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Question avec débat: La situation de l'emploi
au Québec
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
La commission permanente de l'industrie et du commerce se réunit
pour étudier et pour débat-ree une question avec débat qui
a été posée par le député de Roberval. "Avis
est donné que la commission permanente de l'industrie et du commerce se
réunira à la salle 81-A, le vendredi 12 mai, à 10 heures,
pour discuter la question avec débat du député de Roberval
au ministre de l'Industrie et du Commerce sur le sujet suivant: La situation de
l'emploi au Québec."
Je rappelle aux membres présents ou aux dé-putés
présents qu'il n'y a pas de quorum, qu'il n'y a pas de vote, que le
ministre et celui qui a inter-pelé le ministre ont un droit de parole
non exclusif, mais privilégié. Règle
générale, l'interpelleur fait une première intervention.
Le ministre répond. selon notre règlement, ces premières
interventions doivent être limitées à 20 minutes et par la
suite le dialogue s'engage. Là-dessus, je cède la parole au
député de Roberval.
Exposé du sujet M. Robert Lamontagne
M. Lamontagne: Merci beaucoup, M. le Président. Lorsque
j'ai décidé de convoquer cette question avec débat, le
ministre de l'Industrie et du Commerce et tous ceux qui sont au courant de
cette formule ont rapidement compris qu'il ne s'agissait pas pour moi et pour
l'Opposition offi-cielle d'aller vanter les qualités du ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Quant à nous, M. le Président, il se dégage des
dernières semaines à I'Assemblée nationale une
espèce d'air de suffisance et d'arrogance de la part du ministre de
l'Industrie et du Commerce qui nous porte aujourd hui, avant son prochain
voyage à Genève, la semaine prochaine, tout en lui souhaitant un
bon voyage cependant, à le ramener un peu sur terre ici, au
Québec.
M. le Président, l'Opposition officielle, depuis l'arrivée
au pouvoir du présent gouvernement, s'est fait un devoir de le
surveiller dans tous ses gestes, particulièrement là où il
pouvait s'ensuivre des conséquences pour le développement
économique du Québec. (10 h 15)
A des dizaines de reprises, au cours des 18 premiers mois de son
administration, il nous a été donné d attirer l'attention
des ministres et de la population en général, tantôt sur
des incohérences, tantôt sur des insouciances graves qui tendaient
à compromettre l'essor de notre province et de nos régions.
Le court débat de ce matin s'inscrit dans cette veine. Nous
voulons traiter de façon particulière de la situation de l'emploi
au Québec. Je n'ai pas à m'étendre longuement sur
l'importance qu'il y a, économiquement et socialement, de maintenir un
niveau d'emploi plus élevé.
Les chômeurs officiels et les sans-emploi qui sont aptes au
travail représentent un lourd fardeau financier pour la
société. L'effort fiscal additionnel auquel leur
inactivité oblige les autres travailleurs diminue d'autant les revenus
qui pourraient être consacrés à ceux qui sont inaptes au
travail et qui sont dans le besoin.
C'est pourquoi un gouvernement qui se pique d'être
social-démocrate doit tendre à sauvegarder et à
créer des emplois. Cela doit être là non seulement un
objectif, mais une priorité. Jusqu'à présent, il est
manifeste que la situation de l'emploi, loin d'être une priorité,
constitue en quelque sorte, pour ce gouvernement, une épine au pied.
D'ailleurs, je prends à témoin à peu près la
moitié du Conseil des ministres qui visitent actuellement, qui l'ont
fait dernièrement ou vont le faire prochainement, les autres provinces,
les autres pays où on va expliquer non pas la situation
économique du Québec, mais ce que cela va être avec un
Québec souverain, indépendant, etc. C'est ici que se retrouvent
les problèmes et non pas à Genève où le ministre va
aller la semaine prochaine s'enorgueillir, une fois de plus, d'être le
porte-parole du gouvernement pendant qu'ici le nombre des chômeurs va
sans doute augmenter.
M. Tremblay: Est-ce que je pourrais poser une question au
député?
M. Lamontagne: Moi, cela ne me dérange pas, pour autant
que je vais pouvoir...
M. Tremblay: Ce sera une courte question. Croyez-vous que les
négociations tarifaires du GATT représentent un
événement important pour l'industrie québécoise
pour les dix prochaines années?
M. Lamontagne: M. le Président, ce que le ministre vient
de dire là, c'est, bien sûr, fort important, mais ce qui est plus
important, au Québec, ce sont ceux qui ne travaillent pas. Vous passez
votre temps à voyager. Arrêtez donc les avions du gouvernement! Au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, je vais vous en parler tantôt, il y a 20% de
chômage. Vous autres, vous allez au GATT, bien sûr. Vous vous
enorgueillissez de cela, d'aller vous promener à l'étranger.
Laissez-moi finir mon texte et on va se parler après cela. Les grandes
vedettes internationales comme vous êtes actuellement!
M. Tremblay: Je ne sais pas qui l'a composé. Continuez
à lire et on verra après.
M. Lamontagne: D'accord.
M. Tremblay: On va voir si vous êtes capable de discuter
d'économie.
M. Lamontagne: D'économie? Pas d'économie dans les
nuages!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Cela fait huit ans que je suis ici, à
l'Assemblée nationale, M. le ministre. J'ai appris ce que
c'était, du pain et du beurre sur les tables. Vous ne semblez pas le
savoir encore, vous. Si on vous a convoqué, c'est parce que vous planez
dans les nuages depuis une couple de semaines, avec une arrogance et une
suffisance sans précédent au Parlement. Vous avez besoin
d'être rafraîchi un peu. Cela va vous faire du bien.
M. Tremblay: La panique!
M. Lamontagne: Non, c'est vous qui paniquez de ce temps-ci!
M. Tremblay: Calmez-vous!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Revenons au débat.
M. Lamontagne: Le gouvernement, c'est une équipe de
spécialistes d'enquêtes, de sondages, de publicité et de
communication. N'eût été le fait qu'on y retrouve des gens
qui gouvernent en termes de stratégie, de tactique plutôt qu'en
fonction des besoins réels de l'économie de la population, il y
aurait, ce matin, devant le Parlement un bon nombre des quelque 320 000
chômeurs que nous avons actuellement au Québec. Vous ne
réglerez rien de cela à Genève, la semaine prochaine.
Il y a quelque chose qui se passe. M. le député de
Jonquière, M. le Président, vous savez fort bien qu'il y a un
certain nombre d'années, lorsqu'il y avait une grève au
Québec, immédiatement, il y avait, dans la cour du
député, là, une foule considérable de gens qui
venaient voir le député, parce que c'était
évidemment la faute du député. Le premier ministre
d'alors, M. Bourassa, c'était toujours sa faute, pas la faute du
gouvernement souvent, mais la faute du premier ministre s'il y avait une
grève au Québec. Pourtant, aujourd'hui, on est bourré de
grèves, je prends à témoin un membre de notre
région, il y a une espèce de pacte de silence. On ne sait ce qui
se passe, les chefs syndicaux ne contestent plus, on met à pied des
centaines de gens un peu partout au Québec, on réduit le
personnel des hôpitaux, je pense que tout le monde en convient, mais tout
va bien. Le ministre de l'Industrie et du Commerce, dans de grandes
déclarations à l'Assemblée nationale nous informe qu'en
fait cela va bien. Si Sacha Guitry était ici il dirait: M. le
Président, enfin, je meurs guéri.
Des Voix: Oui.
M. Lamontagne: Si vous permettez, pour essayer d'aller assez
rapidement, M. le Président, si on regarde globalement la situation de
l'emploi au Québec, je ne veux pas le faire en termes de
spécialiste, je ne suis pas un économiste, je suis un homme du
peuple, mais qui essaie de comprendre, avec un ministre de l'Industrie et du
Commerce, ce qu'est la situation de l'emploi au Québec. Pas besoin
d'être économiste pour cela. Il s'agit d'avoir un bon jugement et
les yeux clairs.
M. Tremblay: C'est ce que dit M. Chrétien.
M. Lamontagne: C'est cela que je veux discuter ce matin. Des
batailles de chiffres, si vous voulez en faire, vous les ferez avec d'autres.
Avec nous, vous allez parler un langage terre à terre que tout le monde
comprend. Mais quand on dit, par exemple, qu'au Québec en 1977...
M. Tremblay: Vous vous vautrez dans la boue, M. le
député?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Quand vous êtes à terre, le printemps
il y a beaucoup de boue, est-ce que vous êtes habitué de voler
aussi bas que cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: M. le Président, je pense que le ministre,
déjà, alors qu'il n'a même pas le droit de parole,
dépasse les limites de la décence parlementaire.
M. Tremblay: Vous avez commencé par hurler ce matin. Soyez
donc calme et discutez donc des problèmes!
M. Lamontagne: Je prendrai le langage que je voudrai, mais je
pense que c'est cela que vous méritez ce temps-ci, avec votre arrogance.
Vous méritez qu'on vous parle un peu entre les deux yeux. C'est mon
affaire et c'est mon droit de parole. Je vais en user de la manière dont
je l'entends. Si vous voulez parler de la boue, vous en parlerez seul. Moi, je
vais vous parler d'emplois parce que j'ai la région qui est la plus
durement touchée au Québec actuellement, le Saguenay-Lac
Saint-Jean et particulièrement la région du Saguenay. Je pense
que c'est important qu'on vous en parle un peu. Vous nous répondez avec
des grands principes que personne ne comprend. Ecoutez, dans ma région,
quand je parle, je m'arrange pour me faire comprendre et je pense qu'on va
être capable de se comprendre comme il le faut ce matin, pour que vous
reveniez avec des politiques de base pour la population générale
au Québec.
Quand on dit qu'au Québec il s'est créé 25 000
emplois en 1977, vous le savez, ce sont des statistiques, 2000 de moins qu'en
1976, je pense qu'il faut y porter une attention bien spéciale. On aime
toujours faire des comparaisons. C'est bon de rappeler que ces nouveaux emplois
représen-
taient 13,7% du total des emplois créés au Canada.
Pourtant, le Québec compte pour 26% de la population.
L'emploi dans les grands secteurs au Québec, c'est important
qu'on se îe rappelle au moins brièvement ici à cette
commission. Dans le secteur de l'industrie manufacturière, par exemple,
il s'est perdu au Canada, en 1977, par rapport à l'année
précédente, 31 000 emplois. Seulement au Québec, on a eu
une perte de 29 000 emplois sur 31 000. Dans le secteur de la construction, je
pense que la majorité des députés, actuellement, sont
traumatisés par le secteur de la construction. C'est passablement grave
ce qui se passe, chez nous comme ailleurs.
Alors que dans le reste du Canada il s'est créé 2000
nouveaux emplois en 1977, ici au Québec on déplorait une perte
sèche de 3000 emplois. On peut se demander, M. le Président, ce
que cela aurait été dans notre région si on n'avait pas
dans ma ville le projet Donohue à Saint-Félicien. Malgré
que le projet Donohue se trouve à Saint-Félicien, la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean connaît, par rapport à
l'an passé, une hausse de 5% de chômage. Je pense qu'il faut
parler de cela, c'est votre devoir à vous. Je ne voudrais pas vous
rappeler votre campagne électorale où vous disiez que le
chômage était absolument extraordinaire, désastreux, mais,
dans ce temps, il était à 13%.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Roberval, vous savez que je ne peux pas
répliquer...
M. Lamontagne: Non, mais je porte cela à votre attention;
vous aurez d'autres occasions pour le faire, tout en écoutant ce que je
dis là. Mais il reste qu'on a fait la dernière campagne
électorale dans ma région en disant qu'on avait 11%, 12% ou 13%
de chômage, et c'était sans limite, il fallait sacrer dehors tous
ces gars qui permettaient un chômage comme celui-là. Qu'est-ce
qu'on entend de nos députés, actuellement, avec 19% de
chômage dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean?
M. le Président, le chômage dans les régions, c'est
un peu cela également que je voudrais qu'il ressorte au départ.
On parle souvent de chômage global, national et international, mais on ne
peut pas s empêcher de porter à l'attention du gouvernement les
régions; le Nord-Ouest québécois, ceux qui vont là
trouvent cela dramatique, 25,3% de chômage en mars 1978; 19,8% dans la
région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Les gens de la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean, ils commencent à en avoir assez d'un
chômage aussi accentué, et on n'est pas capable d'avoir... Quand
est-ce que ce chômage va pouvoir baisser? Quelle action le gouvernement
prend-il à court, à moyen terme pour que le chômage au
Saguenay, plus particulièrement, baisse? Pendant ce temps, qu'est-ce que
le ministre de l'lndustrie et du Commerce fait? Il est venu à
différentes reprises nous dire qu il faisait des gestes concrets.
La deuxième partie de mon intervention, je voudrais porter
à votre attention qu à différentes occasions, au cours de
la dernière année, le ministre de llndustrie et du Commerce a
réellement induit la Chambre en erreur. Vous vous en souvenez
peut-être, le 29 avril 1977 pour certains le 29 avril est une date
importante, c'est celle de la première élection à
l'Assemblée nationale, le 29 avril 1970 le ministre de
l'Industrie et du Commerce déposait un document sessionnel no 121, que
nous avons fait étudier et qui concernait 355 entreprises qui
étaient censées avoir investi au Québec depuis le 15
novembre 1976. Nous nous sommes attaqués à ce problème et
nous avons vérifié auprès de ces entreprises ce qui en
était. Nous avons communiqué avec toutes ces entreprises. Je
voudrais très sommairement vous dire ce qui s'est passé dans le
cas de ces entreprises au sujet desquelles un document public a
été déposé à l'Assemblée
nationale.
Un nombre de 141 entreprises nous ont répondu soit 39,72%
et 7% des envois postaux n'ont pas atteint les destinataires. C'est un
peu curieux, quand on prend les nom et adresse d'entreprises mentionnées
dans les documents du ministre de l'Industrie et du Commerce, que les lettres
nous soient retournées avec la mention "sans adresse connue". Un nombre
de 68% des 141 entreprises ont investi en 1974, 1975 et 1976, contrairement aux
déclarations du ministre. Parmi les 141 entreprises, 31 ont investi sous
la gouverne du PQ depuis les élections de 1976 et 32 des 141 entreprises
n'auraient donc pas dû retrouver leur nom sur le document sessionnel
déposé le 29 avril 1977. C'était une erreur que nous avons
jugée importante parce que c'est notre seul moyen, comme parlementaires,
de voir véritablement le développement de nos industries et du
commerce au Québec.
Cependant, comme c étaient les premiers mois au pouvoir du
gouvernement du Parti québécois, nous nous sommes dit: C'est une
erreur et ils la corrigeront, sans aucun doute. Là où on ne peut
plus pardonner au ministre de llndustrie et du Commerce de commettre de telles
erreurs, c est lorsque le 26 avril, il y a quelques jours, le ministre de
llndustrie et du Commerce, à la suite d'une question posée au
feuilleton par le chef de l'Union Nationale, déposait un autre document,
le document sessionnel portant le no 126. Pour un bon éclairage, je vais
lire la réponse que le ministre a donnée au chef de l'Union
Nationale: "En réponse à la question du député de
Lotbinière, M. Rodrigue Biron, les membres de l'Assemblée
nationale trouveront ci-jointe une liste de nouvelles entreprises qui ont
créé plus de cent emplois chacune et qui se sont
implantées au Québec entre le 15 novembre 1976 et le 1er
février 1978."
Je cite toujours le ministre: "D'après les renseignements qui
m'ont été fournis, cette liste n'est pas nécessairement
exhaustive et il se peut, par conséquent, que d'autres entreprises
créant plus de cent emplois se soient implantées au Québec
pendant la période visée. Toutefois, cette liste donne une bonne
idée des entreprises qui ont la caractéristique d'avoir
créé plus de cent em-
plois au Québec depuis l'arrivée au pouvoir du
gouvernement auquel j'appartiens."
M. le Président, lorsque les membres de l'Assemblée
nationale reçoivent un tel document, ils doivent être
assurés à l'avance que ce document est rigoureusement exact. Ils
n'ont pas normalement à entreprendre des recherches pour savoir si ce
document est exact ou non. C'est là qu'est véritablement l'image
du développement économique et industriel au Québec. Quant
à nous, compte tenu qu'au mois d'avril 1977 le ministre nous avait
déjà déposé un document qui était
passablement inexact, nous avons jugé à propos de communiquer
avec les 29 entreprises mentionnées dans ce document que vous avez ici;
c'est le document déposé par le ministre de l'Industrie et du
Commerce, avec le nom des 29 entreprises.
Le ministre m'a dit tantôt: Vous grimpez dans les rideaux. Quand
vous allez lire ce document, je me demande qui ne grimperait pas dans les
rideaux après le dépôt d'une chose comme
celle-là.
On pourrait diviser cela en trois parties: l'information
véridique, l'information partiellement fausse et celle totalement
fausse. La première catégorie, information véridique du
ministre, concerne quatre entreprises sur 29. Je pense que c'est important de
le souligner. Je vais faire un court résumé de ces entreprises.
Les Aliments Ault, Saint-Hyacinthe: un investissement de l'ordre de $5 200 000;
construction présentement en cours, 130 nouveaux emplois seraient
créés, une filiale de la compagnie Catelli. Barrette et Saucier
Inc., Lebel-sur-Quévillon: au décès de M. Barrette, la
famille Saucier achète les parts; en plus de cet achat, la famille
Saucier investit $3 millions après le 15 novembre 1976; cent nouveaux
emplois ont été créés. Métallurgie Farnham
Inc., Farnham: construction présentement en cours, plus de cent emplois
y seront créés. Tréco Inc., Drummondville je pense
qu'il est important de regarder le contexte Axe Industrie avait
commencé des travaux de construction avec l'aide du MEER, mais, comme il
n'y a pas eu l'appui de la SDI, les travaux ont été
arrêtés; Tréco a alors loué les facilités en
juin 1977. C'est une usine de maisons modulaires; quand l'usine fonctionne, il
y a environ 140 personnes qui y travaillent. Il n'y a eu aucune production en
novembre et décembre 1977. Les usines suivantes pendant que
Tréco fonctionnait ont fermé leurs portes: Pacific Mobile
(350 chômeurs), Industries Wickham (200 chômeurs), Texan (50
chômeurs); donc, dans cette sorte d'industries, 600 chômeurs au
total. (16 h 30)
La deuxième partie, l'information partiellement erronée du
ministre. Il y en a cinq et je les cite. Premièrement, Canadian General
Electric de Québec, un investissement de $2 millions en décembre
1977. Jusqu'à maintenant, 60 nouveaux emplois ont été
créés; éventuellement il pourrait y en avoir plus de 120.
Je prends le texte tel qu'il est donné par le ministre. Le ministre,
dans sa déclaration, se vante que cela se passe depuis l'arrivée
au pouvoir du gouvernement auquel il appartient. C'est donc à lui qu'on
doit s'adresser.
Chaussures de l'Estrie Ltée. Un investissement de $1 030 000 avec
une participation fédérale de $868 000. Aucune participation du
Québec. Les sommes ont été engagées avant le 15
novembre 1976, puisque le début des travaux a eu lieu le 14
décembre 1976. Au 18 octobre 1977, 201 emplois avaient été
créé. Cet investissement avait déjà
été annoncé dans votre document sessionnel du 29 avril
1977.
Troisièmement, Fromages Réunis de Vaudreuil. Encore
là, je pense qu'on pourrait saisir cette chose-là pour attirer
l'attention du ministre et de ses collaborateurs dans cette industrie. C'est un
investissement de $1 million. La fin des travaux en septembre 1977. La
Production de fromages camembert et brie. Le gouvernement provincial a
refusé son aide. Cependant, il l'a accordée à la Cie Anco,
de Saint-Hyacinthe, dont l'investissement est venu bien après et pour
une production identique. C'est une usine très automatisée, ce
qui fait qu'il n'y a eu que 15 nouveaux emplois de créés; d'ici
un an, un maximum de 40 sera atteint. Il ne faut pas déclarer qu'il y en
a plus de 100 quand il y en a 15! Je me demande pourquoi on fait de telles
choses?
Rossignol Canada Ltée. Investissement de $2 400 000. Début
des travaux, le 1er avril 1978. Cela vient de commencer! Il n'y a pas 100
nouveaux emplois de créés. Cela vient de commencer, c'est en
construction.
Uniracord Ltée, de Bécancour. Dossier en phase finale en
novembre 1976, le début des travaux de construction peu après, je
pense bien qu'il y en a plusieurs qui savent cela.
La troisième partie concerne les fausses informations
déposées en Chambre par le ministre, et sur 29 il y en a 20. Je
pense que, seulement cela, cela mérite qu'on convoque le ministre.
La première, Aciers Fastech Ltée, de Sherbrooke. C'est un
achat de la filiale de Quésteel de Longueuil, en faillite. Aucun nouvel
emploi, mais 50 des 110 emplois de la filiale Quésteel ont
été sauvés. Quand on parle de nouveaux investissements,
j'espère que ceux qui accompagnent le ministre ce matin... Entre un
nouvel investissement et l'achat d'une faillite, il y a une maudite
différence! Il faut faire attention à cela. On dit aux membres de
l'Assemblée nationale: Aciers Fastech Ltée de Sherbrooke, on ne
connaît pas cela, mais ceux qui entendent dire cela disent: Mon Dieu, une
nouvelle entreprise qui a été créée, c'est bien!
Mais ce n'est pas cela, c'est une faillite qui a été
achetée!
BFG Ltée, de Saint-Bruno. Encore là pourquoi venir jeter
de la poudre aux yeux? Ceux qui ont l'occasion de suivre depuis plusieurs
années ce dossier le savent. Il faut le résumer parce qu'il a
été passablement long. En mai 1976, la compagnie Bélanger,
de Montmagny, offre d'acheter Renault-Soma. Le contrat a été
signé en août 1976. Le nombre d emplois a augmenté à
Saint-Bruno, mais il a diminué à Montmagny. Au niveau de
I'ensemble, pour la compagnie Bélanger, cela a toujours le même
nombre d'emplois, soit 700 environ comme tout le monde le sait. Pourquoi
essayer
d'aller faire croire à la population, par le truchement de
l'Assemblée nationale, qu'on a de nouvelles industries alors que c'est
un déplacement?
