Journal des débats de la Commission des institutions
Version préliminaire
42e législature, 2e session
(19 octobre 2021 au 28 août 2022)
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Le
mardi 26 avril 2022
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Vol. 46 N° 24
Étude des crédits budgétaires du ministère de la Justice, volet Lutte contre l'homophobie et la transphobie
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Intervenants par tranches d'heure
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Bachand, André
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Bachand, André
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Maccarone, Jennifer
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Jolin-Barrette, Simon
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Massé, Manon
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Jolin-Barrette, Simon
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Maccarone, Jennifer
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Bachand, André
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Hivon, Véronique
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Lévesque, Mathieu
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Lemieux, Louis
9 h (version révisée)
(Neuf heures trente minutes)
Le Président (M.
Bachand) :Bonjour, tout le monde.
Bienvenue. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
institutions ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
à l'étude du volet Lutte contre l'homophobie et la transphobie des crédits
budgétaires du portefeuille Justice pour l'exercice financier 2022‑2023.
Une enveloppe d'une heure a été allouée pour l'étude de ces crédits.
Avant de débuter, Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Jeannotte (Labelle) est remplacée par M. Lefebvre (Arthabaska);
M. Lamothe (Ungava) est remplacé par Mme Hébert (Saint-François); M. Rousselle
(Vimont) est remplacé par Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis); et M. Zanetti
(Jean-Lesage) est remplacé par Mme Massé (Sainte-Marie—Saint-Jacques).
Lutte contre l'homophobie et la transphobie
Discussion générale
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Nous allons procéder à
une discussion d'ordre général par blocs d'environ 20 minutes, incluant
les questions et les réponses. Je vous rappelle que le port du masque est
obligatoire, sauf lors de prises de parole.
Alors, madame... je cède maintenant la
parole à la députée de l'opposition officielle pour un premier bloc d'échange.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, la parole est à vous pour une durée de
16 min 23 s.
Mme Maccarone : Merci, M. le
Président. Bonjour, collègues, un plaisir d'être parmi vous aujourd'hui pour
les crédits en ce qui concerne Lutte contre l'homophobie et la transphobie. Alors,
je ne ferai pas de remarques préliminaires, parce qu'on va aller par-dessus
tout de suite dans les questions, M. le Président.
Je veux aborder le sujet des pratiques de
conversion avec le ministre. Nous savons qu'il y avait le projet de loi n° 70 qui a été adopté, le projet de loi qui a été adopté
au fédéral, et j'ai compris évidemment que le ministre a déposé son plan d'action
en décembre 2021. Moi, ce que je veux savoir, c'est : Depuis le dépôt du
plan d'action et, dans le fond, surtout depuis le dépôt du projet de loi et l'adoption
du projet de loi, c'est quoi, l'impact sur le terrain? Parce que nous savons,
hein, on peut regarder tous les articles qu'on a vus qui ont sorti récemment,
dans le fond, que le quart des adultes qui font partie de la communauté LGBTQ2
québécoise aurait fait l'objet d'une tentative de conversion. Alors, c'est
quoi, les résultats puis c'est quoi, les statistiques que le ministre a en main
pour parler de l'impact du projet de loi?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre, s'il vous
plaît.
M. Jolin-Barrette : M. le
Président, je vous remercie. Je veux saluer l'ensemble des collègues, la
députée de Westmount—Saint-Louis, les collègues de la partie gouvernementale
ainsi que la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques et les gens qui l'accompagnent,
également vous présenter, M. le Président, les gens qui nous accompagnent,
évidemment Me Line Drouin, qui est sous-ministre à la Justice, Me Patrick-Thierry
Grenier, qui est sous-ministre associé également, ainsi que l'ensemble du
personnel, notamment du bureau de lutte à l'homophobie et à la transphobie, que
je remercie de leur présence aujourd'hui pour l'étude des crédits budgétaires,
puis je pense que c'est un exercice qui est important également à chaque année.
Donc, à la question de la députée de Westmount—Saint-Louis
relativement au plan d'action gouvernemental, vous vous souvenez, on a été les
précurseurs avec le projet de loi n° 70. Donc, avant
même le fédéral, on a adopté le projet de loi visant à protéger les personnes
contre les thérapies de conversion dispensées pour changer leur orientation
sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre. Le fédéral a
adopté leur projet de loi en matière criminelle qui crée les infractions
criminelles près d'un an plus tard. Donc, nous, notre loi, elle a vécu durant
environ une année, et, en décembre 2021, on a déposé le Plan d'action
gouvernemental pour prévenir et contrer les thérapies de conversion, donc 2021‑2023.
À savoir : Est-ce qu'il y a eu une
utilisation de la loi, actuellement... ou relativement à des plaintes au niveau
civil... pas des plaintes, des poursuites au niveau civil, actuellement, on n'en
a pas recensé à l'effet que des gens se seraient prévalus de la présomption qu'il
y avait dans le projet de loi. Vous vous souviendrez qu'on avait inscrit une
présomption relativement au fardeau de preuve, que la personne qui est victime
d'une thérapie de conversion, en matière civile, on lui facilitait le recours
notamment à des dommages. Ça, on n'a pas recensé de cas de personnes qui ont utilisé
le mécanisme en matière civile. En termes de plaintes non plus, je ne crois pas
qu'on a reçu des plaintes relativement à la dispensation de thérapies de <conversion...
>
9 h 30 (version révisée)
<15359
M.
Jolin-Barrette :
...dispensation de thérapies de >conversion.
On me corrigera si c'est le cas.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
17
911
Mme Maccarone : Ça, ça
veut dire qu'il n'y a pas aucune amende qui a été déposée, même suite à... parce
que l'article 3 dans la loi adoptée disait qu'il y avait des amendes qui
peuvent s'élever à 150 00 $ et plus, etc. Ça fait que ça, ça veut
dire qu'il n'y a pas d'amende qui a été imposée à date.
Et la deuxième question pour le ministre,
quand il va à la suite de ceci, c'est parce que, même suite au dépôt de son
plan d'action, il n'y a aucun budget qui est alloué à ceci. Ça fait que,
comment ça se fait, si on a adopté le projet de loi, c'est en vigueur... Je
comprends que ça prend du temps à mettre en œuvre le plan d'action, mais ça
reste que, sur le terrain, j'ai vu toutes les pistes, les trois considérations,
les trois pistes, ainsi que toutes les actions qui seront prises, mais ce qu'on
a vu dans les cahiers des crédits, c'est qu'il y a à peine 40 000 $
qui a été attribué à date.
15
359
M. Jolin-Barrette : En
fait, juste pour l'information de la députée de Westmount—Saint-Louis, avec le
Plan d'action gouvernemental pour prévenir et contrer les thérapies de
conversion 2021‑2023, on a consacré près de 500 000 $ en
investissements sur deux ans, donc près de 250 000 $ par année
relativement au lancement du plan et aux mesures qui touchent les actions du
plan d'action en lien. Ça fait que ce n'est pas vrai de dire que ça n'a pas été
financé puis il y a seulement 40 000 $, les sommes sont là
relativement au plan d'action.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que ce n'est
pas parce qu'il n'y a pas de poursuite pénale... Bien, en fait, je reculerais
un petit peu puis je dirais, tu sais, le mécanisme du projet de loi, là, c'est...
vous avez deux choses. Nous, dans le cas de la juridiction québécoise, on pouvait
toucher le volet civil, de venir amener une présomption pour dire : Bien,
toute thérapie de conversion est réputée porter atteinte au droit à l'intégrité
et à la dignité de la personne qui la suit. Toute personne ayant suivi une
telle thérapie peut obtenir la réparation du préjudice qui en résulte. Ça, c'est
l'article 2 du projet de loi. Ça fait que, ce qu'on était venu faire, on
était venu créer une présomption. Ça fait que, exemple, supposons, moi, je suis
victime d'une thérapie de conversion, quand je vais venir faire la preuve
devant la cour, elle va être facilitée parce que j'ai une présomption. Donc, je
n'ai qu'à dire que c'est une thérapie, puis il y a déjà une présomption que c'est
réputé porter atteinte au droit à l'intégrité. Donc, ça facilite mon recours en
matière civile. Mais lorsqu'on regarde, supposons, au greffe les recours
entrepris en matière civile, donc, c'est des recours privés entre parties
privées, donc la personne physique à l'endroit d'une corporation ou à l'endroit
d'une autre personne physique, ça, on n'a pas recensé de gens, de personnes
victimes qui ont eu recours aux mécanismes en matière civile. Donc, ça, c'est
le premier élément depuis un an.
