(Quinze heures)
Le
Président (M. Auger) : À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum je déclare la séance de
la Commission des institutions ouverte. Je demande à toutes les personnes dans
la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est
réunie afin de procéder à l'étude du portefeuille Relations internationales et
Francophonie pour l'exercice financier 2018‑2019. Une enveloppe de trois heures
est allouée pour l'étude de ces crédits.
Mme la secrétaire, y
a-t-il des remplacements?
La Secrétaire :
Oui, M. le Président. M. Merlini (La Prairie) est remplacé par
M. Hardy (Saint-François); Mme Nichols
(Vaudreuil) est remplacée par M. Bourgeois (Abitibi-Est); et
M. Jolin-Barrette (Borduas) est remplacé par M. Charette
(Deux-Montagnes).
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous allons débuter par les
remarques préliminaires, puis nous allons procéder à une discussion d'ordre général par blocs d'environ
20 minutes, incluant les questions et les réponses. La mise aux voix de
ces crédits sera effectuée à la fin du temps qui leur est alloué cet
après-midi, vers 18 heures.
Remarques
préliminaires
Nous allons débuter
avec les remarques préliminaires. Mme la ministre, vous disposez de 24 minutes.
Mme Christine
St-Pierre
Mme St-Pierre :
Merci, M. le Président. Permettez-moi tout d'abord de vous saluer, et je vais
également saluer mes collègues de l'Assemblée
nationale, le député d'Ungava, député de Saint-François, député d'Orford,
député d'Abitibi-Est, également M. le
porte-parole de l'opposition officielle en matière de relations
internationales, le député de Verchères, et également le député de la
Coalition avenir Québec, député de Deux-Montagnes, aussi porte-parole en
matière de relations internationales.
Bien, merci, M. le
Président. Je suis très heureuse d'être ici aujourd'hui pour parler de notre
ministère des Relations...
Le
Président (M. Auger) : Je veux juste corriger, ce n'est pas
24 minutes, c'est 12 minutes pour les remarques préliminaires.
Mme St-Pierre :
Oui, j'ai été un peu surprise, je me suis dit : Bien, coudon!
Le Président
(M. Auger) : Je me sentais un peu généreux, donc...
Mme St-Pierre :
Je peux en dire pas mal plus, ça va.
Alors,
bien sûr, je voudrais aussi vous présenter les gens qui m'accompagnent, il y a
aussi des nouveaux visages, alors je
leur souhaite la bienvenue : à ma gauche, Ann-Clara Vaillancourt, qui est
ma conseillère politique dans le domaine des communications, et également le nouveau sous-ministre,
M. Robert Keating, à qui on souhaite un excellent mandat. Il y a également, à la table ici, à ma droite,
M. Michel Robitaille, qui est président-directeur général des Offices
jeunesse internationaux du Québec, qui est
très connu, qui est bien connu, également M. Philippe Cannon, directeur de
cabinet, Mme Johanne Whittom,
sous-ministre adjointe à la Concertation de l'action internationale et au
Protocole, M. Éric Marquis, sous-ministre adjoint aux États-Unis,
M. Jean-François Bernier, sous-ministre adjoint aux Politiques et Affaires
francophones et multilatérales, M. Jean Saintonge, directeur général des
Affaires bilatérales, Mme Christina Vigna, directrice générale des Politiques et Affaires francophones et
multilatérales, Mme Henriette Dumont, directrice générale de la Gouvernance et de l'Administration,
Mme Karine Savoie, directrice des Ressources financières, contractuelles
et immobilières, M. Alain Olivier, secrétaire général du ministère.
Donc,
M. le Président, en avril 2014, le premier ministre m'a confié la
responsabilité de diriger le ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Quatre années plus
tard, je peux confirmer devant cette commission que le Québec est plus
que jamais présent sur la scène internationale et écouté par ses partenaires.
L'action du ministère
se fonde sur une vision stratégique clairement exprimée dans la nouvelle
politique internationale du Québec. Il
dispose de moyens pour faire la promotion du Québec, dont son réseau de 29
représentations dans 16 pays. Il est un
acteur crédible et responsable qui intervient sur les dossiers relevant de ses
compétences dans un environnement complexe et changeant.
Au cours de
la dernière année, nous avons renforcé les effectifs dans nos représentations
existantes aux États-Unis, en Europe,
en Afrique et en Asie, nous avons ouvert des représentations nouvelles à La
Havane, Philadelphie et Abidjan, en Côte d'Ivoire, et également nous prévoyons
des ouvertures prochaines à Singapour, Guadalajara, Hanoi et Rabat avec le concours des pays hôtes. Nous avons également
rehaussé le niveau de nos représentations à Atlanta, Houston et Séoul et sommes en discussion avec les autorités
sénégalaises pour faire de notre représentation à Dakar une délégation
générale, la première dont disposerait le Québec sur le continent africain.
Nous entendons également assurer une plus grande présence auprès des instances internationales ayant leur siège à Paris,
notamment auprès de l'OCDE. Le gouvernement du Québec dispose ainsi
d'une capacité rehaussée d'agir à l'échelle internationale.
Le réseau jouera un rôle important dans la mise
en oeuvre de la vision proposée dans la nouvelle politique internationale du
Québec. Lancée par le premier ministre en avril 2017, l'année dernière, cette
nouvelle politique internationale est axée
sur trois grandes orientations : tout d'abord, rendre les Québécois et les
Québécoises plus prospères, contribuer
à un monde plus durable, juste et sécuritaire et enfin promouvoir la
créativité, la culture, le savoir et la spécificité du Québec. La
nouvelle politique traite de plusieurs questions importantes pour l'avenir du
Québec qui n'étaient pas abordées dans la
politique internationale de 2006, soit la mobilité des personnes, notamment des
jeunes, les affaires nordiques
et arctiques, la diplomatie scientifique, la
promotion des droits de la personne, en particulier l'égalité hommes-femmes
et les droits des personnes LGBT.
La mise en oeuvre de la nouvelle politique internationale se fait dans une perspective
interministérielle. D'ailleurs, le ministère, en tant que coordonnateur
de l'action internationale du Québec, s'est doté de nouveaux mécanismes de concertation avec les autres ministères
et organismes actifs à l'international afin d'améliorer nos
pratiques et d'assurer une meilleure
cohérence de notre action. Dans cet esprit, cinq... priorités, dis-je,
retiennent notre attention : le Plan
Nord, la Stratégie maritime, la promotion de l'offre éducative,
l'électrification des transports, de même que le numérique et l'intelligence
artificielle.
Dans le
contexte international actuel, il est important pour le Québec de mobiliser son
réseau de partenaires au Québec comme
à l'étranger sur la base de priorités clairement définies. En effet, les
pourparlers sur la modernisation de l'ALENA
se déroulent depuis près d'un an sur fond de politiques protectionnistes
américaines et d'échanges... d'échéances, dis-je, électorales à venir chez nos deux voisins du Sud. L'enjeu de
l'intégration nord-américaine est d'importance vitale pour l'économie du Québec et son avenir. Face à
ces défis, le Québec a été constamment présent sur le terrain pour
appuyer des entreprises dans les secteurs de
l'aéronautique, de l'aluminium, du bois, du papier et de l'agroalimentaire,
pour ne nommer que ceux-là.
Depuis
l'arrivée au pouvoir du nouveau président américain en janvier 2017, le premier
ministre et les membres du Conseil
des ministres ont effectué 40 missions aux États-Unis et ont reçu 19
délégations américaines au Québec. Nos équipes
dans les neuf représentations du Québec aux États-Unis et à la Délégation
générale du Québec à Mexico, de même que les principaux ministères et
organismes concernés par la renégociation de l'ALENA, collaborent étroitement à
l'élaboration des éléments de positionnement sur les enjeux nord-américains et
leur mise en oeuvre.
Nous
travaillons aussi de près avec les autorités fédérales canadiennes ainsi
qu'avec les parties prenantes, soit les milieux d'affaires, les syndicats et associations sectorielles de part
et d'autre de la frontière. Cette action s'inscrit dans la mise en place d'un nouveau dispositif de
diplomatie et d'influence axé sur la concertation et la mobilisation des
équipes gouvernementales et du réseau ainsi
que leurs partenaires externes, car, de tout temps et en tout contexte,
l'efficacité de notre action est tributaire de la qualité des
partenariats que nous avons tissés.
Dans ce
contexte nord-américain en mouvance, la diversification de nos relations revêt
un intérêt stratégique pour notre diplomatie. Le premier ministre a
effectué une mission d'envergure en Chine en janvier dernier alors qu'il était accompagné d'une délégation de 116 entreprises, 16
organismes et huit centres de recherche. Le Québec a mis le temps, l'énergie et les moyens à développer des relations
avec la Chine dès le milieu des années 80. La qualité de nos
relations en est le reflet. Dans cette
perspective, nous devons en faire davantage sur l'Asie comme sur l'Afrique et
l'Amérique latine pour développer de
nouvelles collaborations qui ouvriront des portes pour les Québécois qui ont
des projets à l'étranger.
Par ailleurs,
l'accord économique et commercial global Canada-Union européenne, qu'on appelle
AECG ici et qu'on appelle le CETA
là-bas, est entré en vigueur de manière provisoire le 21 septembre 2017. Nos
représentations sur le territoire européen, en particulier à Bruxelles,
mais aussi à Paris, Munich, Rome, Barcelone, et Rome, et Londres, expliquent à leurs interlocuteurs européens les
avantages de cet accord. Elles accompagnent aussi les entreprises québécoises
qui souhaitent utiliser l'AECG comme un levier pour développer des occasions de
marché en Europe.
Nous nous félicitions
que les relations entre le Québec et le nouveau gouvernement de la République
française soient assises sur des bases
solides et renouvelées dans la foulée de la Rencontre alternée des premiers
ministres du Québec et de la France
qui s'est déroulée très récemment à Paris, c'est-à-dire le mois dernier. Que ce
soit en matière d'économie numérique
et d'innovation, de climat, de jeunesse, de promotion de la langue française ou
d'égalité femmes-hommes, nos gouvernements
ont ouvert un nouveau chapitre de la relation directe et privilégiée entre le
Québec et la France, qui se définit aussi désormais comme stratégique et
structuturelle.
• (15 h 10) •
Le gouvernement du Québec est membre à part
entière de l'Organisation internationale de la Francophonie et apporte à ce
titre une contribution constante au développement de l'OIF, de ses instances et
des organismes qui en dépendent. Nous
travaillons à une Francophonie efficace, transparente, dotée de mécanismes de
reddition de comptes. À l'approche du
sommet d'Erevan, en Arménie, nous croyons que la Francophonie peut jouer un rôle constructif sur les
grands enjeux internationaux et contribuer au développement de ses membres, notamment
sur le continent africain.
La
promotion du français ainsi que la défense des droits et libertés de la
personne sont des valeurs qui se trouvent au coeur de l'engagement du Québec en Francophonie. Le Québec
continuera à s'investir sur les enjeux globaux. Il prendra la parole dans les enceintes internationales, notamment
à l'UNESCO, où il compte une représentante au sein de la Délégation permanente du Canada. Cette influence, nous
entendons également l'exercer en suivi du Colloque international sur
la sécurité alimentaire
et la nutrition à l'heure des changements climatiques que nous avons organisé
avec l'appui de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture,
dont l'acronyme est la FAO, en septembre 2017 à Québec.
Comme
vous le savez, le Canada sera l'hôte du prochain sommet du G7 qui se
tiendra au Québec, plus précisément à La Malbaie, les 8 et 9 juin prochain. Le gouvernement du Québec collabore à l'organisation de cet événement d'envergure avec les autorités fédérales. Les thématiques
rendues publiques par le premier
ministre Justin Trudeau interpellent
le Québec en premier chef. Le gouvernement du Québec compte jouer un
rôle actif à cette occasion. Il participera aux activités auxquelles il sera
convié, de même qu'aux événements en marge du sommet.
Le
Québec est fier de la collaboration qui se poursuit en faveur d'une action
mutuelle dans les pays francophones les
plus vulnérables et les plus exposés aux conséquences des changements
climatiques. À cet égard, le Québec entend continuer de soutenir des
actions concrètes sur les enjeux climatiques, et son leadership est reconnu. La
solidarité internationale continuera
d'occuper une place toujours aussi importante dans le déploiement de notre
action au cours des prochaines années, s'inscrivant en droite ligne avec
le programme de développement durable de l'horizon 2030.
Cher
M. le Président, j'aurais encore bien des choses à vous dire, mais je pense
qu'on aura l'occasion de débattre pendant
ces trois heures. Alors, je veux, encore une fois, remercier mes collègues de
l'Assemblée nationale, aussi ceux et celles
qui nous écoutent par la magie des ondes et les journalistes qui vont suivre de
près nos débats. Merci beaucoup.
Le
Président (M. Auger) : Merci, Mme la ministre. Vous auriez eu
besoin de ma générosité du 24 minutes, je crois, mais le 24 minutes, c'est que je dois le répartir. Donc, les sept
prochaines sont à la disponibilité du porte-parole de l'opposition
officielle. M. le député de Verchères.
M. Stéphane
Bergeron
M. Bergeron : Je vous
remercie, M. le Président. Je profite de l'occasion pour saluer la ministre, saluer le
personnel du ministère qui l'accompagne, les gens du cabinet qui sont avec
elle. Je veux saluer tout particulièrement M. Robert Keating. Lui et moi, à une époque où nous étions un peu plus jeunes, nous étions rencontrés pour la première fois à Tokyo alors
que vous y défendiez les intérêts du Québec et que je siégeais, à l'époque,
dans un autre Parlement. Alors, personne n'aurait pu présumer à ce moment-là, quand nous nous sommes rencontrés,
que, quelques années plus tard, nous serions assis d'un côté et de l'autre de la table pour l'étude des crédits du
ministère des Relations internationales. Alors, comme quoi le destin nous réserve souvent des surprises.
Alors, très heureux de vous retrouver, M. Keating. Et puis, bien,
comme je le disais à vos gens tout à l'heure, on va essayer de passer un trois
heures des plus agréable.
Pour moi, l'exercice
de l'étude des crédits est un exercice qui est inscrit au coeur même de notre système
parlementaire, notre système démocratique. Il est le résultat,
en grande partie, de la lutte qu'ont menée les Patriotes qui visait à ce qu'on obtienne un gouvernement véritablement démocratique et responsable et un gouvernement qui réponde de ses actes aux
élus du peuple, un gouvernement qui se verrait attribuer ses crédits par les élus
du peuple. Et, dans la foulée de ce
mouvement populaire formidable qui a eu cours au XIXe siècle, en 1840, on
a obtenu ce gouvernement véritablement
démocratique et responsable qui, malgré ses
travers, constitue, pour paraphraser incorrectement Winston Churchill,
encore le moins mauvais système
qu'on puisse connaître. Alors, le système idéal, s'il existait, on l'aurait déjà mis en
place, puis il serait probablement répandu sur toute la surface de la terre. Ce n'est pas le cas, et je
pense qu'à cet égard nous avons un rôle à jouer pour entretenir la démocratie au Québec
et peut-être rayonner, justement, à travers le monde,
et c'est un peu ce dont il est question ici aujourd'hui.
J'ai
eu l'occasion, comme député fédéral, d'agir comme porte-parole en matière d'affaires
étrangères, institutions financières
internationales, commerce international Asie-Pacifique, et ce que j'ai toujours
dit aux ministres auxquels j'ai fait face, et c'est ce que j'ai dit à la
ministre lorsque je suis arrivé en poste, je lui ai dit : Je ne suis pas
le critique de l'opposition officielle, je
suis le porte-parole de l'opposition officielle. Pour moi, c'est très
important. Et c'est particulièrement important
dans le dossier des relations internationales parce que le dossier des
relations internationales est l'un des rares où il y a à peu près unanimité de l'ensemble des formations politiques
quant à l'importance de la présence internationale du Québec, d'une part, quant à l'importance pour le
Québec de parler d'une seule voix à l'étranger, et conséquemment ça implique que nous devions travailler de la façon
la plus collégiale possible. J'ai offert à maintes reprises à la ministre
ma collaboration. À mon grand désarroi, elle n'a pas eu recours à cette
collaboration très souvent, mais je la lui réitère aujourd'hui. Je lui réitère cette offre de collaboration visant à faire
rayonner le Québec et faire rayonner le Québec d'une seule voix.
Donc,
c'est dans cet esprit de collaboration que j'entreprends cette étude des
crédits. Bien sûr, on va poser des questions,
bien sûr, on va chercher à obtenir des réponses, mais à aucun moment on ne va
chercher à mettre qui que ce soit en
boîte parce qu'il n'y a pas d'intérêt pour personne, au niveau de l'image du
Québec à l'étranger, que ce genre de manoeuvre
soit effectuée du côté des relations internationales. Alors, je nous souhaite
un bon trois heures d'étude de crédits.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Verchères.
J'imagine que les trois dernières minutes restantes, vous voulez les
reporter sur vos blocs d'échange.
M. Bergeron :
Vous êtes un homme perspicace, M. le Président.
Le
Président (M. Auger) : Toujours, toujours. Donc, pour la suite
des choses, M. le porte-parole du deuxième groupe d'opposition, M. le
député de Deux-Montagnes, pour cinq minutes, pour vos remarques préliminaires.
M. Benoit
Charette
M. Charette :
Merci, M. le Président. Et aussi vous confirmer que je serai très bref à ce
moment-ci pour reporter le temps
ultérieurement pour permettre les échanges. Donc, à Mme la ministre, au
personnel du cabinet, aux gens du ministère, merci pour votre présence. C'est un ministère, mon collègue de Verchères
le mentionnait, qui a toute sa pertinence et qui est doté d'une fonction publique drôlement efficace et
appréciée. Donc, votre éclairage, cet après-midi, sera apprécié. Aux collègues ministériels également, salutations, mon
collègue de Verchères. Vous me permettrez de saluer Romain Vignol, qui
est mon fidèle collaborateur sur les dossiers.
Donc, échange
très certainement pertinent à ce moment-ci, compte tenu du dépôt du budget, là,
il y a quelques semaines. Donc, ce
sera un plaisir d'échanger sur ces enjeux avec, oui, des questions qui — en fait, je ne reprendrai pas les mots de mon collègue de Verchères — sont pertinentes à ce moment-ci. Ce n'est
pas qu'il y ait de grandes divergences au niveau de la gestion de nos relations internationales. Effectivement,
c'est un ministère qui, au fil des années et des mandats, a relativement fait l'unanimité au sein des
différentes formations politiques, mais il y a tout de même des questions
qui se doivent d'être posées. C'est dans
l'intérêt public, là, de connaître un petit peu les orientations
gouvernementales et voir ce que l'on
fait avec les deniers publics. Donc, je ne serai pas plus long à ce moment-ci,
mais ça va tout simplement nous laisser plus de temps pour les échanges
ultérieurement. Merci, M. le Président.
Discussion générale
Le
Président (M. Auger) : Merci. Donc, 3 min 30 s
supplémentaires au niveau des blocs d'échange. Nous allons maintenant, justement, débuter les échanges pour
un premier bloc de l'opposition officielle pour 16 minutes. M. le
député de Verchères.
• (15 h 20) •
M. Bergeron :
Merci, M. le Président. Puisque l'actualité le commande, je vais aborder une
question qui avait retenu mon
attention l'année dernière, soit celle du nouveau lieu d'établissement de la
Délégation générale du Québec à Paris,
qui constitue non seulement le premier, mais j'irais presque jusqu'à dire le
bateau-phare de notre représentation à l'étranger.
Donc, on avait eu des échanges, Mme la ministre et moi, des échanges informels
sur le projet du gouvernement du Québec, et je pense que nous étions
tous et toutes d'accord qu'il y avait nécessité de faire en sorte que notre Délégation générale soit au coeur de la capitale
française, près du Quai d'Orsay, près des lieux décisionnels français.
Donc, il n'y a pas de désaccord de ce
côté-là. Donc, il y avait, je dirais, de notre côté, un accueil favorable au
fait qu'on veuille investir pour l'achat d'un nouveau lieu
d'établissement pour la Délégation générale.
J'avais exprimé
une déception à l'effet que, dans le différentiel des revenus de la vente et du
coût d'achat, le profit, si je puis
dire, ne revienne pas dans l'escarcelle du ministère pour améliorer la
représentation à l'étranger, mais les choses étant ce qu'elles sont, on a
dû se satisfaire de cette situation lorsqu'on en a discuté l'année dernière. Maintenant, on apprend que les coûts estimés à ce jour pour l'achat de ce
nouveau bâtiment, son aménagement sont significativement plus importants
que ceux qui avaient été escomptés au départ. Est-ce qu'il y aura
un nouveau C.T. qui sera octroyé au ministère des Relations internationales pour compenser pour cette augmentation
significative des coûts escomptés ou est-ce
que le ministère devra trouver à même ses enveloppes les sommes requises pour
procéder à ce déménagement?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre :
Merci, merci beaucoup pour la question. Effectivement, ce matin, on a vu, tout
comme par hasard, dans un journal qu'on parlait de la Délégation
générale du Québec à Paris.
Tout d'abord,
sur la question des sommes d'argent, dans le dernier... ce qu'on appelle le
PQI, programme québécois des
infrastructures, on voit que la somme qui est indiquée, c'est 50 millions,
donc ça va être un projet majeur. Et ce que la formule comptable n'indique pas, c'est qu'évidemment on va vendre aussi
la délégation. Donc, on a un bâtiment à vendre et on va acheter
ailleurs, mais ce n'est pas inclus, ce n'est pas calculé dans le
50 millions, ça va arriver après, lorsque la transaction sera terminée. Tout ça pour dire que c'est comme deux silos,
et on va évidemment agir de façon très rigoureuse.
On sent qu'on
a, vous l'avez si bien mentionné, besoin de se rapprocher. La Délégation
générale, présentement, on la trouve
un peu trop excentrique. Les coûts ont augmenté, puisqu'il y a des... ça va
très vite en Europe et en France, il y
a une bulle, surtout à Paris, il y a un bulle immobilière, notamment à cause du
Brexit, alors il y a des choses qui ont changé depuis l'année dernière. Mais ce qui n'a pas changé, c'est notre
volonté, vraiment, d'agrandir notre délégation, c'est-à-dire lui donner
plus d'envergure, lui donner aussi les moyens d'accompagner le plus possible,
notamment, les petites et moyennes entreprises
qui veulent aller sur le continent européen. Avec l'accord de libre-échange
Canada-Union européenne, ça nous
ouvre des portes très grandes. On parle d'un marché de 500 millions de
personnes, donc les petites et moyennes entreprises, évidemment, ont besoin d'accompagnement là-dedans. Donc, on
veut donner plus d'envergure à la délégation sur cet aspect-là, qui est l'aspect de l'économie du Québec, puis
surtout ça vient bien en lien avec notre politique, parce qu'on parle de rendre le Québec, les Québécois,
les Québécoises plus prospères. Donc, c'est ce qui est inscrit dans
notre nouvelle politique.