Caramco Canada Ltée, de Bécancour. D'après nous, il
y a certainement une faute d'orthographe parce que le vrai nom de la compagnie,
suivant les informations qu'on a eues sur place, c'est Céramco Canada
Ltée. Tous les investissements avaient précédé le
15 novembre 1976, incluant la construction de l'usine. Il va falloir que le
ministre nous explique à quelle place Céramco Canada Ltée
a construit une usine, investi et créé plus de 100 emplois depuis
le 15 novembre 1976.
Cassidy's Ltée, de Brassard. La décision d'investir
à Brassard a été prise bien avant le 15 novembre 1976.
Encore là qu'est-ce qu'il y a eu? Il s'agit d'un
déménagement de la compagnie. En effet, la compagnie a vendu son
édifice situé sur la rue Saint-Paul à Montréal pour
construire un édifice plus moderne à Brossard. Il y aurait
même eu une diminution de personnel parce que les travailleurs de
Montréal qui avaient refusé le déplacement à
Brossard n'ont pas été remplacés. Nous on apprend
qu'à Cassidy's il y a au moins 100 employés de plus depuis que le
gouvernement du Parti québécois est au pouvoir. Il va bien
falloir qu'il y ait quelqu'un qui dise la vérité
là-dedans.
Les Chaînes trempées canadiennes Ltée, de
Saint-Georges-de-Beauce. Il doit y en avoir qui connaissent cela. On annonce
cela comme un projet d'investissement de plus de 100 emplois depuis le 15
novembre, mais ce projet a avorté. Il n'y en a même pas de projet.
L'investisseur américain ne semble intéressé à
faire revivre le projet qu'au moment où la situation au Québec
sera stabilisée. Pourquoi aller nous dire qu'il y a plus de 100 emplois
quand le projet a avorté? Il y a toujours un bout à bourrer le
monde.
En voici une des bonnes. Le Château de l'aéroport Mirabel.
Vous savez comme moi que le gouvernement actuel a toujours été
favorable à cet aéroport pour le vanter. On nous donne comme
réussite du gouvernement, depuis le 15 novembre, le Château de
l'aéroport Mirabel. Cela s'adonne qu'il y en a quelques-uns qui savent
un peu comment cela marche à Mirabel. Mirabel a existé avant le
15 novembre. La décision de construire le Château de
l'aéroport a été prise en 1974, comme vous le savez. Le
début des travaux de construction furent en juin 1975. Pas en juin 1977,
mais en juin 1975, et l'ouverture officielle a eu lieu le 3 décembre
1977. Je ne vous dirai pas ce que les gens avec qui nous avons
communiqué nous ont dit en apprenant que le gouvernement du Parti
québécois faisait l'éloge de cet investissement sous son
régime. Il y en a plusieurs qui seraient édifiés.
Septièmement. Didier Corporation, de Bécancour. Cet
investissement fut décidé bien avant le 15 novembre 1976. L'usine
était même en construction le 15 novembre 1976.
Forges HPC Ltée, du Cap-de-la-Madeleine. Il doit y en avoir qui
savent ce que cela veut dire. Là on nous dit qu'il y a 100
nouveaux emplois de créés depuis 15 novembre 1976 alors la
vérité est tout autre. C'est uniquement un projet. Cette
compagnie s'installerait dans l'ancienne usine de la Wayagamack, usine
fermée par la Consalidated-Bathurst. Soixante, seulement, des 250
emplois de la Wayagamack seraient sauvés.
Ferox-Leroy Incorporée, de Val-d'Or. Le ministre connaît
particulièrement cette compagnie. Je pense qu'il est allé
à l'ouverture officielle de cette compagnie. C'est un investissement de
près de $20 millions. Le début des travaux en avril 1976,
lexploitation de l'usine en octobre 1977; 150 nouveaux emplois en usine.
Gazette Canada Printing de Candiac. Quand on communique avec des gens de
la compagnie et qu'on dit: Monsieur, voulez-vous nous dire le montant des
investissements depuis le 15 novembre 1976 et le nombre d'emplois? Nous avons
un document du ministre de l'lndustrie et du Commerce qui nous dit que vous
avez créé 100 emplois depuis le 15 novembre 1976, on se fait
répondre sèchement que tout avait été fait avant le
15 novembre 1976, y compris l'achat. On reste un peu surpris.
Les Industries Ceraco Limitée, de Bécancour. Il y a
certainement quelque chose. On le porte à l'attention de la commission.
Cette compagnie n'existe pas sous ce nom. Il est probable qu'il y ait, ici
aussi, une faute d'orthographe, et qu'on devrait lire Les Industries
Céramco Limitée. Dans ce cas, il s'agirait de la même
industrie dont je viens de parler, Céramco Canada Limitée.
Leroy-Somer, de Granby, un investissement de $7 500 000, participation
du fédéral: $2 millions; participation provincial: $1 275 000.
Début des travaux en 1975, pas en 1977. Fin des travaux en 1977. 50
nouveaux emplois ont été créés sur un programme de
trois à quatre années, pas plus que cela.
Lorem-Komo, de Val d'Or. Encore là, il faut avoir le contexte. Le
gouvernement Bourassa a créé la baie James et il se trouve qu'il
y en a qui ont soumissionné. Il y en a un, entre autres, qui
soumissionnait pour des formes préfabriquées. Il a obtenu un
contrat à la baie James. Là, pour que ce soit plus commode pour
lui, il s'est installé à Val d Or. C'était un projet de
trois ans dont deux ans sont terminés. Ces gens-là, ce n'est pas
une industrie permanente, c'est une industrie en vertu d'un contrat qu'on a
à la baie James. Il n'est pas question d'investissement et de
création de 100 nouveaux emplois à Val d'Or. Encore là,
pourquoi aller donner cela?
Les Alliages Commerce Inc., de Côte Sainte-Catherine. Je
répète le nom, Les Alliages Commerce Inc., de Côte
Sainte-Catherine, compagnie qui doit avoir investi passablement parce que
créer 100 nouveaux emplois depuis le 15 novembre, c'est très
important. Les renseignements, après avoir communiqué dans ce
coin avec cinq personnes dûment mandatées, sont que personne,
à Sainte-Catherine, ne semble au courant qu'une telle entreprise
existe.
M. Charbonneau: Avec qui avez-vous communiqué?
M. Lamontagne: Je le porte à votre attention. Si vous
possédez des renseignements, vous les donnerez.
Les Aliments Ault. Là, il arrive une chose. Dans le dossier qui
nous a été transmis par le ministre, nous avons le numéro
2, Aliments Ault, de Saint-Hyacinthe, et, à la page 2, nous avons Les
Aliments Ault, de Saint-Hyacinthe, qui compteraient pour deux investissements
et deux créations de 100 emplois chacune. A notre avis, il s agit de la
même compagnie. Dans le même texte, Aliments Ault et Les Aliments
Ault, cela se ressemble drôlement. On dirait qu on ne se donne même
pas la peine de vérifier même le nom des entreprises, si on ne les
répète pas.
Les Aliments Grissol, de Magog. Je pense qu'il y en a plusieurs qui
connaissent cela. Cela, c est une longue histoire. Ceux qui ont vécu
dans ce coin, ceux qui ont connu la faillite de Federal Packing savent qu il
s'agit de la faillite de Federal Packing. Le prix d'achat a été
de $1 250 000 et le contrat signé avant le 15 novembre 1976. Qu est-ce
que cela a eu comme but? Cela n'a pas eu, comme but, de créer de
l'emploi et de l'investissement. Cela a conservé, cependant, 140 des 200
emplois de la Federal Packing. Je pense que ce dossier est assez public pour
que tout le monde en soit bien au courant.
M. Tremblay: C est ce qu'on fait depuis le 15 novembre,
réparer la viande avariée laissée par les
libéraux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Tantôt vous parliez debout. Faites bien
attention à ce dont vous allez parler!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Vous êtes bien mal placé pour
commencer à charrier, vous, à matin.
M. Lamontagne: M. le Président, voulez-vous fermer la
petite boîte à ce jeune homme là, là-bas?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît! M. Lamontagne, également, à
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Verchères,
à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Le grand "flo", là, ne commencez pas
à venir insulter les députés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! M. le député de Verchères, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: C'est tout ce qu'il peut faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: Les produits forestiers...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: La vieillesse n'a rien à voir dans
cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, je vous demande de retirer vos
dernières paroles.
M. Charbonneau: M. le Président, vous demanderez au
député de Roberval de retirer ses paroles également. Il y
a toujours des limites.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, s'il vous plaît! A l'ordre, s
il vous plaît! Je vous demande à tous de respecter le
règlement. Même si les règles pour cette question avec
débat sont assez imprécises, il n'en demeure pas moins que la
plupart des articles du règlement de l'Assemblée nationale sont
encore en vigueur. Je demanderais à tous de les respecter, s'il vous
plaît!
M. Lamontagne: M. le Président, est-ce que le
député de Verchères va retirer ses paroles?
M. Charbonneau: Que le député de Roberval retire
les siennes.
M. Lamontagne: C est vous-même qui lavez demandé.
Voulez-vous les retirer, s'il vous plaît?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Remarquez qu'il n'est pas obligé de le faire.
M. Lamontagne: Voulez-vous, au moins, le lui demander encore pour
que je connaisse un peu son sens parlementaire?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Roberval, je le lui ai demandé une fois.
M. Charbonneau: II va retirer ses paroles lui
également.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Lamontagne: Les Produits forestiers Saucier, de Senneterre. Je
pense qu'il y en a plusieurs qui viennent de TAbitibi qui les connaissent bien.
C est bon de se le rappeler, c'est un achat par la famille Saucier d'une des
usines de la faillite Paradis. Encore là, il s'agit d'un cas de
faillite. Il ne s'agit pas d investissement; c'est Paradis et Fils qui avait
investi et non pas ceux qui l'ont acheté. Les 200 emplois ont
été conservés; 50 en usine et
150 en forêt. En plus du prix d'achat, $2 millions ont
été investis, mais aucun nouvel emploi n'a été
créé. Ceux qui viennent de notre région, M. le
Président, savent que, dans l'industrie de bois de sciage, souvent quand
on investit des millions, l'objectif premier n'est pas d'augmenter les emplois,
mais de mécaniser et cela produit toujours en général une
diminution d'emplois. (16 h 45)
Les Scieries Senneterre Ltée, de Senneterre: le groupe
Normick-Perron achète une des usines, encore là, de la faillite
de Paradis et Fils. Il ne s'agit, en aucun moment, d'investissement, mais
simplement d'un achat au terme d'une faillite. Mitel Corporation Ltée de
Bromont; encore là, suivant nos informations, le véritable nom de
cette compagnie serait Mitel Semiconductor Inc. II s'agit de I achat d'une
installation existante. Tous les fonds avaient été engagés
avant le 15 novembre 1976; 70 emplois ont été
créés. C'est un investissement qui avait, d'ailleurs,
déjà été annoncé dans le document sessionnel
du 29 avril 1977. SIDBEC-Normines de Port-Cartier; c'est une usine de boulettes
dont on a parlé régulièrement ici à
l'Assemblée nationale au cours des années 1970. La construction
n'a pas commencé en 1977, elle a commencé en 1974. Des 40
employés cadres en novembre 1977, la compagnie a maintenant à son
emploi 306 employés. C'est sur une période de quatre ou cinq ans.
Ce n est pas un nouvel investissement.
M. Tremblay: La loi 41 de l'été passé,
c'était quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: La loi 41 sur SIDBEC, l'été
passé, $118 millions c'était quoi?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Ecoutez, je parle du document que vous donnez sous
votre signature. Ecoutez, M. le ministre, c'est vous qui donnez cela!
Une Voix: ... 31.
M. Lamontagne: Vous dites que des entreprises...
M. Charbonneau: ... ensemble, l'été passé...
M. Lamontagne: Vous le savez fort bien. M. Tremblay: ...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Je vous parle de compagnies que vous
déclarez avoir été implantées depuis le 15 novembre
1976 et qui ont créé plus de cent nouveaux emplois par compagnie.
Je pense bien que, comme ministre de l'Industrie et du Commerce, vous savez ce
qu'est cette compagnie. Vous savez bien que cela fait quelques minutes qu'elle
existe, elle existait même avant plusieurs d'entre nous. C'est en 1974
que cela a commencé.
M. le Président, je pense qu'on ne peut pas continuer comme cela
à donner à l'Assemblée nationale des opinions fausses.
Pour plusieurs ici, cela peut paraître choquant d'entendre cela. C'est
notre travail de parlementaires. Des fois, on peut le faire sur
différents tons, mais quand c'est la deuxième fois, sur 29 qu'il
y en ait vingt, du moins à notre avis, qui présentent des
faussetés, c'est un peu incompréhensible qu'on dépose un
tel document, surtout après l'expérience du 29 avril 1977.
Je pense que le ministre aurait grand intérêt, surtout
cette semaine, avant qu'il parte pour Genève, il est entouré de
plusieurs de ses hauts fonctionnaires, de s'entendre avec eux, de faire une
espèce de livre pour véritablement bien informer. Le ministre,
quand il se vante que "depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement
auquel j'appartiens", il prend à son compte tout ce qui est là.
Sa transparence, sa franchise, ce n'est pas tout à fait ce que je
retrouve là-dedans. Et lorsqu'il prendra la parole, tout à
l'heure, j'aimerais qu'en votre nom, M. le Président je suis
certain que vous êtes d'accord avec moi il nous explique comment
il va faire baisser le chômage, dans la région du Saguenay, de
19,5% qu'il est actuellement. Non pas le faire baisser subitement, mais avec
quel programme il peut, pour le Saguenay, arriver, sur un certain nombre
d'années, à l'abaisser à la moyenne provinciale de 11%. On
en serait déjà extrêmement heureux.
On n'est pas satisfait globalement d'une moyenne de chômage de 11%
au Québec, mais quand on a une région qui connaît un
chômage de 19%, on se réjouirait d'avoir un chômage de 11%
dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Michaud: Avez-vous les chiffres de 1975?
M. Lamontagne: Pardon?
M. Michaud: Les chiffres de 1975?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Ce sont des chiffres très récents,
que le ministre a d'ailleurs lui-même en main, que j'ai cités,
c'est Statistique Canada, de mars 1978, les chiffres du chômage par
région. Si vous voulez avoir votre région, on peut vous la donner
également.
Enfin, M. le Président, en terminant, et il est essentiel que le
gouvernement et le ministre en particulier réagissent de façon
responsable. On ne peut pas continuer, à l'Assemblée nationale
ailleurs si vous voulez, dans vos discours, c'est de votre affaire, mais
pas à l'Assemblée nationale à fausser la
vérité. Il est vrai qu'un tel comportement est devenu la marque
de commerce des députés et
des ministres. Mais aussitôt qu'on les attaque un peu, et qu'on
élève le ton, on se fait traiter de baveux,
d'incompétents, de malhonnêtes, d'ex-patronneux...
M. Charbonneau: Faites attention à ce que vous allez
dire.
M. Lamontagne: Je pense qu'on a un droit de parole autant que
n'importe qui ici.
M. Charbonneau: On ne se fera pas accuser de menteurs sans rien
dire, par exemple.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Quand on a eu à subir ce que vous avez
fait pendant six ans.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A I'ordre, s il vous plaît!
M. Lamontagne: Vous voyez, M. le Président, le genre
d'interventions qu'il veut faire.
M. Charbonneau: Ne commencez pas à faire de
moralité, vous n'avez pas de leçon à donner à
personne.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s il vous plaît!
M. Lamontagne: Je pense que ce n'est pas toujours facile de faire
notre travail, mais ceux qui vous ont précédé en cette
Chambre, relisez leurs débats, vous allez voir que je suis bien
placé ce matin pour parler et pas trop nerveux à part cela.
M. Charbonneau: Je ne suis pas nerveux du tout, c est vous qui
êtes énervé depuis tantôt et que vous parlez avec un
ton...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît! A l'ordre! A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lamontagne: On dépose des documents, avec des grands
principes, voici MM. les députés, comment on a investi au
Québec. Mais on est obligé, parce qu'on ne croit plus ce
gouvernement, d'aller directement auprès des compagnies pour
vérifier si c'est vrai ou faux qu'ils investissent, et quand on obtient
une telle réponse, c'est nous qui sommes menteurs, en plus. Je pense que
le ministre va devoir...
M. Charbonneau: Si vous vérifiez auprès de vos
organisateurs libéraux, cela n a aucune crédibilité
à nos yeux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Verchères, vous demanderez la
parole tout à l'heure et je vous l'accorderai.
M. Lamontagne: M. le Président, je m'adresse à
vous. C'est une méthode d'intervention que le député de
Verchères a déployée un peu à l'Assemblée
nationale.
M. Charbonneau: ... la vierge offensée.
M. Lamontagne: Vous pourriez facilement lui expliquer,
privément ou autrement, qu'un droit de parole doit être
accordé par le président d'une assemblée.
Là-dessus, M. le Président, pour donner la chance au
député de Verchères de parler, je vais céder mon
droit de parole à un autre.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
J'aimerais dire immédiatement que j'ai dépassé la
règle habituelle des 20 minutes tout simplement parce que le
député de Roberval et le ministre ont un droit de parole
privilégié. Donc, à partir du moment où ils ont un
droit de parole privilégié, étant donné qu'ils
pourraient éventuellement reprendre la parole le temps qu'ils
voudraient, je pense qu'il est normal, dès cet instant, de leur accorder
plus de 20 minutes. Evidemment, la même règle s'applique au
ministre. M. le ministre.
M. Tremblay: Lorsque le président de la Chambre a lu la
motion, hier, me demandant de venir en commission parlementaire pour discuter
de la situation de l'emploi au Québec, je croyais qu'il allait s'agir
d'un débat sur la situation de l'emploi. La puce m'avait
été mise à l'oreille par l'un des membres de l'Opposition
officielle, critique économique et financier du Parti libéral,
qui, lorsque je lui ai demandé s'il allait assister à cette
commission, m'a répondu: Non, c'est une manoeuvre politique, je ne veux
pas toucher à cela.
M. Lamontagne: Question de privilège.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II n'y a
pas de question de privilège en commission.
M. Lamontagne: Question de règlement. Je pense que le
député d'Outremont a le droit à la
vérité.
M. Tremblay: Je n'ai mentionné aucun député,
M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: Le critique financier...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: ... est en voyage et vous le savez fort bien.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: S'il n'était pas en voyage, il serait ici
ce matin.
M. Charbonneau: Vous en avez deux critiques financiers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
Réponse du ministre
M. Rodrigue Tremblay
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai pas mentionné
de nom. Ceci m'avait mis la puce à l'oreille et je l'avais d'ailleurs
mentionné au député de Roberval hier. J'avais
soulevé cette question. Il est évident que ce matin l'Opposition
officielle n'a délégué ni un critique économique,
ni un critique financier pour venir discuter de cette question. Le
député de Jean-Talon n'est pas ici, le député
d'Outremont n'est pas ici, le député de Saint-Laurent n'est pas
ici et même des députés un peu plus versés dans les
questions économiques, dans le domaine de l'agriculture ou autres, ne
sont pas ici. Ce que nous avons ici, c'est le whip du parti et le
député de Mont-Royal, pour l'Opposition officielle.
Je crois que le whip du parti, M. le député de Roberval,
suit un peu les traces de l'ancien whip du Parti libéral, M. Philippe
Lacroix, c'est-à-dire que c'est un parlementaire dont je lisais les
déclarations quand j'étais à l'université et qui me
scandalisait sur le fonctionnement des travaux à l'Assemblée
nationale. Je dois regretter d'avoir été entraîné ce
matin dans ce guet-apens de pure politique et de pure partisanerie de bas
étage et d'arrière-boutique. La situation de l'emploi et de
l'économie québécoise dans le cadre de l'économie
canadienne est autrement plus sérieuse que veut le présenter le
représentant de l'Opposition officielle. On n'a pas le droit de faire de
la basse partisanerie, de faire de la basse politique sur le dos des
chômeurs et sur le dos de l'ensemble de l'économie du
Québec. Cela, je voudrais le déplorer publiquement.
Cette manoeuvre politique puisqu'il est évident que c'en
est une vise surtout à attaquer le ministre de l'Industrie et du
Commerce; dans le texte qu'il a lu, le député de Roberval ne s'en
est pas caché. Il est évident que le ministre de l'Industrie et
du Commerce, depuis un an et demi, a fait énormément de choses
pour raffermir l'industrie et l'économie du Québec. Il est aussi
évident qu'en un an et demi un nouveau ministre de l'Industrie et du
Commerce ne peut pas réparer 30 ans d'inaction au plan industriel, 30
ans de laisser-faire. En un an et demi, la liste de nos gestes concrets, non
pas au niveau des grandes déclarations de politique ou de partisanerie,
mais au niveau des gestes concrets, commence à illustrer des
résultats. C'est ce qui énerve l'Opposition officielle et je
dirais ce qui énerve aussi le député de Lotbinière
qui, en Chambre, il y a quelques jours, s'est permis des accusations de bas
étage à mon endroit.
Je pense que ceci est de bon augure. C'est donc que les actions du
gouvernement au plan économique commencent à porter fruit, que la
population commence à s'en rendre compte, comme le ministre des Finances
de l'Ontario qui il y a quelques semaines, disait à Londres que le
gouvernement du Parti québécois était un très bon
gouvernement et que ceci créait certaines contraintes dans son
entourage. Le ministre des Finances, M. Darcy McKeough, disait à
Londres, en janvier: Les gens ordinaires, même ceux qui sont
complètement opposés à la séparation, sont
probablement un peu moins craintifs qu'ils ne I'étaient il y a un an
parce que le Parti québécois a très bien administré
la province au cours de la dernière année.