Deuxième élément, en matière pénale, bien,
pour qu'il y ait une plainte, une accusation en matière pénale, c'est le Directeur
des poursuites criminelles et pénales qui est saisi de l'affaire. Il faut qu'il
ait un dossier. Donc, nécessairement, ça prend une dénonciation. S'il n'y a pas
de dénonciation à la base, bien, le Directeur des poursuites criminelles et
pénales, lui, il faut qu'il soit saisi d'une plainte, notamment par une
dénonciation à la police, pour être saisi, pour poursuivre. Cependant, avec le
plan d'action qu'on a, avec les 500 000 $ qu'on investit et avec l'ensemble
des mesures qu'on a dans le plan d'action, bien là, ça permet d'informer, de
sensibiliser la population, de donner de la formation de sensibilisation des
intervenants et de permettre également de documenter la situation, de faire
également l'exercice des droits de soutien des personnes exposées aux thérapies
de conversion. Ça fait que... Comment je pourrais vous dire... L'ensemble du
cadre, il est là. Alors, dès qu'une personne sent qu'elle en a le besoin ou qu'elle
a été victime, au volet québécois, tout le soutien, la démarche juridique, tout
ça est là pour le faire.
17
911
Mme Maccarone : Merci.
Sauf que, quand on regarde les questions qui sont précises, qu'on a demandées,
dans les cahiers des crédits, on a demandé la ventilation des sommes qui ont
été investies. Puis, à date, c'est à peine 40 000 $. Ça fait que je
comprends que peut-être c'est prévu de dépenser le 500 000 $, mais, à
date, il y a très peu d'argent qui a été investi puis ça fait presque deux ans
depuis que le projet de loi a été adopté et mis en vigueur. Alors, je pense qu'il
y a des attentes sur le terrain qui m'amène à une question.
Le ministre va s'en souvenir, quand on a
fait le débat lors de l'étude détaillée, on a parlé beaucoup des crédits d'impôt.
Les crédits d'impôt, comme nous savons, ça reste que, pour... plusieurs
organismes qui offrent et pratiquent les pratiques de conversion recevaient
quand même des crédits d'impôt. Puis je comprends que c'est aussi le niveau
fédéral qui a son implication à faire, mais le ministre avait pris un
engagement de faire suivre à ce sujet pour s'assurer que ces organismes, qui
font malheureusement ce type de non-thérapie, seront suivis et qu'on va arrêter
de leur offrir ce type de subvention. Est-ce qu'il y a des nouvelles à ce
sujet?
15
359
M. Jolin-Barrette : Oui,
alors, M. le Président, la question est en deux volets. Ça ne fait pas deux ans
que le <projet...
17
911
Mme Maccarone :
...est-ce
qu'il y a des nouvelles à ce sujet?
15
359
M. Jolin-Barrette :
Oui, alors, M. le Président, la question est en deux volets. Ça ne
fait pas deux ans que le >projet de loi a été adopté, là, il a adopté en
décembre 2020. Aujourd'hui, on est en avril 2022, donc...
17
911
Mme Maccarone : ...M.
le ministre, quand je complète les heures puis le temps. Souvent, on arrondit
un peu.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
• (9 h 40) •
15
359
M. Jolin-Barrette : Je
n'étais pas fort en mathématiques, mais là il faudrait calculer on est rendus
où. Si c'est plus que six, je vais vous le donner, si ce n'est pas plus que
six, on...
Mme Maccarone : ...
M. Jolin-Barrette : Bon,
alors, dès décembre cette année, donc cette année 2021, donc un an après,
on a mis... on a déposé le plan d'action. Donc, même avant le un an parce que
c'était dans l'année, avec le 500 000 $.
Puis juste vous dire, tu sais, dans les
mesures, là, vous dites : Bien, écoutez, à date, dans les cahiers de
crédits... parce qu'il faut savoir également, les cahiers de crédits sont...
l'année financière est fermée autour de février, c'est sûr que les sommes ont
été budgétées, et là l'argent, elle est là, elle est disponible. Mais, tu sais,
dans les mesures qu'on a du plan d'action, là, on a : mesure n° 1, mettre
en œuvre une stratégie d'information et de sensibilisation de la population,
250 000 $ pour ça; mesure n° 3, élaborer et mettre en ligne des
capsules vidéo sur les thérapies de conversion au Québec, 20 000 $; mesure
n° 12, publiciser les droits et les recours relatifs aux thérapies de
conversion, 37 000 $; mesure n° 13, appuyer les organismes
communautaires engagés dans le soutien aux victimes de thérapies de conversion,
100 000 $. On va documenter également les problématiques des
thérapies de conversion, on va évaluer l'opportunité d'offrir des solutions
autres que la judiciarisation traditionnelle également. Donc ça, c'est la
mesure n° 16.
Ça fait que l'ensemble des mesures du plan
vont permettre, justement, de s'attaquer à cette problématique-là. Puis je
pense que... Puis je suis heureux de l'avoir fait avec vous aussi, dans le
cadre du projet de loi, de dire que, un, c'est un comportement répréhensible
puis qu'on ne veut pas ce genre de thérapie là au Québec, mais là on ne partait
de rien. Comme on dit en bon québécois, on partait de «scratch». Ça fait que,
là, on a le cadre légal dans notre champ de compétence. Après ça, on a le plan
d'action qui vient définir c'est quoi, les séries d'actions qu'on met en place.
On a le budget, 500 000 $ pour un plan d'action pour deux ans, c'est
excellent, pour la première fois. Et là, bien, on fait de la sensibilisation,
on dénonce tout ça et on va être en mesure d'accompagner toutes les personnes.
Sur le deuxième volet de votre question,
relativement au... Vous faites référence beaucoup au crédit d'impôt aux
corporations religieuses. Bon, ça, on en avait discuté dans le cadre du projet
de loi aussi, c'est relativement à la fiscalité. Je vous dirais que le fait que
ça devienne également une infraction criminelle, comme ça a été prévu dans le
Code criminel, ça permet notamment d'avoir davantage d'outils pour réévaluer la
fiscalité avec l'ensemble du gouvernement parce que ce n'est pas quelque chose
de simple, les crédits d'impôt associés aux exonérations fiscales. Notamment,
ça touche les municipalités, ça touche également le ministère des Finances,
tout ça. Mais c'est quelque chose qui est envisagé également, de faire en sorte
qu'on ne puisse pas bénéficier de crédits d'impôt associés à ça. La difficulté
est rattachée à ça, c'est notamment le fait qu'il faut bien cibler, dans un
premier temps, l'organisme qui en fait, première chose, mais ça prend une
poursuite civile, une poursuite pénale. Il faut que les faits soient avérés.
Là, à date, on n'a pas eu de poursuite en matière criminelle, on n'a pas eu de
poursuite en matière pénale au volet québécois ni en matière civile.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Oui.
17
911
Mme Maccarone : Moi,
ce que je souhaite savoir du ministre, c'est : est-ce qu'il prend
l'engagement de poursuivre ceci? Parce que c'est important, ça s'élève à un
montant très important. C'est de l'argent qui peut être réinvesti auprès de la
communauté pour tous les organismes. Il y en a à peu près 87, ils sont
sous-financés. Ça fait qu'est-ce qu'il prend un engagement, oui ou non, de
poursuivre... pour s'assurer que ça ne se fait plus, les crédits d'impôt pour
les organismes, quand ils seront déterminés, quand on peut déterminer que c'est
le cas, ils ne seront plus bénéficiaires des crédits d'impôt?
15
359
M. Jolin-Barrette : Bien,
moi, je suis assez d'accord avec la députée de Westmount—Saint-Louis. C'est
dans la logique des choses qu'une organisation qui serait reconnue coupable
d'une infraction criminelle ou d'une infraction pénale ne puisse pas... soit
pénalisée relativement à des exonérations fiscales rattachées aux thérapies de
conversion. Je suis d'accord avec elle. Ça fait que, oui, le travail se
poursuit, ça va continuer à se poursuivre dans les prochains mois, mais la
fiscalité, c'est quand même assez complexe puis ça demande la coordination de
plusieurs ministères. Mais je suis d'accord avec vous parce que, bien entendu,
le fait de viser les thérapies de conversion, tout le monde est d'accord avec
l'objectif et il est louable de ne pas faire en sorte de financer des
organismes qui pratiquent ce genre de thérapie là, sauf que ça amène d'autres
enjeux sur le plan fiscal que mon collègue des <Finances...
