mais moi, ce que je souhaite, et je pense que M. Boivin
était tout à fait d'accord, et le conseil d'administration de L'Appui
aussi est tout à fait d'accord, que les projets doivent se centrer sur les
services à donner aux proches aidants dans les différentes communautés, et je pense que ce message-là a été bien reçu,
bien entendu. Et moi, je souhaite que 85 % des fonds de L'Appui
aille dans des services et qu'on réserve seulement 10 % à 15 % des
fonds pour la gestion, les infrastructures
et la mise en place d'un certain nombre de répertoires, ou d'accès Web, ou de
services indirects à la population.
Alors,
oui, L'Appui joue un rôle important, c'est une somme d'argent substantielle. Et
M. Boivin me disait que c'était plus
facile de travailler depuis que le Secrétariat des aînés était intégré au
ministère de la Santé et des Services sociaux,
ça permet d'harmoniser les actions. Et je pense que, dans ce contexte-là, on
devrait s'attendre à ce que L'Appui prenne son envol et remplisse
vraiment sa mission d'améliorer les services aux proches aidants.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le
ministre. Mme la députée.
Mme
Blais : Je suis
très contente d'entendre le ministre par rapport... on a la même vision, la
même perception. Je faisais de l'urticaire quand j'avais cette panoplie de projets sur des
répertoires par-dessus répertoires, par-dessus répertoires. Il y avait Lily Tremblay qui avait demandé à faire
un premier répertoire pour le regroupement des proches aidants. On en avait un, répertoire. Mais après ça, est-ce que le
gouvernement, avec l'argent des contribuables, va toujours financer des répertoires, alors qu'on est là pour financer des
services directs aux personnes, aux proches aidants? Et c'était vraiment
une préoccupation majeure. Et je crois que c'est une préoccupation aussi des
membres du conseil d'administration.
Et,
de voir que notre ministre de la Santé et des Services sociaux et responsable
des Aînés a aussi cette grande... je le savais, là, mais qu'il le dise en commission
parlementaire, c'est rassurant, parce que ce n'est pas rien,
150 millions de dollars du gouvernement
du Québec. Et, si on comprend bien, c'était une loi sur 10 ans, tant et aussi
longtemps que les Appuis ne sont pas
implantés et que les sommes ne sont pas dépensées, ce qui veut dire que les
sommes d'argent que vous retardez à déposer, vous allez les déposer
éventuellement. Ce n'est pas un retrait de ça. Donc, les Appuis aux proches
aidants peuvent, dans le temps, rester pendant 15 ans.
Et
il faut savoir, M. le Président, que, si vous êtes un richissime homme d'affaires,
vous pourriez très bien décider d'investir un certain capital dans ce fonds de
soutien aux proches aidants parce que vous voulez contribuer. Ça fait
partie de cette loi. Et ça, on ne le dit pas
non plus. Et ce serait une façon aussi d'encourager la population à financer
quelque chose d'absolument fantastique, les proches aidants.
Et
je constate — et on est tous un peu fatigués — mais je constate que, quand c'est
le temps de faire des levées de fonds, c'est toujours plus facile pour les enfants
que de faire des levées de fonds pour les aînés, que de faire des levées
de fonds pour les proches aidants. C'est toujours une cause où les gens sont
plus frileux à donner. Ça commence à débloquer, mais il va falloir, dans notre
société qui avance en âge — c'est
peut-être moins péjoratif, « qui avance en âge » — qu'on se consacre davantage à ce
genre de fonds, qu'on consacre davantage à ce genre de réalisation. Alors, vous me rassurez là-dessus, M. le ministre.
Et
vous avez dit, pour changer de sujet — je voulais
vous poser la question tout à l'heure, mais j'ai vu qu'on vous l'avait posée — concernant la réglementation de la certification des
résidences privées pour aînés : Nous avons été la première province au Canada à
déposer une certification, puis une deuxième, la loi n° 16, qui a été adoptée, ici, à l'unanimité. Ça ne fait pas l'affaire nécessairement de tous les
propriétaires des résidences, il y a vraiment du tiraillement, etc., mais je
pense qu'on ne peut pas lésiner sur la qualité de vie de nos aînés.