M. le Président, le ministre McKeough est celui qui a
conseillé le ministre Chrétien pour son dernier budget. Il a donc
des liens très étroits avec la direction du Parti libéral
fédéral même s'il est un ministre conservateur de
l'Ontario.
Il est évident, M. le Président, que la panique semble
s'emparer de l'Opposition officielle et aussi, à un moindre degré
peut-être, de l'Union Nationale sur le plan économique. Quelques
mois après notre arrivée au pouvoir, mon premier geste a
été de rédiger la loi de la relance économique pour
les petites et les moyennes entreprises. En quelques mois, nous avons
présenté la loi 48 pour créer les fonds de relance
industrielle, pour que les 6000 petites et moyennes entreprises du
Québec puissent disposer du capital de risque nécessaire à
leur expansion. Première initiative depuis des années. On n'avait
jamais vu une mesure aussi énergique et aussi rapide d'un gouvernement
afin de venir en aide à l'expansion des petites et des moyennes
entreprises et ceci avec un minimum de chinoiseries administratives, puisque la
moitié de l'impôt de ces entreprises pouvait être
utilisée pratiquement sans aucun contrôle pour faire de
l'expansion, pour faire de la recherche, pour faire de l'innovation.
Je suis heureux de confirmer aujourd'hui que 4000 de ces 6000 petites et
moyennes entreprises se sont inscrites à ce programme et vont
bientôt commencer à tirer profit des sommes importantes qui leur
sont allouées dans le cadre de ce programme pour relancer
l'industrialisation des petites et des moyennes entreprises.
M. le Président, cela se produisait quelques semaines aussi
après avoir accédé au pouvoir, après avoir pris les
rênes d'un gouvernement qui avait été pendant six ans un
gouvernement libéral qui se targuait d'être un bon administrateur
économique et financier. On le savait, c'étaient des
économistes de très petite formation qui avaient suivi quelques
cours. C'était très connu. Quand j'étais directeur du
département de sciences économiques, un étudiant avait
présenté le dossier de quelques-uns des ministres qui se
présentaient comme économistes et on les avait admis sous un nom
d'emprunt en première année d'économie.
Une Voix: CEGEP.
M. Tremblay: M. le Président, en six ans de pouvoir de ce
gouvernement et quatre ans de pouvoir de l'Union Nationale, de 1966 à
1970 évidemment, on pourrait retourner encore loin en
arrière jamais on n'avait eu le courage de présenter une
loi comme la loi 48, jamais non plus on n'avait eu le courage de
présenter une vraie politique d'achat pour le gouvernement du
Québec. On parlait d'une politique d'achat au Québec depuis des
décennies. L'Ontario s'en était donné une depuis des
décennies. Les autres provinces avaient des politiques d'achat depuis
des décennies. Le Québec, lui, discutait, parlait de 100 000
emplois pendant que nos petites et nos moyennes entreprises croupissaient alors
que nos commandes, provenant même de notre propre gouvernement, allaient
en Ontario et aux Etats-Unis.
L'actuel gouvernement, en quelques semaines de pouvoir, a établi
une politique d'achat. Il y a quelques semaines, j'ai posé un autre
geste dans le cadre de la politique d'achat, avec le répertoire de tous
les produits fabriqués au Québec, qui a été
distribué à 15 000 exemplaires à nos entreprises du
Québec et dans tout le réseau des achats gouvernementaux.
Il me fait plaisir d'annoncer que dans deux semaines nous allons lancer
un livre de poche à 100 000 exemplaires pour l'ensemble du
Québec, reflétant les marques de commerce, les produits
fabriqués par nos entreprises, avec une incitation pour que la
population dans son ensemble, et non pas simplement les entreprises et les
secteurs public et parapublic, contribue à l'essor économique de
notre pays. (11 heures)
M. le Président, j'ai déposé hier la loi 37 qui
vise à relancer la productivité de notre économie. Il est
évident que, si nous voulons préparer un pays, un Québec
fort, prospère, non dépendant des largesses des autres, mais un
pays de Québécois et de Québécoises qui se tiennent
debout, il nous faut posséder une économie qui soit productive.
Nous ne parlons pas, nous ne lisons pas les discours écrits par
d'autres; nous agissons. Un programme de relance de la productivité sera
mis de l'avant par ce gouvernement d'ici quelques semaines.
Il est évident et je vois le député de
Huntingdon que nous avons étudié au début de la
semaine la loi 21 qui, encore, répondait à une demande qui a
été formulée depuis des décennies. Il s'agit de
permettre à notre réseau de 9000 petites épiceries du
Québec de renforcer leur structure financière afin de faire face
à la concurrence des géants dans ce secteur et de rendre les
services encore plus personnalisés à la population du
Québec. Programme populaire, donc, parce qu'il répond à un
besoin. Mais parce que nous avons un gouvernement qui n'a pas les mains
attachées par les bailleurs de fonds, nous avons donc un gouvernement
qui peut agir et répondre aux besoins de la population. Il y a 9000
petites épiceries qui se retrouveront renforcées dans leur base
financière avec ce projet de loi.
On parlait depuis des décennies de ramener l'administration des
pêches auprès des pêcheurs, plutôt que de forcer les
pêcheurs dont le niveau de vie est relativement bas à venir passer
trois ou quatre jours à Québec, dans des chambres d'hôtel,
à faire de grandes dépenses, à attendre que certains
fonctionnaires daignent les recevoir. On avait même eu un ministre de
l'Industrie et du Commerce, responsable des pêches, qui venait du
comté de Bonaventure, qui aurait aimé faire ce genre de choses,
mais son gouvernement était trop faible, ceci à cause d'un manque
de résolution, de décision.
Ce n est pas un gouvernement qui parle que nous avons; c'est un
gouvernement qui agit. Nous allons décentraliser les pêches
maritimes. Nous allons rapprocher ces services des utilisateurs, rapprocher ces
services de nos 6000 pécheurs du Québec qui représentent
une activité fondamentale pour l'économie du Québec. Il y
aura une décentralisation en Basse-Côte-Nord, a La
Tabatière, une concentration à Cap-aux-Meules. aux
Iles-de-la-Madeleine, un effort de recherche à Grande-Rivière,
une expansion de la capitale des pêches, à Gaspé. Le whip
du Parti libéral, qui est le successeur de Philippe Lacroix,
député des Iles-de-la-Madeleine, devrait demander à son
député de Gaspé ce qu'il pense de cette mesure du ministre
de I'Industrie et du Commerce.
Je comprends que cela vous fasse peur. Je comprends que des mesures
semblables créeront dans la population un engouement pour ce
gouvernement et pour le Québec, un gouvernement qui se tient debout, qui
est québécois et qui défend les intérêts du
Québec.
Lorsque I'Opposition a pris connaissance des programmes de relance
économique que nous avons annoncés l'automne dernier et qu'on
retrouvait sous la section industrie et commerce toute une panoplie de ces
programmes, je comprends que I'Opposition ait pris panique au plan
économique. Ils se sont dit: Ce gouvernement agit. Celui d'Ottawa,
évidemment, laisse pourrir les choses. Mais ce gouvernement du
Québec agit avec une main attachée derrière le dos, pas de
banque nationale, pas de banque centrale, pas de possibilités d'agir sur
la politique commerciale, seulement la moitié des impôts et dans
le cas des entreprises, seulement le quart des impôts. Imaginez-vous, M.
le Président, si on avait la totalité des impôts des
sociétés commerciales et industrielles, quel serait l'impact de
la loi 48 qui ne peut s appliquer qu au quart des impôts des
sociétés. Nous sommes obligés de stimuler
l'économie du Québec, de stimuler la croissance des entreprises
et les trois quarts des impôts de ces entreprises s en vont à
Ottawa présentement. Le gouvernement du Québec est en train de
renflouer le gouvernement fédéral par ses politiques
économiques à cause de l'inaction et de l'incompétence des
administrateurs économiques à Ottawa.
Je comprends que, lorsqu'on regarde la liste des programmes que nous
avons annoncés au mois d'octobre: $2 800 000 pour les pêcheries,
pour construire des bateaux, renouveler notre flotte: un programme
spécial pour les industries
traditionnelles que le gouvernement fédéral avait
laissé s'effondrer sous la pression des importations alors que les
Etats-Unis et le Marché commun européen avaient stabilisé
le marché intérieur par l'imposition de contingentements. $15
millions ont été placés dans ce fonds de stabilisation des
industries traditionnelles. Depuis quelques mois, depuis que ce programme est
en marche, il n'y a pratiquement pas de fermeture dans ce domaine, même
si le gouvernement fédéral, dans le domaine des chaussures, dans
le domaine des gants, n'a pas agi comme on le lui avait recommandé. Un
gouvernement provincial, qui n'a pas les outils, a été
forcé de recommander des politiques que le gouvernement
fédéral, au plan économique, devait suivre. Non seulement
ce gouvernement doit-il administrer une province, mais il doit aussi
élaborer les politiques économiques qu'applique un autre
gouvernement parce que ce dernier n'a pas la compétence pour le
faire.
Programmes pour les industries innovatrices: $15 millions ont
été mis sur pied pour procurer de l'aide à nos entreprises
innovatrices. Il m'a fait plaisir, lundi passé, d'aller inaugurer une
usine qui fabrique présentement un produit inédit au
Québec, soit les camions balayeurs de rues qui, auparavant,
étaient importés des Etats-Unis. C'est la société
Dumco, de la ville de Laval.
M. le Président, on avait un autre programme pour les petites
entreprises manufacturières, qui ont moins de 20 employés, qui
reçoivent une fin de non-recevoir de la part des banques et des
institutions financières lorsqu'elles veulent renflouer leur fonds de
roulement. Nous avons mis sur pied un programme de $12 millions pour permettre
à la Société de développement industriel d'accorder
des prêts non garantis à ces petites entreprises qui, souvent,
sont des entreprises très innovatrices, très dynamiques, qui sont
réparties dans l'ensemble des municipalités du Québec et
qui crééent de l'emploi régionalisé. Par
conséquent, elles sont la semence de la structure industrielle future du
Québec. Elles sont petites, oui, mais elles peuvent devenir plus grandes
si on les aide plutôt que de les ralentir.
Evidemment, lorsque le gouvernement du Parti québécois a
annoncé sa politique de taxe de vente, il y a un mois, l'Opposition
officielle et l'Union Nationale se sont dit que ce gouvernement, au plan
économique, était extrêmement éveillé au
problème du Québec. Il agit rapidement. On a un gouvernement
central qui laisse pourrir nos secteurs industriels les plus importants au
Québec: le textile, le vêtement, la chaussure, le meuble, qui sont
répartis à travers tout le territoire, qui emploient des
travailleurs et des travailleuses dans ces régions qui pourraient
difficilement être recyclés dans d'autres types d'industries sans
se déplacer sur de longues distances, etc. Voyant le gouvernement
fédéral qui a laissé ces secteurs dépérir,
voyant le gouvernement fédéral prendre conseil, pour
élaborer son budget du ministre des Finances de l'Ontario, en voulant
jouer ce petit tour, cette petite "gammick" électorale d'abaisser
temporairement pour six mois, je me demande ce qui se produira maintenant,
après la volte-face du grand prince Trudeau. Qu'est-ce qu'il adviendra
de cette taxe de six mois? Peut-être va-t-on la prolonger de quelques
semaines pour tenir comptes des échéances électorales.
C'est donc un budget fédéral qui a abaissé durant six mois
la taxe de vente de 2%, si cela durait six mois, c'était 3%. Dans les
Maritimes on payait tout. Au Québec on disait: C'est $115 millions que
vous ajoutez ou vous n'avez rien, même si c'est un domaine de juridiction
fiscale sans contredit de juridiction québécoise.
M. le Président, le gouvernement a posé un geste d'une
rationalité économique irréprochable, d'une fierté
politique qui a reçu l'unanimité à l'Assemblée
nationale, un geste qui englobait une préoccupation sociale parce qu'il
s'adressait aux acheteurs et aux consommateurs qui n'ont pas les budgets pour
se payer de grandes Cadillac en six mois. C'est un geste qui reflétait
la compétence économique du gouvernement, la compétence
politique et la compétence social-démocrate du gouvernement. Il
est compréhensible, M. le Président, que le gouvernement ait
annoncé que la taxe de vente, dans ces secteurs, serait abolie durant au
moins douze mois et non pas simplement réduite temporairement.
Pour montrer comment cette mesure allait avoir un impact important dans
la relance économique du Québec, même si nous ne sommes
qu'un gouvernement provincial qui n'a pas les leviers pour stabiliser
l'économie comme l'a le gouvernement fédéral et comme
c'est la responsabilité du gouvernement fédéral, je
lisais, hier, dans Montreal Star, un article qui disait: "Apparel sales boom.
Who says the Québec economy is in direstraits and in urgent need of a
shot in the arm? If the Apparel Salesmen's Market is any indication, the
economy appears to be turning the corner. Business is booming at the salesman's
show, which ends today at the Sheraton Mount Royal." C'était dans
l'édition du 11 mai du Montreal Star.
Donc, on a un gouvernement provincial que les représentants de
l'Opposition officielle voudraient voir encore plus provincialise, qui, avec
ses moyens relativement démunis, réussit à relancer
l'économie du Québec. Je comprends la panique de l'Opposition
officielle. Je sympathise parfois avec l'Opposition officielle, peut-être
pas avec le député de Roberval mais avec les critiques financiers
et économiques de l'Opposition officielle qui se trouvent un peu
désemparés et qui refusent de venir s abaisser à une
commission comme celle d'aujourd'hui pour lancer de la boue à un
ministre dans le but de diminuer sa popularité dans l'opinion publique
et d'essayer de ralentir I'action du gouvernement.
Je pourrais continuer sur ce thème. Je ne mentionnerai que
rapidement la manchette du Globe and Mail du 25 janvier qui disait: "For the
first time in several years, there are some encouraging signs for
Québec's economic performance." On a enfin un nouveau gouvernement. Cela
ne fait qu'un an et demi. Les journaux de l'extérieur du Québec
disent maintenant: L'économie du Qué-
bec commence à prendre du poil de la bête, alors qu'on a
connu un gouvernement pendant six ans qui l'a conduite dans l'ornière
où on l'a trouvée le 15 novembre 1976.
Le député de Roberval a fait grand état d'un
document que mes fonctionnaires avaient préparé à la suite
d'une question du député de Lotbinière en Chambre. Ce
n'était donc pas un document que nous avions déposé de
nous-mêmes, mais c'étaient des renseignements qui avaient
été sollicités. Je voudrais déposer une version
allongée de ce document préparé par mes
fonctiionnaires.
J'ajouterais qu'il n'existe aucune loi, dans une économie de
marché comme la nôtre, qui oblige une entreprise qui crée
de l'emploi, qui fait des agrandissements ou qui fait un investissement
à s'enregistrer auprès du gouvernement. Un parti comme le Parti
libéral, qui se targue d'être en faveur de l'entreprise
privée, devrait savoir qu'il n'existe pas de lois qui obligent les
entreprises à venir s'enregistrer au ministère de l'Industrie et
du Commerce parce qu'elles créent de l'emploi. Si elles
s'enregistraient, ce n'est pas une trentaine d'entreprises qui ont
créé plus de 100 emplois qu'il aurait fallu déposer, il
aurait fallu en déposer une liste plus longue. J'ai ici l'ensemble des
aides consenties par la Société de développement
industriel depuis le 15 novembre 1976 jusqu'au 21 février 1978. Je n'ai
pas eu le temps de demander de compléter ce tableau pour les mois de
mars et d'avril. La Société de développement industriel a
fait 337 interventions d'aide industrielle pour des investissements au
Québec depuis le 15 novembre 1976. Ce n'est pas 29 ou 30 nouvelles
entreprises que nous avons de plus au Québec, c'est beaucoup plus que
cela. Uniquement les investissements financés par la
Société de développement industriel, nous permettent d'en
dénombrer 337. J'aimerais déposer aussi ce document.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
pouvez continuer, M. le ministre, il n'y a pas de dépôt en
commission parlementaire mais il y a distribution. Je reçois tout
simplement l'invitation du ministre à distribuer aux membres de la
commission les documents dont je vais faire faire des photocopies.
M. Tremblay: M. le Président, je m'attendais, ce matin,
que nous puissions discuter de la situation de l'emploi au Québec qui,
pendant les 30 dernières années, a toujours été
à la traîne de la situation qui a existé dans l'ensemble du
Canada et dans l'ensemble de l'Ontario. Cette situation est justement l'une des
grandes sources de préoccupation et représente la raison
même de notre présence ici, au gouvernement.
Il est évident que, si nous avions voulu venir en politique
simplement pour diriger un gouvernement provincial, une sorte de grosse
municipalité qui serait sous la dépendance d'un gouvernement
fédéral, nous ne serions pas ici. C'est parce que nous avons
connu, depuis 30 ans nous pourrions remonter à plus loin dans le
temps une économie québécoise qui a
été négligée par le gouvernement
fédéral et négligée, évidemment, par le type
de politiciens que nous avons eus au Québec au cours des 30
dernières années. (11 h 15)
Ceci s est reflété dans les chiffres du chômage au
Québec depuis que nous avons des statistiques compilées à
ce sujet. J ai ici un document, M. le Président, un tableau qui illustre
la vulnérabilité de l'économie du Québec et
l'absence de préoccupation régionale du gouvernement
fédéral dans
Iélaboration de sa politique économique. Nous avons connu
depuis 1952, M. le Président, cinq cycles économiques, cinq
récessions: en 1955/56, en 1959/60. en 1964/65, en 1969/70 et en
1976/77.
Or, au cours de toutes ces récessions, le taux de chômage
au Québec s'est toujours situé à un niveau de l'ordre de
30% à 50% plus élevé que dans l'ensemble du Canada. Par
rapport à I Ontario, le taux de chômage pendant ces
récessions au Quebec a toujours été de 70% à 115%
ou 122% plus élevé que celui de l'Ontario. Je prends par exemple
le taux de chômage au Québec en 1956. Le taux de chômage
à l'époque y était de 108% supérieur a celui de
l'Ontario. En 1965. le taux de chômage au Québec était de
116% supérieur à celui de l'Ontario. En 1969, le taux de
chômage au Québec était de 122% supérieur à
celui de lOntario.
IIest évident que lorsque nous avons pris le pouvoir, M. le
Président. I'économie québécoise, suivant
l'économie canadienne, s'est trouvée aussi en
récession.
Mais parce que notre gouvernement s'est mis a la tâche le plus
rapidement possible pour essayer de pallier I'indifférence que recevait
l'économie du Québec de la part de l'ancien gouvernement et du
gouvernement fédéral, le taux de chômage au Québec,
en 1977, n'a été que de 47% supérieur à celui de
I'Ontario. Pour la première fois depuis l'après-guerre pendant
une récession, le taux de chômage au Québec sést
résorbé par rapport a celui de lOntario. Je regardais
récemment les chiffres de Statistique Canada pour le mois d'avril. Le
taux de chômage au Québec est de 51% supérieur à
celui de I'Ontario ce qui, en pleine récession, ne s'est jamais vu dans
aucune des récessions de I'après-guerre.
Mais il y a plus, M. le Président. Le député de
Roberval, qui lisait son texte tout à l'heure, mais qui ne connaît
certainement pas la provenance des données statistiques, qui mettait en
doute les données du gouvernement du Québec qui finalement sont
des données qui proviennent de Statistique Canada pour la plupart,
devrait savoir, pour l'an passé. 1977, la première année
de pouvoir du Parti québécois, quelle a été la
région au Canada où le taux des investissements a
été le plus élevé. Quelle a été cette
région? M. le Président, c'est au Québec ou le taux d
investissement a été le plus élevé l'an
passé, parce qu'en 1976/77, les investissements se sont accrus de 10.2%
au Québec. Ils se sont accrus de 4.3% en Ontario. Est-ce qu'il y a
beaucoup d incertitude en Ontario? Est-ce que les gouvernements sont moins
compétents? Qu'est-ce qui se passe?
Et pour l'ensemble du Canada, il s'est produit une augmentation de
6,5%.
Mais cette année, M. le Président, et parce que toute
cette mascarade de ce matin a été évidemment mise sur pied
pour essayer de discréditer le ministre de l'Industrie et du Commerce,
cette année on voit comment un gouvernement provincial, avec le peu
d'instruments à sa disposition, mais avec des ministres
compétents, peut agir sur l'économie. Statistique Canada, il y a
quelques semaines, a publié les prévisions d'investissements pour
l'année 1978. Or, dans le domaine de la fabrication, c'est-à-dire
le domaine manufacturier qui relève évidemment de la
responsabilité du ministre de l'Industrie et du Commerce du
Québec comme du ministre fédéral de l'Industrie et du
Commerce... Je souligne pour le ministre fédéral de l'Industrie
et du Commerce qu'il est difficile pour un ministre de l'Industrie et du
Commerce du Québec de faire de l'industrialisation quand vous avez un
ministre fédéral de l'Industrie et du Commerce qui dit, et je
cite la manchette de la Gazette du 11 mai 1978: "Auto parts plans for Ontario
are Homer's goal in négociation". Je cite aussi le Montreal Star du 11
mai qui dit: "But Mr Horner said yesterday: The government, the federal
government, the Liberal French power government is working hard to get auto
parts factories built in Ontario".
M. le Président, quand vous faites face à un gouvernement
fédéral qui travaille pour l'industrialisation de I'Ontario, avec
tous les pouvoirs qu'il a au plan commercial, au plan fiscal et au plan des
subventions, il est très difficile pour un ministre de l'Industrie et du
Commerce de raffermir l'industrialisation du Québec quand vous devez
vous heurter non seulement à la pénurie des moyens que nous ont
laissés les gouvernements précédents, mais aussi à
l'action d'un gouvernement fédéral qui, lui, est financé
avec nos propres impôts.