15
359
M. Jolin-Barrette :
...des organismes qui pratiquent ce genre de thérapie là, sauf que
ça amène d'autres enjeux sur le plan fiscal que mon collègue des >Finances
serait davantage en mesure d'expliquer. Mais on partage le même objectif, de
faire en sorte qu'il n'y ait pas de personnes physiques ou morales qui puissent
bénéficier d'exonérations fiscales, de crédits d'impôt rattachés à la pratique
de thérapies de conversion. Puis, honnêtement, il faut envoyer le message très
clair qu'il n'y a pas de place pour les thérapies de conversion au Québec.
17
911
Mme Maccarone : Je
suis contente qu'on partage le même point de vue. C'est parfait. Moi, ce que je
m'attends de savoir, c'est juste un engagement clair. Oui, nous allons
poursuivre et nous allons faire suite à ceci dans six mois, dans 12 mois. Tu
sais, on a besoin d'avoir un résultat de ceci.
15
359
M. Jolin-Barrette : Je
le souhaite tout comme vous.
17
911
Mme Maccarone : Parfait.
15
359
M. Jolin-Barrette : Puis
surtout l'aspect... Moi, je veux dire aux gens, aux personnes, là, qui en sont
victimes.... Puis c'est important aussi parce que, souvent, les personnes qui
sont pris dans cet... Bien, allez-y, puis je vais revenir.
17
911
Mme Maccarone : ...temps
pour avoir des échanges. Ça fait qu'en ce qui concerne les victimes...
15
359
M. Jolin-Barrette : Vous
en avez plus qu'eux, par exemple.
17
911
Mme Maccarone : Tout
à fait. Mais vous et moi, en ce qui concerne la réalité des victimes, puis je
comprends que ça fait partie d'un plan d'action, exercice des droits et soutien
des personnes, des minorités sexuelles et de genre, on va prévoir une
information sur les mécanismes de plaintes. Qu'est-ce qui a été fait en ce qui
concerne la formation pour ceux-ci qui vont recevoir ces plaintes? Puis c'est
quoi, le pratico-pratique pour quelqu'un qui aimerait dénoncer quand ce n'est
pas au sein d'un ordre professionnel, par exemple?
15
359
M. Jolin-Barrette : Bien,
exemple, si je prends votre question... votre question s'applique, supposons,
davantage en matière pénale, donc en vertu de l'article de l'article 4 de
la loi. Donc, une personne physique, c'est 5 000 $ à 500 000 $
puis personne morale, 15 000 $ à 150 000 $. Récidive, le
double. Donc, dans ce cas-là, c'est davantage en matière pénale, donc
dénonciation. Dénonciation à la police pour pouvoir amener une plainte, puis
ensuite que ça soit... que la plainte puisse être autorisée par le Directeur
des poursuites criminelles et pénales parce que, nous, dans notre système, on a
une préautorisation, contrairement à certaines autres provinces où est-ce
qu'eux... Bien, en fait, il y en a trois qui ont des préautorisations, il me
semble, que ça passe par les procureurs aux poursuites criminelles et pénales.
Donc, la...
Mme Maccarone : ...M. le
ministre.
15
359
M. Jolin-Barrette : Oui,
j'y arrive. Donc, la formation, dans les corps de police notamment, il y a des
formations qui sont offertes. À Nicolet également, il y a un volet également
qui est offert pour la communauté... rattaché aux communautés LGBTQ, rattaché
également... Puis là l'idée, c'est d'élargir aussi le spectre, aussi. Parce
que, vous savez, à l'intérieur de la communauté LGBTQ, bien, c'est extrêmement
large, puis les volets sont différents, les différentes réalités. Mais les
thérapies de conversion aussi doivent être à l'intérieur de cette formation-là
pour expliquer les différents moyens puis que les... Ils sont susceptibles de
recevoir des plaintes relativement à ça.
17
859
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je cède maintenant
la parole à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques pour une période de 8 min 12 s.
Mme la députée, s'il vous plaît.
15
421
Mme Massé : Merci,
M. le Président. Bonjour, M. le ministre, ainsi que tous les gens qui vont
l'aider à répondre à mes questions. En fait, d'entrée de jeu, je vais aller
droit au but d'une des préoccupations majeures pour les gens de la communauté
actuellement, c'est la question du p.l. n° 2. Tout le
monde est capable de voir à l'étape où on est rendu qu'il ne nous reste plus
qu'une quinzaine de séances. Puis ça demeure un projet de loi quand même assez
volumineux, hein, 360 articles, des sujets extrêmement diversifiés. Ceci
étant dit, il y a des sujets qui touchent explicitement, comme vous le savez,
les gens des communautés LGBTQ. On sait aussi que le ministre a déjà demandé
une nouvelle extension pour l'application du jugement Moore. Alors moi et les
gens de la communauté, on souhaite bien sûr partager votre optimisme, mais on
aimerait ça que vous nous expliquiez comment on va réussir à adopter le p.l. n° 2 avant la fin de la législature?
15
359
M. Jolin-Barrette : Oui.
Merci, M. le Président. En fait, je dirais à la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques :
Il n'y a pas de raison pour laquelle je n'entrevois pas l'adoption du projet de
loi n° 2. Moi, je l'ai toujours dit, je terminais le
projet de loi n° 96, donc l'étude détaillée du projet
de loi n° 96, elle est terminée. À partir
d'aujourd'hui, quand on calcule le <nombre de semaines...
M. Jolin-Barrette :
...donc
l'étude détaillée du projet de loi
n° 96, elle
est terminée. À partir d'aujourd'hui, quand on calcule le >nombre de
semaines, bien, il reste quatre semaines de session parlementaire, donc la
semaine du 10 mai, puis ensuite la semaine au retour de la fête des
Patriotes, donc une autre semaine régulière, puis ensuite deux semaines
intensives. Je suis persuadé qu'on peut adopter le projet de loi n° 2
d'ici la fin de la session parlementaire. Mais ça, par contre, moi, je vais me
rendre disponible pour siéger tout le temps, je vais être disponible tout le
temps, mais je vais avoir besoin du concours de l'ensemble des collègues des
oppositions.
• (9 h 50) •
Mme Massé : M. le
Président, 360 articles dans des sujets extrêmement délicats, hein? Le
droit de la famille, c'est un droit qu'on n'a pas revisité depuis longtemps. Il
y a, pour les personnes LGBT, dans le projet de loi, une volonté de voir
complètement disparaître des articles, parce que ça n'allait pas du tout dans
le sens de protéger les gens des communautés LGBT ou de définir clairement. On
a demandé d'avoir des amendements depuis très longtemps pour, justement,
permettre aux gens des communautés et aussi aux partis d'opposition d'être en
mesure de voir... Le ministre nous le dit depuis longtemps qu'il a entendu.
Ceci étant dit, on n'a toujours pas vu ça. Alors, quand il me parle de la
collaboration des oppositions, bien, moi, j'aimerais parler de la collaboration
du ministre, parce que, un, ces amendements-là, on aurait pu les avoir depuis
longtemps. On lui a même suggéré de suspendre, pour une journée, le n° 96,
pour nous permettre d'avoir les amendements, pour nous permettre de les
étudier, pour permettre surtout de rassurer les gens des communautés LGBT.
Alors, comment... Tu sais, vous me parlez
de collaboration, mais je trouve ça facile de dire ça, à cette étape-ci, alors
qu'on est à quelques heures de la fin de la législature, et que collaborer ne
veut pas dire laisser passer tout ce que le ministre veut, là, c'est des lois
importantes. Alors, je... puis surtout pour les personnes... bon, pour
l'ensemble du droit de la famille, mais surtout pour les personnes trans, non
binaires et intersexes, qui voient là des possibilités fondamentales pour eux
autres. Alors, au-delà de me dire : On vous fait confiance, on va y
arriver, comment on va faire ça, M. le ministre? Je suis vraiment inquiète.
M. Jolin-Barrette : Bien, M.
le Président, je tiens à rassurer la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques,
vous n'avez pas à être inquiète, et on va faire les choses dans l'ordre. Et
notamment, je l'ai déjà dit, là, suite au dépôt du projet de loi, suite aux
consultations, j'ai déjà dit que j'allais retirer l'obligation notamment
d'avoir une chirurgie pour changer de sexe, également toute la question de la
possibilité d'être identifié, hein, contre son gré. Également, on va apporter
les modifications législatives par voie d'amendements. On va également... Il y
a la notion de sexe indéterminé, intersexe également, c'est une question à
laquelle j'étais sensible, puis on aura des discussions là-dessus au projet de
loi. Ça fait que ça, c'est la partie...