Et,
si je vous ai bien entendu, vous allez déposer ce règlement. Parce que, dans le
règlement, il y a aussi toute la question des antécédents judiciaires du personnel,
des bénévoles. Il y avait aussi, dans le plan d'action pour combattre la
maltraitance, il y avait aussi — et
c'était dans la loi n° 16 — l'obligation de déclarer tout
incident ou accident aux familles. Et ça, c'est important, parce que, parfois, il y
avait des incidents ou des accidents, et on ne déclarait pas aux membres
de la famille qu'est-ce qui s'était passé avec la personne.
Donc, moi, je m'attends, assez rapidement… Parce
que la loi est en vigueur, la loi a été adoptée le 29 novembre 2011
et elle était en vigueur un an plus tard, soit le 29 novembre 2012.
Et là, bien, on a hâte que le règlement arrive, parce que le règlement, je
pense que c'est essentiel dans une loi comme cette loi-là.
Le Président (M. Picard) : M. le ministre.
M.
Hébert : Oui.
Merci de me permettre de compléter. En fait, la suspension du financement pour
L'Appui va être
reportée dans le temps. Donc, ce n'est pas un retrait de l'aide
gouvernementale, mais c'est un report dans le temps qui va nous
permettre de prolonger l'action de ce programme.
Pour
ce qui concerne le règlement sur les résidences privées, évidemment, les
aspects de formation et d'antécédents judiciaires des employés des résidences privées
sont inclus dans le règlement. Et on a même ajouté des dispositions pour
que cette formation et ces antécédents judiciaires s'appliquent à tous les
sous-traitants qui auront à dispenser des services dans la résidence privée.
Le
règlement prévoit aussi des dispositions sur le registre d'incidents-accidents
qui doit être mis en place et qui doit être transparent; prévoit également des
dispositions sur la tenue d'un dossier où on retrouve le bail, donc le bail
dûment signé par la personne; où on retrouve
aussi les éléments relatifs à la description de la personne, pour les gens qui
auraient des problèmes cognitifs et qui pourraient avoir des risques de fugue,
là, qu'on puisse les repérer rapidement; contient des dispositions concernant l'évaluation
des gens surtout semi-autonomes, donc, qu'ils aient une évaluation de leur
autonomie fonctionnelle et qu'elle soit au dossier. Et donc il y a toutes
sortes de dispositions, là, qui seront rendues publiques très bientôt, lors de
la publication du règlement.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée.
Mme
Blais : Oui,
mais, M. le Président, le ministre n'a pas dit quand ce règlement-là serait en
vigueur. Est- ce qu'on s'attend que ça prenne
encore plusieurs mois, quelques semaines, le prochain Conseil des ministres?
Le Président (M.
Picard) : M. le ministre.
•
(12 h 10) •
M. Hébert : Il a été adopté par le dernier Conseil des ministres et
devrait donc être rendu public au cours des deux prochaines semaines.
Le Président (M. Picard) : Mme la députée.
Mme
Blais : C'était la réponse... C'était
mon pif, là, qui me disait que ça devait arriver.
Le
Président (M. Picard) : Il vous reste
du temps.