Ceci souligne l'ambivalence et l'ambiguïté dans lesquelles
les Québécois se trouvent. Nous finançons un gouvernement
à Ottawa pour nous attaquer et ralentir notre développement, puis
on est obligé aussi de financer un gouvernement du Québec pour
nous défendre contre ces attaques. S'il n'y a pas pire
schizophrénie, je me demande où on peut trouver autant de
systèmes idiots à travers le monde.
M. le Président, à cause de ces mesures, Statistique
Canada, dans le domaine de la fabrication, dans le domaine manufacturier,
indique que c'est au Québec que les investissements en 1978
s'accroîtront le plus. On prévoit qu'en 1978 ce n'est pas
le ministère de l'Industrie et du Commerce, ce n'est pas le ministre de
l'Industrie et du Commerce qui est la source, c'est Statistique Canada
les investissements dans le secteur de la fabrication au Québec, cette
année, vont s'accroître de 18,7%. Ils s'abaisseront en Ontario de
3,7% et vont s'accroître dans l'ensemble du Canada de 4,8%. C'est
évident, avec une augmentation aussi phénoménale au
Québec, il est normal que la moyenne canadienne soit positive.
M. le Président, j'aimerais déposer, faire faire des
photocopies de ce tableau montrant les prévi- sions d'investissements
dans le domaine de la fabrication au Québec, pour l'année
1978.
Maintenant, le député de "Lotbinière" parle de la
région d'où il vient. C'est sans doute un autre objectif qu'il
avait en tête ce matin, essayer de faire un grand plat pour les journaux
locaux du Saguenay et du Lac-Saint-Jean. Ce député, qui n'est pas
un nouveau venu, je présume, vient d'une région qui produit de
l'aluminium, l'une des principales richesses du Québec parce qu'elle
repose sur nos sources d'énergie électrique.
M. Dubois: Une question de privilège, M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Ce n'est
pas une question de privilège, c'est une question de
règlement.
M. Dubois: II parle du député de Lotbinière
qui vient d'une région qui produit de l'aluminium.
M. Tremblay: Non, le député de Roberval, je
m'excuse. Celui de Lotbinière, lui, vend ses usines en Ontario.
M. Dubois: II apporte des millions au Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est ce
que j'avais compris, puisque l'aluminium est dans le comté de
Jonquière.
M. Tremblay: J'aimerais voir où il les a placés,
ses millions.
M. le Président, je parlais évidemment du
député de Roberval, whip en chef du Parti libéral,
successeur de Philippe Lacroix. Une région donc qui produit l'aluminium,
qui utilise une de nos richesses, sinon la richesse la plus importante,
c'est-à-dire l'électricité, ce qui fait que le
Québec est la région économique la mieux placée en
Amérique du Nord pour les 30 prochaines années. Une région
aussi qui produit des pâtes et papiers; deux industries fondamentales
pour l'industrialisation du Québec.
M. le Président, saviez-vous que l'Ontario transforme beaucoup
plus de notre aluminium que le Québec en transforme? Est-ce que le
député de Roberval pourrait m'expliquer pourquoi, depuis que nous
fabriquons de l'aluminium, cette transformation se fait surtout en Ontario et
aux Etats-Unis? Est-ce qu'on pourrait me l'expliquer? Ce gouvernement-ci va
créer de l'activité économique dans la région du
député de Roberval, malgré lui, comme aucun gouvernement
dans le passé n'a réussi à le faire, parce que notre
politique, c'est de faire en sorte que les matières premières du
Québec et les produits primaires du Québec soient
transformés au Québec, que les emplois stables soient au
Québec, que les emplois bien rémunérés soient au
Québec et non pas à l'extérieur.
Dans le domaine de l'aluminium, malgré la déclaration du
ministre Horner qui est le ministre de l'Industrie de l'Ontario, je
présume, en lisant le titre...
M. Ciaccia: Ottawa.
M. Tremblay: II vient d'Ottawa. Ce doit être un politicien
comme on avait auparavant, un grand économiste, je présume, un
grand industriel qui sait comment négocier avec les compagnies. Cette
fois-ci, il est en train de négocier pour l'Ontario. Malgré cela,
nous avons une politique avec les producteurs d'aluminium du Québec;
nous ne voulons pas qu'un cartel international au niveau de l'aluminium
défavorise l'industrialisation au Québec. Comme le Québec
consomme, achète 30% des véhicules automobiles au Canada, 30% des
pièces et que 97% de ces pièces sont fabriquées en Ontario
et que nous en avons moins que 1% au Québec, que 93% des
véhicules automobiles sont fabriqués en Ontario, grâce au
pacte canado-américain de l'automobile, nous comptons obtenir une juste
part des $85 milliards qui seront investis par l'industrie
nord-américaine de l'automobile au cours des dix prochaines
années.
Pour cela, il faut un gouvernement qui s'occupe de ses affaires, qui
s'occupe de l'industrialisation du Québec. Si son gouvernement, si le
gouvernement du whip en chef, avant 1976, s'était occupé à
créer une stratégie de développement à partir de
l'aluminium, nous ne serions peut-être pas aussi démunis que nous
le sommes présentement, avec une économie au Québec qui
doit encore reposer sur les secteurs traditionnels qui, eux, paient des
salaires beaucoup plus bas et qui sont beaucoup plus vulnérables aux
importations.
Je termine, M. le Président, sur une autre industrie qui est, en
grande partie, localisée dans la région du député
de Roberval, et c'est l'industrie des pâtes et papiers. Pendant que le
gouvernement fédéral mettait sur pied des programmes pour faire
racler les fonds de rivière et les feuilles mortes, des programmes pour
créer uniquement des emplois temporaires comme des abaissements de taxes
durant six mois, donc, pendant qu'on dilapidait les fonds publics, on laissait
croupir une industrie aussi fondamentale pour l'économie canadienne et
l'économie québécoise que celle des pâtes et
papiers. Pendant que le Parti libéral au pouvoir faisait de grandes
promesses de création d'emplois, etc., on laissait croupir l'industrie
des pâtes et papiers.
Celui qui vous parle a passé toute la matinée, hier, avec
ses collègues du Conseil des ministres à mettre la
dernière main à un programme de relance de l'industrie des
pâtes et papiers, comme nous l'avons fait pour les petites et les
moyennes entreprises, comme nous l'avons fait pour les épiceries, comme
nous l'avons fait pour les pêches, comme nous le faisons dans tous les
secteurs de l'économie du Québec. L'industrie des pâtes et
papiers emploie 30 000 travailleurs, elle est régionalisée, elle
relève de nos ressources naturelles, elle repose sur une ressource
naturelle. C'est une industrie que les deux paliers de gouvernement avaient
laissé croupir. C'est ce gouvernement-ci qui s'en occupe
sérieusement. C'est ce gouvernement-ci qui aura un programme de relance
des pâtes et papiers. C'est ce gouvernement-ci qui est compétent
en matière économique. Et c'est parce que la population du
Québec commence à réaliser cela que la panique est prise
à Ottawa, comme elle est prise ici dans les partis d'Opposition à
l'Assemblée nationale. Merci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Huntingdon.
Autres exposés M. Claude Dubois
M. Dubois: N'étant pas moi-même économiste,
je me demande si j'ai le droit de parole ici, à la suite des indications
du ministre de l'Industrie et du Commerce au député de Roberval.
De toute façon, je désire quand même entrer dans le
débat amorcé par l'Opposition officielle et faire état de
nos maintes préoccupations sur la situation de l'emploi au
Québec.
Depuis le jour fatidique du 15 novembre 1976, le Québec a connu
un revirement économique chronique, précurseur d'une
instabilité jamais connue auparavant et d'une inquiétude...
M. Tremblay: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander un renseignement?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Tremblay: Serait-il possible de demander au
député de Huntingdon de déposer le texte qu'il lit, de
même qu'au député de Roberval? Je me rends compte qu'on lit
des textes, et puisqu'il s'agit d'une commission qui est censée faire
des débats, il serait utile pour les membres de la commission d'avoir
ces textes pour pouvoir les lire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Comme je
l'ai dit tout à l'heure, il n'y a pas de dépôt en
commission parlementaire, sauf que chaque député est libre de
distribuer, s'il le veut bien, les documents qu'il a en sa possession. C'est
à sa discrétion.
M. Dubois: Je disais que nous connaissons un revirement
économique chronique, précurseur d'une instabilité jamais
connue auparavant et d'une inquiétude devant laquelle le gouvernement
actuel nous a démontré son impuissance, toute son
irresponsabilité face à cette situation économique peu
enviable.
M. Tremblay: Est-ce le député de Lotbinière
qui a écrit cela?
M. Dubois: Ce sont mes propres notes et je ne suis pas
obligé de les déposer.
M. Lamontagne: M. le Président, nous avons laissé
parler le ministre, il pourrait avoir la délicatesse de laisser parler
les autres.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Je n.'ai pas lu des textes écrits par
d'autres.
M. Dubois: Pour les années qui viennent, le Québec
aura accumulé un retard sans précédent, ce qui nous
obligera à investir des sommes énormes non pas pour créer
des emplois ou relancer l'économie, mais bien plutôt pour
simplement remédier aux situations économiques catastrophiques
précédentes. On aura eu deux acteurs principaux implicitement
reliés à ces causes où on retrouve, premièrement,
le Parti libéral à titre de producteur et, deuxièmement,
le Parti québécois à titre de metteur en scène.
La question simple que se pose régulièrement le citoyen
est la suivante: Qui est le responsable de cette situation? On peut attribuer
cette situation à plusieurs facteurs distincts dont je cite les trois
principaux: 1) l'incertitude et l'instabilité politique; 2)
l'implantation de mesures socialisantes; 3) l'interventionnisme étatique
néfaste à l'économie. Ces trois facteurs reflètent
le vrai visage transparent du gouvernement actuel dont le budget Parizeau en
est la conclusion évidente puisque, dans ce gouvernement, la
fièvre socialiste se propage. (11 h 30)
Comme deuxième façade plus alarmante encore, l'on
décourage les citoyens qui gagnent plus de $20 000 à
résider au Québec. Même plus, il ne reste aucun avantage
à rechercher une augmentation de salaire vu la nouvelle formule fiscale
par laquelle plus tu gagnes, plus tu es pauvre. Le moins que l'on puisse dire,
c'est qu'il s'agit là d'une méthode comptable d'équilibre
budgétaire, mais le résultat de cette méthode
génère du mécontentement, fait disparaître toute
motivation, chasse la haute technologie et est totalement néfaste
économiquement parlant.
Afin de détourner l'esprit des Québécois qui
attendent de leur gouvernement opaque des actions économiques
sérieuses et efficaces, il lui propose plutôt trois types
d'entreprises: premièrement, l'insistance sur la culture plutôt
que sur l'économie; deuxièmement, l'option séparatiste du
gouvernement actuel; et, troisièmement, la menace de
nationalisation.
Fait à remarquer, pour appuyer mon premier point, le ministre des
Finances consacrera, cette année, $10 827 300 pour la Charte de la
langue française, ce qui dépasse de près de $800 000 le
budget consacré à la législaion de l'Assemblée
nationale. Quant à l'option séparatiste, elle participe à
créer les effets catastrophiques suivants: premièrement, 70 000
personnes ont quitté le Québec entre le 15 novembre 1976 et le 31
janvier 1978 et on a créé aussi 65 000 chômeurs pour la
même période; deuxièmement, une fuite de capitaux,
troisièmement, la fermeture d'entreprises; quatrièmement, l'exode
du "know-how"; et, cinquièmement, le transfert des sièges
sociaux.
J'ajoute à tout cela le coût de la campagne
référendaire dont je n'ai pas les chiffres exacts. Voici donc le
résultat de ce nouveau type de politique à la
social-démocrate. Voyons maintenant la situation des secteurs
névralgiques de l'économie québécoise.
Premièrement, la construction. Actuellement, au Québec, il y a
30% de chômeurs dans ce secteur. Il est aussi à noter qu'à
Montréal les contrats de construction ont subi, en avril 1978, une
baisse de 42% comparativement à avril 1977.
Dans un autre secteur, soit l'hôtellerie, plus de 25% des chambres
d hôtel sont inoccupées. L'année 1977 a connu une baisse
des visiteurs américains de l'ordre de 20% et, de plus, l'industrie
hôtellière est de loin la plus taxée en Amérique du
Nord.
M. Tremblay: Maintenant, on a aboli la taxe de vente.
M. Dubois: A titre d exemple...
M. Charbonneau: Ce sont vos notes qui datent un peu. Vous devriez
les actualiser.
M. Dubois: ... je cite quelques données très
révélatrices...
M. Charbonneau: Ce sont des vieilles notes.
M. Dubois: ... des montants payés par les hôtels au
niveau de la taxation. Par exemple, Montréal, dans la catégorie
200 à 350 chambres, paie $1609 annuellement sur une chambre
d'hôtel; la ville de Québec en paie $1878, comparativement
à Washington qui en paie $462, Chicago qui en paie $526, Vancouver qui
en paie $636. Les chiffres ne nous ont pas été donnés pour
Toronto.
Si on prend une catégorie encore plus grande de 350 à 600
chambres, Montréal paie $2105 de taxation sur une chambre d'hôtel
par année, Québec en paie $1830, Toronto en paie $1451, Vancouver
en paie $883, Chicago en paie $718 et on n'a aucune donnée pour
Washington.
Si on tient pour acquis que ces chiffres sont très
représentatifs et ils le sont puisqu'ils ont fait l'objet d'une
étude très approfondie je crois que c'est très
révélateur. La compagnie qui a fait cette étude s'appelle
Lavendhol & Horwath.
M. le Président, j'ai fait état des problèmes dans
l'hôtellerie. Il y a aussi la situation des faillites au Québec
comparée à l'Ontario. Durant la période de
janvier-février 1978, le total en dollars des faillites au
Québec, dans les domaines de l'industrie primaire, l'industrie
manufacturière, l'industrie de la construction, transports et
communications, commerce en gros et détail, finance, assurances et
immeuble, s'évalue dans les deux premiers mois de l'année 1978
à $37 590 200 pour le Québec comparativement à $30 704 000
pour l'Ontario. Donc, un autre championnat peu désirable pour le
Québec, quand on sait que la production intérieure brute
prévue pour l'année 1978 en Ontario dépassera de 80% celle
du Québec.
Dans un quatrième point, soit la situation de l'emploi au
Québec, le nombre de chômeurs, de janvier 1976 à janvier
1977, s'évalue à 339 000, soit 11,3%, et l'estimation de CBC sera
de 350 000 pour l'année 1978.
Un autre secteur où il faut quand même attendre quelques
mois pour connaître le "feedback" réel des mesures fiscales du
budget 1978/79 est le secteur mou. On aura certainement des données plus
précises un peu plus tard.
Il y a un sixième secteur, soit le secteur public. En 1978, au
Québec, nous aurons un fonctionnaire pour 45 habitants alors qu'en
Ontario il y aurait un fonctionnaire pour 80 habitants.
M. Charbonneau: Cela n'a pas commencé le 15 novembre!
M. Dubois: Comme résultat de notre haute bureaucratie,
nous sommes les plus mal gérés, ici au Québec.
M. Tremblay: Cela est vrai, M. le Président. Il y a trop
de gouvernements au Canada. C'est pour cela qu'on en désire seulement un
mais un bon au Québec, avec un seul rapport d'impôt à
Québec.
M. Dubois: M. le Président, il est parfois triste
d'admettre la réalité. Toutefois, il faut avoir assez de courage
pour le faire. De plus en plus, les Québécois sont
préoccupés par le bilan économique actuel qui est
très inquiétant. Cette préoccupation est apparue au niveau
des hommes d'affaires québécois pour se propager ensuite à
toutes les classes de la société.
Nous sommes enclins à mettre beaucoup d'insistance sur les
sorties de capitaux monétaires. Il est plus facile de rapatrier le
capital monétaire que le capital humain. Il serait plus juste de
s'inquiéter de la technologie qui s'en va, en tenant compte du fait
qu'environ 50 000 personnes ont quitté le Québec en 1977.
Seront-elles remplacées par la même compétence, M. le
Président, ou par des réfugiés politiques? Il y a de quoi
se poser des questions à ce sujet-là. Les demandes de
résidence permanente de la population québécoise pour
aller vivre aux Etats-Unis croissent constamment. Une décroissance de la
population n'a jamais résolu les problèmes économiques
d'une nation.
A un certain moment le secteur public a cru bon de s'attribuer la
responsabilité de régler tous les problèmes
économiques, sans s'associer au rôle important que doit jouer le
secteur privé. Les dépenses de capital du secteur public, tout en
étant toujours plus onéreuses que celles de l'entreprise
privée, n'ont certes pas généré le nombre d'emplois
à long terme nécessaires à la stabilisation du
chômage au Québec. Il aurait été plus sage de
laisser le secteur privé innover davantage en collaboration avec
celle-ci par l'instauration de mesures fiscales appropriées.
M. Tremblay: Pourrais-je poser une question technique au
député de Huntingdon?
M. Dubois: M. le Président, je n'ai que vingt minutes. Le
ministre pourra revenir plus tard.
M. Tremblay: Oui, mais c'est parce qu'il y a une grosse
erreur...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: ... qui induit les journalistes en erreur.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Vous avez mentionné que le taux de croissance
du PIB, en 1978, en Ontario, sera de 80% supérieur à celui de
Québec?
M. Dubois: Je n'ai pas parlé de la croissance, j'ai
parlé du produit intérieur brut. Les prévisions pour 1978
des productions...
M. Tremblay: II serait de 80% supérieur à celui du
Québec?
M. Dubois: Prenez les chiffres du Québec, $4 700 000 000
contre $8 milliards, ou à peu près.
M. Tremblay: Mais voyons donc, on les a ici. Le taux de
croissance prévu pour l'Ontario est de 10,9% et celui du Québec
est de 9,9%.
M. Dubois: Je n'ai pas parlé de croissance. J'ai
parlé du produit intérieur brut. Les prévisions pour 1978
des productions...
M. Charbonneau: Cela veut dire quoi? M. Dubois: ... en
milliards.
M. Tremblay: Lorsqu'on compare le PIB d une année avec
celui d'une autre année, cela nous donne le taux de croissance
économique de notre économie. Si le député de
Huntingdon ne connaît pas cela, à quoi bon continuer ce
débat sur l'emploi?
M. Dubois: Ecoutez. Je comparais le volume en dollars des
faillites industrielles au Québec avec celui de l'Ontario. Pour pouvoir
comparer le volume en dollars...
M. Tremblay: Ne comparez pas un taux d intérêt avec
un taux de rendement!
M. Dubois: M. le Président, je pense que le ministre n'a
même pas écouté et qu il essaie d'interpréter ce que
j'ai dit d'une façon bien drôle. J'ai parlé du volume des
faillites industrielles québécoises par rapport à celles
de l'Ontario. Il faut quand même avoir des chiffres comparatifs au niveau
de productions intérieures brutes.
M. Tremblay: On ne parle pas de PIB comme cela!
M. Dubois: Non. Je parlais de productions intérieures
brutes qui se situent en Ontario à 80% de plus que celles du
Québec.
M. Tremblay: Le PIB, c'est le produit intérieur brut.
Est-ce que vous parliez de cela?
M. Dubois: Productions intérieurs brutes, le volume total
annuel en Ontario et le volume total au Québec. C'est-à-dire que
la production intérieure brute de l'Ontario est à peu près
de 80% supérieure à celle du Québec.
M. Tremblay: Cela fait 30 ans que cela existe.
M. Dubois: C'est quand même pour comparer le volume en
dollars des faillites québécoises et des faillites en Ontario. Je
ne comparais pas autre chose.
M. Tremblay: Que viennent faire les faillites avec le PIB?
M. Dubois: Ecoutez! Je vais vous passer le document tout à
l'heure, vous pourrez comprendre.
M. Tremblay: Voulez-vous laisser parler votre conseiller à
côté, il pourra peut-être nous expliquer ce que viennent
faire les faillites dans le PIB?
M. Dubois: Ecoutez. Je vais continuer et vous me poserez des
questions plus tard.
M. Tremblay: Là on est tous mêlés dans des
affaires comme celles-là. Il y a toujours un bout!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Dubois: Je m'appuyais sur ces chiffres pour comparer les
faillites québécoises et les faillites en Ontario au niveau de
l'industrie.
M. Charbonneau: Vous ne connaissez rien en économie et
vous venez essayer de... Ah! Je trouve cela épouvantable!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Dubois: ... à Verchères.
Les dépenses de capital du secteur public, tout en étant
toujours plus onéreuses que celles de l'entreprise privée, n'ont
certes pas généré le nombre d'emplois à long terme
nécessaire à la stabilisation du chômage. Il aurait
été plus sage de laisser le secteur privé innover
davantage en collaboration avec celui-ci par l'instauration de mesures fiscales
appropriées. Les investisseurs locaux et étrangers sont
conscients du climat d'instabilité dans lequel nous vivons et qui
s'accentue de plus en plus tous les jours. Ils sont très
réticents à investir dans un climat où la priorité
économique n'occupe pas la place qui lui revient.
Le secteur public n'est pas en mesure de créer les emplois
nécessaires à la stabilisation d'un taux de chômage
raisonnable. Les dépenses de capital générées par
le secteur public ont créé des emplois
rémunérateurs, mais à court terme, tandis que l'expansion
des entreprises créera toujours des emplois à court et à
long terme.
Il serait long d'énumérer tout ce que nous
possédons en comparaison de plusieurs peuples moins favorisés. Le
peuple québécois n'est certes pas prêt à accepter
une baisse de son niveau de vie. Le but primordial est de le maintenir et, afin
de l'atteindre cet objectif, il faut que la population soit consciente que
notre culture peut survivre seulement avec une économie forte.