Puis il faut se rappeler qu'il y a
beaucoup d'articles, dans le projet de loi, là, qui est une actualisation du
corpus en lien avec le plan d'action LGBTQ, justement pour rendre le texte de
loi beaucoup plus inclusif. Donc, exemple, il y a beaucoup d'endroits ou c'est
père, mère ou parent, supposons, parce que les personnes non binaires ne se
retrouvaient pas à l'intérieur de ça. L'autre point pourquoi c'est important,
là, d'adopter le projet de loi... Deux choses. Il y a le jugement Moore, où on
a un prolongement jusqu'au 17 juin, donc on a la cour également qui nous a
imposé un délai. L'autre point également, dans le projet de loi, il y a
beaucoup de mesures qui visent la protection des enfants, notamment en matière
de violence conjugale, l'intérêt de l'enfant, puis ça, l'article 33, c'est
fondamental puis...
Le Président (M.
Bachand) : ...
M. Jolin-Barrette : Je
pourrai y revenir...
Mme Massé : Bien, écoutez, on
est d'accord pour y arriver. Ceci étant dit, on y arrive un peu à minuit moins
quart et les inquiétudes des gens sont légitimes. Et surtout, ce n'est pas vrai
qu'on ne va pas échanger de façon serrée, notamment sur la question du droit
des enfants. On a vécu beaucoup d'échecs, dans le projet de loi n° 15, au
niveau de la DPJ. On ne peut pas se permettre, au niveau du droit de la
famille, d'avoir ces mêmes échecs-là.
Il me reste à peine deux minutes.
J'aimerais aborder la question, et vous l'avez vous-même abordée, la RAMQ et la
SAAQ ne cessent de répondre aux personnes non binaires que, dans le fond, elles
ne peuvent pas faire autrement parce qu'elles attendent encore et <toujours...
Mme Massé :
...ne
cessent de répondre aux personnes non binaires que, dans le fond, elles ne
peuvent pas faire autrement parce qu'elles attendent encore et >toujours
les directives du gouvernement en ce qui a trait à l'identification du genre
sur les documents d'information. Je ne comprends pas pourquoi c'est une
indication, puisqu'on le sait dans quel sens qu'on s'en va au niveau du projet
de loi, qui aurait pu déjà être donnée. Qu'est-ce que le ministre attendait
pour envoyer cette indication à la RAMQ, à la SAAQ, comme quoi féminin,
masculin, comme exclusivité, c'est une histoire du passé?
Le Président (M.
Bachand) :S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Dans un
premier temps, juste revenir sur votre question, combien de temps on va avoir. Rapidement,
là, quatre semaines régulières, là, ça donne 68 heures d'études
détaillées, ce qui est substantiel comme nombre d'heures. Donc... puis là je
n'ai pas compté les semaines intensives. Ça fait que c'est plus que ça. Juste
vous dire, projet de loi n° 96, 120 heures, à peu près, plus les
consultations, 180, là, grosso modo, là. Honnêtement, si j'ai été tenu en
commission aussi longtemps, tu sais, je peux... Ma propre turpitude ne peut pas
être invoquée, je dirais ça comme ça. Bon, sur votre question relativement
à la SAAQ, RAMQ, là, il y a un comité interministériel qui est en place,
notamment pour identifier comment est-ce que... comment est-ce que les
marqueurs de genre puis les recommandations vont pouvoir être appliquées en
lien avec ça. Mais, bien entendu, on modifie le Code civil en premier avec le
projet de loi n° 2. Donc, ça va donner aussi l'impulsion, parce que la
base, c'est...
Le Président (M.
Bachand) :...Mme la députée de
Westmount–Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Vous pouvez
terminer la réponse à la question, M. le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, dans un premier temps, c'est à l'état civil qu'il faut changer les
choses, puis ça, c'est par le biais du projet de loi n° 2. Donc, à la fois
à la SAAQ ou à la fois à la RAMQ, bien, juridiquement, les outils se retrouvent
dans le projet de loi n° 2. Donc, à la base, c'est le projet de loi
n° 2, dans un premier temps, au niveau de l'état civil, pour pouvoir
répercuter cet impact-là sur les documents, les autres documents de l'État qui
relèvent de la SAAQ ou de la RAMQ. Donc, comment je pourrais dire, pour faire
une analogie sportive, le premier but, c'est le directeur de l'état civil,
c'est dans les registres de l'état civil, puis, par la suite, ça va pouvoir
découler sur les autres pièces identificatoires de l'État.
Le Président (M.
Bachand) :Mme la députée.
Mme Maccarone : Je partage
évidemment les préoccupations de la collègue de Sainte-Marie—Saint-Jacques en
ce qui concerne le projet de loi n° 2. Quatre semaines, ce n'est vraiment
pas assez pour poursuivre avec un débat sur la réforme du droit de la famille.
Surtout, je comprends que le ministre, il cherche à avoir la collaboration des
oppositions, mais je veux renchérir sur ce que la collègue, elle a dit. Nous
aussi, on s'attend à avoir la collaboration du ministre pour avoir un débat qui
va pouvoir être élevé et de s'assurer que tous les sujets seront abordés, non
seulement en ce qui concerne le jugement Moore, mais on a beaucoup de sujets
dans la réforme du droit de la famille, dont la communauté LGBTQ2 sont en
attente.
Cela étant dit, je veux parler un peu de
sous-financement des organismes LGBTQ2. J'avais mentionné, dans le bloc
précédent, qu'il y a à peu près 87 organismes, puis on sait que les
principales ressources, c'est ces organismes en région. On peut penser à
TransEstrie qui a failli fermer leurs portes, mais ils ont été sauvés
dernièrement par une collecte de fonds pour survivre. Alors, je veux savoir si
le ministre pense que c'est normal qu'il n'y ait pas du financement récurrent
et qu'on doit poursuivre avec du budget discrétionnaire pour la survie de ces
organismes, et s'il va y avoir d'autres moyens de financement qui s'en vient
pour eux. Parce que, comme on a mentionné, ils sont vraiment sous le
respirateur artificiel. Puis ça prend le financement à la mission, récurrent et
stable, et leurs services sont vraiment la base des communautés.
M. Jolin-Barrette : O.K. Deux
volets à la question. Dans un premier temps, droit de la famille, là, je veux
juste être superclair. Moi, M. le Président, là, je vais être disponible pour
adopter le projet de loi puis je vais être ouvert aux discussions, au débat, à
accepter des amendements de l'opposition, comme je le fais dans tous mes
projets de loi, mais là, on n'ira pas s'asseoir là pour se faire dire : On
n'a pas assez de temps, là. Quand on veut, on peut, là. Il y a plus que
64 heures de commission qui sont disponibles pour ce temps-là. Donc là, si
on me dit : Bien, il n'y a pas assez de temps, ça, c'est vous qui le
dites. On adopte des projets de loi. Je ne vous demande pas d'adopter le projet
de loi les yeux fermés, là, ce n'est pas ça que je vous demande, puis on va
étudier sérieusement chacune des dispositions, mais, tu sais, si vous <partez...
M. Jolin-Barrette :
...sérieusement
chacune des dispositions, mais, tu sais, si vous >partez avec l'idée que
c'est sûr qu'on ne l'adoptera pas, dites-le-moi tout de suite, là. Tu sais, je
veux juste... pour que tout le monde, ça soit très clair, là. Vous, vous allez
avoir votre parti, vous allez être là, je pense, en commission pour LGBTQ. Puis
ça va être votre collègue le député de La Pinière pour le volet Justice, le
reste. Ça va être la même chose, j'imagine, pour la députée de Sainte-Marie—Saint-Jacques
avec le député d'Hochelaga-Maisonneuve. Mais je veux juste qu'on soit clair
qu'on est capable d'adopter ce projet de loi là d'ici la fin de la législature.
Puis c'est important, on parle d'adoption, de droits à connaissance de ses
origines, des renseignements médicaux, hein, que les gens, quand vous avez été
confiés à l'adoption, ils puissent avoir accès. On élargit ça. La filiation,
que tous les enfants qui soient nés dans un projet parental biologique ou avec
une mère porteuse aient droit à la même filiation, il faut adopter ça.
• (10 heures) •
Sur la question du financement, bon,
TransEstrie, on a donné une aide financière d'urgence de 20 000 $
pour pouvoir leur permettre de survivre, du ministère de la Justice. Bon, les
organismes communautaires LGBTQ, là, ils sont financés de deux façons, que ce
soit par le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale ou
par le biais du PSOC en fonction de... pour lesquels ils se qualifient. Juste
pour cette année, là, on augmente, nous, le financement, là, à
725 000 $. Donc, c'est 125 000 $ de plus que l'an passé.