Également, sur la question du rayonnement du
Québec au plan culturel...
Le Président (M. Auger) :
...Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
C'est trop long, mon affaire, hein?
Le Président
(M. Auger) : Oui, mais, écoutez, je vais équilibrer le temps
entre la question et la réponse. Et M. le député de Verchères, là, irait pour
une autre question.
M. Bergeron : Vous êtes revenue,
cette année encore — puis
c'est bien qu'il en soit ainsi — sur le fait qu'il y aura un solde sur la vente de l'actuelle délégation du Québec qui va
faire en sorte que les coûts ne seront pas ceux qu'on a escomptés, du moins pour le trésor public. Mais,
pour le budget du ministère, ça n'a aucune incidence, puisque le produit
de la vente n'ira pas dans le budget du
ministère mais bien dans le fonds consolidé, alors donc le 50 millions qui
est indiqué au PQI sera requis de
toute façon pour procéder aux travaux et à la transaction. Maintenant, ce qu'on
lisait aujourd'hui dans le journal,
c'est que c'était évalué à peu près à 50 millions, donc le montant qu'on a
au PQI, mais ça, évidemment, ça exclut tous les imprévus, toutes les
contingences, toutes les augmentations que pourrait amener la spéculation qui a
cours présentement au niveau de la bulle
immobilière à Paris. Donc, est-ce que ces sommes seront suffisantes, ou est-ce
qu'il faudra aller chercher un C.T.
additionnel auprès du Conseil du... des fonds additionnels auprès du Conseil du
trésor, ou sinon faudra-t-il aller chercher quelque part dans les
tiroirs du ministère ce qu'il faut pour payer ça?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre :
En fait, vous savez, cette démarche, elle va se faire de façon très rigoureuse,
et évidemment on n'ira pas dans une
direction où on va ouvrir complètement les vannes, là. On a un budget, il y a
un budget qui est prévu. Oui, le
fruit de la transaction va se retrouver au fonds consolidé, mais à la fin de la
journée, ce sera le montant moins la transaction.
Par exemple, si vous avez une maison qui vaut 250 000 $ puis qu'elle
est payée, vous voulez vous acheter une maison de 400 000 $,
bien, ce que vous allez mettre dans le 400 000 $, c'est moins les
250 000 $.
M. Bergeron : Mais ce n'est pas
clair comme ça, Mme la ministre, parce que... Reprenons votre exemple, là. Mettons, je m'achète une maison à
450 000 $ puis je vends ma maison à 200 000 $, mais je prends
le 200 000 $ puis je le donne
au voisin, en bout de piste, ça demeure 450 000 $ que je dois payer.
Ce que je veux dire, c'est que, pour les sommes allouées au ministère des Relations internationales, ça n'a pas
d'incidence, là, ça n'a aucune incidence parce que les sommes ne vous reviendront pas «anyway», alors ça va
devoir être pris à même le budget des Relations internationales, qui
avait d'ailleurs été prévu au budget de
l'année dernière, là. Je pense qu'on prévoyait 39 millions, si je me
souviens bien, aux crédits l'année dernière.
Mme St-Pierre :
Et on voit cette année que le montant a été augmenté. Alors, on va travailler
dans ces limites-là, et je pense
qu'on est capables d'aller chercher un bâtiment qui va répondre exactement à
nos besoins. Et je voulais ajouter tout à l'heure, d'ailleurs, en plus d'un équipement qui va faire en sorte
qu'on va pouvoir faire de l'accompagnement de nos petites et moyennes
entreprises, on veut aussi que les créateurs, les artistes québécois aient un
lieu également, donc il y aura un équipement
multifonctionnel. Donc, on ajoute aussi à la délégation, on ajoute à ce qu'elle
peut offrir à ceux et celles qui ont
besoin des services de la délégation. Mais c'est vrai, c'est un exercice
comptable, mais il n'en demeure pas moins que l'argent va dans les
coffres du gouvernement.
M. Bergeron : Comprenez-moi
bien, moi, ce qui me préoccupe, Mme la ministre, c'est quand vous...
Mme St-Pierre :
Ça ne va pas dans mes poches à moi.
M. Bergeron :
Non, non, je comprends très bien. Mais comprenez-moi bien, moi, ce qui me
préoccupe, c'est que, si, en bout de
piste, il en coûte 60 millions, 65 millions de dollars, est-ce que le
10 millions, le 15 millions qui manquera, vous allez réussir à l'obtenir auprès du Conseil
du trésor ou vous allez devoir gratter dans les tiroirs et couper dans
les services du ministère pour être capable d'éponger ce surplus-là?
Parce que,
là, je constate que, d'après les évaluations qu'on voit dans le journal
aujourd'hui, ça serait autour de 50 millions.
On nous dit qu'au PQI il y a 50 millions, mais ça, c'est sans tenir compte
des imprévus, des contingences, sans tenir
compte de la spéculation qui a cours présentement au niveau de la bulle
immobilière dans la capitale française. Alors, on peut présumer raisonnablement, sans s'alarmer inutilement, que les
coûts vont être plus élevés que 50 millions. Or, ce qu'on a
budgétisé, c'est 50 millions. Donc, on va aller chercher où le reste?
Est-ce qu'on va aller le chercher dans le fonctionnement du ministère? Et c'est
là qu'est ma préoccupation.
Quand vous me
parlez de l'utilité du nouveau bâtiment pour les petites et moyennes
entreprises, pour les créateurs québécois,
j'en suis. Ce n'est pas là-dessus qu'il y a une inquiétude de ma part. On est
d'accord avec vous qu'il faut procéder à
ce changement. Ma préoccupation, c'est que je ne voudrais pas qu'il y ait des
vases communicants puis qu'en bout de piste
on soit obligés de couper une délégation générale ici, une délégation générale
là, dix postes ici, 20 postes là, puis qu'en bout de piste on soit moins bien représentés ailleurs parce qu'on se
sera retrouvés dans une situation où il aura manqué d'argent pour faire
ce qu'on veut faire.
Mme St-Pierre :
Il y a des étapes lorsqu'on est dans un projet immobilier. Comme ancienne
ministre de la Culture, on en a fait
plusieurs. Il y a des étapes, il faut préparer des dossiers, il faut avoir un
dossier d'opportunité, il faut arriver avec des chiffres.
Vous présumez
que ça va coûter plus. Moi, je vous dis, la démarche est très rigoureuse. C'est
vrai qu'on fait face à un marché qui
est très, très, très volatil, ça, je ne vous le cacherai pas, je pense que
n'importe qui qui lit les journaux le sait, le voit. Mais la démarche est importante, et il
est important qu'elle soit très rigoureuse. C'est-à-dire, si vous achetez
un bâtiment et que vous avez des
restaurations à faire sur ce bâtiment-là, il faut qu'on soit capables
d'évaluer, avant de prendre notre décision finale, si ça vaut la peine
de continuer ou pas.
Autrement dit, on ne s'embarquera pas dans une
affaire puis, au bout de deux mois, on va dire : Ah! tiens, il y a telle surprise, il y a telle surprise, il y a
telle surprise. Ce n'est pas comme ça qu'on veut précéder. Quand j'étais à
la Culture, on a bâti la Maison symphonique
à Montréal. Le budget était, si ma mémoire est bonne, 266 millions de
dollars, puis on est arrivés sur notre budget de 266 millions de dollars,
il n'y a eu aucun dépassement. Alors, on est capables d'arriver avec des
chiffres très clairs.
Si jamais — si jamais — la
bulle immobilière continuait puis qu'on ne veut continuer dans cette
décision-là, il faudra qu'on prenne la décision. Ce n'est pas le bar ouvert,
là, c'est : on veut se doter d'un équipement moderne qui va faire en sorte
qu'on puisse faire rayonner le Québec davantage. C'est notre... vous l'avez
dit, je vais reprendre votre expression...
Comment vous l'avez qualifiée, la délégation à Paris? Enfin, c'est notre
vaisseau amiral de toute notre diplomatie québécoise. Celle qui est là
commence à être un peu vieillotte, puis il faut lui donner vraiment un... il
faut moderniser les installations, il faut
que les employés soient dans des bureaux
plus adéquats, puis on veut également
ajouter à cela un équipement
multifonctionnel pour faire en sorte qu'on puisse offrir des services aux entreprises
et aux créateurs.
• (15 h 30) •
M. Bergeron : Mais, encore
une fois, Mme la ministre, comprenez-moi bien, je suis tout
à fait d'accord avec ça. Il n'y a aucun désaccord de principe, sur le fond de la question, à ce sujet. Ma
préoccupation, c'est simplement qu'on ne se retrouve pas en situation où on doive couper ailleurs dans les
services du ministère des Relations internationales pour en arriver à
réaliser ce projet, avec lequel on est d'accord. Et je ne doute pas de la bonne
foi de qui que ce soit, je pense qu'effectivement on est capables de faire les
choses de façon rigoureuse. Il y a un certain nombre de choses qui nous échappent, ce qu'on appelle les imprévus, les
contingences et surtout la bulle immobilière qui a cours présentement et
qui donne lieu à une importante spéculation. Ça, on n'a aucun contrôle
là-dessus.
Or, à ce
jour, d'après les chiffres qu'on lit dans le journal aujourd'hui, on est déjà à
une évaluation de 50 millions, on
a 50 millions au PQI. S'il y a des imprévus, des contingences et
spéculations immobilières, on va se retrouver avec un montant plus
élevé. Moi, ce que je veux savoir, puis je repose la question une troisième fois :
Est-ce qu'on pense être capable d'aller
chercher les sommes au Conseil du trésor ou est-ce qu'il faudra qu'on coupe
quelque part dans les services du ministère des Relations
internationales? C'est ça et juste ça, ma préoccupation.
Le Président (M. Auger) : Il
reste trois minutes à l'échange.
Mme St-Pierre :
D'abord, ça serait... vous êtes dans une hypothèse totale, mais ça ne serait
pas dans une coupure des services
parce que ce ne sont pas les mêmes budgets. Il y a un budget en immobilisations,
puis les budgets du ministère, du fonctionnement, et tout ça, ce n'est
absolument pas la même chose. Et, si le passé...
M. Bergeron :
Donc, ce que je comprends de ce que vous me dites, Mme la ministre, il y a un
engagement de votre part de ne pas couper dans les autres services du
ministère.
Mme St-Pierre :
Non, on ne coupera pas dans les autres services du ministère. On a fait nos
efforts, puis les efforts sont faits.
M. Bergeron : Voilà. Parfait.
Mme St-Pierre :
Mais ce que je peux vous dire, si le passé est garant de l'avenir, si vous
regardez les autres transactions que nous
avons faites à Munich, à Bruxelles, à Londres, les transactions ont toutes été
faites dans les règles de l'art et dans les...
M. Bergeron : Oui, oui,
absolument. On aura l'occasion d'y revenir un peu plus tard...
Le Président (M. Auger) :
2 min 30 s.
M. Bergeron :
...mais il n'en demeure pas moins qu'on pourra remarquer que, dans certains
cas, il y a eu une baisse de la valeur immobilière d'un certain nombre
de nos actifs.
Mais quoi
qu'il en soit, vous me permettrez de passer sur un autre sujet sur lequel il
n'y a aucun désaccord, encore une
fois, le fameux dossier de Raif Badawi. Alors, vous comme moi souhaitons
ardemment le retour de... la venue, en fait,
ce n'est même pas le retour, de Raif Badawi au Québec, qu'il puisse rejoindre
enfin sa famille, parce que ses enfants continuent de grandir sans lui, et, lui, sa situation personnelle, sa
situation physique continue de se détériorer dans les geôles saoudiennes. Et je sais de quoi je parle parce que
j'ai déjà été impliqué, comme député fédéral, dans la libération d'un
autre prisonnier qui est décédé, après sa
libération, des suites des conditions de détention terribles qu'il avait subies
en Arabie saoudite. Alors, il y a péril en la demeure, il y a urgence
d'intervenir.
Je ne sais
plus quoi faire pour amener les autorités publiques à poser les gestes qui
doivent être posés pour faire en sorte que cet homme puisse enfin être
libéré et venir au Québec. Mais est-ce que notre premier ministre, qui a des
contacts privilégiés en Arabie saoudite, a fait aller ses contacts pour faire
en sorte qu'on puisse accélérer la libération de
M. Badawi? Est-ce que vous êtes en contact avec vos vis-à-vis au niveau
fédéral pour que les engagements du premier ministre ne se limitent pas qu'à des selfies qui
ont été pris avant la campagne électorale, qu'il y ait des gestes
concrets qui soient posés pour qu'on puisse obtenir enfin des résultats?
Le Président (M. Auger) : Une
minute, Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Une minute?
Le Président (M. Auger) : Une
minute.
M. Bergeron : On pourra
empiéter sur l'autre bloc.
Mme St-Pierre :
O.K., on pourra en parler, mais on a posé beaucoup de gestes. D'abord, il n'y a
pas une rencontre... dans toutes les rencontres que nous faisons, nous
parlons du cas de Raif Badawi. Nous avons amené le cas à l'Organisation
internationale de la Francophonie lors du dernier sommet. Nous avons, comme gouvernement,
émis le certificat de sélection de Raif
Badawi. Le premier ministre a été clair lors de la rencontre à Madagascar, et
nous suivons ce dossier de près, et
avec mes collègues du Parlement à Ottawa, mes vis-à-vis au Parlement à Ottawa,
que ce soit M. Dion ou Mme Freeland, la question de Raif
Badawi revient à toutes les rencontres.
M. Bergeron : ...
Le Président (M. Auger) : Oui,
oui, très rapidement.
M. Bergeron :
...je vais embarquer sur l'autre bloc, M. le Président. Juste une question. À
votre avis... parce qu'on parle
beaucoup de cela, et c'est la demande de Mme Ensaf, la question est de
savoir est-ce que vous pensez que l'octroi de la citoyenneté canadienne
à M. Badawi pourrait faire en sorte d'accélérer les choses quant à sa
libération.
Mme St-Pierre :
Bien, la question revient, évidemment, au gouvernement fédéral. Mais ce que le
gouvernement fédéral a souvent dit dans le
cas de M. Raif Badawi, c'est que, comme il n'est pas un citoyen canadien,
c'est plus difficile de plaider sa
cause. Alors, peut-être que la citoyenneté... mais je n'en sais rien, mais
peut-être que la citoyenneté canadienne pourrait aider. Mais la question doit être posée au gouvernement
fédéral, c'est au gouvernement fédéral de prendre cette décision-là. De
notre côté, on a fait tout ce qu'on avait à faire et on continue de le faire.
M. Bergeron : Mais qu'est-ce que le gouvernement fédéral vous
répond à ce sujet-là, sur la citoyenneté canadienne? Vous dites que vous
êtes en contact avec vos vis-à-vis, ils vous disent quoi par rapport à ça?
Mme St-Pierre :
On n'a pas de réponse officielle du gouvernement fédéral sur cette question-là.
Le Président (M. Auger) :
Excellent. Nous allons poursuivre avec...
M. Bergeron : ...
Le Président (M. Auger) : ... — bienvenue — le
premier bloc du gouvernement pour 15 minutes. M. le député d'Orford.
M. Reid :
Merci, M. le Président. Bien que la question dont on vient de discuter
m'intéresse, je vais revenir à la question
dont on parlait avant, c'est-à-dire les relations avec la France. La
coopération franco-québécoise est née d'une volonté de faire oeuvrer Québécois et Français aux progrès
scientifiques, aux progrès économiques, sociaux et culturels des deux sociétés. Depuis plus d'un demi-siècle,
cette volonté politique qui transcende les allégeances partisanes ne
s'est jamais démentie de part et d'autre de
l'Atlantique. Le Québec et la France ont noué, au fil des ans, des liens
féconds fondés sur l'intérêt mutuel
des populations, mais également sur un encadrement politique et administratif
qui favorise la pérennité et l'expansion du périmètre de ces échanges.
Cette
relation transatlantique unique puise ses origines dans une histoire et une
langue communes, et je vais revenir sur
cette histoire. Les relations aux niveaux local et régional entre le Québec et
la France — et je
répète ici, aux niveaux local et régional aussi — s'inscrivent,
entre le Québec et la France, en parallèle des relations à l'échelon national.
La coopération à ce niveau est dite, entre
guillemets, décentralisée, un terme emprunté au vocabulaire administratif
français pour désigner les entités locales
et régionales; ici, on dit plus volontiers «régionales». Au Québec, il s'agit
des municipalités régionales de comté, les MRC, des villes et des
municipalités; en France, il s'agit des régions, des départements, des métropoles et des communes, qui sont aussi
désignées comme des collectivités territoriales ou locales. La
coopération décentralisée est un des traits
distinctifs de la relation franco-québécoise. En effet, la diplomatie
québécoise est l'une des plus présentes et des plus dynamiques dans les
régions françaises.
J'aimerais peut-être... parce que c'est
intéressant d'inscrire ces relations, là, dans le contexte historique, j'ai demandé au ministère de me fournir des données
historiques. J'ai eu beaucoup de données historiques, donc il a fallu
que je choisisse, et je ne pouvais pas
parler de tout, évidemment, mais je pense qu'on peut commencer par la visite du
général de Gaulle en 1960. Et ensuite le
ministre Jean Lesage, le premier ministre, a effectué sa première visite
officielle en France et a rencontré André Malraux, un géant, évidemment, de la littérature
mondiale, qui était premier ministre à l'époque, et je pense que c'est là où la maison du Québec a été
fondée, si mon information est bonne. En 1965, le ministre de
l'Éducation, Paul Gérin-Lajoie, signe, avec
son homologue français Christian Fouchet, la première entente internationale du
Québec, donc, entente internationale sur un
programme d'échange et de coopération dans le domaine de l'éducation. Et cette
entente-là m'intéresse particulièrement
parce que mis à part... Bien, en fait, quelques années après la visite du
général de Gaulle au Québec en 1968,
on a eu la création de l'Office franco-québécois pour la jeunesse, et,
personnellement, j'ai eu la chance de pouvoir
profiter des programmes de cet office-là et j'ai étudié en France pendant trois
ans, un peu plus de trois ans, j'ai fait
mon doctorat. Et avec un ensemble d'éléments qui étaient très facilitants pour
les Québécois, autant l'inscription, la carte de citoyenneté, enfin tout ce qu'il fallait pour s'installer dans
un pays qui était différent du nôtre, à l'époque — encore
plus qu'aujourd'hui, puisqu'aujourd'hui même
la mode est la même partout, à l'époque ce n'était pas le cas — et j'en ai beaucoup bénéficié, et, je
pense, beaucoup, beaucoup d'étudiants en ont bénéficié des deux côtés.
Ce qui est
intéressant quand on part de ce moment-là, c'est qu'à partir des années 70
il y a eu des échanges entre les premiers
ministres. Et je trouve que ça vaut la peine... Je ne vais pas les citer parce
que j'en avais deux ou trois pages, mais
je vais prendre les échanges qu'il y a eu, parfois trois fois, avec les mêmes
personnes, mais en commençant en 1974, Robert
Bourassa et Jacques Chirac, qui n'était pas président à l'époque, qui était
premier ministre; ensuite René Lévesque et le premier ministre Raymond
Barre en 1977, 1979, 1980, c'était déjà une habitude, là; M. René
Lévesque, le premier ministre René Lévesque aussi et Pierre Mauroy en 1982 et
1983; René Lévesque et Laurent Fabius en 1984 et 1985; ensuite Robert Bourassa
et Michel Rocard en 1989; Jacques Parizeau et Édouard Balladur en 1995; Lucien
Bouchard et Alain Juppé en 1996.
• (15 h 40) •
Et je m'arrête un petit moment, parce qu'en 1996
on avait déjà une bonne habitude, on avait déjà des liens extrêmement forts, et, pour ma part, j'ai été mêlé
un peu aux liens entre les universités, donc au niveau de l'éducation.
Et à cette période-là, il y a deux ententes... enfin, il y a plusieurs ententes
qui ont été signées, mais en 1996 précisément, il y a eu deux ententes extrêmement importantes, je pense, qui sont
encore aujourd'hui très importantes dans les relations que nous avons. L'Accord-cadre franco-québécois
sur la reconnaissance des diplômes et la validation des études, qui a
été... cet accord de 1996 favorise les échanges d'étudiants entre le Québec et
la France en fixant des modalités de reconnaissance
réciproque des diplômes et la validation des études. La reconnaissance mutuelle
des diplômes contribue de manière
déterminante à l'augmentation du flux des échanges d'étudiants. Je pense, si ma
mémoire est bonne, que c'était une
entente qui a été signée ici, à Québec, du côté français, par le premier
ministre qui était Juppé à ce moment-là. Et moi, j'avais l'honneur d'être de président de la Conférence des recteurs à ce
moment-là, et donc j'avais assisté à cette rencontre-là.
Mais la prochaine, la deuxième convention qui a
été signée en 1996, j'ai représenté, moi-même, les recteurs québécois à cette signature à Paris, si ma mémoire
ne me trompe pas, là, et c'est la convention-cadre sur les cotutelles de
thèse entre les établissements d'enseignement supérieur québécois et français, qui
a été mise en place en 1996. Donc, cette convention vise à favoriser la mobilité des étudiants au doctorat en
fixant les modalités pour la réalisation de cotutelles de thèse entre les établissements d'enseignement
supérieur québécois et français. Plus précisément, elle permet à un
doctorant d'être supervisé par deux
directeurs de thèse, l'un au Québec, l'autre en France, et de recevoir un
diplôme de doctorat de chacun des deux pays après une soutenance unique.
Et c'est
clair que ces ententes-là ont contribué à faire progresser le Québec. Il avait
déjà fait des grands pas au niveau
de, par exemple, là, toute la recherche, des doctorats, etc. Quand j'ai décidé
de faire mes études de doctorat en 1970,
il n'y avait pas de doctorat au Québec qui correspondait à ce que je voulais
faire et il y avait peu de programmes de doctorat au Québec, il fallait aller aux États-Unis ou en France. Le
programme de l'office m'a facilité les choses. Il y avait même des bourses, qui n'existaient pas, pour aller
aux États-Unis, où ça coûtait beaucoup plus cher, il n'y avait pas de gratuité. On avait la gratuité française, et tout
ça. Et par ailleurs ces ententes-là qui ont été signées ont augmenté
également. Et on voit aujourd'hui des universités comme la petite Université de
Sherbrooke, qui, il y a 40 ans, ne prétendait pas beaucoup à la recherche, là, sauf un peu en médecine, et qui,
maintenant, est une des 13 grandes universités de recherche canadiennes. Donc, ces éléments-là contribuent
aussi à l'importance de nos... que nos chercheurs peuvent développer sur
le plan international. Et je pense, si ma
mémoire est bonne, là... en fait, si mes informations sont bonnes, que ces
ententes-là sont encore extrêmement productives au moment où on se parle.