Mme
Blais : Oui, il nous reste du temps,
mais on pourrait peut-être revenir par rapport au financement de l'assurance autonomie. Tout à l'heure, j'avais dit
au président que je n'en parlerais pas, mais c'est toujours, pour le
public qui nous écoute, très difficile quand
on fait des prévisions par exemple sur cinq ans. Quand on l'a déposé, quand on
a parlé de financement dans le budget, on parlait évidemment de la
politique Vieillir et vivre ensemble, qui a un budget sur cinq ans. Et, quand je parlais du
149 millions de dollars pour 2013 - 2014,
c'était budgété pour la politique Vieillir et
vivre ensemble pour les soins à domicile,
là, ce n'était pas sorti, là, d'une boîte à chapeau comme ça. Vous avez vous-même
parlé d'un financement de 500 millions
sur quatre ans pour l'assurance autonomie. Donc, je veux dire, je pense
qu'on est équivalents là-dedans, là. Il faut,
à un moment donné, avoir une vision prospective aussi par rapport au
financement, et comment on peut voir les choses, et comment on peut
financer les actions qu'on veut mettre en place. Parce que ça vient très vite,
hein, d'une année à l'autre, au niveau des projets, des financements et des
programmes.
Alors,
l'assurance autonomie, vous avez mentionné que ce serait l'entièreté des sommes
d'argent plus le 500 millions de
dollars que vous allez mettre. Il n'y a pas d'autres sommes d'argent, là? Il n'y
a pas d'autres montants d'argent qui
vont financer cette assurance autonomie? Il n'y a pas de redevances minières,
il n'y a pas de contribution santé? M. le Président.
Le
Président (M. Picard) : O.K. M. le
ministre.
M. Hébert : M. le Président, nous aurons, dans le
livre blanc, réponse à ces questions. Je ne veux pas anticiper là-dessus. Ce que je peux vous dire, c'est qu'il
n'y aura pas de cotisation supplémentaire aux citoyens du Québec, c'est ce que je peux vous dire. Est-ce qu'il y
aura d'autres moyens de capitaliser cette caisse d'assurance autonomie
pour le futur? Ça, ça reste une option que je laisse au gouvernement le soin de
disposer au cours des prochains mois. On aura un
livre blanc, il y aura un projet de loi qui va être déposé à l'Assemblée
nationale à l'automne prochain dans lequel on pourra trouver des
indications quant à la composition de cette caisse d'assurance autonomie.
Mais la députée faisait référence à certaines
de mes déclarations. Moi, ce que je rapportais, c'est ce que les autres pays ont fait avec leur caisse d'assurance
autonomie. Il y a effectivement des pays qui ont utilisé des cotisations aux
employés; il y a des pays qui ont utilisé l'impôt comme nous; il y a des pays
qui ont utilisé des redevances sur l'électricité — le
Luxembourg a une redevance sur l'électricité qui est mise dans la caisse d'assurance
autonomie. Alors, c'est intéressant, mais je
ne peux pas présumer de ce que sera la décision du gouvernement.
Ce que je peux vous dire, c'est qu'elle sera au moins
constituée des sommes qui sont actuellement
consacrées aux soins aux personnes qui nécessitent des soins de longue durée,
donc une somme qui dépasse les 3,5 milliards de dollars pour l'instant et qui sera bonifiée, comme je le disais, des
sommes que nous nous sommes engagés à ajouter pour les soins à domicile
au cours des prochaines années. Et ça constituera le fonds de cette caisse d'assurance
autonomie.
Le
Président (M. Picard) : Merci. Mme la
députée, il vous reste une minute.
Mme Blais : Oui. Bien, en conclusion, c'est que
je sais que le ministre aime les aînés, je souhaite qu'il aime les aînés autant que je
les aime. Je pense que c'est important — u ne société qui n'aime pas ses aînés, c'est une société qui ne se respecte pas — e t je pense que c'est
fondamental pour une société vieillissante.
Alors, j'aimerais remercier tous mes
collègues députés qui ont participé à cet exercice : vous particulièrement, M. le
Président, vous êtes vraiment charmant et vous nous facilitez la tâche; M. le
ministre; et, évidemment, vos sous- ministres
et vos fonctionnaires. Et, encore une fois, je leur lève mon chapeau, parce que
ce sont des gens d'une très grande intégrité
qui sont capables de passer d'un gouvernement à un autre gouvernement et de s'en
tenir à la ligne édictée par le politique
qui est en place, et ça, je pense que, vraiment, ça demande... c'est une
grandeur d'âme. Et vous avez d'excellents personnels, M. le ministre.