Le rôle d'un gouvernement, dans une société bien
organisée, est plutôt préventif que correctif. Le
chômage étant le générateur no 1 de l'inflation, il
serait superflu de s'attendre à une décroissance inflationniste
avant de stabiliser le chômage, pour ensuite le réduire.
Il est évident que notre productivité est
inférieure à certains concurrents. La faiblesse de notre dollar
canadien prend bien soin de nous le rappeler quotidiennement. Certains vous
diront qu'une dévaluation du dollar accélère les
exportations. Il faut tenir compte aussi qu'un tel avantage est vite
supprimé par les importations.
Le moyen logique de raffermir le dollar serait plutôt par la
croissance de la productivité per capita. Le rôle du gouvernement
serait d'adopter des mesures fiscales favorisant les entreprises qui oeuvrent
dans un domaine où la majorité du chiffre d'affaires est
constituée par les exportations. Un tel allégement de la part de
l'Etat serait vite renfloué par le surcroît d'emplois
créés.
La survivance économique du Québec est l'affaire de toutes
les classes de la société. Le déclin économique
actuel doit cesser si nous voulons conserver un niveau de vie acquis avec
beaucoup de labeur. Tous les Québécois doivent en être
conscients et les mesures nécessaires doivent être prises afin
d'éviter que la situation ne se détériore davantage.
L'individualisme n'a jamais eu sa place en économie. Il faudrait
remplacer les rancunes par le bon sens et une meilleure compréhension
des problèmes réels.
Il est également nécessaire que les idéologies
extrémistes d'une minorité fassent place à un
réalisme, si nous voulons conserver la place qui nous revient. La pire
erreur que nous puissions faire, c'est de continuer à vivre avec cette
erreur. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Merci.
M. le député de Mont-Royal.
M. John Ciaccia
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. J'aurais l'intention
de commencer mes remarques en offrant certaines sympathies au ministre de
l'Industrie et du Commerce et en lui faisant remarquer que, peut-être, la
politique est un métier assez difficile et qu'on doit subir non
seulement les
coups de nos actes, mais les coups des actes de nos coéquipiers.
Je voulais lui offrir certaines sympathies quant aux propos que le
député de Roberval a tenus. Peut-être que le
député de Roberval s'est laissé emporter, mais, si vous
aviez 19% à 24% de chômage dans vos régions et que vous
receviez le genre de représentations qu'il reçoit et si on vous
donnait certains documents peut-être que vous avez des
explications, mais je ne pense pas que vous en ayez donné vous
trouveriez peut-être que la réaction du député de
Roberval est normale. Je ne pense pas, M. le ministre, très
respectueusement, que cela vous donne le droit de commencer à remettre
en question toutes les qualifications des députés quant à
leurs interventions en commission parlementaire.
M. Tremblay: M. le député, je n'ai pas parlé
de tous les députés. J'ai parlé du député de
Roberval.
M. Ciaccia: Non, vous avez parlé d'autres
députés aussi. Par vos remarques, vous avez
discrédité au moins deux députés
ministériels qui ne sont pas présents. On va les vérifier
auprès des critiques financiers de l'Opposition officielle. J'aurais
espéré que vous ayez donné un meilleur exemple, même
si, d'après vous, le député de Roberval faisait de la
partisanerie politique, j'aurais espéré de vous... (11 h 45)
M. Tremblay: Vous l'avouez, M. le député de
Mont-Royal?
M. Ciaccia: Non, je ne l'avoue pas. Il a posé des
questions très précises. Je dois vous faire remarquer que vous
n'avez pas répondu aux questions qu'il a soulevées quant aux
documents. Ce n'est pas mon intention de revenir là-dessus. J'ai
d'autres questions.
J'aurais espéré que vos remarques soient au-dessus de
cette partisanerie.
M. Tremblay: Elles l'ont été, M. le
député.
M. Ciaccia: Non, je ne le crois pas. Je pense que vous avez
même fait pire, si je peux dire. Vous avez porté des attaques
contre les députés des attaques personnelles. Oui. Vous avez
laissé croire que seulement les économistes peuvent vraiment
apporter des renseignements ou peuvent discuter de l'emploi.
M. Tremblay: Je pense que je n'ai jamais dit une telle chose.
M. Ciaccia: M. le Président, moi, je ne voudrais pas
laisser seulement aux économistes...
M. Tremblay: J'ai dit, par contre, qu'on ne pouvait pas faire de
partisanerie avec le chômage et l'emploi.
M. Ciaccia: ... la direction de l'économie du pays. Je
vous le dis d'avance.
M. Charbonneau: Depuis six ans, on a fait une erreur?
M. Tremblay: Cela paraît!
M. Ciaccia: Peut-être qu'il y en a à Québec,
cela paraît aussi.
M. Tremblay: Si le député d'Outremont était
resté à Ottawa, cela irait peut-être un peu mieux.
M. Ciaccia: M. le Président, cela prend aussi des hommes
d'affaires, cela prend des représentants des syndicats, cela prend des
représentants de tous les milieux. Je crois que chacun de nous a le
droit d'être ici, à cette commission, et de poser des questions,
même si nous n'avons pas des diplômes en économie.
M. Tremblay: C'est la description du Parti
québécois. On en a de toutes les professions.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne vous ai jamais
interrompu. Vous avez parlé pendant 30 minutes et plus et je ne vous ai
jamais interrompu. Je demanderais la même courtoisie, s'il vous
plaît!
M. Tremblay: Vous m'attaquez!
M. Ciaccia: Non.
M. Tremblay: Vous me citez hors contexte.
M. Ciaccia: Vous répondrez après. Je vous
demanderais la même courtoisie que je vous ai accordée. De la
même façon que je ne voudrais pas que ce soient seulement des
économistes, je ne voudrais pas que ce soient seulement des avocats qui
soient des législateurs. Pour ces raisons, je crois que nous avons le
droit, même la responsabilité de vous interroger sur certains
propos qui se rapportent à l'emploi au Québec. Je vais commencer
en répondant à certaines de vos remarques que vous avez faites;
certaines gratuitement, certaines avec des chiffres que vous nous avez
apportés. Après cela, M. le Président et M. le ministre,
je voudrais porter à votre attention certains chiffres qui existent
quant au chômage, au Québec. Je trouve que c est une situation
assez alarmante. Je trouve qu'on devrait avoir des programmes, qu'on devrait
avoir des réponses du ministre, qu'on devrait donner des renseignements
à la population.
Je vais conclure en vous faisant certaines suggestions. Je vous poserai
certaines questions quant aux propos que vous avez soulevés. Vous avez
donné des chiffres quant aux récessions en Ontario, en 1956. Le
pourcentage, au Québec, a toujours été plus
élevé. Je me demande si c'était une récession
générale qui existait dans tout le Canada, si l'écart
entre le Québec et l'Ontario n'était pas constant, autrement dit.
On sait que la situation, au Québec, n'a pas toujours été
aussi favorable que celle de l'Ontario. Je me demande si vous comparez de la
même façon, si l'écart est encore plus élevé.
Nous ne sommes pas dans une
situation où il y a une récession dans tout le pays
maintenant.
M. Tremblay: Bien sûr, on a une récession dans tout
le pays!
M. Ciaccia: Non, monsieur. Il y a une reprise dans certains
secteurs dans tout le pays.
M. Tremblay: Au Québec, oui, mais, ailleurs, cela
baisse.
M. Ciaccia: Laissez-moi finir. Je vais vous donner certains
chiffres. Je n'ai que 20 minutes et le président m'a bien averti qu'il
va s'en tenir au temps qu'il m'a alloué. Je voudrais avoir
l'occasion...
M. Tremblay: It is booming!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le ministre, si les solutions des
économistes, ce sont les solutions simplistes que vous me donnez ce
matin...
M. Tremblay: Avec le mémoire de M. Chrétien!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Je suis heureux qu'il y ait plus que des
économistes qui soient en charge de certains secteurs. La situation est
assez grave. J'espère, pendant les prochaines 20 minutes vous ne
l'avez pas fait jusqu'à maintenant que vous reviendrez au
sérieux, avec un peu moins d'arrogance et que vous répondrez aux
questions qu'on va soulever.
Premièrement, M. le Président, la situation du
chômage au Québec est alarmante. Elle est plus alarmante qu'elle
ne l'a jamais été et c'est arrivé seulement au cours des
18 derniers mois. Je vais vous donner certains chiffres. Dans cette situation
du chômage, il semble y avoir deux phénomènes au
Québec. Je ne sais pas lequel vient le premier. Cela semble être
un cercle vicieux. Il semble y avoir un exode de population et il semble y
avoir une augmentation de chômage.
M. Tremblay: Quelle a été la proportion de l'exode
de la population en 1970, M. le député?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Ce n'est pas la première fois dans l'histoire
du Québec qu'il y a un exode de la population.
M. Tremblay: II y en a toujours eu parce qu'on n'a jamais eu une
structure industrielle assez forte.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Question de règlement. J'ai été
assez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: M. le Président, je vais vous demander une
directive.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Tremblay: Vous nous avez dit au début que ces
commissions avec débat ne suivaient pas des règles aussi strictes
que les autres commissions, que l'on pouvait avoir des échanges et des
débats.
M. Ciaccia: Les règles de politesse sont encore
bienvenues.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Je crois que lorsqu'on soulève des erreurs
oui de politesse...
M. Lalonde: Elles sont encore bienvenues.
M. Charbonneau: Vos mensonges ne sont pas bienvenus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Je n'ai de leçon à recevoir de
vous.
M. Ciaccia: Vous êtes là quand même.
M. Charbonneau: Et vous aussi. Chaque fois qu'il y a du bordel
vous êtes là.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: M. le Président, étant donné
que parfois on soulève soit des chiffres, soit des affirmations qui sont
absolument faux, il est très difficile pour un ministre qui a les
données devant lui de rester passif. Je vous demanderais une directive.
Est-ce que dans ces cas on pourrait demander à celui qui a la parole de
permettre une question ou une rectification?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
L'article 96, évidemment, continue à exister. Cette rectification
des faits n'est possible qu'à la fin de
I'intervention du député, à moins du consentement
de celui-ci. D'autre part, il est toujours possible, en vertu d'un certain
autre article, de poser une question à un député, mais
celui-ci a toujours la liberté de permettre la question
immédiatement, de la référer tout simplement à la
fin de son intervention ou de dire tout simplement qu'il ne veut pas y
répondre. Ceci étant dit, c'est exactement le règlement de
l'Assemblée nationale qui s'applique ici.
M. Ciaccia: Je voudrais dire au ministre que, si je
soulève certains propos, je donne certains chiffres avec lesquels il
n'est pas d'accord, je lui demanderais d'en prendre note et de les soulever
après mon intervention. C'est bien? La courtoisie.
M. Tremblay: M. le Président, est-ce que je pourrais quand
même demander au député sur la question des exodes qui est
tellement importante...
M. Ciaccia: Ecoutez, je viens de vous dire...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: ... ce que je voudrais faire. Je voudrais continuer
mon intervention.
M. Tremblay: Vous savez que nous sommes pressés par le
temps, M. le député, et que je n'aurais peut-être pas le
temps...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: Passez tous vos mensonges.
M. Ciaccia: II est difficile d'être courtois avec vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Verchères,
votre tour s'en vient.
M. Ciaccia: Des fois, je ne blâme pas le
député de Lotbinière, savez-vous, c'est difficile.
M. Tremblay: Les éditorialistes ont dit qu'iI perdait les
pédales de ce temps-ci.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! Sur la question avec débat.
M. Ciaccia: L'arrogance que vous démontrez est parfois
provoquée, mais, quand elle n'est pas provoquée, je trouve cela
un peu inacceptable dans les circonstances. Je vous le demanderais encore une
fois, mais c'est la dernière parce que moi aussi je vais perdre, "I
shall lose my temper ". Je ne voudrais pas le faire. Je voudrais maintenir le
débat à un certain niveau. Je voudrais vous poser certaines
questions. Je n'ai que 20 minutes pour le faire et, si vous n'avez pas le temps
après de répondre à tout, après la commission vous
pourrez les mettre par écrit et vous pourrez me les envoyer.
M. Tremblay: M. le Président, je suis certain...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, ceci étant dit, je
voudrais porter à l'attention du ministre certains chiffres de l'exode
et je voudrais lui demander certaines explications. On a un certain nombre de
gens qui sont partis du Québec. Je demanderais au ministre s'il y a une
ventilation par secteur. De quelles industries sont ces gens qui ont
quitté le Québec depuis novembre 1976? Le ministre a
mentionné qu'en 1970 il y a eu un autre exode. C'est la seule fois que
je vais répondre à cela, M. le Président. Il y avait eu
une administration, sans insulter mes collègues à ma gauche, de
1966 à 1970 qui a été aussi très pénible.
C'est toujours cela qui arrive au Québec. Nous avons des périodes
d administration pénible qui font que les gens du Québec s'en
vont. L'exportation du Québec, ce ne sont pas les richesses
naturelles.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Cela fait un siècle...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: ... à cause de l'inaction des
libéraux...
M. Ciaccia: M. le Président, là...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai le droit de parole oui ou non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui,
vous avez le droit de parole.
M. Tremblay: Cessez de dire des niaiseries, grand Dieu!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Cessez de dire des faussetés.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Cela fait un siècle qu on parle de la
population au Québec.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le ministre, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, par suite de certaines
administrations qui sont un peu pénibles pour le Québec, il y a
des fuites de population. C'est vrai qu'en 1970JI y en avait eu. Si vous vous
rappelez le budget je pense que le ministre des Finances, à ce
moment, était un M. Beaulieu la communauté
économique avait perdu confiance, et il y avait eu des perturbations
sociales aussi, à ce moment. C'était dû à une
combinaison de faits si les gens étaient partis. Naturellement, la
population ne s'en va pas sans raison. Je voudrais souligner que le même
phénomène arrive aujourd'hui. Au lieu d'essayer de nous faire de
la propagande, de dire que cela fait cent ans que cela continue, que vous avez
les solutions, pourquoi ne nous dites-vous pas la vérité?
Pourquoi n'alertez-vous pas la population sur les conséquences? Quand 70
000 personnes s en vont du Québec, il y a des conséquences, non
seulement sociales, mais il y a des conséquences économiques.
Quelles sont les pertes pour le Québec? A quel niveau ces personnes
sont-elles parties? Est-ce que vous pouvez nous expliquer, par exemple, quand
une compagnie déménage 150 personnes, 150 emplois, non seulement
les employés, mais quand elle prend les emplois du Québec et les
envoie en Ontario, quelles sont les conséquences de cela?
La Standard Brands, par exemple, a pris 150 emplois à
Montréal et les a envoyés en Ontario. C étaient des
emplois à un certain niveau. Quelle est la perte de revenus? Vous devez
avoir des études à votre ministère. Je pense que ce serait
un des devoirs de votre ministère de le dire. Quelle est la perte de
revenus pour le Québec? Qu'arrive-t-il à la base de la taxation
pour le Québec, parce que les dépenses du gouvernement vont en
s'ac-croissant alors qu'il semble que la base de la taxation va en se
réduisant? Quand vous mentionnez les augmentations d'investissements au
Québec, quel pourcentage de ces investissements sont des investissements
publics? Et quel est le pourcentage des investissements privés?
Croyez-vous que vous êtes vraiment honnêtes avec la population si
vous ne faites pas cette distinction et que vous continuez à dire: Les
investissements au Québec seront plus élevés que dans
d'autres provinces?
Si vous enleviez les investissements de l'Hy-dro-Québec, de la
Société de la baie James au Québec, quel pourcentage
auriez-vous, quels résultats auriez-vous? Est-ce que ce serait la
même chose? Parce que les investissements publics, ce n'est pas cela qui
démontre la confiance de la communauté économique au
Québec, ce sont les investissements privés. Je vous demanderais
de faire cette distinction et de nous donner les montants. Je crois que cela se
chiffre à au-delà de $1 milliard, les emprunts de
l'Hydro-Québec pour le développement à la baie James, et
le nombre d'emplois est assez important. Je crois que c'est important pour
nous, c'est important pour les journalistes aussi d'avoir cette
distinction.
Il y a les centres de recherche qui s'en vont. Combien sont partis du
Québec, depuis novembre 1976? Si ces centres de recherche s'en vont,
quel est l'effet sur les jeunes qui vont sortir des universités, la
technique qu'il sera nécessaire de développer au Québec?
Pourquoi ces centres de recherche s'en vont-ils? Qu'est-ce que le ministre de
l'industrie et du Commerce fait pour essayer de les garder? Est-ce que les
laboratoires Bristol, par exemple, de Candiac, ont l'intention de quitter?
Est-ce que ce centre de recherche va quitter bientôt? Si oui, est-ce que
vous faites quelque chose, à votre ministère, pour le persuader
de rester ici.
Dans l'analyse des gens qui ont quitté le Québec, est-ce
que vous pourriez nous donner les effets de leur départ? On se plaint de
l'industrie de la construction. Les chiffres que je vais vous citer sont assez
désastreux. Quel est l'effet de ces 70 000 départs sur cette
industrie de la construction, sur le nombre de logements déjà
existants, sur le nombre de logements à construire? Je pense que c'est
important pour nous de le savoir. Au feuilleton, le 28 février, M. le
ministre, pour votre information et je n'ai pas encore reçu la
réponse, je suis certain que votre ministère doit avoir ces
informations j'ai demandé la liste des moyennes et grandes
entreprises qui ont fermé leurs portes au Québec entre le 1er
janvier 1977 et le 28 février 1978. (12 heures)
Je lui demandais d'indiquer sur ce document le nom de l'entreprise, la
municipalité dans laquelle elle est située et le nombre
d'employés. Ce qui nous préoccupe le plus ce matin, c'est le
nombre d'employés touchés par les entreprises qui ont
quitté le Québec. Je suis certain que votre ministère a
ces données. J'ai demandé ces informations depuis le 28
février et j'aimerais que vous puissiez me les fournir.
Il y a un secteur où l'emploi a augmenté, c'est vrai. Au
Canada, il y a eu 22 000 emplois créés dans l'administration
publique, incluant le Québec. La portion attribuable au Québec
est de 16 000. Nous avons 26% de la population du Canada; dans I'administration
publique, nous avons augmenté de 16 000. Le ministre peut-il nous
expliquer cette augmentation?
M. Tremblay: C'est la capitale nationale à Hull?
M. Ciaccia: Non, c'est l'administration publique au
Québec, celle du gouvernement du Québec. Toutes les
administrations publiques au Québec. Peut-être pourriez-vous nous
expliquer de quoi sont composés ces 16 000? J'aimerais recevoir des
explications.
M. Tremblay: Nous avons une politique
d'austérité.
M. Ciaccia: Vous pourriez aussi nous expliquer pourquoi dans les
industries manufacturières, en 1977, par rapport à l'année
précédente, 31 000 emplois ont été perdus dans tout
le Canada. De ces 31 000 emplois, 29 000 ont été perdus au
Québec. Peut-être auriez-vous une explication aussi à
cela?
Dans le secteur de la construction, en 1977, 2000 nouveaux emplois ont
été créés; au Québec, on a eu une perte de
3000. J'avoue que dans ces 3000 un certain nombre est attribuable à la
fin des Jeux olympiques. La fin des Jeux olympiques a dû être
responsable de la perte d'une partie des emplois, mais est-ce que cela peut
vouloir dire 3000 emplois? Je voudrais des explications sur ces chiffres.
Dans le secteur des transports, des communications et des autres
services publics, pendant qu'il se créait 5000 emplois dans le reste du
Canada en 1977, ici, au Québec, on en perdait 10 000. Il y a un chiffre
qui m'intrigue particulièrement et que je trouve très
inquiétant. Vous avez annoncé peut-être pas vous,
mais quelqu'un a annoncé à la Chambre; peut-être est-ce le
ministre d'Etat au développement économique que le
pourcentage de chômeurs a connu une légère baisse au
Québec. D'après les chiffres que j'ai, c'est vrai qu'il y a une
baisse dans le pourcentage, mais c'est parce qu'il y a moins de personnes qui
cherchent de l'emploi au Québec. Autrement dit, c'est parce que les gens
ont laissé le Québec. Les chômeurs sont partis. Si vous
avez, par exemple, 100 000 chômeurs et que 20 000 s'en vont,
naturellement, vous aurez une diminution du pourcentage, mais cela ne
règle pas la situation; c'est quand même alarmant. Le chiffre que
j'ai ici est peut-être...
M. Tremblay: Combien de nouveaux emplois créés
depuis l'an passé?
M. Ciaccia: Un instant, je vais vous le dire. Au Québec,
durant l'année 1977, sur 90 000 travailleurs arrivés sur le
marché du travail, depuis un an, 42% ont trouvé du travail et 68%
sont devenus chômeurs. Je voudrais une explication parce que, si cela
continue à ce rythme, ce sera un désastre total au Québec.
Je ne voudrais pas que vous me disiez, M. le ministre, que c'est la faute du
fédéral et que c'est la faute de Bourassa, parce que, durant ce
temps-là, on avait un régime fédéral et, de 1970
à 1976, malgré les perturbations sociales, malgré les
problèmes qu'on a eus de 1966 à 1969 dans l'administration
publique, on a eu une augmentation et on commençait à se
rapprocher des conditions économiques de l'Ontario. Par exemple, je me
réfère au taux d'emprunt. L'écart entre les taux d'emprunt
était beaucoup moindre qu'il ne l'est maintenant. Alors, un instant.
M. Tremblay: Le Canada augmente les taux d intérêt
et on est en pleine récession.
M. Ciaccia: Pour vous donner des données
véridiques, quand le taux d'intérêt augmente au Canada, il
augmente aussi pour l'Ontario. Pourquoi l'Ontario ne subit-il pas les
désastres que nous subissons?
M. Tremblay: Mais vous savez que le Québec...
M. Ciaccia: Vous voulez toujours blâmer les autres. J en ai
assez de cela.