Lucien
Bouchard et Lionel Jospin se sont rencontrés en 1997, en 1998 et en 2000; Jean
Charest et Jean-Pierre Raffarin, en 2003 et 2004; Jean Charest et
François Fillon, en 2008 et 2010 — donc, autrement dit, régulièrement, généralement aux deux ans, il y a ces ententes-là
au plus haut niveau de gouvernement; et finalement Pauline Marois et Jean-Marc
Ayrault, en 2013; le premier ministre actuel et Manuel Valls, en 2015 et 2016;
et tout récemment, la ministre en parlait
tantôt, le premier ministre actuel avec Édouard Philippe, et c'est en mars
dernier. Lors de cette dernière rencontre, des engagements bilatéraux
ont été pris, et il y a eu cinq feuilles de route qui ont été présentées.
Je veux juste savoir s'il me reste un peu de
temps...
Le Président (M. Auger) :
7 min 30 s.
M. Reid : ... — sept
minutes, ça me donne le temps — parce que c'est très intéressant, les
cinq sujets, les cinq feuilles de route qui
ont été présentées, j'aimerais ça en parler un tout petit peu avant de pouvoir
poser une question. Je vais y aller
un peu plus vite parce que, finalement, ma question, je n'aurai pas le temps de
la poser si je raconte tout, mais en
gros, première feuille de route sur la croissance, innovation numérique et
l'intelligence artificielle. Là-dedans, il y avait des objectifs importants. Le Québec et la France
affirment leur détermination à assurer la mise en oeuvre exemplaire pour
l'ensemble des volets accord économique et
commercial global entre la France et l'Union européenne. Le Québec et la
France s'entendent
pour que l'innovation, la science et la technologie servent de levier de
croissance au développement des deux
nations. Les deux gouvernements encouragent, à tous les niveaux, l'échange
d'expériences dans le numérique et le développement de l'intelligence
artificielle.
Bon, j'ai
donné les détails pour la première feuille de route. Je ne pourrai pas le faire
pour toutes les feuilles de route,
mais il y en a quatre autres. Je vous donne les titres : la lutte contre
les changements climatiques, l'énergie et le développement durable, il y a des objectifs très intéressants, la jeunesse,
l'éducation et le sport, une quatrième feuille de route sur la langue
française, la culture et l'innovation sociale et une cinquième feuille de route
sur l'égalité entre les hommes et les femmes.
Ce qui est
intéressant peut-être là-dessus et ce sur quoi j'aimerais entendre Mme la
ministre, c'est d'abord... parce que
j'ai donné un peu de détails sur la question de l'intelligence artificielle. Ça
m'intéresse d'autant plus que bientôt je participerai à une rencontre avec des sénateurs français et dont un de
ses sujets, de cette rencontre-là, c'est l'intelligence artificielle. C'est intéressant aussi parce que
l'intelligence artificielle pose des questions éthiques et des questions qui
vont se traduire à plus ou moins long terme par des législations. Bien sûr, la
France et le Québec ont des législations très différentes,
ont des concepts qui ne sont pas les mêmes, là, mais on est quand même au Code
civil et il y a des intérêts de part
et d'autre, comme il y en a eu d'ailleurs dans des discussions qu'on a eues sur
l'édition génomique, qui intéresse les deux
gouvernements. Alors, j'aimerais que la ministre, peut-être, nous parle un tout
petit peu de ces sujets-là. Est-ce que, dans la collaboration avec la France, cet enjeu-là s'organise, est en
train de s'organiser? J'aurai quelques questions aussi s'il nous reste
du temps.
Le Président (M. Auger) : Cinq
minutes à l'échange.
Mme St-Pierre :
Merci. C'est un sujet, évidemment, c'est un... L'intelligence artificielle, ce
sont des mots qui sont sur toutes les lèvres. Mais ce qui est clair et
reconnu sur la scène internationale, c'est que le Québec est en train de se
développer vraiment un leadership exceptionnel dans le domaine de
l'intelligence artificielle. On voit à Montréal des chercheurs qui vont vers Montréal, on voit des entreprises également
s'installer à Montréal, et nous, on croit que le Québec est vraiment
l'endroit idéal pour développer ces grandes institutions de recherche en
intelligence artificielle.
Cependant, il
y a des secteurs dans l'intelligence artificielle qui doivent également être
analysés. Je pense aux changements
dans les métiers, aux changements importants que ça va apporter dans différents
corps de métier, également sur les
questions éthiques. Il y a des questions éthiques très importantes qui se
posent dans les questions d'intelligence artificielle.
On a eu des
rencontres lors de la visite alternée à Paris, le premier ministre en a parlé,
évidemment, avec le président Macron,
en a parlé également avec le premier ministre français, mais on a eu aussi
l'occasion de rencontrer des chercheurs et aussi le député Villani. Ce qu'on veut faire au Québec, et on l'a
annoncé récemment, on veut qu'il se crée, à Montréal, l'Organisation mondiale de l'intelligence
artificielle. On a accordé un mandat à Montréal International, qui est
l'organisme accrédité pour accueillir les
organisations internationales à Montréal, pour mettre en place cet
organisme-là, et on va aller se
chercher des partenaires par la suite. Et ces partenaires-là, évidemment, on va
demander... et on a souligné à la France que ça serait fort intéressant d'avoir la France comme partenaire. Il y a
d'autres pays également, on parle d'Israël, on parle de... et tout ça pourrait donner à Montréal encore
plus d'importance sur la question de l'intelligence artificielle. Moi,
je pense que c'est un sujet — puis tout le monde le sait — qui va changer complètement nos vies. Mais
nous, nous nous sommes dit :
Bien, c'est vraiment au Québec et à Montréal plus particulièrement qu'on peut
créer ce, entre guillemets, hub mondial
de l'intelligence artificielle. On est très, très engagés et très déterminés à
faire en sorte que Montréal soit vraiment l'endroit... et c'est déjà en train de se définir dans le monde comme
étant l'endroit où se développe toute la recherche, tout ce qui touche
les droits des travailleurs, tout ce qui touche les questions éthiques et aussi
les questions, évidemment, économiques.
M. Reid :
Merci. J'ai une autre... enfin, j'ai d'autres questions. Une autre,
certainement, qui me tient à coeur et qui va vous intéresser sûrement,
Mme la ministre, c'est la question des propositions qui sont... j'aimerais
savoir les propositions qui seront portées
par le Québec et la France à l'Organisation internationale de la Francophonie,
mais en prenant soin, malgré tout, de
dire que la France et le Québec ont des valeurs communes dans l'ensemble, mais
que des fois il y a des petites
différences. Et une de ces différences-là, c'est au niveau, par exemple, de la
langue écrite, de la langue... comment
on parle et comment on dit. Je ne sais pas s'il y a une uniformisation qui se
fait ou des efforts qui se font dans ce sens-là entre nous. Parce que, tu sais, nous, au Québec, c'est assez
simple, on met tout au féminin puis on dit : Tout va bien, et de temps en temps ça crée des problèmes. Je me
rappelle, moi, comme représentant des conférences des recteurs du Québec, d'avoir demandé, à la délégation, à Mme le
chancelier des universités de Paris, qui venait se présenter comme Mme le chancelier, et de dire : C'est
curieux, au Québec, on vous appellerait Mme la chancelière, et elle a
dit : J'espère que non parce
qu'une chancelière, en France, c'est une espèce de paire de pantoufles à deux
pieds qui réchauffe les pieds. Alors,
je m'étais mis les pieds dans les plats, c'est le cas de le dire, et dans ce
sens-là, parfois, on y va de façon un peu simpliste. Mais malgré tout nous avons des valeurs extrêmement fortes au
niveau de la présence des femmes et des hommes, et quelles sont ces valeurs-là qui sont portées ou les actions qui sont
portées quand on parle de l'ensemble de la francophonie?
• (15 h 50) •
Mme St-Pierre :
Évidemment, le Québec est très fier de siéger au sein de l'Organisation
internationale de la Francophonie, et nous
travaillons très fort à faire en sorte que le Québec soit vu vraiment comme le
vaisseau amiral de la défense de la
langue française en Amérique du Nord. Et c'est vraiment avec cette... je
dirais, on arrive vraiment avec cette énergie-là au sein de
l'Organisation internationale de la Francophonie, et on nous voit comme étant
assez, je dirais, exemplaires
parce que nous ne formons que 2 % de la population en Amérique du Nord et,
malgré ce petit nombre, 2 %, nous continuons à protéger et à faire
la promotion de la langue française.
Je fais juste
un aparté, je trouve ça intéressant, l'histoire de la chancelière, parce que
j'ai vu récemment que la nouvelle
ambassadrice, Mme Isabelle Hudon, tient au titre d'ambassadrice, et je
l'ai félicitée sur les médias sociaux parce que c'est important. Nous, on y croit énormément, on le fait depuis 20
ans, mais ce n'est pas encore entré là-bas. Et je pense qu'on est capables aussi de montrer que ce
sont des termes auxquels on tient et on ne changera pas notre
personnalité parce qu'on arrive en France. J'ai vu une très belle entrevue avec
Mme Carrère d'Encausse, qui tenait à son titre, à l'Académie française,
d'académicien... C'est fini?
Le
Président (M. Auger) : Mme la ministre, c'est tout le temps que
nous avions. Nous devons poursuivre avec le premier bloc du deuxième
groupe d'opposition. M. le député de Deux-Montagnes, pour les 17 prochaines
minutes.
M. Charette : C'est gentil. Merci, M. le Président. À mon tour de revenir sur la question de la Délégation générale
du Québec à Paris. J'ai pris connaissance du
texte dans LeJournal de Montréal comme nous tous ce matin et je
dois vous avouer qu'il y a
plusieurs éléments qui m'inquiètent à la lecture de ce texte, notamment lorsqu'il est question : «Peu
importe les coûts, le Québec ne compte pas
reculer.» C'est toujours inquiétant lorsqu'il n'y a pas de balises précises.
Donc, une première question très
simple : Quel est le montant maximum que le ministère ou le gouvernement a
convenu de payer jusqu'à maintenant pour se doter d'une nouvelle
infrastructure sur le côté de Paris?
Mme St-Pierre :
Bien, si vous lisez les chiffres au PQI, c'est un projet de plus de
50 millions de dollars. Ce que je
peux dire là-dessus, c'est que la phrase «peu importe les coûts»... je
m'excuse, là, mais à un moment donné ce sont les taxes des Québécois et des Québécoises, il n'est pas question pour nous
de partir dans un exercice qui ne serait pas fait de façon rigoureuse. Tout va dépendre, évidemment, du
marché. On a vu que le marché a beaucoup évolué depuis l'année dernière, ce qui veut dire que, possiblement, la Délégation
générale du Québec va être vendue possiblement plus cher que ce qu'on
aurait pu penser, que ce qu'on aurait pu avoir l'année dernière. Il y a
vraiment... ça bouge beaucoup là-bas.
Mais, moi, ce
que je peux vous dire, c'est que ça va être fait dans toutes les normes de
rigueur budgétaire. Et, quand on est
dans un dossier d'infrastructure, on a des chiffres devant nous, on fait faire
des études, on a un dossier d'opportunité et on n'arrivera pas en disant
au premier entrepreneur pour faire les travaux, puis...
Le Président (M. Auger) : Oui,
M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Ma question était très brève, donc j'espérerais aussi des réponses très brèves.
En fait, vous ne m'avez pas rassuré,
en tout respect. Je vous demande le prix maximum, et là vous me parlez du
minimum. Le minimum, c'est ce qu'indique le PQI, c'est-à-dire
50 millions, mais est-ce que ça pourrait être 60 millions? Est-ce que
ça pourrait être 70 millions? Est-ce
que ça pourrait être 80 millions? J'imagine, comme ministère, vous vous
êtes fixé un maximum. Là, on a le
minimum. Quel serait le maximum que le ministère serait prêt à consentir pour
se doter de nouvelles infrastructures?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre :
Nous avons l'intention d'agir de façon très rigoureuse, comme je l'ai dit à
plusieurs reprises depuis le début de
cette commission parlementaire. Nous avons inscrit... c'est inscrit au PQI,
c'est 50 millions de dollars. Nous
allons vendre une bâtisse, qui est la Délégation générale du Québec à Paris, à
la fin de l'exercice. Ça va, évidemment... les chiffres... le calcul va se faire : le coût de la nouvelle Délégation
générale du Québec à Paris, incluant l'équipement multifonctionnel, moins la vente de la Délégation
générale... du bâtiment de la rue Pergolèse, donc c'est simple comme ça, là.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Charette : C'est simple,
mais pas rassurant. Vous comprendrez que les Québécois peuvent se poser des questions avec une réponse comme celle-ci. Le
maximum n'est pas identifié. Et, en immobilier, il y a un principe qui
est relativement simple, c'est-à-dire ne pas
acheter en période de bulle immobilière. Vous l'avez mentionné à plusieurs
reprises, il y a une bulle, présentement,
sur le côté de l'Europe. Quant à moi, elle n'est pas à elle seule responsable
du fait qu'on passe du simple au
double en termes de montant, comme c'était mentionné. Donc, oui, une bulle
immobilière, mais sans doute pas avec
le dos aussi large pour doubler les budgets par rapport à ce qui avait été
anticipé l'année dernière. Mais, dans tous les cas, acheter en période de bulle immobilière, ce n'est pas une bonne
idée pour une simple et bonne raison, le marché va se stabiliser, et, dans un an, deux ans, sinon
trois, les prix risquent de baisser et sans doute aussi rapidement
qu'ils ont augmenté. Donc, si éventuellement on devait payer 70 millions pour
cette nouvelle infrastructure et que, dans deux
ans, trois ans, cette valeur-là était ramenée à 50 millions, par exemple,
c'est le Québec et le ministère qui seraient grands perdants.
Donc, la
suggestion que je pourrais vous faire à ce moment-ci, c'est : ne
bousculons pas l'échéancier. Déjà que le projet semble avoir été largement modifié sur l'espace d'une année,
laissons le temps au marché de s'adapter, laissons-nous le temps d'évaluer nos besoins pour s'assurer
de payer le prix juste. Mais en n'ayant pas de maximum et en voulant
acheter en période de bulle immobilière, on a les deux facteurs pour une
catastrophe budgétaire annoncée, là, on a tous les éléments pour,
malheureusement, passer à côté d'une occasion qui ne se représentera sans doute
pas dans les mêmes conditions.
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre : C'est votre opinion, en tout respect, M. le député. Moi, ce que je peux vous dire, c'est que nos besoins ont été identifiés. La Délégation générale
du Québec à Paris que nous avons présentement a été analysée sur la pertinence
de restaurer la délégation, parce
qu'elle a quand même
besoin de restauration majeure. C'est un édifice qui date de 1960... qu'on a acheté en 1960, qui n'a eu
à peu près pas de rénovations. Quand je vous disais les
besoins, c'est compte tenu de l'accord de libre-échange Canada-Union
européenne, ça veut dire qu'on va avoir plus... on veut plus d'activités, on veut plus d'activités sur le
continent européen, et on a très bien identifié ce qu'on a besoin en termes
de mètres carrés, on a identifié ce qu'on a
besoin aussi en termes de proximité, parce qu'on se trouve un peu trop
excentriques, et la démarche va se faire de
façon très rigoureuse. Il n'y a rien qui va se faire sans avoir été analysé de
façon rigoureuse, je peux vous en
donner l'assurance. On ne se garrochera pas dans un projet qui va arriver à la
fin du processus comme étant un
projet qui va dépasser complètement les bornes. On va y aller avec les normes,
évidemment, de Paris, les normes de la France et on va travailler de
façon très rigoureuse.
Le
Président (M. Auger) : Je vais permettre une autre question et je
vous rappelle que j'équilibre le temps de la question et la réponse. M.
le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci, M. le Président. On le mentionnait, le dossier des relations internationales, c'est un dossier qui est relativement consensuel au niveau de l'Assemblée nationale, au niveau des différentes formations politiques. La suggestion
que je pourrais vous faire à ce
moment-ci, outre de ne pas bousculer,
ce serait de ne pas engager le Québec, à
quelques mois d'une élection, dans une décision qui devrait engager le prochain
gouvernement, parce
que, bien honnêtement, de notre côté, il y a de sérieuses réserves en fonction des réponses que vous nous avez fournies et des éléments qui sont contenus dans l'article.
Encore une fois, deux sources d'inquiétude de notre côté :
un budget qui ne semble pas bien
délimité et surtout une intention de vouloir acheter en période de bulle
immobilière. Mais, ceci dit, je comprends bien ce que vous mentionnez.
Au niveau des
évaluations qui sont faites, est-ce qu'il y a des dossiers ou des documents que vous seriez
prête à déposer à la commission au niveau
des évaluations de ce qu'aurait pu coûter la mise à niveau de l'actuelle
délégation versus les coûts qui
pourraient être associés à l'achat d'une nouvelle propriété? Est-ce que ce sont
des documents que vous seriez prête à déposer devant la commission?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre :
Non.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Charette : La réponse, elle
est franche et directe.
Le Président (M. Auger) : On
l'a entendue.
M. Charette : Et pourquoi non?
On parle de deniers publics, on parle d'argent... tout de même de sommes
importantes.
Mme St-Pierre : On va être très transparents sur notre démarche.
On a identifié nos besoins en termes
de mètres carrés, on sait que nous
voulons une infrastructure multidisciplinaire, nous savons que nous voulons
nous rapprocher des lieux de pouvoir, nous nous trouvons trop
excentriques, et nous voulons faire un investissement qui est pour les 25, 30 prochaines années. Alors, il n'y a
personne qui va y aller de façon excitée là-dedans. Ce qu'on va faire, c'est que, lorsque nous aurons trouvé l'endroit où nous voulons nous
installer, nous allons faire les calculs pour voir comment c'est
faisable, et, si ce ne l'est pas, si c'est complètement irresponsable de le
faire, on ne le fera pas.
Le Président (M. Auger) : M. le
député de Deux-Montagnes.
M. Charette : En tout respect, vous m'avez répondu exactement
la même chose qu'à ma question précédente. La question, elle était pourtant fort
simple : Pourquoi refuser le dépôt de pareils documents? Ce n'est
rien pour rassurer, encore une fois, le ou les contribuables qui
seraient à l'écoute cet après-midi.
Ceci dit, toujours
dans une question de gestion, j'aimerais vous amener maintenant
sur le dossier de l'OIF. Il a été aussi
question de transparence ces derniers mois. Il y a le premier ministre du Canada, qui, encore récemment, a pu visiter les bureaux de l'OIF, rencontrer sa secrétaire générale, lui exprimer le souhait d'une
plus grande transparence, également un souhait
que vous avez pu partager par le passé. Je pense que c'est le souhait qui est
partagé de tous ici. Ceci dit, la secrétaire générale, au moment de cette visite récente du premier ministre, a parlé
d'un code de la transparence qui serait proposé aux différents pays et gouvernements membres de la
Francophonie, donc, code qui serait sans doute adopté au moment du prochain sommet. Est-ce qu'à ce moment-ci ce code
ou ces intentions vous ont été partagés? Est-ce que vous avez plus d'information sur les intentions de la secrétaire
générale pour regagner peut-être la confiance qui a été ébranlée en
matière de gestion des deniers de l'OIF?
Le
Président (M. Auger) : Mme la ministre.
Mme
St-Pierre : On n'a pas vu de document, mais nous avons
signalé... signifié notre ferme intention
de faire partie du comité qui va
analyser et bâtir le code. Donc, nous allons être... enfin, c'est notre
souhait, c'est ce que nous avons demandé à l'Organisation internationale
de la Francophonie de faire partie de ce comité. Comme vous le savez, nous
avons un délégué à l'Organisation internationale de la Francophonie, et c'est
lui qui pourrait siéger sur ce comité.
• (16 heures) •
M. Charette : Parfait. Donc, la demande a été formulée, mais est-ce que
vous avez eu une réponse à ce moment-ci? Est-ce que cette présence est
garantie?
Mme St-Pierre :
À ma connaissance, on n'a pas encore eu la réponse, mais je ne pense pas que ça
va être un problème.
M. Charette : On sait que le premier ministre du Canada a
réitéré une confiance sans équivoque à la secrétaire générale. Est-ce
que cette confiance sans équivoque
est la même de votre côté? Est-ce que, pour vous, c'est un appui qui est déjà
acquis dans l'éventualité du prochain sommet? Peu importe ce que ce code dira,
et ce, peu importe quelles décisions seront
prises, est-ce qu'on peut déjà prendre pour acquis... est-ce que
vous seriez... pour acquis, c'est-à-dire
que vous seriez prête à réitérer votre confiance à l'actuelle secrétaire
générale?
Mme St-Pierre :
Bien, tout d'abord, il n'y a pas de course, c'est clair. Pour le moment, on n'a
pas de nom, il n'y a pas ni d'autre candidat ni candidate. Moi, ce que
je peux vous dire sur le travail de la secrétaire générale, c'est que
nous sommes fiers d'appuyer une Canadienne et une Québécoise qui est à la tête
de l'Organisation internationale de la Francophonie.
Sur
le plan de la gouvernance, nous avons exprimé des souhaits, nous avons été
très clairs et très transparents sur ces
souhaits concernant la gouvernance, alors, ça, c'est un aspect. Il y a
l'histoire du code, là, cette idée d'un code, donc on voit qu'il y a quelque
chose qui évolue. Ils vont travailler à l'élaboration d'un document pour faire
en sorte que ça réponde aux questionnements, qui sont très légitimes, de la
part de ceux et celles qui contribuent à l'Organisation internationale de la Francophonie. Nous faisons partie des plus
importants contributeurs, et l'argent vient des contribuables québécois, donc,
ça, c'est normal.
Pour ce qui est du
reste, bien, je pense qu'en termes d'ouverture, d'égalité entre les hommes et
les femmes, rapprochements vis-à-vis
les jeunes, il y a des choses extraordinaires qui ont été
faites au cours des dernières années, et là-dessus nous sommes très
satisfaits.
Le
Président (M. Auger) :
Désolé, je vais permettre la prochaine question, Mme la
ministre. M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette : En fait, pour rassurer peut-être
la ministre, nous sommes aussi fiers, comme Québécois
et comme Canadiens, d'avoir une
Canadienne à la tête de l'organisation de la Francophonie, mais en même temps
cette nécessité de transparence et de
bonne gestion ne doit pas être diminuée pour autant. On reconnaît qu'il y a du
bon travail qui a été fait, et là
n'est pas la question. C'est une organisation qui a toute son importance, mais
qui fait cruellement défaut lorsqu'il est question de transparence au
niveau des états financiers, notamment. Est-ce que, dans vos exigences auprès
de l'OIF, il y a celle qui voudrait que les états financiers soient dorénavant
rendus publics par l'OIF?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Nous avons fait quelques remarques sur les questions de transparence par
rapport à l'Organisation internationale
de la Francophonie. Nous ne dérogerons pas de cette volonté de faire en sorte
que l'Organisation internationale de la Francophonie soit plus
transparente par rapport à ses dépenses.