Puis dans le plan d'action également LGBTQ qu'on a prolongé d'une année, on
augmente le budget de 33 %. On passe de 1,8 million à
2,4 millions. Alors, les augmentations sont substantielles, là.
Le Président (M.
Bachand) :Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Ça va être
très important que l'argent sorte. Question très précise : L'INSPQ offre
la seule formation accréditée au niveau national sur la diversité sexuelle et
de genre. Leur financement va-t-il être renouvelé?
M. Jolin-Barrette : ...la
fin. Excusez-moi.
Mme Maccarone : L'INSPQ offre
la seule formation accréditée au niveau national sur la diversité sexuelle et
de genre, mais est-ce que leur financement... va-t-il être renouvelé?
M. Jolin-Barrette : Je crois
que c'est le ministère de la Santé et Services sociaux dont relève cet
organisme-là.
Mme Maccarone : Mais le
ministre doit avoir un mot à dire parce que c'est vraiment lié au bureau de
lutte. C'est son dossier. Est-ce que le ministre va quand même parler avec son
collègue pour s'assurer que ce sera le cas? Parce que c'est très important.
Comme j'ai dit, c'est la seule formation accréditée.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends, mais ça rentre dans le portefeuille santé relativement... ils n'ont
pas juste du financement uniquement pour ça, là. L'organisme auquel vous faites
référence, ils sont financés par le ministère de la Santé et Services sociaux
sur tous les services qu'ils offrent aussi. C'est un peu la même chose aussi,
tu sais, dans les programmes de soutien, que ça soit le PSOC, que ça soit le
FAACA également, ça ne relève pas... l'enveloppe financière ne relève pas de
Justice. Nous, ce qui relève de Justice, on passe de 600 000 $ à
725 000 $. Ça fait que sur 600 000 $, c'est quand même une
bonne augmentation, 125 000 $.
Mme Maccarone : Sauf que pour
les organismes qui s'attendent à avoir un mot du bureau de lutte, c'est très
important pour eux. Ça, c'est des questions qui viennent du terrain. Comme, par
exemple, le gouvernement a financé le programme Pour que vieillir soit gai,
pour former les milieux aînés aux réalités des aînés LGBTQ2. Pourtant, le
gouvernement a refusé d'ajouter ces enjeux dans sa formation ministérielle
donnée aux plus de 10 000 préposés aux bénéficiaires embauchés durant
la pandémie. Alors, le gouvernement n'applique pas lui-même les causes qu'il
finance. Depuis le programme Pour que vieillir soit gai, son financement se
termine en juillet cette année. Alors, ensuite, il n'y a aucune autre
initiative d'envergure de ce genre qui existera au Québec. Alors, est-ce que le
ministre s'engage à continuer de financer davantage ce type d'initiative?
M. Jolin-Barrette : Bien oui,
la réponse, c'est oui. Puis je n'avais pas noté, là, mais mesure 24 du plan
d'action, donc c'est renforcer la sensibilisation des intervenants et des
intervenantes de la santé, des services sociaux, de l'enseignement et des
services publics ou communautaires sur les réalités des personnes de minorités
sexuelles. Donc, c'est 200 000 $ qu'on met là-dedans, notamment avec
l'Institut national de la santé publique afin, justement, que cette
formation-là soit offerte gratuitement. Donc, 200 000 $. Alors, je
pense que vous pouvez féliciter le bureau de lutte.
Mme Maccarone : J'avais aussi
des questions pour le ministre en ce qui concerne l'inclusion au travail milieu
de santé, parce que nous savons qu'il y a beaucoup qui se passe dans... on
entend dans les médias, une insensibilité, que c'est inadapté. Ça va faire
partie de ce qui va sortir prochainement comme les enjeux de la Fondation
Émergence. J'ai déposé une question au feuilleton pour le <ministre...
>
10 h (version révisée)
<17911
Mme
Maccarone :
...les enjeux de la Fondation Émergence. J'ai
déposé une question au feuilleton pour le >ministre, puis je n'ai
toujours pas de réponse, mais on dit que «les comportements, ceux qui arrivent
au sein de nos milieux de travail, illustrent vraiment une douleur sur tout
chemin qui demeure à parcourir pour une... de société pour que ce soit toujours
plus inclusif». Ça fait que je veux savoir qu'est-ce que le ministre pense du
sondage Léger, qui a sorti dernièrement, qui dit... qu'alors que c'est
35 % des Québécois qui ont subi au moins une situation de harcèlement
psychologique ou sexuel lors des dernières années. Et est-ce qu'il va faire
suite de ceci?
M. Jolin-Barrette : En fait,
vous savez, c'est complètement déplorable qu'il y ait autant de personnes qui
soient victimes de discrimination comme ça, en fait, une personne de trop...
une personne, c'est déjà trop. Puis je pense que le sondage permet, notamment,
d'avoir des informations sur la réalité que les personnes vivent. Parce que ce
n'est pas toujours médiatisé, c'est... Puis honnêtement, quand on avait fait
les thérapies de conversion, également, c'était un cas où est-ce que... Ce que
j'ai retenu, notamment, c'est qu'il y a beaucoup d'isolement là-dedans, il y a
beaucoup de solitude. Alors, il faut être en mesure, comme société, d'en
discuter collectivement, puis je pense que le sondage permet de mettre en
lumière ça.
Puis honnêtement on a des garanties dans
la charte, d'ailleurs, M. Bédard avait amendé la charte, puis on a eu l'occasion
de le souligner, récemment, avec la cérémonie en hommage qui a été tenue pour
dire que le Québec a été un précurseur là-dedans, mais il reste encore du
travail à faire, justement, pour éviter la discrimination, les situations de
harcèlement. Puis aussi, vous savez, la situation, les membres de la communauté
changent, évoluent, on ne parlait pas beaucoup d'identité de genre, il y a de
cela 10, 15 ans, donc...
Mme Maccarone : ...ce sont
quoi, les mesures concrètes? Parce que je sais que la Fondation Émergence, eux,
ils ont quand même un programme. Est-ce que le ministre s'engage à financer ce
programme de façon récurrente? Puis c'est quoi, les autres mesures? Si c'est
oui, c'est quoi, les autres mesures que le ministre s'engage à mettre vers l'avant
pour attaquer cette problématique?
M. Jolin-Barrette : Oui,
mais, je vous donne un exemple, l'État québécois a financé, justement, la
Fondation Émergence pour offrir son projet ProAllié, milieux de travail
inclusifs des personnes LGBTQ. Donc, l'État finance les organismes comme
Émergence, justement, pour développer ce type de formation là puis pour faire
en sorte que les milieux de travail, notamment, soient exempts de harcèlement,
exempts de discrimination. Alors, je pense que, tu sais, il faut travailler à
tous les volets, notamment, je pense, le milieu de travail, c'est une bonne
façon également d'amener de la sensibilisation, d'amener de la formation aux
différentes réalités qui sont vécues par les personnes LGBTQ. Parce que, les
gens, il faut qu'ils soient à l'aise, et qu'ils se sentent à l'aise, et qu'ils
soient respectés, ces personnes-là, dans toutes les sphères de la société. Il
ne faut pas que ce soit angoissant, stressant pour une personne qui va
travailler, de dire : Bien, comment est-ce que ça va être perçu par mes
collègues de travail, mon identité de genre, mon identification? Donc, on
travaille sur différents paramètres, puis la Fondation Émergence est un très
bon partenaire, notamment parce qu'ils ont la connaissance, ils ont leurs
différents réseaux puis ils savent précisément également, parce qu'ils ont un
retour du terrain, des gens qui vivent ces réalités-là.
Le Président (M. Bachand) :Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : ...on est
alignés, c'est plus une question de savoir les mesures concrètes. Comme, par
exemple, le 17 mai, si on dit que le 17 mai, c'est une journée... c'est
la journée internationale, c'est le plus important, au Québec, en ce qui
concerne la communauté LGBT, mais ils reçoivent très, très peu de financement
du gouvernement du Québec. Alors, comment se fait-il qu'une telle initiative,
originaire du Québec en plus, est maintenant partout dans le monde, parce que c'est
reconnu vraiment à l'international, ne reçoit si peu de financement? Et est-ce
que le ministre s'engage à changer ceci?
M. Jolin-Barrette : Bien,
vous savez, l'État québécois finance, d'une façon importante, les différents
organismes, notamment, écoutez...