M. Tremblay: Vous savez bien...
M. Ciaccia: Donnez-nous des réponses économiques.
J'ai des chiffres et vous allez nous donner les raisons pour lesquelles c'est
arrivé au Québec. Que faites-vous pour remédier à
cela?
M. Tremblay: Vous savez bien que le Québec va emprunter
aux Etats-Unis...
M. Ciaccia: Je ne veux pas d interruption. M. Tremblay:
... et non pas en Ontario.
M. Ciaccia: Vous le dites. Vous ferez votre politique partisane
quand j'aurai fini.
M. Charbonneau: Que pensez-vous que vous faites depuis 20
minutes?
M. Ciaccia: D accord?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Ciaccia: Cela fait quinze minutes que je suis courtois.
M. Charbonneau: Que pensez-vous que vous faites depuis 20
minutes?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre, à l'ordre!
Une Voix: Vous dites des âneries.
M. Ciaccia: C est impossible d être courtois avec vous.
C'est impossible de vous poser des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, à I'ordre!
M. Ciaccia: C'est impossible de vous demander des
explications.
M. Tremblay: Quand je veux vous répondre, vous ne voulez
pas avoir de réponse.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Ciaccia: Vous répondrez après; je n'ai que 20
minutes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Vous aurez le reste de l'année pour
répondre.
M. Tremblay: Ah! cette année.
M. Ciaccia: D'accord? M. Lalonde: Oui, certain. M.
Ciaccia: Ah oui!
M. Lalonde: Ce n'est pas la dernière fois qu'on vous pose
des questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: On commence.
M. Tremblay: Vous ne savez même pas comment les poser.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: On ne peut certainement pas y répondre.
M. Ciaccia: C'est cela. Je me demande, M. le ministre...
M. Lalonde: ... vous ne répondez pas à nos
questions...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre!
M. Ciaccia: ... si les leçons en commission parlementaire
ont été données par le docteur Laurin à tous les
ministres qui viennent ici, parce que dès qu'on leur pose des questions
et qu'on essaie de discuter du fond, on se fait insulter.
M. Tremblay: Je voudrais bien discuter, mais vous ne voulez
pas.
M. Ciaccia: Vous le ferez après. M. Tremblay:
Après, après.
M. Ciaccia: Les règlements de la commission... C est cela.
Vous voulez me couper le droit de parole.
M. Tremblay: Après, plus tard dans l'année. Pas
maintenant.
M. Ciaccia: Vous ne voulez plus que je vous pose des
questions.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Tremblay: Jam tomorrow, jam yesterday, out never jam
to-day.
M. Ciaccia: Vous savez que j'ai seulement 20 minutes. C'est une
tactique que je connais fort bien depuis 18 mois avec votre gouvernement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Sur la
question, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Sur la question, M. le Président, c'est bien
beau de faire de la partisanerie politique, mais le chômage est
là.
M. Tremblay: Dites cela à vos collègues.
M. Ciaccia: Les investisseurs s'en vont. Vous n'avez pas
répondu; vous avez des documents qu'ils prétendent faux et vous
n'avez pas répondu. Ecoutez!
M. Lalonde: C'est épouvantable.
M. Ciaccia: Ne mettez pas le blâme sur mon collègue.
Si vous aviez pu répondre aux questions...
M. Tremblay: ... est cousu de fil blanc.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Un instant. Si vous aviez pu répondre aux
questions je l'ai dit avant il s'est fâché, mais
peut-être qu'il avait raison.
M.Tremblay: Ce n est pas moi qui ai provoqué.
M. Ciaccia: Ecoutez!
M. Lalonde: Est-ce vrai que c est aussi faux?
M. Ciaccia: C'est incroyable.
M. Lalonde: C'est épouvantable.
M. Ciaccia: Vous m avez provoqué, oui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Vous, allez parler au député de
Saint-Laurent et il va vous expliquer.
M. Ciaccia: C est vous qui m'avez provoqué. Les questions
économiques devraient être au-dessus de la partisanerie.
Une Voix: Tout à fait d accord.
M. Ciaccia: Oui. Donnez donc l'exemple. Vous êtes un
ministre; vous n'êtes pas un "backbencher" . Vous devez donner l'exemple.
Vous devez donner l'exemple à la population, vous devez donner l'exemple
à tout le monde ici parce que ce sont des questions sérieuses que
nous posons. Si on continue comme cela, je me demande où nous en serons
l'année prochaine, avec les pourcentages et les chiffres de
chômage que je vous donne.
J'en viens à une conclusion, M. le Président, combien de
temps me reste-t-il?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II vous
reste trois minutes.
M. Ciaccia: II me reste trois minutes. M. le Président, la
seule conclusion...
Une Voix: ... question de règlement. Une Voix:Oui.
M. Ciaccia: Merci. Je voulais être sympathique envers le
ministre à propos de cette question parce que je sais qu'il y a
plusieurs facteurs qui affectent I'économie, qui affectent la question
de I'emploi. Le reproche que j'ai à lui faire, c'est qu'il n'aide pas
à trouver la solution aux problèmes; les politiques de votre
gouvernement n aident pas à trouver la solution des problèmes. Il
est évident que, quand vous pénalisez les cadres... Etes-vous d
accord avec le budget?
M. Tremblay: C'est un mauvais budget?
M. Ciaccia: Quant à la question des cadres...
M. Tremblay: II y a toujours un maudit bout!
M. Ciaccia: ... les employés qui sont affectés sont
des employés qui donnent de remploi aux autres. C est bien beau d'avoir
une idéologie, mais il faut être réaliste aussi. Celui qui
gagne $30 000 ou $40 000 par année, s il faut...
M. Charbonneau: ... $30 000 par année, vous allez
voir...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: M. le Président, celui qui gagne $30 000, $40
000 et $50 000 par année, c'est bien facile de faire de la
démagogie à son égard et dire: On va le taxer plus. Mais
s'il est obligé de payer $4000, $5000 ou $6000 de plus d'impôt par
année ici qu en Ontario, I'entreprise va déménager, M. le
Président. C'est un reproche à ce sujet que j avais à
faire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Par vos attitudes, certaines déclarations de
vos collègues envers I'entreprise privée, vous ne rendez pas le
climat favorable. Quand un siège social démontre certains
problèmes, il ne sera pas nécessaire de vous rappeler ce que vous
leur avez dit.
Alors, on peut en venir à deux conclusions: soit que vous ne
soyez pas compétent comme ministre de I'Industrie et du Commerce, et je
ne veux pas I'accepter. Je ne veux pas vous accuser d'incompétence. Non,
je ne veux pas vous accuser.
M. Tremblay: Voltaire disait: Mentez, mentez!
M. Ciaccia: M. le Président, j'essaie d'être
généreux à votre égard et vous ne le reconnaissez
même pas!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: On vous en parlera de la compétence
tantôt.
M. Ciaccia: Ou si ce n'est pas le cas et je suis
prêt à admettre que ce n'est peut-être pas le cas
l'autre conclusion c'est que les politiques de votre gouvernement sont
responsables des chiffres que je vous ai cités, des conditions
très alarmantes du chômage au Québec, de l'exode de la
population. Par exemple je vous demanderais si vous êtes d'accord avec
les politiques du ministre d Etat au développement culturel. Etes-vous
entièrement d'accord avec ses politiques, avec ses déclarations?
Est-ce que cela vous aide dans votre ministère? Savez-vous, un peu
d'honnêteté ne vous ferait pas de tort non plus. Cela vous
attirerait plus de sympathie de beaucoup de gens. Merci, M. le
Président.
M. Tremblay: M. le Président...
M. Charbonneau: Je vais laisser le ministre répondre, je
parlerai ensuite.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voici...
M. Tremblay: Quelques minutes peut-être, parce qu'il y a eu
tellement de questions et de mises au défi. Je passerai la parole tout
de suite après...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Alors,
M. le ministre, M. le député de Verchères et M. le
député de Roberval.
M. Charbonneau: On a laissé des non-économistes
parler, on peut peut-être se le permettre encore!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Le député de Marguerite-Bourgeoys ne
l'est pas non plus à ce que je sache!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! Il ne reste que 40 minutes au débat. S'il vous plaît!
M. Tremblay: M. le Président, il faut quand même
reconnaître que le député de Mont-Royal a soulevé
des questions importantes, même s'il l'a fait sur un ton assez
polémique et provocateur. Je présume que c'était vraiment
de la stratégie que de provoquer le ministre de l'Industrie et du
Com-
merce. Mais il y a quand même eu des points assez importants qui
ont été soulevés. On a parlé...
M. Ciaccia: Regardez-moi donc dans les yeux quand vous m'accusez
d'être provocateur!
M. Tremblay: Je vous regarde!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Ce n'est pas difficile de vous provoquer, juste le
fait d'exister c'est une provocation pour vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: ... c'est épouvantable...
M. Tremblay: M. le Président, c'est vraiment là
l'exemple d'une provocation. Je regardais les chiffres que je m'apprêtais
à citer et le député de Mont-Royal laisse entendre que je
ne le regardais pas. Je suis un ancien joueur de hockey en plus d'être un
économiste et je n'ai jamais eu froid aux yeux!
M. Ciaccia: Oh! Oh! Cela vous qualifie! Si j'avais su cela, je ne
vous aurais pas posé ces questions-là! Excusez-moi!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'a pas
froid aux yeux, M. le député! On a donc soulevé des points
qui sont importants et on a commencé à parler de thèmes
qu'il convenait de discuter ce matin. Evidemment, le temps s'est
écoulé en invectives, etc. et on n'a fait qu'effleurer les sujets
de fond qu'on aurait dû, normalement, traiter en profondeur. Mais je
pense qu'on avait délégué à cette commission des
représentants de l'Opposition qui n'avaient pas cet objectif en
tête. Leur but n'était que d'essayer de provoquer le ministre de
l'Industrie et du Commerce.
Sur la question de l'emploi, le Bureau de la statistique du
Québec, qui relève du ministère de l'Industrie et du
Commerce...
M. Ciaccia: M. le Président, je voudrais soulever
l'article 96 de notre règlement suite aux propos que le ministre a eus,
mais je vais attendre qu'il termine, juste pour...
M. Tremblay: Je vous le permets.
M. Ciaccia: Vous avez dit que...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Très brièvement.
M. Ciaccia: Très brièvement. Vous venez de
m'accuser, en plus du député de Roberval, d'être ici
seulement pour vous provoquer et de ne pas être ici pour soulever les
vraies questions. Je pense que je vous ai démontré très
clairement que j'avais des questions très valables. Je ne vous ai pas
provoqué et je vous ai donné une série de questions dans
le domaine de l'emploi, dans le domaine du chômage, dans le domaine des
investissements, et je ne suis pas venu ici pour faire de la provocation, mais
pour avoir un débat sur ces questions et obtenir des réponses de
vous.
M. Tremblay: M. le Président, je soulignais justement le
fait qu'il y avait des points très importants qui avaient
été soulevés par le député de Mont-Royal. Je
déplorais simplement le fait qu'il ait entouré ses points dans sa
présentation, de provocations à l'endroit du ministre et je
déplorais simplement ce fait. Je ne niais pas qu'il y avait des points
importants, je m'apprêtais à y revenir. Sur la question de
l'emploi, le Bureau de la statistique du Québec, qui relève du
ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec, a
publié il y a quelques jours ses prévisions d'emploi pour 1978 et
1979. Or, pour l'année 1978, le Bureau de la statistique du
Québec prévoit qu'il y aura 37 000 nouveaux emplois
créés au Québec, soit un accroissement de 1,5%. Cet
accroissement d'emplois en 1978 est le plus élevé des
accroissements que nous avons eus au cours des trois dernières
années. En 1977 il y a eu, comme nous l'avons mentionné tout
à l'heure, 25 000 nouveaux emplois; en 1976, 27 000 nouveaux emplois et,
en 1975, 37 000. (12 h 15)
En ce qui concerne l'emploi, compte tenu de l'état
déplorable de l'ensemble de l'économie canadienne il n'est
pas nécessaire d'y revenir car on sait que l'économie canadienne
est dans un état déplorable l'économie du
Québec, en 1978, progresse plus rapidement que dans les années
passées et je l'ai mentionné tout à l'heure au
niveau d'anciens investissements plus rapidement que ce qui se produit
en Ontario ou dans l'ensemble du Canada.
M. Ciaccia: Quelle est la relation entre cet accroissement au
Québec et le reste du Canada? Vous avez dit 1,5% comme prévision
pour 1978. Quel est le pourcentage pour le reste du Canada?
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai pas ici les chiffres
pour l'ensemble du Canada. Je suis certain qu'il serait facile de les obtenir.
Je vais demander aux fonctionnaires du BSQ qui sont ici de les trouver.
Aussitôt qu'on les aura, il me fera plaisir de les déposer. Je
soulignerais que j'aurais aimé que le député de Mont-Royal
me permette aussi ces questions qui aurait éclairé le
débat. Ce genre de questions permet de préciser et d'obtenir des
renseignements additionnels. Tout à l'heure, j'ai essayé de le
faire sur bien des points et on me l'a refusé.
M. Ciaccia: On va se reprendre, M. le ministre.
M. Tremblay: M. le Président, en ce qui concerne la
situation de l'emploi pour cette année, elle est supérieure
à ce qui a existé au cours des trois dernières
années. Il est évident que nous connaissons une augmentation de
la main-d'oeuvre au Québec qui exige une relance économique assez
phénoménale, puisqu'il y a un accroissement des jeunes sur le
marché du travail et que nous voyons un rattrapage de la main-d'oeuvre
féminine par rapport à l'ensemble du Canada qui se reflète
dans le taux de participation. Par exemple, le mois dernier, nous avons connu
un taux de participation de la main-d'oeuvre de 60%. C'était la
première fois que cela se voyait dans toute l'histoire économique
du Québec, à savoir que le taux de participation de la
main-d'oeuvre était si élevé, justement à cause de
l'afflux des travailleuses sur le marché du travail. Cela est excellent.
C'est donc une manifestation de la confiance qu'ont les Québécois
dans leur économie, que les Québécoises veulent aller sur
le marché du travail et participer à l'essor de leur
économie.
Le député de Mont-Royal a quand même soulevé
trois points qui réapparaissent importants et que j'aimerais commenter
rapidement. Il y a la question de l'exode de la population. J'ai essayé,
tout à l'heure, d'obtenir un échange sur cette question,
puisqu'il m'apparaît que c'est là un point fondamental dans
l'évolution de l'économie du Québec et même de
l'évolution politique de l'économie du Québec.
Nous, au Québec, nous avons toujours été
dépendants politiquement et économiquement de l'extérieur.
Nous étions une société agricole qui vivait dans une
économie coupée des circuits commerciaux et industriels, qui
était contrôlée par un gouvernement fédéral
dirigé par des anglophones pendant au-delà d'un siècle,
avec un réseau bancaire, commercial et industriel qui était soit
anglophone ou étranger. Notre économie a donc été
l'économie des autres. Nous sommes l'un des rares peuples au monde qui
attend des autres le progrès économique, qui peut venir des
entreprises, qui peut venir de l'action des gouvernements. Nous avions un petit
gouvernement provincial qui avait la politique du laisser faire...
M. Ciaccia: De 1970 à 1976, on avait la même
situation. On n'avait pas le désastre qu'on a aujourd'hui.
M. Tremblay: J'ai mentionné tantôt...
M. Charbonneau: C'est vous qui mentionnez 1970?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: En 1970, on avait des événements un peu
différents et un peu particuliers.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député!
M. Tremblay: M. le Président, j'en arrivais à cette
question de l'exode. Au lieu de le faire de façon très
superficielle, j'essayais de situer cette question de I exode dans le contexte
politique économique que nous vivons, nous, en tant que
Québécois, depuis quelques siècles.
Je vois qu'on ricane. C'est une question très sérieuse. La
situation des Québécois depuis quelques siècles ne porte
pas au ridicule et ne porte pas aux rires. Il y a 3 500 000 de francophones ou
d'Américains d'origine francophone en Nouvelle-Angleterre. Ces
Québécois, parce qu'on les appelait Canadiens français
à l'époque, ont dû quitter le Québec lorsque
l'agriculture est entrée dans son déclin, parce qu'il n'y avait
pas de développement industriel au Québec, parce qu'on exportait
nos matières premières. On exportait même notre bois
à l'extérieur. On exportait nos matières premières.
Comme on n'avait pas de gouvernement pour s'occuper de notre
développement économique, parce que le gouvernement
fédéral était celui de l'Ontario et parce que les
entreprises étaient des entreprises étrangères, les
Québécois n'ont eu d'autre choix que de s'expatrier.
Cette situation, qui a duré pendant des siècles et qui a
été tolérée je n'oserais pas dire
provoquée par les gouvernements précédents va
devoir cesser.
M. Ciaccia: Elle n'est pas pire, maintenant, avec vos
politiques.
M. Tremblay: La volonté de notre gouvernement, qui est au
pouvoir depuis 18 mois, est justement de persuader les Québécois
que c'est en prenant leurs affaires en main, en étant maîtres chez
nous, comme le disait un premier ministre libéral en 1960...
M. Ciaccia: Vos politiques, ce n'est pas la même chose. Il
y a une différence entre maîtres chez nous et bourreaux chez
nous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: M. le Président, je n'ai pas l'intention de
suivre le député de Mont-Royal sur ce terrain. Il est
évident que si, comme société francophone en
Amérique du Nord, nous voulons survivre culturellement, politiquement et
économiquement, il faudra que nous ayons, au Québec, un
gouvernement national qui ait la responsabilité de stimuler l'innovation
et l'entrepreneurship privés au Québec et, aussi,
d'élaborer des politiques de développement économique qui
feront en sorte que nos ressources, que nos richesses soient
développées ici même au Québec, au profit des
Québécois.
La raison pour laquelle nous avons eu, pendant un siècle, des
exodes de la population, c'est parce que nous n'avons pas eu suffisamment de
développement économique, c'est parce que le développement
de nos richesses s'est fait à l'exté-
rieur, au profit des autres, pour les autres. Du moment où on va
commencer à réaliser qu'il faut faire le développement
économique pour nous-mêmes, qu'on ne peut pas attendre des autres
ce développement, c'est là qu'on pourra vraiment être un
peuple fier et se ranger parmi les nations du monde.
Je sais que cela fait sourire le député de...
M. Lalonde: Trompettes, sonnez! Agitez les drapeaux! Musique!
M. Charbonneau: Arrêtez donc d'agir comme des
colonisés!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: Enlevez la fin du mot pour vous.
M. Tremblay: ... Marguerite-Bourgeoys. Se tenir debout, pour eux,
c'est une position qui n'est pas normale.
M. Charbonneau: Avec vos crieurs en arrière et vos
clowns!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de
Verchères.
M. Lalonde: On n'a pas besoin de clowns en arrière.
M. Ciaccia: Je pensais qu'on était venus ici pour discuter
de l'économie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Je sais, M. le Président, que, pour certaines
personnes, se tenir debout, ce n'est pas une position normale. Je sais, M. le
Président.
M. Lalonde: M. le Président, question de règlement,
quand même. La pertinence! On veut des réponses à des
questions économiques et on se fait servir une espèce de discours
de patriotard. Voyons, soyons sérieux!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je pense
qu'il y a eu une question sur l'exode et c'est pour cela que je permets la
réponse.
M. Lalonde: On est retourné 100 ans en arrière!
M. Ciaccia: Les zouaves!
M. Tremblay: M. le Président...
M. Ciaccia: En rapport avec l'économie, les effets et les
conséquences sur l'économie et les chiffres. Ce n'est pas ce qui
est arrivé il y a 100 ans; c'est pour aujourd'hui qu'on veut savoir.
M. Tremblay: M. le Président, je sais qu'on a peur de
traiter des vrais problèmes, qu'il est préférable de
camoufler les choses, de cacher les choses.
M. Lalonde: Les 350 000 chômeurs, on ne peut pas les
cacher! Essayer de les cacher, ceux-là!
M. Tremblay: ... parce qu'on peut justifier son manque d'action,
son manque d'initiative, son manque d'imagination. Ce gouvernement a, pour
objectif, de s'attaquer aux vrais problèmes, aux problèmes de
fond et non pas de s'occuper uniquement de questions électorales
à court terme.
M. Lalonde: Les chômeurs, c'est une question
électorale!
M. Tremblay: On parle d'exode. Il y a eu un exode, il y a
quelques semaines, qui a fait la manchette dans les journaux: l'exode de la Sun
Life. Tout à l'heure, on a parlé d'arrogance.
M. Ciaccia: J'ai parlé des laboratoires Bristol Crystal,
pas de la Sun Life.
M. Tremblay: M. le Président, comment ne pas être
indignés? Comment un Québécois pourrait-il demeurer
indifférent devant l'arrogance que les dirigeants de cette compagnie ont
manifestée à l'endroit du peuple du Québec, après
avoir fait des affaires au Québec pendant un siècle et demi? Ils
considéraient les "natives" comme des inférieurs. Les autochtones
devaient rester à leur place. Aussitôt qu'ils ont
réalisé qu'un gouvernement de "natives", d'autochtones, se tenait
debout et commençait à affirmer le droit des
Québécois à vivre chez eux, en français, dans leur
propre pays et dans leur propre économie, ils ont foutu le camp! Y
a-t-il un peuple au monde qui aurait toléré autant d'arrogance,
autant de colonialisme économique? Ces Rhodésiens, ces
colonialistes sont partis. Nommez-moi un peuple... Est-ce que le peuple italien
aurait toléré cela, M. le Président? Est-ce que le peuple
américain aurait toléré cela? Est-ce que le peuple
français aurait toléré cela? Nommez-moi un peuple. Est-ce
que le peuple Sénégalais aurait toléré cela? Est-ce
qu'un peuple en Afrique est prêt à tolérer une telle
arrogance de colonialisme économique? M. le Président, on nous
accuse d'indignation. Je pense que si les membres de l'Opposition avaient une
once de fierté, avaient un peu de coeur au ventre, ils se
lèveraient pour dénoncer ce genre de chantage que l'on a fait
contre le peuple du Québec et que le gouvernement a
dénoncé et qu'il continuera de dénoncer.