Maintenant,
c'est une organisation qui est indépendante. Nous faisons partie des plus
importants contributeurs, nous
pouvons avoir des exigences et des attentes, surtout des attentes. Et nos
attentes font en sorte que nous voulons siéger au sein du comité qui va
préparer le code de gouvernance.
Le Président
(M. Auger) : 3 min 30 s.
M. Charette :
Vous l'avez mentionné, le Québec est effectivement un des principaux
contributeurs, mais je pense que vous
n'avez pas fait erreur lorsque vous avez, au départ, mentionné «exigences». Je
pense que le mot «exigences» est plus adéquat que le mot «attentes».
Donc, je pense que, pour le Québec, qui est un des importants contributeurs de
l'organisation, exiger une reddition publique des budgets et des états de
compte ne serait pas farfelu.
Donc,
je comprends qu'il y a des attentes de votre côté. Je vous demanderais maintenant
d'avoir des exigences. Est-ce que ça pourrait être formellement une
demande que, tous ensemble, nous adressions cet après-midi à l'OIF, c'est-à-dire de rendre publics ses états
financiers année après année, ne serait-ce que pour mettre en confiance les
États contributeurs, mais également les citoyens des différents pays et
gouvernements membres sur la pertinence de cette organisation? Vous êtes convaincue de sa pertinence, je le suis, je suis
convaincu que nous les sommes tous, mais il y a des gens qui peuvent avoir des doutes, et la meilleure
façon de régler ou de mettre de côté ces
doutes-là, c'est une plus grande transparence et, minimalement, de
rendre publics les états financiers.
Mme St-Pierre : Les états financiers de l'Organisation internationale
de la Francophonie sont analysés à chaque année par... enfin, cette
année, c'était la Cour des comptes du Maroc. Il y a un comité aussi au sein de
l'Organisation internationale de la
Francophonie qui analyse les états financiers. Maintenant, nous, on demande
d'aller faire un pas de plus, c'est-à-dire de voir comment on pourrait avoir un mécanisme de reddition de comptes plus transparent, et je pense que
c'est très bien compris, le message est très bien passé. Et moi,
je suis très confiante qu'on va avoir une formule, à Erevan, qui va
satisfaire l'ensemble des membres de l'Organisation internationale de la
Francophonie.
Le Président (M. Auger) :
1 min 30 s.
M. Charette : Le compromis que l'on pourrait se proposer cet après-midi...
Je comprends que diffuser et rendre public,
ce n'est pas forcément la même chose. Est-ce que vous seriez prête à exiger
minimalement que les gens désireux de consulter,
ne serait-ce que sur place, les états financiers puissent le faire? C'est le
cas dans de petites organisations, c'est le
cas dans de grandes organisations et c'est certainement nécessaire
lorsqu'il est question d'une organisation
internationale qui est financée uniquement à
travers des contributions de pays, de gouvernements, donc, membres. Est-ce
que ça pourrait être le compromis?
Est-ce qu'on pourrait, tous ensemble, cet après-midi, exiger que, pour
ceux et celles qui le souhaitent, ne serait-ce que sur place, consulter
les états financiers en question?
Mme St-Pierre : D'abord,
les rapports annuels sont publics, ça, c'est une chose. Et évidemment il n'y a
pas d'exercice, comme on a ici, d'étude des
crédits. Il y a une commission qui siège, qui analyse les dépenses, et ce
qu'on a demandé à l'Organisation internationale de la Francophonie, c'est de se
doter d'un mécanisme plus transparent, et je pense
que le message a été très bien entendu. Et moi, je suis très confiante que,
lorsque nous allons arriver au prochain sommet de l'Organisation
internationale de la Francophonie, on va avoir un cadre très, très, très clair.
Le
Président (M. Auger) :
Merci. Ce qui met fin à ce bloc. Nous allons maintenant poursuivre avec le
deuxième bloc du gouvernement pour 15 minutes. M. le député de Saint-François.
• (16 h 10) •
M. Hardy : Merci,
M. le Président. Je tiens à saluer Mme la ministre et les gens qui l'accompagnent, mes collègues du côté gouvernemental,
du côté de l'opposition officielle et du deuxième bloc d'opposition.
Nous allons,
M. le Président, changer de continent, on s'en va à Cuba. Ça fait que je vais
regarder les relations entre le Québec et Cuba. Après les États-Unis et
le Mexique, Cuba est la troisième destination voyage en importance des Canadiens, qui représentent, par ailleurs, les
premiers visiteurs étrangers de l'île. Environ 40 % du nombre total de
touristes canadiens proviennent du Québec, soit plus de 500 000 Québécois
qui visitent Cuba à chaque année.
Par ailleurs,
les entreprises canadiennes et québécoises disposent d'un statut privilégié
auprès de Cuba, le Canada n'ayant
jamais rompu ses liens diplomatiques avec l'île alors que l'embargo économique,
commercial et financier imposé par
les États-Unis à Cuba se poursuit sous l'ère du président Trump. En parallèle,
Raúl Castro a débuté, à petits pas, un processus
de réforme de l'économie cubaine vers la... libéralisation — c'est un mot que... la langue m'a fourché un
peu dessus. Dans ce contexte, plusieurs pays tentent de se positionner sur le
marché cubain.
À l'occasion
du septième congrès du Parti communiste cubain en avril 2016, Raúl Castro a
annoncé qu'il se retirait à la fin de son mandat, annonçant une
transition politique à la tête de l'État cubain. Les 605 députés de l'Assemblée
nationale et les 1 265 délégués aux
assemblées provinciales ont obtenu l'assentiment de la majorité, soit 50 %
plus un, des citoyens de leurs
circonscriptions respectives. Les députés, dont plus de la moitié feront leur
entrée à l'Assemblée nationale, ont
désigné parmi eux, le 19 avril, les 31 membres du Conseil d'État ainsi que le
président de cet organe exécutif suprême qui succédera à Raúl Castro. Le nouveau président, Miguel Díaz-Canel,
s'est engagé à poursuivre l'actualisation du modèle économique lancé par son prédécesseur. Le
développement des relations plus soutenues entre le Québec et Cuba s'inscrit
dans la volonté de chacun de diversifier leurs partenariats internationaux
alors que le gouvernement cubain oeuvre à actualiser son système économique et
social et que le Québec souhaite renforcer sa capacité d'action et d'influence internationale. La première mission du premier ministre du Québec à Cuba, en septembre 2016, a permis d'établir
des liens directs avec les plus hauts
dirigeants du pays, en plus de stimuler les relations économiques
et d'appuyer les démarches d'entreprises
québécoises. La ministre
des Relations internationales a signé
à cette occasion une déclaration
commune de coopération, et, dans cet esprit,
un premier appel de projets de coopération Québec-Cuba a été lancé. Je
reviendrai sur ce sujet dans quelques instants.
En février
dernier, la ministre des Relations internationales effectuait une nouvelle
mission à Cuba à l'occasion de la
Foire internationale du livre de La Havane, accompagnée de 32 auteurs, éditeurs
et artistes québécois. Cette mission a permis
également de consolider les relations politiques avec Cuba et de poursuivre les
démarches visant l'ouverture de notre représentation
à La Havane. Le Bureau du Québec à La Havane a débuté ses opérations
en septembre 2017. La ministre
a effectué une mission à Cuba afin de
procéder à l'inauguration officielle du bureau. Je vous vois ici en coupant le
ruban, accompagnée de
Mme Paquette-Côté, qui est la directrice générale, je crois, de la
maison... du bureau de Cuba. Et puis, disons, selon elle, selon
Mme Paquette-Côté, plusieurs secteurs sont prometteurs, tels que les
transports, les énergies renouvelables et
l'agroalimentaire, un domaine où il existe une forte demande, notamment
pour approvisionner le marché touristique
cubain. Et puis ce bureau-là a commencé ses activités le 6 septembre 2017
avec l'arrivée en poste de Mme Paquette à titre de directrice, que
vous aviez déjà mentionné dans un communiqué.
La présence
du Bureau du Québec à La Havane, comme je vous ai dit, a débuté
ses opérations en septembre 2017. Quand vous êtes allée à Cuba, vous
vous êtes entretenue avec de nombreux partenaires cubains d'importance, dont le
ministre du Commerce extérieur et l'Investissement étranger, M. Rodrigo
Malmierca Díaz, au sujet de la mise en oeuvre de la Déclaration commune de coopération Québec-Cuba.
La présence du Québec à Cuba permet de poursuivre le développement d'un réseau de partenaires
influents, de saisir les opportunités d'identifier plus facilement les niches
de collaboration intéressantes. Ici, je regardais dans un communiqué que les
affaires sont très bonnes. Disons que Terracam, une filiale cubaine du Groupe Lussier, a augmenté son chiffre
d'affaires de 100 % dans les
cinq derniers mois et contribue pour 10 % à un chiffre d'affaires
de 200 millions de dollars pour l'entreprise de Sainte-Julie, au Québec,
donc c'est bien.
Et aussi, en novembre dernier, le Québec est
devenu la seule province à ouvrir un bureau à La Havane. Sa représentante,
Mme Paquette-Côté, priorise le commerce et les investissements, mais ne
néglige pas pour autant les échanges culturels entre Québec et Cuba.
Donc, comme
j'indiquais plus tôt, il y a eu des appels de projets pour Québec-Cuba. L'appel
de projets a été lancé le 1er
novembre dernier lors de la mission de la ministre à La Havane et à
l'occasion de l'inauguration officielle du Bureau du Québec à La Havane. Il s'agit là du
deuxième appel de projets pour Québec-Cuba. À la suite de discussions avec
les parties cubaines, il a été convenu que
cette édition sera ouverte à tous les secteurs, en accordant une priorité à
ceux ciblés par la Déclaration
commune de coopération Québec-Cuba. On parle de recherche, de science,
d'innovation, de développement durable, etc. Il me reste combien de
temps, monsieur?
Le Président (M. Auger) : Huit
minutes.
M. Hardy :
Huit minutes. Ayant pris fin le 22 décembre 2017, l'appel de projets a suscité
le dépôt de 20 dossiers, dont 16 ont
retenu l'attention des évaluateurs de par leur qualité et la possibilité de
retombées concrètes qu'ils représentaient. Les critères d'évaluation sur
lesquels s'est appuyé le comité conjoint sont les suivants : premièrement,
renforcer les échanges institutionnels entre
Québec et Cuba, encourager le partage des expertises et le développement de
partenaires durables, favoriser une
connaissance et une compréhension plus fine des deux sociétés, augmenter la
mobilité internationale des travailleurs, des jeunes, des chercheurs,
des entrepreneurs, des artistes et des étudiants. En outre, une attention particulière a été accordée aux principes québécois
de développement durable ainsi qu'à la réalisation d'au moins une priorité de la politique internationale du Québec.
Donc, les 16 projets qui ont été retenus, je les ai ici, mais là, moi, je
n'en ferai pas la nomenclature. Si vous voulez le faire, Mme la ministre, vous
pourriez le faire.
Donc, M. le Président, j'aimerais demander à Mme la
ministre d'élaborer peut-être
encore un petit peu plus sur la relation Québec-Cuba. Et pouvez-vous
nous donner des exemples concrets de collaboration entre Québec et Cuba?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, en vous rappelant qu'il reste six minutes au bloc d'échange.
Mme St-Pierre : Oui. Merci beaucoup. C'est un sujet qui, évidemment,
m'allume énormément, parce
que cette idée d'avoir un bureau à
Cuba, je la caressais et je me disais : Saisissons l'occasion. Les
relations diplomatiques avec les États-Unis avaient été rétablies, et, comme il y a énormément
de Québécois qui vont à Cuba à chaque année, il y a une relation qui s'est établie depuis des années et des années avec cette
île. Et je pense qu'il y a aussi des
secteurs pour lesquels on peut avoir
une excellente collaboration. Vous en avez mentionné quelques-uns, dont
l'agroalimentaire. Notre modèle coopératif au Québec les intéresse
énormément.
Il y a aussi toute la question du tourisme. On
le sait, c'est une île qui accueille énormément de touristes, et il y a eu un accord — vous me demandiez des exemples — avec notre institut d'hôtellerie et du
tourisme et l'équivalent là-bas pour faire de la formation dans le
domaine touristique. Alors, ça, c'est un secteur qui a vraiment énormément d'avenir et qui peut être développé facilement. Je
pense aussi que la relation, elle s'est établie assez rapidement. On a
pu faire les premières démarches il y a à
peine deux ans, et déjà on a notre représentation là-bas. On a eu l'aide,
évidemment, du gouvernement fédéral, et nous
sommes établis dans l'ambassade du Canada là-bas. Cependant, nous voulons, bien
sûr, faire nos choses à notre manière et
développer des créneaux : agroalimentaire — notre mouvement coopératif les
intéresse énormément — le
secteur du tourisme.
Vous avez
parlé de Terracam. C'est une entreprise qui fait affaire avec l'île depuis 20
ans, une vingtaine d'années. C'est
une entreprise qui fait du recyclage de camions, d'autobus et d'ambulances et
c'est une entreprise qui a établi une très
belle relation là-bas, mais avec l'ouverture que nous avons eue, l'ouverture du
bureau, on a vu que — Mme Lussier l'a dit d'ailleurs dans un reportage récemment — leur
chiffre d'affaires a augmenté. Ils ont ouvert un bureau officiellement là-bas. Ils veulent aller dans le port de Mariel
ouvrir un équipement où ils vont amener des pièces de rechange, puis ça peut être comme un endroit qui serait peut-être
comme un garage où ils pourront aller faire des réparations mécaniques.
• (16 h 20) •
Donc, il y a
des choses vraiment intéressantes qui se font. Je pense que c'est quelque chose
qui va s'établir en profondeur. Mais,
bien sûr, le régime reste un régime qui s'en va vers une économie plus
socialiste. Ils n'iront pas vers... je
ne pense pas qu'ils vont aller vers une économie capitaliste, mais ils sont en
forme... il y a des grands changements qui s'opèrent dans l'île. C'est une population très éduquée, c'est une
population, dans le domaine des sciences de la santé, qui... c'est ça, c'est un endroit, dans le domaine
des sciences de la santé, qui est très avancé, dans le domaine de la
recherche, aussi, scientifique, notamment en
neurologie. On a fait des ententes avec l'institut de neurologie là-bas, il y a
des ententes de coopération en
recherche. Donc, c'est très intéressant, ce n'est pas loin, il y a des petites
et moyennes entreprises ici qui peuvent
développer des créneaux là-bas. C'est clair que l'embargo est toujours un frein
énorme parce que l'embargo peut vouloir
dire, pour des entreprises, d'avoir des représailles si elles vont faire
affaire, par exemple, sur le territoire américain, mais il y a beaucoup de petites et moyennes
entreprises au Québec qui manifestent leur intérêt. Alors, je pense que
c'est une bonne chose, et le fait d'avoir
notre présence concrètement là-bas, ça envoie un excellent message aussi non
seulement aux autorités gouvernementales
là-bas, mais aussi aux entreprises ici qui veulent un accompagnement. Ça veut
dire qu'il y a
un numéro de téléphone et une adresse, il y a des gens qui peuvent les aider,
des gens qui peuvent les guider. Je pense que j'ai pas mal fait mon...
Le Président (M. Auger) : Deux
minutes.
M. Hardy :
J'ai peut-être une autre petite question d'intérêt... La sécurité des gens, de
nos gens qui sont là-bas, il n'y a
aucun problème? Parce qu'il y a eu, disons, des décibels, là, que les... pour
les oreilles, l'ambassade a rappelé ses gens. Est-ce que les gens sont
revenus ici?
Mme St-Pierre :
C'est la même situation pour nous. Notre représentante, puisqu'elle avait une
famille, des enfants et un époux
là-bas, elle a été également rappelée. Elle va cependant y aller de temps en
temps comme représentante, mais elle
a été rapatriée, puisque c'est maintenant un poste... ce sont des postes sans
accompagnement. Alors, le gouvernement fédéral...
le gouvernement canadien n'a pas fermé l'ambassade, mais il a décrété que les
diplomates là-bas, ce sont des diplomates qui sont... on appelle ça «non
accompagnés». Donc, les autorités cubaines collaborent à l'enquête sur ce phénomène, ce qui s'est produit. Donc, nous, ce
qu'on va faire, c'est que, pour les prochains mois, notre représentante
va y aller de façon ponctuelle, et ensuite
on va recruter quelqu'un qui va accepter d'y aller en étant non accompagné.
Mais on ne fermera pas notre bureau, on va essayer de faire des embauches, de
recruter des locaux là-bas.
M. Hardy : Merci, Mme la
ministre.
Le Président (M. Auger) : Il
resterait une minute. On peut la reporter au prochain bloc.
M. Hardy : Vous pouvez la
reporter.
Le
Président (M. Auger) : Avec plaisir. Donc, deuxième bloc de
l'opposition officielle pour 15 min 30 s.
M. le député de Verchères.
M. Bergeron : Si vous
me le permettez, M. le Président, je vais poursuivre sur le point qui, à la
toute fin, a retenu l'attention de
notre collègue du deuxième groupe de l'opposition, c'est-à-dire la direction de
l'Organisation internationale de la
Francophonie, mais sous un angle un peu différent. Comme vous le savez,
l'Afrique est le continent émergent. C'est le continent émergent à plusieurs égards, sur le plan démographique. C'est
le continent émergent pour l'avenir de la langue française à travers le monde. C'est le continent émergent sur le plan
économique, compte tenu des ressources considérables que recèle le
continent. Et donc il faut investir énormément de nos efforts, de nos énergies
vers l'Afrique.
Or, on se
souviendra qu'au moment de la nomination de Michaëlle Jean, l'Afrique
considérait qu'il aurait... qu'elle aurait
dû... les pays africains considéraient qu'ils auraient dû... qu'il aurait été de mise, à tout le moins, que le prochain ou la
prochaine secrétaire générale de
l'OIF soit originaire du continent.
Par un jeu de tractation sur lequel je ne peux pas m'épancher ici, on en est venu à la nomination
de Michaëlle Jean. Sa nomination a et continue de faire grincer des dents
en Afrique, on l'a vu, là, dans un reportage
récent, où on estime que la désaffection, que la perte d'influence de l'OIF
lui est directement imputable, entre autres de par sa gestion pour le moins
erratique, opaque et par ses frasques dépensières.
On se
retrouvera éventuellement dans une situation où il nous faudra prendre une
décision pour la suite au niveau de l'OIF. Comme mon collègue
l'évoquait, le gouvernement du Canada a fermement pris fait et cause en faveur
du renouvellement du mandat de l'actuelle
secrétaire générale. Dans l'intérêt de l'organisation, dans l'intérêt des
relations du Québec avec l'Afrique, ne serait-il pas de mise de réévaluer
l'appui que le Québec a pu donner à la candidature de Michaëlle Jean
lorsque viendra le temps de renouveler son mandat?
Mme St-Pierre :
Nous continuons de donner notre appui à la secrétaire générale parce que, sur
différents sujets concernant l'Organisation internationale de la
Francophonie, les choses ont progressé. Moi, je pense à toute la notion d'égalité hommes-femmes. L'arrivée d'une femme à
la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie a envoyé un
message très puissant aux femmes de la francophonie.
Deuxièmement,
si on regarde la question de rapprochement, également, avec les jeunes, les
jeunes se sentent... Mme la
secrétaire générale est très sur le terrain et va vraiment... et elle est très
ouverte aux projets des jeunes, à ce que les jeunes amènent comme énergie à l'Organisation internationale de la
Francophonie. Je peux vous dire, sur le plan de la...
M. Bergeron : ...voyager par
grand voilier à nos frais, oui, en fait, entre autres.
Mme St-Pierre :
Ce que je peux vous dire, par contre, sur la question de l'administration, on a
remarqué... on a vu des choses pour
lesquelles on s'est dit : Bien, il faudrait peut-être aussi changer la
façon de rendre publiques certaines dépenses.
Et il y a des redditions de comptes qui se font, il y a des commissions, nous
siégeons sur les commissions. Mais ce qu'on
souhaite, et on l'a dit clairement, puis on l'a dit publiquement, puis on ne se
dédit pas là-dessus, nous souhaitons qu'il y ait peut-être une nouvelle façon de faire, une nouvelle approche, un
nouveau modèle et nous sommes très disposés à aider l'Organisation
internationale de la Francophonie dans ce sens.
Pour
ce qui est de la question que vous avez posée dans votre préambule, vous avez
parlé de l'accession de Mme Jean
à la tête de l'Organisation internationale de la Francophonie, je vous rappelle
que les pays africains n'avaient pas de
candidature commune, et c'est comme... et il y a eu des débats. C'est un
consensus autour de la table. Le consensus s'est fait autour de la secrétaire générale, et on
a fait campagne en sa faveur. On a vu un ancien premier ministre du
Québec qui est allé en France faire campagne
contre une Québécoise, contre une Canadienne pour cette accession à
l'Organisation internationale de la
Francophonie. Nous, nous continuons d'appuyer une Québécoise à la tête de
l'Organisation internationale de la
Francophonie. Et cependant nous avons été très clairs sur comment nous voulons
que... sur la question de la gestion, la façon de faire pour peut-être
adopter un autre modèle.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Verchères.
M.
Bergeron : Est-ce que je comprends... très rapidement, parce qu'on
n'épiloguera pas indéfiniment sur cette question-là, mais est-ce que je dois comprendre de votre réponse
qu'advenant... quand viendra le temps de renouveler le mandat de la secrétaire générale de l'OIF, compte
tenu des critiques qui lui sont adressées dans le continent africain, si
les pays membres de l'OIF du continent
africain devaient s'entendre sur une candidature commune, vous
continueriez d'appuyer, malgré tout, la
candidature de Michaëlle Jean contre ce candidat commun ou cette candidature commune
du continent africain pour le secrétariat général de l'OIF?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Vous interprétez mes paroles. Tout d'abord, la question ne se pose pas parce
qu'il n'y a pas de course à la direction
de l'Organisation internationale de la Francophonie. Et ce que je peux vous
dire là-dessus, c'est qu'à la fin...
je vais utiliser un anglicisme, à la fin de la journée, tout se fait par
consensus, il n'y a pas de vote à l'Organisation internationale de la
Francophonie. Lorsque le sommet a lieu, il y a trois étapes au sommet : il
y a les sherpas qui se rencontrent, il y a
les ministres responsables du dossier de la francophonie et il y a les chefs
d'État et de gouvernement, et c'est comme ça que ça fonctionne, et ça se
termine par un consensus. Il y a eu un consensus, la France s'est jointe à ce
consensus autour de Mme Jean lors du sommet de Dakar. Et les choses se
font par consensus. Ce n'est pas une...
M. Bergeron :
Si le continent africain, lors d'une prochaine nomination, devait arriver avec
une candidature commune, ce que vous nous
dites, c'est que vous continueriez d'appuyer la candidature de Michaëlle Jean,
à ce moment-là.