Alors, je vous souhaite le meilleur des succès dans tout ce que vous allez
entreprendre.
Le
Président (M. Picard) : Merci, Mme la
députée. Il reste maintenant 14 minutes au groupe formant le gouvernement.
M. le député d'Argenteuil.
M. Richer : Merci, M. le Président. M. le
ministre, on entend l'opposition revendiquer un ministre délégué aux Aînés. Ils prétendent à cet effet que c'est impossible
d'être à la fois ministre de la Santé et ministre responsable des Aînés. Pourtant, M. le Président, le ministre agit
en plus d'être présent pour les aînés, comme il l'a démontré en
annonçant une tournée des tables de
concertation des aînés du Québec lors de son passage dans les Laurentides, le
30 janvier dernier.
J'ai
d'ailleurs eu la chance de l'accompagner ce jour-là dans une rencontre avec la
TRAL, la Table régionale des aîné-e-s des Laurentides, groupe que je connais
bien puisque j'ai travaillé avec eux en tant que représentant du groupe Parole aux aînés. Parole aux aînés est un
groupe de ma circonscription qui est formé des organismes qui oeuvrent au service des aînés — ça inclut, entre autres, la FADOQ, un groupe
anglophone, le CSSS local — g roupe qui a mis sur pied un projet que j'adore parce que j'y ai participé
beaucoup, qui a mis sur pied un projet pour contrer l'abus envers les aînés, projet que vous allez entendre parler
très bientôt. Donc, Paroles aux Aînés, groupe de ma circonscription
auquel je fais toujours partie mais que je fréquente un peu moins à cause de l'horaire
de mes nouvelles fonctions.
Mais, M. le Président, j'ai
pu constater, lors de la rencontre du 30 janvier, la grande satisfaction
des représentants de la TRAL de rencontrer, de recevoir à la fois le ministre responsable
des Aînés et, en même temps, le ministre de la Santé. Alors, ma question, M. le ministre, c'est : j'aimerais juste
vous entendre nous parler, expliquer la motivation qui vous soutient
dans cette tournée nationale des tables responsables des aînés.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M. Hébert : M. le député d'Argenteuil, ce fut vraiment
un plaisir de rencontrer la table lors de ma visite dans les Laurentides, le 30 janvier dernier. Et je
vais faire le tour de toutes les tables de concertation des aînés au cours des prochaines semaines et, lors de ces
rencontres-là... Lors de la rencontre dans les Laurentides, il y avait la
directrice de L'Appui qui était là
aussi parce qu'elle fait partie de la table. Alors, ça me permet de faire d'une
pierre même plusieurs coups parce
que, lorsque, comme ministre responsable des Aînés, je rencontre les tables, je
suis aussi ministre de la Santé et des
Services sociaux et je peux vous dire que les préoccupations des tables de
concertation des aînés tournent bien souvent autour des questions de
santé et de services sociaux, comme ce fut le cas aujourd'hui, lors de cette
commission parlementaire. Alors, d'avoir les
deux responsabilités présente pour moi un avantage certain et, pour les gens
des tables de concertation, un avantage également certain.
Rencontrer
les gens... Et on l'avait fait, la députée de Saint-Henri — Sainte-Anne s'en souviendra, lors de la consultation publique : les gens étaient très
heureux d'avoir une voix, d'avoir un moyen de faire connaître leurs préoccupations. Et on avait même recommandé à l'époque
que ce genre de consultation devienne permanent. Et, pour moi, j'ai été, à ce moment-là, convaincu, si j'en
avais besoin, de la nécessité de garder un contact direct avec les
aînés, avec les représentants des aînés, et c'est pour ça qu'on a mis en place
le comité des partenaires, là.
Mais, au-delà du comité national des
partenaires, il faut être attentif aux préoccupations régionales. Et c'est pour ça donc que je me
ferai un devoir de rencontrer l'ensemble des 17 tables de concertation des
aînés au cours des prochaines semaines
pour leur faire part des nouvelles orientations, de la politique Vieillir et
vivre ensemble et écouter surtout leurs préoccupations, les enjeux, les défis qu'eux considèrent prioritaires
pour améliorer la situation des aînés dans notre société.