Mme Maccarone : ...mais ils n'ont
presque rien comme financement, ça ne sort même pas, le financement qu'on
reçoit. Ça fait que ce qu'ils souhaitent, c'est de s'assurer qu'il y aura du
financement du gouvernement québécois pour s'assurer qu'ils vont pouvoir
poursuivre.
M. Jolin-Barrette : Je
comprends. On finance notamment la Chaire de recherche sur la diversité
sexuelle et la pluralité des genres de l'Université de Montréal, donc presque 1 million
depuis 2011. On finance différents organismes. Je comprends que, précisément,
vous me dites, pour cette journée-là, il y a peu de financement, oui, mais il faut
voir également quel est le rôle de l'État également. Le rôle de l'État, c'est
notamment d'offrir des services de soutien, de financer les organismes qui
soutiennent les <personnes...
M. Jolin-Barrette :
...notamment
d'offrir des services de soutien, de financer les organismes qui soutiennent
les >personnes qui ont besoin de services aussi. Alors, ça devient une
question, également, pour les citoyens qui sont dans cette communauté, qui
veulent avoir des services, également de choisir où on veut envoyer l'argent.
Moi, je préfère, dans tous les cas, faire en sorte de financer les services, mais
je peux vous dire que la Fondation Émergence reçoit du financement de l'État,
notamment en lien avec la journée.
• (10 h 10) •
Mme Maccarone : Puis financer
des services, c'est très important, mais ça reste que, même ça, ce n'est pas
fait, sur le terrain, parce que forces de l'ordre, comme l'École nationale de
police, les techniques policières des cégeps, la SQ, le SPVM ont manifesté,
tous, leur intérêt à suivre des formations, à développer de nouveaux outils et pratiques
pour mieux intervenir auprès des communautés LGBTQ2. D'ailleurs, la fondation
de... la Fondaton Émergence a été approchée, à maintes reprises, pour
développer ses projets, mais le ministère de la Sécurité publique fait sourde
oreille à ce terme de financement.
C'est malheureux, parce qu'on vient
souvent aux organismes sur le terrain pour dire : Bien, viens, on a besoin
de vous pour prêter main-forte, offrir des formations, mais, quand ça arrive au
moment de financer ce type de travail, bien, le gouvernement n'est pas là pour
écouter ou de leur épauler, que ce soit le financement qui n'est pas récurrent,
ou maintenant il faut qu'ils travaillent toujours... Oui, ils sont financés à
la mission, mais, pour rehausser leur financement, il faut toujours déposer un
projet, un projet chaque année, un projet chaque année. Ça fait que ça, ça veut
dire qu'il n'y a aucune stabilité au sein de leur organisme. Est-ce que je peux
engager quelqu'un cette année? Bien là, je ne sais pas si je peux toujours
garder cette personne, parce que je ne sais pas si je vais penser à un autre
projet que je vais déposer l'année prochaine puis si ce projet sera accepté,
parce que c'est un budget qui est très restreint.
Alors, si on se base sur le rapport qui
est sorti d'IRIS, tout dernièrement, en février, ils ont dit que le financement
par projets ne répond plus aux besoins de tous les groupes du secteur LGBTQ2.
Ça fait que ce qu'ils souhaitent aussi, c'est de s'assurer qu'il y aura un
financement plus récurrent et aussi que les projets... Quand le gouvernement
puis quand les instances publiques demandent d'avoir un accompagnement, bien,
le gouvernement va aussi financer les programmes qui sont souhaités sur le
terrain.
Le Président (M.
Bachand) :...secondes, M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Jolin-Barrette : Alors, ce
n'est pas vrai. Le ministre des Finances vient de consacrer 1,1 milliard de
dollars dans le dernier budget afin de renforcer l'action communautaire, dont
888 millions serviront à bonifier et à élargir le soutien à la mission
globale des organismes. Donc, le message des organismes a été entendu. Écoutez,
juste pour la Fondation Émergence, c'est près de 124 000 $ qui est
financé du MTESS.
Je comprends que tout le monde voudrait
recevoir beaucoup plus d'argent. Je comprends ça, mais je peux vous dire qu'au
niveau du budget du bureau de lutte on est passé de 600 000 $ à 725 000 $.
Également, on donne, en appels à projets, près de 600 000 $,
également, plus l'aide financière d'urgence. Alors, je pense que l'État
québécois, autant au volet communautaire qu'au volet spécifique de la mission
du ministère, fait les investissements...
Le Président (M.
Bachand) :Merci beaucoup. Je cède
maintenant la parole à la députée de Joliette pour 8 min 12 s.
Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme Hivon : Merci. Merci
beaucoup, M. le Président. Bonjour à tout le monde. Donc, je veux juste revenir,
là, sur le sujet du projet de loi n° 2 et des questions que mes collègues
ont posées. Est-ce que je comprends, donc, qu'il est complètement exclu, pour
le ministre, de scinder son projet de loi pour pouvoir se conformer, en
priorité, au jugement Moore puis refléter la réalité des personnes non binaires
dans le Code civil?
M. Jolin-Barrette : Alors,
merci, M. le Président. Je tiens, d'ailleurs, à saluer la députée de Joliette
et notamment à souligner son engagement politique, également. Elle a fait part
qu'elle allait quitter cette Assemblée à la fin du mandat, puis je tiens à la
remercier pour son engagement public durant ces 14 années là. Je pense
qu'elle a contribué à l'État et je pense qu'elle a un sens de l'État aussi,
alors je tenais à le souligner.
Pour le projet de loi n° 2,
effectivement, je n'ai pas l'intention de scinder le projet de loi. On a tout
le temps requis pour adopter le projet de loi avec les quatre dernières
semaines qu'il y a. Comme j'ai dit tout à l'heure, moi, je suis ouvert aux
discussions, ouvert aux amendements, mais, c'est fondamental, et il faut se
rappeler qu'est-ce qu'il y a dans le projet de loi, notamment la suite du
jugement Moore, je vais apporter des amendements, comme je l'ai dit, mais,
au-delà de ça, filiation, adoption, mère porteuse, c'est fondamental. Article 33,
également, l'intérêt de l'enfant, lorsque les juges ont statué sur la garde des
enfants, pour des enfants qui sont issus de couples non mariés, c'est
fondamental que, notamment, la violence familiale soit prise en considération. Puis
honnêtement je ne veux pas reporter ça en novembre, en décembre, en février
l'année passée. Alors, moi, je pense que c'est prioritaire, puis on est
capables, ensemble, de le faire adopter.
Mme Hivon : On fera le débat
sur la priorité que le ministre a accordée, au cours des derniers mois, au projet
de loi n° 2, mais je pense qu'il y a <vraiment...
Mme Hivon :
...accordée,
au cours des derniers mois, au
projet de loi n° 2, mais je pense
qu'il y a >vraiment un enjeu, pour les personnes non binaires, notamment
trans, qui devrait être jugé prioritaire. Il y a un jugement, je ne sais pas
comment le ministre va composer avec l'existence du jugement Moore, qui, donc,
a un délai et pour lequel il n'y a toujours pas de conformité, là, qui a été
mise de l'avant. Donc, voilà, je l'inviterais à réfléchir à cette solution-là.
M. Jolin-Barrette : ...M. le
Président, là, comme je l'ai dit à mes collègues, si vous voulez qu'on adopte
le projet de loi n° 2 d'ici la fin de la session, je vais avoir besoin de
vous. Je ne peux pas être plus transparent que ça. Puis, en termes de
priorités, là, écoutez, j'ai siégé pas mal tout le temps, puis le député de
Chapleau avec moi aussi, le député de Saint-Jean aussi. Comme... on a fait consultations
de la langue française, on a fait tribunal spécialisé, le 92, on a fait les
consultations famille, on a siégé, langue française, puis les libéraux nous ont
tenu en commission quasiment jusqu'à mort s'ensuive, parce qu'ils font comme en
1977 puis ils vont voter contre, mais...
Mme Hivon : ...M. le
Président.
M. Jolin-Barrette : Je veux
juste vous dire, M. le Président, on a le temps de le faire. Écoutez, minimum
60 heures, au moins, plus les semaines. Alors, on a tout le temps du
monde, comme on dit.