Mme St-Pierre :
On va continuer des discussions. Pour nous, c'est clair que la secrétaire
générale fait un travail très
important, et le message auprès des femmes, le message sur l'égalité entre les
hommes et les femmes, moi, je le trouve fort. Et d'avoir une femme à la tête de l'Organisation internationale de
la Francophonie, ça envoyait un message puissant aux femmes, pas uniquement les femmes canadiennes, pas uniquement les
femmes françaises, mais également les femmes africaines.
M. Bergeron :
Si les pays africains devaient arriver avec une candidature féminine?
Mme St-Pierre :
Vous êtes dans les hypothèses, les hypothèses, les hypothèses. Ce que je peux
vous dire, c'est que, pour le moment, la question ne se pose pas, puis
on va voir la suite des choses.
Le Président
(M. Auger) : 7 min 45 s.
M. Bergeron :
Puisqu'il est question d'Afrique, l'année dernière, lors de l'étude des
crédits, vous nous avez dit que la délégation à Dakar était la tête de
pont de la représentation du Québec en Afrique. Entre-temps, vous avez ouvert à
Abidjan. Est-ce qu'il y a d'autres projets
sous peu? Parce que vous nous avez donné la liste — je m'excuse, je n'ai pas eu le temps de la prendre en note — vous nous avez parlé d'Hanoi, Guadalajara,
mais il n'y avait pas d'autres villes africaines, à ce que j'ai compris.
• (16 h 30) •
Mme St-Pierre :
Oui, on s'en va en Afrique du Nord, au Maroc très prochainement. On est en
discussion avec le gouvernement marocain. Les discussions vont très
bien, et très prochainement on va ouvrir un bureau à Rabat.
M. Bergeron : À Rabat. Donc, Rabat, Hanoi, Guadalajara, puis il y avait
quoi aussi? Est-ce que c'est les seules qui sont prévues, en termes
d'ouvertures? Vous avez donné la liste tout à l'heure, je n'ai juste pas eu le
temps de la prendre en note.
Mme St-Pierre :
Il y a Tel-Aviv... Tel-Aviv, Singapour. En fait, on change un peu... on s'en va
dans tous les continents, là, mais, si on
reste sur le continent africain, ça sera trois représentations. On souhaite que
Dakar devienne une délégation générale, bureau à Abidjan et bureau en
Afrique du Nord, au Maroc.
M. Bergeron :
Excellent. Pendant qu'on met beaucoup d'emphase sur l'Afrique, on constate qu'il
y a une apparente désaffection à l'égard de
l'Asie. Il y a eu fermeture du bureau de Hong Kong, et on
constate que les budgets pour l'Asie
sont au plus bas. On prend l'exemple du bureau de Tokyo, qui a vu son budget
diminuer de 10 % — et vous avez à côté de vous quelqu'un qui est particulièrement intéressé par ce
qu'il se passe à Tokyo — comment est-ce qu'on peut expliquer ça?
Mme St-Pierre :
Les budgets sont établis en fonction de comment on veut... en fonction de nos
priorités, mais aussi en fonction de
notre agilité. Si on décide d'ouvrir à un endroit... bien, c'est-à-dire, il
faut être capables de le financer, et
je pense que, si Tokyo... Tokyo fait un excellent travail et Tokyo est capable
de faire le travail avec le budget qu'on lui accorde.
Il y a aussi... il peut y avoir des fluctuations
par rapport au taux de change, là. Peut-être que M. le... mon
sous-ministre... pas mon sous-ministre, mais le sous-ministre pourrait en dire
davantage, si vous le... C'est M. Robert Keating.
Le
Président (M. Auger) : J'ai besoin d'un consentement. Est-ce
qu'il y a consentement pour l'intervention? Consentement. Votre nom,
votre titre, et par la suite vous pourrez continuer la réponse.
M. Keating
(Robert) : Bonjour, M. le Président. Robert Keating, je suis
sous-ministre au ministère des Relations internationales et de la
Francophonie.
Dans le cas
de Tokyo, il faut... vous avez absolument raison, Mme la ministre, il y a des
questions de devises, alors, ça,
c'est un élément, et aussi un renouvellement du personnel à Tokyo. Il y avait
beaucoup de gens qui étaient là depuis
de très nombreuses années. J'ai connu un attaché commercial qui était là depuis
25 ans, M. Inagaki, qui a quitté ses
fonctions. Alors, vous voyez, donc, on rajeunit le personnel, mais
automatiquement on diminue les salaires aussi. Donc, cette diminution
vient tenir compte du fait que le personnel est beaucoup plus jeune à l'heure
actuelle, donc on paie moins de salaires.
M. Bergeron :
La ministre avait commencé sa réponse en disant «en fonction de nos priorités».
Je comprends donc que l'Asie n'est pas moins prioritaire pour le gouvernement?
Mme St-Pierre :
L'Asie est tout à fait prioritaire, puisqu'on veut ouvrir à Singapour, on ouvre
au Viêt Nam également. Alors, c'est l'Asie, là.
M. Bergeron :
C'est bon. Je vais revenir sur le cas des infirmières françaises qui se sont
installées au Québec avant
2014. On a longuement échangé, l'année dernière, sur cette question. Que je
sache, il y a bien peu de choses qui, depuis un an, ont évolué. Il y a
encore un certain nombre d'institutions hospitalières qui se traînent les pieds
dans ce dossier-là. Le ministre Barrette a
dit... le ministre de la Santé — pardon, M. le Président — a dit, en décembre dernier, qu'il renvoyait la balle... en fait, il a renvoyé la balle dans le camp
des hôpitaux, peu étonnant, mais ce qu'on nous dit, du côté des hôpitaux, c'est que, si on n'a pas les
ressources additionnelles requises pour augmenter la rémunération, on ne
peut pas augmenter la rémunération. Alors,
c'est un peu le jeu du chat et de la souris ou de l'oeuf ou la poule. Est-ce
que ça relève du ministère de la Santé et
des Services sociaux, est-ce que ça relève des hôpitaux ou est-ce que ça ne
relève pas d'une volonté politique du
gouvernement de régler une situation qui a été signalée à son attention par
l'ex-premier ministre Valls, par l'ex-président Hollande? Quand est-ce
qu'on va finir par régler ce dossier-là?
Mme St-Pierre :
Bien, le message a été clair, c'est les établissements qui doivent rétablir la
situation, puis les établissements
doivent le faire dans leur cadre budgétaire. Alors, la décision ne relève pas
de nous, mais la décision relève des
établissements. Nous, ce que nous encourageons, c'est que les établissements
puissent donner, évidemment, le maximum. Ces établissements-là ont des
décisions à prendre, et la décision revient aux établissements.
Pour ce qui est des...
M. Bergeron :
C'est une question de volonté politique, je suis désolé, là. Je veux dire,
maintenant qu'on est dans les plaines verdoyantes puis qu'on n'est plus dans l'austérité, on ne
peut pas simplement renvoyer la question aux hôpitaux puis dire :
Arrangez-vous avec les budgets que vous avez. Ils sont déjà insuffisants, les
budgets de nos institutions hospitalières, vous le savez, et là ça nous fait
mal paraître à l'égard de nos amis français, qui vous ont fait le message à deux reprises à travers l'ex-premier ministre
Valls, à travers l'ex-premier ministre Hollande. Il va falloir qu'on
règle ça puis qu'on arrête d'en parler à
chaque étude de crédits année après année. Est-ce que c'est un problème...
On en parlait également concernant les médecins, concernant les
vétérinaires. Est-ce que c'est simplement un problème corporatif qu'il faudra qu'on règle à travers... de
façon législative? Je vous ai
offert, à cet égard, ma collaboration l'année dernière. Je vous réitère ma collaboration. Mais il faut
qu'on cesse de parler de ce dossier-là année
après année puis qu'on le
règle une fois pour toutes.
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, 1 min 30 s.
Mme St-Pierre :
Bien, c'est un sujet, tout d'abord, qui n'a pas été abordé... Je n'étais pas
présente lors de la rencontre entre M. le premier ministre et M. Macron, mais j'étais présente lors de
la rencontre avec M. le premier
ministre français, et cette question-là n'a pas été
abordée. Alors, lorsque vous dites que la question est continuellement
abordée, elle n'est pas abordée. Nous, ce que nous avons dit, c'est que les...
M. Bergeron : Le
premier ministre Valls l'avait abordé lors de son voyage.
Mme St-Pierre :
Oui, ça, je m'en souviens très bien.
M. Bergeron :
Absolument.
Mme St-Pierre : Mais ce que je vous dis, c'est que nous, nous
avons donné le message. J'ai envoyé le message aux établissements de faire en sorte que les infirmières françaises
soient traitées sur le même pied d'égalité que les infirmières québécoises
en ce qui regarde leur scolarité. Maintenant, il y a
des conventions collectives, et je pense que ça relève des conventions collectives. Et, si un employé se sent lésé dans son milieu de travail par rapport à ses conditions financières, j'ai été moi-même assez longtemps une déléguée syndicale pour savoir qu'il y a des moyens qui peuvent être utilisés
pour aller faire valoir ses droits.
Le Président (M. Auger) :
30 secondes.
M. Bergeron :
Vous le reportez.
Le Président (M. Auger) : On va
le reporter, bien sûr. Donc, troisième bloc du gouvernement. M. le député
d'Ungava, pour 15 minutes.
M. Boucher : Alors, merci
beaucoup, M. le Président. Bon après-midi ou bonne fin d'après-midi à Mme la ministre. Je peux vous dire que partout où vous
passez, Mme la ministre, vous nous rendez fiers de vous, puis c'est
toujours un plaisir de lire de vos nouvelles
et de vous suivre, là, soit à travers l'actualité ou sur Facebook. Pour moi,
c'est un plaisir et un honneur de siéger au côté de vous.
Ceci étant
dit, je vais vous parler d'un dossier qui me tient à coeur, la jeunesse,
premièrement parce que je suis jeune,
moi-même. Pas si mal, presque personne n'a ri, donc ça a bien passé, c'est bien
parti. Mais plus sérieusement, vous savez,
souvent, dans les nouvelles, ou dans les discussions, ou, peu importe, dans les
journaux, il y a des tendances parfois à
désaffecter ou rejeter la jeunesse, hein? La jeunesse, quand on... Moi, j'ai
toujours pour mon dire, quand on commence à dire que c'était bien mieux dans mon temps, c'est peut-être parce
qu'on commence à être vieux. Juger la jeunesse, «ils ne sont pas comme ci, ils sont trop comme ça»...
Personnellement, je trouve que les jeunes d'aujourd'hui sont éveillés, cultivés, renseignés, innovateurs, puis je suis
plein d'admiration pour eux autres, puis je pense qu'on doit être là pour
leur donner un petit coup de main puis peut-être, des fois, juste la petite
poussée qu'ils ont besoin, là, pour atteindre leurs objectifs.
Moi, dans mon
comté, la jeunesse, c'est important. Vous savez que, bon, le comté d'Ungava, ce
n'est pas un gros secret, la
communauté crie, inuite et la communauté des Jamésiens... chez les Cris et les
Inuits, 60 % de la population a en bas de 25 ans, donc la pyramide des âges est complètement inversée
par rapport au reste du Québec. C'est tous des jeunes, là, qui se prennent en main, qui sont innovateurs,
des jeunes leaders de demain, qu'on peut dire. Et puis, à travers ça,
bien, le gouvernement du Québec a adopté des
politiques, là, bon, qui ne s'appliquent pas seulement aux jeunes du Nord,
vous allez me dire, mais qui sont quand même...
les jeunes du Nord sont quand même inclus dans ça, une politique, bon,
pour avoir des objectifs autour de la jeunesse.
J'aimerais,
Mme la ministre, dans un premier temps, que vous me décriviez un peu... Bon,
concernant l'entrepreneuriat, par
exemple, on parle d'encourager la culture entrepreneuriale chez les jeunes,
soutenir le démarrage d'entreprises
par des jeunes, faciliter la reprise d'entreprise. Puis c'est souvent un
problème, Mme la ministre, bon, parfois, le père ou, en tout cas, la personne, le propriétaire de l'entreprise a
son garçon, ou sa fille, ou ses garçons, ou ses filles qui vont
reprendre la relève, mais parfois il y a des entreprises où il n'y a pas de
relève. Et puis c'est arrivé de voir des entreprises
qui étaient quand même florissantes puis qui doivent carrément procéder à la
fermeture parce que le propriétaire décide
que, bon, c'en est assez pour lui, là, il veut prendre une retraite bien
méritée puis il ne réussit pas à passer la main, souvent, à un jeune qui ne demanderait pas mieux, mais qui n'a peut-être
pas les outils pour le faire. Donc, faciliter la reprise d'entreprise, c'est quelque chose d'important, soutenir, bon,
les jeunes entrepreneurs agricoles aussi puis faciliter l'accès des jeunes aux lieux décisionnels pour
préparer la relève. On a des programmes... bon, qu'on parle du programme
Créneau carrefour jeunesse, le Défi
OSEntreprendre, ça... pardon, que je soutiens, d'ailleurs, à travers mon
soutien à l'action bénévole dans mon
coin, chez nous, qui s'adresse autant à des jeunes du primaire, secondaire,
aller jusqu'à l'université, que de
jeunes entrepreneurs qui veulent démarrer leur entreprise puis en faire leur
gagne-pain puis leur milieu de travail, la Fondation de l'entrepreneurship, le Regroupement des jeunes chambres de
commerce et puis, en terminant, Les Offices jeunesse internationaux du
Québec.
Alors,
parlez-moi de ça un petit peu, là, les politiques du gouvernement par rapport
aux jeunes puis pour venir en aide aux jeunes.
• (16 h 40) •
Mme St-Pierre :
Bien, je suis très contente d'aborder ce sujet parce que la jeunesse est une
partie importante de l'action du
ministère des Relations internationales et de la Francophonie. Nous avons Les
Offices jeunesse — M. Robitaille est ici, puis je vais peut-être, si vous me permettez, lui passer la
parole pour expliquer comment, vraiment, on se déploie et on se développe davantage dans ce
secteur-là — et il y
a aussi, également, les programmes de Québec sans frontières, qui sont des stages de coopération internationale
qui sont accordés à des jeunes qui veulent aller dans des pays émergents
pour aller chercher une expérience puis
aussi apporter leur expertise. Donc, ça, c'est fort intéressant. Moi, ce que je
vous dis, c'est qu'il y a vraiment un engouement très fort.
L'Office
franco-québécois pour la jeunesse célèbre ses 50 ans cette année. J'ai été
moi-même une stagiaire de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse dans mon jeune temps, et c'est une expérience
qui est extraordinaire parce que ça
ouvre les horizons. Et aujourd'hui il y a un appétit pour les relations
internationales, il y a un appétit pour l'international, les jeunes ne voient plus
de frontières. Et évidemment nous, on se dit : Bien, il faut offrir le
plus possible... Et l'organisation que
dirige M. Robitaille, bien, c'est une organisation qui est capable de
s'adapter facilement aux changements, les nouvelles technologies, l'innovation. Les jeunes, les
entrepreneurs, les étudiants, les artistes, également ceux et celles qui
décrochent et qui ne voient plus d'avenir
devant eux, bien, on a aussi la possibilité de les amener dans des expériences
qui vont les remettre peut-être — et même, on voit de très,
très beaux succès — dans
le droit chemin.
Alors, on a
développé, au fil des ans... et ça, c'est indépendamment, là, des
gouvernements, il y a eu une volonté de vraiment enrichir l'offre jeunesse. Et nous, on a décidé d'accélérer,
d'en donner encore plus parce que c'est tellement, tellement, tellement enrichissant. Et il y a un
volet aussi qu'on a décidé d'aborder parce que c'est dans l'air du
temps, c'est-à-dire on entend beaucoup
parler, dans l'actualité, de toutes les questions #metoo, agressions sexuelles,
harcèlement sexuel, et on veut que les
jeunes qu'on envoie en stage soient aussi accompagnés sur ces questions-là. Et
on va mettre des mécanismes en place
pour qu'ils aient des outils, s'il arrive des problèmes, des situations, pour
qu'ils aient des outils pour être
capables d'immédiatement dénoncer. Et nous, on aura les ressources pour les
accompagner s'il arrive des situations comme celles-là.
Est-ce que vous permettriez que je donne la
parole à notre...
Le
Président (M. Auger) : Avec consentement. J'ai besoin d'un
consentement. Est-ce qu'il y a consentement pour l'intervention?
Consentement. Votre nom, votre titre, et par la suite vous pourrez continuer la
réponse.
M. Robitaille
(Michel) : Oui. Michel
Robitaille, président-directeur général des Offices jeunesse
internationaux du Québec.
Alors, comme la ministre l'a dit, Les Offices
jeunesse internationaux du Québec ont une progression assez fulgurante depuis quelques années. L'an dernier,
on a permis à 4 720 jeunes Québécois, Québécoises d'aller dans 92
pays, et on note une augmentation marquée de
jeunes entrepreneurs. Par exemple, il y a une politique gouvernementale maintenant qui demande, lors de missions
commerciales du premier ministre ou de ministres, d'avoir au moins 10 %
de jeunes qui sont âgés de 35 ans ou moins, donc beaucoup d'entrepreneurs.
On a parlé de Cuba tout à l'heure. À Cuba, notamment, on a envoyé une
délégation de jeunes entrepreneurs.
Également,
nous avons organisé, l'an dernier, la Grande rencontre des jeunes entrepreneurs
du monde francophone, en collaboration avec la Jeune Chambre de commerce
de Montréal, où on a réuni 600 jeunes entrepreneurs pour du maillage, pour que les jeunes — on avait une délégation de 102 jeunes
entrepreneurs provenant de 21 pays de la francophonie — puissent
découvrir le tissu entrepreneurial du Québec afin de favoriser les maillages. À
partir de cette rencontre-là, on a
identifié une opportunité pour des femmes entrepreneures, alors on a envoyé une
douzaine de femmes entrepreneures en
Roumanie pour assister à une grande rencontre des femmes entrepreneures de la
francophonie. Donc, c'est quelque chose de permanent dans nos priorités.
Et avec la
loi n° 139 qui a été adoptée juste avant les fêtes, on commence une
mobilité interprovinciale et intra-Québec
qui vient ajouter des opportunités en mobilité aux jeunes, parce que, jusqu'à
l'adoption de cette loi, nous ne faisions que de la mobilité internationale, mais il y a des grandes opportunités
également dans les autres provinces canadiennes au niveau de
l'entrepreneuriat et des autres secteurs également. Et même rapprocher des jeunes
qui sont, par exemple, à Sept-Îles qui
voudraient aller à une foire commerciale en Abitibi, on sait, ça coûte plus
cher que partir de Montréal, aller à Paris. Donc, notre volonté, c'est
vraiment de favoriser l'expansion et les échanges en matière d'entrepreneuriat,
et la mobilité internationale est souvent source de naissance d'entreprises.
On parle
beaucoup de Nicolas Duvernois depuis quelque temps, et Nicolas Duvernois a fait
son premier voyage avec nous en
France lorsqu'il pensait à créer, donc, sa compagnie Pur Vodka, vous
connaissez. Et on pourrait en nommer plusieurs
autres, de jeunes entrepreneurs qui sont allés voir les meilleures pratiques
dans leurs secteurs, beaucoup dans l'agroalimentaire,
on l'a vu dans les microbrasseries, par exemple, avec la mobilité avec la
Belgique il y a quelques années. Alors,
ces partenariats qui sont créés viennent favoriser l'éclosion de nouvelles
compagnies, de partenariats parce que, lors de la Grande rencontre des jeunes entrepreneurs du monde francophone, on
a créé un réseau, un cyberréseau de jeunes entrepreneurs pour continuer,
malgré des distances, à établir ces partenariats-là et surtout à créer des
alliances.
Donc, c'est notre objectif et c'est ce que nous
faisons. Là, j'ai parlé d'entrepreneuriat, mais on le fait en engagement citoyen, on le fait également beaucoup
à la culture. Notre académicien, Dany Laferrière, a aussi fait son
premier voyage avec l'OFQJ. La déléguée
générale du Québec à Paris, actuellement, Line Beauchamp, est une ancienne de
l'OFQJ. On était à Paris pour la Rencontre
alternée des premiers ministres, il y a eu une réception pour souligner les
150 000 jeunes qui ont participé pendant les 50 ans de l'OFQJ,
on a été accueillis à l'Hôtel du ministre des Affaires étrangères. Le Secrétaire d'État aux Affaires étrangères,
M. Lemoyne, est un ancien de l'OFQJ, Annick Girardin, ministre du
gouvernement français, est une ancienne de l'OFQJ.
Donc, c'est
un réseau... et vous en avez parlé tout à l'heure, cette relation
franco-québécoise... M. le député, cette relation franco-québécoise nous sert dans toutes nos actions au Québec,
que ce soit le milieu universitaire, que ce soit dans les autres milieux et même en pays tiers. Parce que ce qu'on fait
maintenant avec la maturité de nos relations avec la France, par exemple, on se rend en pays tiers. On
vient de créer un parcours numérique francophone pour lier quatre
grandes manifestations du numérique, il y a
ici la Semaine numérique de Québec, qui s'est tenue il y a deux semaines, hein,
le WAQ à Québec, avec le Web2day à Nantes,
le KIKK de Namur et l'Africa Web Festival à Abidjan, où on permet à des jeunes entrepreneurs du secteur numérique d'aller
ensemble dans ces grandes rencontres pour développer de nouveaux
marchés.
Le Président (M. Auger) : Il
reste quatre minutes, M. le député d'Ungava.
M. Boucher :
Merci beaucoup. Vous savez, bon, Les Offices jeunesse internationaux du Québec
autant que l'Office franco-québécois pour la
jeunesse, chez les Cris et les Inuits, c'est à peu près inconnu, si ce n'est
pas du tout connu. Vous savez que,
les jeunes, bon, au Nunavik, par exemple, le taux de suicide est 10 fois
supérieur à la moyenne canadienne.
C'est sûr que, bon, Les Offices jeunesse ne sont pas la panacée universelle à
régler tous les problèmes sociaux, mais...
Puis souvent, bon, j'essaie de les intéresser à ça, dire aux futurs leaders de
demain ou même des jeunes en difficulté qui ont de la misère à trouver leur chemin : Des fois, aller
connaître une autre expérience, c'est l'occasion de se recentrer puis d'amener cette expérience-là chez lui pour
dire : Bien, voici comment je peux appliquer ça dans mon milieu. Il
y a la barrière du langage, hein? Bon, de
plus en plus de jeunes Inuits et jeunes Cris parlent le français, puis c'est
très bien, sauf qu'il y a quand même
une vaste majorité qui parlent soit cri ou inuktitut et l'anglais. Quel message
je peux livrer, là, à ces jeunes-là
pour dire : Écoutez, la barrière du langage ce n'est pas une barrière,
justement, vous avez votre place dans ça, même si vous n'avez pas de
maîtrise du français? Quel message je pourrais leur livrer, là, au retour?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre : Bien, les
programmes sont ouverts, évidemment, à tous, puis, comme vous dites, il y a
peut-être, entre guillemets, des
clientèles qu'on ne rejoint pas. Et l'office n'a pas de bureaux régionaux, sauf
qu'on a des contacts avec nos partenaires régionaux. On a des contacts
avec nos partenaires régionaux, mais on a quand même développé des programmes
spécifiques, et je pense qu'on peut peut-être demander un complément de
réponse.