Le
Président (M. Picard) : Merci. M. le
député de Saint-Hyacinthe.
M. Pelletier (Saint-Hyacinthe) : Merci, M. le Président. Alors, M. le
ministre, je vois que vous êtes très
intéressant ce matin. Et puis, de voir votre
passion et votre engagement envers les aînés et les organismes du milieu... je
pense que c'est tout à votre
avantage. Et, comme député de la circonscription de Saint-Hyacinthe, je sens
que nos aînés en région vont être bien, bien, bien écoutés. Et, dans
votre tournée que vous venez de dire, je pense que c'est de mise.
Cependant, il y a plusieurs groupes de
défense et de protection des aînés... On entend souvent du négatif au niveau du ministère de la Santé, mais, depuis votre
élection du 4 septembre dernier, il y a plusieurs groupes de défense et de
protection des aînés qui ont récemment
unanimement salué certaines orientations importantes prises par le ministre
et son gouvernement. Les groupes de défense,
exemple les groupes de défense... il y a eu l'ajout de plusieurs, plusieurs,
plusieurs centaines... 110 millions de
dollars juste pour les soins à domicile. Mais j'aimerais vous entendre, moi,
sur les décisions que vous avez
prises depuis que vous êtes élu, ça fait quand même seulement six mois, et en
même temps nous en parler. Puis, si vous
en avez d'autres, à court terme, là, qui vont venir bientôt, bien si vous avez
le goût de nous en parler aussi, c'est à votre honneur. Merci.
Le
Président (M. Picard) : Merci. M. le
ministre.
• (12 h 20) •
M. Hébert : Bien, effectivement, je pense que les
groupes de défense et de protection des aînés ont montré des appuis tangibles et
ont salué certaines des orientations que nous avons annoncées au cours des
derniers mois. Je prends l'exemple,
et j'y reviens, l'ajout de 110 millions au budget de soutien à domicile,
là, c'est vraiment sans précédent. Et, dans
une situation budgétaire extrêmement difficile, la Santé et Services sociaux a
été privilégiée avec une augmentation du
budget de 4,8 % pour 2013 - 2014.
Mais, là-dedans, il y a un secteur qui a une augmentation de 20 %, de plus
de 20 %, c'est le secteur des soins à domicile, et je suis très, très heureux de
ça. Et ça a été reconnu par les organismes de défense et de protection
des aînés.
Il y a aussi la nouvelle réglementation sur
le contrôle de la température, comme je le disais tout à l'heure, et la réglementation sur les résidences d'hébergement
privées. Je pense que cela aussi, ça va répondre à plusieurs des revendications des groupes de défense des aînés.
Les groupes aussi sont satisfaits, je pense, de l'accentuation des
visites d'appréciation de la qualité qu'on a
annoncées, et je pense qu'ils vont d'ailleurs être impliqués concrètement dans
ces groupes de défense via le comité provincial des malades qui participe
activement.
Il
y a une autre décision qui a peut-être passé inaperçue, là, mais c'est ce qu'on
fait pour le CHSLD de Saint- Eustache, où il
y avait des situations préoccupantes. Alors, on a réagi rapidement pour
enclencher une visite d'appréciation dans
ce CHSLD là pour être en mesure de corriger certaines situations malheureuses
qui ont existé dans ce CHSLD, et s'assurer qu'elles ne pourraient plus
se reproduire, et s'assurer du maintien de la qualité.
Il y a aussi, et je l'ai souligné tout à l'heure,
toute l'insistance qu'on va mettre sur l'agrément des établissements, et je
pense que c'est là le gage de qualité. Au-delà des visites d'appréciation, l'agrément
des établissements est un gage de qualité,
et je vais insister pour que cet agrément-là soit obtenu et maintenu par l'ensemble
des établissements du réseau de la santé et services sociaux du Québec,
M. le Président.
Le Président (M.