Mme Hivon : Je voudrais
aborder le sujet de la sensibilisation ou le manque de sensibilité des corps
policiers par rapport à la réalité LGBTQ et trans et des relents d'homophobie
et de transphobie. C'est quelque chose qui revient énormément sur le plancher,
dans la réalité. La Fondation Émergence en fait un combat prioritaire. Je
voulais savoir si le ministre, avec sa collègue de la Sécurité publique,
entendent adopter des lignes directrices pour rendre notamment obligatoire de la
formation dans les corps de police sur la réalité LGBT, puis... Q. Puis est-ce
qu'il y a un suivi qui est fait par rapport aux problèmes de discrimination
qu'on voit encore dans les corps policiers?
M. Jolin-Barrette : Il arrive
des situations malheureuses, comme dans toutes les sphères de la société,
incluant dans le domaine policier, mais, honnêtement, je ne veux pas jeter la
pierre aux policiers qui font des interventions importantes. On a besoin d'eux,
puis ce n'est pas vrai qu'il faut mettre tout le monde dans le même panier. Il
y a certains enjeux, puis il faut répondre à ces enjeux-là qui arrivent.
À l'École nationale de police, il y a de
la formation qui est donnée. Actuellement, la Fondation Émergence est en
discussion avec l'École nationale de police pour amener une bonification, mais
également former les policiers qui sont en poste déjà, qui ne sont pas des
aspirants policiers, et également le personnel civil, également, dans les corps
de police. Alors, tout ça, présentement, c'est en discussion pour faire en
sorte, justement, d'amener une formation beaucoup plus large à l'intérieur de
l'ensemble des corps de police, mais c'est des... différentes réalités qui
doivent être prises en considération par les corps de police.
La majorité des gens le font. Il arrive, à
quelques occasions, des situations malheureuses. C'est dénoncé, c'est déploré,
mais il ne faut pas mettre tous les policiers dans le même panier, parce qu'il
y a beaucoup de gens qui sont extrêmement sensibles. Puis, vous savez, la
police n'est pas différente de l'ensemble de la société, là, elle se
transforme, elle s'est transformée. Quand vous faisiez de la police dans les
années 80, ce n'est pas la police de 2022, là. Il y a eu une évolution,
puis la formation suit.
Mme Hivon : Puis le ministre
va comprendre, évidemment, quand ça vient des plus hautes autorités, qui
représentent l'autorité régalienne de l'État, c'est pas mal plus troublant que
quand ça vient d'un quidam. Donc, je pense qu'il y a une responsabilité de
l'État qui est énorme. Donc, je vais juste lui reposer ma question : Est-ce
qu'il y a une volonté, un engagement que soient adoptées des lignes directrices
pour qu'il y ait une formation obligatoire à l'École nationale de police, oui,
pour les nouveaux, les policiers futurs, mais aussi pour tous les policiers
actuels? On a vu que c'était possible, faire de la formation, on l'a inscrit
dans une loi pour la violence sexuelle et conjugale. Donc, je veux savoir :
Est-ce que le ministre a cet engagement-là? Est-ce qu'il peut prendre cet
engagement-là pour les corps policiers qui représentent le plus haut sommet de
l'autorité de l'État?
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Bien, il
y a toujours de la formation continue à avoir. À la base, les aspirants
policiers suivent la formation, puis pour les gens également qui oeuvrent dans
le domaine policier, également, le fait d'avoir de la formation continue,
effectivement, sur ces différentes réalités là, c'est important. Je considère
que c'est important, l'État considère que c'est important également, puis c'est
pour ça que l'École nationale de police travaille avec la Fondation Émergence,
actuellement, pour faire en sorte d'amener davantage de formation sur cette
réalité.
Mme Hivon : ...obligatoire»,
c'est les mots que j'aurais aimé entendre du ministre ce matin.
Mon dernier sujet, ça va être un sujet
assez tragique. Évidemment, on a tous vu qu'il y a une petite fille de 10 ans,
Anne-Sophie, qui s'est enlevé la vie parce qu'elle était <totalement...
Mme Hivon :
...une
petite fille de 10 ans, Anne-Sophie, qui s'est enlevé la vie parce qu'elle
était >totalement en quête d'identité de genre. Elle ne se reconnaissait
pas dans son corps et dans son identité, et elle a commis l'irréparable il y a
quelques semaines. Et ça a mis en lumière, du moins, c'est ce que ses parents
rapportent, là, un grand manque de services de soutien. Elle faisait l'objet
d'intimidation de différentes formes à l'école, même sur les réseaux sociaux,
malgré son jeune âge.
Et je voulais juste savoir, en termes de
soutien pour les personnes toute jeunes qui vivent ça, pour leurs familles,
pour tout ce qui est de la réalité, évidemment, de l'intimidation reliée à
l'identité de genre, est-ce qu'il y a eu une réflexion qui a été faite, depuis
cette tragédie-là, à savoir comment on peut mieux accompagner les enfants qui
sont tout jeunes comme ça et pour lesquels il n'y a pas énormément de services,
si ce n'est à peu près pas de services?
Le Président (M.
Bachand) :...secondes, M. le ministre.
• (10 h 20) •
M. Jolin-Barrette : Oui.
Alors, je vais offrir mes condoléances à la famille également. C'est important,
effectivement, que le soutien soit présent. Puis il faut travailler à faire en
sorte d'avoir davantage d'outils. Puis c'est l'ensemble du milieu, c'est autant
à l'école, autant... Plus il y a de la formation, plus c'est... ça va être
disponible par rapport aux différents intervenants qui sont en contact avec les
enfants, mais c'est surtout le message...
Le Président (M.
Bachand) :Merci, M. le ministre. Je me
tourne maintenant vers la partie gouvernementale pour une période de
9 min 50 s. M. le député de Chapleau, s'il vous plaît.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Merci beaucoup, M. le Président. Merci. J'en profite pour vous saluer, j'en
profite pour saluer, là, également le ministre, les collègues de la banquette
du gouvernement, mais également les oppositions. Je vais aussi en profiter pour
ajouter ma voix à celle du ministre pour mes condoléances à la famille. Elle
était... elle vivait dans ma circonscription, cette jeune fille, c'est
tellement triste, ce qui s'est passé. Donc, toutes mes condoléances,
effectivement.
Et donc, sur un autre sujet, là, nous
sommes à nos dernières études de crédits, aujourd'hui, pour cette législature,
et j'aimerais peut-être ramener le sujet, là, qu'on a abordé en début de séance
avec le ministre, soit le... notre... le projet de loi, en fait, puis la loi
qu'on a adoptée sur les thérapies de conversion, M. le Président. On le sait
que ce projet de loi... On était évidemment bien préoccupés par les préjudices
qui étaient vécus par les personnes qui étaient exposées, là, aux thérapies de
conversion. Puis, tous ensemble, là, nous avons adopté à l'unanimité cette loi
qui a été sanctionnée le 11 décembre 2020.
Comme vous le savez, là, la loi établit,
notamment, que «toute thérapie de conversion est réputée porter atteinte au
droit à l'intégrité et à la dignité de la personne...» Ça prévoit également que
«toute personne [qui a] suivi une telle thérapie peut obtenir la réparation du
préjudice qui en résulte». Ça prévoit également que «nul ne peut, à titre [gratuit]
ou [onéreux], offrir ou s'engager à dispenser à une personne une thérapie de
conversion ou requérir [...], d'une personne qu'elle dispense une telle
thérapie à un tiers» sous peine d'amende. Ça interdit également, là, toute la
publicité pour promouvoir les thérapies de conversion, sous peine d'amende. Ça
établit explicitement que le fait pour un professionnel de dispenser une
thérapie de conversion constitue un acte dérogatoire à la dignité de sa
profession. Et évidemment, là, cette loi est reconnue comme l'une des plus
complète pour réduire, éliminer l'offre des thérapies de conversion. Puis, dans
la loi, il y avait également une exigence, une obligation de prévoir un plan
d'action, là, du gouvernement du Québec, on en a parlé, là, précédemment, le
ministre également.
J'aimerais peut-être l'amener davantage
sur le volet du soutien aux organismes communautaires en lien avec les
thérapies de conversion, là. Le gouvernement, évidemment, reconnaît la
contribution de l'action communautaire en tant qu'outil de développement social
qui est très, très important. La part des organismes communautaires LGBTQ,
particulièrement, dans leur ensemble, est essentielle, évidemment, dans
plusieurs régions. Le gouvernement le reconnaît et l'appuie dans le budget.
Puis ils ont développé, ces groupes-là, une expertise très, très pertinente,
là, dans la lutte contre l'homophobie et la transphobie.