Le Président (M. Auger) :
M. Robitaille.
• (16 h 50) •
M. Robitaille (Michel) : Oui.
Alors, nous sommes très près des communautés autochtones. Nos relations ont commencé avec Wapikoni, hein, qui se rendait dans
toutes les communautés réaliser des films. Et là, maintenant,
on travaille avec les organismes
jeunesse des communautés autochtones. Et on ne vient pas leur proposer quelque chose, on dit : Vous nous
proposez des projets qui vous tiennent à coeur, des projets qui peuvent être
profitables à votre communauté, et nous, on vous aide à les réaliser.
Et il n'y a pas de barrière linguistique, parce
que, bien sûr, les jeunes qui participent à nos programmes vont beaucoup
en francophonie, mais 92 pays l'an dernier, on va dans des pays... on va en
Chine, on va en Amérique latine, on va
en Europe de l'Est, on va partout. Donc, on a des documents,
on peut s'exprimer en anglais. 41 %
de nos effectifs de l'OQAJ... de
l'OQAJ... des Offices jeunesse internationaux du Québec sont de nationalités
autres que canadienne d'origine. Donc,
on a 11 nationalités au sein des Offices jeunesse, les gens parlent à peu près
toutes les langues que vous pouvez imaginer,
donc on peut s'adresser dans la langue de nos clientèles et on a des documents,
également, qu'on leur donne qui sont dans leur langue.
Alors, notre
accès à cette clientèle qui, parfois, est éloignée... parfois, il faut faire la
première démarche, on en est conscients.
Et, depuis un an, on a une directrice du développement des programmes qui fait
la tournée de tous les organismes
premières nations autochtones, inuites pour, justement, leur faire part de ces
programmes et voir comment, ensemble,
on peut donc les aider à aller à la rencontre d'autres communautés autochtones
ou de faire des... par exemple, un grand
spectacle qui a été réalisé avec Petite-Vallée, Chansons rassembleuses, où ce
sont des chanteurs de communautés premières
nations qui sont avec des chanteurs qui ne sont pas des Premières Nations pour
partager la culture. Alors, c'est ça, nous,
on travaille au développement professionnel, développement personnel et à la
rencontre des gens pour que chacun puisse profiter de ce qu'elle a à
apporter à l'autre.
Le
Président (M. Auger) : Merci. Nous allons maintenant poursuivre
avec le deuxième groupe d'opposition, le deuxième et dernier bloc, pour
16 min 30 s. M. le député Deux-Montagnes.
M. Charette :
Merci, M. le Président. Petite question de fonctionnement : Est-ce que
c'est au ministère ou dans les différentes
délégations qu'on fait de la veille médiatique sur ce qui se dit ou s'écrit sur
le Québec? Comment le ministère fonctionne-t-il à ce niveau-là?
Mme St-Pierre :
Bien, on pourra peut-être avoir un complément de réponse, si vous voulez, avec
le sous-ministre, mais évidemment la veille médiatique se fait dans
chacune des représentations, chacune des délégations, il s'en fait également au ministère. Alors, ça se fait aux deux
endroits, mais on a des rapports diplomatiques fréquents. S'il y a une situation qui, entre guillemets, éclate quelque
part, les rapports arrivent sur l'étude de l'analyse de la situation, mais
aussi comment les médias réagissent à la situation.
M. Charette :
Et, lorsqu'une situation est rapportée et qu'elle semble fausse, est-ce que
c'est dans l'habitude du ministère ou
des délégations de tenter d'intervenir auprès du média qui aurait diffusé une
mauvaise information ou une information inexacte concernant le Québec?
Mme St-Pierre :
Je vois où vous voulez venir. Moi, je ne suis pas de celles qui veulent
intervenir parce que j'ai déjà vraiment fait ce métier-là, je ne suis
pas de celles qui veulent intervenir dans le travail journalistique. Le travail
journalistique doit se faire de façon très
rigoureuse. Et, si quelqu'un se sent lésé par rapport à ce qui a été écrit, un
article qui a été écrit dans un magazine ou
dans un journal, bien, vous pouvez toujours entrer en contact avec la rédaction
du journal et corriger... demander une réplique.
M. Charette : Mais le
Québec ne s'assure pas de protéger ses intérêts? S'il y a une fausseté qui est
mentionnée, il n'y a aucune réaction qui vient du gouvernement pour tenter de
corriger le tir parce que l'information, c'est inexact? Il n'y a aucune, aucune
intervention qui est faite à ce niveau-là?
Mme St-Pierre :
Ça dépend du sujet.
M. Charette :
Et donnez-moi un exemple où pareille intervention a eu lieu par le passé pour
corriger une information qui aurait été inexacte.
Mme St-Pierre :
On était intervenus l'année dernière dans une situation... Washington Post,
si ma mémoire est bonne, là, vous...
puis je sais qu'on est intervenus également au New York Times, mais pas
dans le sens, en fait, de dire : Votre information est fausse, de
dire : Voici notre opinion sur cette information-là.
M. Charette :
Quels étaient les sujets à ce moment-là?
Mme St-Pierre :
Bien, si vous me donnez une petite seconde, je vais me rafraîchir la...
Le Président
(M. Auger) : ...une autre question par la suite, pendant la
recherche, là.
M. Charette : Et peut-être... oui, ça va me laisser le temps de compléter
mon intervention. Vous avez deviné
de quel sujet de fais mention à travers
l'article tout à fait erroné du journal, tout de même prestigieux, The Economist.
Je voyais d'ailleurs une citation
du premier ministre qui disait que «je regrette que le Québec attire
l'attention de cette façon-là».
Ceci
dit, tout le monde s'entend, politologues, spécialistes en la matière, il n'y a
pas de parti d'extrême droite au Québec,
il n'y a pas de parti prônant la xénophobie ou autre au Québec, et je pense que
ce serait du ressort du ministère de le
confirmer pour, justement, ne pas teinter l'image du Québec, pour ne pas qu'il
y ait cette mauvaise perception. Donc, pour
vous, ce n'était pas nécessaire d'intervenir pour dire : Écoutez, non, il
n'y a pas d'extrême droite au Québec représentée à l'Assemblée
nationale? Ce n'était pas une intervention qui vous semblait nécessaire?
Mme St-Pierre :
Moi, je vous réitère que vous avez tout à fait le droit d'entrer en contact
avec la rédaction du magazine et de
dire que ce n'est pas votre lecture de l'événement, de demander un droit de
réplique, et il y a une section pour les droits de réplique. Je peux
vous dire que c'est tout à fait normal, si vous voulez le faire, de le faire,
et c'est... L'article portait, à ma
connaissance, sur la Coalition avenir Québec, ne portait pas sur la réputation
du Québec, mais sur la Coalition
avenir Québec. Alors, si vous ne vous retrouvez pas dans cette définition, je
pense que vous avez tout à fait la légitimité
d'intervenir auprès du magazine, et de demander une réplique, et de demander
une entrevue avec votre chef.
Le Président
(M. Auger) : M. le député de Deux-Montagnes.
M. Charette :
Je pense, au contraire, que c'est la réputation du Québec qui était visée à
travers une déclaration tout à fait
fausse, de l'aveu de toute personne sensée. Et j'ai une série d'articles qui a
paru aussi dans la presse internationale, un article dans Le Monde :
Mafia sicilienne et corruption gangrènent le Québec, on faisait
largement référence au gouvernement libéral
que vous représentez. Autre article, dans Le Figaro cette fois-ci :
Sept personnes arrêtées pour
corruption, encore largement
référence au gouvernement et au Parti libéral, que vous représentez. Dans
Le Monde cette fois : Scandales
immobiliers de grande ampleur au Québec, avec, plusieurs fois, ministres et
autres représentants du Parti libéral représentés. Un article The Economist
aussi : Corruption in Québec : Digging deeper.
Quels
types d'interventions le gouvernement ou le Parti libéral a-t-il fait dans
cette perspective-là? Vous n'avez pas senti
bon rétablir soit la réputation du parti ou soit le Québec? Ce n'est pas le
rôle du ministère des Relations internationales que d'intervenir lorsque
soit l'information, elle est inexacte ou elle diffamatoire dans certains cas?
Le Président
(M. Auger) : La réponse, Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Nous croyons énormément à la liberté de presse, alors je pense qu'il ne faut
pas non plus commencer à censurer les
journalistes. S'il y a des articles le matin, on se lève puis on n'est pas
d'accord avec l'article... et l'article a été écrit, puis c'est la
liberté de presse.
Ce
que je peux vous dire, l'exemple que je voulais vous donner, c'est... on est
intervenus au Washington Post parce qu'il y avait eu un article qui parlait de l'ensemble du Québec et des
Québécois comme étant des racistes. Ce n'était pas notre parti politique, c'était le Québec. Alors
là, dans l'article de l'Economist, on parle de la Coalition avenir
Québec. Si vous considérez que vous êtes
lésés, que votre réputation est entachée, bien, vous avez tout à fait le droit
d'intervenir auprès du journal en question puis de dire : Ce que
vous dites, on n'est pas d'accord avec ça.
Le Président
(M. Auger) : La prochaine question.
Mme St-Pierre :
Si vous voyez des citations de ministres dans des articles, c'est parce que le
journaliste n'a pas eu le téléphone, a appelé l'article... a appelé
le...
Le Président (M. Auger) :
Merci.
M. Charette :
...pas référence à des citations de ministres, on nommait des représentants du
Parti libéral associés à cette corruption, là, qui sévit au Québec.
Donc, pour vous, il n'y avait pas matière à réaction de ce côté-là davantage.
Pour les fins
de la commission, je vais déposer, M. le Président, ces articles, qui étaient
largement... il y en avait d'autres, là, je ne les avais pas tous cités,
de Reuters également, The Economist,un autre.
Documents déposés
Le Président (M. Auger) : C'est
bien.
M. Charette : Je vais les
déposer à la commission, s'il vous plaît, M. le Président, étant donné que...
M. Boucher : M. le Président.
Le Président (M. Auger) : Oui.
M. Boucher : ...qu'il dépose
aussi l'autre article concernant la Coalition avenir Québec.
Le Président (M. Auger) : Oui,
effectivement, oui, O.K.
M. Boucher : Que tout ça soit
déposé.
Le Président (M. Auger) : Qu'il
a cité en exemple?
M. Boucher : C'est ça, que tout
ça soit déposé en lien...
M. Charette : M. le Président,
je ne l'ai pas avec moi, mais étant donné que...
Le Président (M. Auger) : On
peut faire en sorte qu'elle soit déposée aussi, là, aucun problème.
• (17 heures) •
M. Charette : Effectivement,
étant donné que le Parti libéral aime bien le citer, ils sauront le déposer à
la commission, certainement, sans trop de difficulté.
D'autres
petits sujets, parce que le temps file, malheureusement. Il a été
question de l'AIEQ ces dernières semaines, d'une subvention qui n'est pas confirmée, un montant qui est, somme
toute, petit, compte tenu du travail assez formidable qui est fait par
cette association. C'est dommage qu'on n'ait pas pu réconforter ou confirmer un
montant de cette ampleur-là. On parlait ou
on évoquait de nouvelles discussions. Nous, suite à une question posée en Chambre,
puis il y a eu d'autres
communications avec l'AIEQ, sa présidente et ses répondants ont confirmé qu'il
n'y avait pas de développement. Quel
est l'état de la situation aujourd'hui? Est-ce
que vous pouvez nous rassurer et
confirmer que non seulement
l'AIEQ pourra poursuivre ses activités, mais qu'elle recevra le montant, là,
qui est menacé de lui être retiré?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre : Merci, M.
le Président. Non seulement
l'AIEQ va recevoir le montant, mais elle va recevoir plus. C'est que nous avons établi un nouveau partenariat
avec l'AIEQ, et c'est l'organisation de M. Rémi Quirion qui va gérer cet argent-là. Alors, les projets de l'AIEQ vont être
déposés chez le Scientifique en chef, et c'est l'administration du Scientifique
en chef qui va analyser les projets et
ensuite déterminer à qui l'argent sera remis. Alors, nous avons toujours
dit : Il y a eu énormément, énormément
de désinformation dans ce dossier-là. Vous parliez, tout à l'heure,
d'accusations gratuites sur votre
formation politique de la part de l'Economist, je peux vous dire qu'on
en a eu, des affirmations puis des accusations gratuites dans ce dossier-là. On a toujours travaillé en étroite
collaboration avec l'AIEQ. On a toujours reconnu le travail exceptionnel de l'AIEQ. On avait un enjeu avec
l'AIEQ — et je
vais le dire ici aujourd'hui — de gouvernance, il fallait régler cette situation-là. Et on a travaillé
d'arrache-pied pour faire en sorte qu'on ait un partenariat solide qui va
durer longtemps. Il y a plus d'argent, puis
l'argent va être administré par le Scientifique en chef, puis l'AIEQ fait un
excellent travail.
Le Président (M. Auger) :
Merci.
Mme St-Pierre :
Et je vais ajouter plus que ça, parce que, dans ce qu'on fait avec les
universités, il n'y a pas que l'AIEQ,
on finance trois chaires universitaires et on remet plus de 1 million de
dollars à chaque année dans des appels de projets à des universités.
Le
Président (M. Auger) :
Mme la ministre, je vous rappelle que j'équilibre le temps entre la question et
la réponse.
Mme St-Pierre :
Je suis un petit peu animée.
Le
Président (M. Auger) : Non, mais je vous comprends, mais, moi,
mon rôle, c'est vraiment de m'assurer que le temps est équilibré. M. le
député de Deux-Montagnes, il reste six minutes.
M. Charette :
Peut-être une petite précision : contrairement à votre formation
politique, qui nous accusait de tous les
maux, on n'a jamais prêté d'intentions dans ce dossier-là ou dans un autre. Les
questions qui ont été posées concernant l'AIEQ reposaient sur les
informations que l'association elle-même nous transmettait. Donc, ce n'était
pas dans une perspective de dénigrement ou
de salissage, bien au contraire. L'habitude que vous avez développée, nous
n'avons pas l'intention de la développer de notre côté.
Ceci
dit, c'est une association importante. Tant mieux si le dossier a été réglé. Quels
sont les montants qui ont été confirmés? Vous parlez d'une hausse
significative. Quels sont les montants qui ont pu être confirmés pour
consolider son action?
Mme St-Pierre :
C'est 150 000 $.
M. Charette :
Et c'est une convention qui a déjà été signée, qui est applicable?
Mme St-Pierre :
C'est un partenariat avec le Scientifique en chef. On va transférer l'argent au
Scientifique en chef, qui va administrer pour l'AIEQ les sommes
d'argent.
M. Charette :
Mais c'est déjà en application? La convention est déjà...
Mme St-Pierre :
Bien, c'est frais, frais, frais, là. Ça vient tout juste d'être signé.
M. Charette :
D'accord. Et est-ce que ce montant inclut la somme qui était versée par le
ministère de la Culture? Je pense que c'était un montant de
40 000 $. Est-ce que c'est 150 000 $ plus...
Mme St-Pierre :
La Culture est à part de ça.
M. Charette :
D'accord. Donc, c'est en addition.
Mme St-Pierre :
Oui.
M. Charette :
Parfait, c'est bien gentil. Donc, on est capables de se...
Mme St-Pierre :
Alors, j'avais d'ailleurs des félicitations de M. Gaston Bellemare dans
mon courriel aujourd'hui.
M. Charette :
On reçoit toutes les félicitations qui sont méritées. Vous voyez qu'on peut
très bien se comprendre lorsqu'on est de bonne foi.
Une autre petite
question maintenant, et, encore une fois, le temps file. On a eu le plaisir de
rencontrer, il y a quelques mois, le
secrétaire général ou, son titre exact, directeur exécutif d'ONUSIDA,
M. Sidibé, qui était de passage à Québec,
qui a pu rencontrer certains parlementaires, la présidence notamment, et il y a
un partenariat qui souhaitait être établi
avec le ministère des Relations internationales, avec le gouvernement du
Québec. J'ai en ma possession, justement, la correspondance qui s'est
échangée.
Est-ce
que vous êtes en mesure de me confirmer, justement, suite à l'invitation qui
leur a été faite, s'il y a une demande
en bonne et due forme qui a été déposée par ONUSIDA? Et l'invitation avait été
lancée, là, c'est une lettre qui est signée
par M. Jean-Stéphane Bernard, donc, ancien sous-ministre. Donc, est-ce que
vous avez le portrait de la
situation à ce moment-ci?
Mme St-Pierre : Je n'ai pas le portrait de la situation, mais je
peux aller chercher les réponses. C'est clair qu'à chaque fois qu'on a une demande qui vient de
l'extérieur pour un partenariat vous pouvez être sûr qu'on répond oui
tout de suite parce que c'est le rayonnement
du Québec. C'est un domaine, d'ailleurs, qui interpelle
plusieurs gouvernements, plusieurs
pays pour faire progresser ces situations-là, c'est-à-dire dans le bon sens
du terme, là, et, de fait, d'endiguer ces questions de santé.
M. Charette :
D'accord. Donc...
Le Président
(M. Auger) : Oui, juste un instant, pour la réponse.
Mme St-Pierre : Alors, ce qu'on me dit, c'est qu'on est en lien
avec ONUSIDA sur le partage d'expertise et de documents.
M. Charette : D'accord. Sans qu'il y ait de... Donc, c'est des
dossiers qui sont en attente à ce moment-ci, tout simplement?
Mme St-Pierre :
Je n'ai pas plus d'information à vous donner sur ce sujet-là.
M. Charette :
La personne qui vous a transmis cette information-là, est-ce qu'elle pourrait
nous en dire plus sur la nature de la
collaboration? Parce qu'effectivement c'est un projet qui était porteur, qui
mérite d'être défendu et qui, pour le Québec, est une belle ouverture non
seulement à travers une instance des Nations unies, mais à travers
l'Afrique, notamment. Donc, je ne sais pas
si quelqu'un au sein du ministère peut préciser les intentions du ministère par
rapport à cette éventuelle collaboration.
Le
Président (M. Auger) : C'est à la discrétion de la ministre, donc
c'est la ministre qui peut répondre ou qui peut demander, là. Mme la
ministre.
Mme St-Pierre :
Si vous permettez, je peux peut-être demander à notre sous-ministre d'éclairer
davantage le député.
Le Président
(M. Auger) : Oui, allez-y.
M. Keating
(Robert) : Oui, bien sûr. Mon prédécesseur a signé une lettre à cet
effet. On a eu des discussions, des
rencontres avec ce groupe. Les discussions sont toutefois au niveau
embryonnaire, on débute les discussions. Je pense qu'il y a un intérêt
de leur part et de la nôtre à éventuellement développer une collaboration avec
cet organisme des Nations unies, mais il
faut vraiment voir quelle sera la portée des montants ou l'envergure de notre
collaboration avec cette organisation.
Mais, pour l'instant, on est vraiment au niveau embryonnaire. Les discussions
vont se poursuivre, et, lorsqu'on aura
des résultats plus probants, on pourra les transmettre à Mme la ministre, qui
pourra vous envoyer, évidemment, un document à cet effet.
Le Président
(M. Auger) : 1 min 30 s.
M. Charette : Est-ce qu'on peut déjà demander, lorsqu'on en
saura davantage, que ce soit déposé à la commission?
Le Président
(M. Auger) : ...faire suite, envoyer au secrétariat de la commission.
Merci.
M. Charette : Encore une fois, temps très limité, malheureusement. Je me souviens, l'année dernière, on s'était parlé des ententes internationales qui avaient été
signées, notamment avec la France, pour la reconnaissance des
acquis. Vous aviez mentionné qu'il y avait
d'autres ouvertures ou d'autres... en fait, certainement un intérêt avec
d'autres pays pour faciliter cette
reconnaissance-là, et on sait que ça fait une grande différence ensuite lorsque
les gens qui nous arrivent de ces
pays sont en recherche d'emploi. Est-ce
qu'il y a eu des développements? Est-ce qu'il y a d'autres ententes qui
ont été soit signées ou sur le point de l'être?
Mme St-Pierre :
Il n'y a pas d'autres ententes qui ont été signées, mais on travaille très fort
à développer un mécanisme de négociation
avec le Maroc. Je pense que, sur la question du Maroc, c'est fort pertinent et
c'est même urgent parce qu'on a
beaucoup de ressortissants marocains ici. Donc, ça va aussi dans le sens de
notre volonté d'ouvrir un bureau là-bas,
les négociations qu'on a avec le gouvernement marocain, mais il n'y a pas eu de
progrès. Sur l'Europe, avec la Belgique
et l'Italie, là on fait face à... il faut faire une analyse de l'accord de
libre-échange Canada—Union
européenne, et il y a peut-être un mécanisme qu'il faut qu'on ajuste. Plutôt
que le faire en bilatéral, il faut qu'on ajuste le mécanisme.
Le
Président (M. Auger) : Ce qui met fin à ce bloc d'échange. Juste
pour valider au niveau de l'article manquant, The Enonomist, qui
va fournir au secrétariat de la commission copie?
M. Charette :
C'est le gouvernement. Étant donné qu'il aime bien le citer, le gouvernement
pourra le citer. Nous, on ne l'a pas.
Le Président
(M. Auger) : Non, c'est parce que vous l'aviez cité, je voulais
juste être sûr, là.
M. Charette :
Je l'avais cité, mais je ne l'ai pas avec moi.
Le
Président (M. Auger) : Vous ne l'avez pas, oui, mais ça... on a
demandé de le fournir à la commission, au secrétariat.
M. Charette :
Tout à fait. Ils prendront certainement plaisir à le faire.
Le Président
(M. Auger) : M. le député d'Ungava.
M. Boucher :
...
Le
Président (M. Auger) : Bien, ça me prend l'article. Je veux dire,
on l'a cité, on l'a demandé, là, comme dépôt, là, donc je veux savoir
qui va le faire parvenir au secrétariat.
M. Boucher :
C'est la deuxième opposition, c'est lui qui l'a cité amplement...
Le Président (M. Auger) : Vous
l'avez cité, donc vous allez le fournir.
M. Charette : Ce qui
est amusant, c'est que moi, je cite un article que je n'ai pas. Eux le citent,
donc à eux de le déposer.
Le
Président (M. Auger) : Non, mais c'est parce que j'ai compris,
tout à l'heure... Juste un instant. On l'a cité, on a cité plusieurs articles, on a demandé le dépôt au secrétariat. J'ai
bien compris qu'on voulait déposer les articles. On m'a demandé
également l'article The Economist.
M. Boucher :
...ont fait l'objet d'une partie de l'intervention, demandant même à la
ministre d'intervenir et pourquoi elle n'a pas intervenu. Ce n'est pas nous qui
l'a cité, là.