Picard) : Merci. Mme la députée de
Champlain.
Mme Champagne : Oui. Alors, M. le Président, j'aimerais entendre le
ministre sur sa définition des réseaux intégrés.
Je sais qu'il y tient beaucoup. On en entend parler, bien sûr, là, c'est le
réseau intégré des services à domicile pour
les aînés. Alors, j'aimerais qu'on me décrive un peu comment le ministre, en
fait, entrevoit ces réseaux-là. Alors, je vous laisse là-dessus. J'aimerais
vous entendre là-dessus.
Le
Président (M. Picard) : M. le
ministre.
M.
Hébert : J'ai combien de temps, M. le
Président?
Le Président (M. Picard) : Il reste six minutes, là. Mais,
lorsqu'il va vous en rester deux, je vais vous
l'indiquer, là, parce que vous êtes volubile beaucoup.
M. Hébert : O.K. Oui, c'est ça. Alors, c'est
parce que je pourrais en parler pendant des heures, alors c'est pour ça que je veux
être bien sûr du temps que j'ai. Alors, l'intégration des services, c'est
vraiment la clé pour être capables d'avoir des services mieux coordonnés et de pouvoir faire en sorte que les
services soient rendus de façon plus efficiente aussi, hein? Parce qu'évidemment il y a tellement d'organismes
qui gravitent autour des personnes âgées que c'est un peu la tour de
Babel, et il faut vraiment intégrer ces services-là.
Et nous avons eu, au cours des 15 dernières
années, la chance de diriger un groupe de recherche qui a travaillé à mettre en
place un nouveau modèle d'intégration des services aux personnes âgées, un
modèle qu'on a appelé PRISMA, et ce modèle comporte six éléments d'intégration.
Le
premier, c'est des tables de concertation qui visent à rassembler l'ensemble
des partenaires dans une localité — alors les partenaires publics, les partenaires privés
lucratifs ou non lucratifs, les partenaires des
organismes communautaires — autour d'une table de concertation qui représente la gouvernance
du mécanisme d'intégration et où sont prises les décisions. Il y a, associées à ça,
des tables qui regroupent des gens qui s'occupent des programmes, là,
donc à un niveau plus tactique. Mais l'ensemble
de ce mécanisme-là permet d'avoir tous les acteurs des services aux
personnes âgées autour de la même table.
Le deuxième élément, c'est d'identifier un
guichet unique. Plutôt que d'avoir de multiples portes où on reçoit le service de la porte
à laquelle on a frappé, d'avoir un guichet unique pour avoir accès à l'ensemble
du continuum de services.
Le troisième élément, c'est d'avoir dans
chacun des réseaux des gestionnaires de cas, des gestionnaires de cas qui, contrairement
à ce que leur nom indique, ne sont pas des gestionnaires mais sont des cliniciens,
des cliniciens qui font l'évaluation des besoins des personnes, qui
conviennent d'un plan de services avec la personne âgée ou sa famille et qui vont s'occuper que la personne reçoive le
service par les bons organismes, les bonnes organisations. C'est une
espèce de courtier de services, le gestionnaire de cas, qui fait en sorte d'articuler
l'ensemble des services autour d'un plan de services bien coordonné.
Le quatrième élément, c'est de disposer d'outils
communs. Alors, l'outil d'évaluation des besoins de la personne, les outils de
gestion qui nous permettent de vraiment définir un plateau de services qu'il va
être nécessaire de mettre en place.
Le cinquième élément, c'est le plan de
services individualisés, donc d'être capables de définir avec l'ensemble des acteurs
et la personne âgée un plan de services, de suivre ce plan de services là,
parce que le plan de services comporte des objectifs, des actions, un
échéancier. Et donc le gestionnaire de cas est le responsable de suivre le plan
de services individualisés.