M. le Président, ce genre d'exode...
M. Ciaccia: Vous n'avez pas répondu parce que les
employés sont encore là. Je n'ai pas mentionné la Sun
Life, et je n'approuve pas non plus, M. le Président, le geste de la Sun
Life.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre.
M. Ciaccia: Je vous ai demandé des chiffres
précis.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je
présume que le ministre consent.
M. Ciaccia: Des situations précises, Laboratoire
Bristol.
M. Tremblay: M. le Président, je m'apprêtais aussi
à parler de la concentration économique à
l'intérieur de l'empire canadien à Toronto. Nous vivons dans un
système où toutes les grosses banques sont concentrées
à Toronto, où toutes les grosses entreprises sont
concentrées à Toronto et se sert du marché du
Québec comme un marché de "dumping". Cela non plus, M. le
Président, nous ne le tolérerons pas. Ce genre de colonialisme
économique qu'on a imposé au Québec, aux
Québécois pendant un siècle devra cesser. Et les
institutions politiques fédérales qui encouragent cette
concentration en Ontario de l'activité économique avec nos
propres ressources naturelles j'ai mentionné l'aluminium tout
à l'heure le peuple du Québec ne le tolérera pas et
le gouvernement du Parti québécois ne le tolérera pas.
M. Ciaccia: Le volume de marchandise qu'on vend dans le reste du
Canada, qu'on "dump" dans le reste du Canada, nous?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: Question de règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui.
M. Charbonneau: Je pense, M. le Président, qu'il y avait
d'autres députés qui voulaient intervenir. Je pense que le
député de Mont-Royal a abondamment utilisé cette tactique
tantôt pour refuser au ministre de l'Industrie et du Commerce de poser
des questions pertinentes. Je pense qu'il y a d'autres députés
maintenant qui voudraient peut-être contribuer d'une façon un
petit peu plus intéressante et intelligente au débat. Le
député de Mont-Royal a eu abondamment le temps de faire ce qu'il
aurait pu faire tantôt.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Le
problème que vous soulevez, en fait, n'est pas nouveau. J'avais
l'occasion d'en parler il y a quelques secondes. Cela fait deux fois que je
préside ce genre de commission parlementaire. Cela fait deux fois que le
même problème survient. Le règlement est très mal
fait à ce niveau. Voici que le député de Roberval a un
droit de parole privilégié et non exclusif, mais
priviligié, ce qui veut dire que le ministre également a un droit
de parole privilégié. Donc, même si je reconnais certains
députés à qui notre règlement accorde quand
même un droit de parole de 20 minutes, à partir du moment
où soit le député de Roberval ou le ministre me demande la
parole, je dois ignorer ceux qui m'ont demandé la parole, même
antérieurement, en raison du privilège non cessible... A l'ordre,
s il vous plaît. Privilège non cessible accordé à la
personne du député de Roberval et à la personne du
ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Charbonneau: M. le Président, sans doute, sur la
même question de règlement vous venez sans doute de...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je n'ai
pas terminé. Là nous sommes dans un dilemme. Le
député de Mont-Royal, lui, a pris ses 20 minutes, a posé
une série de questions. Je présume, évidemment, que le
ministre veut y répondre et que le député veut y
répondre. D autre part, j'ai le député de Roberval
à ma gauche qui, évidemment, pense à son privilège
qui s'envole de plus en plus. Mais, d'autre part, je sais, parce qu'il me l'a
dit, qu'il voudrait quand même entendre le député de
Verchères, mais pourra-t-il I entendre?
M. Charbonneau: Je ne me fais aucune illusion, M. le
Président, sur cette volonté...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière):
Voilà, c'est le dilemme dans lequel je suis. J essaie de faire cela avec
le plus... on finit à 13 heures.
M. Lalonde: Ah bon.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): ...
d'objectivité possible et vous comprendrez que c'est difficile, le
ministre étant privilégié et le député de
Roberval étant privilégié.
M. Charbonneau: Dans ce cas, je vous demanderais au moins de
faire appliquer le règlement intégralement. Le droit de parole du
député de Mont-Royal est épuisé. Si le
député de Roberval veut intervenir, comme on ne peut pas
l'empêcher, tant mieux, il le fera. Le député de Mont-Royal
a utilisé son droit de parole. Il aurait pu l'utiliser pour permettre au
ministre de poser des questions et y répondre. Il n'a pas voulu le faire
tantôt, qu'il ne vienne pas l'emprunter sur notre droit de parole.
M. Ciaccia: Je voulais que le ministre précise; Je lui
demandais de préciser, c'est tout.
M. Charbonneau: J'ai vu votre attitude tantôt, vous ne
viendrez pas nous charrier aujourd'hui.
M. Ciaccia: J'ai su ce que le ministre voulait.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. Je voudrais également préciser
que les privilèges ne sont pas mesurés. Ce sont des
privilèges égaux, je présume. Evidemment, tant que le
ministre a la parole...
M. Charbonneau: Et si les règlements sont faits pour que
les députés ministériels, eux, qui représentent
aussi des citoyens du Québec, n'ont pas le droit de participer au
débat parlementaire, on est aussi bien de rester dans nos bureaux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): je lui
laisse et quand il aura terminé... A l'ordre, M. le député
de Verchères, s'il vous plaît.
M. Lalonde: Je remercie M. le député de
Verchères pour cette brillante intervention.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Je viens
de souligner les failles du règlement. Cela va tellement loin que si le
député de Roberval et le ministre voulaient prendre les trois
heures à eux seuls, ce privilège, même s'il n'est pas
exclusif, va quand même jusque-là puisque théoriquement,
c'est cela. (12 h 30)
M. Lalonde: Voulez-vous dire, M. le Président, qu'on ne
pourra pas entendre le député de Verchères?
Le Président (M. Vaillancourt, Joqnuière): Et le
député de Marguerite-Bourgeoys également.
M. Charbonneau: II est avocat, c'est moins grave.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): C'est la
situation et on essaie de s'en tirer le mieux possible.
M. Lalonde: ... l'entendre... M. Tremblay: M. le
Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Oui, M.
le ministre.
M. Alfred: ... qui a disparu.
M. Ciaccia: Oui, parce que M. le ministre nous a donné des
exemples que sa solution c'était un pays, un impôt; alors je
voudrais qu'il nous donne des exemples de la solution simpliste pour
régler les problèmes économiques.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! ... A l'ordre!...
M. Ciaccia: II y a beaucoup de pays au monde où c'est un
pays, un impôt, mais ils n'ont pas notre standard de vie.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: ... n'a pas votre standard de vie. La
Belgique...
M. Ciaccia: Vous n'avez pas honte de ce qui se passe en
Suède? Vous avez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): S'il
vous plaît, M. le député de Mont-Royal, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: ... de nous donner l'exemple en Suède, bien
là, je vais commencer à mettre en doute votre
compétence.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Tremblay: M. le Président, nous avons avec nous ici les
fonctionnaires du Bureau de la statistique du Québec, je leur
demanderais de produire, s'ils peuvent la produire rapidement, la ventilation
des revenus par habitant sur l'ensemble des pays des Nations Unies. J'aimerais
qu'on nous la produise.
Le député de Mont-Royal qui, évidemment, ne se
connaît pas tellement en question économique, et cela
paraît, réalisera que les pays...
M. Lalonde: Quand on n'a pas de réponse, on insulte le
monde.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît.
M. Tremblay: Lorsqu'on est ignorant, au moins, il ne faut pas en
faire étalage sur la place publique.
M. Lalonde: C'est ce que vous faites depuis tout à
l'heure.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre!
M. Tremblay: M. le Président, il réalisera que,
parmi les dix pays qui ont le plus haut niveau de vie, la plupart, à
l'exception des Etats-Unis, sont de petits pays.
M. Ciaccia: A l'exception des Etats-Unis.
M. Tremblay: Vous n'avez pas compris. Les petits pays sont la
Norvège, 3 millions d'habitants; la Suède, 8 millions
d'habitants; le Danemark, 4,5 millions d'habitants, la Finlande, 2,5 millions
d'habitants; la Suisse, combien, 5 millions d'habitants.
M. Lalonde: ... ce n'est pas bon.
M. Tremblay: J'ajouterais évidemment le Koweït et
l'Arabie Saoudite qui sont très petits, et on pourrait en ajouter
d'autres. La plupart des pays les plus riches au monde sont de petits pays.
M. Ciaccia: Votre premier ministre se vantait à New York
qu'on avait le septième standard de vie au monde; ce fut fait dans un
système fédéral, cela est parti de rien, c'est
arrivé à cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! ...A l'ordre, s'il vous plaît!...
M. Charbonneau: La Suède et la Norvège
étaient associées à un moment donné avec un
système fédéral et aujourd'hui ils sont souverains.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! ...A l'ordre!...
M. Tremblay: Les grands empires comme l'Inde...
M. Charbonneau: Non vous ne saviez pas... M. Lalonde:
Merci, M. le député de Verchères.
M. Tremblay: ... l'Union soviétique, tous ces grands
empires, parce qu'ils sont trop grands, trop loin de la population...
M. Ciaccia: ... le ministre de l'Industrie et du Commerce?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Le ministre de l'Industrie et du Commerce a
écrit onze volumes qui sont vendus à travers le monde.
M. Lalonde: Excusez-nous.
M. Tremblay: M. le Président, il connaît ces
chiffres.
Une Voix: ...
M. Ciaccia: Je voudrais que le journal des Débats
démontre l'élégance du député de
Roberval.
M. Charbonneau: On devrait peut-être s'en aller.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît. A l'ordre!
M. Tremblay: Nous venons ici pour discuter d'emplois et de niveau
de vie des gens qui ne connaissent même pas la ventilation des pays par
leur niveau de vie.
M. Lalonde: C'est effrayant, on n'a pas lu les livres du
ministre, M. le Président, c'est effrayant ne pas lire les livres du
ministre. C'est épouvantable.
M. Tremblay: C'est quand même incroyable, M. le
Président, et on pense parler de façon intelligente des
problèmes...
M. Charbonneau: ...
M. Tremblay: J'ai soulevé cette question parce qu'on l'a
soulevée de l'autre côté, mais il y avait deux autres
points que je voulais traiter et qui ont été soulevés par
le député de Mont-Royal.
La question de la recherche, c'est une question fondamentale dans le
développement économique et dans l'expansion industrielle. On
constate qu'au Québec il y a une pénurie quant à la
recherche industrielle et commerciale. C'est évident que nous avons le
Centre de recherche industrielle du Québec, qui relève de mon
ministère et qui essaie d encourager l'innovation, la recherche et le
développement. J ai mentionné tout à l'heure que j ai mis
sur pied...
M.Ciaccia: Les libéraux...
M. Tremblay:... un programme pour les entreprises innovatrices,
$15 millions pour inciter nos PME à être innovatrices. Le
gouvernement fait des efforts pour corriger la situation, mais deux facteurs
ralentissent notre effort de recherche, et ces deux facteurs doivent être
corrigés. Le premier, c'est le fait que, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, l'économie du Québec est une
économie qui est dirigée de l'extérieur. On est une
économie de succursale, de filiale, "a branch economy .
NI. Lalonde: Est-ce une compagnie, cela?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: II est évident qu une économie
dépendante, satellisée, peut difficilement avoir un dynamisme qui
lui soit propre au niveau de la recherche. C est pour cela que nous avons
réagi avec tellement de fermeté lorsqu'une compagnie du
Québec, qui exploite les ressources naturelles, surtout
l'électricité du Québec, la compagnie Alcan,
menaçait de déplacer son centre de recherche en Ontario l'an
passé. C est pourqoi nous avons réagi avec autant de
fermeté, parce que nous trouvons inacceptable que les compagnies qui
exploitent les ressources naturelles du Québec s'en viennent
mépriser les Québécois en allant faire leur recherche
à l'extérieur du Québec.
Lorsque nous aurons intégré nos entreprises au
fonctionnement même de l'économie du Québec, nous aurons
plus de recherche industrielle. En étant un vrai gouvernement, qui se
tient debout et qui met sur pied des politiques...
M. Lalonde: Allez-vous acheter toutes les compagnies?
M. Tremblay: Non, on vous laisse ce genre de politique simpliste;
on vous la laisse.
Le Présient (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lalonde: Comment allez-vous faire pour récupérer
tous les centres de décision?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Cette dépendance de l'économie du
Québec se reflète dans le peu de recherche
qui se fait au Québec, mais il y a un autre
phénomène qui y est rattaché...
M. Ciaccia: C'est entendu, c'est pour cela qu'ils s'en vont.
M. Tremblay:... qui découle de la dépendance
politique du Québec. Les entreprises du Québec, par leurs
démarches, votent en faveur de leur gouvernement, le gouvernement du
Québec. Lorsque des entrepries au Québec ont des
difficultés, à quel gouvernement s'adressent-elles? Les petites
et les moyennes entreprises du Québec, lorsqu'elles ont des
problèmes, à qui s'adressent-elles? Au gouvernement
fédéral ou au gouvernement du Québec? Il est
évident qu'elles s'adressent au gouvernement du Québec.
Même si c'est un gouvernement provincial qui n'a pas tous les leviers
économiques pour vraiment les assister, même si les trois quarts
des impôts des sociétés industrielles et commerciales sont
payés à un autre gouvernement étranger, les entreprises
s'adressent au gouvernement du Québec. Ceci se reflète dans les
chiffres que publie le gouvernement fédéral en ce qui concerne la
recherche.
Le ministre Goyer, le 26 avril dernier, publiait les subventions de
recherche qu'accorde le gouvernement fédéral aux entreprises du
Canada. Il disait ceci, et comme cela a été publié dans le
Montreal Star, je vais le lire en anglais: "Since the start of the program in
1974, Mr. Goyer said 453 contracts worth $50 million have been granted, and
each dollar spent by the government the federal government has
had a multiplier factor of $5.60. But of the total, only 15% or $7 500 000 went
to Quebec. "Asked if there was still a reluctance on the part of Francophone
businessmen in Quebec to turn to the federal government for assistance, Mr.
Goyer said it went beyond reluctance." I quote: "It's the fairness of the
federal system that has to be changed."
C'est un ministre fédéral qui est sur le point de partir
de la politique fédérale qui a encore assez de lucidité
pour voir comment le système fédéral est
défavorable aux entreprises du Québec.
M. Lalonde: II doit être changé.
M. Tremblay: II continuait en disant: "The meeting to inform
Quebec businesses to what extent they can participate in federal research was
told that of Quebec's share of contracts, over 80% went to Anglophones."
Non seulement le Québec reçoit une pitance quant aux
contrats de recherche pour les entreprises en provenance du gouvernement
fédéral, mais quand il y en a, la pitance va aux entreprises
anglophones du Québec. Nos petites et nos moyennes entreprises du
Québec paient les trois quarts de leur impôt au
fédéral.
M. Ciaccia: Mais qui fait les demandes?
M. Tremblay: Mais c'est le gouvernement qué- bécois
qui doit finalement financer la recherche de ces entreprises.
M. Ciaccia: Qui fait les demandes?
M. Tremblay: La loi 48 permet aux entreprises du Québec,
les PME, de financer, à partir de 50% de leur impôt, leurs
dépenses de recherche.
M. Ciaccia: Qui fait les demandes, M. le ministre?
M. Tremblay: Nous sommes donc un peuple qui est appauvri par cent
ans d'indifférence économique. On est obligé de financer
les entreprises de lOntario par le truchement du gouvernement
fédéral. On a un ministre fédéral de l'Industrie et
du Commerce qui dit qu'il travaille pour l'Ontario, pour faire la
transformation de notre aluminium en Ontario. Maudit, quand allons-nous nous
réveiller? Est-ce que vous dormez?
M. Lalonde: Oh! Des gros mots!
M. Ciaccia: Qui fait les demandes? Pouvez-vous répondre
à cela?
M. Lalonde: Plutôt que de faire de l'indignation, donnez
donc des réponses?
M. Alfred: C'est viscéral, cher confrère, il faut
que cela sorte!
M. Ciaccia: Cela fait quinze fois que je vous demande qui fait
les demandes de subventions?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): En
concluant, M. le ministre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: M. le Président, devant ces faits...
M. Ciaccia: Vous refusez de répondre encore une fois.
M. Tremblay: ... je pense que la tactique de l'Opposition
officielle c'est...
M. Ciaccia: ... c'est de la propagande.
M. Tremblay: ... de faire un "show" politique ce matin... M. le
Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lalonde: On ne veut pas que vous vous choquiez; donnez-nous
les réponses; on est en famille.
M. Tremblay: ... il est évident que, devant des faits
aussi scandaleux au plan économique, devant des mesures
économiques de la part du gouvernement du Québec aussi populaires
et aussi efficaces, devant tous ces faits, il est évident que la
tactique de lOpposition officielle de provoquer ce débat sur
remploi devient un boumerang qui lui revient en pleine figure. Quand vous
voudrez discuter de ces points...
M. Lalonde: Ce n est pas encore terminé; il reste 20
minutes.
M. Tremblay: ... nous allons en discuter. Quand votre chef, votre
pontife que vous êtes allés chercher, viendra en Chambre, nous
discuterons de ces problèmes parce que ce sont les vrais
problèmes économiques du Québec, les vrais
problèmes politiques. On cessera de patiner à I extérieur
de la Chambre...
M. Ciaccia: J'espère que vous les discuterez avec lui
parce que vous ne les discutez pas avec nous.
M. Tremblay: ... qu'on viendra discuter avec des hommes et des
femmes qui travaillent pour l'avenir économique du Québec.
M. Lalonde: ... c'est un miroir devant vous.
M. Tremblay: Lorsqu'on a des faits semblables, vous vous
cachez.
M. Lalonde: On va vous installer un miroir et c'est cela que vous
voulez voir.
M. Tremblay: Vous vous cachez... Ce n'est pas une question de
miroir.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Alfred: Ecoutez donc! M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Tremblay: Vous avez le nez contre le miroir.
M. Lalonde: C est du narcissisme intellectuel que vous
faites.
M. Tremblay: Comme l'a dit le député de
Roberval...
M. Lalonde: Vous faites du narcissisme intellectuel.
M. Tremblay: ... vous n'avez pas de miroir; vous êtes
à terre; vous avez le nez dans la boue; vous ne voyez rien.
M. Lalonde: C'est tout ce que vous nous produisez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A I
ordre, s il vous plaît!
M. Tremblay: Si vous vous leviez debout un peu.
M. Lalonde: ... tout ce que vous nous produisez, c'est de la
boue.
M. Tremblay: C'est parce que vous êtes couché par
terre.
M. Lalonde: Au lieu d'insulter les députés, le
ministre... Au lieu d'insulter les députés, qu'il pense donc aux
350 000 chômeurs du Québec.
M. Tremblay: Si vous vous levez debout, vous verrez ce qui se
passe autour de vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, à l'ordre!
M. Tremblay: Ce n est pas de... économie.
M. Lalonde: Nous aussi, on va se choquer et on va en dire des
"maudits" s'il le faut.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A I
ordre!
M. Lalonde: Au lieu de nous faire des petits discours
patrio-pétard, qu'il pense donc aux chômeurs un peu. Il y a une
maudite limite à se laisser charrier par un mini-ministre comme lui.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
I'ordre, s'il vous plaît! S'il vous plaît! A l'ordre!
M. Charbonneau: Qu est-ce que vous avez fait quand vous
étiez au pouvoir?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Le journal des Débats devrait montrer
le ministre rit ...
M. Lalonde: Pardon?
M. Ciaccia: ... qui a provoqué et refusé de
répondre. Il commence à rire.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, à l'ordre!
M. Lalonde: Dans un an, vous avez produit 100 000 chômeurs.
Pendant les élections. M. Lé-vesque se promenait et il disait que
c était la faute de Bourassa.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre. M. le député de Marguerite-Bourgeoys!
M. Charbonneau: Durant toutes les années que vous avez
été au pouvoir?
M. Lalonde: Maintenant, c est la faute de Trudeau. Les gens
n'acceptent pas cela. 100 000 chômeurs de plus dans un an, c'est votre
production, vous, le ministre qui fait des discours patrio-pétard.
M. Alfred: Assez de jouer avec l'argent des
Québécois, vous autres les libéraux.
M. Charbonneau: Qu est-ce que vous avez fait dans...
M. Tremblay: M. le Président...
M. Lalonde: On est rendu en 1978 au cas où le
député de Verchères ne le saurait pas.
M. Charbonneau: Non, non. Qu'est-ce que vous avez fait? Vous avez
été...
M. Alfred: ... je sais ce que vous avez fait, vous autres, en
tant que Québécois pour les libéraux.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Papineau, s'il vous plaît! S'il
vous plaît!
M. Lalonde: On peut s'asseoir pour en parler, si vous voulez.
M. Tremblay: M. le Président, j'allais conclure...
M. Lalonde: Et expliquer les...
M. Tremblay: M. le Président, j'allais conclure...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
ministre.
M. Tremblay: ... sur les effets économiques sur lemploi
puisqu'il s'agit présumément d'un discours ou d'un débat
sur I'emploi...
M. Lalonde: On ne le croirait pas à vous entendre.
M. Tremblay: ... de I'abolition de la taxe de vente sur les
secteurs du textile, des vêtements, des chaussures et des meubles. Le
Bureau de la statistique du Québec vient de me remettre les
évaluations qu il a faites de cette politique économique qui
vient s'ajouter, évidemment, à toute la série de
politiques économiques que nous avons appliquées. Les effets,
dis-je, sur l'ensemble de I'économie du Québec. Le Bureau de la
statistique du Québec je vais déposer ce document, M. le
Président prévoit que la mesure du gouvernement du
Québec concernant l'abolition de la taxe de vente créera 12 770
nouveaux emplois au Québec.