• (17 h 10) •
Le
Président (M. Auger) : Moi, je veux le dépôt au secrétariat, donc je veux qu'on achemine l'article
au secrétariat de la commission.
Donc,
nous allons maintenant poursuivre avec le quatrième bloc du gouvernement pour 15 min 30 s. M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois : Merci,
M. le Président. C'est... pardon, un
petit ennui technique. Bien, je vous salue, je salue les collègues
de l'opposition, de la deuxième opposition, l'équipe, Mme la ministre, votre
équipe, qui, depuis le début de l'après-midi, nous font un bon détail de la
présence du Québec à travers le monde.
Et
vous me permettrez, même si mon collègue d'Ungava en a parlé... il y a une fierté régionale aujourd'hui en Abitibi-Témiscamingue, très clairement, en lien avec le programme de stages par rapport à l'Office franco-québécois de la jeunesse. On a une jeune Valdorienne qui va être
en stage à la délégation de São Paulo à compter du 30 avril. Elle est
déjà rendue, on me confirme qu'elle est déjà rendue à São Paulo. C'est une
grande fierté pour toute la région de l'Abitibi-Témiscamingue. Souvent on se dit, hein, tu sais, nous, on est loin de
ça, ça ne sera peut-être pas notre monde qui va être là. Mais concrètement, là, aujourd'hui, là, ça
fait les nouvelles. Et cette jeune Valdorienne là de 23 ans, donc, elle va
être là du 30 avril au 20 juillet prochains,
elle va prendre part à ce stage-là à titre de conseillère en affaires
internationales à la délégation du Québec au Brésil. Ça, c'est concret,
là. Ça, ça parle à notre monde.
Tantôt,
quand le collègue d'Ungava disait : Comment on fait pour intéresser les
jeunes dans cette dynamique-là? Comment
on fait pour dire : Oui, concrètement, là, ça peut arriver? Et vraiment
Stéphanie Harnois, pour la nommer, qui a eu l'occasion d'aller au
Brésil, c'est une jeune dame qui adore voyager à travers le monde. Elle a déjà
une certaine expérience, puisqu'elle compte
la visite de plus de 10 pays, et à l'automne 2017, elle était à Rio de Janeiro
dans le cadre de son cours à
l'université. C'est sa dernière session qu'elle a réalisée, c'était à Rio de
Janeiro. Donc, elle maîtrise très bien le
portugais, elle maîtrise très bien l'anglais, elle maîtrise très bien,
évidemment, le français et également deux autres langues. Donc, c'est une occasion tout à fait privilégiée
que l'office lui permet de réaliser. Elle a réalisé ses études dans le
cadre, donc, d'un baccalauréat en affaires
internationales et en langues modernes, donc, évidemment, c'est l'occasion
privilégiée. Et je vous cite son commentaire
lorsqu'elle a été admise : «"Quand j'ai lu la description du profil
de la personne recherchée, je capotais, c'était tout à fait moi",
se souvient Stéphanie.»
Et
comment elle s'est inscrite dans cette dynamique-là, ça aussi, c'est un autre
phénomène intéressant. Et j'invite mes
collègues à le faire, parce que je sais, Mme la ministre, que vous publiez, à
l'occasion, des offres de stages. Moi, je me fais un devoir de les republier, je me dis : Il faut diffuser cette
information-là parce que c'est des programmes qui sont admissibles pour tous les jeunes Québécois et
Québécoises sur l'ensemble du territoire, mais il faut leur faire
connaître. Et souvent, des fois, on a une
difficulté à diffuser cette information-là via les programmes réguliers ou les
médias réguliers. Donc, nous, comme élus dans chacun de nos comtés, je
pense que ça fait partie de notre responsabilité.
Et
c'est par hasard que le père de Stéphanie, Jacques Harnois, est tombé sur une
annonce de l'office de jeunesse... LOJIQ,
au début de l'année 2018, et il l'a transférée, tout simplement, elle s'est
inscrite, et voilà, aujourd'hui, c'est une fierté pour toute l'Abitibi-Témiscamingue. Vous devriez
voir le fil au niveau de la page Facebook de M. Harnois, où tout le
monde félicite Stéphanie. Et ce qui est encore plus intéressant, c'est que
cette jeune femme là, à la fois, oui, elle est intéressée à découvrir le monde, mais en plus, en plus, elle véhicule
des valeurs qui nous sont très importantes.
Elle a une préoccupation, entre autres, beaucoup au
niveau de l'environnement, elle a une préoccupation au
niveau, dans le fond, de l'ouverture sur le monde. Et, comme messager québécois,
c'est ce qu'on souhaite. Notre image au reste du monde, c'est ce qu'on veut, avoir des jeunes qui vont refléter
ce que le Québec est pour, à la fois, être bien accueillis, mais
évidemment être identifiés comme une terre d'accueil privilégiée.
Et
ce programme-là permet des bijoux, si je peux appeler ça ainsi,
qui doivent être soulignés de façon
appropriée. Et là-dessus
je remercie l'équipe qui est en charge de ces programmes-là parce que non seulement...
et vous l'avez très bien dit, Mme
la ministre, vous avez vous-même
participé dans le cadre de ce programme-là, l'impulsion de départ de participer à des programmes comme ceux-là fait
une différence pour ceux et celles qui ont eu la chance d'y participer
et qui vont revenir sur le territoire
et permettre, donc, de faire bénéficier à ceux et celles qui les côtoient dans
le quotidien, voir ces expériences-là.
Petit
commentaire que je me permets, puisqu'on est en étude de
crédits, on est dans le volet financier, elle nous mentionne, oui, c'est fort intéressant, le seul hic, c'est au niveau de la rémunération, parce qu'effectivement il y a
une rémunération, mais évidemment de se trouver un loyer ou un appartement là-bas,
avec le coût de la vie de là-bas, à 350 $ par semaine, c'est un défi. Donc, elle mentionne : «J'aimerais
beaucoup pouvoir partager une maison ou un appartement avec des Brésiliens pour en apprendre davantage
sur São Paulo», mais également parce que les moyens financiers qui sont dévolus dans le cadre du stage font en sorte
qu'elle ne peut pas quand même avoir une liberté très large sur les
dépenses admissibles, mais je suis convaincu
qu'elle va avoir de l'aide d'autres participants. Mais, Mme la ministre, vous
comprendrez, je ne pouvais pas passer à côté de ça, c'est tellement important.
Je
ferme la parenthèse pour revenir peut-être plus au
niveau du Québec en termes de reconnaissance ou au niveau des organismes internationaux. Je pense, entre autres, à la ville de Montréal, qui, dans les dernières années, a positionné le Québec. Elle a
été une terre d'accueil favorable pour une multitude d'organismes grâce à la collaboration
de notre gouvernement, à une collaboration
très étroite pour faire en sorte qu'on retrouve, entre autres, l'Organisation
de l'aviation civile, qui a eu une
décision importante à prendre. Et des fois on ne soupçonne pas les enjeux qui
se pointent à l'horizon, mais sans
l'intervention, une collaboration, un partenariat avec les acteurs qui
sollicitent ces organismes-là... ou parfois ils sont déjà bien implantés chez nous, mais il y a un questionnement qui se
fait au niveau international, et il est facile de perdre ces acteurs-là
au bénéfice d'autres, parce que ces organismes-là, partout dans le monde, on
veut les accueillir.
On peut penser aussi au centre... bien, je
pense, entre autres, au niveau de l'AIESEC. J'ai déjà été membre de l'AIESEC lors de mes études, j'étais un
représentant régional. J'étais fier de voir que l'AIESEC avait choisi
Montréal comme lieu d'implantation d'un
bureau. C'est une organisation, au niveau mondial, qui est importante, qui est
parfois méconnue, encore une fois, mais qui
a un rôle important, qui a toute la... Vous l'avez bien dit tout à l'heure,
tout l'aspect du réseautage, c'est vraiment fondamental, et c'est pour
ça qu'il faut toujours se positionner de façon avantageuse. Et là-dessus, Mme la ministre et votre équipe, vous
faites un excellent travail. On ne laisse pas au hasard des dossiers, on
les accompagne pour s'assurer qu'on est en
lien avec les enjeux de ces organisations-là, tant quand elles sont ici au
Québec et qu'on veut s'assurer qu'elles y
restent, mais également quand les opportunités se présentent. Par exemple, au
niveau du numérique, l'intelligence
numérique, le premier ministre a très clairement identifié sa volonté que le
Québec devienne une référence mondiale. Et là-dessus, encore là, il y a
eu des actions qui ont été posées, et je salue cette action-là.
Évidemment, ça prend des moyens. Ça prend des
moyens et ça prend des actions avec d'autres groupes, des partenaires. On est en compétition parfois avec
d'autres acteurs, et il faut vraiment s'assurer qu'on a à la fois les
bonnes personnes, les moyens et, je dirais,
qu'on est dans la bonne fenêtre de temps — un terme très anglophone, le timing,
c'est quand même un terme qui, parfois, dans
des situations, là, est très, très clair — parce que ça regroupe un ensemble. Ce
n'est pas juste la période-temps, mais
également le moment donné pour les gens qui interviennent. La bonne
personne au bon moment fait une différence.
Donc, Mme la ministre, là-dessus, j'aimerais
connaître vos intentions pour la suite des choses dans le positionnement du
Québec et aussi le développement de ces relations-là avec ces organismes-là.
• (17 h 20) •
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre, en vous rappelant qu'il reste cinq minutes à cet échange.
Mme St-Pierre :
Bien, je vais tout d'abord parler de Stéphanie. Je peux dire que c'est fort
intéressant, ce témoignage-là et
cette expérience-là. Et je veux aussi dire que nous avons aussi un souci
lorsqu'on fait les appels de stages, bien,
qu'on puisse rejoindre aussi des jeunes qui viennent des régions. Je pense que
ça aussi, c'est très important. Sur la question
de la rémunération, en fait, ce n'est pas une rémunération, c'est une
indemnité. Et je peux dire que ça va valoir de l'or sur son C.V. plus tard, ce qu'elle va faire au Brésil. Et je pense
que c'est ça aussi, l'exercice, c'est de donner cette occasion de travailler soit dans une délégation ou
dans un bureau du Québec, de rencontrer nos professionnels, de
participer aux travaux, d'être vraiment aux premières loges, et ça, je pense
que c'est absolument extraordinaire.
Et c'est nous qui avons décidé, lorsqu'on
préparait le 50e anniversaire du ministère... On avait beaucoup de demandes, d'ailleurs, de jeunes qui nous
disaient : J'aimerais ça aller faire un stage dans une délégation ou dans
un bureau, puis on n'avait pas les...
on ne le faisait pas, puis on n'accueillait pas les jeunes de cette manière-là.
Alors, on a lancé ce programme-là,
cet appel de stages là, puis on l'a fait dans plusieurs délégations. On parle
d'une quinzaine de... bien, une quinzaine
de stages, délégations générales, délégations ou bureaux. On en a à Tokyo, à
São Paulo, ce stage qu'on vient de nommer,
Munich, Chicago, Abidjan, Londres, Los Angeles, et je pense que ça, c'est absolument
enrichissant. On ne peut pas avoir
quelque chose de plus enrichissant que ça parce que c'est aussi faire un stage
en diplomatie, donc d'apprendre les rudiments de la diplomatie, ce qui
est un art en soi de faire de la diplomatie.
Vous avez mentionné aussi les médias sociaux. Je
pense que c'est très important, puis le ministère a vraiment accéléré le développement de nos communications
par rapport aux médias sociaux. Il y a quatre ans, on n'était pas à la même place qu'aujourd'hui. On a développé des
outils pour communiquer puis, effectivement, lorsqu'il y a des appels de
projets, des appels de stages pour que ça
soit vraiment diffusé partout, qu'on puisse rejoindre là où les gens
regardent, pas uniquement quelque chose
d'affiché sur le site du ministère. Alors, on travaille puis on a travaillé
très, très fort là-dessus. Puis
j'aimerais d'ailleurs qu'on le fasse encore plus parce que rejoindre le plus
possible de personnes, bien, on est capables d'aller... d'attirer un peu
plus l'attention.
Sur les organisations internationales à
Montréal, on est la troisième ville en Amérique du Nord à avoir des organisations internationales après Washington...
le plus grand nombre d'organisations internationales après Washington et New York. Ça, c'est intéressant et c'est fort.
Ça donne à Montréal une très grande notoriété. On en a plus de 60, dont l'organisation mondiale antidopage, et on a obtenu
le report... bien, pas le report, mais le prolongement de la présence de
l'organisation mondiale antidopage à Montréal. On est allés faire la plaidoirie
à Paris et ensuite à Séoul. Ça a été des voyages courts, intenses, mais on a
gagné jusqu'en 2032. Alors, on est très, très contents, très, très fiers de
cela.
On veut en
accueillir d'autres. Je pense qu'on est capables de démontrer à quel point on
est sérieux dans l'accueil. On est ici... J'ai entrepris, lorsque je
suis devenue ministre des Relations internationales, la visite de chacune de
ces organisations-là — on en a des grandes, comme l'OACI, l'Agence
mondiale antidopage, mais il y en a des plus petites aussi, vous en avez mentionné une — et je leur demandais : Qu'est-ce que
vous aimez à Montréal? Et le sujet qui revenait le plus, c'est la sécurité, on se dit en sécurité à
Montréal, ensuite la qualité du personnel recruté localement à Montréal et au Québec, mais la qualité du personnel est un des
critères qui est retenu, et on souligne à quel point les gens qui sont embauchés sont compétents, professionnels, parlent
plusieurs langues, alors ils ont vraiment
un bassin intéressant pour recruter, et bien sûr les coûts, parce qu'on a des coûts
moindres que l'installation d'un bureau à New York ou à
Washington, et ça — l'argent
parle, comme on dit — ça
fait partie également de la force d'attraction.
Alors, vous
l'avez bien mentionné, puis je suis contente d'en parler, parce que
c'est vraiment une grande fierté, on fait de la diplomatie à l'extérieur, mais on en fait ici aussi. Et ces organisations-là, on a tout
intérêt à entrer en contact avec elles
parce qu'elles ne demandent pas mieux que de partager leur
expertise. J'ai rencontré récemment la nouvelle secrétaire générale
ou directrice générale du secrétariat sur la biodiversité, qui est un organisme
qui est basé à Montréal depuis un certain nombre d'années. Pas grand monde est au courant, mais c'est là,
puis c'est vraiment intéressant, ce qu'ils font dans ce
domaine-là de la biodiversité.
Le Président (M. Auger) : ...merci
beaucoup. Nous allons poursuivre avec le troisième et dernier bloc de l'opposition
officielle et M. le député de Verchères pour 16 minutes.
M. Bergeron : Merci,
M. le Président. J'ai l'habitude de
dire, dans ce genre de circonstances, que c'est fou comme ça passe vite en bonne compagnie. Ça fait
qu'on va y aller un peu en rafale, alors je vais demander la collaboration de nos amis du ministère et
de la ministre.
D'abord,
peut-être revenir rapidement sur le dossier de l'Organisation internationale
de la Francophonie. Le fameux voyage
en bateau, là, je sais que le coût estimé a été partagé avec les membres de l'organisation, alors c'est de combien?
Mme St-Pierre :
On a refusé de partager les coûts de cette expérience.
M. Bergeron :
Mais ils s'élèvent à combien, les coûts?
Mme St-Pierre :
On n'a pas... Ce qu'on me donne ici, c'est 588 710 €, donc environ
1 million.
M. Bergeron :
Auxquels on ne participera pas?
Mme St-Pierre :
Non, on a refusé.
M. Bergeron :
C'est bien. Autre pomme de discorde avec nos amis français, c'est
l'augmentation assez importante des
frais de scolarité pour les étudiants français qui étudient au Québec. Alors,
il y a eu, évidemment, une déception, une vive déception de la part des autorités françaises de l'époque, qui nous
l'ont signifiée. Mais, au-delà de cela, il y a eu une réduction importante, et particulièrement dans les
régions, du nombre d'étudiants français qui sont venus étudier chez
nous. Alors donc, comme on constate déjà une
réduction de la main-d'oeuvre dans nos régions puis qu'on a un problème,
je dirais, de rétention de nos jeunes en
région, disons que cette mesure est venue frapper fort pour les différentes
institutions d'enseignement supérieur en
région. Notamment — je vous
donne un exemple — à
l'Université du Québec à Rimouski, par
exemple, le nombre d'inscriptions est passé de 37 à 17 en deux ans, et on
constate un peu le même phénomène partout sur le territoire québécois. Maintenant qu'on est à l'époque des vallées
verdoyantes sur le plan budgétaire, est-ce qu'on a l'intention d'aplanir
les aspérités sur le plan des frais de scolarité pour les étudiants français?
Mme St-Pierre :
Tout d'abord, il faut préciser que c'est un accord de cinq ans qui avait été
qualifié par le président François
Hollande et le premier ministre Valls d'un accord tout à fait équitable. Nous avons fait part à nos
partenaires français que cette réduction des droits de scolarité par rapport à
un étudiant international coûtait très cher au trésor québécois, c'était même plus
important que le budget de mon propre ministère. Alors, nous avons demandé de négocier... parce qu'il n'y avait pas d'accord négocié, c'était une lettre, hein, dans les
années 70, je pense, qui avait été envoyée pour dire, bon : Dorénavant, les étudiants
français vont avoir accès — je vais essayer de faire une réponse courte,
là — aux droits
de scolarité équivalents au Québec. Mais on était rendu à 12 500 étudiants
français, nous avons fait une négociation avec nos partenaires français pour établir le droit de scolarité à ce
que serait un droit de scolarité d'un étudiant qui vient d'ailleurs au Canada. Donc, c'est 50 % de
moins que le droit de scolarité international, ce qui est encore
excessivement avantageux, tellement avantageux
que cet accord a fait un peu de jaloux, parce qu'on vient... On a eu, après ça,
une demande de la Belgique, de la
Communauté française de Belgique, et on vient de faire une entente avec la
Communauté française de Belgique pour avoir un accord similaire à celui
qu'on a avec la France.
• (17 h 30) •
M. Bergeron : Je
comprends donc qu'il n'y a pas de changement prévisible prévu du côté du
gouvernement.
J'aimerais
revenir sur les ententes de reconnaissance des acquis avec d'autres pays. À l'époque
où l'actuel chef de l'opposition
officielle était ministre des Relations internationales, il y avait des
négociations qui avaient été entreprises avec la Tunisie, le Maroc et l'Algérie. L'année dernière, vous nous avez
parlé de la Suisse. Il y a quelques instants, vous avez ajouté à cela la Belgique. Ma question,
c'est : Il n'y avait pas de nouveaux développements l'année dernière, où
est-ce qu'on en est cette année? Je comprends qu'il n'y en a pas non
plus?
Mme St-Pierre :
En fait, avec le Maroc, on a des négociations sur l'élargissement de l'entente
en matière de sécurité sociale. Donc, ça, il faut régler ça. On est en
discussion pour, évidemment, l'établissement de notre bureau là-bas. Il y a une volonté d'arriver à une entente
sur la reconnaissance mutuelle des acquis parce que, comme vous le
savez, il y a beaucoup de ressortissants
marocains au Québec qui arrivent bardés de diplômes, mais ce n'est pas juste de
leur faire miroiter qu'ils vont travailler
ici puis rendus ici, on ne reconnaît pas leurs diplômes. Les ordres
professionnels, je l'ai dit publiquement et je le
répète publiquement, ne nous aident pas beaucoup là-dedans non plus, là, mais
on veut faire un accord.
Pour ce qui est des
partenaires que...
M. Bergeron :
...l'occasion de vous signaler que nous, on était prêts à vous aider, Mme la
ministre, mais on continue.
Mme St-Pierre :
Oui, oui, on voit que ça a été...
Pour
ce qui est de la Suisse, bien, on veut arriver à un accord sur la question des
ingénieurs, des infirmières. Donc, ça,
on espère qu'au cours des prochains mois on va pouvoir arriver à un accord,
surtout... bien, les infirmières, oui, c'est important, mais surtout les ingénieurs. Un ingénieur suisse ne peut pas
travailler au Québec, ce qui est un non-sens, là.
Les
autres pays, Belgique et Italie, l'AECG vient un peu compliquer... il y a des
choses techniques, là, qu'il faut régler pour voir si on peut y aller de
façon bilatérale, là. On a quelque chose à régler de ce côté-là.
M. Bergeron :
Je vous remercie beaucoup. Je reviens rapidement sur le financement de l'AIEQ.
On a eu l'occasion d'échanger
là-dessus au salon bleu, il y a quelques instants, ici, lors de l'étude des
crédits. On a décidé de faire passer le soutien accru via le fonds québécois de recherche — Société et culture. Ça m'amène peut-être à
demander au responsable du pupitre
États-Unis : Est-ce qu'on a l'intention, éventuellement, de demande à la
direction États-Unis du MRI de faire en sorte que le programme soit également confié... Parce qu'il y a un
programme du côté de la coopération universitaire avec les États-Unis. Est-ce qu'on a l'intention de le
soumettre également au fonds québécois de recherche — Société et culture et demander également si le soutien au développement
de la coopération universitaire avec les États-Unis compte être maintenu?
Mme St-Pierre :
Vous faites référence au fonds de Mme Lassonde... qui est dirigé par
Mme Maryse Lassonde, si je comprends bien?
M. Bergeron :
Bien, je parle du fonds de coopération universitaire avec les États-Unis, là.
Mme St-Pierre :
Oui. Normalement... enfin, je n'ai pas les chiffres sur les fonds
universitaires, mais je n'ai pas entendu dire qu'il y avait des
changements. Je pense qu'on a tout intérêt à continuer notre collaboration de
ce côté-là.
L'AIEQ, j'ai été, je
pense, assez explicite, tout à l'heure, de la...
M. Bergeron :
Non, non, mais il n'y a pas de problème, mais ma question, c'est : Est-ce
que... Bien là, je comprends que les budgets
seront maintenus, mais est-ce qu'on a l'intention, éventuellement, de les faire
passer également via le fonds québécois de recherche — Société
et culture dans ce cas-là?
Mme St-Pierre :
Pas nécessairement. C'est que nous avons demandé au Scientifique en chef s'il
pouvait prendre en charge le montant d'argent que nous voulions accorder
à l'AIEQ pour l'administrer. On faisait face à une question d'administration et nous voulions que ça soit
administré de façon indépendante, et c'est à la satisfaction des
partenaires. Nos partenaires universitaires,
leur rôle, c'est vraiment de travailler dans le domaine universitaire et de
faire la promotion du Québec, ce n'est pas d'administrer
150 000 $. Et le budget, d'ailleurs, n'a pas été maintenu, le budget
a été augmenté à 150 000 $.