Et finalement un dossier clinique informatisé
partageable qui permet vraiment de faciliter les
communications entre les différents acteurs
autour d'un dossier unique pour ne pas qu'on reprenne des évaluations et qu'on
perde du temps à obtenir les informations qui sont nécessaires.
Alors, l'ensemble de ces éléments-là a été
implanté dans un projet pilote dans les Bois-Francs et dans la région de l'Estrie. Nous avons mesuré l'efficacité de
cette méthode. Alors, cette méthode a été confirmée comme étant efficace pour réduire, pour prévenir la perte d'autonomie — et
c'était un des éléments majeurs de cette étude — donc prévenir la perte d'autonomie et être capables d'avoir une
meilleure efficience dans l'utilisation des fonds publics.
Alors, c'est un modèle qui a été retenu par
le gouvernement, le gouvernement précédent. Alors, ce n'est pas de ma faute, mais j'en
étais très heureux. Et donc, actuellement, il est implanté à 60 % dans l'ensemble
des régions du Québec. Et on sait très bien, et nos études l'ont montré,
qu'il faut dépasser le 70 % pour avoir un impact populationnel. Et j'ai demandé — d'ailleurs, il y a des fonds
spécifiques là-dessus — qu'on complète le réseau intégré
et qu'on le complète de façon à ce que, lorsqu'il y aura l'assurance
autonomie, on puisse confier aux gestionnaires de cas l'allocation d'autonomie
pour être capables d'avoir un levier supplémentaire pour s'assurer que la
personne reçoive les services dont elle a besoin
et de confier aux gestionnaires de cas le suivi de qualité également de l'assurance
autonomie. Alors, on sera en mesure, donc, en avril 2014, de compter sur
un réseau déjà intégré — et je pense que ça
va faciliter la prestation de services aux personnes âgées — t out en étant préoccupés par l'utilisation judicieuse des
ressources humaines et des ressources financières.
Alors,
je voudrais terminer...
Le
Président (M. Picard) : En
conclusion.
M.
Hébert : ...en remerciant ma collègue
de l'opposition et ma collègue du second groupe d'opposition et en remerciant
chaleureusement mes collègues du gouvernement qui ont participé à cet exercice.
Je voudrais remercier tous les gens qui sont derrière moi. C'est
des gens qui ont travaillé au cours des
dernières semaines pour produire les documents nécessaires à cette étude de
crédits. Je voudrais qu'ils transmettent mes remerciements
au personnel de leurs différentes directions. Les gens ont vraiment fait un
travail remarquable pour être en mesure
d'apporter des réponses précises et rigoureuses aux questions qui étaient
soulevées et même à celles qui n'ont pas été soulevées, parce que j'étais préparé pour toutes sortes d'autres
questions qui malheureusement ne sont pas venues.
Et
je voudrais juste souligner, en terminant, une personne, M. André Bolduc, M. le
Président, qui participe à cet exercice depuis 33 ans et qui va prendre une
retraite. Ça va être un jeune retraité, mais je voudrais souligner sa
contribution au cours des 33 dernières années.
Le
Président (M. Picard) : Merci, M. le ministre. Je suis assuré que M. Bolduc sera un retraité
actif. Donc, moi, je tiens à vous remercier. J'ai grandement apprécié le climat et la
qualité des propos que j'ai entendus ce matin. Donc, félicitations à
tous et merci beaucoup.
Adoption des crédits
Donc,
nous sommes maintenant à la mise aux voix. Donc, le temps alloué à l'étude du
programme Condition des aînés étant écoulé, nous allons maintenant
procéder à la mise aux voix du programme. Ainsi, le programme 5,
Condition des aînés, pour l'exercice financier 2013-2014, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Mme Blais : Sur division.
Le Président (M.
Picard) : Adopté sur division. La
commission ajourne ses travaux au mardi 19 février, à 10 heures, où elle
entreprendra l'étude des crédits budgétaires du volet Curateur public.
Merci
et bonne fin de journée.
(Fin de la séance à
12 h 30)