M. Ciaccia: On en a perdu 29 000.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A I
ordre, s il vous plaît!
M. Ciaccia: Alors, vous n en récupérez que 12 000
sur les 29 000 que vous avez perdus.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: ... c'est du fédéral...
M. Ciaccia: Vous en avez perdu 29 000.
M. Tremblay: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s il vous plaît!
M. Charbonneau: C'est le fédéral avec...
M. Lalonde: Vous engagez-vous à maintenir cette abolition
pour plusieurs années?
M. Tremblay: M. le Président, le député de
Mont-Royal démontre encore ce genre je regrette d'utiliser le
terme d'ignorance, il sait bien que les importations...
M. Lalonde: ... tout à l'heure!
M. Ciaccia: Je n'ai pas écrit onze livres.
M. Tremblay: ... ne sont pas la responsabilité du
gouvernement provincial.
M. Ciaccia: Si vous n'avez pas le reste du Canada pour vendre vos
produits, qu'arriverait-il de vos importations et de vos exportations?
M. Charbonneau: Question de règlement!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! (12 h 45)
M. Tremblay: M. le Président...
M. Ciaccia: Soyez donc honnêtes au moins dans vos
propos!
M. Charbonneau: Vous n'avez même pas d'usines dans votre
comté!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, ce n'est pas une question de
règlement!
M. Tremblay: M. le Président, le Bureau de la statistique
du Québec a aussi évalué que cette mesure avait
créé $126 864 000 de salaires additionnels et allait créer
pour le gouvernement fédéral $37 500 000 de recettes fiscales. Le
gouvernement du Québec, par ses politiques, non seulement renfloue les
entreprises que laisse tomber le gouvernement fédéral, mais est
en train de renflouer le trésor public fédéral
lui-même, alors que seulement $21 millions reviendront au trésor
public québécois en provenance de cette mesure. Il me fait
plaisir de déposer ces calculs de la part du Bureau de la statistique du
Québec.
M. Ciaccia: Pourriez-vous aussi déposer, M. le ministre,
les investissements qui ont baissé dans l'habillement de 27%, dans les
bois de 19,20%, dans le meuble de 25% en 1977, qui ont baissé encore de
9% dans le textile en 1978? Pourriez-vous aussi déposer ces
chiffres?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: II me fait plaisir de déposer l'article du
Montreal Star du 11 mai 1978...
M. Ciaccia: Parce que, chaque fois que vous n'avez pas de
réponse, vous vous fâchez!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: ... où les représentants de
l'industrie du vêtement déclarent que "business is booming".
Evidemment, après les politiques du gouvernement du Québec et non
pas sous votre régime et à la suite de vos politiques et celles
du gouvernement fédéral, il n'y en avait pas, mais grâce
aux actions du gouvernement du Québec, "Business is booming " et j'en
fais le dépôt, M. le Président.
M. Ciaccia: Les chiffres que je vous ai donnés sont le
résultat de votre politique.
M. Charbonneau: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Je voudrais prendre mon droit
privilégié. J'ai constaté que le député de
Verchères est intervenu assez régulièrement dans le
débat, contrairement à moi. A partir de ce moment, jusqu'à
13 heures, je voudrais intervenir. Est-ce un droit privilégié que
j'ai?
M. Charbonneau: Une question de règlement dans ce
cas-là, M. le Président.
M. Lamontagne: Vous avez un droit privilégié, mais
il y a une question de règlement.
Une Voix: Cela a besoin d'en être une bonne!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères.
M. Charbonneau: Je pense qu'il y a au moins un règlement
qui nous permet de rectifier des faits.
Le Président: C'est-à-dire que... Un instant! Il y
a effectivement un règlement qui vous permet de rectifier les faits pour
autant que vous ayez fait une intervention conformément au
règlement.
M. Charbonneau: II y a eu une intervention qui a
été faite conformément au règlement.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Un
instant, s'il vous plaît!
Je n'ai pas mon règlement devant moi, mais je le possède
assez bien. Un député qui a à faire un discours peut, s'il
a à rectifier des faits, à la fin de l'intervention, rectifier
les faits. Mais cela suppose nécessairement l'existence et l'exercice
d'un droit de parole, conformément à nos règlements, ce
que vous n'avez pas eu encore, malheureusement, pour vous!
M. Charbonneau: Non. Je pense, M. le Président, qu'on a
finalement le même genre de parole donnée que le
député de Laval nous a habitués à donner, comme
leader de l'Opposition officielle.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: On ne peut jamais se fier à cette
"gang-là", parce que, finalement, ils n'ont pas de parole!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères, s'il vous
plaît!
M. Charbonneau: Que voulez-vous que je vous dise?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Tant que
l'article 96 ne sera pas...
M. Charbonneau: Ils parlent de 19% de chômeurs dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean en mars 1978...
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Roberval, vous avez la parole!
M. Charbonneau: II a oublié de dire qu'il y en a 14%
actuellement. Cela a diminué de 5% en un mois dans le
Saguenay-Lac-Saint-Jean!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président...
M. Charbonneau: II n'a pas dit cela par exemple. Il y a toujours
bien des limites!
M. Lamontagne: La démocratie, c'est un exemple typique de
ce...
M. Charbonneau: C'est le genre classique des mensonges que vous
avez donnés pour votre région.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Laissez-moi donc parler! Je vais vous en parler de
ma région, moi!
M. Charbonneau: Oui, parlez-en donc!
M. Lamontange: Vous devriez l'expulser cet homme-là!
M. Charbonneau: Vous n'êtes même pas capable de la
représenter comme du monde!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, M. le député de Verchères, pour la
dernière fois!
M. Lalonde: Oui, j'espère que c'est la dernière
fois.
M. Charbonneau: Vous n'avez pas d'ordres à recevoir du
député de Marguerite-Bourgeoys, M. le Président.
M. Lamontagne: Lorsque j'ai convoqué ici le ministre de
l'Industrie et du Commerce, c'était dans un but bien précis et
à la suite d'événements qui s'étaient
déroulés à l'Assemblée nationale et sur lesquels le
ministre, pour des raisons que j'ignore, n'a pas voulu répondre en aucun
moment. Le ministre de l'Industrie et du Commerce c'est le but de ma
présence ici aujourd'hui a déposé, le 26 avril
dernier, à l'Assemblée nationale un document concernant 29
industries au Québec supposément ayant créé plus de
100 nouveaux emplois.
M. Tremblay: M. le Président, c'est très
important.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Est-ce
que vous voulez poser une question?
M. Lamontagne: Je vais parler de cela. Laissez-moi parler.
M. Tremblay: Je viens de parler au fonctionnaire qui a
préparé le document. Est-ce que vous voulez que je vous donne un
renseignement sur cela?
M. Lamontagne: C'est mon tour de parole.
M. Charbonneau: Le ministre a un droit de parole
privilégié.
M. Ciaccia: La vérité vous fait mal?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
avez le droit de parole, M. le député de Roberval.
M. Lamontagne: M. le Président, le ministre de l'Industrie
et du Commerce a eu deux longues interventions pour répondre aux
questions que je lui posais. Il a choisi c'est son droit de nous
faire une démonstration à la fois extrêmement nationaliste
et internationale concernant l'emploi...
M. Tremblay: Nationaliste et internationale?
M. Lamontagne: Oui, oui, nationaliste et internationale. C'est
exactement ce que vous avez fait.
M. Ciaccia: Votre ignorance fait que vous ne pouvez pas
comprendre que les deux puissent prendre place.
M. Lamontagne: M. le Président, le but de cette
intervention, c'est qu'à l'occasion...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Je ne vous croyais jamais de même, vous.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: Toute la sympathie que j'avais pour vous...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Charbonneau: Vous n'êtes même pas capable de
laisser parler votre collègue.
M. Lamontagne: M. le Président, j'ai déjà
été vice-président de l'Assemblée nationale et je
n'ai jamais enduré un homme comme cela. Je l'excluais même s'il
était de mon propre parti.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): II y en
a qui sont plus patients que d'autres.
M. Lamontagne: Ce n'est pas de la patience, ce que vous faites
là actuellement.
M. Charbonneau: Une chance qu'on endure les menteurs ici.
M. Lamontagne: M. le Président, je répète,
encore une fois, que, lorsque j'ai convoqué le ministre de l'Industrie
et du Commerce à cette commission, c'était pour qu'il
réponde, pour qu'il nous explique le cas des 20 industries qui selon ce
qu'il prétend, ont créé plus de 100 emplois depuis le 15
novembre 1976.
M. Tremblay: Pouvez-vous relire votre motion?
M. Lamontagne: Comment la motion? M. Tremblay: La motion
de convocation.
M. Lamontagne: La situation de l'emploi. Je vous ai posé
des questions à l'intérieur de cela.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Vous ne m'avez jamais dit que c'était pour
discuter du document.
M. Lamontagne: Je ne vous ai jamais parlé de nationalisme
ici non plus, moi!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: C'est vous qui arrivez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: La motion portait sur la situation de l'emploi au
Québec, pas sur un document précis.
M. Lalonde: La motion ne parle pas du Sénégal.
Non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Vous en avez contre le Sénégal, M. le
député?
M. Lalonde: C'est vous qui en avez parlé.
M. Lamontagne: M. le Président, je pense qu'il est
malheureux que le ministre de l'Industrie et du Commerce, comme il l'a dit dans
ses premiers mots, ne veut absolument pas s'abaisser à discuter avec des
collègues députés s'ils n'ont pas un diplôme en
économie. Lorsqu'on est député à l'Assemblée
nationale, je pense qu'on doit...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: C'est vrai. C'est ce que vous avez dit! Là,
vous avez honte. Vous essayez de vous corriger.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît! M. le député de Mont-Royal et M.
le ministre.
M. Lamontagne: Lorsqu'on est député à
l'Assemblée nationale, on doit être le représentant
fidèle des aspirations de la population de notre région d'abord,
de notre comté et également de la population du Québec. Je
pense qu'il est assez évident pour tout le monde que le chômage et
l'emploi, au Québec, c'est un problème crucial. J'ai
mentionné tout à l'heure que, malheureusement, alors que c'est
une priorité évidente dans chacun de nos milieux respectifs, une
bonne partie du Conseil des ministres actuellement va à
l'extérieur de la province et du pays, essaie d'aller expliquer qu'en
étant souverain, là, les problèmes pourraient être
réglés. Cela vaut pour le ministre de l'Agriculture et
d'autres.
Le ministre de l'Industrie et du Commerce, ce matin, nous en fait une
démonstration additionnelle. Nous avons eu, ce matin, à
l'occasion de cette commission c'est heureux qu'il en soit ainsi
le dépôt de différents documents. Vous me permettrez d'en
prendre connaissance au cours des prochains jours. Je demeure tout de
même un petit peu sceptique, compte tenu de l'expérience que nous
avons eue à l'Assemblée nationale des dépôts de
documents du ministre de l'Industrie et du Commerce.
M. Tremblay: On se trouve à attaquer les fonctionnaires du
ministère de l'Industrie et du Commerce et je ne permettrai pas cela.
Ces documents sont préparés par le...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: ... Bureau de la statistique du Québec, par
le ministère de l'Industrie et du Commerce et par Statistique
Canada.
M. Lalonde: Ce n'est pas le hockey, ne vous cachez pas
derrière les buts! Cela vous tente, là!
M. Lamontagne: M. le Président, il y en a un que vous
m'avez montré tout à l'heure et que, moi. je n'ai pas
encore...
M. Charbonneau: Laissez parler vos collègues, si vous
n'êtes pas capable de parler de I économie, vous!
M. Lamontagne: M. le Président.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: II y a un document qui circule mais que je n'ai
pas, que vous m avez cependant montré tout à l'heure. J'aimerais
d'abord demander un dépôt de ce document, si possible. Je pense
qu'il serait intéressant de I'avoir, pour tout le monde.
M. Tremblay: M. le Président, pour le
bénéfice du député de Roberval, il s apit d un
document publié par la direction de l'analyse et de la prévision
économique, direction générale de la recherche et de la
planification, ministère de l'Industrie et du Commerce du Québec
et c'est intitulé: La situation de l'emploi au Québec en avril
1978' . il s'agit d'un document de 18 pages et il me fait plaisir, M. le
Président, de déposer ce document.
M. Charbonneau: C'est pour corriger les affirmations du
député de Roberval d ailleurs.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: M. le Président, les chiffres que j'ai
donnés sont rigoureusement exacts.
M. Charbonneau: Vous avez oublié de dire que cela avait
changé.
M. Lamontagne: Je ne l'ai pas, mais on va s'en reparler.
M. Charbonneau: Vous n'avez qu'à vous renseigner quand
vous venez ici.
M. Lamontagne: M. le Président, a-t-il le droit de parole,
oui ou non?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): Vous
savez que non.
M. Lamontagne: S'il n'a pas le droit de parole, tout de
même...
M. Lalonde: J'entends du bruit à ma gauche.
M. Lamontagne: Je voudrais mentionner je pense que c'est
normal que je le fasse que ce document, je l'obtiens à
l'instant.
M. Charbonneau: Quand on vient à une commission, on se
renseigne.
M. Lamontagne: II indique qu'au Saguenay-Lac-Saint-Jean, pour le
mois de tantôt vous me l'avez montré avril 1978,
sans-emploi: 14,8%, comparativement à mars: 19,8%. Cependant, M. le
Président, vous le savez et je vous prends à témoin, vous
êtes le député de Jonquière, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, il n'y a rien qui ne s'est fait au point de vue de
l'investissement dans cette région depuis le mois d'avril dernier. Sauf
une chose, c'est bien important pour notre région, on en est fier. Nous
avons l'immense privilège d'avoir dans notre région comme
député du Lac-Saint-Jean le ministre de l'expansion
économique régionale. Je pense que c'est assez important.
Probablement à la veille d'élections qui n'ont pas lieu
cependant, il y a eu un afflux de capitaux de la part de Canada au travail,
bien que je ne sois pas favorable...
M. Charbonneau: C'est à cause des élections cela.
Je suis content de le savoir.
M. Tremblay: Pour intervenir dans l'économie.
M. Lamontagne: Peut-être.
M. Tremblay: Comment peut-être?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: C'est scandaleux, M. le Président.
M. Charbonneau: C'est une affirmation intéressante,
j'espère qu'elle sera notée.
M. Lamontagne: M. le Président, vous savez fort bien
M. le Président, si vous ne le rappelez pas à
l'ordre...
M. Ciaccia: II venait de savoir les chiffres du chômage, au
Lac-Saint-Jean. C'est pour cela qu'il l'a fait à ce moment.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Lamontagne: Dans notre région, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
M. Charbonneau: ... que dans le temps des élections.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: II venait de recevoir les chiffres. C'est pour cela
qu'il l'a fait à ce moment.
M. Charbonneau: Oui, dans le temps des élections. Vous ne
vous occupez pas de l'économie avant.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Ciaccia: II avait lu le document du ministre. Il faut qu'il
fasse quelque chose.
M. Lalonde: C'est sept minutes avant la fin de la séance
qu'on a ce document.
M. Lamontagne: M. le Président, je mentionne ces chiffres,
soit 14,8 pour notre région lesquels sont mentionnés dans le
document. Comme vous le savez vous-même, dans notre région, au
moment où nous nous parlons et depuis janvier 1978, il ne s'est fait
aucun investissement particulier, sauf la continuation qu'on connaît dans
notre région. Cependant il y a des projets importants, mais on parle de
l'emploi actuel. Il y a des emplois privés qui vont être
créés sur une base permanente au cours des prochaines
années et je pense que tout le monde s'en réjouit. Cependant, la
situation que nous connaissons, dans une région comme la nôtre,
c'est que, malheureusement, nos gouvernements, le fédéral et le
provincial, dans différents programmes des centres de main-d'oeuvre,
nous créent l'illusion qu'il y a une baisse de chômage dans notre
région pour des mois donnés. Mais notre chômage, beau
temps, mauvais temps, chez nous, se situe aux environs de 15%, et ce sont les
chiffres qu'on retrouve là-dedans. Mais au cours des mois d'hiver, du
côté provincial, il y a eu un programme d'annoncé l'automne
passé, et on retrouve une certaine efficacité l'hiver. Quant aux
programmes Canada au travail, dans notre région, il faut dire qu'on en a
eu beaucoup. On en a eu beaucoup dans le comté de Roberval.
M. Tremblay: L'industrie des pâtes et papiers aurait eu
besoin d'avoir autre chose que de simplement faire racler les feuilles
mortes.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: On va parler tout à l'heure des pâtes
et papiers. Mais le fait que cela ait diminué de 5% au cours du mois
d'avril, on le sait nous, comme citoyens de notre région, que c'est une
illusion d'optique, parce que ces programmes très temporaires vont se
terminer dans une semaine, deux semaines, trois semaines et le chômage
redevient ce qu'il est malheureusement dans une région comme la
nôtre.
M. Charbonneau: Les programmes du fédéral.
M. Lamontagne: Nous avons cependant l'avantage d'être une
région qui se développe au point de vue touristique et les mois
d'été nous apportent une clientèle vraiment importante; on
réussit à se tenir les mois d'été. Je voudrais, M.
le Président, dire au ministre de l'Industrie et du Commerce que, dans
une région comme la nôtre, les mois d'hiver sont absolument
désastreux. Les indications de chômage, on m'accuse que ce soit
faux, c'est ainsi à tous les ans, 15%, 19%, 15%, puis on n'est pas
capable de baisser cela; il faut donc avoir un effort spécial pour les
mois d'hiver.
M. Tremblay: Vous me posez la question, M. le
député?
M. Lamontagne: Oui, mais il me reste trois ou quatre minutes.
M. Tremblay: Ce n'est pas donc un nouveau
phénomène, vous l'avouez vous-même, que les mois d'hiver
dans votre région ont été des mois difficiles au plan
économique. Cela a pas mal toujours existé, et on a eu de nouveau
des programmes temporaires. (13 heures)
M. Lamontagne: Excusez, je suis obligé de continuer.
M. Tremblay: II est évident que nous, nous voulons... Je
suis d'accord avec vous, M. le député, qu'il faut mettre fin
à ces problèmes, à ces problèmes temporaires et
avoir des programmes permanents.
M. Lamontagne: Mais savez-vous...
M. Lalonde: M. le Président, une question de
règlement.
M. Lamontagne: Mais ce qui arrive, c'est que le Parti
québécois, en 1976, lui avait les solutions à tout le
chômage. Quand on avait un chômage de 13% et 14% en 1976
vous le retrouverez là c'était inacceptable,
intolérable. Il n'y avait rien qu'on ne disait pas. Ce qui arrive, si on
avait toutes les solutions, le 15 novembre 1976, c'est vous qui vous vous
êtes fait élire...
M. Charbonneau: Est-ce votre seul argument?
M. Lamontagne: Si vous avez les solutions, mettez-les en
pratique!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: C'est ce qu'on fait.
M. Lamontagne: M. le Président, juste un mot. Je vais
terminer sur des réponses que j'exige du ministre d'ici une semaine.
Tantôt, vous avez fait des déclarations fort importantes sur les
pâtes et papiers, M. le ministre. A moins que mes renseignements soient
inexacts, le dossier des pâtes et papiers ne relève pas de vous,
mais du ministre des Terres et Forêts et ce sera à lui à
les faire, les déclarations sur les pâtes et papiers.
Lorsque vous étiez dans l'Opposition, les pâtes et papiers,
Price Brothers, comme c'était terrible de laisser aller Price Brothers!
Qu'est-ce qui se passe aujourd'hui dans une région comme la nôtre?
Price Brothers est là. Les pâtes et papiers, on aura sans aucun
doute l'occasion, à l'Assemblée nationale, de s'en reparler. Ce
n'est pas vous qui allez en reparler, parce que cela prend des cents et plus
que des cents pour faire des pâtes et papiers. On verra l'entente que
vous ferez, surtout avec l'arrogance que vous démontrez vis-à-vis
du gouvernement fédéral; cela va toujours prendre une entente sur
les pâtes et papiers!
M. Charbonneau: On profitera des élections, on fera comme
vous!
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): M. le
député de Verchères, à l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lamontagne: M. le Président, deux choses en terminant.
Je voudrais attirer l'attention du ministre sur le chômage des
étudiants, c'est-à-dire les diplômés
d'université. Il est extrêmement malheureux de constater qu'un
parti politique qui s'est fait fort de convaincre, à un certain moment,
la jeunesse québécoise du bien-fondé de ses options
politiques, ne parle presque plus jamais des diplômés
d'université qui, chez nous, peut-être plus qu'ailleurs, sont en
chômage. Comme députés, lorsqu'à cette
période-ci de l'année nous recevons à nos bureaux les
diplômés d'université, ce n'est pas très
agréable de voir les politiques gouvernementales vis-à-vis du
chômage d'université. Je ne vous parlerai pas, comme le ministre
de l'Industrie et du Commerce, du placement étudiant, mais nous aurons
l'occasion, à l'Assemblée nationale, au cours des prochaines
semaines, de parler de la faillite totale du placement étudiant.
M. le ministre, en terminant...
M. Tremblay: M. le Président, sur ce point...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: Ce pourquoi...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre! A l'ordre, s'il vous plaît!
M. Tremblay: Vous ne voulez pas de renseignements?
M. Lamontagne: ... je vous ai convoqué ce matin, c'est
pour que d'ici une semaine...
M. Tremblay: Ne voulez-vous pas de renseignements sur la question
des diplômés?
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Lamontagne: ... à l'Assemblée nationale, vous
rectifiiez...
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre!
M. Tremblay: Avez-vous peur des renseignements?
M. Lamontagne: II est 13 heures. Je veux que vous rectifiiez vos
réponses.
M. Tremblay: Nous avons un programme pour 450
diplômés dans les PME.
Le Président (M. Vaillancourt, Jonquière): A
l'ordre, s'il vous plaît!
Les travaux de la commission sont ajournés sine die.
(Fin de la séance à 13 h 4)