M. Bergeron :
Je vous remercie. En 2016, le premier ministre a participé au Sommet de la
Francophonie à Madagascar. Il annoncé
lui-même une somme de 3,5 millions de dollars pour les étudiants de la
francophonie du Sud qui voudraient
poursuivre, notamment, une formation collégiale technique au Québec. L'année
passée, ce qu'on a appris, c'est que
le fédéral bloquait l'entrée de ces étudiants au Canada pour des raisons
toujours un peu nébuleuses. Pouvez-vous nous dire si toutes les raisons évoquées pour ces refus... Pouvez-vous nous
donner les raisons qui ont été invoquées pour ces refus? Où en est le dossier qui semblait si cher
au premier ministre? Il y a eu 250 exemptions de droits de scolarité
remises par le premier ministre, savez-vous
combien de ces étudiants ont finalement étudié au Québec? Il y a eu
42 bourses pour la formation
collégiale et technique remises par le premier ministre, savez-vous combien de
ces étudiants ont finalement étudié
au Québec? Au total, combien de visas le fédéral a-t-il émis pour ces
étudiants? Combien ont été refusés? Quel est le plan du MRI pour faire en sorte d'abaisser ces
barrières que lève le gouvernement fédéral pour empêcher le gouvernement
de mener à bien les projets qu'il caressait par rapport aux étudiants
africains?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Donc, alors, sur les 250 exemptions de droits de scolarité
supplémentaires, il y en a 56 qui ont été
accordées... il y a 56 visas qui ont été accordés seulement. C'est ça. Il
reste 179 exemptions qui n'ont pas été attribuées, et je pense
qu'effectivement on fait face à une situation où le gouvernement fédéral
résiste à accorder les visas. On fait
beaucoup de représentations pour qu'on puisse accélérer l'émission des visas.
J'ai vu récemment un exemple d'une jeune
étudiante qui vient de recevoir son diplôme, elle voulait que sa mère vienne à
sa collation de grades, le visa de la mère avait été refusé. On ne connaît pas les raisons du refus du visa, mais
on a réussi à obtenir le visa, à les convaincre d'émettre le visa pour
que la mère vienne assister à la collation de grades d'une étudiante.
Le Président (M. Auger) :
1 min 30 s, M. le député.
M. Bergeron : 56 sur 250, puis là je ne parle même pas
des bourses qu'on souhaitait octroyer. La proportion n'est pas très
élevée, et je dirais presque que le gouvernement fédéral met des bâtons dans
les roues.
Vous
avez probablement été sensibilisée,
Mme la ministre, au fait que la ville kurde d'Afrin, en Syrie, a fait
l'objet de bombardements injustifiés de la part de la Turquie, fait l'objet
d'une occupation présentement. On a coupé l'eau courante, on a coupé l'électricité, il y a une situation humanitaire
catastrophique. Je sais qu'il y a eu une réduction des budgets au niveau humanitaire, mais est-ce qu'il y
a une volonté, par exemple, dans un cas comme celui-là, d'apporter une
aide à la mesure de nos moyens?
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Je ne pense pas qu'il y ait eu de réduction de budgets sur le plan humanitaire.
Dans ces cas-là, ce que nous faisons, c'est que nous travaillons avec
des organismes humanitaires reconnus qui sont sur le terrain. Par exemple, je donne un exemple, Oxfam-Québec, si
Oxfam-Québec ou Oxfam international, sur le territoire, demande une collaboration, on le fait, et c'est des choses
qu'on fait régulièrement. Cependant, nous ne travaillons pas avec des
organismes qui ne sont pas reconnus. C'est-à-dire, si un organisme
n'était pas dans notre liste...
Le Président
(M. Auger) : Quatre minutes.
M. Bergeron :
O.K. Au niveau de l'humanitaire, je faisais notamment référence au Fonds pour
l'éducation et l'engagement du public
à la solidarité internationale, qui n'existe plus. Alors, je comprends qu'à
travers les organismes humanitaires
reconnus vous pourriez éventuellement venir en aide à la population martyre de
la ville d'Afrin, en Syrie.
J'aimerais
maintenant vous poser une question sur la situation absolument inqualifiable
qui prévaut en Catalogne, où le
gouvernement espagnol, après avoir usé de violence pour empêcher l'expression
démocratique du peuple catalan, a forcé
des élections, élections qui ont eu lieu, qui ont reconduit les
indépendantistes majoritairement au Parlement, ce qui n'empêche pas le gouvernement espagnol de refuser
la nomination comme président de gens qui sont emprisonnés ou qui sont à l'étranger, qui menace de déclencher de
nouvelles élections qui risquent de mener au même résultat. On voyait
hier des gens — je ne sais pas si c'est hier ou
avant-hier — qui
assistaient à un match du Barça ailleurs en Espagne et auxquels on enlevait littéralement des écharpes jaunes
parce que le jaune, dans cette démocratie qu'est l'Espagne, est
maintenant devenu illégal. Comment est-ce
que la communauté internationale peut demeurer muette face à ces dénis de
démocratie et ces dérives autoritaires qui ont cours présentement en Catalogne
et en Espagne d'une façon générale?
• (17 h 40) •
Mme St-Pierre :
Je voudrais tout d'abord rectifier une information que vous avez donnée et qui,
selon les chiffres que j'ai devant moi, n'est pas exacte. Nos programmes
en solidarité internationale ont augmenté. C'est, 2014‑2015, 5 600 000 $,
et nous sommes rendus à 6 130 000 $.
M. Bergeron :
Je vous remercie de la précision, Mme la ministre, mais je faisais référence au
Fonds pour l'éducation et l'engagement du public à la solidarité
internationale, qui, lui, n'existe plus.
Et pour revenir à la
Catalogne, Mme la ministre?
Mme St-Pierre :
Oui, alors, la Catalogne, vous avez vu, évidemment, les déclarations que nous
avons faites. Nous avons eu une
motion qui a été adoptée à l'Assemblée nationale. Nous suivons la situation de
près. Vous savez très bien qu'en
diplomatie aussi il faut être prudent lorsqu'on intervient dans des politiques
internes ou des activités internes d'un pays. Donc, nous sommes... nous avons une relation très étroite avec la
Catalogne. Les Catalans sont nos amis, les Espagnols sont nos amis, nous avons des relations non seulement
économiques, mais universitaires. Alors, je pense qu'il faut être très au fait de la situation, mais il
faut aussi avoir une attitude qui est celle que nous avons eue depuis le
début avec la motion qui a été adoptée à
l'Assemblée nationale. Nous nous sommes dits préoccupés par la situation. Nous
avons, avec notre... justement, un
communiqué, nous avons, le 1er octobre, émis un communiqué condamnant fermement
les gestes de violence qui étaient rapportés en provenance de la Catalogne.
Le Président
(M. Auger) : Il reste moins d'une minute, là.
M. Bergeron :
Alors, je le disais, il y aurait eu tant encore à couvrir, mais pour des
raisons dont certaines échappent à
mon contrôle, le temps file. Je vais maintenant terminer en remerciant M. le
président, le personnel de la commission, mes collègues ministériels, mon collègue du deuxième groupe
d'opposition, Mme la ministre, tout le personnel du ministère et du cabinet. Et vous me permettrez, en
terminant, de saluer et remercier les personnes qui m'accompagnent, à
savoir Louis Lyonnais, qui est conseiller au
cabinet du chef de l'opposition officielle et qui est recherchiste pour ces
questions, notamment, de relations
internationales, mon attaché parlementaire, Denis Fortin, et le personnel du cabinet
du whip et du leader qui nous appuie, notamment Pier-Olivier Fortin, qui
était avec nous il y a quelques instants. Je vous remercie, M. le Président.
Le
Président (M. Auger) : Merci, M. le député de Verchères. Donc,
finalement, le cinquième et dernier bloc pour le gouvernement pour à peu
près 15 minutes, et je cède la parole au député d'Ungava.
M. Boucher :
Alors, merci beaucoup, M. le Président. Mme la ministre, bon, on a parlé de
beaucoup de choses au cours de ces
dernières heures. On n'a, bon, à peu près pas parlé — en tout cas, je n'ai pas eu connaissance
qu'on en ait vraiment
parlé — de nos
voisins du Sud, les États-Unis. Bon, vous êtes sans doute au courant qu'il y a
eu une élection en 2016 aux
États-Unis. Un nouveau président a été élu, M. Donald J. Trump, un
personnage coloré qui ne laisse personne indifférent. Bon, on peut dire que les relations sont peut-être plus,
comment dire, houleuses ou mouvementées qu'ils ne l'ont peut-être été dans le passé. M. Trump, bon,
c'est sûr que, si on fait la revue de presse le concernant, là, ce n'est
sûrement pas tous des articles qui font son
éloge, mais lui, au moins, il est fier puis il est capable de s'assumer. Ce
n'est pas comme la Coalition avenir Québec, Mme la ministre, qui met des
choses de l'avant, mais qui part se cacher en arrière de vous. M. Trump, je suis sûr qu'il n'a pas besoin de
sa ministre des Relations internationales pour se défendre, il fait ça tout
seul comme un grand, puis là-dessus je pense qu'il faut lui lever notre
chapeau.
Suite à cette
élection-là, bien, des questions de renégocier l'ALENA, côté commerce, c'est
peut-être moins évident que ça
l'était. Il faut rappeler que le Québec et les États-Unis, c'est
92 milliards de dollars par année d'échanges seulement en 2017, ça
fait que c'est de loin notre partenaire économique principal. Puis ce n'est pas
juste quelque chose qui est manufacturé, je
ne sais pas, à Chibougamau, à Louiseville, à Val-d'Or puis qu'on exporte aux
États-Unis, les entreprises, suite au
libre-échange puis à l'ALENA, sont de plus en plus intégrées. Alors, il y a des
entreprises qui font des affaires des deux
côtés de la frontière. Le design d'un produit est fait aux États-Unis,
l'assemblage, à Montréal, puis la finition, au Kansas, et puis c'est comme ça, là. C'est quelque chose qu'on... Retirer
la cerise du gâteau, là, ce serait assez difficile, je peux vous
l'avouer.
Malgré tout,
bon, du côté américain, il y a une position qui se durcit. C'est sûr que
l'ALENA, bon, ce qu'on entend filtrer,
c'est que les nouvelles sont bonnes, semble-t-il qu'il y aurait un vent
favorable, mais il y a de plus en plus de missions qui ont été faites aux États-Unis pour, justement,
renforcer notre position et puis mieux se positionner dans tout ça.
Alors, Mme la ministre, j'aimerais que vous nous parliez un peu, là, de quels
sont les efforts que le Québec fait face à cette situation-là où l'échiquier a
changé, si je compare ça à une table de billard, les
boules ont changé de place, puis la partie n'est plus la même. Alors,
comment le Québec se positionne dans tout ça puis comment on agit?
Le Président (M. Auger) : Mme
la ministre.
Mme St-Pierre : Merci. Merci,
M. le Président. Ça vient
bien boucler la boucle parce que j'avais un peu parlé de notre action par rapport aux renégociations de l'ALENA dans mon discours d'ouverture. Je peux dire que nous sommes activement sur le territoire américain. Nous
l'avons toujours été, mais, lorsque cette question
de renégociation là est arrivée dans le portrait, bien, on s'est dit : Bien, il faut absolument
rejoindre le plus efficacement possible tous nos partenaires. Nous avons aussi pris la décision de créer un
sous-ministériat, au ministère des
Relations internationales, dédié uniquement aux États-Unis et aussi au Mexique pour la question de l'ALENA. Il est
avec nous ici, c'est M. Éric Marquis, ancien délégué général du
Québec à Chicago. Donc, on a... Délégué du Québec à Chicago, il me semble que
c'est ça, c'était...
Une voix : C'est ça, oui.
Mme St-Pierre :
Je viens de donner à la délégation de Chicago un autre titre, mais c'est
délégué du Québec à Chicago. Donc, il avait toute la connaissance, la
connaissance pointue de la situation aux États-Unis, et M. Marquis a accepté ce poste, et c'est lui qui est un peu
notre tour de contrôle, si vous voulez, ici par rapport à notre déploiement
aux États-Unis. Nous avons ouvert des
nouveaux bureaux là-bas, nous avons augmenté les actifs... les effectifs. Nous
avons multiplié les missions. Il y a eu 40
missions en 2017, jusqu'à maintenant, autant de ministres que de missions,
également, du premier ministre.
Nous avons
aussi des liens très étroits avec nos partenaires là-bas, autant du milieu
syndical que du milieu des affaires.
Avec la U.S. Chamber of Commerce, on a fait aussi des contacts. Il y a des
Américains qui sont venus ici. Encore la semaine dernière, je rencontrais la lieutenant-gouverneur du Kentucky.
Donc, on est très, très, très proactifs. Vous faites référence à l'administration centrale, mais les
États-Unis, c'est vaste, et il y a les gouverneurs, et ce qui est important
pour nous, c'est d'établir des relations
surtout avec les États, par exemple le Texas. Peu de gens savent que le Texas,
c'est notre deuxième partenaire économique sur le territoire américain.
Donc, on est
très, très, très proactifs, très présents. On entretient nos liens, et tout
notre personnel sur le territoire est concentré là-dessus, et je pense
que c'est comme ça que ça va porter fruit. Quand il y a eu la ronde de
négociations à Montréal, le comité des Ways
and Means, il est venu à Montréal. C'était la première fois que le comité se
déplaçait pour une ronde de
négociations. On les a rencontrés, avec ma collègue Dominique Anglade puis
aussi mon collègue... excusez, ma collègue
ministre du MESI et mon collègue ministre, aussi, de l'Agriculture. On
travaille en étroite collaboration et aussi, dans le contexte de
l'ALENA, on travaille en étroite collaboration avec le gouvernement fédéral.
L'enjeu de la
gestion de l'offre, pour nous, dans notre esprit, n'est pas négociable. On a vu
que la CAQ a recruté une personne
qui, un jour, disait qu'il était contre la gestion de l'offre, puis maintenant
semble-t-il que cette personne-là est d'accord
avec la gestion de l'offre. On a des petits doutes par rapport aux déclarations
qui auraient été faites avant, on pourra ramener ça sur le terrain. Mais, nous, cette question-là demeure
fondamentale. Donc, on défend nos positions à nous, mais on les défend aussi avec l'ensemble de nos
partenaires du gouvernement fédéral. On a nommé aussi un conseiller
spécial, M. Raymond Bachand. Alors, on
ne ménage aucun effort pour faire en sorte que l'accord qui sera négocié soit
meilleur. On n'est pas fermés à ce qu'il y
ait un accord qui soit plus moderne parce que l'ancien date des années 80.
On n'est pas fermés à ça, mais on est
aussi très, très clairs sur les positions pour lesquelles on ne voit pas, dans
notre esprit, de compromis possible.
Un
autre sujet qui est intéressant et important pour nous, c'est l'exemption
culturelle. Donc, on y tient énormément. Et il y a même eu l'International Writers Guilds Affiliation qui s'est
réunie en octobre... Il y a des partenaires canadiens, américains,
néo-zélandais, australiens au sein de cette organisation-là. Ils ont voté à
l'unanimité une résolution sur le maintien de l'exemption culturelle. Alors, on est même allés chercher
des partenaires américains pour qui la culture... pour lesquels la
culture, c'est plus du business qu'autre chose, pour vraiment dire d'une seule
voix que l'exemption culturelle, c'est important. C'est un sujet, pour nous,
qui est majeur, puis on va continuer nos efforts sur le terrain.
• (17 h 50) •
M. Boucher :
Je suis content, Mme la ministre, que vous me parliez de la gestion de l'offre.
Vous allez me dire que, dans mon
comté, il n'y a pas beaucoup d'agriculteurs. Il y en a quelques-uns, dont à
Chapais, entre autres, un producteur
de pommes de terre de semence qui produit des petites patates — je vois votre collègue à côté qui fait
signe que oui — et puis qui exporte un peu partout, dont en
Amérique latine, puis ses patates sont exemptes de maladies. C'est sûr
que, bon, lui, la gestion de l'offre, ça ne le concerne pas, mais je vois mes
deux collègues, ici, de l'Estrie, où il y a de nombreuses fermes laitières, en Abitibi, les oeufs, la volaille, etc.,
puis ces gens-là sont vraiment inquiets. Je me mets dans la peau d'un agriculteur, là, qui, chaque
matin, se lève peut-être à 4 h 30, 5 heures, là, pour aller
prendre soin de ses animaux, puis faire sa dure journée de travail, puis
dire : Tout ça, là, tout ce que j'ai monté, l'année prochaine, dans deux ans, ça va valoir quoi? Puis est-ce que mon
gouvernement est derrière moi? Puis je suis content de voir que, vous,
votre position est claire et ferme, que vous n'aurez jamais l'intention de les
laisser tomber ou de les marchander «on the
side», comme on dit à Paris. Vraiment, là, vous allez être là pour eux,
contrairement à d'autres partis où, tu sais, de temps en temps, on s'en va sur un bord, de temps en temps, on s'en va
sur l'autre, puis ça dépend comment le vent tourne, là. Au moins, nous,
de notre côté puis du côté gouvernemental, la position est claire.
Mme St-Pierre :
Bien, je pense que quelqu'un ne peut pas être aussi fermement contre la gestion
de l'offre une journée puis virer
complètement son capot de bord l'autre journée pour des raisons que l'on
connaît. Je pense qu'il faut voir
là-dedans de l'opportunisme. Et je pense que, quand on a écrit et multiplié les
déclarations en disant qu'on est contre la gestion de l'offre puis qu'on vient dire maintenant que, ah! bien là,
voilà, on est pour la gestion de l'offre... Pour nous, ça a toujours été
clair, on est pour la gestion de l'offre, on l'était hier, on l'est aujourd'hui
puis on va l'être demain.
M. Boucher :
Je suis tout à fait d'accord avec vous, Mme la ministre.
Le Président
(M. Auger) : Il vous reste cinq minutes.
M. Boucher :
Je ne connais pas... Pardon?
Le Président
(M. Auger) : À peu près cinq minutes.
M. Boucher :
J'avais compris 16 minutes, vous m'avez distrait. Je ne connais, bon, pas
l'individu en question, M. Chassin,
mais je le soupçonne d'être un individu brillant, supérieurement intelligent,
très articulé et très réfléchi, puis tu ne peux pas écrire des articles qui sont vraiment campés dans un côté
puis, suite à des événements, campés sur l'autre côté. Il me semble que
cet individu-là est trop brillant pour ça, donc je m'en désole un petit peu.
J'avais mon collègue
de Val-d'Or qui souhaitait quelques minutes, et puis je sais qu'on va vous
laisser deux, trois minutes pour vous toute seule à la fin, Mme la ministre,
mais je donnerais peut-être la parole à mon collègue de Val-d'Or pour un deux
minutes, là.
Le Président
(M. Auger) : Donc, M. le député d'Abitibi-Est.
M. Bourgeois :
Merci, M. le Président. Tout simplement, je remercie le député d'Ungava de me
permettre de vous adresser ces
commentaires, parce que c'est plus un commentaire qu'une question, de
l'importance des travaux de votre équipe
à l'international pour les gens de la région chez nous. On a plein de monde
dans l'industrie minière qui sont partout à travers le monde, que ce soit en Mongolie, que ce soit en Amérique du
Sud, au Mexique, en Afrique. Il y a des gens, des travailleurs, des compagnies qui vont réaliser des
contrats, qui exploitent également des ressources naturelles là-bas,
mais qui ont besoin d'un accompagnement,
d'avoir un lien parce qu'évidemment il y a des juridictions dans lesquelles
c'est un peu plus compliqué parfois. Il y a
même un niveau... il y a des situations, entre autres, récemment, là, d'une
équipe qui ont dû être rapatriés au Québec parce que, bon, l'évaluation
de la compagnie était telle qu'ils ont dit : On aimerait mieux ramener les ressortissants québécois de la
compagnie puis on verra comment ça... et là ils ont besoin d'avoir un
référencement, hein? Tu sais, on veut être réconfortés, rassurés et
d'avoir des équipes qui sont sur le terrain parce que, souvent, les compagnies,
par exemple, qui sont en Afrique font un lien avec Paris, ils ont un point de
chute à Paris pour retourner, donc il y a comme un référencement qui est très,
très important.
Et
là-dessus, Mme la ministre, je veux tout simplement vous remercier, remercier
vos équipes et vous inviter à venir nous
rencontrer en Abitibi-Témiscamingue pour qu'on puisse échanger plus longuement
avec les acteurs du milieu. Merci.
Le Président
(M. Auger) : M. le député d'Ungava, trois minutes à l'échange.
M. Boucher :
Il nous reste trois minutes à l'échange, donc je vous laisse ces trois
minutes-là pour vos remarques finales, vos conclusions puis ce que vous
avez à nous dire d'ici la fin.
Le Président
(M. Auger) : Mme la ministre.
Mme St-Pierre :
Bien, je pense que je n'ai qu'à remercier toute l'équipe qui m'accompagne,
aussi mes collègues de l'Assemblée
nationale, autant mes collègues de notre formation politique que ceux, aussi,
de l'opposition officielle, la deuxième
opposition. Je pense
que les échanges ont été très courtois, parfois un petit peu musclés, mais toujours polis et courtois. Puis je pense que, ça, les gens ne suivent pas assez nos débats
parce qu'on ne voit souvent que les moments où ça déborde un peu, mais des moments courtois comme ceux-ci sont peu
rapportés, et ça a été un plaisir d'être ici aujourd'hui.
Je suis très
fière de mon équipe et de l'équipe du ministère des
Relations internationales et de la Francophonie, et on travaille pour l'ensemble des Québécois
et des Québécoises. Le maître mot, c'est le rayonnement du Québec
et c'est le fait que le Québec puisse
grandir sur la scène internationale, autant sur le plan économique,
sur le plan universitaire que
sur le plan culturel. Alors, c'est ça, notre but, puis on espère que ça va
continuer dans le même sens.
Adoption des crédits
Le
Président (M. Auger) : Merci beaucoup, Mme la ministre. Donc, le temps alloué à l'étude du portefeuille
Relations internationales et Francophonie
étant presque écoulé, nous allons maintenant procéder à la mise aux voix des crédits. Le programme 1, intitulé
Direction et administration, est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Une voix : Sur division.
Le
Président (M. Auger) : Adopté sur division. Le programme 2, intitulé Affaires internationales, est-il
adopté?
Des voix : ...
Le
Président (M. Auger) : Adopté sur division. L'ensemble des crédits budgétaires du portefeuille
Relations internationales et Francophonie pour l'exercice financier 2018‑2019
est-il adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M. Auger) : Adopté...
M. Bergeron : Sur division.
Le Président (M. Auger) : ...sur
division.
M. Bergeron : Vous pensiez que
je n'écoutais pas, hein?
Le Président (M. Auger) : Oui.
J'ai une vérification.
Documents déposés
En terminant,
je dépose les réponses aux demandes de renseignements de l'opposition.
Et la
commission ajourne ses travaux au
mardi 1er mai 2018, à 10 heures, où elle entreprendra l'étude des
crédits budgétaires du portefeuille Justice. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 57)