Peut-être plus spécifiquement, M. le
Président, le programme de lutte contre l'homophobie et la transphobie, qui est
un programme d'aide financière à l'intention, là, des organismes qui réalisent
des projets, qui sont non récurrents, mais qui peuvent contribuer à prévenir et
à combattre les préjugés et la discrimination fondée sur l'orientation
sexuelle, évidemment, l'identité de genre, d'expression de genre et à favoriser
la pleine reconnaissance des personnes de minorités sexuelles et de genre dans
la société québécoise, ça fonctionne principalement sous forme d'appels
d'offres de projets publics. Et un des volets qui est très important, là... il
y a huit priorités d'attribution, mais un des volets qui est... qui m'intéresse,
en ce moment, c'est le soutien psychosocial et légal aux... pardon, aux
personnes qui ont été exposées aux thérapies de conversion et à leur entourage.
Puis justement cette <priorité...
M. Lévesque (Chapleau) :
...aux
thérapies de conversion et à leur entourage. Puis justement cette >priorité
d'attribution découle des travaux en lien avec la Loi visant à protéger les
personnes contre les thérapies de conversion dispensées pour changer leur
orientation sexuelle, leur identité de genre ou leur expression de genre. Cette
priorité vise à appuyer les organismes communautaires qui sont engagés dans le
soutien aux victimes de ce type de thérapies.
Puis je me demandais, justement, là, donc,
sur le terrain, comment ça se déploie, comment les organismes, là, peuvent bien
jouer leur rôle, là, dans ce cas-là, notamment dans le cadre du programme, là,
qui est mis en œuvre par le gouvernement.
Le Président (M.
Bachand) :M. le ministre.
M. Jolin-Barrette : Merci,
M. le député de Chapleau. Bien, en fait, notamment, là, pour 2022‑2023, là, le
bureau de lutte va investir près de 700 000 $, bien,
670 000 $ pour soutenir des projets spécifiques, donc 75 000 $
de plus que cette année. Puis, je pense, ce qui est important, c'est que c'est
un appel à projets, puis le bureau de lutte évalue les différents projets qui
sont soumis en fonction des services qui sont offerts. Et ça fait partie des
mesures que le bureau de lutte souhaite favoriser, souhaite encourager, et donc
ça, ce sont des projets qui viennent, justement, donner des services à la population.
Ça peut être sous plusieurs formes, ça
peut être de l'accompagnement, du soutien, de l'information, des balados, tout
ça pour rejoindre, justement, ces communautés-là pour faire en sorte,
notamment, puis ça a fait partie de la discussion qu'on a eue avec les
oppositions, d'en discuter, d'en parler, de sensibiliser, d'informer l'ensemble
de la société. Si on veut que les comportements changent, si on veut que les
gens puissent comprendre la réalité des personnes qui sont membres de la
communauté LGBTQ, bien, il faut justement faire en sorte d'octroyer les fonds
puis qu'il y ait des projets.
Puis, l'autre élément qui est important
aussi, le bureau de lutte analyse les différents projets, mais regarde
également la répartition sur l'ensemble du territoire québécois. Parce qu'il y
a beaucoup d'organismes, notamment, qui sont basés à Montréal, mais être membre
d'une communauté LGBTQ, ce n'est pas uniquement à Montréal que ça se passe, M.
le Président. La réalité, elle est vécue dans toutes les régions du Québec,
alors il faut offrir des services sur l'ensemble du territoire québécois,
notamment, dans toutes les régions et également dans les pôles qui sont moins
des grands centres, dans les pôles où, parfois, on peut se sentir plus isolé,
où on peut se sentir, parfois, plus marginalisé.
Alors, c'est important d'avoir du soutien,
de l'écoute et des services qui vont être offerts dans chacune des régions. Et
notamment, dans les attributions qui sont octroyées, bien, il y a des organismes
qui obtiennent du financement qui, oui, sont basés dans la région
métropolitaine de Montréal, mais également dans les différentes régions du
Québec, puis c'est une considération centrale dans la mise en œuvre des mesures
du plan d'action... puis que c'est considéré par le bureau de lutte, lorsqu'il
y a une demande qui est formulée par un organisme, d'une façon à pouvoir
financer adéquatement les différentes mesures.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Chapleau.
M. Lévesque (Chapleau) : Oui.
Je pense que le député de Saint-Jean avait aussi une question, là, qu'il
voulait poser. Merci.
Le Président (M.
Bachand) :M. le député de Saint-Jean.
M. Lemieux : Merci
beaucoup, M. le Président. Trois minutes, à peu près, c'est ça? Merci. Je
vais revenir, M. le ministre, si vous le permettez, à la conversation que vous
avez eue avec les trois partis d'opposition, qui revenaient constamment sur le projet
de loi n° 2. Ça m'interpelle énormément, parce qu'on a fait les audiences
en consultations particulières du projet de loi n° 2, et effectivement, à
ce moment-là, ça a créé une petite commotion, parce que c'est la première fois
que tous les groupes venaient parler pour dire comment ils trouvaient le projet
de loi n° 2. C'est ça, des consultations, mais, puisque vous avez annoncé
des amendements, le début des travaux du projet de loi n° 2 est
fondamental pour ces gens-là.
Et là vous venez d'avoir des
conversations, et c'est pour ça que je fais le détour, là, avec le peu de temps
qui me reste, vous venez d'avoir des conversations sur la capacité qu'on a de
faire adopter ce projet de loi là. Moi, j'aimerais vous entendre... pas parler
comme le leader aux gens de l'opposition, mais parler à ces groupes qui sont
venus nous montrer jusqu'à quel point ils étaient inquiets de ce que le projet
de loi n° 2 pourrait faire ou ne pas faire pour eux. Parce que, tel qu'il
était écrit, ça les mettait dans un mode défensif, et c'est triste, parce que
ce que vous faites avec le projet de loi n° 2, c'est beau, c'est bon,
c'est l'avenir. On s'ajuste, on va en avant, on fait ce qu'il faut pour
s'adapter à de nouvelles réalités dans notre société. Je ne sais pas où on va
finir, là, le 10 juin, où on en sera, mais j'aimerais ça que ces gens-là
vous entendent, en ce moment, dire où on veut aller, qu'on se rende ou pas.
Puis ce n'est pas moi qui veux <dire...
M. Lemieux :
...vous entendent, en ce moment, dire où on veut aller, qu'on se rende ou pas.
Puis ce n'est pas moi qui veux >dire qu'on ne se rendra pas. J'espère
vraiment que nous allons adopter ce projet de loi là, M. le ministre.
Le Président (M.
Bachand) :Autour d'une minute, M. le
ministre.
M. Jolin-Barrette : Oui,
bien, je vous dirais, M. le Président, qu'où on veut aller... et, je l'ai déjà
dit, on actualise le corpus pour, justement, répondre au jugement Moore. Le
chemin pour y arriver, au départ, a été questionné par les différents groupes,
et je les ai entendus. Et c'est pour ça que j'ai annoncé rapidement qu'on
allait apporter des mesures modificatrices au projet de loi, justement, sur les
éléments qui étaient anxiogènes, si je peux dire, pour les membres de la
communauté puis les différents groupes, notamment l'obligation de chirurgie,
notamment également le fait que le changement de sexe ou le changement de genre
aurait été dévoilé. Donc, on va avoir des mesures spécifiquement là-dessus et
également sur la notion d'enfant avec le sexe... bien, en fait l'identification
indéterminée et... intersexe, pardon.
Et je pense qu'on se doit, pour les
membres de la communauté, notamment, d'adopter le projet de loi, parce que ce
sont des mesures, justement, dans toutes les lois, qui permettent d'ajuster le
corpus, d'être davantage reconnu. Et, pour tous les autres volets du droit de
la famille, également, c'est prioritaire. Écoutez, ça fait depuis 2011 qu'on en
parle.
• (10 h 30) •
Le Président (M. Bachand) :Merci. Merci beaucoup, M. le ministre. Compte tenu de
l'heure, commission suspend ses travaux jusqu'à 11 h 40...
Oups! Excusez-moi, dépôt de documents.
Parfait. Désolé, excusez-moi. Alors donc, en terminant, je dépose les
réponses... je dépose des documents de... Excusez. Excusez-moi...
Une voix : ...
Documents déposés
Le Président (M.
Bachand) : O.K. Bien oui, excusez-moi. Désolé, on va reprendre
l'habitude des crédits. En terminant, je dépose les réponses aux demandes de
renseignements de l'opposition.
Et, cela dit, la commission suspend ses
travaux jusqu'à 11 h 45, où elle va entreprendre l'étude du volet
Réforme des institutions démocratiques, des crédits budgétaires de portefeuille
Conseil exécutif. Merci.
(Fin de la séance à 10 h 31)